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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
H ydro-Québec
Séance du mardi 10 avril 1973
(Dix heures dix-neuf minutes)
Préliminaires
M. GIASSON (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
Avant d'entrer dans le vif du débat, je pense qu'il serait de
mise que le ministre des Richesses naturelles nous donne un programme des
travaux que la commission aura à effectuer au cours de la
journée. Je cède donc immédiatement la parole au ministre
des Richesses naturelles.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je veux souhaiter la
bienvenue au président de 1'Hydro-Québec, à chacun des
commissaires et également aux fonctionnaires qui les accompagnent. Ce
matin, je pense que nous avon. à examiner, d'abord, le bilan de la
commission et également les augmentations de tarifs que le gouvernement
décidait d'approuver le 21 février dernier. Le premier ministre,
par la suite, conditionnait l'augmentation de tarifs à la
révision et à l'acceptation par la commission parlementaire.
J'ai très peu à ajouter, M. le Président. Je dois
souligner ici qu'avant l'acceptation par le gouvernement des augmentations de
tarifs de l'Hydro-Québec un travail intense s'était
effectué entre un groupe de fonctionnaires du gouvernement et un groupe
de l'Hydro-Québec. Des réductions ont déjà
été apportées par la commission elle-même et, par la
suite, par le conseil des ministres. Je pense que, ce matin, nous sommes ici
pour entreprendre la dernière étape et je veux laisser maintenant
la parole à M. Giroux, président de l'Hydro-Québec.
M. JORON: M. le Président, avant d'entendre M. Giroux, à
la suite de l'ordre du jour dont vient de nous faire part le ministre,
j'aimerais faire une proposition concernant la marche de nos travaux. En ce qui
concerne l'agumentation des tarifs je l'ai par écrit, je peux
vous l'envoyer, ce n'est pas tellement long que la commission suive la
procédure et les trois étapes suivantes: d'abord, que les
documents suivants soient déposés et rendus publics: a) la
demande de nouveaux tarifs faite par l'Hydro-Québec; b) les documents
soumis au soutien de cette demande; c) l'arrêté en conseil donnant
une approbation conditionnelle de ces nouveaux tarifs; les prévisions de
revenus et dépenses de l'Hydro-Québec de 1972 à 1976; la
provenance et l'utilisation des fonds pour la même période et les
états financiers de la Société d'énergie de la baie
James. En deuxième étape, que l'étude de cette question,
après avoir reçu ces documents qu'on n'a pas vus encore, pour
pouvoir mieux juger de la question, soit reportée à une
séance ultérieure de la commission et que toute personne
intéressée à intervenir au soutien ou à l'encontre
de la nouvelle tarification puisse soumettre un mémoire à la
commission et être entendue. Troisièmement, que demande soit faite
au gouvernement de suspendre l'entrée en vigueur de la nouvelle
tarification jusqu'à ce que la commission ait fait rapport.
Je vous envoie une copie pour vos gens. Le député
d'Abitibi-Est voudrait ajouter un quatrièmement si vous n'avez pas
d'objection.
M. TETRAULT: Vu qu'il est possible qu'on étudie
l'aménagement de la rivière Jacques-Cartier, est-ce qu'on ne
pourrait pas aussi demander que les personnes intéressées, qui
sont pour ou contre le développement de la Jacques-Cartier, soient
entendues aussi?
M. DEMERS: M. le Président, au chapitre de la Jacques-Cartier,
j'ai rencontré les promoteurs du projet de protection de la
Jacques-Cartier. Ils voudraient que l'étude de la Jacques-Cartier soit
transmise à la commission du tourisme, de la chasse et de la
pêche, afin qu'on puisse en étudier l'impact touristique et que
les intéressés puissent venir discuter à cette
commission.
Je pense qu'il serait possible d'entendre ces gens de la
Jacques-Cartier, et que le ministre du tourisme, de la chasse et de la
pêche préside cette commission. Je pense qu'ici avec l'Hydro
à la commission des richesses naturelles, et étant donné
la déclaration qu'aurait faite le ministre des Richesses naturelles en
ce sens qu'il n'avait pas d'objection, quant à lui, à ce qu'on
aménage la Jacques-Cartier, ça va être un plaidoyer pro
domo, puis les gens qui s'opposent au projet ou qui ont d'autres opinions ne
pourront pas se faire entendre. Alors s'il y avait possibilité qu'on
renvoie l'affaire de la Jacques-Cartier à une étude
ultérieure à la commission du tourisme de la chasse et de la
pêche, je pense que ce serait plus constructif et moins
préparé.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, avant d'examiner les motions qui
viennent d'être déposées à la commission, je
voudrais signaler les remplacements qui sont en vigueur aujourd'hui à
notre commission: M. Joron remplace M. Lessard; M. Cloutier (Montmagny)
remplace M. Simard (Témiscouata); M. Caron remplace M.
Théberge.
Le ministre a proposé un ordre du jour, et après sa
proposition, des membres de la commission ont proposé une modification
à cet ordre du jour. Est-ce que le député de Gouin a fait
sa suggestion sous forme de motion? Est-ce que je la prends comme une motion
débattable à la commission?
M. JORON: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'aurais une question à poser au
député de Gouin sur sa motion. Il dit à l'article 2: "Que
l'étude de cette question soit reportée à une
séance ultérieure de la commission et que toute personne
intéressée à intervenir au soutien ou à l'encontre
de la nouvelle tarification puisse soumettre un mémoire à la
commission et être entendue." Est-ce que, dans son esprit, c'est le
même processus que celui qu'on suit dans les commissions parlementaires
ordinairement pour l'adoption d'une loi?
M. JORON: C'est-à-dire que quand on entend les témoins de
l'extérieur...
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, je veux dire des dépôts. Il y
a des délais qui sont annoncés...
M. JORON: Oui, c'est cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... pour la préparation des
mémoires. Est-ce que c'est ce processus?
M. JORON: C'est cela. J'avais à l'esprit que la commission
pourrait siéger à nouveau dans trois semaines, par exemple, au
début de mai, après les vacances parlementaires.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, quant aux documents que
demande le député de Gouin, c'est justement le genre de sujet
à être discuté avec les responsables de
l'Hydro-Québec, d'abord. En ce qui concerne le dépôt de
l'arrêté en conseil lui-même, personnellement, je n'y vois
aucune objection, ainsi que pour les règlements y attachés.
D'autre part, quant à un certain nombre d'autres demandes du
députés de Gouin, entre autres les états financiers de la
Société d'énergie et les prévisions de revenus et
dépenses 1972 et 1976, je pense qu'on pourrait poser la question aux
membres de la commission, à savoir quels avantages ou
désavantages ils verraient à la production de ces documents.
En ce qui concerne la Jacques-Cartier, je pense qu'il y a
intérêt que les membres de la Commission hydro-électrique
fassent connaître un certain nombre de choses, un certain nombre de
détails concernant ce projet. Personnellement, je n'y vois aucune
objection, mais je vois difficilement, à ce stade-ci, que la commission
des richesses naturelles entende des mémoires concernant les tarifs
d'électricité. On arriverait, en acceptant une telle demande,
à créer un précédent, je pense. Actuellement, les
commissaires et tous les fonctionnaires sont ici présents pour
répondre d'abord à toutes les questions des
députés, des membres de la commission.
Je pourrais demander à M. le président Giroux quels
avantages ou inconvénients on pourrait trouver à produire les
chiffres que demande le député de Gouin.
M. JORON: M. le Président, avant d'entrer dans le débat
lui-même, je pense qu'il faudrait s'entendre sur cette procédure
et sur la demande que je fais. Je ne sais pas si c'est un
précédent à Québec, mais c'est la façon de
procéder, par exemple, à Ottawa. On l'a vu tout récemment,
dans le cas de la hausse des tarifs de Bell Canada où le gouvernement du
Québec lui-même a pu soumettre un mémoire. On va même
plus loin que cela à Ottawa; cela se passe devant un tribunal où
on peut faire même des contre-interrogatoires.
Puisque cette procédure n'existe pas au Québec telle
quelle, je suggère que l'on utilise la procédure qui existe
à l'Assemblée nationale du Québec, c'est-à-dire
celle de la commission parlementaire où l'on peut entendre des
témoins à la barre, afin que toute cette question, en fait, soit
étudiée en pleine lumière.
Je comprends que l'Hydro-Québec pourrait probablement nous donner
aujourd'hui des renseignements. Mais il est assez difficile de se prononcer au
moment même où les renseignements nous sont fournis de vive-voix,
sans document.
M. MASSE (Arthabaska): Je pense, d'abord, que l'Hydro-Québec est
ici pour répondre à toutes nos questions. Il n'est pas dit que,
dès ce matin ou dès cet après-midi, les
délibérations de notre commission se termineront. Il y aura
probablement d'autres séances. C'est la raison pour laquelle je pose la
question au président de l'Hydro-Québec en ce qui concerne
certains documents qu'il pourrait être intéressant de
connaître mais qui, de la part de la commission, pourraient
peut-être présenter certains inconvénients.
M. JORON: On peut entendre effectivement, si ces documents peuvent
être rendus publics...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si vous me permettez, j'ai omis de signaler
tout à l'heure que M. Harvey (Chauveau) remplace M.
Lariviè-re.
M. GIROUX: M. le Président, je crois que nous sommes
convoqués ici selon la Loi de l'Hydro-Québec, sur laquelle on est
censé donner des explications. Si cette commission désire faire
des changements à la Loi de l'Hydro-Québec ou faire des
changements à la procédure, l'Hydro-Québec se soumettra
à ces changements.
Mais, actuellement, j'aimerais qu'on procède selon la loi qui
existe, n'est-ce pas? On doit exposer les raisons sur la hausse de tarifs. Si
ces raisons ne sont pas suffisantes, mon Dieu, vous pourrez faire ce que vous
voudrez.
M. JORON: M. le Président, si vous me permettez, je pense que ce
n'est pas la Loi de l'Hydro-Québec qui détermine la
procédure que nous avons à adopter en commission. La commission
est maîtresse d'établir sa propre procédure. En fait,
à mon avis, cela n'a pas de rapport avec la Loi de
l'Hydro-Québec. Comme le demandait le ministre tout à l'heure, M.
Giroux pourrait-il nous dire tout de suite si les documents dont j'ai fait
mention dans ma motion peuvent être déposés bientôt?
C'est ce que le ministre voudrait savoir.
M. GIROUX: Je n'ai pas fait la lecture de votre document, monsieur. Je
ne l'ai pas vu.
M. JORON: On pourrait le répéter.
M. MASSE (Arthabaska): Ce que le député de Gouin demande,
c'est que les documents suivants soient déposés et rendus
publics:
D'abord, la demande d'un nouveau tarif, faite par l'Hydro-Québec,
le document soumis au soutien de cette demande, l'arrêté en
conseil donnant une approbation conditionnelle à ce nouveau tarif, les
prévisions de revenus et dépenses de l'Hydro-Québec de
1972 à 1976 et les états financiers de la Société
d'énergie de la baie James.
M. GIROUX: C'est dans nos bilans. Je ne comprends pas la demande de M.
Joron parce que c'est dans nos bilans.
M. JORON: Je n'ai même plus de copie de la motion parce que j'ai
envoyée là-bas. Lisez donc les deux premières, par
exemple, la demande officielle...
M. GIROUX: La demande officielle, oui.
M. JORON: ... les documents qui ont été annexés
à cette demande...
M. GIROUX: Naturellement, il y a un comité qui a
été formé, comme M. Massé l'a annoncé
tantôt. Ce comité a certainement fait des rapports au
comité exécutif sur l'étude qui a été faite
à l'Hydro-Québec. Ces rapports ne nous sont pas remis. Ce sont
des documents qui appartiennent à ce comité. Il y a des parties
qui ont été acceptées ou qui ont été
refusées, il y a eu des discussions au conseil des ministres. Le
gouvernement a consenti certaines réductions dans nos impôts, qui
sont annoncées dans le discours du budget. Cette demande nous a permis
d'avoir certaines réductions. Mais nous, nous ne pouvons pas
déposer le rapport de recommandations du comité du
ministère. D'ailleurs, je ne l'ai jamais eu. Je ne le connais pas.
M. JORON: En fait, c'est au ministre à décider s'ils
doivent être déposés. C'est donc à lui que je
retournerai la question, à ce moment- là. Pour ce qui est de la
demande officielle de l'Hydro-Québec, d'une part, j'imagine que lorsque
l'Hydro-Québec a fait cette demande de hausse de tarifs, l'année
dernière, elle devait être accompagnée de pièces
justificatives. Ce sont ces documents que nous voulons afin de nous permettre
d'en juger, comme le gouvernement a pu le faire.
M. MASSE (Arthabaska): Personnellement, comme je l'ai dit tout à
l'heure, je n'ai aucune objection à déposer ces documents. Mais,
entre autres, je voudrais savoir si, par exemple, dans le mémoire assez
volumineux que nous a soumis l'Hydro-Québec à l'appui de la
demande d'augmentation, il y aurait des chiffres qui ne seraient pas
avantageux, pour l'Hydro-Québec, de publier. C'est uniquement ce que
j'aimerais savoir.
M. GIROUX: Je ne le crois pas. La seule chose, c'est que la question de
M. Joron est peut-être prématurée.
Après que nous aurons donné les explications et les choses
que nous avons, s'il y a d'autres questions, nous les regarderons mais,
actuellement, je crois qu'il est bien prématuré de dire: Nous
allons donner telle chose et telle chose. Je crois que c'est dans
l'exposé.
M. JORON: M. le Président, remarquez que cela peut être
l'opinion de M. Giroux mais quand même, moi, je fais la motion que je
vous ai transmise, à la commission, pour que dans l'étude de
cette question, on suive les étapes que j'ai
suggérées.
En dehors du fait des documents, il y a le point deux, qui permettrait
à des parties de se faire entendre. Cela me paraît essentiel, dans
une affaire semblable, exactement comme on le fait à Ottawa par exemple.
Je mentionnais tout à l'heure que le gouvernement du Québec, dans
l'affaire de la hausse des tarifs de téléphone, a soumis un
mémoire. On verrait peut-être l'inverse. Peut-être que le
gouvernement fédéral soumettrait un mémoire à notre
commission sur la hausse des taux d'électricité au Québec.
Enfin, peu importe.
M. GIROUX: M. le Président, je crois qu'on pourrait clarifier la
question. Il y a l'exposé que nous avons fait, il y a notre bilan. Si
vous voulez nous donner une copie, vu que nous sommes concernés
nous n'avons pas de copie de votre amendement nous avons peut-être
tous ces documents avec nous. Alors, à la reprise, nous pourrions vous
répondre ou nous pourrions peut-être même déposer ces
documents.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, je pense...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si vous me permettez, M. le
député de Chauveau, je donne la parole au député de
d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: M. le Président, je suis complètement
d'accord sur ce que le député désire. On demande à
une commission parlementaire des richesses naturelles d'approuver une
augmentation en se basant sur le seul fait que l'Hydro-Québec a
déposé un bilan. Je suis persuadé que
l'Hydro-Québec, lorsqu'elle a parlé au cabinet des ministres
d'une augmentation des tarifs, a déposé plus qu'un bilan. Elle a
donné les détails, les données nécessaires pour que
le premier ministre de la province de Québec l'appuie en principe.
Je crois que, si la commission parlementaire doit approuver ou
désapprouver cette augmentation, elle doit avoir tous les documents
nécessaires pour justifier la position qu'elle prendra et ne pas s'en
aller complètement à l'aveuglette. Je comprends que le
président de l'Hydro-Québec peut nous donner tous les
détails nécessaires, suite aux questions qu'on pourrait poser.
Mais je crois qu'il faudrait, vu que c'est la commission parlementaire qui va
en subir les conséquences, tous les membres de la commission, que nous
ayons toute la documentation nécessaire pour pouvoir prendre une
décision finale et justifier la position que nous prenons.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je n'ai aucune objection
à déposer ces documents, comme je le mentionnais tout à
l'heure, mais je préférerais je fais une proposition
que l'exposé de M. Giroux puisse être fait ce matin,
quitte, à la reprise des délibérations de notre
commission, cet après-midi, à ce que ces documents, si c'est
physiquement possible, puissent être déposés pour continuer
ensuite la discussion.
M. JORON: M. le Président, à la suite de la suggestion que
vient de faire le ministre, je pense qu'on risquerait d'entrer
déjà dans le débat si on entend le rapport que M. Giroux
doit nous faire ce matin. Si le ministre veut prendre un peu plus de temps pour
juger de l'opportunité de déposer ces documents, je
suggérerais qu'on suspende jusqu'à cet après-midi.
M. MASSE (Arthabaska): II n'y a aucune raison pour qu'on ne puisse pas
entendre la position de l'Hydro-Québec concernant son bilan, que nous
avons déjà en main depuis jeudi dernier. Par la suite, M. Giroux
pourra nous laisser quelque quinze ou vingt minutes pour des questions
concernant son texte même et, à la reprise, cet après-midi,
on fera la distribution des documents que vous demandiez tout à
l'heure.
M. JORON: M. le Président, je vous soumets qu'il y en a une
raison pour laquelle on devrait d'abord trancher la question de la
procédure que nous allons adopter avant de nous embarquer dedans. La
raison pour laquelle...
M. MASSE (Arthabaska): Ce serait cela, la procédure.
M. JORON: J'ai fait une motion. La motion est devant vous en ce moment.
Avant d'entendre M. Giroux et pour donner au gouvernement le temps de
réfléchir avant de faire connaître sa proposition sur cette
motion, il faudrait, suspendre jusqu'à cet après-midi.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Chauveau.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, voici que nous avons une
motion présentée par le député de Gouin et cela me
console, cela m'encourage de penser que le député de Gouin se
modèle sur ce qui se passe au fédéral pour dire que ce
serait une bonne chose qu'on adopte les mêmes conditions. Cependant, nous
sommes ici à Québec et la commission parlementaire qui a
été convoquée a pour seul but, à toutes fins
pratiques, de justifier l'augmentation qui a été acceptée
et qui a été ratifiée par le conseil des ministres. Nous
avons devant nous les représentants de l'Hydro-Québec et
ça dépend de nous, par notre imagination, de trouver toutes les
questions possibles pour faire en sorte que l'Hydro-Québec se
défende et se justifie de cette augmentation de tarifs qui a
été acceptée par le conseil des ministres. Or, je pense
qu'au moment où on présente une motion de ce genre, tout en
établissant , je pense, de bonne foi, un programme de discussions, on
mêle en même temps les choux et les raves puisqu'il s'agit d'abord
et avant tout d'une commission qui doit justifier l'augmentation de tarifs.
C'est la seule et unique raison pour laquelle l'Hydro-Québec a
été convoquée ce matin et, à ce que je sache, c'est
la seule et unique raison pour laquelle nous, les membres de la commission
parlementaire, sommes ici ce matin.
Par ailleurs, je pense que nous avons aussi la liberté de faire
des propositions quant à un échéancier beaucoup plus
large, beaucoup plus grand, sur d'autres discussions pouvant être
amenées à la table. A cet égard, que l'on puisse discuter
aujourd'hui ou ultérieurement les question de la baie James, par
exemple, ou de la Jacques-Cartier, pour ma part je n'ai pas l'intention
d'accepter cette proposition du député de Gouin. On ne peut
discuter de la question de la Jacques-Cartier ce matin, puisque la commission
parlementaire qui a été convoquée l'a été
uniquement pour fins de justification par l'Hydro-Québec de
l'augmentation des tarifs qui a été acceptée par le
conseil des ministres. Alors, toutes les questions qui peuvent surgir peuvent
être posées, je pense, à l'Hydro-Québec, qui a
déplacé quasiment tout le personnel capable de nous donner toutes
les réponses à toutes les questions possibles. Le
président et les commissaires, sauf un je pense, sont là pour y
répondre.
M. le Président, j'en fais une contre-proposi-
tion et, si vous mettez aux voix ce programme de discussion, je voterai
contre. Je pense que ce programme doit d'abord et avant tout être
refusé avant que nous ayons l'occasion de discuter, de concert avec les
gens de l'Hydro-Québec, de la possibilité de discuter d'autres
choses.
On veut discuter, entre autres, de la Jacques-Cartier. Dieu sait si ce
programme m'intéresse, d'ailleurs je l'ai dit antérieurement. Si
l'Hydro-Québec veut poursuivre, comme je l'ai déjà dit,
ses désirs d'aménager la Jacques-Cartier, elle devra, à
une autre commission parlementaire cette fois, justifier son geste,
c'est-à-dire devant deux commissions parlementaires conjointes, la
commission des richesses naturelles et la commission de l'industrie et du
commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche. C'est là
qu'elle devra se justifier ou s'expliquer. C'est complètement un autre
problème, c'est complètement une autre affaire puisque les
règlements et les lois existantes ne permettent pas à
l'Hydro-Québec d'aménager la Jacques-Cartier. Si elle veut
pousser plus loin ce désir, je l'ai dit antérieurement et je le
répète ce matin puisque l'occasion est unique, cela devra se
faire devant deux commissions conjointes, soit la commission des richesses
naturelles et la commission du tourisme, de la chasse et de la pêche et
de l'industrie et du commerce.
Ce matin nous sommes ici pour rencontrer l'Hydro-Québec, je le
répète, pour discuter les questions d'augmentation des tarifs qui
sont acceptés et qui doivent être justifiés par
l'Hydro-Québec. Laissons aller notre imagination, posons des questions
aux représentants de l'Hydro-Québec pour voir si ces
augmentations ont été justifiées. Servons-nous
également du bilan ou du rapport annuel de 1972 pour voir ce vers quoi
l'Hydro-Québec oriente les biens publics qui appartiennent en fait aux
mêmes citoyens, aux Québécois. Merci, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, je signale deux autres changements
aux membres de la commission: M. Bacon remplace M. Arsenault et M. Deniers
remplace M. Vincent. Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, plusieurs bonnes raisons me
paraissent militer en faveur de l'adoption de la motion présentée
par le député de Gouin. Disons au départ que la
procédure et les étapes suggérées ne concernent que
la hausse des tarifs. Elles n'ont donc rien à voir avec les autres
besognes dont cette commission a à être saisie,
c'est-à-dire l'étude du bilan de l'Hydro-Québec,
l'étude du projet de la baie James ou de la Jacques-Cartier. La
procédure et les étapes que nous suggérons concernent
uniquement l'étude de la hausse des tarifs, pour bien cadrer, baliser le
problème.
En ce qui concerne le problème lui-même, comme je l'ai dit
tout à l'heure, plusieurs excellentes raisons me paraissent militer en
faveur de l'adoption de cette motion.
La première c'est la réaction même du premier
ministre à toutes les questions que nous lui avons posées en
Chambre. Lorsqu'à plusieurs reprises nous sommes revenus sur le
problème, le premier ministre nous a dit que la décision du
cabinet était provisoire, que l'arrêté ministériel,
même s'il avait été adopté aux termes de la loi par
le cabinet, n'était pas définitif et que le cabinet attendait
avec un très grand intérêt les résultats des travaux
de la commission. Donc, il était implicite, dans l'esprit du premier
ministre, que le conseil des ministres n'avait pas eu toute l'autorité
nécessaire ou toutes les connaissances ou toutes les lumières
nécessaires, à ce point de la discussion, pour prendre une
décision finale. Il préférait s'entourer d'avis
additionnels résultant des travaux de la commission. C'est donc une
première raison qui nous montre que le problème doit être
fouillé davantage.
Deuxième bonne raison, l'Hydro-Québec est sûrement
un service public au même titre que d'autres compagnies qui donnent
d'autres services publics, comme le téléphone, par exemple. Et
nous avons adopté au Québec, il y a quelques temps, une loi qui
crée une Régie des services publics, et l'esprit de la loi aussi
bien que la lettre de la loi demandent que toutes les demandes d'augmentation
de tarifs affectant des services publics, affectant le consommateur, affectant
la population en général soient soumises à une
procédure qui permet aux instances intéressées de faire le
tour complet du problème, d'entendre les représentations de tous
ceux qui seront affectés par cette hausse de tarifs qui peut survenir
dans les services publics et qui permet à la population, de la
façon la plus démocratique qui soit, de faire valoir ses
représentations, en somme, d'entendre des points de vue originant de
tous les horizons, de tous les azimuts politiques ou sociaux. Il me semble que
la demande que fait le député de Gouin va exactement dans le sens
de cette loi que nous avons adoptée et aussi du fonctionnement, tel que
nous le connaissons depuis quelques années, de la Régie des
services publics.
Une autre excellente raison, c'est que, justement, la Bell Telephone
nous l'a donnée récemment. Le gouvernement du Québec
pourrait même faire valoir des raisons qui vont à l'encontre de la
demande de quelque service public que ce soit d'augmenter ses tarifs. Et en
rejetant la motion du député de Gouin, il nous semble que ceci
empêcherait aussi bien le gouvernement que tous les autres corps publics
ou tous les autres corps intermédiaires de faire valoir des
représentations, qui pourraient justement amener les membres de la
commission, puisque le premier minsitre veut s'entourer de l'avis des membres
de la commission, d'éclairer suffisamment leur lanterne, pour donner au
gouvernement, au ministère un avis intéressé.
Il nous semble donc qu'aussi bien pour respecter une tradition qui
semble vouloir s'instaurer au Québec, que pour respecter la conception
que nous nous faisons de la démo-
cratie, pour respecter la notion que nous nous faisons d'un service
public et aussi pour respecter également les intérêts des
consommateurs et de la société, il serait absolument
indispensable d'adopter la procédure du député de
Gouin.
Il doit en être ainsi que, quelle que soit la décision
prise, en définitive, nous ayons au moins la conviction que toutes les
parties ont été entendues, que tous les points de vue ont
été connus, que tous les renseignements dont nous pouvons avoir
besoin pour prendre une décision, ont été portés
à notre attention et que nous jugions en connaissance de cause au nom de
l'intérêt de toutes les parties concernées et surtout en
fonction des intérêts de la population.
Il peut sembler que cette procédure soit nouvelle, en ce sens que
la Loi de l'Hydro-Québec ne la contient pas encore, mais je pense que
même si la Loi de l'Hydro-Québec ne la contient pas, la
proposition ne va pas dans un sens contraire à l'esprit de la Loi de
l'Hydro-Québec. En attendant que cette loi soit amendée et que
l'Hydro-Québec, comme tout autre service public, soit obligée, de
par la loi, à soumettre toute demande de hausse de tarif à la
Régie des services publics, il nous semble que nous devrions
précéder cette loi formelle en observant d'avance l'esprit
démocratique qui sous-tendrait ces amendements à la loi, en
demandant, aussi bien à l'Hydro-Québec qu'au gouvernement,
d'inviter la population à soumettre toutes les représentations
qu'elle désire, précisément afin d'aider le
législateur et l'exécutif à prendre, dans les
circonstances, la décision qui soit la plus opportune.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais faire
quelques remarques, mais d'un point de vue essentiellement pratique. Là,
on s'est engagé dans un débat sur une motion qui, je pense,
était fort présentable à la commission; c'est une motion
dont on peut facilement discuter l'opportunité. L'Hydro-Québec ne
vient pas devant la commission pour parler seulement des hausses de tarif. Il y
a bien d'autres choses, il y a bien d'autres problèmes qu'on veut
discuter avec l'Hydro-Québec.
Le député de Gouin et le député de Bourget
ont bien situé la motion dans le cadre du débat de la hausse de
tarif. Il serait peut-être possible de retarder la discussion sur la
motion à cet après-midi parce qu'il y a bien d'autres sujets dont
on peut parler. Je pense que la déclaration du président de
l'Hydro-Québec, déclaration qui ouvre ordinairement les travaux
de la commission, apporterait des éclaircissements sur les derniers
états financiers de l'Hydro-Québec qui sont,
nécessairement, la base, le point de départ de toute la
discussion. On part de ce que l'Hydro-Québec a connu en 1972 pour
discuter des hausses de tarif, pour discuter des projets d'investissement, des
budgets annuels auxquels a fait allusion tantôt le député
de Gouin, de l'aménagement d'autres projets, que ce soit la
Jacques-Cartier ou le Saint-Maurice. Je pense que le député de
Saint-Maurice voudra répondre aux questions des gens de
l'Hydro-Québec.
Il y a d'autres sujets, comme l'eau lourde, dont on pourrait parler
aussi. Je pense bien que c'est un sujet opportun et je pense que c'est à
ce moment-ci qu'on devrait en parler. Je pense qu'on pourrait avancer les
travaux de la commission parlementaire en commençant tout de suite avec
la déclaration du président de l'Hydro-Québec et des
commissaires, s'il y a lieu, en faisant une première étude des
états financiers de 1972 pour reporter à cet après-midi la
discussion sur la motion du député de Gouin. Personnellement, je
n'ai pas d'objection.
Non seulement je n'ai pas d'objection, mais je suis
intéressé aussi à ce qu'on obtienne de
l'Hydro-Québec tous les documents qui vont permettre à la
commission parlementaire de se faire une idée exacte de la hausse de
tarifs demandée et de l'opportunité de la hausse de tarifs quant
aux montants demandés, quant au pourcentage d'augmentation
demandée. Je pense qu'on doit avoir tous les documents qui vont
permettre à la commission de porter un jugement
éclairé.
Mais, en attendant, on a bien d'autres sujets à aborder et ce que
je suggère, c'est qu'on remette cela à cet après-midi.
Peut-être même qu'ainsi le député de Gouin apportera
des modifications au "deuxièmement" de sa motion, où l'on dit
qu'on peut faire comparaître toute personne qui est
intéressée à intervenir au soutien ou à l'encontre
de la nouvelle tarification.
Je ne crois pas qu'il soit opportun pour la commission d'ouvrir le
débat, comme on le fait sur une loi, afin que tous ceux qui sont
intéressés à venir devant la commission puissent le
faire.
Je pense bien que des gens doivent peut-être venir devant la
commission. L'Hydro-Québec est un de ces organismes qui doivent venir
soutenir leurs demandes d'augmentation des tarifs. Peut-être que le
ministre des Richesses naturelles, qui est responsable de
l'Hydro-Québec, doit lui aussi donner son point de vue et le point de
vue du gouvernement. Il y aura probablement lieu d'entendre d'autres
organismes, peut-être un, deux ou cinq organismes représentatifs
qui vont ajouter quelque chose au débat. Mais il ne s'agit pas de
recommencer continuellement les mêmes représentations devant la
commission, parce que j'imagine que les interlocuteurs qui peuvent venir
ajouter un point de vue détaillé à l'appui ou à
l'encontre de cette motion ne sont peut-être pas aussi nombreux qu'on
pourrait se l'imaginer au premier abord.
C'est la suggestion que je fais, M. le Président.
M. JORON: M. le Président, je serais prêt à me
rallier à la suggestion du député de Montmagny pourvu
qu'il soit clair que l'on ne discute pas, ce matin, de la question
spécifique de l'augmentation des tarifs, qu'on la reporte à cet
après-midi et qu'avant de discuter de cette question on dispose de la
motion.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si je comprends bien, vous ne voulez pas
qu'on mette votre motion aux voix, ce matin.
M. JORON: C'est ça. Nous nous rallions à la suggestion que
vient de faire le député de Montmagny à l'effet qu'on la
suspend pour entendre M. Giroux ou qu'on parle d'autres questions.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que vous retirez la motion devant la
commission? Vous la laissez sur la table.
M. JORON: Qu'on s'abstienne de discuter de la hausse des tarifs ce
matin, et, au début de la séance, cet après-midi, qu'on
mette la motion aux voix. Ainsi, le ministre pourra nous faire connaître
sa position.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si vous me permettez, M. le Président,
pour compléter ce que j'ai dit tantôt, qu'on laisse la motion en
suspens. L'Hydro-Québec et le gouvernement vont voir quels sont les
documents qu'ils peuvent déposer. S'il y a des documents qu'ils ne
peuvent pas déposer, qu'on nous dise pourquoi. S'il y a des chiffres qui
sont contenus dans ces documents et qui ne peuvent pas être
révélés au public, qu'on nous le dise. Ainsi, on portera
un jugement. Les informations que nous aurons ce matin de l'Hydro-Québec
nous permettront peut-être de porter un meilleur jugement sur
l'opportunité de la motion du député de Gouin.
Je ne serais pas pour qu'on l'adopte tout de suite ou qu'on la rejette,
mais qu'elle reste en suspens.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, si je comprends bien, on
pourrait entendre le président de l'Hydro-Québec, suspendre
après son exposé et reprendre cette discussion à quatre
heures, cet après-midi.
M. CLOUTIER (Montmagny): On peut poser des questions sur les
états financiers après la déclaration du président
de l'Hydro-Québec. La discussion sur les états financiers, de
toute façon, doit se faire indépendamment de la hausse de tarifs.
Je pense qu'on peut faire cela ce matin.
M. MASSE (Arthabaska): Absolument.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de l'Assomption.
M. PERREAULT: Je suis d'accord avec le député de Montmagny
qu'on continue l'étude des états financiers de
l'Hydro-Québec ce matin.
M. DEMERS: Là, il manque seulement l'accord du président
de l'Hydro-Québec.
Exposé du président de l'Hydro-Québec
M Roland Giroux
M. GIROUX: Excusez-moi, M. le Président.
Mes collègues commissaires de l'Hydro-Québec et
moi-même, ainsi que les membres de la haute direction qui nous
accompagnent, sommes heureux de pouvoir faire le point avec vous sur nos
opérations de l'année et d'échanger des vues sur nos
activités.
Comme c'est habituellement le cas lorsque nous devons prendre des
décisions concernant de nouveaux investissements ou des hausses de
tarifs, l'Hydro-Québec a été l'objet, en 1972, d'un
certain nombre de questions auxquelles il nous fera plaisir de
répondre.
Cependant, des circonstances exceptionnelles ont entouré le
début de nos travaux à la baie James et nos études sur la
rivière Jacques-Cartier. Nous ajouterons donc à notre compte
rendu des activités de l'année, dont vous trouverez un sommaire
dans le rapport annuel, des commentaires par lesquels nous désirons
indiquer certaines de nos intentions concernant l'avenir de nos relations avec
nos abonnés, ainsi que les nouvelles difficultés que pose la
gestion des ressources énergétiques du Québec, compte tenu
de notre souci de protéger l'environnement.
Les taux de croissance de nos ventes d'énergie électrique
ont mis en lumière, une fois de plus en 1972, les liens étroits
entre la consommation d'électricité et le développement
économique du Québec.
A cet égard, la reprise économique qui s'est
amorcée en 1972 et qui se poursuit présentement tend à
confirmer nos prévisions et entraf-ne nos ventes d'énergie vers
leur niveau d'accroissement à long terme, c'est-à-dire environ
7.5 p.c. par année.
En 1972, le volume des ventes d'énergie souscrite à la
clientèle québécoise montre une augmentation de 5.8 p.c.
par rapport à 3.6 p.c. en 1971.
Cette augmentation s'est manifestée dans tous les usages mais
plus particulièrement dans les usages domestiques et dans le secteur
manufacturier (fer, acier, pétrole, ciment, textiles, etc.) où
les taux de croissance ont été respectivement de 9.9 p.c. et de
17 p.c.
L'impossibilité de balancer exactement l'addition de puissance
à la croissance de la demande, et le devancement des livraisons en
provenance de Churchill Falls, nous ont fourni des surplus temporaires. Ces
surplus ont été en partie vendus sous forme d'énergie
excédentaire, en partie exportés avantageusement vers les
réseaux voisins et, de plus, nous ont permis d'accumuler une
réserve additionnelle d'eau.
En définitive, l'augmentation du volume total de nos ventes, y
compris les ventes au réseau voisin en 1972, a été de 15
p.c. par rapport à 3.7 p.c. en 1971.
La consommation québécoise d'électricité est
telle que, pour la première fois, la pointe du réseau a
dépassé le cap des dix millions de kilowatts le 8 janvier 1973.
L'accroissement prévu de cette pointe nous indique que la puissance du
réseau devra être portée à 17 millions de kilowatts
en 1977 et à environ 30 millions de kilowatts en 1985.
Le programme d'équipement.
Comme nous l'avons déjà indiqué à plusieurs
reprises, aucun nouveau choix majeur d'investissement en production n'est
requis pour répondre à la demande d'ici 1977. En effet, les
livraisons en provenance de Churchill Falls ainsi que le parachèvement
de la centrale Manic 3, où les six groupes d'une puissance de 1,183
mégawatts seront mis en service de décembre 1975 à octobre
1976, suffiront à répondre à l'accroissement prévu
de la demande durant cette période.
Pour répondre à la demande entre 1978 et 1985, nous
devrons effectuer de nouveaux investissements de façon à ajouter
13,000 mégawatts à la puissance installée du
réseau.
Ceci n'a rien de nouveau puisque l'année dernière nous
présentions déjà un programme d'équipement qui
satisfaisait cet objectif. Nous disions toutefois que pour les années
1978 et 1979, notre choix précis n'était pas encore
déterminé. En ce qui concerne la période 1980-1984, nous
recommandions le développement du complexe La Grande, en indiquant que
des études d'optimalisation qui sont présentement en cours
pourraient amener la modification de certains aspects de ce
développement.
Pour les années 1978 et 1979, nous avons effectué
l'analyse de plusieurs programmes et nous avons retenu comme plus probable le
programme suivant: pour 1978: premièrement, la mise en service de
trois groupes d'une puissance totale de 454 mégawatts à la
centrale Outardes 2; deuxièmement, des négociations se
poursuivent présentement avec l'Alcan dans le but de renouveler nos
contrats d'achat. Nous espérons pouvoir conclure ces négociations
par une entente nous garantissant une puissance de 600 mégawatts.
pour 1979: premièrement, la mise en service à Gentilly
d'une deuxième centrale nucléaire d'une puissance de 600
mégawatts. Nous avons reçu l'autorisation de signer avec
l'Energie atomique du Canada Limitée un protocole d'entente
prévoyant la construction de cette centrale, qui utilisera la
filière canadienne. Soulignons qu'une partie des fonds
nécessaires pour le financement du coût de cette centrale sera
prêtée par le gouvernement fédéral;
deuxièmement, nous espérons obtenir la permission de poursuivre
nos études quant à la construction, sur la rivière
Jacques-Cartier, d'une centrale à réserve pompée d'une
puissance de 1,000 mégawatts, intégrée dans un plan
d'ensemble d'aménagement du territoire afin de favoriser davantage
l'accès du public à ce merveilleux parc provincial. Une
décision quant à cette dernière tranche de notre programme
d'équipement pour les années 1978 et 1979 ne peut être
prise sans la poursuite de ces études. Aussi, si vous le permettez,
j'aimerais revenir sur cette question dans quelques instants.
Ce programme fournirait une puissance de 2,600 mégawatts qui nous
permettrait de satisfaire l'accroissement des besoins pour les deux
années 1978 et 1979.
Pour satisfaire la demande des années 1980-1984, les travaux
concernant le développement de La Grande Rivière se poursuivent
présentement. Quant au détail de ces travaux, nous laissons
à la Société d'énergie de la baie James le soin de
répondre à vos questions.
En ce qui concerne le transport de l'énergie de la baie James,
nous poursuivons présentement des études dont le but est de
déterminer le choix de la technique qui, tout en respectant
l'environnement, sera la plus efficace et la plus économique. Les essais
portent principalement sur le courant alternatif à des tensions variant
entre 735 et 1,100 kV.
Pour satisfaire la demande des années 1985 et suivantes, aucune
décision ne sera nécessaire avant quelques années.
Coûts, financement, hausse des tarifs.
Permettez-moi maintenant d'aborder certaines questions relatives aux
coûts, au financement et aux tarifs.
Les investissements de l'année ont totalisé $423,600,000
dont $374,809,000 ont été empruntés à un coût
effectif moyen de 8.05 p.c. contre 8.58 p.c. en 1971 et 9.68 p.c. en 1970. Je
souligne toutefois que 60 p.c. de ces emprunts ont été
réalisés sur le marché canadien. Ceci, allié
à certains emprunts sur les marchés européens, a
contribué à réduire la proportion de la dette remboursable
en devises américaines de 54.4 p.c. en 1971 à 51.5 p.c. en 1972.
Cette situation est attribuable à des circonstances favorables dont nous
avons pu profiter durant l'année.
Nos états financiers pour 1972 vous permettront de constater que
les dépenses totales se sont accrues de 16.8 p.c. alors que nos revenus
n'ont augmenté que de 7.8 p.c. Il importe de noter que pour
l'année 1972 environ 65 p.c. des dépenses totales, soit $327
millions, représentent des engagements et des impositions auxquels nous
ne pouvons nous soustraire, c'est-à-dire les intérêts
imputés à l'exploitation, l'amortissement, les taxes scolaires et
municipales,
l'impôt provincial sur l'énergie produite et l'achat
d'énergie.
Cette situation a eu diverses répercussions. Les revenus nets
avant intérêts sur réserve ont diminué de 29 p.c. et
la couverture des intérêts est passée de 1.50 à
1.33.
Notre situation financière demeure saine, d'autant plus que
l'écart entre l'accroissement des revenus et celui des dépenses
reflète surtout l'influence de facteurs qui ne relèvent pas
directement de notre contrôle. Durant la période 1964-1971, les
dépenses totales se sont accrues annuellement en moyenne de 9.7 p.c.
tandis que les revenus augmentaient en moyenne de 10.2 p.c. Il est à
noter cependant que c'est, en partie, les augmentations de tarifs
appliquées en 1967 et en 1970 qui nous ont permis de conserver cet
équilibre. Je souligne de nouveau qu'en 1972 les revenus et les
dépenses ont augmenté respectivement de 7.8 p.c. ($43 millions)
et de 16.8 p.c. ($72 millions). C'est dans cette optique qu'un nouveau
redressement des tarifs est apparu nécessaire à la fin de 1972.
L'accroissement des dépenses est attribuable à l'augmentation de
la demande et à un ensemble de facteurs que nous allons tenter
d'illustrer et dont le plus important est sans doute l'inflation.
Les coûts:
Comme dans toute entreprise, les premiers touchés par l'inflation
sont nos employés; après s'être accru de 1.8 p.c. en 1971,
l'indice du coût de la vie à Montréal a augmenté de
3.7 p.c. en 1972 et l'augmentation continue présentement dans tous les
secteurs de la consommation et, principalement, dans celui des denrées
alimentaires. Dans ce contexte, il est important pour eux de chercher à
accroître leurs revenus. Ceci est également vrai pour nos
retraités. Ainsi, à partir du 1er janvier 1972, le minimum des
prestations a été porté à $1,200 par année
et des corrections ont été apportées aux pensions
payées aux retraités des filiales acquises en 1963.
Toutefois, du point de vue de l'entreprise, la masse salariale
représente environ 25 p.c. des dépenses totales et tout
accroissement, comme ce fut le cas en 1972, a donc des répercussions
importantes. En 1972, les frais d'exploitation ont augmenté de $22.4
millions, dont $13.5 millions ou 60 p.c. s'expliquent par l'accroissement des
dépenses au titre du personnel, c'est-à-dire l'augmentation des
effectifs et l'augmentation des salaires. Les salaires payés par
l'Hydro-Québec se sont élevés de $108 millions en 1964
à $165 millions en 1972.
En ce qui a trait aux intérêts, ils représentent
environ 35 p.c. de la dépense totale, et le coût moyen de la dette
à long terme ne cesse de s'accroître (de 4.95 p.c. en 1964
à 6.78 p.c. en 1972), car le coût des nouveaux emprunts demeure de
l'ordre de 8 p.c.
