Journal des débats (Hansard) of the Committee on Citizen Relations
Version préliminaire
43rd Legislature, 2nd Session
(début : September 30, 2025)
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Wednesday, October 22, 2025
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Vol. 48 N° 7
General consultation and public hearings on the consultation document entitled “Planning of Immigration to Québec for the 2026-2029 Period”
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11 h (version non révisée)
(Onze heures treize minutes)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens
ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre les auditions publiques dans le cadre de la consultation générale
sur le cahier de consultation intitulé La planification de l'immigration au
Québec pour la période 2026-2029.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Fortin (Pontiac) remplace Mme Prass (D'Arcy-McGee); M. Fontecilla
(Laurier-Dorion) remplace M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve); et M. Boissonneault
(Arthabaska) remplace M. Bérubé (Matane-Matapédia).
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, messieurs, bienvenue à la
commission. Nous entendrons ce matin les groupes suivants : l'Union
étudiante du Québec, qui est ici présente, ainsi qu'Éducation internationale.
Alors, bienvenue, madame, monsieur. Je
vais vous demander dans les prochaines minutes de vous présenter et, par la
suite, nous aurons une discussion avec les parlementaires. Et votre
présentation va durer au total 10 minutes. Alors, le micro est d'ores et
déjà à vous.
Mme Dommanget (Flora) : Bonjour
à vous. Je m'appelle Flora Dommanget et je suis présidente de l'Union étudiante
du Québec. Je suis accompagnée aujourd'hui de Loïc Goyette, coordonnateur aux
affaires sociopolitiques.
Nous souhaitons tout d'abord remercier l'ensemble
de la commission de nous entendre aujourd'hui.
L'Union étudiante du Québec est une
association étudiante nationale qui représente 14 associations étudiantes
universitaires de tous cycles confondues, francophones et anglophones, ce qui
équivaut à 110 000 personnes étudiantes à travers le Québec, en allant
de Rouyn-Noranda à Chicoutimi, en passant par Gatineau, Montréal, Sherbrooke,
Drummondville et Lévis.
L'UEQ a pour mission de défendre et
améliorer les droits et intérêts des personnes étudiantes québécoises,
canadiennes et internationales étudiant au Québec. Dans cette optique, l'UEQ
participe à la consultation sur la planification en immigration de 2026-2029.
Notre mémoire aborde 12 recommandations regroupées en trois sections.
M. Goyette (Loïc) : Les
personnes étudiantes internationales contribuent directement à la société
québécoise et à son économie. Elles étudient, travaillent, paient des taxes et
consomment localement. Elles... participent activement à la création de savoir
au Québec et sont indispensables à la recherche et à l'innovation.
Pourtant, les récentes décisions du
gouvernement, notamment l'imposition de quotas sur les certificats d'acceptation
du Québec, les CAQ, la suspension du Programme de l'expérience québécoise, le
PEQ, volet Diplômés minent gravement l'attractivité du Québec.
Ces mesures envoient un signal clair à l'international.
Le Québec ne se montre pas accueillant envers les personnes qui souhaitent y
étudier et s'y établir. Ce signal a été reçu, comme le démontre la baisse des
demandes d'admission.
Nous invitons donc le gouvernement à
recentrer la planification de l'immigration sur une vision plus juste et
cohérente qui reconnaît l'apport de la communauté étudiante internationale à la
hauteur de ce qu'elle apporte au Québec.
Les universités tirent une part importante
de leur financement des personnes étudiantes internationales. C'est d'ailleurs
la vision du gouvernement. La politique de financement des universités
mentionne explicitement que les investissements dans le réseau universitaire
proviendront des frais imposés aux personnes étudiantes internationales. Toute
mesure qui a pour effet de réduire directement ou indirectement le nombre des
personnes étudiantes internationales contribue non seulement à miner la
réputation du Québec, mais a des conséquences dévastatrices sur les
universités, qu'elles vous ont exprimées dans le cadre des consultations,
particulièrement celles en... francophones et celles en région.
Le Québec...
M. Goyette (Loïc) : ...il ne
peut à la fois dépendre de la présence de ces personnes pour financer ses
universités et en même temps les décourager d'y venir. C'est pourquoi nous
recommandons que le gouvernement consulte obligatoirement la communauté
étudiante et universitaire avant toute décision touchant l'encadrement des personnes
étudiantes internationales et que les quotas de CAQ soient suffisamment élevés
pour éviter toute baisse du nombre de personnes étudiantes.
Par ailleurs, les établissements
pourraient devoir refuser des personnes étudiantes qui ont besoin de leur renouvellement
parce que leur quota est atteint ou est en voie de l'être. Ça engendre un
risque de rupture de statut pour des personnes intégrées, francisées et déjà
investies dans leur parcours académique. C'est pourquoi l'UEQ recommande que
les renouvellements de CAQ soient exclus des quotas.
Au-delà des quotas, les règles actuelles
entourant le renouvellement des CAQ créent une série d'obstacles inutiles pour
les personnes étudiantes déjà établies au Québec. Deux éléments sont
préoccupants : la preuve de capacité financière et la mention obligatoire
de l'établissement. Cela crée un fardeau administratif lourd, retarde les
études et alimente l'anxiété. Nous recommandons donc de retirer l'obligation de
redéposer une preuve de capacité financière lors des renouvellements de CAQ.
Nous demandons donc aussi que la mention de l'établissement soit retirée des
CAQ, revenir aux règles de renouvellement antérieures est simple et essentiel
pour que le Québec demeure une destination d'études... d'études, pardon, accueillante
et compétitive.
Mme Dommanget (Flora) : La
deuxième section de notre mémoire porte sur l'importance de rétablir le PEQ,
volet diplômé. Depuis l'année dernière, il a été suspendu une première fois
jusqu'en juin 2025, puis jusqu'en novembre, laissant les personnes étudiantes
dans une situation d'incertitude et de stress intense. Cela prive des milliers
de jeunes qualifiés, formés ici et déjà intégrés de la possibilité de s'établir
durablement au Québec.
Comme voie alternative, depuis cet été, le
gouvernement propose le programme de sélection des travailleurs qualifiés,
PSTQ, aux personnes étudiantes diplômées qui travaillent. Or, il ne constitue
pas une nouvelle porte, mais bien un recul marqué de leur accès à la résidence
permanente, ne prenant pas en compte les réalités propres à la population
étudiante. L'UEQ estime que le PEQ volet diplômé est le programme le plus
adapté pour permettre aux personnes diplômées de venir s'établir de façon
permanente.
C'est pourquoi notre demande principale
est la recommandation six, que le PEQ pour le volet diplômé soit rétabli avec
les mêmes conditions fixées par la réforme de 2023. Nous invitons le
gouvernement à reconnaître que le PEQ et le PSTQ sont des programmes distincts
et ne peuvent se substituer. Miser sur les personnes étudiantes diplômées,
c'est investir dans une immigration qualifiée, francophone et déjà enracinée
dans nos communautés. Les prochaines recommandations traitent du PSTQ en
attendant le rétablissement du PEQ pour le volet diplômé. Contrairement au PEQ
qui permet un dépôt direct des demandes sans plafond ni compétition avec
d'autres catégories de personnes candidates, Le PSTQ impose une logique de
sélection restrictive, seules les personnes invitées par le gouvernement
peuvent déposer une demande et les invitations sont limitées à certains volets.
Le PSTQ sans le retour du PEQ ne fait qu'augmenter le poids de l'incertitude
qui pèse sur les personnes étudiantes et les dilue dans une catégorie beaucoup
trop large. Plusieurs milliers de demandes sont toujours en attente, selon le
ministre de l'Immigration. L'UEQ recommande qu'un volet sans déclaration
d'intérêt soit réservé aux personnes étudiantes diplômées du Québec dans le
PSTQ dans l'attente du rétablissement du PEQ.
Dans le cadre des scénarios des cibles
migratoires proposés par le gouvernement, nous formulons une recommandation
claire. Les personnes diplômées du... du Québec ne devraient pas être
comptabilisées dans les cibles globales d'immigration économique, comme c'était
le cas avant la suspension du PEQ. Si le gouvernement maintient leur inclusion,
de ces cibles sans rétablir le PEQ, il devient impératif d'aborder la cible la
plus élevée possible pour permettre de garantir à un plus grand nombre de
diplômés du Québec une réelle possibilité de s'établir de façon permanente.
Nous recommandons donc que la cible de 45 000 personnes immigrantes admises par
année au titre de la résidence permanente soit privilégiée afin de ne pas
limiter le nombre de personnes diplômées du Québec dans l'attente du
rétablissement du PEQ.
Maintenant, sur l'exigence d'une année
d'expérience de travail, cette condition retirée du PEQ, lors de sa réforme en
2023, est réintroduite dans le PSTQ. Pour l'UEQ, c'est venir freiner les
personnes étudiantes ayant déjà... ayant déjà des critères demandés sachant que
le fédéral ajoute des freins. On demande que les personnes étudiantes ne soient
pas soumises à l'exigence d'expérience du travail d'au moins un an du PSTQ dans
l'attente du rétablissement du PEQ.
• (11 h 20) •
Sur la question de la connaissance du
français, nous saluons les avancées obtenues dans le PEQ et recommandons que
les conditions du programme d'études, où au moins 75 % des cours ont été
suivis en français, ainsi que la rédaction des travaux de recherche dans une
autre langue que le français, conditionnellement au suivi de 75 % des
cours en français, soient conservées dans le PEQ. Dans le PSTQ, seuls trois
types de diplômes secondaires sont reconnus comme preuve linguistique. Ceux
délivrés en France, en Belgique francophone et en Suisse romande. Les autres
pays francophones sont complètement oubliés. Donc, les personnes venant de
l'Algérie, du Cameroun ou d'Haïti, par exemple, et bien d'autres pays
francophones n'ont pas cette reconnaissance. Cette restriction oblige de
nombreuses personnes étudiantes à passer des tests linguistiques coûteux et
parfois difficilement accessibles, alors même qu'elles ont étudié en français
pendant plusieurs années, ou bien que leur langue première est le français.
Cette restriction est juste discriminatoire. On demande que tout... que tout...
excusez-moi, on demande que tout type d'études secondaires ou postsecondaires
réalisées en français soit pris en compte dans le PSTQ... en tant que preuve...
Mme Dommanget (Flora) : ...une
preuve de connaissance du français dans l'attente du rétablissement du PEQ.
M. Goyette (Loïc) : Enfin,
l'UEQ tient à souligner la situation particulière des personnes étudiantes qui
déposent une demande d'asile. La situation d'un pays d'origine peut grandement
évoluer durant les années d'études, obligeant certaines personnes à déposer une
demande d'asile pour assurer leur sécurité ou leur dignité. Les demandes
d'asile doivent être évaluées selon les dangers de retourner dans un pays, non
selon des critères arbitraires comme la durée de séjour au Canada. Nous
recommandons donc que le gouvernement du Québec demande au gouvernement fédéral
de continuer à traiter ces demandes, peu importe la durée de séjour prévue
initialement.
Mme Dommanget (Flora) : Pour
conclure notre présentation, nous souhaitons rappeler que derrière les chiffres
et décisions du gouvernement, ce sont des personnes qui paient les frais et
l'incertitude de leur avenir. Nous voulions prendre quelques minutes pour vous
partager le témoignage d'Anne-Laure, étudiante d'origine française, qui
illustre parfaitement l'incohérence des politiques migratoires. Anne-Laure est
arrivée au Québec en 2017, via le programme Étudier et vivre au Québec, qui
recrute des jeunes d'outremer et les envoie en région pour étudier au cégep.
Elle a ensuite obtenu son DEC en architecture en 2020 à Trois-Rivières. Cette
même année a eu lieu la première réforme du PEQ, qui a complexifié les
démarches vers l'obtention de la résidence permanente. Elle a donc décidé de
continuer à l'université afin de ne pas impacter son parcours scolaire et
professionnel. Elle s'est endettée afin de payer ses frais de scolarité et a
obtenu son diplôme en baccalauréat en génie civil en décembre 2024, soit un
mois après la suspension du PEQ. Donc, aujourd'hui, elle se retrouve bloquée
sans voie vers l'obtention de la résidence. Le PSTQ ne lui offre pas une
assurance d'obtenir cette résidence, dû à la complexité des critères. Ça fait
maintenant huit ans qu'Anne-Laure est au Québec, a étudié au Québec, contribue
à l'économie et travaille en ingénierie. Elle est intégrée, et pourtant son
futur est toujours incertain.
L'UEQ appelle à une refonte des politiques
d'immigration qui placent au cœur de ses priorités la rétention des talents
formés au Québec. On voit déjà les impacts des répercussions des politiques
d'immigration. Le BCI voit les demandes d'inscription chuter. Le budget
2025-2026 du financement des universités est en baisse. Ça va avoir un impact
sur l'ensemble de l'économie du Québec. Rappelons que les personnes étudiantes
internationales sont la meilleure immigration possible, comme le rappelle
lui-même le ministre de l'Immigration. Elles sont formées au Québec, intégrées
dans nos milieux et prêtes à contribuer activement à notre société. Nous vous
remercions de votre attention.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Eh bien, merci beaucoup pour cette présentation. Alors, on
commence la période d'échange avec les parlementaires. M. le ministre, et votre
banquette, vous bénéficiez de 16 min 30 s.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation. Les étudiants étrangers,
particulièrement ceux qui sont dans nos cégeps, formation technique, longue, et
dans nos universités, sont définitivement une richesse pour le Québec. Vous
l'avez dit, je l'ai déjà dit, ce sont souvent des immigrants, on va dire,
idéaux. Diplômés ici au Québec, pas de problème de reconnaissance d'acquis,
très souvent francophones, le plus souvent possible, évidemment, puisqu'il faut
être francophone maintenant pour faire partie de l'immigration économique,
c'est une décision de notre gouvernement.
Malheureusement, cette année, pour la
session de l'automne, il y a une diminution d'inscriptions dans nos universités
des étudiants étrangers. Ça arrive au Québec, mais ça arrive aussi en Ontario,
ça arrive dans le reste du Canada, ça arrive dans les Maritimes. Comment ça se
fait? Est-ce que l'ensemble du Canada vit le contrecoup de l'adoption de la loi
n° 74, Loi visant principalement à améliorer l'encadrement relatif aux
étudiants étrangers au Québec? Bien non. Ce qui a créé ce ressac-là, c'est
surtout les politiques fédérales, qui ont annoncé deux années de suite, coup
sur coup, l'intention de réduire de 50 %, pas 5 %, pas 12 %,
50 % des étudiants étrangers, puis l'année suivante, 35 % encore de
réduction. Ça, c'est le message du gouvernement fédéral. Ça a fait très mal.
Ça a eu des impacts, et ce n'était pas ce
qu'on souhaitait avec la loi, et ce n'est pas ce que nous avons causé avec la
loi, puisque le nombre de CAQ qu'on a distribués l'an passé permettait cette
année d'avoir une stabilisation. Et dans notre cahier de planification, en ce
moment, ce qu'on propose, c'est 110 000 étudiants étrangers, c'est loin
d'une fermeture des frontières, 110 000 étudiants étrangers pour ce qui
s'en viendrait. Et la légère réduction, bien, on souhaiterait la faire, non pas
dans nos cégeps et dans nos universités, surtout pas dans les deuxième et
troisième cycles, mais dans des entreprises privées qui se spécialisent à
vendre le Québec en même temps qu'ils vendent le diplôme. Donc, je pense qu'il
faut rassurer nos cégeps, rassurer nos universités, rassurer nos chercheurs
pour dire qu'on va faire partie de la solution pour avoir une prévisibilité,
rassurer tout le monde et s'assurer qu'on va accomplir notre mandat tous
ensemble, avec un accent régional.
Vous avez, dans votre présentation,
déploré la diminution du nombre d'étudiants étrangers cette année, globalement,
sur l'ensemble du réseau. Est-ce que vous avez un chiffre de l'admission, cette
année, elle est de combien en pourcentage...
M. Roberge : ...par rapport à
l'an passé.
Mme Dommanget (Flora) : Dans
les chiffres que nous avons, c'est vraiment les demandes d'inscription qui ont
été réduites, comme le montrait le rapport du BCI qui est sorti il n'y a pas
très longtemps. On voyait une diminution de 12 % dans les demandes
d'inscription. Ça fait que, nous, c'est vraiment quelque chose qu'on trouve problématique.
Parce que ça veut dire que le message qu'on envoie ici, avec toutes les
politiques d'immigration, c'est que les personnes étudiantes ne sont plus les
bienvenues au Québec. Ça fait que, que ce soit avec les politiques fédérales ou
même juste ici, on parle du contexte québécois, le message qu'on envoie à ces
personnes, c'est qu'elles ne sont plus les bienvenues. On leur bloque des
programmes également pour qu'elles puissent s'établir de façon permanente. Et,
nous, ce qu'on voit, c'est que ça crée un stress intense, ce qui fait que ça a
des répercussions sur l'ensemble de nos universités, ça a des répercussions
dans le financement de... de nos universités. On le voit, la part étudiante
augmente de plus en plus, et pourtant, bien, on a une diminution du financement
des universités.
M. Roberge : Juste clarifier
quelque chose. Malgré la diminution d'inscriptions pour la session d'automne,
la nouvelle cohorte cette année d'étudiants étrangers, l'effectif étudiant
universitaire a augmenté cette année par rapport à l'an passé, une légère
hausse, mais quand même. De manière générale, on a plus d'étudiants sur nos
campus parce que... Le fait qu'il y ait moins d'étudiants étrangers est réel,
mais le fait est aussi qu'il y a davantage d'étudiants québécois, un peu
canadiens, mais surtout québécois. Donc, c'est important de le préciser, là. Il
n'y a pas une désertion de nos campus. Il y a plus d'étudiants que l'an passé.
Mais, je tiens à le rappeler, la
loi 74, là, qui vise à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants
étrangers, maintenait les effectifs par rapport à l'an passé pour l'an 1.
Il y avait des baisses intentionnelles, assumées, précisées, voulues, oui, pour
des collèges privés qui étaient beaucoup dans des programmes courts. Donc, on
n'est pas dans... universitaire, on n'est pas dans nos cégeps. On était dans
des collèges privés non subventionnés pour des programmes courts, qui se
servaient essentiellement de cet attrait-là, et souvent, même pas en français
d'ailleurs, pour vendre d'une certaine manière la citoyenneté canadienne.
Le message qui a été envoyé était beaucoup
plus fort du côté d'Ottawa, qui dit : Moi, je coupe de 50 % et de
35 %. Quand les gens viennent au Québec... Moi, je suis comme
nationaliste, je me dis : Ils viennent au Québec, bien sûr, mais, si je
quitte l'Europe ou l'Afrique, dans leur tête, ils arrivent au Canada. Puis le
message du gouvernement canadien, c'était : On réduit de 50 % puis de
35 %. Je comprends que ça a eu un impact ici. On veut travailler fort pour
aider nos institutions à rétablir le message positif qu'au Québec on est
ouverts. Puis on a besoin de cette force-là aussi pour faire de la recherche
fondamentale.
Je sais qu'il y a une grande proportion
des étudiants de cycles supérieurs qui sont des étudiants étrangers. On
pourrait travailler aussi un chantier, ceci dit, pour qu'il y ait davantage de
Québécois qui poursuivent leur formation dans les cycles supérieurs. Ce n'est
probablement pas normal qu'on ait si peu de Québécois, maîtrise, doctorat, postdoc.
Mais je ne lance la pierre à personne. Puis on est capables de... je pense, de
revenir à des niveaux qui ressemblaient à ce qu'il y avait avant. Ça ne fait
pas 10 ans, là, qu'on a baissé. Ça a été un soubresaut cette année.
• (11 h 30) •
Vous avez parlé du tout nouveau programme,
le PSTQ, le Programme de sélection des travailleurs québécois. Le volet 1,
qu'on a... il est tout nouveau, ce programme-là, donc il n'y a pas
d'historique, il n'y a pas de... on n'a pas beaucoup, par dizaines de milliers,
des histoires à succès, des gens qui témoignent de leur parcours de réussite
parce qu'il est totalement nouveau. On l'a lancé, là, en juillet, août cette
année, mais la... le premier appel de candidatures, il était à 100 %...
tout le monde qui a été invité était des diplômés québécois. Ce n'était pas
nombreux parce qu'on commence le programme. Mais c'était axé sur ça.
Vous avez raison de dire par contre que ce
n'est pas garanti. Ce n'est pas tous les étudiants, peu importe où ils
habitent, peu importe la langue qu'ils parlent, peu importe qu'ils soient en
histoire de l'art, en marketing ou en soins infirmiers, qu'ils ont
automatiquement, avec le PSTQ, le CSQ, le Certificat de sélection du Québec.
Mais est-ce que c'est normal de le donner de manière automatique? Est-ce que
c'est normal de dire : On a un nombre limité de personnes qu'on peut
inviter sur le territoire québécois comme résident permanent, ce n'est pas
60 000 ou 100 000 ou 120 000, on a une capacité d'accueil qui
est limitée... Est-ce que c'est normal de dire : Bien, peu importe mes
besoins en main-d'œuvre, peu importe que ta formation nous permette de combler
un poste, on va t'accueillir, quitte à refuser ensuite des gens qui pourraient
combler les postes...
11 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...est-ce que ce
statu quo là est souhaitable? Bien, moi, je pense que non. Pourquoi pensez-vous
que oui?
Mme Dommanget (Flora) : Bien,
par rapport à cette partie-ci, nous, ce qu'on considère, c'est que les
personnes sont déjà intégrées dans la société. Elles viennent au Québec pour
pouvoir étudier. Ça fait plusieurs années qu'elles sont là, elles sont
intégrées niveau... socialement, elles travaillent aussi à côté de leurs études,
potentiellement. Ça fait que ça veut dire qu'ici elles contribuent activement à
la société, elles veulent s'établir, puis nous, ce qu'on leur dit au final, c'est
qu'après tant de nombre d'années... comme, par exemple, Anne-Laure, quand ça
fait huit ans qu'elle est présente, on lui dit : Bien non, finalement, on ne
veut plus que tu sois présente, alors qu'on est allé la chercher. Ça fait que c'est
vraiment cette incohérence ici que... nous, on ne trouve pas ça normal. On
accepte des personnes sur notre territoire, il faudrait qu'elles puissent pouvoir
rester après de façon permanente.
M. Goyette (Loïc) : Oui, puis
on est contents de vous entendre dire que vous voulez envoyer un message
positif à l'international, comme quoi le Québec, c'est une destination de choix
pour étudier. Puis je pense qu'un des messages positifs, puis nous, on le mentionne
dans notre mémoire, plusieurs universités aussi, là, le mentionnent, là, ce
serait le rétablissement du PEQ à l'international. Plusieurs personnes viennent
étudier ici, puis une fois qu'elles font leur vie ici, elles se rendent compte
que c'est cool, le Québec, bien, souhaitent rester aussi, puis c'est leur
permettre ça, de rétablir le PEQ.
M. Roberge : Je suis d'accord
avec vous, c'est pas mal, pas mal cool, le Québec. On peut être fiers des gens
qui nous ont précédés, hein, on a reçu ça, une société avec une belle
démocratie, prospère, avec un réseau universitaire, hein? C'est la génération
de mes parents qui ont fait le rapport Parent, qui ont créé le réseau UQ, qui
ont déployé les cégeps, puis on a la responsabilité d'essayer de faire même un
petit peu mieux pour laisser à ceux qui nous suivent. Ça fait un Québec très
attractif. Beaucoup, beaucoup de personnes d'un peu partout sur la planète
veulent venir ici, puis je les comprends, à la fois pour notre art de vivre
puis aussi pour la qualité de la formation.
Si on dit qu'on ne revient pas des seuils
très bas, le Parti québécois, lui, dit : On part... on est à 120 000
étudiants étrangers, on devrait retourner à 50 000. Le Parti québécois
veut réduire de 60 % le nombre d'étudiants étrangers sur le territoire
québécois. C'est sûr que, si on fait ça, ce n'est pas ma politique du tout, ce
n'est pas la politique de mon gouvernement, bien, après, on peut bien dire :
OK, ceux qui sont là peuvent rester comme résidents permanents. On réduit
tellement, on réduit notre capacité de recherche, on s'attaque à nos régions,
mais on réduit tellement qu'après on peut dire : Ceux qui sont ici peuvent
rester.
Mais si on garde un seuil suffisamment
élevé, nous, on propose, dans le cahier, 110 000 étudiants étrangers,
bien, c'est difficile de dire que tout ce monde-là, automatiquement, devient
résident permanent, devient Québécois, devient Canadien. Il y a des gens qui
viennent ici et ils repartent. D'ailleurs, ils viennent ici comme... on dit «immigrant
temporaire», c'est un permis d'études. Après ça, c'est un permis de travail
post-diplôme, puis, après ça, on voit. Est-ce que cette personne-là,
réellement, veut rester ici? Je les comprendrais. Est-ce que cette personne-là
a réussi son intégration au marché du travail? Est-ce que cette personne-là
répond à un secteur qui est en pénurie? Et, si tout ça est vrai, comme on dit, excusez-moi
l'anglicisme, on a un match, et là on dit : Bien, formidable, formidable!
Mais de dire que c'est garanti avec un niveau élevé, qu'on propose, ça devient
un peu difficile.
Vous me parlez de la capacité d'accueil,
dans votre mémoire, page 11. Vous critiquez l'usage de la notion de la capacité
d'accueil par le gouvernement du Québec, mais le nombre de places dans les
universités n'est pas infini. D'ailleurs, les universités et les cégeps nous
demandent plus d'argent au Plan québécois d'infrastructures. Les cégeps nous
disent : Il faudrait rajouter 50 %. Ils disent : On aurait
besoin de rajouter 50 % de plus de locaux de cégeps. C'est des milliards
et des milliards. Il y a un taux de chômage qui est plus élevé,
particulièrement chez les jeunes, chez vos membres, il y a une difficulté à se
loger, la disponibilité de logements est moins grande, puis les loyers sont
plus élevés. Est-ce que ce n'est pas ça, la capacité d'accueil, la capacité d'intégrer
les gens puis de leur donner une chance de s'établir durablement, de décrocher
un emploi, d'avoir un logement décent?
Mme Dommanget (Flora) : Oui.
Considérant la capacité d'accueil, c'est sûr qu'en ce moment il n'y a pas de
définition claire. Ça fait que c'est sûr qu'on peut jouer sur les mots et
savoir un peu, OK, bien, qu'est-ce qui nous arrange en ce moment... OK, on va dire
que c'est ça, la capacité d'accueil. Nous, ce qu'on voit, dans le contexte de
la crise du logement ou ce genre d'affaires, c'est que c'est vraiment plus
contextuel au manque de logements, donc, prix abordables, etc., et que ça
repose... il ne faut pas que ça repose ici sur les personnes étudiantes parce
que celles-ci se regrouperaient...
Mme Dommanget (Flora) : ...principalement
autour des centres universitaires. Tu sais, si on regarde également dans
d'autres secteurs où la crise du logement est touchée, par exemple en Gaspésie,
on a un taux d'inoccupation de presque 0 % alors qu'il n'y a vraiment pas
beaucoup d'immigration. Ça fait qu'attribuer le rôle de l'immigration à toutes
les crises en ce moment sociétal au Québec, c'est ça qui n'est pas normal et
c'est ce qu'ici ce qu'on déplore. Ça fait qu'il faut vraiment prendre en
considération que la population étudiante internationale est vraiment un ajout
à la société. Elle contribue activement, elle veut s'établir, veut être
intégrée. Ça fait que c'est ça ici, que nous, on appuie.
M. Roberge : Puis je suis
content que vous ameniez ça parce qu'il ne faut pas faire une relation de cause
à effet. Je ne l'ai pas fait. Certains m'ont mis des mots dans la bouche, comme
quoi moi ou mon gouvernement, on disait : C'est la faute aux immigrants,
c'est la faute aux étudiants, c'est la faute s'il y a, par exemple, des enjeux
de logement. Ce n'est pas... ce n'est pas du tout ce qu'on dit. Par contre,
alors qu'on est en période de pénurie de logements, une question d'offre et
demande, est-ce... est-ce qu'on veut maintenir tous les temporaires sur le
territoire québécois? Là, on parle des étudiants, mais on fait la planification
pluriannuelle. Comprenez que, oui, on parle des étudiants, mais moi, j'ai aussi
en tête tous les travailleurs étrangers temporaires, les 200 000 personnes qui
relèvent du PMI du fédéral, les autres 200 000 personnes qui relèvent,
demandeurs d'asile, du fédéral, je regarde tout ça, puis on se dit : Bien,
considérant qu'on a un enjeu, par exemple, de logement, est-ce qu'on veut
attirer plus de nouvelles personnes sur le territoire avant de construire des
logements ou est-ce qu'on ne veut pas régulariser la situation? C'est ça, c'est
la question que l'on pose.
Et d'aucune manière je ne dirais : La
pénurie de logements est causée par les étudiants ou est causée par les
temporaires. Il faut juste se demander... Par contre, si j'invite 10 personnes
à souper chez moi puis j'ai huit chaises autour de la table, on a déjà deux
personnes debout, c'est gérable, il y en arrive deux autres, on est rendus 14,
c'est gérable, on peut faire ça, la question, c'est : Est-ce que j'invite
cinq autres personnes? Là, je me dis : Bien là, attendez, on va faire un
peu de place, puis après ça on va inviter d'autre monde. C'est ça, la notion de
capacité d'accueil. Et d'aucune manière je veux dire que ce seraient les
étudiants qui seraient responsables de la pénurie de logements. Mais vous,
comme UEQ, vous avez des membres qui ont de la misère à se loger, donc il faut
se demander, dans ce contexte-là : Est-ce qu'on stabilise l'effectif
étudiant des universités, ce qui est notre proposition, ou est-ce qu'on en
ajoute 10 000, 20 000, 30 000 de plus? Je pense que c'est ça qu'on doit avoir
comme débat de politique publique, sans blâmer un groupe plutôt qu'un autre.
M. Goyette (Loïc) : Et
certainement qu'on a des membres qui vivent activement la crise du logement,
là. Puis on a plein de propositions. Je pense que ce n'est pas le cadre des
consultations, là, de ces propositions, mais on a plein de propositions qu'on
pourrait soumettre à votre gouvernement, si vos collègues le souhaitent, pour
solutionner ou, en tout cas, en partie la crise du logement.
Vous avez mentionné le 110 000 personnes
étudiantes puis ce serait trop à accueillir de façon permanente au Québec. Là,
je pense qu'il y a... Ni à l'UEQ ni aucune autre organisation ne pensent que
toutes les personnes étudiantes qui viendraient au Québec souhaiteraient
s'établir de façon permanente au Québec. On est loin de ça. Ce n'est pas... ce
n'est pas parce qu'il y avait le PEQ qu'il y avait toutes les personnes
étudiantes qui venaient au Québec qui souhaitaient rester au Québec. Mais,
lorsqu'elles sont au Québec, dans le cadre... lorsqu'elles sont en personnes
étudiantes, elles contribuent activement au Québec. On a vu qu'il y a 4,2
milliards de contributions au PIB. Elles contribuent aussi à créer...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
M. Goyette (Loïc) : ...48 000
emplois, pardon.
M. Roberge : ...présentation.
Désolé de ne pas pouvoir poursuivre encore avec vous.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Vous avez compris? Je suis la gardienne du temps.
Donc, quand je dis «en terminant», il reste 10 secondes. M. le député de
Pontiac, bienvenue. Vous représentez l'opposition officielle et vous avez une
période de 12 minutes 23 secondes.
• (11 h 40) •
M. Fortin :Merci, merci, Mme la Présidente. Bonjour à vous. Merci,
merci d'être avec nous. Je vous promets, je vous promets de me rappeler que
c'est une consultation, donc vous donner le droit de parole autant que
possible. Mais je veux juste revenir sur une chose que le ministre a dit, parce
que c'est vrai, là, merci de m'accueillir dans cette commission-là, moi, c'est
la première fois que je prends activement part aux travaux de la commission,
puis, honnêtement, M. le ministre, je ne comprends pas vos propos. C'est comme
si M. le ministre vient de dire : Il y a des gens qui mettent des mots
dans la bouche de mon gouvernement, on ne dit jamais que c'est l'immigration
qui cause des problèmes de logement ou la crise du logement. Moi, j'ai une
citation : «Selon François Legault, — ça, ça date du 11 juin 2024 —
"100 %" du problème de logements au Québec s'explique par la
hausse de l'immigration temporaire.» 100 %. Alors, comment aujourd'hui
vous pouvez être ici, là, puis nous dire : On dit...
M. Fortin :
...nous autres que c'est de la faute de l'immigration. On ne dit jamais ça.
100 % du problème, selon le premier ministre, qui en théorie est votre
patron, quand même.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...
M. Fortin :
Oui, Mme la Présidente, j'apprends à vous connaître, Mme la Présidente. Tout le
monde a des règles un peu différentes, mais je m'excuse de devoir faire ce
petit rappel au ministre qui est devant moi. Bonjour, comment ça va? Très bien.
Alors. La recherche puis l'innovation, là, quand vous parlez de ça,
honnêtement, là, vous me rejoignez. Parce que le ministre, tantôt, a dit :
Bien, nous, on y croit, à l'importance de la recherche, l'importance de
l'innovation, de l'importance d'avoir des cycles supérieurs. On aimerait même
qu'il y ait plus de Québécois qui s'investissent dans les... dans les études de
cycles supérieurs. C'est comme s'il nous disait : Bien, mes politiques
n'affecteront pas, n'affectent pas en ce moment, là, le nombre de gens qui
s'investissent dans ces milieux-là. Mais vous avez des préoccupations quand
même importantes par rapport à ce qui est proposé et l'impact sur la recherche,
sur l'innovation. J'aimerais ça vous entendre peut-être sur ce que vous
entrevoyez, sur ce qui s'en vient. Parce qu'on ne peut pas se mettre la tête
dans le sable, là, les recteurs d'université viennent ici, Mme D'Amours était ici
hier pour nous dire : Faites attention à ça. Il y a un gros problème sur
la recherche et l'innovation. J'aimerais ça comprendre votre préoccupation
principale autour de ça.
