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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Hydro-Québec
Séance du mercredi 11 avril 1973
(Dix heures vingt minutes)
M. BRISSON (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
M. Gallienne, député de Duplessis, remplace M. Arsenault.
M. Harvey (Chauveau) remplace M. Drummond, M. André Marchand, du
comté de Laurier, remplace M. Larivière et M. Cloutier
(Montmagny) remplace M. Simard, de Témiscouata.
Alors, étant donné que nous avons quorum, nous allons
commencer l'assemblée.
Le député de Montmagny.
Tarification
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, dans le tableau des
revenus additionnels prévus pour l'année 73/74, si on tient
compte de la nouvelle tarification, si on tient compte du budget de la
province, il est prévu pour 1973 des revenus additionnels de $37.8
millions. De quelle façon avez-vous considéré les $10
millions de la province dans les $37.8 millions? Dans la colonne
précédente, au règlement 150, vous avez marqué
$30.6 millions, et puis à la ligne suivante, quand vous tenez compte du
discours du budget 73/74, on monte à $37.8 millions, soit une
différence de $7.2 millions. Est-ce la proportion des mois sur
l'année 1973?
M. GIROUX: Le budget donnait comme date le 1er avril; on
considère que de janvier à avril on doit payer à la
province la taxe qui existait. Alors on a cru que le reste serait
proportionnel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ce chiffre de $30.6 millions a
été établi également de façon
proportionnelle? Vous avez considéré huit mois de l'année
1973 en fixant l'entrée en vigueur de la hausse des tarifs au 20 avril
1973?
M. GIROUX: Ce serait censé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce serait huit mois. Cela veut dire qu'à
chaque mois de retard qu'il y aurait à appliquer les nouveaux tarifs,
vous feriez une perte si on compte également que la province,
ça pourrait peut-être être retardé d'environ
$4.7 millions par mois, si on divise $37.8 millions ou $38 millions si vous
voulez par huit mois. C'est ça?
M. GIROUX: Justement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela vous occasionnerait une perte de $4.7
millions par mois. Pourquoi aviez-vous fixé le 20 avril? Est-ce parce
que c'est la nouvelle facturation qui est...
M. GIROUX: Ce sont les facturations, c'est la question de lecture des
compteurs, c'est tout le domaine technique qui nous oblige à faire cette
chose. Je pense que des spécialistes peuvent répondre plus
facilement que moi là-dessus.
M. BISAILLON: Les compteurs sont relevés
généralement tous les deux mois ou, encore, il y a des factures
intérimaires tous les deux mois. Il n'est pas question de facturer quoi
que ce soit rétroactivement; il faut que l'abonné soit averti.
Comme l'arrêté en conseil a été adopté le 21
février, il fallait un avis de deux mois; cela a été
annoncé dans le journal à ce moment-là. Personne n'est
pris de court, autrement dit.
M. CLOUTIER (Montmagny): Durant la grève, la lecture des
compteurs n'a pas été faite. La lecture a peut-être
été faite, mais la facturation s'est faite plus tard.
M. BISAILLON: La consommation de la plupart des abonnés est
très régulière, il est facile de faire une estimation
assez bonne.
M. TETRAULT: Selon la réponse que vous avez donnée, la
facturation était faite le 15 avril. Vous considérez que, depuis
l'adoption de l'arrêté en conseil, soit le 21 février,
jusqu'au 15 avril, cela donne deux mois d'avis pour la facturation?
M. BISAILLON: Les nouveaux tarifs vont être appliqués
à partir du 20; c'est-à-dire que les relevés de compteur
vont être faits à partir du 20. Cela s'applique
nécessairement sur une période de deux mois, les relevés
des compteurs.
M. TETRAULT: Comme cela, tout ce que l'Opposition estime faire, selon
vous, c'est fait à partir du mois de février; c'est juste de la
routine que d'arriver en commission et de le faire approuver.
M. BISAILLON: Non, en fait, je ne crois pas que ce soit cela qui a
été établi hier.
M. TETRAULT: Selon vos paroles, cela revient à dire cela.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, si vous le permettez, je
pense...
M. GIROUX: II y avait une augmentation de tarifs. Pour donner l'avis, il
a fallu mettre les annonces dans tous les journaux.
M. ROY (Beauce): C'est pour cela que le
député d'Abitibi-Est dit qu'en somme c'est officiel, c'est
décidé, c'est chose faite. Le 20 avril il y a augmentation des
taux d'électricité, peu importe ce que la commission
parlementaire peut décider.
M. GIROUX: II y a un arrêté en conseil qui dit cela.
M. ROY (Beauce): Oui, il y a un arrêté en conseil, c'est
cela, d'accord.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, sur le même point,
je pense que PHydro-Qué-bec, pour sa part, a prévu qu'elle
pouvait appliquer les nouveaux tarifs à partir du 20 avril, à
partir de l'arrêté en conseil, mais vous savez très bien,
M. le Président, que l'arrêté en conseil peut être
changé en tout temps, ce n'est pas une loi figée dans un bloc.
Vous n'êtes pas de cet avis?
M. ROY (Beauce): On est d'avis qu'un arrêté en conseil peut
être changé, mais on doute, dans les circonstances, que
l'arrêté en conseil soit changé. C'est à peu
près comme la démission du ministre, c'est peu probable.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs!
Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je ne sais pas si
l'Hydro-Québec qui nous a remis plusieurs documents hier soir, en a
d'autres à nous remettre. Pour ma part, j'en ai suffisamment. Je n'en
demande pas d'autres. C'est simplement pour savoir s'il y a d'autres documents.
Il y en a que nous n'avons pas touchés. Il y a tout le règlement
no 150.
M. JORON: M. le Président, si vous permettez que j'enchaîne
sur la question du député de Montmagny, il y en aurait un en
particulier qui pourrait être très éclairant, c'est le
mémoire de mars 1972, au moment où l'Hydro-Québec avait
fait une demande de hausse de tarifs qui a été refusée. On
y fait allusion d'ailleurs dans le document "Recommandations du comité",
qui nous a été remis hier. On dit ceci: "En donnant un avis sur
le budget d'immobilisations, les membres du comité recommandaient qu'un
programme de développement de l'Hydro-Québec soit
présenté au gouvernement et que l'Hydro-Québec pourrait se
passer d'une augmentation de tarifs pour l'année 1972".
En donnant un avis, on disait que l'Hydro-Québec pouvait se
passer d'une augmentation de tarifs pour l'année 1972. Si on a
donné cet avis, c'est qu'on a demandé l'avis. Si on a
demandé l'avis, c'est qu'il y a eu demande de hausse de tarifs. Est-ce
qu'on pourrait avoir cet avis, justement?
M. GIROUX: M. le Président, je me permets de vous dire que
lorsque l'Hydro-Québec fait une demande de hausse de tarifs, elle le
fait par résolution. On peut avoir des discussions. On en a presque
toutes les semaines avec le ministère concerné sur la marche des
opérations de l'Hydro-Québec. Le ministre a décidé
de former un comité qui étudie nos budgets d'immobilisations et,
après l'étude des budgets d'immobilisations et de nos ventes
excédentaires, il a émis l'opinion qu'on n'avait pas besoin de
hausse en 1972. Mais il n'y a jamais eu de demande d'augmentation de
l'Hydro-Québec sauf les résolutions qui ont été
déposées.
On peut discuter des points avec le ministre. On peut discuter des
points avec son personnel, avec ses sous-ministres. D'ailleurs, nous le faisons
tous les jours. Mais je voudrais bien qu'on établisse une fois pour
toutes que les demandes d'augmentation de l'Hydro-Québec ne sont faites
que par résolutions de la commission.
M. ROY (Beauce): L'année dernière, lorsque vous avez
comparu devant la commission parlementaire, il avait été bien dit
que l'Hydro-Québec prévoyait l'obligation d'augmenter ses tarifs
d'électricité de 4 p.c. annuellement, compte tenu du
développement de la baie James et pour permettre à
l'Hydro-Québec une autosuffisance de fonds. Cela avait été
clairement entendu. Cela avait été clairement dit à
plusieurs reprises. Je pense...
M. GIROUX: Je veux simplement faire une correction. Ce n'est pas compte
tenu de la baie James, c'est compte tenu de l'inflation.
M. ROY (Beauce): Compte tenu de l'inflation, mais c'était
également compte tenu de la baie James.
M. GIROUX: Enfin, compte tenu de tous nos programmes, ce n'est pas
nécessairement de la baie James.
M. ROY (Beauce): Oui, certainement.
M. GIROUX: N'importe quel programme nous aurait menés à ce
total d'emprunts. Seulement, à ce moment, nous avons eu des ventes
excédentaires qui nous ont permis de ne pas faire de demande
d'augmentation de tarifs pour 1972.
Je ne connais pas la procédure, mais je suis ici pour
répondre aux questions sur ce qui s'est passé. On assure qu'on a
fait une demande d'augmentation. On n'en a pas faite. On a discuté de
nos tarifs. Mais on discute de nos tarifs et de nos immobilisations
continuellement avec le comité du ministère des Richesses
naturelles.
Je ne sais pas si cela éclaircit ce point.
M. ROY (Beauce): Oui.
M. GIROUX: II n'y a rien de changé dans ce
qu'on a déclaré en 1972. Comme on l'a dit hier, à
moins que l'inflation soit enrayée, on n'est pas à l'abri des
hausses de tarif.
M. ROY (Beauce): Ce n'est pas seulement dû à l'inflation.
C'est compte tenu des besoins nouveaux aussi.
M. GIROUX: Oui, oui, il y a les besoins nouveaux. Mais les besoins
nouveaux subissent les coûts de l'inflation. Alors, naturellement, ils ne
peuvent pas être les mêmes qu'il y a dix ans.
M. ROY (Beauce): D'accord.
M. JORON: M. le Président, revenant sur la question que j'ai
soulevée tout à l'heure, je voudrais demander à M. Giroux
quel est le sens qu'il faut attribuer, toujours dans le document qui nous a
été remis hier, aux "recommandations du comité". C'est
à la page 5, dernier paragraphe: "Réaménagement tarifaire.
Il faut noter que le nouveau tarif franchit une étape décisive
dans le réaménagement tarifaire qui avait été
soumis il y a quelques mois au lieutenant-gouverneur en conseil pour
approbation et retiré par Hydro-Québec...". Qu'est-ce qui avait
été soumis? Est-ce le réaménagement tarifaire qui
avait été soumis il y a quelques mois, en 1972?
M. GIROUX: Ce n'est pas en 1972. M. JORON: En quelle année? M.
GIROUX: En 1973.
M. JORON: Ce document est daté du 20 février.
M. GIROUX: Oui. Seulement, là il y a une demande. J'essaie de
l'expliquer clairement, je crois que c'est très clair. Une demande
d'augmentation de tarif ne peut être faite que par résolution de
la commission.
M. JORON: J'imagine que lorsque la commission envoie une telle
résolution au lieutenant-gouverneur en conseil, elle la motive, elle
l'appuie, soit dans un mémoire, comme elle l'a fait cette année.
Alors, si vous avez fait une telle chose l'an passé, c'est exact qu'en
1972...
M. GIROUX: C'est-à-dire qu'on ne l'a peut-être pas
motivée comme cette année. Cette année, nous avions une
demande.
M. JORON: Oui. Est-ce que vous en aviez fait une en 1972?
M. GIROUX: En 1972, nous n'avons pas fait de demande. Nous avons
discuté des tarifs de l'Hydro-Québec avec le comité. Mais
nous n'avons pas fait de demande.
M. JORON: Dans cette discussion, j'imagine qu'on apporte... De toute
façon, comme l'a souligné le député de Beauce,
l'histoire des augmentations de tarifs, cela fait plus de deux ans que c'est
dans l'air. A la toute première séance de la commission des
richesses naturelles, quand on a commencé à parler de
l'aménagement de la baie James, vous avez souligné qu'il faudrait
s'attendre à une hausse moyenne de 4 p.c. par année durant un
certain nombre d'années à venir.
A partir de ce moment-là, il était clair que lorsque l'on
discutait de tarifs, c'était en vue d'une augmentation ou d'un
réaménagement des tarifs vers la hausse.
M. GIROUX: Exactement.
M. JORON: C'est ce que je dis. Cette discussion ne s'est quand
même pas faite dans le vide. Vous l'avez sans doute appuyée par un
certain document. Je ne sais pas si cela s'appelait des mémoires ou quoi
que ce soit.
M. GIROUX: Bien, cela peut être des mémoires ou des
chiffres qui sont discutés. Mais je veux bien qu'on fasse la
différence entre les mémoires et les demandes.
M. JORON: D'accord.
M. GIROUX: A ce moment-là, il n'y a pas d'erreur.
Continuellement, nous sommes en discussion avec le comité. Maintenant,
il y a souvent des règlements qui sont changés, des parties de
règlements. On a des demandes là-dessus qui sont changées.
Mais la demande même n'a été faite que cette
année.
M. JORON: Quand vous avez commencé ces discussions, il y a
déjà un bon bout de temps, en 1972, avec le gouvernement, quelle
était l'attitude du gouvernement à cette époque? Est-ce
qu'ils vous ont dit: Cela ne presse pas. On discutera de cela l'année
prochaine. Pas pour le moment, pas pour cette année. Ce n'est pas
important. La situation de l'Hydro-Québec ne le justifie pas encore.
Est-ce qu'ils ont...
M. GIROUX: Voici. Voudriez vous me décrire clairement qu'est-ce
que vous entendez par le gouvernement?
M. JORON : Quel est votre interlocuteur quand vous discutez avec le
gouvernement?
M. GIROUX: C'est le ministre et le sous-ministre.
M. JORON: Et c'est au ministre que vous adressez officiellement toute
correspondance.
M. GIROUX: C'est au ministre qu'on s'adresse et on discute avec ses
sous-ministres.
M. JORON : Qu'est-ce que le ministre vous a répondu, au cours de
l'année 1972, quand vous avez abordé le sujet de la hausse des
tarifs?
M. GIROUX: Le sujet de la hausse des tarifs qui a été
abordé et qui a été discuté longuement en 1972, ce
sont les tarifs de ce qu'on appelle les régions non reliées, la
Basse-Côte-Nord, les Ies-de-la-Madeleine.
M. JORON: En 1972, vous n'avez pas discuté avec le gouvernement,
via le ministre, d'une hausse globale des tarifs?
M. GIROUX: Via le ministre parce qu'on avait deux demandes devant lui en
discussion: l'une regardait nos permis d'exportation, qui rapportaient des
revenus additionnels. La conclusion était assez simple. C'est que si le
gouvernement adoptait la loi et nous permettait ces exportations, on n'avait
pas besoin de hausse des tarifs, du moins il n'y avait pas une urgence
marquante.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, tantôt on a fait
allusion aux questions qui avaient été posées l'an dernier
sur l'augmentation des tarifs. J'ai ici le journal des Débats du 11 mai
1972, à la page B-1453. Voici la question que je posais à M.
Giroux et la réponse qu'il donnait: "M. Cloutier (Montmagny): Alors,
tenant compte de tous ces facteurs on avait parlé de
différentes choses, par exemple l'inflation et tenant compte
aussi de la hausse des dépenses à cause de l'inflation, est-ce
que vous pensez qu'une augmentation de tarif de 4 p.c, qui avait
été prévue l'an dernier, sera suffisante, en 1972, en
1973, en 1974, pour assurer le même rendement et faire face aux
dépenses accrues dans le domaine de l'exploitation, de l'investissement
et du service de la dette? "M. Giroux: Au moment où je vous parle, non.
Parce que, l'an dernier, je pense bien que l'on a spécifié que
l'on prévoyait une augmentation moyenne minimum de 4 p.c. qui
était basée sur nos calculs simples d'inflation. L'augmentation
va suivre nécessairement les dépenses qu'on aura à subir.
"M. Cloutier (Montmagny): Alors, cela veut dire qu'un taux prévu de 4
p.c... "M. Giroux: C'était un minimum. Et on l'a déclaré
comme tel. "M. Cloutier (Montmagny): Cela veut dire que, dans les
prévisions, dans les études que vous faites et dans la demande
que vous ferez, cela pourrait dépasser 4 p.c, tenant compte d'une foule
de facteurs. "M. Giroux: Oui. Tenant compte d'une foule de facteurs, cela peut
dépasser de beaucoup."
C'est ce qui s'est dit l'an dernier sur la hausse des tarifs.
M. GIROUX: Je n'ai absolument pas changé d'idée.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est exact. M. ROY (Beauce): Maintenant, les
11 p.c. de cette année, en quelque sorte, il s'agit des 4 p.c. de 1971,
4 p.c. de 1972 et 4 p.c. de 1973.
Cela fait 12 p.c. ou 11 p.c. Autrement dit, c'est un rattrapage que
l'Hydro-Québec veut faire. Cela a été suspendu
l'année dernière, à la suite d'une suspension il y a deux
ans.
M. GIROUX: D'ailleurs, les 11 p.c, est-ce que vous parlez des moyennes?
La moyenne d'augmentation demandée est exactement 8.49 p.c.
M. ROY (Beauce): Non, je parle de l'augmentation de cette année.
On parle d'une augmentation de 11 p.c. pour cette année.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, 5 p.c.
M. GIROUX: Une augmentation de 8.49 p.c. en moyenne.
M. ROY (Beauce): Une augmentation de 8.49 p.c. en moyenne.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
l'Assomption.
M. PERREAULT: Est-ce que vous avez fini sur le sujet?
J'aimerais aborder un autre problème, celui des réseaux
non reliés...
M. JORON: Sur le même problème, M. le Président, je
m'excuse auprès du député de l'Assomption, si vous me le
permettez, juste pour finir. Je reviens une dernière fois au document
"Recommandations du comité de programmes". A la première page,
"L'état de la question," le quatrième paragraphe se lit comme
ceci: "II faut d'abord se rappeler que déjà, au mois de janvier
1972, Hydro-Québec faisait part à des fonctionnaires
supérieurs du ministère des Richesses naturelles et du Conseil
exécutif de ses besoins additionnels de revenus pour l'année
1972." Cela me paraît assez clair, il y avait nécessité
d'augmenter les tarifs. On fait part des besoins additionnels de revenus. En
février 1972, un comité était formé, tout de suite
après, par le ministre des Richesses naturelles devant étudier le
budget d'immobilisations de l'Hydro-Québec. Ensuite, on dit: "En donnant
un avis sur le budget d'immobilisations, les membres du comité
recommandaient qu'un programme de développement de l'Hydro-Québec
soit présenté au gouvernement et que l'Hydro-Québec
pouvait se passer d'une augmentation de tarifs pour l'année 1972." Si on
recommande qu'ils peuvent se passer d'une augmentation de tarifs pour
l'année 1972, c'est qu'ils en ont demandé une, forcément.
Cet avis donné par ce comité de fonctionnaires du
ministère des Richesses naturelles, est-ce qu'on peut l'avoir?
M. MASSE (Arthabaska): Quel avis?
M. JORON: C'est la même chose que l'avis qu'on donne pour
l'année 1973.
M. MASSE (Arthabaska): Cet avis concernait uniquement le budget
d'immobilisations.
M. JORON: Oui, mais il y a une recommandation dans l'avis qui dit
qu'Hydro-Québec pouvait se passer d'une augmentation de tarifs.
M. MASSE (Arthabaska): II n'y a pas eu effectivement, comme le disait
tout à l'heure le président, M. Giroux, de demande formelle de la
part de l'Hydro-Québec d'augmenter ses tarifs.
Mais il y a eu évidemment, comme il y en a tout le temps, des
discussions entre la commission et les groupes de fonctionnaires qui avaient
été formés à ce moment-là pour examiner le
budget d'immobilisation, comme il y a eu également des discussions
privées entre moi-même et des personnes de la commission. Le
comité dont on parle, qui n'est pas uniquement formé de
fonctionnaires du ministère des Richesses naturelles mais
également du ministère des Finances, du ministère du
Revenu et du Conseil du trésor, a examiné le budget
d'immobilisation, point. Mais, dans ces discussions, il est évident
qu'il y a des discussions concernant les besoins de revenus
supplémentaires ou d'augmentation de tarifs ou tout autre besoin de
l'Hydro-Québec. Personnellement, je ne pense pas avoir eu un avis de
façon précise ou formelle concernant une demande d'augmentation
de tarifs de l'Hydro-Québec.
M. JORON: Peu importe la forme qu'ait prise cette demande, il y a une
chose qui existe très clairement. Cette année le même
comité, en faisant sa recommandation, le 6 février 1973,
relativement à la requête en augmentation de
l'Hydro-Québec, a donné son avis, que vous nous avez transmis
hier. Il fait allusion à un avis qu'il avait donné l'année
dernière, lequel contenait, entre autres, une recommandation à
l'effet que l'Hydro-Québec pouvait se passer d'une augmentation de
tarifs en 1972. J'aimerais savoir comment ils ont justifié ce refus en
1972. J'aimerais savoir l'avis de ce comité.
M. GIROUX: M. le Président, je crois qu'il y a une chose qu'il
faut mettre au clair. Ce comité n'a jamais donné de refus. Il
constate et vérifie nos immobilisations; c'est automatique, nos gens
discutent avec eux de nos revenus. Ils étaient au courant, parce qu'on
les tient au courant continuellement, de nos ventes d'excédentaire.
Donc, devant les ventes d'excédentaire et devant les immobilisations qui
étaient faites, sans avoir de demande, ils pouvaient conclure et
recommander au ministre qu'il n'y aurait pas d'augmentation en 1972 parce que
l'Hydro-Québec n'en avait pas besoin. Il n'y a pas besoin qu'il y ait
nécessairement une demande là-dessus.
M. JORON: II y en a eu une, on y fait allusion: II faut d'abord se
rappeler que, déjà au mois de janvier 1972, Hydro-Québec
faisait part à c'est qui ça, Hydro-Québec?
des fonctionnaires supérieurs du ministère et du Conseil
exécutif... Et après ça, après avoir fait part de
quelque chose...
M. GIROUX: Ecoutez, M. Joron...
M. JORON: ... le comité est formé en février.
M. GIROUX: ... les revenus. Il dit qu'il faut d'abord se rappeler qu'au
mois de janvier 1972, il faisait part à des fonctionnaires
supérieurs du ministère des Richesses naturelles de ses besoins
additionnels de revenus, n'est-ce pas? Des besoins additionnels de revenus,
quand c'est comblé par des ventes excédendaires, ça ne
veut pas dire des augmentations de tarifs.
M. JORON: Bien écoutez, peu importe la demande qu'a faite
l'Hydro-Québec, ce n'est pas ça qui m'intéresse. C'est
pour ça que la question, je ne la dirige plus maintenant vers vous mais
vers le ministre. Ce comité en a donné un avis. Il le rappelle
ici. Dans ses recommandations il y avait aussi celle que l'Hydro-Québec
pouvait se passer d'une augmentation de tarifs pour l'année 1972. Que
vous l'ayez demandé ou pas, peu importe, le comité en a
discuté et il a donné un avis. Moi, ce que je demande au
ministre, c'est de déposer cet avis, pour qu'on juge justement sur quoi
est fondé cet avis.
M. MASSE (Arthabaska): Le président du comité,
sous-ministre des richesses naturelles, n'est pas présent ce matin, mais
je vais m'enqué-rir de l'avis en question.
M. JORON: Et vous pourrez nous répondre au début de la
séance cet après-midi peut-être?
M. MASSE (Arthabaska): Oui.
M. JORON: Bien, d'accord, laissons ça en suspens pour
l'instant.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de L'Assomption.
Réseaux non reliés
M. PERREAULT: J'aimerais traiter ici des nouveaux tarifs concernant les
réseaux non reliés. Vous me permettrez d'abord de relire le texte
du mémoire pour bien saisir le problème.
L'annexe 5 dit: "que la fourniture d'électricité aux
Iles-de-la-Madeleine et dans le territoire de la Basse-Côte-Nord
représente un défi pour l'Hydro-Québec. Ces territoires,
en plus d'être dépourvus sur le plan énergétique,
offrent une très faible concentration d'abonnés. L'absence de
ressources hydrauliques économiquement exploitables force
l'Hydro-Québec à recourir à la production diesel. "De
plus, le nombre des abonnés ne cesse d'augmenter dans ces territoires.
Dans la Basse-
Côte-Nord, ce nombre est passé de 1,170 en 1964 à
2,796 en 1972. Ceci résulte non seulement de la croissance naturelle,
mais surtout du programme d'électrification progressif de
l'Hydro-Québec. Aux Iles-de-la-Madeleine, le nombre d'abonnés
était de 3,167 au 31 décembre 1972. "Pour répondre
à la demande croissante de ces abonnés, la production
d'électricité, pour la période de 1966 à 1970, a
doublé aux Iles-de-la-Madeleine et quadruplé dans la
Basse-Côte-Nord". "L'accroissement du déficit est causé
principalement par une faible proportion des abonnés (de 5 p.c. à
10 p.c.) qui, profitant de bas tarifs d'électricité, utilisent
cette énergie à des fins non essentielles, telles le chauffage
des locaux et le chauffage de l'eau. Ceci résulte du fait que, dans ces
territoires, l'électricité est la forme d'énergie
thermique la moins dispendieuse pour l'abonné, mais non pas la plus
économique à fournir. "Pour remédier à cette
situation, l'Hydro-Québec a déjà essayé de
réduire la croissance de la consommation en émettant des
directives interdisant l'utilisation de l'électricité pour le
chauffage. Une deuxième forme de contrôle a été mise
à l'essai, soit l'utilisation de limiteurs de charges. Ces mesures se
sont avérées inefficaces. Le réaménagement que nous
proposons conserve l'application du tarif régulier pour les besoins
essentiels de l'abonné. Au-delà des limites fixées, le
tarif est majoré afin d'inciter l'abonné à choisir une
autre forme d'énergie."
Une autre raison invoquée pour cette augmentation est que
l'Hydro-Québec, pour une saine administration, doit exiger des taux
supérieurs pour l'aider à couvrir ses frais dans ces
régions pour les réseaux non reliés au réseau
principal. Cependant, il faut se rappeler que lorsque le gouvernement du
Québec a nationalisé l'électricité, il a
demandé à la population de voter pour l'étatisation de
l'électricité aux Iles-de-la-Madeleine comme ailleurs. Il a
été expliqué que ceci permettrait à tous les
citoyens québécois de bénéficier des mêmes
services, aux mêmes taux, quel que soit l'endroit de résidence des
citoyens ou la façon dont est produite l'énergie.
