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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Société québécoise
d'exploration minière
Séance du mardi 19 juin 1973
(Dix heures quarante minutes)
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
Avant de commencer la séance, j'aimerais vous faire part de
quelques changements: M. Ostiguy, Rouville, remplace M. Drummond, Westmount, et
M. Béland, Lotbinière, remplace M. Tétrault,
Abitibi-Est.
J'inviterais immédiatement M. Carbonneau à terminer son
exposé.
Exposé de M. Carbonneau (suite)
M. CARBONNEAU: M. le Président, lors de la dernière
réunion de cette commission, je crois que j'avais répondu aux
questions posées par M. Lessard. J'en étais aux questions
posées par le député d'Abitibi-Est qui avait
commencé son exposé en disant que Soquem devrait s'occuper
seulement d'exploration minière.
D'abord, je dois dire qu'il n'est peut-être pas de notre
compétence de décider si on doit s'occuper seulement
d'exploration minière ou de mise en valeur ou aussi de mise en
exploitation par participation. Il nous faut travailler selon les termes de la
charte de Soquem. Comme commentaire, je puis dire et là,
j'espère que je pourrai dissiper un malentendu en ce qui concerne la
sorte d'action que nous avons dans le domaine de l'exploration
minière...
Les investissements que l'on fait en exploration minière
particulièrement avec des sociétés de toutes sortes,
canadiennes, québécoises, américaines, sont des
investissements à forts risques. Quand on partage un programme,
même avec une société puissante, et multinationale, ce
n'est pas une subvention à cette société multinationale.
Elle pourrait venir seule ici; parfois elle préfère venir en
s'intégrant avec un agent québécois, mais ce n'est pas une
subvention. On n'achète pas d'action de cette société; on
crée un fonds commun dans lequel la société privée
et Soquem investissent. C'est un fonds à grand risque. On est à
la phase de la recherche et 999 fois sur 1000, c'est l'insuccès; La
découverte d'un gîte minéral est l'extrême exception.
Par conséquent, ce n'est pas une subvention. S'il y a découverte,
eh bien, l'Etat québécois, par Soquem, à ce
moment-là, a une participation. Ce n'est pas tout à fait la
même qualité d'investissement que celle qui se fait à
l'étape de la mise en exploitation, là où on a à
courir un risque industriel normal. Il ne s'agit pas ici d'une subvention.
S'il y a découverte, l'Etat québécois, par Soquem,
a une participation. Ce n'est pas tout à fait la même
qualité d'investissement qu'une qualité à l'étape
de mise en exploitation, là où on a à faire un risque
industriel normal et, si on voulait participer, cela pourrait avoir un aspect
de temps en temps de subvention. Cela n'en est pas une puisque, du fait de la
mise de fonds, nous récoltons un intérêt proportionnel
à cette mise de fonds dans la société fondée pour
en faire l'exploitation.
Deuxième commentaire. En ce qui concerne l'exploration
minière et le souhait que faisait le député d'Abitibi-Est
de nous en tenir à l'exploration minière, je dois dire ici que,
si on s'occupe seulement d'exploration minière, on serait un peu comme
un institut de recherche qui ne débouche jamais. Il est évident
que, dans toutes les entreprises qui ont mis sur pied des exploitations
profitables pour la société, en général, ces
entreprises s'occupaient non seulement de l'exploration de la phase de
recherche, mais également de la phase du développement et
éventuellement de la phase d'exploitation.
Pour avoir une équipe d'hommes qui a de meilleures chances de
trouver, il est éminemment souhaitable que cette équipe d'hommes
également trempe dans les phases subséquentes; il faut qu'elle
cherche et il faut qu'elle sache ce qu'elle a à chercher. Autrement,
cela fait une recherche qui est fort dépouillée, une recherche
qui n'aboutit pas souvent et beaucoup moins souvent. Sans vouloir impliquer que
beaucoup d'instituts de recherche tournent à vide, les instituts de
recherches qui réussissent sont ceux, en général, qui
assurent également la recherche et le développement. Et
éventuellement, une autre société, la compagnie
mère, la plupart du temps, fait la mise en exploitation.
Dans la seconde question que le député d'Abitibi-Est a
évoquée, il nous disait de rechercher seulement les gisements
inconnus dans la province. Je crois que ce commentaire appartient à la
première question, de faire de l'exploration minière
seulement.
Il a parlé ensuite de la question des réservoirs
souterrains. Celle-ci me permet peut-être de vous exposer ce que nous
avons fait aux Iles-de-la-Madeleine en rapport avec le sel qui s'y trouve.
Tout d'abord, la découverte de sel aux Iles-de-la-Madeleine ne
s'est pas faite il y a deux ans comme on l'a dit à cette commission,
à la séance précédente. Elle a été
faite le 7 août 1972; il y aura un an au mois d'août prochain.
Vous avez eu dans la pochette que j'ai distribuée la semaine
dernière un peu l'historique de cette découverte. Il y a
peut-être lieu de dire, à ce stade-ci, quels sont les droits de
Soquem, actuellement, aux Iles-de-la-Madeleine, à deux fins: pour bien
camper le problème de mise en valeur et montrer quelle est la relation
entre les terrains miniers, les droits, les permis que possède Soquem en
totalité et les droits, les permis que possède Soquem à 40
p.c. dans le
cadre de son entente avec leg intérêts
québécois et la Société Les Pétroles
Laduboro limitée.
Vous avez sur le tableau une carte qui montre la répartition des
intérêts. La carte centrale, en liséré plus
foncé, montre les jalonnements miniers qui sont le sujet de l'entreprise
commune et dans laquelle, maintenant, suite à une mise de fonds en
travaux miniers de $275,000, Soquem possède un intérêt de
40p.c, le Dr O'Neil Hébert de Montréal, 55 p.c. et Les
Pétroles Laduboro, 5 p.c. Je dois ajouter qu'en plus de cette
distribution d'intérêts, la société qui sera
formée a un intérêt provenant des Pétroles Laduboro
en ce qui concerne l'emmagasinement futur de 10 p.c. des profits d'exploitation
de cet emmagasineraient avant impôt.
Ceci m'amène à parler des permis d'emmagasineraient. On
sait que le sel lui-même est un matériau qu'on peut exploiter
comme n'importe quel autre matériau minier. En fait, c'est le plus vieux
jamais exploité par l'homme. C'est un matériau d'utilisation de
base dans toutes les sociétés à travers l'histoire. Il y a
encore aujourd'hui plus de 10,000 usages, l'usage principal, cependant, dans
nos sociétés modernes, en ce qui concerne le volume, étant
l'épandage sur les routes durant l'hiver pour le contrôle de la
glace et du grésil.
Mais en plus de cela, dans certaines régions du globe, selon la
façon dont le sel se présente dans la croûte terrestre, il
est possible par lessivage, par solution, de dissoudre des cavités. On
injecte de l'eau par un forage qui a été fait au préalable
et, soit que, dans le forage, on mette un tuyau double ou qu'on fasse un autre
forage dans le voisinage immédiat; avec ces forages et en injectant de
l'eau, on peut éventuellement faire un vide, dissoudre le sel et
créer ainsi des cavités. C'est dans ces cavités qu'on peut
creuser à des profondeurs allant de 800 pieds jusqu'à
théoriquement 10,000 pieds et peut emmagasiner divers produits. Mais en
particulier, aujourd'hui, on pratique cette sorte d'emmagasinement en sel
particulièrement en France, en Allemagne et aux Etats-Unis pour des fins
industrielles. Au lieu de construire un réservoir en métal
à l'extérieur, on crée son propre réservoir dans la
terre.
On peut le faire également non seulement à des fins
industrielles mais pour des fins stratégiques en ce sens qu'on se
crée des réserves à plus ou moins long terme pour pallier
les inconvénients des pénuries qui peuvent se développer
dans l'approvisionnement en sources énergétiques provenant du
pétrole et même du gaz naturel.
Aux Iles-de-la-Madeleine, la situation est la suivante en ce qui
concerne la répartition des divers droits et permis. La Soquem
détient tous les permis concernant les droits miniers en totalité
sur une superficie de plus de 100,000 acres, y compris les îles, les
lagunes et le pourtour des îles, comme vous pouvez le voir sur la carte,
à l'exception d'environ 10,000 acres qui sont montrées en
liséré plus foncé, surtout dans la partie sud de la
carte.
En ce qui touche les permis d'emmagasinement, et même les permis
de recherche de réservoirs d'emmagasinement, parce qu'aucun permis comme
tel d'utilisation du sel pour emmagasiner n'a été accordé
par le ministère des Richesses naturelles, tous les
intéressés qui travaillent aux îles ont des permis de
recherche de réservoirs souterrains. En ce qui touche donc ces permis de
recherche de réservoirs souterrains. Les Pétroles Laduboro les
détiennent pour tout ce qui se rapporte à la terre ferme aux
Iles-de-la-Madeleine, y compris donc une portion qui tombe sous les droits
miniers de Soquem et une portion qui tombe sous les droits miniers de
l'entreprise commune Hébert-Laduboro- Soquem.
La Soquem détient des permis pour plus de 250,000 acres de
terrain, des permis de recherche de réservoirs souterrains, dans les
lagunes, sur les îles, à l'exception d'une lagune à
l'extrémité sud des îles, lagune qui s'appelle lagune le
Bassin, mais elle détient les permis dans ces lagunes et elle
détient les permis sur le pourtour des îles en
totalité.
Vous avez là la situation en ce qui touche la répartition
des divers droits et permis de Soquem de même que les divers droits et
permis du "joint venture", de l'entreprise commune
Hébert-Laduboro-Soquem.
Le troisième élément que M. Tétrault avait
apporté concernait la mine Molybdenite. Il considérait que
l'investissement de Soquem n'avait pas été très profitable
et il se demandait si nous aurions dû investir dans cette entreprise. Il
faut dire que ce projet-là était un projet un peu
désespéré avant que la mine ne se ferme sans retour. Nous
avons considéré qu'il y avait lieu de faire un effort. On y a mis
un montant important mais non déraisonnable de $50,000 pour bien
s'assurer qu'on ne laissait pas de côté un potentiel qui aurait pu
faire continuer la mine, la faire survivre encore quelques années. Cela
n'a pas réussi. Il est évident que les probabilités de
découverte étaient plutôt minces mais la mine était
sise sur un territoire de plus de 4,000 acres et à peine 200 acres de
terrain avaient été examinées avec intensité
à la suite des opérations d'exploitation minière de la
mine Molybdenite.
Enfin, on a parlé également du projet de la baie James. Le
député d'Abitibi-Est souhaitait que nous investissions de
façon plus généreuse dans l'exploration, la recherche de
gîtes minéraux dans le territoire de la baie James. A ceci, je
fais remarquer que la Soquem a commencé même avant que le
territoire soit défini.
Entre avril 1966 et mars 1971, un total de $2,500,000 avait
été investi en exploration minière par Soquem dans ce
territoire. Cette somme représente 26 p.c. de toutes les sommes
dépensées par Soquem dans la province. Et la contribution de
Soquem seule parce qu'elle a fait des programmes conjoints dans cette
région
durant cette période représente 18 p.c. de ses
contributions totales à tous ses programmes dans toute la province. Ceci
s'est continué et, depuis que ce grand projet a été mis en
place... Mais compte tenu de l'évolution de la société qui
ne doit pas se restreindre seulement à des programmes de mise à
jour de recherche de gîtes minéraux, il y a eu des projets qui ont
évolué et qui ont maintenant atteint le stade de mise en valeur.