Mme Dommanget (Flora) : De
notre côté, nous, ce qu'on voit, c'est qu'il y a à hauteur de 32 % des
personnes étudiantes qui sont internationales, donc, dans les cycles
supérieurs, ça fait que pour nous, c'est vraiment... c'est vraiment important
de pouvoir bien les accompagner dans leur parcours. Ce qu'on voit dans les
restrictions avec les quotas, les différents programmes, c'est qu'on ne leur
permet pas de pouvoir être... s'établir durablement. Ça fait que, par exemple,
quand ils vont devoir faire des demandes de renouvellement parce que leurs...
leurs études prennent plus de temps que prévu, bien, elles pourraient se
retrouver dans un flou et finalement devoir retourner chez elle parce qu'il y a
un problème administratif. Ça fait que, nous, c'est vraiment quelque chose
qu'on déplore. Il faut que les personnes qui soient déjà au pays puissent
pouvoir continuer à être présentes puis poursuivre leurs études. Ça va vraiment
contribuer ici à l'innovation, à la recherche et c'est ce qu'on veut, puisque,
bien, en ce moment, ce qu'on voit, c'est que c'est pas mal de la population
étudiante internationale qui se retrouve dans nos cycles supérieurs.
M. Fortin :
Sur la question des renouvellements, là, parce que vous y avez touché, là, dans
votre... dans votre réponse, pouvez-vous me dire concrètement ce qui arrive,
là? Quelqu'un qui, par exemple, fait face à un obstacle comme celui-là, là,
doit renouveler son CAQ. Tantôt, vous avez dit que ça peut causer des retards
dans les études, que c'est un fardeau administratif important, puis on le sait
que ce n'est pas facile... Pas facile faire affaire avec le gouvernement du
Québec pour des choses qui sont simples d'habitude, là. Alors, je n'ose même
pas penser un renouvellement de CAQ ce que ça peut représenter pour quelqu'un
qui a souvent la tête ailleurs, c'est-à-dire survivre financièrement, sur
réussir des études, sur bonifier, améliorer son français, peut-être, peu
importe, là. Qu'est-ce que... qu'est-ce que ça... Qu'est-ce qui arrive à
quelqu'un qui, en cours d'études, doit renouveler son CAQ?
M. Goyette (Loïc) : Oui, bien,
premièrement, là, plusieurs personnes étudiantes, que ce soit québécoises,
internationales ou qui proviennent du Canada, là, prennent plus de temps dans
leurs études que ce qui est imparti normalement pour le diplôme en question.
Donc, lorsqu'une personne étudiante internationale fait ça, elle doit
renouveler son CAQ, son certificat d'acceptation du Québec et par la suite son
permis d'études. En ce moment, il y a des quotas qui sont... qui sont mis aux
universités puis les renouvellements rentrent dans ces quotas-là.
Nous, notre crainte, c'est qu'une
université qui arriverait proche de son quota ou par mauvaise gestion des
quotas, étant donné aussi le moment où les universités reçoivent les quotas
dans le cycle académique, elles ne soient pas capables de prévoir suffisamment
de quotas... de quotas de côté puis doivent refuser des personnes, là, qui
seraient en renouvellement de CAQ puis finissent leur parcours plus tôt que
prévu. Puis ils doivent retourner dans leur pays sans avoir de diplôme avec
plusieurs milliers d'argent investis dans des droits de scolarité au Québec
sans diplôme.
M. Fortin :
OK, c'est des gens qui retourneraient dans leur pays, là. Ce n'est même pas des
gens qui temporairement devraient mettre leurs études de côté, faire... rester
ici en attendant que ça se... que ça se replace, là, ou qu'ils obtiennent leur
renouvellement, c'est des gens qui carrément retourneraient dans leur pays avec
un diplôme à moitié terminé.
M. Goyette (Loïc) : Bien,
c'est sûr qu'à ce moment-là, ces gens-là sont sur le territoire en tant
qu'étudiant, en tant que personne étudiante. Si elles ne sont plus étudiantes,
bien, vont devoir retourner. Après ça, est-ce qu'elles vont pouvoir revenir?
Certainement qu'il y a des personnes, là, qui vont trouver des moyens de
réavoir un permis par la suite, mais en retardant leur processus académique de
plusieurs sessions...
M. Goyette (Loïc) : ...de
plusieurs années, puis tout ça, ça apporte un stress et une anxiété importante,
là, comme vous pouvez l'imaginer.
M. Fortin :OK. Je nous encourage collectivement à penser si c'est vraiment
ça qu'on veut, là. Est-ce que c'est vraiment le genre de situation qu'on veut
créer au Québec où quelqu'un qui obtient, là, un CAQ, donc qui est accepté
vient ici, fait une partie de ses études pour une raison x, y, z, que vous
mentionnez, là, vous en avez plusieurs des exemples, il doit faire un
renouvellement puis là se retrouve à devoir quitter le pays temporairement pour
après ça, peut-être un jour, revenir s'il obtient son renouvellement de CAQ.
Est-ce que c'est vraiment l'expérience québécoise qu'on veut offrir? Est-ce que
c'est vraiment ce qu'on veut comme... comme société d'accueil pour ces... pour
ces gens-là?
Sur la question du... Je reste sur la
question du renouvellement, là, quelques instants, là, vous en avez fait état
dans votre mémoire, puis je trouve que ce serait... Ce serait faire erreur de
passer à côté, là. La question des gens qui étudient au cycle supérieur et qui,
pour une raison ou une autre, ils doivent changer d'établissement
universitaire. Vous faites état de la situation où, par exemple, un directeur
de recherche serait harcelant envers l'étudiant. On doit changer
d'établissement de recherche. C'est ce qui arrive souvent quand on parle de
directeur d'établissement d'études, quand on perd notre directeur de recherche.
Cette personne-là qui aurait dénoncé une situation de harcèlement se
retrouverait potentiellement, vraisemblablement, à refaire un renouvellement de
CAQ, avec tous les impacts que vous venez dire, c'est-à-dire possible retour
dans son pays, etc. Est-ce que c'est des situations que vous avez vues,
entendues ou vous pensez que les gens ne seraient même pas... les gens se
garderaient de dénoncer le harcèlement par peur de se retrouver dans cette situation-là?
Mme Dommanget (Flora) :
Nous, c'est clairement une crainte qu'on voit spécifiquement. Et ça rajoute une
pression supplémentaire sur la personne étudiante. Est-ce que je me lance dans
un tel risque? Est-ce que ça veut dire que je vais devoir... Est-ce que changer
d'établissement, ça veut dire, donc, devoir refaire tous ces documents parce
que, bien, ce n'est pas pris en considération, ce qui fait qu'une personne qui
vit une situation va devoir se questionner sur, tu sais, la critique qu'elle se
fait mettre sur les épaules ou bien juste devoir repartir dans son pays? Ça
fait que c'est vraiment juste subir pendant ses études, alors que, là, on
pourrait juste la soulager de cette charge-ci puis lui dire : OK, tu vas
pouvoir faire le processus de plainte, etc., pouvoir également changer
d'établissement parce qu'on s'entend, avoir un directeur, une directrice de
recherche dans un domaine spécifique, bien, il va falloir changer
d'établissement pour pouvoir retrouver cette même spécificité. Ça fait que c'est
sûr que ça rajoute une charge supplémentaire sur le choix de la personne
étudiante, et c'est ce que, nous, on demande d'enlever.
M. Fortin :OK. Bien là... Encore là, je nous encourage collectivement à
garder ça en tête. Moi, je lève mon chapeau sur certaines des avancées en
matière de harcèlement qui ont été faites au cours des dernières années, mais
ce serait... ce serait douloureux, je crois, de laisser une clause comme
celle-là qui pourrait faire en sorte que des gens se retrouvent à ne pas
dénoncer une situation de harcèlement, là. Collectivement, c'est... c'est notre
devoir de s'assurer que les gens ont toutes les opportunités et ils ne sont pas
pénalisés s'ils font une démarche comme celle-là.
Sur le PRTQ, je veux juste bien vous
comprendre, là, et encore là, je ne suis pas un expert en la matière, mais
tantôt vous avez parlé, si je me... si je me souviens bien, de la Belgique, de
la Suisse et de la France je crois, là, où les diplômes sont... sont reconnus,
mais tous les autres pays francophones qui ne le sont pas. Alors, qu'est-ce
qu'il se passe dans une situation où on a un étudiant qui, par exemple, dans
sa... dans ce programme-là, vient de la Tunisie et n'a pas son diplôme reconnu
à la même... de la même façon que quelqu'un qui viendrait de la Suisse, par
exemple? Est-ce que vous pouvez m'expliquer la démarche et le délai que ça
cause, cette non-reconnaissance immédiate?
• (11 h 50) •
M. Goyette (Loïc) : Oui.
Bien, ces personnes-là vont devoir faire un test de français, là, pour... puis
prouver leur... prouver leurs... leurs capacités en français. Ces tests-là sont
souvent très onéreux. C'est encore une fois des démarches supplémentaires qui
doivent être faites. Surtout quand on sait que ces gens-là proviennent de pays
francophones, ont étudié en français. Donc, a priori, on peut supposer que
quand tu as un diplôme qui a été fait en français, tu parles français. Puis il
y a plein de pays qui, on le sait, là, il y a plus de personnes francophones au
Maroc, par exemple, qu'en Suisse, là. Donc, nous, on trouve ça aberrant que
certains pays francophones soient reconnus dans... certains diplômes de
certains pays francophones sont reconnus dans ce cadre-là puis pas d'autres. Je
tiens à rappeler quand même, là, que nous, notre demande principale, là, c'est
le retour du PEQ. On trouve que le PRTQ n'est pas forcément adapté aux besoins
et aux réalités des personnes étudiantes. Donc, notre demande principale, c'est
le retour du PEQ.
M. Fortin :
Très bien. Je pense qu'il me reste à peu près deux minutes, Mme la Présidente.
Puis vu que c'est le temps du Parti québécois, je vais en profiter. Le Parti
québécois propose de réduire le nombre d'étudiants étrangers...
M. Fortin :...à 50 000. Vous en pensez quoi?
Mme Dommanget (Flora) : Nous,
on trouve que c'est complètement aberrant en ce moment, considérant que la
plupart de notre financement à l'université dépend de ce genre de personnes, et
notre économie québécoise aussi en dépend. Ça fait que c'est sûr que, nous, ce
que... ce qu'on veut, c'est que ces personnes puissent s'établir de façon
permanente, puissent... puissent être vraiment bien accueillies au Québec.
M. Fortin :Très bien. Et je vous remercie de votre... de votre
présence, de votre apport aujourd'hui. Et je m'excuse pour ma petite intrusion
dans le monde parallèle du ministre, tantôt, mais c'était difficile de passer à
côté de quelque chose qui... qui est si peu ancré dans la réalité des propos de
sa formation politique. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Maintenant, on en est rendus à... au deuxième groupe
d'opposition, et vous avez quatre minutes 58 secondes, étant donné que le
temps n'a pas été tout pris par l'opposition officielle. Le micro est à bout.
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour. Merci beaucoup d'être ici.
Écoutez, à votre recommandation huit, vous
proposez que la cible de 45 000 personnes immigrantes admises par
année au titre de résident permanent soit privilégiée. Donc, c'est la... c'est la
fourchette supérieure, là. Ce qu'on... Ce qu'on peut comprendre de votre
position, c'est que ça... évidemment, en premier lieu, ça favorise la
population étudiante, cette cible-là. Mais, de façon plus générale, c'est que
vous considérez que le Québec a besoin de davantage d'étudiants et étudiantes
internationaux, des travailleurs qui viennent d'ailleurs, une population en
général, et que, pour vous, la question de dépassement des seuils de la
capacité d'accueil ne joue pas tellement dans ce... dans ces calculs-là. Est-ce
que je vois... Est-ce que je vise juste?
M. Goyette (Loïc) : Bien,
notre 45 000, on l'a pris... notre... comme... comme je l'ai dit quand
même à quelques reprises, là, notre demande principale, c'est le retour du PEQ.
Le PEQ était hors cible. Donc, dans... s'il y a une cible, nous, on
privilégierait, là, 45 000. Mais on reste à penser que la meilleure
solution pour les personnes étudiantes internationales, c'est le rétablissement
du PEQ. Le 45 000, on l'a choisi, là puis on a évolué dans le cadre du
cahier de consultation qui a été proposé dans le cadre des consultations. Le
45 000 était la cible la plus élevée. On pense que ça donnerait, là, plus
de chances aux personnes étudiantes internationales de pouvoir contribuer au
Québec. Rappelons-le, là, ces personnes-là sont déjà intégrées au Québec, ils
sont, la plupart, francisés, ont déjà un cercle d'amis qui a été fait ici, là.
Donc, on pense que la plus... la cible la plus élevée permettrait aux personnes
étudiantes internationales de pouvoir contribuer par la suite, là, au Québec.
M. Fontecilla : Est-ce qu'on
a les moyens de les accueillir?
M. Goyette (Loïc) : ...la
capacité d'accueil, là, nous, c'est un concept qu'on trouve flou, qui n'est pas
basé sur des données probantes ou en tout cas pas des données probantes sur
lesquelles on a pu évaluer ce concept de capacité d'accueil. Donc, on n'est pas
en mesure de déterminer c'est quoi, la capacité d'accueil. Puis on critique
l'utilisation de ce concept-là sans... sans réellement l'expliquer puis le
définir exactement, ça veut dire quoi, capacité d'accueil.
Mme Dommanget (Flora) : Nous,
ce qu'on considère ici, c'est qu'il faut vraiment prendre en considération que,
venir diminuer le nombre de personnes étudiantes au Québec, ça va avoir des
impacts sur le financement, sur l'ensemble de la société. Ça fait que c'est ça,
ici, que, nous, on veut que ce soit pris en considération quand on regarde les
cibles qui doivent être établies.
M. Fontecilla : Le ministre
mentionnait tantôt la question très précisément du logement, comme quoi vos
étudiants n'ont pas les moyens de se loger, et donc qu'il faudrait fermer le
robinet, en quelque... en quelque sorte. Vous avez dit que vous avez d'autres
propositions. Vous... Par ailleurs, là, vous avez des propositions concernant
le logement. J'aimerais vous entendre. Qu'est-ce... Quelles sont vos
propositions? Ça m'intéresse.
Mme Dommanget (Flora) : Oui.
Nous, ce qu'on encourage, dans le cadre plus logement, là, c'est sûr qu'on
s'écarte un peu de... de la commission immigration, mais ce serait...
M. Fontecilla : Non.
Excusez-moi. On ne s'écarte pas tout à fait parce qu'on ramène constamment la
question du logement à la... aux seuils d'immigration, là. Donc, on est dans le
vif du sujet, là. Logement et immigration aujourd'hui sont étroitement reliés
dans la tête du gouvernement, là, et du ministre.
Mme Dommanget (Flora) : Oui.
C'est sûr que, nous, on les dissocie, pour le coup. Parce que, comme on le
voit, la crise du logement touche l'ensemble du territoire, et il n'y a pas
forcément de... beaucoup d'immigration qui peuvent se retrouver dans ces
zones-là. On le voit notamment en Gaspésie, où il y a la crise du logement qui
est bien présente, et pourtant, bien, il n'y a pas beaucoup de personnes
immigrantes qui sont dans ces territoires-ci.
Ça fait que nous, ce qu'on encourage,
c'est vraiment la... plus de construction pour pouvoir réduire la crise du
logement, également avoir quelque chose qui favorise le contrôle des loyers. Ça
fait que nous, c'est vraiment dans cette optique-là qu'on le voit. Puis on le
dissocie vraiment de l'immigration, parce que, pour nous, c'est aberrant
d'associer les deux.
M. Fontecilla : Donc,
c'est... c'est deux problématiques qui n'ont pas... qui n'ont pas à être
reliées ensemble, comme c'est souvent fait dans le discours politique actuel.
Mme Dommanget (Flora) : C'est
ça. Pour nous, on voit que c'est un sujet beaucoup plus large, la crise du
logement, et que ça ne touche pas la... ça ne touche pas seulement la
population...
Mme Dommanget (Flora) : ...sont
étudiantes internationales, ça fait que c'est pour ça qu'on les dissocie ici.
M. Fontecilla : Très bien. Je
n'ai pas d'autre question, Mme.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, si c'est terminé, je vous remercie pour votre
présence en commission. Vos propos ont été accueillis par l'ensemble des
parlementaires. Alors, je vous souhaite une bonne fin de journée.
Et je vais suspendre la commission
quelques instants, le temps de recevoir le prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 56)
(Reprise à 12 heures)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Donc, pour les prochaines minutes, nous recevons les représentantes
d'Éducation internationale. Alors, mesdames, bienvenue à la Commission des
relations avec les citoyens. Vous allez avoir une période de 10 minutes pour
vous présenter et... et par la suite... voyons, exprimer vos commentaires sur
le cahier, je m'excuse, j'avais autre chose en tête, et nous allons ensuite
discuter avec les parlementaires. Alors, le micro est d'ores et déjà à vous.
Mme van der Knaap (Lysiane) : Bonjour,
Lysiane van der Knaap, je suis directrice générale d'Éducation internationale.
Je suis accompagnée de...
Mme Bolduc (Véronique) : Véronique
Bolduc, directrice services éducatifs en formation professionnelle, éducation
aux adultes et services aux entreprises au Centre de services scolaire des
navigateurs.
Mme Bergeron (Gabrielle) : Et
Gabrielle Bergeron, je suis conseillère réglementée en immigration pour les
étudiants étrangers chez Éducation internationale.
Mme van der Knaap (Lysiane) : Mme
la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, merci de nous recevoir.
Éducation internationale, c'est une...
12 h (version non révisée)
Mme van der Knaap (Lysiane) : ...coopérative
du réseau scolaire. À travers son service Québec métiers d'avenir la
coopérative à développer une expertise en matière de recrutement et
d'accompagnement d'étudiants internationaux qui ont pour projet de poursuivre
des études dans un centre de formation professionnelle publique du Québec. Nous
offrons aussi de l'expertise-conseil au réseau scolaire au sujet des règles
d'immigration qui concernent les étudiants internationaux. Les étudiants
étrangers diplômés de nos programmes francophones nous apparaissent comme des
candidats idéaux. Étant donné que ces personnes possèdent un diplôme québécois,
qu'elles sont jeunes et qu'elles vivent déjà ici en français depuis plusieurs
années, elles constituent un bassin exceptionnel où recruter des nouveaux
Québécois. Ces mots ne sont pas les miens, ce sont ceux de François Legault dans
son mot d'introduction du cahier de consultation publique pour la planification
de l'immigration 2023-2026. Le rapport du commissaire à la langue
française, qui a été publié le 8 octobre dernier, vient appuyer cette
position. Il souligne que les étudiants internationaux francophones
représentent une opportunité stratégique pour le Québec, notamment en raison de
leur intégration linguistique et sociale déjà amorcée. Pourtant, malgré cette
reconnaissance du rôle stratégique des étudiants étrangers, des mesures
restrictives en immigration ont été imposées au cours de la dernière année,
tant par Québec que par Ottawa, ce qui affecte lourdement et de façon
disproportionnée, j'insiste, la formation professionnelle par rapport aux
autres formes d'enseignement.
À la fin du mois de septembre 2025, on a
réalisé un sondage auprès des centres de formation professionnelle pour
connaître l'impact des mesures sur leur capacité à attirer des étudiants
étrangers. 55 représentants issus de 39 centres de services scolaires, commissions
scolaires qui représentent l'ensemble des régions du Québec, ont répondu.
65 % des personnes sondées observent une baisse de 25 % ou plus à la
rentrée 2025 par rapport à 2024. Pour 44 % des... des répondants,
c'est une baisse de plus de 50 %. Et à l'hiver 2026, le portrait est
encore plus sombre.
Pourquoi ça devrait nous inquiéter? On a
20 établissements parmi nos répondants qui nous rapportent de devoir
annuler ou reporter 77 cohortes au cours de l'année scolaire. Pour
l'ensemble du Québec, ce nombre est certainement encore plus élevé. Les cohortes
qui sont annulées ou reportées, c'est des cohortes d'élèves québécois pour
lequel le nombre d'élèves inscrits est trop faible pour démarrer. Donc, les
élèves québécois en sont victimes aussi. Ils voient rompre leur parcours de
formation, ce qui affecte leur employabilité.
Aussi, ce qui devrait nous inquiéter,
c'est que les diplômés de la formation professionnelle, ils occupent des
emplois essentiels à la vitalité économique de toutes nos régions. Les données
disponibles parlent d'elles-mêmes. L'état d'équilibre du marché du travail qui
est publié par le gouvernement du Québec nous renseigne à l'effet que 80 %
des programmes de formation professionnelle sont... sont identifiés comme
menant à des métiers qui sont en léger déficit ou en déficit de main-d'œuvre.
Considérons également qu'il y a un nombre important de professions qui sont les
plus touchées par les pénuries persistantes de main-d'œuvre qui relèvent
directement de la formation professionnelle : préposés aux bénéficiaires,
machinistes, soudeurs, les 32 métiers de la construction qui relèvent de
la CCQ, les cuisiniers.
Dans notre sondage, les centres de
formation professionnelle nous ont nommés des programmes sont fragilisés par
les mesures restrictives en immigration. J'en nomme quelques-uns : cuisine,
préposés aux bénéficiaires, électromécanique, mécanique de machine fixe, usinage,
soudage, ferblanterie, arpentage, mécanique de véhicules lourds routiers.
J'attire votre attention sur les deux derniers programmes que j'ai mentionnés :
arpentage et mécanique de véhicules lourds routiers. Le 21 août dernier,
le ministre de l'Éducation et la ministre de l'Emploi, qui était en poste à ce
moment, en collaboration avec Hydro-Québec, ont annoncé des investissements de
250 millions de dollars pour soutenir la formation professionnelle
dans des métiers qui sont jugés prioritaires pour la transition énergétique du
Québec, notamment arpentage et mécanique de véhicules lourds routiers. Cette
initiative vise à répondre aux besoins de main-d'œuvre qualifiée dans le cadre
de projets structurants pour le Québec. Or, le bassin d'élèves québécois ne
suffit pas à combler les cohortes dans ces programmes. Alors que fera
Hydro-Québec quand il va chercher à embaucher un nombre suffisant de
travailleurs qualifiés mais que la main-d'œuvre ne sera tout simplement pas
disponible dans le nombre désiré? Une révision des critères d'admissibilité aux
permis de travail postdiplôme pour les programmes ciblés serait une réponse
cohérente et stratégique à ce paradoxe. Il s'agit d'un exemple, mais il en
existe plusieurs autres où nous voyons une incohérence entre les priorités
projets du Québec puis les barrières qu'on se met dans les roues pour attirer
des talents en formation professionnelle.
On a entendu à maintes reprises l'ancien
ministre de l'Éducation, M. Bernard Drainville, valoriser la formation
professionnelle. Dans un discours qu'il a prononcé le 16 avril dernier à
Alma, il affirmait : Je le dis souvent, chaque diplôme compte. Regardez
autour de vous. Quel serait notre quotidien sans les personnes des métiers,
sans les électriciens, les mécaniciens, les cuisiniers, les soudeurs? Ces
métiers sont indispensables, et on doit leur donner toute la valeur qu'ils
méritent. Je crois énormément au potentiel de la formation professionnelle.
Ceci mène à des métiers stimulants, bien rémunérés...
Mme van der Knaap (Lysiane) :
...et concrets qui ont une grande utilité sociale. M. Drainville a raison,
la formation professionnelle est un pilier du système éducatif québécois. Elle
offre des formations pratiques et adaptées au marché du travail. La formation
professionnelle, elle existe pour répondre aux besoins de main-d'œuvre pour des
métiers spécialisés. Elle joue donc un rôle fondamental dans la vitalité
économique de toutes nos régions. Présentement, les gouvernements du
Québec et du Canada étouffent la capacité des centres de formation
professionnelle à attirer des élèves internationaux, essentiels au besoin de
main-d'œuvre et au maintien d'une expertise dans les centres de formation
professionnelle. Il faut savoir que 12 % des répondants à notre sondage
ont mentionné avoir commencé à effectuer une réduction de personnel devant la
baisse des inscriptions des internationaux. Nous sommes ici aujourd'hui et
plaidons pour une reconnaissance pleine et entière de la formation
professionnelle comme levier prioritaire de développement économique, régional
et linguistique dans le présent exercice de planification de l'immigration.
On a formulé 18 recommandations dans
notre mémoire, mais je vous en présente ici mes trois principales, nos trois
principales. Les quotas d'émissions de CAQ imposés aux centres de services
scolaires et commissions scolaires devraient l'être en fonction des programmes
et régions, tel que le prévoit la Loi visant à encadrer les étudiants
étrangers, et non pas seulement une formule paramétrique qui est contraire à
l'essence même de la loi. Le réseau public a été pénalisé pour des pratiques
qui ont été observées dans un réseau qui n'est pas le nôtre. On est réalistes,
on pense que les quotas vont demeurer. Donc, on ne demande pas d'exempter
complètement notre ordre d'enseignement comme le font d'autres acteurs du
système de l'enseignement du Québec. Cependant, il est essentiel, premièrement,
de protéger les programmes qui mènent à des métiers en pénurie ou à forts
besoins et ensuite intégrer une variable liée à la réalité des régions, en
considérant notamment le taux de chômage local, le maintien d'une expertise
régionale, les secteurs de développement économique et le besoin de
main-d'œuvre qui s'y rattachent. Deuxième recommandation. Bien qu'il
s'agisse d'une mesure fédérale, il est important pour les décideurs du Québec
de considérer l'impact significatif des restrictions liées au permis de travail
post-diplôme, le PTPD, et qui concerne spécifiquement la formation
professionnelle. C'est la mesure qui affecte le plus le réseau des centres de
formation professionnelle public présentement, selon notre sondage. En vertu d'un
critère d'admissibilité qui est basé sur le domaine d'étude qui est mis en
œuvre depuis le 1ᵉʳ novembre 2024, il demeure qu'il y a 55 programmes
qui sont admissibles alors qu'il y en avait 142 précédemment. Et on a su à
travers IRCC que, début 2026, cette liste pourrait être réduite à
35 programmes. Puis, parmi les programmes qui sont admissibles, on compte
41 programmes qui mènent à des métiers qui sont en déficit de
main-d'oeuvre ou pour lequel il y a des besoins appréhendés de main-d'œuvre
dans les années à venir.
Je vous nomme ici quelques exemples de
programmes qui sont admissibles puis j'ai choisi ceux qui sont identifiés comme
étant prioritaires par le gouvernement du Québec. Conduite de procédés de
traitement de l'eau, extraction de minerais, installation et entretien de
systèmes de sécurité, mécanique automobile, mécanique de véhicules lourds
routiers. Ce qu'on nous dit à IRCC, c'est que la mesure restrictive du PTPD a
été décidée en fonction de données disponibles sur le marché du travail. Pourtant,
l'ensemble des diplômes universitaires sont admissibles au PTPD. Difficile de
croire que l'ensemble des programmes universitaires affichent des taux de
placement supérieurs à des programmes de formation professionnelle, comme
préposés aux bénéficiaires ou mécaniciens. On permet... Nous permettons de
noter une grande incohérence entre le discours et la mise en application de la
mesure qui se fait une fois de plus au détriment de la formation
professionnelle.
À Ottawa, aucune demande d'assouplissement
à l'admissibilité au PTPD pour des programmes de formation professionnelle
n'aurait été formulée par Québec. On pense qu'il est dans l'intérêt du Québec
de le faire.
Et finalement, comme bien d'autres témoins
dans cette commission, on demande de la prévisibilité dans les mesures. Les
étudiants étrangers et les établissements pourront ainsi se fier aux paramètres
en place plutôt que de naviguer dans un climat incertain et qui crée de
multiples enjeux, au premier chef, des drames humains. Merci de votre écoute.
• (12 h 10) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup pour cette présentation. On entame donc les
discussions avec le ministre de la banquette gouvernementale pour une période
de 16 min 30 s.
M. Roberge : Merci bien.
Merci pour votre présentation très documentée sur ce qui se passe en ce moment,
là, tout de suite dans nos centres de formation professionnelle, dans nos
centres de services scolaires. La baisse d'inscriptions des étudiants
internationaux ou étrangers, c'est cet automne-ci. Est-ce qu'on avait connu des
baisses aussi dans les années précédentes ou c'est réellement là, là?
Mme van der Knaap (Lysiane) : C'est
maintenant, la baisse, c'est vraiment à la rentrée. Je ne sais pas si
Navigateurs...
Mme Bolduc (Véronique) : Oui.
Actuellement, ce qu'on ressent, c'est qu'avec les différents changements,
actuellement, juste pour notre centre de services, on a 50 % de moins au
niveau des inscriptions. Donc, les changements ont entraîné des gens à changer
leur projet de vie, mais aussi, c'est tout ce qui est accompagnement
administratif actuellement dans le secteur qui doit être revu en continuité.
Donc, on le sent vraiment. Et notre préoccupation, c'est la suite...
Mme Bolduc (Véronique) :
...parce qu'actuellement on voit 50 % dans notre... mais je sais que mes
collègues qui sont dans la région... exactement la même situation, et on
prévoit une baisse encore plus grande dans les prochaines... prochains mois,
parce qu'on est toujours en prévision, là, au niveau de nos admissions actuellement.
M. Roberge : Puis, en nombre
absolu, parce qu'en pourcentage, c'est beaucoup, mais à l'échelle du Québec, si
on regarde, supposons, combien de personnes s'inscrivaient en septembre 2024
versus combien de personnes en septembre 2025, on parle de combien de personnes
de moins?
Mme van der Knaap (Lysiane) :
On n'a pas préparé le chiffre absolu, là, tu sais, il y avait des statistiques
dans le cahier de consultation publique, là. Donc, on voit... Puis là c'est sûr
que ces chiffres-là sont balancés aussi fortement dans le réseau privé qui en
accueillait beaucoup aussi. Donc, tu sais, nous, on a essayé de faire une
extrapolation puis on s'est dit Bien, dans le réseau public, en 2023, il y en
avait à peu près 6 000, 7 000, 7 % de l'effectif étudiant, hein,
pour l'ensemble des étudiants étrangers quand on compare aussi au cycle
d'enseignement supérieur. Puis, en 2024, ça aurait été à peu près 10 000.
Donc là, si on parle d'une réduction de 25 % à 50 %, bien, en tout
cas, je vous laisse faire le calcul. On n'a pas cette donnée-là, la donnée au
niveau de l'éducation est plus difficile à aller chercher de façon spécifique
qu'au niveau de l'enseignement supérieur, mais...
M. Roberge : À 'échelle du
Québec, c'est quelques milliers de personnes, mais vous dites : Attention,
attention, on est dans des secteurs clés, on est dans des secteurs d'avenir,
notamment, pour... quand on pense à ce qu'on veut faire avec Hydro-Québec. Et
c'est dans des secteurs où les gens se placent et trouvent un emploi, puis vous
n'avez pas pris à partie le réseau universitaire, vous avez simplement
dit : Écoutez, si on regardait PEQ pour PEQ, dans le système qui est
actuellement suspendu, il y avait une espèce d'automatisme dans le réseau
universitaire. Puis vous dites : Nous, on ne l'avait pas. Or, ce n'est pas
tous les programmes universitaires qui ont un taux de placement de 100 %.
Peut-être pas tous les programmes qui ont un taux de placement 100 % FP
non plus, mais c'est un taux qui est élevé.
Et vous avez dit : Ce qui a eu le
plus gros impact, c'est le fait que le gouvernement fédéral a revu
l'attribution du permis de travail postdiplôme, c'est-à-dire... parce qu'il a
des personnes qui viennent ici suivre un cours de, on va dire — c'est
tout le temps l'exemple qu'on sort, mais peu importe — s'ils savent
qu'il y a un permis de travail postdiplôme, donc, ils vont vouloir travailler
ici, et donc gagner un revenu, et donc, peut-être, pouvoir rester. Ils vont
s'inscrire. Et, s'ils ne savent pas qu'il y a le permis de travail, ils ne
viendront pas. Et quand est-ce que ce changement là du fédéral est arrivé
exactement dans votre réseau puis que ça a eu un impact?
Mme van der Knaap (Lysiane) :
La mesure est en vigueur depuis le 1er novembre 2024. Puis donc là, ça...
puis ça, c'était pour les demandes de permis d'études, si je ne me trompe pas.
Donc, c'est maintenant, là, tu sais, qu'on voit l'impact. Parce que ceux qui
l'avaient demandé avant, ils n'ont pas eu d'impact. Donc, ça prend quand même
neuf, 10, 12 mois avant qu'ils arrivent. Donc, c'est à la rentrée 2025
qu'on voit l'impact de façon majeure, puis même pour les programmes qui sont
encore admissibles, là. Le candidat international, lui, dit : Les gouvernements
jouent au yoyo, là. Tu sais, je ne sais pas, dans un an, si mon programme va
être encore admissible ou le temps que j'applique à mon permis d'études, est-ce
qu'il va avoir une autre liste de programmes qui vont être sortis? Ça fait que,
pour des programmes qui sont encore admissibles au PTPD, on voit une baisse.
M. Roberge : OK. L'an passé,
vous êtes venus en commission, on a parlé de la Loi qui vise à mieux encadrer
les étudiants étrangers. Suite à ça, il y a eu une analyse et puis on a choisi
d'épargner le réseau de formation professionnelle des centres de services
scolaires. On avait donné, en 2024, 16 357 CAQ, puis, en 2025,
17 446, donc, même 1 000 de plus pour corriger les ajustements. Donc,
il n'y a pas eu d'intention de réduction, d'aucune manière, de la part du
gouvernement. Il n'y a pas centre de FP qui dit : Mon Dieu, pourquoi on
m'a coupé 20 %, 30 % de mes CAQ? Pourquoi ils m'ont coupé ça? Ce
n'est pas ça qui est arrivé. Il y a eu une discussion autour du nombre de personnes
souhaité. Ça se peut que cette discussion a inquiété certains groupes, hein,
c'est un peu comme à la bourse, des fois, les gens s'emballent. Ils ont des
craintes que la bourse plante; ils sont enthousiasmes, la bourse monte, alors
que, dans le réel de l'usine, il ne s'est rien passé. Ça se peut que la
discussion, la simple discussion, sur les seuils, ait amené des gens inquiets à
l'international, c'est possible. Les gens qui ont dit : Je ne suis pas
certain. Mais là on veut donner de la prévisibilité...
M. Roberge : ...puis de la
certitude pour l'année qui vient. C'est l'objectif de la planification
pluriannuelle de se donner des cibles, puis de s'enligner. Il y a des gens...
on se parle entre nous, mais il y a des gens qui nous écoutent. Je peux vous
dire que, de l'an passé à cette année, on a donné plus de CAQ pour notre réseau
public en FP. On n'a pas l'intention de réduire, d'aucune manière... on est
très, très conscients des pénuries de main-d'œuvre qui vont dans cette
direction-là. Donc, ce qui a changé, c'est beaucoup, si je ne m'abuse, le
permis de travail du fédéral puis les restrictions pour les travailleurs
étrangers temporaires. Est-ce qu'il y a des gens qui passaient de la FP au TET,
au travail... travailleurs étrangers temporaires ensuite?
