Journal des débats (Hansard) of the Committee on Citizen Relations
Version préliminaire
43rd Legislature, 2nd Session
(début : September 30, 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Wednesday, October 29, 2025
-
Vol. 48 N° 10
General consultation and public hearings on the consultation document entitled “Planning of Immigration to Québec for the 2026-2029 Period”
Aller directement au contenu du Journal des débats
11 h (version non révisée)
(Onze heures quinze minutes)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre les auditions publiques dans le cadre de la consultation générale
sur le cahier de consultation, intitulé La planification de l'immigration au
Québec pour la période 2026-2029.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve) est remplacé par M. Fontecilla
(Laurier-Dorion) et M. Bérubé (Matane-Matapédia) par M. Boissonneault
(Arthabaska).
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, nous entendrons ce matin les
personnes et groupes suivants. Dans un premier temps, la Guilde de jeu vidéo du
Québec, que nous recevons par la voie des airs, c'est-à-dire par
visioconférence. Nous allons poursuivre par Messieurs Espinosa Losada et...
Houdeib. Et par la suite, nous prendrons une petite pause. Nous reviendrons en
après-midi. Alors, nous allons...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...donc commencer par La Guilde du jeu vidéo du Québec. Je
vous rappelle, mesdames, mesdames et monsieur, que vous allez disposer de
10 minutes pour votre exposé, donc, l'essentiel de vos recommandations.
Par la suite, nous allons discuter avec les parlementaires. Et je vais vous
inviter aussi, bien évidemment, à vous... vous présenter. Je vous laisse le
soin de le faire. Votre 10 minutes commence maintenant.
Mme Marchand (Stéphanie) :
Parfait. Alors, merci beaucoup. Je me présente, Stéphanie Marchand, Je suis
présidente du conseil d'administration de La Guilde de jeu vidéo du Québec et
aussi vice-présidente chez Behaviour Interactive. Je vais passer la parole à
Sarah.
Mme Gougeon (Sarah) : Bonjour.
Sarah Gougeon. Je suis directrice des relations gouvernementales pour La Guilde
du jeu vidéo du Québec. Et, Didier, je te passe la parole.
M. Leroux (Didier) : Bonjour.
Bon matin. Didier Leroux, avocat en immigration et mobilité chez Behaviour
Interactive et membre du Comité de l'immigration à La Guilde des jeux vidéo du
Québec. Je passe la parole à Mélanie.
Mme Boulanger (Mélanie) :
Bonjour. Mon nom est Mélanie Boulanger. Je suis spécialiste en immigration chez
Ubisoft à Québec et membre du Comité en immigration de La Guilde du jeu vidéo.
Mme Marchand (Stéphanie) :
Parfait. Alors, merci. Je vais maintenant vous présenter un peu notre industrie
La Guilde et ensuite nos recommandations. Alors, tout d'abord, ce qu'il faut
savoir, La Guilde du jeu vidéo du Québec est le plus grand rassemblement dans
le genre au monde. On regroupe plus de 330 développeurs de jeux vidéo...
bien, enfin, au Québec. On pense évidemment à des grands studios comme Ubisoft,
qui représentent un certain nombre de pourcentage. Mais ce qu'il faut savoir,
c'est que 86 % de nos compagnies sont des compagnies privées et
québécoises, donc... est le plus grand studio, avec 1 200 personnes,
qui existe depuis 33 ans maintenant. Mais c'est vraiment un domaine qui
est connu pour ses... internationaux, mais qui est aussi en effervescence avec
des studios québécois.
On est, aujourd'hui,
15 000 personnes, dont 15 000 emplois directs dans le
secteur. C'est un des secteurs qui a connu un boom durant la pandémie, ce qui
est aussi à préciser. Les gens se sont lancés sur des jeux vidéo durant cette
période. C'est aussi un secteur économique important, on parle de
1,4 milliard de retombées annuelles et ensuite la grande majorité de ces
retombées-là viennent de l'externe. Donc, c'est de l'argent qui est vraiment de
l'exportation, donc, très intéressant. On parle ici d'un secteur clé pour le
Québec. Donc, on est aujourd'hui dans un secteur... dans une situation... Je
suis désolée, alors je me reprends.
Donc, voilà. On est aujourd'hui dans un
peu une incertitude, autant ce qui se passe au niveau global, mais aussi,
spécifiquement, avec nos changements en immigration. Pourquoi? Parce qu'on est
une industrie qui est très jeune, la moyenne d'âge dans notre industrie, c'est
32 ans. Les dernières années, nous avons rentré beaucoup de gens, beaucoup
de gens juniors, intermédiaires qui viennent de nos formations québécoises. Ce
qui nous manque, c'est des gens séniors qui viennent nous encadrer. On en a au
Québec, mais ce qui nous aide énormément, c'est nos séniors qui viennent de
l'extérieur. Pourquoi? Parce que créer un jeu vidéo, ça demande une certaine
expertise qui s'apprend sur le terrain, il faut en créer, il faut le vivre. Et
pour vraiment former nos juniors, nos jeunes Québécois, qui sont très motivés
par cette industrie, bien, ça nous prend des séniors. Donc il y a certains
changements qui sont arrivés avec les différents programmes, on va passer au
travers de nos recommandations, mais qui ont affecté un peu, là, notre
situation et notre possibilité d'intégration de nos jeunes talents.
Donc, je vais passer à nos
recommandations. Nous en avons fait sept. Tout d'abord, ce qui... une des
choses les plus importantes pour nous, c'est vraiment tout ce qui est la.... la
prévisibilité et la transparence lorsqu'il y a des changements. Il y a eu, dans
les dernières années, certains changements, des programmes qui ont été
soudains, et l'information n'était pas toujours disponible. Nous, c'est vraiment
très important qu'on parle ici du temps que ça peut prendre pour bâtir des
dossiers, mais aussi pour être capable de bien prévoir notre croissance. Donc,
une des choses qu'on demande à la commission aussi, c'est vraiment d'être plus
transparent et de vraiment pouvoir nous donner le temps, là, de prévoir les
changements. Et l'idéal pour nous, c'est trois à six mois, on comprend que ce
n'est pas toujours possible, mais ce serait vraiment une situation
intéressante. Et je vous présente aussi... vous préciser nos recommandations en
ordre de priorité. Alors, ça, c'est vraiment quelque chose qui est très clé
pour nous.
• (11 h 20) •
Un des deuxièmes aspects très importants,
c'est donc la deuxième recommandation, c'est adapter le Programme de sélection
des travailleurs qualifiés, donc le PTSQ, aux réalités de l'industrie du jeu
vidéo. Alors, on le mentionnait, c'est un secteur qui a une particularité avec
nos jeunes, le besoin en sénior. Donc, on a un programme pilote qui a été mis
en place, qui est le programme connu sur... pour l'IA, les TI et les VFX. Ce
programme...
Mme Marchand (Stéphanie) :
...le jeu vidéo, il arrive à échéance. Donc, une de nos recommandations, c'est
de prolonger et de maintenir ce programme. C'est un programme qui, nous, est
très, très important et qui nous aide énormément. Donc, avec soit la mise en
place aussi de rondes d'invitations qui sont ciblées pour les gens dans notre
industrie, ça pourrait vraiment nous aider.
Notre troisième recommandation, c'est la
reconnaissance que Montréal est vraiment, là, la communauté... l'importance de
la communauté montréalaise. Montréal est dans le top cinq des pôles
internationaux dans l'industrie du jeu vidéo. Ce n'est pas rien et on tient
vraiment à garder ce statut. On comprend évidemment le besoin de créer des
emplois en région, d'amener des gens en région, par exemple Ubisoft a ouvert
des studios à Sherbrooke, a ouvert des studios au Lac-Saint-Jean. On est
présents, on est très présents à Québec aussi, avec des entreprises comme Ubi,
Beenox, Activision. Mais ça reste que Montréal est notre grand pôle et occupe
plus de 70 %... plus de 70 % de mon studio, un peu plus au niveau de
la main-d'œuvre, sont présent ici. Donc, on voudrait s'assurer de pouvoir
garder les rôles à Montréal et de ne pas avoir des postes qui sont refusés sur
cette base-là.
Un quatrième élément très important dans
notre quatrième recommandation, c'est la... c'est un peu en suite de notre
deuxième recommandation, c'est prolonger le programme expérience Québec, donc
le PEQ, travailleur. Ça a été une voie d'accès très importante pour nous. On
sait que le programme, en ce moment, se termine en novembre 2025. On n'a pas
vraiment de visibilité sur ce qui va suivre. C'est vraiment un programme qui
est clé pour notre industrie, donc on aimerait le prolonger.
Notre cinquième recommandation, ce serait
de réintégrer certaines formations. Donc, le jeu vidéo, on a énormément de
corps de métier et dans la dernière année, certains corps de métier ont été
retirés des professions qui étaient éligibles au traitement simplifié. Donc,
les postes qu'on aimerait ramener, évidemment, ce sont des postes qui sont
souvent très spécifiques à notre industrie, qu'on parle de designer d'interface
usager, de designer d'expérience usager aussi, de... surtout d'un poste très
clé pour nous qui est le poste de directeur créatif. Ce sont les gens qui
vraiment créent la vision de nos produits. Donc, les deux... Les deux
catégories, c'est vraiment artiste et producteur pour nous, et la... il y a
des... beaucoup de professions très, très importantes qui se déclinent dans ces
cadres... ces deux pôles-là.
Notre sixième recommandation, c'est d'en
fait aller vers une revalorisation de la francisation. On sait que c'est très,
très important avec les gens qui se joignent... qui se joignent à nous. On a
pris beaucoup... donc, l'industrie, je vous en ai parlé, c'est 86 % de
l'industrie québécoise. On est très fiers de ça. On est très fiers de nos
racines. On offre dans la grande majorité de nos entreprises des programmes,
des cours de français pour vraiment aider à l'intégration de nos employés, ne
serait-ce qu'au sein de nos propres entreprises. Donc, on aimerait vraiment
favoriser les subventions qui sont directement aux employeurs pour nous aider à
prendre en charge un peu et vraiment participer, là, à la francisation les gens
qui se joignent de l'extérieur à notre industrie.
Et finalement, tout ça, en fait, toutes
ces recommandations-là vont vers un dernier objectif qui est de préserver
l'image du Québec comme employeur clé dans cette... dans l'industrie du jeu
vidéo du Québec. En ce moment, avec les changements, le manque de
prévisibilité, ça envoie un message qui est parfois un peu difficile aux gens
qui voudraient venir peut-être travailler avec nous. Et ça nous met un peu en
compétition avec d'autres provinces, entre autres, qui offrent ou qui sont
aussi des pôles importants, là, qu'on pense à Toronto ou à la
Colombie-Britannique. Et puis nous, c'est important de garder cette image de
pôle mondial. On a besoin des seniors ici, je le mentionnais, pour continuer à
faire grandir nos juniors. Donc, je dirais qu'au travers, là, des
recommandations précédentes, bien, ça fait partie de nos préoccupations de
préserver notre image de secteur stratégique.
Donc, si on revient, pour nous, ce qui est
important, c'est de prendre en compte les réalités sectorielles. Donc, le jeu
vidéo, on est un... C'est un pôle d'excellence au Québec. On a des demandes
très précises en ce moment qui sont vraiment pour nous aider à former notre jeunesse.
La jeunesse performe au travers de nos programmes ici et ce sont nos
recommandations pour aider à réussir cet objectif. Donc, on est vraiment bien
positionnés, on attire, à l'international, notre réputation n'est pas à faire.
Le Québec, on sort de très bons jeux, de très grands jeux. Les gens sont
intéressés à venir chez nous. Donc, on veut vraiment continuer de profiter des
meilleurs talents mondiaux pour former la relève... la relève d'ici. Donc,
voilà, c'était, là, le résumé de nos demandes. J'ai mes experts aujourd'hui
avec moi, qui pourront répondre à vos questions qui peuvent être plus
spécifiques. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme Marchand, merci beaucoup pour cette présentation.
Alors...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...Alors, justement, on va commencer la période... «la
période de questions», je suis encore dans la période de questions, la période
d'échange avec les parlementaires et on commence avec le ministre et la
banquette gouvernementale. Vous avez 16 minutes 30 secondes.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation. C'est intéressant de vous avoir avec
nous aujourd'hui. C'est tout à fait normal, qu'on vous ait en virtuel, puisque
vous êtes des experts des effets visuels et des jeux vidéo, pas d'enjeux là.
C'est un secteur qui est méconnu du grand public, mais très important pour
l'économie québécoise. Beaucoup de jeunes, vous l'avez dit, sont intéressés par
ce secteur-là. Juste quelques questions. D'entrée de jeu, sur votre secteur
d'activité économique, comment ça va à ce moment-ci avec l'intelligence
artificielle qui arrive? Est-ce qu'on a en ce moment, au Québec, plus d'emplois
dans votre secteur ou moins d'emplois, admettons, qu'il y a deux ans ou trois
ans?
Mme Marchand (Stéphanie) : En
fait, on a plus d'emplois qu'il y a trois ans. Avant la pandémie, on était
autour de 12 000 emplois, on est à 15 000 aujourd'hui. Simplement, là, le jeu
vidéo est un des secteurs, comme je l'ai mentionné, qui a connu une très grande
croissance, le Québec aussi, par le fait même, le... autant par les grands
studios. Je peux prendre Behavior. On a doublé de taille. On était 620 la
semaine où on... de mars, où on a envoyé tout le monde à la maison, aujourd'hui
on est plus de 1 200. Et aussi on a vu énormément de petits studios, là,
d'entrepreneurs québécois décider de se lancer. Donc, nous, en fait, depuis
trois ans, on a connu une croissance assez... assez intéressante.
M. Roberge : Puis on
anticipe, pour le secteur, disons, pour 2026, 2027, 2028, une consolidation,
une stabilisation, une hausse? C'est quoi, les perspectives, considérant
l'économie, et tout ça?
Mme Marchand (Stéphanie) : Donc,
on prévoit toujours que le domaine va continuer à accroître simplement parce
que plus la population... en fait, plus... la population fait... Les jeunes
sont vraiment les personnes intéressées par les jeux vidéo. Donc, le jeu vidéo,
on s'entend à ce que ça continue de prendre de plus grande place. Ce qu'il faut
savoir, c'est aussi... Évidemment, là, la croissance a été effrénée. On ne...
probablement, ne continuera pas à ce rythme-là, mais on s'attend à une
croissance plus lente, mais quand même un rythme soutenu pour les prochaines
années, selon toutes les prévisions des experts du domaine.
M. Roberge : De ce que j'en
sais, et j'avoue que j'en sais peu sur votre secteur, c'est pour ça que je suis
content d'avoir votre expertise, vous êtes des spécialistes de votre domaine,
au moment de la création, du lancement d'un jeu, c'est comme un cycle, on
embauche beaucoup de monde puis, à la fin, peut-être un peu moins. Donc, pour
votre secteur, est-ce que vos besoins en termes, là, de migration, c'est
l'accessibilité aux travailleurs étrangers temporaires, faciliter ou vous
souhaitez plutôt que ces gens-là basculent comme des résidents permanents et
vous avez de l'emploi à temps plein pour eux pour des années? C'est ça, ma
question.
Mme Marchand (Stéphanie) : Je
vais... Oui, je vais répondre pour la première partie puis je vais laisser un
de mes collègues experts pour la deuxième section. Donc, il y a énormément de
jeux vidéo aujourd'hui qui lancent et qui ont ensuite une durée de vie qui peut
être très longue. Par exemple, un de nos plus gros produits chez nous a connu son
neuvième anniversaire cet été. Lors du lancement, il y avait 30 personnes
sur le projet, on est à 300 aujourd'hui. Donc, il y a des... Les jeux vidéo,
parfois, ont une vie qui peut être très longue et, quand ça se passe bien,
l'équipe grossit.
Ensuite, on ne laisse jamais un moment
passer. Si un projet se termine, le deuxième projet est déjà en idéation. On
essaie toujours d'être prêt à réutiliser nos ressources. Pourquoi? Parce que
c'est de la main-d'œuvre spécialisée. On ne peut pas se permettre de la perdre.
Certains domaines peuvent se permettre de fluctuer avec de l'ajout de
travailleurs, notre... Nos travailleurs sont très spécialisés. On veut les
garder, on veut les garder motivés. Ça fait vraiment partie de nos défis. Donc,
je vous dirais qu'en général il n'y a pas... on est toujours... on cherche
toujours une façon que les gens puissent tout de suite commencer sur le
prochain jeu, le prochain opus de la série ou continuer une fois que le jeu est
live, là, donc le jeu est disponible. Donc, on n'a pas énormément de
fluctuations.
Puis, pour la...
• (11 h 30) •
M. Roberge : ...
Mme Marchand (Stéphanie) : Oui,
excusez-moi.
M. Roberge : Non,
excusez-moi. Donc, la perception ou le... ce que j'avais entendu, comme quoi
c'était embauche, licenciement, ce n'est pas... ce n'est pas ce qui se
manifeste dans le secteur. Très bien. Écoutez, ce n'est pas moi qui ai
l'information, c'est vous qui l'avez.
Vous nous parlez du traitement simplifié,
les changements qu'il y a eus dans ce qu'on appelle le programme de traitement
simplifié. C'est le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale qui
établit, en collaboration avec le ministère de l'Immigration, Francisation, la
liste des professions, mais le ministère a revu sa méthodologie d'élaboration
de la liste des professions admissibles au traitement simplifié en 2025...
11 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...en cohérence
avec les orientations du gouvernement, seulement les professions qui sont
évaluées en déficit de main-d'œuvre dans l'ensemble du Québec ou les
professions de secteurs. Prioriser un déficit ou déficit, au moins une région
du Québec est admissible au traitement simplifié, ça ne veut pas dire que les
autres ne peuvent pas faire venir de travailleurs temporaires, mais ça veut
dire que les autres professions n'ont pas le traitement simplifié.
Dans votre secteur, évidemment, vous avez
différents employés. Ce n'est pas tout le monde qui a le même code de
professions. C'est très technique. Cette nouvelle méthodologie vous garde certains
travailleurs, je pense, dans le traitement simplifié et d'autres ne sont plus
dans le traitement simplifié. Est-ce que c'est une grande proportion qui est
encore dans le traitement simplifié ou pas? Comment vous recevez ces
changements-là qui ont eu lieu dans la dernière année?
M. Leroux (Didier) : Je peux
répondre. Merci beaucoup pour la question, M. le ministre. Essentiellement,
depuis plusieurs années, nos travailleurs étrangers temporaires étaient sur des
professions qui étaient sur la liste. Cette année, il y a eu ce changement-là,
notamment, comme vous l'avez dit, par rapport à la méthodologie. Il n'en reste
pas qu'une grosse portion de nos travailleurs était visée, notamment le CNP,
qui regroupe les designers graphiques et illustrateurs, qui a été enlevé et qui
demeure quand même un très haut pourcentage de notre effectif. Non seulement ça,
d'autres CNP aussi ont été affectés à moindre mesure, mais qui touchent quand
même plusieurs personnes de notre compagnie et de notre industrie en général. L'autre
chose que je tiens à mentionner aussi, c'est par rapport justement au traitement
simplifié, c'est que ça... ça démontrait une certaine volonté puis... par
rapport à... au gouvernement, bien, par rapport aux secteurs qu'on est, à viser
des professions comme ça, notamment si je me fie au rapport du gouvernement sur
l'état d'équilibre du marché du travail, les professions de programmation, de
designer graphique illustrateur et de production qui regroupe une très large
portion, un gros volume de notre... de notre volume d'employés et de
travailleurs étaient tous en déficit. Donc, je pense que ça vient de montrer
que ça reste quand même un outil important pour nous pour garder ces professions-là
puis s'assurer justement d'avoir des travailleurs sur les projets.
M. Roberge : Il y a des
contraintes en ce moment, la région de Montréal, Laval, sur l'arrivée de
travailleurs étrangers temporaires à l'extérieur des missions, là, fondamentales
de l'État, santé, éducation essentiellement. Je généralise. Vous... Mais en
fait, ces contraintes-là ne s'appliquent qu'aux travailleurs qu'on dit à bas
salaires, selon le chiffre du fédéral. Je pense que c'est autour de 70 000 $-72 000 $.
Vous, vos travailleurs étrangers temporaires, est-ce qu'ils sont en bas du 60...
on va dire 72 000 $ ou en haut 72 000 $? Parce que, s'ils sont en
haut, de ce que je comprends, c'est qu'ils n'ont pas de contraintes.
Mme Boulanger (Mélanie) : Oui,
je peux répondre à cette question-là. En fait, la plupart de nos travailleurs
étrangers temporaires sont en haut de ce médian-là, donc, il n'y a pas ces
contraintes auxquelles vous faites référence.
M. Roberge : OK. Très bien.
Donc, il n'y a pas de contraintes pour vous pour embaucher ces travailleurs
étrangers temporaires, même à Montréal, étant donné le salaire élevé. Cette
contrainte-là qui à l'extérieur de Montréal, Laval, n'est pas appuyée par le
gouvernement du Québec, mais Montréal, Laval vu l'arrivée de toutes sortes de
catégories de travailleurs, notamment le PMI du fédéral, les demandeurs d'asile,
on a un traitement qui est différent. Merci beaucoup pour l'éclairage.
Vous voulez compléter, je vais vous
laisser compléter tout de suite après, il reste du temps. Moi, je veux juste
vous remercier parce que vous m'avez donné des informations très, très précises
sur un secteur puis c'était vraiment intéressant d'avoir votre expertise. Vous
voulez compléter, je vais vous laisser aller puis après ça, j'ai des collègues
qui veulent poursuivre l'échange avec vous. Mais, merci pour l'éclairage que
vous avez apporté ce matin. Mais allez-y pour votre complément, alors on vous
écoute.
Mme Boulanger (Mélanie) :
Parfait. Oui, merci, M. le ministre. En fait, ce que je voulais ajouter en
complément, c'est que, bien, comme vous dites, le salaire médian avec notre
entreprise, par contre, les postes pour lesquels on recrute, c'est
principalement des postes de senior, donc le plus le plus haut pourcentage de
nos travailleurs étrangers, à plus de 50 %, c'est des nouveaux seniors. Donc,
ce n'est pas des postes d'entrée en fait qu'on va chercher avec l'embauche de
travailleurs étrangers.
M. Leroux (Didier) : Moi pour
compléter aussi, j'aimerais revenir sur M. le ministre que vous avez mentionné
par rapport aux résidents permanents et sur la longueur des projets. J'ai... je
suis actuellement au sein de l'industrie du jeu vidéo...
M. Leroux (Didier) : ...mais
auparavant j'étais avocat en immigration au sein de l'industrie des effets
visuels. Les deux industries sont très différentes. En effets visuels, c'est
vraiment cette façon de faire où on embauche beaucoup pour un film et on
relâche pas mal de gens après ça à la fin du projet. En jeu vidéo, ce n'est pas
exactement le cas. On a des projets, comme le disait Mme Marchand, qui
sont beaucoup à long terme. Et non seulement ça, beaucoup de nos gens vont
transitionner vers d'autres projets où, au lieu d'embaucher de nouvelles
personnes, vont juste transitionner sur la fin d'un projet vers un nouveau.
Et aussi chez nous à Behaviour, nous avons
90 % des gens qui sont... des travailleurs étrangers temporaires, pardon,
qui sont passés... qui ont passé vers la résidence permanente par le passé,
donc actuellement ils sont redevenus résidents permanents. C'est une volonté
qui est constante. Les gens veulent s'établir au Québec, veulent s'établir au
sein de notre industrie pour travailler ici, et on les accompagne, justement,
dans ce processus-là pour, justement, faire en sorte qu'ils puissent grandir au
Québec dans cette industrie techno très importante pour l'économie du Québec.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup de ces précisions. Alors, le ministre a
complété ses questions. Par contre, sur la banquette gouvernementale, il y a la
députée de Vimont qui a encore quelques précisions, quelques questions, et il
vous reste, Mme la députée, 9 minutes... 5 min 29 s.
Mme Schmaltz : Ah, cinq. OK,
parfait. Merci. Je suis très contente. Bonjour, je suis très contente ce matin
de prendre la... de... en fait, de pouvoir vous questionner sur certains
enjeux. Je dis que je suis contente parce que, là je vais sortir un peu du
cadre, mais j'ai un fils de 15 ans, hein, qui est un grand professionnel
de la chose, donc du jeu vidéo, alors considérez que je suis rendue une mère
premium là-dedans, hein, j'ai assisté à peu près à tout. Donc, je comprends, je
me sens... je me sens bien à ma place ce matin. Francisation. Vous mentionnez
que vous avez mis au point avec l'OQLF un recueil, un petit manuel de
francisation pour les jeux vidéo. C'est vraiment incroyable dans le sens que,
connaissant un petit peu les jeux qui ont la cote, c'est souvent des jeux qui
sont en anglais, hein? On en voit quand même quelques-uns en français, mais ils
sont vraiment très rares, là, on ne se le cachera pas, on ne se le cachera pas.
Vous avez... Vous mentionnez que
certains... comment dirais-je, là, certaines subventions devraient plutôt être
remises à des employeurs pour s'assurer de la francisation versus faire affaire
directement avec Francisation Québec. Ces enjeux que vous rencontrez, est-ce
que c'est une question d'horaire? Est-ce que c'est... C'est quoi exactement?
Parce que le panier de services de Francisation au Québec est quand même très
large, très adaptable aussi à l'industrie, dont la vôtre, entre autres. Mais
j'essaie de comprendre pourquoi on devrait plus changer un petit peu la vision,
là, de la francisation.
Mme Boulanger (Mélanie) : Oui,
peut-être que je peux commencer une réponse, Mme la députée. En fait, par
exemple, chez nous, à Ubisoft, on a un... quand même un faible ratio en... par
rapport, tu sais, au volume de nos employés, de nos travailleurs étrangers qui
sont anglophones, qui sont allophones, pour qui on a un intérêt à ce qu'ils,
clairement, apprennent le français. On a contacté Francisation Québec pour voir
quelle était l'offre de service, qu'est-ce qu'on pouvait mettre en place, mais
ce n'était pas adapté à notre réalité, surtout aux postes, tu sais, pour des
travailleurs étrangers qu'on va aller chercher pour des postes très demandant.
Tu sais, c'est des postes stratégiques, des postes de direction. Il faut que ce
soit quand même une offre qui puisse être adaptée en termes d'horaires.
Notamment, nous, en fait, en ce moment, on dépense... c'est un montant assez
conséquent par année. Là, on parle pour l'année 2024, c'était
138 000 $ pour de l'offre en francisation, donc pour franciser
environ une centaine de nos employés sur nos 2 000... sur nos
4 500 employés. Donc, c'est quand même un faible ratio, mais, pour
cette centaine d'employés là, il n'y a pas une offre de Francisation Québec qui
était adaptée à leurs besoins.
• (11 h 40) •
M. Leroux (Didier) : ...
Mme Boulanger (Mélanie) :
Donc, on a des cours privés en entreprise, en fait, désolé, en petits groupes.
M. Leroux (Didier) : Oui.
Désolé. Merci beaucoup pour la question, Mme la ministre de Vimont... députée,
pardon, promotion. Ce que je tiens à préciser aussi par rapport à ça, ça va
dans le même sens que ce que Mme Boulanger mentionnait. On a fait
également...
M. Leroux (Didier) : ...l'exercice
de contacter Francisation Québec pour voir c'était quoi, l'offre.
Malheureusement, ce n'était pas adapté non plus à nos activités et à notre
situation. Donc, ce qu'on a fait, c'est... également, on offre des cours privés
et, dans certains cas, même des tuteurs en français. Il y a eu une augmentation
de 36 % qui a été notée à la dernière session, la section actuelle, en
francisation. Non seulement ça, on a des rencontres le jeudi avec toutes les...
à tous les gens qui sont... qui ont le désir de parler en français autour d'un
café, on a une diffusion d'ateliers, justement, de francisation externes, des
applications comme Mauril de Radio-Canada qui sont disponibles, dont on a
partagé, et aussi, là, je vais plus loin, là, le partage de musique québécoise
aussi, que moi, étant quelqu'un qui aime beaucoup la musique, partage avec nos
confrères étrangers temporaires.
Et donc nous, ce qu'on veut, c'est
vraiment accélérer le processus de francisation. Un exemple concret que je peux
donner par rapport à ça, c'est quelqu'un qui avait été justement... qui a passé
par le processus francisation du programme pilote pour la résidence permanente
et à laquelle il faut s'inscrire au cours de français justement avec le
gouvernement. On a attendu deux ans. Ça a été impossible pour cette personne de
s'inscrire. Donc, malgré plusieurs efforts, donc, on est vraiment allés vers
les cours privés à ce moment-là parce que ce n'était pas possible et les
horaires qu'on mentionnait justement pour ce qui est des offres de Francisation
Québec étaient vraiment très stricts. Donc, comme disait Mme Boulanger, il n'y
avait pas de flexibilité justement par rapport à des projets où on a des
séniors et des directeurs qui demandent beaucoup de flexibilité dans leur
travail.
Mme Schmaltz : Est-ce que
votre... Est-ce que votre expertise vous la cherchez à l'international?
Pourquoi? Parce qu'il y a plus... les gens sont davantage formés ou... au
Québec... Oui? Ou c'est au Québec qu'on a moins peut-être de formations
disponibles?
Mme Marchand (Stéphanie) : Oui.
Alors, merci de la question, Mme la députée. Je rebondis sur Didier ici. Donc,
en fait, c'est le ratio qui nous importe. Donc, on vise un ratio minimum d'un
sénior pour 10 juniors, intermédiaires...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
Mme Marchand (Stéphanie) : On
croit que c'est...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Malheureusement, je dois vous couper parce
qu'on dépasse un peu le temps, je suis la gardienne du temps. Mais on va
poursuivre les discussions cette fois-ci avec l'opposition officielle. Je vous
ai écrit le temps, mais ça devrait être le même temps que le gouvernement,
16 minutes 30 s.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bonjour. Merci d'être avec nous. Bien, à cause des
contraintes de temps, on vous a coupé, là, dans le milieu de votre phrase, ça
fait que je veux au moins vous permettre de la terminer, s'il vous plaît, pour
qu'on ait une meilleure compréhension, là.
Mme Marchand (Stéphanie) : Merci,
M. le député. Je serai brève. C'est le ratio. On a... On forme énormément de
juniors au Québec, on a d'excellents programmes, on a énormément de finissants,
et c'est le ratio entre ces jeunes-là qui rentrent sur le marché. Et on a... on
l'a mentionné, là, on a eu un peu une explosion, là, dans les dernières années,
on a vraiment grossi l'industrie. Donc, c'est... vraiment, on a besoin de ces
séniors-là pour venir former notre relève.
M. Morin : Merci, merci
beaucoup. Merci pour votre mémoire, que j'ai lu avec attention. Je constate à
la page deux, et vous commencez comme ça, avec vos principales recommandations,
un des éléments que vous soulevez d'emblée, c'est toute la question de la
prévisibilité. Et, dans le domaine de l'immigration, depuis la dernière année
et demie, il y a beaucoup, beaucoup de changements. Le gouvernement du Québec
en a fait, le gouvernement fédéral en a fait. Je comprends que, comme les
autres groupes qui sont venus nous rencontrer, on ne vous a pas nécessairement
consultés ou avertis à l'avance. Vous vous êtes réveillé un matin et vous aviez
des nouvelles règles. Est-ce que je me trompe?
M. Leroux (Didier) : Merci,
M. le député. Effectivement, on a, durant les dernières... subi beaucoup de
changements, autant aux provincial et fédéral. C'est des changements qui
nécessitent généralement des périodes d'adaptation non seulement pour
l'expliquer, le comprendre et après ça agir. Donc, c'est quand même un paquebot
qu'il faut bouger. Donc, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Une période de
grâce ou une période d'adaptation, justement, ça fait partie de nos
recommandations parce que, justement, il faut savoir comment se réorienter avec
les changements. On n'est pas contre les changements, du tout. On peut
s'adapter aux changements, mais avoir cette prévisibilité permettrait justement
d'avoir une vision à long terme puis préparer les... l'accompagner, les
industries, l'accompagner, les studios, et tout ça, ainsi que les personnes
concernées qui ont des familles également, qui peuvent avoir justement des
impacts sur leur vie personnelle. Donc, je pense que c'est d'autant plus important
d'avoir cette visibilité-là, cette préparation-là, justement, et aussi cette
période comme...
M. Leroux (Didier) : ...on le
mentionnait en début de... en introduction. Essentiellement, c'est d'avoir
justement cette période où on peut avoir justement cet ajustement.
M. Morin : Et concrètement,
parce qu'un des changements que l'on a appris par décret, c'était la suspension
du PEQ. J'imagine, vous l'avez appris comme nous. Est-ce que je comprends de
votre intervention que vous souhaitez... et corrigez-moi si je fais erreur,
deux choses, bon, suspendu, peut-être qu'il pourrait reprendre et peut-être que
ce serait utile pour vous. Si tel est le cas, j'aimerais que vous puissiez nous
expliquer pourquoi ça vous aide. Et si jamais ça ne reprend pas, je comprends
que vous auriez probablement apprécié que vous puissiez continuer de traiter
des dossiers qui étaient déjà dans le programme. Est-ce que ma compréhension...
est-ce que vous en avez, des dossiers dont le traitement a été suspendu et quel
est l'impact concret chez vous?
