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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Etude des crédits du ministère des
Terres et Forêts
Séance du mardi 22 mai 1973
(Vingt heures dix-huit minutes)
M. HOUDE (Limoilou, président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
Etude des crédits 73/74 du ministère des Terres et
Forêts.
M. LESSARD: Est-ce que nous avons quorum?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): On peut considérer qu'on a
quorum.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela prend sept députés. Avec le
président, nous sommes sept.
M. DRUMMOND: Avant de commencer, est-ce qu'on peut établir les
règles du jeu? Jusqu'à quelle heure veut-on étudier les
crédits, ce soir? Je suis ouvert, mais ce sera mieux si on s'arrange
avant.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Normalement, jusqu'à onze
heures. Maintenant, tout dépend de la décision des membres de la
commission.
M. DRUMMOND: Onze heures, c'est tard, je dirais. Etes-vous d'accord pour
dix heures?
M. LESSARD: Dix heures, d'accord.
M. DRUMMOND : Dix heures pour tout le monde? D'accord, c'est convenu. On
recommencera demain à dix heures, tel qu'on l'a dit.
UNE VOIX: Demain matin, dix heures.
M. LESSARD: Nous autres, comme on y est pas mal dans la forêt,
mardi, on a notre voyage. Dix heures, ça va.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! Le ministre des Terres et
Forêts.
Préliminaires
M.DRUMMOND: Une autre chose, l'année dernière c'est
seulement encore pour établir les règles du jeu M. Gagnon
était ici comme conseiller. Il a participé comme fonctionnaire.
Je pense que c'était M. Vincent, le député de Nicolet,
à la fin, qui avait suggéré que peut-être ce se
serait mieux comme ça.
M. PAUL: II est plus libéral que moi.
M. DRUMMOND: Non, mais peut-être que ce serait mieux, cette
année, si on pouvait inviter les directeurs de service, aussi bien que
le sous-ministre pour parler de sa direction lorsque cela arrive. Tout ce que
je demande, c'est l'avis des membres de la commission. Je pense que ce serait
utile, je pense que ce serait instructif même. Moi, je suis pour; si la
commission ne veut pas procéder de cette façon, c'est à
elle de le dire aussi.
M. PAUL: Pour autant que les déclarations et les réponses
données par les chefs de service soient sous la responsabilité du
ministre des Terres et Forêts.
M. DRUMMOND: Bien entendu.
M. PAUL: D'accord.
M. DRUMMOND: D'accord.
Tour d'horizon du ministre
M.DRUMMOND: M. le Président, chers collègues, pour la
première fois cette année, les prévisions
budgétaires du gouvernement vous sont présentées selon le
système du budget-programme, soit le système PPB. Comme l'a
expliqué le ministre des Finances, ce type de budget met l'accent sur
les productions gouvernementales.
En plus de savoir qui dépense et combien cela coûte, on
doit savoir ce que l'on veut produire. Je n'entrerai pas dans les
détails de ce budget pour le moment, si ce n'est pour vous demander la
permission, M. le Président, de donner à mes collègues de
la commission quelques explications d'ordre général, au
début de l'étude détaillée de chacun des sept
programmes de notre budget.
Pour le moment, j'aimerais faire un tour d'horizon de l'année qui
vient de s'écouler. Lors de l'étude des crédits pour
l'année financière 72/73, nous venions tout juste de rendre
public le tome II de l'exposé sur la politique forestière.
Intervenant dans le débat sur l'étude de ces crédits, les
membres de l'Opposition soulignaient, à juste titre, que ce document
était d'une importance capitale dans le développement de cette
richesse naturelle qu'est la forêt.
Depuis longtemps, on attendait un tel document au Québec, une
politique forestière adaptée aux besoins actuels et futurs des
Québécois. Cette nouvelle politique, conçue par le
gouvernement, a suscité de nombreuses réactions dans les milieux
intéressés, certaines favorables et positives, d'autres
négatives. Mais personne n'y est demeuré indifférent. Pour
certains, nous n'allions pas assez loin; pour d'autres, nous dépassions
la mesure. Il y a un an, plusieurs étaient sceptiques quant à la
volonté du gouvernement de mettre en application les mesures
proposées dans le livre blanc. Le député de Nicolet
déclarait: "Dans un livre blanc, avec les
bonnes intentions qui y sont contenues, avec les propositions logiques
et intéressantes que nous pouvons y remarquer, il y a aussi des
rêves qui créeront, comme beaucoup d'autres livres blancs l'ont
fait, des espoirs nombreux, mais qui provoqueront d'énormes
déceptions, etc." Plus loin, il se posait des questions: "Quand les lois
seront-elles présentées? Quels seront les principes en jeu?
Est-ce qu'on les gardera tous, etc? "
De son côté, le député de Saguenay
déclarait: "Je ne voudrais pas que le livre blanc devienne un volume qui
sera discuté pendant quelques séances de la commission
parlementaire et qui n'amènera, par la suite, aucune solution."
Plus loin, il exprimait l'espoir que le livre blanc ne reste pas sur les
tablettes.
M. le Président, le livre blanc sur la politique
forestière n'est pas resté sur les tablettes. Durant les mois qui
viennent de s'écouler, il a fait pas mal de chemin et nous n'avons pas
dévié de nos objectifs. La commission parlementaire des richesses
naturelles et des terres et forêts s'est réunie, comme vous le
savez, au cours de l'été dernier pour discuter à fond de
la politique forestière. Vous vous souviendrez, M. le Président,
que nous avons entendu seize groupes différents commenter nos
propositions ainsi que mes collègues de la commission exprimer leur
point de vue. De ces séances, nous avons retenu que l'ensemble de la
cinquantaine de mesures proposées dans le livre blanc pourraient
être appliquées dans notre politique forestière. Seule la
proposition visant à créer une société de gestion
des forêts publiques a été rejetée parce que la
grande majorité des intervenants ont préféré voir
le ministère des Terres et Forêts poursuivre le rôle de
gestionnaire qu'il assume déjà.
Suite aux séances de la commission, nous nous sommes mis à
la tâche de préparer la législation qui doit encadrer la
nouvelle politique. A la reprise de la session, au retour du congé de
Pâques, j'ai déposé, à l'Assemblée nationale,
le premier projet de loi du train de législation qui va suivre, soit la
Loi de Rexfor. La refonte complète des chapitres 91 et 92 des Statuts
refondus du Québec, la loi du minsitère et celle des terres et
forêts, devrait être déposée à
l'Assemblée nationale avant l'ajournement d'été.
M. le Président, je vous souligne que ce dernier chapitre
renferme les articles de loi concernant les modes de tenure des forêts
publiques du Québec. Enfin, un projet de loi de zonage des terres
forestières est actuellement à l'étude.
Pour ce qui est des lois régissant la mise en valeur des
forêts privées, elles sont également en préparation
et devraient être soumises à l'Assemblée nationale à
la session d'automne. A ce sujet, j'effectue présentement, comme vous le
savez, M. le Président, une tournée des régions
forestières du Québec pour informer et discuter avec les
propriétaires privés de cette nouvelle politique qui les
concerne.
Permettez-moi d'ajouter à ce bilan certaines informations
concernant la réorganisation de mon ministère en vue de la
nouvelle politique. L'an dernier, lors de l'étude de mes crédits,
seulement deux régions étaient organisées selon notre
nouvelle formule de décentralisation des activités du
ministère des Terres et Forêts.
Aujourd'hui, les huit régions sont organisées, les
administrateurs régionaux sont en place et le travail est
commencé. Au centre, nous parachevons ce mois-ci la
réorganisation des structures administratives du ministère en
terminant l'implantation du nouvel organigramme.
Cette réorganisation tient compte à la fois du nouveau
système de budgétisation des programmes et des réformes
inscrites dans la nouvelle politique forestière. Enfin, la protection
des forêts est désormais assurée à travers la
province par l'entremise de cette société de conservation mise
sur pied durant l'année qui vient de se terminer.
Vous pouvez constater qu'on n'a pas perdu de temps depuis un an, et que
le gouvernement a bien l'intention d'aller au bout de ses avancés en ce
qui concerne la politique forestière.
J'espère que ce bilan positif aura éclairé mes
collègues désireux autant que moi de voir progresser le
Québec. Merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît !
Quelques changements à la liste des membres de la commission: M.
Cornellier, de Saint-Hyacinthe remplace M. Carpentier, de Laviolette; M.
Gallienne, de Duplessis, remplace M. Massé, d'Arthabaska; M. Pearson, de
Saint-Laurent, remplace M. Per-reault, de L'Assomption; M. Paul, de
Maskinongé, remplace M. Simard, de Témiscouata; et M. Cloutier,
de Montmagny, remplace M. Vincent de Nicolet.
Le nom de M. Guy Larivière, député de Pontiac, est
suggéré comme rapporteur de la commission. Est-ce que les
députés acceptent? Alors, M. Larivière est rapporteur de
la commission.
M. DRUMMOND: Peut-être que je peux présenter M. Michel
Duchesneau, sous-ministre au ministère des Terres et Forêts, aussi
bien que M. Antonio Gagnon, sous-ministre adjoint, administration du
ministère.
M. PAUL: M. le Président, c'est la première fois depuis
que je suis député que j'ai le privilège de
m'intéresser de près à la politique du ministère
des Terres et Forêts, même si, autrefois, durant les années
prospères de l'exploitation rationnelle des forêts, il y avait
abondamment de gens qui y gagnaient leur vie.
Je partage la déception de beaucoup de citoyens de
Saint-Alexis-des-Monts dans mon comté, de la paroisse de Saint-Paulin,
qui aujourd'hui sont devenus incapables de gagner
leur vie parce que la planification du ministère des Terres et
Forêts mise en application dès l'année 1964-1965 et qu'a
malheureusement suivie le député de Compton...