Mme van der Knaap (Lysiane) : Sur
cette question précise, là, je vais laisser ma collègue répondre, là, passer de
la FP à TET. Mais, juste avant, je veux juste vous dire, l'année dernière, on
n'a pas été invités en commission quand il y a eu l'étude sur la loi. On avait
trouvé un peu dommage que la formation professionnelle ne puisse pas être
représentée, alors qu'il y avait des représentants des cégeps et d'universités.
Ensuite, de dire... oui, vous avez raison,
c'est vraiment la mesure du PTPD qui nous fait mal. Les quotas de CAQ, on
n'arrive pas à les remplir parce que les étudiants n'arrivent pas assez, puis
ça, on l'a quand même nommé aussi dans notre mémoire, là, c'est ce qui nous
fait le plus mal, puis c'est ce que nous révèle notre sondage. Ceci dit, je voudrais
quand même dire qu'il y a sept centres de services scolaires qui ont 22, au
total, de quotas, c'est très bas. Il y en avait qui commençaient des
initiatives d'aller recruter des étudiants étrangers, parce qu'il manque
d'élèves dans des programmes pour lesquels il y a des besoins de main-d'œuvre,
les employeurs leur disent. Le marché du travail est dynamique, hein, il change
quand même assez... il peut changer assez vite.
J'ai entendu un centre de services
scolaire sur la... une commission scolaire sur la... en Gaspésie qui
disait : Soutien informatique, les employeurs m'appellent, je n'en ai pas,
puis là mon quota, il est zéro. Donc, tu sais, il n'est pas distribué non plus
de façon à prendre en considération les besoins régionaux, là, ce qu'on déplore
quand même un peu, là. Puis le réseau public a hérité de 55 % des quotas
de CAQ, pour 174 centres de formation professionnelle, alors que le privé en a
45 %, pour 35 établissements. Donc, on trouve qu'il pourrait y avoir un
balancier un peu plus équitable, là, en termes de mission des centres de
formation professionnelle.
M. Roberge : Je veux préciser
qu'on est ouverts à des... à des aménagements, justement, pour des créations de
nouveaux programmes, parce qu'il y a des besoins qui changent puis préciser
que, l'an passé, par rapport à cette année, le réseau public a eu une
augmentation du nombre de CAQ, donc de quotas, tandis que le réseau privé a eu
une baisse de 35 %. Donc, il y a eu quand même un traitement privilégié
pour le réseau public, définitivement. Et là on me fait signe, j'ai des
collègues qui veulent poursuivre l'échange avec vous. Merci, Mme la Présidente.
Merci pour votre présentation, je vais vous laisser poursuivre avec les
collègues.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Merci, M. le ministre. Alors, j'ai la députée de Vimont qui a quelques
questions. Il reste encore 7 min 39 s.
Mme Schmaltz : Parfait.
Merci, Mme la Présidente. Merci, Mesdames, d'être là, d'être présentes,
toujours apprécié. Deuxième recommandation. Dans la deuxième recommandation,
vous proposez de bonifier les voies d'accès à la résidence permanente pour les
personnes diplômées de formations de courte durée qui ne sont pas... qui ne
sont pas admissibles au permis de travail postdiplôme, donc le fameux PTPD dont
on parle... dont vous parliez tout à l'heure. Peut-être... Bien, je pense que
vous le savez, sinon, il faut quand même que vous sachiez qu'on a mis en œuvre
le Programme de sélection des travailleurs qualifiés, le PSTQ, dans le volet
II, qui est Compétences intermédiaires et manuelles, du PSTQ, dans lequel les
personnes qui ont obtenu un diplôme d'une formation de courte durée au Québec,
qui ont acquis une expérience en dehors, peuvent être invitées ou
sélectionnées. Est-ce que ça, vous le saviez, cet aspect-là?
Une voix : Oui.
• (12 h 20) •
Mme Schmaltz : Oui? OK,
parfait. De plus, bon, on le sait, on l'a mentionné tantôt que tout ce qui
était conditions d'admission au PTPD, qui est géré par Immigration, réfugiés,
malheureusement, on ne peut pas déterminer les conditions d'admissibilité. Je
pense que ça, c'est quelque chose dont on a discuté.
Recommandation 9, qui propose
l'intégration d'une condition de sélection, dans les programmes d'immigration
permanente, qui porte sur la régionalisation, vous en avez mentionné, d'entrée
de jeu, dans votre mémoire. Il faut peut-être... j'aimerais aussi peut-être
attirer l'attention là-dessus que les critères de classement d'invitation au
PSTQ favorisent, justement, la régionalisation, donc les gens qui sont invités
peuvent le faire, d'autant plus qu'il y a également des points supplémentaires
au classement quand ces gens, on sait, justement, qu'ils ont séjourné à
l'extérieur de la CMM, qu'ils ont eu de l'expérience à l'extérieur de la CMM,
qu'ils ont eu des stages aussi à l'extérieur de la CMM. Donc...
Mme Schmaltz : ...fait en
sorte qu'ils ont des chances... plus de chances d'être d'être invités à
présenter une demande de sélection. D'autant plus qu'au 31 juillet, la totalité
des personnes qui étaient invitées par le ministère sur le volet II
séjournait aussi au Québec et à l'extérieur de la CMM. Donc, je voulais
peut-être juste faire cette petite mise au point, là. Peut-être, vous le
mentionnez quand même, là, qu'il y a eu quand même des ajouts là-dedans, mais
bien sûr, ce que vous mentionniez tantôt, là, je le comprends parfaitement.
Petite demande aussi, curiosité par
rapport à la... Bon, voyons, je m'excuse, mon ordi a gelé un petit peu. Je
voulais parler de Francisation Québec parce que j'ai la chance d'être l'agente
gouvernementale au ministre en francisation. Donc, c'est toujours des sujets
qui vont venir m'interpeler. Vous disiez tantôt que vous... au niveau des
critères de sélection, vous privilégiez beaucoup les gens qui ont des... une
bonne connaissance déjà du français, selon des critères, etc. Par contre, vous
demandiez peut-être d'avoir un ajout ou une aide supplémentaire en
francisation. Je veux juste comprendre. Si déjà vos critères sont élevés,
pourquoi vous aimeriez en plus d'avoir un ajustement en francisation, d'être
accompagné, disons, davantage en francisation? Je voudrais juste comprendre ce
côté-là.
Mme Bolduc (Véronique) :
Peut-être actuellement, peut-être juste vous situer, ce qu'on exige en formation
professionnelle, ce sont des niveaux nécessaires pour pouvoir intégrer. Donc,
dans le processus d'admission, on exige, par exemple, en secrétariat, un niveau
c, niveau 10, l'équivalent d'un niveau 10. Les gens doivent nous
démontrer que le français est maîtrisé au niveau. Et actuellement, comment ça
fonctionne, ce sont des tests qui sont internationals, qui sont exigés pour
prouver leur niveau.
Au niveau des recommandations, je vous
laisse peut-être poursuivre au niveau de ce que vous proposez parce que c'est
quand même une obligation pour nous. Donc, si la personne ne maîtrise pas le
niveau, on va référer à la francisation, comme on a l'offre actuellement au
niveau des centres de services. Mais c'est quand même une obligation avant
l'admission, là, en formation professionnelle. Sinon, malheureusement, c'est
extrêmement difficile pour les gens de pouvoir intégrer des métiers dans des
programmes de très courte durée. Donc, c'est quand même un enjeu qui est
important. Mais quand même, au niveau des tests, je vous laisse peut-être
compléter avec la suggestion.
Mme Schmaltz : Peut-être
juste une petite question, là, pour être certaine, est-ce qu'on parle d'un gros
pourcentage? C'est à peu près à vos demandes, là, si... parce que vous semblez
en avoir beaucoup. Est-ce que c'est un gros pourcentage?
Mme Bolduc (Véronique) : Tous
les élèves qui vont venir de l'international, qui veulent être admis en
formation professionnelle, doivent prouver le niveau de français. Donc, pour
nous, on parle de centaines d'élèves annuellement pour lesquels... et même
plus, parce que selon le processus, bien entendu, les gens vont faire des
démarches. On les accompagne dès le départ, dès... avant leur arrivée, et ça
fait partie même de nos critères, là, de base. Donc, premièrement, est-ce que
le niveau de français répond aux attentes? On parlait de secrétariat. Vous
comprenez que c'est un programme pour lequel la maîtrise doit être assez élevée
pour être capable d'intégrer un programme comme celui-ci. Donc, on demande à
tous nos élèves d'avoir un niveau. Donc, on parle C1 et B2. Le B2 est peut-être
un peu plus, je dirais, utilisé dans certains de nos programmes, par exemple en
soudage montage où on est plus au niveau 8, mais, quand même, c'est une
exigence. Donc, c'est sûr que si les gens ne le maîtrisent pas, on doit les
référer vers d'autres êtres possibles selon si les gens sont ici ou bien sûr à
l'extérieur du Québec.
Mme Schmaltz : Je comprends,
mais je me mets à la place d'une personne qui désire souhaiter... qui désire
suivre une formation en secrétariat avec un niveau 10, donc un niveau,
hein, de compréhension parfaite. Il me semble que, d'instinct, on n'ira pas
s'inscrire là parce que j'imagine que dans vos critères, déjà à l'avance, vous
expliquez ce que ça nécessite comme compréhension ou comme... de la langue.
Donc, vous en avez quand même des gens qui vont s'inscrire dans ce
programme-là?
Mme Bolduc (Véronique) : Tout
à fait. Donc, même si on mentionne les critères, les gens vont vouloir souvent
poursuivre dans des programmes pour lesquels ils ont de l'intérêt.
Mme Schmaltz : Mais vous ne
pouvez pas les refuser?
Mme Bolduc (Véronique) : Bien,
bien entendu. C'est que si le niveau ne respecte pas le niveau minimal, on
doit, nous, regarder de notre côté comment on peut les diriger vers l'aide
possible pour aller acquérir le français nécessaire.
Mme Schmaltz : À ce
moment-là, combien de temps peut prendre cette formation si, tu sais... je ne
sais pas, moi, quel niveau vous avez puis versus l'apprentissage de la langue
pour qu'elle soit apte à suivre la formation? Il peut se passer énormément de
temps, là, pour...
Mme Bolduc (Véronique) : ...Donc,
tout dépendamment, comme je vous dis, les candidatures sont...
Mme Bolduc (Véronique) : ...totalement
différente. Donc, en fonction du niveau vers lequel les gens vont... vont être,
bien, comme on vit actuellement avec Francisation Québec, les gens ont
différents niveaux, donc on va les accompagner pour leur permettre d'aller
chercher le niveau nécessaire.
Mme Schmaltz : Vous ne pouvez
pas les refuser carrément, de leur dire «on ne peut pas vous accepter?»
Mme Bolduc (Véronique) : Mais
il y a des élèves pour lequel on va le... on va exiger, surtout ceux qui sont à
l'extérieur, donc vont décider de changer leur projet ou vont tout simplement
aller poursuivre leur apprentissage en français. Ils vont revenir beaucoup plus
tard.
Donc, on a toutes sortes de situations,
les candidatures sont d'un peu partout dans le monde. Donc, on a des gens qui
ont des parcours totalement différents, qui... qui vont venir nous... nous
rencontrer pour voir s'ils peuvent intégrer ou pas.
Mme Schmaltz : ...des...
Êtes-vous obligés des fois... Êtes-vous obligés... Je vais faire vite ma
question. Est-ce que vous êtes obligés des fois de refuser?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Le temps est terminé. Je suis désolée. Le temps est terminé
pour cette portion de discussion. Je me tourne du côté de l'opposition
officielle, vous bénéficiez 12 min 23 s.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bonjour, mesdames van der Knaap, ma prononciation n'est pas
trop mal?
Une voix : ...
M. Morin : Excellent.
Mme Bergeron. Mme Bolduc, merci d'être là. Merci pour vos
explications. Merci également pour votre mémoire qui est très bien fait,
complet, avec une série de recommandations. Et j'aimerais... J'aurais quelques
questions pour vous en lien avec les recommandations que vous faites.
Je comprends que vous êtes Éducation
internationale, c'est un organisme puis qui s'occupe de la formation
professionnelle, que cette formation-là, elle est... elle est dispensée au
secondaire notamment. À la page 28 de votre mémoire, dans les
recommandations transversales, vous dites au tout départ : «fixer des
quotas selon l'année scolaire de début de formation et non selon l'année de la
demande de la CAQ et privilégier — ça, c'est la 12 — privilégier
le décompte des étudiants effectivement arrivés au Québec plutôt que le seul
nombre de CAQ délivrés». Le gouvernement actuel a... fixe des quotas, pas très
prévisible ce qu'ils font en matière d'immigration. Est-ce que vous avez été
consultés avant ces nouvelles décisions-là ou si vous vous êtes ramassés avec
les décisions imposées par le gouvernement puis là, bien, vous, vous êtes
obligés de gérer vos quotas puis ce n'est pas toujours évident?
Mme van der Knaap (Lysiane) : Mais
Éducation internationale, on n'a pas été consultés. Dans les centres de
services scolaires, je sais que la Fédération des centres de services
scolaires, il y a une consultation qui a été faite dans le... sur la loi, mais
non pas sur le décret et sur les quotas. Donc, la réponse à votre question,
c'est non. Puis, par rapport à la recommandation, si vous avez besoin de plus
d'explication, peut-être Gabrielle sur le... Oui.
Mme Bergeron (Gabrielle) : Oui,
c'est ça, dans le fond, les deux recommandations viennent justement avec notre
suggestion d'avoir un peu plus de... de prévision, de pouvoir permettre aux
centres de formation d'avoir, justement, de... de mieux s'organiser avec ces
quotas-là, parce que les quotas ont été, comme beaucoup de mesures en
immigration, imposés du jour au lendemain, puis on a ce quota-là, on dit :
Bon, finalement, ce centre-là a 0, a trois, a six sur des demandes, finalement,
qui étaient peut-être déjà en cours également, des admissions qui étaient déjà
en cours. Donc, ça a fait en sorte que certaines personnes, bien, avaient une
admission, finalement ont dû l'annuler, etc. Donc, la recommandation est plutôt
pour permettre aux centres de formation, dans l'optique qu'on comprend le
quota, à quoi ça sert aussi pour le Québec de permettre aux centres de
formation quand même d'avoir un petit peu plus de prévisibilité sur qu'est-ce
qui s'en vient pour gérer leur année scolaire, ce qu'il pourrait faire en sorte
aussi qu'on n'aurait justement moins de fermetures de cohortes, moins... une
baisse d'inscriptions, en tout cas, qui va être peut-être palliée avec d'autres
actions, en sachant qu'il y a tout ça qui arrive, ce nombre-là qui, par
exemple, va être très bas pour 2026-2027. Actuellement, c'est des quotas qui
sont de février à février sur une demande qui a été effectuée. Malheureusement,
une demande de CAQ qui a été effectuée, ça ne se traduit pas en quelqu'un qui
arrive non plus, parce qu'il y a l'étape du permis d'études aussi qui est
souvent là, malheureusement, que les projets de certaines personnes sont
freinés, d'où l'autre recommandation, là, qui était de... d'avoir une méthode
de calculer le nombre de CAQ émis et utilisés, finalement, étant donné que la
majorité... mais pas la majorité, mais quand même beaucoup de CAQ qui sont
demandés ne sont pas utilisés parce que les gens ne peuvent jamais finalement
arriver même au Québec, là.
• (12 h 30) •
M. Morin : Exact. Et parce
que votre... Votre année scolaire, est-ce que c'est des cohortes en continu ou
ça commence habituellement en septembre ou au mois d'août?
Mme Bolduc (Véronique) : ...sont
variables en fonction de l'offre. Par exemple, on peut avoir des cohortes qui
débutent au mois d'août, d'autres vont être en janvier, février. Donc, c'est...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Bolduc (Véronique) : ...toujours
en fonction de l'adéquation formation emploi, et peut-être en complément avec
ce qui se passe actuellement au niveau plus de notre réalité, c'est que ça
vient un peu biaiser la planification aussi de l'offre des diplômés pour le
marché du travail. Donc, notre préoccupation, elle est aussi à venir, par
exemple dans le secteur de la construction, et je vais parler pour mon
territoire, la construction navale, pour moi, nous avons 296... qui est notre
cible actuellement. Mais ce qu'on voit, on parle de milliers d'emplois qu'on va
devoir desservir au niveau de la région. Donc, vous comprenez que, si on
regarde dans une planification plus à moyen terme, il y a un enjeu quand même
parce que les élèves, pour nous, viennent combler des cohortes actuellement. On
parle de combler des cohortes, donc de continuer à donner des services dans des
secteurs qui sont critiques pour répondre aux besoins du marché du travail.
Donc, c'est pour ça que la planification en fonction de la réalité régionale
peut avoir un impact important parce que certains sentent actuellement... et
même certains de nos programmes sont actuellement en péril parce que des élèves
ne viennent plus malheureusement pour certains de nos programmes. Donc, la
planification pourrait nous aider, là, actuellement au niveau du réseau.
M. Morin : Oui. Bien... mais
je vous remercie. Écoutez, moi, je vous écoute, je vous écoute très
attentivement parce que vous parlez du Centre de services scolaire des Navigateurs.
Vous parlez de construction navale, donc j'en déduis que vous êtes dans la
grande région de la Capitale-Nationale, plus, plus, plus qu'en Abitibi, n'est-ce
pas, ou au Saguenay.
Mme Bolduc (Véronique) : Exactement.
M. Morin : Il y a toutes
sortes de programmes du gouvernement. Il y a le gouvernement fédéral aussi qui
veut se lancer dans la construction navale, la défense, etc. Donc, ça pourrait
être une manne pour le Québec. Puis là, je comprends que le gouvernement du
Québec, finalement, avec son manque de prévisibilité, fait en sorte que vous,
vous ne savez plus trop sur quel pied danser, puis ça ne vous facilite pas la
vie. Est-ce que je vous comprends bien?
Mme Bolduc (Véronique) : Ça
nous demande de nous réorganiser constamment actuellement puis
administrativement parlant aussi. Parce que, techniquement, les changements
nous apportent aussi une réorganisation de nos processus, avec une limite au
niveau du quota, au niveau des CAQ, au niveau administratif puis pour tous les
centres de services, on doit revoir nos processus actuels pour être capables de
bien répondre aussi à nos élèves qui sont ici et ceux qui ont aussi des
questions qui sont à l'extérieur. Donc, il faut revoir nos processus
actuellement, là, pour être capable de bien planifier l'arrivée de nos élèves,
puis répondre aussi, comme on disait tout à l'heure, là, aux besoins actuels de
nos entreprises. Juste parler... Par exemple, on parlait du secteur métallique,
qui est un secteur qui est quand même assez important actuellement, pour lequel
on va avoir des enjeux. Donc, de prévoir qu'on a un besoin assez important dans
les prochains mois, prochaines années pour des secteurs comme la construction
navale, c'est une planification qui est dès maintenant, là, pour ce qui s'en
vient pour nous.
M. Morin : Je ne suis pas un
spécialiste en construction navale, mais j'imagine que des soudeurs, ça doit
quand même être assez en demande. On ne se trompe pas encore quand on dit ça?
Mme Bolduc (Véronique) : Totalement,
totalement, oui.
M. Morin : Puis là, je
comprends que les CAQ que vous avez, là, c'est une enveloppe globale, donc ça
vise les étudiants... les étudiants qui sont ici présentement parce qu'eux
aussi il leur en faut un CAQ.
Mme Bolduc (Véronique) : Tout
à fait.
M. Morin : OK. Donc... Puis
là, si, à un moment donné, vous... votre côté est tellement réduit que vous n'êtes
pas capables d'en faire venir d'autres, comment vous allez être capable de
répondre à la demande du marché, puis qu'est ce qui va se passer?
Mme Bolduc (Véronique) : C'est...
c'est un petit peu la recommandation, hein, au niveau de la réalité régionale,
l'annonce, c'est le secteur naval qui est quand même prioritaire et la
construction. Donc, en complément, on veut augmenter notre nombre de cohortes.
Bien entendu, les élèves viennent combler nos cohortes avec les élèves qui sont
ici au Québec bien entendu. Donc, comment est-ce qu'on peut répondre à des
milliers de travailleurs? Par exemple, en soudage, montage, on parle de 500 travailleurs
d'ici les deux prochaines années. Donc, bien entendu, les entreprises veulent...
veulent voir bien comment est-ce qu'on va pouvoir travailler ensemble pour être
capable de répondre aux besoins urgents pour ces secteurs-là. Donc, oui, on est
préoccupés, là, actuellement pour répondre aux besoins.
M. Morin : Parce que je
comprends qu'évidemment il y a des étudiants qui qui sont ici, qui vivent ici,
vous en faites venir de l'étranger aussi à l'international, parce que j'ai
compris que vous avez dû, puis ce n'est peut-être pas dans le secteur de la
construction navale, mais vous avez dû reporter des cohortes parce que c'était
trop faible pour démarrer. Donc là, ce n'est pas très bon. Pourtant, on a des étudiants
ici qui ne peuvent pas avancer. Dans le... dans le secteur justement, bon, naval
ou dans les régions, là, si vous avez quelqu'un d'étranger que...
M. Morin : ...vous formez.
Puis que là, à un moment donné, il a son diplôme, il a ses cartes, il peut se
mettre à souder, mais il vient de l'étranger. C'est facile de le garder ici
puis de le faire embaucher ou les règles font en sorte qu'il va repartir à
l'étranger?
Mme Bergeron (Gabrielle) : Mais
ça va vraiment dépendre, en fait, de la formation, là. Soudage, en tant que
tel, c'est admissible encore au PTPD, là, c'est une des rares formations qui
est encore admissibles. Mais, pour plusieurs domaines de formation, les gens,
en fait, en formation professionnelle, la très, très grande majorité des
formations a un stage en entreprise, dans les restaurants, par exemple, pour la
cuisine, et tout ça, se place déjà à quelque part en emploi, a un droit aussi
de travail hors campus, des fois travaille déjà un petit peu dans ce
domaine-là.
Finalement, pour les permis... pas pour
les permis, mais pour les formations qui ne sont pas admissibles au permis
postdiplôme, mais leur seule porte, c'est des permis fermés, mais encore là il
y a quand même des restrictions aussi au niveau des permis fermés.
Donc, c'est des gens qui sont... sont
déjà... sont déjà dans les entreprises la majorité du temps puis finalement,
bien, n'ont pas la possibilité de continuer avec cet emploi-là, alors qu'ils
répondent à un besoin direct de cet employeur-là.
M. Morin : Puis, dans votre
recommandation 15, vous suggérez, à la page 29 : «Permettre aux
candidats du PEQ volet diplômé issus de la FP, bon, de démontrer leur
connaissance du français». Mais là je comprends que le volet PEQ, il est
suspendu présentement. Puis ça, avez-vous été consulté avant la suspension?
Non, vous l'avez découvert comme nous, un matin comme ça. Qu'est-ce que vous
faites? Qu'est-ce qu'ils font? Là, ils ne peuvent plus travailler. Tantôt on
parlait du PSTQ, est-ce que c'est adapté à vos besoins? Est-ce que c'est
quelque chose qui vous aide?
Mme Bergeron (Gabrielle) : C'est
ça? Ce n'est pas tout à fait adapté, en fait, le PSTQ, là. On a mentionné tout
à l'heure, tu sais, que oui, la formation professionnelle, les métiers de
courte durée par rapport au PEQ qui est vraiment 1 800 heures
totales, si on veut, le PSTQ offre quand même une flexibilité au niveau du
nombre d'heures du diplôme. Par contre, il y a toujours le volet... on parlait
du volet deux. Volet deux, c'est quand même avoir un an à l'étranger, un an au
Québec. Mais l'année au Québec, finalement, les gens ne peuvent pas l'avoir la
majorité du temps parce qu'ils n'ont pas accès au PTPD. Et là, avec les
programmes sont menacés d'être retirés en 2026, là, du PTPD, il nous reste
12 programmes de 1 800 heures qui pourraient être admissibles au
PEQ et qui pourraient permettre d'avoir l'expérience de travail aussi d'un an,
deux ans, là, selon le volet. On ne va pas loin avec les 12 programmes, là,
vous comprendrez qu'il y a quand même beaucoup de programmes de moins de
1 800 heures et même des programmes de 1 800 heures aussi
dont le besoin est là puis malheureusement les programmes de résidence
permanente ne sont pas adaptés du tout parce que, bien, l'expérience de travail
peut difficilement être acquise autre que par, justement, des permis fermés qui
sont aussi difficiles d'accès, là.
M. Morin : Et je comprends
également qu'au niveau de la francisation, puis ça, c'est votre recommandation 13....
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
M. Morin : ...Francisation au
Québec, non seulement... amis ne les forme pas en francisation, mais les formes
en intégration, est-ce que j'ai bien compris? Ça fait que comment est-ce qu'ils
font pour apprendre le français?
Mme Bergeron (Gabrielle) : Mais
c'est ça, en fait... Bon, là, on reparle un petit peu aussi des travailleurs
étrangers qui doivent s'intégrer en formation, qui peuvent être des
travailleurs qui ont le niveau minimal.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, le temps de compléter pour
l'opposition officielle. On termine avec le deuxième groupe d'opposition pour 4
min 8 s.
M. Fontecilla : Merci.Bonjour,
mesdames. On a constaté hier que la baisse globale du nombre d'étudiants
internationaux était compensée de façon globale au Québec, là, par une
augmentation d'étudiants natifs, là, du Québec, là. Je crois comprendre que
cela ne se reflète pas dans votre secteur d'activité. Donc, il y a quand même
une baisse d'étudiants globalement, là, et internationaux et des étudiants,
étudiantes provenant du Québec, est ce que c'est le cas?
• (12 h 40) •
Mme van der Knaap (Lysiane) : Mais
avec les statistiques qu'on... dont... sur... auxquelles on a accès, là, sur le
tableau de bord du ministère de l'Éducation, on voit qu'il y a une hausse
d'élèves en formation professionnelle, mais ce nombre-là n'est pas suffisant
quand même pour remplir toutes les cohortes, pour les programmes pour lesquels
il y a des besoins de main-d'œuvre, là.
J'entendais dans la commission avant
parler d'accès au logement, et tout ça, là, tu sais, il y a
80 000 emplois en pourvoir d'ici 2030 en les métiers de la
construction, ce sont tous des métiers de la formation professionnelle. Il y a
32 métiers de la formation professionnelle. Ces cohortes-là ne sont pas
complètes. Donc, ça nous prend des internationaux.
Ça fait que même si les Québécois
s'inscrivent plus, il reste qu'il y a de la place quand même, puis qu'on en a
besoin dans certains métiers, là. Dans le secteur minier aussi, il y a à peu
près 50 000 travailleurs à aller chercher. Puis la moitié, c'est
des... c'est des métiers de la formation professionnelle. Donc, tu sais...
Mme van der Knaap (Lysiane) :
...mais, oui, il y a une hausse des élèves québécois, mais il y a de la place
quand même pour des internationaux étant donné les besoins du marché du
travail.
M. Fontecilla : Vous avez
mentionné les 77 cohortes qui n'ont pas été formées. Je suppose, et vous
allez me le confirmer, que, lorsque vous formez des cohortes, c'est étroitement
relié à la demande au marché du travail. Donc, il y a presque une... comment
dire, une embauche assurée à la sortie, là. Donc, non seulement des cohortes
sont non formées parce que ça prend un nombre minimal de personnes pour former
une cohorte, mais il y a des entreprises qui sont directement affectées parce
qu'ils n'ont pas de travailleurs ou travailleuses. Est-ce que c'est le cas, là?
Mme van der Knaap (Lysiane) : C'est
exactement ça. Je pense que Véronique pourrait en parler, parce que les centres
de formation professionnelle sont vraiment... parlent aux entreprises, aux
employeurs tous les jours.
Mme Bolduc (Véronique) : Exactement.
Donc, on est sollicité constamment pour voir comment est-ce qu'on peut
augmenter le nombre de diplômés dans des secteurs prioritaires. On en parlait,
je prends encore le secteur métallique, en soudage montage, par exemple. Donc,
c'est sûr que si je prends Chaudière-Appalaches, tous mes collègues aussi
vivent la même réalité. Donc, le besoin, il est criant. Donc, oui, on a une
augmentation des élèves québécois dans nos demandes actuelles. Par contre, avec
les cibles actuelles, pour répondre aux besoins du marché du travail, il y a
encore des manques à gagner actuellement pour être capable d'atteindre les
cibles pour les besoins actuels.
Donc, bien entendu, tout ce qui se passe
au niveau socioéconomique pour nous, les entreprises nous appellent dans
différents secteurs, le secteur de la santé, c'est la même chose. Donc, les
résidences qui nous appellent pour voir comment est-ce qu'on peut collaborer
ensemble pour être capables de répondre à l'adéquation formation emploi. Donc,
c'est le quotidien au niveau de la formation professionnelle, comment est-ce
qu'on peut répondre aux besoins actuels. Donc, pour plusieurs, les élèves de
l'international viennent nous aider à soutenir ce besoin-là puis combler des
cohortes actuelles, qui est nécessaire. Donc, pour ceux qui n'ont pas pu partir
de cohortes, c'est que la demande, elle est là, mais on manque d'élèves aussi
dans certains de nos programmes pour lesquels c'est une solution pour certains
secteurs.
M. Fontecilla : Vous avez
fait mention dans votre mémoire, la recommandation 17, exempter des
demandeurs d'asile de l'obligation d'obtenir un CAQ pour suivre des formations
de courte durée, six mois et moins.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
M. Fontecilla : Quelle est la
situation concernant les demandeurs d'asile, là?
Mme Bergeron (Gabrielle) :
Très rapidement, les demandeurs d'asile n'ont pas le droit de faire une
formation de moins de six mois sans obtenir un CAQ ni un permis d'étude. Et les
demandeurs d'asile occupent des emplois très importants, dont préposés aux
bénéficiaires notamment.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Merci beaucoup. C'est ce qui conclut cette ronde de
discussions. Merci pour l'apport à nos travaux, et je suspends les travaux
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 44)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 05)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations
avec les citoyens reprend ses travaux. Nous poursuivons donc les auditions
publiques dans le cadre de la consultation générale sur le cahier de
consultation intitulé La planification de l'immigration au Québec pour la
période 2026-2029.
Avant qu'on ne débute les travaux... des
travaux, pardon, j'ai besoin de votre consentement pour que la députée de
Terrebonne remplace le député de Matane-Matapédia cet après-midi. Est-ce que j'ai
votre consentement?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Consentement. Parfait. Alors cet après-midi, nous allons
entendre les organismes suivants :
Immigration CAST — est-ce que c'est bien
CAST, oui, parfait — alors qui sont ici présents. Nous allons
poursuivre avec M. Jean-François Daoust, ensuite, avec le Regroupement des
cégeps de régions, et nous allons terminer avec l'Université Concordia.
Donc, messieurs, messieurs, messieurs, je
vais... Oui, oui, bon, c'est sur mon autre feuille. Bien, en fait, je vais vous
demander de vous présenter, messieurs. Bienvenue à la commission. Vous allez
bénéficier d'une période de 10 minutes pour vous présenter et présenter l'essentiel
de votre mémoire et vos recommandations et, par la suite, on va pouvoir en
discuter avec les parlementaires. Alors, le temps est à vous à compter de
maintenant.
M. Côté (Alex) : Mme la
Présidente, mesdames et messieurs, les membres de la commission, merci de nous
accueillir aujourd'hui. Nous sommes cofondateurs d'Immigration CAST, une firme
spécialisée en immigration par investissement au Québec...
M. Côté (Alex) : ...notre
mémoire s'intitule Sept recommandations pour faire du Québec une destination
phare pour les entrepreneurs et investisseurs francophones. La catégorie
des gens d'affaires, les investisseurs, les entrepreneurs, les travailleurs
autonomes, est stratégique pour le Québec. Ils possèdent un réseau, une
expérience et surtout un capital prêt à être investi immédiatement. Leur actif
net, entre 600 000 $ pour les entrepreneurs et 2 millions pour les
investisseurs, équivaut à près de trois fois celui d'un ménage québécois moyen.
Ils viennent ici pour créer des emplois et investir. C'est pourquoi nous sommes
déçus de constater, une fois de plus, après la planification pluriannuelle de
2023, que le gouvernement ait fixé son objectif à environ 1 %
d'immigration totale pour la période 2026-2029. On parle ici d'une cible
d'environ 70 à 130 familles appartenant à cette catégorie porteuse.
Une telle proportion soulève une question
fondamentale : Quel modèle de société voulons-nous bâtir si nous réservons
une place aussi marginale aux entrepreneurs et investisseurs et repreneurs
immigrants qui créent de la richesse, de l'emploi et de la relève économique
dans toutes les régions du Québec? Souhaitons-nous une immigration tournée vers
de la main-d'oeuvre à court terme ou de l'immigration capable d'ancrer
durablement du capital patient et des familles dans notre économie, à l'instar
d'un portefeuille équilibré? Nous pensons que le gouvernement devait
rapprocher... se rapprocher de l'objectif historique, soit entre 5 % et
7 % de notre immigration totale. Il s'agit environ 350 à 650 familles, ce
qui donnerait environ 1 250 personnes selon le scénario 2A et 2 250
personnes selon le scénario 2C dans le cahier de consultation du ministère.
Le débat public se concentre sur la
capacité d'accueil au Québec en ce moment. Or, nous plaidons que les gens
d'affaires francophones ne devraient pas être enfermés dans des seuils globaux.
Ce sont des profils stratégiques dont le volume restera toujours modeste en
raison des critères d'éligibilité très exigeants. Notre recommandation phare
propose que la sélection et l'admission devraient être continues et distinctes,
ce qui permettrait des délais plus courts et une intégration économique
accélérée.
Nous voulons nous assurer que nous sommes
tous sur la même longueur d'onde cet après-midi, quelle que soit l'allégeance
politique, en matière de capacité d'accueil, les candidats appartenant à la
catégorie des gens d'affaires du Québec ne prennent pas de places, elle accroît
la capacité du Québec. Chaque immigrant investisseur qui réussit augmente la
capacité d'accueil du Québec en créant des emplois, du logement et des revenus
pour l'État dès jour 1. C'est pourquoi notre recommandation numéro un est
claire : un mécanisme distinct de sélection et d'admission pour les
francophones de la catégorie des gens d'affaires afin de sortir ces profils
stratégiques du carcan des seuils globaux. Nous devons faire preuve de plus
d'audace et prendre des décisions sur une base de risque ajustée.
