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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Etude des crédits du ministère des
Terres et Forêts
Séance du jeudi 16 mai 1974
(Dix heures vingt-quatre minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
Recherche (suite)
LE PRESIDENT (M. Picard): La commission des richesses naturelles et des
terres et forêts continue ce matin l'étude des crédits du
ministère des Terres et Forêts. Nous en étions au programme
1, éléments 1, 2. L'honorable ministre.
M. DRUMMOND: Je pense qu'on faisait la liste des recherches
effectuées; on peut continuer avec la liste.
M. ROY: J'avais posé une question afin de savoir si on faisait
des recherches actuellement sur l'utilisation du bran de scie au
ministère et si on avait fait des études également
concernant le transport, parce qu'il semblerait que le transport comporte
certaines difficultés, certains problèmes. Ce bran de scie
constitue, pour ceux qui sont dans l'industrie du sciage, un problème,
surtout si on regarde du côté de l'environnement parce que la
plupart des scieries sont situées près des cours d'eau. Il y en a
qui ont déjà reçu des avis à ce sujet. S'il y avait
une possibilité d'utiliser le bran de scie pour des fins commerciales,
je pense qu'on réglerait le problème de l'approvisionnement de
certaines usines d'un côté et, de l'autre, on pourrait aussi
régler le problème de l'environnement. J'aimerais savoir de la
part des fonctionnaires du ministère si des études ont eu lieu et
où elles en sont rendues.
M. DRUMMOND: Au ministère, nous ne faisons pas de recherche sur
la transformation des bois. Nous ne sommes pas organisés pour cela. Nos
recherches sont orientées dans le domaine biophysique et, en partie,
aussi du côté économique. C'est la raison pour laquelle
nous ne pouvons pas faire de recherche sur la sciure de bois. Maintenant, il
existe au provincial d'autres organismes comme le Centre de recherche
industrielle qui, lui, est habilité à faire des recherches sur la
transformation industrielle et, évidemment, cela comprend la
transformation et l'utilisation de la matière ligneuse.
M. ROY: Est-ce qu'il y a une bonne collabo- ration entre le
ministère des Terres et Forêts et le Centre de recherche
industrielle, à ce sujet?
M. DRUMMOND: Oui, il y a des contacts. Evidemment, il es installé
au complexe scientifique, comme le service de recherche du ministère des
Terres et Forêts; alors, c'est tout près.
M. LESSARD: On était justement à donner l'éventail
des recherches qu'on faisait au ministère. Est-ce qu'on pourrait
continuer?
M. DRUMMOND: Oui, on était rendu aux recherches concernant les
travaux sylvicoles dans les peuplements naturels. Les principales recherches
que nous faisons dans ce domaine portent sur les peuplements de sapin et
d'épi-nette. Il y a des recherches sur l'éclaircie
précommerciale, c'est-à-dire avant qu'on puisse retirer des
produits qu'on peut mettre sur le marché, et des recherches aussi sur
l'éclaircie commerciale. Lors de la coupe sylvicole, on peut vendre les
produits.
Ces recherches ont été faites par l'éclaircie
traditionnelle, c'est-à-dire les méthodes mécaniques, et
les éclaircies faites avec les produits chimiques.
On a commencé des recherches aussi en utilisant la machinerie
dans les traitements sylvicoles, toujours dans les méthodes
d'éclair-cies pour le sapin et l'épinette. Il y a aussi un projet
de recherche qui porte sur la culture des érablières. Alors,
ça porte sur la coupe d'éclaircies précommerciales et les
coupes à diamètre limite dans les érablières. Ce
projet est effectué à Duchesnay.
Alors c'est pour l'activité de recherche sur les traitements
sylvicoles. Maintenant, on a aussi une autre activité concernant la
fertilisation des peuplements naturels. Dans cette activité il y a deux
projets. L'un est interprovincial et porte sur la fertilisation des
forêts naturelles. Alors, ça couvre la majeure partie des
provinces de l'Est du Canada, même une partie des provinces de l'Ouest.
Ce projet est dirigé par un comité formé de
représentants de chacune des provinces, du gouvernement
fédéral, en collaboration aussi avec les facultés.
Il s'agit de voir l'effet de la fertilisation en forêt naturelle,
près de l'âge de la maturité des peuplements. C'est surtout
des peuplements résineux. Mais ça va nous donner des effets
biophysiques, c'est-à-dire que les places échantillons sont
petites et la fertilisation est faite à la main. Un autre projet a
été institué pour compléter ces données. Il
est fait en collaboration avec le Centre de recherches forestières des
Laurentides et la faculté de foresterie de l'université Laval. On
a commencé l'été dernier dans la forêt de
Montmorency, et ça porte cette fois sur la fertilisation
aérienne. Cela va permettre de trouver une méthode de
fertilisation à grande échelle et de calculer les coûts.
Aussi ça va permettre de voir les effets qu'une fertilisation
aérienne peut avoir sur l'environnement, sur la qualité de l'eau,
par exemple.
M. LESSARD: Vous parlez de fertilisation, mais est-ce qu'actuellement
vous faites des études concernant les conséquences de
l'insecticide que vous employez contre la tordeuse de bourgeon, soit le
fenitrothion? Le ministère est certainement informé que la
plupart des chroniqueurs de chasse et de pêche, la plupart des
responsables de la protection de l'environnement protestent
énergiquement contre ses effets néfastes.
Il semble qu'il reste une poudre sur les lacs lorsqu'on a répandu
de l'insecticide. Malgré le fait que ce ne soit pas aussi néfaste
que le DDT, il semble que le fenitrothion soit néfaste.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que le député de Saguenay
pourrait épeler ce mot?
M. LESSARD: Fenitrothion.
M. DRUMMOND: II y a le phosphamidon aussi, si on veut parler de cela, et
le matacil.
M. LESSARD: En ce qui me concerne, M. le Président, je vais me
limiter au fenitrothion. En prenant cet exemple, je voudrais savoir si le
ministère fait actuellement des recherches pour étudier d'abord
les conséquences écologiques de cela. On sait qu'il faut quand
même avoir un certain équilibre entre le développement
économique et la protection de l'environnement. Les chroniqueurs de
tourisme, de chasse et de pêche ont tendance, peut-être, à
voir juste le côté de la protection des ressources
cynégétiques et halieutiques.
Par contre, peut-être que du côté du ministère
on voit strictement la protection forestière. Il semble, en tout cas,
que cela a des conséquences assez néfastes dans tous les
territoires où il y a eu épandage d'insecticide. Est-ce qu'on
fait actuellement des recherches au ministère dans ce
programme-là?
M. DRUMMOND: On va discuter tout ce problème des effets
secondaires lorsqu'on va discuter de l'arrosage, au programme 3,
élément 2.
M. LESSARD: D'accord, c'est parce que moi, je voulais savoir...
M. DRUMMOND: C'est un problème de taille et c'est bien
sérieux.
M. LESSARD: C'est parce qu'on était justement dans la recherche,
mais je pense que la recherche, ici, se limite particulièrement à
la connaissance de la forêt.
M. DRUMMOND: Oui, disons que ce n'est pas l'effet sur l'arbre qui
compte, en ce qui concerne le fenitrothion et le phosphamidon. Alors, grosso
modo, ce sont les effets secondaires qui sont importants là-dedans.
Peut-être que ce serait plus logique d'en discuter à ce
moment-là.
M. LESSARD: D'accord.
M. DRUMMOND: Alors, l'activité suivante s'intitule:
Prévention et lutte contre les incendies forestiers. Dans cette
activité, nous avons un projet de recherche qui porte sur les aspects
économiques de la protection des forêts contre les incendies. La
question qui nous a été posée est que les forêts du
Québec s'étendent bien loin dans le nord et, plus on va vers le
nord, moins les forêts sont commerciales; plus elles sont loin des
routes, moins elles ont de la valeur.
Il s'agit de déterminer un guide qui va permettre aux
gestionnaires de prendre des décisions sur l'intensité de la
protection à donner dans le nord.
M. LESSARD: Si cela...
M. DRUMMOND: Evidemment, en se basant sur les aspects économiques
uniquement, sur les résultats que le projet va donner. A ce moment, on
tient compte de la qualité des forêts qui sont là et des
différents choix de protection.
Une autre activité importante, ce sont les recherches concernant
les forêts privées. H y a une partie de ces recherches qui portent
sur la gestion des forêts privées. On a un projet de recherche qui
porte sur la gestion des fermes forestières, un autre projet qui
porte...
