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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Société québécoise
d'exploration minière (Soquem)
Séance du jeudi 14 juin 1973
(Dix heures quatorze minutes)
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
Préliminaires
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission des richesses
naturelles et des terres et forêts est heureuse d'accueillir ce matin le
bureau de direction de la société Soquem. J'aurais à
proposer le nom de M. Larivière, député de Pontiac, comme
rapporteur de la commission.
L'honorable ministre des Richesses naturelles.
M. VINCENT: Des Terres et Forêts.
M. MASSE (Arthabaska): Des Richesses naturelles, M. le Président.
Je désire souhaiter la bienvenue aux directeurs de la
société Soquem. On a eu à l'Assemblée nationale un
certain nombre de discussions. Je pense que le président, M. Carbonneau,
a l'intention de faire un exposé préliminaire. Mais je voudrais
répéter que les questions qui avaient été
soulevées par les membres de l'Opposition... Personnellement, avec
l'aide de Soquem, on aurait pu évidemment continuer cette discussion de
deuxième lecture à l'Assemblée nationale, mais je pense
que, pour l'intérêt de la population, l'information des membres de
la commission et également du grand public... A ma connaissance du
moins, depuis 1970, Soquem n'a pas eu à justifier son action devant une
commission parlementaire.
Même si elle oeuvre au même niveau, en concurrence avec
l'entreprise privée, c'est une société dont les actions
sont détenues par l'Etat. Je voudrais souligner ici que, revenant d'un
congrès de l'Association des mines de métaux, ceux qui ont eu des
associations avec Soquem, je n'ai eu de leur part que des éloges envers
le travail de Soquem. On considère maintenant cette
Société d'Etat comme une société qui a conquis ses
médailles. L'attitude de l'entreprise privée minière, vers
la fin des années soixante et en 1970, était, je pense,
différente, beaucoup plus méfiante à l'égard de
Soquem.
Mais maintenant que ces compagnies ont pu travailler avec Soquem, elles
ont constaté la grande expérience technique et surtout les
succès qu'a obtenus Soquem depuis sa création, succès,
comme je le disais dans mon exposé à l'Assemblée
nationale, qui est avantageusement comparable à n'importe quelle autre
entreprise d'exploration minière de même importance au Canada. Je
voudrais féliciter les directeurs de Soquem et leur personnel. Je pense
qu'on aura l'occasion de soulever certaines questions au cours de ce
débat, M. le Président.
M. VINCENT: M. le Président, avant de prendre la parole, est-ce
que le ministre pourrait nous présenter officiellement les directeurs et
le bureau d'administration, ainsi que le président de Soquem?
M. MASSE (Arthabaska): Avec plaisir. Le président, M. Côme
Carbonneau; le directeur, M. André Marier; M. Edwin Gaucher; M. Fontaine
du Nord-Ouest et M. Lefrançois qui est
secrétaire-trésorier.
M. VINCENT: M. le Président, si vous me le permettez, lors de
l'étude en deuxième lecture du projet de loi no 4 qui concerne la
capitalisation de Soquem, qui la porte de $21,500,000 à $45 millions, le
chef de l'Opposition, leader de l'Union Nationale et député de
Bellechasse, M. Loubier, a demandé au ministre de surseoir de quelques
jours à l'étude du projet de loi et de convoquer la commission
parlementaire des ressources ou des richesses naturelles pour entendre les
représentants de Soquem. Je crois, M. le Président, que nous
devons remercier le gouvernement d'avoir accepté cette suggestion, car
Soquem est un des divers instruments collectifs d'intervention
économique dont s'est doté l'Etat québécois depuis
dix ans. Et, depuis sa création en 1965, il n'y a jamais eu de
réévaluation complète de l'action de Soquem ou de ses
objectifs, surtout des objectifs qu'elle poursuit. Notre formation politique
croit que cette démarche s'impose aujourd'hui.
En 1971, l'Assemblée nationale portait la mise de fonds de l'Etat
de $15 millions à $21,500,000, sans analyser en profondeur les
résultats de Soquem. La nouvelle mise de fonds du gouvernement doit nous
engager jusqu'en 1980, en vertu du projet de loi no 4. Nous croyons donc
nécessaire, quant à nous, de faire le point après ces huit
ans d'opération. Je crois que les dirigeants de Soquem ont
également été compréhensifs en venant ici, devant
la commission parlementaire, répondre à nos questions et, par
ricochet, démontrer au public le travail qui a été fait
pendant cette période de huit ans.
Soquem, M. le Président, est une compagnie à fonds social
dont toutes les actions sont détenues par l'Etat. Dans l'esprit de ses
créateurs, "Soquem"... Je cite ici des extraits... "jouira des
privilèges propres aux sociétés privées... Elle
fournira à l'Assemblée nationale les mêmes informations
qu'une société privée doit fournir à ses
actionnaires." Je continue la citation: "La Soquem fera, de fait, concurrence
aux entreprises appartenant à la même industrie, mais cela suivant
un esprit de fair-play conforme aux règles du jeu."
Ceci était un extrait d'une allocution de Me Henri
Beaupré, reproduite dans le dernier rapport annuel de Soquem.
C'est donc en tant que représentants des actionnaires de Soquem
que nous voulons discuter avec la direction de cette société,
avant de doubler notre mise de fonds.
Nous relevons une grande arnbiguité dans les objectifs de Soquem
et nous allons poser quelques questions à nos dirigeants.
L'article 3 de la Loi de Soquem (chapitre 36 des statuts de 1965), nous
donne les objectifs corporatifs de Soquem, au nombre de trois: a)
C'était de faire de l'exploration minière par toutes les
méthodes usuelles.
A b) de participer à la mise en valeur des découvertes, y
compris celles faites par d'autres avec possibilité d'acheter et de
vendre des propriétés à divers stades de
développement et de s'associer â d'autres pour ses fins.
A c) on disait de participer à la mise en exploitation des
gisements, soit en les vendant, soit en prenant une participation contre la
valeur des propriétés transmises. Les actionnaires de Soquem
visaient aussi d'autres objectifs: que Soquem soit éventuellement
autosuffisante, c'est-à-dire profitable. C'est d'ailleurs la raison pour
laquelle j'avais posé la question au ministre des Richesses naturelles
lors de l'étude des crédits de ce ministère, à
savoir si éventuellement, comme c'était prévu, Soquem
paierait des dividendes en 1975.
Donc, comme actionnaires de cette compagnie, nous devons revenir sur ces
questions, car c'était l'objectif du début. Egalement, les
actionnaires avaient d'autres objectifs tels que Soquem devait contribuer au
développement d'une industrie québécoise des mines fortes
et dynamiques. Il est bien évident que Soquem a poursuivi avec vigueur
ces objectifs corporatifs. Au nom des actionnaires, l'Union Nationale
s'interroge sur la vigueur avec laquelle elle a poursuivi les objectifs des
actionnaires. Il est malheureux que les objectifs des actionnaires n'aient pas
été inscrits dans le projet de loi. En droit, Soquem n'a pas
à les suivre. Selon l'esprit de la loi, elle doit le faire. Je pense que
c'est bien évident, quand on regarde la loi, qu'elle n'a pas à
suivre ces objectifs mais selon l'esprit qui a présidé ou
précédé et qui a permis l'adoption de cette loi, je crois
que Soquem doit le faire.
L'Union Nationale reconnaît qu'elle l'a fait, que sa
rentabilité éventuelle et l'essor de l'industrie
québécoise des mines étaient une préoccupation
essentielle. Mais on peut se demander, comme c'est le droit de tout
actionnaire, si Soquem aurait pu faire mieux.
Lors de sa création, en 1965, on visait semble-t-il, à
atteindre le seuil de la rentabilité, comme je l'ai mentionné au
cours de l'étude des crédits du ministère des Richesses
naturelles, et la possibilité de payer des dividendes en dix ans,
c'est-à-dire en 1975. Depuis, on a du rajuster ces prédictions.
Il est évident que Soquem ne pourra payer des dividendes en 1975, comme
le disait le ministre des Richesses naturelles il y a quelques jours à
peine devant la commission des richesses naturelles.
Selon l'esprit même du projet de loi no 4, tout semble indiquer
que Soquem ne le fera pas avant les années 1980. Pourtant, si Soquem
voulait jouer le jeu de l'entreprise privée et si Soquem voulait que
nous nous comportions en actionnaires, ce sont des dividendes d'au moins
$2,500,000, sinon $3 millions ou $4 millions, qu'on devrait nous promettre en
1980. Nous n'avons qu'à regarder la mise de fonds: $45 millions.
Etablissons cela à 8 p.c. d'intérêt, cela fait quand
même $3,500,000. Soquem est exempte d'impôt, de certaines taxes.
Donc, je pense que c'est normal que les actionnaires se posent des questions
sur cette mise de fonds très importante.
Compte tenu des promesses des années passées, de ses
réalisations depuis huit ans et du potentiel peu élevé de
ses objectifs, il est fort improbable que Soquem atteigne cet objectif de
dividendes, malgré le fait qu'elle soit exempte de taxes et le reste.
C'est une question sur laquelle je voudrais revenir plus tard, mais a priori ce
n'est pas je souligne ceci la rentabilité
éventuelle de Soquem qui nous inciterait à réinvestir $22
millions dans Soquem. Je pense que cela est accepté pour tout le monde.
C'est un outil que l'Etat s'est donné pour développer un secteur
important, et ce n'est pas seulement sur la question de rentabilité que
nous devrions faire hésiter à réinvestir de l'argent.
Si les réalisations de Soquem ne peuvent être
évaluées que sur le plan financier en termes de
rentabilité et de dividendes, on doit alors chercher d'autres
critères pour justifier cet investissement de $45 millions.
Reportons-nous donc au second objectif de Soquem, soit le
développement d'une industrie minière québécoise,
en d'autres mots, demandons-nous si, à défaut d'être
rentable, pour le gouvernement actionnaire, Soquem pourrait l'être pour
la société québécoise. Qu'a fait Soquem dans ce
domaine? Nous devons donc regarder ses réalisations. Avant de les
étudier une par une, je vais brosser un tableau assez brièvement
de la situation.
La Louvem est la première réalisation de Soquem.
Originalement, Soquem avait des partenaires canadiens-français, le
groupe Nemrod. Je pense qu'on se souvient de ce groupe. On sait qu'après
divers démêlés judiciaires, Soquem s'est portée
acquéreur des actions du groupe Nemrod. Ce serait de l'esprit
malveillant d'affirmer que Soquem a contribué à l'effort ou
à l'essor du groupe Nemrod.
Dans ses démêlés avec Nemrod, on peut presque
accuser Soquem de s'être comportée comme une entreprise
minière guidée par le seul esprit de rentabilité et non
par une conscience nationale. Malheureusement, nous avons
déterminé tantôt que, jugé sur le plan de la
rentabilité, Soquem n'avait pas donné les
résultats escomptés, et aux yeux d'actionnaires de
compagnies, elle aurait été classifiée, quant à ses
gestes ou ses actions sur le plan pécuniaire comme un échec.
La deuxième intervention de Soquem qui a abouti est la mine de
cuivre et de nickel de Bickerbike, près de Saint-Edouard, qui est
exploitée par Sominex, une entreprise canadienne-française.
M. MASSE (Arthabaska): C'est la mine Somex.
M. VINCENT: La mine Somex est une entreprise
canadienne-française. Les informations incomplètes que nous
possédons nous laissent croire que la contribution de Soquem, $100,000
c'est ce qu'on croit fût essentielle à la mise sur
pied de Somex, environ $200,000. Nous voudrions savoir de Soquem deux choses:
premièrement, quel est la rentabilité du projet de Bickerbike
pour Soquem et quels sont les arrangements actuels entre Somex et Soquem.
Deuxièmement, quels sont les autres projets auxquels Soquem
coopère avec Somex et s'il y en a d'autres? Ceci est d'autant plus
important que les réserves à Saint-Edouard seront
épuisées dans quelques années, d'après ce qu'on
nous dit.
Le troisième projet de Soquem est sur le point d'aboutir; il
s'agit de la mine de colombium sise à Saint-Honoré où
Soquem s'est associée au groupe ontarien Copperfields. Ici, l'Union
nationale s'interroge sérieusement sur le rôle de Soquem. Les
députés de Maskinongé et de Saguenay ont soulevé le
problème en Chambre au stade de la deuxième lecture. Je n'ai pas
l'intention ici de répéter les détails ou les
interventions ou les arguments qui ont été apportés par
les députés de Maskinongé et de Saguenay. Je crois bien
que les dirigeants de Soquem ont eu l'occasion d'en prendre connaissance.
Cependant, il y a deux points qui s'en dégagent. Premièrement,
par le contrat d'entente avec Copperfields, Soquem lui a donné le
contrôle effectif des opérations à Saint-Honoré.
Deuxièmement, la vente du minerai de Saint-Honoré pourrait,
peut-être, compromettre sérieusement c'est une question que
nous nous posons la rentabilité et même l'existence de la
seule mine québécoise de colombium, St. Lawrence Colombium d'Oka
ou des environs d'Oka. Ceci est à cause de la participation du
marché et de la qualité des différents gisements. Il est
évident que Soquem du moins c'est ce que nous croyons, comme
actionnaires, et comme nous rencontrons le bureau de direction, nous posons la
question a erré en ne faisant pas tout ce qu'elle pouvait faire,
en ne prenant pas tous les moyens pour garder un contrôle
québécois sur l'extraction du columbium au Québec. Elle
commettrait une seconde erreur en mettant en danger la mine de St. Lawrence qui
est une des rares mines québécoi- ses contrôlées par
des Canadiens français. Trois autres gisements semblent posséder
le potentiel pouvant mener à l'établissement d'une mine. A
Saint-Urbain de Charlevoix, un gisement d'ilménite et de rutile pourrait
s'avérer rentable.
Soquem est affiliée à 50 p.c. avec Tiron Chemical de New
York qui semble détenir un procédé essentiel à
l'exploitation de la mine. Encore ici, nous parlons malheureusement d'un
contrôle étranger. A Magpie, dans le comté de Duplessis, un
gisement de fer et titanium est contrôlé à 90 p.c. par
Soquem.
Nous croyons savoir que les fonds demandés serviront en partie
à financer l'établissement d'une mine à cet endroit, moins
ce montant additionnel que nous votons en vertu du projet de loi no 4.
Il nous semble essentiel de savoir si Soquem a l'intention ferme de
conserver un contrôle québécois dans cette
éventuelle mine ou dans l'exploitation éventuelle de cette
mine.