Par conséquent, les travaux que nous faisons dans la baie James
succèdent aux travaux que nous avions entrepris avant le 31 mars
1971.
L'an dernier, nous avons fait une association avec la
Société de développement de la baie James. Il y en a deux
autres en marche, il y en a d'autres sur le chantier. Mais nous, de Soquem,
nous avons à le faire dans le contexte général des fonds
dont on dispose et nous avons également à le faire avec la
préoccupation que Soquem a un mandat provincial. Nous avons à
faire de l'exploration, de la mise en valeur et à participer à la
mise en exploitation sur 600,000 milles carrés c'est la dimension
de la province de Québec et non pas seulement sur 130,000 milles
carrés, la dimension du territoire de la baie James. Par
conséquent, dans nos diverses discussions avec la Société
de la baie James, je dois faire remarquer que notre mandat était plus
large et que, si elle avait reçu un mandat spécifique, elle
devait en porter la responsabilité plus que nous. Nous sommes
disponibles, nous avons fait toutes sortes de suggestions de travaux à
la société de la baie James, mais il faut le faire, compte tenu
des autres projets que nous avons ailleurs dans la province. On ne peut pas le
faire au prix et au sacrifice de projets valables, ailleurs dans la province,
qui nécessitent également notre attention.
Incidemment, on a, dans la Loi de la Société de
développement de la baie James, la mention d'une société
formée par Soquem et de la Société de la baie James, une
société minière. Cette société-là, il
n'est pas dit que Soquem doit l'alimenter en fonds. Il est dit que Soquem aura
49 p.c. d'intérêt. Par conséquent, dans un cas comme
ça, où, somme toute, le même actionnaire décide
qu'il doit porter une attention particulière à un territoire
donné, je crois que l'agent qu'il crée pour faire les travaux
devrait porter son fardeau financier. Nous sommes prêts à fournir
le personnel, nous sommes prêts à fournir l'expertise mais nous
n'avons pas toujours les fonds; ayant un mandat général dans
toute la province, nous ne pouvons pas les avoir et les mettre avec la
même intensité que la Société de
développement de la baie James peut le faire.
Enfin, la dernière question, M. Tétrault avait
évoqué le règlement que nous avions fait, que nous avions
atteint dans notre litige avec les sociétés du groupe Nemrod, un
règlement de $2,275,000. Pour bien comprendre ce sujet, je me demande
s'il ne serait pas valable de retourner en arrière et de montrer la
situation juridique dans laquelle se trouvaient les participants lorsque ce
règlement a été atteint. Il y avait trois causes, trois
poursuites en jeu: une pour $6 millions contre la Soquem, une de $645,000... Si
vous me permettez, je vais prendre mes notes pour vous donner les chiffres de
façon peut-être plus précise. Il y avait une action
intentée par le groupe Nemrod contre la Soquem en résiliation de
contrat, ceci est brièvement mentionné dans notre rapport annuel
de l'année 70/71. Donc, première action de $6,372,000;
deuxième action contre les administrateurs dirigeants de Soquem, de
$647,000; requête pour nomination d'un séquestre auprès de
Louvem.
Le 28 juillet, la requête pour la nomination d'un séquestre
a été accordée par le juge Philippe Lamarre au groupe
Nemrod, mais nous avons porté la cause en appel le 6 août 1971.
Or, le 11 août 1971, le groupe Nemrod fait une requête en cour
d'Appel pour la mise en exécution provisoire du jugement du 28 juillet.
Le juge en chef du Québec a refusé cette requête pour
exécution provisoire. De sorte que les deux premières poursuites
que j'ai mentionnées n'avaient pas commencé à être
plaidées. La cause de mise sous séquestre n'était pas
exécutée, de sorte que les choses en étaient absolument au
statu quo, il n'y avait pas de séquestre â la mine Louvem, et les
groupes Nemrod et Soquem ont jugé bon de faire un effort encore
on avait déjà tenté de régler le litige afin
de faire un nouvel effort en partant de la base que nous laisserions de
côté les données précises de la répartition
des actions. L'intention des parties, au départ, en mars 1967,
était de faire une association à 50-50. Les quelques points
d'intérêt, 4 p.c. d'intérêt de plus du groupe Nemrod
dans cette association, provenaient des dépenses faites avant 1967,
c'était une prime aux dépenses faites par le groupe Nemrod avant
1967.
Alors, en partant de ce fondement qu'on laissait de côté la
répartition des actions de Louvem, en faisant une compilation
mathématique serrée, mais qu'on partait du principe qu'au
départ l'intention des parties était de faire une association
à 50-50, nous, de Soquem, avons offert notre intérêt au
groupe Nemrod en nous réservant cependant de conserver 10 p.c.
d'intérêt, c'est-à-dire 500,000 actions, mais sans exiger
d'avoir de représentant au conseil. Autrement dit, le groupe Nemrod
avait tout le loisir d'acheter tout notre intérêt, sauf 500,000
actions, et de prendre la gestion de l'entreprise à un prix qui
était un prix évalué par un arbitre indépendant sur
la base du prix du cuivre de ce moment-là, qui était de $0.50 la
livre. Mais nous avons également convenu, avec le groupe Nemrod, que si
ce dernier ne voulait pas faire cet achat, eh bien, nous étions
prêts à le faire, nous lui donnions le premier choix, la
préséance cependant sur l'achat ou la vente. Le groupe Nemrod a
préféré non seulement vendre ses actions en se
réservant 500,000 actions, mais vendre la totalité de ses
actions. C'est ainsi
qu'au lieu de régler pour une somme de $1,900,000, nous avons
réglé pour $1,900,000 plus $375,000. Les premières actions
avaient été évaluées à $1 l'action, la
tranche subséquente de 500,000 dont voulait se départir le groupe
Nemrod a été réglée pour $0.75 l'action. Et c'est
ainsi que nous sommes devenus propriétaires de la mine Louvem,
après avoir offert d'abord de nous en départir, sauf en
conservant un intérêt de 500,000 actions ou 10 p.c. de la
capitalisation de $5 millions.
Ici, je ferai remarquer que, quand même, quand on dit que Soquem
fait affaires avec des sociétés étrangères,
américaines et ainsi de suite, dans les choses qui comptent parce
que tout de même, dépenser de l'argent pour faire de la recherche
qui, la plupart du temps, ne tourne à rien, ce n'est pas tellement
profitable pour les participants mais faire des mises de fonds et
employer des fonds pour arriver à créer des entreprises
rentables, c'est cela qui compte dans un mandat, dans une entreprise en
exploration minière. A ce titre-là, Somex s'est faite avec un
groupe québécois. Le projet Nemrod s'est fait et il a
tourné. Que Soquem ait pris les 100 p.c. d'intérêt,
d'accord, mais ce n'est pas une catastrophe, sans être malveillant pour
les sociétés cadettes du groupe Nemrod, de recevoir un paiement
comptant de $2,275,000. Je ne voudrais pas être malveillant, mais il
serait peut-être intéressant de voir comment cet argent revient au
Québec en exploration minière. Cela ne me concerne pas, mais
c'est vous dire quand même le fruit de notre action, actuellement, dans
les gestes financiers qui portent des revenus aux Québécois,
autant dans Somex que dans Louvem. Voilà les commentaires que j'avais
à faire sur ce règlement avec les sociétés du
groupe Nemrod et je crois que ceci termine les questions qu'on m'avait
posées. Je regrette si j'ai mal répondu à quelques-unes
des questions ou enfin des thèmes que vous avez évoqués,
je suis bien prêt à les préciser et à tenter d'y
répondre d'une façon plus claire.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député des
Iles-de-la-Madeleine.
Le sel des Iles-de-la-Madeleine
M. LACROIX: M. Carbonneau, je m'excuse; au début, j'étais
retenu à mon bureau. D'après ce que j'ai entendu, vous parliez de
l'exploitation possible de mines de sel aux Iles-de-la-Madeleine. Quand
prévoyez-vous le début de l'exploitation de ces dômes de
sel?
M. CARBONNEAU: La première appréciation de mes
collègues, de moi-même et de tout le monde était
peut-être plus optimiste qu'elle l'est actuellement. Nous avions
l'impression, au départ, à l'aide des données
géophysiques accumulées, que la géologie était plus
simple qu'elle l'est en réalité. A l'aide des dix sondages que
nous avons effectués, nous avons une meilleure connaissance des lieux et
il ne fait pas de doute que nous avons là un projet d'exploration
presque gigantesque, dans le sens qu'il va être coûteux et qu'il va
nécessiter une quantité de travaux élaborés;
autrement dit, c'est un grand barrage qu'on a à faire. On pensait avoir
une rivière qui avait des rapides et qui n'avait pas un débit
très considérable, mais on a affaire à un réseau
hydrographique d'envergure et le mesurer va prendre plus de temps que nous
l'avions estimé au début. J'espère encore que, d'ici trois
ans, nous serons en mesure d'extraire du sel aux Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: Dans les recherches que vous avez effectuées
concernant le sel, est-ce que cela vous a permis de découvrir une
possibilité qu'il y ait du pétrole dans les environs des
Iles-de-la-Madeleine?
M. CARBONNEAU: Non, il faut dire qu'avec la sorte de travaux qu'on fait,
c'est presque impossible théoriquement, physiquement de trouver du
pétrole parce qu'il n'y a pas de relations génétiques, de
relations directes entre le sel et l'occurrence de pétrole ou de gaz
naturel. Le sel dans la terre se présente sous forme de cylindres plus
au moins réguliers et, quand le sel a monté dans la croûte
terrestre, il a poussé les formations géologiques au-dessus; il
les a souvent fait bomber en forme aussi de dôme. On dit dôme de
sel, mais les roches sous-jacentes, les roches du dessus sont aussi
plissées en dôme et il y a souvent des failles sur les
côtés. L'ensemble forme des trappes naturelles pour retenir le
pétrole et le gaz naturel, s'il y en a eu dans le passé. Si on
est dans un environnement sec, le pétrole et le gaz naturel n'existent
pas.
Mais s'ils existent, ils ont tendance à aller s'accumuler sur les
pourtours du dôme ou dans des trappes sur le dôme même.
Quand le sel est encore à grande profondeur comme il l'est dans
les Etats du sud-est américain, Louisiane, Texas, on peut parfois
trouver et on a trouvé des réservoirs de pétrole et de gaz
naturel au-dessus du dôme, mais, la plupart du temps, on trouve le sel
sur les côtés du dôme. Or nos forages ne sont pas sur les
côtés du dôme. On cherche plutôt à couper le
dôme en son centre, à l'endroit où les réserves sont
les plus considérables et où la qualité du sel est la
meilleure.
M. LACROIX: Plus près du sel, aussi.
M. CARBONNEAU: Le plus près possible du sel, également.
Cela n'empêche pas que nous ayons quand même recoupé des
zones qui contenaient du gaz naturel. Nous avons, de temps en temps, de petites
explosions, mais sans débits commerciaux. Cela n'a aucune
possibilité commerciale, mais nous recoupons de temps en temps des zones
porteuses de gaz naturel, avant d'arriver au sel. Une fois dans le
sel, évidemment, c'est un matériau imperméable dans
lequel il n'y a absolument aucune trace de pétrole ni de gaz
naturel.
M. LACROIX: Est-ce que les travaux qui ont été
exécutés, il y a deux ou trois ans, à l'île Brion
par Soquip pour la recherche de pétrole... Naturellement, on avait
trouvé, à partir de 1,200 pieds, je crois, jusqu'à 8,000
pieds que c'était seulement du sel. Est-ce que vous avez eu des
informations?