M. LESSARD: Quel est le montant du budget de cette étude?
M. DRUMMOND: Ce projet, l'an passé, avait un budget qu'on devait
terminer avant la fin de la dernière année financière,
mais la perte de personnel nous a obligés à le reporter à
l'an prochain. Il y aura une partie du traitement d'un ingénieur;
probablement que ça va se limiter à ça.
On a un autre projet aussi portant sur la taxation des forêts
privées. Il s'agit de connaître l'effet de la taxation, de savoir
quelle proportion la taxation prend du revenu net du producteur à la fin
de la période de croissance du peuplement. Il y aura aussi probablement
la proposition d'une méthode permettant de taxer de façon juste
tous les propriétaires forestiers dans le cadre de la loi actuelle,
compte tenu de la capacité productive de leur sol et de la production
naturelle en essences que ces sols peuvent donner.
Il y a aussi un projet de recherche sur les effets de
l'éclaircie, de la fertilisation et de la récolte de la
sève dans une érablière. Il y a actuellement un groupe de
travail qui a été formé entre les différents
organismes de recherche du fédéral, du provincial et des
facultés, portant sur les érablières. Il y a eu des
contacts, dernièrement, avec le Vermont où il se fait beaucoup de
recherche dans ce domaine. On a commencé un projet à Duchesnay
ici sur les effets de l'éclaircie et de la fertilisation dans une
érablière.
Maintenant, il faudrait quand même ajouter à ces projets ce
qu'on a déjà décrit dans des activités
antérieures et qui peuvent s'appliquer à la forêt
privée, comme toutes les recherches, par exemple, sur le peuplier, la
fertilisation, les traitements sylvicoles etc., et qui peuvent s'appliquer
aussi bien en forêt privée.
M. LESSARD: Je constate qu'il y a beaucoup de travail pour un effectif
de 58 personnes.
Alors, en ce qui me concerne, élément 1, recherche,
$1,135,400, je suis prêt à l'adopter.
Inventaire de base
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 1 du programme 1,
adopté. Elément 2, inventaire de base.
M. LESSARD: En relation justement avec...
M. DRUMMOND: Est-ce que je peux faire la présentation?
M. LESSARD: D'accord.
M. DRUMMOND: M. Gaston Germain, qui est le directeur du service de
l'inventaire.
M. LESSARD: D'abord, est-ce que l'inventaire des terres par le
gouvernement canadien est terminé?
M. DRUMMOND: Oui.
M. LESSARD: C'est terminé. Maintenant, est-ce que je pourrais
avoir des explications sur cette catégorie? Quels sont les travaux qu'on
fait, quels sont les objectifs qu'on poursuit?
M. DRUMMOND: Le service de l'inventaire forestier, sous
l'élément de programme inventaire de base, a pour objet de
fournir globalement à la province de Québec toutes les
données de connaissances du milieu au point de vue forestier actuel. Je
souligne la nuance "actuel" pour différencier l'inventaire canadien des
terres, par exemple...
M. LESSARD: Oui.
M. DRUMMOND: ... qui inclut en même temps le potentiel.
M. LESSARD: Excusez. L'inventaire canadien des terres, vous dites...
M. DRUMMOND: II travaillait surtout sur la définition du
potentiel forestier.
M. LESSARD: Caractérisé en fait par...
M. DRUMMOND: Par le système biophysique.
M. LESSARD: C'est ça. L'inventaire que vous faites se distingue
de ça, comment?
M. DRUMMOND: Par le fait qu'on ne tient pas compte du potentiel mais
qu'on détermine ce qui existe actuellement.
M. LESSARD: D'accord. Mais, en fait, vous le faites en relation avec
l'étude. Autrement dit, vous ne voulez pas faire un double emploi.
M. DRUMMOND: C'est ça.
M. LESSARD: Le potentiel a déjà été
étudié par le gouvernement fédéral dans son
programme d'inventaire des terres du Canada. Vous, maintenant, vous faites une
étude supplémentaire qui consistera, à un moment
donné, à...
M. DRUMMOND: C'est exact. C'est par comparaison de ces deux
données que l'on peut éventuellement procéder, d'une
façon rationnelle, à l'aménagement du territoire
forestier.
Il y a quatre activités principales qui sont incluses dans cet
élément de programme. La principale, c'est la poursuite du
programme décennal d'inventaire forestier, qui comporte une demande de
$1,141,300 sur un budget total de $1,520,000.
Cette activité se poursuit depuis 1970. C'est commencé
déjà depuis quatre ans. La prévision est de définir
les contenances et le contenu complet du Québec dans le territoire
à potentiel forestier sur une période de dix ans. Pour ce faire,
on a divisé ce secteur, d'environ 260,000 milles carrés, en 20
zones. Chaque année, on inventorie deux zones.
Actuellement, on a six zones de complétées et, cette
année, on continue pour les 7e et 8e zones, pour éventuellement
compléter le programme en 1979.
C'est la principale activité, dans le fond, et la plus grosse
dépense du budget.
La deuxième activité, ce sont des inventaires
d'exploitation. A ce moment-là, le but est différent. Au lieu de
rechercher une connaissance de base sur une unité assez grande, par
exemple dans le cas du programme décennal d'inventaire forestier, on
cherche une connaissance de base au niveau des sous-bassins, qui sont d'environ
1,500 milles carrés. Dans le cas de l'inventaire d'exploitation, on
recherche d'une façon beaucoup plus particulière, sur un
territoire de superficie restreinte environ 3,000 ou 4,000 acres
de quel type de forêt cela se compose, quelles sont les facilités
d'exploitation, de façon à permettre à l'exploitant
éventuel de mieux planifier les constructions de routes, de mieux
définir quels sont les traitements les plus rentables à
appliquer, économiquement aussi.
Cette activité est prévue pour un montant de $113,100,
pour l'année 1974/75. C'est la deuxième année qu'on
procède sur une échelle assez grande à produire ce type
d'inventaire. L'an passé, on avait mis environ le même
montant.
II y a une nouveauté, dans ce programme, par contre. Dans le cas
des forêts domaniales du Nord-Ouest, certains permissionnaires sont
maintenant tenus, par arrêté en conseil, de faire leurs propres
inventaires d'exploitation.
La troisième activité, ce sont les études d'arbres
abattus pour fins de tarifs de cubage.
C'est un projet qui débute globalement cette année et qui
doit se poursuivre, d'après nos prévisions, sur trois ans. Le
budget prévu pour cette activité est de $151,000. Le but
général de cette activité est de pouvoir
éventuellement posséder des tarifs de cubage d'utilisation. La
nuance par rapport aux tarifs de cubage que nous possédons actuellement
est qu'on ne peut pas, actuellement, dire, par exemple, dans le cas d'un
merisier de 25 pouces, qu'il y a tel pourcentage ou tel volume qui devrait
être utilisé pour faire du déroulage, telle autre partie
pour le sciage, telle autre partie pour la pâte, etc.
Le futur tarif de cubage qu'on entend construire à l'aide de ces
données le permettra et il sera aussi assez versatile, même si on
change les critères de définition d'utilisation, pour pouvoir
aussi étudier les mêmes données.
Enfin, la dernière... Oh, je m'excuse, je pense que j'ai
donné un mauvais montant pour l'étude d'arbres abattus, soit
$151,000... non c'est exact.
L'autre activité, c'est la comptabilité forestière
pour laquelle il y a une demande de $113,100. La comptabilité
forestière consiste globalement en une mise à jour des
données d'inventaires forestiers. C'est-à-dire qu'en même
temps qu'on procède à une connaissance de notre territoire par le
programme décennal d'inventaires forestiers, on essaie, étant
donné qu'on repasse une fois tous les dix ans, de corriger la
cartographie et les chiffres de superficie en fonction des activités qui
ont eu lieu, coupes de brûlis, épidémies, par exemple, ces
choses-là. C'est un système qu'on commence cette année
à mettre en branle. Avant qu'il le soit pleinement, quand même,
ça va être à assez long terme. C'est une question d'au
moins une dizaine d'années parce que dans un système complet il
ne faudrait pas simplement faire une correction pour les quantités qu'on
soustrait à la forêt, mais aussi y additionner les croissances de
la forêt. A ce moment, ça devient un système de simulation
qui est assez complexe et sur lequel des percées à
l'échantillon quant aux normes sont nécessaires, qui ne sont pas
encore toutes établies.
C'est simplement la première étape, cette
comptabilité forestière qu'on entreprend au niveau de la
cartographie.