Ceci, allié au fait que les nouvelles installations coûtent
davantage, donc qu'il faut emprunter davantage, suffit à expliquer une
bonne partie de la hausse des intérêts. En 1972, la combinaison de
ces facteurs s'est reflétée par une augmentation de 16.2 p.c.
dans nos charges d'intérêts.
En 1972, l'Hydro-Québec a commencé à prendre
livraison d'énergie en provenance de Churchill Falls dont le contrat
avec l'Hydro-Québec représente un actif très important
dont la valeur ne peut être reflétée dans les états
financiers de la commission.
Nous devons de plus constater que le coût de l'énergie
n'échappe pas à la hausse généralisée des
coûts. Il est toutefois intéressant de noter comment ceci se
concrétise dans certains cas particuliers à
l'Hydro-Québec. Permettez-moi de vous en donner deux. Le coût
unitaire des poteaux de 45 pieds, qui représentent pour nous une
dépense annuelle de $3 millions, est passé de $71 en 1970
à près de $91 en 1972, soit une augmentation de 28 p.c. Les
disjoncteurs à 315 kV, d'autre part, pour lesquels nous dépensons
des sommes importantes, coûtaient $60,500 en 1970 et $81,450 en 1972,
soit une hausse de 34 p.c.
Gestion des dépenses
Si les économies d'échelle et les réalisations
techniques ne suffisent plus à compenser la hausse des coûts, cela
ne signifie pas nécessairement qu'il faut rester inactif. A cette fin,
la réalisation des programmes d'équipement se fera
dorénavant à l'aide d'une gestion dite par projet, laquelle,
pensons-nous, favorisera une plus grande efficacité dans le
contrôle des coûts et des travaux. Nous devons également
souligner l'effort de nos employés permanents dont le nombre s'est accru
d'environ 5.4 p.c. de 1964 à 1972, alors que les immobilisations ont
plus que doublé et que les abonnements et les ventes annuelles se sont
accrus respectivement de 30 p.c. et de 71 p.c.
J'aimerais ouvrir une parenthèse pour signaler qu'en 1972 le
nombre total de nos employés permanents était de 12,627. De ce
nombre, la haute direction compte pour moins de 1 p.c, (0.77 p.c.) et les chefs
de service, gérants et adjoints, pour 2.76 p.c. Cela donne des "ratios",
subordonnés supérieurs, de 129, dans le premier cas, et de 27.3,
dans le deuxième. Au total, ces deux catégories
représentent 3.5 p.c. des effectifs et environ 7 p.c. de la masse
salariale.
De façon à prendre de bonnes décisions, donc
à combattre les coûts avant de commencer à les encourir,
nous avons développé des modèles et des critères
dont les choix de programmes d'équipement sont une illustration.
Parallèlement à ceci, des efforts constants sont effectués
dans tous les secteurs de l'entreprise. Par exemple, un nouveau
procédé pour le traitement de la végétation dans
les emprises de lignes de transport nous a permis de réduire le
coût de traitement de $50 à $8 l'acre, ce qui représente
une économie annuelle considérable. D'autre part, une nouvelle
technique qui nous
permet de travailler sur les lignes sous tension nous permet de
réaliser des économies annuelles importantes en réduisant
le temps nécessaire à la réparation de huit à deux
heures.
Enfin, nous concrétisons notre politique d'interconnexion et
d'échanges hors-pointe de façon à accroître
l'utilisation de nos équipements de production. Ce fut le cas dans
l'entente de principe que nous avons conclue avec la Consolidated Edison de New
York et la Power Authority of the State of New York.
Les tarifs
Malgré les économies réalisées, nous avons
besoin d'un supplément de revenu qui sera obtenu en partie par la hausse
des tarifs déjà autorisée. Nous pourrons vous assurer
tantôt que, par rapport à la situation qui prévaut ailleurs
au Canada et aux Etats-Unis, la hausse des tarifs est raisonnable.
Une entreprise ne saurait présenter convenablement sa situation
sans fournir un minimum de chiffres et d'information statistique, et
c'était là l'objet de la première partie de mon
allocution. Toutefois, cet aspect important de la gestion peut nous faire
oublier la contrepartie qui a trait aux ressources humaines et naturelles,
à l'environnement et à nos rapports avec la clientèle. Le
rôle de l'Hydro-Québec comme entreprise d'Etat lui impose des
obligations particulières sous ce deuxième aspect, obligations
auxquelles nous ne saurions nous soustraire. Ainsi, étant donné
certaines circonstances particulières à l'année 1972,
j'aimerais vous entretenir brièvement de ces sujets.
La protection de l'environnement
A l'époque où les tarifs diminuaient et où tout le
monde était engagé dans la recherche de la croissance à
tous les niveaux, une nouvelle centrale ou une nouvelle ligne à haute
tension était bienvenue; c'était là une manifestation d'un
développement désiré, d'autant plus que, dans la mesure du
possible, nous avons toujours apporté un soin particulier à
l'esthétique et à l'accessibilité de nos installations.
Cette acceptation a disparu depuis quelque temps aux Etats-Unis et sa
disparition commence à se manifester ici avec une certaine vigueur.
Nous voyons dans tout ceci l'expression d'une société qui
prend conscience de ses limites et qui désire, de façon
légitime, planifier son développement dans la rationalité
et surtout dans le respect de ce qui l'entoure.
En mai 1970, l'Hydro-Québec créait un comité de
protection de l'environnement de façon à acquérir des
données de base en ce domaine.
Les connaissances ainsi acquises de nos démarches nous ont
imposé de nouvelles obligations, dont la plus récente est sans
doute une tentative de notre part, en collaboration avec une firme
d'ingénieurs-conseils, d'intégrer certains critères ayant
trait à l'environnement pour le choix des tracés de lignes qui
viendront éventuellement de la baie James. Déjà, des
études écologiques sont effectuées parallèlement
aux études technico-économiques et nous prévoyons pour
1973 doter l'entreprise d'un code de l'environnement.
Toutefois, il devient de plus en plus important pour les
intéressés de prendre connaissance des options et des coûts
supplémentaires que ces considérations imposent
déjà à l'ensemble des abonnés; pour l'entreprise,
il est important de planifier son développement dans le respect de
l'environnement, compte tenu des nombreuses contraintes techniques,
légales et financières.
Situation énergétique et exigences des
abonnés
M. GIROUX: Dans le même ordre d'idées, nos rencontres
fréquentes avec les média d'information, différents
sondages et nos contacts avec notre clientèle nous ont amenés
à réaliser que le rôle de l'entreprise n'est pas uniquement
d'être capable de grandes réalisations, mais d'être
consciente de son rôle social, devant se consacrer à la
satisfaction des besoins de la clientèle et à la promotion des
intérêts du Québec.
Aussi, dans l'esprit de certains, notre action commerciale est
difficilement conciliable avec la perspective d'un épuisement
éventuel de certaines ressources et avec leur perception de
l'Hydro-Québec comme un monopole.
Tout d'abord il est important de signaler que
l'électricité ne représente que 20 p.c. de toute
l'énergie consommée au Québec. De ces 20 p.c, une grande
partie est soumise à la concurrence d'autres sources d'énergie,
car certains besoins des abonnés peuvent être également
satisfaits par la combustion d'huile ou de gaz.
Pour les usages domestiques, ceci est vrai pour environ 60 p.c. des
applications. A titre d'illustration, notre part du marché total des
chauffe-eau en 1972 était d'environ 62 p.c. dans la ville de
Québec et de 55 p.c. dans l'île de Montréal. Nous
expliquons cette différence en bonne partie par le fait que la
distribution de gaz dans la ville de Québec est pratiquement inexistante
tandis que dans l'île de Montréal, le gaz occupe plus de 18 p.c.
de ce marché.
Pour les usages commercial et industriel, les applications de
l'électricité sont sujettes à la concurrence dans des
proportions respectives d'environ 70 p.c. et 100 p.c.
Dans ces conditions, l'action commerciale de l'Hydro-Québec
répond à un besoin réel d'être concurrentielle,
d'autant plus que l'hydroélectricité est la seule ressource
énergétique véritablement québécoise; ce
qui, par rapport aux sources d'énergie importée, lui
confère un avantage certain du point de vue de son impact sur
l'économie du Québec.
En ce qui concerne la conservation de
l'énergie, la combustion des hydrocarbures s'effectue à
des rendements thermiques qui varient de 20 p.c. à 30 p.c. dans le cas
de la propulsion, et de 60 p.c. à 75 p.c. dans le cas des
procédés de chauffe, alors que pour
l'hydro-électricité, les chiffres équivalents sont de 75
p.c. à 85 p.c. car les seules pertes encourues proviennent du transport
de cette énergie.
En raison de ces rendements thermiques, alors que la consommation de
pétrole occupe plus de 70 p.c. de la consommation totale
d'énergie au Québec, sa contribution effective en termes
d'utilisation réelle est d'environ 55 p.c, tandis que pour
l'hydro-électricité, la proportion passe de 20 p.c. à
près de 30 p.c.
Devant cette inefficacité relative de l'utilisation des
ressources et face à la possibilité d'un épuisement
éventuel de certaines d'entre elles, des recherches intensives sont
menées partout dans le monde dans le but d'améliorer le rendement
thermique des appareils connus, de trouver de nouvelles sources
d'énergie et, enfin, d'identifier des moyens d'utiliser l'énergie
à meilleur escient. Plusieurs des activités de notre institut de
recherche s'inscrivent dans le cadre de cette préoccupation que met en
relief le besoin d'une meilleure rationalité quant à
l'utilisation des ressources énergétiques.
Jusqu'à maintenant, notre action commerciale s'est principalement
inspirée des besoins des abonnés, du contexte concurrentiel que
nous avons illustré et des avantages de l'hydroélectricité
pour le Québec. Dans l'avenir, elle devra s'inspirer également du
besoin d'un usage rationnel des ressources et, comme nous l'avons
déjà signalé, du respect de l'environnement.
A cette fin, l'Hydro-Québec a déjà
complété des études sur l'utilisation de
l'électricité qui tiennent compte de ces aspects. Ces
études nous suggèrent d'orienter notre action commerciale vers
une meilleure information des consommateurs quant à l'utilisation
rationnelle de l'énergie. En 1973, cette nouvelle préoccupation
se traduira par l'intensification de notre publicité dite de
service.
A plus long terme, nous espérons que le processus de
planification générale déjà engagé nous
fournira des éléments de solution quant à
l'intégration de toutes ces questions dans la prise de
décisions.
A cet égard, nous ne saurions exclure le rôle important que
le gouvernement a déjà commencé à assumer par la
publication récente d'un projet de la politique québécoise
de l'énergie qui, nous l'espérons, conduira à
l'établissement de grandes lignes de conduite concernant la solution de
certains problèmes reliés au secteur énergétique et
pour lesquelles notre collaboration lui est acquise.
Pour l'Hydro-Québec, l'ensemble de ces considérations
n'enlève rien au fait que la demande continue d'augmenter et
n'enlève rien non plus à la nécessité de satisfaire
cette demande au meilleur coût possible.
Au contraire, les facteurs dont nous venons de parler, principalement
ceux qui ont trait à la protection de l'environnement, contribuent
à élargir l'éventail des variables que l'on doit
considérer et rendent ainsi le choix d'un équilibre plus
difficile à réaliser. A titre d'exemple, il nous est devenu
relativement facile de choisir un équilibre entre les dimensions d'un
conducteur et les pertes d'énergie. Il est toutefois plus difficile d'en
choisir un entre la minimisation des coûts et la protection de
l'environnement. C'est pourtant ce que nous nous proposons de faire dans le cas
de notre projet de réserve pompée sur la rivière
Jacques-Cartier. Aussi, étant donné les avantages et l'importance
de ce projet pour les abonnés de l'Hydro-Québec ainsi que notre
conviction de pouvoir le réaliser de façon à conserver et
même à mettre en valeur la beauté naturelle de ce site, je
me permets de demander que l'Hydro-Québec soit autorisée à
poursuivre les études qu'elle a dû interrompre dans le parc des
Laurentides.
Conclusion.
Enfin, messieurs, dix ans après la deuxième phase de la
nationalisation, nous croyons avoir appris à nous acquitter de la
tâche qui nous avait été confiée,
c'est-à-dire assurer un service essentiel à des prix convenables
dans toutes les régions du Québec, rationaliser tout le processus
de la planification et de l'exploitation de nos ressources
hydro-électriques, favoriser autant que possible l'essor
économique du Québec. Notre démarche vers ces objectifs a
donné lieu à la réalisation de grands projets et à
certaines innovations qui cadraient bien dans un contexte où le
Québec réclamait des preuves de son potentiel.
Pour afficher la même confiance à la fin de la
présente décennie, il faudra composer davantage avec une
conscience accrue et des exigences nouvelles de la part de nos abonnés
ainsi qu'avec les problèmes nouveaux mais importants reliés
à la gestion des ressources énergétiques. Comme
l'illustrent certaines de nos activités, nous sommes conscients de cette
nouvelle complexité et nous sommes déjà à la
recherche de solutions en redéfinissant nos objectifs et nos structures
et en recherchant un meilleur dialogue avec notre milieu.
Mes collègues et moi-même sommes maintenant prêts
à répondre à vos questions. Ordinairement, les
premières questions portent surtout sur le bilan, qui est un texte
préliminaire. Le bilan définitif va lui ressembler; il y a
peut-être des erreurs de frappe, des erreurs de chiffres dans ce bilan.
Lorsque le gouvernement a annoncé la commission parlementaire, on a cru
préférable de déposer un texte préliminaire avant
de déposer l'autre texte, qui suivra selon les données
habituelles. Puisqu'il a été déposé à ce
stade-ci je ne crois pas nécessaire, pour ne pas prendre trop de temps,
de faire la lecture du rapport. Je ne crois pas qu'il soit coutumier qu'on le
fasse mais, si on veut qu'on en fasse la lecture, nous sommes prêts
à le faire.
M. MASSE (Arthabaska): Oui, je pense qu'on peut vous dispenser de la
lecture.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Vous êtes dispensé de
lire le texte préliminaire du rapport de l'Hydro-Québec.
L'honorable ministre aurait-il des questions à adresser aux membres de
la commission?
M. MASSE (Arthabaska): J'ai remarqué que le texte lui-même,
en ce qui concerne le bilan, reprend plusieurs de ces chiffres. Je remarque
aussi l'importance que donne l'Hydro-Québec à des questions
sociales que peuvent apporter certains travaux prévus par
l'Hydro-Québec, entre autres les problèmes d'environnement. Je
pense qu'il faut saluer avec intérêt le fait que
l'Hydro-Québec même veut se donner une discipline dans ce secteur
par l'élaboration, au cours de la présente année, d'un
code de l'environnement.
M. le Président, on pourrait sans doute poursuivre avec des
questions ayant trait à cet énoncé du
président.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, particulièrement sur la
déclaration du président, M. Giroux, et spécialement sur
l'état financier des revenus et dépenses pour 1972. On vient de
nous donner non seulement des chiffres, mais des pourcentages en chiffres qui
nous donnent certaines indications pour l'année 1972. Je voudrais aller
un peu plus loin que l'année 1972.
Il y a des choses qui nous ont frappés et qui ressortent
particulièrement. Les 2/3 des dépenses sont incompressibles: 65
p.c. des dépenses de l'Hydro-Québec sont maintenant
incompressibles et sont de la nature des intérêts qui sont
imputés à l'exploitation, l'amortissement, les taxes scolaires et
municipales, l'impôt provincial sur l'énergie produite et l'achat
d'énergie. Les dépenses ont augmenté de 16.8 p.c. en 1972
par rapport à 1971. Les revenus n'ont augmenté que de 7.8 p.c,
malgré tous les investissements qui ont été accomplis ces
dernières années.
Je voudrais demander au président si l'écart entre les
revenus et les dépenses va se poursuivre dans les prochaines
années. Je fais abstraction de la hausse de tarifs. Prenons la situation
telle qu'elle est. Si elle restait telle quelle, quel serait l'écart
entre les revenus et les dépenses en 1973 et dans les années
suivantes, si vous l'avez prévu pour cinq ans?
M. GIROUX: C'est très difficile de vous donner un écart,
il faudrait que je vous demande quel est le taux d'inflation que vous croyez
que le gouvernement fédéral va permettre au Canada. Le taux
d'inflation, on doit le subir. Je vais vous donner un exemple. Actuellement, on
dit bien qu'on emprunte à environ 8 p.c. Ce matin, la Banque du Canada
annonçait l'augmentation du taux. C'est une indication qu'on doit subir
l'augmentation dans les mois à venir. Le problème, à mon
sens, repose sur la stabilité du coût de la vie établi au
Canada. On subit indirectement et directement toutes les hausses qui viennent
de l'inflation. Nous pourrions employer un autre mot, mais le mot inflation
couvre généralement tous ces problèmes, je pense bien.
Si l'inflation se maintient au taux actuel ou qu'il augmente, ces
écarts augmenteront.
M. CLOUTIER (Montmagny): Séparons la question des revenus de
colle des dépenses. Prenons la question des revenus: Vous avez, dans vos
états financiers, des comparaisons d'augmentations des ventes pour les
cinq dernières années, de 1968 à 1972.
En 1972, par rapport à 1971, vous avez une augmentation de 16.8
p.c. Je n'ai pas le pourcentage. Je pourrais prendre l'année
précédente. Je ne sais pas quel était le pourcentage de
1971 par rapport à 1970, mais, enfin, est-ce que ce pourcentage
d'augmentation des revenus va se continuer sensiblement dans la même
proportion?
M. GIROUX: Je ne crois pas parce que, actuellement, nous
bénéficions de ventes excédentaires. Quand on fait des
ventes excédentaires, pour des montants qui pourront vous être
donnés en détail tantôt, il n'y a qu'une ligne de
transmission, très peu d'entretien et très peu de frais de
distribution. Mais, si on prend la même énergie et qu'on la
distribue à la population québécoise, les frais
d'exploitation augmentent.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et aussi vous en avez acheté beaucoup
plus. Vous parlez d'énergie excédentaire, mais il arrive qu'en
1972 vous en avez acheté beaucoup plus que dans les autres
années.
M. GIROUX: On a acheté beaucoup plus d'énergie
excédentaire, c'est-à-dire qu'on a eu la chance d'avoir des
devancements. Ceci nous a permis de faire des ventes. Ces ventes coûtent
très peu en frais d'exploitation tandis que les ventes au détail,
à la consommation ordinaire, automatiquement, augmentent les frais
d'exploitation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, cette énergie excédentaire
dont vous faites le commerce, que vous achetez et que vous revendez, est
intéressante pour l'Hydro-Québec du point de vue des profits
nets?
M. GIROUX: Bien, c'est intéressant pour l'Hydro-Québec au
point de vue des profits nets parce que c'est ce qui nous a permis de ne pas
demander de hausse de tarifs avant aujourd'hui.
M. TETRAULT: Une question pour faire
suite à celle du député de Montmagny.
L'énergie exédentaire, à quel taux est-elle achetée
comparativement à l'énergie domestique ou industrielle? Est-ce
qu'il y a une relation de pourcentage qui pourrait être faite entre les
deux?
M. GIROUX: Acheté? Ah non, on l'achète au même
prix.
M. TETRAULT: Et la vente?
M. GIROUX: La vente? Je pense que ce sont des prix qui ont
été publiés, mais on pourra les donner. Je demanderais
à M. Saint-Jacques...
M. TETRAULT: Est-ce à un taux beacoup moindre que la vente de
l'énergie domestique, en tenant compte des estimations que vous nous
avez données?
M. GIROUX: Oui, oui.
M. TETRAULT: Est-ce qu'il y a une grosse différence de
pourcentage?
M. GIROUX: II doit y avoir je ne voudrais pas vous donner une
différence par coeur une énorme différence entre le
taux où on vend l'électricité en petite quantité et
le taux où on vend l'électricité en grosse
quantité.
M. TETRAULT: Elle est vendue en dehors du Québec?
M. GIROUX: Elle est vendue en dehors du Québec.
M. TETRAULT: A l'Ontario, et aux Etats-Unis.
M. GIROUX: Elle est vendue en partie à l'Hydro-Ontario et en
partie au Nouveau-Brunswick.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si vous avez quelque chose sur les ventes
excédentaires, allez-y parce que je voudrais entrer dans les
dépenses.
M. JORON: J'aurais une autre question, mais pas sur
l'excédentaire.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le président vient de nous dire qu'on ne
peut pas faire des prévisions exactes sur le pourcentage d'augmentation
des revenus dans les prochaines années. Cela peut être variable.
On a donné l'exemple de l'énergie excédentaire.
L'autre composante du profit net de l'Hydro-Québec, ce sont les
dépenses. On vient de dire que 65 p.c. des dépenses sont
imcom-pressibles. Il y a eu, en 1972 par rapport à 1971, une
augmentation assez considérable des dépenses. Le
président, dans le rapport, tantôt, en a parlé, Je voudrais
savoir si cette augmentation substantielle est susceptible de se reproduire en
1973. Si on prend les dépenses d'exploitation, d'entretien,
d'administration et autres dépenses, depuis 1968, cela a augmenté
dans la proportion suivante: $130 millions, $143 millions, $144 millions, $149
millions. Et, on fait un saut à $172 millions en 1972. Est-ce
susceptible de se reproduire en 1973 ou de 1973 à 1976?
M. GIROUX: A mon opinion, je ne crois pas que cela puisse être
réduit. Comme je vous le disais tantôt, si vous réussissez
à stabiliser l'inflation, peut-être que l'on en subira de bons
effets. Si vous ne stabilisez pas l'inflation, on en subira de très
mauvais effets.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Giroux, c'est le pourcentage d'augmentation
qui s'est produit en 1971 et 1972. Cela a monté de $23 millions...
M. GIROUX: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... en chiffres absolus. Est-ce susceptible de
se reproduire en 1973 pour toutes sortes d'autres raisons, y compris
l'inflation?
M. GIROUX: C'est susceptible.
M. JORON: M. le Président, sur cette question, si le
député de Montmagny me le permet, de ces $22,403,000 qui sont les
chiffres exacts, je pense, il n'y a pas loin de $15 millions au titre du
personnel, dont un accroissement de $11.5 millions au titre des salaires et
$3.5 millions en avantages sociaux. Tenant compte que c'est une nouvelle
convention, elle a été signée pour combien de temps,
d'abord?
M. GIROUX: Elle a un an de terminé, 1972. Donc, c'est une
convention de quatre ans, mais qui prend effet en 1973.
M. JORON: Oui. Alors, dans ce sens, la hausse au titre de la masse
salariale, dans les années à venir, ne devrait pas normalement
subir le même rythme d'augmentation, tel que c'est apparu de 1971
à 1972. J'allais vous demander s'il y avait
rétroactivité.
M. GIROUX: II y a rétroactivité au 1er janvier 1972 et
payable en 1973.
M. JORON: Payable en 1973. Est-ce qu'on en a tenu compte dans les
états financiers de 1972? Est-ce que la réserve a
été faite?
M. GIROUX: II y a eu une réserve, mais beaucoup moindre.
M. JORON: Oui, mais c'est la rétroactivité à payer
en fait qui fait augmenter les dépenses anormalement.
M. GIROUX: Dans la marche des chiffres, cet après-midi
naturellement, là c'est une chose qui vient un peu avant j'avais
l'intention de vous présenter toutes ces choses dans la preuve des
revenus additionnels requis. Elles y sont détaillées.
M. JORON: Oui.
M. GIROUX: En fait, si le détail ne comprend pas cette
réponse particulière, elle pourra vous être donnée.
On a établi les coûts réels de 1970-1971, les estimations
de 1972, le coût réel de 1972, les estimations de 1973 et les
prévisions de 1974.
M. JORON: M. le Président, j'aurais une question. Est-ce que
le... Je m'excuse, je ne veux pas...
M. CLOUTIER (Montmagny): Si on change de sujet, j'aurais d'autres
questions sur les chiffres, encore, toujours en restant sur l'état
financier.
M. JORON: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'abolition, dans cette section, de
l'impôt provincial sur l'énergie produite, c'est une section
importante. Cela représente précisément $29,882,000 en
1972. On sait que dans le dernier budget, il y a les $30 millions qui ont
été enlevés, quitte à ajouter en bas un autre
prélèvement de $20 millions sur une partie du revenu de
l'Hydro-Québec. Mais est-ce que cette décision d'enlever les
frais de $30 millions a été motivée surtout, pour hausser
le bénéfice brut de l'Hydro-Québec dans des proportions
importantes? Parce que la présentation des états financiers sur
le marché, c'est aussi important.
M. GIROUX: Oui, très important. Il m'est difficile de
répondre au nom du ministre des Finances parce que c'est le ministre des
Finances qui a fait les déclarations sur ce sujet.
M. DEMERS: Ce n'est pas vous qui êtes le ministre des
Finances?
M. GIROUX: Pardon?
M. DEMERS: Ce n'est pas vous qui êtes le ministre des
Finances?
M. GIROUX: Pas que je sache. C'est très récent si c'est le
cas.
M. DEMERS : C'est que des nouvelles avaient couru.
M. GIROUX: Cela a déjà paru dans le passé, oui,
mais ce n'était pas...
A ce sujet, je dois vous dire que c'est en prévision de cette
diminution que nous avons pu, en discutant avec le comité,
réduire les demandes de l'Hydro-Québec. Le gouvernement a
consenti à faire une remise pour que cette chose ne soit pas
imputée aux abonnés.
M. CLOUTIER (Montmagny): A la suite de la présentation des
états financiers, si j'étais un bailleur de fonds, si
j'étais une maison de courtage et que j'examinais cela, je constaterais,
premièrement, que le revenu net d'exploitation, en 1972, est de $254
millions et qu'en 1971, il était de $257 millions. Donc, il y a une
diminution d'environ $3 millions par rapport à 1971.
M. GIROUX: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et entre 1970 et 1971, il y avait eu une
augmentation assez considérable du revenu net d'exploitation. Je me dis
tout de suite qu'il y a un problème à cet endroit-là.
M. GIROUX: II y a un problème de...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais savoir si c'est pour cela que les
$30 millions, d'abord, disparaissent de cette colonne des dépenses,
parce que cela va permettre de hausser, en 1973, le revenu net d'exploitation
de l'Hydro-Québec de $254 millions à $284 millions. Donc, la
courbe d'augmentation, avec les années, va rester la même. La
rentabilité, disons...
M. GIROUX: La rentabilité peut rester la même.
Naturellement, je ne connais pas la nature de la loi qui nous imposera les $20
millions. Il est donc difficile de dire si on les prend sur le revenu net. Cela
a été annoncé. J'attends la loi pour savoir où.
Mais, assurément, on a pu dire à nos bailleurs de fonds,
américains surtout, qui nous ont questionnés là-dessus,
qu'il y aurait une diminution et un changement dans la façon d'imposer
la taxation.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Giroux, est-ce qu'en enlevant les $30
millions d'impôt provincial sur l'énergie produite on peut
maintenant mieux se comparer, disons, avec l'Hydro-Ontario? Est-ce que cet
impôt existe en Ontario, au même endroit? Dans la façon de
taxer l'Hydro-Ontario?
M. GIROUX: Au même endroit, je ne crois pas, non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela existe comment?
M. GIROUX Je peux demander à M. Lemieux s'il a une opinion
là-dessus.
M. LEMIEUX: La question concerne les impôts que paie
l'Hydro-Ontario?
M.CLOUTIER (Montmagny): Oui, l'Hydro-Ontario et l'Hydro-Québec.
Avant qu'on modifie les $30 millions, avant le dernier discours du budget du
ministre des Finances.
M. LEMIEUX: L'Hydro de l'Ontario n'a jamais payé d'impôt
sur sa production. Elle a payé d'autres redevances sur la production,
mais inférieures aux nôtres.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si on voulait comparer...
M. LEMIEUX: Je n'ai pas les détails...
M.CLOUTIER (Montmagny): Ma question serait la suivante et si vous ne
pouvez répondre tout de suite, on la reprendra plus tard. Comment les
états financiers de l'Hydro-Québec pourraient-ils se comparer
à ceux de l'Hydro de l'Ontario, si on tient compte des impôts que
chacun des organismes paie à sa province, à son gouvernement?
Est-ce qu'on peut comparer la rentabilité de la façon dont
les états financiers vont être présentés en 1973, si
on ôte ces $30 millions de dépenses des deux organismes,
l'Hydro-Québec et. l'Hydro-Ontario? Vous admettrez avec moi que si on
ôte $30 millions de dépenses â un endroit, dans
l'état des revenus et dépenses, et si on le met en bas
complètement à la même place que les réserves,
ça change toute la présentation et ça change la
rentabilité.
M. LEMIEUX: D'ailleurs, pour l'année 1971, l'Hydro-Ontario a
versé à la province, en taxes municipales et scolaires- et en
redevances, un total de $18,800,000, et l'Hydro-Québec a versé
$48 millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Donc, on a cette différence de $30
millions.
M. LEMIEUX: En plus, la taxe de vente, payée par les
consommateurs ici au Québec, a produit $25 millions pour la province, et
en Ontario l'électricité n'est pas imposable au point de vue de
taxe de vente provinciale. Le fardeau total payé par l'abonné,
parce qu'il n'y a pas d'autres personnes qui paient, est de $17.8 millions en
Ontario et de $73.5 millions au Québec.
M. JORON: A ce sujet, est-ce qu'on pourrait demander à M. Lemieux
il y a une distinction importante parce que l'Hydro-Ontario ne fait pas
la distribution, on ne peut quand même pas les comparer directement. Ce
sont deux entreprises dans un sens de...
M. LEMIEUX: D'accord.
M. JORON: Quel est le chiffre d'affaires total de l'Hydro-Ontario?
M. LEMIEUX: II est de $606 millions, et celui de l'Hydro-Québec,
de $535 millions pour l'année 1971.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de Saint-Maurice sur le même sujet.
M. DEMERS: M. Lemieux, c'est une question parallèle. Est-ce que
vous pourriez nous dire quel est le montant que l'Hydro-Québec peut
payer en moins à la suite de la loi 48 sur l'évaluation?
M. DOZOIS: Si vous me permettez, M. le Président, les effets du
bill 48 se feront sentir dans les années à venir.
M. DEMERS: Pour l'année en cours, il n'y a rien. Est-ce que vous
avez une prévision, M. le commissaire?
M. DOZOIS: Il n'y a rien parce que... Pardon?
M. DEMERS: Est-ce que vous avez une prévision de ce que ça
enlèvera de charge à l'Hydro-Québec?
M. DOZOIS: Pas pour la peine, même on prévoit qu'en 1973 il
y aura $200,000 de plus à payer qu'en 1972.
Il ne faut pas oublier qu'en vertu de la nouvelle loi,
l'Hydro-Québec est obligée de payer les mêmes taxes que
tous les citoyens sur les terrains et les immeubles.
M. DEMERS: Oui.
M. DOZOIS: II y a un nouveau système qui s'appliquera à
l'avenir pour l'équipement. Comme l'Hydro-Québec payait des taxes
scolaires et municipales sur l'équipement et que nous étions la
seule province à taxer les équipements de l'Hydro-Québec,
la loi prévoit qu'à l'avenir cela ne sera plus taxé. Mais
afin de ne pas perturber les budgets municipaux, nous avons convenu de payer
pendant dix ans...
M. DEMERS: Oui.
M. DOZOIS: ... ce que nous avons payé en 1971, et après
ça il y aura une diminution à raison de 5 p.c. par année
pendant vingt ans pour les équipements ordinaires, et de 3 p.c. par
année pendant 33 ans, ou 3 1/3 pendant trente ans pour les
équipements tels que barrages et centrales.
M. DEMERS: Pour les quelques années à venir, c'est
à peine perceptible, comme ça?
M. DOZOIS: Pour une dizaine d'années à venir, je crois
bien que ça va être à peu près stable, sauf que l'on
va en récupérer parce que la diminution de 5 p.c. par
année s'applique immédiatement pour les taxes scolaires. Cela se
fera sentir mais d'une façon plus forte à partir de 1982.
LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, est-ce
1'Hydro-Québec qui avait demandé d'éliminer cet
impôt provincial de $30 millions? Est-ce l'Hydro-Québec qui l'a
demandé au gouvernement ou si c'est le gouvernement qui a offert cette
façon de procéder?
M. GIROUX: On demande toujours au gouvernement de les faire tous
disparaître, en principe. Mais disons que c'est le gouvernement qui a
offert de contribuer à la réduction de l'augmentation par ce
mode.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que...
M. DEMERS: Le gouvernement n'en donne pas plus ordinairement que le
client en demande.
M. GIROUX: On avait demandé pas mal plus que ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il est prévu que l'an prochain
ces $20 millions seront diminués à $10 millions ou seront
éliminés complètement? Est-ce que cela fait partie de
l'échéancier?
M. GIROUX: Nous n'avons aucune objection.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que c'est prévu dans votre
planification?
M. GIROUX: Non, ce n'est pas prévu. Pour planifier
là-dessus, il faudrait qu'on connaisse la présentation de la loi
qui va imposer ces $20 millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vis-à-vis des marchés financiers,
dans l'opinion de l'Hydro-Québec, est-ce que ça améliore
la présentation de vos états financiers? Est-ce que ça
vous rend beaucoup plus à l'aise pour aller sur les marchés
financiers, la façon dont ce sera présenté, l'abolition
des $30 millions de droits et l'addition d'une taxe de $20 millions, d'un
prélèvement de $20 millions sur les revenus?
M. GIROUX: Tout dépend de la façon dont la loi sera faite.
Si c'est un maximum de $20 millions ou si c'est une loi qui dit que c'est $20
millions, il n'y a pas d'erreur que cela nous aide, parce que c'est une chose
fixe qui ne peut être changée que par une autre loi. Je ne connais
pas la loi qui sera proposée; nous savons, d'après ce que nous
avons lu dans le discours du budget, que nous avons une diminution.
Naturellement, la demande d'augmentation a été moindre parce
qu'on s'attendait à cette diminution.
Tantôt, il y a une question à laquelle on n'a pas
répondu je ne sais pas si c'est à l'un ou l'autre
qui est assez claire dans les statistiques qui sont publiées en Ontario
pour l'année 71. L'Hydro-Québec a un total de $73 millions de
taxes et l'Ontario Hydro et les municipalités, $21,360,000 au total.
M. MASSE (Arthabaska): Si on prend aussi l'autre filiale qui s'occupe de
la distribution, il y a trois structures en Ontario.
M. GIROUX: C'est le total des taxes.
M. MASSE (Arthabaska): Pour l'ensemble?
M. GIROUX: Pour l'ensemble.
M. MASSE (Arthabaska): Municipalités, Hydro-Ontario...
M. GIROUX: Ce sont les statistiques que nous avons pu extraire.
M. TETRAULT: Quelle différence y a-t-il entre 1'Hydro-Ontario et
ce gouvernement?
M. GIROUX: Pardon?
M. TETRAULT: L'administration de l'Hydro-Ontario et l'administration
gouvernementale, la différence entre $73 millions et $21 millions?
M. GIROUX: Je ne comprends pas, voulez-vous répéter votre
question?
M. TETRAULT: En Ontario, il y a $21 millions de taxes...
M. GIROUX: Oui.
M. TETRAULT: ...au Québec, vous en avez $73 millions. Est-ce que
c'est par rapport à l'administration de l'Hydro-Québec
comparativement à l'Hydro-Ontario ou comparativement au
gouvernement?
M. GIROUX: Savez-vous, je n'ai jamais pensé à
émettre une opinion là-dessus. Je dirais que c'est dû
à la bonne administration de l'HydroQuébec, vu que vous m'ouvrez
la porte, mais il y a peut-être des objections à cela.
M. JORON: Avant d'aborder le sujet que je me proposais d'aborder,
j'avais une dernière question à poser à cet égard:
C'est $73 millions au total en 1972?
M. GIROUX: C'est $73,511,000.
M. JORON: Qu'est-ce que c'était l'année
précédente? Est-ce que vous l'avez devant vous?
M. GIROUX: Non, je ne l'ai pas devant moi. On pourra répondre
à cela cet après-midi. M. Lemieux, voulez-vous en prendre
note?
M.LEMIEUX: Remarquez que, des $73 millions, il y a $25 millions qui sont
perçus directement par la province des abonnés sur leur compte
d'électricité. Cela ne passe pas par les livres de
l'Hydro-Québec.
M. JORON : Alors, cela devient $48 millions.
M. LEMIEUX: Ce sont $48 millions versés par l'Hydro
-Québec.
M. JORON: Dans un sens, considérant que PHydro-Québec est
une entreprise qui appartient entièrement à l'Etat du
Québec, quand on joint à la fois les revenus nets de
PHydro-Québec aux impôts que PHydro-Québec rapporte
à la province, il faudrait peut-être avoir une nouvelle notion du
profit net que ça rapporte globalement.
Je ne sais pas s'il faut y ajouter les impôts, c'est un peu
délicat.
La question que je voulais poser concerne les emprunts. Il s'est
produit, d'après le bilan qui a été déposé
en 1972, des changements substantiels par rapport à ce qui se faisait
dans le passé. En effet, si on revoit les chiffres des années
précédentes, soit en 1971, 1970 et 1969, en reculant au moins
pour ces trois années, on s'aperçoit que PHydro empruntait plus
de 60 p.c. sur le marché américain pendant ces trois exercices.
Or, tout d'un coup, en 1972, un changement substantiel apparaît: le
pourcentage des emprunts de PHydro-Québec effectués sur le
marché américain, de plus de 60 p.c. qu'il était dans les
années passées, tombe en bas de 30 p.c. tout d'un coup. Il y a
$225 millions, selon le rapport financier, qui ont été
empruntés au Canada, $100 millions aux Etats-Unis, $52 millions sur les
marchés européens.
Des $225 millions, d'ailleurs, apparemment 70 p.c. ou à peu
près ont été achetés par la Caisse de
dépôt. C'est donc dire que, dans un sens, l'Hydro-Québec
fait appel beaucoup plus qu'autrefois au marché interne de capitaux,
même on pourrait dire pratiquement, parce que la Caisse de
dépôt est également un organisme public, à un
marché captif jusqu'à un certain point, mais là n'est pas
le sens de ma question. Je voulais vous demander ceci: Comment se fait-il que,
cette année, il y a eu ce revirement, qu'on a délaissé
jusqu'à un certain point le marché américain et qu'on a
effectué beaucoup plus d'emprunts sur le marché canadien?
Est-ce que c'est, par exemple j'émets une
hypothèse à la suite des demandes maintes fois
répétées du ministre fédéral des Finances,
M. Turner, qui a demandé aux gouvernements provinciaux et aux agences
des gouvernements provinciaux d'emprunter le moins possible sur les
marchés étrangers de façon à ne pas accentuer la
poussée vers la hausse du dollar canadien? A maintes reprises, le
ministre Turner a demandé de restreindre les emprunts sur les
marchés étrangers. Est-ce pour se plier à cette directive
que l'Hydro-Québec, soit de son propre chef ou soit sous le conseil du
ministre des Finances du Québec, a décidé d'emprunter
cette année moins au Etats-Unis que dans le passé?
M. GIROUX: Voici, je pense bien que ça peut répondre dans
l'ensemble à la question. Il y a deux facteurs principaux. Quand on
emprunte moins aux Etats-Unis, c'est parce qu'on peut l'obtenir au Canada
à des taux qui sont raisonnables. Cela, c'est un facteur. On prend
toujours en considération l'effet de nos emprunts sur le marché
américain sur le dollar canadien.
Nous n'avons jamais eu à subir de directives qui étaient
embêtantes de la part de la Banque du Canada ou du gouvernement
fédéral. Peut-être que les ministres des Finances en ont
eu; ils ont peut-être eu la gentillesse de ne pas nous les transmettre,
mais enfin.
M. JORON: Ils ne vous en ont pas transmis.
M. GIROUX: Ils n'ont pas transmis de directives, mais il faut penser que
nos marchés, avec des efforts, se sont aussi élargis. Nous
empruntons en Allemagne, sur un marché qui fait concurrence au dollar
américain. Cela dépend beaucoup des taux, mais le principe
même de PHydro-Québec, c'est que, si nous pouvions emprunter la
totalité au Canada, nous le ferions. On va à l'étranger
quand les conditions de marché ne sont pas favorables ou quand la
différence de taux d'intérêt nous y oblige.
M. JORON: Quand on voit que plus des deux tiers de ce qui a
été emprunté sur le marché canadien ont
été empruntés par la Caisse de dépôt, est-ce
qu'on peut véritablement conclure de ça que le marché
canadien en gros était exceptionnellement réceptif en 1972? C'est
quand même une proportion assez étonnante.
M. GIROUX: En 1972, le marché canadien était plus
réceptif, oui.
M. JORON: Mais si on enlève la proportion...
M. GIROUX: La Caisse de dépôt naturellement, achète
toujours aux conditions actuelles du marché. La Caisse de
dépôt ne fait pas de faveur à PHydro-Québec. On doit
rencontrer la concurrence des marchés. Alors, naturellement, on peut en
déduire que le marché avait cette indication de taux qui
était telle qu'on n'avait pas besoin d'aller aux Etats-Unis.
Si la Caisse de dépôt avait exigé, par exemple, du
fait qu'on ne pouvait pas emprunter au Canada, un quart de prime ou une
demi-prime qui aurait été parfaitement justifiée au point
de vue du marché on serait retourné aux Etats-Unis.
M. JORON: A cet égard, dans le passé on était
habitué à un taux d'intérêt inférieur, sur
les emprunts effectués aux Etats-Unis, à celui du Canada; il y
avait un écart d'à peu près 1 p.c, une moyenne, si vous
voulez, les années passées. Si cet écart subsiste
toujours, le fait d'avoir emprunté moins aux Etats-Unis a
pénalisé les états financiers de l'Hydro-Québec. Ce
que je voudrais vous demander c'est ceci: De ce qui a été
emprunté au cours de l'exercice 1972, les $225 millions sur le
marché canadien, les $100 millions sur le marché américain
et les $52 millions sur le marché européen, quel était le
taux moyen de chacun des trois groupes?
M. GIROUX: On peut vous les donner en détail.
M. JORON : Est-ce qu'il y avait un écart? A première vue
ou de mémoire, est-ce que les emprunts effectués sur le
marché canadien ont été plus onéreux que ceux
effectués sur les marchés hors du Canada?
M. GIROUX: C'est difficile de dire plus onéreux parce que vous
devez prendre en considération beaucoup de choses dans
l'établissement d'un taux. Vous devez penser que, quand on rembourse en
fonds canadiens, il n'y a pas de risque au point de vue du change. Au point de
vue de l'Hydro-Québec, si nous pouvons emprunter au Canada à un
taux raisonnable, nous allons le faire.
Du côté américain, c'est un peu la même chose.
Si nous augmentons cette charge et cette proportion, notre crédit peut
en souffrir aussi.
M. JORON: Je comprends. Tiens, je viens de le retrouver. Je vois que
dans les emprunts effectués en 1972 sur le marché canadien, ceux
qui ont une échéance comparable, il y a des
échéances de 1993, 1996, 1997 et encore une fois 1997. Les taux
sont de 8 1/4 p.c, 8 1/4 p.c, 8 3/8 p.c, 8 1/4 p.c. Mais les $100 millions
empruntés sur le marché américain ont une
échéance plus longue, soit2002, ce qui peut comporter un taux
plus élevé. Cela dépend évidemment de la situation
du marché sur le court et le long terme, au taux de 7 7/8 p.c. Il y a
quand même, pour des échéances à peu près
comparables, un avantage.