Mme Boulanger (Mélanie) : Oui,
peut-être que je peux répondre à cette question, M. le député. En fait,
attendez, je vais juste quand même essayer de trouver. J'ai le chiffre exact...
puis ça, ce serait pour Ubisoft. Chez nous, bien, il y a eu la suspension du
PEQ, diplômé, d'abord, en fait, qui était... une première suspension, puis chez
les travailleurs. Chez nous, le nombre de personnes impactées, c'est environ
90. Donc, c'était 90 personnes pour qui on avait un plan avec eux pour les
amener vers la résidence permanente. Puis en fait, le... il y a comme un cumul,
en fait, des défis à ce niveau-là, c'est qu'on avait un plan vers la résidence
permanente avec eux, qui pouvait nous apporter aussi une option de
renouvellement de leur permis de travail. Quand quelqu'un a un certificat de
sélection du Québec, il y a une option de renouvellement de permis travail qui
est accessible pour eux. Puis dans un... ça, cumulé au fait qu'il y a des CNP
qui ont été retirés du traitement simplifié... ça, c'était nos plans B souvent
pour certaines personnes. Donc, s'ils n'ont pas le CSQ à telle date, bien, on
pourrait passer sur le traitement simplifié pour renouveler leur permis de
travail. Quand on se rappelle qu'un projet de jeu vidéo peut durer plus que
la... la période initiale de permis de travail qui est de 2 à 3 ans, donc
pour nous, c'est important d'avoir au moins une possibilité de renouvellement,
donc c'est venu impacter ces gens-là.
Puis aussi dans le carnet en fait... bien,
dans le cahier de consultation, on voit qu'il y a une volonté aussi de
prioriser les gens qui sont déjà sur le territoire pour accéder à la résidence
permanente, pour obtenir le CSQ. Mais à l'heure actuelle, il y a des gens qui
sont quand même dans l'incertitude parce qu'ils étaient éligibles au programme
de l'expérience québécoise, pour leurs deux années d'expérience sur le
territoire, ils étaient à la veille de soumettre une demande, puis là ils se
ramassent dans un bassin en compétition avec énormément, énormément de gens.
Puis C'est l'incertitude de la planification, d'à quel moment ils pourraient
être sélectionnés, c'est quoi les points pour être sélectionnés, comment ça va
se dérouler, donc.
M. Morin : Merci. Merci, Mme
Boulanger pour votre... pour votre réponse. Je comprends que vous êtes membre
du comité immigration et spécialiste en mobilité internationale.
Mme Boulanger (Mélanie) : Oui.
M. Morin : Et donc j'apprécie
votre expertise et ce que vous vivez sur le terrain. Quand vous êtes allés
recruter ces gens-là à l'étranger, qu'est-ce que vous leur avez dit? J'imagine
que vous leur avez dit que le PEQ était ouvert, qu'ils pourraient
éventuellement obtenir une résidence permanente, etc. Est-ce que je me trompe
ou si c'est un élément qui a été mis de l'avant, dire : Écoutez, Le
Québec, c'est un endroit où on travaille, c'est accueillant. Venez chez nous.
• (11 h 50) •
Mme Boulanger (Mélanie) :
Bien, c'est sûr qu'on leur expose la situation telle qu'elle est. On dit quand
même toujours qu'idéalement, justement, d'aller vers la résidence permanente
pour stabiliser son statut au Canada, c'est une bonne idée, parce qu'on n'est
pas à l'abri de changements en immigration. Et donc on évalue avec eux un
parcours, en fait. Donc, ce n'est pas... voilà.
M. Morin : Puis qu'est-ce que
vous leur avez expliqué? Puis ça a été quoi, leur réaction quand ils ont vu que
le plan, finalement, qu'ils avaient devant eux, c'est... ce n'est plus... n'est
plus disponible, là, ou enfin, il y a des embûches sérieuses s'il l'est. Puis
est-ce que je me trompe, si ces gens-là, par exemple, quand vous les... vous
les inviter à venir ici, puis vous l'avez mentionné, un développement... Moi,
je ne suis pas un spécialiste dans le développement des jeux vidéo, mais je
comprends que ça prend plus que six mois. Puis après ça, bien, si ça fonctionne
bien, bien, vous engagez d'autre monde pour qu'ils travaillent. Je comprends
aussi que c'est quand même des bons salaires, 88 000 $ et plus...
M. Morin : ...alors
qu'est-ce... qu'est ce que vous faites avec ces gens-là et comment vous gérez
ça?
Mme Boulanger (Mélanie) :
Bien en fait, on fait quand même du cas par cas, donc ça nous demande
énormément de travail en fait de s'adapter à tous ces changements-là. Donc,
c'est à chaque fois de ressortir qui sont nos travailleurs étrangers, c'est
quoi leur... leur profil. C'est pour chacun vraiment refaire le plan de match,
c'est de les rencontrer de façon individuelle, de gérer les attentes parce que,
dans certains cas, ça peut mener à des fins d'emploi. Malheureusement si on n'a
pas d'option de renouvellement. Donc, c'est des choses dont il faut... dont il
faut commencer à discuter en fait avec certains employés pour qu'ils savent que
jamais été une possibilité en fait pour nous et que ça amène à des fins
d'emploi.
M. Morin : Exact. Et ça... et
ça, vous l'avez vécu?
Mme Boulanger (Mélanie) :Oui.
M. Morin : Très bien. Autre
élément, effectivement, dans les scénarios qui sont présentés par... par le
gouvernement dans le plan de consultation, vous avez par exemple maintenir une
forte proportion d'immigration économique, accroître la part des personnes
immigrantes présentes déjà au Québec. Sauf qu'on apprend par ailleurs que des
gens qui ont un CSQ et qui donc éventuellement pourraient avoir la résidence
permanente, il y en a 142 000 présentement. Et quand on regarde les
scénarios 2A, 2B, 2C du gouvernement pour l'immigration permanente, on
parle de 25 000, 35 000, 45 000. Le PQ parle aussi de 35 000. Comment...
comment on va y arriver et quel est l'impact dans votre industrie? Parce que
là, si je comprends, c'est 25 000 par année, les gens vont attendre des années,
des années et des années.
M. Leroux (Didier) : Je peux,
M. le député, répondre à celle-là. Effectivement, si les... les cibles sont
diminuées, c'est sûr que ça va avoir un impact réel sur notre industrie. Comme
on le mentionnait plus tôt, la plupart des travailleurs étrangers temporaires
au Québec que nous avons veulent rester au Québec, veulent devenir résident
permanent, contribuer à l'industrie et à l'économie du Québec, des salaires
comme vous le mentionnez, qui sont très, très, très bons, une industrie
florissante également. Quand on a des situations où justement on doit mettre
sur pause la vie des gens, où justement au niveau stratégique, au niveau de la
compagnie, par rapport à l'embauche de ces personnes-là, ça peut avoir des
impacts réels sur la production du jeu. Donc, c'est sûr qu'avoir quelqu'un qui
est sur un permis de travail, et si on ne peut pas justement soumettre une
demande de CSQ, peu importe la façon, on va devoir renouveler son permis de
travail. Et S'il y a des changements au permis de travail, est-ce qu'on va
pouvoir réellement faire le renouvellement du permis de travail? Donc, on est
un peu dans l'incertitude à ce niveau-là, et ça crée une zone où on est un peu
dans l'inconnu, et les gens... les travailleurs également.
M. Morin : Est-ce que...
est-ce qu'on peut dire que votre industrie fait en sorte que le Québec est un
chef de file mondial dans le cadre du développement et de la création de jeux
vidéo?
Mme Marchand (Stéphanie) : Oui,
tout à fait, on est vraiment dans le top cinq mondial. On peut penser à
d'autres endroits comme Tokyo, la côte ouest-américaine, Londres. Mais on est
vraiment reconnus à l'international. On a même sorti une étude, là, sur le...
pour comprendre vraiment le pourquoi. Et une des choses, c'est que les gens ici
sont très passionnés. Si vous regardez la grande majorité des gens qui
travaillent dans l'industrie, ils ont fait de longues études pour venir dans le
judo. Ils en sont très fiers et ils ne désirent pas nécessairement changer de
carrière.
Donc, juste en petit complément, là, à
votre question d'avant, si je peux me le permettre, M. le député, c'est on a
vraiment besoin de ces seniors-là pour intégrer nos jeunes, donc un impact de
façon... on parlait ici évidemment de l'impact sur la vie de ces gens-là. Mais
sur notre industrie, de façon plus globale, l'impact, c'est notre capacité
d'intégrer et... de continuer, là d'accepter les jeunes finissants, et ce
que... et ce que ça va faire, c'est un peu un ralentissement parce qu'on a la
capacité de créer plus de jeux., on a des gens brillants, on a des... on a des
créateurs, mais si on n'est pas capable de former nos jeunes, on est... on est
limités. Alors ça, c'est vraiment notre plus gros impact. Nos chiffres, comme
vous l'avez vu, ne sont pas très grands. On n'est pas à la recherche, là, d'un
nombre... et on n'a pas tant de gens étrangers en attente. C'est vraiment ciblé
ce qu'on recherche. Alors, on espère que, par rapport pour cette demande-là,
là, qu'on puisse être entendus.
M. Morin : Et diriez-vous que
ces mesures du gouvernement du Québec qui changent sans... sans prévisibilité,
ça a un impact sur l'attraction que vous pouvez avoir...
M. Morin : ...vous pourriez
perdre face à d'autres grands centres? Parce que j'imagine qu'il y a une
concurrence mondiale. Je comprends que ça ne vous aide pas beaucoup par les
temps qui courent.
Mme Marchand (Stéphanie) : En
effet. Il y a d'autres endroits où, en ce moment, qui se... ne serait-ce qu'au
Canada, mais aussi ailleurs dans le monde, d'autres... On parlait de Londres
tout à l'heure, qui est vraiment en effervescence, qui... qui essaie de passer
devant Montréal, en fait, là, je vous le dis. Et, oui, effectivement, il y a
d'autres endroits dans le monde en ce moment qui vont venir chercher... En
fait, on est toujours en compétition pour ces tops ressources dans le monde là.
Donc, ce n'est pas uniquement Montréal puis... En fait, on veut continuer
d'être attractif. On a une excellente réputation dans notre industrie, mais on
veut conserver, avoir une bonne réputation comme endroit où habitez, où vous
venez rester, d'être accueillants.
M. Morin : Bien. Et, si la
suspension du PEQ fait en sorte que le gouvernement, là, prenait la décision de
suspendre, est-ce que... est-ce que ça vous aiderait, est-ce que ça donnerait
une bouffée d'air frais à votre industrie?
M. Leroux (Didier) : M. le
ministre... M. le député, vous voulez dire, si on continue la suspension?
M. Morin : Le PEQ, là, n'est
plus suspendu. Le gouvernement dit...
M. Leroux (Didier) : On n'est
plus suspendu, OK.
M. Morin : ...On arrête ça,
on repart comme avant. Est-ce que ça vous aide?
M. Leroux (Didier) : Ça nous
aide énormément. La vaste majorité de nos employés qui sont devenus résidents
permanents au cours des dernières années, depuis que je suis à Behavior, ont
passé par le PEQ — Travailleurs. Certains, étudiants, PEQ étudiants, mais la
vaste majorité, c'était PEQ — Travailleurs. Les gens apprennent le français,
atteignent le niveau requis, travaillent deux ans et on les requis avec leur
famille pour accéder au PEQ — Travailleurs. D'autres... il y a d'autres façons,
le parrainage. Si certains ont un conjoint, conjointe canadienne, ils peuvent
se faire parrainer, mais c'est un pourcentage minime. La vaste majorité est le
PEQ — Travailleurs, effectivement.
M. Morin : Le gouvernement du
Québec, présentement, a un autre programme, vous en parlez, qui est le... qui
est le PSTQ? Est-ce que ce programme-là répond à vos besoins? Est-ce que c'est
aidant comme espèce de plan B ou si c'est compliqué avec une lourdeur
administrative?
M. Leroux (Didier) : Je peux
répondre également à celle-ci, M. le député. C'est le PSTQ qui a été lancé en
juin et basé sur un système de points et d'invitations. Depuis juin, on a vu
seulement deux rondes d'invitations qui visaient des gens gradués au Québec.
Donc, nos travailleurs n'ont pas été invités depuis. Après ça, est-ce qu'on
aura des invitations? On est un peu dans l'inconnu, dans l'obscurité par
rapport à ça. Aussi, combien de temps on va attendre l'invitation, combien de
temps va être le traitement? Le PEQ avait une certaine... certaine certitude
quant à l'éligibilité au programme. Donc, si on pouvait avoir des mesures
fiables et... Justement, comme le disait Mme Boulanger, on pouvait justement avoir
un plan d'action pour les gens qui venaient chez nous et qui désiraient
immigrer et devenir résidents permanents, qui, encore une fois, étaient la
vaste majorité. Et aussi... C'est aussi en termes de prévisibilité, un des
points, là, c'est de savoir exactement. Si le PSTQ considère, justement,
certaines réalités de notre industrie et qu'il y a des invités... invitations
qui se font dans ce sens-là et... on est ouvert aussi. C'est juste que le PQE
est une valeur sûre pour nous.
M. Morin : Alors... Écoutez,
j'imagine que ça achève mon temps, Mme la Présidente. Alors, on a le privilège
d'avoir M. le ministre avec nous aujourd'hui. Donc, merci, c'était très
éclairant. Et je vous souhaite une bonne fin de journée.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, mesdames, messieurs... M., c'est ce qui met fin à
notre... à notre rencontre aujourd'hui. Je vous remercie infiniment pour
l'apport à nos travaux.
Et, pour les parlementaires, je suspends
quelques instants, le temps de recevoir nos deux prochains invités.
(Suspension de la séance à 12 heures)
12 h (version non révisée)
(Reprise à 12 h 07)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Donc nous avons deux invités pour les prochaines 45 minutes. M. Espinosa
Losada, qui est technicien en administration et en éducation spécialisée, ainsi
que M. Houdeib qui va se présenter. Alors, messieurs, vous avez chacun cinq
minutes pour présenter l'essentiel de vos recommandations sur le cahier en
immigration et par la suite, nous allons pouvoir en discuter avec les
parlementaires. Alors, le premier cinq minutes pour M. Losada débute
maintenant.
M. Espinosa Losada (Efraín
Augusto) : Et bonjour, tout le monde et merci à la commission pour l'opportunité
de participer dans les échanges et dans le cadre des discussions de la
planification pluriannuelle. Je m'appelle Efraín Espinosa et depuis 2021, on
habite au Québec avec ma conjointe. Premièrement, je suis arrivé en tant qu'étudiant
étranger et après les 24 mois, je suis devenu travailleur étranger avec un
permis de travail postdiplôme. Depuis... depuis 2023, j'ai accumulé plus de 24 mois
d'expérience professionnelle qualifiée pour déposer la demande de sélection du
certificat sélection du Québec. Mais malheureusement, le gouvernement nous a
fermé la porte quelques jours avant de déposer la demande, en fait. Donc, je
suis là principalement pour défendre mon projet de vie, pour défendre mes rêves
et celui de quelqu'un d'autre qui se sont identifiés avec moi.
Donc, je veux... je voudrais vous partager
un texte que j'ai fait pour cette occasion-ci. Donc, je vais commencer à
partager le texte, à lire le texte et après cela, si vous voulez, on peut faire
l'échange. C'est un fait réel que la province a besoin des travailleurs étrangers
dans divers domaines et à différents niveaux professionnels. Certes, les
régions ont une demande plus importante que la région métropolitaine.
Toutefois, ces dernières connaissent aussi un besoin permanent de main-d'œuvre
dans des secteurs diversifiés du marché du travail. Par ailleurs, si vous
voulez financer les futurs enjeux de la province, vous avez nécessairement
besoin de notre contribution, c'est-à-dire de notre travail, de notre
consommation réelle et quotidienne qui stimule l'économie ainsi que nos impôts.
Il n'existe pas de solution facile à
mettre en place, mais il y a des facteurs qui, d'après moi, doivent rester les
mêmes. Par exemple, les immigrants qui sont déjà installés dans les différents
endroits de la province doivent garder leur appartement et leur maison. En
plus, vous voulez que les gens déménagent au-delà de la région métropolitaine.
Mais les prix des loyers en région ont tendance à se rapprocher de ceux de la
région métropolitaine. Cela pourrait devenir un facteur qui va déclencher
encore une fois l'augmentation de l'inflation dans toute la province.
• (12 h 10) •
Je vais vous citer... professeur émérite
de l'Université HEC de Montréal : «Le logement est devenu au niveau
mondial l'enjeu le plus spéculatif, le plus important.» Donc, d'après moi, si
vous n'avez même pas le contrôle sur les propriétaires des logements, vous ne
l'aurez pas sur le marché immobilier. Je vous invite donc à ouvrir votre cœur
et votre esprit. Le PEQ doit être ouvert pour ceux qui sont déjà installés au Québec.
En effet, on a fait un investissement énorme d'argent, de travail, d'expérience
professionnelle et des connaissances. On est déjà adapté à votre culture. Le plus
important, on partage les mêmes valeurs, c'est-à-dire on est là pour contribuer
à votre société. On défend une société multiculturelle et l'identité québécoise,
aussi l'importance de la langue française. On est là pour gagner une place par
mérite. Les entreprises québécoises elles-mêmes sont contentes d'avoir une main-d'œuvre
qualifiée qui démontre une vaste expérience professionnelle dans tous les
niveaux. Ceci est cohérent avec la phase de la consultation pluriannuelle :
Prendre pleinement sa place dans sa société d'accueil...
M. Espinosa Losada (Efraín
Augusto) : ...2018 et 2024, c'est vous qui avez défini des critères
attractifs et des conditions d'admissibilité aux différents programmes
d'immigration. C'est d'ailleurs grâce à ces programmes et aux missions de
recrutement que vous avez mené des centaines de milliers des personnes à s'installer
au Québec. Les frais indus consistent à gérer l'accueil des nouveaux arrivants,
que ce soit des travailleurs qualifiés, des étudiants étrangers ou des
demandeurs d'asile. Mais malheureusement le discours politique qu'on entend
souvent depuis quelques mois dans les différents médias selon lesquels les
immigrés sont responsables de tous les problèmes actuels ne correspond pas à la
réalité. En effet, les travailleurs et les étudiants internationaux n'ont aucun
avantage par rapport ni traitement préférentiel par rapport au reste de la
société. Nous vivons les mêmes expériences, qu'elles soient positives ou
difficiles, que l'ensemble de la société québécoise. Nous vivons ensemble les
mêmes enjeux parce que nous sommes ensemble dans le même bateau. D'après moi,
vous avez entre vos mains un actif économique précieux, c'est-à-dire un capital
humain hautement qualifié déjà installé dans la province et immédiatement
disponible. Justement, vous faites référence à plusieurs reprises dans la
planification pluriannuelle d'être une société accueillante, c'est le moment de
le démontrer. D'autre part, c'est vrai que le statut migratoire des
travailleurs et des étudiants est temporaire, mais leur projet de vie et leurs
rêves sont permanents. Je cite Gabriel Garcia Marquez : «Ce n'est pas que
les gens cessent de poursuivre...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. Losada, je dois vous arrêter, mais vous allez
pouvoir continuer par la suite dans la discussion avec les parlementaires.
Votre cinq minutes est écoulé. Je dois maintenant laisser la parole à
M. Houdeib. Le cinq minutes commence pour vous. Ah, votre micro.
M. Houdeib (Mazen) : Oui,
bonjour. Merci pour cette opportunité. Merci pour la commission et pour vous,
Mme la Présidente. Permettez-moi de m'adresser à cette condition par des
paroles qui viennent d'un vécu personnel d'abord et d'une expérience de plus de
34 ans dans la lutte pour la justice sociale, l'intégration et contre
l'exclusion et la discrimination.
Alors, moi, je dirige depuis à peu près
plus de 25 ans un organisme communautaire qui est spécialisé dans ce type
d'intégration, mais basé sur la question de logement principalement. J'ai
choisi de ne pas écrire un mémoire parce que je suis conscient qu'il y a
beaucoup d'organismes communautaires qui ont... ou d'autres qui ont présenté
des mémoires. Et puis l'information et l'analyse, en fait, se croisent. Et puis
on ne va pas répéter nécessairement les mêmes idées.
Moi, je crois qu'en principe le Québec a
tout intérêt de faire de chaque citoyen... de chaque immigrant un citoyen à
part entière qui partage les droits, et les responsabilités, et les
obligations, et qu'il fasse partie intégrante du tissu social de la société
d'accueil. Alors, la notion pour moi d'accueil et d'intégration, ce n'est pas
la même chose que l'assimilation. La première, qui est l'accueil et
l'intégration, renforce la paix sociale et assure un développement économique
durable, tandis que la deuxième favorise plus la rupture sociale et
l'isolement, rendant des immigrants, comme parfois je peux constater, comme des
touristes permanents ou des citoyens à temps partiel, ce qui ne peut pas
enrichir la société d'accueil ou aider à participer au développement, à son
développement et son épanouissement. Alors, c'est dans l'intérêt du Québec du
point de vue démographique, du point de vue économique et social, de réussir
l'intégration des nouveaux arrivants. Toujours, il faut... il faut
quand même faire le lien, selon nous, selon moi, entre la question de la
main-d'œuvre qualifiée et le développement démographique, surtout dans les
régions. Et ça, ça ne peut pas se faire, selon nous, avec simplement... dans le
cadre des travailleurs temporaires, il faut que... soit capables... qu'on soit
capables d'intégrer les travailleurs temporaires qui qui ont travaillé ici et
se concentrer sur un peu la... le recrutement d'immigrants de la main-d'œuvre
qualifiée basé sur les besoins des régions. Pour... pour faire
rapidement dans les recommandations. Nous, on a fait un peu une concertation sur
la question du logement parce qu'effectivement c'est un enjeu majeur. Et, pour
nous, le logement, c'est la clé de l'intégration parce que ça assure une
stabilité pour les familles et ça leur permet de mettre leurs efforts sur
l'autre aspect de leur intégration au niveau du travail...
M. Houdeib (Mazen) : ...au
niveau de l'éducation, et ainsi de suite. Alors, dans nos recommandations, je
dis rapidement, je cite rapidement, c'est qu'il faut intégrer les critères de
logement dans la planification et le seuil d'immigration doive tenir compte de
la capacité d'accueil réelle, en particulier en matière de logement. Il y a des
programmes. Il faut faire... créer une harmonie entre les programmes de
développement de logements abordables ou logements communautaires, par exemple,
avec les autres instances gouvernementales, spécifiquement le ministère de
l'Immigration, le ministère de l'Éducation et le ministère de l'Emploi. Il faut
quand même prioriser la création de logements abordables, comme le gouvernement
essaie de faire, mais il faut trouver aussi le moyen de faciliter les
procédures administratives, parce que c'est beau d'avoir une politique qui est
bonne, intéressante, etc., mais, si on n'a pas le bon véhicule et les bons
outils pour y arriver, ça risque de... vraiment de... ou bien de déraper ou
bien de donner des résultats qui ne sont pas concluants puis on doit faire
toujours du rattrapage.
Alors, finalement, je peux dire, il
faut... pour l'équité territoriale, on va dire, il faut encourager l'établissement
en région par des incitatifs concrets, surtout la question de la disponibilité
de logements. Encore une fois, pour nous, c'est une clé de l'intégration, c'est
important. Puis il faut éviter les décalages entre les politiques d'immigration
et les réalités sur le terrain. Nous, on sait qu'on a un enjeu principal, c'est
que c'est le rôle du gouvernement fédéral au niveau de l'immigration. Les
délais de mettre... du temps qu'on...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M....
M. Houdeib (Mazen) : Pardon,
oui? Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. Houdeib, votre temps vient de s'écouler, mais on va
continuer en discutant avec les parlementaires. Les parlementaires vont
s'adresser à vous indépendamment un de l'autre, donc ils vont vous mentionner.
Vous avez juste à ouvrir votre micro pour répondre aux questions. Je me tourne
du côté du ministre et de la banquette gouvernementale et vous avez au total
16 minutes.
M. Roberge : Merci bien.
Merci pour vos deux présentations. Il y a des... il y a des points de
convergence dans vos... dans vos deux... vos deux interventions, vous parlez
tous les deux du loyer de manière différente et de l'accès au logement pour
s'installer ici, au Québec. M. Houdeib, est-ce que c'est bien si je le dis
comme ça?
M. Houdeib (Mazen) : C'est
parfait. Merci.
M. Roberge : Merci. M.
Houdeib, vous parlez de la capacité d'accueil et vous mentionnez l'accès au
logement pour attirer de nouvelles personnes, pour les accueillir. Est-ce que
vous considérez qu'en ce moment, au-delà des personnes déjà sur le territoire,
on a de la place, on a des logements disponibles pour accueillir des personnes
supplémentaires à Montréal et partout ailleurs, d'après votre analyse?
M. Houdeib (Mazen) : Moi, je
pense qu'on... je peux parler de la capacité. On a une capacité, on a les...
disons, les programmes, l'argent même, mais c'est l'application, je répète, la
question du véhicule utilisé et des procédures qui font en sorte de retarder.
Je peux vous donner des exemples concrets. Parce que moi, je travaille depuis
25 ans dans le développement aussi du logement communautaire et social et,
récemment, le logement abordable et je peux vous dire d'expérience que, si
jamais les procédures et le véhicule utilisé étaient, on va dire, efficaces et
adéquats, on aurait pu développer peut-être le double des logements abordables
et les logements communautaires qu'on a développés jusqu'à maintenant. C'est...
Et ça, c'est une... c'est une réalité. Ça veut dire que... lorsque je parle
d'harmonisation entre les ministères, ça veut dire aussi faciliter les
procédures pour y arriver. Et je peux vous donner des exemples concrets si vous
en désirez, mais je vais arrêter ma réponse à ça pour le moment.
• (12 h 20) •
M. Roberge : Merci, mais
j'apprécie parce qu'on est nombreux et vous êtes deux aussi, donc, votre
réponse est précise. Bien, je veux vous rassurer à l'effet que, je vous dirais,
depuis quelques années, on a quand même accru de manière considérable notre
capacité. Le terme, c'est de faire sortir de terre les logements, un peu comme,
hein, on creuse, on fait la fondation puis on les bâtit, de plus en plus. Je
vous dirais que... qu'on... C'est encourageant de voir les mises en chantier et
les portes qu'on ouvre cette année, l'an prochain et l'année qui vient, mais on
sort d'un moment où ça a été beaucoup plus difficile que ça l'est. Ce n'est pas
parfait encore, mais les procédures sont allégées. On s'en va vers quelque
chose de plus intéressant. M....
M. Roberge : ...Espinosa. Est
ce que ça va si je vous appelle M. Espinosa?
M. Espinosa Losada (Efraín
Augusto) : Oui, c'est correct, ministre.
M. Roberge : OK, merci
beaucoup. Vous nous dites que c'est difficile de trouver des... des logements,
et je ne veux pas me tromper d'un intervenant à l'autre, mais il y a aussi la
notion de s'établir peut-être à l'extérieur de Montréal. Puis là les logements
sont chers aussi à l'extérieur de Montréal. J'ai regardé les chiffres, je suis
interpelé parce que vous ameniez tous les deux, ce que je vois, c'est que...
les derniers chiffres que j'ai, 2025, Montréal, un loyer avec deux chambres à
coucher, j'ai... le chiffre que j'ai ici, c'est 1 930 $, c'est très
cher, 1 930 $ par mois. C'est la première position, là, je vous
dirais. Après ça, Québec, notre capitale nationale, 1 470 $,
Sherbrooke, 1 250 $, Drummondville, 1 200 $, c'est quand
même 750 $ de moins par mois... 730 $. Et ça diminue. Mais il y a des
enjeux de logement dans beaucoup de régions, en fait, dans les villes centres
souvent. Quand on s'éloigne un petit peu, hier, on avait une dame de la
Côte-Nord qui dit : Écoutez, nous autres, on est capables de les trouver
les solutions, il faut juste que les nouveaux arrivants se rendent jusqu'au
bout de la route, et on va les accueillir à bras ouverts. Mais ce que vous
nous disiez, M. Espinosa, c'est qu'il faut, je pense, accueillir davantage
de personnes. J'ai vu dans votre commentaire ou dans votre mémoire que vous
souhaiteriez que le niveau d'immigration s'établisse à environ
60 000 permanents par année, ce qui est au-delà de ce qui est dans le
cahier de propositions, mais ce n'est pas exclu d'en discuter. Mais comment on
fait pour accueillir plus de monde si on considère qu'on manque en ce moment de
loyers au moment où on se parle?
M. Espinosa Losada (Efraín
Augusto) : Je considère qu'il n'y a pas des solutions faciles à mettre
en place, en fait. Mais on sait d'avance que les prochaines années, il y aura
beaucoup de gens qui vont quitter le Canada en général et même le Québec.
D'autre part, comme je disais dans mon texte écrit, il y a des gens qui sont
déjà installés, qui paient un loyer qui, on pourrait dire, c'est abordable,
mais si les gens cherchent ailleurs, c'est possible qu'ils vont trouver des
prix du loyer qui se rapprochent au même prix qu'ils payent déjà dans la
province.
Donc, d'après moi, oui, je sais que ce
n'est pas facile d'accueillir beaucoup plus de gens, mais on ne connaît pas la
capacité d'accueil... Dans la page 41 du cahier de consultation, c'est
bien défini qu'il faut prendre... il faut faire attention à cette notion parce
qu'on ne connaît pas bien la notion. On ne peut pas calculer une cible
d'immigration si on ne connaît pas en chiffre... de l'accueil réel. Oui, c'est
vrai, les différents services de... les différents services sociaux ont des
problèmes de capacité, ont des problèmes d'attention des services, mais on est
là pour ça. Même les immigrés qui sont déjà installés, on travaille pour les
services sociaux, que ce soit dans les écoles, que ce soit dans les hôpitaux.
Mais c'est que vous n'avez pas un travail facile à faire, je suis conscient de
ça, ministre, mais, tout le temps, on peut trouver des solutions ensemble parce
qu'on est tous dans le même bateau, on peut trouver des solutions.
Et même si je fais l'exercice pour vous
répondre, si je cherche un appartement sur Kijiji ou un appartement... on a
deux chambres à coucher, par exemple, dans la région de
Saint-Jean-sur-Richelieu, je peux trouver un appartement au prix de
1 100.. 1 400 $. Et à Montréal, je peux trouver le même
appartement avec le même prix, ça dépend, il faut bien checker cas par cas, ce
n'est pas une chose générale. Parce que oui, vous n'avez pas une solution
facile à trouver, mais c'est la même perspective pour nous. Pour moi, ce n'est
pas facile... donner une réponse parce qu'il faut bien définir les besoins de
la région, de chaque région, il faut bien identifier la capacité d'accueil, la
capacité des logements de chaque région et même la main-d'œuvre disponible.
Donc, d'après moi, selon les cahiers des
consultations... disait qu'en 2023 ou 2024, si je ne me trompe pas, on a reçu
un nombre important qui... c'était à peu près 69 000 nouveaux
arrivants. Donc, je me base dans ce chiffre, que c'est un chiffre important,
mais c'est un chiffre record. Ce n'est pas un chiffre qu'on voit tout le temps.
Et ça, ça vient...
M. Espinosa Losada (Efraín
Augusto) : ...à cause de la pandémie aussi. La pandémie est une partie
importante qui a déclenché une vague d'immigration. Mais ce n'est pas tout le
temps. On est en train de surmonter tous les effets de la pandémie. Donc je
pense qu'on pourrait trouver des solutions pour l'accueil des gens.
M. Roberge : Oui. Bien,
je veux vous rassurer. La question n'est pas de savoir si on veut accueillir
des immigrants, des nouveaux arrivants au Québec. La réponse, c'est oui. Oui,
assurément, absolument. La question, c'est combien on peut en accueillir à
chaque année? Dans quelle région il est préférable qu'une majorité s'installe?
On sait bien qu'il y a... Il y en a qui vont s'installer dans toutes les
régions, y compris Montréal. Et quel est le profil de ces personnes-là pour
arriver à faire notre part en matière de réunification familiale, faire notre
part en matière d'accueil de réfugiés qu'on va continuer de faire puis
s'assurer qu'il y a un pairage entre les besoins du marché du travail puis les
compétences de ces personnes-là pour que ça soit optimal des deux côtés. Et là,
j'ai envie de vous poser une question un peu personnelle puisque vous témoignez
à titre personnel, M. Espinosa. Vous êtes arrivé comme étudiant étranger,
vous avez le permis de travail postdiplôme. Dans quel domaine vous travaillez
en ce moment?
M. Espinosa Losada (Efraín
Augusto) : Je travaille dans le domaine de l'administration. J'y
travaille en tant que technicien en administration. Mais auparavant, j'ai
travaillé aussi comme conseiller en emploi dans la région de Montréal, en fait,
dans le coin de Montréal.