Les gisements de sel des Iles-de-la-Madeleine on en a
parlé également au cours de l'étude des crédits du
ministère des Richesses naturelles ont fait la manchette des
journaux depuis au moins deux ans. Soquem détient 40 p.c. des
intérêts. Le reste est détenu par des intérêts
privés qui ne semblent pas avoir d'expérience minière.
Il nous semble essentiel de voir à ce que Soquem s'assure que le
contrôle restera entre des mains québécoises si jamais le
gisement est exploité, et nous croyons qu'il le sera. Soquem participe
à divers programmes d'exploration de reconnaissance. Encore ici, nous
nous interrogeons sur les associations de Soquem.
D'après le dernier rapport annuel, Soquem avait envoyé ou
engagé $200,000 dans cinq programmes d'exploration gérés
par des compagnies non québécoises. Dans ces prrogrammes, Soquem
était minoritaire.
De plus, Soquem était engagée dans 14 programmes
partagés. Je pense que le ministre nous a fourni ces renseignements en
deuxième lecture, lors de l'étude du projet de loi no 4.
Ces 14 programmes à frais partagés, Soquem les
gérait elle-même, mais, dans tous les cas sauf un, elle n'avait
pas le contrôle.
Ses engagements s'élevaient l'an dernier à quelque
$600,000. Seuls deux de ses partenaires, le groupe minier Sullivan et Albarmont
Mines, étaient canadiens-français. Tous les autres étaient
non québécois. Finalement, Soquem avait des programmes autonomes
d'exploration. Ses engagements dans sept programmes l'an dernier étaient
inférieurs à $250,000. Donc, M. le Président, un examen
attentif des engagements de Soquem, tel que révélé dans le
dernier rapport financier, nous obligerait comme actionnaires à conclure
qu'il est fort probable que la majorité des découvertes futures
de Soquem le seront dans des programmes partagés, contrôlés
par des intérêts étrangers. C'est ce qui découle de
la lecture du rapport et, comme actionnaires, nous nous devons de poser ces
questions aux dirigeants de la société.
Donc, on peut sérieusement se demander si Soquem ne favorise pas
ainsi indûment des firmes étrangères. Entreprise non
rentable, Soquem? Je l'ai démontré, non rentable
financièrement, économiquement, mais rentable sur le plan du
développement; les dirigeants nous en parleront. Si cette entreprise
favorise des intérêts étrangers ce n'est
peut-être pas le but avoué mais l'examen des
activités semble l'indiquer et je crois, M. le Président, M. le
ministre, que c'est la principale question que les actionnaires se posent,
c'est la principale question que la population du Québec se pose et
c'est là la question principale que nous posons aux dirigeants de la
société. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, pour les administrateurs de la
Société québécoise d'exploration minière, le
fait d'être ici ce matin, je crois, ne doit pas leur laisser supposer que
nous ne leur faisons pas confiance dans l'administration de cette
société. Au contraire, M. le Président, nous l'avons dit
lors de la discussion du projet de loi en deuxième lecture, nous croyons
qu'après huit ans d'activité la Société
québécoise d'exploration minière a démontré
qu'elle pouvait obtenir des résultats extrêmement positifs, et
nous pouvons voir même dans le rapport de 70/71, que le bilan des cinq
premières années, qui était fait dans ce rapport, nous
démontre que, dans l'ensemble, cette société a obtenu des
résultats excellents.
On dit, par exemple, que de passer de l'exploration à
l'exploitation d'une mine, généralement ça prend douze
ans, alors que nous pouvons constater qu'actuellement la Société
québécoise d'exploration minière peut exploiter deux
mines, soit celle de Louvem et celle de Saint-Honoré. Cependant, le
député de Nicolet a posé un certain nombre de questions
que j'avais l'intention de soulever ce matin et sur lesquelles je ne reviendrai
pas parce qu'il a repris, je crois, globalement la discussion qui
s'était faite en Chambre et a soulevé les questions qui avaient
été posées en Chambre. Il est normal qu'après huit
ans d'activité, nous puissions au moins pouvoir interroger les
dirigeants de cette société.
Je soumets même au ministre que cette réunion ou cette
convocation de notre Société québécoise
d'exploration minière à la commission des richesses naturelles
devrait se faire annuellement, exactement comme une compagnie privée
doit rendre compte à ses actionnaires de son administration. Tout comme
on le fait pour l'Hydro-Québec, comme on devrait le faire aussi pour
Soquip, la Société québécoise d'exploration
minière devrait annuellement rendre compte de son administration devant
les représentants des actionnaires québécois,
c'est-à-dire les députés.
M. le Président, si le député de Nicolet a
posé à peu près l'ensemble des questions qui ont
été posées à Soquem lors de la discussion en
deuxième lecture, je voudrais peut-être aussi pour ma part engager
le débat sur l'avenir. J'espère, en tout cas, que Soquem, et ses
administrateurs nous parleront des priorités de Soquem concernant
l'avenir. En fait, je pense bien que le rôle de la Société
québécoise d'exploration minière devrait s'inscrire assez
bien, dans le contexte québécois, dans une triple
réalité. D'abord, M. Macdonald, le ministre du gouvernement
fédéral, le disait dernièrement, si on continue d'exporter
notre minerai à l'état brut, nous assisterons d'ici 1980 à
une rareté des ressources au Canada, donc aussi probablement au
Québec. Il est donc absolument important de se demander d'abord s'il
faut continuer d'exporter nos ressources et deuxièmement s'il ne faut
pas accélérer l'exploration minière.
Aussi, M. le Président, autre volet, autre réalité,
c'est que les Québécois ont de plus en plus conscience que les
ressources naturelles doivent être développées d'abord pour
les Québécois et autant que possible par les
Québécois. Je suis d'accord, comme on l'a dit bien souvent en
commission des richesses naturelles, qu'il faut être réaliste dans
ce domaine, et j'en suis bien conscient, M. le Président. Cependant, il
faut aussi arrêter de penser strictement ou d'élaborer strictement
des hypothèses et en venir à l'élaboration d'une politique
concrète en ce qui concerne l'exploitation minière.
Je pense que Soquem, à ce niveau, a un rôle vital à
remplir et, pour ma part, j'aimerais bien que les administrateurs de Soquem
précisent un peu quels sont leurs objectifs dans ce sens.
M. le Président, quand on parle de transformation des ressources,
troisième réalité, c'est là qu'on constate que les
effets économiques sont plus importants, sont plus positifs. C'est dans
la transformation des ressources que les Québécois vont pouvoir
profiter un peu plus de l'exploitation de leurs ressources naturelles. Or,
comme je l'ai dit en Chambre, il était normal qu'on parle de la
rentabilité de Soquem.
Il était normal, je pense, qu'au début, cette
société soit très prudente, que cette
société puisse acquérir de l'expérience. Il
était normal aussi que cette société s'associe avec
d'autres entreprises. Et, comme les entreprises québécoises
étaient assez peu nombreuses, Soquem a cherché naturellement
à s'associer à des entreprises qui n'étaient pas
strictement québécoises.
Cependant, dans certains secteurs et le député de
Nicolet le soulevait tout à l'heure, comme je l'ai soulevé en
Chambre en ce qui concerne le gisement de Saint-Honoré, nous
avons pu constater que nous avions là, en ce qui concerne l'exploitation
du colombium, une entreprise québécoise. Et je pense que, de ce
côté, Soquem aurait dû d'abord et je n'en parlerai
pas plus longuement, j'aurai l'occasion de poser des questions tout à
l'heure tenter
de s'associer à St. Lawrence plutôt que de s'associer
à un groupe ontarien.
C'est une question qui me paraît importante et c'est une question
qui semble en tout cas, d'après les informations que je peux
avoir mettre en danger une entreprise québécoise dans ce
secteur.
Je disais qu'il était normal que cette société soit
très prudente au début, mais je pense, maintenant, que cette
société a acquis une certaine expérience, que cette
société a démontré qu'elle pouvait avoir des
résultats extrêmement positifs dans le développement
économique, dans le développement minier du Québec.
Maintenant, une fois le départ réussi, il faudrait,
à mon sens, que le gouvernement du Québec donne les moyens
c'est dans ce sens, je pense, que s'inscrit la loi qui nous a été
soumise à l'Assemblée nationale à la
Société québécoise d'exploration minière
d'aller beaucoup plus loin que ce qu'on lui permet actuellement.
Par exemple, au niveau de l'exploration et au niveau de l'exploitation.
Je pense bien que, dans l'exploration minière, il faudrait que, de plus
en plus, l'Etat devienne, par l'entremise de Soquem, le principal agent
d'exploration minière et tout cela en pensant que l'exploration
minière donnera suite à l'extraction minière et, par la
suite, à la transformation.
Je pense que, pour la Société québécoise
d'exploration minière, l'extraction devrait cesser d'être au
second plan tel qu'on le précise, par exemple, dans le rapport de 70/71
et que cela devrait devenir véritablement une priorité pour la
Société québécoise d'exploration
minière.
Mais, encore là, autre question que nous avons soulevée,
puisque la Société québécoise d'exploration
minière possède justement des gisements qui lui permettent de
faire de l'extraction, nous sommes extrêmement surpris que, comme
politique générale, la gestion de l'entreprise appartienne, non
pas à Soquem, mais appartienne à l'autre, â
l'associé.
L'exploitation des nouveaux gisements devrait être faite
prioritairement par les Québécois, par l'entremise de la
Société québécoise d'exploration
minière.
Je voudrais aussi et tout à l'heure, je pense bien qu'on
tentera d'y répondre remettre en question la formule d'assocation
avec d'autres entreprises.
Le député de Nicolet a soulevé cette question tout
à l'heure. A mon sens, en tout cas je le demande
immédiatement pendant que j'y pense le protocole d'entente entre
Soquem et la Société Copperfields devrait être
déposé afin que nous puissions voir exactement quels sont les
objectifs de ce protocole d'entente et de quelle façon il s'est
concrétisé.
Je pense aussi que Soquem devrait être beaucoup plus
intégrée à l'économie québécoise.
J'ai parlé au niveau de la commission des richesses naturelles. Pensons
qu'au niveau du fer, actuellement, Sidbec est en négociation avec Quebec
Cartier Mining qui est une compagnie concurrente pour obtenir des gisements de
fer, dans ma région, dans la région du nord du Québec.
Soquem, de ce côté, devrait tenter d'intégrer son
activité d'exploration aux sociétés que nous
possédons déjà, en particulier Sidbec.
Je l'ai déjà dit, le Québec exporte 74 p.c. de sa
production minérale à l'état brut. Dans le cas du fer,
c'est 99 p.c. et dans le cas de l'amiante, 98 p.c. Mais Soquem ne peut pas
faire tout cela seule. Je lisais encore la déclaration du sous-ministre
des Richesses naturelles, M. Fradette. Il énumérait un certain
nombre de priorités, d'hypothèses, une participation
d'intérêts québécois dans l'exploitation des
gisements miniers par des compagnies minières, la participation d'une
société d'Etat, Soquem, par ses filiales et en association avec
l'industrie privée à l'exploration et à l'exploitation des
gisements, l'octroi de plus grandes ressources financières à
l'exploration géologique dirigée par l'Etat, l'intégration
plus poussée des entreprises minières à l'économie
québécoise par le truchement d'une politique d'achats, de
services et de sous-traitants. Et on ajoutait: Ce sont là des
hypothèses de travail et non pas l'annonce d'une politique
adoptée, a précisé le sous-ministre Fradette, tout comme
le ministère étudie d'autres propositions touchant la recherche
technologique, l'emploi de cadres locaux, etc.
Ce rôle que je vois à Soquem, cette dernière ne
pourra le remplir tant et aussi longtemps que du côté du
gouvernement, du ministère des Richesses naturelles, on n'aura pas enfin
élaboré une véritable politique minière.
Voilà les quelques remarques que j'avais à faire. On a
soulevé un certain nombre de questions d'importance. J'espère
qu'on va y répondre et que nous pourrons en discuter sérieusement
et aussi longtemps que possible et nécessaire. Car, c'est la
première fois que nous avons l'occasion de rencontrer des
administrateurs de cette société. Des questions importantes
doivent être posées. Nous espérons qu'après cette
commission parlementaire, ce sera le deuxième souffle de la
Société québécoise d'exploration minière.
Merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député
d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: Je voudrais faire seulement quelques remarques suite aux
commentaires de mes confrères de l'Assemblée nationale. Une,
entre autres, celle dont j'ai fait part à l'Assemblée nationale;
le fonctionnement ou le comportement de Soquem qui, à mon avis, devrait
strictement se consacrer à l'exploration minière.
M. le Président, je comprends que la compagnie Soquem fait de la
publicité retentissante au sujet de sa mine Louvem mais, je crois que
présentement dans la province de Québec, des gisements sont
encore inconnus. On a un grand
projet qui s'appelle le développement de la baie James. Les
recherches pour trouver des gisements considérés exploitables aux
fins minières devraient être la concentration de Soquem. Je sais
par ailleurs que si une compagnie qui fait de la recherche ne se relance pas
dans l'exploitation d'une mine car tout le monde sait que c'est en
exploitant une mine qu'on peut faire de l'argent c'est là qu'on
devrait aller. Vu les besoins de la province de Québec, de tout le
secteur minier que l'on vit régulièrement dans le nord-ouest
québécois, je crois que Soquem devrait s'orienter strictement
vers l'exploration minière.
Un autre fait sur lequel je ne suis pas d'accord avec mes deux
confrères et sur lequel j'ai un court commentaire à faire, c'est
lorsqu'on parle de Saint-Honoré. Je ne parlerai pas à savoir si
le projet devrait ou non se faire, mais il y a un point qui me chatouille tout
particulièrement, c'est lorsqu'on dit que Copperfields Mining est une
société ontarienne.
C'est peut-être vrai, elle appartient au groupe Teck ou au groupe
Keevil Mining Company. Mais je crois qu'il faudrait souligner aussi, M. le
Président, dans la même intervention, que si cela n'avait pas
été des compagnies ontariennes dans le développement des
mines de la province de Québec, il n'y en aurait pas présentement
dans le Nord-Ouest et il n'y en aurait probablement pas dans toute la province
de Québec. Donc, je crois que, si les compagnies ontariennes ont fait
l'évolution du Québec dans le secteur minier, il ne faudrait pas
aujourd'hui leur dire: Messieurs, pliez vos bagages et on va donner cela
à une autre compagnie parce qu'on n'a plus besoin de vous. Je crois que
toutes les compagnies minières, si on peut se fier à d'autres
déclarations, comme celles de Noranda dont on dit qu'elle n'est pas une
compagnie minière... Noranda a sept compagnies dans la province de
Québec et je crois qu'elle doit être considérée
comme toute autre compagnie, une compagnie canadienne qui a le droit de faire
de l'exploration et de l'exploitation dans la province de Québec.