Aujourd'hui, on pénalise 20,000 citoyens du Québec, qui
sont isolés et en souffrent suffisamment sans qu'on ajoute à leur
problème. Le problème est celui-ci: On a fait un tarif D-3 pour
les gens des Iles-de-la-Madeleine et de la Basse-Côte-Nord. Après
une consommation de 750 kilowatts-heures par mois, le taux monte, de $0.01
qu'il était auparavant, à $0.023, soit une augmentation de 230
p.c. Je crois d'abord que 750 kilowatts pour les maisons
électrifiées, les maisons ordinaires, c'est peu. J'ai ici des
comptes qui proviennent des Iles-de-la-Madeleine. Sans compter le chauffage,
pour une maison là-bas, comprenant le chauffe-eau, les sécheuses
tout le monde sait que des sécheu-ses, on peut en trouver au gaz
mais pas à l'huile les consommations varient entre 1,840
kilowatts-heures et 2,200 pour une période de deux mois, ce qui fait en
moyenne 1,000 kilowatts-heures par mois.
Je me demande pourquoi l'Hydro-Québec ne considérerait
pas, tenant compte de l'insuffisance de la base des 750 kilowatts-heures, de
majorer cette base de 750 kilowatts-heures à 1,000 kilowatts-heures par
mois pour le taux ménager des résidences. Deuxièmement, la
tranche ezcédentaire à 1,000 kilowatts-heures par mois, dans le
moment, est chargée à $0.023, ce qui fait, comme je le disais
tout à l'heure, une augmentation de 230 p.c. Je crois qu'on pourrait
diminuer ces 230 p.c. à un facteur plus raisonnable afin qu'il soit
légèrement supérieur à celui que coûterait
l'huile, mais non pas le majorer dans un autre sesn. Car il ne faut pas oublier
ceci, après enquête, nous a été prouvé
que l'Hydro-Québec elle-même, depuis des années, par
sa publicité générale a amené les résidents
à s'électrifier et même à adopter le chauffage
électrique.
Aujourd'hui, cette conversion force les gens à un taux de $0.023
qui devient exorbitant dans certains cas. J'ai une facture de chauffage,
basée sur des factures antécédentes, démontrant un
coût de $94.61 pour deux mois au taux actuel qui monterait à
$188.36, ce qui est doublé. Il faudrait, deuxièmement, si on veut
que les gens ne chauffent plus, les aider à reconvertir leur
système. On les a laissés s'électrifier pour le chauffage,
si on veut qu'ils retournent à l'huile, il faudrait les aider à
reconvertir leur système de chauffage. Il faudrait aussi, comme je le
disais tout à l'heure, peut-être penser que 230 p.c.
d'augmentation sur les factures antérieures pour la consommation de 750
kilowatts-heures, c'est nettement exagéré.
M. GIROUX: M. le Président, je crois qu'il serait peut-être
intéressant d'entendre les bases de raisonnement et les pertes que cela
occasionne à l'Hydro-Québec. J'admets que le principe de la
nationalisation a été de distribuer l'électricité
partout au même prix. Je pense que cette commission-ci devrait être
mise au courant de ce que cela coûte pour faire l'excédent des
coûts. Je suis très bien votre raisonnement et je ne le nie pas.
Ce qui m'a toujours frappé, aux Iles-de-la-Madeleine, c'est que
même le distributeur d'huile chauffe à
l'électricité, une chose très rare en dehors des
Iles-de-la-Madeleine. Je demanderais à nos gens de faire leur
exposé. Si le ministre veut nous faire des recommandations, nous les
prendrons très sérieusement en considération.
M. BISAILLON: M. le Président, le principe du nouveau tarif pour
les Iles-de-la-Madeleine et la Basse-Côte-Nord n'est pas de rendre
rentable le réseau de l'Hydro-Québec ou les réseaux non
reliés. Effectivement, on va perdre encore beaucoup et beaucoup plus
qu'on va regagner. On a parlé du déductible de 750
kilowatts-heures par
mois. Effectivement, il est assez large. Je vous fais une
énumération assez rapide des appareils que cela peut comprendre
et qui, au total, font à peu près 500 kilowatts-heures par mois.
Donc, il y a encore une marge de 250 kilowatts-heures pour le chauffe-eau, ce
qui est tout de même assez généreux.
On a la fournaise à l'huile, le "mixer", la machine à
coudre, l'horloge ça, ce n'est pas grand-chose grillette,
grille-pain, aspirateur, appareil de radio, cafetière, ventilateur de
cuisine, machine à laver, fer à repasser, bouilloire,
téléviseur, réfrigérateur, congélateur,
cuisinière, pompe à eau, sécheuse à linge,
éclairage de 500 watts à 4 heures par jour, ce qui est assez pour
éclairer une maison de grandeur moyenne.
Tout cela fait 4,723 kilowatts-heures pour une année, ce qui veut
dire à peu près 400 kilowatts-heures par mois en moyenne. Alors,
il reste une marge de plus que ce que j'ai dit tout à l'heure, soit 350
kilowatts-heures pour le chauffe-eau. Alors, 750 kilowatts-heures, c'est assez
juste. Je puis vous dire que la première idée que nous avons eue
était 500 kilowatts-heures.
Maintenant, pour le choix que l'abonné peut avoir à faire
actuellement, c'est assez simple. Cela lui coûte meilleur marché
de se chauffer à l'électricité qu'à l'huile,
même avec la taxe de 8 p.c. Dans la Basse-Côte-Nord, à
l'huile, cela lui coûterait, au taux où l'huile se vend en 1973,
$320. A l'électricité, $241. Evidemment, ils vont opter pour
l'électricité, malgré toutes les interdictions qu'on va
faire. Ce n'est pas facile à contrôler parce que c'est loin.
Aux Iles-de-la-Madeleine, la comparaison est un peu moins difficile;
c'est $260 pour l'huile et $241 pour l'électricité. Mais il faut
dire que, même si le chauffage à l'électricité
coûte un peu plus cher à Montréal, il s'en vend quand
même à 45 p.c. et à 50 p.c. du nouveau marché.
Effectivement, les gens vont opter pour l'électricité même
si c'est un peu plus cher, à plus forte raison si c'est meilleur
marché.
Maintenant, quant aux coûts que l'Hydro-Québec a à
encourir, disons que, dans l'ensemble du réseau, on sait qu'on vend
l'électricité à $0.0098. Evidemment, cela comprend la
grande entreprise. C'est un peu plus pour la distribution. Mais sur la Basse
Côte Nord, c'est $0.0911 que cela nous coûte le kilowatt-heure,
dont $0.027 pour l'huile seulement. Là, vous voyez que votre $0.023
n'est pas tellement loin de $0.027. Aux Iles-de-la-Madeleine, c'est un peu
mieux, parce que les installations sont plus considérables; c'est $0.029
dont $0.016 pour l'huile seulement. C'est ce que cela nous prend pour fournir
cette électricité et la produire.
Le prix de vente moyen, actuellement, au tarif qu'on aurait en 1973,
mais pas le ballon de $0.023, c'est $0.017. Donc, cela paie bien juste l'huile.
Cela ne paie rien à part cela.
Maintenant, ce qui arrive à cause de cela cela se produit
surtout aux Iles-de-la-Madeleine, depuis 1969; c'est un phénomène
que je pourrai vous expliquer tout à l'heure c'est que
l'augmentation moyenne de la consommation est de 15 p.c. à 18 p.c, alors
que, dans le reste de la province, c'est entre 7 p.c. et 8 p.c. Cela se
maintient pas mal. Il y a des années où cela a été
plus. L'an passé, aux Iles, c'était 20 p.c. Le déficit
d'exploitation de l'Hydro-Québec, pour l'ensemble, c'est $1,935,000.
C'est pour une année, soit 1972.
Si on projette dans l'avenir, sans contrainte, ce déficit va
être de $71 millions. Avec la contrainte, tout ce que l'on va
épargner, au maximum, c'est à peu près $20 millions sur
$70 millions. Donc, on n'essaie pas de récupérer nos frais, en
partie parce que l'on donne une quantité déductible de 750
kilowatt-heures. Dans l'entreprise, on va jusqu'à 200 heures d'usage, ce
qui veut dire à peu près le tiers du temps. La plupart des
entreprises fonctionnent à peu près le tiers du temps,
c'est-à-dire les heures ouvrables. Il y a peut-être des cas
exceptionnels en haut de 200 heures, d'accord.
Une autre chose, c'est qu'effectivement, dans la Basse-Côte-Nord,
du chauffage électrique, des système établis sur plinthes,
il n'y en a pas. Il y a peut-être des chaufferettes un peu partout mais
c'est tout. Dans les Iles-de-la-Madeleine, on a eu, de façon
générale, la coopération des électriciens mais pas
de tous, malheureusement. Dès la prise de possession de la
coopérative, il y a eu une réunion. Ils ont convoqué tout
le monde. Ils leur ont bien dit que le chauffage à
l'électricité, ce n'était pas une chose que l'on pouvait
fournir. Depuis ce temps, il y a 80 p.c. des abonnés des
Iles-de-la-Madeleine qui ont été vus personnellement avant de
chauffer à l'électricité, pour les en dissuader. Ils l'on
fait quand même. Il y a eu des articles dans les journaux, etc. Je
comprends que la radio, on ne peut pas l'empêcher, celle qui vient de
New-Carlisle. Elle fait de l'annonce. Cela traverse du côté des
Iles-de-la-Madeleine. C'est la seule chose, en somme, qui puisse inciter
à faire le contraire.
On a des émissions des Etats-Unis qui nous vantent certains de
leurs produits et on ne va pas les acheter. Alors, c'est l'histoire en bref. Je
pense que l'Hydro-Québec est justifiée d'essayer de freiner. Si
on n'avait pas essayé d'autres manières avant, mais on a
essayé d'autres façons de le faire. On a essayé de
l'interdire tout simplement. Cela ne marche pas. La preuve est là. On a
essayé même des limiteurs. Mais ici, au Canada, de façon
générale, les gens n'aiment pas se faire limiter. Ils veulent
avoir leur propre choix. On leur laisse un choix mais un choix
économique. Je pense que c'est sain comme administration.
M. DEGUISE: Je pense que je suis d'accord également. Pour
poursuivre, au point de vue de la comparaison de tarifs, nous sommes souvent
exposés à voir ce qui se passe dans la province voisine.
J'aimerais porter à l'attention des membres de la commission, par
exemple, que si vous
examinez le bilan de la Commission hydroélectrique de l'Ontario,
celui que j'ai devant moi est de 1971, on constate qu'il y a un article au
bilan intitulé: Contributions de la province pour l'assistance dans la
construction rurale. Jusqu'à présent, la province de l'Ontario a
donné, pour fins de constructions rurales, dans des régions qui
ne sont pas rentables, $126 millions. En 70/71, la province a avancé
$1,800,000. Donc, c'est une autre formule que je souligne. C'est une pratique
à l'Hydro-Ontario.
M. GALLIENNE: M. le Président, je voudrais parler de la situation
sur la Basse-Côte-Nord, étant le représentant de Duplessis.
Pour ces gens, c'est une organisation qui commence. Il est impensable de
changer ce système et de chauffer à l'huile, parce qu'on a
tellement de problèmes pour le transport de l'huile. Les membres de
l'Hydro-Québec le savent. Les gens ne sont peut-être pas
installés de la manière dont ils devraient l'être. Il n'y a
pas toujours des électriciens compétents. On se sert plutôt
de chaufferettes et cela dépense beaucoup plus
d'électricité.
Mais il est impensable, pour l'économie de ces gens, de retirer
ce système et de chauffer à l'huile. Pour eux, ce serait plus
coûteux encore. Il faut penser aussi à l'économie de ce
secteur. Il commence tout juste à se faire valoir. Nous sommes à
faire une structuration nouvelle. Il y aura cette année des usines
à poissons à Tête-à-la-Baleine. La Tabatière
sera reliée à la baie des Moutons par une route. Cela va
certainement améliorer le secteur au point de vue économique. Il
est question aussi de la route de Blanc-Sablon qui viendra à Old Fort.
Je crois que ce sera beaucoup plus facile d'avoir des électriciens qui
sont installés à Blanc-Sablon et pourront se rendre dans ces
villages et peut-être soulager la consommation
d'électricité qui, aujourd'hui, est élevée.
Pour ces gens qui ont un revenu, quand même, très bas, six
mois par année et qui, six mois après, sont obligés de
rester inactifs par rapport aux glaces et aux transports la
pêche., il ne faut pas en parler une majoration semblable serait
certainement un dur coup, au début. On commence une ère nouvelle.
La terre de Caïn est devenue la terre promise, et elle le sera pour eux
aussi; ils vont aussi, tantôt, faire partie de cette terre promise dans
le secteur de Sept-Iles et du nord.
J'ai vu tantôt qu'on parlait de certains déficits, mais
est-ce qu'on n'a pas, aussi, $10 millions que le gouvernement provincial aurait
donnés pour soulager l'Hydro par certains moyens financiers? Est-ce que
cela n'est pas entré en cause?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Cela a été mentionné
hier.
M. GALLIENNE: Cela a été mentionné hier.
Je m'excuse, je n'y étais pas. Mais, pour la Basse
Côte-Nord, une majoration semblable ce n'est pas parce que je ne
connais pas les problèmes de l'Hydro; je le sais parce que je vais
souvent dans le coin serait certainement très difficile.
Après ce qu'ils ont connu, ils commencent à connaître une
vie beaucoup plus normale aujourd'hui, avec la télévision, le
chauffage qui est indispensable. Combien de gens, durant l'hiver, ont
manqué d'huile? Ils n'avaient même pas d'huile pour se chauffer.
Ils ont eu recours à l'électricité. Alors, si on monte
encore les taux, je pense bien que ce sera beaucoup plus pénible.
Il faut comprendre que, d'ici quelques années, nous aurons
certainement pu améliorer l'économie de ce secteur, quand
même. J'ai encore confiance que cela devienne un secteur assez
prometteur, si on peut, un jour, le relier à Terre-Neuve, où il y
a quand même 500,000 habitants, pour en faire un endroit magnifique, pour
attirer le tourisme. Là, tout ce secteur deviendrait rentable et cela
changerait beaucoup l'économie du milieu. Pour le moment,
l'économie est tellement haussée. Les familles vivent... Vous
savez que, pour l'achat du poisson, il faut installer des coopératives.
On a réussi à intéresser deux compagnies puissantes
à venir acheter du poisson. Cela a été à peu
près le début, à part l'usine de La Tabatière, qui
peut améliorer l'économie de ce secteur qui est certainement la
plus basse de la province actuellement.
Mais, si on regarde l'ensemble de Duplessis, vous allez voir qu'il y a
d'autres secteurs du haut qui sont drôlement rentables. Je comprends que
ces secteurs-là n'intéressent pas l'Hydro parce que ce ne sont
pas toujours les secteurs de l'Hydro. Il y a d'autres secteurs où c'est
terriblement rentable. Alors, il faudrait probablement équilibrer cela
jusqu'à ce que cela devienne économiquement rentable, aussi, dans
ce secteur. Merci, M. le Président.
M. PERREAULT: M. le Président, j'aimerais répondre
à M. Bisaillon qu'on ne peut pas parler de chauffage de maison à
1,000 kilowatts-heures par mois. Si quelqu'un a un système de chauffage
pour sa maison, il dépassera nécessairement 1,000
kilowatts-heures par mois. Je crois que 1,000 kilowatts-heures par mois est une
base raisonnable pour ceux qui l'ont déjà installé. De
plus, j'aimerais demander si on a calculé les augmentations qui seraient
appliquées à des industries comme la Pew, aux
Iles-de-la-Madeleine. Quelle sorte d'augmentations auraient-ils? Est-ce que
cela a été calculé?
M. BISAILLON: Quand on fait des tarifs, on les fait pour la masse; on ne
les fait pas pour les exceptions.
M. PERREAULT: Ce n'est pas une exception. Je parle de l'industrie des
Iles-de-la-Madeleine.
M. BISAILLON: Oui, d'accord.
M. PERREAULT: Parce que l'industrie est assez rare. Le gouvernement fait
tous ses efforts pour implanter des industries. La compagnie Pew se propose,
à un certain moment, dans le parc industriel des Iles-de la-Madeleine,
d'agrandir ses usines, d'établir une usine de congélation. Je
pense qu'il y a danger que ces projets meurent avant de commencer, si on
applique des tarifs nouveaux pour l'industrie.
LE PRESIDENT (M. Bisson): Le député d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: M. le Président, ma question se poserait à M.
Bisaillon. Vous avez fait une étude pour arriver avec des tarifs
spéciaux pour la Basse-Côte-Nord et les Iles-de-la-Madeleine. Pour
rendre le tarif égal à travers la province de Québec,
combien de supplémentaire cela coûterait-il?
M. BISAILLON: Ce sont les déficits que je vous ai
mentionnés tout à l'heure.
UNE VOIX: Soit $1,800,000.
M. BISAILLON: Ce sont $2 millions par année, actuellement. Pour
une période de douze ans, que nous avons calculée, ce serait $71
millions. C'est pas mal d'argent.
M. TETRAULT: Le député de l'Assomption soulignait,
lorsqu'il a commencé son intervention, une promesse qui fut faite lors
de la nationalisation de l'électricité. Ne croyez-vous pas que
les gens des Iles-de-la-Madeleine, comparativement à tous les taux
qu'ils paient l'huile coûte tant; il y a l'Hydro-Ontario et tout
ce qui suit n'ont pas droit aux mêmes services et aux mêmes
taux que les autres citoyens de la province de Québec, même s'ils
demeurent aux Iles-de-la-Madeleine?
M. BISAILLON: Oui, oui. D'ailleurs, on le reconnaît amplement,
cela, avec le déductible de 750 kilowatts-heure. Us ont droit au
même tarif jusqu'à 750 kilowatts-heure, pour tout ce qui est
essentiel et pour lequel il n'y a pas d'énergie de substitution. Il y a
l'huile aussi. Ds peuvent se servir de l'huile, et c'est plus économique
dans ce cas.
M. TETRAULT: La facture que le député de L'Assomption a
soulignée, selon vous, est-ce que c'est une facture très
supérieure à la consommation normale ou est-ce une facture
moyenne? Parce qu'avec les chiffres que vous donnez et ce qui arrive...
M. BISAILLON: D'accord. Je peux vous donner une idée en disant
qu'il y a 76.8 p.c. des factures qui tombent en bas de 750 kilowatts-heures par
mois. Mais, évidemment ce ne sont pas tous les abonnés qui
consomment en haut de 750 kilowatts-heures tous les mois. S'ils chauffent en
hiver, ils consomment plus en hiver, puis moins en été. Alors, il
y a des factures qui vont être normales, enfin au même taux que
tout le monde dans la province. Cela va être seulement le chauffage qui
va être affecté.
On parle de chauffage, on dit: 1000 kilowatts-heures, ce n'est pas une
grosse maison chauffée à l'électricité; d'accord,
ça prendrait deux, trois pièces. Cela dépend comment elle
est isolée, à part ça. Effectivement l'huile peut aussi
servir au chauffe-eau, il faut y penser. Dans l'énumération que
j'ai donnée tout à l'heure, je n'ai pas donné le
chauffe-eau. J'ai dit: il reste 250 kilowatts-heures pour un chauffe-eau. Le
chauffe-eau prend entre 300 et 500 kilowatts-heures, comme ordre de grandeur.
Ils ont une bonne partie de leur chauffe-eau malgré tout avec ça.
Je peux vous donner des comparaisons avec ce qui se passe à Terreneuve.
A Terreneuve, c'est $0.03 après 500 kilowatts-heures, puis $0.04
après 1,000. Ce n'est pas loin Terreneuve, c'est une endroit qui est
tout près de là. Tous les services publics canadiens ont quelque
chose, ou bien ils ont des subsides. Mais il faut faire attention aux subsides
aussi parce qu'il faut tout de même que le choix soit économique.
Même s'il y avait des subsides pour ça, il faudrait quand
même orienter la consommation vers l'huile pour le chauffage dans ces
régions et avoir un tarif fixé en conséquence.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de L'Assomption a
parlé tantôt du parc industriel, en parlant des
Iles-de-la-Madeleine, et des projets qui pourraient être difficiles
d'implantation avec les nouveaux tarifs. D'une façon
générale, est-ce que la localisation de l'industrie entre en
ligne de compte dans la tarification industrielle?
M. BISAILLON: Oui, en autant que ça puisse être un facteur
d'implantation. C'est la raison pour laquelle pour les 104 gros abonnés
industriels il y a des négociations particulières; on veut se
rendre compte de ce facteur, en faisant des études. On en tient compte,
effectivement. Pour les Iles-de-la-Madeleine, évidemment, la limite de
5,000 il ne faut pas y penser. Il faut aller beaucoup plus bas que ça.
Effectivement, en haut de 100 on n'a même pas de tarif actuellement. Ce
sont des tarifs qui vont être approuvés un après l'autre
par la commission et par le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est seulement pour les 104 gros consommateurs
industriels.
M. BISAILLON: Pour l'instant...
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans la moyenne industrie, il n'en est pas
question.
M. BISAILLON: Pour la moyenne industrie...
M. CLOUTIER (Montmagny): L'industrie qui veut s'installer, qui va avoir
le choix, qui va hésiter entre Montréal et la Gaspésie,
qu'est-ce que l'Hydro-Québec peut faire pour favoriser son implantation
en Gaspésie?
M. BISAILLON: II y a deux facteurs. Les tarifs pour l'industrie, que ce
soit en Gaspésie ou à Montréal, c'est, à toutes
fins pratiques, pareil, jusqu'à 5,000. Ce sont des tarifs
normalisés. Il peut y avoir des cas particuliers, remarquez bien. Mais
ces cas particuliers sont négociés, il y a un arrêté
en conseil pour ces cas. Je peux vous dire que c'est très peu.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous travaillez en collaboration
avec le ministère de l'Industrie et du Commerce?
M. BISAILLON: Oui, il y a des contacts continuels avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce sur les cas d'implantation qui
sont réellement importants.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a la SDI, j'imagine.
M. BISAILLON: D'accord. Oui, on a un groupe qui s'occupe uniquement de
cela chez nous.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est à l'intérieur de la
province, mais dans le cas de concurrence avec les provinces voisines, par
exemple avec l'Ontario, si c'est un des facteurs qui peuvent jouer, qu'est-ce
que fait l'Hydro-Québec dans un cas comme ça?
M. BISAILLON: Dans les cas où il y a des usines fortement
consommatrices d'électricité, nos tarifs actuellement sont en bas
de ceux de l'Hydro-Ontario, et confortablement aussi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que cela peut se présenter dans
le cas de l'eau lourde, un moment donné?
M. BISAILLON: Oui, ça pourait, mais effectivement là la
comparaison serait en notre faveur. Il y aurait seulement aux Etats-Unis
Bonneville Power Administration qui a profité des subsides de tout
temps. TVA avant en était un, aujourd'hui ils sont obligés de se
financer comme nous autres et ce n'est plus un problème. Il y a
peut-être Salt Lake City Project, qui a encore des tarifs bas, mais il y
a une partie de ses installations destinée à l'irrigation.
Evidemment, ce sont des cas très spéciaux. Quant au reste du
monde, je ne sais pas. En Norvège, ils ont toujours des tarifs
très bas. La comparaison est à notre avantage pour les grosses
entreprises. Pour les Iles-de-la-Madeleine, une entreprise de 100 kilowatts et
plus, on considère que c'en est une grosse et celle-là va
être regardée individuellement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce que j'avais à l'idée
tantôt quand j'ai parlé des comparaisons avec les autres
provinces, c'est une comparaison que j'ai vue entre les taux ruraux en Ontario
et ceux du groupe 2, au Québec. Dans le tarif général,
vous étiez plus haut; quand on augmente la consommation, l'Ontario est
plus bas que nous. Je vais essayer de retrouver ce tableau.
M. BISAILLON: Il y a un drôle de phénomène qui se
produit entre l'Hydro-Ontario et nous. Pour donner un portrait d'ensemble
rapide, disons que tout ce qui est livré...
M. CLOUTIER (Montmagny): Excusez-moi, je l'ai, c'est le tableau 6
à la page 8 du mémoire sur la hausse des tarifs
présentée par l'Hydro-Québec au ministre des Richesses
naturelles. C'est à la page 8 de l'annexe qui s'appelle "La nouvelle
tarification".
M. BISAILLON: Disons que ce phénomène qu'on explique est
une des raisons pour lesquelles l'usage général est
augmenté de 3.8 p.c. seulement par rapport à la moyenne de 8.4
p.c. C'est qu'on veut rapprocher ces tarifs. D'abord, cela crée des
difficultés d'application parce qu'il y a des cas frontières et
cela coûte cher d'application. Deuxièmement, comparativement
à l'Ontario, on n'est pas dedans du tout. Ce qui arrive, c'est que
l'Ontario a beaucoup plus d'entreprises industrielles et commerciales en
proportion du total. En somme, son pacte d'abonnement est en sa faveur parce
que même si les tarifs d'usage général industriel sont plus
bas, il y en a plus. Cela compense et, au niveau de la distribution, les ventes
en kilowatts-heures rapportent exactement la même chose que nous. C'est
un phénomène assez curieux. Par contre pour la grande entreprise,
c'est plus élevé que chez nous. Alors, au total, l'Ontario vend
le kilowatt-heure plus cher que nous. C'est ce qui se produit. C'est à
cause du jeu de la consommation moyenne et de la proportion des abonnements
domestiques et d'usage général industriel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Chaque fois que l'Hydro-Québec va
toucher ces tarifs, si, dans ces secteurs, on tient le pourcentage
d'augmentation le plus bas possible, est-ce qu'il y a des chances qu'on puisse
rétrécir l'écart entre l'Ontario et le Québec
suivant la tendance des dernières années?
M. BISAILLON: Oui, je le pense bien et j'espère que c'est ce
qu'on va faire effectivement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce qui est in-
téressant quand vous analysez la région de Sept-Iles et de
la Basse Côte Nord, c'est que vous avez des statistiques sur la
consommation, le coût des services que vous donnez dans ces
régions et le revenu. Est-ce que vous l'avez pour les grandes
régions, les dix régions économiques de la province?
M. BISAILLON: Non, malheureusement, on n'a pas ce découpage. Il
serait toujours possible de le faire, par exemple, mais actuellement on ne l'a
pas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que cette sorte de statistiques ne vous
a pas été...
