Journal des débats (Hansard) of the Committee on Citizen Relations
Version préliminaire
43rd Legislature, 2nd Session
(début : September 30, 2025)
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Tuesday, October 28, 2025
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Vol. 48 N° 9
General consultation and public hearings on the consultation document entitled “Planning of Immigration to Québec for the 2026-2029 Period”
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-six minutes)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte. La
commission est réunie ce matin afin de poursuivre les auditions publiques dans
le cadre de la consultation générale sur le cahier de consultation intitulé La
planification de l'immigration au Québec pour la période 2026‑2029.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Prass (D'Arcy-McGee) est remplacée par Mme Caron
(La Pinière); M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), par M. Fontecilla
(Laurier-Dorion); et M. Bérubé (Matane-Matapédia), par M. Boissonneault
(Arthabaska).
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. Merci beaucoup. Alors, ce matin, nous allons
entendre les groupes suivants : l'Union des municipalités du Québec, qui
est déjà présente avec nous, par la suite, nous allons entendre la Fédération
québécoise des municipalités ainsi que la Chambre de commerce du Montréal
métropolitain, conjointement avec Montréal International. M. le député, je vous
écoute.
M. Morin : Bonjour. Bonjour, Mme
la Présidente. Bonjour, tout le monde. Alors, nous allons compléter nos travaux
cette semaine, donc, jeudi matin, après trois semaines de consultations. Et les
parlementaires, ma compréhension, par la suite, c'est qu'on doit contribuer au
rapport de la commission, et je vous annonce dès maintenant que l'opposition
officielle demande à ce qu'une séance de travail soit planifiée en vertu de l'article
176 de notre règlement. Et, à ce moment-là, bien, des discussions auront lieu
pour l'organisation de ladite séance. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le député. Alors, on en prend bien... bonne
note, on en prend connaissance, on vous revient. Alors, oui, M. le député... M.
le ministre, pardon.
M. Roberge : Je suis député
avant d'être ministre, c'est mon premier travail. Bien, je veux simplement dire
qu'on est au courant de la demande de l'opposition officielle puis on est d'accord
pour tenir cette séance-là. Les leaders vont convenir d'un moment. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, ceci étant dit, nous allons donc entamer le dernier
droit de nos rencontres avec vous, mesdames et messieurs les gens de divers
organismes. Alors, on commence ce matin avec l'Union des municipalités du
Québec, qui est représentée par Mme Évelyne Beaudin, coprésidente de la Table
sur l'accueil des nouveaux arrivants et mairesse de Sherbrooke, M. Marc-Alexandre
Brousseau, président du Caucus des cités régionales et maire de Thetford Mines,
ainsi que M. Philippe Biuzzi, conseiller au politique.
Alors, madame, messieurs, vous avez une
période de 10 minutes pour exposer les grandes lignes de votre mémoire, vos
recommandations, puis, par la suite, on va en discuter avec les parlementaires.
Alors, les 10 prochaines minutes sont à vous.
Mme Beaudin (Évelyne) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. M. le ministre, mesdames et messieurs les membres
de la commission, merci de nous accueillir ce matin, et de nous donner l'opportunité
de venir participer à la planification de l'immigration au Québec pour la période
2026‑2029.
Les présentations ont été faites. Merci
beaucoup. Effectivement, on se retrouve à coprésider une table de...
Mme Beaudin (Évelyne) : ...une
table de travail, mais je vous annonce que, lors de sa dernière rencontre du
conseil d'administration, l'Union des municipalités du Québec a souhaité
entériner, disons, ce travail-là en créant une commission permanente sur la
question de l'immigration, donc ça devrait être entériné lors de notre
prochaine assemblée générale annuelle, parce que c'est un sujet qui nous
intéresse énormément et qui, on le croit, est extrêmement important.
• (9 h 50) •
Donc, petit rappel, l'Union des
municipalités du Québec, on rassemble les gouvernements de proximité de toutes
les tailles et de toutes les régions du Québec, on représente donc plus de
85 % de la population du Québec, et on a une histoire de plus de
100 ans. Donc, on espère que ça sera pris en considération.
Comme introduction, ce qu'on veut vous
dire, c'est qu'aujourd'hui vous vous penchez beaucoup sur la... vous vous
penchez sur la planification de l'immigration, sur la notion de capacité
d'accueil. Nous, ce qu'on veut vous amener aujourd'hui, c'est... c'est vraiment
la voix des régions par rapport à la vitalité économique de nos régions. Et ce
qu'on veut vous présenter, en fait, c'est notre point de vue afin d'améliorer
l'avenir économique du Québec.
La notion de capacité d'accueil est moins
une notion qui fait l'objet de discussions, là, au sein de l'Union des
municipalités. Nous, on parle davantage, je vous dirais, du système d'accueil
et d'intégration puis de voir comment est-ce qu'on peut améliorer ce
système-là, parce qu'évidemment la qualité de ce système-là va influencer après
ça la capacité d'accueil.
L'autre notion que je veux vous apporter,
c'est la notion justement d'accueil. Nous, quand on accueille quelqu'un dans
notre région, dans notre ville, on n'est pas en train de vérifier : Bon,
est-ce que cette personne-là vient de l'extérieur du Québec, est-ce qu'elle est
née au Québec ou bien est-ce qu'elle arrive de Montréal ou d'une autre région?
Donc, pour nous, le système d'accueil et d'intégration, c'est celui qu'on
élabore sur le terrain avec les acteurs locaux. C'est un système d'accueil et
d'intégration qui est bon pour tous les nouveaux arrivants, qu'ils soient
immigrants ou non.
Alors, l'enjeu dont on veut vous parler
aujourd'hui, oui, c'est un enjeu d'immigration, mais c'est d'abord et avant
tout un enjeu de démographie. On a des enjeux démographiques au Québec, on peut
en parler, le vieillissement de la population, la pénurie de main-d'œuvre, et
tout ça. Et la solution passe, oui, par l'immigration, passe peut-être aussi
par d'autres solutions, mais ce qui est important pour nous, c'est de répondre
à ces enjeux démographiques si on veut s'assurer que chacune des régions du Québec
puisse espérer avoir une vitalité puis une prospérité. Parce qu'on croit que le
Québec est prospère pas seulement à la moyenne, mais aussi dans chacune de ces
régions. La force des gouvernements locaux, à notre sens, c'est probablement la
coordination des actions terrain. Nous, on est sur le terrain tous les jours,
on connaît nos entreprises, on connaît nos institutions d'enseignement, on
connaît les acteurs communautaires, les différentes antennes régionales des
différents ministères, et notre force, c'est de coordonner tout le monde puis
de s'assurer d'agir le plus efficacement possible. C'est pour ça qu'on a
besoin, d'abord et avant tout, de prévisibilité. On veut pouvoir travailler en
partenariat avec le gouvernement du Québec pour s'assurer que, les objectifs
que vous vous donnez, on puisse les atteindre le plus efficacement possible
dans chacune de nos régions. Mais là ce qu'on observe souvent, c'est des
programmes, par exemple, qui peuvent être un peu courts dans le temps, des
changements de direction en cours de route, des choses comme ça. Et ça, ça nuit
pour nous à cette efficacité-là dans l'application des différentes politiques
puis l'atteinte de nos objectifs communs.
Aussi, on pense qu'il faut mettre la
question de la régionalisation à l'avant-plan. On l'avait dit quand on est
venus lors des consultations sur le PL 84. Tout ce qui est mur à mur, pour
nous, ça nous fait toujours très peur. Pourquoi? C'est un peu statistique en
fait. C'est que... Quand on regarde l'état de l'immigration, par exemple au
Québec, qu'on regarde c'est quoi, les statistiques par rapport au Québec, qu'on
regarde les indicateurs économiques à la grandeur du Québec, ce qui va se
passer, c'est que la région métropolitaine de Montréal est surreprésentée, elle
a un poids extrêmement grand. Donc, c'est normal pour le gouvernement
d'élaborer ses politiques publiques en se basant sur des données probantes
comme celles du Québec, mais ce que ça fait, c'est qu'après ça nous, pour les
régions, on a parfois des politiques publiques qui vont être adaptées à la
grandeur du Québec mais qui vont avoir des effets néfastes dans chacune de nos
régions.
Donc, je vais terminer là-dessus en vous
disant qu'on a... on veut mettre de l'avant le plus possible la
régionalisation, travailler en partenariat avec vous pour élaborer des
politiques publiques efficaces, notamment dans la future politique nationale
sur l'accueil et l'intégration, et on a différentes solutions à vous proposer
que vous pouvez...
Mme Beaudin (Évelyne) : ...dans
le mémoire et auquel on pourra donner plus de détails à l'intérieur de la
période de questions, si vous le permettez.
Alors, je passe la parole à mon collègue
Marc-Alexandre Brousseau, maire de Thetford-Mines.
M. Brousseau (Marc-Alexandre) : Parfait.
Merci beaucoup, Mme Beaudin. Alors, Mme la présidente de la commission, M.
le ministre, mesdames et messieurs les membres de la commission, donc ça me
fait plaisir d'être ici avec vous aujourd'hui pour un enjeu qui est extrêmement
important, autant pour l'UMQ en général que pour le caucus des cités régionales
que je représente mais aussi comme maire et préfet et vice-président de la
table régionale Appalaches. Vous savez peut-être qu'il y a quelques centaines
d'entrepreneurs qui sont devant l'Assemblée nationale ce matin dans ce
dossier-là. Et, pour les sortir de chez eux, il faut comprendre que c'est un
enjeu qui est extrêmement important.
Donc, soulignons que l'inclusion de
l'immigration temporaire dans la planification pluriannuelle, c'est un tournant
majeur pour le Québec, ça permet une gestion plus cohérente en reconnaissant le
rôle essentiel que jouent les résidents non permanents dans le développement
économique et social des régions. Les travailleurs étrangers temporaires,
évidemment, joue un rôle primordial, c'est absolument indispensable pour
combler les besoins concernant la pénurie de main-d'œuvre, entre autres, la
région que je représente, Chaudière-Appalaches, pendant des décennies, on a eu
le taux de chômage le plus bas au Canada pratiquement. Donc, c'est un enjeu
structurel pour nous. Et nos entrepreneurs avaient pris des solutions pour les
combler. Donc, les... par contre, les modifications au programme
travailleurs étrangers ont complexifié l'accès à cette main-d'œuvre-là, sans
tenir compte des réalités locales et régionales et ça... ça risque d'être un
axe principal qu'on va vous développer aujourd'hui et dans notre mémoire. Donc,
on a des entreprises maintenant qui sont en problème, qui doivent refuser des
contrats, qui regardent pour réduire leur activité, faute de personnel
disponible. C'est dans ce contexte là que l'UMQ recommande au gouvernement du
Québec de demander au gouvernement du Canada un moratoire immédiat sur les
restrictions au programme des travailleurs étrangers temporaires ainsi que les
ajustements suivants, je me permets de les énumérer : rétablir la durée
maximale d'emploi à deux ans pour les postes à bas salaires, revenir à une
limite de 20 % de travailleurs étrangers temporaires dans ces postes. On a
des entreprises chez nous qui allaient jusqu'à 60 % de travailleurs
étrangers temporaires, pas par plaisir, parce qu'ils ne trouvaient pas la
main-d'œuvre nécessaire. Ils ont posé les actions pour les avoir et maintenant
ils sont à risque d'avoir à retourner ces gens-là et ne plus être en mesure de
produire. On veut réintroduire la liste de traitement simplifiée telle qu'elle
existait avant septembre 2024.
On veut ajuster le seuil des postes à
hauts salaires selon le salaire médian propre à chaque région. Le coût de la
vie chez nous est moins cher qu'à Montréal, c'est normal que les gens gagnent
un peu moins cher. Il faut avoir une approche régionalisée par rapport aux
postes... par rapport aux salaires qu'on reconnaît.
On veut également lever la suspension du
traitement des évaluations de l'impact sur le marché du travail dans les
régions restreintes.
Donc, ce qu'on demande aussi, c'est que
les décisions soient liées... et qui sont liées au programme TET tiennent
systématiquement compte des... des particularités locales et régionales en
s'appuyant sur des indicateurs comme le salaire médian, le taux de chômage et
les pénuries de main-d'œuvre. Présentement, le taux de chômage dans ma région
est autour de 3,6 %. On trouve ça élevé. Il n'y a pas si longtemps, il
était à 1,5 % et ça a été comme ça pendant de nombreuses années.
Donc, ce qu'on appelle, c'est la création
d'une voie d'accès à la résidence permanente pour les personnes peu qualifiées
qui ont maintenu leur statut légal et acquis une expérience professionnelle au
Canada, ça favoriserait leur enracinement durable dans les régions et c'est ce
qu'on souhaite.
Donc, ce qu'on souhaite également, c'est
souligner... souligner le rôle stratégique des étudiants internationaux. Donc,
ça a été un angle mort, beaucoup, dans ce dossier-là, les étudiants
internationaux. Ils sont aussi très importants dans le développement des
régions du Québec. Leur présence dans nos établissements d'enseignement partout
sur le territoire, c'est plus qu'un apport académique, c'est un moteur de
vitalité économique, sociale et culturelle. Ça peut sauver des programmes
d'études. Chez nous, dans notre cégep dans ma ville, on parlait d'environ
25 % d'étudiants internationaux et c'est en chute libre, les demandes
d'adhésion, présentement. Ces personnes-là contribuent à diversité, je n'ai pas
besoin de vous l'apprendre. C'est vraiment des immigrants parfaits parce qu'on
leur... ils apprennent, ils apprennent dans notre culture ici, ils apprennent
selon nos façons de faire. Donc, c'est vraiment des travailleurs importants qui
peuvent migrer ensuite de ça vers nos entreprises. Donc, ce qu'on souhaite,
c'est vraiment la francisation intégrée à leur parcours aussi pour ceux qui ne
parlent pas français en arrivant, leur intégration sociale professionnelle est
ainsi facilitée. Il y a bon nombre de ces gens-là, évidemment, qui veulent
s'installer chez nous et c'est ce qu'on souhaite également.
Donc, on doit agir, il faut soutenir
activement la présence d'étudiants internationals dans toutes les régions du
Québec par des efforts accrus de recrutement. On a encouragé ce recrutement-là.
On est devenu, le Québec, vraiment, une destination choyée tant pour les
travailleurs étrangers que pour les étudiants internationaux. On en train de
mettre un petit peu d'ombre sur la qualité de cette destination-là qu'on était
devenu. Alors, il faut donc reconnaître les parcours comme des voies
structurantes d'immigration permanente. Il est essentiel de faciliter la
transition vers le statut de résident permanent pour les personnes diplômées au
Québec, en particulier dans les secteurs et les régions identifiées comme
prioritaires. Donc, on veut miser sur ces talents-là, les accompagner en les
valorisant. Donc, on investit dans l'avenir du Québec, un avenir inclusif,
dynamique et enraciné dans la réalité du terrain.
Je terminerais aussi en vous disant que
les travailleurs étrangers temporaires qui nous choisissent, on ne leur fait
pas une faveur, ils nous font une faveur en venant répondre à un besoin
extrêmement important pour nos employeurs qui manquent de monde. Ce n'est pas
exactement la même situation partout au Québec, mais dans des régions comme la
mienne, ils sont...
M. Brousseau
(Marc-Alexandre) : ...absolument essentiel à notre développement
économique. Alors voilà, on aurait terminé. On est prêts à répondre à vos
questions.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup pour cette présentation. Alors,
effectivement, on commence la période d'échange avec les parlementaires. On va
commencer avec M. le ministre et la banquette gouvernementale. Vous avez
16 min 30 s.
• (10 heures) •
M. Roberge : Merci, Mme
la Présidente. Merci pour votre présentation. Heureux de vous voir ici en
commission. Heureux de voir les collègues aussi. On passe beaucoup de temps ensemble
ces dernières semaines, les collègues des oppositions et la banquette
gouvernementale. La planification pluriannuelle cette année, elle est
particulière. On est après une période de soubresauts. Ma prédécesseure, la
ministre Christine Fréchette, avait fait une planification sur deux ans parce
qu'on était au sortir de la pandémie, dans un moment un petit peu hors du
temps, avec... dans des conditions jamais vues. Maintenant, on a vu ce qui est
arrivé. On voit le contexte actuel puis on veut se donner une prévisibilité,
exactement ce que vous demandez, mais à peu près tout le monde a demandé ça,
que ce soit les démographes, les universitaires, les économistes, les groupes
patronaux, les groupes syndicaux, les universitaires, les cégeps. Donc, prévisibilité
vous demandez et prévisibilité vous aurez, c'est certain. On s'enligne pour
quatre ans. On révise nos programmes, aussi notre manière de sélectionner des
gens. «Sélectionner» est le mot à retenir. Il ne s'agit pas d'en prendre le
plus possible, mais bien de les sélectionner le mieux possible avec nos
critères.
Certains ont dit avant vous, sont venus
dire : Ah! ce n'est pas bien l'utilitarisme de l'immigration. Moi, je
trouve normal de sélectionner des gens qui parlent français ou l'apprennent
enfin. Pour qu'ils deviennent permanents, qu'ils maîtrisent de la langue, je
trouve normal de sélectionner des immigrants en fonction de la régionalisation
qui est nécessaire. Et la régionalisation amène l'intégration à la nation
québécoise, qui est notre nouveau modèle, avec les partenaires locaux que vous
représentez. Et la sélection amène aussi des gens à sélectionner des gens qui
travaillent, qui occupent un emploi, et pas n'importe quel, idéalement dans des
secteurs porteurs, dans des secteurs en pénurie. Donc, je ne crois pas que
c'est utilitariste, mais je pense que c'est opportun de sélectionner des gens
parce que, et là je vais sortir mon petit graphique, on ne peut pas accepter
tout le monde. Le Québec est extrêmement attractif. Si on ouvrait les vannes, on
pourrait avoir 500 000 nouveaux arrivants intégrés avec le PSTQ puis
le... Tout le monde voudrait venir vivre au Québec, au Canada en ce moment.
Merci aux gens qui nous ont précédés, qui ont fait de notre société une des
plus belles au monde, mais un instant.
Donc, regardez ça, c'est l'évolution. Je
vous le montre à la fois, là, pour vous et pour la caméra, là. Accroissement
démographique du Québec, 1972, deux ans avant ma naissance, 2024. Donc, quand
on regarde, il y avait une certaine stabilité dans l'évolution démographique,
donc, le plus, là, l'ajout à chaque année était assez graduel. On a eu un creux
évidemment le temps de la pandémie, qui a duré à peu près 18 mois. Et là
on est complètement, regardez la tendance, à l'extérieur de la charte. Pourquoi,
essentiellement? À cause des immigrants qu'on qualifie de temporaires, ou des
fois, on dit RNP, des résidents non permanents. Certains sont ici avec un
statut temporaire et voudraient être ici toute leur vie, pas tous, mais je
précise que lorsqu'ils arrivent avec un contrat temporaire qui dure un an, qui
dure deux ans, qui dure trois ans, bien, on remplit notre part du contrat quand
on leur permet de venir ici deux ans sur un permis de deux ans. Ça se peut que
ça soit renouvelé. Ça se peut que ça ne soit pas renouvelé parce que les gens
qui veulent venir ici, il y en a plus que ce qu'on peut accueillir.
Ici, c'est l'effectif de résidents non
permanents, les RNP, selon le type au Québec. Entre juillet 2021 et janvier
2025, les courbes qui montent sont les demandeurs d'asile, puis l'ensemble des
travailleurs étrangers. Ici, il y a nos travailleurs étrangers temporaires, je
pense, vous me corrigerez, ceux à qui vous faites référence, les TET qui relève
normalement du gouvernement du Québec, quoiqu'Ottawa ait débarqué avec ses
grosses pattes, là, pour retirer les TET dans nos entreprises sans notre
consentement, puis il y a le PMI, Programme mobilité internationale sur lequel
nous n'avons aucun contrôle. Et là, bien, ça a la forme d'une vague. Donc,
quand je dis que c'est un tsunami, je pense que c'est graphiquement vrai, que
c'est un tsunami.
Donc, voici le contexte qui nous amène à
vous rencontrer. Puis, bon, maintenant qu'on sait ça, projetons-nous de l'avant
sur quatre ans. Dr Arruda disait pendant la pandémie : Aplatir la courbe.
Je pense qu'il va falloir aplatir la courbe. Donc, on continue d'accueillir des
gens en réunification familiale, en immigration économique...
10 h (version non révisée)
M. Roberge : ...des diplômés
du Québec, idéalement, des travailleurs étrangers temporaires. On ne peut pas
tous les accueillir, même les immigrants les plus compatibles. Donc, j'arrive à
un élément que vous soulevez, à la page 7 de votre mémoire, sur la
capacité d'accueil. Vous dites : Il faudrait mettre en place une démarche
collaborative, dans votre mémoire, en permettant aux municipalités de
contribuer activement à la documentation et à la proposition de critères de
capacité d'accueil. Donc, vous qui êtes présents, là, à la grandeur du Québec,
qu'est-ce que vous avez à nous dire, là, dans le cadre d'une démarche
collaborative? Je l'initie avec vous ce matin, là, qu'est-ce qu'on devrait
avoir comme critères de capacité d'accueil, sachant qu'en tout cas, d'un point
de vue gouvernemental, on ne peut pas la dépasser et l'outredépasser année sur
année, sur année, à un moment donné, il y a des conséquences. Alors, quels
critères prenons-nous?
Mme Beaudin (Évelyne) : Je
vais y aller brièvement. Une des choses déjà, c'est, on n'a pas, dans le texte
d'introduction, on n'a peut-être pas insisté là-dessus, mais M. Brousseau n'est
pas seulement maire, il est aussi préfet d'une MRC. Puis, moi, comme mairesse d'une
ville MRC, on a quand même cette ferme conviction que le niveau MRC est probablement
celui avec lequel... qu'on devrait investir le plus, parce que c'est là où on
est capable d'avoir vraiment une différence. Parce que, tu sais, à l'intérieur
d'une région, des fois, c'est trop grand puis les villes, des fois, il y en a
des toutes petites, des toutes petites municipalités. Donc, nous, on pense que le
niveau MRC est probablement le meilleur niveau d'intervention.
Puis les données économiques,
socioéconomiques à l'échelle MRC, on en a très peu. Puis, si on se mettait
ensemble, je pense qu'on serait capable d'étoffer un peu le tout puis de
développer des actions, en toute collaboration, là, qui seraient différenciées.
Quand vous parlez de cette courbe, de cette croissance démographique importante,
nous, la question qu'on se pose automatiquement, c'est : Ils sont allés où
exactement? Dans quelles MRC se sont retrouvées toutes ces personnes-là? Parce
que c'est ça qu'on voulait dire par gérer à la moyenne, c'est qu'à la grandeur
du Québec on peut avoir recueilli beaucoup de monde. Puis si, mettons, on veut
limiter notre accueil ou... bien, ça va être important que ce soit dans
certaines MRC, mais que d'autres soient... puissent continuer à accueillir pour
répondre à leurs besoins. Donc, c'est beaucoup ça qu'on veut dire par le
fait de... Donc, ce n'est st pas juste la prévisibilité du nombre dont on a
besoin en termes de prise de prévisibilité, mais surtout la prévisibilité dans
les paramètres et dans les actions qu'on va pouvoir mettre en place. Donc, je m'arrête
là-dessus pour laisser Marc-Alexandre compléter.
M. Brousseau (Marc-Alexandre) : Oui,
bien, je vais prendre la passe. Donc, en fait, M. le ministre, ce que je
répondrais à votre question concernant la capacité d'accueil puis les critères,
nous, ce qui nous importe, et puis on l'a annoncé un peu dans notre allocution
tout à l'heure, c'est une approche différenciée selon les régions. La capacité
d'accueil n'est pas la même partout. Les enjeux ne sont pas les mêmes partout.
Chez nous, je vous annonce que les gens qui s'en viennent habiter chez nous, ils
vont parler français, ils n'ont pas le choix. C'est très différent du centre-ville
de Montréal où est-ce que beaucoup de gens parlent en anglais. Chez nous, tu ne
peux pas parler en anglais longtemps, nécessairement, tu apprends le français.
Chez nous, les promoteurs privés ont répondu aux besoins de logement. Il y a énormément
de constructions. On a des projets de tours d'habitation, jusqu'à 17 étages,
d'annoncés dans ma petite ville de 27 000 habitants, parce que nos
promoteurs répondent à ce besoin-là.
Et, chez nous, les immigrants qui sont là,
c'est des travailleurs étrangers temporaires, donc, ils arrivent le dimanche
soir, ils travaillent le lundi matin. Ils ont des revenus, ils sont en mesure
de se payer un logement. Alors, c'est ce qui fait en sorte qu'on est capable de
loger les gens. Ils apprennent à parler français. Ce n'est pas les mêmes enjeux
que partout, alors qu'ils répondent réellement, mais alors là réellement à un
besoin. C'est que nos entreprises ont vraiment besoin, je reviens sur la
stabilité, la prévisibilité, tu sais, même là on parle de quatre ans, mais,
dans un cycle d'une entreprise quatre ans, puis j'étais commissaire industriel
avant, j'accompagnais nos entrepreneurs chez nous, à partir de quand tu détectes
ton besoin, tu soumissionnes sur des contrats, tu prévois ta mise en production,
ce n'est pas quatre ans, mais c'est souvent un an, un an et demi. Puis là,
après ça, tu commences à faire tes démarches d'immigration pour aller chercher
les personnes. Quatre ans, c'est très, très court. Il n'y a pas beaucoup de
cycles, à ce moment-là, qui peuvent entrer dans une période de quatre ans. Donc,
c'est sûr que c'est un enjeu. Mais ce qu'on veut, quand on parle de
régionalisation, vous avez abordé le thème tout à l'heure, c'est la
régionalisation primaire. Pendant trop longtemps, au Québec, on faisait arriver
les gens à Montréal, ils ne quittaient pas Montréal. Il faut que les gens
aboutissent chez nous. C'est pour ça que, présentement, on voit la proportion d'immigrants,
en région, qui a augmenté. Ce n'est pas parce qu'il y en a beaucoup moins à
Montréal, c'est juste que, nous, on est allé les chercher directement pour les
amener directement chez nous, parce qu'ils répondent à ce besoin-là qui est
chez nous. Ça fait que c'est... Puis quand on parle d'aplatir la courbe — on
a entendu beaucoup, effectivement, parler d'aplatir la courbe par M. Arruda à l'époque — aplatir
la courbe d'immigration, malheureusement, c'est aussi aplatir la courbe de notre
développement économique, de notre...
M. Brousseau (Marc-Alexandre) : ...le
développement de nos régions. Parce qu'on l'a vu, ça fait des décennies que nos
entreprises ne trouvaient pas la main-d'œuvre nécessaire pour se développer,
ils ont dû aller les chercher. Et c'était très coûteux pour les entreprises
d'aller les chercher. Ils l'ont fait parce que... ils ne l'ont pas fait par
plaisir, mais les gens se sont installés chez nous. Et, quand on parle... nos
différents services qu'on a à offrir, quand on parle, entre autres, dans notre
système de santé, ça prend des gens pour offrir ces services-là. Souvent, on se
fait reprocher en politique de penser à coups de quatre ans. Je pense que, dans
ce cas-ci, il faut jouer à long terme et penser que le Philippin qui vient
travailler chez CF Métal à fabriquer des bornes pour Bixi, bien, peut-être que
sa conjointe, qui va venir, elle va peut-être vouloir être préposée aux
bénéficiaires, puis c'est peut-être ses enfants qui vont étudier pour être
infirmiers ou médecins plus tard. Puis il faut chercher justement à les
orienter dans ces métiers d'avenir là. Mais si on va... si on ne va pas
chercher du nouveau monde, au Québec, on ne sera pas capables d'offrir nos
services de santé non plus parce que c'est des personnes qui offrent ces
services-là. Donc, il faut avoir plus de personnes au Québec pour être en
mesure de les offrir.
• (10 h 10) •
M. Roberge : On se rejoint à
certains égards. Sur la régionalisation, là, écoutez, on est à 100 %
d'accord avec vous. On a fait bouger l'aiguille enfin. Je voudrais faire
beaucoup plus. Mais il y a, je pense... il y a cinq ans, il y avait 19 %
des gens qui s'établissaient hors de Montréal. C'était terrible. Maintenant, on
est à 34 %. 34 %, ce n'est pas encore extraordinaire, mais c'est...
c'est vraiment beaucoup, quand tu pars de 19 %, en quelques années. Donc,
la politique de régionalisation qu'on a mise en place donne des fruits. Mais là
on veut se donner un deuxième élan.
Et il faut accepter de changer les choses.
Plusieurs personnes nous ont demandé essentiellement de garder tous les
programmes qu'on avait puis de hausser les seuils. Mario Dumont a une
expression que j'aime bien, c'est... c'est quand quelque chose ne marche pas,
il faut faire plus de ce qui ne marche pas. J'ai de la misère avec ça. Et puis
je... Il... Il dit à la blague : Plus de ce qui ne marche pas, ça continue
de ne pas marcher, tu sais, à un moment donné. Et... et les économistes sont venus
nous en parler, Pierre Fortin nous l'a dit, Desjardins l'a dit, la Banque CIBC
l'a dit, ce matin, je lisais, la Banque Scotia qui le disait aussi, la fuite en
avant, de toujours faire venir plus de personnes pour contrer la pénurie de
main-d'œuvre nourrit la pénurie de main-d'oeuvre si on n'est pas très précis
pour avoir un... un arrimage parfait entre le besoin et les migrants qui
arrivent directement en région. Immigration primaire, 100 % d'accord avec
vous, mais il faut être précis. Le PEQ Diplômés, par exemple, qui est un
programme qui a été extrêmement apprécié par les institutions, bien, 60 %
s'installent à Montréal. 60 % des gens du PEQ Diplômés s'installent à
Montréal. C'est une belle place, Montréal, j'ai grandi là, mais si on fait
venir 10 000 personnes de plus, 20 000 personnes de plus
dans ce programme-là, bien, on... on ne fera pas plus de régionalisation. On va
avoir des diplômés du Québec, ce qui est extraordinaire, qui est une bonne
migration, mais il n'y a pas que ça. Il y a aussi nos travailleurs étrangers
temporaires que j'ai en tête pour notre développement économique. Et ça ne nous
aidera pas à la régionalisation. Il faut avoir... Il ne faut pas juste le
combien. Il faut le qui, on le va chercher, avec quel profil et où ils
s'installent. Donc, ce n'est pas tellement une question de quantité mais de
sélection. C'est ce virage que je nous invite à prendre ensemble. Évidemment,
si on en prenait juste 1 000, même si on les installe en région, là, on va
avoir des problèmes demain matin, là, 100 % d'accord. Mais, si on peut
s'entendre pour garder nos travailleurs étrangers temporaires, qu'Ottawa vire
enfin de bord, là, qu'il arrête de s'entêter, là... Écoutez, je parle au
ministre Guilbeault, à la ministre Diab, à la ministre Hadju, hein, le lieutenant
du Québec, la ministre de l'Immigration, la ministre de l'Emploi, je pense, ils
sont tannés de m'entendre, c'est le temps qu'ils arrêtent de nous arracher nos
travailleurs étrangers temporaires. Puis nous ensuite, avec le nouveau
programme de... programme de sélection des travailleurs qualifiés, on va être
capables de sélectionner, parmi ces gens qui travaillent au Québec en ce
moment, ceux qui parlent français, ceux qui sont en région, ceux qui
travaillent, des diplômés du Québec, mais aussi des TET en région. Et là, là,
après, on pourra s'entendre est-ce que c'est 25 000, 35 000,
45 000. Parce que 80 000 immigrants qui s'installent tous à
Montréal, ça ne vous aide pas. Ça ne vous aide pas.
Vous nous dites qu'il y a des
entrepreneurs qui contribuent, là, à... à ajouter des logements. Fort bien.
Mais il faut se dire que quand je regarde les taux de chômage, c'est vrai qu'en
Beauce c'est très bas par rapport à ailleurs, mais du taux de chômage en
région, il y en a beaucoup, puis des crises du logement en région, il y en a
beaucoup, là. J'ai un article de La Presse, ici, d'un chercheur de
l'UQAC : «La crise du logement...
M. Roberge : ...sévit aussi en
région. Puis ce n'est pas quelqu'un de Montréal qui écrit ça sur quelqu'un des
régions, c'est quelqu'un de Chicoutimi. Donc, est-ce que vous êtes d'accord
avec ce paradigme de mieux sélectionner plutôt que de simplement toujours en
faire venir davantage?
Mme Beaudin (Évelyne) : Bien,
je vais... je vais y aller sur... OK. Bien, d'abord, là, au niveau des
programmes, il y a un point vraiment important, là. Quand on parle de
reconnaissance de notre expertise municipale... Puis, tu sais, nous, on est des
gouvernements de proximité, là. Vous, vous êtes le gouvernement du Québec,
nous, on est des gouvernements de proximité, donc on est là pour les mêmes
objectifs. C'est un super bon exemple, le PAC-MIFI, programme d'accueil aux ou programme
de collectivité collectivité accueillante. C'est un programme où tout le monde
peut soumissionner pour proposer un projet, là. On est mis sur un pied
d'égalité, en tant que municipalité ou MRC, avec n'importe quel organisme
communautaire sur notre territoire. Et ça, pour nous, c'est difficile parce que
ça veut dire qu'on est comme mis comme si on... C'est comme si on était
considérés comme des organismes communautaires alors qu'on essaie d'avoir
davantage de reconnaissance comme partenaire dans l'application de politiques
publiques. Ça fait que je voulais quand même souligner cet aspect-là pour moi,
qui est... qui est très symbolique, en fait, de nos demandes de reconnaissance
par rapport au gouvernement.
Par rapport aux diplômés, il faut
comprendre qu'on est vraiment en mode survie en ce moment. Moi, avant de faire
de la politique, j'étais prof dans les cégeps...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
Mme Beaudin (Évelyne) :
...j'ai enseigné au cégep de Matane, j'ai enseigné au cégep de Gaspé. Au cégep
de Gaspé, pendant que j'étais là, il y avait des programmes, Techniques
forestières, là, qui étaient... Ils n'avaient pas réussi à ouvrir leur
programme cette année-là, zéro inscription. Il y avait le Programme d'éducation
à l'enfance. La prof à côté de moi, à la salle de repas, était heureuse de
savoir qu'il y avait deux inscriptions puis qu'ils seraient capables d'ouvrir.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme Beaudoin...
Mme Beaudin (Évelyne) : Il
faut que j'aille plus court?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je dois malheureusement vous arrêter, mais c'est juste une
portion de la discussion qui est terminée, vous allez pouvoir continuer. Vous
allez pouvoir continuer avec le député d'Acadie. 9 min 54 s.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, Mme Beaudin, M. Brousseau, M. Biuzzi, merci d'être là. Mme
Beaudin, M. Brousseau, heureux de vous revoir. J'ai eu la chance de vous
rencontrer à quelques reprises dans vos régions respectives, c'était fort, fort
agréable, fort intéressant, pour parler justement d'immigration et d'entreprise
et de l'impact sur l'économie. Vous avez commencé à expliquer quelque chose qui
était fort pertinent, Mme Beaudoin, alors je vais vous permettre de continuer,
parce que nos règles font en sorte qu'on est... évidemment, on est encadrés par
le temps, mais continuez, parce que vous avez parlé de votre expérience alors
que vous étiez enseignante dans des cégeps de régions. On a écouté la
Fédération des cégeps, puis il y a plusieurs cégeps qui sont venus nous parler
et qui nous ont parlé de l'importance, justement, d'avoir des personnes issues
de l'immigration dans leurs régions. Donc, si vous pouvez continuer,
j'apprécierais grandement.
Mme Beaudin (Évelyne) : Je
vais y aller brièvement parce qu'on est limités. C'est que l'exemple de
dire : 60 % des étudiants étrangers s'établissent à Montréal, les
gens peuvent voir ça comme un enjeu, comme un problème, puis se dire :
Donc, il faut agir là-dessus. Et le gouvernement du Québec, évidemment... C'est
plus facile, tu sais, de mettre en œuvre des politiques qui vont s'établir pour
tout le Québec de façon équitable, sauf qu'en voulant agir sur un problème qui
concerne la région de Montréal, ça peut avoir des conséquences extrêmement
dramatiques dans certaines régions. Imaginez un instant qu'on perde un cégep
comme le cégep de Gaspé. Moi, au cégep de Matane, c'était la même chose,
presque tout... Le programme le plus populaire qui était, genre, multimédia,
c'était presque juste des étudiants étrangers qui étaient dans ce programme-là.
La vitalité de nos régions dépend de la
démographie. Il faut occuper notre territoire, il faut l'utiliser. Si vous
voulez aplatir la courbe, ça vous appartient totalement, ça appartient au gouvernement
du Québec de vouloir aplatir la courbe. C'est juste qu'il va vraiment falloir
s'assurer de comment ça se passe région par région, parce que, si on aplatit la
courbe dans des régions comme Chaudière-Appalaches, la Gaspésie, l'Abitibi,
l'Estrie, ça peut avoir des conséquences extrêmement dramatiques, et on est
déjà, en fait, en train de les vivre, ces conséquences-là, avec des chutes
importantes du nombre d'inscriptions, plus de 50 % de moins
d'inscriptions. L'Université de Sherbrooke, ce n'est pas juste des
universitaires, des chercheurs, des... tu sais, c'est des concierges qui
travaillent là, c'est des... c'est des gens qui enseignent l'éducation
physique, c'est des... Tu sais, il y a de tout autour, c'est notre moteur
économique...
Mme Beaudin (Évelyne) : ...puis
quand on vient prendre des mesures pour répondre à un problème québécois, on ne
réfléchit pas tout le temps à ce que ça peut avoir comme conséquence chez nous,
mais ça peut-être... ça peut venir affecter notre vitalité démocratique. Puis
je ne pense pas que c'est ce que le gouvernement du Québec veut. Je pense que
le gouvernement du Québec veut... puis toute l'Assemblée nationale, on veut des
régions qui sont vivantes, qui sont tournées vers l'avenir. Puis, quand on se
met en mode survie, ça devient beaucoup moins productif puis on n'est plus
capable de se développer au même rythme. Je ne sais pas si...
• (10 h 20) •
M. Brousseau (Marc-Alexandre) :
Bien, en fait, j'aurais fait du pouce sur la question de la sélection des
travailleurs. Là, c'est... évidemment, on est d'accord, on va faire en sorte
qu'on cherche à les sélectionner. Encore faut-il que les processus, lorsque les
gens entrent dans ces démarches-là, que ça ne soit pas trop long. présentement,
c'est quand même extrêmement long. Puis le meilleur travailleur qu'on peut
aller chercher, en fait, c'est celui dont on a besoin. Il y a des gens qui
veulent immigrer chez nous, qui ne sont peut-être pas nécessairement en
adéquation avec nos besoins du marché de l'emploi. La meilleure façon de les
amener à région, on l'a dit tout à l'heure, puis la meilleure façon que ce soit
l'immigrant qu'on a besoin, c'est celui qu'on va chercher qui répond
concrètement à un besoin chez nous, en région, dans une entreprise. Donc, c'est
sûr que.... Mais encore faut-il, je le répète, qu'il y ait de la prévisibilité,
de la stabilité et des délais qui ne sont pas trop longs. Parce que si un
entrepreneur a un besoin spécifique, en fonction d'un contrat qu'il obtient, si
l'employé arrive 12 mois plus tard, puis parfois, c'est le cas, bien, le
besoin est effacé, le besoin n'est plus là. Maintenant, il faut qu'il essaie de
recréer un besoin pour celui qu'il voulait aller chercher au départ. Donc,
c'est ça, en matière de sélection, oui.
C'est sûr que, présentement, la réalité,
c'est que moi, dans ma ville, c'est dans tous, tous, tous les corps d'emploi
qu'on en a besoin, pas juste des travailleurs qualifiés. C'est vraiment dans
tous les domaines. Ça a vraiment causé des gros problèmes économiques
dernièrement. Mais je comprends le besoin de sélectionner. Mais c'est sûr que
le meilleur... la meilleure sélection, c'est celui dont on a réellement besoin
maintenant et qu'on fait en sorte d'avoir un processus qui nous permet de le
ramener à temps pour répondre à notre besoin.
M. Morin : Je vous remercie.
J'aimerais que vous puissiez m'expliquer ou nous décrire, parce qu'on a... Et
je le disais d'entrée de jeu, on termine les consultations cette semaine. Après
ça, bien, on va devoir s'asseoir avec le gouvernement, les membres de la
commission, pour travailler évidemment le résultat final. Il y a... il y a des
scénarios qui nous sont proposés par le gouvernement, notamment le
scénario 2a, où pour l'ensemble de l'immigration et des permanents, on
viserait 25 500, et travailleurs qualifiés, 15 275 en 2026.
Moi, ce que j'aimerais que vous puissiez
m'expliquer, ça va être : Si c'est le scénario qui est retenu, ça va être
quoi, l'impact dans vos régions? Puis présentement, avec les règles qui
changent continuellement, là, quel est l'impact sur vos entreprises? Est-ce
qu'il y en a qui sont en train de perdre des contrats? Est-ce qu'il y en a qui
vont avoir de la difficulté à survivre? J'aimerais que vous puissiez nous
éclairer là-dessus.
M. Brousseau (Marc-Alexandre) :
Bien, en fait, merci, M. le député, de votre question. Tu sais, je vous répète
que, présentement, devant l'Assemblée nationale, il y a des centaines
d'entrepreneurs qui sont là pour crier leur détresse, parce que, clairement, il
y a des gens qui ont des contrats qui vont être à risque, il y a des pénalités
qu'ils risquent de payer pour ne pas être en mesure de livrer... parce qu'ils
ne sont pas en mesure de livrer leurs contrats. Ils réfléchissent à leur
développement d'entreprise, parce que, comme ils n'ont pas la... la
prévisibilité au niveau de la main-d'œuvre, ils se demandent s'ils doivent
développer des nouveaux produits, s'ils doivent développer des nouveaux marchés
puis soumissionner pour des nouveaux contrats. C'est ce qui se passe
présentement.
Puis on a certaines entreprises qui
étaient vraiment dans des problèmes tellement criants, dans des... dans des
emplois très spécifiques, parce que, tu sais, au Québec, ce n'est pas
nécessairement parce que dans... tu as un créneau d'affaires, un métier qui est
en demande que les étudiants vont étudier dans ce domaine-là. Par exemple,
soudage, montage, on en a... il en sort quelques-uns par année, on en a besoin
de centaines par année. Donc, on ne fournit pas. Ça fait que ça fait en sorte
que des... certaines entreprises, puis on a une entreprise chez nous, une
fonderie d'aluminium qui... Je faisais référence tout à l'heure, qui fabrique
des bornes pour les Bixi, là. C'est tout fabriqué chez nous, c'est peinturé
chez nous, mais c'est 60 % de travailleurs étrangers qui sont là. Ça fait
des années qu'il manquait de monde. Donc, qu'ils ont fini par prendre cette
méthode-là d'aller chercher des travailleurs, principalement aux Philippines.
Ça leur coûte très cher d'aller les chercher. Ils ne font pas ça par plaisir.
Bien là, là, on va commencer à vivre des... parce que c'est des... On parle de
concepts, mais c'est des personnes qui sont derrière ça. Puis là, on va
commencer à vivre des drames humains parce que là on va commencer à renvoyer
des gens chez eux. On a des entrepreneurs qui parlent de délocalisation de...
totale ou partielle, qui parlent de fermer des quarts de travail, puis ça, ça
n'affectera pas juste les travailleurs étrangers temporaires. Ça affecte tout
le monde quand on ferme un quart de travail ou quand on délocalise une partie
de production ailleurs. Il y en a des usines qui ont déjà des usines ailleurs puis
qui peuvent juste soit tout transférer ou transférer davantage.
M. Morin : Je vous remercie.
Là, présentement, le programme de l'expérience québécoise, le PEQ, a été
suspendu, on ne sait pas si ça va reprendre...
M. Morin : ...je comprends
que ça a été suspendu sans planification, sans avertissement, puis ça, c'est
des gens qui sont ici, au Québec. Alors, pouvez-vous nous décrire quel a été
l'impact de la suspension du PEQ? Puis là il y a un autre programme qui
fonctionne, le PSTQ. Est-ce que ça répond à vos besoins?
Mme Beaudin (Évelyne) : En
fait, le principal impact que j'observe de ces différents changements là en
cours de route, c'est que ça amène de l'insécurité chez les personnes qui...
D'habitude, tu sais, quand tu commences... quand tu commences des démarches,
bien, tu connais les... tu sais, tu connais les délais, tu sais ça va prendre
combien de temps, tu sais c'est quoi, les possibilités. Quand ça change en
cours de route... Moi, j'ai entendu des histoires d'étudiants qui, à une
session de terminer leur bac, devaient aller faire des démarches
administratives puis ils risquaient de ne pas avoir de renouvellement de permis
d'études. Imaginez, vous venez de passer deux ans et demi au Québec à étudier
dans un programme puis là vous vivez une certaine insécurité. L'impact
principal, au-delà de la personne qui vit ça puis que c'est extrêmement
stressant, c'est après ça que le mot se passe. En fait, c'est que la réputation
du Québec, actuellement, dans nos universités et dans nos cégeps, par rapport
aux étudiants étrangers, c'est une réputation... pas qu'on n'est pas gentil,
mais que ce n'est pas certain. Il y a de l'insécurité, il y a de l'incertitude.
Ça fait que je dirais que ça, c'est l'impact principal.
Puis, par rapport à ce que vous disiez
avant, moi, je veux réinsister, on l'observe. En ce moment, là, qui ouvre des
places en garderie, qui fait des efforts supplémentaires pour augmenter la
capacité d'accueil? C'est des nouveaux arrivants. C'est beaucoup des nouvelles
arrivantes ou des nouveaux arrivants qui vont ouvrir habituellement des
services de garde, ou des choses comme ça, puis qui vont accueillir, oui, des
nouveaux arrivants, mais aussi des Québécois et Québécoises qui sont nés ici.
Donc, on a... on a un impact économique qui est... qui est multiple, oui, sur
les entreprises...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
Mme Beaudin (Évelyne) : ...mais
aussi sur notre système d'accueil et d'intégration.
M. Morin : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Je suis la gardienne du temps, je suis
désolée. Mais on continue, on continue avec le député de Laurier-Dorion, trois
minutes 18 secondes.
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Mme Beaudin, M. Brousseau, merci... Bonjour, M., merci beaucoup
d'être ici. Écoutez, très intéressant pour votre contribution. Et je veux aller
tout de suite à une recommandation qui m'a intéressé plus particulièrement
parmi toutes les autres qui sont très intéressantes, mais la numéro 14, la
question de la prévisibilité. Donc, évidemment, c'est un... le domaine de
l'immigration, c'est un domaine complexe, là, il y a les travailleurs étrangers
temporaires. Et, en bout de ligne, là, il y a... bon, il y a tout le domaine
qui appartient à ce secteur très, très, très particulier, mais, en bout de
ligne, beaucoup de ces gens-là voudraient, ou peut-être pas, mais, en tout cas,
un certain nombre, accéder à la fameuse résidence permanente qui est un autre
aspect. Et ça, ça fait partie de la prévisibilité aussi, là. Moi, j'aimerais
vous... savoir, là, quel est... Pour vous, est-ce qu'il faudrait donner
davantage une... de perspective, là, d'acquérir une résidence permanente au
Canada pour les travailleurs étrangers temporaires?
M. Brousseau (Marc-Alexandre) : Bien,
la réponse, c'est oui, selon notre point de vue. C'est sûr que... Puis Mme
Beaudin en parlait tout à l'heure. C'est une démarche qu'on souhaite qu'elle
soit prévisible pour les gens qui embarquent là-dedans. Parce que c'est quand
même tout un projet de vie, hein? Il y a des gens qui nous choisissent. Il y a
des gens qui ont tout laissé derrière pour s'en venir chez nous. Donc, de
changer le plan de match en cours de route, c'est sûr que ça devient... ça
devient problématique, là. En fait, c'est des gens pour qui on a besoin, c'est
des gens pour qui on a investi des ressources publiques pour favoriser le
Québec comme destination emploi, comme destination études. Comme on disait tout
à l'heure, c'est sûr que la réputation du Québec, présentement, est affectée,
là. Je cherchais un terme pas trop... pas trop grave, là, mais quand même. La
réputation du Québec est affectée parmi les gens qui pourraient vouloir nous
choisir. Ça fait que ça peut prendre un certain temps par la suite à rétablir
ça parce qu'il y a vraiment des gens qui voulaient venir chez nous et puis que,
là, avec l'incertitude qui se pointe, qui pourraient décider de ne pas venir
alors que c'est des talents, c'est des... c'est des compétences qu'on recherche
et qu'on ne retrouve pas présentement sur le territoire.
M. Fontecilla : Est-ce que
vous rencontrez des gens, des travailleurs étrangers temporaires qui... le fait
d'avoir à renouveler constamment leur permis de travail, leur permis de séjour,
là, éventuellement quitter le pays pour revenir, etc., toute une mécanique
compliquée, là, pourrait compromettre le fait qu'ils restent au Québec?
Mme Beaudin (Évelyne) : Bien,
je ne pourrais pas dire pour les étudiants étrangers, mais... pour les travailleurs
étrangers, mais, pour les étudiants étrangers, il faut savoir qu'on est en
concurrence avec le reste du monde. Tu sais, les gens... Moi, je l'ai fait,
j'ai étudié au Mexique pendant une session, mais je me rappelle que je
regardais où est-ce qu'il y a le plus de chances que j'ai une reconnaissance de
mes acquis, où est-ce qu'il y a, genre, l'expérience la plus agréable. Tu sais,
on regarde tout ça...
Mme Beaudin (Évelyne) : ...on
est en concurrence avec le reste du monde. Ça fait que je ne sais pas à quel
point le monde qui sont ici puis qui sont engagés jusque là vont décider de
partir, mais c'est surtout qu'on devient moins compétitif sur la scène
internationale, je pense.
M. Brousseau (Marc-Alexandre) : Puis,
si je peux me permettre, il y en a qui, effectivement, qui vont quitter. Puis,
dans certains cas aussi, c'est que leur permis peut être renouvelé, mais pas
celui de leur famille. Donc, si la famille quitte, nécessairement, ils vont
quitter aussi.
M. Fontecilla : Merci.
• (10 h 30) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, dernière ronde d'échanges avec le
député d'Arthabaska pour 3 min 18 s.
M. Boissonneault : Merci, Mme
la Présidente. Merci pour votre présentation. Vous comprenez qu'à l'heure
actuelle ce sont surtout les interventions du gouvernement fédéral qui fait
qu'on parle des travailleurs étrangers temporaires. Est-ce que vous avez des
contacts avec le gouvernement fédéral, vous?
Mme Beaudin (Évelyne) : ...puis,
bien, c'est sûr que quand on se compare avec l'Ontario, on se dit comme :
Crime, ils sont chanceux, eux, les municipalités peuvent dealer directement
avec le fédéral puis... Mais, tu sais, on comprend qu'on est au Québec. Nous,
ce qu'on... ce qu'on demande surtout, c'est de travailler de façon plus étroite
avec vous pour que vous portiez nos préoccupations auprès du gouvernement
fédéral. Je pense que, tu sais, évidemment, ce serait le fun si on pouvait
dealer directement avec eux, mais on comprend qu'au Québec on a notre...
notre... nos particularités, ça fait que ce qu'on demande, c'est juste que vous
soyez nos porte-voix.
M. Boissonneault : Je pense
que, hélas, le ministre peut en témoigner, le gouvernement fédéral n'est pas
toujours ouvert à nos demandes en matière d'immigration.
Mme Beaudin (Évelyne) : On
peut vous aider.
M. Boissonneault : Autre
secteur où le gouvernement fédéral intervient : demandeur d'asile. Est ce
que vous avez senti un mouvement, vous, vers les régions puis est-ce que ça a
pu profiter aux entreprises?
M. Brousseau (Marc-Alexandre) : Je
vais répondre en premier. Ma réponse va être plus courte. La réponse, c'est non
pour chez nous. Très, très, très peu, c'est vraiment marginal de ce côté-là
chez nous, c'est vraiment... Nous sommes allés chercher les travailleurs dont
nous avions besoin, qui sont des travailleurs étrangers temporaires. On n'avait
pas un gros historique d'immigration chez nous, mais, dans les quelques
dernières années, il en est arrivé à peu près 2 000. Dans une région comme
la mienne qui n'est pas très populeuse, ça a un impact bénéfique pour toute...
tout notre activité économique. Mais au niveau des réfugiés demandeurs d'asile,
non. Je ne sais pas du côté de Sherbrooke.
Mme Beaudin (Évelyne) : Ça ne
nous a pas marqués particulièrement. Je vous dirais que ce qui nous a marqués
davantage, c'est les Montréalais qui descendaient à Sherbrooke, qui ont fait
augmenter le prix des maisons. Nous, c'est comme ça qu'on... tu sais, c'est...
on a vu beaucoup plus un impact des Montréalais qui venaient à Sherbrooke que
des... On ne sent pas du tout envahi actuellement, ça fait que, tu sais, nous,
notre... L'enjeu de la capacité d'accueil dans les régions, on ne le sent pas.
Comme le dit Marc-Alexandre, les gens parlent français, se trouvent des
emplois, s'intègrent bien. Puis c'est sûr que quand on vient à Montréal, on vit
un peu un choc, là, tu sais, on le voit que c'est plus difficile. Puis on
comprend que vous voulez agir dans ce sens-là. Ce qu'on vous demande juste, c'est
de faire attention parce qu'un geste qui peut être bénéfique pour Montréal peut
être dommageable pour d'autres régions.
M. Brousseau (Marc-Alexandre) : Mais
le principal moteur d'intégration, c'est l'emploi. Mais quand ils arrivent chez
nous, ils travaillent.
M. Boissonneault : ...aussi,
c'est que si la majorité des employés sur le plancher sont philippins, je donne
un exemple, puis se parlent en anglais, il n'y a plus d'intégration. Puis ça,
on le voit à Montréal, entre autres. Je suis sûr que ça vous est arrivé aussi,
vous arrivez dans Tim Hortons, puis les employés derrière, ils se parlent en
anglais, là, il n'y a pas d'intégration.
Mme Beaudin (Évelyne) : Peut-être
à Montréal, mais moi, ça, je n'ai jamais vécu ça à Sherbrooke.
M. Boissonneault : Ça, vous
ne sentez pas ça en région?
Mme Beaudin (Évelyne) : Non,
je n'ai pas senti ça.
M. Boissonneault : L'idée
d'un permis de travail ouvert, sectoriel et régional, est-ce que vous avez
pensé à cette possibilité-là? En ce moment, il y a des permis fermés pour les
entreprises avec les travailleurs étrangers temporaires. Est-ce que d'ouvrir
les permis pour certains secteurs puis pour certaines régions, ça pourrait être
une piste de solution?
M. Brousseau (Marc-Alexandre) : La
façon précise comme vous le mentionnez, je ne peux pas dire qu'on est allés
jusque là dans notre réflexion, mais ça rejoint quand même un de nos axes
principaux qui est de dire : I faut le voir de façon régionalisée, de voir
les disparités régionales qu'il peut y avoir au Québec, puis d'agir en fonction
de ça. Donc, à première vue, il semble y avoir une certaine logique pour aller
dans le sens que nous, on souhaite, mais on n'est pas allés en profondeur par
rapport à l'élément que vous mentionnez.
M. Boissonneault : ...quelques
secondes, je pense qu'on n'a pas le temps.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Six secondes.
M. Boissonneault : Merci
beaucoup. Ça ne vaut pas la peine.
M. Brousseau (Marc-Alexandre) :
Ça termine bien.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, Mme la mairesse, M. le Maire, M. le conseiller,
merci beaucoup pour votre contribution à nos travaux.
Et je vais suspendre quelques instants, le
temps de recevoir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 10 h 34)
10 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 10 h 36)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Donc, comme deuxième rencontre aujourd'hui, nous en sommes à la Fédération
québécoise des municipalités, représentée par M. Jacques Demers, président, maire
de Sainte-Catherine-de-Hatley et préfet de la MRC de Memphrémagog, bienvenue,
ainsi que Mme Ginette Paquet, mairesse de Longue-Pointe-de-Mingan... Mingan, merci...
bienvenue, ainsi que M. Pierre Châteauvert, directeur des politiques. Alors, madame,
messieurs, bienvenue à la commission. Vous êtes des habitués, vous savez que
vous avez 10 minutes pour présenter l'essentiel de votre mémoire, de vos
recommandations, puis, par la suite, on va en discuter avec les parlementaires.
Alors, les 10 prochaines minutes sont les vôtres.
M. Demers (Jacques) :Merci beaucoup. Merci, Mme la Présidente. M. le ministre,
commissaire, mesdames, messieurs, merci de nous accueillir, merci de pouvoir s'exprimer
dans des dossiers aussi importants pour nos régions. Je suis Jacques Demers, on
l'a déjà dit, maire de Sainte-Catherine, préfet de la MRC de Memphrémagog et
président de la Fédération québécoise des municipalités, local et régional. J'ai
la chance d'être accompagné par Mme Ginette Paquet, qu'on a déjà présentée,
mairesse de Longue-Pointe-de-Mingan, dans la MRC, évidemment, de Minganie, Côte-Nord,
pour les gens, une chance de pouvoir l'avoir, personne que j'ai eu la chance de
rencontrer dans une tournée du président. J'ai dit : Ouf! la fois qu'on
passe en commission parlementaire, si vous pouvez faire le... mon bonheur d'être
présente. On l'a avec moi aujourd'hui, c'est extraordinaire. Et Pierre Châteauvert,
évidemment, au niveau de la fédération. Merci, Pierre, d'être là.
La Fédération québécoise des municipalités
regroupe 1 060 municipalités et MRC. Ça fait qu'à ce titre pour la FQM, on
représente les régions. Ce matin, nous étions, justement, dehors en train de
faire une discussion avec un groupe, très intéressant, parce qu'autant des
entrepreneurs que des travailleurs, que des élus, c'est ce qu'on retrouvait
devant le parlement pour venir exprimer ce qui se passe sur le terrain. Parmi
les choses qui se sont dites que je trouvais qu'il faut vous rapporter, c'est de
dire : Pourquoi qu'on est en train de briser quelque chose qui fonctionne?
C'est rare qu'on vienne en commission parlementaire, puis ne pas être à la
demande, puis vouloir des choses. Là, on est plutôt à vous dire : Il y a
plein de régions, là, que ça fonctionne, des entreprises qui fonctionnent bien
avec ça, puis c'est à ce moment-là qu'on dit qu'on l'enlève parce que d'une
façon globale, il y a des endroits que ça semble aller moins bien. Mais ce qu'on
veut vous exprimer, c'est ce qui se passe dans plusieurs de nos régions, puis c'est
de ce côté là qu'on voudrait avoir une écoute.
Je vais te laisser, Pierre, continuer de
ce côté-là.
M. Châteauvert (Pierre) : Merci, M. Demers. Donc, on demande au gouvernement de
lever l'épée de Damoclès que constituent les restrictions imposées pour ces
travailleurs, parce qu'il s'agit d'une menace directe à l'économie de nos
régions. Donc, nous demandons au ministre de prendre son bâton de pèlerin pour
convaincre Ottawa de revoir sa position.
Vous avez, mesdames et messieurs, notre
mémoire entre vos mains depuis début septembre. Son titre est clair, L'urgence
de changements majeurs en matière d'immigration et de logement. Pour nous,
accueillir un immigrant est un gain pour l'avenir de nos communautés et pour
occuper notre territoire. Pour nos membres, un immigrant n'est pas qu'un
travailleur, il est surtout un citoyen qui, avec sa famille, contribue à la vie
de sa communauté d'accueil. Aussi, il est primordial de ne pas abaisser les
seuils pour les territoires hors de la communauté métropolitaine et de revoir
les programmes gouvernementaux afin d'améliorer l'accueil, l'intégration et la
francisation des immigrants dans les régions. D'ailleurs, à ce sujet, la FQM
propose l'approche adoptée par la ministre...
M. Châteauvert
(Pierre) :...le ministère de
l'Économie... de l'Innovation et de l'Énergie avec la création du Réseau accès
PME, appelé Accès entreprise Québec à l'époque, vous vous en souviendrez, Mme
la Présidente, une association avec les MRC, saluée par tous comme un moyen
efficace d'adapter l'accompagnement des entreprises aux réalités de chaque
milieu. Il est donc possible de travailler en collaboration, et c'est ce que
nous demandons.
• (10 h 40) •
Pourquoi parlons-nous d'urgence? C'est que
notre avenir est précaire. Déjà, lorsqu'on était plus jeunes, on parlait de
renversement de la pyramide des âges, de l'importance d'augmenter le taux de
fécondité pour le Québec puis... et... pour que le Québec puisse continuer de
se développer, de payer ses services et d'occuper sa place tant au niveau
culturel que dans l'échiquier politique. Or, force est de constater que les
avertissements sont demeurés lettre morte et que nous sommes à l'aube de
problèmes importants. Dans les régions, c'est pire encore.
L'été dernier, l'Institut de la
statistique du Québec a publié ses dernières perspectives démographiques pour
le Québec. Le constat est clair : si notre population actuelle est de...
qui est actuellement 9 058 000 habitants, le scénario prévisible pour
2051 est maintenant de seulement 9 196 000 habitants, c'est-à-dire
une augmentation insuffisante de 1,4 % par rapport à aujourd'hui. Mais
surtout il est important à souligner que cette prévision s'établissait à
9 931 000 l'an dernier, en baisse de 7 %. L'ISQ attribue la
révision à la baisse de la prévision au fait que 2027 marquera l'année où les
décès seront plus nombreux que les naissances et à la baisse annoncée par les
gouvernements... par le gouvernement des niveaux d'immigration.
En région, la situation s'annonce encore
pire. Si on parlait hier d'une seule région où les perspectives démographiques
étaient négatives, ce sont maintenant cinq régions qui verront leur population
décroître si rien n'est fait. De plus, aucun doute que les parties rurales des
régions en croissance présentent un portrait semblable.
Pour nous, le défi est évident. Si on veut
un Québec prospère, si on veut des régions qui se développent, on doit cesser
de parler surtout des problèmes liés à l'immigration. On doit affirmer que
l'immigration peut se faire... peut faire partie de la solution. On doit cesser
de dire qu'il n'y a pas assez de logements pour loger tout le monde, on le
sait. En fait, on doit faire comme nos parents lors du baby-boom et construire.
On doit regarder les choses en face, se relever les manches et s'attaquer aux
défis liés à l'intégration et la francisation des immigrants. Notre mémoire
propose le contraire du défaitisme, et c'est ce à quoi nous invitons le
gouvernement et l'ensemble des partis politiques représentés à l'Assemblée
nationale.
Donc, je passe la parole à Mme Paquet, qui
pourra faire un témoignage de sa réalité par rapport à cette problématique. Mme
Paquet.
Mme Paquet (Ginette)
:
Merci beaucoup, M. Châteauvert. Messieurs dames, bonjour. M. Roberge, bonjour.
Merci beaucoup de m'accueillir.
Je ne peux pas commencer avant de... Je ne
peux pas commencer sans souligner qu'en 1956 ma mère était assise ici pour
rencontrer M. Maurice Duplessis, qui était premier ministre à l'époque, et avec
d'autres femmes de ma petite région de la Minganie, elle était venue rencontrer
M. Duplessis pour lui dire : Vous nous oubliez, là, sur la Côte-Nord.
Alors, elles avaient demandé plus d'infirmières, des routes, un système
téléphonique, et M. Duplessis avait été charmé par leur fougue, et finalement
elles avaient eu tout ce qu'elle avait demandé. Alors, vraiment, une pensée
spéciale pour ma mère aujourd'hui.
Je me présente donc, Ginette Paquet. Je
suis la mairesse d'un tout petit village qui s'appelle Longue-Pointe-de-Mingan.
Et, quand j'étais petite, nous étions au-delà de 700 personnes dans mon
village. Aujourd'hui, maintenant que je suis grande, nous sommes 403 personnes.
Sur ces 403 personnes, plus de 25 % de la population a plus de 70 ans. La
population est vraiment vieillissante, comme dans beaucoup de régions du
Québec. Et puis ça ne s'en va pas en s'améliorant.
Pour vous donner un exemple, les jeunes de
mon village ont quitté, ont quitté beaucoup pour aller travailler à temps plein
dans des plus grands centres, qui ne sont pas en Minganie. Et, à l'école de mon
village, il y a 50 enfants, mais ces 50 enfants viennent de six villages, parce
que, dans les villages à l'ouest de chez moi, les écoles sont fermées, les
quatre villages à l'école... à l'ouest de mon village, les écoles sont fermées,
il n'y a pas de garderie. Donc, dans mon petit village, il y a 50 enfants,
puis, pour un enfant qui naît, il y a plusieurs aînés qui disparaissent. Donc,
c'est très inquiétant. Et moi, je vois ça de façon très réaliste, et on se pose
des questions par rapport à l'avenir.
À travers tout ça, il y a une lueur
d'espoir, c'est que l'employeur principal de mon village, c'est une usine de
transformation des fruits de mer. Elle emploie 100 personnes...
Mme Paquet (Ginette)
:
...sur les 100 personnes, il y a 10 personnes de mon village. Les
90 autres, ce sont des Mexicains qui arrivent au mois d'avril et qui
repartent en septembre. Vous enlevez les Mexicains, il n'y a plus d'usine de
transformation du poisson et c'est l'effondrement de tout le système financier
dans mon village. Donc c'est hyper important, la présence de ces gens-là.
Permettez-moi, s'il vous plaît, de prendre une petite gorgée d'eau.
Une voix : ...