M. Roberge : Très bien.
Merci. Merci. Et M. Houdeib, vous arrivez avec la critère... le critère de
la capacité d'accueil en parlant du logement, mais en disant essentiellement
qu'il faut augmenter notre capacité d'accueil, en améliorant nos processus
administratifs pour construire mieux, plus rapidement, ne pas ralentir le
marché privé qui, lui, augmente notre capacité d'accueil en construisant des
logements d'une certaine manière. Est-ce que vous pensez que le critère de la
langue française devrait être mis de l'avant et priorisé quand vient le temps
de donner la résidence permanente aux immigrants qui sont ici avec un statut
qui est temporaire?
M. Houdeib (Mazen) :
Bien, depuis toujours d'ailleurs, au Québec, la question de la langue
française, je pense que c'est une nécessité pour aider à l'intégration et
c'était dans les critères de sélection depuis... depuis longtemps. Alors, ça,
selon moi, c'est un critère qui doit demeurer. Mais en même temps, je sais, on
sait tous qu'il y a toutes sortes de programmes pour accueillir... C'est parce
que l'immigration, j'aimerais simplement clarifier ça, il y a plusieurs types.
Il y a les gens qui déposent des demandes d'immigration, comme moi, j'ai fait
il y a 35 ans, là, c'est une demande au, par exemple, au gouvernement,
obtenir le certificat de sélection. Et c'est Québec, normalement, qui
sélectionne. Et à l'époque le français était un élément dans le pointage, de
toute façon. Maintenant, il y a d'autres types. Il y a les étudiants, les
étudiants qui viennent comme étudiants internationaux. Majoritairement, ils
viennent aux universités comme Université de Montréal, UQAM, etc., mais déjà
ils maîtrisent la langue française. Ce n'est pas un enjeu. L'enjeu, bien, au
niveau de la langue, il est plus par rapport aux réfugiés. Et ça, de toute
façon, le gouvernement a un programme, comme dans le programme PASI, mais il y
a beaucoup d'organismes qui font de la francisation, etc. Et puis il y a des...
Il y a des résultats. C'est-à-dire ce n'est pas quelque chose qui se fait du
jour au lendemain, mais c'est... il est dans le processus. Alors, le facteur de
francisation, il est déjà intégré dans le processus. Et moi, personnellement,
je ne vois pas comme... Je ne le vois pas comme un élément qui vient s'ajouter
ou quoi que ce soit. Il est là-dedans déjà.
• (12 h 30) •
La question que je fais, la différence un
peu, c'est entre le droit, par exemple de se loger et de vivre versus la
question de la maîtrise de la langue française. Ça, c'est... Il faut... Il faut
quand même faire la nuance. Moi, lorsque j'aide les gens à trouver du logement,
parce que ça fait partie de la mission de notre organisme, je ne demande pas
s'ils maîtrisent le français ou non, parce que leur besoin, c'est de se loger
en premier. Après ça, dans le cheminement d'intégration, il y a, oui
effectivement, les organismes qui s'occupent de la francisation. Alors, il ne
faut pas, je pense, le mettre, si j'ai bien compris, ou peut-être j'ai mal
compris la question, il ne faut pas le mettre comme...
12 h 30 (version non révisée)
M. Houdeib (Mazen) : ...condition
pour accéder à un logement, exemple, par exemple, si c'était ça, un peu l'idée.
M. Roberge : Non, non, pas
question de rendre l'accès au logement conditionnel, à la maîtrise de la langue
et puis dire que les autres doivent être à la rue, jamais, jamais, jamais, je
ne dirai ça. Je vous rassure. Je parlais de la résidence permanente...
M. Houdeib (Mazen) : J'ai mal
compris peut-être.
M. Roberge : Non, non, mais c'est
très bien que vous... On pose des questions, on précise notre point de vue puis
on évite les malentendus puis... Non, non, je suis d'accord avec vous, on ne
veut personne, personne à la rue. C'est une question, ensuite, de résidence
permanente pour les immigrants qu'on appelle à caractère économique. Il n'y a
pas de critère de maîtrise de la langue française pour la réunification
familiale. Il n'y a pas de critère de maîtrise de langue française pour l'accueil
de réfugiés, des gens qui fuient la famine, la guerre, la persécution. On les
francise ensuite. On n'exige pas ça pour une question d'humanité, là, d'humanisme.
Le Québec est et demeurera une société d'accueil après la planification
pluriannuelle, c'est qui on est.
Vous avez mentionné d'entrée de jeu, un
petit peu au début, la notion de l'accueil, de l'intégration. C'est un mot qui
est revenu aussi. Vous avez dit : On ne veut pas l'assimilation. Je suis d'accord
avec vous. Certains ont pensé que c'était une tendance ou une politique, pas du
tout. On a adopté, en juin dernier, notre loi sur l'intégration à la nation
québécoise, puis on a bien identifié le triple rôle. Moi, je vois le triangle, là,
le rôle de l'État qui fait des politiques, qui va chercher des gens, qui fait
des programmes, qui subventionnent des organismes pour faciliter l'accueil, l'arrivée
des gens. Il y a le rôle du nouvel arrivant, un nouveau Québécois qui apprend
la langue, se fait des amis, se trouve un emploi, fait sa part, en termes d'intégration
économique, en se trouvant cet emploi-là. Puis il y a le rôle de la société d'accueil,
c'est-à-dire des Québécoises et des Québécois qui sont déjà ici, d'aller vers
ces nouvelles personnes là qui viennent contribuer au Québec. C'est
pour ça qu'on dit que notre modèle d'intégration nationale part du principe de
l'interculturalisme, c'est-à-dire des relations d'interagir avec les nouvelles
personnes. On ne peut pas demander à un nouvel arrivant de s'intégrer à la
société d'accueil si la société d'accueil ne va pas vers lui, ne lui ouvre pas
les portes de ses écoles, de ses musées, de ses institutions, etc., comme on le
fait aujourd'hui. Donc je vous remercie de vos deux témoignages, de vos deux
contributions, ça va nourrir nos réflexions. Merci beaucoup.
M. Houdeib (Mazen) : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, on poursuit les
discussions, cette fois, avec le député de l'opposition officielle. J'ai mis
les mêmes temps pour respecter notre horaire. Il vous reste 15 min 31 s.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, M. Augusto Espinosa Losada et Mazen Houdeib, bonjour. Merci
du temps que vous consacrez aux travaux de la commission ce matin. M. Espinosa Losada,
vous aviez... vous étiez en train, je pense, de lire un document ou une lettre
que vous avez préparée pour la commission, et je crois que vous n'avez pas eu
le temps de terminer la lecture. Alors, moi, je suis bien prêt à vous écouter
si vous voulez terminer, s'il vous plaît.
M. Espinosa Losada (Efraín
Augusto) : Eh oui, et c'était principalement la dernière partie du
texte que j'ai fait, et je cite... Ah! OK, j'ai complété les deux derniers
paragraphes et, justement, vous faites référence à plusieurs reprises dans la
planification pluriannuelle d'être une société accueillante. C'est le moment de
le démontrer. D'autre part, c'est vrai que les statuts migratoires des
travailleurs et des étudiants est temporaire, mais... et leurs rêves sont
permanents. Je cite à Gabriel García Márquez, un écrivain colombien : «Ce
n'est pas que les gens cessent de poursuivre leurs rêves parce qu'ils
vieillissent, ils vieillissent parce qu'ils cessent de poursuivre leurs rêves.»
Et on est venu au Québec pour construire... pour ratisser notre rêve. Et,
dans mon cas personnel, j'habite au Québec presque cinq ans. J'ai déjà fait un
chemin. J'ai déjà passé par différentes étapes de ma vie au Québec, où je... ma
vie. J'ai passé par apprendre, améliorer la langue française aussi, par
finaliser mes études au Québec, par avoir... acquérir l'expérience
professionnelle requise pour me préparer, pour m'intégrer à votre société...
M. Espinosa Losada (Efraín
Augusto) : ...donc c'est pour cela que je pense que, oui, c'est qu'il
y a des difficultés, mais ces difficultés, on peut les surmonter ensemble parce
qu'on est déjà préparés pour contribuer à votre société et on travaille
maintenant pour vous. Donc c'est ça, c'est ça principalement que je voulais
dire.
M. Morin : Merci. Merci
beaucoup. Alors, nous sommes jeunes et nous continuerons de rêver et à
travailler évidemment tous ensemble. Merci beaucoup pour... pour votre
témoignage. Vous vous prenez le temps de nous parler. Je comprends que vous
êtes technicien en administration et en éducation. Vous êtes arrivé ici, bien
sûr, de votre pays d'origine. Peut-être vous pourriez préciser. Et est-ce que
vous avez appris le français au Québec ou si vous aviez déjà une connaissance
du français avant d'arriver?
M. Espinosa Losada (Efraín
Augusto) : Et je suis arrivé au Québec de la Colombie en 2021.
Auparavant, j'avais déjà appris la langue française dans mon pays et me
préparais pour ce projet de vie avec beaucoup d'entrain. J'ai mis mes efforts
pour apprendre la langue française dans mon pays et même ici, quand je suis
arrivé, j'ai fait la dernière partie de la francisation en fait. Et finaliser
la francisation ici, j'ai complété mes connaissances, j'ai amélioré mes
connaissances. Même avec les programmes de formation, j'ai amélioré de plus en
plus mes connaissances de la langue et j'ai pu maîtriser la langue du travail
dans un autre système. Donc c'est ça, j'avais appris avant, mais j'ai amélioré
encore mes connaissances et au moment où j'ai commencé à habiter ici au Québec.
M. Morin : Je vous remercie.
Et quand vous êtes arrivé, est-ce que vous étiez étudiant ou déjà travailleur
sur le marché du travail?
M. Espinosa Losada (Efraín
Augusto) : Non, je suis arrivé en tant qu'étudiant étranger, c'est ça.
M. Morin : OK.
M. Espinosa Losada (Efraín
Augusto) : Et je suis venu avec ma conjointe.
M. Morin : D'accord. Puis
votre intention, évidemment, c'est de vous établir ici. Est-ce que vous avez...
est-ce que vous avez obtenu votre citoyenneté ou votre résidence permanente?
M. Espinosa Losada (Efraín Augusto) :
Non, non, non, pas encore. Et malheureusement, 100 jours avant d'avoir
l'opportunité de la date exacte pour déposer la demande pour le certificat de
sélection, le gouvernement a fermé la porte. Et en effet... en fait, on a
essayé de déposer... de faire la demande la journée précédant dans la fermeture
du Programme de l'expérience québécoise, mais on n'a pas réussi à sauvegarder
tous les documents requis. On n'a pas eu l'opportunité de continuer parce que
sur la plateforme... le système a arrêté tout donc, et c'est ça.
Malheureusement, c'est notre situation, et je ne sais pas quoi dire de plus
parce qu'on ne sait pas quoi faire et on vit légèrement inquiets parce qu'on ne
connaît pas l'avenir ici et il n'y a pas la stabilité pour construire, pour continuer
notre projet de vie. C'est ça
M. Morin : Et... et je
comprends que vous êtes au Québec depuis plusieurs années maintenant, donc vous
avez un logement, vous avez fait des efforts pour apprendre le français. Je
comprends que votre... votre souhait, votre rêve, c'est de rester ici.
• (12 h 40) •
M. Espinosa Losada (Efraín
Augusto) : Oui, oui, tout à fait. En fait, le Programme de
l'expérience québécoise, c'était une bonne façon, un bon examen, un bon test
pour les gens qui arrivent au Québec, parce que, oui, on ne connaît pas
beaucoup de votre société au moment qu'on arrive, mais au fur et à mesure on
peut... on peut savoir, on peut comprendre si la société québécoise ou si le
projet de vie, c'est les bons projets pour nous ou pas. On a le temps bien
réfléchir si on devrait rester ou partir, c'est possible de... Je connais des
gens qui... qui sont isolés, qui vivent au Québec pendant longtemps et après
cela ils se rendent compte que ce n'est pas le pays pour eux. Mais dans mon cas
personnel, j'ai eu le temps, assez de temps pour bien réfléchir si je voulais
m'établir ou si je voulais partir et, en effet, j'aimerais continuer,
j'aimerais habiter avec vous parce que ce n'est pas facile construire un projet
de vie dans un pays que ce n'est pas le tien. Donc c'est ça mon projet, c'est
m'établir et continuer de construire encore une fois et améliorer mon projet de
vie. Parce que ce n'est pas facile de trouver un appartement à Montréal par
exemple, mais je peux le trouver. J'ai eu la possibilité...
M. Espinosa Losada (Efraín
Augusto) : ...de trouver un appartement abordable, mais maintenant les
programmes, le PSTQ... nous demande de déménager au-delà si on veut être
sélectionné dans le cadre du programme. Donc, ce n'est pas la même chose que le
PEQ, que le Programme de l'expérience québécoise parce que, oui, si j'avais
l'opportunité de construire... dans mon cas, après les quatre ans, j'avais la
possibilité de déposer la demande de sélection. Ce n'est pas facile, quatre
ans. Donc, j'ai eu le temps assez pour bien considérer mes priorités ou bien
considérer si je voulais m'établir ou pas. Donc, dans mon cas, oui, avec ma
conjointe, on veut rester, mais... mais on ne sait pas quelles sont les options
parce que, depuis juin 2025, il n'y a pas beaucoup d'options de sélection pour
déposer une... pour demander le certificat de sélection. Malheureusement, ça a
été arrêté du jour au lendemain, et le nouveau programme, le PSTQ, pour
l'instant, il n'y a pas beaucoup d'invitations. Donc, on ne sait pas, on ne sait
pas quoi faire.
M. Morin : Je vous remercie.
Merci beaucoup. Donc, au fond... Alors là, vous êtes au courant qu'il y a un
autre programme qui est le PSTQ, vous l'avez mentionné? Maintenant, là, jusqu'à
maintenant, vous avez... Je comprends que vous n'avez pas pu vous qualifier
dans ce programme-là.
M. Espinosa Losada (Efraín
Augusto) : Non, pas pour l'instant, mais... Et, en fait, on a fait les
calculs du pointage. On a un bon pointage, mais ce n'est pas assez apparemment.
En fait, on ne sait pas parce qu'il n'y a pas de tirage. On n'a pas eu de
tirage, ça fait longtemps. Alors, c'est différent par rapport au PEQ. Parce
qu'au moins, avec le PEQ, c'était une possibilité un peu plus réelle, c'était
possible de faire la demande après d'avoir fait tout un processus. On avait
cette possibilité, mais maintenant, avec les PSTQ, c'est l'incertitude, malgré
qu'on ait un bon pointage. Ce n'est pas sûr, ce n'est pas certain, la
possibilité d'avoir une certification.
M. Morin : Et là,
présentement, vous, vous travaillez, donc vous avez un permis de travail.
M. Espinosa Losada (Efraín
Augusto) : Oui, oui, c'est ça. J'ai encore mon permis de travail
post-diplôme, mais l'année prochaine, c'est la date d'échéance de mon permis de
travail. Donc, on attend, le temps passe vite, mais on n'a pas de réponse
malheureusement. Il n'y a pas de solution pour l'instant.
M. Morin : Et, si jamais ça
ne fonctionne pas, le PEQ n'est pas réouvert ou vous ne pouvez pas vous
qualifier avec le PSTQ, vous allez devoir quitter. Est-ce que c'est ce que je
comprends?
M. Espinosa Losada (Efraín
Augusto) : Oui, oui, parce que c'est vraiment épuisant. Je me sens
fatigué pour vrai. Parce que, ce n'est pas quelques jours, quelques mois, j'ai
construit ma vie au Québec depuis 2021. Donc, si je n'ai pas ma réponse, que ce
soit à travers ce PEQ ou PSTQ, je vais rentrer chez moi parce que je n'ai
pas... je n'ai plus l'énergie pour continuer comme ça. C'est ça, la vérité.
M. Morin : Merci, merci
beaucoup, M. Espinosa Losada, pour le document que vous nous avez préparé pour
votre témoignage. C'est très éclairant pour les membres de la commission.
M. Houdeib, j'aurais quelques... quelques
questions pour vous en terminant. Il y a des gens présentement au Québec qui ont
obtenu un certificat de sélection au Québec, un CSQ. Ce qu'on sait, c'est qu'il
y en aurait 142 000 en attente, donc, qui seraient éventuellement sur la
voie d'obtenir une résidence permanente ou la citoyenneté. Cependant, dans les
scénarios qui sont proposés par le gouvernement, on parle de 25 000,
35 000 ou 45 000. Le Parti québécois, c'est aussi 35 000 de
permanents. Dans votre... dans votre témoignage, avez parlé de touristes
permanents. Est-ce qu'on ne risque pas d'avoir beaucoup de touristes permanents,
et je reprends vos mots, et de faire en sorte qu'avec les scénarios ça va
prendre des années avant de régulariser ces gens-là qui sont sur le territoire
québécois présentement, qui ont... qui ont un logement? Je ne parle pas des
nouveaux qui viendraient s'ajouter, là, ceux qui sont là, là. Alors, est-ce
que... est-ce que je suis dans l'erreur ou... Quelles seraient vos suggestions
ou vos recommandations pour améliorer la situation de ces gens-là?
M. Houdeib (Mazen) : Moi,
pour moi, ça...
M. Houdeib (Mazen) : ...c'est
clair. Du moment où le gouvernement, les autorités donnent un certificat de
sélection, je considère, peut-être du point de vue moral, je ne parle pas
légal, là, peut-être... mais c'est un engagement et que le gouvernement a le devoir
de tenir cet engagement envers ces familles, parce qu'on parle de personnes, on
parle d'humains. Alors, si j'ai 146 000, ça veut dire c'est
146 000 ménages ou personnes, je ne sais pas si c'est des ménages ou
personnes, qui peuvent... qui étaient qualifiés, avec le certificat de
sélection, par Québec. Et il faut absolument les... les intégrer puis leur
donner la... la possibilité de... de s'établir normalement. Moi, je peux... Par
rapport aux chiffres et aux nombres aussi, aujourd'hui, il y a, en 2025... on
compte à peu près 600 000, plus que 600 000 personnes en statut
temporaire au Québec, dont travailleurs temporaires, demandeurs d'asile,
étudiants internationaux, etc. Mais, ça... ça, c'est que la question de
l'immigration, ça touche directement la démographie au Québec, le poids du
Québec ou du point de vue démographique. Il ne faut pas sous-estimer
l'importance de ça. Alors, du moment où on a des gens qui sont déjà qualifiés,
je ne vois pas comment on peut se départir, comment on peut annuler ou dire :
Moi... Ça veut dire, on a des gens qui sont qualifiés par le gouvernement, et
il faut les... les intégrer.
Et puis pour les travailleurs autonomes,
et tout, lorsque je parle de 600 000, on a un exemple. M. Espinoza, par
exemple, c'est un exemple très clair sur le choix que le Québec peut
faire : est-ce que je veux renforcer le poids démographique et l'économie,
le développement économique au Québec ou bien je vais garder les gens comme des
touristes? Lorsque j'utilise le terme, ce n'est pas sarcastique. C'est un vécu
par beaucoup de gens. Un touriste permanent ou à temps partiel, ce n'est pas
quelque chose qui aide les gens à intégrer la société. Parce que... Et nous...
moi, dans mon travail, ça fait des... beaucoup d'années que je travaille, oui, au
niveau du logement, mais au niveau aussi de... de l'intégration. Lorsque je
dis : il faut... aider les... les gens à devenir des citoyens à part
entière, ça, c'est dans l'intérêt national du Québec, selon moi, parce que
c'est là où on peut renforcer notre société et on peut créer vraiment une
société qui est plus... plus forte et plus cohérente.
M. Morin : Très bien. Puis je
comprends que dans... dans l'accompagnement, dans l'aide que vous faites, bon,
vous, vous avez des... des moyens, vous avez développé des stratégies pour
rendre le logement accessible.
M. Houdeib (Mazen) : Oui. En
fait, on a innové. Mais il faut aussi mentionner quelque chose qui est très
important. L'implication des gouvernements, lorsque je dis «des gouvernements»,
des trois paliers, dans la question du développement du logement abordable,
elle est essentielle. Et... Et ce n'est pas suffisant de... de créer un
programme. C'est très important de faciliter la procédure. Parce que nous, on
voit, comme j'ai mentionné au début de mon intervention, si on avait une
procédure qui est plus... plus souple, plus efficace, on aurait pu même doubler
le nombre de logements produits, par exemple, de tous les niveaux.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci...
M. Houdeib (Mazen) : Alors,
et ça, ce n'est pas seulement, bien sûr, la... la responsabilité du
gouvernement québécois, c'est aussi les municipalités et...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
M. Houdeib (Mazen) : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, messieurs. Vos témoignages ont été
importants. Ils vont nourrir nos réflexions. Alors, je vous souhaite une bonne
fin de journée.
Et, pour les membres de la commission, je
suspends les travaux jusqu'à 15 h, ici, dans cette même salle, où nous
allons les reprendre à ce moment-ci. Merci!
(Suspension de la séance à 12 h 50)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 01)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des
relations avec les citoyens reprend ses travaux. Je vous rappelle que nous
poursuivons les auditions publiques dans le cadre de la consultation générale
sur le cahier de consultation intitulé La planification de l'immigration au
Québec pour la période 2026-2029. Cet après-midi, nous allons entendre les
organisations suivantes : le réseau action pour l'égalité des femmes
immigrées et racisées du Québec, que nous avons devant nous; nous allons
poursuivre avec l'Association canadienne des professionnels en immigration, l'Alliance
Main-d'oeuvre étrangère, et nous terminerons avec Organisations internationales
de l'aviation civile de Montréal.
Alors, mesdames, bienvenue à la
commission. Donc, vous allez avoir un 10 minutes pour présenter l'essentiel
de vos recommandations, de vos observations, et, par la... puis, évidemment, de
vous présenter également, et, par la suite, nous allons procéder à la
discussion avec les parlementaires. Alors, les prochaines 10 minutes sont
les vôtres.
Mme Chouakri (Yasmina) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente, bonjour à vous, bonjour à M. le ministre et MM.,
Mmes les parlementaires. Mon nom est Yasmina Chouakri, je suis la directrice
générale du Réseau d'action pour l'égalité des femmes immigrées et racisées du
Québec, qu'on appellera RAFIQ, c'est plus court. Et je suis accompagnée de mes
collègues, à ma droite, Marie Nikette Lormeus, qui est directrice des
opérations, et de Hinda Pacha... Bacha, pardon, qui est chargée de projet et recherchiste,
et qui est sur un statut de travailleuse temporaire au Québec. Je vous remercie,
en mon nom et au nom du RAFIQ, de nous donner cette opportunité d'être entendues
en commission parlementaire pour attirer votre attention sur une réalité trop
souvent ignorée, notamment, la vulnérabilité particulière des femmes immigrées et
racisées, dans le cadre de cette politique d'immigration.
Juste pour vous présenter rapidement notre
organisme, le RAFIQ est un organisme national qui promeut la défense des droits
des femmes immigrées et racisées selon des valeurs d'égalité, de solidarité, de
leadership. Nous avons pour mission de mobiliser, se concerter, analyser et
définir les enjeux prioritaires pour les femmes immigrées, dans une perspective
féministe, et des valeurs d'égalité et de dignité entre les femmes et les
hommes. Pour ce faire, notre organisme se donne comme objectif de développer
les connaissances sur les réalités et le vécu des femmes immigrées et racisées
du Québec, de définir une analyse ainsi que des revendications prioritaires qui
leur permettent d'agir comme actrices de leur propre devenir. Enfin, le RAFIQ
lutte contre toutes les formes de violence, de discrimination, de racisme et d'exclusion
vécus par ces femmes.
Nous allons insister, relativement à notre
mémoire que nous avons déposé, premièrement, sur l'invisibilité des femmes
immigrées dans les politiques publiques, deuxièmement, sur l'importance d'utiliser
l'ADS ou l'ADS+ — c'est l'analyse différenciée selon les sexes — dans
les politiques publiques, et, enfin, en troisième lieu, la non-reconnaissance
des diplômes étrangers et la déqualification professionnelle.
Alors, pour commencer, avec l'invisibilité
des femmes immigrées dans les politiques publiques, on constate que, dans cette
politique, le projet de loi ne reflète pas forcément la promotion ni le respect
des droits et des besoins des femmes immigrées et racisées comme elle le
devrait. Elle passe sous silence une réalité... la réalité spécifique de ces
femmes, et cette invisibilité cache souvent une précarité liée au statut
migratoire, à la pauvreté, au manque d'accès à des logements, ainsi qu'à une
vulnérabilité face à la violence et à la... à la discrimination systémique, à
la non-reconnaissance des diplômes et à la déqualification professionnelle. En
fait, l'ensemble de ces éléments constitue les angles morts de cette
planification, que le RAFIQ s'est donné pour tâche de mettre en lumière à
travers ce mémoire, et en concordance avec ses valeurs et ses objectifs.
L'importance... deuxième élément qu'on
voulait... sur lequel nous voulions insister, c'est l'importance d'utiliser l'analyse
différenciée selon les sexes. Il est important d'utiliser cette analyse
différenciée dans l'élaboration des politiques publiques, en tant qu'outil...
Mme Chouakri (Yasmina) : ...et
de correction des inégalités vécues par ces femmes, et ça peut être d'autres
groupes de la société, hein? Mais, dans ce cas là, bien, il s'agit vraiment des
femmes avec, disons, des particularités différentes selon le groupe. Or, la loi
sur l'immigration du Québec ne prévoit ni mécanisme explicite de correction ni
dispositif adapté aux inégalités, provoquées par certains statuts
d'immigration, rendant ces femmes plus vulnérables. Par exemple, les aides
familiales ou les travailleuses étrangères temporaires, dont la précarité est
constante, soumise à des conditions de travail difficiles, mal rémunérées, sans
accès complet aux droits sociaux ni à des voies privilégiées vers la résidence
permanente... cette situation renforce leur insécurité.
Dans ce contexte, permettez-nous de vous
lire un courriel reçu le 17 octobre dernier, qui illustre l'insécurité des
travailleuses temporaires face à des conditions de travail difficiles, mal
rémunérées, sans accès complet aux droits sociaux ni à des voies privilégiées
vers la résidence permanente. Voici... Je vais vous lire le... ce courriel reçu
de Vanessa Espana, bac en administration des affaires, cheminement spécialisé
en gestion des ressources humaines, Université de Sherbrooke.
Alors, je lis texto son courriel :
«Je suis la fille d'une préposée aux bénéficiaires détenant un statut
temporaire. Ma mère travaille dans la région de Montréal. Je suis également de
très près les auditions sur la planification de l'immigration 2026-2029,
qui se déroule actuellement, et j'ai remarqué que votre groupe prendra la
parole le mercredi 29 octobre. Avec beaucoup de peine, je tiens à
vous dire que la réalité des travailleuses du milieu de la santé dans la grande
région de Montréal est complètement ignorée dans les discussions en cours. Le
métier de préposé aux bénéficiaires, majoritairement exercés par des femmes
immigrantes, est sans doute un enjeu qui vous tient à cœur. Comme vous le savez
sans doute, le ministre Roberge concentre ses efforts sur l'exclusion de la région
de Montréal des programmes de résidence permanente. S'il est vrai que certains
de ses arguments peuvent se comprendre, je crois profondément que les préposés
aux bénéficiaires devraient être exclus de cette mesure, compte tenu de leur
rôle essentiel dans notre réseau de santé. Il ne faut pas oublier que la région
métropolitaine de Montréal comprend de nombreuses municipalités où les besoins
en main-d'œuvre dans le secteur de la santé demeurent criants, comme là où
travaille ma mère à... je pense, Saint-Jean-de-Richelieu, je pense qu'elle
voulait dire ça.
D'ailleurs ma mère n'est pas la seule
préposée aux bénéficiaires temporaires au Québec, comme elle, des centaines de
femmes vivent aujourd'hui dans l'incertitude et l'angoisse, souvent mères
monoparentales, partageant la même inquiétude face à leur avenir et à celui de
leurs enfants. Je vous prie sincèrement, dans la mesure du possible, de faire
entendre cette réalité, vous demeurez, pour beaucoup d'entre nous, le seul
espoir de donner une voix à celles qui n'en ont pas.»
• (15 h 10) •
Troisième élément que nous voulions
signaler ou souligner, pardon, la non-reconnaissance des diplômes étrangers et
la déqualification professionnelle. Telle qu'affirmé par Marie-Thérèse Chicha,
la non-reconnaissance des compétences étrangères demeure un obstacle majeur à
l'intégration économique des femmes immigrantes. Selon une étude de 2024,
publiée par Action Travail des femmes, près de la moitié, 46 % des femmes
immigrantes diplômées, occupent des emplois sous-qualifiés, ce qui constitue
une déqualification systémique, un gaspillage non seulement de talent, mais
aussi une injustice et une perte de ressources pour notre société.
Mme Lormeus (Marie Nikette) :
Ainsi, pour le RAFIQ, la planification de l'immigration au Québec devrait
prendre systématiquement en compte les facteurs limitatifs de la préprotection
des droits à l'intégration socioéconomique des femmes immigrées et racisées. À
l'instar de Pierre Fortin, qui rappelle la dimension de l'absorption sociale de
la communauté d'accueil, le RAFIQ estime que le respect de cette capacité de
répondre aux besoins doit se traduire dans la loi... tant dans la loi que dans
les faits, et propose que l'analyse différenciée selon les sexes soit partie
prenante de la planification...
Mme Lormeus (Marie Nikette) :
...que le ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration,
MIFI, collabore avec le ministère de l'Enseignement supérieur, les universités
pour créer des programmes de certification permettant de reconnaître
officiellement les études, les compétences et les expériences acquises à
l'étranger. Que le développement de programmes de financement et mesures
spécifiques pour les femmes et migrantes soit mis en place à travers les
organismes dédiés à l'accompagnement des femmes immigrantes dans leur processus
de reconnaissance des acquis et des diplômes. Que des mesures d'orientation et
d'intégration socioéconomiques spécifiques aux femmes immigrantes soient
intégrées dans les programmes du MIFID. Que pour que le décloisonnement de la
ségrégation professionnelle et la réduction des obstacles à la reconnaissance
des acquis et diplômes étrangers soient assurés. Que les femmes ayant un statut
d'immigration temporaire soient reconnues comme un groupe prioritaire...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme Lormeus, je me dois... Je me dois de vous arrêter
parce que le 10 minutes est passé. Mais vous allez pouvoir poursuivre avec le
ministre, la banquette gouvernementale dans vos propos, assurément, M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Roberge : Merci
beaucoup. Écoutez, on est là pour vous entendre avec... Si vous en avez, je
vais vous laisser compléter votre envolée, votre phrase. Puis j'irai ensuite
avec mes questions. Allez-y.
Mme Lormeus (Marie Nikette) :
Que les politiques d'immigration soient stables afin d'éviter les changements
brusques et rétroactifs qui fragilisent les femmes immigrantes et nuisent à
leur sécurité, leur intégration et leur confiance envers les institutions.
M. Roberge : Oui, ça
valait la peine d'être entendu jusqu'à la fin. Vous parlez...
Mme Lormeus (Marie Nikette) :
Oui, super. Et merci d'avoir donné cette opportunité, parce que c'est une...
une recommandation importante pour nous. Merci.
M. Roberge : Très bien.
Vous avez pu compléter l'œuvre. Ça aurait pu être dans vos réponses. Mais bon,
au milieu de la phrase, c'est toujours intéressant de finir notre idée. Des
fois, la présidente me coupe la parole, moi aussi. Je vous témoigne, là. Moi aussi
j'ai vécu ça. Donc, tous unis. Non, ce n'est pas vrai. Merci. Et merci pour
votre présentation, votre témoignage. Il y a beaucoup, beaucoup d'éléments. Je
vais en prendre quelques-uns, puis après ça, on pourra y aller avec des
questions, puis des échanges. Vous avez parlé de stabilité. Beaucoup de groupes
avant vous, ou de personnes, ou d'experts nous ont mentionné qu'il y avait eu
pas mal de changements, non pas dans les derniers mois parce qu'il y a une
stabilité, mais je veux... L'automne 2024, ça a été l'automne où il y a eu
plusieurs changements, autant de la part du gouvernement québécois que du
gouvernement fédéral. Il y a des bonnes raisons pour ça. Mais le fait est qu'il
y a eu plusieurs changements puis ça a suscité des craintes. Et justement, là,
on est là pour cette planification, pour se donner une prévisibilité, une
stabilité. Je pense que c'est demandé par l'ensemble des groupes.
Vous avez bien fait de lire la lettre ou
le courriel, disons, le témoignage de la dame. Ça me permet de préciser
quelques éléments. Est-ce que toutes les réponses sont dans ce que je dirai? Je
ne sais pas, mais je peux préciser quelque chose. Préposée aux bénéficiaires,
je pense que c'est une travailleuse en ce moment qui est étranger temporaire,
le statut actuel. Préposée aux bénéficiaires, c'est dans le domaine de la
santé. On privilégie, même à Montréal, Laval, dans les critères que nous avons
au gouvernement québécois, je ne parlerai pas d'Ottawa, mais le renouvellement
des permis des TET, dams le domaine de santé, éducation et quelques autres
domaines, mais santé et éducation, incluant les préposés aux bénéficiaires,
c'est prévu de notre cas, il n'y a pas de limitation, même à Montréal et à
Laval. Il est vrai cependant que j'ai dit souvent dans mes interventions qu'on
souhaitait une diminution de... d'immigrants des différentes catégories
temporaires dans cette région-là, puis un accroissement de la régionalisation
parce qu'on a, à Montréal, un enjeu de langue française, un enjeu de
disponibilité de logement, un enjeu d'intégration culturelle. Ça ne veut pas
dire qu'on veut plus de nouveaux arrivants à Montréal. On va continuer d'en
avoir. C'est un pôle d'attraction formidable. Mais en termes, disons,
d'immigration optimale, on veut favoriser l'établissement à l'extérieur de
Montréal. Donc, pour ce qui est de ce cas particulier, là, on pouvait peut-être
apporter un élément de réponse.