M. Tessier (Samuel) : Donc,
pour ma part, je vais mettre en lumière, là, des irritants ou des situations
préoccupantes qu'on voit au niveau des programmes des gens d'affaires. Déjà, en
2023, nous avions tiré la sonnette d'alarme, il y avait plus de 12 000
candidats dans la catégorie des gens d'affaires qui étaient en attente à la
période... à l'étape d'admission au fédéral. Le Québec, à ce moment-là,
admettait seulement 450 personnes par année, selon le cahier de consultation.
Les mathématiques sont simples et implacables : à ce rythme, il faudra
près de 20 ans pour résorber l'arriéré. C'est précisément ce constat qui
nous a menés à l'idée d'une admission en continu qui a été reçue et saluée en
2023. Deux ans plus tard, nous rejouons la même scène, avec les mêmes chiffres
et des conséquences similaires : des familles bloquées dans l'admission,
des investissements en suspend et un Québec qui perd du terrain face à la
concurrence internationale.
• (15 h 10) •
Donc, aujourd'hui, et vous le voyez à
l'écran, il y a un peu plus de 4 100 personnes en attente, et on présente,
sur le site d'IRCC, pour des nouveaux gens d'affaires francophones, un délai de
93 mois, donc quelque chose pour décourager tout entrepreneur francophone
d'entreprendre une démarche vers le Québec. Donc, trop de prudence finit par
coûter plus cher que l'audace. Le Québec doit redevenir un terrain d'action et
non une salle d'attente.
Le... Au niveau du permis de travail C-60,
donc c'est un deuxième sujet qui nous préoccupe, le Québec doit obtenir les
pouvoirs d'émettre les permis de travail C-60 pour les candidats d'affaires
présélectionnés par le ministère. Ce permis transitoire permettrait
d'accueillir plus rapidement des entrepreneurs qui ont retenu l'attention du
ministère, qui ont un avis d'intention positive. Actuellement, ce pouvoir
relève exclusivement du fédéral, ce qui engendre des délais additionnels, des
coûts supplémentaires pour les entrepreneurs et surtout un fardeau
administratif doublé, puisque chaque palier de gouvernement reprend l'analyse
avec les mêmes facteurs, mais des formulaires différents. Rapatrier cette
compétence au Québec...
M. Tessier (Samuel) : ...ce
serait de réduire les délais pour les profils déjà présélectionnés par le
ministère, favoriser la mise en œuvre immédiate des projets d'investissement et
renforcir le leadership du Québec dans la sélection des entrepreneurs et des
investisseurs. Donc, le permis C-60 avantage canadien est un outil
d'attraction et de rétention stratégique cohérente avec la vision du Québec,
soit d'accueillir plus vite ceux qui bâtissent notre prospérité.
Finalement, au niveau de la francisation,
les candidats d'affaires francophones, la francisation, naturellement, n'est
pas un enjeu, ils sont déjà intégrés à la culture linguistique du Québec. Mais
pour les investisseurs non francophones, souvent à haute valeur économique,
nous proposons une francisation postarrivée structurée et adaptée à leurs
besoins et à la réalité entrepreneuriale du Québec. Cette approche pragmatique
et inclusive permettrait d'accompagner l'apprentissage du français dans un
contexte d'affaires, favoriser leur intégration en région et maximiser leur
contribution économique au Québec.
Depuis la réforme de 2024, la majorité des
programmes d'affaires fonctionnent en deux temps, un avis d'intention de
sélection délivré par le ministère, suivi d'une phase d'implémentation
commerciale avant de recevoir un certificat de sélection. Dans cette même
logique, nous proposons d'introduire un quota de francisation ciblé permettant
au Québec d'accueillir certains candidats non francophones, à condition
d'apprendre le français dans les deux ans suivant leur arrivée. Cette mesure
élargirait le bassin d'investisseurs potentiels, diversifierait nos partenaires
commerciaux, tout en préservant la cohérence linguistique de la nation
québécoise. L'immigration d'affaires ne devrait pas être vue comme une charge
pour le Québec, c'est un investissement qui rapporte dès le premier jour.
Mme la Présidente, nous ne demandons pas
d'augmenter aveuglément les volumes globaux, nous ne demandons pas non plus de
faire un traitement préférentiel pour la catégorie des gens d'affaires, mais un
meilleur équilibre dans nos politiques d'immigration. C'est une question
d'optimiser l'équilibre économique entre les facteurs de production, la
main-d'oeuvre et le capital. Les gens d'affaires immigrants sont des profils
stratégiques qui créent des emplois, investissent leur capital et s'installent
durablement sur le court au Québec. En appliquant nos sept recommandations, le
Québec pourrait redevenir un chef de file mondial en immigration d'affaires au
sein de la Francophonie.
Nous vous remercions pour votre attention
et serons heureux de répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Bien, merci beaucoup pour cette présentation, d'autant plus
qu'elle était quasi animée. Alors, on va commencer les discussions avec les
parlementaires. Je me tourne du côté du gouvernement avec M. le ministre. Vous
bénéficiez de 16 min 30 s.
M. Roberge : Merci. Bonjour, bonjour.
Vous parlez d'immigration d'affaires. Le principe d'immigration, c'est que les
gens viennent vivre ici. Est-ce que vous savez dans quelle proportion les gens
qui ont levé la main, qui ont participé, qui ont été admis dans le programme
des gens d'affaires, sont venus vivre au Québec dans les années précédentes?
M. Tessier (Samuel) : Bien,
en fait, certainement que vous faites référence au... à la période préalable,
là, à la refonte qui a eu lieu... qui a livré les nouveaux programmes, en 2024,
pour les francophones. Donc, à ce moment-là, en effet, il y avait une sélection
de candidats allophones qui, on le sait, là, allaient s'établir dans d'autres
provinces que le Québec. Maintenant, depuis la réforme, on sélectionne
uniquement des profils qui ont un niveau intermédiaire avancé de français et
donc, dans la grande majorité, vont s'établir au Québec, surtout avec un avis
d'intention suivi d'une période d'implémentation. Donc, les gens doivent venir
faire un investissement sur le territoire et du coup, bien, on croit que la
rétention va être très importante sur les candidats francophones qui ont un
projet commercial au Québec dans le futur. Et donc c'est pour ça qu'on attire
l'attention aujourd'hui sur les délais puisque les 300 personnes qui ont
été sélectionnées jusque... jusqu'à aujourd'hui dans la nouvelle refonte, bien,
ils sont en arrière des 3 800, environ, personnes qui attendent depuis
quatre ans déjà dans les carcans des seuils d'admission, et c'est ce qui nous
préoccupe. En fait, les nouveaux francophones qui déposent des dossiers aujourd'hui
doivent attendre derrière les candidats allophones, et c'est pour ça qu'on
propose de faire une admission en continu des gens d'affaires qui sont
sélectionnés par le Québec pour mieux arrimer la sélection et l'admission des
candidats francophones.
M. Roberge : Parce
qu'historiquement les gens se disaient des immigrants d'affaires, mais ils ne
venaient pas. Il y avait de, 2010 à 2020, seulement 15 % des gens admis de
façon permanente sont venus. Ça fait que 85 % des gens qui se disaient des
immigrants d'affaires n'étaient pas des immigrants d'affaires, ils ne venaient
pas au Québec. Là, vous nous dites : Mais ça va changer parce qu'on va
prendre des francophones. Mais quand je lis votre mémoire, vous dites qu'il ne
faut pas sélectionner des francophones. J'ai de la misère à vous suivre.
M. Côté (Alex) : Non, non, en
fait, pour... donc, la première chose, notre recommandation, c'est qu'on doit
entamer une sélection et une admission en continu pour les candidats qui
parlent le français. Et donc notre recommandation tient la route sur le fait
français et les réformes qui ont eu lieu le 1ᵉʳ
janvier 2024. On les reçoit très bien. Je pense qu'il y a une demande pour
la... dans la francophonie. On est 360 millions de locuteurs qui parlent
le français. Je pense qu'on veut cibler...
M. Côté (Alex) : ...ce
profil-là et de leur dire de venir vivre, investir au Québec. Ceci dit, on
croit que, si le gouvernement rechercherait à accroître l'impact économique,
par exemple, dans le cadre du programme investisseurs, bien, qu'il pourrait
considérer de mettre en place un contingent pour des candidats qui aimeraient
se franciser une fois sur le territoire. Donc, en fait, l'exemple que je peux
donner, c'est qu'il y aurait des candidats qui seraient prêts à se franciser et
faire partie par exemple, du programme des investisseurs. Mais se franciser
dans son pays d'origine, en Chine, par exemple, bien, c'est plus difficile.
Mais si quelqu'un viendrait s'établir sur le territoire, et on leur donnerait
un délai de 24 mois, par exemple, pour se franciser, bien, en fait, on garde le
fait français, on fait juste le déplacer dans le temps, l'obligation de, bien,
apprendre la langue commune, en fait, du Québec.
M. Roberge : Et, si je vous
suis, qu'est-ce qui arrive après 24 mois si la personne n'est pas francisée?
M. Côté (Alex) : Donc, en
fait, ce serait... on a des hypothèses sur qu'est-ce qui pourrait être fait.
Bien, évidemment, on met le CSQ contingent à la francisation des candidats. Par
exemple, en ce moment, dans le programme investisseurs, les candidats ont une
obligation de s'établir pendant 12 mois sur le territoire. Si les candidats ne
sont pas ici pendant 12 mois sur le territoire, bien, en fait, ils
n'aboutissent pas au CSQ. Bien, on pourrait faire tout juste le même genre de
modus operandi qui est déjà en place, en ce moment, dans le cadre du programme
investisseurs. Monsieur, madame ou un ménage doit s'établir 12 mois sur le
territoire, par la suite de leur établissement, peuvent avoir accès à un
Certificat de sélection du Québec, qui, bien sûr, les apporte à avoir la
résidence permanente. On pourrait apporter la même logique, en fait, à
l'apprentissage du français. Si on n'apprend pas le français d'ici 24 mois,
d'un niveau intermédiaire avancé, bien, à ce moment-là, on ne peut pas aboutir
vers un CSQ, qui ne nous permettrait pas d'obtenir une résidence permanente
canadienne.
M. Roberge : Une espèce de
condition, avec un délai. Parce que là, on a amené cette exigence de français,
nouvelle, parce que ce n'était vraiment pas le cas précédemment, là. Quand je
revois, en 2022, programme des investisseurs, 2,5 % déclaraient connaître
le français, 97,5 % disent : Moi, je ne connais pas le français. Ils
voulaient devenir migrants au Québec, la seule nation francophone d'Amérique.
Ils partaient mal l'affaire. Mais vous nous dites : Il faudrait que les
personnes soient mises en dehors des cibles régulières. Est-ce que c'est bien
ça, en dehors des cibles régulières? Mais donc ce serait quoi la cible? Parce
qu'on fait la planification, on veut compter, on veut vérifier puis s'assurer
combien de personnes viendraient. Est-ce qu'on a une capacité d'accueil. On a
des cibles de 25 000, 35 000 ou 45 000, mais là vous nous
dites : En dehors. Ça voudrait dire... ce serait quoi, 25 000 plus un
certain nombre, ou 40 000 plus un certain nombre? C'est quoi, votre
chiffre?
M. Tessier (Samuel) : ...bien,
on ne veut pas établir de chiffre précis. Nous, on pense qu'on devrait avoir
une proportion de gens d'affaires de 5 % à 7 % là, comme ça l'a été
historiquement. Et également, bien, il y a un pouvoir de sélection du
ministère. Donc, dans tous les cas, pour qu'un entrepreneur vienne racheter une
entreprise, par exemple, au Québec, et obtienne son droit de sélection, il doit
y avoir des entreprises à vendre et des opportunités de repreneuriat sur le
territoire. Et donc, tant qu'il y a des opportunités de repreneuriat sur le
territoire, on croit qu'un entrepreneur francophone qui vient racheter une
entreprise pour assurer la pérennité de l'opération et la stabilité des
emplois... on pense qu'il devrait être reçu d'une façon rapide, et en dehors
des seuils standards d'immigration, parce que c'est un profil stratégique pour
le Québec.
• (15 h 20) •
M. Côté (Alex) : Évidemment,
il faut garder en tête que la valeur nette, en fait, des gens d'affaires, par
exemple, un entrepreneur, c'est 600 000 $ canadiens, pour un
investisseur, c'est 2 millions de dollars canadiens. Donc, nous,
en fait, qu'est-ce qu'on est d'avis, c'est que le gouvernement pourrait mettre
en place un mécanisme qui plafonne, en fait, en matière de pourcentage, et donc
qu'on émet 2 000 CSQ, à la hauteur de 2 000 CSQ dans le cadre de la
catégorie des gens d'affaires, qui équivaut environ à 5 %, je donne un
exemple, comme ça, et... Mais selon nous, en ce moment, avec le nouveau
programme, avec les volumes qu'on voit, avec la façon que les programmes sont
faits, je ne crois pas qu'on atteindrait cette cible-là. Je pense que c'est une
cible ambitieuse, qu'on devrait concevoir des programmes pour attirer plus de
gens d'affaires francophones, mais je pense que ce serait un bon... un bon
mécanisme, en fait, de plafonner l'émission de CSQ dans le cadre de cette
catégorie-là, et on donne 5 % à 7 %. Si on se base sur l'historique,
en fait, de la planification de l'immigration, historiquement, c'était environ
la proportion qui était considérée.
Et je pense qu'il faut juste faire une
nuance, c'est important, Mme la Présidente, c'est... en fait, tout ce qui est
avant le 1er janvier 2024, je pense qu'il faut faire attention à faire un
amalgame avec les candidats post-2024, parce qu'en fait, là on cible des
candidats qui maîtrisent le français, qui doivent détenir un diplôme d'études
secondaires, qui rencontrent tous les critères du programme du gouvernement, et
c'est complètement différents profils des candidats de la mouture antérieure de
la catégorie des gens d'affaires, qui étaient environ, à 95 %, des
immigrants investisseurs allophones venant, notamment, de l'Asie. Donc, il faut
faire attention avec les candidats. Maintenant, c'est de la francophonie, c'est
des gens du... de l'Europe, l'Europe francophone, du Maghreb, de...
M. Côté (Alex) : ...l'Afrique
de l'Ouest, des gens de la Francophonie qui recherchent à soit reprendre une
entreprise ou investir dans une entreprise. Et, en fait, c'est beaucoup plus
l'investissement actif des programmes qui est recherché que le programme
investisseur qui n'est pas tout à fait compétitif en ce moment.
M. Roberge : Vous dites qu'il
n'est pas compétitif en ce moment, il a évolué. Qu'est-ce qu'il se passe dans
les autres provinces?
M. Tessier (Samuel) : Oui,
c'est une très bonne question. Bien, il y a évolué, en effet, dans un bon sens.
On comprend le projet de société d'imposer un test de français aux nouveaux
arrivants investisseurs également. Cependant, tu sais, dans les dernières
années, ce qu'on a vu, c'est des volumes faméliques. Là, on parle de quelques
dossiers, huit dossiers depuis la nouvelle mouture. C'est famélique comme
réussite d'un programme d'immigration. Donc, huit familles, naturellement, là,
ce n'est pas considérable. Et donc l'impact économique que le programme avait
avance auprès des PME, en région notamment, mais n'existe plus aujourd'hui. Et
donc on a une perte d'investissements directs étrangers.
Et donc nous, on est d'avis que, oui, de
mettre un test de français, c'était une priorité, mais, maintenant, il faudrait
revoir les conditions financières pour s'assurer d'attirer des clients
francophones finalement. Parce que, là, on a augmenté le prix du programme, on
a mis un test de français, on a mis une exigence de présence sur le territoire,
on a mis une exigence de diplôme et, finalement, on n'a pas de candidat. Donc,
c'est à réviser, en effet, pour avoir un volume de candidats intéressants pour
le Québec.
M. Côté (Alex) : Pour vous
répondre à votre question...
M. Roberge : Oui, c'est ça,
vous comparez notre programme actuel avec l'ancien programme. Ma question,
c'est : Qu'est-ce qui se passe dans les autres provinces du Canada?
Quelles sont les exigences? Quels sont leurs volumes?
M. Côté (Alex) : Donc, en
fait, comme vous le savez, le champ à compétence exclusive du Québec, c'est la
sélection des immigrants économiques. Et donc, évidemment, les autres provinces
n'ont pas un genre de programme comme celui-là, et ce n'est pas offert non plus
par le gouvernement fédéral. J'aime bien comparer le programme à d'autres pays,
en fait. Donc, si on regarde les États-Unis, le Royaume-Uni, on pourrait
regarder le Portugal, l'Espagne, la Nouvelle-Zélande, donc, on a des...
d'autres géographies qui sont... qui offrent des programmes comparables. Et
donc, selon nous, avec l'imposition de différents critères en matière du
français, de résidences, on pourrait dire la formule hybride du ministère,
bien, si on regarde avec d'autres programmes, on considère qu'on est trop cher,
en fait. Si on regarde la compétition, on pourrait dire global.
M. Roberge : Mais ce que je
comprends, c'est que dans l'est du Canada, il y avait un programme semblable,
mais qui a été retiré. Je vous remercie, mais j'ai des collègues qui veulent
poursuivre l'échange avec vous.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Alors, je reconnais la députée de
Vimont, et il reste 6 min 15 s.
Mme Schmaltz : Parfait.
Merci, Mme la Présidente. Merci, messieurs. Merci d'être présents. C'est
important, votre collaboration à nos travaux.
J'aimerais bien revenir, s'il vous
plaît...
Des voix : ...
Mme Schmaltz : Ah! non, OK,
c'est beau... Je voudrais revenir, s'il vous plaît, avec le modèle de
francisation. Vous parlez de francisation post-arrivée structurée pour les
candidats non francophones. Bon, vous avez mentionné pour une période de deux
ans. Là, on a compris, bon, advenant le fait que ça ne fonctionne pas après
deux ans, là, M. a expliqué un petit peu qu'est-ce qui en était, là, des
conséquences. Est-ce qu'au niveau de tout ce que Francisation Québec fait
actuellement, c'est-à-dire la francisation avant l'arrivée des candidats, donc
qu'il y a aussi ça qu'on ne doit pas... qu'on ne doit pas non plus mettre de
côté, c'est quand même une opportunité, une possibilité pour les futures
personnes, bon, qui ne sont peut-être pas suffisamment francisées... Qu'est-ce que
vous pensez de ce programme-là, de cette francisation directement dans le pays
d'origine? Est-ce que vous ne pensez pas que ça peut déjà permettre d'éviter
peut-être la francisation post-arrivée, pas d'en rajouter encore une
supplémentaire étant donné que l'offre de services de francisation au Québec
est assez large?
M. Tessier (Samuel) : En
effet, se franciser dans son pays d'origine, ça peut être un défi, ça peut être
complexe, et donc de se franciser sur le territoire... Et on ne parle pas
toujours de personnes allophones, hein, on peut... Aujourd'hui, dans tous les
programmes d'immigration des gens d'affaires, on regarde le niveau 7, donc
intermédiaire avancé, et donc on peut souvent avoir des candidats de différentes
origines qui ont une base de français, en fait, et pourraient déjà atteindre
des niveaux B1 ou A2, et donc être fonctionnels, en fait, dans la société
québécoise sans problème. Cependant, le niveau d'exigence est très élevé, et
donc on pense que, si quelqu'un a un A2, il vient sur le territoire pendant
deux ans, va atteindre le seuil de B2, donc va pouvoir améliorer son français
sur le territoire en travaillant au Québec. Donc, ça facilite son
implémentation, son investissement, donc crée de la richesse économique dès le
départ et lui et sa famille, l'investisseur et sa famille, peuvent apprendre le
français, et, bien sûr, dans le contexte d'un contingent, donc on limite ce
type de profil là. Cependant, il y a des profils stratégiques pour le
Québec qui ont des...
M. Tessier (Samuel) : ...des
ambitions entrepreneuriales sur le territoire qui peuvent être très pertinentes
pour la création d'emplois, et on souhaite ne pas bloquer l'ensemble de ces
profils-là pour le niveau intermédiaire avancé de français qui est requis.
Mme Schmaltz : OK. Donc, si
je comprends, c'est... Je ne veux pas dire que... Est-ce que, véritablement,
vous voyez vraiment cette entrave, la francisation, pour les entrepreneurs?
Est-ce que ça semble être... Depuis tantôt que j'écoute... que je vous écoute,
puis on n'a pas eu tout le temps le même son de cloche non plus des autres
organismes ou, peu importe, qui sont venus ici, puis c'est la première fois que
je l'entends à ce point-là, que le français semble être... en tout cas, la langue,
là, semble être une barrière quasi infranchissable ou... Je suis très étonnée
honnêtement. Peut-être que j'en ai manqué un bout, là, je dormais au gaz, je
n'en ai aucune idée, mais je suis vraiment étonnée d'entendre ça de... à ce
point-là, là, que c'est pratiquement ça, là, qui empêche...
M. Côté (Alex) : Bien, voici
comment je pourrais le mettre. En fait, si on regarde auparavant, le terrain de
jeu était la planète, donc on avait des candidats de toutes sortes de pays qui
pouvaient venir vivre et investir au Québec. Depuis la réforme, avec une
imposition de test de français intermédiaire avancé, je tiens à le dire, c'est
un niveau 7 sur 12, donc on demande quand même un niveau plus élevé. Je ne
sais pas c'est quoi, le cas pour toutes les catégories, on travaille
exclusivement, nous, avec la catégorie des gens d'affaires. Donc, intermédiaire
avancé, pour quelqu'un qui est à 0 à son français, c'est sûr qu'il va avoir des
défis à se franciser. Et donc nous, qu'est-ce qu'on dit, c'est que, bien, avec
les locuteurs en français, il y a 360 millions de personnes, c'est un beau
bassin. Il y a des bons candidats à l'intérieur de la Francophonie qu'on est
capable de cibler, de venir vivre et investir au Québec. Ceci dit, si on donne
un chemin à des candidats qui sont prêts à se franciser, qui peuvent venir de
profils très intéressants, de d'autres pays où le français n'est pas la langue
commune, bien, à ce moment-là, on peut faire gagner le Québec en attirant ces
profils-là en leur donnant un chemin où ils peuvent se prêter au jeu et
intégrer la langue commune du Québec.
Mme Schmaltz : Merci. Je vais
laisser... Je pense que j'ai un collègue qui veut...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Le député de Jonquière, il vous reste
encore 1 min 49 s.
M. Gagnon : Combien?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : 1 min 46 s.
M. Gagnon : Comme Mme la
Présidente le mentionnait, député de Jonquière, alors... député de région. Dans
votre mémoire, là, j'ai... vous avez piqué ma curiosité quand on parle de
repreneuriat en arrière en région. Vous avez même mis un beau mot, là, que ça
pouvait être un bénéfice. Vous croyez vraiment à l'impact que peut avoir le
repreneuriat en région. Avez-vous des données, on pourrait dire, en
pourcentages des entrepreneurs immigrants qui s'établissent en région versus
Montréal? Peut-être, première question. Et, deuxième question, on peut-tu se
projeter vers une implantation réussie dans le milieu à long terme, si on parle
en région?
M. Côté (Alex) : On a...
Bien, voilà, je sympathise avec les régions. J'ai grandi sur la Côte-Nord
pendant 18 ans, donc je connais bien les régions. Et donc, par exemple, on
a aidé des repreneurs qui ont repris une business récréotouristique au Saguenay.
Et donc c'est des candidats, en fait, de la France qui ont repris une
entreprise. Et donc on a toutes sortes d'exemples parmi nos régions où il y a
toutes sortes de belles opportunités pour les repreneurs.
En parlant de repreneuriat, l'Observatoire
du repreneuriat dit que, d'ici quelques années, on va avoir environ
50 000 entreprises à céder qui vont chercher des repreneurs. Donc, je
pense qu'il faut vraiment miser sur cette catégorie-là d'entrepreneurs
immigrants qui vont venir opérer sur le terrain ces nouvelles entreprises là et
vont assurer leur pérennité. Et ça fait partie de nos recommandations dans le
mémoire qu'on pense qu'on devrait mettre en place un tableau de bord. Je pense
que c'est avec les nouveaux candidats qui rentrent, selon moi, avec les
changements qui ont eu lieu du programme, qui favorisent les entrepreneurs
immigrants, les immigrants investisseurs francophones, mettre en place un
tableau de bord qui est capable de démontrer l'impact économique comme ça que
la population québécoise est au courant. Quand je parle dans mon réseau, c'est
anecdotique, mais quand je parle dans mon réseau, les gens ne savent même pas
qu'il y a des programmes qui existent pour les gens d'affaires. Et donc de
mettre de l'avant la population...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Merci beaucoup.
M. Côté (Alex) :
...économique serait une bonne recommandation.
• (15 h 30) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Alors, je me tourne du côté de l'opposition
officielle, 12 min 23 s.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Bon après-midi. Merci. Merci d'être là. Merci pour votre mémoire.
Il y a un article qui a été publié dans Radio-Canada, je crois, cette semaine,
en lien avec le programme des immigrants investisseurs, ce dont on parle avec
vous cet après-midi. Maintenant, à la lecture de l'article, on comprend que le
programme a été suspendu en 2019. Il y avait certains enjeux qui ont été
soulevés. Je comprends qu'avant ça, ça avait quand même permis à de nombreuses
personnes, habituellement des gens assez riches, qui ont pu venir...
15 h 30 (version non révisée)
M. Morin : ...ici. Le
programme a repris, c'est ce qu'on dit dans l'article, mais c'est quelques
candidatures qui ont été... qui ont été traitées. Cependant, dans l'article, on
dit également que le Québec a toujours le programme, il a repris, mais que le
gouvernement fédéral a mis fin à un programme similaire pour toutes les autres
provinces en 2014. Et est-ce qu'on sait pourquoi?
M. Côté (Alex) : Si je peux
me permettre...
M. Morin : Oui.
M. Côté (Alex) : Donc, en
fait, le gouvernement fédéral a élaboré un programme immigrant investisseur, mais
je vous dirais que le maillon qui manquait dans leur modus operandi était
quelle province allait recevoir les revenus d'intérêts et comment ces revenus d'intérêts
là allaient être attribués dans chaque province, à l'extérieur du Québec. Qu'est-ce
que Québec a fait excessivement bien, c'est un partenariat public-privé entre à
la fois le gouvernement, les courtiers en valeurs mobilières et les sociétés de
fiducie et Investissement Québec. Les revenus d'intérêts viennent financer une
solution de financement qui va à Investissement Québec, et ensuite
Investissement Québec était capable de déployer ces sommes-là. On parle de
dizaines de millions de dollars en matière de subventions. Et donc ça, ça a
fonctionné. Et donc 80 % des sociétés au Québec qui ont reçu ces
subventions-là étaient dans le secteur manufacturier et en grande partie à l'extérieur
de la grande région métropolitaine de Montréal. Qu'en est-il pour le fédéral?
Cet argent-là n'a pas été capable de mis... d'être mis à profit d'une façon
structurante, comme le gouvernement fédéral aurait souhaité. Éventuellement,
ils ont reçu des dizaines de milliers de dossiers. C'est devenu un programme
ingérable. Et donc, à l'époque, le gouvernement a dû renvoyer les demandes et a
mis de l'avant un nouveau programme, qui a reçu trois dossiers par la suite.
M. Morin : Mais là on parle...
trois dossiers, on parle du gouvernement du Québec ou du gouvernement fédéral?
M. Tessier (Samuel) : Le
gouvernement fédéral a également eu un dossier... un programme similaire, avec
un investissement de 2 millions de dollars canadiens, qui a... qui a reçu
trois demandes.
M. Morin : Qui a reçu trois
demandes.
M. Tessier (Samuel) : Donc, il
était mal positionné dans le marché, là, par rapport au... à la compétition
internationale. C'est un peu ce qu'on décrit dans cet article. À huit dossiers,
bien, naturellement, il y a un problème au niveau des conditions, là. Si on n'a
pas de demande, quand on sait qu'il devrait y avoir une demande de francophones
qui veulent s'établir... puis il y a une demande, mais, en fait, le programme
est peut-être mal positionné, là, pour attirer les investisseurs francophones
que le Québec a besoin et que les entreprises, en fait, là, regardent pour
avoir, là, accès à des différentes subventions pour améliorer leur
productivité.
M. Morin : Donc, si je vous
ai bien compris, si le fédéral a aboli son programme, c'est entre autres parce
qu'ils étaient incapables de redistribuer les intérêts qui avaient été
accumulés dans les différentes provinces?
M. Tessier (Samuel) : C'est
exact.
M. Côté (Alex) : Entre
autres. À l'époque aussi, les conditions étaient assez souples. C'étaient
seulement des conditions financières. Il n'y avait aucune condition
linguistique, par exemple, du français ou de l'anglais. Et le volume de
demandes qu'ils ont reçues, qui était faramineux... c'était en 2015, donc je ne
veux pas dire de bêtises, mais c'étaient environ 50 000 demandes. Donc, le
gouvernement a dû revoir le programme pour mettre des conditions plus
sélectives.
M. Morin : Bien. Donc là,
présentement, il y a toujours un programme au Québec qui fonctionne, bon, au
ralenti. Vous avez mentionné qu'il y a 3 800 personnes en attente
présentement dans ce programme-là. Est-ce que j'ai... je vous ai bien compris?
M. Côté (Alex) : Effectivement.
Dans la catégorie, pas juste dans le programme.
M. Morin : Dans la catégorie.
M. Tessier (Samuel) : Incluant
les entrepreneurs, les investisseurs et les travailleurs autonomes. Actuellement,
sur IRCC, là, en date du 9 octobre, on voit environ 93 mois d'attente, là, en
effet, sur le site du gouvernement fédéral.
M. Morin : Oui, c'est...Bien,
c'est ce que j'allais... Donc, ça, c'est des gens qui ont un intérêt pour venir
travailler ou investir ici, au Québec, on se comprend, ou dans l'ensemble du
Canada?
M. Tessier (Samuel) : C'est
des gens qui ont déjà été sélectionnés par le ministère de l'Immigration et de
la Francisation au Québec. Ils ont un avis d'intention, leur projet a été
retenu, leur candidature a été sélectionnée et ils doivent attendre 93 mois
ensuite pour passer l'admission fédérale. Et ça, c'est en ligne, avec le seuil
d'admission de 450 vis-à-vis le nombre de personnes en attente.
M. Morin : OK.Mais,
quand on regarde les différents scénarios qui sont projetés dans le cahier qu'a
produit le ministère... corrigez-moi si je fais erreur, mais ces gens-là
tomberaient dans la catégorie gens d'affaires?
Une voix : ...
M. Morin : Alors, selon le
scénario 2A, la cible, c'est 250. Puis ça va jusqu'à 450 dans le scénario 2C. Là,
on en a 3 800 en attente, c'est ça? Ça va prendre combien de temps?
M. Tessier (Samuel) : Dans 93
mois, selon le gouvernement fédéral, avec les seuils en vigueur. Naturellement,
si on les baisse, bien, ça va être d'autant plus. Et donc on sait que les
délais réels ne sont pas... ne sont pas de 93 mois, mais c'est une question d'arrimer
les seuils d'admission...
M. Tessier (Samuel) : ...avec
la sélection que le ministère fait en amont. Donc, le ministère sélectionne ces
personnes-là, leur dit de venir sur le territoire avec des permis de
travail C60, pour venir exécuter des projets commerciaux pour lesquels ils
ont été sélectionnés. Et ensuite, mais ils doivent attendre près de 10 ans
pour avoir une résidence permanente, ce qui est selon nous inacceptable.
M. Morin : Sauf que... Alors,
mais si je vous comprends bien, le permis C60, c'est l'office fédéral qui
donne, pas le Québec.
M. Côté (Alex) : Il ne faut
pas faire un amalgame entre... C'est ça, il y a le volet temporaire et
permanent. Et qu'est ce que je peux dire, c'est qu'il y a environ
3 800 individus selon... approximatifs, c'est difficile d'avoir toute
l'information, qui sont en attente en ce moment, c'est l'arrérage qui a été
créée par des gouvernements successifs. Et nous, qu'est ce qu'on se dit, c'est
que les candidats qui sont sélectionnés et admis depuis le 1er janvier
2024, c'est des excellents candidats qui maîtrisent le français, qui viennent
ici pour vivre et investir au Québec, et donc il faut s'assurer de ne pas
pénaliser ces nouveaux candidats-là qui vont rentrer sur le territoire.
Je parlais tout à l'heure du monsieur qui
a repris une entreprise au Saguenay, mais lui, il doit constater avec ce
délai-là de 93 mois, même si, techniquement, lui, il va... il a fait son
investissement, il va suivre les règles. Je ne pense pas qu'il est prêt à
attendre sept ans, tout à fait, avant d'avoir sa résidence permanente, je pense
que ce serait raisonnable de lui donner sa résidence permanente dans un délai
comparatif avec les autres catégories d'immigration.
Donc, tout pour dire qu'on est dans le
même scénario que 2023. 2023, on avait beaucoup plus de candidats, c'était
14 000 personnes. On est à... on est à 4 100. Il reste environ
3 800 personnes dans l'arriéré, selon moi, de tous les candidats avant
le 1er janvier 24. Et donc il reste encore du travail à faire pour
admettre ces gens-là, pour ne pas pénaliser les nouveaux candidats qui sont des
candidats... des bijoux pour le Québec qui viennent ici pour vivre et investir.
M. Morin : Et les gens qui
sont en attente avec le délai, je comprends qu'ils ont déjà fait leur
contribution de 200 000 $ non remboursable, est-ce que je comprends
bien?
M. Tessier (Samuel) : C'est
exact. Mais en fait ils ont fait leur investissement. Les entrepreneurs ou les
investisseurs, pour arriver au point de la résidence permanente aujourd'hui,
avec les nouveaux programmes, doivent réaliser leurs engagements commerciaux,
leurs investissements tels qu'ils ont été sélectionnés. Donc, sur la base de
leur sélection, il y avait un projet commercial dans leurs dossiers, et donc
ils l'ont réalisé, et donc ils sont en attente, en effet, une fois la
réalisation, la concrétisation de leur projet. Et naturellement, mais on est
sensibles, c'est nos clients, on leur parle à chaque jour, d'attendre
93 mois quand on est déjà en train de gérer, par exemple, une auberge à
Saguenay, bien, c'est de l'angoisse, c'est des délais, c'est des permis de
travail qui vont être renouvelés pendant des années. Et donc ces familles-là vivent
beaucoup de stress. Ça leur coûte de l'argent. Et donc ils sont pris, en fait,
dans un... dans un processus administratif très lourd et pénible.
M. Morin : Et quand c'est ces
gens-là qui viennent ici pour investir, ils ont des familles, ça prend combien
de temps à leur famille pour venir les rejoindre? Parce que, le permis, ça vise
eux ou la famille au complet?