M. LESSARD: Concernant l'inventaire, M. le Président, je suis
prêt à adopter l'élément 2 dans la ventilation des
crédits, je voudrais simplement avoir des explications à la
catégorie 4, Services, $718,400. Je ne sais pas si je pourrais obtenir
la ventilation de ces montants.
C'est-à-dire les services, il s'agit probablement de contrats
négociés avec des entreprises extérieures au
ministère; alors, j'aimerais connaître la ventilation des
$718,000.
M. DRUMMOND: Pour le principe général, on ne peut pas,
naturellement, avec l'effectif de 50 personnes, faire toutes ces choses. Au
niveau de l'exécution de ces inventaires, il y a deux types principaux;
s'il s'agit de territoires concédés, le concessionnaire doit agir
suivant nos normes, notre séquence, notre vérification. S'il
s'agit de territoires non concédés, ces travaux sont
exécutés par des bureaux d'ingénieurs-conseils avec
lesquels on négocie des contrats.
Sur les différentes activités, pour la ventilation des
$718,400, il y a $478,400 dans l'activité Programme décennal;
aucun montant n'est prévu dans la comptabilité forestière,
puisqu'il s'agit uniquement d'un contrôle interne au service; dans les
études d'arbres aux fins de tarif d'utilisation, il y a un montant de
$140,000, et enfin, dans l'inventaire d'exploitation, $100,000.
M. LESSARD: Maintenant, j'aimerais savoir vous parlez de contrats
négociés dans la ventilation que vous donnez, la
répartition de ces montants par entreprise, et avec quelles entreprises
ces montants ont été négociés.
M. DRUMMOND: On ne peut pas le faire...
M. LESSARD: Vous ne l'avez pas actuellement?
M. DRUMMOND: ... pour cette année, mais si ça peut aider
le député, on peut donner les montants pour l'année
dernière, aussi bien que les firmes.
M. LESSARD: Les contrats n'ont pas encore été
négociés? De toute façon, on va le voir aux engagements
financiers.
M. DRUMMOND: C'est pour ça, si vous voulez les avoir pour
l'année dernière, on...
M. LESSARD: Donnez-les donc pour l'année dernière, oui.
Cela va nous donner une idée pour cette année.
M. DRUMMOND: Le résumé: Aéro Photo Inc., $14,450;
Jacques Bélanger, $5,103; Char-trand, Roger, $40,000; Couillard,
Lessard, Mi-lot et Associés, $86,000...
M. LESSARD: Je ne le connais pas.
M. DRUMMOND: ... Darveau, Grenier, Lussier et Associés, $76,150;
Dendrek Incorporé, $15,000; Desaulniers, Gilles, $12,050; Dion et
Perreault, $52,500; Domtar, $25,798; Dumont, Jean-Marie, $5,000; Dumont,
Robert-L., $81,400; Gauthier, Poulin, Thériault et Asso-
ciés, $188,700; Aumont Incorporé, $10,000; Ladouceur,
Gilles, $2,500; Maheux, $25,000; Ricard, Pierre, $29,000; Rivest, Julien et
Associés, $29,000; Walsh, Fortin et Associés, $137,000. Pour un
montant global de $825,694.03.
M. LESSARD: Alors, M. le Président, quant à moi,
adopté. Le député de Beauce-Sud n'a pas d'autres
questions?
M. ROY: J'aurais une question à poser ici. Il y a des
regroupements forestiers qui existent et il y a des subventions qui sont
accordées. Le ministre pourrait peut-être me dire à quel
programme je peux parler de cela?
M. DRUMMOND: Programme 4.
M. ROY: Au programme 4. Alors, j'y reviendrai au programme 4.
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 2, adopté?
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Programme 1, adopté. Programme 2:
Amélioration de la forêt. Elément 1: Reboisement.
Reboisement
M. ROY: Le ministre pourrait peut-être nous expliquer si les
politiques concernant le reboisement sont les mêmes que l'année
dernière ou s'il y a des changements.
M. DRUMMOND: Je vais commencer en vous présentant P.H. Tremblay,
qui est le directeur de l'aménagement, et Léonard Hawey, qui est
le directeur du service de la restauration. Ce programme se compose des
éléments reboisement et travaux sylvicoles, qui se trouvent
à la Direction générale des forêts.
Pour répondre aux exigences du système PPB et compte tenu
du fait que l'amélioration de la forêt est une activité
importante au ministère des Terres et Forêts, on a
décidé d'en faire un programme où les activités de
reboisement et de travaux sylvicoles apparaîtraient comme deux
éléments distincts l'un de l'autre. L'examen comparatif au net
des prévisions budgétaires 1973/74 et 1974/75
révèlent que les dépenses pour fins de reboisement seront
plus fortes cette année que pour l'exercice qui vient de
s'écouler. Ceci s'explique par un accroissement de la production dans
les pépinières provinciales et par l'extension des travaux de
plantation sur les terres publiques et les terrains privés.
Pour 1974/75, on prévoit la plantation de 33 millions de plants
au printemps. De ce nombre, 18 millions seront plantés sur les terres
privées et 15 millions sur les terres publiques. Quant au
deuxième élément de programme qui touche les travaux
sylvicoles, on remarquera que les crédits budgétaires
sollicités sont inférieurs à ceux qui ont
été votés pour la période 1973/74. La diminution
des crédits affectés à cet élément de
programme ne se traduira pas nécessairement par une baisse notable dans
la superficie des peuplements qui subiront une intervention sylvicole, mais
dans le nombre d'emplois que généreront ces sommes, et ce
grâce à des ententes de nature différente que nous avons pu
conclure avec REXFOR en prenant avantage de la nouvelle loi qui régit
cette société. Les ressources financières ainsi mises en
disponibilité ont été affectées à
l'intensification des programmes de construction de chemins d'accès en
forêt pour favoriser une utilisation plus rationnelle de nos bois,
à l'aide de la forêt privée et aussi à la lutte
contre la tordeuse du bourgeon de l'épinette.
M. LESSARD: M. le Président, c'est à ce programme que nous
avions, il y a quelque temps, l'Opération 2,000. Je veux dire soit au
niveau du reboisement et des travaux sylvicoles, n'est-ce pas?
M. DRUMMOND: C'est cela.
M. LESSARD: Le ministre, en 1970, envisageait la possibilité de
créer plus de 10,000 emplois permanents, dans le cadre de l'ensemble des
programmes du ministère des Terres et Forêts, mais en particulier,
je pense, dans le cadre de ce programme des travaux sylvicoles et du
reboisement. J'aimerais que le ministre nous donne les résultats de
cette opération en particulier. Puisque nous sommes maintenant à
près de cinq ans, après la première prise du pouvoir par
le Parti libéral, est-ce que le ministre pourrait nous faire un genre de
bilan du ministère en ce qui concerne, justement, le programme qu'on
avait créé en 1971 je pense, ou en 1972, et nous dire si on a
l'intention de continuer ce programme cette année et ce qu'ont
été les résultats.
M. DRUMMOND: Si on veut regarder le climat économique qui
existait à ce moment-là, je pense que le député de
Saguenay se souviendra que ce programme avait été lancé en
vitesse à cause d'un taux élevé de chômage et
étant donné aussi que l'industrie des pâtes et papiers
était vraiment à la baisse. Le sciage ne marchait pas tellement
bien, non plus; il venait de commencer son essor. C'était un programme
lancé avec, évidemment, des objectifs partagés. Il y avait
l'aspect social, évidemment, qui était impliqué,
étant donné qu'il n'y avait pas beaucoup de travail en
forêt, à ce moment-là; il y avait un problème.
Aussi, il semblait que, par ce programme, le gouvernement aurait un certain
retour de son investissement tout de suite, parce que certaines des coupes
étaient des coupes commerciales de bois suranné.
On avait commencé le programme dans cet esprit-là.
Evidemment, la restauration forestière, l'amélioration de la
forêt restent une priorité, mais il faut admettre aussi que le
climat économique a changé un peu. Alors, ce n'était pas
tout à fait un programme des Terres et Forêts en soi, mais un
programme de secours en ce qui concerne les assistés sociaux. Je pense
qu'au commencement de ce programme on a fait des choix qui n'étaient pas
tellement économiques en ce qui concerne les endroits choisis pour les
travaux, parce qu'il fallait commencer en vitesse. Je dirai qu'à la
lumière de l'expérience vécue jusqu'à maintenant,
ce qui semble important évidemment, il y a l'importance de la
restauration forestière c'est qu'on ne procède pas au
hasard comme on l'avait fait quand on a commencé, parce que ce
n'était pas lié à un plan d'aménagement quelconque.
On avait tenu compte des endroits où il y avait vraiment des poches de
chômage dans certaines régions.