M. le Président, comme me l'a si bien souligné le
ministre, de répéter l'intervention que j'ai faite à
l'Assemblée nationale sur les points de Soquem... J'ai encore une autre
crainte, c'est la mise en production de Saint-Honoré. Je sais, M. le
Président, que c'est du columbium, par les tableaux qui nous ont
été transmis dans le dépliant publicitaire de Soquem,
Mission accomplie, qui nous dit que les marchés de columbium de 1972
à 1978 vont doubler et qu'il y a encore de la place dans la province de
Québec pour ouvrir une autre mine de columbium qui pourrait faire
concurrence à celle d'Oka et finalement, à celle qui est
établie dans le Manitoba. Mais je me demande si, avec toutes les
difficultés qu'Oka a subies, a encore à subir, si le gouvernement
avec sa compagnie Soquem entre en concurrence directe avec Oka, la
création ou l'ouverture d'une nouvelle mine ne fermera pas l'autre. Ce
sont des questions que je me pose. Peut-être que le président de
Soquem pourra y répondre.
Il y a encore un autre problème, lorsqu'on parle d'augmenter les
crédits à $45 millions. Pourquoi $45 millions? Je dois dire que
le ministre des Richesses naturelles nous l'a expliqué très
vaguement; d'ailleurs, comme toutes les explications qu'on a du gouvernement
libéral, c'est vague. Mais il y a une déclaration qui a
été faite en date du 4 mars 1972 par le président de
Soquem, M. Carbonneau, dans le Financial Post et j'aimerais qu'il me
l'explique; "Soquem has realised its objectives. Even if the government cuts us
off now financially, we will continue alone". C'était en mars 1972, nous
sommes au mois de juin 1973. Si un an après, on n'a pas besoin du
gouvernement pour continuer Soquem, pourquoi demander une augmentation de
capital de $23 millions? Un autre en particulier qui m'intrigue, c'est
l'exploration que vous faites aux Iles-de-la-Madeleine. Il y a toutes sortes de
rumeurs qui circulent dans le domaine minier, que c'est une mine de sel mais
que c'est plutôt pour l'espace souterrain, pour l'aménagement
éventuel de puits d'huile. Vous pouvez dire que je suis parti à
la chasse aux sorcières et que je vois en couleur, que ce n'est pas
réaliste, mais je regarde dans le même rapport et le gouvernement,
Soquem surtout, se sert de l'espace souterrain, de réservoirs
souterrains. Cette possibilité, est-ce que ce serait
éventuellement... Le ministre m'a affirmé que cela n'a absolument
rien à faire avec la création de réservoirs
éventuels pour les dépôts de pétrole brut, mais
j'aimerais que le président m'explique s'il y aurait une
possibilité dans ce domaine-là.
Dans le Nord-Ouest québécois, M. le Président,
comme je l'ai souligné à maintes reprises, je n'ai rien à
dire contre Soquem. Le seul point sur lequel je me suis interrogé en
commission parlementaire, c'était sur la participation de Soquem dans la
région Lacorne, avec la mine Molybdenite. Je crois que Soquem a
prouvé ce qu'elle savait avant, qu'il n'y avait rien à faire avec
cette mine. On a dépensé des sommes peut-être peu
considérables, considérant l'augmentation de budget que Soquem
désire, mais je me demande si la participation n'aurait pas pu
être exclue entièrement. Je comprends qu'il y a eu des pressions
de la population du Nord-Ouest québécois pour que Soquem y
participe, mais je crois qu'un gouvernement ne devrait pas céder au
chantage. Malheureusement, il le fait assez souvent. Il ne devrait pas
céder au chantage, mais il devrait se servir de ce qui est positif, ce
qui est bon pour une population. Je crois et je profite de toutes les
occasions pour le dire, même le ministre pourrait m'approuver dans ce
domaine que l'effort fait dans le Nord-Ouest québécois par
Soquem est extraordinaire. Mais j'aimerais que les efforts de Soquem se
continuent dans le Nord-Ouest, et tout spécifiquement dans le projet de
la baie James.
Lorsqu'on dit que la création de barrages va inonder certains
gisements miniers, que Soquem éclaircisse la situation et fasse les
recherches nécessaires pour savoir où sont situés les
gisements, les anomalies, pour savoir s'il y a possibilité de
découvrir la rentabilité d'une mine. Il y a aussi d'autres faits.
Je comprends que Soquem est dans une mauvaise position avec la
Société de développement de la baie James. Parce qu'avec
un budget si limité, c'est assez difficile de faire concurrence avec la
Société de développement de la baie James qui a des
budgets sans contrôle, des budgets énormes, $10 milliards,
comparés au budget de Soquem, $23 millions, c'est assez difficile
d'entrer en coopération avec la Société de
développement de la baie James pour des explorations minières ou
de la recherche.
Donc, ce sont seulement quelques points; on aimerait avoir certaines
réponses. Dans le rapport de 1972, on nous dit que Soquem s'est
porté acquéreur des parts et des actions détenues de
Louvem par la compagnie Nemrod, le groupe Brassard, mais j'aimerais avoir de
plus amples détails sur ça. Si on comprend les deux facettes de
l'action portée par le groupe Brassard de Nemrod contre la compagnie
Soquem et Louvem, il y avait une action totale de $6 millions, il y avait des
frais encourus de $600,000. Le ministre nous apprend à
l'Assemblée nationale que le tout s'est réglé hors cour
pour un montant de $2,275,000. Donc, ce serait pour approfondir la question, la
régler une fois pour toutes, satisfaire la curiosité des
parlementaires.
Je pense que, si le président de Soquem peut nous prouver, sans
aucun doute, que la participation de l'Etat dans l'exploitation d'un gissement
minier est très rentable et que c'est le seul et unique moyen de mettre
le projet de Saint-Honoré en production, que Copperfields Mining ne peut
pas ou n'a pas les moyens de le faire ou n'est pas intéressée,
peut-être que la position du Ralliement créditiste, dans ce
domaine, peut changer. Je ne dis pas qu'il va le faire, mais il peut changer.
Je crois, entre autres, M. le Président, que Soquem, lorsqu'elle
s'associe avec des compagnies je l'ai souligné à
l'Assemblée nationale comme Noranda Mines, qui vaut
au-delà d'un milliard de dollars, pour un montant de $4,700, je crois
que le montant est très minime. Je vais leur dire que ça paye
peut-être le "party" de la compagnie Noranda à la fin de
l'année. Je me demande si, par suite de l'expérience
gouvernementale, la participation dans les projets associés, Soquem ne
sert pas de vache à lait. Les compagnies disent: Soquem va participer
à un projet de développement de $100,000, $140,000 ou $75,000,
elle va en payer 50 p.c, donc on va faire l'exploration. Est-ce que Soquem
pourrait nous répondre? Peut-être que son président le
peut. Si Soquem ne participait pas au projet, est-ce que l'exploration se
ferait quand même? Est-ce que les compagnies qui ont des terrains
jalonnés dans la province de Québec ne feraient pas l'exploration
elles-mêmes, sans la participation de Soquem? Soquem ne peut pas, du
même fait, se lancer dans l'exploration seule, vu les coûts
exorbitants de l'exploration et toutes les spécifications que ça
prend, l'équipement technique de nos jours, elle ne peut pas le faire
seule, elle est obligée d'y participer avec les petites compagnies qui
n'ont aucune valeur, comme Noranda, comme Rio Tinto, Cominco et tout ce qui
suit. Soquem n'aurait aucune possibilité de le faire.
L'autre point que j'aimerais mentionner et je l'ai
mentionné c'est que Louvem, depuis qu'elle est en exploitation,
nous dit et nous laisse sous-entendre qu'elle en a encore pour un an et demi
à deux ans et demi. Ne serait-il pas possible, par Soquem, conjointement
avec le ministère des Richesses naturelles et le ministère de
l'Education, vu le site particulier de Louvem, qu'on a un gisement à
ciel ouvert et un gisement souterrain, de créer une école
minière pour donner des techniciens compétents à la
province de Québec? Je sais que le CEGEP de Rouyn donne le cours, mais
je me demande si on ne pourrait pas se fier à l'exemple qu'Haileybury
nous a donné dans le domaine, avec tous ceux qui sont sortis, comme
celui qui est conjointement au projet de Saint-Honoré, le gérant
de la mine Lamaque, un diplômé de cette école, comme cela
existe dans la région de Chibougamau, Chapais, avec la mine
Campbell-Chibougamau où ce sont les diplômés d'Haileybury
qui ont la gérance souterraine des trois mines. N'y aurait-il pas
possibilité dans la province de Québec, pour aider le secteur
minier, de mettre plus d'attrait dans le secteur minier, de créer une
mine-école?
C'est un domaine très spécialisé, c'est un domaine
où les procédures, où les méthodes de travail
changent presque quotidiennement depuis les cinq ou dix dernières
années et où une mine-école serait très rentable
pour la province de Québec, non pas au point de vue financier, mais au
point de vue de la main-d'oeuvre ou des techniciens qui pourraient sortir de
cette école.
Dans un autre domaine, et je pose la question conjointement au ministre
des Richesses naturelles et aux représentants de Soquem, nous savons que
Soquem, par son acte constitutif, est dans l'exploitation, dans les programmes
a, b et c, mais je me demande si un des concurrents de Soquem n'est pas le
ministère des Richesses naturelles, par ses programmes d'exploitation et
d'exploration. On sait qu'au début de juin le ministère des
Richesses naturelles... Sont-ce des programmes complètement
séparés que fait le ministère des Richesses naturelles et
que Soquem ne pourrait pas faire ou est-ce quelque chose qui pourrait
être entièrement fait par Soquem, soit l'exploration des richesses
naturelles ou l'évaluation des terres de la province de
Québec?
Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou):
Avant de continuer, j'aimerais apporter quelques changements aux membres
de la commission. M. Brown, Brome, remplace M. Drummond, de Westmount. M.
Dionne, de Compton, remplace M. Pelletier, de Kamouraska.
J'invisterais M. Côme Carbonneau, président de Soquem,
à nous faire son exposé et par la suite à répondre
à quelques questions qui lui auront été posées.
Exposé de M. Côme Carbonneau
M. CARBONNEAU: M. le Président, il serait dans l'ordre, je crois,
que je passe chacune des questions posées par les trois membres de
l'Assemblée nationale. Si vous le permettez, j'aimerais le faire en
récapitulant un peu les buts de Soquem; on a fait
référence à l'article 3; or, cet article 3, on a
tenté de l'illustrer en fonction des activités propres aux buts,
aux objectifs qui font partie du mandat de Soquem. Cela me permettrait, en
même temps, peut-être, de dissiper quelques malentendus, certaines
ambiguïtés comme on l'a noté, en ce qui regarde ces
objectifs.
Si on suit ce tableau, en fonction des stades qu'on trouve au bas du
carton, on remarque qu'il y a en tout neuf stades qui s'appliquent à
trois phases principales, à trois volets du mandat de Soquem. Un premier
volet, qui est celui de la recherche de gîtes minéraux, c'est
l'exploration minière par toutes les méthodes; un second, qui est
la mise en valeur des découvertes et un troisième qui regarde la
mise en exploitation de gisements miniers.
En fonction de ces trois volets, il est peut-être bon de se
demander quels sont les barèmes, quels sont les critères sur
lesquels on peut s'appuyer pour juger de la performance du rendement d'une
société minière. Soquem est une société
d'exploration minière, et il n'y a pas de raison, parce que c'est l'Etat
qui l'a fondée, pour qu'elle soit de nature différente en ce qui
concerne les rendements qu'elle peut obtenir. Par exemple, l'étape de
recherche de gîtes minéraux est d'une durée moyenne de deux
à cinq ans, par programme d'exploration du stade I au stade IV. Ce qu'il
faut noter ici, c'est qu'il faut entreprendre de nombreux programmes
d'exploration pour arriver à une seule découverte. L'étape
de la mise en valeur de découvertes non pas l'étape de la
mise en valeur de gisements miniers, non pas l'étape de
développements miniers peut prendre jusqu'à huit ans, neuf
ans. L'étape de la mise en exploitation, selon la dimension du gisement
minier, va de deux à cinq ans. Il est reconnu dans l'industrie
minière que le paiement des dividendes consomme une période de
huit à treize ans entre la découverte d'un gisement minier et le
paiement de dividendes.
Par conséquent, il n'est pas possible de juger en dedans d'une
période de cinq ans de la rentabilité d'une compagnie qui a comme
objectifs ces trois aspects à remplir.
On peut le faire individuellement par rapport aux projets qu'elle a
développés, mais on ne peut pas le faire globalement. Ici,
j'aimerais, peut-être, dissiper un malentendu. C'est que, à ma
connaissance, dans toutes les déclarations que l'on a faites, lors de la
création de Soquem, dans les débats de l'assemblée, dans
la charte de Soquem, le conseil d'administration n'a jamais compris que l'on
s'attendait à ce que Soquem, en dedans d'une période de dix ans,
verse des dividendes à son actionnaire. Ceci est un mandat impossible
à remplir, à toutes fins pratiques. D'ailleurs, on nous a
plutôt dit, à ce moment-là, que Soquem avait comme objectif
global celui de devenir une société de gestion, une
société de portefeuille d'intérêts miniers,
d'intérêts conservés en raison de son action dans des
entreprises d'exploitation, donc une compagnie de gestion de portefeuille, dont
les bénifices seraient réinvestis en exploration minière,
à tel point que, dans l'acte constitutif de Soquem, à l'article
19, je crois, il est dit que le lieutenant-gouverneur en conseil a les pouvoirs
de se déclarer des dividendes, mais en autant que les surplus
accumulés de la société dépassent le tiers de la
capitalisation payée. Ce qui veut dire, par exemple, en se rapportant
à la capitalisation initiale de $15 millions, qu'il faudrait que Soquem
ait accumulé des surplus non dépensés de plus de $5
millions, avant que le lieutenant-gouverneur en conseil, selon l'acte
constitutif, puisse déclarer des dividendes.