M. CARBONNEAU; Non. Nous avions l'information à l'effet que
l'entreprise conjointe Texaco-Hydro-Québec avait rencontré du sel
à une profondeur de 9,500 pieds et non pas de 8,000 pieds. Dans la
première partie, on avait trouvé toutes sortes de roches, mais
pas de sel. Mais, il était connu depuis presque quatre ans, à la
suite de grands relevés gravimétriques c'est-à-dire
qu'on mesure le poids des roches à partir d'un navire avec un instrument
spécial qu'entre Terre-Neuve et les Iles-de-la-Madeleine, en
particulier, que la possibilité d'y trouver des dômes de sel
était excellente, mais en profondeur. Quand l'Hydro-Québec et
Texaco ont placé leur équipement de forage à l'île
Brion, c'est justement parce qu'il y avait, comme cela, une anomalie qui
indiquait des couches géologiques au-dessus du dôme, mais qui se
trouvaient à 9,500 pieds de profondeur. Le sommet se trouvait à
9,500 pieds de profondeur, mais les roches étaient bombées
au-dessus. Quand les roches sont bombées au-dessus du dôme, comme
je l'expliquais tout à l'heure, il est possible de trouver des trappes,
des réservoirs naturels de pétrole et de gaz. C'est pour cela
qu'on a fait le sondage.
C'était une connaissance, dans les milieux géologiques et
les milieux géophysiques qui s'occupaient, en particulier, du
pétrole, qui, sans être générale, était bien
assise chez les spécialistes qui s'occupaient d'exploration pour trouver
du pétrole dans le golfe Saint-Laurent, aussi bien à
l'intérieur du golfe que sur les pourtours des côtes, à
partir du Labrador jusqu'à l'Ile-de-Sable, en Nouvelle-Ecosse.
Mais ce qu'on ne connaissait pas, c'est qu'on pouvait accepter
l'hypothèse et c'est tout là, je pense, l'originalité de
Soquem dans ce dossier. Plusieurs sociétés se sont vu offrir de
participer à ce programme d'exploration. Elles ont refusé en
jugeant que les possibilités que le sel soit monté assez
près de la surface pour qu'on puisse espérer,
éventuellement à en faire une exploitation commerciale... Ces
possibilités, pour toutes les sociétés qui ont
été incitées à participer à ce programme,
apparaissaient très minces. Nous avons couru un risque, c'est tout.
On savait qu'en plein milieu du golfe il y avait déjà
aussi un autre forage, un forage fait par la compagnie Pan American qui avait
recoupé du sel à une profondeur de 600 pieds, à partir du
fond de la mer et qu'un autre dôme de sel y avait été
trouvé.
Alors, quand le groupe Laduboro, en particulier, un géologue de
Montréal, le Dr Mueller est venu nous présenter ce dossier, on a
trouvé qu'il y avait des possibilités.
En même temps, on avait toujours, comme j'expliquais à la
dernière séance, ce problème de mise en valeur du
gîte de Magpie où nous avons besoin de carbonate de sodium dans
une des avenues de recherche et le carbonate de sodium se fabrique avec du
chlorure de sodium, le sel. Tout cela, dans notre cas, s'intégrait bien
et nous avons, en fait, déplacé une allocation budgétaire
sur le projet Magpie pour l'allouer $100,000 au projet Madeleine.
C'est ainsi que nous sommes arrivés à faire cette
découverte.
M. LACROIX: Est-ce que vous avez déjà fait ou vous avez
l'intention de faire des recherches aux Iles-de-la-Madeleine pour la
possibilité de découverte de gypse ou de manganèse?
M. CARBONNEAU: Oui, c'est-à-dire que nous connaissons ces
occurrences, ces veinules, veines et filons de gypse. Tout cela est lié
ensemble, avec l'occurrence du sel. Le sel s'est formé dans les
âges géologiques éloignés; il y avait de temps en
temps une déposition de sel, une déposition de gypse, une
déposition d'anhydrite, un autre sel de la même famille et
même, des sels de potasse. Quand le sel est monté, ces
matériaux étant des matériaux qui, aussitôt que la
température monte dans la terre et qu'il y a des pressions, deviennent
assez fluides, le gypse, l'anhydrite, les sels de potasse, le sel ordinaire se
sont promenés, se sont déplacés le long de fissures dans
les roches préexistantes. Le gypse étant donc de ceux-là,
il a tendance actuellement à se placer dans des fissures mais aux
îles, jusqu'à présent, il est toujours en zones très
étroites et d'une qualité qui n'est pas extraordinaire. Et
aujourd'hui, la plupart des gîtes de gypse exploités le sont
à partir de couches qui sont restées en place, qui ne se sont pas
déplacées à l'état fluide ou semi-fluide, comme la
chose se présente sur les Iles-de-la-Madeleine. Alors, sans me prononcer
de façon absolue et dire qu'il n'y a pas de possibilité, je
dirais que le potentiel de mise en exploitation des gîtes de gypse n'est
pas tellement élevé.
M. LACROIX: Une dernière question, M. le Président, si
vous me permettez. Tout à l'heure, vous avez mentionné que vous
espériez commencer l'exploitation dans trois ans. Cette semaine, je dois
avoir une rencontre avec M. Dubord de Laduboro et je sais que vous devez avoir
une rencontre jeudi avec certaines personnes.
M. CARBONNEAU: Oui.
M. LACROIX: Ce n'est pas une question; je voudrais simplement vous dire
qu'on compte
énormément, naturellement, sur ces mines de sel pour
procurer de l'emploi et pour développer l'économie des
îles. La seule chose que je ne voudrais pas, c'est que les gens soient
déçus. Si c'est exploitable, je vous demanderais bien humblement
de faire l'impossible pour hâter l'exploitation.
M. CARBONNEAU: Soyez assuré, c'est la plus belle plume au chapeau
de Soquem, cette découverte de sel. Alors, c'est un programme qui a
priorité chez nous. Remarquez bien que c'est une découverte
à deux titres. On cherchait du cuivre et du titane, disais-je à
la dernière séance. D'autres en ont trouvé avant nous, du
cuivre et du titane. Mais du sel, personne n'en avait trouvé au
Québec! Et les chances d'en trouver ailleurs au Québec sont
infiniment petites. Il n'y a pratiquement pas de chance d'en trouver ailleurs
qu'aux Iles-de-la-Madeleine au Québec, en quantité
commerciale.
Alors, à deux titres. Et surtout, je pense que cela rentre
très nettement on a frappé le clou sur la tête
dans le mandat d'une société d'Etat d'aller dans des
secteurs en général et de mettre en valeur des secteurs
où, jusqu'à présent, des agents privés n'ont pas
réussi à faire quelque chose. Ceci pour toutes sortes de raisons,
je ne dis pas cela comme blâme! Là, nous l'avons fait. C'est
fondamental pour une province qui se vante d'avoir des ressources
minières inépuisables, un trésor de ressources. On
manquait ici du matériel le plus fondamental en ce qui concerne la
matière première.
Les anciens disaient: II y a quatre éléments, l'air,
l'eau, le feu et le sel. On l'a maintenant.
M. LACROIX: C'est ce qui explique...
M. CARBONNEAU: Alors, c'est vous dire qu'on y tient et que toutes choses
étant égales d'ailleurs, sans sacrifier nos intérêts
évidemment, on tient à le mettre en valeur le plus vite possible.
Il y a un potentiel considérable. J'ajouterais, peut-être pour
terminer sur cette question-là, si vous le jugez bon, au point de vue
énergétique, également à cause du sel sur les iles
M. Perreault pourra commenter cette question qu'il est possible
de fabriquer de l'énergie à un coût d'énergie
très propre et peut-être encore plus propre que celle de
l'Hydro-Québec et à un coût très bas, simplement en
y installant des moulins à vent et en envoyant l'air qu'on peut
comprimer de cette façon dans ces cavités dont je parlais tout
à l'heure. Ces cavités vont faire que l'air va s'y comprimer et
va changer de température également, et on a qu'à le
sortir. Ce sera comme notre barrage par analogie à la production
d'énergie par hydro-électricité. Ce serait notre barrage.
On emmagasine l'air dans ces cavités, on ouvre le robinet et on fait
fonctionner une turbine. Or le vent aux îles, vous savez qu'il n'en
manque pas. Le travail sera de conserver les moulins à vent debout
tellement il vente souvent et le vent est puissant. Alors, vous voyez là
s'il y a une source d'énergie à un coût très bas, le
sel a plus d'un usage, il a un usage indirect à ce moment-là, non
seulement comme matériau minier, mais comme agent qui permet la
production d'énergie à un coût très bas. C'est la
base de tout développement industriel. On est sur les voies de transport
maritime. La seule chose qui manque aux îles, c'est l'accès par
des ports qui peuvent accepter des tonnages, des navires de bonnes dimensions.
Mais c'est un autre problème.
M. LACROIX : On en fera construire.
M. CARBONNEAU: A courte ou à moyenne échéance.
M. LACROIX: Je vous remercie, M. Carbon-neau.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
L'Assomption.
Energie éolienne
M. PERREAULT: M. le Président, M. Car-bonneau parlait
d'énergie éolienne, c'est un peu pour cela que la commission
parlementaire, lors de l'étude des tarifs de l'Hydro-Québec pour
les Iles-de-la-Madeleine, nous nous sommes opposés à
l'augmentation des tarifs spéciaux aux Iles-de-la-Madeleine, à
cause de la possibilité future de cette production d'énergie
à bas coût. Alors, il y a de grandes possibilités, comme
vous le dites, pour cette énergie et je crois que peut-être
l'énergie coûtera meilleur marché aux Iles-de-la-Madeleine
que partout ailleurs.
M. LACROIX: Ce sera bien la seule chose qui va coûter moins
cher.
M. PERREAULT: J'aurais une question à poser à M.
Carbonneau. Vous mentionnez dans le programme le Dr O'Neil Hébert qui
possède 55 p.c. des parts. Est-ce un docteur en médecine ou un
docteur en géologie?
M. CARBONNEAU: C'est un orthodontiste, d'ailleurs assez
célèbre. C'est un dentiste qui se spécialise dans la
correction des défauts dentaires. On a fait un jeu de mots, on a dit:
C'est un homme spécialisé dans l'art dentaire qui a
été amené, avec des géologues, à pratiquer
l'art "dans terre".
M. PERREAULT: Maintenant, une autre question qui est un peu à
côté, mais sur laquelle j'aimerais être renseigné,
est-ce que l'incident de l'Hydro-Québec lorsqu'il a creusé son
puits par injection d'eau pour trouver de l'eau et qu'il sortait seulement de
la saumure, ce n'était pas une indication qu'elle atteignait du sel?
M. CARBONNEAU: Oui. Mais il y a dans les
roches sédimentaires, même dans les terres basses du
Saint-Laurent ici, plusieurs niveaux stratigraphiques où il y a du sel
de disséminé en quantité parfois minime; mais tout de
même aussitôt qu'il y a une circulation d'eau, le sel se dissout et
il remonte avec les eaux de forage, et puis on peut aussi rencontrer, parce
qu'il y a des eaux souterraines qui circulent, des saumures naturelles du fait
que ce sel est réparti en quantité parfois de 5 p.c, 10 p.c. dans
les roches sédimentaires. Je crois que dans le cas de
l'Hydro-Québec, on a frappé le sel à 100 p.c. à
partir de cette profondeur-là. C'était un dôme de sel, une
masse de sel bombée qui avait été recoupée. Avant
ça, c'étaient probablement des couches géologiques
porteuses de sel mais à teneur, disons, de 10 p.c. ou 15 p.c.