M. BISAILLON: Cela pourrait être utile, oui. Justement, il y a une
étude en cours actuellement pour les fins de l'informatique de
façon générale pour nous donner de meilleurs chiffres dans
ce sens, des recoupages avec d'autres statistiques. Cela devrait se terminer
dans ce sens, des recoupages avec d'autres statistiques. Cela devrait se
terminer d'ici deux ans à peu près. C'est un travail assez
formidable qui demande un comité de trois ans pour en venir à
bout.
M. MASSE (Arthabaska): Pour rester au problème des
Iles-de-la-Madeleine, on dit qu'en 1971, il y avait 2,981 abonnés. A
l'annexe 5, on dit que l'accroissement des taux atteindrait 5 p.c. à 10
p.c. de ces abonnés. Cela me parait pas mal énorme s'il y a un
maximum de 298 abonnés qui vont payer toute cette augmentation.
M. BISAILLON: Justement, j'ai fait un recomptage de cela avant-hier pour
être certain des chiffres; ce serait de l'ordre de 200 systèmes de
chauffage à l'électricité permanents et c'est
établi depuis à peu près 1969. Avant cela, on avait
réussi à le contrôler assez bien mais depuis 1969, surtout
avec les maisons préfabriquées, ç'a monté en
flèche. La plupart ont été raccordés depuis ce
temps parce qu'au moment de la prise de possession, je ne pense pas qu'il y en
avait; les tarifs étaient beaucoup trop élevés à ce
moment-là, évidemment. Je pense qu'en 1968 il y en avait une
demi-douzaine au plus. A un moment donné, ça s'est emballé
et on essaie d'arrêter le mouvement.
M. GAUVREAU: Je voudrais relever une remarque qu'a faite le
député de l'Assomption tout à l'heure au sujet de notre
action commerciale, ce qu'on dit à la télévision et
à la radio. Comme M. Bisaillon le disait, il est évident qu'une
société comme la nôtre qui a recours à ces moyens de
diffusion, envoie des messages, a une action commerciale, comme appui, qui fait
connaître l'Hydro.
Cependant, on oublie assez souvent que l'action commerciale de l'Hydro
vous le savez, M. le député c'est une action aussi
de contact, d'information, de formation qui se fait dans les régions
auprès des utilisateurs, mais aussi auprès des constructeurs,
auprès des électriciens.
Il semble qu'aux Iles-de-la-Madeleine cette action d'information n'ait
pas donné les résultats qu'on voulait. Je ne sais pas ce qu'on
pourrait faire. Il est évident qu'on ne retournera pas au
compteur-demande, mais peut-être qu'on peut essayer, dans une autre
campagne, d'aller un peu plus loin, je ne sais pas. Ici, on a le directeur de
la région de la Matapédia. Je pense qu'il pourrait nous
renseigner là-dessus, mais, pour moi, on a fait ce qu'on pouvait pour
informer les gens dans ce domaine.
M.PERREAULT: Je vais répondre à M. Bisaillon. Il disait
tout à l'heure que la majorité des abonnés avaient en bas
de 750 kWh. Je reviens à une facture principale ici, du 14 juin au 11
août. Alors, c'est durant l'été, les heures de soleil sont
assez longues; la consommation n'est pas dans son plus fort, mais est la plus
basse de l'année, même pour l'Hydro. Or, ici, je vois une
consommation de 1,750 kWh. Alors, on ne peut pas parler de chauffage dans cette
période-là, de juin à août.
M. BISAILLON: C'est pour deux mois, ça?
M.PERREAULT: Pour deux mois, 1,750 kWh.
M. BISAILLON: Oui, ça fait 850 kWh par mois, à peu
près.
M. PERREAULT: Cela dépasse 750 kWh de base. Comment parler de
chauffage à ce moment-là?
M. BISAILLON: Oui, d'accord. Mais, il y a certainement un chauffe-eau
dans cette maison.
M. PERREAULT: C'est la raison pour laquelle je pense que, dans une
maison moderne aujourd'hui, vous êtes conservateur avec vos 750 kWh. Les
maisons qui n'emploient pas 750 kWh aux Iles-de-la-Madeleine sont celles qui
n'ont pas encore tous ces appareils ménagers, sécheuse, etc.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Beauce, est-ce sur
le même sujet?
M. ROY (Beauce): Moi, ce n'est pas sur le même sujet. Je veux en
aborder un autre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Sur ce sujet-là.
M. ROY (Beauce): Sur le même sujet, oui. Parfait.
M. MASSE (Arthabaska): J'aimerais savoir les taux comparés
concernant l'industrie ou le
général plutôt entre les Iles-de-la-Madeleine et la
province. Est-ce qu'il y a un écart assez important?
M. BISAILLON: L'écart ne se fait sentir qu'à partir de 200
heures d'usage par mois, ça veut dire 2/7 du temps. Les entreprises qui
fonctionnent huit heures par jour ne seront pas affectées, à
toutes fins pratiques. Celles qui, évidemment, chauffent à
l'électricité l'hiver ont un facteur d'utilisation qui est
d'à peu près 600 kWh ou peut-être plus bas que ça,
mais, en tout cas, disons 500 kWh. Elles vont être affectées.
Maintenant, il y a également celles qui travaillent 16 heures par jour.
A celles-là, il va falloir accorder une attention spéciale, comme
je l'ai mentionné tout à l'heure, parce qu'autrement on va les
augmenter trop.
M. MASSE (Arthabaska): Est-ce que les taux de raccordement sont plus
élevés aux Iles-de-la-Madeleine qu'ailleurs au Québec?
M. BISAILLON: Oui, disons que c'est une politique qui est à
l'étude actuellement. Peut-être que M. Saint-Jacques pourrait en
parler plus en détail, parce qu'il a trempé dans cette chose plus
que moi.
M. SAINT-JACQUES: En ce qui concerne les frais de raccordement et les
coûts de production, nous reconnaissons, évidemment, que la
production aux Iles-de-la-Madeleine est passablement coûteuse sur le plan
des immobilisations. En général, sur le réseau, il n'y a
pas de frais lorsque la production est de nature classique, telle la production
hydraulique. Aux Iles-de-la-Madeleine, alors, on concède la même
participation pour les immobilisations de production qui est, pour l'ensemble
de notre réseau, de l'ordre de $200 le kilowatt. Ce sont les coût
moyens aux livres des unités de production sur le réseau.
Maintenant, si l'unité de production qu'on doit installer aux
Iles-de-la-Madeleine coûte $300 ou $400 ou $500 ou je ne sais quel prix,
le kilowatt, on demande à l'abonné qui prend une grosse
consommation de payer simplement le complément ou l'excédent du
coût moyen de production sur notre réseau
général.
C'est notre politique pour les frais de raccordement, pour les gros
abonnés ou les consommateurs qui ont une utilisation de 10 kilowatts.
Cela veut dire que les petites boutiques, les pharmacies, les coiffeurs ou des
commerces de ce genre-là, ce sont des petits services commerciaux qui
n'ont pas de frais spéciaux de raccordement.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Duplessis.
M. GALLIENNE: M. le Président, ma question s'adresse à M.
DeGuise. Je voudrais lui demander dans combien de temps. Si on croit la
Basse Côte-Nord isolée aujourd'hui, on parle de cela, mais
très bientôt elle sortira de son isolement et elle deviendra un
facteur économique très important pour notre province.
Il y a une différence. Je sais qu'aux Iles-de-la-Madeleine les
rivières ne sont pas tellement considérables, mais dans mon
secteur, il y a énormément de rivières, ce n'est
certainement pas cela qui manque. Je vois: Electricité sur la Magpie,
vous avez un barrage hydroélectrique, et aussi sur la Romaine pour la
compagnie Fer et titane du Québec Inc. Pour le secteur de la Basse
Côte Nord, si on veut le développer demain, est-ce que quelqu'un
pourrait me dire pourquoi on ne pense pas à établir un barrage?
Quel est le taux de l'électricité faite avec un moteur diesel et
avec un barrage hydroélectrique? J'aimerais faire la comparaison pour
voir où on s'en va. Si on a besoin de faire quelque chose demain et si
on me dit que ce n'est pas rentable avec un moteur diesel, ce sera encore pire
quand l'industrie va s'installer là. Qu'est-ce qu'on va faire pour cela,
pour dire qu'on est prêt? Je voudrais savoir la différence des
taux entre les deux, et après, est-ce qu'on peut faire une étude
pour prouver qu'une rivière pourra être aménagée et
qu'on prendra l'électricité là, au lieu d'avoir des
diesels et transporter l'huile, avec tous les problèmes que cela
pose.
M. DEGUISE: Voici d'abord une première réponse d'ordre
général. Plutôt que d'aménager certaines
rivières de la Côte Nord, jusqu'à présent je
ne dis pas que nous n'y viendrons pas un peu plus tard les études
que nous avons faites nous ont prouvé qu'il était plus
économique de prolonger le réseau de transport et de
bénéficier de gros aménagements comme Churchill Falls,
Manic-Outardes, Bersimis, etc. Les prix unitaires de développement dans
ces gros aménagements sont plus bas, évidemment, que si on fait
une centrale de 100,000,150,000 ou 200,000 chevaux. A l'aide de calculs, on
peut prouver qu'il est plus économique de prolonger notre réseau
de transport, d'ajouter des lignes et de s'alimenter à ces grandes
centrales.
Pourquoi on se sert de diesels plutôt que de l'aménagement
hydroélectrique? Là, on entre dans une autre discussion. Tant que
la charge est relativement basse, jusqu'à un certain niveau on se sert
de moteurs diesels; si la charge augmente, comme c'est sur le point d'arriver
aux Iles-de-la-Madeleine, on pensera probablement à une centrale
thermique comme il y en a en Ontario ou ailleurs avec des turbines à
vapeur, etc., ou peut-être même une centrale nucléaire, mais
c'est un autre problème.
Les rivières, comme la Rivière Moisie, la rivière
Hamel, sont des rivières avec des débits assez importants, assez
considérables et leur puissance à aménager, lorsqu'il faut
barrer la rivière, lorsqu'il faut construire un barrage, lorsqu'il faut
faire une centrale, même si on fait
une petite centrale, les travaux de génie civil sont tellement
dispendieux que cela ne se justifierait pas à moins d'avoir une charge
de 200,000 ou 250,000 hp. C'est le problème de la croissance. Quand la
demande aura atteint un certain niveau, on pourra penser à un
aménagement hydroélectrique. C'est pourquoi nous l'avons
regradé à quelques reprises lorsqu'il était question de
papeteries ou de charges assez considérables. En un tel cas,
évidemment les diesels sont hors de question.
Dans les régions éloignées des autres provinces,
aussi bien aux confins de l'Ontario qu'aux confins de Terre-Neuve, encore,
lorsqu'il s'agit de groupements isolés où il n'y a pas
d'industrie de taille, ce sont encore les moteurs diesels qui sont la solution
la plus économique. Qu'est-ce que cela coûte? M. Bisaillon a
donné des chiffres tout à l'heure. Ce qui est dispendieux dans un
moteur diesel, c'est évidemment le combustible; le coût d'achat
est relativement bas, mais c'est le combustible qu'il faut utiliser constamment
à mesure que la production augmente. Surtout dans des centrales comme
sur la Côte Nord, le problème est de livrer le combustible.
M. GALICIENNE: Je vous remercie, cela répond un peu à ma
question. Si on regarde l'échelle et si on parle du développement
de la Basse Côte Nord, pour donner des explications, le programme de
Rayonier Québec va commencer sa deuxième phase vers
Mingan-Natashquan, et la troisième phase, de Natashquan jusqu'à
Saint-Augustin, pour la phase 1985. D'ici ce temps-là, il va
certainement se produire autre chose, la route est à se construire, et
en 1974 on sera rendu à Havre-Saint-Pierre, en 1975-1976 à
Natashquan. La phase suivante va porter davantage encore vers l'est.
Alors, je pense qu'avec la troisième phase de Rayonier
Québec le secteur va sûrement se peupler davantage. Il y aura
autre chose qui se greffera à cela. On a actuellement des gens qui
regardent le secteur et qui sont très intéressés. Comme je
le disais tantôt, on commence par Blanc-Sablon parce que c'est mieux
situé pour expédier le poisson. Il y aurait bien autre chose.
Alors, il s'agirait d'y penser pour cette dernière phase. Si on peut
donner un exemple, l'ITT, seulement dans le secteur de Natashquan, fait quand
même une injection de capital de $600,000 qui vont tomber dans une
population pas tellement considérable. Ceci, avec les opérations
forestières de Rayonier Québec. En définitive, ce sera la
même chose dans l'autre secteur. Les gens vont s'acheter des appareils
électriques et c'est pour ça que je dis qu'il faudrait regarder
les rivières. Il y a des rivières dont vous devez connaître
le potentiel. La rivière Mécatina, la Saint-Augustin, la
rivière de la Tête à la Baleine. Dans des secteurs, il y en
a de nombreuses. Il faudra sûrement y penser pour avoir quelque chose qui
soit rentable.
Je comprends votre idée qu'actuellement un barrage ne serait pas
rentable, mais c'est pour très bientôt. On sait assurément
que cela ne passera pas 1985. Cela vient encore vite. Douze ans viennent
très vite.
M. DEGUISE: Remarquez que nous sommes conscients de l'augmentation de
nos coûts pour la production diesel. Nous essayons d'établir les
étapes de diesel, de thermique et d'hydro-électrique, dès
que le volume est suffisant.
M. JORON: J'aurais une question qui se rattache à cela. Tout
à l'heure, vous disiez: On est peut-être sur le point, aux
Iles-de-la-Madeleine par exemple, d'atteindre le moment où la demande
sera suffisante pour justifier de plus grosses installations, comme les
installations thermiques, pouvant fournir l'électricité à
bien meilleur coût. Mais, dans un sens, vous avez une politique qui tend
à restreindre à certains égards la consommation; est-ce
que vous ne retardez pas malgré vous l'augmentation de cette demande qui
permettrait d'atteindre ce point? Est-ce que vous ne devriez pas, au contraire,
encourager la consommation aux Iles-de-la-Madeleine, si on est tout juste au
point d'arriver où cela justifierait une centrale thermique?
M. DEGUISE: Mais, même avec une centrale thermique, nous n'en
sommes pas à pouvoir justifier ou équilibrer le budget avec les
tarifs dont on parle actuellement. Parce que parler de centrale thermique,
voyez-vous tout de suite le problème qui se greffe? Dès que nous
parlons d'une centrale thermique de 20,000 ou 25,000 kilowatts, il faut l'avoir
en double.
M. JORON: II faut...?
M. DEGUISE: II faut l'avoir en double. Une centrale thermique fonctionne
à 80 p.c., 85 p.c. du temps. Il y a toutes sortes de problèmes
d'entretien, de vérification qui se greffent à cela. Alors, si on
n'a qu'un seul groupe, évidemment on ne peut pas l'arrêter et il
faut absolument prévoir un moyen de rechange. Alors dans un
réseau isolé comme celui-là, c'est pour ça que nous
retardons la décision. Pour une charge de 20,000 ou 25,000 kilowatts, il
faudra en installer 50,000.
Il est certain que même avec le thermique, pour répondre
à votre question, pour une bonne période de temps, avec les
tarifs que nous avons actuellement, ce serait encore déficitaire.
M. JORON: On a eu un aperçu, tout à l'heure, de votre
coût de revient pour la production de l'électricité aux
Iles-de-la-Madeleine. Cela permettrait de le diminuer dans quelle proportion,
une centrale thermique?
M. DEGUISE: II faudrait faire les calculs. Il
faudrait faire la projection dans le temps. Il est certain que, dans les
cinq premières années, cela va augmenter nos déficits. Il
faudrait faire une projection dans le temps pour voir quand la croissance
serait telle qu'on pourrait revenir à la situation actuelle.
M. JORON: M. DeGuise, toujours sur cette question des réseaux non
reliés, il y avait, dans les recommandations du comité, une
proposition précise pour redéfinir la notion de réseaux
non reliés dans le règlement no 148, qui n'a pas
été retenue. Pourquoi n'a-t-on pas retenu cette
recommandation?
M. DEGUISE: Je ne faisais pas partie du comité qui en a
discuté. J'aimerais relayer la question à M. Saint-Jacques
peut-être.
M. BISAILLON: La suggestion a été retenue effectivement.
Je peux vous lire le texte.
M. JORON: Elle l'a été? Vous voulez dire dans le nouveau
règlement?
M. BISAILLON: Elle a été retenue.
M. JORON: Ah bon! Apparemment, elle n'est pas dans la copie du
règlement no 150.
M. BISAILLON: C'est-à-dire qu'ils ont fait la recommandation sur
la définition. On l'a mise ailleurs dans le règlement, c'est pour
ça que je la cherche.
Effectivement, cette décision est pour la durée du
règlement. Aux Iles-de-la-Madeleine, quand il y aura de plus gros moyens
de production, la décision sera révisée.
M. JORON: Ah bon!
M. BISAILLON: C'est la même chose pour les réseaux non
reliés. Evidemment, quand ils seront reliés, ils tomberont au
tarif de tout le monde. Même pour les réseaux non reliés,
dans trois ans, il faudra encore regarder l'affaire pour voir si le chiffre de
$0.023 est encore valable.
M. JORON: D'autre part, est-ce qu'il y a d'autres cas semblables
ailleurs, au Québec?
M. BISAILLON: Ah oui, il y en a partout. Il y en a dans le nord de
l'Ontario.
M. JORON: Au Québec?
M. BISAILLON: Au Québec, il y a le Nouveau-Québec
où on a Fort George, actuellement. Il y en a d'autres qui deviendront
possiblement partie de notre réseau non relié. Là,
évidemment, cela coûte extrêmement cher. C'est comme
exploiter un réseau qui serait en Floride, au point de vue de la
distance.
M. JORON: Est-ce que vous avez des tarifs ballons dans ces coins?
M. BISAILLON: L'arrangement est spécial dans ce cas. C'est une
entente où le gouvernement fédéral fournit une partie. Il
y a des subsides.
M. JORON: C'est ce que j'allais demander. En Ontario, on procède
parfois autrement. Le gouvernement compense. Est-ce que cela existe ici? Vous
me dites que le gouvernement fédéral le fait dans ces coins, en
vertu des Affaires indiennes et du Grand Nord. Mais est-ce que le gouvernement
du Québec le fait?
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Laviolette.
M. JORON: M. le Président, une petite seconde, j'ai posé
une question.
M. TETRAULT: M. le Président, une parenthèse sur les
réseaux non reliés.
M. JORON: Je vous donnais l'occasion de le faire, mais vous n'insistez
pas fort, je trouve.
M. BISAILLON: Effectivement, à Fort George, les autochtones
paient le prix de tout le monde. Ils vont payer le prix des réseaux non
reliés, 750 kilowatts-heures étant la limite. Mais, de toute
façon, il n'y en a pas beaucoup qui consomment cela. Quant aux autres,
ils paient $0.12 le kilowatt-heure. Cela est remboursé par le
gouvernement fédéral.
M. TETRAULT: J'aurais une question supplémentaire. Dans les
réseaux non reliés, hier, vous m'avez dit que l'Abitibi-Est
faisait partie du groupe 2, donc des réseaux reliés. Est-ce
ça? Est-ce récemment que cette région est entrée
dans le réseau relié?
M. BISAILLON: Je m'excuse, je n'ai pas compris votre question.
M. TETRAULT: L'Abitibi-Est... M. BISAILLON: L'Abitibi-Est, oui.
M. TETRAULT: ... c'est-à-dire le territoire de l'Abitibi faisait
partie des réseaux non reliés.
M. BISAILLON: Non, cela n'a jamais été le cas.
M. TETRAULT: Cela n'a jamais été le cas.
M. BISAILLON: On a toujours considéré que cela faisait
partie du grand réseau.
M. TETRAULT: Je m'excuse, c'est de la fausse information que j'ai
eue.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Laviolette sur le même sujet.
Aménagements sur la rivière Saint-Maurice
M. CARPENTIER: On parle de coûts continuellement.
Considérant ce que cela peut coûter pour le développement
de la rivière Jacques-Cartier, ou ce que mentionnait tantôt le
député de la Basse Côte Nord, est-ce que des études
ont été faites au sujet de la rivière Saint-Maurice? On a
des réseaux assez considérables dans ce coin.
Prenez, par exemple, le barrage Gouin; c'est un réservoir immense
et il ne se produit pas d'électricité à cet endroit. C'est
tout simplement un réservoir. Il y a un très grand nombre de
rivières. Vous avez la rivière Manaouane, vous avez toutes les
rivières qui se déversent dans le Saint-Maurice. Elles ne sont
pas actuellement exploitées. Vous avez, par exemple, le grand lac
Manaouane et le lac Kempt qui sont des réservoirs immenses. Il n'y a
absolument pas d'électricité qui se fait là. On parle
d'aménager la rivière Jacques-Cartier pour une usine de pompage,
par exemple. Est-ce qu'il y a des possibilités de faire des
études pour savoir ce que l'on peut faire de l'eau du bassin du
Saint-Maurice comparativement à l'étude de la rivière
Jacques-Cartier ou autres sur la Basse Côte Nord ou ailleurs?
On est en possession, actuellement, de barrages, de réserves
d'eau immenses qui ne sont pas utilisées à leur pleine
capacité. Je pense que l'on pourrait venir à bout de
résoudre un problème de chômage, peut-être, dans la
région de la Mauricie, si on développait ces cours d'eau, si on
pouvait construire certains barrages. Je ne sais pas quel système vous
pourriez sortir avec vos nouvelles techniques. Mais, si on pouvait en venir
à développer chez nous un palliatif au chômage, je pense
que ce serait très important. Est-ce que vous pouvez me
répondre?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je pense que le député
n'était pas ici hier après-midi.
M. CARPENTIER: Je m'excuse, j'étais ici hier après-midi et
cette question n'a pas été discutée. J'ai
été ici tout le temps hier après-midi et cette question
n'a pas été discutée.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Disons hier durant la journée.
M. GIROUX: Je crois qu'on peut expliquer de nouveau les réponses
qui ont été données à M. Demers hier. Depuis les
cinq ou six années que je viens ici, la même question est
posée par M. Demers. Je vais demander à nouveau à M. De
Guise de bien vouloir répondre à cette question.
M. DEGUISE: Je voudrais m'excuser. La question du député
était bien fondée. S'il y a eu des rires, au début, c'est
que nous en avions discuté hier un peu en détail.
Sur la rivière Saint-Maurice, il est incontestable qu'il y a
encore des possibilités, comme dans beaucoup d'autres cas. Il faut
cependant rechercher la solution la plus économique. Il n'était
pas évident, à ce jour, d'après les études que nous
avons, que c'était une des sources économiques où on
pouvait tirer de l'énergie à court terme, si on veut.
Il y a peut-être certains aspects de votre question qui n'ont pas
été discutés hier. J'aimerais y revenir. Par exemple, dans
les barrages-réservoirs, comme à Gouin, pourquoi ne produit-on
pas d'électricité? Cela s'applique aussi bien au réservoir
Manaouane qu'au réservoir Matawin ou à d'autres. C'est que, comme
le nom l'indique, un réservoir, c'est une réserve d'eau. A un
moment donné, la réserve est pleine et
généralement, à la fin de l'hiver, juste avant la crue du
printemps, la réserve est vide ou à peu près. Du moins, il
faut la rendre vide, nous autres, au niveau des ouvertures qui sont dans le
barrage et qui permettent de sortir l'eau, parce que ces réserves d'eau
sont toujours calculées, lorsqu'on les construit pour que si on les vide
dans une saison, on les vide jusqu'à un niveau tel qu'on puisse les
remplir la saison suivante. Autrement, on ne verrait pas la fin du cycle.
Alors, installer de l'équipement de production
d'électricité au barrage-réservoir, cela ne pourrait
être que pour de l'électricité secondaire,
c'est-à-dire qu'on pourrait n'en produire que, disons, pour fixer les
idées, du début de décembre, où le réservoir
est plein, à la fin de mars ou d'avril, quand le réservoir est
vide. Durant le cycle où on le remplit, évidemment, il n'y aurait
pas de production possible d'électricité. Et cette
électricité ne vaudrait que sur le plan de
l'électricité secondaire qu'on peut passer s'il y a un
marché pour elle.
Il y a un autre problème technique. Je vous en ferai grâce,
mais je le mentionne en passant. C'est que, généralement, les
turbines sont installées pour fonctionner dans un certain niveau de
variation de chute, disons entre 60 et 80 pieds ou entre 55 et 90 pieds, selon
la technique. Mais cela devient très peu économique ou le
rendement est très faible si on essaie de choisir une turbine qui va
fonctionner sur n'importe quelle hauteur de chute. C'est un problème
technique, en passant.
Maintenant, qu'est-ce qu'on peut tirer du Saint-Maurice exactement? Je
pense que j'ai mentionné hier que nous avons examiné la
possibilité d'ajouter des groupes dans les centrales du bas, les refaire
en partie ou réaménager les centrales du bas. Pour la puissance
que nous examinons que nous considérons être de l'ordre de 400 ou
500 mégawatts, il n'y a de l'eau actuellement, pour cette puissance
additionnelle, que pour à peu près 20 p.c. du temps. Or, comme il
s'agit d'ouvrages hydrauliques en travers de la rivière, qui sont
pratiquement aussi dispendieux que dans des rivières où il y a de
l'eau 80 p.c. du temps, on conçoit que le prix du kilowatt-heure
deviendrait assez astronomique.
Qu'est-ce que cela vaut comme puissance de
pointe, parce que vous faisiez allusion au fait que nous voulons
travailler sur la rivière Jacques-Cartier? C'est encore une question
d'économie. On peut concevoir assez facilement que plus on a de chute
à un endroit donné, pour la même puissance, plus la machine
est petite, moins la machine est dispendieuse, moins le volume d'eau à
passer est grand. Donc, les conduits sont plus petits, toute la centrale est
beaucoup plus petite si on peut trouver des chutes hautes.