Si on regarde la situation aujourd'hui, en regard de l'avenir, ce qu'il
faut, c'est dans certains endroits où la demande est très forte,
arriver à un aménagement vraiment intensif dans certaines
régions ou sous-régions pour être en mesure, dans l'avenir,
de satisfaire la demande. Le fait qu'il y en a un peu moins cette année
ne veut pas dire que la restauration et les travaux sylvicoles ne sont pas
importants; c'est un peu parce que l'Opération 2000 en soi n'est pas la
même chose. On veut continuer la restauration d'une façon plus
rationnelle.
M. LESSARD: M. le Président, vous me permettrez de citer le
ministre lors d'une allocution qu'il faisait à la Chambre de commerce de
Rouyn, le 5 août 1970. Ce que je voudrais savoir, c'est si, suite
à cette allocution, un programme précis a été fait.
Le ministre dit que l'Opération 2000 a été lancée
un peu en vitesse. Mais le ministre, en 1970, avait de grandes ambitions et
j'espère qu'il les a conservées.
Le ministre disait: Plus de 5,000 hommes, la plupart des assités
sociaux, pourraient être employés à ce programme dès
la première année de mise en application. D'ici cinq ans, plus de
10,000 personnes pourraient obtenir un emploi permanent à même les
cadres du programme et le tout coûterait approximativement $12 millions
par année.
Je pense qu'en 1970 le ministre envisageait l'opération 2000.
Cette ambition qu'avait le ministre s'est-elle concrétisée
seulement par le programme 2000? Le ministre parlait du reboisement et des
travaux sylvicoles et il est peut-être important d'ajouter ce que le
ministre précisait à ce sujet. Il disait ceci: II est important
de préciser que les crédits consacrés au reboisement ne
doivent pas être considérés comme une dépense mais
bien comme un placement à long terme. Sur cela, je suis
complètement d'accord avec le ministre, qui parlait même de la
nécessité d'instaurer un système de crédits
forestiers. Alors, je voudrais savoir si, après quatre ans
d'administration comme ministre au ministère des Terres et Forêts,
cette ambition du ministre, en 1970, s'est concrétisée dans un
programme précis ou si cela a été strictement de
l'opération 2000, qui, semble-t-il, a eu un bilan plus ou moins positif,
qu'on semble avoir laissé tomber maintenant. Est-ce qu'on va la
remplacer par un autre programme.
M. DRUMMOND: A ce moment, je pense que le député a raison.
Comme je l'avais dit, cela est parti en vitesse, c'était une
priorité gouvernementale. Si on avait eu tout cet argent à
l'intérieur du ministère, on aurait peut-être fait le
partage de l'argent différemment.
Pour répondre à la question: Oui, le programme est
vraiment important. Ce qu'on veut, c'est avoir une base solide pour que ce soit
vraiment fait dans les endroits où on en a besoin dans un avenir assez
rapproché.
M. LESSARD: Autrement dit, actuellement vous n'avez pas de programme
précis de préparé?
M. DRUMMOND: Oui. On peut parler un moment sur cela.
M. LESSARD: D'accord, j'aimerais avoir des explications, M. le
Président.
M. DRUMMOND: Nous avons un plan quinquennal qui a été
élaboré en 1971, à peu près en même temps que
l'opération 2000 a débuté. C'est évident que ce
plan quinquennal n'a pas été préparé dans les
détails comme on aurait voulu, parce que les moyens physiques nous
manquaient. De toute façon, on est en train de préparer un plan
qui sera beaucoup plus permanent. Cela a commencé cette année
avec la forêt domaniale des Appalaches et cela va se continuer dans les
autres forêts domaniales. Ainsi, tous les travaux sylvicoles vont
être orientés à l'intérieur d'une unité
d'aménagement qui aura été prévue dans un plan
complet pour assurer du travail de façon permanente à des
ouvriers, d'année en année, pour très longtemps.
C'est-à-dire que cela va être perpétuel, cela va être
une continuité, cela va être des rotaions où, après
certaines coupes, on pourra revenir au bout de dix ans, par exemple. Alors, les
gens qui seront appelés à y travailler seront assurés
d'une continuité de travail, d'année en année.
L'importance de la chose, c'est qu'en 1971, comme M. le ministre le disait, les
travaux ont été préparés de façon
très rapide.
Ce qui est arrivé, c'est que les travaux n'ont pas
été inclus dans les unités d'aménagement. Tous ces
travaux, cela ne veut pas dire qu'ils ont été inutiles. Les
travaux qui ont été faits ont été bien faits. Il
s'agit maintenant de tout inclure ça dans des unités
d'aménagement et de les perpétuer pendant plusieurs
années. De la
sorte, on va avoir une continuité de travail et cela va
être réellement un système sylvicole intégré
dans tout l'ensemble de la province.
M. LESSARD: Vous parlez d'un plan quinquennal qui a été
établi en 1971. Ce plan, j'estime, avait été assez bien
préparé par le ministère des Terres et Forêts.
Où en êtes-vous rendus actuellement, en 1974, dans
l'établissement de ce plan quinquennal? Est-ce que cela a
respecté les objectifs qu'on s'était fixés à ce
moment-là?
M. DRUMMOND: Jusqu'à un certain point, cela a respecté les
objectifs. Mais ce n'était pas prévu comme un plan à long
terme. C'était seulement axé sur des travaux avec des
assistés sociaux. C'étaient des travaux qui étaient
organisés d'une façon sporadique. Cela ne tenait pas compte des
unités d'aménagement.
Ces travaux vont être inclus dans les unités
d'aménagement, éventuellement, ceux qu'on fera, ceux qu'on est en
train de mettre sur pied.
M. LESSARD: Cette année, est-ce qu'on a estimé le nombre
d'emplois qui pourraient être créés dans ce secteur? Est-ce
qu'on le fait encore en collaboration avec le ministère des Affaires
sociales?
M. DRUMMOND: C'est-à-dire que maintenant les travaux ne sont pas
exclusivement pour les assistés sociaux. C'est pour la main-d'oeuvre
forestière disponible dans les environs de ces endroits, dans les
localités qui sont touchées par ces aménagements.
M. LESSARD: En ce qui concerne le programme de reboisement, est-ce qu'on
pourrait savoir quelles sont les régions qui seront les plus
touchées par ce programme?
M. ROY: Là-dedans, il y a deux sections. Il y a la section des
forêts privées et celle des forêts publiques.
M. DRUMMOND: Oui. M. LESSARD: D'accord.
M. ROY: Est-ce qu'on parle des forêts publiques pour commencer et
on parlera des forêts privées par la suite? Ce sont deux secteurs
un peu distincts.
M. DRUMMOND: Pour les forêts publiques, en premier il y a la
quantité des plants dans le programme 1974; c'est ce que vous
désirez?
Alors, en Abitibi-Est, on va planter 781,000 plants; en Abitibi-Ouest,
aussi 781,000 plants; dans le comté de Bonaventure, 1,658,000; dans
Charlevoix, 150,000; dans Dubuc, 442,000; Gaspé, 796,000; Matane,
505,000; Mégantic-Compton, 116,000; Pontiac-Témiscamingue,
262,000; Rivière-du-Loup, 25,000; Roberval, 1,448,000; Rouyn-Noranda,
254,000; Saguenay, 594,000; pour un total de 7,814,000.
M. LESSARD: Quand vous faites la plantation, est-ce que dans toutes les
régions du Québec vous faites une plantation
mécanique?
M. DRUMMOND: Lorsque l'on parle de terrains publics...
M. LESSARD: Oui.
M. DRUMMOND: ...ce sont des projets de reboisement de plants en racines
nues; dans le moment, ce sont des plants que l'on plante, les 7,814,000.
M. LESSARD: D'accord.
M. DRUMMOND: Suivant la situation, de la nature du sol sur les terrains
publics, habituellement, en grande majorité, on se sert de la plantation
mécanique. Mais il se peut parfois que ce soit des plantations
manuelles, ce qui est dû tout simplement à la nature rocailleuse
des sols ou à des difficultés d'introduction des plants dans le
sol.
Par contre, on fait aussi, mécaniquement, une grande surface. On
va couvrir 7,263 acres, soit en scarification ou en ensemencement, pour
favoriser la régénération en forêt. Ce sont des
sections qui ont été bûchées et qui se reproduisent
difficilement.
Alors, en Abitibi-Est, en scarification, on va faire 893 acres. Il
s'agit d'une scarification-ensemencement avec "brackë". C'est une machine
qui scarifie et qui ensemence en même temps. On va faire 1,100 acres. En
Abitibi-Ouest, 2,800 acres; à Bonaventure, 2,150 acres; à
Rouyn-Noranda, 275 acres.