M. PERREAULT: Je n'avais même pas constaté que
c'était un dôme à ce moment-là.
L'autre question que je veux poser se rapporte à la page 10 de
votre rapport d'activité. Vous avez actuellement 17 programmes
partagés pour des fondsde $1,600,000...
M. VINCENT: M. le Président, est-ce que le député
de l'Assomption nous permettrait de terminer au sujet des Iles-de-la-Madeleine
pour revenir ensuite avec d'autres questions?
M. PERREAULT: Oui, très bien.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Nicolet.
M. VINCENT: M. le ministre, M. le Président, on a parlé
tout à l'heure, du moins pour moi c'était très nouveau, de
produire de l'énergie éolienne, j'aurais une question
complémentaire à ça, est-ce que des expériences
semblables se font dans d'autres parties du monde avec des résultats
probants?
M. CARBONNEAU: A ma connaissance, il n'y a aucun endroit au monde qui
pratique cette production d'énergie au voisinage de dômes de sel.
Mais on le fait sur diverses côtes et même ici sur la
Côte-Nord, on produit de l'électricité actuellement
à partir de l'énergie éolienne, pour des projets qui
seraient très coûteux à alimenter si on devait y amener
l'électricité par voie normale. Mais, particulièrement
dans les Etats de l'Ouest américain, à cause des grands vents qui
descendent des montagnes Rocheuses et s'amènent vers les grandes plaines
de l'Ouest, du côté américain, on a déjà des
prototypes de grands moulins à vent qui, actuellement, sont à
l'étude pour produire l'électricité. Mais le grand
problème avec tous ces projets, c'est que, contrairement à ce
qu'on pratique en hydro-électricité, on n'a pas de
réservoir derrière notre barrage. On est obligé de
consommer le vent tout de suite. Le vent varie; des journées, il vente,
d'autres journées, il ne vente pas. Quand on est installé sur des
dômes de sel, le réservoir souterrain joue le rôle de
barrage et on a, à ce moment-là, une possibilité
d'alimentation constante à la turbine génératrice
d'électricité, ce qui place la région concernée
dans une situation bien meilleure.
M. VINCENT: C'est aussi sur la question du sel, c'est-à-dire que
ça complète la question du sel, est-ce que l'Hydro-Québec
fait des études avec votre organisme en ce qui concerne cette
possibilité?
M. CARBONNEAU: C'est-à-dire qu'elle étudie la question
avec soin grâce à notre administrateur, M. Georges Gauvreau, qui
est aussi commissaire à l'Hydro-Québec; il a alerté la
commission à ce sujet, et on fait actuellement la collecte de toutes les
données possibles sur le sujet de la production d'énergie par le
vent, d'énergie éolienne. C'est nous qui retardons un peu parce
que nous ne savons pas où sont tous nos dômes de sel, nous n'avons
que dix forages, ça va demander au moins encore un an ou un an et demi
d'examens par forages pour pouvoir dire à l'Hydro-Québec: Voici
où on pourrait créer des cavités; et il faudrait ensuite
un accord avec Les Pétroles Laduboro, parce que, dans la plupart des
cas, ce sont Les Pétroles Laduboro qui détiennent les permis de
recherche d'emmagasinement, mais voici l'endroit où nous croyons que le
sel est disposé de telle façon qu'il est apte à la
création de champs d'emmagasinement. Actuellement, ces études ont
démarré.
M. VINCENT: Concernant toujours ce projet des Iles-de-la-Madeleine,
Soquem à ce jour a investi $50,000 pour acheter une partie des
jalonnements du Dr Hébert.
M. CARBONNEAU: La totalité des jalonnements du Dr Hébert.
Nous avions, dans le contrat, à débourser avant le 1er mai 1973,
$50,000 et à dépenser $275,000, si nous voulions avoir un
intérêt de 40 p.c. Tout ça a été
réalisé.
M. VINCENT: Tout ça est réalisé à ce
jour?
M. CARBONNEAU: Oui. Plus une phase de travaux où les partenaires
ont contribué dans un rapport de 55 p.c. à Hébert, 5 p.c.
à Laduboro, 40 p.c. à Soquem, une phase de travaux d'un montant
total de $150,000, de sorte qu'on peut dire qu'aux Iles-de-la-Madeleine,
aujourd'hui, depuis le 7 août, en fait, le 30 juillet l'an dernier, une
somme totale de $425,000 a été dépensée en
exploration.
Mais cela a coûté à Soquem, comme droit
d'entrée pour obtenir ses 40 p.c., en plus de sa contribution au titre
des travaux d'exploration, une somme de $50,000.
M. VINCENT: C'est en vertu de l'entente actuelle, ça?
M. CARBONNEAU: Oui.
M. VINCENT: Pour le journal des Débats, puisque c'est la
première fois, je crois, que Soquem a...
M. CARBONNEAU: Oui.
M. VINCENT: ... l'occasion de venir exposer ses vues devant la
commission parlementaire et ça devient public est-ce que
le président pourrait nous résumer, très
brièvement, l'entente actuelle qui existe et qui a été
signée, je crois, en juillet 1972?
M. CARBONNEAU: En juillet 1972, oui. Elle est résumée dans
le rapport des activités ici. J'ai mentionné que nous avions,
jusqu'à présent, d'abord appliqué une somme de $275,000,
fournie par Soquem seule à l'exploration de ces dômes de sel et
qu'une somme de $150,000 où les partenaires contribuaient chacun de leur
quote-part avait également été appliquée.
A compter de maintenant, le palier qui réglait cette question de
$425,000 nous place dans une situation où nous avons à former une
compagnie dans laquelle Les Pétroles Laduboro auront 5 p.c.
d'intérêt, Soquem 40 p.c, le Dr Hébert 55 p.c, quoique le
Dr Hébert, dans l'entente, nous avait demandé si nous avions
objection à ce qu'il cède, une fois la compagnie formée,
un intérêt de 2.5 p.c. à la Société Janin
Ltée. Ainsi, si tout ceci prend place, au départ cette compagnie
aura une répartition d'actionnaires qui auront les intérêts
suivants: Hébert, 52.5 p.c; Janin, 2.5 p.c; Les Pétroles
Laduboro, 5 p.c et Soquem, 40 p.c.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre.
M. CARBONNEAU: A partir de là, si vous me permettez, c'est une
autre entité corporative. Ce n'est pas complètement,
nécessairement, une exploitation à ce stade-ci, parce qu'il y
aura encore des mesures à faire, mais c'est une entité
corporative qui devrait trouver sa propre finance. Au départ il faudra
que les actionnaires, les quatre groupes que j'ai nommés financent,
parce que nous n'aurons pas atteint le stade 8 de notre plaquette.
M. VINCENT: Vous parlez d'exploitation probablement dans trois ans.
M. CARBONNEAU: Oui.
M. VINCENT: Donc, d'ici trois ans, il y aurait à peu près
combien d'argent à dépenser dans le coin des îles?
M. CARBONNEAU: En prenant le site qui semble le plus prometteur, je
dirais que nous sommes au stade 5. Encore une fois, ce sont des estimations qui
peuvent être démenties dans deux mois sur un nouveau forage; ce
sont des estimations qui sont faites du mieux possible mais qui ne sont pas
certaines. Passer du stade 5 au stade 8 dans un projet de cette envergure, sur
un site donné, parce que cela ne tient pas compte de tous les autres
sites que nous aurions à explorer, cela peut aller chercher $2 millions
à $3 millions, pour arriver au stade 8. Ce serait dans deux ans. La mise
en exploitation pourrait prendre un an. Ce serait le stade 9. L'exploitation
proprement dite qui est le stade 10, dans trois ans.
M. VINCENT: II pourrait donc y avoir une dépense additionnelle de
$3 millions d'ici deux ans pour en arriver à...
M. CARBONNEAU: A l'étude de faisabilité qui nous permet
d'emprunter des sommes pour assurer la mise en exploitation. La mise en
exploitation elle-même, nous l'avons évaluée à
l'heure actuelle, entre $5 millions et $6 millions. Pour rentabiliser
parfaitement un projet comme celui-ci, il faudrait pratiquement, soit en
collaboration avec les coopératives des îles, soit seul, avoir
notre propre flotte de barges. On dit une flotte de barges, peut-être
deux ou trois barges, mais des barges à grand tonnage. Je tiens à
faire remarquer que, rendu au stade 8, ce sont des sommes pour faire la mise en
exploitation qui ne sont pas nécessairement fournies par les
actionnaires.
Normalement, dans un projet comme ça, ce ne sont pas les
partenaires qui contribuent. Les partenaires donnent leurs garanties, d'accord,
mais ce sont des sommes empruntées ou ce sont des sommes qui proviennent
de la dilution des intérêts des partenaires dans la compagnie
formée. On vend des actions pour obtenir des fonds, on répartit
les risques aussi en même temps. Selon la rentabilité du projet,
on peut soit vendre des actions ou soit emprunter à ce stade-ci pour
assurer la mise en exploitation.
M. VINCENT: C'est toujours en procédant sur le pourcentage
5-55-40?
M. CARBONNEAU: Oui, à moins qu'un partenaire, en cours de
route...
M. VINCENT: Oui, comme vous l'avez mentionné tout à
l'heure.
M. CARBONNEAU: ... désire se retirer. Oui, il peut se retirer, il
peut dire: Moi, je préfère ne plus contribuer et, à cela,
je dois ajouter que, dans le cas du Dr Hébert qui était le
détenteur des droits miniers, le contrat lui laisse un
intérêt non contributoire, résiduel dans tous les cas de 20
p.c. En d'autres termes, le Dr Hébert pourrait arrêter... Cela a
l'air très généreux, d'accord, mais il avait les
jalonnements miniers, c'est lui qui les possédait. Dans tous les cas, il
n'aura pas contribué et pourra quand même conserver un
intérêt de 20 p.c. dans la future compagnie.
M. VINCENT: Eventuellement, est-ce qu'un des partenaires pourrait vendre
ses parts à des étrangers?
M. CARBONNEAU: C'est-à-dire, oui...
M. VINCENT: II y a la clause du droit mutuel de
préférence.
M. CARBONNEAU: ... seulement, nous avons le droit mutuel de
préférence d'achat. En d'autres termes, pour qu'un des trois
partenaires principaux, Laduboro, Hébert ou Soquem, puisse vendre
à quelqu'un de son choix, il faut que les deux autres partenaires
renoncent à leur droit d'exercer cette option qu'ils ont d'acheter aux
mêmes conditions. De sorte que, vendre à des étrangers, je
pense bien que Soquem fera des pieds et des mains pour éviter ça.
Autrement dit, elle a le privilège aussi, mais d'un autre
côté, je ne pense pas qu'il y ait tellement de risques parce
qu'une compagnie étrangère qui ferait une soumission, qui
désirerait acheter, par exemple, l'intérêt du Dr
Hébert, va le faire dans des conditions réalistes. Personne ne
jette son argent par les fenêtres. Alors, elle soumettra un prix d'achat
qui devrait être un prix raisonnable et, à ce moment-là,
Soquem peut exercer son privilège. C'est pourquoi les $5 millions qui se
trouvent dans le projet de loi actuel peuvent être fort utiles. Cela ne
veut pas dire que Soquem conserverait cet intérêt
indéfiniment après, elle peut en revendre des parties à
d'autres, mais elle choisira alors les acheteurs. C'est son privilège.
