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Commisson permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Hydro-Québec
Séance du jeudi 12 avril 1973
(Onze heures 34 minutes 1
M. BRISSON (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
M. Ostiguy, député de Rouville, remplace M. Carpentier; M.
Harvey (Chauveau) remplace le député de Drummond; M. Dionne, de
Compton, remplace M. Larivière; le député de Montmagny, M.
Cloutier, remplace M. Simard; M. Giasson, député de L'Islet,
remplace M. Théber-ge; M. Demers, député de Saint-Maurice,
remplace M. Vincent.
Alors, messieurs, la séance est ouverte. L'honorable
député de Rouyn-Noranda avait demandé la parole en premier
lieu.
Tarifs de l'électricité
M.SAMSON: M. le Président, hier, avant l'ajournement de nos
travaux, si je peux avoir votre attention, M. le Président
nous avions demandé au premier ministre de nous déposer la lettre
qu'il faisait parvenir au président de l'Hydro-Québec, à
la suite de l'arrêté en conseil no 547-73. Dans un effort
suprême pour nous donner satisfaction, le premier ministre avait
demandé qu'on nous fasse faire des photocopies immédiatement, ce
qui a été fait. Le premier ministre nous a remis hier soir copie
de cette lettre.
M. le Président, j'ai des doutes très sérieux quant
aux méthodes de photocopier. On nous a remis une copie de lettre.
Evidemment, la signature du premier ministre n'y apparaît pas mais il
nous a expliqué qu'il y avait eu un problème technique. Je ne
sais pas quelle sorte de problème technique il y a eu pour que la
machine ne réussisse pas à photocopier en même temps la
signature.
M. BOURASSA: Il y en a eu un, puisque la signature n'est pas
là.
M. SAMSON: II est là, le premier ministre? M. le premier
ministre, vous allez être capable, probablement, de nous dire pourquoi,
lorsqu'une lettre part de votre bureau, elle n'est pas datée.
M. BOURASSA: C'est peut-être comme la signature, c'est la machine
qui...
M. SAMSON: M. le Président, il semble qu'il y a des
problèmes de machine dans ce gouvernement-là. Quand même,
lorsqu'on nous remet un document, lorsqu'on dépose un document, j'ai
l'impression que nous sommes en droit de nous attendre à ce que ce
soit...
M. BOURASSA: Je ne voulais pas la déposer et c'est le
député qui me l'a arrachée des mains. Je ne voulais pas
déposer ce document.
M, SAMSON: Je ne vous l'ai pas arrachée des mains, M. le premier
ministre, vous nous l'avez presque offerte de vous-même. Vous vous
rappelez?
M. BOURASSA: Non.
M. SAMSON: Le principe est que lorsqu'on accepte de déposer un
document, c'est le document qu'on veut, je n'oserai pas dire que c'était
un document falsifié, non. On n'oserait pas dire ça. Mais je vais
quand même vous dire qu'il manque des choses là-dessus. Il manque
d'abord la date et je suis persuadé que même s'il arrive souvent
qu'il se fasse des erreurs au bureau du premier ministre, cela ne doit pas
être le genre d'erreurs que vous faites régulièrement.
Pourquoi la date n'est-elle pas là-dessus? Pourquoi, dans une lettre
adressée par le premier ministre du Québec au président de
l'Hydro-Québec, écrit-on en haut de la lettre, "projet"? M. le
premier ministre écrit au président de l'Hydro-Québec et
envoie des "projets de lettre". Il y a quelque chose qui ne va pas dans votre
affaire.
M. BOURASSA: M. le Président, j'invoque le règlement.
C'est parce qu'hier le député de Rouyn-Noranda a insisté
pour avoir la lettre le plus rapidement possible. J'ai demandé à
un de mes adjoints d'aller chercher la lettre et probablement qu'on lui a remis
le projet initial, qui est la même chose que la lettre, je crois que je
n'avais pas fait de changement. C'est tout ce qui est arrivé. C'est pour
cela que je n'ai pas voulu le déposer hier quand j'ai vu qu'il n'avait
pas la signature. D'ailleurs, le député le sait fort bien, il ne
peut pas s'empêcher de rire. Il essaie de faire perdre le temps de la
commission avec des choses comme celle-là. Je vais retrouver la vraie
lettre et ce sera la même chose que celle-là, sauf qu'il y avait
une date et la signature.
M. SAMSON: M. le Président, j'ai l'impression de m'adresser
à un interlocuteur qui n'est pas valable. Je demanderai donc au
président de l'Hydro-Québec s'il a dans ses dossiers,
aujourd'hui, l'original de cette lettre.
M. GIROUX: Je regrette, je n'ai pas l'original.
M. DEMERS: C'est personnel et confidentiel.
M. GIROUX: Non, ce n'était pas personnel et confidentiel, M.
Demers. C'était une lettre adressée au président de
l'Hydro-Québec. Mais je ne l'ai pas apportée.
M. SAMSON : Est-ce que le président de l'Hydro-Québec peut
nous dire si la lettre qu'il a reçue portait une date?
M. GIROUX: De mémoire, ça doit.
M. SAMSON: Est-ce que c'était marqué "projet" sur la
lettre que vous avez reçue?
M. GIROUX: Non.
M. SAMSON: M. le Président, ce qu'on nous a déposé
est un faux. C'est déposé par le premier ministre du
Québec par-dessus le marché! Ecoutez un peu, il y a quand
même des limites.
M. BOURASSA: M. le Président, j'invoque la question de
privilège.
M. SAMSON: Vous n'avez pas le droit d'invoquer la question de
privilège. Vous êtes en commission parlementaire.
M. BOURASSA: Oui, j'ai droit à la question de
privilège.
M. SAMSON : Non, vous êtes en commission parlementaire, votre
règlement vous interdit d'invoquer la question de privilège.
Invoquez le règlement, si vous le voulez, c'est votre droit et c'est
avec plaisir qu'on va vous écouter.
M. BOURASSA: D'accord. Je n'ai pas déposé la lettre hier,
c'est le député de Rouyn-Noranda qui est venu me retrouver
après la séance, j'ai refusé de la déposer. Alors,
je suis obligé...
M. SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
règlement nous dit qu'on doit s'en tenir à un certain minimum de
vérité. Hier, vous avez accepté de la déposer, sauf
que vous avez été sauvé par la cloche, lorsque le
président a dit: Nous ajournons. Mais vous aviez les lettres en main,
vous nous avez remis cette lettre, cela a été fait en cette salle
même. Quelle est la différence?
M. BOURASSA: Non! Lisez le journal des Débats, M. le
Président. J'ai dit: La lettre n'est pas signée, je ne peux pas
la déposer. Mais, après la séance, le chef du Ralliement
créditiste est accouru et il m'a arraché une copie du projet de
lettre entre les mains. J'ai eu beaucoup de difficulté à essayer
de la récupérer.
M. SAMSON: M. le Président, comment voulez-vous qu'on ait un
gouvernement efficace si n'importe qui peut accourir et arracher des mains du
premier ministre quelque chose comme il vient de nous dire? Comment
voulez-vous? Je n'ai pas l'impression qu'on vous l'a arrachée. Vous nous
l'avez offerte, hier, dans un geste de collaboration envers l'Opposition.
Vous nous avez offert ça. On l'a accepté. Une fois qu'on
l'accepte, on ne nous le donne pas ou on nous donne un faux.
M. BOURASSA: On va la retrouver.
M. SAMSON : Est-ce que le premier ministre veut se reprendre aujourd'hui
et nous donner la vraie copie?
M. BOURASSA: C'est la même chose. Je vais donner la vraie copie,
mais c'est la même chose. Combien de temps va-t-on discuter sur
ça, M. le Président?
M. SAMSON: Non, non! M. le Président, on revient là-dessus
parce qu'hier le premier ministre nous a lu cette affaire-là.
M. BOURASSA: C'est un filibuster pour des niaiseries.
M. SAMSON: Quelle est la différence entre se faire lire quelque
chose qui n'est pas l'original et se faire photocopier quelque chose qui n'est
pas non plus l'original? Quelle est la différence? On se le demande. On
vous demande si vous êtes prêt à la déposer.
Qu'est-ce que vous avez donc à ne pas vouloir la déposer? Y
a-t-il quelque chose de confidentiel là-dedans? Y a-t-il quelque chose
qui dérangerait le gouvernement?
M. BOURASSA: Pas du tout, M. le Président.
M. SAMSON: Bon! A quelle heure allez-vous nous la donner?
M. BOURASSA: On n'a absolument rien à cacher. J'ai lu la lettre
hier et je suis à peu près convaincu que c'est la copie de la
lettre officielle. Je vais retrouver la lettre officielle aujourd'hui. C'est
parce que le député insistait et un de mes adjoints est
allé la chercher et on lui a remis une copie, parce que je lui avais dit
que c'était très urgent et on lui a remis une copie du projet
parce qu'on n'avait pas retrouvé la lettre officielle. Ce n'est pas plus
compliqué que ça. Pour tout le monde, c'est très
simple.
M. SAMSON : Comment se fait-il que vous ne vous retrouviez pas plus vite
que ça? Il n'est pas capable de trouver un original et il trouve une
copie de projet !
M. BOURASSA: M. le Président, c'est très simple pour tout
le monde.
M. SAMSON: Vous pouvez dire ça à n'importe qui, mais pas
aux députés de l'Opposition.
UNE VOIX: C'est compliqué seulement pour vous.
M. SAMSON: Un instant!
M. BOURASSA: C'est très simple pour tout le monde. Je sais que le
député veut tuer le temps et avec des choses relativement
insignifiantes il essaie de faire perdre le temps d'une douzaine de
parlementaires.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M.SAMSON: M. le Président, je regrette, mais nous ne sommes pas
ici pour tuer le temps. Nous sommes ici pour permettre...
UNE VOIX: Cela ne parait pas!
M. SAMSON: On ne veut pas tuer le premier ministre non plus, parce qu'on
l'aime trop. Nous sommes ici pour permettre à la population de
s'éviter de payer une augmentation de tarifs, si c'est possible de le
faire. C'est ça que le premier ministre n'a pas encore compris, je
pense. On l'a demandé hier, on a même fait une motion, on ne
reviendra pas sur la motion qu'on a faite hier, parce que peut-être
qu'aujourd'hui le gouvernement l'accepterait, et ça nous mettrait encore
devant un fait accompli ou des contradictions flagrantes du gouvernement.
Ce matin, à la suite de ce que nous avons discuté hier,
suite au dépôt de cette lettre formidable, on a l'impression,
beaucoup plus qu'hier encore, que le gouvernement se fout éperdument des
droits des parlementaires.
M. ROY (Beauce): Oui.
M. SAMSON: On a l'impression que le gouvernement, tout ce qu'il veut
faire, c'est de nous réunir pour nous dire: Les petits gars, ne vous en
faites pas, nous avons pris les décisions, la population payera plus
cher pour son électricité, cela coûtera plus cher à
la population, c'est décidé, nous venons vous donner des
explications.
Un instant.
M. PERREAULT: Suivant la loi.
M. SAMSON: Laissez faire. Suivant la loi...
M. PERREAULT: Suivant la loi.
M. SAMSON: Vous irez dire cela à la population: Suivant la
loi.
M. PERREAULT: Bien oui.
M. SAMSON: Vous irez dire cela à ceux qui vont payer des
augmentations de tarifs d'électricité, que vous vous êtes
cachés derrière les lois. Un instant!
M. PERREAULT: On respecte la loi.
M. SAMSON: Les lois se font au Parlement et c'est pour cela que vous
avez été élus, pour faire des lois. Lorsque les lois
égorgent la population, on a le devoir de les réviser. On va vous
demander de les réviser, si vous vous cachez derrières elles.
Cessez donc de vous cacher derrière les lois et tâchez donc de
parler avec bon sens.
C'est pourquoi on a demandé, hier d'avoir un interlocuteur
valable au point de vue financier pour tenter de permettre à
l'Hydro-Québec de ne pas subir le contre-coup, si vous le voulez, du
déficit qu'elle nous a présenté, mais pour que ce ne
soient pas, non plus, les contribuables qui sont les mêmes
qui payent les augmentations des taux d'électricité.
M. le Président, c'est inacceptable, et le premier ministre
devrait utiliser la même énergie que son gouvernement a
utilisée pour demander à la Commission canadienne des transports
de ne pas augmenter les taux de téléphone au Québec. C'est
drôle que lorsqu'il s'agit d'une compagnie privée, on a toute
l'énergie qu'il faut pour l'empêcher d'augmenter les taux. On
était même d'accord avec vous, à ce moment-là, parce
que nous avions considéré que votre position était la
meilleure dans les circonstances: empêcher la population de payer une
augmentation de tarifs, mais lorsqu'il s'agit d'une entreprise d'Etat, le
même gouvernement change de position.
M. BOURASSA: Le chef fédéral, M. Caouet-te... le
député de Rouyn-Noranda n'est pas d'accord avec M. Réal
Caouette?
M. SAMSON: ... parce que vous n'avez pas changé depuis la semaine
dernière, depuis deux semaines ou depuis un mois.
M. DEMERS: Il n'a jamais été d'accord avec lui.
M. BOURASSA: Est-ce que le député de Rouyn-Noranda est en
désaccord avec M. Réal Caouette? M. Réal Caouette...
M. SAMSON: M. le Président, si l'honorable premier ministre a
quelque chose à dire à quelqu'un qui ne siège pas en ce
Parlement, je lui demande de se rendre à l'autre Parlement et d'aller y
faire ses revendications mais, ici, c'est vous qui êtes en cause, c'est
vous qui...
M. BOURASSA: Je constate simplement une distinction nouvelle entre M.
Réal Caouette et le chef du Ralliement créditiste.
M. SAMSON: ... actuellement obligez la population, parce que le premier
ministre du Québec est responsable devant la population. Pourquoi se
réfùgie-t-on derrière des lois? C'est vous, qui, par
l'arrêté en conseil no 547-73, avez permis à
l'Hydro-Québec d'augmenter ses taux d'électricité. C'est
le même gouvernement
qui pourrait rescinder ou annuler l'arrêté en conseil
547-73 pour empêcher que la population paye encore une fois des
augmentations.
M. le Président, je m'adresse au premier ministre par votre
intermédiaire.
Non seulement nous avons l'impression, mais c'est devenu clair, que le
gouvernement veut rire de l'Opposition, que nous perdons notre temps devant
cette commission présentement, parce que vous avez décidé
de ne rien changer. Si vous avez décidé de ne rien changer,
n'essayez pas...
M. BOURASSA: Les Iles-de-la-Madeleine...
M. SAMSON: ... de démontrer une bonne conscience, parce que vous
ne voulez rien changer de toute façon.
M. BOURASSA: Les Iles-de-la-Madeleine.
M. SAMSON: Les Iles-de-la-Madeleine? Comté protégé,
oui, parce que, à l'occasion de la discussion sur la loi
électorale, c'est le seul que vous avez protégé, parce que
c'est un bon comté rouge. Encore une fois, une manifestation de
politique partisane, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
l'Assomption.
M. PERREAULT: Je n'ai pas de sujet.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Saint-Maurice. Sur le même sujet.
M. DEMERS: Mon nom, c'est Demers.
M. le Président, à entendre les propos du
député de Rouyn-Noranda, on penserait que c'est la
première fois que c'est dit à cette réunion. Je ne veux
faire aucun grief au député de Rouyn-Noranda, mais la
première journée que nous y avons siégé, nous
sommes intervenus dans ce sens-là en disant que le rôle de la
commission ne rimait à rien. C'est évident.
Cela aura permis, comme nous l'avons dit, au gouvernement de se donner
une bonne conscience et de se trouver des raisons plus ou moins valables pour
faire passer son augmentation des tarifs d'électricité en ayant
un appui admis ou non de l'Opposition. Il y a des choses qui ont
été dites et il faudrait, je pense, ou parler d'autre chose ou
ajourner les travaux de la commission. Je suis d'avis qu'on devrait parler
d'autre chose ou ajourner les débats.
M. ROY (Beauce): M. le Président, suite à ce que vient de
dire l'honorable député de Rouyn-Noranda, nous nous demandons
sérieusement si le premier ministre ne veut pas se payer notre
tête, ne veut pas rire de nous et se moquer de tout le monde. On en a
parlé hier, on a discuté suite au document. J'ai pris la peine,
durant la soirée d'hier, de regarder les documents que nous a remis
l'Hydro-Québec. J'ai vu que l'Hydro-Québec a attaché
beaucoup d'importance et a insisté énormément sur la
hausse de ses coûts d'exploitation, notamment sur la hausse des
coûts d'intérêt.
Je ne reviens pas sur la motion que nous avons présentée
hier. J'ai demandé à l'honorable ministre des Richesses
naturelles de voir si son ministère et si lui, en tant que ministre
avaient étudié cette question de près et s'ils
recherchaient des moyens nouveaux ou des formules nouvelles pour tâcher
de financer l'Hydro-Québec de façon que ses charges
d'intérêt ne dépassent pas le taux de croissance ou le taux
des revenus de l'Hydro-Québec, ce qui est un fait à l'heure
actuelle.
Or, l'honorable ministre des Richesses naturelles nous répond que
cette question ne relève pas de lui, que cette question relève du
ministre des Finances. Alors, 34 p.c. des dépenses de
l'Hydro-Québec ne relèvent pas du ministre des Richesses
naturelles qui n'a aucun mot à dire; cela relève du ministre des
Finances et c'est justement le ministre des Richesses naturelles qui l'a dit
lui-même.
Nous avons fait hier une motion qui a été rejetée
par le gouvernement, pour que le ministre des Finances comparaisse, vienne nous
donner des renseignements à ce sujet de façon que nous puissions
le questionner et faire au gouvernement les recommandations que la commission
jugerait pertinentes dans les circonstances.
Nous avons vu de quelle façon le gouvernement a
procédé face à cette question.
M. PERREAULT: Elle a été battue.
M. ROY (Beauce): II avait été question, et le premier
ministre nous en avait donné la certitude à ce moment, que la
lettre qu'il avait fait parvenir au président de l'Hydro-Québec
serait donnée aux membres de la commission. Nous avons une copie ou du
moins, le premier ministre nous a remis une photocopie de document, hier, qui
n'est pas signée, qui n'est pas datée comme le disait l'honorable
député de Rouyn-Noranda. Et, après avoir questionné
le président de l'Hydro-Québec, il a déclaré
lui-même que la lettre qu'il a reçue était signée
par le premier ministre, que la lettre était normalement datée et
qu'il n'était pas question dans cette lettre que ce soit marqué:
projet de lettre.
Le premier ministre se défile ce matin habilement, subtilement et
ne veut pas nous répondre. Nous ne savons pas encore si nous aurons la
vraie lettre et, même si le premier ministre nous donne une lettre,
étant donné ce qu'il a fait jusqu'à maintenant, j'ai le
droit de me demander si ce n'est pas une lettre qui a été
dictée ce matin ou une lettre qui a été écrite hier
soir. Nous pouvons même nous poser la question. Je ne porte pas
d'accusation contre l'honorable premier ministre. Mais à l'heure
actuelle, de la façon que le premier ministre traite les membres de la
commission et de la
façon que le premier ministre agit, nous avons le droit de penser
toutes ces choses. Nous avons discuté de la question de la lettre hier
et nous en discutons ce matin. Nous ne sommes pas plus avancés.
Le gouvernement a convoqué la commission parlementaire pour se
cacher derrière les membres de la commission parlementaire pour se
justifier d'avoir entériné une décision qui peut faire
perdre le temps de tout le monde. Nous n'avons absolument rien à faire
ici. Nous n'avons absolument rien à dire parce que lorsque nous posons
des questions ou lorsque nous voulons savoir quelque chose, on nous accuse de
faire de la politique et on nous accuse de faire perdre le temps de la
Chambre...
M. PERREAULT: Allez-vous-en.
M. ROY (Beauce): ... de faire perdre le temps de la commission
parlementaire. Qu'est-ce que vous voulez? Nous avons un travail à faire,
et en ce qui nous concerne, ce ne sont pas les députés
ministériels, je regrette, qui me dicteront ma ligne de conduite et qui
prépareront mes interventions.
M. PERREAULT: Allez-vous-en.
M. ROY (Beauce): C'est clair et net. Vous voulez que nous nous en
allions?
M. PERREAULT: Allez-vous-en.
M. MASSE (Arthabaska): Posez donc des questions aux gens de
l'Hydro-Québec.
M. ROY (Beauce): Nous avons posé toutes les questions que nous
avons voulu poser aux gens de l'Hydro-Québec et ils nous ont
répondu. Il y a d'autres points à l'heure actuelle qui sont de la
responsabilité du gouvernement et le gouvernement ne veut pas
répondre.
M. MASSE (Arthabaska): Cela fait trois heures et demi et vous n'avez pas
posé une seule question.
M. ROY (Beauce): Le gouvernement prend tous les moyens pour ne rien
dire. J'ai posé des questions. Nous avons posé des questions.
M. MASSE (Arthabaska): Cela fait trois heures et demi que vous n'en avez
pas posé.
M. ROY (Beauce): Sur la question de la lettre, je veux savoir, ce matin,
si le premier ministre est un homme encore sérieux. Je pose la question.
La lettre authentique signée et datée puis on va suspendre les
travaux en attendant de l'avoir et on reviendra après, parce que nous
voulons savoir quelle est la teneur de la lettre que le premier ministre a fait
parvenir au président de l'Hydro-Québec...
M. BOURASSA: Je l'ai lue hier.
M. ROY (Beauce): ... que le premier ministre aurait signée
je dis bien "aurait" parce que l'on a encore des doutes avec les
déclarations qu'il nous a faites en Chambre aux questions qui lui ont
été posées dès l'ouverture de la session, le vingt
février dernier. A ce moment-là, M. le Président, on sera
peut-être en mesure de se rendre compte que tout simplement on se moque
de nous. On veut tout simplement rire de nous. Ce que le premier ministre
désire, c'est dire ensuite à la population:
Nous avons fait siéger la commission parlementaire et tous les
partis de l'Opposition étaient d'accord sur la position et la
décision que nous avons prises. Je connais assez le premier ministre
pour savoir que c'est cela qu'il a derrière la tête et il veut se
payer notre tête. Dans son petit jeu, je tiens à lui dire que nous
ne marchons pas. Ou la commission parlementaire va siéger d'une
façon sérieuse et le premier ministre va agir de façon
sérieuse devant la commission parlementaire ou bien, en ce qui nous
concerne, nous allons voir à prendre nos responsabilités.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Sur le même sujet, l'honorable
député de Saint-Maurice, M. Demers.
M. DEMERS: M. le Président, devant les idées
apportées par le Ralliement créditiste, devant
l'inefficacité vers laquelle s'achemine cette commission, devant la
perte de temps occasionnée, d'abord aux parlementaires,
deuxièmement, aux membres de l'Hydro, qui sont ici à
Québec depuis trois jours, devant les trois heures et demie ou quatre
heures qui ont été perdues, hier, à tâcher d'obtenir
des documents qu'on n'a pas réussi à obtenir, devant toutes ces
raisons, M. le Président, je crois qu'il serait décent, pour le
meilleur-être de tout le monde, afin que les gens de l'Hydro continuent
à travailler, parce qu'ils ont de la besogne, ces gens-là, que le
premier ministre continue à préparer des arrêtés
ministériels, il a de la besogne, lui aussi et que, nous, de
l'Opposition, nous continuions dans d'autres domaines à faire notre
tâche, je propose, et j'en fais une motion, que cette commission suspende
ses travaux jusqu'à ce que nous puissions y travailler d'une
façon plus constructive.
M. BOURASSA: M. le Président, je m'oppose à la motion
parce que, nous, nous avons à poser des questions sur les
Iles-de-la-Madeleine et d'autres régions. Je voudrais permettre aux
députés soit de l'Opposition, s'ils ne le veulent pas, du moins
aux députés ministériels de remplir leur devoir
vis-à-vis de la population et de continuer à interroger d'une
façon positive les représentants de l'Hydro qui sont ici pour
répondre d'une façon satisfaisante aux questions des
députés et non pour assister à ce qui vient de se passer
depuis quelques heures.
Nous pouvons voter sur la motion, M. le Président.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que je peux parler?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Sur la motion, oui.
M. SAMSON: Comme c'est une motion dé-battable et que chaque
représentant de parti a droit à dix minutes, M. le
Président, je voudrais vous dire que...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Vous êtes le représentant du
parti...
M. SAMSON: Un représentant, selon l'article 157,
deuxièmement.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Donc, on vous a désigné
représentant du Ralliement créditiste. Si on a droit à un
représentant...
M. SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Tout membre se présentant à la
commission...
M. SAMSON: Vous n'avez pas le droit de changer mon statut. Ce n'est pas
à vous à décider de mon statut. Eh là! Je suis
à la veille de vous demander si vous n'intervenez pas encore dans le
débat. Je ne voudrais pas faire cela, M. le Président.
M. MASSE (Arthabaska): Cela fait déjà une minute.
M. SAMSON: Comme le point de règlement se termine, il me reste
dix minutes. Je commence sur la motion.
M. le Président, c'est avec plaisir que nous allons appuyer cette
motion de l'honorable député de Saint-Maurice, motion que nous
nous apprêtions nous-mêmes à proposer dans les
circonstances. Comme vous pouvez le voir, l'Opposition, devant
l'inefficacité du gouvernement, s'apprête à faire bloc
parce que, justement, l'Opposition représente la majorité au
Québec. Nous représentons 55 p.c. J'espère qu'en ce
domaine, nous aurons l'appui du Parti québécois également.
Si nous l'avons, nous représenterons 55 p.c. Cela voudrait dire que 55
p.c. de la population, par voie de représentation, dit au gouvernement
que nous perdons notre temps à discuter avec un interlocuteur non
valable qui, en l'occurence, présentement, est le gouvernement. On
tente, par tous les moyens possibles, de permettre que 1'Hydro ne subisse pas
le contrecoup, mais aussi de permettre que ce ne soit pas la population qui
soit obligée de payer pour les pots cassés. Le gouvernement, par
toutes sortes de moyens, les plus subtils les uns que les autres, se refuse
à répondre raisonnablement à nos questions. Bien entendu,
nous avons demandé cela a été invoqué par
l'honorable député de Saint-Maurice des
dépôts de documents. Quand on dépose un document, on tente
de se moquer de nous, tout simplement. Lorsque, dans une tentative, hier, pour
que le ministre des Finances soit convoqué devant la commission, le
premier ministre, dans son argumentation, nous mentionnait qu'il n'était
pas nécessaire que le ministre des Finances soit là, que lui, en
tant que chef du gouvernement, était prêt à répondre
à toutes nos questions; dans les 30 secondes qui ont suivi sa
déclaration, l'honorable député de Beauce lui posait une
question et déjà, il n'avait pas de réponse. C'est donc
dire, M. le Président, que, plus on tente d'avoir des renseignements du
gouvernement... Parce qu'il faut bien remarquer que des renseignements, 1'Hydro
nous en a donné passablement hier, et la position de 1'Hydro est connue.
Nous savons que le grand responsable dans tout cela, c'est le gouvernement,
parce que ce n'est pas l'Hydro qui est maître du gouvernement. Je ne
crois pas que ce soit cela encore. Alors, c'est le gouvernement qui est encore
maître, ou du moins qui doit l'être. Si l'Hydro est obligée
de subir un contrecoup parce que le gouvernement se refuse à prendre ses
responsabilités c'est au gouvernement qu'on doit s'adresser.