Lorsqu'on parle de scarification et d'ensemencement, il faut remarquer
qu'on s'adresse surtout aux peuplements de pin gris qu'il y avait là. La
concentration de peuplements de pin gris qui se prête à
l'ensemencement et à la scarification se trouve surtout en Abitibi.
C'est pourquoi ces travaux se trouvent surtout en Abitibi.
M. LESSARD: Je reviens sur la plantation mécanique. En fait, vous
décidez de faire de la plantation mécanique selon la nature du
sol, mais, l'an dernier, justement, j'ai eu certaines communications avec des
gens d'une paroisse donnée de mon comté, où il y avait
beaucoup de chômeurs. Je pense bien que la plantation manuelle aurait pu
utiliser beaucoup plus de main-d'oeuvre qu'une plantation mécanique.
Je me demande si, justement, en collaboration avec le ministère
des Affaires sociales, il n'y aurait pas moyen d'utiliser cette main-d'oeuvre
et de tenir compte, dans le choix du type de plantation, du taux de
chômage.
Bien souvent, ces gens, qui sont bénéficiaires de l'aide
sociale, je pense que globalement, dans
l'ensemble, ils veulent travailler. Ce sont ces personnes
elles-mêmes qui protestaient contre le fait que le ministère des
Terres et Forêts utilisait une plantation mécanique alors que, si
on avait utilisé une plantation manuelle, on aurait certainement
utilisé beaucoup plus de main-d'oeuvre.
Je me demande si, en fait, il n'y aurait pas moyen, pour les prochains
travaux, de tenir compte beaucoup plus du taux de chômage des
régions et des villages où cela s'applique. Est-ce que le
ministère étudie cette possibilité lorsqu'il en vient
à décider soit d'utiliser la plantation mécanique ou
l'autre?
M. DRUMMOND: C'est une question à trois volets. Tout simplement,
on a, d'une part, des plants disponibles. D'autre part, on a des projets de
plantation et on a les coûts rattachés à cela.
M. LESSARD: Oui.
M. DRUMMOND: Avec un budget donné, s'il nous faut planter le
nombre de plants disponibles, il faut prendre le moyen le moins onéreux,
dans les circonstances données.
M. LESSARD: C'est pour cela que je dis toujours en collaboration avec le
ministère des Affaires sociales. Le montant qu'on verse à des
gens qui sont bénéficiaires de l'aide sociale, qui ne peuvent
retirer du chômage, il faut le calculer dans une rentabilité pour
l'ensemble du budget du Québec.
M. DRUMMOND: D'accord, mais cela, c'était le but primordial,
à peu près, lorsqu'on avait commencé l'Opération
2,000. Maintenant, cela passe dans le budget régulier du
ministère. Alors, je pense que cela est sensé d'essayer de le
faire de la façon la plus économique possible.
Par contre, au niveau du Conseil exécutif, il y a un groupe qui
s'occupe de ce qu'on appelle l'Opération placement, qui essaie toujours
de trouver des solutions en ce qui concerne de nouvelles sortes de travaux pour
aider les assistés sociaux.
S'il arrivait qu'on ait un projet donné dans une région,
cela n'exclut pas la possibilité de faire une demande là-bas. Ils
ont tous les chiffres et les détails nécessaires en ce qui
concerne le chômage et les endroits où se trouvent les
assistés sociaux, dans la province.
On a notre propre budget. Il y a cette Opération placement qui
peut aller, disons, pour les travaux de la voirie, par exemple, pour donner du
travail dans des régions où on veut utiliser de la main-d'oeuvre
où il y a une disponibilité.
Ce n'est pas seulement une question pour les Terres et Forêts.
Nous avons touché des fonds pour ces chantiers-écoles sur la
Côte-Nord via l'Opération placement parce que c'était
quelque chose de nouveau.
Nous regardons toujours nos programmes, si nous pouvons entrer
là-dedans, mais c'est à eux à faire le choix étant
donné l'ampleur de l'assistance sociale dans une région
donnée.
M. LESSARD: L'efficacité de la plantation mécanique
est-elle supérieure à la plantation manuelle?
M. DRUMMOND: Oui. A ce jour, il est prouvé que le taux de reprise
et la qualité de la plantation sont supérieurs lorsqu'elle est
faite mécaniquement. Mais cela ne veut pas dire que la plantation
manuelle est complètement inutile. Il y a quand même une certaine
réussite, mais la plantation mécanique est meilleure.
M. LESSARD: Je vous avoue, M. le Président, que dans certaines
régions du Québec, là où le chômage est
peut-être le plus marqué, surtout dans certaines petites paroisses
où le taux d'aide sociale est très fort, je vous avoue qu'il peut
y avoir de grosses protestations.
L'an dernier j'ai dû intervenir, les gens étaient vraiment
mécontents de voir qu'ils vivaient de l'aide sociale avec des montants
très minimes, alors que si le ministère des Terres et
Forêts avait travaillé en collaboration avec le ministère
des Affaires sociales, il y aurait eu certainement possibilité
d'utiliser cette main-d'oeuvre. Et même, une journée, il y a eu de
grosses protestations, on avait décidé d'aller peut-être
jusqu'à détruire la machine, un peu comme à Lyon, quand on
avait détruit les moulins.
Je ne suis pas contre la mécanisation, mais les gens regardent,
lorsqu'ils sont en chômage, surtout quand c'est un organisme
gouvernemental. Les gens ont tendance à protester.
M. DRUMMOND: ... M. le député, si j'entends bien, aux gens
qui sont capables d'aller travailler en forêt.
M. LESSARD: Voici, il faut faire attention, des gens qui sont capables
d'aller travailler en forêt, si vous parlez de travailleurs forestiers
qui vont bûcher, ça prend des caractéristiques
précises, ce qui n'est pas le cas; ce n'est pas aussi difficile de faire
de la plantation de plants que de bûcher en forêt.
M. DRUMMOND: Je vous ferai remarquer une chose, c'est que la plantation
même dure une période de trois semaines.
M. LESSARD: Je suis d'accord, c'est trois semaines.
M. DRUMMOND: II y a ensuite une difficulté, lorsqu'on plante
manuellement il y a une difficulté de recrutement des hommes.
Habituellement, en forêts publiques, les sections sont assez
éloignées, où on ne dispose pas de toutes les
commodités au point de vue du logement...
M. LESSARD: Je vais vous donner simplement un exemple: A
Sainte-Thérèse-de-Colombier, les gens étaient dans leur
village, étaient très proches, il n'y avait aucun
problème, ils pouvaient partir travailler le matin et revenir le soir,
il n'y avait aucun problème de logement.
Je comprends qu'il peut y avoir une certaine limitation, pour le
ministère des Terres et Forêts, étant donné que
c'est un travail de trois semaines. On ne peut pas construire des camps pour
une période de trois semaines, et je comprends que l'on utilise la
plantation mécanique, mais dans certains cas, je pense qu'il y aurait
certainement possibilité de faire une plantation manuelle en autant que
ça n'apporte pas des coûts absolument exorbitants.
Dans le nombre de plantations que vous avez l'intention de faire cette
année, est-ce que c'est déterminé partout que c'est une
plantation mécanique que vous faites?
M. DRUMMOND: Non, tous les projets ne sont pas pour de la plantation
mécanique, mais...
M. LESSARD: A combien estimez-vous la main-d'oeuvre qui sera
employée par ce programme de plantation?
M. DRUMMOND: On ne peut pas l'estimer parce que ça dépend
de l'administration régionale d'exécuter les projets de
plantation avec la meilleure compétence, la main-d'oeuvre qui est
disponible et avec le budget disponible aussi.
Celui qui gère l'argent se doit de prendre les meilleurs moyens
possibles pour le dépenser à bon escient...
M. LESSARD: Donc, la décision de planter mécaniquement ou
d'utiliser de la main-d'oeuvre pour faire une plantation manuelle relève
du bureau régional?
M. DRUMMOND: La recommandation de le faire de telle façon
relève du bureau régional. Ces projets sont soumis en entier au
centre qui les sanctionne ou qui conseille certaines modifications.
M. LESSARD: Donc, il est maintenant possible, avec la
déconcentration, de faire une demande au bureau régional dans ce
sens et on peut obtenir une réponse sans que la personne soit
obligée de remonter au ministre?
M. DRUMMOND: Certainement; ce sont eux les responsables de la gestion de
leur budget.
