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Commission permanente des Richesses naturelles
Société d'aménagement de la baie
James
Séance du mardi 16 mai 1972
(Seize heures quatorze minutes)
M. SEGUIN (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
Préliminaires
M. LACROIX: M. le Président, m'est-il permis, au début de
cette réunion, de suggérer que le nom de M. Larivière soit
remplacé par celui de M. Bourassa; que celui de M. Arsenault soit
remplacé par M. Saint-Pierre; celui de M. Mailloux par M. Harvey
(Chauveau); et que celui de M. Massé soit remplacé par celui de
M. Garneau?
M. LE PRESIDENT: Adopté?
Est-ce que d'autres partis ou d'autres représentants auraient des
changements à faire sûr la liste régulière?
M. ROY (Beauce): Nous aurons peut-être un changement à
faire ce soir seulement.
M. LE PRESIDENT: II faut le faire au début de la séance.
On comprendra bien ça.
M. ROY (Beauce): Après l'ajournement de la séance,
c'est-à-dire demain.
M. LE PRESIDENT: Mais au début de la séance.
M. ROY (Beauce): Très bien.
M. LACROIX: Je suggère M. Prudent Car-pentier,
député de Laviolette, comme rapporteur de la commission.
M. ROY (Beauce): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Mes commentaires, messieurs, seront un simple mot de
bienvenue à tous ceux qui ont voulu se présenter devant cette
commission qui doit entendre les représentants de la
Société de développement de la baie James cet
après-midi, à cette séance, et aux heures ou aux jours qui
suivront.
Puisque cela a déjà été fait dès
jeudi aux représentants de l'Hydro-Québec, je voudrais
ajourd'hui, au nom de la commission, souhaiter la bienvenue à M. Nadeau,
président de la Société de développement de la baie
James et aux autres directeurs de cette société, ainsi
qu'à tous les membres de son personnel qui sont ici présents.
Nous avons établi certaines façons d'agir, et puisque nous
continuons la séance déjà engagée jeudi, je me
dispenserai aujourd'hui de demander aux chefs de faire des commentaires
dès le début, exception faite je crois que ce serait
normal du premier ministre qui est chef du gouvernement. S'il a un
commentaire à faire avant le début de la séance, nous
passerons, immédiatement après, à M. Nadeau qui commencera
à donner les explications et les détails à la
commission.
Une fois que M. Nadeau aura terminé son exposé ou
quiconque voulant compléter l'information donnée durant son
exposé nous entendrons les chefs de parti ou les
représentants des partis qui voudront faire des commentaires.
Ensuite nous commencerons les questions. Il est entendu que tous les
députés et je pense que c'est une tradition qu'on a
établie depuis le début de la session de cette Chambre ici
présents ont le droit de parole, mais lorsqu'il s'agira d'un vote, si le
cas se présente, les seuls députés qui sont membres
officiels auraient le droit de voter à main levée.
Si on s'entend sur cet exposé, nous allons commencer
immédiatement et je demande au premier ministre s'il a des commentaires
à faire au début.
M. BOURASSA: M. le Président, une brève
déclaration, mais non moins importante. Je voudrais souhaiter d'abord,
comme vous l'avez fait, au nom de tous, la bienvenue aux dirigeants de la
Société de développement de la baie James, ainsi
qu'à ceux de l'Hydro-Québec et les remercier à l'avance de
leur travail considérable en vue de mener à bon terme l'important
projet de la baie James.
Il y a maintenant un an, j'annonçais la décision du
gouvernement de procéder à l'aménagement et à la
mise en valeur des ressources exceptionnelles de la région de la baie
James. Peu de temps après, l'Assemblée nationale adoptait la loi
50, créant la Société de développement de la baie
James. Beaucoup de choses ont été dites et écrites au
sujet de ce projet. Des questions nombreuses ont été
soulevées. Nous avons voulu garder une certaine distance
vis-à-vis des débats plus ou moins informés ou
intéressés qui se sont ainsi engagés. Notre attitude a
été de miser sur le sérieux, la compétence et le
travail des experts à qui la Société de
développement et l'Hydro-Québec confiaient l'examen technique de
ce projet.
Aujourd'hui, nous ne pouvons que nous féliciter de l'attitude que
nous avons maintenue. En effet, le gouvernement a reçu une
recommandation conjointe de la Société de développement et
de l'Hydro-Québec. Appuyée sur des expertises sérieuses,
cette recommandation est à l'effet de commencer, dans une phase
initiale, l'aménagement de la région de la baie James par le
complexe de la rivière La Grande, les études et les recherches
ayant démontré qu'il s'agit là du choix le plus avantageux
et le
plus économique, tenant compte des alternatives et des multiples
aspects que comporte le projet d'aménagement de la baie James. Le
coût du complexe La Grande qu'on nous a recommandé est de $5.8
milliards, en tenant compte de son actualisation en 1980.
M. Pierre Nadeau, président de la Société de
développement de la baie James, et M. Roland Giroux, président de
l'Hydro-Québec, vous exposeront les raisons qui les amènent
à formuler cette recommandation. Par la suite, avec leurs
collaborateurs, ils vous apporteront toutes les explications additionnelles
voulues. J'ajoute simplement, en terminant, que, quant à nous du
gouvernement, nous sommes convaincus que ce projet de la baie James apportera
des avantages économiques et sociaux considérables pour les
citoyens de toutes les régions du Québec.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie, M. le premier ministre.
M. BOURASSA: M. le Président, je ne sais pas si on
préférerait passer aux explications immédiatement. Pour ce
qui a trait aux documents qui pourraient être disponibles, j'en ai
discuté avec M. Giroux.
A cause de certains facteurs, à cause de certaines
conséquences que pourrait avoir la publication de certains documents
nous avons décidé, pour l'instant, de ne pas les rendre publics.
Je ne sais pas si M. Giroux aurait des commentaires à ajouter sur cette
décision.
M. GIROUX: Dans certains de ces documents, il y a des choses qui
pourraient impliquer des taux de base. Après avoir fait tous les
exposés, je ne sais pas si le dépôt de ces documents sera
nécessaire. Après les exposés que.nous ferons, nous
jugerons s'il y a nécessité ou non de les déposer.
M. LOUBIER: Si le président me permet, est-ce que le
président de l'Hydro-Québec pourrait nous donner un exemple qui
n'est pas spécifiquement contenu dans les documents qui sont secrets
mais qui pourrait relever de l'intérêt public ou qui pourrait
s'avérer tel que ce ne serait pas profitable, pas avantageux ou pas
prudent à ce stade-ci d'en dévoiler la teneur?
Je ne lui demande pas de prendre un élément qui est
contenu dans les rapports que l'on veut garder secret, sous prétexte
qu'il y va de l'intérêt public, mais un type d'exemple qui
démontrerait qu'il vaut mieux garder cela secret.
M. GIROUX: Dans certains de ces documents, supposons qu'il y aurait une
estimation des taux de salaire que nous devons payer. Pour entrer en
négociation, il est assez difficile de dévoiler cela.
M. LOUBIER: C'est-à-dire une projection des taux de salaire
répartis sur X années?
M. GIROUX: Ce sont des choses comme cela; sur la teneur même des
documents, il n'y a rien de secret.
M. LOUBIER: Est-ce qu'on tient compte de ces éléments dans
l'estimation de $5.8 milliards?
M. GIROUX: Certainement.
M. LE PRESIDENT: Faisant suite à l'impartialité que j'ai
annoncée dès le début, je me rends compte qu'à ce
moment-ci on est passé un peu outre. On m'a demandé la parole
ici. Est-ce que M. Joron ou M. Laurin...
M. LAURIN: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Un instant, excusez-moi.
M. LAURIN: ... avant de...
M. BOURASSA: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît! La parole est
demandée ici.
M. LAURIN: Est-ce qu'on pourrait nous expliquer cette décision du
premier ministre?
M. BOURASSA: Ce n'est pas une décision unilatérale.
J'assume totalement mes responsabilités.
M. JORON: ... libéraux.
M. BOURASSA: Ce n'est pas le Parti québécois qui va me
faire modifier mon point de vue là-dessus.
M. ROY (Beauce): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît. Avant de
procéder, je demanderai aux photographes, puisque nous avons
été assez tolérants, dans les quelques instants qui ont
précédé, pour permettre les photographies, de bien vouloir
nous dispenser des éclairs qui non seulement nous gênent, mais
vont nous distraire de ce qui va se dire. S'il y avait, plus tard, exception
faite de "flashes", exposition de dessins, de cartes ou d'autres choses, nous
vous donnerons l'occasion de prendre les photographies nécessaires. Pour
le moment, s'il vous plaît, voulez-vous vous restreindre...
Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Merci, M. le Président. Avant que nous ayons eu
le temps de poser une première question et d'entendre le premier rapport
par MM. Nadeau et Giroux, on nous parle de documents secrets. Je comprends
qu'il y a des choses, à un moment donné, dans un gouvernement,
dans toute administration publi-
que ou privée, qui ne sont pas de nature à être
dévoilées au grand public, surtout lorsqu'il s'agit de salaires
ou de négociations. Mais, aujourd'hui, étant donné que
cette commission parlementaire était attendue avec impatience depuis
plusieurs semaines, pour ne pas dire depuis plusieurs mois, je pense qu'il est
important je le demande surtout au premier ministre de faire
toute la lumière possible sur ce projet. Je pense que le gouvernement a,
au cours de cette séance, à nous prouver que la
réalisation du projet d'aménagement de la baie James est
avantageuse pour les Québécois ou s'il ne s'agit que d'une
aventure dans laquelle le gouvernement veut s'orienter de plus en plus, et de
façon ténébreuse, pour remplir certains engagements
politiques qu'il aurait pris.
Je ne veux pas accuser le gouvernement, mais je pense qu'il est
extrêmement important que toutes les cartes soient mises sur la table de
façon que chacun des membres de la commission puisse en tirer le plus de
renseignements possible pour que nous soyons en mesure de juger, de part et
d'autre. Je pense qu'il s'agit d'un projet d'une importance capitale pour le
présent gouvernement. Quand je dis gouvernement, je ne parle pas d'un
parti politique; je parle du Parlement, de tous les membres de la Chambre, sans
distinction de partis politiques, parce que c'est un projet qui concerne
l'avenir de la province de Québec et le bien-être des
Québécois.
Tous les documents devraient...
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse auprès du député, mais
je dois, je pense, à ce moment-ci, l'interrompre. J'ai
déjà énoncé, au début, que nous suivrons une
certaine procédure. Si vous aviez une objection c'est pour
ça que je vous ai donné la parole c'était de
l'exprimer. Je ne veux pas, à ce moment-ci, entendre un discours, soit
d'opposition ou d'application de principes, etc.
C'est l'article 181 de notre règlement qui me gouverne. Cet
article ne peut être débattu. Il s'agit d'appliquer tout
simplement ce que dit l'article 181. D'ailleurs, j'ai pris cet article sous
réserve jeudi et, après consultation avec le président de
la Chambre, on m'informe qu'une régie gouvernementale est assujettie
à l'article 181, où on mentionne le mot "gouvernement".
Cette décision ne peut être débattue. Vous avez fait
votre commentaire et je pense que, pour le moment, si on peut donner la
même occasion de s'opposer ou d'affirmer une position déjà
énoncée, je demanderai au député de Bourget s'il a
un commentaire.
M. BOURASSA: M. le Président, je voudrais simplement dire ceci
avant la réponse. Nous n'avons pas dit que c'était une
décision finale. Il y avait toute une série de documents qu'on
nous a remis pour la fin de semaine. J'en ai discuté avec les
autorités. S'il y avait des objections à ce que ces documents
soient rendus publics, ils pourront l'être peut-être après
la discussion, pendant la discussion. On me dit que plusieurs documents seront
rendus publics au cours de la discussion. On m'a soulevé quelques
exemples touchant les taux horaires, les taux d'intérêt qu'on
prévoit ou les taux horaires, cela pourrait compliquer les
négociations.
Il y a peut-être moyen d'expurger ces documents de certaines
données comme celles-là et les rendre publics. Mais cela ne
pouvait pas se faire en fin de semaine.
M. LAURIN: M. le Président, je ne veux pas faire de discours, je
ne veux pas faire de commentaires non plus. Je veux simplement contester
énergiquement la décision qu'a prise aujourd'hui le premier
ministre de ne pas nous donner les documents dont nous estimons avoir un besoin
essentiel pour qu'on ait une discussion cohérente, claire et
éclairée sur un projet d'une aussi grande envergure.
J'aimerais que vous nous permettiez de discuter avec le premier ministre
des raisons qu'il a présentées. Nous aimerions présenter
des contre-arguments.
M. BOURASSA: D'accord.
M. LAURIN: Ce n'est pas Un commentaire. C'est simplement une discussion
préalable sur des matériaux dont nous estimons avoir besoin pour
discuter. J'aimerais bien que vous nous donniez des directives à ce
sujet.
M. BOURASSA: Je suis ouvert à la conviction. Si vous avez des
bons arguments en réponse à ceux qui nous ont été
apportés, tant mieux.
M. LAURIN: Nous allons essayer d'en présenter, M. le
Président, avec votre permission.
M. LE PRESIDENT: Au fur et à mesure ou immédiatement?
M. LAURIN: Non, tout de suite, parce que c'est préalable à
toute discussion. Comment voulez-vous qu'on discute si on n'a pas les
matériaux qu'on a demandés et dont on estimait avoir besoin?
M. LOUBIER: Est-ce que je pourrais faire une contre-proposition...
M. LE PRESIDENT: Oui, bien sûr.
M. LOUBIER: ... au désir exprimé par le
député de Bourget? Est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux, dans les
circonstances, écouter les propos du président de la
Société de développement de la baie James et, par la
suite, considérer la nécessité de demander le
dépôt des documents?
M. LAURIN: M. le Président, de toute façon, nous aurons
besoin de ces documents.
M. LOUBIER:Oui.
M. LAURIN: D'ailleurs, si vous vous le rappelez bien, à la
dernière réunion, le président de l'Hydro-Québec ne
s'était aucunement opposé au dépôt de ces documents.
Il laissait la responsabilité de leur publication entièrement au
gouvernement. Il nous avait même dit, à des questions que nous
posions sur les activités normales de l'Hydro-Québec: Je ne
répondrai pas aujourd'hui à cette question. Je vais
déposer, la prochaine fois, des programmes d'aménagement
comprenant les activités régulières de
l'Hydro-Québec, autant que celles de la baie James. Cela va comprendre
tout le programme de l'Hydro-Québec.
Donc, on voit bien qu'il...
M. BOURASSA: Bien oui, nous allons en déposer.
M. LAURIN: ... n'était pas contre le dépôt de ces
documents.
M. BOURASSA : II y a des documents qui vont être
déposés, mais ils vont être déposés avec les
explications de ceux qui les ont écrits.
M. LAURIN: Si je comprends bien ce que vous avez dit au début,
vous vous êtes refusé à publier tout document.
M.BOURASSA: Non, non. Ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. LAURIN: D'ailleurs, M. le Président, l'an dernier...
M. BOURASSA: M. le Président, ce que j'ai dit je m'excuse,
si le député me permet de faire une correction c'est que
je ne pouvais pas accepter, tout de suite, de publier tous les documents qui
avaient été demandés.
M. LAURIN: D'accord. Mais là, vous n'en publiez aucun.
M. BOURASSA: Certains d'entre eux seront déposés à
l'occasion de la discussion.
M. LAURIN : Ce n'est pas ce que nous avons entendu tout à
l'heure. Vous avez dit...
M. BOURASSA: Je m'excuse si j'ai été mal compris.
M. LAURIN: ... que c'était une décision conjointe que vous
aviez prise avec les dirigeants de l'Hydro-Québec de ne rien
répondre aux demandes que nous avions formulées.
M. BOURASSA: Je crois que le député m'a mal compris, M. le
Président. J'ai dit qu'il y avait certains documents dont je ne pouvais
pas, immédiatement, dire qu'ils seraient rendus publics.
M. LAURIN: Par ailleurs, M. le Président, si ces documents
étaient déposés immédiatement, nous pourrions les
étudier assez rapidement, le plus rapidement que nous pourrions. A une
séance ultérieure, nous pourrions nous en servir pour poser des
questions aux représentants de la baie James et aux représentants
de l'Hydro-Québec. Cela nous mettrait en bien meilleure posture pour
accomplir notre devoir. C'est un devoir très sérieux que nous
remplissons aujourd'hui.
M. BOURASSA: Jeudi, nous pourrions, peut-être, puisque les
séances reprendront mardi prochain je n'ai pas eu le temps, je
dois l'avouer, de discuter de cela très longuement avec les
autorités compétentes voir à vous remettre ces
documents.
M. LAURIN: Encore une fois, M. le Président, je voudrais
contester le fond même de cette décision. L'an dernier, lorsque
nous nous sommes réunis, on nous avait donné d'abord le rapport
de l'Hydro-Québec, qu'on nous avait, d'ailleurs, promis pour aujourd'hui
et qu'on n'a pas apporté. On nous avait déposé,
également, toutes sortes d'études: une étude de ABBDL, une
étude de Rousseau, Warren, Sauvé, des études de
l'Hydro-Québec, qui nous avaient permis, quand même, de nous
renseigner, à l'avance, sur les travaux effectués et de poser des
questions.
M. BOURASSA: Nous avions déposé une synthèse, M. le
Président. Certaines parties avaient été enlevées
pour fins d'intérêt public.
M. LAURIN : Bon, justement, si on avait fait la même chose, au
moins, aujourd'hui!
M. BOURASSA: Nous n'avons pas eu le temps, M. le Président. Il y
a des documents qui ont été remis par la société
Ebasco.
M. LAURIN: Oui.
M. BOURASSA : Les responsables n'ont pas eu le temps d'enlever les
parties qui...
M. LAURIN: Vous auriez, quand même, pu enlever juste des taux qui
semblent faire objection.
M. BOURASSA: Cela a à peu près un pied de hauteur.
M. LAURIN: Ces taux, vous auriez quand même pu les enlever.
D'ailleurs, c'est d'autant plus contestable que, là, on veut nous faire
accepter une recommandation comme un acte
de foi; on nous demande de donner un blanc-seing.
M. BOURASSA: C'est faux.
M. LAURIN: II semble bien, puisque vous ne voulez pas nous fournir les
matériaux...
M. BOURASSA: Attendez donc que la discussion commence. Vous commencez
tout de suite à faire de la partisanerie.
M. LAURIN: Vous ne voulez pas fournir les matériaux sur lesquels
on peut se baser pour faire nos études.
M. BOURASSA: Attendez que les explications soient données.
M. LAURIN: Vous nous annoncez la décision de
l'Hydro-Québec, à savoir qu'on doit commencer par la
rivière La Grande alors que, l'an dernier, dans les rapports
préliminaires qui avaient été déposés, on
faisait une recommandation tout à fait inverse, à savoir qu'il
fallait commencer par NBR.
M. BOURASSA: Toutes les explications...
M. LAURIN: Si, en moins d'un an, on a changé, cela indique bien
qu'il est important pour nous de lire les études, de lire les
matériaux pour justifier un pareil renversement de stratégie. Ce
n'est qu'une raison additionnelle.
M. BOURASSA: Vous aurez toutes les explications. J'ai dit, M. le
Président, si le député est de bonne foi, quand
même, que...
M. LAURIN: Bien sûr que je suis de bonne foi, et j'entends bien le
prouver au cours des discussions, M. le Président.
M. BOURASSA: Si le député est de bonne foi, il devra
comprendre que nous n'avons pas eu le temps, au cours de la fin de semaine,
d'expurger les documents que nous avons reçus il y a quelques jours, qui
ont plusieurs milliers de pages, de certaines données qui pourraient
nuire, éventuellement, à la réalisation du projet. Je
donne un exemple: les taux d'intérêt, notamment. Si nos financiers
savent qu'on prévoit tel taux d'intérêt, je pense que cela
ne facilitera pas le financement du projet.
Je pense qu'il est peut-être facile d'expurger ces parties mais on
demande un peu de temps de la part des membres de l'Opposition. Les
séances vont continuer la semaine prochaine. Entre-temps, ce soir,
demain après-midi et jeudi, il y aura toutes les explications, avec
beaucoup de documents qui seront déposés.
Si le député veut commencer un grand débat sur une
question de principe qui, à mon sens, n'existe pas, évidemment on
perdra encore du temps. Mais je lui demande de comprendre la position du
gouvernement là-dessus. Ce n'est pas une décision de principe. H
faut nous donner le temps d'enlever de ces documents les éléments
qui peuvent nuire à la réalisation du projet, quitte à en
donner beaucoup d'autres entre-temps.
M. LAURIN: Mais, M. le Président, le premier ministre veut nous
présenter ces chiffres, taux de base et taux horaires, comme des
chiffres définitifs, alors que ce sont des taux qui ont
été calculés comme des hypothèses par
l'Hydro-Québec ou par la Société de la baie James. On sait
très bien que des chiffres, comme ceux-là, qui ont circulé
dans des études antérieures, que nous avons pu voir l'an dernier,
qui circulent dans les revues, qui circulent dans les journaux, sont
révisables et peuvent être révisés, selon la
conjoncture. Je ne crois donc pas que ces chiffres aient un caractère
intangible, sacré, et puissent donner des renseignements tellement
essentiels et tellement dangereux pour les négociations futures quant
à un projet qui, de toute façon, ne sera réalisé
qu'à partir de 1980, 1981.
M. BOURASSA: De toute façon, c'est votre avis.
M. LAURIN: II y a bien de l'eau qui a le temps de couler sous les ponts,
d'ici là.
M. BOURASSA: Mais je vous dis qu'il y a des documents qui vous seront
distribués au cours de l'après-midi et au cours de la
soirée. Voulez-vous 10,000 pages immédiatement, aujourd'hui?
Pensez-vous que vous aurez le temps de lire cela?
M. LAURIN: Non, M. le Président. Nous voulons les documents qui
peuvent nous aider à remplir notre devoir, comme c'est notre devoir de
le faire.
M. BOURASSA: Vous allez les obtenir.
M. LAURIN: C'est difficile à accepter, que vous répondiez
d'une façon négative à ces demandes.
M. BOURASSA: C'est faux, je ne réponds pas d'une façon
négative. Je me pose des questions sur la bonne foi du
député. Je ne réponds pas d'une façon
négative. Je lui demande de donner le temps au gouvernement, dans les
jours qui viennent, d'enlever les éléments susceptibles de nuire
à la réalisation du projet. Les séances de la commission
peuvent durer plusieurs semaines. Quelle différence y a-t-il entre
aujourd'hui et jeudi?
M. LAURIN: Comment expliquer que l'an dernier vous ayez
déposé les rapports de plusieurs compagnies d'ingénierie
et de l'Hydro-
Québec et qu'aujourd'hui vous vous refusiez à
déposer des rapports comme celui de...
M. BOURASSA: J'invoque le règlement, M. le Président,
parce que j'ai déjà répondu à cette question. J'ai,
l'an dernier, déposé les documents après en avoir
éliminé certaines parties cela fait trois fois que le
député revient sur ce sujet après avoir pris le
temps de voir quelles parties pouvaient nuire à la réalisation du
projet.
C'est exactement la même attitude que je veux avoir cette
année.
M. LAURIN: Quels rapports vous refusez-vous à déposer
parmi ceux que nous avons demandés?
M. BOURASSA: J'ai dit que nous n'éliminions aucun rapport. Il est
possible que nous puissions arriver à la conclusion qu'après en
avoir enlevé certaines parties, nous allons tous les déposer.
Même s'ils sont très complexes et très volumineux, nous
n'avons absolument rien à cacher, bien au contraire. Et vous allez voir
que les arguments que vous avez apportés contre le projet de la baie
James vont être démolis en petits morceaux. Mais nous voulons
avoir le temps nécessaire pour fins d'intérêt public
pas pour fins gouvernementales d'éliminer les parties qui
pourraient nuire. C'est tout.
M. LAURIN: En tout cas, nous vous demandons simplement de ne pas nous
forcer à faire un acte de foi absolument sacré et à donner
un blanc-seing absolu sans preuve à un gouvernement qui, depuis un an, a
quand même montré que sur ce projet il y avait encore beaucoup de
choses à révéler avant qu'une décision puisse
être prise dans l'intérêt du Québec.
Et si cette fin de non-recevoir que vous avez opposée au
début à notre demande devait persister sous une forme ou sous une
autre, je pense bien que nous serions obligés et la population
aussi d'en tirer nos conclusions.
M. BOURASSA: Vos conclusions sont nettement
prématurées.
M. LAURIN: On verra bien.
M. LOUBIER: Est-ce que le député de Bourget accepterait
qu'au lieu de savoir ce qu'ils ont à cacher, pour le moment on sache ce
qu'ils ont à dévoiler? Je pense que ça irait un petit peu
plus rapidement.
M. LAURIN: Je suis bien prêt à écouter".
M. LE PRESIDENT: La présidence est saisie du fait qu'il y a de la
part du chef de l'Opposition officielle des commentaires et des questions, et
que les réponses qui ont été données ont
été reçues favorablement. J'ai accepté aussi de la
part du député de Beauce une objection à la
procédure et au fait qu'il n'y avait pas de dépôt de
documents dès le début.
J'ai aussi noté les observations du député de
Bourget en ce qui concerne le même sujet. D'autre part, le premier
ministre est le seul responsable en l'occurrence du dépôt de
documents, selon l'article 181. J'ai aussi reconnu ses commentaires au sujet de
leur dépôt éventuel, au fur et à mesure et au cours
de cette séance.
Je pense, messieurs les membres de la commission, que nous devons
immédiatement entendre M. Nadeau. La parole est à M. Nadeau.
M. GIROUX: M. le Président, avant de donner la parole à M.
Nadeau, nous avions fait la promesse de déposer à l'ouverture de
la session le texte de notre rapport annuel. Est-ce que nous pouvons en faire
la distribution?
M. LE PRESIDENT: Je pense qu'il peut être distribué,
même au cours des commentaires que fera M. Nadeau, puisque
déjà le bilan a été le sujet de la discussion de
jeudi. M. Nadeau.
Exposé général de M. Pierre
Nadeau
M. NADEAU: M. le Président, M. le premier ministre, MM. les
membres de la commission, à la suite de la sanction de la loi 50, le 14
juillet 1971, le gouvernement du Québec a procédé à
la formation du conseil d'administration de la Société de
développement de la baie James.
Au début de septembre, les cinq administrateurs prévus par
la loi étaient nommés. Dès le 3 septembre, le conseil
tenait sa première réunion. Début octobre, M. Ernst, le
vice-président, et moi-même entrions en fonction à plein
temps.
Au départ, le bagage de la société consistait
principalement en des rapports d'étude faits par trois groupes
d'ingénieurs, à savoir le service d'ingénierie de
l'Hydro-Québec, la firme Asselin, Benoît, Boucher, Ducharme,
Lapointe et la firme Rousseau, Sauvé, Warren et associés. Les
rapports de ces études et la décision même du gouvernement
du Québec de lancer sans délai le projet de développement
du territoire de la baie James nous imposaient de procéder
immédiatement à l'octroi de contrats de construction de la route
permanente de Matagami à la rivière Rupert.
Autrement, il aurait été impossible d'utiliser dès
la première saison les routes d'hiver qui empruntent comme pont les
glaces des lacs et des rivières pour le, transport des
équipements nécessaires. Un retard de seulement quelques semaines
à accorder ces contrats aurait obligé les entrepreneurs à
attendre l'hiver 1972-1973 pour monter leurs machines et installer leurs camps,
ce qui aurait entrafné un décalage d'un an dans la
réalisation de tout le projet.
Dans le but d'éviter cet inconvénient, la
Société de développement de la baie James s'est
empressée de procéder à la préparation des
appels d'offres ainsi qu'à l'ouverture des soumissions pour la
construction de l'infrastructure en utilisant la direction des contrats de
l'Hydro-Québec. C'est ainsi qu'entre novembre 1971 et mars 1972 nous
avons accordé des contrats de construction de routes permanentes et
d'hiver pour un montant de $64, 515,629 et nous avons mis en chantier un
aéroport à Matagami, dont le premier contrat
s'élève à $1,589,000.
Nous avons entrepris ou fait entreprendre toute une série
d'études allant de l'aménagement régional jusqu'à
l'inventaire de la faune. Au total, la Société de
développement de la baie James a ainsi octroyé des contrats
d'étude d'une valeur globale d'environ $1,100,000. Au terme des septs
premiers mois de son existence, la Société de
développement de la baie James a pu suffisamment identifier les
problèmes dans tous les domaines relevant de la coordination du
développement global du territoire pour compléter les ordres de
priorité de son programme d'étude et d'action des douze prochains
mois. Ces priorités sont: l'établissement d'un programme
intégré de développement régional et certaines
actions concrètes qui en résulteront dans les domaines
forestiers, miniers et touristiques; l'étude des problèmes de
transport et la conception d'un réseau adéquat de communication;
l'étude des problèmes sociaux et écologiques et la prise
des mesures conservatrices qui s'imposent dans ces domaines.
Ces études et quelques autres de moindre importance seront
menées par des consultants soigneusement choisis pour leur
compétence et leur expérience sous le leadership et le
contrôle d'un groupe d'experts faisant partie du personnel de la
Société de développement de la baie James.
M. LE PRESIDENT: Auriez-vous des copies du texte que vous lisez
présentement?
M. NADEAU: Je regrette, M. le Président, on a dû faire des
corrections à la dernière minute et les corrections ne sont
faites que sur mon texte. On les aura tout de même demain.
M. LE PRESIDENT: Vous verrez peut-être à nous les fournir
pour qu'on puisse les distribuer aux membres à ce moment-là. Je
vous remercie.
M. NADEAU: Certainement.
Pour l'établissement du programme intégré de
développement du territoire, nous avons confié à un
important groupe de consultants un mandat d'étude d'une durée de
18 mois. Il s'agit de parfaire l'inventaire des ressources minières,
forestières et touristiques disponibles dans le territoire en
général et particulièrement dans les zones qui seront
inondées, d'envisager, pour ces ressources les marchés locaux,
nationaux et internationaux, les capacités de production locales ou
voisines et donc, les possibilités d'exploitation économique.
Sans attendre que ces études soient terminées, soit vers
la fin de 1973, certaines actions seront prises dont l'économie et
l'urgence s'imposent déjà. Dans le domaine forestier, par
exemple, nous assumons dès maintenant la responsabilité
d'établir, pour les industriels qui s'approvisionnent dans le
territoire, des programmes de coupe à court et à moyen terme.
Nous coopérerons aussi à l'intensification des programmes de
protection contre le feu.
Dans le domaine minier, pour encourager l'exploration par l'entreprise
privée, nous avons donné et maintiendrons systématiquement
l'avis favorable,prévu par la loi, au jalonnement de concessions
minières sur 95 p.c. du territoire, réservant seulement les
régions où les travaux publics sont prévus ou celles dont
l'inondation relativement prochaine nous impose d'accélérer
l'exploration et donc, d'y procéder nous-mêmes ou en
collaboration. Par exemple, nous avons l'intention de consacrer environ
$500,000, pendant les prochains douze mois, à des recherches
géologiques dans le territoire.
Ces actions sont ou seront prises en étroite collaboration avec
le ministère des Terres et Forêts, des Richesses naturelles, du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche ainsi qu'avec les organismes
paragouvernementaux spécialisés. Par exemple, nous
négocions actuellement avec Soquem un programme d'exploration
géologique aérien, et sur le terrain, et nous prévoyons
dès cette année des forages dans une zone qu'elle nous a
recommandée.
Conformément à l'article 16 de la Loi du
développement de la région de la baie James, la
Société de développement de la baie James et
l'Hydro-Québec ont créé, le 20 décembre 1971, la
Société d'énergie de la baie James pour mettre en valeur
les ressources hydrauliques du territoire. Le conseil d'administration de la
Société d'énergie de la baie James est composé de
trois représentants de l'Hydro-Québec: MM. Giroux, Yvon Deguise,
Paul Dozois, et deux représentants de la Société de
développement de la baie James: M. Charles Boulva et moi-même.
Lorsque le législateur a voulu que la Société de
développement de la baie James soit actionnaire de la
Société d'énergie de la baie James, en vertu de l'article
16, c'était pour assurer la bonne coordination des aménagements
hydroélectriques avec le développement global de tout le
territoire. C'est dans cet esprit, depuis les débuts, que la
Société de développement de la baie James a établi
sa collaboration avec la Société d'énergie de la baie
James. Grâce aux conclusions des études de normalisation et de
maximisation des différents rapports d'ingénierie sur le
développement hydro-électrique dans le territoire, études
confiées à des firmes de réputation internationale, nous
avons été en mesure de soumettre au gouvernement les
recommandations sur les modalités de mise en route de
l'aménagement des rivières du territoire de la baie James.
Nous estimons, en effet, que l'aménagement du complexe la Grande
constitue le choix optimal des points de vue technique, économique,
écologique et social. Cet aménagement ne touche en aucune
façon le droit foncier des réserves et des établissements
indiens du territoire. Il dérange le moins possible les territoires de
trappe, de chasse et de pêche des populations autochtones. Il
protège les grandes surfaces boisées du sud en vue de leur
exploitation future. Il sauvegarde le lac Mistassini dans son état
naturel. Nous sommes conscients que ce lac est le plus important, le plus joli
et le plus accessible du territoire et que ses régions comportent une
flore et une faune uniques en Amérique.
De plus, l'aménagement du complexe La Grande entraîne la
mise en oeuvre de la première route au Canada débouchant sur la
baie d'Hudson. Il satisfait aux exigences prévues par
l'Hydro-Québec, il ouvre un vaste champ de prospection, d'exploration et
de mise en valeur de richesses minières actuellement inaccessibles faute
de moyens de communication.
Il ne noie qu'une partie limitée, dans une des régions
où les forêts sont clairsemées. Il ne submerge que 1,400
acres de jalonnements miniers et aucune route, ni chemin de fer, mine,
exploitation, habitation ou camp de pêche existants.
La majorité des forêts qui seront inondées est
située entre les parallèles 52 et 55, à l'intérieur
de la zone dite taiga, laquelle est caractérisée par une
majorité d'épinettes noires non commerciales.
D'après les conclusions des études, l'aménagement
hydro-électrique pourrait s'étendre sur une quinzaine
d'années. Voilà, en bref, l'activité de la
Société de développement de la baie James depuis sa
création, ainsi qu'un aperçu de son programme pour le
présent exercice financier. Cette activité a été
assurée par une direction et un personnel permanent qui comptait moins
de 30 personnes jusqu'en février dernier et qui ne dépasse pas
encore la cinquantaine, y compris le personnel de la Société
d'énergie.
La Société de développement de la baie James
s'interprète comme un organisme de conception, d'organisation, de
gérance et de contrôle, en d'autres termes, un organisme de
"management". En conséquence, au lieu de se structurer en personnel et
en équipement, la société continuera de poursuivre ses
objectifs en collaboration avec les services gouvernementaux, les
sociétés paragouvernementales et l'entreprise privée.
Cette collaboration, la Société de développement
l'établit conformément aux désirs du législateur,
directement avec les organismes précités ou par l'entremise de
ses filiales.
La Société de développement de la baie James
s'interprète également comme devant continuer d'exercer
l'autorité et d'assumer la responsabilité découlant de sa
loi-cadre et qu'exige l'accomplissement de son mandat. Ce mandat est
défini par les articles 4 et 5 de la Loi du développement de la
baie James, loi créant la société. Voici ce que dit
l'article 4: "La société a pour objets de susciter le
développement et l'exploitation des richesses naturelles qui se trouvent
dans le territoire décrit à l'annexe, ci-après
désigné sous le nom de "territoire", d'effectuer ce
développement et cette exploitation conformément â la
présente loi, ainsi que de voir à l'administration et à
l'aménagement de ce territoire, conformément à la
présente loi et aux autres lois du Québec, aux fins d'en
favoriser la mise en valeur par elle-même, ses filiales et les autres
agents de la vie économique et industrielle en donnant priorité
aux intérêts québécois". De son côté,
l'article 5 stipule que: "La société doit veiller à la
protection du milieu et prévenir la pollution dans le territoire".
Par ailleurs, au journal des Débats du 6 juillet 1971, volume 2,
no 69, pages 3123, 3125, nous relevons les remarques suivantes du premier
ministre: "La connaissance que nous avons du dossier, les avis non
équivoques des experts et des spécialistes, les impératifs
de la relance économique, tout nous commande de procéder sans
délai aux premières étapes du développement de la
baie James, pour le progrès du Nord-Ouest québécois et du
Québec tout entier. Cette décision prise, nous aurions pu
procéder, sans grand effort d'imagination, par les voies classiques qui
s'offraient à nous, en confiant simplement aux institutions existantes
des morceaux de développement: les ressources hydrauliques à
l'Hydro-Québec, les ressources forestières à Rexfor, les
ressources minières à Soquem, les ressources
pétrolières à Soquip, les pêcheries et le tourisme
aux ministères appropriés, l'aménagement routier au
ministère de la Voirie, les communications au ministère des
Transports et des Communications. Avant même de commencer les travaux,
nous faisions donc face à une dizaine de juridictions autonomes et
compartimentées. "Le risque nous a alors paru grand d'une dispersion des
énergies, d'une confusion des tâches et d'un manque grave de
planification intégrée dans l'aménagement d'un territoire
aussi vaste que prometteur".
Le premier ministre précisait: "C'est la nature même du
projet, les impératifs de la planification et du développement
global du territoire qui imposent la nécessité d'une structure de
gestion munie de l'autorité et des pouvoirs indispensables à la
réalisation de cet immense projet. Cette structure de gestion, c'est la
Société de développement de la baie James".
Le premier ministre poursuivait: "Car le projet de la baie James est
plus qu'un projet purement hydro-électrique; il touche un vaste domaine:
exploitation forestière, reboisement, développement minier,
découvertes pétrolifères
possibles, ouverture d'un vaste territoire à la pêche, au
tourisme et à la récréation des années soixante-dix
et quatre-vingt et, ne l'oublions pas, un développement industriel
considérable à moyen terme qui saura profiter non seulement aux
citoyens du Nord-Ouest québécois mais à toutes les
régions".
Plus loin, M. Bourassa poursuivait: "On lui confiera à la
société la responsabilité de planifier l'usage, la
sauvegarde et le développement rationnel des ressources naturelles du
bassin de la baie James pour le progrès économique et social de
tout le Nord-Ouest, région jusqu'ici trop souvent négligée
par les gouvernants. Mais la société ne doit pas seulement
planifier. Elle doit être investie des pouvoirs nécessaires pour
mettre ses plans à exécution".
Plus loin encore, le premier ministre déclarait:
"L'originalité du projet vient du fait qu'un seul organisme
gouvernemental sera chargé de toutes ces responsabilités et
qu'aucune de ces activités ne pourra être considérée
comme une fin en soi. C'est là la caractéristique essentielle de
la Société de développement de la baie James".
Le premier ministre ajoutait enfin: "La société
n'empêchera pas, mais devra au contraire susciter la participation de
l'entreprise privée au développement de cette région.
Emanation de l'Etat, la Société de développement de la
baie James devient l'instrument de l'aménagement global du
territoire".
La loi no 50 a été votée et sanctionnée.
C'est dans le cadre et l'esprit de cette loi que la Société de
développement de la baie James a entrepris et poursuivra sa mission.
Elle continuera également de stimuler, de surveiller, de contrôler
dans la poursuite de ses objectifs les divers aspects de l'aménagement
global du territoire.
M. le Président, M. le premier ministre, MM. les membres de la
commission, mes collègues et moi-même de la Société
de développement de la baie James, sommes à la disposition de la
commission.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie, M. Nadeau. Le député de
Verchères et ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, j'aurais trois petites
questions. Un des buts, comme l'a souligné M. Nadeau, en créant
la société était de s'assurer un développement
intégré de toutes les ressources du territoire et s'assurer en
particulier que le plan d'aménagement, pour des fins de production de
l'électricité, devait être compatible aussi avec un plan
optimum pour le développement des autres ressources.
Je crois comprendre, d'après les propos qu'on vient de tenir
et nous en sommes aux premières explications pour le changement
des rivières du sud pour les rivières du nord qu'une des
raisons de l'aménagement de la rivière La Grande est le fait
si je comprends bien M. Nadeau et c'est le sens de ma question
que vous considérez que l'aménagement hydro-électrique
axé sur la rivière La Grande est compatible avec la mise en
valeur optimum d'autres ressources minières, forestières,
touristiques. En particulier, c'est ce type d'aménagement qui a le moins
d'effets négatifs sur le problème de l'écologie et sur le
problème des populations locales. C'est bien le sens de votre
recommandation?
M. NADEAU: Oui, M. Saint-Pierre. La recommandation de la
société était en fonction de ces aspects et aussi en
fonction, évidemment, de l'aménagement hydro-électrique.
Nous sommes heureux que l'Hydro-Québec ait fait les mêmes
recommandations que la société. En allant vers les
rivières du nord, nous épargnons évidemment les
populations autochtones dans une grande proportion. Nous épargnons aussi
les ressources forestières, qui sont immensément riches dans la
région du sud. Nous favorisons l'exploitation ou l'exploration
minière à travers le territoire en débouchant sur un
réseau plus au nord.
Enfin, nous éliminons, ou sans éliminer, nous
amoindrissons énormément les effets néfastes d'un tel
développement sur l'écologie.
M. SAINT-PIERRE: Monsieur, vous nous avez brièvement
mentionné la mise sur pied de la filiale, l'Hydro-Québec y
étant majoritaire et la filiale devant produire l'énergie
électrique. Est-ce que vous pourriez, brièvement, renseigner les
membres de la commission sur les activités qui ont pu ou qui pourraient
se produire en ce qui touche les autres filiales devant être
formées? Est-ce que ces filiales sont, effectivement, formées?
Est-ce que ce sont des discussions que vous auriez pu avoir avec Rexfor?
Quelles sont les perspectives de collaboration dans ces secteurs?
M. NADEAU: Nous avons eu, jusqu'à présent, des pourparlers
avec Rexfor et avec Soquip. Nous sommes actuellement en négociation avec
Soquem. Quant aux autres, évidemment, les priorités
s'étant établies au début, nous ne voyions pas la
nécessité, à ce moment-là, de presser le pas pour
former les filiales immédiatement avec Rexfor et Soquip. Nous y voyons
tout de même une priorité plus importante quant à Soquem.
C'est pour cela que des négociations sont maintenant en cours avec
Soquem.
M. SAINT-PIERRE: Dernière question, M. le Président. La
phase de réalisation et la phase d'exploitation comporteront une
différence avec d'autres projets que nous avons pu voir au Québec
ou ailleurs dans le monde et qui étaient essentiellement axés sur
une seule ressource. Je pense qu'on conviendra qu'en général
l'aménagement de Manic Outardes a été axé sur une
ressource, l'énergie hydro-électrique. Je pense
d'ailleurs qu'il y a des discussions actuellement pour remettre le
réseau routier de l'Hydro-Québec au ministère de la Voirie
pour des fins touristiques. Mais c'est un peu un produit qui vient après
que la phase de construction est terminée.
Comme, dans ce cas, on vise l'exploitation optimale de plusieurs
ressources et leur mise en valeur, est-ce que la société a
quelques réflexions préliminaires sur les problèmes
d'intégration, les problèmes de logistique entre les
différents utilisateurs pour une infrastructure qui pourrait être
commune? Je pense aux routes, aéroports et agglomérations
semi-permanentes qui pourraient être utilisés non pas comme ce fut
le cas dans le passé uniquement par ceux qui construisent pour des fins
électriques, mais qui pourraient être utilisés,
évidemment, par ceux qui visent une exploitation minière ou par
d'autres.
M. NADEAU: Evidemment, c'est dans le mandat même de la
société de faire un développement intégré du
territoire. Le tracé de la route, par exemple, facilite ce
développement parce qu'il est au centre du territoire et qu'il se
prolonge jusqu'au nord, jusqu'à la rivière La Grande. Nous
n'avons pas encore arrêté les modalités du
développement intégral pour une bonne raison. C'est que nous
avons donné, comme je l'ai mentionné dans mon rapport, une
étude à une firme de consultants de grande réputation afin
de nous faire des suggestions et des recommandations quant au
développement intégral. Cette firme doit faire les inventaires
approfondis des forêts et des ressources minières, touristiques et
résidentielles. Nous voulons, évidemment, éviter
certaines, je pourrais peut-être dire bévues qui se sont faites
dans le passé, où des régions ont été
développées dans le but de n'y extraire qu'une seule ressource.
Par exemple, aujourd'hui, on peut penser à certaines régions de
l'Abitibi où on a été chercher des mines et exclusivement
des mines alors qu'aujourd'hui on voit des villes fantômes.
Ce sont les aspects que nous voulons éviter. Nous voulons
développer ce territoire de façon intégrale.
M. SAINT-PIERRE: Je crois que vous déposez un rapport
préparé. Je ne sais pas si cela peut consoler...
M. LAURIN: Vous êtes chanceux.
M. SAINT-PIERRE: Pardon?
M. LAURIN : Vous êtes chanceux.
M. SAINT-PIERRE: Bien, je l'ai eu il y a à peu près deux
heures. Vous allez voir que nous ne sommes pas des cachottiers. Nous tentons de
vous donner toutes les informations. C'est un rapport... Est-ce que vous
pourriez nous l'expliquer...
M. LAURIN: Pour un projet comme ça, il serait normal que vous le
déposiez.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse. Avant de passer à des commentaires
concernant ce rapport, je voudrais procéder avec les questions
qu'auraient les chefs des différents partis en rapport avec les
commentaires du début.
Le député de Bellechasse.
M. LOUBIER: M. le Président, une des premières questions
que j'aurais à poser à M. Nadeau est la suivante: Est-ce que les
experts et les commissaires de l'Hydro-Québec sont entièrement
d'accord sur la teneur et l'exposé des arguments et des
éléments du rapport que vous venez de nous lire?
Si vous voulez une formulation différente, est-ce que le rapport
que vous venez de soumettre a été préparé de
concert avec les experts de l'Hydro-Québec ou si c'est le fruit, tout
simplement, des membres de la Société de développement de
la baie James?
M. NADEAU: M. le Président, je crois que c'était la
responsabilité de la Société de développement de la
baie James de faire ces recommandations. Maintenant, à savoir si
l'Hydro-Québec est d'accord ou non, je crois que M. Giroux pourrait
répondre à la question.
M. LOUBIER: Pourrais-je poser ma question à M. Giroux?
M. GIROUX: Nous sommes parfaitement d'accord sur le rapport, en ce qui
concerne le développement de la baie James et au sujet du
développement de la rivière La Grande. Peut-être qu'il y
aura quelques divergences d'opinions dans la façon de concevoir ce
programme, ce qu'on expliquera plus tard avec les documents.
M. LOUBIER: Est-il possible, à ce moment-là, que nous
puissions avoir, de l'Hydro-Québec, des recommandations
différentes de celles qui sont contenues dans le rapport, quant à
la conception, quant au "management", comme on dit, et quant aux structures
administratives?
M. GIROUX: C'est possible.
M. LOUBIER: II est possible qu'il y ait divergence. Pourrais-je savoir
également si la firme de consultants de grande réputation, dont
parlait tout à l'heure M. Nadeau, est une firme
québécoise, canadienne ou américaine?
M. NADEAU: C'est une firme québécoise qui porte le nom de
Sores, qui est une filiale de SNC, qui s'est jointe à une firme
américaine afin de compléter les connaissances qu'elle n'avait
pas.
M. LOUBIER: Elle est donc associée à une firme
américaine?
M. NADEAU: Oui. Le mandat que nous avons donné est entre la
Société de développement de la baie James et Sores.
M. LOUBIER: Et Sores. Ne serait-il pas avantageux que la
société envisage la possibilité d'accorder des mandats
à un consortium de firmes de consultants du Québec?
M. NADEAU: Dans quel domaine?
M. LOUBIER: On parlait, tout à l'heure, du programme
d'intégration, etc.
M. NADEAU: Dans le domaine des transports, par exemple, il y a une
étude en cours, actuellement, sur le transport intermodal, qui est
donnée à une firme québécoise: Lea, Benoît et
associés. Egalement, dans le domaine forestier: Thériault et
Dumont; et, dans le domaine minier: Caron, Dufour et Séguin.
M. LOUBIER: Dans le "management", M. Nadeau pourrait-il nous dire s'il y
a des firmes québécoises assez spécialisées pour
recevoir un mandat de la part de la société?
M. NADEAU: En fait, c'est à savoir si vous me demandez une
opinion personnelle ou si je dois m'exprimer au nom de la
société. Je crois personnellement que oui. Le problème de
la gestion est encore en discussion. Nous n'avons pas encore établi la
formule définitive.
M. LOUBIER: Si vous recourez à des firmes internationales de
consultants, y aura-t-il une disposition selon laquelle la langue de travail,
sur tous les chantiers et dans les plans, etc. sera le français?
M. NADEAU: Assurément.
M. LOUBIER: Quelle que soit la firme, qu'elle soit américaine ou
qu'elle soit...
M. NADEAU: Je crois que cela s'impose.
M. LOUBIER: C'est une garantie que vous donnez aujourd'hui.
M. NADEAU: Dans la mesure où je pourrai prendre la
décision, oui.
M. LOUBIER: Est-ce que le président a pris connaissance d'une
déclaration du président de l'Energie atomique du Canada, disant
qu'à la baie James, on devrait plutôt tenter un
développement sur le plan nucléaire?
M. NADEAU: Je ne crois pas que ce soit la teneur exacte des
déclarations de M. Gray.
M. LOUBIER: II y en a une, ce matin, dans la Gazette.
M. NADEAU: M. Gray a dit ce matin, dans la Gazette, que la province de
Québec devrait probablement se lancer dans un programme mixte, qui
inclurait la baie James, si j'ai bien lu ou bien compris le sens de
l'article.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Est.
M. LOUBIER: M. le Président, je m'excuse. Une dernière
question, pour le moment. Quel est le montant investi, à ce jour, par le
gouvernement, et quel est le montant prévu pour l'an prochain et,
disons, pour les deux ou trois prochaines années, et quelle est la
proportion des montants fournis par l'Hydro-Québec?
M. NADEAU: II faut faire ici une différence entre la
Société de développement de la baie James et la
Société d'énergie de la baie James.
Dans la Société de développement de la baie James,
il est prévu dans la loi que le gouvernement doit souscrire un capital
de $100 millions, au rythme de $10 millions par année. Dans la
Société d'énergie de la baie James, il y a un capital
autorisé de $1 milliard dont $700 millions sont souscrits.
M. LOUBIER: Les $700 millions sont souscrits par qui jusqu'à
maintenant?
M. NADEAU: Par l'Hydro-Québec.
M. LOUBIER: Répartis sur combien d'années?
M. NADEAU: Sur une période de dix ans.
M. LOUBIER: Quels sont les montants prévus pour la participation
du gouvernement?
M. NADEAU: Le calcul se fait rapidement: $700 millions
représentent 70 p.c. du capital autorisé. C'est donc dire qu'il
reste une proportion de 30 p.c. qui pourraient être souscrits par la
Société de développement ou par le gouvernement, si vous
voulez.
M. LOUBIER: Ce qui veut dire que, dans une proportion de 70 p.c, c'est
un investissement fait par l'Hydro-Québec.
M. NADEAU: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: Le président de la société a
parlé d'un montant de $5.8 milliards et a cité, à
plusieurs reprises, le Nord-Ouest québécois et différentes
compagnies. Le président a parlé aussi des négociations
qu'il y a présentement avec Soquem et de celles qu'il y a eu avec Soquip
et tous les autres. Les $5.8 milliards,
est-ce la société elle-même qui les paie ou si
Soquem est appelée à en dépenser une partie?
M. NADEAU: D'abord, je n'ai pas mentionné $5.8 milliards.
M. TETRAULT: Le premier ministre.
M. NADEAU: C'est le premier ministre qui a mentionné ça.
C'est pour les aménagements hydro-électriques; ça n'a rien
à faire avec Soquem.
M. TETRAULT: Lorsque Soquem va participer, c'est à même son
propre budget.
M. NADEAU: C'est ça. C'est prévu dans la loi que la
filiale-mines est formée de Soquem et de la Société de
développement de la baie James. Ce sera dans une proportion de 51 p.c.,
Société de développement, et de 49 p.c, Soquem.
M. TETRAULT: On a dans le développement de la baie James
certaines compagnies, dont une provient de l'Ontario. On a parlé de
langue française. Le président nous assure que la langue
officielle, la langue de travail qu'il va y avoir là est strictement le
français. Est-ce que j'ai bien compris la réponse ou si je l'ai
mal interprétée?
M. NADEAU: Oui.
M. TETRAULT: Quant à l'embauche des employés qui vont
présentement à la baie James, dans les contrats selon une
réponse obtenue du ministre du Travail qui avaient
été donnés, il n'y avait aucune clause spécifiant
que ce serait les gens du Nord-Ouest québécois qui auraient la
préférence d'emploi.
Est-ce que le président de la société
s'apprête à ajouter cette obligation dans les contrats afin que
les gens du Nord-Ouest québécois puissent aller travailler
à la baie James?