M. DRUMMOND: Les années passent.
M. PAUL: Non, non, j'ai dit "qu'a malheureusement suivie". Je ne dis pas
que ç'a été meilleur en ce temps-là; ç'a
peut-être été pire. Une chose certaine, c'est que la
politique du ministère des Terres et Forêts en a toujours
été une de centralisation au profit des forts et des puissants,
en essayant de contrôler les moulins à scie et en étant
extrêmement parcimonieux dans l'octroi des permis de coupe de bois. Dans
certaines circonstances, on a même été obligé de
fermer certaines petites entreprises familiales parce qu'elles étaient
devenues incapables de s'approvisionner de matière première pour
la bonne marche et la production de ces petites industries.
M. le Président, le nouveau ministre d'ailleurs
habitué qu'il était à vivre dans le milieu forestier
s'est donné une mission, soit celle de rénover la
politique forestière du gouvernement du Québec. Il a sans doute
été conseillé par M. Duchesneau, grand planificateur dans
cette réforme que l'on retrouve dans les grandes lignes, dans la
projection du livre blanc. Premier volume: échec total; deuxième
volume: hésitations, tâtonnements, piétinements, rien de
concret n'a été fait. D'ailleurs, le ministre n'est pas sans se
rendre compte que les livres blancs amènent des déceptions,
ça tue également. On a connu notre collègue sur le plan du
commerce humain qu'il est plus agréable à côtoyer, il nous
fait toujours plaisir d'agacer quelque peu le coloré
député de Rimouski qui, un jour, nous a présenté un
livre blanc sur la politique municipale. C'était un peu avant cette
grande conférence de 1971 alors que ce livre blanc en matières
municipales devait révolutionner l'administration municipale au
Québec.
Retrait du livre blanc, capitulation du ministre, départ du
ministre, mutation du ministre et annonce au début de cette semaine,
soit dimanche ou lundi, qu'il ne serait plus candidat aux prochaines
élections, victime du livre blanc qu'il avait tenté d'appliquer
dans le domaine municipal.
J'espère que le ministre va être prudent dans l'application
de son livre blanc, livre blanc qui n'a pas été sans créer
des remous un peu partout, les uns étant aveuglément pour la
politique prêchée dans ce livre blanc, d'autres étant
farouchement opposés. Heureusement que le ministre a une qualité
qui l'honore, c'est d'être un homme d'affaires averti.
Alors je suis certain que le ministre verra à aller prudemment,
à retenir l'enthousiasme de certains grands technocrates qui peuvent
l'influencer, pour que la politique qu'il entend mettre sur pied soit
rationnelle et qu'elle ait pour effet également de protéger la
forêt, pour qu'en même temps l'on assiste à une politique de
reboisement de nos forêts.
Le ministre ne pouvait pas parler longuement sur les réalisations
de son ministère. Je ne lui en fais pas reproche, parce qu'il est encore
à l'étude. Il a bien déposé un projet de loi visant
à amender la loi de Rexfor, ça ne sera pas fort les nouveaux
amendements que le ministre nous apporte, parce que ce ne sont pas des
réformes très dynamiques, très très fortes,
très très grandes qui joueront un rôle dans
l'économie du Québec. S'il y a un ministère qui doit jouer
un rôle dynamique dans l'économie anémiée que l'on
connaît depuis 1970 spécialement, c'est bien le ministère
des Terres et Forêts.
Et j'en profiterai, M. le Président, pour inviter le ministre
à se battre farouchement pour que les compagnies de pâtes et de
papier puissent bénéficier de certaines réductions
d'impôt, afin qu'elles soient en mesure de concurrencer sur le
marché international.
De plus, elles devraient être invitées à
réinvestir davantage pour garder d'abord en place les ouvriers de
carrière qui gagnent leur vie dans des compagnies de pâtes et
papier, et également pour que ces compagnies soient invitées
à réinvestir peut-être une partie de leurs profits pour
stimuler davantage l'économie et garder au travail ceux-là qui,
de génération en génération dans certains cas, ont
toujours gagné honorablement leur vie dans la forêt.
Je suis heureux je constate qu'il est parti j'étais
heureux de constater la présence du ministre du Revenu. Je comprends que
ce n'est pas lui qui arrête les politiques de finance du gouvernement,
mais peut-être que tous deux alliés, le ministre des Terres et
Forêts et le ministre du Revenu, auraient pu faire les pressions
nécessaires sur le ministre des Finances qui, dans sa grande
planification budgétaire, aurait pu trouver moyen de mettre davantage de
deniers à la disposition du ministère des Terres et Forêts,
susceptibles de stimuler l'embauche.
Je ne puis mettre de côté, M. le Président,
l'intérêt toujours soutenu qu'a apporté mon
collègue, le député de Montmagny, à la politique du
ministère des Terres et Forêts; il a été le premier
ministre initiateur dans le domaine de l'embauche des assistés sociaux.
Il avait établi une politique sage avec notre collègue ministre
de l'époque, M. Claude Gosselin, pour tâcher d'embaucher le plus
d'assistés sociaux possible pour leur redonner le goût au travail,
en même temps que cela leur permettait de se soustraire de la tutelle de
l'Etat pour continuer à vivre librement et leur permettre de faire face
à leurs obligations.
L'expérience vécue par cette politique, introduite par
l'ex-député de Compton, s'était avérée un
heureux placement.
Les retours au travail étaient nombreux et il est dommage que
cette politique ait été maintenue, mais d'une façon trop
tiède, trop timorée. D'ailleurs, c'est la marque de commerce
de
beaucoup de ministres qui n'osent pas plonger pour ne pas se mouiller
les pieds et pour être toujours en mesure de garder les bonnes
grâces et les faveurs autant des faibles que des forts et des
puissants.
Je disais donc que, jusqu'ici, je n'ai pas été
captivé, fasciné par les réformes apportées par le
ministre et le ministère des Terres et Forêts. J'ai beaucoup
d'amitié et de respect pour le titulaire du ministère, mais ce
qui lui manque, c'est justement cette audace. Je me demande s'il n'est pas un
peu trop timide, un peu trop poli et s'il n'accepte pas trop facilement les
couleuvres que certains de ses collègues du Conseil exécutif lui
font avaler, pour le moindre prétexte, le rendant ainsi incapable de
mettre à exécution et d'aller de l'avant dans la
présentation de législations qui s'imposent. D faut bien
reconnaître que l'Assemblée nationale a été captive
et que les différents ministres ont été victimes des
exigences législatives de leur collègue, le ministre des Affaires
sociales, qui a centralisé, paralysé les activités de
l'Assemblée nationale depuis bientôt trois ans, avec toutes ses
réformes sociales qui, de plus en plus s'avèrent, les unes comme
les autres, les plus malheureuses et les plus désastreuses pour le
peuple québécois.
J'espère que le ministre finira par s'imposer. Ce n'est pas parce
qu'on administre un budget de $2 milliards qu'on a, du même coup, voix
d'autorité et que l'on doit imposer ses vues à tous ses
collègues. J'invite donc le ministre à une action dynamique,
à une action positive, parce que les propos qu'il a tenus ce soir sont
ceux d'une petite couventine qui regrette auprès de la mère
supérieure de la communauté d'avoir enfreint quelque peu les
règlements disciplinaires, sans être toujours bien
disposée, cependant, à faire mieux et à ne pas recommencer
les infractions commises aux règles de la communauté. Alors, le
ministre me fait penser un peu à ça.
Il nous a parlé d'une réforme complète des
chapitres 91 et 92 des Statuts refondus du Québec, de la Loi du
ministère des Terres et Forêts. Il nous annonce que ses lois
seront déposées avant l'ajournement d'été. Je
souhaite que le ministre soit vigilant, tenace auprès de son
collègue, leader du gouvernement et qu'il impose ses vues.
Qu'il dépose, au moins en première lecture, la
législation qu'il nous promet depuis un certain temps afin que durant
les quelques mois de vie, qu'a encore le gouvernement en place, il puisse nous
permettre d'envisager certaines recommandations que nous pourrions faire
à l'occasion, sans doute, de la tenue de séances de la commission
parlementaire qui sera chargée de l'étude de ces projets de loi,
soit après la première lecture, ou après la
deuxième lecture plutôt que la commission
plénière.
Alors, je dis donc que j'admire les bonnes intentions du ministre. Je ne
tomberai pas à genoux, en extase devant les grandes déclara-
tions pieuses qu'il nous a faites ce soir. Il nous a parlé d'un projet
de loi de zonage des terres forestières. J'ai l'impression que cette loi
est dans l'incubateur depuis plusieurs années. Je me demande même
si notre collègue, l'ex-ministre des Terres et Forêts, l'honorable
député de Matapédia, n'a pas travaillé
effectivement sur un tel projet de loi. Je suis certain que son successeur, M.
Courcy, pardon M. Cliche, je m'excuse, a été épris, lui
aussi, de ce projet de loi. M. Gosselin voulait rendre à terme ce projet
de loi et le ministre a encore le bébé sur les bras.
J'espère que le ministre pourra donner naissance à ce projet de
loi par le dépôt d'un projet de loi que nous attendons avec
hâte pour enfin connaître tous les avantages de cette
réforme que l'on envisage dans le zonage des terres
forestières.
Il y a longtemps que l'on parle d'une planification. Je sais que c'est
le bébé rêvé de certains fonctionnaires au
ministère des Terres et Forêts pour... Je sais qu'il y a certains
fonctionnaires qui ont toujours rêvé d'un certain socialisme. Il
serait extrêmement dangereux, j'en préviens d'avance le ministre
parce qu'il a beaucoup plus de sympathie, je ne lui en fais pas de reproche,
pour le capitalisme plutôt que le socialisme.