Elle serait malvenue de le vendre à des étrangers si elle n'a pas
besoin d'étrangers pour la technologie, si elle n'a pas besoin
d'étrangers pour le marché. Et ici, nous sommes dans un cas
où, pour une fois encore une fois, je pense que c'est la
première fois dans l'histoire minière du Québec le
principal consommateur est ici au Québec, le marché est au
Québec. C'est l'épandage sur les routes. Qui achète le sel
pour les routes? Les municipalités, la province. C'est très rare
qu'une province canadienne soit dans cette situation pour un matériel
donné. J'espère bien que ce sera un projet plus facile à
démarrer à ce titre-là, parce que le marché est
souvent un obstacle.
M. VINCENT: Est-ce qu'on a une idée de la valeur
économique du projet?
M. CARBONNEAU: La valeur économique du projet, dans son ensemble,
y compris la mise sur pied d'un système de transport... Aujourd'hui, on
peut lancer un chiffre, il est de l'ordre de $20 millions, pour toutes les
étapes, à aller jusqu'au stade 10 qui est l'exploitation
proprement dite. Ici, voyez-vous, on a dépensé $425,000 pour se
rendre au stade 5, on en évalue $2 millions à $3 millions pour se
rendre au stade 8, $5 millions à $6 millions pour la mise en
exploitation et $10 millions environ pour la mise sur pied d'un système
de transport.
C'est beaucoup $10 millions, mais le coût à la tonne pour
amener une tonne de sel des îles aux centres de consommation va
être beaucoup plus bas si nous avons ce système. Par
conséquent, c'est valable d'y mettre un investissement de $10 millions
simplement sur le transport sur des barges.
L'ensemble du projet, aujourd'hui nous l'évaluons à
environ $20 millions.
M. VINCENT: Vu l'importance du projet, je pense que tous les membres de
la commission... On a vu le député des Iles-de-la-Madeleine, tout
à l'heure, s'inquiéter de la lenteur qu'on croit déceler,
à l'heure actuelle, pour l'exploration. On nous dit, par exemple, qu'il
y a eu seulement dix trous de forés au cours de la dernière
année. Est-ce qu'il y a une raison pour cette lenteur, à l'heure
actuelle, qu'on croît déceler au moins?
M. CARBONNEAU: Ils ont coûté très cher. Il y a une
lenteur qui est due à des contraintes financières, c'est pour
cela qu'on demande une augmentation de capital.
M. VINCENT: C'est une des raisons?
M. CARBONNEAU: II y a également une lenteur qui découle de
contraintes techniques. Il est souvent impossible de situer et d'effectuer un
sondage avant de connaître les résultats du sondage
précédent parce qu'on jette notre argent par les fenêtres,
à ce moment-là. On peut implanter l'équipement de sondage
complètement en dehors du dôme. On s'est précipité,
dès l'automne, avec toutes nos équipes géophysiques. On a
fait le relevé complet des Iles-de-la-Madeleine au point de vue de la
gravimétrie, c'est-à-dire qu'on a déterminé le
poids des roches avec un instrument spécial sur l'ensemble des
Iles-de-la-Madeleine. Sur les trois quarts des Iles-de-la-Madeleine, on a fait
des relevés au magnétomètre pour trouver le
magnétisme des roches. Cet ensemble nous permet de trouver des zones
à plus grande probabilité d'occurrence de sel. On a placé
des sondages sur les sites qui nous apparaissaient les plus favorables en se
fondant sur ces études. Encore là, aller plus vite que cela dans
un contexte semblable, c'est gaspiller. Je dois avouer qu'on a deux forages qui
étaient inutiles, absolument inutiles; des forages qui coûtent de
$35,000 à $40,000, il ne faut pas en placer trop pour que ce soit
déplorable, s'ils ne rendent rien. On tâche de maximiser la
position de nos forages, parce que c'est l'élément coûteux,
à partir de relevés géophysiques de surface, mais ces
relevés se font lentement. On veut les faire aussi vite que possible,
mais c'est lent. Prenez seulement le pourtour des Iles-de-la-Madeleine. On ne
connaîtra pas la géologie des Iles-de-la-Madeleine de façon
satisfaisante et on n'aura pas une bonne idée de la situation, du
contexte, du patron d'occurrence, du patron de montée du sel,
avant qu'on ait fait des relevés gravimétriques dans la
mer. Il n'y en a pas près des côtes. On commence, dès la
semaine prochaine, à faire des relevés gravimétriques
à l'aide d'un navire pour obtenir également le poids des roches
dans la mer. Cela ne peut pas se faire durant l'hiver parce que le golfe est
couvert de glaces. Nous avons fait quelques relevés sur la glace quand
on ne s'éloignait pas trop des côtes parce que les glaces sont
souvent en mouvement, à cause des marées, mais cela va se faire
cet été. Par conséquent, pour les forages bien
placés, on va commencer à être en mesure de choisir des
sites idéaux, ou enfin aussi parfaits que possible, seulement à
l'automne, un an et quelques mois après la découverte.
M. LACROIX: S'il y a du mauvais temps...
M.CARBONNEAU: II y a toujours quelque chose. La saison où l'on
peut travailler de façon raisonnable, convenable, sans délai, est
très courte partout dans la province. Il y a toujours des obstacles.
M. VINCENT: Vu l'importance du projet, avec plus d'argent, plus de
facilités techniques, est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité de
ramener cette échéance de trois ans à deux ans? Est-ce que
c'est physiquement possible ou...
M. CARBONNEAU: Cest possible.
M. VINCENT: ... est-ce que c'est financièrement
réalisable?
M. CARBONNEAU: C'est réalisable. Dans ce domaine, on ne peut pas
tout avoir, on peut certainement couper un an sur un projet comme cela, mais il
faudrait d'avance accepter de perdre ou enfin accepter des coûts de 25
p.c., peut-être 50 p.c. supérieurs à ce que cela devrait
coûter normalement. C'est possible.
M. VINCENT: Je reviens toujours à la première affirmation
du président, l'eau, le vent...
M. CARBONNEAU: Le feu.
M. VINCENT: ... le feu et le sel. Il nous manque le sel. Il y aurait une
possibilité qu'on aille le chercher et, à mon sens, si la loi
qu'on nous présente, le bill 4, pouvait permettre de raccourcir cette
échéance de trois ans, ce serait une des très bonnes
raisons pour que l'Assemblée nationale vote d'emblée la loi.
M.CARBONNEAU: Je peux vous dire que, cette année, sur un budget
d'exploration, en excluant les dépenses des frais d'administration de
tout genre, sur un budget d'administration d'environ $1,900,000, il y a
$800,000 consacrés aux Iles-de-la-Madeleine, en ce qui concerne Soquem,
presque la moitié, il y a $200,000 dans le programme qu'on appelle
Madeleine, qui comprend nos 100,000 acres de terrain où nous avons la
totalité de l'intérêt et $600,000 dans le projet Aubert qui
est le projet conjoint, le projet avec le Dr Hébert et Les
Pétroles Laduboro.
Alors, près de la moitié de tous nos fonds cette
année, avant qu'on ait cette augmentation de capital, avait
été répartie et assignée aux
Iles-de-la-Madeleine.
M. VINCENT: Sur les autres étapes qui s'en viennent pour les
trois prochaines années, est-ce qu'il y a une entente de conclue entre
les partenaires et Soquem pour la dépense de $3 millions?
M. CARBONNEAU: Comme le disait le député des
Iles-de-la-Madeleine, jeudi prochain, nous espérons régler cette
question de financement, comme la société qui s'appellera
probablement Seleine, sel des Iles-de-la-Madeleine, pourra se financer, comment
elle pourra avoir des fonds pour des travaux. A ce stade-ci, nous de la Soquem,
croyons qu'étant donné la dilution considérable qu'on
serait obligé d'encourir si on vendait des actions parce qu'on est
encore dans une phase de risques à ces stades 5 et 6, il serait
préférable que les partenaires contribuent et financent cette
société Seleine. D'ailleurs, par son concept initial, cette
société Seleine, on espérait bien qu'elle se formerait,
c'est l'endroit pour la former normalement. H n'y a rien qui nous empêche
de la former avant. Mais c'est ici normalement qu'elle devrait se former.
M. VINCENT: II y a tellement de dépenses encore à
faire.
M. CARBONNEAU: Ah oui!
M. VINCENT: On lisait dans les journaux, l'automne dernier, quand il
était question du dôme de sel ou des découvertes de sel,
les commentaires du Dr Hébert et de M. Mueller; ces gens avaient peur de
se faire passer un sapin par...
M. CARBONNEAU: Je ne crois pas qu'on ait mentionné cela dans les
journaux. Oui?
M. VINCENT: II y avait un article qui était écrit dans le
Devoir, à ce moment, au mois de septembre 1972; il y avait des questions
qui étaient posées par le Dr Hébert, qui étaient
posées également par M. Mueller, qui siège au conseil
d'administration du Barreau...
M. CARBONNEAU: Oui.
M. VINCENT: ... où on se demandait si...
M. CARBONNEAU: Je n'ai pas lu cet article.
M. VINCENT: Je vais essayer de le retrouver cet après-midi pour
avoir plus de détails là-dessus.
M. CARBONNEAU: C'est toujours le même problème. Il y a un
problème ici d'une société qui, financièrement, est
assez forte, Soquem, avec des entrepreneurs privés. Le Dr Hébert
est un entrepreneur minier. A ce titre, il ne répare pas... Les
Pétroles Laduboro, c'est une société encore là qui
n'est pas de très grande dimension et c'est inquiétant pour elle
si elle veut conserver absolument son intérêt, d'accord. Et pour
Soquem, il s'agit de déterminer jusqu'à quel point on peut
l'attendre.
M. VINCENT: C'est là qu'est le problème à l'heure
actuelle.
M. CARBONNEAU: Jusqu'au début de décembre, je peux dire
que nous étions les seuls à contribuer. Il n'y a jamais eu de
problème. Nous sommes allés aussi rapidement que nous pouvions.
Je ne crois pas qu'une autre société soucieuse de bien
administrer ses fonds soit allée plus rapidement. H fallait osculter
cette région. On était dans l'inconnu total.
A partir de décembre, il y a eu un délai d'un mois et
quelques jours. Cela aurait peut-être été un délai
de quinze jours seulement si Soquem avait été seule.
C'était la période des Fêtes, cela a duré un mois et
demi. Nous avons attendu. Nous avons voulu que le Dr Hébert et ses
associés soient bien informés avant de prendre la décision
de contribuer de leurs 55 p.c. à la phase de $150,000. Nous avons fait
les travaux de $150,000. Encore là, le Dr Hébert a trouvé
que cela avait coulé. Déjà, à la fin de
février, les $150,000 étaient utilisés.
A partir de là, il ne faut quand même pas... Je sais que
cela cause des délais. Si on était seul, cela irait plus
vite.
C'est évident que lorsqu'on travaille en participation, dans tous
les domaines, c'est un peu plus lent, mais parfois, les résultats sont
meilleurs. Alors, depuis le milieu ou la fin de février, le début
de mars, nous sommes à déterminer les grandes lignes, les grandes
caractéristiques de cette société, l'établissement
des règlements, la charte, le mode de financement. Ceci cause
actuellement un certain délai. Mais dans tous les cas, il y a toujours
des délais, quand on passe d'une étape aussi importante que celle
où on travaille en association ou en participation, en entreprise
commune à l'étape où on forme une compagnie. Parfois,
quand c'est pour une compagnie personnelle, cela peut aller très vite de
former une compagnie. Mais quand il y a de tels intérêts en jeu...