En d'autres termes, on avait compris et semble-t-il que c'est
assez évident, par les déclarations qui ont été
faites à ce moment-là, en particulier lors de l'inauguration des
bureaux de Soquem par le premier ministre du temps que Soquem
était un agent économique et industriel, s'intégrant,
évidemment, dans les politiques générales du
ministère des Richesses naturelles avec comme objectif celui de devenir
une société de portefeuille d'intérêts miniers dont
les bénéfices pouvaient être réinvestis par elle,
dans des explorations minières, un agent qui ferait boule de neige, au
point de vue de sa contribution à la croissance de l'économie
minière québécoise, jusqu'à ce qu'un
réexamen, par la Chambre, juge, probablement, que la formule la
formule Soquem n'est pas une formule éternelle ne s'applique plus
pour une raison ou pour une autre, soit qu'elle devienne trop riche ou qu'elle
n'ait pas assez bien réussi.
Actuellement, Soquem poursuit cet objectif et quand on a dit "mission
accomplie", ce matin, on veut indiquer que, selon les termes de sa charte,
à l'article 3 c), elle a accomplie ce dont on s'attendait d'elle, soit
d'avoir des bénéfices provenant de ses participations dans des
gisements qu'elle a découverts ou contribué à
découvrir avec d'autres.
Alors, aujourd'hui, nous avons, dans ce portefeuille
d'intérêts miniers, un exemple modeste en ce qui concerne la vente
d'un gisement minier, celui de Somex. Nous avons également un exemple
moins modeste, en ce qui concerne
sa capacité à produire des revenus, en ce qui concerne le
transfert du gisement minier contre une participation, parce qu'en octobre et
novembre 1969, c'est ce qui s'est fait dans le cas de Louvem.
Soquem a transféré sa portion d'intérêt dans
le gisement minier pour un intérêt dans la société
Louvem. Aujourd'hui nous avons un exemple pour chacun des cas prévus
à la charte, mais deux exemples en tout, de l'application de l'article 3
c), soit que, globalement, les revenus provenant de cette vente d'un gisement
minier, dans un cas, et de ce transfert de propriétés, dans un
autre, ne compensent pas pour la capitalisation payée; ce n'est pas
surprenant. Mais en se replaçant dans le temps, au moment de la
découverte de Louvicourt, et en compilant toutes les sommes
employées à Soquem en vertu de sa capitalisation par des services
de recherche, par toutes ses activités administratives, l'ensemble
complet s'établit actuellement un peu inférieur aux revenus que
l'on s'attend à recevoir de Louvem.
En d'autres termes, à ce moment-là, Soquem avait fait ses
frais, et ce, après deux ans d'activité, dans une activité
où il est reconnu comme normal qu'une compagnie, qui a $1,500,000 par
année ou $15 millions en dix ans, puisse ne faire qu'une seule
découverte. Vous voyez dans notre rapport annuel de l'année 70/71
un exemple qui n'est pas identifié, mais qui est celui d'une grande
société, on peut le retrouver dans certains numéros du
Northern Miner par discrétion on ne l'a pas identifiée
mais c'est une compagnie qui a dépensé $25 millions
pendant 18 ans pour arriver à sa première découverte. On
considère ça déjà comme un rendement qui n'est pas
si mauvais dans les milieux miniers. II y a une infinité de
sociétés qui n'ont pas cette chance, parce qu'il faut un coup de
chance également, pas seulement de la transpiration, pour trouver un
gisement minier.
Alors, pour obtenir une rentabilité globale de Soquem, tout en
poursuivant au même rythme ses activités d'exploration, ce n'est
pas possible de le faire en sept ou huit ans. Alors, Soquem sera autosuffisante
aussi pour autant qu'on en vienne à limiter considérablement son
exploration fondamentale, c'est-à-dire son exploration de
reconnaissance.
Le député d'Abitibi-Est a évoqué une
déclaration que je faisais dans le Financial Post il y a deux ans et que
je commente. Il serait possible aujourd'hui, à Soquem, avec son
portefeuille de propriétés, avec Louvem, Somex, d'agir comme
certaines sociétés privées le feraient. On nous a
donné, somme toute, un mandat avec un actionnaire gouvernemental, mais
un mandat semblable à celui de l'entreprise privée parce que,
tout de même, on agit dans un contexte, dans un milieu, dans un
environnement avec des hommes et des dollars, lequel contexte est
expliqué dans ce dépliant à trois volets. Alors,
aujourd'hui, une société privée qui serait dans notre
position pourrait dire, comme il était dit dans cet article, qu'elle a
réalisé ses objectifs en fonction de cette première
capitalisation de $15 millions en dix ans. Mais elle couperait à peu
près à 100 p.c. son exploration de base et elle appliquerait tous
les fonds qu'elle a à faire fructifier ses propriétés qui
ont atteint ce stade, un stade cinq, six ou sept, et elle attendrait que ses
propriétés produisent des revenus avant de revenir à
l'exploration.
C'est pour cela, aujourd'hui, que nous sommes ici, que nous avons
produit un mémoire au ministre des Richesses naturelles. C'était
justement pour lui faire valoir que Soquem, décemment, ne pouvait pas,
à ce stade-ci, agir, quand même, strictement comme une entreprise
privée. Ce ne serait pas dans l'intérêt de la province,
à notre sens, que Soquem, pendant six ou sept ans, coupe à peu
près à 100 p.c. ses activités d'exploration fondamentale,
ses activités de recherche de gîtes minéraux. D'abord, il
faudrait libérer un personnel qui est maintenant bien rodé, qui a
été assez laborieux à recruter et surtout à souder
et à faire travailler en équipe. C'est normal, quand on fonde une
société, qu'il ne s'agisse pas seulement d'avoir des dollars pour
réussir; il faut surtout des hommes et des hommes bien ajustés et
compétents. Il faudrait recommencer cela dans sept ans.
Aujourd'hui, je peux dire, quand même, que Soquem a
réalisé ses objectifs, en s'appuyant sur des critères,
peut-être trop inhumains, des critères excessivement
dépouillés de rentabilité commerciale, sans âme.
Mais je peux dire, aujourd'hui, et je pouvais le dire en mars 1972, que Soquem
avait réalisé ses objectifs et pourrait, comme un agent
privé sans âme, dans un sens, sans aucune référence
à son mandat global, poursuivre ses objectifs, c'est-à-dire non
pas poursuivre ses objectifs, mais continuer à vivre comparativement,
sans contribution additionnelle. Je ne crois pas qu'il eût
été le fait d'administrateurs soucieux du bien de leur
société, soucieux également du bien public, de s'en
être tenus, simplement, à cette espèce de conduite
corporative, comme je le répète, sans âme. Nous avons ici,
un agent qui fonctionne et qui peut faire plus. Par conséquent, nous
sommes ici à faire valoir qu'étant donné le portefeuille
de propriétés minières ayant atteint le stade de mise en
valeur et même, pour quelques-unes, presque le stade de mise en
exploitation, qu'il faut poursuivre notre action et mener à terme ces
projets déjà mûris et déjà très
avancés et, en même temps, ne pas réduire trop
considérablement nos activités d'exploration. On ne peut pas le
faire actuellement avec la capitalisation dont on dispose. Notez bien qu'il
sera impossible et que ce n'est, peut-être, pas souhaitable non plus
qu'on continue à faire de la croissance et de l'expansion en
exploration, sans égard aux autres programmes. Je reviendrai tout
à l'heure sur le rôle de Soquem, en ce qui concerne l'exploration
par opposition aux mises en exploitation, mais il est évident
qu'on ne pourra pas, malgré la capitalisation que nous avons
demandée, conserver le même rythme, le même taux, la
même concentration de recherches fondamentales, de recherches de
gîtes minéraux. Pour s'appliquer, il faudra y mettre du temps, des
fonds. On l'a vu, il faudra des fonds de mise en valeur, des fonds qui
garantiront des emprunts de mise en exploitation ou qui contribueront à
des mises en exploitation pour mener ces programmes à terme.
Eventuellement, la roue tourne, elle a commencé à tourner pour
Louvem. Des revenus commencent à s'amener dans Soquem, revenus qui
servent à faire de l'exploration.
Soquem a remboursé une dette, des actions de $365,000,
dernièrement; elle a payé, l'an passé, en dividendes,
$600,000, l'année précédente, $50,000. Donc elle commence
à alimenter. La boule de neige commence à prendre forme. Pour
qu'elle soit réellement d'une dimension telle qu'elle puisse tourner et
être assez dodue, pour que l'Etat actionnaire se dise: II n'est plus
nécessaire de contribuer au capital social de Soquem. Il faut nous
donner le temps. Il y a des agents économiques privés, on peut en
voir de nombreux; on peut en voir d'excellents, des agents qui ont des dossiers
remarquables.
Mais, nous n'avons pas peur excusez notre prétention
de nous comparer à eux parce qu'il y a sept ans seulement
d'activités à Soquem. Nous avons commencé en 1965, mais
à zéro complètement. Les premières équipes
se sont lancées en avril et en mai 1966. Cela fait sept ans.
Il n'y a pas de société actuellement qui, après
sept ans, dans les derniers quinze ans au Canada, ait un portefeuille de
propriétés minières du genre qu'on peut démontrer
à Soquem. Il n'y en a pas. Même la société Noranda
dont on a parlé tout à l'heure, qui est quand même un agent
économique et industriel très respectable dans le contexte
mondial M. Powis l'a avoué depuis 1950, depuis
Gaspé Copper, Noranda a les mains vides après des dépenses
pourtant énormes en exploration au Québec, et n'a pas fait de
découverte. Ce n'est pas suffisant même d'avoir des dollars et des
hommes; parfois, le vent ne souffle pas du bon côté et on ne fait
pas de découverte.
C'est dans ce sens qu'il faut considérer la future
rentabilité de Soquem, la rentabilité globale, mais je ne crois
pas que, nulle part, on puisse trouver dans les déclarations de 1965,
une référence à ce que Soquem comme telle, paie des
dividendes. Nous espérons y parvenir, mais en 1965, même tout ce
qu'on avait espéré et j'ai encore ici des déclarations du
temps, même les mémoires écrits à ce moment par le
ministère des Richesses naturelles, tout ce qu'on espérait, c'est
qu'en dix ans, on soit en position de former une compagnie dans laquelle Soquem
aurait un intérêt, une compagnie d'exploitation, une seule, et on
disait: On y verra à ce moment.
Actuellement, il y a Louvem et il est possible que, normalement, une
autre société se forme pour l'exploitation du gîte de
columbium de Saint-Honoré. Il devrait y avoir une autre compagnie qui se
forme pour l'exploitation des gîtes de sel.
Quant à Somex, je répète que c'est un cas où
la charte s'est appliquée. Nous avons vendu le gisement minier. Nous
avons là mis au jour un petit gisement, un gisement à 100,000
tonnes. Après plusieurs efforts pour le mettre en exploitation avec des
partenaires, nous n'avons pas réussi. Le lit était trop petit
pour coucher à deux dedans, car 100,000 tonnes, c'est très
réduit comme réserve. Nous l'avons vendu à un groupe
d'ingénieurs québécois qui, eux seuls
c'était le premier gisement minier qu'ils avaient en leur possession
ont réussi à le mettre en production et, chapeau! c'est
une belle réalisation, même si c'est assez modeste.
En ce qui concerne les objectifs d'ordre politique, l'Etat
québécois a des objectifs autres qu'une société
comme la nôtre, qui est une entreprise à caractère public
et industriel à notre niveau de compétence, doit se
préoccuper d'objectifs économiques, commerciaux, industriels. Je
sais que notre actionnaire en a d'autres.
M. Vincent a demandé comment on pouvait concilier les objectifs
de l'Etat québécois, du gouvernement québécois avec
ceux de Soquem. Il y a un dispositif. Aucune des participations dans lesquelles
entre Soquem, sauf si on le fait par soumissions publiques ou par vente
à l'enchère, ne peut se réaliser sans l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil. Or, si ce dernier se rend compte qu'on pose
un geste qui va à l'encontre des grandes politiques de l'Etat
québécois, il faut tout faire avec l'autorisation
préalable du lieutenant-gouverneur en conseil quand on vend un
intérêt. Cela s'est fait sous les deux gouvernements sous lesquels
nous avons agi.
C'est à l'article 16 qu'est le dispositif de notre acte
constitutif. C'est pour que le gouvernement puisse nous indiquer si on fait
fausse route, parce qu'il n'est pas toujours possible pour nous de le
percevoir. On peut faire tout en notre pouvoir pour bien travailler selon les
desidérata de l'Etat. Mais il peut arriver des situations que nous
ignorons et qui nous feraient poser un geste mal venu. Là, l'Etat, le
pouvoir exécutif a tout le mécanisme pour nous indiquer que nous
ne devrions pas faire cette chose.
Je peux dire un mot, si vous voulez, de la rentabilité de
Louvicourt. Vous voyez dans le rapport annuel de l'année, enfin pour
l'exercice 70/71, les projections que nous avons faites à ce
moment-là. Je vous rappelle également qu'un communiqué qui
a été émis, à la suite d'une assemblée
d'actionnaires parce qu'on a à tenir une assemblée
d'actionnaires avec le ministre des Finances une fois par année
nous avions tenu une assemblée d'actionnaires avec M. Dozois pour lui
annoncer que les études des
possibilités portaient comme conclusion que le gisement minier de
Louvicourt était rentable. Cette assemblée s'est tenue vers le 10
janvier 1969. A ce moment-là, cette étude indiquait qu'il y avait
des bénéfices nets de $3,050,000. à retirer de la mise en
exploitation de ce gîte. A ce moment-là également, nous
étions encore associés au groupe Nemrod.
Aujourd'hui, la réalité est la suivante. Vous avez,
à la fin de la pochette qu'on vous a remise, un petit mémoire. En
fait, c'est la base du rapport annuel qui sortira dans quelques semaines des
rendements de la Société Louvem et en page cinq et suivantes, on
fait le point et on indique ce qu'on peut s'attendre dans les années ou
les mois à venir dans le cas de Louvem.
Je suis obligé de dire ici qu'il n'est pas possible d'avoir une
conformité parfaite entre des prévisions, en exploitation
minière, et la réalité, surtout dans les gîtes de la
dimension des gîtes filoniens, les gîtes qui sont en filons. Il
n'est pas possible d'avoir une concordance parfaite. Il y a toujours des
variations. On ne peut pas échantillonner d'avance le gîte
à un tel point ce ne serait pas rentable; on ne peut pas le
justifier sur une base de rentabilité qu'on aurait une
concordance parfaite. De plus, dans le cas de Louvem, nous exploitons du
minerai de cuivre. Or, personne jusqu'à présent n'a
été capable de prévoir les cours de variation du minerai
de cuivre. Parfois, le cuivre change subitement de cours à un rythme tel
que c'est une sarabande indescriptible. On le voit actuellement depuis quelques
mois. Mais aujourd'hui, avec toutes ces variations en plus et en moins, on peut
prévoir que, si la mine Louvem fermait dans seize ou 17 mois ce
qui, on l'espère bien, ne se produira pas, nous avons encore espoir
qu'elle se poursuivra elle aurait une rentabilité et le
bénéfice net s'élèverait à $3,522,822,
à rapprocher des $3,034,000 de bénéfice prévu quand
on a fait l'étude des possibilités.