Quand on s'adresse au gouvernement, c'est comme s'il n'y avait personne
pour nous donner des réponses, c'est comme s'il n'y avait personne pour
prendre la défense des ouvriers, des petits salariés, de ceux qui
sont les gagne-petit dans cette province. Le gouvernement qui s'est fait
élire sous le signe de l'efficacité administrative, de la relance
économique et des 100,000 jobs...
M. BOURASSA: Des $100 millions.
M. SAMSON: ... des $100 millions. Ah! pour ça. Quand, pour le
premier ministre, il est question de parler de chiffres, il n'y en a pas...
M. DEMERS: Les PPBS.
M. SAMSON: Ah, oui! Les PPBS.
M. BOURASSA: $100 millions de réduction de taxes.
M. SAMSON: ... en passant, pour PPBS, je n'oserais pas vous dire en
commission parlementaire ce que ça veut dire, selon mon
interprétation, ça vous gênerait trop. Je vous le dirai
seul, seul comme on l'a fait hier. Quand je vous l'aurai dit, vous n'oserez
jamais en parler de votre PPBS, de vos $100 millions.
M. BOURASSA: Je me sens réduit.
M. SAMSON: Les $100 millions de M. le premier ministre, M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Brisson): La motion, s'il vous plaît.
M. SAMSON: Bien, M. le Président, j'ai le droit de dire ce que je
veux sur cette motion, pour l'ajournement, j'ai le droit d'expliquer mes
raisons. Des raisons que vous ne partagerez peut-être pas, vous ne
partagerez peut-être pas mon opinion. Mais vous n'avez pas à la
partager, je ne vous demanderai pas de faire ça. Ecoutez, si je vous
demandais de partager mon opinion, ça équivaudrait à
demander d'être créditiste. Je sais que, dans le fond, de coeur,
vous l'êtes, mais vous ne pouvez pas l'être devant votre premier
ministre, il vous en tiendrait rigueur. M. le Président, c'est
justement, le premier ministre, ça fait assez longtemps qu'il joue avec
les chiffres, qu'il joue avec la publicité, quand on dit qu'il joue avec
la publicité, il joue même avec les contrats de publicistes. Cela
fait assez longtemps que ça dure, ça fait assez longtemps que la
population du Québec est mal informée, parce que le gouvernement
n'est pas un gouvernement administrateur. C'est un gouvernement propagandiste,
publicitaire. Vous devriez, M. le premier ministre, être le
président d'une compagnie de publicité. Vous réussiriez
probablement mieux que comme premier ministre du Québec.
M. BOURASSA: II y a eu 125,000 salariés...
M. SAMSON: Oui, 125,000 salariés. Encore un autre chiffre
lancé en l'air, M. le Président, encore un autre chiffre qui ne
tient pas; 125,000 salariés, $100 millions qui viennent d'Ottawa,
100,000 jobs, il est toujours dans les 100,000. On dirait qu'il n'est pas
capable de descendre sur la terre, toujours en haut dans les airs, dans les
100,000. M. le Président, je regrette, mais devant de telles
argumentations, on les voit venir. C'est toujours la même chose. Quand on
parle du discours du budget, il nous lance $100 millions; quand on parle du
discours inaugural, il nous lance $100 millions; quand on parle de questions
sociales, il nous lance $100 millions. Ecoutez! arrêtez de les lancer et
tâchez de les faire fructifier, tâchez de les faire travailler, ces
millions. Chaque fois qu'il nous parle de ça, $100 millions qui viennent
d'Ottawa, $100 millions... Il venait d'être élu, il revient du
Manitoba: $100 millions. Il est parti du Manitoba: il était â $80
millions. En passant par l'Ontario, il était rendu à $100
millions; s'il était continué vers l'Est, il se serait rendu
à $200 ou $250 millions. Ecoutez, la population ne vous croira
sûrement pas. Il joue avec ça comme un jongleur de cirque.
M. le Président, pour toutes ces raisons, on en a assez. Cela
fait assez longtemps qu'on nous promet de déposer des documents, on est
rendu à nous déposer des faux. C'est une violation de
privilège des parlementaires de l'Assemblée nationale.
M. ROY (Beauce): Article 88.
M. SAMSON: Suivant l'article 88, comme le dit le député de
Beauce, c'est une violation des privilèges des parlementaires de
l'Assemblée nationale que de déposer des documents qui ne sont
pas véridiques. M. le Président, devant ça, on en a assez.
Si on n'accepte pas cette motion d'ajournement, nous, en tant que
parlementaires qui avons d'autres choses à faire que de laisser le
gouvernement se moquer de nous, nous quitterons tout simplement la salle
d'audience et nous irons travailler dans l'autre salle où il y a
peut-être quelque chose d'un peu plus sérieux que ce que nous
voyons présentement, ce spectacle qui nous est présenté
sous le haut patronage du premier ministre du Québec.
M. MASSE (Arthabaska): C'est effrayant!
LE PRESIDENT (M. Brisson): Avant de continuer j'aimerais faire une
rectification, non pas aux accusations, mais aux paroles que l'honorable
député de Rouyn-Noranda qui, tout à l'heure, disait qu'il
ne voulait pas m'accuser comme hier de prendre part aux débats.
D'ailleurs, hier, j'ai dit que je n'avais pas pris part au débat.
C'est une question d'expression: pas d'expression d'opinion même, c'est
ce que j'avais compris. Deuxièmement, ce matin si je lui ai posé
la question à savoir si le Ralliement créditiste le
désignait comme son représentant, c'est parce qu'à la
commission le représentant élu est M. Tétrault qui est le
député de l'Abitibi-Est. Croyant que le député
d'Abitibi-Est était pour prendre ce droit de parole de dix minutes, je
voulais spécifier que, étant donné que l'honorable
député de Rouyn-Noranda représentait le Ralliement
créditiste, le député d'Abitibi-Est ne pouvait pas prendre
la parole sur cette motion.
M. SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
règlement ne dit pas que sur une motion d'ajournement ce doit être
le représentant de la commission qui doit prendre la parole pour dix
minutes. Le règlement dit à l'article 157, deuxièmement,
que sans amendement on a droit à un débat de dix minutes et qu'un
représentant de chaque parti reconnu peut prendre la parole.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Un représentant.
M. SAMSON: Nous avons désigné notre représentant.
M. le Président, je ne vous en tiens pas rigueur. C'est une confusion ou
une mauvaise interprétation. Evidemment, nous vous permettons, à
vous comme aux autres, d'être confus à l'occasion, surtout que
ça s'est déjà produit hier. Vous aimez peut-être
ça, M. le Président. On vous laisse le droit d'aimer
ça.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! L'honorable
député de Gouin.
M. ROY (Beauce): Sur un point de règlement, M. le
Président concernant ce que vient de dire l'honorable
député de Rouyn-Noranda. Il n'est pas nécessaire que nous
changions le représentant à la commission. L'article dit bien
ceci: Ces motions sont mises aux voix. En commission élue un
député peut proposer que la commission ajourne ses travaux.
Paragraphe 2: "Ces motions sont mises aux voix sans amendement et elles ne
peuvent être faites qu'une fois au cours d'une séance, sauf par un
ministre. Elles ne peuvent être débattues, sauf qu'un
représentant..." Ce n'est pas marqué "que le
représentant"...
M. DEMERS: Article indéfini.
M. ROY (Beauce): II n'y a alors aucun problème, M. le
Président; je veux vous rassurer de ce côté-là.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de Gouin a
la parole.
M. JORON: M. le Président, en ce qui concerne la
possibilité pour les membres de cette commission et plus
particulièrement ceux de l'Opposition de porter un jugement quant
à l'opportunité d'une hausse de tarifs, je crois que cette
séance de la commission des Richesses naturelles est inutile. Je
rappelle les arguments que j'avais apportés au soutien d'une motion que
j'avais présentée sur ce sujet dès l'ouverture des
séances de cette commission et qui, de toute façon, n'avait pas
été mise aux voix. Je vous signale tout de suite que je
demanderai qu'elle soit mise aux voix plus tard. Il nous était apparu
je vous rappelle brièvement les raisons qu'on ne pouvait
pas demander honnêtement aux membres de cette commission de porter
jugement sur la hausse des tarifs pour les raisons suivantes. On devait faire
ça à une séance ultérieure pour permettre deux
choses essentiellement: d'abord, pour permettre aux membres de la commission
d'avoir le temps voulu pour prendre connaissance des documents percutants se
rattachant à cette question. Les documents ont été
déposés hier et avant-hier. On ne pense pas être en mesure
de juger immédiatement. Le gouvernement a eu le loisir d'étudier
ces documents pendant deux, trois, quatre mois et même davantage. Il
étudie même la question d'une hausse possible des tarifs depuis
plus d'un an. Nous savons bien que nous ne sommes pas placés dans une
position aussi avantageuse que le gouvernement.
Alors, on n'est pas en mesure de demander un an de réflexion. On
demande trois semaines. Que l'on reporte cela au début de mai, par
exemple, d'une part. La deuxième raison, pour laquelle on demandait de
reporter le sujet de la hausse des tarifs à une séance
ultérieure, dans trois semaines, par exemple, c'était non
seulement pour avoir le temps de prendre connaissance des documents mais
également pour avoir le temps d'entendre les parties.
Voyez-vous, on est placé un peu dans une situation de juges. On
demande à cette commission d'agir comme un juge. Dans un procès,
normalement, en tout cas, dans les pays démocratiques, on entend les
deux parties. Le juge, il me semble, doit se soucier d'entendre les deux
parties. Il y a une partie intéressée: l'Hydro-Québec qui
veut une hausse de tarifs. Il y a une autre partie qui n'est certainement pas
intéressée à une hausse de tarifs, c'est le public. Alors,
on voudrait qu'il y ait possibilité dans cette séance
ultérieure de la commission, d'entendre des parties autres que
l'Hydro-Québec. Cela ne veut pas dire que l'on va passer un mois
à entendre tous et chacun ou n'importe qui voulant venir faire un "show"
devant la commission. Ce n'est pas cela. Il y a des corps intermédiaires
dans notre société qui sont habilités à parler au
nom des citoyens. Il y a des associations de consommateurs, il y a des
syndicats, il y a la Chambre de commerce, le Conseil du patronat, il y a toutes
sortes d'autres parties; il y a d'autres gouvernements, d'autres niveaux de
gouvernement. Le conseil municipal de Montréal pourrait avoir quelque
chose à dire. Le gouvernement fédéral, on ne le sait
jamais, pourrait avoir quelque chose à dire aussi. Le gouvernement du
Québec s'est bien permis d'envoyer un mémoire au sujet de la
hausse de Bell Canada. Il pourrait y avoir aussi, comme les
députés du Ralliement créditiste le souhaitaient hier, la
comparution du ministre des Finances. Ce sont toutes ces parties que l'on
devrait entendre. Il ne s'agit pas je le répète
d'éterniser cela et de noyer cela, d'étaler cela pendant des
semaines et des semaines, où l'on aurait une procession de
témoignages! Non. Il faudrait pouvoir limiter cela dans le temps et
faire un choix judicieux. Cela nous paraît essentiel, si cette commission
doit être appelée à porter jugement. Autrement, on sera
obligé de porter un jugement arbitraire dans un sens et on ne pourra pas
vraiment aller au fond de la question.
Le troisième élément que l'on demandait dans notre
motion, était que le gouvernement suspende temporairement son
arrêté en conseil jusqu'à la séance
ultérieure de cette commission.
Maintenant, personnellement, il reste que j'ai d'autres questions
à poser sur les aspects financiers de l'Hydro-Québec. J'ai des
questions à poser également sur le contrat qui lie
l'Hydro-Québec à la Société Bechtel, quant à
la gérance des travaux de la baie James. Depuis un an, j'ai
demandé à maintes reprises au premier ministre, le
dépôt de ce document. La réponse était
invariablement la même: Attendons la séance où
comparaîtra l'Hydro-Québec et alors, on pourrait poser ces
questions. Il y a ce sujet que j'aimerais aborder. Il y a le sujet plus large
de la baie James. H y a le sujet de la Jacques-Cartier, peut-être. Il y a
une foule d'autres sujets, autres que la hausse des tarifs, que l'on pourrait
discuter, et ainsi, utiliser les heures qui nous restent à discuter.
C'est pourquoi, je me vois
obligé de voter contre la motion actuellement
présentée par le député de Saint-Maurice, parce
qu'elle est trop exclusive. Je serais en faveur, s'il l'avait limitée
à la question de la hausse des tarifs. En d'autres mots, cela m'avait
semblé être son opinion. Il y a deux jours, également, il
semblait être d'accord sur la motion que j'avais présentée,
soit que l'on discute de la hausse des tarifs plus tard, parce que l'on n'est
pas en mesure d'en juger. Je suis bien d'accord avec lui sur cela. Je ne
voudrais pas, par contre, que l'on termine immédiatement, la
séance de la commission, parce qu'il y a d'autres sujets que la hausse
des tarifs dont j'aimerais parler.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce qu'il y a des représentants du
parti Libéral qui veulent parler sur cette motion?
M.PERREAULT: Nous n'avons pas de temps à perdre.
M. DEMERS: Je voudrais dire, M. le Président, au
député de Gouin, qui votera contre ma motion, que si nous
pouvions la modifier, il pourrait être en faveur. Il pourrait
peut-être apporter lui-même un amendement et nous pourrions en
discuter. S'il veut faire un amendement à ma motion, je suis prêt
à accepter une modification à la motion d'ajournement.
M. JORON: Est-ce qu'on pourrait...
M. DEMERS: Si le contexte doit rester tel qu'il est actuellement...
M. JORON: D'accord.
M. DEMERS: ... je suis d'avis que nous perdons notre temps ici.
M. JORON: Nous perdons notre temps sur le sujet de la hausse des tarifs,
c'est bien clair.
M. DEMERS: C'est réglé. La hausse des tarifs est une
question qui a été réglée entre l'Hydro et le
conseil des ministres. Ne parlons plus du tout de ça ici. Payons la
note; un point, c'est tout. Il reste d'autres choses, et le Ralliement
créditiste, même s'il veut étirer le débat,
même s'il est très bien intentionné, perd son temps.
On dit que, dans la pseudo-lettre je ne sais pas si c'est la
vraie, ça reste discutable et acceptable par la commission le
premier ministre nous passe un Québec. Je ne sais même pas s'il
l'a dit, mais on a rapporté qu'il faudrait nécessairement que la
commission se prononce sur la décision avant d'en arriver à une
décision finale.
Nous perdons notre temps. C'est classé, je l'ai dit l'autre jour.
Qu'on nous envoie la note et les contribuables paieront. Mais qu'on n'en parle
plus ici, qu'on n'essaye pas de se donner bonne conscience avec une affaire
réglée. Que le premier ministre nous dise que ce n'est pas
réglé, nous allons en discuter. Mais tant et aussi longtemps
qu'il ne peut pas nous affirmer que l'affaire est réglée et qu'il
veut avoir l'endossement d'une commission pour passer une hausse de tarifs qui,
je l'admets, est peut-être motivée, dans les circonstances, par
l'Hydro-Québec si ça n'avait pas été de se
tirer au large dans la baie James peut-être que nous ne serions
pas obligés de demander ça aujourd'hui.
Si ce n'était pas non plus en prévision d'emprunts
ultérieurs, où on irait chercher $50 millions, pour donner un peu
de consistance pro forma au texte, quand les gens viendront pour demander un
emprunt. J'admets que cette commission, en faisant de la publicité et
à l'Hydro et au gouvernement, permet de donner bonne conscience à
tout le monde.
C'est pour ça que, si le député de Gouin veut
amender ma motion et se prononcer strictement sur la hausse des tarifs
d'électricité, je peux corriger ma motion. Qu'il l'amende dans le
sens qu'il voudra, et je vais l'appuyer, en autant qu'il...
M. JORON: Je remercie le député de Saint-Maurice de sa
suggestion qui pourrait nous permettre de nous tirer d'une impasse. Cela
pourrait se lire un peu comme ceci, qui est une partie...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je soulignerai ici, que, suivant l'article
157, ces motions sont mises aux voix sans amendement et elles ne peuvent
être faites qu'une fois au cours d'une séance, sauf par un
ministre.
M. DEMERS: On ne l'est pas de ce côté-ci, mais on s'en
vient.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Elles ne peuvent être débattues,
sauf qu'un représentant de chaque parti reconnu peut prononcer un
discours de dix minutes chacun.
M. DEMERS: M. le Président, comme j'avais droit de
réplique, dans ce cas, nous allons mettre aux voix la première et
le député de Gouin va amener un autre amendement ensuite. Nous
allons passer la journée là-dessus au lieu de tout régler
dans le même voyage. C'est bien.
M. JORON: Ce qu'on peut faire, c'est retirer la vôtre, et je
pourrai immédiatement...
M. DEMERS : Nous savons que nous perdons notre temps contre 72 quand
nous sommes 36. Mais quand on représente 55 p.c. de la population comme
Opposition, on a le droit de parler à une commission.
Si c'est seulement pour ne pas parler, tenez vos affaires toutes
préparées d'avance, toutes cuisinées...
M. HARVEY (Chauveau): Vous avez pris le pouvoir de 1966 à 1970
avec 35 p.c...
M. DEMERS: ... allez-vous en donc avec votre majorité passer des
augmentations de tarifs. Ne cherchez donc personne pour venir porter la
faiblesse de votre administration.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Je tiens à souligner aux membres de la
commission qu'une motion d'ajournement ne peut être faite qu'une seule
fois au cours d'une séance.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur la question de
règlement, je m'excuse auprès de l'honorable député
de Saint-Maurice. H est dit que la motion ne peut être faite qu'une fois
mais elle doit être mise aux voix.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Oui. Je suis d'accord.
M. DEMERS: M. le Président, je vous demanderais un instant pour
consulter...
UNE VOIX: M. Bourassa a essayé de faire la même chose.
M. DEMERS: Un instant. Nous ne sommes pas au football, mais il faut se
réunir. Comme la motion doit être mise aux voix, nous sommes
prêts à nous prononcer, quitte à en proposer une autre
tantôt.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Vote.
M. DEMERS: Pourquoi allons-nous voter? Nous le savons, mais vous autres,
tant qu'ils ne vous l'auront pas dit, vous ne le saurez pas.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Sur l'ajournement du débat.
M. HARVEY (Chauveau): Question de privilège, M. le
Président.
M. DEMERS: H n'y a pas question de privilège ici. Invoquez le
règlement.
M. HARVEY (Chauveau): Question de règlement, M. le
Président.
M. DEMERS: Quel article du règlement? M. HARVEY (Chauveau): De 1
à...
M. DEMERS: C'est en plein ce que je viens de dire. De 1 à
100,000. Vous autres, c'est 100,000...
M. HARVEY (Chauveau): Je voterai contre la motion.
M. SAMSON: A-t-il le droit de vote?
M. HARVEY (Chauveau): Certainement. C'est vous qui n'avez pas droit de
vote. Vous devriez le savoir.
M. SAMSON: Je n'ai pas besoin de voter pour me faire entendre.
M. HARVEY (Chauveau): Je comprends.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Pour ou contre?
M. TETRAULT: J'ai une question à poser au député
libéral.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Harvey (Chauveau)? Contre. M. Dionne?
Contre. M. Lessard j'ai oublié de l'annoncer tout à
l'heure a été remplacé par le député
de Gouin. M. Joron? Contre. M. Massé (Arthabaska)? Contre. M. Pelletier?
Contre. M. Perreault? Contre. M. Cloutier (Montmagny)? Pour. M.
Tétrault? Pour. M. Demers? Pour. La motion est rejetée. Contre:
6. Pour: 3.
M. JORON: J'aimerais soumettre la motion suivante: "Que l'étude
de la hausse des tarifs de l'Hydro-Québec soit reportée à
une séance ultérieure de la commission et que toute personne
intéressée à intervenir au soutien ou à l'encontre
de la nouvelle tarification puisse soumettre un mémoire à la
commission et être entendue".
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Gouin propose "Que
l'étude de la hausse des tarifs de l'Hydro-Québec soit
reportée à une séance ultérieure de la commission
et que toute personne intéressée à intervenir au soutien
ou à l'encontre de la nouvelle tarification puisse soumettre un
mémoire à la commission et être entendue".
M. BOURASSA: Qui propose cette motion?
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Gouin.
M. MASSE (Arthabaska): Est-ce que le député de Gouin parle
sur sa motion?
M. JORON: Fort brièvement, je rappelle...
M. BOURASSA: Je sais à peu près ce que le
député va dire.
M. JORON: Pour les autres, je m'excuse de le répéter.
C'était tout simplement deux points. D'abord, on a un minimum de trois
semaines pour prendre connaissance des dossiers que, vous, vous avez eu le
privilège d'étudier pendant plusieurs mois. On n'est pas aussi
gourmand, on demande un minimum de trois semaines.
La deuxième partie, c'est que, pour que cette commission puisse
véritablement jouer son rôle de juge en cette matière,
puisse juger, qu'elle ait le loisir d'entendre d'autres parties
intéressées que l'Hydro-Québec, quitte à ce que
soit limité le nombre des témoignages possibles,
à la fois dans le temps ou de quelque autre manière...
M. BOURASSA: C'est le même genre de motion que vous avez
proposée au début et qui a été...
M. JORON: C'est une partie.
M. BOURASSA: Alors, c'est la même réponse.
M. JORON: La première motion demandait un certain nombre de
documents que, pour l'essentiel, le ministre a accepté de déposer
et une troisième partie demandait de suspendre temporairement
l'arrêté en conseil. Si la séance ultérieure de la
commission doit avoir lieu dans trois semaines, je pense que ce n'est pas
capital d'inclure cette partie. Le coeur de la motion, c'est ce que le
Président vient de vous lire.
M. BOURASSA: En quatre mois, le député est au courant, il
y a même eu des fuites et on avait l'impression que le Parti
québécois avait tous les documents en main. Ce n'est pas une
surprise complète.
M. JORON: Le point essentiel est celui-ci: Est-ce que le premier
ministre est d'accord pour dire qu'il est capital, dans une question qui touche
des millions de Québécois, que ceux-ci, à travers les
corps intermédiaires normaux constitués dans notre
société, que ce soient les associations de consommateurs, les
associations de travailleurs, les syndicats, les associations de patrons,
conseils de patronat et peut-être le ministre des Finances, sur certains
aspects comme le demandait, hier, le Ralliement créditiste
puissent éclairer les membres de la commission de façon que
ceux-ci portent un jugement, non pas après avoir entendu seulement un
intéressé en la matière, mais après avoir vu les
deux côtés de la médaille.
M. BOURASSA: M. le Président, quand le gouvernement croit que
c'est avantageux de le faire on l'a fait à de très
nombreuses reprises mais les députés, je pense, quand
même, ont un rôle à jouer également. Ils
représentent la population, au moins autant que les corps
intermédiaires, et ils sont là. On a augmenté le budget de
recherche. Je suppose que chaque parti de l'Opposition a des recherchistes pour
permettre aux députés de poser les questions les plus pertinentes
possibles. Je me demande pourquoi les députés s'obstinent
à ne pas vouloir poser de questions aux responsables de l'Hydro. C'est
un entêtement à refuser de l'information valable de la part des
dirigeants de l'Hydro-Québec.
M. JORON: Attention!
M. BOURASSA: C'est cela qui nous permet de soupçonner la bonne
foi des députés de l'Opposition. Ils ne veulent pas poser de
questions pertinentes aux dirigeants de l'Hydro-Québec.
M. JORON: M. le Président, suivant une question de
règlement, de privilège ou de je ne sais quoi, j'ai
précisément dit tout à l'heure que j'étais contre
l'ajournement immédiat, parce qu'on a des questions à poser
à 1'Hydro...
M. BOURASSA: Merci.
M. JORON: ... mais on a des questions à poser aussi à
d'autres, je pense que...
M. BOURASSA: L'Opposition est divisée.
M. JORON: ... honnêtement, le premier ministre devrait l'admettre.
Est-ce que le premier ministre admettrait que, si on doit juger
immédiatement et clore une fois pour toutes la question de la hausse des
tarifs, à la séance de cette commission, on aurait utilisé
cette commission-ci uniquement pour faire du "rubber stamping"? Je veux dire
que, si on ne peut pas entendre les partis et si on ne peut pas avoir un
minimum de quelques semaines pour prendre connaissance de documents fort
complexes, il me semble que le premier ministre confirmerait que la
séance de cette commission-ci a été un exercice
inutile.
M. BOURASSA: M. le Président, cria fait des semaines, c'est le
député de Gouin lui-même qui, en janvier, février,
même au mois de décembre, quand les rumeurs sortaient, voulait
convoquer la commission des Richesses naturelles pour entendre les dirigeants
de l'Hydro. Il insistait, sauf le dernier mois où il ne l'a pas fait,
mais avant cela, il insistait. Ils sont ici. Ce que je dis aux
députés, c'est qu'on va siéger aujourd'hui, demain, samedi
s'il le faut, pour répondre à toutes les questions des
députés de l'Opposition. Ce n'est pas démocratique
cela!
M. JORON: Je dis qu'il est capital de voir les deux côtés
de la médaille. Dans un procès, on n'entend pas seulement le
plaidoyer de la couronne, on entend aussi celui de l'accusé.
M. BOURASSA: Vous représentez quel côté de la
médaille? M. le Président, c'est une abdication de l'Opposition
et c'est une abdication complète de son rôle.
M. JORON: Je pense que si on n'accepte pas cette théorie-ci, vous
êtes en train de porter un jugement sur tout le sens même de nos
institutions parlementaires. Cela va devenir une moquerie, ces
commissions-là si vous n'acceptez pas. Regardez tout ce qui se passe
dans les pays civilisés, regardez ce qui se passe même au
gouvernement fédéral. On entend les parties et on va même
plus loin. Cela se passe devant un tribunal et on a le droit de...
M. BOURASSA: Ils sont rendus à invoquer le gouvernement
fédéral maintenant! Ils le critiquent pour tout ce qu'il fait,
mais là ils invoquent le gouvernement fédéral. Vous voyez
les contradictions de l'Opposition, M. le Président? Ce que je dis,
c'est que nous n'étions pas obligés de convoquer la commission
parlementaire en vertu de la loi. Nous allons peut-être améliorer
la formule à la suite de la suggestion responsable du
député de Montmagny mais, pour cette fois-ci, nous
n'étions quand même pas obligés de convoquer la commission
parlementaire. Nous l'avons convoquée et nous sommes prêts
à siéger durant des jours et des jours pour répondre
à toutes les questions de l'Opposition mais l'Opposition, abdiquant son
rôle d'une façon assez surprenante, abdiquant complètement
son rôle, veut faire défiler tous les corps intermédiaires,
sans donner de liste et sans savoir où que cela va nous mener.
M. JORON: Vous n'acceptez pas d'entendre d'autres parties que
l'Hydro?