On ne tient pas nous, tout de suite à placer le groupe
Hébert-Laduboro dans une situation où il n'a aucune chance de
conserver ses intérêts. On voudrait lui donner le temps, selon
l'esprit de l'entente du mois de juillet 1972, de trouver des fonds.
Alors, il y a une période un peu de lenteur, mais qui permet aux
partenaires d'avoir la chance de contribuer. Si, après un certain temps,
le projet n'est pas révisé, à toutes fins pratiques, cela
cause un tort, dans le cas actuel, à toute la population du
Québec. Il faudrait bien aller de l'avant.
M. VINCENT: M. Carbonneau, à l'heure actuelle, tout le monde est
d'accord pour en arriver au développement de ce site, de cette mine. On
établit que, sur une période de trois ans au maximum, il y a une
dépense d'environ $19 millions à faire, pour terminer
l'exploitation. Vous avez mentionné, tout à l'heure, que cela
pouvait totaliser $20 millions. Il y a déjà un million de
dépensé ou à peu près, même pas.
M. CARBONNEAU: Non, un demi-million. Disons que c'est $425,000.
M. VINCENT: Donc, Soquem établit son échéancier;
elle dit: II y a des étapes à franchir d'ici trois ans. Il y a
$19 millions à investir. Il y a un must; il faut y aller. A ce
moment-là, il faut que le groupe Hébert-Laduboro trouve 55 p.c.
de garantie ou autre et l'autre, 5 p.c. Advenant que, sur le plan de la
possibilité, le Dr Hébert ne puisse pas le faire, que Laduboro ne
puisse pas le faire, cela va représenter un montant de $9 millions
à $10 millions pour le Dr Hébert; peut-être $11 millions.
La même chose pour Laduboro, mais en moins grand, 5 p.c. de...
M. CARBONNEAU: Un million de dollars.
M. VINCENT: Un million environ. Si ces gens arrivent et vous disent que
c'est financièrement impossible de le faire, sur le plan pratique, que
fera Soquem?
M. CARBONNEAU: Soquem continue et gagne des points
d'intérêt du fait de la dissociation de ses partenaires. C'est ce
qui est arrivé dans le dossier de Louvem.
M. VINCENT: En reprenant les pourcentages...
M. CARBONNEAU: Oui. Les actions sont réparties au fur et à
mesure des financements de la future compagnie ou de la compagnie Selei-ne. Si
un des partenaires fait défaut, il est bien établi dans le
contrat qu'il va recevoir, soit sous forme de prime ou sous forme de bonus, un
nombre moindre d'actions que s'il avait contribué selon les pourcentages
définis au départ. Soquem peut, à un moment donné,
en prendre le contrôle et, de cette façon, peut avoir plus de 50
p.c. des actions.
M. VINCENT: Ce serait un autre petit Louvem!
M. CARBONNEAU: C'est-à-dire... M. VINCENT: Ou un gros Louvem!
M. CARBONNEAU: Pas nécessairement. J'espère qu'on n'aura
pas besoin de régler la chose qu'après une série de
bousculades en cour. Mais il peut arriver que cela finisse comme cela. Notez
bien que, dans toutes nos associations, il nous est difficile d'avance de
présumer que l'entrepreneur ou la compagnie ou le syndicat qui nous fait
face sera incapable de trouver des fonds. Il peut arriver des situations
où, dès le départ, après des dépenses assez
raisonnables... Parce qu'en fait c'est arrivé dans le cas de Louvem.
Nous n'avions dépensé que $37,000, quand on est arrivé
ici, à Louvem. Il peut arriver que le gîte découvert soit
tellement prometteur que l'entrepreneur n'ait aucune difficulté à
financer lui-même sa contribution. Il le peut lui-même, par le
truchement d'un autre véhicule corporatif. Sa compagnie, s'il le veut,
peut non seulement diluer mais vendre des actions pour se constituer un
trésor. Il peut aller aux banques, si le gîte découvert
démontre qu'il a réellement du corps et que le risque financier
est très acceptable. Les banques vont prêter.
Alors, c'est difficile pour nous d'avance, quand on fait l'accord, de
présumer que le partenaire privé, modeste ou de dimension
respectable ne viendra pas avec nous. On veut lui donner l'option, la chance,
le tout selon les qualités de la découverte qu'on ne
connaît pas d'avance.
M. VINCENT: Mais cela ne peut-il pas être une des craintes,
à l'heure actuelle, du Dr Hébert, celle de se dire: Voici, si
j'étais dans l'obligation de trouver $11 millions d'ici trois ans et que
je suis dans l'impossibilité de le faire parce qu'on sait qu'il y
a même des municipalités qui n'ont pas été capables
d'en trouver à ce moment-là, qu'est-ce qui se passe?
Naturellement, Soquem va essayer de l'aider. Est-ce qu'il y a une autre
façon à part celle de prendre ses parts, son pourcentage?
M. CARBONNEAU; Non. Cette formule-là, c'est la formule
générale dans l'entreprise minière entre entreprises et
individus. Mais, ce qui arrive dans le cas du Dr Hébert n'est pas une
catastrophe. Il a toujours la garantie que, s'il cesse de contribuer, il
conserve quand même 20 p.c. On parlait tout à l'heure...
M. VINCENT: 20 p.c. de base.
M. CARBONNEAU: De base. Alors, sur les $20 millions de tout à
l'heure, le Dr Hébert aura contribué disons qu'il ne
contribue plus du tout à partir d'aujourd'hui il aura
contribué à 55 p.c. de $150,000, disons $90,000 ou $85,000, et
à partir de là, il aura toujours 20 p.c. On parlait d'une mise de
fonds, d'un actif de $20 millions tout à l'heure pour tout l'ensemble du
projet, il aura alors une valeur de $2 millions en actif. Si la compagnie fait
des profits j'espère bien qu'elle en fera il aura 20 p.c.
de tous les profits. Ce n'est donc pas catastrophique pour l'investissement
qu'il a fait de retirer 20 p.c. de cela.
M. VINCENT: Cela, c'est un tiens, mais je pense qu'il pense à
"deux tu l'auras".
M. CARBONNEAU: Oui, mais encore une fois, si notre partenaire
privé... On ne peut pas présumer...Si le Dr Hébert, par
exemple, décidait: Moi, j'en ai assez de l'art dentaire et je me lance
dans les mines, je veux être un entrepreneur, j'aime cela les mines, cela
a de la vie et je deviens un entrepreneur minier, financier, j'aime cela
bâtir des entreprises minières. Il devient réellement
actif. Il a l'option. Essayer de trouver des fonds, cela paraît difficile
actuellement, mais d'un autre côté, s'il partage et s'il le fait
avec notre accord...Si M. Hébert disait: Voici, j'ai une offre de Janin
limitée, une offre généreuse d'acheter 30 p.c. de mes
intérêts. Je ne vois pas pourquoi Soquem interviendrait et
achèterait les intérêts de M. Hébert si c'est Janin
limitée qui les achète. Janin limitée est un agent
économique québécois aussi valable que bien d'autres.
Alors, voyez-vous, M. Hébert aurait commencé à agir comme
entrepreneur; avec ces fonds-là, il peut bien s'en aller ailleurs et
essayer de trouver quelque chose d'autre, mais on ne peut pas d'avance lui
refuser cette option-là. On ne connaît pas la qualité, la
sorte de découverte qu'on fera, on ne peut pas l'empêcher de se
faire des soucis, à savoir s'il sera capable de contribuer, par exemple.
C'est son choix. S'il juge qu'il préfère ne pas avoir de soucis,
ne pas avoir de maux de tête, dans ce cas-là, il n'a qu'à
s'asseoir et il a 20 p.c. Mais s'il a l'ambition de garder ses 52 1/2 p.c. ou
ses 5 p.c, il va falloir qu'il travaille à trouver des fonds. Ce n'est
pas gratuit.
M. VINCENT: Présentement, on discute cette future entente.
M. CARBONNEAU: Aujourd'hui, nous en sommes rendus à avoir
accepté la charte de la société. Nous avons une
difficulté d'interprétation, à savoir si Soquem devrait
prendre, dès le départ, la gestion de la société
avec quatre administrateurs sur sept avant que les règlements soient
approuvés. Il y a des conseillers juridiques qui nous disent que le
groupe Hébert devrait n'avoir que trois administrateurs sur sept
dès le départ; d'autres disent que c'est douteux. On va
tâcher de s'arranger ensemble. Ensuite, il y a les règlements.
Nous avons, sans obligation de notre part, envoyé les règlements
de la future compagnie, pour voir s'ils étaient d'accord. Il y a des
points sur lesquels ils ne sont pas d'accord. Il y a des rédactions
différentes à faire. Nous en sommes rendus là. C'est
à ce stade-là que les difficultés peuvent s'élever
entre Soquem et le partenaire privé. J'ai appelé cela le tendon
d'Achille de Soquem dans le dossier Nemrod.
Dans ce cas-ci, cependant, nous avons une clause d'arbitrage. C'est long
l'arbitrage, mais d'un autre côté, si ça prend trop de
temps en discussions interminables entre les partenaires, je pense qu'il va
falloir ramasser tous nos points de difficultés d'interprétation
et d'application du contrat et on va essayer de faire régler ça
par l'arbitre et, à partir de là, on marchera.
M. VINCENT: Mais il y a encore un dernier recours au
lieutenant-gouverneur en conseil?
M. CARBONNEAU: A ce stade-ci, non, le contrat est approuvé, tout
est réglé avec le lieutenant-gouverneur.
M. VINCENT: Le contrat est approuvé?
M. CARBONNEAU: Le contrat est approuvé, même le principe de
la formation de la compagnie a été approuvé. Pourquoi ne
le serait-il pas à ce stade-ci?
M.VINCENT: Est-ce qu'on peut rendre ce contrat public?
M. MASSE (Arthabaska): On pourrait en discuter, mais je ne pense pas,
pour en avoir discuté; concernant les demandes, des
députés de l'Opposition...
M. CARBONNEAU: Ce n'est pas le contrat de l'entreprise.
M. MASSE (Arthabaska): ... ont fait part, la semaine dernière,
dans ces contrats, pour en avoir discuté avec M. Carbonneau, qu'il ne
serait pas dans l'intérêt de Soquem, donc dans
l'intérêt public, de dévoiler ces contrats du fait que
Soquem est toujours en existence et qu'elle aura à négocier
d'autres contrats. Pour ces raisons, on pense qu'il ne serait pas dans
l'intérêt de tous de publier ces contrats; mais, personnellement,
je ne vois pas d'objection à ce qu'on fasse état de la
généralité de ces ententes.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre à ce
sujet.
M. MASSE (Arthabaska): J'avais une question, que le député
de Nicolet a posée par la suite, concernant la mise de fonds
nécessaire pour l'avenir, à en arriver jusqu'à la mise en
exploitation; mais vous disiez qu'il y a $425,000 dépensés
à ce jour au niveau de l'exploration, est-ce la somme totale qui
implique la participation des partenaires?