C'est pourquoi on est allé sur la Bersimis, on est allé
à Manic 5, etc. Pour une usine strictement de pointe on aura
l'occasion d'y revenir sur la rivière Jacques-Cartier, il y a un
endroit qui offre une chute d'à peu près 1,500 pieds, 1,450 ou
1,500, alors que, sur le Saint-Maurice, on parle de chutes de 60 pieds à
un endroit et de 100 ou 105 pieds à l'autre. Vous voyez tout de suite
que, sur le plan des coûts d'installation, il est évident qu'avec
une chute de 1,500 pieds on peut réaliser un coût unitaire
beaucoup plus bas. Mais, comme je le disais hier en réponse à une
autre question, il n'est pas dit pour tout ça que cela ne se fera
jamais. Il y a des emplacements hydrauliques qu'il y a quinze ans on trouvait
tellement dispendieux qu'on n'y aurait pas touché, mais, avec
l'évolution du prix de l'énergie, avec l'augmentation des
coûts, on les regarde aujourd'hui et on les trouve beaucoup plus
intéressants. La même chose peut se passer sur le
Saint-Maurice.
M. CARPENTIER: En 1962, lors de la nationalisation de
l'électricité, la Shawinigan Water & Power avait des
débuts de travaux à rapide des Coeurs, sur la rivière
Saint-Maurice. Ces travaux ont été complètement
abandonnés. Est-ce que ce n'était vraiment pas rentable? Pour
quelle raison tous ces travaux ont-ils été abandonnés du
jour au lendemain comme ça?
M. DEGUISE: Mais si on revient à 1962, par exemple, si on parle
de la compagnie Shawinigan Water & Power, vous comprenez qu'à ce
moment c'est une assez longue question la compagnie Shawinigan
détenait des baux du gouvernement provincial pour différents
endroits sur le Saint-Maurice. Une des clauses dans le bail
emphytéotique conclu avec le gouvernement voulait qu'après avoir
aménagé un endroit la compagnie était tenue, dans un
délai de trois ou cinq ans je ne me souviens pas exactement
d'aménager l'endroit suivant. Si elle ne l'aménageait pas, le
gouvernement avait la possibilité de le reprendre, ou il fallait lui
demander une exemption, ce que la Shawinigan a fait dans un certain nombre de
cas. Alors, pour la compagnie Shawinigan, il devenait je ne dirais pas
impératif pressant, après avoir utilisé certains
endroits, de penser à aménager les autres, au risque de les
perdre.
Lorsque nous avons pris le contrôle de la compagnie Shawinigan, en
1963, elle avait tout de même commencé une centrale thermique
à
Tracy où il y avait deux groupes. C'est que, même à
ce moment, elle avait jugé plus économique de faire une centrale
thermique, avec le prix de l'huile on sait ce qu'il pouvait être
que d'aménager les chutes du Haut-Saint-Maurice. Elle avait
demandé une extension additionnelle pour ne pas faire ce
développement, parce qu'il paraissait sur le bord de la
rentabilité. Nous l'avons réexaminé depuis et c'est le
même problème pour la puissance dont on parlait à ce moment
et dont on parle encore. On se trouve à la tête de la
rivière et il n'y a de l'eau que pour à peu près 25 p.c.
du temps pour la puissance considérée. C'est à peu
près le même problème qu'en bas.
M. CARPENTIER: A la suite de toutes ces analyses, lorsque l'on voit le
taux de chômage et également le nombre de personnes qui
émargent au bien-être social, et le montant d'argent que ça
coûte, est-ce qu'il y a eu une étude comparative faite pour savoir
si, en considération de tous ces facteurs, il n'y aurait pas une
économie marquée en regard de cette situation qu'on vit
présentement dans la région de la Mauricie? Cela dessert un
bassin de population d'environ 200,000 à 225,000 personnes,
approximativement; je ne voudrais pas avancer des chiffres en l'air. Lorsqu'on
voit le taux de chômage et le montant d'argent que le gouvernement paie
d'une façon directe ou indirecte, si par l'aménagement de cette
rivière, on pouvait économiser certains pourcentages de ces
dépenses, est-ce qu'il n'y aurait pas économie de ce
côté?
M. DEGUISE: Vous comprendrez que votre question dépasse un peu le
cadre des études qui se font à l'Hydro-Québec. Nous
essayons de faire des choix sur le plan technique, sur le plan
économique. Nous ne laissons pas de côté le rôle
socio-économique de l'Hydro-Québec, mais, quand il faut faire un
choix ou prendre d'autres solutions, je pense que la question devrait
plutôt être dirigée au gouvernement provincial.
M. CARPENTIER: Est-ce que vous tenez compte de ces facteurs lors de vos
études?
M. DEGUISE: Souvent, sur le plan de l'économie, c'est une autre
question. Comme M. Dozois avait l'occasion de l'exposer hier, par exemple, dans
les politiques d'achat, etc., on tient compte du fait qu'une commande
placée au Québec entraîne tant et tant de dépenses
satellites, si vous voulez, ou de dépenses additionnelles et de revenus
additionnels qui n'existeraient pas si nous faisions des achats à
l'extérieur de la province.
M. CARPENTIER: Considérant l'importance de votre
société, l'Hydro-Québec, est-ce qu'en regard du
gouvernement vous ne devriez pas faire un effort peut-être plus
accéléré pour...
M. GIROUX: Je vais répondre à cette question, M. le
député. Dans tous nos programmes, n'est-ce pas, on doit essayer
d'obtenir l'électricité le meilleur marché possible.
Alors, je comprends qu'on pourrait aider certaines régions
économiquement et cela nous ferait plaisir de le faire, mais je crois
que c'est surtout une politique gouvernementale et non pas une politique de
l'Hydro-Québec d'avoir le choix de favoriser telle région
plutôt que telle autre. Après que les études sont faites,
on en analyse les rapports. Certains gouvernements, comme le gouvernement
américain, ont tenu à développer certaines régions,
alors ils l'ont payé eux-mêmes. Vous avez comme exemple de cela
TVA et les autres; cela a été subventionné à
outrance. A ce moment-là, la compagnie d'électricité est
bien heureuse de le prendre, mais c'est un problème gouvernemental et
non pas un problème de l'Hydro-Québec.
M. CARPENTIER: Précisément, si le gouvernement vous
faisait une recommandation, est-ce que vous seriez prêt à
l'écouter?
M. GIROUX: On est toujours prêt à l'écouter s'il
veut payer.
M. DEGUISE: En en prenant soin... M. GIROUX: II y a écouter et
payer.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je voudrais faire remarquer à la
commission...
M. GIROUX: Alors, cela représenterait d'autres augmentations de
tarifs, il y a ce point. Je n'ai pas d'objection en autant...
M. CARPENTIER: En considérant que les taux sont à peu
près les mêmes?
M. GIROUX: Alors là, si c'est plus rentable.
M. CARPENTIER: C'est une question de rentabilité
évidemment.
M. GIROUX: Les questions de rentabilité ont été
étudiées, c'est ce que M. DeGuise donnait hier, c'est une
différence entre 175 et quelque 300. A ce moment-là, je ne crois
pas qu'on soit justifié de le faire.
M. CARPENTIER: Est-ce que vous croyez que c'est au gouvernement à
prouver que c'est rentable ou à l'Hydro-Québec?
M. GIROUX: Si le gouvernement, quoi?
M. CARPENTIER: Est-ce au gouvernement à prouver que c'est
rentable ou à l'Hydro-Québec?
M. GIROUX: L'Hydro-Québec expose au gouvernement que tel projet
dans la Mauricie coûte tant et tel autre projet coûte tant. Alors,
il nous faut prouver qu'on se sert du programme, qui est le meilleur
marché dans l'ensemble et non pas le plus cher.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je voudrais faire remarquer à la
commission.
M. CARPENTIER: A taux égal, vous êtes prêts à
venir dans la région de la Mauricie?
M. GIROUX: Absolument.
M. MARCHAND: On pourrait déménager la baie James dans
Laviolette.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je voudrais faire remarquer à la
commission...
M. GIROUX: Ou déménager Laviolette dans la baie James.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! Je voudrais faire
remarquer à la commission que nous ajournerons à midi.
L'honorable député de l'Assomption, sur le même sujet.
M. PERREAULT: M. DeGuise tout à l'heure a dit qu'on arrivait
bientôt au seuil, pour l'usine thermique. Vous avez mentionné
qu'on ne pourrait installer, je le comprends, qu'une unité thermique de
25,000, qu'il faudrait en installer deux.
Mais est-ce qu'on ne pourrait pas penser, face à l'implantation
industrielle qui est en voie aux Iles-de-la-Madeleine, à faire un
programme progressif? On pourrait installer une unité de 25,000 et se
servir du diesel au besoin pendant le temps qu'on fait les
réparations.
M. DEGUISE: C'est évidemment la solution, le premier pas dans la
solution. Je ne pense pas que nous l'installions en double au début,
c'est le premier pas. Mais vous demeurez avec une puissance de réserve
qui coûte tout de même l'installation d'un diesel.
M. PERREAULT: Suivant mon information vous allez avoir 19,000 kilowatts
de puissance d'installation à l'automne 1973 aux
Iles-de-la-Madeleine.
M. DEGUISE: Ce n'est peut-être pas mon domaine spécialement
mais, sur le sujet d'implantation industrielle, j'aimerais souligner que,
lorsqu'on parle d'installation petite ou moyenne, l'électricité,
comme on l'a souvent mentionné, représente de 1 p.c. à 1
1/2 p.c. du coût d'exploitation d'une petite usine, à moins que ce
soit une usine de pâtes et papier ou une usine électrochimique ou
une usine électrométallurgique.
Le prix de l'électricité, je comprends que ça
s'ajoute à d'autres dépenses.
M. PERREAULT: Oui, mais c'est un facteur qui peut aussi
transférer quelqu'un d'une région à une autre.
M. DEGUISE : Mais il faut prendre en considération ce
serait une grande discussion le transport, par exemple, etc. Si on admet
que l'électricité ne représente que 1 p.c, ou à peu
près, du coût d'exploitation d'une usine, ce n'est pas un facteur
déterminant. C'est un facteur comme beaucoup d'autres.
M. PERREAULT: Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Bisson): Sur le même sujet, le
député de Gouin.
M. JORON: Sur le même sujet, non.
LE PRESIDENT (M. Bisson): Le député de Beauce, sur un
autre sujet.
M. ROY (Beauce): II me reste quatre minutes, M. le Président. On
parle de la hausse des taux d'électricité, je pense que c'est
l'objet premier de la convocation de cette commission parlementaire. J'aimerais
souligner un point et poser quelques questions aux gens de l'Hydro ainsi qu'au
ministre concernant le financement de l'Hydro-Québec. Il paraît
clairement que le problème majeur de PHydro-Québec c'est la
question du financement et le coût de son financement.
Si on regarde les graphiques, si on regarde les taux, la croissance des
coûts dans ce domaine, on se rend compte que c'est le facteur
numéro un qui oblige PHydro-Québec à demander une hausse
de ses tarifs. A titre d'exemple je vais me référer au document
"Facteurs des hausses de coûts", document de 1964 à 1972, qui date
d'avril 1973. Si on regarde à la page 6, graphique no 1, il est bien
indiqué que le pourcentage des coûts d'intérêt, en
1964, est de 27.4 p.c. et qu'en 1972 il est passé à 34.8 p.c. Les
coûts d'entretien, d'exploitation, d'administration et autres sont
passés de 32.6 p.c. des recettes annuelles, en 1964, à 34.3 p.c.
en 1972, donc une augmentation inférieure à 2 p.c.
Il en est de même pour les autres points dont plusieurs
connaissent une diminution. En ce qui a trait à l'augmentation des taux
d'intérêt, l'augmentation du coût de l'argent, il s'agit
d'une augmentation de 7.4 p.c. entre 1964 et 1972. Si l'on prend la même
augmentation et qu'on la reporte sur le même nombre d'années, nous
arrivons à 42.2 p.c. des coûts d'intérêt en 1980.
J'aimerais savoir du ministre, en premier lieu, si on étudie
présentement, au niveau du ministère des Richesses naturelles,
avec les gens de l'Hydro-Québec et avec le ministère des
Finances, des possibilités de changement dans le financement de
PHydro-Québec, si l'on étudie de nouvelles formules pour viser
à réduire le coût de l'exploitation et les coûts
d'intérêt. Nous sommes inquiets sur ce plan.
L'Hydro-Québec, dans son rapport annuel de 1972, dit que sur les
$3,083,022,000 d'emprunt, il y en a effectivement $1,617,000,000 environ qui
proviennent des Etats-Unis et qui nécessitent des
déboursés, des sorties de capitaux du Québec de l'ordre de
plus de $112 millions par année, si je prends un taux moyen
d'intérêt de 7 p.c.
Est-ce qu'à l'Hydro-Québec on s'est penché sur ces
problèmes? Est-ce qu'on cherche une formule, à l'heure actuelle,
est-ce qu'on tente d'étudier d'autres moyens, ou si on s'est
limité tout simplement à maintenir le statu quo selon la ligne de
financement actuel? J'aimerais savoir de l'honorable ministre s'il y a quelque
chose de fait dans ce domaine, oui ou non; s'il y a quelque chose de fait,
qu'est-ce qu'on est en train de faire?
M. MASSE (Arthabaska): Pour toute la partie du financement de
l'Hydro-Québec, comme pour le gouvernement, les relations se font entre
l'Hydro-Québec et le ministère des Finances.
M. ROY (Beauce): Si je comprends bien, cela veut dire que le ministre
des Richesses naturelles lui-même n'est pas consulté, ne fait pas
partie des discussions.
M. MASSE (Arthabaska): Evidemment, les questions précises de
financement relèvent du ministère des Finances. Pour toute
incidence qu'il pourrait y avoir sur nos juridictions, au ministère des
Richesses naturelles, il y a évidemment des consultations. Je suis
également convaincu que l'Hydro-Québec pourra répondre
à la partie technique de cette question et qu'elle-même recherche
tous les moyens possibles de réduire ces coûts de financement et
ces coûts d'intérêt. J'aimerais bien que M. Lemieux donne
son point de vue sur cela. D'ailleurs, hier, il a eu l'occasion d'en parler
longuement.
M. ROY (Beauce): Avant d'interroger les représentants de
l'Hydro-Québec, je pense que PHydro-Québec, selon les
informations que nous avons, dépend et rend compte de son administration
au ministre des Richesses naturelles.
M. MASSE (Arthabaska): Bien oui, évidemment, les questions de
financement relèvent du ministère.
M. ROY (Beauce): Voici...
M. MASSE (Arthabaska): Un instant! Je voudrais faire une
précision. C'est que les questions de finance, au gouvernement, sont
confiées au ministère qui en a la juridiction. Quand il est
question de la main-d'oeuvre, je ne suis pas responsable de la convention, de
la consultation ou de l'arbitrage dans tout conflit
entre l'Hydro-Québec et ses employés, comme je ne suis pas
responsable du financement, non plus, ni de tous les problèmes des
structures d'emprunts, des marchés financiers qui relèvent du
ministère des Finances.
Evidemment, je suis responsable devant l'Assemblée nationale de
l'Hydro-Québec qui a une certaine autonomie dans ce domaine. Mais je ne
suis pas un ministre polyvalent. Le gouvernement, ce n'est pas le
ministère des Richesses naturelles.
M. ROY (Beauce): Mais, est-ce que, comme ministre des Richesses
naturelles, vous vous êtes intéressé à cette
question? Est-ce que vous vous êtes penché sur cette question?
Est-ce que cette question vous a préoccupé au point, à un
moment donné, de rencontrer le ministre des Finances ou encore de
rencontrer les dirigeants de l'Hydro-Québec? Je ne voudrais pas accuser
les gens de l'Hydro-Québec, ce matin. Ils sont limités par la
réglementation et la législation du gouvernement. Pour ce qui a
trait à la législation et à la réglementation
concernant l'Hydro, à ce que je sache, c'est le ministre des Richesses
naturelles qui est responsable au gouvernement et devant la Chambre.
Alors, sur ce point du financement de l'Hydro-Québec, est-ce que
vous vous êtes intéressé, en tant que ministre des
Richesses naturelles, à ces choses? Est-ce que vous avez
déjà entrepris des pourparlers avec le ministre des Finances sur
cette question, oui ou non?
M. MASSE (Arthabaska): Evidemment, je suis intéressé par
tout ce qui concerne l'Hydro-Québec. J'ai l'occasion, à maintes
reprises et assez régulièrement, de discuter avec le ministre des
Finances des questions de financement, mais c'est le ministre des Finances qui
fait le joint avec l'Hydro-Québec pour ces questions. Cela se fait
directement avec le ministre et le ministère des Finances. Je dois dire,
autant comme vous, que ces augmentations des taux d'intérêt nous
préoccupent également, mais il n'y a pas de solution magique
à cela, non plus.
M. ROY (Beauce): Non, je ne parle pas de solution magique. Si vous
voulez parler de magie, on va parler de magiciens. Quand on parle de magie, il
y a des magiciens quelque part. Je ne parlerai pas de ces choses-là et,
si le ministre veut entrer sur ce terrain, on pourra peut-être y revenir
cet après-midi. Mais je ne voudrais pas retarder les gens de
l'Hydro-Québec, parce que j'aurai l'occasion de revenir à
l'Assemblée nationale sur ce sujet. Je ne voudrais pas faire perdre le
temps des gens de l'Hydro-Québec sur ce plan.
Ce que je voudrais savoir de l'honorable ministre des Richesses
naturelles, c'est si, effectivement, il en avait, je ne dis pas discuté
au conseil des ministres, comme on peut discuter autour d'une table dans une
salle à manger dans un restaurant, mais s'il avait eu des rencontres
spécifiques, avec des propositions précises, des suggestions
précises. J'ai encore à la mémoire le fait qu'on devait
discuter, à la commission parlementaire des richesses naturelles, du
financement de la baie James. Cela avait été clairement
établi lorsqu'on avait établi l'ordre du jour des
réunions.
Lorsqu'il s'est agi de toucher au grand problème du financement
de la baie James, on se rappellera et je me le rappelle que la
commission parlementaire des richesses naturelles a été
ajournée sine die. On ne nous a jamais permis, aux membres de la
commission parlementaire ni aux autres députés, de discuter de
cette question de financement.
C'est la raison pour laquelle je demande encore aujourd'hui au ministre
des Richesses naturelles parce qu'il se le rappelle très bien, il
n'en a pas été question parce que la commission parlementaire a
été ajournée sine die si au ministère des
Richesses naturelles, on ne faisait que regarder la question de très
loin ou si en venait justement à considérer qu'il y a lieu...
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre! Etant donné qu'il est
déjà midi et cinq minutes...
M. ROY (Beauce): Je terminerai ma phrase cet après-midi.
LE PRESIDENT (M. Brisson):... la commission suspend ses travaux
jusqu'à quatre heures, après la période des questions.
(Suspension de la séance à 11 h 59 )
Reprise de la séance 16 h 7
M. LEDUC (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
Je crois qu'à l'ajournement de la séance ce matin,
c'était le député de Beauce qui avait la parole.
M. JORON: M. le Président, si vous permettez, en m'excusant
auprès du député de Beauce, préalablement, ce
matin, nous avions demandé des documents au ministre des Richesses
naturelles et il devait nous faire part, au début de cette
séance, si ces documents pouvaient être déposés.
M. MASSE (Arthabaska): C'était le rapport du comité
formé pour examiner les budgets d'investissement de
1'Hydro-Québec. Ce document que j'ai examiné à midi touche
uniquement les budgets d'immobilisation pour définir les emprunts que
l'Hydro-Québec avait à faire au cours de 1972 et des autres
années. C'est un document daté de juillet 1972. Les estimations
contenues dans ce document étaient moins précises que les
chiffres que nous avons devant la commission. Compte tenu que ce document
touchait à la possibilité d'une augmentation de tarifs mais
uniquement pour tenir compte des emprunts nécessaires,
c'est-à-dire les emprunts nécessaires sans ou avec augmentation
de tarifs, il n'était pas question d'augmentation des tarifs d'une
façon précise. De plus, étant donné que ces
chiffres, à ce moment-là, dataient du printemps 1972 et
étaient des estimations et que nous avons maintenant les chiffres plus
précis, je ne pense pas qu'il soit d'intérêt public de
déposer ce document du fait qu'il ne faudrait pas embrouiller l'esprit
de la population dans des situations imprécises ou qui ne concorderaient
pas avec les documents que nous a distribués l'Hydro-Québec.
M. JORON: M. le Président, à ce sujet-là, je
comprends facilement que si c'étaient des documents du début de
1972, cela contenait des estimations. Maintenant, on a les chiffres
réels de l'année 1972, et justement, ce qu'il est important de
savoir, c'est l'écart entre les estimations faites, à ce
moment-là, en 1972, et ce qui est effectivement arrivé.
De cette façon on pourrait avoir maintenant une meilleure
idée de la valeur des estimations de 1973, qui servent de base, en
partie, à la demande de hausse de tarifs d'électricité de
l'Hydro-Québec, en voyant l'expérience du décalage, s'il y
en a eu un, entre les estimations et les résultats réels de
1972.
M. MASSE (Arthabaska): Comme je vous le disais tantôt, cela n'a
aucune relation avec les discussions qu'on a aujourd'hui. Personnellement,
après avoir examiné ce document de trois ou quatre pages, qui ne
traite aucunement des augmentations de tarifs que nous avons à discuter
ici cet après-midi, je ne crois absolument pas qu'il soit
d'intérêt public de rendre public ce document.
Mémoire sur la hausse des tarifs
M. JORON: Est-ce que le ministre pourrait répondre à cette
question? Est-ce qu'il se rappelle que, l'hiver dernier, le Soleil de
Québec publiait en première page une photocopie d'un document qui
s'intitulait: "Mémoire sur la hausse des tarifs présenté
par la Commission hydro-électrique du Québec au ministre des
Richesses naturelles, l'honorable Gilles Massé". Il portait la date du
26 janvier 1972. Vous rappelez-vous ça?
M. MASSE (Arthabaska): Oui.
M. JORON: On ne l'a pas inventé, alors, ça existait, une
demande de hausse de tarifs en 1972 avec pièces justificatives. Cela
vous a été adressé.
M. MASSE (Arthabaska): Absolument pas. D'ailleurs, j'ai eu à
répondre à peu près à ce moment-là que
jamais ce document ne m'était parvenu.
M. JORON: II vous était adressé, mais il ne vous est pas
parvenu, c'est curieux.
M. MASSE (Arthabaska): Je n'ai jamais eu ce document entre les mains, je
n'ai jamais pris connaissance de ce document dont il est fait mention. Cela a
été un document qui m'a semblé interne à
l'Hydro-Québec. Point.
M. JORON: C'était peut-être un projet de mémoire. Il
est possible, comme vous l'avez dit, qu'officiellement, une demande de hausse
de tarifs n'ait pas été présentée formellement
comme telle. Justement, si elle a été refusée après
l'étude de ce projet de mémoire, il était inutile,
à ce moment-là, de poursuivre et de faire une demande formelle.
Mais s'il y a eu un document interne qui a circulé, qui s'appelait:
"Mémoire sur la hausse des tarifs présenté, etc.",
à vous, le 9 janvier 1972, il apparaît un peu curieux que le
ministre responsable n'ait pas été mis au courant.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je ne voudrais pas interrompre le
député de Gouin mais M. Giroux aurait une remarque à
faire.
M. GIROUX: Je voudrais éclairer la commission sur cette demande.
Il était dans les us et coutumes de l'Hydro-Québec que tous les
documents de travail étaient préparés au complet par les
comités qui étudient continuellement les hausses de tarifs.
On préparait même, en 71/72, l'arrêté en
conseil qui devait l'accompagner. Ce document
n'est jamais venu à la Commission hydroélectrique. C'est
un document de travail que quelqu'un aurait glissé à un
journaliste. Vous en avez, de ces documents, 35, 40, 50 autres à
l'Hydro-Québec. Je crois qu'on a posé le geste de donner cette
chose dans le temps. On a donné des réponses. C'est un document
qui a été photocopié. On en a plusieurs autres semblables.
Mais, avant que les documents viennent définitivement à la
commission, ils sont tous revisés, travaillés. Le document n'est
jamais sorti de l'Hydro-Québec. C'est un document de travail.
Aujourd'hui, par mesure de précaution, à cause de ces incidents
avec Xerox, on écrit: document préliminaire, projet, et autres
choses semblables.
Autrefois, vous pouvez en croire les membres de la commission, tous les
documents sur lesquels le service des tarifs travaillait, devenaient des
documents officiels. C'est une chose malheureuse qui a été faite.
C'était la coutume. C'est à ce moment qu'on a donné
instruction au service qu'à l'avenir il ne faudrait pas inclure les
trois ou quatre premières pages de préambule qui étaient
la présentation au ministre Massé. Je m'excuse, M. le ministre,
si malheureusement une telle chose a paru dans les journaux,
indépendamment de notre volonté. Je vous assure que vous n'avez
reçu ni la requête, ni cette copie, ni les 35 autres copies.
M. JORON: M. le Président, est-ce que je peux demander au
ministre s'il est en mesure d'affirmer que les fonctionnaires de son
ministère ou du comité dont on parle depuis ce matin, n'ont
jamais travaillé avec un tel document?
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'invoque le règlement.
J'avais la parole avant le diner et le député de Gouin,
très habilement, m'a dit tout à l'heure, question de
privilège, question particulière, à savoir que le ministre
devait déposer les documents. Je crois comprendre que le ministre a dit
qu'il ne déposait pas de document. On est en train de discuter sur des
questions de document. Je n'ai aucune objection à ce que ces questions
soient discutées à la commission parlementaire. Au contraire.
Mais j'ai attendu mon tour fort longtemps ce matin pour pouvoir intervenir dans
les débats sur un sujet particulier et important puisqu'il prend une
grande partie du budget de l'Hydro-Québec.
J'ai voulu parler du financement de l'Hydro-Québec,
c'est-à-dire ce qu'il en coûte au chapitre des
intérêts.
Si on me le permet, M. le Président, j'aimerais continuer
l'intervention que j'avais amorcée dans la matinée. L'heure de
l'ajournement m'a forcé à l'interrompre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors disons...
M. JORON: Est-ce que le ministre pourrait répondre à la
dernière question que je lui ai posée?
M. LEDUC: Posez-la à votre tour.
M. JORON: Ecoutez, vous n'étiez pas là ce matin, M. le
député de Taillon. On avait convenu que le ministre
répondrait et s'il disait qu'il ne pouvait pas déposer les
documents, il dirait pourquoi. C'est ce que l'on essaie d'éclair-cir en
ce moment.
M. LEDUC: Il a eu toutes ses réponses.
M. JORON: Ce n'est pas compliqué. Pou-vez-vous affirmer que les
fonctionnaires de votre ministère n'ont jamais travaillé sur de
tels documents?