M.DRUMMOND: Etes-vous convaincu de ça?
M. PAUL: A moins que le ministre refuse d'accepter tous les avantages
que le capitalisme lui a procuré, à lui, personnellement, et aux
membres de sa famille, il n'osera pas le faire. Il n'osera pas le faire, car
c'est extrêmement dangereux lorsqu'on se propose, d'après certains
oui-dire, d'imposer aux propriétaires de terres privées des
législations qui leur imposeront des conditions d'exploitation autres
que celles d'un bien personnel et, dans certains cas, d'un bien ancestral.
On s'est appliqué, de génération en
génération, à faire une espèce de sylviculture et,
du soir au lendemain, le législateur viendrait s'emparer, sous
prétexte que le bien commun l'exige, de ce patrimoine que l'on a
jalousement conservé.
Alors, j'invite le ministre à être extrêmement
prudent, à s'éveiller lorsqu'on lui soumettra cet avant-projet de
loi, pour que cette loi, si elle est nécessaire, puisse être
extrêmement souple, pour ne pas y introduire trop de mesures socialistes
comme, de plus en plus, tend à le faire le gouvernement en place.
Je dis donc, M. le Président, que le bilan des activités
du ministère est un bilan modeste, qui correspond un peu au budget que
le ministre des Finances daigne bien à consentir au ministre des Terres
et Forêts pour la bonne marche de ce ministère, ministère
extrêmement important je l'ai mentionné tout à
l'heure qui exige une action dynamique, qui a sa place dans notre
économie et qui doit la maintenir, la conserver,
l'accentuer afin que ce ministère, à d'autres
ministères, marie ses activités pour que l'économie du
Québec soit vigoureuse, forte et que, par voie de conséquence,
les contribuables en retirent bénéfices et avantages.
Je n'en veux pas pour tout cela au ministre, pour qui j'ai beaucoup
d'estime et de considération, mais peut-être que je me trompe. Si
le ministre peut me convaincre que je me trompe, je battrai sans fausse honte
ma coulpe. Je présenterai les excuses d'usage. Mais il reste qu'à
mon point de vue le ministère est pas mal tenu en veilleuse.
L'éclairage qu'on attend de ce ministère n'est pas trop brillant.
Mais nous espérons que le ministre, qui a fait sa marque, ses preuves
dans la vie privée, puisse enfin donner l'essor nécessaire pour
que ce ministère joue un véritable rôle dans la
société québécoise.
M. le Président, je tiens à m'excuser dès ce soir
et je suis sûr que le ministre en sera peiné si
demain je ne puis pas continuer l'étude de ses crédits, alors que
je devrai continuer l'étude de crédits avec lesquels je suis
beaucoup plus familier, ceux du ministère de la Justice. Mais n'ayez
crainte! Il y aura des hommes beaucoup plus compétents que moi qui
prendront la relève, afin que le travail de l'étude des
crédits du ministère des Terres et Forêts se fasse dans la
collégialité, animés que nous sommes tous de faire une
étude objective des crédits nécessaires à la bonne
marche du ministère des Terres et Forêts et surtout pour les
avantages socio-économiques des fonctionnaires qui y travaillent avec
confiance, assurance, étant toujours capables de comprendre les
difficultés dans lesquelles ils doivent travailler.
Parce que, vous savez, les ingénieurs forestiers n'ont pas
beaucoup de choix. Ils sont à l'emploi ou du gouvernement ou des grosses
compagnies forestières.
D est facile de comprendre que, quand ces génies se rencontrent,
la solution des problèmes est vite trouvée. H faudrait qu'ils
soient capables d'axer leurs activités sur le bénéfice et
l'avantage de la population, sans, du même coup, vouloir paralyser les
efforts déployés par les compagnies qui devraient comme je
le disais tout à l'heure être protégées
davantage.
Il n'y a aucune contradiction entre les principes que j'ai
exposés plus tôt et ceux que je viens de vous
énumérer. Il est à espérer que l'action
concertée, dans une économie de concertation, puisse trouver
solution à tous les problèmes, tant de la part des grosses
compagnies que de la part de tous ceux qui s'intéressent de près
ou de loin aux problèmes forestiers au Québec.
M. le Président, je vous remercie. Je suis sûr que le
ministre prendra en bonne part les propos que j'ai tenus, non pas à son
endroit personnellement, et certains petits reproches bien
mérités que lui-même s'est quelque peu attirés par
son manque de leadership, de dynamisme, de conviction auprès de ses
collègues du cabinet. Il reste qu'un homme bien intentionné peut
toujours, du soir au lendemain, prendre en main ses véritables
responsabilités, s'imposer par son caractère, son dynamisme et
son esprit de décision pour mener à bonne fin toutes les
réformes que nous trouvons dans ce livre II de la politique
forestière du ministère, que je me préserverai de
qualifier de livre blanc, afin que le ministre pour qui j'ai beaucoup
d'estime, de considération ne subisse pas le même sort que
son collègue, le député de Rimouski, parrain, auteur d'un
célèbre livre blanc qui n'a jeté que de la noirceur dans
les municipalités urbaines ou rurales du Québec. M. le
Président, je vous remercie.
M. DRUMMOND; Est-ce que je peux poser seulement une question?
M. PAUL: Oui, certainement. Le pire qui va vous arriver, c'est que vous
n'aurez pas de réponse.
M. DRUMMOND: C'est seulement pour demander si l'Union Nationale accepte
les réformes préconisées dans le deuxième tome du
livre blanc.
M. PAUL: Je n'avais jamais pensé qu'un ministre pouvait me poser
une question de même. Avant qu'on nous propose d'accepter les
réformes, qu'on commence par savoir lesquelles on va présenter.
Avant de savoir si on n'est pour des législations, qu'on commence par
nous en exposer les grands principes. Qu'on commence par nous présenter
un avant-projet de loi et, après ça, il me fera plaisir de
répondre à l'honorable ministre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saguenay.
M. DRUMMOND: Est-ce que je peux faire une remarque? J'aimerais signaler
que c'est dommage que les représentants du Ralliement créditiste
ne soient pas ici pour commencer cette étude des crédits du
ministère qui sont tellement importants pour la province. Je trouve
ça dommage et je veux signaler le fait qu'ils ne sont pas ici pour
commencer l'étude des crédits du ministère.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, le député de
Maskinongé invitait tout à l'heure le ministre à
subventionner les grandes entreprises forestières pour pouvoir les aider
à sortir d'une certaine situation que nous avons connue.
Malheureusement, je ne peux pas être d'accord avec le
député à ce sujet, parce que nous avons eu l'occasion
pendant plusieurs séances de la commission parlementaire des terres et
forêts d'étudier et de toucher les problèmes forestiers
au
Québec. Et je pense que ce n'est pas sous forme de subventions,
ce n'est pas sous forme de diminution des impôts que nous allons
véritablement régler le problème forestier.
Les mois qui se sont écoulés ont été,
à mon avis, une étape fort importante dans la correction ou dans
une première tentative de correction de la situation forestière
au Québec. D'abord, en 1971, il y a eu le dépôt du premier
tome du livre blanc qui analysait la situation forestière au
Québec et qui tentait de toucher du doigt les problèmes que nous
rencontrions dans ce secteur. On sait que déjà, en 1965, un
premier rapport avait été déposé dans ce sens mais,
malheureusement, il est demeuré comme je l'ai souligné
à plusieurs reprises sur les tablettes. Et c'est d'ailleurs
pourquoi j'étais heureux de voir que le ministre reprenait un peu ce que
j'avais dit lors des premières séances de la commission
parlementaire sur les terres et forêts soit que l'important n'est pas
tant c'était une étape de faire l'analyse des
problèmes que d'y trouver des solutions et surtout de présenter
véritablement des réformes sous forme de législations.
En mars 1972, il y avait le dépôt du tome II du livre blanc
qui énonçait une politique forestière et qui devait, par
la suite, être discuté lors de séances de la commission
qui, pour ma part en tout cas, m'ont permis de toucher des problèmes que
je ne connaissais pas et aussi de voir certaines solutions que nous n'avions
pas vues dans le livre blanc. C'était justement, je crois, l'objectif
des séances de la commission parlementaire de pouvoir faire une certaine
consultation.
On sait, M. le Président, que lorsque nous avons
déposé les deux tomes du livre blanc sur les terres et
forêts, c'était dans une situation difficile. On vivait une
situation extrêmement alarmante dans le milieu forestier. Les entreprises
fermaient et, naturellement, il y avait création de chômage. Et
tant du côté des grandes entreprises que du côté de
la population, il y avait vraiment une pression qui se faisait auprès du
ministre des Terres et Forêts pour analyser les problèmes du
milieu forestier et y trouver des solutions. Depuis ce temps-là, la
situation il faut bien le dire s'est améliorée. Le
marché des pâtes et papier, je pense, s'est
amélioré. Malheureusement il faut aussi le souligner
cela s'est produit à la suite de la fermeture de certaines usines
qui ne reprenant pas leur exploitation ont laissé leur marché
à d'autres entreprises. Mais justement, parce que la situation s'est
améliorée, je sens pour ma part que le ministre est moins
pressé dans ses réformes et c'est ce qui m'inquiète. Je
vais apporter quelques preuves tout à l'heure.