Mme Paquet (Ginette)
:
Merci. Dans une vie antérieure, j'étais professeur de français. Donc, on m'a
demandé de donner des cours de francisation à ces gens-là qui veulent tellement
apprendre le français. Ils ne parlent pas anglais, entre eux autres, ils
parlent leur langue maternelle. Donc, j'ai commencé à leur donner des cours de
français, et c'est vite... Ça a vite outrepassé la dimension pédagogique pour
devenir une relation d'écoute et d'entraide. Et c'est là que j'ai appris, c'est
là que j'ai appris à les connaître davantage pour me rendre compte que beaucoup
d'entre eux ont quitté famille et enfants pour venir leur offrir une vie plus
belle pour le futur. Il y avait dans ce groupe-là des érudits, une hygiéniste
dentaire, une pâtissière, un cuisinier, une agronome. Mais ils ont tout quitté
pour venir travailler chez nous. Et j'ai été surprise d'apprendre qu'ils
étaient de retour au village pour une deuxième année, une troisième, une
quatrième année consécutive. Et ils veulent revenir. Ils aiment la tranquillité
et la sécurité qu'ils retrouvent chez nous. Et ce qu'ils m'ont dit au cours des
jours qui ont passé, c'est que plus que tout, beaucoup d'entre eux souhaitent
venir s'installer chez nous parce que, justement, c'est tranquille, c'est
sécuritaire, c'est paisible. Et après qu'ils soient partis en septembre, j'ai
reçu des messages de certains d'entre eux qui me disaient : S'il vous
plaît, Mme la mairesse, travaillez sur un projet pour que je puisse venir
m'établir chez moi un jour avec mes enfants. Et pour nous, c'est très rassurant
parce que c'est la lueur d'espoir. Pour un village qui s'en va toujours en
s'affaiblissant, c'est la lueur d'espoir d'accueillir ces Mexicains-là de façon
plus permanente. Alors, quand on me pose la question...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je dois vous arrêter.
Mme Paquet (Ginette)
:
Ah! ça va.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mais ce n'est pas grave, on va certainement vous entendre
encore parce qu'on entame la période de discussion. Alors, je me tourne du côté
du ministre. Vous avez 16 min 30 s.
M. Roberge : J'ai des
questions à vous poser, mais j'aimerais ça que vous complétiez votre
intervention avant, là, Je ne veux pas vous couper votre élan.
Mme Paquet (Ginette)
:
Alors, qu'est-ce que je disais?
M. Roberge : Vous disiez
qu'il y a des gens qui veulent s'installer de manière durable.
Mme Paquet (Ginette)
:
Exactement.
M. Roberge : Je vous
laisse terminer. Après ça, je...
Mme Paquet (Ginette)
:
Exactement. Puis c'est vrai que j'ai reçu des messages de façon personnelle en
me disant : S'il vous plaît, faites quelque chose pour que je puisse venir
m'établir chez vous avec mes enfants et avoir cette vie paisible. Et moi, en
tant que mairesse, je veux dire, je voudrais parce que c'est pour la suite des
choses, mais je n'ai pas les moyens parce que, justement, présentement, les
politiques en place ne le permettent pas. Ce sont des permis fermés. Et on
voudrait qu'il y ait des permis ouverts. Plus que tout, on aimerait que ces
gens-là s'installent chez nous parce que, moi, je pense à l'école primaire où
il y a 50 enfants pour six villages puis je me dis, on marche toujours sur
un fil ténu, très fragile. Et c'est pour ça qu'on voudrait tellement accueillir
ces gens-là chez nous. Mais on a besoin de moyens de la part du gouvernement,
on a besoin de l'aide du gouvernement.
M. Roberge : Merci. Je
pense que ça valait la peine de vous laisser compléter votre intervention.
Merci pour votre présentation, tous les trois. Salutations aux pionnières qui
sont passées avant vous, à ces femmes là. Salutations à sa mémoire. Je pense
qu'elle serait extrêmement fière de vous entendre aujourd'hui. Maintenant.
Maintenant, j'aime beaucoup ce que j'entends, parce qu'on parle de chiffres
nationaux. On fait une planification pluriannuelle en capitale nationale, puis
on a l'impression, des fois, que nous n'avons qu'une vue nationale sans
considérer les réels. Il n'y a pas la réalité du Québec, je veux dire, les
réalités du Québec. C'est une perception qu'on doit combattre, puis ça doit se combattre
par des politiques qui démontrent le sérieux d'avoir une vision régionale. Mais
il faut voir qu'autour de la table, puis les députés des différentes formations
politiques ne sont pas tous des députés...
M. Roberge : ...de la Capitale-Nationale
ou du Grand Montréal. Je vous rassure. Seulement dans notre caucus, on a des
gens de partout. Mais autour de la table ici, là, on a des gens d'un peu
partout puis ils font entendre votre voix très clairement, très clairement.
Une voix : ...
• (10 h 50) •
M. Roberge : Oui. Absolument.
Même si je voulais l'ignorer, ce qui n'est pas le cas. J'ai... J'ai quelques
commentaires ou questions... des questions ensuite. On m'a dit, au moment du
baby-boom, on ne s'est pas demandé si on allait avoir assez de maisons ou
assez... d'écoles pour cette jeunesse qui arrivait en très grand nombre. On les
a construites. Fort bien. Une chance. Il fallait... Il fallait loger tout ce
beau monde là, scolariser. On a même créé les cégeps, créé le réseau des
universités UQ pour être sûrs que tout le monde aille ses aspirations. Mais il
faut voir que le... le baby-boom, je veux dire, ça a duré 10, 15 ans.
Puis, entre la naissance du... du jeune puis son arrivée au primaire, il y
avait minimum six ans, son arrivée au secondaire, il y avait minimum
12 ans, son arrivée au cégep, il y avait 17 ans. Là, ce qu'on vit,
c'est une hausse fulgurante de presque 300 000 personnes en trois ans.
C'est... C'est là où c'est difficile pour des questions de logement. Et ce n'est
pas vrai partout, là. Vous allez me dire : oui, mais dans tel village,
j'ai des logements, là, c'est libre, là, on chauffe, l'hiver, vide pour ne pas
que la moisissure embarque, mais on voudrait un locataire. 100 % d'accord.
100 % d'accord. C'est la... C'est la réalité. On ne la niera pas. Mais il
y a quand même une nuance entre un baby-boom qui... qui dure 15 ans, qui
permet de voir une prévisibilité, puis un accroissement soudain de plusieurs
centaines de milliers de personnes géolocalisées beaucoup dans les grands
centres, malheureusement, qui... qui fait que c'est extrêmement difficile.
Donc, il faut recevoir ces centaines de
milliers de personnes là, être capables de... de les scolariser. En ce moment,
on construit des modulaires dans des cours d'école. Pas partout. Dans d'autres
écoles, il y a des écoles de village à moitié vides. Mais il y a des endroits,
beaucoup d'endroits dans les grands centres, on n'a pas les locaux. On met des
modulaires, on empiète sur la cour d'école, puis une fois qu'on a le modulaire,
on n'a pas de prof pour mettre devant cette classe-là. C'est difficile.
Maintenant, ce que je comprends, ce que
vous nous dites, puis vous me corrigerez, l'objectif, ce ne serait pas tant de
réduire fortement l'arrivée, mais ce serait de mieux sélectionner les personnes
qui arrivent puis de s'assurer qu'elles répondent à des besoins de main-d'œuvre
et qu'elles s'installent en région pour avoir... moi, je ne dis pas des
Mexicains, des Haïtiens ou des... des Maghrébins, je dis des nouveaux
Québécois, des nouveaux Québécois, peu importe d'où ils arrivent, qui
s'installent et qui restent chez nous puis qui gardent nos entreprises ouvertes
puis nos villages ouverts puis nos écoles ouvertes. On ne peut pas être plus
d'accord que ça. Mais là, je vois que vous voulez intervenir, allez-y donc.
M. Châteauvert
(Pierre) :...au logement. Là-dedans,
on... on fait appel à un chantier majeur de... en matière de logement. On le
demande. ..à nous... depuis ces dernières années, ce que les régions ont obtenu,
c'est une coupure de RenoRégion par rapport au logement. Mais je veux vous dire
quelque chose qui... qui faciliterait très rapidement la... la construction de
logements. On a une... une... Il y en a plusieurs, des exemples comme ça. Comme
la MRC des Laurentides veut mettre en place une fiducie pour permettre aux
employeurs, parce que là-bas, dans la MRC des Laurentides, vous savez, c'est
Mont-Tremblant, il n'y a plus personne qui est capable de se loger à un prix
raisonnable, et pour faire fonctionner l'ensemble du système économique de la
MRC des Laurentides, ça prend des travailleurs, qui n'ont pas les revenus pour
justement se payer ces logements-là. Il y a des projets, genre, on va construit
des logements, les entrepreneurs, et tout ça, puis ils vont louer ça pour les
travailleurs. Or, les... les normes des programmes gouvernementaux interdisent
ça, ce genre de projets là. On lève ça. Il se crée, Charlevoix-Est, un peu
partout, plein de projets de ce genre-là et qui... ça se construit assez rapidement.
Mais quand on dit d'avoir le courage de regarder les choses autrement, là,
c'est ça, c'est ça qu'on dit.
Par rapport au système, le ministère de
l'Immigration a fait... après 2015, là, ils se sont retrouvés, il n'y avait
plus personne en région. Puis ils ont fait une job vraiment extraordinaire.
Mais là, on se retrouve à des problèmes bureaucratiques qui... qui...
complexes. Puis on les décrit, on a fait des enquêtes, et tout ça. Il faut
revoir les façons de faire pour accélérer le processus. Parce qu'en région,
puis le message est assez clair, si on n'a pas des... de nouveaux arrivants, en
fait, les... des... ça va être une question d'occupation de territoire. Puis
c'est une question globale pour le Québec. La meilleure façon de les franciser,
c'est de les envoyer en région, puis que là, on ait ces... accès à ces gens-là.
Mais là, actuellement, autant au niveau de la gestion même des programmes, les
problématiques de programmes, on les décrit, qu'au niveau de la question du
logement, bien, ça prend... comme on a l'exemple, on se relève les manches et
on y va...
M. Demers
(Jacques) :C'est pour ça que quand on...
quand on parle de ramener ça au niveau régional, c'est pour travailler
ensemble. Ce n'est pas juste de lancer la balle puis dire «on a un problème»,
on veut le travailler ensemble, on veut le régler ensemble, puis on veut
écouter les régions qui vont arriver avec des solutions. Tu sais, ce n'est pas
un gros village, là, ce que Ginette, elle nous explique, là, c'est...
Mme Paquet (Ginette)
:
...ce que je disais ce matin à ces messieurs, c'est qu'à mon village,
justement, les 90 Mexicains qui arrivent, il faut les loger. Et le
propriétaire de la poissonnerie a eu la très bonne idée de demander des
roulottes du chantier de la Romaine, le chantier de la Romaine, Hydro-Québec.
Donc, ils ont rapatrié ça aux villages chez nous, ils les ont retapés,
renouvelés. C'est très beau, très propre. Chaque Mexicain a sa chambre. Il y a
une cuisine communautaire, salon communautaire. Tout le monde est heureux.
C'est propre. Tout le monde est logé.
M. Roberge : ...typique de la
créativité des entrepreneurs de chez nous.
Mme Paquet (Ginette) : Oui,
oui, ça marche.
M. Roberge : Absolument.
Écoutez, je voudrais continuer, mais j'ai des collègues qui veulent penser.
Peut-être, je reviendrai avec d'autres questions, mais j'ai des collègues qui
vont poursuivre les échanges. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Je pense reconnaître la députée de
Vimont, 8 min 2 s.
Mme Schmaltz : Merci, Mme la
Présidente. Merci, M. le ministre, de votre... du temps que vous m'offrez.
Tellement intéressant, Mme Ginette, de vous écouter. Moi, j'étais sorti de la
commission, j'étais rendu dans votre village, j'imaginais tout ça. C'était les
400, les 80, les roulottes, là, j'étais... je n'étais plus là. Mais, par
contre, il y a quelque chose. Je me questionne sur... au niveau de la
francisation de vos... des Mexicains, 90 personnes, c'est quand même beaucoup.
Et puis l'entreprise, donc le... la poissonnerie, c'est ça, hein, qui les
emploie, est ce qu'elle a mis en marche... Est-ce qu'elle a mis quelque chose
pour justement les franciser?
Mme Paquet (Ginette) : Mais
ce qui est très intéressant, c'est que c'est à la demande, justement, de cette
usine de transformation des fruits de mer que les... que les cours de
francisation sont offerts. Il y a une quarantaine d'heures allouées à ces
employés là quand ils arrivent au Québec, parce qu'il ne faut pas oublier que
c'est hyper important que ces travailleurs soient sensibilisés à toute la
sécurité que l'on retrouve dans l'usine de transformation. Donc, il y a toute
une terminologie qui est préparée par l'École des pêches de Gaspésie. C'est...
c'est à partir de ce module là que l'on offre des cours de francisation. Puis
aussi, on leur apprend à se débrouiller dans le village quand ils ont besoin de
quoi que ce soit. Mais c'est très lié au travail et c'est mis en marche par
l'employeur. Et ça marche. Ils sont très intéressés, les employés, à apprendre
le français.
Mme Schmaltz : Est ce que vous
vous constatez justement cette... cette amélioration, cette facilité à
s'exprimer? J'imagine quand c'est plus petit, quand c'est dans un village
aussi, il y a une espèce de proximité un peu différente, peut-être, des grands
centres urbains.
Mme Paquet (Ginette) : Oui.
Tout à fait, parce que je me rappelle qu'au début, alors que je ne les
connaissais pas, ces employés-là, je les rencontrais à l'épicerie, à la épicerie
du village, puis je disais «hola!» parce que je voulais être accueillante, mais
je me suis rendue compte que ceux qui étaient de retour pour la deuxième,
troisième, bien, ils commencent à défricher la langue française et donc ils
s'efforcent de parler le français. Ils le veulent, ils le savent qu'ils ont
tout avantage.
Et je veux vous dire aussi, madame, qu'il
y avait 90 Mexicains, mais ils n'étaient pas tous dans la même classe. On
sépare les groupes débutants, moyens, plus avancés puis on est deux professeurs
par classe. Alors, moi, j'avais avec un collègue, nous avions 25 étudiants
dans ma classe. Ça se passait très bien.
Mme Schmaltz : OK. Juste avant
de recéder la parole au ministre, si je comprends, c'est vous qui enseignez
donc le français dans ces classes-là, dans ces deux... Vous avez plusieurs
chapeaux, en fait.
Mme Paquet (Ginette) : Oui;.
J'ai été enseignante de français avant, alors je suis très, très heureuse de
vivre l'expérience, et ça me rapproche des gens, et ça m'aide à connaître cette
réalité en tant que mairesse.
Mme Schmaltz : Est-ce que vous
utilisez toutes les fonctions de Francisation Québec dans le sens qu'on peut se
franciser comme vous le faites en présentiel, mais il y a aussi une façon de se
franciser par... sur des réseaux... pas sur des réseaux, pardon, mais de façon
virtuelle aussi, ou est-ce qu'ils ont accès aussi? Donc, finalement, est-ce que
vous constatez une facilité d'apprentissage? Est-ce que, selon vous, ça va
rapidement?
Mme Paquet (Ginette) : Ça va
rapidement parce que, justement, du fait qu'ils soient intéressés, ils prennent
tout ce qu'on leur offre comme plateforme d'apprentissage plus rapide, des
vidéos YouTube, des... beaucoup de plateformes sur lesquelles ils peuvent
aller. Puis ça paraît. Ils ont le petit Bescherelle avec eux...
Mme Paquet (Ginette) : ...puis
le dictionnaire puis ils sont hypermotivés.
Mme Schmaltz : ...prof de
français, là, vous... hein, j'imagine que...
Mme Paquet (Ginette) : J'aurais
voulu que ce soit comme ça quand j'ai enseigné au secondaire.
Mme Schmaltz : C'est ça que
je me dis. Je vais laisser la parole... des collègues...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Le petit Bescherelle.
Mme Paquet (Ginette) : Le
petit Bescherelle.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui. Alors, on va poursuivre avec la députée... voyons,
d'Anjou-Louis-Riel, trois minutes 58.
• (11 heures) •
Mme Boivin Roy : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Habituellement, les députés disent que leur
région, c'est la plus belle région du Québec, hein? Mais je dois dire que
Mingan, c'est dans mon top trois des plus belles régions du Québec. Très, très
beau chez vous.
Une voix : ...
Mme Boivin Roy : Oui, il y a
très, très longtemps. Ma question s'adresse à vous trois. Merci pour votre
présentation. Vous proposez à la page 12 de votre document que des mesures
soient prises afin de faciliter l'établissement permanent dans les régions des
étudiants étrangers. Quelles sont les caractéristiques des personnes qui
décident de rester en région après leurs études? Ce serait une première
question. Puis, une deuxième question, est-ce que vous pouvez préciser quelles
régions nécessitent davantage l'établissement permanent de ces étudiants
étrangers puis quels sont... pour lesquelles raisons, finalement?
M. Châteauvert
(Pierre) :Ça, c'est une problématique.
C'est majeur, le rôle... Un cégep dans une région, c'est un atout majeur. Et
plusieurs des cégeps, actuellement, leur positionnement, on pense dans le
Bas-Saint-Laurent, on pense à Saint-Félicien, on pense à bien des endroits,
leur situation est précaire étant donné la baisse des étudiants étrangers. Et,
lorsqu'il y a des... Notamment, à Rimouski par exemple, il y a plein de gens
qui viennent de l'étranger, et qui s'installent là, et qui viennent suivre des
cours, et développent un intérêt pour demeurer au Québec, demeurer dans la
région et au Québec. Mais ce qu'on a besoin, et on reprend la revendication de
l'ensemble du milieu de ces gens-là qui travaillent de façon étroite avec
nous : de tout faire pour que ces gens-là demeurent. Parce qu'à partir du
moment où ce que tu viens, tu vis dans un endroit, tu tombes en amour avec
un... tu tombes en amour tout court, ou tu veux t'installer, bien, tu deviens
un citoyen encore plus facilement puis encore... encore plus efficace et encore
plus productif pour ta communauté et la contribution. Il n'y a pas... On n'a
pas nécessairement de faire de liste quel endroit, quel endroit, mais on...
mais, en discutant avec l'ensemble de ces gens-là et notre monde qui discute
avec les institutions d'enseignement supérieur de leur coin, en agriculture, La
Pocatière, c'est fondamental. Tu sais, on leur parle. Tous ces gens-là, ils...
eux autres, ils tiennent à ça parce qu'ils voient le potentiel de développement
puis le... Et tantôt j'entendais qu'on était en compétition avec... au niveau
international, effectivement, au niveau des universités, mais les... l'ensemble
des institutions d'enseignement supérieur, c'est le cas aussi. Puis on a de la
qualité à offrir. Puis c'est une piste intéressante pour faciliter
l'établissement en région, c'est ça.
Mme Boivin Roy : Merci
beaucoup. Est-ce qu'il y a... Vous parlez de l'agriculture, mais est-ce qu'il y
a d'autres études qui... ou des types d'établissements qui vont favoriser
davantage que des gens puissent rester... permanents?
M. Châteauvert
(Pierre) :La forêt, tout ce qui était la
gestion du territoire, l'ensemble des... l'ensemble des formations spécialisées
qui sont offertes dans le réseau des cégeps dans les régions, Saint-Félicien...
Je ne me souviens pas de laquelle, j'essaie de retrouver, mais il y en a... il
y en a de tous les métiers, là, ils sont dans les réseaux des cégeps. Puis, en
région, il y a des problématiques... Dans la gestion municipale, en aménagement
du territoire, technicien en aménagement du territoire, il y a des endroits où
est-ce que, là, actuellement, il n'y a plus personne. Bien, il ne faut pas
perdre cette expertise-là. Alors que les techniques liées à l'aménagement du
territoire, c'est quelque chose de fondamental puis c'est... ils ne sont pas
là. Et, en passant, il y a... dans des MRC qui s'occupent d'un schéma
d'aménagement, on a plus de.... de plus en plus de nouveaux arrivants qui
amènent un éclairage totalement différent. C'est vraiment très intéressant ce
qui se passe. C'est vraiment, vraiment très... Nous autres, en tout cas, on
aime beaucoup ça.
Mme Boivin Roy : ...Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : 30 secondes.
Mme Boivin Roy : 30 secondes.
À la page six de votre mémoire, vous parlez d'établir une cible de 70 %
des personnes immigrantes admises au Québec, établies hors les régions
administratives. Comment vous proposez d'atteindre cette cible?
M. Châteauvert
(Pierre) :Bien, notamment, il y a le...
attendez, si vous permettez... c'est la... de changer au niveau du pointage,
là, de... Notre mémoire, il est assez grand, c'est... il y a plein d'éléments.
Puis, si vous me permettez, il y a une grille de pointage quand t'as des gens,
là... Bien, on a fait une proposition très concrète par rapport que, quand on
fait une demande à quelqu'un à l'extérieur, il y a... par rapport à un projet,
qu'il y ait un peu plus de points, qu'il y ait une plus grande différence,
qu'il y ait un avantage supérieur donné à...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup.
M. Châteauvert
(Pierre) :...à ces projets-là...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. C'est ce qui complète cette première ronde
de discussion. On poursuit avec la députée de La Pinière. Vous avez neuf
minutes 54 secondes.
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bonjour à vous. Merci pour votre mémoire et votre
présentation. Et, Mme la mairesse, j'ai beaucoup aimé, en fait, les
propositions que vous avez dans la mémoire, bien, ça s'adresse à la fédération,
mais, pour Mme la mairesse, j'espère que, justement, vous charmerez notre
ministre de la même manière que...
11 h (version non révisée)
Mme Caron : ...votre aïeul a
charmé le premier ministre Duplessis, votre mère, c'est ça, et qui a répondu à
toutes ses demandes, parce que vraiment votre mémoire propose... on voit que c'est
collé sur la réalité du terrain. C'est d'alléger la bureaucratie, de s'assurer
que le travail se fasse, que les intervenants du milieu aient les moyens d'agir
finalement et puis d'agir d'une manière que ça répond aux besoins de la MRC, puis
on s'entend que chaque MRC n'a pas les mêmes besoins, et tout ça. Alors,
vraiment, je trouve que c'est très, très intéressant, tout ce que vous proposez
et tout ce que vous nous apprenez aussi.
Alors, une question que j'ai pour vous, à
la page 10 de votre mémoire, une de vos recommandations, une de vos
demandes au gouvernement, c'est «d'accélérer la transition des travailleurs
étrangers temporaires localisés en région vers la résidence permanente, tel que
le prévoit l'orientation quatre de la planification de l'immigration, soit
accroître la part des personnes immigrantes permanentes déjà présentes au Québec».
Alors, ça, je comprends que les personnes qui sont déjà présentes, on a déjà
investi dans ces personnes-là et les personnes ont déjà investi dans le Québec,
finalement, et dans notre secteur économique. Mais comment pensez-vous que ça
peut être possible, quand on regarde dans la planification, le point quatre
auquel vous faites référence, accroître la part des personnes immigrantes
permanentes déjà présentes au Québec afin qu'elles représentent environ 63, 66 %
des admissions à la fin de la période, puis qu'on regarde les scénarios 2a, 2b,
2c, qui sont à 25 000, 35 000 et 45 000 personnes? Comment cet
objectif-là peut-il être atteint, selon vous, avec les seuils qui sont indiqués
dans la planification?
M. Châteauvert
(Pierre) :Si vous permettez, nous, par
rapport à ça, nous autres, ce qu'on demande, c'est qu'on doit aller au-delà de
ces seuils-là. Il faut aller... D'ailleurs, ce que je cherchais, c'est l'arrêté
ministériel qu'il faut modifier, la partie de la réponse tout à l'heure, mais,
ça aussi, il faut travailler là-dessus. Mais, effectivement, les seuils, nous, on
les trouve par rapport aux besoins des régions, par rapport... Et c'est beaucoup...
D'ailleurs, quand on dit de changer l'arrêté ministériel pour... à l'extérieur
des territoires de Laval... Montréal et Longueuil, où est-ce qu'elle se concentre,
la concentration est trop grande. Ça, là-dessus, on le voit, parce qu'on voit l'attraction
fait qu'effectivement on a accès à moins de bassins. Mais il faut travailler,
il faut mettre en place... À travers les emplois puis les travailleurs
étrangers, il y en a, de l'ouvrage, puis les gens vont... ils vont en région.
Les gens qui étaient devant l'Assemblée nationale, où est-ce que M. Demers a
pris la parole tout à l'heure, c'est la plus belle preuve que ça peut
fonctionner. Donc, il faut remplir... Puis ces gens-là, c'est plus facile de
les franciser. L'exemple de Mme Paquet, il y en a beaucoup d'exemples comme ça
à travers le Québec, mais c'est ça qu'il faut multiplier. Il faut aller au-delà
de ces seuils-là, pour nous, c'est clair.
Mme Caron : Donc, pour
répondre aux besoins des régions, il faudrait aller au-delà...
M. Châteauvert
(Pierre) :Mais aussi l'arrêté ministériel
pour donner plus de poids aux candidatures puis aux projets en région par
rapport à ceux de Montréal, pour faciliter...
Mme Caron : L'attraction
dans... et la rétention dans les régions.
M. Châteauvert
(Pierre) : ...l'attraction en région, ça, c'est clair, nous
autres...
Mme Caron : D'accord.
M. Demers
(Jacques) : Dès l'approche, quand on va les chercher, quand on
leur parle du Québec, il faut leur parler des régions, il faut... Tu sais, il y
a des gens qui vivent dans les régions puis c'est un choix de s'en retourner
sur la Côte-Nord à tel ou tel endroit, de dire : C'est la tranquillité, c'est
d'autre chose. Il ne faut pas leurrer ces personnes-là. Il ne faut pas leur
vendre ce qu'on n'est pas. Puis on peut leur expliquer, quand qu'ils vont arriver
sur notre territoire, ce qu'ils vont retrouver. Des territoires ruraux, là, il
y en a dans tous les pays du monde, là, mais on a l'impression qu'elle
comprend... Ces gens-là, ils arrivent ici, bien, c'est à Montréal ou dans la
métropole qu'il faut qu'ils se retrouvent. Pas nécessairement. Il y a vraiment
beaucoup de personnes comme moi qui aiment bien vivre dans la ruralité, puis
que je changerais de pays puis je demanderais encore cet élément-là. On peut
leur faire confiance qu'il y a... on aurait de l'attraction aussi de ce côté-là,
puis d'écouter les régions, je pense que c'est la façon.
M. Châteauvert
(Pierre) : Si vous permettez, de notre point de vue, il y a
urgence de faire... d'aller dans ce sens-là, parce que c'est une question d'occupation
du territoire. Et si le Québec... Déjà, notre place dans le Canada est moindre,
et, au Québec, si on ne s'occupe pas des régions ou de la population, le niveau
de... on va être dans le trouble... on va avoir de gros problèmes.
Mme Caron : Et comme principe
général, l'occupation du territoire, c'est un moyen de sécuriser notre
territoire aussi... de sécuriser l'intégrité, oui.
M. Châteauvert
(Pierre) : Et de se développer puis de pouvoir, de pouvoir
remplir, puis tout ça, puis de payer nos factures, c'est fondamental.
M. Demers
(Jacques) :Ça fait longtemps que le
Québec a décidé d'occuper son territoire. Il faut le faire, il faut bien le
faire. Puis je trouve que, particulièrement, depuis la pandémie, on parle, tout
ce qui est alimentaire, tout... Tu sais, notre agriculture, nos ressources
premières, tout ce qu'on va chercher, on va les chercher au niveau...
M. Demers (Jacques) :
...régions. Il faut éviter le fly in, fly out. Il faut avoir ces gens-là le
plus possible, qui font partie des communautés, qui habitent le territoire.
C'est ce qu'on veut. Il ne faut pas... pour produire, pour nourrir les
Québécois, les Québécois, on soit toujours obligés de dire : Non, non,
nous autres, on... je suis producteur agricole puis... mais ma famille ne
voudra pas venir vivre chez nous. On n'a aucun service, on n'a rien, on n'a pas
de vie communautaire. Il faut que ces territoires-là soient occupés. Là, on le
voit avec que les statistiques, qui nous amènent à dire, on le voit, la
diminution. Des municipalités qui nous explique : Regardez, nous autres,
on le vit déjà depuis un certain temps, mais il faut avoir de l'écoute pour ça,
parce que sinon, comment qu'on peut se projeter plus loin puis penser qu'on tient
un discours alimentaire sur l'ensemble en disant qu'on veut être le plus
autonome possible? L'autre côté, on est en train de fermer ces régions-là, ou
du moins de les diminuer, là.
• (11 h 10) •
Mme Caron : Merci. J'aimerais
vous entendre davantage sur votre recommandation au sujet du réseau Accès PME,
parce que vous dites que... vous demandez, en fait, que le gouvernement du
Québec implante un réseau sous la forme de réseau Accès PME, qui serait dédié à
la régionalisation de l'immigration. Est-ce que vous pouvez nous en parler un
petit peu plus...
M. Châteauvert
(Pierre) : Ça, c'est un grand succès depuis quelques années.
Puis je vois la Présidente qui est associée à ça. On a mis en place... on a
toujours restructuré l'ensemble du développement local au Québec, tout ce qui
est l'accompagnement des PME. Et c'est vraiment fantastique ce qui se passe.
Chaque MRC, le gouvernement contribue et la majeure partie du financement vient
du monde municipal. On a... un service du développement, soit à l'intérieur ou
un organisme délégataire.
Et ces organismes-là, ces services-là ne
font pas... ne font pas tout, là, des... ils vont en référencement, donc ils ne
sont pas là pour écraser, ils coordonnent, et tout ça. Et avec la fédération
canadienne de l'entreprise indépendante, on a fait un sondage sur
l'appréciation de ces services-là et on pourra vous transmettre le document.
Les entrepreneurs adorent. Durant la pandémie, c'est nous... Ce sont les
services de développement qui ont géré les services... les programmes d'aide
d'urgence aux entreprises. Le taux de radiations chez... On a administré les
mêmes sommes qu'Investissement Québec. Taux de de radiations chez Investissement
Québec : 10,8 %. Au niveau du... de notre réseau : 1,4 % de
radiations, on était meilleur que la meilleure des banques suisses dans le
fond. Et tout le monde, c'est unanime sur la qualité, l'accompagnement, et tout
ça.
Bien, nous autres, ce qu'on propose,
actuellement, là, le ministère... ce n'est pas contre le MIFI, parce que le
MIFI, d'où ils sont partis en 2014-2015, c'était difficile. Il n'y avait plus
de réseau avec ce que... les décisions, il n'y avait plus de présence en
région. Ils ont rebâti puis on les a accompagnés. On a aidé, tout ça, mais là,
on s'aperçoit qu'on est... Il y a une difficulté de discussion, il y a...
d'échanges, il y a des problèmes, ils sont décrits dans notre mémoire. Les gens
veulent continuer à travailler ensemble. Tu sais, il y a beaucoup, il n'y a
pas... Il y a beaucoup de changements, de personnel qui change au niveau du
ministère. Difficile d'établir des relations. Mais on a une expérience
extraordinaire ces dernières années en matière de développement local. On peut
très bien prendre ce modèle-là puis l'appliquer à l'immigration et on est
profondément convaincu du succès. D'ailleurs, toutes les MRC actuellement ont
des... ont des gens de le... en immigration. D'ailleurs, à chaque fin d'avril,
à Lévis, on a notre rendez-vous sur le développement local. Les gens en
immigration sont là, ils échangent, et tout ça, on va être capables sans...
pas... ce n'est pas de tasser les organismes, mais de coordonner, de faire des
objectifs, des programmes adaptés, des interventions adaptées sur chacun des
territoires pour faciliter l'accueil, l'intégration, la francisation et pour
que ça se passe bien, puis que tout le monde en profite.
M. Demers
(Jacques) : Peut-être cet élément-là, ce n'est pas qu'on est
meilleur que les autres, c'est juste qu'on est plus proche. Tu sais, un joueur
de basket va te dire, si tu es collé sur le filet, pas mal plus facile de la
mettre dedans que si tu es au fond du terrain. Tu sais, c'est la même chose. On
connaît notre monde, on connaît notre territoire, on connaît nos entreprises.
Ça fait que, quand on prend une décision, on sait de quoi on parle. Tu sais,
celui qui est loin, il a beau le viser, le filet là, bien, bonne chance. Son
taux de réussite ne sera jamais aussi bon que celui qui est collé dessus.
Mme Caron : Merci. Alors, je
pense qu'il reste un peu moins d'une minute.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Non, il reste 18 secondes.
Mme Caron : Bon, bien,
18 secondes, alors je vous remercie beaucoup. Encore une fois, c'est un
mémoire qui est centré sur l'avenir, qui est centré sur les régions et on voit
que les gens peuvent se relever les manches, travailler ensemble s'ils ont le
pouvoir de le faire. Merci, merci beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. On poursuit donc avec le député de Laurier-Dorion,
trois minutes, 18 secondes.
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, M. Demers, Mme Paquet et M. Châteauvert. Merci beaucoup
d'être ici. Écoutez, votre présentation, votre mémoire est une sorte de... il
se place en contradiction avec les politiques gouvernementales. Si je peux
me... C'est mon opinion. Et d'emblée...
M. Fontecilla : ...j'aimerais
souhaiter, là, particulièrement pour Mme Paquette, là, que si votre mère et les
autres femmes de Longue-Pointe-de-Mingan ont réussi à influencer l'ancien premier
ministre, M. Duplessis, je suis convaincu que vous allez influencer l'actuel
ministre de l'Immigration, n'est-ce pas, hein? Vous ne pouvez pas y échapper,
M. le ministre.
Donc, ceci dit, vous avez... vous avez dit
devant nous... vous avez eu des mots très clairs, comme quoi cette... les
orientations qui sont devant nous, là, c'est une menace directe à l'économie et
aux régions, là. D'ailleurs, ça s'exprime aussi dans votre texte. Encore une
fois, vous complexifiez le problème, parce que c'est non seulement l'admission,
recruter des travailleurs pour les régions du Québec, là, mais aussi, c'est de
faire vivre des communautés. Vous allez même... Vous soulignez l'importance de
la résidence permanente, d'avoir des familles dans les communautés, là. Et vous
vous placez donc au-delà des scénarios qui sont placés devant nous aujourd'hui,
là, vous voulez plus de familles dans vos régions, plus de familles
immigrantes, c'est ça que je comprends, à long terme.
M. Demers
(Jacques) :On veut de la stabilité, puis,
évidemment, ça passe par là. Tu sais, si tu ne passes pas par la famille... Les
gens de l'extérieur, s'ils viennent pour chercher un montant d'argent puis de
le ramener, bien là, on comprend que, oui... Puis tant mieux, quand on entend
qu'ils viennent deux, trois, quatre, cinq ans de suite, mais on est convaincu
que si la famille est là, les chances que la conjointe ou le conjoint qui n'est
pas ici... bien, il y a des chances que lui, peut-être un jour, resterait, on
pourrait former, on pourrait remplir des villages qui en ont besoin, de ces
familles-là qui se rajoutent à la vie communautaire. Puis on pense qu'on a tout
en région pour que ces gens-là soient heureux puis créent la croissance qu'on a
de besoin et la stabilité de nos territoires.
Mme Paquet (Ginette)
:
Vous avez raison, M. le maire, parce que le fait d'accueillir des employés,
comme ça, pour quelques mois... une fois qu'ils sont repartis, l'école n'est
pas plus peuplée, là, puis la garderie non plus, alors ça demeure fragile tant
et aussi longtemps que ces employés repartent à la fin de leur saison de
production. Pour la suite de mon village, oui, en termes d'emplois, mais en
termes de population qui vieillit, ça ne règle aucun problème, et il est réel,
le problème.
M. Fontecilla : En d'autres
mots, vous pensez qu'il faut en quelque sorte augmenter l'immigration au
Québec, surtout en région?
M. Demers
(Jacques) :Bien, c'est... La question est
bonne, hein, parce qu'on peut le voir d'une façon, puis, souvent, les gens voudraient
qu'on sorte un chiffre augmenté, mais on voudrait que ce soit pensé avec les
besoins des régions. On dit pourquoi... Il y a peut-être des endroits que ça va
moins bien, on n'est pas capable d'analyser chacun des territoires. Il y a
peut-être des endroits, je vous dirais, où on n'est pas capable d'en prendre
plus. On l'entend cet élément-là, puis il est sûrement vrai à des endroits,
mais on ne veut pas faire un tout de ça puis dire...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. Demers.
M. Demers
(Jacques) :Oups! Excusez. Merci. Je
n'avais pas compris...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je suis la gardienne du temps.
M. Demers
(Jacques) : Non, non, non, c'est parfait.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je suis vraiment désolée. Des fois, je laisse un petit peu
terminer, là, mais il reste encore une dernière intervention avec le député
d'Arthabaska, pour 3 min 18 s.
M. Boissonneault : Merci, Mme
la Présidente. Merci à vous trois pour la présentation. Ça va un peu dans le
sens de ce qu'on a discuté. Je pense qu'on est à peu près tous d'accord pour
dire que la régionalisation, c'est important quand on parle d'immigration. Puis
ce qu'on essaie de faire, dans cette commission, c'est prendre un pas de recul
puis voir de quelle façon on doit gérer l'immigration, planifier l'immigration
au Québec, permanente et temporaire, mais globalement, hein? Il faut qu'on
considère aussi les grands centres en plus des régions. Donc là, on doit faire
des choix.
Lorsqu'on parle de régionalisation de
l'immigration, là, vous dites : On veut de la prévisibilité, entre autres,
ça, ça doit passer par, peut-être, la résidence permanente. Est-ce que vous
mesurez la rétention de l'immigration dans les régions, dans les villages, dans
votre village, par exemple, des gens qui reçoivent leur résidence permanente et
qui restent en région? Parce que, malheureusement, on le sait, on a des
données, quand même, qui nous l'indiquent, il y en a plusieurs qu'une fois qu'ils
ont la résidence permanente, ils vont peut-être aller ailleurs aussi. Est-ce
qu'on... est-ce que vous mesurez ça? Est-ce qu'il y a... Puis est-ce qu'il y a
une façon pour vous de garder ces personnes-là dans les villages, dans les
régions?
M. Demers
(Jacques) :...expérience, parce que je
n'ai pas la statistique, puis sûrement qu'ils l'ont aussi bien... Puis ils ont
raison, on le voit, cet élément-là, puis on a... on travaille beaucoup pour
être meilleurs de ce côté-là. C'est notre but. Est-ce qu'on l'a atteint?
Évidemment, quand on regarde le passé, non, pas nécessairement, pas partout,
mais il y en a que oui. Puis j'aime ça quand j'entends : Ça fait quatre,
cinq ans au moins qu'ils retournent à la même place. Bien, je pense que, là,
ils font quand même des choix, puis ça doit être intéressant pour eux, mais il
faut les accueillir, il faut qu'ils soient capables de s'enraciner chez nous.
Pour moi, c'est primordial. Puis la francisation, qu'on me ramène souvent...
j'ai donc hâte qu'ils aient l'accent de chacune de ces régions...
M. Demers
(Jacques) : ...pour moi, ça, ça serait... en plus de leurs
accents qu'ils ont déjà, ce serait extraordinaire.
• (11 h 20) •
Mme Paquet (Ginette) : Puis,
si je peux ajouter également, peut-être que, dans la quantité qui viendrait
s'installer en région de façon permanente, c'est possible que quelques-uns
choisissent de migrer vers la ville, c'est possible, mais, moi, ce que j'ai vu,
ce que j'ai entendu, c'est que... en tout cas, je parle pour mon petit village,
là, les gens, les employés qui sont là, ce qu'ils aiment, justement, c'est
d'être en région éloignée, parce qu'ils m'ont beaucoup parlé du climat tendu au
Mexique, la sécurité pour leurs enfants, les grands espaces qu'ils ont
retrouvés chez nous. Alors, moi, j'aurais vraiment confiance que, pour beaucoup
d'entre eux, ils choisiraient de s'y établir et d'y rester.
M. Châteauvert
(Pierre) :...invite les parlementaires,
c'est de regarder ça, le défaitisme de... oui, on en a... on a fait des choses,
on en a connu, des échecs, mais on continue, puis on travaille, puis on se
relève les manches, puis on y va. Ce discours-là, nous, on pense que c'est
possible. Il y a des moyens... C'est certain qu'il y a des moyens pour garder
notre monde, puis... mais on l'a... on ne s'est jamais bien structuré
là-dessus, au Québec, hein, il y a toujours eu plein de débats, puis c'est ce
qu'on propose dans notre document, de restructurer et de réorganiser des
affaires pour atteindre cet objectif-là, les amener puis les garder.
M. Boissonneault :...que la personne qui choisit de ne pas rester avec sa résidence
permanente puis qui se retrouve à Montréal, là ce n'est pas ce qu'on veut,
là...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
M. Boissonneault : ...parce
qu'on a franchi un point de bascule dans la région métropolitaine.
M. Demers
(Jacques) :...on comprend qu'il y a des
défis puis peut-être qu'il faut les écouter aussi, ces gens-là, de quelle
façon... qu'est-ce qu'ils ont de besoin. Tu sais, là, on parle un peu pour eux,
on est déjà, nous, enracinés dans nos milieux. Je me dis : Il faut
peut-être les écouter. On essaie de le faire puis de s'améliorer de ce côté-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, c'est ce qui met fin à cette
intervention. Je vous remercie pour votre contribution. Je me suis beaucoup
promenée au Québec, M. Châteauvert l'a dit, mais je vais certainement aller
dans votre région.
Alors, je suspends les travaux quelques
instants, le temps de recevoir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 11 h 22)
(Reprise à 11 h 26)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Bienvenue, mesdames et monsieur. Alors, pour cette prochaine ronde
d'interventions, nous recevons la Chambre de commerce du Montréal métropolitain
ainsi que Montréal International. Alors, vous avez 10 minutes pour vous
présenter, et vous êtes beaucoup. Je vais vous laisser vous présenter, et, par
la suite, on va discuter avec les parlementaires sur vos recommandations.
Alors, le temps est à vous.
Mme Veillette (Sandrine) : Bonjour.
Sandrine Veillette, directrice, affaires économiques et communications à la
Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Mme Dessureault (Isabelle) :
Isabelle Dessureault, présidente et cheffe de la direction de la Chambre de
commerce du Montréal métropolitain.
Mme Chatel-DeRepentigny
(Joëlle) : Joëlle Chatel-DeRepentigny, vice-présidente, Stratégie et
communications chez Montréal International.
M. Paquet (Stéphane) : Et
Stéphane Paquet, PDG de Montréal International.
Mme Dessureault (Isabelle) : Bonjour.
Alors, Mme la Présidente, Mmes et MM. les députés, membres de la commission, je
vous remercie d'abord, évidemment, comme chaque participant, de nous accueillir
pour présenter la position... les positions de la Chambre de commerce du
Montréal métropolitain et de Montréal International sur la planification pluriannuelle
de l'immigration. Je vais commencer par présenter le point de vue de la chambre
et je céderai, par la suite, la parole à Stéphane Paquet.
Alors, la Chambre de commerce du Montréal
métropolitain, forte de ses 203 ans d'histoire et de ses 8 000 membres,
est la voix du milieu des affaires de la grande métropole, la grande région. Et
permettez-moi de vous rappeler que la métropole, c'est 56 % du PIB du
Québec, et près de la moitié de la population, donc on peut dire, quand même,
son moteur économique.
La chambre aborde la consultation
d'aujourd'hui, vraiment, dans un esprit de collaboration avec vous. On veut
travailler avec les élus, le gouvernement pour trouver des solutions concrètes,
autant à court, mais aussi, et surtout, à long terme, pour, quant à nous,
dépasser le seuil... ou le débat, strictement, justement, autour des seuils. On
aimerait prôner aujourd'hui une approche qui est constructive et qui est
pragmatique.
L'immigration qualifiée et bien
sélectionnée, vous le savez, c'est une réponse incontournable à nos défis
économiques, en plus de nourrir vraiment notre richesse culturelle et la
diversité de notre société depuis des décennies. La demande en main-d'œuvre
dans la métropole demeure très élevée, avec 73 000 postes vacants, dans le
Grand Montréal, sur 123 000 pour l'ensemble du Québec au deuxième
trimestre 2025, donc c'est 60 % des postes vacants qui sont dans notre
métropole. Notre capacité, donc, à innover, elle est renforcée par cette
immigration qualifiée. Une autre statistique qu'on aimerait vous rappeler c'est
que 44 % des immigrants qui sont âgés de 25 à 64 ans détiennent un diplôme
universitaire, alors que cette proportion chez les non-immigrants, elle est de
25 %. Nos universités regorgent de talents internationaux, avec presque la
moitié des étudiants...
Mme Dessureault (Isabelle) :
...au doctorat qui proviennent de l'international. Pour les étudiants québécois
qui étudient à leurs côtés, cela offre vraiment une ouverture sur le monde et
nourrit les carrières. Et j'en suis la preuve, ayant étudié à l'Université
Concordia avec beaucoup d'immigrants. Cependant, dernièrement, la réputation de
Montréal comme une ville universitaire ne cesse de s'éroder. Et la complexité
croissante des règles d'immigration n'y est pas pour rien.
• (11 h 30) •
Autre aspect, au-delà des étudiants
universitaires, c'est le repreneuriat. On en parle beaucoup ces temps-ci. Avec
le transfert de 50 000 entreprises d'ici 2029 au Québec, sachez que
les immigrants y jouent un rôle clé dans cet enjeu bien québécois quand ils
entreprennent deux fois plus de démarches de reprise que les natifs québécois.
Alors, au-delà de l'économie, l'immigration peut aussi contribuer à relever
plusieurs défis sociétaux. Les besoins croissants en infrastructures, on entre dans
une ère historique d'investissement au Québec, notamment du côté énergétique,
la disponibilité des logements, donc tout ce qui est la construction, le
système de la santé, le système d'éducation, on le sait, notre population, elle
est vieillissante. Donc, pour nous, l'immigration fait partie de la solution.
Et on invite vraiment beaucoup de gens à changer de paradigme. Donc, la
question ne devrait pas être de savoir si oui ou non nous souhaitons accueillir
des immigrants et combien, mais qu'est-ce qu'on se donne comme capacité, comme
société pour être toujours plus experts, j'ai envie de vous dire, parmi les
meilleurs dans le monde, à développer cette expertise à accueillir
l'immigration à court, à long terme, avec différents parcours pour aller y
chercher un avantage concurrentiel mais pas qu'économique, aussi en termes de
diversité et de richesse culturelle, comme on l'a fait à de nombreuses reprises
aussi dans notre histoire.
Alors on nous invite à davantage
travailler sur la planification ensemble, et vous avez notre engagement à faire
partie des solutions à la table avec vous. Je terminerai en parlant d'ailleurs
d'un dossier à succès que nous menons avec le MIFI. À la chambre de commerce,
on a un programme qui s'appelle J'apprends le français, qui a gagné de nombreux
prix. On est très heureux de pouvoir poursuivre notre... notre impact avec vous
pour les trois prochaines années. Et c'est là qu'on aimerait travailler encore
davantage ensemble pour faire face aux défis, en francisation bien sûr pour Montréal,
mais aussi voir l'immigration comme une solution pour le logement, la
construction, les soins de santé et l'éducation. Je laisse le soin à
M. Paquette de poursuivre.
M. Paquet (Stéphane) :
Merci. Merci, Isabelle. Mme la Présidente, M. le ministre, bonjour. Montréal
International accompagne depuis maintenant 15 ans les employeurs du Grand
Montréal dans leur démarche de recrutement de talents qualifiés à
l'international. Et ce qu'on entend de plus en plus de la part de ces
employeurs-là, c'est qu'elles ont besoin... ils ont besoin d'une plus grande
prévisibilité, une plus grande cohérence même. Donc, ce sont deux mots que vous
allez entendre au cours de mon témoignage. Les talents que nous avons recrutés
avec les entreprises à l'international sont spécialisés en aérospatiale, en
génie civil, en technologies de l'information, en enseignement aussi, et en
soins de santé. Aujourd'hui, les employeurs font face à une réalité qu'ils
n'auraient pas pu prévoir au moment d'embaucher ces travailleurs internationaux.
Et c'est ça qui fait mal. À pareille date, l'an dernier, les annonces de
changements aux règles d'immigration se succédaient, tant ici qu'à Ottawa. Le
Conseil du patronat a fait état de 24 annonces de changements en
immigration à 14 mois, 24 en 14 mois. Je vous avoue personnellement,
à un moment donné, que j'ai arrêté de compter. Donc, je me fie au Conseil du
patronat pour les chiffres, mais il y en a eu beaucoup.
Ces changements successifs ont entraîné un
sentiment d'incertitude chez les employeurs, qui sont maintenant contraints de
se départir de talents internationaux qualifiés, formés et intégrés, qui
contribuaient à la croissance de leurs activités et, oui, généraient aussi des
recettes fiscales pour le Québec. Certains diront : Oui, mais le Québec
n'a jamais rien promis à ses travailleurs temporaires au-delà du permis de
travail d'une durée de deux ans. Vous avez raison. Par contre, on a promis aux
employeurs qu'ils auraient accès à un bassin de main-d'œuvre internationale
afin de remplir les exigences des contrats qu'ils ont signés. Des options pour
pérenniser leurs emplois s'offraient à elles au moment d'embaucher ces
travailleurs internationaux. Puis il y a eu la succession de réformes limitant
le nombre de permis de travail au sein même d'une entreprise, ce qui est
particulièrement vrai pour Montréal et Laval. De plus, le gouvernement du
Québec a mis en veille...
11 h 30 (version non révisée)
M. Paquet (Stéphane) : ...le Programme
d'expérience québécoise, le PEQ, sans mesures transitoires ou sans préavis
quelconques. Ce programme a été remplacé par le Programme de sélection de
travailleurs qualifiés, le PSTQ, un système de pointage qui favorise
ouvertement les candidats établis à l'extérieur du Grand Montréal. En fait, permettez-moi
une comparaison. La mauvaise planification de l'immigration ressemble beaucoup
à ce qu'on a vécu avec l'électricité, c'était l'abondance jusqu'à ce que, du jour
au lendemain, le gouvernement décide de fermer le robinet. Un cas classique de
boom and bust. Et dans les deux cas, l'immigration et l'électricité, le prix à
payer par les entreprises est énorme.
On a beaucoup parlé de régionalisation de
l'immigration et on n'est pas contre. Je vous le répète, nous ne sommes pas
contre. Nous notons par contre que cette régionalisation, dans sa forme
actuelle, faite en partie du moins... non, ne se fait... ce fait, en partie du
moins, non pas au profit des régions du Québec, mais plutôt au profit des
villes ailleurs au Canada. Je vous explique. Aujourd'hui, si vous êtes une
ingénieure française ou un programmeur belge francophone, le programme fédéral
des travailleurs qualifiés favorise les francophones hors Québec et il vous
permettra d'accéder à la résidence permanente en environ six mois, alors qu'au
Québec le délai moyen s'élève à 18 mois. Et c'est sans compter que les
invitations, en vertu du nouveau PSTQ, se font particulièrement rares dans le
Grand Montréal. En d'autres mots, il y a un avantage net à choisir Toronto
plutôt que Montréal pour immigrer au Canada. Et Toronto ne se gêne pas en
jouant la carte de la Francophonie, Mme la Présidente.
Les entreprises que nous accompagnons en
sont de plus en plus conscientes, si bien que certaines choisissent de créer
des emplois à l'extérieur du Québec en raison de l'accès à la main-d'œuvre
internationale. Et souvent, ce sont des francophones que l'on veut
objectivement avoir chez nous.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
M. Paquet (Stéphane) : En
terminant, donc trois points précis pour nous, on aimerait avoir des règles qui
soient prévisibles. Dans l'immédiat et dans un souci de cohérence par rapport
aux politiques passées, il est urgent pour nous d'améliorer la rétention des
travailleurs temporaires déjà présents et déjà formés au Québec. Et finalement
il faut vraiment tout faire pour réduire les délais pour accéder à la résidence
permanente parce que nous sommes en concurrence avec le reste du Canada.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, on commence la période d'échange
avec le ministre, 16 min 30 s pour votre banquette.
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. Merci pour votre présentation. Content de vous revoir.
Prévisibilité, cohérence, c'est des mots que vous avez répétés. On comprend
très bien. Il y a eu beaucoup de changements dans les 18 derniers mois. En
fait, il y en a eu beaucoup, je vous dirais, entre août 2024 et décembre 2024.
Parce que, depuis janvier 2025, soyons honnêtes, il n'y a pas eu tant de
changements. Il y a eu un trois, quatre mois où il y a eu plusieurs
changements, tant du côté québécois, reconnaissons-le, que du côté fédéral
aussi. Mais depuis ce temps-là, on n'est pas, là... on n'est pas dans un
changement par mois, là, de notre côté.
Par contre, je pense que l'ensemble des
milieux, que ce soit l'enseignement supérieur, les municipalités, le monde des
affaires, aimerait ça avoir l'assurance qu'on ne repart pas pour une séquence
de plusieurs changements successifs. Donc, la prévisibilité, on va la donner,
et c'est pour ça qu'on fait pour la première fois une planification qui inclut
à la fois les... les temporaires et les permanents, puis qu'on s'engage sur un
horizon de quatre ans. Donc, ça, ça va.
Pour ce qui est de la cohérence. Ça dépend
comment on le voit, je vais vous dire, on veut tous être cohérents, évidemment,
mais si le contexte change et que nous changeons nos politiques, certains vont
dire : Ce n'est pas cohérent, il y a un an, ils disaient x, aujourd'hui,
ils disent y. On ne peut pas se fier à eux. Quand le contexte change... En tout
cas, je ne pense pas qu'il y a un entrepreneur qui va nous dire que d'être
cohérent, c'est de s'entêter à maintenir une politique ou une orientation.
Quand le contexte change, on... on ne reprocherait pas à une entreprise aujourd'hui
de revoir son carnet de commandes, ses marchés, ses ressources humaines en lui
disant «tu n'es pas cohérent», il va nous dire : Bien, il y a une
guerre tarifaire avec les États-Unis, mes fournisseurs ne sont plus les mêmes,
les clients ne sont plus les mêmes. Je revois mes choses. On ne le dira pas qu'il
est incohérent. Je ne pense pas qu'on peut dire la même chose de la même... En
fait, cette même logique s'applique au gouvernement qui lorsqu'arrive 200 000,
300 000 personnes en deux ans sur le territoire, imposés par le
gouvernement fédéral, le gouvernement québécois doit s'adapter, changer des
choses qu'il disait en 2020, 2021, 2022, il disait : Bien, il faut que je
m'adapte...
M. Roberge : ...pour le
français, pour le logement, pour l'occupation du territoire, pour assurer que
la capacité d'accueil est... est respectée.
On s'entend pour dire que l'immigration
est une solution, à bien des égards, notamment pour les travailleurs hautement
qualifiés, pour les diplômés du Québec, pour l'occupation du territoire, pour
nos travailleurs étrangers temporaires qui gardent un secteur manufacturier
actif dans un contexte difficile, pour la construction, pour l'éducation, pour
la santé. D'ailleurs, nos politiques qui imposent certains moratoires dans le
Grand Montréal ne visent pas la construction, l'éducation, la santé. On... On
ne fait pas de mur-à-mur.
• (11 h 40) •
Donc, je voulais préciser ça d'entrée de
jeu avant de vous questionner sur un élément de votre mémoire. À la page huit,
on voit que vous avez fait un sondage auprès de vos membres. Puis vous traitez
des travailleurs étrangers temporaires, des fois on dit les TET, dans... dans
le jargon. Et puis à la page huit, là, au quatrième picot, vous dites : Le
salaire annuel moyen des TETQ, c'est travailleurs étrangers du Québec, employés
par les entreprises sondées s'élève à 83 362 $, ce qui leur
contribuait de... ce qui leur permet de contribuer positivement aux revenus
fiscaux des gouvernements et témoigne de la haute valeur ajoutée des fonctions
qu'ils exercent. 100 % d'accord. Mais vous savez qu'à 83 362, pour
les travailleurs étrangers, il n'y a absolument aucune contrainte de la part du
gouvernement du Québec. Vous... Vous savez ça?
Une voix : ...
M. Roberge : OK. Mais c'est
parce que vous sondez des gens dont les travailleurs étrangers ont un salaire
de 83 000 $, donc des gens dont... les travailleurs étrangers ne
vivent aucune contrainte. Puis après ça, vous... vous dénoncez les contraintes
dans le TET. Mais il me semble qu'il y a... il n'y a pas de corrélation entre
les travailleurs étrangers, des employeurs sondés puis vos recommandations ensuite.
Vous nous recommandez de ne pas toucher aux TET. Or, vos membres ont des TET
qui ne sont visés par aucune mesure. Et c'est là où j'ai de la misère à vous
suivre.
M. Paquet (Stéphane) : On
parle... On parle d'un salaire moyen. Donc, c'est évident que si le salaire
moyen est de 83 000 $, puis il y en a qui sont à 125 000 $,
ça veut dire qui... il y en a qui sont à 70 000 $ aussi. Donc, on
parle d'un salaire moyen. Il y en a qui sont dans différentes catégories. D'ailleurs,
quand vous regardez ce sondage, les résultats de ce sondage-là, ce que vous
voyez aussi, c'est que beaucoup des travailleurs temporaires qualifiés qu'on
est allé chercher avec les entreprises, avec l'aide du ministère aussi pendant
les dernières années, ce sont des gens qui arrivent et qui ne sont pas en
entrée de... donc ce n'est pas leur premier emploi. C'est des gens qui ont cinq
ans, qui ont 10 ans. Donc, on a besoin d'eux pour devenir des
superviseurs, des chefs d'équipe, le temps de former de nouveaux superviseurs
et de chefs d'équipe qui sortent de... de nos universités. Et donc, ce que vous
voyez dans le sondage, c'est essentiellement ça. C'est ce que ça dit.
Pour ce qui est de votre autre point,
quand vous mentionnez qu'on est là pour quatre ans, en fait, j'ai juste un mot,
c'est merci. Merci, parce que je vous dirais qu'on l'a entendu à quelques
reprises, qu'on allait pour quatre ans, puis finalement, bien, on revenait puis
on disait : Bien, finalement, c'était pour deux. Donc, si les prochaines
normes, les prochains règlements sont là pour quatre ans, je peux vous dire une
chose, c'est que tout le monde sera content.
Mme Chatel-DeRepentigny
(Joëlle) : J'ajouterais peut-être, juste en terminant puis en
complément d'information, effectivement, c'est une moyenne. Puis actuellement
le... le salaire à 35 $, là, environ, de l'heure, qui... qui est le seuil,
là, de bas salaires... ou de hauts salaires, en fait, n'est pas nécessairement
lié avec le degré de qualification, de compétence. Et le.. le côté stratégique
de ces travailleurs-là, pour certains des écosystèmes qu'on couvre, notamment
en aérospatiale, des soudeurs, des machinistes qui gagnent sous la barre de ce
salaire-là, il y en a. Et c'est... les entreprises n'arrivent pas à recruter au
Québec, donc ont eu recours aux TET pour ces raisons-là. Donc, ça aussi, ça
fait partie, là, des... des filiales qu'on... qu'on accompagne.
Mme Dessureault (Isabelle) : ...ajouter
ma voix à celle de M. Paquet, dans les... dans les bravos, si on veut, ou dans
les fleurs. C'est d'avoir donc intégré l'immigration temporaire à cet
exercice-ci. Alors, on salue cette vision de... d'intégration. Je pense que ça
aide... ça aide beaucoup de gens pour le... pour la planification à venir.
M. Roberge : Et merci. Je
veux souligner que, pour ce qui est de nos temporaires que... j'ai le goût de
dire que nous contrôlons, c'est à moitié vrai, malheureusement, parce que nos
temporaires, nous les contrôlions avant à 100 %, avant que le fédéral
débarque...
M. Roberge : ...avec ses grosses
bottes en septembre 2024 pour nous imposer, là, des plafonds puis des 10 %
puis des 20 % dans beaucoup d'entreprises. Mais ça s'appelle... vous
l'écrivez même... moi, je dis tout le temps : Les TET, vous êtes TETQ,
travailleurs étrangers temporaires du Québec, hein, c'est notre programme dans
lequel il est débarqué. Mais notre cible amène une... cible proposée, là, amène
une réduction, là, de 70 000 à 65 000. Sur quatre ans, je veux dire,
ça... c'est quoi, là, c'est 1 200, 1 300 par année à l'échelle du
Québec. On n'est pas dans une coupure drastique, je dirais, on est un petit peu
en dessous d'une stabilisation.
Puis, pour ce qui est des étudiants
étrangers, vous ne l'avez pas mentionné, mais, je pense, c'est important de le
mentionner : quand on met une cible d'environ 110 000 étudiants
étrangers à l'échelle du Québec, en réalité il n'y a aucune perte nette pour
aucun cégep, il n'y a aucune perte nette pour aucune université. La baisse de
120 000, qui a été le sommet historique, à 110 000, elle est ciblée,
là, dans des collèges privés non subventionnés qui attiraient des étudiants, en
très grande majorité, anglophones, dans le but, là, de leur permettre de mettre
le pied sur le territoire puis, après ça, d'avoir une citoyenneté canadienne.
Donc, nos cibles de réduction sont pratiquement des cibles de stabilisation
dans les domaines que l'on contrôle.
Là où il y a eu une augmentation
explosive, c'est dans les demandeurs d'asile et puis dans le programme PMI,
Programme mobilité internationale, qui relève d'Ottawa. Des fois, ce sont des
conjoints, conjointes de nos étudiants, il faut le dire, mais c'est en grande
majorité des gens qui... malheureusement, lorsqu'ils arrivent ici, il n'y a pas
d'évaluation d'impact sur le marché du travail. Donc, on ne sait pas s'ils
viennent combler un besoin direct puis on ne sait pas où est-ce qu'ils
s'installent, ces personnes-là.
Et c'est là où on est obligés de revoir
nos politiques, considérant notre capacité d'accueil, par rapport aux
programmes fédéraux qui sont un petit peu en dérapage contrôlé, parce que notre
souhait, ça aurait été qu'il n'y ait pas eu ce dérapage-là du côté de notre
collègue à Ottawa puis d'avoir une certaine stabilité dans nos effectifs à
nous, éviter, je vous dirais, la poursuite... Là, on est partis de 50 000
étudiants étrangers à 120 000 en peu de temps. On est partis de, quoi,
20 000 travailleurs étrangers à 70 000. Donc, dire qu'on va couper
tout ça, ça ne serait pas raisonnable, d'un seul coup. On voudrait simplement
une stabilisation. Ce qui force un grand questionnement, c'est que, oui, on
tient compte des permanents, on tient compte des temporaires, mais on est
obligés de tenir compte des temporaires sur lesquels on n'a pas prise. Et je me
demande votre perspective là-dessus.
Parmi les temporaires sur lesquels on n'a
pas prise, il y a des demandeurs d'asile qui arrivent ici, 40 000 cette
année à peu près. Est-ce qu'il y a là quand même une manne de personnes qui
obtiennent un permis de travail beaucoup plus vite qu'avant et qui peuvent être
des opportunités en termes de... je vous dirais, de force de travail dans la
région de Montréal? Parce qu'ils s'installent surtout dans la région de
Montréal.
M. Paquet (Stéphane) : En
fait, j'ai envie de vous dire : J'aimerais avoir une réponse claire. Je ne
l'ai pas, malheureusement, tant du côté de Québec que du côté d'Ottawa. On a
essayé d'avoir plus de données possibles sur ces nouveaux arrivants. Je vous
dirais que c'est assez rare, c'est assez difficile à trouver, quelque chose de
très pointu.
Par contre, ce que je peux vous dire,
c'est qu'on présume, on présume que, dans ces nouveaux arrivants qui nous
arrivent pour des raisons humanitaires... qu'il y a là de potentiels
travailleurs aussi qui peuvent répondre à certains besoins. Et donc ce qu'on a
fait à l'interne, chez Montréal International, c'est qu'on a embauché
quelqu'un, à même nos frais, là, à même... à même les fonds de Montréal
International, on a embauché quelqu'un pour faire ce qu'on appelle du
«sourcing», c'est-à-dire qu'il regarde les compétences avec des organisations
qui travaillent avec les demandeurs de réfugiés et pour les mettre en relation
avec des employeurs, essentiellement du Grand Montréal, mais pas seulement du
Grand Montréal.
Donc, je n'ai pas de réponse précise à votre
question, mais je présume que, dans les 40 000, il y a assurément des gens
qui peuvent répondre à des besoins pressants du marché du travail, tant à
Montréal que dans le reste du Québec.
M. Roberge : On est d'accord
là-dessus. D'ailleurs, on va soutenir encore plus et mieux, au MIFI, les
organismes qui nous aident à la reconnaissance d'acquis, à la qualification,
requalification, l'orientation en emploi. On a vu des initiatives d'organismes
aussi qui aidaient les demandeurs d'asile à se trouver des emplois à Montréal,
oui, mais aussi en région. Puis c'est plus facile aussi de s'intégrer à la
nation, à la langue, à la culture...
M. Roberge : ...lorsqu'on
n'est pas dans un endroit où il y a une majorité de nouveaux arrivants dans un
même quartier. C'est le commissaire à la langue française qui nous disait ça.
C'est un peu une évidence, mais lui, il avait l'expertise pour le démontrer. Il
me reste quelques minutes à peine, mais ça, page 9, je cite un extrait de votre
mémoire. Vous dites qu'une diminution de l'immigration aurait un impact négatif
direct sur notre croissance économique. Année après année, cette croissance
s'appuie essentiellement sur trois facteurs, productivité, taux d'emploi,
population active. Fin de la citation.