M. Tessier (Samuel) : Ils
viennent avec toute la famille, normalement. Donc, les permis de travail
ouverts pour le conjoint, les permis de travail... les permis d'étude pour les
enfants dépendants.
M. Morin : OK. Très bien.
Une voix : ...
M. Morin : OK. Vous... vous
parlez, à votre recommandation 7 à la page 3 dans votre mémoire,
d'aligner les exigences de la catégorie avec les orientations de francisation
et de régionalisation. J'aimerais ça que vous me parliez davantage de la
régionalisation, parce que nos régions au Québec ont besoin d'entrepreneurs,
ils ont besoin d'investissements. Ça fonctionnerait comment, concrètement, la
recommandation que vous émettez?
• (15 h 40) •
M. Côté (Alex) : Bien, durant
la dernière année, on a parcouru la francophonie pour rencontrer cette
clientèle prospective qui aimerait venir vivre et investir au Québec. Et donc,
bien, pour avoir du succès à la régionalisation, ça aiderait beaucoup de ne pas
avoir des délais qui disent 93 mois quand on se présente chez quelqu'un
pour leur expliquer qu'ils devraient venir s'établir au Québec et gérer une
entreprise. Pour cette recommandation là, en particulier pour la
recommandation 7, on parle bien du tableau de bord pour les retombées
économiques ou...
M. Morin : ...c'est 6. 7,
c'est aligner les exigences de la catégorie avec des orientations de
francisation et de régionalisation.
M. Côté (Alex) : En fait,
qu'est-ce qu'on voulait dire par ça, c'est que ça revenait un peu à la
sélection, l'admission en continu, que techniquement, ces gens-là, c'est une...
c'est une clientèle que tous les pays, toutes les provinces aimeraient accueillir.
Je pense que c'est des gens qui sont hautement sollicités pour venir s'établir,
peu importe, c'est quel le pays, et dont il faut s'assurer... avoir des
processus efficaces qui sont... qui sont concrets, qui ne font pas du Québec
une salle d'attente, là, pour... en matière surtout des délais au fédéral.
M. Morin : Bien. Bon,
évidemment, le français, c'est hyper important pour le Québec. Donc, vous
recommandez également que le gouvernement priorise les investisseurs
francophones. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Tessier (Samuel) : Actuellement,
c'est fait, puis on le salue, en fait. On pense que peut-être...
M. Tessier (Samuel) : ...les
niveaux de français sont un peu exigeants, donc on pourrait avoir un niveau
moindre, comme la citoyenneté canadienne par exemple. Mais... mais on salue et
on comprend le fait français dans les programmes des gens d'affaires, et donc
ça fonctionne bien, et il y a de la demande. Toutefois, il faut être agiles,
parce que c'est des gens qui sont sollicités. C'est des programmes compétitifs,
il y a plusieurs pays qui vont offrir des processus d'immigration pour attirer
les investisseurs avec du capital dans leur économie, et donc on croit que le
Québec doit être... en fait, mieux se positionner sur ces programmes, notamment
au niveau du programme investisseurs, pour attirer cette clientèle-là
d'investisseurs francophones, qui vont venir s'établir, oui, avec un premier
investissement de 1 million de dollars canadiens sur un bon du
Trésor, mais également avec d'autres investissements subséquents, et leurs
familles, sur le territoire.
M. Morin : Sauf que, si on
veut prioriser des investisseurs francophones, dans les 3 800 en attente,
j'imagine que ce n'est pas uniquement des francophones?
M. Tessier (Samuel) : C'est
des gens qui ont été sélectionnés dans le passé, sur les anciennes
moutures pré-2024, et donc, à ce moment-là, il n'y avait pas de condition
linguistique sur leur sélection. Et donc c'est des gens qui ont des certificats
de sélection en poche, qui ont des demandes, là, de résidence permanente en
cours, et donc qui ont été sélectionnés par les gouvernements précédents, et on
est d'avis que le gouvernement devrait assumer la sélection qui a été faite et
donc vider l'inventaire, là, actuellement, en admission au fédéral.
M. Côté (Alex) : Et surtout,
pour ne pas...
M. Morin : ...
M. Côté (Alex) : Désolé. Et
surtout, pour ne pas pénaliser les candidats qui sont en arrière de la file,
mais qui sont les candidats qu'en fait on veut être capables d'accueillir
rapidement au Québec.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
M. Morin : Qui sont sur le
territoire déjà?
M. Côté (Alex) : Certains
oui, certains non.
M. Morin : OK. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, on termine avec le député du
deuxième groupe d'opposition pour 4 min 8 s.
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, messieurs. Écoutez, je vous avoue que j'ai un peu de
difficultés à voir les retombées de ces programmes-là et je vois qu'à la...
votre septième point, mettre en place un tableau de bord annuel de performance
économique pour la catégorie des gens d'affaires. Est-ce que ça veut dire qu'en
ce moment on a... on manque de données pour évaluer ces retombées-là ou combien
ont-ils... Des questions de... des débats de base : Combien cette masse
déjà ont investi? Combien sont restés au Québec, etc. là? Qu'est-ce que vous
pourriez nous dire par rapport à ça?
M. Tessier (Samuel) : Mais en
fait, la mise en place d'un tableau de bord nous permettrait, un pour
l'industrie, d'apprécier dans quelle région vont les personnes, dans quels
secteurs d'activités investissent, puis à quelle hauteur, donc déjà pour avoir
une compréhension de la sélection globale qui est faite par le Québec, pour les
Québécois mais aussi pour... pour... pour mieux gérer la sélection pour... pour
l'avenir. Et également, mais pour le public donc qu'il y ait... qu'il y ait une
bonne appréciation de... des efforts qui sont faits en termes de recrutement
d'investisseurs et d'entrepreneurs, puis leur impact économique sur le Québec.
On pense que ça, c'est positif et ça devrait être mis de l'avant puisque c'est
une immigration très favorable pour le Québec.
M. Côté (Alex) : Donc, je ne
sais pas si on manque de données. Ceci dit, on le sait que le MIFI va demander
des pièces justificatives afin d'émettre des CSQ pour confirmer que des
transactions ont lieu. Ça, c'est dans le cadre du programme Entrepreneurs, que ce
soit des repreneurs, des démarrages d'entreprises ou des entreprises
innovantes. Et donc on sait que les données existent, et donc nous on pense que
ça serait vraiment une bonne idée de partager cette information-là afin de
montrer, en fait au public, les initiatives qui sont faites et qu'on a d'autres
sortes de catégories d'immigration qui viennent contribuer du niveau sociétal,
culturel et économique au Québec.
M. Fontecilla : Mais
peut-être que ces données existent, mais elles ne sont pas publiques d'après ce
que je comprends, là. Donc, en quelque sorte, nous, les députés ou le public en
général, on navigue à vue en termes de... pour orienter, savoir l'utilité de ce
programme-là, là.
M. Tessier (Samuel) : Tout à
fait. On pense que c'est une immigration positive. Il y a... et...
M. Fontecilla : Mais vous
n'êtes pas sûrs.
M. Tessier (Samuel) : Non,
mais on le sait. Il y a des projets, il y a des entreprises qui pourraient
fermer, qui pourraient être achetées par des investisseurs étrangers, donc des
sièges sociaux de perdus. Donc, on pense que des entrepreneurs qui viennent
faire le choix personnel, c'est des gens fortunés qui sont scolarisés, qui ont
une expérience en gestion, qui viennent s'établir sciemment sur le territoire
du Québec et investir leur capital, le mettre à risque dans notre économie, on
pense que c'est très positif et ça maintient des emplois et ça en crée
d'autres. Donc, après ça, de le mesurer et mesurer l'impact économique et
sectoriel, on croit que c'est très pertinent et que ça devrait être mis de
l'avant devant... devant le public québécois.
M. Fontecilla : M. le
ministre parlait tantôt de l'ancien programme, là, qui était en fait un pont
vers le transfert de ces investisseurs-là vers d'autres provinces canadiennes.
C'est pour ça que... a été réformé, selon votre expérience. Est-ce que les
nouveaux programmes améliorent la rétention de ces personnes-là ici au Québec?
M. Tessier (Samuel) : Sans
équivoque. Dans l'ancien programme, on voyait que les personnes allophones, M.
le ministre le mentionnait tout à l'heure, là, c'est environ 15 % de
rétention au Québec, toutefois, était en...
M. Tessier (Samuel) : ...la
rétention était au-delà de 90 % pour les candidats francophones. Et donc
on prétend qu'en effet, là, la plupart des candidats francophones qui
appliquent sur ce programme pour s'établir au Québec restent au Québec par la
suite.
M. Fontecilla : ...des
données pour le prouver objectivement, là, ça, j'ai compris ça, là.
M. Côté (Alex) : Et je pense
que c'est important aussi de faire la nuance entre c'était un programme
d'investissement, et d'immigration en second temps, l'ancienne mouture du
programme investisseur, et là, maintenant, on veut un programme d'immigration
qui a un volet investissement. Mais je pense qu'on peut trouver un meilleur
équilibre en rendant le programme plus attrayant afin de générer plus
d'investissements directs étrangers au Québec et, du coup, de financer plus la
solution de financement du programme immigrant investisseur aide à l'entreprise
d'Investissement Québec.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
M. Fontecilla : Très bien.
Vous avez parlé d'abolir la contribution de 200 000 $. Les gens...
Ces personnes-là doivent arriver avec un... de l'argent pour investir...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est terminé. Alors, voilà, messieurs Côté et Tessier,
nous vous remercions pour votre contribution à nos travaux. C'est apprécié. Je
vais suspendre quelques instants, le temps de recevoir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 15 h 47)
(Reprise à 15 h 50)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Donc, pour notre deuxième audition aujourd'hui, nous recevons le... M.
Jean-François Daoust, professeur agréé à l'École de politique appliquée de
l'Université de Sherbrooke. Professeur Daoust, j'imagine.
Professeur, bienvenue à la commission.
Alors, si vous êtes un habitué, je vous répète ce que vous savez déjà. Vous
allez bénéficier d'une période de 10 minutes pour présenter l'essentiel de
votre mémoire et de vos recommandations. Par la suite, on va discuter avec les
parlementaires. Alors, le micro est à vous pour les 10 prochaines minutes.
M. Daoust (Jean-François) : Merci
beaucoup. Bonjour à toutes et à tous. Merci de prendre un moment pour m'écouter
aujourd'hui.
Alors, comment le Québec devrait-il
planifier ses politiques d'immigration des prochaines années? Il y a plusieurs
aspects qui ont été considérés dans cette commission et qui continueront d'être
considérés...
M. Daoust (Jean-François) :
...on parle beaucoup d'économie, d'équité, de justice. Vous avez déjà entendu
beaucoup d'intervenants sur ces thèmes, notamment, dans les dernières
minutes... Par contre, pardon, on parle très peu de l'opinion publique des
Québécois et de son rôle. Et lorsqu'on en parle, c'est essentiellement encadré
comme un outil politique, et la discussion tourne surtout autour des stratégies,
notamment, électorales et de l'opportunisme politique. Mais l'opinion publique
est beaucoup plus que simplement instrumentale, et aujourd'hui, j'aimerais vous
parler de deux grands thèmes. Premièrement, je veux revenir sur l'idée de
l'opinion publique comme étant centrale aux théories de la démocratie et à
l'action gouvernementale, en l'accompagnant de quelques analyses en matière
d'immigration. Deuxièmement, je veux aborder la notion de capacité d'accueil et
de volonté d'accueil et argumenter que l'opinion publique devrait être
systématiquement intégrée à la notion de capacité d'accueil, qui gagnerait, par
ailleurs à être mieux circonscrite.
Alors, pour l'aspect normatif, il y a
beaucoup de théories de la démocratie... Pour beaucoup de théories de la démocratie,
l'opinion publique, qui mesure la volonté d'une population donnée, est cruciale
pour évaluer ce qu'un gouvernement devrait faire. Autrement dit, il y aurait
une valeur normative désirable à représenter la volonté générale. En fait, mes
travaux montrent que, parmi les grands modèles théoriques de la représentation
politique qui se concentrent soit sur, par exemple, les promesses électorales,
l'opinion publique de la majorité ou encore la conscience individuelle morale
des élus, bien, c'est l'opinion publique, la volonté de la majorité qui est, de
loin, le critère le plus important aux yeux des citoyens, aux yeux des
gouvernés eux-mêmes. Donc, ce n'est pas juste une affaire de théorie politique
de philosophes, les citoyens eux-mêmes estiment que l'opinion publique est
essentielle pour guider l'action gouvernementale.
Enfin, il y a tout un sous-champ
académique complet sur la réactivité gouvernementale où on examine,
essentiellement, si les politiques sont en concordance avec l'opinion publique
et, si oui, on se demande si le gouvernement est plus réactif dans certains
domaines ou pour certains groupes. Et on suppose toujours que la concordance
entre l'action gouvernementale et l'opinion publique est une bonne chose,
démocratiquement parlant. D'ailleurs, les acteurs politiques de toutes les
orientations reconnaissent le caractère désirable de l'opinion publique
lorsqu'ils défendent une idée partagée par la majorité. Ça ne veut évidemment
pas dire que toutes les mesures souhaitées par l'opinion publique sont bonnes,
ni même qu'elles devraient être mises en place. Parce que, bien sûr, l'opinion
publique n'est pas le seul critère.
Mais déjà de reconnaître qu'elle est un
critère tout à fait noble parmi d'autres, nous informant de la désirabilité
d'une politique, c'est aller au-delà des lieux communs, voulant que l'opinion
publique ne serve qu'à être instrumentale. Bref, tout ça soulève la
question : Dans le cas de l'opinion publique en matière d'immigration, à
quoi ressemble l'opinion publique et quelle est la volonté des Québécois en
matière d'immigration? Je me concentre seulement sur les données des études
électorales canadiennes, car elles permettent des comparaisons dans le temps,
de 2000 à 2021, puis j'utilise les sondages de l'Association d'études canadiennes,
de 2019 à 2025, pour compléter les séries temporelles. On pourra reparler de la
méthodologie, sans problème, dans la période d'échange, si vous voulez.
D'emblée, je peux dire qu'il n'y a rien de parfait, les données de sondage
utilisées ne sont pas parfaites, mais elles ont quand même plus de mérite que
de limites et peuvent être, somme toute, tout bien pesé, assez utiles selon
moi.
Alors, les données du graphique 1 que
vous avez reçu, il n'y a pas si longtemps que ça — désolé, je ne l'ai
pas envoyé beaucoup d'avance, j'ai un petit bébé de quatre mois à la maison qui
me tient occupé — mais vous l'avez reçu il a environ deux heures de
temps. Alors, si on regarde les données du graphique 1, on voit qu'il y a
eu, pendant assez longtemps, essentiellement, deux décennies, il y a eu un
consensus relatif par rapport au nombre d'immigrants que le gouvernement
devrait admettre, c'est-à-dire qu'en moyenne, entre l'année 2000 et 2021, donc,
sur plus de deux décennies, environ 50 % des gens pensaient que le
gouvernement devrait admettre le même nombre de personnes. Donc, il y avait un
consensus assez relatif pendant plus de 20 ans. Il y avait seulement moins
du tiers, environ 30 % des Québécois qui souhaitaient que le gouvernement
en admette moins. Or, cette proportion a littéralement doublé à partir de 2024,
jusqu'à nos jours.
En moyenne, depuis 2024, c'est
essentiellement 60 % des Québécois qui souhaitent que le gouvernement
admette moins d'immigrants. C'est beaucoup 60 %, surtout qu'il y a très
probablement un biais de désirabilité sociale qui sous-estime cette
proportion-là dans les données de sondage. Et l'avantage d'utiliser une
question classique, disons-le comme ça, sur le niveau souhaité d'immigration,
une question simple, mais à trois catégories, hein, est-ce que le gouvernement
devrait admettre plus, moins ou, à peu près, le même nombre d'immigrants? Bien,
ça permet... L'avantage, c'est que ça permet des comparaisons à travers le
temps. Parce que la question est régulièrement posée, mais elle est quand même
limitée en termes de gradation, parce que ça reste seulement trois catégories.
Alors, si on se concentre sur un sondage,
un seul sondage de 2024 qui, lui, est plus précis, mais a moins de comparaisons
dans le temps, bien, ça nous permet de voir un petit peu plus clair en termes
de gradation. Ce sondage-là avait cinq catégories, posait essentiellement la
même question, mais il y avait cinq catégories plutôt que trois, et cinq
catégories allaient de fortement diminuer l'immigration, à fortement l'augmenter.
Et ce qu'on voit, c'est que...
M. Daoust (Jean-François) :
...comme les données présentées au graphique 1 en 2024, il y a
essentiellement 65, 66 % des Québécois qui souhaitent une réduction de
l'immigration, mais, sur les 66 %, il y en a 40 % qui souhaitent
fortement diminuer le nombre d'immigrants au Québec et 26 % souhaitent une
diminution qui serait légère. Donc, 40 plus 26 nous donnent 70 % de
réduction, mais 40 % souhaitent une forte réduction.
Alors, en somme, il y a eu un changement
très important dans l'opinion publique au point où, depuis environ deux ans,
c'est une forte majorité qui souhaite une réduction de l'immigration. Si on
accepte qu'on ne doit pas balayer du revers de la main l'opinion publique pour
les raisons que j'ai mentionnées précédemment, alors l'orientation à préconiser
serait de diminuer assez fortement l'immigration au Québec, à moins que
d'autres critères pointent dans d'autres directions. Mais c'est, selon moi, les
personnes qui argumenteraient qu'il ne faut pas diminuer l'immigration qui ont
un fardeau supplémentaire, considérant ce que je viens de mentionner.
Les autres critères incluent notamment la
capacité d'accueil qui est mon deuxième point. Alors, en plus de l'aspect
normatif de l'opinion publique, tenir compte de l'opinion publique apparaît
encore plus important en matière d'immigration, comparativement, par exemple, à
d'autres domaines, parce que, justement, l'opinion publique devrait informer
notre conception de la capacité d'accueil. D'abord, je tiens à mentionner que
cette notion-là devrait être mieux définie, et le fardeau revient surtout au
gouvernement à cet égard. Mais c'est sûr que, quand on parle de capacité
d'accueil, on parle beaucoup d'habitation, on parle des services de l'État, en
santé notamment. Mais l'opinion publique est, selon moi, centrale à la notion
de capacité d'accueil. Pourquoi? L'argument est très simple, une volonté
d'accueil est propice à une meilleure intégration des personnes immigrantes, ce
que tout le monde souhaite, une meilleure intégration des personnes
immigrantes. À l'inverse, sans volonté de la société d'accueil, il y a plus de
risques de tension sociale. Or, tel que mentionné précédemment, les
Québécois actuellement n'ont pas cette volonté d'accueillir davantage de personnes
immigrantes. L'intégration, c'est bien fait pour la majorité des gens déjà sur
le territoire, mais elle est compromise par la cadence des dernières années qui
n'est pas adéquate selon la population, et ce n'est pas sans conséquence. On
conviendra, tout le monde, ici qu'une intégration désirable comprend une
intégration linguistique, le français étant la langue commune au Québec. Or,
les analyses du Commissaire à la langue française illustrent que cette
intégration linguistique de l'immigration ne répond pas aux attentes pour
maintenir le français comme langue commune à long terme, et cela se reflète
dans l'opinion publique. Mes recherches académiques récentes montrent que le
sentiment de menace linguistique, plus précisément la perception individuelle
des Québécois que le français est menacé au Québec, est en augmentation et est
corrélé avec le solde migratoire international.
Le graphique 2 que vous avez reçu
suggère une réactivité de l'opinion publique, c'est-à-dire qu'une augmentation
de la perception que le français est menacé au Québec est reliée au solde
migratoire, tel que mentionné. Le coefficient de corrélation, on pourra en
reparler si vous voulez, mais il est très fort pour des données en sciences
sociales. C'est rare qu'on voie des corrélations de cette ampleur-là. Alors,
évidemment, l'immigration n'est pas la seule cause du déclin du français au
Québec ni de l'augmentation de la perception du sentiment de menace, mais c'est
très clair que l'immigration et les politiques en immigration actuelles y
contribuent. Et mes analyses semblent boucler un peu la boucle, de façon
complémentaire, à celle du Commissaire à la langue française, ça semble boucler
la boucle d'un cercle qui ne me paraît pas pas du tout vertueux, en montrant
que le solde migratoire contribue aussi à l'augmentation du sentiment de
menace, ce qu'on appelle parfois, en psychologie sociale et dans un milieu
académique, le sentiment de menace de groupe. Et ce sentiment de menace n'est
pas, toutes choses étant égales par ailleurs, particulièrement souhaitable. Il
crée des conditions davantage propices aux tensions sociales. Et, encore une
fois, c'est moins propice à une intégration réussie des personnes immigrantes.
Alors, pour conclure, j'aimerais
simplement rappeler que l'opinion publique devrait être considérée, parce que,
contrairement aux lieux communs, elle est utile et ne sert pas simplement à des
considérations instrumentales. Elle a une valeur normative et elle est
particulièrement utile dans le cas des politiques d'immigration, car non
seulement elle nous donne une bonne idée de l'orientation générale qui est
désirée, mais aussi elle est utile pour mieux circonscrire la volonté d'accueil
qui devrait faire partie, selon moi, de la notion de capacité d'accueil. Et,
sur ça, ça me fera plaisir de répondre à vos questions. Merci beaucoup.
• (16 heures) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Pr Daoust, merci beaucoup pour cette présentation. On
commence la période d'échange avec les parlementaires. On va commencer avec le
ministre et la banquette gouvernementale. Évidemment, vous avez toujours
16 min 30 s, M. le ministre.
M. Roberge : Bonjour, M.
Daoust. Merci pour votre présentation très intéressante, très différente de
d'autres intervenants, pas parce que vous êtes en désaccord, parce que vous
abordez un sujet différent. C'est ça qui est intéressant, dans des
consultations comme ça, d'avoir une pluralité de points de vue. Vous arrivez
avec un pas de recul, vous n'avez pas un intérêt personnel, votre groupe non
plus, à ce qu'il y ait plus ou moins de nouveaux arrivants dans telle ou telle
catégorie...
16 h (version non révisée)
M. Roberge : ...et vous ne
vous dites pas : Il faudrait qu'il y en ait plus, il faudrait qu'il y en
ait moins, il faudrait qu'il y en ait plus dans telle ou telle autre catégorie?
Et ce que vous nous dites, essentiellement, c'est : Tenez compte de l'avis
des Québécois, grosso modo. Oui, allez-y.
M. Daoust (Jean-François) : Oui,
oui, je pense qu'il y a... et il y a un réflexe dans l'espace public, là, pas
juste les acteurs politiques, là, mais il y a un réflexe dans l'espace public
au Québec, de balayer la volonté générale qui, souvent, est mesurée par l'opinion
publique, mais j'aimerais simplement rappeler qu'il y a quand même une valeur
normative à l'opinion publique. Alors, oui, je pense qu'il faut la considérer.
Dans ce cas-ci, la tendance ou la volonté générale, elle est plutôt claire en
matière d'immigration. Ça, c'est un point effectivement que j'aimerais
rappeler.
Le deuxième point, c'est aussi que l'opinion
publique devrait être intégrée à la notion de capacité d'accueil qui, je suis
sûr, fait partie... je n'ai pas écouté toutes les audiences de la commission,
mais probablement centrale à cette notion-là, à vos débats et à votre réflexion
dans l'élaboration des politiques d'immigration.
M. Roberge : Vous n'êtes pas
ici en tant que porte-parole de M. Mme Tout le monde et de la nation québécoise,
vous nous dites juste : Faites attention à ce qu'il dit. Mais plein de
gens sont venus sur cette chaise-là et peu ont tenu des propos disant : Il
y a peut-être trop d'immigrants sur le territoire québécois. Comment ça se fait
qu'une grande majorité de groupes qui viennent en commission nous disent le
contraire de ce que pensent les Québécois?
M. Daoust (Jean-François) : Il
y a plusieurs raisons possibles, mais c'est sûr que... en fait, on le sait, il
y a un biais de sélection qui se présente en commission parlementaire, et
généralement, c'est... en général, c'est... quand on est un groupe, on a des
intérêts à défendre, on a des membres, on est un syndicat, peu importe. Et,
dans ce cas-ci, il peut y avoir des groupes qui soient plus actifs s'ils ont
des intérêts particuliers à défendre. Donc, c'est qu'en fait, en la commission
parlementaire, l'objectif non plus n'est pas... n'est pas de représenter l'opinion
publique en soi, hein? Il y a des invitations, il y a des mémoires qui sont
déposés, et puis ce n'est pas l'opinion publique qui est représentée, qui est
défendue, ce sont des groupes. Et ces groupes-là ne sont pas distribués de
façon aléatoire à représenter l'ensemble des points de vue de la population. Si
c'était le cas, probablement que la tendance générale des opinions qui ont été
véhiculées à cette chaise-ci ne serait pas nécessairement la même.
M. Roberge : Parce que
plusieurs groupes arrivent, ce sont des professionnels qui font autant de
politique que moi et les autres députés ici, ils ne sont pas des élus à l'Assemblée
nationale, mais ils forment ce qu'on appelle du lobby, ils sont inscrits au
registre... C'est tout à fait noble et légal et correct, on a le droit de faire
du lobby au Québec, c'est même balisé, etc., mais ils arrivent ici, payés, pour
représenter un groupe, ont une vision un peu corporatiste, ils viennent défendre
l'intérêt de leurs membres ou même l'intérêt de leurs membres les plus vocaux,
arrivent avec... en disant : Bien, moi, mon groupe aimerait qu'on ait plus
de tel type d'immigrants parce que ça serait bon pour mes membres. Et arrive un
autre groupe après, puis il dit : moi, mon groupe voudrait qu'on aille
plus de telle catégorie d'immigrants parce que c'est ça que mes membres
veulent. C'est bon pour mon entreprise, c'est bon pour... ça amène de l'argent,
ça amène, etc.
Et la somme de ces opinions diverses là
n'a rien à voir avec les enquêtes sur l'opinion publique des Québécois qui,
comme vous nous le démontrez, ne sont pas des racistes, ne sont pas des
xénophobes, ne sont pas des personnes refermées sur eux-mêmes, ce sont juste
des personnes qui disent : Oui, mais l'augmentation est forte ces
dernières années. Puis c'est Pierre Fortin, lui, qui dit que c'est l'expansion
migratoire qui a eu un impact sur notre attitude envers l'immigrant. Puis il
dit : C'est grave, c'est même grave pour notre avenir collectif.
Donc, on veut des nouveaux arrivants, on
est ouverts, on a toujours été ouverts au Québec, mais s'ils en arrivent un peu
plus que ce qu'on est habitué puis qu'on voit des enjeux de chômage chez les
jeunes, d'accès au logement ou de coûts du logement, ou que notre enfant, dans
sa classe, a devant lui ou un enseignant qui est non qualifié parce qu'on a une
pénurie d'enseignants, bien là, les gens disent : Bien là, comme dit M. Fortin,
l'expansion migratoire amène un changement de posture...
M. Roberge : ...mais si je
n'écoute que les différents groupes qui disent chacun : Moi mes membres
veulent telle sorte, moi mes membres veulent telle catégorie d'immigrants, moi,
mes membres veulent telle catégorie d'immigrants. Est-ce qu'il n'y a pas un
danger, est-ce qu'il y a un ressac dans l'opinion publique puis que l'opinion
publique bascule dans des camps de droite et d'extrême droite comme on a vu au
sud de la frontière?
M. Daoust (Jean-François) : Bien,
je prendrai la question en deux temps. D'abord, tel que vous le mentionnez, les
gens qui viennent ici, souvent, ils ont des intérêts à défendre. Ce sont
beaucoup des lobbies, des groupes et même souvent qui défendent un sous-groupe
parmi leurs membres, généralement les plus vocaux, ceux qui participent le
plus, qui ont une influence souvent plus importante que les autres membres au
sein du groupe, et c'est une bonne chose que ces gens-là arrivent en commission
et représentent. Tout le monde est d'accord avec ça, c'est une bonne chose, on
veut entendre le plus de points de vue possible et. Et par ailleurs, ça se peut
très bien qu'il y ait un groupe qui a de meilleurs arguments que d'autres et
même qui pointent dans le sens inverse de l'opinion publique et qu'ultimement
c'est cette position-là qui va, à travers le temps, réussir à convaincre
l'opinion publique. Donc, c'est une bonne chose de les entendre.
Mais après, une fois qu'on a entendu ces
groupes-là, soit de la société civile, soit... soit des... des représentants
des groupes d'intérêts, c'est au gouvernement à faire l'arbitrage entre
d'autres considérations, en intégrant évidemment les considérations qui ont été
exprimées en commission parlementaire, mais en intégrant d'autres
considérations, et c'est là, selon moi, qu'aussi que l'opinion publique joue.
Et là, selon moi, le pas malsain qu'on a... le réflexe malsain qu'on a au
Québec, c'est que lorsqu'on dit : Je vais faire l'arbitrage de ce qui
s'est dit entre autres en commission parlementaire, en intégrant la volonté des
Québécois et des Québécoises, bien, tout de suite, on pense en termes de
stratégie, notamment stratégie électorale. Mais à la base et en termes... ça
peut être ça, ça peut être ça. Mais en termes de théorie de la démocratie,
faire le contraire me paraîtrait particulièrement contre-intuitif. Comment on
peut ne pas vouloir tenir compte de l'intérêt général? Alors, c'est un peu
embêtant parce que lorsqu'on tient un discours qui fait référence à la volonté
générale ou à une majorité de Québécois, c'est normativement désirable d'un
point de vue de la démocratie, mais on est rapidement accusés d'électoralisme
ou de faire preuve de stratégie politique, ou d'avoir une coalition restreinte
d'électeurs pour maintenir son pouvoir pour soit se rendre au pouvoir ou le
maintenir. Alors, je pense que c'est une bonne chose d'écouter toutes sortes de
groupes, toutes sortes d'individus en commission parlementaire. Après, c'est au
gouvernement à faire l'arbitrage de toutes sortes de considérations. J'ai
mentionné l'opinion publique, évidemment l'opinion représentée, puis les
arguments des groupes, mais il y en a d'autres, autres les promesses
électorales. D'un point de vue de la représentation politique, c'est important.
La conscience individuelle des élus, c'est important. Bref, c'est au
gouvernement à faire l'arbitrage, mais c'est sûr qu'on ne doit pas considérer
l'ensemble des groupes qui sont... qui s'assoit à cette chaise-ci comme
étant... Il ne faut pas penser que la somme de ça... il ne faut pas penser que
la moyenne serait la meilleure politique publique. La moyenne de ces interventions-là
serait la meilleure politique publique donnée, donc premièrement.
• (16 h 10) •
Deuxième élément, pour ce qui est de
Pierre Fortin et la cadence insoutenable des politiques d'immigration des
dernières années qui affecteraient les attitudes des Québécois envers
l'immigration, c'est probablement vrai. Je n'ai pas les tests... j'ai n'ai pas
fait les tests moi-même, ça m'apparaît tout à fait plausible sans que je puisse
me prononcer. Par contre, je peux vous dire que si je change la variable dépendante,
et plutôt qu'on tente d'expliquer la perception de menace, de menace
linguistique. Donc, quand on demande aux gens une question toute simple,
claire : Pensez-vous que le français est menacé au Québec? Bien, on voit
que c'est en constante augmentation puis que c'est fortement corrélé tel
qu'illustré au graphique 2, c'est fortement corrélé avec le solde
migratoire international du Québec, et ça, ça crée un sentiment d'insécurité et
ça ne me paraît pas souhaitable en 2025. Et on en a vu des sociétés où le
sentiment d'insécurité s'est... s'est accru à travers les dernières années
décennies, et ça ne semble pas souhaitable au Québec qu'on ait de plus en plus
de gens qui soit insécures linguistiquement parlant. Ça peut mener à des
tensions sociales et alimenter des... des inégalités.
M. Roberge : C'est ce qu'on
ne veut pas. Le Commissaire à la langue française, un peu comme vous, expert,
non pas porte-parole de... d'un groupe ou de membres qui le paient pour dire X
ou Y est venu nous dire un peu ce que vous nous dites. L'Institut du Québec
aussi est venu nous dire un peu ce que ce que vous nous dites. L'enjeu aussi,
c'est qu'il y a des groupes qui ne sont pas représentés dans ce genre de
consultations. On a les groupes patronaux très, très bien...
M. Roberge : ...plusieurs.
Des fois, ils viennent l'entité... la fédération puis, après ça, chacun des
membres. Des groupes d'institutions d'enseignement viennent aussi. Des
organismes communautaires viennent aussi. Mais, par exemple, des... personne ne
vient nous parler au nom des 18-30 ans qui ont de la misère à se trouver un
logement. Ça n'existe pas, l'Association des gens dans la vingtaine qui peinent
à se trouver un logement. Il n'y a pas de fédération, il n'y a pas de
regroupement qui vient porter cette voix-là. Il n'y a pas non plus
l'Association des... ou le Regroupement national des francophones qui
s'inquiètent du déclin de la langue française au travail, par exemple. On n'a
pas ça. Bien, heureusement, on a des experts, on a des chiffres, on a des
données. Puis je prends ces données-là, j'interroge les gens qui viennent pour
dire : Bien, qu'est-ce que vous pensez de... Mais c'est peut-être la zone
d'ombre dans la consultation, quoiqu'elle soit éclairante, parce qu'il y a
quand même une pluralité de points de vue puis il y a des gens qui nous amènent
des choses auxquelles on n'avait pas pensé, et ça, c'est très éclairant.
Vous avez parlé d'une espèce
d'acceptabilité sociale qui amène une plus grande capacité d'accueil. Je trouve
ça intéressant parce qu'on a adopté, il n'y a pas très longtemps, une loi sur
notre modèle d'accueil au Québec, qui s'appelle l'intégration nationale. On a
rejeté le multiculturalisme canadien, on a dit : On a notre manière de
vivre ensemble au Québec, on veut notre cohésion sociale, puis ça repose sur le
principe d'une responsabilité partagée. Il y a l'État, qui doit fournir un
cadre pour les nouveaux arrivants, il y a les nouveaux arrivants, qui ont des
devoirs : apprendre la langue, apprendre la culture, puis il y a la
société d'accueil, les gens qui sont là, les humains, là, pas juste des... pas
juste le gouvernement, mais bien M., Mme Tout-le-monde, qui ont un rôle aussi à
jouer pour avoir de la mixité puis des relations interculturelles. Relations
interculturelles, ce n'est pas entre 10 personnes de nations différentes qui
viennent d'arriver ici, mais ça implique aussi les gens qui sont ici, qui sont
nés ici. Et il faut que ces gens-là soient d'accord avec l'arrivée de nouveaux
arrivants pour dire : Bien, tiens, je vais aller le voir, je vais aller
l'interroger sur son parcours, je vais l'inviter chez moi à Noël, je vais
l'inviter à mon barbecue. Il faut qu'il y ait ce désir-là. Le danger, c'est
peut-être de ne pas suffisamment les écouter.