M. NADEAU: Je regrette, mais il est bien stipulé dans les appels
d'offres et je vais vous lire le texte "qu'une priorité
doit être donnée aux résidents du Nord-Ouest
québécois, du reste de la province ensuite et enfin qu'on
déborde les frontières.
M. TETRAULT: Donc, selon vos documents, c'est spécifié et,
dans ceux du ministre du Travail, ça ne l'est pas.
M. NADEAU: J'ai ici l'article 17 des appels d'offres, qui se lit ainsi:
"Recrutement de la main-d'oeuvre. Pour le recrutement de la main-d'oeuvre
employée à l'exécution de ce contrat, l'entrepreneur doit,
dans la mesure du possible, faire appel aux centres de main-d'oeuvre du
Québec et, compte tenu des qualifications requises, il doit accorder aux
candidats une préférence s'échelonnant dans l'ordre
suivant: a) Personnes résidant dans la région du Québec
où s'exécutent les travaux"; Cela, c'est le Nord-Ouest. "b)
Personnes résidant dans les autres régions du Québec;
c)Personnes résidant dans les autres provinces; d)Etrangers.
M. TETRAULT: Le président est au courant il devrait
l'être, j'en suis sûr, avec la tournée qu'il a faite dans le
Nord-Ouest que la minorité des employés provient du
Nord-Ouest québécois. Est-ce que c'est un manque de
compétence chez les gens du Nord-Ouest québécois, parce
qu'il semble que la majorité provient d'autres régions?
M. NADEAU: Certains problèmes se sont présentés. Il
y a eu énormément de concurrence entre les centres de
main-d'oeuvre de la province et ceux du fédéral et aussi entre
les diverses unions. Cela a créé un manque d'efficacité,
jusqu'à un certain point, dans l'embauchage des ouvriers.
On tend actuellement à améliorer, avec la
coopération du ministère de la Main-d'Oeuvre, cette situation et
à la rectifier. Ce qui est arrivé aussi dans bien des cas, c'est
que des gens se sont rendus dans la région de Matagami, de Val-d'Or ou
d'ailleurs et se sont enregistrés comme résidents. On donnait une
preuve, une lettre qui était falsifiée, ni plus ni moins, et
à ce moment-là on obtenait des emplois alors qu'on ne venait pas
directement de la région, qu'on venait d'ailleurs et qu'on allait
là pour essayer de se trouver un emploi.
M. TETRAULT: On m'informe, dans les bureaux locaux du centre de
main-d'oeuvre du Québec, que le seul groupe qui se sert de leurs
services est l'Hydro-Québec et que les autres compagnies, les
contractants et les sous-contractants sauf un, emploient leurs hommes où
ils le peuvent dont en assez grande quantité de l'Ontario.
M. NADEAU: Je regrette, mais ces informations-là ne me sont pas
parvenues. D'ailleurs j'étais, en fin de semaine dernière,
à Val-d'Or et ce point-là ne m'a pas été
rapporté.
M. TETRAULT: Je vous l'apporte là.
M. NADEAU: Enfin, si cette situation existe, nous ne sommes pas au
courant et n'en sommes pas responsables.
M. TETRAULT: Lorsque vous émettez les contrats, pour la
construction de routes ou celle qui sera faite pour l'aéroport, est-ce
qu'il est spécifié au contractant que premièrement les
hommes qu'il emploiera devraient parvenir des centres de main-d'oeuvre du
Québec et, deuxiè-
mement, des centres fédéraux? Il y a une clause dans
ça qui l'explique.
M. NADEAU: Non, on ne donne pas de priorité. On dit tout
simplement que c'est dans l'article 17 que je vous ai lu tantôt
pour le recrutement de la main-d'oeuvre employée à
l'exécution de ce contrat l'entrepreneur doit, dans la mesure du
possible, faire appel aux centres de main-d'oeuvre du Québec. Compte
tenu des qualifications requises, il doit accorder aux candidats une
préférence s'échelonnant dans l'ordre que je vous ai
donné tantôt.
M. TETRAULT: J'aimerais poser une question au président,
peut-être qu'il ne l'aimera pas: Est-ce que ce sont des voeux pieux ou
bien une réalité qu'il va...?
M. NADEAU: Je crois que c'est une réalité. En fait,
l'entrepreneur qui a besoin de dix menuisiers demain matin s'adresse au centre
de main-d'oeuvre. Si le centre de main-d'oeuvre peut lui en fournir cinq,
évidemment il va s'en chercher cinq autres. Il s'adressera
peut-être ailleurs à ce moment-là, soit au centre de
main-d'oeuvre fédéral, soit au bureau des syndicats qui sont
installés déjà à Matagami.
M. TETRAULT: Dans l'étude qui existe présentement sur le
développement minier, est-ce que la société prend en
considération que le territoire pourrait s'ouvrir aux prospecteurs?
M. NADEAU: Le territoire est ouvert aux prospecteurs.
M. TETRAULT: II n'y a aucun problème pour jalonner les terrains,
aucune restriction?
M. NADEAU: Aucune restriction, sauf les zones qui sont appelées
à recevoir les travaux publics ou celles qui devraient peut-être
être inondées. Alors ce sont les seules zones qui ont
été soustraites au jalonnement. C'est donc dire que 95 p.c. du
territoire sont ouverts au jalonnement.
M. TETRAULT: La compagnie, plus spécifiquement dans le bout de la
chute rouge, dit d'ailleurs, si l'on prend les données des
différents journaux miniers, qu'il y a possibilité d'ouvrir une
mine mais qu'elle se voit restreinte par les lois et la future étude non
complète du territoire. Elle ne pourrait pas commencer à faire
l'exploitation de ses mines. Est-ce que c'est chose réelle? Je sais que
dans les journaux miniers il y a beaucoup de fla-fla.
M. NADEAU: Non, c'est absolument faux.
M. LE PRESIDENT: Monsieur le député, je vous ferai
remarquer une chose, malgré l'importance de vos questions. A ce
moment-ci, nous essayons de faire une espèce de résumé de
questions autour des commentaires qu'a faits le président. Je comprends
que les faits que vous rapportez sont entremêlés de questions
hypothétiques. Je pense qu'on devrait progresser et ne pas s'attarder
à des propos qui peuvent être hypothétiques ou non.
Si vous avez des faits bien spéciaux, bien catégoriques,
je pense que vous aurez l'occasion au cours des délibérations de
demander des précisions. Maintenant, je ne vous enlève pas la
parole. Ce n'est pas là la question, mais je voudrais qu'on passe
plutôt à un niveau général plutôt que de
s'arrêter à des questions locales ou régionales strictement
parlant.
M. TETRAULT: M. le Président, je vais prendre votre conseil.
Peut-être que mes questions sont hypothétiques pour vous, mais je
dois vous dire qu'elles sont réelles pour les gens du Nord-Ouest.
M. LE PRESIDENT: Je n'en doute pas. Avez-vous terminé? Le
député de Bourget.
M. LAURIN: Encore une fois il m'est très difficile de poser des
questions sur un rapport oral du président qui a été
très bref et qui a surtout porté sur l'intégration
territoriale, les forêts, les mines, où les travaux ont d'ailleurs
à peine commencé. Ce rapport portait très peu sur la
filiale et ne nous a donné au fond que les conclusions. Il est
très difficile également de poser des questions sur un rapport
écrit, qui m'a l'air un peu plus substantiel mais que je n'ai pas eu le
temps de lire.
C'est un rapport un peu plus substantiel où le plan
hydro-électrique ne prend quand même, que le tiers de l'espace. Il
m'apparaîtrait beaucoup plus convenable de poser des questions
après que nous aurons eu le temps de lire et d'étudier ce
rapport. Je regrette infiniment cela confirme l'impression qu'on veut
nous mettre devant un fait accompli, qu'on veut nous passer un sapin
mais je vais quand même poser les questions préliminaires qui me
viennent à l'esprit.
Est-ce que le président pourrait nous dire pendant combien de
temps ont été menées ces expertises sur le terrain et par
qui? Combien de membres de Sores y ont participé? Pourrait-il nous
donner un peu plus de détails sur ces explorations, sur ces expertises,
le résultat, les rapports auxquels elles ont donné lieu et
combien il y a eu de rapports? Est-ce que plusieurs hypothèses ont
été étudiées en même temps? Est-ce
l'aménagement de La Grande seule ou de La Grande avec d'autres
rivières, Caniapiscau ou Eastmain, etc ? Est-ce que plusieurs
hypothèses ont été envisagées en même temps,
donnant lieu chacune à des études séparées?
M. NADEAU: L'étude donnée à Sores n'est pas du tout
dans le but de nous aider à déterminer si on doit aller vers les
rivières du
nord ou les rivières du Sud. L'étude donnée
à Sores est une étude qui concerne le développement
régional. Vous me demandez combien de gens ont travaillé sur le
terrain. Je dois vous dire que l'étude a été
confiée à Sores il y a à peu près un mois. On met
actuellement en branle les mécanismes nécessaires pour faire ces
relevés dont vous parlez sur le terrain.
M. LAURIN: Donc, l'étude de Sores portait plutôt sur
l'inventaire forestier, l'inventaire minier, les problèmes
d'aménagement régional et non pas spécifiquement sur
l'aménagement hydro-électrique de la rivière.
M. NADEAU: Pas du tout sur l'aménagement
hydro-électrique.
M. LAURIN : Pas du tout sur l'aménagement hydro-électrique
de la rivière.
M. NADEAU: Sur le développement régional du territoire de
la baie James.
M. LAURIN: Quelle firme s'est occupé des études
géologiques, techniques, hydro-électriques portant sur
l'aménagement de la rivière et des autres rivières qui
peuvent s'y déverser ou qui pourraient s'y déverser?
M. NADEAU: Les firmes qu'on a mentionnées au début de mon
exposé, soit Rousseau, Sauvé, Warren et Associés,
l'Hydro-Québec et l'ABBDL.
M. LAURIN : De quelle époque à quelle époque
ont-elles travaillé au cours de l'année 1971 et combien de
personnes ont été sur le terrain?
M. NADEAU: M. DeGuise peut vous répondre à ce sujet.
M. DEGUISE: Le premier mandat a fait l'objet d'un rapport
préliminaire au comité parlementaire de l'an dernier. Par la
suite, un autre mandat a été donné et s'est terminé
effectivement avec un rapport émis le 31 décembre.
M. LAURIN: A quelles firmes?
M. DEGUISE: Les trois firmes ont eu des mandats: Rousseau, Sauvé,
Warren et Associés, sur La Grande, l'ABBDL pour la rivière
Eastmain et un autre mandat a été donné à la
compagnie Shawinigan Engineering qui a normalisé, si vous voulez, ou qui
a essayé d'apprécier, en se servant des mêmes
barèmes, les études faites par deux bureaux
séparés.
M. LAURIN: De quelle époque à quelle époque
ont-elles travaillé sur le terrain?
M. DEGUISE: Elles ont travaillé sur le ter- rain durant toute
l'année. Je crois que le mandat a été donné au mois
de mars et elles ont travaillé jusqu'à la fin de la saison, en
novembre, le rapport ayant été remis en décembre. Il y a
évidemment l'équipe de l'Hydro-Québec qui a
travaillé sur NBR, évidemment.
M. LAURIN: Sur NBR?
M. DEGUISE: Sur Nottaway, Broadback, Rupert, les trois
rivières.
M. LAURIN: Mais pas sur La Grande?
M. DEGUISE: Elle a participé à certaines études sur
La Grande aussi, faisant des relevés sur le terrain qui ont
été remis au bureau de génie conseil pour consolider toute
l'affaire.
M. LAURIN: Au mois de mai, quand nous avons eu notre réunion l'an
dernier, un premier mandat avait été donné à
Rousseau, Sauvé, Warren et Associés. C'est ce premier rapport que
nous avions étudié?
M. DEGUISE: Oui, c'était le premier rapport. Il y avait eu des
compendiums ou des résumés des études faites par les deux
bureaux de génie conseil et par l'Hydro-Québec.
M. LAURIN: C'est ce rapport qui avait été
déposé et où on disait, par exemple, que la construction
des centrales sur le complexe Rupert devrait débuter en mars 1974, la
mise en marche des groupes 1 et 2 se faire au début de 1978 et où
on disait aussi que la construction des centrales sur le complexe La Grande
devrait débuter en 1975 et la mise en marche des goupes 1 et 2 à
la fin de 1978. Est-ce leur premier rapport?
M. DEGUISE : C'est le premier rapport de tout, un rapport.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a eu d'autres rapports et combien,
menés à la suite de quelles études, par combien d'hommes,
pendant combien de temps?
M. DEGUISE: Je vais prendre les questions une à une. En me
répétant, l'étude de l'aménagement de La Grande a
été confiée au bureau de Rousseau, Warren, Sauvé.
Leurs études se sont terminées avec la remise d'un rapport en fin
d'année 1971. Le nombre de personnes sur le terrain, je crois que
ça peut-être variable. Disons, par exemple, pour fixer des
idées, que l'Hydro-Québec, qui travaillait sur les trois
rivières inférieures, Nottaway, Broadback, Rupert, a eu
jusqu'à 600 personnes à peu près sur le terrain.
M. LAURIN: En bas?
M. DEGUISE: En bas. Certains groupes tra-
vaillaient sur la rivière La Grande et sur la rivière
Eastmain. En effet, comme nos équipes étaient déjà
là en partie, en vue de faire progresser les études plus
rapidement, l'Hydro-Québec a collaboré avec les groupes
d'ingénieurs-conseils.
M. LAURIN: Combien d'autres rapports ont été
déposés, par la suite, par la firme Rousseau, Sauvé,
Warren et aussi, peut-être, par l'Hydro-Québec, puisqu'elle a
collaboré?
M. DEGUISE: Ils ont produit chacun un rapport. D'abord, un rapport du
groupe de génie de l'Hydro-Québec qui a donné, en
plusieurs volumes, le résultat des études sur
l'aménagement de Nottaway, Broadback, Rupert. Il y a eu un rapport ABBDL
sur l'aménagement de la rivière Eastmain et un rapport de
Rousseau, Warren, Sauvé sur l'aménagement de La Grande et du
complexe La Grande.
M. LAURIN: Quand vous parlez de complexe La Grande, pourriez-vous donner
un peu plus de détails?
M. DEGUISE: Le complexe La Grande implique le détournement de
rivières avoisinantes dans la rivière La Grande. Dans le complexe
Nottaway, Broadback, Rupert, les rivières Nottaway et Broadback
étaient détournées dans la rivière Rupert. D'une
façon semblable, pour le complexe La Grande, on détourne une
partie de la rivière Eastmain, une partie de la rivière
Caniapiscau et une partie de la rivière Grande Baleine.
M. LAURIN: Quand le premier ministre dit $5 milliards est-ce le
coût du complexe?
M. DEGUISE: C'est le complexe.
M. LAURIN: Tout le complexe comprenant le déversement des trois
rivières que vous venez de mentionner?
M. DEGUISE: C'est exact.
M. SAINT-PIERRE: Incluant le transport de l'énergie?
M. DEGUISE: Incluant les lignes de transport.
M. LAURIN: Maintenant, est-ce que ces études, faites, si je
comprends bien, surtout sous la responsabilité de Rousseau,
Sauvé, Warren, ont compris des relevés aussi bien
géologiques sur le terrain que des relevés aériens et des
études techniques?
M. DEGUISE: Absolument. Des sous-contrats ont été
donnés à des bureaux spécialisés en examen de sols
ou en forage qui ont travaillé avec le bureau de
génie-conseil.
M. LAURIN: Est-ce que ces études ont été aussi
poussées que celles qui avaient été faites sur le complexe
NBR, au cours des années précédentes?
M. DEGUISE: Etant donné, je crois, l'élément temps,
on ne peut pas dire qu'il y a eu autant d'heures-homme consacrées
à l'étude du projet La Grande qu'il y en a eu à
l'étude du projet NBR, parce que les trois rivières du bas ont
été étudiées par l'Hydro-Québec depuis
probablement 1967 à une cadence variable, si vous voulez. Alors, cela a
commencé plus tôt pour les rivières du bas que pour la
rivière La Grande.
M. LAURIN: Est-ce que ces études n'ont été
menées que par Rousseau, Sauvé, Warren et par l'aide
conjoncturelle de l'Hydro-Québec ou s'il y a eu d'autres firmes
auxquelles vous avez également demandé des études?
M. DEGUISE: Sur le terrain, par exemple, il y a eu des firmes comme
Terratech ou National Boring qui ont participé à des sondages,
à des forages, à l'examen du sol. Maintenant, il y a eu une revue
de ces études, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, par
la compagnie Shawinigan Engineering.
M. LAURIN: Ces études ont-elles été
vérifiées par les services techniques de l'Hydro-Québec
sur le terrain, par le bureau de programmes?
M. DEGUISE: Les rapports de toutes les études parvenaient au
bureau de l'Hydro-Québec. Maintenant, quel temps ils pouvaient y
consacrer alors qu'ils menaient eux-mêmes l'étude du projet des
rivières d'en bas, c'est une vérification, jusqu'à un
certain degré.
M. LAURIN: Est-ce que cela a été une vérification
en cabinet plutôt qu'une vérification sur le terrain?
M. DEGUISE: Non, non, parce que les équipes de
l'Hydro-Québec étaient sur le terrain et participaient. Les
échantillons de sol étaient vérifiés dans un
laboratoire où il y avait les représentants de
l'Hydro-Québec, etc.
M. LAURIN: J'avais demandé, lors de la dernière
réunion de la commission, qu'on dépose la liste des contrats
ainsi que des mandats, aussi bien en ce qui concerne les routes que les
aéroports, que les études qu'on avait demandées aux
diverses firmes. Je ne sais pas si l'exclusive qu'on a prononcée tout
à l'heure vaut également pour le dépôt de ces listes
de contrats ainsi qu'un exposé résumé sur les mandats.
M. NADEAU: En ce qui concerne les contrats de routes qui ont
été attribués par la Société de
développement de la baie James, nous avons, je crois, une liste que nous
pouvons déposer.
M. LAURIN: Avec les mandats donnés également.
M. NADEAU: En fait, je parle des contrats de routes. Les mandats aux
firmes d'ingénieurs n'ont pas été donnés par la
Société de développement de la baie James mais
étaient donnés quand les administrateurs de la
société sont entrés en fonction. Je parle...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce qu'il s'agit des mandats d'étude...
M. NADEAU: Je parle des mandats d'études seulement qui ont
été donnés pour la construction des infrastructures et non
pas des mandats d'études comme celui de Sores, par exemple, qui a
été donné par la société de
développement, de même que ceux de Thériault et Dumont, de
Caron, Dufour et Séguin et des autres firmes que j'ai
mentionnées.
M. SAINT-PIERRE: Mais les mandats d'études reliés à
l'aspect de la production d'énergie du projet, est-ce que cela a
été donné par l'Hydro-Québec.
M. NADEAU: Cela a été donné par
l'Hydro-Québec?
M. LAURIN: Est-ce que je pourrais alors répéter ma
demande, aussi bien à la Société de développement
de la baie James qu'à l'Hydro-Québec et qu'à la filiale,
de déposer, avec la permission du premier ministre, la liste des
contrats ainsi qu'un exposé sommaire des mandats accompagnant ces
contrats?
M. SAINT-PIERRE: La liste des contrats.
M. GIROUX: En ce qui concerne votre demande, voici un
résumé qui a été préparé et que nous
pouvons distribuer. Je vais simplement faire la lecture de la première
page, si cela vous donne satisfaction. Dans les projets de centrales, par
exemple, pour l'exploration géologique, on a inclus le nom de la firme
qui était la Compagnie nationale de forage, les numéros de
commandes, une brève description du mandat. "Fournir sur demande le
personnel technique pour effectuer, conjointement avec le personnel de
l'Hydro-Québec, des études sur les rivières de la baie
James. Un montant autorisé jusqu'ici de $250,000". On a la Compagnie
nationale de forage: "fournir sur demande..." C'est le même genre de
description parce que c'est le même genre de services, et les montants.
Les contrôles techniques: les laboratoires Ville-Marie. Je crois que nous
avons tous les projets qui sont décrits. Il y en a dont les descriptions
sont un peu plus longues. Est-ce que...
M. LAURIN: Cela nous satisferait.
M. GIROUX: Est-ce que le député tient à ce que je
donne lecture? Nous pourrions peut-être simplement les
déposer?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, peut-être que nous
pourrions demander au personnel ici d'en tirer des photocopies et on les
déposera...
M. GIROUX: Nous en avons.
M. SAINT-PIERRE: Ah! vous en avez? Alors, je n'ai pas d'objection.
M. GIROUX: Nous avons 20 exemplaires, parce que c'est un dossier
assez...
M. LAURIN: Est-ce que cela comprend les contrats donnés aussi
bien par l'Hydro-Québec que par la SDBJ ou que par la filiale?
M. GIROUX: Non, cela comprend les contrats donnés par
l'Hydro-Québec. Cela comprend les contrats donnés par mandat de
la Société d'énergie à l'Hydro-Québec. Mais
cela ne peut pas comprendre les contrats de la Société de la baie
James.
M. SAINT-PIERRE: Mais cela comprend tous les contrats d'études en
ce qui touche l'aménagement hydro-électrique.
M. GIROUX: Absolument, oui. Ces choses-là sont totalement
détaillées. Je crois, en fournissant cela, qu'on répondait
exactement à la question qui a été posée.
M. LAURIN: Est-ce que cela comprend aussi les études comparatives
du coût de l'énergie hydro-électrique avec les autres
formes d'énergie?
M. GIROUX: Les études comparatives sont faites par nos services
à l'Hydro-Québec. Donc, on fera un exposé des
systèmes. Et comme on l'a dit tantôt, quand on fera les
exposés, on distribuera au fur et à mesure les dossiers qu'on a
préparés et dont nous avons des copies.
M. LAURIN: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Maintenant, le député de Bellechasse, sur
la même question.
M. LOUBIER: Est-ce qu'il y aurait eu possibilité, pour
l'Hydro-Québec, d'utiliser strictement les services de ses
ingénieurs pour procéder à toutes les études qui
ont été faites jusqu'ici, sans utiliser pour autant les services
de firmes extérieures à l'Hydro-Québec?
M. GIROUX: Non.
M. LOUBIER: Cela aurait été impossible?
M. GIROUX: C'est impossible à cause du
temps donné. Si on veut prendre 20 ans pour faire les
études, oui. Mais là il y a 25 firmes qui ont travaillé
pendant, peut-être, un an. Je pense qu'en faisant l'étude des
différentes mandats on voit qu'il y a beaucoup de
spécialités là-dedans. Maintenant, je peux demander
à M. Cahill, puisque cela dépend du génie. Est-ce que vous
avez une opinion différente de celle-là?
M. CAHILL: Non, monsieur, nous n'aurions pas pu faire le travail en si
peu de temps.
M. LOUBIER: En si peu de temps, il serait impossible.
M. LAURIN: M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: Le député de...
M. SAINT-PIERRE: Simplement pour fins comparatives, j'aurais
peut-être deux questions. La première: Est-ce que l'on a une
idée, même approximative, des sommes d'argent prévues
à l'intérieur du budget interne de lïlydro-Québec
pour l'ensemble du dossier de la baie James? Je ne sais pas si l'on peut parler
de l'an dernier ou même depuis toujours. Je ne sais pas si vous avez des
postes budgétaires ou un certain contrôle comptable qui vous
permet de nous donner les coûts à ce jour. Ce serait ma
première question.
La deuxième: Est-ce qu'il n'y a pas certains de ces contrats qui
prévoyaient, quand même, des sommes importantes pour des
sous-contrats? Je parle de certaines études, j'en vois au moins deux,
qui impliquaient que certaines des parties du contrat étaient
données à sous-contrats. Dans quel contexte ces sous-contrats
étaient-ils donnés? Est-ce que ces contrats étaient sujets
à l'approbation de l'Hydro-Québec?
M. GIROUX: Oui. Je crois qu'on peut donner une estimation. Mais nous
pouvons répondre à toutes les questions qu'il y a dans ce
document. C'est assez facile d'expliquer ou d'élaborer sur des questions
précises. Il y a des montants qui paraissent gros mais ce n'est pas
totalement pour l'ingénierie. Il y a des dépenses incidentes.
M. DEGUISE: La première question, je crois, se rapportait aux
dépenses effectuées. Pour l'année 1971, par exemple, les
dépenses, sous différents chefs, se chiffrent par $28,753,000.
Pour l'année 1972, il y avait des dépenses, pour les trois
premiers mois, de $9,263,000. Le budget prévu pour le reste de
l'année, soit de avril à décembre, est de $29,677,000,
soit un total de $38 millions pour l'année 1972.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que ce sont des montants strictement
d'études ou de relevés cartographiques? Est-ce qu'il y a des
montants pour la construction dans ça?
M. DEGUISE: Nous n'avons pas la construction de routes là-dedans
qui relève de la Société de développement de la
baie James.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce qu'il y avait d'autres constructions?
M. DEGUISE: II y a peut-être eu une partie de chemins d'hiver ou
des choses semblables.
M. SAINT-PIERRE: Ah!
M. DEGUISE: Mais, en gros, ce sont les études sur le terrain, les
frais d'avion, d'hélicoptère.
M. SAINT-PIERRE: Mais ces montants, ce sont des dépenses internes
de l'Hydro-Québec. Cela ne comprend pas les montants qui sont dans le
rapport et qui auraient été donnés. Est-ce que c'est
ça?
M. DEGUISE: Non, ce sont les montants de l'Hydro-Québec.
M. SAINT-PIERRE: De l'Hydro-Québec.
M. DEGUISE: Une partie est sous mandat de la Société
d'énergie à l'Hydro-Québec.
M. SAINT-PIERRE: Ce sont donc des salaires, des services, des...
M. DEGUISE: Des salaires, des services.
M. SAINT-PIERRE: ... fournitures reliés au travail même des
employés de l'Hydro-Québec.
M. DEGUISE: C'est ça. Cela comprend les
ingénieurs-conseils.
M. SAINT-PIERRE: Cela comprend les ingénieurs-conseils.
M. DEGUISE: Pour les routes. Le contrat de l'ingénieur-conseil
pour la route est dans le mandat de l'Hydro-Québec. Si vous voulez les
grandes subdivisions...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que cela est le contrat de Desjardins,
Sauriol?
M. DEGUISE: Desjardins, Sauriol, c'est ça.
M. SAINT-PIERRE: Au numéro 490533, il y a $13 millions.
M. DEGUISE: Gendron, Lefebvre, pour la route de
Chibougamau-Mistassini.
M. SAINT-PIERRE: Mais c'est l'ensemble du montant de $13 millions qui
serait inclus dans vos $28 millions que vous aviez en 1971?
M. DEGUISE: Pardon. Je crois qu'une partie du contrat s'étendra
sur les années 1973 et 1974.
M. SAINT-PIERRE: L'an dernier, il y a des gens que je considère
sérieux qui ont soulevé la question à savoir qu'on
s'était lancé dans la baie James sans études suffisantes
et que cela avait été un ballon. Je ne reprendrai pas tous les
termes. Mais simplement pour renseigner les membres de la commission, combien
d'argent avait été dépensé pour l'ensemble de la
baie James, pour l'étude des rivières de la baie James par
l'Hydro-Québec, directement ou indirectement, jusqu'à l'an
dernier, approximativement? A un million de dollars près?
M. DEGUISE: II y avait $8 millions antérieurement à 1971
et $29 millions en 1971. C'est-à-dire $8,477,000 avant 1971.
M. BOURASSA: Avant le 29 avril 1971, il y avait presque $10 millions qui
avaient été dépensés.
M. JORON: C'était à l'étude depuis combien
d'années?
M. BOURASSA: Avant le 29 avril 1971, presque $10 millions avaient
été dépensés.
M. JORON: On faisait des études depuis combien
d'années?
M. DEGUISE: Cela avait commencé en 1966,1967.
M. LOUBIER: On se rend compte qu'avant le 29 avril 1971 les gens qui
étaient là étaient économes, prudents et sages.
M. SAINT-PIERRE: Mais, au total, jusqu'à aujourd'hui, à
peu près, sur la baie James, combien y a-t-il de dépensé?
C'est assez difficile à dire.
M. DEGUISE: II y a $42 millions de dépensés.
M. SAINT-PIERRE: II y a $42 millions de dépensés.
M. DEGUISE: A part les contrats de route.
M. SAINT-PIERRE: Oui, d'accord. Au point de vue des études pour
arriver à un schème d'aménagement, c'est $42 millions.
M. JORON: Dont 80 p.c. depuis que la décision a été
prise, le 29 avril 1971.
M. SAINT-PIERRE: Quand on passe à l'action, il faut...
M. JORON: Ce n'est pas de l'action. Ce sont des études
préparatoires.
M. BOURASSA: M. le Président, cela confirme le 29 avril et cela
confirme, en même temps, la déconfiture du Parti
québécois.
M. LOUBIER: Si l'on voulait, M. le Président, continuer dans la
même veine, on pourrait dire...
M. LE PRESIDENT: Je ne veux pas du tout continuer dans la même
veine.
M. LOUBIER: Je voudrais savoir, M. le Président, après le
grand "pageant" électoral du Colisée, du 30 avril 1971, combien
il y a eu de dépensé.
M. LE PRESIDENT: Avant de redonner la parole au député de
Bourget, j'ai deux petites annonces en ce qui concerne les travaux de la
commission.
Premièrement, nous voulons suspendre la séance de six
heures moins quart à huit heures et quart. Deuxièmement, de la
part de la Société de développement de la baie James, les
journalistes sont invités à voir une projection
cinématographique sur le développement du complexe nord de la
rivière La Grande. Ce film sera projeté à 18 heures,
à la salle des conférences de presse, édifice B.
Naturellement, il va de soi que les membres de la commission y sont aussi
invités. La restriction est sur la grandeur de la pièce.
On me dit que c'est un film de 25 minutes. Il y a aussi une version en
langue anglaise. Donc, les deux versions sont disponibles, soit en anglais ou
en français. On me dit aussi qu'il n'y aura pas de commentaire ou de
description au cours de ce film. Ce sera donc à la salle des
conférences de presse, édifice B, à six heures. En
suspendant nos travaux à six heures moins quart, cela permettra aux gens
qui voudraient s'y rendre d'y être pour six heures.
La parole est au député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, nous venons d'apprendre
qu'antérieurement au 29 avril 1971 il y avait eu $8 millions de
dépensés.
M. DEGUISE: Au 31 décembre 1970, il y avait eu $8 millions de
dépensés.
M. LAURIN: Donc, c'est quand même une somme considérable.
Dans les études qu'on avait déposées à la
commission des richesses naturelles, les 19 et 20 mai 1971, il y avait quand
même des renseignements. Toutes ces études suggéraient
unanimement de commencer l'aménagement de la baie James par le complexe
NBR. Par exemple, dans le rapport de ABBDL, on pouvait lire, aux pages 8 et 9,
la phrase suivante: Le coût du kilowatt installé étant le
plus bas pour le complexe NBR, comparativement aux rivières Eastmain et
La Grande, il est logique de commencer par une tranche du complexe NBR.
De plus, les investigations préliminaires sont
plus à point et les accès sont plus faciles pour la
tranche A.
Dans le rapport de l'Hydro-Québec, à la page 21 et
à la page 22, on disait: "Pour faciliter le financement, la construciton
du complexe pourrait être divisée en trois phases". M. Giroux nous
avait bien expliqué ça et il concluait son témoignage en
disant: "Au sujet du programme de la baie James, je ne peux que
répéter que nous avons étudié la question à
fond avec le meilleur jugement."
Comment expliquer qu'à peine un an après on nous
présente une telle volte-face? Quels sont les arguments à ce
point probants, à ce point importants et sérieux qui peuvent
avoir justifié un tel changement d'orientation?
M. GIROUX: Dans une question comme celle-ci, je ne considère pas
comme une volte-face d'améliorer la situation de l'Hydro-Québec.
Je pourrais faire une volte-face tous les jours dans les circonstances.
Je crois cependant que pour bien expliquer cette chose là, il
faudrait avoir l'occasion d'expliquer notre programme complet.
M. SAINT-PIERRE: D va le faire.
M. GIROUX: Nous sommes prêts à expliquer tout notre
programme. Nous pouvons commencer tout de suite après l'ajournement et
expliquer le programme. Parce que nous pouvons dire: Oui, ça
s'avère plus rentable en faisant ainsi, mais il y a autre chose qu'il
faut faire. Je pense que tous ces éléments doivent être
décrits et nous sommes en position de répondre à ces
questions après avoir fait l'exposé.
M. LAURIN: Je demanderai à ce moment-là...
M. BOURASSA: Jeudi, probablement que je pourrai remettre toutes les
études qui ont été faites depuis un an. J'ai
demandé à mes collaborateurs d'examiner ça le plus
rapidement possible.
M. LAURIN: Est-ce que nous allons siéger demain?
M. BOURASSA: Oui.
M. LAURIN: Nous aimerions mieux pouvoir poser nos questions après
que ces études auront été déposées et que
nous aurons eu le temps de les étudier. H me semble que ce serait plus
logique. Nous pourrions faire un meilleur travail.
M. GIROUX: Je crois que demain, après avoir fait l'exposé,
il peut y avoir de nombreuses questions pour éclairer l'exposé et
dire d'où viennent nos bases. Probablement que ça peut prendre la
journée.
M. LOUBIER: Mais à moins que je ne m'abuse, nous ne
siégerons pas demain en commission parlementaire des richesses
naturelles.
M. BOURASSA: Pour quelle raison?
M. LOUBIER: Je pense que le leader parlementaire a annoncé que
nous ne siégerons pas demain en commission parlementaire.
M. ROY (Beauce): II a dit qu'au salon rouge à partir de 9 h 30
c'était l'industrie et le commerce qui siégeait et que, comme
c'était mercredi, il n'y aurait pas de séance de commission
parlementaire le soir.
M.BOURASSA: Selon l'entente entre les leaders il n'y a pas de
séance...
M. ROY (Beauce): C'est ce que le leader de la Chambre, l'honorable
Gérard-D. Lévesque, nous a dit tout à l'heure, qu'aux
salles 81-A et 91-A c'étaient la justice et les transports, et
possiblement l'agriculture.
M. BOURASSA: J'étais impatient de faire la lumière pour
nos amis.
M. ROY (Beauce): II n'a été aucunement fait mention en
Chambre cet après-midi de la possibilité de faire siéger
la commission des richesses naturelles demain.
M. LOUBIER: C'est un autre court-circuit du premier ministre.
M. LAURIN: Dans ce cas-là, je laisserai mes questions portant sur
cet aspect du projet et je n'aurai qu'une autre question à poser sur la
route. Est-ce qu'on en a établi maintenant le tracé
définitif? Quelle alternative a-ton étudiée? Et quels
changements sont survenus en cours de route dans les projets initiaux?
M. NADEAU: Le tracé définitif est établi. Il l'est
d'ailleurs depuis assez longtemps, avant même que la
société soit formée. Aucun changement n'a
été apporté à ce tracé.
M. LAURIN: Est-ce que, dans le rapport que vous nous avez remis, il y a
un tracé de cette route?
M. NADEAU: Oui.
M. BOURASSA: M. le Président, il y a une séance du conseil
des ministres à six heures, si vous n'avez pas d'objection, je
proposerais la suspension à 8 h 15.
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux jusqu'à 8 h
15.
(Suspension de la séance à 17 h 44)
Reprise de la séance à 20 h 38
M. SEGUIN (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): Mesdames, messieurs, sans vous
convoquer immédiatement, je voudrais vous annoncer qu'il y a un
léger retard à cause du conseil des ministres. Normalement, nous
aurions dû commencer à 8 h 15. C'est la cause du délai
présentement. Aussitôt qu'ils arriveront, on commencera.
J'ai fait distribuer, tout â l'heure, à chacun des membres
de la commission, une copie de l'allocution de M. Nadeau. En première
page, version française, quatrième paragraphe, pour-riez-vous,
à la dernière ligne, faire le changement suivant? Au lieu de
"service des contrats", ça serait "direction des contrats". Une mise au
point très simple: direction des contrats au lieu de service des
contrats.
Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, à la page 13, nous lisons que
la Société de développement de la baie James est un
organisme de conception, d'organisation, de gérance et de
contrôle. Est-ce à dire que la Société de
développement de la baie James verra à la supervision de
l'aménagement intégré du territoire, comme vous l'avez dit
cet après-midi, y compris le développement électrique,
qu'elle contrôlera, de ce point de vue, tous les travaux qui seront faits
et deviendra le maître d'oeuvre de tous les travaux
hydro-électriques entrepris dans la région?
M. NADEAU: M. le Président, je crois qu'à l'article 16 de
la Loi créant la Société de développement de la
baie James il est bien stipulé que les aménagements
hydro-électriques seront confiés à une filiale qui a
été créée, la Société
d'énergie de la baie James. Toutefois, nous prévoyons que les
développements des aménagements hydro-électriques se
feront en collaboration et en coopération avec la Société
de développement de la baie James.
M. LAURIN: Est-ce à dire que la responsabilité
immédiate serait confiée à quelqu'un d'autre que la
SDBJ?
M. NADEAU: A la SEBJ, la Société d'énergie de la
baie James.
M. LAURIN: A la Société d'énergie de la baie
James.
M. NADEAU: C'est ce qui est mentionné dans la loi, que le
développement hydro-électrique serait confié à la
Société d'énergie de la baie James.
M. LAURIN : Et non à la Société de
développement de la baie James?
M. NADEAU: Et non à la Société de
développement de la baie James.
M. LAURIN: Et non à l'Hydro-Québec?
M. NADEAU: Vous avez lu la loi?
M. LAURIN : Oui, bien sûr.
M. LE PRESIDENT: Avez-vous terminé?
M. LAURIN: Pour les autres questions, je préférerais les
reporter à un peu plus tard.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin. M. JORON: Je pense
que je vais attendre.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Assomption.
M. PERREAULT: Certains journalistes et certains politiciens ont
cherché à discréditer la Société de la baie
James dès ses premiers contrats. Pourriez-vous, M. le président
de la baie James, nous expliquer ce qui s'est produit lors du premier contrat
octroyé par la Société de la baie James pour la
construction de routes à Kiewit Construction?
M. NADEAU: Vous faites allusion au contrat qui a été
adjugé à la finie Kiewit Ltée. Je me sens très
à l'aise pour commenter ce même contrat qui a été
adjugé à la Kiewit. Etant donné que c'était le
premier contrat officiel que la Société de développement
de la baie James adjugeait, nous avons cru bon, pour nos archives, d'avoir un
cinéaste qui filmait le déroulement des événements.
Nous avions confié, comme vous le savez, à la direction des
contrats de l'Hydro-Québec, que nous jugions extrêmement
compétente et pour laquelle, d'ailleurs, nous n'avons que des
félicitations, et pour M. Hardy, qui en est le directeur, nous avions
donc confié à la direction des contrats de l'Hydro-Québec
le soin de préparer les appels d'offres et de faire l'ouverture des
soumissions, chose qui se produisait à l'Hydro-Québec même,
c'est-à-dire sur le boulevard Dorchester. Etant donné que
c'était le premier contrat d'importance adjugé par la
Société de développement de la baie James, nous avons cru
bon de le faire, à ce moment-là, aux bureaux de la
Société de développement de la baie James, dans nos locaux
du boulevard Maisonneuve. Se sont présentés à la
société, M. Hardy, d'abord, qui est le directeur de la direction
des contrats de l'Hydro-Québec, le secrétaire, M. Lacasse, le
co-secrétaire, M. Johnson et enfin, tous les individus qui, normalement,
assistent à l'ouverture des soumissions.
Nous avons procédé à l'ouverture. Je ne sais pas si
vous savez comment ça se produit exactement, mais nous arrivons avec un
paquet d'enveloppes brunes qui sont scellées. Pour l'occasion, nous
sommes arrivés avec une pile d'enveloppes brunes. Je crois que c'est un
M. Venne qui avait la tâche d'ouvrir ces enveloppes, chose qu'il faisait
très bien, d'ailleurs.
Après l'ouverture de ces enveloppes, il passait les documents au
secrétaire, lequel, après vérification, confirmait si oui
ou non la soumission était conforme aux appels d'offres. On a sorti,
à ce moment-là, un paquet de soumissions dont nous avons ici la
liste. Il y avait Bot Construction, les Constructions du Saint-Laurent,
Dé-sourdy Construction, Seroc Inc., la Compagnie Miron Ltée, BA
Construction, Cartier Construction, Pitts (Quebec) Limited et ainsi de
suite.
A un moment donné, à travers tout ceux dont je viens de
mentionner les noms, est arrivée la soumission de Simard-Beaudry. Le
secrétaire de l'Hydro-Québec a fait l'examen des documents pour
révéler qu'ils n'étaient pas conformes aux appels
d'offres, le chèque de garantie étant fait au nom de
l'Hydro-Québec alors qu'il était très bien stipulé
dans les appels d'offres que le chèque devait être fait à
la Société de développement de la baie James.
Ce qui s'est produit c'est que le secrétaire a dit: Je regrette,
messieurs, mais cette soumission sans mentionner le nom n'est pas
conforme aux appels d'offres. Donc, il l'a remise dans l'enveloppe et nous
avons procédé à la soumission la plus basse qui
était celle des entreprises Kiewit Limitée.
Maintenant, au sujet des entreprises Kiewit Limitée, on a dit que
c'était le premier contrat que la société adjugeait et que
nous le donnions à une entreprise américaine. H faut dire que
Kiewit Limitée est une entreprise qui est tout de même
enregistrée au Canada depuis 1947, capital souscrit et ainsi de suite,
avec des directeurs canadiens ici, qui sont enregistrés dans la province
de Québec depuis 1967, je crois. C'est elle qui a construit le
tronçon du métro qui conduit de l'île
Sainte-Hélène à Longueuil. A ce moment-là, il n'y a
pas eu de levée de boucliers ni de tollé. Je comprends mal
comment il se fait que, parce que c'était un contrat de la
Société de la baie James, on ait crié au patronage.
Nous étions purement justifiés d'accepter la soumission de
Kiewit qui était la plus basse. D'ailleurs, j'ai ici les montants: celle
de Kiewit était de $12,238,379 alors que la soumission suivante
était celle de Bot Construction Limitée, $13,338,000.
L'on passait ensuite à Saint-Laurent, $14,197,000,
Désourdy, $14,998,000, Miron Limitée, $17 millions, Cartier
Construction à $19 millions et enfin Pitts (Québec) Limited
à $20,979,000.
Donc, nous nous sommes crus justifiés d'adjuger le contrat
à Kiewitt Limitée, qui était le plus bas soumissionnaire.
C'était la procédure suivie par l'Hydro-Québec et c'est
sur recommandation de la direction des contrats de l'Hydro-Québec que
nous avons adjugé ce contrat.
Nous avions établi des procédures. Nous les avons suivies
à la lettre.
M. BOURASSA: Un autre ballon de dégonflé.
M. PERREAULT: Deuxième question...
M. LE PRESIDENT: Un instant, sur le même sujet.
M. PERREAULT: Même sujet.
M. LE PRESIDENT: Sur le même sujet, allez-y.
M. PERREAULT: Est-ce que l'Association nationale de la construction vous
a fait des représentations à ce sujet-là?
M. NADEAU: Qu'est-ce que l'Association nationale...? Comment
appelez-vous cela?
M. PERREAULT: ... de la construction.
M. NADEAU: Non, nous n'en avons aucune. La seule, c'est dans les
journaux où on a fait écho à ce contrat. A part cela, nous
n'avons eu de représentation de personne.
M. PERREAULT: Est-ce qu'on en a fait à l'Hydro-Québec?
M. NADEAU: Je ne sais pas.
M. VEILLEUX: Est-ce que vous avez eu des représentations de la
firme dont on avait rejeté la soumission?
M. NADEAU: Non, pas du tout. La firme Simard-Beaudry, dont j'ai
mentionné le nom tantôt, n'a fait aucune représentation et
a admis son erreur. En fait, la firme Simard-Beaudry a obtenu par ce fait deux
autres contrats, alors qu'elle n'avait soumissionné que pour un au
commencement. Elle a obtenu deux autres contrats plus considérables et
les journaux n'ont pas fait état de ceux-là. Je doute fort que la
firme Simard-Beaudry ait pu entreprendre le premier contrat pour lequel elle
avait soumissionné et les deux autres en plus pour lesquels elle a
obtenu...
M. SAINT-PIERRE: Sur cette décision peut-être que je
devrais poser la question à M. Giroux je crois comprendre qu'il
n'y avait aucun désaccord entre les commissaires de
l'Hydro-Québec?
M. GIROUX: Non. On a consulté l'Hydro-Québec et nous avons
dit: Voici, nos normes sont telles. Et l'expérience prouve que c'est
arrivé plusieurs fois à l'Hydro-Québec de recevoir un
chèque qui n'était pas conforme. On ne peut faire autrement.
Parfois des chèques ne sont pas visés, et vous savez ce qui
arrive. Si quelqu'un, après trois semaines de négociation, ne
veut pas remplir son contrat il dit: Vous ne pouvez pas encaisser mon
chèque. Alors, ce n'est pas un chèque qu'on nous a donné.
C'est aussi clair que cela.
M. JORON: M. le Président, sur le même sujet.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin, sur le même
sujet.
M. JORON: Est-ce que vous avez dit, M. Nadeau, que la soumission de
Simard-Beaudry était inférieure à celle de Kiewitt ou
supérieure?
M. NADEAU: Au moment de l'ouverture des soumissions, nous ne le savions
pas. D'ailleurs, il n'est pas de coutume, je crois, de dévoiler les
montants lorsque les soumissions ne sont pas conformes aux appels d'offres.
Nous avons donc tout simplement remis dans l'enveloppe la soumission de
Simard-Beaudry, en leur disant qu'elle ne se qualifiait pas.
M. JORON: C'est parce que vous avez...
M. NADEAU: Alors, c'est par la suite tout simplement que nous avons
appris, par un tiers, si vous voulez, que le montant de la soumission de
Simard-Beaudry, était moindre.
M. JORON: Etait inférieure au départ.
M. NADEAU: Oui. Mais nous ne l'avons pas su, à ce
moment-là, à la table où nous étions assis pour
accepter ou rejeter les soumissions.
M. JORON: D'accord. Parce que le ministre des Richesses naturelles avait
affirmé, en Chambre, que la soumission de Simard-Beaudry était
inférieure. Je ne voudrais pas...
M. NADEAU: Oui, c'est vrai, M. Joron.
M. JORON: ...que le premier ministre le fasse mentir.
M. NADEAU: C'est d'ailleurs sorti par la suite. Mais au moment où
nous avons ouvert les soumissions, nous ne le savions pas.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de l'Assomption
avait terminé?
M. PERREAULT: Oui.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Gouin a
terminé?
M. JORON: Oui.
M. LE PRESIDENT: Vous avez terminé. Le député de
Bellechasse.
M. LOUBIER : J'aurais simplement une courte question à poser
à M. Nadeau. A la page 13, il est écrit: "La
Société de développement de la baie James est un organisme
de conception, d'organisation, de gérance, de contrôle. C'est, en
d'autres mots, un organisme de "management"." Est-ce que, concernant le
développement hydro-électrique, le "management" appartient
à la société d'énergie ou si cela appartient
à la Société de développement de la baie James?
M. NADEAU: L'esprit dans lequel cet énoncé est fait,
à la page 13, M. Loubier, ne fait pas référence au
développement hydro-électrique comme tel, mais tout simplement au
développement du territoire en ce qui concerne tous les aspects.
M. LOUBIER: Oui. Mais en ce qui a trait strictement à la
société d'énergie, est-ce que le "management", à ce
moment-là, relève de l'autorité de la
société d'énergie à l'intérieur de laquelle
l'Hydro-Québec est majoritaire?
M. NADEAU: Je crois que c'est toute une autre question. Cet
énoncé, que vous lisez, s'applique à la
Société de développement de la baie James et non pas
à la Société d'énergie de la baie James.
M. LOUBIER : D'accord. Je m'en servais tout simplement comme base
à ma question. Je pose la question de façon très directe:
Est-ce que l'aspect "management", de gérance est réservé
ou est sous l'autorité de la Société d'énergie de
la baie James ou si, généralement, dans tous les cas, dans tous
les secteurs, le "management" relève de l'autorité et de la
responsabilité de la Société de développement de la
baie James?
M. NADEAU: Si vous voulez parler de la gérance du projet ou des
aménagements hydroélectriques, je crois que, cet
après-midi, nous avons fait une déclaration à l'effet que
ce problème était encore en discussion, qu'il n'était pas
réglé et qu'aucune décision n'avait été
prise.
M. LOUBIER: Est-ce que vous concevez qu'il est normal, à ce
moment-là, que le "management" soit confié à la
Société de développement de la baie James, alors que la
responsabilité, sur le plan hydro-électrique, relève
directement de la Société d'énergie dont la
responsabilité première est sous la gouverne, l'inspiration et la
direction de l'Hydro-Québec?
M. NADEAU: Je pense qu'il faut qu'on fasse, ici, une espèce de
partage entre les déclarations qui sont faites dans cette plaquette que
vous avez devant vous et qui est une présentation de la
Société de développement de la baie James. Cela n'a rien
à faire avec le "management" ou la gérance des
aménagements hydro-électriques. Il n'y a aucune relation entre
ces déclarations et la gérance du projet des aménagements
hydro-électriques.
M. LOUBIER: II n'y en a aucune à la page
13. Je ferme le volume. Je vous demande maintenant carrément:
Est-ce que la société d'énergie a la
responsabilité, l'autorité dans le domaine du "management" ou si
elle doit s'en référer à l'autorité de la
Socitété de développement de la baie James,
c'est-à-dire à la maison mère, si vous me permettez
l'expression populaire?
M. NADEAU: En ce qui concerne la Société d'énergie,
je crois qu'il y a, à ce moment-là, deux maisons mères ou
une maison mère et une maison fille. L'Hydro-Québec étant
actionnaire majoritaire dans la Société d'énergie et la
Société de développement de la baie James étant
également actionnaire je crois que ces décisions doivent
être prises au bureau de direction de la Société
d'énergie de la baie James. Quelle sera l'issue de ces discussions? Je
n'oserais pas, à ce moment-ci, me prononcer.
M. LOUBIER: Est-ce que l'on pourrait connaître votre opinion?
M. NADEAU: Si vous voulez connaître l'opinion de la
Société de développement de la baie James comme
actionnaire dans la Société d'énergie de la baie James,
c'est une autre affaire.
M. LOUBIER: Oui. Pourrais-je connaître votre opinion à
vous, comme président de la société?
M. NADEAU: Mon opinion, c'est que la gérance d'un tel projet peut
être confiée à des organismes québécois.
M. LOUBIER: Mais confiée par la société
d'énergie?
M. NADEAU: Par la Société d'énergie. M. LOUBIER:
Par la Société d'énergie.
M. NADEAU: Formée majoritairement par l'Hydro-Québec.
M. LOUBIER: Ce qui voudrait dire qu'à ce moment-là, dans
ce secteur, il appartiendrait à la Société
d'énergie de planifier son "management" et d'accorder, selon sa
conception, selon sa propre planification, des contrats à des firmes
qu'elle jugerait compétentes en la matière.
M. NADEAU: D'accord.
M. LOUBIER: Sans être en aucun moment gênée par des
directives qui pourraient venir de la Société de
développement de la baie James.
M. NADEAU: Elle peut être difficilement gênée par la
Société de développement de la baie James, parce que
celle-ci est minoritaire dans la Société d'énergie. Donc,
elle ne peut intervenir que dans le bon sens. Elle ne peut pas imposer ses
vues, disons.
M. LOUBIER: D'accord.
M. LE PRESIDENT: On m'avait demandé la parole de ce
côté-ci. Est-ce dans le même ordre d'idées, M. le
député?
M. GARNEAU: Sur un autre sujet.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les questions de ce côté-ci
sont dans le même ordre d'idées, sur la gestion?
M. ROY (Beauce): C'est sur la question de gestion, de revenu, de
financement.
M. LE PRESIDENT: Mais il ne faudrait pas élaborer. Si c'est sur
ce dont on vient de discuter, posez la question. On y reviendra. Je ne vous
enlève pas le droit de parole, mais je propose que vous fassiez à
un autre moment vos autres commentaires. Sur la question de gestion, tel qu'on
vient d'y répondre, si vous avez des questions à poser,
posez-les.
M. ROY (Beauce): Je reviendrai pour poser mes questions dans leur
ensemble, parce que j'imagine que ça se tient.
M. LE PRESIDENT: Sur la même question, M. le
député?
M. AUDET: Pas tout à fait.
M. LE PRESIDENT: Cela branle un peu. Nous y reviendrons.
Le ministre des Finances.
M. GARNEAU: Ma question concerne un tout autre sujet. Dans votre
exposé, cet après-midi, M. Nadeau, votre recommandation
était à l'effet de commencer par les rivières du nord et
vous avez traité un peu du problème des Indiens. Est-ce que vous
pourriez nous dire comment le territoire qui est couvert par la rivière
La Grande et ses bassins, se situe géographiquement par rapport au
traité, signé il y a je ne sais combien d'années, avec les
Indiens?