• (11 h 50) •
Je vous soumets qu'il faut faire attention
entre souhaiter productivité et production. Je suis bien d'accord pour
augmenter notre productivité, mais on pourrait augmenter notre production en
faisant venir une manne d'immigrants sans augmenter notre productivité et... Et
c'est arrivé. La valeur ajoutée par habitant est en diminution.
Malheureusement, depuis 2022, le PIB par habitant est en chute, le PIB réel par
habitant du Québec a diminué en 2022‑2023, au moment de la hausse soudaine
d'arrivées de personnes qui n'étaient pas sélectionnées par Québec. Le PIB réel
par habitant a diminué en 2022‑2023. Il est passé de 54 186 $ par
habitant à 53 706 $ par habitant. Donc, si on regardait le PIB du
Québec, on se disait : Wow! nous sommes une société qui s'enrichit. Quand
on regardait le PIB par habitant, on disait : Hi! chaque Québécois
s'appauvrit et c'est tout un paradigme. Et plusieurs économistes sont venus
nous en parler. Quelle est votre perspective par rapport à ça? Parce que vous
me dites, dans le fond, une diminution de l'immigration aurait un impact
négatif direct sur notre croissance économique. Ouais, mais est-ce qu'on veut
être un nombre, un certain nombre et être prospères ou être très, très, très
nombreux et avoir un PIB élevé? Il y a bien des Québécois qui ont de la misère
à se loger et à payer un coût de la vie qui serait élevé. Il me semble que
c'est une analyse importante à faire ensemble.
Mme Chatel-DeRepentigny
(Joëlle) : Dans les trois, en fait, facteurs qu'on mentionne,
effectivement, il y a la productivité. On est conscient que ça va passer par
des investissements des entreprises. Or, ce sont des investissements et des
effets qui se font peut-être à un petit peu plus long terme. Le taux d'emploi
au Québec est élevé. On profite notamment, là, de la grande participation des
femmes sur le marché du travail, qui est une très bonne chose et qui est déjà
plus élevée d'ailleurs chez les populations immigrantes. Donc, ça, si on
considère qu'on a atteint un maximum. Puis donc une autre... Avec le
vieillissement de la population qui, cette année, en 2024, pour la première
fois avec un accroissement naturel qui était négatif, oui, l'immigration à
court terme, c'est un levier qui devient indispensable. On a des graphiques
pour le Grand Montréal, mais c'est vrai aussi pour l'ensemble du Québec qui
montre que n'eut été des immigrants, permanents et temporaires, il n'y avait
pas de croissance de l'emploi chez la population née au Canada. Donc, chaque
immigrant dont on se passe nous prive d'un gain d'emploi potentiel. Donc, c'est
ce qu'on observe principalement. Donc, selon nous, oui, l'immigration demeure
un levier, un levier névralgique pour la croissance économique du Québec. Puis
on le mentionnait aussi tantôt, puis vous le mentionniez, puis à juste titre,
dans les 600 000 immigrants non permanents qui sont au Québec
actuellement, qu'il y a effectivement certaines personnes qui sont là pour des
dynamiques humanitaires qu'on contrôle moins, qui arrivent ici, qui n'ont pas
nécessairement une intégration facile au marché du travail, qui ne connaissent
pas nécessairement la langue française. Mais il y en a aussi qui viennent pour
des raisons économiques. On a fait des recherches, puis d'ailleurs on vous
enverra nos résultats, là. On va publier sous peu une étude qui montre que,
pour les travailleurs étrangers temporaires qualifiés, ces derniers ont en
moyenne une contribution au PIB qui est supérieure, supérieure à la moyenne du
Québec. Donc, c'est sûr que, quand on prend l'ensemble des chiffres, effectivement,
le volume total peut avoir un impact sur le PIB par habitant. Mais on pense que
cette immigration économique et qualifiée, donc, est très, très positive pour
l'économie.
M. Roberge : Je n'ai plus
de temps, sinon pour vous dire merci. On se reverra. On se reparlera.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Alors, on poursuit les discussions
avec la députée de La Pinière pour 12 min 23 s.
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Alors, merci à vous. Merci pour votre mémoire et votre présence.
J'aurais une question qui s'adresse à Mme Dessureault parce que... À
propos de votre recommandation 9 de votre mémoire, où vous dites éviter la
concurrence entre la métropole et les régions pour l'attraction de talents internationaux
au Québec. Alors, je voulais savoir si vous, vous... vous définissiez cette
concurrence entre la métropole et les régions par rapport aux régions au Québec
ou aux... ou plutôt, comme M. Paquet disait tout à l'heure, par rapport à
une concurrence pour les immigrants francophones d'autres provinces du Canada.
Mme Dessureault (Isabelle) :
La recommandation 9 fait référence aux régions du Québec. En fait, je
pense...
Mme Dessureault (Isabelle) : ...on
est dans une démarche à la chambre, depuis quelques mois, aussi, de faire
beaucoup plus d'alliances et de collaborations avec nos pairs, je dirais, dans
d'autres régions, et non pas en région. Donc, je pense que la communauté des
affaires de Montréal, de plus en plus, elle veut porter le message qu'elle se
réjouit de la prospérité qui se déploie dans les régions, que ce soit au
Saguenay, depuis très longtemps... Vous connaissez peut-être l'expression
Blueberry Power. Alors, les Alain Bouchard, les Serge Godin, les Jacques Ménard
ont fini par créer de la grande... de la prospérité économique à la grandeur du
Québec, et, bien sûr, par la suite, aussi, dans la métropole, c'est devenu des
fleurons, et des fleurons à l'international aussi.
Je serai bientôt au Saguenay. On fait
équipe sur le dossier de la défense. On se rend compte qu'on a beaucoup de
membres dans nos communautés d'affaires respectives entre la métropole puis le
Saguenay, qui vont faire équipe dans la suite, quand on parle de corridor
énergétique, quand on parle des besoins que Bagotville va avoir. Donc, la
communauté des affaires, cette année, là, elle vous passe le message, là, que
ce... je dirais, cette route où on oppose la métropole et les régions, ce n'est
plus une route qu'on veut emprunter. Au contraire, on veut être ensemble sur le
chemin de la prospérité pour l'ensemble du Québec, et ça, on va le taper sur
toutes les tribunes. Alors, ici, ce message-là, il va dans ce sens-là aussi.
On a eu... on a eu des collaborateurs,
précédemment, qui vous ont dit... puis on aborde dans le même sens, qu'il faut
davantage de personnalisation par rapport aux défis de chacun. Ce n'est pas
simple, ça. Mais l'immigration, pour nous, dans la suite, ensemble, on
dit : Il faut toujours être plus raffinés, il faut comprendre les
dynamiques, il faut creuser les données, il faut regarder du court terme, du
moyen terme, du long terme. Donc, il faut... on est si peu nombreux, il faut
faire équipe. Et c'est là qu'on dit : Plus on va comprendre la dynamique
finement... et là je terminerais en... plus on va pouvoir faire équipe comme
ça.
Donc, on a vu des... certains dangers à
avoir, par exemple, catégorisé Laval et Montréal dans de l'immigration ciblée,
pour dire : Bien, attention, vous aviez reçu tellement de demandeurs
d'asile, par exemple, allez piger dans ce bassin. On dit : Attention, là,
il y a des amalgames dans travailleurs qualifiés, demandeurs d'asile. Alors, on
voudrait reculer sur cette voie de dire : Laval, Montréal, voici, puis les
régions, voilà. Regardons ça comme une grande équipe, où est-ce qu'il y a des
compteurs de buts, qu'il y a de la défensive, ouvrons les horizons. Puis on va
trouver, je pense, beaucoup de gens de la métropole, des régions, de la
capitale nationale qui veulent faire équipe ensemble, puis qui veulent faire
équipe avec vous autres pour trouver des solutions.
Alors, c'est une longue réponse pour vous
dire que la concurrence, on ne la veut pas entre nous. On a des besoins qui
sont différents, on a souvent des entreprises qui sont aussi soit présentes
dans différentes régions, soit avec des chaînes de valeur et des chaînes
d'approvisionnement interreliées. On dit beaucoup ça avec les Américains, hein?
Les chaînes du Québec sont interreliées avec les Américains. Mais les chaînes
du Québec, au Québec, sont fortement interreliées, donc c'est la même équipe
qui joue, là. Alors, il faut qu'on ait une vision plus intégrée.
Mme Caron : Donc, pour avoir
cette vision-là, pour travailler vraiment ensemble, la CMM et... bien, les
intervenants dans la CMM et ceux dans les MRC ailleurs au Québec. Puisque vous
faites la recommandation d'éviter la concurrence pour l'attraction de talents
internationaux, est-ce que... quels sont les obstacles que vous voyez
actuellement qui pourraient amplifier la concurrence entre les deux, et qu'il
faudrait... obstacles qu'il faudrait éliminer?
Mme Dessureault (Isabelle) : Je
vais... je vais laisser la parole à Sandrine. Je veux juste dire qu'il faudra
toujours être meilleurs et en temps réel. Ça fait que c'est exigeant, mais,
maintenant, on peut, il y a la technologie, il y a beaucoup de choses qui nous
amènent là, à faire de la cartographie. Ce que Stéphane vient de dire, on n'est
pas capables d'avoir des portraits réels de ce qui se passe non plus sur nos
territoires, puis je suis persuadée que c'est la même chose en région. Si on
veut devenir des experts à accueillir davantage d'immigrants, puis d'être
capables de les intégrer, il va falloir se donner des capacités de données,
aussi, et de cartographie, qui... d'un autre niveau, puis prendre des modèles,
si ça se trouve à l'extérieur, qu'on pourrait répliquer ici. Sandrine?
Mme Veillette (Sandrine) :
Oui, juste en complément, puis peut-être que Montréal International aussi
voudrait intervenir, mais quand on parle d'obstacles, tu sais, des obstacles
qu'on a vus dans les dernières années c'est des mesures qui pourraient...
M. Veilleux (Stéphane) : ...cibler,
qui vont venir cibler Montréal, Laval, tu sais, de manière très, très
territoriale. Oui, on comprend que ce n'est pas l'ensemble des secteurs. Il y a
des secteurs qui sont épargnés, par exemple la construction, mais c'est le
genre de... Tu sais, ce type de mesures là qui sont ciblées, qu'on... on
pourrait juger, tu sais, de mur à mur, pour Montréal, on considère que c'est un
certain type d'obstacles. Puis je ne sais pas si Montréal International
voudrait renchérir sur ça.
• (12 heures) •
M. Paquet (Stéphane) : Bien,
en fait, ce que ça veut dire pour les entreprises, ça veut dire qu'une
entreprise qui aurait une installation à Longueuil et l'autre à ville
Saint-Laurent, bien, devrait tenir compte... et une autre à Toronto devrait...
aurait certains critères pour ses embauches à Toronto, d'autres critères pour
ses embauches à Longueuil et d'autres critères pour ses embauches à la ville Saint-Laurent,
parce que Longueuil n'est pas couvert par les politiques qui touchent Montréal
et Laval uniquement, ça devient un capharnaüm. Et c'est donc particulièrement
compliqué.
Par contre, il y a lueur d'espoir. Et,
quand vous demandez qu'est-ce qu'on fait pour mieux travailler ensemble,
comment est-ce que les régions travaillent ensemble, Montréal International, on
a pris la recette de Québec International pour faire des missions de
recrutement à l'étranger. Cette recette-là, maintenant, Drummondville
économique la fait aussi. Et d'autres villes un peu partout au Québec, de
l'Abitibi à l'Outaouais, nous appellent pour dire : Stéphane, on a des
besoins du côté de nos entreprises, est-ce que vous pouvez travailler avec
nous? Et la réponse, c'est : Oui, on travaille avec des entreprises qui
sont à l'extérieur du Grand Montréal parce que le besoin est là aussi. Puis on
n'est pas en train de vous dire qu'il n'y a pas... on veut avoir les portes
absolument ouvertes et qu'on laisse entrer n'importe qui, ce n'est pas ça.
Quand on va à l'étranger, on va chercher... une bonne mission, là, il y a
50 embauches, mais c'est 50 embauches de personnes qu'on ne peut pas
trouver sur le territoire et qui ne sont pas, à notre connaissance, dans les
gens qui viennent... qui sont venues à Montréal ou à Laval dans des... pour des
raisons humanitaires. Donc, on travaille avec les villes du reste du Québec, à
l'extérieur du Grand Montréal pour faciliter la vie des entreprises.
Mme Caron : Et est-ce que ce
sont... Par exemple, je peux imaginer une entreprise assez... assez grande qui
va faire appel à Montréal International pour... Est-ce que ce réflexe de faire
appel à vous pour que les gens travaillent ensemble peut être développé
davantage dans des MRC qui sont... qui ont des entreprises beaucoup plus
petites, par exemple?
M. Paquet (Stéphane) : On ne
travaille pas seulement avec des grandes entreprises, on travaille avec des
entreprises de tailles moyennes. Donc, ce n'est pas juste des Bell hélicoptères
ou des Pratt & Whitney qui travaillent avec nous, on travaille... on
accompagne aussi de plus petites entreprises. Et la journée où vous avez de ces
entreprises sur votre territoire qui vous appellent et qui ont des besoins
criants, bien, je vous invite à leur donner nos coordonnées, on pourra leur
parler. On a même à l'interne des services de professionnels de l'immigration.
Donc, parfois c'est pour aller chercher des nouveaux, parfois c'est pour mieux
comprendre quoi faire dans la situation actuelle parce que les annonces d'il y
a huit mois ou neuf mois se mettent en application maintenant et les
entreprises sont un peu désemparées et essaient de comprendre. Vous pouvez leur
donner nos coordonnées. Ça nous fera plaisir de leur parler.
Mme Caron : C'est bien noté.
Est-ce que les trois scénarios qui sont... qui sont présentés avec différents
seuils... Puis je ne vous demande pas d'établir un seuil, là, mais est-ce que
l'un de ces trois scénarios là, selon vous, est suffisant pour répondre à la
demande des entreprises, que ce soit dans la CMM ou à l'extérieur?
Mme Dessureault (Isabelle) : ...du
côté de la chambre, on a choisi de travailler avec les seuils qui étaient
proposés même s'ils nous apparaissent très bas. On voulait se présenter à vous
en disant : Au-delà des seuils, est-ce qu'on peut regarder ensemble
l'expertise qu'on va se donner? Pour la décennie à venir, est-ce qu'on peut
devenir des experts? Alors, nous, contrairement à beaucoup d'organisations, on
a choisi de ne pas trop se positionner sur les seuils, bien que le chiffre
magique qui nous vient, il est plus du côté de 60 000 que 45 000, 35 000
ou 25 000, bien entendu. Du côté de Montréal International, toutefois, vous
avez pris position sur les seuils.
M. Paquet (Stéphane) : Oui.
En fait, on a pris position et le seuil qui nous apparaissait le plus logique
était celui de 45 000. Ceci dit, je répète comme Isabelle, on est ici en mode
solution. Et ce qu'on vous dit, c'est qu'on est là, on est des partenaires.
Travaillons ensemble. Et il y a moyen de faire des choses.
Mme Caron : Merci. Et puis
je...
12 h (version non révisée)
Mme Caron : ...question
dans... 34, dans le mémoire de Montréal International, vous avez un petit
encadré, en page 9, qui... sur le fait que le lien entre la crise du logement
et l'immigration mérite d'être nuancé. Est-ce que vous pouvez nous en parler un
petit peu, s'il vous plaît?
M. Paquet (Stéphane) : Oui. Bien,
en fait, quand on regarde, puis on a... voilà, j'ai mes petits tableaux, quand
on regarde les seuils... les taux d'inoccupation des appartements, donc, si
tout était lié à l'immigration, puis je ne dis pas qu'il n'y a pas de lien,
mais je dis : Si c'était le seul facteur, bien, à ce moment-là, c'est à
Montréal où on aurait le taux d'inoccupation le plus bas. Or, ce que vous voyez
ici, la première ligne en haut, c'est Montréal, le taux d'inoccupation est à
2,1. Il est à peu près stable, quand on regarde dans les dernières années, là, c'est
à peu près... c'est là. Gatineau, 1,9. Là, vous allez à Trois-Rivières, 0,9. Aïe!
Ça, c'est compliqué, se trouver un trois et demi, là. Québec 0,9 aussi,
Sherbrooke 1,4. Donc, la région qui reçoit le plus grand nombre de nouveaux
arrivants est celle où le taux d'inoccupation des logements reste... serré, on
s'entend, là, 2 %, ce n'est pas beaucoup.
Et à ça, j'ajouterais que nous, on
travaille avec des travailleurs qualifiés. Qui dit travailleurs qualifiés dit
salaires plus élevés, et plus on va dans les appartements qui sont un peu plus
chers...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant
M. Paquet (Stéphane) : ...plus,
le taux d'inoccupation est élevé.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, dernière ronde de discussion avec le
député d'Arthabaska. Vous avez 4 min 8 s
M. Boissonneault : Merci, Mme
la Présidente. Merci beaucoup pour votre présentation. Je vais faire un peu de
pouce sur ce qu'a dit le ministre un peu plus tôt, à savoir : le Canada a
quand même fait le choix de l'immigration. Vous êtes d'accord avec ça? Si on
regarde en Occident, le Canada a les seuils d'immigration les plus élevés, ça
vaut pour le Québec, on parle de huit fois les seuils des États-Unis, 12 fois
les seuils de la Suède, si on prend un comparatif, on a eu une augmentation du
nombre de travailleurs temporaires de 500 %, puis il y a le facteur aussi
demandeurs d'asile qui embarque. On a fait allusion au vieillissement. C'est
essentiellement la même chose au Canada qu'en Europe, on a une moyenne d'âge
médiane de 42, 43 ans dans les deux cas. Or, le ministre le disait, on a un PIB
par habitant qui a diminué et on a un PIB... l'augmentation du PIB pour le
Canada est le plus bas de l'ensemble de... non, pas l'OCDE, mais du G7.
Et on a eu les conséquences qu'on a vues
sur la capacité d'accueil, bon, là, on a parlé de logement mais aussi des
services qui sont offerts à la population. Donc, la question que je me pose,
puisqu'on est en train de voir de quelle façon on va planifier notre
immigration pour les prochaines années, donc, on veut voir le tableau global...
Quels choix on a faits, au Québec? De quelle façon... Parce qu'on parle
toujours de pénurie de main-d'oeuvre, le discours n'a pas changé, dans les 15
dernières années, par rapport à ça. On a... on a pris beaucoup plus de nouveaux
arrivants, de main-d'œuvre qualifiée, travailleurs temporaires qu'ailleurs. En
Ontario, c'était même encore plus, et eux aussi disent qu'il y a encore un
problème de pénurie de main-d'œuvre. Donc, qu'estce qu'on a fait ici qui ne fonctionne
pas? Pourquoi est-ce que cette dépendance-là toujours accrue puis qui atteint
des niveaux historiques, là, dans tout l'Occident? Qu'est-ce... qu'est-ce qui...
Comment on peut s'expliquer ça, puis c'est quoi, la voie de passage?
Mme Dessureault (Isabelle) : Bien,
écoutez, je... On dirait que la fin de la question me rend confuse par rapport
au début du propos, mais je vais commencer donc sur le début du propos. Je
pense qu'on a tous les mêmes constats. Est-ce qu'on peut dire qu'en termes de
planification c'est un échec collectif? Oui, on peut d'abord porter... faire
porter le chapeau au fédéral, mais une fois qu'on s'est dit ça, là, et on est
devant ces défis de société, si on se dit que... Dans la planification, on a
voulu s'ajuster, mais, quant à nous, on n'a pas voulu... on n'a pas pu s'ajuster,
on n'a pas su s'ajuster avec le sentiment d'urgence qui aurait dû nous habiter
dans un contexte aussi important.
Donc, ça, ça veut dire quoi aussi? Ça veut
dire changer plein de normes, c'est-à-dire regarder la problématique de manière
holistique, plus 360 degrés. Et là on le fait, hein, on le fait avec le libre-échange
canadien, on est en mode urgence, etc., mais comment se fait-il qu'ailleurs
dans le monde il y a des résidences étudiantes qui se construisent en 24 mois?
Comment se fait-il qu'il y a de la densité dans la construction du logement,
notamment en bois, dans les pays scandinaves, que le Québec n'a pas su
déployer? Le dernier gouvernement a fait des avancées majeures là-dessus. Je
salue aussi ce que le ministre Skeete a fait avant, mais force est d'admettre
qu'on n'a pas agi avec le sentiment d'urgence dans un paradigme de
planification jamais vu.
Alors là, je me raccroche à votre dernier
volet, qu'est-ce qu'on n'a pas su faire...
Mme Dessureault (Isabelle) : ...mais
pour la suite, là, là, on a un rendez-vous avec l'histoire. Ce n'est pas
terminé. Vous parliez de vieillissement de la population. Je m'excuse, mais au
Québec, on est les deuxièmes après le... le Japon, là. C'est beaucoup plus...
C'est beaucoup plus important que même d'autres sociétés au Canada, là. Alors,
il y a un sentiment d'urgence qui doit nous habiter, présentement. Et
l'immigration fait partie de la solution du développement économique pour la
suite. Je... Je ne réponds peut-être pas directement à votre question, mais
c'est un peu le message puis le cri du cœur que les gens d'affaires ont envie
de... de vous transmettre.
• (12 h 10) •
M. Boissonneault : Quand on
parle d'intégration puis qu'on parle...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...terminant.
M. Boissonneault : Pardon.
Ah! en terminant. Câline! Bien, écoutez, effectivement, je... je voudrais juste
vous remercier parce que ce sera trop long, mais merci. Merci beaucoup pour votre
présentation.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le député. Alors, M., Mesdames, merci
pour votre contribution à nos travaux. Il me reste à vous souhaiter une bonne
fin de journée.
Et, pour mes collègues, je suspends
jusqu'après les travaux touchant les commissions.
(Suspension de la séance à 12 h 11)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 28)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des
relations avec les citoyens reprend ses travaux. Nous poursuivons les auditions
publiques dans le cadre de la consultation générale sur le cahier de
consultation intitulé La planification de l'immigration au Québec pour la
période 2026-2029.
Cet après-midi, nous allons entendre les
organismes suivants : La Chambre de commerce et d'industrie du Grand
Lévis, conjointement avec Chaudière-Appalaches Économique et la Table régionale
des élus de Chaudière-Appalaches qui sont ici devant nous. Nous allons
poursuivre un petit peu plus tard avec l'Assemblée des MRC de la Côte-Nord,
ensuite avec la Chambre de commerce et d'industrie Saguenay-Le Fjord,
conjointement avec Promotion Saguenay et l'Union des préfets du Saguenay–Lac-Saint-Jean,
et nous allons terminer cette première phase avec le pôle régional en
enseignement supérieur de la Capitale-Nationale, conjointement avec la Chambre
de commerce et d'industrie de Québec et Québec International. Alors,
mesdames, messieurs, bienvenue à la Commission des relations avec les citoyens.
Nous sommes bien heureux de vous avoir aujourd'hui. Je vais vous accorder un 10 minutes
pour vous présenter et présenter évidemment l'essentiel de vos recommandations,
par la suite, on va discuter de tout ça avec les parlementaires. Alors, le
temps est à vous à compter de maintenant.
• (15 h 30) •
M. Turcotte (Daniel) : Merci, Mme
la Présidente, membres de la commission. Nous vous parlons aujourd'hui, au nom
des élus et des acteurs économiques de Chaudière-Appalaches, une région
reconnue comme berceau du secteur manufacturier québécois. En 2021, une étude
réalisée par Deloitte et le Conseil du patronat du Québec révélait que la
pénurie de main-d'oeuvre coûtait à notre région 2,1 milliards de dollars
en production non réalisée...
15 h 30 (version non révisée)
M. Turcotte (Daniel) : ...les
pertes qui se traduisent en revenus manquants pour le gouvernement du Québec, nous
avions besoin alors de 3 000 travailleurs. Nous avions alors
rencontré plusieurs membres du gouvernement, dont vous, Mme la Présidente, à l'époque
ministre déléguée à l'Économie, afin de... proposer des solutions concrètes, mais
aucune des mesures structurantes n'a été mise en place. Depuis, nos... nos
entrepreneurs ont pris les devants, ils ont investi, formé, automatisé et
recruté à l'international. Ils ont accueilli et intégré 4 600 travailleurs
étrangers temporaires. Grâce à ces efforts, la région a connu une croissance du
PIB de 12 % en 2022, supérieure à la moyenne québécoise, et maintient un
taux de chômage autour de 3 % depuis deux ans.
Mais aujourd'hui, cette stabilité, bâtie
par le courage des entreprises et des travailleurs, est menacée. Nous ne
pouvons pas traiter un enjeu permanent avec des solutions temporaires. Notre
secteur manufacturier tourne à plein régime, mais le carburant humain manque.
Et soyons clairs, le secteur manufacturier ne demande pas nécessairement plus
de travailleurs, ce qu'il demande, c'est de pouvoir garder ceux qui sont déjà
ici, ceux qu'il a formés, francisés et intégrés à la vie québécoise. Les quotas
fédéraux de 10 % de travailleurs étrangers temporaires par entreprise,
combinés à des règles administratives complexes, mettent en péril cette
stabilité. De son côté, le Québec dispose de leviers, mais ne les utilise pas
pleinement. Le traitement simplifié est terminé, la modulation régionale des
seuils est absente et la résidence permanente demeure un parcours du
combattant. Résultat : nos entreprises planifient à court terme, les
travailleurs vivent dans l'incertitude, les investissements ralentissent. Aujourd'hui,
si ces travailleurs doivent partir, 450 emplois québécois tomberont avec
eux. Et ce sont des PME, des familles, des communautés entières qui seront
frappées.
Les travailleurs étrangers temporaires ne
sont pas de passage. Ils parlent français ou ils sont en train de suivre leur
cours de français. Ils paient leur impôt ici, élèvent leurs enfants dans nos
écoles. Ce sont nos collègues, nos voisins, nos amis. Quand un travailleur
quitte son poste, c'est toute une équipe qui s'écroule. La production ralentit.
Les emplois d'ici sont fragilisés. Il ne remplace pas des travailleurs
québécois, ils les soutiennent. Leur départ ne serait pas seulement une perte
économique, ce serait une perte humaine, communautaire et régionale.
Nous venons ici avec des solutions
raisonnables et immédiatement applicables. Premièrement, accélérer
temporairement l'accès à la résidence permanente pour les travailleurs
étrangers temporaires déjà établis, francisés et intégrés dans les régions.
Deuxièmement, rétablir des conditions antérieures du traitement simplifié en
incluant l'exemption d'affichage préalable et la modulation régionale selon les
besoins. Troisièmement, exclure du calcul des seuils les travailleurs étrangers
temporaires déjà en poste afin de ne pas pénaliser les employeurs qui ont
investi dans leur intégration. Quatrièmement, adapter les durées de permis de
travail selon le taux de chômage régional pouvant aller jusqu'à 36 mois
dans les régions en tension. Et finalement adopter une communication publique
cohérente et respectueuse, valorisant la contribution des travailleurs
étrangers temporaires au développement des régions. Nous ne demandons pas d'en
accueillir davantage, nous demandons de reconnaître et de protéger ceux qui
sont déjà ici. C'est une question de stabilité, de respect et de cohérence
économique.
Le Québec est une économie de PME et ce
sont les régions qui la font vivre. Et pour que les régions demeurent fortes,
il faut leur donner le moyen de garder leurs employés... leurs travailleurs
enracinés. Si ces travailleurs s'en vont, c'est toute une chaîne de valeur
régionale qui s'effondre, des investissements qui seront remis en question, des
contrats suspendus, des emplois locaux perdus.
Nous demandons au gouvernement du Québec d'assumer
son leadership économique et de poser un geste concret : permettre aux
travailleurs déjà... déjà établis de rester ici, de s'enraciner et de continuer
à faire grandir le Québec. Parce que le développement économique du Québec
passe par ces régions et que les travailleurs étrangers temporaires ne sont pas
étrangers à notre succès. Parce que garder les travailleurs enracinés, c'est
aussi garder nos municipalités vivantes. Et qu'il faut reconnaître que l'occupation
dynamique du territoire est un pilier essentiel à notre avenir collectif.
Mme Morency (Marie-Josée) : Pour
poursuivre avec notre mémoire. La Chambre de commerce et d'industrie du Grand
Lévis représente plus de 1 200 membres et l'Alliance des chambres de
commerce de la Chaudière-Appalaches porte la voix d'une quinzaine de chambres
de commerce locales réparties sur tout le territoire régional. Notre région
affiche le plus bas...
Mme Morency (Marie-Josée) :
...de chômage au Québec et au Canada, un signe clair de la rareté extrême de la
main-d'œuvre. Et si ce dynamisme témoigne d'une économie forte, il freine
aujourd'hui la croissance. Les entreprises ne manquent pas de projets, elles
manquent de travailleurs. Et avec une population plus âgée que la moyenne
québécoise, la pénurie de main-d'œuvre ne fera que s'aggraver.
Dans ce contexte, l'immigration n'est pas
une option. C'est un levier vital pour la compétitivité, la vitalité économique
et la pérennité de nos régions. D'ailleurs, selon une récente étude de
Desjardins, la réduction du nombre de travailleurs temporaires pourrait
directement freiner la croissance démographique et économique de la
Chaudière-Appalaches. Déjà, on prévoit un ralentissement marqué à mesure que
les nouvelles règles fédéral et provincial visant à limiter les résidents non
permanents entreront en vigueur.
Aussi, rappelons qu'en
Chaudière-Appalaches, le secteur manufacturier génère près du tiers de
l'activité économique régionale, la plus forte proportion de toutes les régions
du Québec. Ce moteur repose sur une main-d'œuvre qu'on n'arrive plus à trouver
localement. Il faut savoir qu'entre 2024-2028, 188 professions sur 512
seront en déficit de main-d'œuvre. Dans un tel contexte, les leviers
migratoires, qu'ils soient temporaires, étudiants ou permanents, sont les seuls
outils réellement efficaces pour soutenir nos entreprises. En 2024, nos
entreprises régionales comptaient sur près de 6000 travailleurs étrangers
temporaires, non pas par choix, mais par nécessité. Ces personnes occupent des
postes pour lesquels aucun travailleur local n'est disponible. Leur départ ne
libérerait aucun emploi, mais créerait des postes impossibles à combler.
Nos recommandations présentées dans notre
mémoire sont précises, réalistes et ancrées dans la réalité du terrain.
Premièrement, maintenir et optimiser le recours aux travailleurs étrangers
temporaires et aux étudiants internationaux est une nécessité absolue pour la
région. Nous demandons un moratoire immédiat sur toute restriction visant ces
travailleurs et étudiants, car nos entreprises ont besoin de bras et non de
barrières. Il faut rétablir le seuil de 20 % des travailleurs étrangers
temporaires à bas salaires dans les secteurs critiques, lever le gel du PEQ
pour faciliter la résidence permanente et adapter les quotas d'admission aux
besoins réels des régions.
Deuxièmement, adopter un scénario
ambitieux et régionalisé pour l'immigration permanente est indispensable pour
soutenir la croissance. Nous proposons de fixer les seuils à
90 000 admissions la première année, puis à 60 000 par la suite,
selon les besoins économiques réels. La Chaudière-Appalaches, qui représente
5 % de la population du Québec, ne reçoit que 2,9 % des nouveaux
résidents permanents, un déséquilibre à corriger d'urgence.
Troisièmement, optimiser la francisation
par des approches innovantes et partenariales est essentiel pour l'intégration
rapide et durable. Offrons la formation en entreprise à distance avant
l'arrivée sur des méthodes modernes et adaptées à chaque secteur.
Quatrièmement, prioriser les personnes déjà présentes au Québec est une
stratégie gagnante. Il faut maintenir le nombre d'étudiants internationaux, un
vivier de talents formés et intégrés ici. Cinquièmement, et finalement,
maintenant... maintenir une forte... voyons, désolée, maintenir une forte
proportion d'immigration économique arrimée aux besoins régionaux est essentiel
pour la prospérité du Québec. Créons des rondes d'invitations ciblées dans le
programme des travailleurs qualifiés pour les travailleurs et étudiants déjà
établis en région. Chaudière-Appalaches, ce n'est pas à Montréal. Nos défis
d'intégration, de logement et de services existent, mais notre besoin de
main-d'œuvre est tout aussi réel. Nos entreprises veulent croître, investir,
innover. Pour cela, elles ont besoin de travailleurs. Nous... nous appelons à
une immigration différenciée, stable et ambitieuse, pensée avec les régions,
pour les régions. Le Québec doit miser sur l'immigration économique forte,
prévisible et ancrée localement afin de préserver la vitalité de nos
communautés, soutenir l'innovation et assurer la prospérité de la Chaudière...
Appalaches, excusez, et du Québec tout entier. Merci, Mme la Présidente. Je
suis rentrée dans les temps.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Bien sûr, vous n'allez pas prendre une petite gorgée d'eau.
On va commencer, Donc, la période des discussions. On va commencer avec M. le
ministre, et vous avez 15 minutes, 30 secondes au total.
• (15 h 40) •
M. Roberge : Merci beaucoup.
Merci pour votre présentation. Beaucoup de choses qui nous vient de... qui nous
viennent d'une région économiquement très, très solide. Effectivement, la
réalité est très, très différente d'une région à l'autre Au Québec. La vôtre a
un taux de chômage historiquement bas. Par contre, vous avez nommé une étude de
Desjardins qui expliquait les enjeux spécifiques de votre région. Il y a une
étude parue en octobre de Desjardins qui disait qu'à l'échelle du Québec, là,
écoutez, à mesure que la pandémie s'est éloignée dans le rétroviseur et que
l'activité économique est revenue à la normale, ce déluge de travailleurs
disponibles a largement dépassé la demande, poussant ainsi à la hausse le taux
de chômage chez les jeunes. Mais j'ai cité Desjardins, mais...
M. Roberge : ...même, et
j'aurais pu citer CIBC ce matin, la Banque Scotia, l'Institut C.D. Howe. Je
comprends qu'ils ont fait une étude dans votre région. C'est différent dans
votre région. Donc, si on veut une approche régionale, une meilleure
régionalisation, vous auriez dit : 2,9 % d'immigration, définitivement,
vous pourriez en accueillir davantage. Pourquoi demander un seuil de
90 000 à 60 000 au national, donc dans des endroits où les jeunes
sont de plus en plus au chômage si vous, votre réalité est locale? Donc, vous
demandez une politique nationale très élevée, 60 000 à
90 000 nouveaux arrivants chaque année, c'est énorme, alors que
peut-être qu'on pourrait trouver une solution régionale très mesurée pour votre
région. Et c'est là où j'ai de la misère à vous suivre.
Mme Morency (Marie-Josée) :
Si je peux me permettre. En fait, on parle beaucoup aux autres régions du
Québec. C'est qu'on est allé avec... On s'est collés quand même sur la
Fédération des chambres de commerce du Québec, qui demande 106 000,
hein, nouveaux... nouveaux arrivants pour la prochaine... la première année et
ensuite, évidemment, un rattrapage annuel. On a regardé plusieurs études. On
s'est dit on va être ambitieux, il faut l'être, on a un rattrapage. On voit
aussi, tu sais, qu'on a... on n'obtient pas le nombre de travailleurs souhaités
dans notre région si on se compare à Montréal. Et si on se compare aux autres
régions... ou d'autres régions, je voyais qu'en 2024, il y a eu
59 000 nouveaux résidents permanents, mais seulement 1 748 se
sont rendus en Chaudière-Appalaches. Ça fait que nous, ce qu'on dit, c'est que
oui, on arrive avec des chiffres. Oui, on va se coller sur la Fédération des
chambres de commerce. On a vu aussi que vous avez rencontré la FCEI, le CPQ,
etc. Vous comprenez qu'on soit... On veut aller tous dans le même sens. Nous,
ce qu'on demande, c'est d'être écoutés aujourd'hui. Il y a un cri du cœur de
notre région qui est très fort. Puis Marie-Christine, qui est présidente de
l'Alliance des Chambres pourrait le confirmer aussi, on a des appels à chaque
semaine, et chaque semaine des entrepreneurs qui disent qu'ils perdent des
contrats, qu'ils vont fermer parce que là, ils voient, évidemment, que ça s'en
vient, hein? Décembre arrive bientôt. Donc, on s'est collé sur les chiffres de
la fédération, je l'ai mentionné. Puis c'est le ministère du Travail aussi qui
mentionne que 24 % de l'offre de travail disponible d'ici 2033 va dépendre
de l'immigration. On parle de 336 000 postes. Ça fait qu'écoutez, il
y a une démographie, il y a des études qui ont été faites par le ministère du
Travail, le ministère de l'Emploi. Ça fait que c'est là-dessus qu'on se colle. Ça
fait qu'honnêtement, humblement, je pense qu'on est plus là, si je parle pour
ma chambre, pour l'alliance avec notre cri du cœur qu'il faut faire quelque
chose rapidement.
M. Roberge : En tout cas,
je comprends mieux votre... votre perspective régionale. Les chiffres
nationaux, honnêtement, quand j'ai discuté avec la Fédération des chambres de
commerce, là, c'était plus de 100 000. Puis ils ne comptaient pas les
enfants, puis ils ne comptaient pas les mandats d'asile, puis ils ne comptaient
pas les gens qui ne travaillent pas. Ça fait qu'on arrivait comme à
180 000 par année. Ce n'était pas... Ce n'était pas réaliste. Moi, je
comprends si vous avez une réalité propre, vous avez des caractéristiques
spécifiques, vous n'êtes pas bien desservis par les politiques des dernières
années qui, même si on était au-delà des seuils proposés, actuellement, là, on
est entre 25 000 et 45 000. Vous voulez davantage. Je le comprends,
mais même avec des chiffres plus élevés, considérant que vous n'obteniez pas
votre part, vous dites : Bien, il faudrait vraiment que le seuil soit très
élevé au national pour qu'on reçoive ce qu'on a besoin.
On change notre perspective. On adopte une
approche beaucoup plus régionalisée. On se tourne vers un nouveau programme qui
n'a pas fait ses preuves, encore sur le terrain, puisqu'on l'a lancé au mois de
juillet, au mois d'août, avec quelques centaines d'invitations, avec le
programme de sélection des travailleurs qualifiés, le nouveau PSTQ. Mais
l'avenir est beaucoup plus, beaucoup plus rose. Vous pourriez avoir davantage
de travailleurs dans votre région avec 30 000 immigrants par année ou
35 000, que vous n'en aviez avec 50 000, 60 000, 70 000
parce qu'on va réellement privilégier des diplômés des institutions québécoises
et des travailleurs en région, particulièrement des travailleurs étrangers
temporaires. C'est vraiment l'orientation que l'on prend. Donc, je vous dirais,
l'habitude de dire : Bien, on va en demander vraiment beaucoup au national
pour avoir notre part, c'est un changement de paradigme qui s'en vient avec
quelque chose de beaucoup plus... de beaucoup plus précis.
Mais je comprends votre perspective. Vous
vivez, vous, actuellement, des enjeux avec la mesure du fédéral. Je remercie la
nuance que vous avez faite, vous l'avez bien nommée, c'est le gouvernement
fédéral en ce moment qui cesse ce renouvellement de permis, qui impose le
plafond à 20 %, la plupart du temps 10 % dans vos entreprises. Ce qui
fait qu'il y a un paquet de gens dans lesquels vous avez investi, que vous avez
formés, qui vous sont, d'une certaine manière, arrachés. Et puis je l'ai... Je
ne sais pas si vous avez écouté... C'est beaucoup de temps. Vous avez du travail
à...
M. Roberge : ...à faire,
mais... et vous avez écouté peut-être les débats la semaine dernière, mais j'ai
expliqué toutes les interventions que j'ai faites à Ottawa. J'ai déposé ici, en
Chambre... pas en Chambre, mais en commission, la lettre envoyée à Ottawa qui
précise très, très clairement, là, ce qu'on veut, hein? Écoutez, là : «Je
vous demande d'appliquer rapidement une mesure qui permettrait aux entreprises
de maintenir — c'est exactement ce que vous avez dit, M., tout à l'heure — le nombre
de TET qui contribuent présentement à la variété des régions du Québec. Une
telle mesure, de type clause grand-père, permettrait le renouvellement de
permis de travail... les TET déjà au Québec, hors des régions de Montréal...
Laval.» Donc, je pense qu'on répond ici à ce que vous souhaitez.
Là où j'ai une petite question pour vous,
c'est qu'à la page... Votre recommandation quatre à la page sept, l'idée, c'est
de moduler la durée des permis en fonction des taux de chômage régionaux. C'est
une autre manière d'avoir cette approche régionale plutôt que de faire du
mur-à-mur. J'ai une petite question pareil. Qu'est-ce qu'on fait quand le taux
de chômage change, on remodule les permis, puis qu'est-ce qu'on fait pour les
entreprises qui sont sur la limite, hein? Parce qu'on dit : Une approche
régionale, c'est plus ciblé, mais il y a toujours une ville, il y a toujours
une usine qui est juste sur le bord de la région puis qui dit : Ah! à un
kilomètre plus loin, on me donnerait mes TET, ou : À un kilomètre plus
loin, j'aurais des conditions plus abordables. Comment on fait pour ajuster ça
puis éviter de créer plus de problèmes que de solutions?
Mme Morency (Marie-Josée) : En
fait, tu sais, là, je ne pense pas que le taux de chômage en
Chaudière-Appalaches a tellement oscillé, hein? Dans les dernières années, on
se situe toujours autour de 3 %. Ça fait qu'on est une région qui est
grandement impactée par le plein emploi. On ne se le cachera pas, on n'a pas de
travailleurs locaux. Je le mentionne, là. Quand même, c'est une région qui est
30 % manufacturière. Je l'ai dit aussi dans mon introduction, on a
67 % qui dépend aussi de l'industrie agricole. Ce n'est pas rien. Ces
travailleurs-là, on en a besoin puis on ne les trouve pas chez nous.
Ça fait qu'écoutez, je pense que la
solution, la clé, c'est de parler aux organisations comme les nôtres, aux
industries, aux entreprises. On est tout ouïe, en fait, pour trouver des
solutions, des solutions à tout, là. On est vraiment... Je pense qu'on est
très, comment dire, inventifs, on va le dire ainsi. On n'a pas le choix, il
faut se démener si on ne veut pas que nos entreprises ferment, que notre... que
nos localités en pâtissent. Je pense qu'il faut être plus résilients que
jamais. Je ne sais pas si vous voulez rajouter quelque chose...
M. Roberge : Mais il y a
quand même une petite distinction... bien, vous pourrez compléter. Ma question
va être très brève. Tout à l'heure, l'un des intervenants a dit : On ne
demande pas plus de travailleurs, on veut les garder. Puis, après ça, vous avez
dit : Bien, nous, on va enlever le plafond de 10 %, le plafond de
20 %. Donc, c'est... Il y a quelqu'un qui dit qu'il faudrait garder les
gens qu'on a, on n'en demande pas plus, puis il y a d'autres personnes qui
disent : Il y en faudrait pas mal, pas mal plus. Donc là, qu'est-ce qu'on
devrait faire?
Mme Lavoie (Marie-Christine) : Bien,
je pense que le message, c'est que... au minimum, de conserver les travailleurs
étrangers qu'on a déjà ici, qui sont déjà formés, donc de ramener au minimum le
seuil... c'est sûr, le 20 %. Mais, même avec un 20 % de travailleurs
étrangers, nos entreprises sont toujours en manque de main-d'oeuvre. Donc, dans
notre région, on a besoin de plus. Le 20 %, c'était... ce n'était pas suffisant.
M. Vallières (Alain) : Alain
Vallières, président de Chaudière-Appalaches Économique. Alors, pour répondre à
votre question, nous, évidemment, puis je répète, on ne veut pas nécessairement
plus de travailleurs, on veut juste qu'on reconnaisse ceux qui sont déjà là,
qui sont implantés dans nos milieux, qui participent et contribuent au
développement économique et à la vitalité économique de nos régions. Mais, en
fait, il faut quand même penser à nos entreprises où c'est le plus bas taux...
plus bas taux de chômage au Québec et au Canada. Ça, il ne faut quand même pas
l'oublier, c'est ce que notre région vit. On est en pénurie de main-d'œuvre.
Mais nos entreprises ont besoin de prévisibilité. Alors, tu ne peux pas
demander à des entreprises de renouveler un permis à tous les ans. Ça devient
compliqué, parce que le processus est très long, administratif, de faire
reconnaître, et par la suite, bon, évidemment, c'est toujours à recommencer.
Nos entreprises ne peuvent pas soumissionner sur des projets, ne peuvent pas penser
à des projets d'investissement s'il n'y a pas de prévisibilité en termes de
main-d'œuvre. Et c'est la raison pour laquelle on a dit qu'on voulait moduler
en fonction du taux de chômage et faire en sorte que ce soit de 24 à
36 mois. C'est principalement la raison. Puis il ne faut quand même pas le
perdre de vue.
M. Roberge : Le
renouvellement sur un an seulement, c'est encore nos amis d'Ottawa. Et est-ce
que vous faites une nuance dans votre demande entre les travailleurs qui ont
une qualification, qui sont très, je vous dirais, difficiles à former où ça
prend plus de... Les soudeurs, ça prend quand même beaucoup de temps avant
d'avoir un soudeur, là, de niveau qualité industrielle. Je sais qu'il y a ça,
il y en a d'autres où c'est tous les...
M. Roberge : ... y compris
ceux qui font des salaires vraiment inférieurs et qui font du travail, je vous
dirais, répétitif dans... dans tous les secteurs. Donc, est-ce que vous...
vraiment, votre demande, c'est pour l'ensemble ou davantage vers le
manufacturier?
• (15 h 50) •
Mme Morency (Marie-Josée) : C'est
pour l'ensemble, en fait. Vous savez, on a différents secteurs en
Chaudière-Appalaches comme partout au Québec, hein, que ce soit au niveau de la
construction, la transformation, le manufacturier, je vous en ai parlé, le
tourisme, l'hôtellerie. Ça fait que vous avez tout à fait raison, tu sais,
chaque emploi ne nécessite pas le même... la même formation et la même durée de
formation. Donc, oui, effectivement, pour répondre à votre question, on a une
crise actuellement. Je pense que vous avez vu aussi, aujourd'hui, il y a
plusieurs entreprises qui sont sorties. Ces appels-là, je vous répète, on est
terrain, moi puis Marie-Christine, je les ai à chaque semaine. À chaque
semaine, je ne sais plus quoi leur dire, à part de dire que je parle à mes
députés, je parle à mes ministres, que je parle au fédéral, au provincial, à
mes élus municipaux. Il faut trouver une solution ensemble. Puis je vous dis,
chez nous, c'est accentué.
Mme Lavoie (Marie-Christine) : Pour
vous donner une idée, tu sais, moi, je suis, dans le fond, la présidente de
l'Alliance des chambres de commerce de Chaudière-Appalaches mais également
directrice de la Chambre de commerce et d'industrie de la Nouvelle-Beauce. Puis
j'ai... pas lus tard que la semaine dernière, j'ai eu un appel d'une entreprise
dans le secteur, là, commerce au détail que, lui, s'il continue à perdre ses
travailleurs étrangers temporaires, bien, c'est la clé dans la porte. Il... Nos
travailleurs... Nos entrepreneurs sont épuisés. Ils ont besoin de leurs
travailleurs. Puis ils ne voient plus la lumière au bout du tunnel s'ils
perdent leurs travailleurs étrangers temporaires. Il n'y en a pas de gens pour
combler leurs postes. Donc, ce qui les attend, c'est, à un moment donné...
c'est le lâcher-prise, puis c'est les fermetures qui s'en viennent.
M. Turcotte (Daniel) : ...pour
avoir discuté avec un propriétaire d'entreprise dans Chaudière-Appalaches, ce
n'est pas nécessairement des soudeurs, machinistes ou quoi que ce soit.
Parfois, c'est des travailleurs qui deviennent spécialisés, mais en entreprise,
notamment un scieur de bardeaux. Ce n'est pas une profession, mais quand même,
ils passent plusieurs mois à former ces personnes-là. Puis c'est... ces personnes-là
deviennent à un moment donné vitales pour l'entreprise, parce que c'est eux qui
approvisent toute la chaîne de... qui suit pour la transformation du bardeau,
et c'est des emplois très bien rémunérés. Et les employés locals, c'est des
emplois qui sont moins intéressants parce que c'est un... c'est un travail qui
est plus dur, physiquement. Mais dans le... ce village-là, c'est les emplois
les mieux rémunérés. Donc, ça devient, un moment donné... c'est que ton
employé, qui est, on pourrait dire, de base, il se spécialise en entreprise, il
prend du leadership, puis il apprend le français. Donc, inévitablement, je
pense qu'il faut... faut... c'est global.
M. Roberge : Merci. J'ai des
collègues qui veulent continuer les échanges avec vous. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. La députée de Vimont. Il reste encore deux
minutes cinq secondes.
Mme Schmaltz : Bon. Parfait,
merci, Mme la Présidente. Merci. Merci à vous d'être présents aujourd'hui. Toujours
important d'être... d'être là pour discuter des enjeux.
Je vous ai écouté parler. À plusieurs
reprises, vous mentionnez du besoin, bon, de travailleurs étrangers
temporaires. Vous... cherchez à être créatifs, essayez de trouver des solutions
par tous les moyens. On sent cette... cette envie-là.
Au niveau des entreprises, des
manufacturiers que vous représentez, qu'en est-il de l'automatisation, de la
robotisation? Est-ce qu'il y a certains entreprises qui pourraient peut-être
davantage se... s'automatiser pour justement ne plus avoir à répondre à un
nombre, un grand nombre, là, de travailleurs étrangers temporaires?
M. Vallières (Alain) : ...on
a fait un sondage, nous, auprès des entreprises manufacturières de
Chaudière-Appalaches. Et c'est tout près de 1 milliard de dollars que nos
entreprises ont investis pour la modernisation, la robotisation. Alors, c'est
quelque chose qui est vraiment... dont les entreprises sont conscientes et
reconnaissent l'importance, alors... mais il faut les accompagner. Mais il faut
quand même reconnaître qu'il y a des emplois comme ferblantiers, il y a des
choses où ce ne sera pas nécessairement possible d'automatiser. Mais tout ce
qui peut être automatisé, soyez sans crainte que nos entreprises en sont
pleinement conscients puis ils font les efforts. 1 milliard de dollars
pour les entreprises de Chaudière-Appalaches, alors je vous... on... vous
comprendrez que c'est beaucoup pour nous.
Mme Schmaltz : Absolument. Je
ne dis pas... Le montant est... est quand même astronomique. Mais, au-delà du
montant, est-ce que vous sentez qu'il y a encore de la place à
l'automatisation?
M. Turcotte (Daniel) : Certains
secteurs, il n'y aura jamais de place, la mécanique automobile, mécanique
diesel, ferblantier, soudeur. Soudeur, je comprends que parfois il peut y avoir
des bras... robotisés, mais jusqu'à un certain niveau. Il y a certaines
soudures parfois qui doivent être faites manuellement. Il y a certains métiers
qui ne se remplaceront jamais par... l'automatisation. Et, pour
l'automatisation et la robotisation, ça prend aussi du personnel pour le mettre
en place et tout éduquer la chaîne de montage qui vient avec. Puis présentement
le personnel n'est pas au rendez-vous.
Mme Schmaltz : ...hein?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est terminé.
Mme Schmaltz : Donc, on a
fini.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est terminé pour cette portion-là. On va continuer avec
l'opposition officielle pour... neuf minutes 18 secondes.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bonjour. Merci d'être là avec nous cet après-midi. Merci
pour...
M. Morin : ...les
différents... les différents mémoires. Effectivement, vous l'avez souligné, il
y a eu plusieurs personnes qui étaient devant l'assemblée. J'ai eu le privilège
d'aller les rencontrer, de les écouter et de voir et de comprendre, en fait, le
désarroi chez certains, compte tenu de l'improvisation gouvernementale en
matière d'immigration. J'aimerais que vous me parliez de l'impact de ça sur
votre région, sur vos villages. Qu'est-ce que ça fait?
Mme Morency (Marie-Josée) : Il
y en a beaucoup, je ne vous le cacherai pas, là, je ne sais pas si vous avez...
vous avez vu le sondage qui a été fait. On aime ça les sondages, hein, nous,
les chambres de commerce. Vous avez vu le sondage de la Fédération des chambres
de commerce récemment. Je pense que c'était à l'hiver 2025. 64 % des
entreprises du Québec affirment qu'elles perdraient des contrats ou qu'elles
devraient réduire leur production si elles ne pouvaient pas maintenir leurs
travailleurs étrangers temporaires. Là, on est là, on est... On est vraiment à
l'aube de tout ça.
Juste en Chaudière-Appalaches, là, je
rappelle l'économie, 30 %, c'est l'industrie manufacturière. À chaque
jour, je vous le dis, on a des appels en ce sens-là. On a le chantier Davie,
hein, que vous savez... vous voyez comme moi, ils sont en recrutement de 1000
employés. C'est quand même ardu. Je ne vous le cacherai pas, on... nos
entreprises ont le réflexe de commencer localement aussi. Sachez-le, tu sais,
on regarde le bassin. Et moi, mes entrepreneurs m'ont déjà dit : on pêche
tous dans le même bassin, puis qu'un coup qu'on a fait le tour un coup, un coup
qu'on est compétitif, qu'on est attractif, et tout ça, bien, il faut aller à
l'extérieur. Ça fait qu'actuellement, c'est ce qui se passe, il y a une crise,
moi, je vais la nommer comme ça ici. Ça fait que, là, ce qui arrive, les appels
qu'on a, pertes de contrats, reports d'investissements puis des fermetures
potentielles. Tu sais, si on se parle face à face, je pourrai vous nommer les
entreprises qui ont l'épée de Damoclès en haut de la tête. Ce n'est pas le fun,
ça, pour les localités. Puis les retombées, évidemment, économiques, qui ne
seront plus au rendez-vous demain matin. Je ne sais pas si mes collègues
veulent rajouter quelque chose.
M. Vallières (Alain) : Moi, je
peux vous dire que j'ai parlé à plusieurs entreprises, dont une qui a dit et
annoncé : S'il n'y avait pas de modification pour lui permettre de
maintenir les travailleurs étrangers temporaires qu'elle a, ses investissements
au Québec sont terminés. Il regarde à aller à l'extérieur. Ça, c'est un exemple
concret que j'ai. Il y a un entrepreneur qui lui, si ça ne... ce n'est pas
modifié rapidement, il perd tous ses mécaniciens. Parce que chez nous, là,
quand on est en plein emploi, on ne les invente pas les gens, pas avec une
baguette magique. Alors, pour nous, c'est une sortie puis c'est une façon de trouver
de la main-d'œuvre, ces travailleurs étrangers temporaires là. Alors, il y a
une entreprise qui a dit : Moi, je perds tous mes mécaniciens. Alors, vous
comprendrez, quand tu es dans le génie civil, tu perds tous tes mécaniciens. Je
veux dire, par la suite, ça ne donne pas une longue durée de vie à ton
entreprise. Alors, il ne faut quand même pas... Puis il ne faut quand même pas
oublier aussi qu'il y a... On parle de plein de choses, des entreprises, mais
toute la chaîne d'approvisionnement qui est fragilisée quand les entreprises ne
sont plus capables de produire puis de fournir. Alors, il faut regarder la
chaîne au complet puis il faut cesser de regarder une entreprise seulement pour
l'entreprise, mais toute la chaîne de ce que ça produit. Alors, pour nous, on
parle de vitalité, d'occupation du territoire. Nous, on est dans les régions,
dans le plein emploi, le plus bas taux de chômage au Canada. Alors, je pense
qu'on a droit à avoir un certain respect et de reconnaître l'importance qu'on
maintienne la vitalité de nos milieux. Puis c'est toute l'économie du Québec
qui s'en portera mieux.
M. Morin : Je vous remercie.
J'ai entendu une expression puis j'aimerais que vous puissiez peut-être
confirmer si ça correspond à votre réalité ou pas. Il y a quelqu'un qui
disait : Ne fermez pas le bout du rang avec les villages qui se
dépeuplent. Ce que j'ai compris de ça, c'est qu'effectivement il y a des
industries qui ferment, il y a des plus petits villages, les localités qui
perdent beaucoup, évidemment, de résidents. Est-ce que ça correspond à une
réalité dans votre région?
Mme Morency (Marie-Josée) : Je
pense que c'est plus pour vous.
• (16 heures) •
M. Vallières (Alain) : Très
bien. Alors, on a des villages chez nous, des municipalités qui sont mono
industrielles, alors qui sont obligées d'aller chercher des travailleurs
étrangers temporaires. Et c'est ce qui fait en sorte que les commerces locaux
vivent. Les écoles sont remplies à nouveau. Ils se remplissent avec l'arrivée
de ces travailleurs-là. Je pense qu'il ne faut pas l'oublier. Puis il faut
quand même garder en tête que la vitalité du Québec passe aussi... par aussi
l'occupation du territoire et la vitalité de ces villages-là. Et nos
entreprises, qui sont loin des grands centres, vivent une réalité très
différente. Et sachez que ces travailleurs étrangers temporaires là s'intègrent
magnifiquement à notre économie. Ils s'intègrent, puis on n'a pas besoin... on
les francise, oui, mais ils n'ont pas le choix. Ils ont... Nos gens parlent
français en région puis en milieu rural, alors ils n'ont pas le choix. Ils
doivent apprendre la langue, ils l'apprennent très bien. Et la fierté que ces
gens-là ont de contribuer à l'économie puis à l'essor économique et au
développement économique du Québec, c'est très grand. Vous devriez vous
promener dans nos petits villages, que ce soit dans le sud de Bellechasse,
parce que je suis directeur de développement économique Bellechasse. Alors,
vous devriez...
16 h (version non révisée)
M. Vallières (Alain) : ...ces
gens-là, la fierté qu'ils ont de savoir, qu'ils participent et contribuent, et
on pourrait le dire pour les 10 autres territoires de MRC de la... du territoire
de Chaudière-Appalaches. C'est palpable et vous allez le voir, vous allez le
sentir. Et je vous invite vraiment à venir faire un tour, vous allez comprendre
la réalité que l'on vit. Elle est différente du Québec et c'est important que
vous reconnaissiez cette réalité-là que nous vivons en région.
M. Morin : Alors, je
comprends que de Saint-Michel de Bellechasse, sur le bord du fleuve, à Saint
Damien-de-Buckland, dans les terres, c'est une réalité que vous vivez.
M. Vallières (Alain) : Oui,
particulièrement le sud du territoire, je peux vous dire que les territoires
éloignés, ce sont des réalités où, nous, on a besoin des travailleurs. Sur
notre territoire, on a Exceldor qui a besoin, je pense, c'est un grand pourcentage
de gens. Puis on a beaucoup d'agriculture, on a... travailleurs, on a besoin de
ces travailleurs-là pour le secteur agroalimentaire. L'été, là, il n'y aurait
pas beaucoup de producteurs maraîchers chez nous si on n'avait pas nos
travailleurs étrangers temporaires, parce que des fraises, des framboises puis
des bleuets, c'est eux qui viennent les cueillir parce que nos gens ne veulent
plus occuper ces postes-là. C'est malheureux, mais c'est notre réalité, puis on
compose avec.
M. Morin : Merci, merci de
nous en faire part. Dans le cahier de consultation du gouvernement, à la page 25,
on parle... Il y a un graphique titulaire d'un permis valide au 31 décembre
de chaque année, selon le Programme d'immigration Québec. Je regarde le Programme
des travailleurs étrangers temporaires, en 2018, il y en avait 9 640, ça,
c'est un programme contrôlé par le gouvernement du Québec. En 2024, il y en
avait 72 400, j'imagine que ça devait correspondre à une réalité chez vous,
si le gouvernement du Québec en a fait entrer autant, de travailleurs
temporaires.
M. Vallières (Alain) : C'est
un besoin, c'est un besoin chez nous de ces travailleurs-là. On n'est pas
capable, pour les postes que nous avons à offrir, à recruter à l'intérieur du
bassin qui est là, on est obligés d'aller à l'extérieur. Alors, c'est la raison
pour laquelle, pour nous, ces travailleurs-là... Et c'est pour ça qu'on dit au
gouvernement : Nous, là, reconnaissez ceux qui sont là. On veut que vous
vous reconnaissiez pour permettre la prévisibilité à nos entreprises, permettre
que nos entreprises puissent investir chez nous, maintenir la vitalité du
milieu rural et des régions. C'est ça qui est important. Et les 72 000,
là, faites-vous-en pas, ils ne prennent pas leur place de gens qui ne les voulaient
pas, ces emplois-là. Ce sont des gens qui sont venus ici parce qu'ils ont
comblé des emplois qui n'étaient pas occupés et pour lesquels on ne pouvait pas
trouver de main-d'œuvre.
Puis là ça me permet d'ouvrir la porte sur
l'étude d'impact sur le marché du travail. Il faudrait véritablement revoir puis
élargir le bassin d'emplois susceptibles d'être inclus dans l'étude d'impact
pour justement permettre et faciliter la reconduction puis l'élargissement, et
permettre d'éviter le 10 à 20 %, là, ces éléments-là. C'est important pour
nos entreprises.
M. Morin : Puis toujours dans
le même cahier de consultation, il y a différents scénarios. Parmi le scénario 4,
on dit : «Le gouvernement propose d'accroître la part des personnes
immigrantes permanentes déjà présentes au Québec afin qu'elles présentent entre
63 et 66 % des admissions à la fin de la période.» Quand on regarde
cependant, dans le même cahier, les choix de scénarios pour les permanents, si
on regarde le scénario 2b, 35 000 personnes admises annuellement, c'est
aussi le chiffre prévu par le Parti québécois. Comment on va y arriver?
Mme Morency (Marie-Josée) :
Bien, moi, je dois dire, on n'y arrivera pas, c'est trop bas, c'est trop bas, parce
que là on parle au Québec, là.
M. Morin : Oui.
Mme Morency (Marie-Josée) : Regardez,
je pense que vous allez rencontrer aussi d'autres chambres de commerce, ils
vont tous vous dire la même chose. On a des besoins, on a 15 000 entreprises
chez nous en Chaudière-Appalaches, 15 000 entreprises, 84 %, je
crois que c'est 20 employés et moins. Nos PME vont être grandement et
directement impactées. Puis, je pense, du 80 %, il y a à peu près
60 % que c'est des PME de quatre employés et moins. Ils ont besoin de main-d'œuvre
spécialisée, ils ont besoin... Puis, vous comprenez, 15 000 entreprises,
calculez tout ce beau monde-là. Mes entreprises manufacturières autour de 200 employés,
c'est 20 à 30 travailleurs étrangers temporaires qu'ils embauchent pour
compenser ce qu'ils ne trouvent pas localement. Ça fait qu'il y a des grands
besoins, il faut calculer vite, là.
M. Morin : Est-ce qu'on peut
parler d'un impact désastreux sur l'économie du Québec?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Votre temps est terminé. Je passe au député de Laurier-Dorion
pour 3 min 6 s.
M. Fontecilla : Merci.
Bonjour, mesdames, messieurs... Je veux juste vérifier quelque chose dans votre
présentation. Vous avez parlé d'adopter une communication publique cohérente.
Est-ce que je me trompe? Est-ce que vous avez dit ça? Qu'est-ce que ça veut
dire? Ça m'intriguait cette idée-là.
M. Turcotte (Daniel) : On a l'impression
qu'on s'en va avec... On fait porter comme l'odieux aux travailleurs étrangers
temporaires, de prendre nos logements, de prendre nos services...
M. Turcotte (Daniel) : ...c'est
une impression que l'on commence à ressentir sur le terrain puis on a
l'impression que la communication, c'est un peu dans ce sens-là. Je suis
convaincu que le gouvernement ne fait pas ça pour mal faire, mais ça amène
comme un préjugé que je considère assez malsain de la part de certaines
personnes qui ont l'impression que c'est des personnes qui nous nuisent plus
qu'ils nous aident.
Mme Morency (Marie-Josée) : ...en
fait, je mentionnerais, tu sais, que nos entreprises font partie de la
solution. Nos entreprises... J'ai parlé d'associations patronales, les MRC font
partie de la solution. Il faut réunir tout ce beau monde-là, regarder les
besoins réels sur le terrain par région. Si on se ramène à
Chaudière-Appalaches, je pense que vous avez bien entendu notre message, on a
un besoin criant, là. Ça fait que, tu sais, je pense qu'on peut trouver des
solutions à tout, mais il faut se parler, il faut que la communication soit
amplifiée , parce qu'il y a beaucoup de décisions, comme la suspension du PEQ,
on apprend ça comme ça, ça arrive comme ça, ça a pris tout le monde de court,
mais ça a des impacts parce que c'était un programme qui avait beaucoup de
prévisibilité. Puis là, bien, nos entreprises pour croître, pour innover, pour
voir plus loin, ont besoin de prévisibilité.
M. Fontecilla : Et le
ministre nous a informés de certaines études disant que le taux de chômage des
jeunes a augmenté. Est-ce que vous avez des jeunes dans votre région, là, qui
sont au chômage?
Mme Morency (Marie-Josée) : C'est
sûr qu'on doit en voir. Je ne sais pas si vous avez les données probantes à ma
gauche, là, mais en fait nos jeunes, je comprends, écoute, je suis une maman
aussi, là, nos jeunes, il faut qu'ils trouvent des emplois. Par contre, tu
sais, nos entreprises, les métiers que je vous ai nommés, c'est des emplois
normalement à temps plein. On se comprend. Donc, tu sais, il pourrait y avoir
aussi d'autres possibilités, regarder les gens à la retraite, les gens avec un
peu plus d'expérience aussi qui ont besoin de retourner sur le travail, mais là
je vous parle vraiment d'emplois à temps plein, puis d'emplois spécialisés,
puis d'emplois, évidemment, qui nécessitent de la formation. Ça fait que nos
jeunes, on va leur laisser une place, je vous le promets.