M. MASSE (Arthabaska): Seulement un mot. Le député de
Gouin a quand même demandé ces documents avant que le
député de Beauce n'arrive, ce matin. Alors, il était
entendu que j'examinerais cela.
M. ROY (Beauce): II ne les a pas demandés avant que je n'arrive,
parce que je suis arrivé à l'ouverture des travaux de la
commission ce matin.
M. MASSE (Arthabaska): Je m'excuse, avant que vous ne preniez la parole.
C'est tout simplement pour répondre à cette dernière
question, à savoir avant que l'on soumette au cabinet des ministres la
réglementation augmentant les tarifs, le comité que l'on avait
créé pour examiner le programme d'investissement de
l'Hydro-Québec, en cours de route, a eu à examiner
également des augmentations de tarifs de l'Hydro-Québec.
M. JORON: Ils ont donc possiblement travaillé sur de tels
documents?
M. MASSE (Arthabaska): Oui. Sans que cela devienne des documents
officiels ou que je sois saisi d'une demande.
M. JORON: D'accord. C'est compréhensif. Je comprends cela.
Lesquels documents vous ne pouvez pas déposer, pas plus que l'avis du
comité qui a vu ces documents.
M. MASSE: C'est-à-dire que les documents que vous avez
demandés n'ont aucun rapport...
M. JORON: C'est l'avis qui découle de l'étude de ces
documents. L'avis du comité en 1972, vous ne pouvez pas le
déposer.
M. MASSE (Arthabaska): Absolument pas. C'est uniquement un rapport
à la suite d'un travail où on avait créé ce
comité pour la première fois afin de travailler avec les gens de
l'Hydro-Québec à un programme d'investissement. On s'est rendu
compte que travailler à un
programme d'investissement d'un an ce n'était pas suffisant et
que, par la suite, on demandait à l'Hydro-Québec de nous fournir
un programme d'investissement; elle a d'ailleurs accepté de travailler
avec le comité à un programme de cinq ans. Point final.
M. JORON: Un programme d'investissement, forcément, tient compte
des besoins de revenu et tout cela. Vous l'avez dit vous-même tout
à l'heure. D'ailleurs le rapport du même comité cette
année en fait état. Il dit: II faut se rappeler que
déjà au mois de janvier 1972, l'Hydro-Québec faisait part
aux fonctionnaires du ministère et ainsi de suite de ses besoins
additionnels de revenus.
Si l'Hydro-Québec a fait part de ses besoins, elle a dit pourquoi
elle en avait besoin et quelle en était la nature. C'est implicite.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Messieurs, il est déjà 4 h 20
et le ministre a déclaré qu'il ne déposait pas ce
document. Considérons l'incident clos. Avant de continuer, je voudrais
annoncer que M. Leduc, député de Taillon, remplace M. Arsenault
et que M. Bossé, député de Dorion, remplace M.
Larivière. Ce matin, j'ai annoncé que M. Joron,
député de Gouin, remplaçait M. Lessard; M. Gallienne
remplace M. Théberge.
Je donne la parole à l'honorable député de
Beauce.
M.TETRAULT: J'aurais une question, avant, concernant le document. Le
premier ministre nous avait dit, lorsqu'il était venu à la
commission, qu'il y avait possibilité qu'il dépose la lettre
qu'il a fait parvenir à l'Hydro-Québec. Est-ce qu'on pourrait
avoir ce document?
M. MASSE (Arthabaska): Je pense que le premier ministre doit revenir
à la commission tout à l'heure. Je suis à peu près
certain qu'il va autoriser la photocopie de cette lettre. D'ailleurs, il
l'avait offert.
M. SAMSON: Question de règlement, M. le Président. Est-ce
qu'il serait permis qu'on s'entende immédiatement pour poser cette
question au premier ministre dès son arrivée, compte tenu de la
discussion en cours?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Si la commission est d'accord, je n'ai aucune
objection.
M. ROY (Beauce): Nous sommes d'accord.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce que les autres membres de la
commission sont d'accord?
UNE VOIX: Ils ont tous dit oui.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): Je disais donc, M. le Président, que parmi les
facteurs qui incitent les dirigeants de l'Hydro-Québec à se
présenter devant le gouvernement pour demander des hausses de tarifs...
si on se base sur le tableau qu'ils ont eux-mêmes préparé
et dont ils nous ont présenté des copies, il est indiqué
très clairement qu'au chapitre des intérêts, il y a eu
progression, à partir de 1964 jusqu'en 1972, de 27.4 p.c. à 34.8
p.c. Donc, une augmentation de 7.4 p.c.
M. le Président, ce matin, j'ai fait un parallèle en
gardant le même chiffre, en projetant sur un nombre d'années
à venir ce même pourcentage d'augmentation pour en arriver
à savoir qu'en 1980, si le pourcentage était maintenu, cela
coûterait 42.2 p.c. du budget annuel de l'Hydro-Québec seulement
pour payer les intérêts sur la dette à moyen et à
long termes. Dans ce rapport, il est fait également mention des frais
d'exploitation et d'administration qui sont partis de 32.6 p.c. pour atteindre
le chiffre de 34.3 p.c. Donc, très peu de variation.
Il en est de même pour les autres parties du budget de
l'Hydro-Québec. J'avais demandé à l'honorable ministre des
Richesses naturelles, si des représentants de son ministère, et
lui, en tant que ministre, avaient rencontré le ministre des Finances
à ce sujet particulier du financement de l'Hydro-Québec et, par
voie de conséquence, également, au sujet du financement du projet
hydro-électrique de la baie James, et s'il avait été
question de ces faits et si on étudiait, de concert avec les
représentants de l'Hydro-Québec, la possibilité de trouver
d'autres formes de financement, d'autres moyens de financement, à
l'Hydro-Québec, pour en venir à faire cesser cette croissance
disproportionnée je dis bien disproportionnée des
coûts d'intérêt par rapport aux autres coûts
d'exploitation. Le ministre m'a répondu ce matin qu'il en avait
été question vaguement à l'occasion de petites discussions
amicales, je présume, mais qu'il n'y avait pas eu de discussions
sérieuses et qu'il n'y avait pas d'étude en préparation
à ce sujet. Est-ce exact qu'il n'y a pas d'étude en
préparation?
Etant donné que cela relève du ministre des Finances,
comme le ministre des Richesses naturelles nous l'a dit, serait-il possible de
demander au ministre des Finances de venir ici à la commission
parlementaire cet après-midi? Nous aurions des...
M. MASSE (Arthabaska): Ecoutez...
M. ROY (Beauce): ... questions à poser sur la question du
financement de l'Hydro-Québec.
M. MASSE (Arthabaska): ... nous avons des experts financiers de
l'Hydro-Québec ici qui peuvent très bien répondre.
D'ailleurs, ils ont répondu également hier à une
série de questions sur ces problèmes. Ils nous ont même
énuméré les augmentations de coûts. Ils nous ont
même
donné des raisons. Je ne vois pas pourquoi le ministre des
Finances viendrait répondre à la place des gens de
l'Hydro-Québec.
M. ROY (Beauce): M. le Président, l'honorable ministre des
Richesses naturelles a déclaré en matinée que
l'Hydro-Québec dépend de lui. D'accord?
M. MASSE (Arthabaska): Je suis responsable de l'Hydro-Québec
devant l'Assemblée nationale.
M. ROY (Beauce): Bon. Vous avez dit que la question financière
relevait du ministre des Finances. D'accord?
M. MASSE (Arthabaska): C'est exact.
M. ROY (Beauce): Bon. Les questions des emprunts et les questions du
financement de l'Hydro-Québec. A partir de cela, ce ne sont pas les
employés de l'Hydro-Québec que nous devrons interroger à
ce sujet...
M. MASSE (Arthabaska): C'est qui?
M. ROY (Beauce): ... parce qu'ils ont à administrer le
portefeuille de l'Hydro-Québec compte tenu de la législation et
de la réglementation que le gouvernement lui impose.
M. MASSE (Arthabaska): Le taux d'intérêt...
M. ROY (Beaauce): Et étant donné qu'au ministère
des Finances, il y a des dispositions particulières et que le ministre
des Finances est le premier responsable de la gestion du portefeuille et des
fonds de la province à ce sujet, nous demandons, puisqu'il s'agit
actuellement de 34.8 p.c. du budget de l'Hydro-Québec qui est
affecté par le coût des intérêts, s'il n'y aurait pas
possibilité pour le ministre des Finances de se présenter devant
la commission parlementaire des richesses naturelles, afin que nous puissions
l'interroger sur les possibilités ou encore étudier certaines
suggestions pour qu'ensemble nous puissions faire des recommandations.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président...
M. ROY (Beauce): ... et tâcher d'en venir à trouver des
formules pour faire baisser le coût des intérêts au niveau
de l'Hydro-Québec.
M. MASSE (Arthabaska) : Oui. Mais, M. le Prédent, on a des
experts de l'Hydro-Québec pour répondre à ces questions.
On a l'étude des crédits qui s'en vient, concernant les
problèmes financiers de la province. Ce n'est pas l'endroit, ici,
à mon avis, pour soulever ce genre de questions.
M. ROY (Beauce): Non, un instant. Est-ce que nous sommes ici pour
discuter une demande de hausse de tarifs de la part de l'Hydro-Québec
qui s'adresse à la commission parlementaire, pour que la commission
parlementaire et les députés... pour interroger le gouvernement
aussi...
M. MASSE (Arthabaska): Ils sont ici pour vous répondre.
M. ROY (Beauce): ... parce que nous avons essayé d'interroger le
gouvernement, tout à l'heure. Le député de Rouyn-Noranda a
essayé d'interroger le gouvernement, tout à l'heure, sur ce
sujet. Vous vous rappellerez, M. le ministre, ce que le président de
l'Assemblée nationale a alors déclaré. Il a dit: La
commission des richesses naturelles siège et, à ce
moment-là, il sera possible à chacun des membres de la
commission, à toutes les personnes faisant partie de la commission et
aux députés de l'Assemblée nationale, d'interroger les
représentants de l'Hydro-Québec et le gouvernement.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président...
M. ROY (Beauce): M. le Président, les questions que je pose ne
s'adressent pas à l'Hydro-Québec, parce que je peux quand
même faire une distinction, à savoir vers qui diriger mes
questions. Mais, ce sont des questions que je dirige vers le gouvernement.
M. PERREAULT: C'est l'Hydro-Québec qui...
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je ne veux pas souligner
que le député de Beauce n'était pas ici, hier, mais c'est
parce qu'il y avait eu beaucoup...
M. ROY (Beauce): J'ai siégé, hier soir.
M. MASSE (Arthabaska): ... de questions importantes dans le cours de la
journée. Les points soulevés tout à l'heure ont
été discutés hier à l'assemblée de la
commission parlementaire.
M. TETRAULT: M. le Président, j'aimerais souligner au ministre
des Richesses naturelles que, lorsqu'on a entendu des experts de
l'Hydro-Québec faire la lecture de leur mémoire, on avait
même une motion d'ajournement possible pour quatre heures, aujourd'hui,
pour étudier les documents. On a fait même une motion pour la
reporter à demain matin, dix heures, jeudi. Cette motion a
été défaite par vous, M. le ministre. De plus, les points,
sur lesquels on était prêt à discuter n'ont jamais
été soulevés.
M. ROY (Beauce): D'ailleurs, le président de
l'Hydro-Québec nous a très bien répondu que, si le
gouvernement avait d'autres moyens à offrir, il n'avait aucune
objection. Les paroles de M.
Giroux sont même inscrites au journal des Débats,
puisqu'il, a répondu hier soir. Alors, comme l'Hydro-Québec
serait prête à étudier d'autres formules, d'autres
possibilités...
C'est à la suite de la réponse de M. Giroux d'hier que
j'adressais ma question à l'honorable ministre des Richesses naturelles,
si le ministre des Richesses naturelles est vraiment un ministre
responsable.
M. MASSE (Arthabaska): Est-ce que vous avez des suggestions pour baisser
les taux d'intérêt?
M. ROY (Beauce): Oui, j'aurais des suggestions. J'aurais quelques
suggestions à faire.
M. MASSE (Arthabaska): La Banque du Canada, dites-le tout de suite.
Motion pour convoquer le ministre des Finances
M. SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement. Nous
sommes quand même des députés élus, nous avons des
mandats à remplir et nous savons tous qu'un des privilèges des
députés, c'est de pouvoir demander à la commission
d'entendre les gens que nous aimerions entendre pour les raisons que
l'honorable député de Beauce vient de mentionner. Je
conçois que l'honorable ministre des Richesses naturelles ne veuille
pas, lui, que nous entendions le ministre des Finances. Je conçois aussi
qu'il est peut-être à son avantage, dans les circonstances, de
nous référer aux représentants de l'Hydro-Québec.
Nous n'avons rien contre les représentants de l'Hydro-Québec qui
sont là, nous avons sûrement de très bonnes questions
à leur poser, nous les poserons en temps et lieu. Mais pour le moment,
ce n'est pas à eux que nous voulons poser des questions, c'est au
ministre des Finances, comme vient de le dire le député de
Beauce. M. le Président, je demande encore une fois, au nom de notre
parti, au ministre des Richesses naturelles de nous accorder la présence
du ministre des Finances. Je le demande au ministre des Richesses naturelles
parce qu'au point de vue pratique, en commission parlementaire, si le ministre
n'accepte pas, cela ne donne pas grand-chose de faire des motions parce que
lé gouvernement est toujours majoritaire. Alors, nous sommes
obligés de demander la bonne compréhension du ministre à
ce moment-ci. J'espère que le ministre est capable de bonne
compréhension. On vous demande encore une fois d'accepter que le
ministre des Finances vienne ici puisqu'il est question de financement. Cela ne
regarde pas nécessairement les employés de l'Hydro-Québec.
Cela regarde la population, parce que c'est drôlement quelque chose qui
regarde la population quand on discute d'un financement qui peut affecter
l'administration de l'Hydro-Québec à un tel point qu'elle soit
obligée de nous demander de demander au gouvernement du Québec
d'accepter ou d'autoriser une hausse de tarifs. Cela regarde la population
drôlement. Quand cela regarde la population et quand le financement peut
affecter cela, nous sommes drôlement justifiés de demander que le
ministre des Finances, qui est responsable du financement du Québec,
soit là.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Pour répondre à l'honorable
député de Rouyn-Noranda, je pense que la commission des richesses
naturelles a été réunie afin de savoir, comme il le disait
tout à l'heure, quelles sont les bases et sur quoi s'est appuyéee
la Commission de l'Hydro-Québec pour l'augmentation des taux.
M. SAMSON: M. le Président, je m'excuse, mais la commission n'est
pas réunie pour un but spécifique. Nous sommes à
l'étude des crédits.
M. PERREAULT: Non. Il n'y a pas de crédits ici.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Non. Nous ne sommes pas à
l'étude des crédits justement. Alors, votre question devrait se
rapporter...
M. SAMSON: Dans ce cas-là, l'honorable premier ministre, dans sa
réponse...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Voulez-vous me laisser finir, s'il vous
plaît? Si l'honorable député veut nie laisser finir...
M. SAMSON: Si vous permettez, je vais continuer et vous finirez
après.
LE PRESIDENT (M. Brisson): J'avais commencé...
M.SAMSON: Quand l'honorable premier ministre m'a donné la
réponse tantôt, il m'a dit: Allez aux crédits et vous allez
pouvoir poser toutes les questions.
M. PERREAULT: Dans un mois.
M. SAMSON: J'ai peut-être mal compris le premier ministre ou il
s'est peut-être mal exprimé, comme d'habitude...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je pense que c'est une question...
M. SAMSON: ... de toute façon, M. le Président, je
conviens que nous sommes ici pour cette raison. Si vous voulez qu'on parle de
cette raison-là, nous allons en parler. Nous, nous demandons, et c'est
notre droit, que le ministre des Finances soit ici.
M. PERREAULT: II n'a pas d'affaire ici.
M. SAMSON: C'est votre droit de le refuser, mais vous en subirez
l'odieux.
M. MASSE (Arthabaska): Ce n'est pas une question de refuser ou
d'accepter. Ici, nous avons les gens de l'Hydro-Québec pour donner leur
point de vue concernant les augmentations de tarifs. D'autre part, le
député de Beauce parle de relations entre l'Hydro-Québec
et le ministère des Finances en ce qui concerne tout le programme
d'emprunt, le financement.
Dans ces termes, il faut s'adresser, à mon avis, à
l'étude des crédits du ministère des Finances. C'est
uniquement la raison.
M. SAMSON: M. le Président, si ce que le ministre vient de dire
est vrai, qu'il faut se référer à l'étude des
crédits du ministère des Finances pour discuter cette question,
je suggère donc que le ministre demande lui-même l'ajournement de
la séance et qu'on attende la séance, qui sera
présidée par un autre président ou peut-être
même par vous, mais qui nous permettra de discuter des crédits du
ministère des Finances. Si c'est vrai, ce que le ministre vient de dire,
qu'est-ce qu'on fait ici?
M. MASSE (Arthabaska): C'est la politique que le député de
Beauce veut connaître des relations ministère des
Finances-Hydro-Québec. On vous dit que les gens de l'Hydro-Québec
sont ici pour répondre à toutes vos questions concernant
l'augmentation des taux d'intérêt, l'augmentation de
l'administration, des frais d'exploitation, des frais d'entretien, etc. Il
n'est pas question de bâillonner qui que ce soit. C'est seulement de la
compréhension.
M. SAMSON: Je regrette, M. le Président. Je comprends que
l'honorable ministre veuille s'en sortir. Je comprends ça. Mais on veut
entendre le ministre des Finances avant de poursuivre le débat plus
loin. C'est notre droit, je pense.
M. ROY (Beauce): Le député de Rouyn-Noranda a tellement
raison que, lorsque des administrateurs d'une entreprise se présentent
devant le grand conseil d'administration avec un budget, avec un bilan ou
encore avec des recommandations, il est normal que le conseil d'administration
examine le bilan, examine pour voir s'il n'y a pas possibilité
d'orienter, de faire tel ou tel travail, de prendre telle ou telle
décision, d'examiner la possibilité de réduire les
coûts dans un domaine particulier, de faire les recommandations qui
s'imposent. Or, M. le Président, si l'Hydro-Québec se
présente devant la commission parlementaire ou s'est
présentée devant le gouvernement dans le mois de janvier, et si
vous avez adopté un arrêté en conseil au mois de
février sans consulter la commission parlementaire, sans consulter
l'Assemblée nationale, c'est clair que vous ne nous avez pas
consultés. Vous avez pris une décision. Aujourd'hui, nous sommes
convoqués pour examiner la question. Les gens de l'Hydro-Québec
sont devant une alternative. Autrement dit, il y a deux volets: ou il y a une
augmentation des tarifs ou, selon les circonstances actuelles dans lesquelles
ils sont obligés d'administrer, ils vont avoir une administration
déficitaire. Or, si les membres de la commission parlementaire et le
gouvernement, qui est quand même responsable auprès de la
population, découvre des moyens qui, permettraient de réduire le
coût de l'administration de l'Hydro-Québec, de faire en sorte que,
par cette découverte, par cette possibilité, par cette
résolution, par cette nouvelle forme d'administration, il n'y a pas lieu
d'augmenter les coûts d'électricité. C'est justement
là le point sur lequel nous nous sommes penchés, M. le
Président. C'est ce point que je veux souligner à l'attention de
l'honorable ministre. S'il y a possibilité de diminuer les coûts
d'intérêt de façon que l'administration de
l'Hydro-Québec puisse se maintenir à un certain niveau, de
façon qu'elle ne soit pas obligée d'augmenter ses tarifs
d'électricité, je pense que la commission parlementaire aura
vraiment joué son rôle, la commission parlementaire aura rendu
service à la population du Québec et les gens de
l'Hydro-Québec en sortiraient heureux. Parce que je suis convaincu d'une
chose. Ce n'est pas de gaieté de coeur qu'ils se sont
présentés devant le gouvernement et devant la commission
parlementaire pour demander une hausse des tarifs. Ce n'est pas de
gaieté de coeur qu'ils l'ont fait. Ils l'ont fait parce qu'ils y sont
obligés dans les circonstances. Il nous appartient de prendre nos
responsabilités.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Si je comprends bien le député
de Beauce, il veut discuter de tout le principe du financement et des
intérêts.
M. SAMSON: C'est clair.
M. ROY (Beauce): C'est clair. Vous nous l'avez refusé
l'année dernière. Vous l'avez refusé à une
commission parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La place pour discuter cela, c'est lorsque
nous étudierons les crédits du ministère des Finances.
M. ROY (Beauce): J'aurais une question à vous poser. Est-ce que
vous accepteriez que la commission suspende...
LE PRESIDENT (M. Brisson); Aujourd'hui, les gens de
l'Hydro-Québec sont devant nous pour nous donner des explications sur
leur méthode de financement, sur l'endroit où Us vont emprunter
de l'argent et sur la façon dont ils s'administrent. C'est ce que M.
Lemieux a fait hier et, s'ils ont quelque chose à ajouter sur la
méthode de financement, sur le taux d'intérêt ou sur les
moyens qu'ils ont trouvés pour avoir un meilleur coût, je suis
d'accord. Cela regarde l'Hydro-Québec et la commission. Mais si on
arrive et si on met en principe toute l'histoire des intérêts ou
de k Banque du Canada, si on veut aller jusque là...
M. ROY (Beauce): Mais pour parler de la Banque du Canada, c'est vous qui
vous chargez d'en parler!
LE PRESIDENT (M. Brisson): C'est une parenthèse que je fais.
M. ROY (Beauce): Mais vous tirez des conclusions.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A ce moment-là, c'est aux
crédits du ministère des Finances qu'il faudrait en discuter. Je
pense qu'en voulant discuter et mettre en branle tout le roulement du
système de financement, du système monétaire...
M. ROY (Beauce): J'invoque le règlement. Le président n'a
pas le droit, en tant que président, de nous prêter des intentions
ou encore de faire des déclarations en notre nom. Nous sommes capables,
je pense, de nous exprimer et de faire nos recommandations nous-mêmes. Ce
sont deux points que je n'ai pas abordés et dont le président n'a
pas fait mention. Le président tire des conclusions et il base sa
décision, les décisions qu'il a l'intention de rendre sur des
suppositions ou des propositions.
LE PRESIDENT (M. Brisson): J'ai dit "si". N'oubliez pas le "si". Le "si"
est important.
UNE VOIX: Je vais l'appuyer tel que c'est proposé.
LE PRESIDENT (M. Brisson): J'ai dit: Si c'est cela qui est l'intention
du député, je n'ai pas dit... Je ne vous pête pas
d'intentions, mais c'est la façon dont j'ai compris cela. C'est pour
cela que j'ai dit "si", si, si. Si c'est une question de principe
monétaire ou quelque chose comme cela, de principe
d'intérêt et ainsi de suite...
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'invoque le règlement
à nouveau. Ce sont des choses que nous sommes capables de dire. Nous
sommes capables de poser nous-mêmes nos questions à l'honorable
ministre des Finances. Mais M. le Président n'a pas le droit...
M. MASSE (Arthabaska): Question de règlement.
M. ROY (Beauce): Je suis sur une question de règlement. Je suis
sur une question de privilège.
M. MASSE (Arthabaska): Un instant. Le président... Est-ce que
vous avez...
M. ROY (Beauce): II n'y a pas de question de règlement dans une
commission.
M. MASSE (Arthabaska): ... rendu une sen- tence, M. le Président,
sur cela? Quelle est la décision du président? Ecoutez, il n'y a
pas un président pour rien.
M. SAMSON: Sur un point de règlement. M. le Président, je
pense que vous connaissez assez votre règlement pour savoir que le
président ne participe pas aux débats.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Il n'y participe pas non plus.
M. SAMSON: Or, en vertu des droits et des privilèges d'un
député, je me pose la question à savoir si
l'interprétation que vous venez de donner n'est pas en quelque sorte une
participation aux débats. C'est pourquoi je voudrais qu'il soit permis
au député de demander... Vous pouvez, vous M. le
Président, ou les gens de l'autre côté de la table, ne pas
partager nos opinions, cela, c'est votre droit mais quand même, je pense
que nous devons demeurer libres de nos opinions. Bien entendu, je sais que
l'honorable ministre des Richesses naturelles ne partage pas toujours nos
opinions. Il aurait avantage à le faire plus souvent.
M. MASSE (Arthabaska): C'est vrai.
M. SAMSON: Mais, malgré tout cela, M. le Président, nous
sommes concernés. Nous, nous considérons qu'une demande
d'augmentation de tarifs veut dire que, si l'on veut la justifier,
l'administration de l'Hydro-Québec a besoin, évidemment,
d'augmentation. Donc, quel est le problème réel? Est-ce que c'est
tout simplement un problème d'administration de surface ou si ce n'est
pas un problème de financement plus sérieux que cela? On a le
droit de se poser ce genre de questions. Comme on a le droit de se poser ce
genre de questions, on a le droit aussi de demander au gouvernement... Je vois
que l'on me fait des signes de regarder vers le président de
l'Hydro-Québec. Je l'aime bien, le président de
l'Hydro-Québec, mais c'est le ministre des Finances que je voudrais
avoir, parce qu'on aurait un genre de questions à poser au ministre des
Finances qui concerne le ministre des Finances, qui concerne le gouvernement du
Québec, qui pourrait venir en aide à l'Hydro-Québec et
qui, probablement, permettrait à l'Hydro-Québec de ne pas
demander ce genre d'augmentation. Puisque, M. le Président, cela fait
plusieurs fois que, de l'autre côté, on me fait des signes en me
montrant qu'il serait peut-être bon d'interroger le président de
l'Hydro-Québec, avec votre permission, je lui demanderais s'il est
déjà arrivé dans l'histoire de l'Hydro-Québec de
faire des emprunts, ou un emprunt, directement de la Banque du Canada. Est-ce
que cela vous est déjà arrivé de le faire?
M. GIROUX: Directement de la Banque du Canada, disons que je ne pourrais
pas vous répondre là-dessus; mais, par l'entremise du
ministère des Finances, nous avons fait un emprunt pour financer
une partie du centre de recherches. Dans notre protocole d'entente avec le
gouvernement fédéral, sur la construction de l'usine
nucléaire, l'une des premières ententes est que le gouvernement
prêtera jusqu'à concurrence de $150,000,000. Je ne sais pas si
cela répond à votre question.