M. CARBONNEAU: Seulement sur les $150,000 de cette somme de $425,000. Le
contrat nous obligeait à dépenser, seuls, i.e. Soquem, sans
contribution de la part de nos partenaires, $275,000 au total pour obtenir un
intérêt de 40 p.c. Cette phase s'est terminée au
début de décembre 1972; nous avions, à So- quem, à
même nos propres fonds, dépensé $275,000. Le contrat aussi
exigeait que nous fassions un paiement comptant au Dr Hébert
également. Ces deux conditions remplies, nous étions, dans le
rapport, 45 p.c, 55 p.c. tous les trois et, à la phase de $150,000, les
partenaires ont contribué selon ces intérêts
mentionnés, de sorte qu'au total la région des
Iles-de-la-Madeleine a reçu, sous forme d'investissement en exploration,
une somme de $425,000. Le contrat dit qu'une fois cette étape franchie,
la compagnie doit être formée. Notez bien que ce n'est pas tout
à fait $425,000, si je veux être précis. C'est un peu plus
de $419,000. Mais c'est l'ordre de grandeur.
M. MASSE (Arthabaska): Dans ce cas-ci, vous avez une participation de 40
p.c. mais, d'autre part, dans plusieurs ententes ou accords que vous avez avec
d'autres partenaires, dans la grande partie des cas où les ententes se
partageaient à parts égales, est-ce que ce partage égal ne
vous crée pas des difficultés?
M. CARBONNEAU: Oui, nous sommes toujours craintifs au partage
égal. Dans une société d'anges, peut-être que
ça irait bien. Il peut arriver un blocage.
M. MASSE (Arthabaska): C'est parce que vous êtes
obligés.
M. CARBONNEAU: Nous ne sommes pas obligés d'adopter absolument la
forme du partage égal. Il reste que, par des dispositifs comme, si on
donne la gestion, par exemple, aux partenaires privés, il y a quand
même un avantage, surtout si c'est un partenaire privé
extérieur. Il a l'avantage, mais d'un autre côté, nous
estimons que quand Soquem a 50 p.c. dans une entreprise
québécoise, associée à un partenaire
étranger, c'est un intérêt pesant pour un partenaire
étranger qui voudrait tirer avantage du fait qu'il a la gestion. C'est
l'actionnaire de l'Etat, et puis, si on a un nombre égal de membres au
conseil d'administration, nous sommes des autochtones. Comme on a parlé
du programme Saint-Honoré, il va se réaliser avec des
Québécois dont la moitié des membres auront passé
quelque temps chez Soquem. Quand on est à parts égales, tout
ça devient quand même tel que... dans certains cas, je dirais que
le partenaire a 51 p.c, on préfère lui donner 51 p.c, question de
mise en marché où il est plus habile que nous, ses contacts sont
plus faciles avec le monde extérieur. Dans d'autres cas, en ce qui
concerne l'aménagement de la mine où nous avons à
protéger des intérêts, nous avons plus à coeur que
lui les intérêts de la population en ce qui concerne
l'aménagement de l'environnement, la protection du territoire que nous
allons aménager.
Mais en principe, les associations 50 p.c 50 p.c, c'est
délicat; je préfère une association qui donne à
l'un ou à l'autre, sur le
plan de la gestion simplement, un pouvoir mieux défini. C'est
pourquoi dans ce cas-ci on l'a laissé. Notez bien, cependant, qu'en
laissant toute liberté à notre partenaire privé, quelle
que soit son expérience... Quand il s'agit de partenaires qui n'ont pas
de ressources financières suffisantes on peut le prévoir
on peut le voir et l'examiner qui n'ont pas de personnel technique
valable ou enfin qui n'en ont pas recruté et qui ne sont pas
intéressés à en recruter, on se garde, en
général, comme dans le cas de Nemrod, le privilège de
garder la gestion pendant trois ans. On demande à notre partenaire,
même si c'est 50 p.c-50 p.c. ou si on a la minorité, un voting
trust, c'est-à-dire un vote de ses actions à l'assemblée
des actionnaires ou à d'autres étapes du régime
administratif pour que nous soyons réellement les gestionnaires sans
contestation de la part du partenaire, en ce qui concerne les pouvoirs que
Soquem ou les représentants de Soquem peuvent avoir. D faut d'abord
réaliser la chose. Si, après trois ans, nous avons encore le
même rapport d'intérêts, si nous sommes minoritaires, eh
bien, l'entreprise est lancée, les dés sont jetés et le
partenaire privé qui, à l'origine, n'avait peut-être pas
d'expérience sur le plan technique, sur le plan financier, qui n'avait
pas de personnel, il a du personnel; là, la société
d'exploitation a été organisée. Il peut donc prendre la
gestion en rapport avec l'intérêt qu'il a conservé; s'il
est majoritaire, il prendra la gestion.
Je pense qu'il n'est pas facile de dire à l'avance quel est le
rapport d'intérêts idéal dans une association
donnée; on tâche de s'ajuster aux cas spécifiques.
M. VINCENT: Si la nouvelle compagnie est formée dans deux mois,
cette nouvelle compagnies pourrait éventuellement aller chercher des
fonds fédéraux pour construire dans deux ans, des flottes. Vous
parliez de quatre barges tout à l'heure; ça, la compagnie peut en
profiter. Est-ce que la Caisse de dépôt peut entrer comme
actionnaire dans la compagnie nouvellement formée?
M. CARBONNEAU: Si les actionnaires décident qu'ils sont
prêts à diluer leurs intérêts, parce que s'ils
vendent ça sous forme d'actions... Si la Caisse de dépôt
veut bien prêter à un taux convenable...
M.VINCENT: Mais il y a peut-être une possibilité
d'en...
M. CARBONNEAU: Oui, elle l'a fait dans Louvem et on espère que ce
sera la formule, qu'elle prêtera.
M. VINCENT: C'est ma dernière question. Si, d'un autre
côté, dans deux mois d'ici...
M. CARBONNEAU: Oui.
M. VINCENT: ... on considère l'importan- ce des
dômes de sel, on veut les exploiter il n'y a aucune
possibilité de... c'est-à-dire que les négociations sont
arrivées dans...
M. CARBONNEAU: Une impasse.
M. VINCENT: ... une impasse, qu'est-ce qui arrive?
M. CARBONNEAU: Qu'est-ce qui arrive?
M.VINCENT: Quels sont les pouvoirs de Soquem à ce moment?
M. CARBONNEAU: Une impasse est toujours une impasse. Nous n'avons pas de
pouvoirs qui vont améliorer les rapports humains. Mais, à un
moment donné, il va falloir foncer. S'il n'y a pas moyen de
régler par voie d'arbitrage parce qu'on a droit, d'un commun
accord, d'aller à l'arbitrage on posera les gestes et je dois dire
bien froidement que je m'attends bien que nous recevions des poursuites, comme
dans le dossier Nemrod. La justice du pays jugera, c'est tout.
M. VINCENT: Dans l'arrêté en conseil...
M. CARBONNEAU: C'est traditionnel dans le monde minier. Il n'y a pas
beaucoup de grands projets qui ne créent pas des désaccords.
C'est malheureux et surtout dans le cas du sel, on a traditionnellement des
antécédents dangereux. Le mot sel vient de sal en latin dont on a
fait les mots solarium et salaire. Mais il y a d'autres possibilités. Il
peut arriver qu'on règle le problème avant d'arriver à
ça. Il peut arriver qu'il soit dans l'intérêt de Soquem, si
on a les garanties qu'il faut, ou qu'il soit dans l'intérêt du
partenaire, de régler complètement en dehors du contrat, par un
achat de son intérêt, soit par nous, soit par un partenaire comme
Janin, de sorte qu'on sera entre partenaires qui sont plus compatibles, dans le
sens que chacun a une technologie, chacun a des moyens financiers.
Parce que les contraintes viennent du fait qu'il y a disparité
entre le partenaire et l'autre associé et disparité
inévitable, le système est comme ça, n'importe qui peut
aller faire des jalonnements et posséder un terrain favorable. On n'est
pas pour le refuser si on juge qu'il est bon et qu'il s'intègre bien
à un projet d'aménagement d'un autre gisement comme on avait sur
la Côte-Nord. Ce n'est peut-être pas gracieux ce que je vous dis
là, mais...
M. VINCENT: Non, mais plaçons-nous dans la position des
partenaires privés, c'est que, la semaine prochaine, Soquem n'a plus de
contrainte financière. Elle peut aller négocier, elle a les
possibilités et, à ce moment-là, je ne veux pas du tout
dire que Soquem sera plus difficile dans les négociations, mais Soquem
n'aura plus de contrainte financière alors que le Dr Hébert
et Laduboro en auront encore probablement. C'est l'aspect...
M. CARBONNEAU: Oui, d'accord, mais je pourrais vous répondre
ainsi, placez-vous dans la position de Soquem également où le
partenaire dit: II n'y a pas moyen de s'entendre, je vais vendre, Soquem vient
de recevoir une augmentation de capital, vous allez payer, mes gars! C'est un
couteau à deux tranchants. Je crois que le seul critère, il faut
tenter de développer, de mettre en valeur cette propriété,
cette découverte avec le plus possible d'éloignement de
considérations de cette sorte. La propriété vaut quelque
chose, le gisement vaut quelque chose, est-ce qu'on est capable de le mettre en
valeur dans un temps donné?
M.VINCENT: Pour notre part, on vous souhaite bonne chance dans ce
domaine particulier.
M. CARBONNEAU: On va essayer, on ne sait jamais, il faut être
optimiste.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Laviolette.
M. CARPENTIER: M. le Président, est-ce que seule Laduboro
participe aux recherches présentement sur le terrain ou si elle fait
appel parfois à quelques-unes de ses filiales?
M. CARBONNEAU: Actuellement, Laduboro, comme on l'a mentionné
dans nos communiqués, a les permis de recherche et elle a le droit
d'utiliser les renseignements que nous recueillons dans notre recherche, nous,
de sel pour des fins minières. Aujourd'hui, elle tente d'établir
des contacts auprès de compagnies qui seraient intéressées
à pratiquer de l'emmagasinement. Alors, elle ne travaille pas
effectivement sur le terrain, mais elle travaille en exposant à toute
société intéressée à faire de
l'emmagasinement qu'il y a du sel aux îles, que l'entreprise commune
Soquem-Laduboro-Hébert a recueilli telle image, mais ne travaille pas
directement à des travaux sur le terrain.
M. CARPENTIER: Est-ce que, par sa participation, elle peut faire appel
à d'autres compagnies pour venir faire des recherches sur l'île
même?
M. CARBONNEAU: Ah oui! si elle est capable de convaincre le public, par
exemple, que cette question d'emmagasinement serait très profitable,
elle peut financer un projet par vente d'actions en passant par un courtier qui
vendrait ces actions, elle peut accumuler une somme d'argent qu'elle appliquera
ensuite à l'exécution de travaux.
M. CARPENTIER: Jusqu'à présent, est-ce que ça s'est
produit?
M. CARBONNEAU: Elle ne l'a pas fait, elle n'a pas l'avantage...
Voyez-vous, ce n'est pas beaucoup huit ou neuf mois pour apprécier une
découverte de cette envergure, car c'est énorme, la masse de sel
qu'il y a là. On a parlé ce matin pratiquement uniquement de
l'entreprise commune Hébert-Laduboro-Soquem, c'est sur 10,000 acres de
terrain. Nous avons commencé à toucher aux 100,000 acres qu'il
reste.