M. GIROUX: II y a un avantage très marqué, il n'y a pas
d'erreur. Mais jusqu'à quel montant peut-on annuellement toujours
s'adresser au marché américain sans s'adresser au marché
canadien?
M. JORON: A cet égard, en chiffre total, en 1972 on a
emprunté $100 millions aux Etats-Unis; en 1971, c'était $194
millions; l'année précédente, $148 millions et en 1969,
$120 millions. Là, on arrive au montant d'emprunt le plus bas sur le
marché américain depuis bien des années, en fait.
M. GIROUX : II faut peut-être calculer une chose aussi, il y a
souvent des emprunts qui chevauchent une année.
M. JORON: Qu'est-ce que vous voulez dire?
M. GIROUX: Les emprunts qui sont négociés en
décembre, ils viennent en janvier. Je demanderais à M. Lemieux,
ce peut être un point. Est-ce qu'il y en a eu cette année?
M. LEMIEUX: Non, pas pour l'année 1972. La raison pour laquelle
nous n'avons pas emprunté plus aux Etats-Unis c'était que nous
n'en avions pas besoin. Nous avons pu effectuer nos emprunts au début de
l'année en commençant avec un emprunt de $100 millions à
New York. Les autres émissions que nous avons pu faire au Canada, sans
risque de change comme l'emprunt à New York et aussi une émission
en Allemagne et une autre en Suisse, le total de ces émissions a produit
la somme nécessaire pour les emprunts de l'année.
En d'autres mots, on aurait pu facilement emprunter $100 millions
à New York au mois de septembre mais on en n'avait pas besoin.
M. JORON: Quel pouvait être le taux, est-ce que vous vous en
rappelez, sur le marché américain à cette
époque?
M. LEMIEUX : Au mois de septembre? M. JORON: Oui
M. LEMIEUX: Je ne sais pas. Vous avez parlé d'un écart de
1 p.c, c'est historiquement.
M. JORON: Oui, c'est ce que je voulais dire. M. LEMIEUX: C'est dans le
passé.
M. JORON: Cette année, on a 0.5 p.c. d'écart à peu
près.
M. LEMIEUX: Oui, même 3/8. Cependant, c'est la
disponibilité de fonds aux Etats-Unis qui encourage l'emprunt
plutôt que le taux. Il y a des provinces qui ont fait des emprunts au
Canada à des taux plus bas qu'elles n'en ont fait à New York,
pratiquement le lendemain. Mais elles ne pouvaient pas les obtenir au Canada.
L'an dernier, l'Hydro-Québec a pu obtenir des fonds nécessaires
au Canada. Ce n'était pas nécessaire d'effectuer un emprunt
additionnel au mois de septembre. Par contre, quand on parle des années,
au mois de décembre, on a négocié un emprunt avec
livraison au mois de janvier, mais ceci devient un emprunt de 1973.
M. JORON: D'autre part, tout à l'heure, M. Giroux évoquait
qu'il y avait un danger à trop utiliser le marché de New York.
Evidemment, je sais que vous essayez de vous garder des réserves parce
que veut ou ne veut pas, vous allez être obligés d'y aller dans
les années 1976, 1977, 1978, au moment où la baie James va
commencer à coûter extrêmement cher d'investissements.
M. GIROUX: Exactement.
M. JORON: On ne sait pas, non plus, quel sera l'état du
marché américain dans ces années. Il subsistera toujours
ce que vous avez évoqué, le risque inhérent à la
possibilité de variation dans le taux de change entre les deux monnaies,
mais on peut formuler le même argument aussi à l'égard de
la Caisse de dépôt. Si c'est tout de suite que vous utilisez la
Caisse de dépôt, peut-être sera-t-elle saturée au
moment où vous allez avoir des besoins doubles et triples.
M. GIROUX: Je ne le crois pas, M. Joron, parce que la Caisse de
dépôt doit investir au jour le jour: elle ne peut pas laisser ses
fonds dormir.
M. JORON: Non, mais elle sera saturée dans le sens qu'elle va
être tellement remplie de titres de l'Hydro-Québec et
d'échéances à peu près semblables qu'à un
moment donné, ne serait-ce que pour une ventilation adéquate de
son portefeuille, elle devra s'abstenir d'en acheter.
M. GIROUX: C'est un point de vue, mais il faut penser que vous avez le
même système avec la caisse fédérale envers les
provinces. Elle prête aux provinces les fonds qui sont versés sur
le fonds de pension le total de ce qui est perçu dans la province
tandis que, dans notre système, la Caisse de dépôt
est libre. Elle peut acheter du municipal. Elle peut aider dans d'autres
domaines. Dans les autres cas qui sont beaucoup plus gros que le nôtre,
ils ont un taux de faveur. Parce que la caisse fédérale
reprête aux provinces ou à ses organismes à 1/8 de plus que
le taux moyen de ses prêts à long terme.
M. JORON: Les prêts à long terme du gouvernement du
Canada.
M. GIROUX: Oui, du gouvernement du Canada. La Caisse de
dépôt est un système que j'approuve, remarquez, mais qui
est libre. On doit concurrencer dans le taux. Sur la même base,
voyez-vous, souvent, on dit: On devrait emprunter plus. Il faut faire une
analyse du marché. Il n'y a pas d'erreur que, si nous avions pu
emprunter, comme pour le dernier emprunt qui apparaît au bilan, $300
millions en Suisse, à 6 1/4 p.c, cela aurait été plus
avantageux. Mais si on se sert de cette base, en Suisse, on commence seulement
et on ouvre des nouveaux marchés. C'est pourquoi, vous n'avez pu avoir
que $21 millions.
Dans le partage des emprunts, je crois qu'on doit faire un effort pour
emprunter le maximum au Canada.
M. JORON: A la suite de tous les rajustements dans les valeurs des
monnaies, qui sont survenus depuis quelques mois et qui ont affecté
spécialement les monnaies européennes, est-ce que vous estimez
que ces nouveaux développements vont avoir tendance à ouvrir
davantage les marchés aux emprunteurs québécois ou
canadiens dont l'Hydro-Québec ou bien les restreindre davantage? Quel
est le potentiel que vous estimez dans ces marchés dans les
années à venir et spécialement dans les années
où la baie James va nécessiter des emprunts
considérables?
M. GIROUX: Vous demandez mes opinions et mes espérances. Mes
espérances, c'est que cela grossisse. L'opinion, c'est le danger que ces
gouvernements, à un moment donné, nous limitent à des
montants, selon des échanges commerciaux et des contrôles. Mais,
logiquement, ayant des surplus énormes actuellement, ces pays devraient
être plus ouverts pour prêter.
M. JORON: Oui, mais, d'autre part, leur surplus risquant de baisser
parce que leur position concurrentielle a diminué par suite de la
réévaluation de leur monnaie. Cela n'est pas sûr.
M. GIROUX: Ce n'est pas tellement sûr. Alors, la contrepartie se
fera ressentir. Les Etats-Unis seront beaucoup plus ouverts. C'est une
hypothèse qui n'est peut-être pas pensable. Mais supposons que les
surplus en euro-dollars entrent aux Etats-Unis demain matin...
M. JORON: Qu'elle vienne des surplus américains, c'est ça.
Le marché se déplace tout simplement.
M. GIROUX: Je me demande même si le dollar canadien va flotter
encore.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. Giroux, le discours du budget nous annonçait que
l'Hydro-Québec avait l'intention d'emprunter $500 millions pour
l'année qui vient. Est-ce que nous pourrions avoir une projection de vos
emprunts à venir, disons pour les cinq prochaines années, afin
que nous sachions ce qui va rester à la province comme capacité
d'emprunt pour les choses de la province?
M. GIROUX: C'est là votre propre déduction sur ce qui
restera à la province. Mais actuellement, je ne veux pas...
M. DEMERS: II reste, M. Giroux, cette année, à moins que
je ne me trompe, une capacité d'emprunt de $400 millions à la
province: $500 millions pour 1'Hydro-Québec, $450 millions...
M. GIROUX: Actuellement, si vous voulez prendre la question de
marché, je dois contester votre déclaration en disant que c'est
vous qui assurez qu'il reste $400 millions à la province. Si, moi,
j'étais chargé d'emprunter pour la province, je pourrais aller en
chercher $800 millions, à part de ce qu'il y a.
M. DEMERS: Comme cela, on va changer de ministre des Finances. Il nous a
dit qu'il était rendu à sa capacité d'emprunt.
M. GIROUX: Vous me dites qu'il est rendu à sa capacité
d'emprunt...
M. DEMERS: Cela l'a gêné d'aller au-delà d'un
milliard de dollars.
M. GIROUX: II peut y avoir des restrictions. Vous parlez de
marché. Moi, ce sont les restrictions de marché. Je ne connais
pas les finances de la province. Mais je parle au point de vue de
marché...
M. DEMERS: On peut emprunter quand on veut.
M. GIROUX: ... d'emprunts.
M. DEMERS: Le principe, ah oui! je comprends.
M. GIROUX: Maintenant, on ne croit pas avoir de difficulté
à emprunter. Maintenant, M. Lemieux, voulez-vous donner la liste et
les...
M. DEMERS: J'ai demandé...
M. GIROUX: ... d'emprunt. Naturellement, ce que l'on ne peut pas vous
donner, c'est le taux.
M. JORON: M. le Président, avant que M. Lemieux réponde,
dans le discours du budget auquel faisait allusion le député de
Saint-Maurice, est-ce que c'est dans le cadre de l'exercice financier du
gouvernement? Dans le budget, on lit $500 millions pour l'exercice financier
à venir, alors que l'exercice financier de l'Hydro-Québec est
celui du calendrier.
M. GIROUX: Du calendrier.
M. JORON: Dans l'année du calendrier 1973.
M. GIROUX: De 1973.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les chiffres que vous allez donner, c'est dans
votre année de calendrier. Mais ce sont les chiffres dont le ministre
des Finances se sert, j'imagine, pour son budget. Pour 1973, le ministre des
Finances, dans son budget 73/74, a utilisé le chiffre de $500 millions.
Est-ce que c'est exactement le chiffre que vous aviez demandé pour
l'année 1973?
Est-ce que vous aviez demandé plus que cela et qu'on vous a
coupé?
M. GIROUX: Non, c'est le chiffre que nous avions demandé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cinq cent millions de dollars.
M. GIROUX: Avant que M. Lemieux réponde, c'est toujours
approximatif, ces chiffres là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, d'accord. M. Lemieux.
M. LEMIEUX: D'ailleurs, le montant qu'on ira chercher sur le
marché va dépendre des augmentations de tarifs de 1973, 1974,
1975, 1976, 1977.
M. JORON: Je n'entrerai pas dans le sujet tout de suite.
M. LEMIEUX: Cependant, les emprunts de $500 millions, pour
l'année 1973, ce même chiffre demeure valable pour chacune des
quatre années à venir, c'est-à-dire 1973, 1974, 1975 et
1976. Il y aura des années un peu en haut et d'autres années un
peu en bas. Ici, nous parlons d'emprunts à long terme. Ayant atteint ce
plateau de niveau d'emprunts, on peut facilement rester là à
moins d'être freiné sur le marché américain.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous prévoyez...
M. LEMIEUX: Pardon?
M. JORON: C'est dans l'année de calendrier 1973,ce dont vous avez
parlé.
M. LEMIEUX: Alors, c'est le même montant.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est $500 millions pour quatre ans, y compris
1973, 1974, 1975 et 1976. Mais dans vos projections, comme le
député de Gouin vient de dire, on n'entre pas dans le
débat des hausses de tarifs.
M. LEMIEUX: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vos demandes d'investissements
tiennent compte des hausses de tarifs, sans en faire un débat
sérieux? C'est parce que vous en financez une partie. J'ai fait des
calculs pour l'année 1972. Vous avez financé 80 p.c. de vos
investissements avec des emprunts. Donc, vous en avez
financé 20 p.c., c'est-à-dire les chiffres qu'on nous a
donnés, $375 millions d'empruntés sur des investissements de $425
millions.
J'ai fait un calcul. Sauf erreur, c'est 80 p.c. qui sont financés
avec des emprunts.
M. LEMIEUX: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'imagine que l'an prochain...
M. JORON: II y a des remboursements de dettes là-dedans, non? Y
avait-il des remboursements?
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, je parle juste des investissements. En
1972, il y avait $425 millions d'investissements, d'après le texte de M.
Giroux, à la page 6. Ce sont $423,600,000 dont $374,809,000 ont
été empruntés. Cela veut donc dire que 80 p.c. des
investissements, des immobilisations qui ont été faites en 1972
ont été empruntés.
M. JORON: Oui, mais c'est que les emprunts peuvent servir aussi non pas
aux investissements de l'année courante, mais à la remise
d'emprunts qui venaient à échéance.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, non! Le texte dit ceci: "Les
investissements de l'année ont totalisé $423,600,000 dont
$374,809,000 ont été empruntés."
M. JORON: D'accord. On en a tenu compte là-dedans.
M. CLOUTIER (Montmagny): On a financé 80 p.c. avec des emprunts.
Les autres 20 p.c. ont été payés avec le budget
d'exploitation de l'année.
M. JORON: D'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans les autres $500 millions, est-ce que c'est
à peu près le même calcul qui a été fait?
Dans les autres emprunts de $500 millions, est-ce que les investissements sont
financés dans une proportion plus considérable par les revenus
d'exploitation des exercices?
M. LEMIEUX: Moins, parce que les revenus seront utilisés d'abord
pour rembourser des échéances de $140 millions en 1973, par
exemple, et d'autres montants un instant plus les fonds
d'amortissement, $142 millions en 1973, $152 millions en 1974, $174 millions en
1975 et $102 millions en 1976. Naturellement, quand les échéances
baissent, en 1976, cela nous laisse plus d'argent provenant de l'exploitation
pour payer les investissements. En 1976, par exemple, les emprunts seront de
l'ordre de 78 p.c. mais, en 1973, les emprunts seraient de l'ordre de 94 p.c.
des investissements totaux de l'année.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je note ce qu'a dit tantôt M. Giroux,
aussi, que les emprunts de l'Hydro-Québec ne compromettent ou ne
gênent pas le pouvoir d'emprunt de la province, parce que
l'Hydro-Québec, cette année, a demandé $500 millions. Le
ministre des Finances comme, je pense bien, peut-être tous les
ministres des Finances, M. Dozois pourra confirmer si c'est exact
commence par établir le total des emprunts de la province. Le ministre
des Finances a donc dit: Cette année, nous empruntons $990 millions.
C'est proche du milliard. Peut-être ne voulait-il pas franchir la
barrière mais, en tout cas, c'est $990 millions. L'Hydro-Québec
en demande $500 millions. Il en reste donc, pour la province, la
différence, soit $490 millions. La province va financer ses
investissements, cette année, avec des emprunts, dans la proportion des
deux tiers tandis que l'Hydro-Québec finance ses investissements, en
1972, dans la proportion de 80 p.c.
Je retiens donc l'affirmation du président de
l'Hydro-Québec, M. Giroux, qui dit que le pouvoir d'emprunt
dépasse facilement $1 milliard pour la province. Vous avez dit
tantôt vous pourriez emprunter $800 millions pour l'Hydro-Québec
et la province, $800 millions, qu'il n'y a pas de différence. Cela veut
donc dire qu'en 1973 les emprunts de l'Hydro-Québec ne gênent pas
le pouvoir d'emprunt de la province de Québec qui pourrait aller bien
au-delà des $990 millions que le ministre des Finances a établis
cette année?
M. GIROUX: Je ne voudrais que vous ayez l'impression que je veux
m'ingérer dans les finances de la province de Québec. Vous me
parlez de capacité de marché.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. GIROUX: Je vous dis que le marché est là et que le
crédit de la province de Québec est excellent et celui de
l'Hydro-Québec aussi. Maintenant, que le ministre des Finances
décide de prendre des positions... Moins on emprunte, plus on assainit
le marché.
M. DEMERS: Moins on doit... M. GIROUX: Moins "on quoi"? M. DEMERS: Moins
on doit.
M. GIROUX: Moins on doit, c'est normal, le crédit est meilleur.
Je ne crois pas qu'on puisse dire que c'est dû aux expansions de
l'Hydro-Québec...
M. DEMERS: Non.
M. GIROUX: ...si la province... Je crois que ce n'est pas juste de dire
ça au point de vue du marché. Si, en vue d'une administration
saine,
le ministre des Finances décide de réduire les emprunts,
je crois qu'il fait très bien.
M. CLOUTIER (Montmagny): En 1973, disons qu'il n'y a pas de
problème. Supposons qu'on arrive en 1975, 1976, l'Hydro-Québec
dit: Notre programme d'emprunt n'est pas de $500 millions, mais il est de $800
ou $900 millions ou de $1 milliard. Supposons que le ministre des Finances
garde le même raisonnement. Son pouvoir d'emprunt à lui, le
ministre des Finances de la province, selon les marchés, est de $1,300
millions. L'Hydro-Québec dit: Moi, j'ai besoin de $1 milliard. Il reste
au ministre des Finances de la province de Québec $300 millions pour
jouer. Est-ce que vous avez l'impression que cela peut s'avérer juste,
ce raisonnement?
M. GIROUX: Je ne le crois pas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous pouvez tasser la province,
à un moment donné, inconsciemment, sans qu'elle
résiste?
M. DEMERS: Sans qu'elle résiste? M. CLOUTIER (Montmagny):
Non?
M. GIROUX: Pour la résistance, non, parce qu'il faut prendre
l'analyse du passé. Il faut prendre en considération un tas de
facteurs, comme les systèmes d'expansion monétaire un peu partout
et les systèmes d'inflation. Mais prenez ce que l'Hydro-Québec et
la province empruntaient en 1960. Si on avait parlé, à ce moment,
d'emprunter $1 milliard, tout le monde aurait dit: Cela n'a pas de bon sens,
cela ne se tient pas. Cela s'est fait graduellement et cela va continuer
à se faire dans les mêmes proportions.
Remarquez bien, ce n'est pas moi, parce qu'on a des
responsabilités dans le marché, qui va aller dire à la
province: n'empruntez plus. Moins la province emprunte, plus notre
crédit est sain. Maintenant, c'est au point de vue du marché que
je vous réponds; je ne vous réponds pas au point de vue de
l'administration de la province.
M. DEMERS: Non.
M. GIROUX: Moi, si le ministre des Finances...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est dans ce sens que je voulais parler.
M. GIROUX: ...décide de ne pas emprunter du tout et qu'il revire
ça en taxes, comme citoyen, je vais commencer à lui poser des
questions, mais, avant ça, je n'en pose pas.
M. JORON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Oui, le député de Gouin.
M. JORON: ...il y a une autre question que je voulais poser à M.
Giroux. Pour l'année 1972, on a parlé longuement des emprunts.
Cela a été une année exceptionnelle en regard des
emprunts, parce qu'on a changé de marché jusqu'à un
certain point par rapport aux années précédentes. Est-ce
que vous estimez que l'année 1972 a été exceptionnelle
aussi à d'autres égards, ceci ayant pu affecter les revenus de
l'Hydro-Québec en 1972?
A combien peut-on estimer, par exemple, la perte de revenus ou le manque
à gagner à cause de la grève ou de la tempête du 22
mars ou du fait que la consommation totale, cette année, a
augmenté de 5.8 p.c. en opposition à 7.2 p.c, qui était la
moyenne des années 1965 à 1970? Est-ce que ce ne sont pas des
événements exceptionnels dont on doit tenir compte?
M. GIROUX: Non, ce n'est pas exceptionnel. Dans la moyenne de vie de
l'Hydro-Québec, quant à nos estimations budgétaires, des
problèmes comme les tempêtes celle-là a
été plus grosse que les autres, peut-être ne
représentent pas des montants astronomiques au point de vue du budget.
La grève de l'Hydro-Québec n'a pas affecté les revenus. Et
ici je voudrais dire qu'on mentionne souvent la grève de
l'Hydro-Québec, mais c'est le seul organisme où les
employés ont respecté la loi. Je ne crois pas qu'on devrait
invoquer la grève de l'Hydro-Québec..
M. JORON: Non, non!
M. GIROUX: ... sous aucune considération parce que, au contraire,
ils méritent des félicitations.
M. JORON: Le compteur continue de tourner aussi.
M. GIROUX: Le compteur continue de tourner; mais il y a peut-être
quelques compteurs qui ont été lus en retard.
M. JORON: D'accord. Mais le point capital, évidemment, qui a un
effet sur les revenus de l'Hydro-Québec, c'est la hausse de la
consommation, le taux de croissance de la consommation.
M. GIROUX: Le taux de croissance et...
M. JORON : D a été anormalement bas cette année
à 5.8 p.c.
M. GIROUX: Exactement, j'espère qu'il sera mieux mais c'est pris
en considération dans nos estimations.
M. JORON: Quand on fait des estimations
ou des projections, on doit prendre un taux moyen et à ce
moment-là...
M. GIROUX: On prend ordinairement toujours la même courbe. Ces
courbes ne sont pas établies sur une année, c'est établi
sur des périodes de 30 ans, qu'on pourra vous donner. Je crois que les
courbes dont l'Hydro-Québec se sert pour l'estimation de la consommation
sont justes.
M. JORON: A cet égard, en 1972, on est tombé en bas de
cette courbe.
M. GIROUX: On est tombé, on espère refaire une moyenne en
1973.
M. JORON: C'est ce qui pourrait expliquer, peut-être, que la
hausse des revenus globaux de l'Hydro-Québec a été
insuffisante cette année à cet égard. Mais c'est quelque
chose qui devrait se corriger, qui sera compensé dans le temps, parce
qu'on doit...
M. GIROUX: Cela devrait se corriger pour une partie seulement parce que
vous avez aussi l'augmentation des dépenses qui contrebalance. Disons
que le développement économique n'a peut-être pas
été sensationnel; il a débuté en 1972, on
espère qu'il va se continuer en 1973. Ce n'est pas en notre pouvoir.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de L'Assomption.
M. PERREAULT: Je note dans votre communiqué: Les ventes aux
abonnés domestiques ont augmenté en volume et moins en revenus
que les ventes aux industries manufacturières. Les ventes aux
abonnés domestiques ont augmenté de 9.9 p.c. et les revenus de
7.5 p.c. seulement, cependant que celles aux industries manufacturières
ont augmenté de $22.5 millions ou 20.6 p.c. en revenus. Vous avez une
augmentation des ventes aux abonnés domestiques qui est moindre en
argent. La proportion n'est pas la même dans l'industrie
manufacturière, où vous avez beaucoup plus d'augmentation de
revenus. Quelle est la différence?
M. GIROUX: M. Saint-Jacques.
M. SAINT-JACQUES: Tout ce que l'on peut dire au sujet des ventes
domestiques, c'est qu'évidemment, avec le type de tarif que nous avons
présentement, si la consommation heure-abonné augmente, le prix
unitaire diminue. C'est la raison pour laquelle d'année en année,
lorsqu'il n'y a pas de changement dans nos tarifs, le prix unitaire du kWh
vendu au secteur domestique diminue légèrement.
En ce qui concerne les ventes au secteur industriel, dans le rapport du
président, on a indiqué certains secteurs qui ont augmenté
en flèche; le fer, l'acier, le pétrole, le ciment, le textile ont
augmenté de 17 p.c. Le reste de la consommation n'a peut-être pas
augmenté au même rythme. Maintenant, plus loin on dit que les
ventes totales en 1971 ont été de 3.7 p.c, ce qui est
évidemment dû à la récession économique. En
1972, on voit un redressement considérable à 15 p.c. qui est
l'effet, d'abord, de la reprise économique et, ensuite, de ventes
à l'exportation considérables à ces périodes.
M. PERREAULT: Quelle est la moyenne de consommation domestique sur votre
réseau, normalement, en kilowatts-heures?
M. SAINT-JACQUES: Dans les 7,000 ou 8,000 kWh par année. Je peux
vous donner les chiffres précis, un moment, s'il vous plaît.
Je vous donnerai ça tantôt si vous voulez.
M. PERREAULT: II y a une autre question que je voudrais poser ici. Dans
les investissements, je voudrais corriger un peu le député de
Montmagny, qui a dit que les 80 p.c. étaient faibles. C'est qu'à
même les revenus on a financé seulement 11.6 p.c. des
investissements, $48 millions jusqu'à $123 millions, ce qui fait donc
plus de 80 p.c. d'emprunt, soit 88.5 p.c.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, j'ai pris juste le total.
M. PERREAULT: Oui, $424 millions d'investissements et $48 mfllions
à même les revenus.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, mais le président de
l'Hydro-Québec disait tantôt, dans son texte, qu'il a
emprunté $375 millions sur $425 millions.
M. PERREAULT: C'est 88 p.c, ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne le sais pas, je l'ai dit sous toute
réserve, j'ai fait le calcul...
M. PERREAULT: Donc, les investissements à même les revenus
représentent, en 1972, seulement 11.6 p.c. Quelle était cette
proportion en 1971 et en 1970 respectivement?
M. LEMIEUX: Vous demandez le taux d'auto-financement?
M. PERREAULT: Oui, à même les revenus.
M. LEMIEUX: En 1972, 20.4 p.c, en 1971, 25.7 p.c. puis, en 1970, 20.4
p.c.
M. PERREAULT: Vous cherchez à maintenir, pour la santé
financière de l'Hydro-Québec, à peu près 20
p.c?
M. LEMIEUX: Oui, c'est souhaitable.
M. SAINT-JACQUES: Je pourrais répondre à la question du
député de l'Assomption qui demandait la consommation moyenne par
abonné domestique au Québec. Elle était, en 1972, de
7,983, presque 8,000 kilowatts-heures. L'année précédente,
elle était de 7,489; il y a donc un accroissement continuel dans la
consommation unitaire par logement.
M. PERREAULT: Merci.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Le député de
Gouin.
M. JORON: Je voulais vous demander, avant la suspension, s'il
était possible à M. Giroux de produire le bilan de la
Société d'énergie de la baie James et voici pourquoi. Je
sais que le bilan de la Société d'énergie est
consolidé dans celui de l'Hydro-Québec. Evidemment, dans une
consolidation on ne peut pas isoler certains facteurs. C'est bien entendu que
si on consolide le bilan d'une filiale qui fonctionne très bien dans une
entreprise qui va moins bien, cela le dilue complètement. Dans le
résultat consolidé, on ne peut pas mettre le doigt sur un certain
nombre de points. Est-ce que vous avez le bilan?
M. GIROUX: Vous parlez d'une filiale qui va moins bien, c'est une
hypothèse.
M. JORON: Ou l'inverse. C'est une hypothèse, tout à fait.
Ce peut être l'inverse, en fait. Cela ne permet pas d'isoler... Est-ce
que vous avez le bilan propre et les états financiers de la
Société d'énergie de la baie James pour l'exercice 1972?
Etes-vous en mesure de le déposer?
M. GIROUX: Je vais m'informer, je ne sais pas si je les ai ici. Si on en
a, on peut les déposer.
M. JORON: Est-ce qu'il serait possible de nous les remettre?
M. GIROUX: Ce n'est peut-être pas sous forme de rapport.
M. JORON: Cela n'a pas besoin d'être dans un beau cahier; est-ce
que vous l'avez en copies suffisantes pour les membres de la commission?
M. GIROUX: Je vais demander au président de la
Société d'énergie de répondre à cette
question. Je ne sais pas où en est le stade d'impression des bilans.
M. JORON: D'accord, merci.
M. BOYD: Etant donné que la Société
d'énergie est une filiale qui fonctionne bien et à la suite de
votre question, j'ai demandé qu'on fasse des copies. On l'aura en
même temps que les autres documents, cet après-midi.
M. JORON: Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de l'Assomption.
M. PERREAULT: Dans vos investissements, en 1972, vous avez pour $424
millions; il y avait $107 millions pour la baie James, la Société
d'énergie. En 1973, vos prévisions sont de $674 millions dont
$190 millions pour la baie James. C'est une augmentation assez forte au point
de vue de l'investissement alors que la baie James n'augmente que de $83
millions. D'où provient la grande différence entre les
investissements de l'an prochain alors que la baie James augmente seulement de
$83 millions? On augmente quasiment de $250 millions l'investissement?
M. GIROUX: Vous avez tout le programme de l'Hydro-Québec qui
s'exerce là-dessus. Vous avez Manic-3, qui est dans la grosse
année.
M. PERREAULT: En 1972, les investissements ne sont-ils pas, pour
l'Hydro-Québec même, de $316 millions?
M. LEMIEUX: $341 millions.
M. PERREAULT: Ce devrait être $341 millions.
M. LEMIEUX: Ce qui fait une augmentation de $25 millions pour
l'Hydro-Québec.
M. PERREAULT: Alors, $341 millions, plus $190 millions, cela fait $531
millions.
M. LEMIEUX: Oui.
M. PERREAULT: Quelle est l'augmentation, d'ici à 1974, sur les
intérêts accrus?
M. LEMIEUX: La Société d'énergie augmente de $83
millions et l'Hydro-Québec augmente de $25 millions.
M. PERREAULT: Mais cela ne donne pas la différence entre $423
millions et $674 millions.
M. LEMIEUX: Ce n'est pas $674 millions; c'est $530.7 millions, les
investissements totaux pour 1973.
M. JORON: Cela correspond aux échéances en 1973.
M. GIROUX: Oui, mais c'est parce que la question est posée sur
les investissements. Ce n'est pas la même chose.
M. PERREAULT: Oui, sur les investissements.
M. GIROUX: Si vous mettez les échéances là-dedans,
cela change les chiffres.
M. JORON: Je pense que le député de L'Assomption fait
référence au tableau qu'on voit en page 10 des états
financiers.
M. PERREAULT: C'est ça, oui.
M. JORON: Ce sont échéances et investissements. Vous avez
combiné les deux. Vous ne parliez pas seulement des investissements et
c'est pour ça qu'il y a une différence.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, la commission suspend ses travaux
jusqu'à quatre heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
Reprise de la séance à 16 h 5
Note de l'éditeur
Des difficultés techniques nous empêchent de reproduire in
extenso les premières interventions du président, M. Giasson, de
M. Cloutier, député de Montmagny et de M. Giroux,
président de l'Hydro-Québec. Nous avons pu, cependant,
reconstituer avec eux l'essence de leurs propos.
M. GIASSON (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs! Au moment de
la suspension de la séance, j'ai cru comprendre que les membres de la
commission avaient épuisé les questions relatives aux sujets
autres que celui de la tarification. Dois-je conclure que je pourrais disposer
immédiatement de la motion du député de Gouin, à
savoir que l'étude de la hausse des tarifs soit reportée à
une séance ultérieure?
Dépôt de documents
M. CLOUTIER (Montmagny): Etant donné qu'il a été
question de la remise de documents, je crois qu'il est prématuré
de disposer de la motion immédiatement.
M. GIROUX: Vous avez sans doute dans vos archives la lettre du premier
ministre disant que l'augmentation des tarifs est acceptée par le
Conseil des ministres. Vous pouvez certainement l'obtenir ici au parlement. Je
crois bien que vous pouvez obtenir une copie de la lettre de M. Bourassa. Je ne
sais pas si nous avons ce document.
M. BOURASSA: La lettre disait simplement, autant que je me souvienne,
que la commission parlementaire pouvait faire des modifications. Nous voulons
en proposer pour les Iles-de-la-Madeleine, notamment.
M. GIROUX: Sûrement, il y avait une lettre du premier ministre qui
a accompagné l'arrêté en conseil.
M. JORON: M. le Président, est-ce que je peux demander au
ministre si le mémoire de l'Hydro-Québec demandant la hausse de
tarifs contient les pièces justificatives les plus importantes, les
dossiers sur lesquels cette demande se fonde?
M. MASSE (Arthabaska): Absolument.
M. GIROUX: Je ne sais pas si cela a été distribué,
mais si vous prenez connaissance du mémoire il y a, avec les annexes,
environ 35 ou 40 pages. Vous avez les comparaisons. Nous sommes prêts
à donner toutes les explications sur le mémoire.
M. JORON: Est-ce que je peux demander au ministre, également,
s'il a eu, avant de répondre à cette demande, ou si le cabinet,
avant de répondre à cette demande, a eu d'autres pièces
que j'appelle justificatives? Est-ce qu'il a considéré des
dossiers autres que ce mémoire?
M. MASSE (Arthabaska): L'ensemble des dossiers a été
examiné depuis plusieurs mois avant l'acceptation de cette augmentation.
Ces échanges ont eu lieu entre un groupe interministériel,
formé par le gouvernement, et un groupe de fonctionnaires de
l'Hydro-Québec. C'est à la suite de ces travaux que
l'Hydro-Québec, dans une lettre du président, M. Roland Giroux,
le 19 février dernier, demandait l'augmentation telle que contenue dans
le mémoire.
Je voudrais ajouter également que je dépose la
recommandation du comité du programme "Développement" au ministre
Gilles Massé relativement à la requête pour l'augmentation
de tarifs de l'Hydro-Québec du 6 février 1973.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de l'Assomption.
M. GAUVREAU: M. le Président, en vue de l'étude du
document que nous vous avons distribué, nous avons ici un texte que M.
Bisaillon, directeur de la tarification, pourrait vous lire et qui est un
exposé général des procédés de tarification;
ensuite, il pourrait répondre à toutes les questions voulues.
Est-ce que vous nous permettez de lire ce document?
M. BACON: Si l'on embarque dans le domaine de la tarification tout de
suite... on pourrait aborder d'autres questions avant d'arriver au domaine de
la tarification.
UNE VOIX: On n'a pas pris connaissance des documents, on ne nous les a
pas remis encore.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Vous pouvez peut-être soumettre la
question que vous avez à l'idée. On pourra juger si elle est
débattable immédiatement.
M. BACON: Je n'ai pas d'objection.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Quels sont les thèmes que vous
désirez aborder immédiatement?
M. BACON: J'avais des questions relativement au fonds de retraite, qui
font encore partie des états financiers puisque c'est dans les
états financiers. J'aimerais aborder cette question avant qu'on entre
strictement dans le champ de la tarification. A moins que vous nous disiez
qu'après la discussion sur la tarification vous nous laisserez encore du
temps.
UNE VOIX: II y a autre chose aussi.
M. JORON: Je vous rappelle qu'avant d'entrer dans le sujet de la
tarification comme telle, il faudrait considérer la motion que j'ai
soumise ce matin.
UNE VOIX: On va en disposer.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le parrain de la motion déposée
ce matin demande qu'on dispose de cette motion.
M. JORON: A moins qu'on n'ait pas épuisé le temps
sur...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Etant donné que le débat autour
de la motion a été fait au cours de l'avant-midi, il me resterait
à mettre la motion aux voix.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne pense pas qu'on soit prêt à
étudier tout de suite la motion du député de Gouin, parce
que la motion a trait à la hausse de tarif et on commence à
distribuer des documents importants. Il y en a un qui nous arrive, il a huit
pages. C'est le document que vient de citer le ministre. Il y en a d'autres qui
vont nous arriver tantôt, l'arrêté en conseil, les
règlements, les documents de base à l'appui de la demande de
l'Hydro-Québec. Je pense bien qu'il faudrait se garder au moins quelque
temps pour regarder et étudier ces documents; autrement si on embarque
dans l'étude sans avoir vu les documents, il va y avoir des
répétitions quelque part.
Je pense qu'il serait logique qu'on touche les autres sujets. Le
député de Trois-Rivières a des sujets à traiter, le
député de Saint-Maurice aussi en a et il y en a d'autres qui ont
été énumérés ce matin, dans tous les sujets
qu'on peut étudier, quitte à garder pour plus tard la question de
la hausse de tarifs. C'est une suggestion que je fais.
M. GIROUX: Selon cette hypothèse que vous émettez, on
viderait, comme l'an dernier, les questions qui regardent le bilan et,
après, on reviendrait aux tarifs.
UNE VOIX: C'est cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'ai pas d'objection à cela.
M. TETRAULT: Est-ce qu'on pourrait prendre en considération M. le
Président, à l'article 4, à la suite de la suggestion du
député de Saint-Maurice et de moi-même, la question de la
rivière Jacques-Cartier?
LE PRESIDENT (M. Giasson): La question de la rivière
Jacques-Cartier a fait l'équivalent d'une motion, ce matin. Le
député de Gouin a déposé une motion...
M. TETRAULT: Cela va suivre cela.
LE PRESIDENT (M. Giasson): ...qui mentionnait trois demandes
précises et vous êtes venus avec une quatrième demande qui
touchait la Jacques-Cartier. Cela m'apparaissait comme une motion
débattable.
M. TETRAULT: Qui doit suivre cela. D'accord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Parce que je pense que comme motion il
faudrait d'abord éliminer la motion du député de Gouin,
quitte à revenir à la vôtre et à celle du
député de Saint-Maurice, qui allait exactement dans le sens de la
vôtre.
M. TETRAULT: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si je comprends bien, la commission voudrait
d'abord vider la question se rapportant aux états financiers de
l'Hydro-Québec. Est-ce que, d'un côté ou de l'autre de la
table, il y a des questions qui se réfèrent à cela?
Le député de Trois-Rivières.
Fonds de retraite
M. BACON: M. le Président, à la réunion de la
Commission des richesses naturelles du 9 décembre 1970, j'avais
soulevé les écarts qui existaient dans les fonds de retraite des
employés des compagnies nationalisées versus le fonds de retraite
des employés de l'Hydro-Québec, et cette situation qui existait
en 1963 a eu certains correctifs qui ont été apportés
entre autres, si je me réfère à l'Hydro-Presse de novembre
1971, des correctifs ont été apportés vis-à-vis du
fonds de retraite des employés des compagnies nationalisées
à partir du 1er janvier 1972. Ma première question, M. le
Président, serait celle-ci: A ce 9 décembre 1970, à la
réunion, je révisais il y 'a quelques heures le journal des
Débats de la réunion, on m'avait dit qu'il y avait des
études qui étaient en cours de façon à pouvoir
apporter une modification globale au fonds de pension des employés de
l'Hydro-Québec et des filiales. Est-ce que je pourrais savoir
l'état où se trouvent les études à ce
moment-ci?
M. DOZOIS: M. le Président, je pense que je peux répondre
partiellement à cette question. En effet, à la suite de la
séance de la commission parlementaire du mois de décembre 1970,
nous avons donné suite aux études qui étaient en cours.
Dès le mois de janvier 1972, nous avons accordé à tous les
employés de l'Hydro-Québec, qui avaient été
transférés de filiales à l'Hydro-Québec et qui
avaient un fonds de pension, une pension équivalente à 1.5 p.c.
du salaire multiplié par le nombre des années consacrées,
tant à la filiale qu'à l'Hydro-Québec. Nous avons
également garanti une pension minimale de $1,200, alors que la pension
minimale pour nos employés était de $900. Nous avons
également accordé cette pension minimale à tous les
employés, même ceux qui étaient à leur pension,
avant que le fonds de pension soit intégré en 1966, avant que ces
employés soient intégrés au fonds de pension de
l'Hydro-Québec en 1966.
Les compensations que nous avons données ont augmenté
considérablement la pension des employés qui nous venaient des
filiales je sais qu'il y a eu un cas des retraités et de
ceux qui prenaient leur retraite, après l'adoption de cette mesure. Je
sais qu'un employé, qui avait 37 ou 38 ans de service avec la Shawinigan
et l'Hydro-Québec je ne le nommerai pas, ce n'est pas
nécessaire qui avait un traitement d'environ $9,000, avait droit
en vertu des mesures qui existaient avant cette mesure, à une pension
d'environ $5,500. Sa pension a monté, le supplément a fait
grimper sa pension à $7,500 ou $7,800. Cette personne était
très satisfaite et trouvait que c'était très
généreux de notre part. Je peux vous dire que,
généralement, c'était très bien accueilli. Je peux
également vous dire vous le constatez en lisant le rapport annuel
que l'an dernier, ces améliorations, les déboursés
exigés pour ces suppléments de pension ont
représenté $1.5 million. Ce sont des améliorations que
nous avons apportées, qui s'appliquent à tous ceux qui
travaillaient pour les filiales.
M. BACON: II reste, quand même, malgré cette
amélioration, qu'il existe encore un écart, entre
l'employé de l'Hydro-Québec et une compagnie nationalisée,
comme Shawinigan, par exemple.
M. DOZOIS: D'accord.
M. BACON : J'aimerais savoir quel travail se fait pour essayer d'en
arriver à un nivellement ou à un rapprochement de l'écart
parce qu'on a dit en 1970 que, d'année en année, l'écart
s'élargissait et on est rendu en 1973 et j'imagine qu'il s'est
élargi encore trois fois plus.
M. DOZOIS: Non.
M. BACON: Disons qu'il y a trois ans au moins qu'il s'est
élargi.
M. DOZOIS: Il s'est rétréci considérablement,
honnêtement.
M. BACON: Ma question est surtout pour savoir le travail qui se fait
vis-à-vis du nivellement des fonds de pension des compagnies
nationalisées qui en avaient un. Je sais que, dans le cas, il y a des
filiales qui n'avaient pas de fonds de pension mais c'est surtout ce travail
que j'aimerais savoir. Comment se fait-il, à part l'amélioration?
Je reconnais comme vous que c'est une nette amélioration et je ne
discute pas de cela. Je vous félicite au contraire. Mais ce
sont ceux qui sont dans la boite qui m'inquiètent à
l'heure actuelle.
M. DOZOIS: C'est assez difficile pour moi de vous dire quelles sont les
intentions de la commission. Je sais qu'il y a des études constantes de
nos fonctionnaires.
M. BACON: D y a une chose, on a semblé magnifier la
décennie de l'Hydro-Québec ce matin mais je pense quand
même qu'il y a un problème assez important dans ce domaine. Il
semble y avoir eu d'énormes succès un peu partout sur cette
question de fonds de pension. Si vous avez apporté cette solution, le
1er janvier 1972, c'est parce que je pense que vous êtes très
conscients de l'état du fonds de pension des employés des
compagnies nationalisées, mais j'aimerais savoir plus que j'ai su en
1970 quand on m'a dit qu'on faisait des études. Est-ce que vous
étudiez encore?
M. DOZOIS: On étudie encore, mais je pense qu'il faut
considérer également les obligations que cela peut
représenter pour l'Hydro-Québec. Les améliorations que
nous avons apportées dans le rapport financier, au point de vue de
l'actuariat, représentent une dépense de $30 millions pour
l'Hydro-Québec. Nous avons cette année reçu le rapport
actuariel sur le fonds de retraite de l'Hydro-Québec et nous constatons
que nous avons un déficit actuariel de $39 millions pour la caisse de
retraite de l'Hydro-Québec seulement. Nous avons également des
déficits actuariels pour les autres fonds de pension dont
l'Hydro-Québec a hérités. Par exemple, Northern Quebec
Power, un déficit actuariel de $206,000. Southern Canada Power, un
déficit actuariel de $503,000 et la Compagnie électrique du
Saguenay, $190,000. Il y en a un total de $40,934,000. Ce sont les
déficits actuariels.
Devant le rapport des actuaires, cette année
l'Hydro-Québec a passé une résolution pour verser au fonds
de retraite de l'Hydro-Québec, en sus des 9 p.c. que nous contribuons
sur les salaires, une contribution additionnelle de $2,108,000 par
année, jusqu'en 1990 pour effacer le déficit actuariel du fonds
de pension.
Alors, quand on songe également que nous avons versé en
1972, $1,527,000 comme supplément de pension, on voit tout de suite
qu'en sus des 9 p.c. nous nous sommes engagés à verser $3.5
millions et plus, parce que nous avons le déficit actuariel de
$40,000,000 que nous allons payer et le coût actuariel des
suppléments de pension que nous avons accepté de verser depuis
janvier 1972.