C'est justement d'ici les prochains mois que nous avons la situation la
plus valable pour réaliser ces réformes-là, parce que ce
n'est pas dans une situation alarmante qu'on retrouve les meilleures conditions
pour réaliser les réformes proposées, c'est bien lorsque
l'entreprise a recommencé à fonctionner. C'est bien lorsque les
compagnies forestières, par exemple, s'aperçoivent qu'elles
peuvent concurrencer le marché étranger. C'est bien lorsque,
justement, les compagnies forestières commencent à faire des
profits qu'on doit en même temps leur demander de se moderniser puisque
c'était là un de nos problèmes lors de l'étude du
livre blanc sur les forêts, pour moi en tout cas.
Je pense que le ministre, d'ici quelques mois, doit véritablement
faire un effort considérable pour concrétiser sa politique
forestière, justement parce que les compagnies vont probablement avoir
moins peur de cette politique-là. Les compagnies vont probablement
être plus prêtes à accepter ces réformes qu'elles ne
l'étaient lors des séances de la commission parlementaire, alors
qu'elles venaient tout simplement bien souvent nous quémander des
subventions.
M. le Président, pour ma part, je continue à croire, par
exemple, que, d'ici quelques mois, le ministre doit proposer sa loi concernant
l'abolition des concessions forestières. Le ministre nous avait soumis
un programme concernant l'abolition des concessions forestières et en
particulier on trouvait, dans le livre blanc, un délai de dix ans. Je
continue à croire, comme je l'ai souligné en commission
parlementaire, que ce délai de dix ans est trop long et qu'il faudrait
absolument le raccourcir pour permettre à l'ensemble de l'industrie, non
seulement l'industrie des pâtes et papier, mais l'industrie du bois de
sciage, d'avoir accès aux réserves forestières.
M. le Président, on a constaté aussi qu'il était
impossible d'avoir une abolition progressive des concessions forestières
parce que c'est un réaménagement global qu'il faut faire pour
forcer les compagnies à se soumettre à ce
réaménagement-là et pour permettre à d'autres
compagnies d'avoir accès au territoire forestier.
Je disais tout à l'heure que je craignais que cette
réforme ne s'engage pas véritablement, parce que je constate, par
le budget qui nous est soumis par le ministère des Terres et
Forêts, que ce ne sont pas des crédits supplémentaires
qu'on nous demande, mais bien une diminution de crédits, si on excepte
le programme 3, protection de la forêt, qui augmente de $7,208,300
à $14,410,000. On sait que la raison en est un peu la tordeuse de
bourgeons.
Dans l'ensemble, si on excepte ce secteur, on s'aperçoit que les
crédits du ministère des Terres et Forêts ont
diminué, soit de $28 millions à $25,300,000. Si les
crédits diminuent, je doute qu'on s'engage véritablement dans une
réforme forestière.
On constate, par exemple, aussi, à la gestion des terres
publiques le ministre nous disait tout à l'heure qu'il avait
délaissé un petit peu la société de gestion telle
que proposée par le livre blanc une diminution des crédits
de $1,370,000 à $1,296,800. On constate par exemple, qu'à ce
titre, au niveau des dépenses d'équipement on a seulement une
somme de $25,300. Moi ça me fait craindre un petit peu,
passablement pour la réforme de la politique
forestière.
On remarque aussi, au programme de travaux sylvicoles, une diminution
des crédits. En particulier, par exemple, programme 2,
amélioration de la forêt ou dans le secteur de sylviculture on
constate, au niveau des travaux sylvicoles, une diminution de $10,507,700
à $6,253,800.
Il me semble que c'était là un secteur important dans la
réforme forestière et on constate, là encore, une
diminution des crédits à ce titre. Donc, non seulement je crains
pour la réforme mais je crains aussi pour le fameux programme de
création d'emplois, l'Opération 2000. Le ministre pourra me dire,
tout à l'heure, si elle est couverte complètement par les
crédits compris sous l'élément des travaux sylvicoles
mais, pour le moment, je le souligne au ministre.
Aussi, on constate que les crédits du ministère ne
comprennent que $3,800,000 pour l'aide à la production forestière
privée. C'était, là aussi, un secteur important dans la
réforme forestière. Loin pour ma part, en tout cas
d'avoir peur du socialisme dans ce domaine. Les nouvelles méthodes qui
ont été proposées tant par le ministère des Terres
et Forêts que par le volume du Dr Lussier sur la transformation
complète du secteur privé et un regroupement des petits
producteurs forestiers à l'intérieur de sociétés
plus vastes avec, naturellement, l'accord et la consultation des
propriétaires privés, je ne pense pas que ce soit là des
mesures socialistes; je pense que c'est tout simplement rendre rentables des
entreprises qui ne l'étaient pas.
Loin d'arrêter ou de diminuer les crédits dans ce
domaine-là, on devrait considérablement les augmenter. J'avais
aussi reproché au ministre le manque ou l'absence
d'échéancier dans sa politique forestière. C'est là
une lacune qui explique peut-être un petit peu le retard du ministre dans
le dépôt de ses projets de loi. Je suis heureux, par exemple, en
ce qui concerne le projet de Rexfor disons que nous le connaissons
en ce qui concerne, par exemple, le zonage forestier. Dans le rapport du
ministère des Terres et Forêts, et on l'a vu, je pense bien, dans
les rapports précédents, on parle du programme Inventaire des
terres du Canada. L'an dernier, le ministre nous avait dit que ce
programme-là se terminait, mais il y avait quand même un certain
nombre de crédits qui étaient prévus à ce titre et
il y en a encore de prévus, je pense, pour 73/74. Je pense qu'on devrait
avoir passablement terminé cette analyse. Je m'excuse de faire une
certaine relation mais nous avons eu, l'autre jour, à siéger
à la commission parlementaire du tourisme. Nous avons constaté
qu'un secteur de la population, en tout cas, se battait contre
l'aménagement de la Jacques-Cartier. Il devient extrêmement
important qu'en collaboration avec le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche et avec d'autres ministères
concernés, tel le ministère de l'Agri- culture, même si on
n'a pas complètement terminé l'inventaire des terres au
Québec, on puisse élaborer et réaliser cette politique de
zonage.
Je pense aussi que la loi concernant les réserves
écologiques à partir, justement, d'une politique de zonage, c'est
une loi qui n'apportera pas tellement de difficultés. On aurait
facilement pu la présenter. On sait qu'une société
internationale nous avait présenté, lors des séances de la
commission parlementaire, un mémoire dans lequel on déterminait
116 réserves écologiques. Je pense que cela ne prêtera pas
tellement à discussion, cette loi-là.
Mais il reste que c'est quand même une loi importante,
étant donné la situation qu'on vit actuellement, que ce soit
à la Jacques-Cartier ou dans d'autres territoires, par exemple, à
l'île aux Basques, etc.
Je pense bien que la base de la réforme forestière, c'est
la loi concernant l'abolition des concessions forestières. Les trois
autres lois sont importantes, mais ne nous amèneront pas à
régler le problème; ce n'est pas le facteur véritablement
fondamental dans la réforme forestière au Québec. Je pense
que l'abolition et la gestion des territoires forestiers au Québec est
ce qu'il y a de particulièrement important. Le ministre devrait, le plus
tôt possible, comme je le disais, étant donné que les
conditions actuelles ne sont pas mauvaises, les conditions actuelles sont
bonnes, forcer le cabinet à accepter d'abord ces projets de loi et,
après ça, forcer le leader parlementaire à amener ces
projets de loi à être discutés. Comme on le disait, c'est
quand même un des ministères économiques importants; c'est
quand même l'un des secteurs économiques les plus importants au
Québec.
On sait qu'on a eu des problèmes et on va probablement, si on
n'apporte pas les réformes nécessaires, en avoir encore. H ne
faudrait pas, encore une fois, comme malheureusement on l'a fait en 1965,
attendre une autre crise dans l'industrie forestière pour essayer de
concrétiser quelque chose dans ce domaine. De ce côté
je l'ai dit au ministre, je vais continuer de le dire
j'espère qu'il n'attendra pas aux prochaines élections avant de
présenter ses projets de loi. J'espère que cette réforme
n'avortera pas. J'espère que le ministre va faire tous les efforts
nécessaires pour la réaliser, cette réforme.
Je voudrais aussi, M. le Président, dire quelques mots et
je terminerai sur ça sur un problème qu'on vit dans le
milieu forestier actuellement, le manque de main-d'oeuvre. Je pense que ce
problème ce n'est pas un blâme que j'ai à faire
il aurait fallu le prévoir. Il est certain que notre
système d'éducation ne favorise pas le métier de
technicien en forêt. Ce n'est pas avec des gars de 12e et de 13e
années qu'on va faire des bûcherons. Que voulez-vous, notre
système d'éducation a été transformé. Ce
n'est pas parce que les gars sont paresseux qu'ils ne vont pas travailler en
forêt; c'est parce que
les gars ne sont pas capables de se faire un salaire en forêt,
n'ayant jamais bûché. Etant donné la limite, le minimum
d'argent qu'ils doivent se faire et étant donné aussi qu'on
travaille particulièrement en équipe, le gars qui ne s'y
connaît pas en forêt, le gars qui n'a jamais bûché en
forêt n'est plus capable aujourd'hui d'y aller. Ce n'est pas, bien
souvent, qu'ils ne veulent pas y aller, parce que j'en ai connu des gens qui
retournaient en forêt. Malheureusement, trois, quatre ou cinq jours
après, ils étaient obligés de revenir parce que soit la
compagnie les envoyait parce qu'ils faisaient un salaire inférieur
à ce qui était normalement prévu s'ils ne le font
pas, la compagnie est obligée de payer ou simplement parce qu'ils
n'étaient pas acceptés par leur équipe technique.