Il y a là encore des sites de grand intérêt au point
de vue de l'occurrence du sel. Oui, cela peut prendre beaucoup de temps avant
qu'on connaisse l'ensemble. Il faut par ailleurs arriver à quelque
chose, sous peu, comme on dit, il va falloir se décider et se concentrer
en un point donné, mais cela peut prendre des années, une dizaine
d'années, avant qu'on sache où le sel, où les formations
se trouvent. Ce sont des sondages à grand diamètre, se sont des
sondages délicats. On ne peut pas utiliser de l'eau ordinaire comme dans
les autres sondages, parce que cela dissout le sel. Il faut utiliser de l'huile
ou des saumures, et cela sera long. Par conséquent, la
société Laduboro, aujourd'hui, se dit: II y a tellement de choses
encore, de potentiel, on souhaiterait bien que Soquem nous accumule tous les
renseignements possibles, mais nous, on peut procéder à une
certaine vitesse. Aujourd'hui, elle se contente de voir si elle ne pourrait pas
intéresser d'autres sociétés, d'autres grands
entrepreneurs peut-être à pratiquer de l'emmagasineraient, soit
des sociétés pétrolières. Tout cela se greffe
évidemment dans un ensemble. C'est un peu, si vous me permettez une
analogie, comme si on découvrait une nouvelle grande rivière en
hydro-électricité ici, il nous faudrait ensuite sept, huit ou
neuf ans pour en mesurer le potentiel. On a parlé du bassin
hydrographique de la baie James il y a déjà douze ou treize ans
et cela va commencer à se réaliser. C'est la même chose,
c'est une situation qui, à cause de la dimension du problème, va
demander plusieurs années d'études.
M. CARPENTIER: En considération de l'envergure du projet et
également du site de la découverte de sel qu'il y a là et
comparativement en regard des coûts que cela représente
actuellement pour le transport du sel de l'Australie ou d'ailleurs, est-ce que,
de par vos cueillettes de données, vous pouvez, à un moment
donné, faire pression sur le groupe Laduboro-Hébert afin
d'accélérer ces travaux? Si vous avez des données requises
en main, est-ce que vous pouvez faire des pressions ou si vous êtes
obligés d'attendre qu'eux décident?
M. CARBONNEAU: On peut faire des pressions. Il faut compter que Laduboro
elle-même a un intérêt vif à pratiquer de
l'emmagasinement. Nous, nous avons un intérêt également
parce que nous aurons 10 p.c. des profits nets, avant impôt, des profits
d'exploitation de ce sel pour emmagasinement. Tout le monde a un
intérêt commun. Il n'y aura pas de conflit, c'est
une question pour Laduboro, peut-on dire, de trouver des entrepreneurs
pour le faire ou des fonds pour le faire, mais pour pousser, je pense que tout
le monde va pousser du même côté dans cette question.
M. VINCENT: En convention.
M. CARPENTIER: Considérant tous les bons facteurs qui militent
envers toutes les parties, il y a lieu d'avoir de grands espoirs pour la
réalisation du projet?
M. CARBONNEAU: Je crois bien à cela. Je crois que ce n'est pas
inévitable, il y a toujours des choses qui peuvent survenir, mais je
pense qu'on peut être optimiste.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
l'Assomption sur le même sujet.
Planification financière
M. PERREAULT: Je voudrais revenir ici, à votre rapport
d'activités, à la page 10, où vous avez eu au cours de
l'année, selon votre rapport d'activités, 17 programmes
partagés pour un total de fonds, de mise en valeur d'exploration de
$1,600,000, dont 60 p.c. de la participation de l'industrie privée.
Vous avez des programmes autonomes pour une valeur de $1,300,000. Est-ce
que le projet de loi no 4 permettra d'augmenter de façon assez
substantielle ces valeurs de mise de fonds d'exploration tant à
programmes partagés qu'à programmes autonomes?
M. CARBONNEAU: Je ne dirais pas que cette augmentation de mise de fonds
aura comme répercussion une augmentation considérable de nos
programmes qui se classifient à l'étape A, parce qu'il y a
déjà plusieurs projets à cette étape ici qui
recueilleront de tels fonds qu'il faudra faire un partage entre ces projets
avancés. Il nous apparaît nécessaire de finir ce qu'on a
commencé. Juste chercher, trouver et laisser là les gîtes
minéraux trouvés sans les développer, ce n'est pas cela
qui donnera quelque chose ni à Soquem ni à la province.
Vous avez dans ce tableau, dans la pochette également, une
planification financière jusqu'à l'année 1983. Je crois
qu'il faut la lire avec beaucoup de prudence, mais il y a un tableau ici
jusqu'en 1983. Il est intitulé: Soquem: Planification financière
- prochain dix ans.
Vous n'avez pas ce tableau? Vous l'avez, vous l'avez vu. Il est
peut-être difficile à dénicher mais j'avais demandé
qu'on le mette dans chacune des pochettes.
M. PERREAULT: Je ne l'ai pas.
M. CARBONNEAU: Vous ne l'avez pas?
M. VINCENT: II est en arrière du projet de loi.
M. CARBONNEAU: II est en arrière du projet de loi,
peut-être oui. Je peux nommer, je peux citer... Dans cette planification
financière...
M. VINCENT: Je l'ai, très bien.
M. CARBONNEAU: ... qu'il faut lire avec beaucoup de prudence encore une
fois parce qu'une découverte en exploration minière sur une
période de dix ans peut changer toute notre planification, mais si les
choses restent ce qu'elles sont actuellement et que nous ayons comme projet de
mise en valeur Saint-Urbain, le sel, Magpie, Saint-Honoré, nous aurons,
comme possibilité financière, quant à l'utilisation des
fonds pour l'exploration, les sommes suivantes: En 73/74, l'exploration dans le
sens de la recherche de gîtes minéraux, la phase A de la
plaquette, nous aurons une somme totale de $1,500,000; en 74/75: $1,600,000; et
vous voyez que, par la suite, cela tombe à $1,300,000 en 76/77 à
cause de l'exigence d'autres projets; $1,400,000, $1,600,000, $1,800,000; en
80/81: $2 millions, ensuite $2,100,000, $2,300,000.
Nous espérons, malgré la difficulté de l'objectif
à atteindre, qu'en 1981-1982 nous pourrons appliquer $2,100,000 de nos
fonds à l'exploration sans avoir à faire appel à
l'actionnaire. Ce sont des fonds que nos divers projets auront commencé,
comme dans le cas de Louvem cette année, à produire et à
payer sous forme de dividendes à Soquem. Je ne crois pas cependant que
cela puisse rendre Soquem autosuffisante plus vite que ce terme.
M. PERREAULT: Vous ne trouvez pas cela bas que, rendu à
l'année 1983, on ne consacre que $2.3 millions à l'exploration,
si on considère nos réserves dans le cuivre, le zinc et les
métaux de base?
M. CARBONNEAU: Oui. D'un autre côté, si je puis exprimer
une opinion je ne sais pas si mes collègues sont du même
avis il faut mettre à contribution tous les agents
économiques. Dans les sociétés privées
également, qui travaillent principalement dans un pays, il arrive des
années, à cause de la requête financière d'autres
projets plus avancés, qu'il y ait un creux, une période de
moindres dépenses en exploration; mais aujourd'hui, tout de même,
cela paraît déjà beaucoup de demander, de recommander une
augmentation de capital de $21 millions à $45 millions. Je
préférerais qu'on revienne devant vous selon les besoins
plutôt que de demander aujourd'hui une telle somme. La somme de $45
millions qui est étendue sur une période de cinq ans de plus,
représente un montant considérable. Si on disait aujourd'hui
qu'on vous demande $70
millions, ce serait, je pense, un peu abusif. Il est
préférable que Soquem revienne devant le ministre des Richesses
naturelles peut-être dans cinq ans et dise: Voici, cela va ou cela ne va
pas.
M. PERREAULT: J'ai posé la question tout à l'heure parce
que, si je regarde dans le programme pour 1974-1975, vous n'avez qu'une
augmentation de $100,000 dans l'exploration.
M. CARBONNEAU: Oui. Parce qu'il y a les projets de mise en valeur. Quand
on a $1,300,000, les projets de mise en valeur requièrent,
c'est-à-dire, à ce stade cela se trouve en 1976-1977
vous voyez que nos participations aux mises en exploitation vont
requérir de Soquem $4,100,000 en contributions et de donner des
garanties pour $16,600,000. C'est la grosse année d'exigence de fonds
à cause des programmes du sel, à Saint-Urbain. On a mis $6
millions pour le sel à cet endroit. C'est le moment où il faudra
faire la compagnie de...
M. PERREAULT: Est-ce que vous croyez qu'avec des sommes de cette
envergure il sera préférable d'aller vers des programmes
partagés plutôt... quasi abandonner les programmes autonomes?
M. CARBONNEAU: Nettement. C'est pour cela qu'on a des programmes
partagés. C'est une politique que suivent beaucoup de
sociétés minières parce que le risque d'échec est
tellement grand dans les phases initiales des stades 1, 2 et 3 qu'il faut
partager les risques, à ce moment-là. Quand on a cinq programmes
d'exploration, nos chances ne sont pas cinq fois plus grandes que si on en a
un, elles sont de 25 ou 30 fois plus grandes. On étale nos
possibilités, nos probabilités de découvertes en
partageant. Ceci peut nous permettre en le partageant en deux ou en trois de
faire trois ou quatre programmes d'exploration... On va plus loin, mais on va
le faire.
M. PERREAULT: Mais actuellement, dans notre allocation d'argent, vous
avez un rapport de deux à un. Vous mettez dans les programmes
partagés environ $600,000 et $1,300,000 pour les programmes
autonomes.
M. CARBONNEAU: Oui. Mais voyez-vous quand on a une association comme
celle de Hébert-Laduboro-Soquem, toute notre belle planification en ce
qui concerne le nombre de partenaires que l'on peut prendre est mise de
côté parce que, pour obtenir notre intérêt de 40 p.c,
nous avons dû utiliser $275,000 plus $50,000 de paiement. Cela fait
$325,000 qu'il ne nous est plus possible de partager. C'est cela qui peut
dérouter complètement notre planification quand on a un projet
qui est valable quand même mais qui nécessite, pour que
Soquem acquière un intérêt, une mise de fonds par
Soquem seule. C'est pourquoi cette année, il y a cette coupe dans les
fonds partagés.
M. PERREAULT: II faudrait peut-être faire le transfert des
programmes autonomes vers les programmes partagés.
M. CARBONNEAU: C'est la tendance générale. D'ailleurs, en
vertu de notre charte, rendu à la mise en valeur et à la mise en
production, il faut, d'une façon ou d'une autre, avoir un partenaire.
Plus on partage vite les programmes, plus on a des fonds pour appliquer
à d'autres programmes.
M. PERREAULT: Merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoaou): L'honorable député de
Lotbinière.
M. BELAND: Disons qu'il y a une couple de questions qui ont
été posées tout à l'heure et je ne les reposerai
pas. Cependant, il y aurait quand même ici un éclaircissement. Qui
étaient les procureurs de Soquem dans le litige qui a opposé
Soquem au groupe Nemrod?
M. CARBONNEAU: Le bureau De Billy, Gagnon, de Québec.
M. BELAND: II en a été question la semaine
dernière?
M. CARBONNEAU: Et Me Marc Beauregard agissait pour Louvem.
M. BELAND: A tout événement, si on en a discuté la
semaine dernière, je ne reviendrai pas sur le sujet.
M. MASSE (Arthabaska): Je pense que non. Cette question précise
n'a pas été posée. On a parlé d'autres avocats.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): D'autres questions?
M. VINCENT: C'est parce que Louvem...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): II est 12 h 30. Est-ce que les
membres de la commission décident de continuer ou d'ajourner?
M. VINCENT: Je crois qu'on va ajourner sine die encore une fois.
M. MASSE (Arthabaska): Sine die.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, la commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 28)