Voilà pour la rentabilité de Louvem. Quand fermera-t-elle?
Dieu seul le sait.
M.VINCENT: Est-ce que le président me permettrait une question?
Quand vous parlez de la rentabilité de Louvem, $3,500,000 de
bénéfice net, vous ne faites pas supporter par cette mine le
coût d'exploration d'autres sites?
M. CARBONNEAU: Non, pas dans ce cas-ci.
M. VINCENT: Parce que, dans le cas que vous citiez tout à
l'heure,...
M. CARBONNEAU: Non. Là, c'est Louvem qui fait son rapport. Alors,
voyez-vous je parle de $3,522,000 et, quand Louvem a été
découverte, fin d'avril 1968, nous avions à peu près ce
montant-là de dépensé en exploration minière. Dans
tous nos projets, y compris... Soquem seule, parce que nos partenaires avaient
contri- bué à certains de nos programmes, après deux ans
et demi si cela avait été deux ans exactement, cela aurait
été $3 millions environ $3 millions...
M. VINCENT: Mais dans le cours normal d'opération d'une
compagnie, on fait toujours supporter une partie du coût d'exploration
par les mines qui sont en exploitation.
M. CARBONNEAU: Oui. On a établi...
M. VINCENT: Vous avez mentionné Noran-da.
M. CARBONNEAU: Sûrement.
M. VINCENT: Noranda a quand même été fondée
en 1922; en 1930, elle a commencé à payer des dividendes, elle
fait supporter le coût d'exploration à des gisements
exploités. Mais Louvem, c'est $3,500,000, opérations nettes.
M. CARBONNEAU: Comme unité de... D'opérations nettes.
Mais, dans nos états financiers, vous le voyez également, nos
frais différés sont accumulés pour tenir compte de toutes
nos dépenses à l'intérieur de Soquem. Nous avons
actuellement même le vérificateur de la province trouve que
nous ne devrions pas le faire, mais nous sommes peut-être un peu trop
exigeants dans un sens pour Soquem nos frais différés, au
31 mars 1972, s'élevaient, à frais reportés, à
$8,456,106. Voyez-vous, on les accumule.
Aujourd'hui, par exemple, si on voulait liquider Soquem sans mettre en
valeur... Parfois, quand on liquide une propriété,
évidemment on ne peut pas obtenir ce qu'on obtiendrait si on la mettait
soi-même en valeur. Mais si on voulait liquider Soquem, il faudrait, pour
dire que Soquem a parfaitement fait ses frais, vendre le gîte de
Saint-Honoré à un certain prix, les gîtes de sel de
Saint-Urbain à un certain prix; nous avons des intérêts
dans cela, et voir ce que Soquem a rapporté. Je crois qu'aujourd'hui,
cela serait amplement comblé parce qu'après six forages, par
exemple à Saint-Honoré, 50 p.c. des intérêts ont
été vendus pour une somme de $1,400,000. Cela donne une
idée, aujourd'hui, que cette propriété-là vaut
certainement au moins $1,400,000. Si on accumule les frais reportés ou
les frais différés et ce que Soquem a fait jusqu'à
maintenant, les $75,000 de redevances dans Somex, les revenus de Louvem, les
produits de vente de ces projets qui ont porté fruit...
M. VINCENT: M. Carbonneau, vous avez mentionné que le
vérificateur général n'aimait pas cette façon de
comptabiliser.
M. CARBONNEAU: Oui, il trouve qu'on pourrait très bien...
M. VINCENT: II voudrait probablement...
M. CARBONNEAU: On va probablement le faire maintenant. Il dit que, pour
les programmes abandonnés, les programmes où nous n'avons pas eu
de succès, au lieu de les tramer derrière nous et les indiquer
dans nos frais reportés, on devrait indiquer que notre capitalisation a
été réduite. D'ailleurs, il en a fait des commentaires
dans les notes. Il dit: Votre capitalisation devrait être réduite.
C'est dommage, le gouvernement a perdu, mais sa capitalisation...
M. VINCENT: Donc, il n'y aura plus de perte, si c'était... comme
une dépense.
M. CARBONNEAU: C'est cela.
M. LESSARD: Un peu comme Rexfor fait.
M. CARBONNEAU: Enfin, c'est une façon de présenter les
choses et cette année, probablement qu'on va adopter cette... M. le
trésorier, c'est cela que vous avez comme...
M. VINCENT: M. Carbonneau, vous allez continuer tout à l'heure.
Si vous avez remarqué, quand nous avons commencé la discussion,
j'ai quand même mentionné que, si les réalisations de
Soquem ne peuvent être évaluées sur le plan financier, en
termes de rentabilité et de dividendes je pense que vous
également, vous l'avez mentionnez, on ne pouvait pas évaluer cela
sur le thème de la rentabilité et des dividendes et le reste pour
le moment il fallait quand même chercher d'autres...
M. CARBONNEAU: Le calendrier est trop serré. Nous n'avons pas
assez de temps pour le faire, et ce n'est pas certain qu'on puisse le
faire.
M. VINCENT: Mais, supposons que demain matin on met 10 p.c. des actions
de Soquem sur le marché, actions qui sont détenues par le
ministre des Finances, à combien ces actions se vendraient-elles? C'est
ça, en définitive. Comme actionnaires, si on regardait seulement
l'aspect financier, c'est pour ça que, je le mentionnais tout â
l'heure, il ne faut pas regarder seulement l'aspect financier. Donc, si on
considère que sous l'aspect financier, dividendes, rentabilité,
ça ne donne pas les résultats escomptés, il faut quand
même regarder un autre aspect, le développement
québécois sur le plan économique, sur le plan minier, et
le reste. Mais sur l'aspect financier, comme actionnaire, si je regardais mes
piastres, mes cents, je demanderais au président: Si on mettait sur le
marché 10 p.c. de nos parts, à combien seraient-elles
évaluées, sur le marché de la bourse?
M. CARBONNEAU: Cela dépend du courtier qu'on emploierait.
M. VINCENT: Mais, tout de même!
M. CARBONNEAU: Mais je pense bien que l'action vaudrait au moins les $10
qu'elle a actuellement, ce que paie le ministre des Finances pour nos actions.
Parce qu'il y a un tas de sociétés minières qui ont au
moins dans leur portefeuille... Là encore, ça dépend un
peu du courtier.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député
d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: Parlant de Louvem, il y a un autre problème qui
existe. Lorsque vous dites que Louvem a fait $800,000 de profit, c'est
ça?
M. CARBONNEAU: Oui, l'an passé.
M. TETRAULT: Est-ce que c'est transféré au fonds Soquem ou
au revenu consolidé de la province?
M. CARBONNEAU: Voyez-vous, cela a été laissé
à Louvem pour son fonds de roulement, parce que, la première
année, Louvem a dû emprunter, a dû se constituer un fonds de
roulement assez généreux à cause du fait que le paiement
de la production survient quatre ou cinq mois seulement après que les
concentrés sont expédiés. Il y a une quantité assez
considérable de dollars qui sont gelés de cette façon, ce
qui est normal dans une compagnie d'exploitation minière qui produit des
concentrés de cuivre. Il y a des bénéfices non
répartis et il y a des bénéfices qui sont payés en
dividendes à Soquem.
M. VINCENT: Pour permettre à M. Carbonneau de continuer, parce
qu'il a parlé de la question de rentabilité, nous disons que,
pour investir $45 millions, pour le moment, ce n'est pas rentable pour le
gouvernement. Pour avoir les raisons pour lesquelles le gouvernement devrait y
aller avec les $45 millions je disais: Demandons-nous si c'est rentable pour la
société québécoise, quels sont les arrangements de
Soquem avec les compagnies, pourquoi les compagnies étrangères et
le reste. Je pense que c'est là que le président s'en vient.
M. CARBONNEAU: Je peux vous donner des considérations qui nous
ont portés à adopter nettement une politique de non-intervention
à l'exploitation autant que possible. En d'autres termes, on informe
l'industrie minière, tous les agents économiques et industriels
qui veulent travailler au Québec que Soquem ne tient pas à
prendre le contrôle, que Soquem préfère avoir comme
partenaire, dans ses programmes, un partenaire qui a la technologie et la
finance pour conduire à terme le projet d'exploration et de mise en
valeur en cas de découverte. Pourquoi avons-nous cette politique? Parce
que ce n'est pas inscrit dans notre charte, c'est laissé ni plus ni
moins au conseil d'administration de Soquem d'établir ses politiques
d'action. Si, par voie
d'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil, le gouvernement nous
dit: Non, ce n'est pas bon, ne faites pas ça, on va changer nos
politiques puisque l'actionnaire a toujours, évidemment, plein pouvoir.
Mais on a adopté cette politique parce qu'on s'est raisonné, on a
jugé que si Soquem, qui est une société d'exploration
minière, d'exploration de recherche et de développement
essentiellement, dans le temps actuel, parce que tout ça se bâtit,
si Soquem, dans les premiers sept ans et peut-être encore pour un certain
nombre d'années, met l'accent sur les mises en exploitation, elle cesse
de jouer son rôle de croissance.
Tout le concept Soquem, de ce que nousavons pu comprendre de la
présentation du projet de loi en 1965, était fondé sur
cette considération, à savoir que Soquem devait être un
agent de croissance, trouver de nouveaux gîtes minéraux et les
développer, parce que c'est ça qui, à long terme, fait
marcher l'industrie minière, c'est assez évident. Si on a
conçu Soquem comme telle, à ce moment-là, si elle se
disperse dans un sens et s'occupe parce que c'est une activité
qui n'est pas tout à fait la même que celle de l'exploration
surtout d'exploitation minière, eh bien, les sources de
gîtes minéraux vont se tarir. Soquem a été
créée pour en trouver de nouveaux et les mettre en valeur. Il ne
faut pas les abandonner à tout jamais, elle conserve des participations,
elle conserve des représentants aux conseils d'administration et elle
peut quand même jouer un rôle de gestion. Mais quant aux
exécutants, aux agents qui exécutent les décisions
corporatives des conseils d'administration, dans certains cas, le partenaire
privé peut avoir la majorité, à un vote, il peut prendre
le dessus sur les représentants de Soquem. Il ne faut pas non plus
oublier que si c'est un étranger, il a toujours une très forte
réticence à prendre un vote et à changer ou encore
à ne pas aller selon une recommandation de Soquem. Il peut arriver des
cas, je dois l'admettre... Dans d'autres cas, nous avons la majorité au
conseil d'administration et là, non seulement nous avons le pouvoir de
décision au niveau du conseil, mais l'agent privé doit
exécuter les décisions corporatives au niveau du conseil
d'administration.
M. VINCENT: M. le Président, si le président me le permet,
si nous prenions un cas particulier, soit Saint-Honoré.
M. CARBONNEAU: Saint-Honoré, d'accord.
M. VINCENT: Quel a été le processus suivi par Soquem? Le
président nous a mentionné que c'est toujours le
lieutenant-gouverneur en conseil qui a l'autorité. Il reste quand
même, qu'en pratique, quand Soquem prépare tout le dossier avec sa
recommandation devant le lieutenant-gouverneur...
M. CARBONNEAU: II nous fait confiance. Oui.
M. VINCENT: Là, c'est assez difficile pour le
lieutenant-gouverneur en conseil de revenir en arrière et de reprendre
point par point tout le processus qui a été suivi par Soquem pour
en arriver à faire signer un arrêté en conseil. Si nous
prenions le cas particulier de Saint-Honoré, quel a été le
processus suivi par Soquem pour en arriver à une entente avec
Copperfields?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, est-ce que je pourrais
seulement soulever un point? Je ne veux pas retarder la réponse à
la question du député de Nicolet, mais est-ce que le
président de Soquem a fini son exposé?
M. CARBONNEAU: Mon exposé est peut-être un peu confus, je
le fais en tentant de répondre aux questions qui ont été
posées.
M. MASSE (Arthabaska): Si les députés n'ont pas
d'objection, on pourrait peut-être le laisser finir et ensuite, poser des
questions?
M. VINCENT: D'accord!
M. CARBONNEAU: J'étais justement rendu à Copperfields,
Saint-Honoré, contrôle effectif, vente de concentrés, etc.
Historiquement, nous avons découvert deux carbonatites,
c'est-à-dire deux complexes géologiques porteurs de columbium en
1967, un en octobre 1967 et l'autre en novembre 1967. Nous avons celui de
Saint-André d'Argenteuil qui était, dès le départ,
de façon certaine, un complexe géologique porteur de columbium,
nous avions des échantillons. Celui de Saint-Honoré ne
l'était pas à ce moment-là, mais c'était un
ensemble géologique favorable, en l'occurrence, de columbium. Nous
avons, dès les mois qui ont suivi, fait à la St. Lawrence
Columbium une proposition de participation à la mise en valeur de ce
gîte de Saint-André. Nous n'avons pas pu tomber d'accord, parce
que pour une contribution de 10 p.c., St. Lawrence Columbium était
prête à contribuer pour 10 p.c, mais St. Lawrence exigeait $0.20
la livre de columbium produit, plus 5 p.c. de frais sur les ventes ou 50 p.c.
des profits. Le conseil a jugé que c'était une proposition qui,
sur une base d'affaires, ne se justifiait pas pour Soquem. On ne pouvait pas
accepter une contreproposition semblable.
Ensuite, nous avons continué à travailler, d'abord
à Saint-André, et à Saint-Honoré, en février
1969, nous avons fait un appel d'offres publiques. Notez bien qu'entre-temps,
j'ai eu quelques entrevues avec le président de St. Lawrence Columbium,
et je dois vous avouer que les exigences pour une participation de St.Lawrence
Columbium étaient très élevées. A ce
moment-là, au conseil de Soquem, on a jugé que, la façon
d'agir était un appel d'offres puisque somme toute, on administre quand
même les fonds publics indirectement, sur une base, encore une fois,
d'agent industriel et commercial, avec des critères de cet ordre.