Mais, maintenant, comment on fait pour que
votre intervention, pour que cette perspective-là aille au-delà de votre
présentation puis que des gens qui tiennent compte de la volonté des Québécois
ne se fassent pas traiter de populistes dans le sens négatif du terme, là? Populistes
dans le terme... Je ne sais pas. Je n'ai jamais trouvé, là, que le mot
«populiste» était une insulte, mais on me l'a déjà lancé comme une insulte,
donc je ne sais pas trop comment le prendre, là. Mais comment on fait pour
réhabiliter le souci de tenir compte de l'opination... l'opinion des Québécois
comme étant quelque chose de sain et de normal en démocratie?
M. Daoust (Jean-François) : Première
façon, c'est de rappeler que ça fait partie des théories de la démocratie puis
que c'est quelque chose de souhaitable, comme j'ai tenté de le faire
aujourd'hui. Ça, c'est un... la partie un peu plus... un peu plus facile.
Une autre façon, qui ne répond pas
directement à la question, mais une autre façon un peu de... peut-être de...
pas détendre le climat, mais de nuancer un peu à quel point les gens sont
polarisés et où on devrait voir ce débat-là ou ce thème-là comme étant polarisé
tient dans le fait que les enquêtes sur l'opinion publique nous permettent
parfois... pas tout le temps, mais parfois d'analyser les résultats par
sous-groupes. Et on... intuitivement, ça fait partie de notre logique de
système médiatique au Québec et ailleurs dans le monde, mais souvent on
dichotomise. Dans le cas de l'immigration, du dossier de l'immigration, c'est
souvent les gens de la société d'accueil qui ne penseraient pas différemment.
Il y aurait l'opinion publique d'eux et il y aurait l'opinion publique des
personnes immigrantes, soit de première ou deuxième génération. Il y aurait
aussi les personnes de la société d'accueil qui sont surtout, pour la majorité,
blanches, francophones. Et, encore une fois, on les... on dichotomise ces
catégories de personnes là, ces groupes socials là, qui se distinguent sur des
caractéristiques sociodémographiques, et on tend à les opposer. Bien, les
enquêtes d'opinion publique nous permettent quand même de nuancer ça. Et, sur
un sujet aussi sensible que l'immigration, ce qu'on voit, c'est :
lorsqu'on regarde les francophones par rapport aux non-francophones, par
exemple, bien, leur opinion publique n'est pas si différente que ça, hein...
M. Daoust (Jean-François) : ...dans
les deux cas, il y a une majorité qui souhaite une réduction de l'immigration,,
et dans les deux cas, la catégorie la plus... la catégorie modale, qui est la
catégorie la plus choisie dans le sondage, c'est : fortement diminuer
l'immigration. Certes, cette catégorie-là est choisie plus fortement par les
francophones, mais, au final, ça reste une majorité dans les deux cas. Donc,
c'est 70 %, par exemple, chez les francophones qui veulent fortement
diminuer ou légèrement diminuer l'immigration, c'est 52 % chez les
non-francophones. Donc, dans tous les cas, l'option, la voie, l'orientation
générale, elle est la même. Alors, ça, il faudrait peut-être relativiser quand
on présente le débat public. Et c'est la même chose lorsqu'on regarde... là,
j'ai mentionné francophones, non-francophones, mais c'est la même chose
lorsqu'on regarde les personnes qui s'identifient comme étant des personnes
blanches par rapport aux minorités visibles. On ne l'a pas dans tous les
sondages...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
M. Daoust (Jean-François) :
...et un exemple, par exemple, les personnes qui veulent moins d'immigration,
chez les personnes qui s'identifient comme étant blanches, 32 %, contre
26 % chez les minorités visibles. Il y a une différence, mais elle est...
elle est très mince.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, le temps est terminé. On poursuit avec le
député d'Acadie, pour une période de 12 min 23 s.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, Pr Daoust, bonjour, merci d'être avec nous en commission cet
après-midi. Merci également pour les graphiques que vous nous avez fait
parvenir. Je comprends que les graphiques... est ce que ça fait partie d'un
article que vous avez écrit, publié?
M. Daoust (Jean-François) : Ça
dépend lequel. Le graphique 1 ou le graphique 2?
M. Morin : Le graphique 2.
M. Daoust (Jean-François) : Le
graphique 2, oui, c'est... ça fait partie... pardon, je le regarde... le
graphique 2, bien, en fait, c'est qu'il y a deux types de données. Dans le
graphique 2, il y a la perception... il y a le pourcentage de gens qui estiment
que la langue française est menacée au Québec, et puis, ensuite, il y a le
solde migratoire. Donc, la perception que le français est menacé au Québec, ces
chiffres-là, oui, c'est tiré d'un article qui est accepté pour publication à la
Revue canadienne de science politique. Donc, ces données-là viennent de là,
mais, à la base, la source originale, c'est les études électorales canadiennes.
Et pour ce qui est du solde migratoire, dans le même graphique, ça vient de l'Institut
de la statistique du Québec.
M. Morin : OK, je comprends.
Mais ça ne fait pas partie d'un article que vous avez écrit.
M. Daoust (Jean-François) : L'article
porte sur... plus précisément, sur la perception que le français est menacé au
Québec.
M. Morin : OK, je comprends.
Et ça, ça a été publié dans la Revue canadienne de science politique?
M. Daoust (Jean-François) : C'est
à paraître.
M. Morin : C'est à paraître.
Mais c'est accepté. OK.
M. Daoust (Jean-François) :
Donc, c'est accepté pour publication, ça a passé le processus de révision à
double aveugle, et c'est à paraître.
M. Morin : Parfait. Merci
beaucoup. Vous nous avez parlé de l'opinion publique, de la volonté du public.
Et est-ce que je vous ai bien compris si vous dites qu'entre autres l'opinion
publique est un élément important dont devrait tenir compte l'action
gouvernementale?
• (16 h 20) •
M. Daoust (Jean-François) : Oui,
tout à fait. Il y a plusieurs facteurs qui sont... qui sont centraux. J'ai
mentionné les... bien, selon les grandes théories de la démocratie, là, il y a
les promesses électorales, où ce serait ça qui serait central, pour que les
citoyens tiennent responsables leurs gouvernements. Il y a la... il y a un
modèle qui se concentre sur la conscience morale individuelle des élus. Donc
là, l'accent est mis sur la qualité individuelle... la qualité du jugement d'un
élu individuel. Il y a un autre modèle qui se concentre sur l'opinion publique,
au sens où là, ça devrait être surtout la volonté générale. L'élu a fait des
promesses électorales, a son propre jugement, mais devrait surtout tenter de
maximiser la représentation de la volonté générale.
Donc, il y a ces grands modèles théoriques
là, et il y en a d'autres. Et, par exemple, dans un des articles scientifiques
que j'ai publiés avec des collègues, notamment, Ruth Dassonneville, on isole
l'effet causal de ces trois critères là, et ce qu'on voit c'est que les trois
critères jouent, hein? Les gens veulent que les politiciens tiennent leurs
promesses électorales, veulent qu'ils agissent selon leur propre conscience et
qu'ils suivent l'opinion publique. Mais on peut quantifier la force relative de
chacun des trois critères, et c'est l'opinion publique qui est la plus
centrale, le plus centrale.
M. Morin : La plus centrale?
M. Daoust (Jean-François) :
Oui, qui est le plus important.
M. Morin : Donc, au fond...
et là ça vous permet, après ça, d'affirmer que... et si je vous comprends bien,
qu'en fait c'est tellement central que ça peut devenir une valeur normative. Est-ce
qu'on se comprend bien?
M. Daoust (Jean-François) : Oui,
c'est qu'il y a une valeur. Il y a quelque chose de normativement désirable à
suivre la volonté générale. Pas systématiquement, nécessairement, parce qu'il y
a d'autres critères. Entre autres, il y a des critères juridiques, qu'il faut qu'ils
soient mobilisés. Mais il y a quelque chose de désirable à représenter la
population.
M. Morin : Très bien...
M. Morin : ...Et cette opinion
publique là, le pouls de la population. Est-ce qu'on est d'accord pour dire que
quand un sondage est fait scientifiquement, ça peut être un indicateur? Parce
qu'il faut que le politicien, bon, évidemment, sa conscience, il vit avec, les
promesses qu'il a faites, il s'en souvient, mais après ça, bien, pour qu'il
prenne le pouls, les sondages, ça peut être un moyen scientifiquement,
évidemment, prouvé, n'est-ce pas?
M. Daoust (Jean-François) : Tout
dépend du sondage.
M. Morin : Oui, mais si on
prend par exemple des firmes de sondage reconnues, ça peut être valable parce
que sinon, comment on fait pour avoir le pouls de l'opinion publique?
M. Daoust (Jean-François) : Mais
ça dépend. En fait, la réponse courte serait «oui, s'il a un bon sondage».
Maintenant, un bon sondage, ça ne veut pas juste dire par une firme crédible,
il faut regarder des critères... là, commençons par ceux qui sont dans la loi
électorale par exemple, où les médias, ils sont obligés de mentionner, par
exemple, qui a payé pour le sondage, quel était le libellé exact de la
question, ensuite est ce qu'il y a des biais, des biais de sélection, des biais
de désirabilité sociale, toutes sortes de choses comme ça, mais ultimement,
oui, c'est possible, puis c'est prouvé à travers des décennies de recherche.
L'opinion publique, là, c'est un champ académique en soi. Donc, c'est prouvé
que c'est possible, mais ce n'est pas systématiquement... ce n'est pas
automatiquement le cas dans la... en fait...
M. Morin : Mais c'est quand
même un bon indicateur.
M. Daoust (Jean-François) : Ça
peut l'être.
M. Morin : Et donc,
théoriquement, un politicien, quand il y a un sondage, devrait un peu regarder
ce que ça dit puis après ça, bien, réfléchir à la suite.
M. Daoust (Jean-François) : Il
devrait tenter de regarder, oui, la volonté générale, à tout le moins
l'orientation, oui.
M. Morin : Exact. Tout à
fait. Alors, bien, écoutez, avec ce qu'on a lu ce matin dans les journaux, il y
a des politiciens qui auront à réfléchir. Ça, c'est mon premier commentaire.
Mais deuxièmement, récemment, un sondage
Léger et Léger, tu sais, quand on parle du... de la valeur normative de
l'opinion publique, il y a un sondage Léger et Léger qui rappelait qu'en
matière de regroupement familial au Québec, et moi, c'est un dossier que je
porte avec beaucoup d'intérêt, on demandait : Dans quelle mesure êtes-vous
en accord ou en désaccord avec les affirmations suivantes? Les délais de
traitement pour réunir des familles québécoises devraient respecter la durée de
traitement canadienne de 12 mois, 67 % des gens sondés par la firme
qui est reconnue sont en accord. Est-ce que vous savez c'est combien, le délai,
présentement pour le regroupement familial au Québec suite aux décisions du
gouvernement de la CAQ?
M. Daoust (Jean-François) : Non,
je ne sais pas.
M. Morin : 39 mois,
39 mois. Pourtant, il y a 67 % des gens sondés qui disent qu'on
devrait ramener ça à la moyenne canadienne.
Autre question : Faciliter le
regroupement familial devrait être une priorité importante pour les
gouvernements fédéral et provincial Québec en matière d'immigration? 64 %
sont en accord. Si je me fie, et je vous écoute, et vous êtes un expert, à
l'entretien, et aux recommandations, et à votre opinion que vous venez de nous
donner, c'est important pour un politicien de tenir compte de l'opinion
publique. L'action gouvernementale devrait, évidemment, ce n'est pas la seule
chose, mais devrait être en partie fondée sur l'opinion publique, puisque ça
peut avoir une valeur normative. Est-ce que vous êtes d'accord avec moi que le
gouvernement aurait intérêt à écouter l'opinion publique et à agir rapidement
pour le regroupement familial? Parce que, quant à moi, ce que le gouvernement
fait, c'est inhumain.
M. Daoust (Jean-François) : Je
ne peux pas... je ne peux pas commenter directement parce que j'ai l'impression
que la question est cadrée comme étant de façon très, très positive puis que
c'est dur de dire non et, en plus, elle ne dit rien sur le nombre, donc on
pourrait très bien dire : Bien oui, il faut accélérer les demandes, mais
on en veut 14 fois moins. Donc, je ne vais pas me prononcer là-dessus
parce que je ne connais pas le contexte autour de ce sondage-là, mais on est
bel et bien d'accord que l'opinion publique est une considération qui devrait
certainement être examinée par les politiciens.
M. Morin : Tenir compte le
gouvernement... par le gouvernement. Je vous remercie. Je n'ai pas d'autres
questions, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Bien, merci beaucoup. Alors, on poursuit avec le député... Laurier-Dorion.
J'ai eu un petitblanc pendant quelques instants. La parole est à vous.
M. Fontecilla : Combien de
temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Bien là, avec l'ajout des minutes qui n'ont pas été prises
par votre collègue, c'est 8 min 8 s.
M. Fontecilla : Merci.
Bonjour, M. Daoust. Merci beaucoup de nous apporter votre éclairage
particulier, en effet, là. Écoutez, beaucoup se...
M. Fontecilla : ...de vos
propos. Vous avez fait état d'une, comment dire, d'une évolution de l'opinion
publique concernant l'immigration, là, plutôt négative, d'après ce que j'ai
compris. Et donc la question que je me pose sur cette question-là, c'est parce
qu'il y a plusieurs... Il y a plusieurs, comment dire, termes du débat. Il y a
la réalité qui est comme une... une boîte, là, une montre scellée qu'on a de la
misère parce qu'on ne tient pas... on ne connaît pas toute la réalité. Il y a
l'opinion publique, c'est-à-dire que les gens se font une idée sur cette
réalité-là. Il y a le pouvoir politique, le ministre, le gouvernement, l'opposition,
etc., là. Qui influence qui dans cette trilogie-là? Est-ce que c'est l'opinion
publique qui influence les... la parole des politiciens ou c'est la parole des
politiciens qui influencent l'opinion publique?
M. Daoust (Jean-François) :
C'est une bonne question. Je vais la prendre en deux temps, là. Je vais
commencer par la première partie. Vous avez mentionné qu'il y a une évolution,
et qui serait négative à travers le temps. Je ne dirais pas qu'elle est
négative. Je dirais qu'il y a de plus en plus de gens qui veulent réduire
l'immigration au Québec. Donc, c'est passé d'essentiellement 30 % à 60 %,
65 % des gens qui veulent réduire l'immigration. Mais pour moi, ça, ce
n'est pas... Le mot «négatif» est ambigu parce que, pour moi, l'évolution des
attitudes qui serait plus négative, ce serait plutôt la valeur attribuée à la
contribution de l'immigration. Et pour ça, il ne semble pas y avoir beaucoup de
changement. Les gens continuent à reconnaître la valeur ajoutée de
l'immigration au Québec à travers le temps. Par contre, ils considèrent que,
bien, pour toutes sortes de considérations, il devrait... l'immigration nette
devrait être réduite. Donc, je ne suis pas... Je ne suis pas contre...
M. Fontecilla :
...n'est-ce pas?
M. Daoust (Jean-François) :
Bien ça, c'était sur la deuxième partie, pour la... le sentiment de menace
linguistique...
M. Fontecilla : Parfait.
M. Daoust (Jean-François) :
...qui n'est pas directement... envers l'immigration. Donc, dans un premier
point, là, on pourrait reparler du sentiment de menace linguistique, si vous en
voulez. Votre deuxième question s'articule... Bon, vous avez mentionné trois
sphères. Ça peut se faire dans plusieurs directions, c'est-à-dire que le
discours politique peut influencer les attitudes des gens. Les attitudes des
gens peuvent influencer le positionnement politique puis ce que les politiciens
vont dire. Et généralement, ce que... ce que les études nous montrent, c'est...
Bien, d'une part, c'est très, très dur d'isoler l'effet causal de qui influence
qui, mais que lorsqu'on a des bons designs, des bons devis de recherche pour le
faire, ce qui est plutôt rare, ça nous dit que les deux jouent. Ça nous dit qu'à
la fois le discours du politique influence les attitudes et que les attitudes
influencent les positionnements, surtout politiques. Donc, ce n'est pas... Ce
n'est pas nécessairement un ou l'autre ou les deux, ça peut être plusieurs.
M. Fontecilla :
Plusieurs. Il y a un quatrième terme dans ce système-là, c'est le pouvoir
médiatique aussi qui joue un rôle et qui influence peut-être beaucoup plus que
le pouvoir politique.
M. Daoust (Jean-François) :
Oui. Par exemple, ne serait-ce que de choisir quelles paroles on va rapporter
au Téléjournal, par exemple, et ensuite comment on va rapporter et
comment on va l'analyser. C'est sûr que les médias peuvent jouer un rôle
important. En même temps, il y a une partie... Les médias sont influencés par
ce que les gens veulent entendre, ce qu'ils considèrent important. Et donc,
encore une fois, l'influence ici peut être bidirectionnelle ou
multidirectionnelle si on a plus que deux... deux sphères, là.
• (16 h 30) •
M. Fontecilla : Dites-moi
si je me trompe, là, mais des fois on peut avoir... J'ai l'impression, en tout
cas, qu'il y a une sorte de découplage entre la réalité, un fait réel objectif
et l'opinion qu'on se fait sur ce fait réel là. Je vais vous donner un... Je
vais faire un parallèle, là, les changements climatiques. Il y a plein de
scientifiques qui disent que ça existe, mais il y a quand même un courant, un
courant fort, là, on va le dire, qui dit que ça n'existe pas. Et par-dessus ça,
on fait de la politique. Quel est le rôle et quelle est la... Et je veux
arriver à la notion de responsabilité du pouvoir politique. Quelle est la
responsabilité du pouvoir politique par rapport à ce découplage-là? Est-ce que
c'est dire, oser aller... pas... in extremis, aller à l'encontre de l'opinion
pour... d'un courant politique en disant : Vous vous trompez. Les
changements climatiques existent, ou dire non, vous avez raison, ça n'existe
pas? Donc, je vais légiférer dans un des deux sens
M. Daoust (Jean-François) :
Donc, si on avait une vision où vraiment ce n'est que l'opinion publique, là,
on se retrouverait dans la dernière situation que vous avez décrite c'est-à-dire
que si les gens nous disent que ça n'existe pas, le gouvernement devrait dire
que ça n'existe pas. Mais heureusement ce n'est pas que l'opinion publique qui
joue. Par contre, je pense qu'il faut amener une distinction vraiment
importante entre des objets qui seraient, des objets d'étude, qui seraient
objectifs, ou des objets qui sont considérés dans les débats qui sont objectifs
versus subjectifs, comme par exemple des opinions ou des attitudes. Là, vous
avez mentionné les changements climatiques qui est, selon moi, quelque chose
qui est mesurable objectivement parlant, mais aussi par exemple, pensons à...
à, par exemple, l'effet des vaccins, hein? Tout d'un coup, si les gens...
16 h 30 (version non révisée)
M. Daoust (Jean-François) : ...majorité
des gens pensent que les vaccins peuvent causer des choses qui ne sont pas
souhaitables, par exemple, que serait le rôle du gouvernement? Bien, je pense
que la distinction, elle est vraiment importante. Lorsque c'est quelque chose d'objectif
que la communauté scientifique sait vraiment, et, souvent, c'est davantage en
sciences naturelles plus qu'en sciences sociales, je pense qu'il n'y a pas de
raison pour le gouvernement d'aller contre ça. Et alors que quand c'est dans
des attitudes ou des opinions ou des questions de valeurs, là, ce n'est pas la
même chose, parce qu'il n'y a pas de réalité objective en tant que telle, et ça
dépend vraiment de la perception subjective des gens. Alors, s'il y a une
majorité de gens qui croient ci ou ça d'un groupe ou d'un autre groupe, c'est
quand même... on pourrait argumenter que l'opinion publique n'est pas au même...
n'est pas en adéquation avec la réalité qui devrait être, les perceptions qui
devraient être, mais c'est quand même différent que lorsqu'on aborde des choses
objectives, comme, par exemple, les vaccins, l'effet des vaccins sur toutes
sortes de maladies.
M. Fontecilla : Il y a la
notion de responsabilité, mais je vous amène à un thème qui nous préoccupe, là,
la capacité d'accueil. Vous avez parlé de capacités versus volonté... volonté
d'accueil. Là, on tombe dans des... on est dans un champ... ce n'est pas des
sciences pures, là, mais vous avez mentionné la nécessité de la définir, vous n'êtes
pas le seul d'ailleurs, là, et le débat tourne beaucoup autour de ça, c'est-à-dire,
on doit réduire le seuil d'immigration parce qu'on a dépassé notre capacité d'accueil
ou on doit... ou le contraire. Donc, quelle est votre pensée par rapport à
cette notion de capacité d'accueil ou versus volonté d'accueil?
M. Daoust (Jean-François) : En
fait, je pense que les deux sont des notions importantes et distinctes et... en
fait, la notion de capacité d'accueil mériterait à être définie. Et le point
que j'essaierais de faire, l'argument que j'essaierais de faire, c'est de dire
que la volonté d'accueil devrait être intégrée comme étant une composante
importante de la notion de capacité d'accueil. Alors, si on s'imagine une
espèce de rond, là, qui est la capacité d'accueil, on va bien sûr avoir le
nombre de logements disponibles au Québec, la capacité de notre système de
santé d'absorber d'autres patients, le système d'éducation, tout ce qu'on
connaît, les classiques, mais je pense qu'on doit ajouter une sous-bulle, si on
veut, dans ce cercle-là, qui est la volonté d'accueil. Pourquoi? Parce que,
sans cette volonté d'accueil là, même si on a assez de logements, même si on a
la capacité dans le système de santé et d'éducation, si cette volonté d'accueil
là n'est pas là, je pense qu'il y a beaucoup plus de risques d'alimenter des
tensions sociales et de créer ou de produire ou reproduire des inégalités.
Alors, je pense que les deux notions sont
distinctes. La première devrait être mieux définie puis mieux pondérée. On doit
attribuer un poids relatif à chacun des critères. Et surtout, l'argument que je
souhaite faire aujourd'hui, c'est que la volonté d'accueil devrait être un des
sous-critères de la capacité d'accueil. Est-ce que c'est clair?
M. Fontecilla : Oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Merci beaucoup, M.... Pr Daoust. C'était vraiment
intéressant. Alors, je vous... je vous souhaite une bonne fin de journée. Et,
pour les collègues, je vais suspendre quelques instants, le temps de recevoir
notre prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 35)
(Reprise à 16 h 40)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors à l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Donc, pour notre troisième, nos troisième, notre troisième groupe
d'invités, c'est le Regroupement des cégeps de régions, qui est représenté par
M. Sylvain Gaudreault, j'allais dire un vieux routier de la politique, mais
j'allais dire, il ne serait pas content de ce qualificatif. Il y a d'autres
qualités que ça, il est maintenant président et directeur général du cégep de
Jonquière, bienvenue dans votre enceinte; Mme Julie Gasse, qui est directrice
générale du cégep de Rimouski; ainsi que M. André Gobeil, directeur général du
cégep de Chicoutimi.
Alors, madame, messieurs, bienvenue à
l'Assemblée nationale. Donc, vous connaissez le principe. Vous avez
10 minutes pour vous présenter et présenter l'essentiel de votre mémoire,
de vos commentaires. Et, par la suite, nous allons en discuter avec les
parlementaires. Alors, le micro est à vous pour les 10 prochaines minutes.
M. Gaudreault (Sylvain) :
Merci, Mme la Présidente. Je voudrais saluer évidemment les membres de la commission,
les députés qui sont sur la Commission des relations avec les citoyens. Le
Regroupement des cégeps de régions vous remercie de nous accueillir aujourd'hui
dans le cadre de cette importante consultation pluriannuelle en immigration.
D'abord, une petite présentation du Regroupement des cégeps de régions. Nous
sommes évidemment tous membres de la Fédération des cégeps du Québec, mais le
Regroupement des cégeps de régions regroupe les 12 cégeps dans les régions
ressources, donc, les cégeps de Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Côte-Nord, Saguenay—Lac-Saint-Jean
et Abitibi-Témiscamingue, et nous nous réunissons, nous nous regroupons pour
faire ressortir...
M. Gaudreault (Sylvain) :
...les réalités et les intérêts, là, particuliers des cégeps en région. On partage
tous une même mission, assurer l'accessibilité, la vitalité et le rayonnement
de l'enseignement supérieur dans toutes les régions du Québec.
Comme vous le savez, les cégeps de région
sont des acteurs économiques, sociaux et culturels essentiels qui contribuent à
l'attractivité de nos milieux, à la rétention des jeunes et à l'intégration
réussie des personnes immigrantes. Vous me permettrez de souligner la
disparition récente du grand sociologue Guy Rocher, le père du réseau collégial
québécois. M. Rocher, comme vous le savez, avait compris, dès la création des
cégeps et la rédaction du rapport Parent, que le savoir devait être un moteur
de développement régional et un levier d'égalité des chances. Donc, c'est dans
cet esprit de M. Rocher que nous poursuivons aujourd'hui son œuvre, celle d'un
Québec qui mise sur l'enseignement supérieur pour bâtir des communautés fortes
et inclusives partout sur le territoire.
Vous avez reçu notre mémoire. Je ne veux
pas le lire mot à mot, vous l'avez. Mais je veux quand même insister sur nos
principales recommandations. D'abord, une planification pluriannuelle
prévisible et adaptée aux réalités régionales. La discussion lancée par le
gouvernement sur la capacité d'accueil du Québec en matière d'immigration est
une démarche que nous accueillons favorablement. Concernant la planification
pluriannuelle proposée, pour qu'elle soit véritablement efficace, nous croyons
qu'elle doit s'inscrire dans une durée minimale de trois ans. Cette stabilité
est essentielle pour amener les établissements... aux établissements,
c'est-à-dire, la prévisibilité nécessaire afin de planifier adéquatement leurs
effectifs, leurs programmes et leurs investissements. Chaque région connaît des
besoins distincts en matière de main-d'œuvre et de démographie, donc offrir une
marge d'adaptation annuelle régionale permettrait une meilleure répartition des
étudiants sur le territoire au bénéfice de l'ensemble du Québec.
Nous recommandons ainsi aussi la mise en
place d'un mécanisme d'autonomie régionale dans la gestion et l'attribution des
certificats d'acceptation du Québec pour les étudiants internationaux.
Également, le plafonnement actuel des dépenses en infrastructures, on a eu
l'occasion d'en parler dans d'autres tribunes, doit être aboli. Nos cégeps ont
besoin d'espace, de ressources également pour accueillir adéquatement la relève
étudiante, qu'elle soit d'ici ou d'ailleurs.
Deuxièmement, on propose une gestion
équitable et prévisible de l'immigration temporaire. Les décisions récentes en matière
d'immigration étudiante, notamment les décrets, qui limitent le nombre de
nouveaux étudiants internationaux, ont eu des conséquences majeures dans nos
régions. On pourra en reparler tout à l'heure avec vos questions. Ces mesures,
prises sans consultation préalable, fragilisent des programmes qui sont déjà
vulnérables et limitent la capacité d'action des cégeps régionaux.
On a quelques recommandations à ce sujet.
Par exemple, les cégeps doivent être exemptés de toute limitation d'accueil
concernant les étudiants internationaux. Les contraintes devraient viser
uniquement les institutions à l'origine, j'insiste là-dessus, à l'origine des
problèmes identifiés et non de l'ensemble du réseau. Les décrets qui limitent
les nouvelles admissions doivent donc être levés.
Le recours à de tels processus unilatéraux
ne doit plus se reproduire. Les décisions en immigration doivent être
concertées, prévisibles, alignées sur les besoins du marché du travail. Les
renouvellements des certificats d'acceptation ne devraient pas être inclus dans
les quotas. Le gouvernement devrait envisager de confier aux cégeps, en tant
qu'organismes parapublics autonomes, le rôle de mandataire pour l'émission des
certificats d'acceptation étudiants, à l'image de leur rôle actuel dans l'aide
financière aux études. Cela assurera une meilleure cohérence et une gestion
plus proche des réalités du terrain.
Finalement, nous recommandons... Nous
recommandons aussi la mise en place d'un mécanisme interne au réseau pour
identifier les programmes à protéger selon les besoins réels des régions,
plutôt qu'une liste figée établie de manière centralisée. Bref, les cégeps
publics de région font preuve d'exemplarité dans leur gestion étudiante et dans
leur accompagnement de leurs étudiants internationaux. Comme vous le savez, ça
a d'ailleurs été reconnu par le commissaire à la langue française, M. Dubreuil.
Troisième élément, l'immigration
permanente, c'est un levier de vitalité régionale. Pour nos établissements, le
passage des étudiants internationaux vers la résidence permanente est un
vecteur essentiel de rétention et de vitalité. Or, certaines mesures actuelles
compromettent cette transition. Là-dessus, on recommande d'inclure une
exemption pour les diplômes des programmes d'études... collégiaux, donc les
DEC, une exemption quant au niveau de français exigé pour l'obtention d'un
permis de travail postdiplôme. Et on demande au gouvernement de nous appuyer
là-dessus dans leurs revendications auprès du gouvernement fédéral. Parce qu'un
étudiant qui sort avec un DEC dans les cégeps du Québec a déjà forcément passé
l'épreuve uniforme de français, ce qu'on appelle l'EUF...
M. Gaudreault (Sylvain) :
...Et, pour nous, bien, c'est inutile que le gouvernement fédéral exige un
deuxième test de français pour ces étudiants.
On demande également de rétablir le
Programme de l'expérience québécoise dans sa version antérieure parce que sa
suspension prive les régions d'une main-d'oeuvre qualifiée qui est déjà
intégrée à nos milieux de vie.
Nous demandons également d'assurer une
meilleure coordination entre le PEQ et les permis de travail postdiplôme afin
de garantir la cohérence des politiques dans ce domaine de compétence partagée.
En conclusion, les cégeps de région sont
prêts à jouer pleinement leur rôle dans l'accueil, la formation et
l'intégration des personnes immigrantes. C'est également dans nos
établissements que sont enseignées les valeurs québécoises, notre culture,
notre langue. Une... Une planification pluriannuelle en immigration efficace se
doit d'intégrer quatre éléments clés à ses orientations structurantes, soit la
vision, l'autonomie, la prévisibilité et la consultation des parties prenantes.
Le RCR invite le gouvernement à prendre davantage en considération ces éléments
pour ainsi reconnaître la triple nécessité de respecter le rôle essentiel des
cégeps, de travailler en concertation avec eux et de laisser les cégeps gérer
de manière autonome leur capacité d'accueil.
Je terminerais, Mme la Présidente, en vous
disant que, depuis certainement 25 ans, les gouvernements successifs au
Québec, tous partis confondus, ont travaillé pour régionaliser l'immigration.
Ça fait 25 ans qu'on parle de ça. Nous, nous constatons que la meilleure
clé pour garantir la régionalisation de l'immigration, c'est certainement
l'admissibilité, l'admission des étudiants internationaux dans nos cégeps, en
français, et dans des milieux où ils vont se développer un réseau, qu'ils vont
parfois rencontrer, même, leur conjoint et conjointe future, qu'ils vont
s'établir en région, qu'ils vont faire leur stage, qu'ils vont découvrir des
milieux de travail, puis qu'ils vont rester en région.
Il y a des députés de région ici, autour
de la table, là, et vous le savez tous que les étudiants internationaux dans
nos cégeps deviennent des citoyens, deviennent des ressources humaines,
deviennent des actifs pour le développement de nos régions. Puis on est fiers
que les cégeps dans les régions y contribuent de façon puissante.
Alors, merci de nous recevoir. Maintenant,
on est prêts à recevoir vos... vos questions, puis avec mes collègues, que je
n'ai pas présentés, Julie Gasse, directrice générale du cégep de Rimouski, et
André Gobeil, directeur général du cégep de Chicoutimi, une circonscription
orpheline. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, merci pour cette présentation. On a beaucoup de
réflexions et de recommandations. On va donc entamer les discussions avec la
banquette gouvernementale et M. le ministre. Seize minutes 30 secondes.
• (16 h 50) •
M. Roberge : Merci beaucoup.
Bien hâte de remédier à cette situation de circonscription orpheline. Heureux
d'accueillir ce nouveau ou cette nouvelle députée dans votre formation
politique. Bonjour! Rebienvenue à l'Assemblée nationale. Content de vous voir,
de vous revoir, d'échanger avec vous. Entre amoureux du Québec, de
l'enseignement supérieur et des régions, on va trouver des points de
convergence, c'est sûr.
J'étais content de... d'entendre, dans
votre... dans votre présentation, votre désir d'avoir des discussions. Vous
accueillez favorablement la discussion sur la capacité d'accueil. Je trouve ça
intéressant. Parce qu'il y a des gens qui, au fil des rencontres... vous n'êtes
pas le premier groupe à passer, là, nous disent que ça n'existe pas, la
capacité d'accueil, tu sais, que plus de monde qui arrive, par magie, plus que
l'espace se crée, puis c'est comme infini, là. Alors que je pense qu'il faut
avoir un débat là-dessus. Il faut voir de quelle manière on est capables
d'accueillir de la meilleure façon, en considérant les espaces, en considérant
le taux de chômage puis les opportunités qu'il y a définitivement, dans vos
institutions, d'accueillir des étudiants étrangers. J'y crois beaucoup. Votre
final, j'aurais pu dire exactement ces mots-là. C'est clair que la
régionalisation de l'immigration passe définitivement en bonne partie par
l'établissement en région de nouveaux arrivants, soit dans des cégeps, soit
dans des universités. J'y crois fondamentalement. Il faut que ça continue.
Je trouve dommage qu'il y ait eu des
baisses cette année d'étudiants étrangers dans vos institutions. Ce n'était pas
l'intention avec la loi 74. On a donné le même nombre de CAQ que les années
précédentes. Et ça a été... D'après ce que je comprends, il n'y a pas
d'établissement de votre regroupement qui a atteint son quota. Donc, ce n'est
pas comme si...
M. Roberge : ...le quota
avait forcé de refuser des gens. Le contexte a été difficile pour accueillir
tout ce monde-là.