M. LESSARD: D'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Beauce-Sud.
M. LESSARD: Je saurai à qui m'adresser. M. ROY: Je voulais
demander, quand on parle de reboisement dans les forêts publiques, s'il
s'agit de forêts dont les droits de coupe ont été
concédés et qui sont sous bail, si vous voulez, par les
compagnies papetières ou s'il s'agit de terres de la couronne, de
réserves domaniales?
M. DRUMMOND: Tous les projets dans les forêts publiques se
trouvent, à l'exception d'un, qui est en Gaspésie, sur les terres
de la couronne non concédées, soit forêts domaniales,
réserves cantonales ou autres.
M. ROY: Maintenant, dans les territoires concédés aux
compagnies papetières, est-ce qu'il y a quelque chose au niveau du
reboisement qui se fait par le ministère des Terres et Forêts?
Est-ce qu'il y a des exigence si particulières? Est-ce que les
compagnies sont obligées de faire quelque chose dans ce domaine ou si,
tout simplement, on laisse la nature agir, avec le vent, les oiseaux, les
petits animaux qui peuvent faire de la plantation?
M. DRUMMOND: On commence actuellement à insister sur le
reboisement ou sur les travaux sylvicoles et on va continuer à le faire.
Je pense qu'on peut signaler que c'est seulement récemment qu'on a
pensé qu'il y aurait vraiment un problème dans l'avenir en ce qui
concerne ces travaux, parce qu'il y avait une assez bonne
régénération naturelle. Mais on va
décidément dans cette direction.
M. ROY: II y a des endroits, par exemple, où il y a eu des feux
de forêt; de grandes étendues de terrain ont été
complètement dévastées par des feux. Il s'agit de terrains
qui sont à l'intérieur des concessions forestières, qui
ont été concédés à des compagnies. On sait
que, lorsque le feu passe, c'est une destruction complète et que
ça prend des années et des années avant qu'il commence
même à y avoir une petite pousse de bois.
M. DRUMMOND: II y a certains arguments que je peux laisser aux experts,
mais il y en a qui disent que des incendies contrôlés peuvent
être considérés aussi comme un travail sylvicole pour
régénérer certains endroits.
M. ROY: J'aimerais qu'on nous dise un peu ce qu'il en est
là-dedans. On sait qu'il y a des milliers d'acres de terrain qui, chaque
année, sont dévastées par les incendies. Il reste qu'au
Québec les réserves forestières, c'est quand même
une chose dont on ne peut négliger l'importance, compte tenu des besoins
futurs. Est-ce qu'il y aurait possibilité que quelque chose soit fait
dans ce sens et qu'on puisse accélérer la repousse du bois de
façon à en augmenter le volume?
M. DRUMMOND: Nous sommes conscients qu'il y a un problème de
régénération sur certains terrains concédés.
Par contre, il faut
concevoir aussi qu'il se fait quelque chose dans ce sens; entre autres,
il y a une compagnie forestière qui a une pépinière de
plusieurs millions de plants, à Harrington.
M. ROY: Quelle compagnie?
M. DRUMMOND: CIP. Elle utilise des plants sur les terrains publics,
aussi bien que sur les terrains privés, mais en majorité sur les
terrains publics. Il y a aussi une autre compagnie qui a un projet, cette
année, de 900,000 plants dans la Gaspésie. La même
compagnie a aussi un projet qui va employer de la main-d'oeuvre
étudiante dans la région de Trois-Rivières pour une
plantation, durant l'été, d'environ 300,000 plants.
C'est peut-être embryonnaire, mais il se fait quand même
quelque chose. Nous sommes conscients toutefois qu'on devrait intensifier ces
actions et on se dirige petit à petit vers cela.
M. ROY: Les compagnies font cela sur les terrains qui leur sont
concédés à elles?
M. DRUMMOND: C'est ça.
M. ROY: Et elles ont, à ce moment-là, de l'aide? Si vous
parlez du programme étudiant, il est évident que ça entre
dans le cadre du programme de placement-étudiant dont une partie des
salaires est défrayée par le gouvernement...
M. DRUMMOND: Oui.
M. ROY: ... par les subventions aux étudiants. Mais est-ce qu'il
y a des accords spéciaux qui sont intervenus, à ce
moment-là, entre les compagnies et le gouvernement? Si la compagnie
investit dans le reboisement, dans ses opérations, dans ses bilans, elle
est obligée de tenir compte d'une certaine forme d'immobilisation.
Alors, est-ce que ça oblige le gouvernement pendant des
années et des années envers ces compagnies, lorsqu'on parle par
exemple de revalorisation du territoire public et du rachat de certaines
concessions forestières ou autres? J'aimerais savoir quelles sont les
ententes qui existent entre le gouvernement et les compagnies sur ce sujet.
UNE VOIX: Sur les projets d'étudiants aussi.
M. LESSARD: Pour ajouter, le 2 mai 1973 il y a eu un arrêté
en conseil du ministre, dans lequel on dit: Que le ministre des Terres et
Forêts soit autorisé à conclure avec les concessionnaires
forestiers des ententes relativement à la poursuite, au cours des
vacances d'été 1973, des travaux de restauration et
d'aménagement forestiers, à l'intérieur de leurs
concessions forestières. Et, s'il le juge utile, dans les forêts
en franc-alleu qu'ils pourraient posséder, à leur accorder une
réduction de droits de coupe correspondant au total des traitements
versés aux étudiants, y compris la part de l'employeur aux
bénéfices marginaux et autres frais connexes, tel que
stipulé dans ces mêmes ententes. Je pense que ça rejoint la
question du député de Beauce-Sud. Je demande, pour ajouter: Quel
a été le coût de ce programme en 1973, quel sera-t-il en
1974, combien d'emplois créés ou combien d'étudiants ont
été, l'an dernier, engagés à des fins de
restauration et d'aménagement sur les terres publiques, y compris les
concessions forestières?
M. DRUMMOND: Sur les terres privées ç'a été
minime. Il y a eu 1,117 étudiants répartis à travers la
province qui ont joui d'emplois pendant une période de dix semaines.
C'est réparti dans toutes les régions administratives. Par
conséquent, c'est réparti aussi dans tous les comtés.
Ce programme a coûté au ministère, par
réduction de droit de coupe, une somme de $1,195,000.
M. ROY: Lorsqu'on emploie les étudiants, il y a une partie qui
est payée par l'employeur et une partie qui est payée par le
gouvernement.
M. DRUMMOND: Le programme est totalement financé par le
ministère.
M. ROY: Totalement financé par le ministère.
M. DRUMMOND: C'est ça.
M. LESSARD: Le total des traitements...
M. DRUMMOND: Plus les frais connexes, plus les bénéfices
marginaux. Le programme d'embauche des étudiants.
M. ROY: Etant donné qu'il n'y a pas de subventions, la
réduction du droit de coupe est-ce que ça représente la
totalité des salaires payés aux étudiants?
M. DRUMMOND: Cela représente les salaires payés, les
bénéfices marginaux plus les frais connexes. Dans frais connexes
on parle de transport des étudiants d'un endroit à l'autre,
d'utilisation de certaines machines et d'achat d'équipement.
M. ROY: En somme les compagnies comme telles n'ont pas investi, elles
n'ont pas dépensé...
M. DRUMMOND: Elles ont investi d'une certaine façon, par la
programmation, le cadrage des étudiants, la supervision de leurs
travaux, la présentation des projets. Une compagnie quelconque qui
ferait pour $100,000, c'est environ 10 p.c. que ça lui coûte quand
même.
M. LESSARD: Les compagnies, il me semble, en vertu des ententes avec le
gouvernement et en vertu de cet arrêté en conseil du 2 mai 1973,
sont obligées de faire du reboisement. Or, il semble que cette
responsabilité du reboisement soit complètement payée par
le gouvernement du Québec.
M. DRUMMOND: L'an dernier il n'y a eu aucun programme de reboisement
à ce programme. Cette année il y en a un. Au niveau des cadres
ils font beaucoup de choses en regard de chaque programme lorsque c'est fait.
Ce serait un peu difficile de demander qu'ils payent eux-mêmes pour ces
travaux sur des terres publiques qui seraient reprises par l'Etat ensuite.
Alors on a établi ce programme parce que c'était une façon
assez efficace de donner du travail aux étudiants région par
région. On a utilisé les compagnies forestières comme
structure d'administration au lieu d'essayer de monter toute une équipe
au niveau du gouvernement.
Alors je pense qu'en ce qui concerne les étudiants, qu'en ce qui
concerne les effets cela a bien été.