Parce que l'on peut tenir compte jusqu'à un certain point de
critères d'autre ordre, mais ce n'est pas tout à fait de notre
compétence de juger de ces critères. C'est pourquoi, le
mécanisme d'arrêté en conseil est nécessaire dans
notre système. Nous avons donc jugé que la façon d'agir
était de faire un appel d'offres, nous vendions un livret que j'ai ici
d'ailleurs, $225 à quiconque voulait s'informer des conditions de
soumissions. La St. Lawrence Columbium n'a pas demandé le livret. De
fait, nous n'avons eu aucun soumissionnaire. Une dizaine de compagnies ont
demandé le livret, enfin le cahier d'appel d'offres. Nous n'avions que
quatre forages; quand on a vu que l'on ne pouvait pas se trouver de partenaires
de cette façon, on a dit: On va faire une partie du travail seul. On a
fait six forages additionnels et là, après réexamen des
sondages, on a démontré qu'il y avait du columbium,
effectivement, en quantité très intéressante, enfin qu'il
y avait un potentiel commercial.
A la fin de la même année, on a recommencé le
système, mais pas par un appel d'offres fermées,
c'est-à-dire que ce n'est même pas un appel d'offres, mais toutes
les sociétés qui, en cours de route, avaient manifesté un
intérêt, sans avoir soumissionné au premier appel d'offres,
on leur a écrit, on leur a envoyé une description technique de la
carbonatite de Saint-Honoré et un dispositif, un patron, sommes toutes,
de soumissions. On a dit: On voudrait au moins tant pour cela. Si vous ne
voulez pas nous donner cela, il est inutile de nous faire une offre.
On voulait telle ou telle condition et on leur a dit que l'on allait
prendre le plus offrant, tout en n'ayant en cours de route, eu encore que
quelques rapports avec le président de St. Lawrence Columbium. Ce
dispositif a fait que nous avons reçu de la société
Copperfields une offre qui est celle publiée dans notre rapport annuel;
elle s'engagait à dépenser $400,000 pour acquérir un
intérêt de 25 p.c., qu'elle pouvait arrêter à ce
moment-là de contribuer; elle aurait son 25 p.c. et pour avoir 50 p.c.
elle devait contribuer d'un million de dollars additionnels en exploration,
sous réserve que Soquem contribue la moitié de sa contribution,
ou $500,000.
Ici, je crois que M. Tétrault a soulevé quand même
un élément. Il est évident, je pourrais dire pour des
raisons personnelles, mais pour des raisons évidemment corporatives, que
l'on souhaite ardemment on l'a toujours souhaité trouver
un mode d'association avec la St. Lawrence Columbium. On espère y
arriver encore malgré que les rapports sont laborieux. Nous ne pouvons
pas chercher à négocier un accord avec St. Lawrence Columbium
comme un agent de subventions gouvernementales. Il faut le faire comme une
entreprise à caractère commercial et industriel. C'est là
qu'est le conflit, c'est là qu'est le problème.
M.LESSARD: Mais quand vous dites que vous souhaitez vous entendre avec
St. Lawrence Columbium, suite à l'entente que vous avez eue avec
Copperfields, quel genre d'entente souhai-teriez-vous? Est-ce que c'est une
entente sur la mise en marché, par exemple?
M.CARBONNEAU: Oui. Il y a plusieurs avenues possibles. Vous en
mentionnez une...
M. LESSARD: Parce qu'il arrive que vous êtes deux
sociétés qui viennent sur le marché mondial.
M. CARBONNEAU: Oui.
M. LESSARD: On sait, je ne le sais pas. N'avez-vous pas parlé de
la teneur à Saint-Honoré, mais il semble que, soit à Oka
ou soit à Saint-Honoré, la teneur soit à peu près
de 1 p.c. comparativement...
M. CARBONNEAU: Ce n'est pas tout à fait juste. La teneur à
Oka est de 1/2 de 1 p.c. et celle de Saint-Honoré était
près de 1 p.c, mais ça ne s'apprécie pas de façon
absolue, juste sur une base de teneur, parce qu'Oka a déjà son
entreprise en production et les frais de mise en exploitation aujourd'hui sont
bien plus élevés qu'ils ne l'étaient en 1959, de sorte que
ce n'est pas la seule considération qui doive intervenir. Il y a
d'autres considérations également, comme la qualité du
concentré, mais techniquement, il semble que Saint-Honoré a un
avantage, sur une base d'évaluation technique, quant à la teneur
et quant à la qualité du produit. Mais je ne peux m'exprimer
ainsi. Financièrement, il n'est pas certain que Saint-Honoré a
toute la sécurité pour, au moins, les premières
années de mise en exploitation.
Mais pour éviter justement un danger, soit pour la St. Lawrence
ou soit pour la future compagnie qui va exploiter le columbium à
Saint-Honoré, nous cherchons des voies d'associations, un modus vivendi.
Vous venez de mentionner la possibilité de la mise en marché par
St. Lawrence. St. Lawrence a également fabriqué du
ferro-columbium, ce n'est pas la mer à boire que de fabriquer du
ferro-columbium. Ce n'est pas une technique difficile. Mais St. Lawrence
Columbium a des contacts; elle connaît bien les marchés de
répartition des concentrés. C'est une voie dans laquelle St.
Lawrence pourrait s'engager avec notre collaboration ou la collaboration de
Copperfields-Soquem. Parce que là, il ne faut pas non plus mettre au
rancart Copperfields; M. Tétrault l'a soulevé. Copperfields est
un agent économique industriel important au Québec. Je crois que
Copperfields peut être considérée comme la deuxième
ou troisième société et qui est un agent
québécois en ce qui concerne les découvertes, la
contribution à la mise en exploitation de gisements miniers au
Québec. Elle possède la mine Lamaque; on lui doit la mine
Madeleine. C'est une mine québécoise bien intégrée,
la mine Madeleine; elle était avec la société Fro-
bex. Le groupe Teck était avec la société Frobex,
les chercheurs, les découvreurs de cette mine. On lui doit le nouveau
gisement de Magusi, dans le canton de Duparquet, et elle a, elle-même,
provoqué la découverte du gisement voisin, celui d'Insco. Et
encore une fois, ce n'est pas la société Copperfields qui va
être l'exploitant à Saint-Honoré. Non, cela va être
avec Soquem-Copperfields qui formeront une nouvelle société dans
laquelle Soquem... Si notre intérêt n'est pas dilué pour
toutes sortes de considérations, considérations avec St. Lawrence
peut-être, qu'on fera un accord de dilution. Copperfields est prêt
à en faire un, même pour trouver un mode d'entente, mais ce sera
une nouvelle société dans laquelle les Québécois,
par Soquem, auront un intérêt. Le groupe Teck est un groupe qui,
au point de vue de la contribution à l'économie
québécoise, est québécois. Il ne s'exprime
peut-être pas toujours en français, au niveau des
décisions, mais le groupe St. Lawrence ne s'exprime pas non plus en
français, au niveau des décisions. Le conseil d'administration,
le rapport annuel, les rapports de la mine je peux parler en
connaissance de cause se font en anglais.
M. LESSARD: Je pense bien que ce n'est pas à ce niveau-là
que le problème se pose; ce n'est pas au niveau de la langue d'une
société. C'est: est-ce qu'on est capable, par exemple, au
Québec, par la Société québécoise
d'exploration minière, de développer Saint-Honoré, quitte
aussi à ne pas faire disparaître une autre société?
Est-ce qu'on est capable d'entrer en concurrence, à un moment
donné, sur le marché international avec deux
sociétés québécoises? C'est là qu'est le
problème. Vous me dites que vous êtes en association avec le
groupe Keevil, mais est-ce que, par exemple, vous y êtes majoritaire ou
est-ce que vous serez majoritaire au conseil d'administration à
Saint-Honoré? Est-ce que, d'après votre protocole d'entente, le
président du conseil d'administration ne sera pas nommé par le
groupe Keevil? Et dans ces circonstances, est-ce qu'il est possible, par
exemple...
A Saint-Honoré, est-ce que le groupe Keevil est prêt
à s'associer, à un moment donné, avec St. Lawrence? Le
problème fondamental là-dedans n'est pas de savoir si vous
êtes associé à une compagnie dont la langue est la langue
française ou la langue anglaise ou la langue brésilienne ou la
langue espagnole ou la langue portugaise, mais c'est de savoir si, au niveau du
Québec, par exemple, alors que 60 p.c. du marché mondial est
contrôlé par une société brésilienne, on peut
s'engager dans une lutte entre deux compagnies québécoises. Si on
s'engage dans une lutte... Vous dites que vous autres, vous pensez que vous
êtes capables, vous avez des avantages sur le groupe St. Lawrence. St.
Lawrence peut dire: Nous, nous avons des avantages parce que nous avons plus
d'expérience dans la mise en marché, nous avons plus
d'expérience dans l'exploitation du columbium. Moi, je dis que le
problème fondamental, c'est: Est-ce qu'on s'engage dans une lutte?
Est-ce que deux compagnies québécoises s'engagent dans une lutte
pour le contrôle du marché international? Est-ce qu'on est capable
de le faire? Si on n'est pas capable de le faire et si on s'engage dans cette
lutte, si ces deux sociétés ne signent pas d'entente pour la
commercialisation des produits, que ce soit St. Lawrence qui tombe ou que ce
soit la compagnie qui est formée par la Société
québécoise d'exploration minière, il s'ensuivra des
conséquences néfastes pour l'économie
québécoise. C'est à ce niveau-là, à mon
sens, qu'il faut discuter du problème.
M.CARBONNEAU: Très bien. En ce qui concerne les rapports
d'intérêt dans l'association Soquem-Copperfields, le contrat et
les rapports actuels sont de 50/50. Nous avons chacun 50 p.c. Il existe une
clause qui dit que le président du conseil d'administration, pour
permettre au groupe Keevil d'être l'opérateur, "the operator", le
terme anglais, c'est-à-dire l'agent exécutant, le manager de la
mise en exploitation et de l'exploitation éventuelle, pour permettre ces
dispositifs, le président de l'assemblée sera un membre du groupe
Keevil. Enfin, on nous dit, après consultation dans plusieurs milieux
que, dans notre loi des compagnies, au niveau d'un conseil d'administration, un
président d'assemblée n'a pas de vote
prépondérant.
Au niveau de l'assemblée d'actionnaires, au palier de
l'assemblée d'actionnaires, le président c'est le
président de la compagnie a un vote prépondérant,
parce qu'à un moment donné, il faudrait qu'il y ait un
déblocage. Mais les affaires seront administrées par un conseil
d'administration. Si cette interprétation est juste... On n'aurait pas
de raison de croire qu'elle n'était pas juste, parce qu'après de
nombreuses consultations, on nous dit que le président du conseil
d'administration, au palier des décisions corporatives, d'un conseil
d'administration, n'a pas de vote prépondérant. Ayant 50 p.c.
d'intérêt chacun, nous avons quatre administrateurs de Soquem et
le groupe Keevil en a quatre. Le conseil d'administration a été
prévu comme étant constitué de huit personnes.
M. LESSARD: S'il arrive quatre, quatre, qui décide?
M. CARBONNEAU: Cela bloque.
M. LESSARD: Vous allez dire: Cela n'a pas bloqué jusqu'à
maintenant.
M. TETRAULT: M. le Président...
M. LESSARD: Je voudrais quand même que M. Carbonneau nous dise...
Justement, le problème fondamental, à mon sens, qui est
soulevé,
c'est de quelle façon? Est-ce qu'on est en négociation?
Vous en avez parlé un peu avec St. Lawrence. Est-ce que, si cela ne
fonctionne pas, chacune des société s'engage sur le marché
international et tente de lutter sur le marché international? Parce que
je pense que St. Lawrence, l'an passé, a fait un déficit, par
suite des surplus, de $239,000? Est-ce qu'on s'engage dans une lutte? Si c'est
le cas, est-ce qu'on ne risque pas de compromettre l'une ou l'autre des
sociétés, au Québec, qui exploitent le columbium, au
profit de la société brésilienne? La teneur est quand
même importante.
M. CARBONNEAU: Vous avez dans votre pochette des courbes de croissance
de ce marché qui a augmenté, comme on le disait tout à
l'heure, d'un facteur de trois depuis les dernières sept années
et, en étant conservateurs et en prenant un taux de croissance de
seulement 10 p.c, il augmentera d'un facteur de 2 au cours des sept prochaines
années. Je sais bien qu'il y a un gisement brésilien de haute
qualité, mais il y a, dans l'histoire minière, de nombreux cas de
gîtes riches qui n'empêchent pas des gîtes plus pauvres de
vivre. En fait, toute notre industrie canadienne du cuivre s'est
développée malgré qu'en Zambie, en Rhodésie et au
Congo belge, il y ait des gîtes d'une très haute teneur, des
gîtes de 3 p.c. et 4 p.c. de cuivre tandis que même la mine Noranda
n'a jamais eu plus de 2 p.c. de cuivre.
Il arrivera à un moment, malgré que le Brésil
puisse se dresser en concurrent. Mais pour toutes sortes d'autres
considérations, de relations commerciales entre sociétés
où il y a place pour un autre producteur. Cela ne peut pas rester
indéfiniment comme cela. Si nous ne le faisons pas, cela sera
probablement un gîte qui est menaçant en ce qui concerne le
Québec, dans le jeu économique libre, dans la libre concurrence,
celui de Moonsoonee, au sud de la baie James en Ontario. A un certain moment,
cela sera celui-là qui partira parce qu'on prendra alors une chance.
Je sais que cela manquera de décence qu'un agent étatique
lutte dans un sens, si on ne peut pas s'accorder avec un autre producteur
québécois. D'un autre côté, c'est le jeu
économique. A notre niveau de compétence, Soquem, au conseil
d'administration, nous n'avons pas la compétence pour juger. Il faut
poursuivre la logique de nos actes et si on est entré comme agent
économique avec le système, somme toute, de capital social, il
faut avoir le courage de poursuivre nos actes jusqu'à terme. On est dans
un système économique qui n'est pas dirigé sur ce plan. Il
y a encore de la libre concurrence. C'est triste, si vous voulez. Quelques-uns
diront que cela serait préférable d'avoir des rapports humains
moins rigoureux, mais il reste que cela devient le vieux système de
Smith, la survivance du mieux adapté, c'est-à-dire de celui qui
est capable de survivre. Et vous dites que cela fera tort à
l'économique québécoise, j'en doute. Il est
préférable d'avoir un lutteur fort contre le Brésil, si le
Brésil est si terrifiant, qu'un concurrent faible.