Vous avez parlé d'une partie. Est-ce que vous pourriez
élaborer davantage pour que nous sachions jusqu'à quel point la
première étape du projet de développement de la baie James
qui est celle de la rivière La Grande affecte les
Indiens?
M. NADEAU: Si on se réfère au rapport Dorion et si mon
interprétation de ce rapport est bonne, il semble qu'au-delà du
52e parallèle les problèmes sont éliminés ou
presque en totalité éliminés. Donc, il semblerait
qu'au-delà du 52e parallèle les droits territoriaux ou,
enfin,
les droits fonciers des Indiens seraient presque non existants ou non
existants.
M. GARNEAU: Les réservoirs qui alimentent la rivière La
Grande, est-ce qu'il y en aurait une partie qui serait au sud du 52e? Tout est
au nord?
M. NADEAU: Tout est au nord du 52e pour la phase initiale du
développement hydro-électrique.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie. Le député de
Verchères.
M. TETRAULT: Les Indiens qui demeurent dans cette région, dans le
territoire de La Grande, le film que nous avons vu, ce soir, montre que les
Esquimaux, les Indiens habitent la région de Fort George. Au sujet des
droits de pêche, Max Gros-Louis dit qu'il est pour faire bloquer le
développement et tout ça et le premier ministre nous avait
assurés l'an passé qu'il n'y avait aucun problème pour les
traités ou les concessions qui furent faits. Est-ce que vous envisagez
des manifestations qui vont faire quelque chose de tangible?
M. NADEAU: Des manifestations, évidemment tout le monde est libre
d'en faire. Quant à la constitutionnalité, cela appartient au
gouvernement de la déterminer et non pas, je crois, à la
Société de développement de la baie James.
Alors, la société tient pour acquis que les territoires
lui sont prêtés ou lui seront cédés en ce qui
concerne certains ouvrages et qu'à ce moment-là la
constitutionnalité du droit foncier lui appartient.
M. TETRAULT: Au sujet de la chasse et de la pêche, avec les
études que vous avez de faites présentement dans la
rivière La Grande, est-ce que ça affecte considérablement
leur territoire ou s'il n'y a presque pas de changement?
M. NADEAU: Non. Cela affecte beaucoup moins les territoires que si on
s'était dirigé vers les rivières du sud, parce que dans
les rivières du sud, à cause de la densité de la faune,
les territoires de chasse et de trappage sont à peu près de dix
milles carrés chacun alors que dans le nord, sur la rivière La
Grande, les territoires peuvent être d'une étendue de 100 à
200 milles carrés, chacun, à cause justement de cette
densité de la faune qui n'existe pas vers le nord. Evidemment, les bois
sont beaucoup plus clairsemés que dans le sud et les lacs et les
rivières sont moins riches en faune.
M. TETRAULT: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais une question à
poser concernant la structure de l'ensemble de la Société de
développement de la baie James. On nous a dit tout à l'heure, et
les rapports le mentionnent, que le capital de la société serait
de $100 millions souscrits entièrement par le gouvernement du
Québec à raison de $10 millions par année pendant dix ans.
Est-ce que M. Nadeau pourrait nous dire quels seront les besoins de capitaux de
la Société de développement de la baie James pour
réaliser l'infrastructure qu'elle doit avoir en vue de
l'aménagement du premier complexe hydroélectrique, soit celui de
la rivière La Grande, d'ici dix ans?
M. NADEAU: Je me demandais quand exactement la question serait pour
venir, parce qu'évidemment une capitalisation de $10 millions par
année nous avons dit que nous avions adjugé à ce
moment-ci des contrats pour $64 millions ça semble peu. Alors, il
faut vous dire que, le 10 février 1972, nous avons conclu une entente
avec la Société d'énergie de la baie James par laquelle la
société d'énergie s'engage à payer une proportion
très importante, soit au-delà de 90 p.c., des infrastructures
quitte, si vous voulez, à contrebalancer cette proportion à
mesure que l'usage des infrastructures changera
Au moment de la construction des aménagements
hydro-électriques, il est facile de prévoir que les
infrastructures seront presque en totalité utilisées par la
Société d'énergie de la baie James ou ceux qui seront
responsables de la construction des aménagements. Plus tard, cette
proportion peut évidemment diminuer. Entre-temps, la
Société d'énergie de la baie James a accepté
c'est une entente qui a été signée le 10 février
entre la Société d'énergie de la baie James et la
Société de développement de la baie James
d'absorber, si vous voulez, la presque totalité des coûts des
infrastructures.
M. ROY (Beauce): En somme, c'est la Société
d'énergie de la baie James qui va assumer à elle seule 90 p.c.
des coûts, au départ, de l'infrastructure fournie par la
Société de développement de la baie James.
M. NADEAU: Parce qu'elle en sera l'usager presque exclusif pour une
période donnée.
M. ROY (Beauce): Pour une période de combien d'années
prévoyez-vous?
M. NADEAU: C'est difficile à dire. Le temps de la construction,
ce qui peut être dix, douze ou quinze ans.
M. ROY (Beauce): Dans les structures de votre société de
développement, est-ce que vous avez prévu des revenus à
cette société ou si ce sera toujours un organisme à la
charge du gouvernement? Les autres 10 p.c, j'imagine que c'est le gouvernement
du Québec qui va en assumer les frais.
M. NADEAU: C'est la question qu'on se pose tous les jours.
M. ROY (Beauce): Vous vous posez la question.
M. NADEAU: Où allons-nous chercher nos revenus? C'est pour cela
que nous sommes actuellement en négociation avec Soquem; c'est pour cela
que nous étudions, par exemple, l'exploration minière,
l'exploitation forestière, le tourisme, la chasse, la pêche et ces
choses-là. On espère, à un moment donné, en arriver
à une formule où on pourra peut-être subvenir à nos
propres besoins, en plus des souscriptions qui nous seront données par
le gouvernement.
M. ROY (Beauce): Croyez-vous possible que les ressources
forestières, les ressources minières et les autres ressources du
milieu soient organisées à l'intérieur des
sociétés existantes? Lorsqu'on parle de Soqem, on peut parler de
Rexfor et de Soquip. Il peut y avoir des découvertes dans ce
coin-là, nous ne sommes pas au courant de toutes les études qui
ont été faites. Est-ce que la Société de
développement de la baie James envisage des recettes lors de
l'attribution des différentes concessions, que ce soit des concessions
minières ou des concessions forestières? Tirera-t-elle des
revenus de l'attribution des concessions et de certaines formes de
compensations qui pourraient être accordées au moment de
l'exploitation de ces ressources? On a fait grand état...
M. NADEAU: Si vous continuez votre question, je ne pourrai pas y
répondre.
M. ROY (Beauce): Non, je ne voulais pas y répondre.
M. NADEAU: Evidemment, la Société de développement
de la baie James envisage la possibilité d'une contribution intense de
l'entreprise privée dans le développement du territoire, que ce
soit dans les domaines forestier, minier ou autres. Evidemment, la
société entrevoit aussi participer elle-même à
certains développements ou à certaines exploitations,
exploitations qui peuvent éventuellement apporter des revenus à
la Société de développement de la baie James qui pourra
ainsi subvenir à ses propres besoins.
Je ne puis vous dire exactement aujourd'hui quelles sont les
possibilités de revenu pour la Société de
développement de la baie James. Ces choses-là sont à
l'étude.
Il nous faudra aussi négocier et entrer en pourparlers avec
l'entreprise privée pour savoir dans quelle mesure on peut participer
tous les deux ensemble afin de développer cet immense territoire qui
regorge de ressources naturelles.
M. ROY (Beauce): En somme, c'est l'objectif de la société
de pouvoir bénéficier des avantages que pourraient lui procurer
les autres ressources de façon à amortir...
M. NADEAU: Sans entraver, toutefois, les efforts de l'entreprise
privée et tout en les encourageant.
M. ROY (Beauce): Je reviens à ma première question.
J'avais demandé, tout à l'heure, quels étaient les
capitaux nécessaires à l'installation ou à l'organisation
de toute l'infrastructure du territoire? Ces capitaux sont-ils inclus dans les
chiffres que vous avez mentionnés dans le rapport, qui partent de
$5,250,000,000, ou si le coût des montants d'investissement pour
l'infrastructure viendra s'ajouter à ce montant?
M. NADEAU: Le coût total de $5,800,000,000 qui a été
mentionné inclut les infrastructures qui font partie intégrante
des richesses naturelles, plus particulièrement les richesses
hydro-électriques. C'est compris dans le projet.
M. ROY (Beauce): Maintenant au sujet de ces montants qui sont
accordés pour l'infrastructure, pourriez-vous nous dire de quelle
façon ils pourront être amortis? Seront-ils amortis sur une
période de 20, 30 ou 40 ans? De quelle façon prévoyez-vous
l'amortissement?
M. NADEAU: Les montants alloués à l'infrastructure seront
amortis de la même façon que les montants totaux qui seront
consacrés à l'aménagement hydro-électrique. Cela
peut être sur une période de 20 ou 30 ans, selon les modes de
financement que nous adopterons.
M. ROY (Beauce): Relativement au mode de financement j'en reviens
à ma question principale prévu pour cet immense projet, se
fera-t-il avec la supervision ou sous le contrôle du ministère des
Finances du Québec?
M. NADEAU: J'imagine qu'il faudra que ça se fasse en
collaboration avec le ministère des Finances du Québec.
M. ROY (Beauce): Comment prévoyez-vous financer tout ce projet,
en utilisant les crédits canadiens ou en ayant recours à
l'autofinancement? Avez-vous envisagé d'avoir recours à une
certaine forme d'autofinancement ou si on fera appel à l'épargne
ou aux capitaux étrangers? J'aimerais savoir vers quelle forme de
financement pensent s'orienter les dirigeants de la Société de
développement de la baie James. La question pourra peut-être
s'adresser également à la société qui s'occupe du
développement hydro-électrique dans cette région.
M. NADEAU: M. Giroux fera tantôt un exposé des programmes
d'équipement de l'Hydro-Québec. Evidemment, nous avons fait notre
recommandation quant à la Grande, on ne
peut pas arrêter des programmes de financement avant qu'on ait
arrêté des programmes d'aménagement.
On a dit tantôt que la Société d'énergie
jouissait d'un capital autorisé de $1 milliard. Evidemment le reste
devra venir d'emprunts qui seront faits sur des marchés nationaux, puis
internationaux, comme le font la province et l'Hydro-Québec
actuellement.
M. LEDUC: Au sujet du financement, M. Nadeau, depuis que la
Société de développement de la baie James existe, est-ce
que, soit vous ou des membres de la société avez fait des
démarches auprès des provinces créditistes afin d'avoir
des prêts sans intérêt pour développer la
Société de développement de la baie James?
M. ROY (Beauce): Comme l'a fait M. Lesa-ge, en 1963 ou 1964? Est-ce que
c'est ça que vous voulez dire?
M. GARNEAU: Avec intérêt. M. ROY (Beauce): Sans
intérêt.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais, s'il vous plaît, qu'on s'en
tienne aux questions et aux réponses qui concernent le débat
présent.
M. LOUBIER : On pourrait peut-être satisfaire la curiosité
du député de Beauce en demandant au président, lui qui
connaît le monde de la finance, s'il envisage la possibilité de
recourir à la Banque du Canada pour financer en partie le projet.
M. GIROUX: Je vais exposer tout cela. J'attends.
M. ROY (Beauce): Vous allez nous exposer tout ça, tout à
l'heure. Nous avons hâte de prendre connaissance de toutes vos
suggestions. Nous pourrons revenir sur le sujet. Voici pourquoi j'ai
posé la question. C'est parce que...
M. LE PRESIDENT: Non, si vous voulez, ne nous expliquez pas la raison de
la question, parce que vous aurez l'occasion d'y revenir.
Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: J'aimerais continuer dans la même veine. Cela va bien.
On nous a déclaré que le Québec, par exemple, pouvait
fournir environ 75 p.c. de la main-d'oeuvre, des services techniques, des
matériaux, etc. D'après le mode de financement dont on vient de
parler, ne craignez-vous pas un peu que toutes ces belles
propriétés du Nord-Ouest ne deviennent une
propriété américaine?
M. NADEAU: Non.
M. AUDET: Même face aux revenus qui pourraient en
découler?
M. NADEAU: Nous ne vendons rien; nous empruntons sur des actifs que nous
possédons.
M. AUDET: Oui. Maintenant, vu que les revenus peuvent être moins
élevés que les intérêts que nous avons payés,
peut-être que nous aurons à hypothéquer nos territoires
pour plusieurs années à venir. Maintenant, vu la façon
dont le gouvernement veut continuer à financer ces
développements, ne seriez-vous pas d'avis, comme M. Giroux
l'était l'autre soir, lorsqu'il a répondu affirmativement
à ma question, que le gouvernement devrait faire pression auprès
du gouvernement central pour lui demander que la banque centrale devienne
l'agent financier de ces développements avec des prêts sans
intérêt?
M. NADEAU: Vous devriez poser la question au gouvernement.
M. AUDET: Pardon?
M. NADEAU: Je ne vois pas pourquoi vous me posez la question. Elle
devrait être posée au gouvernement et non à moi. Vous me
demandez si je crois que le gouvernement...
M. AUDET: Je l'ai demandé à M. Giroux, l'autre soir.
M. NADEAU: Non, je ne crois pas que je doive répondre à
cette question. Il appartient au gouvernement d'y répondre.
M. LOUBIER: Ce n'est pas la question qui est sans intérêt.
Ce seraient les emprunts faits à la Banque du Canada.
M. GIROUX: L'autre soir, on nous a demandé si nous avions
objection à emprunter de la Banque du Canada. Nous avons
déclaré que nous n'avions aucune objection à emprunter de
la Banque du Canada, même avec intérêt.
M. LOUBIER: Cela ne répond pas à sa question.
M. GIROUX: Nous avons déclaré, l'an dernier, que
l'Hydro-Québec avait emprunté, pour son centre de recherche, du
gouvernement canadien à un taux d'intérêt favorable. Chaque
fois qu'une transaction sera intéressante, nous la ferons.
Naturellement, on ne peut pas dire que la Banque du Canada devrait ou
non...
Cela est une question entre les deux gouvernements. Mais nous, si nous
avons l'occasion d'emprunter à un taux moindre que le taux courant,
soyez assuré que nous allons avoir l'autorisation, par
téléphone, du ministre des Finances et de la province de
Québec.
M. AUDET: M. le Président, je crois que c'est très logique
puisque le Canada accepte de
prêter aux pays étrangers. Je ne vois pas pourquoi il ne
prêterait pas à la province de Québec.
Une autre question. Est-ce que le tracé du chemin de
Villebois-baie James, qui a été commencé par la Chambre de
commerce de La Sarre, aurait des chances d'être choisi comme un parcours
futur pour une route desservant les établissements de la baie James?
M. NADEAU: M. le Président, je ferai, à cette question, la
même réponse que j'ai faite la semaine dernière à
Val-d'Or. Si on me pose la question ce soir, je dirai non. Dans un mois, dans
deux mois, dans six mois, dans un an, ma réponse pourrait être
différente. A ce moment-ci, non, nous n'envisageons pas la route
Villebois-baie James.
Cela peut devenir nécessaire pour le développement ouest
du territoire. Mais, à ce moment-ci, en ce qui nous concerne, non, nous
ne l'envisageons pas.
M. AUDET : Vous ne partagez pas l'optimisme de votre collaborateur, M.
Cliche, par exemple?
M. NADEAU: Ecoutez, je pourrais vous dire oui et, si cela ne se
réalise pas, vous seriez le premier à me blâmer. Alors, je
vous dis que ce soir, au moment où nous nous parlons, non, nous ne
l'envisageons pas.
M. AUDET: Nous n'avons qu'à espérer.
M. GARNEAU: M. le Président, concernant le financement, je ne
sais pas si je devrais attendre l'exposé de M. Giroux ou non. Mais,
comme des questions ont été posées sur le financement,
est-ce que vous pouvez nous dire, M. Nadeau, à quel moment la
Société d'énergie va pouvoir bénéficier d'un
"cash flow" autonome pouvant lui permettre de contribuer au financement des
étapes ultérieures du projet? Supposons que le projet est sur une
base de dix ou douze ans, à quel moment la Société
d'énergie va-t-elle pouvoir dégager elle-même un "cash
flow"?
M. NADEAU: M. Garneau, je ne voudrais pas anticiper sur ce que M. Giroux
va dire. Seulement, la seule réponse que je peux vous donner, c'est pas
avant qu'elle produise de l'électricité.
M. GARNEAU: Oui, mais ce que je veux savoir, c'est à quelle
phase?
M. NADEAU: Vers 1980, si on en juge par les besoins qui seront
énoncés tantôt par M. Giroux.
M. GARNEAU: Donc, je vais attendre que M. Giroux ait fait son
exposé.
M. NADEAU: Je crois que ce serait préférable.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, nous avons eu beaucoup de
documents et, évidemment, bien des choses peuvent s'entrecouper. Je me
demande, en remerciant bien sincèrement M. Nadeau du témoignage
qu'il nous a fait au nom de la Société de la baie James, s'il n'y
aurait pas lieu, peut-être, de demander aux gens de l'Hydro-Québec
de parler. Les deux problèmes se recoupent et on risque, en posant des
questions, d'empêcher un exposé plus méthodologique, plus
ordonné du problème.
M. LE PRESIDENT: J'attendais, avec beaucoup d'anticipation, l'occasion
de faire ce commentaire. Je remercie le député de
Verchères d'avoir voulu le suggérer. Alors, avec beaucoup
d'intérêt, nous écouterons M. Giroux faire son
exposé du programme d'équipement.
M. GIROUX: M. le Président, messieurs, comme je l'ai
expliqué ici en 1971, les besoins d'électricité du
Québec vont sans cesse croissant. Je voudrais donc vous expliquer, avec
l'aide de nos spécialistes, comment l'Hydro-Québec a
établi son programme d'équipement pour combler les nouveaux
besoins d'énergie électrique du Québec entre 1978 et 1985.
Nous verrons que l'Hydro-Québec prend tous les moyens disponibles pour
faire face à ces besoins. Nous verrons comment nous avons
considéré très soigneusement les différents modes
de production possibles. Pour en arriver à un choix, nous avons dû
essayer diverses combinaisons de projets hydro-électriques, thermiques
et nucléaires, pour former des programmes conçus pour satisfaire
la demande tout en respectant certaines contraintes.
Nous verrons selon quels critères et quelle méthode nous
avons procédé à ce choix, tenant compte des coûts
ainsi que des autres facteurs pertinents.
Nous verrons enfin le résultat de toutes ces études et les
recommandations qui en découlent.
Les besoins. On sait que notre puissance disponible doit doubler
approximativement à tous les dix ans. Nous avons toutes les raisons de
croire que ce rythme de croissance ne va pas ralentir dans les dix ou quinze
prochaines années. Certains courants d'opinion publique, en particulier
aux Etats-Unis, peuvent commencer à s'inquiéter d'un tel taux de
croissance mais même ceux qui s'en inquiètent ne voient pas de
possibilité de ralentissement durant cette période.
Comme le Québec n'a pas encore atteint le niveau de
prospérité de nos voisins du Sud, on peut prévoir que la
croissance de notre consommation d'électricité n'est pas
près de ralentir.
Il faudra donc, d'ici 1982, une capacité additionnelle de
production égale à toutes nos installations actuelles.
Vous avez entre les mains, dans l'annexe A, la prévision
année par année de nos besoins. Dans ce document, vous verrez que
nos projets en cours, comme Manic 3 ainsi que nos achats de Churchill Falls,
permettent de faire face aux besoins jusqu'en 1977 inclusivement.
M. Le Président, si vous me le permettez, à ce stade-ci je
demanderais à un de nos spécialistes, M. Fournier, d'expliquer
les besoins, parce que les questions qui peuvent découler du reste du
programme dépendent énormément de cette annexe A.
M. FOURNIER : Les besoins ou la puissance requise, si on peut l'appeler
ainsi, est composée de trois choses: les besoins du réseau
principal de l'Hydro-Québec, autrement dit les clients qui sont
raccordés directement à notre réseau; les besoins qui sont
composés des ventes en bloc ce que l'on entend par les ventes en
bloc, ce sont les ventes que l'on fait aux autres compagnies à
l'intérieur de la province et les ventes que l'on fait aussi à
l'extérieur de la province et la troisième partie de la
puissance qui est requise, c'est la partie de la puissance qu'il faut installer
pour tenir compte des pannes des groupes.
Les trois mis ensemble font la puissance qui est requise pour
répondre aux besoins.
Maintenant, si on regarde les chiffres à partir de 1977 on a
déjà mentionné que jusqu'à 1977 l'apport
énergétique de Churchill Falls et de Manic 3 comblera nos besoins
nous avons un besoin, jusqu'en 1985, de 15 millions de kilowatts et de
70 milliards de kilowatts-heures de plus pour l'année 1985.
Cette augmentation croît dans le temps. Elle est de 1,200,000
kilowatts en 1978 et d'environ 2,500,000 kilowatts par année en 1985.
Dans cette puissance disponible, nous avons une croissance de 17 millions de
kilowatts je parle de la puissance totale de 1'Hydro-Québec en
1977 à 32 millions de kilowatts en 1985, lesquels, il est
intéressant de le mentionner, comprennent environ 3 millions à
3.5 millions de kilowatts de réserve.
Je mentionne ce point-ci parce que l'on voit que plus de 10 p.c. de la
puissance installée est requise pour combler les pannes des groupes soit
thermiques, nucléaires ou hydrauliques. Tous les groupes sont sujets
à des pannes et à des périodes d'entretien.
J'aimerais aussi mentionner que dans les déficits que l'on vous
mentionne ici pour les années qui suivront 1977, on n'a tenu compte
d'aucune vente à l'extérieur de la province, mais tous les
contrats existants se terminent en 1976 et 1977. Donc, les seules ventes que
nous ayons dans nos déficits, après 1977, sont les ventes
à l'extérieur de notre réseau mais à
l'intérieur de la province. J'entends par ceci des compagnies comme la
Canadian British Aluminum, par exemple.
M. LOUBIER: Ce qui voudrait dire que pour notre propre consommation
à l'intérieur du Québec, à partir de 1978, nous
sommes fatalement déficitaires.
M. FOURNIER: A chaque année, oui, pour un total de 15 millions de
kilowatts en 1985.
M. LOUBIER: Et même en rapatriant alors toutes les exportations
que l'on fait actuellement?
M. FOURNIER: Elles seront rapatriées en 1977.
M. LOUBIER: En 1977.
M. FOURNIER: Oui.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin.
M. JORON: Le taux de croissance annuel moyen de 7.9 p.c. est une
extrapolation de ce qui s'est passé autrefois.
M. FOURNIER: Une extrapolation des vingt dernières
années.
M. JORON: Le taux de croissance de la population du Québec a
été considérable au cours des vingt dernières
années. Par contre, les statistiques démographiques actuellement
disponibles et les projections pour l'avenir montrent un ralentissement
considérable de ce taux de croissance. Quel est l'effet de la baisse de
l'augmentation démographique de la population du Québec sur la
demande d'électricité? Quelle partie peut-on imputer, dans la
demande globale d'électricité, au seul facteur de la population
et est-ce qu'il en a été tenu compte dans vos
prévisions?
M. FOURNIER: Non, les prévisions, à l'heure actuelle, sont
basées sur le passé historique.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce qu'il ne serait pas vrai de dire, cependant, que
le besoin d'énergie des consommateurs représente à peu
près 18 p.c. à 20 p.c. de votre consommation totale?
M. FOURNIER: La consommation résidentielle est de l'ordre de 20
p.c. ou peut-être 1 p.c. ou 2 p.c. de plus.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce qu'il ne serait pas juste de dire, donc, que 80
p.c. de votre demande annuelle sont plutôt reliés à une
activité commerciale et industrielle et que, peut-être alors, une
projection du taux de croissance du produit national brut serait un meilleur
indicateur de l'évolution de la demande d'électricité que
strictement la population? En effet, la même population, qui se
transforme de rurale à industrielle, évidemment, va impliquer des
changements.
M. FOURNIER: Je peux, peut-être, me servir de ma mémoire
pour répondre indirectement. Le taux de croissance de la population, si
je ne me trompe pas, au cours des vingt
dernières années était de l'ordre de 1.5 p.c,
tandis que le taux d'augmentation de l'électricité était
de 7.9 p.c. Je ne peux pas vous dire...
M. JORON: Quel effet cela a-t-il?
M. FOURNIER: ... quel effet pourrait avoir une diminution du taux.
M. JORON: Si c'était de 1.5 p.c. depuis une vingtaine
d'années, c'est 0.3 p.c. ou 0.4 p.c. à l'heure actuelle. C'est
une jolie différence. On parle de 1 contre 3; ça va
sûrement avoir un effet.
Pour enchaîner avec la question de M. Saint-Pierre, le secteur
commercial est directement lié aussi à la population desservie.
Le secteur industriel, peut-être dans une mesure moindre; là, j'en
conviendrais. Mais le secteur commercial a quand même une relation
très directe avec la population desservie.
M. SAINT-PIERRE: Je ne sais pas si quelqu'un peut commenter. Je pense
que la plupart des pays européens n'ont aucune croissance de population.
Effectivement, il y en a plusieurs qui sont en décroissance, mais il y
a, quand même, croissance des besoins d'électricité, ce qui
reflète des besoins plus sophistiqués des consommateurs, plus de
transactions entre les parties et plus d'activités
extérieures.
M. JORON: A cause de l'industrialisation accélérée
qui s'est faite en Europe de l'Ouest depuis la fin de la guerre, cela va de
soi.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, mais est-ce qu'on ne pourrait pas dire que
le Québec, avec un taux de croissance de son PNB de 9.5 p.c.
prévu pour cette année, qui est le plus haut de tous les pays
industrialisés, sauf le Brésil et le Japon, et qui reflète
un changement dans sa structure industrielle beaucoup plus grand que dans
certains pays européens, serait beaucoup plus influencé par
cela?
En d'autres termes, si on prend un pays comme la France, est-ce qu'il y
a réellement des changements, une accélération de
l'industrialisation? Je pense qu'elle est moins forte que ce qu'on a au
Québec actuellement.
M. BOYD: On pourrait peut-être ajouter qu'au point de vue
résidentiel, l'accroissement de la demande est beaucoup plus
relié aux revenus disponibles des individus qu'à l'augmentation
de la population. Cela se reflète aussi dans la consommation moyenne des
abonnés domiciliaires, qui augmente dans certaines régions au
rythme de 25 p.c. et 30 p.c.
Si vous prenez un territoire comme la Gaspésie, depuis que les
gens ont des revenus plus considérables même s'ils ne sont
pas encore ce qu'ils voudraient, c'est quand même mieux qu'en 1960 ou
1963 le taux de consommation a augmenté de 20 p.c. à 25
p.c.
M. JORON: Cela traduit la pénétration des appareils
électriques dans les ménages. Il arrive un moment où on
atteint, quand même, une certaine saturation. Je pense que, quand on fait
des taux de croissance semblables, il faut se poser cette question-là: A
quel moment le taux de saturation est-il arrivé?
Quand 99 p.c. des domiciles auront par exemple la sécheuse, la
laveuse, le réfrigérateur, etc? Il arrive quand même
à un certain point de saturation. Il faudrait savoir à quel point
on est rendu au Québec dans cette accélération-là,
savoir quand même, avoir...
M. BOYD: On n'est pas rendu très loin, M. Joron. D'ailleurs les
chiffres qu'on emploie dans nos projections sont même conservateurs par
rapport à ceux qu'emploient les utilités américaines.
Federal Power Commission, qui a fait une étude pour tout l'ensemble des
utilités américaines, prévoit que d'ici 1985-1986, la
même période que la nôtre, leur taux d'accroissement va
être plus grand que celui qu'on emploie.
Même si aux Etats-Unis il y a toujours les gens du Sierra Club et
tous ceux qui s'opposent à l'utilisation de l'énergie et toutes
les campagnes formidables qu'ils font, on ne peut quand même pas mettre
en doute la Federal Power Commission. On a un rapport ici, qui vient de sortir,
qui emploie un taux d'accroissement de charge qui est supérieur à
celui qu'on projette.
M. JORON: Qui est de combien, au fait?
M. GIROUX: C'est 7.9 p.c. ou quelque chose comme ça qu'ils
emploient en comparaison de nos 7.5 p.c.
M. SAINT-PIERRE: Je pense que le député de Gouin
conviendra avec moi que cette possibilité, cette
pénétration maximum qui pourrait survenir, ça touche quand
même seulement 20 p.c. de la demande d'électricité. Je
pense tout à coup à un club de baseball majeur qui s'appelle les
Expos qui, j'en suis certain, a consommé plus
d'électricité dans une saison que peut-être toute la
croissance possible du reste des consommateurs.
Un autre point je pense qui mériterait d'être
souligné, et j'en discutais avec le député de Bellechasse
aussi, c'est cette poussée vers l'urbanisation qu'on prévoit en
1980. Près de 87 p.c. des Québécois vivant dans des
centres urbains impliquent également, par des études
passées, une consommation d'électricité beaucoup plus
grande, per capita, que celle des gens qui vivent dans les centres ruraux. Je
pense que...
M. JORON: Alors on a toujours 80 p.c.
M. SAINT-PIERRE: Pour toutes ces raisons, l'estimation me semble quand
même...
M. PERREAULT: D'ailleurs, M. le président,
je demandais à M. Boyd, ces 20 p.c. de consommation
résidentielle, est-ce que le taux de croissance, en 1971, n'a pas
dépassé 9 p.c?
M. BOYD: Oui, de beaucoup.
M. PERREAULT: En 1971, 9.2 p.c, 9.3 p.c?
M. BOYD : Oui, d'après notre rapport annuel,
présenté la semaine dernière, l'augmentation de la
consommation domiciliaire dépassait 9 p.c, la consommation
résidentielle.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin. Est-ce qu'on pourrait
continuer?
M. BOYD: II n'y a pas d'autres questions sur la croissance?
M. LE PRESIDENT: Je ne crois pas.
M. GIROUX: Les charges nécessaires. Alors il faut
considérer qu'à partir de 1978, il faudra nécessairement
commencer à mettre en service de nouvelles unités de production
à un rythme croissant allant de 1.2 à 2.5 millions de kW par
année jusqu'en 1985. Il faut comprendre que cette puissance dont nous
avons besoin n'est pas toute de même nature. Une partie comprend la
puissance de base, c'est-à-dire celle qui est utilisée presque
continuellement. Une autre comporte surtout la puissance de pointe,
c'est-à-dire qu'elle n'est utilisée qu'à certaines heures
où la demande est à son maximum. Cette distinction sera
très importante quand nous parlerons de la composition d'un programme
d'équipement. Vous trouverez à l'annexe B une série de
définitions plus complètes de toutes ces notions.
Le mode de production possible. Pour décider quel type de
centrale pourrait produire cette électricité à partir de
1978, nous avons d'abord effectué une double évaluation. D'autre
part, nous avons fait le tour d'horizon des techniques de production
disponibles, avec leurs caractéristiques bien distinctes. D'autre part,
nous avons considéré les ressources dont dispose le Québec
dans ces domaines ainsi que les développements futurs
prévisibles. Vous trouverez dans l'annexe "C" une brève
description de ces modes de production avec quelques-uns de leurs avantages et
désavantages respectifs.
Peut-être qu'on pourrait aller directement à l'annexe "C",
les modes de production d'électricité, et à ce
moment-là, débuter...
M. BOYD: Débuter par l'annexe "B".
M. GIROUX: M. De Groot, pouvez-vous donner l'explication de l'annexe
B)?
M. LE PRESIDENT: M. Giroux, il semble y avoir, pour des membres de la
commission, de la difficulté à vous entendre; pourriez-vous
approcher du micro un peu?
M. DE GROOT: M. Le Président, les membres de la commission, je
vais faire quelques brefs commentaires sur l'annexe B), sur les
définitions. Toute analyse s'appuie généralement sur un
ensemble de contraintes, de critères, de définitions qui forment
ce qu'on pourrait intituler le contexte sans lequel un chiffre, un mot ou une
phrase peut conduire à de multiples interprétations et semer la
confusion.
Afin d'éviter ce genre de choses et de faire un peu de
lumière sur ce fameux contexte des analyses qui conduisent au choix d'un
programme d'équipement, nous tentons maintenant de définir les
termes qu'il est nécessaire de comprendre afin d'expliquer deux grandes
questions. La première est: Pourquoi est-il nécessaire de
comparer des programmes d'équipement plutôt que des projets
individuels? La deuxième est: Comment s'effectue la comparaison entre
plusieurs programmes d'équipement?
Au sujet de la première question, je vais d'abord définir
un programme d'équipement. C'est simplement un ensemble de projets
individuels constitués de centrales, de lignes et de postes qui sont
échelonnés sur une période de temps de façon
à répondre à l'accroissement de la demande. L'objet d'un
bon programme d'équipement est évidemment de marier le produit et
la demande en tenant compte de certaines contraintes et, bien entendu, au
coût le plus bas possible.
Je voudrais, très rapidement, passer aux caractéristiques
du produit. Le produit d'un programme d'équipement, comme il a
déjà été mentionné par M. Fournier et par le
président de l'Hydro-Québec, se mesure en kWh. Pour fournir cette
énergie, on a recours à de la puissance que l'on mesure en kW.
Une puissance de 1 kW qui fonctionne pendant une heure fournit 1 kWh
d'énergie. Ainsi, comme pour une centrale électrique, un moteur a
un certain potentiel de puissance et ce potentiel est de 200 chevaux-vapeur,
par exemple. Dans notre vocabulaire, nous dirions que l'auto a une puissance
installée de 149 kW. Ce potentiel n'est pas toujours utilisé
complètement car l'auto ne roule pas continuellement à la vitesse
de pointe mais il doit être disponible car il ne peut être
emmagasiné.
Pour un réseau électrique, le phénomène est
le même. Lorsque beaucoup de puissance est demandée en même
temps, cette puissance doit être disponible mais, lorsque la demande
diminue, une partie de cette puissance reste inutilisée. Lorsque la
puissance est inutilisée, elle entraîne des coûts mais ne
génère pas de revenu. Il est donc important de tenir compte du
pourcentage d'utilisation. Une pièce d'équipement qui doit
fonctionner tout le temps à pleine capacité, donc avec un facteur
d'utilisation de 100 p.c, devrait avoir des caractéristiques
différentes d'une autre pièce dont le facteur d'utilisation
serait 50 p.c.
Comme nous le verrons, les caractéristiques de la demande sont
telles que toutes les nouvelles centrales ne peuvent pas avoir le même
facteur d'utilisation. Certaines doivent fonctionner en pointe, comme M. Giroux
l'a dit, d'autres en base, d'où la nécessité de comparer
plusieurs projets à l'intérieur d'un même programme.
Rapidement, quelques notes sur les caractéristiques de la
demande. Je m'excuse encore de certaines répétitions mais je
crois que, comme ces termes vont se reproduire dans les rapports
d'ingénieurs-conseils et dans les rapports de l'Hydro-Québec, il
est utile qu'on fasse un effort pour bien les définir.
En ce qui concerne, donc, les caractéristiques de la demande,
plus il y a d'appareils qui sont branchés ou qui démarrent
ensemble, plus il y a de puissance qui est demandée sur le
réseau. Ce phénomène est désigné comme un
appel de puissance. A l'intérieur d'une journée, les
caractéristiques de la consommation sont telles que cet appel de
puissance varie d'heure en heure. Il y a des variations également
hebdomadaires, mensuelles et entre les années.
Dans la pointe journalière, les deux sommets sont appelés
des pointes. Ces pointes ne durent pas longtemps et doivent être fournies
par certains types d'équipements compatibles avec un faible facteur
d'utilisation. Aussi, il y a un niveau de puissance en-dessous duquel l'appel
ne descend pas. On désigne ce niveau comme la base, qui exige des
équipements compatibles avec un facteur d'utilisation
élevé car ils doivent fonctionner une grande partie du temps.
Enfin, quelques notes sur les contraintes qu'un programme
d'équipement doit respecter. Dans ses grandes lignes, l'exploitation
peut être définie comme les opérations qui permettent
d'avoir disponible, en tout temps et dans de bonnes conditions d'utilisation,
l'énergie électrique dont le client a besoin.
Ceci, évidemment, amène notamment la notion de
réserve. Cette notion, j'insiste dessus parce qu'un coût
s'applique sur la réserve. Ce coût n'est pas nécessairement
inclus dans des études de manufacturiers et c'est un des
éléments qui, dans les comparaisons, amène à des
confusions. Ceci couvre donc la réserve.
Je crois devoir encore dire quelques mots sur la comparaison entre les
programmes d'équipement. Une des complications, un des problèmes
compliqués avec la comparaison des programmes d'équipement est la
longévité différente de certains modes de production
d'électricité. Une centrale hydro-électrique peut avoir
une vie de 50 à 60 ans alors que le nucléaire peut avoir une vie
de 25 à 30 ans. La comparaison économique de la production par
ces deux différents modes requiert des ajustements qui sont importants
et les techniques utilisées introduisent la notion de
réinvestissement et de valeurs résiduaires.
Le problème parait compliqué mais il n'est pas
différent du problème d'acheter un pneu qui fait 20,000 milles
dans un cas et dans l'autre un pneu qui est capable de faire 40,000 milles.
C'est à peu près le même problème.
Enfin, dans le domaine des coûts, très rapidement, il est
important de noter qu'il faut considérer non seulement des coûts
d'investissement, mais les coûts d'exploitation.
Si on prend deux camions de spécifications égales à
coût égal, le choix sera probablement du camion qui a les frais
d'exploitation les plus bas.
Donc, en faisant un choix d'investissement ou en faisant un achat, le
problème est le même. On doit considérer les deux genres de
coûts.
Finalement, sur les coûts encore, dans nos termes, les coûts
de construction s'expriment; en dollars par kW. Les coûts d'exploitation
s'expriment en mills par kWh. J'insiste beaucoup sur le fait que comparer des
programmes seulement sur la base des dollars par kW équivaut à ne
considérer que les coûts de construction et peut conduire à
de mauvaises interprétations.
M. SAINT-PIERRE: Mais ceux qui porteraient un jugement sur cette base,
comment les qualifiez-vous? Cela m'a surpris. Je pense que les membres de cette
commission ont entendu, en fin de semaine, une manchette de Radio-Canada dans
laquelle on a dit: La baie James est une aberration puisque le coût du kW
installé est de X, le nucléaire serait tant et l'autre serait
tant. Cela a fait les manchettes aux nouvelles de Radio-Canada. C'est un
professeur de l'université de Toronto. Comment prenez-vous un tel
jugement?
M. GIROUX: J'ai remarqué qu'il n'était pas trop trop
précis. Pour en venir entre $200 et $400, pour ma part je pense qu'il
n'a pas travaillé fort pour les calculs.
M. SAINT-PIERRE: II ne tenait pas compte des frais d'exploitation
à long terme.
M. GIROUX: II ne tenait compte de rien. Il faisait un discours.
M. SAINT-PIERRE: Mais il a défrayé les manchettes. Si je
comprends votre exemple, vous nous dites de nous méfier des gens qui
prétendent qu'au lieu d'acheter je vais faire un peu d'annonce
commerciale un pneu Michelin il est préférable d'acheter
un pneu à $14.35. Ce sont des gens qui peuvent nous donner de mauvais
conseils.
M. LOUBIER: Cela dépend de votre capacité de payer.
M. JORON: Cela dépend de ce que vous pouvez faire d'autre avec
l'argent que vous avez de disponible aussi.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse.
M. DE GROOT: Je vous en prie. Donc, j'en viens à la conclusion
qu'il faut considérer tous ces coûts, ce qui amène, bien
entendu, la notion d'inflation et d'actualisation. Ces notions sont
expliquées dans ce texte. Je ne crois pas nécessaire de les
reprendre. D'ailleurs, un de mes collaborateurs ici est un expert dans la
question. Il sera très content de répondre à n'importe
quelle question qui puisse exister sur le domaine de l'inflation et de
l'actualisation.
Nous en arrivons, en fait, du point de vue économique bien
entendu, à une comparaison entre formes de production qui se fait sur un
programme d'équipement, sur la base du coût de l'énergie
livrée actualisée. Nous pensons que c'est la notion, du point de
vue économique, qui est la plus exacte.
Je m'excuse d'avoir été aussi long. Nous pensons que ces
définitions sont nécessaires. Tout au moins, j'espère
qu'elles seront utiles et qu'elles aideront à éclaircir,
clarifier les nombreuses informations qui seront données et surtout
mieux comprendre et discuter le choix de programmes d'équipement.
M. LE PRESIDENT (Harvey, Chauveau): Alors, si les membres de la
commission veulent poser des questions. L'honorable député de
Bellechasse.
M. LOUBIER: J'aurais deux ou trois questions, pour essayer
d'améliorer mon aspect profane de la perception de tous ces
problèmes et toutes ces données que vous avez
présentés. A la page 7, sous la rubrique "En tout temps", les
délais de construction.
Entre le moment où l'on décide qu'il faut une nouvelle
centrale et le moment où cette centra produira de
l'électricité, il s'écoule entre six et dix ans. A ce
moment-là, est-ce que pour une centrale thermique ou une centrale
hydroélectrique ou une centrale nucléaire que c'est la
période moyenne de construction ou de mise en marche et en production? A
la page 7.
M. CAHILL: Le temps de construction, pour une centrale thermique, est de
l'ordre de cinq ans.
M. LOUBIER: Oui.
M. CAHILL: A partir du moment où on prend la décision de
construire une centrale thermique, on fait la recherche du terrain et on fait
les différentes études. On peut tabler, peut-être, sur huit
ans, lorsqu'on ne connaît pas l'emplacement où la centrale sera
construite.
M. LOUBIER: Oui.
M. CAHILL: C'est plus sûr. Pour une centrale
hydro-électrique, cela dépend, évidemment, à quel
stade on est rendu dans les études et quel est le temps de construction
de ce projet. Il y a différentes périodes de construction pour
différentes centrales hydro-électriques.
M. LOUBIER: Oui.
M. CAHILL: Cela peut varier, pour une centrale hydro-électrique,
entre quatre à six ans, disons...
M. LOUBIER: Oui.
M. CAHILL: ... pour donner un ordre de grandeur.
M. LOUBIER: Très bien. Et, pour une centrale nucléaire,
est-ce que vous avez des statistiques américaines qui pourraient nous
donner au moins une certaine idée?
M. CAHILL: Nous pouvons parler en termes de six ans, si vous
voulez...
M. LOUBIER: En termes de six ans.
M. CAHILL: ... pour le temps de construction et de mise en route, le
service commercial. Vous pouvez entendre des chiffres qui varieront d'un an ou
deux ans. Pour nettoyer les pépins, avoir une mise en service commercial
réelle et pour que l'équipement produise un facteur d'utilisation
de 80 p.c. à 90 p.c, dans le cas de centrales thermiques, cela peut
prendre peut-être six mois; dans le cas de centrales nucléaires,
cela peut prendre de six mois à un an et demi, enfin.
M. LOUBIER: La durée de production efficace d'une centrale
nucléaire, on a dit, tout à l'heure, que cela se situait entre 25
et 30 ans. S'il s'agissait d'une centrale hydro-électrique, on a dit que
sa vie, littéralement, variait entre 40 et 50 ans. Est-ce ça?
M. CAHILL: On dit 50 ans pour les fins de calcul, si vous voulez. Mais
il y a des centrales hydro-électriques qui ont 60 ans et qui produisent
toujours, comme la centrale des Cèdres, par exemple, sur le
Saint-Laurent.
M. LOUBIER: Oui. Mais c'est prouvé que, s'il s'agit d'une
centrale nucléaire, sa durée de production efficace serait de
l'ordre de 25 à 30 ans.
M. CAHILL: II n'y a peut-être pas de preuve définitive,
parce...
M. LOUBIER: Non.
M. CAHILL: ... que, présentement, il n'y a pas de centrale
nucléaire commerciale, si l'on peut dire, qui est âgée de
30 ans.
M. LOUBIER: Oui.
M. CAHILL: Mais c'est ce qu'on prévoit. Certains groupes
prévoient 25 ans et certains autres groupes prévoiront 30 ans.
C'est un peu, je ne sais pas si on peut dire, fictif.
M. SAINT-PIERRE: C'est un chiffre utilisé par à peu
près tous ceux qui se penchent sur le problème.
M. CAHILL: De 25 à 30 ans.
M. LAURIN: Sur quoi base-t-on ces viabilités en ce qui concerne
la nucléaire et le thermique, par exemple?
M. CAHILL: Je crois qu'on table sur la vétusté de
l'équipement qui demandera trop de réparations, à un
moment donné. Dans le cas du réacteur, je crois qu'on ne peut
plus se servir des matériaux à cause des radiations.
M. LAURIN: Dans des centrales qui atteignent l'âge de 30 ans,
est-ce qu'on a constaté ces facteurs dont vous parlez?
M. CAHILL: Dans le cas des centrales nucléaires, je ne pourrais
pas dire.
M. LAURIN: Non, mais dans celles qui s'approchent le plus de la
trentaine d'années, est-ce qu'on a noté ces choses?
M. JORON: En Angleterre, il y en a qui ont...
M. LAURIN: Vingt ans.
M. LOUBIER: Dix-sept ans dans le plus.
M. SAINT-PIERRE: Les premières, en Angleterre, ont
été...
M. JORON: En 1952.
M. SAINT-PIERRE: ... en 1952?
M. LOUBIER: Cela fait 17 ans, je pense, en Angleterre.
M. CAHILL: Je ne saurais pas vous le dire, de mémoire.
M. LE PRESIDENT: Sur le même sujet, le député
d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: Dans l'annexe, vous dites que les centrales
hydro-électriques pour revenir à la question du
député de Bellechasse peuvent durer 50 ans, tandis qu'une
station nucléaire peut durer 30 ans avant d'être remplacée.
Est-ce que le coût de réaménagement d'une centrale
hydro-électrique par rapport au coût de
réaménagement d'une centrale thermique est bien différent
ou s'il est à peu près comparable, pour suivre l'explication que
vous avez donnée tout le long?
M. CAHILL: Bien le coût pour construire une centrale...
M. TETRAULT: Non, pas la construction. Pour remplacer
l'équipement à l'intérieur pour le bon fonctionnement de
la centrale.
M. CAHILL: On n'emploiera plus la même centrale.
M. TETRAULT: La centrale, après cinquante ans...
M. CAHILL: Quelle centrale voulez-vous dire?
M. TETRAULT: Vous avez dit qu'il y a des centrales
hydro-électriques pour une période de cinquante années,
tandis qu'une centrale nucléaire dure une période estimée
à trente ans, avant que le remplacement se fasse.
M. CAHILL : Les centrales hydro-électriques que je connais,
à l'Hydro-Québec, et que nous avons abandonnées, nous ne
les avons pas reconstruites. J'ai en tête, par exemple, Chambly, qui
était une centrale de 2,000 ou 3,000 kilowatts, qu'il n'était pas
économique de remplacer. On l'a tout simplement détruite. Il y a
quelques autres centrales du même genre, que nous avons
détruites.
M. JORON: ... dans trente ans. On abandonne tout, le barrage inclus ou
quoi?
M. CAHILL: Ecoutez, dans trente ans, c'est assez difficile.
M. JORON: On refait un autre barrage ou si on change seulement les
turbines.
M. CAHILL : Changer les turbines, c'est relativement facile.
Probablement qu'on changera les turbines.
M. JORON: Les turbines, cela a une vie de combien de temps?
M. CAHILL: Je ne sais pas si vous avez mentionné trente ans pour
l'hydraulique mais on se base toujours sur une vie de cinquante ans pour
l'hydraulique.
M. JORON: Non. J'ai dit dans trente ans, à Beauharnois, parce que
cela existe déjà depuis une trentaine d'années au
moins.
M. CAHILL: C'est ce que j'avais compris. C'est bien cela. A Beauharnois,
nous remplacerions les turbines, comme question de fait. Les alternateurs se
remplacent assez facilement. Je pourrais prévoir qu'il y aurait
possibilité de faire tenir le barrage encore pendant longtemps.
M. JORON: Ce que je veux dire, c'est que dans une centrale
hydro-électrique, il n'y a rien qui se remplace, même pas les
turbines, en moyenne, avant une cinquantaine d'années.
M. CAHILL: C'est cela.
M. JORON: Le barrage lui-même, comme tel, comme masse de ciment,
est-ce que cela a une vie limitée?
M. CAHILL: S'il est entretenu régulièrement, si on corrige
les infiltrations qui se font soit à travers le barrage, soit en-dessous
du barrage, il peut durer très longtemps. Il y a une certaine
inclinaison du barrage, oui, mais cette inclinaison n'est pas dangereuse et
n'augmente pas appréciablement avec le temps.
M. LOUBIER: Pourriez-vous nous établir le coût de
construction, avec la même production énergétique, d'une
centrale nucléaire, pour la même production
énergétique qu'une centrale hydro-électrique? Est-ce
possible d'établir cela?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je ne sais pas si on veut
immédiatement aborder la question des coûts je n'ai pas
d'objection mais je pense qu'un peu plus tard, les gens de
l'Hydro-Québec...
M. CAHILL: Nous pourrions peut-être traiter de ce sujet plus tard,
si cela vous convient.
M. LOUBIER: D'accord.
M. LAURIN: Une dernière question, M. le Président, sur la
viabilité des centrales nucléaires. Etant donné que les
premières centrales ont été construites d'une façon
expérimentale et que les procédés se sont
considérablement améliorés depuis, j'imagine, est-ce que
le taux de viabilité des centrales nucléaires tend à
s'accroître, avec les années?
M. CAHILL : Le taux de fiabilité?
M. LAURIN: De viabilité. Est-ce que la longévité
tend à s'accroître avec les années, au fur et à
mesure que la technologie s'améliore?
M. BOYD: La meilleure réponse à cela, M. Laurin, c'est que
les experts canadiens en énergie nucléaire et les experts qui
s'occupent de la même chose, aux Etats-Unis, ne veulent pas risquer des
chiffres de plus de 25 ou 30 ans de service. Les compagnies qui en fabriquent
aux Etats-Unis emploient les mêmes chiffres, soit 25 ou 30 ans.
Comme l'expliquait M. Cahill, les matériaux qui entrent
là-dedans sont soumis à toutes sortes de réactions. Ils
considèrent qu'il serait trop dangereux de les prolonger.
M. LAURIN: Quels étaient les chiffres de viabilité qu'on
utilisait il y a quelques années? Est-ce que c'était moins que 30
ans, moins que 25 ans?
M. BOYD: Je pense que cela diminue plutôt. Les renseignements
qu'on obtient des experts en énergie nucléaire, c'est qu'ils ont
diminué de quelques années, dernièrement, la
longévité des centrales nucléaires.
M. LAURIN: Quand on dit qu'une centrale nucléaire a 25 ou 30 ans
de longévité, est-ce que cela veut dire que lorsqu'on a à
la remplacer, on peut remplacer seulement certains aspects comme on le fait,
par exemple, pour les turbines dans le cas de centrales
hydro-électriques ou s'il faut les abandonner complètement?
M. BOYD : Certainement que le réacteur nucléaire serait
remplacé. Il se peut que les turbines puissent être maintenues. Il
y a certaines parties, je suppose. Là, nous sommes devant une
hypothèse assez avancée. Ce n'est pas tellement prudent de
s'avancer là-dedans.
Mais, dans tous les calculs qui sont faits, ici aussi bien qu'ailleurs,
les experts que nous avons consultés nous-mêmes se basent sur 30
ans de vie.
M. LOUBIER : Si vous me permettez, dans le domaine des centrales
hydro-électriques vous vous basez sur des expériences ou des
faits précis, tandis que sur la longévité ou la
durabili-té des centrales nucléaires, il est impossible d'avoir
un exemple, puisque c'est depuis à peine 15 ou 20 ans que c'est en
marche. Est-ce que c'est la raison fondamentale?
M. GAUVREAU: Je pense qu'on oublie qu'une centrale nucléaire,
c'est aussi une centrale thermique. On connaît beaucoup des centrales
avec chaleur, avec des turbines et de la tuyauterie. On a des tas de centrales
thermiques dans le monde et on n'a jamais eu beaucoup plus de 30 à 35
ans pour ces centrales. Dans une centrale nucléaire, aujourd'hui, une
bonne partie de la transformation de la chaleur, de la transmission, de la
fabrication d'électricité, c'est la même chose que dans une
centrale thermique traditionnelle.
Ce qu'on connaît le moins, c'est le réacteur.
Là-dessus, je pense que nous pourrions peut-être demander à
notre spécialiste, M. Cloutier, si un réacteur a des chances de
vivre plus longtemps qu'une chaudière classique.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: Pour fabriquer de l'électricité à
partir du réacteur nucléaire vous alimentez habituellement le
réacteur avec de l'eau lourde?