M. LESSARD: Ce programme se fait sur les concessions forestières
des compagnies?
M. DRUMMOND: Oui.
M. LESSARD: La compagnie ne va pas établir, instaurer un
programme comme celui-là sur une autre concession; il se fait sur les
concessions forestières. Quand le ministre dit qu'il peut y avoir
rétrocession des concessions forestières, c'est dans son
programme, en tout cas, dans ses ambitions...
M. DRUMMOND: Non, c'est un fait. On ne va pas payer, évidemment,
pour n'importe quelle amélioration qui est faite selon ce programme.
M. LESSARD: J'aimerais revenir, d'abord, à ce que disait tout
à l'heure M. Tremblay.
M. DRUMMOND: Est-ce que je peux suggérer une seule chose ici?
M. LESSARD: Oui.
M. DRUMMOND: C'est qu'on discute actuellement un élément
de programme ou une activité qui se trouve au programme 3. Si on veut
vider la question ici et ne pas en reparler.
M. LESSARD: Si ça continue, tout va être retardé
dans la discussion des programmes.
M. DRUMMOND: Non, je suis tout à fait d'accord. Ce que je ne veux
pas faire, c'est recommencer la discussion sur cela lorsqu'on arrivera au
programme 3.
M. ROY: D'accord. Je suis bien d'accord pour ne pas recommencer.
M. LESSARD: Je voudrais poser une question à M. Tremblay. Si j'ai
bien compris, tout à l'heure, il disait qu'en 1973 il n'y avait eu aucun
programme en vertu de cet arrêté en conseil alors qu'il nous
disait qu'il y avait eu une dépense de $1,195,000.
M. DRUMMOND: Aucun projet de reboisement.
M. LESSARD: Aucun projet de reboisement.
M. DRUMMOND: Maintenant, je vous ferais remarquer...
M. LESSARD: C'était pour quels projets, la dépense de
$1,195,000? Avec quelles compagnies?
M. DRUMMOND: On peut vous les donner selon la nature des projets, si
vous voulez, et le nom des compagnies.
M. LESSARD: D'accord.
M. ROY: Pour la nature des projets et le nom des compagnies, je suis
très intéressé. D'ailleurs, j'allais poser la question. Je
remercie beaucoup le député de Saguenay de ménager
mes...
M. LESSARD: Vos forces. M. ROY: ... forces.
M. DRUMMOND: Je vais vous présenter un résumé. Si
vous voulez avoir plus de détails, on peut... Compagnie Internationale
de Papier du Canada; 180 étudiants, montant dépensé:
$235,129.73.
M. ROY: $239,000?
M. DRUMMOND: $235,129.73. M. ROY: Cela, c'est la CIP?
M. DRUMMOND: La CIP. Maintenant, tout cela comprend une gamme de travaux
qu'on peut identifier ici. Vous avez, par exemple, un projet de recherche. Vous
avez: traitements, transport, fournitures et approvisionnement, divers, pour un
montant de $2,639. On pourra, tout à l'heure, en prendre un qui est un
peu plus imposant. Vous avez, après cela, la coupe de dégagement
dans les plantations: $9,687. Je donne les chiffres ronds.
M. ROY: Est-ce qu'il y aurait possibilité, pour une meilleure
compréhension et pour que nous puissions avoir ces documents en main,
d'en avoir une photocopie?
M. DRUMMOND: Oui, d'accord. M. ROY: D'accord.
M. DRUMMOND: Si on prend les montants, vous avez ici un projet
d'inventaire de régénération: $50,826, avec une somme,
pour les traitements, de $35,000, pour le transport, de $1,700, pour les
fournitures et approvisionnement, de $5,041, et à divers, de $9,107.
Vous avez une série: coupes de dégagement, travaux
d'aménagement, aménagement d'un terrain, circulation
forestière, site de camping, affichage, coupes de nettoiement dans les
peuplements semenciers et coupes de dégagement dans les jeunes
peuplements feuillus, études techniques pour les profits de 1974,
martelage pour coupe par bande, élimination du peuplier dans les
pineraies, étude des sites de plantations, pour un total de
$235,129.73.
Maintenant, pour les autres compagnies, vous avez la Consolidated
Bathurst Limited: 94 étudiants, montant dépensé:
$146,620.26. La nature des travaux: coupes précommerciales études
des régénération, aménagement de terrain,
élagage dans de jeunes peuplements. Société
forestière Domtar Limitée: 335 étudiants, $362,910.80.
Nature des travaux: coupes précommerciales, sites
récréatifs, relais routiers, débarras des chemins,
administration centrale. La compagnie Gaspésia Limitée: 40
étudiants, $29,583.95. Nature des travaux: coupes
précommerciales, inventaire. The James McLaren Company: 18
étudiants, $24,568.53 pour l'aménagement d'un terrain. Papeterie
Bathurst Limitée: 14 étudiants, $13,467.29, coupes
précommerciales. Compagnie Price Limitée: 405 étudiants,
$241,490.35, coupes précommerciales. Quebec North Shore Paper Company:
28 étudiants, $35,685.09. Musée forestier, aménagement
récréatif et plantation. Total des étudiants,
l,114,montant dépensé, $1,089,456.
M. ROY: Quand vous parlez de coupes précommerciales, à la
compagnie Price Brothers, entre autres, 405 étudiants, $241,490, est-ce
qu'on pourrait nous donner des explications là-dessus?
M. DRUMMOND: C'est une coupe qui est faite dans des peuplements qui ne
sont pas considérés comme commerciaux, c'est-à-dire
où les bois sont marchands, où on peut sortir des bois
commerciaux. C'est dans de jeunes peuplements où les tiges ont à
peu près entre un et deux pouces et demi de diamètre. C'est
simplement pour faire une éclaircie, un nettoyage. Les bois sont
laissés sur le parterre de coupe. Eventuellement, si jamais on pouvait
trouver une utilisation à ce bois, ce serait encore plus rentable. Il y
a des recherches qui se font dans ce sens, actuellement.
M. ROY: A ce jour, ce bois, le bois coupé, il n'y a eu aucune
récupération possible?
M. DRUMMOND: Non.
M. ROY: Aucune valeur commerciale?
M. DRUMMOND: Non.
M. ROY: Maintenant, sur combien d'acres a-t-on pu faire cette coupe
précommerciale? Lorsqu'on parle de Price, on parle surtout, je pense
bien, du... A quel endroit Price Brothers a-t-elle fait ces programmes? Est-ce
que c'est surtout dans le parc national?
M. DRUMMOND: Il y en a eu dans le parc des Laurentides sur les
concessions de Price, et puis il y en a eu aussi à un autre endroit,
dans les concessions de Price, plus en dehors du parc des Laurentides.
M. ROY: Au nord du Saguenay? M. DRUMMOND: C'est ça
M. ROY: Vous n'avez pas le nombre d'acres?
M. DRUMMOND: II faudrait retourner au projet lui-même, parce
qu'ici on a des détails. Vous avez le numéro du permis, la coupe,
les chiffres concernant la nature, le traitement, tout ça, mais pour
avoir des détails quant au site même, il faudrait retourner au
projet. Si vous voulez les obtenir, on peut vous les remettre en même
temps que la copie de cela.
M. LESSARD: On aimerait bien les obtenir, M. le Président.
M. ROY: Oui.
M. DRUMMOND: Pour Price?
M. ROY: Oui. Je m'excuse, j'aurais aimé revenir un peu
là-dessus. Est-ce que ces travaux sont exécutés sous la
surveillance d'officiers du ministère des Terres et Forêts?
M. DRUMMOND: Tout le temps sous le contrôle de l'un ou de
l'autre.
Sur le normatif et la supervision.
M. ROY: Et la supervision. Et c'est vérifié de
façon que les programmes soient appliqués en conformité
avec les projets qui sont soumis au gouvernement?
M. DRUMMOND: Exact, c'est ça.
Voici, d'abord chacune des compagnies, pour chacun des projets, soumet
une estimation du nombre d'étudiants qu'elle va employer sur un projet
quelconque, la superficie qu'elle va traiter, les caractéristiques
dendrométriques de cette superficie, soumet le tout à
l'administrateur régional qui fait ses recommandations et nous envoie
ces projets. Ils sont étudiés par rapport au coût. A ce
moment-là, on donne une
acceptation puis on va même voir sur le terrain si c'est
compatible au point de vue normatif. Par la suite, les étudiants
exécutent le programme sous la surveillance de la compagnie et sous
notre contrôle sporadique.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Laviolette.