Ça m'a touché quand vous avez dit :
Il y a une espèce d'invisibilisation, je ne sais pas si c'est le bon terme. Je
vous reprécise, en tout cas, que dans notre recueil de statistiques, il y a le
document de la planification pluriannuelle, avec des analyses, des scénarios,
disons, on pourrait aller là, on pourrait aller là. Alors, on vous consulte
là-dessus, puis après ça, il y a un...
M. Roberge : ...de
statistiques avec des statistiques différenciées selon les sexes. Donc, il me
semble là qu'on a comme précisé des choses. Mais ensuite, dans le document
lui-même, quand on dit, par exemple : On pourrait avoir tel nombre de travailleurs
étrangers temporaires, tel nombre d'étudiants étrangers, tel nombre de
réunifications familiales, il est vrai qu'on ne précise pas combien de femmes,
combien de femmes racisées, mais on ne précise pas non plus combien d'hommes,
ou combien d'enfants, ou combien d'aînés. Des gens pourraient peut-être
dire : Bien, c'est de l'âgisme, parce qu'on ne dit pas combien d'aînés. On
y va par grandes catégories. Mais je veux juste vous dire que, d'un point de
vue statistique, on a rendu publiques toutes les stats possibles, y compris
celles différenciées par les sexes, puis il n'y a aucune intention, là,
d'invisibiliser ou de dénigrer qui que ce soit, mais c'est bien que vous l'ayez
exprimé. Puis là je sens que vous voulez répondre, donc je vous écoute.
Mme Chouakri (Yasmina) : Oui.
M. le ministre, en fait, je comprends ce que vous dites, et, effectivement, on
a des statistiques ventilées selon les sexes, ce qui est très, très bien.
Cependant, là où il y a une problématique dans cette politique, c'est que c'est
l'aspect quantitatif qui prime partout, c'est en termes de volume qu'on parle,
mais on ne parle jamais en termes qualitatifs. C'est-à-dire qu'il y a des
groupes, il y a des statuts... des personnes appartenant à certains statuts
d'immigration qui vivent des problématiques très particulières et que,
finalement, c'est l'aspect quantitatif qui prime sur l'aspect qualitatif. Et
c'est ça, en fait, qui nous dérange. Et je pense que, s'il y avait un aspect
qualitatif plus important relativement aux différents groupes de la population
immigrante, les femmes et bien d'autres groupes, d'ailleurs, aussi, on pourrait
avoir quelque chose de plus... comment dire ça, de plus humain, de plus... qui
permettrait une intégration réelle, qui démontrerait une équité, une relative
équité, alors que, là, on ne voit que... on ne voit les choses que de façon
quantitative. C'est sous cet angle-là qu'on parlait d'invisibilité. Et je pense
que, si, par exemple, on avait insisté sur certains statuts d'immigration
relativement aux femmes et en reconnaissant les obstacles dans leurs parcours
migratoires et des mesures de... comment dire ça, de corrections qui seraient
là dans la politique, je penserais que ça serait tout autre chose et que ça
serait beaucoup plus apprécié de notre part. Voilà.
M. Roberge : Ça montrerait
peut-être... On a cette sensibilité-là, mais on ne l'a peut-être pas assez
montrée. Je vais le prendre comme ça. Mais il faut dire que c'est un exercice
de planification. C'est... Essentiellement, on fait de la démographie, hein,
puis on essaie de se projeter en avant sur trois, quatre ans. On avait... On
n'oublie jamais que, derrière ce chiffre-là, il y a quelqu'un, homme, femme,
qui arrive, qui a une vie avant d'arriver ici, hein, et qui a ses compétences,
ses défis, ses enjeux, ses traumatismes, ses espoirs, derrière chaque chiffre.
Effectivement, peut-être, ça paraît moins dans ce cadre-là.
Mme Chouakri (Yasmina) : ...différente
selon les groupes, oui.
• (15 h 20) •
M. Roberge : C'est ça. Dans
le... Dans la loi qu'on a adoptée au printemps dernier, on était davantage...
peut-être plus dans le qualitatif que dans le quantitatif sur notre loi pour
l'intégration à la nation québécoise, où là on disait... Puis on l'a améliorée
beaucoup lors de l'étude article par article. Merci aux députés de la banquette
gouvernementale. Merci aussi aux oppositions. On a accepté plusieurs
amendements des oppositions. Ça a été un exercice démocratique très
constructif. Je salue encore leur attitude. Et on... parmi les améliorations
qu'on a faites, ça a été de nommer l'intégration économique, nommer
l'intégration des femmes puis d'y aller dans cet aspect-là.
Je souligne un élément, c'est que, dans le
cadre du déploiement de la stratégie gouvernementale pour l'égalité entre les
femmes et les hommes 2022-2027, on a signé une entente triennale avec vous, le
RAFIQ, notamment pour la réalisation du projet Pour plus d'égalité, renforçons
la lutte contre les violences basées sur l'honneur au Québec. Est-ce que vous
pouvez nous parler un peu de cette entente-là, de ce projet-là? Qu'est-ce que
ça donne? Qu'est-ce qui se passe sur le terrain dans le cadre de ce
partenariat-là qu'on a avec vous?
Mme Chouakri (Yasmina) : Bien,
c'est très intéressant, mais je donnerai la parole après à ma collègue qui
travaille sur cet... sur ce projet-là plus particulièrement. Écoutez, c'est un
projet... rapidement, je vous dirais que c'est un projet qui a permis de faire
ressortir, justement, quelque chose qui est tabou dans...
Mme Chouakri (Yasmina) : ...dans
les... les catégorisations de la violence à l'égard des femmes dont on entend
peu parler. Parce qu'on entend parler, oui, de violence conjugale, de violence
sexuelle, etc., mais on n'entend pas parler de certains types de violence qui impliquent
des personnes différentes. Par exemple, dans la violence conjugale, ça va se
passer entre deux partenaires, mariés ou non, peu importe. Mais, dans une
violence basée sur l'honneur ou justifiée au nom de l'honneur, on va avoir des
membres de la famille, des membres de la communauté qui vont être impliqués sur
cette violence à l'égard d'une femme qui est accusée à... parfois à tort...
souvent à tort, pardon, de... d'avoir sali l'honneur de la famille, ou bref...
ou de la communauté, parce qu'on lui fait porter beaucoup de choses. Et donc
c'est intéressant parce que ce type de violence existe, il existe au Québec,
et... et qu'on a tendance à ne pas les voir. Et les femmes qui vivent ces types
de violence sont... il y a peu de ressources qui sont à leur endroit, qui...
qui les concernent. Et on a du mal, par exemple, à les...
(Interruption)
Mme Bacha (Hinda) : ...pardon,
à les... à les rencontrer, à les faire parler ou venir, disons, chercher de
l'aide, parce que c'est tabou, parce qu'elles ont peur aussi. Parce que, comme
je vous dis, ça n'implique pas que le partenaire, ça implique d'autres membres.
Et, pour les organismes sur le terrain qui font un travail extraordinaire en
matière de violence conjugale et de violence sexuelle, parfois, il n'y a pas
les outils nécessaires pour comprendre ce type de violence.
M. Roberge : Si... Si... Je
vais vous laisser bien sûr continuer après. Mais je veux juste... Vous avez dit
une femme qui peut-être à tort est accusée de salir l'honneur de la famille, de
la communauté. Une femme... ne salit jamais l'honneur d'une famille ou d'une
communauté. Je le dis à vous, mais je le dis, s'il y en a qui nous écoutent
puis qui pensent encore ça, là : Détrompez-vous, arrivez au
XXIe siècle, là, les femmes sont fortes, sont libres, elles font ce
qu'elles veulent et elles n'ont de compte à rendre à personne d'autre qu'à
elles-mêmes. Je tiens à le dire en mon nom personnel. Je vais vous laisser
témoigner ensuite. Puis je sais que la députée d'Anjou voudra poursuivre l'échange.
Donc, je vous laisse vous exprimer, puis ma collègue poursuivra.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...
Mme Bacha (Hinda) : Oui.
Bonjour, bonjour à tout le monde. Donc, sur le sujet des violences basées sur
l'honneur, je... dont je suis la chargée de projet, qu'est-ce que je peux dire?
Je peux dire qu'on a... on a quand même réussi à, comment dire, produire des
outils de sensibilisation et une formation aussi pour les... les... comment
dire, les professionnels de tous les secteurs, la santé, l'éducation, la DPJ,
la police, la justice. Pas mal de gens ont été déjà formés sur ça. Et puis on a
une formation qui est en train de faire son petit chemin pour arriver à la
boîte d'outils des... des policiers, et donc c'est toute la SPVM, normalement,
qui va avoir cette formation... enfin, qui... avoir accès à la formation. On a
aussi des témoignages, des vidéos, des capsules vidéo de témoignages de
personnes victimes ou de personnes témoins de violence justifiée au nom de
l'honneur, qui sont accessibles sur notre site, notre page YouTube de... du
RAFIQ. Ça, c'est des... des outils concrets.
Notre objectif ultime, c'est, au fait, de
mettre en place une... un espace de concertation pour prendre en charge ces
victimes-là. Pourquoi je vous parle de ça? Parce qu'au fait, j'ose le dire, au
Québec, on est encore très loin par rapport à d'autres pays comme le
Royaume-Uni, la Belgique, enfin, la France aussi, où il y a des moyens plus
concrets pour prendre en charge ce type de... de violence... enfin, de victimes
de ce type de violence, ce qui n'est pas le cas ici. C'est très peu documenté
et c'est... enfin, il n'y a pas ce qu'il faut.
Donc là, on est en train de faire... de
mettre en place... enfin, d'organiser des journées de réflexion. Vous êtes invités,
si... si vous voulez. Donc, ça va se faire le six et le 7 novembre. Ça va
être des journées pour arriver à une concertation d'une certaine... on va
trouver la manière. Je suis certaine qu'on va la trouver en se greffant à ce
qui existe déjà comme... comme table de concertation en violence conjugale
ou... ou peut-être créer quelque chose spécifique aux violences justifiées au
nom de l'honneur. En tout...
Mme Bacha (Hinda) : ...intégré
cette problématique-là dans les... dans les pratiques d'intervention. Voilà.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...Alors, je vais reconnaître que la députée d'Anjou—Louis-Riel
pour 3 min 37 s.
Mme Boivin Roy : 3 min 37 s.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : 2 min 37 s.
Mme Boivin Roy : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je vais commencer en vous disant... En fait, je vais
compléter un peu ce que le ministre vous a présenté parce qu'effectivement
l'égalité entre les hommes et les femmes est un principe fondamental au Québec.
C'est une valeur qui est vraiment fondamentale. Puis, vous le savez
probablement, vous connaissez les différents... les différentes stratégies, les
différents plans d'action du gouvernement. Donc, d'une part, il y a la
stratégie gouvernementale pour l'égalité entre les hommes et les femmes, hein,
qui est en vigueur jusqu'en 2027, qui sera renouvelée. Il y a aussi la
stratégie en violence intégrée, la fameuse SIV, également dans les mêmes
années. Alors, c'est sûr que ces deux stratégies-là... bien, évidemment, dans
la stratégie pour l'égalité, vous savez qu'évidemment on parle du principe de
l'ADS, du renforcement de ce principe-là. Et puis évidemment y travaille le
secrétariat à la condition féminine et il y a un renforcement du secrétariat au
niveau, là, des ministères et des organismes. Alors, déjà, on part avec ça.
Puis, on comprend que l'approche de l'ADS,
mais ce qu'on veut finalement, c'est de discerner les effets différenciés entre
les hommes et les femmes au niveau des politiques, au niveau des projets de loi
ou tout autre document, parce qu'ultimement, ce qu'on veut, c'est prévenir
qu'il y ait des injustices, prévenir la création d'inégalités.
Et ça fait quelques années qu'on travaille
à la mise en œuvre, à la généraliser. Puis, vous savez comme moi que ce n'est
pas évident. Je pense que votre présence aujourd'hui, le fait que vous preniez
le temps, on apprécie d'ailleurs votre présence, que vous veniez nous faire
part de ce que vous vivez au niveau de votre organisme, bien, ça démontre qu'il
y a encore des obstacles sur le terrain, et qu'on doit continuer à travailler.
Et c'est pour ça justement que le Secrétariat à la condition féminine a dédié
une équipe spécifique pour l'ADS. Alors, il y a une équipe qui accompagne et
qui renforce le travail des ministères et des organismes. Donc, moi, ça me fait
plaisir aussi de pouvoir travailler avec eux. Je pense que je ne vous avais pas
dit que j'étais l'adjointe parlementaire à la Condition féminine.
Mme Chouakri (Yasmina) :
...qui vous étiez.
Mme Boivin Roy : Bon, voilà,
c'est un petit détail. Mais je suis la députée d'Anjou—Louis-Riel, mais dans
mes... dans les... le privilège des fonctions qu'on peut travailler, j'ai
celle-là avec la ministre responsable des Aînés et la Condition féminine. Donc,
on pourra peut-être se reparler. Mais, bref, je voulais vous rajouter ça pour
compléter ce que le ministre avait dit.
Et j'aimerais vous amener dans votre
conclusion de votre mémoire, vous nous dites que les femmes immigrantes
racisées doivent être accueillies...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...
Mme Boivin Roy : ...oui, Mme
la Présidente, dans la dignité. Alors, pour vous, des idées de stratégies à
mettre en œuvre pour mieux valoriser la présence, l'inclusion et l'apport des femmes
immigrantes. Je vous laisserai avec ça. Et j'espère que notre collègue de
l'autre côté de la banquette pourra permettre la réponse.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la députée. Vous savez, je garde le
temps. M. le député d'Acadie, vous avez 12 min 23 s
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, mesdames Chouakri, Lormeus,Bacha,
merci d'être là. Merci pour votre mémoire. Vous faites partie du Réseau pour
l'égalité des femmes immigrées racisées du Québec, donc vous contribuez
effectivement à vous assurer qu'il y aura toujours cette égalité entre les
hommes et les femmes.
Et d'ailleurs, je ne peux passer sous
silence, Mme la Présidente, que, au moment où on siège, on a appris le décès de
Mme Lise Bacon...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je viens de le voir.
M. Morin : ...première
vice-première ministre du...
Une voix : ...
• (15 h 30) •
M. Morin : Le décès de
Mme Lise Bacon, qui a siégé au Parlement, première vice-première ministre
du Québec, et qui a ouvert la voie, n'est-ce pas, pour... pour les femmes et
pour l'égalité des femmes. Alors, j'offre mes condoléances à toute sa famille.
Et je tenais à prendre quelques instants pour le souligner. C'était... c'était
une grande dame.
Oui, bien sûr, je vais vous... je vais
vous permettre, sur mon temps, de répondre à la... à la question de... de ma
collègue, parce que c'est un... c'est un sujet qui est très important. Je... je
trouve important que vous puissiez parler de... de tout ce drame du crime
d'honneur qui ne devrait jamais arriver. Jamais. Et là-dessus, je joins ma voix
à M. le ministre, ça n'a aucun bon sens, là, il n'y a pas une femme qui devrait
vivre ça, mais jamais. Puis vous, vous en parlez, donc je pense que c'est
important, ça existe, c'est une réalité, on ne se mettra pas la tête dans le
sable, là. Donc, on va parler de ça, on va parler de l'ADS, mais, dans un
premier temps, si vous pouvez répondre à la question de ma collègue pour le
bénéfice de la commission, ce serait fort apprécié.
Mme Chouakri (Yasmina) : Bien,
écoutez, moi, je dirais que je pense qu'il faut simplement regarder tous les...
tous les statuts d'immigration...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Chouakri (Yasmina) : ...défavorise
les femmes ou qui les précarise. Et notamment, on l'a toujours, on l'a toujours
souligné depuis des années et des années, les femmes qui viennent dans le cadre
du regroupement familial, qui sont soumises à... Vous me direz que ça relève du
fédéral, on le sait très bien, mais il reste qu'elles n'ont pas accès à
certains droits comme... comme les autres femmes. Et on a aujourd'hui, avec l'importance
des travailleuses temporaires, beaucoup de femmes qui sont dans cette catégorie
et elles n'ont pas accès à certains... certains droits sociaux comme l'aide
sociale, comme les... je ne sais pas, là, je vais... Comment?
Une voix : ...
Mme Chouakri (Yasmina) : Oui,
la RAMQ, elles ne sont pas couvertes sur un tout un ensemble de choses. Et donc
c'est là où le bât blesse, c'est-à-dire que toutes les catégories d'immigration
où elles sont défavorisées en tant que... de par le statut d'immigration, le
fait qu'elles soient des femmes les rend encore plus vulnérables. Je vous donne
un exemple, le parrainage. À première vue, c'est un parrain qui va parrainer
son épouse, ou sa fille, ou sa sœur, qui va la faire venir au Québec.
Cependant, une fois arrivé ici, c'est lui qui en a l'entière responsabilité, n'a
pas accès... à l'aide sociale, par exemple, et il a la responsabilité de tout
ce qu'elle fait. Par exemple, même si elle s'endette, c'est le parent qui a la
responsabilité, donc, il assume un certain nombre de responsabilités qui la
rendent complètement mineure en quelque sorte, et qui fait que ça lui donne
aussi un pouvoir sur la... sur celle qui est parrainée. Et, de ce fait là, ce
pouvoir-là lui permet... pas dans tous les cas, il y a des très bons parents,
mais qui va lui permettre d'exercer un pouvoir et parfois de la violence à l'égard
de la personne, de la femme qui est parrainée. Donc, ça, c'est un exemple.
Autre chose, il y a beaucoup de femmes qui
viennent comme demandeuses d'asile par exemple. Je sais aussi que ce statut n'est
pas... le Québec n'a pas le contrôle sur ce statut... sur ce statut d'immigration,
malheureusement, et qu'il est en augmentation. Cependant, cependant, les
demandeuses d'asile qui fuient le Québec, comme le Canada, ont des obligations
en matière internationale. Et donc des femmes qui fuient des pays en conflit et
qui ont vécu déjà des violences dans leur pays d'origine, souvent, ça va être
un continuum de violence et elles vont continuer à vivre de la violence ici.
Donc, elles ont des besoins particuliers sur lesquels il faut se pencher, etc.,
etc. La précarité économique aussi pour les travailleuses temporaires
justement, qui occupent souvent des emplois comme... même si elles sont
beaucoup plus qualifiées, mais elles occupent des emplois comme préposés aux
bénéficiaires par exemple, qui est un besoin criant pas seulement en région,
mais même dans la grande région de Montréal, et qui sont sous-payés, mal payés
ou qui restent dans une certaine précarité économique, etc., etc.
Donc, c'est tous ces éléments sous-jacents
reliés, malheureusement, à des statuts d'immigration qu'on ne peut pas passer
sous le tapis, nous, en tant que femmes militant pour les droits à l'égalité des
sexes.
M. Morin : Et vous avez tout
à fait raison, et je vous en... je vous en remercie. Ça a permis, bien sûr, de
compléter votre réponse suite à cette question importante de ma collègue.
J'aimerais revenir à votre document et au
document... au cahier de consultation. J'ai bien écouté M. le ministre qui
disait Oui, on a des statistiques et, dans les statistiques, on a évidemment
des statistiques qui touchent la situation des femmes. Bon, ma collègue
adjointe parlementaire à la Condition féminine, vous parlez évidemment de nos
politiques. Mais, moi, ce qui m'a étonnée, et corrigez-moi si je fais erreur,
ma compréhension, c'est qu'il y a une politique sur l'ADS+ au Secrétariat de la
condition féminine. Il y a une liste de ministères qui sont visés dont le MIFI.
Et moi, j'avais... en tout cas, c'est peut-être une fausse impression que j'avais,
mais que, quand on parlait de projet comme ça, bien il devait y avoir une
analyse différenciée des sexes pour voir s'il n'y a pas des angles morts, compte
tenu évidemment de nos...
M. Morin : ...et essayer
après ça, dans le cadre de politiques publiques, de poser des gestes concrets
pour les corriger. Je ne l'ai pas vu. Je n'ai pas vu non plus de paragraphe ou
de référence dans le document. Et je suis allé voir aussi la portion publique
du mémoire qui a été présentée au Conseil des ministres, et je n'ai rien vu
là-dedans, à moins que ce soit dans la partie confidentielle que nous n'avons
pas.
Moi, ce que j'aimerais savoir de vous et
vous en avez déjà parlé, mais il me semble que ça devrait être automatique,
surtout dans un domaine, entre autres comme comme l'immigration, puis que ça
permettrait aux décideurs et aux parlementaires d'avoir un éclairage sur la
situation des femmes. Êtes-vous d'accord avec moi? Est-ce que vous pensez que
c'est un manque dans l'analyse gouvernementale?
Mme Chouakri (Yasmina) : Absolument.
Mme Lormeus (Marie Nikette) : Absolument.
En fait, l'ADS est un outil justement transversal qui permet d'aller voir la
situation des femmes par rapport à chaque domaine. Alors, c'est pour ça qu'il
est important, dans les politiques publiques, qu'on en... qu'on en fasse cas.
C'est pour ça que nous autres aussi, au niveau de notre mémoire, on a insisté
parce que le fait de ne pas utiliser cet outil... Bien, je pense qu'ils l'ont utilisé,
mais pas seulement en termes de chiffres, mais de mener une analyse de la
situation de chaque catégorie de femmes, de chaque groupe à l'intérieur de
ce... de cette politique publique, et de voir où est-ce qu'il faut corriger,
qu'est-ce qui manque par rapport à chaque situation, chaque catégorie de
femmes, comment elles vivent le parcours migratoire, et qui les empêchent de
s'exprimer, de vivre pleinement les droits auxquels elles ont leurs droits en
tant que en tant que personne en situation de migration alors.
M. Morin : Oui. Tout...
Mme Chouakri (Yasmina) :
J'ajouterais...
M. Morin : Oui, allez-y,
allez-y, je vous en prie.
Mme Chouakri (Yasmina) : J'ajouterais
si vous permettez.
M. Morin : Oui.
Mme Chouakri (Yasmina) : Je
peux vous dire qu'à travers de multiples recherches, depuis plusieurs années,
j'ai pu constater que la majorité des femmes, quel que soit leur âge, leur pays
d'origine, quel que soit le type de société à laquelle elles appartiennent et
qui viennent ici, peu importe le statut d'immigration sur lequel elles
viennent, elles viennent en aspirant à avoir plus de droits et d'être... et de
bénéficier de cette égalité. Alors, quand elles se retrouvent dans des
situations où elles se disent que finalement cette égalité qu'elle espérait
tant n'est pas là pour diverses... pour diverses raisons. On ne reconnaît pas
leurs diplômes, donc elles sont... elles sont déqualifiées, elles sont dans des
situations de précarité économique. C'est comme si la promesse d'une
immigration qui favoriserait cette égalité, elle reste pour elle un mirage. Et
ça, je veux le souligner, parce qu'on peut se dire : Ah! pour des raisons
culturelles, c'est dans leur culture. Non, non.
M. Morin : Non.
Mme Chouakri (Yasmina) : Je
vais vous dire, même des femmes qui viennent de sociétés fortement
patriarcales, parce que je ne veux même pas parler de religion, je vous dirai
que ce sont des femmes qui aspirent à cette égalité, à plus de liberté quand
elles viennent ici.
M. Morin : Et d'ailleurs...
Mme Chouakri (Yasmina) : Malheureusement,
ça reste un mirage pour elles.
• (15 h 40) •
M. Morin : Oui, je comprends.
D'ailleurs, au Québec, dans la... dans la Charte des droits et libertés de la
personne, donc dans la charte québécoise qui est notre loi des lois, le droit
et le principe de l'égalité hommes-femmes y est inscrit, et c'est une valeur fondamentale
dans la société québécoise, et je comprends qu'il faut aussi l'incarner au
quotidien, et il faut avoir aussi des mécanismes pour que ça devienne une
réalité pour toutes et pour tous. Et ça aussi, c'est un volet... c'est un volet
très important.
Quand vous parlez de précarité, j'aimerais
vous entendre également sur la situation des... pour les travailleurs
temporaires, des permis fermés en entreprise. Est-ce que ça peut faire en sorte
que cette précarité-là va être accrue?
Mme Chouakri (Yasmina) : Bien,
certainement. Quand... quand l'employé est victime... est victime d'abus, par
exemple, ça donne des pouvoirs effectivement. C'est un peu comme le parrainage,
le pouvoir donné au parrain dans le cadre de la catégorie du regroupement
familial, c'est un peu la même chose, c'est-à-dire que l'employeur a un droit
accru sur l'employé. Et le fait que je sais qu'il y a eu des améliorations
récemment puisque...
Mme Chouakri (Yasmina) :
...c'est possible maintenant pour quelqu'un qui vient sur un permis fermé de
quitter quand même l'employeur s'il subit des abus, mais reste que ça reste
très compliqué parce que, très souvent, il y a un lien avec l'employeur qui est
basé sur des dettes parce que c'est l'employeur, par exemple, qui paie le
voyage ou qui loge l'employé également, et donc qui va considérer que l'employé
lui doit des sommes d'argent, etc., qu'il doit lui rembourser d'abord un
certain nombre de sommes, des sommes d'argent.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. On vient de terminer cette autre ronde de
discussions, mais on a encore un dernier intervenant, le député de Laurier-Dorion,
qui bénéficie de 4 min 8 s.
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, mesdames. Merci beaucoup d'être ici. J'ai très peu de
temps, donc je vais y aller rapidement. Vous parlez, dans votre mémoire, de
mesures d'accompagnement du ministère d'Immigration, le MIFI, concernant les
nouvelles arrivantes. Dans quelle mesure ces mesures d'accompagnement
favorisent ou ne favorisent pas l'intégration pleine et entière des femmes qui
arrivent à s'installer au Québec?
Mme Lormeus (Marie Nikette) :
Bien, à un certain niveau, l'accompagnement est très important, justement, par
rapport à la question de la francisation, mais qui, ces derniers temps, cet
aspect-là est en train de reculer parce qu'il me semble qu'il y a des coupures
par rapport à ces projets, à ces classes de francisation. Alors, ça va encore
affecter les nouvelles... les nouvelles arrivantes qui ne parlent pas français
et qui ont besoin d'une mise à niveau ou de pouvoir mieux comprendre et si... à
la barrière de la langue, ça va impacter sur l'intégration de la nouvelle
arrivante. Alors, je pense que c'est très important de garder cet aspect de
financement pour les programmes de francisation qui... parce qu'il y a pas mal
de coupures qui sont en train d'être faites ces derniers temps.
M. Fontecilla : Vous voulez
ajouter?
Mme Bacha (Hinda) : Je peux
ajouter quelque chose?
M. Fontecilla : Oui, allez-y.
Mme Bacha (Hinda) : En fait,
je pense qu'on a l'impression que c'est un coût supplémentaire, ces cours de
francisation, et on a tendance à en couper, mais je pense que c'est un
investissement rentable pour le Québec parce qu'une femme qui maîtrise mieux le
français, donc elle s'intègre mieux, et donc, bien, elle va être une plus-value
économique pour le Québec. Donc, il faut voir les choses comme ça au lieu de
juste couper dans... C'est ça. Merci.
M. Fontecilla : Très bien. Et
vous soulignez la question de la reconnaissance des diplômes, c'est un vieux
problème, et on en a parlé, on en parle toujours et on va continuer à en
parler, j'ai l'impression, ça affecte particulièrement les femmes et
immigrantes. Et vous proposez... Dans quelle mesure vous pensez que le
ministère d'Immigration du Québec a un rôle à jouer dans la reconnaissance des
diplômes de ces femmes-là?
Mme Lormeus (Marie Nikette) :
Bien, moi, je pense que, déjà... parce que, déjà même, avant de venir, on nous
fait pas mal de... on vérifie les diplômes, mais, maintenant, une fois sur
place, il y a tellement d'autres aspects quand on... Si on est dans un domaine,
par exemple, si on était médecin, arrivés ici, c'est tellement difficile de se
faire reconnaître son diplôme de médecin. Alors, c'est comme... il y a un
cloisonnement et, des fois, assez souvent, ces femmes-là se retrouvent à être
soient des préposées ou bien... Mais c'est comme une... c'est une
dévalorisation, une dévalorisation de la personne, ça fait un manque de
confiance en soi et ça permet à ces femmes de se retrouver dans des situations
précaires, parce que, venus avec la famille, les enfants qui savaient que maman
était médecin, mais ici, bien, qu'est-ce qu'elle fait, maman? Elle s'occupe...
Bien, c'est vraiment déjà... pour la femme en soi, c'est comme... on aspirait à
mieux, mais, voilà, on se retrouve dans une situation où on recule vraiment, on
recule au lieu d'avancer comme on l'espérait.
M. Fontecilla : Dans ce
sens-là, comment ça fonctionne, ce que le ministère de l'Immigration... comment
dire, sélectionne en fonction des diplômes qui sont... mais ensuite, au
Québec...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
M. Fontecilla : ...c'est les
ordres professionnels, les universités, etc., et le MIFI, il me semble, n'est
plus dans le jeu, là. Est-ce que vous pensez que le MIFI a un rôle à jouer?
Mme Lormeus (Marie Nikette) : Bien,
normalement oui, parce que le MIFI ne fait que faire ce qu'on appelle... ce qui
nous donne la...
Mme Lormeus (Marie Nikette) : ...permet
seulement de nous classifier dans un... de manière globale, mais ça ne nous
permet pas d'accéder à la... à la... au niveau, même, de... au statut de la
formation qu'on a... pour laquelle on a le diplôme. On ne peut pas vraiment
mener les activités par rapport à cette formation.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Je suis désolée de devoir, comme ça, vous
arrêter, mais on a bien entendu, on a votre mémoire également.
Puis je vais juste me permettre une... je
ne parle pas souvent, mais je me permets juste un petit aparté, parce qu'on
parle des femmes. La ministre Bacon, qui nous a quittés aujourd'hui, est
arrivée en 1973, c'était la première femme parmi 109 élus masculins. Alors,
elle a... elle a fait partie de celles qui ont pavé la voie des femmes au
Québec, notamment pour nous, parlementaires. Je voulais juste terminer
là-dessus.
Merci de votre passage en commission.
Et je vais suspendre la... les travaux
quelques instants, le temps de recevoir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 15 h 47)
(Reprise à 15 h 50)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations
avec les citoyens reprend ses travaux. Donc, nous recevons, pour les 45
prochaines minutes, les porte-parole de l'Association canadienne des
professionnels en immigration, qui sont représentés par M. Dory Jade, qui en
est le directeur général, M. Timothy Morson, consultant réglementé en
immigration et en citoyenneté ainsi que conseiller en ressources humaines
agréé, et, finalement, M. Jean-Louis Gagnon, expert-conseil en immigration.
Donc, messieurs, bienvenue à la commission. Donc, vous allez avoir un
10 minutes pour parler, essentiellement, de vos recommandations, des
grandes lignes de votre mémoire, et, par la suite, à tour de rôle, nous aurons
une discussion avec les parlementaires. Alors, vous avez 10 minutes à
compter de maintenant. Alors, la parole est à vous.
M. Jade (Dory) : Bonjour, Mme
la Présidente, M. le ministre, les membres du comité. Mon nom, c'est Dory
Jade...
M. Jade (Dory) : ...de
m'avoir présenté. J'ai avec moi M. Louis-René Gagnon qui est expert
technique en immigration pour l'ACCPI et M. Timothy Morson qui est
lui-même un consultant en immigration et membre du registre du Québec.
Peut-être vous l'avez remarqué, pour des raisons de déficience visuelle,
M. Morson lira l'allocution à ma place. Merci.
M. Morson (Timothy) :
Bon, je vous remercie. Donc, l'ACCPI, l'association professionnelle
pancanadienne des consultants en immigration, qui les représente et leur
fournit des services d'information et de perfectionnement, l'ACCPI, agit
distinctement, mais de concert avec le Collège des consultants en immigration
et citoyenneté, qui est l'organisme de réglementation et de discipline. Comme
vous avez été en mesure de prendre connaissance dans notre mémoire, vous le
savez déjà, notre prise de position sur l'orientation concernant les niveaux
d'admission 2026‑2029 est de n'appuyer aucun des trois scénarios, soumis à
la consultation, tels que présentés par le cahier de consultation, mais bien
plutôt à celui analysé par le gouvernement mais non soumis. Vous trouverez nos
arguments dans le mémoire. Pour ce qui est de l'immigration temporaire, nous
croyons que le marché du travail peut se réguler de lui-même si on applique
correctement les balises actuelles concernant la priorité accordée aux
travailleurs québécois et les exigences d'équité salariale.