M. BOURASSA: M. le Président, je pense que l'Opposition ou les
députés représentent la population ou ne
représentent pas la population. A certains moments, nous
n'hésitons pas à entendre les corps publics et les corps
intermédiaires, mais, en l'occurrence, dans ce cas-là, cela fait
plusieurs mois que c'est annoncé, l'Opposition a eu tout le temps de se
préparer, surtout avec l'augmentation des budgets de recherche que nous
avons généreusement acceptée.
M. JORON: Nous avons eu les documents avant-hier.
M. BOURASSA: Est-ce que les demandes des budgets de recherche ont
été acceptées pour des partis d'Opposition? Il va falloir
demander au président de l'Assemblée nationale? Mais ils ont eu
tout le temps...
M. JORON : Est-ce du chantage que vous faites là? C 'est du
chantage?
M. SAMSON: J'invoque le règlement. L'honorable premier ministre
vient de faire allusion â une augmentation de budget et, dans le cas
présent, M. le Président, étant donné que nous
avons d'excellentes suggestions devant la commission qui ne font pas l'affaire
du premier ministre, ce genre de propos pourrait être
interprété comme étant une forme de chantage de sa part
vis-à-vis de l'Opposition.
M. BOURASSA: Non.
M. SAMSON: Alors, je vous prierais, M. le Président, de demander
au premier ministre de laisser le budget des recherches pour la commission que
cela regarde, c'est-à-dire la commission de l'Assemblée
nationale, à l'occasion de l'étude des crédits qui se
poursuivra aujourd'hui, je pense. Si vous voulez en parler, M. le premier
ministre, je vous y invite, je suis même prêt à sortir d'ici
en même temps que vous, nous allons discuter de cela de l'autre bord,
dans l'autre salle. Mais ici, nous allons discuter de ce qui regarde la
présente commission et nous ne nous laisserons pas intimider par le
premier ministre.
M. BOURASSA: Voyons, je ne veux pas intimider...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors, messieurs, nous avons la motion...
M. BOURASSA: Je veux simplement répliquer, parce qu'on m'accuse
de faire du chantage, M. le Président, alors que je dis tout simplement
que les budgets de recherche, à ma connaissance ont été
accrus et que le gouvernement était entièrement d'accord. Ils ont
été accrus et s'il faut les accroître encore, le
gouvernement est prêt à examiner les demandes, parce qu'ils ont
été accrus...
M. ROY (Beauce): C'est une tentative de...
M. BOURASSA: Est-ce que je peux terminer ma réponse? Parce qu'ils
ont été accrus, je m'étonne que les députés
de l'Opposition semblent aussi mal préparés avec des budgets de
recherche comme ceux qui leur ont été accordés.
M. SAMSON: J'invoque l'article 96 pour rectifier, M. le
Président, les propos que je viens de dire et qui ont été
mal interprétés.
M. BOURASSA: L'article 97.
M. SAMSON: L'article 96, c'est changé, M. le premier ministre,
vous n'êtes même pas au courant du règlement. C'est
changé. C'est l'article 96. Il a mal interprété mes
propos. Je lui ai dit que c'était à la commission de
l'Assemblée nationale, à l'occasion de l'étude des
crédits, qu'il fallait discuter de cela. M. le premier ministre invoque
les budgets augmentés, il se demande comment il se fait que nous ne
sommes pas au courant. Ils n'ont pas encore été augmentés,
les budgets, c'est encore le même budget que l'année passée
mais, vous autres, vous avez augmenté les tarifs de
l'électricité avant de penser d'augmenter les budgets pour
l'Opposition, pour lui permettre...
M. BOURASSA: Ce n'est pas l'article 96, c'est l'article 99...
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs!
M. DEMERS: M. le Président, est-ce qu'il y
aurait moyen que vous présidiez un peu, s'il vous
plaît?
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! Nous avons une motion
sur la table...
M. DEMERS: Oui. C'était le député de Gouin qui
avait la parole.
LE PRESIDENT (M. Brisson): ... et le député de Gouin avait
la parole. Est-ce que le député de Gouin a terminé ses
remarques?
M. JORON: J'avais fini de faire mes représentations, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Vous aviez terminé vos
représentations?
M. JORON: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne prendrai pas dix minutes, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Seulement dire un mot sur la motion du
député de Gouin. Cette motion a été
présentée dès l'ouverture des travaux de la commission
parlementaire. A ma suggestion, le député de Gouin et son parti
avaient accepté de la retarder à la séance
subséquente et à ma nouvelle suggestion, il avait accepté
encore de la retarder indéfiniment jusqu'au moment où il la
présente, maintenant. Je comprends le député de Gouin de
vouloir la présenter à ce stade-ci, parce qu'on n'avance plus
dans nos travaux; depuis hier après-midi, à 4 heures, nous
n'avons fait aucun progrès. C'est désagréable pour tout le
monde. C'est désagréable pour les gens de 1'Hydro, qui viennent
devant la commission parlementaire nous donner des réponses.
C'est aussi désagréable pour les parlementaires qui,
malgré le fait que ce soit admis par tout le monde que la commission n'a
pas de pouvoir, nous aurions tout de même désiré poser des
questions aux gens de l'Hydro-Québec pour aller au fond du dossier. Dans
les circonstances, je ne vois pas ce qu'une séance cet après-midi
parce qu'il ne nous reste qu'une séance, la Chambre va ajourner
cet après-midi ou ce soir de la façon dont nos travaux se
déroulent depuis hier, pourrait apporter de positif dans les travaux de
la commission. Dans les circonstances, je pense qu'il serait
préférable que l'Hydro-Québec revienne devant
l'Assemblée nationale, parce qu'il va y avoir un changement aux
modifications importantes à la loi de l'Hydro-Québec. Il sera
important d'entendre l'Hydro-Québec, quand le gouvernement va nous
apporter la loi, soit au mois de mai ou au mois de juin, celle qui va abolir
l'impôt provincial sur les droits que paye l'Hydro-Québec. On a
aussi suggéré d'autres modifications importantes comme celle de
l'approbation par l'Assemblée nationale des hausses de tarifs à
l'avenir, suggestion qui semble devoir être acceptée par le
premier ministre d'après ce qu'il a dit hier et d'après ce qu'il
vient de redire ce matin. Je pense que l'Hydro-Québec pourrait se
prononcer sur une telle suggestion. A ce moment-là,
l'Hydro-Québec reviendrait devant la commission parlementaire faire des
représentations sur la loi. Je pense que ce sera l'occasion de continuer
nos discussions de façon plus sereine, de façon plus positive.
Quant à la hausse de tarif, mon opinion, je l'ai exprimée hier.
C'est la façon dont l'arrêté en conseil est fait, la
façon dont la lettre du premier ministre est rédigée, le
projet de lettre qu'on a ici. Si vous lisez le deuxième paragraphe, il
dit au président de l'Hydro-Québec: "Je vous rappelle
l'engagement pris par le gouvernement avant l'adoption de cet
arrêté en conseil, de fournir à la commission parlementaire
des richesses naturelles et des terres et forêts l'occasion
d'étudier les explications que les membres de la commission jugeront
utiles". Alors on étudie les explications que les membres de la
commission hydroélectrique jugeront utiles. Cela veut dire qu'on a
à poser des questions et à obtenir des explications.
C'est donc évident, d'après la lettre, que la hausse des
tarifs entre en vigueur le 20 avril. Quant à la commission, son
rôle n'est pas de changer la décision qui a été
prise, c'est de demander des explications et d'étudier les documents.
Durant l'ajournement de Pâques, on va continuer l'étude des
documents et quand la commission reviendra devant nous au mois de mai ou juin
pour étudier la loi, les modifications à la loi, on continuera
l'étude et on demandera des explications additionnelles sur la hausse de
tarif. Mais la prochaine fois que la loi nous permettra de prendre le dossier
au début, de l'étudier avec l'Hydro-Québec et avec le
gouvernement de sorte qu'on ne sera pas pris avec la même situation qu'on
a aujourd'hui. Là-dessus le même mécanisme des commissions
parlementaires va s'appliquer, celui que demande le député de
Gouin, actuellement. Il est trop tard pour commencer, pour le 20 avril,
à mettre en marche tout le mécanisme des commissions
parlementaires avec des dépôts de mémoire et auditions de
mémoires, tout ça. La prochaine fois, ça pourra se faire.
De toute façon, quel que soit le texte de l'amendement, je suis pour
l'ajournement des travaux de la séance. Si cette motion est battue, elle
n'a pas été votée, on va prendre le vote sur la motion du
député de Gouin.
De toute façon, je dois vous dire, M. le Président, que je
ne serai pas ici cet après-midi. A la façon dont se
déroulent les travaux de la commission parlementaire, je pense qu'on n'a
rien à retirer de positif de ces travaux.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Messieurs, si vous n'êtes pas
prêts à voter sur la motion
l'Assemblée nationale a ajourné ses travaux
à deux heures trente je suggère que nous ajournions nos
travaux à deux heures trente.
M. ROY (Beauce): M. le Président, puis-je vous faire une
suggestion? Il y aurait peut-être lieu de disposer de la motion
immédiatement, parce que je ne sache pas qu'il soit nécessaire de
demander à tous les gens de l'Hydro de revenir ici cet après-midi
pour cinq minutes, pour voter sur la motion et après ça,
ajourner.
M. HARVEY (Chauveau): Ce n'est pas une motion d'ajournement.
M. ROY (Beauce): En ce qui me concerne, M. le Président, je tiens
à dire l'honorable député de Montmagny l'a dit
que la motion soit acceptée ou non, que je ne serai pas ici et
que le Ralliement créditiste ne sera pas ici cet après-midi.
M. PERREAULT: Allez-vous-en!
M. MASSE (Arthabaska): II y a peut-être d'autres gens qui ont des
questions à poser.
M. ROY (Beauce): Vous siégerez seuls. Vous vous arrangerez avec
votre patente, vos bébelles et vous en prendrez la
responsabilité.
UNE VOIX: Vous en prendrez la responsabilité.
M. ROY (Beauce): En ce qui nous concerne nous n'avons pas l'intention de
perdre notre temps. Malheureusement, nous n'avons pas avancé depuis hier
parce que vous refusez de répondre à nos questions.
M. MASSE (Arthabaska): On peut vous en parler de ça !
M. ROY (Beauce): Pas à vos questions, à nos questions.
C'est à nous à déterminer nos questions. C'est à
nous de choisir les sujets sur lesquels nous voulons questionner et le
gouvernement et l'Hydro-Québec.
M. MASSE (Athabaska): S'il y a de l'inefficacité, ce n'est pas
à cause de l'Hydro-Québec ou du gouvernement. C'est à
cause du Ralliement créditiste.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je pense que le vote pourrait
être pris immédiatement sur cette motion. Qu'on en dispose
immédiatement. Nous sommes prêts.
M. JORON: M. le Président, puis-je vous demander de mettre la
motion aux voix, s'il vous plaît?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Tout à l'heure je voulais faire une
rectification. M. Arse- nault étant membre de la commission et
étant présent, M. Bacon ne l'a pas remplacé.
M. DEMERS: Peu importe. Cela ne nous fait rien. Les tarifs sont
refusés.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Arsenault, pour ou contre la motion?
M. DEMERS : On va vous écrire. On va vous expliquer
ça.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le texte de la motion de l'honorable
député de Gouin: "Que l'étude de la hausse des tarifs de
l'Hydro soit reportée à une séance ultérieure de la
commission et que toute personne intéressée à intervenir
au soutien ou à l'encontre de la nouvelle tarification puisse soumettre
un mémoire à la commission et être entendue."
M. ARSENAULT: Contre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Contre. M. Carpentier.
UNE VOIX: M. Carpentier est dans le BasSaint-Maurice.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Excusez-moi. M. Ostiguy le remplace.
M. OSTIGUY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Harvey (Chauveau).
M. HARVEY (Chauveau): Contre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Dionne (Compton).
M. DIONNE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Joron (Gouin).
M. JORON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Massé (Arthabaska).
M. MASSE (Arthabaska): Contre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Pelletier? M. PELLETIER: Contre. LE
PRESIDENT (M. Brisson): M. Perreault? M. PERREAULT: Contre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Cloutier (Montmagny)?
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Tétrault?
M. TETRAULT: Pour.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Giasson?
M. GIASSON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Deniers?
M. DEMERS: Pour la motion, à 55 p.c.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Vous avez pris le pouvoir en 1966.
M. DEMERS: Oui, monsieur. On a fait notre "job" et on s'est fait battre
et vous allez vous faire battre aussi.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Cela reste à voir.
M. DEMERS: Quand on a été élu par 200 dans
Arthabaska...
LE PRESIDENT (M. Brisson): La motion est re jetée.
M. MASSE: Par 263. M. DEMERS: C'est fort.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La motion est rejetée et
l'Assemblée suspend ses travaux jusqu'à cet après-midi,
deux heures trente.
(Suspension de la séance à 12 h 38)
Reprise de la séance 14 h 40
M. BRISSON (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
M. Pilote remplace M. Arsenault; M. Dionne remplace M. Carpentier; M.
Ostiguy remplace le député de Drummond; M. André Harvey de
Chauveau remplace M. Larivière; M. Joron remplace le
député de Saguenay et M. Bacon remplace M. Théberge.
L'honorable premier ministre.
M. BOURASSA: M. le Président, je voudrais seulement signaler
l'absence de deux partis d'Opposition sur trois. Je ne vois pas comment leur
action peut être justifiée. C'est un autre exemple de la gaminerie
de l'Opposition qui est tellement faible et tellement inconsciente de ses
responsabilités que le seul recours qu'elle pense devoir prendre est
l'absentéisme.
Le premier devoir d'un parlementaire est de faire valoir son point de
vue et même si le point de vue n'est pas accepté, parce que nous
sommes quand même en démocratie, c'est d'accepter la règle
fondamentale de toute démocratie. Il arrive quelques fois que le point
de vue ne soit pas accepté par l'ensemble des personnes qui sont
directement intéressées.
On doit considérer cet absentéisme de deux partis
d'Opposition, sur une question importante comme celle-là, comme un geste
purement de nature, non pas à défendre de façon positive
les intérêts de la population, mais à essayer de s'attirer
de la publicité pour essayer de montrer qu'ils veulent
représenter la population.
Encore une fois, la meilleure façon de représenter la
population, pour eux, la façon normale d'exercer leur devoir, c'est
d'être ici présents cet après-midi, d'essayer de faire
valoir leurs arguments et de convaincre leurs collègues. Je tenais
à dire ça parce que, comme je l'ai dit au début, c'est un
signe de plus de la faiblesse de l'Opposition parlementaire quand on est
obligé d'avoir recours à des mesures aussi inacceptables que
celle-là.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
L'Assomption.
M. PERREAULT: J'avais une question à poser avant-hier mais comme
nous avons été bloqués hier sur toute question à
l'Hydro-Qué-bec. A l'état consolidé des revenus et
dépenses, à l'article dépenses, achats d'énergie,
le montant a été augmenté de $18 millions. Est-ce qu'on
pourrait avoir un éventail des achats d'énergie? D'où
provient cette augmentation?
Je sais qu'il y a Churchill là-dedans, mais...
M. GIROUX: Je vais demander à M. Villeneuve de vous donner un
éventail des achats. Ce n'est peut-être pas
vérifié.
M. VILLENEUVE: Est-ce que le député pourrait
répéter sa question?
M. PERREAULT: Je vois qu'il y a un montant de $34 millions pour l'achat
d'énergie, en 1972, comparé à $15 millions en 1971. C'est
une augmentation de $18 millions. J'aimerais avoir une ventilation de ces
achats. Je sais que sur la note attachée, Churchill Falls est
impliqué là-dedans.
M. VILLENEUVE: Effectivement, les achats de Churchill Falls, en 1972, se
sont élevés à presque exactement $14 millions,
comparé à un chiffre minime, vers la fin de 1971, de $92,000.
M. PERREAULT: Alors, en 1971, un montant de $92,000?
M. VILLENEUVE: C'est cela.
M. PERREAULT: Quels sont les autres achats dans ces $34 millions?
M. VILLENEUVE: II y a aussi des achats d'Ottawa Valley Power, en vertu
du contrat qui a été signé, et qui ont
débuté en 1971, mais pour une partie seulement de l'année,
qui se sont chiffrés à $1,439,000, en 1972, comparés
à $203,000, en 1971. Il y a eu également augmentation d'achats de
force motrice du Saguenay pour $1,800,000, en 1972, comparé à
$229,000, en 1971. Les autres achats sont demeurés sensiblement les
mêmes dans l'ensemble.
M. PERREAULT: Quelles sont ces sources d'achats? Pourriez-vous
énumérer les sources d'achats que vous avez...
M. VILLENEUVE: Dans l'ensemble? M. PERREAULT: Oui.
M.VILLENEUVE: A part Churchill Falls, nous achetons surtout d'Alcan et
de ses filiales et de MacLaren Quebec Power. Ottawa Valley Power a
été mentionnée et on pourrait mentionner aussi...
M. PERREAULT: C'est un chiffre de combien?
M. VILLENEUVE: Je m'excuse, j'ai glissé d'une ligne dans le cas
de force motrice du Saguenay, il n'y a pas de changement sensible, c'est
l'Energie atomique du Canada, à la centrale de Gentilly, qui a
fonctionné en 1972 suffisamment pour que nous achetions pour
$1,439,000...
M. PERREAULT: Parce qu'il appartient au fédéral encore,
vous achetez de l'énergie d'eux.
M.VILLENEUVE: ... alors, qu'en 1971, ils nous avaient vendu pour
$200,000 seulement, mais dans la force motrice du Saguenay, il n'y a pas de
changement.
M. PERREAULT: D'Alcan, vous achetez pour combien?
M.VILLENEUVE: D'Alcan, nous avons acheté au cours des deux
dernières années pour une somme presque identique de $12
millions.
M. PERREAULT: Pour cet article, oui.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Gouin.
M. JORON: J'aimerais poser, M. le Président, quelques questions
aux gens de l'Hydro-Québec. Est-ce que je peux demander si M. Lemieux
doit venir, cet après-midi?
M. GIROUX: Oui.
M. JORON: Peut-être que, de toute façon, M. Giroux a avec
lui les renseignements que je veux lui demander. Si nous nous comprenons bien,
les obligations de la Loi de l'Hydro-Québec sont de gagner sur son
capital propre, c'est-à-dire sur ses réserves, un taux de
rendement équivalent au taux moyen d'intérêt à payer
sur l'ensemble de la dette.
Le taux moyen sur l'ensemble de la dette, en 1972, était de
combien?
M. GIROUX: A peu près...
M. JORON: Est-ce 6.33 p.c, c'est ça? C'est seulement pour
l'avoir. C'est de mémoire que j'essaie de me le rappeler.
M. GIROUX: C'est 6.58 p.c, en 1972, 6.27 p.c, en 1971.
M. JORON: C'est 6.58 p.c. l'année dernière. M. GIROUX:
Oui.
M. JORON: Quel a été le rendement, en 1972, sur le capital
propre de l'Hydro-Québec?
M. GIROUX: Le rendement sur le capital propre environ, en bas de 10
p.c.
M. JORON: En bas de 10 p.c. On l'avait calculé approximativement,
mais je veux être bien sûr que nous parlons des mêmes
chiffres. Si nous prenons le capital propre, il y a deux façons de le
faire. Ou bien, nous prenons le capital propre, au début de l'exercice
ou à la fin ou bien la moyenne de l'année, ça donne
quelque chose comme 9.1 p.c. C'est un peu plus de 9. p.c. C'est ça?
M. GIROUX: Selon l'état financier d'un tableau que nous avons
ici, en 1972, c'est 9.07. En 1971, c'était 13.08. En 1970,
c'était 13.65
M. JORON: Est-ce que vous avez les années antérieures?
J'allais vous le demander justement.
M. GIROUX: Je peux vous donner les structures qu'il y a à cette
page-là. Disons que nous prenons le rendement du capital propre en
pourcentage. En 1968, c'est 11.55; en 1969, 11.24; en 1970, 13.65; en 1971,
13.08} en 1972, 9.07. C'est à la page 7.
M. JORON: La page 7 du bilan?
M. GIROUX: Oui. Alors, le revenu net avant intérêt sur
réserve, sur la moyenne des réserves du début et de la fin
de chaque année.
M. JORON: D'accord. Voici l'autre question que j'avais à poser.
Ce sont les deux indices financiers les plus importants, celui dont on vient de
parler et un autre qui est celui de la couverture des taux
d'intérêt, bien qu'on mentionnait: La loi oblige... D'abord,
qu'est-ce que la loi impose comme obligation à l'Hydro-Québec?
C'est de gagner au moins les intérêts qu'elle a à payer,
c'est-à-dire une couverture de 1.0. C'est cela? Est-ce que la loi fait
une obligation à lHydro-Québec de gagner au moins les
intérêts qu'elle a à payer? Et la couverture de ces taux
d'intérêt comme telle?
M. GIROUX: Non. Je ne crois pas que la loi fasse... C'est simplement
laissé à l'administration qui doit au moins couvrir les
intérêts.
M. JORON: Oui. Cela va de soi. C'est évident. Mais...
M. GIROUX: Je ne crois pas que la loi... Remarquez, cela peut exister
dans la loi, mais cela n'a jamais attiré mon attention que la loi disait
qu 'elle devait faire face aux intérêts.
M. JORON: Et le taux de couverture, l'année dernière, a
été de 1.33, selon les chiffres qui ont été
donnés. Est-ce qu'on pourrait avoir le taux des années
passées?
M. GIROUX: Le taux des années...
M. JORON: Le taux de couverture des intérêts pour les
années passées.
M. GIROUX: La couverture des charges d'intérêt, à la
page 8.
M. JORON: Nous l'avons en page 8? M. GIROUX: Dans un petit tableau. M.
JORON: Oui.
M. GIROUX: Vous avez 1.27 en 1968, 1.23 en 1969, 1.46 en 1970, 1.50 en
1971 et 1.33. Les revenus nets d'exploitation plus les revenus nets sur
placement sur les sommes globales des frais d'intérêt.
M. JORON : D'accord. Il y a deux années qui
m'intéresseraient particulièrement, deux années qui ne
figurent pas à ce tableau, soit 1967 et 1966, puisqu'il y a eu une
incidence sur la hausse des tarifs. Il y en a eu une en 1967. Est-ce que le
taux de couverture...
M. GIROUX: En 1966, d'après un rapport qu'on me remet, on avait
une couverture d'intérêt de 1.18 p.c. et en 1967, après
l'augmentation des tarifs, on avait eu 1.32 p.c. La partie est incluse
là-dedans, probablement que l'augmentation de tarif n'était pas
pour les douze mois de l'année.
M. JORON: C'est cela. D'accord.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de
Trois-Rivières.
M. BACON: On avait déjà discuté, M. Gi-roux, de
l'aspect de la promotion industrielle et j'écoutais M. Cristel qui nous
donnait les programmes de stimulation au point de vue commercial et domestique.
En ce qui concerne la promotion industrielle, est-ce que l'Hydro-Québec
a un programme spécial vis-à-vis de l'implantation de nouvelles
industries qui pourraient consommer de l'énergie sur son territoire ou
est-ce qu'il y a toujours à l'étude la possibilité d'avoir
des représentants dans les différentes régions
vis-à-vis de la promotion industrielle?
M. GIROUX: Depuis la nationalisation... Je crois que
l'Hydro-Québec avait autrefois un gros département d'implantation
et c'est tombé sous la responsabilité du ministère de
l'Industrie et du Commerce. Nos employés coopèrent avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce vers l'implantation industrielle
et en font une promotion, mais ce n'est pas une promotion principale de
l'Hydro-Québec, c'est une fonction du ministère de l'Industrie et
du Commerce.
M. BACON : En ce qui concerne la tarification vis-à-vis de la
promotion industrielle, est-ce que c'est arrivé ou est-ce que cela peut
arriver dans certains cas de négociations au point de vue de la
tarification vis-à-vis de l'implantation des industries dans certaines
régions?
M. GIROUX: Pas à ma connaissance. Cela a pu arriver dans le
passé.
M. BACON : Est-ce qu'il est dans l'idée de l'Hydro-Québec
de favoriser par une bonification de taux l'implantation d'industries dans des
régions qui seraient peut-être plus défavorisées
comparativement à d'autres?
M. GIROUX: Non, de mémoire, le seul bloc qui était
censé être établi, mais dont on ne s'est jamais servi,
c'est qu'il y avait eu une déclaration dans le passé du premier
ministre, l'honorable M. Johnson, qui avait dit qu'il garderait un bloc pour le
développement de la région de Sept-
Iles. Maintenant, c'était limité pour une période
d'années.
L'Hydro-Québec essaie de maintenir un taux uniforme partout, le
plus près possible. On a hérité de contrats à long
terme. On a hérité de beaucoup de contrats qui sont
différents. Comme politique de 1'Hydro-Québec de baisser les taux
pour servir à de l'implantation industrielle, ce n'est pas notre
rôle.
M. BACON: Parfois cela peut être un facteur.
M. GIROUX: Cela peut être un facteur mais c'est le...
M. BACON: Avant 1963, il reste quand même qu'il y avait des
compagnies qui faisaient de la promotion industrielle et qui avaient des
bonifications de taux pour susciter l'implantation industrielle. Je comprends
qu'il était question de consommation à ce moment-là.
Peut-être que c'était dans les régions où on avait
de l'énergie plus facilement.
M. GIROUX: C'est avant la nationalisation.
M. BACON: Oui. Vous n'avez pas continué ces programmes?
N'avez-vous pas été tentés d'inventorier tous ces
programmes?
M. GIROUX: On veut coopérer avec le ministère de
l'Industrie et du Commerce mais on ne veut pas remplacer le ministère de
l'Industrie et du Commerce.
M. BACON: Ne pensez-vous pas quand même que, si vous aviez dans
différentes régions, sans que ce soient des services
organisés, au moins des représentants qui pourraient s'occuper de
promotion industrielle conjointement avec les bureaux régionaux du
ministère de l'Industrie et du Commerce...?
M. GIROUX: Nous le faisons. C'est conjointement avec le ministère
de l'Industrie et du Commerce.
M. BACON: Quand vous dites que vous le faites conjointement, est-ce que
ça veut dire que c'est un bonhomme qui fait strictement de la promotion
industrielle ou si c'est un bonhomme qui occasionnellement travaille à
la promotion industrielle?
M. GIROUX: Vous entrez dans certains détails de la région.
Je peux demander à M. Saint-Jacques de répondre â cette
question.
M. SAINT-JACQUES: En général nos programmes d'implantation
industrielle sont surveillés par un personnel, un petit groupe
d'employés que nous avons au siège social, et nous pouvons
assurer de Montréal nous nous en sommes rendu compte un
bien meilleur service aux compagnies qui projettent de s'implanter au
Québec, parce que nous avons là des outils, des renseignements.
Nous avons actuellement une banque mécanisée de renseignements
sur tous les emplacements industriels dans la province. Nous avons des
renseignements sur toutes les structures de taxes municipales, tous les genres
de services qui sont offerts dans tous les parcs industriels de la province.
C'est par l'intermédiaire du ministère de l'Industrie et du
Commerce, à Montréal, que nous pouvons assurer une
dissémination de renseignements fort utiles à tous les
industriels qui peuvent désirer s'implanter au Québec.