M. SAMSON: Oui, cela répond très bien à ma
question. Vous venez d'entendre, M. le Président, le président de
l'Hydro-Québec qui nous dit qu'il n'a pas fait affaires directement avec
la Banque du Canada. Il a dû le faire par l'entremise du ministre des
Finances. C'est pourquoi, M. le Président, on veut avoir le ministre des
Finances, parce qu'il est obligé de passer par le ministre des Finances.
Vous n'avez pas encore compris cela de l'autre côté. C'est pour
cela que l'on veut l'avoir le ministre des Finances. Et chaque fois que nous
aurons des questions à poser au président de
l'Hydro-Québec, il nous donnera raison. Vous avez vu comment le
président de l'Hydro-Québec est sincère quand il nous
donne ses réponses. C'est avec le ministre des Finances que l'on est
capable de l'aider à régler son problème. C'est pour cela
qu'on le demande. On a raison et je pense que l'honorable député
d'Abitibi-Est qui est notre représentant officiel à la commission
a l'intention de faire une motion pour demander à la commission de
convoquer le ministre des Finances.
M. GIROUX: M. le Président, si vous me permettez simplement une
petite rectification. Je ne parlais pas du ministre des Finances de la province
de Québec, je parlais du ministre fédéral.
M. SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
président de l'Hydro-Québec me prête des intentions. Je
n'ai jamais parlé ni du ministre des Finances de Québec ni du
ministre des Finances fédéral quand j'ai interprété
ses paroles. J'ai compris comme vous que, lorsque l'on parle du ministre des
Finances fédéral, cela présuppose que lorsque les ententes
se font avec le Québec, elles se font avec le ministre des Finances du
Québec. C'est lui le seul interlocuteur. Ce n'est pas le ministre des
Richesses naturelles. C'est pourquoi on continue à demander le ministre
des Finances du Québec et j'ai l'impression que l'honorable
député d'Abitibi-Est voulait faire cette motion si le
président de l'Hydro-Québec n'avait pas fait sa
rectification.
M. GIROUX: C'est une rectification simplement pour mettre la situation
entre les ministres, mais ces emprunts sont garantis par la province de
Québec; alors, le ministre des Finances de la province de Québec
est au courant.
M. TETRAULT: M. le Président, suite à l'intervention de
mes deux éloquents confrères, je fais motion que la commission
parlementaire recommande que le ministre des Finances vienne témoigner
et siège aujourd'hui à la commission parlementaire.
UNE VOIX: Provincial. M. TETRAULT: Provincial.
M. SAMSON: Le nôtre. Celui que l'on est obligé d'endurer
d'habitude. La motion est sur la table.
UNE VOIX: Cela "motionne". M. SAMSON: Et cela émotionne!
M. BOSSE: M. le Président, cette motion n'a pour but que de faire
dévier...
UNE VOIX: Pas d'intention.
M. ROY (Beauce): Etes-vous pour ou contre la motion?
M. BOSSE: Vous permettez que je m'exprime un peu. Depuis tout à
l'heure, vous monopolisez tout le temps de la commission.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Si vous voulez, je vais entendre la
formulation de la motion de l'honorable député d'Abitibi-Est,
afin de bien la lire.
Nous pourrons en discuter et en disposer par la suite.
M. SAMSON: Comme vous voyez, nous n'avons pas besoin de recherchistes
pour nous écrire ce que nous avons à dire, nous savons ce que
nous avons à dire. Nous savons également parler.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député
d'Abitibi-Est fait motion pour que le ministre des Finances soit
immédiatement convoqué devant la commission parlementaire des
richesses naturelles. Est-ce qu'il y a discussion?
M. BOSSE : Certainement. M. le Président, depuis tout à
l'heure que j'essaie de prendre la parole. J'ai l'impression très nette
que, encore une fois, on se trouve devant une motion qui tend à faire
dévier le débat vers cette fameuse question qui est à la
base même de la doctrine créditiste. Une fois de plus, on tente de
nous faire discuter sur le fond de la doctrine créditiste.
Il y a ici un ministre responsable, il y a aussi ici la partie de
l'Hydro-Québec qui est prête à défendre sa position.
Je ne vois pas l'utilité de cette motion. On l'a suffisamment
exposé et vous-même avez exposé qu'à l'occasion de
l'étude des crédits, le ministre des Finances sera
là pour répondre aux questions et ce sera opportun
à ce moment-là.
J'ai l'impression très nette que la motion n'est pas
pertinente.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais dire un mot
sur la motion. J'ai écouté l'argumentation assez
élaborée des représentants du Ralliement
créditiste. Evidemment, il n'y a pas une commission parlementaire qui
soit contre la venue d'un représentant du cabinet au sein de la
commission pour répondre aux questions.
Mail il faut replacer le désir du Ralliement créditiste
pour la venue du ministre des Finances ici dans son véritable contexte.
On peut vouloir discuter avec le ministre des Finances de tout le
problème des finances de la province de Québec, de la
façon de procéder et également de la façon de
procéder de l'Hydro-Québec. C'est nettement un débat qui,
d'après moi, déborderait le cadre précis des travaux de
cette commission.
Cela peut se faire lors de l'étude des crédits du
ministère des Finances. D'autre part, nous avons devant nous
l'Hydro-Québec qui est venue comparaître, comme elle l'a fait
à chaque session, devant la commission ad hoc des richesses naturelles.
Il s'adonne, cette année, qu'on parle de la hausse des tarifs de
l'Hydro-Québec.
Le député de Beauce rattache, comme c'est normal, la
question du coût des intérêts à la hausse des tarifs
parce que le coût des intérêts est un élément
important.
Mais les gens de l'Hydro-Québec, en particulier le
président, c'est de notoriété publique, est depuis
plusieurs années le conseiller spécial du gouvernement en
matière d'emprunts. Il était je ne sais pas s'il l'est
encore de 1966 à 1970 responsable de la coordination de tous les
emprunts du gouvernement, que ce soient les emprunts de l'Hydro-Québec,
à ce moment-là, même s'il n'était pas à
l'Hydro-Québec, les emprunts de la province de Québec, les
emprunts des hôpitaux, des universités, des milieux de
l'enseignement et des commissions scolaires. C'étaient les titres du
président de l'Hydro-Québec, M. Giroux. Il n'a certainement pas
perdu sa compétence, même si on ne lui a pas confié
je l'ignore à ce moment-ci, toutes ces
responsabilités.
Il y a M. Dozois, qui est commissaire de l'Hydro-Québec. Il est
l'ex-ministre des Finances de la province de Québec qui, pendant quatre
ans, s'est occupé des finances. Je pense bien que les gens de
l'Hydro-Québec, dans le cadre de la hausse des tarifs et de la politique
d'emprunt, pourraient facilement répondre aux questions que la
commission pourrait poser de sorte que nous ne perdrions pas de temps à
attendre la venue du ministre des Finances qui est peut-être retenu
à une autre commission parlementaire, je l'ignore.
Pour ma part, cela ne me déplairait pas que le ministre des
Finances soit ici pour assister, du moins, ou pour entendre cet échange
de questions entre les membres de la commission et l'Hydro-Québec, parce
que cela l'intéresse. De toute façon, il sera obligé de
lire cela dans le journal des Débats.
Mais si la présence du ministre des Finances a pour but de faire
dévier le débat sur toute la politique financière de la
province de Québec, la politique d'emprunts, le système
financier, franchement, je suis contre cette façon de procéder
parce qu'on va fausser complètement les objectifs et l'orientation qu'on
doit donner aux travaux de cette commission.
En un mot, je pense que cette commission doit faire un travail, le plus
sérieux possible. On doit toucher les questions qui intéressent
l'Hydro-Québec et s'il s'agit du problème plus vaste du
système financier et de la politique d'emprunts en
général, je pense qu'on va peut-être attendre une autre
circonstance, ou attendre que le ministre des Finances... Si on dit: On veut
l'avoir dans l'immédiat, comme il est dit dans la motion,
immédiatement, et si le ministre des Finances, d'après ses
fonctions, est retenu ailleurs, il n'a peut-être pas eu d'avis
préalable à la séance, alors on va faire perdre le temps
de l'Hydro-Québec cet après-midi, à moins que nous
passions à un autre sujet. Je préférerais que nous
discutions du sujet que le député de Beauce a abordé et
qu'on vide ce sujet.
De toute façon, je ne peux pas me prononcer, parce que je ne
connais pas le sens que veut donner le député d'Abitibi-Est
à sa motion. Je ne sais pas ce qu'il veut discuter avec le ministre des
Finances, mais je suis certain que, si c'est seulement un échange de
questions et de réponses sur la politique d'emprunts de
l'Hydro-Québec, nous avons devant nous des experts qui peuvent nous
apporter toutes les réponses à la politique d'emprunts.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
l'Assomption.
M. PERREAULT: M. le Président, je pense bien qu'il faut
distinguer deux choses. La politique d'emprunts du gouvernement et la politique
d'emprunts de l'Hydro-Québec. L'Hydro-Québec se charge
elle-même de sa politique d'emprunts pour trouver les fonds
nécessaires. Il lui appartient de répondre à nos
questions, de voir si elle a cherché d'autres méthodes, de nous
dire si les ressources disponibles sont suffisantes et de nous dire les
pourquoi de l'intérêt. C'est une responsabilité propre
à l'Hydro-Québec de rechercher les fins pour trouver les emprunts
nécessaires à son épanouissement et à son
progrès. Je crois que vouloir associer la politique d'emprunts du
Québec à ce stade-ci n'est pas pertinent. Si on veut discuter des
emprunts du Québec, ce serait lors de l'étude des crédits
du ministère des Finances.
M. BROCHU: Je ne suis ni pour ni contre, parce que l'Hydro-Québec
a un mode de gestion, un mode d'administration que nous connaissons.
L'Hydro-Québec est redevable au ministre des Richesses naturelles, mais
comme le président de l'Hydro-Québec, lui-même, l'a
mentionné tout à l'heure, il y a quand même une implication
de la part du ministre des Finances...
UNE VOIX: ... fédéral...
M. BROCHU: ... provincial également, pardon, parce que c'est au
niveau des ministres que se décide quand même l'élaboration
de certaines politiques, des plans mixtes et autres.
Si on considère les structures de l'entreprise, les structures
gouvernementales il y a des postes de responsabilité, il y a des postes
de décision. Pour être en mesure d'amorcer une discussion valable
sur le problème qui a été soulevé, d'en arriver
à des conclusions également valables, il faut être en face
des interlocuteurs responsables, donc ceux qui sont en mesure, en dernier
ressort, de prendre les décisions qui s'imposent et d'apporter des
correctifs qui peuvent également s'imposer.
A l'heure actuelle, d'après ce que j'ai pu voir dans le
débat et dans ce que nous avons discuté également en
dehors de la commission parlementaire, on est en train de discuter sur des
effets. On arrive avec un état de fait, premièrement, et on nous
dit que les coûts de l'Hydro-Québec doivent être plus
élevés pour en arriver à éviter d'avoir un
déficit. Mais on prend bien garde de remonter aux causes et c'est
justement sur cet aspect que nous voulons avoir face à nous, les
créditistes, pour le débat, les personnes responsables, de sorte
qu'on soit vraiment en mesure de discuter au niveau des causes qui provoquent
les effets qui ont amené l'Hydro-Québec à venir devant la
commission parlementaire, si ce n'est pas une commission fétiche, si
c'est une vraie commission pour avoir l'autorisation d'augmenter ses
coûts. Donc, il faut se retrouver à la table avec des
interlocuteurs capables de prendre des décisions et de vider la
question.
Tout à l'heure, mes préopinants ont mentionné qu'on
voulait en faire une question politique. M. le Président, si, chaque
fois que des députés dûment mandatés à cette
Chambre veulent proposer ou ont le courage de proposer un
réaménagement ou des modes nouveaux, on est accusé de
faire de la politique en vue de favoriser la population et l'aider à
avoir des meilleurs coûts, que ce soit dans un secteur ou dans l'autre,
je parle de façon générale, le gouvernement ne fait certes
pas beaucoup de politique, parce que tout augmente et on continue à
rester au niveau des effets sans vouloir considérer les causes dans
l'ensemble et de façon plus particulière.
Deuxièmement, pour répondre plus précisément
à mon préopinant et au député de
Montmagny également, il ne s'agit pas de reprendre tout le mode
de financement du gouvernement à l'heure actuelle dans l'ensemble. D
s'agit du problème spécifique, précis, et particulier de
l'Hydro-Québec, qui est sous-jacent à cette demande qui nous est
faite en commission parlementaire actuellement. Ce n'est donc pas un champ
vaste qui touche tout le financement ou tout le mode administratif du
gouvernement, mais précisément le domaine sur lequel nous
travaillons actuellement, soit la hausse des tarifs de l'Hydro-Québec.
Pourquoi cette hausse? Est-ce qu'il existe d'autres moyens, que ce soit la
Banque du Canada ou un autre moyen, pour prévenir ce à quoi le
député de Beauce a fait allusion tout à l'heure,
c'est-à-dire la hausse excessive du service de la dette à
laquelle on devra, qu'on le veuille ou non, faire face d'ici quelques
années? Nous n'avons pas besoin d'être l'inventeur des boutons
à quatre trous pour réaliser les échéances
auxquelles on aura à faire face à ce moment-là. C'est ce
qui me permet de ne pas m'asseoir sur une clôture, face à une
motion qui me semble aussi logique que celle-là et de prendre position.
De toute façon, qu'est-ce que le gouvernement a à perdre à
discuter à fond de cette question-là, sinon peut-être de
trouver des éléments nouveaux qui pourraient permettre à
l'Hydro-Québec de fonctionner d'une façon plus normale et de
respecter surtout les citoyens du Québec dans les coûts qu'ils ont
à payer pour l'électricité? Donc un but spécifique,
à l'heure actuelle, on discute surtout des effets. Cela nous permettra
de discuter avec un interlocuteur valable au niveau des causes et d'en arriver
peut-être à protéger la population d'une façon
beaucoup plus intéressante que par ce qui se fait à 1'heure
actuelle. En effet, les principes administratifs selon lesquels
l'Hydro-Québec fonctionne actuellement, et qui lui font encore demander
aujourd'hui cette hausse de tarifs, ont quand même des implications. Ce
processus de financement a des implications et ce sont ces implications qu'on
connaît aujourd'hui. Nous voulons remonter à la source pour savoir
ce qui en est. Le président de l'Hydro-Québec nous a clairement
dit, tout à l'heure, que, d'une part et cela peut être un
des points qui seront étudiés on avait déjà
fait appel à la Banque centrale, par l'intermédiaire du ministre
fédéral des Finances et automatiquement par
l'intermédiaire de l'interlocuteur de même importance, au niveau
provincial, notre ministre des Finances.
Donc, le principe est clairement accepté, mais dans une certaine
mesure. Alors, on pourrait également étudier celui-là plus
à fond et voir dans quelle mesure on pourrait l'exploiter, pour mettre
nos richesses naturelles en valeur, du côté de
l'Hydro-Québec, et préserver les coûts par rapport aux
usagers de l'électricité, au niveau du Québec. On pourrait
également, face au ministre des Finances, amorcer une discussion sur
d'autres modes de financement
possible, ce à quoi, peut-être, le gouvernement n'a pas
pensé ou refuse de penser si on continue à vouloir s'opposer
à une motion qui me semble aussi logique. Je vous remercie, M. le
Président.
M. ROY (Beauce): M. le Président, avant que nous votions sur la
motion, j'aimerais revenir et dire que j'appuie je pense que je ne
surprendrai personne en disant que je l'appuie la motion de l'honorable
député d'Abitibi-Est.
Je suis très surpris d'entendre le président et le
ministre des Richesses naturelles ainsi que le député de Dorion
nous prêter toutes sortes d'intentions à l'effet qu'on voulait
discuter de politique financière, de financement du gouvernement et
autres choses.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je demanderais au député de
Beauce de ne pas accuser le président d'avoir participé aux
débats, comme l'avait souligné tout à l'heure l'honorable
député de Rouyn-Noranda et comme vous êtes en train, sans
vous prêter d'intention, de vouloir le souligner. J'ai dit: Si
c'était cela, eh bien! que le tout devait se référer
à la commission des crédits des Finances.
M. ROY (Beauce): Alors, je vais dire: Si c'était cela qu'avait
dans l'esprit, la présidence, M. le Président, je vais mettre le
"si" également.
M. MASSE (Arthabaska): On perd du temps.
M. ROY (Beauce): J'aimerais dire tout simplement que, si le ministre des
Finances était convoqué ici, nous aurions plusieurs questions
à lui poser avant d'aborder le sujet souligné par l'honorable
député de Richmond et d'autres sujets, même ceux qu'a
soulignés le gouvernement. Nous avons un organisme au Québec qui
est notre propriété, la Caisse de dépôt et
placement. Or, quand je vois et quand j'ai entendu l'honorable, excusez, le
président de l'Hydro-Québec, parler de taux
d'intérêt préférentiel...
M. SAMSON: II est honorable quand même.
M. ROY (Beauce): ... il est honorable quand même ... du taux
d'intérêt préférentiel qu'on lui accordait
relativement aux prêts que pourrait lui faire le gouvernement
fédéral en ce qui a trait au financement des centrales
nucléaires, je remarque, M. le Président, qu'à ce
moment-ci je sais que c'est l'intention de l'honorable ministre des
Richesses naturelles la Caisse de dépôt prête au
gouvernement fédéral à 6.13 p.c. en même temps
qu'elle prête au gouvernement du Québec à 8.02 p.c. Sur les
montants qu'on investit, qu'on prête au gouvernement
fédéral au niveau de la Caisse de dépôt, nous
aurions des questions à poser et nous nous demandons si on ne pourrait
pas offrir le même privilège à l'Hydro-Québec. Cela,
c'est une possibilité. On a parlé également d'une autre
possibilité, que l'Hydro-Québec devienne peut-être une
société mixte, qu'on demande au public, aux
Québécois de devenir les copropriétaires de
l'Hydro-Québec pour qu'elle cesse de devenir la propriété
des Américains, ce qu'elle est en train do devenir.
M. PERREAULT: Ce n'est pas 1 ordre du jour.
M. ROY (Beauce): Ce n'est pas à l'ordre du jour, mais il va
falloir, tôt ou tard, que la commission parlementaire des Richesses
naturelles et l'Hydro-Québec se penchent sur ce problème parce
que, dans deux ans, Us gens de l'Hydro-Québec reviendront devant la
commission parlementaire pour une nouvelle hausse de tarifs. Cela, ils le
savent et ils ne peuvent pas y échapper non plus, si on ne trouve pas
d'autres formules, d'autres moyens. La population du Québec commence
à être fatiguée. Vous voyez la réaction du peuple
à l'heure actuelle, des Québécois, face à une
demande de hausse des tarifs de l'électricité. Ils ont eu la
même réaction en ce qui a trait à l'augmentation des tarifs
de Bell Canada. La population du Québec est aux prises avec des
problèmes et elle s'inquiète chaque fois qu'on lui demande des
hausses de coût. Alors, il nous appartient, au niveau du gouvernement,
ceux qui sont mandatés par la population, ceux qui sont responsables, de
nous pencher sur ces questions et d'examiner s'il n'y aurait pas lieu de
trouver des formules, mais qu'on se donne la peine, par exemple, de penser des
formules. Qu'on se réunisse pour trouver des formules. Si le
gouvernement en a de meilleures à nous suggérer, nous allons les
accepter sans aucune réserve. Il va falloir qu'on y pense parce que, M.
le Président, je le dis, si nous continuons à cette allure,
tôt ou tard, nous nous réveillerons avec de fortes surprises.
Parce que si on avait c'est pourquoi je demande que l'honorable ministre
des Finances soit convoqué accepté notre demande, nous
aurions pu discuter du financement de toutes les sommes d'argent que
l'Hydro-Québec doit investir dans le projet de la baie James, en
n'oubliant pas les $6 milliards à $8 milliards qui vont être
requis là. Si on prend $7 milliards, à ce moment-là et
qu'on les finance à 8 1/2 p.c, je; pense que l'honorable ministre des
Richesses naturelles doit savoir quand même assez compter pour savoir que
cela va prendre les salaires de $8,000 par année à 75,000 hommes
pour payer seulement l'intérêt de ce projet. Est-ce que nous
aurons les moyens de maintenir ce système, si nous gardons les formules
que nous avons à l'heure actuelle? C'est pourquoi, M. le
Président, je pense qu'il est de notre devoir de nous pencher sur ces
questions ou encore, que le ministre nous fasse d'autres suggestions à
l'effet de convoquer une séance spéciale avec l'honorable
ministre des Finances pour ne pas obliger les
gens de l'Hydro-Québec à se déplacer et à
venir assister à ces séances, et qu'on discute de ces
questions-là. Mais étant donné les faits et étant
donné que la commission parlementaire est convoquée pour cela
aujourd'hui, M. le Président, j'appuie sans aucune réserve la
motion de l'honorable député d'Abitibi-Est.
M. JORON: Bien que je partage le désir d'entendre sur le sujet du
financement, l'opinion du ministre des Finances, je ne peux pas, d'autre part,
appuyer cette motion pour une raison technique. C'est la raison pour laquelle
nous aurions intérêt à entendre le ministre des Finances,
comme nous aurions intérêt à entendre tout autre parti
ayant des intérêts en cause dans cette histoire de hausse des
tarifs. Le ministre des Finances a certainement des intérêts en
cause, parce que, comme les témoignages de gens de l'Hydro-Québec
nous le rappelaient hier, l'augmentation considérable des emprunts que
l'Hydro-Québec devra faire, particulièrement pour financer le
développement de la baie James dans les années qui viennent, vont
faire que le ministre des Finances va être obligé de se tasser un
peu et va voir sa marge de manoeuvre drôlement restreinte. On aurait
aimé entendre ce qu'il a à dire à ce sujet, de quelle
façon tout ça implique, compromet les finances de la province de
Québec. C'est la raison pour laquelle, hier, on faisait une motion qui
est toujours en suspens. J'ai présenté une motion à
l'effet que, dans le cadre d'une séance ultérieure de cette
commission-ci, d'une séance élargie, avec mandat d'entendre toute
partie intéressée, ce qui impliquerait qu'on pourrait entendre le
ministre des Finances... C'est la raison pour laquelle j'ai fait cette
suggestion, parce qu'il m'apparaissait essentiel d'entendre toutes sortes de
parties.
Mais dans le cadre restreint et limité qui a été
donné à cette commission de n'entendre que les
représentants de l'Hydro-Québec, on est, en quelque sorte,
poignés pour se priver de témoignages qui pourraient être
très pertinents. C'est pour ça que, dans le cadre de cette
commission-ci, telle qu'elle a été convoquée, il
m'apparait impossible de convoquer le ministre des Finances. Ce n'est pas dans
le mandat que l'Assemblée nationale a donné à cette
commission. De toute façon, pratiquement, on joue sur les mots quand on
dit immédiatement. Comment, voulez-vous qu'à 5 h 10, quelqu'un
parte après, qu'il soit ici à 5 h 30 et qu'on ajourne la
séance à 6 heures? Qu'est-ce que ça donnerait?
Techniquement, c'est impossible. C'est la raison pour laquelle je vais
être contre la motion, mais je tiens cependant à dire que, moi
aussi, dans une autre séance ultérieure et à laquelle
pourrait témoigner d'autres parties intéressées, autres
que le ministre des Finances, je tiens à ce qu'une telle séance
ait lieu.
M. TETRAULT: M. le Président, suite à l'argumentation du
député de Gouin, je peux comprendre pourquoi il est contre la
motion que j'ai déposée, mais, si je me réfère
à la motion qu'il a déposée, il désire que
l'étude de cette question on parle de financement de
l'Hydro-Québec soit portée à une date
ultérieure. Donc, si on reporte à une date ultérieure la
question de l'étude de l'augmentation, je crois que c'est de concert
avec la demande que j'ai faite, que le ministre des Finances soit
convoqué à la commission des Richesses naturelles. Je crois, M.
le Président, que, dans tout ce que l'Hydro-Québec nous a
présenté mes confrères en ont parlé plus
longuement lorsqu'on voit dans un rapport ou un communiqué une
hausse de $24.3 millions dans les frais d'intérêts, ce qui
représente environ 34 p.c, c'est quelque chose d'assez important. Qu'on
demande comme l'a souligné le député de Richmond
qu'on parle strictement de financement de l'Hydro-Québec. On ne
veut pas entrer dans le cartel du financement de la province de Québec.
Strictement en ce qui concerne l'Hydro-Québec, et l'Hydro-Québec,
avec les explications qu'ils nous font parvenir dans un communiqué, nous
dit: Une hausse de $24.3 millions dans les frais d'intérêts. Je
crois que c'est une question importante et qu'ils se servent de cette question
d'augmentation de frais d'intérêts pour justifier l'augmentation
devant la commission. C'est pour ça que je demande que le ministre des
Finances soit convoqué pour venir éclaircir les différents
problèmes auxquels l'Hydro-Québec a à faire face, selon
les structures du gouvernement provincial et les structures du gouvernement
libéral. Qu'il vienne éclaircir la situation, comme l'a
souligné le député de Beauce. Avec la Caisse de
dépôt et placement du Québec, qui prête au
fédéral à un taux préférentiel, et
inférieur à celui que les Québécois sont
obligés de payer, presque 2 p.c. supérieur à celui du
fédéral, qu'on se serve de la Caisse de dépôt pour
financer l'Hydro-Québec à un taux préférentiel de 6
p.c., comme elle le fait pour le fédéral, et qu'on prête
notre argent au fédéral à 8 1/3 p.c. Ce sont les questions
qu'on veut lui poser.
Je crois qu'avant de porter un jugement à savoir si
l'Hydro-Québec, devant tous les problèmes qui existent est
obligée de demander une augmentation. Si le ministre des Finances
pouvait trouver une solution ou apporter quelques correctifs dans
l'administration de l'Hydro-Québec en ce qui concerne les emprunts,
l'Hydro-Québec se verrait peut-être dans l'obligation de demander
le retrait de l'augmentation et ce serait la population du Québec qui en
profiterait. Je ne comprends d'aucune manière l'attitude de mes
confrères ministériels qui disent que c'est une question d'aucune
importance, d'aucune valeur. Je crois que le bien d'une population de 6
millions dans la province de Québec est capital et que, lorsqu'on parle
d'augmentation, cela concerne tous les préposés qui emploient de
l'électricité. Si on peut leur
faire faire une économie strictement dans le domaine des
finances, de l'intérêt, je crois que c'est valable pour toute une
population.