Nous voulons profiter de nos quelques
minutes restantes avant vos questions pour réitérer le souhait de l'ACCPI que
nos politiques d'immigration fassent preuve davantage de stabilité, de
prévisibilité et surtout d'équité envers une clientèle qui n'a pas souvent voix
au chapitre dans nos débats. Le Québec doit avoir une politique des flux migratoires
qui évite les écarts trop brusques d'un sens comme dans l'autre. Quelle que
soit la direction que le gouvernement veut donner au volume d'immigration, une
courbe ascendante ou descendante, cette courbe se doit d'être en pente douce.
Le processus migratoire se réalise sur un temps long, et ce temps... et ce,
tant pour les individus que pour les entreprises. Pour être en mesure de
planifier correctement un parcours de vie ou une stratégie de ressources
humaines, il ne faut pas être confronté constamment à des changements
régulatoires. Les impacts de la très forte imprévisibilité réglementaire
constituent des enjeux majeurs qui nécessitent une réponse politique structurée
et harmonisée entre les différents paliers décisionnels. Les nombreuses péripéties
du PEQ depuis 2016 en sont le meilleur exemple. De plus, une évaluation
signifiante des politiques publiques ne peut se faire dans un contexte de
changement continuel.
Nous reconnaissons qu'immigrer n'est pas
un droit mais un privilège, et qu'il incombe à la personne que la... qui le
demande de démontrer qu'il répond aux exigences de l'État pour ce faire.
Appuyer et soutenir nos clients dans ce processus de conformité à ces exigences
es la raison d'être du travail de nos membres. Cependant, une fois fixée,
l'administration a le devoir de les appliquer avec respect, suivant des règles
simples, souples, avec célérité et sans formalisme.
Finalement, à l'instar de nombreux autres
intervenants, nous dénonçons avec vigueur la récente décision de stopper le traitement
des demandes d'engagement dans le cadre de la réunification familiale des
conjoints et enfants mineurs. Le MIFI plafonne le traitement de ces demandes
avec l'intention de bloquer le processus qui relève presque entièrement du
gouvernement fédéral. Rappelons que cette situation hautement inéquitable ne
touche pas uniquement des personnes issues de l'immigration, mais n'importe
quel Québécois ou Québécoise qui a choisi de partager sa vie avec un
ressortissant étranger. Nous vous remercions de votre attention.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vous avez terminé?
M. Morson (Timothy) :
Oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. D'accord. Alors, on va commencer d'ores et déjà
les discussions avec les parlementaires. Alors, M. le ministre, et votre
banquette, vous avez 16 min 30 s...
M. Roberge : ...Merci
beaucoup. Merci pour votre présentation. Je vois que vous insistez comme
beaucoup d'autres sur le désir d'avoir de la stabilité, de la prévisibilité
dans les règles pour l'immigration. C'est en grande partie notre intention et
pourquoi on veut se doter d'une politique sur plusieurs années, une
planification pluriannuelle sur plusieurs années. On souhaite le faire sur
quatre ans puis le faire dans les... dans les prochaines semaines, très
bientôt. Je vois que vous avez souligné le fait que, pour la première fois,
l'immigration à la fois permanente et temporaire est abordée cette fois. Je
pense que c'est important aussi avec l'augmentation des volumes d'immigration
temporaire, tant les étudiants étrangers et les travailleurs étrangers
temporaires, mais aussi les statuts qui relèvent d'Ottawa, demandeurs d'asile
et les programmes PMI. Je pense que c'est incontournable d'aller dans cette
direction-là.
Ma question va porter sur la langue
française. Vous avez deux éléments dans votre mémoire où vous demandez, d'une
certaine manière, de réduire les exigences en matière de langue française.
J'aimerais comprendre pourquoi, quels sont les impacts. Page six de votre
mémoire, vous dites que l'introduction d'une nouvelle exigence de connaissance
dans le règlement, là, de l'immigration au Québec... l'introduction d'une
exigence du français niveau 4 à l'oral pour les travailleurs étrangers
temporaires, vous dites, c'est une mesure trop radicale. C'est le mot que vous
utilisez. Pouvez-vous m'expliquer pourquoi?
M. Jade (Dory) : ...je vais
donner cette... la réponse à Louis-René parce que c'est trop technique, mais
nous, on pense que les gens qui vont en territoire à l'extérieur de la grande
région de Montréal pourraient avoir beaucoup plus accès au français et, avec le
temps, ils vont apprendre mieux. Mais, pour le point que vous avez mentionné,
on peut aussi discuter ça plus laborieusement.
M. Gagnon (Louis-René) : Le
raisonnement qui soutient notre proposition, c'est que les travailleurs
étrangers ont beaucoup de difficultés à dégager du temps puis de l'énergie pour
des cours de français. Donc, niveau 4, dans toutes les circonstances, ça
nous apparaît trop radical, surtout dans un contexte où l'accès à la
francisation n'est pas évident. On a vu beaucoup de... récemment, des problèmes.
C'est une nouvelle introduction. Il n'y avait jamais d'exigence de français. On
a donné des CAQ pendant des années et des années sans exiger de connaissances
de français. Maintenant, on rentre cette... on introduit cette exigence-là à
niveau 4 dans des milieux de travail et dans des circonstances qui font en
sorte que ça peut être un niveau qui est très exigeant pour des travailleurs
qui sont dans des domaines... des travailleurs spécialisés et qui ne sont pas
tous aussi dans des régions où le français est absolument majoritaire.
• (16 heures) •
Donc, on pense que c'est... c'est
peut-être une mesure qui est possible, mais il faudrait l'introduire de façon
progressive, par étapes. C'est pour ça qu'on a utilisé l'adjectif «radical». Je
ne veux pas dire que c'est... éventuellement ce ne serait pas une bonne idée.
Et surtout, si on l'applique assez rapidement au renouvellement de permis de
travail, on ne donne pas les choses ou il faudrait au moins s'assurer, en
contrepartie, et ça, c'est tout un programme, que les employeurs aient
l'obligation de trouver un moment ou de permettre à leurs employés d'apprendre
le français sur les lieux de travail ou pendant le travail. C'est la... Et,
écoutez, ça reflète... à la base aussi, ça reflète ce que nos membres nous ont
dit, qu'en étant avec leurs clients, parce que nos membres sont souvent en
contact avec les employeurs, les... que les employeurs leur ont dit
aussi : Wow! Niveau 4, là, il va falloir que... ça va être compliqué.
Alors, c'est la raison de notre proposition.
M. Roberge : Vous êtes
l'association canadienne des conseillers professionnels en immigration. Vos
clients sont...
16 h (version non révisée)
M. Roberge : ...les candidats
à l'immigration ou sont les entreprises?
Des voix : Les deux.
M. Roberge : OK. Puis vos
clients, bien, c'est sûr qu'ils aiment mieux quand il y a... quand il y a moins
de contraintes. Mais, moi, si je m'en allais travailler pendant plus de trois
ans en Angleterre en leur disant : Moi, ça ne me tente pas d'apprendre l'anglais,
même pour un niveau minimal, ou en Allemagne en disant : Moi, ça ne me
tente pas d'apprendre l'allemand, même pour un niveau minimal, à partir de
trois, quatre, cinq ans de résidence à temps plein, je ne suis pas certain qu'ils
me diraient que j'ai le droit d'arriver puis d'imposer ma langue française en
Angleterre ou en Allemagne. À un moment donné, je pense, c'est une question de
respect de soi.
Puis vous dites : Avant, on ne le
faisait pas. C'est vrai, mais, de 1901 à 2001, grosso modo, les indicateurs de
la langue française ont été plutôt stables. Il y a eu quelques niveaux de
hausse, de baisse, mais, de manière générale, là, 1901-2001, langue maternelle,
langue parlée à la maison, langue de consommation culturelle, langue de travail,
langue de consommation dans les commerces, grosso modo, les indices de vitalité
de la langue ont été stables sur un siècle. De 2001 à 2021, tous ces indicateurs
ont décliné : langue maternelle, langue parlée à la maison, langue de
consommation culturelle, langue de consommation lorsqu'on magasine, langue de
travail. Vous comprenez qu'on ne peut pas faire, pour les 20 prochaines années,
ce qu'on a fait dans les 20 dernières années, parce que ça ne marche plus.
Comme on dit, la chaîne a débarqué. Donc, il faut qu'on arrive avec des
exigences différentes, d'autant plus qu'on n'a jamais eu autant de travailleurs
étrangers temporaires sur le territoire que maintenant. Ça fait qu'il faut... il
faut s'adapter au contexte qui change.
Le commissaire à la langue française, lui,
il nous dit... sa recommandation, c'est que ça devrait même être à l'embauche,
niveau trois dès l'arrivée, niveau sept si on veut rester sur le territoire
québécois. On considère que, d'un point de vue économique, avoir un niveau
trois à l'entrée tout de suite, comme ça, serait optimal, mais... d'un point de
vue linguistique, mais, d'un point de vue économique, ça serait très difficile.
Le bassin de recrutement n'est pas là. On se dit : On peut... On peut en
faire venir qui ne parlent pas la langue française puis on va, avec
Francisation Québec, déployer une offre de services comme on ne l'a jamais fait.
L'an passé, on a francisé 90 000 personnes. Paradoxalement, l'an passé, c'est
le moment où la francisation a eu vraiment mauvaise presse. Des articles, des
éditoriaux, des dénonciations, des syndicats qui sortent, des déchirages de
chemises, tout ce que vous voulez, on n'avait jamais autant investi puis on n'avait
jamais autant francisé. Quand on est arrivés au gouvernement, on francisait à
peu près 27 000 personnes par année, l'an passé : 90 000. Donc,
je pense que notre capacité à franciser, elle est là. Je reconnais avec vous
que, pour les entreprises, c'est un défi, pour les employés, c'est un défi,
mais, pour la nation québécoise, c'est une nécessité. C'est comme ça que je le
verrais.
Mais vous parlez aussi de la langue
française pour le PSTQ. Donc là, on est dans la résidence permanente. Vous
proposez de retirer ou réduire l'exigence de connaissance du français pour le Programme
sélection des travailleurs qualifiés pour les personnes hors Montréal. Pouvez-vous
m'expliquer celle-là, là? Donc là, on n'est plus dans les temporaires, on est
dans les permanents.
M. Jade (Dory) : Celle-là... Je
veux vous mentionner qu'auparavant vous avez baissé, présentement, le nombre de
points sur les gens qui étaient à l'extérieur de l'île de Montréal. Les gens
qui sont à l'extérieur de l'île de Montréal fonctionnent à quasiment 100 %
en français. Donc, à leur entrée au Canada ou, excusez, au Québec, ils
communiquent, ils fonctionnent, ils étudient et/ou ils travaillent en français,
et, s'ils sont dans un cadre, un environnement francophone, donc, leur
potentiel d'apprentissage est très élevé. Et, dans le programme, si je ne me
trompe pas, du gouvernement, c'est d'augmenter ou de régionaliser l'immigration.
Donc, en mettant... en leur retirant les points qui étaient déjà alloués
auparavant, vous faites en sorte que ces gens-là n'auront pas un accès aux
régions privilégiées. C'est ça qu'on voulait amener.
M. Roberge : Mais ce qu'on
veut...
M. Roberge : ...ce qu'on met
au jeu dans la planification, c'est de sélectionner davantage des gens qui sont
sur le territoire québécois, qui passent d'un statut de temporaire à permanent.
Puis on donne davantage de points pour les gens qui sont en région, mais on
dit : Ils doivent parler français, puis on se dit : En sortant de
Montréal et Laval, ils ont plus de chances d'interagir en français, quoiqu'il y
a des communautés anglophones, notamment dans les Cantons-de-l'Est, dans
d'autres régions à Gatineau et autour, près d'Ottawa, laissez-moi vous dire que
la proximité de l'Ontario amène quand même des communautés anglophones. Et
c'est des communautés historiques anglophones qui sont là, des fois, depuis des
centaines d'années. On ne remet pas en question, là, leurs institutions puis
leur droit d'utiliser la langue anglaise, on dit juste que ce n'est pas parce
qu'on sort de Montréal et à Laval que, par magie, on travaille en français dès
le jour 1.
M. Gagnon (Louis-René) : Si
vous permettez, il y a une chose qui nous a beaucoup surpris très récemment,
c'est que vous faites beaucoup la promotion de PSTQ, certes, mais pour être...
pour se prévaloir du PSTQ, encore faut-il être invité à partir du bassin
d'Arrima. Le 5 juillet dernier, on a modifié le pointage qui permet
d'être, avec d'autres critères que vous pouvez décider de temps à autre, de
modifier le programme. Auparavant, quand on avait une offre d'emploi validée en
région, on avait droit à 380 points, ce qui aidait beaucoup. Ça a été
réduit à 50 points, ce qui a diminué beaucoup l'attractivité pour les employeurs
de faire une demande d'offre d'emploi validée pour appuyer éventuellement et
surtout des travailleurs temporaires qui sont à leur emploi, qui veulent
devenir permanents. Cette mesure-là nous apparaît... On a eu beaucoup de
difficultés à comprendre le rationnel de ça.
M. Roberge : C'est parce que
l'invitation... c'était la première fois qu'on lançait le PSTQ, on l'a préparé,
ces invitations à quelques centaines de personnes seulement, puisque les
chiffres, pour 2025, étaient pratiquement atteints, parce qu'on avait eu une
grande vague migratoire en 2024. Donc, on est dans des petits nombres, mais on
va arriver bientôt, en 2026-2027, on va être dans des grands nombres avec le
PSTQ. C'est que c'était une condition d'invitation. C'est que si on n'était pas
avec l'invitation qu'on a fait cet été, si on n'était pas hors CMM, on ne
pouvait simplement pas être invité. Donc, ce n'était pas une question de point,
c'était ce qu'on appelle, le critère discriminant. Donc, c'était assez clair
que ça donnait des points, parce que ceux qui n'étaient pas hors CMM, ils
n'étaient tout simplement pas invités dans le bassin. Donc, on ne peut pas
avoir plus de points que ça. Le critère permettait, oui ou non, d'y être.
M. Jade (Dory) : ...n'a pas
impacté le nombre de personnes qui ont été recrutées dans les régions.
M. Roberge : Mais on a
lancé... on n'a invité que seulement quelques centaines de personnes pour leur
donner le CSQ, puisque nos cibles de 2025 étaient atteintes. Puis on commence
l'année, là, ce qu'on fait déjà maintenant, c'est pour l'année 2026. Mais ce
que je veux dire, c'est que nous n'avons sélectionné PSTQ — le «s»,
c'est sélection — nous n'avons sélectionné que des gens hors CMM pour
cette ronde-là. Donc, à ce moment-là, on ne peut pas dire qu'il n'y avait pas
suffisamment de points. Il n'y avait que ces gens-là qui ont été invités à ce
moment-là.
• (16 h 10) •
M. Gagnon (Louis-René) : Mais,
pour l'avenir, vous allez garder ce... le fait d'avoir réduit la capacité de
se... de se faire inviter, dans un des quatre volets du PSTQ, aux gens qui font
une demande à partir d'une... avec l'appui d'une offre validée régionale de
320 points, de... 310 points.
M. Roberge : On est... Là, je
vous ai parlé de ce qu'on a fait cet été. On est en planification. On écoute
vos suggestions, vos propositions pour les rondes à venir. Il y aura
différentes rondes. On a le volet 1, 2, 3 et 4. Chaque volet répond à, je
vous dirais, des besoins différents et on peut utiliser le critère hors CMM ou
à l'intérieur de la CMM. On peut l'activer ou le désactiver. Et d'une ronde à
l'autre, on peut faire une ronde exclusive, par exemple, on veut des diplômés
du Québec, on veut des gens qui appartiennent à des ordres professionnels, par
exemple des psychologues, des infirmières, etc. On veut des travailleurs
étrangers en région pour les faire passer de temporaires à permanents. Donc, on
peut faire des rondes puis dire : La ronde, par exemple, du mois de
janvier, se concentre sur telle clientèle. La ronde du mois de mars se
concentre sur...
M. Roberge : ...telle
clientèle.
M. Gagnon (Louis-René) : Mais
le pointage reste le même dans les quatre volets.
M. Roberge : Bien, j'aimerais
ça vous entendre là-dessus. Qu'est-ce que vous nous suggérez? C'est là... Je
vous retourne la question. Puisqu'on est en consultations, j'aimerais entendre
votre proposition.
M. Morson (Timothy) : Bien,
moi, ce que j'entends, c'est, plus ou moins, le modèle de... du fédéral, avec
l'Entrée express. Est-ce qu'il y a une différence entre le PSTQ et le programme
Entrée express du fédéral? Parce que... C'est exactement ça, ce que je
comprends. Le pointage, c'est une chose, mais ça peut... ce n'est pas juste le
pointage qui va décider qui sera invité. Vous allez avoir des priorités qui
sont établies par vous, en tant que ministre, pour viser certaines priorités
économiques, régionales, comme vous voulez, comme le programme Entrée express.
Est-ce que c'est... est-ce que c'est bien ça?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...
M. Roberge : En 30 secondes?
Ce n'est pas à l'identique. Il y a des points de comparaison entre le programme
fédéral et le nouveau programme québécois, qui est beaucoup plus agile que ce
que nous avions avant et qui est moins automatique. Avant, par exemple, avec le
PEQ-Diplômés, peu importe où on diplômait, peu importe la langue de notre
diplôme, peu importe si c'était un secteur en demande ou pas, peu importe si on
répondait à une offre d'emploi ou pas, c'était un peu automatique, le CSQ. Là,
on va être capables de mettre des critères de pertinence, de régions,
d'appariement entre les besoins de main-d'oeuvre et les besoins, très
importants, de régionalisation. Je pense beaucoup aux diplômés du Québec, mais pas
seulement. Je pense beaucoup aux travailleurs étrangers du Québec en région,
mais pas seulement. Voilà.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Alors, on poursuit la discussion
avec le député d'Acadie. Juste avant, vous allez me permettre de saluer la
présence d'un groupe d'étudiants et d'étudiantes de la Chaire de recherche sur
la démocratie et les institutions parlementaires, qui sont avec nous. Alors,
s'il vous plaît, on continue notre sérieux. La parole est à vous,
12 min 23 s.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente, et bienvenue à vous, de la chaire de recherche. Vous voyez la
démocratie en pleine action, alors heureux de vous accueillir. Maintenant,
maintenant, revenons à l'Association canadienne des professionnels en
immigration. MM. Jade, Morson et Gagnon, merci d'être là.
Écoutez, là, j'avoue que je suis... je
suis un peu sceptique. Et, Mme la Présidente, je ne veux pas manquer de respect
à M. le ministre, mais peut-être que je comprends mal quelque chose. Mais je
vais tenter ceci. Si j'ai bien compris, M. le ministre... puis, si j'ai mal
compris, il va pouvoir me corriger... on a un nouveau programme, qui est le
PSTQ, qui vient d'être lancé il n'y a pas longtemps. Ça ne fait pas des années
que ça existe, on s'entend, ça ne fait pas cinq, six ans, là, que c'est en
place, bon. Il a été lancé, entre autres, parce que là, le PEQ est suspendu,
donc ça pourrait être un remplacement. Mais là M. le ministre nous dit :
Bien non, on est en consultations... moi, ce que je reçois, puis je comprends
peut-être mal, mais... là, je suis en consultations pour voir si mon programme
marche, mais je l'ai déjà lancé. Mais j'ai suspendu le PEQ. Ça fait que comment
vous faites pour vous y retrouver? Parce que là, moi, je commence à être un peu
perdu. Je dois vous dire, honnêtement, là, ce n'est pas clair. Puis j'imagine
vos clients, puis là vous devez les conseiller. Comment vous faites?
M. Roberge : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Juste une seconde, M. le ministre.
M. Morin : Je posais une
question à monsieur...
M. Roberge : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Juste une seconde. Vous aviez ouvert la porte. Est-ce que
vous la gardez ouverte?
M. Morin : On va la garder
ouverte, on va la garder ouverte.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y.
M. Roberge : Je vous remercie.
M. Morin : Je vous en prie,
je vous en prie.
M. Roberge : Je vous remercie
pour votre collégialité. Je vais faire ça en 10 secondes. Nous sommes en
période de consultations pas pour savoir si le programme marche, mais pour
avoir l'opinion des experts qui viennent ici, pour avoir leur appréciation et
leurs suggestions, pour que tout fonctionne mieux, l'ensemble des
recommandations. Et je vous remercie de votre courtoisie, et de nous avoir
permis de répondre.
M. Morin : Je vous en prie,
je vous en prie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vous pouvez poursuivre.
M. Morin : Merci.Alors?
M. Jade (Dory) : OK, merci.
Donc, en premier, j'espère que vous n'avez pas pris de notre temps de réponse,
mais...
M. Gagnon (Louis-René) : ...
M. Jade (Dory) : Oui, je sais.
OK, donc, on va faire ça histoire courte, mais je vais prendre ça à niveaux. En
premier, ça crée une base de non-stabilité, pour ne pas utiliser le mot
«instabilité», énorme. Une personne, c'est une personne, ce n'est pas un
numéro. Quand elle est conseillée ou elle consulte avec nos membres...
M. Jade (Dory) : ...c'est
parce qu'elle a besoin d'une réponse claire. Et si les chiffres qui sont reliés
au pointage changent ainsi que les appels aussi fréquemment, ça, ça n'aide pas
la stabilité du système. Je vais reprendre ça à un autre levier un peu plus loin.
Nous avons mis l'emphase dans notre
mémoire sur la stabilité à long terme et sur le succès du Québec en
immigration. Et pour ça, si on fait des pas instables, si vous me permettez le
mot, à court terme, on n'arrivera jamais à un plan à long terme qui va être
stable pour cette province. Ça ne marche pas. Il faut continuer à être stable
continuellement, avec un but qui dépasse, à notre avis personnel, les mandats
gouvernementaux qui se succèdent. D'où, si je peux me fier à M. le ministre qui
a dit depuis 20 quelques années les tendances changent. Les tendances ne
changent pas parce que les gens ont changé, mais parce que les... les
programmes et la façon dont... de gérer l'immigration était toujours faite avec
respect à tout le monde à court terme. Et ce n'est pas comme ça que ça
fonctionne, l'immigration, c'est... C'est pour une nation qui est en train de
se produire, qui est en train d'avoir des fonds de croissance et de stabilité.
M. Morin : Je vous... Je
vous remercie. Vous, vous parlez de stabilité. Moi, je peux même ajouter la
prévisibilité. Bon, là, il y a le PSTQ, mais avant il y avait le PEQ. Qu'est-ce
qui ne fonctionnait pas avec le PEQ? Qu'est-ce qui n'était pas bon avec le PEQ?
Parce qu'on l'a changé, le gouvernement l'a changé.
M. Jade (Dory) : Bien, à
notre avis personnel, c'était un des meilleurs programmes que la province avait
eu depuis les derniers, peut-être, 30 ans. C'était... C'était le meilleur,
si je peux utiliser le terme, «convert», qui permettait de convertir une
personne, le plus probable d'être intégrée dans sa société en un laps de temps
considérablement énorme vis-à-vis de tous les autres programmes qui existaient.
Donc, à notre avis, c'était un des meilleurs programmes qui existaient.
M. Gagnon (Louis-René) :
Si je peux me permettre, à la base, le PEQ, c'est... a été introduit suite à
l'étude de feu Jean Renaud de l'Université de Montréal dans une étude
longitudinale sur les facteurs d'intégration à long terme des immigrants, qui
avait été financée par le ministère et qui démontrait qu'effectivement les gens
qui avaient un diplôme avaient un parcours d'intégration beaucoup plus rapide
et ceux qui avaient une expérience de travail, un parcours aussi beaucoup plus
rapide. Alors, le ministère, les gens se sont mis ensemble et ont dit :
Ah! Effectivement, en regardant les conclusions de l'étude de Renaud, quelle
serait la clientèle qui aurait les caractéristiques d'intégration les plus
rapides au marché du travail, c'est-à-dire qui allaient rattraper le plus
rapidement les natifs? C'est les diplômés, c'est les gens qui ont de
l'expérience de travail. Alors, c'est de là qu'est venue l'idée de créer un
programme qui ne serait pas basé sur une grille de sélection, mais basé sur la
correspondance à certains facteurs. Et effectivement on a constaté plus tard
que... Et les études sur la vitesse d'intégration s'est beaucoup améliorée,
entre autres parce que le flux migratoire au Québec a changé avec le PEQ
pour... avec des gens davantage préparés pour le marché du travail québécois.
• (16 h 20) •
M. Morson (Timothy) : Je
veux juste ajouter un petit point.
M. Morin : Brièvement,
parce que j'ai une autre question pour vous.
M. Morson (Timothy) :
C'est tout simplement pour dire le coût d'administration du PEQ comparé au
PSTQ, je pense qu'il faudrait regarder ça de plus près parce que le PSTQ est un
peu plus compliqué, va coûter beaucoup plus cher que la gestion du PEQ.
M. Morin : C'est plus
lourd, administrativement?
M. Morson (Timothy) :
Bien, oui. Oui.
M. Morin : Donc, il y a
une lourdeur qu'on a ajoutée. OK. Parfait. Maintenant, regroupement familial.
Je voudrais vous entendre là-dessus. Ça, c'est un dossier que je porte et qui
m'habite. Les délais sont excessivement longs au Québec, beaucoup plus longs
que dans le reste du Canada. Il y a à peu près 10 000,
10 500 dossiers, quotas, que le Québec envoie à Ottawa, qu'il traite,
mais il y en a je ne sais pas combien de milliers en attente. Quand on regarde
les scénarios...
M. Morin : ...2 A, B, C
notamment, le scénario 2 A, le regroupement familial, là, ça passerait de
10 400 environ à 5 800. Si c'est le scénario qui est retenu, quel va être
l'impact? Combien d'années on va avoir à attendre pour réunir des familles?
Est-ce que c'est souhaitable?
M. Jade (Dory) : Je vais...
je vais juste commencer, mais aussi je veux demander à mes collègues
d'intervenir une fois. Ce qu'on trouve vraiment... qu'on questionne vraiment,
c'est que comment se fait-il que le regroupement familial peut avoir un
plafond. Je vais vous donner juste un exemple, peut-être simple, une personne
qui vit au Québec, qui décide de se marier puis... ou de faire une relation
quelconque aussi...
Une voix : Conjugale.
M. Jade (Dory) : Conjugale.
Merci. Vous vous demandez : Est-ce que moi j'ai une obligation comme
Québécois, de dire à mes sentiments ou à mes décisions personnelles,
attendez-nous 10 ans ou cinq ans ou huit ans, parce qu'il y a quelqu'un
quelque part qui a décidé de mettre une barrière pour notre relation. Ce n'est
pas... ce n'est pas logique, on ne peut pas... On peut mettre des barrières sur
des choses économiques, on peut essayer de contrôler, alors que nous, on est
pour donner à l'immigration sa place sur le marché, sans intervention du
gouvernement dans le côté économique, mais dans le côté familial encore pire,
il faut juste ne pas demander au gouvernement fédéral d'arrêter de traiter les
demandes parce que, ça, c'est quelque chose que je pense, au moins, au moins
plus que 30 ans, depuis l'accord en 1991, n'a jamais été demandé
auparavant, à ma connaissance. Puis je laisserai la réponse à mes collègues
aussi s'ils veulent ajouter quelque chose.
M. Morin : Si vous permettez,
au niveau économique, au niveau des régions, je peux comprendre qu'en
planifiant avec les régions, ce qui m'apparaît essentiel, une industrie peut
nous dire on a besoin de tant de travailleurs étrangers, tant de personnes avec
qui éventuellement ils vont avoir la résidence permanente, etc. Ça, c'est une
évaluation économique qui est faite. Mais avec le regroupement familial, c'est
comme si on mettait des barrières sur l'amour.
M. Jade (Dory) : La vie
personnelle.
M. Morin : Oui, allez-y, je
vous en prie.
M. Morson (Tim) : Donc, moi
je poserai la question : C'est quoi le problème qu'on est en train de
régler avec un quota sur les conjoints et les parrainages? Je ne vois pas le
problème qui est en train d'être réglé. Ça, c'est une chose.
Deuxième chose, au niveau... sur un plan
légal, l'entente entre le fédéral et le Québec, c'est une entente, c'est...
c'est de consulter le Québec. Le fédéral consulte le Québec, donc c'est le CSQ
qui est émis, c'est une consultation, ce n'est pas une obligation légale pour
le fédéral d'accepter cette consultation. Donc, c'est comme si le Québec, en
dix ans ou on va plus prendre de décision par rapport à ces parrainages, ces
engagements, CSQ, ça donne la porte... ça laisse la porte grande ouverte pour
le fédéral de prendre des décisions sans le Québec. C'est comme si le Québec se
retire carrément du programme du regroupement familial.
Donc, je vais vous donner un exemple, moi,
avec mes clients, quand j'ai aujourd'hui un couple qui se présente et ils
disent que je veux parrainer ma conjointe, qu'est ce que je leur dis? Je leur
explique ce qui se passe au Québec et je leur dis quand ils vont recevoir la
lettre du fédéral leur disant... parce que le fédéral n'a pas arrêté de traiter
les demandes de parrainage, il continue à recevoir des demandes de parrainage
de la part de Québécois. Alors, qu'est-ce qu'ils vont faire ce couple quand ils
reçoivent la lettre du fédéral disant : OK. On est au stade où on veut que
vous entamiez le processus pour faire votre demande d'engagement et obtenir un
CSQ? Ils ne peuvent pas le faire. Donc, c'est quoi la réponse? Vous renvoyez la
lettre au fédéral avec une explication pour expliquer, voilà la situation. On
vous demande de continuer à traiter la demande sans CSQ et sans engagement. Il
n'y a aucune raison légale pour ne pas traiter la demande, c'est la faute du
Québec qu'on ne peut pas obtenir l'engagement. Et donc maintenant, c'est à la
discrétion du fédéral d'accepter ou non de traiter la demande.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
M. Morson (Tim) : Donc,
est-ce que le Québec veut jouer dans le carré de sable ou non?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. C'est ce qui conclut cette autre partie de
discussion, mais on termine avec le porte-parole, pardon, du deuxième groupe
d'opposition pour 4 min 18 secondes...
M. Fontecilla : ...merci, Mme
la Présidente. Bonjour, messieurs. Je suis très contente de vous entendre.
Écoutez, je vais sortir un peu de l'objet de cette consultation, là, pour un
problème qui est grave, là, j'aimerais... qui vous concerne aussi. Vous savez,
je suis député de Villeray—Parc-Extension, où est-ce qu'il y a une grande masse
des gens à statuts migratoires très précaires de toutes sortes, et on fait face
à une problématique grave, là, c'est les faux consultants ou les faux avocats
qui extorquent des milliers de dollars à des pauvres gens, très pauvres gens,
là, qui sont désespérés avec des fausses promesses. Qu'est-ce que vous pouvez
faire pour contrer ce phénomène?
M. Jade (Dory) : Parfait.
Alors...
M. Fontecilla : Je vous donne
les quatre minutes qu'il me reste.
M. Jade (Dory) : OK. Donc, on
va... c'est... le sujet est extrêmement important. L'ACCPI a commencé une
campagne il y a quelques mois à travers tout le pays et on demande l'aide du
gouvernement du Québec ainsi qu'Immigration Québec. Le but, c'est de mettre
chacune de ces personnes-là ou chaque groupe de personnes, parce que c'est
souvent plus qu'une personne, dans un... dans un... dans un plan où on dépasse
ce qu'on appelle la publicité. Parce qu'auparavant, là, pendant les 10
dernières années, on a toujours dit : Oh! il faut informer le client, mais
on va... on va maintenant aller de l'avant, on va aller dans chaque dossier
déposer une demande. On a demandé à l'agence frontalière de... de services
frontaliers, excusez-moi, du Canada de mettre en place une unité simplement
pour ces gens-là. Le Collège des consultants en immigration a déjà en place une
mesure que nous allons utiliser. Et on vous demande, à travers vous et d'autres
députés de l'Assemblée, de nous faire parvenir chacun des cas que vous aurez
parce que nous voulons prendre ça cas par cas et déposer des demandes pour
arriver au procureur. Parce que, comme vous le savez, dans le Code criminel du
Canada, la représentation en immigration, sans être membre du collège ou membre
d'un barreau provincial, est une offense criminelle. Donc, nous, nous prenons
ça très au sérieux depuis quelque temps et on a dépassé l'étape juste d'aviser,
mais on prend des actions là-dessus et on vous demande tous, parlementaires, de
faire partie de ces décisions qu'on prend.
M. Fontecilla : Donc,
fondamentalement, vous dites : On va poursuivre ces bandits, là.
M. Jade (Dory) : 100 %. Absolument.
M. Fontecilla : La
question... Parce que vous le dites : On va s'adresser à l'Agence de
services frontaliers. C'est fédéral. Est-ce que le ministère de l'Immigration
du Québec aurait un rôle à jouer dans cette problématique-là?
M. Jade (Dory) : Absolument.
M. Fontecilla : Lequel?
M. Jade (Dory) : Parce que le
ministère de l'Immigration du Québec a aussi, sous son... il chapeaute aussi
les consultants qui sont dans le registre...
Des voix : ...