Il y a une chose que j'aimerais dire tout de suite aussi. C'est qu'en
étudiant les facteurs économiques qui ont une certaine influence
sur l'implantation, on s'est rendu compte que, dans presque tous les cas, le
coût de l'énergie est un facteur qui est très secondaire
dans la décision des entreprises de faire de l'implantation au
Québec.
Il y a certains secteurs industriels qui sont évidemment de forts
consommateurs d'énergie et pour qui le coût de l'énergie
est un facteur important. Mais dans la majeure partie des entreprises, le
facteur décisif d'implantation n'est pas le coût de
l'énergie. Alors, nos programmes d'implantation sont faits et je crois
que nous avons un certain succès là-dedans, sur la base de
fournir de l'information, des renseignements, de faire de la publicité
dans des revues à l'étranger, de façon à
intéresser des personnes à s'enquérir des ressources au
Québec.
Evidemment, on s'aperçoit que nos tarifs sont
intéressants, sans que l'on ait à les bonifier davantage. On
s'aperçoit que nos tarifs sont intéressants pour les gens qui
veulent s'implanter chez nous.
M. BACON: En fait, si je comprends bien, au siège social,
vis-à-vis de la promotion industrielle, c'est beaucoup plus une banque
d'information qu'un programme de développement industriel sur votre
territoire. En fait, il y a le territoire du Québec...
M. SAINT-JACQUES: II faut absolument que nous travaillions ce programme
avec le ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. BACON: Vous avez une banque d'information par rapport à un
service de développement industriel?
M. SAINT-JACQUES: C'est exact.
M. BACON: C'est ce qui a remplacé, en fait, les services de
développement industriel qui existaient dans quelques compagnies
nationalisées.
M. SAINT-JACQUES: C'est exact. Ils ont tous été
regroupés à Montréal et l'on a considé-
rablement augmenté les banques d'information et les ressources
pour exercer ce travail. On peut dire que ce travail, à l'heure
actuelle, est certainement aussi important que le travail qui se faisait dans
le passé.
M. BACON: Le travail qui se faisait dans le passé était
beaucoup plus qu'une banque d'information. Il y avait quand même un
programme de stimulation.
M. SAINT-JACQUES: II y avait des gens qui voyageaient. Nous avions des
agents itinérants autrefois. Il y en avait qui étaient à
New York, mais je dois dire que nos agents rencontrent beaucoup de personnel
étranger, ils ont souvent l'occasion de parler avec des personnes et des
clients éventuels, mais, comme je vous le dis, ce programme doit
obligatoirement être conjugué avec les efforts du ministère
de l'Industrie et du Commerce, avec lequel, je dois dire, nous avons
d'excellentes relations et qui apprécie fort notre travail.
M. BACON: Si vous admettez disons, comme on le faisait dans
l'usage commercial ou domestique, comme le faisait M. Cristel si vous
admettez que vous devez concurrencer quand même, question de ville, de
toutes sortes d'autres sources d'énergie...
Je comprends que vous êtes une société d'Etat, c'est
peut-être là qu'on doit faire une différence. Mais
malgré tout ça, j'avoue que je trouve un peu drôle que vous
ne sentiez pas le besoin d'avoir un meilleur programme, même si vous avez
dit cela, je suis obligé de vous l'acheter à un certain
pourcentage que ce n'était pas nécessairement un facteur
important dans la majorité des cas, la tarification ou la consommation
d'énergie.
Mais ne trouvez-vous pas, quand même, que vous avez à faire
un travail? Ce n'est pas de votre faute mais il reste que, quand on a
nationalisé les compagnies d'électricité, on s'est
"tapé" un peu à travers la province en disant que c'était
ça qui allait industrialiser la province.
Je reste un peu sceptique devant le fait que la première chose
qui a été rayée des compagnies nationalisées ou
à peu près, c'étaient les départements de
développement industriel. Même si vous me dites qu'ils ont
été fusionnés dans le temps au ministère de
l'Industrie et du Commerce et que des gens étaient dans
différentes régions ou à l'étranger pour le compte
de la province de Québec, il me semble que l'Hydro, comme entreprise
d'énergie électrique, pourrait avoir un département de
développement industriel aussi bien organisé. Ce ne serait ni un
dédoublement ni un chevauchement avec le ministère de l'Industrie
et du Commerce.
M. SAINT-JACQUES: Je dois dire que, à l'heure actuelle...
M. BACON: Votre premier but est de vendre l'énergie. Que vous la
vendiez à un bungalow ou à une industrie, c'est quand même
quelque chose d'important pour vous. Et si on regarde dans votre programme de
stimulation vis-à-vis des centres domiciliaires ou des commerces, la
promotion d'achat d'appareillages ou de choses comme ça, le Cascade 60,
toute cette publicité, j'avoue que je suis un peu sceptique. Vous ne
m'avez pas convaincu que vous n'avez pas besoin de faire de promotion
industrielle parce que vous avez le ministère de l'Industrie et du
Commerce, à côté, qui en fait.
M. SAINT-JACQUES: Nous en faisons, de la promotion industrielle.
M. BACON: Vous avez une banque d'information industrielle. Ce n'est pas
de la promotion industrielle en tant que telle.
M. SAINT-JACQUES: Nous fournissons des renseignements à tous les
éventuels clients industriels qui s'adressent chez nous et nous
rencontrons ces industriels à l'étranger à l'occasion de
missions. Lorsqu'on nous le demande ou lorsque nous savons qu'il y a quelqu'un
qui s'intéresse à l'implantation, nous nous rendons à
l'étranger pour les rencontrer.
Je dois vous dire que nous sommes passablement fiers du dynamisme et des
outils que nous avons développés et des renseignements. Il y a
peu d'organismes, au Québec, aussi bien outillés que nous pour
renseigner les éventuels clients industriels sur les structures de
taxes, sur les emplacements industriels et sur la nature des services qui sont
offerts de part et d'autre.
Si vous le demandiez au ministère de l'Industrie et du Commerce,
il serait probablement d'accord sur ceci. Nous avons un service
extrêmement dynamique; il y a peu de monde, mais nous avons des
ordinateurs maintenant qui sont des plus modernes. Nous sommes probablement une
des premières banques au Canada sur ordinateur pour donner des
renseignements sur toutes les données, sur tous les
éléments nécessaires à une entreprise qui veut
faire de l'implantation.
Comme je vous dis, si ma mémoire est bonne, c'est un outil, c'est
une première au Canada.
M. BACON: Monsieur, pour mieux m'éclai-rer, si demain matin, je
suis dans une municipalité et que j'ai un éventuel client
industriel qui semble vouloir s'établir chez nous, quels sont les
services directs que l'Hydro-Québec va me rendre? Sauf donner les
renseignements que je peux donner parce que ce qui concerne la taxe et ces
choses-là, je peux l'avoir.
M. SAINT-JACQUES: Nous aiderons sûrement cette personne-là,
c'est la principale chose que nous devons faire.
M. BACON: De quelle façon?
M. SAINT-JACQUES: Nous allons aider cette personne à prendre sa
décision en lui donnant des renseignements sur les avantages de
l'implantation au Québec. Je n'ai pas d'autres ressources
financières à lui offrir pour l'inviter à les acheter.
D'ailleurs, c'est injuste vis-à-vis des autres abonnés que
nous avons chez nous, qui ont justifié une implantation normale suivant
le contexte économique du milieu.
Il est difficile de justifier une bonification particulière pour
un nouveau venu qui viendra peut-être entrer en concurrence et
détruire le marché d'une entreprise traditionnelle, chez nous,
qui a un marché établi depuis longtemps.
M. BACON: Je m'excuse. Je n'ai peut-être pas été
assez clair. J'excluais la partie de la bonification, mais si vous faites de la
stimulation pour du Cascade 60, comparativement à cela dans la
consommation industrielle, vous ne semblez pas avoir des programmes au moins
identiques.
M. SAINT-JACQUES: Les outils sont totalement différents. Pour le
Cascade 60, nous devons nous adresser à 1,700,000 abonnés. Nous
ne pouvons pas le faire par des contacts personnels. C'est évident. Il
nous faut absolument employer une publicité de masse pour rejoindre ces
gens. Nous ne pouvons pas rejoindre les prospects industriels d'une
façon plus spécifique par une publicité de masse, bien que
nous ayons un programme de publicité à l'étranger dans des
magazines comme Fortune, comme Business Week, des choses comme cela, où
nous avons annoncé à ces entreprises industrielles qui
s'intéressent à l'implantation au Québec que nous avons
des gens qui ont pour mission de fournir les renseignements là-dessus.
Je dois vous dire que nous avons eu des centaines et des centaines de demandes
de services de l'étranger. De là à une demande de service,
à une implantation, il y a beaucoup de travail à faire.
M. MASSE (Arthabaska): Vous parliez tout à l'heure de
données sur ordinateur en termes d'activité industrielle. Je sais
qu'il y a eu un effort, dans les dernières années, de
l'Hydro-Québec pour justement que des données sur ordinateur
soient compilées mais en termes d'achat de matériaux de
1'Hydro-Québec. Est-ce que, actuellement, cela est assez avancé
pour qu'un industriel qui voudrait soit ajouter une ligne de production, ou
faire de nouveaux investissements industriels, à partir du taux de
faveur que vous avez par rapport aux produits au Québec... est-ce que ce
programme a été mis sur pied et où en est-il rendu?
M. GIROUX: M. Dozois va vous répondre, si vous parlez
d'approvisionnement. Nous avons fait plusieurs campagnes.
M. DOZOIS: En effet, notre politique d'encouragement à
l'industrie québécoise se traduit par le fait de placer des
commandes à des fabricants québécois, même s'ils ne
sont pas les plus bas soumissionnaires. Nous respectons évidemment une
certaine marge et nous n'exagérons pas dans ce sens. Vous savez
qu'à l'Hydro-Québec, l'an dernier, nous avons donné plus
de $271 millions de commandes, dont environ $160 millions étaient pour
l'achat de biens. Nous estimons qu'environ $90 millions de ces $160 millions
sont pour des produits fabriqués au Québec. La balance est
allée à l'extérieur du Québec, mais, dans bien des
cas, il y avait quand même un pourcentage.
M. MASSE (Arthabaska): Vous avez dit quel montant acheté au
Québec?
M. DOZOIS: Un montant de $160 millions. M. MASSE (Arthabaska): Sur?
M. DOZOIS: Un montant de $160 millions au total d'achats de biens dont
$90 millions environ ont été achetés dans le
Québec.
M. MASSE (Arthabaska): ... sont achetés dans le
Québec?
M. DOZOIS: Oui.
M. MASSE (Arthabaska): Très bien.
M. DOZOIS: Sur le reste qui a été achetée à
l'extérieur du Québec, il y a un certain nombre de produits qui
ont un contenu québécois. Nous ne pouvons pas l'estimer, mais
souvent nous recevons, par exemple, une offre, à la suite d'un appel
d'offres, de prix qui sont vraiment inférieurs à ce que les
fabricants québécois peuvent nous offrir ou même de choses
qui ne sont pas du tout fabriquées au Québec, mais on nous
informe, par exemple, que, dans tel produit, il y a 20 p.c, 30 p.c, 40 p.c. de
contenu québécois, que cela soit de la matière
première ou des choses qui entrent dans la fabrication de ce produit que
nous achetons forcément à l'extérieur du
Québec.
Mais en ce qui concerne l'encouragement direct à l'entreprise du
Québec, l'an dernier, nous avons donné pour $17 millions de
commandes à des fabricants qui ont soumissionné mais qui
n'étaient pas les plus bas soumissionnaires. Ceci nous a
coûté $742,000, c'est-à-dire que si nous avions
donné la commande à un fabricant en dehors du Québec, on
aurait épargné $742,000, mais il y aurait $17 millions de
commandes qui seraient allées à l'extérieur du
Québec.
Cela a un effet bénéfique, parce que cela encourage
souvent un industriel à développer sa propre industrie qui est au
Québec.
Souvent, sans ces commandes qu'on lui donne, il ne pourrait
peut-être pas résister. Je peux dire également que nous
faisons en sorte
de développer et de suggérer à des manufacturiers
la fabrication de certains produits que nous employons. Cela a
été l'objet d'Expo-Profit dont vous avez sûrement entendu
parler; elle a eu lieu à la demande du ministère de l'Industrie
et du Commerce et nous y avons collaboré à 100 p.c. Je pense
qu'elle a eu lieu à Québec, ici, au Château Frontenac et,
â Montréal, à l'Hôtel Windsor. A la suite
d'Expo-profit, nous avons eu des centaines et des centaines de demandes de la
part de fabricants québécois qui auraient voulu et qui veulent
ajouter à leur chaîne de produits des choses que nous achetons
souvent à l'extérieur. D'autres intéressés sont
venus expressément, de l'extérieur pour prendre connaissance
d'Expo-profit. Ces industriels sont intéressés à
s'installer au Québec, sachant qu'ils vont pouvoir profiter de ce
marché.
Dans l'ensemble, nous estimons que c'est une chose qui a
été bénéfique pour l'entreprise
québécoise, en général, et nous espérons que
nous rendons service dans ce domaine particulier qui est la fourniture de biens
que nous achetons.
M. MASSE (Arthabaska): Je voulais rester dans la même ligne de
pensée que le député de Trois-Rivière, en termes de
promotion industrielle. Quelqu'un arrive à l'Hydro-Québec et est
prêt à investir dans le domaine industriel. Il veut
connaître les produits que vous achetez et qui sont fabriqués
à l'extérieur du Québec...
M. DOZOIS: C'est cela.
M. MASSE (Arthabaska): ... il lui est possible de trouver la gamme "de
tous ces produits. Vous avez un "listing" où c'est...
M. DOZOIS: Nous avons sous la main les outils nécessaires pour
donner des renseignements sur une foule d'articles. Si on nous interroge sur
des articles dont nous ne possédons pas les renseignements, c'est facile
pour nous de nous les procurer et de fournir à brève
échéance les renseignements demandés.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Rouville.
M. OSTIGUY: Dans le domaine des ventes, toujours, ou de la
publicité que vous faites, elles semblent excellentes dans le domaine
des unités domiciliaires Novelec puisque de 10,000 vous êtes
passés à 23,000. Pouvez-vous nous dire combien de conseillers ou
relationnistes vous avez pour aider les constructeurs?
M. SAINT-JACQUES: Combien nous avons de conseillers?
M. OSTIGUY: Oui, de conseillers ou relationnistes pour promouvoir la
vente de l'électricité dans les projets Novelec? Vous semblez
avoir eu une forte augmentation.
M. BACON: Dans les différentes régions, combien avez-vous
de gens préposés à la publicité et la vente?
M. SAINT-JACQUES: Je vais demander qu'on me trouve le nombre des
démarcheurs que nous avons. D'une façon générale,
ce sont les gens qui exercent leur travail dans chacun des districts; nous
avons une cinquantaine de districts de 1'Hydro. Ces démarcheurs ne font
pas que de la promotion Novelec, ils font tous nos autres programmes de
promotion, ils font l'éclairage sentinelle, ils font surtout le
chauffage d'eau domestique. Le nombre total des démarcheurs que nous
avons n'emploient qu'une partie de leur temps dans la promotion du Novelec.
Mais dans la promotion du Novelec, c'est essentiellement la protection d'une
norme de construction pour empêcher que l'abonné ou le
consommateur fasse un gaspillage d'électricité. C'est la raison
principale de notre action de promotion; on fait la promotion d'une norme de
qualité d'isolation. C'est notre raison pour permettre une
économie dans la consommation de l'électricité.
M. OSTIGUY: Si je remarque, dans votre rapport, que vous avez dix
régions. Vous vous êtes limités à dix
régions. Or, j'imagine que dans ces dix régions, ces
relationnistes sont en contact continuel avec les entrepreneurs de maisons afin
de promouvoir l'installation ou le chauffage à
l'électricité. C'était là ma question.
M. SAINT-JACQUES: C'est exact.
M. OSTIGUY: Dans le domaine des fermes dites bien
électrifiées, l'augmentation semble avoir été assez
faible, soit environ 15.8 p.c. Avez-vous un nombre suffisant d'agronomes
à votre service pour conseiller les agriculteurs?
M. SAINT-JACQUES: Il faut se rappeler que le nombre de fermes dans la
province diminue continuellement.
Mais les entreprises agricoles augmentent en importance et se
regroupent. Alors, c'est un secteur d'activité qui n'augmente pas en
flèche à l'heure actuelle. Il se stabilise, ils se regroupent et
c'est la raison de cette tendance qui est un peu atténuée dans
nos promotions agricoles à l'heure actuelle.
M. OSTIGUY: Toujours dans ce secteur agricole, de plus en plus, on voit
les agriculteurs s'équiper de séchoirs à foin, et il
semblerait que la tendance pour alimenter ces séchoirs est plutôt
vers le gaz propane au lieu de l'électricité, quoique les
fabricants font des séchoirs qui peuvent fonctionner à
l'électricité ou au gaz propane. Mais il semblerait que le gaz
propane l'emporte fortement sur l'électricité. Est-ce que les
taux seraient trop élevés pour l'agriculteur? Est-ce qu'il y a
déjà eu des enquêtes?
M. SAINT-JACQUES: Malheureusement, je
ne peux pas répondre à cette question, mais je vais
demander à M. Cristel, qui s'occupe de la mise en marché ici,
s'il peut vous donner des lumières à ce sujet-là.
M. OSTIGUY: Et me dire aussi combien vous avez d'agronomes,
approximativement, au service des agriculteurs.
M. CRISTEL: Quand l'Hydro-Québec travaille avec les cultivateurs
à la solution du problème que vous avez mentionné,
c'est-à-dire le séchage du foin, en général, nous
recommandons le séchage à l'air forcé mais non avec
chauffage additionnel, c'est-à-dire chauffage supplémentaire. Si
l'agriculteur veut avoir plus de production, selon son installation
électrique existante, il arrive qu'il doive employer le gaz propane ou
d'autres sources si la source de chaleur doit être très grande,
parce que vous parlez d'une utilisation dont le facteur est quand même
très bas et, pour quelques semaines ou quelques mois, il est parfois
plus économique d'employer le gaz propane. Ce que nous avons
tenté d'organiser avec les cultivateurs, c'est le séchage
à l'air forcé, mais sans source de chaleur additionnelle.
Pour la deuxième question, nous avons actuellement, à
l'emploi de l'Hydro-Québec, dans le domaine agricole, environ dix
conseillers qui travaillent avec les cultivateurs dans les différentes
régions. Nous avons, je crois c'est de mémoire deux
ingénieurs agricoles, environ cinq agronomes et une couple de
techniciens. Nous pourrions vous fournir la liste si vous êtes
intéressés.
M. OSTIGUY: Pour revenir au domaine du séchage du foin par air
forcé, le but de ma question, tantôt, était
celui-là. Je pense qu'étant dans ce domaine-là
moi-même, 90 p.c. des agriculteurs font le séchage du foin par air
forcé. Est-ce que ce serait à cause d'un manque de service
adéquat ou si la capacité du moteur demande trop de pouvoir
électrique? Dans cette région agricole-là, la plupart des
cultivateurs...
M. CRISTEL: Evidemment, le réseau s'est considérablement
renforci depuis dix ans et la plupart des cultivateurs peuvent utiliser des
moteurs avec des convertisseurs, simple phase ou trois phases. Souvent, un
moteur de sept forces et demie ou de dix forces pourrait fonctionner
adéquatement. Il y en a qui ont de très grosses installations qui
sont malheureusement loin des lignes triphasées, et cela pose un
problème d'approvisionnement en électricité. Il y a des
solutions qui sont envisagées, mais ce n'est pas toujours possible de
répondre à toutes les demandes.
M. BACON: Une question supplémentaire, M. le Président,
pendant que M. Cristel est à la barre, si mes collègues me le
permettent. On parlait de séchoirs à foin et de ces
choses-là. Pour les systèmes de chauffage, on me dit que non,
mais est-ce qu'il y a des programmes d'aide au point de vue du financement, de
l'installation, de choses comme celles-là, dans le domaine des
installations de réfrigération, ce qu'on appelle
communément des "ball tanks"? Est-ce qu'il y a des programmes de
financement qui existent à l'Hydro-Québec pour celui qui veut
améliorer son appareillage de façon à avoir une
consommation plus élevée?
M. CRISTEL: Les seuls régimes de financement... La plupart des
détaillants de ces appareils offrent des facilités de
crédit. Alors, l'Hydro-Québec a vu le besoin, à travers
les années, d'offrir des régimes de financement pour la
rénovation des canalisations.
M. BACON: Cela existe au programme.
M. CRISTEL: Cela existe toujours. Evidemment, il y a des
modalités pour les entrées plus puissantes, pour les
cultivateurs. Nous finançons, si les abonnés le désirent,
l'achat des installations d'éclairage extérieur "sentinelle",
qu'on a mentionné hier. Nous finançons également les
chauffe-eau Cascade, dont on a mentionné l'existence tantôt. Les
régimes de financement de l'Hydro-Québec portent sur ces trois
applications qui ne se trouvent pas beaucoup dans les canaux de
détaillants, de prêteurs. Tandis que les appareils de ferme, comme
les pompes, les trayeuses, se trouvent plus facilement des facilités de
crédit dans les canaux de détail.
M. BACON: Vous avez mentionné que vous n'aviez pas de programme
de financement du système de chauffage électrique.
M. CRISTEL: Non.
M. BACON: Vous avez mentionné, au cours de l'affaire de
deuxième hypothèque, ces choses-là... Il reste que ceux
qui vous font concurrence, dans le domaine des systèmes de chauffage, ne
marchent pas tellement par deuxième hypothèque, ils le font par
un prêt qui se fait tout simplement, qui ne s'accroche à rien,
pour que le client continue à s'abreuver à la même place en
huile à chauffage. Il n'est pas dans vos plans... Parce qu'en fait, vous
semblez vouloir faire une percée dans le domaine du chauffage
électrique. N'est-il pas, dans vos projets de stimulation de ventes,
d'arriver à avoir un plan quelconque? D'abord, j'aimerais savoir, un
système de chauffage électrique dans une résidence, un
bungalow de 5 pièces, ce qu'il y a d'à peu près plus
régulier, ça peut coûter combien pour l'installation?
M. CRISTEL: A peu près $1,100. Le même bungalow, dont je
parlais hier. Mais disons ceci, c'est que normalement, il est inclus dans
cette
hypothèque. Maintenant, à l'Hydro-Québec, on a
toujours voulu, en garantissant par hypothèques, c'est-à-dire,
pouvoir avoir de l'équité en arrière de la garantie,
c'est-à-dire, s'accrocher à quelque chose. On a pas cru
nécessaire... Jusqu'ici, on a fait des progrès assez
considérables concernant la pénétration du chauffage
électrique sans aller jusqu'à offrir des hypothèques sans
garantie ou des prêts sans garantie. Disons qu'on vend un produit
supérieur et qu'on n'a pas besoin d'aller aussi loin dans certaines
tactiques financières. Jusqu'à maintenant, on n'en a pas senti le
besoin.
M. PELLETIER: M. le Président, j'aurais une question à
vous poser concernant la protection du consommateur, soit l'agriculteur, en
somme. S'il y a un manque d'électricité pendant une
période d'environ deux jours... Cela arrive dans nos régions,
dans le bas du fleuve, c'est assez remarquable. Il y a des gens qui ont de la
viande, fraîche dans des chambres froides. Il se fait des pertes parfois
assez considérables. Est-ce que l'Hydro-Québec a une certaine
responsabilité à ce point de vue? Nous avons des polices
d'assurance pour nous protéger, mais il reste quand même que
l'Hydro-Québec a une responsabilité vis-à-vis de ce
domaine.
M. GIROUX: Actuellement, vous demandez une opinion légale.
M. PELLETIER: Non, pas nécessairement, parce que vous êtes
censés donner des services assez adéquats à la population.
On téléphone dans la région de Rivière-du-Loup et
ils nous disent: On n'en connaît pas la cause, on va envoyer quelqu'un.
Parfois, ça prend 8 ou 10 heures pour qu'on puisse avoir des services.
C'est un problème. Il y a eu des pertes assez considérables, l'an
dernier de l'ordre de $30,000. Des gens qui avaient de la viande en
entrepôt, qui ont manqué d'électricité. Est-ce que
c'est à eux d'installer une dynamo, pour se protéger, ou si vous
avez une limite de temps?
M. GIROUX: C'est une question purement légale. Je vais demander
à notre conseiller juridique de vous répondre. M. Boulanger, s'il
vous plaît.
M. BOULANGER: Il faudrait savoir si, à Rivière-du-Loup,
c'est le système municipal ou si c'est le système de
l'Hydro-Québec?
M. PELLETIER: C'est le système de l'Hydro-Québec à
Rivière-du-Loup.
M. BOULANGER: Présentement, il n'y a pas d'obligation pour
l'Hydro-Québec d'assurer la continuité du courant. Je pense
qu'à titre d'exemple, on peut donner la situation qui a prévalu,
quand il y a eu un "black-out" total dans une partie de l'Amérique du
Nord. Je pense que les répercussions financières qui en
résulteraient seraient trop considérables pour l'entreprise.
Mais vous mentionniez tantôt qu'il y a certaines assurances qui
couvraient ces pertes. A ce moment, ça devient un recours aux
assurances.
M. PELLETIER: Il reste une chose. Vous devriez avertir la population,
soit par radio ou quelque chose comme ça, qu'il y aura un manque de
courant.
M. BOULANGER: Je pense que si on parle d'interruption de service
anticipée, il y a alors, des mécanismes prévus pour
avertir la population.
Mais là je parle surtout d'interruptions de service qui seraient
soudaines et imprévues et attribuables, souvent à des cas de
force majeure.
M. OSTIGUY: Toujours dans le domaine rural, M. le Président,
évidemment étant moi-même représentant d'un
comté rural, nous avons souvent des plaintes des agriculteurs
relativement à une baisse de l'électricité à
l'heure de la traite lorsque la trayeuse ou l'écureur d'étable
est en opération entre cinq et sept heures le soir et entre six et huit
heures le matin, jusqu'à être obligé d'arrêter
l'écureur d'étable qui fonctionne avec un moteur de cinq forces,
je pense.
M. GIROUX: C'est M. Saint-Jacques qui est responsable de la
distribution.
M. SAINT-JACQUES: Nous avons des normes. Il y a des normes nationales de
variation de tension qui sont assez larges. Nous demandons que l'utilisateur
soit capable de fonctionner en dedans de ces normes qui sont, je pense, de plus
ou moins 10 p.c. de tension. Nous tentons d'établir un réseau qui
ne permet que des variations de tension en dedans de limites
réglementaires. Si, dans certains secteurs, les réseaux sont trop
faibles, évidemment, on voit à les renforcer progressivement. En
général, on peut dire que les variations de tension sur nos
réseaux sont en deçà des limites
réglementaires.
M. OSTIGUY: Est-ce que ça voudrait dire qu'il faudrait demander
à nos agriculteurs de ne pas tous faire la traite à la même
heure, de diversifier les heures de traite en attendant que le système
soit amélioré?
M. SAINT-JACQUES: Ce serait une solution. Je dois vous dire que nous
dépensons des sommes considérables chaque année pour
renforcer nos réseaux. J'ai toutes les indications que nos variations de
tension s'amenuisent et demeurent en deçà de limites très
acceptables, d'une façon très générale. Il peut y
avoir des cas particuliers.