UNE VOIX: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Montmagny a
demandé la parole.
M.CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais relever les paroles que le
député de Richmond a dites tantôt. Il a peut-être mal
compris le sens de mon intervention. J'ai dit qu'il y aurait des avantages
à ce que le ministre des Finances soit ici. Le député de
Gouin vient de partager également le même point de vue. Mais je me
suis demandé si la motion telle que rédigée pour faire
comparaître immédiatement le ministre des Finances devant la
commission parlementaire, sans savoir évidemment quels seraient à
ce moment-ci les délais pour faire comparaître un ministre de la
couronne et également sans savoir de quelle envergure serait le
débat, si cela dépasserait strictement le cadre des
problèmes qui intéressent l'Hydro-Québec et la commission
parlementaire. Cela me paraissait prématuré. J'ai cependant
exprimé le voeu que le ministre des Finances vienne devant la commission
parlementaire. Je ne suis ni pour ni contre, sur la clôture, je suis
contre la motion telle que rédigée. Seulement, je ferais une
suggestion au député. S'il veut la modifier de façon
à ne pas donner un ultimatum à un ministre qui n'est
peut-être pas disponible à ce moment-ci, ce qui paralyserait les
travaux de la commission, je pense bien qu'ultérieurement il y aura
possibilité pour le ministre des Finances d'assister à une
séance de la commission parlementaire comme n'importe quel autre
ministre. On peut faire comparaître le ministre des Finances et le
ministre responsable de l'environnement, ainsi que celui des Affaires
municipales. On peut lui commander d'être ici pour parler de la baie
James. On peut demander à un autre ministre, comme celui du Tourisme,
d'être ici pour parler de la Jacques-Cartier. On peut emmener tout le
cabinet des ministres, mais cela nous avancera à quoi? Je
préfère d'abord entendre les gens de l'Hydro-Québec,
quelques-uns en tout cas, je ne veux pas minimiser la compétence
des autres, deux que j'ai nommés, dont la compétence et
l'expérience en matière de financement et d'emprunts, sont de
notoriété publique. Le député de Rouyn-Noranda a
posé tantôt une question précise au président de
l'Hydro-Québec; il a eu une réponse précise. On pourrait
toujours commencer à explorer ces avenues-là. Si ce n'est pas
satisfaisant, il y a les autres solutions, propositions de financement qui
pourraient être faites et discutées dans un autre cadre. C'est le
sens de mon intervention.
M. TETRAULT: Si je comprends bien le député de Montmagny,
il veut qu'on approuve l'augmentation des tarifs et après que cela sera
approuvé, qu'on convoque les parties intéressées.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député d'Abitibi a
assisté depuis hier, j'imagine, à tout le débat et ceci a
été bien situé. La commission le
député de Saint-Maurice l'a bien dit hier et cela a
été, je pense, l'assentiment de bien des membres de la commission
n'a pas de pouvoir sur la hausse des tarifs. L'arrêté en
conseil est adopté. On dit dans cet arrêté que la hausse
des tarifs entre en vigueur le 20 avril prochain. Il n'y a pas de condition
dans l'arrêté en conseil; je l'ai lu hier et je n'en ai pas
trouvé. On est ici. La commission n'a pas, à mon sens, à
approuver ou à rejeter une demande de tarifs. Cela dépasse ses
responsabilités. Le sens que je vois dans les travaux de la commission,
c'est de poser des questions et que l'Hydro-Québec nous démontre
et elle en prendra la responsabilité... Le gouvernement qui a
sanctionné cette demande de l'Hydro-Québec va aussi en prendre la
responsabilité. C'est comme cela que la loi est faite actuellement.
Si on veut j'aurais une suggestion à faire que le
Parlement, que l'Assemblée nationale ait un droit de regard sur les
tarifs, qu'on change la loi de l'Hydro-Québec et c'est ce qui va venir
en Chambre. On sera obligé de la changer, la Loi de
l'Hydro-Québec, pour différentes choses qui ont été
annoncées en tout cas dans le discours du ministre des Finances.
Quant à moi, je suggère que la question de la hausse des
tarifs, à l'avenir, relève de l'Assemblée nationale,
c'est-à-dire que la demande de l'Hydro-Québec passe par
l'Assemblée nationale. A ce moment-là, on pourra prendre le
dossier au début et non pas à la fin, comme on le prend. Le
dossier nous arrive et on demande des explications à
l'Hydro-Québec. Dans le contexte législatif, tel que nous l'avons
présentement, on ne peut pas faire autre chose que cela. Mais on prendra
le dossier au début. Du moment que la demande parviendra de
l'Hydro-Québec, il y aura un débat à l'Assemblée
nationale. A ce moment-là, on pourra impliquer l'Assemblée
nationale mais, à ce moment-là l'Assemblée nationale
c'est-à-dire les différents partis n'a pas à
assumer la responsabilité de la hausse des tarifs de
l'électricité. C'est l'Hydro-Québec qui administre
l'électricité, l'organisme qui reçoit la demande et prend
ses responsabilités, c'est le gouvernement.
M. JORON: Si vous me permettez seulement une question qui s'adresse au
président et à la fois au député de Montmagny, la
commission pourrait toutefois, si elle avait le temps suffisant pour
étudier la question et la possibilité d'entendre des
témoignages percutants, pertinents, pourrait faire une
recommandation...
M. CLOUTIER (Montmagny): Pertinents et peut-être percutants
aussi.
M. JORON: Oui. les deux. Elle pourrait faire une recommandation au
gouvernement à l'effet de rescinder son arrêté en
conseil.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans la situation actuelle, dans l'urgence du
cas de l'Hydro-Québec, ce matin, on a fait la représentation que,
par mois, c'était $4.5 millions qu'elle n'avait pas, si
l'arrêté en conseil n'entre pas en vigueur le 20 avril. Or, dans
les chiffres que l'Hydro-Québec nous a donnés, dans les
états financiers tels que je les vois, elle a besoin de ces $4.5
millions. C'était évident à la face même. En 1972,
elle n'a pas pu transférer un cent à la réserve pour
éventualités. Elle n'est même pas en loi. Elle ne satisfait
même pas aux exigences de la loi actuellement. Elle est dans
l'illégalité. Or, la seule façon pour elle d'être
dans la légalité des exigences minimales de la loi, c'est
d'augmenter ses tarifs.
Si l'on prend les chiffres et si elle n'est pas dans
l'illégalité, elle va l'être dans un ou deux mois.
M. JORON: On dévie de la motion en s'embarquant là-dedans,
mais je soumets humblement que vous faites erreur sur ce point; les exigences
de la loi, c'est d'imputer aux frais d'exploitation les intérêts
sur les réserves, sur l'avoir-propre égal au moins au taux
d'intérêt moyen payé sur la dette.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'après le tableau que l'on a, ce ne
sera pas long avant qu'elle tombe dans l'illégalité parce qu'elle
ne sera pas capable... Elle va tomber en bas de 1. Selon les tableaux que l'on
a faits, j'ai vu 0.97 à un moment donné.
M. JORON: II faudra éclaircir ce point quand on aura vidé
cette motion-là.
M. BROCHU: M. le Président, devant la rectification que le
député de Montmagny a apportée tout à l'heure, et
face à son rôle qui est défini dans cette commission
parlementaire, est-ce qu'il n'a pas l'impression à un moment
donné qu'il se trouve comme un écolier qui a le suprême
privilège de demander à la maîtresse de reculer la
récréation de cinq minutes tout en sachant qu'elle ne la reculera
pas?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ce que j'ai demandé. J'ai
demandé que la loi soit changée. J'ai fait une suggestion pour
qu'à l'avenir, dans la loi, la hausse des tarifs de
l'électricité soit soumise à l'Assemblée nationale.
Je pense que, pour ce coup-là, on a manqué le bateau. La loi
n'est pas faite comme cela. Je pense bien que, même si on demandait au
gouvernement, si la commission demandait au gouvernement de rescinder
l'arrêté en conseil, que ce soit le 20 avril, le 18 avril ou au
mois de mai, tout est préparé. Si l'on veut discuter à
fond des dossiers avec l'Hydro-Québec, je ne suis pas expert
là-dedans, mais la masse de documents que l'on nous a remise est telle
que, si on veut aller au fond de cela, ce n'est pas de 10 h 30 hier soir aller
à 10 heures ce matin que l'on peut le faire. Il faut être
réaliste. Mais qu'on le prévoie pour la prochaine fois, parce que
l'Hydro-Québec, c'est évident, on vous l'avait dit tantôt
et on l'a dit, c'est ce qui est ressorti, depuis hier matin, va être
obligée de revenir devant la commission parlementaire d'ici quelques
mois pour soumettre une autre demande. En effet, avec le projet
d'investissement tel qu'il est fait, pour dix ans à venir, et avec les
exigences actuelles, je pense bien qu'il y a encore lieu de prévoir
d'autres hausses de tarifs on n'a pas besoin de s'ssseoir et dire: Les
augmentations de tarifs c'est fini. Je pense que tout le monde est assez
réaliste pour cela. Alors, qu'on le prévoie dans la loi et que
l'Assemblée nationale, la prochaine fois, à partir du
début de la demande de l'Hydro-Québec, soit associée au
problème, parce que c'est quelque chose qui appartient à tous les
citoyens. Que l'Assemblée nationale prenne donc des
responsabilités aussi dans la question des tarifs de façon que
l'on ne se renvoie pas la balle.
Qu'un parti politique dise: Nous sommes contre la hausse des tarifs.
Nous sommes parfois tentés de dire que nous sommes contre la
hausse des tarifs d'un organisme qui appartient à tous les
Québécois. Mais si on ne lui donne pas ces tarifs, il va falloir
les payer en taxes et les verser à l'Hydro-Québec. Il va falloir
prendre $20 millions dans les coffres de la province et les lui donner parce
qu'il faut qu'elle aille les chercher quelque part.
De toute façon, c'est blanc bonnet et bonnet blanc. Il ne faut
pas jouer sur les mots. On est contre une augmentation de tarifs d'un organisme
qui appartient à tous les Québécois, mais que le
gouvernement et la commission parlementaire ne donnent pas une augmentation de
tarifs les yeux fermés. Qu'on interroge l'Hydro-Québec, comme les
commissaires l'ont fait vis-à-vis des fonctionnaires qui ont
préparé le document.
J'imagine que les commissaires ont épluché ce document,
qu'ils l'ont regardé dans tous les détails et qu'ils ont
demandé à leurs hauts fonctionnaires de trouver ce qu'ils ont mis
là-dedans. Nous demanderons aux dirigeants de l'Hydro-Québec, de
la Société d'énergie de la baie James de venir prouver,
devant la commission parlementaire et devant l'Assemblée nationale, ce
qu'on veut savoir, de façon à ne pas leur donner un
blanc-seing.
C'est comme ça que je vois le problème, mais qu'on le
mette dans la loi et que l'Assemblée nationale, à l'avenir, soit
associée à ce travail.
M. JORON: ... un peu trop vite pour cette fois-ci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de...
M. SAMSON: M. le Président, je m'excuse auprès de mon
collègue. La commission avait
convenu tantôt que, dès l'arrivée du premier
ministre, nous lui demanderions de déposer la lettre qu'il a fait
parvenir à l'Hydro-Québec suite à l'arrêté
ministériel.
M. BOURASSA: Je peux en donner le contenu. L'Hydro-Québec n'en a
pas une copie? Tout ce que la lettre dit je ne connais pas les phrases
de mémoire c'est que c'est accepté, parce qu'il fallait
l'accepter pour des raisons administratives. Je ne sais pas si le
député était dans sa campagne de leadership à ce
moment-là, mais j'avais donné toutes les explications à
l'Assemblée nationale.
M.SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
premier ministre sait parfaitement bien qu'il n'a pas le droit de me
prêter de telles intentions. Je les accepterais peut-être sans
intérêt. Je sais que le premier ministre, lorsqu'il le veut, peut
se montrer efficace et c'est possible...
M. BOURASSA: On a vu ça dans le budget.
M.SAMSON: J'ai dit: "lorsqu'il le veut", c'est possible. Si vous
permettez, M. le Président, je vais m'adresser au premier ministre.
Est-ce que vous le permettez?
M. BOURASSA: Indirectement, oui.
M. SAMSON: Je sais que si le président me le permet, je peux le
faire. Mais comme le président ne semble pas me le permettre, je
m'adresse à vous, M. le Président. Je sais que vous allez faire
entendre raison au premier ministre et lui demander de faire photocopier la
lettre en question. Ce n'est pas un précédent. L'an dernier, au
mois de juillet, dans la même salle, nous avions demandé, par
l'entremise du président, au premier ministre de déposer un
document concernant le Conseil exécutif.
Le premier ministre, de bonne grâce, s'y était
prêté, avait ordonné qu'on fasse des photocopies
immédiatement. En l'espace de quelques minutes, nous avions le document.
Tout ce dont nous avons besoin, c'est que le premier ministre accepte qu'on
nous remette une photocopie. La machine à photocopier fonctionne encore
et nous pourrions l'avoir avant l'ajournement de six heures.
Cependant, je conçois que, si le premier ministre refuse de me la
donner, c'est entendu qu'on ne pourra pas l'avoir. Je suis prêt à
considérer les explications du premier ministre, mais nous avons
demandé le dépôt de cette lettre et le premier ministre, en
gentilhomme qu'il est, va sûrement donner des ordres
immédiatement...
M. BOURASSA: Justement, je viens de les donner.
M. SAMSON: Vous voyez, M. le Président, ce n'est pas toujours
comme ça mais, quand c'est comme ça, c'est plaisant.
M. BOURASSA: Franchement, j'espère que l'Opposition ne fait pas
un "filibuster" pour se faire du capital politique.
M.SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement. Encore
une fois, le premier ministre a le don de se mettre les pieds dans les
plats.
M. BOURASSA: ... député de Montmagny.
M. SAMSON: M. le Président, on ne fait pas de "filibuster" pour
se faire du capital politique. Nous n'avons pas besoin de ça, nous en
avons du capital politique.
M. BOURASSA: Attendez les élections partielles.
M. SAMSON: Tout ce que nous faisons présentement...
M. BOURASSA: Vous allez voir.
M. SAMSON: ... c'est de revendiquer les droits de la population du
Québec. Le premier ministre est sûrement le premier à
admettre que le magnifique travail que nous faisons aujourd'hui est un travail
qui va permettre à son administration, s'il l'accepte...
M. BOURASSA: Cela fait une heure et demie...
M. SAMSON: ... peut-être de s'en tirer un peu mieux à
l'occasion des prochaines élections. J'ai vu le premier ministre souvent
en Chambre, à l'occasion du discours inaugural, nous dire: Pourquoi
l'Opposition ne nous fait-elle pas des suggestions? Quand nous en faisons, nous
nous butons à un mur de ciment. Nous en faisons aujourd'hui.
M. le premier ministre, pendant que vous n'étiez pas là
tantôt nous vous souhaitons la bienvenue chez nous nous
avons demandé... M. le Président, je m'excuse, je dois m'adresser
à vous.
M. le Président, vous devriez dire à ce moment-ci au
premier ministre que, pendant qu'il n'était pas là, nous avons
demandé à la commission la possibilité à ce
moment-ci je reviens à la motion de l'honorable député
d'Abitibi-Est parce que je suis persuadé que le premier ministre va
sûrement entendre raison que soit convoqué, devant cette
commission, le ministre des Finances; et comme je sais que le premier ministre
a déjà été ministre des Finances...
M. BOURASSA: A quelle question voulez-vous que je réponde?
M. SAMSON: ... en même temps qu'il était
premier ministre, le premier ministre va sûrement
comprendre...
M. BOURASSA: Je suis prêt à répondre à vos
questions.
M. SAMSON: ... qu'il nous serait possible de poser d'excellentes
questions au ministre des Finances de sorte qu'il nous serait permis
d'envisager une possibilité d'un financement différent de ce qui
se fait généralement dans l'administration provinciale. Lorsque
l'Hydro-Québec nous demande une possibilité... Elle ne nous la
demande pas. Nous avons compris. Tout le monde vient de le dire. C'est fait.
Tout ce que nous avons à faire est d'écouter. Je regrette, mais
nous n'écouterons pas comme cela, parce qu'il y a quand même une
augmentation de tarifs, que cela soit une augmentation de tarifs ou une
augmentation de taxes, cela veut dire à peu près la même
chose.
Comme le premier ministre s'est vanté d'avoir
déposé dernièrement un budget sans une nouvelle
augmentation de taxes...
M. BOURASSA: Le quatrième.
M. SAMSON: ... je ne voudrais pas faire mentir le premier ministre. Je
voudrais que le premier ministre puisse continuer à dire pour sa
bonne gouverne, à lui, parce que nous ne le croyons pas tout le temps
que c'est la vérité quand il nous disait qu'il n'y avait
pas d'augmentation de taxes. Nous considérons, que cela soit une
augmentation de taxes directe ou une augmentation de tarifs qui peut être
occasionnée par un effet de l'administration gouvernementale, que cela
équivaut à une augmentation de taxes. C'est pourquoi je suis
persuadé que le premier ministre comprendra qu'il y a des
possibilités, certaines possibilités... Et avant que nous disions
même s'il parait que cela ne change pas grand-chose que nous le
disions ou non que nous acceptons au nom de la population que nous
représentons cette augmentation de tarif, qu'on ait au moins la
possibilité d'entendre le ministre des Finances pour lui poser des
questions et, au surplus, lui faire certaines suggestions de sorte qu'avec une
façon différente de financement il y aurait peut-être lieu
d'exempter la population de cette nouvelle hausse de tarif.
M. le Président, on a mentionné tantôt que la
commission n'a peut-être pas tout le mandat qu'il faut. Du même
souffle, on a dit que le mandat que nous avions était d'étudier
la question qui nous est soumise. Pour bien l'étudier, je pense qu'il
faut avoir aussi des outils valables. Cela ne veut pas dire que les gens de
l'Hydro-Québec qui sont ici ne soient pas des outils valables. Au
contraire. Ils sont très valables, mais dans le cas présent, le
président de l'Hydro-Québec dans sa réponse tantôt,
nous a mentionné qu'il avait dû passer par le ministre des
Finances. Donc, s'il a dû le faire, c'est qu'il n'avait pas le choix. Il
ne pouvait pas le faire autrement. S'il fallait qu'il passe par le ministre des
Finances, pourquoi ne pas lui demander d'être là?
Nous avons demandé dans notre motion qu'il comparaisse
immédiatement. On nous a dit: Cela n'est peut-être pas possible.
La disponibilité des ministres... Nous sommes bien prêts à
comprendre cela, mais avant de dire que cela n'est pas possible parce que le
ministre n'est peut-être pas disponible, il faudrait qu'on le lui
demande. On ne le lui a pas encore demandé. Nous ne savons pas s'il est
disponible ou non. Peut-être que le ministre des Finances serait heureux
de savoir que nous demandons sa présence ici, et il se rendrait
sûrement disponible, parce que les questions en cause sont des questions
prioritaires. Cela doit passer, je pense, avant plusieurs petits rendez-vous
que le ministre des Finances a peut-être aujourd'hui. Considérant
cette question prioritaire, nous demandons au gouvernement... Parce que,
lorsque nous sommes en commission parlementaire, nous avons quand même
une partie du gouvernement devant nous. Si nous avions eu la possibilité
de poser des questions en Chambre sur le fond de la question, nous aurions
peut-être pu poser à l'honorable ministre des Finances certaines
questions et apporter certaines suggestions aussi mais le président de
l'Assemblée nationale nous a dit: Etant donné qu'une commission
siège présentement, il n'est pas possible de soulever la question
en Chambre. Donc, s'il n'est pas possible de soulever cela en Chambre, si nous
ne pouvons pas interroger le ministre des Finances en Chambre, nous avons une
commission parlementaire qui, d'après sa constitution, a les pouvoirs de
faire comparaître les personnes qui sont jugées indispensables
à la bonne marche de nos travaux.
C'est vous-même, M. le premier ministre qui, cet
après-midi, dans un effort pour nous apporter certains
éclaircissements, avez tenté d'aller au fond de la question. Vous
savez que nos règlements ne nous le permettaient pas. Je sais que vous
pouvez le faire présentement, mais vous nous direz sans doute, si on
vous pose des questions qui relèvent du ministre des Finances et
vous aurez raison de nous dire qu'il faudrait adresser ces questions au
ministre des Finances. Comme on s'attend que comme vous le faites
habituellement vous référiez ces questions à vos
collègues, qui sont responsables dans tel domaine ou dans tel autre,
évidemment, on s'attend que vous continuiez à faire confiance
à vos collègues et à leur référer ces
questions. C'est pourquoi, nous vous demandons étant donné
qu'on s'attend que vous référiez ces questions à votre
collègue des finances d'intervenir.
M. le Président, je m'excuse encore une fois, je déroge au
règlement. Je vous demande, M. le Président, de demander au
premier ministre d'intervenir auprès du ministre des Richesses
naturelles pour lui demander de convoquer immédiatement le ministre des
Finances.
En terminant, je pense que le gouvernement
du Québec a tout intérêt à développer
beaucoup d'énergie je ne parle pas d'énergie
électrique dans le cas présent pour tenter d'exempter la
population de cette hausse de tarifs en permettant à
l'Hydro-Québec d'avoir une compensation. Cela, nous le comprenons. Mais
vous avez intérêt, je pense, le gouvernement a
intérêt à développer autant d'énergie qu'il
en a développée quand il a présenté un
mémoire devant la Commission canadienne des transports en ce qui
concerne les hausses de tarifs de Bell Canada. Nous savons par
expérience et c'est par comparaison que je le fais, M. le
Président que le gouvernement canadien, le Parlement canadien a
décidé de reporter à trois mois cette hausse de tarifs, se
donnant ainsi le temps de poser à Bell Canada certaines questions qui
s'avéreraient intéressantes et importantes dans ce
cas-là.
Est-ce que le gouvernement du Québec ne pourrait pas faire au
moins la même chose, reporter la décision pour se donner le temps,
peut-être, de poser des questions à l'Hydro-Québec, mais se
donner le temps aussi de poser des questions à ceux qui ont la
capacité d'amener à l'Hydro-Québec un financement qui leur
permettrait d'administrer en n'augmentant pas ses tarifs? C'est pourquoi
j'appuie avec toute la force dont je suis capable l'excellente motion qui a
été présentée par l'honorable député
d'Abitibi-Est. Je vois, par le sourire agréable du premier ministre,
qu'il s'apprête à appuyer notre motion également, M. le
Président.
M. BOURASSA: M. le Président, je ne sais pas quelle a
été la teneur du débat depuis quatre heures. Je ne sais
pas si on a fait perdre le temps à tout le monde ou si on a fait avancer
le débat. Je pense qu'on a fait toutes sortes de comparaisons qui
exigent des rectifications. C'est vrai que le gouvernement n'a pas
augmenté les impôts depuis quatre ans, qu'il a fait plus que cela,
qu'il les a réduits et qu'il accorde à l'Hydro-Québec une
diminution de ses charges. Je pense bien que c'est la première fois que
cela se fait.
Quant aux raisons de l'augmentation des tarifs, il s'agit de la
première depuis trois ans ou depuis quatre ans. Disons qu'elle aurait
été plus élevée si ce n'avaient été
de ventes d'électricité à l'Ontario. J'entendais au
haut-parleur certaines explications là-dessus. Ces ventes, dis-je, ont
permis à l'Hydro-Québec de faire des profits intéressants
et de réduire l'augmentation. Je pense que le député de
Rouyn-Noranda ou son représentant était présent lors de la
discussion des conventions collectives, au début de janvier, pour
l'Hydro-Québec. Cela a abouti à des hausses de salaires pour les
employés de l'Hydro-Québec. Si le député de
Rouyn-Noranda est le moindrement logique disons que cela arrive souvent
à son parti de ne pas l'être trop; il nous accuse d'être
socialistes le matin et capitalistes l'après-midi mais si...
M. SAMSON: C'est parce que vous êtes capables d'avoir les deux
dans la même journée.
M. BOURASSA: Nous essayons de notre côté de faire preuve
d'un peu plus de cohérence. Si le député est le
moindrement logique... Ici, il a appuyé les augmentations de salaires
qui ont été accordées aux employés de
l'Hydro-Québec. Il faut quand même tenir compte du fait que
l'Hydro-Québec doit financer ses augmentations d'une façon ou
d'une autre. J'ai, moi-même, discuté avec les dirigeants pour
essayer de réduire au minimum l'augmentation de tarifs, et nous
accordons une certaine somme pour essayer de les réduire encore
davantage, si cela était possible, en tenant compte, disons, qu'il n'y a
pas eu d'augmentation depuis trois ou quatre ans.
Nous ne pouvons quand même pas, et je ne pense pas que personne ne
le demande, nous ingérer dans le financement ou l'administration
financière de l'Hydro-Québec. En réduisant l'augmentation
à son minimum, je pense que nous avons créé un frein
additionnel aux dépenses de l'Hydro-Québec, aux dépenses
qui pouvaient être moins nécessaires que d'autres, comme nous
l'avons fait en n'augmentant pas les impôts. Nous nous sommes
imposé au gouvernement, une discipline financière,
extrêmement exigeante et qui donne les résultats que vous
connaissez. Mais de là à demander au ministre des Finances...
Cela m'apparaît une tactique purement dilatoire dans le style des
vieilles tactiques de l'Opposition. Je ne vois pas en quoi le fait que le
ministre des Finances vienne parler du budget une nouvelle fois... En principe,
si ce n'était pas de faire perdre le temps à la Chambre, nous
n'aurions pas d'objection à ce que le ministre des Finances vienne et
énonce toutes les prouesses que le gouvernement a accomplies dans le
domaine des finances publiques depuis quatre ans. Nous l'avons fait, mais je
pense que... Comme nous sommes un gouvernement responsable, nous ne voulons pas
faire de la politique partisane...
M. SAMSON: Responsable d'un paquet de "troubles".
M. BOURASSA: ...à l'occasion de l'étude des crédits
des Finances. Je ne pense pas qu'aujourd'hui on discute les hausses de tarifs.
On veut faire venir le ministre des Finances, pourquoi? Je peux répondre
aux questions s'il y a lieu d'y répondre; le ministre des Richesses
naturelles est capable d'y répondre également. Toutes ces choses
sont discutées au conseil des ministres, pour voir s'il n'y a pas
d'autres moyens de financer les hausses de tarifs. Nous avons donné $10
millions. A ma connaissance, c'est le premier gouvernement qui fait cela,
là comme ailleurs.