M. Vallières (Alain) : Mais
chez nous, particulièrement pour les jeunes, on est à la recherche d'emploi, on
voit des affichages dans nos commerces en région, là, ils ont besoin de
main-d'œuvre pour maintenir les restaurants, que ce soit d'hébergement. Alors,
on a beaucoup de besoins dans ce secteur-là, et c'est bien souvent la
main-d'œuvre immigrante et les enfants de nos immigrants qui occupent ces
emplois-là, puis ce n'est pas nécessairement moins bien rémunéré, c'est juste
des emplois que nos jeunes ne veulent pas occuper.
Je vais revenir à votre question
précédente. Quand on disait le langage cohérent, je pense que ce qui est
important, c'est d'arrêter d'avoir un langage imprécis, ça amène une confusion
chez les gens et les gens, à ce moment-là, développent des... des éléments qui
sont contraires à la réalité...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
M. Vallières (Alain) :
...alors, c'est important.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je dois vous quitter... je dois vous couper. Il nous reste
un dernier intervenant, le député d'Arthabaska, pour 3 min 6 s.
M. Boissonneault : Merci,
madame la Présidente. Merci pour votre présentation. Pour continuer un peu dans
ce sens-là, je me demande où le gouvernement peut intervenir. Est-ce qu'il y a
d'autres endroits... Est-ce que la solution à la pénurie de main-d'œuvre que
vous vivez, qui est bien réelle, ne peut pas se trouver ailleurs, dans la
formation, dans l'accompagnement de la main-d'œuvre, dans la mobilité de la
main-d'œuvre? C'est juste parce qu'on est obligés quand même de constater que
l'immigration au Canada est la plus élevée en Occident. Puis la pénurie de
main-d'œuvre reste la même. C'est la même chose en Ontario, ça fait des années.
Le vieillissement de la population est le même en Europe, ici, c'est la même
chose. Donc, visiblement, on a fait le choix de l'immigration, une immigration
qui est 12 fois plus élevée ici qu'en Suède, huit fois plus qu'en...
qu'aux États-Unis, alors qu'on est une société avec un défi culturel, vous le
savez. Et même si on a fait ce choix-là, il semble qu'on a toujours besoin de plus
quand même. Donc, il y a-tu quelque chose d'autre qu'on peut faire? Est-ce
qu'il y a une réflexion à avoir par rapport à nos entreprises?
Mme Morency (Marie-Josée) : Moi,
je dirais, il y a... Bien, tu voulais-tu y aller? Bien, tu pourras me compléter.
Il y a 15, 20 ans, on le disait déjà qu'on s'en va... on va avoir une
pénurie de main-d'œuvre criante. Puis il y a 15, 20 ans, on avait les
mêmes discussions. Là, on est rendus 20 ans plus tard. Je vous dirais, là,
honnêtement, il faut faire plus, il faut axer la communication, il faut... Je
pense qu'il faut, je vais dire le terme mappé, là, il faut regarder tous les
besoins à la grandeur du Québec puis s'asseoir avec les acteurs qui peuvent
contribuer à trouver des solutions. C'est aussi simple que ça pour ma part,
mais, tu sais.
M. Turcotte (Daniel) : Puis,
il y a 15, 20 ans, c'était cette réflexion-là. Puis encore, les
statistiques nous disent que, dans les prochaines années, il y a encore la
démographie qui va... Tu sais, les baby-boomers s'en vont à la retraite, donc
il va encore y avoir un manque à combler, là.
M. Boissonneault : Mais c'est
parce qu'on a des... on a des... quand même des économistes qui sont venus ici,
il y a des sociologues qui se sont exprimés là-dessus, des démographes, le
Commissaire à la langue française, qui disaient... puis des banques aussi qui
sont sorties sur ça pour dire que l'immigration n'est pas nécessairement le
meilleur remède à la pénurie de main-d'œuvre, que ça peut même provoquer aussi
une certaine pénurie de main-d'œuvre parce qu'évidemment les gens qui viennent
ici consomment des biens et des services. Donc, il y a-tu une voie de passage
qui fait qu'avec notre réalité on pourrait s'en sortir aussi bien que d'autres
sociétés en Europe qui ont fait un choix complètement différent en termes
d'immigration? D'autant...
M. Boissonneault : ...PIBau
Canada n'a même pas augmenté, même PIB par habitant a diminué dernièrement.
Donc, visiblement, la solution n'est peut-être pas idéale, là.
• (16 h 10) •
Mme Morency (Marie-Josée) : Mais
il faut continuer à automatiser, hein, robotiser. Il y a l'IA aussi qui rentre.
Puis nos entreprises sont sensibilisées, mais, pour ce faire, ils ont besoin de
prévisibilité, je vais revenir à ça. Tu sais, ils ont besoin d'employés
derrière tout ça. Ils ne peuvent pas dire : On va automatiser, on va
robotiser à pleine couture sans savoir s'ils vont avoir de la main-d'oeuvre
aussi pour opérer, surveiller. Vous comprenez, on ne s'en sort comme pas. Puis,
pour investir dans un contexte d'incertitude, c'est difficile. Tu sais, vous
êtes entrepreneur, vous, mettons, puis que là on vous dit : Bien là,
investis là, là, là... mais on ne sait pas. Il y a la guerre tarifaire aussi
qui amène un poids. Mais je vous dirais, au quotidien, je demande à mes
entrepreneurs : Qu'est-ce qui vous stresse le plus, là, quand vous vous
levez le matin? C'est le manque d'emplois. Ils n'ont pas d'emplois. Ça les
empêche de dormir.
M. Vallières (Alain) : J'ajouterais
une chose. On parle qu'il manque d'emplois, c'est vrai, c'est une réalité,
mais, en plus, je pense que, depuis plusieurs années, on en parle, puis je
pense que la pyramide des âges qu'on nous a enseignée à l'école dans les années
80-90 nous démontrait qu'on en arriverait à une rupture à un moment donné.
Mais, nous, ce qu'on dit, puis on vient des régions : Il faut régionaliser
l'immigration...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup.
M. Vallières (Alain) : ...sur
les besoins de main-d'oeuvre...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Je suis désolée, hein, le temps file, on a déjà
beaucoup de retard, mais c'était un plaisir de vous entendre en commission. Je
vous souhaite une bonne fin de journée.
Je vais suspendre quelques instants, le
temps d'avoir nos prochains invités. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 11)
(Reprise à 16 h 13)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Donc, nous... nous recevons pour les prochaines 45 minutes l'Assemblée
des MRC de la Côte-Nord, qui est représentée par M. Marcel Furlong, président
et préfet de la MRC Manicouagan, ainsi que M. Benjamin Ducornait, qui est...
qui en est le coordonnateur. Alors, messieurs, pour les 10 prochaines minutes,
c'est votre temps, vous allez pouvoir nous donner toutes les grandes lignes de
votre mémoire et vos recommandations, et, par la suite, nous allons en discuter
avec les parlementaires. Alors, les 10 prochaines minutes sont les vôtres.
M. Ducornait (Benjamin) : Merci,
Mme la Présidente. M. le ministre, Mmes, MM. les députés membres de la
commission, nous vous remercions de nous entendre aujourd'hui au nom de
l'Assemblée des MRC de la Côte-Nord, qui est une instance qui regroupe les six
MRC de notre vaste région. Nous sommes ici à double titre, moi-même,
coordonnateur de l'organisme et auteur du mémoire, pour vous exposer l'analyse
technique, et le président de l'Assemblée, Marcel Furlong, qui portera la voix
politique et l'engagement de nos élus pour l'avenir du territoire nord-côtier.
La Côte-Nord, c'est 230 000
kilomètres carrés, 90 000 habitants, la deuxième plus grande région du
Québec, mais aussi la seule qui est en déclin démographique. Nous faisons face
à une pénurie de main-d'œuvre qui est endémique, qui est aggravée par
l'éparpillement de la population et le vieillissement de nos communautés.
Pourtant, notre région se distingue par une capacité d'accueil qui est
exemplaire et par la réussite de l'intégration des nouveaux arrivants, car le
vivre-ensemble chez nous, il est facilité dans des collectivités qui sont à
taille humaine.
L'immigration sur la Côte-Nord, cela
représente un levier économique vital. Ce sont des travailleurs étrangers qui
occupent nombre de postes stratégiques dans nos entreprises...
M. Ducornait (Benjamin) : ...alors,
oui, il s'agit non seulement de travailleurs de l'hôtellerie, restauration,
sans qui bon nombre de nos casse-croûtes ou autres chaînes de magasins auraient
fermé, mais, de plus en plus, nos travailleurs étrangers, ils occupent des
postes qualifiés. En me tenant en face de vous aujourd'hui, moi, travailleur
étranger temporaire, je suis bien placé pour le savoir. Tous ces travailleurs
sont primordiaux à notre économie, et pourtant, ils se heurtent à certains
choix, comme la fermeture récente du Programme de l'expérience québécoise, qui
prive ces personnes souvent déjà bien intégrées, étudiants ou travailleurs,
d'une voie d'accès à la résidence permanente.
Dans votre planification, on comprend que
vous prévoyez de réduire mécaniquement les seuils de l'immigration temporaire,
sans égard à la réalité régionale. En voici les conséquences : fermetures
de commerces, augmentation du phénomène de «fly-in/fly-out», pressions accrues
sur le logement et les services, mise en péril de programmes dans nos cégeps,
et appauvrissement fiscal de nos municipalités. Parmi les conséquences que je
viens de vous citer, prenons quelques instants pour parler du navettage, le
«fly-in/fly-out», qui entraîne une pression accrue sur notre système. On entend
souvent, ces derniers mois, que bien des problèmes traversés par notre société
sont la faute des immigrants. Croyez-nous, en région, on est convaincus que la
présence de travailleurs en navettage engendre des coûts sociaux et économiques
bien supérieurs à ceux d'une immigration régionale qui serait bien structurée.
Gardez en tête que nos travailleurs étrangers temporaires, nos étudiants
internationaux sont des contribuables. Ils développent notre société et nos
communautés.
Face à cette situation, notre message est
simple : la planification de l'immigration au Québec doit nécessairement
être différenciée selon les régions. Les besoins du Grand Montréal ne sont pas
ceux de la Côte-Nord. L'immigration, pour nous, ce n'est pas un choix
idéologique, c'est une solution concrète à la dévitalisation et au maintien de
services essentiels. De plus, dans nos petites collectivités francophones, on a
un avantage, et il serait important que vous en teniez compte : chez nous,
sur la Côte-Nord, l'intégration linguistique et sociale est bien plus facile et
rapide que dans les grandes villes, où c'est l'anglais qui domine.
Nous avons cinq demandes prioritaires, à
l'assemblée des MRC, que nous soumettons avec insistance. D'abord, inscrire la
régionalisation comme principe directeur de votre planification 2026-2029, en
fixant des quotas d'immigration propres à chaque région, ou, à tout le moins,
nous vous demandons la reconnaissance d'une situation d'exception pour la
Côte-Nord, seule région dévitalisée. Maintenir ou adapter des programmes, comme
le PEQ, pour permettre la rétention et la transition vers la résidence
permanente des immigrants déjà présents en région. Nous en avons besoin autant
pour nos travailleurs que pour nos étudiants. Il s'agit, là aussi, de permettre
à nos cégeps de demeurer attractifs. Adapter les plafonds et exemptions
relatifs aux travailleurs étrangers temporaires. Alors, oui, une partie de la
décision appartient au fédéral, notamment le fameux 10 % de TET, mais le
provincial a aussi son rôle à jouer. Je vous donne un exemple. Il n'y a pas si
longtemps, une liste de professions bien plus complète permettait un traitement
simplifié, et donc accéléré, des démarches d'EIMT. Les récentes modifications
aux programmes, passant de 267 à 76 professions, sont en contradiction avec la
reconnaissance officielle de la pénurie de main-d'œuvre, qui est vécue partout.
Simplifier et accélérer les démarches
administratives pour les employeurs et les travailleurs. Les délais moyens de
recrutement dépassent six mois dans notre région, selon un sondage maison.
Donc, la lenteur des délais administratifs fragilise les entreprises et
dissuade de nouveaux arrivants. Enfin, impliquer les instances régionales dans
la définition, le suivi et la gestion des cibles d'immigration. Personne ne
connaît mieux nos besoins que nos élus, nos employeurs, nos cégeps et nos
organismes locaux. La gouvernante doit... la gouvernance doit être partagée,
transparente et proche du terrain. M. le ministre l'admettait lui-même dans les
derniers jours, lors de cette consultation, l'immigration doit être structurée
par secteurs. Un pairage doit se faire entre compétences disponibles et besoins
de nos régions. Nous impliquer, cela veut aussi dire donner davantage de
latitude à nos établissements collégiaux, par exemple, pour leur permettre de
recruter des étudiants internationaux à la hauteur de leurs besoins. Il ne faut
surtout pas établir un plafond à l'échelle du Québec, encore une fois, parce
que la réalité sur la Côte-Nord n'est pas la même qu'ailleurs.
Je terminerai, avant de laisser la parole
à mon président, en vous disant que planifier l'immigration, ça veut dire
planifier également l'accompagnement des personnes immigrantes. Nos organismes
communautaires en région, qui sont financés, notamment, par le Programme
d'accompagnement et de soutien à l'intégration, le PASI, sont primordiaux. J'ai
fait une tournée régionale, récemment, de nos organismes et je peux vous
attester que leur rôle est fondamental. Dans votre planification, vous devez
aussi en tenir compte et vous devez bonifier et adapter les montants qui leur
sont octroyés, notamment pour faire de la régionalisation. M. Furlong?
M. Furlong (Marcel) : Merci,
M. Ducornait. Mme la Présidente, M. le ministre et membres de la commission, je
veux vous parler quelques minutes de la Côte-Nord et de ses défis économiques
et sociaux. Notre territoire représente 21 % du territoire du Québec et
moins de 1 % de la population du Québec. Notre contribution au PIB du
Québec est de plus ou moins 9,6 milliards, ce qui représente 2 % de
celui du Québec. De plus, les entreprises de la Côte-Nord génèrent...
M. Furlong (Marcel) :
...d'importantes redevances sur les ressources naturelles, impôts et taxes.
Tous ces revenus pour l'État québécois sont maintenant à risque. La Côte-Nord
est la seule région du Québec où il y a une baisse démographique relativement
importante, ce qui a un grand impact sur la pénurie de main-d'oeuvre. Sans
immigrants, il n'y a plus de survie pour nos entreprises. La grande entreprise
a déjà de la difficulté à combler ses besoins, alors imaginez les PME
industrielles qui les supportent, les entreprises de services qui alimentent...
et autres.
• (16 h 20) •
L'immigration temporaire, l'immigration
étudiante, suivie par l'immigration permanente, sont nécessaires pour assurer
la survie de nos entreprises et des services gouvernementaux, qui dépendent des
revenus qu'elles génèrent. L'avenir de nos communautés, le dynamisme économique
et la pérennité de nos services publics en dépendent directement. Les deux
cégeps de la Côte-Nord offrent de la formation particulière pour nos
entreprises, et dans plusieurs départements, les étudiants internationaux
représentent une part importante des cohortes. Sans eux, nos entreprises ne
trouveraient pas de personnel qualifié.
En somme, ce que l'Assemblée des MRC de la
Côte-Nord demande, c'est une politique qui tient compte de la diversité des
réalités québécoises, qui mise sur l'équité et l'efficacité plutôt que
l'uniformité. Vous savez, la Côte-Nord est déjà exemplaire dans l'accueil de
ses nouveaux arrivants. Je vous citerai un exemple, M. le ministre s'en
souvient sans doute, puisqu'au printemps, lors de l'assemblée des MRC de la
FQM, on a remis à l'organisme et Immersion Manicouagan le Prix Ulrick-Chérubin
pour confirmer la qualité de son accueil, ce qui a démontré l'engagement et le
leadership de la Côte-Nord en matière d'accueil et d'intégration. Chez nous,
les immigrants, peu importe leur statut, ne trouvent pas seulement un travail
ou une école, ils trouvent une nouvelle vie, un nouveau départ, un refuge, un
environnement où ils peuvent non seulement s'installer durablement, mais aussi
contribuer activement au développement et à la vitalité de notre territoire.
En plus de nos organismes, nos élus sont
mobilisés et prêts à collaborer avec le gouvernement pour bâtir une immigration
adaptée, juste et durable pour tous les territoires du Québec. Nous vous
remercions de l'attention que vous porterez à notre mémoire et espérons que notre
voix régionale sera enfin entendue dans la planification gouvernementale. Merci
de m'avoir permis de venir vous parler cet après-midi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, merci beaucoup pour cette présentation. On commence
la période d'échange avec les parlementaires. M. le ministre, vous avez
15 min 30 s au total.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour votre double présentation, en présence et à distance. On
fait bien ça, c'est parfait, vous étiez bien complémentaires.
Je précise que d'aucune manière les
scénarios déposés en planification pluriannuelle ne visent une diminution de
travailleurs étrangers temporaires en région. Ce qui est dans le cahier de
propositions, ce qui est soumis au débat, c'est une réduction d'environ
70 000 travailleurs étrangers temporaires à 65 000 sur quatre ans. Et
la réduction, elle est vraiment visée à Montréal et à Laval. Il n'y a pas de...
il n'y a pas de baisse de prévue pour nous. Il reste à faire entendre raison à
Ottawa, qui impose des coupures dans nos travailleurs étrangers temporaires,
qui gardent les entreprises vivantes en région. Deuxième élément, il y
a une légère diminution du nombre d'étudiants étrangers, mais, encore une fois,
aucun cégep, aucune université ne sont menacés par cette réduction d'autour de
120 000 à 110 000 parce que les... je veux dire les entreprises
visées, c'est des institutions privées qui faisaient des formations très, très
courtes, la plupart, basées à Montréal, la plupart, des formations en anglais,
qui essayaient, dans le fond, d'une certaine manière, là, de faire venir des
gens ici qui voulaient s'installer... plus s'installer au Canada qu'étudier au
Canada.
Donc, il n'y a pas de... il n'y a pas de
péril en la demeure dans notre cahier de propositions, que ce soit pour les
étrangers ou pour les étudiants, particulièrement, je vais dire, les étudiants
dans nos institutions régionales. Même qu'avec les seuils proposés pour
plusieurs institutions, c'est une hausse d'étudiants, qui s'en vient, parce
qu'ils ont eu de la misère à recruter cette année, donc, dans plusieurs
institutions. Je pense... notamment, il y avait l'Association des cégeps en
région qui sont venus nous parler, la semaine dernière, puis je pense qu'ils
nous disaient qu'ils n'avaient pas réussi à atteindre les quotas. Nous autres,
on était prêts à leur donner plus de marge de manœuvre.
D'ailleurs, parlant des quotas pour les
cégeps, pour les étudiants étrangers, comme je vous dis : On en a donné
plus qu'ils ont pu en prendre pour l'instant, on a...
M. Roberge : ...un peu
l'approche que vous souhaitez nous voir avoir pour l'immigration. Vous avez dit
tout à l'heure : On ne veut pas de plafond à l'échelle du Québec. On veut
y aller région par région. Mais pour les cégeps et les universités, on fait
exactement ce que vous voulez. On n'a pas juste une histoire de plafond
national, mais on y va établissement par établissement parce que, si on
disait : On veut, je ne sais pas, moi, 120 000 étudiants, bien,
ils pourraient tous rester à Montréal, Québec, Sherbrooke. Et là, on s'assure
que ça ne... que ça n'arrive pas, qu'il n'y ait pas de cannibalisation par les
grands ensembles de nos établissements régionaux. On vient protéger les quotas
des établissements régionaux parce qu'on a vraiment ça à cœur. Ce que je
comprends, c'est que vous souhaiteriez qu'on fasse la même chose pour
l'immigration. Est-ce que c'est bien ce que vous dites?
M. Ducornait (Benjamin) :
Bien, vous, vous parlez beaucoup de plafond puis, moi, j'irais plus loin en
évoquant un plancher. Quand on parle d'immigrants permanents, aujourd'hui, le
PSTQ ne donne aucune garantie à des régions comme la Côte-Nord d'avoir un
plancher d'immigrants qui vont devenir permanents dans notre région. Si je
regarde sur les cinq dernières années, on a eu 416 immigrants qui sont
devenus permanents dans la région de la Côte-Nord. Ce n'est quasiment rien.
Puis actuellement, il n'y a plus que le PSTQ qui est la dernière voie d'accès,
je dirais, à la résidence permanente, puis il y a eu un peu plus de
1 000 tirages en quatre mois depuis que ça a ouvert. Entendons-nous
pour dire que, parmi ces tirages, si on y va région par région, il n'y a pas
beaucoup de monde qui est sur la Côte-Nord. Pourtant, c'est un vrai besoin
qu'on a. J'en suis l'exemple parfait. Quatre ans que je suis au Québec. Il faut
que je retourne en permis de travail fermé. Je ne suis pas le seul. C'est ça
partout dans mon entourage parce qu'il n'y a plus aucune voie d'accès. Les
pointages au PSTQ sont très sélectifs. C'est pour ça qu'on vous demande aussi
dans notre mémoire que le PEQ puisse rouvrir parce que c'était une véritable
voie d'accès, puis pour garder notre monde qui sont déjà des contribuables, qui
ne sont pas des fardeaux pour la société. Qu'on en discute avec nos cégeps qui
nous expliquent toute la richesse qui est apportée par les étudiants qui
viennent de l'international dans des domaines très spécifiques, nous, sur la
Côte-Nord, la foresterie, le ferroviaire, les mines. Ce monde-là, ils
voudraient rester. Puis aujourd'hui, ils se font dire : Ça ne va pas être
possible.
M. Roberge : Mais quand
vous critiquez le bilan des quatre ou des cinq dernières années, vous critiquez
les anciens programmes dont le PEQ. Le nouveau PSTQ a commencé, là, ses
balbutiements, ses invitations à quelques centaines de personnes au mois de
juillet, au mois d'août. Pourquoi seulement quelques centaines? Parce que le
programme n'est pas agile à régionaliser, parce que les seuils étaient atteints
pour 2025. Mais quand on arrivera à 2026, 2027, 2028, qu'on fera entrer des
dizaines de milliers de personnes au Québec... Vous savez, moi, j'aime mieux
avoir 80 % de 100 $ que 10 % de 500 $. Et ça aurait été plus
intéressant pour des régions comme la vôtre d'avoir un pourcentage beaucoup
plus élevé d'immigrants grâce à des programmes qui nous permettent de
régionaliser plutôt qu'avoir un infime pourcentage de 50 000, 60 000,
70 000 immigrants. Et c'est ça qu'on est en train de prendre comme
virage plutôt que d'y aller sur les grands nombres et de souhaiter que, par
magie, s'installent en région... Le PEQ diplômé, c'est 60 % à Montréal
l'an passé. Donc, plutôt que de prendre un très, très grand nombre puis de
souhaiter que, par magie, les gens s'installent en région, on veut y aller en
sélectionnant des gens qui sont déjà au Québec, qui ont un emploi en région,
qui parlent français. On parle beaucoup de travailleurs étrangers temporaires
ou de diplômés d'une institution régionale puis dire : Bien, toi... Toi,
de manière très précise, toi, eh bien, on te donne cette sélection et tu
deviens un Québécois. On te permet de passer de temporaire à permanent. C'est
le virage qu'on peut faire ensemble, et c'est là, bon, que je pense qu'on est
en train de mettre en place exactement ce que vous demandez, c'est-à-dire une
approche régionale, plutôt que d'avoir un grand nombre national puis de
souhaiter que les gens s'installent en région. On se comprend?
• (16 h 30) •
M. Ducornait (Benjamin) :
Bien, j'en suis convaincu. Puis j'ai écouté beaucoup de personnes qui sont
venues vous parler ici. Puis tout le monde est pas mal d'accord pour dire qu'il
ne faut pas appliquer une politique mur à mur. Donc, je suis convaincu que le
message a été entendu de votre côté. Mais je tiens quand même à ajouter que
dans une région comme la Côte-Nord, il y a urgence quand on parle à nos
chambres de commerce, quand on parle à nos commerçants. Encore tout à l'heure,
j'ai été interpelé juste avant de rentrer dans la salle par des chaînes de
restauration rapide sur la Côte-Nord qui nous disent : Bien, entre les
plafonds, les délais, on ne s'en sort plus. C'est maintenant qu'il faut agir.
Puis c'est pour ça que j'insistais beaucoup sur la résidence permanente, parce
qu'elle permet d'éviter ce problème-là. Là, tous les programmes sont quasiment
tous fermés, mais...
16 h 30 (version non révisée)
M. Ducornait (Benjamin) : ...en
quatre mois. Bien, qu'est-ce qui se passe avec tous ces travailleurs-là, ils
doivent retourner vers des permis de travail fermés. Donc, on ajoute encore une
lourdeur administrative. Puis je vous parlais des traitements simplifiés aussi.
On ajoute encore de la lourdeur administrative. Parce que, nous, toutes ces
professions-là sont en pénurie de main-d'oeuvre sur la Côte-Nord.
M. Furlong (Marcel) : Je
voudrais peut-être intervenir, M. le ministre.
M. Roberge : ...oui, on vous
écoute.
M. Furlong (Marcel) : Merci.
Vous savez, M. le ministre, la régionalisation, c'est un élément important.
Maintenant, chez nous, on a déjà nos entreprises qui nous disent : On a
déjà des travailleurs immigrants temporaires qui sont chez nous. On ne veut pas
nécessairement recevoir une tonne de nouveaux immigrants temporaires. On
voudrait que les immigrants temporaires qui sont chez nous, qui parlent déjà le
français, qui sont des bons contribuables dans notre société, bien, qui puissent
devenir des immigrants permanents rapidement. Ça fait que peut-être qu'il y a
une solution à nos problèmes, c'est qu'ils soient reconnus après une analyse,
là, que vous... puis que vous déciderez de l'importance, mais qu'on puisse les
reconnaître comme des immigrants permanents puis qu'on leur donne ce titre-là.
Ça va avoir la même... la même pression sur la courbe que... dont vous parliez
tout à l'heure dans une autre rencontre. Si on veut baisser la courbe des
immigrants temporaires, bien, peut-être qu'en leur mettant le titre d'immigrant
permanent ça simplifierait la chose. Parce que c'est clair que des gens chez
nous qui ont déjà payé du monde, payé pour faire venir du monde, qui ont payé
pour s'assurer de leur confort, de leur bien-être puis de les intégrer dans
notre communauté, bien, ils voudraient que... étant donné que ce travail-là a
été fait, bien, qu'on puisse leur donner une chance en leur disant : Bien,
OK, on rend ces gens-là des travailleurs permanents. Puis le contrôle que vous
ferez par la suite pour établir les quotas... Parce que, M. le ministre, il y
a... il y a un danger pour des régions où la population est moins nombreuse qu'en
ville, c'est qu'on l'ait en pourcentage. Puis les pourcentages, sur 100 000...
15 % de 100 000, c'est 15 000 puis 15 % de 1 million, c'est
1650 000. On ne parle plus de la même chose. Ça fait qu'il faut faire attention
au pourcentage parce que... On parlait de nos cégeps tout à l'heure. Le cégep
de Baie-Comeau, il a... il a tout utilisé les CAE, je crois, le terme, là, les
permis pour accueillir des étudiants étrangers. Ils ont tous utilisé ces
CAE-là, mais les étudiants qui viennent, bien, ils sont inquiets un peu de leur
avenir au Québec pour la suite. Ça fait que trouvez une solution.
M. Roberge : On est
là-dessus. Vous avez raison, on veut que les gens qui s'installent dans les
cégeps... Puis le député de Baie-Comeau, là... C'est bien...
M. Furlong (Marcel) : ...
M. Roberge : ...de Montigny,
je parlais avec lui. Il nous disait... il dit : Le cégep, c'est la clé, c'est
le moteur, c'est vraiment ce qui attire les gens dans notre région, puis en
plus des jeunes. Il faut absolument libérer le talent du cégep de Baie-Comeau
puis de s'assurer qu'il peut jouer son rôle d'attractif et puis... Je vous dis,
je vous dis, là, on rame dans la même direction que vous. Puis regardez l'orientation
quatre de notre cahier de proposition, c'est accroître la part des personnes
qui sont déjà ici. Donc, ce sont ces gens-là qu'on veut... qu'on veut prendre comme
immigrants permanents. Je m'arrête ici parce que j'ai des collègues qui veulent
poursuivre la discussion avec vous. Moi, je la prendrais pour 1 heure,
mais, à un moment donné, il y a d'autres personnes qui veulent échanger. Donc,
je laisse...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Bien, non, parce qu'il reste juste le quatre minutes 38 secondes
pour la députée de Vimont.
Mme Schmaltz : ...merci, Mme
la Présidente. Merci. Bonjour à vous deux d'être... d'être là. Tantôt vous avez
parlé du phénomène «fly-in/fly-out». D'ailleurs, je pense que c'est en page
trois du mémoire, vous disiez que réduire les cibles d'immigration temporaire
pourrait, bon, non seulement augmenter le phénomène dont vous parliez, mais
également accroître la pression sur le logement et sur les services publics.
Pourriez-vous peut-être m'expliquer qu'est-ce que vous entendez par...
M. Ducornait (Benjamin) : Oui.
Bien, une personne qui est... qui est en navettage, elle est logée souvent
grâce à des systèmes d'Airbnb. Donc, c'est la compagnie qui soit rachète des
propriétés qui, après, ne sont plus disponibles sur le marché ou louent des
propriétés. Donc, contrairement à un immigrant qui va venir pour faire bâtir sa
maison ou acheter une maison, ces personnes-là sont là une semaine, deux
semaines par mois, après ça elles s'en vont, mais elles peuvent tomber malades
aussi. Donc, elles mettent plus de pression sur notre système de santé. Puis ce
qui est important de clarifier, c'est que, contrairement à un immigrant qui
aurait acheté sa maison, elle ne paie pas de taxes locales, ces personnes-là,
donc, elles viennent, elles travaillent la semaine puis, la fin de semaine,
elles retournent dans leur région, versus un immigrant qui viendrait s'installer
dans la région, qui contribuerait pleinement à l'économie de la Côte-Nord.
Mme Schmaltz : ...
Mme Schmaltz : ...ne tombera
pas malade ou, tu sais, n'aura pas à... besoin des services. Je pense que
c'est... il faut faire un petit peu attention là-dedans, là, selon moi, là. Je
pense que... dans ce sens-là, là.
M. Ducornait (Benjamin) : Non,
mais c'est... c'est... ce n'est pas ce qu'on dit dans... dans le mémoire,
exactement. C'est... C'est simplement que c'est des personnes qui ne sont pas
là tout le temps, contrairement à des immigrants qui sont sur place, qui
contribuent pleinement à l'économie, qui paient leurs taxes municipales. Il y
a...
Mme Schmaltz : Ah! d'accord,
en ce sens-là, OK.
M. Ducornait (Benjamin) : Il
y a vraiment un manque à gagner pour nos municipalités puis elles sont
nombreuses à le décrier.
Mme Schmaltz : OK. C'était
dans ce sens-là.
M. Ducornait (Benjamin) : Oui.
M. Furlong (Marcel) : Peut-être...
Peut-être pour clarifier, Mme, c'est que les budgets qui sont accordés par le
gouvernement du Québec au CISSS-Côte-Nord sont en fonction des... du nombre de
résidents permanents, de la population permanente de la Côte-Nord. Ça fait que
si les... les gens sont en «fly-in/fly-out», ce sont des résidents permanents
de d'autres régions, ils viennent chez nous, ils passent deux semaines par mois
chacun. Ça fait que là, le deux semaines qu'ils sont chez nous, si jamais ils
ont un besoin, c'est malheureux, mais on va les soigner pareil. Sauf que le
budget est déficitaire. C'est une bonne raison. C'est pour ça.
Mme Schmaltz : OK. Je
comprends mieux. Est-ce qu'il reste encore un petit peu de temps, j'imagine?
Une minute?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...11 s.
Mme Schmaltz : Quand même. D'accord.
Concernant les façons de contrôler l'immigration temporaire au Québec,
avez-vous des solutions? Avez-vous des... des façons justement pour réduire les
pressions sur les services publics? Tantôt vous parlez de ça, mais est-ce que
vous avez... qu'est-ce que vous voyez pour... pour arriver à justement alléger
le tout?
M. Ducornait (Benjamin) : Bien,
nous, on a... on a un besoin criant de main-d'oeuvre sur la Côte-Nord, donc
on... les immigrants font partie de la... de la solution. Puis, tu sais, d'une
municipalité à l'autre, dans la région, on n'a vraiment pas la même réalité. On
a des endroits où il y a du logement de disponible, il y a d'autres endroits où
on travaille fort pour qu'il y ait du logement de disponible. Donc, oui, on
peut dire que les immigrants exercent une pression, mais ils font aussi partie
de la solution.
Puis je pense que je reviendrais sur...
sur ce qu'a dit M. le ministre, il y a... il y a quelques jours, lors de ces
mêmes consultations, c'est qu'il faut faire un système de pairage entre quels
sont les besoins puis quelles sont les disponibilités aussi de nos immigrants.
Donc, si tout ça, c'est bien fait, qu'on cible mieux peut-être les emplois
aussi par région... parce que là, actuellement, si je reprends l'exemple du
traitement simplifié, on a retenu 76 professions, mais c'est à l'échelle
du Québec. On ne s'est pas forcément soucié de quels étaient les besoins sur la
Côte-Nord. Sauf que, bien, sur la Côte-Nord, si ce 10 % de TET, je prends
l'exemple, est maintenu, bien, nous, c'est toutes nos... toutes nos chaînes de
restauration qui vont fermer dans les... dans les prochaines années. Donc, ce
n'est pas forcément le cas à Montréal.
Mme Schmaltz : Oui. Je
comprends. Je retiens disponibilité de logements. C'est tellement rare
d'entendre ça aujourd'hui, là, d'entendre des logements disponibles, là, vous
semblez dire qu'il y a quand même une place de...
M. Ducornait (Benjamin) : On
a une pénurie de logements sur la Côte-Nord, mais on a des municipalités qui,
auparavant, avaient 5 000, 6 000, 8 000 habitants de plus,
puis ce n'est plus le cas aujourd'hui. Donc, il y a des logements qui sont
inoccupés par endroits, là. Je ne suis pas en train de dire qu'il n'y a pas de
pénurie de logements sur la Côte-Nord. C'est... C'est une réalité, quand même,
surtout dans... dans certaines grandes villes.
Mme Schmaltz : Eh bien,
voilà. En terminant?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
Mme Schmaltz : Bon. Merci!
M. Ducornait (Benjamin) : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, je me tourne du côté de l'opposition
officielle avec le député d'Acadie pour 11 minutes 37 secondes.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, M. Furlong et M. Ducornait, bonjour. Merci, merci d'être là.
Est-ce que j'ai bien compris, M. Ducornait, que vous êtes un travailleur
étranger temporaire? Est-ce que j'ai bien compris?
M. Ducornait (Benjamin) : Tout
à fait.
M. Morin : D'accord. Et ça
fait combien d'années que vous êtes ici?
M. Ducornait (Benjamin) : Ça
fait quatre ans que je suis au Québec.
M. Morin : Bien. Et vous
aimez ça?
M. Ducornait (Benjamin) : Oui.
Je suis heureux d'être en face de vous aujourd'hui. Oui.
M. Morin : Ça vous... Ça vous
tenterait de rester?
M. Ducornait (Benjamin) : Bien,
j'aimerais rester, effectivement, puis ça fait des années que je me bats pour
rester. Puis j'aime beaucoup ce que disait ce matin M. Jacques Demers, de la
FQM. Il disait : Là, on tient des auditions, mais finalement, on ne les
entend pas forcément, les premières personnes concernées, qui sont les
immigrants. Puis je suis heureux d'être là aujourd'hui pour... pour contribuer
à ça, justement, à être un immigrant qui vient vous parler, oui, d'une réalité
régionale, mais aussi d'une réalité d'immigrant. Parce que nous, à tous les
matins, qu'est-ce qu'on fait en premier? On prend notre café, certes, mais on
se connecte en ligne sur toutes les plateformes : OK, le provincial, il en
est où, mon CSQ? Je vais me connecter sur Arrima, après ça, je vais aller me
connecter sur IRCC, où est-ce que j'en suis. Puis après ça, je vais écrire à
mon amie que ça fait 12 mois qu'elle attend son permis de postdiplôme.
Puis c'est ça, la réalité d'un... d'un immigrant temporaire. Puis moi, ça fait
quatre ans que c'est ma réalité. Quatre ans où, à chaque fois qu'il y a un
programme où je m'apprête à appliquer, que j'ai réuni tous les documents, paf,
ça ferme. OK, bon, on va changer d'idée, on va prendre un... une autre
solution. C'est... C'est toujours ça. C'est une résilience qu'on doit sans
cesse avoir. Puis, les Nord-Côtiers sont déjà résilients, donc, un immigrant
nord-côtier, on est au summum de la résilience, je peux vous le dire!
• (16 h 40) •
M. Morin : Et... Et...
M. Morin : ...croyez-moi,
j'apprécie beaucoup que vous soyez ici parce que non seulement vous partagez
avec nous, tout comme l'a fait M. Furlong, une réalité d'une magnifique région
du Québec, mais vous êtes capable aussi de nous parler de ce que vous vivez au
quotidien. Et je comprends... Si vous permettez, j'aurais quelques questions
pour ça. Le programme PEQ, est-ce que ça vous intéressait?
M. Ducornait (Benjamin) : Oui,
oui. J'allais appliquer juste avant qu'il ferme, moi, personnellement. Puis je
connais plein de Nord-Côtiers qui voulaient aussi appliquer à ce programme-là.
Puis je considère que ce qu'on traverse en ce moment, notamment sur la
Côte-Nord, c'est une véritable fuite de talents parce qu'il y a plein de personnes
qui sont diplômées dans des secteurs clés. Je vous prendrais l'exemple d'une
zec qui a de la misère à recruter du monde qui sont spécialisés en foresterie.
Bien, on les a, nous, les diplômés, sur la Côte-Nord, mais là ils terminent
leur programme puis ils se retrouvent sans solution. Puis une petite zec, elle
n'a pas forcément le budget pour payer un permis de travail fermé à son
employé. Donc, qu'est-ce qu'elle fait? Bien, elle laisse le poste vacant puis
elle laisse partir des talents qui retournent chez eux.
M. Morin : Et est-ce que vous
souhaiteriez qu'il puisse réouvrir, le PEQ?
M. Ducornait (Benjamin) : Oui,
oui. Puis on en fait la demande dans le mémoire. Pour nous, c'est primordial.
Puis, quand on parle aux entreprises, quand on parle aux cégeps, c'est unanime,
nous, dans la région, il faut que ce programme puisse rouvrir parce que, bien,
ça permettait un peu une automatisation, même s'il y a quand même des humains
qui décident, là. Mais ces gens-là sont déjà chez nous, ils contribuent à la
société. Pourquoi, du jour au lendemain, on leur dirait : Bien,
malheureusement non, vous n'allez pas devenir résidents permanents? Puis ça
n'enlève rien au PSTQ, qui selon l'assemblée, selon ce qu'on a regardé, est
aussi un très bon programme puis qui est bien pensé aussi pour accueillir des
immigrants qui sont qualifiés. Mais le PEQ avait aussi... permettait aussi
cela, et c'est en ça qu'il était important.
M. Morin : Vous avez parlé
tout à l'heure, si ma mémoire est bonne, de l'EIMT, de la liste qui a été
réduite?
M. Ducornait (Benjamin) : Traitement
simplifié, oui.
M. Morin : Oui. Ça a été
réduit par qui, le gouvernement du Québec...
M. Ducornait (Benjamin) : Oui.
M. Morin : ...ou le gouvernement
fédéral?
M. Ducornait (Benjamin) : Gouvernement
du Québec, qui a réduit cette liste de 276 professions, si mes souvenirs sont
bons, à un peu plus de 70.
M. Morin : Et quel a été
l'impact chez vous?
M. Ducornait (Benjamin) : Bien,
l'impact, il est... je ne dirais pas qu'il est énorme parce que c'était un
traitement simplifié, et ça ne voulait pas dire qu'on avait tout de suite le
permis de travail, mais ça a enlevé de la lourdeur administrative. Puis, nous,
nos entreprises, elles sont en situation de pénurie de main-d'oeuvre. Donc, ça
veut dire qu'à d'autres endroits il y a peut-être deux ou trois employés qui
font ce travail-là, bien, chez nous, il n'y en a qu'un, parce que les deux
autres emplois sont vacants. Donc, ça rajoute de la lourdeur administrative à
nos entreprises qui sont déjà en pénurie de main-d'oeuvre puis qui, pour
recruter, doivent faire encore plus de démarches. Puis on le demande, ça aussi,
dans le mémoire, de réduire cette lourdeur administrative là, parce que c'est
des mois et des mois de démarches qui n'en finissent plus. Puis, pour une
petite entreprise, pour une PME qui a quand même besoin d'un travailleur
étranger temporaire, oui, c'est notre réalité à nous, sur la Côte-Nord, bien,
pour ces entreprises-là, ça rajoute encore de la charge.
M. Morin : Puis je comprends
qu'avec le...
M. Furlong (Marcel) : Monsieur,
pour...
M. Morin : Oui.
M. Furlong (Marcel) : ...pour
compléter, il ne faut pas croire que les travailleurs dont on parle là, c'est
seulement des travailleurs de chaînes de restauration ou d'hôtels, là. On parle
beaucoup de travailleurs qui travaillent pour des PME industrielles, qui
supportent la grande entreprise en leur offrant tout type de service. Ces entreprises-là
sont à risque parce que, souvent, là, ils étaient allés au maximum du
pourcentage de travailleurs étrangers temporaires qu'ils pouvaient avoir. Puis
là les baisses qui ont été faites par le fédéral font en sorte qu'ils vont
perdre la moitié, peut-être, de leurs travailleurs étrangers temporaires. Ça
fait que ça, c'est vraiment un autre dossier pour lequel il faut travailler
fort.
Puis il y a aussi nos institutions. Sur la
Côte-Nord, là, les travailleurs étrangers temporaires, il n'y en a pas seulement
dans les usines ou dans les restaurants, il y en a dans les institutions. Le
CISSS Côte-Nord a besoin de travailleurs. Il y a des centaines de... de postes
vacants actuellement. Si on était capables de recruter des gens pour venir
étudier en techniques infirmières... Et on a un problème, on ne sort pas assez
de diplômés chaque année pour combler les besoins. Donc, il faut trouver une
solution à ça. La solution est en grande partie au niveau de l'immigration.
M. Morin : Je vous remercie.
Si on revient au cahier de consultation, à la page 41 du cahier, on parle de
l'importance de la régionalisation de l'immigration. C'est ce que le
gouvernement dit. Cependant, quand, après, on va voir les orientations... Et je
prends le scénario 2B. Pourquoi? Parce que l'ensemble de l'immigration
permanente, ce serait 35 000. C'est aussi le chiffre qui est avancé par le
PQ. Si le gouvernement...
M. Morin : ...retient le
scénario 2B, quelle va être l'impact chez vous?
M. Ducornait (Benjamin) : Bien,
l'impact, il est... l'impact, il est grand parce que, quand on parle de
régionalisation, vous me tendez la perche, moi, j'ai rencontré les organismes
communautaires, je le disais tantôt, qui... qui existent notamment grâce aux
programmes d'accompagnement et de soutien à l'intégration. Puis, quand on
regarde les détails du... des volets de ce programme-là, il y a très peu de
montants qui sont accordés aujourd'hui, là, en régionalisation. C'est un
programme qui va être renouvelé, on le souhaite, on l'espère, et on espère
surtout que les montants en régionalisation vont être bonifiés, parce que le
travail qui est fait par nos organismes, il est nécessaire, il est primordial,
mais ils le font avec très, très peu de moyens.
Puis il faut aussi comprendre qu'il y a une
différence entre un organisme qui fait le même travail, qui va être situé dans
la région de Lanaudière, à une heure de Montréal, lui, faire de l'attraction,
il peut louer un bus puis, dans la journée, les immigrants viendront visiter la
région. Ils auront vu tout ce qu'il y avait à voir. Ils auront quasiment fini
leur contrat puis ils sont repartis. Nous, sur la Côte-Nord, c'est toute une
logistique de faire venir des travailleurs, de les intégrer, de les accompagner
dans de toutes petites équipes d'organismes communautaires. En Haute-Côte-Nord,
là, c'est une personne qui s'occupe d'une soixantaine d'immigrants par année.
Mais on lui dit : Le PASI, là, c'est ça, ton cahier des charges. Il faut
que tu fasses juste ça. Oui, mais quand l'immigrant arrive le matin au bureau
puis qu'il pleure, pensez-vous qu'elle lui dise : Ça ne rentre pas dans
mon cahier des charges parce que je suis toute seule puis moi, dans mes volets,
j'ai ça, ça, ça à faire. Donc, c'est aussi cette réalité-là qu'on a.
Les montants qui ne sont pas adaptés à la
région dans ce programme-là puis surtout dans la régionalisation, parce que,
quand on parle de régionalisation, on ne parle pas seulement d'immigration,
hein, on parle d'un Montréalais qui aimerait ça aller au Grand Vert aussi puis
s'installer sur la Côte-Nord, là, ça aussi, c'est une forme de migration
interrégionale, puis il faut y penser et en tenir compte.
M. Morin : Et si... si on
revient toujours au cahier du gouvernement, régionalisation, pourtant, dans les
différents scénarios, on dit : Accroître la part des personnes immigrantes
permanentes déjà présentes au Québec afin qu'elles représentent entre 63 %
et 66 % des admissions à la fin de la période. On a des seuils,
scénario 2A, 2B, 2C. Ça va jusqu'à 45 000. Comment on va y faire pour
y arriver si... Puis il n'y a aucune indication là-dedans qu'il y a un
pourcentage ou un nombre qui serait dédié à certaines régions. Alors, ça
m'apparaît très, très général.
Donc, je comprends que vous, votre
demande, ce serait que... Parce qu'à la fin des consultations on va s'asseoir
avec le gouvernement. Donc, vous voudriez que d'abord il y a un nombre qui
puisse vous aider puis qu'il y a des régions qui soient identifiées. Est-ce que
je comprends bien ce que vous demandez?
M. Ducornait (Benjamin) : Oui,
parce que je pense que, si on est capables d'établir, par exemple, une cible
linguistique, bien, ça veut dire qu'on est aussi capables d'établir des cibles
par régions, que ce soit pour... pour les immigrants permanents ou pour les
autres programmes. Donc, oui, il faut qu'il y ait des données précises par
région qui soient... qui soient définies.
Puis c'est sûr que tout ne peut pas être
coulé dans le béton parce qu'on lisait dans... on lisait tout à l'heure avec
les précédents intervenants, si on se base sur le taux de chômage, bien, il
peut changer à chaque année, on ne peut pas... C'est difficile de savoir sur
quoi se baser, mais il faut... il ne faut pas qu'il y ait de politique mur à
mur, puis vous vous l'êtes fait dire suffisamment depuis le début de ces
consultations, mais je pense que c'est... c'est vraiment ce que nous, on
aimerait encore vous répéter, que oui, il faut qu'il y ait des quotas, des
planchers, des plafonds par région, appelez-les comme vous voulez, mais il faut
qu'on pense région par région.
M. Morin : ...que pour ma
part, j'aime mieux parler de sur mesure que de mur-à-mur, parce que dans ce
domaine là, ce que j'entends, c'est que le mur-à-mur engendre des disparités et
une absence d'équité entre les régions. Donc, c'est l'inverse que ça produit.
Toujours dans le cahier de consultation,
le gouvernement veut réduire de 13 % le nombre de titulaires de permis
dans le Programme des travailleurs étrangers. Il n'y a pas d'indication à
l'effet que ce serait dans une région plus qu'une autre ou moins. Ça va être
quoi l'impact chez vous si le gouvernement retient ça, et qu'on diminue de
13 % le nombre de travailleurs?
M. Furlong (Marcel) : Je peux
répondre, je peux répondre à ça, M. Morin, je crois.
M. Morin : Oui. Exact.
M. Furlong (Marcel) : Écoutez,
l'impact chez nous, ça va dépendre de la décision du gouvernement de... de
quelle quantité d'immigrants ou de permis d'immigration elle va nous nous
accorder? C'est sûr que si... comme je disais tantôt, si les permis qui nous
sont octroyés sont en fonction d'un pourcentage existant de population, on va
être très désavantagés. Nous autres, ce qu'on veut avoir c'est un pourcentage
ou une quantité de permis qui vont faire en sorte que nos entreprises, nos institutions
vont pouvoir continuer à vivre puis à développer de bons contribuables, même
s'ils proviennent de l'immigration.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente.
• (16 h 50) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, on termine avec le député de Laurier-Dorion
pour 3 min 53 s...
M. Fontecilla : ...merci.
Bonjour, messieurs, merci beaucoup d'être ici. Je voudrais tout d'abord
profiter de la chance qu'on a une personne directement concernée pour vous
poser une question, hypothétique, oui, mais qui pourrait avoir un intérêt. S'il
y a un ami qui vous écrit, qui vient de votre pays d'origine, et qui vous
dit : J'aimerais te rejoindre et vivre au Québec, sur la Côte-Nord, est-ce
que vous lui direz : C'est une bonne idée? Est-ce que... Viens-t'en tout
de suite, là, c'est gagnant?
M. Ducornait (Benjamin) : Il
y a quatre ans, quand je suis arrivé au Québec, je dirais que j'étais votre
meilleur ambassadeur, parce que je me souviens de François Legault, on était en
pleine pandémie, puis il disait : Les immigrants sont une chance, on est
heureux de vous avoir dans une période autant troublée qu'est la pandémie.
Puis, quatre ans plus tard, j'ai le sentiment que c'est l'inverse, on a tout le
temps l'impression qu'il faut qu'on s'excuse d'exister, qu'on est un peu la
faute de bien des problèmes de notre société. Donc, si j'ai un ami qui
m'écrit demain pour me dire : J'aimerais ça venir au Québec, je vais lui
souhaiter bonne chance puis je vais quand même l'accompagner, parce qu'après
quatre ans à me battre pour rester je suis quasiment devenu un avocat
spécialisé en immigration, je vous dirais, là, je connais tous les programmes,
tous les rouages. Donc, s'il a vraiment envie, je l'aiderai, mais je lui dirai
surtout : Accroche-toi, parce que ça ne va vraiment pas être facile.
M. Fontecilla : Et ça va
durer longtemps.
M. Ducornait (Benjamin) : Et
ça va être très long, surtout, oui.
M. Fontecilla : J'aimerais
que vous nous disiez très explicitement, là dans le cadre de ces
consultations-là, quel scénario vous prônez, là, pour... Est-ce qu'il y a un
scénario qui vous convient pour les besoins de la Côte-Nord?
M. Ducornait (Benjamin) : Bien,
malheureusement, dans les scénarios, on n'a pas le détail par région. Donc,
nous, 45 000, si on le détaille à notre pourcentage de la population, on
se rend compte que ça ne représente presque rien pour la Côte-Nord, puis que
nos besoins en main-d'œuvre sont beaucoup plus élevés que ça.
Donc, malheureusement, il n'y a aucun
scénario, quand on lit le cahier de consultation, où on se dit : OK, la
solution est là, puis ça va être ça. Puis, je pense, c'est pour ça que ces
consultations sont là, aussi, c'est pour qu'on puisse vous dire : Bien,
c'est bien beau de mettre un scénario A, B, C, mais qu'est ce que ça va donner
par région? Regardez notre situation sur la Côte-Nord, notre pénurie de
main-d'œuvre, nos besoins, les professions qui sont particulièrement touchées,
chez nous, par une pénurie de main-d'œuvre, qui ne sont pas forcément les mêmes
qu'ailleurs sur le territoire puis, à partir de là, proposez-nous une solution
sur mesure.
M. Fontecilla : Une question
qui s'adresse à tous les deux, mais est-ce qu'on pourrait concevoir une
Côte-Nord sans apport migratoire?
M. Ducornait (Benjamin) : Aujourd'hui,
non, aujourd'hui, non, parce que nos magasins fermeraient, nos chaînes de
restaurants fermeraient. Puis vous aviez, ce matin, la mairesse de
Longue-Pointe-de-Mingan qui vous parlait de son usine de fruits de mer qui
fermait, demain, si il n'y avait plus les 90 Mexicains qui viennent à chaque
été. Ça, c'est la réalité dans bien de nos entreprises. C'est des entreprises
qui ferment demain, si on n'a plus d'apport migratoire. Parce qu'on a, nous,
des... de la migration interrégionale qui est négative, les gens quittent,
beaucoup de jeunes quittent. On a un vieillissement de la population bien plus
accéléré qu'ailleurs. On est un territoire qui est dévitalisé.
Donc, sans apport migratoire, bien, la
Côte-Nord, son avenir est on ne peut plus douteux. Alors que les projets sont
là. Le PIB par habitant, sur la Côte-Nord, est le deuxième le plus élevé de la
province. Il y a plein de projets de développement, autant dans
l'hydroélectricité, qui sont déjà, actuellement... qui créent de l'emploi, puis
d'autres projets électriques qui sont... qui sont en cours, de développement
énergétique, toutes les mines qui veulent s'installer chez nous. Ça va nous
prendre des travailleurs. Donc, on a besoin, on a besoin de migrants pour que
la Côte-Nord puisse devenir prospère encore plus qu'elle l'est aujourd'hui.
M. Furlong (Marcel) : Pour
compléter, les immigrants, ils viennent combler des postes qui, autrement,
seraient peut-être, dans la grande entreprise, comblés par des gens qui restent
en ville, qui feraient du «fly-in/fly-out», du navettage. Ça fait qu'on
remplace ces navetteurs-là par des immigrants, autant qu'on peut. Maintenant,
les petites entreprises, là, les PME industrielles, et autres, n'ont pas le moyen
de faire voyager des gens, durant 14 jours... les loger puis les nourrir durant
14 jours, puis de les retourner chez eux, puis, après ça, en remplir un autre
14... un autre groupe pour un autre 14 jours. Ça fait qu'il y a des coûts
astronomiques là-dedans, qui peuvent être assimilés, mettons, par la grande
entreprise, mais pas par les PME, pas par le CISSS—Côte-Nord.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. Furlong, je suis désolée. Je vous
laisse... je vous laisse terminer, votre phrase était longue, Mais, écoutez,
c'était un plaisir de vous avoir entendus en commission, nous avons votre
mémoire en main. Et je vous souhaite une bonne fin de journée.
Puis, pour mes collègues, je suspends
quelques instants, le temps de recevoir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 16 h 55)
(Reprise à 16 h 59)
Le Président (M. Gagnon) : Et
je souhaite donc la bienvenue à des gens qui ont traversé le parc des
Laurentides — assurément, on s'est croisés ce matin — c'est-à-dire
la chambre de commerce et de l'industrie du Saguenay, du Fjord, l'Union des
préfets du Saguenay—Lac-Saint-Jean et, bien entendu, Promotion Saguenay. Je
pense que vous êtes des gens qui sont habitués. Je rappelle que vous disposez
de 10 minutes pour nous faire part de votre exposé, puis, par la suite,
nous procéderons à la période d'échange avec la partie du gouvernement et la
partie des oppositions. La parole est à vous.
M. Baillargeon (Yanick) : Merci,
M. le Président. Bonjour à tous, membres de la commission, merci de nous
accueillir aujourd'hui. Je me présente, Yanick Baillargeon, préfet de la MRC du
Domaine-du-Roy. Aujourd'hui, je représente M. Louis Ouellet, qui est président
de l'union des préfets du Lac-Saint-Jean. Je suis accompagné aujourd'hui de Mme
Sandra Rossignol, PDG de la chambre de commerce et d'industrie Saguenay-Le
Fjord, M. Stéphane Lacasse, directeur de l'union des préfets, Mme Claudia
Fortin, directrice générale adjointe de Promotion Saguenay.
• (17 heures) •
L'Union des préfets...
17 h (version non révisée)
M. Baillargeon (Yanick) : ...l'Union
des préfets du Saguenay–Lac-Saint-Jean, une instance régionale qui regroupe les
préfets de quatre municipalités régionales de comté ainsi que la ville de
Saguenay. Elle constitue un lieu de concertation et de représentation politique
visant à défendre les intérêts collectifs de la région auprès des instances
gouvernementales et des partenaires socioéconomiques.
Le Saguenay–Lac-Saint-Jean vit une
situation paradoxale. Nous avons une économie dynamique, diversifiée, portée
par l'agriculture, l'aluminium, la foresterie, le tourisme et plusieurs projets
énergétiques en développement. Nous sommes en situation de quasi-plein emploi
avec un taux de chômage de 4,3 %, bien en deçà de la moyenne de 5,7 %
québécoise. Nous sommes en situation... excusez. Cette rareté de main-d'oeuvre
menace la survie même de nos entreprises. C'est un fait. Il faut régionaliser l'immigration.
Une réduction plus importante des seuils risquerait d'aggraver la décroissance
démographique et de compromettre la vitalité économique de la région.
Déjà confrontée à des défis de rétention
et d'attractivité, le Saguenay–Lac-Saint-Jean s'est doté d'une stratégie
régionale de la main-d'œuvre afin de coordonner, de structurer les efforts d'attraction,
de rétention et d'intégration des talents. Bien que la stratégie régionale
mette en place des actions concertées, la réalité du marché demeure marquée par
des pénuries dans plusieurs secteurs prioritaires. De nombreux employeurs font
face à des besoins pressants qui, sans solution temporaire, compromettent la
continuité de leurs opérations, leurs contrats et, par conséquent, l'économie
régionale.
Notre PIB régional est en augmentation,
mais il faut soutenir cette croissance dans une période d'incertitude
économique. Dans ce contexte, nous recommandons aux gouvernements d'accentuer
ces efforts auprès du gouvernement fédéral afin d'instaurer une clause
grand-père permettant aux employeurs de conserver les travailleurs étrangers
temporaires déjà présents sur le territoire régional afin d'assurer la continuité
des opérations et de préserver l'expertise acquise.
Les personnes qui m'accompagnent vont
également préciser leurs recommandations afin de vous exposer un portrait
complet de l'importance de l'immigration économique pour notre région.
Je terminerai en disant que les mesures
que nous proposons ne sont pas des demandes irréalistes, elles sont le fruit d'une
concertation régionale approfondie, documentée par des données concrètes et
portée par l'ensemble de nos acteurs économiques et municipaux. Sans ces
ajustements, nous risquons de voir partir des entreprises, de perdre des
centaines d'emplois de qualité et de compromettre des projets structurants pour
l'avenir de notre région. L'immigration bien gérée n'est pas un problème à
résoudre pour nous, c'est une solution essentielle à notre développement et à
notre vitalité démopgrahique. Merci, M. le Président.
Merci.
Mme Rossignol (Sandra) : Bonjour,
M. le Président. Je me présente, Sandra Rossignol, PDG de la Chambre de
commerce et d'industrie Saguenay-Le Fjord.
La CCISF fait partie du plus grand
regroupement de gens d'affaires du Québec, soit la FCCQ, et, fidèle à sa
mission, elle favorise le développement, le maillage, la représentation de
milieux d'affaires tout en défendant activement les intérêts économiques du
Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Dans le cadre de la consultation qui nous
occupe, l'immigration représente bien plus qu'un outil de réponse aux besoins
des entreprises de chez nous, elle constitue une condition de base pour assurer
la continuité des activités économiques, maintenir les services à la
population, enrichir le tissu social, soutenir la vitalité démographique du
territoire. Il s'agit d'un enjeu stratégique pour l'avenir de notre région.
D'emblée de jeu, permettez-moi de
souligner la volonté du gouvernement d'accroître la part des personnes
immigrantes permanentes déjà présentes au Québec, mais l'urgence d'agir demeure
présente. Certaines entreprises, comme dans le domaine industriel ou
touristique, témoignent de situations où l'absence de travailleurs étrangers
temporaires qualifiés pourrait forcer le refus de contrats, voire l'interruption
temporaire d'activités. Et ces risques ne sont pas théoriques, ils sont
documentés, mesurables, comme l'indique le sondage de l'Union des préfets du
Saguenay–Lac-Saint-Jean et comme le témoignent aussi des centaines d'entreprises
qui sont venues aujourd'hui, ce matin, cet avant-midi, devant l'Assemblée
nationale.
La volonté d'automatiser, d'innover, d'augmenter
la productivité est bien présente chez les entrepreneurs régionaux. Toutefois,
l'automatisation ne peut remplacer la main-d'œuvre dans tous les cas,
particulièrement lorsqu'il s'agit de métiers spécialisés, de tâches de
précision ou de services à la personne.
À l'Université du Québec à Chicoutimi,
35 % des étudiants sont internationaux. Au cycle supérieur, cette
proportion dépasse 50 %. Ces étudiants ne sont pas seulement des chiffres,
ils sont la relève, l'innovation, la vitalité de nos campus et de notre
économie.
Face à cette réalité, nous attirons votre
attention sur les recommandations suivantes : faire pression auprès du
gouvernement fédéral afin de déposer une clause...
Mme Rossignol (Sandra) : ...clause
grand-père pour les travailleurs étrangers dans notre région, maintenir les
niveaux actuels de travailleurs étrangers temporaires et d'étudiants
internationaux, et surtout, surtout, ne pas les réduire davantage, et, vous
l'avez entendu à plusieurs reprises au cours de cette consultation, améliorer
la régionalisation de l'immigration. En 2024, seulement 1,1 % des
immigrants permanents se sont établis au Saguenay-Lac-Saint-Jean, alors que
nous représentons 3,2 % de la population québécoise.
Le Saguenay-Lac-Saint-Jean fait face à des
défis majeurs : une rareté de main-d'oeuvre persistante, un vieillissement
démographique, des difficultés d'attractivité et de rétention ainsi qu'une...
une pression accrue sur les entreprises et les établissements d'enseignement.
Et j'aimerais attirer aussi votre
attention, on en a parlé beaucoup, sur certains métiers où il est fortement en
déficit. On parle de soudeurs, beaucoup de soudeurs, de mécaniciens
d'équipements lourds, de postes d'infirmier, de technicien en génie électrique
et électronique, de machiniste. Ainsi, l'immigration tant temporaire que
permanente s'impose comme un levier essentiel pour assurer la vitalité
économique, sociale et démographique du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il faut
trouver des solutions ensemble. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon) : Merci.
Mme Fortin (Claudia) : Merci,
M. le Président. Je me présente, Claudia Fortin, je suis directrice générale
adjointe de Promotion Saguenay. Donc, en complément des personnes qui
m'accompagnent, laissez-moi vous présenter plus précisément les résultats de
notre enquête menée auprès de 200 entreprises de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Les résultats sont sans équivoque :
les nouvelles règles fragilisent profondément la capacité des entreprises
régionales à maintenir leurs opérations, leurs investissements et leur
compétitivité, plus de 1 150 emplois sont menacés dans notre seule
région, les pertes de contrats anticipés atteignent 52,5 millions de
dollars, un tiers des entreprises ne pourront plus respecter leurs engagements
contractuels. Certaines entreprises sont déjà forcées de se localiser... de se
délocaliser à court terme. Ce n'est pas une menace hypothétique, c'est une
réalité que nous vivons maintenant.
Ces nouvelles règles compromettent le
renouvellement de permis pour les travailleurs actuellement en poste et
freinent l'embauche de nouveaux travailleurs étrangers temporaires, malgré des
investissements importants en automatisation.
Derrière chaque statistique, il y a des
emplois menacés, directs et indirects. Par exemple, dans les métiers
spécialisés comme la soudure, c'est toute la chaîne de montage qui sera
affectée et donc les autres travailleurs de l'entreprise.
Les entreprises sont plus inquiètes de la
situation avec les travailleurs étrangers temporaires que celle des tarifs avec
les États-Unis. Les projets d'investissement sont remis en question, et des
entreprises se demandent si elles pourront continuer à opérer dans notre
région.
Merci de nous accorder ce moment, en
espérant que notre témoignage saura résonner pour trouver des solutions qui ne
mettent pas en péril nos entreprises régionales. Merci. Nous sommes prêts
maintenant à répondre à vos questions.
Le Président (M. Gagnon) : Alors,
vous l'avez dit, nous pouvons procéder à la période d'échange. M. le ministre,
la période... la parole est à vous pour une durée de 15 minutes 30 s.
M. Roberge : Merci beaucoup.
Merci pour votre présentation.
Je vois, dans un de vos mémoires, il y a
plusieurs mémoires qui ont été présentés, je pense, c'est le mémoire de l'Union
des préfets, page huit, vous demandez d'évaluer la capacité d'accueil avant de
fixer des cibles régionales. Déjà, il y a la notion de cibles régionales que je
trouve intéressante, qu'on n'avait jamais eue avant. Mais j'entends les groupes
beaucoup nous parler des réalités régionales, des besoins régionaux.
Laissez-moi vous dire que je suis perméable à ça, à force d'entendre des gens en
parler. La notion de cibles régionales, c'est intéressant. On pourrait y
revenir. Mais, évaluer la capacité d'accueil avant de fixer des cibles
régionales, ce serait quoi, nos indicateurs de capacité d'accueil?