• (16 h 30) •
M. Jade (Dory) : Et quand
vous... quand vous déposez une demande d'immigration, il faut que, sur ces
demandes-là, le gouvernement du Québec augmente ou fasse des points plus
pointus en ce qui concerne : est-ce que vous avez été représenté, est-ce
que quelqu'un vous a aidé à faire la demande? Et il faut que le fardeau soit
sur la personne qui a déposé la demande. Parce que, si quelqu'un l'a aidée,
elle devrait avoir une obligation de le mentionner. Une fois le mentionnant, à
ce... à ce point-là, ils peuvent collaborer avec soit des associations comme
nous soit avec l'Agence des services frontaliers canadienne ou... canadien, ou
le collège pour leur donner le nom de cette personne ainsi que les détails,
parce que c'est la seule façon où on pourrait poursuivre ces gens-là en
justice.
M. Gagnon (Louis-René) : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. C'est ce qui...
M. Gagnon (Louis-René) :
...nous donnait des... Il y a eu des demandes d'accès à l'information, mais qui
ont... qui nous donnaient des renseignements clairs sur le nombre de gens qui
ont été représentés par nos membres, ou par des consultants enregistrés, c'est-à-dire,
et ça nous permettrait de voir... On n'a jamais été capables d'avoir cette
réponse-là du ministère...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. C'est ce qui termine cette audience. Nous
avons pris connaissance de toutes vos recommandations. Merci beaucoup d'avoir
pris ce temps...
16 h 30 (version non révisée)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...avec nous.
Je vais suspendre, le temps de recevoir le
prochain groupe.
(Suspension de la séance à 16 h 31)
(Reprise à 16 h 37)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Nous recevons donc les représentants de l'Alliance main-d'œuvre
étrangère qui sont représentés par Mme Anne-Renée Meloche, vice-présidente,
ressources humaines du Groupe Meloche; M. Mathieu Jeanneau, vice-président et
directeur des opérations chez Emballaged Saint-Jean; M. Claude Blanchet, président-directeur
général de CIF Métal; ainsi que Mme Julie Brault, vice-présidente
Entreposage et Ttransport Bourassa. Donc, mesdames, messieurs, bienvenue à la
Commission des relations avec les citoyens. Vous avez 10 minutes pour
présenter l'essentiel de votre mémoire ainsi que les recommandations que vous
allez faire aux parlementaires et, par la suite, on va en discuter. Alors, les
10 prochaines minutes sont à vous.
Mme Meloche (Anne-Renée) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. M. le ministre, membres de la commission, merci de
nous recevoir aujourd'hui. C'est une occasion très appréciée par nous de faire
entendre notre voix. Donc, vous m'avez présentée, Anne-Renée Meloche,
vice-présidente Ressources humaines et Communications chez Groupe Meloche, et
également porte-parole de l'Alliance Main-d'œuvre étrangère.
L'Alliance Main-d'œuvre étrangère, c'est
un regroupement que nous avons créé il y a de ça un an, à... au début, là, des
différentes mesures restrictives que nous avons vécues en immigration. Donc,
c'est un regroupement d'une quinzaine d'employeurs, tous très affectés par ces
différentes restrictions, là, qu'on subit depuis... depuis un an. Donc, nous
sommes dans le secteur manufacturier, logistique, puis dans différentes régions
du Québec, donc Mauricie, Chaudière-Appalaches, Montérégie. Et nous avons,
comme je le disais, tous été très, très affectés par les différentes mesures.
Nous avons tous... Dans le fond, on fait appel à des travailleurs étrangers
depuis de nombreuses années. On en utilise le Programme des travailleurs
étrangers temporaires de façon rigoureuse, en respectant toutes les règles,
mais disons que depuis la dernière année, c'est devenu extrêmement compliqué et
ça a amené des conséquences très négatives au sein de nos entreprises, comme on
va pouvoir en parler un peu plus amplement dans les prochaines minutes.
Si j'y vais avec le Groupe Meloche, au
Groupe Meloche, on est une entreprise manufacturière d'environ
600 employés dans le secteur aéronautique, donc on œuvre dans le secteur
aéronautique. On fabrique des pièces, principalement des pièces usinées. Donc,
ça vient avec l'emploi de plusieurs machinistes, de machinistes expérimentés,
et de là, nous avons fait appel au Programme des travailleurs étrangers depuis
presque une quinzaine d'années chez Groupe Meloche. Chez Groupe Meloche,
c'est... sur 600 employés, c'est plus d'une centaine d'employés qui sont
actuellement des travailleurs étrangers temporaires. Sur ces 100 employés-là,
c'est environ actuellement 28 employés qui sont à risque de devoir quitter
l'entreprise. Donc, c'est des employés qui ont plusieurs années d'expérience
chez Groupe Meloche, entre deux et cinq ans d'expérience chez le Groupe Meloche
comme machinistes ou d'autres métiers. C'est principalement des machinistes,
mais on emploie aussi d'autres travailleurs étrangers dans d'autres secteurs,
mais principalement des machinistes. Donc, des gens très expérimentés qui
proviennent du Mexique, du Brésil, de la France évidemment, et du Maroc et de
la Tunisie, tous des... des pays où il y a une forte industrie aéronautique.
Donc, on va chercher des gens qui sont extrêmement qualifiés dans le domaine de
l'aéronautique, sur des équipements qui s'apparentent aux équipements qu'on a
chez... chez Groupe Meloche.
• (16 h 40) •
Ce sont des gens qui, pour la plupart,
parlaient français ou ont appris le français. Par exemple, si on va recruter en
Tunisie, bien, c'est sûr qu'on va privilégier des candidats qui parlent déjà le
français, même si à leur arrivée, on les supporte avec la francisation au même
titre qu'un travailleur, par exemple mexicain qui parlerait espagnol, on offre
la francisation à tous nos employés pour les mettre à niveau. Vous comprendrez
que, pour certains, c'est un peu plus ardu. Mais pour la plupart, à l'intérieur
de deux ans, ils atteignent le niveau de français vraiment nécessaire pour
occuper un emploi chez Groupe Meloche, et également pour être admissible au
programme, soit à l'époque du PEQ ou actuellement au programme du PSTQ.
Malheureusement, on l'a vu avec le gel au
niveau du PEQ et la mise en vigueur du PSTQ, c'est aucun employé chez Groupe
Meloche, puis plusieurs ont soumis leur candidature, mais malheureusement aucun
n'a été invité. Il faut comprendre que, depuis le 28 août, dans la
catégorie où se retrouvent nos machinistes, il n'y a eu aucune invitation.
Donc, ce n'est pas pour nous. Ça pourrait être une excellente solution de
pouvoir... pour les 28 travailleurs dont j'ai parlé, ça pourrait être une
excellente occasion de pouvoir transiter ces personnes-là vers une immigration
plus permanente, mais malheureusement...
Mme Meloche (Anne-Renée) : ...le
programme de PSTQ ne fonctionne pas jusqu'à date pour... pour nous, c'est...
c'est vraiment... il y a.... on n'a aucune... aucun travailleur qui a été
invité.
Alors, je pense que je vais laisser la
parole. On a dit... à Julie. Les femmes d'abord
Mme Brault (Julie) : Les
femmes d'abord. Alors, Julie Brault, vice-présidente, Entreposage, Transport
Bourassa. Nous, on est une entreprise familiale qui va fêter ses 70 ans
l'année prochaine. On est le troisième plus gros employeur à
Saint-Jean-sur-Richelieu après l'hôpital et le Collège militaire.
On a 43 travailleurs étrangers
temporaires économie. Puis ça, ça nous permet de combler des postes
d'aide-manutentionnaire, aides-mécaniciens, surtout sur des quarts de nuit, de
fin de semaine, parce que nous, nos opérations, ça se passe dans le jour, puis
les remorques doivent être déchargées pendant la nuit et rechargées par le fait
même. Et les réparations de véhicules, ça se fait la fin de semaine aussi. Ces
43 travailleurs étrangers du Mexique permettent de générer
584 emplois à des Québécois ici, des bons emplois à
Saint-Jean-sur-Richelieu.
On respecte, nous, le 10 % de ratio
qui étaient demandé, mais là on est doublement pénalisé depuis un an parce que
Saint-Jean-sur-Richelieu, qui a 4,4 % de chômage régional, a été inclus
dans le RMR, c'est-à-dire dans l'île de Montréal, il y a un an. Donc, moi,
depuis un an, là, j'ai perdu cinq travailleurs déjà, ça fait que je ne suis
plus à 43, puis j'en perds trois autres d'ici le mois de décembre. Ces
emplois-là, c'est des emplois de première ligne qui nous permettent de gérer
notre entreprise.
Les conséquences pour ça, vous le savez,
c'est qu'on a arrêté les investissements dans les constructions de nouveaux
édifices à Saint-Jean-sur-Richelieu. On est obligés de refuser des contrats.
Puis la prochaine conséquence, c'est qu'on va devoir faire des coupures dans
nos travailleurs québécois aussi, parce que nous, là, les 43 travailleurs,
ils supportent les emplois, ils sont vraiment des emplois de première ligne.
Ça fait 28 ans que je travaille chez
Transport Bourassa. On a toujours été en pénurie de main-d'œuvre, toujours en
recherche de bons employés. Et puis, depuis un an, il n'y a pas plus d'employés
sur le marché. Donc, on a fait des pressions au niveau fédéral, provincial. On
se connaît bien, on s'est rencontré, M. le ministre, vous êtes sensible. Vous
avez demandé la clause, le moratoire, là, sur les travailleurs qui étaient
existants. Alors, on aimerait savoir, nous, dans la discussion, quelle est la
prochaine étape, parce que, présentement, on ne voit pas de solution. Et moi,
déjà, là, l'entreprise est vraiment affectée.
Je vais laisser la parole à mon collègue
Claude.
M. Blanchet (Claude) : Oui,
Bonjour. Claude Blanchet, CIF Métal, fonderie d'aluminium basée à Thetford
Mines. On embauche environ 150 personnes. Nous, on achète de l'aluminium
québécois. On fournit différents marchés un peu partout en Amérique du Nord, en
Amérique du Sud, mais aussi on est un fournisseur d'Hydro-Québec directement et
indirectement. Aujourd'hui, nous, on utilise beaucoup des travailleurs
étrangers parce qu'il y a une pénurie de main-d'œuvre dans des métiers
spécialisés. Donc, les DEP, on sait que les écoles sont vides. Il n'y a pas de
machinistes, il n'y a pas d'électromécaniciens. Nous embauchons des machinistes
aussi mais aussi des employés spécialisés en fonderie. On forme, on a des
ententes avec les commissions scolaires pour donner le DEP à l'usine, mais ce
n'est pas assez, ce n'est vraiment pas assez. On a un taux de chômage autour de
3 % dans notre région.
Donc, nous, l'impact chez nous est assez
grave parce qu'on a investi une dizaine de millions de dollars dans
l'entreprise dans les cinq dernières années en pensant qu'on allait avoir des
travailleurs. Aujourd'hui, notre fonderie, le cœur de nos opérations, sont
essentiellement des travailleurs étrangers temporaires sur les quarts de nuit,
de soir. Si on perd nos travailleurs étrangers, puis c'est commencé, nous, on
ne pourra pas rencontrer nos obligations financières. Ce n'est pas plus
compliqué que ça. Vous savez ce que ça veut dire?
Et l'autre... l'autre point qui est... qui
est majeur, c'est que depuis le début de l'année, il manque 20 à
25 personnes. J'ai des contrats en main, je ne peux pas les livrer, je
suis obligé d'abandonner des opérations et ne pas fournir certains des clients
dans la chaîne d'approvisionnement. Pour le moment, on vit, on va survivre pour
le moment, à court terme, mais d'ici un an, on va perdre beaucoup de
travailleurs et on perd aussi des travailleurs à la retraite. Donc, le
moratoire, c'est bien, ça va nous aider, mais on a besoin du traitement
simplifié pour maintenir nos opérations à Thetford Mines. J'ai un mandat de la
direction du CA de regarder pour investir ailleurs qu'au Québec actuellement
parce qu'on n'est pas capables de croître ici. Pour le moment, c'est ça, notre
position, puis on a besoin de votre support pour réinvestir ici. Puis on veut
grandir ici. On veut investir ici.
Et je vais laisser la parole à Mathieu.
M. Jeanneau (Mathieu) : Derrière
minute de jeu. Donc, Mathieu Jeanneau, vice-président chez Emballages Saint-Jean,
une entreprise de Saint-Jean-sur-Richelieu aussi, qui est en affaires depuis
71 ans. Une entreprise fièrement québécoise qui a son siège social à
Saint-Jean, deux usines à Saint-Jean-sur-Richelieu, une à la
Pointe-aux-Trembles. Donc, de notre côté, on est spécialisé en emballage. Donc,
quand vous allez faire...
M. Jeanneau (Mathieu) :
...épicerie, nécessairement, vous utilisez de nos... de nos emballages, une
partie de nous est dans votre panier d'épicerie. De notre côté, on a
300 employés au Québec, une soixantaine de travailleurs étrangers
temporaires dans des postes d'électromécaniciens, d'opérateurs,
d'aides-opérateurs. Et puis, pour nous, cet... ces travailleurs-là sont
essentiels. En Montérégie, tout à l'heure, on en parlait, 4,4 % de taux de
chômage en Montérégie. Donc, l'embauche locale est impossible quand on pense à
des quarts de soir, des quarts de nuit, qui sont fondamentaux pour être en
mesure de pouvoir opérer nos équipements, qui représentent des millions de
dollars d'investissements. De notre côté, on a été... on a renouvelé certains
permis de travail d'avance. Mais là, pour 2026, s'il n'y a rien qui change au
niveau des mesures, bien, ça va être une baisse de 15 % de notre
production au Québec. Puis, pour 2027, un autre 15 % de baisse de notre
production au Québec, donc le tiers de baisse. Donc, c'est certain que s'il n'y
a pas de changement, là, il y a nécessairement des impacts qui sont à venir.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, on commence la période d'échange
avec les parlementaires, M. le ministre, et votre banquette, comme d'habitude,
16 minutes, 30 secondes.
M. Roberge : Merci beaucoup.
Rebonjour pour ceux celles que je connais déjà, bienvenue à l'Aassemblée. C'est
particulier de vous entendre, c'est très concret, là, c'est... On n'est pas,
là, dans des théories, là. Vous le vivez, vous perdez des travailleurs en ce
moment. Vous l'avez souligné, le gouvernement vous a appuyés dans votre demande
de garder au moins la clause grand-père, au minimum de garder les TET. Vous...
Aucun de vous n'êtes à Montréal ou Laval. À mesure que nous, on assume... Oui.
Excusez-moi. Donc, vous... dans votre... La mesure qu'on assume au
gouvernement, c'est de ne pas renouveler puis de... une espèce de moratoire,
mais ce n'est pas RMR, qui est immense, là, ça va de Saint-Jérôme à
Saint-Jean-sur-Richelieu, ce qui n'a rien à voir avec la réalité montréalaise.
Là, quand on est rendu à Saint-Jean-sur-Richelieu, c'est autre chose. On est de
l'autre bord de la rivière, puis c'est un monde différent. Donc, nous, on
demande la clause grand-père. Absolument. On n'a jamais accepté la notion de
RMR, qui est beaucoup, beaucoup trop grande. Ça, on s'entend.
Donc, même hier, j'ai réinterpelé encore
et encore le gouvernement fédéral pour que nos ministres fédéraux s'enlignent.
Pour l'instant, ils nous disent : Bien, écoutez, c'est facile, nous, notre
mandat au gouvernement fédéral, c'est de couper les permis, ça fait qu'on
arrache les travailleurs. Mais si vous n'êtes pas contents, le gouvernement du
Québec, vous avez juste à les rendre tous permanents. C'est un peu ça que nous
dit la ministre Hajdu C'est facile, vous avez juste à leur donner la résidence
canadienne, le CSQ, en réalité.
• (16 h 50) •
On veut arrêter la déperdition des
travailleurs étrangers temporaires. On veut garder notre force de travail. On
veut que vous puissiez continuer de remplir vos obligations. Donc, c'est sûr
qu'on va continuer la pression sur Ottawa. Puis C'est sûr qu'avec le nouveau
programme du PSTQ, ça devrait vous permettre bientôt d'en faire basculer du
statut de temporaire vers le statut de permanent. Je comprends que vous
dites : bien là, au mois de juillet, au mois d'août, là, ça n'a pas
fonctionné chez nous. Effectivement, chez vous, il y a quelques-uns qui ont
reçu ce CSQ, là, certificat sélection du Québec. Ce n'est pas parce que c'est
le PSTQ, c'est que peu importent les programmes, ils ont pas mal tous été
suspendus puisque la cible de 2025 était atteinte, voire dépassée dès la fin de
l'année 2024 pratiquement, là, il y a eu un tel engouement qu'il a fallu
fermer le robinet. Peu importe le nom du programme, on dépassait toutes nos
cibles.
On est comme à un point de bascule où on
se dit : Au lieu... au lieu de dire qu'on va faire venir 50 000, 60 000,
80 000 immigrants, on va souhaiter que là-dedans, il y en ait qui soient à
l'extérieur des grands centres, puis il y en ait qui soient dans nos usines. On
veut y aller avec un nombre qui est plus restreint, on a dit de... quelque part
entre 25 000 et 45 000, mais on va les sélectionner. Le PS de STQ, là,
c'est sélection, puis on veut y aller très, très précisément pour que ça
fonctionne chez vous.
Mais j'avoue que j'ai une petite
inquiétude. J'ai parlé longtemps, mais je vais vous poser une question. Deux
d'entre vous, vous m'avez dit : Bien, écoutez, ils travaillent les soirs,
ils travailleurs les fins de semaine...
M. Roberge : ...le jour que ces
personnes-là ont leur CSQ, leurs résidences canadienne et québécoise, est-ce
que c'est possible qu'ils disent : Moi, je n'ai plus de permis fermé, moi,
je suis rendu comme tous les Québécois, ça me tenterait, de travailler du lundi
au vendredi, de 9 heures à 17 heures, puis là, vous revenez nous voir
en disant : J'ai besoin d'un autre travailleur étranger temporaire pour
combler mon quart de nuit? Est-ce que c'est possible que ça arrive, ça?
M. Blanchet (Claude) : Chez
nous, on a des gens qui ont eu leurs certificats et leurs résidences
permanentes, ils sont restés, ils ne sont pas partis. Je veux dire, les gens
qui s'en viennent travailler chez nous, c'est des gens spécialisés pour
travailler en fonderie, en usinage. Ils veulent travailler dans ce domaine-là,
ils veulent rester à Thetford Mines. Ils ont choisi ça, ils se sont implantés
là, ils ont leurs familles, leurs amis, ils ont un milieu de vie.
Je ne dis pas qu'il y en a zéro qui sont
partis, mais j'en ai qui sont partis aussi en Ontario parce qu'ils n'avaient
pas leurs CSQ. Ça, ça arrive aussi. Donc, ça, c'est la réalité. J'en ai plus
perdus comme ça que j'en ai perdus qui ont eu la résidence, qui ont décidé
d'aller travailler ailleurs.
Mme Meloche (Anne-Renée) : Je
pense qu'en tant qu'employeur on a toujours du travail à faire pour la
rétention de nos employés, là. La pénurie de main-d'œuvre, moi, je le dis
souvent, là, ce n'est pas un concept qui a été inventé l'année passée, là. Moi,
ça fait 25 ans que j'en recrute, des machinistes puis de tout autre poste, puis
ça fait 25 ans que, tu sais... surtout que nos entreprises sont un peu en
région, à une heure de Montréal. Tu sais, c'est difficile pour tout le monde.
Ça fait qu'on a déjà déployés des... toutes sortes d'initiatives pour essayer
de conserver, de baisser notre taux de roulement.
Ça fait que, si vous me posez la
question : Est-ce que ces gens-là vont quitter? Peut-être, comme n'importe
quel autre Canadien ou Québécois qui... On est pour le libre emploi, là, on ne
veut pas attacher les gens. Le Programme des travailleurs étrangers
temporaires, la façon qu'il est construit, effectivement, les gens sont
attachés à notre entreprise, mais on fait tout en notre pouvoir pour que ces
gens-là demeurent parmi nous, étant donné qu'ils sont formés, ils sont
qualifiés, ils sont intégrés dans la région, là, dans nos régions.
M. Jeanneau (Mathieu) : Puis,
en fait, comme on le mentionnait tout à l'heure, s'il n'y a aucune mesure qui
change, il y a une certitude qu'ils vont quitter, ces travailleurs-là, ils vont
quitter vers l'étranger. Ils vont retourner, finalement, dans leurs pays
d'origine après avoir appris le français, pour plusieurs d'entre eux, après
s'être intégrés, après avoir contribué à payer des taxes, des impôts qui
contribuent au financement des services... des services publics. Alors, entre
une certitude de départ puis une responsabilité ultime des employeurs d'avoir
des bonnes pratiques ressources humaines pour être en mesure de les retenir, bien,
nous, c'est le pari qu'on souhaite prendre. Puis, actuellement, ce qu'on
remarque, c'est vraiment... depuis 12, 14 mois, une espèce de partie de
ping-pong entre le fédéral puis le provincial. De notre côté, certains d'entre
nous étaient à Ottawa la semaine... la semaine dernière, première fois de notre
vie qu'on est entrés dans le Parlement fédéral, cette semaine, pour certains,
c'était la même chose du côté de l'Assemblée nationale. Ce n'est pas notre job
de faire de la représentation politique. Maintenant, cette situation-là vient
impacter directement nos entreprises, vient avoir un impact au niveau des
régions, puis ça nous préoccupe, puis c'est pour ça qu'on a... qu'on a décidé
de faire... de faire entendre, finalement, nos voix, puis de prendre... prendre
le pari qu'il allait y avoir un leadership politique, tant à Québec qu'à
Ottawa, pour être en mesure de pouvoir régler le dossier puis permettre de
baisser la température un peu partout, pour avoir une réelle réflexion sur le
long terme sur l'impact de l'immigration, au Québec mais dans nos entreprises
aussi.
Mme Brault (Julie) : Parce
qu'en fait, là, nos travailleurs, ils ont le choix de revenir, hein, après deux
ans. Ça fait que, s'ils n'étaient pas bien puis qu'ils ne voulaient vraiment
pas travailler avec nous, soit de fin de semaine, de nuit, peu importe, ils ne
reviendraient pas, ces gens-là, là, ils pourraient aller travailler ailleurs.
Ils pourraient... ils pourraient appliquer sur un poste de jour aussi au
Québec. Il y en a, là, des travailleurs étrangers temporaires économiques qui
ont des postes de jour. Donc, s'ils reviennent, c'est parce qu'ils sont
attachés. Nous, depuis 2017 qu'on les a, puis c'est toujours les mêmes qui
reviennent puis qui veulent être avec nous.
Ceci étant dit, on parlait justement
d'Ottawa, et tout ça. Nous, on croit fermement qu'il faut qu'il y ait une
discussion entre le fédéral et provincial. On est les premiers à mettre de
l'avant qu'il faut qu'il y ait une entente, il faut se parler, mais ça fait un
an qu'on a l'espoir, qu'on dit : Ah! c'est le fédéral. Ah! c'est le
provincial qui va intervenir. Qu'est-ce qu'on peut faire ensemble, là, pour
vous aider à trouver une solution pour nous donner un petit peu d'oxygène
pendant qu'on va faire la consultation sur l'immigration puis trouver notre
plan qui nous convient, au Québec, au niveau de cette immigration-là? Qu'est-ce
qu'on peut faire, les gens d'affaires, pour régler ça, au moins avoir une
solution, que je considérerais peut-être temporaire, mais comment on peut travailler
ensemble?
M. Roberge : Bien, je pense
que vous faites très bien ce que vous devez faire en vous faisant entendre ici.
Je suis content de savoir... je ne savais pas, honnêtement, que vous étiez
allés à Ottawa aussi. Je pense que c'est une excellente chose. Je pense que la
solution devrait être hybride. Moi, je vous le dis, on est au gouvernement, on
est...
M. Roberge : ...consultations,
on écoute, hein? On met au jeu des scénarios. On ne dit pas voici ce qu'on va
faire, qu'est-ce que vous pensez de ce qu'on va faire? C'est : Voici des
scénarios, nos options, ce qu'on a en tête, qu'est-ce que vous pensez? C'est
quoi le plan optimal là-dedans? Comment on peut l'ajuster?
Il y a vous puis il y a d'autres qui sont
arrivés avant vous, qui nous ont dit un peu la même chose. On est tout à fait
ouverts, surtout avec le nouveau programme PSTQ, il y a des chiffres qui vont
se libérer pour les années à venir. C'est vrai que, l'année 2025, on n'en
a pas donné beaucoup, elle était remplie dès 2024. C'est comme ça. Mais pour
les années qui viennent, on est ouvert, on est vraiment ouvert à réserver des
places. Parmi nos immigrants économiques, il y a des travailleurs étrangers
temporaires qui basculeraient vers le statut de permanent. Donc ça, je pense
que c'est... c'est une petite lumière qui s'allume là, au bout... au bout du
tunnel, surtout en ciblant à l'extérieur de Montréal. Si je vous avais dit ça
l'an passé, j'aurais pu le dire, mais je n'aurais pas pu l'exécuter, je n'avais
pas le programme qui le permettait. Là, on a le programme qui le permet. Je
pense qu'Ottawa devrait quand même donner cette clause grand-père là. Mais même
s'il donnait la clause grand-père, nous on irait quand même de l'avant. Puis
là, je pense qu'avec ces deux mesures-là... Donc, la solution, ce n'est pas
est-ce que c'est Ottawa qui va tout faire ou est-ce que c'est Québec qui va
tout faire, je pense qu'on peut tous les deux faire un pas pour sécuriser notre
développement économique. Voilà, et je m'arrête ici parce que j'ai des
collègues qui veulent poursuivre la discussion avec vous. Merci beaucoup pour
cet appel du terrain.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Eh bien, merci beaucoup, M. le ministre. Alors, nous allons
poursuivre avec la députée de Vimont. Oui?
Mme Schmaltz : Oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, parfait.
Mme Schmaltz : Oui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, Mme la députée, vous avez encore 6 min
13 s.
Mme Schmaltz : Parfait.
Merci, Mme la Présidente. Merci. Bonjour à vous quatre d'être présents. Toujours
intéressant de vous recevoir en mode présentiel aussi, hein? Alors, on l'a
reconnu. J'aimerais... Vous recommandez, ça, c'est... c'est en page... en
page 6, de créer un programme de reconnaissance des employeurs exemplaires
qui permettrait aux entreprises démontrant des pratiques exemplaires
d'intégration de bénéficier de quotas bonifiés et d'allègements aussi. Est-ce
qu'on peut y aller un petit peu plus en profondeur? C'est quoi exactement les
critères aussi pour bénéficier, là, de cette... haussement des quotas? Je pense
que tout le monde veut s'exprimer.
Mme Meloche (Anne-Renée) : Oui.
Bien, je peux y aller, puis... vous bonifierez. Mais... en fait, c'est une...
c'est une idée que... qu'on a eue, dans le fond. Ce n'est pas un programme
qu'on a monté. Dans le fond, c'est une initiative à laquelle on a pensé à
l'alliance. Puis je me rappelle que ça a été discuté avec, par exemple, des
gens d'Investissement Québec ou même des gens du... on a déjà discuté de ça
avec les gens du MIFI aussi, c'était l'idée d'avoir... c'est... c'est qu'on...
autour de la table, à l'Alliance, on est tous des... des... je l'avais dit
d'entrée de jeu, on est des employeurs qui respectent les règles du programme
de travailleurs étrangers temporaires à la lettre. Parce qu'on le sait, on peut
être à tout moment audités. On veut respecter nos gens. Nos gens sont
qualifiés, ils apprécient notre milieu de travail, on veut agir en tant que...
que bons pères de famille puis respecter le programme. Puis on s'est dit :
Bien, pourquoi ne pas faire du pouce là-dessus puis dire : Bien, chez
Groupe Meloche, chez Emballage St-Jean, chez CIF, chez... chez Transport
Bourassa, on respecte les règles, pourquoi pas nous... élargir les... élargir,
en fait, les... les quotas ou les... abolir certaines restrictions en
disant : Bien, je suis venu t'auditer, tu respectes la francisation, tu as
fait de la... des programmes de formation dans ton entreprise, tu as... tu as
instauré des... des mesures en automatisation pour essayer de réduire ton
besoin de main-d'oeuvre, tu paies tes gens de façon adéquate, tu respectes les
bonnes pratiques en ressources humaines, bien, voici, tu as le sceau
d'employeur certifié qui fait en sorte que pour les... autant le gouvernement
fédéral que le provincial, ça dit : Bien, chez Groupe Meloche, je n'ai pas
besoin d'y mettre toutes sortes de bâtons dans les roues, elle... Groupe
Meloche respecte les règles. Puis on facilite à ce moment-là le... l'accès aux
travailleurs étrangers temporaires pour les entreprises qui pourraient être
certifiées. Mais ce n'est pas effectivement un programme qui a été complètement
«packagé», excusez l'anglicisme, là, mais....
• (17 heures) •
Mme Brault (Julie) : Puis
comme employeurs, en fait, les gens ne le savent pas, là, souvent, c'est que
nous, on les accompagne de A à Z. Il y a beaucoup d'investissements. Nous c'est
1 million d'investissements qu'on a fait dans des logements, dans
l'accompagnement, la francisation de nos travailleurs. Parce que si on avait
des travailleurs, là, au Québec, là, on ne ferait pas tout ça, je vous le dis,
là. C'est bien plus compliqué, ce qu'on est en train de faire là, puis c'est
pour ça qu'on est ici après un an puis qu'on se déplace à Québec, parce qu'on
en a besoin, de ces gens-là, puis on les accompagne, ils font partie de notre
famille, donc ils reviennent d'année en année. C'est un peu ça, l'idée de
l'employeur certifié, c'est de dire : Nous, là, on en fait plus que ce qui
est demandé, donc est-ce qu'on pourrait avoir un petit avantage là dessus?
M. Jeanneau (Mathieu) : ...ça
pourrait être fait probablement à coût relativement faible, étant donné qu'il y
a déjà un système en place d'inspection, d'audit, par le gouvernement fédéral,
des entreprises. On a passé nous-mêmes à travers ce processus-là. On a...
17 h (version non révisée)
M. Jeanneau (Mathieu) : ...on a
eu un résultat parfait, là, puis ça a été un audit en détail qui a été fait de
nos pratiques, tout ça, pour s'assurer qu'on respectait l'ensemble des lois. Ce
qui est dommage, avec le Programme des travailleurs étrangers temporaires, c'est
qu'il y a quelques exemples, disons, négatifs qui vont venir teinter 95 %,
96 % des employeurs qui suivent les règles, qui ont des pratiques RH
exemplaires au niveau de l'accueil et de l'intégration, qui investissent en
francisation des travailleurs. Puis nous, à travers cette idée-là, c'est de
faire en sorte de reconnaître réellement les bons joueurs en leur donnant
certains avantages ou certains bénéfices à avoir des bonnes pratiques ayant...
Mme Schmaltz : ...vous avez
ouvert la porte sur l'automatisation, justement. Qu'est-ce que vous avez fait,
dans vos entreprises respectives, justement, en automatisation, qui a permis
peut-être d'alléger aussi le nombre de travailleurs étrangers temporaires?
M. Blanchet (Claude) : Nous, on
a une partie de nos opérations qui sont automatisables, mais on a beaucoup de
petits lots de production, des lots différents. Donc, il y a une partie qui
est... Ce qui est automatisable, on a automatisé. Il y a une partie qu'on doit
avoir des humains, il y a une partie du travail qui demande d'avoir des humains.
Donc, c'est pour ça qu'on est là aujourd'hui. Et l'autre chose, c'est beau
robotiser, mais il y a aussi la rentabilité de la robotisation. Il y a des
projets qui sont non rentables, il y en a qui sont rentables. Puis l'autre
chose, on a investi une dizaine de millions, comme je disais tantôt, dans nos
infrastructures pour doubler notre chiffre d'affaires. Aujourd'hui, je n'ai
plus les moyens de réinvestir, de réinjecter 10 millions dans notre entreprise,
je dois la... je dois sécuriser notre entreprise. Donc, oui, tout est
possible, on a fait un bon bout, mais il faut aussi avoir la capacité, et,
aussi, ça prend de la main-d'œuvre qualifiée. Parce qu'en automatisation, au Québec,
ça fait 30 ans que je suis dans les manufacturiers, il n'y en a pas, de
monde en automatisation. Il n'y a presque pas d'ingénieurs, il n'y a presque
pas de techniciens. Je travaille...
Mme Schmaltz : ...formés à
l'interne, là, c'est vous-même qui les formez ou, du moins, l'entreprise qui va
les... qui les forment.
M. Blanchet (Claude) : Mais
ça prend un niveau quand même technique. Puis moi, les derniers que j'ai
embauchés dans d'autres vies, ils ne venaient pas du Québec, ils venaient du
Brésil — OK, ce n'est pas nouveau — dans dans une autre
entreprise. Donc, ces gens-là sont aussi en pénurie.
Mme Meloche (Anne-Renée) : C'est
un peu la même... la même réalité chez Groupe Meloche. Nous, on est dans l'usinage.