M. LESSARD: Lequel sera fort?
M. CARBONNEAU: On le verra. Les lois joueront, mais j'espère
qu'on fera un accord avant d'arriver à des choses semblables. Je suis le
premier à le déplorer...
M. LESSARD: Est-ce que Soquem, justement à ce niveau, a
déterminé, pour éviter l'éparpillement, un certain
nombre de priorités dans les objectifs, par exemple, au point de vue
immédiat, concernant les différents métaux? Est-ce que
Soquem, en faisant l'analyse globale à un certain moment, du secteur
minier, a des priorités concernant soit l'exploration...?
M. CARBONNEAU: Oui. Dès 1966, en observant la toile de fond de
l'économie minière québécoise, on s'aperçoit
que les métaux de base, particulièrement le cuivre, sont
parfaitement intégrés au Québec. C'est assez surprenant.
On dirait que les gens ne s'en rendent pas compte. Noranda a deux fonderies
ici, une raffinerie dans Montréal-Est-, une tréfilerie. Aucune
province n'a d'autre fonderie spécifiquement pour le cuivre actuellement
au Canada. International Nickel en a. Alors, déjà avec un
métal si bien intégré, on a cherché à
conserver au moins ce qu'on avait, d'autant plus que la fonderie de Noranda
était menacée par l'épuisement du gîte même de
la mine Noranda à Rouyn-Noranda, qui est actuellement alimentée
par les mines de l'Ontario.
C'est donc notre métal, le métal prioritaire. On veut au
moins conserver ce qu'on a. Le deuxième est le zinc, qui est encore dans
la famille des métaux de base. Nous avons une raffinerie à
Valleyfield. Le troisième a été le titane parce que,
là encore, il y a une certaine intégration. Le titane de Havre
Saint-Pierre est transformé à Sorel. Il est donc
déjà intégré. En quatrième lieu, il y a
l'uranium et l'or sédimentaire. L'uranium, parce que c'est un
métal d'énergie, nous n'avons pas d'uranium en quantité
commerciale de découvert encore au Québec. Cela a donc
été l'uranium.
L'or sédimentaire était une spéculation comme
n'importe quelle autre société. On dit l'or sédimentaire,
l'or comme celui qu'on trouve dans les grands gîtes d'Afrique du Sud. On
n'en a pas trouvé de cela. Cela existe probablement, mais on n'est pas
encore parvenu à en trouver.
Ce sont nos priorités. Quand je dis le titane, ceci nous a
conduits à la découverte du gisement de sel parce que notre
gisement de Magpie dont on parlait tout à l'heure et cela
répond peut-être à une question qui a été
soulevée qu'on voudrait mettre en exploitation, est un grand
gisement de magnetite titanifère contenant 42 p.c. de fer, 10 p.c. de
titane, des quantités appréciables de vanadium, de chrome. On
voudrait le mettre en production. C'est un grand rêve. C'est une
espèce de Manic-5 pour
Soquem. On voudrait le mettre en production en l'intégrant lui
aussi, en le transformant.
Nous avons actuellement, sur nos bancs d'essai, en étude, des
programmes de recherche qui nous indiquent qu'on pourrait, par un traitement
chimique préalable, séparer le vanadium, le chrome et même
de l'alumine dans ce gisement; ensuite, par application d'énergie
électrique, par fournaise électrique, produire de la fonte ou des
semi-aciers. Alors, vous voyez, le titane est une de nos priorités. Dans
tout ce programme de recherche pour Magpie qui est un superbe gisement d'un
milliard de tonnes et plus... Ce superbe gisement a besoin de carbonate de
sodium pour la première séparation chimique avant la production
de semi-acier. Or, du carbonate de sodium, on fait cela avec du chlorure de
sodium, du sel. C'est ce qui nous a amenés à chercher
également du sel aux Iles-de-la-Madeleine.
M. VINCENT: M. le Président, je m'excuse, je ne voudrais pas
perdre de vue le processus suivi par Soquem en ce qui concerne
Saint-Ho-noré, St. Lawrence, etc... Le grief était le suivant:
Pourquoi favoriser les intérêts Copper-fields aux dépens
des intérêts St. Lawrence? Donc, M. Carbonneau était rendu
tout à l'heure à la fin de l'année 1969. C'est là
que nous avons arrêté momentanément le processus. A la fin
de l'année 1969, Soquem est allée chercher les informations, est
allée rencontrer St. Lawrence, Copperfields...
M. CARBONNEAU: Même avant: septembre 1969.
M. VINCENT: Non, mais au début de 1969, on a envoyé une
demande de soumissions. On n'a pas reçu de soumission. En 1969, on est
retourné négocier avec ces personnes, avec les groupes qui
semblaient être intéressés; mais à quel endroit les
négociations ont-elles bloqué avec les intérêts
québécois?
M. CARBONNEAU: Ah! oui, y compris St. Lawrence, Sullivan Consolidated;
tous les agents québécois moins bien connus ont reçu
à la fin de 1969 la description technique complète. Tout le monde
a été invité à soumissionner ou à
présenter une proposition de participation pour la mise en valeur de
cette propriété. Tout le monde. On a eu une lettre du groupe St.
Lawrence mais une lettre où on manifestait des intentions de
collaboration sans, absolument, aucune mention, sans aucune proposition
pécuniaire réaliste. Un peu comme si on croyait que la même
expérience qu'on avait éprouvée l'année
précédente au premier appel d'offres se répétait.
D'ailleurs, cela avait un peu été la position du président
de St. Lawrence, à savoir: Dépensez l'argent, faites les travaux
et après avoir prouvé le gisement minier, venez me voir. Ce n'est
pas conforme à notre charte d'agir ainsi. On doit au moins faire un
effort convena- ble quand on a une découverte, un gîte
minéral, de trouver un partenaire. On l'a fait par contact direct avec
St. Lawrence Columbium. On l'a fait indirectement par appel d'offres, mais au
premier appel d'offres, la St. Lawrence n'a pas demandé de cahier
d'appel d'offres. Elle ne pouvait certainement pas soumissionner. Et elle ne
coûtait pas cher, la carbonatite de Saint-Honoré. On offrait une
participation de 60 p.c. pour $200,000.
Vous voyez que Copperfields a payé $1,400,000 pour 50 p.c.
M. VINCENT: Là, par la suite, vous êtes arrivés
à un contrat avec Copperfields.
M. CARBONNEAU: Oui. A ce moment-là, Copperfields a fait le
meilleur appel d'offres, le conseil a jugé qu'on pouvait l'accepter.
C'était une offre, au point de vue du succès d'une
négociation, compte tenu du passé, très acceptable, parce
que la Société Imperial Oil, par exemple, a fait un contrat pour
la mise en valeur du gîte de Moonsonee, au sud de la baie James, en
Ontario, et le nôtre se compare avantageusement à celui que nous
avons fait avec Copperfields. Alors, on l'a accepté. Déjà
cela détermine quand même, pendant la période de mise en
valeur du gîte, la formule d'association. Mais avant la mise en
exploitation, c'est une autre chose. Là, on peut encore échanger
un dialogue et chercher une voie d'association avec la St. Lawrence Columbium.
La société Copperfields est allée faire des
représentations, voir la St. Lawrence Columbium en vue de la
distribution, la répartition des actions dans cette future
société dans laquelle St. Lawrence serait
intégrée.
M. VINCENT: Après la signature du contrat.
M. CARBONNEAU: Nettement, dernièrement. Parce que là, on
approche du moment, le stade 8, si vous voulez, de notre plaquette, où
il faudra prendre une décision, à savoir si, oui ou non, on va en
exploitation. Et si on prend la décision dans l'affirmative, c'est alors
qu'il faut faire la répartition des intérêts dans cette
future société. C'est pourquoi il faut trouver un terrain commun
à ce moment-ci.
M. MASSE (Arthabaska): Une future société qui pourrait
comprendre la société St. Lawrence.
M. CARBONNEAU: Les intérêts de St. Lawrence Columbium,
d'accord.
M. VINCENT: Maintenant, le contrat étant signé avec
Copperfields, c'est là que vous mentionniez tout à l'heure que le
gouvernement pouvait ratifier ou accepter la décision du conseil
d'administration.
M. CARBONNEAU: Oui.
M. VINCENT: Par la suite, après que le contrat a
été signé avec Copperfields, est-ce que St Lawrence est
revenue auprès de Soquem pour rediscuter?
M. CARBONNEAU: Oui. St. Lawrence est allé voir Copperfields.
M. VINCENT: Avant que ce soit ratifié par le
lieutenant-gouverneur en conseil?
M. CARBONNEAU: Après ratification. St. Lawrence a pris contact
avec le groupe Keevil et a pris contact avec nous, mais avec nous, je dois
avouer que c'était pour protester, par exemple, quand une nouvelle
paraissait sur Saint-Honoré. On faisait paraître des nouvelles,
dans le fond, on émettait de temps en temps des communiqués pour
mettre les gens en garde contre un jugement trop hâtif sur la valeur de
cette propriété. On a émis des communiqués pour
dire qu'on descendait un puits pour échantillonner le gisement, ce
n'était pas un puits d'exploitation. On était encore dans la
phase de la mise en valeur. On a donc eu des communications de cet ordre.
M. VINCENT: Est-ce que Soquem avait des négociateurs dans ce
projet particulier?
M. CARBONNEAU: Oui, elle en a eu. M. VINCENT: ...avec de
l'expérience.
M. CARBONNEAU: J'ai négocié personnellement, M. Genest a
négocié et en 1969, à l'automne, M. Parizeau a
démissionné comme conseiller financier du conseil
exécutif. Il était membre de notre conseil et, ex officio, le
conseiller financier économique auprès du conseil exécutif
et membre de notre conseil. Il représentait les intérêts du
gouvernement dans notre conseil. Alors, il a été remplacé
par M. Michel Bélanger.
Comme il était au courant de toutes nos discussions
préalables dans ce dossier, on lui a demandé de faire un effort,
lui aussi. On l'a mandaté de faire un effort et de voir s'il y avait une
possibilité d'entente au sujet de la mise en valeur du gîte de
Saint-Honoré avant qu'on ait envoyé cette correspondance pour
obtenir un partenaire. Quant au résultat, M. Parizeau m'a
téléphoné à la fin de septembre pour me dire que M.
Gour n'était pas intéressé à ce moment-là,
il nous disait de continuer à dépenser seul et d'aller le voir
quand on aurait prouvé qu'il y avait un gisement minier. M. Gour, le
président, semblait, assumait, prétendait qu'il y avait de forts
doutes à savoir si nous avions quelque chose de valable à
Saint-Honoré. C'est le rapport que m'a fait M. Parizeau. Alors, j'ai
fait rapport au conseil, à savoir que cela faisait suite quand
même à une série d'essais, étant donné le
caractère de notre charte qui dit, à l'article 3 b): Participer
à la mise en valeur des décou- vertes, seul ou avec d'autres, on
avait encore le choix de faire une négociation mais on s'est abstenu de
faire une négociation directe de personne à personne avec les
compagnies ou des représentants de la compagnie. On l'a fait par
correspondance en envoyant un dossier, parce qu'on ne voulait plus intervenir
dans un sens pour avoir l'air un peu de choisir notre partenaire encore par
considération pour la St. Lawrence Columbium qu'on espérait bien,
encore dans le cours de ce dispositif, avoir l'occasion de juger si on ne
pourrait pas l'avoir comme partenaire.
M. VINCENT: A quel moment le contrat avec Copperfields a
été signé?
M. CARBONNEAU: Signé finalement en mars 1970.
M. VINCENT: II a été ratifié par le
lieutenant-gouverneur?
M. CARBONNEAU: II a été ratifié par le
lieutenant-gouverneur...
M. MASSE (Arthabaska): En juin 1970.
M. CARBONNEAU: ... en juin 1970. Nous avons envoyé tous les
formulaires et tous les mémoires ah oui ! ça me revient
environ dix jours avant l'annonce des élections au mois d'avril
1970. Le dossier était un peu plus lent à suivre son cours.
M. VINCENT: A ce moment-là, M. Parizeau n'était plus
conseiller, il était candidat.
M. CARBONNEAU: II n'était plus conseiller, il avait reçu
un mandat avec nous bien non, il n'était plus conseiller
précis d'agent mandataire, de négociateur avec la St. Lawrence
Columbium, avec M. Gour, avant qu'on prenne une décision d'offrir ce
gîte minéral à toute compagnie qui avait manifesté
un intérêt. Il faut dire qu'entre-temps, au cours du printemps,
nous avions eu l'occasion de montrer les données techniques lors d'un
congrès de l'Institut canadien des mines à Montréal,
plusieurs compagnies à ce moment-là, étaient
informées du contenu technique. Parce qu'on ne se sentait pas tout
à fait en position facile de conduire une négociation avec un
groupe en particulier parmi les sociétés étrangères
ou locales.
M. LESSARD: Est-ce que vous êtes toujours d'accord avec cet
objectif de la charte, c'est-à-dire que vous êtes, selon la
charte, obligés de vous associer avec d'autres? Selon vous, est-ce que
Soquem devrait toujours s'associer avec d'autres ou est-ce qu'il n'y aurait pas
possibilité justement que Soquem puisse exploiter le gisement
elle-même, seule.
M. CARBONNEAU: Dans les termes de l'article 3 c) actuel, il n'est pas
possible pour Soquem
de former une compagnie d'exploitation si elle est seule, quoique nous
ayons un véhicule corporatif que nous avons acquis par accident. De
Louvem, nous avons 100 p.c; mais l'acquisition des actions de Louvem s'est
faite quinze mois après la fin de la phase de la mise en exploitation,
quinze mois après le volet 3 de notre dépliant. C'est donc une
transaction totalement en dehors de l'exécution des objets de notre
charte.
Pour répondre à votre question, nous sommes maintenant
plus en mesure qu'au début de faire ce que vous proposez. Il reste que
c'est toujours très profitable, et c'est le mode qu'emploie
également même l'entreprise privée, sauf peut-être un
géant comme International Nickel qui le fait de temps en temps. C'est le
mode de travail qu'adoptent les grandes sociétés, de travailler
en participation, en association et il y a à ce moment-là
échange au point de vue technique ou technologique, échange au
point de vue financier. On répartit les risques. Il y a certains
domaines d'activités où une entreprise d'Etat, sur le plan de la
recherche fondamentale, a peut-être plus de cordes à son arc; mais
il y en a d'autres, sur le plan commercial par exemple, quand l'interlocuteur
est une grande agence internationale de vente de métaux, où
l'entreprise d'Etat n'a pas la même liberté d'action, il y a des
contraintes. Cela, voyez-vous, peut donc, par association, se niveler, ces
avantages et ces désavantages.