M. ROY (Beauce): C'est $10 millions; comment?
M. BOURASSA: Le député qui est le critique financier de
son parti ne se souvient même pas du contenu du discours du budget!
M. ROY (Beauce): Non. Je m'en souviens, c'est parce que je veux le faire
préciser par le ministre. En prendre dans une poche et en mettre dans
l'autre.
M. BOURASSA: Mais non!
M. SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
premier ministre vient de nous dire qu'il est prêt à
répondre à toutes nos questions; nous lui en posons une et il ne
veut pas répondre. C'est pourquoi nous voulons avoir un autre ministre,
quelqu'un qui pourrait peut-être répondre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre!
M. SAMSON : Non, quand même. Vous nous dites: Je suis prêt
à répondre à vos questions; vous n'avez pas besoin du
ministre des Finances. Nous lui en posons une petite et il ne répond
pas.
M. BOURASSA: Laquelle?
M. MASSE (Arthabaska): Parlez donc de l'Hydro-Québec de temps en
temps.
M. BOURASSA: C'est le député de Rouyn-Noranda qui ne me
laisse pas répondre parce qu'il veut précisément me
reprocher de ne pas répondre. Ce que je dis au député de
Beauce, c'est que, dans le discours du budget qu'il aurait dû lire,
puisqu'il a été chargé par son parti de le
critiquer...
M. ROY (Beauce): Un instant, M. le Président. J'ai lu et relu le
discours du budget.
M. BOURASSA: Cela n'a pas paru dans ses critiques.
M. LEDUC: Cela n'a pas paru.
M. ROY (Beauce): J'ai constaté que le gouvernement avait
copié celui de 1970.
M.BOURASSA: Ce sont 125,000 salariés, M. le Président, qui
ne paieront plus l'impôt provincial en vertu du budget; cela, c'est un
résultat concret. Revenons au débat.
M. ROY (Beauce): Le premier ministre ne fait pas de politique.
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais quand même
remercier le premier ministre; il ne fait pas de politique partisane,
jamais!
M. BOURASSA: Ce sont des faits que j'énumère.
M. SAMSON: Un autre comme lui qui ferait cela en ferait.
M. BOURASSA: Voilà ce que je veux dire. Je ne sais pas quelle est
la stragégie des partis d'Opposition dans cette question. Je ne sais pas
s'ils veulent simplement faire un débat partisan, essayer de
répéter ce qui s'est déjà fait à Ottawa. Je
ne connais pas leur arrière-pensée, mais je leur demande
d'être objectifs, de tenir compte du fait que l'Hydro-Québec est
prête encore à justifier ses hausses de tarifs, à accepter
des amendements. Mais s'ils veulent arriver avec des tactiques dilatoires aussi
farfelues que de faire convoquer un ministre en particulier sur une politique
gouvernementale, je pense que cela ne fera pas avancer le débat. Cela
peut peut-être donner trois ou quatre paragraphes dans les journaux de
demain aux partis d'Opposition, mais ce n'est pas cela qui impressionne la
population du Québec, M. le Président.
M. BROCHU: Le premier ministre n'a pas confiance en son ministre.
M. BOURASSA: II n'est pas question de manquer de confiance au ministre
des Finances. Il pourrait témoigner lui-même non seulement de la
confiance du premier ministre, mais de celle de tous ses collègues du
caucus et du cabinet. Mais c'est précisément parce que j'ai
confiance au ministre des Finances que je ne veux pas qu'il vienne perdre son
temps ici à répondre aux questions du Ralliement
créditis-te.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Duplessis.
M. SAMSON: Le premier ministre vient de nous dire que le ministre des
Finances viendrait perdre son temps. M. le Président, cela n'a pas de
bon sens qu'un premier ministre nous dise cela. S'il a confiance en son
ministre des Finances, il sait bien que son ministre des Finances devant cette
commission ne perdrait pas son temps.
M. BOURASSA: Aux crédits vous pourrez poser... M. le
Président, d'abord, je me demande...
M. SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
premier ministre m'interrompt.
M. BOURASSA: Une question de privilège, M. le
Président.
M. SAMSON: Je sais que ce n'est pas le temps de le faire, M. le
Président.
M. BOURASSA: Les questions de privilège ont la
priorité.
M. SAMSON: Apprenez votre règlement; il n'y a pas de question de
privilège en commission parlementaire.
M. BOURASSA: Question de règlement. M. SAMSON: J'avais la parole
et...
M. BOURASSA: Je me demande si la motion est régulière.
M. SAMSON: Cela n'a pas de bon sens...
M. BOURASSA: C'est une motion qui n'est pas régulière,
nous sommes ici pour discuter les hausses de tarifs
d'électricité. Il n'est pas question de...
M. SAMSON: Un ministre des Finances perd plus son temps quand il va au
conseil des ministres le mercredi soir pour passer des arrêtés en
conseil comme celui-là. Là, on perd son temps.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre! J'avais donné la parole
à l'honorable député de Duplessis.
M. GALLIENNE: M. le Président, je pense que, si on pouvait
trouver la formule magique pour réduire ces intérêts et ces
taux d'emprunt dont on parle, il n'y aurait personne à cette table, ni
même dans l'Assemblée nationale, qui ne serait pas en faveur. Moi,
le premier, même si je n'ai pas tellement d'expérience
parlementaire, je peux vous dire qu'avec un bloc d'électricité de
500,000 chevaux-vapeur nécessaire à ma ville, devant le fait que
l'Hydro-Québec ne donne pas un prix tout a fait spécial, je
pourrais en être fâché. Loin de là. On a parlé
tantôt d'interlocuteur valable dans la personne du ministre des Finances.
J'y crois certainement. Mais je ne voudrais pas oublier que tous ces hommes que
je regarde, qui font partie de l'Hydro-Québec, sont certainement des
interlocuteurs valables, si on a confiance en ces gens comme administrateurs de
l'Hydro-Québec. Ce n'est pas pour les flatter. Ils ne votent pas pour
moi, n'étant pas dans mon comté. J'ai au moins une chance de
prendre la parole, de dire que j'ai confiance en ces hommes. S'ils avaient
trouvé la formule magique pour réduire tout ça, je les
crois assez honnêtes et sincères pour l'avoir donnée au
ministre des Finances ou au premier ministre. Je pense qu'aujourd'hui on aurait
trouvé la formule. Il me semble qu'elle est très difficile.
C'était mon message, très court.
M. BOURASSA: Ils veulent encore parler de la Banque du Canada.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je m'excuse auprès de
l'honorable député de Gouin, l'honorable premier ministre me
regardait en parlant de la Banque du Canada...
M. BOURASSA: Bien oui, vous êtes le représentant de la
Banque du Canada.
M. ROY (Beauce): Je suis très heureux que le premier ministre
rêve même de la Banque du Canada. J'espère qu'il en
rêvera suffisamment pour en discuter lors des conférences
fédérales-provinciales de façon que cette institution ne
serve pas seulement les intérêts du fédéral mais
qu'elle serve aussi les intérêts du Québec dans le cadre du
fédéralisme rentable que le premier ministre a vendu à la
population du Québec.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Gouin.
M. JORON: M. le Président, je voulais simplement faire une
rectification sur ce que disait le premier ministre tout à l'heure. Cela
prouvait d'ailleurs qu'il n'avait pas suivi les débats de cette
commission parlementaire lorsqu'il reliait la nécessité de cette
hausse de tarifs particulièrement en insistant sur l'augmentation de
salaires qui découle de la convention signée au mois de
janvier.
M. BOURASSA: Un instant, les taux d'intérêt...
M. JORON: Sauf que vous avez oublié de les mentionner.
M. BOURASSA: Je m'excuse, si le député me permet, je
prends un exemple qui a été discuté au début de
janvier. Les taux d'intérêt n'ont pas été
discutés au début de janvier. C'est pour ça que j'ai
cité cet exemple.
M. JORON : Je voudrais quand même insister pour rappeler au
premier ministre que le président de l'Hydro-Québec, hier, en
commentant ce facteur qui en est un parmi d'autres de l'augmentation des frais
d'exploitation de l'Hydro-Québec, l'a bien situé comme
étant un facteur minime. H nous a même dit que, somme toute, il
trouvait qu'il s'était fort bien tiré d'affaire dans cette
négociation. Si le premier ministre aussi avait eu le temps de prendre
connaissance des documents qui nous ont été déposés
hier c'est vrai que cela a été fait un peu à la
dernière minute, je ne veux pas l'en blâmer directement il
se serait rendu compte que tous les documents concordent sur un point, c'est
que la nécessité de cette hausse de tarifs semble reliée
à un point majeur qui est l'augmentation du coût du financement,
tant à la fois par la hausse constante des taux d'intérêt
d'une part et, d'autre part, quant à l'ampleur des besoins d'emprunt qui
découlent du programme axé sur la baie James, l'investissement
que l'Hydro-Québec a accepté, que le gouvernement a
accepté.
M. BOURASSA: M. le Président, je réfère le
député au communiqué qui a été
émis par le service des relations publiques de l'Hydro-Québec
je pense qu'il connaît son affaire lorsque la hausse des
tarifs a été rendue publique. Le député devrait
relire le communiqué de l'Hydro-Québec justifiant les raisons de
cette hausse. Je suis obligé de lui demander de relire ce
communiqué et il va voir qu'une fois de plus il est dans l'erreur et que
le gouvernement a raison.
M. JORON: M. le Président, je pense que le premier ministre est
dans l'erreur lui-même, parce que, s'il avait tout simplement
regardé les états financiers de l'Hydro-Québec...
M. BOURASSA: Bien, les états financiers, lisez la
déclaration officielle de l'Hydro-Québec par le service des
relations publiques lorsque la hausse a été annoncée.
M. JORON: Est-ce que vous avez lu les documents très
considérables qui ont été fournis en dehors de ce
communiqué de presse? Un communiqué de presse, ça reste un
communiqué de presse.
M. BOURASSA: On insulte la presse, M. le Président. C'est quand
même un communiqué.
M. JORON: C'est le bout!
M. BOURASSA: C'est une déclaration officielle de
l'Hydro-Québec. Ce n'est pas parce que le communiqué n'avait pas
300 pages qu'il devient incorrect. On résume les arguments dans quelques
paragraphes qui justifient la hausse de tarifs de l'Hydro-Québec.
M. JORON: Quand vous aurez deux minutes, vous pourrez regarder les
états financiers de l'Hydro-Québec et vous verrez où se
situe l'augmentation des frais d'exploitation. C'est au chapitre des
intérêts et du financement que cela fait bobo, pas ailleurs. C'est
tout ce que j'avais à dire.
M. BOURASSA: II y a plusieurs facteurs.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'aurais une question
à poser au premier ministre. Puisqu'il a envoyé une lettre
à l'Hydro-Québec et qu'il voulait associer la commission
parlementaire des Richesses naturelles à l'étude de la demande de
hausse de tarifs de l'Hydro-Québec, le premier ministre reconnaît
donc que l'Assemblée nationale et la commission parlementaire doivent
avoir un rôle important à jouer dans l'étude d'une telle
demande.
J'ai fait la suggestion tantôt que dans la prochaine loi de
l'Hydro-Québec on va tou- cher à la loi prochainement
que, dans les modifications qui y seront apportées on cherche
à voir s'il n'y aurait pas moyen qu'il accepte d'introduire une clause,
un article, pour que toute demande de hausse de tarifs soumise par
l'Hydro-Québec passe par l'Assemblée nationale avant de recevoir
l'approbation et la sanction.
M. BOURASSA: Je suis tout à fait prêt à examiner la
suggestion faite par le député de Montmagny. Je veux discuter
avec les responsables de l'Hydro-Québec quelles peuvent être les
implications de soumettre cela à un débat de l'Assemblée
nationale. Je ne sais pas si cela se fait dans le cas d'autres provinces, mais
je pense que la suggestion mérite certainement d'être
sérieusement considérée. Je veux seulement lire la lettre
que j'ai envoyée et qui est très brève
à l'Hydro-Québec. "Le règlement no 50 de
l'Hydro-Québec en date du 19 février 1973 établissant les
tarifs d'électricité et les conditions de leur application a
été approuvé par le Conseil exécutif le 21
février et l'arrêté en conseil no. 547-73 vous a depuis
été adressé. Je vous rappelle l'engagement pris par le
gouvernement avant l'adoption de cet arrêté en conseil de fournir
à la commission parlementaire des richesses naturelles et des terres et
forêts l'occasion d'étudier les explications que les membres de la
commission jugeront utiles. Toutes modifications futures à ce tarif
seront faites en la manière habituelle avec l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil conformément à la loi de
l'Hydro-Québec."
Ce que la lettre dit, c'est que la commission parlementaire, si le
député comprend, pourra faire des amendements aux tarifs qui ont
été proposés.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que je peux poser une question
au premier ministre suite à ce que j'ai cru être une acceptation
de votre part tantôt de nous en faire distribuer des copies? Est-ce que
cela tient toujours?
M. BOURASSA: Le journal des Débats dans une heure va vous le
donner.
M. SAMSON: Je regrette, M. le Président, mais je ne veux pas lire
le journal des Débats.
M. BOURASSA: Je vais en faire faire des copies.
M. SAMSON: Je voudrais avoir une copie de cette lettre.
M. BOURASSA: D'accord.
M. SAMSON: Est-ce qu'on peut l'avoir?
M. BOURASSA: Je vais en faire faire des copies.
M. SAMSON: D reste dix minutes avant l'ajournement.
M. BOURASSA: Je viens de la lire, le député ne l'a pas
comprise?
M. SAMSON: J'ai compris ce que vous avez lu, mais je n'ai pas vu ce que
vous n'avez peut-être pas lu.
M. BOURASSA: Je peux terminer. "Veuillez agréer, M. le
Président, l'expression de mes meilleurs sentiments." C'est tout.
M. SAMSON: Je regrette, mais je ne considère pas et je ne suis
pas satisfait de la lecture d'une lettre. Lorsque nous demandons le
dépôt d'un document, c'est parce que nous avons des raisons
valables pour avoir en main ce document.
M. BOURASSA: Je trouve que nous perdons notre temps. Je ne sais s'il y a
des gens dans la salle qui sont intéressés à faire de la
politique. Ils seront découragés complètement devant tant
de temps perdu.
M. SAMSON: Est-ce que le premier ministre a quelque chose à
cacher? Pourquoi ne veut-il pas nous la donner?
M. BOURASSA: Je vais en faire faire dix copies, s'il le veut,
mais...
M. SAMSON: Faites-en donc faire 20.
M.BOURASSA: D'accord. Trente, s'il le veut.
M. SAMSON: Avant six heures. Là, on sera content. Cela ne prendra
pas beaucoup d'électricité de plus.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Dorion.
M. BOSSE: La remarque que je voulais faire, c'est que nous avons
passé cette séance précisément, à cause de
l'attitude du Ralliement créditiste, à perdre royalement notre
temps et nous avons donné l'impression à un grand nombre de
personnes responsables que nous étions ici, à jouer un jeu un peu
imbécile, à mon avis. Cela ne fait vraiment pas sérieux
comme commission parlementaire. La responsabilité incombe
entièrement au Ralliement créditiste puisque je pense que les
deux autres partis ont fait part, eux aussi, qu'ils auraient aimé
entendre évidemment le ministre des Finances ou tout autre ministre.
Cependant, nous ne sommes pas ici pour entendre comme témoins,
les ministres. Il y a un ministre responsable. Nous sommes ici, pour entendre
précisément les spécialistes et poser des questions aux
gens de l'Hydro-Québec qui sont ici et qui sont compétents en la
matière. Or, aucune question à ma connaissance n'a
été posée au président de l'Hydro-Québec,
sinon celle concernant la Banque du Canada. Et là, on reconnaît
très bien, chez le député de Rouyn-Noranda, la tendance du
Ralliement créditiste. Cela, pour tâcher de politiser et de
retarder le plus possible par des mesures dilatoires la véritable
discussion sur le fond de la question, pour justement essayer de tirer le
maximum de bénéfice et laisser croire à la population que
nous ne sommes pas favorables, que les autres partis ne sont pas favorables
à précisément fournir l'électricité au
meilleur marché possible. Nous savons tous que tout le monde est
d'accord là-dessus, tous les partis politiques, non seulement le
Ralliement créditiste. Ce parti tente de politiser le débat et
fait en sorte que, du moins, qu'un groupe de spécialistes sont
dérangés, viennent ici, pour regarder quoi? Pour regarder le
spectacle des parlementaires qui sont, entre eux, à essayer de faire
perdre du temps. Nous n'en portons pas la responsabilité. Le Ralliement
créditiste peut en prendre la responsabilité. On connaît
très bien sa méthode, qui est de faire reproduire des textes que
vous nous réclamez au micro, pour ensuite les faire parvenir à
vos électeurs, de telle sorte que vous laissez entendre ou laissez
croire par cette méthode que vous êtes les seuls qui les
représentez ou qui les défendez vraiment. Or, la population n'est
pas si bête. Elle saura reconnaître, je l'espère, votre
attitude dilatoire justement qui fait perdre le temps, en plus des
parlementaires, à ceux qui sont ici pour répondre aux questions.
Vous n'avez pas posé une question à ces gens et ils sont ici pour
cela.
M. ROY (Beauce): M. le Président, suite à ce que vient de
dire l'honorable député de Dorion, je pense qu'il aurait dû
écouter attentivement les propos de l'honorable premier ministre qui a
dit lui-même qu'il avait demandé que la commission parlementaire
ait lieu. Il a convoqué les gens de l'Hydro-Québec de
façon qu'ils puissent venir s'expliquer sur les raisons qui ont
motivé la hausse des coûts de l'électricité, leur
décision...
M. BOSSE: Aux mesures dilatoires...
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'ai la parole,
premièrement. Deuxièmement, le premier ministre a parlé
pour permettre aux membres de la commission et à la commission de faire
des suggestions, de suggérer des modifications que le gouvernement
pourrait apporter. Or, ici, dans un communiqué de l'Hydro-Québec,
que j'ai en main, il est dit ceci: Cette forte augmentation des charges
comprend une hausse de $22.4 millions dans les frais d'exploitation. On prend
$15,000,000 par les salaires, les avantages sociaux du personnel. Une hausse de
$24,3 millions dans les frais d'intérêt et une hausse de $18.7
millions dans les achats d'éner-
gie. La plus grande hausse des frais de l'Hydro-Québec
réside justement dans les frais d'intérêt.
M. le Président, nous avons questionné ce matin et hier
les gens de l'Hydro. Ils nous ont clairement et très bien répondu
à ce sujet. Pour faire avancer les travaux, de façon qu'on puisse
suggérer des modifications, nous avons demandé cet
après-midi à examiner cet aspect du financement de
l'Hydro-Québec, parce qu'il constituait la partie la plus importante qui
nécessite une hausse constante des coûts.
Pour aller plus loin, j'inviterais l'honorable député de
Dorion à regarder encore un document que nous ont remis les gens de
l'Hydro. Revenu additionnel selon diverses considérations, $1 million.
Dans la deuxième page, vous allez constater que les dépenses
d'exploitation de 1970, par comparaison avec les prévisions de 1974,
connaissent une hausse de 60 p.c.
Vous avez dans le paragraphe plus bas les dépenses
d'intérêt sur dette à long terme par rapport aux
coûts de 1970 et la projection de 1974; vous y avez une hausse de 80
p.c.
M. BOSSE : Un autre texte à reproduire pour les
électeurs.
M. ROY (Beauce): Une hausse de 80 p.c. Je reproduirai ce que je voudrai,
je n'ai pas de compte à vous rendre, paas de permission à vous
demander. Je fais mon travail à l'Assemblée nationale, je vais
continuer à le faire et n'ayez aucune inquiétude, les propos que
vous avez tenus tout à l'heure à notre endroit...
M. BOSSE : Prenez ma parole, nous aurons l'occasion de donner l'autre
version à nos électeurs.
M. ROY (Beauce): Vous auriez voulu que nous venions à la
commission parlementaire pour vous encenser, pour vous dire: C'est vrai, vous
avez bien fait, pour permettre au premier ministre de dire: C'est vrai; les
partis d'Opposition ont endossé la politique du gouvernement d'accepter
la hausse des tarifs.
M. BOSSE: II ne s'agit pas d'encenser!
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! Il y a une motion sur
la table et je pense qu'il serait temps qu'on y revienne. J'ai laissé un
peu de latitude.
M. PERREAULT: Cela fait trois fois que vous parlez à ce
sujet.
M. ROY (Beauce): ... M. le Président, ce n'est pas la
nervosité ministérielle qui va m'in-fluencer. Soyez bien à
votre aise, soyez sans inquiétude, nous n'avons pas fini, ça
commence.
UNE VOIX: Un "filibuster"! M. BOSSE: ... la population.
M. ROY (Beauce): Nous savons que vous avez été élu
par la grosse caisse électorale, la grosse finance.
M. BOURASSA: M. le Président, on trahit le chef du Ralliement
créditiste. Le député de Beauce vient de trahir son propre
chef.
M. ROY (Beauce): M. le Président, rappelez donc le premier
ministre à l'ordre. Le premier ministre devrait connaître
suffisamment son règlement pour savoir que, quand un
député a la parole...
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! Est-ce qu'on appelle le
vote sur la motion?
M. ROY (Beauce): Pour en venir à la motion de l'honorable
député de Richmond, je dis que, si nous voulons faire une
étude sérieuse, on doit quand même aux parlementaires
d'être en mesure de faire des recommandations et des suggestions au
gouvernement.
En ce qui nous concerne, pour être capables de faire les
recommandations pertinentes qui seraient à l'avantage de la population
du Québec, nous avons demandé que comparaisse l'honorable
ministre des Finances. En ce qui me concerne, je suis prêt à
accepter que nous prenions le vote sur la motion de l'honorable
député d'Abitibi-Est que j'appuie sans aucune réserve.
M. BROCHU: Est-ce que vous permettriez, avant de prendre le vote, nous
ne pouvons quand même pas...
M. BOURASSA: II est six heures.
M. BROCHU: ... laisser passer sous silence ici ce que le
député de Dorion a mentionné tout à l'heure,
à savoir que le Ralliement créditiste du Québec faisait
perdre le temps de la commission...
M. BOSSE: Dans ce cas-ci, oui.
M. BROCHU: ... par des motions dilatoires. Je vais lui dire une chose.
C'est que quelqu'un qui prend ses responsabilités ne fait perdre le
temps de personne. Si c'est faire perdre le temps de quelqu'un que de prendre
ses responsabilités, votre gouvernement ne fait perdre le temps à
personne actuellement, parce qu'il ne prend pas ses responsabilités et
qu'il devrait aller plus loin dans cette question.
M. BOSSE: Parlez donc des contradictions... pour le journal des
Débats où elles vont être reproduites.
M. BROCHU: Qu'est-ce qui se passe actuellement pour la hausse de
tarifs...
M. BOURASSA: Parlez donc de vos contradictions...
M. BROCHU: ... plutôt que de demander aux gens de
l'Hydro-Québec...
M. BOURASSA: ... sur le bill 63.
B. BROCHU: Nous aurons l'occasion de reparler de vos contradictions sur
le rapport Gendron. Combien cela a-t-il coûté aux contribuables du
Québec?
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre! Messieurs les membres de la
commission, on me souligne qu'il y aura un vote à l'Assemblée
nationale dans quelques secondes. Alors, si vous voulez, nous allons prendre
immédiatement le vote sur la motion.
M. SAMSON: Est-ce que je pourrais, en invoquant le règlement, en
vertu des ententes prises... Je vois que, justement, les copies de lettre nous
arrivent... Nous serions prêts à attendre que le premier ministre
nous donne ses copies et, après, nous ajournerons la séance. Le
premier ministre peut nous les donner...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Prenons le vote sur la motion.
M. SAMSON: Nous avons autre chose à dire. Ce n'est pas fini.
M. BOURASSA: La copie n'est pas signée.
M. BROCHU: Le premier ministre a détourné mon attention
tout à l'heure. On n'a quand même pas le droit de prêter des
intentions à quelque parlementaire que ce soit...
M. BOSSE : Je ne vous les prête pas. Je vous les donne. C'est
gratuit.
M. BROCHU : Je ne les prends pas. LE PRESIDENT (M. Brisson): Le
vote.
M. BROCHU: Le fait d'aller devant nos électeurs et de dire
exactement ce que nous disons ici à l'Assemblée nationale, ce
n'est quand même pas quelque chose qu'on peut nous reprocher et...
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre! M. BROCHU: ... nous n'avons pas
honte de ce que nous disons, de ce que nous défendons comme
pensée politique.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre! J'appelle le vote. M. Leduc?
Contre. M. Car-pentier? Contre. M. Drummond? Contre. M. Bossé? Contre.
M. Joron? Contre. M. Massé (Arthabaska)? Contre. M. Pelletier? Contre.
M. Perreault? Contre. M. Cloutier (Montmagny)? Contre. M. Tétrault?
Pour. M. Gallienne? Contre. Alors, contre: 10, pour: 1. La motion est
rejetée.
M. BOURASSA: L'Opposition est écrasée.
M. SAMSON: Avant d'ajourner la séance, je voudrais avoir les
copies que le premier ministre nous a promises.
M. BOURASSA: On a oublié de reproduire ma signature.
M. SAMSON: M. le Président, sa signature, ce n'est pas bien
grave, ça ne dérange pas grand-chose. Je veux avoir le texte.
M. BOURASSA: La lettre n'est pas signée. Je vais examiner
ça pour voir si ça...
M. SAMSON: M. le Président, on vient de parler de mesure
dilatoire. S'il y a un exemple de mesure dilatoire, c'en est une. Après
nous avoir promis de nous donner une copie de la lettre en question,
l'honorable premier ministre se sauve encore une fois de ses
responsabilités.
M. JORON: M. le Président, quand siégerons-nous?
LE PRESIDENT (M. Brisson): A dix heures demain.
M.BOURASSA: D'accord! A dix heures demain.
UNE VOIX: La Chambre siège à dix heures.
M. BOURASSA: Après la période des questions.
UNE VOLX: Alors, cela ira à onze heures.
LE PRESIDENT (M. Brisson); Les travaux de la commission sont
ajournés à onze heures demain matin.
(Fin de la séance à 17 h 58)