Il faut comprendre que nos équipements sont déjà à... c'est déjà des
équipements automatisés. Donc, c'est une machine d'usinage et un programme qui
vient à l'intérieur. La machine peut fabriquer 25 fois, 30 fois, 300 fois
la même pièce, mais ça prend toujours un machiniste pour venir faire la mise en
route, changer les outils, et tout ça.
Donc, des projets, des grands projets d'automatisation,
on en a eu chez Groupe Meloche. Par exemple, il y a une cellule qu'on a essayé d'automatiser
pour sauver une ou deux mains-d'oeuvre...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
Mme Meloche (Anne-Renée) :
...ça a été plusieurs millions et à peu près quatre ans de travail pour
automatiser cette cellule-là. Ça fait que c'est... les petits gestes qu'on peut
faire, c'est extrêmement coûteux puis extrêmement laborieux pour essayer de
sauver quelques mains-d'oeuvre.
Mme Schmaltz : Merci. C'était
vraiment intéressant. Je pense qu'on n'a plus de temps, hein? J'aurais bien
continué là-dessus. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Merci beaucoup. Effectivement, on va pouvoir poursuivre maintenant avec le
député d'Acadie pour 12 min 23 s.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, Mmes Meloche, Brault, MM. Jeanneau, Blanchet,
merci d'être là. Merci pour votre mémoire. Moi, j'ai eu le privilège, dans mes
tournées du Québec, de vous rencontrer. Alors, heureux que vous soyez là, à l'Assemblée
nationale.
Vous avez très bien expliqué les enjeux
que vous avez, notamment avec des travailleurs temporaires étrangers, et là,
bien, vous parlez, dans votre mémoire, de la joute de ping-pong Ottawa-Québec.
Ces travailleurs étrangers là, ça fait combien de temps qu'ils sont chez vous?
Mme Brault (Julie) : On en a
depuis 2017 du Mexique. Donc, c'est moi qui a parti le programme
personnellement, depuis 2007 qu'on les a puis qu'ils reviennent d'année en
année.
M. Morin : Puis ces
travailleurs temporaires étrangers là, est-ce qu'ils voudraient avoir accès à
la résidence permanente?
Mme Brault (Julie) : Certainement,
ils le demandent tous.
M. Morin : Présentement, bon,
le programme PEQ est en suspend. Il y a un nouveau programme qui s'appelle le
PSTQ. Mais c'est parce que je vous écoute et je perçois... je comprends très
bien chez vous l'urgence d'agir. Il y a des enjeux que vous rencontrez, là,
quand M. Blanchet... et vous nous expliquez votre réalité et que vous nous
parlez, si j'ai bien compris, du mandat que votre CA vous a confié, si vous
avez à l'exécuter, ce que je ne souhaite pas, ce mandat-là, mais vous allez
perdre, Thetford va perdre, tout le monde va perdre.
M. Blanchet (Claude) : Bien, nous,
ce qui est important puis ce que j'aimerais que vous reteniez, là, des
travailleurs étrangers... Moi, j'ai des clients aux États-Unis, au Mexique, au
Brésil...
M. Blanchet (Claude) :
...à chaque client que je rencontre, il me demande : As-tu des problèmes
de main-d'oeuvre? Hier soir, j'avais un souper avec un client du Midwest, et
puis chaque fois... L'année passée, là, je les ai rencontrés et je leur disais :
Nous, là, on est chanceux au Québec, on a un bon programme, on a accès à des
gens qualifiés. On a accès à des gens qualifiés, disponibles. Moi, là, c'était
un argument de vente incroyable que j'avais. À la place de regarder ça de
l'angle négatif, pourquoi on ne regarde pas ça de l'angle positif? Les
travailleurs étrangers temporaires, là, ça nous donne une compétitivité que les
Américains n'ont pas, que même l'Ontario utilise peu avec les traitements
simplifiés. Nous, là, ça, c'est très... Ça, là, c'est une arme. Aujourd'hui,
on... On avait zéro, il y a sept ans. Nous, ça fait sept ans qu'on l'utilise.
On n'avait personne, on avait de la misère à recruter. Nous, maintenant, on est
capables de... On était capables de sécuriser nos clients. Hier soir, j'ai été
obligé de dire : On a des enjeux. Hein, on est... On est politiquement
correct, on n'est pas obligé de dire tous les problèmes qu'on a, mais on est...
On commence à être mal à l'aise parce que, là, je commence à en perdre. Je vais
perdre de la capacité puis je vais être obligé d'abandonner des clients. Ça
fait que, nous, on veut investir à Thetford, on veut grandir, on veut
réinvestir ici. Nos actionnaires, c'est des institutionnels québécois. Mais on
est rendu que si on veut faire survivre l'entreprise, il faut... il va falloir
investir ailleurs pour le futur. Puis ce n'est pas des menaces. Je ne fais pas
ça pour ça. Je n'ai aucun plaisir à être... Je vous trouve bien gentil là, mais
je n'ai pas de plaisir à venir ici. J'aimerais mieux être avec mon client cet après-midi,
puis avec mes employés que d'être ici. Ça fait que, oui, ça a des impacts, puis
c'est déjà là. Puis je vous entendais dire que ça ne prend pas des réponses
dans six mois, trois mois, deux mois. C'est là, là. Il faut nous rassurer. Il faudrait
rassurer les investisseurs qui vont continuer à investir chez nous.
M. Morin : Donc là, on
est en train d'étudier la planification en immigration. Hypothèse, si le PEQ
n'était plus suspendu puis s'il était réouvert, est-ce que vous pourriez vous
en prévaloir? Est-ce que ça aiderait vos entreprises et vos régions?
Mme Meloche (Anne-Renée) :
C'est sûr que la réalité est différente de part et d'autre, mais chez nous, on
ramène le PEQ, j'ai beaucoup moins de problèmes. Parce que j'ai dit tantôt que
c'est 28 employés qui sont à risque de quitter. Sur les 28, là, c'est sûr
qu'il y en a une certaine partie qui est à Montréal. Donc... Mais c'est sûr
que, pour ceux-là, on a très, très peu d'espoir, malheureusement. Mais pour les
autres employés qui sont soit à Hemmingford, Valleyfield, Bromont, bien, ces
gens-là, historiquement, j'allais dire un peu d'histoire d'un travailleur chez
Groupe Meloche. Nous, on recrute depuis à peu près 2013. L'histoire typique
d'un travailleur chez nous, que ce soit un machiniste ou pour d'autres postes,
s'il travaille deux ans puis trois ans, le temps de son permis, bon, si par
exemple c'est un travailleur mexicain qui n'a pas tout à fait réussi à
apprendre le français à un niveau suffisant, on renouvelle un... pour un, deux
ou trois ans. Mais à l'intérieur de ça, c'est sûr, sûr, sûr que la personne,
elle appliquait au PEQ, là, puis elle l'obtenait. Mais maintenant ce qu'on
voit, c'est que malheureusement pour certaines personnes, ils ne répondront pas
aux critères du PSTQ qui sont vraiment sévères au niveau du français, au
niveau, par exemple, de l'usine de Montréal. Mais quand même, si on
rétablissait le... soit le PEQ, idéalement le PEQ, mais sinon le PSTQ actif, ça
réglerait vraiment, pour le Groupe Meloche, une bonne partie de nos enjeux,
effectivement. Si par contre on avait un moratoire, c'est encore une meilleure
solution parce que, logiquement, c'est le gros bon sens, là. C'est dire que ces
gens-là travaillent chez nous, ils sont compétents, ils sont installés avec
leur famille. Pourquoi ne pas leur permettre de rester? Comment expliquer ça à
un travailleur qui a amené sa famille, par exemple, ici, qui travaille depuis
trois ans, qui parle français, qui est excellent, qui travaille dans une
entreprise, qui est en pleine expansion, qui veut de la croissance dans le
domaine de l'aéronautique, comment expliquer à cette personne-là que
malheureusement il va devoir quitter parce qu'il n'y a pas eu de moratoire,
parce que tu n'as pas accès au PSTQ, parce que le PEQ est gelé? C'est
inconcevable pour le travailleur, pour l'entreprise puis pour ses collègues
autour. Il commence vraiment à y voir une réaction, là, de l'ensemble des
travailleurs puis des citoyens. C'est de dire : Bien, voyons donc! Tu vas
devoir dire à cette personne-là de retourner chez eux. Tu n'en as pas besoin?
Bien oui, j'en ai besoin. Il n'est pas bon? Bien non, il est excellent. Ça fait
que, pour nous, c'est vraiment un non-sens. Mais pour répondre à la question,
dans le cas de Groupe Meloche, si le PEQ était rétabli, ce serait vraiment une
solution, là, très, très bonne pour la compagnie.
• (17 h 10) •
M. Morin : Puis chez
Transport Bourassa?
Mme Brault (Julie) : Même
chose. Le PEQ, en fait, moi, tu sais, c'est des travailleurs, des aides-manutentionnaires
et aides-mécaniciens. S'ils peuvent entrer dans ce programme là d'expérience
Québec, c'est sûr qu'on le prendrait, ça serait bienvenu. Là, nous, dans notre
cas, on se dit : On a un autre terminal à Granby, mais nos opérations sont
toutes à Saint-Jean-sur-Richelieu. Est-ce qu'il va falloir déménager notre
terminal économiquement à Granby, à 66 kilomètres pour être capable de
renouveler nos 43 travailleurs? C'est complètement ridicule. Donc, je
pense... C'est un petit peu ça qu'on vit présentement. On se dit... Tout le
monde s'entend pour nous dire que ça ne fait pas de sens, que dans le fond on
en a besoin. C'est...
Mme Brault (Julie) :
...travailleurs-là, mais il n'y a aucune solution, depuis un an, qui a été...
qui a été amenée. On a eu de l'espoir à plusieurs reprises, mais là,
présentement, on est dans le mur, là, on l'a frappé, le mur.
M. Morin : Et puis je
comprends que ces travailleurs-là sont ici depuis longtemps. Ils sont
francisés, ils ont un logement, ils travaillent chez vous. Je ne sais pas si
vous avez vu des scénarios dans le cahier de consultations, mais, pour les
résidents permanents, là, au niveau de l'immigration économique, si on garde le
scénario A, c'est 15 550 en 2026; le scénario B, 21 750 scénarios,
puis le scénario C, c'est 26 650. On a présentement, au Québec,
142 000 personnes qui ont des CSQ, qui sont en attente de la
résidence permanente. Comment on va y arriver? Moi, je vous écoute, là, je veux
vous aider, là, je ne suis pas au gouvernement, là, mais... Puis, tu sais, je
le sens, ce n'est pas drôle, là, ce que vous nous dites puis je ne prends pas
ça à la légère, là, mais...
M. Blanchet (Claude) : ...vous
avez laissé aux entrepreneurs. Moi, je parle en mon nom, mais, tu sais, on est
une quinzaine d'entreprises. Quand on se parle, tout le monde, peu importe où
je vais au Québec, on vit tous la même chose. Vous nous avez donné des... un
outil, un levier économique important avec les travailleurs étrangers. Vous
nous avez permis ça. Nous, on a décidé d'investir en pensant qu'on allait avoir
des travailleurs. Ça fait qu'on demande un moratoire. Le moratoire, pour nous
autres, ça veut dire déclin des opérations graduelles, ça ne veut pas dire
maintien. J'ai des gens qui s'en vont à la retraite, le vieillissement est là.
J'ai besoin de ça. Puis le maintien du traitement simplifié, pour les
entreprises spécialisées... Moi, je n'ai pas la chance d'être capable de
trouver des gens qui parlent français pour travailler en fonderie. On a
beaucoup de gens qui viennent des Philippines. Ils prennent cinq, six, sept ans
avant d'apprendre le français, ça fait que j'ai besoin de temps. Mais ils
veulent rester, leurs enfants, ils s'en viennent, ils apprennent le français
avec leur famille puis ils s'intègrent très bien à Thetford.
Ça fait qu'on a besoin de maintenir ce
traitement simplifié là. On a besoin du moratoire urgent. Puis même si on a le
CSQ et tout le PSTQ, ça va nous aider, mais ce n'est pas... Nous, là, on a
comme... on s'est organisé, comme entreprise, pour investir, pour croître en
sachant qu'on allait avoir de la main-d'oeuvre. Puis, si on n'en a pas besoin,
là, inquiétez-vous pas, on n'ira pas en chercher plus, là, hein, on...
Mme Brault (Julie) : On ne
serait pas ici, tu sais...
M. Blanchet (Claude) : On ne
serait pas ici.
Mme Brault (Julie) : ...on
n'aurait pas fait trois heures de route, là, pour venir ici puis aller à Ottawa
la semaine passée, on a d'autres choses à faire. On a des business à gérer.
C'est ça qu'on fait dans la vie, nous autres, ce n'est pas de la politique.
M. Morin : Puis je comprends
que, quand vous allez chercher un travailleur étranger à l'extérieur du Québec,
ça coûte cher, là, c'est un investissement.
M. Jeanneau (Mathieu) :
...dans notre cas à nous, on a commencé en 2021, 2022, cet exercice-là, ça ne
fait pas aussi longtemps que toutes les autres entreprises. Ça a fait vraiment
une différence dans notre capacité de maintenir d'autres emplois au Québec.
Donc, ça, ça a été... ça a été vraiment fondamental pour nous. Tous les coûts
associés... Puis, en fait, par ailleurs, on est allés chercher ces
travailleurs-là avec le support de missions organisées par le gouvernement du
Québec, donc les missions du Québec en Amérique latine, qui ont été pour nous
extrêmement bénéfiques et bien organisées. Puis, par la suite, tout le
processus, vraiment, de préparation des documents, tout ça, l'accueil,
l'intégration, la francisation... Un travailleur pour nous, là, juste dans un
poste, disons, d'aide d'opérateur, c'est trois, quatre mois de formation. Un
opérateur, c'est un an de formation. Donc, tout ce processus-là, je pense aux
billets d'avion, trouver des appartements...
Ça fait que je pense qu'on l'a dit puis je
le répète, c'est... pour nous, ce n'est jamais le plan A, étant donné tout le
travail qui doit d'être fait puis les coûts qui sont investis par les
entreprises. Mais, au bout du compte, dans un contexte de taux de chômage à
3 %, 4 %, je veux dire, à un moment donné, c'est fondamental, à moins
qu'on se dit : Bien, il y a des secteurs, comme le secteur manufacturier,
qui sont plus importants au Québec puis on veut sortir de certains secteurs
économiques.
Nous, on pense que, dans plusieurs villes,
plusieurs régions du Québec, il y a des secteurs, comme le secteur manufacturier,
le secteur aéronautique, le secteur du transport, la logistique qui sont
fondamentaux aux régions puis pour nos entreprises. C'est aussi souvent les
entreprises qui ont une présence à l'international, qui exportent, qui ont des
unités ailleurs. On crée de la richesse au Québec grâce, finalement, à notre
capacité de pouvoir avoir accès à cette main-d'oeuvre...
M. Jeanneau (Mathieu) : ...Maintenant,
on est d'accord, les entreprises doivent s'automatiser, se robotiser, avoir des
bonnes pratiques RH. Il n'y a pas... Il ne faut pas mettre de côté cette
solution-là, il faut que ça fasse partie d'une série de mesures. Puis
actuellement, bien, on est vraiment au bout...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
M. Jeanneau (Mathieu) : ...tu
sais, de notre appel à faire en sorte qu'il puisse y avoir une vraie solution
annoncée, implantée pour qu'on puisse être capables de pouvoir éviter qu'on se
retrouve dans une mauvaise situation en 2026.
M. Blanchet (Claude) : ...le
temps, parce qu'on a été coupés... en trois mois, tout a été coupé. Tout a
arrêté, tout... le tapis s'est tiré sous nos pieds.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Je ne veux pas vous couper, mais je le dois. Mais on
n'a pas terminé. Il reste encore un dernier bloc de questions avec le député de
Laurier-Dorion pour quatre minutes huit secondes.
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mesdames, Messieurs. Dans les quelques minutes qui nous
restent, je vais vous poser des questions que j'ai déjà posées à d'autres
aussi, là. D'après vous, là, quelle est votre principale menace économique?
Est-ce que c'est les tarifs des États-Unis ou les politiques migratoires du
Québec et d'Ottawa aussi?
Mme Meloche (Anne-Renée) : Je
peux répondre. C'est vraiment la politique migratoire. On l'a dit souvent dans
la dernière année ou dans les derniers six mois, on se fait poser la question
fréquemment : Est-ce que les tarifs vous affectent? Peut-être qu'on est
dans un domaine, en aéronautique, où on a beaucoup quand même de support, mais
l'enjeu de main-d'œuvre est depuis des années l'enjeu numéro un, c'est
l'accessibilité à la main-d'œuvre en général. Puis, comme l'a expliqué Mathieu,
comme l'a expliqué les autres personnes, nous, le programme des travailleurs
étrangers temporaires, c'est vraiment venu comme une solution... non pas la
solution numéro un, mais c'est vraiment venu comme une solution, avec beaucoup
d'acharnement, de travail, d'investissement... bien, c'est venu comme une
solution pour pallier à ces problèmes de main-d'œuvre là. Mais, pour répondre à
la question, c'est... c'est définitivement l'enjeu numéro un de main-d'œuvre.
C'est les questions... comme le disait Claude, c'est les questions que nos
financiers nous... nous parlent. Nos clients nous questionnent par rapport à
notre capacité d'obtenir de la main-d'œuvre qualifiée. Donc, c'est vraiment
l'enjeu numéro un.
Mme Brault (Julie) : C'est
vraiment une bonne question, honnêtement, qui me rejoint, parce qu'on n'est pas
capables de faire des prévisions. C'est la première fois en 28 ans, chez
Transport Bourassa, qu'on n'est pas capables de se dire est-ce qu'on va
avoir la main-d'œuvre l'année prochaine pour remplir nos contrats qu'on a
signés pour offrir le service à nos clients qu'on offre depuis toutes ces
années. Donc, on n'est pas capables de dire si on va pouvoir avoir cette
main-d'œuvre-là. Donc, ça, ça tue une entreprise, de ne pas être capable de
prévoir. C'est ça qu'on fait dans la vie, prévoir, essayer de voir un petit peu
plus loin. Donc, ça, c'est la menace numéro un, la main-d'œuvre, c'est l'enjeu
numéro un. Ça a toujours été, et ça va toujours l'être. La menace... Les
menaces tarifaires, effectivement, impactent, mais ça va nous impacter encore
plus si on n'est pas capables de continuer à faire rouler nos entreprises par
manque de main-d'œuvre.
Mme Meloche (Anne-Renée) : Puis
l'important de comprendre, c'est que la menace tarifaire, c'est une menace qui
vient de l'externe, mais la menace des coupures dans le programme de
travailleurs étrangers temporaires, c'est comme si on se fait une propre
jambette à nous, là. Ça fait que c'est extrêmement choquant pour nous, là.
M. Blanchet (Claude) : Ce
n'est pas une menace...
Mme Meloche (Anne-Renée) :
Oui... Ah! ce n'est pas une menace.
M. Blanchet (Claude) : Ce
n'est plus une menace, c'est un fait. On n'a plus accès à la main-d'oeuvre.
M. Fontecilla : C'est-à-dire
qu'il y a des choses qu'on ne contrôle pas, les tarifs, mais il y a des choses
qu'on contrôle, nos politiques migratoires.
Ici, dans ce document-ci, on vous propose
trois scénarios de volume d'immigration, là. Je sais que vous êtes dans les
opérations, là, peut-être pas dans la grande... la grande vision, là, mais,
d'après vous, d'après votre expérience, est-ce qu'il faut moins d'immigrants,
la même chose ou plus d'immigrants, là, au Québec, de façon très générale, là?
• (17 h 20) •
Mme Meloche (Anne-Renée) : Bien,
c'est sûr qu'on comprend que l'immigration, présentement, il faut l'encadrer,
ça crée une pression sur les services, mais ce que... de notre point de vue,
c'est beaucoup plus une solution qu'un enjeu, l'immigration. Donc, si vous
demandez... vous nous demandez quel... ça en prend plus, ou, en tout cas, ça
prend au moins le maintien actuel, là.
M. Jeanneau (Mathieu) : Et
la...
M. Blanchet (Claude) : ...économique.
Mme Meloche (Anne-Renée) :
Économique.
M. Blanchet (Claude) : C'est
de l'immigration économique que ça prend.
M. Jeanneau (Mathieu) : Non,
mais la démonstration aussi, c'est que, dans ces mesures-là, on exclut souvent
le secteur de la santé des mesures restrictives en immigration. Ça fait que,
même pour le gouvernement du Québec, ça fait partie de la stratégie pour
pouvoir combler les postes qui sont disponibles dans le secteur de la santé. Ça
fait que c'est la même chose pour nous, tu sais, dans l'économie, tu sais,
tangible, réelle des régions, dans le secteur privé, tu sais. Ça fait que... Ça
fait qu'il y a nécessairement un contexte démographique qui est documenté, qui
est... sur les 20 prochaines années... Le défi démographique va être là. Si on
oublie... on oublie l'immigration dans ce contexte-là, je veux dire, on...
définitivement, on ne pense pas qu'on se dirige, pour nos entreprises, dans une
bonne situation pour les prochaines années.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : C'est ce qui termine. Merci beaucoup, M. le député.
Mesdames, messieurs...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...merci énormément de votre président... de votre «président»...
de votre présence à... à notre commission. Votre apport à nos travaux était
important. Alors, je vous souhaite un bon retour dans votre domicile.
Et je vais suspendre quelques instants, le
temps de recevoir notre dernier groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 22)
(Reprise à 17 h 26)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux. Alors, comme derniers intervenants ce soir, nous avons les
représentants de... des Organisations internationales de l'aviation civile de
Montréal...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...alors je me lance, je vous présente tous : Mme
Alexandra Paré, directrice de l'adhésion, du marketing et des communications,
Conseil... international et coordonnation... coordination des associations
d'industries aérospatiales, Mme Amandine... Gicquel, c'est bien ça,
gestionnaire des relations avec l'industrie, Canada et Bermudes, Association du
transport aérien international, Mme Cécile Canu, directrice... Céline, pardon,
Canu, directrice... générale, Fédération internationale des associations de
pilotes de ligne, ainsi que M. Dominic Têtu, directeur financier et
vice-président principal à l'administration, Conseil international des aéroports.
Alors, Mesdames, M., bienvenue à la
Commission des relations avec les citoyens. Donc, si vous êtes déjà venus, vous
savez que vous avez 10 minutes pour présenter l'essentiel de votre
mémoire, vos recommandations et, par la suite, on va en discuter avec les
parlementaires. Alors, les prochaines 10 minutes sont les vôtres.
Mme Paré (Alexandra) : Parfait.
Merci beaucoup. Donc, on sait qu'on a des acronymes difficiles, mais on va
essayer de vous donner une bonne...
Donc, Mme la Présidente de la commission,
membres de la commission, M. le ministre, bonjour. Je me nomme Alexandra Paré
et je suis, tel que mentionné, la directrice de l'adhésion, du marketing et des
communications au sein de l'ICCAIA, qui est le Conseil international de
coordination des associations d'industries aérospatiales. Faisant suite au
mémoire déposé dans le cadre de ces auditions publiques, je souhaite exprimer
le point de vue des organisations internationales du secteur de l'aviation
civile à Montréal au sujet des modifications proposées à la législation
concernant l'emploi et l'intégration de la main-d'œuvre non canadienne,
notamment les travailleurs étrangers temporaires, les TET.
Je m'adresse aujourd'hui au nom de
l'ICCAIA qui représente les fabricants et fournisseurs de services aérospatiaux
ainsi qu'au nom des cinq organisations suivantes : donc le Conseil
international des aéroports, ACI, l'Organisation des services de navigation
aérienne civile, CANSO, pour les fournisseurs de services de navigation
aérienne, l'Association du transport aérien international, IATA, pour les
compagnies aériennes, le Conseil international de l'aviation d'affaires, IBAC,
la Fédération internationale des... des associations de pilotes de ligne,
IFALPA.
Le Québec et surtout Montréal jouent depuis
décembre 1944 un rôle capital dans l'aviation civile internationale. À la fin
de la Seconde Guerre mondiale, Britanniques, Français et Américains se sont
alliés au Canada pour faire de Montréal la capitale mondiale de l'aviation
civile en y fondant l'OACI, qui est l'Organisation de l'aviation civile
internationale. Créée pour établir les règles du vol international, l'OACI a
choisi Montréal pour son bilinguisme, le français, la langue de la diplomatie,
et l'anglais, langue de l'aviation.
Aujourd'hui, plus de 80 ans plus
tard, l'OACI demeure l'agence spécialisée des Nations unies en matière
d'aviation et regroupe 193 États membres. Autour d'elle s'est développé un
écosystème d'organisations internationales, notamment celles représentées par la
présente intervention, qui emploient un personnel hautement qualifié et
diversifié. Le Québec et Montréal bénéficient ainsi du prestige d'accueillir
une agence de l'ONU ainsi que d'importants retombées économiques et sociales,
un privilège souvent convoité par d'autres pays.
Reconnaissant cette importance, le
gouvernement du Québec a soutenu l'OACI et son écosystème, notamment lors du
80e anniversaire célébré à Québec. Toutefois, des menaces pèsent sur la
capacité à attirer et retenir les talents... internationaux, ouvrant la porte à
ceux qui souhaiteraient voir partir ces organisations.
• (17 h 30) •
C'est pourquoi nous, représentants des
constructeurs, des compagnies aériennes, des aéroports, des pilotes, des
fournisseurs de services de navigation aérienne et de l'aviation d'affaires,
sommes présents aujourd'hui devant vous, pour protéger le titre de Montréal de
capitale mondiale de l'aviation civile internationale.
Aucune industrie est plus... n'est plus
internationale que l'aviation civile. Ensemble, nous transportons chaque année
des milliards de passagers et des millions de tonnes de marchandises à travers
le monde en toute sécurité, nous facilitons les voyages, le tourisme et le
commerce, véritables moteurs de l'économie mondiale. Nos organisations ensemble
représentent près de 1 200 emplois à Montréal et génèrent des
retombées économiques de plus de 250 millions de dollars par an.
Cet écosystème repose sur la capacité
d'attirer et de retenir des talents internationaux... hautement spécialisés.
Pour accomplir nos mandats, nous devons pouvoir recruter des experts possédant
une connaissance approfondie de l'aviation internationale, des opérations
transfrontalières et des cadres réglementaires mondiaux. Ces compétences sont
rares localement. Le recrutement international est donc essentiel.
Les organisations internationales
présentes à Montréal ont conclu ou sont en voie de conclure des accords de
reconnaissance avec le gouvernement du Québec. Ces accords prévoient des
dispositions spécifiques visant à faciliter l'attraction et la...
17 h 30 (version non révisée)
Mme Paré (Alexandra) : ...la
rétention des talents étrangers. Or, le document de consultation indique que le
gouvernement envisage de restreindre significativement le nombre de TET pouvant
travailler au Québec, notamment dans la région de Montréal. Ces mesures
suscitent une grande préoccupation car elles contredisent les engagements pris
dans ces accords et menaceraient directement notre capacité à fonctionner
efficacement ici. Attirer une expertise hautement spécialisée est déjà un
défi. Réduire notre capacité de recrutement international créerait un obstacle
supplémentaire à l'attractivité du Québec et risquerait de compromettre des
emplois existants dans la communauté aéronautique internationale, une
communauté que le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral ont
pourtant activement soutenue et encouragée.
Nous demandons donc au gouvernement du
Québec de tenir compte des besoins particuliers de notre secteur afin de permettre
à la communauté aéronautique internationale de continuer à soutenir
efficacement l'écosystème de l'aviation et le travail de l'OACI. Nous
recommandons que toute modification aux programmes des TET prévoie des
exemptions pour les organisations internationales du secteur de l'aviation
civile afin d'assurer la continuité du recrutement de talents étrangers. Nous
demandons également de ne pas introduire de nouvelles exigences qui alourdiraient
le fardeau administratif de nos organisations, telles que l'obligation pour les
employés de passer des tests de français. Ces exigences contreviendraient aux
accords de reconnaissance en vigueur qui permettent à nos organisations d'opérer
en anglais.
Notre communauté a besoin d'une main-d'œuvre
stable et prévisible. Si des restrictions venaient à limiter l'arrivée ou la
rétention de personnel essentiel, certaines organisations pourraient être
forcées de relocaliser leurs activités à l'étranger, ce qui serait une perte
considérable pour Montréal et pour le Québec. Montréal demeure aujourd'hui la
capitale mondiale de l'aviation civile internationale, mais les mesures
actuellement à l'étude pourrait compromettre ce statut si notre écosystème n'est
plus en mesure d'attirer et de retenir une main-d'œuvre internationale qualifiée.
Nous espérons que cette consultation mènera à un résultat favorable
garantissant la vitalité et la pérennité de la communauté internationale de l'aviation
civile au Québec, au Canada et à Montréal. Je vous remercie de votre attention
et je souhaite maintenant passer la parole à mon collègue Dominic Têtu.
M. Têtu (Dominic) : Merci
beaucoup. Alors, tel qu'il a été mentionné, je représente le Conseil
international des aéroports qu'on nomme ACI. Alors, ACI, qui a transféré son
siège social de Genève à Montréal en 2011, souhaitait alors se rapprocher du centre
décisionnel mondial de l'aviation civile. Montréal s'est imposée comme la
capitale mondiale du secteur, donc c'était un choix évident. Ce choix s'est
avéré des plus judicieux pour notre organisation. Passer d'une dizaine d'employés
en 2011, notre effectif dépasse aujourd'hui la centaine d'employés. Notre
présence à Montréal a favorisé une collaboration accrue avec l'OACI ainsi que
de nombreux partenaires de l'écosystème de l'aviation. Plusieurs d'entre eux
sont avec moi aujourd'hui.
L'influence d'ACI s'est accrue portée par
la qualité exceptionnelle de la main-d'œuvre québécoise et le soutien
indéfectible de la communauté locale. Les quelque 100 employés de notre
branche mondiale oeuvrent exclusivement à Montréal. Tous les produits et
services, piliers de notre croissance, sont conçus et pilotés localement par
notre équipe montréalaise. En 2024, notre organisation a investi 3,5 millions de
dollars dans de nouveaux locaux au centre-ville. Par ailleurs, nous engageons
annuellement plus de 2 millions de dollars auprès de fournisseurs
montréalais pour les services des TI en marketing et en consultations. Notre
masse salariale approche les 15 millions de dollars pour l'année
2025. Nos revenus sont perçus à l'étranger et dépensés presque exclusivement au
Québec. Entre 10 et 20 % de nos effectifs sont composés de travailleurs
étrangers temporaires. La majorité de nos collaborateurs proviennent donc de la
communauté montréalaise. Malgré leur poids relatif limité, les travailleurs
étrangers jouent un rôle essentiel. Ils nous apportent une expertise
spécialisée qui n'est pas toujours disponible localement. Ils contribuent à
maintenir l'avantage compétitif de la région et assurent la représentativité
internationale de notre organisation et de nos membres mondiaux.
Le conseil d'administration de l'ACI plus
fermement notre ancrage au Québec et salue la collaboration fructueuse avec
tous les paliers gouvernementaux depuis notre arrivée. Cependant, toute restriction
ou condition supplémentaire imposée relativement à l'embauche de travailleurs
étrangers temporaires irait à l'encontre de l'esprit de l'entente conclue entre
l'ACI, le gouvernement du Québec. Cela risquerait de compromettre les bénéfices
mutuels qui résultent de notre présence au sein de la province, pour les
gouvernements, pour l'économie locale et pour l'ensemble de la communauté.
Ainsi, nous vous prions respectueusement
pour le bénéfice de nos employés, de nos membres et de l'écosystème de l'aviation
civile au Québec, de bien vouloir considérer notre position dans la poursuite
de vos travaux. Dans l'attente d'un dénouement positif, l'ACI vous remercie de
votre écoute.
Je passe la parole à ma collègue Amandine
de l'IATA.
Mme Gicquel (Amandine) : Merci
beaucoup. Merci pour l'opportunité de cette audience. Je m'appelle Amandine
Gicquel, je travaille pour IATA en tant que gestionnaire des relations avec l'industrie
Canada et Bermudes. Établi...
Mme Gicquel (Amandine) : ...à
Montréal depuis sa fondation par une loi spéciale du Parlement canadien, en
décembre 1945, l'IATA représente plus de 350 compagnies aériennes au
niveau mondial, dont quatre au Canada. Et l'IATA a pour mission de promouvoir
un transport aérien sécuritaire fiable et régulier au profit de tous, en plus
de favoriser le commerce aérien et d'étudier les problèmes qui s'y rattachent.
Aujourd'hui, l'IATA compte
330 employés permanents et une cinquantaine d'employés contractuels à
Montréal. Près de 30 % de nos salariés permanents disposent d'un permis de
travail. Étant donné la caractéristique internationale de notre industrie, nous
avons besoin de talents et d'experts au niveau mondial, et les modifications
proposées au règlement sur l'immigration du Québec est une très sérieuse menace
pour l'attraction d'employés internationaux à Montréal, notamment la mise en
place de méthodes restreignant le nombre de travailleurs étrangers temporaires
au Québec et l'exigence de connaissance du français comme condition de renouvellement
de permis de travail.