M. BOYD: Cela dépend si vous employez le système canadien
ou le système américain. Dans le système canadien, on
emploie l'eau lourde, oui. L'eau lourde sert à modérer les
réactions.
M. SAINT-GERMAIN: Dans le système canadien, c'est l'eau lourde
habituellement?
M. BOYD: Oui.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce qu'il y a des difficultés actuellement
à s'approvisionner en eau lourde?
M. BOYD : Actuellement, l'eau lourde est en grande demande et, au
Canada, elle est très rare. Je pense que nous avons mentionné
dans notre rapport annuel la semaine dernière que l'eau lourde de
Gentilly, l'AECL, qui en est le propriétaire, nous en a demandé
l'usage ailleurs pour un certain nombre de mois afin de l'utiliser à
d'autres fins.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
M. LAURIN : Est-ce que nous pourrions avoir la réponse de M.
Cloutier dont vous parliez tout à l'heure?
M. LE PRESIDENT: En attendant la réponse, le député
de Saguenay.
M. LESSARD : Je désirerais savoir si, dans le choix entre
plusieurs programmes d'équipement, le facteur diversification des
sources d'énergie, est un facteur important parmi les contraintes.
M. LE PRESIDENT: On a interchangé entre-temps.
M. SAINT-PIERRE: Cette dernière question est un peu comme la
question posée par le député de Jacques-Cartier. Je pense
que dans les annexes données par l'Hydro-Québec, on va
étape par étape et, ici on tente d'en sauter.
M. LESSARD: C'est que le ministre a vu les annexes.
M. SAINT-PIERRE: Vous les avez vous aussi, les annexes. Moi, je les ai
eues aujourd'hui.
M. LESSARD: Cela a été déposé seulement ce
soir.
M. SAINT-PIERRE: Vous voyez que nous ne sommes pas cachottiers, j'ai eu
ça à onze heures ce matin.
M. LESSARD: Nous, ça a été ce soir.
M. SAINT-PIERRE: Je pense qu'en dehors...
M. LESSARD: II y a quand même un certain nombre de
contraintes.
M. SAINT-PIERRE: Mais elles sont dans l'annexe.
M. GIROUX: Une question directe a été posée
à M. Cloutier. Il pourra expliquer ça. Après, on
continuera à exposer et au fur et à mesure des annexes nous
aurons tout le personnel nécessaire pour donner les explications.
M. CLOUTIER: Est-ce qu'il serait possible de poser la question
clairement?
M. LAURIN : Sur quels critères est basée la
longévité des centrales nucléaires? Quand on a à
remplacer une centrale nucléaire, est-ce qu'on peut ne remplacer que
quelques-unes de ses parties?
M. CLOUTIER: Je pense que quand il s'agit de remplacer les centrales
nucléaires, la partie la plus délicate, celle qui est sujette
à tomber en panne le plus rapidement, c'est la partie du réacteur
lui-même où se trouve le niveau de radioactivité le plus
élevé qui risque d'affecter en particulier la structure des
matériaux à l'intérieur même du réacteur. On
a mentionné tout à l'heure que du côté des centrales
thermiques, il y a déjà une très grande expérience
qui existe. Là-dessus, on a déjà des vies établies
de l'ordre de 30 ans, 35 ans.
Au niveau du réacteur nucléaire lui-même on n'a pas
encore pu l'établir définitivement; on n'a pas une
expérience acquise dans ce domaine-là comme dans les autres
domaines. Mais on peut prévoir, justement à cause de ces
phénomènes de radio-activité, que ça sera
peut-être la première partie qui va apporter les problèmes
de fonctionnement.
Alors, il y a déjà, je pense, certains réacteurs
qui sont en activité depuis 15 à 20 ans; 20 ans c'est
peut-être le maximum, je n'ai pas les chiffres exacts. On a
déjà observé des défauts de matériaux, des
défauts de structure et dans certains cas, on a déjà
réduit le taux de fonctionnement du réacteur de façon
à prolonger sa vie.
Je pense qu'il faudra attendre encore un certain nombre d'années
avant d'établir de façon plus précise la vie des
réacteurs eux-mêmes, du noyau du réacteur. Il faut dire
également qu'il y a plusieurs types de réacteurs. Il y en a qui
ont des niveaux de radioactivité qui varient d'un type de
réacteur à l'autre et là encore il y a des
expériences à acquérir avec le temps. Quand les gens sont
prêts à vendre des réacteurs en assurant des vies de 25 ans
à 30 ans, je pense que c'est le maximum qu'on peut espérer dans
le moment. Cela pourra changer.
M. LE PRESIDENT: Je reviens au député de Saguenay.
M. LESSARD: On me dit que tout à l'heure nous aurons à
discuter de ça.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce. M. ROY (Beauce):
Puisque qu'on parle un
peu trop de centrales thermiques, de centrales nucléaires
surtout, comparativement au coût de l'électricité, j'aurais
une question à poser; je m'excuse d'avance, je vais être
très direct. En supposant que le coût de production serait
exactement le même, compte tenu du fait que nous avons chez nous au
Québec à l'heure actuelle toutes les rivières, toutes les
ressources possibles et compte tenu des difficultés que pourrait
entraîner l'importation de l'eau lourde, qu'est-ce que
l'Hydro-Québec, la Société de développement de la
baie James, ou la Société d'énergie recommanderait au
gouvernement, en supposant que ça coûte le même prix?
Qu'est-ce qui serait le plus avantageux pour le Québec?
M. GIROUX: Nous prendrions l'hydraulique, c'est positif. Vous allez
voir, les recommandations vont venir au fur et à mesure de
l'exposé.
M. BOYD: Je pense, M. Giroux, qu'en deux minutes on peut
répondre: A coût égal les retombées
économiques sont plus grandes pour l'hydraulique; donc, on irait
à l'hydraulique. Deuxièmement, l'hydraulique nous permet d'ouvrir
un territoire tout à fait nouveau. C'est encore une retombée
économique; c'est définitif qu'à coût égal on
irait à l'hydraulique.
M. LE PRESIDENT: Je reviens donc à M. Giroux, je pense que vous
étiez en train de nous donner des informations.
Choix de l'énergie hydraulique
M. GIROUX: Dans les ressources, comme choix de l'énergie
hydraulique vous avez pu le constater à l'annexe, nous avons toute une
gamme de techniques à notre disposition. Voyons maintenant
vis-à-vis de ces techniques quelles sont les ressources dont nous
pouvons disposer au Québec. Pour produire de l'énergie thermique
classique, il faut du combustible. Malheureusement, le Québec ne
possède pas de ressources substantielles connues de combustibles requis
pour les centrales thermiques: le charbon, le pétrole, le gaz naturel.
Il faut donc importer et, dans le contexte énergétique mondial
actuel, la ressource la plus économique serait de l'huile
résiduelle. Une telle source est naturellement sujette à des
incertitudes et d'autres problèmes comme la sécurité des
approvisionnements et l'accroissement accéléré des
coûts sur le marché mondial.
Du côté hydraulique, le Québec possède
d'immenses ressources. Depuis longtemps des études sont faites pour
inventorier, explorer et évaluer ce potentiel. Tel qu'illustré
à l'annexe "C" on évalue à plus de 30 millions de kW le
potentiel hydro-électrique non aménagé sur les
rivières importantes dans la province. On ne peut cependant pas conclure
à l'avance que tout ce potentiel est économiquement utilisable.
Chaque rivière ou ensemble de rivières constitue un cas
particulier, compte tenu de ses caracté- ristiques et de son
éloignement des centres de consommation.
C'est pour cette raison que nous procédons continuellement
à des études et des relevés pour mieux connaître la
situation. Ces études convergent naturellement d'abord vers les
rivières qui, selon les apparences, semblent être plus
prometteuses comme prochaine étape d'aménagement. Depuis
plusieurs années, nous accumulons des renseignements sur les
différents bassins comme ceux de la Côte-Nord, du Saint-Maurice,
du Lac-Saint-Jean, de la baie James. Nous étudions aussi divers sites de
centrales à réserve pompée.
Au cours des dernières années, nous avons concentré
nos études du côté de la baie James, en particulier sur les
rivières Nottaway, Broad-back, Rupert, Eastmain et La Grande.
Déjà l'an dernier, nous avons présenté à
cette assemblée des rapports décrivant les possibilités
d'aménagement pour les rivières de la baie James; ces rapports
étaient suffisamment concluants pour nous amener, vous le savez,
à recommander le début des travaux dans cette région.
Toutefois, comme nous l'avons alors souligné, il fallait poursuivre nos
études pour mieux évaluer les possibilités et
décider des meilleures variantes d'aménagement tout en nous
tenant continuellement en état de comparer avec les autres modes de
production.
En ce sens, nous avons reçu de divers bureaux de
génie-conseil et de notre direction générale de
génie des études élaborant des propositions de variantes
bien définies d'aménagement à la baie James. En même
temps que d'autres études sur les modes nucléaires et thermiques,
ces propositions nous ont servi à élaborer plusieurs
possibilités de programmes complets d'équipement que nous avons
ensuite pu comparer.
L'établissement des programmes d'équipement. Voici un
point que je voudrais maintenant exposer le mieux possible. Nous devons
comparer des programmes d'équipement complets et non pas seulement des
projets individuels.
Quand on affirme que l'hydraulique est plus rentable que le
nucléaire ou vice versa, on ne fait qu'un énoncé
incomplet. D'abord, on ne peut parler du "coût de l'hydraulique" comme
tel puisque chaque projet comporte des installations dont le coût varie
énormément.
Ensuite, il ne s'agit pas pour l'Hydro-Québec de faire "du
thermique" ou de faire "du nucléaire"; il s'agit de choisir un ensemble
de projets parmi divers modes de production disponibles. Cet ensemble sera
conçu pour répondre à notre calendrier précis de
besoins d'année en année, tenant compte de facteurs comme la
puissance de base et de pointe. Le programme d'équipement est
affecté par toutes sortes de contraintes comme la stabilité
électrique du réseau, l'état futur du réseau, les
conditions hydrologiques, la fiabilité de l'ensemble, les durées
de construction, etc. Il s'agit donc d'un problème beaucoup plus vaste
que la
simple comparaison d'un projet nucléaire avec un projet
hydro-électrique. Vous trouverez, à l'annexe "D", un
exposé plus complet de la façon dont un programme est
élaboré et des contraintes qu'il faut respecter.
Les programmes que nous avons retenus pour fins de comparaison incluent
une ou plusieurs des grandes variantes du projet de la baie James, avec des
centrales de pointe intercalées, en plus de divers
éléments thermiques ou nucléaires. D'autres sont plus
fortement axés sur des centrales nucléaires canadiennes ou
américaines, d'autres sont surtout thermiques classiques avec de plus
petits projets hydrauliques. Tous tendent à répondre à un
besoin nouveau de 15 millions de kW entre 1978 et 1985 selon les demandes de
base et de pointe prévues. Il existe donc toute une
variété de programmes possibles et le problème consiste
à bien comparer ces programmes entre eux.
Méthode de choix entre divers programmes. Notre premier
critère de choix, tel que le prescrit la loi, c'est évidemment de
choisir le programme le plus économique pour faire face à la
demande. Après le calcul des coûts, nous évaluons
également des facteurs comme les problèmes de financement, les
répercussions sociales, l'environnement ainsi que les effets sur
l'économie du Québec.
Considérons d'abord les coûts. Le critère qui compte
vraiment c'est le coût de l'énergie qui sera consommée et
non pas seulement le coût de construction. En effet, c'est vraiment le
coût de l'énergie qui se reflétera sur nos tarifs. Ce
coût résulte des effets combinés des dépenses de
construction, des intérêts et des frais d'exploitation. Dans le
cas du thermique classique, une partie très importante du coût de
l'énergie est le coût de combustible. Nous devons tenir compte
dans ce calcul des effets de l'inflation et aussi de la vie plus ou moins
longue que l'on peut prévoir pour chaque type d'installation.
Pour ce qui est de la méthode précise de calcul du
coût d'un programme, elle est conforme aux règles de l'analyse de
rentabilité telles qu'utilisées universellement par les
spécialistes en ce domaine. Vous trouverez des détails aux
annexes B) et D).
Examinons maintenant les sources de renseignements pour les coûts
de base utilisés dans ces calculs. Dans le cas du projet de la baie
James, les études récemment complétées par deux
firmes de génie-conseil et la direction générale de
génie de l'Hydro-Québec ont servi à déterminer les
estimations de base. Ces études ont résulté en des
rapports complets et détaillés.
Notre souci d'obtenir des coûts réalistes nous a conduits
à retenir les services d'un firme indépendante des
premières pour effectuer une synthèse des résultats
obtenus et, finalement, une autre firme indépendante pour en faire une
dernière analyse critique et globale. Je parlerai, tout à
l'heure, des chiffres obtenus. Ce que je voulais bien illustrer, c'est que ce
travail nous a menés à des résultats auxquels on peut
avoir confiance.
Quant aux coûts des centrales nucléaires et thermiques
classiques, nous avons eu recours à plusieurs sources que nous avons,
ensuite, pu recouper. Pour le nucléaire canadien, nos chiffres
proviennent de l'Energie atomique du Canada Limitée. Pour le
nucléaire américain et le thermique classique, nous avons
commandé une étude spéciale à une firme
américaine, United Engineers and Constructors Incorporated.
A partir de ces renseignements, il nous a fallu faire une normalisation
qui a permis de ramener le résultat à une même base de
comparaison, en incluant tous les éléments appropriés,
rajustés selon des hypothèses identiques.
De la même façon, à partir d'études et de
renseignements fiables, nous avons évalué les coûts futurs
d'exploitation, la durée des centrales, ainsi que les autres
hypothèses pertinentes. Toutes ces données ont ensuite servi de
base à l'établissement des coûts des programmes
étudiés.
Programme d'équipement choisi. L'Hydro-Québec, à
l'aide de ces options, a élaboré 25 programmes principaux
susceptibles de satisfaire aux besoins. Nous avons ensuite calculé le
coût de chacun de ces programmes pour établir un ordre de
préférences. Nous avons, de plus, étudié l'effet
sur cet ordre de préférences d'une variation de certaines
hypothèses, comme les taux d'intérêt, les coûts de
combustible et les taux d'inflation.
Voici nos conclusions principales: premièrement, les programmes
à prédominance thermique ou nucléaire sont plus
coûteux que les programmes à prédominance hydraulique. Ceci
résulte des facteurs suivants: pour le thermique classique, c'est le
coût élevé du combustible et la vulnérabilité
à l'inflation qui augmente le coût. Le nucléaire, comme
l'hydraulique, coûte cher à construire, mais il coûte plus
cher à exploiter. Le thermique et le nucléaire durent moins
longtemps que l'hydraulique et leur degré de fiabilité moindre
nous impose des investissements supplémentaires en équipement de
réserve.
L'hydraulique s'avère donc plus avantageux. C'est pourquoi nos
efforts doivent porter sur l'aménagement du potentiel hydraulique de la
baie James pour alimenter la grande majorité des besoins du
Québec. Nous répétons, cette année, avec plus de
précision ce que nous avions dit l'an passé. Cependant, le choix
d'un programme hydraulique n'empêche pas la construction de centrales
thermiques et nucléaires en quantité moindre durant cette
période.
Pour la période de 1978 à 1985, le programme le plus
avantageux que nous avons trouvé est celui qui implique le complexe de
la baie James, soit le complexe de La Grande, avec début de mise en
service en 1980, en plus de divers autres projets complémentaires.
L'étape suivante, celle du complexe Rupert
(NBRE), reste disponible pour répondre aux besoins
subséquents et la décision définitive à son sujet
devra être prise d'ici quatre ou cinq ans.
Notre programme immédiat devra, à cause de besoins
particuliers, comprendre d'autres éléments. En 1978 et 1979, nous
devrons mettre en service des installations de pointe et de base pour
répondre à des besoins de l'ordre de 2,500 MW. Parmi ces
installations, notre intention est d'inclure un groupe nucléaire de
600MW, tel que proposé, par l'Energie atomique du Canada Limitée,
projet dont les conditions restent à négocier. En plus, nous
construirons certains des projets suivants, tels que Outardes 2, centrales de
pointe soit thermique soit de réserve pompée. Dans le but
d'assurer la stabilité et la fiabilité du réseau, il sera
avantageux d'installer des équipements près des centres de
charges.
Notre choix précis parmi ces options n'est pas encore
déterminé, mais il devra se faire très prochainement dans
certains cas. Enfin, le programme sera équilibré vers 1984-1985
par des groupes de pointe.
A cause des durées prévues de construction, ce qui est
actuellement le plus urgent, c'est de commencer les travaux du complexe La
Grande. Les autres projets du programme démarreront au moment
requis.
Nous avons évalué, de façon globale, le coût
de tout ce programme couvrant les besoins de 1978 à 1985. Il impliquera
des investissements de l'ordre de $7.2 milliards et le coût du complexe
La Grande dans ce programme est de $5.8 milliards. Ces coûts incluent les
frais de transport d'énergie vers les centres du Québec.
Ce genre de programme, je veux bien le préciser maintenant,
constitue un énoncé des grandes lignes directrices selon
lesquelles nous pourrons orienter nos efforts. Il va de soi que nous
poursuivrons des études plus détaillées d'optimalisation
dans le cadre de ce programme.
Nous essaierons également d'être en tout temps prêts
à le modifier en fonction des circonstances nouvelles.
Comme vous le constatez, nous avons jugé plus sage, au
départ, de planifier en fonction de nos propres besoins seulement. Si
des ventes à l'extérieur venaient à se concrétiser,
nous pourrons alors songer à accélérer l'achèvement
de certains projets.
Autres facteurs. En plus de toute cette question de coûts, nous
avons, pour effectuer un choix, tenu compte d'autres facteurs importants.
En premier lieu, on parle de plus en plus des questions d'environnement.
Soyez assurés que l'Hydro-Québec est extrêment consciente
de ses responsabilités dans ce domaine. Nous avons en ce sens
créé chez nous un comité de protection de l'environnement
et nous nous efforçons d'étudier tous les aspects de la
question.
Financement. Sur le plan du financement des programmes, il est important
de s'arrêter à certaines considérations. D'une part, disons
que le nucléaire, surtout le nucléaire canadien, exige, tout
comme l'hydraulique, des investissements initiaux élevés; donc,
ils sont assez comparables sous cet aspect. Le thermique, lui, exige moins
d'investissements au départ mais coûte beaucoup plus cher à
exploiter.
Il se pose donc deux questions principales. D'abord, pourrions-nous
être assurés d'obtenir assez de capitaux pour financer les projets
hydro-électriques ou nucléaires? Ensuite, même si on avait
accès à ces capitaux, ne vaudrait-il pas mieux en utiliser le
minimum pour faire du thermique et utiliser le supplément pour d'autres
investissements?
A la première question, je peux apporter une réponse
affirmative. Il ne faut pas oublier qu'une capacité d'emprunter
résulte d'une capacité de pouvoir rembourser et de payer les
intérêts. La capacité d'emprunt de l'Hydro-Québec
existe â cause de sa réputation sur les marchés financiers,
de ses revenus et de ses avoirs propres qui lui permettent d'autofinancer une
partie de ses projets. C'est donc la stabilité et la solvabilité
de l'Hydro-Québec qui lui assurent une ouverture sur ces marchés
financiers.
Dans les conditions actuelles des marchés financiers et
après une étude de nos besoins et des disponibilités sur
les divers marchés, en plus de nos capacités d'autofinancement,
j'ai pleinement confiance que nous pourrons réunir les capitaux requis.
Mais ceci, à la condition que le mandat total d'ingénierie et de
gérance du projet d'aménagement hydro-électrique de la
baie James soit confié à l'Hydro-Québec. Afin de respecter
les limites budgétaires établies, il faut que la structure de
gérance puisse assurer le contrôle des travaux
d'ingénierie, d'estimation des coûts, d'approvisionnement et
l'exécution des contrats adjugés aux différentes
entreprises. Devant l'ampleur de ce projet, l'Hydro-Québec pourra
s'adjoindre les services d'une firme reconnue dans le domaine de la
gérance de grands projets.
A cause de l'importance des aménagements hydro-électriques
à réaliser et des capitaux à être investis dans le
territoire de la baie James et les autres territoires avoisinants
touchés par le projet, et â cause des garanties qui devront
être données pour assurer le financement de ce dernier, il est
essentiel que la Société d'énergie de la baie James ou
l'Hydro-Québec, selon le cas, si c'est en dehors du territoire,
détienne, avant le début des travaux, tous les droits
nécessaires pour assurer la réalisation complète de tout
le complexe.
Ces droits devront comprendre notamment la concession des droits de
propriété sur tous les biens immobiliers requis pour la
construction des centrales, barrages, digues, déversoirs, postes de
transformation et de communications, chemin d'accès et autres ouvrages
connexes ainsi que les droits réels et perpétuels de
servitude pour l'inondation des terrains qui devront être
submergés pour la construction et le maintien des lignes de transport et
de distribution d'énergie. Ces droits devront aussi comprendre le droit
d'établir des ouvrages sur des rivières navigables et de
détourner les cours d'eau ainsi que tous les droits nécessaires
quant aux richesses naturelles qui se trouvent affectées par le
projet.
Tous les droits devront être concédés pour la somme
de $1 de façon à maintenir le coût total du projet à
son plus bas niveau et contribuer à assurer sa rentabilité.
Pour réaliser ce projet, nous demandons au gouvernement de
procéder à des modifications législatives en vue d'assurer
que la Société d'énergie de la baie James ou
l'Hydro-Québec, selon le cas, soit exemptée de la taxe de vente
provinciale, de la taxe sur l'huile et l'essence de l'impôt provincial
sur la production d'énergie électrique et de toute autre
redevance et lover. De plus, nous sommes d'avis que l'Hydro-Québec
devrait être également exemptée de l'impôt provincial
sur la production d'énergie et de toute autre redevance et loyer en ce
oui touche les installations futures, de façon à ne pas imposer
à l'Hydro-Ouébec des taxes indirectes qui entraîneraient
des augmentations de tarif.
Advenant une détérioration inattendue des marchés
financiers, nous pourrions rajuster nos calendriers de réalisations en
conséquence, puisque le programme que nous recommandons est flexible. La
seconde question, celle d'utiliser un minimum d'investissements, implique
plusieurs notions complexes. Il faut bien se rendre compte que si l'on retenait
le programme en prédominance thermique, en investissant ainsi $3
milliards et demi de moins au départ, l'économie
réalisée en remboursements et intérêts moins
considérables serait largement dépassée par les frais
d'exploitation beaucoup plus grands, dont $400 millions à $500 millions
par année pour le combustible, sans même considérer les
effets de l'inflation sur ce dernier.
De plus, il faudra encore prévoir un réinvestissement
beaucoup plus tôt avec des centrales thermiques.
Un programme à prédominance thermique coûtant plus
cher que celui que nous recommandons, les consommateurs québécois
subiraient des majorations de tarif en conséquence. Si l'on fait le
calcul de rentabilité au long, le consommateur québécois
devra payer $150 millions par année de plus pour
l'électricité thermique et ce pendant 50 ans.
Facteurs technologiques. Nous avons aussi, dans le choix d'un programme
d'équipement, considéré plusieurs facteurs de nature
technologique. Sur le plan réseau, par exemple, il est certain que des
lignes de transport pour intégrer des centrales hydrauliques
éloignées causent des difficultés techniques qui ne se
rencontrent pas dans un réseau de transport reliant des centrales
thermiques près des centres de consommation.
Toutefois, l'Hydro-Québéc a toujours été un
pionnier en ce qui concerne le transport d'énergie sur de grandes
distances et possède très certainement les connaissances
nécessaires pour réaliser un tel réseau.
Dans le domaine technologique, une de nos préoccupations, c'est
d'être prêts pour l'avenir. La création de notre Institut de
recherche illustre bien cette préoccupation de même que notre
projet nucléaire de Gentilly. Je suis d'accord avec ceux qui disent que,
tôt ou tard, nous devrons nous orienter fortement vers le
nucléaire et qu'il faut s'y préparer. En tenant compte de
l'évolution prévue de la technologie nucléaire et des
problèmes associés à la fiabilité et à
l'endurance des réacteurs nucléaires, nous croyons qu'il serait
sage de développer nos ressources hydrauliques dans la mesure où
cela s'avère une proposition économiquement intéressante.
Nous croyons que, parallèlement, il serait souhaitable de
procéder graduellement à la construction de réacteurs
nucléaires. Une telle initiative permettra à
l'Hydro-Québec de se familiariser davantage avec cette nouvelle
technologie; elle permettra également à nos industries, à
nos ingénieurs et à nos scientifiques de prendre leur part de ce
marché industriel croissant.
Dans le programme retenu, nous avons à l'étude un projet
nucléaire bien concret, de l'ordre de 600 MW, qui nous a
été proposé par l'Energie atomique du Canada
Limitée. Avec un tel projet, qui devra se décider très
bientôt, nous pourrons former des spécialistes comme nous l'avons
déjà fait grâce à Gentilly. Ainsi, le Québec
sera prêt à faire une utilisation croissante de l'énergie
nucléaire tout en profitant au maximum des développements
technologiques.
Avec un programme d'aménagement progressif en énergie
nucléaire, le Québec pourra augmenter sa capacité
industrielle. D'ailleurs, plusieurs industries du Québec fabriquent
déjà des pièces de centrales nucléaires et vendent
leurs produits sur les marchés d'exportation.
Conclusion. Voilà, Messieurs, comment nous en sommes
arrivés à un choix de programme. J'espère que les
renseignements qui sont maintenant disponibles aideront à dissiper la
confusion et l'inquiétude qui ont paru se manifester.
La conclusion est sans équivoque. Il s'agit maintenant d'aller de
l'avant et, pour réussir à temps, il faut immédiatement
entreprendre les travaux du complexe La Grande.
Les conclusions sur lesquelles s'appuient nos recommandations
découlent de l'énorme somme de travail accompli avec beaucoup de
méthode et de compétence par nos propres services à la
Direction générale du Génie et à la Recherche
économique, de même que par les bureaux
d'ingénieurs-conseils qui ont participé aux investigations et aux
études.
Au nom de mes collègues de la commission et en mon nom personnel,
je tiens à remercier tous ceux qui, à l'Hydro-Québec ou
ailleurs, ont participé à l'élaboration du programme
d'équi-
pement de l'Hydro-Québec et en particulier du projet de la baie
James.
Maintenant, Messieurs, nous sommes prêts à répondre
à vos questions. Peut-être, avant la période des questions,
aimeriez-vous avoir certaines explications sur les méthodes
utilisées pour le choix de l'équipement ou la normalisation. Ces
programmes vous ont été distribués, je crois.
M. LE PRESIDENT: Le député de Verchères.
M. SAINT-PIERRE: M. Giroux, sur le projet de la baie James, bien des
rumeurs ont circulé. Il est très intéressant, ce soir, de
faire la confrontation sur les faits, sur les études qui ont
été menées depuis un an. Je pense que plusieurs des
questions vont nous sauter aux yeux.
Il y en a une première qui m'intéresse plus
particulièrement puisqu'un des grands points encore il y a
quelques jours, on le répétait qu'on a mis en doute sur
l'ensemble du projet, c'est que c'était une aventure financière,
un désastre pour le Québec de se lancer dans de telles
opérations, que toutes les autres formes d'énergie pouvaient
coûter moins cher.
Or, vous avez une remarque au bas de la page 19 que j'aimerais, avec
vous, explorer. Elle me semble fort intéressante. Vous parlez d'"un
programme à prédominance thermique". Comme je pense que nous
sommes familiers avec les différences entre le thermique et le
nucléaire sur le plan des coûts, on voit là cela
m'apparaît capital dans la recommandation de l'Hydro-Québec
des épargnes de $150 millions par année pour les consommateurs en
prenant la baie James par rapport au thermique.
Je pense qu'on pourrait faire le calcul rapidement et trouver un
même ordre de grandeur d'épargne, si on prend la baie James, en
comparant le nucléaire qui nous a été proposé: $150
millions par année, si je comprends bien, ce n'est pas un chiffre
tiré en l'air, ce n'est pas un ballon. C'est la suite des études
qui ont été amorcées au cours des douze derniers mois qui
nous permettent d'arriver à des chiffres aussi précis. Ce ne sont
pas des discours, ce sont des faits. C'est un texte que vous nous
déposez, que déposent, au nom du gouvernement, ceux qui sont
appelés à nous conseiller le plus directement dans la production
d'énergie.
Ma première question, donc et cela m'apparait capital
je ne sais pas si cela a autant d'éclat qu'un professeur
d'université d'Ontario qui lance quelque chose en fin de semaine, mais
cela m'apparaît, pour les consommateurs, fort important puisque, si je me
rappelle bien, la semaine dernière, on avait vu que l'ensemble des
consommateurs québécois paient à l'Hydro-Québec,
pour le service à domicile, à peu près $180 millions par
année. Alors lorsqu'on parle de $150 millions d'épargne, je pense
que c'est un ordre de grandeur qui doit nous frapper, compte tenu de son
importance.
M. JORON: Sur le chiffre d'affaires total, par contre. Sur $500 millions
de vente. Vous le reprenez uniquement sur cette partie des ventes.
M. SAINT-PIERRE: C'est parce que les consommateurs connaissent cela,
l'Hydro-Québec. Ils sont 12,012 employés mais nous sommes six
millions d'abonnés. A ces six millions, pour le service à
domicile on reçoit le compte une fois par mois et on sait ce que
cela coûte cela donne vous me corrigerez si je n'ai pas
raison à peu près $180 millions par année, le
service domiciliaire. Ce que l'Hydro-Québec nous dit, c'est qu'en
n'ayant pas accepté l'avis assez frivole qui nous a été
fait de sauter dans du nucléaire, l'épargne directe est de $150
millions.
M. JORON: Ne mélangez pas les choses. Il s'agit du thermique,
dans le texte de l'Hydro-Québec.
M. SAINT-PIERRE: C'est le sens de ma première question, M.
Giroux.
M. LOUBIER: Etiez-vous en faveur du nucléaire, vous autres?
M. JORON: Nous sommes en faveur d'un programme mixte que
l'Hydro-Québec recommande, d'ailleurs.
M. LAURIN: Diversifié.
M. LOUBIER: Recommande comme projet dans quelques années. Pas
avant quelques années.
M. LE PRESIDENT: Pour éviter les discours...
M. SAINT-PIERRE: Pour préciser les faits, si on mettait
l'équivalent de la baie James, parce qu'il faut bien voir que sur
l'ensemble de vos puissances demandées, il y a seulement 8,800
mégawatts qui viennent du complexe La Grande, le reste, comme vous
l'avez mentionné dans vos programmes, est de l'énergie de pointe
et de l'énergie thermique. Les 8,800 mégawatts de la baie James,
si on les avait mis dans du nucléaire, au lieu de $150 millions,
puisqu'on parle de prédominance thermique, si on parle de
prédominance nucléaire, qu'est-ce que cela pourrait donner comme
épargne?
M. GIROUX: Au lieu de prendre la prédominance thermique.
M. SAINT-PIERRE: Thermique.
M. JORON: ... peut-être que ce serait plus facile de se
comprendre.
M. BOYD: Si vous me permettez, j'ai ici des comparaisons entre le
programme que nous proposons, celui que M. Giroux vous a donné, et le
programme nucléaire avec lequel nous avons fait la comparaison.
Dans ce programme nucléaire canadien, où il y a 10,200
mégawatts qui sont du nucléaire canadien, si on considère
les investissements requis par l'un et l'autre, entre 1972 et 1985, dans le cas
du programme qu'on a recommandé, il s'agit de $7.2 milliards
d'investissement. Dans le programme nucléaire, à
prédominance nucléaire, c'est à peu près la
même chose. Il y a environ $40 millions de différence dans les
investissements.
M. JORON: Pour le même montant d'électricité
produit?
M. BOYD: Pour répondre à notre demande. Mais au point de
vue des frais de fonctionnement, si on regarde la période de 1979
à 1990, c'est quand même onze ans, pour le programme que nous
recommandons, les frais de fonctionnement sont de $847 millions, dans le cas de
l'hydraulique, comparativement à $1,464 millions pour le programme
nucléaire.
M. JORON: En additionnant le coût d'installation plus les frais de
fonctionnement, en termes de coût de revient, en mills, quelle est la
différence entre les deux? En mills, enfin par kilowatt?
M. BOYD: Je ne l'ai pas ici en mills.
M. JORON: On est en train de comparer les montants
d'électricité produite qui diffèrent, dans certains cas,
des périodes d'années qui diffèrent, on ne fait pas les
totaux.
Je voudrais bien qu'on parle d'une base où tout le monde peut se
comparer: en termes de mills par kilowatt, le coût de revient.
M. PERREAULT: Vous l'avez sur la même base.
M. BOYD: C'est comparé, parce qu'il s'agit de rencontrer les
besoins de l'Hydro-Québec. Il nous faut 15,000 mégawatts environ
de puissance et 58 milliards de kilowatts-heures pour rencontrer ces deux
demandes ou besoins. Les investissements, on peut dire à toutes fins
utiles qu'ils sont les mêmes: $7.2 milliards et $7.240 milliards.
L'autre facteur c'est les frais de fonctionnement. Dans un cas, c'est
$847 millions pour la période qu'on étudie, tandis que pour
l'autre c'est $1,464 millions. Vous avez une différence de $600 millions
sur une période de 11 ans.
M. JORON: Pour un coût total de 8.6 p.c. au lieu de 8.0 p.c.
M. BOYD: Oui.
M. JORON: Ce qui vous donnerait une différence de 7 p.c. à
8 p.c. en termes de coût de revient.
M. SAINT-PIERRE: En comptant la capitalisation initiale.
M. JORON: Y inclus les frais de fonctionnement. C'est le coût de
revient de l'électricité, finalement.
M. LAURIN: Vous voyez, si vous aviez déposé les
études, nous pourrions lire tout ça nous-mêmes, nous faire
une idée et poser des questions.
M. GAUVREAU: Nous vous avons distribué un document
intitulé "Normalisation des coûts". C'est justement un exercice de
comparaison ramené aux mêmes années de mise en service et
à la même année de calcul des différents modes de
production. M. Cahill qui a travaillé à ce document-là va
vous l'expliquer tout à l'heure et je crois que ça va vous donner
satisfaction.
M. JORON: Peut-être, M. le Président, pourrait-on expliquer
ce document-là tout de suite, étant donné que la
discussion semble s'engager dans cette voie.
M. LE PRESIDENT: Si les membres de la commission n'ont pas d'autres
questions se rapportant directement à ce que dit le président, je
suis complètement d'accord que nous procédions à
l'exposé.
M. SAINT-PIERRE: Nous sommes prêts à prendre une heure pour
leur prouver qu'il y a une épargne de $150 millions par année
pour les Québécois, en prenant le programme
suggéré.
M. LE PRESIDENT: M. le président, vous avez terminé?
M.LESSARD: Le programme des Trois-Rivières.
M. LAURIN: Nous demandons à voir.
M. SAINT-PIERRE: Vous êtes comme saint Thomas. On va mettre le
doigt et vous allez croire.
M. LE PRESIDENT: On me dit qu'il y a des questions en ce qui concerne
l'exposé du président. M. Giroux est absent. Peut-être M.
Boyd? De toute façon, les questions ont rapport à l'exposé
du président.
M. DEGUISE: M. le Président, si vous me le permettez, lorsqu'on
parle de prix de construction, de prix de revient, une foule de facteurs
interviennent et on risque, si on ne précise pas
absolument ces hypothèses, de se contredire en disant la
même chose. Pour préciser ma pensée M. Cahill est
peut-être sur le point de vous expliçuer son mémoire
j'ai fait une liste ici que je vous donne, tout bonnement.
Par exemple, lorsqu'on parle des prix de construction, différents
facteurs peuvent intervenir: la période de construction. Si on construit
entre 1965 et 1972 ou bien entre 1972 et 1978, les frais de croissance sont
entièrement différents. On peut supposer que les prix augmentent
annuellement de 3, 4, 5 ou 6 p.c, mais, sur une période de dix ans, cela
a une influence fondamentale.
Les intérêts intercalaires. Est-ce qu'on assume que
l'argent coûte 8 p.c, 9 p.c, 10 p.c? Cela aussi, il faut le
mentionner.
La taille des groupes. Si on parle du thermique ou du nucléaire,
il y a un effet d'échelle. Des groupes de 1 million de kilowatts
coûtent, au kilowatt, moins cher que des groupes de 500. Alors, il faut
savoir de quelle sorte de groupe on parle. Les conditions du sol. Souvent, on
normalise ou on assume que le sol est de première qualité. Au
point de vue nucléaire ou thermique, pour les zones sismiques, il y a
des précautions à prendre, dépendant des fondations, qu'il
faut connaître. Cela peut influencer le prix sérieusement.
La nature des groupes, si on parle du thermique. Si on parle du
thermique de pointe, on fait ce qu'on apelle du thermique léger, qui
coûte moins cher que des groupes thermiques qui fonctionnent 7,000 heures
par année. C'est une autre précision qu'il faut donner. Le
pourcentage de réserve contre les pannes.
On a mentionné souvent ici que dans l'hydraulique il faut garder
en réserve, en cas de panne, beaucoup moins d'équipement que
lorsqu'on fait du thermique et du nucléaire. Alors, il faut
préciser le "différentiel" que l'on accepte, que l'on prend dans
les calculs.
Lorsqu'on parle du thermique, on voit bien des prix qui incluent ou qui
n'incluent pas de l'équipement antipollution. Cela peut aller chercher
dans les $40 à $50 du kW. Alors, jusqu'ici je n'ai mentionné que
des facteurs qui concernent les prix de construction. Maintenant, si on parle
des prix en mills par kWh il y a évidemment les frais d'exploitation qui
interviennent. Il y a les prix du combustible. Est-ce qu'on parle du
combustible à 3 p.c. de soufre, 1 p.c. de soufre, 0.3 p.c. de soufre?
Que prévoit-on comme variation des prix du combustible dans
l'avenir?
Si on étudie les frais sur une période de 35 ans, il faut
bien le spécifier. Pour les frais d'exploitation et d'entretien,
qu'est-ce qu'on prévoit comme variation dans les taux de main-d'oeuvre
ou des coûts des salaires des employés, puis des matériaux?
Lorsqu'on parle du nucléaire il y a le coût de l'eau lourde. Il y
a de drôles de variations dans les coûts de l'eau lourde
actuellement; alors si on projette 35 ans en avant, il faut préciser
quel taux d'escalation on prend. M. Charuk se prépare je pense à
vous donner des données là-dessus, mais si on prend 10 p.c. ou 9
p.c. ou 8 p.c. de taux d'actualisation, ça change les calculs.
La centrale, est-ce qu'elle fonctionne en pointes ou en bases? Si elle
produit 7,000 heures par année, au lieu de 1,000 heures par
année, ça change le prix du kWh drôlement. Enfin, il y a la
durée de la centrale. Je n'insiste pas, on l'a mentionné. Vous
voyez que, si on part des discussions sur les prix des différentes
techniques et si on ne précise pas ces facteurs, on peut dire à
peu près n'importe quoi.
M. LE PRESIDENT: Vous comprendrez, M. Deguise, qu'il y a dans la
pensée des membres de la commission toutes sortes de questions qui
arrivent au fur et à mesure que le débat se déroule. Si je
vous comprends bien, selon la nomenclature que vous venez de faire, vous nous
dites que ces choses seront bel et bien exposées au cours de ce
débat devant la commission. Alors il me semble, avec un peu de
coopération de la part des membres, qu'on pourrait peut-être
laisser compléter l'exposé. S'il y a des questions pour une
explication ou un éclaircissement sur un point, on pourra interrompre.
Mais il me semble que pour le bon ordre il faudrait entendre l'exposé au
total, ce qui donnera aux membres de la Commission une période de temps
d'ici la reprise pour étudier les données dans les annexes. On
pourra peut-être à ce moment-là demander les détails
voulus sur les différents points qui ont été
apportés par M. DeGuise il y a un instant.
Le député de Bourget.
M. LAURIN: Je vais vous poser une question à propos de ce que
vient de dire M. DeGuise, à propos du chiffre que nous disait M. Boyd
qui nous a donné un chiffre global $1,400 millions par opposition
à $800 millions. Pour se conformer à ce que vient de nous dire M.
DeGuise, il faudrait qu'il nous dise par exemple sur quelle base ont
été établis les $1,400 millions, quel taux
d'intérêt, quel taux d'escalation, quel taux d'utilisation, quel
taux de réserve, quel taux de fuite pour qu'on puisse comparer des
choses semblables. Là on a juste eu le chiffre global.
M. BOYD: Vous posez une question, M. Laurin. C'est un peu ce que disait
le président tout à l'heure. Nous répondons à des
questions du mieux que nous pouvons lorsqu'elles sont posées.
Mais, n'ayant pas encore eu l'occasion d'expliquer tous les rapports,
nous sautons par-dessus les points de base comme les intrants qui ont justement
servi à en arriver aux conclusions.
M. LE PRESIDENT: Ma fonction est d'essayer d'obtenir une explication la
plus logique possible; c'est pour cela que je faisais cette suggestion. Les
députés de Verchères, de Bellechasse et celui de Beauce
m'ont demandé la
parole. On pourrait peut-être réduire nos questions
à leur plus simple expression à ce moment-ci. Il va falloir
ajourner quand même à 11 heures.
M. SAINT-PIERRE: Cela m'apparaît très important. Comme M.
DeGuise l'a mentionné, en jouant avec ces chiffres-là on peut
faire dire n'importe quoi et effectivement, sans les accuser de
malhonnêteté intellectuelle, il y a bien des gens qui ont dit
n'importe quoi sur le projet. Tous les facteurs que 1'Hydro-Québec a
mentionnés il y a quelques instants, on n'a pas joué avec ces
facteurs. Dans un premier temps, on a tenté avec le plus de recherche,
le plus d'expérience et le plus de jugement possible, de
déterminer avec le plus de précision possible tous ces facteurs.
C'est après qu'on a analysé les 25 programmes que M. Boyd a
mentionnés.
La recommandation de l'Hydro-Québec d'avoir 8,800
mégawatts venant de la rivière La Grande, s'articule avec
l'analyse de ces critères qui n'ont pas été joués
mais qui ont été déterminés le plus
honnêtement possible. C'est cela qui nous donne $150 millions
d'épargne par année. Cela m'apparaît important étant
donné que d'autres ont bien aimé...
M. LE PRESIDENT: Le député de Bellechasse.
M. SAINT-PIERRE: J'en étais convaincu il y a un an, mais cela a
pris un an pour vous convaincre de la chose.
M. LOUBIER: C'est plutôt une demande de confirmation qu'une
question. Les conclusions auxquelles en sont venus les commissaires de
l'Hydro-Québec sont basées, si j'ai bien compris, sur des
études préalables faites par la direction générale
de génie de PHydro-Québec, études
complétées, détaillées davantage par deux firmes
d'ingénieurs-conseils. Les rapports de ces firmes
d'ingénieurs-conseils ont été scrutés à
nouveau par une firme indépendante; par la suite, la synthèse de
tout cela a été à nouveau analysée par une autre
firme indépendante. Pour chapeauter tout cela, il y a eu demande
à une firme américaine spécialisée d'en analyser
toutes les implications. C'est cela?
M. GIROUX: C'est exactement cela.
M. LOUBIER : Sur le plan nucléaire, vous avez obtenu des
études, des conclusions par l'Energie atomique du Canada Ltée et
vous avez eu la précaution de demander également une étude
à une firme américaine spécialisée pour vois s'il y
avait convergence dans les rapports que vous aviez reçus.
M. GIROUX: Exactement.
M. LOUBIER: C'est à la suite de tout cela que vous arrivez aux
conclusions que vous avez soumises.
M. GIROUX: Les divers services de l'Hydro-Québec
mentionnés le génie, la construction, la recherche
économique, la planification, le centre de recherche sont
tombés d'accord sur les recommandations que nous faisons. La commission
transmet, en somme, les recommandations de son personnel de base en qui elle a
pleinement confiance.
M. LOUBIER: Cela résulte de deux, trois ou quatre ans
d'étude.
M. GIROUX: C'est cela, trois ans.
M. LOUBIER: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Le député d'Abitibi-Est sur le même
sujet.
M. TETREAULT: M. le Président, je remarque, dans la question que
le député de Bellechasse vous a posée, que vous avez pris
une firme de génie conseil et deux firmes indépendantes pour
faire les relevés. Est-ce par suite d'un manque d'ingénieurs
à PHydro-Québec ou si c'était pour avoir une meilleure
appréciation de...
M. GIROUX: C'était surtout pour avoir une appréciation
totalement indépendante...
M. TETREAULT: Aucun parti pris.
M. GIROUX: Aucun parti pris d'une firme. On a demandé à
une firme de normaliser des coûts et elle a normalisé les
coûts de tout le monde, puis nous avons demandé à une firme
de donner les différentes méthodes d'aborder les constructions
dans les rivières de la baie James. Cette firme ne peut pas avoir
d'intérêt dans la construction future. Donc, elle est totalement
indépendante et n'émet que son opinion. Ce que recherchaient la
société d'énergie et PHydro-Québec, c'était
d'avoir une recommandation d'une firme qui ne pourrait pas être
intéressée à avoir des contrats subséquents dans la
baie James.
M. TETREAULT: Merci.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je voudrais poser une
question.
M. LE PRESIDENT: Allez-y.
M. ROY (Beauce): A la page 14, dans le premier paragraphe, on dit: "Nous
avons évalué de façon globale le coût de tous ces
programmes couvrant les besoins de 1978 à 1985. H impliquera des
investissements de l'ordre de $7,200,000,000 et le coût du complexe La
Grande dans ce programme est de $5,800,000,000. Ces coûts incluent les
frais de transport d'énergie vers les centres du Québec".
Or, il a été fait mention à quelques reprises de
transport aérien par pylônes et il a également
été question de transport souterrain par câble, par de
nouveaux procédés. Dans votre estimation, était-il
question du transport traditionnel par pylônes?
M. GIROUX: Du transport par pylônes. En dehors de ça, nous
n'avons fait aucun calcul, ce serait beaucoup trop dispendieux.
M. ROY (Beauce): Maintenant, entre le coût estimé que vous
avez dans votre rapport et le coût réel, en se basant sur
l'expérience qu'a acquise l'Hydro-Québec dans la construction de
d'autres barrages, combien peut-il y avoir de variation entre les estimations
que vous avez fournies et la réalisation du projet, compte tenu
de...?
M. GIROUX: Nous aurons des chiffres bien plus précis en 1980.
M. ROY (Beauce): Ce sera un peu tard.
Nous devons en somme étudier les besoins de 1980. J'estime qu'il
est tout de même normal à ce moment-là qu'on s'interroge
sur une certaine différence entre l'estimation et le coût
réel, compte tenu qu'il y a toujours une différence entre la
réalisation d'un projet et l'estimation initiale. J'aimerais savoir, au
regard des travaux et des expériences qu'a PHydro-Québec
ailleurs, quelle a été la différence entre les estimations
et les coûts réels?
M. GIROUX: Les estimations et les coûts réels ont pu varier
beaucoup. A un certain temps nous avions des estimations et des coûts
absolument semblables, puis sont arrivés des facteurs d'inflation
inconnus qui, par exemple, de 1963, 1964 à 1970 ont été
énormes. Seulement, dans ces estimations nous avons pris les
réserves que nous croyions justifié de prendre comme
réserves pour établir un coût. Nous avons
considéré une inflation de 4 p.c, nous avons actualisé
à des taux de...
Dans tous les programmes, nous nous sommes servis du même taux
d'actualisation, du même taux d'intérêt de base et des
mêmes réserves sur les programmes mêmes. Là-dessus,
c'est assez long à élaborer, mais dans les jours qui viendront
notre service de recherche économique est à votre disposition
pour vous donner tous les détails des bases dont il a fait l'analyse sur
l'inflation et les taux de l'avenir.
M. ROY (Beauce): Est-ce que, dans les travaux qui ont été
effectués, dans les projets qui ont été
réalisés, la variance a atteint un taux inférieur, un taux
de 10 p.c. par exemple entre la valeur estimative et le coût de la
réalisation, soit 15 p.c. 20 p.c? Quels ont été vos taux
minimum?
M. GIROUX: Je vais demander...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que vous pourriez nous donner les variations
dans vos coûts d'immobilisation, disons, pour les postes et les lignes de
transmission? Actuellement, vous êtes à construire des choses
semblables. Il y a eu des montants, au cours des dix dernières
années, assez impressionnants. Peut-être, dans un même ordre
de grandeur, vous pourriez mentionner ce qui survient pour un projet
récent où PHydro-Québec est impliquée et qu'elle
connaît puisqu'elle est cliente, Churchill Falls. Cela ferait deux
exemples qui pourraient vous rassurer en tout cas.
M. ROY (Beauce): C'est ça. Disons que cela peut me rassurer. Mais
j'aimerais aussi que le coût des barrages soit inclus, qu'on puisse me
donner une approximation sur les coûts du barrage.
M. SAINT-PIERRE: II y a des barrages à Churchill Falls.
M. ROY (Beauce): Oui, d'accord. C'est parce que je ne voulais pas que la
question soit limitée uniquement aux lignes de transmission.
M. BOYD: On peut répondre à cette question.
Premièrement, pour les lignes de transports et les postes à
très haute tension, ce n'est quand même pas négligeable.
Dans la période de 1960 à 1971, PHydro-Québec a
planifié, a fait toute l'ingénierie et a fait construire pour $1
milliard de lignes et de postes. Ce programme a été
réalisé en deça des estimations. Pour les centrales, il y
a également environ $1 milliard qui ont été
dépensés dans les centrales pendant la période de onze
ans, de 1960 à 1971. Là, il y a eu des dépassements, mais
il faut d'abord connaître les principales causes. Ce n'est que dans les
dernières années que les méthodes d'estimation
employées prévoient de l'escala-tion.
Sur les projets, à partir de Manic 5 et tous les autres, il n'y
avait pas d'escalation prévue. Evidemment, il y a eu de l'escalation
d'une façon assez importante. En plus, les imprévus
prenons le barrage Daniel Johnson étaient à 6 p.c. tandis
que dans le projet de la baie James, dans les autres projets, enfin dans tous
les projets que nous avons comparés dans les programmes, les
imprévus sont de 12 p.c.
Donc, les méthodes d'estimation sont différentes.
Egalement, quand on avait commencé les projets de Manic-Outardes, on
avait employé des taux d'intérêt qu'on connaissait à
ce moment-là, qui étaient de 5 1/2 p.c, 6 p.c. Lorsqu'on a
terminé, il y a deux ans, vous savez que c'était près de
10 p.c. Ces choses-là ont eu des influences. Ayant acquis cette
expérience que, sur de très longs projets, il faut prévoir
"l'escalation". on met 4 p.c. par année. On doit prévoir des
imprévus. C'est curieux de l'exprimer ainsi. On met 12 p.c. maintenant.
Donc, c'est différent.
M. GAUVREAU: Pour répondre au député de
Bellechasse, vous avez fait, tout à l'heure, l'énumération
des firmes que nous avons employées. Il faut bien signaler que le mandat
de la firme Shawinigan Engineering était précisément de
voir à ce que des critères identiques soient respectés par
toutes les firmes. Alors, quand je parle de critères, j'inclus,
là-dedans, des taux "d'escalation", les taux d'intérêt
utilisés.
M. LOUBIER: D'accord.
M. GAUVREAU: Alors, le document de Shawinigan Engineering est
extrêmement élaboré là-dessus et l'autre compagnie
américaine, qui a regardé par-dessus ça, a aussi
confirmé la hausse des taux "d'escalation" et les taux
d'intérêt utilisés dans les trois rapports.
Alors, c'est une des précautions qui ont été prises
et qui n'avaient pas été prises dans les années 1960
à 1970. Je ne sais pas si cela répond à votre
question.
M. ROY (Beauce): Oui. Disons que pour bien comprendre et pour
résumer ce que M. Boyd disait, vous avez calculé un taux
"d'escalation" de 12 p.c, incluant un taux inflation-naire de 4 p.c, ou si le
taux inflationnaire est en plus, ce qui voudrait dire 16 p.c. en tout?
M. BOYD: C'est 4 p.c. par année pour l'inflation et on a mis 12
p.c. pour les imprévus.
M. ROY (Beauce): Bon.
M. BOYD: Mais cela, ce n'est pas par année. On met une
réserve de 12 p.c. pour l'éventualité. Mais "l'escalation"
annuelle est cumulative; les imprévus sont de 12 p.c. pris sur le total
des coûts.
M. ROY (Beauce): Pris sur le total tandis que le taux inflationnaire est
un taux annuel.