Il faut remarquer également, M. le Président, que notre
fonds de pension est très généreux, et quand on le compare
avec d'autres fonds de pension qui existent pour de grands organismes, du genre
de l'Hydro-Québec, il y a une foule de pensions...
M. BACON: Là n'est pas ma question.
M. DOZOIS: ... qui sont basées sur les 1.5 p.c. par année,
multiplié par le nombre d'années. C'est ce que nous avons
donné à tous les employés, même s'ils n'ont pas
été appelés à verser quoi que se soit pour obtenir
ce supplément. C'est la situation.
Est-ce que mes collègues et la commission, dans son ensemble, en
viendront au cours de l'année 1973 ou 1974 je ne sais pas
à ajouter davantage au supplément de pension? Il faudrait
peut-être que ce soit une décision de la commission, Moi, je ne
peux pas aller plus loin que de vous donner les renseignements que je
possède en ce moment.
M.GIROUX: Je pourrais poser la question différemment. Est-ce que,
dans un cas de déficit annuel, pour compenser les fonds de pension des
compagnies nationalisées qui n'étaient pas versés assez
fortement, il faudrait demander un montant comptant qui peut-être
transporté seulement en augmentation de tarifs? Alors, je crois que dans
l'ensemble de nos questions de budget, nous avons relevé les compagnies
qui ont été nationalisées, qui avaient des fonds de
pension très bas.
L'excuse, à ce moment-là, c'est que les employés de
ces compagnies gagnaient de meilleurs salaires que les gens de
l'Hydro-Québec. Alors, naturellement si le gouvernement dit: Versez
à ces gens des fonds de pension, et s'il nous faut augmenter les tarifs
de tel pourcentage, seulement, on le fera, mais actuellement c'est une question
de saine administration. Je crois que l'Hydro-Québec met à son
budget le maximum que l'on peut en versant ces montants, en relevant les
pensions qui ont déjà existé.
Moi, personnellement, je ne peux pas qualifier de saine administration,
l'admission que ces montants soient versés parce que l'on peut les
prendre seulement dans un endroit, c'est dans l'exploitation de
l'Hydro-Québec.
Si les compagnies nationalisées n'ont pas protégé
leurs employés jusqu'à la nationalisation, on ne peut toujours
pas demander à l'Hydro-Québec de le faire. On le fait pour une
grosse partie. On a relevé toutes ces pensions pour une grosse
partie.
Je crois qu'avec tout ce qu'on a attrapé au point de vue de
l'amélioration... Actuellement, nous avons fait le maximum qu'il est
humainement possible de faire.
M. BACON: Vous allez toujours rester avec un écart quand
même.
M. GIROUX: Mon cher ami, il y a un écart énormément
amélioré. Si les compagnies n'avaient pas été
nationalisées, quel écart y aurait-il? S'il n'y a pas
d'écart, ils n'ont pas à se plaindre.
M. DOZOIS: Je vous ai cité le cas de cet employé qui avait
35 ans de service à la Shawinigan. Si elle n'avait pas été
nationalisée,
il aurait eu une pension de $5,000. Il en a une de tout près de
$8,000 avec nous. Si vous permettez, M. le Président, il faut
également considérer que tous les employés, depuis 1966,
contribuent à notre fonds de retraite qui, lui, va assurer 2 p.c. par
année multiplié par le nombre d'années de service depuis
1966.
Les plus jeunes vont avoir autant que n'importe quel employé de
l'Hydro-Québec.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Autres questions relativement au fonds de
pension? Le député de Saint-Maurice.
Futures sources d'énergie
M. DEMERS: Ma question n'est pas relative au fonds de pension, mais je
voudrais en poser quelques-unes au président de l'Hydro-Québec,
M. Giroux, qui nous a donné ce matin, dans son rapport, l'utilisation
des sources d'énergie futures par l'Hydro-Québec. C'est ainsi
qu'on voyait à Outardes, 454 mégawatts, 600 mégawatts qui
pourraient être négociés et obtenus de l'Alcan, 600 autres
mégawatts de la nouvelle centrale nucléaire de Gentilly. Si ces
gens obtenaient ce qu'ils désirent dans l'aménagement de la
Jacques-Cartier, ils pourraient avoir ce qu'il leur faut, une exigence de 2,600
mégawatts pour l'utilisation de 1978-1979.
Je vois que vous tablez pour une utilisation de 1,000 mégawatts
qui viendraient de la Jacques-Cartier. Est-ce qu'il y a d'autres endroits dans
la province, à part la Jacques-Cartier, où vous pourriez obtenir
ces mégawatts?
M. GIROUX: II y a certainement d'autres endroits, d'autres
façons. Seulement, est-ce que le programme serait aussi
économique? Cela est différent.
M. DEMERS: Est-ce que vous avez étudié le sens
économique de ces programmes?
M. GIROUX: ...le sens économique de tous ces programmes et je
pense bien que...
M. DEMERS: Ce qu'il y a de plus économique, à votre sens,
serait d'aller dans la Jacques-Cartier?
M. GIROUX: C'est ce qu'on me donne. Je ne suis pas technicien.
M. DEMERS: Vous n'avez pas envisagé la Saint-Maurice qui dort
encore?
M. GIROUX : Je pense que M. Boyd a déjà répondu
à cette question...
M. DEMERS: II m'avait répondu qu'en...
M. GIROUX : Nous aurions répété la même
chose, M. Demers.
M. DEMERS: ...1973 ou 1974, ils envisageaient de venir chercher
l'électricité de base sur la Saint-Maurice.
M. GIROUX: L'électricité de base? M. DEMERS: Oui. M. BOYD
: De pointe.
M. GIROUX: De pointe. Il y a une grosse différence.
M. DEMERS: Je sais qu'il y a une différence.
M. BOYD : J'avais dit que le facteur d'échange qu'on pouvait
tirer était entre 15 p.c. et 20 p.c. Je crois que M. DeGuise peut...
Etant donné que je vous ai répondu pendant trois ou quatre ans,
je vais céder la place à M. DeGuise.
M. DEMERS: Vous êtes fatigué de mes questions?
M. BOYD: Non. Peut-être qu'il va pouvoir vous répondre.
M. DEMERS: Si c'est pour me faire dire la même chose,
ménagez la salive du monsieur que vous avez amené.
M. DEGUISE: Je dois dire, comme preuve que nous n'avons pas
oublié le bas Saint-Maurice, qu'au cours de 1972 nous avons refait une
estimation sommaire des chiffres qui dataient déjà de 1967 ou
1969. Nous avons mis l'estimation à jour d'une manière pas
très approfondie. Nous nous proposons de regarder de plus près en
1973, mais, tout de même, si vous preniez comme point de repère
l'installation de la rivière Jacques-Cartier où l'on parlait
d'une installation de 1,000 mégawatts à $160 ou $175 millions
ce sont les chiffres qui ont été donnés ce
qui fait à peu près $160 à $175 le kilowatt, les
indications que nous avons actuellement sur le bas Saint-Maurice sont de
l'ordre de $390 à $510 le kilowatt. Ce n'est pas très prometteur
sur le plan économique.
M. DEMERS: Mais sur le plan de l'aménagement de l'environnement,
par exemple je n'ai pas besoin de vous faire de dessin parce que
la Saint-Maurice, actuellement, est aménagée, pas au complet
il y a encore des réserves mais cela ne détruit pas
l'environnement et l'apport touristique auxquels vous allez pouvoir donner un
bon coup de main dans la Jacques-Cartier. Est-ce que, dans la Saint-Maurice, il
y aurait de l'électricité de pointe à pouvoir ramasser, en
aménageant la Saint-Maurice, en fonction de cette
électricité de pointe à produire?
M. DEGUISE: Comme le disait mon confrère, M. Boyd,
l'aménagement du bas Saint-
Maurice se prête à un facteur d'utilisation de l'ordre de
20 p.c. à 25 p.c. C'est un peu mieux que de la pointe mais c'est encore
loin de la base. Disons que, comme valeur, ç'a un peu plus de valeur
qu'une installation strictement de pointe comme la rivière
Jacques-Cartier; cela nous justifierait de payer un peu plus cher, mais entre
les prix que j'ai mentionnés, la marge est du simple au double ou plus
que le double.
M. DEMERS: Là, je reviens à la Jacques-Cartier, une
question indirecte, on avait parlé d'en discuter un peu plus tard. Je
voudrais savoir s'il y a d'autres possibilités qui seraient
envisageables dans la province sans toucher à la Jacques-Cartier et
quelles sont ces possibilités?
M. GIROUX: C'est une réponse que nous devrions donner dans
l'ensemble quand nous verrons le bilan...
M. DEMERS: Quand nous l'étudierons globalement tantôt.
M. GIROUX: Parce que, tantôt, nous allons tomber dans les tarifs
alors, s'il y a une question, n'est-ce pas, les tarifs c'est illimité,
moi, je n'ai pas d'objection, je peux faire la Saint-Maurice, ça
représente tant de plus dans les tarifs. C'est au conseil de se
décider. Parce qu'il n'y a pas trois facteurs dont nous pouvons nous
servir. Cela nous coûte tant et il faut que nous chargions tant. On nous
présente les programmes et nous essayons d'aller le plus
économiquement possible. Mais si vous voulez que nous fassions des
installations qui coûtent deux fois le prix et qui donnent 20 p.c. de
rendement, alors, cela fait des calculs qui sont assez astronomiques, parce
qu'il faut tout convertir dans le tarif. Etes-vous d'accord sur ça?
M. DEMERS: Je ne veux pas du tout, M. Giroùx, que vous fassiez
des investissements qui soient non rentables et qui coûtent un prix de
fou aux contribuables.
M. GIROUX: Non, alors...
M. DEMERS: Qu'on me réponde qu'il n'y a rien à faire avec
la Saint-Maurice et nous n'en parlons plus jamais. C'est la dernière
année que je vous en parle.
M. GIROUX: Non, parce que ça perdrait beaucoup de son charme.
M. DEMERS: Vous aimez que nous vous en parlions, mais vous ne voulez pas
régler le cas.
M. GIROUX: Nous ne pouvons pas le régler.
M. DEMERS: Dans ce cas, je ne vous en parlerai plus. C'est clair.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Chauveau.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, c'est un peu à cet
égard, puisque nous obliquons en direction de la Jacques-Cartier, je me
demandais si le consensus que nous avions accepté ce matin tenait
toujours à l'effet que nous devrions attendre pour discuter globalement
de cette question de la Jacques-Cartier.
Cependant, puisque nous avons un peu amorcé le sujet par une
question à savoir si l'Hydro-Québec avait prévu d'autres
sites que celui de la Jacques-Cartier advenant la réalisation de ce
projet répondant à 1000 mégawatts supplémentaires,
je pense que nous devrions englober...
M. TETRAULT: M. le Président, je ...
M. HARVEY (Chauveau): Je m'excuse, j'ai la parole. Je pense que nous
devrions englober cette question, comme tant d'autres, au moment où nous
discuterons la question de la Jacques-Cartier, parce qu'évidemment cela
va nous conduire vers d'autres questions, si nous avons choisi d'autres
emplacements. Au silence de l'Hydro-Québec jusqu'à aujourd'hui,
il y a sûrement une raison à donner, raison pour laquelle on a
laissé moisir cette situation jusqu'au moment où on a dit:
L'Hydro-Québec maintenant est prête à foncer, à
aller plus loin, à faire du "lobbying" et à adopter son projet.
Autant de questions qu'on essaiera de clarifier. Je pense que de l'autre
côté de la table il y a des gens de bonne foi, de ce
côté-ci il y a des gens aussi de bonne foi mais qui veulent savoir
et on en discutera au moment opportun.
M. JORON: Si le silence est d'or dans le cas de l'Hydro-Québec,
cela s'applique peut-être aussi au député de Chauveau.
M. HARVEY (Chauveau): Ce matin le député qui vient de
m'interpeller donnait comme exemple la tenue de la commission parlementaire au
fédéral. Voici maintenant qu'un séparatiste s'inspire de
ce qui se passe au fédéral, c'est bon signe pour nous.
LE PRESIDENT (M. Giasson): J'ai l'impression, mes amis, que le
débat se dirige vers la question de la Jacques-Cartier. C'est une motion
qui est devant la commission parlementaire. Je sais que c'est venu par ricochet
lorsqu'il a été question de la Saint-Maurice.
M. DEMERS: On m'a demandé de passer toutes les questions qui
étaient parallèles. Alors, je voulais savoir exactement comment
cela irait dans l'aménagement et dans les sources d'aménagement.
C'est pour cela que j'ai posé indirectement cette question. Mais, que le
député de Chauveau ne se fasse pas de misère, on va lui
laisser sa Jacques-Cartier pour le temps qu'il faut, quitte à plonger
dedans...
M. HARVEY (Chauveau): Devant la Commission parlementaire de l'industrie
et du commer-
ce, du tourisme, chasse et pêche et à ce moment-là,
on en parlera devant tous les intéressés. C'est ce que je
souhaite, c'est ce que je veux et c'est ce que je réclame tout
simplement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. DeGuise, je pense.
M. DEGUISE: Je voudrais en terminant sur ce sujet, M. le
Président, vous assurer que le projet du bas Saint-Maurice n'est pas
mort, nous ne le considérons pas comme remis indéfiniment. Les
priorités se placent dans un certain ordre à mesure que les
études avancent et la situation au point de vue de l'énergie
évolue, des emplacements hydro-électriques qui paraissaient non
rentables il y a dix ans, nous serions très fiers de les aménager
maintenant. Alors, dans un laps de temps de X années, il se peut fort
bien que le bas Saint-Maurice nous apparaisse rentable.
M. DEMERS: Je comprends. Nous sommes prêts à vous endurer,
à prendre le temps qu'il faut, nous ne sommes pas pressés. Nous
sommes ici pour 20 ans.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, pour revenir aux
états financiers, si la Saint-Maurice est réglée pour
l'instant. Est-ce que c'est la première année...
M. GIROUX: Avez-vous dit pour 20 ans ou pour l'instant?
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour l'instant.
M. GIROUX: Ah! merci: Parce que 20 ans, il va me reprendre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que c'est la première
année que l'Hydro-Québec ne peut pas verser des profits à
la réserve pour éventualités, en 1972?
M. GIROUX: Je ne suis pas à l'Hydro-Québec depuis assez
longtemps. Je vais demander à quelqu'un qui est là depuis
toujours. C'est une question qui remonte au début de l'Hydro, en 1944.
M. Lemieux.
M. LEMIEUX: Vous demandez si on ne peut pas piger dans la réserve
pour...
M. CLOUTIER (Montmagny): Non. En 1972, dans les états financiers,
dans l'état des revenus et dépenses, il n'y a pas de montant qui
a été transféré à la réserve pour
éventualités, tandis que l'année précédente
il y a eu $36 millions.
M. LEMIEUX: Pour la seule raison qu'il ne reste plus d'argent.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. C'est cela; mais je demande si c'est la
première fois que cela se produit dans le cas de
l'Hydro-Québec.
M. LEMIEUX: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): S'il n'y avait pas d'augmentation de tarifs
sans entrer dans le fond du débat des hausses de tarifs
est-ce que ça se reproduirait dans les années à venir?
M. LEMIEUX: Oui, et il n'en resterait plus pour la réserve
d'amortissement si on n'a pas de révisions de tarifs pour l'année
1973.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. le ministre.
Politique d'augmentation de la
consommation
M. MASSE (Arthabaska): Dans un autre ordre d'idées, s'il n'y a
pas d'autres questions, vous indiquez que le niveau d'accroissement à
long terme de la consommation, la demande serait d'environ 7. 5 p.c. par
année. Considérant l'augmentation de la consommation,
l'éloignement des sites aménageables, d'autre part, vous avez
également une politique de chauffage à
l'électricité, est-ce qu'actuellement vous pensez à
réviser cette politique ou à intensifier cette politique, compte
tenu des autres sources d'énergie qui sont beaucoup plus dommageables
pour l'environnement?
M. JORON: ... d'électricité comme chauffage.
M. MASSE (Arthabaska): C'est ça.
M. GIROUX: II y a couramment des études qui se font sur
l'utilisation. Seulement un des buts principaux de l'Hydro-Québec est de
fournir à la population québécoise le luxe maximum
possible qu'est le chauffage électrique, qui ne pollue pas, et vous
pouvez lire tout le reste de nos annonces. Seulement, il y a une base
principale à toute cette chose. C'est que, sans faire de
polémique industrielle, l'électricité est 100 p.c.
québécoise. Cela a toujours été l'effort de
l'Hydro-Québec d'essayer de la rendre partout où les gens
pouvaient en faire la consommation. On a des coins qui sont très
difficiles à ce point de vue; ça, je l'admets. Mais la
concurrence, au point de vue de l'énergie, si je comprends votre
question... Est-ce que vous croyez qu'on devrait craindre la situation
américaine où on parle de ralentissement de l'énergie sous
toutes ses formes? Remarquez qu'on a eu certains rapports. M. De Guise donnera
plus tard
quand on sera dans d'autres domaines, parce que ce n'est pas
directement du bilan le rapport qu'il faisait aux commissaires sur ses
dernières conférences à Washington sur les
problèmes de l'énergie, mais ces problèmes, au point de
vue hydro-électrique, on ne les voit pas, dans la province de
Québec, avant qu'il y aura des percées dans toutes sortes de
nouvelles formes d'énergie. Entre-temps, la population aura eu
l'avantage de bénéficier de la propreté de
l'électricité.
M. MASSE (Arthabaska): Dans vos études, compte tenu de la crise
énergétique qu'on semble monter en épingle aux Etats-Unis
actuellement, compte tenu des revendications des pays de l'OPEP pour la vente
du pétrole et les prix du pétrole, est-ce que vous vous tenez
constamment au fait et est-ce que vous réévaluez vos politiques
dans ce sens? Parce que ça peut avoir une influence énorme dans
dix ans s'il y avait, au point de vue du pétrole, des hydrocarbures, des
coupures au niveau mondial, s'il y avait une crise dans ce sens, en somme, un
rapport avec les autres sources d'énergie qui connaissent actuellement
des problèmes assez extraordinaires.
M. GIROUX: Bien, je crois qu'on les comble ou qu'on se protège
avec 1'hydro-électricité. Seulement, si on peut rattacher le
chauffage électrique à nos questions de bilan, nous avons une
étude qui a été faite, dans l'intérêt du
Québec, et M. Cristel est ici. Il pourra répondre, mettre au
courant l'assemblée sur le chauffage électrique à ce
jour.
M. MASSE (Arthabaska): II y aura un virement assez considérable
dans la demande d'électricité à un moment donné.
C'est possible et cela va évidemment affecter vos investissements et vos
revenus.
M. GIROUX: II n'y a pas l'ombre d'un doute.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Oui, monsieur.
M. GAUVREAU: Le problème de la promotion, de l'action commerciale
de promotion du chauffage à l'électricité à
l'égard de ses effets sur l'investissement nous pose une
difficulté et nous nous interrogeons sur le sujet. Comme M. le
président vient de dire, nous avons fait beaucoup d'études et
nous approuvons cette action commerciale sur une période de cinq ans. On
pourra peut-être la réviser dans cinq ans.
Si vous voulez qu'on en discute tout de suite, M. Cristel, le
spécialiste de l'action commerciale, qui a participé à la
mise au point de cette politique pourrait vous l'expliquer ici en quelques
mots. On aura un document aussi à vous distribuer sur cette
politique.
M. CRISTEL : Dans son action commerciale, l'Hydro-Québec veut
d'abord répondre aux besoins et désirs de ses abonnés.
C'est une première considération. Les sondages que nous avons
faits ici au Québec reflètent encore plus fortement ce que l'on
retrouve en Europe et aux Etats-Unis où le chauffage électrique,
à cause évidemment de ses caractéristiques, gagne
nettement la faveur des abonnés. Il ne faut pas oublier que
l'Hydro-Québec n'est pas dans la chafne de fabrication, distribution et
vente de l'appareillage. Ce qu'elle a tenté de faire, tant au point de
vue commercial, institutionnel qu'industriel, a été tout d'abord
de rationaliser l'usage de l'électricité. Dans les grands
bâtiments, l'Hydro-Québec a le programme Calmec qui permet aux
ingénieurs-conseils qui veulent ce service et aux architectes
d'évaluer la perspective d'utiliser l'électricité sous
différentes formes. Dans le secteur domestique, l'Hydro-Québec a
contribué, au sein de la ligue électrique, à
développer des normes d'utilisation pour voir à ce que
l'abonné qui se sert de l'électricité le fasse
rationnellement. Par exemple, si vous prenez un plein-pied, un bungalow, de 40
sur 80, si on le construit selon le code national canadien, on devra installer
23 kilowatts de chauffage. Si on adopte les normes Novelec, on
économisera 35 p.c. de l'installation, c'est-à-dire qu'avec une
bonne isolation, on peut chauffer cette même maison avec 15 kilowatts.
Donc, en ce faisant, l'Hydro-Québec aide l'abonné à
utiliser rationnellement l'électricité. Nous avons fait des
études prospectives en fonction de ce que le ministre discutait
tantôt, savoir où nous mène l'avenir. Selon nos
prévisions, le chauffage électrique reste concurrentiel pour
l'abonné et également paie ses frais pour l'Hydro-Québec
si l'on tient compte du fait que le chauffage évidemment entraîne
d'autres charges comme le chauffe-eau, la cuisinière, la sécheuse
et le reste. Donc, l'ensemble de ce qu'on appelle "le tout à
l'électricité" est, d'après nous, rentable pour
l'abonné et rentable pour l'entreprise également. L'on
s'inquiète de l'avenir en se disant: Quelle proportion des
disponibilités de l'Hydro-Québec cela peut-il prendre?
Actuellement, il y a environ 8 p.c. par exemple des demeures au Québec
qui sont chauffées à l'électricité. Actuellement,
les logements qui se sont ajoutés au réseau en 1972, la
pénétration a été d'environ un peu moins que 50
p.c. soit 49 p.c. tout à l'électricité.
M. JORON: De tous les nouveaux logements.
M. CRISTEL: De tous les nouveaux logements. Ce qui veut dire qu'on
augmente notre taux de diffusion global d'environ 1 p.c. Quant à cette
projection, nous avons fait une étude sur l'avenir de cette politique,
en 1985 par exemple, 18 p.c. des foyers québécois seraient
chauffés à l'électricité. A ce moment-là,
nous avons également regardé ce que cela veut dire.
M. le Président vous a dit tantôt que c'était une
énergie proprement québécoise et que, les
retombées économiques du dollar dépensé pour
le chauffage électrique sont de beaucoup supérieures, quand c'est
hydraulique, par exemple, au chauffage à l'huile ou au chauffage au gaz.
C'est également 73 p.c. du dollar dépensé qui demeure au
Québec, tandis que, dans le cas de l'huile, c'est un peu moins de 50
p.c, alors que, évidemment, si vous tombez dans l'énergie
nucléaire, c'est 69 p.c. C'est également bénéfique.
J'ai fait là un peu le tour du problème qui nous indique que la
tendance vers le chauffage électrique, en Europe et en Amérique,
est quasi universelle, que le chauffage pour l'Hydro-Québec fait ses
frais. De plus, l'abonné est bien servi, quand il respecte les normes.
C'est pour cela que la stratégie principale de l'Hydro-Québec est
d'encourager le respect des normes, c'est-à-dire des bonnes
installations, parce que, quand le chauffage est mal installé, le
premier à subir l'assaut des consommateurs, c'est bien le fournisseur,
c'est l'Hydro-Québec, parce que le coût actuel d'exploitation en
sera trop élevé.
Alors, nous avons concentré notre action, tant dans les secteurs
commercial et industriel que dans le secteur domestique, avec les installateurs
visant à promouvoir les nonnes de la ligue. Je ne sais pas si cela
répond à la question que vous avez soulevée?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de
Trois-Rivières.
M. MASSE (Arthabaska): Ma question se rattachait à la relation
entre la consommation de l'électricité et une augmentation
possible des autres sources d'énergie, entre autres le pétrole,
l'huile et une crise possible dans ce domaine. Précisément,
l'augmentation de la demande, par rapport aux difficultés dans le
secteur des carbures.
M. CRISTEL: Voyez-vous, d'ici 1985, l'Hydro-Québec devra ajouter,
pour fournir la demande de tous les usages, environ 15,000 mégawatts.
Alors, le chauffage comprend moins de 10 p.c. de cette addition, au taux actuel
d'environ 40 p.c. et 50 p.c. de pénétration. Evidemment, vous
admettez une situation de crise, disons de 100 p.c, eh bien, là, cela
pourrait peut-être égaler 15 p.c. à 18 p.c. des nouvelles
projections. Ce qui ne serait pas encore énorme.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de
Trois-Rivières.
M. BACON : Dans vos programmes de stimulation pour le chauffage
électrique, vous parlez des bungalows, des nouvelles constructions,
est-ce que vous avez des programmes, disons, pour en faciliter le crédit
ou des choses comme cela? Est-ce que vous avez un programme semblable
comparativement, par exemple, à celui des compagnies d'huile à
chauffage qui financent l'installation?
M. CRISTEL: En général, nous ne finançons pas
l'installation, mais nous avons accordé, dans certains cas pilotes, des
garanties par deuxième hypothèque, aux constructeurs qui
satisfont aux normes, mais disons que nous ne le faisons pas pour
l'unifamiliale en général parce que les hypothèques
normalement garanties en vertu de la loi de la Société centrale
d'hypothèques et de logement couvrent 95 p.c. du prix de la maison,
normalement. Alors, il n'y a pas de place pour une autre hypothèque.
Cette stratégie a disparu, à mon avis du moins.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La parole est au député
d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: Est-ce que, concernant les taux des maisons tout
électriques, il existe un taux préférentiel parce qu'elles
sont toutes à l'électricité?
M. CRISTEL: Non, pour les maisons, disons, au taux domestique ordinaire.
Evidemment, on compte sur le fait que le chauffage se raccroche à la
dernière tranche. Il n'y a pas de taux préférentiel.
Maintenant, dans le commercial et l'industriel, il y a un tarif tout
électrique où on accorde un escompte de $0.33 sur du kilowatt, ce
qui est à peu près 7 p.c. ou 8 p.c. du coût total, quand
vous êtes tout électrique.
M. TETRAULT: Cet escompte que vous accordez, est-ce que c'est pour
concurrencer l'industrie pétrolière, c'est-à-dire, les
autres modes de chauffage ou d'énergie nécessaire?
M. CRISTEL : Vous parlez de l'unifamiliale?
M. TETRAULT: Non, je vous parle de l'industrie, parce que vous dites que
vous avez 33 1/3 p.c. de différence...
M. CRISTEL: Oui, évidemment, cela était pour
répondre à une situation concurrentielle, alors qu'un premier est
tout électrique, l'autre doit être nécessairement partie
électrique, la plupart du temps, et partie à l'huile.
M. TETRAULT: Maintenant, je pose une question en très novice. Les
maisons tout électriques sont-elles chauffées avec de
l'énergie de base? Est-ce vrai ou faux? Ou est-ce qu'il y a de
l'énergie de pointe là-dedans?
M. CRISTEL : Disons, de base ou intermédiaire, des experts de
production...
UNE VOIX: C'est chauffé à l'électricité.
M. CRISTEL: Vous parlez de base dans le sens des sortes de
centrales?
M. TETRAULT: Oui.
M. CRISTEL: Des centrales de pointe, des
centrales de puissance intermédiaire ou des puissances de
base?
M. TETRAULT: Oui.
M. CRISTEL: Je pense que les experts en production pourraient dire
que...
M. TETRAULT: J'ai une question qui suit celle-là. Vu la grande
quantité d'énergie de base que l'Hydro-Québec a à
sa disposition c'est pour les heures de pointe que vous avez des
problèmes le point que le ministre veut souligner, c'est que
l'Hydro-Québec est toujours plus favorisée dans une crise; si
l'huile augmente à un prix exorbitant, nous, c'est toujours
l'énergie de base et nous en avons en quantité.
M. CRISTEL: Mais, on peut dire en toute honnêteté que le
chauffage contribue également à la pointe. Si on pèse l'un
avec l'autre, le chauffage ne semble pas ni nous nuire ni nous aider de ce
côté-là, en rapport avec...
M. TETRAULT: Vous avez besoin des deux.
M. CRISTEL: C'est ça. En somme, si on regarde le commercial,
l'industriel, le domestique et les facteurs d'utilisation annuelle, les
installations toutes électriques sont généralement
supérieures, mais on ne peut pas dire on améliore la
situation de la pointe que, au Québec, le chauffage est hors de
pointe.
M. TETRAULT: Dans la promotion que vous faites pour les maisons tout
à l'électricité, si elles suivent les recommandations que
vous leur demandez quant à l'isolement et tout ça, est-ce que le
pourcentage d'économie sur le chauffage électrique est
très considérable comparativement à l'huile ou si...?
M. CRISTEL: Disons qu'aux taux actuels, nous comparons toujours les
normes Novelec aux maisons à chauffage à l'huile telles qu'elles
sont construites aujourd'hui selon le code canadien. Evidemment, à ces
taux-là, si vous prenez le même bungalow, avec l'huile, si on fait
l'hypothèse de l'huile au taux de 24.9, l'électricité
à 1.1 telle qu'elle serait vendue selon les nouveaux tarifs et si on
calcule le coût total, c'est-à-dire l'amortissement de
l'installation, l'entretien et, dans le cas de l'huile, il faut compter
l'énergie utilisée pour le souffleur et le moteur du
brûleur, si on compte tous ces coûts, l'électricité
est légèrement meilleur marché.
M. TETRAULT: Même avec l'augmentation que vous voulez?
M. CRISTEL: Même avec l'augmentation. Maintenant, si on ne
respectait pas les normes Novelec et qu'on n'isolait pas la maison,
l'électricité serait d'environ 30 p.c. plus chère.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de L'Assomption.
M. PERREAULT: Sur le même sujet, il y a quelques années, on
avait fait la promotion des cycleurs qu'on appelait "load-misers", dont l'effet
était d'enlever, durant les heures de pointe, le chauffage. Est-ce que
vous continuez encore ce programme-là?
M. CRISTEL: Disons que cette pratique des cycleurs est très
commune dans les secteurs commercial et industriel. Dans le secteur domestique,
il n'y a aucune incitation au client de le faire parce que, évidemment,
il n'est pas facturé par compteur à demande. Mais nous avons
étudié des installations en Suède, par exemple, où
on a tenté de contrôler les pointes en utilisant ce qu'on appelle
le chauffage à accumulation. En Allemagne, il s'en fait beaucoup.
Ce qu'on a constaté, c'est qu'on se trouve à créer
des pointes secondaires qui sont peut-être aussi embêtantes que la
pointe initiale. Mais dans les secteurs commercial et industriel, le cycleur
est très utilisé. Le "load-miser" dont vous parlez était
principalement utilisé à cause de la faible capacité des
entrées domestiques. Il fallait, par exemple...
M. PERREAULT: II était surtout utilisé dans le temps parce
qu'il y avait des compteurs à demande dans le secteur domestique.
M. CRISTEL: Oui, et dans le petit commercial. Quand le compteur à
demande existait dans le domaine domestique, d'accord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si vous permettez...
M. TETRAULT: J'ai demandé la permission au député
et il m'a dit qu'il était d'accord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Très bien.
M. TETRAULT: Si Panartic, dans le Grand-Nord, à Resolute Bay,
prouve qu'elle a le potentiel, comme c'est d'ailleurs presque certain à
l'heure actuelle, est-ce que le prix de l'huile rendue dans le sud de la
province de Québec, si les choses s'en viennent comme c'est
censé, peut entrer en grande concurrence avec celui de l'énergie
hydro-électrique parce que le coût sera moins élevé
que de l'importer du Moyen-Orient?
M. CRISTEL: Nos études prévisionnelles indiquent les prix
de l'huile et de l'électricité. Evidemment, l'énergie va
coûter plus cher. Mais on ne prétend pas que l'huile deviendra
à ce point meilleur marché actuellement.
M. TETRAULT: Même avec Resolute Bay,
avec tout le potentiel, les trillions qu'on a... C'est une
énergie quand même.
M. CRISTEL: Le gaz naturel a une faible partie du marché à
Montréal n'est-ce pas? et son prix est actuellement
concurrentiel. Avec les exigences des producteurs...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur un autre sujet, M. le
Président...
M. JORON : J'ai une dernière question sur le même...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Sur le même sujet?
M. JORON: ... sujet, si vous permettez.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Gouin.
M. DEMERS: II veut s'installer à l'électricité.
M. JORON: Non. Cela est déjà fait. Je ne sais pas si c'est
bien isolé.
M. DEMERS: Vous allez être isolés avec votre
théorie.
M. JORON : On a dit tout à l'heure je ne me souviens plus
qui le mentionnait que dans le cas du chauffage à
l'électricité, l'Hydro-Qué-bec n'est évidemment pas
impliquée dans le domaine de fabrication de l'appareillage...
M. CRISTEL: Oui, je l'ai mentionné.
M. JORON: C'est vous qui mentionniez cela. Est-ce que
l'Hydro-Québec sait dans quelle mesure les appareils, l'outillage dans
ce domaine, actuellement vendus au Québec sont fabriqués au
Québec. Je sais que l'Hydro-Québec a eu le souci dans certains
autres domaines de voir justement à l'implantation d'industries de
fabrication quand vous vous rendiez compte qu'il y avait des choses qui
étaient importées et dont vous étiez responsable de
provoquer la demande?
M. CRISTEL: Vous parlez de l'équipement, d'utilisation chez
l'abonné, n'est-ce pas?
M. JORON: Oui.
M. CRISTEL: Environ 19 p.c. à 20 p.c. de la production canadienne
est au Québec.
M. JORON: Oui.
M. CRISTEL: II y a quatre fabricants à ma connaissance, assez
importants au Québec. Et, nous tentons, autant que possible, de les
encourager, mais dans nos politiques, c'est assez difficile de dicter à
l'abonné ce qu'il doit acheter. Mais selon les chiffres que nous avons,
environ 20 p.c. de l'équipement est fabriqué au
Québec.
M. JORON: Ce qui laisse entendre qu'à cet égard, cela
serait...
M. CRISTEL: J'aimerais que cela soit 30 p.c. si nous étions pour
avoir notre pleine part...
M. JORON: Cette statistique de 20 p.c. dépend s'il y a autant de
chauffage électrique dans les autres provinces. Si ce n'est pas le cas,
à ce moment...
M. CRISTEL: II y a du chauffage électrique en assez bonne
proportion en Ontario et dans les provinces Maritimes...
M. JORON : Oui.
M. CRISTEL: ... dans le Manitoba également et en
Colombie-Britannique. On comprend qu'en Alberta et en Saskatchewan, à
cause des puits de gaz, il n'y a pas grand-chose.
M. JORON : La pénétration actuelle au Québec est de
8 p.c. des foyers, disiez-vous tout à l'heure?
M. CRISTEL: Oui. Le taux de diffusion.
M. JORON: Qu'est-ce que cela serait, par exemple, en Ontario?
M. CRISTEL : Un peu moins, je crois. J'ai des chiffres que je pourrais
préciser. De mémoire, je vous dirais 6 p.c. environ.
M. JORON: De toutes les provinces canadiennes, Québec aurait le
taux le plus élevé en acceptant...
M. CRISTEL: A ma connaissance, oui. L'Ontario était en avance,
mais avec les problèmes qu'elle a éprouvés elle a beaucoup
plus de concurrence du gaz que nous, par exemple. Nous avons pris les
devants.
M. TETRAUTL: Cela était ma question tout à l'heure. Si
Panartic se développait pour entrer en concurrence avec l'industrie
pétrochimique à Montréal.
M. CRISTEL: A cause du coût de développement de ses puits,
de l'exploration etc., je ne suis pas un expert dans tous ces
coûts mais d'après les informations que nous avons Panartic
ne pourrait pas vendre à un prix tel qu'il nous ferait
disparaître.
M. TETRAULT: Elle ne pourrait pas se
placer dans la même situation que l'Alberta ou l'Ontario.
M. CRISTEL: Non. Parce que les coûts des puits de pétrole
dans le Grand-Nord ont été beaucoup plus hauts que ceux de
l'Alberta. En somme, le gaz rendu à Montréal serait quand
même assez cher.
M. MASSE (Arthabaska): Autant dans le domaine du gaz que de l'huile, il
y a une hausse assez spéciale, assez exceptionnelle.
M. TETRAULT: ... l'importation que l'Est du Canada est obligé de
faire. Cela augmente. Mais si on l'a sur place.
M. MASSE (Arthabaska): Oui mais sur place, c'est à quelque 2,000
milles.
M. TETRAULT: C'est à 3,000 milles ou à 4,000 milles.
M. CRISTEL: II faut dire que prédire l'avenir est assez
difficile, mais...
M. TETRAULT: C'est 1,000 milles plus loin que la baie James.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Je reconnais le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Ce n'est pas dans le même ordre d'idées.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Excusez, M. le député.
M. GIROUX: C'est sur l'avenir et le prix de l'huile. Mais, par
expérience passée, je n'ai jamais connu de compagnie d'huile qui
ne profitait pas du prix maximum. Même si on peut produire beaucoup dans
le Québec, les gens, avec raison, vendront le plus près possible
du plus cher. C'est la logique même. Ils auront aussi à compter
avec les augmentations du coût de transport et tous les autres
coûts, comme nous les prenons. Naturellement, il y aurait un avantage
vis-à-vis du gaz, probablement, ou de l'huile si on faisait
d'énormes découvertes entre Québec et Montréal.
Cela pourrait avoir une valeur qui serait peut-être difficile à
concurrencer. A part cela, selon les vieilles modes qui existent, je ne suis
pas inquiet du tout.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. le député de
Saint-Maurice.
Personnel de l'Hydro-Québec
M. DEMERS: Ma question s'adresserait au président, qui pourrait
la reporter à un des spécialistes qui l'entourent. C'est au sujet
du personnel. De 12,012, vous seriez passés à 12,627. Si on fait
abstraction des 454 qui sont disparus au cours de l'année, est-ce que
vous pourriez me donner la proportion des professionnels qui sont à
l'emploi de l'Hydro-Québec dans le domaine du génie, par exemple,
comparativement au reste du personnel qui travaille à
l'Hydro-Québec?
M. GIROUX: Vous voulez avoir la proportion exacte?
M. DEMERS: Approximative. Je voudrais savoir combien vous avez
d'ingénieurs. Est-ce que c'est 880 que vous avez comme
ingénieurs, 1,200 ou 1,300? Vous en avez qui sont syndiqués. Moi,
j'ai tout simplement ici les syndiqués qui sont 527, d'après le
rapport préliminaire que j'ai.
M. GIROUX: D'après M. DeGuise, c'est à peu près
700.
M. DEMERS: Sept cents, puis le reste du personnel, ce seraient des
administrateurs?
M. GIROUX: Des administrateurs, des techniciens, des comptables.
M. DEMERS: Des techniciens en génie électrique.
M. GAUVREAU : J'ai un tableau ici qui n'est pas absolument dans la forme
où vous posez la question, mais quand même...
M. DEMERS: Je pourrai reposer ma question si vous me donnez votre
tableau.
M. GAUVREAU: Employés à l'heure, 37 p.c; employés
de bureau cela est un relevé qui a été fait en
1969, on peut dire que les pourcentages sont à peu près les
mêmes aujourd'hui, sauf qu'il y a peut-être quelques
changements 29 p.c; techniciens professionnels cadres, 33 p.c. Il y a une
comparaison faite ici avec l'industrie manufacturière, où les
cadres sont moins nombreux, ils sont de 20 p.c. alors que les employés
à l'heure sont de 53 p.c. Par ailleurs, dans les services publics en
général, le pourcentage des cadres et des professionnels est plus
élevé, c'est 26 p.c; les employés de bureau, 28 p.c; les
employés à l'heure, 45 p.c, mais si nous nous comparons à
l'Hydro de l'Ontario, c'est presque identique à nous. A l'Hydro-Ontario,
c'est 41 p.c. pour les employés à l'heure; pour les
employés de bureau, c'est 25 p.c, et pour les professionnels et cadres,
c'est 33 p.c, presque la même chose.
M. DEMERS: Cela se compare avec l'autre Hydro, vous avez seulement les
employés à l'heure où il y a 4 p.c de plus.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député d'Abitibi-Est.
M. DEMERS: Je vous remercie de cette information.
M. TETRAULT : Suite à la question du député de
Saint-Maurice, vous nous dites qu'il y a 700 ingénieurs professionnels.
Quel est le nombre de ceux-ci, si le nombre existe, qui sont
prêtés à la Société de développement
de la Baie James et qui les paie?
M. GIROUX: Vous voulez dire à la Société
d'énergie? M. le Président, la Société
d'énergie peut répondre à cela directement.
M. BOYD: En deuxième partie, qui les paie? Ces
ingénieurs... Parlez-vous seulement des ingénieurs ou de tout le
personnel?
M. TETRAULT: Du corps professionnel prêté par
l'Hydro-Québec à la Société d'énergie?
M. BOYD: De toute façon, ils sont tous payés par
l'Hydro-Québec et l'Hydro-Québec facture mensuellement la
Société d'énergie qui rembourse l'Hydro-Québec. La
raison de ce faire, c'est que les employés de l'Hydro-Québec
veulent garder leurs bénéfices sociaux de toutes sortes. Quant au
nombre, il y a environ, dans le moment, 75 employés de toutes
catégories de l'Hydro-Québec, de l'administration et ailleurs qui
sont prêtés à la Société
d'énergie.
M. TETRAULT: Est-ce que l'augmentation du personnel provient du
prêt d'employés à la société ou si c'est pour
les besoins...
M. BOYD: Soixante-quinze, ce n'est pas beaucoup. Le député
de Saint-Maurice parlait de 12,012 à 12,600, je pense. Alors, les 75 ne
comptent pas pour beaucoup là-dedans. Ce sont plutôt les besoins
normaux de l'Hydro-Québec qui ont fait qu'on doit augmenter en
proportion de l'augmentation des installations et des augmentations des
abonnés. Le personnel augmente très peu, si vous le remarquez.
C'est stable enfin.
M. DEMERS: M. Boyd, le nombre de membres du personnel de la
Société d'énergie, au total, c'est combien?
M. BOYD: Le total, c'est 247.
M. DEMERS : Ceux qui ont été recrutés, c'est la
différence avec les 75 que vous avez prêtés pour faire le
nombre de 247?
M. BOYD: Je peux vous les donner, est-ce que vous voulez qu'on entre
dans la discussion de la Société d'énergie maintenant?
Cela m'est égal, mais c'est pour régler...
M. DEMERS: Cela a été pris à même
l'entreprise privée ou par voie de concours? Comment cela a-t-il
été pris?
M. BOYD: Est-ce que le président voudrait répondre
à la question?
LE PRESIDENT (M. Giasson): J'inviterais le député de
Saint-Maurice à reformuler sa question au moment où nous
discuterons de la Société d'énergie comme telle.
M. BOYD: Cela m'est égal.
M. DEMERS: C'est parce que nous étions dans le personnel de
l'Hydro-Québec. Je voulais régler cette affaire-là. De
toute façon, nous en reparlerons.