• (17 h 10) •
M. Lacasse (Stéphane) : ...merci,
M. le ministre, pour la question. En fait, souvent, l'enjeu qu'on a vu dans les
dernières années, c'est effectivement... il y a beaucoup de gens qui sont
arrivés sur le territoire. Et, dans la stratégie de main-d'œuvre qu'on a
renouvelée, les gens nous ont parlé de c'est quoi les capacités d'accueil, donc
c'est quoi, les cibles, la capacité, en termes de logement, en termes de places
en garderie, en termes de services à la population, qu'est-ce qu'il faut
regarder, c'est quoi, nos capacités qu'on peut évaluer. Puis je pense qu'il
faut le faire régionalement et il faut surtout regarder dans les... dans les
grandes municipalités, dans les petites municipalités, parce que ces gens-là
ont des besoins...
M. Lacasse (Stéphane) : ...ils
arrivent en région, ils doivent être accompagnés. C'est quoi, les services s'il
manque de logements, s'il manque de places en garderie, si... Donc, il faut se
doter d'une stratégie pour dire : OK, voici notre capacité régionalement,
puis ensuite dire au gouvernement : Vous faites une cible, vous décidez,
c'est 30, 45, 50 000, peu importe ce que vous allez décider, M. le
ministre, mais nous, on est 3 %. On veut notre 3 % de la population
sur... mettons, si on dit 45 000, minimalement 3 %. Mais après il faut
voir c'est quoi, notre capacité. Parce que je pense que c'est ça l'enjeu que
vous voulez cibler. Avant de prendre un chiffre régional, voici notre capacité
que nous, on peut accueillir pour que ces gens-là soient bien accueillis dans
notre région. On les accueille déjà bien, mais on peut encore mieux le faire.
Je ne sais pas si ça répond, M. le ministre.
M. Roberge : Absolument. Oui,
oui, c'est intéressant, c'est intéressant. Il y a des... On peut penser que, si
on fait venir quelqu'un qui n'a pas de qualification, de diplomation, de
profession particulière, vient s'installer ici, l'utilise... une capacité
d'accueil, si je fais venir quelqu'un qui vient travailler vraiment dans le
domaine de la construction, qui aide à construire des logements, peut-être
qu'il va nous aider à accroître notre capacité d'accueil. Si je fais venir des
enseignants, qui va permettre de scolariser des enfants, d'autres... bien,
peut-être qu'il va accroître la capacité d'accueil. Donc, je trouve ça
intéressant.
Puis des gens nous mettent des mots dans
la bouche. Là, on ne prétend pas que la pénurie de logements est causée par
l'immigration ou que tous les enjeux de chômage sont causés par l'immigration.
Ce qu'on dit, c'est que, lorsqu'on est en situation de pénurie de logements, de
chômage élevé chez les jeunes, de pénurie d'enseignants, bien, on ne peut pas
faire venir 50 000, 100 000 personnes de plus. On n'est pas capables de
loger les gens qui sont sur le territoire. Mais, si on fait venir des gens,
justement, qui viennent enseigner, qui viennent construire, qui viennent
travailler parce qu'ils viennent répondre à un enjeu très précis sur le marché
du travail, mais on a un bon pairage, bien, à ce moment-là, peut-être que, dans
un an, dans deux ans, notre capacité d'accueil va même augmenter. Mais là on
est dans une situation un peu particulière où on a beaucoup, beaucoup d'enjeux.
Donc, c'est pour ça que je voulais vous
entendre vraiment sur la notion de capacité d'accueil. Puis, une fois qu'on l'a
établie, ici, au régional, vous dites : Au minimum, notre population. J'ai
trouvé ça très intéressant. J'ai vu beaucoup de mémoire, mais celui-là, vous
avez dit : On est 3, 3 % de la population puis on a 1,1 %
d'immigrants. Ça montre... ça montre un enjeu. Et ça montre que le débat ne
peut pas porter seulement sur est-ce que le scénario à retenir, c'est 25 000
permanents, ou 35 000, ou 45 000, d'autres disent 80 000, 100 000. 100 000
nouveaux permanents l'an prochain au Québec, si vous en avez 0,5 % dans
votre région, on va créer des chômeurs à Montréal puis des fermetures
d'entreprises dans votre région. Peut-être qu'à 40 000 ou à 35 000 immigrants,
mais avec un pairage régional, avec un transfert de certains travailleurs
étrangers temporaires chez vous vers le statut permanent, avec des diplômés
régionaux chez vous qui deviennent permanents aussi, bien là, on est... on est
ailleurs. Et c'est ce changement de paradigme que je nous invite à prendre, pas
qu'on ne débatte que de l'orientation du nombre total. Hein, on a proposé six
éléments, puis souvent on s'accroche au seuil, ce qui est intéressant, mais il
n'y a pas que ça.
Vous avez parlé de... Il y a des gens avec
des métiers spécialisés qui viennent, et ça m'amène la question, lorsqu'on y va
sur les travailleurs étrangers temporaires... Vous l'avez bien dit : Notre
revendication, là, c'est une clause grand-père. On veut... on veut arrêter
qu'Ottawa nous enlève des travailleurs. Ça fait que ça, c'est clair, mais
est-ce qu'ils sont tous d'égale importance? Est-ce qu'on peut penser que, dans
le secteur manufacturier ou dans des gens qui ont une qualification spéciale
dans les métiers spécialisés, on pourrait même en avoir davantage et peut-être
moins dans d'autres catégories? C'est là que je veux vous entendre si vous avez
une flexibilité, d'une entreprise à l'autre, d'une catégorie d'emploi à
l'autre.
Mme Rossignol (Sandra) : ...que
je vous ai nommées tout à l'heure, M. le ministre, on parle de soudeurs, de
soudeurs, de mécaniciens d'équipement lourd, de postes d'infirmiers, de
techniciens en génie électrique et électronique, de machinistes. C'est vraiment
les professions qui sont en déficit et c'est des... Vous pouvez retrouver ces
chiffres-là auprès de votre gouvernement, ça vient de votre gouvernement. C'est
certain que les entreprises sont extrêmement... manufacturières sont
extrêmement...
Mme Rossignol (Sandra) :
...impactés dans notre région, extrêmement impacté, hôteliers, le secteur
hôtelier également la restauration. Mais, aujourd'hui, ce qu'on a vu devant la
colline Parlementaire, c'était des entreprises manufacturières qui étaient
extrêmement inquiètes de perdre leurs travailleurs. Et ce n'est pas les
étudiants qui peuvent les remplacer. C'est vrai que les étudiants ont manqué de
travail cet été, on l'a tous vu, mais ces postes-là, c'est en majorité des
travailleurs étrangers temporaires qui les occupent. Et, s'ils partent, si on
réduit le pourcentage, eh bien, c'est carrément des quarts de travail qui vont
disparaître. Et des quarts de travail, mais peut-être que l'entreprise ne sera
plus rentable et peut-être que l'entreprise disparaîtra ou sera délocalisée. ¸
Alors, c'est c'est une inquiétude qu'on a
sur, vraiment, notre économie régionale et, je vous dirais même plus, sur
l'économie du Québec, M. le ministre.
M. Roberge : Tout à l'heure,
la mobilisation a fait jaser, puis c'est très bien comme ça. J'ai été
interpellé en mêlée de presse par les médias : Mais qu'est-ce que vous
répondez aux entrepreneurs, au tissu économique québécois, qui ont quitté la
région, sont venus au Parlement. Puis ma première réponse en boutade, je me
dis : Bien, c'est bien, ils se sont trompés de Parlement. Ils viennent
ici, ils passent leur message, probablement qu'ils vont continuer jusqu'à Ottawa,
parce que la mesure que vous dénoncez, essentiellement, c'est une mesure
d'Ottawa. Puis j'ai dit : Mais où est Mélanie Joly? Où est Steven
Guilbeault? Où est François-Philippe Champagne? D'habitude, ils ne manquent pas
d'énergie, mais qu'ils la canalisent pour arrêter de nous enlever nos travailleurs
étrangers temporaires.
Puis, tout à l'heure, vous avez... Quelqu'un,
un de vous quatre, je ne veux pas... des intentions aux uns, aux autres, vous
êtes venus ensemble, mais on a dit : On demande un maintien des niveaux,
là, des travailleurs étrangers temporaires. Est-ce que c'est bien votre
revendication de maintenir ces niveaux-là où vous voudriez 10 %,
20 %, 100 % de plus?
M. Baillargeon (Yanick) :
...me permettre de répondre, M. le ministre. Vous avez tout à fait raison. On
demande un maintien actuel, on veut le statu quo sur cette mesure-là. Vous avez
mentionné qu'on devrait aller au Parlement fédéral pour faire cette demande-là,
c'est bien évident que ça fait partie. Mais ce qu'on est venu chercher
aujourd'hui, c'est aussi un appui de votre part, justement, pour faire
intervenir le fédéral à ce moment-là. C'est clair que, oui, il va avoir des
démarches qui vont être faites en ce sens-là, mais la première étape était de
venir ici aujourd'hui, justement, pour vous en parler.
M. Roberge : Bien, c'était une
boutade. Je suis content de voir... De toute façon, on fait une planification
pluriannuelle, on invite les groupes. On est bien contents que vous soyez
venus, là, évidemment qu'on voulait vous entendre de toute façon. Puis la
réponse, c'est : Oui, vous l'avez notre appui. Comme j'ai dit, j'ai fait
plusieurs interventions publiques, mais aussi indirectement dans des appels
privés puis dans des lettres officielles. On dit que les paroles s'envolent,
les écrits restent, les écrits sont là pour rester. Je sais même que les
premiers ministres se sont parlé à ce sujet-là. Donc, ça, c'est rendu au plus
haut niveau.
Je pense que j'ai des collègues qui
veulent intervenir. Je vois que ma collègue me fait signe, si vous permettez,
madame... oui, Mme la Présidente, peut-être au sujet de la francisation, je ne
sais pas. Merci.
Le Président (M. Gagnon) : Mme
la députée, la parole est à vous.
Des voix : ...
Mme Schmaltz : C'est correct.
Je suis partante pour la question, mais je trouvais intéressant ce côté-là.
Vous avez... Dans votre mémoire, vous mentionnez que la dépendance des
entreprises locales envers la main-d'oeuvre est dépendante et, en fait — oups,
je m'excuse, c'est en train de... — s'explique justement par la
difficulté de recruter localement. Ça, moi, ça me... comment je dirais ça...
J'ai une question un peu étrange là-dessus peut-être, c'est un petit peu
étrange la question que je vais vous poser par rapport à ce constat-là, mais
comment vous arrivez à le voir? De quelle façon vous êtes capable de l'affirmer
qu'il y a une... Parce que, localement, on n'est pas intéressé par ce genre de
travail ou...
M. Lacasse (Stéphane) : Bien,
je peux répondre, Mme la députée. En fait, lorsqu'on va chercher un travail
étranger temporaire, c'est parce qu'on n'a pas eu la capacité de recruter chez
nous. Donc, il n'y a pas une personne localement qui a appliqué sur le poste.
C'est sûr qu'on aimerait que les gens travaillent dans nos entreprises, mais,
actuellement, c'est impossible. Il y a un entrepreneur qui me disait, à
Jonquière, que, dans le comté de M. le président, 25 %, c'est la
main-d'œuvre, 25 %, son chiffre d'affaires représente de la main-d'œuvre
étrangère. Donc, lui, si ces gens-là quittent, ils ne sont pas renouvelés, mais
c'est 25 % de son chiffre d'affaires. Donc, c'est extrêmement important.
Et ce n'est pas qu'il n'a pas essayé d'en recruter, c'est que l'enjeu est là.
Justement, s'ils vont chercher des travailleurs étrangers temporaires, c'est
parce que les gens, au niveau local, n'appliquent pas sur les emplois. Et on a
fait des campagnes, tout ça, mais, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, on a la région
avec le plus haut au niveau des personnes âgées. Donc, ça fait en sorte que les
entreprises se retournent. Et les missions qui sont faites, par exemple,
avec...
M. Lacasse (Stéphane) :
...donc, on essaie. Mais à un moment donné, quand, il manque de monde, bien, on
va à l'étranger puis on couvre les besoins.
• (17 h 20) •
Mme Schmaltz : Non, je
comprends, je comprends parfaitement, mais ce qui m'étonne, c'est... C'est quoi
l'enjeu? C'est une question de salaire. Si les gens sont... le 25 %,
qu'est-ce qui fait que le... quelqu'un localement va... n'est pas intéressé par
l'offre d'emploi? C'est parce qu'au niveau du salaire, ce n'est pas avantageux,
c'est...
M. Lacasse (Stéphane) : Je ne
dirais pas que c'est au niveau... Je ne dirais pas que c'est au niveau du
salaire. Je pense qu'on a... il y a une étude qui est sortie dernièrement, ils
disaient qu'il... qu'il va y avoir 27 milliards d'investissements dans la
région. On a des grands projets, on a la base militaire de Bagotville, on a...
il va y avoir des projets en éolien, on a Rio Tinto, il y a beaucoup
d'investissements dans la région, donc on a besoin de main-d'œuvre plus grand
que la population qu'on a. Donc, automatiquement, bien, il y a des corps de
métiers qui sont moins recherchés que d'autres. Donc, on doit combler les
postes par les travailleurs étrangers temporaires ou par la main-d'oeuvre
immigrante.
Mme Schmaltz : Parlez-moi un
petit peu de... justement, tantôt, le ministre, il a ouvert la porte là-dessus,
au niveau de la francisation, comment ça fonctionne? Est-ce que c'est quelque
chose qui est facile d'accès en entreprise? Est-ce que vous sentez que vous
avez un soutien de francisation Québec? Comment ça fonctionne?
Mme Fortin (Claudia) : Bien,
effectivement, là, c'est complexe actuellement, puis les entreprises en font
beaucoup. Ils francisent dans le milieu de travail. Et ils nous disent souvent
qu'ils ont besoin, là, du soutien, là, du gouvernement du Québec pour franciser
davantage. C'est un gros défi. Par contre, dans notre région du
Saguenay–Lac-Saint-Jean, 99 % des gens parlent français. Donc,
honnêtement, là, après plusieurs mois, plusieurs années, là, ils viennent à
être francisés. Mais les entreprises ont besoin de soutien à ce niveau-là.
Mme Schmaltz : Expliquez-moi
en quoi? Parce que Francisation Québec en entreprise a quand même une offre de
services intéressante, là, pour franciser. Qu'est-ce qui... C'est quoi... C'est
quoi les enjeux qu'ils vont rencontrer, les entreprises là-dessus? Parce qu'on
peut franciser en entreprise, on peut franciser au moyen du... que ce soit en
présentiel, que ce soit via... En tout cas, il y a toutes sortes de
facilitateurs aujourd'hui. Qu'est-ce qui... Qu'est-ce qui bloque?
Mme Fortin (Claudia) : Bien,
ce qu'on a entendu, c'est les horaires qui ne sont pas toujours adaptés, là,
aux réalités des entreprises. Donc, c'est plus difficile, là, pour envoyer les
gens, là, dans des formations, ou autres. Je ne pourrais pas vous dire
précisément les raisons.
Mme Schmaltz : OK. OK. Parce
que je sais que Francisation Québec a fait en sorte, là, d'être très adaptable
justement pour respecter souvent les horaires, parce que ce n'est pas tout le
monde qui a envie non plus après des heures de travail ou, bon, être obligé de
sortir pour suivre des cours. Donc, il y a quand même toutes sortes de façons,
là, de s'adapter, mais vous sentez que c'est encore quelque chose...
Mme Fortin (Claudia) : Un
défi.
Mme Schmaltz : Est-ce qu'il
manque d'information, selon vous? Est-ce que les entreprises devraient être
davantage informées ou peut-être qu'elles ne connaissent tout simplement pas l'offre
au complet?
Mme Fortin (Claudia) : Je ne
le sais pas. C'est une bonne question que vous avez. Peut-être que oui.
Mme Schmaltz : Vous savez que
vous avez une personne en région qui est attitrée au MIFI, hein? Donc, c'est
quelqu'un avec qui vous pouvez toujours être en lien. Souvent, ces gens-là
apportent beaucoup de réponses aux questions. Donc, on a tout réouvert nos
bureaux régionaux qui étaient fermés depuis plusieurs gouvernements précédents.
Donc, nous, on les a réouverts justement pour faciliter les échanges avec...
avec le MIFI. Donc, c'est une solution comme une autre. On est là... on est
tous en recherche de solutions, donc.
Mme Rossignol (Sandra) : Si
vous vous permettez de compléter...
Mme Schmaltz : Bien oui.
Mme Rossignol (Sandra) :
...les employeurs, comme disait ma collègue, sont déjà vraiment beaucoup,
beaucoup sollicités puis ils ne peuvent pas porter tout seuls la responsabilité
de l'accompagnement. Puis l'intégration linguistique est une chose, elle est
très, très importante, mais c'est l'intégration aussi culturelle et sociale qui
est extrêmement importante.
Mme Schmaltz : Absolument,
vous avez entièrement raison.
Mme Rossignol (Sandra) : Puis
souvent, il y a un manque de ressources pour le faire, puis ça ne peut pas être
la seule responsabilité des entreprises. Les entreprises en ont beaucoup,
beaucoup sur les épaules.
Mme Schmaltz : Est-ce que vous
avez des idées? Vous avez des outils? Avez-vous des... J'imagine que vous devez
avoir en tête certains outils à proposer pour justement faciliter?
Le Président (M. Gagnon) : En
10 secondes.
Mme Schmaltz : Ah!
Mme Rossignol (Sandra) : On
est content parce qu'il y a vraiment une mobilisation régionale maintenant pour
mieux accueillir et faire de l'intégration culturelle.
Mme Schmaltz : Donc, c'est
quand même mieux que c'était.
Le Président (M. Gagnon) :
Merci pour les échanges. Nous allons quand même les poursuivre avec les
collègues de l'opposition officielle, le député de l'Acadie, pour une durée de
11 minutes 37. Cher collègue, la parole est à vous.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Alors, bon début de soirée. Merci d'être là. J'ai eu le privilège de
vous rencontrer plus tôt devant le Parlement aujourd'hui et d'écouter
évidemment vos revendications. Ça vous dit quoi, vous, des forums régionaux,
une décentralisation et la régionalisation de la planification en immigration?
Est-ce que c'est quelque chose que vous voyez d'une façon...
M. Morin : ...positive.
M. Lacasse (Stéphane) : Oui,
merci, M. le député. Effectivement, je pense qu'on en a parlé avec M. le
ministre tantôt, qui a parlé de mettre des cibles au niveau de s'assurer que,
justement, il y ait une capacité d'accueil, mais également d'avoir une
régionalisation. C'est aussi dans les décisions, dans le sens qu'on doit
informer le gouvernement de nos besoins, de notre réalité.
Puis on a des secteurs prioritaires, comme
Mme Rossignol a mentionné tantôt, donc, effectivement, puis il faut arrimer ça
aussi avec les besoins. On n'en a pas parlé beaucoup, hein, M. le ministre
était aussi ministre de l'Éducation, à une certaine époque, bien, l'arrimage
avec la formation... je pense qu'il faut aussi un arrimage avec la formation
lorsqu'il y a des besoins, pour aller cibler ces besoins de formation là au
niveau des étudiants, pour qu'il y ait un arrimage avec les besoins des
entreprises et les besoins de la société, parce qu'on ne s'en sortira pas,
sinon. Donc, ça prend un arrimage autant au niveau d'établir les besoins et un
arrimage au niveau régional.
M. Morin : Merci. Là, je
comprends que vous avez des enjeux avec, en fait, l'absence de planification
dans toute la question des travailleurs temporaires étrangers parce que les
règles changent tout le temps, elles changent au fédéral, elles changent au
provincial, ça improvise pas mal, puis vous, ça ne vous aide pas. À ce
niveau-là, une véritable régionalisation puis une planification régionale, en
tenant compte, par exemple, d'indicateurs économiques, parce qu'il n'y en a pas
un qui est le même dans toutes les régions, est-ce que ça vous aiderait?
M. Baillargeon (Yanick) : C'est
clair que ça nous aiderait, puis c'est un peu le but de la régionalisation,
c'est que chacun y va avec ses vecteurs à lui pour mettre en place cette
stratégie-là. Je me permets un peu de revenir sur tantôt. On a des
problématiques au niveau de la francisation, l'intégration de ces gens-là,
parce que ces organisations-là sont sous-financées, souvent, ça fait qu'à partir
de là c'est difficile de mettre en place ce genre de stratégie là puis de voir
un peu plus loin que juste le lendemain.
Parce que, oui, il y a le facteur employé,
mais il y a tout le facteur humain aussi, à partir de là. Ces gens-là, on les a
déjà accueillis, ces gens-là, on les a déjà mis en place, on a déjà investi en
eux, puis eux investi en nous. Ils investissent du temps, ils investissent une
confiance. Elle va disparaître, cette confiance-là. C'est pour ça que c'est
important que ce soit nous, à petite échelle, qui puissent mettre en place ces
cibles-là, parce que c'est nous, sur le terrain, qui savons c'est quoi, nos
besoins.
M. Morin : Là, je comprends
que dans votre région, vous avez déjà un nombre de travailleurs temporaires
étrangers. J'imagine que c'est variable, mais est-ce qu'il y en a qui sont chez
vous depuis plusieurs années?
M. Baillargeon (Yanick) : Oui.
Oui, il y a des travailleurs étrangers qui sont là depuis plusieurs années. Il
y en a qui demandent des renouvellements, il y a des gens qui veulent revenir.
C'est clair que, oui, ça bouge, quand même, avec les projets qu'on a, on ne se
le cachera pas, on n'est pas nécessairement une grande région, mais on a
beaucoup de projets. On l'a mentionné dans notre mémoire, c'est plus de
52 millions de projets qui sont à risque, actuellement, avec la
nouvelle... la stratégie qui est en place...
M. Morin : Oui, c'est ce que
j'ai compris.
M. Baillargeon (Yanick) : C'est
clair.
M. Morin : Donc, 52
millions de dollars, les nouvelles règles fragilisent, perte de contrat,
donc, beaucoup, beaucoup d'enjeux. Ces travailleurs temporaires étrangers, chez
vous, ils ont déjà des logements, ils sont des endroits où ils restent?
M. Baillargeon (Yanick) : Il
n'y a personne qui couche dehors chez nous. Ils sont tous logés, ils sont tous
nourris. Ça va bien. On les... Ils sont bien intégrés, même qu'ils participent
aux activités parce qu'on les fait participer à ces activités-là. Parce que,
souvent, un travailleur étranger, oui, de 8 à 4, ça fonctionne, mais, la fin de
semaine, on s'assure qu'ils fassent partie de la vie active de nos communautés.
Ça, c'est important aussi pour eux puis pour nous, pour comprendre aussi ces
gens-là puis qu'ils comprennent aussi notre culture, parce que c'est un
mélange, là, qu'on crée, actuellement, là.
M. Morin : Donc, vous êtes
capables, au fond, de les intégrer.
M. Baillargeon (Yanick) : C'est
clair.
M. Morin : Ça ne pose pas
d'enjeu.
Mme Fortin (Claudia) : Si je
peux me permettre...
M. Morin : Oui, oui, bien
sûr. Bien sûr.
Mme Fortin (Claudia) : ...les
villes sont déjà à l'œuvre à trouver des solutions pour le logement, notamment.
Si je peux me permettre, pour ville Saguenay, puis je suis d'accord, certainement,
c'est la même chose dans les autres municipalités, c'est près de 800 logements
qui vont être livrés, là, d'ici 2027. Donc, les villes sont déjà à l'œuvre,
sont en planification, essaient de répondre aux besoins. Les promoteurs
immobiliers sont au rendez-vous. Il y a aussi également, là, des projets
publics pour les logements abordables, actuellement, là, qui sont en cours.
M. Morin : Oui, allez-y, je
vous en prie.
• (17 h 30) •
M. Lacasse (Stéphane) : En
fait, on a même créé, à ville Saguenay, avec la MRC du Fjord, un service d'aide
aux nouveaux arrivants... non, un service d'accueil. Donc, un nouvel arrivant
qui arrive peut venir de Montréal, il peut venir du Maroc, il peut venir de
Québec, comme moi, j'ai vécu. Je suis immigrant au Saguenay—Lac-Saint-Jean
depuis deux ans, donc, mais j'ai un service d'accueil pour m'aider. Donc, on
les prend vraiment en charge puis on s'assure de bien les intégrer, de bien
leur donner de l'information. Parce que comme M. le préfet a dit, bien, après
16 heures, si tu n'as pas d'activité, tu ne connais pas la réalité
régionale... bien, on essaie de mieux... puis que ce soit autant au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
que ce soit au...
17 h 30 (version non révisée)
M. Lacasse (Stéphane) : ...dans
les petites communautés, il y a vraiment un bel accueil qui est fait, puis les
gens s'intègrent. Il y a des gens qui partent des ligues de soccer, il y a...
on pourrait vous donner plein d'exemples, mais, vraiment, l'intégration, chez
nous, là, ce n'est pas un enjeu, ça se fait bien.
M. Morin : Et j'imagine que
ces entreprises-là comptent sur les travailleurs temporaires étrangers. Qu'est-ce
qui arriverait si ces temporaires-là devenaient permanents? Est-ce que ça
poserait un enjeu chez vous? Ce serait difficile pour les entreprises ou elles accueilleraient
ça d'une façon salutaire?
M. Ouellet (Louis) : Je ne dirais
pas difficile, je dirais : Fermetures prévues. J'ai des entreprises, ce
sera des fermetures prévues s'il n'y a plus ces travailleurs étrangers là. Ça,
c'est clair.
M. Morin : Puis, s'ils
deviennent permanents, est-ce que ça aiderait vos entreprises?
M. Ouellet (Louis) : C'est
clair. C'est clair.
M. Morin : OK. Donc... donc,
au fond, si je vous comprends bien, si le gouvernement du Québec ouvrait
davantage le PEQ et le PSTQ et qu'il donnait une voix à ces gens-là qui sont
chez vous, là, pas des gens, là, qui viennent d'ailleurs, des gens qui sont
chez vous... je vous écoute, vous me dites qu'ils sont intégrés, qu'ils travaillent,
ça va bien, bien, à ce moment-là, vous n'auriez plus de problème.
Mme Fortin (Claudia) : Bien,
ça fait partie des demandes des entreprises d'accélérer le statut temporaire à permanent,
dans certains cas, des travailleurs, effectivement, qui sont déjà... ils
travaillent déjà dans l'entreprise, qui sont déjà francisés, donc, leurs
enfants sont à l'école, également. Donc, effectivement, c'est une option très
intéressante.
M. Morin : Donc, vous rendez-vous
compte qu'avec ce qu'on vient de discuter je viens de vous sauver un voyage à
Ottawa? Je ne sais pas si M. le ministre écoute, là, mais, M. le ministre, là, demain
matin, là... Parce qu'on est en train de parler de planification. Si M. le
ministre décide que ces gens-là, dans votre région, vous aident, qu'il ouvre
ces programmes, pas besoin d'Ottawa, ça règle votre problème.
M. Ouellet (Louis) : Quand j'ai
mentionné que la première étape était ici, c'était en lien direct avec ça.
M. Morin : ...fait, on est là
pour vous écouter, au moins dans l'opposition, ça, c'est clair. Mais ça règle
votre problème.
Mme Fortin (Claudia) : ...quand
même une clause grand-père pour le Programme des travailleurs étrangers
temporaires, qui est géré par le gouvernement fédéral. Donc, c'est important
aussi, là, de continuer à faire les pressions auprès du fédéral, là, pour avoir
cette clause grand-père là, pour que nos travailleurs étrangers temporaires, là,
puissent... ceux qui sont ici puissent demeurer.
M. Morin : Puis ça... puis ça,
je vous comprends, puis c'est important, ce que vous dites, mais est-ce qu'on
est d'accord pour dire qu'il y a... Parce que, là, je vous écoute, puis vous me
dites qu'il n'y a pas de problème d'intégration, vous avez des... les gens
travaillent, les gens voudraient les garder. Puis, quand je regarde le cahier
de consultation puis des cibles qui sont proposées par le gouvernement, entre
autres, dans les différents scénarios, on parle... le scénario 2.a, 25 000
personnes qui vont être admises, qui vont être vers la... en fait, la résidence
permanente, éventuellement, là, qui vont devenir des permanents. En quoi ça, ça
va vous aider?
M. Ouellet (Louis) : Bien, en
fait, je veux... Peut-être un petit bémol par rapport à la problématique d'intégration.
Je dis qu'on n'a pas de problème à les intégrer, on a des structures qui sont
en place, on a des organisations qui sont en place, qui le font très bien, la
problématique qu'on a, c'est qu'ils sont sous-financés pour faire cette
intégration-là. On est capables de la faire, on a les ressources pour le faire,
mais, souvent, ils n'ont pas le financement qui vient avec. Parce que, oui, on
est capables de les intégrer, mais, à un moment donné, je manque de moyens.
M. Morin : Mais là vous
parlez du PASI, entre autres?
M. Ouellet (Louis) : Oui, c'est
ça, en plein ça, oui.
M. Morin : Ça, le PASI, c'est
financé par le gouvernement du Québec.
M. Ouellet (Louis) : Oui, tout
à fait.
M. Morin : Donc, si le
gouvernement du Québec met les fonds nécessaires dans le... ça va vous aider
davantage.
M. Ouellet (Louis) : Oui,
parce qu'au départ, le PASI, on avait un nombre d'heures qui était défini par cibles,
là, puis les heures ont considérablement diminué dans les dernières années.
Donc, c'est plus difficile d'accompagner à plus long terme ces gens-là, justement,
pour s'assurer d'une intégration pleine et entière.
M. Lacasse (Stéphane) : Il
faut peut-être... je vais rajouter quelque chose, M. le député, aussi. Il faut
s'assurer que ces gens-là restent au Saguenay—Lac-Saint-Jean par la suite,
s'ils ont leur résidence permanente. Puis on regarde peut-être est-ce que c'est
un permis, est-ce que c'est plus dans la région? Parce que la crainte, peut-être,
de M. le ministre, c'est qu'ils quittent la région après, lorsqu'ils ont leur
permanence. Nous, on veut s'assurer que s'ils sont sur le territoire... c'est des
temporaires, lorsqu'ils deviennent permanents, bien, ils contribuent au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
On ne voudrait pas avoir un exode de ces gens-là vers les grands centres. Donc,
on veut s'assurer qu'ils restent dans notre région. Donc, les temporaires, si
on les règle au moins rapidement, on stabilise les entreprises à court terme,
là, parce que changer des programmes, et tout ça, on peut... C'est une
directive d'Ottawa, c'est : il appelle la sous-ministre, il donne la
directive de remodifier les règles. Pas de changement de loi, pas de changement
de règlement, une directive ministérielle. Je pense que c'est simple à
comprendre.
Changer les programmes, modifier les
permanents, il y a un délai. Là, les entreprises, qu'est-ce qu'elles ont dit ce
matin, c'est : On veut passer un message que le gouvernement du Québec
nous accompagne à Ottawa, parle à Ottawa pour leur dire : Réglez cette
question-là. Après, il y aura des... la fin de la commission, puis on regardera
si on va vers les résidences permanentes, mais à court terme il faut régler
cette question-là, puis, après ça, on regardera le niveau de français, puis il
y a plein de choses qui peuvent être faites. Le cri des entreprises, c'est :
Maintenant, parce qu'on perd notre monde puis on perd des contrats. Ça fait
plus mal que les...
M. Lacasse (Stéphane) :
...c'est la perte de ces travailleurs-là.
M. Morin : Exact. Puis, quand
le PEQ a été suspendu, avez-vous été consultés avant?
M. Baillargeon (Yanick) :
Moi, je n'ai pas eu de consultation.
M. Morin : Puis les
entreprises qui voulaient ou les personnes qui voulaient utiliser ce
programme-là se sont ramassées avec rien du jour au lendemain?
M. Baillargeon (Yanick) : Exactement.
M. Morin : Très bien. Je vous
remercie. Je n'ai pas d'autre question.
Le Président (M. Gagnon) :
Merci, M. le député. Nous allons poursuivre les échanges avec le député de
Laurier-Dorion. La parole est à vous pour une durée de
3 min 53 s, M. le député.
M. Fontecilla : Merci
beaucoup. Bonjour, mesdames, messieurs. Merci beaucoup d'être ici. Écoutez,
j'aimerais vous entendre sur la question de la cohérence des grandes politiques
d'État. Vous venez tout juste de mentionner vous-mêmes, jusqu'à il y a quelques
mois, la grande priorité, la grande préoccupation de tout le Canada, c'était la
question des tarifs, le Canada va être étouffé, etc., c'est la crise
économique. Et vous nous dites que... Et, d'autre part, le gouvernement du
Québec, bon, depuis quelques années, il y a toutes sortes de réformes dans le
monde de l'immigration, etc., là, mais ça vous ajoute de l'incertitude. Est-ce
que vous pensez qu'en tout cas le gouvernement du Québec ou le gouvernement du
Canada, à la limite, il est cohérent dans toutes ses... D'une part, il faut
affronter le monsieur au sud de la frontière et, d'autre part, on joue au yoyo
avec les politiques d'immigration. Est-ce que, vous, ça vous semble cohérent?
Mme Rossignol (Sandra) :
Permettez-moi de vous répondre. Merci pour votre question. Présentement, nous
sommes en train de faire, à la chambre de commerce, avec l'ensemble des
chambres de commerce du Lac-Saint-Jean, une grande consultation, auprès des
entreprises, pour faire un dépôt de mémoire dans le cadre du processus de
consultation prébudgétaire. Et on demande... On a 200 entreprises de rencontrées,
on leur demande : Quels sont vos... vos principales préoccupations? On
s'attend à ce que ce soit les tarifs, on a eu tellement de rencontres
concernant les tarifs. Bien, force est d'admettre que, et avec grande surprise,
ce sont la question des travailleurs étrangers temporaires qui est au top des
préoccupations. Vraiment, c'est un vent de panique, présentement, pour perdre
leurs travailleurs qu'ils ont payés pour faire venir, installer, acheter des
bâtisses pour les loger. Les entreprises ont besoin de ces travailleurs-là et
les travailleurs ont besoin de ce travail-là aussi. Ils sont intégrés dans la
communauté, et on a des exemples tous les jours. Alors, la préoccupation, elle
est majeure. Présentement, ce sont les travailleurs étrangers temporaires. Et
je peux vous le dire, on a eu encore des consultations hier, et c'est ça qui
préoccupe. Et nous étions les plus surpris, nous pensions que ça allait être
les tarifs, non, c'est les travailleurs étrangers temporaires. Alors, quand on
perd notre main-d'œuvre, bien, on perd la raison d'être des entreprises.
M. Fontecilla : J'aimerais
aller à un aspect très concret. On a beaucoup parlé d'emplois dans des
entreprises, soudeurs, etc., un aspect qui a moins été... qu'on a moins
entendu, on l'a entendu, mais moins, là, c'est tous les emplois... Est-ce qu'il
y a une pénurie de main-d'oeuvre dans les services publics, soit dans les
établissements de la santé, système scolaire, les municipalités? J'aimerais
vous entendre.
Mme Rossignol (Sandra) : Nous
ne sommes pas en situation de pénurie de main-d'oeuvre, mais de rareté de
main-d'oeuvre et tous les secteurs sont touchés, mais, évidemment, il y a des
secteurs qui sont davantage touchés. Tout le monde peut manquer de
main-d'oeuvre, de main-d'oeuvre qualifiée. C'est ça qui manque, de la
main-d'œuvre qualifiée. Et, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, on a un bassin de
main-d'oeuvre plus éloigné du marché du travail, qu'on tente aussi par toutes
sortes, évidemment, de programmes gouvernementaux de réintégrer dans le marché
du travail, mais c'est plus difficile. Donc, la rareté de main-d'œuvre, elle
touche tous les secteurs d'activité, mais, prioritairement, les secteurs où on
vous a mentionné tout à l'heure, avec les métiers plus spécifiques, qui sont
des métiers où le gouvernement même a identifiés, par région, qui sont plus
problématiques.
Le Président (M. Gagnon) : Je
me dois de remercier les gens, les représentants de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Je vous remercie pour votre contribution aux travaux. Pour ce qui est de moi,
je suspends les travaux quelques instants pour laisser place au prochain
groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 40)
(Reprise à 17 h 44)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Donc, pour les prochaines 45 minutes, nous recevons les
représentants et représentantes du pôle régional en enseignement supérieur de
la Capitale-Nationale, ainsi que de Québec International, mais également de la
Chambre de commerce et d'industrie de Québec.
Alors, mesdames, Messieurs, je vais vous
laisser vous présenter et vous allez avoir au total 10 minutes pour la
présentation de vos recommandations, votre mémoire. Puis, par la suite, on va
entamer la discussion avec les parlementaires. Alors, le temps est à vous.
Mme Godbout (Martine) : Mme la
Présidente, M. le ministre, membres de la commission, merci de nous recevoir...
Mme Godbout (Martine) :
...alors Martine Godbout, du pôle régional en enseignement supérieur de la
Capitale-Nationale. Permettez-moi d'abord de rappeler une conviction que nous
partageons, les personnes étudiantes de l'international représentent une
richesse exceptionnelle pour notre société et nos régions. Elles participent à
la vitalité culturelle, scientifique et sociale de nos milieux, renforcent
notre capacité d'innovation et enrichissent nos campus comme nos communautés.
Dans la région de Québec, nous avons bâti
une concertation de haut niveau concernant le rayonnement des études
supérieures, les transitions réussies, l'adéquation formation emploi et
particulièrement l'accueil et l'intégration. Cette responsabilité, nous
l'assumons pleinement. Grâce à des mécanismes solides entre nos établissements
d'enseignement supérieur, nous avons développé une véritable intelligence
collective, une compréhension fine et partagée des enjeux.
Le Pôle Québec est un lieu de convergence
stratégique. Il regroupe huit établissements d'enseignement supérieur : le
Cégep de Sainte-Foy, Garneau, Limoilou et St. Lawrence et les universités
Laval, TELUQ, l'INRS et l'ENAP. Il réunit également ses partenaires comme la
ville de Québec, la Chambre de commerce, Québec International, Services Québec,
par la Commission des partenaires du marché du travail, les centres
hospitaliers et le secteur des technologies. Notre force, c'est la concertation
interordres et interétablissements. Nous créons des ponts, facilitons la
cohérence entre les personnes clés et mettons en commun les expertises, les
données et les initiatives. Cette approche nous permet d'identifier rapidement
les enjeux, d'anticiper les besoins, de formuler des recommandations fondées
sur la réalité du terrain et de bâtir des solutions durables et accessibles
pour la région de Québec. Cette concertation nous permet d'être un allié pour
le gouvernement.
Pour que la région de Québec demeure une
destination de choix et qu'elle bénéficie pleinement de ce bassin de talents
internationaux, nous proposons un recrutement ciblé et responsable, fondé sur les
besoins régionaux et particulièrement sur la capacité de nos établissements, un
processus d'immigration prévisible et cohérent qui maintienne la confiance et
permette un accompagnement planifiable et surtout une concertation régionale
active dans la définition des seuils et quotas d'immigration afin que les
décisions gouvernementales traduisent les aspirations d'une immigration
régionale durable et structurante.
Nous tenons également à rappeler
l'importance de maintenir l'attractivité de Québec à l'international. Nos
établissements d'enseignement supérieur et nos partenaires ont investi des
années à bâtir des relations de confiance, à faire rayonner la qualité de nos
formations et à positionner Québec comme une ville études accueillante, ouverte
sur le monde et sur l'avenir.
En conclusion, le Pôle Québec est un
partenaire engagé, un réseau mobilisé, ancré sur le terrain, qui dispose de
données, de l'expertise et des recommandations issues directement de ses
membres et de ses partenaires. Nous sommes prêts à contribuer de manière
constructive et éclairée aux discussions gouvernementales sur les enjeux liés à
l'accueil, à l'intégration, à l'immigration et au rayonnement international de
nos établissements d'enseignement supérieur de la Capitale-Nationale. Merci.
M. Boisvert (Frédérik) :
Merci. Frédérik Boisvert, je suis président-chef de la direction de la Chambre
de commerce et d'industrie de Québec. Depuis plusieurs mois, bon, il y a une
colère... il y a une colère sourde qui règne chez les entrepreneurs. On l'a vu
aujourd'hui, il y avait plusieurs centaines d'entrepreneurs qui sont venus sur
la colline manifester. Soyons clairs, c'est eux les véritables créateurs de
richesse. D'abord, il y a eu la COVID et toutes ses conséquences sur la
main-d'œuvre. Et des milliers... en fait, des chefs d'entreprises ont demandé
de l'aide. Et donc Québec international, Montréal International, Drummondville
économique ont livré la marchandise avec des milliers de travailleurs
qualifiés. Ils sont arrivés dans toutes les régions du Québec, ils ont
revitalisé des villes qui étaient en déclin. Et donc ces gens-là ont joué un
rôle important jusqu'à maintenant. Ils nous ont aidés à obtenir de nouveaux
contrats, à compléter ceux en cours.
Et du jour au lendemain, surprise, les
règles changent... ont changé. Les chefs d'entreprises se sont sentis
abandonnés. La vie des travailleurs étrangers puis de leurs enfants a été
complètement bouleversée par l'incertitude. La conséquence malheureuse
actuellement qu'on note au niveau des diasporas, c'est que... du Québec et du
Canada en a pris pour son rhume. On est... on est considérés comme étant non
prévisibles maintenant. Et ça, ça nous fait mal dans un contexte d'attractivité
des travailleurs qualifiés étrangers.
• (17 h 50) •
Ajoutons à ça quelques faits troublants en
lien avec notre démographie. Le Québec a... depuis 2024, a plus de morts
désormais que de naissances. Ça commence, le déclin démographique du Québec.
Notre société vieillit et on a un vieillissement démographique parmi les plus
rapides au monde. Un pays qu'on peut regarder, qui a vécu ce que nous allons
vivre au cours des prochaines années, c'est le Japon. Le Japon, actuellement,
c'est un pays où il se vend plus de couches pour les personnes adultes que pour
les... que pour les enfants. Alors, ça vous donne un petit peu l'idée de ce qui
se passe là-bas. 9 millions de maisons vides, des pertes de 1 million
de personnes par année. Évidemment, la démographie n'est pas comparable, mais
en pourcentage, ça peut ressembler à ça. Un front commun qui vient de se former
avec Montréal et Québec, depuis ce matin, où la Chambre de commerce de
Montréal, la Chambre de commerce de Québec, Québec International et Montréal
International se sont unis pour faire un front commun. Ces deux villes-là
représentent 50 % du PIB de notre pays, de notre...
M. Boisvert (Frédérik) : ...Québec
et on représente également 165 000 entreprises, toutes combinées ensemble.
Je vous dirais, en terminant, que
j'écoutais récemment une bonne analyse de François Trahan, qui est un
économiste de réputation internationale, qui expliquait qu'on va rentrer dans
un nouveau paradigme économique sous peu et c'est celui qu'on appelle la
croissance inflationniste. Alors, quand un bassin de travailleurs qui ne fait
que réduire avec des grands projets qui ne font que s'ajouter, bien, ce que ça
cause, c'est évidemment une pression inflationniste, comme on l'a déjà vécue
après la COVID ou pendant la COVID, et ça l'appauvrit collectivement tous les
citoyens, y compris celle de la classe moyenne. Sur ce, je passe la parole à M.
Carl Viel.
M. Viel (Carl) :Merci. Je ne sais pas si, à cette heure-ci, on dit bonjour
ou bonsoir, mais merci de nous accueillir.
Québec International participe activement
au développement économique de la grande région de Québec ainsi qu'à son
rayonnement national, international. Nous proposons une gamme de services tels
que l'attraction et la rétention de talents, l'attraction d'investissements
étrangers, le développement des marchés extérieurs, la transformation numérique
des entreprises, l'entrepreneuriat technologique via notre incubateur,
accélérateur, le... pour ne nommer que ceux-ci.
À l'échelle provinciale, Québec
international a été le premier organisme de développement économique à mettre
sur pied des initiatives de recrutement international pour répondre aux besoins
de main-d'œuvre de la région de la Capitale-Nationale. Depuis 2008, ce sont
plus de 115 missions de recrutement de travailleurs qualifiés et d'étudiants
internationaux en provenance de pays francophones... francophiles, pardon, qui
ont été organisées. De plus, nous offrons un accompagnement de proximité aux
entreprises ainsi qu'aux maisons d'enseignement des régions de la
Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches. Nous les appuyons dans
l'ensemble de leurs démarches de mobilité internationale.
Depuis plus de 15 ans, la région de Québec
est confrontée à des tensions structurelles persistantes sur le marché du
travail avec un taux de chômage historiquement bas et un taux de remplacement
de la main-d'œuvre inférieur au seuil d'équilibre. Ces tensions affectent
particulièrement certains secteurs névralgiques de l'économie régionale. Dans
certains cas, le recrutement de travailleurs qualifiés à l'international est le
dernier recours pour combler les besoins pour des professions en déficit de
main-d'œuvre. Selon le dernier diagnostic d'Emploi-Québec, il y aurait 56
professions en déficit de main-d'oeuvre disponible pour le Québec pour la
période 2024 à 2028.
Au cours de la dernière année, la cascade
des nombreux changements réglementaires à l'immigration, sans préavis, a
entraîné des répercussions négatives majeures en termes de coûts directs pour
les entreprises, les établissements d'enseignement, les candidats à l'immigration
et les nouveaux arrivants. La confiance envers le système d'immigration au
Québec a été ébranlée, ce qui pourrait nuire à sa réputation à l'international
pour les années à venir.
Québec International a dû réorganiser
l'ensemble de ses services afin de s'adapter au nouveau contexte. Plus que
jamais, notre équipe a été sollicitée par les entreprises à répondre à leurs
questionnements. Pour vous donner une idée de grandeur, c'est près de 1 300
entreprises distinctes qui ont fait appel à Québec International en 2024.
En tant qu'organisme sans but lucratif,
nous croyons à l'importance d'appuyer les entreprises et à mettre sur pied des
pratiques de recrutement éthiques, durables et permettant une intégration
réussite des candidats et de leurs familles. Pour y arriver, nous avons besoin
d'un système d'immigration solide, prévisible, qui favorise l'établissement
durable en région.
En terminant, nous recommandons au
gouvernement de se doter de cibles régionalisées afin de bien suivre
l'évolution de l'immigration permanente en région. Des objectifs par région
permettraient d'ajuster la stratégie d'attraction et de rétention pour les
quatre prochaines années. Pour la région métropolitaine de Québec, nous
recommandons la sélection de 12 % à 22 % de l'immigration économique
permanente, selon les seuils qui seront établis à l'issue de cette
consultation. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Dans quelques minutes, on va pouvoir se
dire bonsoir. Alors, on va entamer, à la suite de cette présentation, nos
discussions avec les parlementaires. M. le ministre, vous débutez avec votre
banquette gouvernementale. Vous avez 15 minutes 30 s.
M. Roberge : Merci. Merci
pour votre présentation. On a couvert quand même plusieurs thèmes,
l'enseignement, puis évidemment le marché du travail, puis le monde des
affaires. Vous avez parlé de prévisibilité. Bien d'accord. C'est l'objectif, je
vous dirais, vraiment, de cette planification pluriannuelle. Je l'ai mentionné
ce matin. C'est vrai qu'à pareille date, l'automne passé, l'automne 2024,
ça a été l'automne où il y a eu plusieurs changements autant de la part du
gouvernement du Québec et de la part du gouvernement canadien. Donc, en trois,
quatre mois, plusieurs ajustements...
M. Roberge : ...dont celui qui
a fait le plus mal, là, quand Ottawa a décidé de faire ces fameuses limitations
à 10 %, à 20 %. C'est sûr qu'encore aujourd'hui, puis même de plus en
plus, ça fait mal, à l'extérieur de Montréal, définitivement. On le reconnaît,
on travaille là-dessus, on porte la voix des entrepreneurs pour obtenir cette
fameuse clause grand-père là-dessus.
Il fallait, de notre côté aussi, du
Québec, cependant, faire quelques modifications, parce que ce qu'on voyait à
l'automne 2024, c'était que l'afflux de nouveaux arrivants en 2024... Quand les
gens font toutes ces demandes, bien, ces dossiers-là arrivent au bout du
processus. L'année suivante, en 2025, on voyait que, si rien n'était fait, on
allait dépasser, et même de beaucoup, le seuil prévu pour 2025. Finalement, on
a stabilisé autour de 64 000, 65 000, ce qui est presque un chiffre
record. Et là, bien, on veut se donner une prévisibilité sur quatre ans. Je
pense que c'est souhaité, à la... pas mal par tout le monde, là, les syndicats,
les entrepreneurs, le monde municipal, les établissements d'enseignement. Donc,
allons-y avec ça.
Peut-être une petite réponse pour
l'enseignement supérieur. Comme ancien ministre de l'Enseignement supérieur,
c'est sûr que j'ai une préoccupation particulière. Puis des chiffres pour
l'Université Laval, puisque vous ne représentez pas seulement l'université,
mais les collèges aussi, les cégeps aussi... bien, cette année, à l'Université
Laval, il y a une stabilisation de l'effectif total, 0,8 % de... presque 1 %
de hausse, autant dire une stabilisation, un petit peu plus que 1 %
d'augmentation au bac, une baisse de 1 % en maîtrise, une hausse de
1 % au doctorat. Grosso modo, on a une stabilisation de l'effectif
étudiant. Malgré une baisse d'étudiants étrangers, cette année, à l'Université
Laval, qui n'était pas souhaitée, qui n'était pas souhaitable, et on veut y
remédier pour l'an prochain, clairement, on ne peut pas être plus clair que ça,
il faut quand même dire que l'université n'a pas perdu d'étudiants au total.
Et souvent on dit : Oui, mais des...
les étudiants étrangers, c'est notre force de recherche, mais il faut quand
même voir qu'en maîtrise, doctorat, on s'est stabilisés, cette année, quand
même. Mais le nombre d'étudiants étrangers n'est pas à la hauteur de ce qu'on
aurait souhaité pour cette année. Il y a eu plusieurs décisions de prises en
quelques mois, l'automne dernier, 2024, on le reconnaît, mais je pense que ce
qui a causé le plus de baisse, c'est le gouvernement canadien qui a annoncé, en
2023 puis en 2024, des réductions de 50 % puis 35 %. Parce que la
première grande baisse d'étudiants étrangers, ce n'est pas cet automne, 2025,
c'est l'automne 2024, et donc c'était avant les modifications qu'on a
apportées.
Donc, je l'ai dit à tous les recteurs,
toutes les rectrices, tous les dirigeants de cégeps, je vais le répéter
aujourd'hui : Notre cible de 110 000 étudiants étrangers qui est dans
le cahier de planification, c'est une cible qui permet une stabilisation de nos
cégeps et de nos universités, parce que la réduction très fine est pour des
établissements privés qui faisaient des formations très, très courtes ou
collégiales. Et ça vaut donc pour les cégeps aussi, là, je veux rassurer, je
vous parle à vous mais, en même temps, je parle aux gens qui nous écoutent.
On a parlé de démographie, effectivement,
Québec, société vieillissante. Il faut voir, par contre, que, dans les
dernières années, on est arrivé à la fin du pire, on achève de traverser la
tempête. C'est-à-dire que, les dernières années, c'est là où on avait le plus
grand écart entre le nombre de personnes qui prennent leur retraite, qui
quittent le marché du travail, puis le nombre de personnes qui y arrivent. Il y
a encore un écart pour les années à venir, là. Il y a à peu près 100 000
personnes de chaque tranche d'âge, pour les 55 à 70 ans, puis il y a à peu près
80 000 personnes pour chaque tranche d'âge pour les 15 à 35 ans. Donc, on
peut anticiper qu'on va peut-être avoir 20 000 retraites... pardon,
100 000 retraites, 80 000 arrivées sur le marché du travail pour les
années à venir, pour un écart négatif de 20 000, qui est moins grand que
ce qu'on a eu dans les années passées, mais ça reste un écart négatif de
20 000. Et, avec nos scénarios à 25 000, 35 000, 45 000, on
est quand même au-delà de cette perte.
• (18 heures) •
Je comprends que le marché du travail en
prendrait plus et encore, autant des permanents que des temporaires. Et là
notre travail, c'est de trouver un équilibre dans tout ça, entre les besoins du
marché du travail, notre désir d'accueillir des talents internationaux comme
étudiants étrangers, en jetant un coup d'oeil sur notre capacité d'accueil,
donc, capacité à loger, capacité à scolariser, etc. Est-ce que vous considérez
que dans la région de Québec, de la capitale nationale, on a de la place pour
régulariser ou donner...
18 h (version non révisée)
M. Roberge : ...la permanence
à beaucoup de gens qui sont ici. Et est-ce que vous considérez qu'on devrait en
ajouter davantage quand on regarde le chômage, le taux d'inoccupation, etc.? Donc,
où est-ce que... où est-ce qu'on arrêt, où est-ce qu'on arrête l'aiguille dans
une perspective de régionalisation de l'immigration pour la Capitale-Nationale?
M. Boisvert (Frédérik) : Oui.
Donc, je commence en vous répondant que l'important pour nous, c'est de
répondre à la demande. En fait, c'est... ce n'est pas un besoin, il doit y
avoir une offre. Donc, actuellement, dans la région, selon les derniers
chiffres, le niveau de postes vacants dans la région, c'est un peu plus de
10 000. Donc, c'est quand même un chiffre assez important et ça ne va faire que
croître. Donc, évidemment, nous autres, c'est sûr que ce qu'on demande... Et
puis il y a une capacité d'absorption dans la région. Québec s'est distinguée
par ses mises en chantier. On est les premiers au Canada. La ville s'est
distinguée par sa capacité à livrer des permis rapidement, à offrir des
solutions de logement. Je pense que l'économie répond bien à la demande et en
ce sens là, je trouve que c'est très positif. Je passerais peut-être le
flambeau à M. Viel.
M. Viel (Carl) :Je vais commencer à répondre, peut-être juste revenir.
Merci beaucoup pour la question, M. le ministre. Premièrement, dans les
chiffres auxquels vous faites référence, là, je ne les ai pas devant moi, mais
à peu près 70 % de la croissance vient justement de l'immigration. Donc il
va falloir voir les impacts de qu'est-ce qu'il se passe en ce moment. Est-ce qu'on
va garder ces gens-là? Est-ce que les gens vont quitter? Et ça peut avoir un
impact important sur le futur.
Le deuxième élément, c'est qu'on n'a pas...
On est tous conscients que les gens arrivent puis que... par Montréal, on a
encore un travail important à faire dans la régionalisation, que ce soit la
région de la Capitale-Nationale et d'autres régions. On n'a pas encore atteint
notre poids démographique, là, qui est à peu près 10 % du poids total.
Donc, il y a encore des besoins à répondre. C'est pour ça aussi qu'on a
mentionné l'importance de la régionalisation. On fait aussi référence aussi,
dans notre mémoire, sur une de nos recommandations. C'est laquelle donc? C'est-tu
à toi, Marie-Jo? C'est la 5 ou la 6, sur la transformation des temporaires en
permanents.
Mme Chouinard
(Marie-Josée) :Oui. Mais en fait, au
niveau de l'immigration permanente, ce qui nous apparaît le plus important, c'est
de s'assurer qu'il y ait une adéquation entre les besoins et l'offre. Aujourd'hui,
on attire des travailleurs qualifiés et, dans les derniers temps, avec le
programme de l'expérience québécoise qui a été mise sur moratoire, on se
questionne énormément dans notre capacité de retenir des travailleurs qualifiés
qu'on a attirés dans notre région de Québec. Donc, ce n'est pas qu'une question
de chiffres, mais c'est davantage une question de faire une immigration réussie,
et je pense que le ministère peut compter sur la région de Québec, qui est le
terreau le plus... disons, le mieux préparés à attirer cette immigration pour
avoir une immigration francophone qualifiée bien intégrée. C'est une ville qui
est déjà bien structurée au niveau de l'accueil. Donc, pour nous, la force d'attraction,
on a déjà démontré qu'on était en mesure de la faire. Nos employeurs sont
mobilisés. Ils sont formés, ils sont accompagnés pour pouvoir avoir des bonnes
pratiques d'attraction de talents qualifiés en adéquation, comme je le disais
tout à l'heure, avec les besoins et l'offre. Mais notre plus grand besoin au
jour d'aujourd'hui, c'est de s'assurer que ces gens-là vont pouvoir rester dans
notre région de façon durable. C'est ça notre plus grande préoccupation à l'heure
actuelle.
M. Viel (Carl) :
Martine voulait ajouter quelque chose.
Mme Godbout (Martine) : Mais
vous avez parlé des étudiants de l'international aussi, oui, il y a une espèce
de balance qui s'est faite avec des étudiants locaux aussi. Il ne faut pas
oublier qu'il y a toute la compétitivité et la productivité aussi qui rentrent
en compte. Dans un des tableaux que vous avez faits sur les taux de la
surqualification avec les diplômés universitaires pour les personnes de l'international
avait 52 %. Pour la population native, on était plus dans un 26 %,
là, qui détenaient des diplômes universitaires. Pour nous, ça joue aussi. C'est
d'une importance capitale pour que ces personnes-là puissent aller dans des
secteurs de pointe. Il arrive souvent aussi avec des grandes qualités dans la
recherche. Ça peut devenir même des professionnels enseignants dans nos cégeps,
nos universités. Donc, c'est vraiment une richesse. Et ces personnes-là
arrivent ici, trois, cinq, sept ans, parfois, pour le doctorat. Donc, c'est des
personnes qui sont totalement intégrées avec des stages, avec une compréhension
du savoir-être, du savoir-vivre dans nos entreprises, dans nos organisations,
dans nos établissements d'enseignement. Donc, c'est là où il y a une différence
dans le type de personne, là, qu'on recrute et qu'on souhaite amener de façon
permanente aussi avec nous.
M. Viel (Carl) :
...un complément, un dernier point, excusez, M. le ministre, mais c'est aussi
que ça permet, puis on l'a mentionné jusqu'à maintenant, le maintien de programmes
qui, dans certains des cas, on doit avoir des étudiants pour maintenir les
programmes. Dans certaines écoles, c'est un nombre minimum. Je vais juste
donner un petit exemple qu'on a travaillé depuis... qu'on a fait pendant
plusieurs années, entre autres avec les maisons d'enseignement, c'est de
trouver le bassin de candidats qui répond aux besoins et de s'assurer que, par
la suite, ils vont pouvoir recruter les bonnes personnes. Donc, c'est un volet
qui est très important justement pour maintenir et de permettre justement aux
universités de continuer de développer leurs capacités...
M. Viel (Carl) :...de recherche et d'enseignement.
M. Roberge : Bien,
effectivement j'ai donné quelques chiffres pour l'Université Laval, qui est
comme l'institution phare de la capitale. Ce n'était pas pour diminuer le
phénomène qu'on a vu, où il y a eu moins d'étudiants étrangers cette année, on
le voit, c'est... on déplore, on ne voulait pas ça. C'est pour dire tout
simplement que l'université s'en sortait bien pour cette année. Mais c'est sûr
qu'on veut qu'ils regagnent le nombre d'étudiants étrangers qu'ils avaient
l'année passée.
Pour ce qui est de cette capacité à
attirer puis à garder des immigrants ici, dans la capitale nationale, bien,
c'est là où c'est intéressant de changer nos programmes, pas simplement
regarder les seuils, regarder le comment on veut gérer notre immigration. C'est
de se réinventer un petit peu. On avait avant, avec le PEQ diplômés, quelque
chose qui était très attractif pour nos institutions, qui voulaient vendre ça,
mais, en même temps, quand on regarde les chiffres, 60 % des PEQ diplômés
s'installaient à Montréal. On ne pouvait faire aucune distinction là-dedans. On
est bien corrects, c'est normal qu'il y en ait à Montréal, on a de grandes
institutions d'enseignement à Montréal, mais est-ce que vraiment 60 % des
diplômés d'institutions du Québec qui deviennent des migrants permanents
devraient être à Montréal? Moi, je vous le dis, je ne pense pas, je ne pense
pas. Et on n'avait aucun outil, aucun levier dans le PEQ diplômés pour
favoriser une régionalisation. On s'est dit : Bon, bien, d'abord,
peut-être s'ils travaillent, dans le PRTQ, notre ancien programme, notre
Programme régulier de travailleurs qualifiés, est-ce qu'on était capables d'avoir
cette... On ne l'avait pas non plus.
Donc là, on s'est dotés d'un nouveau
programme, le Programme de sélection des travailleurs qualifiés, et les
étudiants ensuite, après un diplôme, ont un permis de travail qui leur permet
de travailler, et là on est capables d'y aller de manière plus précise et de
s'assurer que nos régions ont au moins leur part, leur poids démographique.
Tout à l'heure, là, il y avait le Saguenay qui dit : On est 3 % de la
population, on a juste 1 % des immigrants, veux veux pas, ça amène une
dévitalisation. Mais là on va être capables d'être beaucoup plus agiles. Donc,
l'idée, c'est de basculer vers : on attire 50 000, 60 000,
80 000 migrants puis on souhaite qu'ils s'installent là où on en a besoin
ou bien on a des cibles de migrants qui sont inférieures, considérant d'autres
enjeux qu'on a, mais on s'assure d'avoir une régionalisation importante,
beaucoup plus importante. Je veux dire, Québec, c'est un grand centre, ce n'est
pas une région ressource, mais ça reste pas Montréal. Donc, on s'assure qu'on
ne soit pas juste à Montréal, autant pour nos étudiants étrangers qui
deviennent des nouveaux Québécois que nos travailleurs étrangers temporaires,
les TET, là.
Donc, oui, on veut qu'Ottawa donne la
clause grand-père pour arrêter de nous les arracher, mais on veut aussi
permettre à plusieurs d'entre eux de passer du statut de temporaire au statut
de permanent. Et je pense qu'en faisant ça avec une approche régionalisée, une
approche beaucoup plus précise, on va être capables de faire face à des défis
qui sont économiques, qui sont des défis de recherche et d'enseignement
supérieur, mais aussi à des défis démographiques, sans accroître des enjeux
qu'on a, comme pénurie de logements, là. Au Québec, le taux d'inoccupation des
loyers, c'est 1,8 %. À Québec, c'est 0,9 %. Donc, la pénurie est très, très
forte. Elle n'est pas causée, là, par l'immigration, mais, dans un cas où on a
peu de logements, si on fait venir 10 000 personnes, ça va être difficile,
si on en fait venir 7 000, 8 000, mais ça va être des gens qui
vont... qui vont réellement être triés sur le volet, bien là, je pense qu'on a
quelque chose qui nous permet de sortir des ornières du système qu'on avait
depuis plusieurs années.
M. Boisvert (Frédérik) : ...
M. Roberge : Absolument. Avec
plaisir. Allez-y.
M. Boisvert (Frédérik) : C'est
que la région de Québec s'est illustrée depuis les dernières années au niveau
de sa croissance démographique. Avec Drummondville, on était parmi les RMR les
plus performantes en termes démographiques, puis c'est un testament de
l'attractivité de Québec, de sa capacité à garder ses immigrants puis sa
capacité également à les accueillir. Il n'y a pas eu de... à ce que je sache,
là, d'épisode malheureux où qu'il y a des immigrants qui n'ont pas trouvé un
toit où se loger, là. À Québec... encore, on veut le rappeler, là, à Québec, on
performe en termes de mises en chantier, et ça va continuer pour les prochaines
années. La ville a beaucoup, beaucoup streamliné ses processus au niveau des
émissions de permis. Je parlais avec M. Trudel, qui est un des grands donneurs
d'ordre en termes de logements dans la région, qui va libérer, là, juste avec
le Fleur de Lys, des milliers d'unités d'habitation, puis son projet sur
Quatre-Bourgeois, encore des milliers. Écoute, ça déboule. Donc, le privé
répond bien, le privé, il répond présent. Puis ça, là-dessus, je pense qu'on
peut être certain que, si on réussit à avoir des travailleurs qualifiés pour
nos postes vacants, les gens dans le domaine commercial, dans le domaine
résidentiel vont répondre présent...
M. Boisvert (Frédérik) :
...ça, on en est convaincu, on le sait, là.
• (18 h 10) •
Mme Chouinard
(Marie-Josée) : Au niveau des programmes, vous avez dit que
vous aviez un levier très intéressant quand vous mettez sur pied des programmes
pour apporter la régionalisation. Le programme... le PSTQ, on a fait une
recommandation, de notre côté, pour qu'on puisse peut-être, de façon très
transparente, dire qu'il y aura des rondes d'invitations spécifiquement pour
les régions. Au jour d'aujourd'hui, le PSTQ n'est pas un facteur d'attractivité
en région, c'est un facteur de rétention en région, peut-être, si le
gouvernement prend la décision de faire des rondes d'invitations spécifiquement
pour les régions. Mais s'il ne met pas cette application-là, le PSTQ ne permet
pas une régionalisation assurée et transparente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci...
M. Roberge : J'entends votre
recommandation avec beaucoup d'intérêt.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...merci beaucoup. Je veux juste vous préciser que vous
avez bénéficié d'une minute de plus, les temps normaux étaient revenus. Donc,
je me tourne du côté de l'opposition officielle avec
12 min 23 s.
M. Morin : Parfait. Merci,
Mme la Présidente. Alors, merci beaucoup d'être là. Merci pour vos mémoires.
C'est très, très apprécié. Une question d'abord pour Mme Godbout. J'ai lu votre
votre mémoire et vous soulignez, et je suis à la page 6, assurer la
continuité des parcours d'intégration pour les personnes diplômées de
l'international. Vous encouragez le maintien des voies rapides, accessibles,
prévisibles vers la résidence permanente pour les personnes formées localement,
incluant leur famille immédiate. Cela est essentiel pour soutenir la rétention
des talents dans des secteurs stratégiques.