Je m'étonne par contre que vous vous
demandiez d'être exempté de toute limitation de capacité d'accueil. Il y a
comme plus aucune limite, plus aucune cible, ou peut-être que je vous ai mal
compris, mais il me semble que, sans imposer des plafonds qui vous empêchent
d'accueillir les étudiants que vous aviez il y a un an puis en vous permettant
même une certaine croissance, c'est quand même normal pour un État qui fait une
planification de l'immigration, bien, de fixer des seuils ou des cibles ou des
objectifs même positifs, qui peuvent impliquer des accroissements de
population. Mais de dire qu'il n'y a plus de cibles, plus de limite, il me
semble, que c'est contraire à l'exercice que l'on fait. J'aimerais ça vous
entendre à ce sujet-là.
M. Gaudreault (Sylvain) : Oui.
Bien, vous savez, dans le fond, ce sur quoi nous insistons, c'est sur
l'autonomie de nos institutions pour gérer nos capacités. Je vais laisser mes
collègues compléter. Mais on tient particulièrement à répéter que les
situations qui ont causé des problèmes par le passé ne découlent pas de
l'action des cégeps publics. Les cégeps publics... dans les collèges publics,
les cégeps dans les régions du Québec, ceux que nous représentons puis ceux de
la Fédération des cégeps du Québec, bien sûr, ont su très, très bien gérer le
recrutement, l'admissibilité, l'accueil et l'intégration des étudiants
internationaux. Et ce qui conduit les autorités publiques, le gouvernement, le
ministère, les médias également à parler des problèmes qui ont été, dans
certains cas, là, importants, dans certains milieux, bien ça ne découle pas de
l'action ou de l'inaction, je dirais, ou d'une mauvaise gestion des cégeps.
Veux-tu compléter ou... Julie?
Mme Gasse (Julie) : M. le
ministre, moi, je voudrais rebondir sur la lecture qui est faite à l'effet que
nous n'avons pas atteint les quotas qui nous avaient été accordés. Je pense
qu'il y a quand même une combinaison de facteurs qui a fait en sorte qu'on est
arrivés avec ce résultat-là. Il y a eu des décisions au niveau fédéral qui ont
laissé présager à la clientèle internationale. Peut être que ce serait plus
compliqué de rentrer au pays, et c'est assurément une couche, ça, qui a été
assez importante dans la partie décisionnelle, le choix de ces personnes-là de
continuer de poursuivre leur cheminement vers... vers le Québec. Alors, dans...
ce qu'on a constaté, c'est que cette impression-là qui avait été dégagée du
fait qu'il y avait des resserrements, tant au niveau fédéral que provincial, a
laissé sous-entendre à ces étudiants-là qui étaient déjà en cheminement pour
s'en venir au Québec qu'il aurait peut-être plus de freins. Ça les a
découragés, et ils ont opté peut-être pour d'autres destinations pour
lesquelles c'était peut-être plus sûr d'avancer dans leur projet de formation.
M. Gobeil (André) : Si je
peux me permettre d'ajouter sur cet élément-là? C'est à géométrie variable
dépendamment des cégeps. Lorsque vous avez imposé le décret, vous avez
dit : Bon, mais on va prendre le même CAQ que vous aviez dans le passé. Il
y a des cégeps qui ont eu... qui ont fait un travail d'orfèvre pour déterminer
le nombre exact de CAQ qu'on devait émettre. Il y en a d'autres qui ont
dit : Bien, nous, on continue d'en émettre plus, puis on verra de quelle
façon ça va se gérer à l'interne. Donc, c'est sûr et certain que, dans un
contexte où, comme Julie l'évoque, il y a eu une baisse d'intérêt pour venir
étudier au Québec à cause des différentes mesures tant fédérales que
provinciales, mais qu'on se retrouve dans une situation où on n'a peut être pas
réussi à émettre tous les CAQ qui nous étaient autorisés. Donc, il y a des
cégeps où on n'en a pas assez de CAQ, il y a d'autres cégeps qui en ont trop
parce qu'il y avait, entre autres, cette géométrie variable là dans la... dans
la gestion de ces documents importants.
Puis je reviens sur votre dernière
intervention par rapport au fait que... qu'on est là et on vous dit : On
ne veut pas nécessairement de limite. Il m'est apparu une image. C'est comme la
personne qui fait des marathons, qui est un athlète, qui a un poids santé, qui
s'entraîne et qui est en top shape. Mais vous lui dites : Je ne comprends
pas comment ça se fait que tu ne veux pas avoir mon régime. C'est exactement ce
que les cégeps ont fait par le passé, c'est-à-dire qu'on est efficaces, on le
fait bien, on a bien travaillé nos politiques d'immigration, d'accompagnement
de nos étudiants. On est vraiment, je dirais... dans les sacoches. Mais vous
nous dites : Pourquoi vous ne voulez pas faire mon régime? On n'en a pas
besoin, on le fait bien, puis on le fait très, très bien. Puis je pense que les
gens de nos communautés en périphérie de nos cégeps, ils sont... ils sont
reconnaissants du travail qu'on fait puis de la capacité qu'on a d'accueillir
nos étudiants, puis de les amener vers les emplois qui sont disponibles dans
leur milieu. Donc, c'est pour ça qu'on arrive devant vous avec... Tu sais, on
n'a pas besoin de limite, on l'a toujours fait bien. Moi, c'est mon
troisième...
M. Gobeil (André) : ...collégial,
j'ai été à Matane, j'ai été à Rivière-du-Loup, puis maintenant je suis au
Saguenay, et puis, à chaque fois, on a travaillé avec les étudiants
internationaux de façon impeccable. Et lorsqu'arrive une mesure comme celle que
vous avez posée, on a été un peu surpris. On aurait aussi aimé peut-être
travailler avec vous en amont. On aurait pu vous dire comment ça se passe, un
peu plus, puis de quelle façon on aurait peut-être pu trouver des éléments plus
chirurgicaux sans nécessairement en arriver avec cette mesure d'impact que vous
nous avez proposée.
M. Roberge : Bien, la
discussion va se poursuivre, assurément. Vous avez mon numéro, ceux de mon
équipe et celui de la nouvelle ministre de l'Enseignement supérieur. Parce que,
oui, il y a la planification pluriannuelle, et je précise que les universités
puis les cégeps publics ne sont absolument pas dans la mire pour des réductions
d'étudiants étrangers. Il y a, je vous dirais, des... vous avez dit des mauvais
joueurs ou des gens qui ont travaillé à la marchandisation, à la fois du
savoir, des programmes courts et de la citoyenneté québécoise et canadienne
pour en faire une espèce de modèle d'affaires. C'était légal, mais on s'attache
et on s'attaque, je vous dirais, à colmater ça. On ne veut pas, d'aucune
manière, s'en prendre à nos institutions régionales. Puis, à la phase deux,
l'an passé, c'était la phase un, on pourra peut-être avoir plus de flexibilité,
là. Vous avez... On veut s'arranger pour être sûr de donner de l'air à nos
institutions régionales, que l'on... que l'on chérit. Donc, je vais m'arrêter
là-dessus parce que j'ai, je pense, des collègues qui veulent poursuivre les
échanges avec vous. Peut-être que je reprendrai la parole, mais, sinon, je vous
remercie infiniment pour présence puis votre contribution.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Suis-je surprise de voir que le
député de Jonquière a des questions? Il vous reste encore
7 min 40 s.
M. Gagnon : Parfait. Merci, Mme
la Présidente. C'est un plaisir d'accueillir à l'Assemblée nationale ceux qui
ont traversé le parc des Laurentides. Et vous, Mme Gasse, qui avez longé le
fleuve. M. le Président, vous avez fait mon travail avant moi pendant 17 ans,
c'est un plaisir de vous accueillir aujourd'hui à l'Assemblée nationale.
M. Gaudreault (Sylvain) : ...
M. Gagnon : Quinze?
M. Gaudreault (Sylvain) : ...
M. Gagnon : Peut-être.
N'empêche que, maintenant, quand je vais vous voir dans votre cégep, vous faites
un très bon travail puis vous nous sensibilisez toujours à : Yannick, on a
un privilège dans notre région, quatre cégeps, universités. À chacune de nos
rencontres, vous le martelez, puis c'est important de l'entendre. C'est
important de l'entendre, puis ça montre aussi bien votre implication aussi,
quand on voit toute la délégation.
Je faisais lecture du rapport. Je vais y
aller avec une première question. Vous proposez une voie rapide pour la CAQ.
Quand vous parlez de voie rapide, vous parlez de retirer peut-être différentes
formations ou programmes...
M. Gaudreault (Sylvain) : Pour
le CAQ. Pour le CAQ.
M. Gagnon : Pour le CAQ,
excusez... Retirer différentes formations puis programmes pour le processus
habituel de le CAQ. Pouvez-vous élaborer? Dans le fond, quand on parle de la
voie rapide, mais... dans le fond, quand je regarde les statistiques, le
traitement d'une demande est assez court. 80 %, c'est 25 jours. Ça
cause...
• (17 heures) •
M. Gaudreault (Sylvain) : Bien,
en fait, ce qu'on déplore, c'est que, d'abord, du côté du décret, là, avec les
quotas, ça a complexifié beaucoup les choses pour le recrutement d'étudiants.
D'abord sur la tombée du décret, comme telle, qui était en février, qui ne
correspondait pas à nos périodes de recrutement à l'international.
Deuxièmement, le décret avec les quotas incluait les renouvellements, donc, les
renouvellements de certificats, donc pour des étudiants qui doivent renouveler
parce que leur parcours se poursuit ou qui sont... leur certificat est échu,
donc ils doivent le renouveler. Donc, déjà là, ça diminuait également les... c'est-à-dire,
ça allongeait les procédures.
Et l'autre élément, c'est la complexité
des... je vous dirais, des relations fédérales-provinciales. C'est pour ça
qu'on demande un meilleur arrimage. D'abord, le rétablissement du PEQ, le
Programme expérience Québec, avec les modalités autour du permis de travail
post-diplôme. Et on demande également d'avoir... qu'il n'y ait pas de double
test de français, parce que, comme je le disais tout à l'heure dans ma
présentation, vous savez, les étudiants qui sortent avec un DEC ont tous fait
l'épreuve uniforme de français... puis il a fait quatre cours de littérature et
l'épreuve uniforme de français qui est déjà plus sévère, je dirais, ou qui va
plus loin, en termes de connaissances ou de compétences, que les tests du
fédéral. Donc, nous, ce qu'on dit, c'est : Est-ce qu'on peut aller plus
rapidement, là, sur ces choses-là...
17 h (version non révisée)
M. Gagnon : ...puis, si je
peux me permettre, M. le ministre dit toujours qu'on est là pour écouter. J'aimerais
vous entendre davantage — C'est la première fois qu'on entendait ça — dans
les recommandations, «un mécanisme interne pour les programmes en région».
Une voix : ...
Mme Gasse (Julie) : Bien, dans
le fond, ce qu'il faut voir, c'est que les cégeps en région ont différents
programmes, des programmes qui ne remplissent pas nécessairement à 100 %.
Des fois même, on a des programmes à faibles effectifs qui fait en sorte qu'on
n'atteint pas le seuil minimal avec nos étudiants québécois pour démarrer ces
cohortes-là. Alors, c'est sûr qu'en accueillant des étudiants de l'international,
ça nous permet d'assurer le lancement de ces cohortes-là, de démarrer ces
programmes-là et, de fait, diplômer éventuellement des gens qui vont soutenir,
comme disait mes collègues, là, tout le tissu socioéconomique et communautaire
de nos régions. Alors, ce qu'on souhaite par ce mécanisme local là, si on
veut, c'est être capable d'être en mesure de dresser un portrait plus exact,
plus proche des besoins de nos régions qui sont associées à nos programmes
techniques, souventefois, pour être en mesure de bien... avoir un bon nombre d'étudiants
pour bien répondre à nos industries, santé et organismes sociocommunautaires.
M. Gagnon : Merci.
M. Gobeil (André) : Cette
délégation-là, on le voit déjà, on est... entre autres, dans nos
établissements, c'est nous qui gérons l'aide financière. Donc, si on gère l'aide
financière, on pourrait aussi gérer des émissions tout en faisant les redditions
de comptes qui sont associées à ce genre d'opération.
M. Gaudreault (Sylvain) : Autrement
dit, comme vous le savez, un étudiant, par exemple, qui a un besoin d'un
support ou qui... pas qui postule, mais qui fait une demande d'aide financière,
prêt ou bourse, bien, c'est géré localement, ans nos cégeps, on a des bureaux d'aide
financière. Alors, nous, on dit : Ça, c'est un modèle qui marche, qui fait
confiance aux instances locales. Alors, est-ce qu'on ne pourrait pas faire la
même chose avec les certificats... d'admission du Québec?
M. Gagnon : Je termine avec
un choix, Mme la Présidente. Je souhaite tout simplement que les deux
représentants du Lac-Saint-Jean repartent avec des pneus d'hiver. On dit qu'il ne
fait pas beau... C'est tout pour moi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Est ce qu'il y a d'autres questions? Oui, M. le ministre,
il vous reste encore 2 min 27 s.
M. Roberge : Je reprends...
rapidement. Vous avez parlé du Programme d'expérience québécoise Diplômés, le
fameux PEQ Diplômés, qui est comme la voie royale, un outil de vente incroyable
à l'étranger. Je me fais un peu critique de ça, parce qu'il est très attractif,
évidemment, mais il est automatique, c'est-à-dire que quelqu'un qui arrive ici,
peu importe dans quel domaine il étudie, peu importe que ce soit en région ou
en ville, peu importe que ce soit dans un secteur où on a réellement des
pénuries ou un autre secteur où on a même un surplus de main-d'œuvre
automatique, on donne le CSQ.
Dans un contexte où notre capacité d'accueil,
je pense qu'elle est dépassée, pas dans toutes les régions, mais à l'échelle du
Québec, je fais cette nuance. Il faut choisir. On ne peut pas dire oui à tout
le monde qui veut venir vivre au Québec cette année, on le voit, il y a plus de
600 000 temporaires, puis ça pourrait être plus que ça. Dans ce contexte-là,
plein de gens veulent venir, on ne peut pas prendre tout le monde. Est-ce que ce
n'est pas normal de sélectionner des diplômés du Québec, bien sûr, mais dans
des secteurs et dans des régions, plutôt que de dire : Tout le monde
gagne?
M. Gaudreault (Sylvain) :
Vas-y, Julie.
Mme Gasse (Julie) : Bien, je
pense qu'on est passé du tout au tout. On est passé peut-être d'une voie avec
un potentiel qui n'avait pas de limite à un arrêt. Alors, je pense qu'il faut
trouver peut-être un chemin, entre les deux, pour permettre justement à ce que
nos régions, mais aussi d'autres... Quand je parle de régions, je parle des
régions administratives à ce moment-ci, je pense que, dans l'ensemble du
Québec, on a une certaine évolution à appuyer par le domaine de la formation,
par l'arrivée de l'immigration aussi, qu'elle soit via la formation ou en
dehors des circuits de la formation. Mais je pense qu'il y a peut-être une
façon de mieux cibler l'arrivée de ces personnes-là, soit par rapport aux
besoins aux régions, soit par rapport à qu'est-ce qu'on veut aussi dans l'avenir
pour notre Québec, tout simplement.
M. Roberge : Merci beaucoup.
Ça répond très, très bien à la question. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, on en est rendu au tour de l'opposition
officielle pour 12 min 23 s.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, M. Gaudreault, Mme Gasse, M. Gobeil, bonjour. Merci d'être
là avec nous. Vous avez parlé de l'importance de la prévisibilité et de la
planification dans le domaine de l'immigration, et il y en a plusieurs, que ce
soit dans des cégeps ou universités, qui sont venus nous dire que le programme
du PEQ était un excellent programme...
M. Morin :
...j'écoutais
M. le ministre. Avec la suspension, est-ce qu'on est passé d'un scénario où
tout le monde gagne à tout le monde perd?
M. Gobeil (André) : Je peux y
aller. Ce qui est... Je pense, l'impact qu'on vit depuis un an et demi ou deux
ans, c'est le changement de règle à tout bout de champ de ce qui se passe en
matière d'immigration, que ce soit au fédéral, que ce soit provincial. Et il ne
faut pas sous-estimer le bruit que ça peut faire auprès des différentes
communautés de population immigrantes intéressées à venir s'établir au Canada
puis au Québec principalement et dans nos régions. Donc, cette situation-là...
puis il ne faut pas sous-estimer, je dirais, la capacité de communiquer dans
les milieux.
Je ne sais pas si vous vous rappelez, il y
a quelques années, le ministre, Jean Boulet, avait annoncé pour certains
programmes très précis, une gratuité pour des frais scolaires pour des
étudiants internationaux. Moi, je suis membre de la Commission des cégeps du
Canada, CICan, College and Institutes Canada, et puis tous les réseaux dans le
reste du Canada, les gens ont arrêté de postuler sur des possibilités d'aller
étudier dans les collèges canadiens parce qu'ils se disaient : Ah, on va
aller au Québec, c'est gratuit. Il y a eu une pénurie de demandes dans le reste
du Canada. Après ça, ça a été les permis de travail post-diplôme qui fait en
sorte que ça a amené des freins un peu. On a le PEQ, on enlève le PEQ, ça
aussi, ça crée des freins. Et c'est cette situation-là, quand on parle d'une
prévisibilité sur trois ans, on voudrait avoir des choses qui soient claires,
dans lesquelles on va pouvoir évoluer sur une période de temps, mais avec aussi
des outils pour nous permettre de recruter des gens qui vont venir contribuer à
un effort collectif, pas seulement économique, social, culturel aussi dans nos
milieux.
Et je prends pour exemple... on a un
programme en métallurgie au cégep de Chicoutimi, j'ai trois inscriptions. J'ai
quand même plusieurs entreprises qui sont dans le secteur de la métallurgie,
dont une importante qui s'appelle Rio Tinto, et on n'est pas en mesure de
recruter. Avec un PEQ, avec un programme de permis de travail post-diplôme,
avec tous ces éléments-là, ça pourrait me permettre facilement de recruter des
gens qui sont essentiels au développement des entreprises comme celle-là.
M. Morin : je comprends
qu'avant la suspension du PEQ, avant les décrets et le nombre de CAQ, vous
l'avez souligné, ça a été fait sans consultation. Vous, vous vous êtes réveillé
un matin, vous aviez un fait accompli devant vous. Qu'est-ce que vous pensez de
l'idée de... en matière d'immigration, de s'asseoir avec les régions, les
cégeps, dans des forums régionaux puis essayer véritablement de planifier, donc
décentraliser plutôt que d'avoir des gens... habituellement, ils sont dans la
capitale nationale, qui prennent des décisions? Et là vous, vous avez à vivre
avec. Et qu'est-ce qui arriverait si on faisait ça à l'envers, si on partait de
chez vous puis des régions pour arriver dans la capitale nationale?
Mme Gasse (Julie) : Bien,
effectivement, moi, je pense que les personnes les plus appropriées pour
déterminer les besoins, c'est seuils-là, éventuellement, ce sont les leaders
tant en formation, tant les leaders économiques, les responsables de nos
régions, puisque, d'une région à l'autre... on représente plusieurs régions,
mais chacune de nos régions qu'on représente au sein de notre regroupement sont
très différentes. Puis même chacun des cégeps ont des capacités d'accueil très
différentes, soit en termes de solutions mobilières, soit en termes de capacité
d'intégration sociale.
Alors, ce sont tous des variables...
toutes des variables, pardon, qui entrent en ligne de compte. Et ce portrait de
situation là, je pense que les personnes les plus appropriées sont celles-là
mêmes qui viennent de ces fameuses régions là. Ça ne veut pas dire qu'on aurait
une tendance globale, on ne pourrait pas avoir... on pourrait avoir un objectif
global, mais je pense que c'est important que chacune des personnes qui sont à
même de redresser ce portrait de situation là soit appelée à dialoguer avec ces
changements-là.
• (17 h 10) •
M. Morin : Et je vous...
M. Gaudreault (Sylvain) : ...
M. Morin : Oui, allez-y, je
vous prie.
M. Gaudreault (Sylvain) :
...compléter parce que je suis entièrement d'accord avec vous. Vous savez, pour
moi, souvent, le synonyme de décentralisation, c'est confiance, c'est de faire
confiance à une instance locale. Et vous savez, au Québec, la dernière instance
décentralisée dans les régions sont les cégeps. Les municipalités, c'est des
gouvernements locaux, ce n'est pas pareil. On n'a plus de conseils
d'administration de centres de santé, c'est l'agence Santé Québec. On n'a plus
de conseils régionaux de concertation et de développement — puis là,
je parle tous gouvernements confondus, ça a été réduit, voire éliminé — on
n'a plus de centres locaux de développement. La dernière instance décentralisée
avec un conseil d'administration autonome représenté par des gens du milieu, du
socioéconomique, des diplômés, des représentants des entreprises, des
syndicats, des partenaires du marché du travail, des étudiants, des parents,
des enseignants, du personnel de soutien sur le conseil d'administration, c'est
le cégep. Alors, confiance, synonyme de décentralisation...
M. Gaudreault (Sylvain) : ...on
va s'asseoir, on va... on va penser à l'avenir du Québec, mais on est capables
de le gérer. Puis la démonstration, c'est pour ça que j'ai cité Guy Rocher,
là : depuis plus de 50... presque 60 ans, les cégeps ont livré la
marchandise. On va continuer de le faire avec ce défi démographique qu'on a
puis de gestion de l'immigration. Alors, faites confiance aux cégeps. On va
s'asseoir pour en parler. Mais je suis entièrement d'accord avec vous.
M. Morin : Parce que je
vous... je vous écoute et, tu sais, vous êtes... vous êtes véritablement un
moteur et un leader dans vos régions respectives.
M. Gaudreault (Sylvain) : ...
M. Morin : Tout à fait. Sans
pollution, c'est parfait. Mais, tu sais, vous parliez tantôt de Rio Tinto
Alcan. Donc, vous êtes capables de vous asseoir avec des entreprises dans votre
région puis dire : Moi, j'ai un programme en métallurgie, voilà ce que je
peux offrir. L'entreprise vous dit, j'imagine : Bien, nous, on a besoin de
tant ou tant de travailleurs. Vous êtes capables de vous enligner. Après ça,
bien, si vous regardez vos logements étudiants, vous savez combien est-ce qu'il
y en a de disponibles. Donc, vous devriez être capables, je pense, d'arriver
avec des recommandations pour le gouvernement en disant : Bien, nous, dans
notre région, c'est ce qu'il nous faut. Puis probablement que votre région ne
vit pas les mêmes enjeux que l'Abitibi, nécessairement, ou Matane.
M. Gobeil (André) : C'est ce
qu'on faisait depuis 15 ans. On faisait ces choses-là. C'est-à-dire, comme
Sylvain l'évoquait, on est en contact avec nos milieux, on a une proximité avec
les gens, on connaît les besoins. Et le recrutement à l'international, c'est
comme ça qu'on le faisait aussi, en s'assurant de pouvoir maintenir nos
programmes puis répondre aux besoins des entreprises de nos milieux. On le fait
déjà. Donc là, on a un changement... il y a le changement de règles, mais c'est
quelque chose qu'on fait. Donc, oui, si vous nous proposez un chemin de cette
façon-là, on peut revenir à ce qu'on faisait très, très bien, puis ça serait...
puis c'est des éléments qu'on a soumis, d'ailleurs, dans notre rapport.
Je ne sais pas si, Julie, tu voulais
ajouter là-dessus.
Mme Gasse (Julie) : Oui.Puis,
en complément, on parle beaucoup, là, de l'industrie, du milieu économique,
mais c'est aussi vrai pour le domaine de la santé, le domaine de l'éducation à
l'enfance. On a beaucoup de programmes, là, justement, qui sont touchés par
cette diminution de CAQ... des CAQ, des quotas, en lien avec l'éducation à
l'enfance. On a analyse biomédicale qui... par exemple, on parlait de
discussions avec des dirigeants qu'on pouvait avoir entre cégeps et CISSS.
C'est exactement ce qu'on a ici, à Rimouski. À Rimouski, on discute avec les
responsables des différents secteurs de l'organisation puis on est capables de
savoir combien ils auraient besoin de main-d'oeuvre. Puis ça, c'est comme ça
qu'on gérait au quotidien, dans le fond, le recrutement de nos étudiants.
Alors, ça revient à ce que vous disiez, c'est important, ce dialogue-là, oui.
M. Morin : Les décisions qui
ont été prises par le gouvernement de la CAQ, est-ce que ça a eu un impact sur
certains de vos programmes? Est-ce qu'il y a des programmes qui sont en péril à
cause de ces décisions-là gouvernementales?
Mme Gasse (Julie) : Bien, le
fait que nous ayons moins de quotas a, effectivement, un impact assez important
dans des programmes, les programmes, notamment, en construction, en
technologie, tantôt je parlais d'analyse biomédicale, dans le secteur maritime
aussi, architecture navale, logistique du transport, les secteurs de
l'administration aussi, qui est quand même une couche assez importante, là,
dans tout ce qui est en lien avec le suivi de nos activités. On en a en
transformation des produits forestiers. C'est des secteurs... En métallurgie,
on parlait tout à l'heure. Alors, c'est des secteurs aussi qu'on voit un peu en
péril avec toute la crise économique qu'on vit, avec les droits de M. Trump.
Alors, on se dit : Bien là, on est comme happés des deux côtés, autant par
notre impossibilité à assurer le démarrage des cohortes, comme je disais tout à
l'heure, parce que ces étudiants-là nous permettent d'assurer de démarrer ces
cohortes-là et ainsi avoir un nombre suffisant de diplômés pour appuyer nos
entreprises et nos organisations.
M. Morin : Est-ce qu'il y a
des cohortes qui ont été retardées ou fermées à cause de ces décisions-là?
M. Gobeil (André) : ...des
collèges qui ont suspendu des programmes.
M. Morin : ...lesquels?
M. Gobeil (André) : Bien, une
suspension de programme, c'est-à-dire qu'il n'y a pas assez d'étudiants pour
pouvoir l'offrir, puis, finalement, on dit : Bien, l'année prochaine, nous
n'offrirons pas ce programme, on va attendre à l'année suivante parce qu'il manque
d'étudiants, puis des programmes qui sont dans des domaines techniques qui sont
tous en lien avec des besoins de nos milieux, que ce soit en
télécommunications... Même nous, on a eu cette réflexion-là par rapport à des
programmes comme métallurgie ou d'autres programmes de cette nature-là.
Mme Gasse (Julie) : ...
M. Gaudreault (Sylvain) : Oui,
c'est ça. Techniques d'aménagement et... Techniques d'aménagement et
d'urbanisme du côté de Matane, du Cégep de Matane, est suspendu depuis trois
ans.
Vous savez, on a des programmes... là, je
regardais ma liste, là, pendant que mes collègues parlaient, on pourrait vous
en nommer plusieurs, je pense à Baie-Comeau, des programmes qui sont
fragilisés...
M. Gaudreault (Sylvain) : ...technologie
forestière, techniques d'éducation à l'enfance, génie civil, techniques
administratives, techniques d'aménagement cynégétique et halieutique. Du côté
de Rivière-du-Loup, les programmes plus fragilisés par la diminution
d'étudiants internationaux, soins infirmiers, éducation à l'enfance. En
Abitibi-Témiscamingue, les programmes... fragilisés, pardon, technologie
minérale, technologie forestière, techniques d'éducation à l'enfance. Puis on
peut continuer comme ça dans tous les cégeps qui sont membres du Regroupement
des cégeps de régions.
Je pense qu'il y a une chose qu'il faut
bien comprendre, là. Nous sommes tous ici préoccupés par la saine gestion des
fonds publics. Bien, ça coûte pas mal plus cher à l'État de gérer des
programmes qui sont fermés, puis des profs mis en disponibilité, puis des
laboratoires sous-utilisés ou pas utilisés que de gérer des étudiants qui
viennent pour justement étudier dans ces programmes-là. C'est ça qui fait en
sorte que c'est... que c'est rentable, puis que c'est intéressant, puis que
l'investissement a des retombées. Gérer des espaces vides, gérer des profs MED,
gérer des programmes qui ferment, ça, ça coûte cher à l'état.
Puis l'autre élément, quand on a créé les
cégeps, là, je reviens là-dessus, je... déformation professionnelle
d'historien, mais quand même, quand on a créé les cégeps, c'était pourquoi,
c'était pour assurer la démocratisation de l'accès à l'enseignement supérieur
dans toutes les régions. Les programmes que je viens de vous nommer, puis on
pourrait en nommez plusieurs autres, ils sont partout sur le territoire pour
permettre aux étudiants puis aux étudiantes en provenance, par exemple, du
Saguenay Lac-Saint-Jean, du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, peu importe, de
pouvoir avoir accès au même titre que n'importe qui sur le territoire, qu'il
soit à Montréal, ou à Laval, ou à la Capitale-Nationale. Donc, si on vient
fragiliser des programmes qu'ils ne sont pas capables d'ouvrir, comme
aménagement et urbanisme...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
M. Gaudreault (Sylvain) : ...disons,
à Matane, bien, les étudiants de cette région-là vont être obligés d'aller
étudier en aménagement et urbanisme à Montréal ou ailleurs. Donc, c'est... Il
faut avoir en tête que les étudiants internationaux soutiennent la poursuite de
la démocratisation...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
M. Gaudreault (Sylvain) : ...de
l'enseignement supérieur dans les régions.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. On va terminer nos discussions avec le
député du deuxième groupe d'opposition pour quatre minutes huit secondes.
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme, Messieurs. Merci, merci beaucoup de nous éclairer
avec votre vision. On entend beaucoup parler dans ces consultations-là de la
dichotomie qu'il peut y avoir entre la capacité d'accueil versus la volonté
d'accueil. Et je vous pose la question parce que vous demandez davantage du
financement des infrastructures pour, entre autres, héberger des étudiants et
étudiantes, avoir plus de classes, etc. Comment concevez-vous, comment
voyez-vous, là, cette relation entre volonté d'accueil et capacité d'accueil?
Mme Gasse (Julie) : En fait,
pour plusieurs des cégeps du regroupement puis même pour l'ensemble de la
fédération, je crois, le premier problème, ce n'est pas tant d'agrandir, c'est
de s'assurer de la bonne mise à niveau de nos infrastructures. On a plusieurs
cégeps qui sont justement en très grand déficit en lien avec cet état de santé
là pour nos bâtiments. Ce qui est inquiétant, c'est que le besoin de base, il
doit être maintenu, il doit être préservé, il doit être entretenu, et on...
présentement, le niveau de financement que nous recevons ne nous permet même
pas d'affirmer ça. Ensuite, on pourrait parler peut-être de l'augmentation de
la capacité, mais je pense que, dans un premier temps, c'est par rapport à
l'entretien de ce que nous avons déjà que nous avons besoin. Et la question de
l'immigration s'invite parce que nous devons maintenir nos cours autant pour
nos étudiants québécois que pour les étudiants que nous accueillons. Et c'est,
je pense, la première... la prémisse de cette affirmation-là. Je pourrais
peut-être laisser mes collègues continuer.
• (17 h 20) •
M. Gobeil (André) : ...me
permettre d'ajouter. Les 12 membres du réseau des cégeps de régions, on
est tous sous notre devis. Autrement dit, le nombre d'étudiants qui est prévu
par établissement, le nombre d'étudiants qui sont réellement présents est
inférieur à la capacité de nos établissements. Donc, on a une capacité
d'accueil qui est là. Donc, on ne veut pas dire... Par exemple, pour mon
collège, c'est 3 200, on est à 2 300 étudiants actuellement.
Donc, j'ai de l'espace encore pour pouvoir accueillir des nouveaux étudiants.
Quand on vous présente des éléments comme aujourd'hui, quand on parle
d'infrastructures, ce n'est pas de nous monter à 5 000 puis à 6 000,
c'est de pouvoir accueillir des personnes qui sont en mesure de contribuer, tu
sais, là, au développement de nos programmes. Donc, on est vraiment dans cette
situation-là.
Puis je veux rappeler, encore une fois, je
pense que c'est important de le faire. Nous, les étudiants internationaux, ça
n'amène aucun argent. Les sommes, qu'elles sont... qui paient pour pouvoir
venir étudier au Québec dans un établissement public comme un cégep, les sommes
sont retournées au ministère. Sur l'ensemble des frais de scolarité, 90 %
retourne au ministère, 10 % reste pour gérer pour nous l'administration.
Ça nous permet... On convertit avec un étudiant international, on le convertit
en étudiant local avec ce système-là. Donc, tout à l'heure, M. Roberge, je vous
ai... tu sais, vous...
M. Gobeil (André) : ...tu
sais, le problème, c'était ça, des usines, des gens qui accueillaient plein
d'étudiants, puis qu'on n'avait pas de contrôle, mais... Pas «usines». Je ne
veux pas vous paraphraser, vous faire dire des choses que vous n'auriez pas
dites. J'espère que vous ne serez pas cité là-dessus. Mais on évoquait des
situations comme celles-là. Ce n'est pas le cas des cégeps. Ce n'est pas nous,
les gens qui font ces choses de cette nature-là. Nous, on est à l'intérieur des
limites puis on le fait bien, encore une fois. Donc, on a de l'espace, on a une
capacité. Oui, effectivement, dans nos milieux, on a des défis, mais ces
défis-là sont capables d'être relevés par notre société civile en termes
d'hébergement puis de services à offrir. Donc, pour moi, je ne pense pas que ce
soit un enjeu. Puis, quand on l'évoque, c'est juste pour maintenir nos
équipements puis nos infrastructures en mesure de donner des programmes de
qualité aux étudiants tant locaux qu'internationaux.
M. Fontecilla : Vous dites
que... Vous êtes assez... comment dire, vous allez... vous allez loin, là. Vous
exigez la gestion de certificats d'acceptation du Québec, les CAQ, là, donc
c'est... en quelque sorte, on pourrait avoir une vision comme quoi... dans le
sens où c'est l'État qui gère cette notion-là, mais...
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
En terminant.
M. Fontecilla : ...mais vous
réclamez ce pouvoir-là. Pourquoi?
M. Gaudreault (Sylvain) : Bien,
c'est pour avoir plus de flexibilité et d'être adaptés aux réalités quand on
vous dit par exemple la réalité du marché du travail. Mais quand... quand on
demande la gestion, c'est... on parlait de décentralisation tout à l'heure,
c'est une gestion décentralisée. Comme l'aide financière aux étudiants, c'est
géré par le ministère, mais c'est appliqué sur... dans le cégep. C'est...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, c'est ce qui termine cette... cette
audition. Alors, Mme, messieurs, merci de votre apport, de vos commentaires.
Ils sont bien accueillis par la commission. Je souhaite bon retour.
Et je vais suspendre quelques instants, le
temps de recevoir notre dernier groupe de la journée.