M. GIROUX: Je crois que, pour répondre, au député
de Saint-Maurice, il y a un point qui serait peut-être
intéressant. C'est qu'en 1965, les effectifs de l'Hydro-Québec
étaient de 10,976. Il y avait eu une augmentation de 8.4 p.c. sur
l'année précédente. En 1966, ils étaient de 11,466,
ce qui représentait une augmentation de 4.4 p.c. En 1967, ils
étaient de 11,637, ce qui représentait 1.5 p.c. En 1968, ils
étaient de 11,723, ce qui représentait 0.1 p.c. d'augmentation.
En 1969, ils étaient de 11,890, ce qui représentait 1.4 p.c. En
1970, ils étaient de 12,012, ce qui représentait 1 p.c.
d'augmentation. En 1971, ils étaient de 12,245, ce qui
représentait 1.9 p.c. et, en 1972, ils étaient de 12,627, ce qui
représentait 1.4 p.c. d'augmentation. Alors, vous avez
l'éventail.
M. DEMERS: Oui. La progression.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Montmagny.
Usines d'eau lourde
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais poser une
série de questions sur un problème important pour la province de
Québec, c'est celui des usines d'eau lourde. Cela se rattache à
l'Hydro-Québec parce que celle-ci, évidemment, fournirait de
l'énergie. M. Giroux et M. Boyd sont particulièrement au fait du
dossier puisqu'on a commencé à en discuter ensemble en 1966, il y
a déjà 7 ans, au moment où la province de la
Nouvelle-Ecosse a été préférée à la
province de Québec dans le choix de l'emplacement de la troisième
usine, celle de Glace Bay en Nouvelle-Eccosse. Je devrais peut-être
adresser ma question aux gens d'Atomic Energy of Canada ou à ECA ou
à Canadian General Electric, mais est-ce que l'Hydro-Québec est
au courant s'il va se construire effectivement d'autres usines d'eau lourde et,
si c'est le cas, si cela a été recommandé par Atomic
Energy of Canada? Est-ce que la province de Québec est
sérieusement considérée comme un endroit possible
d'implantation d'usines d'eau lourde?
M. GIROUX: Naturellement, je ne connais
pas tous les secrets d'Atomic Energy of Canada...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est évident.
M. GIROUX: ... seulement, si elle veut absolument répondre
à la demande des futurs programmes, on nous a dit qu'il faudrait
construire au moins deux autres usines d'eau lourde.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans l'immédiat?
M. GIROUX: Pour répondre, dans l'immédiat, aux besoins de
1979 à 1986, je pense que des spécialistes comme M. DeGuise
pourraient répondre au sujet du temps de construction de ces usines, des
démarches à faire. Mais c'est du domaine de l'Atomic Energy of
Canada excusez si je donne le nom anglais c'est sa
spécialité. Ce n'est pas à l'Hydro-Québec à
se lancer dans la construction. On peut coopérer, par exemple. M.
DeGuise.
M. TETRAULT: Dans les chiffres que M. DeGuise va nous donner, est-ce
qu'il prend en considération l'expansion de Gentilly, pour les besoins
d'eau lourde?
M. DEGUISE: En ce qui concerne les besoins d'eau lourde, une des raisons
pour lesquelles nous nous sommes hâtés d'obtenir une
décision du gouvernement au sujet d'une deuxième centrale
à Gentilly, c'est que nous étions conscients qu'il y avait un
problème d'eau lourde et que nous voulions nous placer sur la liste des
demandes prioritaires avant que d'autres le fassent. Nous sommes
raisonnablement assurés si tout fonctionne tel que prévu
qu'il n'y a pas de problème d'eau lourde, en ce qui nous
concerne, pour la centrale qui doit commencer à fonctionner en 1979 et
où il nous faut de l'eau lourde en 1977 ou 1978. Ce qui pose un
problème...
M. JORON: Je m'excuse de vous interrompre, si vous permettez, quand vous
dites raisonnablement assuré, par qui, par...?
M. DEGUISE: L'Atomic Energy. Dans les négociations actuelles,
c'est Atomic Energy of Canada qui nous fournira l'eau lourde pour Gentilly.
Nous allons l'acheter, évidemment. Mais c'est elle qui nous
approvisionnera.
M. JORON: II y aura à signer un contrat d'approvisionnement qui
vous garantit vos...
M. DEGUISE: Par exemple, nous sommes assurés de passer avant une
certaine partie du programme de l'Hydro-Ontario et nous passons avant la
centrale d'Argentine pour laquelle on vient de signer un contrat. C'est
là qu'il y avait urgence de procéder assez rapidement.
En ce qui concerne les besoins futurs, vous savez que, grosso modo, il
faut à peu près une tonne d'eau lourde par 1,000 kilowatts de
capacité installée. L'Hydro-Ontario n'a pas annoncé
officiellement son programme mais, ici et là, on y fait des
références assez officielles et le moins qu'on puisse voir, c'est
qu'elle vient avec un programme de 6,000 mégawatts de nucléaire.
Cela peut vouloir dire 5,500 tonnes d'eau lourde ou quelque chose comme
ça. Comme les plus grandes usines, comme celle de Bruce, ne produisent
que 800 tonnes par année, vous voyez venir le problème. En
confirmant ce que M. Giroux mentionnait, d'après les besoins connus
actuellement, il faut au moins deux usines d'eau lourde, dont une pourrait
être la décision de l'Hydro-Ontario et l'autre pourrait être
une décision de l'Atomic Energy of Canada. Mais il y a un
problème, à savoir qui va les financer.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a des chances raisonnables ou
plus que raisonnables qu'une décision soit prise pour favoriser la
province de Québec, l'implantation d'une usine d'eau lourde avec les
renseignements que l'Hydro-Québec possède actuellement?
M. DEGUISE: Disons qu'il y a certainement des facteurs
intéressants qui jouent en faveur de la province de Québec. Par
exemple, d'une manière générale, à mesure qu'on
s'éloigne des Grands Lacs, le contenu de Peau en deuterium augmente
légèrement. C'est l'élément qui est à la
base de Peau lourde. Disons qu'il y a un avantage à se déplacer
vers le golfe, d'une manière générale. L'eau est un peu
plus propice à la formation d'eau lourde.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les problèmes qu'on
éprouve actuellement à Glace Bay, en Nouvelle-Ecosse,
éliminent cette région du pays pour une autre usine, de sorte que
ça renforcerait le choix de la province de Québec?
M. DEGUISE: II est à remarquer que le choix définitif sera
celui de qui la financera. Tout dépend de qui va financer ou de qui va
payer pour cette usine d'eau lourde. Si c'est le gouvernement
fédéral ou si c'est Atomic Energy of Canada, ce sera à eux
de décider où construire l'usine d'eau lourde. En réponse
à votre question, il y a certainement un certain nombre d'avantages qui
militent en faveur du Québec: la qualité de l'eau, la
qualité de la main-d'oeuvre, l'approvisionnement d'énergie, parce
qu'une bonne partie du coût de l'eau lourde est dans le coût de
l'électricité ou de la vapeur qu'il faut pour la produire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans les facteurs que vous venez de mentionner,
il y a la qualité de l'eau. Il est reconnu que c'est une coincidence, si
je dois parler de Montmagny parce qu'en 1966...
M. DEMERS: Heureux péché!
M. CLOUTIER (Montmagny): ...la région de Montmagny a
été citée comme un endroit plus que possible
d'implantation et effectivement j'ai tout un dossier devant moi, des documents
qui viennent soit de l'Hydro soit de la Canadian General Electric. Il y a eu de
la correspondance et des analyses ont été faites. Enfin, un
dossier sérieux a été préparé. Ce dossier
est évidemment encore d'actualité. Les tests qui ont
été faits dans ce temps-là sur la qualité de l'eau
demeurent les mêmes. Voici ce que je voudrais savoir. Du
côté de l'Hydro-Québec, le problème qui
s'était posé dans ce temps-là, ce n'est pas ça qui
a empêché l'installation de l'usine dans Montmagny, mais il
était question du transport d'énergie électrique vers le
Bas-du-Fleuve et la Gaspésie. On sait que Gaspé était
aussi un site qui avait été considéré. Est-ce que,
maintenant, ces difficultés relatives au transport de l'énergie
existent encore après la construction de deux lignes de transport? Deux
lignes ont été construites depuis 1966. Est-ce qu'il y a encore
des difficultés ou des empêchements de la part de
l'Hydro-Québec de venir desservir une usine d'eau lourde à
Montmagny et tout ce que ça comporte d'équipement?
M. DEGUISE: A première vue, je dirais non. Mais j'aimerais
vérifier avec nos services de planification. Je crois que nous avons
maintenant la capacité suffisante.
M. DEMERS: Est-ce que je pourrais poser une question à M. DeGuise
pour savoir si PHydro-Québec a recommandé au gouvernement
fédéral, Atomic Energy of Canada, un site particulier qui
viserait Montmagny ou les environs?
M. DEGUISE: Nous n'avons pas eu à faire la recommandation parce
que nous n'avons pas été consultés et il n'a pas
été décidé officiellement qu'il s'en construirait
d'autres. Autrement dit, je ne crois pas que AECL par exemple se soit fait
voter les crédits par le gouvernement fédéral pour une
autre usine d'eau lourde. Mais il est à prévoir que cela peut se
faire assez prochainement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que PHydro-Québec sera
consultée dès qu'une décision sera prise de construire une
usine d'eau lourde dans le Québec à cause de la fourniture
d'énergie que cela prendra?
M. DEGUISE: II est fort possible...
M. CLOUTIER (Montmagny): ...que vous serez consultés.
M. DEGUISE: Ce n'est pas une promesse, mais il serait normal que nous le
soyons.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous ne Pavez pas été
jusqu'à maintenant?
M. DEGUISE : Non, nous ne Pavons pas été jusqu'à
maintenant.
M. GIROUX: Non, pas jusqu'à présent, mais il y a un point
qu'on peut établir très clairement, c'est que le gouvernement
peut compter sur toute la coopération de PHydro-Québec pour
installer une usine dans le Québec. Cette coopération est
là. On a certaines études. Il s'agit que des démarches
soient entreprises par le gouvernement provincial auprès du gouvernement
fédéral. C'est une question purement gouvernementale et non pas
de PHydro-Québec.
M. MASSE (Arthabaska): Si vous me permettez, je dois dire que c'est un
dossier important au gouvernement provincial actuellement, que nous suivons de
près et nous avons des discussions également avec les
intéressés.
M. JORON: M. le Président, je voudrais demander à M.
DeGuise, compte tenu de ce qu'il nous a dit tout à l'heure, que
l'Ontario avait un programme de 6,000 mégawatts nucléaires, et
que cela nécessiterait environ 5,500 tonnes d'eau lourde, que c'est un
programme qui est dix fois celui connu à l'heure actuelle au
Québec et qui est de 600 mégawatts à Gentilly et compte
tenu aussi de la rareté de Peau lourde et des difficultés que
cela pose, si le fait que PHydro-Québec ne soit pas en mesure d'annoncer
un programme beaucoup plus vaste que celui de 600 mégawatts connu
à l'heure actuelle ne risque pas de la placer dans une situation
extrêmement désavantageuse à un moment donné, parce
que l'eau lourde sera au fur et à mesure réservée pour
ceux qui ont déjà des programmes annoncés;si bien que
c'est comme un cercle vicieux, vous serez toujours reportés en fin de
liste, finalement.
M. GIROUX: Je ne crois pas.
M. JORON: Est-ce que cela ne fait pas...
M. GIROUX: Je ne crois pas, parce que de quelle base pourriez-vous vous
servir pour avoir deux grosses installations en Nouvelle-Ecosse?
M. JORON: Pardon?
M. GIROUX : Vous avez deux grosses installations en Nouvelle-Ecosse.
M. JORON : Est-ce qu'elles seront suffisantes pour répondre
à la...
M. GIROUX: Non. Elles ont été installées là
parce que c'était plus logique de les installer là. Du moins, on
le croyait dans le temps. Ce n'est pas parce que la Nouvelle-Ecosse avait des
usines nucléaires.
M. JORON : Ce n'est pas ce que je dis non plus. Mais le fait que
l'Hydro-Québec ne puisse annoncer à l'heure actuelle un programme
d'envergure comme...
M. GIROUX: On a l'équivalence qui est bien supérieure, on
a l'énergie, la puissance que l'Ontario n'a pas.
M. JORON: Oui, d'accord, mais...
M. GIROUX: Je comprends votre question mais il ne faudra pas arriver sur
une question pour penser qu'on ne croit pas au système nucléaire.
On croit au système nucléaire, mais on n'est pas obligé de
le faire, tandis que l'Ontario n'a pas autre chose.
M. JORON: Mais pour l'instant, vous référant à vos
propres paroles des séances passées des années
dernières, vous alliez y arriver un jour ou l'autre.
M. GIROUX: Oui.
M. JORON: A ce moment-là, est-ce qu'il n'est pas urgent
d'établir les programmes et de les faire connaître le plus
tôt possible en relation du fait que l'eau lourde, qui est rare et qui
sera produite, sera réservée probablement dans l'ordre aux
programmes qui auront été connus en premier, si bien que, si
toute l'eau lourde qui peut être produite est destinée par exemple
à la centrale ontarienne...
M. GIROUX: A ce moment-là, il y aura des expériences qui
auront été prises dans l'eau lourde. Il restera toujours la
possibilité à l'Hydro-Québec de construire, comme
HydroOntario, ses propres usines d'eau lourde. On bénéficiera
donc de leur expérience. Actuellement, je ne veux blâmer personne
dans ce domaine mais ce qui a aidé l'Hydro-Québec, ce sont les
malchances de l'Ontario, parce qu'on est obligé de lui vendre
l'excédent.
Autrement, il y aurait des problèmes. Alors, on aime mieux lui
laisser prendre son expérience mais ne vous trompez pas
là-dessus, on ne perd pas l'opportunité de développer le
Québec dans ce domaine parce que, avec l'usine que l'on a en main,
l'usine que l'on va essayer de développer dans le nucléaire, on
développe du personnel et... La question d'eau lourde est une question
d'approvisionnement en eau et en énergie. Alors, assurément,
selon l'opinion que M. DeGuise vient d'émettre, la province de
Québec sera toujours mieux située, mettons, à partir de
Québec à aller jusqu'en Gaspésie, que l'Ontario avec les
Grands Lacs... A ce point de vue, je ne suis pas inquiet. Je ne sais pas si
cela répond à votre question. Peut-être pas comme vous le
voudriez mais...
M. JORON: C'est une bonne défense.
M. GIROUX: C'est le mieux que je peux faire.
M. JORON: Tant que le gouvernement ne sera pas changé.
M. GIROUX: A ce moment-là, oui.
M. JORON: Vous allez pouvoir faire bien mieux dans ce
temps-là.
M. GIROUX: Je suis toujours optimiste.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Autres questions sur l'eau lourde? Il
semblerait que l'on puisse aborder un autre point à l'intérieur
du débat.
M. ROY (Beauce): Est-ce que vous continuez à discuter sur le
document ou si vous voulez passer à un autre sujet?
LE PRESIDENT (M. Giasson): On a discuté sur un peu tout mais on
n'a pas attaqué véritablement l'augmentation des tarifs, parce
qu'il y avait une motion devant la commission qui nous a fait attaquer d'autres
sujets avant d'aborder la question des nouveaux tarifs.
M. ROY (Beauce): J'ai une question à poser sur le financement, si
on me le permet.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Certainement, M. le député de
Beauce.
Financement des emprunts
M. ROY (Beauce): Alors, sur la question des financements, on dit que
l'année dernière 60 p.c. des emprunts de l'Hydro-Québec
ont été lancés sur le marché canadien qui a fourni
un total de $225,000,000 dont $155,000,000 sont venus de la Caisse de
dépôt et placement du Québec. Comme on a un taux
d'intérêt moyen, est-ce que ce serait trop que de demander de
connaître le taux d'intérêt qui a été
payé sur l'emprunt négocié avec la Caisse de
dépôt et placement?
M. GIROUX: On les a à la page 27; alors, chaque emprunt peut
être discuté.
M. ROY (Beauce): Dans la page 27, on parle d'un emprunt qui devient
échu en 1997, de $50,000,000, à 8 1/4 p.c.; un autre en 1993, de
$60,000,000, à 8 1/4 p.c. également; un autre qui devient
échu en 1997, de $65,000,000 à 8 3/8 p.c; et le quatrième,
de 8 1/4 p.c. en 1996, de $50,000,000. Alors, j'aimerais savoir lequel des
emprunts parmi ceux mentionnés a été négocié
et aurait été négocié avec la Caisse de
dépôt et placement?
Est-ce que c'est à 8 1/4 p.c. ou à 8 3/8 p.c.
M. GIROUX: M. Lemieux peut répondre
mais la Caisse de dépôt achète de toutes nos
émissions, alors je pense qu'il peut...
M. ROY (Beauce): Elle achète de toutes vos émissions?
M. GIROUX: De toutes nos émissions.
M. ROY (Beauce): Lorsque vous vendez des émissions à la
Caisse de dépôt, est-ce que vous transigez directement avec elle
ou si vous transigez par l'entremise d'un courtier?
M. GIROUX: On transige directement avec la Caisse de dépôt
et on établit un taux sur le marché moyen qui doit être
fait à ce moment-là. On ne paye pas de commission et on fait
approuver la transaction par le ministère des Finances.
M. ROY (Beauce): Maintenant, cette pratique de l'Hydro-Québec de
transiger directement avec la Caisse de dépôt, est-ce qu'elle est
instituée depuis longtemps ou si cela date de deux ans en même
temps que le gouvernement de la province s'est décidé de faire la
même chose?
M. GIROUX: La même chose, oui.
M. ROY (Beauce): C'est au même moment?
M. GIROUX: Au même moment.
M. ROY (Beauce): Donc, vous avez imité l'exemple du gouvernement
dans ce domaine?
M. GIROUX: Cela peut être vice versa.
M. ROY (Beauce): Ou vice versa. J'aime vous l'entendre dire, M.
Giroux.
Disons, en ce qui nous concerne, que nous sommes intervenus à
quelques reprises à ce sujet.
M. GIROUX: Oui, mais je dois vous dire une chose. Ces choses-là
sont faites conjointement avec le ministère des Finances et nous
établissons les politiques que le ministère approuve ou nous
recommande et que nous approuvons; et à ce moment-là, nous nous
en tenons à ces politiques. Il y a une politique qui avait
été établie ' avec le ministre des Finances selon laquelle
on négocierait directement avec la Caisse de dépôt et que
l'on ne paierait plus de commission. Alors, on l'a établie. Cela a
été fait avant de lancer l'emprunt.
M. ROY (Beauce): Maintenant, au niveau des emprunts, c'est ce qui
regarde les emprunts passés. Je vous remercie pour les réponses
que nous avons obtenues. Pour ce qui regarde le programme d'emprunts de l'an
prochain, on parle de $500 millions. Je n'ai malheureusement pas pu assister
à la séance de cet avant-midi. Peut-être que la question a
été posée. Je prends le risque de la poser une
deuxième fois.
Est-ce qu'il est exact qu'un montant d'emprunt sera
négocié avec le gouvernement fédéral à un
taux d'intérêt préférentiel, sur le programme de
$500 millions cette année, ou si c'est simplement une rumeur?
M. GIROUX: Non, c'est plus qu'une rumeur. C'est un fait qui est encore
en protocole d'entente. Seulement, pour l'usine nucléaire de Gentilly,
dans nos négociations et le protocole d'entente que nous avons
l'autorisation d'établir, nous avons une entente avec le gouvernement
fédéral qui nous prêtera $150 millions, au maximum, pour ce
projet.
M. ROY (Beauce): Pour le projet d'une centrale nucléaire.
M. GIROUX: De Gentilly.
M. ROY (Beauce): Est-ce que c'est trop à l'heure actuelle, que de
demander le taux d'intérêt?
M. GIROUX: Le taux n'a pas été fixé, mais,
normalement, d'après les ententes que nous avons avec le gouvernement
fédéral, ça nous est prêté au fur et à
mesure des besoins. On ne nous verse pas ça comme ça.
M. ROY (Beauce): Non, je suis d'accord.
M. GIROUX: Sur l'échelle, normalement, nous empruntons au
même taux que les corporations de la couronne.
M. ROY (Beauce): Ce qui veut dire?
M. GIROUX: Ce qui veut dire, en moyenne ça peut
changer toujours entre 1/8 et 1/4 p.c. de plus que le taux moyen des
emprunts à long terme du gouvernement fédéral. Je crois
que c'est l'expérience passée. Je vais demander à M.
Lemieux qui est plus familier que moi avec les taux.
M. LEMIEUX: C'est exact, c'est environ 1/8 p.c. de plus.
M. JORON: J'ai une question additionnelle se rattachant à ce
sujet. Sur $150 millions de possiblité d'emprunt auprès du
gouvernement fédéral, dans le cadre de la centrale
nucléaire de Gentilly, est-ce qu'il y en a une partie de prévue
dans le programme d'emprunt de $500 millions pour 1973?
M. GIROUX: H doit y en avoir une partie.
M. LEMIEUX: Ce sera en proportion des dépenses effectuées
en 1973 pour cette centrale.
M. JORON: Qu'est-ce que ça peut être comme ordre de
grandeur?
M. LEMIEUX: Dans le moment, je crois qu'il y aura au maximum $15
millions à $20 millions de déboursés pour la centrale, ce
qui implique pour nous des emprunts du fédéral assez minimes pour
l'année 1973. D'ailleurs, on ne fixe pas notre programme avec plus ou
moins $5 millions de précision. Quand nous disons $500 millions, c'est
$5 millions de plus ou de moins...
M. JORON: II n'y a pas d'incidence dans le programme d'emprunt de 1973
pour cette affaire-là.
M. LEMIEUX: Non, pas dans l'année 1973.
M. ROY (Beauce): Maintenant, M. Giroux, lorsque vous avez parlé
des taux d'intérêt du gouvernement fédéral, d'une
fraction d'unité de pourcentage avec les emprunts du gouvernement
fédéral, il y a quand même trois taux d'emprunt
différents. Il y a le taux des bons du trésor, le taux des
obligations qui deviennent échues à l'intérieur d'une
période de trois ans et le taux des obligations dont la durée est
supérieure à trois ans.
Pourriez-vous me dire si, lorsque vous nous avez fait part du taux tout
à l'heure, vous vous étiez référé au taux
des obligations de plus de trois ans ou si c'était...
M. GIROUX: Oui, les obligations à long terme. L'esprit de la
convention ressemblerait beaucoup à la convention que nous avons eue
lorsque nous avons emprunté pour le Centre de recherche du gouvernement
fédéral. Je crois que le gouvernement fédéral aura
les mêmes exigences lorsqu'il s'agira des titres ordinaires de
l'Hydro-Québec.
M. ROY (Beauce): Mais lorsque vous aviez emprunté pour le Centre
de recherche, l'emprunt avait été consenti par la Banque du
Canada, si ma mémoire est bonne.
M. GIROUX: Par le ministère des Finances.
M. ROY (Beauce): Par le ministère des Finances, à
même le fonds consolidé du gouvernement fédéral?
C'est ça?
M. LEMIEUX: Oui.
M. GIROUX: Je crois que la même chose sera faite. Le taux, ni plus
ni moins, est toujours sujet... La Banque du Canada a son mot à dire
dans l'établissement du taux.
M. ROY (Beauce): Mais ils viennent encore de le changer.
M. GIROUX: Mais ça, naturellement...
M. ROY (Beauce): Les politiques monétaires.
M. GIROUX: Cela, on est obligé de le subir au fur et à
mesure...
M. ROY (Beauce): En somme, les négociations qui sont faites avec
le gouvernement fédéral, c'est uniquement en ce qui regarde le
financement de la partie qui concerne Gentilly.
Il n'y a aucune démarche, aucune entente, aucun pourparler
à l'heure actuelle en vue de négocier des emprunts de cette
même nature à des taux d'intérêts plus avantageux que
ceux que nous avons sur le marché américain en ce qui a trait
à une partie des investissements qui doivent être effectués
dans la région de la baie James.
M. GIROUX: Non. Actuellement, la seule base que nous avons est
l'installation d'une usine nucléaire qui nous permet d'approcher le
gouvernement fédéral dans ce sens.
M. ROY (Beauce): Est-ce que, éventuellement, vous prévoyez
qu'il peut y avoir des pourparlers à ce sujet pour le financement du
développement de la baie James?
M. GIROUX: Je n'ai aucune objection.
M. ROY (Beauce): Vous n'avez aucune objection. Autrement dit, vous
seriez prêt à entamer des pourparlers. Parce que je me
réfère un peu aux déclarations qui ont été
faites récemment et surtout aux restrictions que semble vouloir amener
le gouvernement fédéral à ce sujet.
M. GIROUX: Nous n'aurions aucune objection. C'est beaucoup plus simple
de transiger pour emprunter, quand le consentement est là. Le
problème est d'obtenir le consentement du gouvernement
fédéral.
M. JORON: Que fait l'Hydro-Ontario dans le cas des centrales
nucléaires?
M. GIROUX: C'est une très bonne question. Je
préférerais que vous la posiez au gouvernement
fédéral parce que nous ne pouvons pas le savoir et l'Ontario non
plus.
M. JORON: C'est-à-dire que la partie du financement assuré
par le fédéral,de la construction de centrales nucléaires
en Ontario, on ne la connaît pas.
M. GIROUX: Non.
M. JORON: Personne ne la connait?
M. GIROUX: Du moins, je n'aimerais pas me prononcer sur cette
question.
M. JORON: Cela est intéressant. M. GIROUX: Très.
M. JORON: On aurait pu financer un programme nucléaire
peut-être à bon marché, à même cette partie
des fonds fédéraux qui ne reviennent jamais au Québec.
M. GIROUX: Peut-être. M. JORON: Ah!
M. ROY (Beauce): Mais si on utilisait les mêmes avantages pour
financer les développements hydroélectriques qu'on semble vouloir
nous fournir sur le nucléaire...
M. GIROUX: II n'y a pas d'erreur qu'il y aurait d'énormes
avantages.
M. ROY (Beauce): II y aurait d'énormes avantages étant
donné les immenses possibilités de développement du
côté hydraulique. Je pense qu'il y aurait lieu que le ministre des
Richesses naturelles rencontre son collègue le ministre des Finances, et
qu'ils en discutent sérieusement; d'autant plus que M. Giroux vient de
nous dire qu'il n'a aucune espèce d'objection.
M. TETRAULT: La somme de $150 millions que vous emprunterez lorsque vous
en verrez l'utilité, est à quel pourcentage? Un chiffre, tant
pour cent, plus, mais à quel chiffre? 8 p.c, 9 p.c, 3 p.c, 6 p.c, 10
p.c.
M. GIROUX: Si c'était aujourd'hui?
M. TETRAULT: Non. Mais la moyenne... parce que vous avez emprunté
au cours des années passées du gouvernement
fédéral. Quelle a été la moyenne des années
passées, l'expérience vécue?
M. GIROUX: Je ne le sais pas par coeur. Je ne sais pas si M. Lafond a la
moyenne des emprunts du gouvernement fédéral.
M. LAFOND: En vertu de la formule suivie par Ottawa, les taux sont
révisés tous les trois mois. Les taux sont publiés et
varient selon qu'ils sont appliqués à des avances faites-par le
gouvernement fédéral à des compagnies de la couronne pour
des durées de trois ans et moins, ou pour des durées à une
autre échelle et, finalement, pour des durées de 25 ans, ou 15
ans et plus, ce qui était le cas de l'IREQ. Je crois qu'à la
dernière révision, le taux se situait de mémoire aux
environs de 7 p.c, 7.25 p.c. C'est une chose que je pourrais vérifier si
vous voulez l'avoir ce soir. La formule, comme M. Giroux l'a expliqué
tantôt, permet de calculer la moyenne du cours au marché des
obligations fédérales à long terme auxquelles on ajoute
une fraction marginale de un huitième.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'Hydro-Québec a souscrit $700 millions
de capital, de la Société d'énergie de la baie James. Vous
avez versé $50 millions en 1972. Vous verserez $50 millions en 1973. Il
restera donc $600 millions sur huit ans. Cela fait une moyenne de $75 millions
l'an. Est-ce que l'échéancier pour ces huit ans, de votre
versement, de votre achat de parts, est fixé ou vous en tiendrez-vous
à une moyenne de $75 millions par année?
M. GIROUX: II est fixé.
M. CLOUTIER (Montmagny): II est fixé?
M. LEMIEUX: J'ai le total seulement pour les cinq années à
venir. En 1973, un montant de $50 millions; en 1974, $75 millions; en 1975, $75
millions; en 1976, $75 millions et en 1977, $75 millions. Je n'ai pas les
chiffres pour les années subséquentes.
M. GIROUX: C'est une progression il reste cinq ans qui va
chercher $700 millions dans les dix ans.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour les trois années 1974, 1975, 1976,
nous sommes dans la moyenne. Si nous continuons à $75 millions comme ces
trois années, ça fera le montant exact.
M. GIROUX: C'est cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): II peut arriver qu'il y ait augmentation en
1977, 1978 pour baisser après ça dans les dernières
années, en 1981, 1982.
M. GIROUX: Nous avons toujours le privilège de devancer, mais
peut-être pas davantage.
M. TETRAULT: M. le Président, suite à la question du
député de Montmagny, c'est $50 millions par année, comme
vous l'expliquez; mais dans la note 12 on trouve encore: Autres engagements,
$296 millions à la Société de la baie James et $136
millions au nom de la Société d'énergie de la baie James.
C'est le surplus des $50 millions qui est à côté.
M. GIROUX: Oui, ce sont les avances de travaux que M. Boyd
expliquera.
M. TETRAULT: Sur la totalité du projet.
M. GIROUX: Sur la totalité du projet, ce qui doit être
remboursé à l'Hydro-Québec. Cela viendra dans le domaine
de la Société d'énergie.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Gouin.
M. JORON: J'aurais une question ancillaire à celle-là.
Dans le bilan que vous nous avez remis
de la Société d'énergie de la baie James... Ce
matin, en demandant les états financiers, il n'y avait pas que le bilan,
il y avait l'état des revenus et dépenses et l'état de
provenance et d'utilisation des fonds. Cela, nous ne le voyons pas. Y a-t-il
une raison particulière à ça? Est-ce disponible?
M. GIROUX: II y a une raison peut-être particulière, il n'y
a pas de revenu.
M. JORON: Oui, mais il y a des dépenses, par contre.
M. GIROUX: Les dépenses et les avances viennent de
l'Hydro-Québec et de la capitalisation.
M. JORON: Y aurait-il moyen d'avoir un état de provenance et
d'utilisation des fonds?
M. GIROUX: M. Lemieux pourrait chercher cela. Il pourrait vous
répondre ce soir.
M. LEMIEUX: Pour quelles années? M. JORON: Jusqu'à
maintenant.
M. LEMIEUX: Pour l'année 1972, nous avons acheté des
actions pour $50 millions et nous avons fait des avances pour environ $57
millions. Pour l'année 1973, nous prévoyons acheter des actions
pour $50 millions et faire des avances pour $140 millions.
M. JORON: Oui, mais je parlais plus spécifiquement de
l'état de provenance et d'utilisation des fonds de la filiale de la
Société d'énergie de la baie James.
M. LEMIEUX: C'est bien simple. Cela vient entièrement de
l'Hydro-Québec.
M. JORON: Où peut-on retrouver les dépenses?
M. LEMIEUX: Pour la construction. Il n'y a pas d'autre endroit que
cela.
M. JORON: Mais où retrouve-t-on le détail des
dépenses, de l'utilisation des fonds, dans les bilans que vous nous avez
fournis?
M. LEMIEUX: Dans les comptes d'immobilisation.
M. JORON: Dans les dépenses globales de l'Hydro. Mais, est-ce
qu'il y a une note particulière pour ce qui relève de la
Société d'énergie de la baie James?
M. LEMIEUX: Non, pas dans le bilan de l'Hydro. Peut-être dans les
commentaires, mais dans les documents que nous vous avons remis, nous avons le
bilan de la Société d'énergie et dans ce bilan, on peut
voir le montant total des immobilisations qui, à la fin de 1972,
était de $147,888,449.
M. JORON: Est-ce que cela a été encouru en 1972?
M. LEMIEUX: Non, cela comprenait des dépenses effectuées
dans les années précédentes aussi. La plupart des
dépenses ont été effectuées en 1972.
M. JORON: D'accord. Merci.
M. CLOUTIER (Montmagny): En 1971, on a dépensé $66,809. Il
n'y a aucune indication. C'est en milliers de dollars.
M. LEMIEUX: C'est $66 millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est cela. Je cherchais l'indication des
milliers de dollars, et elle n'y est pas, dans l'état financier de
1971.
M. LEMIEUX: Quel état?
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai l'état financier.
M. LEMIEUX: On doit dire, au haut de la page, en millions de
dollars.
M. CLOUTIER (Montmagny): On se réfère à une note,
je vais la voir. Nous vérifierons mais il n'y a pas d'indication que
c'est en milliers de dollars. Seulement, quand on parle avec
l'Hydro-Québec, on ne parle jamais de milliers de dollars, on parle
toujours de millions.
M. LEMIEUX: Non, non, d'accord, cela va de soi.
M. DEMERS : On ne parle pas de la monnaie.
M. TETRAULT: Tout à l'heure j'ai vu le remboursement que la
Société d'énergie et de développement de la baie
James fera à l'Hydro-Québec, elle fera ce remboursement quand?
Vous avez fait une avance, vous dites, et ça va être
remboursé par la société quand?
M. LEMIEUX: Eventuellement.
M. BOYD: Quand la société aura des revenus.
M. TETRAULT: Lorsque vous nous présentez votre bilan et que vous
arrivez avec une augmentation et une diminution dans les revenus nets de
l'Hydro-Québec, on inclut le développement de la baie James.
M. LEMIEUX: Non, monsieur. La construction de la baie James n'a rien
à faire avec l'exploitation de l'Hydro. Uniquement avec le
programme de construction. Les intérêts sont
débités à la construction au complet.
M. ROY (Beauce): Lorsque vous faites des avances comme cela à la
Société de développement de la baie James, il est
évident que 1'Hydro-Québec est obligée de se financer et
elle doit payer de l'intérêt. Lorsque vous dites qu'elle doit
être remboursée éventuellement, cela peut être cinq
ans, cela peut être dix ans. Si cela va au moment où la
Société de développement de la baie James aura des
revenus, il va falloir quand même songer à un minimum. Je ne sais
pas. Vous êtes au courant des programmes plus que nous. Cela va prendre
au moins huit ou dix ans avant d'avoir des revenus. Est-ce que les avances que
vous faites à la Société de développement portent
intérêt ou si ce sont des avances qui sont faites purement et
simplement au prix coûtant et qui ne comportent pas
d'intérêt? Autrement dit, vous n'exigez pas d'intérêt
de la Société de développement de la baie James.
M. BOYD: Premièrement, j'aimerais corriger. C'est la
Société d'énergie.
M. ROY (Beauce): La Société d'énergie,
d'accord.
M. BOYD: Cela fait une grosse différence. M. ROY (Beauce): Je
m'en excuse. M. BOYD : Les avances portent intérêt.
M. JORON: Vous ne pratiquez pas une politique monétaire...
M. ROY (Beauce): II faudrait bien s'entendre, et je pense bien que le
député de Gouin est assez intelligent pour lire un peu entre les
lignes. Lorsqu'on emprunte avec intérêt, c'est au niveau du
financement des immobilisations comme telles que nous avons fait les
recommandations, nous avons fait des interventions. Lorsqu'il s'agit de
transferts de capital, étant donné qu'à partir du premier
point, l'Hydro-Québec se finance à 8 p.c. ou 8 1/2 p.c.
d'intérêt, mais si elle fait des avances à la
Société d'énergie de la baie James...
M. BOYD: Si vous regardez le bilan que vous avez devant vous, au passif,
au 31 décembre, vous avez: Intérêts courus sur avances de
la compagnie mère, $1,778,810.
M. ROY (Beauce): Alors, les intérêts sont facturés
chaque année. Dans le montant de $500 millions d'emprunt que vous
prévoyez au cours de l'année, quel est le montant qui va servir
aux immobilisations normales de l'Hydro-Québec, pour fins
d'immobilisations, et quelle est la partie de ces $500 millions qui sera
utilisée, soit pour souscrire du capital ou faire des avances à
la Société d'énergie de la baie James?
M. LEMIEUX: Il y aura $190 millions versés à la
Société d'énergie de la baie James, soit pour l'achat
d'actions, soit par avances.
M. ROY (Beauce): Alors, c'est $50 millions, je crois, que la loi stipule
pour l'achat d'actions?
M. LEMIEUX: Oui.
M. ROY (Beauce): Alors, cela veut dire $140 millions d'avances.
M. LEMIEUX: Oui. C'est cela.
M. ROY (Beauce): Les soldes de $310 millions vont être investis
par 1'Hydro-Québec dans les autres projets qui sont en cours.
M. LEMIEUX: Et seront utilisés aussi pour racheter les
obligations qui viennent à échéance durant l'année.
Environ $100 millions.
M. ROY (Beauce): Cela veut dire que c'est $4 millions d'augmentation
nette au niveau des immobilisations, au niveau des investissements.
M. LEMIEUX: Les investissements seront de l'ordre de $342 millions pour
l'Hydro-Québec.
M. ROY (Beauce): Pour l'Hydro elle-même? M. LEMIEUX: Pour l'Hydro
elle-même.
M. ROY (Beauce): En incluant les $190 millions.
M. LEMIEUX: Non. Sans compter les $190 millions.
M. ROY (Beauce): En dehors des $190 millions?
M. LEMIEUX: Oui.
M. ROY (Beauce): Cela veut dire que l'Hydro-Québec prévoit
$342 millions plus $190 millions avec la Société
d'énergie; cela veut donc dire $532 millions d'investissement que
l'Hydro-Québec prévoit faire au cours de l'année.
M. LEMIEUX: Aussi, l'Hydro-Québec aura à rembourser des
échéances de $96 millions et à acheter des obligations
pour nos fonds d'amortissement de $47 millions.
M. ROY (Beauce): En plus des deux montants qui ont été
mentionnés tout à l'heure?
M. LEMIEUX: D'accord.
M. ROY (Beauce): Cela fait $675 millions.
M. LEMIEUX: Cela fait de l'argent.
M. ROY (Beauce): Passablement d'argent.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous allez procéder toujours
de cette façon, faire des avances à la Société
d'énergie et que ce sera l'Hydro-Québec qui ira sur les
marchés ou si la Société d'énergie pourra aller sur
les marchés financiers?
M. GIROUX: Les deux formules sont possibles. Actuellement, on a
pensé procéder comme ça pour l'année 1973 et
l'année 1974. Durant 1974, on se rassoira pour voir quelle est la
meilleure manière d'attaquer des marchés. Les deux
possibilités existent.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans un autre ordre d'idées, M. le
Président, est-ce que vous avez rencontré la
délégation russe qui est venue à Québec ces
dernières semaines, est-ce que vous avez eu l'occasion de parler de
turbines hydrauliques avec la délégation russe?
M. GIROUX: Moi, je ne l'ai pas rencontrée, j'ai
déjà rencontré des délégations russes; il y
a des Russes qui sont venus me voir. Très gentils garçons. Je
leur ai posé une question simple, je leur ai demandé, s'ils
étaient à ma place, ce qu'ils feraient, ils ne m'ont pas
répondu. Moi, je préfère acheter dans le Québec
parce que ça reste au Québec. Les Russes ont de la marchandise
à vendre. Alors, le problème, c'est assez difficile de convaincre
d'aller acheter des turbines en dehors de la province de Québec quand
nous avons trois ou quatre très bons manufacturiers.
Location d'avions
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais la question des avions, ça ne vous
regarde pas. Cela regarde le ministère de l'Industrie et du
Commerce.
M. GIROUX: Avant que vous ne posiez la question, l'Hydro-Québec
n'a pas d'avion.
M. TETRAULT: M. le Président, en parlant d'avions, la
Société d'énergie de la baie James fait la location
d'appareils?
M. GIROUX: Oui.
M. TETRAULT: Hélicoptères et tout ça. Elle a
demandé, il n'y a pas très longtemps, des soumissions je
crois que c'est M. Boyd pour location d'hélicoptères et
d'avions pour le transport de marchandises. Est-ce que vous pouvez me dire qui
a obtenu cette soumission ou est-ce que ce n'est pas encore public?
M. BOYD: Je vais demander à M. Dozois qui s'est occupé
personnellement de ça.
M. DOZOIS: M. le Président, si vous permettez, je voudrais faire
part ici à la commission que nous avons réalisé, il y a
déjà quelques mois, que la location d'avions présentait
des problèmes, parce que, vu le grand nombre d'avions loués tant
par la Société de la baie James, que par l'Hydro-Québec et
par des bureaux d'ingénieurs et des entrepreneurs, il n'y avait pas
suffisamment d'hélicoptères dans la province de Québec, on
allait en chercher dans les autres provinces. Après avoir pris cette
habitude, on a constaté que des gens, même s'ils pouvaient se
procurer des hélicoptères dans la province de Québec,
continuaient à en louer de l'extérieur. Or, nous avons
tenté d'élaborer une politique en vertu de favoriser les
entreprises québécoises.
Ce n'était pas facile de déterminer comment on pouvait
élaborer une politique qui atteindrait ce but. Je me suis adressé
personnellement au sous-ministre du Revenu afin de connaître de quelle
façon les compagnies d'aviation ou les compagnies
d'hélicoptères acquittaient des impôts lorsqu'elles
achetaient des appareils, lorsqu'elles les faisaient réparer ou, si un
pilote venait d'une autre province, si la province de Québec pouvait en
retirer des revenus.
Après avoir obtenu ces renseignements, nous sommes allés
de l'avant et nous avons élaboré un système tant pour la
Société d'énergie que pour l'Hydro-Québec. Nous
avons demandé des soumissions, mais en faisant parvenir à chaque
soumissionnaire, à chaque compagnie du Québec, un questionnaire
lui demandant de nous fournir le nom de la compagnie, le siège social,
la sorte de charte qu'elle avait et la forme d'organisation de la compagnie, de
même que le nombre d'employés inscrits sur les listes de paye, le
nombre de ceux résidant en permanence au Québec et, du nombre
mentionné ci-dessus, les pilotes, les mécaniciens et les autres;
les permis d'exploitation qu'elle avait également, le type
d'aéronefs pour lesquels elle avait des certificats d'exploitation.
Combien d'aéronefs de chaque type exploitez-vous à la date de
cette invitation? De combien d'aéronefs de chaque type êtes-vous
propriétaire en titre? Combien d'aéronefs avez-vous loués
ces derniers douze mois? Est-ce que les inspections et les réparations
majeures ainsi que l'entretien des aéronefs que vous exploitez sont
faits dans la province de Québec? Indiquez les facilités en gares
et matériel que vous possédez au Québec pour l'entretien
et la réparation de vos appareils.
Or, et l'Hydro-Québec et la Société
d'énergie ont demandé des soumissions sur invitation à
toutes les compagnies du Québec qui avaient des
hélicoptères. Par les réponses que nous avons
reçues à ces questionnaires, nous avons pu établir combien
chaque compagnie avait d'appareils qui étaient vraiment des appareils du
Québec, vraiment pilotés par des gens payés faisant partie
des listes de paye du Québec et
par conséquent, ayant des déductions à la source
qui s'en allaient dans les coffres de la province. Lorsque nous avons eu le
tableau, nous avons distribué les commandes selon les prix offerts mais
toujours en tenant compte si c'était une compagnie qui nous offrait des
appareils dont elle était propriétaire, sur lesquels elle avait
payé la taxe de vente, lesquels appareils seraient pilotés par
des gens du Québec.