Je pense que c'est un problème sur lequel le ministre devrait se
pencher avec le ministère de l'Education. Dans des milieux comme le
mien, par exemple, malheureusement, on a trop attendu; malheureusement, il
était vrai que le travail de l'ouvrier forestier était
dévalorisé, mais il reste qu'à l'intérieur, par
exemple, du cours secondaire, au niveau de la 8e, 9e et 10e années,
comme on le fait pour le professionnel court au niveau des métiers
mécaniques, il est possible de prévoir justement une option
forestière à ce titre comme technicien forestier. Je comprends
que les compagnies actuellement font bien de la publicité, en disant:
Nous autres, on est prêt à couper, mais on ne trouve pas la
main-d'oeuvre. Il reste que tous ceux qui ont vécu dans des milieux
forestiers savent pertinemment que le gars, quand il avait bûché
jusqu'à l'âge de 40 ans, il était foutu, puis il
était fini.
Ces gars-là, malheureusement, j'en ai vu, même si
l'industrie forestière est quand même une industrie importante au
Québec, lorsqu'ils voyaient des feux de forêts, ils disaient, dans
des termes que je ne vous décrirai pas trop: Qu'elle brûle! au
moins si on ne travaille pas, on va avoir besoin d'avoir autre chose, on va
être capable d'avoir autre chose. Mais il reste que les gens ont eu une
haine de ce métier, parce qu'ils y trouvaient de la difficulté
à vivre, parce que les conditions de travail étaient difficiles
et parce que, justement, à l'âge de 40 ou 45 ans, on
n'était plus capable de travailler en forêt parce que le gars,
physiquement, était foutu, il était fini.
Mais actuellement, je comprends qu'on va se diriger de plus en plus vers
la mécanisation. Il faut y penser. Mais, comme on ne pourra pas
complètement mécaniser, il faut aussi penser, au niveau scolaire,
à donner aux jeunes qui sont intéressés on en
rencontre encore des gens qui sont intéressés dans ce domaine
au moins un certain nombre de principes. Le gars qui n'a jamais
bûché je termine sur ça rendu en
douzième année, c'est bien de valeur, même s'il y va, il va
crever.
Je termine en disant que j'ai appuyé, aux séances de la
commission parlementaire, ample- ment, très fortement et j'ai même
défendu, contre certaines compagnies forestières, le ministre des
Terres et Forêts. Mais j'ai bien l'intention de continuer, par exemple,
à pousser le ministre pour que sa réforme ne devienne pas une
réforme avortée, mais une réforme réalisée,
non pas pour les grosses entreprises forestières mais pour l'ensemble de
la population québécoise. Merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, je croyais que cette commission
devait siéger demain matin. Comme je n'étais pas attitré,
d'une façon spécifique à cette commission, je me
contenterai de faire un petit tour d'horizon sur les besoins, en matière
de bois, spécialement dans la région sud-est du
Québec.
Le ministre a certainement vu les dossiers qui ont paru
là-dessus. Dans notre région, il se fait un certain "lobbying"
auprès de la population en vue d'en arriver à un effort
concerté, de sensibiliser aussi les individus qui ont actuellement des
boisés privés, à coopérer, autant que possible,
avec les initiatives d'origine gouvernementale, du moins je le crois, pour en
arriver à une exploitation plus rationnelle.
Selon le rapport Fafard, que vous connaissez certainement M. le
ministre, il semblerait que dans la région sud de la province, surtout
dans les Cantons de l'Est, actuellement on exploite à un taux
d'au-delà 180 p.c. de la capacité de renouvellement annuel. Vous
comprendrez donc que, étant donné que cette situation dure depuis
déjà un certain nombre d'années, la majorité des
boisés ont déjà subi une première coupe, et la
majorité de nos entreprises s'approvisionnent aux Etats-Unis, dans une
proportion assez effarante de 80 p.c. Etant donné aussi que les scieries
du sud du Québec comportent au moins, pour 25 p.c, dans la production
nationale brute, tout au moins dans le bois de sciage du moins je pense
que c'est à peu près les chiffres je demanderais au
ministre si, justement, il y a des esquisses ou si son plan
d'aménagement ou la réforme, qu'il devait entreprendre
là-dessus... s'il a finalement arrêté son choix sur un
ordre de priorités.
Egalement, j'apprenais dernièrement que le gouvernement du
Québec avait entrepris des pourparlers avec l'Etat du Maine. Je ne sais
pas si ce problème est au centre des préoccupations
gouvernementales. On me disait même que ce comité devait
siéger probablement cette semaine. Alors, je demanderais au ministre de
faire le point sur cette question, parce que c'est dans cette optique surtout
que sont portés nos intérêts en tant que
représentant d'un des comtés de cette région.
J'aimerais également que le ministre puisse me renseigner un peu
sur les derniers développements, les dernières décisions
qu'a prises son ministère relativement aux problèmes des bois
durs.
Nous savons que surtout en ce qui concerne l'industrie du
contre-plaqué et du déroulage, à cause, justement, d'une
pénurie d'essence de qualité, surtout dans notre région
actuellement, quelques-unes de nos industries sont appelées soit
à repenser leur vocation ou encore à compter
énormément sur l'assistance gouvernementale pour survivre du
moins encore pendant quelques années.
Alors j'aimerais que le ministre fasse le point là-dessus.
J'aimerais également profiter de l'occasion pour remercier le ministre
et ses fonctionnaires de l'effort un peu extraordinaire qu'ils ont fourni pour,
à ce jour, maintenir nos industries de la région au moins
à un degré ou à un potentiel d'embauche relativement
stable. Actuellement, surtout grâce aux efforts du CRD, dans la
région des Cantons de l'Est, il y a beaucoup d'interrogations qui
surgissent, à gauche et à droite, et de fait il faut sans faute
repenser le devenir de nos industries, surtout dans le domaine du bois.
J'aimerais également que le ministre nous parle un peu, aussi,
des projets de regroupement qui sont actuellement en cours dans les diverses
régions du Québec. Je sais que dans le secteur de Dorchester on a
tenté des unités de regroupement qui n'ont peut-être pas
été aussi rentables qu'on l'aurait souhaité. Quelle est
l'orientation de son ministère relativement à ces regroupements
de boisés à caractère privé, justement en vue d'en
venir à une rationalisation des exploitations?
Disons que je résumerai ainsi mes remarques quitte à
repasser, lors de l'étude des programmes et des éléments,
certains autres problèmes plus particuliers à la politique
générale du ministère.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Matapédia.
M. ARSENAULT: M. le Président, je voudrais tout simplement
ajouter quelques mots à cette très intéressante
réunion de la commission, pour dire et là, je ne voudrais
pas faire d'électoralisme tout de même, surtout à la
suite des remarques faites par l'honorable député de
Maskinongé, que lorsque des réformes sont venues, au
ministère des Terres et Forêts, elles sont venues sous un
gouvernement libéral.
Je ne sais pas si vous vous souvenez de l'époque où le
ministère des Terres et Forêts était dans les poches de M.
Duplessis. C'est lui qui menait tout de son bureau. Evidemment, cette
époque est très lointaine. Cela a été ensuite Oscar
Drouin qui a été ministre des Terres et Forêts; cela a
été pendant très longtemps Johnny Bourque, mais
c'était toujours Duplessis. Tout se réglait dans son bureau.
L'homme qui conduisait les Terres et Forêts, c'était M. Duplessis.
Je ne fais pas de remarques sur sa façon de procéder...
M. PAUL: II y a eu M. Bertrand avant Johnny Bourque.
M. ARSENAULT: Pardon?
M. PAUL: II y a eu M. Bertrand avant Johnny Bourque.
M. ARSENAULT: Oui. Et, ensuite, cela a été le ministre
Miquelon.
En 1960 est arrivé un nouveau gouvernement. Il ne faudrait pas
oublier que j'étais alors nommé ministre des Terres et
Forêts et nous sommes allés au plus pressé, à ce
moment-là. Cela a été une époque pendant
deux ou trois ans de réformes très intenses.
Cela a été, par exemple, la création des camps
forestiers pour étudiants. Cela n'existait pas avant. Cela a
été la construction de routes de pénétration en
forêt, grâce à des subventions fédérales. On
n'en avait jamais entendu parler avant. Cela a été l'acquisition
d'avions pour combattre les feux de forêt, la construction de pistes
d'atterrissage pour ces avions. Cela a été les travaux de
sylviculture. Dans le peuple, on ne connaissait pas le mot sylviculture avant
1960. On n'avais jamais entendu parler de cela. Cela a été le
commencement de ce programme qui a été poursuivi jusqu'ici.
Ensuite, cela a été le réaménagement des
concessions forestières, de façon à créer de
nouvelles industries: Par exemple, l'établissement d'industries de New
Richmond, l'établissement d'industries de Matane, de Quévillon et
d'ailleurs. Cela a été ensuite la loi pour assurer un prix
raisonnable aux producteurs de bois de pulpe. C'est depuis ce temps qu'on m'a
connu sous le nom de Bona la pitoune!
Toutes ces réformes, sous l'administration de M. Cliche et de M.
Gosselin, qui a été un excellent ministre des Terres et
Forêts, cela a été une époque plutôt de
consolidation. Maintenant, les temps ont changé.
Une nouvelle équipe, beaucoup plus jeune, est aux Terres et
Forêts, surtout avec Michel Duchesneau comme sous-ministre, avec M.
Drummond comme ministre, avec M. Gagnon et les autres. Mais il n'y a pas de
miracle. Tout se résume à deux points principaux:
l'approvisionnement et la rentabilité pour les entreprises.
L'approvisionnement; évidemment, le livre blanc touche surtout
à ce sujet. Cette grande réforme qui s'en vient s'efforce,
à mon sens, de rendre plus équitable la distribution des biens
forestiers, des concessions forestières pour tous les
intéressés, autant pour les compagnies de pâtes et papiers
que pour les scieries.