M. OSTIGUY: Une dernière question pour
éclairer nos lanternes. Comment se compare le taux de
l'électricité chez l'agriculteur comparativement au taux
industriel? Est-ce que c'est le même?
M. SAINT-JACQUES: C'est difficile à dire. Evidemment le
coût unitaire de l'énergie est plus cher si l'utilisateur est un
petit utilisateur. Un abonné résidentiel qui prend 7,000, 8,000,
10,000 kilowatts-heures par année et qui achète l'énergie
à 110 volts paiera beaucoup plus cher l'énergie qu'un
abonné qui est à Sept-Iles, qui en prend 200,000 et qui prend
l'énergie à 300,000 volts. Les tarifs sont établis en
fonction des coûts que nous assumons pour livrer cette énergie. D
est sûr que de livrer 10,000 kilowatts-heures par année pour une
résidence au bout d'une ligne rurale est beaucoup plus coûteux
pour l'Hydro-Québec que de livrer à 300,000 kilowatts sur notre
grand réseau. Les tarifs sont ajustés en fonction des
équipements en cause et des tensions.
M. OSTIGUY: Merci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Gouin.
M. JORON : M. le Président, je voudrais commenter un peu, par le
biais des états financiers de l'Hydro, la question de la hausse des
tarifs. Je disais ce matin et les jours précédents qu'une
véritable discussion sur la nouvelle tarification que propose
l'Hydro-Qué-bec aurait dû se faire dans un autre cadre et à
la lumière de plus de témoignages, etc. Je ne reviendrai pas
là-dessus.
Evidemment, quand on modifie la tarification, il y a bien des questions
qu'il faut se poser, entre autres, par exemple, quel effet cette hausse va
avoir sur l'inflation, si cela va alimenter l'inflation. Ce sont des questions
qui, en tant que telles, ne la concernent peut-être pas, et ce n'est pas
la responsabilité de l'Hydro-Québec de veiller à ces
questions, mais c'est celle du gouvernement, par contre. C'est pourquoi nous
aurions voulu une discussion sur cette question de la tarification dans un
autre cadre. Il y a aussi toutes sortes d'implications aussi quand on joue avec
une structure de tarifs, c'est un peu comme lorsqu'on fait une réforme
fiscale. On déplace le fardeau quand on fait une réforme fiscale,
d'une catégorie de contribuables vers une autre. Quand on touche la
tarification, on fait ça aussi, on déplace le fardeau de
l'électricité, d'une sorte de contribuables. Il aurait fallu se
poser toutes ces questions. Je n'insiste pas davantage, parce que je ne veux
pas m'étendre longuement sur le sujet. On s'est dit ce matin que de la
façon que nous avons accepté de fonctionner, cette discussion
plus large et en profondeur était impossible. On est forcé d'en
juger par un seul critère.
Celui-là, on en a parlé depuis quelques jours; c'est
pourquoi je me permets de commenter à la lumière de ce
critère, qui est celui des états financiers. Je ne blâme
pas l'Hydro-Québec, bien entendu, de poursuivre l'assainissement de sa
situation financière. En toutes circonstances, c'est la dynamique
même des entreprises, qu'elles soient publiques ou privées, de
chercher sans cesse à améliorer leur situation financière,
à augmenter leur capital propre, à augmenter leur taux de
rendement et ainsi de suite. Cela va de soi. Par définition, si nous les
écoutions, c'est à chaque année que l'on voudrait hausser
les tarifs pour rendre encore plus saine la situation financière de
l'entreprise.
Ce n'est donc pas à l'Hydro-Québec que je m'adresse mais
davantage au gouvernement. Parce que le gouvernement, en acceptant ou en
refusant une hausse de tarifs, porte un jugement. Alors, à la
lumière des états financiers de PHydro-Québec, je veux
questionner le jugement que le gouvernement a porté. Il a cru... En
acceptant une hausse de tarifs, il a accepté que la situation
financière de PHydro-Québec était devenue à ce
point précaire que cela justifiait une augmentation de tarifs. Or, je
pense que sur la base des chiffres que nous avons, toujours sous cette
lumière, le gouvernement a agi prématurément, qu'il n'y
avait pas lieu de s'inquiéter, de s'énerver ou de monter dans les
rideaux, comme on dit quelquefois. La situation financière de
PHydro-Québec ne m'apparaît pas à ce point précaire
pour justifier une hausse de tarifs, à partir de deux indices. Il y a
deux indices principaux et c'est la raison pour laquelle, au tout début
de la séance de cet après-midi, j'ai posé ces deux
questions. Deux des principaux indices qui permettent de juger de la situation
financière, de la santé financière de
PHydro-Québec, ce sont le rendement sur le capital et la couverture des
charges d'intérêt.
A ces deux titres, puisque le rendement sur le capital propre a
été Pan passé, en 1972, de 9.07 p.c, et que si on y inclut
les avantages fiscaux qui découlent du dernier budget, ce qui
rajouterait au revenu de PHydro-Québec une somme, sur une année,
d'environ $10,000,000, bien que l'on n'ait pas évidemment le
détail de la loi... Tenant compte de cette modification fiscale
apportée par le dernier budget, le rendement sur le capital... Si cela
avait eu lieu, par exemple, il y a un an, le rendement sur le capital propre de
PHydro-Québec aurait été de plus de 10 p.c. ou d'environ
10 p.c.
Quand on regarde ce chiffre en rapport avec ce que la loi oblige
PHydro-Québec à acquitter, c'est-à-dire
l'équivalent du taux d'intérêt moyen sur sa dette qui est
de 6.57, on s'aperçoit qu'il y a une marge de manoeuvre suffisante pour
conclure que la situation n'est pas alarmante et qu'elle ne justifie pas une
action immédiate. C'est le premier indice.
Le deuxième est la couverture des charges d'intérêt.
La couverture des charges d'intérêt a été Pan
passé de 1.33. On dit que pour une saine administration et ainsi de
suite, il est sage de viser à ne pas descendre en bas de 1.25. Ce
n'est pas une mesure absolue, bien évidemment. D'ailleurs, je
comprends que si cela était rendu en bas de 1 p.c, il y aurait des
raisons sérieuses de s'inquiéter. Mais 1.25 n'est pas un chiffre
sacro-saint en soi, d'autant plus que sur... On dit: Oui, mais c'est de cela
que découle tout le crédit qu'a l'Hydro-Québec sur les
marchés financiers. Or, il ne faut pas oublier non plus que les
obligations de l'Hydro-Québec sont un petit peu différentes des
obligations des autres utilités publiques en Amérique du Nord, du
moins des utilités américaines. On ne peut pas les comparer
à la Consolidated Edison ou à Philadelphia Electric ou d'autres
et ainsi de suite, du fait que les obligations de l'Hydro-Québec
comportent la garantie du gouvernement. Alors, il ne faudrait pas faire du 1.25
une obsession. D'ailleurs, le comité dans son rapport disait ceci et je
cite: II n'est pas du tout évident toutefois que ce ratio doive
être maintenu à son niveau actuel de façon constante pour
permettre à l'Hydro-Québec de se financer à des conditions
convenables. Les exigences de la loi requièrent une augmentation du
revenu moindre que celle de la saine administration financière. D
vaudrait mieux dire cependant: Selon l'Hydro-Québec, on doit se tenir
aussi près possible du ratio demandé par les marchés
financiers.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, peut-être que le
député de Gouin me permettrait de poser une question.
C'est complètement en accord avec ce qu'il vient d'avancer,
relativement à l'obtention de certains crédits ou de certains
montants d'argent consentis à l'Hydro alors que le gouvernement devient
l'endosseur. Si j'ai bien compris, c'est ce que vous avez avancé.
Or, dans les circonstances, on voit au budget que la Caisse de
dépôt du Québec, par exemple, a consenti des prêts
pour le financement de projets à l'Hydro-Québec. Si la Caisse de
dépôt et de placement gouvernementale est une garantie des
Québécois, est-ce que ça tient encore? Et est-ce que le
président de l'Hydro pourrait nous dire si le gouvernement garantit ses
propres garanties et ses propres trésors, si c'est simplement un
transfert ou s'il s'agit d'émissions d'obligations pures et simples au
même titre que si nous empruntons sur des marchés étrangers
ou des marchés québécois?
M. JORON: M. le Président, je m'excuse auprès du
député de Chauveau, mais, s'il veut retenir ma question au
président de l'Hydro, je voudrais quand même poursuivre mon
exposé, qu'il ne soit pas coupé par des questions que vous
adressez.
M. HARVEY (Chauveau): Je peux vous la poser à vous la question,
si vous voulez y répondre.
M. JORON: A moi. Justement... Les obliga- tions de l'Hydro ayant la
garantie du gouvernement du Québec pour les marchés financiers,
c'est blanc bonnet bonnet blanc. Cela donne la même chose. Le fait
justement que la Caisse de dépôt, en 1972, ait absorbé
environ 60 p.c. des émissions de l'Hydro faites sur le marché
canadien illustre davantage ce que je dis. C'est que la nécessité
de maintenir les 1.25 face au marché étranger est d'autant
diminuée que, maintenant, on s'autofinance dans une plus grande
proportion, à un point tel que la Caisse de dépôt en a pris
2.25 fois plus que ce qui a été écoulé sur le
marché américain l'an passé.
Je voudrais terminer sur ce point de la couverture des charges
d'intérêt. A 1.33, à notre avis, le gouvernement n'a pas
à s'inquiéter. En 1972, on est à 1.33 de couverture. A
partir de ce moment, ce n'est pas suffisant pour justifier de dire que la
situation financière de l'Hydro est devenue précaire et qu'il
faut de façon qu'elle maintienne une proportion en haut de 1.25, lui
permettre d'augmenter ses tarifs.
Je vous rappelle ceci. De la même façon que je le disais
à propos du rendement sur le capital, tenant compte de ce qui
découle du dernier budget, la couverture aurait été plus
forte que ça parce que les revenus de l'Hydro auraient été
plus forts. Ils se seraient montés à près de 1.38,
d'après mes calculs.
Cela ajoute $10 millions aux revenus de l'Hydro. Alors, ajoutez $10
millions, faites la proportion et vous la faites monter de 1.33 à
1.38.
M. MASSE (Arthabaska): Je ne veux pas vous interrompre inutilement mais,
selon les prévisions de l'Hydro, les revenus additionnels selon les
diverses considérations de documents qu'elle nous a données,
augmentent de 0.3.
M. JORON: Vous parlez d'autre chose. M. MASSE (Arthabaska): Non.
M. JORON: Je vous dis l'effet qu'aurait eu l'application de la
dernière mesure découlant du budget, si ç'avait
été appliqué sur l'année 1972, quel aurait
été le taux de couverture. Il aurait été plus
élevé que 1.33 parce que les revenus auraient été
plus élevés. Cela les faisait monter de 1.33 à 1.38.
Ce que je veux vous signaler, c'est ceci. Dans les dix dernières
années, à deux occasions, on a accordé des hausses de
tarifs à l'Hydro-Québec. On s'est fondé probablement, pour
le faire, sur ce qui était arrivé, entre autres, à ce taux
de couverture des charges d'intérêt dans l'année
précédant cette hausse de tarifs.
On s'aperçoit qu'en 1966, une année qui
précédait une hausse d'augmentation de tarifs qui a eu lieu en
1967, le taux était de 1.18, comme nous le disait M. Giroux tout
à l'heure. En 1969, à la veille de l'augmentation qui a eu lieu
en 1970, le taux était de 1.23. On était,
dans ces deux circonstances, descendu pas mal plus bas avant de
consentir à juger la situation suffisamment alarmante pour accorder une
hausse de tarifs.
Or, en 1972, on est à 1.33. Je ne parle pas des estimations de
1973 pour l'instant. En 1972, on est à 1.33, qui serait devenu 1.38
suite aux dernières mesures qui découlent du budget. Or, le taux
moyen de couverture des charges d'intérêt, pour les dix
dernières années, a été de 1.37 et pour les six
dernières années, de 1.34.
Quand on est à 1.33 ou 1.38, tenant compte de l'affaire du
budget, encore une fois, on est tout à fait dans la moyenne des dix
dernières années. La situation, à partir de ça, ne
peut pas nous sembler suffisamment alarmante pour que le gouvernement
s'énerve, s'alarme et accorde une hausse de tarifs.
Encore une fois, je dis que je ne blâme pas 1'Hydro-Québec
de la demander. C'est peut-être dans la dynamique même des
entreprises de toujours vouloir assainir davantage leur condition
financière. C'est le devoir du gouvernement, par exemple, de ne
l'accorder que lorsque la situation est vraiment précaire. Or, il nous
apparaît, à la lumière de ces chiffres, qu'elle ne l'est
pas, qu'elle n'est pas sensiblement différente de ce qu'elle
était l'année précédente, année au cours de
laquelle des discussions sinon une demande officielle, du moins des
discussions relativement à une augmentation de tarifs ont eu
lieu. Cela n'a pas eu de suite dans l'année 1972, probablement parce que
les fonctionnaires du ministère, qui étudiaient cette question
avec des employés de l'Hydro-Québec, en sont arrivés
à la conclusion que la situation n'était pas suffisamment
alarmante.
La situation ne nous semble pas être différente en 1973,
à la lumière des chiffres que nous avons. D'ailleurs, quand on
fait des estimations, on se trompe souvent, et surtout quand une entreprise
essaie de persuader quelqu'un qu'elle a besoin d'augmenter ses prix. A cet
égard, elle a naturellement tendance à faire les estimations qui
supportent le plus son avancé. Evidemment, des estimations restent
toujours des estimations. Nous ne pouvons pas parler de trucage de chiffres.
Jamais, je n'irais jusque-là. Ce n'est pas le cas du tout. Mais quand on
fait des estimations, cela reste des estimations. Dans le mémoire que
l'Hydro-Québec nous soumet actuellement, à la page 13, on avait
les estimations pour 1972. On nous a distribué une autre feuille, qui
n'est plus celle des estimations, mais celle de ce qui est arrivé
réellement en 1972. Probablement qu'au moment où on a
imprimé cela ou broché cela, on n'avait pas les derniers
résultats.
L'estimation de 1972 qui apparaît dans le mémoire... On
estimait à ce moment que le revenu net de l'année allait
être de $88.4 millions. Or, dans les faits, il a été de
$98.9 millions. On s'était un petit peu alarmé, on s'est
aperçu que, dans les faits, cela n'est pas arrivé ainsi et,
finalement, il y a eu une dizaine de millions de plus. On était plus
pessimiste encore que cela un peu plus tôt en 1972 parce que, dans le
projet de mémoire qui a circulé on ne sait plus trop où
et on n'a jamais pu savoir précisément où à
la suite des questions que nous avons posées hier l'estimation
n'était pas de $88.4 millions, mais de $83.4 millions. C'est encore plus
noir.
Si on s'était fié alors à cette estimation et si on
avait dit: Cela va mal, on va baisser dans l'année qui vient à
$83 millions, il faut augmenter les tarifs, on se serait trompé
drôlement, et par une jolie marge, parce que le résultat
réel a été 98 point quelque chose. Qu'est-ce qui nous
permet de croire, dans les premiers mois de 1973,que la situation est à
ce point différente? Je vous avoue qu'on ne l'a pas vu. Mais il y a
d'autres raisons en dehors du fait que, d'après nous et d'après
tous ces chiffres ceux qui sont à notre disposition à
l'heure actuelle on ne juge pas la situation suffisamment alarmante. Il
y en a d'autres aussi. C'est le fait que le gouvernement a une
responsabilité. A un moment où on connaît une relance, un
regain dans la spirale inflationniste, aussi bien au Canada qu'au Québec
les prix à Montréal en 1972 augmentaient de 3.8 p.c., ce
qui était la plus haute année depuis celle de l'Expo, qui avait
été une année fortement inflationniste à un
moment où, nous le savons, dans le domaine de l'alimentation
surtout avec les boycottages des viandes et tout ce que vous voulez il y
a une spirale inflationniste considérable, est-ce que le gouvernement ne
risque pas, en accordant une hausse de tarifs, de jeter de l'huile sur le feu,
ce qui s'avérerait éventuellement, à plus long terme, au
détriment même de l'Hydro-Québec?
Je pense que c'était le devoir du gouvernement de tenir compte de
cette considération. En résumé, nous pensons qu'il
était trop tôt. A la lumière de ces chiffres et à la
lumière du fait que la situation n'est pas à ce point
différente de celle de 1972, il n'y a pas de justification
supplémentaire. Si on ne l'a pas accordée en 1972, on n'a pas
plus de raison de croire qu'on doit l'accorder en 1973. Il y a en plus, en
1973, le problème de l'inflation que je viens de mentionner. Il me
semble qu'on devrait attendre.
Je ne dis pas qu'un jour ne viendra pas où il faudra aboutir
à avoir une augmentation de tarifs. C'est probablement
inévitable, à la lumière des grands travaux que
l'Hydro-Québec entreprend à la baie James. Il est clair
qu'à partir de ce moment, si l'Hydro-Québec va devoir augmenter
considérablement sa dette, pour garder son crédit auprès
de ses emprunteurs, il va falloir qu'elle fasse aussi sa part de l'effort.
Que veut dire sa part de l'effort? Si vous augmentez votre dette de
cela, il faut aussi augmenter le capital propre dans une proportion à
peu près équivalente; autrement, les prêteurs vont vous
dire: Mettez-y un peu du vôtre, vous nous faites tout payer cette
affaire
et vous ne n'y mettez rien. Augmenter son capital propre, cela veut dire
augmenter ses profits. Du fait que la baie James implique de très gros
investissements, il va y avoir une obligation quasiment automatique d'augmenter
le capital propre de 1'Hydro par une hausse des tarifs. C'est tout à
fait, d'ailleurs, ce que le président de l'Hydro, M. Giroux,
l'année dernière ou même l'année
précédente, il y a même deux ans, avait souligné
devant la Commission en prévoyant que dans le programme global de
financement de l'ensemble de cette affaire, il fallait prévoir des
hausses moyennes des tarifs d'à peu près 4 p.c. par
année.
Un dernier élément, finalement, M. le Président, je
répète que pour nous, en 1973, aujourd'hui, la situation n'est
pas suffisamment alarmante, pas du tout. On ne peut pas dire que la situation
financière de l'Hydro, au moment où l'on se parle, et sur la base
des résultats de l'exercice, est mauvaise. Cela serait faux. La
situation financière de l'Hydro est bonne.
Si, l'an prochain, elle est un peu moins bonne, à ce
moment-là, il y aurait lieu de rouvrir ce dossier de la hausse des
tarifs; il y aurait avantage d'ailleurs à retarder et je ne
répète pas ce que je disais à propos de l'inflation
c'est cet avantage que nous signale le rapport du comité,
lui-même, quand il dit que le comité, à l'occasion de la
négociation du programme de développement, devrait
réexaminer toute cette question avec l'Hydro-Québec. On voyait,
à la page 2, ce petit bout de phrase qui est assez intéressant
parlant de la demande: "II aurait été souhaitable
d'étudier la présente augmentation dans le cadre de ce programme,
mais il est malheureusement trop tôt pour ce faire. Il faut
espérer que, d'ici un an, un tel programme aura été
complété et présenté au conseil des ministres."
C'est un élément indispensable, à mon avis, pour permettre
de juger toute la question de la hausse des tarifs.
Premièrement, tant qu'on n'aura pas ce programme;
deuxièmement, pour éviter le risque d'alimenter davantage
l'inflation; troisièmement, tant que la couverture des taux
d'intérêt ne sera pas rendue à un niveau aussi bas qu'il
pouvait l'être en 1966, au moment où on a jugé qu'il
était devenu trop bas, alors qu'il était tombé à
1.18 p.c, ce n'est pas le cas à l'heure actuelle, on est encore à
1.30 p.c.; finalement, ce à quoi, l'Hydro est obligée de par la
loi, tant que le rendement sur son capital ne sera pas rapproché du taux
moyen d'intérêt que l'Hydro a à payer sur ses emprunts
on voit que la marge est encore grande; on a une marge entre 6.57 p.c.
et 9.07 p.c. et 10 si on tient compte du dernier budget tant qu'on ne
sera pas plus près de cela, je ne vois pas pourquoi on perdrait les
pédales et on s'énerverait.
En conséquence, nous estimons que le gouvernement a agi de
façon prématurée et qu'il n'y avait pas lieu, en 1973,
d'accorder cette hausse de tarifs, cette question devrait être à
revoir l'année prochaine suivant les résultats financiers de
l'Hydro, en 1973.
LE PRESIDENT (Brisson): L'honorable député de
l'Assomption.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, évidemment, je
suis vraiment d'opinion contraire à celle du député de
Gouin.
M. JORON: Je m'attendais à cela.
M. MASSE (Arthabaska): Je ne veux pas dire que la situation
financière de l'Hydro-Québec actuellement est dans un état
alarmant, mais je ne suis pas d'accord, non plus, sur l'affirmation du
député de Gouin à savoir que la décision du
gouvernement est prématurée. Evidemment, il a touché deux
points, c'est-à-dire le rendement du capital et la couverture des
intérêts.
Sur le rendement du capital, je pense qu'on pourrait discuter longtemps
à savoir si cela doit se stabiliser à 8.0 p.c. ou à 12
p.c. ou à 13 p.c. En 1972, cela a été à 9.07 p.c.
Mais je voudrais répondre au député de Gouin tout
particulièrement sur la nécessité d'une action
immédiate, nécessaire de la part d'une décision du
gouvernement à la suite d'une demande de l'Hydro-Québec
On le sait et on l'a dit d'ailleurs dans les journées
précédentes, que l'augmentation de 1/4 p.c.
d'intérêt représentait plusieurs centaines de mille dollars
et même de millions, que la couverture de charge
d'intérêt... L'exemple qu'a pris le député de Gouin,
pour l'année 1966, à 1.18 à la veille d'une augmentation
des tarifs en 1967 qui a remonté la couverture à 1.32, est exact,
mais on aurait pu prendre également l'exemple de 1969, la veille de
1970, où il y a eu une autre demande d'augmentation.
M. JORON: A 1.23. Je l'ai dit.
M. MASSE (Arthabaska): Alors, en relation avec les prévisions que
nous soumet l'Hydro pour l'année 1973 où, sans augmentation, la
couverture se situait à 1.09 et, pour 1974, à 0.97... C'est ce
qui a permis à M. Lemieux d'affirmer déjà, au cours de ces
séances, que cela devenait une situation dangereuse, qu'eux, pour
pouvoir emprunter sur les marchés financiers, voyaient difficilement la
possibilité que cette couverture se situe en bas de 1.20. Evidemment,
les 8.4 d'augmentation sur les revenus pour toucher un autre argument du
député de Gouin si la dernière augmentation a eu
lieu en 1970, donc il y a près de trois ans, cela fait une augmentation
d'à peu près 2.8 par année depuis 1970, alors qu'on sait
que les taux d'inflation ont été de beaucoup supérieurs
à cela.
Le député de Gouin est beaucoup plus familier avec les
aspects financiers que je peux l'être et je pense que le président
de l'Hydro a quelque chose à ajouter.
M. GIROUX: M. le Président, si vous le permettez, juste une
remarque que j'aimerais faire. Je ne crois pas qu'à l'Hydro, nous
perdions les pédales. Nous ne sommes pas amateurs de
pédales.
M. JORON: Non. J'ai dit que c'était le gouvernement qui les avait
perdues. Pas vous.
M. GIROUX: C'est un peu différent. M. JORON : Il n'y a pas de
différence?
M. GIROUX: Non. J'ai dit: C'est un peu différent.
M. JORON: Ah bon!
M. GIROUX: J'aimerais faire remarquer ceci. Je crois que le
député de Gouin étant un ancien type de la rue
Saint-Jacques sait que ce n'est pas quand une situation devient précaire
que les institutions comme Standard Poor et Moody's changent la cote des
emprunteurs. Ces gens-là sont très avisés et voient venir
une cote qui baisse. Je pourrais vous fournir des exemples que nous avons eus
de compagnies dont les cotes ont baissé. Ce sont de gros noms dans les
marchés financiers. Les prévisions de l'Hydro-Québec ne
sont pas exclusivement des prévisions d'une personne. Ce sont des
prévisions de l'ensemble des gens de l'Hydro-Québec. Ceux-ci
prévoient, avec l'aide gouvernementale, une couverture de 1.26 pour 1973
et de 1.20 pour 1974 ce qui, je crois, est acceptable et non pas
précaire.
Si nous prenions le risque de rendre une situation précaire,
j'aimerais attirer l'attention simplement sur un danger de hausse de taux
d'intérêt non justifiée. Quand le marché
s'élève, nous ne pouvons pas faire autrement. Mais en septembre
1972, les services publics d'électricité payaient respectivement
aux Etats-Unis les taux suivants sur leurs obligations selon leur cote. Cela
c'était pour l'ensemble des services. Ceux qui étaient
cotés AA payaient 7.48 p.c, A, 7.61 p.c. et BAA, 8.01 p.c. Ainsi, les
intérêts annuels, comme hypothèse, sur un emprunt de $300
millions, si la cote est de BAA, c'est 8 p.c. sur $300 millions, c'est
très simple, c'est $24,030,000, et si la cote est A, c'est $22,830,000.
Donc, c'est une perte annuelle, simplement par évaluation du
crédit de l'emprunteur, de $1,200,000. Comme l'Hydro-Qué-bec a
toujours de ces emprunts et qu'elle ne voit pas le jour où elle
disparaîtra du marché des emprunteurs, après avoir
emprunté, selon cette hypothèse-là, $300 millions par
année, pendant 10 ans, la perte annuelle sera de $1,200,000, donc de $12
millions. Vous imaginez ce qu'une perte comme celle-là va chercher sur
une période de 20 ans, cela va chercher dans les $240 millions.
Ces gens ont des analystes, des gens très avisés et ils
n'attendent pas, pour baisser la cote de certaines corporations que ces
marchés soient devenus précaires ou simplement douteux au point
de vue de la couverture. La base qu'on a établie à 1.25 p.c, on a
eu des grandes difficultés à la faire admettre. C'est contraire
à certaines normes, nous avons la garantie de la province que nous
bénéficions... Alors, cette norme, sur le marché
américain, c'est un critère qu'on peut difficilement...
Naturellement, ils vont accepter, comme on le prévoit là, que
nous ayons 1.20 p.c. en 1974 dans nos prévisions.
Maintenant, il y a aussi un point qui a été amené
tantôt, c'est qu'on a eu certaines choses qui ne se renouvelleront
peut-être pas tous les ans, qui étaient certainement un avantage;
on a eu une couverture d'intérêt en 1971 de presque 1.5 p.c. Mais
$12 millions étaient les revenus attribuables à des surplus
d'énergie qui étaient temporaires; de plus, nous avons
bénéficié de l'échange du dollar canadien qui a
réduit notre engagement de tout près de $8 millions.