Nous avons demandé dans la soumission de nous indiquer
précisément le numéro d'enregistrement des
aéronefs, avions ou hélicoptères qui seraient
affectés au contrat qui leur serait donné, de façon
à bien contrôler et à ne pas permettre lorsque nous avons
donné un contrat, d'aller, pour remplir ce contrat, chercher un
aéronef dans les provinces voisines ou ailleurs. Nous avons pensé
que de cette façon nous avions distribué pour l'année tous
les contrats, tant à la Société d'énergie
qu'à l'Hydro-Québec, à des compagnies du Québec et
nous sommes certains que ce seront des avions du Québec, des avions
enregistrés au Québec pour lesquels les compagnies ont
payé des taxes au Québec, pour lesquels elles assureront des
services de réparation et de pilotage du Québec.
M. TETRAULT: Suite à l'exposé de M. Dozois je me
réjouis qu'il ne suive pas la même politique que son
confrère des Terres et Forêts soit, de louer des
hélicoptères de l'Ontario est-ce qu'il pourrait nous dire
si les compagnies, dans les priorités que vous avez
énumérées, qui appartiennent aux gens du Nord-Ouest
québécois parce qu'il y en a ont été
choisies prioritairement aussi?
M. DOZOIS: Je sais que c'est une question, M. le Président, assez
épineuse, parce qu'on nous a représenté que certaines
compagnies étaient contrôlées par du capital
étranger. Il y en avait une, entre autres, qui était
contrôlée par du capital français. Cette compagnie a
passé après cela sous le contrôle d'une autre compagnie. On
a dit que c'était une compagnie de la Colombie-Britannique, mais dont
les actionnaires principaux demeuraient à Mont-Royal.
M. TETRAULT: Bonaventure Airways?
M. DOZOIS: Non, pas Bonaventure Airways.
M. TETRAULT: Bonaventure Hélicoptère?
M. DOZOIS : Non, une autre compagnie que celles-là. Il s'agit de
celle que j'ai à l'esprit.
La politique est d'inviter des compagnies à s'installer au
Québec. Je ne sais pas si nous devons, pour donner un contrat, faire une
différence entre les compagnies québécoises dont le
capital est détenu par des québécois et celles dont le
capital est détenu par des étrangers. Nous, nous avons
pensé qu'il valait mieux s'assurer de donner un contrat à une
compagnie québécoise qui avait des avions achetés dans la
province de Québec, qui acquittait ses taxes dans la province de
Québec, qui faisait faire la réparation de ses appareils dans la
province de Québec, qui avait des pilotes qui étaient
payés dans la province de Québec et de qui nous percevions
l'impôt sur le revenu au bénéfice de la province de
Québec, que nous pouvions difficilement aller au-delà et,
commencer à partager en disant: C'est une compagnie
québécoise, mais c'est du capital qui vient de l'Ontario, du
Nouveau-Brunswick, de la Colombie-Britannique, des Etats-Unis ou de la France.
Pour nous, c'était une compagnie québécoise. La même
chose se présente, quand on invite une compagnie à s'installer au
Québec pour fabriquer des automobiles, par exemple. Rien n'empêche
que ces gens sont établis au Québec avec une politique
économique favorable au développement de la province. Alors, je
pense que l'on doit considérer ces compagnies comme des compagnies
québécoises. Il est difficile de commencer à faire le
partage et de dire à qui appartient le capital de cette compagnie.
M. TETRAULT: Peut-être que je vais entrer dans le secret des
dieux, M. le Président, est-ce que M. Dozois peut nous
énumérer les compagnies qui remplissent les critères que
vous avez énumérés et est-ce qu'elles remplissent tous ces
critères?
M. DOZOIS: Toutes les commandes que nous avons données
étaient pour des avions achetés au Québec,
enregistrés au Québec et pilotés...
M. TETRAULT: L'hélicoptère. M. DOZOIS: Pardon?
M. TETRAULT: Est-ce qu'on fabrique des hélicoptères au
Québec?
M. DOZOIS: Je ne crois pas qu'il se fabrique
d'hélicoptères au Québec.
M. TETRAULT: Non, il faut aller au Texas.
M. DOZOIS: Non, mais une compagnie du Québec, qui achète
un hélicoptère dans le Québec, doit payer la taxe de vente
de 8 p.c. Si on loue un hélicoptère d'un transporteur onta-rien,
il va payer sa taxe de vente en Ontario. Donc, la province de Québec
n'en tire pas de bénéfices.
M. TETRAULT: D'accord.
M. DOZOIS: C'est sur cette base-là que nous les avons
encouragés. De mémoire, je n'ai pas la liste de ceux qui ont
reçu des commandes, mais il y a Héli Voyageur,
Trans-Québec, les Ailes du Nord, Lac-Saint-Jean Aviation, Sept-Iles,
Saint-Félicien, Nordair, Fecteau. Enfin, ils ont pres-
que tous eu des commandes ou une part de la commande, pour le nombre
d'avions qui répondaient aux normes, selon le questionnaire que nous
avions soumis.
M. ROY (Beauce): Est-ce qu'il y avait assez d'entreprises au
Québec en mesure de donner tous les services à ce niveau?
M. DOZOIS: Oui.
M. ROY (Beauce): L'Hydro-Québec en disposait. Vous n'avez pas
été obligés de négocier avec d'autres?
M. DOZOIS: Non.
M. ROY (Beauce): Pas du tout. Il y en avait suffisamment au
Québec.
M. DOZOIS: D'après l'appel d'offres que nous avons fait et les
ordres de services que nous avons faits. Nous n'avons même pas
été capables d'employer tous les appareils qui nous
étaient offerts. Nous avons essayé de partager selon les prix
offerts et le type d'appareil dont nous avions besoin, de le répartir
entre toutes les compagnies du Québec.
M. ROY (Beauce): Cela veut dire que les compagnies du Québec
pouvaient même vous en offrir davantage.
M. DOZOIS: Oui.
M. ROY (Beauce): C'est une bonne nouvelle pour l'honorable ministre des
Terres et Forêts, comme disait le député d'Abitibi-Est tout
à l'heure.
M. DOZOIS: Je ne sais pas si c'est le même type d'appareil dont
nous avons besoin dans d'autres services.
M. ROY (Beauce): Les crédits s'en viennent, M. Dozois, nous
allons l'interroger sur ce point.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Autres questions, messieurs?
M. TETRAULT: Dans l'approvisionnement pour les travaux de la
Société d'énergie de la baie James, ce sont les
mêmes critères que ceux que M. Dozois vient
d'énumérer que vous employez, strictement au Québec le
plus possible, si les fournisseurs répondent à vos exigences.
M. BOYD: La politique qu'a décrite M, Dozois a été
élaborée entre l'Hydro-Québec et la Société
d'énergie. D'ailleurs, M. Dozois siège au conseil
d'administration de la Société d'énergie, comme vous le
savez. C'est la même politique que nous avons suivie.
Choix de la main-d'oeuvre
M. TETRAULT: J'aurais une question à poser à M. Boyd.
Peut-être que cela ne vous concerne pas du tout. Il y a une compagnie qui
travaille au développement de la baie James et, d'après les
sous-traitants, des contrats que vous avez donnés, est-ce que vous
établissez la même politique dans le choix de la
main-d'oeuvre?
M. BOYD: La main-d'oeuvre?
M. TETRAULT: Si cela est dans le même domaine.
M. GIROUX: Peut-être que cela n'a pas été suivi ou
adopté parce que cela était des débuts, mais les
politiques que nous voulons installer s'occuperont de cela.
M. TETRAULT: Je pense à une compagnie particulière,
Kewitt, qui ne passe pas par le Centre de main-d'oeuvre du Québec, mais
qui s'adresse directement au centre de main-d'oeuvre fédéral.
M. GIROUX: Je crois que M. Boyd peut vous répondre sur ce que
nous allons faire dans l'avenir. Il a pu y avoir des erreurs dans le
passé. Mais à l'avenir, cela passera par le centre.
M. BOYD: Je peux vous lire une clause générale des appels
d'offres que nous avons publiés depuis le début de l'année
qui parle du recrutement de la main-d'oeuvre: "Pour le recrutement de la
main-d'oeuvre nécessaire à l'exécution de ce contrat ou
des contrats, l'entrepreneur doit, dans la mesure du possible, faire appel au
Centre de main-d'oeuvre du Québec et, compte tenu des qualifications
requises, il doit accorder au candidat une préférence
s'échelonnant dans l'ordre suivant: A. Personne résidant dans la
région du Québec où s'exécutent les travaux. B.
Personne résidant dans les autres régions du Québec. C.
Personne résidant dans les autres provinces. D. Etrangers.
L'entrepreneur, les sous-entrepreneurs et toutes les personnes
intéressées au contrat devront, pour l'exécution des
travaux, recruter et embaucher en priorité la main-d'oeuvre requise sur
tout le territoire dans la province de Québec." C'était une
clause.
M. TETRAULT: Est-ce que M. Boyd...
M. DOZOIS: M. le Président, si vous me permettez d'ajouter ceci.
Il y a quelques mois, nous avons ajouté, tant à
l'Hydro-Québec qu'à la Société d'énergie,
une clause dans le cahier des charges, parce que nous avions eu des plaintes
quant au choix des sous-traitants. Nous y avons donc ajouté la clause
suivante: "L'entrepreneur choisira comme sous-traitants des entrepreneurs ayant
leur principale place d'af-
faires dans le Québec et si cela n'est pas possible, il devra en
donner les raisons par écrit à l'Hydro-Québec ou à
la Société d'énergie."
M. TETRAULT: C'est sur les nouveaux contrats?
M. DOZOIS: Depuis sept ou huit mois, nous avons inséré
cette clause. Je continue: La préférence sera alors
accordée à des entreprises ayant leurs principales places
d'affaires ailleurs au Canada, si elles nous fournissent la preuve qu'elles ne
sont pas capables de faire faire ces travaux par les gens du Québec.
L'entrepreneur devra fournir à l'Hydro-Québec le nom et l'adresse
de la principale place d'affaires de tout sous-traitant proposé. Il
devra permettre en tout temps à l'Hydro-Québec ou à ses
représentants autorisés de vérifier l'application de cette
clause.
M. TETRAULT: M. le Président, j'aurais une autre question
à poser à M. Boyd en ce qui concerne l'emploi à la baie
James. Vous nous avez dit, dans votre permier paragraphe: C'est dans la
région où les travaux sont effectués. C'est bien cela?
J'ai bien compris?
M. BOYD: Oui.
M. TETRAULT: Est-ce que vous pourriez faire parvenir ce paragraphe au
Centre de la main-d'oeuvre de Montréal pour qu'il en prenne conscience
parce qu'une telle chose ne s'y déroule pas. Cela ne se fait pas
ainsi.
M. DEMERS: Cela se fait par téléphone directement de
Montréal à vos centres respectifs, pour dire: Envoie tel gars.
C'est comme cela que cela marche.
M. TETRAULT: Le centre cumule les emplois et s'il n'a pas la
main-d'oeuvre nécessaire à Montréal, il s'adresse aux
autres centres.
M. GIROUX : On veut bien coopérer, mais il ne faudrait pas nous
demander de faire de l'ingérence dans l'administration
gouvernementale.
M. TETRAULT: Si je vous le demande, c'est parce que c'est suite à
une déclaration du premier ministre et du ministre du Travail, M.
Cournoyer qui l'ont bien expliqué lors de l'étude de la loi 50,
sur la formation de la société, et telle chose n'existe pas.
C'est pour cela que je suis très fier d'entendre qu'elle existe. Dites
au Centre de main-d'oeuvre du Québec que cela existe, parce, que selon
lui, cela n'existe pas.
M. HARVEY (Chauveau): J'aurais une question de privilège. Je
pense que lorsqu'on s'adresse aux journaliers, c'est bien d'accord, mais
lorsqu'on recrute des professionnels, je pense bien qu'on ne peut pas s'en
restreindre à une seule région.
M. TETRAULT: Si le député de Chauveau voulait
s'informer...
M. HARVEY (Chauveau): Des noms, des noms, pas des accusations.
M. TETRAULT: Non, non, dans l'explication qu'il donne j'ai...
M. DEMERS: Moi, je ne le donnerais pas publiquement parce que vous allez
continuer à faire ce que vous voulez. Il y en a d'autres qui...
M. HARVEY (Chauveau): Moi, je ne m'en plains pas, de toute façon,
M. le Président. Certainement, nous avons des gens compétents qui
peuvent travailler dans toutes les régions du Québec, ils sont
tous Québécois au même titre.
M. DEMERS: C'est bien.
UNE VOIX : II est six heures, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, est-ce que, face à la
motion que nous avons devant la commission, nous continuons à
siéger en soirée?
UNE VOIX : Vote.
M. JORON : Est-ce que, avant de voter, nous pouvons débattre la
motion? Mais, avant de la débattre je ne veux pas la
débattre pour rien le ministre pourrait-il nous faire part de son
opinion à l'égard de la motion et nous pourrions peut-être
trancher la question plus rapidement, je ne le sais pas?
M. MASSE (Arthabaska): II y a deux parties dans votre motion. Une
concerne d'abord le dépôt d'un certain nombre de documents...
M. JORON: Ce qui est déjà réalisé.
M. MASSE (Arthabaska): II y en a d'ailleurs eu plus de
déposés que de demandés.
M. JORON: D'accord.
M. MASSE (Arthabaska): Et la deuxième, est-ce que d'abord, vous
êtes consentant à l'utiliser en deux parties? C'est-à-dire
que, pour la deuxième partie...
M. JORON: Qu'est-ce que vous suggérez?
M. MASSE (Arthabaska): Je pense qu'on va être obligé de
prendre le vote pour la deuxième partie pour plusieurs raisons. La
Commission hydroélectrique est une entreprise gouvernementale. C'est
drôlement différent de la situa-
tion dans une entreprise privée, comme l'exemple qu'on a
donné ce matin, celui de Bell Canada. Les augmentations de tarifs ne
sont pas présentées au public sans qu'il y ait eu, par le
gouvernement, des études les plus complètes possible.
Actuellement, nous faisons connaître tous les documents toutes les
données qui peuvent permettre à la population, je pense, de
prendre conscience du fait que la justification du moins, les membres de
l'Hydro-Québec sont justement ici pour justifier davantage et
répondre à des trous qu'il pourrait y avoir dans les documents...
En plus, l'importance pour l'Hydro-Québec de la nécessité
de revenus urgents dans le sens que, je pense qu'on a commencé à
le voir, ces augmentations je ne peux pas actuellement présumer
de la décision de la commission mais, personnellement, sont
complètement justifiées à mes yeux.
D'autre part, j'admets que les structures actuelles d'examen des
demandes semblables ne sont pas parfaites. Je pense que cela mérite une
réflexion sur la structure actuelle, sur la manière de
procéder pour en arriver à une augmentation de tarifs
d'électricité. Pour ces raisons, je dois voter contre.
M. JORON : M. le Président, est-ce que vous me permettriez de
faire une suggestion?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Saint-Maurice m'a
demandé la parole. On va l'entendre et, après cela...
M. DEMERS: Ce sera très bref. C'est qu'on vient de nous remettre
une liasse de documents dont nous n'avons pas pris connaissance. Nous aurions
voulu que nous puissions jeter un coup d'oeil là-dessus afin de nous
former une idée. Je sais que le gouvernement a eu les documents en temps
et lieu. IL les a étudiés, il a même pris une
décision. Il y a un arrêté ministériel en ce
sens-là. Il y a une lettre du premier ministre qui stipule que la
commission pourra changer la décision. Changer la décision sans
avoir étudié le contenu des documents, je trouve que c'est un peu
arbitraire et c'est prémédité. Ce n'est pas
sérieux.
Le gouvernement est prêt à se prononcer là-dessus,
il est au courant des documents depuis le mois de janvier. Cela nous arrive
à nous" cet après-midi. On demanderait au moins quelques heures
pour regarder ces documents.
M. JORON: Pour enchaîner dans le sens du député de
Saint-Maurice, j'irais plus loin. Est-ce que le ministre serait prêt
à accepter les deux premières lignes de l'article no 2 de ma
motion, c'est-à-dire que l'étude de cette question soit
reportée à une séance ultérieure de la
commission?
M. MASSE (Arthabaska): C'est pourquoi on avait l'intention d'ajourner
les séances de la commission pour reprendre les travaux demain.
M. JORON: Ce que vous appelez une séance ultérieure, ce
serait demain? Moi, j'estime que ça prendrait joliment plus de temps que
ça pour passer à travers toutes les implications qu'il y a dans
le mémoire. Je prends le mémoire, il y a de quoi passer une bonne
fin de semaine ou une bonne semaine rien que là-dedans. Comme le disait
le député de Saint-Maurice, ça va bien pour vous, vous les
avez depuis le mois de janvier. Mais il y a joliment d'implications dans tout
ça. Est-ce qu'il serait possible de penser en fonction du retour,
j'imagine qu'il y a des vacances pascales ou je ne sais pas trop quoi?
M. MASSE (Arthabaska): Disons qu'il y a des échéances que
l'Hydro-Québec doit respecter actuellement. Je ne sais pas les dates que
vous avez, à savoir...
M. GIROUX: M. le Président, je crois que, pour aider l'honorable
député, s'il écoutait les bases de raisonnement, en
suivant l'exposé, il pourrait épargner beaucoup de temps.
M. JORON: Ecoutez, je comprends, mais l'étude du document nous
permettrait d'arriver avec les questions pertinentes. Remarquez que je
pense...
M. GIROUX: II n'y a rien qui annulerait les questions pertinentes
demain.
M. JORON: Pour trouver les questions pertinentes dans tout ce
dédale, je ne parle même pas pour les profanes, mais même
pour ceux, s'il y en a, autour de la table, qui seraient des grands experts, je
pense qu'ils n'y arriveraient pas, eux non plus. Ce n'est pas au fur et
à mesure de la discussion qu'on peut avoir un ensemble logique de
questions pertinentes. C'est la raison pour laquelle, d'autre part, ça
n'empêche pas... Si j'ai bien compris la façon de procéder
dans le moment, l'Hydro-Québec a eu l'autorisation du gouvernement de
procéder, quitte à ce que ce soit revu de façon
rétroactive par le jugement ultérieur de la commission. A cet
égard, ça ne pénalise pas l'Hydro-Québec.
M. MASSE (Arthabaska): Je pense qu'on a pu se rendre compte, surtout au
cours de la discussion de cet après-midi, du grand besoin de
l'Hydro-Québec d'avoir des revenus supplémentaires. D'ailleurs,
quelques députés l'ont souligné ici. On peut même
voir, avec certains tableaux, qu'on retrouvera dans le mémoire qu'on a
distribué cet après-midi, que l'administration, les états
financiers, on vient de finir de les examiner. Si on est satisfait, il reste
tout simplement une deuxième étape, c'est que, pour les besoins
à venir, il s'agit, de la part de l'Hydro-Québec, de justifier
cette augmentation.
Ce n'est pas sorcier dans mon esprit.
M. LAURIN: M. le ministre, est-ce que c'est
du "rubber stamping" que vous voulez de notre part ou ce qu'on appelle
"a well considered opinion", basée sur une étude attentive des
documents qui nous ont été soumis?
M. MASSE (Arthabaska): Oui, mais il ne faudrait pas...
M. LAURIN: Parce que vous, comme le disait le député de
Saint-Maurice tout à l'heure, vous avez eu tout le temps, tout le loisir
d'étudier à fond les moindres implications, l'impact de la
recommandation qu'on vous a faite, mais ce n'est pas le cas pour nous.
M. JORON: Est-ce que le gouvernement a pu prendre une décision
dans les 24 heures qui ont suivi la réception du mémoire de
l'Hydro-Québec? Je ne pense pas que ce soit le cas; alors, vous ne
pouvez pas exiger la même chose de nous.
M. DEMERS: On n'est certainement pas aussi brillant que vous.
M. MASSE (Arthabaska): II n'est pas question de faire de comparaison
pour l'instant mais dans le cadre des études ou de la proposition que
vous faites, c'est retarder d'au moins un mois la reconvocation de la
commission parlementaire qui, selon les informations que j'ai de la part de
l'Hydro-Québec, pourrait la placer dans une situation assez
difficile.
M. JORON: Je voudrais bien que vous m'expliquiez comment, parce que,
d'après ce qu'on a compris, ou d'après ce que le gouvernement a
déclaré, cela n'empêche pas de procéder dans
l'immédiat.
M. MASSE (Arthabaska): C'est-à-dire que cela l'en empêche
du fait qu'elle ne peut pas appliquer ces tarifs...
M. JORON: A partir de quelle date, l'augmentation?
M. MASSE (Arthabaska): Le 15 avril. Dans deux jours.
M. LAURIN: On est le quoi aujourd'hui? M. MASSE (Arthabaska): On est le
onze.
M. LAURIN: C'est nous mettre devant le fait accompli.
M. DEMERS: Moi, je pense, avec mes collègues de la commission,
qu'on parle et on en cause pour rien. La décision est prise. Vous voulez
juste nous habituer à cela. Nous sommes prêts à
étudier pour nous faire une idée. Nous n'avons pas la science
infuse. C'est assez volumineux, cette histoire, il y a des implications comme
le député de Gouin vient de vous le dire. Si nous n'avons pas le
temps d'étudier, réglons donc cela tout de suite et ajournons nos
travaux pour renvoyer l'Hydro-Québec chez elle.
M. LAURIN : Prenez la responsabilité de vos décisions.
M. MASSE (Arthabaska): II n'en est pas question. Vous avez un document
ici qui est le compte rendu de toute l'argumentation de l'Hydro-Québec,
un document qui a avec les annexes une quarantaine de pages. Cela ne prend pas
une semaine pour lire un document semblable.
M. JORON: Combien de temps cela vous a-t-il pris au cabinet avant
d'arrêter votre décision?
M. MASSE (Arthabaska): Cela a pris une soirée.
M. LAURIN: Cela a pris plus de temps que vous nous en demandez.
UNE VOIX: L'Hydro-Québec a fait sa demande en fin de janvier.
UNE VOIX: En plus de lettres qui avaient été
adressées l'année dernière.
M. ROY (Beauce): Mais cela fait passablement de temps que nous demandons
la convocation de la commission parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de l'Assomption.
M. PERREAULT: Quant à moi, je crois que l'on peut comprendre le
document beaucoup plus en écoutant l'Hydro-Québec et en se posant
des questions sur ce document, quitte à revenir après pour les
décisions.
Pour comprendre le document, les gens de l'Hydro-Québec sont
là pour nous donner les explications sur dos sujets du document et je
crois que c'est en procédant par questions que nous aurons une
réponse.
M. ROY (Beauce): Est-ce que je pourrais poser une question?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Est-ce que la commission a été
convoquée pour que nous puissions nous faire une opinion ou pour nous
vendre votre opinion?
M. DEMERS: Pour que vous scrutiez les documents que
l'Hydro-Québec met à votre disposition et voir si l'augmentation
demandée est celle dont l'Hydro-Québec a besoin.
M. ROY (Beauce): C'est justement ce que nous demandons, M. le
Président. C'est la seule chose que nous demandons et je pense que notre
demande est plus que légitime, à moins que vous ne vouliez nous
vendre votre idée. Si vous voulez que nous nous fassions une opinion, je
pense, M. le Président qu'il faut quand même prendre le temps
d'étudier...
M. DEMERS: Vous lui envoyez une facture d'électricité
immédiatement et c'est réglé.
M. GAUVREAU: M. le Président, j'ai à côté de
moi nos deux spécialistes de la tarification. On écoute un peu
les désirs des partis. Il nous semble que si la soirée
d'aujourd'hui était consacrée à l'exposé que nous
voulons vous faire, des principes de la tarification, de la façon que
nous procédons, des études préalables que nous faisons et,
ensuite, une période de questions, on pense que cela aiderait beaucoup
l'assemblée à comprendre davantage, à
pénétrer et à faire l'étude que les
députés désirent faire du document d'une façon plus
élaborée.
M. JORON: J'apprécie la suggestion de M. Gauvreau qui peut
être utile. Mais seulement, je ne pense pas qu'il appartienne aux
témoins appelés à cette barre de décider de la
procédure qu'entend prendre cette commission.
LE PRESIDENT (M. Giasson): II l'a faite à titre de
suggestion.
M. JORON: M. le Président, est-ce que je pourrais procéder
de la façon suivante: Retirer la motion que je vous ai
présentée ce matin et vous en présenter une nouvelle qui
se limiterait aux deux lignes que je vous ai lues tout à l'heure,
c'est-à-dire que l'étude de cette question soit reportée
à une séance ultérieure de la commission où on
pourrait ajouter que celle-ci devrait se tenir au plus tard avant, disons, le
31 mai 1973?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Pour autant que la présidence
étudie le comportement des gens de la commission il est 18 h. 15
je m'aperçois qu'il va falloir revenir ici, ce soir, pour
disposer de cette motion.
M. JORON: Vous suggérez que l'on suspende pour l'instant.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Que l'on suspende tout simplement et que l'on
revienne soit à 20 heures, ou 20 h 15 pour terminer le débat de
la motion ou étudier les amendements qui peuvent être
apportés à la motion et en disposer.
La séance est suspendue jusqu'à 20 h 15.
(Fin de la séance à 18 h 17)
Reprise de la séance 20 heures
M. BRISSON (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
Je désirerais faire remarquer que le rapporteur de cette
assemblée sera le député de Kamouraska. La parole est au
ministre des Richesses naturelles.
Rôle de la Commission parlementaire
M. MASSE (Arthabaska): Avant de continuer les discussions qu'on avait
laissées en plan à six heures, en plus j'aurais une suggestion
à faire, quitte par la suite à voir quelle décision on
pourrait prendre, étant donné que nous avons devant nous les gens
les plus qualifiés pour nous faire part de la position de
l'HydroQuébec. Je voudrais simplement suggérer que nous
entendions la partie de l'Hydro-Québec et par la suite de prendre une
décision définitive sur le débat qu'on avait amorcé
dans le sens le plus positif possible.
M. DEMERS: M. le Président, je voudrais avoir une directive de la
présidence, si c'est possible. Je voudrais qu'on me dise exactement quel
est le rôle et quels sont les pouvoirs de notre commission. Je
m'explique. Comment comptera la décision de la commission dans le
changement ou le maintien des tarifs de l'électricité? Je veux
savoir ce que vient faire la décision de cette commission dans la
présente situation, et quel est le rôle de la lettre que le
premier ministre a envoyée à M. Giroux lui annonçant que
les tarifs étaient augmentés en principe par décision du
Conseil des ministres et que le tout restait à la décision de la
commission.
Je veux savoir si le premier ministre, dans cette lettre, a voulu se
chercher une couverture de la commission et si la commission a
réellement les pouvoirs d'accepter ou de rejeter. On va entendre les
officiers de l'Hydro-Québec. Je n'ai pas d'objection à les
entendre, quels que soient les pouvoirs de la commission, mais je voudrais
être fixé une fois pour toutes sur notre rôle
précis.
M. BACON: Un point d'ordre, M. le Président. Ce n'est pas une
directive. Ce n'est pas au président de décider de cette
chose-là.
M. DEMERS: Qui va nous expliquer le règlement actuellement?
M. BACON: J'ai la parole, M. le Président.
M. DEMERS: Non, vous ne l'avez pas demandée. C'est moi qui
l'avais.
M. LE PRESIDENT (Brisson): L'honorable député de
Saint-Maurice avait la parole.
M. BACON: Sur un point d'ordre, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Sur un point d'ordre, je vous écoute.
M. BACON: Je dis que l'intervention du député de
Sainte-Marie n'était pas une demande de directive. Ce n'est pas à
la présidence à décider ce qui fait l'objet de sa
question.
M. DEMERS: Je demande à la présidence, M. le
Président, quel est le rôle et quels sont les pouvoirs de la
commission dans la fixation des tarifs d'électricité. Si la
question est irrégulière, dites-le moi. Mais je voudrais bien
savoir quel est le rôle de cette commission.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Pour la bonne entente de tout le monde, nous
devrons brièvement écouter le député de
Saint-Maurice afin qu'il finisse non pas son exposé mais sa demande
d'explication. Après, je demanderai à l'honorable ministre de
bien vouloir répondre.
M. DEMERS: Bon! J'ai demandé quel était le rôle de
cette commission et je demande aussi quel est le sens de la lettre du premier
ministre lorsqu'il écrit à M. Giroux et lui dit que le Conseil
des ministres a accepté l'augmentation de tarifs, laissant le tout
à la discrétion de la commission. Si la commission, d'une part,
n'a pas de pouvoir, que veut dire la lettre du premier ministre? Si elle en a,
c'est très bien. Qu'on me le dise, on pourra en discuter, lorsque ce
sera établi. Si je me trompe, l'Hydro-Québec fait une
recommandation au Conseil des ministres pour demander une augmentation de
tarifs et celui-ci accepte ou rejette, cela devrait être le principe de
la loi.
Et que vient faire dans la loi la commission au point de vue de
l'efficacité et concrètement?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, pour répondre
à la question du député de Saint-Maurice, ce geste du
premier ministre, on doit le considérer comme un geste le plus
démocratique possible, qui veut avoir l'opinion des membres de la
commission parlementaire sur une décision que le gouvernement a prise
d'accorder à l'Hydro-Québec une augmentation de tarifs.
Personnellement, cette décision a été prise d'une
façon sérieuse et des plus valables.
Mais, compte tenu de la juridiction d'une commission parlementaire, il
reste toujours que le Conseil exécutif a la décision finale mais
que le Conseil exécutif, par contre, peut prendre avis de la commission
parlementaire des richesses naturelles. C'est exactement dans ce contexte que
le premier ministre a annoncé que l'acceptation était, d'une
certaine façon, conditionnelle au résultat des discussions tenues
à la commission parlementaire des richesses naturelles.
M. DEMERS: Est-ce que le ministre pourrait me définir ce qu'il
entend par conditionnelle. Si la commission votait contre l'augmenta- tion des
tarifs, qu'est-ce que cela changerait dans la décision de
l'Exécutif de la province de Québec?
M. MASSE (Arthabaska): Ce n'est peut-être pas uniquement une
question de voter pour ou contre. C'est peut-être aussi que même si
les fonctionnaires, même si le conseil des ministres ont scruté
attentivement cette demande de l'Hydro-Québec, il n'est pas dit qu'il
n'y a pas eu d'erreurs commises, qu'il n'y a pas eu des trous qui n'ont pas
été relevés, que ces discussions que nous avons ici
aujourd'hui et que nous aurons dans les jours suivants ne démontreront
pas qu'il y aurait peut-être lieu d'augmenter les tarifs à un taux
supérieur ou inférieur. Je pense qu'il faut prendre les
débats que nous avons à cette commission parlementaire comme un
avis que nous soumettrons au Conseil des ministres.
On ne peut pas donner des juridictions exécutives à une
commission parlementaire. Je pense que tout le monde sait cela.
M. LAURIN: Est-ce pour diluer la responsabilité d'une
décision forcément impopulaire que le gouvernement veut partager
indirectement sa responsabilité avec les autres partis d'opposition?
M. MASSE (Arthabaska): Je pense que cette décision a
été prise en toute rationalité, parce qu'il faut croire
que si l'Hydro-Québec demande une augmentation de tarifs, c'est parce
qu'elle en a besoin. Le gouvernement, dans ses examens, a aussi trouvé
que l'Hydro-Québec avait besoin de cette augmentation mais, d'autre
part, il n'est pas dit que les discussions que nous avons ici aujourd'hui en
commission ne pourront pas amender d'une certaine façon les
règlements ou l'arrêté en conseil qui peut
être amendé en tout temps autorisant ces augmentations.
Comme le premier ministre l'a dit tout à l'heure, il est possible que
nous apportions du côté ministériel des amendements
concernant entre autres les Iles-de-la-Madeleine.
M. LAURIN: Je voudrais soumettre au ministre les considérations
suivantes. Dans l'exposé qu'il a donné en réponse à
la question du député de Saint-Maurice, il a fait allusion au
fait que, dans la décision qu'a prise le gouvernement, il pouvait
subsister une certaine marge d'incertitude, il pouvait exister, selon son
expression, des flous, des éléments dont le gouvernement
paraissait ne pas être sûr.
M. MASSE (Arthabaska): J'ai dit: Si cela existait.
M. LAURIN : Vous avez, en tout cas, soumis cela comme hypothèse
de travail. Et pourtant, le gouvernement a à sa disposition un
très grand nombre de fonctionnaires, spécialistes, qui ont pu
étudier à loisir la demande et les recommandations de
l'Hydro-Québec et qui ont pris pour ce faire tout le temps voulu.
Le gouvernement pouvait aussi s'appuyer, comme le député
de L'Assomption l'a fait voir avant le souper, comme le ministre l'a fait voir
également, sur la confiance, la crédibilité qu'ont,
à ses yeux, les spécialistes de l'Hydro-Québec qui ont
longuement étudié cette question et qui lui ont soumis des
recommandations. Et pourtant, il voudrait que nous, la commission
parlementaire, dans un intervalle très bref, après avoir
écouté les explications de l'Hydro-Québec pour lesquelles
nous avons d'ailleurs infiniment de respect, après avoir
écouté simplement ces explications, lu les documents qu'on nous a
fournis et quelques heures de réflexion, nous découvrions, si la
chose est possible, les éléments d'incertitude ou les
éléments encore dubitatifs qui restent dans la demande de
l'Hydro-Québec. Avec le peu de temps qu'on met à notre
disposition, puisqu'on veut procéder avec célérité
à l'examen de toutes ces recommandations dans un délai de
quelques jours, avec les faibles ressources techniques dont nous disposons,
comment peut-il espérer recevoir de nous un avis étoffé,
un avis pertinent, un avis qui tient compte de toutes les dimensions du
problème? Car, nous sommes assez réalistes, nous connaissons
assez la complexité du sujet pour nous rendre compte qu'il ne faut pas
nous aventurer dans un pareil domaine avec l'enthousiasme des néophytes
et avec la bonne foi des débutants. Comment le ministre peut-il
espérer que, munis des ressources qui sont les nôtres, nous
puissions arriver à remplir le rôle qu'il nous assigne?
Est-ce qu'il ne serait pas plus logique, plus normal, que pour compenser
cette absence de ressources techniques derrière nous, le ministre nous
permette, à tout le moins, d'entendre d'autres organismes qui auraient
pu ou qui pourraient, si on leur donne un peu de temps, nous présenter,
en même temps que nous étudierions le problème à
loisir, des recommandations ou des considérations qui
représenteraient le point de vue de l'usager? Que ce soit, par exemple,
le Conseil du patronat, que ce soit le Centre des dirigeants d'entreprises, que
ce soient des associations d'entreprises, des associations de mines ou
d'entreprises du papier, l'Association des manufacturiers canadiens ou encore
des centrales syndicales ou des associations des consommateurs. A
première vue, je le soumets très candidement à l'attention
du ministre, lorsque la demande de Bell Canada a été soumise
à Ottawa je prends cela à titre d'exemple si la
Commission des transports s'était fiée simplement à la
masse d'arguments présentés par les spécialistes de Bell
Canada, pour qui j'ai autant de respect que pour les spécialistes de
l'Hydro-Québec, elle aurait certes été portée, et
nous aussi, à accorder son blanc-seing, son imprimatur, son approbation
aux recommandations qui lui ont été faites.
Pourtant, l'exemple, les faits ont montré que la commission a
pris le temps d'étudier le problème dans toutes ses dimensions,
qu'elle a permis à plusieurs organismes d'étudier le
mémoire de Bell Canada, de préparer une contre-argumentation, une
argumentation différente qui faisait appel à des notions,
à des points de vue ou à des motivations différentes de
celles qui avaient inspiré Bell Canada. La Commission des transports
dans un premier temps, a quand même adouci certaines recommandations qui
lui ont été faites, n'a pas obtempéré à
toutes les demandes qu'on lui faisait. Par la suite, le cabinet
fédéral a même jugé bon de surseoir à
l'application de cette demande qui, en apparence, encore une fois, comme celle
de l'Hydro-Québec, donnait tous les signes de crédibilité
et était parfaitement assise du point de vue technique.
Pour respecter l'esprit du processus démocratique, d'une part,
pour être sûr de prendre la meilleure décision qui soit,
est-ce qu'il ne serait pas dans l'intérêt du gouvernement
lui-même d'accorder un délai plus grand pour que les membres de la
commission puissent parfaire l'étude des documents qu'on leur a
donnés, puissent faire leurs propres recherches personnelles? Aussi, ne
serait-il pas dans l'intérêt du gouvernement d'accorder la voix
aux consommateurs qui sont les premiers affectés par
l'élévation des taux afin qu'ils puissent préparer une
argumentation qui corresponde à leur motivation et à leurs
intérêts? Car autrement je prie le ministre de bien
réfléchir à ce côté de mon argumentation
est-ce qu'il n'y a pas danger que l'opinion juge que la décision
qui sera prise ou qui a été prise, mais qui sera
entérinée par la communion, qui pourrait sembler être
entérinée par la commission, provienne d'une sorte de jugement ex
parte, c'est-à-dire que la partie, en l'occurrence
l'Hydro-Québec, dans un premier temps, impose sa conception au
gouvernement, la reprenne à son compte, et ensuite, l'impose à la
population sans que l'autre partie, c'est-à-dire les consommateurs, que
ce soient ceux qui sont affectés par le tarif de base ou le tarif
industriel, aient eu le loisir, la latitude, l'opportunité de
présenter une argumentation qui correspond véritablement à
ce qu'ils pensent, ou à leurs propres intérêts? Il me
semble qu'il y a là une sorte de conformité à l'esprit
dont le ministre a fait preuve depuis le début de ses audiences et aussi
une sorte de conformité à ce qu'on veut que soit une
décision véritablement démocratique.
C'est cet ensemble de considérations que je soumets au ministre,
pour l'amener, avant de prendre une décision qui, il le sait bien,
entraînera automatiquement l'adhésion de tous les
députés qui siègent à sa droite, avant qu'il fasse
peser de tout son poids son opinion sur les travaux de cette commission,
à réfléchir sur toutes les motivations que nous lui
soumettons et sur toutes les conséquences qui pourraient s'ensuivre de
la décision qu'il prendra.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai écouté la proposition du
député de Saint-Maurice, l'argumentation du député
de Bourget, ainsi que la proposition qu'a faite le ministre. Voici, quelle est
la situation de fait, telle qu'elle m'apparait. On a eu le dépôt,
cet après-midi, d'un document relatif à la hausse des tarifs de
l'électricité. L'Hydro-Québec avait soumis un
mémoire au-Conseil des ministres; nous l'avons eu. On nous a soumis un
projet de règlement qui a été adopté par
l'Hydro-Québec au début de l'année 1973, c'est le
règlement no 150. Dans ce règlement, on définit les
tarifs, on les décrit et on dit que cela va entrer en vigueur le 20
avril 1973. Le Conseil des ministres, à sa séance du 21
février 1973, a accepté un arrêté en conseil, dans
lequel il n'y a aucune condition. L'arrêté an conseil se termine
comme suit : Attendu qu'il y a lieu de faire droit à la requête de
l'Hydro-Québec, il est ordonné en conséquence, sur la
recommandation du ministre des Richesses naturelles, d'approuver le
règlement no 150 de l'Hydro-Québec établissant les tarifs
d'électricité et les conditions de leur application.
Il m'apparait donc que le problème est réglé.
L'Hydro-Québec a soumis un règlement. Il y a des tarifs qui y
sont fixés. Il y a une date. Cela a été accepté par
le Conseil des ministres. On est en face d'un fait accompli. Le gouvernement a
pris ses responsabilités et a pris sa décision telle qu'il devait
la prendre, dans le cas des tarifs de l'électricité.
A partir de là, cela m'intéresse, cependant, comme
Québécois, comme membre de la commission parlementaire et comme
député, d'entendre quand même l'Hydro-Québec me dire
pourquoi elle a soumis cette requête au gouvernement, pourquoi elle a
établi ces tarifs d'électricité que je ne peux changer,
devant lesquels je m'avoue impuissant, je le pense bien, comme le sont les
autres membres de la commission. Je pense bien que ce n'est pas après
les séances de la commission parlementaire que celle-ci va recommander
de changer, j'imagine, quoi que ce soit fondamentalement dans les tarifs, sauf
peut-être faire ressortir d'autres aspects de certaines régions,
comme les Iles-de-la-Madeleine, et on en fait un cas particulier.
Peut-être aussi d'autres cas qu'on va pouvoir... Mais fondamentalement,
je suis convaincu que, si l'Hydro-Québec a préparé
sérieusement son mémoire, comme je le crois à partir de
données de base sérieuses, ce n'est pas une aventure que
d'augmenter des tarifs d'électricité.
J'imagine que la commission ne peut rien changer. Seulement, je
maintiens que cela m'intéresse quand même d'entendre
l'Hydro-Québec nous faire sa démonstration parce que
l'Hydro-Québec a pris ses responsabilités. Le gouvernement a
accepté. S'il s'est trompé dans l'accord qu'il a donné, et
cet accord-là n'est pas conditionnel, je ne peux pas voir où est
la condition; même si le premier ministre a ajouté une autre
condition après cela, la condition n'est pas dans l'arrêté
en conseil. L'arrêté en conseil est final, à moins que le
Conseil des ministres accepte de le rescinder. Il reste dix jours pour cela. Si
le Conseil des ministres rescinde l'arrêté en conseil, là,
peut-être que le gouvernement pourra dire: On va prendre le temps qu'il
faut, un ou deux mois, mais là, la commission parlementaire va
étudier, va faire comparaître des organismes, du monde, et quand
on aura l'opinion de tout le monde, le gouvernement en tiendra alors compte.
Mais, dans le contexte actuel, je ne pense pas que le gouvernement puisse tenir
compte de quelque opinion qui soit exprimée ici devant la commission, si
ce n'est que, nous, pour notre satisfaction personnelle, nous pourrons entendre
pourquoi, sur quoi l'Hydro-Québec s'est basée pour demander tel
tarif.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de Gouin a
demandé la parole.
M. JORON: M. le Président, la question posée au tout
début de la séance de ce soir par le député de
Saint-Maurice m'apparait fondée. La question reste entièrement
posée, à mon avis. C'est la raison pour laquelle, ce matin, j'ai
apporté la motion dont on n'a pas encore disposé. Parmi les
documents qu'on nous a remis, dont on n'a pas encore eu le temps
évidemment de prendre connaissance pendant l'heure du souper, j'ai par
hasard commencé à en lire un. Je suis tombé sur un
document qui contenait toute la justification des deux demandes principales que
l'on faisait dans la motion de ce matin, c'est-à-dire que, d'une part,
on étudie cela plus tard et que, d'autre part, on entende des parties.
Je me permets, pour illustrer ce que je veux dire, de vous le citer. C'est
très clair. Le document est la recommandation du comité du
programme de développement à l'honorable Gilles Massé et
ainsi de suite.
D'abord, au début, on donne l'état de la question et on
commence par dire ceci, et je cite: "La partie gouvernementale du comité
conjoint du programme général de développement a
été saisie le 19 janvier d'un projet de mémoire de
l'Hydro-Québec, ayant pour but..." et ainsi de suite. La recommandation
du comité est en date du 20 février. On a pris un mois et un jour
pour faire cette recommandation. C'est la raison pour laquelle nous ne pensons
pas nous, pouvoir la prendre en trois heures ou en deux jours, si ces gens ont
pris un peu plus d'un mois pour arriver à cet avis, d'une part. D'autre
part, on évoquait le besoin, si cette commission c'est toujours
dans le cadre de cette question a véritablement un rôle
à jouer dans toute cette affaire, d'entendre d'autres parties, de ne pas
entendre qu'une des deux parties intéressées, si on simplifie
cela à deux, si on met l'Hydro-Québec d'un côté et
les consommateurs de l'autre.