On ne fait pas de reproche. Je suis très heureux d'avoir entendu
les observations du député de Saguenay. Mais, tout de même,
il trouve que le ministre est moins pressé. Le ministre n'est pas moins
pressé. Le ministre et c'est une excellente qualité
est extrêmement prudent et il est surtout réaliste.
Aucun parti de l'Opposition n'a besoin de pousser sur le gouvernement
actuel pour obtenir ces réformes. Le ministre est prudent, mais il faut
aussi qu'il puisse compter sur une opinion publique renseignée, qui sera
en posses-
sion de toutes les informations nécessaires, parce qu'il a besoin
de l'appui de diverses industries qui ont divers intérêts dans
l'exploitation de nos terres et forêts et il a aussi besoin de l'appui de
la population du Québec.
Tant que la population du Québec ne croira pas entièrement
dans ces réformes, évidemment, le ministre est prudent et je
crois qu'il a raison de l'être. Evidemment, les temps ont changé
et la situation change rapidement dans ce domaine.
Vous aviez la parité du dollar canadien avec le dollar
américain, qui a nui considérablement à l'industrie des
pâtes et papiers et, aujourd'hui, ça ne compte à peu
près pas. Cela joue à notre avantage aujourd'hui.
Vous avez eu une époque, pendant plusieurs années,
où l'industrie du sciage était stagnante. Aujourd'hui, il n'y a
pas suffisamment de bois pour fournir toutes les scieries qui voudraient en
avoir, parce que les prix ont monté de façon très
considérable.
Les Terres et Forêts n'ont pas suffisamment dans la province
d'approvisionnement pour satisfaire tous les besoins de l'industrie des
pâtes et papiers, et de l'industrie du sciage.
Le ministre, à mon sens, y va avec modération. Il est
convaincu du bien-fondé des très grandes réformes qu'il a
l'intention de mettre en oeuvre. Lorsqu'il s'agit de réformes, dans
quelque domaine que ce soit, ça ne peut pas se faire du jour au
lendemain.
C'est pourquoi je crois que la commission et les partis d'Opposition
étant donné que le parti qui est actuellement au pouvoir a
toujours donné l'exemple de ces réformes qu'il a introduites dans
l'administration des Terres et Forêts devraient suivre l'exemple
qui nous a été donné, surtout par le député
de Saguenay ce soir, et faire confiance au ministre et à sa jeune
équipe. Merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre des Terres et
Forêts.
M. DRUMMOND: M. le Président, je veux remercier tous les
députés pour leurs interventions au commencement de
l'étude de ces crédits. Je suis un peu surpris par quelques-unes.
M. Paul a demandé un peu de dynamisme, mais aussi de la prudence. Il
faut concilier ça. Il y a la même sorte d'argument dans
l'intervention du député de Saguenay et celle de M. Arsenault qui
ont parlé des problèmes, je pense, qui sont réels
lorsqu'on veut faire marcher de telles réformes.
Beaucoup des questions qui ont été posées, je
pense, pourront être discutées plus longuement lorsqu'on arrivera
aux programmes donnés. Je veux faire certaines remarques concernant la
façon dont on a travaillé depuis les audiences de la commission,
en tenant compte de ces interventions. Au point de vue du ministre, en tout
cas, j'ai hâte d'effectuer les réformes nécessaires avant
les prochaines élec- tions, c'est quelque chose de normal à mon
point de vue; j'étudie la question depuis longtemps, je travaille avec
une équipe et je veux arriver. Alors j'aimerais effectuer ces
réformes. Mais comme l'a signalé M. Arsenault, la question, c'est
d'arriver aux réformes en travaillant avec la clientèle du
ministère; c'est bien évident que c'est une des réformes;
l'industrie du sciage n'a pas le même point de vue que l'industrie des
pâtes et papiers. Alors, il faut et c'est ce qu'on a fait
établir des groupes qui travaillent avec tout le secteur de notre
clientèle pour vendre les réformes. Nous sommes convaincus, je
suis convaincu de la nécessité de ces réformes; mais comme
on l'a signalé, il faut les vendre, il faut les discuter, il faut parler
des moyens, comment va-t-on arriver à ces réformes et ces travaux
continuent. En même temps, on a des réunions où on discute
des réformes; il y a des comités aussi qui préparent une
loi et lorsqu'il y a un problème, il est discuté au haut niveau.
À mon point de vue, en tout cas, le travaille progresse. Evidemment, on
aimerait qu'il progresse plus vite, mais je dois dire que, pour ma part, je
pense que le travail avance toujours. Alors, on fait des progrès chaque
semaine en essayant de réaliser les objectifs d'une politique
forestière qui serait vraiment un cadre de développement
forestier dans la province pour une dizaine d'années à venir, en
tout cas, le cadre à l'intérieur duquel on peut travailler. Je ne
veux pas dire que nous n'avons pas un cadre actuellement, on a un cadre, mais
on change un peu les règles du jeu et ça prend un peu de temps.
Mais comme je viens de le dire, ça progresse.
Comme le député de Saguenay l'a souligné,
peut-être pour les concessions forestières, on doit faire
ça tout de suite parce que ça doit s'appliquer globalement. Mais
ce n'est pas aussi facile que ça; on peut dire globalement, mais il faut
que ce soit fait par région probablement, c'est plus logique de
progresser de cette façon. Aussi, au commencement, ça va plus
tranquillement parce qu'il faut établir les règles du jeu. Il
faut vendre les règles du jeu. Et par le fait qu'il n'y a pas beaucoup
d'argent dans le budget pour cela, à mon point de vue, ce n'est pas une
question d'argent qui est primordiale là-dedans, ce n'est pas la
question de payer une fortune pour échanger un mode de tenure où
on aurait la même garantie, même une meilleure garantie
d'approvisionnement pour les besoins par usine. Alors, ce n'est pas seulement
une question d'argent; c'est une question de savoir quelles sont les
règles du jeu, quels sont les vrais besoins de l'industrie et de chaque
usine; et chaque fois qu'on fait ça, il y a toujours des "trade off"
à faire vis-à-vis des autres modes d'approvisionnement. Si on
essaie d'aller trop vite, ce serait un désastre parce qu'on n'a pas
vraiment la machinerie pour effectuer une telle affaire aussi vite que
ça. Alors, quant à la question de vitesse, j'essaie de parcourir
le chemin où il y a toujours la pression pour faire
avancer la politique, les projets de loi, les règlements mais
aussi, comme on l'a signalé, la question de prudence.
On veut vraiment ne pas briser l'affaire, mais arriver à quelque
chose de valable. Alors on va dans cette direction.
M.LESSARD: M. le Président, j'ai parlé d'une
période de cinq ans, plutôt que d'une période de dix
ans.
M.DRUMMOND: Complètement d'accord, mais je pense qu'à ce
moment-là, c'était une grosse affaire, parce qu'un projet avait
été publié avant le vrai tome II. A ce moment-là,
on a fait grand état d'un changement de date, disons de date limite et
tout ça, mais franchement, en ce qui me concerne en tout cas, lorsque
ça commence ce n'est plus un problème.
Lorsqu'on commence toute la procédure a été
acceptée. Ce n'est pas une affaire néfaste pour n'importe qui,
c'est quelque chose qui est logique, le changement de tenure. On change, on
fait le changement d'un programme ou disons d'une affaire d'antan. On modernise
l'affaire, on garantit l'approvisionnement, c'est ça qui importe, et
lorsqu'on voit que ça va bien marcher, aucun problème. On
pourrait le réaliser plus vite et même si pour une raison ou pour
une autre, dans certains cas c'est plus long, il n'y aurait aucun commentaire
contre parce que ce serait dans la bonne direction. Alors lorsque ça
commence, je pense qu'il n'y a aucun problème à cet
égard.
On a posé des questions concernant l'Opération 2,000,
parmi d'autres. Je pense que tout le monde convient que la situation a
changé un peu depuis le lancement de ce programme. Il y a
pénurie, maintenant, de main-d'oeuvre. Lorsqu'on a commencé ce
programme, c'était tout à fait le contraire, alors on a
changé un peu les règles parce que ce n'est pas du tout la
même situation et on serait mal pris si on avait doublé le budget
ou quelque chose comme ça. On aurait été pris dans une
situation où on serait en concurrence avec les compagnies qui avaient
vraiment besoin de bûcher le bois. Alors c'est pour ça qu'on a
changé un peu avec le temps.
Ce n'est pas à dire que la restauration et les travaux sylvicoles
ne restent plus une priorité du ministère. C'est bien
évident que dans plusieurs régions, c'est primordial. C'est aussi
facile que ça, et même lorsqu'on regarde le budget, c'est facile
de dire qu'on ne dépense pas assez. On peut dire quand même, je
pense, que sur le nombre de chantiers disponibles, ça va augmenter de
$18 millions à $24 millions cette année. Alors, pour le
reboisement, ça avance pas mal, mais en tout cas on peut en discuter
plus tard.
On a parlé d'un projet de loi sur le zonage. Là aussi le
projet est prêt. On le discute, mais il faut aussi le discuter dans le
cadre de la politique de zonage du gouvernement, parce que comme c'est tout le
monde, il y a beaucoup de projets de loi, d'avant-projets de loi qui impliquent
le zonage.
Alors, je pense que ça relève du gouvernement de
déterminer sa propre stratégie concernant la façon de
procéder avec ça. Je suis tout à fait d'accord avec
l'importance d'arriver à un système où on a des
réserves écologiques et un système pour déterminer
les sites de ces réserves. Cela fait partie quand même d'un tout,
et il faut avoir une étude, et ça progresse, disons au niveau du
gouvernement; au niveau de l'OPDQ on étudie ce système et on va
arriver assez tôt j'espère avec une stratégie pour
commencer un vrai système de zonage.