Naturellement, je n'ai jamais demandé au gouvernement des augmentations
qui nous permettraient d'avoir des surplus énormes; mais tout de
même, je ne peux pas aviser le gouvernement et lui dire que c'est une
situation saine, d'attendre que la situation de l'Hydro-Québec soit
précaire ou même puisse devenir précaire. C'est pourquoi
nous avons demandé cette augmentation cette année. Contrairement
aux autres organismes qui empruntent, il y a un point qu'il ne faut pas mettre
de côté non plus, c'est que ce n'est toujours pas pour payer des
dividendes, ces hausses de tarifs. Ce n'est pas pour payer rien en dehors... Il
n y a rien que j'aimerais mieux que si l'on se trompait. Que nous ayons une
couverture de 1.50 p.c, que nous ayons d'autres éventualités qui
nous donnent 1.60 p.c, ça nous fait moins à emprunter et sur la
période de la vie de l'Hydro-Québec, le consommateur
québécois va toujours y regagner et non pas y perdre. C'est le
point que je voulais apporter.
M. JORON: M. le Président, M. Giroux est fidèle à
lui-même. On connaît sa réputation, on la connaissait sur la
rue Saint-Jacques avant qu'il soit à PHydro-Québec. C'est un
homme prudent, conservateur, non pas dans le sens parfois politiquement
péjoratif du mot; c'est un homme prudent, il veut être
sûr.
M. MASSE (Arthabaska): C'est exactement ce qu'il faut dans ce genre
d'affaires.
M. JORON: D'accord. C'est pourquoi je disais tout à l'heure que
je ne m'étonnais pas qu'il défende avec brio sa demande de hausse
de tarifs. Cela va de soi. En cela, il est tout à fait fidèle
à sa réputation. Mais le point de vue du gouvernement peut
être autre. Il peut peut-être juger que la prudence de M. Giroux
est excessive. C'est évident que si PHydro-Québec est ici, elle
n'est pas ici pour demander une hausse de tarifs, c'est fait, comme on l'a
souligné. Elle ne fera pas, évidemment, les prévisions les
plus optimistes. Il faut qu'elle justifie la nécessité de cette
hausse. Comme on le fait quand on essaie
de prévoir toutes les éventualités je ne dis
pas qu'on met nécessairement les choses au pire on prend toutes
les garanties. En partant de là, c'est sûr qu'une argumentation
peut être faite qu'il ne faut pas attendre que la situation soit rendue
extrêmement précaire. Ce que je disais tout à l'heure,
c'est que même l'année prochaine, s'il n'y avait pas hausse de
tarifs, à notre avis la situation ne serait pas devenue quand même
précaire; elle serait moins bonne, j'ai dit. Je n'ai pas employé
le mot: plus précaire, j'ai dit qu'elle serait moins bonne que cette
année. Elle est excellente, la situation financière de
l'Hydro-Québec aujourd'hui. Si elle ne l'était pas, comme le
soulignait M. Giroux, la cote aurait déjà été
changée. Est-ce qu'il est raisonnable de croire que, si cette situation
porte encore pendant un an, la cote pourrait être changée dans
l'intervalle? Personnellement, j'en doute. D'une certaine façon, on peut
voir que, par le fait que, l'année dernière, elle s'est
appuyée davantage sur le marché financier interne que sur le
marché, extérieur, n'ayant pas imposé trop lourdement le
marché extérieur l'Hydro-Québec bénéficie
d'un coussin qu'elle n'avait pas avant. C'est un élément dont il
faut tenir compte. Il y a une autre chose, c'est qu'on présume... On a
eu des expériences malheureuses à cet égard dans les
dernières années; les taux d'intérêt, en 1969 et
1970 particulièrement, ont été très
élevés; cela s'est un peu stabilisé depuis.
Toujours avec la même prudence, par exemple, dans le
mémoire de l'Hydro-Québec, parlant des taux
d'intérêt, on dit ceci: "Le calcul des dépenses
d'intérêt sur la dette à long terme pour les années
1973 et 1974 utilise un taux effectif de 8.5 p.c. sur les émissions de
ces deux années. C'est relativement conservateur. Cela ne veut pas dire
que ça va se réaliser à 8.5 p.c. D'ailleurs, pour la
partie qui a déjà été empruntée en 1973
il y a déjà une somme de $210 millions qui a
été empruntée en 1973 il y a eu une somme de $125
millions aux Etats-Unis, le 4 janvier, à 7.5 p.c. On est à un
point en deça de la marge qu'on se donne dans le mémoire.
Ensuite, le 21 février, une somme de $50 millions à 8 p.c,
on est encore en deça et finalement, le 8 mars 1973, cent millions de
marks allemands, soit à peu près $35 millions à 6.5 p.c,
encore bien en deça de la marge qu'on s'est donnée là.
Tout cela pour vous dire que les résultats, comme on l'a vu,
d'ailleurs, par rapport aux estimations qu'on avait faites pour 1972 et aux
résultats réels, il n'y a rien qui nous permette de croire que
dans les résultats réels de 1973, ils seront aussi en recul,
comme les estimations actuelles le prévoient.
On a déjà des premiers indices dans les premières
émissions qu'on a faites. Il y a un autre facteur aussi, c'est que s'il
y a une augmentation de la consommation elle fut de 5.8 p.c. l'an
passé si nous revenons à la moyenne qui était de
7.2 p.c. ou 7.5 p.c, enfin un peu plus de 7 p.c, au cours des dix
dernières années, les revenus de l'Hydro-Québec seront
plus grands aussi que ceux qu'on a estimés.
Si nous disons justement que maintenant nous sommes dans une
période de reprise économique ou de relance, tous les indices
continuent de laisser croire que la relance n'est pas à la veille de
perdre son souffle, nous pouvons présumer...
M. HARVEY (Chauveau): Elle a un bon souffle.
M. JORON: Cela ne dépend pas beaucoup du gouvernement du
Québec dans le contexte constitutionnel où nous vivons...
M. HARVEY (Chauveau): C'est un bon gouvernement.
M. JORON: ... alors que tous les instruments de base... vous
risquez de me faire partir sur une autre "track" ... tous les
instruments de gestion de l'économie appartiennent à peu
près à 80 p.c. au gouvernement fédéral et que
d'autre part nous avons une économie qui est très liée
à celle des Etats-Unis, les facteurs qui provoquent ou qui
arrêtent une relance économique sont pas mal en dehors des
frontières du Québec, du moins, dans le cadre dans lequel nous
vivons actuellement.
Tout cela pour dire, M. le Président, que la situation ne nous
apparaît pas du tout justifiée, à l'heure actuelle, je dis
bien pour le moment. Je ne dis pas qu'il en sera ainsi pendant des
années mais qu'on pourrait vraiment encore donner ce sursis aux
contribuables québécois, aux abonnés
québécois de l'Hydro-Québec.
Quant à moi, comme je vous le dis depuis deux jours, étant
donné qu'il manque une foule d'éléments et que si nous
voulions aller à fond dans toute la question de la nouvelle tarification
de l'Hydro-Québec, il faudrait le faire dans un cadre beaucoup plus
large, avec bien des documents supplémentaires, et avec bien des
témoignages supplémentaires, et mettre en cause un tas d'autres
questions que nous ne pouvons pas mettre en cause dans le cadre plus
limité des séances de cette commission ici. Là, je dirais:
Oui, allons-y plus à fond.
Mais je répète et je termine là-dessus sur
cette question de la hausse des tarifs, je n'ai pas l'intention d'y revenir
à nouveau qu'à la lumière de ce que nous avons
là, c'est le jugement que nous sommes amenés à porter
à l'heure actuelle. Par la suite, M. le Président, je
l'espère, s'il reste suffisamment de temps, j'ai des questions que
j'aimerais poser, comme je l'annonçais ce matin, en regard de la baie
James, du contrat avec la société Bechtel, la rivière
Jacques-Cartier et autres sujets.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, juste un mot, parce que,
dans sa dernière argumentation, le député de Gouin, semble
dire
que la situation n'est pas alarmante et que s'il avait été
à la place du gouvernement, il aurait attendu encore un an pour donner
suite aux demandes de l'Hydro-Québec. Mais je pense que la loi ne permet
même pas actuellement à l'Hydro-Québec de prendre des
chances; elle est obligée, ce sont ses fonctions propres, son devoir, le
devoir des administrateurs de l'Hydro-Québec, de prendre tous les moyens
pour que l'administration soit saine à l'Hydro-Québec.
Ils n'ont même pas le choix et, sans être un reproche, mais
tout comme, le député de Gouin reproche un peu le conservatisme
du gouvernement dans ce secteur des administrateurs de l'Hydro-Québec.
Mais si l'on veut assumer une saine administration, ceci se fait non seulement
dans le secteur public mais surtout dans les secteur privés, les
prévisions que l'on a à faire pour les années à
venir doivent être conservatrices dans les revenus et également
conservatrices dans les dépenses. Je pense que c'est ce qui amène
une saine administration à l'Hydro-Québec.
Mais j'aimerais poser une question, soit à M. Giroux ou à
M. Lemieux, savoir ce qui arriverait si en 1973-74 on baissait la couverture
d'intérêt à moins de 1.0 p.c.
M. GIROUX: A 1.0 p.c., cela veut dire que l'on ne ferait que couvrir les
intérêts.
M. MASSE (Arthabaska): Sur les marchés financiers?
M. GIROUX: Sur les marchés financiers, notre crédit
tomberait terriblement. Je ne pense pas que quelqu'un ait un doute
là-dessus.
M. MASSE (Arthabaska): Est-ce que vous tomberiez dans la classe "B"?
M. GIROUX: Strictement, c'est difficile de se prononcer pour l'opinion
de Moody. Je ne sais pas ce que Moody en pense, mais à mon avis, on
tomberait en bas.
M. LEMIEUX: On tomberait dans la classe "B" double "A" parce que, dans
le moment, on est "A" au point de vue de la maison Moody.
M. GIROUX: II y a un petit point ici, avant que je l'oublie, qui attire
mon attention. Dans les estimations de l'Hydro-Québec, naturellement,
hier on me faisait un reproche de me servir d'une moyenne d'estimation toujours
tout près de 7 p.c. dans nos ventes, on. est tombé à 5.8
mais les estimations de 1973-74 sont basés sur 7 p.c. Alors, dans
l'ensemble, je peux vous assurer que le jugement que l'on porte est
peut-être un jugement d'hommes qui essaient d'être prudents, mais
ce n'est pas à mon âge que je peux me permettre de commencer
à faire des folies.
M. JORON: M. le Président, si vous me le permettez, la
dernière intervention de M. Giroux et celle du ministre me fait repenser
à ce paragraphe important du rapport du comité. On dit bien ceci,
sur la question de la couverture des taux d'intérêt: A moyen
terme, surtout de 1976 à 1980, lorsque la courbe des capitaux requis
atteindra son sommet ce sont les années d'investissements massifs
à la baie James l'Hydro-Québec devra tenter de faire
accepter aux marchés financiers un ratio en deçà de 1.25,
compte tenu du fait qu'il s'agit d'une situation bien particulière. J'ai
bien l'impression que les marchés financiers vont comprendre cela aussi.
Le taux d'augmentation des tarifs durant cette période dépendra
en grande partie de cette condition. Et on rajoute ceci, qui est très
important: II est probable que les revenus de l'aménagement de la baie
James commenceront à entrer vers 1981, que la situation sera
complètement renversée et que les revenus couvriront beaucoup
plus que 1.25 fois les dépenses d'intérêt. Alors, c'est
parce que nous serons dans une situation temporaire exactement comme c'est dit
là. C'est sur une période d'un certain nombre d'années de
forts emprunts qui vont avoir pour résultat, par la suite, d'augmenter
considérablement les revenus. Alors peut-être que le taux de la
couverture va jouer beaucoup dans ces années, mais les marchés
financiers vont tenir compte justement du particularisme de cette situation,
sachant très bien que ce qui va arriver, c'est ce que le dernier
paragraphe du rapport que j'ai lu mentionne.
M. MASSE (Arthabaska): Je le comprends.
M. GIROUX: II faudrait peut-être faire attention à une
chose. Supposons que, dans le programme du maximum des emprunts, nous ayons des
difficultés à l'obtenir... je me reporte au temps où
j'étais courtier, je regardais la situation d'une façon, ce sont
des gens qui ont toujours fait des efforts pour avoir une couverture
raisonnable et si, dans les sept ou huit années avant, ou dans les
années avant, on n'a pas fait d'effort pour avoir une couverture
raisonnable, le crédit tombera automatiquement. Quant au rapport que M.
Joron lit naturellement, je l'ai lu en même temps que lui, c'est
un rapport émis au conseil des ministres dont la commission n'a pas eu
de copie je ne suis pas d'accord avec lui sur un point. En 1981 et en
1982, c'est à ce moment-là qu'il faudra prendre les
décisions pour peut-être redoubler le réseau. Alors,
à ce moment-là, je ne suis pas convaincu que nos demandes
d'emprunts seront telles que nos revenus, n'est-ce pas, pourront les
couvrir.
Vous savez, l'augmentation du réseau, on a des
spécialistes qui l'ont expliqué. Nos modes sont là. Je ne
pense pas qu'on puisse, avec la baie James, arriver et dire: C'est fini, on ne
fait plus rien. Il va falloir redoubler pour entrer dedans. Quand vous parliez
de mesures conser-
vatrices, dans le sens d'être prudent, je l'admets, c'est vrai.
Mais, par contre, il ne faut pas oublier qu'un crédit, ça ne se
brûle qu'une fois. Lorsque le crédit est brûlé, les
coûts sont excessifs.
Je ne souhaite pas, pour la population du Québec, que
l'Hydro-Québec soit jamais dans cette situation. C'est mon opinion, M.
le Président. Il y avait des questions qu'on voulait poser à M.
Lemieux, je crois.
M. LEMIEUX: J'aurais quelques commentaires à faire. D'abord, en
examinant une proportion de 1.25, j'aimerais signaler que ceci est
déjà très bas. J'ai devant moi des évaluations des
cotes d'obligations de Philadelphia Electric. Leur couverture est 2.86 fois.
Une autre, IOWA, a une couverture de 7.5 fois. Même 1.5 fois est
très bas et en cherchant à vendre nos obligations aux acheteurs,
1.25 est raisonnable. On risque de perdre toute leur confiance, si on dit:
1.25, c'est raisonnable, mais pour cette fois-ci, nous allons faire 1.10 ou
1.12.
Lorsque la couverture est arrivé à 1.10, c'est beaucoup
trop tard pour protéger nos cotes. Un deuxième point que
j'aimerais souligner, c'est l'importance, pour l'entreprise, d'obtenir une
révision des tarifs quand c'est justifié. Là encore, dans
ces cotes, on dit: The outcome of the request for higher rates on which final
action is awaited will have a bearing on the continuation of the uptrend in
coverages.
Dans tous les cas, on dit que la cote est maintenue mais, pour l'avenir,
ça va dépendre des résultats d'une demande de
révision des tarifs. Dans notre cas, si on n'a aucune augmentation en
1973, notre couverture sera de 1.09 ou légèrement en haut de
ça avec les $7.5 millions que nous aurons par le jeu de l'impôt
sur la production.
Comme M. Giroux l'a déjà dit, ce sera extrêmement
dangereux pour le maintien de notre cote. Comme résultat, nous aurons
à payer plus cher sur les $200 millions ou $300 millions que nous irons
chercher aux Etats-Unis durant les prochains douze mois.
Finalement, en ce qui concerne le taux d'inflation, on dit que c'est une
année inflationniste, je ne peux pas croire que le fait d'aller chercher
chez un million de nos abonnés $0.03 de plus par jour ait un impact
sérieux, ni le fait d'aller chercher $0.05 par jour chez 600,000
abonnés. Je trouve que l'importance de ces chiffres, $0.03 et $0.05 par
jour, rend cette inquiétude au sujet du tarif... En tous les cas.
M. Dozois dit que c'est une cigarette par jour. Devant l'importance de
l'entreprise, le fait de s'inquiéter pour la question de $0.03 par jour
est difficile à justifier.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
l'Assomption.
M. PERREAULT: J'avais une question sur les tarifs Dl, D2, les chiffres
viennent d'être rendus publics. C'étaient les chiffres qui
étaient devant moi.
Lorsque le député de Gouin parle de la répartition
de la charge suivant les classes d'abonnées, je crois que sur les
abonnés domiciliaires, cette augmentation est très raisonnable et
elle est inférieure à l'inflation de la plupart des services que
la population reçoit. Et je pense que pour l'Hydro-Québec, il en
est de sa santé financière comme de la personne humaine; il vaut
mieux prévenir la maladie que guérir par la suite.
Et attendre que la situation soit devenue précaire et avoir
à ce moment à assommer la population avec une hausse de tarifs
qui soit très grande... Je crois personnellement que c'est notre devoir
de maintenir la santé de notre grande institution qui appartient
à tous les Québécois et de lui permettre de
prospérer afin qu'elle puisse faire face à ses obligations.
M. JORON: M. le Président, sur cette question de la hausse, je
pense que c'est bien amusant de mettre cela en cents par jour et dire: Cela
fait une cigarette; cela fait une demi-cigarette. On ne peut pas isoler cela et
compter ainsi. Je peux dire de la même façon: Une hausse de 10
p.c. sur les taxes qui affectent les cigarettes, cela fait des petites
fractions et cela fait seulement des petites miettes de tabac. Reste quand
même que ce qu'il faut considérer, c'est que cela fait $0.03 sur
l'électricité, $0.04 sur la viande et un demi-cent sur cela.
C'est ainsi qu'est bâti tout le taux d'inflation. En soi, pour une
catégorie particulière d'abonnés, ce n'est peut-être
pas énorme quand on le fractionne. A cet égard, il faudrait
arrêter de s'inquiéter de l'inflation au sens large. Je pense que
le taux qu'il faut avoir à l'esprit, comme le document et comme le
mémoire nous le disent, c'est que le pourcentage d'augmentation... On
voit le tableau 1 : Distribution des hausses selon l'usage, tel
qu'établi par le présent projet de règlements.
Catégorie d'usage domestique, pourcentage d'augmentation: 9.7 p.c. C'est
une augmentation substantielle même si cela se traduit seulement par
$0.03 ou $0.05 par jour.
Il y a un deuxième point que je voulais soulever. Je pense qu'on
ne peut pas établir de comparaison directe entre le taux de couverture
d'intérêt de Philadelphia Electric ou de Consolidated Edison ou je
ne sais quelle autre société et celui de l'Hydro-Québec,
pour deux raisons. D'abord, parce que les obligations de l'Hydro-Québec
comportent la garantie de l'Etat du Québec d'une part et
deuxièmement, il y a une autre question fort particulière qui
risquerait peut-être d'ouvrir les portes à un débat
beaucoup plus large et qui pourrait être bien intéressante aussi,
le fait que l'Hydro-Québec ne soit pas une compagnie capitalisée.
Ce n'est pas une compagnie par actions. C'est une commission. Je ne sais pas,
dans le jargon juridique, quel nom une telle structure porte exactement, mais
c'est une compagnie qui n'est pas capitalisée. Si on en faisait une
compagnie par actions, que le gouvernement choisissait d'en rester le seul
actionnaire il pourrait peut-être choisir,
par exemple, d'offrir 40 p.c. ou 45 p.c. des actions de
l'Hydro-Québec au grand public et qu'il injectait un capital
nouveau d'un $1 milliard, tous les taux de couverture dont on parle seraient
complètement modifiés. On parlerait peut-être de trois ou
de quatre fois la couverture d'intérêt si vous ajoutiez $1
milliard de capital dans l'Hydro-Québec.
Par le fait que c'est une compagnie qui n'est pas capitalisée de
la même façon, qui n'a pas les mêmes structures qu'une
compagnie par actions, cela pose le problème du taux de couverture des
charges d'intérêt sous une toute autre lumière et on ne
peut pas comparer Philadelphia Electric ou Consolidated Edison au taux de
couverture de l'Hydro-Québec.
M. GIROUX: Vous avez parfaitement raison. C'est pourquoi nous avons
seulement 1.25 p.c..
M. JORON: C'est cela. Qu'on n'utilise pas la comparaison avec l'autre
pour nous montrer à quel point on est chanceux d'avoir 1.25 p.c. Ce
n'est pas une chance. C'est normal qu'il y ait 1.25 p.c.
M. GIROUX: Normal...
M. JORON: C'est aussi suite aux louables efforts que vous avez faits
pendant des années sur le marché newyorkais. Je le reconnais
parce que je le sais.
M. GIROUX: Mais il y a aussi un point, par exemple, qu'il faut bien
expliquer. Dans l'esprit de l'investisseur américain, il nous consent
cette chose mais nous sommes tout de même considérés non
comme des gouvernements parce que nous sommes étrangers, mais comme des
"corporates". Alors, les cotes qui nous sont appliquées sont celles des
"corporates". Actuellement, j'admets avec vous que le désastre de
certaines compagnies d'utilité publique aux Etats-Unis est de remonter
leur équité parce qu'il n'y a plus personne qui veut acheter de
leurs actions. Plus personne, disons que c'est beaucoup plus difficile, parce
que les gens ne voient plus de possibilités de "growth", d'augmentation.
Le problème n'est pas le même que le nôtre et on me disait
même dernièrement qu'il y a des compagnies qui ont dû vendre
leur équité en bas de la valeur au livre, selon les exigences. A
ce moment, c'est beaucoup plus cher que nous.
Je ne pense pas que, sainement, on puisse arriver et demander à
ces gens de nous prêter de l'argent, si on n'a pas de couvertures qui
leur montrent un certain attrait. Il faut tout de même leur donner une
marge de manoeuvre. Je pense que c'est un peu la base.
M. JORON: M. le Président, pour sauter à un autre sujet,
je vois que le temps passe...
M. PERREAULT: Une dernière question.
Dans les ventes de la grande industrie, il est mentionné que
c'est à peu près le tiers des ventes de l'Hydro-Québec
L'augmentation en volume, en 1972, n'a été que de 1.2 p.c. et 1.5
p.c. en revenu. Quelle est la prévision pour 1973, dans les ventes de la
grande industrie?
M. SAINT-JACQUES: Une minutes, on va vous procurer les données.
Il est évident que, en 1971, cela a été une année
de récession économique et que ces ventes à la grande
entreprise ont été très influencées par des
conditions économiques générales. Maintenant, il est
sûr qu'il y a quinze, vingt ans la province de Québec était
la province de l'abondance, de l'énergie à bon marché et
qu'on a, peut-être, attiré, alors de très grosses
entreprises consommatrices d'électricité qui n'employaient pas
tellement de monde. La structure industrielle, maintenant, va possiblement
évoluer vers des entreprises qui vont peut-être créer plus
d'emplois et qui demanderont moins d'énergie...
M. PERREAULT: C'est parce que, de 1970 à 1971, on voit une chute
radicale de...
M. SAINT-JACQUES: Oui, cela, c'est à cause du ralentissement
économique. Il y a eu une reprise, l'an dernier, qui s'est
amorcée et qui, on espère, va continuer en 1973.
M. BISAILLON: Oui. Voici, pour les cinq prochaines années,
l'augmentation dans la grande entreprise on a pris en haut de 3,000
kilowatts parce que c'était l'ancien chiffre on prévoit
4.6 p.c. comparativement à 8.3 p.c. pour le domestique et 8.1 p.c. pour
en bas de 3,000 kilowatts.
Maintenant, l'historique, dans le domestique, c'était 7.8 p.c.
pour les cinq dernières années; 4.2 p.c. pour la grande
entreprise, en haut de 3,000 kilowatts et 8.9 p.c. pour la petite entreprise,
en bas de 3,000 kilowatts.
M. PERREAULT: Votre taux de 4.6 p.c. est comparé à celui
de 1.2 p.c. de cette année?
M. BISAILLON: Oui, mais l'an dernier, justement, cela a
été très bas. Cela, ce sont les ventes en
kilowatts-heures?
M. PERREAULT: Oui, oui, en volume. M. BISAILLON: Merci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Maintenant, concernant l'énergie,
est-ce que M. Boyd aurait un exposé ou des remarques à faire
avant qu'on passe à des questions sur l'énergie?
M. PERREAULT: M. le Président, en rapport avec les tarifs
terminés, j'aimerais faire une demande à la Commission
hydro-électrique de Québec pour qu'elle fasse une nouvelle
analyse des tarifs D-3 et G-3 concernant les Iles-de-la-Madeleine et la Basse
Côte-Nord.
M. GIROUX: II est certain que l'augmentation est bien radicale dans ces
coins. Maintenant, est-ce que la commission considère tout de même
qu'on doit conserver un taux-ballon ou si la commission considère qu'on
devrait demander au gouvernement de perdre une couple de millions par
année pour le distribuer à ces autres conservateurs de la
province?
M. PERREAULT: Je pense bien que...
M. GIROUX: C'est un point qui est là. J'admets que c'est une
augmentation radicale pour ces choses-là ou, peut-être, qu'on
pourrait faire une suggestion au gouvernement et essayer de trouver un moyen
terme, de couper cela.
M. PERREAULT: Je pense bien que le gouvernement va avoir à
décider si on conserve le principe à la base de la
nationalisation ou bien si on revient avec un taux-ballon. D'abord on doit
décider du principe et même, si on garde le taux-ballon, il faut
diminuer l'effet-marteau pour ces deux régions.
M. GIROUX: Je crois que la commission est prête à
considérer cette chose-là, parce que c'est un domaine qui nous
inquiète beaucoup. C'est surtout le fait que pour ces gens, on le
comprend, s'ils sont de la province de Québec, ils doivent avoir le
service et les possibilités du service, ce qui est dispendieux. Mais, en
leur donnant cela, on distribue une perte, sur le reste de la population, d'une
couple de millions. Est-ce qu'on le coupe en deux ou on le...
M. PERREAULT: On fait cela depuis onze ans. De 1962 à 1973,
depuis onze ans qu'on le fait.
M. GIROUX: Je suis avec vous, mais il parait qu'il n'est jamais trop
tard pour s'améliorer, Monsieur.
M. SAINT-JACQUES: Remarquez que même dans les conditions qu'on
propose, les tarifs sont infiniment meilleur marché qu'ils
l'étaient lors de la coopérative. C'est un fait établi. Ce
que l'on cherche à faire dans l'immédiat, c'est d'éviter
que la clientèle fasse un mauvais choix dans l'avenir. Nous avons
là de l'huile. Le député de Duplessis, hier, nous parlait
des problèmes de ravitaillement en huile dans son . territoire. Il faut
se rappeler que, chaque fois qu'un abonné chauffe à
l'électricité dans ces territoires-là, il gaspille la
moitié des ressources d'huile qu'on apporte parce que le chauffage
à l'électricité dans les résidences demande deux
fois plus d'huile à l'origine que si la fournaise était
installée dans la résidence. Ce que nous cherchons à
faire, c'est d'inviter les citoyens à faire un choix rationnel dans les
usages des ressources énergétiques qui sont à leur
disposition. C'est simplement cela. Nous voulons en faire une
économie.
M. PERREAULT: Ceci a été établi hier. Mais les
membres de la commission seraient intéressés à ce que les
membres de l'Hydro fassent une nouvelle analyse de la structure tarifaire pour
en voir la répercussion chez la population de...
M. GIROUX: Nous sommes prêts à le regarder et à
faire les recommandations, d'exposer à la commission le problème
que cela causait, mais je crois qu'il y a aussi un point sur lequel il faudrait
attirer l'attention de la commission. C'est qu'on a dit: Au moment de la
nationalisation, les tarifs de la nationalisation... Je veux bien croire aux
bienfaits de la nationalisation. Les tarifs, avant la nationalisation, aux
Iles-de-la-Madeleine, pour consommateurs de 800, étaient d'environ
$35.75; aux tarifs actuels, c'est $11.80 et aux tarifs proposés, c'est
$13.60. Il y a tout de même eu une amélioration assez sensible
depuis la nationalisation. Mais, nous prenons cette demande en très
sérieuse considération, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Boyd.