Imposer des contraintes quant aux
travailleurs étrangers temporaires recrutés pour leur expertise et leurs
talents de qualité impacterait de manière significative la capacité de l'IATA à
servir l'industrie aéronautique au niveau mondial et remettrait en question un
des éléments fondamentaux de la présence du siège de l'IATA à Montréal depuis
80 ans. Une telle mesure entraînerait des conséquences néfastes non
seulement sur le renouvellement de permis de travail de nos experts, mais aussi
sur la capacité de l'IATA à accomplir sa mission globale depuis le Québec.
Enfin, cela affecterait la position de Montréal en tant que capitale de
l'aviation civile et réduirait son attractivité en tant que destination
privilégiée pour les organisations internationales. Par conséquent, nous
demandons respectueusement au ministère de l'Immigration...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je suis obligée de vous arrêter, on a beaucoup dépassé,
mais...
Mme Gicquel (Amandine) : Oh!
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...mais ce n'est pas grave, on va continuer à discuter avec
les parlementaires. Je vous laissais finir, mais on est... on a vraiment
beaucoup dépassé. Mais on va continuer avec les parlementaires, vous allez
pouvoir continuer votre message. On cède la parole au ministre et à la
banquette du gouvernement pour 16 min 30 s.
M. Roberge : Sur... sur mon
temps, je vais vous laisser compléter votre... votre présentation.
J'enchaînerai avec les questions ensuite. Allez-y.
Mme Gicquel (Amandine) :
C'est gentil. Merci beaucoup. Donc, je disais... donc, voilà, OK, que les
nouvelles réglementations affecteraient la position de Montréal en tant que
capitale de l'aviation civile et réduiraient son attractivité en tant que
destination privilégiée pour les organismes internationaux. Par conséquent,
nous demandons respectueusement au ministère de l'Immigration, de la
Francisation et de l'Intégration du Québec de considérer ce projet de règlement
et d'explorer les possibilités d'exemption pour les organisations
internationales œuvrant dans le cadre d'un mandat global.
Nous vous remercions de l'attention que
vous porterez à ces commentaires et à nos préoccupations et nous restons
optimistes quant à la mise en place d'une solution constructive reflétant les
valeurs de la diversité, d'inclusion et de direction internationale du Québec.
M. Roberge : Vous pouvez y
aller. Allez-y.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Roberge : On est là pour
vous écouter.
Mme Canu (Céline) : M. le
ministre, je vous remercie. Mme la Présidente, chers députés, donc moi, j'ai le
plaisir de représenter la Fédération internationale des pilotes de ligne, qui
regroupe des associations nationales de pilotes de ligne de plus de
75 pays, ce qui représente 150 000 pilotes de ligne. Notre
mission est de promouvoir la sécurité, la sûreté et la durabilité de la
profession de pilote à travers le monde. Les pilotes sont des acteurs clés du
système aérien mondial et chaque jour, ils assurent la sécurité de millions de
passagers et de tonnes de marchandises dans un environnement où la précision,
la compétence et la maîtrise des réglementations internationales sont
essentielles. Ces compétences reposent sur des années de formation, sur un
cadre réglementaire harmonisé au niveau international qui est garanti par
l'OACI et ses États membres. Présente à Montréal depuis 1978, nous avons établi
la fédération en 2012 à Montréal, avec le soutien du Québec. L'IFALPA emploie
majoritairement des Québécois, mais doit aussi parfois recruter à
l'international lorsque certaines expertises sont introuvables localement.
• (17 h 40) •
Les modifications envisagées à la
législation sur les travailleurs étrangers temporaires pourraient compromettre
notre capacité à remplir notre mandat. Les organisations internationales de
l'aviation comme la nôtre dépendent d'experts maîtrisant les pratiques
opérationnelles de divers pays et les normes de l'OACI. Ce sont des profils qui
sont souvent rares et qui nécessitent un recrutement international. Restreindre
l'accès à ces talents pourrait nuire à notre mission et à la position de
Montréal comme capitale internationale de l'aviation, et nous espérons donc que
toute réforme du PTET préservera la flexibilité nécessaire au fonctionnement
des organisations internationales du secteur.
Donc, au nom de la Fédération, j'aimerais
vous inviter...
Mme Canu (Céline) :
...maintenir des dispositions adaptées aux organisations internationales de
l'aviation civile afin de préserver la position d'excellence du Québec et de
Montréal et d'éviter tout alourdissement administratif. Et pour que Montréal
demeure la capitale internationale de l'aviation civile, elle se doit de rester
attractive pour les experts qui garantissent la sécurité du transport aérien.
Le Québec est une terre d'accueil exceptionnelle et merveilleuse. Je peux en
témoigner. Et donc vous pouvez compter sur notre appui pour promouvoir une
immigration intelligente et bénéfique, à la fois pour notre industrie et pour
la province. Je vous remercie à tous.
M. Roberge : Merci bien.
Alors, je m'essayer... les acronymes, donc Merci à l'ICAIA, l'ACI... pour
représenter si bien les OING, décodeur requis. Mais donc, je vous rassure tout
de suite, au gouvernement, on est très favorable à la présence, puis à
l'épanouissement, puis, je vous dirais, à l'accomplissement du rôle des
organisations internationales non gouvernementales. C'est une fierté, les avoir
sur notre territoire, souvent à Montréal, mais pas seulement, on en a aussi dans
d'autres villes. Mais c'est sûr que Montréal, c'est un peu notre... pas notre
capitale nationale, c'est ici, mais notre... un peu notre capitale des
organisations internationales... sont beaucoup à Montréal, puis c'est le cas
pour vous aussi.
Vous avez parlé de changements
législatifs. On ne fait pas de changements législatifs. On fait la
planification pluriannuelle de l'immigration, on s'intéresse à des cibles selon
différentes catégories, à des... Je vous dirais, à des... Des sélections
particulières de personnes qui deviendront ensuite des nouveaux Québécois, des
gens qui passeront d'un statut temporaire à un statut permanent. On privilégie,
dans le cahier de consultation, dans nos orientations, qu'on met au jeu,
justement, cette sélection-là privilégiée de personnes déjà sur le territoire.
Mais ce n'est pas exclusif. Il y a... d'ailleurs, dans notre programme, il y a
ce qu'on appelle des talents d'exception, des gens qu'on peut aller chercher à
l'international, qui peuvent d'emblée devenir tout de suite des résidents
permanents. Vous avez... vous avez quelques... vous avez les quatre parlé, mais
quelqu'un a dit : Vous avez 30 % des gens qui sont dans notre
organisation selon un permis de travail. Est-ce que c'est travailleurs
étrangers temporaires ou ce n'est pas plutôt le programme fédéral, PMI,
Programme Mobilité internationale? Il me semble que ça relève davantage du
programme mobilité internationale. Mais si vous savez mieux que moi les gens
qui sont à votre emploi, mais mon sentiment, ça serait que... ce serait plutôt
ce programme-là plutôt que le TET.
Mme Gicquel (Amandine) :
Exactement. Ce serait plutôt le programme du fédéral, du gouvernement fédéral.
Tout à fait.
M. Roberge : OK, c'est ça.
Parce que le gouvernement du Québec, il y a un peu plus d'un an, a pris une
orientation concernant les immigrants dans nos... Dans les champs que nous
contrôlons, le travailleur étranger temporaire, avec une limitation pour
Montréal et Laval, on n'a pas fait la grande région de Montréal, le RMR. Ça,
c'est l'orientation fédérale, que nous avons décriée. Puis ils ont fait toutes
sortes d'autres choses. Mais on n'a pas pris d'orientation sur le programme
mobilité internationale puisqu'il relève d'Ottawa. On a demandé à Ottawa de
réduire ce nombre, mais on pensait surtout, je vous le dirais, à d'autres
catégories. On a... il n'est pas question dans les discussions que j'ai eues
avec Ottawa, puis j'en ai eu quand même pas mal dans la dernière année, là, de
revoir les PMI, programme mobilité internationale pour nos organisations
québécoises ou montréalaises qui font notre fierté. Est-ce qu'il y a dans vos
organisations des gens qui sont sur le programme québécois, le PTET? Et si oui,
combien?
Mme Gicquel (Amandine) :
Alors, je vais parler au nom d'IATA. Pour ma part, je n'ai pas les chiffres en
particulier. Est-ce qu'il est possible de vous les soumettre par la suite?
M. Roberge : Excusez-moi.
Mme Gicquel (Amandine) : Je
disais que pour l'IATA, je n'ai pas les chiffres avec moi, mais est-ce qu'il
est possible de vous les transmettre par la suite?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il n'y a pas de problème. Vous avez juste à les transmettre
au secrétariat de la commission.
Mme Gicquel (Amandine) : Au
secrétariat. Parfait. Merci.
Mme Paré (Alexandra) : OK,
donc, pour ma part, donc l'ICCAIA, on est une petite équipe. Le secrétariat, ça
représente six personnes présentement, un des exécutifs est sur le programme
de... donc une personne sur six.
M. Roberge : Sur le TET, donc
programme québécois Travailleur étranger temporaire.
Mme Paré (Alexandra) : Oui,
oui.
M. Roberge : Et...
M. Roberge : ...Et est-ce que
cette personne a dans le salaire... est un salaire inférieur à... je pense,
c'est 34 $ l'heure en ce moment que le fédéral identifie comme
travailleurs à bas salaires, ou est-ce qu'on est au-dessus de ce seuil?
Mme Paré (Alexandra) : J'ai
l'impression qu'on est au-dessus de ce seuil, mais je n'ai pas les chiffres
exacts. Mais...
M. Roberge : Ça revient à peu
près à 70 000, 72 000 par année parce que...
Mme Paré (Alexandra) : Oui.
OK, non, c'est au-dessus de ce seuil.
M. Roberge : Au-dessus. À ce
moment-là, il n'y a aucune... il n'y a aucune contrainte. Les seules
contraintes qui s'appliquent en vertu des règles québécoises pour les
travailleurs étrangers temporaires s'appliquent seulement à Montréal et à Laval
seulement pour des renouvellements, on... et protègent des secteurs, là, comme
santé et éducation, disons, des missions fondamentales de l'État, on a ajouté
construction, agriculture de la sécurité alimentaire. Mais en aucun cas, dans
les mesures qui nous concernent, il y a des limitations pour des gens qu'on
qualifie hauts salaires, donc en haut de 34 $ l'heure ou en haut, on va
dire, de 72 000 $ par année. Donc, de ce que je comprends, aucune
limitation actuelle dans les programmes de l'État québécois et aucune
limitation programmée, ou annoncée, ou suggérée dans notre cahier de consultation
ne vous causerait d'enjeux en matière de maintien de votre force de travail ou
même de recrutement d'employés puisqu'il n'y a pas de limite, même si vous en
embauchiez 150 de plus. Moi, je pense qu'il y a des talents au Québec, mais,
s'il y a des gens, là, des talents internationaux, vous en avez besoin pour
remplir vos mandats, si c'est dans le programme fédéral, bien, on n'a pas
d'enjeu, si c'est dans le programme québécois, comme c'est des postes qu'on
qualifie de hauts salaires, il n'y a pas d'enjeu non plus. Donc, c'est le cas
de le dire, on ne coupera pas les ailes à l'aviation.
M. Têtu (Dominic) : Oui.
Donc, dans le cas de l'ACI, alors, tous nos employés se qualifieraient au-delà
du salaire de 72 000 $. Donc, il n'y aurait pas d'enjeu.
M. Roberge : Pour ce qui est
ensuite de la passation, si jamais ces personnes-là tombent en amour avec le
Québec, je les comprendrais, et qui veulent devenir des résidents permanents,
des nouveaux Québécois, des nouveaux Canadiens, bien, à ce moment-là,
normalement... Par contre, il faudrait atteindre un certain niveau de Français,
mais là ils ont le temps de l'apprendre puisqu'on peut renouveler leur statut
de travailleur temporaire le temps qu'il le faut puis on a Francisation Québec
qui peut... qui peut les aider, qui peut les accompagner. Il y a des petites
exceptions pour ce qu'on appelle vraiment des talents d'exception, où là il n'y
a pas de... il n'y a pas d'exigence de Français. Souvent, ce sont pour des
chercheurs, des gens qui sont recrutés par les universités, mais pas seulement.
Ça peut se qualifier des fois pour vraiment des gens... Ils sont recommandés
soit par les... le réseau de recherche du Québec... j'ai oublié l'acronyme.
Pardon?
Une voix : ...
M. Roberge : Merci. FRQ. Des fois,
on parle tellement en lettres qu'on oublie qu'est-ce qu'il y a derrière,
j'avais FRQ. C'est Fonds de recherche du Québec ou bien le ministère de
l'Économie aussi qui fait cette analyse de dire : Bien, écoutez, cette
personne-là, là, c'est... on se l'arrache sur la planète et on veut l'avoir
chez nous. Donc, il n'y a pas du tout de maîtrise du français, mais
exceptionnellement, on peut lui donner le CSQ, le certificat de sélection du
Québec, régulariser, si j'ose dire, sa situation. Ce n'est pas la politique, je
vous dirais, régulière, mais on est capable faire des exceptions. On n'est pas
dogmatique au gouvernement québécois. Est-ce que ça répond à vos questions?
• (17 h 50) •
Mme Paré (Alexandra) : Je
pense que, pour notre part, oui.
M. Têtu (Dominic) : Oui,
ça... Absolument.
M. Roberge : Bien, écoutez,
si vous avez d'autres questions à poser, je suis prêt à y répondre. Sinon, je
n'ai pas d'autre intervention pour vous. Je sais que vous êtes en attente, je
pense, du statut précis d'OING. En tout cas, je sais qu'on est... on est bien
ouvert, de notre point de vue. Comme je vous dis, on se fait une fierté de vous
avoir sur notre territoire. Merci.
M. Têtu (Dominic) : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je pense que la députée de Louis-Riel, oui, a levé la main.
Alors, il vous reste encore quatre minutes 12 secondes.
Mme Boivin Roy : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci pour la présentation d'aujourd'hui, en fait
les présentations puisque c'est un tir groupé que vous nous faites aujourd'hui.
Ça fait plaisir de revoir certains d'entre vous. On s'était vu il y a deux
semaines, le 15 octobre, au chantier Relève et main-d'oeuvre d'Aéro
Montréal, donc... D'ailleurs, il y a eu la présentation du PAMEA, M. le ministre,
à cette occasion, le 15 octobre, et c'était assez incroyable de voir que,
finalement... On a parlé de bien des choses, mais entre autres le fait que
l'aérospatiale est 90 % à Montréal, dans la province de Québec, et qu'au
Canada l'aérospatiale, bien, c'est nous qui avons 50 % de tout ce qui
fait...
Mme Boivin Roy : ...alors
c'est assez impressionnant de savoir ça. Merci, d'ailleurs, pour vos
contributions dans le cadre du... et également au chantier d'Aéro Montréal.
Évidemment, comme l'a dit le ministre,
nous reconnaissons les besoins particuliers des entreprises et des
organisations internationales, là, particulièrement en ce qui a trait à la
langue parlée au travail et le statut de l'anglais comme langue dans les
échanges internationaux. Alors, ce n'est vraiment pas du tout l'intention de
notre gouvernement, là, de restreindre la langue utilisée, mais j'ai quand même
la curiosité de vous poser la question suivante, à savoir : Les
organisations de l'aviation civile, est-ce que vous mettez en place des mesures
pour favoriser l'apprentissage du français par les employés et puis est-ce
qu'aussi, par exemple, vous avez recours Francisation Québec et à la
francisation en entreprise?
Mme Canu (Céline) : Je vais...
je vais commencer. Et c'est vrai que nous, nous nous reposons énormément sur
les programmes mis en place par le gouvernement du Québec, et notamment en
termes de... par le ministère de la Francisation. Nous pensons que les outils
sont excellents, la disponibilité des cours en français.. Donc, nous
encourageons les nouveaux employés étrangers qui ne maîtrisent pas la langue
française, parce que certains sont étrangers, mais ont... maîtrisent quand même
un certain niveau de français, certains non, et là on les encourage,
effectivement, à accéder à ces cours. On n'a pas l'obligation de le faire, mais
nous utilisons les outils qui sont mis à disposition par le gouvernement, et
ils sont excellents, oui.
M. Têtu (Dominic) : Alors de
notre côté, en effet, en fait, l'aide qu'on fournit aux employés pour le
français est plus au niveau privé, donc, c'est des investissements que
l'organisation fait pour le faire. Souvent, c'est dans l'intention des
employés. Souvent, il y en a qui sont très motivés, il y en a d'autres qui le
sont un peu moins, mais notre rôle, c'est de supporter les employés. Et, dans
une bonne majorité des cas, il y a des... il y a du support qui est donné. Mais
je crois que suite à votre intervention, on va essayer de voir au niveau de ce
qui est disponible au niveau du gouvernement, à savoir si on ne serait
peut-être pas plus efficaces si on utilisait vos services au lieu de donner des
investissements privés pour permettre à nos employés de se franciser.
Mme Gicquel (Amandine) : Du
côté de l'IATA, donc, je fais écho à ce que disait Céline, on remercie le
gouvernement de mettre en place du soutien et de l'aide pour aider nos employés
à apprendre le français. Et nous, on reste engagés, chez IATA, à encourager le
développement de la langue française chez nous, dans nos bureaux. Merci.
Mme Paré (Alexandra) : Je
vais terminer. Donc, nous, comme je disais, on est une toute petite équipe.
Présentement, 100 % de notre équipe maîtrise relativement, un peu de
français. Bon, évidemment... francophone, mais j'ai des collègues, dans le
fond... c'est ça, ils ont une maîtrise de base du français. Évidemment, nous,
on est en pleine expansion, donc, moi, j'ai joint l'organisation il y a un an
seulement, puis, bref, je pense que, justement, pour ce qui est à venir, on va
définitivement vouloir encourager nos travailleurs, mais pour l'instant... il
n'y a pas eu le besoin jusqu'à maintenant, dans le cas de notre entreprise.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Merci beaucoup. C'est ce qui termine cette partie.
Question technique, vous n'avez pas besoin d'appuyer sur le bouton, on a une
technicienne qui vous voit.
Mme Paré (Alexandra) : ...peser
sur des boutons, on est désolés.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Ça fait que vous
pouvez garder vos mains comme ça, sans problème.
Alors, on poursuit les discussions avec le député...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...d'Acadie. Merci. J'ai dit ça pendant trois semaines,
mais ce n'est pas grave, pour 12 min 23 s. Allez-y.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bonsoir, mesdames Paré, Gicquel, Canu, bonsoir, M. Têtu.
Heureux que vous soyez là avec nous. Quand j'ai lu votre document, vous avez un
peu piqué ma curiosité, et je vais vous expliquer pourquoi, mais, quand vous
avez commencé votre exposé, vous avez rappelé que le français était la langue
de la diplomatie, alors c'est... On veut que ça continue, n'est-ce pas? Vous
avez souligné que, par contre, dans l'aviation, il y a pas mal d'anglais. Ça me
rappelle, pour ceux qui s'en souviendront il y a des décennies, au Québec, on
avait un gros, gros gros programme : Il y a du français dans l'air. Je ne
sais pas si vous vous souvenez de ça, M. le ministre, mais c'était, en tout
cas, fort intéressant.
Maintenant, à la page 2 de votre document,
vous parlez des préoccupations et risques liés aux changements proposés. Et là
j'aimerais comprendre, parce que vous dites...
M. Morin : ...les mesures
envisagées par le gouvernement du Québec contredisent les accords de
reconnaissance existants et les engagements gouvernementaux et entravent votre
capacité de recrutement. Sauf que j'ai vu que... en tout cas, vos organismes ou
certains de vos organismes ont une entente avec le gouvernement du Québec, plus
particulièrement le ministère des Relations internationales. Et je pense qu'à
l'article 12 on traite de la langue et, aux articles 15 et 16, on
parle de l'immigration. Dans le cahier de consultation, est-ce qu'il y a des
choses qui iraient à l'encontre de ça?
Mme Paré (Alexandra) : En
fait, parce qu'on a eu également une consultation par rapport au français,
qu'on a fait des démarches séparées, donc le mémoire fait peut-être un peu un
combiné un peu de ce qu'on voulait exprimer par rapport aux deux. Donc, nos
inquiétudes, entre autres, par rapport aux exigences du français. Donc, on
comprend que dans ce cas-ci, on s'est fait rassurer que les intentions ne sont
pas nécessairement ce que nous on comprenait. Mais en fait, c'est ça, nous,
notre point, c'était vraiment juste de dire on a... en fait, il y a une... une
des organisations qui n'est pas présentes aujourd'hui, Kenzo, qui était, au
moment de... qu'on a fait les démarches en groupe, qui était en cours de... de
signer l'entente avec le gouvernement. Donc, puis ils vont, dans le fond,
déménager leur siège social à Montréal. Puis en fait c'était juste des... si on
veut, des points qui nous... qui nous concernaient pour voir, bon, bien, si...
s'il faut imposer un niveau de français, s'il faut limiter les travailleurs
étrangers, etc. On avait crainte que ça pouvait impacter puis que, bref,
finalement, qu'ils ne doivent peut-être pas se relocaliser à Montréal. Donc,
c'est, entre autres, des... des points. Je ne sais pas si je réponds à la
question, mais c'est ce que ça englobait comme...
M. Morin : Oui, vous répondez
bien, mais... mais il y a aussi des... D'ailleurs, on y fait référence dans
l'entente, il y a aussi l'article 92 de la Charte de langue française du
Québec qui tient compte de votre statut, si je ne me trompe pas?
Mme Gicquel (Amandine) : C'est
exact. Alors, moi, je peux peut-être compléter pour... pour élaborer. Donc,
dans le cas IATA, donc comme pour mes collègues, une grande partie de nos
employés travaillent exclusivement en anglais, puisque l'anglais est la langue
pour l'industrie de l'aéronautique au niveau mondial. Et donc chez IATA,
nous... en vertu de l'article 13, donc vous mentionnez l'article 12,
nous, c'est article 13 de l'accord entre le gouvernement du Québec, et IATA.
Le gouvernement du Québec reconnaît à IATA le statut d'organisme international
au sens de l'article 92 de la Charte de la langue française et cette
reconnaissance exempte IATA de l'obligation de... pardon, exempte IATA et ses
employés de l'obligation de travailler en français, du fait du caractère
international de sa mission et de ses employés. Voilà. Donc... ça complète un
petit peu. C'est ça.
M. Morin : Non, non, ça
répond, mais normalement ça devrait aussi répondre aux préoccupations que vous
avez soulevées dans votre... dans votre document.
Maintenant, c'est sûr que si quelqu'un
chez vous, comme le soulignait M. le ministre, voulait éventuellement obtenir
la résidence permanente ou la citoyenneté canadienne, bien là, c'est autre...
c'est autre chose. Et là, dans ce cas là, bien, évidemment, il y a les... il y
a les scénarios qui sont prévus aux cahiers de consultation, entre autres dans
le scénario 2a, au niveau de l'immigration économique, ce qui est prévu
pour 2026, c'est 15 550 personnes ou postes. Là, présentement, au
Québec, il y a 142 000 personnes qui ont une CSQ, qui sont en attente
de. Alors là, c'est... ça, c'est... là, on est ailleurs. Maintenant,
dans... Parce que j'imagine qu'il y a aussi de vos employés qui... qui viennent
ici, mais c'est pour une période de temps. Est-ce qu'il y en a qui ont un
statut de diplomate?
• (18 heures) •
Mme Gicquel (Amandine) : ...nous,
on n'a pas de diplomate. Et je pense que c'est la... le cas pour vous autres
aussi, hein? Oui.
M. Morin : Alors ça, c'est
seulement à l'OACI comme telle qu'il y a une reconnaissance. D'accord. Et... et
parmi vos employés, est-ce qu'il y en a éventuellement qui veulent faire venir
leur famille? Parce que dans le regroupement familial, on a des délais qui sont
particulièrement longs. Est-ce que c'est un enjeu chez vous?
Mme Canu (Céline) : Effectivement,
et c'est un des points que... que nous voulions soulever. La plupart de nos
experts, donc, de par leur... leur position, leur expertise, sont des gens d'un
certain âge, enfin, très souvent au-delà de... de la trentaine, quarantaine et
donc ont des familles et viennent avec leurs conjoints et leurs enfants. Et...
Mme Canu (Céline) : ...nos
conjoints? Non, pas forcément. Donc, eux obtiennent un permis ouvert
normalement et arrivent au Québec sans emploi. Donc, à leur niveau, il n'y a
pas de... ils n'ont pas de revenus initiaux, même s'ils accompagnent un
travailleur hautement qualifié avec un haut revenu. Et donc on a des soucis des
fois à renouveler les permis de ces personnes-là. Donc, parmi nos
préoccupations, c'est non seulement de nous assurer qu'il y a des qu'on va
maintenir les mesures pour les travailleurs qualifiés à hauts salaires, mais
aussi pour leurs familles qui vivant avec eux, donc leur conjoint et les
enfants.
Comme vous êtes familiers avec nos
chartes, c'est inclus normalement dans ces accords et... et c'est un point
important pour nous parce qu'effectivement des personnes qualifiées qui ne
peuvent pas venir avec leurs familles vont refuser l'emploi ou vont repartir,
et on a déjà eu les cas, donc on sait qu'ils ont besoin... ils viennent au
Québec avec potentiellement l'envie de s'établir parce qu'ils ont un métier
qu'ils aiment. Ils peuvent mettre leurs compétences à profit dans nos entreprises,
mais ils ont besoin d'être avec leur leurs familles également, ce qui se
comprend.
M. Morin : Et est-ce que...
est-ce que vous avez des enjeux, à ce moment-là, pour ces familles-là, pour
qu'ils obtiennent un permis de travail?
Mme Canu (Céline) : Quand...
À ce moment-là, donc ça dépend vraiment des études, du cas par cas, parce que
certains ont des qualifications qui ne peuvent pas être reconnues directement
au Québec. Pour d'autres, on essaie de les aider à trouver un emploi aussi, mais
ce n'est pas toujours facile. Donc, il peut y avoir la barrière de la langue,
c'est certain, mais on essaie de les accompagner justement même au niveau de la
francisation. On parlait tout à l'heure des cours qui sont offerts par le
ministère de la Francisation, et donc ils sont gratuits, et on les encourage à
le faire, et certains ont trouvé une voie à travers ce processus. Mais on a eu
le cas de personnes qui ont dû repartir parce que le conjoint n'avait pas de
permis de... n'avait pas eu le permis de travail renouvelé. Et donc, à partir
du moment où un individu n'a pas le droit de travailler, c'est une partie
fondamentale de la vie d'un individu, et donc ils ont pris la décision de
repartir, même pas dans leur pays, dans un autre pays où il y avait d'autres
opportunités.
M. Morin : Très bien. Je vous
remercie.
Mme Canu (Céline) : Donc, oui,
c'est un risque réel.
M. Morin : Merci. Merci, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Bien, merci beaucoup. Alors, on termine avec le... Le
député de Laurier-Dorion, excusez-moi, pour 4 min 6 s. Le temps
est à vous.
M. Fontecilla : Bonjour,
mesdames, monsieur. Et évidemment vous êtes une industrie particulière qui a un
statut légal particulier et dont on vient d'avoir la confirmation concernant
les obligations de francisation, vous en êtes exemptés. Et il y a une
déclaration, quelque chose que vous avez dit qui m'a... qui m'a intrigué. Je
veux bien connaître les contextes de cette industrie-là. Mme Paré, à un moment
donné, vous avez dit : Ceux qui voudraient partir cette organisation, de
quelle organisation parlez-vous? Est-ce que c'est de l'OACI? Qu'est-ce que vous
avez voulu dire?
Mme Paré (Alexandra) : Donc
en fait, oui, entre autres, je parlais effectivement aussi de l'OACI. On se
rappelle il y a quelques années, il y a eu, entre autres, le... bien, un État
membre de l'OACIQ qui a fait une offre pour...
M. Fontecilla : C'était
l'Arabie Saoudite si je ne me trompe pas.
Mme Paré (Alexandra) : Pardon?
M. Fontecilla : L'Arabie
Saoudite.
Mme Paré (Alexandra) : C'était
le Qatar.
M. Fontecilla : Le Qatar.
Mme Paré (Alexandra) : Le
Qatar en 2015 à peu près. Puis donc... puis je sais que.
M. Fontecilla : Quelle
demande ont-ils faite?
Mme Paré (Alexandra) : Pardon?
M. Fontecilla : Quelle
demande ont-ils faite?
Mme Paré (Alexandra) : Ils
ont fait une offre à l'OACI pour... pour déplacer le siège social au Qatar. Je
n'ai évidemment pas tous les détails à ce niveau-là, puis d'ailleurs, à ce
moment-là, je travaillais à l'Oasis. Mais je sais qu'il y a également d'autres
États membres qui ont, je pense, beaucoup d'argent, qui ont déjà exprimé des
l'intérêt et des intentions, mais je ne vais pas parler pour eux, mais c'est
quelque chose que nous, on entend, puis évidemment que ça impacterait
directement l'écosystème de Montréal si... bien, l'OACI devait, exemple, se
déplacer ou quoi que ce soit, ça, ça nous impacterait évidemment tous
directement. Comme nous sommes tous à Montréal pour être près de l'OACI, parce
qu'on collabore très étroitement avec l'OACI.
M. Fontecilla : L'OACI, c'est
la locomotive en quelque.
Mme Paré (Alexandra) : C'est
ça...
18 h (version non révisée)
Mme Paré (Alexandra) : ...puis
c'est pour ça que nous, on s'est tous installés autour de l'OACI, pour la
facilité de... Donc, on est impliqués, c'est ça, au niveau du conseil, de la
Commission de la navigation aérienne, de l'OACI. Donc, notre présence à
Montréal est vraiment primordiale et importante pour le travail qu'on fait avec
l'OACI. Donc, c'est cette référence-là, entre autres, que je faisais, oui, qu'il
y a eu des rumeurs, des menaces de déplacer l'OACI.
M. Fontecilla : Dans votre
secteur, autour de l'OACI, il y a combien d'emplois, là?
Mme Paré (Alexandra) : Vous
parlez... Incluant l'OACI ou...
M. Fontecilla : Oui.
Mme Paré (Alexandra) : Oui,
bien, en fait, à l'OACI, il y a à peu près 700 employés, je crois, à Montréal,
si je ne me trompe pas, puis nous, en soi, on représente à peu près 1 200
emplois, notre écosystème, plus directement. Je n'ai pas tous les chiffres de...
M. Fontecilla : 2 000
emplois, grosso modo?
Mme Paré (Alexandra) : Oui.
Oui. Oui.
M. Fontecilla : Très bien, là.
Et combien de... Parce que vous avez donné... Je pense que c'est l'IATA, vous
avez parlé de 30 % de travailleurs étrangers temporaires. Je pense que ce
n'est pas la même... la même proportion, mais... Sur les 2 000, il y en
aurait combien, de travailleurs étrangers temporaires?
Mme Gicquel (Amandine) : Ça
varie, en fait... Désolée... mais je pense que ça varie. Chez nous, c'est
30 %. J'ai les derniers chiffres des ressources humaines, donc... je lis
330 employés, une cinquantaine de consultants et autres, et 30 % de
travailleurs temporaires, chez nous, mais, après, ça varie selon les
organisations, oui.
M. Têtu (Dominic) : Bien, en
fait, nous, beaucoup des employés qu'on a engagés, donc, lorsque je mentionnais
qu'on est passé de 10 à 100, c'est surtout au niveau des services que l'on
rend. Et donc ces services-là peuvent être rendus par des non-experts, donc,
des gens qui viennent de la région.
M. Fontecilla : Des natifs.
M. Têtu (Dominic) : Des natifs,
oui, donc c'est... En fait, c'est que les employés temporaires permettent, pour
nous, d'exploiter, en fait, de produire des services et d'engager des natifs.
Donc, c'est vraiment un tremplin pour nous, les employés temporaires.
M. Fontecilla : Je suppose
que pour vous, l'enjeu du passage à la résidence permanente n'est pas un... ce
n'est pas vraiment un problème, là, la plupart des gens, les temporaires
étrangers veulent conserver ce statut-là parce qu'à un moment donné ils vont
voyager ailleurs, là. Leur but, à long terme, ce n'est pas nécessairement... il
peut y avoir des exceptions, mais de rester au Québec, là.
M. Têtu (Dominic) : Bien, il
y en a qui vont tomber en amour avec le Québec et qui vont rester. Je vous dirais,
à brûle-pourpoint, il y en a peut-être un sur quatre à... un à deux sur quatre
qui vont... qui vont faire cette transition-là puis qui vont devenir des
résidents québécois exemplaires.
M. Fontecilla : Oui, OK. Je
n'ai pas d'autre question.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vous m.avez pas d'autre question parce que vous aviez
bénéficié du temps de votre collègue. Donc, c'est terminé?
M. Fontecilla : Moi, c'est
terminé.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait. Bien, écoutez, on vous remercie infiniment de
votre apport à nos travaux. Sachez que nous allons nous pencher sur toutes ces
questions-là. Alors, je vous souhaite un bon retour à la maison.
Et je vais... non, suspendre les... ajourner
les travaux jusqu'à demain, après l'avis des affaires concernant les travaux
des commissions. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 10)