M. BOYD: Les 4 p.c. sont annuels.
M. ROY (Beauce): Maintenant, j'aurais une deuxième question
à la page 18, si l'on me permet.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
M. ROY (Beauce): Très bien.
M. LESSARD: Merci, M. le Président.
L'an dernier, à la commission des Richesses naturelles, j'avais,
à partir de certains chiffres concernant la construction de cinq
barrages, je crois, prouvé qu'il y avait eu une variation de 47 p.c.
entre le coût estimé et le coût réel. Il s'agissait
de Manic 5, Manic 3 et d'autres barrages. A ce moment-là,
l'Hydro-Québec nous avait fourni un certain nombre de chiffres
concernant l'aménagement de toute la région de la baie James, des
trois complexes, des trois rivières de la baie James. Le coût
était, je crois, évalué à $6.1 milliards.
J'avais demandé, je crois, à deux reprises, à M.
Boyd, à partir des chiffres que j'avais donnés: Est-ce qu'on peut
prévoir, maintenant, que ce coût, tel qu'estimé, sera
véritablement le coût réel? M. Boyd m'avait répondu:
Ce coût sera entre 0 p.c. et 20 p.c., c'est-à-dire qu'on ne
prévoyait aucunement d'augmentation.
Actuellement, on nous soumet un autre chiffre, c'est-à-dire que,
pour l'aménagement seulement de la rivière La Grande, nous
arrivons à un chiffre de $5.8 milliards. Il y a, quand même, une
différence entre l'aménagement de La Grande et
l'aménagement du projet complet, tel qu'on en discutait à la
Commission des richesses naturelles! On voit, quand même, un changement
assez considérable.
Comment se fait-il que, maintenant, on arrive avec un nouveau chiffre et
qu'il y ait un changement aussi considérable? Qu'est-ce qui nous prouve
que c'est exact, alors que les chiffres qui avaient été soumis
lors de la construction de certains barrages ont été
dépassés? Je comprends que M. Boyd nous avait expliqué ce
qu'il vient de nous expliquer tout à l'heure, à savoir qu'on
n'avait pas prévu l'augmentation du taux d'intérêt, qu'on
n'avait pas prévu une nouvelle négociation collective, ainsi de
suite, mais, l'an dernier, à la suite de certaines questions que j'avais
posées, M. Boyd nous répondait: Le coût maximum, c'est $6
milliards. Cela comprenait tout le projet.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, si le député me permet. La
grande différence, c'est simple comme de l'eau. C'est que, l'an dernier,
dans les études qui avaient été faites, on parlait de
commencer à réaliser cela beaucoup plus tôt que cette
année, c'est-à-dire qu'on parlait de l'essence du programme de
construction, dans les années 1973, 1974 et 1975, alors que, là,
on prévoit une mise en service pour 1979-1980.
M. LESSARD: M. le Président, l'an dernier, on n'avait pas
prévu essentiellement de dates.
M. SAINT-PIERRE: Ce sont des dates.
M. LESSARD: M. le Président, en une période de deux ans,
on passe d'un coût de $5.8 milliards au coût de $6.1 milliards pour
l'aménagement de tout le complexe de la baie James. Il y a, quand
même, toute une différence.
M. SAINT-PIERRE: Le député me permet-il une question?
M. LESSARD: Oui, allez-y.
M. SAINT-PIERRE: D'après lui, le chiffre de $5.8 milliards qu'on
a mentionné pour la réalisation, dans le temps, si on
était capable
demain matin de réaliser l'étude, c'est-à-dire si
on enlève de l'estimation les frais d'intérêt et les frais
d'augmentation qu'on a mentionnés, quel pourcentage ça peut
représenter dans les budgets qui ont été donnés?
D'après votre conception. Si on enlève l'intérêt et
l'augmentation annuelle, de combien peut-on diminuer le coût qui a
été mentionné? De 40 p.c.
M. LESSARD: C'est que l'an dernier il y avait quand même ces
escalades qui avaient été calculées. Il y avait quand
même aussi ces critères qui avaient été
calculés. Et à la question que j'avais posée, on avait
répondu qu'on ne pouvait pas dépasser $6.1 milliards, qu'on
pouvait aller jusqu'à moins 20, p.c. Mais voici la question. C'est qu'on
nous avait dit lors de la dernière réunion des richesses
naturelles: Cela ne peut pas dépasser ça.
J'avais prouvé à ce moment-là que concernant les
barrages antérieurs, d'accord, il y avait eu une augmentation
considérable allant jusqu'à 47 p.c. Je comprends que
l'Hydro-Québec au début n'avait pas l'expérience qu'elle
a, mais on arrive aujourd'hui pour l'aménagement d'une seule
rivière avec un montant presque égal à ce qu'on avait l'an
dernier pour l'aménagement de tout le complexe. Qu'est-ce qui fait la
différence?
M. BOYD: Je pense qu'il faudrait retrouver cette citation. Il faut
d'abord savoir de quoi on parle. Actuellement, on parle du complexe La Grande
qui représente 8,300 mégawatts et on dit $5 milliards 800
millions, rendu à Montréal, et non pas seulement pour la
construction. Et il s'agit de rendre l'électricité à
Montréal, c'est inclus.
M. LESSARD: C'était inclus aussi l'an dernier.
M. BOYD: Et de combien de mégawatts parlait-on
M. JORON: On parlait des cinq rivières pour un total de 12
millions.
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas tant la rivière, ça.
M. JORON: On parlait de 12 millions de kilowatts pour le total des cinq
rivières.
M. BOURASSA: C'est rendu à 16 et ça augmente tout le
temps. Forcément, le prix augmente. C'est un potentiel presque sans
limite que les Québécois possèdent...
M. JORON: Ce n'est pas de ça qu'on parle.
M. BOURASSA: Je comprends que ça va mal pour le Parti
québécois. Je comprends qu'il a l'air ridicule aujourd'hui. Je
comprends son dépit.
M. JORON: Suivez donc les débats au lieu de venir semer la
pagaille de demi-heure en demi-heure.
M. LESSARD: Cela va coûter combien dans dix ans?
M. BOURASSA: Ils font pitié aujourd'hui.
M. LESSARD: Ces 5 milliards 800 millions vont être rendus à
combien, parce qu'on change chaque fois qu'on fait siéger la Commission
des richesses naturelles. Ce chiffre-là change à chaque fois.
M. BOURASSA: M. le Président, c'est un faux débat. Ce
qu'il fallait décider c'est de combien on a besoin
d'électricité au Québec et quelle est la formule la plus
avantageuse. Or, les firmes les plus compétentes dans le monde ont
décidé que c'était l'exploitation de la rivière La
Grande, une partie importante de la baie James, qui donnait la formule la plus
avantageuse aux Québécois pour leur propre
électricité. C'est ça qui est important, c'est ça
qui a été décidé. C'est ça qui va être
commencé.
M. JORON: Ce n'est pas ça qu'on est en train de discuter,
justement.
M. LE PRESIDENT: Je regrette, il est déjà passé
onze heures et, comme les meilleures décisions doivent se prendre avant
onze heures habituellement, je pense qu'il serait bon peut-être
d'ajourner à jeudi quatre heures.
M. BOURASSA: Mais je pense que vous avez un débat.
M. JORON: Oui.
M. BOURASSA: Parallèlement au débat on pourra
siéger.
M. LAURIN: Non, non.
M. BOURASSA: Bien c'est moi qui déciderai quand même.
M. LAURIN: Ah bon! d'accord. Mais est-ce que vos études seront
déposées, celles que vous nous avez promises?
M. BOURASSA: Oui, oui, j'ai demandé au ministre de l'Industrie et
du Commerce d'essayer de vous rencontrer demain pour vous remettre le plus
d'études possible. Comme on ne peut pas siéger demain, ça
voudra dire qu'on ne pourra pas siéger avant la semaine prochaine. Alors
je pense qu'on pourrait essayer de faire un effort pour siéger jeudi,
d'autant plus que M. Giroux doit s'abstenter, doit être
hospitalisé en fin de semaine.
UNE VOIX: A quatre heures, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: Jeudi quatre heures, après demain. Merci,
messieurs.
(Fin de la séance à 23 h 6)
Séance du jeudi 18 mai 1972
(Seize heures dix-huit minutes)
M. SEGUIN (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
M. LACROIX: M. le Président, avant le début de la
séance, me permettriez-vous de suggérer le remplacement, pour les
séances d'aujourd'hui, des membres suivants: M. Arsenault,
remplacé par M. Bourassa; M. Mailloux, remplacé par M.
Saint-Pierre; M. Massé, remplacé par M. Garneau; M. Coiteux,
remplacé par M. Veilleux. Le rapporteur est toujours M. Carpentier, qui
sera ici dans quelques minutes.
M. LE PRESIDENT: Votre efficacité n'est dépassée
que par votre apparence, M. Lacroix.
M. LACROIX: Est-ce que je peux disparaître maintenant, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT: Vous pouvez disposer. Est-ce que d'autres partis ont
des changements à suggérer à leur représentation
à la commission?
Je dois procéder avec la liste suivante: MM. Bourassa,
Carpentier, Veilleux, Drummond, La-rivière, Lessard, Loubier,
Saint-Pierre, Garneau, Perreault, Simard, Tétreault.
M. JORON: M. le Président, c'est Joron au lieu de M. Lessard.
Cela avait été fait je crois au début, la dernière
fois.
M. LE PRESIDENT: Je ne ferai pas les mêmes commentaires que j'ai
faits au whip du parti officiel, du gouvernement. Le chef du parti m'a
demandé un dépôt de documents. Il y a un dépôt
de documents qui doit se faire.
Dépôt de documents
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, lors de la première
séance et même précédemment à la Chambre,
tous les partis d'Opposition avaient réclamé le
dépôt de certains documents. Le gouvernement n'a jamais voulu
être cachottier sur ces documents. Certains d'entre eux les
documents les plus importants nous sont parvenus à peine quelques
jours avant le début des séances de la commission parlementaire.
Bien sûr, nous avions été associés de près ou
de loin à certains travaux mais, dans leur forme définitive, ces
documents nous sont parvenus très récemment. Comme le premier
ministre l'avait indiqué, nous avons passé, avec les
collaborateurs, les deux dernières journées à revoir ces
documents. Nous avons voulu nous assurer que les informations servant les
intérêts de la collectivité ou de l'Hydro-Québec
soient préservées. Ainsi, cela nous permet aujourd'hui de rendre
publics certains documents qui pourraient assurer une meilleure
compréhension à ceux qui voudraient s'intéresser au
projet.
C'est ainsi, M. le Président, que j'ai remis à 9 h 30 ce
matin, à tous les chefs de parti, un exemplaire de tous les documents
suivants, dont le coût est quand même assez élevé. Je
vais les énumérer et je déposerai d'autres copies de
documents. Je pense que c'est l'essence de tous les documents qui sont
pertinents au projet. Il y en a d'autres qui ont été
mentionnés, mais je pense qu'en fournissant les explications, on
pourrait voir qu'ils sont superflus.
Comme l'Hydro-Québec l'a mentionné elle-même, si
nous voulions déposer tous les documents concernant la baie James, ce
sont des pieds de documents qu'il nous faudrait déposer. Alors, ce matin
nous avons déposé auprès des chefs de partis... Nous en
avons remis une seule copie à la presse, mais les documents les plus
importants ont été reproduits sous forme de synthèse et
seront déposés cet après-midi au plus tard.
Un premier document déposé a été le
programme d'équipement 1978-1985, préparé par
l'Hydro-Québec en date du 15 mai 1972, par la direction de la
planification du génie. Ce document revoit l'ensemble des 25 programmes
que l'on nous avait mentionnés. On y retrouve tous les critères
d'analyse de même que la comptabilisation, et l'actualisation des
programmes d'investissement, tant dans leur forme d'immobilisation que dans
leur forme de coût d'opération.
Une synthèse de ce document sera disponible, en une centaine de
copies et distribuée un peu plus tard par l'Hydro-Québec qui,
d'ailleurs, peut la distribuer immédiatement. Un deuxième
document qui a été distribué ce matin à tous les
partis politiques, c'est le rapport complet, non épuré, du groupe
Ebasco, daté d'avril 1972 et dont le titre est: "Revue des études
et variantes d'aménagement des projets de la baie James." Ce document a
fait le point sur l'ensemble des études qui avaient été
faites et donne suite à un mandat qui avait été
confié conjointement par l'Hydro-Québec et la
Société de la baie James au groupe de consultants Ebasco.
Egalement, nous avons aussi déposé ce matin auprès des
partis un autre rapport du groupe Ebasco qui a comme titre anglais:
"Supplementary Report To Review Report and Development Scheme for James Bay
Energy Corporation" Je voudrais mentionner que la version française de
ce document sera disponible d'ici quelques jours, mais j'ai pensé qu'il
était peut-être approprié de le donner aujourd'hui
même. Ce rapport supplémentaire donnait suite à un mandat
additionnel dans lequel on avait demandé au groupe Ebasco d'examiner
particulièrement un nouveau schème de développement de
harnachement des rivières, qui impliquait comme ossature principale la
rivière La Grande, qui impliquait aussi des diversions des
rivières Eastmain et Rupert.
Encore une fois, ce rapport sera disponible en français d'ici
quelques jours et il me fera plaisir de le remettre à tous et à
chacun.
Egalement, je dépose immédiatement puisque je viens
de les avoir, il y a cinq minutes un rapport qui avait été
préparé par Rousseau, Sauvé, Warren et associés
à la demande du groupe Ebasco. C'est un rapport qui est relié au
mandat supplémentaire qui avait été confié au
groupe Ebasco. Ce rapport s'intitule "Preliminary Report".
Il avait été commandé par le groupe Ebasco. Encore
une fois, il s'intitule Preliminary Report, La Grande, Eastmain, Rupert
Complex. Est-ce qu'on pourrait avoir quelqu'un pour le distribuer à
chacun des représentants des partis.
Comme le schéma d'aménagement recommandé par
l'Hydro-Québec de la rivière La Grande se retrouve dans les
documents de l'Hydro-Québec comme le schème 37, et qu'il contient
essentiellement le rapport du complexe La Grande avec certaines diversions, il
nous a semblé également d'intérêt de déposer
le volume 1 d'un rapport de janvier 1972, dont le titre est Rapport sur le
projet d'aménagement hydro-électrique de la rivière La
Grande, préparé par Rousseau, Sauvé, Warren &
Associés. Nous déposons ce rapport simplement parce que c'est
l'essentiel des informations requises. Le volume 1 décrit l'ensemble du
projet, son évaluation; les volumes 2 et 3, touchant les études
techniques et les évaluations de base, me semblent très
techniques comme' donnés, mais si certains groupes politiques voulaient
en prendre connaissance, nous pourrions toujours le rendre disponible.
Quelqu'un veut-il passer les trois copies par là?
M. le Président, dans quelques instants nous les attendons
d'une minute à l'autre nous déposerons deux autres
rapports qui nous avaient été demandés. Le premier rapport
est de la firme United Engineering et traite des coûts de
l'énergie nucléaire; le deuxième rapport est de
l'Hydro-Québec et porte sur les lignes de transport. Je n'ai pas le
titre exact parce que je ne l'ai pas devant moi, mais c'est un rapport
préparé par l'Hydro-Québec sur les lignes de transport,
les choix possibles, les types d'aménagement, leurs contraintes par
rapport au projet d'aménagement.
Il me semble, M. le Président, qu'avec toutes ces données,
toutes les informations pertinentes pour le projet et peut-être beaucoup
plus que pour d'autres projets dans le passé, ont été
distribuées et rendues publiques. S'il y avait d'autres documents qu'on
pense nécessaires, ça nous fera plaisir de les examiner. Le seul
qui ne me paraît pas d'intérêt est celui qui avait
été préparé par Shawinigan Engineering. Si nous
devions le rendre public, il nous faudrait en enlever plusieurs chapitres,
plusieurs pages, puisque, au niveau des taux d'accroissement de salaires, des
salaires exacts pour des corps de métier au niveau des
intérêts et autres choses, il y avait quand même des
données qu'il ne nous semble pas d'intérêt de
révéler publiquement. Je pense que tous les rapports qu'on a
donnés jusqu'ici permettent quand même à tous les partis
politiques, à toutes les personnes ici présentes de poser des
questions pertinentes sur le projet et d'être entièrement
renseignés.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie, M. le ministre. Maintenant, je
cède la parole au chef de l'Opposition officielle, étant
donné qu'il doit s'absenter d'ici quelques minutes pour retourner en
Chambre.
Le député de Gouin m'a aussi demandé la parole.
Sans restriction à ce que ces messieurs vont dire, je voudrais
restreindre, si c'est possible, le débat dans l'ordre suivant. Nous
allons entendre tous les commentaires de la part de l'Hydro-Québec ou de
la Corporation de développement de la baie James, au point de vue
technique.
Toutes les questions d'administration, de gestion ou de "management",
nous les placerons à la suite. Nous allons apprendre ce que nous voulons
faire puis, nous apprendrons de quelle façon ce sera administré,
si on veut procéder de cette façon, si la commission accepte ces
données, sans restriction aux commentaires, naturellement, des deux
députés qui ont demandé la parole pour le moment.
Par la suite, on essaiera de procéder dans l'ordre,
c'est-à-dire, de recevoir toute l'information technique
nécessaire, les explications voulues. S'il y a des questions de gestion,
des questions de "management", une fois qu'on aura compris et qu'on aura fait
la partie technique, on pourra y revenir exception faite, naturellement, des
questions qui peuvent être posées et que je ne connais pas, de la
part du leader de l'Opposition officielle et du représentant du Parti
québécois.
M. LOUBIER: M. le Président, non seulement vos propos me
restreignent mais m'obligent à demeurer pratiquement bouche bée:
Je voulais précisément obtenir un certain éclaircissement
sur des commentaires qui avaient été faits la semaine
dernière par le président de l'Hydro-Québec, et surtout
sur des réponses que j'avais reçues de M. Nadeau, concernant
l'administration que l'on confiait à l'Hydro-Québec que je
retrouve à la page 16 du mémoire présenté par le
président de l'Hydro-Québec.
Ce n'est pas tellement un contre-interrogatoire comme une demande de
précision que je voudrais plus particulièrement avoir sur la
teneur de la page 16. M. le Président, je voudrais tout simplement
relire rapidement l'objet de mon point d'interrogation. A la page 16, on dit au
paragraphe 2: "Dans les conditions actuelles des marchés financiers et
après une étude de nos besoins et des disponibilités sur
les divers marchés, en plus de nos capacités d'autofinancement,
j'ai pleinement confiance que nous pourrons réunir les capitaux
requis."
Et c'est là que vient, pour moi, le passage assez rempli
d'ambiguïté.
Je continue à citer: "à la condition expresse" que le
mandat total d'ingénierie et de gérance du projet
d'aménagement hydro-électrique de la baie James soit
confié à HydroQuébec.
Or, M. le Président, en vertu du bill 50 et en vertu de la charte
de l'Hydro, je ne comprends pas pourquoi on met tant d'insistance et surtout
que l'on emploie l'expression "à la condition expresse". Je me demande
pourquoi, étant donné que les pouvoirs sont déjà
accordés par le bill 50 et par la charte de l'Hydro-Québec, je
voudrais demander tout simplement au président de l'Hydro pourquoi il a
tenu, dans son mémoire ou dans sa présentation, à mettre
autant d'insistance à ce que ce mandat soit confié
expressément à l'Hydro-Québec et non pas à une
autre société.
M. GIROUX: M. le Président, c'est exact ce qu'on a
déclaré. C'est simplement pour mettre une condition claire,
susceptible de préciser le bill 50 et la charte. Alors, au cas où
il y aurait des équivoques, c'est simplement pour clarifier cette
question.
M. LOUBIER: Où je ne comprends pas beaucoup, c'est que la semaine
dernière, M. Nadeau ne semblait pas être assuré, ou
rassuré, ou rassurable dans sa réponse en ce qui concernait ce
mandat très expressément donné à
l'Hydro-Québec. Et si je me trompe ou si j'erre, je voudrais bien
être corrigé immédiatement. M. Nadeau nous donnait
l'impression que ce mandat serait décidé ultérieurement et
à qui on le confierait exactement.
Or, c'est compris que c'est l'Hydro-Québec qui l'aurait à
ce moment-là? Oui?
M. NADEAU: J'ai pris connaissance du texte de M. Giroux en même
temps que vous, et j'ai fait l'autre jour les commentaires indiquant que je
croyais qu'une décision ultérieure devait être prise en ce
qui concernait le "management". Et je maintiens cette réponse.
M. LOUBIER: Ce n'est pas, en ce qui vous concerne, décidé
que ce serait l'Hydro-Québec qui aurait le mandat expressément
accordé, nonobstant les dispositions du bill 50 et la charte de
l'Hydro-Québec. Autrement dit, il n'y a pas consensus entre les deux,
quant au mandat clair et précis en ce qui concerne l'ingénierie
et la gérance du projet d'aménagement
hydro-électrique.
M. NADEAU: Pas nécessairement, non. Tel que M. Giroux l'a dit, il
y a des divergences à ce point de vue-là, mais qui ne sont pas
profondes.
M. LOUBIER: Comment seront réglées les divergences et de
quelle façon?
M. NADEAU: C'est une décision qui devrait être prise au
niveau du bureau de direction de la Société d'énergie dans
un avenir rapproché, j'imagine.
M. LOUBIER: Mfis si l'Hydro-Québec pose une question essentielle
à obtenir ce mandat pour le mener à bonne fin, est-ce que...
M. NADEAU: Etant donné que l'Hydro-Québec est majoritaire
dans la société d'énergie, évidemment, la
décision sera prise par l'Hydro-Québec.
M. LOUBIER: Oui, mais si la Société d'énergie,
à un certain moment, doit référer à la
société mère, cela serait drôlement
déléguer sa capacité ou son pouvoir.
M. NADEAU: Vous entendez par la société mère la
Société de développement de la baie James?
M. LOUBIER: Oui.
M. NADEAU: Qui est toutefois minoritaire dans la Société
d'énergie.
M. LOUBIER: Je comprends, mais pourquoi ne pas tenir compte et respecter
les prescriptions du bill 50 et la charte qui l'accorde, d'une façon
claire et précise, à l'Hydro-Québec?
M. NADEAU: C'est ce que nous croyons faire...
M. LOUBIER: C'est ce que vous croyez faire?
M. NADEAU: ... à la Société de développement
de la baie James. Oui.
M. LOUBIER: Mais ce n'est pas encore très bien établi dans
votre esprit, même si c'est exprimé de façon assez claire
et définitive par l'Hydro-Québec. Si, par hasard, il arrivait
qu'une décision contraire soit prise, ceci voudrait dire, d'après
le texte en tout cas du président de l'Hydro-Québec, qu'il y
aurait des difficultés énormes à ce que l'Hydro en assure
non seulement la responsabilité mais en garantisse le succès
d'aménagement.
M. NADEAU: II faudrait peut-être poser la question au
président de l'Hydro, pour avoir l'interprétation de cette
phrase, et non pas à moi.
M. LOUBIER: Je pose la question au président de l'Hydro. Je ne
torture pas ces gens, M. le Président. Je veux simplement avoir plus
d'éclaircissements.
M. LE PRESIDENT: J'allais intervenir à ce
moment-ci, à savoir si on ne devrait pas passer... Cela fait
partie de la phase "comment administrer ce que nous allons établir".
J'aimerais qu'on établisse complètement tout ce qui concerne le
projet. Les questions concernant la façon d'administrer doivent venir
par la suite. J'ai reçu la question du député...
M. LOUBIER: Dans deux ans. Vous êtes deux ans avant votre
temps.
M. LE PRESIDENT: Deux ans avant mon temps. On peut se permettre parfois
de rêver.
M. GARNEAU: Est-ce que le chef d'Unité-Québec entend
changer de parti?
M. LOUBIER: Je suis trop libéralement en faveur de l'unité
pour cela. Le président de l'Hydro s'apprêtait à
répondre. Cela mettrait un point final. Est-ce que vous le
considérer comme absolument essentiel?
M. GIROUX: On le considère comme absolument essentiel.
Cette phrase est là pour clarifier ce que nous allons
présenter.
M. LOUBIER: Et c'est absolument essentiel que l'Hydro ait un mandat
clair, précis et unique.
M. GIROUX: Clair et net. L'Hydro est le maître de l'oeuvre et va
faire progresser les travaux.
M. LOUBIER: Une autre question pour essayer d'éclaircir... Je
pars, après cela, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: C'est justement; c'est dans cette...
M. LOUBIER: Vous parlez d'exemption de taxes à la fin de votre
mémoire, et je cite rapidement: "Pour réaliser ce projet, nous
demandons au gouvernement de procéder à des modifications
législatives en vue d'assurer que la Société
d'énergie de la baie James ou l'Hydro-Québec, selon le cas, soit
exemptée de la taxe de vente provinciale, de la taxe sur l'huile et sur
la gazoline..."; Est-ce une exemption que vous demandez, à ce
moment-là, pour les années à venir, c'est-à-dire
pour le projet?
M. GIROUX: C'est une exemption pour les années à venir.
L'Hydro n'a pas l'intention d'être exemptée des taxes qu'elle paie
actuellement.
M. LOUBIER: Mais pour ce projet précis?
M. GIROUX: Les projets futurs, comme la redevance sur la production et
les autres vont directement affecter le taux. Et, comme les taux sont
universellement selon les pronostics, pour doubler et tripler ailleurs, on
croit que ce serait une économie qui se refléterait dans les
taux, si l'Hydro-Québec était, ni plus ni moins,
arrêtée au niveau actuel où elle paie la taxe et si les
futurs projets en étaient exemptés.
M. LOUBIER: Et vous prétendez que c'est en vue de protéger
davantage le consommateur?
M. GIROUX: C'est la protection du taux. Ce n'est aucunement l'intention
de l'Hydro-Québec de se soustraire à la taxe actuelle qu'elle
paie. Elle paie $29 millions. Elle va payer prochainement un peu plus de $30
millions en redevances à la province de Québec. Nous demandons au
gouvernement de nous exempter; nous lui demandons de faire cette
chose-là. Nous n'avons pas le pouvoir de le faire par
nous-mêmes.
M. LOUBIER: Une dernière question, M. le Président, avant
que vous ne sursautiez.
M. LE PRESIDENT: Avant que je ne m'impatiente trop!
M. LOUBIER: Comme dirait mon collègue de Chicoutimi, avant que
vous ne sursautassiez. Dans l'esprit de ce mémoire, il semble se
dégager qu'on n'a aucunement mis de côté l'idée de
jumeler des développements hydroélectriques et nucléaires,
au cours des prochaines années.
M. GIROUX: Je crois que nous avons très clairement établi
qu'au cours des prochaines années, nous allons essayer de faire un
développement nucléaire qui nous croyons, nous maintiendra dans
la course, au point de vue technologique. Nous attendons les
développements. Nous ne voulons pas aller plus vite que les
possibilités, que le programme canadien ne nous le permet.
Strictement au point de vue nucléaire, on a l'intention,
dès que la Commission parlementaire sera terminée de continuer
les négociations avec acharnement du côté de
l'énergie atomique pour en avoir les meilleurs prix et les meilleures
conditions possible à plusieurs points de vue et d'examiner très
attentivement tout ce que l'AECL peut nous offrir comme centrale
suppléante. Il n'y a aucune objection de la part de
l'Hydro-Québec à ce point de vue-là. IL s'agit de bien
établir qu'actuellement nous désirons débuter par une
offre ferme que nous avons pour une centrale de 600 mégawatts.
Est-ce que cela répond clairement à votre question?
C'est assez difficile de se prononcer à savoir quelles vont
être les offres futures de l'AECL dans ce domaine-là. Nous avons
une offre qu'elle se croit en position de faire en vertu de l'eau lourde
qu'elle aura à sa disposition à partir de 1978.
M. LOUBIER: Est-ce qu'actuellement vous avez eu des offres de
l'AECL?
M. GIROUX: Oui, nous en avons eu. M. LOUBIER: A quel prix?
M. GIROUX: C'est ce que nous vous expliquons dans le programme
d'équipement.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Giroux. Le député de Gouin a
demandé la parole, puis ce sera le ministre des Finances.
Est-ce que vos questions concernent la gestion?
M.JORON:Non.
M. LE PRESIDENT: Dans l'ordre technique?
M. GARNEAU: C'est parce que les questions du député de
Bellechasse, le chef de l'Opposition, ont lancé le débat sur un
sujet. Je ne sais pas, M. le Président, comment vous voulez ramener
cela...
M. LE PRESIDENT: Je veux trancher le débat sur cette question de
gestion. Le député de Bellechasse a passé sur une question
technique, au point de vue du développement nucléaire et cette
question a été reçue. On a hésité à y
répondre disant simplement que dans le développement de la
programmation d'équipement, on viendrait à expliquer toutes ces
choses-là. Je pense que le député a reçu sa
réponse.
M. LOUBIER: Si le ministre des Finances me permet, c'est que je dois
retourner en Chambre pour répondre à un certain psychiatre au
sujet de...
M. GARNEAU: Simplement, c'est dans l'ordre des travaux, parce que les
questions que le député de Bellechasse, chef de l'Opposition
officielle, a posées me paraissent fort importantes et j'ai, moi aussi,
à poser des questions concernant l'exemption de taxes, etc., et je ne
sais pas à quel moment je dois les poser.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais, M. le ministre, établir l'ordre
dans un certain sens pour essayer d'avoir le portrait le plus complet.
Naturellement, il y a toutes sortes de questions qui se posent au fur et
à mesure qu'on fait des commentaires. C'est naturel et normal. Je
voudrais tout simplement qu'on puisse présenter le programme d'abord.
Une fois que le programme sera présenté, je pense que ce serait
tout à fait dans l'ordre de discuter de la façon dont on
administrera, de la façon dont les taxes seront perçues ou non
perçues. Ce sont des choses qui se rattachent toutes au programme qu'on
voudrait élaborer. C'est malheureux si on doit intervenir à tout
bout de champ sur des questions qui se rattachent indirectement au grand
problème de la présentation du projet. Je n'ai pas de manchettes
à faire, moi.
M. VEILLEUX: M. le Président, j'aurais une directive à
vous demander. Pour faire suite à la première question
déposée par l'honorable député de
Bellechasse...
M. LE PRESIDENT: Cette question est en suspens. Le député
pourra y revenir plus tard. D a voulu pour cause d'urgence.
M. VEILLEUX: Et si nous voulons y revenir, nous pourrons y revenir
à ce moment-là?
M. LE PRESIDENT: Absolument, sans discussion.
M. VEILLEUX: Avec discussion, je l'espère.
M. LE PRESIDENT: Sans discussion de ma part, parce que je ne peux pas
prendre part au débat, mais avec discussion de la part de la table
certainement.
Le député de Gouin.
M. JORON: M. le Président, je pense qu'il importe, à ce
stade de nos travaux, et devant un projet d'une ampleur aussi
considérable, que les différents partis politiques fassent
connaître leur position sur le déroulement des travaux
jusqu'à ce point-ci.
M. LE PRESIDENT: Je regrette, à ce moment-ci, nous discutons en
commission sans qu'il y ait égard à un parti politique. Il y
aurait lieu sans doute qu'on se range à gauche ou à droite de la
table, je voudrais tout de même qu'on puisse permettre à la
Corporation de développement de la baie James et à
l'Hydro-Québec de présenter les faits, quitte ensuite à
discuter selon les lignes des partis ou de faire de l'opposition.
M. JORON: C'est ce que j'avais l'intention de faire, M. le
Président, de résumer les faits tels qu'on les connaît et
tels qu'on les perçoit jusqu'à présent.
M. LE PRESIDENT: Pas à ce moment-ci M. le député,
si vous me le permettez.
M. SAINT-PIERRE: On était rendu à l'Hydro-Québec,
qui devait expliquer la méthodologie de l'implantation...
M. JORON: Ayant des questions précises à poser à
l'Hydro-Québec à ce sujet, je pense qu'il est normal qu'un
préambule soit fait pour qu'il soit compris dans quelle optique nous
situons ces questions.
M. LE PRESIDENT: Je ne vous empêche pas de faire un
préambule mais je vous le
demande ce moment-ci n'est peut-être pas choisi pour faire
ce préambule. Si vous avez des questions sur ce qui a été
dit, je ne veux pas être arbitraire, franchement, je voudrais qu'on
progresse normalement et avec ordre.
M. JORON: D'accord, c'est justement pour que la discussion progresse
dans l'ordre que je voulais situer...
M. LE PRESIDENT: Je crains que si vous adoptez une position politique ou
autre à ce moment-ci, au point de vue des principes, je devrai accorder
à tous les partis réunis à la table le même
privilège d'établir leur position. Je ne voudrais pas ouvrir
cette porte-là, c'est aussi simple que cela. Je pense que nous discutons
d'un problème qui est non seulement important mais tout à fait
technique à ce moment-ci, et qu'il convient qu'on entende les
données des techniciens ou des responsables. S'il y a des questions sur
ce qui s'est dit à la dernière séance, puisqu'on a
dû terminer rapidement à cause de l'heure, j'inviterais le
député à poser ses questions mais qu'on nous permette de
procéder avec ordre au point de vue du déroulement de cette
commission.
M. JORON: C'est justement, M. le Président, dans ce souci d'ordre
que je veux résumer notre compréhension des faits tels qu'ils ont
exposés jusqu'à ce jour et des questions qui restent en
suspens.
M. LE PRESIDENT: Je regrette, si vous voulez, posez des questions
directes, sans prise de position. Comment pouvons-nous, que ce soit d'un
côté de la table ou de l'autre, que ce soit un
député ou un autre, prendre une position sans connaître les
faits? Je m'attends tout simplement à ce qu'on présente les faits
à la commission. Ensuite viendront les questions, tant que vous en
voudrez, il n'y aura aucune restriction.
M. JORON: M. le Président, vous me permettrez quand même en
commençant de remercier d'une part le gouvernement d'avoir
déposé finalement les études la majorité des
études que nous avions demandées et qui nous paraissent
essentielles à la compréhension et au bon déroulement de
nos travaux. D'autre part, au début de la séance d'aujourd'hui,
je voudrais remercier l'Hydro-Québec sur deux plans, quant à la
qualité d'une part du travail qui a été effectué,
quant au souci d'objectivité que l'Hydro-Québec a
témoigné en commandant d'aussi nombreuses études, à
différents endroits et à l'extérieur du pays. Je pense que
c'était ce qu'elle devait faire et je tiens à souligner que nous
apprécions la qualité des travaux effectués au cours de la
dernière année.
L'Hydro-Québec mérite également des remerciements
quant à la démarche qu'elle a retenue, quant à sa
façon d'aborder le problè- me. Toute la question qui nous
intéresse aujourd'hui se devait d'être abordée en fonction
des besoins d'électricité internes du Québec. Il fallait
aussi aborder la question, non pas en comparant une rivière avec une
autre ou une usine nucléaire avec une rivière ou ainsi de suite,
mais l'aborder par le biais de programmes intégrés.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. LE PRESIDENT: C'est très bien, je saisis exactement et j'ai
compris. La commission a compris, à ce moment-ci, que le
représentant du Parti québécois, le député
de Gouin, a fait un énoncé disant qu'il remerciait tous ceux qui
ont paru devant la commission jusqu'à ce jour et de tout ce qu'ils ont
présenté. J'accepte ce commentaire. Les questions, s'ils vous
plaît, sans discours.
M. JORON: M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Non. Je ne vous empêcherai pas de parler.
M. JORON: Est-ce que vous allez me dire quels remerciements j'ai droit
de faire ou non?
M. LE PRESIDENT: Vous les avez tous faits.
M. JORON: Vous ne les connaissez pas.
M. LE PRESIDENT: Vous êtes rendu, à ce moment-ci sur un...
A l'ordre! s'il vous plaît. Vous en êtes rendu à ouvrir une
discussion sur la question de rivières, de systèmes, soit
thermiques, soit nucléaires par comparaison avec un système
hydraulique. Je demande tout simplement qu'on s'en tienne à ce moment-ci
aux commentaires. Vos remerciements, nous les acceptons volontiers avec
beaucoup de satisfaction. Mais je demanderais qu'on puisse procéder
à l'exposé à moins que vous ayez des questions sur
ce qui a été dit jusqu'ici qui nous est offert par le
président de l'Hydro-Québec ou par ses adjoints.
M. JORON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: C'est très simple, je ne voudrais pas faire de
débats. La décision est prise, je ne voudrais pas en appeller de
la décision. Je ne voudrais pas de vote sur cette question. Je demande
tout simplement qu'on entende l'histoire. Une fois qu'on l'aura toute entendue,
vous pourrez faire votre prise de position, vos énonciations, vos
commentaires, critiquer ou accepter ce qui a été dit. Mais au
moins, entendons l'histoire. C'est tout à fait normal dans une
procédure.
M. JORON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Allez-y.
M. JORON: Parmi les remerciements il en est un aussi, que je n'ai pas
mentionné, qui était celui-ci. Je voulais remercier 1'Hydro
-Québec, féliciter l'Hydro-Québec de la façon
qu'elle a résolu le problème qui nous concernait, soit de partir
d'un procédé essentiellement comparatif. Il nous a toujours paru
que c'était de cette façon que le problème devait se
résoudre. C'est ce que l'Hydro-Québec a fait. Il appartenait
effectivement à l'Hydro-Québec de le trancher et non pas au
gouvernement, puisqu'il s'agissait d'une décision technique et non d'une
décision politique.
M. LE PRESIDENT: Vous frisez exactement le bord du précipice sur
lequel je ne veux pas m'avancer. Voici, il s'agit tout simplement à ce
moment-ci, je pense.
M. JORON: ... précipice...
M. LE PRESIDENT: Questions, s'il vous plaît.
M. JORON: M. le Président, je veux vous demander une directive.
Nous est-il permis...
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. JORON: ... de faire un exposé préliminaire ou
limitez-vous la séance à des questions et à des
réponses, sans qu'il ne soit permis aux membres de la commission, de
présenter leurs opinions et leurs commentaires?
M. LE PRESIDENT: Absolument pas. Tout ce que j'ai suggéré
de procéder dans le bon ordre. Que l'on permette de faire
l'exposé. Une fois l'exposé terminé, toutes les questions
seront permises de la part de qui que ce soit à la commission. Il est
même permis non seulement permis, mais reconnu comme étant
acceptable que les gens représentant l'Hydro-Québec ou le
développement de la baie James puissent aussi faire des commentaires et
poser des questions aux représentants du gouvernement ou d'un parti
politique, sur leurs positions.
Mais au moins, soyons dans l'ordre. Entendons l'histoire d'abord. Quand
nous aurons tout entendu, vous serez en mesure de tirer des conclusions. Je
comprends mal que l'on puisse tirer des conclusions, à ce moment-ci, sur
un tiers, un quart ou un cinquième d'une histoire qui n'est pas
racontée.
M. JORON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Qu'on l'entende au moins. D n'est pas question de
restreindre, ici; comprenez-moi bien. Il est tout simplement question de mettre
la procédure en ordre.
M. JORON: M. le Président...
M. GAUVREAU: Nous acceptons les remerciements.
M. LE PRESIDENT: Alors, ce point-là est terminé et les
remerciements sont acceptés. Avez-vous des questions sur ce qui a
été dit?
M. JORON: M. le Président, j'ai des commentaires à faire
sur la partie de l'histoire comme vous dites qui nous a
été livrée aux séances de la commission,
jusqu'à ce point. Ce que je vous demande, c'est s'il est permis aux
membres de la commission de faire des commentaires, non pas sur des choses qui
n'ont pas été discutées, mais sur les points qui ont
déjà été livrés, soit par
l'Hydro-Québec, soit par la Société de
développement de la baie James.
M. LE PRESIDENT: Oui. Je pense qu'il est admissible de recevoir des
commentaires, à ce moment-ci, sur ce qui a été dit. Je
voudrais tout de même dire que tout commentaire sur un sujet qui sera
fait à ce moment-ci... Lorsqu'arrivera le moment de discuter du
problème complet, je devrai tout simplement dire, à ce
moment-là: "Cette question a été résolue; ce point
a été fait" Je n'accepterai pas, à ce moment-là, de
répétitions. C'est simplement dans le but de faire progresser les
travaux.
M. JORON: M. le Président, je voudrais, par exemple
présenter les opinions et les commentaires que nous avons à faire
sur des sujets qui ont été, jusqu'ici, vidés.
M. GARNEAU: Est-ce que votre opinion...
M. JORON: ... sur des points qui ont été
présentés, soit par l'Hydro-Québec, soit par la
Société de développement de la baie James.
Dans le matériel qui nous a déjà été
livré...
M. GARNEAU: Est-ce que le député de Gouin me permettrait
seulement une question? Evidemment, l'Hydro-Québec nous a
déposé hier une série de documents; à ma
connaissance, il en restait un, celui de la normalisation des coûts.
Est-ce que l'Hydro-Québec a encore d'autres documents à donner
à la suite de ça? Seulement pour savoir s'il en reste plusieurs
avant.
M. SAINT-PIERRE: Le député de Gouin me permettra... IL
n'est pas question... On tente de faire progresser la commission; il me semble
que l'on se soit...
M. JORON: Cela n'en a pas l'air.
M. SAINT-PIERRE: Je ne sais pas moi. Je n'ai pas parlé depuis
vingt minutes et nous vous écoutons. Tout ce qui arrive... Il ne me
semble pas que ce soit le moment approprié pour commencer à se
lancer dans les remerciements. Nous avons accepté, au départ, une
méthodologie. L'Hydro-Québec nous a expliqué... D'ail-
leurs, je ne voudrais pas tomber dans le même péché
que lui et commencer à entrer dans les remerciements. Mais, il y a eu
une méthode. Et même, dans le discours de M. Giroux, les gens
étaient portés à sauter les questions.
Nous avons dit: "II faut y aller étape par étape".
L'avant-dernière étape, c'est la normalisation et la
dernière étape, c'est le choix définitif de la chose. Il
me semble essentiel de franchir au moins toutes ces étapes-là.
Après, nous poserons toutes les questions que nous voulons sur toutes
les étapes. A la fin, on pourra dire: Cela a été bien fait
ou mal fait. Et à la fin complètement, s'il y en a qui trouvent
qu'il y en a qui n'ont pas fait leur devoir, ils le diront.
En cours de route, on fait un peu de psychanalyse coDective. Nous
disons: Voici ce que l'on pense jusqu'ici.
Est-ce que le député de Gouin est d'accord? Je ne sais
pas, je pense qu'on peut quand même progresser sur ça...
M. GARNEAU: On peut finir et, après ça...
M. SAINT-PIERRE: On peut commencer à remercier
immédiatement le journal des Débats d'avoir bien fait la
transcription des dernières discussions, remercier les pages d'avoir
ouvert les portes, mais ce n'est pas ça; on va au moins finir nos
travaux. Après ça, à la fin...
M. LE PRESIDENT: Si on finit les remerciements, on pourra
peut-être lever la séance!
M. JORON: M. le Président, si je comprends bien les intervenants
précédents, il serait peut-être de mise, à ce
moment-ci, que l'on ait tout de suite les derniers documents qu'ont à
nous livrer l'Hydro-Québec ou la Société. Je vous
demanderais la parole par la suite, à ce moment-là.
M. LE PRESIDENT: II n'y a aucune bataille là-dessus. Il n'est pas
question de couper la parole à qui que ce soit, il s'agit simplement
d'essayer d'avoir un peu d'ordre dans la procédure. Je ne souffre pas de
procédurite, je peux vous l'affirmer.
A moins de commentaires tout à fait acceptables à ce
moment-ci, je demanderais à M. Giroux, qui avait la parole, ou à
ses adjoints, de continuer l'exposé déjà
commencé.
Coût des divers modes de production
d'électricité
M. GIROUX: M. le Président, il y a deux documents sur lesquels on
vous demande la permission de donner des explications assez
détaillées, afin d'être en mesure d'éliminer
beaucoup de questions, c'est la normalisation des coûts unitaires des
divers modes de production d'énergie électrique et le
résumé des études.
Avec votre permission, je demanderais à M. Charuk de donner les
explications au fur et à mesure sur la normalisation, et à M.
Cahill, ensuite de présenter le résumé des études.
Je crois que ça pourra réellement ouvrir les portes à
plusieurs débats. Si vous permettez, je vais laisser mon siège
à M. Charuk.
M. CHARUK: Yan Charuk, Hydro-Québec. M. le Président,
messieurs, vous avez entre les mains un rapport portant sur la normalisation
des coûts unitaires des divers modes de production d'énergie
électrique au Québec.
Comme il semble actuellement exister une grande confusion dans les
diverses estimations de coût des centrales nucléaires et
thermiques classiques, cette étude cherche à éliminer la
confusion apparente autant sur les coûts unitaires d'investissement que
sur les frais d'exploitation. Elle porte sur les centrales nucléaires de
types américain et canadien ainsi que sur les centrales thermiques
classiques.
L'étude consiste principalement à normaliser des
données citées par diverses sources fiables en les ajustant pour
des hypothèses indentiques et un ensemble d'éléments
comparables. La comparaison des diverses prévisions retenues
révèle que leur disparité initiale découle
principalement des facteurs suivants: La prise en considération
d'éléments différents de coût et l'utilisation
d'hypothèses différentes quant au taux d'inflation, quant aux
années de mise en service et quant au coût de financement d'un
projet.
M. le Président, si vous me le permettez, j'aimerais maintenant
vous expliquer brièvement ce que comporte cette normalisation en vous
référant au tableau 1 qui suit la page 5 du document. Ce tableau
présente la normalisation des prévisions du coût unitaire
d'investissement de centrales nucléaires américaines pour des
groupes de 1,000 mégawatts, mises en service aux Etats-Unis en 1978.
Comme vous pouvez le constater, les sources de référence sont
multiples. Les dates de publication sont très récentes.
La disparité qui existe entre la prévision des coûts
unitaires d'investissement est assez énorme, si vous voulez, elle passe
du simple au double.
Je tenterai maintenant de vous expliquer les facteurs qui amènent
cette disparité.
Premièrement, les prévisions effectuées par les
divers organismes le sont pour des groupes de taille variant entre 800 et 1,100
mégawatts. Deuxièmement, les donnés de base
utilisées sont exprimées en dollars 1969, 1970 ou 1971.
Troisièmement, l'année de mise en service de ces unités
est prévue entre 1975 et 1980. D'autres raisons expliquent les
différences entre les prévisions. Ce sont les hypothèses
utilisées quant au taux d'inflation, soit le taux d'intérêt
pendant la construction et les taux de contingences.
Nous avons tenté de normaliser ces coûts en dollars 1971.
Pour ce faire, nous avons d'abord
déterminé les coûts d'investissement de
référence pour des centrales de 1,000 mégawatts. Puis,
nous avons appliqué une inflation globale à ces projets pour les
données de base qui étaient exprimées en dollars 1969 et
1970, puis nous les avons ramenés en dollars 1971.
La dernière étape de la normalisation en dollars 1971 a
consisté à faire des ajustements sur les éléments
de coût qui n'étaient pas entièrement inclus dans les
estimations. Par exemple, certaines sources n'incluent pas le poste de
sectionnement, ou n'incluent pas entièrement les montants requis pour
les services professionnels. A cela, nous avons ajouté un taux de
contingences ou d'imprévus de 10 p.c. Nous avons
déterminé, finalement, le coût normalisé en dollars
1971.
Pour déterminer la normalisation en dollars 1978, nous avons tout
simplement appliqué une inflation au coût normalisé 1971 et
un coût de financement des projets pour en arriver à un
résultat moyen, pour 1978, de $445 par kilowatt pour des groupes de
1,000 mégawatts. De plus, on peut constater que les diverses
prévisions varient entre plus ou moins 5 p.c. par rapport à la
moyenne choisie, d'un minimum de $427 par kilowatt à un maximum de $467.
Enfin, il s'agissait de déterminer la même chose pour des groupes
de 800 mégawatts et de 500 mégawatts. Les résultats
donnent $500 par kilowatt pour les groupes de 800 mégawatts et $575 par
kilowatt pour les groupes de 500 mégawatts.
A toutes fins pratiques, les prévisions une fois
normalisées se réconcilient très bien. La valeur retenue
peut être considérée, d'après nous, comme une
indication fiable du coût d'investissement unitaire aux Etats-Unis.
Vous avez aussi les coûts d'exploitation des centrales
nucléaires américaines. Ils sont décrits à la page
13. Les prévisions effectuées en ce domaine se concilient assez
bien.
Passons maintenant à la transposition de ces coûts au
Québec. La transposition de ces coûts au Québec
nécessite les principales corrections suivantes: Premièrement,
les taux de rémunération de la main-d'oeuvre sont plus bas au
Québec qu'aux Etats-Unis et deuxièmement, le taux d'inflation
global, applicable aux dépenses de construction, est lui aussi moins
élevé qu'aux Etats-Unis. Tenant compte de ces facteurs et de
d'autres facteurs, le tableau 5 de la page 16 illustre le détail de la
transposition au Québec. Le coût d'investissement unitaire
prévu pour des groupes de 800 mégawatts, mis en service en 1978
au Québec, est de $367 par kilowatt, comparativement à un
coût aux Etats-Unis, de $500 par kilowatt. Ce coût se compare
à celui qu'a prévu la firme United Engineers and Constructors
Incorporated pour des centrales construites au Québec en 1978.
Cette firme a prévu un coût de $364 le kilowatt. Donc,
ça c'est la normalisation des centrales nucléaires
américaines.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que je pourrais poser une question? Est-ce que
ce coût inclut les frais d'investissement pour les dispositifs touchant
la pollution, sur le plan de la radiation nucléaire, sur le plan
thermique ou autrement, compte tenu des normes récentes aux
Etats-Unis?
M. CHARUK: Voici. En réponse à votre question, il y a deux
considérations principales; d'abord, la pollution thermique de l'eau.
Aux Etsts-Unis, vous allez voir dans le document que les tours de
refroidissement peuvent coûter jusqu'à $50 le kilowatt, mais en
général, sur une rivière avec un débit raisonnable,
le coût est d'environ $20 le kilowatt. Nous l'avons
considéré pour les centrales américaines construites aux
Etats-Unis, mais enlevé pour les centrales construites au Québec.
En ce qui concerne maintenant l'équipement additionnel pour assurer la
sécurité, nous avons tenu compte, justement, de l'investissement
additionnel requis.
M. SAINT-PIERRE: Un petit point mineur. Je crois comprendre que les
normes américaines, en particulier pour tous les Etats le long des
Grands Lacs, le Michigan et les autres, pour Chicago, en général,
maintenant c'est assez simple, c'est un maximum d'un degré: l'eau qui
est versée dans le Grand Lac ne doit pas être plus chaude d'un
degré Fahrenheit que l'eau du lac même. Est-ce qu'au Canada, dans
le contexte, ce serait à peu près ça dans les
rivières, ou si ce serait plus considérable?
M. CHARUK: Je ne connais pas les normes canadiennes de ce
côté-là. Tout ce que je puis répondre, c'est ce qui
a été déclaré ici, il y a quelques jours, en ce qui
concerne la centrale de Gentilly. Peut-être qu'ici, M. Cahill pourrait
m'aider. Je crois qu'effectivement, pour Gentilly, la température de
l'eau dans le fleuve augmente d'une façon très, très
négligeable, étant donné le débit très
élevé du fleuve Saint-Laurent à cet endroit. Est-ce que
ça répond à votre question?
M. SAINT-PIERRE: Très bien, oui.
M. CHARUK: La deuxième étape des études en
normalisation consistait à normaliser les coûts pour les centrales
nucléaires canadiennes. Toujours pour une mise en service en 1978, le
coût d'investissement d'une centrale nucléaire canadienne au
Québec est prévu à $475 le kilowatt. Ce montant
représente une moyenne, pour quatre groupes, de 500 mégawatts. Il
découle d'une normalisation de plusieurs estimations. La majorité
de ces estimations ont été publiées par l'Energie atomique
du Canada Ltée et vous les retrouvez au tableau de la normalisation des
centrales canadiennes, à la page 21. L'augmentation des coûts
prévus par rapport aux prévisions antérieures
résulte principale-
ment des facteurs suivants: une forte hausse des coûts de
main-d'oeuvre de 1969 à 1972, une hausse sensible du prix de l'eau
lourde, la hausse des taux à intérêt, un taux de
contingence plus élevé et une période de construction
légèrement plus longue. Comme on peut le constater à la
page 18 du document, les estimations fournies par l'Energie atomique du Canada
Ltée à l'Hydro-Québec, en avril 1972, confirment la
validité des résultats des études en normalisation. A
titre d'exemple, l'AECL prévoit $505 le kilowatt, alors que nous avons
prévu $475. La différence entre les prévisions est
partiellement expliquée par l'utilisation de taux annuels d'inflation
différents, puis la période de construction. Nous avons retenu 4
p.c, alors qu'ils ont retenu 5 p.c. Aussi, les deux prévisions supposent
un échelonnement légèrement différent des mises en
service. En ce qui a trait aux prévisions des coûts
d'exploitation, nous avons analysé et, enfin, retenu les
prévisions de l'Energie atomique du Canada à ce sujet.
Enfin, la troisième étape consistait à normaliser
les coûts d'investissement et d'exploitation des centrales thermiques
classiques à l'huile.
La même procédure a été suivie que dans le
cas des centrales nucléaires américaines et les coûts que
nous avons déterminés confirment les coûts qui ont
été prévus par la firme United Engineers and Constructors
Inc. Ces coûts sont de $200 par kilowatt pour des groupes de 500
mégawatts et de $180 par kilowatt pour des groupes de 800
mégawatts.