Je me réfère au texte, encore une fois. On dit que "La loi
en parlant de la Loi de l'Hydro-Québec ne prévoit
dans le cas
d'augmentation, de fixation des tarifs de l'électricité
aucune procédure de révision autre que l'approbation par
le lieutenant-gouverneur en conseil. Encore ici, les critères
d'évaluation par le lieutenant-gouverneur en conseil sont limités
par la loi et par le fait que la procédure de révision est
inexistante. Il est donc difficile de chercher à appliquer des
critères d'évaluation du besoin d'une augmentation de tarifs
autres que ceux prévus par la loi tels que et là on donne
des exemples d'autres critères qui auraient pu être
employés le rendement sur l'investissement ou le rendement sur
une base de tarification (rate base), puisque ces notions sont inexistantes
dans la loi, il est donc impossible de les définir."
On avoue implicitement qu'on n'avait pas tous les critères pour
en juger et qu'on était en quelque sorte presque obligé, dans un
sens, de prendre l'opinion de l'Hydro-Québec là-dessus. Le
comité lui-même s'avoue impuissant, faute de pouvoir entendre des
représentations basées sur d'autres critères.
On lit, un peu plus loin: "La présente requête fait
ressortir l'importance du programme général de
développement que le Conseil des ministres, le 19 juillet, etc., a
demandé à l'Hydro-Québec de préparer." On dit que
le comité est actuellement à réviser le modèle...
un peu plus loin qu'à l'occasion de la négociation de ce dernier
entre le gouvernement et l'Hydro-Québec, les données contenues
dans le programme devront faire l'objet d'un accord entre l'Hydro-Québec
et le gouvernement." On dit, vers la fin: "II aurait été
souhaitable d'étudier la présente augmentation dans le cadre de
ce programme, mais il est malheureusement trop tôt pour ce faire."
Le comité finalement termine avec un avis qui n'en est pas un,
qui est un aveu d'impuissance en somme, parce que c'est rédigé
comme ceci, à la page 4: Avis du comité. Sur les besoins de
revenus additionnels et leurs commentaires. Et je cite: "Compte tenu de ce qui
est énoncé plus haut, c'est-à-dire des moyens
limités du comité pour mettre en cause à ce moment-ci les
données présentées par l'Hydro-Québec et l'on
prend bien soin de déléguer la responsabilité à
quelqu'un d'autre en ajoutant ceci qui en assume toute la
responsabilité en tant qu'organisme public et compte tenu du
mémoire présenté, il apparaît que
l'Hydro-Québec a besoin de revenus additionnels..." On dit: Bien, on a
peut-être raison, faute de pouvoir en juger! Que voulez-vous qu'on fasse,
si le comité qui a siégé pendant un mois n'a même
pas pu lui-même en juger vraiment? Je me demande ce que les membres de la
commission pourraient faire ici en quelques heures ou en deux jours.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chauveau.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, c'est un peu dans le sens
de l'opinion de mon collègue de Montmagny. Il est clair que la
commission parlementaire est convoquée pour permettre à ceux qui
en sont membres de poser toutes les questions pertinentes à cette
augmentation qui a été acceptée par le Conseil des
ministres. Alors, si cela nous apparaît non fondé ou pas
suffisamment rempli d'informations susceptibles de les donner au public, parce
que c'est quand même le consommateur qui est touché par cela, il
est à la fois bien servi par un menu qui promet l'expansion de
l'Hydro-Québec, qui promet des investissements et qui préconise
dans son budget global une force québécoise qui sans cesse
s'agrandit et s'accroît. A ce titre-là, je pense que nous n'avons
qu'à poser des questions à l'Hydro-Québec. Elle est
là pour nous répondre, justifiant ainsi l'accord reçu par
le Conseil des ministres. S'il y a des questions, je pense que c'est la place
pour en poser. C'est dans le même sens que le député de
Montmagny que je voudrais corroborer ses paroles.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: M. le Président, après avoir
écouté les différentes interventions, je reviens encore
à la question du député de Saint-Maurice qui se demande ce
qu'on fait ici. Tout est approuvé, tout est fait. Qu'est-ce qu'on fait
ici?
Le gouvernement nous dit que c'est la commission, par une lettre que le
premier ministre a envoyée, qui pourrait changer quelque chose, lettre
que nous n'avons pas eue d'ailleurs et là, nous apprenons, par
l'arrêté en conseil, par le dépôt de documents, que
tout est fait, tout est approuvé.
On fait perdre, en réalité, le temps de la commission et
le temps de l'Hydro-Québec...
M. DEMERS: On pourrait regarder le hockey.
M. TETRAULT: ... pour regarder des choses qui sont faites, qui sont
réalisées. Que la commission dise oui ou non, ça n'a
aucune importance.
M. BOURASSA: Si le député me permet de l'interrompre, au
lieu de passer une ou deux heures à vous demander ce que vous faites
ici, posez donc des questions aux spécialistes de l'Hydro-Québec
qui vont répondre.
M. TETRAULT: M. le Président...
M. BOURASSA : Forcez-vous donc un peu! Cela fait six semaines que vous
demandez la convocation de la commission.
M. TETRAULT: M. le Président, je suis complètement
d'accord avec le premier ministre de ne pas argumenter sur ces
points-là. Mais le premier ministre, qui a été saisi de la
question
au mois de janvier, qui l'a approuvée au mois de février,
attend au mois d'avril pour faire siéger la commission. Pourquoi ne nous
a-t-il pas donné des rapports pour que nous puissions les
étudier?
M. BOURASSA: On m'a demandé la convocation de la commission une
ou deux fois et c'est moi-même qui ai été obligé de
l'annoncer. Il n'y a même pas eu de question en Chambre là-dessus.
Qu'on n'accuse pas le gouvernement.
M. TETRAULT: On vous l'a demandé assez souvent sans
réponse.
M. JORON: On a demandé au mois de décembre dernier de
rendre publique la demande que l'Hydro-Québec était censée
avoir fait parvenir dans une lettre. Au mois de décembre 1972.
M. BOURASSA: La convocation de la commission, c'est le gouvernement qui
en a pris l'initiative.
M. LAURIN: A ce moment-là, accordez-nous le délai et
accordez-nous la permission d'entendre d'autres organismes que
l'Hydro-Québec. Soyez logique jusqu'au bout.
M. BOURASSA: Je ne veux pas accuser l'Opposition de vouloir faire du
capital politique avec une augmentation de tarifs.
M. LAURIN : On ne veut pas faire du capital politique, M. le
Président. Je m'inscris en faux contre cette prétention du
premier ministre. Nous voulons simplement remplir notre devoir en personnes
intelligentes.
M. DEMERS: S'il y avait du capital en plus, ce serait tant mieux.
M.BOURASSA: II y a des spécialistes de l'Hydro-Québec,
dans cette question hautement technique, qui sont disponibles pour
répondre aux questions du député de Gouin qui est l'expert
du Parti québécois dans ces questions'.
M. LAURIN: D'accord, mais on vous demande une décision au
préalable.
M.BOURASSA: Les députés de Saint-Maurice et de Montmagny
sont les experts sur ces questions et le député
d'Abitibi-Ouest.
M. LAURIN: Nous vous demandons une décision sur la
procédure. Que va-t-il arriver après qu'on aura entendu les
spécialistes de l'Hydro-Québec?
M. BOURASSA: Mais commencez donc par ça.
M. LAURIN: Allez-vous permettre à d'autres organismes de venir
présenter des mémoires?
M. BOURASSA: Commencez par entendre les spécialistes.
M. LAURIN: Vous vous évadez, comme d'habitude.
M. BOURASSA : Non. M. le Président, tout à coup les
membres du Parti québécois ou de l'Opposition seraient d'accord
avec l'Hydro-Québec? Cela est déjà arrivé, dans le
passé, que les membres du Parti québécois soient d'accord
avec l'Hydro-Québec.
M. JORON: Comment pensez-vous que ça peut arriver quand le
comité interministériel, après un mois, n'a pas pu
être d'accord et a avoué son impuissance à pouvoir y
arriver?
M. BOURASSA: Non, on a dit qu'on avait... M. le Président, il n'y
a eu aucun aveu. Tout ce que nous avons dit, c'est que, dans certains cas,
à la suite de représentations qui ont été faites,
notamment pour les Iles-de-la-Madeleine, le gouvernement avait des
représentations à faire à l'Hydro-Québec. Au lieu
de continuer à perdre notre temps sur des questions de procédure,
s'il y avait des questions pertinentes posées aux spécialistes de
l'Hydro-Québec sur cette hausse de tarifs, peut-être que ça
pourrait nous satisfaire.
Vous avez confiance aux représentants de l'Hydro-Québec?
Peut-être que ça pourrait satisfaire les membres de l'Opposition
s'ils veulent examiner le débat d'une façon objective et non
partisane.
M. LAURIN : Nous avons aussi confiance en d'autres organismes qui
pourraient nous faire valoir des représentations très utiles.
M. BOURASSA : Commencez donc par l'Hydro-Québec.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, c'est moi qui ai soulevé le
débat tantôt, je m'en excuse. Je veux, moi aussi, entendre les
gens de l'Hydro-Québec mais ce que je voulais, c'est qu'on nous
définisse ici quel est notre rôle comme membres d'une commission,
ce que ça donne et ce que vient faire la lettre du premier ministre
rendant la commission un peu responsable de la décision.
S'il se cherche une couverture, nous sommes prêts à l'aider
à se couvrir. Mais qu'il nous le dise et qu'on ne vienne pas nous
embarquer dans des choses pour nous faire partager une responsabilité.
Pour autant que je suis concerné, je ne parle plus de ça. Que
l'Hydro nous en parle et nous allons savoir. Qu'elle nous envoie notre compte,
comme je l'ai dit avant le souper; envoyez-nous votre facture et nous
paierons.
M. HARVEY (Chauveau): Est-ce que c'est un tribunal d'audition
publique?
M. DEMERS: C'est en plein cela.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je pense que nous avons invité les
membres de l'Hydro-Québec à nous donner des explications qui
seraient probablement bénéfiques pour la commission et
j'inviterais les membres à donner leurs explications ou à poser
des questions afin que nous soyons éclairés davantage.
M. TETRAULT: Est-ce qu'il y a eu des documents de déposés?
Nous ne les avons même pas lus.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Ce sont des documents...
M. JORON: Si vous permettez. Je veux bien, puisque cela semble
être le voeu de la majorité, entendre les experts de
l'Hydro-Québec, sauf que je me demande quelles questions précises
et bien pertinentes les députés seront en mesure de poser sans
avoir pris connaissance de tous les documents qui ont été
déposés cet après-midi. Je vous rappelle aussi qu'il y a
deux et peut-être même trois motions toujours en suspens devant la
commission. Entendons les gens de l'Hydro-Québec, si c'est le voeu de la
majorité. Après cela, nous verrons.
M. CLOUTIER (Montmagny): Etant donné que nous avons eu une masse
de documents, je pense que, comme premier travail, la façon la plus
logique d'aborder le travail serait d'entendre les experts de la commission
aller nous chercher là-dedans les points principaux et nous les exposer.
Nous lirons, par la suite, les documents aussitôt que nous aurons une
minute, peut-être demain matin. Il y aura peut-être lieu,
après cela, d'ajourner la séance de ce soir à demain
après-midi, ou demain matin, si nous avons le temps de les lire, et
revenir avec des questions. Il y a peut-être des questions qui vont nous
venir à l'idée tout de suite ce soir, en entendant les membres de
la commission, mais je pense que le gros des questions devrait être
gardé pour demain, quand nous aurons eu le temps de digérer un
peu plus ce que nous aurons appris. Mais je serais d'accord pour que nous
entendions les gens de l'Hydro-Québec nous donner les principaux points
des documents.
M. DEMERS: Et si nous ne comprenons pas, nous les questionnerons.
M. GIROUX: Je ne crois pas que cela soit mon rôle de
décider ce que la commission doit faire ou ne pas faire. Je suis ici
pour répondre aux questions. Seulement, il y a une affirmation qui vient
d'être faite qui, je crois, devrait être lus. C'est la
première fois que je vois le rapport du comité gouvernemental
à l'honorable Massé.
On donne une interprétation sur la phrase: "II apparaît que
l'Hydro-Québec a besoin de revenus additionnels demandés..." On
dit: On ne sait pas si elle en a besoin ou non. Je crois que le comité
est très clair: "II apparaît que l'Hydro-Québec a besoin de
revenus additionnels demandés si cet organisme veut faire face à
ses obligations dans l'avenir."
Alors, quand un comité prétend qu'on a besoin de ces
choses, je ne crois pas qu'il y ait un doute dans l'esprit des membres à
savoir si nous en avons besoin ou non.
Et deuxièmement, un autre point. Il est dit: "Le comité
est donc d'accord avec la demande d'augmentation." Je ne crois pas qu'on doive
donner l'impression que le comité a un doute, à savoir si nous en
avons besoin ou pas.
M. JORON: N'omettez pas de lire le "compte tenu" qui
précède cependant, qui est très explicite lui aussi.
M. GIROUX: Ecoutez, quand on en arrive à une conclusion...
M. JORON: "... compte tenu des moyens limités du comité
pour mettre en cause les données présentées par
l'Hydro-Québec", qu'est-ce que cela signifie? Cela veut dire: Compte
tenu que nous ne pouvons pas nous prononcer sur la question, nous allons
être obligés d'être d'accord.
M. GIROUX: Absolument pas. Parce que, s'il ne peut pas se prononcer, il
dit: Je ne peux pas me prononcer. Mais il dit: "II apparaît que
l'Hydro-Québec a besoin de ces revenus additionnels demandés si
cet organisme veut faire face à ses obligations dans l'avenir." Il met
un point et il finit sa conclusion. Le comité est donc d'accord sur la
demande d'augmentation. Actuellement, je prends mes responsabilités
comme président de l'Hydro-Québec. Je ne dis pas: A
l'Hydro-Québec, nous avons fait un travail et nous avons fait des
recommandations au Conseil des ministres, peut-être que nous en avons
besoin, peut-être que nous n'en avons pas besoin. Je dis:
L'Hydro-Québec a pris la décision que nous en avions besoin et le
comité nous répond qu'il est d'accord sur la demande
d'augmentation. C'est simplement cette mise au point que je veux faire. Je ne
crois pas qu'il y ait de doute dans l'esprit, à moins que la lecture des
légistes soit contraire, mais j'aurais de forts doutes.
Nous avons, dans un programme de vulgarisation des tarifs,
expliqué comment se conçoit une tarification et je demanderais
à M. Bisaillon d'expliquer le rôle que j'ai compris que nous
devions remplir ici. Il va expliquer le pourquoi de notre demande
d'augmentation des tarifs. M. Bisaillon.
Raisons de l'augmentation des tarifs
M. BISAILLON: M. le Président, le texte qui suit a pour but
d'éclairer un peu notre lanterne
au sujet de la tarification de façon générale et
aussi d'expliquer quels ont été les changements qui ont
été faits à partir de la tarification qui a existé
jusqu'à ces derniers temps.
Or, de quelle façon les services publics
d'électricité procèdent-ils afin de déterminer les
prix et les conditions de vente de l'électricité,
c'est-à-dire les tarifs? Quels sont les facteurs
considérés pour établir ces tarifs? Quel est l'ordre de
priorité qu'accorde l'Hydro-Québec à ces facteurs? Cet
ordre de priorité se concilie-t-il à l'intérêt
général de la population que l'Hydro-Québec a la mission
de desservir? Enfin, l'Hydro-Québec s'est-elle dotée des outils
de gestion adéquats pour que sa tarification soit juste et
équitable et qu'elle soit efficace sur les plans économique et
social?
Dans le texte qui suit, nous allons tenter de répondre à
ces questions très légitimes que se posent certainement, à
un moment ou à un autre, les quelque deux millions d'abonnés de
l'Hydro-Québec, leurs représentants élus, de même
que tous ceux qui s'intéressent à l'Hydro-Québec et
à son rôle socio-économique.
Les tarifs sont étroitement liés aux besoins de revenus de
l'entreprise. A partir du moment où les tendances indiquent que les
revenus de l'Hydro-Québec seront bientôt insuffisants il faut
étudier une modification des tarifs et en préparer l'application.
L'opération s'effectue en trois étapes. La première est la
détermination des revenus requis, la seconde la répartition des
hausses selon les catégories d'usage et, la troisième, la
conception de la tarification proprement dite.
Disons d'abord quelques mots sur la détermination des revenus
requis. Ce sujet sera traité plus en détail par d'autres que moi.
A intervalles réguliers, l'Hydro-Québec effectue des
études de prévision des revenus et des dépenses à
court et à long terme pour la planification de ses investissements. Les
dépenses futures sont établies après consultation avec les
responsables des principales unités administratives concernées.
Il faut en effet s'assurer que toutes les dépenses prévues sont
nécessaires, que les estimations sont réalistes et que l'on a
tenu compte de tous les facteurs y compris celui de l'inflation des
coûts. De la part des responsables concernés et de leur personnel,
cette activité exige un effort particulier pour présenter,
expliquer, et justifier leur programme d'action en fonction des objectifs
généraux et compte tenu des politiques de l'entreprise.
Ayant établi les dépenses à couvrir, il faut
déterminer les revenus que l'entreprise retire de ses opérations
en appliquant aux prévisions des ventes de l'entreprise les tarifs en
vigueur à ce moment-là. Ensuite, la fonction
finance-comptabilité procède au calcul du revenu additionnel
requis pour que l'Hydro-Québec honore ses obligations. La
détermination du revenu additionnel requis doit s'effectuer en tenant
compte des contraintes financières et des exigences légales
auxquelles l'entreprise doit faire face. Il est important de respecter les
contraintes finan- cières car, dans le cas contraire, les
répercussions sur le taux d'intérêt des emprunts, et donc
sur les coûts d'énergie, peuvent être graves. Il faut en
effet donner certaines garanties pour que les prêteurs conservent la
confiance qu'ils ont que l'Hydro-Québec les remboursera dans le
délai prévu, capital et intérêts.
L'Hydro-Québec doit aussi satisfaire aux exigences de la loi qui
la régit et qui constitue son mandat. La deuxième étape
d'un aménagement tarifaire est la répartition de la hausse selon
la catégorie d'usage. Le revenu additionnel requis pour les prochaines
années étant établi, c'est à la fonction de la
tarification qu'il incombe ensuite de répartir cette hausse selon les
diverses catégories d'usage. La fonction de la tarification met à
jour continuellement ses connaissances d'ensemble visant à
améliorer la tarification et à l'optimaliser en tenant compte des
besoins de la collectivité sur les plans économique et social.
Ainsi, au cours des années qui séparent deux remaniements
tarifaires, la fonction de la tarification, avec l'appui de plusieurs autres
unités administratives de l'Hydro-Québec, recueille les analyses
et fait la synthèse d'une quantité considérable de
données et de renseignements sur: premièrement,
l'évolution des ventes et des prix d'électricité et des
combustibles concurrentiels comme l'huile et le gaz, globalement et par
catégorie d'usage; deuxièmement, les tarifications des autres
services publics de l'électricité, canadiens, américains
et même européens; troisièmement, les coûts de
production, de transport et de distribution de l'électricité;
quatrièmement, les caractéristiques de charge à divers
nivaux du réseau hydro-électrique.
En ce sens, nous entretenons des contacts étroits avec les
responsables de la tarification des autres distributeurs
d'électricité. Nous participons à divers sondages afin de
connaître l'opinion de l'abonné sur les tarifs et les pratiques
commerciales de l'Hydro-Québec.
Enfin, nous suivons l'évolution du contexte
économico-social dans son ensemble, afin de prévoir tous les
facteurs qui affecteront la tarification de l'électricité dans
l'avenir et son efficacité à produire l'effet
désiré. Dès que les préposés à la
tarification sont informés du montant des revenus additionnels requis,
ils répartissent la hausse entre les diverses catégories d'usage.
Ce travail est maintenant beaucoup plus simple à réaliser qu'en
1967 ou 1970. En effet, les aménagements tarifaires
précédents ont de beaucoup réduit le nombre de tarifs et
de catégories d'usage, ce qui se traduit par des économies dans
l'application des tarifs et simplifie le travail de conception des nouveaux
tarifs. L'un des objectifs de la nationalisation de l'électricité
était précisément de normaliser et d'uniformiser les
tarifs d'électricité pour que les abonnés d'une même
catégorie profitent des mêmes tarifs, où qu'ils soient au
Québec. Depuis 1963, l'Hydro-Québec poursuit activement cette
politique.
Dans le texte qui vous a déjà été remis,
nous
présentons les principales catégories d'usagers, le nombre
d'abonnements et les revenus qu'ils procurent à l'entreprise afin de
fixer des ordres de grandeur. Permettez-moi de le commenter brièvement.
D'abord, on se rend compte que l'usage domestique comprend 88.3 p.c. des
abonnés, au total, et que l'usage général, petite
puissance, comprend les 8.9 p.c. de ce qui reste. C'est donc à dire que
la masse des abonnés sont dans ces deux groupes. Par contre, la
distribution des revenus est très différente, le domestique
agricole rappore 36 p.c. des revenus, les contrats particuliers, qui est la
très grande entreprise il y en a seulement 104
représentent 20.3 p.c. du revenu. Ensuite, on passe à l'usage
général avec 13.2 p.c. et 11.8 p.c, petite puissance et moyenne
puissance. On a aussi une idée de l'ordre de grandeur des ventes
d'énergie excédentaire qui, au total, font 1.5 p.c.
Afin d'établir le revenu additionnel que chaque catégorie
d'usage doit assumer on se reporte aux études de tendance des
coûts. Celle-ci indique comment évolueront les coûts de
production de transport et de distribution d'électricité, ainsi
que les frais qui sont indépendants de la quantité
d'électricité consommée. Si, d'une part, la tendance des
divers éléments de coûts constitue un indicateur valable,
elle est loin d'être le seul facteur à prendre en
considération. En effet, même si ces études
révèlent qu'une catégorie d'abonnés couvre moins
qu'une autre les frais encourus par l'Hydro-Québec pour lui fournir
l'électricité, il faut veiller à ne pas freiner
indûment la croissance de la consommation par une hausse trop forte pour
cette catégorie. Ceci aurait pour résultat net de neutraliser, du
moins en partie, l'effet de la hausse des tarifs. Il ne faut pas oublier que
l'électricité est en concurrence avec l'huile et le gaz quand il
s'agit de chauffage de l'eau et des locaux et que ces applications constituent
une partie importante des ventes de l'Hydro-Québec, comme on l'a fait
remarquer cet après-midi. Celle-ci est d'ailleurs consciente du
rôle qu'elle doit jouer pour réduire la dépendance de la
province vis-à-vis des combustibles qui sont importés et, du
même coup, limiter la pollution de l'air. Il faut aussi tenir compte de
l'évolution des tarifs des diverses catégories d'usage dans les
autres provinces du Canada et aux Etats-Unis afin que la comparaison soit
à l'avantage du Québec. Enfin, à l'occasion d'une hausse,
il faut toujours améliorer la structure des tarifs en les normalisant,
en les simplifiant et en les uniformisant davantage. C'est parce que
l'Hydro-Québec a suivi cette ligne de conduite qu'il ne reste plus que
quatre tarifs domestiques de base, de 80 en vigueur en 1963 et 5 tarifs d'usage
général de base, des 85 alors dénombrés. Nous
pouvons donc affirmer maintenant que les tarifs sont normalisés à
l'Hydro-Québec. Pour répartir la hausse, il faut donc trouver la
meilleure solution de compromis qui tienne compte de tous les facteurs et de
toutes les contraintes dont nous venons de parler. Il est difficile de se
rapprocher également de tous les objectifs en même temps et il
faut procéder graduellement en tenant compte de certaines
priorités.
La troisième partie, c'est la conception de la tarification.
Ayant réparti les besoins de revenus additionnels selon les
catégories d'usage, comme nous venons de l'expliquer, les
préposés à la tarification procèdent ensuite
à la conception proprement dite des tarifs. A ce stade-ci,
l'opération devient plus complexe parce qu'interviennent alors d'autres
objectifs et d'autres contraintes qu'il faut concilier avec ceux des deux
étapes précédentes. L'amélioration de la structure
et la modalité d'application peut provoquer des hausses et des baisses
de facture individuelle qui s'ajoutent à la hausse de tarifs proprements
dits et qui peuvent, si on n'y prend garde, infliger à certains
abonnés des augmentations trop fortes.
Il faut donc concilier le besoin de revenus additionnels requis par
l'entreprise à celui d'améliorer la tarification sans toutefois
imposer à aucun abonné une hausse exagérée. Par
exemple, lors de la préparation du règlement tarifaire 150, tarif
du 20 avril 1973, pour la catégorie d'usage domestique, les
préposés à la tarification se sont imposé une
contrainte de 12 p.c. comme augmentation maximale des factures mensuelles
individuelles tout en augmentant d'un peu moins de 10 p.c., c'est-à-dire
9.7 p.c. effectivement, les revenus provenant de l'ensemble des abonnés
domestiques. Cette contrainte a été respectée à
97.7 p.c.
Parmi les autres objectifs et contraintes qui doivent être
respectés à ce stade, mentionnons les principaux. 1 ) II importe
que les tarifs soient les plus simples possible afin que l'abonné soit
en mesure de les comprendre et de calculer, s'il le veut, sa propre facture. 2)
II faut que les textes soient précis et faciles à comprendre afin
que l'abonné puisse s'y reconnaître et ne pas être induit en
erreur. Il est désirable qu'il puisse déterminer à partir
du règlement tarifaire à quelle catégorie d'usage il
appartient et les modalités d'application du tarif. Néanmoins, le
texte de ce règlement doit être rédigé selon les
exigences de la loi, ce qui tend à lui conférer un
caractère sévère, d'où la nécessité
de plus de textes vulgarisés autant pour le personnel de
l'Hydro-Québec que pour le public. 3) La structure des tarifs doit
refléter celle des coûts tout en visant l'uniformisation des
tarifs pour une même catégorie de consommateurs. Il faut aussi que
cette structure soit continue, c'est-à-dire que le coût unitaire
ne doit pas changer brusquement en plus ou en moins quand l'abonné passe
d'un tarif à un autre dans la même catégorie d'usage, par
exemple, du tarif d'usage général de petite puissance au tarif
d'usage général de moyenne puissance. Question de quantité
simplement. 4) II faut veiller à ce que l'application des tarifs n'exige
pas d'installations de mesurage compliquées et coûteuses comme il
arrive en Europe ni qu'elle
impose des frais indus de facturation et de comptabilité des
revenus. 5) La structure des tarifs et leurs modalités d'application
doivent inciter l'abonné à faire une utilisation rationnelle de
l'électricité. Lorsque l'emploi qu'il en fait est
économique pour l'Hydro-Québec, il faut que le tarif soit tel que
cet emploi soit peu coûteux à l'abonné et qu'il l'incite
à utiliser davantage les installations. Dans le cas contraire, les
tarifs doivent aussi refléter le coût de fourniture de
l'électricité. On peut établir par exemple qu'un
abonné domestique coûte environ $40 en moyenne à
l'Hydro-Québec avant même d'utiliser de
l'électricité. C'est pourquoi le prix du kilowatt-heure
décroît à mesure que l'abonné augmente sa
consommation. Et enfin, 6), on veille à concevoir les tarifs de telle
façon qu'ils ne freinent pas indûment l'emploi de
l'électricité, comme on l'a dit tout à l'heure. Comme nous
l'avons déjà signalé, un tel freinage aurait pour effet,
du moins à court terme, de nécessiter des tarifs plus
élevés pour obtenir le même revenu.
Cette énumération suffit à montrer la nature
complexe de la tarification d'un service comme l'électricité. Les
sondages d'opinion et de marché, les études des
caractéristiques de charge, les études économiques
diverses sont autant d'outils qui aident les préposés à la
tarification dans leur travail. Le fait que tous les éléments
dont il faut tenir compte soient dynamiques ne facilite pas les choses.
Cependant, l'Hydro-Québec tente d'être à l'avant-garde dans
ce domaine. C'est en ce sens qu'elle s'est dotée d'outils de gestion
modernes pour que sa tarification soit juste et équitable et qu'elle
soit efficace sur les plans économique et social.
Il convient de signaler en terminant que l'Hydro-Québec est l'un
des distributeurs d'électricité les mieux organisés pour
veiller à l'application correcte et équitable des tarifs. Elle
dispose de plus de 50 vérificateurs itinérants dont le rôle
est de s'assurer in situ que les normes sont respectées et les bons
tarifs appliqués. C'est une assurance pour tous les abonnés
qu'ils sont traités avec équité et
impartialité.
Si vous voulez, maintenant, on va passer à la première
section de la seconde partie du mémoire qui donne dans ses grandes
lignes les changements qui ont été opérés à
la tarification avec le règlement 150. Tout de suite après, M.
Lemieux va donner des renseignements supplémentaires au sujet de la
justification de la hausse des tarifs proposée.
C'est à la page 1 de la deuxième partie, et je vais
peut-être faire des commentaire en cours de route.
La nouvelle tarification proposée par l'Hydro-Québec lui
permettra d'accroître ses revenus, selon les besoins déjà
exprimés, sans toutefois hausser indûment la facture individuelle
de l'abonné. Elle constitue une étape importante vers la
normalisation des tarifs, et les écarts entre ceux-ci seront
appréciablement réduits. Elle est davantage conforme aux tarifi-
cations pratiquées généralement en Amérique du
Nord, et sera moins dispendieuse à administrer. Enfin, elle aidera
l'abonné dans son choix entre les diverses formes d'énergie,
à mieux tenir compte des réalités économiques et,
elle l'incitera à faire une meilleure utilisation des réseaux
d'électricité.
La mise en vigueur des nouveaux tarifs, si elle s'effectue telle que
prévue le 20 avril 1973, augmentera les revenus de $30.6 millions en
1973, (année civile).
Les mêmes tarifs produiront une hausse de $50.9 millions en 1974,
parce que là, on aura douze mois. En pourcentage du revenu total
prévu, ces montants représentent une hausse moyenne de 5. 4 p.c.
pour l'année de calendrier 1973 et de 3 p.c. additionnels en 1974, la
première année complète d'application. Ce qui veut dire,
en somme, une augmentation, sur douze mois, de 8. 4 p,c, en moyenne.
Le total de ces montants additionnels est moindre que les besoins
établis dans la première partie du présent mémoire
et sur lesquels l'Hydro-Québec devrait normalement compter pour remplir
ses obligations. Mais, le souci de limiter les hausses individuelles, tout en
apportant à la structure tarifaire les modifications qui s'imposent pour
la rationaliser davantage, est une contrainte avec laquelle il a fallu
composer, quitte à miser sur l'espoir que des ventes ou des
économies imprévisibles actuellement se réalisent.
Le tableau 1 donne une idée de la répartition, selon les
grandes catégories d'usage. Le domestique est à 9.7, comme je
l'ai mentionné tout à l'heure. L'usage général
à petite puissance est à 3.8 seulement, parce qu'il a fallu faire
un réaménagement très important dans ce groupe, faire
disparaître, ce que l'on appelle, les compteurs-demande, pour la grande
majorité de ces abonnés.
La moyenne puissance est à peu près comme la domestique,
9.1. L'industrielle, petite et moyenne puissance, est à un tarif
résiduel, c'est un tarif qui est en voie de disparition, parce qu'il n'a
plus sa raison d'être. On pourra en parler plus longuement tout à
l'heure. Il est à 12.1. Il y a un rattrapage qui va s'effectuer entre
l'industrielle et l'usage général, qui va devenir le tarif, qui
est le tarif objectif effectivement.
Dans l'éclairage public essentiel, étant donné
qu'il y avait eu un remaniement au début de 1972, déjà, on
a été seulement à 7.1 p.c, de façon à ne pas
trop grever les budgets des municipalités.
Maintenant, en plus de cela, au fur et à mesure que les contrats
viendront à échéance, les tarifs appliqués aux
abonnés de grande entreprise, les 104 dont j'ai parlé tout
à l'heure, devront être haussés d'au moins 12 p.c. Ce qui
est effectivement la première hausse importante que subiront les
abonnés de grande entreprise.
On notera que la hausse recommandée pour les abonnés
d'usage général, à petite puissance,
catégorie qui groupe la grande majorité des petites
entreprises, autant industrielles que commerciales, des écoles,
églises et autres institutions, est sensiblement plus faible que celle
recommandée pour les autres catégories d'usage. Une hausse
moyenne plus forte dans cette catégorie entraînerait des hausses
individuelles inacceptables, en raison du réaménagement tarifaire
important effectué dans cette catégorie. D'ailleurs, ces tarifs
sont sensiblement plus élevés que les tarifs domestiques,
à peu près 70 p.c, à consommation égale et, cet
écart entraîne de grandes difficultés d'application,
surtout dans les cas frontières.
La hausse des tarifs d'éclairage public est également
modérée. Ces tarifs sont en voie de réaménagement
depuis janvier 1972, comme je l'ai souligné tout à l'heure. Les
groupes tarifaires géographiques ne sont pas, actuellement, les
mêmes pour tous les usages. C'est la situation qui existe actuellement.
Ceci est un vestige du passé, que les aménagements tarifaires
précédents n'ont pas complètement éliminé.
Le nouveau règlement termine la réalisation de cette partie du
programme de normalisation, en finissant de regrouper les municipalités,
afin que les nouveaux groupes soient les mêmes pour les usages
domestique, général et industriel. Ce qui arrivait à
certaines municipalités, c'était dans le groupe 1 pour le
domestique, dans le groupe 2 pour le général, etc. On a
corrigé cela du mieux que l'on a pu en 1967-1970, mais là, il
fallait donner le coup de grâce pour en finir.
De plus, les anciens groupes, 1 et 2 sont fusionnés en un seul
qui comprendrait toutes les municipalités de plus de 15,000 abonnements
domestiques. Le reste des municipalités tomberait dans le groupe 2,
à l'exception de celles desservies par des réseaux non
reliés aux réseaux principaux, où la tarification est
peut-être utilisée efficacement pour inciter l'abonné,
lorsqu'il y a possibilité de substitution, à faire usage de la
source d'énergie la moins coûteuse à fournir
localement.
Le réaménagement tarifaire réduit aussi le nombre
de tarifs le tableau 2 donne une petite idée de ceux de
base qui nous restent; on ne compte pas les tarifs saisonniers qui sont en
somme des tarifs modifiés. Il est intéressant de constater le
chemin parcouru depuis la nationalisation, alors que nous avions quelque 85
tarifs domestiques, 80 tarifs généraux et un nombre
indéterminé, mais encore plus grand, de tarifs industriels. On ne
les a jamais comptés, ceux-là.
Dans l'étude de la nouvelle tarification, nous avons tenu compte
comme il se doit de l'évolution de la consommation et des coûts,
des contraintes du marché, du besoin de mieux orienter l'abonné
dans son champ de diversion de l'énergie et celui d'offrir au public une
tarification plus rationnelle, plus équitable et mieux
structurée. Le nouveau règlement facilitera l'application des
tarifs en éliminant plu- sieurs normes jugées vexatoires. A
signaler en particulier, à l'instar des autres grands services publics,
l'élimination des indicateurs de puissance maximum chez les petits
usagers généraux et industriels c'est un vestige du
passé, cela Cette modification représente à elle
seule une économie d'un million pour l'Hydro-Québec c'est
actualisé, mais c'est tout de même un million et
réduit d'autant les besoins de revenus supplémentaires. La
tarification proposée encourage une plus forte consommation en
période d'été chez les abonnés d'usage
général et industriel cela, c'est une nouveauté
Cette mesure incitera les abonnés à faire une utilisation
plus rationnelle du réseau de l'Hydro-Québec. Par le
règlement proposé, la limite supérieure d'application du
tarif d'usage général à moyenne puissance est
portée de 2,250 à 5,000 kilowatts normalisant ainsi le tarif
applicable à environ le tiers des gros abonnés industriels.
Il est intéressant de constater le chemin parcouru. Certains
anciens distributeurs avaient une limite de 100 kilowatts. On est rendu
à 5,000. Et c'est le point où les abonnés sont
considérés comme étant des gros abonnés à
l'Hydro-Ontario, par exemple, TVA et plusieurs autres fournisseurs, même
l'Electricité de France. C'est une espèce de consensus si vous
voulez.
L'Hydro-Québec poursuit ainsi prudemment son programme de
normalisation tarifaire entrepris en 1970. Enfin, le nouveau règlement
remplacera les règlements 95, 110, 117, 133 et 138 et sa forme actuelle
est améliorée par rapport à ceux-ci afin qu'il soit plus
précis et plus facile d'application. Merci, messieurs.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y aura des questions avant que M. Lemieux
nous donne de plus amples explications, tel que vous l'avez demandé?
M. HARVEY (Chauveau): A la page suivante, on indique que ce sera de
$1.01 par mois, par abonné? Est-ce qu'il s'agit là de
résidences unifamiliales proprement dites pour la consommation normale
d'une famille ou s'il s'agit d'un exemple type...
M. BISAILLON: Non, c'est simplement une...
M. HARVEY (Chauveau): ... disons de vos augmentations?
M. BISAILLON: Cela, c'est une grande moyenne. Dans les hausses
précédentes, tout le monde avait été
augmenté à peu près du même prix en dollars par
abonnement. Cette fois-ci, c'est en pourcentage. On a visé à
garder un pourcentage d'environ 12 p.c.
M. HARVEY (Chauveau): ... au prorata de la consommation.
M. BISAILLON: Alors, il y en a à $0.50, il y en a à $1.50,
$2. Il y a une distribution qui est donnée à l'une des
premières pages du mémoire. Je peux vous donner sommairement ce
qui en est. Il y a 60 p.c. des abonnés qui vont subir une hausse de
moins de $1.
M. HARVEY (Chauveau): Quel est le pourcentage?
M. BISAILLON: 60 p.c.
M. HARVEY (Chauveau): De moins de $1 par mois?
M. BISAILLON: De moins de $1 par mois, oui.
M. HARVEY (Chauveau): Merci.
M. BISAILLON: II y en a 92.9 p.c, disons 93 p.c. de moins de $2. Entre
$2 et $3, il y en a 4.2 p.c. et dans les cas qui restent, c'est $3, soit 2.1
p.c. Maintenant, il y a de petits rajustements qui font qu'il y a des hausses
pour 0.8 p.c.
M. LE PRESIDENT (Brisson): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Ce serait une définition que je voudrais avoir des
experts. La catégorie d'usage, à la page 2,
générale ou de A, petite puissance et moyenne puissance.
J'aimerais qu'on me dise aussi ce qu'est l'éclairage des
"sentinelles".
M. BISAILLON: C'est parce qu'il y a des tarifs...
M. DEMERS: C'est vrai, je ne le sais pas.
M. BISAILLON: C'est une très bonne question.
M. DEMERS: Le président de l'Hydro-Québec ne le sait pas
non plus. Mettez-nous au courant.
UNE VOLX: On veut faire allumer nos lumières.
M. BISAILLON: L'usage général est tout ce qui n'est pas
domestique à toutes fins pratiques, ce qui n'est pas éclairage
public, et qui n'est pas au tarif industriel, c'est un tarif vétuste,
comme je l'ai mentionné tantôt.
Pour ne pas le donner à des abonnés relativement petits,
on pourrait avoir seulement un tarif continu jusqu'à 5,000 kilowatts,
même au-delà de ça. On aime mieux les appeler "petites
puissances" et "grandes puissances". C'est simplement pour ne pas en arriver
à des millions de kilowatts-heures à un abonné qui n'en
prend que 1,000. C'est simplement parce que c'est plus simple à
expliquer ainsi à l'abonné.
Le point où il y a un croisement, c'est à 100 kilowatts.
Cela prendrait une bien grosse pharmacie, la Pharmacie Montréal, par
exemple, si quelqu'un l'a déjà vue, ou encore un bon magasin de
marchandises sèches. Steinberg, c'est déjà 400 ou 500.
C'est déjà pas mal gros, parce qu'il y a de la climatisation.
Cela comprend la majeure partie des petits industriels, pharmacies,
petites institutions, même les écoles, un certain nombre de
classes, restaurants. Il y a du commerce, un peu de tout là-dedans, des
églises. Toutes les églises seraient là-dedans
normalement, à moins qu'elles ne soient chauffées à
l'électricité. C'est peut-être la meilleure façon
que je peux...
M. DEMERS: Vous rattachez l'église au commerce.
M. BISAILLON: II y avait une distinction avant; aujourd'hui, il n'y en a
plus. Mais il y a moins de raisons d'y en avoir qu'il y en avait dans ce
temps-là, à cause de la forme des tarifs. Avant, à cause
d'un facteur d'utilisation très bas, elles employaient le service
seulement en fin de semaine. Cela faisait très cher du kilowatt-heure et
il fallait donner quelque chose.
Maintenant, avec ce qu'on appelle le tarif-bloc, avec le
réaménagement qu'on a actuellement, elles ne paieront pas plus
que quelques cents du kilowatt-heure. Il n'y a plus de raison de donner de
crédit. Le "sentinelle" n'est pas de l'éclairage public, comme
l'éclairage qu'on a dans les rues. C'est un service qu'on offre. On
fournit le luminaire, parfois même le poteau et
l'électricité, tant par mois. Ce sont surtout les cultivateurs ou
parfois certains commerce qui se prévalent de ce service.
C'est un service d'éclairage. Ce n'est pas seulement
l'électricité qu'on vend dans ce cas. C'est une unité
standard qui ne coûte pas tellement cher.
M. DEMERS: C'est à tarif fixe?
M. BISAILLON: C'est à un prix fixe, oui. C'est tant par mois.
Cinq dollars environ.
UNE VOIX: Combien avez-vous de "sentinelles" d'installées?
M. BISAILLON: Actuellement, on peut vous donner le chiffre, 11,236.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député
d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: M. le Président, ma question concerne la page 3,
lorsqu'on parle de regroupement. On arrive à un endroit, ceux desservis
par des réseaux non reliés. Si je ne m'abuse, l'Abitibi fait
partie d'un réseau non relié.
M. BISAILLON: On a défini les réseaux non reliés
comme étant ceux qui ne sont pas reliés,
mais qui ont en bas de 300,000 kilowatts.
Or, le réseau d'Abitibi a plus que ça. Effectivement, il
sera relié très rapidement...
M. TETRAULT: Donc, l'augmentation des tarifs s'applique à prix
égaux pour l'Abitibi comme pour le reste de la province.
M. BISAILLON: Oui, au groupe 2, ou au groupe 1 s'il y a plus de 1,500
abonnements dans la municipalité.
M. TETRAULT: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'autres questions?
M. HARVEY (Chauveau): En principe, M. le Président, si on veut
résumer, l'augmentation, en moyenne de $1.01, représente 60 p.c.
C'est bien ça?
M. BISAILLON: Oui, il y en a 60 p.c. qui sont augmentés de moins
de $1. Il y en a 60 p.c. qui tombent en bas de la moyenne, à toutes fins
pratiques.
M. HARVEY (Chauveau): Et vous avez aussi prévu, à ce
chapitre, des investissements nouveaux qui vont faire en sorte que
l'alimentation en électricité, qui est quand même
fondamentale et qui est normalement souhaitée par la plupart des
consommateurs du Québec, ne doit pas diminuer au point de vue de la
qualité et même aller en s'accroissant.