Comme tout le monde le sait, c'est une question assez délicate et
il faut regarder ce qui s'est passé dans certaines autres provinces. Il
ne faut pas qu'on arrive trop vite avec quelque chose, comme l'a
souligné le député de Maskinongé, qu'on essaie de
tout chambarder tout de suite. Il y a vraiment des droits acquis par certains
propriétaires. Je suis tout à fait d'accord, lorsque le bien
commun demande quelque chose, il faut agir sur des décisions
privées, mais quand même il faut tenir compte des droits des
propriétaires privés.
On a parlé d'un manque de main-d'oeuvre; encore il y a deux ans,
on avait peur de la mécanisation en forêt. On avait pensé
perdre beaucoup d'emplois en forêt et que ce serait un désastre.
Maintenant, c'est complètement renversé, si on peut dire, et on a
hâte de réaliser un niveau plus élevé de
mécanisation. Le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, en
collaboration avec nous et le ministère de l'Education, travaille
à ce sujet.
Il y avait une question du député de Fronte-nac concernant
certains problèmes qui relèvent de sa région notamment,
peut-être, la question d'approvisionnement dans l'Etat du Maine pour
certaines scieries. Evidemment, si les frontières étaient
fermées, ce serait un désastre, il n'y a rien à cacher;
par contre, il faut tenir compte du fait que ces scieries étaient
établies sur la base d'un approvisionnement de l'Etat du Maine. Cela
nous laisse avec un certain problème. Il y a des scieries qui
étaient établies sans cet approvisionnement de l'Etat du Maine et
qui ont besoin de l'approvisionnement des forêts du Québec. Si
cela arrivait je ne pense pas, selon mes informations, que cela va
arriver du jour au lendemain il faut toujours être averti de ce
problème. Il n'y a pas de solution miracle.
Pour la question de certains pourparlers peut-être cette semaine,
je ne suis pas au courant des pourparlers à ce sujet-là. Il y a
des pourparlers avec l'Etat du Maine concernant la protection de nos
forêts. Je suis au courant de cela et je pense que c'est pour cette
semaine probablement ou la semaine prochaine, où on aura des conventions
de travail entre certains Etats du nord-est et nous autres. A ce
sujet-là, je ne sais pas s'il y a une réunion mais on est
toujours au courant du problème. On ne peut
pas le résoudre avec un système de reboisement tout de
suite; c'est un peu difficile parce qu'on reçoit des demandes chaque
jour, aussi lorsque le marché est bon pour de nouvelles scieries dans la
région, ce qui comprendrait un autre approvisionnement. On est mal pris
de cette façon-là. On peut encore discuter ce problème.
Plus tard, on a parlé de la question des regroupements.
M. LATULIPPE: Est-ce que vous me permettez une question sur le
même sujet?
M. DRUMMOND: Oui.
M. LATULIPPE: Est-ce que le ministère a entamé des
pourparlers ou si c'est dans les prérogatives ou les
préoccupations gouvernementales actuellement de voir à
établir une certaine politique réciproque en matière de
bois?
M. DRUMMOND: Disons, si on parle d'une politique réciproque, que
je pense, en fait, que c'est une analyse de ce qui passe actuellement lorsqu'on
parle des politiques. L'avantage est à nous.
M. LATULIPPE: Actuellement, oui.
M. DRUMMOND: Oui, actuellement. Pourquoi entrer dans cela si on va
perdre? C'est cela.
Quant aux scieries qui s'approvisionnent dans l'Etat du Maine, ce serait
formidable si on avait une certaine garantie, mais il s'agit de terres
privées, pour la plupart, dans l'Etat du Maine, en tout cas. Dans part,
nous avons toujours des demandes de l'industrie du meuble pour défendre
l'exploitation du merisier, etc., aux Etats-Unis, parce qu'avec la demande
aujourd'hui, ils n'ont pas assez d'approvisionnement, eux autres. Alors, ils
veulent défendre l'exploitation. Si on essaie de défendre
l'exploitation, on serait pris avec l'autre problème Comme on dit en
anglais, ce serait "walking on a tight rope". On veut essayer de
résoudre la question de l'industrie du meuble d'une autre façon,
sans entrer dans de grandes discussions internationales. Lorsqu'on a
rencontré les gens de l'Etat du Maine, l'année dernière,
il avait été question de la Loi Muskie, mais le gouverneur du
Maine nous a assurés que c'était une loi morte. J'espère
que ça continue comme ça, mais ça reste quand même
un problème. Sur la question de regroupement, on encourage...
Pardon?
M. LATULIPPE: Sur le même sujet, est-ce que le ministère
est au courant qu'actuellement, selon certaines informations, deux
implantations très majeures seraient à se faire, justement, en
bordure du Maine et qu'effectivement le gouvernement du Maine serait enclin
à faire certaines expériences, surtout au niveau de la coupe
sélective et qu'il donne des concessions particulières à
certaines compagnies? Si cette politique tend à se
généraliser dans le temps, je pense qu'on va être aussi
dans une situation difficile.
M. DRUMMOND: Cela créerait un problème, mais quand
même ils n'ont pas la même superficie, je pense, en terres de la
couronne. Il s'agit surtout des propriétés privées. Cela
prendrait une loi plus générale pour défendre
l'exploitation de leur matière ligneuse. L'idée, c'est
peut-être d'essayer d'avoir des contrats à long terme pour nos
scieries avec les propriétaires de ces territoires dans l'Etat du Maine.
Le député de Montmagny pourrait en parler lui-même, parce
que c'est une question qui le touche de près. Tout le monde cherche des
solutions à cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a raison de dire que, du
côté du Maine, ce sont des propriétaires privés.
Evidemment, on connaît surtout la compagnie internationale Oxford Paper,
parmi les compagnies majeures. Il y a Irving aussi qui a des concessions dans
le Maine. Le problème des Américains, c'est que toutes les voies
d'accès dirigent leur matière première du
côté canadien, vers les comtés le long de la
frontière, le comté de Mégantic en est un, Frontenac aussi
jusqu'en bas, jusqu'à Témiscouata. Le problème qui s'est
posé, c'est que les Américains désiraient que les
investissements se fassent de l'autre côté de la frontière.
Par exemple, les scieries modernes qui ont été construites l'ont
été du côté canadien.
On sait que principalement dans Montmagny et dans l'Islet, les
dernières scieries qui se sont construites depuis dix ans
représentent des investissements assez considérables. D'ailleurs,
je pense que le ministre en a visité. La commission parlementaire en a
visité il y a une quinzaine de jours.
Alors, l'autre problème qui s'est posé, c'est que les
Américains voudraient bien créer des emplois de l'autre
côté de la frontière. Il n'y a pas aux Etats-Unis, c'est un
fait, de bûcheron. On est obligé d'afficher les postes dans les
exploitations forestières. Nous-mêmes, celui qui vous parle,
faisons des exploitations forestières, dans le Maine, assez importantes.
Depuis plusieurs années, on est obligé d'afficher les postes, que
ce soit des postes de bûcherons ou des postes administratifs aussi
courants que le teneur de livre, que le cuisinier ou, enfin, homme d'entretien.
Il n'y a pas d'Américains qui offrent leurs services. Il n'y en a pas et
il n'y en aura pas non plus. Ce n'est pas leur métier. Ils ne
s'orientent pas vers ces travaux. D'ailleurs, les premières villes
américaines, de l'autre côté des frontières... je ne
parle pas de la Beauce parce que vous avez des villes, notammenent Jackman, qui
sont à proximité de la frontière canadienne. Mais
ailleurs, dans le Maine, vous n'en avez pas. Les villes les plus
proches sont à 100 milles de l'autre côté.
Vis-à-vis de Montmagny, c'est Ashland, Maine, située à 100
milles. Alors, toute l'exploitation forestière, dans le Maine, est faite
à partir du côté canadien. La matière
première est importée du côté canadien. On sait que
cela représente je n'ai pas les statistiques, le ministère
des Terres et Forêts en a, dans le comté de Montmagny et de
l'Islet, en particulier, je ne sais pas, je lance un chiffre il y a
trois ou quatre ans, dans la période de pointe, probablement 200
millions à 250 millions de pieds de bois par année. Je pense bien
qu'on peut dire ça. Alors, cela commence à être important
comme exploitation forestière.
A certains moments, on a pu avoir des appréhensions. Le projet de
loi Musky, le député est bien familier avec le projet de loi, a
créé certaines appréhensions au Canada et, en particulier,
dans les comtés près de la frontière. Comme le ministre
l'a dit tantôt, on a eu l'assurance, de la part de l'autorité de
l'Etat du Maine, que ce projet de loi est un projet de loi mort-né. Il
n'y aura pas de suite là-dedans. Mais c'est un fait que les
Américains de l'Etat du Maine prennent conscience de l'importance de
l'économie forestière du Maine qui se fait ici, au Québec.
Je pense qu'on peut en discuter avec eux. Il y a eu des discussions l'an
dernier. On peut en discuter sur un plan d'affaires. Je crois que le Canada, et
le Québec, en particulier, sont bien placés pour discuter
d'égal à égal avec ces Etats américains parce que,
ailleurs dans le pays, et ailleurs dans le Québec, on fait des
échanges aussi qui sont à l'avantage des Américains. Dans
le Maine, vis-à-vis des comtés que j'ai
énumérés tantôt, c'est à l'avantage du
Québec. C'est indéniable. Mais ailleurs, c'est à
l'avantage des Etats-Unis.