Ces coûts excluent l'équipement antipollution.
M. SAINT-PIERRE: Quel serait, approximativement, le coût
additionnel pour l'équipement antipollution?
M. CHARUK: C'est très difficile à ce stade-ci de se
prononcer d'une façon catégorique sur ce sujet mais nous estimons
qu'en 1978 l'investissement requis sera entre $50 et $60 par kilowatt.
M. SAINT-PIERRE: Merci.
M. CHARUK: L'autre solution est d'utiliser du combustible à
très basse teneur en soufre. Nécessairement ce combustile
coûte plus cher que le combustible qui a un contenu supérieur en
soufre.
Concernant les prévisions des prix de combustibles, vous les
retrouvez à la page 24 du document, soit à la dernière
page. En 1980, nous prévoyons pour de l'huile résiduelle,
c'est-à-dire l'huile no 6, un coût de $0.64 par million de BTU et
un coût de $0.71 par million de BTU si le contenu en soufre est de 0.3
p.c. Nous pensons qu'un taux d'inflation à long terme après 1980
de 2 p.c. par année devrait être retenu pour les prix du
combustible fossile.
J'ai terminé. Si vous avez des questions.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie, est-ce qu'il y en a qui ont des
questions? Le député de Verchères.
M. SAINT-PIERRE: J'imagine que dans un deuxième temps on
reprendra ces paramètres qui ont été
déterminés à la suite de l'étude de normalisation
et on va jouer avec ces paramètres en fonction de situations bien
données. Je ne sais pas si je pourrais poser deux questions, la
première: compte tenu du problème de demandes de
l'Hydro-Québec, parce que c'est une situation particulière qu'on
veut bien saisir, les besoins d'énergie sur une période
jusqu'à 1985 et l'ampleur de cette demande, lorsqu'on applique les
solutions que vous avez mentionnées, soit nucléaires
américaines, nucléaires canadiennes, si on les applique pour
fournir une énergie de base, essentiellement, compte tenu que
l'hydraulique pourrait faire la pointe, quel pourrait être le coût
en mills par kilowatt-heure pour le nucléaire américain et le
nucléaire canadien dans le contexte de 1978 à 1985
appliqué au programme que vous avez? L'électricité
livrée à Montréal?
M. CHARUK: Premièrement, il est extrêmement difficile de
prendre un complexe de base, c'est de cela que vous voulez parler, d'extraire
ses coûts d'un programme d'équipement et de tenter de
déterminer le coût de l'énergie livrée. Les
programmes d'équipement de l'Hydro-Québec rencontrent les besoins
quotidiens, mensuels et annuels des caractéristiques de la demande du
réseau dans son ensemble.
Toutefois, nous avons préparé des estimations
approximatives ici du coût de l'énergie livrée aux postes
de répartition de la région métropolitaine de
Montréal pour le complexe hydro-électrique La Grande et des
projets équivalents produisant de l'énergie de base. Ces
coûts donnent environ 11.8 mills par kilowattheure pour le projet de La
Grande; 14.7 mills par kilowatt-heure pour un projet nucléaire.
Nous croyons que la différence entre le nucléaire canadien
et américain n'est pas significative.
M. SAINT-PIERRE: Avec les difficultés d'avoir le nucléaire
américain en sol canadien?
M. CHARUK: II est difficile de se prononcer. Nos estimations, en ce
moment, donnent un couple nucléaire américain d'environ 3 p.c.
supérieur au nucléaire canadien. Ce n'est pas significatif
étant donné que nous prévoyons pour dix ou quinze ans.
M. SAINT-PIERRE: 14.7...
M. CHARUK: ... mills par kilowatt-heure que j'ai dit. Oui, pour le
nucléaire. Pour un programme...
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît, sur le
même...
M. SAINT-PIERRE: On pourrait peut-être voir le thermique et
après cela vous pourriez poser votre question, compléter?
M. CHARUK: Pour le thermique, en utilisant si vous voulez
l'équivalent de brûler 1 p.c. de contenu en soufre dans le
combustible, nous avons 14 mills. En utilisant l'équivalent de
brûler 0.3 p.c. du combustible de contenu en soufre, nous avons 14.7
mills.
M. SAINT-PIERRE: C'est donc dire, en général, entre le
dernier que vous avez mentionné pour le thermique et le
nucléaire, un écart de 2.9 mills, soit entre 11.8 et 14.7.
M. CHARUK: Vous voulez dire entre le projet La Grande et le
nucléaire.
M. SAINT-PIERRE: Entre le projet La Grande et un programme
équivalent d'énergie de base qui donnerait la même
quantité de kilowatts-heures.
M. CHARUK: D'accord c'est cela, 2.9 mills. Maintenant, il s'agit de 2.9
mills en moyenne sur une période d'horizon de 50 ans.
M. SAINT-PIERRE: J'ai une question, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Est-ce dans le même ordre d'idées?
M. JORON: M. le Président, je voudrais demander...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que je pourrais terminer? Je ne voudrais pas y
revenir trop longtemps. On a mis très longtemps en doute la
rentabilité même des rivières de la baie James et je ne
voudrais pas faire de la partisanerie politique. L'ampleur des décisions
est telle qu'on doit essayer d'être le plus objectif et le plus froid
possible dans tout ceci. Mais j'aimerais signaler et cela m'apparaît
particulièrement important, qu'on joue avec bien des chiffres. On parle
de La Grande comme ayant 58 milliards de kilowatts-heures.\On parle de mills,
de dixièmes de cents par kilowatt et là il faut bien voir. Je
veux simplement faire reconfirmer par vous ou par M. Boyd qu'effectivement les
informations que vous venez de nous donner veulent dire que si on donnait suite
à la recommandation de l'Hydro-Québec de prendre le
développement de la rivière La Grande versus d'autres choix qui
s'offraient à nous pour le même type d'énergie qui
correspond non pas à des besoins d'exportation mais à des besoins
du réseau de l'Hydro-Québec sur une période de 1975
à 1986, que les 58 milliards de kilowatts-heures que nous donnera le
complexe La Grande ou qu'aurait pu nous donner le complexe nucléaire de
même type d'énergie, avec un différentiel de 2.9 mills nous
donnerait une épargne annuelle j'insiste sur le chiffre
une épargne annuelle au Québec de $168,200,000. Est-ce que mes
chiffres sont exacts, me suis-je trompé? Parfois les ingénieurs
se trompent, ils calculent précisément mais ne mettent pas le
point à la bonne place.
M. CHARUK: C'est l'ordre de grandeur. Par contre j'aimerais ajouter un
commentaire à ce que j'ai déclaré tantôt. Le
coût de l'énergie livrée ici n'est pas un prix de revient,
pas du tout. C'est le prix, le coût si vous voulez en moyenne sur une
période de 50 ans.
M. SAINT-PIERRE: Mais essentiellement, si on le reprend sur une
période de 50 ans?
M. CHARUK: Vous économisez annuellement le montant approximatif
que vous avez donné tantôt.
M. SAINT-PIERRE: Annuellement. Donc en donnant suite aux études,
en terminant... Peut-être y a-t-il des députés qui
pourraient être moins familiers avec les projets
hydro-électriques. On était peut-être surpris d'apprendre
que l'Hydro-Québec elle-même ou par d'autres avait
dépensée $20, $30 ou $40 millions pour les études sur la
baie James. Je pense qu'on ne saurait trop insister quand même sur cette
épargne réelle. S'il y a un an, on avait pris l'énergie
nucléaire comme cela, en acceptant les chiffres qui étaient
lancés, effectivement à chaque année le Québec
aurait eu $168 millions à dépenser. Ce n'est pas la
première fois que le débat nucléaire intervient dans notre
vie sur le plan de la production d'énergie. Je ne sais pas s'il va
falloir un jour changer votre nom pour Hydro-électricité ou autre
chose, parce que le mot hydro est trop près de votre production.
Je rappelle aux membres de la commission je me permettrai
peut-être de le dire aux journalistes qu'il y a deux jours, nous
avions, en revoyant le bilan de l'Hydro-Québec, demandé aussi
à M. Boyd et à M. Giroux certaines précisions touchant la
décision prise par les commissaires sur l'énergie de Churchill
Falls versus et là on parle de 1966-1967 le
nucléaire. En effet, ceux qui regardent en arrière se rappellent
qu'à cette période on a eu les mêmes débats qui sont
revenus, peut-être avec moins d'agressivité. On est revenu quand
même nous dire: On devrait aller dans le nucléaire. Oublions
toutes les difficultés d'approvisionnement d'eau lourde, oublions tous
les autres problèmes techniques qui auraient pu survenir. Disons
simplement que pour le nucléaire, s'il n'y avait eu aucune
difficulté, compte tenu du contrat réalisé pour les chutes
Churchill, pour l'approvisionnement en électricité,
l'épargne réalisée grâce à cette
décision je lève mon chapeau à ceux qui en ont
été principalement responsables et je pense que je ne me trompe
pas en mentionnant, du côté québécois, M. Boyd, M.
Gignac et peut-être M.
Giroux je ne voudrais pas aller dans les détails et
d'autres commissaires qui y ont été associés, mais je
pense qu'il y en a particulièrement qui ont suivi le dossier de
très près pour le Québec, ça
représente en moyenne près de $100 millions par année. Ces
deux décisions c'est par des études poussées et non
par des ballons qu'on est allé au fond représentent quand
même pour le Québec, en évitant le nucléaire et en
évitant peut-être une théorie de prestige ou autre, des
épargnes réelles de $250 à $260 millions par année.
Je pense que le député de Gouin et critique financier du Parti
québécois réalise que $260 millions dans le budget
québécois, c'est quand même un montant substantiel.
M. JORON: M. le Président, je constate d'une part que, pour
quelqu'un qui était pressé tout à l'heure d'entendre les
exposés de base avant de sauter aux conclusions et aux commentaires,
vous êtes devenu joliment pressé tout d'un coup.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, M. le Président, je tire
simplement, à partir d'une étude de normalisation des coûts
unitaires, les conséquences de ces coûts unitaires. C'est
très bon de dire dans les journaux que ça va coûter $5,000,
$6,000 et que tel professeur a dit $9,000. Il faut en savoir les
conséquences et les implications financières pour justifier
cela.
M. JORON: Ceci dit, M. le Président, à ce que je
sache, c'est moi qui avais la parole je pense que le ministre a
été imprudent et qu'il aura peut-être malheureusement
bientôt à ravaler ses paroles. Je voudrais donc que l'on poursuive
la séance selon la démarche qui nous a été
indiquée au début: établir d'abord les faits, avant de
faire les commentaires et de tirer les conclusions. J'ai quelques questions
à poser sur le sujet immédiatement.
M. LE PRESIDENT: Excusez, M. le député. Les commentaires
qui ont été faits l'ont été à
l'intérieur des commentaires qui avaient été faits par M.
Charuk. Il n'y a pas d'écart et c'est une question de précision.
Je ne voudrais pas qu'on puisse interpréter l'intervention du
député de Verchères comme une intervention à
l'écart ou en dehors de la discussion.
Le député de Gouin.
M. JORON: M. le Président, les questions que j'ai à poser
sont les suivantes. Comment se fait-il qu'il y a une différence entre le
coût qui vient de nous être donné pour La Grande et celui
qui apparaît dans le document qui nous a été remis ce
matin? C'est le programme d'équipement par l'Hydro-Québec au 15
mai et qui monte La Grande à 12.2. D'autre part...
M. SAINT-PIERRE: C'est tellement évident. M. JORON: Vous
permettez que je fasse la liste de mes questions, comment se fait-il que le
nucléaire canadien y apparaît à 14.2 et non pas à
14.7? Comment d'autre part concilier ces chiffres avec ceux par exemple... Et
ceci m'amènerait à demander de quelles études
découlent cette synthèse, cet effort de normalisation, puisqu'il
semble y avoir des contradictions évidentes avec les données de
United Engineers qui prévoit, selon la taille des unités
concernées, des prix toujours pour 1978 sur le
nucléaire variant entre 7.3 et 9.3 mills?
Troisièmement, j'ai à vous demander quels taux
d'utilisation et de réserve ont été retenus pour arriver
à ces chiffres? Je souligne l'importance de ce point. Selon que l'on
prenne un taux d'utilisation de 60 p.c., 70 p.c. ou 80 p.c, les
différences vont se répercuter sur le prix en mills de
façon considérable. A cet égard, je signale le danger de
se tromper là-dessus. Je me rappelle, l'année dernière,
par exemple, les propos de M. Boyd au sujet de Pickering, prévoyant un
taux d'utilisation de 60 p.c. qui s'est avéré de 83 p.c. dans les
premiers mois de production de Pickering, ceci pouvant avoir des
conséquences considérables.
D'autre part, je veux vous demander si, dans les coûts de La
Grande, est inclus un calcul tenant compte de coûts
supplémentaires pouvant résulter du prolongement
considérable du réseau que cela occasionne, puisque nous avons
établi, il y a deux jours, à cette commission, que le
prolongement et le déséquilibre que ce prolongement peut
provoquer dans un réseau, entraînent des coûts
supplémentaires. On en a même, il y a deux jours, mentionné
quelques-uns dans l'effort de produits nouveaux qu'il fallait faire maintenant
pour la question des lignes de tension, etc. Ce facteur-là est-il inclus
dans le coût?
En dernier lieu, les deux autres questions que je me pose, toujours au
sujet du coût, aurait-on et ceci est très important,
étant donné que l'Hydro-Québec est actuellement en
négociation avec l'Energie atomique du Canada Ltée
intentionnellement diminué ou augmenté les coûts qui
apparaissent dans les études qui sont livrées aujourd'hui, de
façon à avoir une arme de négociation avec...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, j'invoque le règlement,
un instant.
M. JORON: Quel article? Sur quel sujet?
M. SAINT-PIERRE: Article 637, page 23, paragraphe 2; le sujet est
très précis M. le Président. La question du
député de Gouin est malhonnête. Jamais je n'oserais, comme
membre de cette assemblée législative, à des gens qui
viennent participer à une commission, demander, devant témoin,
devant la presse, s'ils ont intentionnellement tenté de tromper la
commission pour avoir un pouvoir de... Je trouve, M. le Président,
que...
M. JORON: M. le Président...
M. SAINT-PIERRE: ... pour quelqu'un qui, il y a à peine trente
minutes, nous faisait perdre vingt minutes pour féliciter les gens, il y
a une contradiction qui, peut-être, reflète d'autres
contradictions.
M. JORON: Vous me permettrez, M. le Président, de formuler la
question d'une façon différente. Etant donné cette
négociation qui a lieu avec l'Energie atomique du Canada,
était-il prudent, à ce moment-ci, de dévoiler les
chiffres? La dernière question...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, l'ampleur du projet et la
conscience que les dirigeants de l'Hydro-Québec ont toujours
montrée dans l'exécution de leur tâche... je pense qu'il
était capital de donner les faits pour qu'une bonne décision soit
prise.
M. JORON: M. le Président, la dernière question que
j'avais à poser est la suivante: Est-ce que les coûts de revient
en mills pour La Grande tiennent compte de ce que l'on retrouve en page 18 de
l'exposé de M. Giroux lorsqu'il disait ceci: Pour réaliser ce
projet, nous demandons au gouvernement de procéder à des
modifications législatives et ainsi de suite... en vue d'exonérer
l'Hydro-Québec de la taxe de vente provinciale, de la taxe sur l'huile
avec gazoline, de l'impôt provincial sur la production d'énergie
électrique et de toute autre redevance ou loyer. De plus, nous sommes
d'avis que l'Hydro-Québec devrait également être
exemptée de l'impôt provincial sur la production d'énergie
et de toute autre redevance ou loyer en ce qui touche ses installations
futures.
A-t-on présumé de ces recommandations, dans le calcul des
coûts, puisque la phrase commence par: Pour réaliser ce
projet?
M. GIROUX: Voici, il y a plusieurs questions mais il n'y a qu'une
question au sujet de la demande que nous faisons, dans les redevances
provinciales et toutes ces choses-là. Ces taxes-là sont
chargées à l'exploitation et les frais d'exploitation
résultent directement dans le coût des tarifs.
Si on prend les $0.50 de redevance et que nous demandons au gouvernement
de nous exempter sur les projets futurs, c'est pour ne pas avoir à
percevoir cet excès de taxes... Probablement que nous ne serons pas du
même avis que le ministre des Finances, je ne veux pas entrer dans son
domaine à ce sujet-là. Nous faisons la demande.
M. JORON: Cette partie-là de la demande, je la comprends? Mais
pour la partie qui porte, non pas au moment où la taxe a une incidence
à la distribution mais au niveau de la production par exemple,
l'exemption de l'impôt provincial sur la production d'énergie de
redevances ou loyers, en ce qui touche les installations futures, quand on dit
les installations futures, est-ce qu'on va présumer dans les calculs que
ces taxes-là étant enlevées, diminuent d'autant les
installations à La Grande ou...
M. GIROUX: Non, il n'y a aucun calcul d'exemptions qui a
été fait, on les a simplement considérées comme
bases pour exploitation.
M. JORON: Merci.
M. BOYD: Sur ce dernier point, M. le Président, on peut
peut-être ajouter quelque chose. Dans la loi...
M. LE PRESIDENT: Approchez du microphone.
M. BOYD: Dans la loi provinciale, l'impôt ou la redevance
prévue pour l'énergie hydroélectrique.
Alors, elles ne seraient pas là à moins que la loi soit
amendée pour l'énergie nucléaire. Donc, d'un
côté il faudrait que les chances soient égales pour les
deux méthodes de production...
On demande, nous, que toute redevance, que ce soit de l'énergie
produite par le nucléaire, le thermique ou l'hydro-électrique,
soit exempté à l'avenir, de cette redevance. Cela n'affecte donc
pas les projets ou les programmes que nous avons calculés, que nous
avons présentés. Concernant les taxes dans les programmes que
nous avons étudiés, les taxes fédérales, les taxes
payables par les entrepreneurs et les taxes d'essence y sont. La seule chose,
je répète, que nous n'avons pas mis, est l'impôt
provincial. Il n'y est pas au nucléaire, ni au thermique, ni à
l'hydraulique.
Quant aux négociations avec AECL, je vous assure qu'il n'y a
aucune considération qui est donnée à ça. Les
normalisations que M. Charuk vous a expliquées étaient justement
pour faire disparaître toutes les divergences. Pour expliquer les
différences que vous avez soulevées en 14.2, 14.7, etc., il y a
deux façons de l'expliquer. M. Charuk peut vous donner une explication
sommaire. M. Chahill, tout à l'heure, va vous expliquer le choix des
programmes. Concernant surtout UANC, on doit ajouter des réserves, des
facteurs pour la fialibilité, si vous voulez. Alors, tout cela va vous
être expliqué dans quelques minutes par M. Cahill. M. Charuk peut
répondre à une partie.
Quand au réseau de transport, il est prévu pour inclure
tous les éléments nécessaires pour que le réseau
soit stable.
M. JORON: Avez-vous inclus une provision tenant compte des risques
supplémentaires que l'extension du réseau amenait dans le cas de
la Grande?
M. BOYD: Oui.
M. JORON: Quand on pense à la panne d'électricité
de mars 1972, on voit tout de suite
qu'il y a des frais aux fins d'avoir un réseau très
étendu et qui porte un certain désiquilibre. Si ce
désiquilibre est encore accru, il doit y avoir une provision quelconque
dans le coût, tenant compte de ce facteur.
M. CAHILL: Oui, nous en avons. Le nombre de lignes, que nous avons
employées pour faire l'étude et estimer les coûts du
transport de l'énergie de La Grande à Montréal, tient
compte des difficultés qu'on pourra avoir avec la stabilité. Nous
espérons que des études plus poussées pourront permettre
de diminuer le nombre de ces lignes tout en obtenant la même
stabilité.
M. BOYD : M. Charuk aurait une partie de réponse. M. Cahill, dans
son exposé, je crois, répondra au reste.
M. CHARUK: Concernant votre première question à l'effet
que le coût ici, qui a été mentionné tantôt,
est plus élevé, l'explication vient du fait que c'est un
coût d'un projet de base, un facteur d'utilisation de 80 p.c.
L'énergie ici est livrée à la région
métropolitaine de Montréal.
M. JORON: 80 p.c. dans tous les cas? M. CHARUK: Dans tous les cas. M.
JORON: D'accord.
M. CHARUK: Mais c'est livré et j'insiste au
réseau de répartition de la région métropolitaine
de Montréal tandis que pour un programme d'équipement dans son
ensemble, ce n'est pas nécessairement livré à
Montréal.
M. SAINT-PIERRE: M. Charuk, est-ce qu'il n'y a pas un autre facteur qui
m'apparaît... peut-être que c'est ça, je ne voudrais pas
vous couper... est-ce qu'il n'y a pas un autre facteur très
différent aussi du fait que et peut-être que ça peut
éclairer le député de Gouin au tableau 3, je
suppose que c'est à ça qu'il réfère, on voit le
programme 37 qui était celui de La Grande que vous avez
recommandé hier.
Nous voyons un coût de milles de 12.02 mills. Si nous allons au
tableau 37 de ces feuilles qui ont été distribuées aussi
hier, nous nous apercevons que le programme 37 comporte non seulement la
rivière La Grande mais comporte également en 1978 une usine de
pointe. Je suis certain que le député de Gouin sait qu'une usine
de pointe n'a pas d'énergie du tout. Cela donne seulement de la
puissance. C'est même de l'énergie négative dans un sens.
En 1985, dans ce même programme, il y a des éléments
thermiques. L'ensemble de tout ceci donne, pour le programme 37 LG 80 PA, des
investissements de tant actualisés en 1971; ce qui donne un coût
actualisé de l'énergie de 12.02 mills. La question qui a
été posée tantôt, pour avoir la réponse,
c'étaient strictement des choix de 58 milliards de kilowatts-heure en
hydraulique La Grande, en thermique et en nucléaire. C'est la
différence.
M. CHARUK: Ce sont des projets de base que nous avons comparés
tantôt tandis que tantôt M. Cahill vous parlera du programme
d'équipement dans son ensemble. C'est ce qui explique la
différence.
En ce qui concerne votre deuxième question, c'est-à-dire
le rapport de la firme United Engineers and Constructors Incorporated,
relativement à nos estimés, j'ai indiqué tantôt que
les frais d'investissement unitaire de cette firme sont les mêmes que
ceux que nous utilisons, de même que les frais d'exploitation. Cependant,
la firme United Engineers and Constructors Incorporated a
déterminé les coûts de production pour la première
année de l'exploitation seulement. Donc, elle n'a pas
considéré l'inflation à long terme sous l'exploitation.
Premier facteur. Le deuxième facteur: Le pourcentage de réserve
que la firme United Engineers and Constructors Incorporated a
considéré n'est pas le même que celui que nous
considérons à l'intérieur d'un programme
d'équipement.
M. JORON: Quelle est la différence?
M. CHARUK: On ne peut pas donner une réserve pour un projet
donné. On calcule la réserve pour l'ensemble du programme.
Seulement en termes hypothétiques, voici la différence: C'est que
la firme United Engineers and Constructors Incorporated a calculé une
réserve d'environ 25 p.c. avec du thermique léger pour des
groupes de 800 mégawatts et de 35 p.c, avec du thermique léger
encore une fois, pour des groupes de 500 mégawatts. Nous, dans le cas du
nucléaire, nous avons une réserve de 37 p.c. Mais cette
réserve est une réserve pompée et non pas des groupes
thermiques légers.
M. JORON: Est-ce que ce taux de 37 p.c. ne vous apparaît pas
excessif?
M. CHARUK: Je n'ai pas compris.
M. JORON: Est-ce que le taux de 37 p.c. ne vous apparaît pas
excessif?
M. CHARUK: II n'est pas excessif. La firme United Engineers and
Constructors Incorporated avait 35 p.c.
M. BOYD: Les réserves ou les taux de fiabilité que nous
avons employés sont basés sur les derniers renseignements que
nous a fournis l'Hydro-Ontario.
M. JORON: Quels sont-ils?
M. BOYD : Comme le dit M. Cahill, si vous me permettez, M. le
Président, je suggérerais
qu'on entende maintenant M. Cahill. Ça va compléter. S'il
reste encore des questions, on pourrait y répondre.
M. LE PRESIDENT: D'accord!
M. CAHILL: Avec votre permission, M. le Président, je fais un
exposé sur le résumé des études qui ont conduit au
choix d'un programme d'équipement pour la période de 1978
à 1985. Ce sera évidemment un exposé un peu aride. Il y
aura quelques répétitions. Mais il faut passer à travers
pour arriver à la fin. Le document que vous avez entre les mains
résume les études qui ont mené au choix d'un programme
d'équipement conçu pour satisfaire les besoins du réseau
de l'Hydro-Québec pour la période de 1978 à 1985. Les
études ont porté, comme vous le savez, sur des options
thermiques, nucléaires et hydrauliques. Une partie de ce document donne
la méthode utilisée pour le choix des équipements
plutôt que des projets individuels. Il démontre de quelle
façon les programmes sont conçus et de quelle façon on les
compare. Cette partie du document est le texte de l'annexe D que M. le
Président de l'Hydro-Québec a présenté à la
commission parlementaire le 16 mai 1972.
Nous donnons les hypothèses de base pour tous les programmes
étudiés. Elles sont données à titre de
renseignement. Nous présentons ici le meilleur programme pour chacune
des options, soit un programme thermique, un programme nucléaire selon
la filière américaine, un programme nucléaire selon la
filière canadienne et enfin un programme hydraulique dans ce cas-ci,
avec La Grande comme source principale d'énergie.
Afin de permettre la comparaison de ces quatres programmes
d'équipement, nous incluons dans les feuilles qui sont annexées
les investissements annuels, les frais de fonctionnement incluant les
carburants ainsi que les coûts actualisés de ces programmes.
L'analyse technique et économique des différents programmes
permet de conclure que la mise en route des centrales du complexe La Grande
à compter de 1980 constitue la façon la plus économique de
satisfaire le besoin d'électricité pour la période de 1978
à 1985. Des études de sensibilité sur la variation des
taux d'intérêt, d'inflation, d'actualisation et des coûts de
combustible dans des limites plausibles nous permettent de confirmer la
conclusion déjà exprimée.
Alors, brièvement, nous passerons à l'annexe D, si vous le
permettez. Pour faire le choix des investissements de production, notre
approche consiste à rechercher la combinaison de nouvelles sources
d'énergie qui satisfera de la façon la plus économique les
besoins d'électricité de l'Hydro-Québec pour une
période déterminée. C'est ce que nous appelons un
programme d'équipement.
Les études pour le choix d'un programme d'équipement
comporte deux phases principa- les. Il faut d'abord concevoir les programmes et
ensuite en faire l'évaluation économique. La première
phase débute avec le choix des sources d'énergie disponibles. Les
projets normalement retenus sont ceux qui peuvent être
réalisés au cours de la période étudiée et
pour lesquels évidemment il existe des données techniques et
économiques disponibles. On ne peut évidemment pas inclure dans
le programme des projets qu'on ne connaît pas suffisamment.
Outre les projets hydrauliques connus, des usines thermiques et
nucléaires de différentes tailles sont habituellement
considérées.
Suit la conception des programmes consistant à déterminer
un certain nombre d'arrangements des sources énergétiques qui
satisferont les besoins du réseau et en énergie c'est bien
important pour chacune des années de la période
étudiée. Le programme d'équipement doit donc respecter
deux contraintes principales. D faut que la puissance installée soit
égale ou supérieure à la somme de l'appel de puissance et
de la réserve contre la défaillance, en mégawatts, et que
la productibilité annuelle soit au moins égale à la
consommation annuelle d'énergie.
Ce sont deux critères qu'il faut, évidemment, respecter
continuellement. Le bilan de la puissance implique, pour chaque année du
programme, le calcul de la réserve. Il faut donc faire un calcul de la
réserve pour chaque année, dépendant des installations
déjà existantes et des installations que l'on ajoute à
celles qui existent déjà, lesquelles dépendent, entre
autres, de la taille et du taux de défaillance des équipements
considérés, ce dernier variant beaucoup d'un type
d'équipement à l'autre. Il y a donc la taille qu'il faut
considérer et aussi la sorte d'équipement. Le bilan de
l'énergie repose habituellement sur la productibilité annuelle
moyenne des installations actuelles et à l'étude. Il est
nécessaire, à l'occasion, de simuler la production des centrales
sur une base mensuelle pour tenir compte des conditions d'hydraulicité
réelle, c'est-à-dire qu'à chaque instant, chaque heure ou
chaque minute de la journée, il faut satisfaire à la demande
d'énergie et au taux où cette énergie-là est
demandée par le consommateur.
Le nombre de solutions réalisables ou de programmes techniquement
possibles est très élevé. En effet, le nombre de
combinaisons de projets hydrauliques, thermiques, nucléaires,
réserves pompées, pour une période d'une dizaine
d'années pourrait dépasser le millier et même davantage. En
pratique, le choix du meilleur programme il n'est pas nécessaire
de faire autant de programmes se fait parmi une trentaine de
combinaisons plausibles et choisies judicieusement. Un nombre si limité
est rendu possible par une connaissance du coût relatif des
différents moyens de production et par l'expérience acquise
à ce travail. La seconde phase, dans l'étude d'un programme
d'équipement de production, consiste à comparer, du
point de vue économique, les programmes établis plus haut.
L'objectif de l'Hydro-Québec étant de fournir
l'électricité au taux le plus bas, compatible avec une saine
administration financière, nous croyons satisfaire cet objectif en
recherchant le programme d'équipement dont le coût
actualisé est le plus faible.
L'actualisation consiste à ramener à une base commune
toutes les dépenses annuelles d'investissement et d'exploitation
pertinentes à un programme. Le taux d'actualisation utilisé pour
cette opération est une mesure de la préférence de
l'entreprise à effectuer des déboursés maintenant ou plus
tard. Les investissements dont il faut tenir compte sont ceux des centrales
à l'étude et des additions au réseau de transport que ces
centrales-là nécessitent. Les frais d'exploitation, d'entretien
et de combustible de chaque équipement sont évalués pour
une période commune à chaque programme d'équipement.
Dans notre cas, nous évaluons ces coûts sur une
période de cinquante ans. Les réinvestissements et les valeurs
résiduelles tiennent compte des longueurs de vie différentes
entre les sources d'énergie. La méthode d'actualisation permet
également de prendre en compte l'inflation sur les coûts de
construction et d'exploitation et sur les combustibles, qu'ils soient
thermiques ou nucléaires. Chaque programme d'équipement
étant soumis à l'actualisation selon les mêmes
critères dans notre cas, nous avons employé un taux
d'actualisation de 10 p.c. pour les études principales celui dont
le coût actualisé est le plus faible constitue le meilleur
programme, du point de vue technique et économique.
Source d'énergie disponible. Les sources d'énergie
disponibles pour la période 1978 à 1985 comportent de
l'hydraulique, du thermique et du nucléaire. Nous allons donner
rapidement l'inventaire des projets considérés pour satisfaire
les besoins de cette prériode. Les projets hydrauliques les plus
importants sont évidemment ceux du bassin de la baie James. Cinq
possibilités ont été considérées.
L'aménagement combiné des rivières Nottaway, Broad-back et
Rupert, NBR, ou encore avec la dérivation de la Eastmain (NBRE)
l'aménagement de la Eastmain, ES, l'aménagement de la Grande
Rivière seule, LGS, ou avec une dérivation des rivières
adjacentes, Eastmain, Grande Baleine et Caniapiscau, qu'on appelait dans notre
terminologie LG. A ces cinq possibilités est venue s'ajouter une
revision du projet NBRE que nous appelons NBR 2. D'autres projets hydrauliques
de moindre importance sont également possibles au cours de cette
période: II s'agit des centrales Outardes 2, Cascade et Champlain sur le
bas Saint-Maurice.
Il importe de faire une mention spéciale aussi des projets
d'usine à réserve pompée considérés dans nos
programmes. Le site du lac Saint-Joachim dans la région de Québec
a fait l'objet d'études poussées depuis 1966. Les
problèmes de corrosion en milieu salin sont présentement
analysés. Aucune décision à ce sujet ne pourra être
prise avant la fin de l'étude en cours. D'autres emplacements
prometteurs ont aussi été examinés. Par ailleurs, le
thermique conventionnel a été considéré en tailles
de 300 et de 500 mégawatts. Des tailles supérieures à 500
mégawatts ne se sont pas avérées économiques pour
cette période, principalement à cause de leur taux de
défaillance élevé. Des turbines à gaz en module de
60 mégawatts sont également disponibles comme équipement
de pointe.
Deux types de centrales nucléaires font l'objet
d'évaluation, Ici, il faudrait corriger. On a indiqué
américain alors qu'on aurait dû écrire canadien, le
nucléaire canadien du type Pickering en taille de 600 mégawatts
et le nucléaire américain de type PWR, Pressure Water Reactor, en
taille de 500 mégawatts.
Maintenant passons aux programmes, pour la question des programmes
étudiés. En vue d'en arriver à déterminer le
meilleur programme, c'est-à-dire le programme le moins cher, nous avons
été amenés à adopter un processus
d'évaluation progressive. Pour ce faire, parmi les 30 programmes que
nous avions, nous avons procédé de la façon suivante: Nous
avons divisé l'étude en trois étapes, en essayant de
répondre successivement aux questions suivantes:
Quelle est la meilleure source d'énergie pour la période
1978 à 1985? Nous avons comparé des programmes qui étaient
en majorité hydrauliques, en majorité thermiques et en
majorité nucléaires. Comme vous le savez, on a calculé
qu'un programme à majorité hydraulique, comportant le complexe La
Grande, fournit le coût total actualisé le plus bas pour la
période de 1978 à 1985. A partir de ce moment, il fallait
déterminer quelle était la meilleure date de réalisation
pour la meilleure source d'énergie. A partir des études que nous
avons faites, nous avons conclu qu'il était préférable de
commencer à produire de l'énergie sur le complexe La Grande
dès l'année 1980.
Maintenant quelle est la façon optimale d'aménager la
meilleure source, c'est-à-dire dans ce cas-ci, le complexe La
Grande?
Comme le complexe en question va produire de l'énergie, un
facteur d'utilisation de 80 p.c, et qu'en face de cette production, la demande
est à 65 p.c, il faut évidemment intercaler des usines de pointe,
soit durant la construction, la réalisation du complexe La Grande ou
encore, installer des usines de pointe après avoir
complété le projet. Dans un cas, on aura des suppléments
d'énergie. Nous pouvons conclure là-dessus, présentement,
d'après les études que nous avons faites, qu'il est à peu
près indifférent du point de vue économique que de
construire deux centrales de pointe durant la construction du complexe La
Grande ou après la construction de celui-ci.
Si vous voulez maintenant, nous allons passer au dernier paragraphe de
la page 7. Nous
avons, pour votre renseignement, construit deux autres programmes pour
présenter une vue d'ensemble des projets de la baie James. Ce sont les
projets NBRE 2 et le complexe La Grande aménagés à la
suite l'un de l'autre, c'est-à-dire NBRE 2 - La Grande et ensuite nous
avons comparé à La Grande avec NBRE 2.
Ces deux derniers programmes ne se comparent toutefois pas à ceux
des séries précédentes parce qu'ils couvrent des
périodes de longueur différente.
J'ajoute qu'avec ces deux complexes réalisés, nous
pourrions satisfaire la puissance et l'énergie jusqu'en l'an 1989 ou
1990.
En ce qui concerne, maintenant, les années 1978 ou 1979, nous
ferons bientôt une recommandation concernant les équipements de
production qui devront être mis en service à ces dates. Nous
disposons de plusieurs moyens possibles comme les centrales à
réserve pompée, la centrale d'Outarde 2, une centrale
nucléaire de 600 mégawatts, une centrale de turbines à gaz
et peut-être d'autres encore.
Sur la feuille suivante, nous indiquons les hypothèses de base
que nous avons employées pour faire nos calculs économiques des
programmes. Le taux d'intérêt durant la construction a
été établi à 8 1/2 p.c, le taux d'actualisation se
chiffre à 10 p.c., les taux d'inflation pour les centrales
hydro-électriques, construction 4 p.c, exploitation et entretien 5.5
p.c. Nous passons brièvement, si vous voulez. Tenons-nous en, pour
commencer, à la construction. Inflation, centrale
hydro-électrique, 4 p.c; nucléaire, 4 p.c; thermique aussi 4 p.c;
inflation pour la construction des lignes, 2.2 p.c; postes 1.5 p.c; Pour les
frais d'exploitation et d'entretien: 5.5 p.c. hydro-électrique; 4.5 p.c.
nucléaire; 4 p.c, 2.2 p.c. et 2.2 p.c, c'est-à-dire 2.2 p.c. pour
les lignes et 2.2 p.c. pour les postes.
Quant à la vie économique des équipements, pour les
centrales hydro-électriques, nous avons pris une vie de 50 ans;
ça ne signifie pas nécessairement qu'après 50 ans, nous
rejetons la centrale ou que nous la détruisons. Evidemment, si elle est
encore bonne, nous continuons de produire avec cette centrale. Pour les
turbines à gaz, c'est 20 ans; pour les centrales nucléaires, 30
ans; pour les centrales thermiques, 30 ans. Encore dans ce cas-ci, il se peut
qu'une centrale thermique, après 30 ans, continue à produire mais
comme son rendement sera moins bon et que les défaillances seront plus
nombreuses, on ne s'en servira qu'à la pointe et elle ne produira
pratiquement plus de kilowatts-heures.
Pour les lignes de transport, nous avons une vie de 50 ans, pour les
postes de consommation, 35 ans. Pour notre étude, nous avons pour le
thermique un coût du combustible mazout no 6, à 1 p.c. de soufre,
un taux de $0.536 le million de BTU en 1971, et à .3 p.c. de soufre,
$0.594 le million de BTU en 1971.
Pour les études de base, dans les études
économiques, que nous avons faites, nous avons employé un
coût du combustible à 1 p.c. de soufre de $0.536 le million de
BTU. Nous avons supposé un coût d'inflation du combustible ou du
mazout à 2 p.c. par année. Pour le nucléaire, nous avons
établi le coût du combustible à 0.849 mills par
kilowatt-heure en 1971 avec une inflation de 1 p.c. par année. Quant
à l'uranium enrichi américain, c'est un taux d'inflation de 2
p.c. par année avec un coût en mills par kilowatt-heure en 1971 de
1.738.
Maintenant, comme il est aussi important pour les calculs de
réserve de savoir quel taux de panne on emploie, nous avons
employé les taux de panne suivants pour le calcul de la réserve.
En hydraulique, pour les groupes plus petits que 400 mégawatts, nous
avons employé 3.6 p.c. comme taux de panne pour la première
année et après cinq ans, alors que les groupes sont mûris,
c'est-à-dire qu'on a corrigé les pépins qui ont pu se
développer pendant les premières années, nous avons un
taux de panne de 1.2 p.c
Pour les groupes de 400 mégawatts et plus, nous avons
employé 4 p.c. lors de la première année, c'est
là qu'on trouve la majorité des pépins et
après cinq ans: 2 p.c. Pour les groupes nucléaires de 500
mégawatts, pour les taux de panne dans la première année,
nous avons pris 12.5 p.c. et, après cinq ans 9 p.c.
Pour le thermique conventionnel, thermique classique, pour les groupes
de 500 mégawatts, nous avons employé 8.5 p.c. pour la
première année et 7.5 p.c. à la cinquière
année et les années subséquentes. Pour les groupes de 300
mégawatts, nous avons employé 5.5 p.c. pour la première
année et 4.5 p.c à partir de la cinquième année et
les années suivantes.
Maintenant, vous allez probablement trouver que, dans le rapport de
ÛANC, on a employé des taux de panne pour les groupes thermiques
et nucléaires de 6 p.c à partir de la première
année jusqu'à la dernière année. Par ailleurs, je
crois que dans le même rapport, les groupes de 500 mégawatts,
d'après Edison Institute, ont des taux de panne de 9 p.c. Nous ne
pouvons pas endosser un taux de panne aussi faible pour le thermique ou pour le
nucléaire d'après les renseignements que nous avons de
sociétés semblables à la nôtre, qui emploient des
taux de panne beaucoup plus élevés que ceux mentionnés
dans le rapport de UANC.
Pour les coûts des centrales qui ont servi à faire les
études économiques: Pour La Grande, nous avons employé les
estimations qui nous ont été fournies par les
ingénieurs-conseils; pour la Eastmain, la même chose; pour NBR et
NBRE, nous avons employé les estimations produites par
l'Hydro-Québec; pour les nucléaires américaines, nous
avons employé les coûts produits dans le rapport de UANC; pour le
thermique classique, la même chose; enfin, pour le nucléaire
canadien, nous nous sommes basés sur les coûts qui nous ont
été fournis par l'Energie atomique du Canada Limitée.
En ce qui concerne les lignes de transport et les postes de
transformation, nous avons employé les estimations établies par
l'Hydro-Québec.
Si vous voulez, nous pouvons passer rapidement. Nous avons quatre
programmes qui forment le bilan de la puissance de l'énergie
nécessaire qu'on doit ajouter pour les années 1978 à 1985
pour un programme à majorité thermique, à majorité
nucléaire canadien, à majorité nucléaire
américain et avec le complexe La Grande. Si vous êtes d'accord, je
repasserai avec vous, rapidement, deux programmes seulement; les autres
ressemblent aux deux premiers.
Alors, le programme no 20...
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît! Je constate qu'il
est six heures moins une ou deux minutes...
M. CAHILL: Cela prendra plus de temps...
M. LE PRESIDENT: ... je me demande, avant d'entamer une autre partie de
votre exposé si, à ce moment-ci, la commission serait prête
à suspendre jusqu'à 8 h 15? Cela vous permettra de commencer un
nouveau chapitre avec la reprise.
M. CAHILL: D'accord, ça va très bien.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que j'ai une motion d'ajournement?
(Suspension de la séance à 18 h 1 )
Reprise de la séance à 20 h 25
M. SEGUIN (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
M. Cahill.
M. CAHILL: M. le Président, Messieurs, si nous
référons au programme no 20 au tableau supérieur, nous
pouvons lire le bilan de la puissance pour les années 1978 à
1985. La première colonne de gauche qui pourrait être
intitulée 1977 indique que nous avons une puissance
hydro-électrique installée de l'hydraulique de 15,987,000
kilowatts, thermique, 628 mégawatts, nucléaire, 250
mégawatts, soit un total de 16,865,000 kilowatts. En 1978, nous voyons
que la demande nette du réseau sera de 16,241,000 mégawatts pour
l'équipement déjà installé. Pour
l'équipement qui sera installé en 1978, il faut avoir une
réserve de 1750 mégawatts pour une puissance requise de 17,991
mégawatts.
A ce moment-là, dans le programme étudié, nous
avons préconisé les installations de 1,200 mégawatts
d'usine de pointe. Cela pourrait être une usine à réserve
pompée ou une usine avec turbines à gaz ou une usine thermique
léger.
Le tableau du bas nous montre le bilan énergétique pour
les années 1978 à 1985. Les bilans énergétiques
sont faits d'après le bilan hydraulique, c'est-à-dire du 1er
octobre de l'année 1978 au 1er octobre 1979. La demande nette est de
96,183,000,000 de kilowatts-heures; l'hydraulique peut en fournir
74,000,000,000, le thermique, 995,000,000, le nucléaire, 1,970,000,000.
Nous incluons dans cette colonne l'énergie qui peut être produite
par les centrales installées sur la rivière Manicouagan qui
peuvent développer 18,590,000,000 pour un global de 96,193,000,000 de
kilowatts-heures. Or, cette année, nous pouvons donc installer en 1978
des usines de pointe car nous n'avons pas besoin d'énergie additionnelle
pour alimenter la consommation en énergie.
Pour 1979 on passera seulement une couple d'autres colonnes, si
vous le voulez l'appel net est 17,546 mégawatts, les
réserves calculées sont de 1,800 mégawatts pour une
puissance requise de 19,346 mégawatts. On ajoute encore 1,200
mégawatts de pointe et du point de vue énergétique, comme
on a une déficience énergétique cette
année-là, on préconise d'abaisser le réservoir de
Manicouagan 5 et de produire plus d'énergie que normalement avec la
rivière Manicouagan pour cette année-là, quitte à
la remplir par la suite ou à remplir le réservoir par la suite
avec la production nucléaire à un facteur d'utilisation de 80
p.c.
Enfin, si je passe à l'année 1985 pour être
rapide, s'il y a des questions, vous pourrez me les poser par la suitev
on voit que l'appel net du réseau sera de 28,186 mégawatts, la
colonne 1985 à droite supérieure. Donc, l'appel en 1985
sera de 28,186 mégawatts. Les réserves requises,
étant donné les taux de défaillance de l'équipement
en service, devront être de 4,850 mégawatts pour un global de
puissance installée de 33,036 mégawatts. Et cette
année-là, on installera un groupe nucléaire de 600
mégawatts, un autre groupe nucléaire de 600 mégawatts et
des installations de pointe de 1,200 mégawatts. On voit aussi que durant
l'année 85/86, la production énergétique atteindra
167,684,000,000 de kilowatts-heures. Juste en bas du tableau du bilan
énergétique, on voit donc le montant total des installations
additionnelles pour satisfaire à la demande et à la consommation
d'énergie durant la période de 1978 à 1985, on aura 5,600
mégawatts d'usine de pointe, et 10,800 mégawatts pour un global
de 16,400 mégawatts qui seront installés, et une production de 71
milliards de kilowatts-heures.
Maintenant, passons rapidement au programme no 37 qui est celui qui
inclut le complexe de la rivière La Grande. En l'année 1978, nous
avons, évidemment, la même demande nette, c'est-à-dire
16,241 mégawatts, 1,750 mégawatts de réserve, soit une
puissance requise de 17,991, des installations de pointe de 1,200
mégawatts comme dans le programme que nous avons étudié
précédemment concernant le nucléaire canadien.
Pour ce qui est du bilan énergétique, il est
également identique au bilan énergétique que nous avons vu
précédemment. En l'année 1979, la demande nette est la
même que précédemment, des réserves de 1,800
mégawatts, une puissance requise de 19,346 mégawatts. Ici, on
pourrait installer une usine de pointe de 800 mégawatts. Et il serait
possible d'installer la centrale Outardes-2. Et, comme dans le cas
précédent, nous pourrions soutirer plus d'énergie de la
rivière Manicouagan en abaissant le niveau du réservoir Manic-5
et produire 25 milliards de kilowatts-heures sur la rivière Manicouagan
au lieu d'en produire 18 milliards comme durant les années normales ou
régulières.
En 1980, on voit apparaître la première puissance, la
première production d'énergie au complexe La Grande,
c'est-à-dire que la demande nette est de 19,104, les réserves de
2,000 mégawatts, soit une puissance requise de 21,104. A ce
moment-là, nous installerions quatre groupes dont la puissance globale
sera de 1,960 mégawatts à la centrale La Grande no 2. Le bilan
énergétique qu'on produirait à ce moment-là serait
de 13,689,000,000 de kilowatts-heures sur La Grande no 2 pour un total de
production d'énergie, pour l'année hydraulique 1980-1981, de
113,344,000,000. Enfin, si l'on va à l'avant-dernière colonne, la
puissance en mégawatts... On voit ici qu'on termine les installations
sur le complexe La Grande, la centrale no 1, en l'année 1984; on
installerait huit groupes pour un global de 929 mégawatts. Enfin, en
1985, la demande nette sera de 28,186 mégawatts, la réserve de
2,900 méga- watts, soit une puissance requise de 31,086
mégawatts.
Je pourrais souligner ici que la réserve serait de 10 p.c. dans
le cas du complexe La Grande alors que, dans le cas du programme
nucléaire canadien, la réserve serait de 17 p.c. C'est à
cause des taux de défaillance, des taux de pannes, qui sont
différents pour les deux bilans.
Enfin, dans le bilan énergétique, évidemment, la
production globale pour l'année hydraulique 1985-1986 est la même
que dans le cas où on a étudié le programme
nucléaire. Comme bilan total dans ce cas-ci, on aurait 4,000
mégawatts; l'usine de pointe, avec l'hydraulique, produirait 8,227
mégawatts, soit 60.9 p.c; le thermique qui serait ajouté durant
la dernière année pour compléter le bilan en
mégawatts jusqu'en 1985 atteindrait 1,600 mégawatts,
c'est-à-dire 11.2 p.c. du rendement global. On aurait donc des
installations additionnelles de production de 14,327 mégawatts pour
cette période-là avec la même production en milliards de
kilowatts-heures.
Si on passe au tableau où on inscrit les investissements pour ces
deux programmes, soit le tableau qui est intitulé "Programme
RI-71-09-20, le programme 20, c'est-à-dire le programme nucléaire
canadien. On y voit quels sont les investissements et les frais de
fonctionnement pour les années 1971 à 1998; on aurait pu
continuer pour ce qui concerne les frais de fonctionnement jusqu'en
l'année 2037. On s'est arrêté à cette
date-là, évidemment, mais on en a tenu compte dans l'étude
économique. Donc, pour les frais d'investissement, on a ici les
différentes dépenses à l'endroit intitulé:
Centrales. En 1971, aucune dépense évidemment; en 1972,
zéro aussi; $1,300,000 en 1973; puis $13,500,000 et $134,000,000; enfin
on peut continuer pour en arriver à un montant global de $6,906,000,000
c'est bien cela qui indique le montant investi pour les additions
de production que nous avons examinées au programme no 20.
Ceci inclut les frais intercalaires au taux de 8 1/2 p.c. tel que nous
vous l'avons indiqué tout à l'heure.
Pour les lignes de transport, on a des investissements de $108 millions;
pour les postes $205 millions; le montant total est de $7,220,000,000
d'investissement pour ce programme-là.
Les frais de fonctionnement pour les centrales, ça comprend le
combustible fossile et le combustible nucléaire. On voit qu'on a un
total de $3,046,000,000, jusqu'en l'an 2037, pour les frais d'entretien de
lignes. Ceci est à calculer au taux que je vous ai mentionné tout
à l'heure. L'entretien des lignes, $20,900,000; l'entretien des postes,
$39,910,000 et l'usage qu'on a fait du thermique existant
c'est-à-dire que pour différents programmes, on a fait
fonctionner le thermique nucléaire existant, c'est-à-dire l'usine
de Tracy et la centrale nucléaire de Gentilly de différentes
façons, on a donc tenu compte des
dépenses de combustible, dépendant des programmes
dans ce cas-ci, on a dépensé $87,970,000. Le total des frais de
fonctionnement pour ce programme-là est donc de $3,195,000,000.
Quels sont les coûts actualisés des dépenses
d'investissement et de fonctionnement de ce programme-là? Comme on l'a
indiqué tout à l'heure, le coût total actualisé du
programme qui satisfait à la demande et l'énergie est de $71
milliards. Ce doit être le programme qu'il devrait être
préférable de choisir économiquement.
On voit à gauche, actualisé à un taux de 10 p.c,
que les investissements des centrales se chiffrent à $2,428,000,000,
pour les lignes, $41 millions; pour les postes $73 millions,
c'est-à-dire un total d'investissements, pour les centrales, de
$2,544,000,000.
Comme la vie des centrales thermiques ou nucléaires est
basée sur une vie de 30 ans, il faut réinstaller des centrales
semblables, mais à un coût calculé après 30 ans.
Donc, le coût de réinvestissement pour ces
centrales-là, pour continuer à produire la puissance et
l'énergie que nous étudions présentement, et
actualisé à l'année 1971, pour les centrales,
s'établit à $408 millions; les lignes à $1,100,000; les
postes à $4.4 millions et pour un total de $413 millions.
Après 50 ans, ces centrales-là, comme elles ont encore une
vie résiduelle de dix ans, il faut donner un crédit qui
s'établit à $27 millions. Le fonctionnement pour les centrales,
en valeurs actualisées, s'établit à $500 millions; pour
les lignes à $5.1 millions; les postes à $9.5 millions; le
combustible à $290 millions pour un fonctionnement global de $805
millions.
Donc, le total actualisé de tout ce programme, et pour les
investissements et pour les frais de fonctionnement, est de $3,735,000,000, qui
donne un coût de l'énergie moyen, c'est-à-dire qu'on a le
coût total actualisé de tout le programme divisé par les
kilowatts-heures actualisés produits durant toute la vie durant laquelle
le programme a été étudié, s'établit
à 14.198 mills, ou 14.2 mills du kilowatt-heure.
Maintenant, si nous passons au programme no 37, celui qui comprend le
complexe La Grande, nous allons procéder plus rapidement parce que nous
avons procédé avec assez de détails pour le programme
précédent.
M. SAINT-PIERRE: M. Cahill, je m'excuse de vous interrompre.
Effectivement, le programme 37 est celui que vous avez recommandé, que
M. Giroux recommande dans son texte également.
M. CAHILL: C'est bien ça. Les quatre programmes que nous avons
attachés à ce résumé-là comprennent le
meilleur programme hydraulique, le meilleur programme thermique et le meilleur
programme nucléaire, c'est-à-dire le meilleur programme
nucléaire, soit canadien, soit américain.