Maintenant, quand on regarde ce qu'on a
dans le cahier, les scénarios 2a, 2b, 2c, bien, 2c, c'est un peu moins pire,
mais 2a, c'est 25 000 personnes; 2b, c'est
35 000 personnes. On veut accroître la part des personnes immigrantes
permanentes, mais c'est quand même des scénarios qui sont suggérés dans le
cahier. Comment on peut réconcilier ça avec votre recommandation?
Mme Godbout (Martine) : Mais,
en fait, le pôle Québec, en fait, mise et table sur la concertation régionale.
Donc, on peut vraiment travailler tous ensemble pour être un allié stratégique
pour le gouvernement aussi, pour pouvoir justement travailler sur cette espèce
de parcours qui va amener une voie rapide, accessible, prévisible. On a parlé
des permis aussi, donc, de vraiment travailler avec, comme Marie-Josée disait,
avec des options qui vont tenir compte, en fait, du besoin régional. Pour nous,
le PEQ, c'était quelque chose pour les diplômés, une voie rapide, accessible,
qui était prévisible aussi. C'est sûr qu'avec d'autres programmes, bien, c'est
ça, quand il y a une pige aléatoire, quand c'est, des fois, c'est fait un petit
peu plus de façon, c'est ça, aléatoire, c'est plus difficile d'être prévisible
puis de s'assurer que la personne va pouvoir justement avec le fait qu'elle a
été là pendant des années et des années, et ça, c'est... La personne qui est
étudiante à l'international, elle arrive et elle s'installe dans son milieu de
vie, donc, elle est là pour plusieurs années et souvent, après quelques années,
elle est capable d'arriver sur le marché du travail, elle est capable de faire
venir sa famille, elle est capable justement donner à la société et s'intégrer
convenablement. Donc, c'est des immigrants qui sont vraiment de grande qualité,
autant économique que sociale. Donc, c'est vraiment en misant sur des voies qui
sont prévisibles, les personnes aussi qui accompagnent, on est très chanceux,
là, dans la région de Québec, on a plus de 33 personnes qui sont
réglementées en immigration, qui travaillent dans les établissements
d'enseignement, les centres de santé, qui travaillent aussi dans les différents
volets.
Donc, ces personnes-là font le suivi
gratuitement et donnent de l'aide aussi pour l'immigration pour que ces
personnes-là puissent arriver de façon... bien accompagnées. Donc, c'est aussi
dans ce genre d'accompagnement là où on veut de la prévisibilité pour que la
personne puisse justement répondre convenablement et pouvoir justement les
aider à maintenir un parcours qui va les amener à la fin et qui vont les aider
à rester ici, s'établir dans la région de Québec.
M. Morin : Oui, ça, ça, je le
comprends et c'est très bien, sauf que si le gouvernement retient le scénario 2a,
c'est 25 000 personnes en immigration, admises annuellement pour
l'immigration permanente. Ma compréhension, selon ce qu'on a appris, entre
autres, dans Le Devoir, il y a quelques mois, il y a
142 000 personnes en attente, éventuellement, d'une possible
résidence permanente. En tout cas, ils ont eu leur CSQ, ils attendent. Comment
on va y arriver?
Mme Godbout (Martine) : En
fait, ce n'est pas que des personnes étudiantes de l'international, là, ça fait
partie aussi avec...
Mme Godbout (Martine) : ...la
population plus globale. Donc, nous, de notre côté, avec les personnes
étudiantes de l'international, comme c'est une proportion x sur le chiffre
global, en ayant vraiment des... qu'on suive les recommandations puis qu'on
travaille en concertation avec les régions, je pense qu'on va arriver à,
justement, établir des seuils et des quotas d'immigration qui répondent aux
besoins des établissements d'enseignement. Je ne sais pas si vous
souhaitez peut-être de répondre à la suite des choses, mais pour des parcours,
c'est ça, accessibles et prévisibles.
Mme Chouinard
(Marie-Josée) :Pour... pour les seuils
d'immigration, on a entendu beaucoup de chiffres dans les derniers... dans les
dernières semaines. Nous, on a pris la posture de revenir sur le fait que c'est
toute une question d'adéquation entre les besoins et l'offre. Et nous pensons
que peu importe le seuil qui sera identifié, on doit absolument avoir des
seuils ciblés par région. On pense qu'une proportion adéquate pour la région de
Québec serait entre 12 % et 22 % selon les seuils qui auront été mis
en scénario. Selon notre évaluation, et on s'est tourné vers les chiffres
d'Emploi-Québec pour faire cette analyse parce qu'il y a eu une présentation,
là, des besoins de main-d'œuvre, et pour qu'on puisse avoir assez de
main-d'œuvre pour la région de Québec en proportion de notre population, parce
qu'on revient sur la proportion de la population, dans les dernières années, la
région de Québec n'a pas eu sa juste part de l'immigration, et on a... on pense,
de façon très légitime, de pouvoir demander que Québec soit favorisé au niveau
de l'immigration dans les années à venir, peu importe le seuil qui sera
identifié.
M. Morin : Je vous remercie.
Vous avez mentionné, si j'ai bien compris, qu'il y a 10 000 postes
vacants dans la grande région de Québec. Ça doit inclure, j'imagine, des postes
dans l'hôtellerie, la restauration, tous les secteurs, peut-être même dans
certains métiers avec une technique très spécialisée, on peut penser aux machinistes,
aux soudeurs. Je pense à la Davie Québec. Il y a... Est-ce que je vous
comprends bien que vous n'êtes pas capables de trouver des gens ici pour
combler ces postes-là?
M. Boisvert (Frédérik) : Bien,
c'est parce que... Je vais répondre. Je vais commencer puis je vais te... C'est
certain que des postes requièrent des certains niveaux d'expertise. Alors, à un
moment donné, il n'y a pas toujours de match parfait entre les Québécois qui
vivent ici et les postes qui sont affichés. Il y a clairement des corps de
métier qui ne sont pas capables d'être comblés par des Québécois à l'heure
actuelle, ça, c'est... on ne peut pas... on ne se racontera pas d'histoire, là,
c'est ça, la réalité. Puis ça va être d'autant plus vrai pour la suite des
choses ou... Moi, je fais juste penser par exemple aux grands projets
d'Hydro-Québec à 150 milliards. Je fais juste penser à Chantier Davie,
dont j'étais vice-président pendant quatre ans, où on va embaucher du
1 000 personnes par année accoté au cours des prochaines années. Je pense
au tramway qui va nécessiter 4 000 travailleurs. Où est ce qu'on va
trouver ces gens-là? Dites-moi-le. Je n'en ai aucune idée. J'ai... ça... Il y a
quelque chose qui ne compute pas dans la... dans la machine. Puis, ce que ça va
créer au final, c'est une pression inflationniste, ça, c'est certain que les
grands projets vont coûter davantage plus cher, parce que, de par la
raréfaction de la main-d'œuvre, plus que ton bassin de main-d'œuvre rétrécie,
évidemment, tout va à la hausse. Mais je vais peut-être passer la parole à
M. Viel.
M. Viel (Carl) :Oui, mais peut-être juste on peut... on peut continuer un
peu avec l'exemple de la Davie. C'est que la Davie va faire face à deux enjeux,
soit qu'elle va puiser le nombre des travailleurs qu'elle a de besoin pour
répondre à son adéquation entre ses besoins puis l'offre qu'elle a à faire de
construire des navires, elle va les chercher dans sa chaîne de valeur, donc
qu'est-ce qu'elle va faire, elle va bousiller sa chaîne de valeur. Ça fait que
l'option qu'elles ont, c'est d'aller vers l'extérieur puis trouver du
personnel. L'autre élément. On a plein de métiers qui vont être en
pénurie, qui nécessitent de passer à travers des processus puis, etc., qui dans
des corps à métiers qu'on ne peut pas répondre de façon importante si on n'a
pas fait un nombre d'heures, donc de revenir avec des seuils de gens qui vont
venir dans des métiers ou qui vont venir dans des programmes d'enseignement qui
vont leur permettre, justement, d'acquérir des compétences et de pouvoir continuer.
Moi, ce que je trouve aussi, un autre
élément, c'est qu'on a mis en place, de par le travail qu'on a fait chez Québec
International depuis 2008... Il faut toujours se rappeler qu'on parle
d'individus, des gens qui ont pris des décisions de venir vivre ici. Puis moi,
dès la première journée, lorsqu'on a commencé, puis je prends l'exemple d'un
soudeur, mais on n'a pas dit à une entreprise : Vous allez prendre
quelqu'un, vous allez faire venir de la France ou d'ailleurs. Puis, deux
semaines après, l'entreprise, une fois que la personne est arrivée, peut-être
un an plus tard, on dit : Je m'excuse, vous ne savez pas souder, on va
vous retourner chez vous. On a mis dès le départ des mesures en place pour
s'assurer que les gens faisaient des tests techniques à l'étranger, pour que
quand les gens vont arriver, ils vont être capables de répondre aux besoins
spécifiques de l'entreprise...
M. Viel (Carl) :
...ce n'est pas comme si, moi, demain matin, j'avais un emploi à Sept-Îles.
Puis je décide que je vais y aller. Puis à toutes les deux semaines, je reviens
chez nous puis ça ne fonctionne pas. Mais c'est des gens qui ont mis des
choses. Puis le travail qu'on a fait depuis le début, c'est de trouver des gens
qui répondaient à des besoins spécifiques pour des entreprises, donc qui
venaient combler des besoins spécifiques. C'est toujours ce qu'on a fait.
• (18 h 20) •
On a toujours une grande volonté de mettre
des choses en place pour répondre aux besoins, d'avoir un taux de rétention qui
était bon. Puis on sait que l'intégration passe par le travail, par les enfants
aussi, par l'école, où les gens qui viennent... qui viennent étudier, pardon,
aussi, ça va passer par l'enseignement. Donc, on a mis beaucoup de programmes
en place aussi pour s'assurer que nos gens ne restent pas juste sur les campus,
qu'ils aillent visiter des entreprises, qu'ils vont être mis en évidence avec
des gens du milieu puis qu'ils comprennent comment on peut travailler à Québec,
comment ça se passe. Donc, c'est des choses qu'on fait. Il y a des gens qui
arrivent ici, puis ce n'est pas péjoratif, mais on va leur dire : On pense
que tu viens de tel pays, c'est juste ce type d'emploi là que tu peux faire,
quand des gens font des maîtrises, des doctorats dans des domaines très spécialisés.
M. Morin : Et je vous
comprends. Puis croyez-moi, là, on en a parlé, la régionalisation de
l'immigration, tenir compte des besoins des régions, là, j'en suis, j'en suis
complètement. Sauf que je vous écoute. Puis on travaille aussi avec le cahier
de consultation qui a été publié par le gouvernement. Ça dit entre autres, à
un, réduire progressivement le nombre de personnes résidentes non permanentes
au Québec, réduire de 13 % le nombre de titulaires de permis dans le
programme des travailleurs étrangers temporaires. Je vous ai écoutés,
j'écoutais votre exemple de la... Davie, ou bien ils embauchent tout le monde
ici, ou ils vont chercher à l'étranger. Donc, dans son cahier de consultation,
le gouvernement veut réduire les travailleurs étrangers temporaires, puis dans
les cibles qui sont prévues ou les scénarios, prenons 2a, 25 000 de
permanents. Alors, je repose ma question : Comment on va y arriver? Oui,
allez-y.
M. Boisvert (Frédérik) : Bien,
je ne vois pas comment on va y arriver, de un. Je ne le vois pas, mais
j'aimerais ça qu'on regarde même d'un point de vue macro, là, Québec comme une
nation. Actuellement, notre poids démographique au sein de la Fédération
canadienne, c'est de 21 %. Si rien ne change, si les tendances se
maintiennent, au cours des prochaines années, on va passer à un statut
d'environ 16 % et même ça va... ça pourrait péricliter à 15 % ou à
14 %, notre poids démographique au sein de la fédération canadienne. Ce
qui, à terme, marquerait la ghettoïsation du Québec. C'est aussi simple que ça.
Alors que les autres provinces connaissent un accroissement de la population.
Évidemment, il y a une relation intime entre la démographie et l'économie. Au
Québec, on fait des choix qui sont différents, pour des raisons que je
respecte, mais en même temps, il faut comprendre les conséquences de ces
gestes-là, et les gestes à court terme... plutôt à long terme, c'est une
minorisation croissante du Québec au sein de la Fédération. Et ça, pour moi, ça
me préoccupe, parce que pensons juste aux circonscriptions électorales, pensons
juste aux grands programmes d'investissement industriel qu'on sait très bien
qu'au-delà des clusters, il y a une logique démographique autour de ça. Et il y
a tellement d'autres exemples que je pourrais vous donner qui fait que la
démographie, un peu, dicte la suite.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
M. Boisvert (Frédérik) :
Voilà, j'ai terminé.
M. Morin : ...Merci beaucoup,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Alors, on termine avec le député de Laurier-Dorion
pour quatre minutes, huit secondes.
M. Fontecilla : Merci.
J'aimerais continuer à vous entendre. Êtes-vous en train de nous dire que
l'avenir démographique du Québec passe par l'immigration?
M. Boisvert (Frédérik) : Moi,
je pense que, sérieusement, on doit accueillir des gens qui veulent parler
français, qui veulent épouser nos coutumes, nos us et coutumes, des gens qui
veulent bâtir le Québec avec nous. C'est ça, la voie de l'avenir pour nous,
puis de le faire de manière cohérente et ordonnée, j'en suis, mais de s'assurer
qu'on ait le volume suffisant pour répondre à nos besoins économiques au niveau
des entreprises qui, eux, font rouler l'économie, qui eux, tu sais, font virer
les programmes sociaux, actuellement, c'est d'eux que viennent la richesse.
Alors, il faut s'assurer de leur donner les outils dont ils ont besoin pour
livrer la marchandise.
J'en suis, moi, là, d'automatisation,
IAtisation, de robotisation. Oui, tout ça suit son cours. Puis, dans la Capitale-Nationale,
selon notre dernier sondage conjoncture qu'on a fait en janvier dernier, il y a
des velléités d'investir davantage, mais il y a eu des grands... des grandes
avancées au niveau de ces... à ce chapitre-là. Donc, moi, c'est sûr que je
pense qu'on doit y aller manière ordonnée, mais avec des chiffres suffisants,
parce que viendra un moment où on n'aura pas assez de monde ici et on devra
faire comme d'autres pays qui ont dû ouvrir leurs portes comme des portes de
grange et ça a donné des résultats d'une immigration qui était chaotique.
Alors, mieux vaut en accepter un peu plus, s'assurer que notre bassin
démographique se maintienne et que nos entreprises aient les travailleurs
qualifiés dont ils ont besoin... dont elles ont besoin.
M. Fontecilla : Dans ce
contexte-là, je crois comprendre la réponse, mais j'aimerais ça que vous vous
l'explicitiez. Les trois scénarios placés par le gouvernement, là, en termes de
seuils d'immigration sont insuffisants pour vous, là?
M. Boisvert (Frédérik) :
...insuffisants. Moi, c'est sûr que la solution...
M. Boisvert (Frédérik) : ...la
plus, je te dirais, étoffée qui a été présentée à date, aujourd'hui, au
niveau... pas aujourd'hui, mais dans le paysage des think tank, c'était la
solution présentée par l'Institut du Québec, c'est le scénario deux, moyenne
immigration, donc 60 000 immigrations par année et 70 000
immigrations temporaires par année pour un total de 130 000. Avec ça, on
maintient relativement le poids démographique du Québec pour les prochaines
années. On périclite un peu, mais, quand même, on réussit quand même dans
certaines... en tout cas, pour la plupart, à maintenir notre poids
démographique au sein de la population canadienne et à répondre également aux
besoins de nos entreprises.
M. Fontecilla : Il me reste
combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il reste 1 min 57 s.
M. Fontecilla : Une question.
Vous avez parlé de la notion d'accueil, de la capacité d'intégration, vous avez
parlé du logement. C'est répondu, mais c'est... On dit souvent que, bon, on est
complètement dépassés, garderies, services de santé, etc. Qu'est-ce que vous
auriez à dire par rapport à ça?
Mme Chouinard (Marie-Josée) :Bien, en fait, notre posture par rapport à ça, c'est que
l'immigration peut être vue comme une solution et non un problème, c'est-à-dire
qu'on croit sincèrement... On a fait entre autres l'accompagnement de CPE, dans
les dernières années, des places en garderie. On peut aussi avoir des personnes
immigrantes qui peuvent jouer un rôle essentiel, et on le voit partout dans
notre système de santé. Donc, je pense que ça passe principalement... En fait,
il faut tourner les choses autrement pour... Entre autres, aussi le secteur de
la construction, c'est essentiel de reconnaître davantage les compétences des
travailleurs issus de l'immigration pour être capable justement de répondre à
tous les enjeux liés à la construction de logements, avoir plus de personnes
immigrantes dans ce milieu-là, qui, pour le moment offre très peu de personnes
immigrantes, ferait en sorte qu'on aurait certainement un gain de productivité
énorme, énorme, là, pour avoir davantage de logements dans le futur.
M. Fontecilla : Parfait. Je
n'ai pas d'autre question, Mme...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : 30 secondes. Vous n'avez pas d'autres questions?
Parfait.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y.
Mme Godbout (Martine) : ...de
l'enseignement supérieur, c'est un peu ce que Marie-Josée dit aussi. De notre
côté, on observe que plus on attire des chercheurs de renommée, il y a des
subventions qui viennent aussi avec. Il y a des entreprises, il y a des
conglomérats qui se créent, il y a des partenariats aussi internationaux. Donc,
la visibilité du Québec en bénéficie aussi. Et il y a de l'argent qui rentre
aussi quand ces chercheurs-là arrivent avec justement leurs équipes. Puis on
peut développer l'économie aussi de cette façon-là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Eh bien, mesdames, Messieurs, merci beaucoup pour votre
contribution, au nom de tous les parlementaires qui sont assis autour de la
table.
Et la commission va suspendre ses travaux
jusqu'à 19 h 15.
(Suspension de la séance à 18 h 28)
19 h (version non révisée)
(Reprise à 19 h 18)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Alors, pour nos derniers groupes, ce soir, dans un premier temps, nous
allons recevoir... non, le Centre régional en de l'Abitibi-Témiscamingue, qui
sont en visioconférence avec nous, qui est représenté par Mme Andréa Paquin-Lessard,
directrice générale d'Attractivité Abitibi-Témiscamingue, M. Sébastien Richard,
président de la Chambre de commerce de Val-d'Or, ainsi que Mme Louise Ratté,
responsable de l'administration des élèves internationaux Expérience Québec de
la région de l'Abitibi-Témiscamingue.
Alors, M., mesdames, bienvenue à la Commission
des relations avec les citoyens. Vous allez avoir 10 minutes pour exposer l'essentiel
de vos recommandations, de votre mémoire, par la suite on va procéder à la
discussion avec les parlementaires. Alors, votre 10 minutes commence
maintenant.
Mme Paquin-Lessard (Andréa) : Merci.
Mme la Présidente, M. le ministre, mesdames et messieurs les membres de la
commission, merci de nous accueillir aujourd'hui. C'est un honneur pour nous d'être
ici, même à distance. Après trois semaines de consultations, nous arrivons en
fin de calendrier, avec une grande écoute mais aussi avec le désir d'ajouter la
voix ancrée de l'Abitibi-Témiscamingue à cette réflexion collective. À l'hiver
2025, un comité régional en immigration a été mis sur pied, coordonné par les
cinq chambres de commerce, il unit les forces économiques, municipales,
éducatives et communautaires de la région pour parler d'une seule voix au
gouvernement.
Je me présente, Andréa Paquin-Lessard, directrice
générale d'Attractivité Abitibi-Témiscamingue, accompagnée de Sébastien
Richard, président de la Chambre de commerce de Val-d'Or, et de Louise Ratté,
responsable de l'admission des élèves internationaux chez Expérience Québec.
Nous sommes une région éloignée et isolée,
séparée des grands centres par plus de 300 kilomètres de routes et de forêts, une
image parfois teintée de stéréotypes, mais qui, dans les faits, forge notre
caractère et notre solidarité. Cette réalité façonne directement notre
attractivité et notre capacité d'établissement durable, mais, au-delà de la
distance, c'est surtout la démographie qui nous préoccupe. Depuis 12 ans, l'Abitibi-Témiscamingue
enregistre un solde migratoire négatif interrégional, avec une perte nette,
entre 200 et 400 personnes, par année. Combinée au vieillissement de la
population, cette tendance fragilise notre vitalité. Notre région se dépeuple
et dépend désormais de l'arrivée et de l'enracinement durable de nouvelles
personnes pour assurer sa relève.
• (19 h 20) •
Cette question n'est pas nouvelle...
Mme Paquin-Lessard (Andréa) : ...il
y a 100 ans, notre région s'est bâtie grâce à l'immigration. Des familles
venues du Québec, de l'Europe et de l'Ontario ont fondé nos villages, nos
écoles et nos entreprises. Cet esprit d'accueil nous habite toujours. Encore
aujourd'hui, l'immigration demeure un moteur essentiel de vitalité et de développement
de notre région.
Notre mémoire comporte
12 recommandations issues d'une large concertation régionale. Ce soir,
nous en mettrons trois de l'avant illustrant la cohérence entre nos milieux
économiques, éducatifs et territoriaux.
Notre première recommandation vise à
territorialiser la planification de l'immigration. Une approche uniforme ne
peut plus répondre aux réalités aussi contrastées que celles des régions du
Québec. La planification devrait s'appuyer sur des données régionales
objectives et être ajustée selon la capacité réelle des milieux, qu'il s'agisse
du logement, de la main-d'œuvre ou des services d'intégration.
Nous proposons donc la création d'un
comité régional permanent réunissant le MIFI, nos élus, les établissements
d'enseignement, les acteurs économiques et les organismes communautaires afin
de planifier les admissions et les parcours d'intégration de manière concertée.
Cette gouvernance régionale permettrait de mieux calibrer les seuils
d'immigration selon la réalité des territoires, d'assurer une prévisibilité
pour les employeurs et pour les institutions et de renforcer la cohérence entre
les politiques d'accueil, de logement et d'emploi.
Un exemple concret de cette coordination
réussie : le projet mené par le milieu en Abitibi-Ouest pour recruter des
infirmières à l'international, en collaboration avec le réseau de la santé et
le Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue.
Quand les acteurs locaux se mobilisent,
les résultats sont là : les personnes immigrantes s'enracinent, les milieux
s'adaptent et tout le territoire en bénéficie. C'est cette approche concertée,
fondée sur nos réalités régionales, que nous souhaitons mettre au cœur de la
planification gouvernementale.
Je cède maintenant la parole à ma
collègue, Mme Louise Ratté.
(Visioconférence)
Mme Ratté (Louise) : Bonjour.
Donc, moi je suis responsable de l'admission des élèves internationaux au
niveau de la formation professionnelle, mais aujourd'hui je représente tout le
milieu d'éducation de ma région. Le réseau de l'éducation est un levier
essentiel de l'attraction et de l'intégration en région. Nos centres de
formation professionnelle, notre cégep et notre université accueillent chaque
année plus de 600 étudiants internationaux. Ils se forment chez nous,
travaillent ici, s'intègrent à nos communautés et, dans bien des cas,
souhaitent y rester durablement, mais leurs parcours sont fragilisés par des
incohérences administratives entre les permis d'études, les permis de travail
postdiplômes et les critères et les quotas du... Nous formons des travailleurs
motivés, francophones, compétents et nous les perdons au moment de la
transition vers la résidence permanente. Nous demandons donc une approche plus
stable et intégrée, adaptée au contexte des régions.
Recommandation deux : Mettre en place
des parcours intégrés et prévisibles par trois actions : un, réactiver le
PEQ ou appliquer une clause grand-père pour les étudiants déjà intégrés, deux,
créer des passerelles régionales vers la résidence permanente pour les diplômés
et les travailleurs étrangers déjà établis, et trois, consolider la
francisation en milieu de formation et d'emploi, un modèle régional déjà
reconnu chez nous pour sa proximité et son efficacité.
Ces personnes qu'on a accueillies, qu'on a
recrutées dans leur pays et qu'on a attirées chez nous ont investi beaucoup.
Ils contribuent à nos entreprises et à nos services, et nous ne pouvons nous
permettre de les perdre.
Je céderais la parole à mon collègue
Sébastien Richard.
(Visioconférence)
M. Richard (Sébastien) : Bonjour.
Au niveau des constats économiques, nos entreprises font face à une... une
rareté structurelle de main-d'œuvre. En Abitibi-Témiscamingue, on compte encore
plus de 6 000 postes vacants dans tous les secteurs : la
construction, la santé, l'éducation, la transformation, la restauration et les
services. Certaines entreprises ont dû refuser des contrats ou réduire leurs
heures d'ouverture faute de personnel. Et, quand des travailleurs étrangers
temporaires sont déjà établis et bien intégrés, les changements de programmes
ou de seuils peuvent créer des ruptures dévastatrices pour nos PME.
Ce n'est pas une question de chiffres,
c'est une question de stabilité économique et humaine. Les réalités de notre
région, un vaste territoire, une faible densité et un isolement géographique,
exigent une approche plus souple et adaptée. Une planification uniforme ne peut
pas rendre compte de la diversité des contextes régionaux.
Pour notre recommandation numéro trois,
adapter les seuils et programmes d'immigration aux réalités des régions à
pénurie structurelle, permettre une marge de flexibilité dans les programmes
temporaires et permanents afin de maintenir la continuité des opérations, la
rétention des travailleurs déjà établis et la vitalité économique des milieux.
Il s'agit moins d'assouplir que de mieux calibrer selon les besoins et la
capacité réelle d'accueil.
Enfin, nos recommandations s'inscrivent
pleinement dans la...
M. Richard (Sébastien) : ...dans
la vision de la stratégie OVT 2025-2029 qui vise à bâtir un Québec plus
prospère, plus durable où chaque région contribue à sa manière. Nous proposons
d'y ajouter des données régionales pour planifier, des outils flexibles pour
accueillir et une concertation intersectorielle pour réviser.
L'immigration, pour nous, ce n'est pas une
statistique. C'est des visages, des familles et des projets de vie. Et, pour
qu'il serve à celui-ci, il faut planifier avec des données, accueillir avec
flexibilité et réussir ensemble, comme on l'a toujours fait.
En conclusion, nous sommes les derniers à
avoir la chance de vous exposer notre réalité. Nous souhaitons donc surtout
échanger avec vous au niveau de nos enjeux pour que notre région puisse
participer plus que jamais à l'essor économique du Québec. Avec un premier
ministre comme ministre régional, nous comprenons donc que les intentions du
gouvernement semblent bel et bien de nous offrir les outils nécessaires pour y
arriver. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup pour cette présentation. Alors, on va
commencer d'ores et déjà la période d'échange avec les parlementaires. Je me
tourne du côté du ministre pour une période de 16 min 30 s.
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. Merci pour votre présentation. Je pense que le premier ministre
aurait été content d'entendre votre dernière intervention parce qu'il est pas
mal fier, laissez-moi vous dire, d'être ministre de l'Abitibi. Il nous en parle
en Conseil des ministres, il nous dit : Moi, je m'occupe de ma région,
puis là vous autres... puis il pointe les ministres pour être sûr que tout le
monde, vraiment, s'occupe de sa région. Oui. Bien, il est comme ça. Il lève la
barre, je vous dirais. Donc, voilà. Merci pour votre présentation.
Vous avez abordé plusieurs thèmes. La
concertation, je pense qu'on doit s'approcher de ça puis le faire davantage
avec les acteurs régionaux, région par région. Je pense, c'est une excellente
piste. L'enseignement supérieur, mais pas seulement l'enseignement supérieur...
mentionné, il me semble, aussi la formation professionnelle et, évidemment,
l'économie, les travailleurs étrangers temporaires qui, en ce moment, on le
sait, malheureusement, ont de la difficulté à avoir leur permis, à être
renouvelés à cause de la mesure du fédéral. Il y a des gens qui sont venus nous
en parler, il y a des gens qui sont venus sur la colline parlementaire, des
gens qui nous en ont parlé ici aujourd'hui.
Je suis certain que vous n'ignorez pas le
fait que le gouvernement québécois vous appuie là-dedans pour qu'Ottawa change
sa directive et nous permette de conserver nos travailleurs étrangers
temporaires à l'extérieur de Montréal et Laval. C'est dans le sens qu'on va
avec le cahier de consultation. En ce moment, quand on regarde le seuil actuel,
quand on a pris la mesure, on était autour de 70 000 TET à la grandeur du
Québec. On pensait sur quatre ans réduire ça à 65 000. Mais la baisse, la
réduction ne se fait pas en Abitibi, ou au Saguenay, ou en Beauce, ou sur la
Côte-Nord, c'est à Montréal et à Laval qu'on veut... qu'on veut l'opérer. Ce
qu'on pense, c'est qu'en région il faut les garder dans le statut de TET puis,
graduellement, en faire basculer au fil des années vers les immigrants
permanents et les rendre permanents, en souhaitant qu'ils restent dans les
régions cependant. Et ça, bien, je compte sur... On parle de capacité
d'accueil, mais je compte sur vous, la société d'accueil, pour que les gens
soient bien, bien enracinés.
Vous avez dit un mot sur l'éducation en
enseignement supérieur. Il y a eu des enjeux sur les travailleurs étrangers
temporaires pour les deux rentrées précédentes. L'automne 2024,
l'automne 2025, les rentrées ont vu des réductions d'étudiants
internationaux dans les cégeps, dans les universités. Certains pointent du doigt
les politiques du gouvernement provincial, du gouvernement du Québec. Ce
serait... ce serait, disent certains, la faute à la loi n° 74. Mais la loi
n° 74 a été votée en décembre dernier. Ça ne peut pas être ça qui a causé
la baisse pour la rentrée 2024. C'est davantage, vraiment, le fédéral qui
a imposé des réductions. Mais, si on regarde en avant, je l'ai dit à tous nos
recteurs, DG de cégeps, on va vraiment être des partenaires pour aller
retrouver nos étudiants étrangers perdus dans nos cégeps des dernières
années... donc... et universités.
• (19 h 30) •
Vous nous parlez beaucoup de
régionalisation. Est-ce qu'on est capable d'accueillir ces gens-là chez vous?
Je vois que vous avez un taux de chômage très, très bas, plus bas que la
moyenne québécoise. Donc, il y a de l'emploi, mais est-ce que vous avez des
moyens pour loger ces personnes-là? Je vois... Je pense que le taux
d'inoccupation des logements est à 1 % en Abitibi. Donc là, il y a moins
de logements disponibles qu'ailleurs. Comment on fait pour accueillir ces
immigrants? Est-ce que vous avez perdu le son? Je vous vois appeler...
19 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...est-ce que
vous nous entendez toujours? Ah non! Ça ne fonctionne plus. Donc là, les gens
qui nous écoutent, à la commission, vous m'avez entendu, mais nos partenaires
en région, en Abitibi, eux, je pense, ont perdu le son, malheureusement. Je ne referai
pas toute mon intervention, je me contenterai de poser la question quand ça reviendra.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oh! Alors, on va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 19 h 31)
(Reprise à 19 h 37)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! Après quelques petits problèmes
techniques, nous reprenons la séance. Vous m'entendez... vous m'entendez
toujours bien? Oui?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. Alors, la parole était à vous, M. le ministre.
M. Roberge : Oui, désolé pour
ce petit contretemps technologique. Pas grave, on est branché, on est connecté.
Donc, je vous disais, je ne referai pas toute mon intervention, mais ce que je
disais, c'est que ce qu'on voit, c'est que vous avez un taux de chômage qui est
inférieur à la moyenne québécoise dans votre région. Vous avez des besoins de
main-d'œuvre, c'est certain. Vous avez des travailleurs étrangers temporaires,
je pense, que vous voulez conserver. Mais si on fait venir de nouvelles
personnes au-delà des TET qui sont déjà là, avez-vous la capacité de les
accueillir et la capacité de les loger, considérant que le taux d'inoccupation
est assez bas? Les derniers chiffres que j'ai, c'est 1 % alors qu'on
viserait 3 % dans un marché en équilibre. Donc, je vous écoute sur la
capacité d'accueil dans votre région.
M. Richard (Sébastien) :
Merci. Malheureusement, ça va peut-être prendre aussi des investissements aussi
au niveau de la collectivité en plus. Mais blague à part, non, bien, vous
savez, la statistique de 1 %, on la connaît depuis très, très longtemps.
Elle n'est pas nouvelle chez nous. C'est une statistique avec laquelle on est
très résilient. Puis on s'adapte au fur et à mesure que la main-d'œuvre a des
besoins d'hébergement en Abitibi-Témiscamingue.
(Panne de son)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : On va suspendre quelques instants...
M. Richard (Sébastien) :
...actuellement, notre productivité à haut niveau sont logées dans divers types
d'habitation partout en région actuellement. Donc, notre capacité à soutenir du
logement est toujours en lien avec la productivité nécessaire que l'on a à
offrir à nos grandes industries ici. Donc, ce qu'on a en ce moment comme
réalité avec nos travailleurs étrangers, c'est, au moment où ils sont arrivés,
elle n'est pas descendue. Tu sais, vous dites, comme, avec raison, qu'elle est
à 1 %, mais elle est demeurée à un statu quo qui est présent depuis, sans
avoir le nombre d'années exactes, je dirais facilement plus d'une dizaine
d'années.
M. Roberge : Donc, la
situation est stable malgré l'arrivée de nouvelles personnes, il y a... Vous
n'avez pas vu d'impact sur ça. OK, très bien, très bien. Vous avez parlé de
l'importance de créer des passerelles régionales pour favoriser en réalité
l'immigration dans les régions, particulièrement chez vous. Qu'est-ce que vous
recommandez? Qu'est-ce que vous proposez pour réussir l'intégration à l'extérieur
des grands centres puis l'intégration dans votre région?
• (19 h 40) •
M. Richard (Sébastien) : Moi,
de mon côté... puis je te laisserais continuer, ce qu'on recommande, c'est le
maintien du support des actions qui sont entreprises par les organismes
régionaux puis les entreprises. L'accueil des nouveaux arrivants au cours des
cinq dernières années s'est fait de façon concertée, de manière collective.
Donc, ce qu'on va avoir besoin, c'est d'une écoute si des projets pilotes
d'accueil...
M. Richard (Sébastien) :
...de différentes communautés sont présentées. Mais, en ce moment, ce que je
peux vous dire, c'est qu'il y a déjà une mobilisation auprès de tous les
citoyens ainsi que les citoyens corporatifs pour accueillir ces nouveaux
travailleurs étrangers chez nous.
Mme Paquin-Lessard (Andréa) : Puis
merci, Sébastien. À ça, je rajouterais, on vous a écouté attentivement, hein,
aujourd'hui, une journée qui était dédiée aux différentes régions. Je pense que
c'était ce matin avec la Fédération des municipalités du Québec où l'idée de la
sélection... de sélectionner ces travailleurs-là pour octroyer la résidence
permanente. La Côte-Nord aussi qui est passée, qui est passée avant nous, qui
est une autre région avec un enjeu structurel au niveau démographique. Je pense
qu'on devra être favorisés pour assurer une équité et non pas une égalité, mais
une équité entre les régions. En ce moment, il y a différents critères, là,
pour sélectionner au niveau d'octroi des des critères pour les permis de. Pour
les permis de... pour les permis permanents. On a 13 points sur 14, l'Abitibi-Témiscamingue.
Est-ce que c'est suffisant? Non. Et j'ai vu que vous étiez un ministre qui
connaît beaucoup son dossier, qui est très fort sur les chiffres. On a la
chance d'avoir l'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue qui fête ses
25 ans cette année et on est capables d'avoir des données très fines et
précises et locales de toutes ces réalités-là pour appuyer les décisions, pour
travailler justement en lien avec nos capacités. Alors, je pense que de
favoriser des gens qui, en plus des travailleurs temporaires, sont déjà
enracinés dans nos milieux d'emplois. Ils sont déjà logés. Souvent, il y en a
qui ont fait venir leurs familles, leurs enfants. Et là ça peut nous amener des
travailleuses supplémentaires pour travailler dans nos 200 nouvelles
places en CPE à la Vallée-de-l'Or, et je ne sais pas où on va les recruter ces
gens-là, on n'a pas accès à ces bassins de main-d'oeuvre là. En ce moment, on a
6 000 emplois vacants, on est le deuxième plus haut taux vacant de
postes de la région du Québec. Ça me fait plaisir de vous inviter à voir une
présentation toute fraîche qu'on a eue ce matin, avec toutes ces données-là
parce qu'elles parlent. Je pense que ça pourrait vraiment nous aider à
travailler sur ces indicateurs-là pour travailler sur des critères de
sélection, avec grand plaisir, si jamais on se fait inviter à la table pour un
projet pilote.
M. Roberge : Mon Dieu, quelle
belle invitation! J'aime ça quand on... on est dans... Le nouveau terme, hein,
c'est ça, la granularité, hein, c'est-à-dire aller chercher la donnée utile
plutôt que d'avoir juste du macro Québec mur à mur. Je ne suis pas en faveur de
politiques de Gatineau à Gaspé, là, tout le temps la même affaire. Donc, j'aime
bien quand on est capable d'être un petit peu plus précis. Je suis conscient de
ça. Puis de toute façon, les... beaucoup, beaucoup d'intervenants sont allés
dans cette direction-là, donc soyez certains, certaines qu'on prend vraiment ce
virage là, autant dans nos intentions, dans nos politiques que dans nos
programmes qui nous permettent de le faire.
Si je vous avais dit il y a un an on va
réellement sélectionner davantage les étudiants étrangers selon la région, on
va vraiment permettre à des travailleurs de basculer du statut temporaire à
permanent selon la région, bien, j'aurais pu le dire, mais je n'aurais pas pu
le faire. Mais là, avec ce qu'on... ce qu'on a... ce qu'on s'est donné avec la
loi n° 74 pour les étudiants et ce qu'on s'est fait avec le programme de
sélection des travailleurs, on est un petit peu meilleurs à chaque mois. Donc,
les années 2026‑2027, 2028‑2029 sont prometteuses, pas parce qu'on va
recruter 60 000, 80 000 travailleurs immigrants par année, mais parce
qu'on va être capables de microcibler puis de répondre à vos besoins. Donc, il
y a... il y a de l'espoir, là, au bout du tunnel, il y a de la lumière. Et je
vais permettre à des collègues qui voulaient échanger avec vous de compléter,
parce qu'il ne faut pas que je sois égoïste puis que je prenne tout mon temps
avec vous, là. Il y a des gens qui veulent continuer la discussion. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Je reconnais le député de Jonquière.
Allez-y, il vous reste encore 4 min 12s.
M. Gagnon : Bonjour. C'est un
plaisir de vous entendre. Le Comité régional en immigration de l'Abitibi-Témiscamingue.
J'avais une petite question qui piquait ma curiosité. Vous disiez que vous avez
regardé un petit peu les consultations, tout à l'heure, on a eu un représentant
de la Côte-Nord. Est-ce que, dans votre région — je vais me
permettre l'anglicisme — vous vivez un petit peu de «fly-in/fly-out»,
c'est-à-dire que vous avez des travailleurs qui viennent faire... ciblés qui
vont venir juste pour cette période-là, puis après ça redescendre des fois,
comme on dit.
M. Richard (Sébastien) : Tout
à fait. Je vous dirais que depuis le nouvel élan minier qu'on peut... on peut
dire qu'il a démarré environ aux alentours de 2017, une situation qui s'est
accentuée année après année. L'industrie avait besoin de combler des postes
rapidement pour maintenir sa compétitivité. Malheureusement, ça a été pour eux
une solution qu'ils ont dû prendre. Donc, chez nous, on le voit quotidiennement
ce phénomène-là s'amplifier. On a aussi... on utilise aussi l'anglicisme
«road-in/road-out» parce que la route 117 est très utilisée à cette fin-là
aussi. Donc, ça vient en lien avec le fait que je nommais tantôt au niveau du
navettage, cette clientèle-là qu'on a actuellement chez nous, on la dessert.
Cette clientèle-là va utiliser l'ensemble des services sociaux autour de la
Vallée-de-l'Or, et les retombées...
M. Richard (Sébastien) : ...puis
de l'Abitibi-Témiscamingue, pardon, les retombées économiques, comme de raison,
sont redistribuées dans les autres régions. Donc, ça ne favorise pas du tout,
dans le fond, une économie locale saine. Puis par le fait que ces familles-là
ne s'établissent pas, actuellement, assez rapidement chez nous, bien, ça brise
notre tissu social au niveau des services qu'on peut offrir. Donc, c'est un
phénomène qu'on voit beaucoup s'accentuer.
Puis avec notre place de choix au niveau
du secteur minier, parce que l'Abitibi-Témiscamingue, c'est un pôle mondial
d'expertise dans le secteur minier, quand on décroche le téléphone, en
Abitibi-Témiscamingue, c'est pour parler avec le monde. Les employés qui
partent d'ici vont aller faire profiter leur expertise ailleurs, partout sur
les autres continents. Donc, on a accès, heureusement, à ce marché fort là,
qu'on connaît, qui peut permettre, entre autres, aussi à résoudre les enjeux du
gouvernement en quête de développement au sujet des minéraux critiques et
stratégiques, parce que l'or nous permet de faire grandir nos connaissances dans
le milieu minier, actuellement.
M. Gagnon : C'est très clair.
Mme Paquin-Lessard (Andréa) :
J'ajouterais, Sébastien, nous allons avoir trois... pas une, mais bien trois
études qui vient documenter l'impact du navettage en Abitibi-Témiscamingue.
Donc, il y en a une première qui a vu le jour, en en attend encore deux autres.
Alors, quand on parlait tantôt de travailler de façon spécifique... et même, je
dirais, vous allez pouvoir le... mais une précision chirurgicale qui est
possible en Abitibi-Témiscamingue. On va avoir accès à ces études pour vraiment
bien venir mesurer l'impact, parce que, maintenant, là, c'est vraiment un
fléau. Et s'il y a des projets pilotes, encore une fois, une invitation... ou
on peut même s'associer avec la Côte-Nord, qui vit la même problématique. Je
pense que... très ouvert, là, parce que la démographie, elle est différente
dans nos régions éloignées et isolées.
M. Gagnon : C'est très clair.
Tout à l'heure, le collègue qui venait nous exposer son mémoire, dans ses
propos, mentionnait que... qu'il valorisait davantage, probablement, une
immigration temporaire dans sa région plutôt que le «fly-in fly-out». C'est
quand même... c'est quand même courageux, ais il l'a adressé. Est =-ce que vous
êtes un peu dans cette même optique?
M. Richard (Sébastien) : Je
laisserais Louise continuer parce que l'aspect de l'arrivée avec les étudiants,
à ce niveau-là, permet un enracinement plus fort que l'attractivité qu'on a à
offrir à ces gens-là, interrégional, en «fly-in fly-out»... donc, avec les
étudiants, on le voit. Peut-être que tu as des exemples à nous nommer, je
pense, hein?
Mme Ratté (Louise) : Bien là,
je ne sais pas si ça va répondre à votre question, mais c'est une réalité que
je veux mentionner parce que le domaine minier est très présent en région, puis
à la formation professionnelle, on n'a aucun programme unique qui est
admissible au permis de travail post-diplôme, par la suite, depuis le 1er
novembre 2024. Donc, ça fait que c'est difficile, là, d'être attractif, là,
pour les élèves internationaux, dans le secteur des mines. Puis nos élèves, ils
souhaiteraient s'établir en région, ils souhaiteraient réellement, mais ils
n'ont pas la possibilité, donc.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
M. Richard (Sébastien) : ...aux
emplois de qualité qu'on est capables de leur offrir...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.Je dois malheureusement vous arrêter, le temps a été
bien, bien compté, et je veux me tourner du côté de l'opposition officielle,
qui a 11 min 15 s.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bonsoir. Merci. Merci pour votre mémoire et la revue de
presse qui l'accompagnait. En fait, c'était très bien étoffé et très clair,
j'apprécie. J'aurais quelques questions, bien sûr, en lien avec votre mémoire
et, finalement, les orientations qui sont dans le cahier du gouvernement. La
première orientation qui est avancée, suggérée par le ministère, le gouvernement,
c'est de réduire de 13 % le nombre de titulaires de permis dans le
Programme des travailleurs étrangers temporaires. Est-ce que je comprends bien
de votre mémoire, à la page 5, que ce n'est pas quelque chose que vous
souhaitez?
Mme Paquin-Lessard (Andréa) :
En fait, nous, au niveau de l'octroi des permis... puis je pense que c'est
l'avantage de parler en fin de calendrier, là, ça a été vraiment discuté
largement avec les différentes personnes qui sont venues présenter sur le
territoire, pour nous, c'est vraiment d'ajuster ces seuils-là en fonction des
réalités de la région. Alors, on a plusieurs exemples d'entreprises qui
utilisent largement au-delà du 10 %, maintenant, qui est possible, de
travailleurs temporaires. Alors, il en est une question de survie de certains
secteurs économiques en Abitibi-Témiscamingue.
• (19 h 50) •
Alors, nous, ce qu'on souhaiterait, dans
un travail en collaboration, en territorialisant mieux la planification, bien,
ce serait de travailler par secteur d'activité, être encore... cette notion
d'être plus précis chirurgicalement. Demain, vous allez recevoir les...
Mme Paquin-Lessard (Andréa) : ...automobiles
du nord-ouest du Québec. Ils vont vraiment bien venir aussi montrer la réalité
au niveau de la mécanique automobile. Étant une région minière, nos employeurs
principaux vont venir tout chercher ce bassin de main-d'oeuvre là, et donc ça
laisse nos concessionnaires absolument avec aucune possibilité de main-d'oeuvre
locale. Et ça nous prend des gens dans les garages. Alors, eux, ils se sont
tournés à quasi 100 %, là, sur des travailleurs temporaires dans certains
concessionnaires. C'est majeur, là.
Alors, pour nous, cette histoire de seuils
là doit être vraiment adaptée aux réalités par... des régions, oui, et par secteurs
également dans les régions. Alors, c'était ça, notre proposition, là, qu'on
souhaitait mettre de l'avant, là, à cet emplacement-là.
Mme Ratté (Louise) : Si je
peux me permettre d'ajouter un exemple concret, s'il vous plaît, c'est que
mécanique automobile n'est plus admissible au permis de travail postdiplôme non
plus, donc on ne peut plus attirer d'élèves internationaux avec ce programme.
Et, si je prends, par exemple, le
transport scolaire qui est en région, qui couvre l'entièreté de la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, 80 % de leurs mécaniciens sont issus de
l'immigration et sont tous des anciens élèves internationaux qui ont passé chez
nous. Donc, si on réduit à 10 %, on ne peut plus offrir le transport
scolaire en région. C'est majeur comme impact.
M. Morin : Oui. Je vous
remercie. D'ailleurs, je comprends qu'à la... à la lecture de votre mémoire,
vous souhaitez une régionalisation ou une décentralisation de l'immigration, ce
que je supporte depuis plus d'un an. Est-ce que vous êtes d'accord avec la
proposition à l'effet que, si on avait de meilleurs échanges avec les régions,
si les régions participaient plus à la planification, non seulement on pourrait
arriver avec un nombre, en fait, d'immigrants plus spécifique, mais ça
causerait moins d'enjeux quand il y en a au niveau, par exemple, de
l'intégration ou des régions, parce que vous seriez partie intégrante du
processus?
M. Richard (Sébastien) : Bien,
tout à fait. En réalité, c'est des politiques qu'on défend sous tous les
aspects, hein, on a les milieux de vie qui sont à voir d'une façon différente
aussi, on a notre capacité aussi à développer notre territoire. Quand il se
prend des engagements, par exemple, bien, on a parlé de logement, au niveau de
l'aménagement du territoire, si on est, encore une fois, dans les mesures mur à
mur, bien, ça ne peut pas se transposer dans notre réalité à nous qu'on doit,
justement, avoir plus de flexibilité dans tous les aspects pour être en mesure
de contrôler notre destinée. Donc, on ne peut pas s'opposer clairement à avoir
plus de place dans la prise de décision à ce niveau-là, parce que
l'Abitibi-Témiscamingue, dans le fond, a tout ce qu'il faut en ce moment pour
accueillir ces gens-là, elle a l'expérience, comme on a nommé, une région de
100 ans d'âge mais qui a été bâtie à travers l'immigration. Donc, c'est dans
l'identité abitibienne de pouvoir accueillir des immigrants, parce que tout le
monde provient de l'immigration en Abitibi-Témiscamingue.
M. Morin : Je vous
remercie...
Mme Ratté (Louise) : On a une
belle phrase qui dit... Pardon.
M. Morin : Non, allez-y.
Mme Ratté (Louise) : On dit
qu'en Abitibi-Témiscamingue nous sommes tissés serrés, nous sommes métissés
serrés.
M. Morin : Je vous remercie.
À la page six, dans votre mémoire, vous soulignez qu'il y a à peu près, quoi,
809 travailleurs étrangers qui ont été embauchés au cours des cinq dernières
années. Donc, il y en a qui ont accueilli leurs familles. Est-ce que vous
savez, parmi ces travailleurs étrangers là, s'il y en a qui ont pu, à l'époque,
bénéficier du PEQ ou si c'étaient des travailleurs temporaires étrangers?
Est-ce que vous avez ces informations-là?
Mme Paquin-Lessard (Andréa) : En
fait, c'est une combinaison. On a vraiment eu autant d'étudiants qui ont
bénéficié du programme que de... On a de plus en plus de résidents permanents
en Abitibi-Témiscamingue. Donc, je pense que, dans les deux questions que vous
avez posées... j'espère que vous le voyez aujourd'hui, l'Abitibi-Témiscamingue,
là, est prête à travailler avec vous. On a les données fines, on a...
J'aimerais ça vous présenter notre observatoire, qui a accès à toutes ces
données-là. On est capables de le mettre tellement précis et chirurgical. Les
données sont toutes disponibles. Ça me ferait plaisir de présenter avec eux ces
réalités-là, parce que c'est...
M. Richard (Sébastien) : Mais
on a des cas, là, on a des cas de... Je suis moi-même entrepreneur, au passage,
je vais me permettre de parler de ce que je vis au quotidien, puis j'ai accueilli
des travailleurs étrangers du Burkina Faso chez nous, qui ont été en mesure
d'avoir leurs familles qui se sont implantées avec eux dans notre région, qui
font maintenant partie de notre société, qui sont des Témiscabitibiens
aujourd'hui. Donc, oui, cela, dans le passé, a été plus facile, oui, on connaît
qu'il y a des enjeux qui sont fédéraux, qui sont...
M. Richard (Sébastien) :
...seulement provinciaux, mais c'est vraiment important pour nous qu'au niveau
provincial, vous sachiez l'ensemble de ces détails-là qui vont avoir un impact
majeur quand le gouvernement devra se réaligner au niveau fédéral, sur les
seuils migratoires, pour être en mesure de nous offrir notre capacité à leur
donner à eux aussi le rendement dont ils s'attendent.
M. Morin : Sauf que là je
comprends que le programme PEQ a été suspendu. Quel a été l'impact chez vous?
Puis je comprends également que, quand ça a été suspendu par décret, il n'y a
pas... il n'y a aucune modalité qui permet de continuer le traitement des dossiers
qui étaient déjà dans le système. Ça a tout gelé d'un coup. Est-ce que je me
trompe?
M. Richard (Sébastien) : Non,
tout à fait. L'impact, il a été majeur au niveau aussi de la mobilisation de
cette main-d'œuvre-là qui fait partie de nos entreprises, hein? Pensez à ces
gens-là qui étaient en processus d'accueillir leur famille sous peu, avec eux,
et venir s'établir avec nous, mais la mobilisation de leur intérêt à les faire
sentir toujours bel et bien comme Québécois parmi nous. Parce qu'il n'y a rien
de plus permanent qu'un travailleur étranger temporaire, c'est devenu un
citoyen chez nous. Donc, dans cet enjeu-là, bien, les entrepreneurs, à bout de
bras, ont su garder leurs troupes motivées et ont pris les dossiers en main
pour essayer d'aider ces employés-là avec eux, ces collègues-là, à dénouer
certaines impasses. Dans certains cas, heureusement, il y a eu des
aboutissements positifs. Malheureusement, il y a eu des cas dans lesquels les
gens ont simplement décidé de retourner dans leur pays d'origine, ne voyant pas
d'avenir concret pour eux à long terme.
M. Morin : Et...
Mme Ratté (Louise) : Si je
peux ajouter pour le ministre de l'Éducation... Pardon.
M. Morin : Allez-y.
Mme Ratté (Louise) : Si je
peux ajouter — merci — en éducation, vous savez, la plupart
des élèves internationaux paient leur formation, investissent des milliers et
des milliers de dollars, quittent une ancienne vie. Moi, j'ai... j'ai des
couples qui... qui étaient... qui venaient de graduer, qui étaient à deux pas
de demander le PEQ, et qui ont acheté une maison ici en région, qui se sont
établis, qui ont des belles carrières. Et là, c'est suspendu. Ils ne savent
pas, ces gens-là. Est-ce qui pourra rester. Est-ce qu'ils devront vendre la
maison? C'est... c'est très, très, très problématique, autant le bec que le bec
travailleur, parce qu'on a des formations plus courtes que 1800 heures
dans des métiers où on a besoin de ces gens-là. Et là, on a commencé à voir des
gens repartir dans leur pays, on a commencé à voir.
M. Morin : Donc, ça, vous
avez commencé à voir ça, cette réalité-là. Je constate également qu'à la page
six vous soulignez que parmi les travailleurs étrangers temporaires, il y en a
qui ont pu faire venir leur famille dans... dans votre région. Quand on regarde
les différents scénarios, présentement, le seuil que le gouvernement du Québec
envoie Ottawa pour le traitement du regroupement familial, c'est environ
10 600 cas. Dans le scénario A, pour le regroupement familial, ça
tomberait à 5 800. Et pour l'immigration permanente, on parlerait d'un
niveau de 25 000. J'aimerais savoir, si ce scénario-là est retenu par le
gouvernement, quel serait l'impact dans votre région?
M. Richard (Sébastien) : Bien,
l'impact économique serait énorme au niveau du soutien des services qui sont
défaillants, actuellement. Donc, on les a nommés, hein, au préalable dans notre
rencontre. En ce moment, seulement pallier à nos industries est un défi de
taille. Vous savez, on a une des plus grandes capitalisations boursières
aurifères qui place ses dés actuellement en Abitibi-Témiscamingue ainsi que
dans le nord de l'Ontario. Leur intention est de pérenniser leur activité à
long terme en ayant des pratiques minières modernes qui permettent d'utiliser,
dans le fond, des installations à beaucoup plus long terme. Ces entreprises
majeures là engagent des milliers d'emplois directs et donc des milliers
d'emplois indirects, et ont besoin aussi, eux, de formateurs, d'infirmières,
de... de plein de postes de soutien autour de leur industrie. Ils ont des
salaires très, très, très attrayants. Donc, quand on arrive au niveau de
subvenir à des postes dans... dans des domaines de services plus traditionnels,
bien, on n'a pas ces familles-là qui viennent s'implanter avec nous pour venir
les soutenir, ces postes-là. Donc, «fly-in/fly-out»...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Merci beaucoup. Je dois vous arrêter. Mais il reste
encore un intervenant, le député de Laurier-Dorion, pour trois minutes
45 secondes.
• (20 heures) •
M. Fontecilla : Bonjour,
M.... M., dames.
J'aimerais continuer sur cette
thématique-là. D'après ce que je comprends, c'est qu'il y a non seulement
l'admission en termes de travailleurs étrangers temporaires, mais il y a la
question du passage vers la résidence permanente pour les travailleurs,
travailleuses et pour sa famille, qui est un facteur de... comment dire, de
rétention...
20 h (version non révisée)
M. Fontecilla : ...l'allongement
des délais. Parce que si on met un petit quota en termes de résidence
permanente, là, ça fait en sorte de... automatiquement de rallonger les délais
pour un certain nombre de familles, là. Est-ce que c'est un facteur... D'après
ce que je comprends, c'est un facteur d'éloignement, non pas de rétention, là.
M. Richard (Sébastien) : Tout
à fait. En réalité, ce que ça fait, ça vient un peu perturber nos nouveaux
concitoyens dans leur sentiment d'appartenance chez nous puis dans la
perception qu'ils ont d'établir leur vie. On... en Abitibi-Témiscamingue, mais
c'est au Québec, là, à la fin, là, que ces travailleurs-là vont contribuer.
Donc, oui, tout à fait.
M. Fontecilla : Vous êtes...
Votre mémoire, vous abordez, ce n'est pas tout le monde qui le fait, la
question des réfugiés, des demandeurs d'asile, là. Vous demandez davantage de
ressources. Et, ce que je comprends, c'est qu'il y a quand même un certain...
un certain nombre de demandeurs d'asile dans... dans votre région. Quelle est
la situation par rapport à ces personnes-là et leur intégration dans le milieu
local, là?
Mme Paquin-Lessard (Andréa) : Oui.
Donc, on n'avait pas pris position sur le... d'avoir plus ou moins de
demandeurs d'asile, là, au niveau du mémoire. L'Abitibi-Témiscamingue, on en a
parlé, avec notre éloignement, ça... c'est quand même une... une réalité
structurelle, cet éloignement-là, qui fait qu'on n'est pas superattrayants pour
les demandeurs d'asile. Toutefois, dans la dernière année, nous en avons de
plus en plus. Même... C'est même au niveau des frontières, à la douane, que les
gens se font référer directement : Allez en Abitibi-Témiscamingue, il y a
des bons emplois de qualité. Alors, on a commencé à recevoir des demandeurs d'asile.
On a... On a... Déjà là, demandeur d'asile, c'est l'étape un. Au niveau du
Programme de réfugié protégé par l'État, nous... nous ne faisons pas partie, l'Abitibi-Témiscamingue,
nous n'avons aucune ville qui fait partie des 14 villes reconnues au Québec
avec ces... ces programmes-là. Alors, on n'a déjà même pas l'étape subséquente,
qui est une fois que la personne a son statut de réfugié, alors de dire qu'on
serait une terre d'accueil pour un plus grand nombre de demandeurs d'asile, je
pense que... il faudrait revoir avant nos capacités à ce niveau-là. L'Abitibi-Témiscamingue,
par sa situation géographique, sa démographie, son économie, ce n'est pas fait
pour tout le monde, mais quand c'est fait pour les bonnes personnes, on est
vraiment bien. Et, pour nous, les demandeurs d'asile, ce n'est pas un bassin de
recrutement, là. C'est des gens en situation d'aide humanitaire très
vulnérable. Oui, ils ont des permis ouverts, alors, s'il y a des postes de
disponibles... Et puis, chez nous, là, on a 143 types d'emplois
déficitaires, 108 sur les 143, ce sont des postes qui demandent des
qualifications. Alors, c'est vraiment un enjeu qui est très structurel chez
nous. Alors, on est... Et précaire versus d'autres régions du Québec, là. Je
les ai tous écoutés aujourd'hui et dans... et dans les dernières semaines.
Alors, pour les demandeurs d'asile, on n'est pas la... la meilleure terre d'accueil.
Mais, si on voulait amener des gens chez nous parce qu'il y a des besoins, on a
vu, hein, il y a des... des autobus, qui ont été délégués à Chibougamau, de
demandeurs d'asile, là, pour aller chercher des emplois, ils ont tous trouvé
preneurs, si on souhaite aller vers cette avenue-là, ça va demander des
services pour soutenir. Parce que nos... nos... en ce moment, on a des agents d'intégration
et ils ne sont pas formés comme des agents d'intervention sociale, là. C'est
des gens avec des répercussions... avec des répercussions... des
post-traumatiques, bon, vous connaissez la... la réalité, là, donc ça demande
du soutien.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
Mme Paquin-Lessard (Andréa) : Voilà.
Ça demande du soutien. Et on cherche en ce moment ces programmes-là et on ne
les trouve pas pour former nos gens localement à cette nouvelle réalité là, qui
a pris de l'ampleur dans la dernière année, mais qui reste marginale.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Merci beaucoup. C'est ce qui met fin à votre passage
à la Commission des relations avec les citoyens. Je vous remercie, au nom de
tous les... les parlementaires, pour votre contribution, vous souhaite une
excellente fin de soirée.
Et je suspends quelques instants, le temps
de recevoir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 20 h 04)
(Reprise à 20 h 06)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Donc, nous recevons, pour les prochaines 45 minutes, les
professionnels de l'Université McGill, qui est représentée, donc, par la Pre
Angela Campbell, première vice-provost par intérim aux élèves et à la vie
étudiante, ainsi que le Pr Fabrice Labeau, vice-recteur, Administration et
finances. Madame, monsieur, bienvenue à la commission. Vous allez avoir donc un
10 minutes pour présenter l'essentiel de votre mémoire, les recommandations que
vous nous faites, et, par la suite, on va en discuter avec les parlementaires.
Alors, le temps est à vous.
Mme Campbell (Angela) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Distingués membres de la commission, mesdames,
messieurs, je suis vraiment ravi d'être avec vous aujourd'hui, au nom de
l'Université McGill, et d'avoir cette occasion d'échanger sur un sujet qui
touche aux fondements mêmes de la mission de notre institution et, ultimement,
à sa capacité à pleinement jouer son rôle au sein de la société québécoise.
Comme on a dit tout à l'heure, mon nom est Angela Campbell, et je suis la
première vice-provost par l'intérim aux études et vie étudiante à l'Université
McGill, et je suis accompagnée de mon collègue, le Pr Fabrice Labeau,
vice-recteur à l'Administration, aux finances.
Permettez-moi de commencer par reconnaître
une évidence : McGill est une université anglophone. Nous enseignons et
faisons de la recherche principalement en anglais. Cela fait partie de notre
identité institutionnelle. Le gouvernement reconnaît cette mission qui est la
nôtre, une mission d'enseignement, de recherche et de service à la société
québécoise, qui déplace... qui dépasse largement les questions linguistiques.
En tant qu'établissement d'enseignement supérieur, nous reconnaissons
pleinement l'immense avantage dont nous bénéficions grâce à notre présence au
sein de la société québécoise. Nous aspirons également à nous engager
activement auprès de cette société, et à la servir avec dévouement, et à en
célébrer sa richesse et sa diversité.
Dans ce contexte, nous savons aussi que
nous avons un rôle important à jouer dans l'accompagnement de nos étudiantes et
étudiants afin de développer leurs capacités en français. Nous en faisons déjà
beaucoup : cours et séminaires en français et programmes d'immersion,
partenariats avec d'autres universités francophones, formation entièrement en
français, en médecine, à notre campus de Gatineau, pour ne citer que ceux-là.
Et nous sommes déterminés à continuer nos efforts, et même, à en faire plus.
Depuis plus de deux siècles, McGill attire
et forme des talents qui participent activement au développement de la société
québécoise. Aujourd'hui, nous comptons près de 39 920 étudiantes et
étudiants, dont environ 11 150 venus de l'étranger, issus de plus de 150
pays. Ces personnes, qui sont d'un talent extraordinaire, ne viennent pas
seulement pour obtenir leur diplôme. Elles enrichissent nos salles de classe,
nos laboratoires et nos centres d'innovation. Elles permettent même, aux cycles
supérieurs, la poursuite des recherches d'importance. Il est important de
souligner qu'une grande proportion de nos étudiantes et de nos étudiants
internationaux sont aux cycles supérieurs. Ils participent alors à la recherche
de pointe, créent des liens durables avec le Québec et contribuent directement
à l'économie. D'ailleurs, je tiens à rappeler qu'en 2022 la présence des
étudiants internationaux a représenté une contribution directe de
3,8 milliards de dollars au PIB de la province. Ce n'est pas
rien.
• (20 h 10) •
Au-delà de leurs études, un grand nombre
d'étudiantes et d'étudiants internationaux choisissent de s'établir durablement
au Québec. Ils renforcent ainsi le bassin de talents hautement qualifiés...
Mme Campbell (Angela) : ...notre
économie a besoin. Selon Statistique Canada, dans les 10 dernières années,
ce sont 50 % des étudiants diplômés au cycle supérieur au Québec qui
deviennent ensuite résidents permanents. Ces personnes déjà intégrées dans
notre société sont en mesure de contribuer rapidement et efficacement au marché
du travail, en particulier dans les secteurs en tension comme les technologies
de pointe, la santé, le génie, la recherche et l'enseignement supérieur. Elles
participent aussi à l'essor de l'innovation et à la création d'entreprises,
tout en consolidant la vitalité culturelle, linguistique et sociale de nos
communautés.
Nous sommes convaincus que favoriser la
transition des diplômés internationaux vers la résidence permanente permet non
seulement de rentabiliser l'investissement collectif en matière de formation et
d'accueil, mais aussi d'assurer une continuité précieuse entre la recherche
menée dans nos universités et son application dans les milieux industriels,
institutionnels et communautaires. Ces trajectoires d'établissements
contribuent directement à la prospérité du Québec, à sa capacité d'adaptation
face aux pénuries de main-d'œuvre et à son ambition de se positionner comme une
société de savoirs compétitifs à l'échelle mondiale. Ainsi, comme certains de
nos consœurs et confrères du réseau, je tiens à le dire et à insister
grandement sur cela, il faut que ce soit compris à sa juste valeur. Les
étudiants internationaux mais aussi les chercheurs et les professeurs recrutés
à l'international sont essentiels pour y parvenir.
Il est aussi indispensable de faire le
constat suivant : l'immigration universitaire est aujourd'hui à un
tournant. En effet, si d'une part, elle est largement reconnue comme un moteur
de croissance pour le Québec sur le plan tant économique que scientifique et
démographique, les modalités... les mondialités qui encadrent... les modalités,
pardon, excusez-moi, qui l'encadrent tendent de plus en plus à se complexifier
et à se fragmenter. Et dans ce contexte, certaines mesures, souvent ponctuelles
et des fois peu coordonnées ont limité la capacité des universités à assumer
pleinement leur mission.