C'est là qu'on comprend cette approbation du Conseil des ministre
d'accepter cette augmentation parce qu'au fond vous avez de plus en plus de
constructions à faire, des lignes nouvelles à apporter, des
investissements nouveaux à consentir. On se fait, de par notre vocation
de députés, les défenseurs des consommateurs. Mais nous
sommes aussi des consommateurs. Honnêtement, ça ne
m'apparaît rien d'exagéré qu'une augmentation comme
celle-là. C'est mon opinion personnelle.
M. DEMERS: ... la multiplier par deux.
M. HARVEY (Chauveau): Pas pour le moment. On en discuterait à ce
moment. Mais je trouve ça raisonnable, compte tenu des 60 p.c.
M. DEMERS: Cela les paierait deux fois plus.
M. HARVEY (Chauveau): Vous croyez? M. DEMERS: Bien oui.
M. HARVEY (Chauveau): Votre réponse me satisfait. Merci.
M. BISAILLON: Cela baisserait peut-être nos ventes parce qu'on
augmenterait trop à ce moment.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Lemieux aurait certaines explications
à nous donner.
M. DEMERS: II fait noir à la même heure.
M. HARVEY (Chauveau): On ne peut pas toujours dire non à
l'Hydro-Québec.
M. GIROUX: M. Lafond a certaines explications sur ce premier
régime avant M. Lemieux, si vous permettez.
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'accord. M. Lafond.
M. LAFOND: M. le Président, en résumé, ce qui se
produit à l'Hydro-Québec n'est pas différent de ce qui se
produit dans les autres entreprises similaires au Canada. Il y a un
phénomène d'inflation qui est absorbé par
l'Hydro-Québec, soit une hausse de coût, qui peut être
compensée par des économies d'échelle, des
développements technologiques. Mais une fois qu'ils sont
épuisés, il y a deux façons de les régler, de les
compenser, les économies d'échelle, les développements
technologiques, ce que l'Hydro-Québec s'est efforcée de faire. Il
y a aussi la hausse des tarifs.
Ce soir, je voudrais tout simplement vous dire quelques mots et
j'aimerais qu'un texte explicatif soit distribué en même temps sur
certains facteurs qui, à l'Hydro-Québec, ont
entraîné des hausses de coût, en particulier depuis 1964,
année où l'Hydro-Québec prenait un nouveau point de
départ, suite à l'offre d'achat des actions des compagnies
privées.
M. DEMERS: Nous n'avons pas le texte.
M. LAFOND: II va vous être remis incessamment. D'accord.
M. DEMERS: Je ne détesterais pas l'avoir pour suivre.
M. LAFOND: En général, les frais d'intérêts
qui représentaient plus de 27 p.c. des dépenses annuelles en 1964
sont passés en 1972 à près de 35 p.c. des dépenses
de l'Hydro-Québec. Les frais d'exploitation, entretien, administration
et autres sont demeurés sensiblement au même niveau, relativement
aux autres dépenses et se situent environ à 34 p.c. de ces
dépenses en 1972, mais les deux ensemble, intérêts et
dépenses d'exploitation, représentent 70 p.c. des dépenses
annuelles de l'Hydro-québec. Si on ajoute à cela les frais pour
amortir les installations de l'Hydro-Québec, on constate que la somme
des trois ensemble, des trois plus importants postes de dépenses
représentent 85 p.c. des dépenses annuelles.
Le premier graphique illustre comment chacune des dépenses se
comporte dans l'ensemble des dépenses et si son importance relative a
augmenté ou diminué.
A la page 7, le tableau 1 vous permet de
constater sur la base de l'année 1964 quels sont les groupes de
dépenses qui, à l'Hydro-Québec, ont connu la plus grosse
augmentation, en termes de taux d'accroissement annuel moyen, au bas de la
page. Et ce qui se dégage de ce tableau, c'est que les trois
dépenses, les trois secteurs de dépenses principales, à
savoir exploitation, entretien, administration et autres, première
colonne, les coûts d'intérêts, dernière colonne, et
aussi le pourcentage de provision pour renouvellement, connaissent les taux
d'accroissement à peu près les plus élevés.
Quant aux taxes municipales et scolaires, avant 1965, M. Dozois en a
parlé ce matin. C'est un secteur qui est à peu près
stabilisé et, même s'il a connu un taux plus élevé,
le montant est relativement minime par rapport aux autres postes dont je viens
de parler. Ce qui aussi mérite d'être signalé dans le
tableau no 1 de la page 7, c'est le fait que le coût annuel total,
exprimé en termes de dollars, a augmenté à
l'Hydro-Québec à un rythme moyen de 10.6 p.c.
Si on fait le même exercice pour l'augmentation des revenus, ce
qui malheureusement n'est pas reflété au tableau, on remarque que
les revenus, au cours de la même période, ont augmenté
à un taux moyen de 9.7 p.c. Alors, il y a donc là un
phénomène d'érosion entre l'augmentation moyenne des
revenus et l'augmentation des dépenses. Il y a en fait deux raisons
principales qui expliquent cette croissance on en a parlé
tantôt l'inflation et aussi l'augmentation des ventes. Je vous
réfère au tableau de la page 8, parce que le tableau de la page 7
exprime l'augmentation des dépenses en termes de dollars absolus mais
ramenée sur une base unitaire. La même comparaison indique,
à la page 8, que le coût annuel du kilowatt-heure sur une base de
100 en 1964 est passé à 129.6 en 1972, ce qui représente
un taux d'accroissement composé annuel moyen de 3.3. Si l'on fait le
même exercice par rapport au revenu par kilowatt-heure, on constate un
taux à comparer de 3.3, un taux d'accroissement annuel moyen de 2.5.
Encore là, les deux bases de calcul doivent prouver la même
chose.
Je passe à la page 2, aux frais d'exploitation, (à la page
2 du texte, s'il vous plaît) il est intéressant de noter au
tableau 3 que la main-d'oeuvre représente près de 75 p.c. de la
catégorie des frais d'exploitation, entretien, administration et autres
dépenses. Nos taux d'accroissement annuel des dépenses de
main-d'oeuvre de 1967 à 1972 ont été de 10 p.c. avec un
taux de 9 p.c. pour les autres dépenses de la catégorie donnant
un taux pondéré moyen de 9.8 p.c. sur le total de ces coûts
annuels. Si on s'arrête un instant à l'évolution de la
masse salariale en fonction des effectifs, le graphique 2 de la page 10 montre
que la masse salariale a évolué à 10 p.c. par année
entre 1967 et 1972. Pendant ce temps, le nombre d'employés permanents
à l'exploitation augmentait au taux d'accroissement de 1.3 par
année. En tenant compte des deux résultats
précédents, on peut donc dire que le taux d'accroissement du
salaire moyen, incluant les avantages sociaux a connu un taux d'accroissement
annuel de l'ordre de 9.3 p.c. On peut dire que l'accroissement relativement
faible du nombre d'employés permanents à l'exploitation, 1.3 par
année, est relié à l'accroissement de productivité
de la main-d'oeuvre en termes de kilowatt-heure vendu par employé, ce
qui est illustré au tableau 4. Quant au coût
d'intérêt qui représente une des charges importantes
à l'Hydro-Québec, représentant 30 p.c. du coût
global d'exploitation, l'accroissement est surtout provoqué par
l'augmentation des taux d'intérêt sur nos emprunts. Tout cela est
reflété au tableau de la page 12. A titre d'exemple, de la dette
à long terme qui était de $1,439,000,000 et de $2,876,000,000 au
début de 1964 et en 1972, le taux d'intérêt moyen est
passé de 4.95 à 6.78 au cours de la même période.
Exprimé en termes de dollars, cela représente une augmentation de
$52.6 millions sur les deux qui doit être absorbée par
l'Hydro-Québec. Ce qu'il est important de signaler quand se produit ce
genre d'augmentation, M. le Président, c'est que les revenus doivent
l'absorber et qu'une augmentation de dépenses comme cela n'augmente pas,
en aucune façon, la capacité de production de l'entreprise, ne
permet pas de générer davantage les kilowatts-heures et n'a aucun
facteur compensatoire, sinon la diminution des profits ou une augmentation de
tarifs.
Le graphique 3 illustre cette évolution. Présentement, on
pense que la hausse du coût d'intérêt global à
l'Hydro-Québec devrait se poursuivre parce que les taux effectifs sur
les emprunts effectués au cours de l'année dépassent
encore le coût moyen de la dette présentement en circulation. Le
phénomène de la hausse des taux d'intérêt est
accentué par le remplacement par de nouvelles émissions à
des taux d'intérêt à plus de 8 p.c. de dettes qui viennent
à échéance et dont les taux étaient de 3 p.c. et 5
p.c. Le graphique 4 de la page 13 illustre l'importance des
échéances qui seront particulièrement lourdes en 1973 et
1974, ce qui va aussi donner effet au phénomène dont je parlais
tantôt. Pour 1973 et 1974, il arrive que plusieurs émissions
effectuées en 1963 lors de la nationalisation des compagnies deviendront
à échéance. De plus, certaines émissions qui
avaient été effectuées en 1969 avec une option de rachat
verront l'option échoir en 1974, on peut estimer qu'il y a des chances
qu'elle soit exercée. Quant au taux d'intérêt, c'est un
phénomène universel contre lequel nous n'avons aucune assurance.
Si on parle brièvement des coûts de construction, les
immobilisations de l'Hydro-Québec correspondent à une mise de
fonds de plus de $7 pour chaque dollar de revenu annuel. Quant aux
dépenses d'intérêt ainsi que la provision pour
renouvellement, il est clair que toute hausse des coûts de construction
doit se répercuter sur celui de l'électricité.
Le graphique 6 illustre la hausse des coûts de construction au
Canada pour des installations de production, de transport et de distribution
d'électricité analogue à celle de
l'Hydro-Québec.
Graphique 6, page 15.
L'indice total du coût de construction d'une centrale
hydro-électrique a augmenté de 4.7 p.c. par année en
moyenne de 1966 à 1972. Une centrale qui aurait coûté $100
millions en 1966 coûterait près de $132 millions en 1972. Par
contre, si on considère que cette centrale en 1964 était
financée à un coût de 5.33 et qu'en 1972 elle l'a
été à un coût de 8.05, les deux facteurs,
augmentation du coût de construction et augmentation du coût de
financement engendrent des effets qui se cumulent et tendent encore une fois
à réduire la marge d'opération de l'Hydro-Québec.
Si on ajoute à ces facteurs le fait que des sites de plus en plus
éloignés des centres de consommation doivent être
maintenant développés, on peut se rendre compte que les taux
d'accroissement dans les coûts de construction, d'équipement et de
production sont élevés et on des répercussions
importantes. Pour la même puissance installée, les coûts
à amortir sont plus élevés, la croissance de la
catégorie de provision ou renouvellement s'accentue et les
intérêts augmentent aussi le coût d'exploitation.
Question des dépenses à l'Hydro-Québec.
On peut dire, en conclusion, que l'utilisation technique de
l'Hydro-Québec, comme les lignes à 735 KV qui diminuent les
pertes de transport, l'augmentation de la taille des groupes dans les centrales
hydro-électriques ainsi que les efforts déployés par
l'entreprise quant à la gestion des dépenses tant de construction
que d'exploitation ne suffisent pas à éliminer
complètement les effets de l'inflation. C'est ce que je soulignais au
début. Conséquemment, il devient inévitable qu'un
coût de production élevé doit être compensé
par une hausse des revenus.
Je vous fais distribuer en même temps un tableau pour vous
permettre de voir exactement de quelle façon les revenus et les
dépenses de l'Hydro-Québec se sont comportés en 1970, 1971
et 1972 et de quelle façon les prévisions de 73/74 sont
présentement envisagées.
Avec le tableau que vous allez recevoir, je pense qu'il serait bon que
M. Lemieux nous parle de l'implication financière, des baisses de
revenus à l'Hydro-Québec de même que de la justification
financière des hausses de revenus désirées.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce que vous avez terminé, M.
Lafond? Est-ce qu'il y aurait des questions? Le député de
L'Assomption.
M. PERREAULT: Je vois que vous avez fait des comparaisons avec d'autres
services publics d'électricité aux Etats-Unis. Est-ce que vous
avez aussi fait des comparaisons avec Bell Canada?
M. GIROUX: Ce n'est pas le même genre d'utilité que le
nôtre, au point de vue des investissements...
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'autres questions? Alors, M. Lemieux. Est-ce
que M. Lemieux est prêt à nous donner ses remarques et
explications?
M. LEMIEUX: Merci. Si cela peut aider les membres de la commission, le
mémoire sur la hausse des tarifs que l'Hydro-Québec a
présenté sera peut-être utile à regarder durant mes
commentaires, parce que je veux commenter rapidement quelques articles qui
paraissent dans ce mémoire. D'ailleurs, le mémoire, au
début, fait mention de ce que M. Lafond a déjà dit,
c'est-à-dire la hausse des coûts que tout le monde connaît
et les indices des coûts de construction là encore, tout le
monde sait que les coûts sont majorés de beaucoup. Cependant,
j'aurais deux petits exemples à vous donner. A la page 3, indices de
coûts. En 1961, on a reconstruit une centrale à un coût de
$100 millions et on a emprunté l'argent à 5 1/2 p.c,
c'est-à-dire que la moyenne de nos emprunts en 1961 a coûté
5 1/2 p.c. Cela fait des frais annuels de $5 1/2 millions pour une centrale
construite en 1961. La même centrale construite en 1971 coûte 60
p.c. plus cher, c'est-à-dire $165 millions, empruntés à 8
p.c. Cela fait $13 1/2 millions de frais annuels en intérêts,
c'est-à-dire deux fois et demie le prix de frais annuels pour la
même centrale construite dix ans plus tôt. Tout le monde
connaît aussi l'évolution des taux d'intérêt et je
n'ai pas l'intention de les commenter, sauf en relation avec ce que cela
donnait pour la même centrale en 1961 et 1971. Je pense...
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, ce sont des prêts
échelonnés sur combien d'années?
M. LEMIEUX: Pardon?
M. HARVEY (Chauveau): Généralement, ce sont des
prêts échelonnés sur...
M. LEMIEUX: Sur 20, 25 ans ou parfois trente ans.
M. HARVEY (Chauveau): Ah bon!
M. LEMIEUX: A la page 5, le graphique 3 parle des
échéances. Remarquez qu'en 1973 on aura à rembourser ou
à acheter des obligations, fonds d'amortissement, pour un total de $141
millions.
Le coût de ces montants actuellement est de 4.24 p.c, cela fait $6
millions par année. Ces fonds seront empruntés, de façon
générale, à 8 p.c. pour coûter annuellement $11.5
millions. En d'autres mots, à cause des échéances, sans
que l'on fasse autre chose que les rembourser et emprunter d'autre argent, les
frais annuels augmentent de $5.5 millions.
Mais le coeur, si vous voulez, de la question, se trouve plus loin.
L'état qui vous a été donné ici, paraît
à la page 13. Tout le reste, les justifications des hausses, du fait que
tout augmente, on peut considérer cela comme secondaire, à
comparer avec la situation de l'Hydro-Québec. Là, ce n'est plus
une question d'opinion au point de vue des résultats de l'année
1972, on a vu une baisse dans les montants des revenus nets,
c'est-à-dire ce qui restait après avoir payé les
intérêts et après avoir payé tous les frais
d'exploitation, les taxes scolaires, achats d'énergie, toutes ces
choses-là. Il restait à la fin de l'année à
la page 13, c'était préliminaire, le revenu net paraît ici
quelque chose comme $88,000,000. En effet, dans le rapport, les chiffres
les plus récents sont sur une feuille qui a été
distribuée. C'est le même état, mais c'est mis à
jour.
Alors, vous voyez que le revenu net, qui était de $127 millions
en 1971, a baissé à $98.9 millions. Sans révision des
tarifs, la même tendance continuera en 1973 et 1974 et on n'aura
même pas suffisamment de fonds pour payer les intérêts sur
réserve et l'amortissement du capital engagé, qui sont tous les
deux exigés par la loi. En d'autres mots, la commission, selon la loi, a
la responsabilité de fixer ces revenus à un niveau qui va
produire suffisamment de revenus pour payer les dépenses et pour payer
les intérêts sur réserve et l'amortissement du capital
engagé.
Il est intéressant de noter que, dans le cas de Bell Canada, on
discute pendant des mois pour décider quel est le taux de rendement qui
est justifié. Est-ce que cela doit être 6 1/2 p.c, 8p.c. ou 7 p.c?
Toutes ces discussions qui continuent pour longtemps et qui exigent toutes
sortes d'experts, ici, à l'Hydro-Québec on n'aura pas besoin d'en
tenir compte. La loi dit que nos réserves doivent gagner le même
taux que nous payons sur notre dette à long terme et on ne peut
sûrement pas gagner moins que les intérêts que nous avons
à verser, c'est-à-dire que, dans le moment, le taux moyen est de
6.33 p.c. et le rendement de 1972 le calcul ne paraît pas
ici sur l'actif de l'Hydro-Québec pour l'année 1972
était de 6.41 p.c. Alors, on gagnait 6.41 p.c. sur le capital
engagé et on paye 6.33 p.c. Ce rendement de 1972 représente une
baisse de 0.6 p.c., c'est-à-dire de 7.05 p.c. en 1971, 6.41 p.c. en
1972, à comparer à un taux moyen que nous payons sur notre dette
à long terme de 6.33 p.c.
Effectivement on ne gagne pas 8 p.c. ou 9p.c. comme d'autres compagnies
ou sociétés aimeraient gagner, mais on ne gagne que suffisamment
pour payer nos intérêts. Si on dit que le montant minimum
nécessaire est, pour l'année 1973, de $21.6 millions vous
voyez cela sur la petite feuille que nous vous avons donnée
colonne 1973, exigence de la loi comme on dit solde ou
déficit. Si nos revenus ne sont pas majorés de 21.6 p.c, on est
en contradiction avec la loi; $21.6 millions, c'est le minimum, sans même
parler de saine administration financière, c'est en partant des
minimums, on n'a même pas à discuter, et on n'a pas besoin de
toutes sortes d'experts qui viendront nous dire que ce n'est pas le cas. Nous
avons la loi et ça finit là. En ce qui concerne la saine
administration, on dit ici: "Exigences des marchés financiers". Ce n'est
peut-être pas la plus belle manière de le dire. D'ailleurs, il n'y
a pas de règlements sans lesquels on ne peut pas aller chercher de
l'argent, mais quand même pour l'année 1973, on doit aller aux
Etats-Unis emprunter $250 millions. Les gens qui nous prêtent cet argent,
c'est bien beau, ils apprécient l'importance du Québec, mais ils
ont toutes sortes d'autres obligations qu'ils peuvent acheter. Ils ne sont pas
du tout obligés d'acheter les nôtres. Ce n'est pas un service
qu'on leur rend en rendant disponibles les obligations de
l'Hydro-Québec. Les courtiers veulent bien vendre nos obligations, mais
les acheteurs, les prêteurs de fonds, veulent que ce soit une
organisation rentable. Ils exigent qu'on gagne au moins suffisamment d'argent
pour payer nos intérêts et même fixer une marge en plus.
C'est pour cela que nous avons cherché à vendre aux Etats-Unis
surtout, mais partout l'idée d'une couverture de 1.25 suffit pour
l'Hydro-Québec.
Les compagnies ordinaires qui, d'habitude, ont peut-être 50 p.c.
de leurs fonds par des emprunts et 50 p.c. par la vente des actions, peuvent
gagner leurs intérêts deux fois, trois fois ou même quatre
fois. C'est bien normal. Nous, ce n'est pas deux fois que nous gagnons nos
intérêts. On a vendu l'idée que une fois et quart suffit.
Ce n'est pas tout le monde qui l'accepte, mais disons que c'est accepté
assez bien. On pourrait dire: Bon bien! au diable une fois et quart et les
marchés financiers, cette année on laissera baisser les revenus
et on gagnera .9 p.c. ou on gagnera même nos intérêts une
fois et cela suffit. Mais le lendemain, quand on ira emprunter sur les
marchés on verra que les obligations de l'Hydro-Québec seront pas
mal moins populaires et on sera pris à payer un taux
d'intérêt plus élevé qui coûtera à la
longue un quart de 1 p.c. Cela ne semble pas beaucoup, mais un quart de 1 p.c.
sur $500 millions pendant trente ans, cela représente quand même
une somme importante. Ce n'est pas uniquement les emprunts de 1973, mais ce
sont aussi les emprunts de 1974 et 1975. Il faut être conscient de
l'importance du bon nom de la province et de l'Hydro-Québec, là
où nous voulons vendre nos obligations. C'est pour cela que nous
prétendons qu'une couverture d'une fois et quart est un minimum que nous
devons chercher à maintenir à long terme.
Je ne dis pas que si ça baissait à 1 p.c. pendant un an et
que ça remontait après on aura des problèmes. Ce qui est
vraiment l'aspect le plus important, c'est la possibilité d'avoir une
acceptation raisonnablement rapide d'une demande d'augmentation de tarifs.
Par exemple, aux Etats-Unis, une compagnie comme Consolidated Edison
à New York qui voudrait augmenter ses tarifs, elle est prise devant les
cours pour un ou deux ans, comme ça arrive parfois. Même six ou
huit mois, ça peut être assez grave. Des compagnies qui n'ont pas
cette possibilité, sans aller passer des mois et des mois en cour,
voient une baisse de leur cote d'obligation entraînant ensuite des taux
d'intérêt plus élevés.
Ce n'est pas uniquement à l'Hydro-Québec qu'on a le
problème d'emprunt qui ira en augmentant dans les années à
venir. Mais toute compagnie d'électricité au monde a les
mêmes problèmes. On a parlé aux Japonais, aux
Américains, c'est le même phénomène partout. Nous
sommes franchement assez chanceux que nos besoins de $500 millions cette
année demeurent à ce niveau pendant les quatre prochaines
années.
Après ça, il y aura d'autres problèmes, mais ce
n'est pas le problème de cette commission de voir ce qui va arriver dans
cinq, six ou sept ans. D'ailleurs, les prévisions de ce que seront les
revenus, les dépenses en 1977 et 1978, c'est pas mal loin. Nous avons
fait des prévisions de 1973 et 1974. C'est assez urgent qu'on ait des
revenus additionnels prévus par la hausse des tarifs.
Encore une fois, pour l'année 1973, on aura peut-être un
petit surplus, c'est-à-dire comparé avec un strict minimum de
revenu additionnel dont on aura besoin. Mais en 1974, on n'aura pas toutes les
sommes nécessaires. Pour revenir à cette feuille, pour satisfaire
les exigences de la loi, comme je le disais tout à l'heure, ça
prendrait $46.2 millions pour l'année 1974. Nous allons toucher à
$50 millions plus $9 millions à $10 millions additionnels par la baisse
des impôts sur la production. Cela va nous donner $60 millions, mais
c'est encore inférieur au chiffre en bas de $77 millions que nous
prétendons nécessaire pour assurer une fois et quart...
Des prévisions sont des prévisions. Il se peut qu'en 1974
nous ayons des conditions hydrauliques très favorables nous permettant
d'effectuer des ventes additionnelles à l'extérieur.
Souhaitons-le. Mais le montant que nous avons demandé dans notre
mémoire demeure un minimum que nous pouvons réclamer, tout en
respectant les normes d'une saine administration financière.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de L'Assomption.
M. PERREAULT: Sur le tableau des revenus additionnels selon diverses
considérations, vous avez un revenu additionnel suivant le
règlement 150: $30.6 millions. Vous avez aussi le revenu additionnel du
coût du budget du ministre Garneau qui donnerait $7.2 millions de plus,
pour vous donner un total de $37.8 millions en 1973.
M. LEMIEUX: Oui.
M. PERREAULT: Ces $7.2 millions sont le transfert d'impôts?
M. GIROUX: Non, il y aura une réduction de la loi. C'est
estimé par nous, mais la loi n'est pas votée.
M. PERREAULT: C'est ce que je voulais savoir.
M. GIROUX: C'est une estimation. Simplement pour l'exprimer ici, on dit:
Compte tenu du budget. Autrement, il faudrait avoir une augmentation plus
grande.
M. PERREAULT: Vous espérez que, suivant la loi, vous allez avoir
$7.2 millions additionnels.
M. GIROUX: La loi est censée prendre effet à partir du 1er
avril. Les modalités de la loi, nous ne les connaissons pas. Nous
pouvons toujours escompter que, s'il y a un changement dans cette chose, nous
ayons une estimation de tout près de $30 millions à payer pour
l'année.
Si l'impôt tel qu'annoncé a un maximum de $20 millions,
à ce moment, on a dit: II y a $10 millions. A partir du 1er avril, cela
donne tant...
M. PERREAULT: Pour les deux...
M. GIROUX: ... pour les deux. Alors, l'an prochain, la même chose.
Comme M. Lemieux vous a expliqué, on descend à un minimum de
couverture, couverture et intérêts, à 1.26 p.c. et à
1.20 p.c. Naturellement, il peut être légèrement
supérieur, légèrement inférieur, mais on croit
qu'on peut très bien se tirer d'affaires. J'espère
personnellement que la roue continuera au point de vue de l'économie et
qu'en 1973 et 1974 cela continuera à prendre de l'ascension. S'il y a
une diminution ou s'il y a une récession terrible en 1974, à ce
moment il faudra aviser, soit de réduire certains programmes, je ne le
sais pas. Mais, actuellement, c'est une question qu'on regarde avec les normes
telles qu'établies sur des périodes données.
M. PERREAULT: Merci, M. le Président. LE PRESIDENT: Merci, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce qu'il y aurait d'autres questions?
M. DEMERS: Est-ce qu'il serait temps de demander aux membres de la
commission et aux experts quelle a été la progression du taux
d'augmentation des tarifs d'électricité depuis 1963, par exemple
pour 400 kilowatts-heures, dans le secteur urbain et dans le secteur rural de
1963 à nos jours?
M. GIROUX: M. Bisaillon va répondre à cette question. Je
crois qu'il a les documents concernant cela.
M. DEMERS: Est-ce qu'il y en a une d'abord?
M. BISAILLON: Oui, il y a eu une évolution. Evidemment, il y
avait des régions dont les tarifs étaient très
élevés en 1963 et dès 1963, il y a eu des baisses, surtout
dans la Gaspésie et dans les coins éloignés. Il y a eu un
rapprochement graduel de sorte que, aujourd'hui, on en est rendu entre les deux
tarifs le groupe 1 et le groupe 2, dans le domestique à
$0.60 de différence par mois. Ce n'est pas beaucoup pour un
abonné. C'est beaucoup pour nous à cause du nombre
d'abonnés qu'il y a en arrière. Alors, $0.60, cela signifie
quatre tablettes de chocolat au prix d'aujourd'hui.
Pour l'évolution proprement dite, je peux vous donner une bonne
idée. Je peux vous donner l'évolution globale d'abord. J'ai une
courbe ici qui part de 1939 jusqu'en 1970. C'est sur le Bureau national de la
statistique, Statistique Canada. Il y a eu un rattrapage extraordinaire dans la
province de Québec depuis 1939 pendant que les gens au Canada, en
moyenne, consommaient 1,939 kilowatts-heures par année, nous au
Québec, nous étions à à peu près 700
kilowatts-heures. Evidemment, on payait plus cher parce qu'il s'en vendait
moins. Dans ce temps, on payait $0.03 et le reste du Canada, en moyenne, payait
$0.019. On a réduit graduellement ce taux si bien qu'en 1957 on
était en bas du Canada et on s'est toujours maintenu en bas depuis ce
temps.
Regardons le prix du kilowatt-heure, parce qu'on peut considérer
ce prix comme l'unité, comme on parle d'une once de chocolat, d'un
gallon d'huile ou d'un gallon d'essence c'est ce qu'on vend, c'est du
kilowatt-heure, en 1970, pour la province de Québec, on était
à à peu près au même niveau qu'en 1957. En somme,
cela s'est maintenu. Il y a une baisse entre les deux. La baisse a eu lieu
surtout en 1963 alors que plusieurs tarifs ont été réduits
dans les régions rurales et c'est là surtout qu'il y a eu
desréductions.
Un facteur qu'il faut toujours garder en considération est la
consommation moyenne quand on fait ces comparaisons. La consommation moyenne,
ici dans la province, par exemple, pour les abonnés domestiques, est un
peu plus faible d'environ 1,000 kilowatts-heures, que celle de l'Ontario.
Evidemment, on en a plus et cela coûte un peu meilleur marché le
kilowattheure. Mais, si on consommait la même chose qu'en Ontario, cela
coûterait exactement la même chose. C'est $1 de différence,
$74 par année.
Je ne sais pas si cela répond à votre question. Je
voudrais bien y répondre comme il faut.
M. DEMERS: J'ai demandé des informations à des bureaux
régionaux de l'Hydro-Québec et on m'a dit d'abord, j'ai
questionné à Trois-Rivières et à Shawinigan, vous
me direz si c'est vrai ou faux que les 400 kilowatts-heures en
1962,coûtaient $5.43 dans le secteur urbain. Ils sont passés
à $7.55 en 1972 et, avec l'augmentation de 8.3 p.c, je viens de faire un
calcul, il en coûtera $8.18. Dans le domaine rural, les 400 kilowatts
coûteraient $6.8 en 1963, 400 kilowatts en 1972, $7.80 et, si je prends
l'augmentation de 8.3 p.c. pour 1974, il en coûtera $8.45. C'est signe
qu'à y a eu une augmentation assez substantielle depuis 1963. Ici, je ne
blâme pas les gens de l'Hydro-Québec du tout, c'est que nous
avions, dans le temps reçu une information indiquant qu'il n'y aurait
pas une seule facture de plus de $6 pour consommation de 400 kilowatts-heures
par mois et cela, dans toute la province et que personne ne serait
augmenté et, surtout, beaucoup seraient diminués. Je prends ma
source d'information à ce journal et nous voyons le père de la
nationalisation et son fils Claude. H l'avertit que cela s'en vient beau dans
la province de Québec. On le voit là. De $5.43 nous sommes
montés à $8.18 et il y avait en plus de cela cette
clef-là, vous vous en rappelez? Le clef de notre libération. Vous
vous en souvenez? Je rappelle ces souvenirs à la commission, aux gens de
l'autre côté et si cela ne vous fait pas peur, je vais vous donner
d'autres détails si vous en voulez.
On voit ce monsieur avec son fils regardant... Vous voyez, il sent venir
cela. C'est le chef de votre parti. Il nous a passés de $5.43 à
$8.18 en nous rendant maîtres chez nous. Il veut faire la même
chose avec la nationalisation de Bell Canada. Alors, nous avons encore d'autres
détails. C'était le Parti libéral qui prêchait cela.
Tous les papes de la nationalisation sont ici, il y a la photographie en gros
plan, la déclaration ministérielle, cela peut informer la
commission. Je voudrais que ce soit versé aux Débats pour montrer
comment cela a été bon. Je me devais de rappeler cela, M. le
Président et lorsque je rafraîchie la mémoire des
administrateurs de l'Hydro-Québec en prenant des chiffres, je calcule
que je rends service à la population en lui disant de se méfier
des nationalisations à venir. On devient maîtres chez nous, mais
on paie pour.
M. JORON: M. le Président, est-ce qu'on pourrait, à la
suite de cette question, inviter le député de Saint-Maurice
à prendre connaissance, à la page 11 du mémoire sur la
hausse des tarifs d'électricité présentée à
la Commission hydro-électrique, des statistiques, non pas partielles,
sur un cas particulier, dans une région donnée que je ne connais
pas d'ailleurs et que je ne suis pas en mesure de vérifier? Si on
pouvait lui demander de considérer la statistique qui apparaît
là, dont la source est Statistique Canada et qui donne pour l'ensemble
de la province de Québec le prix unitaire moyen de
ce dont on parle, c'est-à-dire le kilowatt-heure par cent, on
s'aperçoit que le taux baisse d'un sommet qui est indiqué ici en
1958 je ne remonte pas jusqu'au temps de la seconde guerre mondiale
de $1.53, et que, en 1962-63, il est légèrement
inférieur à cela. Il continue de baisser dans les années
subséquentes pour atteindre son point le plus bas, soit $0.01.23 en
1966. A partir de ce moment-là, coincidence étrange, il y a eu
changement de gouvernement, cela recommence à monter.
M. DEMERS: M. le Président, je pense que l'argument de mon
collègue ne tient pas, j'ai la donnée ici. J'admets qu'en 1934,
c'était $8.21; je parle de 400 kilowatts-heures, comptez-les à
l'unité si vous voulez; c'est une information qui nous vient de
l'Hydro-Québec, la même que vous avez là. Vous avez
contesté tantôt ces chiffres-là, ils font...
M. JORON: On ne parlera pas des prunes et des oranges. Vous, vous parlez
de 400 kilowatts-heures, dans une ville donnée du Québec. Moi, je
parle du prix de l'électricité unitaire, sur l'ensemble du
territoire.
M. DEMERS: J'ai fait une spécification, un détail urbain
et rural. Si c'est meilleur marché que c'était en 1962, vous
l'admettez, alors il n'y a pas eu d'augmentation. Pourquoi contester ici ces
gens qui viennent nous demander une augmentation. Il n'y en a pas eu.
M. JORON: II y en a eu une en 1967, est-ce que je vais vous rappeler
sous quel gouvernement cela se passait?
M. DEMERS: Peu importe le gouvernement où cela se passait. Je ne
blâme pas le gouvernement d'ici, je blâme ceux qui ont
été les promoteurs de la patente. C'est tout.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Messieurs, est-ce qu'il y aurait d'autres
questions? Ou d'autres réponses à donner?
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai juste une observation à faire. Vous
répondrez demain aux exigences de la loi avec la nouvelle augmentation,
tout ça... Est-ce que vous saviez, au moment où vous avez
préparé votre mémoire, qu'il y aurait une diminution de
$10 millions?
M. GIROUX: Le montant, non. Mais comme notre demande était
supérieure à ça...
Le Conseil des ministres nous accordait une augmentation. Il nous a dit
qu'il y aurait des changements et qu'on devrait être capable d'y faire
face. Le point où c'est très clairement établi, c'est que,
si on prend les exigences de la loi selon le mémoire de 1973, elles sont
de 21.6 et celles de 1974, sont de 46.2, nos demandes ont été
supérieures à ça et le Conseil des ministres...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous vouliez, dans vos demandes,
vous rendre aux exigences d'une saine administration financière ou vous
rendre à 34.7 en 1973 et 77.8 en 1974? C'est là que vous vouliez
aller?
M. GIROUX: C'est là qu'on voulait aller.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si vous n'y allez pas, pensez-vous avoir des
problèmes sur le marché des emprunts... En 1974, au lieu
d'être à 1.00, être à 0.97?
M. GIROUX: Je ne vous suis pas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans le rapport, le revenu net d'exploitation
sur la dépense d'intérêt. En 1974, vous êtes en bas
de l,vous êtes à 0.97. Pensez-vous avoir des problèmes avec
ça?
M. GIROUX: Oui. C'est pourquoi on se fie au fait que la nouvelle loi
doit nous accorder un montant...
M. CLOUTIER (Montmagny): Un montant pour 1973 et encore $10 millions
pour 1974, je suppose?
M. GIROUX: La loi est censée être faite. Je ne peux pas
présumer de ce que la loi va être. Je pense que je n'ai pas le
droit de faire ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'essaie de voir moi aussi ce qu'il y aura dans
la loi.
M. GIROUX: Moi aussi. Mais le discours a été fait à
l'effet qu'au lieu de payer l'impôt, on paierait un maximum de $20
millions. Si une loi est faite comme ça, on présume que ça
prend une autre loi pour la changer. Donc, je n'ai pas de raison de croire que
le gouvernement passera une autre loi en 1974 pour changer celle-là.
J'établis mes hypothèses là-dessus.
M. CLOUTIER (Montmagny): On peut prévoir raisonnablement que ces
$20 millions de factures faites à l'Hydro-Québec en 1973 vont
être diminués en 1974 à $10 millions, ou vont être
éliminés en 1974.
M. GIROUX: On peut l'espérer, mais pas dans la loi.
M. CLOUTIER (Montmagny): On peut s'attendre à ça. Ce
serait dans les prévisions normales, si l'Hydro-Québec va sur les
marchés financiers avec des normes et des pourcentages qui ne sont pas
des pourcentages souhaitables dans les circonstances, surtout avec les projets
que vous avez, des projets d'investissement. On a dit tantôt un quart de
1 p.c, ce que ça pourrait coûter; ça pourrait être
plus que ça. Ce peut être un demi de 1 p.c. à un moment
donné.
M. GIROUX: Avec l'expérience passée de
l'Hydro-Québec, où ses tarifs ont été
ajustés pour faire face à ces choses-là, je ne crois pas
qu'on se heurte à de la résistance à 1.20. Mais si on
allait plus bas que cela, je crois que oui. On peut y aller pour une
année mais il y a alors les problèmes. Nous nous figurons que la
loi sera limitée à $20 millions, enfin, c'était dans le
discours. Maintenant, je n'ai pas de raison de croire que le gouvernement va
l'augmenter à $40 millions en 1974.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous voyez le jour, je ne sais pas,
en 1977 ou en 1978, étant donné les exigences formidables que
vous aurez à ce moment-là du point de vue des investissements,
l'augmentation du service de la dette on ne sait pas quels seront les
taux d'intérêt où, pour garder les tarifs
d'électricité dans une proportion raisonnable, le gouvernement,
le ministre des Finances, au lieu de vous charger $20 millions, soit
obligé de vous verser $10 millions? A ce moment-là, vous ne
devrez plus rien au gouvernement mais c'est le gouvernement, le ministre des
Finances, dans son budget, qui vous...
M. GIROUX: Ce serait bien souhaitable. Je n'ai pas d'objection à
ce système.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de Gouin pourra alors
dire: Mon Dieu, c'est bonnet blanc, blanc bonnet. L'Hydro-Québec, enfin,
c'est aux citoyens du Québec. Il a commencé à additionner,
cet après-midi, ce qui était versé par
l'Hydro-Québec à la province et ce que la province redonnait et
il a dit: Cela va tout dans la même poche.
M. MASSE (Arthabaska): Si le député de Montmagny me
permet, pour qu'il ne se dégage pas une fausse impression, vous avez
mentionné l'exigence des marchés financiers en 73/74, selon les
prévisions, la couverture d'intérêt serait de 1.09 p.c. et
0.97 p.c, mais cela, évidemment, c'est sans considérer les
augmentations actuelles.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, c'est avant. J'ai dit s'il fallait aller
sur le marché avec ça, 0.97 p.c...
M. MASSE (Arthabaska): Ce serait très embêtant.
M. CLOUTIER (Montmagny):... ce n'est pas un quart de 1 p.c. qu'il
faudrait payer de différence, il faudrait s'attendre à payer un
demi de 1 p.c. de plus.
A ce moment-là, un demi de 1 p.c. serait coûteux sur une
période de 25 ou 30 ans. Les citoyens du Québec y seraient plus
gagnants en consentant à une augmentation de tarifs. Cela
coûterait moins cher que de le payer en intérêts.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors, messieurs, s'il n'y a pas d'autres
remarques, étant donné qu'il est dix heures trente, la commission
parlementaire pourrait ajourner ses travaux à demain matin, dix
heures.
M. TETRAULT: Pourrions-nous avoir un peu plus de temps pour regarder un
peu la documentation et prendre un peu en considération les
données qui nous ont été fournies?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je suggérerais
je ne sais pas, nous avons eu les explications mais il faudrait,
je pense, avoir la matinée de demain pour revoir la documentation et
aussi revoir les réponses qui nous ont été fournies par
les gens de l'Hydro-Québec.
M. PERREAULT: II ne faut pas oublier demain soir. On pourrait entendre
l'Hydro-Québec demain après-midi. Il ne faut pas oublier
cela.
M. TETRAULT: A moins qu'on ajourne les travaux à jeudi matin.
M. PERREAULT: Cela nous donne juste deux heures. Les gens de
l'Hydro-Québec sont ici.
M. TETRAULT: On pourrait ajourner à jeudi matin, M. le
Président, vu que c'est mercredi. On pourrait étudier les
documents et, jeudi matin, réunir la commission parlementaire à
dix heures.
LE PRESIDENT (M. Brisson): II faut penser aussi que les messieurs de
l'Hydro-Québec sont ici et que, évidemment, cela occasionne des
frais.
M. TETRAULT: ...mais il ne faut pas oublier aussi que les
députés de la commission sont appelés à prendre
position et qu'ils n'ont pas toutes les données. Ils ont des
données, mais...
M. JORON: De toute façon, il est impensable que l'on puisse vider
la question de la hausse des tarifs dans les deux heures de séance de
demain.
M. BACON: II y aura deux heures de faites.
M. JORON: En tout cas, on va prendre toute la journée pour voir
les documents un peu et ces deux heures-là on les rattrapera jeudi
matin.
M. TETRAULT: Jeudi matin, vous voulez dire...
M. MASSE (Arthabaska): Je pense que chacun des membres de la commission,
ce soir, à la suite des exposés que l'on nous a faits, a quand
même amélioré sa connaissance dans ce sens-là,
à
un tel point que le député de Gouin, à un moment,
se référait même à des tableaux du mémoire
soumis par l'Hydro-Québec. C'est donc dire...
M. JORON: Je lis vite, c'est pour cela.
M. MASSE (Arthabaska): Oui, je suis conscient de cela. Si on pouvait
continuer cette discussion avec les membres de l'Hydro-Québec, je pense
que c'est justement avec ce genre de questions qu'il est possible de se former
une idée plus précise.
M. JORON: Je vous assure que l'on ne la terminera pas demain, de toute
façon.
M. MASSE (Arthabaska): Evidemment, on a parlé de trois jours de
séances, au moins cette semaine. La suggestion que je fais est que l'on
reprenne demain matin à dix heures.
M. TETRAULT: On ne sera pas plus avancé que l'on est
présentement, M. le Président.
M. MASSE (Arthabaska): D faut s'avancer, je pense que l'on a les gens de
l'Hydro-Québec pour justement répondre à toutes nos
questions.
M. TETRAULT: Oui, mais il faut toujours bien commencer à fouiller
dans la documentation avec ce qu'ils nous ont dit, avec les explications qu'ils
nous ont données, avec les chiffres pour arriver à quelque chose
de concret.
M. BACON: Pourquoi pas demain à quatre heures?
M. TETRAULT: Et si l'on siège encore demain matin à 10 h
ou 10 h 30...
M. JORON: Alors pourquoi pas, dans ce cas-là, se rallier à
la suggestion du député de Trois-Rivières? Demain à
quatre heures, si tout le monde tient à...
M.PERREAULT: Nous aurons des questions de prêtes nous, demain
matin, pour dix heures.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors, la commission parlementaire ajourne
ses travaux à demain matin, 10 heures.
M. JORON: A mon avis, M. le Président, on peut revenir
indéfiniment sur cette question. Est-ce que le ministre peut nous dire
quelle est la position de la majorité à cette commission?
M. MASSE: Je le suggérais tout à l'heure, parce que je
pense que c'est avec les gens de l'Hydro-Québec que l'on peut
améliorer la connaissance de ce dossier, je pense que l'on devrait se
réunir à dix heures demain matin, mais on peut différer
d'opinion.
M. JORON: Je diffère d'opinion, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors, la commission ajourne ses travaux
à 10 heures, demain matin.
(Fin de la séance à 22 h 32)