Nous venons d'examiner en détail les coûts du meilleur
programme canadien. Si maintenant nous examinons les coûts du meilleur
programme hydro-électrique, nous voyons qu'en centrales, nous
investissons toujours un taux incluant l'escalade, j'aurais dû dire aussi
tout à l'heure un taux de 4 p.c. par année et incluant aussi les
frais intercalaires d'intérêt à 8.5 p.c. par année.
Nous investissons $5,637,000,000 pour les centrales; pour les lignes,
$1,316,000,000; pour les postes, $343 millions, soit un total de
$7,297,000,000.
Evidemment, les frais de fonctionnement des centrales
hydro-électriques sont très faibles. Par ailleurs, comme nous
avons complété la fin du programme jusqu'en 1985-86, pour
compléter le bilan énergétique 1985-86 avec du thermique,
ça comprend donc aussi des frais de combustible. Ainsi les frais de
fonctionnement peuvent apparaître relativement élevés. On a
donc des frais de fonctionnement pour des centrales de $1,680,000,000; les
lignes, $236 millions; pour les postes, $66 millions; le thermique et le
nucléaire existants ce que j'expliquais tout à
l'heure c'est le coût de l'énergie produite soit par Tracy,
soit par l'usine de Gentilly, $237 millions; soit un total de frais de
fonctionnement de $2,222,000,000.
Si on actualise les coûts des investissements tels que
montrés ci-haut, évidemment en soustrayant les coûts des
frais intercalaires, nous avons pour les centrales, $1,969,000,000; pour les
lignes, $460 millions; les postes, $122 millions-, soit un total de
$2,549,000,000. Quant aux réinvestissements en ce qui concerne la partie
thermique qui est incluse dans le programme, nous avons un total de $153
millions; les valeurs résiduelles de cette partie thermique
s'établissent à $76 millions, crédités
évidemment contre les frais de fonctionnement, eux, s'établissent
à $536 millions; à un moment donné, on devient
mêlé entre les milliards et les millions soit un total de
$3,161,000,000 actualisés. C'est le programme qui a donné le
coût actualisé le plus bas. Le coût de l'énergie est
calculé de la même façon que tout à l'heure.
C'est-à-dire que les coûts actualisés de toutes les
dépenses s'étalent au cours des années entre 1972 et
l'année 2037 et comprennent les dépenses d'investissements de
chaque année, de même que les dépenses de fonctionnement,
s'établissent à 12.02 mills.
Ceci donne un résumé bref même s'il a pu
paraître long très bref des études faites pour
arriver aux conclusions obtenues. J'aimerais faire un commentaire sur certaines
différences qui peuvent exister entre des coûts d'énergie
thermique ou nucléaire que nous pouvons avoir dans nos programmes en
regard de ceux de UNC.
J'en nomme ici quelques-uns. Entre autres, l'étude de UNC
comporte des coûts d'investissement de centrales en watts entre les
années 1978 et 1980 inclusivement alors que les coûts
d'investissement de centrales des programmes que nous montrons sont fait
généralement entre
les années 1980 à 1985. Donc, il y a un coût
d'inflation de 4 p.c. qui peut s'ajouter pour des périodes entre deux
à cinq ans, selon les centrales. Quant aux frais d'exploitation,
évidemment, dans le titre des coûts de UNC comme nous avons
demandé des coûts d'énergie pour les années 1978
à 1980, l'inflation des combustibles n'a été faite que
pendant trois ans alors que, dans notre cas, l'inflation des combustibles a
été faite de 1980 à l'année 2,035 et comprenait
tout le programme. La même chose s'applique aussi pour les frais
d'exploitation et d'entretien. UNC a pris un taux de réserve de 6 p.c.
pour les groupes de 500 mégawatts alors que nous avons pris pour du
nucléaire de 500 mégawatts des taux décroissants de 12.5
p.c. à 9 p.c. selon la maturité des groupes. Pour le thermique,
nous avons pris 8.5 p.c. à 7.5 p.c.
Un détail peut-être, mais le rapport de UNC ne tient pas
compte aussi du coût de tout le personnel de soutien qu'on doit avoir au
siège social ou ailleurs pour appuyer l'exploitation ou le
fonctionnement d'un réseau ou d'un ensemble de production de centrales
nucléaires ou thermiques.
Enfin, le rapport de UNC a été fait pour alimenter une
charge qui aurait un facteur d'utilisation de 80 p.c. alors que notre programme
a été étudié pour alimenter un réseau qui a
un facteur d'utilisation d'environ 65 p.c. Mon rapport est terminé.
Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Assomption.
M. PERREAULT: M. Cahill, en reprenant vos hypothèses de base,
dans la vie économique des équipements, je lis ici: "50 ans pour
les centrales hydro-électriques". Est-ce que les 50 ans s'appliquent
aussi aux barrages dans votre étude?
M. CAHILL: Cinquante ans, c'est une longueur de vie économique
qui est employée pour faire le calcul. Maintenant, comme je l'ai
déjà mentionné, après 50 ans, rares sont les
centrales hydro-électriques qui ne continuent pas à produire aux
mêmes facteurs d'utilisation pour lesquels elles ont été
construites originalement. Nous pouvons citer Les Cèdres et d'autres
centrales. Généralement, on ne démonte une centrale
hydro-électrique que lorsque l'équipement est complètement
désuet et que le barrage peut être devenu difficile à
entretenir.
M. PERREAULT: Alors, vous avez appliqué 50 ans pour le barrage
aussi?
M. CAHILL: Pardon?
M. PERREAULT: Pour les barrages. Deuxièmement, vous avez des
programmes pour la rivière La Grande avec pointe après et pointe
intermédiaire. Est-ce que les pointes nécessaires pour les
années 1978 et 1979 sont intercalées là-dedans ou
sont-elles en surplus?
Dans le programme 37, où la rivière La Grande arrive en
1980, vous avez des pointes après.
M. CAHILL: Nous avons étudié le complexe La Grande; comme
le complexe aménagé a un facteur d'utilisation de 80 p.c, nous
pouvons insérer la pointe pendant, pour amener le facteur
général du complexe plus près de la pointe à 68
p.c. au fur et à mesure qu'on réalise le complexe, ou on pourrait
tout construire le complexe à 80 p.c. et installer la pointe
après. Les études économiques que nous avons faites
jusqu'à maintenant indiquent qu'il n'y a presque pas de
différence de coût entre les deux versions. Eventuellement, nous
prendrons une décision à ce sujet. Présentement, il ne
semble pas y avoir beaucoup de différence entre les deux
méthodes.
M. PERREAULT: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Verchères.
M. SAINT-PIERRE: M. Cahill, dans le programme 37 qui est celui que vous
recommandez, tel qu'il apparaît dans le volume, il n'y a effectivement
pas de nucléaire qui est prévu dans le programme, bien que,
quelque part, vous dites que, peut-être, on pourrait...
M. CAHILL: C'est-à-dire que j'aurais pu souligner que, dans le
programme 37, nous avons d'ailleurs un ou deux programmes qui indiquent du
nucléaire canadien. Comme le disait M. Giroux, ce sera certainement
intéressant d'insérer un groupe nucléaire pour
l'entraînement technique et pour les exploitants de sorte que, lorsque
nous passerons plus tard à la production nucléaire en masse, nous
ayons les connaissances techniques et l'expérience d'exploitation
nécessaires.
M. SAINT-PIERRE: C'est là que vous envisagez de construire
du...
M. CAHILL: Dans nos programmes, nous en avons qui montrent un groupe
nucléaire; dans celui-ci, dans le programme 37, c'est peut-être
une coincidence qu'il n'y en ait pas.
M. SAINT-PIERRE: Et ce serait la poursuite des négociations que
vous avez déjà entreprises pour une station de 600
mégawatts de nucléaire canadien?
M. CAHILL: Exactement, M. Saint-Pierre.
M. SAINT-PIERRE: C'est donc dire que, sur un programme
d'équipement pour faire face à vos besoins de pointe d'ici 1985,
vous prévoyez quand même une puissance additionnelle d'environ
14,400 mégawatts?
M. CAHILL: C'est ça!
M. SAINT-PIERRE: Sur le programme que vous recommandez au gouvernement,
sur 14,400 mégawatts, on y retrouve donc 600 mégawatts de
nucléaire, le reste étant 8,400 de La Grande et des
réserves pompées pour l'énergie de pointe?
M. CAHILL: De l'énergie de pointe. Ce ne sera pas
nécessairement toute de la réserve pompée. Ce pourra
être les turbines à gaz, ou encore du thermique léger. La
décision reste à prendre.
M. SAINT-PIERRE: C'est donc dire que, dans le programme que vous nous
recommandez, sur 14,400 mégawatts de puissance, vous nous recommandez
600 mégawatts de nucléaire, soit environ 4 p.c. de la puissance
requise pour l'ensemble du programme?
M. RUSSELL: C'est 4 p.c.
M. SAINT-PIERRE: C'est 4 p.c. Les 600 sont 4 p.c. de 14,400.
M. CAHILL: J'aimerais...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que je pourrais également poser une
question? Je m'excuse, est-ce que vous aviez...
M. CAHILL: Je ne me souviens plus si j'ai souligné que le
programme des années 1978-1979 n'est pas encore optimisé, que
nous avons encore le temps de l'optimiser et que nous allons bientôt
faire, dans quelques mois, des recommandations sur les équipements de
production que l'Hydro-Québec devra avoir pour ces
années-là.
M. SAINT-PIERRE: Outardes 2, le Bas Saint-Maurice ou, enfin, Manic
5.
M. CAHILL: L'usine à réserve pompée, thermique,
turbines à gaz.
M. SAINT-PIERRE: M. Cahill, à la page du tableau 11 de votre
volume, vous examinez l'ensemble de ces programmes et on y voit la colonne
investissements qui représente la somme des investissements pour la
réalisation de chacun de ces programmes. On y retrouve, à
côté du programme 20, qui est essentiellement le programme qui
aurait été axé sur du nucléaire canadien
c'est bien ça, le programme 20...
M. CAHILL: Le programme 20, oui.
M. SAINT-PIERRE: ... du tableau 11 on y retrouve le montant de
7,221.
M. CAHILL: C'est ça,
M. SAINT-PIERRE: Si on tourne la page, M. Cahill, au programme 37, qui
est celui recom- mandé, qui est axé essentiellement sur la
rivière La Grande comme on l'a vu, à 96 p.c. pour la puissance et
4 p.c. pour le nucléaire, on y retrouve comme investissements pour le
programme qui est axé sur la baie James, 7,298. Est-ce bien
ça?
M. CAHILL: C'est ça!
M. SAINT-PIERRE: C'est ce qui vous permet, après tous ces
calculs, M. Cahill, de dire que les investissements totaux requis de
l'hydraulique donnent $7,298 et que ceux requis du nucléaire donnent
$7,221. Cela indiquerait que les coûts et je reprends les mots que
vous aviez hier d'immobilisation sont comparables?
M. CAHILL: Cela provient du fait que le coût du nucléaire
est relativement élevé, si on peut employer cette expression.
Aussi, c'est dû au fait qu'on a besoin de plus de réserves,
à cause de la fiabilité plus faible des groupes
nucléaires.
Si vous remarquez, nous avons besoin d'installer plus de
mégawatts lorsque nous avons un programme nucléaire que lorsque
nous avons un programme hydro-électrique.
M. SAINT-PIERRE: Vous êtes convaincu que vos comptables, en
établissant ces coûts-là n'ont pas gonflé deux fois
des amortissements reliés au nucléaire? Est-ce que vous
êtes convaincu des chiffres, quand même, avancés? Des
experts, ici, nous font dire que l'Hydro-Québec a gonflé
indûment les chiffres du nucléaire en amortissant deux fois la
même chose dans les calculs.
M. CAHILL: Ce n'est pas notre habitude. Si l'on nous montre...
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas la mienne.
M. GIROUX: Non. Ce que vous citez; je m'excuse.
M. SAINT-PIERRE: Ce qu'on cite... On doute du fait que les coûts
d'immobilisation sont comparables coûts qu'on retrouve d'ailleurs
au tableau 11 $7,221 et $7,298. Quelqu'un dit que c'est faux, parce que
les comptables sont prêts à démontrer devant la commission
que l'Hydro-Québec gonfle indûment les coûts du
nucléaire en amortissant deux fois la même chose dans ses
calculs.
M. GIROUX: Si vous comparez quelque chose qui a une vie de 50 ans
à quelque chose qui a une vie de 25 ans, je ne suis pas un
mathématicien, mais c'est deux fois... N'est-ce pas? Les chiffres qui
sont présentés ont été actualisés par notre
département d'économique...
M. SAINT-PIERRE: Suivant les critères qui ont été
donnés.
M. GIROUX: ... suivant les critères qui servent à
l'ensemble des analystes des compagnies d'électricité. On se sert
de ces critères-là pour fins de comparaison. Mais, on ne voit pas
beaucoup dans les revues américaines, de ce temps-ci des comparaisons
avec l'hydraulique pour une raison bien simple, c'est qu'il n'y a pas
d'hydraulique.
M. SAINT-PIERRE: II n'y en a pas. Je m'excuse, M. le Président,
peut-être que la question aurait dû être posée cet
après-midi. Je sais qu'elle a été posée, mais
peut-être que M. Cahill... J'ai personnellement foi aux données
que vous avez avancées; il me semble que c'était très
clair, d'une façon très méthodologique, que toutes les
étapes avaient été parcourues, les mêmes
critères. On a tenté d'équilibrer pour pouvoir comparer
des choses comparables. Je ne voudrais pas reprendre l'exposé qui a
été donné, mais trouvez-vous réellement que votre
taux d'utilisation projeté pour les centrales nucléaires à
80 p.c. est trop bas par rapport à ce qui se produit normalement?
M. CAHILL: Je crois que c'est un taux raisonnable. C'est peut-être
élevé pour les premières années, mais les
problèmes d'enfance si on peut les appeler comme ça
n'ont pas été corrigés.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que vous trouvez également...
M. CAHILL: C'est aussi la même chose pour les thermiques
classiques, pour les gros groupes, si vous voulez.
M. SAINT-PIERRE: Trouvez-vous également que vous faites preuve
d'irréalisme en disant que vous devez avoir un taux de réserve de
25 p.c?
M. CAHILL: Pas du tout.
M. SAINT-PIERRE: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin.
M. JORON: M. le Président, maintenant que les exposés de
l'Hydro-Québec sont terminés, je pense qu'il est important de
poser un certain nombre de questions, de façon que soit établi le
plus clairement possible le coût exact de revient en mills entre les
différents programmes suggérés. Voici pourquoi il est si
important que ce coût en mills comparé des différents
programmes soit bien établi. Si nous présumons au départ
que les coûts devaient être égaux et qu'il y avait des
différences quant aux sommes d'investissements initiaux requis, alors,
à ce moment-là, la formule qui suggérerait ou qui
offrirait l'investissement moindre se verrait forcément la plus
rentable, puisqu'elle nécessiterait l'engagement de moins de capitaux
dans un même secteur donné, pendant qu'au Québec, il y a
des besoins considérables en capitaux et en investissements dans
d'autres secteurs que celui de l'électricité.
C'est la raison pour laquelle nous insistons pour que soient
établis, le plus clairement possible et le plus définitivement
possible, ces écarts ou ces différences de coût en mills
entre les différents programmes afin de pouvoir composer de la
façon optimale le "mixe" du programme mixte suggéré.
Le programme proposé et suggéré par
l'Hydro-Québec comporte, bien entendu, une partie nucléaire. Mais
c'est la plus petite partie du programme total. Le Parti
québécois avait, l'année dernière, pensé
à un programme mixte ou l'accent sur le nucléaire aurait
été considérablement plus fort, plus marqué, qu'il
ne l'est en ce moment. Cette inclinaison, pour un contenu dans le programme
mixte nucléaire plus fort que celui suggéré aujourd'hui se
relie au fait justement de cette économie d'investissements initiaux que
présente la formule nucléaire canadienne.
Il appert d'une part au point où nous en sommes et avant
d'éclaircir les dernières questions que la
différence en coûts de revient, en mills entre le programme 37 et
le programme 20 pour illustrer deux exemples, est de l'ordre d'environ deux
mills par kilowatt.
M. le Président, je voudrais que, lorsque nous sortirons de cette
commission, cet écart, s'il en subsiste un, soit établi le plus
clairement possible. Et pour ce, il faut vérifier et scruter à
nouveau les facteurs les plus importants qui conditionnent, dans le cas du
nucléaire canadien par exemple, et qui nous donnent le coût en
mills qui nous est présenté dans le rapport de normalisation de
l'Hydro-Québec. Les points les plus centraux et les plus importants
à cet égard sont les suivants et c'est sur ceux-là que je
veux faire porter mes questions. Il faut vérifier le taux d'utilisation
qui a été employé, le taux de réserve qui a
été employé, le taux de pannes de démarrage qui a
été employé. A la fin de la séance cet
après-midi on nous a présenté des chiffres à cet
égard. Ces chiffres appellent certaines questions et c'en est une, entre
autres, que je voudrais poser. A la lumière de l'expérience de
Pickering où on avait anticipé de la même façon un
taux de panne de départ assez considérable, l'expérience a
montré, puisque lesdites centrales rentrent en production et d'ailleurs
un peu plus rapidement que prévu et à un taux d'utilisation
dès le départ de 83 p.c, qu'il est peut être excessif de
projeter des taux de panne sur une situation aujourd'hui en 1972, de les
projeter sur 1980 ou au début des années 80 d'une part. D'autre
part, une autre question que je voudrais poser toujours pour que la
lumière soit faite sur ces écarts entre le coût en mills
dans le cas du nucléaire canadien, le
facteur lignes de transmission et transport présumait que les
centrales étaient situées à quel endroit? C'est une des
questions que je voudrais poser. Evidemment, si la centrale est située
à Sept-Iles dans le but de fournir le marché de Montréal
par rapport à Gentilly ou par rapport à l'intérieur
même de la ville de Montréal, cela ferait une différence
considérable. Dans les taux normalisés, le coût du
transport présumait de quel site des centrales?
M. LE PRESIDENT: Me permetteriez-vous une question, sans vouloir vous
interrompre. D y a déjà une série de questions. Je me
demande si en ce moment on ne devrait pas prendre part et entendre ce que
pourrait répondre...
M. JORON: Une par une?
M. LE PRESIDENT: Une par une ou trois par trois, cela ne
m'inquiète pas.
Vous avez suggéré entre le tableau 20, le tableau 37 ou le
programme 20, le programme 37 d'écarts en mills, le taux d'utilisation,
le taux de réserve, le taux de démarrage, taux de panne, enfin...
Est-ce que, par exemple, on pourrait nous répondre à ce
moment-ci, directement, sur cette question de variations qui pourraient exister
entre les deux projets, soit 20 ou 37? C'est ce qu'on a suggéré
comme début.
M. CAHILL: Je pourrais répondre à la question qui porte
sur le taux de panne qui a été choisi. Je mentionnais tout
à l'heure que pour les groupes nucléaires de 500
mégawatts, nous avons choisi un taux de panne qui variait de 12.5 p.c.
à 9 p.c, selon que c'était la première année ou la
cinquième année de service. D'après les renseignements que
nous avons, ce sont des hypothèses que nous pourrions appeler probables,
ou les plus probables. Si nous avions employé des hypothèses
pessimistes, que nous n'avons pas voulu employer, nous avons ici des taux de
panne pour des groupes de 500 mégawatts qui pourraient aller aussi haut
que 20 p.c. pour la première année et 11 p.c. pour les
années à venir lorsque les groupes ont vieilli, ou bien où
on a enlevé les pépins.
M. JORON: M. Cahill, si vous me permettez? Comment cela se compare-t-il
à des expériences récentes disons comme Pickering? Dans
les faits, il se produit quoi à Pickering?
M. CAHILL: L'expérience de Pickering est peut-être une
expérience... Les statistiques doivent être faites à partir
d'un nombre d'échantillons beaucoup plus considérables que
l'expérience qui provient d'une seule centrale. L'expérience de
Pickering, actuellement, semble bonne et nous nous en réjouissons, mais
nous ne pouvons pas faire de prévisions d'équipement de
production, à partir d'un seul échantillon. Il faut se baser sur
un nombre plus considérable d'échantillons.
M. JORON: Cela donnerait un taux de panne de quoi à
Pickering?
M. CAHILL: Le taux de panne, c'est le pourcentage du temps que le groupe
ne peut pas être employé, parce qu'il est en panne, ce n'est pas
prévu. On n'a pas ici le taux de panne...
M. JORON: J'imagine, pendant qu'on traite des pannes, que le taux que
vous avez projeté découle forcément partiellement de
l'expérience passée.
M. CAHILL: Cela découle de l'expérience de
sociétés qui emploient du nucléaire et qui nous ont fourni
les statistiques provenant de leur expérience, lesquelles statistiques
ne sont pas nécessairement les statistiques qui sont publiées
soit dans les revues ou soit devant le Federal Power Commission aux Etats-Unis,
pour différentes raisons. Je pourrais citer l'exemple d'une
société semblable à la nôtre qui avait
préconisé un certain taux de panne pour son équipement et
qui prévoyait avoir, avec les équipements de production
prévus dont on avait décidé la construction, un surplus
d'environ 1 million de kilowatts pour l'année 1978. Et à la
lumière des taux de panne qu'elle a eu avec le thermique et ce qu'elle
prévoit avoir avec le nucléaire, a changé le taux de panne
qu'ellle emploie pour la prévision maintenant et qui prévoit un
déficit de 2 millions de kilowatts pour l'année 1978. Ce qui
était un surplus de 1 million de kilowatts est devenu un déficit
de 2 millions de kilowatts lorsqu'on a changé le taux de panne. C'est
une société qui a de l'expérience avec ce genre
d'équipement.
M. JORON: Les taux de panne qui ont été bâtis
à la lumière d'expériences passées essentiellement,
ce sont des expériences qui ont dû se dérouler dans les
années soixante...
M. CAHILL: C'est-à-dire que l'expérience s'est surtout
détériorée lorsqu'on a augmenté la grosseur des
groupes.
M. JORON: Quand on prend ça et qu'on l'envoie, on le projette
dans les années quatre-vingts, est-ce que ça vous paraît
bien fondé que, sans présumer d'aucun progrès
technologique dans une période...
M. CAHILL: Nous pouvons espérer que ça s'améliore
mais, lorsque nous faisons des prévisions, il faut toujours nous baser
sur ce qui nous semble raisonnablement sûr. Comme je vous le mentionnais
tout à l'heure, nous avons employé ce que nous appelons des
hypothèses probables. Nous n'avons pas employé des
hypothèses pessimistes que certains emploient ou doivent employer.
M. PERREAULT: Question additionnelle,
M. le Président. Est-ce que le taux de panne que vous mentionnez
s'établit après la mise en service commerciale?
M. CAHILL: Oui.
M. PERREAULT: Et non pas le temps...
M. CAHILL: Nous ne tenons pas compte du fait que souvent, des groupes,
à cause des difficultés que nous avons, sont retardés d'un
an ou deux. Raison de plus pour avoir une réserve additionnelle pour
tenir compte des délais dans la mise en route commerciale de ces
groupes-là. Nous n'en avons pas tenu compte dans nos
prévisions.
M. PERREAULT: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin.
M. JORON: Je pense que M. Cahill s'apprêtait à
répondre à d'autres questions.
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. CAHILL: C'est-à-dire que j'avais terminé ma
réponse; je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Revenez un peu sur vos questions, je pense que nous en
avons peut-être oublié.
M. JORON: Oui, c'est ça. Il y en avait deux, sur le taux
d'utilisation par exemple. Est-ce un taux vous m'avez répondu cet
après-midi uniforme de 80 p.c. dès la première
année ou sur une moyenne de 50 ans?
M. CAHILL: C'est-à-dire que la disponibilité donne le
facteur d'utilisation que nous pouvons avoir avec une centrale. La
disponibilité, c'est à peu près la différence entre
100 p.c. et le pourcentage de temps qu'il faut dépenser pour entretenir
l'équipement sur une base routinière et le taux de panne. Alors,
les premières années, il se peut que le facteur d'utilisation
soit de moins que 80 p.c, si on a beaucoup de pépins.
M. JORON: Alors, dans la normalisation qui a été faite,
quel était ce taux pour les premières années, celui qui a
été utilisé?
M. CAHILL: Je devrais peut-être demander à M. Charuk, qui a
fait ce travail, de répondre à votre question.
M. LE PRESIDENT: M. Charuk.
M. CHARUK: Excusez-moi, M. le député, pourriez-vous
répéter votre question, s'il vous plaît?
M. JORON: Cet après-midi, on nous avait répondu que le
facteur d'utilisation prévu, quand on a normalisé les
coûts, je parle du nucléaire canadien était
de 80 p.c. Est-ce qu'il était de 80 p.c. sur la moyenne des 50
années ou était-il différent dans les premières
années de départ?
M. CHARUK: Dans l'étude de normalisation, pour les coûts
d'investissements unitaires et les frais d'exploitation, il n'y a pas lieu de
parler de facteur d'utilisation. Mais lorsque nous avons donné des
coûts pour des projets qui fournissaient de l'énergie de base,
effectivement, le facteur d'utilisation était de 80 p.c. sur toute la
période d'horizon.
M. JORON: A partir de la première année?' M. CHARUK:
Oui.
M. JORON: Bon! Là, nous parlons évidemment de choses qui
entrent en service dans les années quatre-vingts. Ce taux-là
découle-t-il d'expériences quand on fait une projection,
ça découle toujours en partie d'une expérience historique
qui ont été réalisées aux Etats-Unis?
M. CHARUK: Pour comparer les projets de base, nous utilisons un facteur
d'utilisation de 80 p.c. Nous pourrions comparer les projets de base avec des
facteurs d'utilisation de 75 p.c. ou de 85 p.c. C'est une base de comparaison.
Habituellement, pour de la base, nous utilisons 80 p.c.
M. JORON: Dans le cas du nucléaire canadien.
M. CHARUK: Dans les trois cas, nous avons utilisé 80 p.c.
M. JORON: Dans les trois cas. Ce taux de 80 p.c. vous apparaît-il
bien fondé, encore une fois, à la lumière de
l'expérience de Pickering qui, dès le départ, était
de 83 p.c? Et si l'on présume encore une fois que dix ans
s'écoulent ou presque d'ici les années quatre-vingts, peut-on
penser que le taux restera autour de 80 p.c. dans ces
années-là?
M. CHARUK: Je répète encore une fois que, pour fins de
comparaison, nous utilisons un facteur d'utilisation de 80 p.c. Il est possible
que, dans le futur, des centrales nucléaires puissent avoir des facteurs
d'utilisation plus élevés que celui-là.
Mais jusqu'à l'heure présente, l'expérience en
général ne démontre pas des facteurs d'utilisation aussi
élevés.
M. JORON: C'est ce que je voulais vous demander
précisément. C'est que cela découle de
l'expérience, le choix de ce taux de 80 p.c. tient compte de
l'expérience. Cette expérience a été acquise en
grande partie à l'extérieur du
Canada, dans un type de dossiers différent, pour ce qui est du
cas du nucléaire, puisque la majeure partie des expériences ont
eu lieu aux Etats-Unis.
M. PERREAULT: M. Charuk, est-ce qu'à ce moment-ci, on ne
mélange pas un peu le facteur de charge avec le facteur
d'utilisation?
M. CHARUK: Non, cela n'a rien à voir avec le facteur de
charge.
M. PERREAULT: Parce que, si on retourne dans l'hydraulique, ce ne sera
pas le facteur d'utilisation, disponibilité d'unité hydraulique,
je pense bien qu'on est en haut de 83 p.c.
M. JORON: On sait ça, c'est 90 p.c... M. PERREAULT: On se fie
à 80 p.c.
M. JORON: ... c'est ça qu'on veut savoir, à partir de quoi
on a utilisé 80 p.c. pour le nucléaire canadien alors que les
expériences actuelles montrent que, dès le départ, on est
à 83 p.c.
M. CHARUK: Si nous avions utilisé un facteur d'utilisation plus
élevé pour fins de comparaison, nécessairement les frais
d'investissements auraient été répartis sur un plus grand
nombre de kilowatts-heures. Nous avons...
M. JORON: Ce qui se serait évidemment traduit par une
différence dans le coût de revient en mills au bout de la
ligne.
M. CHARUK: Oui. Maintenant, du point de vue de l'exploitation d'un
réseau, il est rare que toutes les centrales puissent opérer
à un facteur d'utilisation de 100 p.c. L'expérience
démontre, aux Etats-Unis et, en tout cas, en ce qui concerne les
centrales thermiques traditionnelles, que ces centrales n'ont pas atteint,
à ce jour, un facteur d'utilisation de 80 p.c. Certaines d'entre elles
peut-être, mais, dans l'ensemble, c'est non, et pour fins de comparaison,
encore une fois, pour produire de l'énergie de base, nous utilisons 80
p.c.
M. JORON: Sur la question que je posais il y a un moment, quant au
facteur transport dans le programme 20, nucléaire canadien, il y a
évidemment, pour arriver à un coût en mills au bout de la
ligne, un facteur lignes de transmission, un facteur transport qui est inclus
là-dedans. D présumait que les centrales devaient être
à une certaine distance des points de consommation. Où est-ce que
les sites... où prévoyait-on les sites pour arriver à ce
coût de transport, ce coût des lignes de transmission?
M. CHARUK: Monsieur Fournier pourra répondre à cette
question.
M. FOURNIER: Si je comprends bien, vous demandez les endroits où
l'on prévoyait installer des centrales nucléaires. C'est
ça?
C'est une question assez difficile à répondre si on parle
d'un programme massif de centrales nucléaires. J'entends par programme
massif, 8 millions ou 9 millions de kilowatts, mais pour un programme plus
faible, à l'heure actuelle, le site le mieux connu est la région
de la centrale de Gentilly où on a déjà prévu 2
millions à 3 millions de kilowatts comme installation ultime.
Je mentionne bien 2 millions à 3 millions parce que,
dépendant de la taille des groupes, la puissance totale qui pourrait y
être installée est de cet ordre.
M. JORON: Dans le programme...
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, dans le même sens, quel pourcentage
de l'ensemble de votre demande se retrouve dans la région
métropolitaine de Montréal dans le moment, par rapport aux
usines?
M. FOURNIER: Pour répondre à cette question-là,
j'aimerais parler de façon un peu plus globale pour situer les charges
de l'Hydro-Québec dans la province : 90 p.c. des charges de
l'Hydro-Québec, dans la province, sont situées dans la bande
étroite du sud de la province, une bande qui va de l'Ontario, disons
à Montmagny et Sainte-Anne-de-Beaupré, ou à peu
près; 90 p.c. de nos charges sont dans cette région, dont
approximativement un tiers dans le Montréal métropolitain, un
tiers dans le sud du fleuve et un tiers au nord du fleuve.
Ceci se rattache très bien à la question
précédente, si vous me permettez de continuer, parce que les deux
vont de pair. Le fait que nous avons un tiers de nos charges au sud du fleuve
Saint-Laurent et que toutes nos centrales hydrauliques sont au nord, il est
intéressant de choisir des emplacements de centrales aussi bien
thermiques que nucléaires au sud du fleuve. Donc, Gentilly est
très bien située pour alimenter le tiers des charges qui sont
dans les Cantons de l'Est et au sud du fleuve.
M. JORON: Je reviens à ma question originale. Dans le programme
20 qui était entièrement nucléaire dans les quelque 30
tableaux alternatifs qui sont suggérés, je reviens à la
question du coût de transport, vous nous avez parlé de Gentilly
pour quelque chose comme de 2,000,000 à 3,000,000 de kilowatts mais dans
le programme 20 qui était essentiellement nucléaire et qui est de
beaucoup supérieur à ce que les autres étaient, je veux
savoir si l'incidence du coût de transport, dans l'établissement
du coût en mills, est issue du programme 20.
M. FOURNIER: Pour les coûts de transport, nous avons
supposé un coût moyen de dollars par kVA ne sachant pas exactement
où seraient les centrales. C'est un coût moyen qui est de $17 par
kVA de transport.
M. SAINT-PIERRE: Le programme 20 tel que décrit, implique quand
même 20 centrales nucléaires; ce sont 20 centrales
nucléaires dont une bonne partie d'entre elles auraient dû
être situées très près des grands centres pour
justement utiliser le potentiel nucléaire canadien au maximum. Je ne
parle pas...
M. FOURNIER: Exactement. Probablement le long du fleuve parce que c'est
le seul endroit où il y a de l'eau de refroidissement, de Québec
jusqu'à la frontière américaine. Je ne peux pas vous
donner d'emplacement exact parce qu'il y a beaucoup d'études à
faire, surtout au point de vue sismique pour déterminer où on
peut mettre des centrales nucléaires.
M. SAINT-PIERRE: C'est un point qui m'intéresse. Nous savons que
Montréal sur le plan sismique est quand même dans une des zones,
un taux deux, qui cause assez de préoccupation. Est-ce que c'est une
question qui a été examinée? D'après les experts,
quelle pourrait être l'incidence de ce taux élevé sur le
plan sismique par rapport à la construction de 22 centrales
nucléaires près de la faille Logan.
M. FOURNIER: J'aimerais mentionner que ce sont plutôt 22 groupes,
ce qui voudrait dire peut-être trois centrales de 3,000,000 ou 4,000,000
chacune...
M. SAINT-PIERRE: Autrement dit, trois emplacements.
M. FOURNIER: Trois emplacements, oui. Ce que vous mentionnez est la
raison pour laquelle Gentilly avait été choisie pour la centrale
qui existe à l'heure actuelle.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que vous devez être le long du fleuve
Saint-Laurent à cause des problèmes de pollution thermique et de
débits d'eau? Mais est-ce que le fait, sur le plan sismique, du danger
que cela représente versus le réacteur, il n'y avait pas de
problème?
M. FOURNIER: Comme vous le savez, l'emplacement est sujet à
l'approbation du gouvernement fédéral. Je ne pourrai pas me
prononcer à savoir s'il accepterait ou non une centrale à un
endroit donné spécifique.
M. SAINT-PIERRE: Aux Etats-Unis, le long de la côte ouest,
où l'on retrouve la même zone sismique, près de San
Francisco et autres endroits, est-ce que c'est un facteur qui a
été soulevé? Est-ce qu'on est obligé de
s'éloigner de certaines zones, sur le plan sismique, à cause des
dangers de radiation?
M. CAHILL: En ce qui concerne les centrales le long du fleuve, les
centrales nucléaires doivent reposer sur le roc. On doit alors avoir des
fondations qui reposent sur le roc et on doit connaître évidemment
la valeur des tremblements de terre que nous pouvons nous attendre d'avoir, les
valeurs d'accélération. Et en fonction de ces valeurs, la
Commission de l'énergie atomique spécifie certaines
précautions du point de vue "design" qu'il faut prendre. Evidemment,
cela peut impliquer alors des dépenses additionnelles.
M. BOYD: M. le Président, il y aurait sans doute une autre
façon de répondre à la question de M. Joron. On sait que
dans le cas du programme 20, le coût des lignes, des postes
représente un demi mills tandis que pour le programme 37, le coût
des lignes et des postes représente 2.56 mills.
Pour le programme 37 le coût de lignes et postes est cinq fois
plus grand que celui que nous avons employé. Donc, vous avez là
votre réponse. On ne peut pas vous spécifier exactement, sauf
pour Gentilly. Les autres, on espère que ce serait entre,
peut-être, Montréal et Québec, dans les environs, mais les
emplacements précis devront être choisis avec beaucoup de
précaution pour toutes sortes de raisons. L'effet des lignes et postes
est cinq fois plus grand dans un programme que dans l'autre.
M. JORON: Et pourtant, la distance, elle, est dix fois plus grande
puisque, disons, si on parle de Gentilly, on est à l'intérieur
d'un rayon de 60 milles de Montréal, alors que La Grande est à
600 milles.
M. BOYD: Evidemment, il ne faut pas oublier que nous parlons des lignes
et postes. Pour les postes, qu'ils soient près de Montréal ou
qu'ils soient loin de Montréal, c'est le même coût.
M. JORON: Ça va.
M. BOYD : Pour les lignes, ce sont des grosses lignes, quand même,
qu'il faut pour transporter ces quantités d'énergie. Je ne peux
pas vous dire autre chose. Ce sont les coûts que nous avons dû
mettre dans les programmes et c'est pour des emplacements le plus près
possible des charges.
M. SAINT-PIERRE: Dans ces deux cas-là, M. Boyd, vous avez une
expérience très récente et très pertinente de la
construction de lignes à haute tension dans des régions
éloignées comme celle qui vient de Churchill Falls, et celles qui
impliquent des constructions dans des centres plus urbains. Ce n'est pas un
secteur où vous avez procédé par hypothèse; vous
avez procédé à partir de...
M. BOYD: S'il y a quelque chose où l'on est certain de nos
chiffres, ce sont les lignes et postes. D'ailleurs, d'après les
résultats de nos estimations et de nos coûts
réalisés, c'est là que nous sommes les meilleurs.
M. RUSSELL: Est-ce que ces coûts que vous avez utilisés
pour faire vos calculs dépassent ceux que vous avez actuellement sur les
lignes existantes ou s'ils sont moindres?
M. BOYD: Ce sont les mêmes coûts que l'on emploie, mais
escaladés, pour tenir compte des coûts qui vont augmenter;
escaladés de 4 p.c. comme tout le reste. Maintenant, pour les lignes et
postes, on emploie, je crois, 2 p.c. par année d'"escalation".
M. JORON: Est-ce que c'est basé sur du 735 kV?
M. BOYD: C'est du 735, oui.
M. SAINT-PIERRE: Si vous aviez du 1,100 kV, monsieur... Je me rappelle
qu'il y a un an, la possibilité de 1,100 kilowatts avait
été évoquée. A supposer que sur le plan
technologique les 1,100 et je crois comprendre qu'à l'Institut de
recherche il se fait des essais, vous l'avez mentionné dans votre
rapport annuel étaient possibles sur le programme 37, est-ce
qu'effectivement, ça voudrait dire une diminution de coûts?
M. CAHILL: Pas d'après les résultats préliminaires
de nos études. Les coûts seraient à peu près
équivalents, si nous employons des lignes à 735,000 volts avec
compensation en série, c'est-à-dire des lignes dans lesquelles
nous incluons des condensateurs en série avec la ligne, pour faire
croire à la ligne qu'électriquement elle est plus courte qu'elle
n'est longue physiquement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. JORON: M. le Président, une dernière question,
peut-être, à ce stade-ci sur ces sujets-là serait la
suisvante. Dans le programme 20 (nucléaire canadien), on a
évidemment prévu, pour normaliser le coût en mills sur une
vie de 50 ans, un rééquipement au milieu de la période ou
à peu près, puisqu'on prévoit qu'une centrale
nucléaire a une vie de 20 à 25 ans. Les chiffres, pour arriver
à la normalisation qui a été faite, impliquent-ils un
rééquipement dans exactement le même type de centrale que
celle du début?
M. CAHILL: Oui. A toutes fins pratiques.
M. JORON: Avec le développement actuel des "fast breeders" entre
autres, sans parler des progrès technologiques qui, je le pense bien, en
tout cas, sont susceptibles de se produire sur une période de trente
ans, est-ce qu'il vous apparaît normal de prévoir pour trente ans
plus tard un rééquipement dans exactement la même sorte de
centrale? Et quel aurait été l'effet, par exemple, si dans les
calculs de normalisation on avait tenu compte que les "fast breeders", comme
à peu près tous les experts le prévoient, vont
probablement être en opération dans une dizaine d'années...
Ils le seront très certainement alors dans quarante ans, puisqu'on parle
à peu près de l'année 2,010 comme point de
rééquipement d'une centrale nucléaire.
Alors, présumant que... Si les calculs avaient été
faits en tenant compte de la question des "fast breeders" qui ont une incidence
considérable sur l'approvisionnement en matières premières
parce que le "fast breeder", en fait, se nourrit par lui-même,
à toutes fins pratiques, le surgénérateur...
Quelle aurait été, si un tel calcul avait
été fait, l'indidence sur le coût final en mills de la
même période de 50 ans d'un programme nucléaire?
M. CAHILL: Nous faisons des prévisions, dans ce genre-là
des coûts. H faut généralement s'appuyer sur les
prévisions qui sont les plus sûres, si vous voulez. Evidemment, il
est possible que de nouvelles sources, de nouvelles méthodes plus
économiques soient développées d'ici 20 ans, mais on ne
peut pas faire de prévisions sur des possibilités; il faut faire
des prévisions sur ce qui est le plus sûr possible. Rien ne nous
dit que les coûts que nous obtiendrons avec les "fast breeders" seront
plus économiques que ceux que nous obtenons avec les centrales
actuelles.
Un autre aspect, c'est que les coûts de réinvestissement,
lorsqu'ils sont actualisés, n'ont tout de même pas une importance
capitale même s'ils ont une certaine importance à
moins qu'il n'y ait une différence assez importante dans les coûts
d'investissement. Une valeur actualisée à 10 p.c... Une
dépense qui est faite dans 30 ans est relativement faible en valeur
actuelle.
M. BOYD: Pour concrétiser ce que dit M. Cahill: sur le programme
20 où il y a $3,700 millions de valeurs actualisées pour le
programme complet, il y a $408 millions pour le réinvestissement
actualisé, moins $26 millions de valeurs résiduelles, ce qui fait
environ $380 millions sur $3,735 millions. Alors, le réinvestissement a
une faible valeur ou une faible importance. Et même si on enlevait ces
$380 millions des $3,730 millions, on arriverait à un montant
supérieur au programme 37 actualisé qui est de $3,161 millions;
donc $3,700 millions moins $380 millions. C'est encore supérieur au
programme 37. En fait, on pourrait ne pas actualiser le remplacement et vous
auriez quand même un programme qui serait plus favorable dans le 37. Pour
votre question concernant les surgénérateurs, il est fort
probable que dans 30 ans d'ici... D'ailleurs, nous l'avons dit; le docteur
Cloutier vous en a parlé. Vous avez le texte du docteur Cloutier qui
vous dit que, dans 15 ans, les "fast breeders" ou les
surgénérateurs seront d'opération commerciale. Mais, il
n'y a absolument personne qui peut dire combien ils
coûteront en investissements. Si vous voulez, on pourrait demander
à M. Cloutier de vous en parler davantage.
M. JORON: J'apprécierais cela.
M. LE PRESIDENT: Avant qu'on ne laisse le sujet, le député
de Laviolette avait demandé la parole. Est-ce sur le même sujet ou
en rapport avec ce qui a été dit?
M. CARPENTIER: Dans votre rapport, M. Cahill, à la page 4,
lorsque vous mentionnez les sources d'énergie disponibles, justement
après avoir retenu les projets de la Baie James, à la fin du
deuxième paragraphe de cette page, vous mentionnez les autres projets
hydrauliques de moindre importance. Et, vous mentionnez, à ce
stade-là, les projets Outardes-2, Cascade et Champlain sur le bas
Saint-Maurice. Est-ce que vous avez également retenu la
possibilité de la construction, de l'aménagement du rapide des
Coeurs dans le haut Saint-Maurice?
M. CAHILL: ... le rapide du Lièvre, c'est-à-dire que nous
allons les réévaluer, mais actuellement, ces projets-là,
comme ils produiraient un facteur d'utilisation très faible, de l'ordre
de 25 p.c. et que le coût semble élevé, il serait
peut-être difficile de les introduire dans notre programme. Nous allons
quand même les réévaluer.
M. CARPENTIER: Parce que si j'ai bonne mémoire,
déjà des...
M. CAHILL: Des études ont été faites à ce
sujet par une société d'ingénieurs-conseils.
M. CARPENTIER: Des débuts de travaux ont été
également amorcés à un certain moment; je ne me souviens
pas en quelle année exactement.
M. CAHILL: Je ne saurais dire. Cela doit faire un certain temps.
M. BOYD: II se pourrait que les travaux aient été
commencés par la compagnie Shawini-gan au moment de la
nationalisation...
M. CARPENTIER: La Shawinigan Water & Power.
M. BOYD: ...les travaux ont été arrêtés au
moment de la nationalisation et des études ont été
refaites. Evidemment, avec les possibilités qu'avait
l'Hydro-Québec à ce moment-là de développer
d'autres sites beaucoup plus rentables, les autres sites plus rentables ont
été développés. Rapide-des-Coeurs et
Rapide-du-Lièvre, comme disait M. Cahill, produisent un facteur de
charge très bas, c'est presque l'équivalent d'une centrale de
pointe. Or, des centrales de pointe, à une grande distance de la charge,
ce n'est pas très rentable parce que le coût de transport est trop
élevé, c'est ce qui crée le problème de ces
centrales. Comme le disait M. Cahill, nous ne disons pas qu'elles ne seront
jamais faites; ces centrales sont toujours réévaluées,
réestimées. Dès qu'elles deviennent rentables, nous les
employons. Mais lorsqu'on peut avoir des centrales de pompage beaucoup plus
considérables, tout près de nos grands réseaux et à
des prix bien inférieurs, je pense bien qu'on a l'obligation de
développer les centrales de pompage pour avoir de la pointe plutôt
que des centrales éloignées qui nous coûtent cher.
M. CARPENTIER: Mais considérant les lignes de transport
déjà existantes dans cette région-là, est-ce qu'il
n'y a vraiment pas avantage à essayer d'exploiter au maximum la
rentabilité de cette rivière-là, la rivière
Saint-Maurice?
M. BOYD: M. Cahill vous a lu son programme, il y a des augmentations
d'installations qu'on se propose de faire sur le bas Saint-Maurice mais je ne
crois pas que les lignes que nous avons pourraient prendre plus que cela, sans
avoir des modifications pour le transport de cette énergie
supplémentaire qui viendrait du haut des rivières. Il y a une
limite à ce que ces lignes-là peuvent porter.
M. LE PRESIDENT: Dr Cloutier, vous nous excusez en attendant qu'on pose
une couple de questions.
M. SAINT-PIERRE: Simplement deux petites questions reliées au
nucléaire avant qu'on en arrive aux surgénérateurs. Je
pense que ma question s'adresse à M. Boyd. M. Boyd, un des
problèmes de toute cette question-là, et je pense que vos
services avaient raison de dire qu'il y a beaucoup de confusion c'est
que non seulement dans les titres mais même dans les articles
publiés ici et là, on peut voir toutes sortes de coûts
mentionnés pour le nucléaire et l'hydraulique et des choses
semblables. J'en prends un ici qui me frappe dans la Gazette du 16 mai, 1972
c'est assez récent. Un journaliste, Don Murray, pour lequel j'ai
beaucoup de respect, n'a pas écrit cela comme cela, je suis certain.
Effectivement, je lui en parlais tantôt et il me disait qu'il
était allé à des sources. On y dit: "Nuclear power either
from the Canadian or the American system will cost between 7 and 9.5 mills
depending on the estimates you accept", en même temps que la baie James
serait construite, c'est-à-dire "at the end of the decade". Comment
peut-on concilier des chiffres que l'on voit comme cela, 7 mills pour le
nucléaire et de 7 à 9.5 mills en regard des 14.7 mills que vous
nous avez donnés et qui me semblaient quand même articulés
sur des études très sérieuses après normalisation
et lorsque tout est très bien pesé dans une situation
donnée?
M. BOYD: Evidemment, aux chiffres qui sont mentionnés il faut
ajouter l'intégration au réseau; il y a les réserves qu'il
faut ajouter et il faut ajouter les lignes de transport, les postes; il faut
aussi savoir à quel moment ces chiffres sont cités et pour quelle
année de mise en service.
M. SAINT-PIERRE: II vous semble impossible que, pour l'énergie,
pour les 8,800 mégawatts de la baie James, on puisse parler
d'énergie nucléaire intégrée à votre
réseau pour 7 à 9 mills?
M. BOYD: D'après les renseignements que nous avons,
l'énergie nucléaire qui entrerait en service entre 1972 et 1976
serait d'environ 10 mills.
M. SAINT-PIERRE: Et de 1976 à 1985, ce sont les 14 mills que vous
nous avez mentionnés, 14.7 mills.
M. BOYD: L'installation entre dans cette estimation.
M. JORON: Si vous permettez, les chiffres qui sont cités et qui
correspondent un peu à ceux que l'on trouve dans le rapport de United
Engineers varient quelque part entre 7 et 9 mills.
M. Boyd mentionnait, il y a un moment, qu'il faut rajouter à
ça les lignes de transport et le raccordement au réseau. Dans ces
études, ces facteurs étaient déjà inclus? Les
lignes de transport pour livraison à un point donné.
M. CAHILL: Pas dans le UENC. M. BOYD: Pas dans UENC.
M. JORON: Pas dans UENC.
L'UENC donnait un chiffre de production. Vous avez mentionné
l'année de service de mise en service par exemple. Quelle était
l'année de mise en service qui était donnée dans le
rapport de United Engineers.
M. SAINT-PIERRE: On l'a dans les données de normalisation.
M. CAHILL: C'est ça.
M. JORON: La ligne de transport présumant par exemple que ladite
centrale ou le groupe de centrales est dans un rayon, disons, de 60 milles de
Montréal, qu'est-ce que ça peut ajouter? Vous avez parlé
d'un demi-mills tout à l'heure. On monte de 7 à 7.5 et à
l'autre extrême de 9 à 9.5, à ce moment-là.
M. BOYD: Je ne veux pas me dérober à la question. Je crois
que M. Cahill, tout à l'heure, a donné trois ou quatre raisons
qui expliquaient les différences entre UENC et les chiffres qu'on vous
cite.
M. CAHILL: J'ai déjà donné les raisons. Est-ce que
vous voulez que je les répète?
M. JORON: D'accord.
M. CAHILL: Voici quelques-unes des raisons qui peuvent expliquer ces
différences. Dans le rapport de UENC, le coût des investissements
des centrales est fait pour des centrales qui entrent en fonctionnement, entre
1978 et 1980 inclusivement. Dans le cas du programme Hydro-Québec, le
coût des investissements des centrales est fait pour des centrales qui
sont en service entre 1980 à 1985. Comme il y a un taux d'inflation de 4
p.c. sur les coûts des centrales par année, il faut ajouter un
coût d'inflation pour deux à cinq ans dépendant des mises
en service de certaines centrales.
M. JORON: M. Cahill, si vous permettez. Si on se situe dans le cadre
d'un programme mixte, à ce moment on a le choix de faire entrer les
centrales nucléaires avant de faire entrer la balance du programme mixte
qui, lui, pourrait être hydraulique. Le facteur que vous venez de
mentionner que je comprends très bien ne rentrerait pas en
ligne de compte, dépendant de quelle partie d'un programme mixte on fait
entrer le premier.
M. CAHILL: Comme nous avons mentionné, tout à l'heure,
pour l'année 1978, nous n'avons pas besoin d'énergie. C'est
pourquoi nous installons des usines de pointe. Pour l'année 1979, en
nous servant de la banque d'énergie qui existe au réservoir
Manicouagan 5, en abaissant de quelque peu le niveau du réservoir, nous
pouvons produire plus d'énergie que durant les années normales
à Manicouagan 5 et installer encore des usines de pointe. Repousser
à plus tard le procédé d'actualisation, comme on a dit
tout à l'heure, a tendance à repousser à plus tard les
investissements lourds qui fait que le taux actualisé est plus bas.
C'est pour ça que les premières usines nucléaires
n'entreront en service qu'en 1980 et non pas en 1978. L'UENC,
évidemment, n'a pas tenu compte...
M. JORON: Sur une différence de deux ans, de combien ce seul
facteur augmente-t-il le coût?
M. CAHILL: Deux fois quatre, au moins 8 p.c. pour les premières.
Puis 85 et 80, peut-être 20 p.c. pour les dernières en ordre de
grandeur.
M. JORON: D'accord.
M. LE PRESIDENT: M. Cahill, vous alliez ajouter au sujet d'UENC: n'a pas
tenu compte. Puis on a fait une interruption. Voulez-vous continuer votre
pensée?
M. CAHILL: Je pense que j'avais terminé ma pensée.
M. LE PRESIDENT: Vous aviez terminé, d'accord.
M. CAHILL: Du moins, si ne n'ai pas terminé, je l'ai
oublié. J'aurais d'autres facteurs que je pourrais citer. Est-ce que
vous aimeriez que je continue?
Quand je cite des différences comme ça entre UENC et notre
programme, je désirerais souligner que nous ne désirons pas
critiquer en aucune façon le rapport de UENC. C'est une firme
d'ingénieurs-conseils en laquelle nous avons entièrement
confiance. Nous leur avons demandé un certain travail qu'ils ont fourni.
Mais ce n'était pas un programme d'équipement pour inclure au
programme d'équipement Hydro-Québec. C'était un exercice
à l'intérieur d'un certain mandat.
Quant aux frais d'exploitation de UENC, le prix du combustible supporte
l'inflation si on peut employer cette expression de 1978 à
1980, c'est-à-dire pendant trois ans. Dans le cas de notre programme, le
combustible supporte l'inflation de 1980 jusqu'à l'an 2037, soit pendant
une période de 50 ans. Evidemment, ça se réflète
dans le coût final, dans le coût moyen.