Le cadre réglementaire de l'immigration
universitaire est devenu au fil des dernières années instable, complexe et
parfois incohérent. Depuis la dernière planification pluriannuelle, de
nombreuses modifications ont été apportées aux programmes, aux seuils, aux
processus d'approbation et aux critères d'admissibilité au fédéral comme au
provincial. Le résultat est une surcharge de mesures, une instabilité chronique
et, disons-le franchement, un système difficile à suivre, même pour les experts
et les spécialistes.
On peut déjà en constater quelques
résultats. Depuis l'automne 2024, nous avons observé une baisse de
21,8 % des demandes d'admission internationales. Des candidats de haut
calibre renoncent à venir étudier ou enseigner au Québec, préférant d'autres
destinations perçues comme plus stables et plus accueillantes.
McGill souhaite contribuer à une
immigration universitaire alignée sur les priorités du Québec, une immigration
de qualité, intégrée, stratégique et résolument tournée vers la recherche, la
formation et l'innovation pour les décennies à venir. Pour cela, nous pensons
qu'il est nécessaire d'avoir une approche différenciée, prévisible et
équitable.
Encore une fois, j'insiste, car c'est
important, nous comprenons et partageons les objectifs du gouvernement,
notamment protéger la langue française, assurer une gestion responsable de
l'immigration, attirer et retenir les talents qui contribueront à l'avenir du
Québec. Comme je le disais, pour atteindre ces objectifs, il faut une approche
qui reconnaisse la diversité des réalités institutionnelles. Une approche
uniforme qui traite les établissements d'enseignement supérieur comme s'ils
avaient tous le même profil ne rend pas justice aux efforts rigoureux menés par
plusieurs d'entre elles.
En effet, à McGill, chaque candidature
internationale est évaluée avec beaucoup de soin. Nos critères d'admission sont
rigoureux et nos taux d'acceptation sont limités. Nous offrons un
accompagnement linguistique, social et académique qui favorise l'intégration et
la réussite académique. Ces efforts devraient être reconnus et soutenus.
Je passe la parole maintenant à mon
collègue le Pr Labeau.
M. Labeau (Fabrice) : Merci.
Nous souhaitons aussi aborder rapidement l'angle mort de l'immigration
universitaire, qui est la difficulté d'attirer, de rendre pérennes le
recrutement des professeurs, des chercheurs de haut calibre, et ça en dépit des
ambitions très élevées de notre gouvernement...
M. Labeau (Fabrice) : ...en
matière d'innovation scientifique, on parlera peut-être plus en détail du volet
quatre du programme PSTQ, qui est créé spécifiquement pour admettre des profils
d'exception qui, pour nous demanderait certains changements, y compris le fait
que le FRQ, par exemple, devrait évaluer les candidatures avant tout sur la
qualité scientifique en adoptant une interprétation plus souple du caractère
exceptionnel, de manière à inclure des chercheurs qui ne détiennent pas
forcément une chaire de recherche.
Puis aussi une autre... un autre
changement qui serait important, je pense, ce serait de prévoir un quota
suffisant de talents non-francophones ou non-francotropes dans le cadre du
volet quatre, puisque c'est le seul volet sans exigence linguistique formelle.
Dans ce contexte-là, on a formulé quatre recommandations dans notre... dans
notre mémoire, puis on pourra en discuter plus avant.
Mais peut-être, en conclusion, je voudrais
simplement vous donner quelques chiffres qui, à eux seuls, en disent plus long
que bien des discours. Parmi les 10 découvertes de l'année 2024,
honorées par Québec Sciences, huit ont été réalisées par des équipes dirigées
par des chercheurs issus de l'immigration ou enrichies par la contribution
d'étudiants venus d'ailleurs. Huit sur 10, ce n'est pas négligeable. Ce n'est
pas le fruit du hasard. Ça illustre avec éclat une vérité fondamentale, c'est
que l'immigration n'appauvrit pas nos universités ni le Québec, elle élève nos
universités, elle élève le Québec. Ses chercheurs, ses étudiants participent à
notre... à la vitalité de notre écosystème scientifique. Et, sans eux, notre
écosystème scientifique n'est plus le même.
On a aujourd'hui au Québec des universités
qui sont parmi les meilleures universités du monde, des institutions qui
forment, qui innovent, qui font rayonner notre société bien au-delà de nos
frontières.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
M. Labeau (Fabrice) : Et donc
malgré... malgré cette situation, je pense que dans l'état où on est
aujourd'hui, on risque de s'engager sur une voie qui nuit grandement à ce
système universitaire. Merci beaucoup de votre attention.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci pour cette présentation. Alors, on commence la
période de discussion avec les parlementaires, d'abord et avant tout, avec le
ministre pour une période de 16 minutes 30 secondes.
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. Merci pour votre présentation. J'ai une question concernant les
étudiants étrangers, le fameux programme PEQ diplômé et l'effectif étudiant à
McGill. Est-ce que cette année, pour la rentrée 2025, vous avez plus,
moins ou une stabilisation de votre effectif étudiants étrangers ou
internationaux par rapport à septembre 2024?
Mme Campbell (Angela) : Oui,
merci pour la question. On avait eu une baisse d'à peu près 4 %, en total,
et 6 %... On a vu une baisse de 6 % aux cycles supérieurs.
M. Roberge : Donc, il y a eu
une réduction cette année. Je ne parle pas des demandes, là, des formulaires,
des gens, mais les gens réels...
Mme Campbell (Angela) : Oui,
je comprends, les inscriptions, oui.
M. Roberge : ...des gens, là,
qui sont dans vos classes.
Mme Campbell (Angela) : Exact.
M. Roberge : Très bien, mais
pourtant à McGill, cette année, vous avez une stabilisation, une légère hausse
de l'effectif total, les chiffres que j'ai, c'est une hausse d'à peu près
1,4 %, donc 1,4 % au bac, 0,7 % à la maîtrise. Autant dire
que vous avez stabilisé. 0,6 % au doctorat. Donc, on entend souvent que
des étudiants étrangers contribuent, puis vous venez de l'exprimer de belle
manière, là, contribuent d'une très grande manière aux cycles supérieurs à la
recherche dans nos établissements universitaires. Mais malgré tout, cette
année, malgré une baisse, une légère baisse de l'effectif d'étudiants
étrangers, vous avez quand même une stabilisation à la maîtrise et au doctorat.
Est-ce que ce sont des étudiants québécois ou canadiens qui ont pris le relais?
Mme Campbell (Angela) : Les
deux, en fait. On a vu une augmentation des deux... des deux catégories
d'étudiants chez McGill.
M. Roberge : Qu'on se
comprenne bien, je n'ai pas l'intention de fermer les portes. Ce n'était pas
l'intention l'an passé, ce n'est pas l'intention, cette année non plus. Ce
qu'on souhaitait, là, c'était une forme de stabilisation de l'effectif
d'étudiants étrangers. On a vu une baisse, mais je voulais simplement vérifier
que les chiffres que j'ai ici, c'est que, malgré tout, vous, aux cycles
supérieurs, il n'y a pas eu de baisse au total pour cette année. Il y en a eu
dans d'autres institutions, mais pas partout, quand même. Parce qu'à l'échelle
du Québec, grosso modo, là, dans tout le Québec, on a une baisse de 1,6 %
à la maîtrise. Elle est là, il faut la nommer, mais une hausse de 2,2 % au
doctorat. Donc, cette...
Mme Campbell (Angela) : Oui,
c'est ça.
M. Roberge : ...cette année.
Donc, au total, même s'il y avait eu une légère baisse d'effectifs d'étudiants
étrangers, puis ce qu'on souhaite, enfin, ce qu'on travaille à avoir, un
nouveau décret en vertu de la loi 74, qui nous ramènerait, on le souhaite,
à l'effectif de septembre 2024, mais vous demandez un rétablissement du PEQ,
mais ancienne version...
M. Roberge : ...le PEQ d'avant
novembre 2024. Expliquez-moi pourquoi non seulement vous voulez ramener le PEQ
qui est suspendu en ce moment mais vous voulez ramenez la version antérieure du
Programme expérience québécoise diplômés. Pourquoi?
• (20 h 20) •
M. Labeau (Fabrice) : Bien
oui, peut-être, je peux rapidement vous donner une idée. Moi, je pense que pour
nos... les étudiants internationaux, ce qu'on espère faire tous ensemble, au
niveau du Québec, c'est attirer les étudiants internationaux qui vont pouvoir
venir avec un projet d'établissement au Québec. Donc, attirer les meilleurs
talents et potentiellement les retenir. Nous, ce qu'on demande, c'est plus une
version du PEQ qui est quelque part entre les deux versions antérieures, où on
comprend très bien la nécessité d'avoir... de démontrer des capacités en
français pour profiter du PEQ, mais, dans l'état actuel des choses, nos
étudiants qui sont diplômés d'un programme à McGill, qui peuvent parler français
autant qu'ils peuvent, n'ont pas accès au PEQ. Donc, c'est vraiment cette
attraction accélérée pour les étudiants qui veulent s'établir avec une maîtrise
du français au Québec qu'on aimerait rétablir pour les gens... nos étudiants
qui sont dans les programmes, dans les universités anglophones, que ce soit
McGill, Bishop's ou Concordia.
M. Roberge : Mais le nouveau
programme de sélection des travailleurs québécois volet 1, diplômé du Québec,
lui, rétablit cette voie d'accès pour vos diplômés qui maîtrisent la langue
française, n'est-ce pas?
M. Labeau (Fabrice) : Écoutez,
oui, mais je pense que la réalité, maintenant, si je comprends les adaptations
qui sont faites pour le PSTQ, volet 1, en particulier, dans ce cas-là, je pense
que c'est l'attractivité qu'on avait avec le PEQ qui est quelque chose qu'on a
perdu, qui a déjà eu ses effets en 2024. Maintenant, on a les effets des
nouvelles... des nouvelles mesures, en 2025, comme vous l'avez dit, qui a mené
à des diminutions.
De dnotre perspective, le PSTQ, ce n'est
pas un programme qui, pour l'instant, a une attractivité pour les étudiants. La
facilité du PEQ est vraiment quelque chose qui a très bien marché pendant des
années et des années, et c'est vraiment ça qu'on voudrait... qu'on voudrait
rétablir. Et le PSTQ, avec ses différents volets, forcément, rajoute des
niveaux de complication. Donc, je pense que d'un point de vue... Ce qu'on
demande, finalement, je comprends qu'on le met dans le cadre du PEQ, pour nous,
c'est un système qui est prévisible et attractif en même temps. Puis je pense
que, dans cette perspective-là, l'idée de faire une planification pluriannuelle
qui va introduire de la prévisibilité dans notre système, c'est vraiment
quelque chose qu'on apprécie beaucoup de la part du gouvernement.
M. Roberge : D'accord.On
souhaite, c'est sûr... on fait cette planification-là, notamment pour donner
une prévisibilité. On est conscients qu'il y a eu beaucoup de changements à
l'automne passé, 2024, on nous en parle beaucoup, là... Il y a des changements,
il y a des changements, mais il faut se dire que, depuis janvier 2025 jusqu'à
aujourd'hui, là, ça n'a pas été une pluie de changements, là, ça a été vraiment
à l'automne 2024 où il y en a eu pas mal. Là, je vous dirais qu'on est dans une
stabilisation.
On fait cette consultation puis, après ça,
on s'enligne pour les années à venir, mais je le rappelle quand même, le
précédent PEQ, effectivement, n'avait pas de critère du français. Le PEQ
actuel, qui est suspendu, l'avait, mais le PSTQ rétablit une voie... Je
comprends qu'il est tout nouveau, vous ne l'avez pas vendu encore, là, vous ne
l'avez pas mis en marché, expliqué, utilisé pour attirer des étudiants, mais je
soumets qu'il pourrait... il pourrait le faire.
À la page 9 de votre mémoire...
M. Labeau (Fabrice) : Bien...
M. Roberge : Oui, allez-y. Si
vous voulez réagir, allez-y, c'est votre moment.
M. Labeau (Fabrice) : Oui.
Non, je voulais simplement réagir là-dessus, c'est le... Je pense que les
changements qu'on a faits au fur et à mesure des années, puis le PEQ qui a
changé, le PEQ qui a été suspendu, c'est aussi un problème réputationnel pour
le Québec. Moi, je... Juste hier, j'ai rencontré un collègue qui est recteur
dans une université aussi... qui m'a dit : Aïe!... la première chose qu'il
me dit, c'est : Aïe! C'est bien difficile pour les étudiants de venir chez
nous maintenant, alors que les étudiants coréens, ce n'est pas... ce n'est pas
vraiment un gros groupe d'étudiants qui viennent étudier au Québec, mais je
pense que tous ces changements ont vraiment lancé un message négatif dans le
monde. Et c'est pour ça qu'on voit, au travers du Québec, des baisses des
demandes d'admission un peu partout.
M. Roberge : Et je répète que
ce qu'on souhaite, c'est des ajustements, là, dans les prochaines semaines,
puis une planification sur quatre ans qui va donner un horizon, là, de
prévisibilité à la fois pour les institutions et pour... et pour les étudiants.
À la page 9 de votre mémoire, vous
recommandez d'exempter des plafonds, je pense à notre loi n° 74, du décret
de gestion les demandes pour les étudiants étrangers qui...
M. Roberge : ...des études
universitaires. Donc, vous ne parlez pas des collèges ou de la formation
professionnelle, mais vous dites : Pour les universités, il ne faudrait
pas qu'il y ait de plafond. Ça m'étonne, quand même. J'ai entendu beaucoup de
personnes qui disent : Bien, écoutez, il ne faut pas enlever... il faut
protéger... il faut protéger les cycles supérieurs. Mais de dire «aucun
plafond», est-ce à dire qu'on n'avait pas assez de 120 000 étudiants
étrangers, qu'il en faudrait 125 000, 130 000, 140 000? Pas de
plafond... Ça finit où, pas de plafond?
M. Labeau (Fabrice) : Bien,
écoutez, moi, je...
Mme Campbell (Angela) : ...
M. Labeau (Fabrice) : Go
ahead. Vas-y, Angela.
Mme Campbell (Angela) : Vas-y,
Fabrice.
M. Labeau (Fabrice) : OK.
Le... On a quand même, à McGill, maintenu notre nombre d'étudiants
internationaux, puis je pense que ça fait partie de ce qu'on... ce qu'on essaie
de décrire comme étant le cadre d'une... d'institutions responsables en termes
d'immigration et d'accueil des étudiants internationaux. Nous, ça fait des
années qu'on a un nombre qui est relativement stable parce que c'est le...
c'est ce qu'on pense être la bonne quantité d'étudiants internationaux pour
nous. On fait ça de manière responsable, qui ne met pas une grosse pression sur
le système, d'une façon ou d'une autre. Donc, je pense que c'est ce genre de
choses là qu'on doit regarder pour le... pour le Québec. Mais c'est sûr qu'au
grand minimum on voudrait une exemption des étudiants des cycles supérieurs.
Mme Campbell (Angela) : Et
j'ajouterais aussi la question, aussi, des... la question des renouvellements
des CAQ, là, aux cycles supérieurs, et les renouvellements.
M. Roberge : Avec respect, je
vais vous soumettre que, s'il y a eu une certaine stabilisation à l'Université
McGill, c'est parce qu'il y a un gouvernement puis un ministre qui ont dit
qu'il ne faudrait pas qu'il y ait moins que 50 % d'étudiants québécois
parce que, sinon, je pense qu'on serait ailleurs aujourd'hui. Il y avait une
courbe ascendante, vertigineuse, puis, à un moment donné, on a dit : Bien
là, il faudrait avoir au moins 50 % d'étudiants québécois dans notre
institution montréalaise. Sans quoi, je ne sais pas où on serait rendus.
M. Labeau (Fabrice) : Oh!
mais je peux vous assurer que... je peux vous assurer que l'université a des
plans stratégiques depuis au moins 15 ans, avec une quantité d'étudiants
internationaux qui est censé osciller entre 25 % et 30 %. C'est dans
nos plans stratégiques. Ce n'est pas... ce n'est pas du tout. On n'a pas
d'idées de croissance vertigineuse, comme vous le...
Mme Campbell (Angela) :
Exactement. Et ça fait depuis 2017, notre dernier plan stratégique...
académique. C'est très clair, c'est dans un document public. Alors, on avait
une cible entre 25 % et 30 %, et la notion, c'était toujours d'avoir
une composition mixte d'étudiants, qui honorent la présence, au Québec, de
l'université, et aussi d'être une institution ouverte au monde entier.
M. Roberge : Ceci dit, vous
avez mentionné, en toute fin de votre intervention, quelque chose qui a été
mentionné par beaucoup d'autres institutions, c'est-à-dire, dans le cadre du
décret de notre nouvelle loi, là, pour... gérer, là, la demande, c'est d'avoir
une exemption pour les renouvellements, pour que les gens qui commencent un
parcours... Normalement, le fameux CAQ est bon pour l'ensemble du parcours,
mais, bon, il arrive toutes sortes de choses dans un parcours, qui dure
plusieurs années, puis certains ont eu... avaient besoin de renouveler leur CAQ
au milieu du parcours. C'était compté dans la banque générale. Je comprends que
vous joignez votre voix, notamment, au BCI, au réseau UQ, pour ne pas les
compter, ceux-là. C'est ce que je comprends. OK.
Mme Campbell (Angela) : 100 %,
oui.
M. Roberge : Dans votre
mémoire, vous n'abordez pas l'orientation 3, dans... planification,
c'est-à-dire viser une proportion générale de plus de 75 % de connaissance
du français dans les personnes immigrantes. Êtes-vous d'accord, en désaccord?
Pourquoi ce n'est pas du tout abordé?
Mme Campbell (Angela) : Actuellement,
nous sommes en train d'avoir des discussions très... avec un très grand focus
avec la ministre d'Enseignement supérieur, exactement sur cette question, et on
essaie vraiment, avec beaucoup, beaucoup de diligence, à arriver avec une
entente quant au niveau acceptable de français pour un certain pourcentage de
nos étudiants, ce qui sera faisable, et, en même temps, agressif, mais
réaliste, en même temps.
M. Roberge : Parce que c'est
un enjeu que nous a soulevé ou démontré le Commissaire à la langue française,
qui a creusé cette question-là. On a toujours eu puis on aura toujours, au
Québec, un respect de la communauté historique anglophone. On a nos
institutions anglophones, les écoles secondaires, primaires, cégeps,
universités — puis McGill, c'est le fer de lance du réseau anglophone — les
hôpitaux... Il n'y a rien... on ne remet pas ça en question, d'aucune manière,
là. C'est une évidence, mais je le nomme quand même, pour être certains.
• (20 h 30) •
Ceci dit, dans le réseau francophone, on
a... on a des cours anglais, dans des réseaux anglophones, on a des cours de
français, mais le Commissaire à la langue française nous a montré un tableau,
dans un de ses rapports récents, qui est quand même parlant, qui dit qu'il y a
une très grande...
20 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...proportion de
gens qui utilisent majoritairement l'anglais au travail lorsque leur dernier
diplôme est en anglais. Il y a une très, très forte corrélation entre le
dernier diplôme... peu importe que tu aies fait ton secondaire, même ton cégep
en français, si tu diplômes en anglais, tu as des bonnes chances de travailler
en anglais. Ce qu'on voit par exemple à la grandeur du Québec, les francophones
travaillent en anglais à 86 %, les allophones et anglophones travaillent
en anglais à 28 %, mais, quand on diplôme, par exemple, à McGill et qu'on
est francophone, on a seulement 54 % des chances de travailler en
français. Je le répète, on est francophone, mais, si on diplôme à McGill, on a
seulement 54 % des chances de travailler en français. On ne perd pas notre
français, donc on... on n'oublie pas le temps d'un bac, ou d'une maîtrise, ou d'un
doctorat, mais pourtant l'utilisation, l'immersion dans la communauté
anglophone, l'apprentissage de tous les termes techniques liés au travail font
qu'il y a une propension à l'utiliser ensuite dans le réseau, au travail. Puis,
a fortiori, les gens qui ne parleraient pas du tout français, les allophones et
anglophones, eux utilisent le français seulement à 16 %. On ne sera pas
surpris. Ils sont anglophones ou anglophones puis ils étudient en anglais. Ils
utilisent seulement le français à 16 %. Qu'est-ce que vous pouvez faire en
gardant votre caractère anglophone? Évidemment, on ne vous demande pas de vous
dénaturer, mais, pour améliorer ceci, pour améliorer la bilinguisation de la
formation que vous offrez puis que les gens qui sortent ne basculent pas de l'autre
côté... Alors, on sait que le français est menacé.
Mme Campbell (Angela) : Oui.
OK. Mais juste... Juste pour vous rassurer, on est avec vous. On partage cette
préoccupation. Et je pense que ça fait des années et des années qu'on fait
des... on offre des programmes de langue seconde ou même d'enseignement en
français, on a des programmes qui sont bilingues, mais en même temps nous
sommes prêts depuis quelques années à faire beaucoup plus et de vraiment s'engager
avec beaucoup, beaucoup d'énergie à augmenter le niveau et les capacités de
français de nos étudiants. On veut vraiment s'assurer que la grande part, la
majorité de nos étudiants, quand ils finissent leur diplôme, leur programme à
McGill, qu'ils seront prêts à travailler en français même s'ils partent du
Québec. Alors, ça, c'est un engagement qu'on a fait publiquement plusieurs
fois. Et on a vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup mis beaucoup d'énergie
là-dedans puis on est prêts à lancer là-dedans. Mais c'est à bâtir sur un
fondement qui existe déjà. Alors, ce n'est pas quelque chose complètement de
nouveau. On a beaucoup, beaucoup déjà fait, mais on est prêts à faire beaucoup
plus.
M. Labeau (Fabrice) : Et puis
moi, je vous rajouterais que chacun joue son rôle dans ce continuum, mais je me
rends bien compte que...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
.
M. Labeau (Fabrice) : ...ce
dont vous parlez, c'est ce qui se passe dans le domaine du travail. Nous, on a
des... des cours gratuits pour les étudiants des cycles supérieurs, par
exemple, en terminologie professionnelle française. On a instauré un même
programme pour nos étudiants en génie récemment. Donc...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
M. Labeau (Fabrice) : Nous,
on peut... on peut les aider à transitionner puis, après, le gouvernement peut
légiférer aussi... dans le milieu de travail.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
M. Roberge : Merci pour ces
efforts et merci pour votre présentation ce soir.
Une voix : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. On poursuit la discussion avec le député d'Acadie
pour 12 minutes 23 secondes.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bonsoir, Pre Campbell, Pr Labeau. Merci pour votre mémoire
et la discussion riche que nous avons jusqu'à maintenant, je vous remercie.
Dans votre mémoire, et M. le ministre a posé des questions là-dessus, vous
souhaitez réviser les règles d'accès au PEQ, mais le PEQ de 2024. Est-ce que c'est
parce que le PEQ avant sa suspension en 2025 n'était pas disponible pour vous?
M. Labeau (Fabrice) : Oui,
absolument. La question, c'était... Pour nous, c'est vraiment que nos
étudiants, même ceux qui sont... qui ont un niveau de français avancé se sont
fait refuser l'accès au PEQ dans sa... dans la dernière mouture avant sa
suspension. Et c'était un programme qui était particulièrement attractif parce
qu'il n'y avait pas besoin non plus d'expérience de travail pour y accéder.
Donc, c'était vraiment pour les étudiants qui ont un projet d'établissement au
Québec. C'était vraiment le continuum parfait...
M. Morin : Et pourquoi ils n'y
avaient pas accès?
M. Labeau (Fabrice) : Parce
que... explicitement, l'accès au PEQ a été fermé aux diplômés des universités
anglophones.
M. Morin : Et donc si, par
exemple, vous avez un étudiant ou une étudiante française qui vient faire un
doctorat à McGill, cette personne-là ne pouvait pas avoir accès au PEQ, même si
sa connaissance du français était, j'imagine, particulièrement bonne.
Mme Campbell (Angela) : C'est
ça.
M. Labeau (Fabrice) : Mais
c'est tout à fait ça. Puis je pense que le... pour reprendre le commentaire de
M. le ministre, il y a d'autres programmes qui existent, mais qui sont, en
fait, moins avantageux que le PEQ parce que la plupart des autres programmes
demandent une expérience de travail en plus du diplôme lui-même. Donc, le PEQ
était réellement un programme qui était très attractif pour retenir les
meilleurs talents.
M. Morin : Et, par la suite,
parce que M. le ministre parle beaucoup de ce nouveau programme qui est le
PSTQ, dans votre... et puis je vais avoir quelques questions pour vous en lien
avec le PSTQ, parce que vous en parlez dans votre mémoire à la page 10 et
vous soulignez effectivement une réalité que plusieurs universités vivent,
c'est-à-dire que dans... aux États-Unis on comprend qu'il y a des chercheurs,
des professeurs qui souhaiteraient faire de la recherche scientifique ailleurs,
et c'est difficile parfois de les recruter, je comprends que le volet 4 du
PSTQ pourrait répondre à ce... ce besoin de recruter à l'étranger, mais vous
semblez avoir des réserves ou, enfin, ça semble être difficile. Est-ce que vous
pouvez nous en dire plus?
Mme Campbell (Angela) : Vas-y,
Fabrice. Oh, tu es sur mute.
M. Labeau (Fabrice) : Excusez-moi.
M. Morin : Vous êtes en
sourdine. Voilà.
M. Labeau (Fabrice) : Je
crois que je suis... je suis de retour. Comme vous le disiez, la façon dont le
PSTQ volet 4 est maintenant défini, ce qui nous inquiète, c'est que le
concept de talent d'exception soit un petit peu trop restrictif et donc ça que
ça ne nous permette pas de faire venir tous les talents qui seraient... qui
seraient nécessaires. Donc, on aimerait bien qu'il y ait un peu de souplesse
dans l'application du concept de talent d'exception et que, malgré le fait
qu'il n'y ait pas de nécessité linguistique dans le programme tel qu'il est, ce
soit bien clair, et qu'on ait vraiment la possibilité de ne pas faire des
invitations qui sont juste basées sur des critères linguistiques. L'exemple des
ressortissants américains, moi, je pense, c'est un très bon exemple.
M. Morin : Très bien. Bon, le
PEQ, PEQ volet étudiants, bon, ça, c'est suspendu, on n'en parle plus. M. le
ministre, disait et faisait référence au PSTQ, mais volet 1 pour vos étudiants,
est-ce que vous avez eu la chance d'analyser le volet 1 du PSTQ? Est-ce
que c'est quelque chose qui répond à vos besoins?
M. Labeau (Fabrice) : Mais,
écoutez, le... comme on a essayé de le démontrer, l'immigration étudiante...
l'immigration universitaire, c'est quelque chose d'assez particulier. Là, en
l'occurrence, par rapport au PEQ, le PSTQ volet 1 demande de l'expérience du
travail... de travail, ce qui est quand même plus difficile aussi au niveau
étudiant. Donc, je pense que c'est un programme qui peut évoluer, mais
aujourd'hui, notre point de référence, c'est vraiment, pour les étudiants... le
PEQ était vraiment un programme qui marchait bien.
M. Morin : Bien. Je comprends
que vous souhaitez également, comme d'autres universités nous l'ont mentionné,
et c'est à la page 9 de votre mémoire, que vous souhaitez que les
étudiants des cycles supérieurs, maîtrise, le doctorat, finalement, soient hors
cible, est-ce que je me trompe?
Mme Campbell (Angela) : Non.
Vous avez raison.
M. Morin : Et jusqu'à
maintenant est-ce que vous avez un enjeu quant au recrutement pour vos
programmes d'études supérieures ou de recherche et est-ce que ça a eu un impact
sur vos... sur centres de recherche, programme de recherche?
• (20 h 40) •
Mme Campbell (Angela) : Absolument,
oui. On a vu cette année que même... même si c'est vrai qu'on a eu une baisse
qui est plus basse ou moins que les autres universités établissements
québécois, on a vu une baisse des demandes d'application... des demandes
d'admission parmi les cycles supérieurs surtout, mais même du premier cycle. Et
il y a des enjeux très importants pour... pour les questions de recherche dans
nos... nos programmes, surtout les programmes scientifiques. Juste, si je peux
vous citer un exemple...
Mme Campbell (Angela) : ...notre
programme en génie de mines et matériaux, on voit que c'est un programme qui
est reconnu mondialement, c'est... c'est classé troisième au monde dans ce
domaine, et ça fait une décennie que ce programme se classe dans le... le
top 10 mondial. Et actuellement, le département accueille une grande
majorité des étudiants à l'international. Cette année, dans... pour les
doctorants, on a eu 22 offres et un seul concernait un Canadien ou un...
un résident permanent. Alors, s'il y a des... des limites très restrictives et
si on lance un message, par la voie des... des restrictions dans nos politiques
d'immigration, que ce serait très difficile d'avoir une CAQ, que la... le
milieu dont les étudiants vont arriver lorsque, s'ils arrivent à avoir leur
CAQ, ne serait pas une société ou bien un... un environnement propice ou
accueillant pour eux, c'est sûr qu'on aura des enjeux très, très pointus dans
le genre de... de programmes que je viens tout juste de citer.
M. Morin : Et le programme
dont vous faites référence, vous avez souligné que c'est du génie minier.
Mme Campbell (Angela) : C'est
ça.
M. Morin : Exact. Et au
moment où on est tous évidemment à la recherche de minéraux critiques, on avait
la région de l'Abitibi précédemment qui nous parlait de... évidemment de leur
réalité avec les mines. C'est la même chose à la Baie-James. Donc, je comprends
que, dans ce programme-là, est-ce que vous avez un profil, après? Est-ce que
des étudiants diplômés voulaient rester ici, contribuer à l'essor, justement,
du développement minier au Québec ou s'ils repartaient vers l'étranger?
Mme Campbell (Angela) : Bien,
la source... la question spécifiquement à ce programme-là, on n'a pas ces
données devant nous, mais c'est quelque chose qu'on peut chercher, et ça nous
fera plaisir de vous fournir ces informations après ce soir.
M. Morin : Je vous remercie.
Merci beaucoup. À la page neuf, dans votre mémoire, vous... bien, il y a un
chapitre qui débute à la page huit. Ça s'appelle un environnement réglementaire
instable et contre-productif. Donc, pas de prévisibilité en immigration
présentement, ce qui vous cause des enjeux, j'en suis convaincu. Mais vous
dites à la page neuf : «Dans sa forme actuelle, le cadre réglementaire
semble parfois pénaliser les établissements qui s'engagent avec rigueur, tout
en n'incitant pas suffisamment la responsabilisation dans l'ensemble du réseau.
Sans réformes structurées fondées sur les principes de prévisibilité, de
transparence et de différenciation, le système québécois d'immigration universitaire
risque de se heurter à des enjeux de cohérence, d'efficacité et
d'acceptabilité.»
Quand vous parlez du cadre qui parfois
pénalise les établissements, et qui s'engage avec rigueur, pouvez-vous nous en
dire davantage? Qu'est-ce que vous avez en tête et quelles sont des mesures que
vous utilisez à McGill pour justement faire preuve de rigueur?
Mme Campbell (Angela) : Oui,
absolument. Donc, premièrement, ça fait des années qu'on a un... ou une
représentation des étudiants de l'international qui est pas mal stable. OK, ça
varie un peu, surtout durant les années COVID. On a vu une baisse puis ça a
remonté, mais c'est stable. Et il faut vraiment qu'on essaie de définir
clairement ce que nous attendons par un recrutement responsable. Pour nous, on
essaie vraiment de recruter des talents d'exception. Et ce n'est pas juste
n'importe qui qui vient de l'extérieur qui vont payer des frais des étudiants
internationaux qu'on aimerait avoir. On veut le talent d'exception et on essaie
de viser... et nos programmes et nos efforts de recrutement sur les étudiants
qui vont apporter des talents d'exception à chaque niveau et à chaque programme
de notre établissement.
En plus, lorsqu'on reçoit les demandes, on
a un processus très rigoureux et on pense vraiment qu'il faut avoir, et c'est
ça qui est expliqué dans notre mémoire, un processus qui est différencié. Le
réseau universitaire au Québec, c'est un réseau qui est hétérogène. Il y a des
établissements divers. Alors, avoir un processus qui mette de l'avant les institutions
qui ont des besoins spécifiques, des grandeurs qui facilitent l'accueil des
étudiants de l'international et aussi qui ont des processus rigoureux quant à
les demandes, qui sont les demandes d'admission qui viennent.
M. Morin : Dernière question,
on a... on a eu beaucoup de discussions avec l'impact de l'immigration sur le
logement ou la pression sur les logements. À McGill, est-ce que ça pose un
enjeu? Est-ce que vous avez assez de résidences universitaires?
Mme Campbell (Angela) : Bien,
notre programme...
Mme Campbell (Angela) : ...pour
chacun de nos étudiants de premier cycle, en première année, on fournit une
garantie d'un logement, qui est un logement universitaire. Alors, pour nous,
nous ne croyons pas du tout que nous sommes un contributeur à ce problème. On a
tous une crainte, quand... et c'est une préoccupation pour tout le monde, la
question d'habitation, mais on a... on est très à l'aise avec notre processus,
et nous avons encore confiance assez élevée que nous ne sommes pas une source
de contribution à ce problème social.
M. Morin : Alors, je vous
remercie. Merci, Mme la Présidente.
Mme Campbell (Angela) : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors on termine avec le député de Laurier-Dorion
pour 4 min 8 s.
M. Fontecilla : Merci.Bonjour,
mesdames, messieurs. Vous... vous postulez dans votre mémoire qu'il faut
favoriser la transition des diplômes internationaux vers la résidence
permanente. Donc, il y a comme deux... deux étages. Il y a tout d'abord le
permis d'étude et ensuite le passage vers la résidence permanente. Pas pour
tout le monde. Il y en a qui sont de passage, etc. Est-ce que vous considérez
que ces passages-là vers la résidence permanente est relativement, comment
dire, courts dans le temps, réalistes, ou il y a beaucoup d'obstacles, c'est
très long? Comment vous voyez cette question-là?
Mme Campbell (Angela) : Je
passe la parole à Pr Labeau.
M. Labeau (Fabrice) : Mais,
écoutez, le... je pense que ça revient un peu à la question qu'on se posait sur
les systèmes actuels. Le PEQ, c'était vraiment un programme qui nous aidait à
faire ça. C'était le programme qui passait de : Je fais des études, je
commence à travailler, je m'intègre, je m'installe. Et donc il y avait vraiment
un continuum. Ce continuum est un petit peu brisé maintenant avec la suspension
du PEQ et puis le fait que les... nos étudiants à nous n'y auraient... n'y
auraient plus accès de toute façon.
Les nouvelles... les nouvelles façons de
faire, y compris au travers du PSTQ, ça rajoute des difficultés, y compris une
expérience de travail. Donc, le continuum est brisé, et donc c'est beaucoup
plus compliqué, puis c'est vraiment difficile d'argumenter contre le fait que
ce genre d'immigration là, des étudiants qui étudient chez nous, qui sont
familiers avec notre société, qui sont qualifiés et qui s'installent chez nous,
ce n'est pas le genre d'immigrants qu'on voudrait au Québec.
M. Fontecilla : Donc, si je
comprends, si je comprends bien, les étudiants, étudiantes qui viennent...
internationaux, qui viennent étudier au Québec, dans le... en ce moment ne
peuvent pas avoir d'accès à la résidence permanente.
Mme Campbell (Angela) : Mais
ils peuvent, mais c'est beaucoup plus compliqué. Le processus est beaucoup
moins, comme... comme le Pr Labeau avait expliqué, c'est beaucoup moins simple
et direct maintenant qu'il était le cas avant avec le PEQ... le PIQ. Alors,
maintenant, il y a... ce n'est pas impossible de tout, mais c'est beaucoup...
il y a plus d'étapes et de démarches et c'est moins clair pour des étudiants
qui sont en train d'essayer de compléter leur diplôme ou leur programme et qui
veulent s'établir au Québec.
M. Fontecilla : Est-ce que
cela est de nature à décourager plusieurs?
Mme Campbell (Angela) : Bien,
on n'a pas... on n'a pas vraiment des données spécifiques, on n'a pas fait un
sondage, mais c'est sûr qu'avec tous les changements qui... qui insèrent une
instabilité, une incertitude et avec les changements qui ont eu lieu sur
certains... sur plusieurs niveaux, c'est sûr que ça offre un message, que ce ne
sera pas simple à passer à travers ces processus. Alors, on a... c'est vrai
qu'on n'a pas fait un sondage, mais ce qu'on attend et... on attend de plus du
côté de recrutement des étudiants et moins selon les étudiants qui terminent
leurs études et qui essaient ensuite de rester au Québec, mais on voit ça même
avec le recrutement des professeurs ou des chercheurs d'ailleurs, c'est très
difficile et ils se sont découragés même avant de commencer leur demande
d'application pour avoir la permission pour s'établir et pour travailler au
Québec. Et c'est... vraiment, ça devient question d'une perte de talents pour
le Québec.
M. Fontecilla : Très bien. Vous
postulez aussi à une approche différenciée et équitable. Je vous avoue que
j'aimerais mieux comprendre la... les deux notions différenciée, équitable. Et
est ce que c'est par rapport à d'autres universités, le même réseau
universitaire, deuxième, troisième cycle, etc., ou par rapport à d'autres
réseaux d'enseignement au Québec, là?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Rapidement.
• (20 h 50) •
Mme Campbell (Angela) : Je
dirais que c'est... Oui. C'est le premier des deux volets et ça revient à ce
que j'avais dit tantôt, c'est que notre... les universités au Québec, le réseau
universitaire, c'est un réseau divers. Les établissements, ce ne sont pas tous
les mêmes...
Mme Campbell (Angela) : ...le
but, c'est vraiment de faire rayonner le Québec par la voie des universités,
les collèges, les petits collèges, les universités se... même, et les
universités de différentes grandeurs, de différentes tailles ont des capacités
différentes à accueillir de façon responsable les étudiants qui viennent de
l'étranger.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Voilà, c'est ce qui termine cette audience. Merci beaucoup
d'avoir passé une partie de la soirée avec nous. Votre apport à nos travaux est
incommensurable. Alors, pour les membres de la commission, je suspends quelques
instants, le temps de recevoir le prochain groupe.
M. Labeau (Fabrice) : Merci
beaucoup.
Mme Campbell (Angela) : Merci
beaucoup. Bonne soirée.
(Suspension de la séance à 20 h 51)
(Reprise à 20 h 53)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Nous recevons donc la ville de Québec, représentée par M. Luc Monti,
qui en est son directeur général, ainsi que Mme Sylvie Roy, directrice...
directrice de section Service des loisirs, des sports et de la vie
communautaire. Alors, bienvenue à la Commission des relations avec les
citoyens. Vous avez 10 minutes pour présenter l'essentiel de votre
mémoire, les grands points d'intérêt que vous voulez nous faire part et, par la
suite, il va y avoir une discussion avec les parlementaires. Alors, les
10 prochaines minutes sont les vôtres.
M. Monty (Luc) : Mme la
Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, je me présente de nouveau,
Luc Monty, directeur général de la ville de Québec, et je vous présente
également la personne qui m'accompagne. Sylvie Roy, Mme Sylvie Roy, directrice
de la Division du développement social au Service des loisirs, sports et vie
communautaire à la ville.
Alors, je vous remercie de nous accueillir
et, d'entrée de jeu, nous souhaitons mentionner que la ville recommande au
gouvernement d'adopter une planification de l'immigration qui procurera à la
région de Québec un volume d'immigration suffisant pour assurer une croissance
démographique, laquelle permettra de faire face au vieillissement de la
population, d'assurer une croissance économique performante et de garantir un
développement suffisant pour soutenir le financement des services et des infrastructures
municipales.
Pour y arriver, à un niveau annuel
d'immigration assurant une moyenne de 13 000 immigrants par année est
nécessaire pour la région de Québec. C'est ce qui assurera... c'est ce qui
permettra, pardon, d'assurer à la région une croissance démographique
équivalente à 1,5 % par année afin de viser une croissance économique de
2 % par année.
D'abord, mentionnons la situation
démographique particulière de la région de Québec. La croissance démographique
est un levier essentiel pour le développement urbain. Elle soutient la
croissance de la population active pour assurer la vitalité économique et
sociale de la région...
M. Monty (Luc) : ...au cours
des dernières années, la région a pu se développer grâce à l'immigration.
L'immigration a aussi permis le ralentissement du vieillissement de la
population. L'arrivée des immigrants sur le marché du travail de Québec n'a pas
causé d'augmentation du taux de chômage, bien au contraire. Depuis 10 ans,
le taux de chômage de la région est demeuré sous le niveau de 5 %, et ce,
même si la part des immigrants dans la population active est passée de 6 %
en 2011 à 17,5 % en 2024. Ces nouveaux travailleurs ont donc plutôt joué
un rôle décisif dans le développement économique régional, tel qu'il apparaît au
tableau qu'il s'est présenté.
Ensuite, sur le plan économique, pour se
développer, Québec compte pouvoir continuer à accueillir davantage de personnes
tout en assurant d'offrir des services municipaux de qualité et une offre
suffisante de logements. La planification de l'immigration doit être
étroitement alignée pour répondre aux besoins de main-d'œuvre sur le marché du
travail et faire face aux défis du vieillissement de la population. Une
croissance démographique ralentie ou négative est susceptible de générer des
effets défavorables, entre autres en réduisant le bassin de personnes actives
disponibles pour soutenir ceux qui ne participent pas au marché du travail.
Dans un tel contexte, par exemple, un
effort accru serait exigé de la population active pour maintenir le niveau de
services équivalent pour l'ensemble des citoyens, dont ceux qui ont atteint
l'âge de la retraite. Alors, si rien n'est fait, le nombre de travailleurs pour
chaque personne de 65 ans et plus va continuer de diminuer et alourdir le
fardeau des travailleurs. Il est déjà prévu dans la région de Québec qu'entre
2024 et 2020... 2030 le nombre d'emplois pour chaque personne de 65 ans et
plus passe de 2,4 à 2,1 emplois, alors que ce ratio était de trois pour un
il y a 10 ans. Alors, un bassin de main-d'œuvre qui se rétrécit trop,
c'est une hausse de fardeau fiscal pour les citoyens. Ça veut dire une baisse
de l'assiette fiscale disponible pour l'ensemble, pour le financement des
services et des infrastructures. C'est également une pression à la hausse sur
la dette publique per capita. C'est pour cela qu'il faut éviter des solutions
qui créeront davantage de problèmes qu'elles n'en régleront.
À cet égard, la planification de
l'immigration 2026‑2029, prévue dans les scénarios déposés, ne se
réconcilie pas avec les objectifs de la ville. Il est raisonnable qu'une partie
de l'immigration permanente soit comblée par la transition des immigrants
temporaires déjà présents au Québec vers un statut permanent. Cela pourrait
éviter, dans certaines régions, des pressions additionnelles de ce groupe sur
la fourniture de services publics. Cependant, les scénarios proposés trop
drastiques auront pour effet d'annuler la croissance de la population pendant
au moins quatre ans.
Rappelons que la croissance économique
repose... principalement sur deux paliers... piliers, pardon, soit la
productivité des personnes qui sont déjà en emploi et l'augmentation de la
population. Alors, l'évolution historique de l'économie démontre qu'un scénario
d'immigration qui limiterait la croissance de la population réduirait d'autant
la performance globale de l'économie. Avec les scénarios proposés, la
croissance économique serait ralentie de 1 % par année à Québec, soit d'au
moins la moitié. Cela est incompatible avec le financement des services et des
infrastructures municipales.
• (21 heures) •
En voulant réduire les pressions de
l'immigration sur les services, la planification proposée risque de créer un
problème encore plus grand sur l'économie de la région. La ville croit plutôt
que la solution consiste à assurer une croissance continue et stable de la
population se situant à 1,5 % par année pour la région, afin de soutenir
la croissance économique. Ainsi, combinée à une hausse de productivité de
0,5 % par année, cela établirait la croissance économique à 2 % par
année pour la région. Les mesures déjà en place dans les... mises en place dans
les dernières années à Québec, notamment en matière de logement, nous indiquent
qu'une croissance démographique de 1,5 % par année est tout à fait
absorbable. Alors, la région de Québec dispose d'une capacité pour accueillir
davantage que sa part des 45 000 immigrants par année proposée par le
scénario...
21 h (version non révisée)
M. Monty (Luc) : ...un scénario
de référence.
Bien sûr, la question de la langue est
également incontournable. On sait... on le sait, Québec offre un milieu de vie
essentiellement francophone. Au dernier recensement de 2021, la connaissance de
la langue française chez les nouveaux arrivants à Québec était de 94,7 %
comparativement à 80 % pour l'ensemble des immigrants du Québec. Le
français est également... était également la langue la plus souvent utilisée à
la maison pour 70,1 % des immigrants permanents, comparativement à
45,7 % pour l'ensemble des immigrants du Québec. Alors, la ville demeure
vigilante quant à la pérennité du français et de l'usage... et de son usage, et
soutient financièrement des projets de francisation communautaire qui permettent
d'enrichir l'apprentissage du français en impliquant les communautés locales.
Les partenaires locaux et régionaux sont
également très impliqués dans l'accueil et la rétention des immigrants à
Québec. La ville collabore étroitement avec eux pour mettre en place des
conditions d'accueil et de rétention favorables. Par ailleurs, Québec a pu
aussi profiter de l'évolution migratoire des dernières années pour contribuer
avec les organismes à renforcer la structure d'accueil et développer des
expertises éprouvées en matière d'intégration des nouveaux arrivants. Pour ce
faire, le financement des organismes d'accueil devrait également être maintenu,
voire bonifié pour soutenir l'offre de services existante et permettre l'extension
des services à l'ensemble du territoire.
Alors, sur ce, en conclusion, en regard
des orientations proposées par le gouvernement, la Ville de Québec se proprose...
se prononce prioritairement sur sur l'orientation n° 2 qui vise à diminuer
les niveaux d'immigration permanente, et à ce sujet, la ville recommande, comme
je l'ai indiqué, un niveau annuel d'immigration assurant en moyenne 13 000 immigrants
par année pour la région. Ce scénario, nous semble-t-il, est compatible avec
une réduction graduelle de la pression exercée par les résidents non permanents.
Et enfin, la ville ne peut s'empêcher de soulever qu'aucun des scénarios
envisagés ne permettra de maintenir la part de la population du Québec dans le
Canada, ce qui n'est pas sans poser d'autres risques pour l'avenir. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup pour cette présentation. Alors, M. le
ministre, la parole est à vous pour 16 min 30 s.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation. Bienvenue à l'Assemblée nationale. J'étais
content de voir que sur les six orientations déposées dans le cahier de
consultation, vous étiez d'accord avec cinq. La première sur l'immigration
temporaire, autant les seuils du Québec les seuils d'Ottawa, nos
revendications. Après ça, 75 % de connaissance du français, 63 % à
65 % des gens qui sont présents au Québec, qui basculent, si j'ose dire, de
la résidence temporaire permanente, au moins 60 % d'économiques, et s'assurer
que pour les réfugiés demandeurs d'asile, bien, on commence par donner la
résidence permanente, la citoyenneté aux gens qui sont déjà ici, qui sont en
attente, plutôt que d'en faire venir d'autres. Discutons par contre des taux
maintenant d'immigration. Maintenant qu'on a vu ce sur quoi on s'entend à
merveille, on va essayer de comprendre le fameux chiffre de 13 000 qui revient
vraiment dans votre mémoire que vous avez présenté, je veux juste comprendre de
qui on parle exactement, de combien de personnes. Quand vous dites 13 000, j'ai
vu les mots «apport moyen net» de 13 000 immigrants par année dans la RMR
de Québec. Est-ce qu'on en parle ici quand on dit «l'apport moyen net», c'est
13 000 nouvelles personnes qui arriveraient par année des nouvelles
personnes, où on pense là-dedans, par exemple, on pourrait donner la résidence
permanente et la citoyenneté à des étudiants qui sont déjà ici, des gens du
programme mobilité internationale, demandeurs d'asile sur le territoire, est-ce
que... lequel des deux des scénarios?
M. Monty (Luc) : Le 13 000
est net dans le sens que ça inclut des... c'est net, des... des temporaires qui
sont régularisés ou qui sont... donc qui ont fait... qui font une transition
vers la permanence, c'est-à-dire que si vous avez... on pourrait penser qu'on a
18 000 immigrants dans la région de Québec, il y en a cinq qui sont
qui... sont déjà là et qui ont un statut temporaire...
M. Monty (Luc) : ...5 000
qui sont déjà là, ils ont le statut temporaire, qui pourraient être... passer à
statut de permanent, mais ils sont déjà là. Ils n'ajoutent pas la croissance
économique, ils sont déjà là. Donc, il en reste 13 000 nouveaux qui
ont des... qui sont qualifiés, qui viennent s'introduire dans le marché du travail
puis bonifier la population active pour répondre aux besoins et à la croissance
de l'économie.
Sinon, il va se passer ce qu'il y a au
tableau, ce qui a été simulé d'après les scénarios qui sont... qui ont été
déposés dans le document de consultation. L'ISQ a présenté ce que ça
constituait pour la région de Québec. Alors, vous avez l'accroissement naturel.
Puis ça a été bien fait, très bien fait. Je pense, l'ISQ a bien fait son
travail pour refléter les scénarios déposés. Ce qu'on voit, c'est que dans la
région de Québec, à partir de 2026, la première colonne, c'est une
décroissance. L'accroissement naturel est négatif, la population baisse malgré
tous les efforts qu'on a fait pour... au Québec, je pense au Canada, pour
encourager une meilleure natalité. Bien là, présentement, dans les prochaines
années, c'est un recul de la population.
Il est proposé qu'on ait une part de
45 000 immigrants, ce qui nous donnerait 7 000, mais on doit
déduire de ça 5 000 qui serait, justement, la proportion des temporaires
qui devaient... qui seraient en transition vers les permanents, ce qui nous
laisserait, à Québec, 2 000 immigrants... entre 1 000 et
2 000 d'immigration nette pour les deux prochaines années. Alors donc, une
croissance de population au global, au mieux autour de 0,4 % et
0,3 %.
Alors, sachant que la productivité
augmente de 0,5 % par année, l'ajout de la démographie et de la
productivité nous donnerait... va nous donner une croissance assurément
nettement inférieure à 1 % pour quatre ans. C'est un enjeu très important
et c'est encore pire pour l'ensemble du Québec, mais c'est qu'on... c'est quand
même très important. Vous êtes peut-être le ministre de l'Économie qui a le
rôle le plus important sur l'économie au cours des prochaines années par votre
pouvoir déterminer ce qui est la... la croissance de la population puis la
croissance économique.
M. Roberge : Merci. Bien, on
a clarifié, donc c'est 13. Mais c'est très bien, votre réponse, très détaillée.
Donc, c'est 13 000 nouvelles personnes. S'il y a des étudiants
étrangers qui diplôment, qui deviennent des résidents permanents, vous ne les
comptez pas là-dedans, les travailleurs étrangers qui peuvent basculer, vous ne
les comptez pas. 13 000 nouvelles personnes.
Vous avez raison de dire que c'est important
les décisions qu'on va prendre ensemble comme gouvernement. Jumeler les
immigrations , moi, je prends... c'est des décisions gouvernementales. La
planification pluriannuelle de l'immigration, ce n'est pas le ministre qui peut
la faire tout seul, ça a des impacts trop grands en matière d'occupation du
territoire, en matière de... écoutez, de langue française, quoique ça, je m'en
occupe, en matière... en matière d'enseignement supérieur, d'éducation,
d'économie, écoutez, ça concerne vraiment tout le monde.
Mais là, maintenant que je comprends que
vous voulez ajouter 13 000 personnes, 13 000 humains de
plus dans la RMR par année, je vais me dire mais vous allez y mettre où? Parce
que le taux d'inoccupation des logements dans la RMR, à ce que je comprends, il
est autour de 0,9 %, bien en bas de la cible de marché équilibré à
3 %. Ça fait qu'on n'est déjà pas un marché équilibré. Puis je ne dis pas
que c'est la faute aux immigrants la situation actuelle, je dis juste
considérant la pénurie actuelle, comment on fait pour ajouter
13 000 personnes de plus à chaque année? Je sais bien qu'on bâtit,
mais quand même, 13 000 cette année, 26 000 l'année d'après,
33 000 l'année d'après, vous allez mettre ça où?
• (21 h 10) •
M. Monty (Luc) : Mais notre
part à Québec, par exemple, du 13 000, c'est à peu près 8 000, hein,
parce que la... à Québec, je parle pour la ville de Québec, ici, on a pris les
données de la région parce que c'est... ce sont celles qui sont prévisibles et
qui sont... Mais quand je rapporte ça à la ville de Québec, c'est deux tiers,
c'est à peu près 7 000, 8 000 personnes. Puis, dans chaque
logement, il peut y avoir autour de deux personnes. Ça veut dire qu'on en est
capables. Puis présentement, le plan, cette année, on va... on va construire au
moins 5 000 logements à Québec parce qu'on a... Et c'est ça le plan,
on prévoit quatre... on vise à construire 80 000 logements d'ici
15 ans qui va permettre de non seulement faire face à... au taux de... au
faible taux de vacance...
M. Monty (Luc) : ...logement
et de rencontrer une croissance de la population de l'ordre de 1,5 %. Puis
c'est... c'est important parce que, ne... pensez que l'économie va se... ne
croître qu'avec la productivité, c'est théorique. Dans la pratique, on n'a
jamais vécu ça, dans les 50 dernières années. On fait face pour la
première fois à une... un... un recul de l'accroissement naturel de la
population puis on pense qu'on peut... on peut se retourner et changer toute...
l'approche de développement des entreprises en disant : Il n'y a plus de
volume, ce n'est pas grave, soyons plus productifs. Ça ne peut pas se passer
comme ça.
Nous autres, la ville, on a eu recours à
des travailleurs étrangers. On est allés en chercher, des mécaniciens en
Tunisie, des informaticiens au Brésil. On les intègre. Ça prend du temps.
Alors... la proposition qui est sur la table, les scénarios sont corrects mais
sont beaucoup trop rapides pour la capacité d'absorption de l'économie. C'est
tout simplement ça. Si le scénario de résorption du... du nombre de
non-temporaires... non-permanents était plus graduel, vous pourriez permettre à
l'économie de s'ajuster plus graduellement au besoin de main-d'œuvre. Là, ça va
être... c'est trop drastique.
M. Roberge : Mais vous dites
que, bon, ça construit beaucoup à Québec. Fort bien. Mais les dernières années
ont été pénibles pour les locataires, là. Québec figure au cinquième rang, à la
grandeur du Canada, pour l'augmentation du coût de loyer, là. De 2019 à 2025,
on est passés de 840 $ comme coût moyen de logement à deux chambres à
1 470 $, c'est une augmentation de 75 %, au cinquième rang au
Canada, au Canada. On ne peut pas poursuivre sur... sur cette voie-là. Donc, il
faut construire, puis il faut construire plus abordable. De 2016...
M. Monty (Luc) : On a
encore... On a encore les maisons les moins chères au Canada parmi les grands
centres, puis on a encore les loyers les moins chers. C'est pour ça qu'on
construit. Il ne faut pas baisser les bras. Parce que là, ce qu'on dit,
c'est : On n'est pas capables de livrer des services publics, on n'est pas
capables d'accueillir de la population, donc figeons, figeons la croissance,
puis on pense que ça va aller mieux. Je ne sais pas comment est-ce qu'on va
faire pour balancer au plan des finances publiques.
M. Roberge : Non, mais ce
n'est pas ce qu'on dit. Non, mais c'est... ce n'est pas ce qu'on dit.
M. Monty (Luc) : Parce que
la... la croissance de l'assiette fiscale, c'est important. Non, mais c'est
vraiment important, là.
M. Roberge : Bien, je sais
que c'est important, c'est pour ça qu'on en parle. Mais ce n'est pas ce qu'on
dit. Je dis juste qu'il y a un... il y a un enjeu d'abordabilité pour le
logement, que la croissance des coûts des loyers à Québec, en tout cas, les
cinq dernières années, il ne faudrait pas que ce soit équivalent aux cinq
prochaines. Il faut... Il faut faire quelque chose. Et je comprends qu'il faut
construire des... des logements, mais en ce moment, j'ai... j'ai de la misère à
voir qu'on va y arriver aussi rapidement que vous le... vous le souhaitez, même
si... même si je le souhaite.
Puis après, l'autre question, c'est...
comment on va loger ces gens-là. Vous dites : On construit. Très bien.
Comment on va scolariser les enfants de toutes ces personnes-là? Il faut faire
venir des éducateurs, des éducatrices, il faut faire venir des enseignants et
des enseignantes. Fort bien. Mais disons qu'en ce moment, au moment où on se
parle, on manque de locaux de classes, on construit des modulaires, on empiète
sur les cours d'école. Puis, dans ces locaux modulaires où on accueille des
élèves, on a ce qu'on appelle des adultes dans la classe, mais des enseignants
qui sont non légalement qualifiés. Il est arrivé 18 000 enfants de
résidents non permanents dans les 18 derniers mois, 1 000 par mois. À
un moment donné, il me semble qu'il faut reprendre le contrôle.
Vous m'avez dit : C'est un enjeu sur
les finances publiques si on n'a pas un accroissement économique. 100 %
d'accord, il faut... Il faut de la croissance économique, on est certains de
ça. Il y a des gens qui sont venus nous dire que l'augmentation de la
production puis l'augmentation de la productivité, c'étaient deux choses. Il y
a des gens qui sont... des économistes qui sont venus nous dire que le PIB
global puis le PIB par habitant, c'étaient deux choses. Ça, c'est en termes
économiques. Mais, admettons, je me mets à la place du ministre de l'Éducation
puis je vous dis : Je n'ai plus de places pour mes classes de
francisation, je n'ai plus de places pour mes classes d'accueil, il faut que je
ferme des classes de maternelles quatre ans, est-ce qu'il faut considérer ça
aussi dans la capacité d'accueil? Parce que... ce que j'entends de vous, c'est
que le logement n'est pas un enjeu...
M. Monty (Luc) : ...c'est
gérable, c'est gérable. Puis, oui, les services, c'est important. Maintenant,
les situations ne sont pas égales dans toutes les régions. Puis ça... c'est ce
qu'on vient dire ici. Pour la région de Québec, il y a une certaine capacité
qui est encore existante, qui permet une transition plus graduelle, puis ça
devrait être pris en compte. La situation de crise, si c'en est une critique,
elle n'est pas égale partout. Alors, à Québec, on pense qu'il y a encore une
certaine capacité. Je pense qu'il y a des groupes qui sont venus ici dire que,
même en matière de gestion de l'immigration au Québec, oui, il y a des
pressions, mais ça se gère. Alors, nous, ce qu'on vous indique, c'est qu'il y
a... il y a peut-être lieu de... de tenir compte de la situation de Québec qui
peut avoir une... une certaine capacité pour en prendre peut-être plus qu'à
certains autres endroits.
Puis, quand je... on parle de 1,2 %,
1,5 % de la... de la croissance de population, là, ce n'est pas majeur,
là. Si le Québec n'est pas capable de gérer une croissance de 1 % de sa
population, alors qu'on voit que, dans les 10 dernières années, Québec, on
était quand même la plus faible à 1,2, nous, on propose 1,5 pour le futur, on
est on est ambitieux, mais 1,5 dans... partout ailleurs au Canada, c'était plus
que ça. Ça ne veut pas dire que c'est ça qu'on veut, mais ce n'est pas
déraisonnable. Puis, si à 1 %, on dit : On n'est pas capable de
donner le service public, c'est quand même préoccupant... Je comprends. Puis
c'est parce que la croissance économique a comme préséance même... Le capital
humain, pour le futur, c'est encore plus important que le reste. Ça s'ajoute
aux problématiques de finances, de santé, d'éducation, etc. Mais, en termes...
on ne peut pas négliger la population, la croissance de la population puis son
bien-être puis la force d'une population à cause des difficultés des services
publics.
Parce que les difficultés qu'on peut avoir
à fournir des services publics sont temporaires. Le fait qu'on néglige la
croissance de population, en ayant une population qui est bien éduquée, bien,
qui est... qui a une capacité de développer l'économie, c'est structurel puis
ça devrait avoir préséance sur les difficultés temporaires qu'on peut avoir en
matière de finances publiques. Ce que je veux dire, c'est qu'on est peut-être
mieux de faire des plus gros déficits à court terme pour soutenir l'éducation
et les services à la population, puis faire croître notre population de façon
solide, de façon à pouvoir croître dans l'avenir, que de dire : Arrêtons
la croissance, arrêtons l'immigration, le temps que les services sur place... À
mon sens, ce n'est pas une bonne voie, mais c'est un débat très important.
C'est pour ça qu'on souhaitait... Parce
qu'à la base même la présence d'une population, ça va amener des revenus pour
tout le monde, pour le gouvernement, pour les villes. Ça va nous permettre
d'investir puis là de se renflouer. Les déficits, c'est temporaire, ça doit se
résorber, mais suspendre la croissance de la population pendant quatre ans, ça a
des effets structurels, à mon sens, très importants.
M. Roberge : Oui. Je ne vous
ai pas parlé de déficit des finances publiques, je vous ai parlé de la
difficulté d'enjeux de servir tous les gens en mentionnant qu'en faisant venir
des gens justement qui servent, on est capable. Je suis partisan d'une
meilleure sélection de personnes qui viennent répondre à des besoins très, très
précis et dans la fourchette supérieure en termes de compétence, de salaire. Je
vous remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Merci, M. le ministre. Merci beaucoup. On poursuit
la discussion avec le député d'Acadie pour 12 min 23 s.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bonsoir, M. Montier, Mme Roy. Merci d'être avec nous. Merci pour
votre mémoire. À la page 24, on a l'ensemble des orientations du cahier de
consultation et votre positionnement, vos recommandations. À l'orientation 1,
«réduire progressivement le nombre de personnes résidentes non permanentes au
Québec», vous dites que vous êtes d'accord sur le principe d'une baisse
progressive...
M. Morin : ...du nombre de
personnes résidentes non permanentes. Toutefois, cette baisse ne devrait pas
être atteinte au détriment du solde migratoire international, qui doit permettre
une hausse continue et stable de la population.»
• (21 h 20) •
Donc, si... je vous ai écoutés
attentivement, si je comprends bien votre position, c'est qu'au fond vous dites
qu'avec l'apport de l'immigration... si j'ai mal compris, corrigez-moi, là,
l'apport de l'immigration est important parce que ça va maintenir, finalement,
la population de Québec, mais vous êtes en accord pour réduire le nombre de
personnes résidentes non permanentes, mais qui, par ailleurs, ne devrait pas
avoir un impact sur le nombre total d'immigrants qui vont pouvoir arriver.
Est-ce que je vous ai bien compris?
M. Monty (Luc) : Oui...
enfin, oui, il faut réduire le nombre de... on est d'accord avec le fait qu'il
faille réduire le nombre de résidents non permanents, mais pas au détriment
d'une immigration nette qui serait trop petite. Donc, l'exemple que vous avez,
ce qui est prévu dans le scénario actuel, pour le scénario de référence,
c'est : par exemple, en 2026, la deuxième colonne, il y aurait un total
d'immigration, pour la région de Québec, de 7 400, mais il serait réduit
de 5 000 en rendant des gens non permanents permanents, donc le net
serait... l'apport net de nouvelles personnes dans la région de Québec serait
de 1 900, quatrième colonne, donc, ce qui est... qui est une forte
diminution. Parce que, dans la mesure où les gens qui sont non permanents qui
deviennent permanents sont déjà ici, ça n'ajoute rien à l'économie.
M. Morin : C'est ça, donc...
M. Monty (Luc) : Alors, par
exemple, à la ville de Québec, j'ai indiqué tantôt, on a fait venir des
Tunisiens, des... en mécanique parce qu'il n'y avait presque plus de
mécaniciens disponibles dans la région de Québec, à moins de payer des prix
de... très, très élevés. Même dans le privé, on se faisait voler, à la ville de
Québec, nos mécaniciens. On avait eu besoin, il y a quelques années aussi,
d'aller chercher des informaticiens, il n'y en avait presque plus. Là, ils sont
temporaires.
Si, aujourd'hui, on dit : On rend ces
gens-là permanents, parfait, on est... on est d'accord avec ça, prenez-en
compte dans le total d'immigration, mais ça n'ajoute rien à l'économie, là. Je
n'en ai pas d'autres, on n'en a pas d'autres pour faire rouler le bassin de
main-d'oeuvre, faire augmenter le bassin de main-d'oeuvre.
Donc, avec les scénarios actuels, par
exemple en 2026, la variation totale de la population à Québec serait ramenée à
3 000, alors qu'elle a été le double puis le triple depuis plusieurs
années. Ça a un impact très important sur l'assiette, le volume, puis le
volume, c'est important pour la croissance de l'économie. Ça ajoute des
dollars. Ces gens-là travaillent. Alors, c'est vrai que certains économistes...
M. Fortin dit : Ce n'est pas grave pour un temps, mais ça a quand même un
impact. Puis ce que l'on propose, c'est que le... ce mécanisme-là soit appliqué
de façon plus graduelle puis qu'on en tienne compte davantage dans les seuils
d'immigration. C'est-à-dire que le niveau de 45 000 nous amène là, on
pense qu'il devrait être plus élevé pour qu'à Québec, à tout le moins, le
nombre total d'immigration nette soit plus élevé puis que la croissance se
poursuive, tout en faisant face aux besoins de logement, etc.
M. Morin : Et je... Donc, je
comprends que... parce qu'on a... on a plusieurs travailleurs temporaires
étrangers présentement sur le territoire. Il y en a dans la ville de Québec.