Exposé sur la Société
d'énergie de la baie James
M. BOYD: M. le Président, dans ce premier exposé, à
titre de président de la Société d'énergie de la
baie James, je me permettrai d'abord un bref retour au passé. La
création de notre société a été
prévue dans le texte de la Loi du développement de la
région de la baie James, loi 50, sanctionnée le 14 juillet 1971.
L'article 16 de cette loi, ainsi que des passages des articles
subséquents précisent en effet les modalités de la mise
sur pied d'une filiale chargée de l'aménagement
hydro-électrique du territoire. En accord avec les prescriptions de la
loi, la Société de développement et l'Hydro-Québec
ont demandé par requête des lettres patentes qui furent
émises le 20 décembre 1971, constituant les requérants en
corporation sous le nom de la Société d'énergie de la baie
James.
Au mois de mai 1972, la commission parlementaire abordait, entre autres
questions, celle du financement et de la gérance du projet de la baie
James. Le 22 septembre 1972, la Société d'énergie se
présentait au public au cours d'une conférence de presse. Nous
avons alors traité des structures administratives et des projets de la
Société d'énergie. Notre rapport vous fournit aujourd'hui
des précisions sur la structure de base, la formule de gérance et
les effectifs. Il passe en revue les activités déjà
entreprises, les projets pour 1973, et donne un aperçu des plans
à long terme.
Sur le plan de la structure et de la gérance du projet, les
renseignements qui suivent ainsi que l'organigramme général qui
vous a été distribué vous donneront une image assez
précise de notre fonctionnement.
Sur le plan technique, nous vous ferons un
bref exposé des études et des travaux déjà
en cours; nous vous décrirons également les programmes et les
projets pour 1973 et les années subséquentes.
Objectifs. Le texte de la loi 50 confère à la
Société d'énergie un mandat clair, celui de
développer les ressources hydro-électriques du territoire. Pour
s'acquitter de ce mandat, la Société d'énergie s'est
fixé les objectifs suivants: Réaliser le développement
hydro-électrique du territoire de la baie James dans les délais
qui permettront de répondre aux besoins en énergie du
Québec. Exécuter les travaux au coût le plus bas possible,
compte tenu des critères de fiabilité requis et de la
qualité de l'environnement.
On sait d'autre part que la Société d'énergie devra
oeuvrer en collaboration avec d'autres organismes. Cette collaboration implique
un partage des responsabilités entre la Société de
développement de la baie James, l'HydroQuébec et la
Société d'énergie, dont voici les grandes lignes.
Un entente intervenue le 10 février 1972 entre la
Société de développement et la Société
d'énergie précise que la Société de
développement se charge de la mise en place des infrastructures (routes
et ponts, port, chemins d'hiver, aéroports et aménagements
urbains) qui ne font pas partie du complexe de La Grande proprement dit. La
Société d'énergie assumera 99 p.c. des frais
d'immobilisation et 100 p.c. des frais d'exploitation des infrastructures
requises pour le développement hydroélectrique.
L'Hydro-Québec, pour sa part, se charge de la conception et de la
construction des postes et des lignes de transport d'énergie à
très haute tension, tant sur le territoire qu'à
l'extérieur. Une entente intervenue entre la Société
d'énergie et l'Hydro-Québec, le 27 septembre 1972 précise
les modalités de cette collaboration sur le plan d'aménagement
des ressources, de l'utilisation du personnel spécialisé et de la
participation de l'Hydro-Québec à la gérance.
Quant à la Société d'énergie, selon le texte
de ses lettres patentes, ainsi qu'en vertu de la loi 50, elle est responsable
de la conception et de la réalisation des aménagements
hydroélectriques, ainsi que de la distribution et de la vente de
l'énergie à l'intérieur du territoire. Sur le plan du
financement, c'est l'Hydro-Québec qui, durant les premières
années, contractera les emprunts requis et avancera les fonds à
la Société d'énergie. Plus tard, la Société
d'énergie pourra emprunter d'elle-même, si la formule semble plus
avantageuse.
Organisation. Le conseil d'administration de la Société
d'énergie est composé de cinq membres nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil, dont trois sont choisis parmi les membres
fonctionnaires ou employés de l'Hydro-Québec sur la
recommandation de celle-ci, et deux sont nommés sur la recommandation de
la Société de développement.
Le conseil d'administration établit les politiques, budgets et
programmes qui sont ensuite soumis à l'approbation de
l'Hydro-Québec, actionnaire majoritaire, avant d'être mis en
oeuvre par l'équipe de gérance.
Le président de la Société d'énergie dirige
l'équipe de gérance et agit comme coordonna-teur du projet.
Cette équipe de gérance de la Société
d'énergie a été formée pour tenir compte le mieux
possible des objectifs de l'entreprise et des ressources disponibles.
La gérance d'un projet de l'envergure du complexe La Grande
constitue en effet un défi sans précédent au Québec
et même en Amérique du Nord. Sa réalisation dans le cadre
des estimations et des échéances exigera la convergence d'apports
gigantesques, administrés par les meilleures compétences
disponibles.
Ces exigences surviennent durant une période où une partie
des ressources humaines de l'Hydro-Québec devra également
être consacrée à plusieurs grandes réalisations,
entre autres, Manic 3, Outardes 2, une nouvelle centrale nucléaire ainsi
que des milliers de milles de lignes de transport, incluant celles qui
relieront le complexe La Grande au réseau de l'Hydro-Québec.
On ne pouvait donc compter, pour le projet de la Baie James, que sur une
partie des effectifs de l'Hydro-Québec. Nous avons donc
intégré à nos structures administratives des
représentants de la firme Lalonde, Valois, Lamarre et Valois, qui
fournit un nombre important d'employés, et également des
représentants de la firme Bechtel Québec, qui apporte une vaste
expérience dans le domaine de la gérance de grands projets.
Nous visons à ce que notre personnel provienne à environ
20 p.c. de l'Hydro-Québec, 60 p.c. de Lalonde, Valois, Lamarre et
Valois, et 20 p.c. de Bechtel. Comme vous pourrez le constater au rapport
d'effectifs (annexé), les proportions pour le personnel permanent sont
actuellement de 31 p.c. pour l'Hydro-Québec, 40 p.c. pour LVLV et 27
p.c. pour Bechtel; Elles évoluent graduellement vers notre objectif.
L'équipe de gérance est donc une fusion de ressources
humaines provenant principalement de trois entreprises différentes. Vous
verrez sur l'organigramme général qui vous a été
distribué comment cette équipe est divisée en six
directions en plus de divers comités et groupes associés.
De plus, l'équipe de gérance fait appel à des
entreprises extérieures. Pour la préparation des plans et devis
des différents projets, elle confie des mandats aux
ingénieurs-conseils québécois. Du côté de la
construction et des services, elle a adopté le même principe.
L'équipe de gérance planifie, surveille et contrôle
l'exécution de ces mandats.
Pour l'exécution des travaux de construction, nous
procédons par appels d'offres. Nous divisons les grands travaux en
éléments plus petits que nous appelons des lots de construction.
Ces lots sont établis de façon à constituer
un ensemble de travaux accessibles à un large éventail
d'entrepreneurs québécois.
Le système perfectionné de planification et de
contrôle des coûts que nous élaborons actuellement,
allié à ce découpage de contrats et à notre
politique d'appels d'offres, permet la participation d'un grand nombre
d'entreprises tout en assurant une saine concurrence.
Je me dois de signaler que le français est la langue de travail,
autant à l'intérieur de notre équipe que chez celles qui
font des études, de l'ingénierie et des travaux de construction.
Cette exigence fait d'ailleurs l'objet d'une clause de nos contrats.
Activités. Je voudrais maintenant signaler quelques faits
saillants des activités de notre équipe.
Même si la période active de la société n'a
débuté qu'au cours du dernier trimestre, nous avons dû
assumer les coûts des études antérieures à
l'incorporation, de même que la presque totalité des
investissements effectués par la Société de
développement de la baie James.
Les travaux d'infrastructure, par exemple, qui sont imputés
à 99 p.c. à la Société d'énergie,
comprennent: La route de Matagami à LG-2, dont 176 milles sur 390 sont
déjà carrossables, et qui sera entièrement
complétée le 1er octobre 1974; le chemin de
pénétration de Fort George à LG-2, avec embranchement vers
l'aéroport La Grande, dont les travaux ont été
complétés le 15 mars 1973; les ponts sur les rivières
Bell, Waswanipi, Broadback, Rupert, Eastmain et Opinaca, dont la fin des
travaux est prévue pour le 1er avril 1974; les aéroports de
Matagami (terrassement, pavage et balisage complétés), de Fort
George, dont le terrassement est terminé, et de La Grande, dont le
balisage est prévu pour août 1973; le débarcadère de
Fort George et son aire d'entreposage, tous les deux terminés.
Entre-temps, l'équipe de la Société
d'énergie a entrepris un programme d'études
détaillées et d'optimisation. Nous comptons, d'ici janvier 1974,
proposer un programme directeur de nos activités de construction pour
les dix prochaines années.
Des relevés intensifs en cours sur le territoire nous fourniront
les détails géologiques, topographiques, hydrologiques et
écologiques nécessaires à l'ingénierie
détaillée qui précède les travaux proprements dits.
La plupart de ces relevés qui, en 1972, étaient faits surtout par
l'Hydro-Québec, ont maintenant été pris en main par la
Société d'énergie.
Nous avons également assumé la direction de la base de
Matagami qui sera la porte d'entrée des approvisionnements pour la
réalisation du complexe La Grande. A cette fin, nous terminons les
travaux entrepris en vue d'y établir un centre de manutention et
d'entreposage.
A LG-2, nous sommes déjà engagés dans la phase
intensive d'ingénierie et les premiers travaux de construction ont
débuté.
Nos ingénieurs ont en effet démontré qu'il fallait
commencer dès cette année les travaux de dérivation
provisoire de La Grande rivière, au site du barrage principal, afin que
la centrale LG-2 puisse être mise en service au début de 1980,
selon les exigences de la demande d'énergie.
Des études détaillées d'optimisation du complexe
permettront d'établir avec exactitude la puissance et le nombre de
groupes générateurs à la LG-2 et apporteront des
précisions concernant les dérivations et les
déversoirs.
Selon l'état actuel des études, LG-2, qui est le plus
grand des projets du complexe La Grande, comporte l'installation d'une centrale
d'une puissance d'environ 4,400,000 kilowatts, c'est-à-dire presque
autant que Churchill Falls.
On y prévoit également un barrage en enrochement d'une
hauteur d'environ 500 pieds. Quant à la centrale, elle sera à 450
pieds sous terre.
Pour contribuer à la réalisation de ce premier grand
projet du complexe, nous avons retenu les services de trois firmes
québécoises reconnues de génie-conseil. Il s'agit de
Asselin, Benoît, Boucher, Ducharme, Lapointe; de Rousseau, Sauvé,
Warren et de la Société d'ingénierie Shawinigan.
En mars 1973, nous avons émis des appels d'offres pour les
premiers lots de construction. Déjà, une bonne partie du
matériel nécessaire à ces travaux a été
transporté à LG-2 par la route d'hiver.
En ce moment, nous procédons à l'installation d'un camp
temporaire à LG-2 et, d'ici l'automne 1973 des unités de logement
et de service pourront y accueillir 1,000 hommes.
Nous étudions par ailleurs, en collaboration avec la
Société de développement, les plans d'une ville permanente
à LG-2 où seront logés le personnel d'exploitation et leur
famille.
L'année 1973 marque donc, pour la SEBJ le début des grands
travaux. C'est aussi la période où l'on élabore les
détails de la planification et de l'organisation. Nous aurons, d'ici
janvier 1974, un échéancier détaillé de tous les
projets du complexe La Grande.
Un schéma illustrant une des possibilités que nous
étudions actuellement vous a été distribué. Vous y
verrez que nous y étudions certaines améliorations possibles aux
plans initiaux publiés l'an dernier.
Nous y considérons, par exemple, la possibilité de
fusionner les réservoirs Caniapiscau et Delorme. Nous pourrions aussi
éliminer le réservoir Puisseaux et déverser la Caniapiscau
dans la rivière Laforge. Ceci porterait la puissance totale du complexe
de 8,300 à 9,070 mégawatts.
Suite aux études d'optimisation, il se peut donc que nous
retranchions ou ajoutions certains autres éléments au
complexe.
Ces études visent à réduire le plus possible le
coût de production de l'énergie.
Quant au calendrier des mises en service, s'il est modifié, ce
sera en fonction des besoins d'énergie du Québec. Nous
n'envisageons donc aucune installation en vue de la vente d'énergie
à l'extérieur de la province.
En même temps, nous avons la ferme intention de n'épargner
aucun effort pour maximiser les retombées économiques, favoriser
l'essor de nos entreprises et stimuler l'emploi de notre main-d'oeuvre.
Signalons que les achats et contrats de la Société
d'énergie, jusqu'au 1er avril 1973, représentaient
déjà un total de $14,500,000. Notre direction de
l'approvisionnement effectue ces achats de matériel et de
matériaux selon une politique semblable à celle de
l'Hydro-Québec, c'est-à-dire en accordant la
préférence aux produits fabriqués au Québec.
Je ne voudrais pas terminer ce bref rapport sans aborder les effets de
nos travaux sur l'environnement. Pour ce qui est de la question des
autochtones, je veux simplement dire que nous sommes confiants qu'une solution
pourra être trouvée à la satisfaction à la fois des
autochtones et de l'ensemble des Québécois. Etant donné
que cette question fait présentement, comme vous le savez, l'objet d'un
litige en cour Supérieure, je me garderai de faire tout commentaire sur
l'objet même du litige.
Quant à la qualité de l'environnement, je peux vous
assurer que nous sommes conscients de notre responsabilité en ce
domaine. En collaboration avec la Société de développement
et d'autres organismes, nous participons à des études sur le
sujet. De plus, nous avons formé à la Société
d'énergie un service d'environnement dont le budget en 1973 est
déjà de près de $1,000,000.
Ce service s'attachera particulièrement à
l'écologie de la rivière et des réservoirs. Il proposera
les mesures requises en vue d'améliorer la productivité des
écosystèmes touchés par le projet. Il assurera aussi que
les travaux seront exécutés en respectant des normes très
strictes.
Le projet hydro-électrique de la rivière La Grande est
donc bien amorcé.
Avec l'équipe mise sur pied pour planifier, gérer et
contrôler les projets, nous sommes confiants d'atteindre les objectifs
fixés, objectifs que je vous répète en guise de
conclusion: réaliser le développement hydro-électrique du
territoire de la baie James dans les délais qui permettront de
répondre aux besoins en énergie du Québec, exécuter
les travaux au coût le plus bas possible, compte tenu des critères
de fiabilité requis et de la qualité de l'environnement. Nous
sommes prêts à répondre aux questions, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Gouin.
M. JORON: M. le Président, je n'ai pas l'intention d'entrer dans
les détails de l'organigramme de l'organisation de la gérance et
des rôles attribués à l'un ou à l'autre. D'ailleurs,
pour en juger, il faudrait probablement encore une fois avoir un document que
nous n'avons pas et que j'ai maintes fois demandé depuis presque un an
au premier ministre, à l'Assemblée nationale.
Il s'agit du contrat signé entre la société et
Bechtel. Le premier ministre s'est gardé d'émettre une opinion
à cet égard, disant qu'il vérifierait l'opportunité
de rendre ce document public avec le président de l'Hydro-Québec.
Il a commencé par me dire l'automne dernier: Je vais appeler M. Giroux
ce soir et je vous donnerai la réponse demain matin. Ou bien il y en a
un des deux qui s'absentait... En tous les cas, ça dure depuis ce
temps-là. Cela fait six mois.
Je ne voudrais pas embarrasser inutilement les gens de
l'Hydro-Québec. Je veux d'abord leur demander si le premier ministre a
communiqué avec eux à ce sujet, en deuxième lieu, si eux,
ils voient des objections à rendre ce contrat public. En
troisième lieu, on verra ce que le gouvernement, par
l'intermédiaire du ministre des Richesses naturelles, en pense.
M. GIROUX: M. le Président, je voudrais faire une rectification.
Je ne sais pas si vous prétendez que je n'ai pas été chez
nous dans les derniers six mois. Le premier ministre m'a appelé
plusieurs fois à ce sujet, je lui ai dit qu'on faisait des études
sur le point principal et le contrat même. Nous ne croyons pas
d'intérêt public de publier aucun des contrats de nos
ingénieurs-conseils et des contrats que nous négocions. Nous n'en
avons jamais publié et nous nous objectons à leur publication
parce que nous en avons d'autres à négocier.
M. JORON : Quels sont les points majeurs du contrat, évidemment
en dehors des prix, de tout ce qui porte un signe de piastre dans le contrat?
Est-ce qu'il y a d'autres raisons qui vous empêcheraient de publier le
contrat? On peut toujours mettre un petit coup de crayon par dessus ces
lignes.
M. GIROUX: Il y a toujours le contrat de gérance qui vous a
été donné, qui donne exactement comment ça
opère.
M. JORON: Le contrat de gérance comme tel a été
rendu public? Non.
M. GIROUX: Non, pas le contrat de gérance. L'alliance de
gérance entre les trois compagnies. A la conférence de presse, M.
Boyd l'a expliqué au complet.
M. JORON: Oui, c'est ça.
M. BOYD: Si vous permettez, M. le Président, on vous distribuera,
dans quelques minutes j'espère, la formule de gérance qui est
attachée... J'ai mentionné tout à l'heure qu'il y
avait une entente entre l'Hydro-Québec et la
Société d'énergie. Elle prévoit les choses que la
Société d'énergie va faire dans le contexte et les choses
que l'Hydro-Québec va faire. A cela est annexée la formule de
gérance qui définit en détail comment le comité de
gérance est composé, le rôle de chacun des membres du
comité de gérance, les cinq, où il y a un
représentant de Bechtel, un représentant de Lalonde-Valois, un
représentant du Conseil d'énergie, le président de la
Société d'énergie et un directeur qui était
autrefois à l'Hydro-Québec.
Dans cette formule de gérance, on explique le mécanisme
des relations entre l'Hydro-Québec et la Société
d'énergie et également, la responsabilité des entreprises
dont les services ont été retenus, c'est-à-dire Bechtel et
Lalonde-Valois. Vous aurez ça tout à l'heure.
Quant aux contrats eux-mêmes, depuis de nombreuses années,
on négocie des contrats avec des entreprises
d'ingénieurs-conseils.
Chaque fois, ou à peu près, on tente de trouver la
meilleure formule pour contrôler les coûts de ces contrats avec les
entreprises et, dans le moment, on négocie des contrats avec des
ingénieurs-conseils, on en négociera encore et
l'Hydro-Québec elle-même en négocie. C'est pour cela qu'il
n'y a pas intérêt, à notre avis, à ce que ce contrat
lui-même soit donné. Mais vous avez, dans la formule de
gérance, le fonctionnement, le mécanisme qui s'appliquent.
M. JORON: Est-ce que vous pouvez donner une idée approximative de
la valeur de ce contrat sur le... D'abord, quelle période de temps
couvre-t-il? Est-ce qu'il y a une date ou si c'est la fin des travaux qui est
mentionnée au contrat?
M. BOYD: Le contrat est pour la durée des travaux. Cependant, il
est résiliable moyennant un avis de 60 jours. Ce sont les mêmes
formules qu'on emploie avec tous les ingénieurs-conseils. Lorsqu'on a
engagé ABBDL pour Manic-3, c'est un contrat qui est censé durer
aussi longtemps que les travaux d'ingénierie continuent. Mais
celui-là comme les autres est résiliable sur un avis de 60
jours.
M. JORON: Ce que j'aimerais savoir, c'est simple. Je pense qu'il y a
bien des Québécois qui sont intéressés à
savoir cela aussi. C'est sur toute la période que dureront ces travaux,
jusqu'à ce qu'ils soient complétés: Combien
l'Hydro-Québec, approximativement je ne vous demande pas d'entrer
dans les détails aura-t-elle versé, au bout de la ligne,
à la Société Bechtel? L'Hydro-Québec ou la
Société d'énergie... L'ampleur du contrat... L'ordre de
grandeur... Si vous ne pouvez pas être précis, je le
comprends.
M. BOYD: J'ai déjà répondu et je vais essayer de
répondre de la même façon à cette question. Pour
l'ingénierie, la gérance, compre- nant tous les contrats
d'ingénierie et de gérance et les frais du propriétaire,
qui sont les frais de la Société d'énergie, cela
représente 10 p.c. des coûts directs. C'est ce qui est reconnu
n'importe où dans n'importe quelle entreprise.
M. JORON: ... qui sont estimés à...
M. BOYD : Les coûts directs? Ils sont estimés à
environ $3 milliards, si on exclut les lignes de transport qui seront
directement sous la responsabilité de l'Hydro-Québec.
M. JORON : Alors, l'ensemble des contrats à toutes les firmes...
Vous ne les avez pas isolées, entre autres...
M. BOYD: Les firmes d'ingénieurs-conseils et les firmes de
gérance ainsi que les coûts du propriétaire,
c'est-à-dire la Société d'énergie, totalisent
environ 10 p.c.
M. JORON: Quelle est la part approximative du contrat de la Bechtel?
Est-ce que, d'abord, c'est le plus gros de tous les contrats?
M. BOYD: Non. Le plus gros est Lalonde, Valois...
M. JORON: ... qui peut représenter quel pourcentage de cette
somme? C'est croche mon affaire.
M. BOYD: Réellement, je ne vois pas... Si cela était
d'intérêt...
M. JORON: Combien y a-t-il au total de ces contrats?
M. BOYD: Je ne sais pas combien il y en aura.
M. JORON: Mais, jusqu'à maintenant...
M. BOYD: II y en a trois importants. Il y a Bechtel, il y a Lalonde,
Valois, dans l'équipe de gérance. Pour l'ingénierie, il y
a Asselin, Benoit, Boucher, Rousseau, Sauvé et Warren, la compagnie
d'ingénierie Shawinigan.
M. JORON: Il y en a cinq principaux qui sont déjà...
M. BOYD: ... cinq principaux. Il y en a quelques autres de moindre
importance, comme pour l'aire de manutention à Matagami et quelques
autres, les travaux d'inspection, de laboratoire, le contrôle de
béton, mais il y en a plusieurs autres à venir. C'est pour cela
que ce sont des choses qu'on veut garder pour en discuter. Nous devons, d'ici
quelques mois, accorder des contrats d'ingénierie pour le site de LG-3.
Ensuite, il y aura des contrats pour le site de LG-4, le site LG-1, les
réservoirs Cania-piscau et Delorme, un certain nombre de
déversoirs.
II y a un grand nombre de contrats à donner d'ici 1977 et
1978.
M. JORON: Qui, au total, représenteront, environ 10 p.c. des
coûts estimés.
M. BOYD: C'est ça.
M. JORON: Ce sont vos estimations.
M. MASSE (Arthabaska): Est-ce que les frais occasionnés par les
employés qui travaillent à la gérance ou
l'ingénierie sont inclus dans les 10 p.c?
M. BOYD: Oui. Cela comprend les bureaux d'ingénieurs-conseils,
les bureaux de gérance et les frais du propriétaire. Je ne sais
pas si on a bien compris hier, on m'avait posé une question. Le
personnel qui vient de l'Hydro-Québec et qui est prêté
à la Société d'énergie est chargé à
la Société d'énergie, facturé et payé une
fois par mois à l'Hydro-Québec.
M. MASSE (Arthabaska): Ce pourcentage de 10 p.c. était-il le
même pour les derniers grands travaux que vous avez effectués?
M. BOYD: Oui, c'est l'ordre de grandeur reconnu n'importe où dans
les grands travaux. A Churchill Falls, c'était cet ordre de grandeur.
Pour l'Hydro-Québec, à Manic-Outardes, c'est assez difficile de
faire la comparaison parce que l'Hydro-Québec y jouait également
le rôle d'exécutant des travaux et non pas seulement le rôle
de gérance.
M. JORON: M. le Président, le président de la
Société d'énergie nous a donné son avis quant
à l'opportunité de rendre public le contrat intégralement
signé entre la société et la firme Bechtel. Est-ce que
c'est également l'avis du ministre qu'il n'est pas opportun de rendre ce
contrat public intégralement ou en partie?
M. MASSE (Arthabaska): C'est également l'avis du ministre des
Richesses naturelles pour la bonne et simple raison que, comme M. Boyd vient de
le mentionner, il y a une partie seulement des contrats d'ingénierie qui
ont été accordés jusqu'à maintenent et il ne serait
pas dans l'intérêt de l'Hydro-Québec ou dans
l'intérêt public que ces contrats soient rendus publics
actuellement.
M. JORON: M. le Président, j'aurais une autre question à
poser à M. Boyd. Vous avez fait allusion à des frais
assumés par l'Hydro-Québec jusqu'à maintenant. La plupart
d'entre eux sont facturés ou seront facturés à la
Société d'énergie. Est-ce que ce sont tous les frais ou
s'il y a d'autres frais d'occasionnés, des fois indirectement, qui ne
seront pas facturés mais qui ont été assumés par
l'Hydro et qui sont quelque part perdus dans le total des frais d'exploitation
de l'Hydro?
M. BOYD: Dans l'entente entre l'Hydro et la Société
d'énergie, pour couvrir des frais à temps partiel, c'est
peut-être cela que vous voulez dire? Par exemple, le service juridique de
l'Hydro sert de service juridique pour la Société
d'énergie. C'est un exemple.
M. JORON: Oui.
M. BOYD: Me Boulanger, notre directeur, qui est ici, à l'occasion
et même assez souvent, doit donner des avis à la
Société d'énergie. Pour des travaux de cet ordre,
l'entente prévoit que, pour couvrir les coûts indirects,
l'Hydro-Québec pourra charger à la société
jusqu'à 1 p.c. des coûts du projet.
M. JORON: Pour couvrir cela? Vous estimez que cette réserve est
suffisante pour couvrir à peu près tout?
M. BOYD: Oui, elle est plus que suffisante, tandis que les frais qui
sont effectivement détachés sont plus facilement identifiables,
parce que c'est chargé. Les salaires et tous les bénéfices
marginaux qui sont dus à cet employé et pour lesquels
l'Hydro-Québec fait des frais sont payés par la
Société d'énergie.
M. JORON : Est-ce que le coût total je me
réfère à nos séances des années
passées du développement du complexe La Grande, tel que
nous le connaissons jusqu'à maintenant et sans les modifications qui
peuvent arriver en cours de route comme quelques-unes que vous avez
mentionnées est toujours le même?
M. BOYD: Oui.
M. JORON: C'est-à-dire?
M. BOYD: $5.8 milliards? Comme je vous l'ai mentionné tout
à l'heure, nous faisons l'optimisation, qui sera complétée
d'ici la fin de l'année, c'est-à-dire que nous examinons encore
de plus près quelles sont les dérivations qui sont les plus
avantageuses pour faire le meilleur projet possible.