M. JORON: M. Cahill, il y aurait là une différence au
moment du rééquipement, comme on l'a dit tout à l'heure;
si nous étions à l'époque des surgénérateurs
à partir de ce moment-là, il y aurait une incidence assez directe
sur le coût du combustible.
M. CAHILL: II se pourrait...
M. BOYD: Si vous permettez, M. Cahill, c'est très difficile de
faire un programme avec une hypothèse de surgénérateur sur
lequel on ne peut fixer aucun prix. H faut quand même oeuvrer avec des
chiffres que nous connaissons assez bien et auquels nous ajoutons une
augmentation. Il est assez probable que le surgénérateur,
lorsqu'il va venir dans quinze ans d'ici, tout ce qui va y entrer aura aussi
subi les augmentations au moins de 4 p.c. par année, en plus d'avoir
absorbé des frais de recherche.
Le président des Etats-Unis a autorisé des frais de
recherche de $3.5 milliards pour développer un
surgénérateur. Evidemment, quand le surgénérateur
deviendra commercial, ces frais de recherche, quelqu'un va les absorber. Donc,
il nous est assez difficile d'élaborer un programme, pour nous, en
supposant toutes sortes de choses sur lesquelles on ne peut réellement
pas mettre le doigt.
M. SAINT-PIERRE: Vous ne nous le recommandez pas. A $3 milliards pour
les frais de recherche, vous ne nous le recommandez pas comme projet
collectif?
M. BOYD: Ce que nous préférons, c'est laisser les autres
faire cette recherche et en profiter le plus tôt possible.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, lorsqu'on parle de financement
des coûts pour le projet 37 que vous nous recommandez, une des questions
qui...
M. JORON: M. le Président, pourrions-nous laisser M. Cloutier
finir son témoignage?
M. SAINT-PIERRE: J'ai pensé, juste avant les
surgénérateurs, comme nous venons de parler de coûts
d'investissements...
M. LE PRESIDENT: J'attendais la question.
M. JORON: Parce que la question du financement est fort importante.
M. SAINT-PIERRE: Je ne parle pas du financement du projet, je parle du
montant d'argent total de la capitalisation du programme...
M. JORON: Allez-y.
M. LE PRESIDENT: J'attendais justement la question.
M. SAINT-PIERRE: Ma question s'adresse à M. Giroux, c'est le
financier à l'Hydro-Québec, plutôt qu'à M. Boyd,
mais soyez à l'aise. Souvent, les gens sont un peu inquiets par le
projet de la baie James, lorsqu'on fait miroiter des chiffres comme $5.8
milliards pour le programme d'investissement que vous nous avez
recommandé. Est-ce que, M. Giroux, vous pourriez nous situer de nouveau
ce programme d'investissement que vous recommandez d.e $5.8 milliards,
comparativement à ce que vous prévoyez comme chiffre de vente,
comme actif, peu importe la base que vous allez utiliser, dans les
opérations de fonctionnement de l'Hydro-Québec à cette
époque, par rapport au niveau d'emprunt, au niveau de capitalisation qui
aurait pu être requis dans les décennies 1950-60 ou 1960-70?
Vous comprenez le sens de ma question: est-ce que $5.8 milliards, dans
le programme d'investissement que vous nous recommandez, compte tenu de vos
ventes, de votre actif que vous anticipez dans ces années-là,
c'est un effort plus grand, moins grand, ou à peu près
égal à ce qu'on a pu faire dans les décennies 1950 ou
1960?
M. GIROUX: Je crois que nous avons des chiffres de base qui sont assez
éloquents sur cette question-là. Si on se référait
un peu à certains débuts, quand j'ai commencé dans le
financement des émissions de la province de Québec, à ce
moment-là, nous faisions une émission de la province de $15
millions par année. C'était un fiasco, et l'Hydro empruntait je
ne sais pas combien.
Aujourd'hui, je crois que nous avons un programme qui va toucher la
province et l'Hydro-Québec de $1 milliards pour cette
année, ou à peu près, et nous ne sommes absolument
pas inquiets. Cela vous donne un peu une idée des possibilités
d'emprunt. Ce qu'on semble oublier, c'est le programme, comme vous disiez
tantôt, si on avait établi le complexe total de Manic-Outardes en
1958, quand les gens de l'Hydro-Québec l'ont commencé,
probablement qu'il y aurait eu la même hésitation qu'aujourd'hui
s'ils avaient connu l'ampleur de ce programme. Maintenant, je pense que M. Boyd
a des chiffres qui sont plus posés sur cette question-là.
Je donnais seulement une explication de l'ampleur des montants
d'emprunt.
M. SAINT-PIERRE: Et il ne vous semble pas que, pour faire face à
ces besoins de croissance d'énergie, ça va être un effort
disproportionné par rapport aux revenus de l'Hydro-Québec,
à l'actif de l'Hydro-Québec, par rapport aux ventes annuelles de
l'Hydro-Québec à cette période?
M. GIROUX: Non, je crois que dans nos chiffres, tous ces
programmes-là sont très bien calculés et ce n'est pas plus
de l'aventure que ça.
Naturellement, les montants vont être doublés, vont
être plus gros. Il y a cinq ans, six ans, on empruntait peut-être
$400 millions et on trouvait ça énorme. D'abord, je ne veux pas
amoindrir le travail de ceux qui ont à faire les emprunts, ça
reste tout de même un travail énorme mais, à mon sens, j'ai
pleinement confiance que ça peut s'accomplir.
M. BOYD: Si vous voulez plus de précisions...
M. SAINT-PIERRE: Oui, j'aimerais ça.
M. BOYD: J'avais déjà préparé, pour mon
information, des comparaisons. Si on prend la période 1960 à
1976, vous avez...
M. PERREAULT: Seize ans.
M. BOYD: ... les travaux de Manic-Outardes qui représentent
près de $1,900,000,000; pendant cette même période, vous
avez les travaux de Churchill et des travaux de centrales et de postes de
lignes du côté de la compagnie Churchill, qui étaient quand
même garantis par l'Hydro, qui étaient basés sur le contrat
de l'Hydro-Québec, qui étaient de $950 millions; vous avez les
lignes et postes par l'Hydro-Québec, pour aller chercher cette
énergie pendant cette période-là, qui étaient de
$500 millions. Cela vous donne, pour la période de seize ans,
$3,350,000,000.
Le programme que nous proposons pour les années de construction
1972 à 1985-86, vous avez là quatorze ans: un programme de
$7,200,000,000, c'est-à-dire un peu plus que le double,
légèrement plus que le double; par contre, les revenus de l'Hydro
durant la période 1960 à 1976, on peut en faire une moyenne
d'environ $390 millions, et, durant la période 1972 à 1986, une
moyenne de $1,500,000,000. On peut estimer que les revenus auront un peu plus
que triplé pour des investissements un peu plus que doublés.
C'est peut-être une autre façon d'exprimer la même
chose que M. Giroux, mais avec les programmes.
M. SAINT-PIERRE: C'est donc dire que, dans une période de temps
où, si on prend des moyennes d'une année pondérée,
par rapport à une situation de 1960 à 1976, donc l'année
moyenne 1968 par rapport à une année moyenne de 1979 ou 1980, les
revenus triplent alors que les dépenses, les besoins de capitalisation,
les besoins de capitaux ne font que doubler, à peu près, pour une
période moyenne.
M. BOYD: Oui. Evidemment. On peut avoir de grosses surprises parce que,
durant la période de 1972 à 1986, nos dépenses
d'exploitation vont avoir augmenté également. C'était tout
simplement pour indiquer que, lorsqu'on regarde un programme de $7,200,000,000,
on se dit: C'est fantastique.
Le même portrait se serait présenté à nous si
on avait fait cet examen en 1960.
M. RUSSELL: M. le Président, est-ce qu'on pourrait nous informer
si les calculs de revenus sont basés sur le taux actuel de
l'électricité?
M. BOYD: On estime, à partir de 1972 à 1986, comme on l'a
dit l'an dernier, une augmentation moyenne de 4 p.c. par année. C'est
pour des fins de calculs seulement. M. Giroux avait annoncé ça
dans sa présentation de l'an dernier. Peu importe la méthode de
production, pour répondre à la demande des années à
venir, nous devons faire face à des augmentations de tarif.
M. LE PRESIDENT: M. Dozois.
M. DOZOIS: M. le Président, vous comprendrez que
l'expérience que j'ai eue dans la vie ne me permet pas tellement de
parler des techniques de l'électricité, mais j'aimerais
peut-être, à ce moment-ci, émettre une opinion sur le
financement d'un tel programme, domaine dans lequel j'ai eu une certaine
expérience.
M. LE PRESIDENT: Comme ancien ministre des Finances de la province.
M. DOZOIS: Pardon?
M. LE PRESIDENT: Comme ancien ministre des Finances de la province.
M. DOZOIS: Disons que j'ai eu cette expérience et une
expérience semblable dans une autre juridiction municipale. En
étudiant tout
ce problème financier, ce qui m'est venu à l'esprit, tout
particulièrement, c'est le fait que l'Hydro-Québec, si nous
voulons rencontrer les besoins de la population, doit réaliser un
programme de 14,000,000 à 15,000,000 de kilowatts entre les
années 1978 et 1985. On est porté, dans certains milieux
je n'accuse personne mais il y a des gens qui m'ont posé la question
à faire des comparaisons en se disant: Vous voulez
dépenser $7, $8 ou $10 milliards pour la baie James et il y a des gens
qui croient qu'on pourrait ne rien dépenser. Ce ne sont pas $7 milliards
ou rien. C'est le coût pour aménager 14,000,000 ou 15,000,000 de
kilowatts. Or, les programmes que nos experts ont mis au point varient entre
$6,500 millions et $7,200 millions sauf pour les programmes thermiques, qui
sont à peu près de 50 p.c. comme coût des programmes
nucléaires ou hydrauliques.
Or, que l'on finance sur une période d'ici 1985, à mon
avis, $6,500 millions ou $6,700 millions en nucléaire ou $7,200 millions
dans un programme mixte comme celui que nous préconisons, j'ai confiance
et je crois, comme M. Giroux, que c'est une chose possible. Comme M. Giroux l'a
signalé, il y a quelques années, la province empruntait $15 ou
$20 millions et cela paraissait considérable. J'ai déjà eu
dans le passé à m'effaroucher de certains emprunts de $200 ou
$300 millions et j'en avais fait part publiquement en certaines occasions. Plus
tard, personnellement, j'ai dû autoriser, comme vous le savez, des
emprunts qui doublaient ces montants qui m'avaient déjà
effarouché. Or, je constate que c'est une courbe qui se continue et j'ai
été agréablement surpris, sinon renversé, de voir
que et la province et l'Hydro, au cours de l'année 1971, avaient atteint
un taux d'emprunt de $900 millions et ont un programme pour l'année en
cours de $1 milliard pour les deux organismes. Ce sont des chiffres qui, il y a
à peine deux ou trois ans, ne nous paraissaient pas, du moins à
moi, possibles comme programme d'emprunts. Aujourd'hui, cela se réalise.
On allait sur le marché et on se trouvait audacieux de lancer des
emprunts de $50 millions. Aujourd'hui, et l'Hydro et la province
réussissent à faire des emprunts de l'ordre de $100 millions et
même plus.
Or, je crois que, tenant compte de l'autofinancement qui sera possible
grâce à l'augmentation du chiffre d'affaires de l'Hydro d'ici 1985
il y a des projections qui faciliteraient un autofinancement plus
considérable, grâce aux pouvoirs d'emprunts que nous avons et
à la bonne réputation d'emprunteur que l'Hydro-Québec
possède, nous pouvons faire face à un tel programme
d'emprunts.
Mais, encore une fois, comme administrateur, j'avais à prendre
une décision et je l'ai prise en considérant qu'il fallait
trouver les moyens d'obtenir des capitaux pour fournir à la population
du Québec des installations de l'ordre de 15,000,000 de kilowatts.
M. SAINT-PIERRE: La dette totale du Québec en proportion au cours
de ces années, en pourcentage du produit provincial brut, est à
peu près toujours au même point. Ce qui est peut-être plus
surprenant, c'est que la dette per capita du Québec qui, en 1965,
était une des plus élevées au Canada parmi les provinces,
est maintenant et c'est dommage que le ministre des Finances ne soit pas
ici une des plus basses, je pense que c'est la septième ou
huitième province. Il y a six provinces qui ont une dette per capita
plus élevée que celle du Québec à une
période où pourtant nous avons dû accumuler les
emprunts.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin.
M. JORON: Puisque le ministre de l'Industrie et du commerce nous a
ouvert la porte au sujet du financement, même si ça laisse en
suspens M. Cloutier à qui on a demandé de nous parler des
surgénérateurs, s'il nous excuse d'ouvrir un tant soit peu
la parenthèse au sujet du financement, M. Dozois vient de nous
donner son témoignage comme Pavait fait M. Giroux, un peu plus
tôt, dans son exposé quant aux capacités d'emprunter ces
sommes. M. Giroux avait fait dans son exposé une condition expresse au
succès possible de la réalisation de ce programme d'emprunt, soit
que PHydro-Québec ait la maîtrise et la gérance totale des
travaux. Cela m'apparaft un point essentiel. Vous vous rappellerez que
l'année dernière on en avait fait, au moment de la discussion sur
le bill 50, un des thèmes majeurs pendant ce débat. Il nous
était toujours apparu que l'on allait de pair avec l'autre. C'est ce
qu'a confirmé cette année M. Giroux dans son exposé.
Je pense qu'il nous serait difficile de terminer à un moment ou
à un autre les séances de cette commission sans que ce point soit
une fois pour toutes définitivement établi.
Nous avons entendu le témoignage de M. Giroux à ce sujet.
La recommandation est claire, nette, précise et formelle. Je regrette
que le ministre des Finances ou que le premier ministre ne soit pas
présent, mais peut-être que le ministre de l'Industrie et du
Commerce, au nom du gouvernement, pourra régler cette question qui est
restée en suspens et qui est très importante puisque d'elle
dépend, d'après M. Giroux et bien d'autres, le succès de
cette opération. Là est toute la question du financement. Je ne
sais pas si le ministre, à ce stade, est prêt à s'engager,
au nom du gouvernement, à assurer publiquement l'Hydro-Québec de
la gérance et de la mainmise totale sur les travaux de façon,
justement, à permettre, à rendre plus facile en tout cas, ce
financement.
M. LE PRESIDENT: Sans vouloir interrompre, comme je l'ai dit au
début de la séance de cet après-midi, lorsqu'il s'agit de
gestion ou de management, je voudrais qu'on remette à plus tard cette
question. Epuisons d'abord tout ce
qui concerne l'équipement. On a permis ou autorisé, on a
commenté très librement ici, pour quelques minutes, la question
de financement. En ce qui concerne la gérance et l'administration, je
voudrais considérer cela comme un autre chapitre où tous ceux
présents auront le droit de faire leurs commentaires, de faire leurs
suggestions tant qu'ils le voudront. N'en déplaise, M. le
député, à ce jugement ou à cette opinion, pour le
moment, nous allons passer outre sur ce débat ou sur cette discussion
qu'il pourrait y avoir sur l'administration et entendre M. Cloutier qui attend
avec beaucoup de patience, de pouvoir répondre aux commentaires que vous
avez demandés ou aux questions que vous avez posées au
début.
M. JORON: M. le Président, je n'ai pas d'objection à ce
que la question soit mise en suspens. Je voudrais tout simplement signaler
qu'on devra y répondre avant que les séances de cette commission
soient terminées.
M. LE PRESIDENT: Ce sera peut-être au chapitre 4 ou 5 du livre
qu'on ouvre présentement.
M. PERREAULT: M. le Président, j'aurais une question
additionnelle à poser à M. Boyd.
M. LE PRESIDENT: Pas sur l'administration. D'accord!
M. PERREAULT: Sur les chiffres que vous avez mentionnés tout
à l'heure, M. Boyd. Lorsque nous avons décidé
d'entreprendre le complexe Manic-Outardes, d'après ces chiffres, le
ratio aurait été pour le revenu-investissement de 6.1 p.c. Il
semble que ce serait à peu près le même pour le projet La
Grande et votre projet d'investissement actuel. Un rapport 1-6 à peu
près?
M. BOYD: Je m'excuse, je n'ai pas...
M. PERREAULT: Je disais qu'au moment où on a entrepris le
complexe Manic-Outardes qui coûtera $1,900,000, vous avez
mentionné comme revenus $360 millions en moyenne.
M. BOYD: Comparé à cette période?
M. PERREAULT: Oui.
M. BOYD: C'est $490 millions.
M. PERREAULT: Le ratio, qu'on a établi à ce moment entre
les revenus et les investissements pour cette période, est-il à
peu près semblable pour la période qui vient?
M. BOYD: Cela se peut. C'est un chiffre que je n'ai pas
considéré. Si vous l'avez fait.
M. PERREAULT: Je n'ai pas les chiffres.
M. BOYD: Je pense qu'il est assez difficile de faire la comparaison que
vous faites. Je pense qu'il faudrait inclure l'énergie qui nous vient de
Churchill pendant cette période.
M. PERREAULT: Oui.
M. BOYD: Je n'ai pas fait cette relation. Je m'excuse.
M. JORON: M. le Président, si vous me permettez, sans entrer dans
des questions de gérance, ma question concerne le financement, comme
tout à l'heure.
M. JORON: Non, ce n'était pas mon intention. Tout à
l'heure, on a parlé des tarifs, on prévoyait une augmentation
annuelle des tarifs de 4 p.c., Je voulais demander comment cela se comparait au
taux moyen d'augmentation des tarifs des dix dernières années
à titre d'exemple? Est-ce que cela fait accélérer la
courbe d'augmentation ou si cela la maintient sur le même niveau?
M. BOYD: On a eu deux augmentations. Je dirais que, pour la
période, ce n'est certainement pas une augmentation plus forte. Si vous
permettez, j'aimerais mieux obtenir les renseignements précis avant de
répondre à votre question...
M. JORON: Je pense que...
M. SAINT-PIERRE: Pendant que vous regardez en arrière, est-ce
qu'on peut vous demander comment ce 4 p.c. se compare avec les
prévisions qui pourraient avoir été émises par des
compagnies d'utilité publiques aux Etats-Unis? Est-ce qu'il y a des
croissances de tarif?
M. BOYD: Je vais vous demander une minute. Peut-être que M.
Cloutier répondra à ces deux questions-là. On a des
statistiques du Federal Power Commission qui viennent juste de paraître.
Je vais les trouver et on pourra répondre.
M. LE PRESIDENT: Alors, on pourra faire directement ce qu'on n'a pas pu
faire indirectement. M. Cloutier.
M. CLOUTIER: M. le Président, je pense qu'il apparaît
à ce point-ci intéressant de faire un peu le point sur les
réacteurs surgénérateurs dont on prévoit
l'utilisation commerciale peut-être d'ici à quinze ans. Je crois
qu'il faut d'abord rappeler la raison pour laquelle on pousse le
développement des surgénérateurs. La raison principale est
que ces types de réacteurs-là vont permettre d'utiliser de
façon beaucoup plus efficace le combustible uranium qu'on utilise
actuellement dans les réacteurs nucléaires traditionnels. C'est
la raison principale qui amène actuellement les pays à pousser
des
recherches de développement en vue d'utiliser ces
réacteurs-là, de façon à ne pas épuiser les
réserves d'uranium qui existent à travers le monde. Je pense que
c'est la première raison, la plus importante, qui pousse ces types de
développement. En même temps, on espère également
pouvoir, étant donné l'utilisation plus efficace de combustible,
arriver à un coût de production d'énergie, disons, plus
faible. Mais il faut bien se rendre compte qu'il s'agit d'un problème de
technologie très poussé et qui fait appel à des
développements qui ne sont pas encore complètement
établis. Je pense qu'il faut bien situer le problème ici. Quand
on parle de surgénérateur, le degré d'incertitude
d'utilisation est beaucoup plus grand que celui des réacteurs actuels
traditionnels et, naturellement, encore plus grand que celui de la
génération par l'hydraulique. Je pense qu'il faudra arriver
à un surgénérateur. Je pense que c'est une question
absolument inévitable si on veut pouvoir répondre aux besoins
dans trente ans. Je pense que c'est très important à
établir. C'est une technologie sur laquelle on met des efforts
très grands dans certains pays, entre autres, aux Etats-Unis
actuellement, et non seulement là, mais dans d'autres pays
industrialisé du monde qui ont des besoins très grands du
côté de l'énergie nucléaire. Je pense que c'est
assez intéressant de noter le fait qu'on pense actuellement il y
a naturellement un degré d'incertitude que, dans environ quinze
ans, ces types de réacteurs seront disponibles commercialement. Je pense
que, dans le contexte des programmes dont on a discuté aujourd'hui, je
veux mettre en lumière le fait que ce sera peut-être
intéressant, dans quinze ans, de penser que ce type de réacteurs
sera celui dont on pourra faire un choix pour le Québec en particulier.
Egalement, je pense qu'il est important de mentionner que, même à
cette époque-là, il faudra continuer à faire des
réacteurs nucléaires traditionnels parce que le réacteur
nucléaire traditionnel, on en a besoin pour produire du combustible pour
le surgénérateur, pour démarrer les
surgénérateurs. Donc, on prévoit encore, jusqu'au moins en
1990, devoir continuer à utiliser et à développer les
réacteurs nucléaires du type qui existe présentement.
Je ne voudrais pas m'étendre sur le type de
surgénérateur, je ne sais pas s'il y a des questions que les
députés voudraient poser.
M. JORON: Ma seule question d'ordre général. Vous venez de
nous livrer votre témoignage, je vous demanderais votre opinion
personnelle. Je sais que si je vous demandais si ce sera 14, 15 ou 17 ans
là vous seriez embêté de répondre. Mais si on parle
de 40 ans, si on parle par exemple de l'année 2010, quelle serait votre
opinion ou votre avis juridique?
M. CLOUTIER: Je voudrais bien, si je fais un énoncé ici,
que ce soit bien compris que ce sont des prévisions ou des
prédictions basées sur les connaissances que nous avons
actuellement et qui vont naturellement changer avec les années à
venir. Je crois qu'après l'an 2000 on aura possiblement une nouvelle
source d'énergie nucléaire qui sera la fusion à un
combustible qui est disponible de façon quasi inépuisable et
partout au monde, c'est-à-dire qu'à partir de l'eau on pourra
brûler l'eau pour produire de l'énergie nucléaire, cela
revient un peu à cela.
M. JORON: Par la fusion plutôt que la fission.
M. CLOUTIER: Par la fusion plutôt que la fission. Alors que, dans
la fission, on utilise de l'uranium, dans la fusion, on utilise comme
combustible un isotope de l'hydrogène qu'on retrouve dans l'eau et qui
contient une quantité énorme d'énergie latente.
M. JORON: Je comprends qu'on est encore un peu plus loin.
M. CLOUTIER: On est très loin ici. Pour faire une distinction
ici, il faut dire que la fusion est encore à l'état de la
recherche; sur les "breeders", on est encore à l'état de
développement de la recherche et du développement. Sur les
réacteurs conventionnels, on est à l'échelle de la
commercialisation, mais au début de l'échelle de
commercialisation. Je pense qu'il y a encore des améliorations
considérables à apporter aux réacteurs déjà
existants.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que je peux vous demander aussi un jugement
personnel? Compte tenu de l'état des surgénérateurs que
vous connaissez bien en matière de recherche, d'un côté, et
compte tenu, d'un autre côté, que, pour faire face à des
besoins d'un réseau qu'on connaît très bien, une
décision doit être prise très bientôt, croyez-vous
que face au programme 37, tel que suggéré, l'existence ou la
possibilité dans 40 ans peu importe les surgénérateurs est
telle qu'on devrait retarder la décision? Ou est-ce que, d'après
vous, cela n'a finalement aucun effet direct dans les décisions qu'on
doit prendre ces jours-ci?
M. CLOUTIER: Pour répondre à votre question, je crois que
ceci n'a pas d'influence sur les décisions qu'il y a à prendre
aujourd'hui. C'est mon opinion et c'est d'ailleurs, je pense, dans le texte que
j'ai mis ici. Je crois qu'on a fait circuler, qu'on a déposé le
texte que j'avais préparé, et je pense que c'est important de
noter que pour nous ici, en particulier au Québec, si on fait une
planification à long terme de l'énergie, on sait qu'on aura
besoin de l'énergie et on sait non seulement qu'on aura besoin de
l'énergie mais qu'on aura besoin de nouveaux moyens d'énergie. Je
pense que ce qui est important dans le moment, en parallèle avec le
développement des ressources hydrauliques qu'on a, c'est de se
préparer à faire une utilisation maximum des moyens futurs de
production d'énergie. Et là, cela veut dire que d'ici
quinze ans il faudra qu'au point de vue de la recherche, qu'au point de vue du
développement et au point de vue industriel, on se prépare non
seulement à fournir cette énergie-là mais avoir une
industrie qui puisse profiter de ces nouveaux marchés.
M. LE PRESIDENT: M. DeGuise.
M. DEGUISE: Si vous permettez, M. le Président, je crois que le
problème des surgénérateurs est venu en discussion lorsque
l'on causait des frais de réinvestissement après l'expiration de
la période de 30 ans. Or, à la Commission de l'énergie
atomique du Canada, c'est une question qui s'est posée parce que, comme
vous le savez, on y a des propositions d'affaire à soumettre à
d'autres pays et un peu comme ici, l'économie du nucléaire est
remise en question. Or, sur la question du réinvestissement après
30 ans, la Commission de l'énergie atomique a pris la position suivante:
Dans 30 ans, cela représente trois décennies, et
l'expérience prouve que la puissance unitaire des groupes thermiques
double à peu près à chaque décennie. Alors, dans 30
ans, y dit-on, il est logique de penser que les groupes à ce
moment-là auront une puissance huit fois supérieures à ce
qui existe aujourd'hui. Si on prend des groupes de 500 mégawatts, il est
pensable d'avoir des groupes de 4,000 mégawatts.
En fait, pour confirmer ça, il paraît qu'un manufacturier
allemand se dit maintenant prêt à fabriquer des groupes de 4,000
mégawatts. Partant de cette hypothèse, que des groupes soient
disponibles, l'expérience ou les calculs indiquent en
général que le coût d'un groupe varie comme les deux tiers
de la puissance, ce qui indiquerait que des groupes-là, par unité
de kilowatt, coûteraient à peu près 40 p.c. des prix
actuels. Puis, si on actualise, l'énergie atomique, de fait, même
à 3 p.c. Si on actualise à 3 p.c. ce coût de 40 p.c. dans
30 ans, on arrive à des frais de réinvestissement de 20 p.c. de
nos coûts ordinaires. Alors, je crois que si vous regardez nos
programmes, nos gens ont mis même moins que 20 p.c. et puis nous, nous
actualisons à 10 p.c. S'ils avaient actualisé à 10 p.c.
ils auraient peut-être été justifiés de mettre 5
p.c. ou 10 p.c. des coûts initiaux.
M. PERREAULT: M. Cloutier, j'aurais une question à vous poser. M.
Laurent Amyot, directeur du génie nucléaire à la
polytechnique mentionnait récemment que les quantités connues
d'uranium seraient épuisées bien avant l'arrivée du
surgénérateur et que, de ce fait on pouvait assister à
partir de 1980 à des prix qui augmenteraient beaucoup plus vite que ceux
qui ont été préconisés comme une augmentation
escaladée du coût du combustible. J'aimerais connaître votre
point de vue là-dessus.
M. CLOUTIER: Je n'ai pas vu la déclaration. ni le texte de M.
Amyot. Je crois que les chiffres que j'essaie de me rappeler et que j'ai vus
aux Etats-Unis, je ne crois pas que... il faut faire un peu attention, il faut
voir le coût du combustible de l'uranium en fonction de sa
disponibilité. Naturellement, si on utilise l'uranium qu'on peut obtenir
à un coût très bas actuellement, qui est facilement
disponible, ce coût sera naturellement plus bas que si on vient à
utiliser des réserves plus éloignées ou moins
concentrées en uranium, alors le coût devra naturellement
augmenter.
Si je me rappelle assez bien les données que j'ai vues à
ce sujet, je crois qu'aux Etats-Unis, on peut satisfaire la demande
certainement pour les 30 prochaines années. Je pense qu'au Canada, on
n'a pas de problème au point de vue réserve d'uranium. Il a
été établi qu'on pourrait, avec le système canadien
actuel en utilisant l'uranium, les dépôts d'uranium connus,
répondre aux besoins du Canada pour des centaines d'années. Je
pense qu'il faut bien s'en rendre compte. Mais si on regarde à
l'échelle mondiale et c'est là que le problème est
très critique, c'est que le Canada est un des rares pays qui a des
ressources très vastes, non seulement au point de vue hydraulique, mais
également au point de vue uranium. Alors que les Etats-Unis qui ont
également des ressources très vastes, en font une utilisation
également beaucoup plus grande que chez nous et ils prévoient, je
crois, si je me rappelle les chiffres, je pense que je pourrais peut-être
pouvoir apporter des données plus précises sur les
réserves américaines, avec leur système actuel, pouvoir
répondre aux besoins pour 30 à 50 années à venir.
Mais ceci est très risqué, il faut se voir dans un contexte qui
évolue, un contexte dynamique. Et pour les Américains, il est
absolument impératif, d'ici 15 ans, qu'ils solutionnent leurs
problèmes d'utilisation du combustible uranium beaucoup plus
efficacement. Actuellement on utilise à peu près 1 p.c. seulement
de l'uranium utilisé comme combustible, alors qu'avec un
surgénérateur, on espère pouvoir atteindre jusqu'à
60 p.c. d'utilisation, ce qui est un facteur très considérable,
qui pourrait amener des réserves d'uranium pour des milliers
d'années. Le facteur est très important.
M. JORON: M. le Président, sur ce que viennent de dire
précédemment M. Cloutier et M. DeGuise, il y avait un point
très très important. Quand vous avez souligné qu'au moment
où on rééquiperait, dans une trentaine d'années,
les centrales nucléaires que l'on conçoit aujourd'hui de l'ordre
de grandeur de 500 ou de 600 mégawatts, que dans 30 ans,
évidemment, la possibilité serait de les rééquiper
par des unités beaucoup plus grosses, vous avez mentionné que
ça peut aller jusqu'à 4,000 mégawatts, puisqu'on en parle
déjà 30 ans auparavant... Dans un cas semblable, vous avez
mentionné qu'il y a une incidence considérable sur les
coûts de réinvestissement à ce moment-là.
On parle toujours de la nucléaire conventionnelle, à ce
moment-là. Vous avez dit: De l'ordre de 40 p.c. Evidemment, dans la
normalisation qui a été faite dans l'étude et dans la
projection du coût en mills qu'un tel programme donne au bout de la
ligne, on n'a pas tenu compte de ce facteur. Est-ce exact?
M. DEGUISE: J'ai mentionné que, d'après l'hypothèse
émise par l'AECL, on était justifié de mettre un
coût de 20 p.c. du coût initial, comme coût de
réinvestissement seulement. Je crois et je faisais remarquer que le
chiffre que nous avons mis dans nos tableaux est même inférieur
à 20 p.c, en tenant compte de toutes les hypothèses favorables
émises par l'AECL.
Vous remarquez qu'eux-mêmes ne font pas allusion au
surgénérateur à ce moment-là, pour les mêmes
raisons que donnait M. Cloutier. Il faut un "mixte" de
surgénérateur et de réacteur ordinaire à ce
moment-là.
M. BOYD: J'aimerais répéter ce que j'ai dit
précédemment, c'est que l'effet du réinvestissement n'est
pas considérable sur le programme actualisé. Il est de $380
millions. Si l'on soustrait du coût actualisé du programme
nucléaire canadien $380 millions on dit qu'on oublie le
réinvestissement cela donne $3,355 millions comparativement
à $3,161 millions pour le programme que nous avons choisi. Donc,
même si nous émettons l'hypothèse qu'il n'y aura pas de
réinvestissement, nous sommes encore dans un programme plus
favorable.
Je serai en mesure de répondre aux questions de tarifs, M. le
Président, si...
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. JORON: M. Boyd devait répondre à ma question.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Ah bon! Sur la question de tarif. Alors, M. le
député, si vous voulez attendre un instant. Allez-y.
M. BOYD: Les renseignements que nous avons ici, c'est un rapport qui
vient juste de sortir, émis par le Federal Power Commission, qui cite
et ça couvre toutes les utilités américaines
qu'en 1968, le coût moyen de l'électricité était de
1.54 cent. En 1990, ils estiment que le coût moyen de
l'électricité aux Etats-Unis sera de 3.48 cents. Donc, ce sera
plus que doublé.
Evidemment, nous n'avons pas les mêmes périodes'
d'année, mais quand même, pour essayer de répondre à
votre question, si on parle de la période de 1972 à 1986, c'est
une période 14 ans, à 4 p.c. par année, nos tarifs
auraient augmenté de... On multiplierait par 1.73, comparativement
à l'autre chiffre qui fait plus que doubler aux Etats-Unis, pour une
période un peu plus longue.
Dans le passé, nous avons eu une augmentation en 1967 et une
autre en 1970; il n'y en avait jamais eu avant, à 1'Hydro-Québec.
Mais, ces deux augmentations représentent environ 4 p.c. par
année sur cette période.
M. JORON: A partir de 1967? M. BOYD: Oui.
M. JORON: Et si nous reculons pour faire une moyenne de dix ans en 1962,
il faut le diminuer... La moyenne sur dix ans, par exemple, aurait
été, à ce moment-là, de...
M. GAUVREAU: II y a eu des baisses de tarifs après la
nationalisation.
M. JORON: Pardon?
M. GAUVREAU: II y a eu une baisse de tarifs après la
nationalisation.
M. JORON: En fait, je vais poser la question autrement. Depuis la
nationalisation de l'hydro-électricité, quelle a
été l'évolution globale des tarifs sur une base
annuelle?
M. BOYD: C'est assez difficile de répondre rapidement à
ça. Premièrement, au moment de la nationalisation, il y a eu une
légère diminution des tarifs dans certains endroits et...
M. JORON: Oui.
M. BOYD: Nous avions quand même, à ce moment-là,
dans certains coins, des tarifs très élevés, même
après ces légères diminutions. Cela a permis de durer un
peu plus longtemps, sans augmentation de tarifs. Il y a eu des normalisations
qui se sont faites, mais finalement en 1967, nous avons été
obligés de faire une augmentation de tarifs assez importante, environ 10
p.c, et en 1970, environ 7 p.c.
Il est question qu'on en ait une bientôt, mais pour faire la
relation exacte de dix ans, la période de nationalisation complique les
choses assez gravement pour m'empêcher de donner une réponse
exacte à votre question.
M. GARNEAU: M. Boyd, le rapport sur lequel vous vous appuyez pour parler
d'augmentation des tarifs, est-ce que vous croyez que c'est un chiffre magique,
un chiffre miracle ou si vous pensez qu'il s'appuie sur un critère
fondamental?
M. BOYD: Je pourrais répondre à cela, mais peut-être
que M. Lemieux pourrait le faire mieux que moi. C'est en fonction des emprunts
et du financement qu'il faudra faire. M. Lemieux, voulez-vous
préciser?
M. GIROUX: Vous voulez parler de la couverture du taux
d'intérêt?
M. GARNEAU: Oui.
M. GIROUX: Ce sont des normes qui sont établies aux
Etats-Unis.
M. GARNEAU: Oui, je sais, mais c'est parce que les emprunts de l'Hydro
étant garantis par la province, je me demande si la
nécessité se pose de la même façon que lorsque ce
sont des entreprises privées qui vont sur le marché d'un
emprunt.
M. GIROUX: Bien, exactement de la même façon parce que,
quand il y a des compagnies qui avaient de très bon bilans... Aux
Etats-Unis, on est considéré comme une corporation.
M. GARNEAU: Oui.
M. GIROUX: Et les titres de la province de Québec sont
considérés comme ceux des corporations aussi. On compare toujours
mis en rapport avec les corporations qui existent. Et une de ces
compagnies-là a baissé en bas du rapport ordinaire de 1.25 et
elle a été changée de classification. A ce
moment-là, ça lui a coûté 1/4, 1/2 de plus
d'intérêt par année.
M. LEMIEUX: Encore plus remarquable, il y a des compagnies
d'électricité aux Etats-Unis qui gagnaient leurs
intérêts cinq fois, elles ont baissé à trois fois et
elles ont vu baisser leur "rating" en conséquence. L'Hydro a maintenu
qu'une fois et quart suffit à cause de la garantie. Vous voyez, une
couverture d'une fois et quart est très basse comparée avec une
norme de trois ou quatre fois que font beaucoup d'autres compagnies. On est
chanceux de pouvoir arriver à des "ratings" satisfaisants avec une fois
et quart.
M. GARNEAU: M. le Président, les autres questions que je voudrais
poser en regard du problème qu'il soulève se rattachent aux
questions qu'a soulevé le chef de l'Opposition officielle cet
après-midi et aussi aux possibilités de financement suivant une
forme ou l'autre de gestion du projet de la baie James. Je ne sais pas s'il y a
d'autres... Je ne voudrais pas... J'ai dû m'absenter parce que, de
l'autre côté aussi il y a un débat, et il fallait que
j'aille faire un petit discours là-bas. J'y suis allé et je suis
revenu. Je ne sais pas si...
M. LE PRESIDENT: II y en a d'autres...
M. GARNEAU: Je ne voudrais pas interrompre la discussion...
M. LE PRESIDENT: ... par contre qui sont dans la même
situation.
M. JORON: Je peux signaler au ministre des Finances que le
président nous a indiqué qu'il préférait que cette
question-là, puisqu'elle est reliée à la gestion et
à l'administration, soit reportée après...
M. LE PRESIDENT: A un autre chapitre.
M. GARNEAU: D'accord, M. le Président. Je m'excuse si j'ai fait
une intrusion dans vos directives.
M. LE PRESIDENT: J'attendais toujours pour voir où on allait en
venir.
M. GARNEAU: C'est étroitement relié, parce que je
comprends que, dans l'exposé que vous avez fait, vous prévoyez le
financement via l'Hydro-Québec. J'aurais aimé avoir vos opinions
et celles de M. Nadeau aussi sur les autres formes de financement, comment
ça pourrait affecter l'augmentation des tarifs à
l'Hydro-Québec, dans un sens ou dans l'autre.
M. LE PRESIDENT: L'ordre que j'essaie de maintenir...
M. GIROUX: Je pense bien qu'il y a un point où c'est facile de
répondre, mais je ne sais pas si ce serait une objection, M. le
Président. L'augmentation des tarifs est toujours basée sur le
coût de l'électricité. Dans l'exposé que
l'Hydro-Québec a clairement fait, c'est que, si on se rend responsable
des coûts et on a à faire les demandes, on veut contrôler le
coût de l'électricité. C'est le raisonnement de base, M.
Garneau.
M. GARNEAU: Oui, ce contrôle peut s'exprimer de différentes
façons. Mais c'est un autre sujet qui fera l'objet de questions tout
à l'heure, parce que nous pourrions prendre l'exemple de Churchill
Falls. J'aime autant attendre pour ne pas interrompre la discussion et
revenir...
M. LE PRESIDENT: Le plan de progression est tout simple. Cela a
été la présentation. Une fois que nous avons eu la
présentation, qu'on essaie d'établir clairement le programme
d'équipement. Une fois que le programme d'équipement sera
établi clairement, nous entrerons par la suite dans plus de
détails en ce qui concerne le financement, la gestion, l'administration
et ce secteur. Ce sera le troisième chapitre du travail de la
commission.
M. GARNEAU: Est-ce que je peux poser une question sur le programme
d'équipement, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: Je pense qu'il est encore temps.
M. GARNEAU: Oui?
M. LE PRESIDENT: ... malgré que les interlocuteurs ont un peu
changé.
M. GARNEAU: Dans le programme d'équipement, vous avez fait
référence aux réserves pompées et en particulier
à Saint-Joachim, au bout de l'île d'Orléans. Je ne sais pas
lequel des spécialistes a parlé du problème de l'eau
salée qui créait certaines difficultés. C'est M.
DeGui-se?
M. DEGUISE: J'en ai parlé, oui.
M. GARNEAU: Si j'ai bien compris, le problème se pose quand vous
repompez l'eau du fleuve à la hauteur où se trouverait le projet.
Il y a de l'eau avec une certaine teneur en sel qui donne une certaine
corrosion dans l'équipement que vous utilisez. Dans les turbines?
M. DEGUISE: C'est un des problèmes de l'eau salée. La
corrosion de tout l'équipement métallique, depuis les grilles,
les prises d'eau, les turbines, les conduites.
M. GARNEAU: En dehors du problème de corrosion, est-ce que le
projet de Saint-Joachim pourrait causer quelques problèmes, par exemple,
au point de vue écologique? Nous savons que c'est un endroit où
il y a beaucoup d'oiseaux migrateurs qui vont là. Est-ce que cela aurait
un effet?
M. DEGUISE: Il y a déjà eu des débuts de discussion
avec le gouvernement fédéral, parce que je pense qu'il s'agit des
oies...
M. GARNEAU: Oui, des oies blanches.
M. DEGUISE: II y a des précautions à prendre durant la
construction et après la mise en service.
M. GARNEAU: Si, dans le développement, dans l'aménagement
de toute cette région de Québec, il y avait possibilité de
trouver une solution au problème de la teneur en sel de l'eau que vous
devez pomper, est-ce que les problèmes que vous rencontrez seraient
beaucoup plus facilement résolus?
M. DEGUISE: Si la solution n'est pas coûteuse, elle serait
certainement accueillie.
M. GARNEAU: Elle pourrait ne pas être coûteuse pour l'Hydro.
Cela n'affecterait pas les tarifs. Est-ce le seul problème que vous avez
actuellement? Ou y en a-t-il d'autres?
M. DEGUISE: Actuellement, il y a beaucoup d'autres problèmes
d'ordre technique qui sont solvables et qui ne sont pas spéciaux
à Saint-Joachim et qu'on retrouve dans toutes les centrales
pompées. Mais particulièrement pour le site de Saint- Joachim, il
y a l'eau salée, il y a les possibilités des effets de l'eau dans
les réservoirs au niveau supérieur, s'il y avait infiltration,
etc. Il y a peut-être des problèmes de digues dus à des
variations de niveau considérables dans les réservoirs.
M. GARNEAU: Toutes choses étant égales, supposons que les
problèmes disparaîtraient. A quel moment, dans votre
programmation, voyez-vous l'arrivée de cette centrale pompée pour
les besoins du réseau?
M.nEGUISE: Selon les prix, il y aurait des possibilités pour
1978. Je dois émettre une réticence tout de suite. Si
c'était possible de construire la centrale, un dernier examen par notre
personnel technique indique que, même si tous les problèmes
étaient résolus, il est pratiquement impossible d'arriver pour
1978. Il faudrait viser 1979.
M. GARNEAU: Combien de temps doit durer cette période de
construction?
M. DEGUISE: Sept ans, si on commençait...
M. GARNEAU: Si la décision était prise aujourd'hui, cela
ne serait pas...
M. DEGUISE: Si la décision était prise aujourd'hui, il
n'est pas possible, apparemment, d'être prêt pour 1978. On ne peut
certainement pas le garantir.
M. LE PRESIDENT: II s'agit ici, je pense et vous
reconnaîtrez le problème de déterminer si c'est
poisson ou fruit de mer.
Alors, il y a d'autres questions, je pense, qui doivent venir à
ce moment-ci en ce qui concerne l'écologie. Est-ce du domaine de
l'équipement ou est-ce du domaine de l'administration? Je me pose la
question. Je permets à ce moment-ci au député de
Jacques-Cartier de m'interroger. Cette question va suivre un problème
écologique qui a été soulevé par le ministre des
Finances et je pense qu'on ne pêchera pas trop. S'il y a d'autres
questions au point de vue écologique, posez-les.
M. PERREAULT: M. le Président, je pourrai revenir à
l'équipement après?
M. LE PRESIDENT: Bien, considérons l'écologie comme partie
de l'équipement. On résoudra le problème, posez vos
questions.
M. SAINT-GERMAIN: J'aurais aimé, M. le Président, demander
au Dr Cloutier s'il considérait personnellement que les problèmes
de pollution occasionnés par la production d'énergie en partant
de l'uranium ont été résolus à sa satisfaction.
M. GIROUX: C'est-à-dire les problèmes de pollution?
M. SAINT-GERMAIN: C'est ça.
M. GIROUX: Actuellement, on n'a pas eu de plaintes de problèmes
de pollution avec la station que nous avons.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce qu'en général, aux Etats-Unis,
lorsqu'on se sert de réacteurs, on considère que les
problèmes de pollution sont résolus, les problèmes de
radiation?
M. GIROUX: Non, je crois qu'il y a une différence énorme
entre les normes de sécurité du système canadien et du
système américain. C'est pourquoi notre système canadien
est plus dispendieux, il exige une plus grande sécurité, des
normes de sécurité beaucoup plus élevées.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que vous croyez que ces normes de
sécurité pour les citoyens sont au maximum et qu'il n'y a aucun
danger?
M. GIROUX: Bien, je crois qu'il y a des gens beaucoup plus
qualifiés en cette chose-là, comme le Dr Cloutier ou le Dr Boulet
qui pourraient répondre ou M. DeGuise sur les normes de
sécurité.
M. DEGUISE: Vous parlez toujours de pollution nucléaire, pas de
pollution de...
M. SAINT-GERMAIN: C'est ça.
M. DEGUISE: Du côté pollution nucléaire, le
système canadien présente certains avantages, je crois, sur le
système américain en ce sens que d'abord le combustible
nucléaire est dans une première enveloppe métallique et
qu'ensuite le liquide, l'eau lourde, qui sert de réfrigérant est
dans une deuxième enveloppe métallique. Il y a une gaine
extérieure qui protège et enfin il y a l'enceinte du
réacteur; il y a réellement quatre compartiments, si vous voulez,
ou quatre obstructions à la fuite des particules nucléaires, des
particules radioactives. Il faudrait un accident absolument majeur. L'Atomic
Energy Control Board, avant de donner une autorisation de procéder,
considère la possibilité de deux accidents simultanés les
plus graves, soit la perforation ou la rupture d'une des grosses conduites qui
véhiculent l'eau lourde et en même temps une fissure de
l'enveloppe nucléaire du combustible et que le réacteur
accélère rapidement. Les dispositifs de prévention et de
sécurité prévoient deux accidents simultanés
extrêmes et les calculs statistiques mathématiques indiquent que
ça peut arriver une fois peut-être dans un million; les normes
sont excessivement sévères. Du côté du personnel qui
travaille dans la centrale, évidemment, il y a des précautions
à prendre et nous les prenons. Il y a tout un service médical
avec des appareils de détection extrêmement poussés.
Les employés sont soumis à des examens réguliers.
Les instruments sont vérifiés pour savoir s'ils sont devenus
radioactifs. Il y a un contrôle extrêmement serré surtout
pour le personnel. Mais à l'extérieur les dangers sont...
Peut-être que le docteur Cloutier pourrait donner des
précisions...
M. CLOUTIER: C'est très juste ce que M. DeGuise vient de dire. Il
y a tout de même un point qu'il faut noter. Je crains toujours, lorsqu'on
parle de ce système, que l'on ne parle que des avantages et qu'on tende
à cacher certains désavantages. Il faut être
réellement très franc et voir les choses en face.
Comme je l'ai expliqué dans le texte, il y a certains dangers aux
réacteurs nucléaires. Je pense qu'ils sont là. Je crois
également qu'il existe des moyens techniques de prévenir tout
danger à l'environnement.
Il faut réellement voir l'équilibre qui a
été établi ici dès le départ dans le
développement des réacteurs nucléaires. Comme le dit M.
DeGuise, la conception du réacteur canadien est telle que,
présentement, c'est le réacteur le plus sûr au monde au
point de vue de sa conception. Il a une conception très
différente. Il y a certains désavantages au point de vue de
radioactivité. Etant donné qu'on utilise de l'eau lourde, il y a
une certaine partie de l'eau lourde qui a une production de tricium,
c'est-à-dire un élément de l'eau lourde qui est convertie
en un élément plus lourd de l'hydrogène qui fait partie de
l'eau et qui est radioactif. On a réussi à Chalk River à
contrôler ceci. Je pense qu'on a réussi à contrôler
le manipulement du tricium qui est produit dans l'eau lourde de façon
très sécuritaire.
M. SAINT-GERMAIN: Relativement à la sécurité des
employés, est-ce que vous croyez que les employés qui travaillent
près de ces réacteurs pendant des années ont actuellement
une protection maximum, où il n'y a pour eux aucun danger?
M. CLOUTIER: Au point de vue protection au niveau radioactivité,
les gens qui ont manipulé dans les réacteurs, si on s'en tient
aux normes qui sont établies par les agences, en particulier par
l'agence canadienne sur l'énergie nucléaire, sur le
contrôle de l'énergie nucléaire, le niveau
d'activité qui est prescrit est plus faible, ne dépasse pas le
niveau de radioactivité de l'environnement normal en l'absence de
réacteurs. C'est-à-dire que partout dans l'environnement des
radiations cosmiques de très haute énergie, on en est
bombardé continuellement. Le niveau de radiation que l'on admet, pour
les gens qui travaillent autour des centrales, correspond, ne dépasse
pas essentiellement le niveau de ce qu'on appelle "background", le bruit de
fond des radiations, ou très peu.
Je ne pense pas, si on suit les normes qui ont
été prescrites, qu'on puisse considérer qu'il y a
un danger, que les gens qui sont soumis à un degré de
radioactivité plus élevé que la plupart des autres
personnes qui ont à véhiculer partout ailleurs soient en
danger.
M. SAINT-GERMAIN: II y a certainement des employés qui
travaillent avec ces réacteurs ou près de ces réacteurs
depuis un certain nombre d'années. Les médecins n'ont jamais
découvert chez ces employés aucun indice, aucun symptôme
qui laisserait croire qu'ils ont physiquement été
détériorés par leur travail?
M. DEGUISE: Si vous permettez, j'ai quelques notes d'une
conférence qui était donnée par M. Gray, le
président de l'Atomic Energy of Canada, où il était
question pour des employés du danger d'être exposés
à des radiations.
Il y a un tableau ici qui, par exemple,indique que le personnel
médical qui travaille dans les rayon-x absorbe à peu près
900 ou 9,000 fois plus de radiation que le personnel affecté aux
centrales nucléaires. La même chose pour les retombées
nucléaires qui proviennent des explosions de bombes qui se font
périodiquement ici et là et donnent à la population
ce qu'ils appellent les "rems" un degré d'exposition à la
radio-activité qui est de l'ordre de 400 ou 500 fois ce qu'un
employé peut prendre normalement. Evidemment, s'il y a un accident dans
une centrale nucléaire, c'est une autre affaire, mais lorsque la
centrale fonctionne normalement, la dose à laquelle est soumis
l'employé est infiniment faible. Ce à quoi les gens pensent
toujours, ce sont les cas de leucémie ou des cas de cancer
provoqués par une radiation trop forte.
M. LE PRESIDENT: M. DeGuise, vous m'excuserez s'il vous plaît tout
ce que vous venez de dire est très intéressant je ne voudrais pas
être obligé à un moment donné d'ici une minute ou
deux de vous interrompre. Nous voulons ajou-ner à 10 h 45 jusqu'à
jeudi prochain, 4 hres. Il y avait une question sur l'équipement que le
député de l'Assomption voulait poser. Nous reviendrons, si vous
le voulez, sur cette question et je pense qu'avec le consentement de la
commission, vous aurez droit de parole en premier lieu, jeudi à 4 hres,
sur les questions écologiques et sur les questions de radiation, etc. Je
crains énormément que vos commentaires amèneront d'autres
questions, avec nos excuses au député de Jacques-Cartier, qui
pourra continuer ses questions jeudi prochain.
M. le député de l'Assomption, une question, on me dit que
la réponse c'est oui ou non, alors c'est possible.
M. PERREAULT: M. le Président, ma question s'adresse à M.
Boyd ou M. Giroux, le schème de développement proposé pour
La Grande, est-ce qu'il est le même qui avait été
proposé dans le rapport de Rousseau, Warren, l'an dernier, au point de
vue emplacement, ainsi de suite?
M. DEGUISE: Je dirai oui essentiellement. Seulement, il y a probablement
plus de variantes possibles qui nous sont signalées maintenant, qui
pouvaient être optimisées, qu'il y en avait il y a un an.
M. PERREAULT: Est-ce qu'il y avait quatre emplacements?
M. DEGUISE: Quatre centrales.
M. JORON: Est-ce que c'est le même?
M. DEGUISE: Je voudrais revérifier ce qui a été
donné l'an dernier avant de vous répondre.
M. JORON: Merci.
M. LE PRESIDENT: Nous allons terminer sur ces paroles très
sages.
Ajournement jeudi 4 h ici à la même salle. Merci.
(Fin de la séance à 22 h 45)