Les mécaniciens dont vous aviez de besoin, que vous êtes allés chercher en
Tunisie, si j'ai bien compris, au départ ils sont arrivés comme travailleurs
temporaires étrangers ou ils sont rentrés dans un programme où ils ont pu avoir
la permanence rapidement? Comment vous avez procédé?
M. Monty (Luc) : Bien, ils
sont encore temporaires, ils sont entrés dans le programme du TET.
M. Morin : OK, donc c'est
encore des temporaires.
M. Monty (Luc) : Oui.
M. Morin : OK. Puis il y en a
ça fait plusieurs années qu'ils sont là?
M. Monty (Luc) : Ça fait un
an et demi, deux ans.
M. Morin : OK. Puis là, bien,
les permis sont renouvelés, puis là on comprend que c'est un peu plus compliqué
parce qu'il manque de prévisibilité dans le système, là, ça, on a... on en a...
on nous en a parlé beaucoup.
M. Monty (Luc) : Mais,
évidemment, c'est des... c'est des succès, là, c'est... en termes de qualité,
fiabilité. Ces gens-là, les gens de la ville se sont beaucoup investis pour
les...
M. Monty (Luc) : ...s'intégrer.
Alors, c'est vraiment exceptionnel, ce qu'on fait, là. C'est ce qui est fait au
Québec pour accueillir ces personnes-là. On souhaite vraiment qu'ils soient
permanents sinon, toute l'énergie qui ont été... qui a été investie pour les...
pour les faire venir et les intégrer serait perdue. Alors... puis ça, ce n'est
pas seulement notre témoignage, mais, même dans les services publics, on vit
ça, puis ça fonctionne bien. Alors ce qu'on dit, c'est : Parfait,
rendons-les permanents. Maintenant, il ne faut pas empêcher d'autres d'arriver
avec les qualifications requises. Puis, comme M. le ministre l'a indiqué, on
devrait aller vers ça, s'assurer que les gens entrent et qu'ils soient
qualifiés puis que, pour un temps, les clientèles d'immigration, évidemment,
qui donnent des... pour lesquelles il faut... qui exercent plus de pression sur
les services publics, bien là, il faut un peu ralentir la cadence.
M. Morin : Et je comprends. Maintenant,
présentement, le programme PEQ est suspendu, donc, ce n'est pas une voie que
vous pouvez utiliser ou que vous pouvez suggérer à vos travailleurs temporaires
qui deviennent permanents. Je comprends, et M. le ministre en parlait que le
PSTQ est un programme présentement en vigueur. Est-ce que c'est quelque chose
que vous avez exploré? Est-ce que c'est accessible pour vos travailleurs?
Est-ce que ça vous aide ou s'ils vont rester temporaires pendant encore des années?
M. Monty (Luc) : Mais ils
vont prendre des dispositions pour essayer d'avoir leur permanence.
M. Morin : Leur permanence.
Présentement, au Québec, et ça, on l'a vu, il y a 142 000 personnes
au Québec, qui sont en attente de leur citoyenneté, éventuellement, ils ont eu
leur CSQ, certificat de sélection Québec, mais ils sont en attente. Avec les
scénarios qui sont proposés par le gouvernement 2a, 2b et 2c, 2c, c'est un peu
moins pire, mais 2a, c'est 25 000; 2b, c'est 35 000. Si vous voulez,
en plus, que certains de vos temporaires deviennent permanents, ça va prendre
combien de temps, puis comment on va y arriver si le gouvernement retenait le
scénario 2a, ce serait 25 000 permanents par année pour l'ensemble du
Québec? Puis quel va être l'impact chez vous?
M. Monty (Luc) : Bien,
l'impact serait encore plus important. Nous, évidemment, on soutient plus, au
minimum,45 000 puis même supérieurs. Pour avoir 13 000 dans la région
Québec, il faudrait que l'ensemble du Québec, il faudrait avoir, au moins, plus
que notre proportion... actuelle. Actuellement, la région de Québec a à peu
près 17 % de l'immigration québécoise, on pourrait accepter d'avoir une
plus grande proportion, même si le seuil québécois n'est pas pas plus élevé,
sinon, avec la même proportion, il faudrait que le seuil de 45 000 soit
nettement plus élevé qu'il est présentement, qui... est proposé.
M. Morin : Sinon, si je vous
ai bien compris, la population de la ville va diminuer avec les années.
M. Monty (Luc) : Bien, elle
va croître certainement, comme vous avez là dans le graphique, c'est autour de
0,5, si je prends le suivant. Bon, depuis 10 ans, la croissance économique
à Québec est de l'ordre de 1,6 %. C'est la première ligne avec la... Nous
autres, on pense que notre capacité d'accueil, c'est... Donc, je reprends.
Depuis 10 ans, la croissance économique est de 1,6 dans la région de
Québec, avec le scénario de référence de 45 000, ça va ramener... ça
pourrait ramener la croissance économique à moins de 1 %. C'est la ligne
du bas, là, 0,9 %.
M. Morin : Oui, 0,9 %.
M. Monty (Luc) : Donc, on va
perdre, c'est sûr, au moins.7/10 de croissance économique pendant quatre ans.
Ça, c'est selon le scénario de l'ISQ.
• (21 h 30) •
M. Morin : Oui, je comprends.
M. Monty (Luc) : OK. Alors,
en supposant que la croissance démographique, à ce moment-là, serait à
0,4 %, puis la productivité se maintiendrait comme elle l'était, dans les
10 dernières années, à 0,5, donc, ça coupe, ça coupe le potentiel de croissance
de revenus, etc. Puis on pense qu'à Québec, on...
21 h 30 (version non révisée)
M. Monty (Luc) : ...capable de
soutenir une plus grande croissance que ça.
M. Morin : Exact. Puis vous
nous avez parlé aussi de l'accueil et de l'intégration. Maintenant, à la page...
toujours à la page 24, vous demandez, pour améliorer votre structure d'accueil
et d'intégration, d'établir dans la Charte de la Ville de Québec,
Capitale-Nationale, son rôle d'intervenant de proximité en matière d'intégration
des immigrants et des réfugiés, un rôle équivalent qui aurait été accordé à la
Ville de Montréal. Qu'est-ce que ça vous permettrait de faire de plus? Puis, est-ce
que ça vous permettrait d'en intégrer davantage?
Mme Roy (Sylvie) : Bien, en
fait, ce que ça nous permettrait de faire, c'est d'aller vers une adaptation
des services pour répondre aux besoins des immigrants. Ce qu'on fait
actuellement dans les programmes de... nos plans d'action en immigration sont
principalement axés sur tout le rapprochement interculturel, le fait qu'on va
créer des activités pour mettre en contact la communauté d'accueil avec les
communautés immigrantes, tandis qu'une ville est capable d'aller adapter ses
services pour favoriser l'accueil des enfants dans les programmes vacances été,
d'adapter différents services, là, comme nos programmes de transport pour
faciliter l'accès. Donc, c'est de pouvoir aller plus loin que ce que les
programmes nous permettent actuellement au niveau des collectivités. Donc, c'est
d'avoir un rôle vraiment qui est renforcé comme gouvernement de proximité pour
intervenir puis adapter nos services avec l'ensemble des partenaires sur notre
territoire.
M. Morin : Et, est-ce que ça
vous permettrait, je ne sais pas, moi, d'avoir plus de financement, par
exemple, du gouvernement du Québec pour l'intégration?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
Mme Roy (Sylvie) : Bien oui.
En fait, le financement peut être utilisé différemment pour mieux répondre aux
besoins.
M. Morin : Merci. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, on termine avec le député de Laurier-Dorion
pour 4 min 8 s.
M. Fontecilla : Merci, madame.
Bonjour, mesdames, messieurs. Je vous remercie d'être ici. D'après ce que j'ai
entendu, vous êtes les premiers et les seuls à avoir soutenu à l'appui... avec
des chiffres à l'appui qu'une croissance démographique soutient la croissance
économique. C'est une thèse qui n'a pas été tout à fait été entendue de façon
très claire ici.
J'aimerais... j'aimerais tout d'abord vous
questionner, là. Si on adoptait le scénario d'immigration la plus faible,
25 000, quelle pourrait être l'impact pour la ville de Québec?
M. Monty (Luc) : ...de 25 000
et non pas celui des 45 000?
M. Fontecilla : Mais vous,
vous dites qu'il faut aller au-delà de 45 000, même?
M. Monty (Luc) : Oui, même,
oui. Bien, ce serait une croissance encore plus anémique que celle qu'on voit
de point neuf. On aurait peut-être autour de point cinq, un demi de 1% par
année de croissance économique.
M. Fontecilla : À toute fin,
la stagnation économique de la région de Québec.
M. Monty (Luc) : Oui, c'est
ça, c'est ça.
M. Fontecilla : Tantôt, on a
entendu les représentants de la Chambre de commerce de Québec, Québec
International entre autres, et ils nous parlaient d'une série de grands
chantiers qui s'en viennent, dont le tramway. On a appris, là, qu'on a besoin
d'une main-d'oeuvre de 4 000... quelque 4 000 personnes. Est-ce
que vous pensez que les scénarios présentés par le gouvernement du Québec
peuvent soutenir les prochains grands chantiers d'un chantier qui s'en viennent
à Québec, est-ce qu'ils vous rendent la vie plus facile, y compris le troisième
lien?
M. Monty (Luc) : Bien,
évidemment, le marché de l'emploi étant quand même assez serré... demeure assez
serré dans la région de Québec. On est... la région de Québec, c'est la région
où... qui a le plus faible taux de chômage au pays, la région métropolitaine de
recensement qui... on est généralement le plus faible ou le deuxième plus
faible ou le troisième. Là, on joue entre le premier puis le troisième rang des
meilleurs depuis 20 ans et c'est encore le cas malgré l'immigration. Puis
même, au cours de la dernière année, il s'est créé presque 25 000 emplois
à Québec. Alors, le marché du travail va très bien, donc on a une capacité d'accueil.
Puis évidemment, la croissance démographique est nécessaire pour alimenter la
croissance économique qu'on anticipe avec le tramway, oui, puis les
investissements résidentiels qui sont anticipés.
Donc, on a déjà, avec le tramway puis la
performance économique de Québec, près de 4 milliards de projets qui ont
été déposés par le secteur privé pour développer autour du tramway...
M. Monty (Luc) : ...puis dans
la... l'agglomération de Québec, des projets de... d'investissement
résidentiel, donc essentiellement de la création de logements, puis c'est ce
qui nous permet de... de soutenir que l'immigration est importante pour
alimenter le... le bassin de... de main-d'oeuvre puis soutenir cette
croissance-là qui est anticipée. Sinon, bien, ça va limiter les intentions
d'investissements, c'est bien sûr. C'est... C'est... On voit qu'il y a une
certaine stagnation, là, qui s'installe ou des...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
M. Monty (Luc) : Parce que le
ralentissement de... démographique peut aussi, avec la... justement, limiter
les investissements puis aussi à même exacerber la hausse des prix, là, en
limitant la... la disponibilité de main-d'oeuvre.
Une voix : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il ne me reste plus qu'à vous remercier pour votre
contribution à nos travaux.
Et je vais suspendre quelques instants, le
temps de recevoir notre dernier invité.
(Suspension de la séance à 21 h 36)
(Reprise à 21 h 41)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Alors, notre dernier intervenant de la soirée, Maître Maxime Lapointe,
de Maxime Lapointe et Associés Inc. Alors, bienvenue à la commission. Vous
savez que vous êtes notre dernier intervenant. Alors, vous avez 10 minutes pour
donner l'essentiel de votre mémoire, vos grandes recommandations, puis, par la
suite, on va en discuter avec les parlementaires. Alors, le temps est à vous.
M. Lapointe (Maxime) : Merci
beaucoup. Bonsoir! Merci de... pour la concentration qui reste. C'est une
grosse journée. On a écouté beaucoup de présentations aujourd'hui. Le papa de
trois enfants, avec deux enfants en bas âge, est généralement couché à cette
heure-ci, là, donc... C'est un exercice qui est important. Merci, M. le
ministre. Merci, Mme la sous-ministre. Les parlementaires, merci de tenir l'exercice.
Je pense que c'est essentiel dans... Premièrement, c'est prévu par la loi, mais
aussi il y a des élections l'année prochaine, et on verra est-ce qu'on va
devoir rebâtir les relations avec le Canada ou les anéantir selon le prochain
gouvernement qui va être élu. Malheureusement, nos parlementaires du
Parti québécois ne sont pas là ce soir. On les salue. On aurait voulu leur
présenter quand même des recommandations, parce que mon mémoire s'appelle 10
recommandations à mettre en œuvre dans les 100 jours du prochain gouvernement,
au terme des élections en 2026. Ça s'adresse à tous les gouvernements, tous les
partis au pouvoir. J'ai présenté ce document-là en 2018 au parti de la
Coalition avenir Québec, avec 10 recommandations. Certaines ont été suivies.
J'ai répété l'exercice en 2022. Donc, c'est un peu ma marque de commerce, là,
des recommandations au prochain gouvernement. Il n'y a pas de partisanerie.
C'est fort de 15 ans d'expérience en matière d'immigration que je présente mes
recommandations dans le cadre des travaux ce soir.
Je vais aller directement aux
recommandations pour qu'on puisse vraiment les prendre une par une, puis on
pourra en rediscuter, évidemment, avec vos questions. Ça va me faire vraiment
plaisir d'échanger. J'ai suivi les travaux dans les dernières semaines. On sent
qu'il y a des choses qui reviennent, il y a de l'écoute. Merci encore.
Alors, bon, la première recommandation, ça
serait de définancer le MIFI en proportion de scénarios de baisse adoptés par
le gouvernement en place. Donc là, actuellement, on est sur trois scénarios,
25 000, 35 000, 45 000, en totale déconnexion des dossiers qui
sont sélectionnés par le Québec puis en attente d'admission par le Canada. On
l'a entendu à plusieurs reprises, là. On pense qu'il y a environ 142 000
dossiers qui pourraient être terminés par le gouvernement du fédéral si jamais
on augmentait les niveaux d'immigration dans telle ou telle catégorie. Le
gouvernement du Canada est en train aussi de réduire ses inventaires... ses
effectifs d'employés dans son ministère, là. Sur trois ans, on veut baisser de
3 300 employés. On a environ 13 000 employés au gouvernement du
Canada en immigration. Et les raisons qu'on donne, c'est, justement : il y
a une baisse de niveau d'immigration, puis on a fait une grosse transformation
technologique, donc là on va avoir besoin de moins d'employés dans le futur.
Alors, je pense, ça serait cohérent pour le gouvernement, qui veut quand même
sabrer beaucoup dans les seuils d'admission, de voir aussi les inventaires au
niveau des effectifs dans son ministère, là. Il y aurait 2 500 personnes
employées par le MIFI en 2023-2024. Donc, il y avait 1 933 en 2020-2021.
Donc, ça augmente.
Dans cette recommandation-là aussi, peut-être
faire analyser par le Vérificateur général, là, les contrats publics du
ministère de l'Immigration, là. Il y avait 97 millions de contrats publics en
2023-2024. Ça a baissé dans le plan... rapport de gestion 2024-2025 à 66,5
millions. C'est peut-être des contrats informatiques, on pourra voir, mais ça
m'apparaît quand même un ministère qui est assez lourd, là, au niveau des
contrats de gré à gré, des dépenses. C'est un gros ministère, 2 000
employés et plus. Il y aurait certaines réflexions à faire, à mon avis. Votre
premier ministre est en train de le faire au niveau du ministère de
l'Environnement.
Donc, deuxièmement, créer le programme de
l'excellence québécoise pour...
M. Lapointe (Maxime) : ...les
talents francophones au Québec. Donc, l'objectif, c'est de préserver la
vitalité du français et l'économie du Québec. Je pense qu'on peut faire les
deux. Donc, ça serait d'exiger le niveau français oral le plus élevé, donc à
C2. et 12 mois de travail, là, pour pouvoir retenir surtout des gens qui
ont un permis vacances travail, le fameux PVT, un permis qui est donné par le
fédéral et qui permet à des gens de plusieurs pays de venir travailler partout
au Canada avec un permis de travail ouvert pendant deux ans. Ça serait quand
même bien de pouvoir les retenir, d'avoir ces gens-là... des PVTistes, comme on
les appelle dans le jargon, qui viennent dans mon bureau prendre des
consultations, qui me disent : Avec les nouvelles limites de 10 % de
travailleurs étrangers, où l'employeur ne veut pas me faire un permis de travail,
j'en ai... j'en ai trois par semaine, là, qui prennent des rendez-vous, qui
ont... des Français qui pourraient rester au Canada s'il y avait un programme
un peu plus facilitant. Donc, je suggère, augmentons le niveau de français le
plus élevé possible. M. le ministre va... peut-être va être d'accord avec moi
là-dessus, sur le niveau très élevé, niveau 12, et qui... programme qui
pourrait s'opérer soit en parallèle. Donc, un peu comme le PEQ ou peut-être
dans le PSTQ, pourrait remplacer le PEQ. Moi, j'ai des gens qui prennent des
rendez-vous, qui me disent : Le PEQ travailleur a été suspendu au mois de
juin, mais c'était écrit que ça pourrait rouvrir en novembre, mais les gens ont
espoir. Donc, il va falloir que le gouvernement se penche là-dessus. Est-ce
qu'éventuellement il va rouvrir le PEQ ou pas?
Donc, aussi, revoir les moyens pour
déterminer la connaissance du français. Là, moi, des gens qui ont un passeport
français, des Français de France, leur faire passer un test de français,
actuellement, ça congestionne les écoles de langue et les gens ratent leurs
échéances, entre autres pour le permis de travail post-diplôme, mais, pour la
résidence permanente, il faudrait élargir un peu les moyens pour la
connaissance du français. Le gouvernement l'a déjà fait, mais on pourrait aller
un petit peu plus loin.
Troisièmement, un engagement de
prévisibilité de la part du MIFI envers les étrangers, les ressortissants
étrangers au Québec. Plusieurs avances, reculs dans les programmes de sélection
permanente depuis 2009. Je pense entre autres au PEQ étudiant qui a été ouvert,
fermé, rouvert, refermé. Le PEQ, travailleur aussi, une grosse réforme en
juillet 2020. Chaque immigrant a un parcours personnel, cherche une stabilité
dans son parcours d'immigration, autant dans l'immigration temporaire que
permanente, là. La prévisibilité, on a entendu ça beaucoup dans les travaux.
Actuellement, je pense que c'est le mot qui est revenu le plus souvent. Donc,
peut-être un engagement de prévisibilité qui pourrait être modulé de la manière
suivante, c'est-à-dire les règles pour demander la résidence permanente vont
être les mêmes pour vous à partir du moment où vous arrivez au Québec avec un
statut temporaire. Je pense, entre autres, là-dessus, on pourrait instaurer une
clause grand-père pour le PEQ fermé en juin. C'est quand même triste, là, de
voir un programme fermer par décret le 5 juin quand tout le monde est en
vacances. Nous, on travaillait sur des dossiers. Il y a des dossiers qui
étaient en train de se faire déposer. Mon adjointe au bureau, Nadine, pensait
déposer au mois de... au mois de décembre. Donc, dans la grosse réforme du PEQ
de juillet 2020, il y avait une clause grand-père, là, pour les gens qui
étaient sur le territoire avec un permis de travail, quand il y a eu la réforme
en juillet 2020. On leur permettait de déposer, selon les anciennes règles qui
étaient 12 mois de travail, peu importe le niveau d'emploi. Donc, une
clause grand-père pour le PEQ, ça m'apparaît quand même important parce que la
fermeture du PEQ, ça a mis beaucoup de pression sur les trois programmes
pilotes qui se sont remplis assez vite, avec des petits quotas de
600 demandes reçues. Et on doute que les demandes soient bonnes.
Là, je vous donne l'exemple, là, pas plus
tard qu'hier matin, en consultation dans le bureau, une employée dans le
domaine de la santé a fait une demande dans le programme pilote accompagnée
d'une avocate en immigration, qui est d'ailleurs radiée, et elle a une
intention de refus de sa demande parce que, dans le fond, on demande beaucoup
de documents, mais son diplôme ne la qualifiait pas, donc elle aurait pu
déposer dans le programme Expérience québécoise s'il était encore ouvert. Là,
il ne l'est pas, donc là elle se retrouve avec une demande dans le programme
pilote qui va être refusée, parce qu'il n'y avait pas accès, elle n'aurait
jamais dû déposer, puis pas de demande dans le PEQ parce qu'il s'est fermé,
donc avec une clause grand-père pour le PEQ, on pourrait sauver au moins cette
personne-là dans le domaine de la santé. Quatre minutes, merci... trois
minutes.
Revoir la structure des programmes de gens
d'affaires. Bon, 135 personnes sélectionnées en 2024, là, incluant des
familles pour trois programmes d'immigration, ça m'apparaît très peu. Les
délais de six mois au stade de la sélection, c'est long pour très peu de
dossiers. Il y a beaucoup de refus, d'intention de refus. Peut-être déplacer la
condition de français, exemple, dans le programme des investisseurs, mettre une
condition suspensive, après deux ans, on vous donne le CSQ, quand vous avez le
niveau B2. Ça pourrait permettre de déposer des dossiers. Et le fameux
200 000 $ de contribution non remboursable aussi freine beaucoup les
ardeurs des immigrants investisseurs.
Alors, plus rapidement, bon, purger les
inventaires. Alors, 142 000 demandes. On en a parlé. Donc, ce serait
vraiment de l'écouler. On parlera tout à l'heure du scénario 2D, là, vous me
ferez parler là-dessus. Pour le regroupement familial, beaucoup de gens
écoutent, les gens sont inquiets. Les gens ont vu les règles changer, ont vu
les délais de traitement changer sur le site d'IRCC en 2023, ils ont vu que
c'était plus long au Québec, les groupes se sont formés comme Québec Réunifié.
On les salue. Moi, je ferais attention quand même, là, nous, comme avocat en
immigration, on a beaucoup de dossiers. Les gens nous demandent de fermer
pendant le traitement des dossiers, qui rallongent, évidemment, mais même
pendant qu'on monte le dossier. Donc, je regarderais quand même le taux de
survie des coupes des cinq dernières années, juste être sûr qu'il y a quand
même... l'intégrité du programme est protégée, mais avec les scénarios
proposés, M. Morin, on pourra en reparler, là, 2a, 2b, ça...
M. Lapointe (Maxime) : ...ça
ne fonctionnera pas au niveau des délais de traitement, donc, tu sais, annuler
le décret, on pourra en reparler.
• (21 h 50) •
Créer un poste de commissaire permanent à
l'immigration, je veux... je veux vous en parler, là, dans le bureau d'avocat,
le mien, on voit beaucoup des gens qui utilisent le programme entrée expresse,
le programme fédéral. Ils déclarent leur intention de vivre partout ailleurs
qu'au Québec. Puis finalement, bien, ils prennent un rendez-vous en
disant : Mais je suis arrivé directement au Québec, est-ce que j'ai fait
quelque chose de mal? Donc, ils ne rentrent pas dans vos 25 000,
35 000, 45 000 puis personne ne le sait au Québec. Je trouve ça quand
même particulier. Donc, il y a des flux irréguliers d'immigration aussi dans le
regroupement familial. Les gens veulent aller dans d'autres provinces parce que
c'est moins long. Le commissaire à l'immigration pourrait surveiller un peu, ne
serait-ce qu'une boîte de courriel où on pourrait envoyer des situations qui
m'apparaissent un peu sensibles, là, comme avocat de l'immigration.
Revoir la liste des professions éligibles
au traitement simplifié. Je trouve ça anormal que le ministre ait appris dans
les médias que le Québec allait remettre de 20 % à 10 %, parce
qu'essentiellement le Canada a remis les règles dans le programme des
travailleurs étrangers temporaires comme c'était avant la COVID, là. Donc, il
fallait dire : Non, nous, on a une liste de professions éligibles au
traitement simplifié, elle est valide jusqu'en février de... à tous les ans en
2025. Laissez-nous prolonger les permis de travail traitement simplifié
illimité de travailleurs pour trois ans, puis on va au moins pouvoir renouveler
la flotte de travailleurs. On aurait pu éviter la crise des
250 entreprises qui étaient devant le Parlement, là, ce matin, là.
Donc, pour dépolitiser l'immigration
temporaire...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
M. Lapointe (Maxime) :
...prenez le diagnostic de moyen terme du MIFI que vous utilisez dans le PSTQ
pour voir quand c'est en déficit, léger déficit. Si c'est déficit, léger
déficit ça devrait être en traitement simplifié, permis de trois ans. Et
j'aurais deux autres recommandations qu'on pourrait essayer de glisser un petit
peu plus tard. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci pour cette présentation. Alors, on commence les
discussions avec le ministre et la banquette gouvernementale, 16 min 30 s.
M. Roberge : Merci beaucoup.
Présentation atypique par rapport à d'autres groupes qu'on a eus avant nous. Je
trouvais ça particulier que vous commenciez en disant : Je présente pour
les prochains... premiers 100 jours du prochain gouvernement. La
planification pluriannuelle, elle se fait maintenant en commission avec les
collègues des oppositions. J'imagine que vous souhaitez qu'il y ait des
éléments de ce que vous dites aujourd'hui qui soient retenus dans la
planification maintenant qui va engager le Québec sur quatre ans.
M. Lapointe (Maxime) : Oui,
mais, en même temps, la dernière planification 2023, vous êtes arrivés avec
deux scénarios. Vous n'en avez respecté aucun. Donc, on ne sait pas
nécessairement, dans vos trois scénarios, lequel va être retenu. Puis, dans
votre document, donc, de consultation, vous dites même qu'il y avait le
scénario 2D qui était quatre 80 000 admissions par année, qui est
l'équivalent du poids du Québec dans le Canada, vous l'avez analysé, mais vous
ne l'avez pas retenu. Donc, on arrive avec trois scénarios de baisse quand le
trois quarts des intervenants qui sont ici vous ont demandé plus d'oxygène en
immigration. Donc, pour le 100 jours... parce que j'étais en entrevue, je
comprends votre point, là, à la radio la semaine dernière et l'animateur m'a
dit : Mais pourquoi pas dans les 100 prochains jours, au lieu de dans
les 100 jours, au lieu de dans les 100 derniers jours? C'est un
exercice, comme je vous dis, que j'avais fait en dehors des consultations avant
les élections de 2018 quand vous avez le pouvoir, j'ai accompagné votre
gouvernement en devenir en disant : Voici, à mon avis, ce qui devrait être
fait. Donc, c'est juste au niveau de la marque de commerce.
Évidemment, moi, j'aimerais qu'on reparte
d'ici, dans votre plan d'immigration que vous allez déposer le 6 novembre,
avec une clause grand-père pour le PEQ, pour les gens qui étaient sur le
territoire puis pour les travailleurs étrangers temporaires.
Votre clause grand-père, M. le ministre...
votre clause grand-père de travailleurs étrangers temporaires, j'ai de la
misère à la comprendre. Est ce que ça veut dire des permis de trois ans
dispensés d'affichage de postes? Est-ce qu'on retomberait en traitement
simplifié? Est-ce que ce serait des permis d'un an, des permis de deux ans?
Donc... donc, au niveau des travailleurs
étrangers temporaires, oui, assurément, il faut un gain. Puis ma recommandation
dans ce sens-là, ce serait immédiatement, dans le plan d'immigration, le
document de... diagnostic, pardon, moyen terme, 2024-2028, les professions qui
sont en léger déficit ou en déficit, tant qu'ils demeurent en léger déficit ou
un déficit, ça devrait être traitement simplifié. Laissez les entreprises
prolonger leur flotte de travailleurs étrangers, puis on pourra rediscuter
après. Je comprends votre point. Est-ce qu'on en veut plus que ceux-là qu'on
veut régulariser ou pas? Mais pour répondre à votre question, il faut repartir
avec certains gains, là, j'ai l'impression, là.
M. Roberge : Une chance que
vous avez répondu à la question parce qu'honnêtement vous m'aviez perdu un peu
dans votre réponse. Vous dites la plupart des intervenants ont dit plus
immigration, plus immigration que les seuils, mais il y a quand même beaucoup
d'intervenants qui sont venus, qui parlaient au nom exactement des mêmes
personnes, là, et disons que les... plusieurs regroupements des différentes
chambres de commerce sont... étaient tout le temps à venir répéter le même
message, mais il y a eu des économistes puis des experts qui sont venus dire
autre chose, notamment Pierre Fortin, notamment des... des instituts qui nous
ont parlé d'autre chose puis qui...
M. Roberge : ...ont dit qu'il
y avait une espèce de fuite en avant en pensant que toujours, toujours plus
d'immigration allait améliorer les services publics, que toujours, toujours
plus d'immigration allait combler la pénurie de main-d'œuvre, que c'est une
espèce de fuite en avant, une espèce de système de... je suis en pénurie de
main-d'œuvre, je fais venir des immigrants, les immigrants ont des besoins, je
suis en pénurie de main-d'oeuvre, je fais venir des immigrants, les immigrants
ont des besoins. Ça a été soulevé aussi dans le cadre des consultations. Il y a
plusieurs institutions d'enseignement qui sont venues nous dire,
essentiellement, de conserver les niveaux actuels d'étudiants étrangers. Ce qui
est proposé dans le cahier actuel. Donc, je pense qu'il y a quand même eu, je
vous dirais, une bonne traction des propositions dans le cadre des choses qui
sont proposées.
Il y a aussi, je vous dirais, les banques,
les économistes, la CIBC, Desjardins... ce matin, dans le journal, la Banque
Scotia, qui disent à peu près tous la même chose. L'arrivée massive, récente,
soudaine de très nombreux immigrants, surtout temporaires... sont venus causer
une baisse de la productivité, une baisse du PIB par habitant, une hausse du chômage,
particulièrement chez les jeunes. Donc, il y a quelque chose là à considérer,
je pense. Avez-vous lu ces études-là, des économistes des différentes grandes
institutions?
M. Lapointe (Maxime) : J'ai
regardé, j'ai lu le mémoire de M. Pierre Fortin, parce que vous étiez beaucoup
dans les dernières semaines, donc je me suis quand même donné la peine d'aller
lire puis j'ai trouvé ça incohérent, dans le sens qu'on ne peut pas dire, dans
une recommandation, que le gouvernement a un engagement de respect avec ce
qu'on a promis aux immigrants puis, la phrase d'après, dire que la baisse de
32 % des immigrants souhaitée par le fédéral sur trois ans, ce ne sera pas
assez. Donc, moi, je suis vraiment... Les économistes sont sur le macro, OK,
mais, sur le micro, là, il y a 142 000 personnes à qui vous avez donné des
CSQ, là.
Donc, moi j'étais avec une famille en
consultation, hier, des gens d'affaires qui sont à Trois-Rivières, dans le
domaine de la construction, à qui je dis : Bien là, il faut qu'on prolonge
votre permis de travail parce que vous n'aurez pas la résidence permanente
avant la fin de votre permis, au mois de décembre. Puis, quand on regarde sur
le site d'Immigration Canada, ils ont granulé, comme vous disiez tout à l'heure,
les délais de traitement, mais on voit qu'on en a pour 77 mois. Donc, des
permis de travail à renouveler, on va en avoir beaucoup, et ça crée de
l'insatisfaction. Mais si vous avez fait un écoulement des demandes dans la
catégorie des gens d'affaires 2023‑2024, bien, il aurait fallu écouler juste un
petit peu plus pour être vraiment sûrs qu'on soit en adéquation entre la
sélection par le Québec puis l'admission par le Canada.
Ensuite, pour les étudiants étrangers,
moi, quand je regardais la baisse globale pour le Canada souhaitée par le
gouvernement du Canada, le quota pour le Québec alloué par le fédéral est plus
élevé que ce que vous avez comme étudiants étrangers. Donc, le Québec, on a
moins d'étudiants étrangers que d'autres provinces, et c'est d'autres provinces
qu'on venait un peu chicaner, là.
Pour le PIB, il faut que je vous en parle
aussi, parce que je parlais avec des... M. Brousseau, ce matin, le maire de
Thetford Mines, qui est venu vous parler ce matin. J'étais à la radio, à
Radio-Canada, avec lui, ce matin, puis, hors d'ondes, j'ai dit : PIB, PIB
par habitant... Puis ce qu'on se disait, c'est que, pour un entrepreneur, c'est
un peu choquant de se faire dire : On ne vous permettra pas de renouveler
vos travailleurs étrangers qui vous permettent de livrer des contrats puis de
donner des emplois à des Canadiens parce que vous ne faites pas assez monter le
PIB par habitant, vous faites monter le PIB global. Je trouve que c'est un peu
réducteur, là, pour les entrepreneurs qui sont imaginatifs. On a entendu ici
des Olymel, qui disent qu'ils dépensent de l'argent maintenant, ils
investissent dans la santé mentale de leurs employés parce qu'ils sont en
détresse psychologique à cause des changements de règles, là, donc. On a
entendu toutes sortes de choses, là, mais les économistes ont droit à leur
opinion aussi, là.
M. Roberge : Mais oui, mais
je veux juste dire, cet exemple, cette anecdote que vous sortez, comme quoi on
ne voudrait pas renouveler le permis d'un travailleur étranger temporaire parce
que le PIB par habitant ne serait pas élevé, ce n'est pas la politique du
gouvernement québécois, là. Nous, on demande à ce que ce permis-là soit
renouvelé.
M. Lapointe (Maxime) : Oui,
vous le demandez depuis le mois de juin.
• (22 heures) •
M. Roberge : C'est la
recommandation, c'est la demande. On n'a jamais demandé à ce que le fédéral
débarque, en septembre dernier mais en septembre 2024, et change les règles des
travailleurs étrangers temporaires, raccourcisse la durée des permis puis
débarque avec son 20 %, son 10 %. Et là on a vu une espèce de
déperdition de travailleurs étrangers temporaires. On a dit : Bien, ce
n'est pas ce qu'on a dit, nous autres, on n'a pas une politique mur à mur, là,
de Gatineau à Gaspé, sans aucune nuance régionale, on a une particularité,
vraiment, à Montréal et Laval, où il y a des taux de chômage différents...
22 h (version non révisée)
M. Roberge : ...française est
menacée, une grande disponibilité de main-d'œuvre, notamment demandeurs d'asile
et PMI en très, très, très grand nombre. Ça fait que, oui, oui, on veut
certainement serrer la vis dans cette région-là. Mais pour le reste, on n'a
jamais demandé l'intervention du fédéral. Ce qu'on a demandé, c'est : Reste
de ton bord de la rivière des Outaouais, là, arrête, arrête de mettre le
trouble dans notre économie régionale. Donc là, ce que vous nous sortez,
l'argument PIB par... par habitant en lien avec non-renouvellement des TET, ce
n'est pas notre politique. Ce qu'on souhaite, c'est que nos TET en région
puissent renouveler leurs permis, puis graduellement, en fonction de la
capacité d'accueil, oui, avec le nouveau programme sélection des travailleurs
québécois qualifiés... qualifiés québécois, on va dire les deux et qu'on en
fasse basculer plusieurs graduellement, pas 50 000 la première année, non, non,
du statut de temporaire à permanent. Ce qu'on dit, c'est qu'on ne peut pas
juste de même dire : Bien, l'immigration, plus il y en a, mieux c'est peu
importe la région, peu importe la qualification, peu importe le domaine
d'emploi, si vous êtes au Québec, même à statut temporaire, vous avez ce droit
inaliénable d'y rester. C'est là où je débarque. Lorsqu'on dit à quelqu'un :
Bien, tu sais quoi? Tu es admis dans tel cégep pour un programme de trois ans? Bien,
je pense qu'on vient de lui dire : Tu es admis dans un cégep programme de
trois ans. On ne lui a pas dit : Tu vas vivre au Québec pour toute ta vie.
On dit : Tu es admis pour un programme de trois ans.
M. Lapointe (Maxime) : Oui,
mais...
M. Roberge : Quand on dit à un
travailleur étranger temporaire : Bien, regarde, on a besoin de toi. Ça a
fait ton affaire de venir pour deux ans ou trois ans. Ça fait l'affaire de l'entreprise.
Ça fait l'affaire de l'État. Très bien. Mais ça se peut qu'à la fin du permis,
il soit renouvelé. C'est ce qu'on demande en ce moment, mais ça se peut aussi qu'il
ne soit pas renouvelé. Pour nous D'un point de vue conceptuel, lorsqu'on fait
venir un étudiant, on le fait venir pour la durée des études. Lorsqu'on fait
venir un TMT, on le fait venir pour la durée du permis. Mais quand on se fait
dire : Bien, écoutez, il y a 50 000 100 000, 200 000 personnes
sur le territoire québécois, ils sont ici, ils payent des impôts, ils ont un
appartement, s'ils sont ici, ils ont le droit de rester. Moi, je dirais :
Attendez un peu. En tout cas, là, est-ce que c'est ce que vous dites aussi, parce
plusieurs l'ont dit avant vous?
M. Lapointe (Maxime) : Bien,
c'est que vous êtes le cinquième ministre de l'Immigration de votre formation
politique, puis chaque ministre est allé un peu avec différentes approches. Et entre
autres, Jean Boulet a ajouté beaucoup de professions, là, de catégories, des
postes plus spécialisés à la liste des professions éligibles au traitement
simplifié. Puis, généralement, là, votre gouvernement a organisé quand même
beaucoup de missions de recrutement à l'international. On a amené des
entreprises à recruter des travailleurs avec des fonds publics et, dans ces
événements-là, on leur a quand même dit : La résidence permanente, ça se demande
après deux ans, puis un niveau de français dans le PEQ travailleurs. Donc, c'étaient
ça, les règles. Les gens ont décidé de venir au Canada sachant qu'ils avaient
accès à la résidence permanente avec un niveau de français puis 24 mois de
travail dans un emploi spécialisé. Pour le PEQ étudiants, c'était plus ou moins
clair. Moi, je suis assez d'accord avec vous, le... puis je l'ai dit ici en
2023 à votre prédécesseur, rouvrir le PEQ mur à mur, pas d'expérience de
travail, j'ai dit : Vous allez faire le saut, là. Dans les 36 derniers
mois, vous allez voir qu'il y a beaucoup de gens qui vont se qualifier. Vous
l'avez refermé. Moi, j'étais pour un PEQ unique, là, un diplôme au Québec, une
expérience de travail. Je pense que ça prend les deux, OK? Donc, on est arrivés...
M. Roberge : ...de travail,
c'est le volet un du PSTQ.
M. Lapointe (Maxime) : Ça, c'est
votre lecture du volet un parce que le volet 1 ne s'appelle pas... Il s'appelle
Compétences intermédiaires et manuelles, mais c'est... bien, monsieur...
M. Roberge : Bien oui, c'est
sûr que c'est ma lecture. Puis c'est le programme...
M. Lapointe (Maxime) : Il s'appelle
Compétences intermédiaires ou manuelles, il ne s'appelle pas Diplômés du Qébec.
Actuellement, vous l'utilisez pour inviter des diplômés du Québec, puis c'est
correct, mais ce n'est pas le nom du volet un. Je vous ai entendu à plusieurs
fois là-dessus. Mais là où ça blesse, là, c'est qu'il y a eu 275 professions
éligibles à un traitement simplifié, des entreprises qui ont recruté 10, 20,
30, 40 % de travailleurs étrangers au Québec qui n'avaient pas accès dans
le reste du Canada. Le PTET n'est pas populaire dans le reste du Canada autant
qu'ici en termes de proportion. Alors là, on est passés d'entreprises qui
avaient 50 % de travailleurs étrangers à 10 % à partir du mois de
septembre 2024, et c'est à ce moment-là, à mon avis, M. le ministre, qu'il
aurait fallu défendre le traitement simplifié pour dire : Non, nous, on a
négocié, on a bataillé avec le gouvernement du Canada pour ajouter ces
professions-là qui sont en pénurie chronique et on vous demande de respecter le
traitement simplifié pour avoir de la prévisibilité à ce moment-là précisément
pour repartir sur des permis de trois ans et, éventuellement, de la
résidence permanente. C'est en septembre 2024 où c'est arrivé. Puis ça
aurait été peut-être difficile politiquement pour votre gouvernement de vouloir
sauver des immigrants quand ça faisait déjà un an qu'on disait qu'il y en avait
trop sur le territoire. Je n'étais pas au niveau de la joute politique, mais, à
mon avis, c'était là qu'il fallait intervenir. Là, votre lettre, c'est très
bien. Moi, je suis là pour vous encourager. Le diagnostic de pénurie de main-d'œuvre 2024-2028,
ça dit...
M. Lapointe (Maxime) : ...ça
dit clairement ici... ça dit ici que... Alors : Plus de la moitié des 516
professions de la classification nationale seront en déficit de main-d'oeuvre,
56 en déficit et 207 en léger déficit. Et, à la fin, on dit : Aucune
profession ne sera en surplus, là. Donc, c'est quand même important de le savoir,
il n'y a pas de profession en surplus de personnel, il y en a en léger déficit,
il y en a en équilibre. Je me basais là-dessus pour déterminer qu'est-ce qui
est en pénurie pour vrai, là.
M. Roberge : Très bien. Je
vous remercie. Mais j'ai des collègues qui veulent poursuivre l'échange avec
vous.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. La députée de Vimont, il vous reste
deux minutes 35 secondes.
Mme Schmaltz : ...merci. Vous
suggérez des coupures en francisation? C'est un peu surprenant parce que, bon,
le droit... l'apprentissage de la langue, c'est un droit, c'est ce qui permet
justement de favoriser une bonne cohésion, hein, sociale, c'est ce qu'on veut.
On a quand même francisé, en 2024-2025, 90 000 personnes, on sent... le budget
a augmenté aussi. Donc, on sent véritablement un engouement. C'est un
engouement puis c'est... c'est quelque chose aussi qui est poussé de l'avant
par notre gouvernement. J'essaie de comprendre la logique.
M. Lapointe (Maxime) : Bien,
on avait eu la même discussion plus ou moins en 2023 ensemble, là. C'est
peut-être au niveau de l'intervention de l'État, là, où j'ai un certain
malaise. Tu sais, on dit souvent : Bon, gauche, des mesures plus sociales,
droite, plus économiques. On... Votre gouvernement, c'est comme de la gauche
économique, là. Vous êtes intervenus beaucoup, là. Tu sais, Francisation
Québec, c'est sûr 250 millions, vous avez francisé 90 000 personnes. C'est bon,
mais la question, c'est : Est-ce que ça aurait pu être à moindre coût, là?
Moi, je trouve que la meilleure initiative, Mme la députée, que votre
gouvernement a faite en matière de francisation, c'est les coffrets
Passe-Partout pour les nouveaux arrivants qui arrivaient en 2023. On leur
donnait un sac avec des coffrets pour écouter Passe-Partout. Le Français, ça
passe par...
Mme Schmaltz : Non, non, mais
on parle de jeunes enfants, là.
M. Lapointe (Maxime) : ...ça
passe par la culture puis ça passe par l'éducation. Puis je trouvais que
c'était vraiment parfait parce que ça ne coûtait pas non plus des millions. On
n'était pas à 250 millions de dollars, là, pour cette mesure-là. Donc,
c'est au niveau de l'intervention de votre gouvernement. On l'a entendu
beaucoup par les entreprises aussi. Les secteurs privés sont imaginatifs. Nos
PME veulent que ça aille vite, veulent que ça fonctionne. Il y a beaucoup qui
ont délaissé votre offre de services pour s'arranger avec embaucher un
professeur à la retraite ou donner d'autres cours. Aujourd'hui, on l'a entendu
encore, des fois, c'est les créneaux horaires. On peut comprendre, là, que ce
n'est pas évident pour un immigrant qui travaille déjà 40 heures par semaine
des suivre des cours.
Mme Schmaltz : Mais c'est
sûr, c'est... Vous savez, c'est encouragé ça aussi. Je pense que les
entreprises peuvent faire preuve de créativité et je pense que le problème, il
n'est pas là. Mais vous parlez des petits coffrets, là, Passe-Partout. Là, on
parle quand même de jeunes enfants. Oui, c'est important, la francisation
commence à un jeune âge. Mais, vous savez, pour avoir rencontré plusieurs
groupes, plusieurs... à Montréal notamment, où des gens ont été francisés, que
ça soit sur le lieu de travail, que ça soit en différé, il y a quand même un
large éventail de services dans la francisation. Donc, ce n'est pas... que
les... Puis, vous savez, malheureusement, des fois, il peut y arriver aussi que
les entreprises ne sachent pas non plus tout ce que Francisation Québec peut
offrir. Bon. C'est bien correct. On a fini? J'ai compris.
M. Lapointe (Maxime) : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Oui, c'est ce qui termine cette première
ronde de discussion. On poursuit avec le député de l'Acadie pour 12 minutes 23
secondes.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bonsoir, Maître Lapointe. Merci, merci pour votre présence à
la commission. Merci pour votre document. Je vais commencer avec votre liste de
recommandations, la recommandation numéro cinq, parce que vous recommandez,
suggérez de purger les inventaires des demandes prises en étau entre la
catégorie sélection par le Québec et l'admission par le Canada. Ma
compréhension, c'est que, présentement, il y a à peu près 142 000 personnes au
Québec qui ont un CSQ. Donc... et corrigez-moi si je fais erreur. Donc, le
Québec a reconnu qu'il pouvait éventuellement accéder à la résidence
permanente.
M. Lapointe (Maxime) : ...demande
de résidence permanente en traitement où le fonctionnaire du fédéral attend
juste... il faut comprendre, pour les fameux quotas, les seuils, que, si le
fonctionnaire du fédéral a terminé le quota du Québec dans son plan
d'immigration en avril, là, le fonctionnaire du fédéral va aller faire d'autres
choses le reste de l'année, il ne va pas attendre... Puis ça se peut qu'en
janvier il ne reparte pas nécessairement sur les dossiers Québec, là. Donc,
c'est ça, des fois, une mauvaise adéquation entre les cibles au niveau de la
sélection puis l'admission, puis là ça fait en sorte que, oui, on arrive avec un
rapport de gestion qui dit qu'on a fait 59 000 admissions en 2024, mais, dans
le fond, c'est parce qu'on a retenu des dossiers. Nous, à l'interne, dans le
bureau, on le voit. Quand on arrive en fin de... je pense, c'est au
30 novembre ou.
M. Lapointe (Maxime) : ...le
31 octobre que l'année des quotas... on voit que les dossiers soit
traînent un peu, on nous demande un document additionnel, puis étrangement,
oup! l'année repart, puis là, des fois, on a des... des résidences permanentes.
Donc, tu sais, ce serait à mon avis évitable, là. Vous voyez mon point... Vous
me parlez de mon point cinq, mais mon point cinq, c, c'est réglé, une bonne
fois pour toutes, la saga dans la catégorie du regroupement familial.
• (22 h 10) •
M. Morin : Oui. Puis... Puis
ça, on va... on va en reparler, Me Lapointe, parce que c'est un... c'est un
dossier que j'affectionne particulièrement puis qui est particulièrement
important.
Mais... mais revenons à nos... à nos
142 000. Parce que, bon, ça, évidemment, le... si vous me permettez
l'expression un peu imagée, le... le Québec a ouvert la porte à
éventuellement... à ce qu'ils restent sur le territoire. Mais évidemment le
Québec envoie aussi des seuils au fédéral. Et donc, une fois que le
fonctionnaire fédéral a fini de traiter le nombre de... de seuils qu'il a,
bien, il arrête. Ces gens-là, ils sont sur le territoire, ils sont ici, là, ils
sont logés, ils travaillent, n'est-ce pas?
M. Lapointe (Maxime) : La
plupart.
M. Morin : Exact. Puis là,
quand ils travaillent, ils demandent de permis de travail au fédéral?
M. Lapointe (Maxime) : Oui.
Là, on est dans le Programme mobilité internationale.
M. Morin : Puis ça, ça fait
un... Puis ça, ça fait un PMI?
M. Lapointe (Maxime) : C'est
ça.
M. Morin : Puis là, bien,
plus ça prend de temps pour qu'ils deviennent permanents, bien là, à un moment
donné, le PMI expire. Ça fait qu'ils redemandent un autre PMI. Puis là ça fait
gonfler le nombre de PMI. Puis là ça monte en flèche. On... C'est à peu près
ça?
M. Lapointe (Maxime) : Mes
collègues de l'Association des avocats en droit de l'immigration vous parlaient
de ça, justement, des... des faux temporaires, là, donc des gens qui... qui ont
un CSQ en attente de résidence permanente uniquement à cause d'un... d'un seuil
artificiel. C'est... C'est un peu ça qu'ils vous expliquaient. Oui.
M. Morin : C'est ça.
Maintenant, quand on regarde les scénarios dans le cahier du gouvernement, le
2a, 2b, 2c, si jamais c'est le scénario 2a qui est retenu, avec un
25 000 par année, comment on va y arriver? Ces gens-là, là, les
142 000, ça va prendre combien de temps avant qu'ils deviennent permanents
puis des citoyens canadiens?
M. Lapointe (Maxime) : Bien,
ça va aller entre... entre cinq et huit ans, puis peut-être plus 10 à
30 ans pour les catégories, disons, plus humanitaires, là. Tu sais, je
comprends le gouvernement de dire : Nous, dans notre exemple,
50 000 admissions par année, bien, on veut avoir une plus grande
proportion de la tarte dans l'immigration économique parce qu'on la contrôle
avec un CSQ. Donc, ça fait qu'il y a des laissés pour compte, l'immigration
humanitaire, les réfugiés puis le regroupement familial, entre autres. Parce
qu'on... dans le document de consultation, on lit, là, on... on ne contrôle pas
l'entrée, mais on veut contrôler la sortie, donc ça fait un peu comme un
serpent qui avale une souris, là. Donc, on est un peu pris là-dedans.
Puis dans les scénarios 2A, 2b, 2C,
bien, dans le document de consultation, il y avait à mon avis le scénario 2D
qui était 80 000 admissions, qui est le poids démographique du Québec
dans le Canada. Puis il pourrait y avoir le scénario 2e qui dit que l'accord
Canada-Québec permet d'augmenter les cibles de 5 % pour des raisons démographiques.
On n'a jamais eu autant de personnes sur le territoire du Québec, donc on
pourrait aller à 80 000, plus 5 %, ne serait-ce que pour vider les
inventaires. Parce que si le prochain gouvernement décidait que la résidence
permanente, c'était 25 000, 30 000, comme le Parti québécois, il ne
fait pas faire souffrir les gens à qui on a déjà donné un certificat de
sélection du Québec. Donc, moi, mon... mon travail ce soir, c'est d'essayer de
dire : Écoulez les inventaires. Le gouvernement le fait dans la catégorie des
gens d'affaires. Il en reste encore. Le regroupement familial, si c'est trop
contraignant pour rentrer ça dans 50 000 ou 40 000, ou 25 000,
sortez-le, laissez-le par... au fédéral. Parce que moi, ma lecture, c'est que
le Québec n'a pas le droit de mettre un quota pour la réunification des
familles, puis le Canada n'a pas le droit de l'écouter, là. Donc, ça, c'est
ma... ma compréhension à moi. J'ai envoyé une mise en demeure au gouvernement
en 2024. Il y a eu une poursuite. Je l'ai retirée parce que mon client a eu la
résidence permanente. Il y a eu des chicanes entre Marc Miller et Christine
Fréchette. Est-ce que c'était un affront aux compétences du Québec ou pas? Ça a
fait qu'aujourd'hui on a un moratoire sur la... la réception des demandes.
Qu'est-ce qui va arriver au mois de juin 2026, quand ça va rouvrir, la
réunification... des familles pour 10 000 dossiers de CSQ? Ça va être
plein en 2 h, là? Donc, c'est un peu tout ça qui... qui... C'est réglable,
là.
M. Morin : Puis... Puis quand
on reparle... quand on parle justement du regroupement familial, là,
présentement, le... le seuil, c'est à peu près 10 000, 10 600, là,
dossiers, là. Dans le scénario 2A, ça tomberait à 5 800. Et ça prend
déjà trois ou quatre fois plus de temps au Québec que dans le reste du Canada
pour avoir du regroupement familial. Ça va faire quoi? Ça va prendre huit ans,
neuf ans, 10 ans pour regrouper des familles? Est-ce que c'est... c'est
vraiment ça qu'on veut?
M. Lapointe (Maxime) : Exact.
Ce qui est particulier là-dedans, c'est que dans le plan
d'immigration 2017, avant l'entrée en poste du gouvernement actuel, il y
avait eu une année dans... dans le plan d'immigration, on voyait qu'il y avait
un petit peu plus que... que 10 000, 11 000 admissions, là, pour
la réunification des familles. Puis on disait : C'est le fédéral qui a
décidé d'accélérer le traitement des dossiers. C'est comme si l'ancien
gouvernement...
M. Lapointe (Maxime) : ...vous
reconnaissez qu'en matière de réunification des familles, selon l'accord
Canada-Québec, bien, c'était une catégorie qui était majoritairement fédérale,
tu sais. Mais on dirait que le gouvernement actuel a compris ça d'une autre
manière, en se faisant élire, en disant qu'on allait baisser l'immigration de
20 %, de 50 000 à 40 000. Donc, c'était quand même du mur-à-mur
à ce moment-là, il fallait essayer de comprendre, une fois élu, qu'il y avait
des catégories. Et là on a coupé, mais on a remonté rapidement. Mais, tu sais,
c'est tout ça que, d'un gouvernement à l'autre, ce n'est pas nécessairement
compris pareil.
Puis le poste de commissaire à
l'immigration pourrait aider à ça, avoir des bonnes relations avec le fédéral,
s'assurer que les fonds sont payés par le fédéral pour l'accueil de réfugiés.
C'est sûr que ça crée une pression aussi, parce que je veux en parler un peu de
réfugiés, donc, ce n'est pas la question. Mais, quand même, ça fait que de la
pression. Peut-être que le Québec pourrait dire au fédéral : Écoute, nous,
on va garder nos factures, tu vas venir les payer, on va charger 150 % de
ce que ça coûte, donner les services. Parce que, pendant qu'on donne le service
aux demandeurs d'asile, on ne peut pas le donner à nos Québécois, nos résidents
temporaires, nos résidents permanents. Donc, une relation Québec-Canada, à mon
avis, ça va être à réparer un petit peu.
M. Morin : Et puis le
dialogue, surtout dans ce domaine-là, avec le Canada, est important parce qu'il
y a une compétence qui est un peu partagée, n'est-ce pas?
M. Lapointe (Maxime) : Je
pense qu'il faut rouvrir l'accord Canada-Québec, je l'insère là, parce que...
M. Morin : Oui, bien, c'est
ce que vous avez mentionné, mais...
M. Lapointe (Maxime) :
...manquer de temps, ma recommandation 9, mais je pense que... Parce que,
là, l'accord Canada-Québec, qui date de 1991, n'a pas été pensé pour que le
fédéral compense des services de francisation ou d'intégration à des demandeurs
d'asile qui sont pris dans une commission, statut des réfugiés, qui est inondée
de dossiers. Ça a été pensé pour que le Québec se fait rembourser par le
fédéral pour l'accueil de réfugiés, donc, demandeurs d'asile en attente,
réfugiés, c'est deux choses. Est-ce que le Québec se fait payer les sommes du
fédéral des dernières années pour l'accueil de réfugiés? On parlait d'un 750 millions...
n'était pas tout à fait pays. Des fois, on vient qu'on ne le sait pas. Je pense
que c'est le temps de rouvrir l'accord Canada-Québec. Si le Québec veut les
pleins pouvoirs à l'immigration, c'est par là qu'il faut passer. L'article 33
de l'accord dit à chacune des parties que, dans un délai de six mois, on peut
demander à l'autre de rouvrir l'accord. C'est la bonne chose à faire. Je
comprends que ce n'est pas fait, là.
M. Morin : Puis c'est ce que
vous... c'est ce que vous suggérez dans votre document. Maintenant, j'aimerais
qu'on revienne au PEQ, programme qui a été suspendu. Vous avez fait... vous
avez fait référence à certains clients que vous avez rencontrés dans votre
bureau. Moi, j'ai rencontré... Il y a des gens qui sont venus me voir dans mon
bureau qui étaient totalement en désarroi parce que, quand... et c'était, en
plus... dans la majorité des cas, c'étaient des Français, donc question de francisation,
c'était parfait, il n'y avait pas de problème, là. Ils ont tout vendu en France.
Quand ils sont partis de la France, le PEQ était ouvert. Ils sont restés ici,
ils ont travaillé, ils veulent rester mais là ils ne peuvent plus, mais là ils
n'ont plus rien en France parce qu'ils ont tout vendu.
Alors, il y aurait tu... Ce serait quoi,
votre recommandation, au moins pour les gens qui sont ici, tu sais? Que
quelqu'un présentement à l'extérieur du Québec voie que le programme est
suspendu, bien, évidemment, il ne viendra pas, il ne pourra pas l'utiliser,
mais quelqu'un qui est dedans depuis, je ne sais pas, un an ou deux, il n'y
aurait pas moyen de... au moins de traiter ces dossiers-là? Parce que, là,
c'est comme si le contrat qu'on avait avec eux, bien, le gouvernement du Québec
a décidé unilatéralement de le casser.
M. Lapointe (Maxime) : Oui,
bien, on a appliqué le frein d'urgence, là, à plusieurs égards. La population
on demandé de baisser les volumes d'immigration, autant au Québec qu'au Canada,
là, il faut comprendre quand même, tout ça. Bien, par rapport à la
régionalisation, les intervenants qui sont venus vous voir aujourd'hui, on a
vu, M. le ministre, chacun vous demande leur proportion de la population dans
le Québec, puis on dirait que tout le monde tire un peu là-dessus, déjà. Mais
le Programme d'expérience québécoise, lui, dans le fond, ce qu'il dit, c'est:
On va laisser le marché aller, apprenez le français puis faites une demande.
Mais moi, je disais dans les médias, à Mario Dumont, l'année dernière :
Moi, des gens qui parlent français, qui travaillent depuis deux ans dans un
emploi spécialisé, je les prends tous. Ça l'avait fait sursauter, mais, pour
moi, des gens qui travaillent ici, qui sont intégrés, ils sont là depuis deux
ans...
Donc, pour répondre à votre question, une
clause grand-père pour les gens qui étaient sur le territoire avec un permis de
travail quand il y a eu la fermeture en cachette du PEQ au mois de juin, c'est
facile à mettre en œuvre parce que le même gouvernement l'a fait en 2020. Quand
ils ont changé les règles du PEQ, en juillet 2020, il y avait une clause
grand-père. Donc, je pense que c'est vraiment quelque chose de faisable pour le
gouvernement puis ça réglerait ce que j'ai entendu aujourd'hui, les
intervenants... Puis je trouvais ça compliqué, là, chacun va... On l'a eu, on
l'a vécu en 2019, quand on a fait un PEQ régions puis un traitement simplifié
régions, on est retourné à la table à dessin assez rapidement, là, dans les
réformes. Donc, le PEQ... L'immigration est déjà régionalisée, les entreprises
savent comment intégrer des travailleurs. Il y a des gros volumes, on le sait.
Faisons-leur confiance. Ils ont développé des systèmes pour franciser, des
fois, par eux-mêmes.
• (22 h 20) •
M. Morin : Et je comprends
que le gouvernement actuel pourrait s'inspirer de son propre précédent pour
gérer le PEQ.
M. Lapointe (Maxime) : Exact.
M. Morin : Très bien. Je vous
remercie beaucoup. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, on termine avec le député de Laurier
Dorion pour 4 min 8 s...
M. Fontecilla : ...merci, Mme
la Présidente. Bonsoir, monsieur. Écoutez, j'aimerais revenir sur les... votre
recommandation numéro 6, et vous en avez... vous en avez plusieurs, convenir
avec le fédéral de ramener les délais de traitement à ceux du reste du Canada.
Ça, ça concerne les... la catégorie du regroupement familial. Quel est le délai
dans le reste du Canada?
M. Lapointe (Maxime) : Aux
dernières nouvelles, c'était 12, 13 mois, là. C'est toujours une question, dans
le plan immigration, le nombre de dossiers qu'on reçoit versus ce qu'on veut
traiter. Le fédéral avait la marge de manœuvre. Là, avec... le Canada baisse
aussi ses propres volumes d'immigration. Ça va créer une pression comme on voit
au Québec dans les prochaines années, on le voit entre autres dans la catégorie
du visa pour le démarrage d'affaires, là, qui est l'équivalent du volet I du
programme des entrepreneurs. Au fédéral, ils ont des gros enjeux, ils ont reçu
beaucoup trop de dossiers par rapport aux quotas qu'ils voulaient allouer pour
ce poste-là. Donc, pour répondre à votre question, c'est... les délais de
traitement, c'est quelque chose qui se règle avec une hausse des seuils, là.
M. Fontecilla : 12, 13 mois
en ce moment. Et au Québec, c'est combien?
M. Lapointe (Maxime) : C'est
36, 38 puis ça va être plus avec, justement, soit le nouveau plan ABC, mais
surtout aussi avec la suspension, parce que, là, on retient aussi des dossiers
au niveau de la demande d'engagement qui vient avec un certificat de sélection.
Donc, ça va monter à... tu sais, ça peut être cinq, huit, 10 ans, là.
M. Fontecilla : Et ça, c'est
des gens se trouvent à l'extérieur du Canada?
M. Lapointe (Maxime) : Il y a
les deux. Il y a beaucoup de gens... Nous, on... 95 % des parrainages
qu'on dépose, les gens sont déjà ici. S'ils ne sont pas ici parce qu'ils ont
besoin d'un visa... Le fédéral a fait une mesure en 2023, en mai 2023, Shawn
Fraser, l'ancien ministre de l'Immigration, pour réunir les familles. Donc, on
aide à avoir un visa. Donc, il n'y a beaucoup, beaucoup de raisons que les
familles ne soient pas réunies ici. Moi, c'est ce que je leur dis, c'est :
Essayez pas d'aller dans une autre province. Même si c'est plus long au Québec,
au moins vous allez être ici avec votre conjoint, votre mari, peu importe, et
un permis de travail qui se renouvelle, tu sais. Donc ce n'est pas parfait,
mais c'est quand même... nous, on le voit, les gens nous disent : On va
déménager dans une autre province parce que c'est plus rapide. On le voit à
toutes les semaines, là.
M. Fontecilla : Mais vous,
vous dites de traiter ça hors programme, là. On a un programme, une mécanique
qui est très lente, donc c'est des... comment dire, à un moment donné, sortir
tout ça et régler ça une fois pour toutes. C'est ça que vous dites?
M. Lapointe (Maxime) : Oui.
Bien, je pense qu'avec un écoulement des demandes, on pourrait au moins faire
baisser les délais de traitement pour les ramener à ce qu'ils sont au fédéral.
Ce serait quand même une petite victoire qui est non négligeable pour les gens
qui attendent dans la précarité aussi d'un statut à renouveler. Ce n'est pas
tous les gens qui sont réunis, on voit des refus. Nous, on a eu des refus des
gens qui ont une conjointe, conjoint à l'étranger qui a besoin d'un visa. Puis
quand il y a un enfant, étrangement, on a eu plus de refus que quand il n'y
avait pas d'enfant. Tu sais, on n'a pas 100 % de succès pour les gens qui
ont besoin de visa. Quand les gens n'ont pas besoin de visa, ils voyagent avec
une autorisation de voyage électronique. Ils sont ici, on prolonge le statut,
on est capable d'arrimer assez facilement.
M. Fontecilla : Je n'ai
jamais vu ça au Québec. Est-ce que ça s'est fait au gouvernement fédéral?
M. Lapointe (Maxime) : De?
M. Fontecilla : Bien, de
faire une... de traiter un groupe hors programme, là.
M. Lapointe (Maxime) : Non,
parce que le fédéral n'a jamais eu à se poser ces questions-là. Parce que quand
on avait, exemple, 500 000 admissions par année, on était capables de
gérer les dossiers à traiter dans l'année puis s'en garder un petit peu pour
l'année prochaine, puis gérer des délais de traitements qui sont usuels. Ma
requête en Cour supérieure pour, justement, le regroupement familial, c'est...
je disais : Les délais du fédéral sont usuels, 12 mois, c'est usuel, et
les délais du Québec, de 36, 42 mois sont inusuels. Donc, c'est l'essentiel. Le
fédéral, généralement... premièrement, prépondérance et pouvoirs en
immigration, il faut se le rappeler, là, puis il faut prendre pour acquis que
les délais du fédéral sont usuels, vous comprenez?
M. Fontecilla : Mais puisque
le Québec a une capacité... une compétence dans le regroupement familial,
pourquoi que le Québec ne pourrait pas utiliser la solution que vous prônez?
M. Lapointe (Maxime) : ...question
de faire rentrer tout ça dans la tarte totale, là, de 50 000 admissions ou
25 000, 35 000, 45 000. Le gouvernement, je le comprends puis je
le respecte, dit : Nous, dans notre exemple, 50 000 immigrants
résidents permanents par année, bien, on veut avoir plus...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
M. Lapointe (Maxime) : ...d'immigrants
économiques. Mais là on l'a fait au détriment de... tu sais, dans l'humanitaire,
on vous l'a dit, ici, c'est 10, 20, 30, 40 ans, bientôt, là. Donc, c'est à
revoir, la sélection, l'admission, on peut écouler les délais de traitement
avec un peu plus de vision, mais surtout en augmentant les seuils, juste pour
décongestionner temporairement, disons.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Merci beaucoup, Me Lapointe. Alors, votre... Je vous
remercie pour votre contribution à nos travaux, je vous souhaite un bon retour
avec votre petite famille.
Et la commission ajourne ses travaux au
mercredi 29 octobre, après les avis touchant les travaux des commissions.
(Fin de la séance à 22 h 25)