M. LESSARD: Concrètement, vous dites que vous avez quand
même eu, d'après ce qu'on voit, un certain nombre de
difficultés à vous trouver un partenaire en ce qui concerne
Saint-Honoré. Si vous n'aviez pas trouvé de partenaire, la charte
ne vous permettait pas de passer à l'exploitation de ce gisement.
M. CARBONNEAU: On aurait pu le vendre. M. LESSARD: C'est justement.
M. CARBONNEAU: N'importe quelle compagnie étrangère peut
l'acheter aussi, si on veut le vendre.
M. LESSARD: Est-ce qu'étant donné cette limitation que
vous avez dans la charte, il ne serait pas mieux, avec l'accord du
lieutenant-gouverneur, de modifier la charte pour vous permettre, d'abord, de
reconnaître un fait qui existe actuellement, soit en ce qui concerne
Louvem? Aussi, si vous ne trouvez pas de partenaire, ce qui arrive, c'est que
vous dites: On vend. Mais, comme vous avez dit tout à l'heure, quand
vous êtes pris pour vendre, il est bien risqué que vous n'obteniez
pas le prix pour la valeur du gisement. Mais si vous avez cette porte de
sortie, la charte de Soquem étant modifiée, il reste que si vous
n'obtenez pas le prix et je suis toujours au niveau de
Saint-Honoré vous pouvez dire: Voici, nous allons l'exploiter
nous-mêmes. Ceci n'est pas le cas actuellement en vertu de la charte.
M. CARBONNEAU: Non.
M. LESSARD: C'est un genre de "bargaining power" que vous n'avez
pas.
M. CARBONNEAU: On se retrouve...
M. LESSARD: II peut arriver que les sociétés se
regroupent. On sait comment cela est difficile dans le secteur minier. C'est
pour cela, d'ailleurs, que je constate que vous avez fait un excellent travail
depuis 1965. Mais il peut arriver que le cartel dans certains secteurs
s'associe. Et si vous trouvez un beau gisement, on dit: Bien nous, on
s'organise, on n'achète pas. Donc, il ne vous restera qu'à
vendre.
M. CARBONNEAU: Oui. On se pose des questions à ce titre et
également sur le fait que depuis la nouvelle fiscalité
fédérale plusieurs sociétés refusent de travailler
dans des entreprises communes, des programmes conjoints comme les nôtres,
qui débouchent sur la formation de compagnies parce qu'au point de vue
de la fiscalité le transfert des dépenses d'exploration en
actions de cette nouvelle compagnie est interprété comme un gain
de capital.
Il est possible que l'on ait à continuer, que l'on
présente un projet d'amendement à notre charte, si cela devient
nécessaire.
Maintenant, en ce qui concerne la mise en exploitation par Soquem seule,
est-ce nécessaire actuellement? Nous avons déjà des agents
étatiques qui peuvent s'associer avec nous. La Caisse de
dépôt peut s'associer avec nous; la Société de la
baie James aussi. D'ailleurs on est associé dans plusieurs programmes
conjoints avec la Société de la baie James. En fait, simplement
au point de vue de l'application juridique de notre charte, il y a plusieurs
partenaires possibles dans des cas où il y aurait un très grave
inconvénient à s'associer à un partenaire privé ou
encore pour briser un cartel, mais, il ne faut pas se tromper; si l'on ne joue
plus le jeu économique, si l'on ne suit plus les règles du jeu,
il faudra que quelqu'un paie la facture. Il ne faudra pas que Soquem se voie
imposer les mêmes exigences de rentabilité, s'il y a une facture
qui n'est pas liée à des critères d'ordre
économique, industriel et commercial.
M. LESSARD: Remarquez que je ne mets pas en doute cette
possibilité d'association. Mais, par exemple, vous n'avez pas le choix
en vertu de votre charte.
M. CARBONNEAU: Non.
M. LESSARD: Etant donné que si vous ne trouvez pas le partenaire,
vous êtes obligés de vendre et qu'à ce moment-là, il
est risqué que vous ne trouviez pas le prix, la valeur de votre
gisement, je suppose que si Soquem avait la possibilité
d'exploiter elle-même le gisement, cela lui donnerait au moins un
"bargaining power" plus puissant devant le fait de vendre ou d'exploiter
elle-même ce gisement.
M. MASSE (Arthabaska): Mais est-ce que vous avez eu des
difficultés? Est-ce que cela vous a causé, dans le passé,
des difficultés, à partir de l'exploration ou de la
découverte d'un gîte prometteur que vous n'auriez pas
trouvé à vendre?
M. CARBONNEAU: Non. On a cherché à vendre au meilleur prix
et c'est pour cela que l'on a eu certaines difficultés. Un gfte
minéral qui mérite ce nom, qui a une valeur, est toujours
vendable. On a agi d'abord dans l'intérêt de la
société et en même temps dans l'intérêt
public. Encore là, il faut peut-être doser, à un moment
donné, il ne faut pas aller trop loin, d'accord, mais dans ce sens, on
n'a pas de difficultés.
Mais, des formules comme des formules d'appels d'offres, c'est
délicat. C'est difficile. La marge de manoeuvre est étroite. Je
ne peux pas répondre à cette question de façon trop
générale. Chaque gisement minier est un peu un cas
spécifique. Il faut s'ajuster à ce gîte.
M. VINCENT: Mais est-ce que vous avez des agents d'affaires qui
recherchent des possibilités d'association avec des compagnies?
M. CARBONNEAU: Quant aux possibilités d'association, deux
compagnies par semaine viennent pour s'associer avec nous. Cela me permet de
répondre peut-être aussi... Nous n'avons plus de problème
depuis 1967-1968, depuis surtout Louvem, pour trouver des associés.
Aujourd'hui, nous pratiquons une sélection d'associés. Nous avons
toujours eu une politique de sélection d'associés dans le sens
que même si on a actuellement un problème de valorisation d'un
gîte avec une société dont la gestion est
québécoise, on a toujours eu et c'est normal, aucune
société ne s'offusque de cela, même les
sociétés multinationales une cote d'amour pour les
sociétés et les syndicats miniers québécois.
M. VINCENT: Mais quand un gîte ou un gisement est
intéressant, vous n'avez pas à faire appel à
l'extérieur pour dire: Voici, on aurait telle chose. Allez donc
prospecter les marchés, les intérêts ici au Québec
ou à l'extérieur du Québec pour voir s'il n'y aurait pas
des compagnies, des sociétés qui seraient
intéressées à travailler avec nous.
M. CARBONNEAU: Actuellement, le cuivre et le nickel se vendent sans
effort parce que ce sont des marchés grands ouverts. On a simplement
actuellement le sel. Le sel, il est consommé par l'Etat
québécois. J'espère qu'on n'aura pas besoin d'aller vers
de grandes agences. Il reste le columbium. A ce sujet, la société
Copperfields a commandité des études par des spécialistes
pour bien s'assurer qu'elle avait la vue d'ensemble dans son propre
intérêt et on a profité, dans son propre
intérêt, du marché du columbium. Nous en avions une
certaine connaissance par certains membres de notre personnel mais nous avons
voulu la mettre à jour par des agents spécialisés.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député
d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: On était, en 1970 au mois de mars, lorsque vous avez
déposé les ententes auprès du lieutenant-gouverneur en
conseil qui ont été signées au mois de juin 1970.
Naturellement, vous avez eu besoin d'aide juridique pour compléter ces
ententes.
M. CARBONNEAU: D'aide juridique. Non, nous avions un conseiller
juridique.
M. TETRAULT: D'un conseiller qui, ou quoi, ou comment s'appelaient ces
conseillers?
M. CARBONNEAU: Peut-être en 1966 ou en 1967, mais je ne me
souviens d'aucune demande d'arrêté en conseil depuis 1967 qui ait
nécessité l'embauche ou l'appel de service de conseillers
juridiques externes à Soquem. Nous avons notre conseiller juridique
à Soquem, Me Norman Girard. Il n'est pas ici, il est actuellement en
stage...
M. TETRAULT: Pour terminer le contrat, vous n'avez pas eu recours
à un aide juridique? Entre Copperfields et Soquem?
M. CARBONNEAU: Non, j'ai discuté moi-même avec M. Keevil.
Peut-être que sur un aspect... J'oublie, je ne peux absolument pas...
M. TETRAULT: M. Lesage n'aurait pas été... M. CARBONNEAU:
Non.
M. TETRAULT: M. Lesage n'a absolument rien à faire dans
cette...
M. PERREAULT: En aucun moment.
M. CARBONNEAU: Nous avons fait appel aux services de M. Lesage
dernièrement et vous allez trouver cela assez paradoxal.
Dernièrement, pour défendre nos intérêts,
c'est-à-dire pour bien prendre soin de nos intérêts...
M. VINCENT: Contre le gouvernement.
M. CARBONNEAU: Auprès du ministère des Richesses
naturelles...
M. VINCENT: C'est toujours ce qui arrive.
M. CARBONNEAU: ... pour obtenir nos droits d'emmagasinement et de
recherche aux Iles-de-la-Madeleine, pas nos droits miniers, mais nos droits
d'emmagasinement. C'est le seul moment où M. Lesage est intervenu,
depuis 1965, dans les affaires de Soquem.
M. VINCENT: Sans lui faire de publicité, il semble qu'à
l'heure actuelle, c'est le meilleur avocat qu'on puisse prendre quand on a une
cause contre le gouvernement. Je ne sais pas pour quelle raison mais...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. MASSE (Arthabaska): M. Lesage n'est certainement pas...
M.VINCENT: Je vous félicite. C'est un choix judicieux quand on
veut gagner une cause.
M. CARBONNEAU: II a fait quand même de grands travaux...
M. MASSE (Arthabaska): Si c'est le meilleur, pourquoi l'Union Nationale
ne l'a-t-elle jamais pris?
M.VINCENT: Parce qu'il semble que M. Lesage a les portes ouvertes plus
facilement...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît! Il
est midi et demi.
M.VINCENT: Réellement, si j'avais une cause contre le
gouvernement, je choisirais M. Lesage comme avocat.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! Il est midi trente, est-ce
que les membres de la commission...
M.VINCENT: Après la période des questions.
M. MASSE (Arthabaska): II semble qu'on devrait ajourner sine die parce
que ce n'est pas certain que l'on puisse revenir cet après-midi. Il y
aura une motion.
M. VINCENT: D'accord.
M. LESSARD: D'accord, mais pour autant que nous pourrons, d'ici la fin
de la session, revoir les administrateurs.
M.VINCENT: Non, pas d'ici la fin de la session, avant la période
d'ajournement. La session peut se terminer au mois de décembre.
M. LESSARD: D'accord, excusez. Avant la période
d'ajournement.
M. TETRAULT: Est-ce que je pourrais de- mander au ministre s'il peut
convoquer cette commission la semaine prochaine, parce que demain, je suis
obligé... Ou de demander au leader parlementaire.
M. MASSE (Arthabaska): Remarquez bien que ce peut être cet
après-midi, peut-être ce soir, mais actuellement, on n'est pas
certain qu'on pourra reprendre ces discussions cet après-midi.
C'est la seule raison pour laquelle on ajourne sine die.
M. LESSARD: J'aurais une question avant que cela ne se termine.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Oui.
M. LESSARD: Est-ce qu'entre-temps, il serait possible à la
Société québécoise d'exploration minière de
déposer le protocole d'entente entre Copperfields je le demande
bien si ce serait possible et Soquem?
M. CARBONNEAU: En ce qui nous concerne, oui, mais est-ce que la
société Copperfields acceptera? Il est écrit au
début de notre rapport annuel: les sociétés
privées l'apprécient "La Soquem jouira des
privilèges propres aux sociétés privées". Elles
sont privées et, par définition, elles n'aiment pas travailler au
grand jour.
M. VINCENT: Mais j'aime mieux...
M. CARBONNEAU: Comme actionnaire, c'est-à-dire...
M. VINCENT: Cela veut dire que vous garderez secret...
M. CARBONNEAU: II y a peut-être une nuance entre l'actionnaire, au
terme de la loi constituant Soquem en corporation, qui est le ministre des
Finances, et cette commission parlementaire, qui est un autre dispositif
parlementaire. Je pense qu'il y a quand même une nuance.
M. LESSARD: Si vous n'avez pas d'opposition, est-ce qu'il serait
possible de communiquer avec Copperfields?
M. CARBONNEAU: On va communiquer notre bilan.
M. LESSARD: Et si Copperfields est d'accord, est-ce que vous
acceptez?
M. CARBONNEAU: Oui, sûrement.
M. MASSE (Arthabaska): Est-ce qu'il n'y a pas une raison qui pourrait
aussi, en rendant cette entente, ce contrat public, vous amener des
difficultés dans des négociations futures avec d'autres
partenaires?
M. CARBONNEAU: Non.
M. VINCENT: II faudrait peut-être le clarifier auprès du
ministre des Richesses naturelles. Je pense bien que si le ministre des
Finances nous disait et à ce moment, nous sommes obligés
de prendre sa parole que cela n'est pas d'intérêt public de
déposer tel document, c'est bien de valeur, mais à ce moment, on
prend sa parole.
M. MASSE (Arthabaska): Evidemment.
M. VINCENT: Ce n'est pas une question de choix.
M. LESSARD: On n'aurait pas le choix.
M. CARBONNEAU: Cela n'est certainement pas dans l'intérêt
de Soquem que les sociétés qui ont répondu à un
appel d'offres, qui ont fait d'autres soumissions il n'y en a pas
beaucoup mais il y en a puissent prendre connaissance publiquement de ce
document. Je craindrais même que Copperfields trouve que sa transaction a
peut-être été un peu dure pour elle à ce moment.
M. LESSARD: Elle pourrait être critiquée.
M. CARBONNEAU: Elle pourrait être critiquée, et cela peut
causer un précédent dans nos relations. Jusqu'à
maintenant, nos relations avec Copperfields ont été très
faciles.
M. LESSARD: On vous demande de vérifier, de voir si c'est
possible et, comme le disait le député de Nicolet, si le ministre
des Finances nous dit que cela n'est pas d'intérêt public, non
seulement nous sommes obligés d'accepter sa parole, mais nous sommes
obligés d'accepter sa décision. Nous n'avons pas le choix.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Merci, M. Carbonneau. Je remercie
également tous les membres du bureau de direction de Soquem ainsi que
les membres de la commission parlementaire.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 38)