Quand tout cela sera connu et décidé, nous ferons une
estimation définitive pour la fin de décembre 1973.
M. JORON: A la fin de l'année.
M. BOYD: Le 1er janvier 1974, nous aurons une définition
complète du projet. Il pourrait être de 10,000 megawatts et non
pas de 8,300. Alors, il sera réestimé au complet et le 1er
janvier 1974 nous aurons une estimation pour le projet tel qu'il sera construit
et c'est ce chiffre qui servira de base.
M. JORON: Est-ce qu'il sera selon votre politique par la suite, ou
est-ce qu'il l'a été dans le passé dans d'autres cas
semblables, de procéder au fur et à mesure que les travaux se
déroulent sur un certain nombre d'années à des
révisions continuelles de ces estimations? Avez-vous l'intention, au fur
et à mesure qu'il pourrait y avoir des modifications... Admettons que le
1er janvier, à la fin de l'année, vous nous dites: Bon, ce ne
sera pas 8.3 millions de kilowatts cela va être 9.6, ce n'est plus 5.8
millions, cela va être 6.5 ou je ne sais pas quoi. Si, par la suite, vous
vous apercevez qu'en cours de route, un an ou un an et demi plus tard, cela
pourrait devenir plus ou moins, est-ce qu'au fur et à mesure vous
rendrez publiques des estimations corrigées tout au long du
déroulement de cette affaire de façon que le public, au bout de
la ligne, n'ait pas l'agréable ou la désagréable surprise
de...
M. BOYD: C'est justement ce à quoi je faisais allusion dans mon
texte, où je parlais de la planification, de la programmation et du
système de contrôle qu'on établissait. C'est quelque chose
d'encore plus raffiné que tout ce qu'on a fait jusqu'à
maintenant. C'est une des choses qu'on est allé chercher chez nos
consultants et ce ne sera pas seulement une fois par année, mais cette
révision sera continue. Les estimations sont faites à mesure que
le projet avance à 30 p.c. pour chacun des petits projets et à 80
p.c. une fois fini pendant l'ingénierie.
M. JORON: Très bon.
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'autres questions?
M. BOYD: M. le Président, on me souligne quelque chose qui peut
être ajouté à ce que je viens de dire pour faire comprendre
davantage le système. Dans le système que nous avons
établi pour le contrôle, les coûts directs, les coûts
indirects, il y a des montants "d'escala-tion" prévus, des coûts
d'intérêt prévus et, une fois le programme bien
défini, il n'y aura pas de changement dans les estimations, mais
plutôt une prise sur les fonds prévus pour les "escalations".
M. JORON: Est-ce que vous êtes en ligne à peu près
avec ce que vous aviez estimé sur les travaux déjà
exécutés?
M. BOYD: Oui.
M. JORON: Vous êtes en deçà ou au-delà?
M. BOYD: Nous sommes en deçà au point de vue du programme
et du budget également.
M. JORON: Une dernière question, peut-être. Quelle sera la
main-d'oeuvre, le nombre total de gens qui travailleront dans l'ensemble de
tout le projet pour 1973, si on peut en avoir une idée? Je sais bien
qu'on ne peut pas être très précis là-dessus, mais
dans les années subséquentes. On en a parlé plusieurs
fois, mais c'est plus facile de voir clair au moment où cela se
déroule, on peut savoir exactement combien il va y en avoir. Les
projections à trop long terme sont peut-être difficiles à
faire, mais en 1973 par exemple, vous devez avoir des chiffres assez
précis.
En 1973, pour la Société d'énergie, il va y avoir,
sur les chantiers, 2,800 hommes pour l'infrastructure, qui est la
responsabilité de la SDBJ, plus 1,000 hommes pour la SEBJ et 600 autres
pour les explorations, ce qui fait environ 4,500 hommes pour l'année,
à la pointe de 1973.
M. JORON: Ce n'est pas pour douze mois. Quelle est la durée
moyenne...
M. BOYD: Nous sommes en avril, c'est 2,150 hommes environ.
M. JORON: A ce moment-ci? M. BOYD: Oui.
M. JORON: C'est 2,150 hommes et ça va jusqu'à une pointe
de...
M. BOYD: En juillet et août, ça devrait être environ
4,500 hommes, en octobre, 3,100 hommes, en novembre, 2,600 et en
décembre, 1,500.
M. JORON: Quelle peut être la moyenne pour l'année?
M. BOYD: C'est 33,500 hommes-mois.
M. JORON: Donc, divisé par 12, ça fait un peu moins que
3,000 hommes-année.
M. BOYD: Hommes-année.
M. JORON: L'homme-année, l'homme-mois et l'homme-objet.
M. BOYD: Pour l'ensemble, notre estimation, pour le complexe complet, en
moyenne, sur la période de 12 ans...
M. LESSARD: Est-ce qu'on pourrait l'avoir pour chacune des
années, 1974, 1975, 1976?
M. BOYD: Oui, probablement qu'on pourrait vous le donner.
M. LESSARD: Globalement.
M. BOYD: Je ne l'ai pas ici, mais pour la moyenne des chantiers et
industries, sur une période de 12 ans, c'est 13,500.
M. LESSARD: A la pointe, c'est le maximum qu'on peut avoir?
M. BOYD: C'est le maximum qu'on peut avoir...
M.LESSARD: La moyenne, 13,500 hommes...
M. BOYD: ...pour 12 ans, oui. C'est pour les chantiers et
industries.
M. JORON: Qu'est-ce que vous voulez dire par "et industries"? Les effets
indirects d'emplois créés pour le manufacturier?
M. BOYD: Les effets indirects. Il n'y a pas de multiplicateur dans
ça. Si on commande un transformateur qui est fait au Québec,
c'est direct. C'est 13,500 au Québec et 16,000 au Canada, la moyenne des
12 ans. Quant aux multiplicateurs, les économistes emploient
différents multiplicateurs...
M. JORON: C'est hasardeux d'entrer là-dedans.
M. MASSE (Arthabaska): On a mentionné au cours de la
journée d'hier qu'il y avait environ 260 quelque professionnels et
techniciens à l'emploi présentement. Mais, étant
donné l'augmentation constante de la densité des travaux, est-ce
que cela va venir s'ajouter aux chiffres que vous venez de mentionner?
M. BOYD: Ce que je vous donnais hier, en réponse à la
question du député d'Abitibi-Est, c'était le personnel de
l'équipe de gérance que nous avons dans le moment,
l'équipe de gérance seulement. L'équipe de gérance
se compose, au 1er avril, de 247 personnes, dont 75 de l'Hydro-Québec,
58 de Bechtel et 82 de Lalonde et Valois. Il y en a un certain nombre d'autres
qui sont temporaires, pour faire le total de 247. C'est l'équipe de
gérance.
M. MASSE (Arthabaska) : II faudrait souligner une chose ici, c'est qu'il
est ressorti dans votre texte que vous faisiez des travaux de géologie,
que vous consacriez des sommes pour la protection de l'environnement. Ces
sommes sont directement rattachées au projet de construction
lui-même alors qu'il faudrait ajouter à ça les sommes que
la Société de développement de la Baie James effectue, qui
viendraient s'ajouter à ce que vous avez mentionné?
C'est vrai. La responsabilité dont s'est chargée la
Société d'énergie au point de vue de l'environnement
concernant les rivières, les lacs, les réservoirs et tout ce qui
est affecté par ces eaux, la flore, la faune qui sont affectées
par les travaux qu'on fait. Tous les autres domaines de l'environnement
relèvent de la Société de développement. C'est un
partage qu'on a fait.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce qu'il y a d'autres questions sur la
baie James? Est-ce que les honorables députés sont
satisfaits?
M. PERREAULT: Quel est le total des investissements jusqu'à ce
jour?
M. BOYD: Vous avez ça dans le bilan qu'on vous a distribué
hier. C'est $149,778,000. Ce qui comprend, évidemment, la contribution
de la Société d'énergie envers la construction des
infrastructures, qu'elle rembourse à 99 p.c. à la
Société de développement et aussi le remboursement
à l'Hydro-Québec des travaux qui ont été faits
jusqu'à la fin de l'année 1972 par l'Hydro-Québec et qui
sont maintenant assumés par la Société
d'énergie.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Cela termine les questions sur la baie James.
Est-ce qu'il y a d'autres domaines?
M. JORON: En dehors de la baie James, il y avait un seul autre point.
D'ailleurs, je vous rappelle que c'était quelque chose qui restait un
peu en suspens. Le député de Saint-Maurice avait, hier,
évoqué son intention d'apporter une motion qui avait rapport
à la façon dont on devrait procéder pour étudier la
question de la Jacques-Cartier. Comme il n'est pas là, je sens qu'il est
de mon devoir d'assumer les tâches de l'ensemble de l'Opposition. C'est
d'ailleurs, je pense, ce que nous avons fait depuis trois ans de toute
façon. Peu importe.
Rivière Jacques-Cartier
M. JORON: A cet égard, je voudrais présenter la motion
suivante, M. le Président: La commission est d'avis que la question
d'utilisation de la rivière Jacques-Cartier à des fins de
réserve pompée doit être étudiée par une
commission conjointe des richesses naturelles et du tourisme, de la chasse et
de la pêche, lors d'une séance où toutes les personnes
intéressées par ce projet pourront se faire entendre. Je pense
que c'est un peu dans le sens, d'ailleurs, de l'avis qu'avait exprimé
brièvement hier le député de Chauveau.
M. le Président, on pourrait peut-être ajouter, au cas
où il y aurait des implications touchant d'autres ministères que
l'on n'a pas prévues. Le plus évident me semblait être
celui du Tourisme, mais vous me rappeliez que le député de
Saint-Maurice avait parlé aussi de la possibilité que cela puisse
toucher Terres et Forêts. Pour être sûr que l'on ne se trompe
pas et que cet avis est sensé, on pourrait ajouter Tourisme, Chasse et
Pêche ou autres ministères impliqués.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de Gouin
fait la suggestion ou la résolution suivante...
M. JORON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Brisson): ... que la commission est d'avis que la
question de l'utilisation de la rivière Jacques-Cartier, à des
fins de réserve pompée, doit être étudiée par
une commission conjointe des richesses naturelles et du tourisme, de chasse et
pêche, ou d'autres
ministères impliqués, lors d'une séance où
toutes les personnes intéressées par ce projet pourront se faire
entendre.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, personnellement, je suis
en parfait accord sur le début de l'avis que le député de
Gouin présente, à l'effet que le projet Champigny de
l'Hydro-Québec soit référé à la commission
du tourisme, chasse et pêche et même conjointement avec d'autres
ministères je ne sais pas mais j'aurais
préféré que le député de Gouin remplace ces
mots "lors d'une séance où toutes les personnes
intéressées par ce projet pourront se faire entendre", par "lors
d'une séance où l'Hy-dro-Québec pourrait se faire
entendre".
M. JORON: Est-ce que vous voulez dire par là que... En
fait...
M. MASSE (Arthabaska): C'est que vous demandez une convocation des
commissions des richesses naturelles et du tourisme, de la chasse et de la
pêche. On pourrait peut-être, pour être plus légal,
dire: la commission de l'industrie et commerce, tourisme, chasse et
pêche, mais en tout cas...
UNE VOIX: Ce n'est pas grave.
M. MASSE (Arthabaska): Pour entendre toutes les personnes, peu importe
qui, lors de cette commission, alors que le but que ces séances
devraient viser, c'est d'abord de prendre connaissance des informations que
l'Hydro-Québec a à nous donner concernant le projet de
réserve pompée de la Jacques-Cartier.
M. JORON: Juste une seconde. Je pense qu'en fait, ce n'est
peut-être pas votre avis, mais je rappelle tout simplement qu'adopter
cela, ce n'est finalement qu'un avis que nous transmettons à
l'Assemblée nationale. A l'Assemblée nationale ensuite, le leader
du gouvernement, quand il proposera la tenue d'une telle séance pourra
ou non en tenir compte. Ce sera alors son privilège. Ce n'est qu'un avis
que nous transmettons. Evidemment, si vous ne le partagez pas, vous n'avez pas
à le transmettre. Moi, cela m'apparaît actuellement un
élément important.
M. LESSARD : M. le Président, la seconde partie de la
résolution m'apparait extrêmement importante parce que, ce que
l'on discute actuellement, c'est la modification d'un parc et le
ministère du Tourisme se prépare en tout cas, je
l'espère à proposer une loi-cadre des parcs. On sait que,
dans de nombreux pays qui sont bien plus avancés que nous de ce
côté-là, lorsque l'on modifie un parc pour
aménagement de ressources ou autres choses, l'intérêt
public entrant là-dedans, l'on accepte qu'il y ait modification, mais
pas avant que l'opinion publique ait été entendue à ce
sujet. Il n'y a pas incompatibilité, pour la commission parlementaire,
entre prendre connaissance du projet que propose l'Hydro-Québec, mais
aussi, par exemple... Parce qu'il ne faut pas entendre une seule partie
là-dedans, il faut entendre l'autre partie. Il y a trois parties
actuellement qui sont impliquées là-dedans; il y a le
gouvernement, il y a un comité de protection de la rivière
Jacques-Cartier et il y a l'Hydro-Québec.
Ce qu'on constate actuellement, c'est qu'on est obligé, en
commission parlementaire, d'entendre strictement une partie. Que ce soit
concernant l'augmentation du taux d'électricité ou concernant
l'aménagement de la rivière Jacques-Cartier.
Il m'apparaît justement que c'est particulièrement
important que la partie qui conteste l'aménagement de la Jacques-Cartier
puisse avoir la possibilité de se faire entendre comme tout autre
citoyen qui est intéressé dans ce secteur. Sans ça, la
commission va siéger, mais ça ne nous avancera pas tellement
parce que l'Hydro-Québec va nous apporter les documents qu'elle
possède. Elle va essayer de justifier le projet, mais il y a des
spécialistes à l'extérieur de l'Hydro-Québec qui
contestent ils sont actuellement dans le public cette
décision. Comme parlementaires, il me semble que nous avons besoin
d'être éclairés sur ce projet, non seulement par une
partie, mais par toutes les parties qui sont actuellement en présence.
Autant celle qui parle de l'aménagement de la Jacques-Cartier que
l'autre partie qui n'accepte pas l'aménagement de la
Jacques-Cartier.
C'est à peu près la partie la plus importante de la
résolution et on devrait s'en tenir à cette résolution. Il
reste que c'est toujours l'Assemblée nationale qui va
décider.
M. BOURASSA: II n'y a pas d'urgence. On peut en discuter avec les
responsables de l'Hydro. H n'y a pas d'urgence à refuser ou à
accepter immédiatement cette résolution.
M. LESSARD: M. le Président, il reste que je désirerais
bien qu'on en accepte le principe.
M. LAURIN: On peut décider pendant qu'on est ici.
M. LESSARD: Nous sommes ici et pourquoi ne déciderions-nous pas?
Est-ce que le premier ministre...
M. BOURASSA: II faudra évaluer les personnes
intéressées.
M. LESSARD: Nous allons faire comme à la commission parlementaire
des terres et forêts, lors du livre blanc. Ils vont soumettre des
mémoires et on planifiera l'audition des mémoires. Nous avons
déjà fait des commissions parlementaires, M. le Président.
Autrement, c'est une comédie.
M. BOURASSA: Mais ça peut être une façon
d'empêcher le projet de commencer, même...
M. LESSARD: M. le Président, il ne faudrait quand même pas
qu'on ait des oeufs cassés avant qu'on puisse... C'est exactement comme
pour la modification des taux d'électricité. On nous
présente le projet et c'est accompli.
M. BOURASSA: Non, écoutez. Ce n'est pas accompli, il y a des
modifications qui seront faites au projet. C'est la meilleure preuve que ce
n'est pas accompli.
M. JORON: Pour répondre à l'inquiétude du premier
ministre, ça peut être conditionnel à ce que ce soit
accompagné d'un mémoire. N'importe qui n'entre pas et dit; Je
veux témoigner! et prend deux heures des séances de la
commission. Cela peut être limité dans le temps aussi, et ainsi de
suite. Si la commission doit siéger trois jours, ça n'implique
pas que nous serons cloués là pendant trois mois.
M. BOURASSA: Si on pouvait donner un peu de temps pour voir... Le
député vient de faire une suggestion. Si on détermine un
temps de trois jours ou quatre jours...
M. JORON: C'est à titre d'exemple.
M. MASSE (Arthabaska): Est-ce qu'il n'y aurait pas un moyen terme? Si on
remplaçait votre dernière ligne par "pour d'abord entendre
l'Hydro-Québec"? Cela ne limite pas qu'il y ait une décision par
la suite des deux commissions parlementaires de faire une motion et de dire:
Maintenant que nous avons entendu l'Hydro-Québec, nous pouvons
peut-être ouvrir le débat plus large avec d'autres.
M. LAURIN: C'est la tactique que vous avez adoptée pour les
tarifs et quand est venu le moment d'entendre d'autres parties, vous avez
refusé. Vous voulez à tout prix qu'on entende d'abord l'Hydro et
quand arrive le moment d'entendre d'autres parties, vous refusez. Vous voulez
nous faire le même tour.
M.LESSARD: M. le Président, il y a une autre chose que je
n'accepte pas, c'est quand le premier ministre dit que ça peut retarder
le projet. Cela ne sert à rien de convoquer une commission parlementaire
telle qu'on le propose dans notre motion si l'Hydro-Québec a toute la
liberté de faire les travaux sur la Jacques-Cartier. Le ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche a donné l'ordre à
l'Hydro-Québec de sortir de la Jacques-Cartier.
Sur quoi s'est-il basé pour prendre cette décision? Si on
attend, pour que la commission parlementaire siège, que
l'Hydro-Québec ait déjà commencé les travaux, c'est
une comédie. Cela ne sert à rien, M. le Président.
M. BOURASSA: Est-ce qu'on peut prendre la suggestion en
délibéré? Est-ce que le député nous donne un
certain temps? On pourra en reparler à la reprise. Quand aura-t-elle
lieu? Au début de mai?
M. LESSARD: Nous sommes prêts à travailler durant les
vacances de Pâques.
M. BOURASSA: Il n'y a pas de vacances.
M. LESSARD: Non, je sais qu'il n'y a pas de vacances.
M. BOURASSA: Ce sont des vacances de la session, mais pas des
députés, vous le savez. Il faut gagner votre salaire. Les leaders
pourront en discuter entre eux. Une décision pourra être prise et
s'il y a lieu de faire une... La semaine prochaine, cela sera assez difficile,
avec la Semaine Sainte, mais la semaine suivante... D'accord?
M. GIROUX: ... sur la première partie de la motion. Dans la
deuxième partie, l'Hydro-Québec étant concernée
indirectement, par d'autres personnes, seulement, si je comprends, vous voulez
réunir les comités pour étudier le projet d'une station de
pompage. Il ne faudrait pas que cela soit limité à une station de
pompage. Il faudrait que cela soit pour l'étude du projet de
l'Hydro-Québec sur la rivière Jacques-Cartier. Il ne faudrait pas
être limité dans la présentation qu'on fait, aux
améliorations qu'on peut apporter au parc.
M. BOURASSA: Les quatre leaders pourront en discuter. Il ne s'agit pas
de s'objecter à cette question, si on peut s'entendre.
M. LAURIN: M. le Premier ministre, pourquoi ne dites-vous pas oui tout
de suite? Acceptez d'entendre les mémoires de toutes les parties. Ce
n'est pas malin. Quant au temps, aux procédures, nous pourrions nous
rencontrer, les quatre partis, soit par l'intermédiaire des chefs de
parti ou des leaders. On pourrait fixer cela très facilement. Mais ce
que nous vous demandions, c'est l'adoption d'un principe voulant que toutes les
parties soient entendues.
M. BOURASSA: Je préférerais que les leaders puissent en
discuter entre eux, d'abord.
M. LAURIN: En fait, c'est parce que vous êtes contre?
M. BOURASSA: Non.
M. LESSARD: Le bill 65...
M. BOURASSA: Je le sais, mais c'est pour cela que je voudrais...
M. LESSARD: Je trouve que c'est important...
M. BOURASSA: ... avant d'accepter cela
immédiatement, je voudrais consulter d'abord les dirigeants de
1'Hydro-Québec et je voudrais consulter mes collègues.
M. LAURIN: Ils sont ici. Vous pouvez les consulter...
M. BOURASSA: Non. Mais je veux consulter mes collègues, le
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, le ministre de
l'Industrie et du Commerce.
M. LAURIN: C'est vous qui êtes le premier ministre.
M. BOURASSA: Dans notre parti, je me permets de signaler au
député de Bourget il y a une solidarité, une entente. Il
n'y a pas de division comme dans le Parti Québécois.
M. LAURIN: Vous avez dû en discuter au conseil des ministres quand
la décision a été prise.
M.BOURASSA: Non. Pas cette question. Nous n'avons pas discuté sur
le fait de la réunion de la commission parlementaire sur ce point
précis et j'aimerais en discuter avec eux avant de donner une
réponse définitive.
M. JORON: Dans ce cas, il semble que le premier ministre n'est pas
prêt à rendre son avis tout de suite. Quant à nous, il nous
semble que dans toute question de ce genre, les exigences de nos institutions
démocratiques, cela nous semble tellement aller de soi, des
procédures semblables, qu'il me parait curieux que cela puisse faire
l'objet de longues délibérations. Quand on a une certaine
idée du fonctionnement de nos institutions, cela me semble être
tellement normal que... Quant à nous, nous sommes prêts à
donner notre avis. Le premier ministre ne l'est pas. Je vous demande, M. le
Président, qu'on mette la motion aux voix.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Vous en faites une motion?
M. JORON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce qu'il y a discussion? Vote?
UNE VOIX: Vote.
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Arsenault? Contre. M. Ostiguy? Contre. M.
Joron? Pour.
M. LESSARD : Vous votez contre le fait que la population...
LE PRESIDENT (M. Brisson): M. Massé (Arthabaska)? Contre. M.
Pelletier? Contre. M. Perreault? Contre. M. Bacon? Contre.
La motion est rejetée. Contre: 5. Pour: 1.
M. BOURASSA: Est-ce que vous êtes prêt à fixer une
date immédiatement, M. Giroux, pour la réunion de la
commission?
M. GIROUX: Pour la...
M. BOURASSA: ... réunion de la commission du tourisme, de la
chasse et de la pêche pour entendre les représentations. A ce
moment, on pourrait donner la réponse. On va commencer par
l'Hydro-Québec et on verra...
M. GIROUX: Tout de suite après Pâques.
M. BOURASSA: Demain, on pourra donner avis de la date précise
pour la réunion. Cela pourrait être dans la semaine du 6.
M. GIROUX: Est-ce au'on pourrait en conclure, par exemple... Vous
comprendrez que je ne veux pas faire un reproche à cette commission,
mais cela fait déjà six ou sept heures que nous sommes ici et
nous avons eu environ 20 minutes de questions.
M. BOURASSA: Oui.
M. GIROUX: Je n'ai pas d'objection à venir et à passer
deux ou trois jours, mais j'aimerais savoir si, à cette commission, on
ne va parler que du projet de la rivière Jacques-Cartier, afin qu'on ne
soit accompagné que des spécialistes concernés.
C'est très difficile, pour nous, d'être capable de
répondre adéquatement avec tout un personnel, vous le
comprendrez. Seulement si la date est fixée et que nous ne discutons que
du projet de la rivière Jacques-Cartier, en ce qui concerne
l'Hydro-Québec là, c'est beaucoup plus facile pour nous parce que
nous convoquerons ou nous ne nous ferons accompagner que de personnes qui sont
des spécialistes dans ce domaine.
M. LESSARD: Maintenant, une autre alternative possible: C'est votre
seule option? C'est votre seul choix. Il s'agira de vous justifier. Je suis
bien d'accord...
M. GIROUX: C'est tellement convaincant que ça ne durera pas
longtemps.
M. LESSARD: Nous verrons à ça, M. le Président.
M. GIROUX: Vous auriez dû venir hier soir.
M. BOURASSA: Pour ce qui a trait à la demande du Parti
québécois, d'ici à la convocation nous aurons le temps de
faire les consultations nécessaires et nous pourrions fixer, dans les
jours qui suivent les vacances de Pâques, une réunion pour la
rivière Jacques-Cartier seulement. Etes-vous d'accord?
M. LAURIN: Nous avons voté contre la
motion, nous verrons si vous êtes prêts à revenir
à de meilleurs sentiments sur l'opportunité d'entendre tout le
monde.
M. BOURASSA: J'ai dit que j'étais ouvert à...
M. LAURIN: Cela n'en n'a pas l'air.
M. BOURASSA: C'est parce que vous avez exigé le vote sur la
motion telle que rédigée.
M. LAURIN: Oui.
M. BOURASSA: Nous ne sommes pas obligés d'adopter chaque virgule
que vous proposez.
M. JORON: M. le Président, je voudrais demander au premier
ministre, pour qu'une chose soit bien claire... Il est entendu,
évidemment, que l'Hydro-Québec ne commence pas ses travaux sur la
rivière Jacques-Cartier au moins tant que les séances de cette
commission auront lieu. C'est bien clair?
M. BOURASSA: D'accord.
M. GIROUX: On me demandait si le jeudi, 3 mai...
M. BOURASSA: Cela va.
M. GIROUX: Selon certaines cédules que nous avons, ce serait
difficile de...
M. BOURASSA: Pro forma. Cela va, si l'Opposition est d'accord, du moins
ceux qui représentent l'Opposition cet après-midi.
M. JORON: En connaissez-vous d'autres?
M. BOURASSA: Alors, le jeudi, 3 mai, cela va? D'accord.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors, messieurs, je crois que ceci termine
les...
M. BOURASSA: Je remercie les dirigeants de l'Hydro-Québec. Je
pense que les discussions vont se poursuivre pour apporter des modifications
aux tarifs, en ce qui a trait aux Iles-de-la-Madeleine et à la
Côte Nord.
M. GIROUX: Nous ferons les recommandations au conseil des ministres.
M. BOURASSA: Vous avez fait des recommandations à la suite
de...
Alors, la rencontre aura été utile sous ce rapport. Je
pense que...
M. JORON: Au moins!
M. BOURASSA: Et encore une fois, je signale l'absence de deux partis de
l'Opposition qui démontre l'infantilisme et la faiblesse de ces partis
qui ne veulent même pas faire valoir leurs arguments à la
commission parlementaire.
M. JORON: M. le Président, vous me permettrez en terminant de
remercier les représentants de l'Hydro-Québec qui ont fait preuve
de beaucoup de patience, qui ont dû subir le spectacle...
Je ne le qualifierai pas, non, peut-être pas dégradant mais
un spectacle de politiciens entre eux. Enfin, je les remercie pour leur
patience, je les remercie aussi pour les réponses et les renseignements
qu'ils nous ont fournis.
M. GIROUX: M. le Président, au nom de l'Hydro-Québec, je
tiens à vous remercier de l'occasion que vous nous avez donnée de
faire un exposé. Nous avons essayé d'être aussi clairs et
précis. Souvent les questions étaient plutôt rares en
certaines périodes, mais nous avons eu la patience. Alors, merci bien,
M. le Président.
M. MASSE (Arthabaska): Merci de votre patience.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 17 h 34)