(Suspension de la séance à 17 h 23)
(Reprise à 17 h 25)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations
avec les citoyens reprend ses travaux. Donc, comme derniers intervenants
aujourd'hui, nous recevons M. Graham Carr, recteur et vice-chancelier de
l'Université Concordia, M. Pascal Lebel, directeur général des relations
gouvernementales, ainsi que Mme Stéphanie de Celles, registraire à l'Université
Concordia. Mme, Messieurs, bienvenue à la commission. Donc, vous allez avoir
une période de 10 minutes pour présenter l'essentiel de vos
recommandations, de votre mémoire. Et, par la suite, nous allons pouvoir en
discuter avec les parlementaires. Le temps est à vous d'ores et déjà. Allez-y.
(Visioconférence)
M. Carr (Graham) : Merci, Mme
la Présidente. Merci de nous permettre de participer à ce processus...
Nous comprenons que le gouvernement souhaite
réduire le nombre de personnes immigrantes temporaires sur le territoire afin
de soulager la pression sur le logement et sur les services publics...
M. Carr (Graham) : ...or, une
baisse de l'immigration temporaire aura aussi nécessairement plusieurs effets
négatifs à court, moyen et long terme. Il est donc important de limiter le plus
possible les impacts négatifs. Or, en incluant les étudiants internationaux et
universitaires dans cet effort, nous croyons fortement que la planification du
gouvernement aura des effets négatifs, voire pervers, sur l'économie et la
société québécoise. Ils ne sont donc pas la cible à privilégier dans cet
exercice d'arbitrage.
Au cours des dernières décennies, le
Québec s'est imposé comme un chef de file dans la production de nouveaux
savoirs et de nouvelles technologies. Aujourd'hui, le Québec compte 13 des
50 meilleures universités de recherche au Canada. L'importance des
étudiants et chercheurs internationaux dans un tel environnement ne saura
être... En effet, l'automne 2024, 46 % de toutes les inscriptions aux
programmes de recherche, de maîtrise et de doctorat, à travers le Québec,
provenaient d'étudiants internationaux. Ces étudiants hautement qualifiés sont
tout simplement indispensables au bon fonctionnement de tous les laboratoires
et centres de recherche du Québec. Ils stimulent également des innovations et
enrichissent le capital humain, ce qui a des répercussions positives pour les
économies locales et nationales.
Selon une étude de... les étudiants internationaux
contribuent chaque année plus de 4 milliards de dollars à l'économie
québécoise. Cela représente presque la moitié de la taille du secteur de
l'aluminium, un secteur névralgique pour l'économie du Québec. Finalement, la
présence des étudiants internationaux renforce la compétitivité des
institutions sur la scène mondiale... en grande partie grâce à sa population
étudiante internationale, Montréal est la ville canadienne la plus active en
matière de recherche. Cependant, au cours des cinq dernières années, il y a eu
au moins 10 changements majeurs de politiques touchant les étudiants
provenant de l'extérieur du Québec. Ici aussi, les politiques fédérales ont
posé des problèmes, entraînant une baisse de demandes d'inscription d'étudiants
étrangers dans les universités à travers le Canada. Avec le recul, nous
estimons que les quotas imposés au Québec sont inutiles, car les restrictions
fédérales visant les étudiants étrangers entraînent à elles seules une baisse
significative des demandes d'admission.
• (17 h 30) •
D'autres indices témoignent également des
répercussions négatives de ces politiques sur la réputation internationale du
Québec. Par exemple, en 2017, QS, une agence de classement réputée basée à
Londres, a classé Montréal... ville universitaire... Cette année, nous sommes
arrivés à la 18e place. La concurrence pour recruter les meilleurs talents
est devenue de plus en plus intense. Je vais vous donner un autre exemple.
Notre projet Voltage est actuellement en train de recruter 250 doctorants
à la recherche sur l'électrification, un domaine qui reste économiquement
important pour le Québec. Voltage a reçu 200 millions de dollars en
financement de recherche du Canada, du Québec et de partenaires privés. Elle
est en mesure de financer entièrement ces postes. Cependant, en raison des
quotas et de la mauvaise perception du Québec, il est difficile d'attirer des
étudiants internationals pour ce projet. De même, il est devenu extrêmement
exigeant de traiter les demandes que... Que ce soit intentionnel ou non, ces
changements politiques ont donné à de nombreux étudiants étrangers un sentiment
d'être indésirables et...
17 h 30 (version non révisée)
M. Carr (Graham) : ...l'accueil
au Québec. La preuve? Les universités québécoises ont constaté cette année une
baisse des inscriptions des étudiants internationaux allant de 25 % à
50 %. Le déclin de la stature internationale est particulièrement regrettable
étant donné que les États-Unis ne sont plus une destination privilégiée pour
les candidats internationaux, et ce, sans compter l'impact financier qui ne
peut pas être compensé par une augmentation du nombre d'étudiants de premier
cycle du Québec. L'augmentation du nombre d'étudiants québécois dans nos
universités découle de la forte croissance actuelle du nombre d'étudiants dans
les cégeps et se concrétise donc au premier cycle. Bien que nous soyons très
heureux d'accueillir davantage d'étudiants locaux, les étudiants qui commencent
le premier cycle ne peuvent pas répondre aux besoins actuels du Québec en
matière de recherche. Et il n'y a pas assez d'étudiants québécois aux cycles
supérieurs en ce moment pour remplacer les étudiants internationaux.
Nous comprenons et soutenons la nécessité
d'adopter une approche équilibrée en matière d'immigration. Pour se faire, soulignons
d'abord quelques faits importants de notre mémoire concernera les universités.
Entre 2018 et 2024, la hausse des étudiants internationaux dans les universités
québécoises n'a été que 12 900 d'étudiants, soit 29 %. Cette hausse fut
fortement encouragée par le gouvernement du Québec. Elle s'est faite dans les
universités francophones surtout en région, conformément aux objectifs du
gouvernement. Notons aussi que les universités anglophones ont eu plutôt une
baisse de près de 1 000 étudiants pendant cette même période, soit
moins 5 %.
Le Québec constate déjà de nombreux effets
négatifs à court terme liés à la limitation du nombre d'étudiants
internationaux. Cependant, le processus de consultation en cours offre l'opportunité
de limiter, voire d'inverser ces effets négatifs à l'avenir. Par conséquent, nous
recommandons au gouvernement de ne pas réduire davantage le nombre d'étudiants
internationaux au niveau universitaire et qu'il abroge le décret de 2025. Si le
gouvernement tient particulièrement à conserver des quotas à travers un décret,
nous recommandons qu'il retire les quotas pour les cycles supérieurs ainsi que
pour les demandes de renouvellement de certificats d'acceptation du Québec.
Nous recommandons aussi que le gouvernement améliore et accélère les procédures
conduisant à l'obtention ou au renouvellement d'un CAQ. En ce qui concerne le Programme
de l'expérience québécoise volet diplômés, nous recommandons son maintient tout
en le modifiant pour les critères prennent en compte les compétences en français
réelles de la personne candidate plutôt que du statut linguistique de son
programme universitaire.
Grâce à une planification réfléchie de l'immigration
pour les étudiants internationaux, nous pouvons maintenir la place légitime du
Québec en tant que pôle d'attraction pour le monde entier et qui est dans l'intérêt
de tous les Québécois et toutes les Québécoises.
Nous vous remercions de votre attention et
de la prise en considération de ces recommandations.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup pour cette présentation. On va donc
commencer les discussions avec les parlementaires. On va commencer avec M. le
ministre. La parole est à vous pour 16 min 30 s.
M. Roberge : Merci bien.
Merci pour votre présentation. Il y a beaucoup été question de l'effectif total
à Concordia, l'ensemble des étudiants ou les étudiants étrangers. Vous avez
parlé particulièrement aussi de la...
M. Roberge : ...de la
recherche, mais je suis très conscient que... et nous sommes très conscients au
gouvernement qu'à la grandeur du Québec il y a une part considérable de la
recherche qui se fait au cycle supérieur par les étudiants étrangers. Puis
d'ailleurs, avec la loi n° 74 adoptée l'an passé, les premiers décrets,
les CAQ par quota ou par niveau, c'est une stabilisation qu'on a faite. Il n'y
a pas d'universités qui ont eu moins de CAQ pour cette année que les années
précédentes. Et ça, c'est important de le préciser. À Concordia, cette année,
si je ne m'abuse, vous avez un petit peu plus d'étudiants, quand on regarde
l'ensemble de votre effectif étudiant, une hausse d'à peu près 1,1 %. Vous
avez cependant moins d'étudiants étrangers, pas à cause des quotas, vous n'avez
pas réussi à utiliser l'ensemble vos quotas, mais vous avez moins d'étudiants
étrangers, mais vous avez quand même une hausse de l'effectif étudiant. Est-ce
que ce sont surtout des étudiants québécois ou canadiens qui ont permis de
compenser et même d'augmenter l'effectif étudiant?
M. Carr (Graham) : Merci pour
la question. L'augmentation, c'est lié avec le recrutement d'étudiants
québécois principalement. Maintenant, notre effectif à l'université, et je
pense que ça nous distingue comme université anglophone, 72 % de nos
étudiants sont Québécois.
M. Roberge : Sont quoi?
Excusez-moi.
M. Carr (Graham) : 72 %
de nos étudiants sont des Québécois. Et il y a... Et nous sommes à 17 %
des étudiants internationaux qui nous placent à... septième parmi les
universités québécoises dans...
M. Roberge : Bon. Là, nous
sommes à l'automne 2025. Vous nous dites qu'il y a eu une baisse
d'étudiants étrangers cette année par rapport aux admissions pour la session de
septembre 2024. Si je ne m'abuse, la session de septembre 2024 représentait
aussi une baisse par rapport à septembre 2023. Je ne sais pas si vous avez ces
informations-là sous la main, mais, entre 2022 et 2023, c'est ça... c'est ça,
il y a eu une baisse. De quel ordre était cette baisse entre septembre 2022 et
septembre 2023? C'est ça? Oui.
M. Carr (Graham) : Je vais
demander à Stéphanie de répondre. Vous avez raison, on a vécu une baisse...
aussi. Le chiffre... c'est...
• (17 h 40) •
M. Roberge : ...OK. D'accord,
c'est ça, il y a eu une baisse. C'est parce que tout à l'heure, j'étais
surpris, vous avez dit : Il y a eu une baisse d'étudiants étrangers en
raison des quotas. Or, bien, cette année, les quotas, le nombre de CAQ était
égal à ceux de l'an passé. Donc, ce n'est pas parce que, tout à coup, on... le
gouvernement vous permettait... ne vous permettait pas d'avoir le même nombre
d'étudiants, c'était le même nombre de CAQ. Et ce que je sais, c'est que la la
tendance à la baisse à Concordia a commencé non seulement avant qu'on émette
les quotas de CAQ, a même été commencée avant qu'on dépose le projet de loi
n° 74. C'était antérieur. On n'avait même pas le début du commencement de
l'écriture du projet de loi qui allait amener des quotas et, déjà, Concordia
perdait des étudiants étrangers. Donc, on ne peut pas faire une relation de
cause à effet, avec respect, entre une base d'étudiants étrangers et une loi
qui n'était même pas écrite, même pas déposée à l'Assemblée nationale. Est-ce
que c'est possible que cette spirale à la baisse ait commencé plutôt avec les
annonces du gouvernement canadien qui a annoncé, lui, de son côté, pour
l'ensemble du Canada, des baisses de 50 % et 35 % d'étudiants
étrangers? Même si, dans les faits, les plafonds qu'ils mettaient ne touchaient
pas le Québec, mais à l'international, quand le gouvernement du Canada parle,
ça résonne plus fort. Et je pense qu'il y a une corrélation sur une ligne du
temps entre les annonces fédérales et la première baisse à Concordia pour les
étudiants étrangers.
M. Carr (Graham) : Ah! vous
savez, il y a plusieurs raisons. Je n'ai pas dit que le facteur va... qui a
créé la baisse cette année, c'est les quotas. J'ai fait référence à l'impact
des politiques fédérales et j'ai fait référence au fait aussi que, pendant les
dernières années, il y a beaucoup de changements à de politiques au niveau du Québec
et au niveau du fédéral qui affectent...
M. Carr (Graham) : ...d'ailleurs.
Alors, il y a... il y a une panoplie de facteurs, les quotas de... qui étaient
appliqués après la... l'adaptation de la loi 74, a ajouté un autre élément
dans tout ça. Mais ce n'est pas... Ce n'est pas le seul facteur.
(Interruption)
M. Carr (Graham) : Oh!
M. Roberge : La lumière s'est
éteinte, mais on a continué de vous voir. Très bien. Merci. Je suis content que
vous soyez encore là. J'ai eu peur de vous perdre.
M. Carr (Graham) : C'est
difficile de... de... parce que je suis chauve, c'est difficile de... avec les
lumières.
M. Roberge : OK. Vous m'avez
déstabilisé, là! Oui. OK. Très bien. Pour ce qui est de la capacité de
recherche, parce que je suis conscient, puis d'autres l'ont dit avant vous, là,
beaucoup de la recherche à l'échelle du Québec se fait par des étudiants
étrangers. Néanmoins, ce que je vois, c'est qu'à Concordia, cette année, malgré
une baisse d'étudiants étrangers, vous avez une hausse de 5.4 % au
troisième cycle au doctorat. Ce n'est pas quelque chose qu'on observe partout.
HEC aussi a eu une hausse cette année de 11 % en troisième cycle. Même
s'il y a moins d'étudiants étrangers, ils ont une hausse d'effectif total. Donc,
non seulement ils ont comblé la baisse d'arrivées, mais ils ont quand même
augmenté. Comment vous expliquez cette belle performance, moi, je pense que
c'est une... c'est fierté, que vous avez réussi à maintenir, puis même à
augmenter votre effectif au troisième cycle, malgré cette diminution, que je
déplore, d'effectif d'étudiants internationaux?
M. Carr (Graham) : C'est...
Oui. Nous sommes très fiers de cette... ce chiffre. Et ça représente une
tendance, un investissement, une décision stratégique que l'université a pris
il y a plus de 10 ans. C'est intéressant que pendant les 10 dernières
années, le nombre d'étudiants internationaux à Concordia a augmenté par
500 personnes. Et c'est... c'est lié exactement avec les investissements
qu'on a faits dans les programmes de recherche, à la... et la croissance au
niveau des doctorats. Ça explique exactement l'augmentation qu'on a faite.
Cette année, l'augmentation est liée avec
cette tendance depuis quelques années, mais aussi avec l'impact de notre grand
projet de recherche de Volt-Age financé par... par le programme Apogée avec un
soutien du gouvernement du Québec. On a réussi à recruter un nombre important
d'étudiants internationaux à ce projet, mais on veut faire encore plus parce
qu'on a... on a la finance pour attirer plus, comme j'ai dit dans ma... dans ma
présentation, on a le financement pour attirer 250 étudiants. À ce moment,
nous sommes légèrement en hausse de 100 étudiants, qu'on a réussi à
attirer. Et on sait qu'il y a un problème dans le recrutement à... lié avec...
avec la perception du Canada, du Québec, comme... comme pays accueillant pour
les étudiants internationaux et aussi quelques complexités dans le processus
d'obtenir le CAQ, le visa... les visas, etc.
Mais nous sommes très, très fiers de l
investissement qu'on a fait dans les programmes de recherche. Et ce sont
exactement les étudiants à l'échelle internationaux que nous sommes... à
laquelle nous sommes à la recherche. Alors, il y a une tendance maintenant, en
2024. Si on voit la répartition d'étudiants internationaux chez nous... chez
nous, c'est environ 12 % en première cycle, 55 % en deuxième cycle,
programmes de recherche, et 53 % en troisième cycle. Alors, c'est vraiment
les investissements qu'on a faits dans les... dans les programmes de recherche
qui expliquent cette répartition.
M. Roberge : Merci. C'est
très bien de poursuivre sur cette voie-là, de continuer à obtenir notre part du
lion aussi, parce qu'on sait, au gouvernement canadien, les fonds de recherche
sont considérables, puis on doit les avoir dans nos institutions, en grande
partie, au Québec, pour des étudiants québécois, mais aussi avec le concours
d'étudiants internationaux et des étudiants étrangers. Je le répète, la
loi 74 maintenait nos effectifs, donc aussi aux cycles supérieurs. Là où
il y a eu des baisses réellement cette année...
M. Roberge : ...souhaitées
dans nos CAQ, non pas engendrées par le gouvernement fédéral, mais souhaitées
par nos CAQ, ça a été dans des collèges privés, pas nos cégeps, mais des
collèges privés qui donnaient des formations courtes, surtout dans le Grand
Montréal puis surtout dans d'autres langues que le français. C'est surtout ce
qu'on a visé.
La question de la langue française, bon,
vous faites votre présentation en français, je vous en remercie, honnêtement,
je vous remercie énormément, mais la question de la langue française,
évidemment, nous préoccupe avec les indicateurs de vitalité de la langue à la
grandeur du Québec, mais particulièrement à Montréal. Alors, vous êtes une
institution anglophone à Montréal. Qu'est-ce que Concordia fait et va faire
pour s'assurer que ces diplômés, qui, dans certains cas, parlent français, mais
dans d'autres cas ne parlent pas français, qu'est-ce que Concordia va faire
pour s'assurer que ces gens-là puissent rester au Québec puis réinvestir la
richesse de leurs connaissances puis de leurs compétences, tout en maîtrisant
la langue de la société d'accueil?
M. Carr (Graham) : Merci pour
la question, M. le ministre, parce que la première chose que je veux souligner,
c'est que, pour nous, à l'Université Concordia, l'importance d'aider nos
étudiants, d'apprendre le français, de s'intégrer dans la société québécoise,
c'est primordial, c'est quelque chose qu'on a la volonté de faire et on a la volonté
de le faire pour plusieurs raisons. Premièrement, parce que nous sommes une
université québécoise, bien, nous sommes reconnaissants que, dans le contact de
l'Amérique du Nord, ça a mis de la vitalité dans la langue française qui... en
péril. Ce n'est pas une question pour l'anglais.
Mais deuxièmement, et je pense que ça,
c'est directement lié avec les investissements qu'on a faits dans les
programmes de recherche, on veut préparer une prochaine génération d'étudiants
de diplômés de... pour qu'ils peuvent s'intégrer dans le milieu de travail au
Québec suite à leur diplomation. Alors, c'est dans nos intérêts, c'est dans
leurs intérêts, dans l'intérêt de la société québécoise d'apprendre le
français, et on a mis en place plusieurs programmes à cibler pour les étudiants
en génie, en commerce, etc., pour les aider. Et on travaille à... je pense que
vous êtes au courant du... trois universités anglophones s'engagent, avec votre
collègue, la ministre Biron et son équipe, sur des choses qu'on peut faire
ensemble pour s'assurer que nos étudiants sont bien formés en français.
L'autre chose que je dois souligner, c'est
que, malgré le fait que nous sommes une université d'expression anglaise, on a
essayé de recruter beaucoup plus d'étudiants francophones à Concordia que dans
les années passées. Et on veut le faire pour deux raisons, parce que le bassin
d'étudiants francophones à l'échelle internationale est très grand et parce que
le fait qu'ils sont Français facilite leur intégration dans la société et
l'économie québécoise. Alors, nous sommes très reconnaissants de l'importance
de cet enjeu pour le Québec. Nous, on veut être des partenaires avec le
gouvernement du Québec dans cette démarche puis je pense qu'on a déjà manifesté
du progrès exceptionnel dans ce domaine.
• (17 h 50) •
M. Roberge : Bien, je vous
remercie beaucoup pour votre présentation. Puis je comprends que vous voulez de
la prévisibilité, pas le contrôle sur ce que le gouvernement fédéral va faire.
Mais, de notre côté, l'idée de faire cet exercice de planification, de
s'engager sur quatre ans, c'est vraiment avec l'intention de donner à tous nos
partenaires économiques, mais aussi en enseignement supérieur, les moyens de se
projeter en avant, de rassurer la communauté internationale, comme quoi, au
Québec, on demeure une terre d'accueil pour des étudiants étrangers puis qu'on
est ouvert à des gens qui viennent s'établir ici, particulièrement pour
diplômés dans nos institutions. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, on va poursuivre les discussions
avec le député d'Acadie...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...d'Acadie, pour 12 min 23 s.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, M. Carr, M. Lebel, Mme de Celles, bonjour. Merci d'être avec
nous en cette fin de journée. Merci pour votre mémoire. J'attire votre
attention à la page 14 de votre document. M. le ministre a parlé des décisions
du gouvernement fédéral, qui a pu avoir un impact sur votre université. Vous l'avez
d'ailleurs mentionné clairement dans votre mémoire, mais dans le même
paragraphe, après, on continue la lecture et on dit : «Les quotas
provenant du décret ministériel ayant suivi l'adoption du projet de loi n° 74
l'hiver dernier...» Et vous vous rappellerez probablement, M. Carr, j'ai siégé
pour l'opposition officielle avec ma collègue, la députée de Mont-Royal—Outremont,
dans ce projet-là. D'ailleurs, les universités nous avaient tous dit d'un
commun accord : S'il vous plaît, M. le ministre, n'adoptez pas ça. Ça a
été adopté quand même. Donc : «Le décret ministériel ayant suivi
l'adoption du projet de loi n° 74 l'hiver dernier ont, quant à eux, eu
l'effet d'une douche froide sur les demandes d'admission de l'automne.» Donc,
il y a une contribution, ici, du gouvernement du Québec pour évidemment créer
cette douche-là. Quel a été l'impact plus particulier pour votre université?
M. Carr (Graham) : Merci pour
la question, M. Morin. Alors, je pense qu'il y a... Évidemment, il y a un
impact financier... avec la perte de revenus liée avec des inscriptions à
l'international, et, de plus, le changement de formule de financement l'année
précédente pour les étudiants à l'international. Mais, de plus, il y a des
conséquences pour nos programmes de recherche parce que c'est encore plus
difficile de chercher, de trouver... des étudiants à l'échelle internationale.
Et comme j'ai dit dans mon introduction,
c'est presque 50 % des étudiants, au niveau de doctorat, à travers le
Québec, qui sont... Alors, nous, on a réussi à augmenter par un certain
pourcentage le nombre d'étudiants au niveau de doctorat, mais ce n'est pas
le... qu'on a eu, on a... On voudrait recruter encore plus. Alors, il y a des
conséquences financières, il y a des impacts sur la... de nos programmes de
recherche, de nos centres de recherche.
Et l'autre chose qu'il faut comprendre,
c'est, quand on perd ou on ne réussit pas à trouver, à recruter en étudiant
international, la perte financière, la perte de connaissance n'est pas que pour
une année, c'est... ça peut durer pour quatre ou cinq ans, dans le cas d'un
étudiant au niveau baccalauréat et entre deux et cinq ans, même, au niveau
maîtrise et doctorat. Alors, la chute d'inscriptions internationaux qu'on
remarque, à Concordia et partout au Québec, cette année, on va vivre avec ça
pendant les prochaines années aussi. Il y a des conséquences collatérales liées
avec ça pour les années à venir.
M. Morin : Donc, si je vous
comprends bien, l'effet, compte tenu, bien sûr, des années pour un baccalauréat
mais des années pour rédiger et compléter un doctorat, vont se faire sentir
chez vous pendant plusieurs années.
M. Carr (Graham) : Oui. Exactement.
M. Morin : Très bien. Autre
élément que vous citez, toujours à la page 14, et j'aimerais que vous
m'expliquiez parce que j'ai un peu de difficulté à comprendre... vous soulignez
que : «La stratégie de financement par le recrutement international fait
partie intégrante des dernières politiques de financement des universités. En
fait, l'actuelle politique de financement des universités 2024‑2025 mise...
M. Morin : ...directement
sur l'attraction et l'intégration des étudiants non québécois. La citation, ça
viendrait du ministère de l'Enseignement supérieur. Vous ajoutez. De plus, les
règles budgétaires 2025‑2026 prévoient déjà un budget de
42,5 millions de dollars pour attirer un plus grand nombre d'étudiants
internationaux francophones et francophobes au sein des établissements
universitaires francophones. Il est actuellement prévu que ce montant
augmentera pour éventuellement passer à 85 millions par année à compter de
2027‑2028. Et ce que vous citez, ce serait également des documents du ministère
de l'Enseignement supérieur. Aidez-moi à comprendre, parce que moi, quand je
lis ça, que j'écoute, il me semble que le gouvernement d'une main fait quelque
chose en vous imposant des quotas, en envoyant un signal à l'international
comme quoi des étudiants étrangers, woups! peut-être pas au Québec. Puis d'un
autre côté, on dépense de l'argent pour en attirer. Alors, comment on peut
concilier tout ça?
M. Carr (Graham) :
Peut-être que c'est une question à mieux poser à le gouvernement qu'à moi, mais
c'est dans les règles budgétaires. C'est dans les règles budgétaires qu'il y
aura une filière d'investissement... pour les universités francophones pour les
aider de faire le recrutement à l'échelle internationale. C'est des montants,
les montants qui ont été cités qui sont en croissance pendant les dernières
années et pour l'année à venir, mais ces montants, c'est pour, comme j'ai dit,
c'est exclusivement pour les universités francophones, afin de donner un coup
de main à l'échelle internationale. Et... n'a pas... n'ont pas un accès à cette
enveloppe dans le... dans les crédits budgétaires. Il y a... Parce que, vu de
l'extérieur, ça semble un peu... québécois qu'on veut investir dans le
recrutement des étudiants internationaux d'un côté et de réduire le nombre
d'étudiants internationaux de l'autre côté. Mais je pense que ce n'est pas à
moi à expliquer la raison derrière tout ça.
M. Morin : Cependant, je
constate à la page 13 de votre mémoire que vous avez inauguré un campus
thématique francophone à Shawinigan pour la transition énergétique. Et donc
j'imagine que ça fait partie des démarches que vous faites pour, bon,
franciser, vous assurer qu'il y a une vitalité avec le français. Le fait que
vous ayez un campus thématique francophone, est-ce que ça vous permettrait
d'avoir accès à une partie de ces sommes-là?
• (18 heures) •
M. Carr (Graham) : Non,
parce que nous restons encore une université d'expression anglaise. Alors, nous
sommes exclus de cette enveloppe. Mais c'est intéressant parce que le campus
thématique à Shawinigan, ça, c'est lié directement avec notre projet de
recherche Montage subventionné par le programme Apogée. Et, en fait, ça entre
en concertation, en collaboration avec la CNESST et cégep de Shawinigan, la
ville de Shawinigan. Alors, c'est... Pour moi, c'est un bel exemple comment une
université à l'expression anglophone qui est basée à Montréal peut quand même
travailler étroitement avec la région et le faire en français.
M. Morin : Tout à fait.
Et...
M. Carr (Graham) : Et si
je peux ajouter une autre chose...
M. Morin : Oui, oui,
bien sûr.
M. Carr (Graham) : ...qui
est plus récemment, le mémoire qu'on a soumis, peut-être vous l'avez lu la
semaine passée, c'est de la Faculté des Beaux-Arts. Et la Faculté des
Beaux-Arts de l'Université Concordia, c'est un joyau pour la culture, pour la
vie artistique du Québec, la faculté a fait l'annonce avec le Musée
contemporain d'arts à Baie-Saint-Paul, pour un programme de francisation pour
nos étudiants qui va commencer au printemps 2026... un autre exemple pour
démontrer comment une université montréalaise à l'expression anglaise
travaillait étroitement avec des collaborateurs en région et pour aider nos
étudiants à se franciser.
M. Morin : Tout à fait.
Et c'est aussi très important. Vous le soulignez. D'ailleurs, dans votre
mémoire, vous dites que pour votre programme d'art, notamment, et de design,
vous êtes la deuxième au Canada parmi les 150 meilleures universités...
18 h (version non révisée)
M. Morin : ...dans le monde,
et c'est tout à votre honneur.
Maintenant, vous parlez aussi, à la page 8,
de la codirection du Consortium national pour la cybersécurité. 160 millions de
dollars et également chef de file pour Volt-Age et le projet Apogée. Je
comprends que, dans ce programme-là, le gouvernement du Québec investit
plusieurs millions de dollars. Est-ce que... J'imagine que vous avez besoin de
chercheurs internationaux de haut niveau, entre autres, pour faire avancer
votre projet? Est-ce que les décisions du gouvernement actuel vous nuisent?
M. Carr (Graham) : Ah! oui, on
a besoin de plusieurs internationaux, on a besoin des chercheurs québécois, canadiens
et internationaux parce que ce sont des programmes de classe mondiale allant de
semblable recherche de meilleurs talents à travers le monde parce que l'objectif
du programme Apogée du gouvernement du Québec, c'est vraiment de mettre les
universités québécoises et canadiennes à... dans la donne le classement plus
haut mondial dans les domaines de recherche.
Alors, nous sommes très chanceux au
Québec, l'Université de Montréal, l'Université Laval, l'Université Concordia ont
des projets à Apogée, et même l'Université de Sherbrooke. Mais c'est certain que
toutes les universités sont à la recherche de talents internationaux. Eh oui, c'est
plus difficile pour nous, surtout si nous sommes en train de recruter quelqu'un
qui n'est pas francophone et pour lequel le déménagement à Montréal au Québec,
avec sa famille, l'intégration, tout ça, il y a des obligations, et pour quelques-uns,
c'est un très grand, très grand défi. On fait le plus possible pour les
accompagner, c'est certain. Je sais que c'est vrai pour les autres universités,
même les universités francophones. Oui, parfois il y a un défi et parfois il y
a trop de défis, pas nécessairement à l'accompagnement, mais à la rétention parce
qu'on risque de perdre des chercheurs, des nouveaux chercheurs qui sont ici,
qui sont très performants à l'échelle internationale. Mais...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. Carr...
M. Carr (Graham) : Oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...je dois vous arrêter, le temps imparti ou à l'opposition
officielle vient de se terminer. Il reste encore un intervenant, le deuxième
groupe d'opposition. M. le député, vous avez 4 min 8 s.
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, M. Carr, et je salue également vos collègues, Mme de Celles
et M. Lebel. Merci d'être là.
Écoutez, à la lecture de votre... la
lecture de votre mémoire, il y a un aspect qui m'intéressait, j'aimerais bien
comprendre la compréhension. Vous dites que c'est les gouvernements qui vous
ont incités de façon structurelle à cause du financement, à aller chercher des
étudiants et des étudiants internationaux pour pallier à un sous-financement.
Donc, en quelque sorte, un sous-financement vous incite à aller chercher des
étudiants internationaux et aujourd'hui, on vous... on vous coupe en quelque
sorte cette source de financement. Est-ce que j'ai bien compris votre... votre
affirmation.
M. Carr (Graham) : Bien, le
programme à lequel je fais référence pour le recrutement, le financement pour
le recrutement, ça faisait partie du plan stratégique du ministère de l'Enseignement
supérieur. C'est dans les règles budgétaires, mais ce n'est ouvert que pour les
universités francophones. Alors, c'est une incitation aux universités francophones
d'augmenter le nombre d'étudiants internationaux. Ce n'est pas quelque chose à
laquelle les universités anglophones ont accès... actuellement.
M. Fontecilla : Très bien.
Mais vous dites que le réseau universitaire est... Le problème fondamental pour
le réseau universitaire est le sous-financement structurel et chronique des
universités québécoises, toutes comprises, francos et anglos, et qu'une étude a
chiffré à 2 milliards de dollars. Est-ce... C'est ça que vous dites,
là?
M. Carr (Graham) : Oui, c'est
ça. Ce n'est pas nous qui le dites, je pense que déjà dans les... dans les
audiences, l'économiste Pierre Fortin a présenté son mémoire. C'est lui qui a fait
une recherche, il y a quelque temps, en disant qu'il y a un manque de
financement...
M. Carr (Graham) : ...structurel
de 1,4 million de dollars. Et c'était le Scientifique en chef, Rémi
Quirion, qui a dit que, non, le manque de financement, quand on... y compris
les programmes de recherche pour le réseau québécois, c'est plus comme 2 millions
de dollars. Alors, je cite leur étude.
M. Fontecilla : Cela vous
incite à aller chercher une source de financement qui serait les étudiants
internationaux.
M. Carr (Graham) : Ça, c'est
un facteur pour aller chercher les étudiants internationaux, c'est pour
compenser le... un manque de financement. Mais aussi, ce n'est pas... ce n'est pas
juste une question de financement. On cherche les étudiants internationaux pour
leurs... pour leurs cerveaux, on cherche les étudiants internationaux pour leur
talent. Et à l'Université Concordia, on fait beaucoup de recherche appliquée,
on a des liens très importants avec l'industrie, etc., alors on veut... on veut
trouver des étudiants, former des étudiants qui répondent aux besoins de
l'économie québécoise, et, pour le faire, il faut élargir le bassin potentiel,
être plus grand que les... que les Québécois.
M. Fontecilla : Tout à fait.
Écoutez, vous reprenez une demande qui a été faite par plusieurs universités, y
compris des cégeps, là, c'est d'exclure, en quelque sorte, le renouvellement
des Certificats d'acceptation du Québec, là, des quotas, là. Parlez-nous...
parlez-nous-en, de cette proposition-là.
M. Carr (Graham) : Peut-être,
je vais demander à notre registraire Stéphanie de répondre à ça, parce que
c'est vraiment elle qui doit composer avec ces règlements.
Mme de Celles (Stéphanie) : Bonjour.
Alors, le problème avec les renouvellements, c'est que c'est quasi impossible — d'autres
universités ont dû vous le dire — de faire le suivi. Quand les
étudiants obtiennent un premier CAQ, ils doivent souvent renouveler, les durées
de CAQ sont très variables. Donc, dans un quota, qui est, en fait, un nombre
total de demandes... je sais que le ministre Roberge disait plus tôt qu'on
n'était pas rendu à notre quota, mais on a encore un très grand nombre
d'étudiants, chez nous, par exemple, qui devront renouveler leur CAQ avant la
fin de la période du décret, et c'est ça qui est le problème.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme de Celles...
Mme de Celles (Stéphanie) :
Oui, je comprends. D'accord.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...je dois, malheureusement, vous arrêter. Je vous ai
laissé parler, étant donné que vous preniez la parole pour la première fois.
C'est ce qui met fin à notre audition aujourd'hui. Au nom des parlementaires,
je vous remercie infiniment de votre apport à nos travaux et je vous souhaite
une bonne fin de, je vais dire, soirée, pour le moment. Alors, merci beaucoup.
Et pour vous, chers collègues, eh bien, la
commission ajourne ses travaux au jeudi 23 octobre, après les avis
touchant les travaux des commissions.
(Fin de la séance à 18 h 10)