Il y a le coin de l'automobile, ailleurs. Alors disons que cela entre en
ligne de compte aussi, et il y a d'autres récoltes qui se font. Il y a
le tourisme, il y a les échanges entre les Etats limitrophes.
C'est un problème d'importance et disons que je suis conscient
que le ministère des Terres et Forêts doit lui apporter une
très grande attention. Je suis satisfait de voir qu'il y a des
discussions, des pourparlers qui se font entre l'Etat du Maine et le
ministère des Terres et Forêts, ici, au Québec. Il faudrait
obtenir du gouvernement de l'Etat du Maine, via les détenteurs de
concessions privées, des garanties à plus long terme, parce que
les contrats sont annuels et on est en train de mécaniser les
opérations assez rapidement. Cela entraîne des
déboursés très considérables pour ceux qui
détiennent des permis de coupe, de l'autre côté, et nous
n'avons aucune garantie formelle, écrite, d'année en
année, qu'il y aura répétition dans les droits de coupe
qui nous sont accordés. Alors cela, c'est un peu embêtant pour les
entrepreneurs forestiers, pour les scieries qui veulent immobiliser. Vous
immobilisez $2 millions pour une scierie et vous n'avez pas plus de garanties
d'approvisionnement du côté des Etats-Unis que le permis annuel
qui vous est accordé par une compagnie privée; quand vous voulez
mécaniser les opérations forestières, c'est la même
chose. Alors je pense que le problème est là, c'est du
côté de la garantie qui pourrait être accordée par
les détenteurs de concessions foestières, de l'autre
côté, les détenteurs de coupe, en passant par l'Etat du
Maine, afin que ce soit plus solide. Parce que cela crée des
problèmes aux entreprises, de ce côté-ci. Quand vous
êtes rendus à immobiliser $3 millions, $4 millions ou $5 millions,
y compris pour la scierie, les opérations forestières et que,
vis-à-vis des institutions financières qui vous aident à
faire rouler cette entreprise, vous n'avez qu'une garantie annuelle, cela pose
des problèmes. Je pense que de ce côté il y a des
possibilités.
M. DRUMMOND: II y a cette possibilité et il y a un autre aspect
du problème aussi. C'est la question qu'il semble que maintenant cela
arrive que, lorsqu'on reçoit un approvisionnement de l'Etat du Maine, il
y a une demande des Etats-Unis pour les copeaux.
Alors au lieu de garder les copeaux ici pour notre propre industrie, le
quid pro quo pour un tel approvisionnement, dans l'Etat du Maine, c'est
l'exportation des copeaux pour l'industrie aux Etats-Unis.
M. CLOUTIER (Montmagny): Actuellement, c'est un problème. Nous
avons la propriété du bois de sciage. Les Etats-Unis exigent que
les copeaux soient réexportés aux Etats-Unis, aux moulins de
pâtes et papiers. D'autre part, ils gardent aussi le bois de pulpe. Mais
les autres essences, nous les gardons. Le bois de cèdre, les bois francs
et les bois mous, nous les conservons ici en bois de sciage.
M. LATULIPPE: Un autre problème qui devrait faire aussi l'objet
de l'attention gouvernementale, suite aux deux qui ont été
soulevés d'abord par le député de Montmagny et par le
ministre, c'est le fait, comme je le mentionnais tout à l'heure, qu'il
semblerait qu'il y ait actuellement des études et des tentatives en
cours dans le Maine pour obliger ceux qui sont détenteurs de droits de
coupe à s'orienter graduellement vers une forme de coupe
sélective.
Dans le concept d'une mécanisation assez avancée, la coupe
sélective, ça ne se prête pas tellement bien. D'autre part,
je me suis laissé dire par des personnes qui sont
généralement très près des centres de
décision dans le bout de Portland, qu'il y aurait deux grandes
implantations majeures dans le concept d'une coupe sélective
subventionnée, soit une de la Great Northern et une de la Diamond Match,
pour des projets qui dépasseraient les 25 millions de p.m.p.
annuellement.
Tous les deux sont situés en bordure de la frontière, dans
le secteur américain. J'imagine
qu'à partir du moment où se réalise une politique
comme ça, basée sur une coupe sélective, c'est un autre
danger, et je pense que ça ça devrait faire l'objet de
l'attention du ministère.
M. DRUMMOND: Je ne comprends pas tellement la liaison entre la coupe
sélective et ces deux investissements.
M. LATULIPPE: Si on commence à imposer d'une façon
unilatérale aux Etats-Unis de faire une coupe sélective,
automatiquement, nos gens, qui actuellement font la coupe chez nos voisins avec
des équipements assez modernisés qui ne permettent pas de faire
cette coupe sur une base rentable, ne pourraient pas faire une coupe
sélective. Eux veulent le faire à partir de projets
subventionnés avec deux gros projets, comme je le mentionnais tout
à l'heure.
Si cette idée qui germe actuellement se concrétise,
à mon point de vue ça va se traduire graduellement dans le temps
par le fait que nos industries qui s'alimentent là-bas vont pouvoir le
faire de plus en plus difficilement. Si un projet de loi venait imposer ses
règles de pratique aux Etats-Unis, nos industriels auraient de la
misère à aller faire de la coupe aux Etats-Unis d'une
façon payante. Ceci fait que, automatiquement, on aura
nécessairement des difficultés accrues pour faire face à
la concurrence avec les autres secteurs de la province de Québec qui
sont, eux, beaucoup plus près que nous des secteurs provinciaux
où il y a un potentiel de coupe. Là-dessus, je vois une
conséquence à long terme qui, je pense, devrait faire partie des
préoccupations gouvernementales.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le député emploie le
terme coupe sélective par opposition à la coupe à
blanc?
M. LATULIPPE : Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais on pratique depuis longtemps la coupe
sélective.
M. LATULIPPE: Mais au Québec, dans nos régions...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je parle du Maine actuellement.
M. LATULIPPE: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les entrepreneurs sont astreints à cette
condition et, à ma connaissance, depuis toujours. C'est très
sévère. Il n'y a rien de changé; si le
député en parle comme d'une nouvelle exigence, les
compagnies...
M. LATULIPPE: Est-ce que vous me permettez? Est-ce que c'est exact,
disons que je ne suis pas familier avec le domaine de la coupe aux Etats-Unis,
qu'actuellement la majorité des boisés dans le Maine sont encore
à l'étape de la première coupe?
M. CLOUTIER (Montmagny): Pas tous, il y en a. Vous en avez une partie
mais il y en a d'autres qui ont déjà été
bûches par les coupes d'Edouard Lacroix surtout dans les années
vingt, vingt-cinq. Vous en avez une partie qui a déjà
été faite mais vous avez aussi des boisés qui n'ont jamais
été exploités de ce côté. Mais vous en avez
aussi qui l'ont été.
M. LATULIPPE: Est-ce qu'on peut dire que, si aux Etats-Unis il se fait
une coupe sélective, elle n'est pas aussi accentuée qu'au
Québec dans ce sens qu'il y a possibilité de...
M. CLOUTIER (Montmagny): Ah oui. M. LATULIPPE: ... beaucoup plus...
M. CLOUTIER (Montmagny): Si vous faites une coupe sélective aux
Etats Unis, étant donné la richesse des boisés qu'il y a
là, c'est beaucoup plus rentable que de le faire du côté
canadien. Les forêts ne sont pas de même âge et de même
qualité. On n'a qu'à voir la moyenne de bois au billot et on a
tout de suite une indication.
M. LATULIPPE: Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Autres questions d'ordre
général?
M. LATULIPPE: Le ministre a abordé tout à l'heure le
problème des regroupements forestiers.
M. DRUMOND: Disons, sur la question du regroupement, peut-être on
peut en discuter lorsqu'on fera l'analyse programme par programme.
Mais ce que je peux dire en tout cas, comme j'avais dit dans mon
discours au commencement, on fait une tournée de la province, de chaque
région pour discuter avec les propriétaires des boisés
privés et ses représentants. Le cadre d'une législation
pourrait, de la forêt privé, être un système de
crédit forestier qui évidemment serait en même temps... on
a commencé certains regroupements forestiers pour encourager les
économies d'échelle et pour aider les propriétaires
à nous garantir un meilleur approvisionnement dans l'avenir des
matières ligneuses.
Alors, il nous semble que la soumission ou la formule de regroupement
est logique mais en fin de compte, il faudrait encadrer notre système
d'aide et par crédits et par subventions pour encourager ces
économies d'échelle. On veut encourager, insister sur une formule
nécessairement. Il faut voir si notre système d'aide tient compte
des besoins et de la population et des utilisateurs de bois.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: Dans ce cadre-là, est-ce qu'il y a des propositions
ou est-ce que le ministre entend soumettre un projet de loi par exemple sur le
crédit forestier?
M. DRUMMOND: Cela fait partie du programme du Parti libéral,
alors j'ai bien l'intention de présenter un tel projet de loi à
l'automne. Je veux attendre à l'automne parce que je veux faire le tour
pour discuter quelles seraient les meilleures façons de procéder
et quels seraient les barèmes qu'on doit préconiser, soit par
subventions et par crédits; pour le reboisement, combien de dollars par
acres dans... et des questions concernant...
M. LESSARD: Est-ce une promesse qui va être renouvelée aux
prochaines élections?
M. DRUMMOND: Non, non, on n'est pas ici pour ça. On est ici pour
réaliser les objectifs de notre programme.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Comme il est dix heures, la
commission ajourne ses travaux à demain, mercredi, dix heures. On
débutera avec le programme no 1 : Connaissance de la forêt.
(Fin de la séance à 22 h 4)