M. CARPENTIER: Dans la liste que vous venez d'énumérer,
vous avez mentionné : Musée forestier, est-ce qu'on pourrait
avoir certaines explications de cela? En quoi cela consiste?
M. DRUMMOND: Musée forestier, je ne pense pas que cela ait
nécessité tellement de déboursés; c'est la
compagnie Quebec North Shore qui a fait quelque chose dans ce genre, mais le
musée forestier a été surtout supervisé par la
direction de la conservation, et c'est ce service qui pourrait vous donner les
renseignements sur ce que cela comporte exactement.
C'est un centre touristique où des vieilles machineries, des
vieux équipements sont ramassés et qui peuvent être vus par
le public, avec des explications.
M. CARPENTIER: Est-ce que vous avez le montant précis de cet
investissement?
M. DRUMMOND: Oui, $35,685, mais il y a eu de l'aménagement
récréatif avec cela.
M. CARPENTIER: Très bien, merci.
M. LESSARD: M. le Président, je constate, par exemple, dans les
chiffres qui nous sont donnés par M. Tremblay, que le programme de la
CD? comprenait 125 étudiants avec une dépense totale de
$235,129.13. Si je compare cela maintenant à Price Brothers, 415
étudiants et un total de dépenses de $245,000, c'est donc dire
que les salaires probablement étaient les mêmes pour tous les
étudiants. Puisque l'on constate, par exemple, que Prince Brothers a
utilisé 415 étudiants et a dépensé $245,000,
près de trois fois plus d'étudiants pour à peu près
la même dépense, j'aimerais savoir si ce qui fait changer les
montants, c'est le nombre de semaines de travail de ces étudiants.
M. DRUMMOND: Non. Les salaires des étudiants sont les mêmes
partout.
M. LESSARD: Oui.
M. DRUMMOND: L'an drernier, c'était le salaire minimum pour les
étudiants des deux dernières années des polyvalentes; $85
par semaine pour les étudiants des CEGEP; cela montait à $125,
à $135 pour les universitaires. Maintenant, pertinemment au projet de
Price Brothers, ils ont eu un "turn over", c'est-à-dire un remplacement
de la main-d'oeuvre étu- diante. Les étudiants étaient peu
satisfaits de demeurer dans le bois, de rester éloignés. Alors,
ils quittaient tout simplement et ils étaient remplacés par
d'autres étudiants.
M. LESSARD: D'autant plus qu'ils devaient prendre conscience qu'en
travaillant cela ne leur permettait pas d'avoir de bourse. Alors, quand ils
avaient gagné leur minimum de $500, ils partaient !
M. ROY: Pour employer un langage courant, ils "jumpaient".
M. LESSARD: Mais le ministre affirmait, tout à l'heure, que les
compagnies forestières ne devaient pas améliorer des terres ou
n'étaient pas intéressées à améliorer des
terres qui doivent revenir à l'Etat. Je ne suis pas complètement
d'accord sur l'affirmation du ministre. Il me semble que, lorsque l'on
cède une concession forestière, il y a une responsabilité
de la part des compagnies de faire en sorte que ce territoire ne soit pas
complètement vidé, que l'on puisse, sinon l'améliorer, du
moins le conserver, autant que possible, selon des normes minimales.
C'est pour cela que je trouve quand même curieux que dans ce
programme les compagnies participent assez peu, sinon à peu près
à 10 p.c. du coût total du projet.
M. DRUMMOND: Je dois dire pour le député de Saguenay que
ce programme a été lancé par nous, à notre
suggestion, en essayant de trouver un moyen qui donnerait du travail aussi vite
que possible et qui serait administré aussi bien que possible dans un
minimum de temps. On a choisi cette modalité pour entrer
là-dedans. Alors, c'est tout à fait comme un programme pour
étudiants du gouvernement. On avait dit: Nous voulons faire cela sur les
terres publiques. Est-ce que vous allez nous aider pour le mettre sur pied? Il
y a toujours l'argument que l'autre doit payer, contribuer plus à
ça. Peut-être que c'est vrai, mais c'était notre programme,
élaboré par nous, pour donner du travail aux gars dans des
régions variées de la province.
M. LESSARD: L'engagement des étudiants se faisait par
l'Opération placement...
M. DRUMMOND: Oui.
M. LESSARD: ... ou par le ministère des Terres et
Forêts?
M. DRUMMOND: L'engagement des étudiants dépend du bureau
de placement-étudiant, indirectement. La compagnie engage les
étudiants, fournit une liste aux administrateurs régionaux, qui
est la même liste au bureau de placement-étudiant pour
acceptation.
M. LESSARD: Je m'excuse, j'ai été
dérangé.
M. DRUMMOND: Cela se fait indirectement...
M. LESSARD: Oui.
M. DRUMMOND: ... par le bureau de placement-étudiant, dans ce
sens que les noms...
M. LESSARD: Autrement dit, quand vous parlez du bureau de
placement-étudiant, vous voulez parler du Centre de main-d'oeuvre du
Québec.
M. DRUMMOND: Le bureau de placement-étudiant du Québec,
qui dépend du Conseil exécutif.
M. LESSARD: D'accord.
M. DRUMMOND: Cela se fait indirectement dans ce sens-ci. C'est que la
compagnie soumet la liste d'étudiants qu'elle veut engager.
M. LESSARD: La compagnie soumet la liste d'étudiants...
M. DRUMMOND: Des étudiants qu'elle veut engager...
M. LESSARD: ... qu'elle veut engager.
M. DRUMMOND: ... à l'administrateur régional et au bureau
de placement pour sanction.
M. LESSARD: Ah! Ah!
M. DRUMMOND: Parce que le bureau de placement-étudiant, il y en a
un seul et unique au Québec, qui se trouve ici, à
Québec.
M. LESSARD: D'accord. Vous me dites que la compagnie soumet la liste des
étudiants qu'elle veut engager.
M. DRUMMOND: Et des étudiants qui veulent avoir du travail. Ils
reçoivent...
M. LESSARD: Là, je ne marche pas. Là, je comprends
certaines choses qui sont arrivées dans mon comté. Ce qui arrive
bien souvent, c'est que la compagnie, soumettant sa liste, a fortement tendance
à engager les fils des responsables, des employés de la
compagnie. Bien souvent, on remarque, justement, que les étudiants qui
travaillent sont les fils du patron ou les fils des gens qui sont au niveau des
cadres. Bien souvent, ils ont peut-être moins besoin de travailler que
d'autres.
M. DRUMMOND: On a regardé cela, justement. Dans le moment, on
s'aperçoit que la même proportion existe entre fils de
non-employés de compagnies et fils d'employés de compagnies,
parmi les étudiants qui travaillent. Sur 100 étudiants qui
travaillent à quelque part, habituellement il y a 50 fils
d'employés de compagnies. Il y a une chance qu'il y ait 50
étudiants d'employés de compagnies et 50 étudiants de
pères qui ne sont pas employés de compagnies dans le moment.
C'est normal. Lorsqu'il y a une industrie quelque part, tout le monde va
travailler à l'industrie.
M. LESSARD: Oui mais moi j'ai eu, dans ce programme, certaines
protestations. On faisait venir même des étudiants de
l'extérieur de la région.
M. DRUMMOND: A notre connaissance, ce n'est pas arrivé, à
moins que ce soient, oui,...
M. LESSARD: C'est-à-dire que ces étudiants se trouvent
à demeurer dans la région pendant la période
d'été...
M. DRUMMOND: Non.
M. LESSARD: ... mais ils viennent de l'extérieur.
M. DRUMMOND: C'est arrivé dans un seul cas pour une seule classe
d'étudiants. C'est pour le personnel d'encadrement des étudiants,
soit des techniciens forestiers ou des étudiants en génie
forestier. C'est le personnel d'encadrement.
M. LESSARD: Encore là, parmi les fils des employés de la
compagnie qui travaillent, on remarque une forte tendance. J'aimerais bien
savoir pourquoi ce sont les employés les mieux
rémunérés et les plus hauts dans les cadres de la
compagnie qui réussissent, par leur influence supérieure,
à placer leurs enfants.
Moi, je n'aime pas le système du tout. Il faudrait, je pense
bien, se pencher sur ce sujet.
M. DRUMMOND: On en a longuement discuté. En tout cas,
c'était surtout les modalités pour le mettre en application.
Mais, quand même, tout doit être approuvé par le bureau de
la main-d'oeuvre.
M. LESSARD: Oui.
M. DRUMMOND: Grosso modo, on a essayé je pense que c'est il
y a trois ans dans un de nos propres programmes, d'avoir une sorte de
comment dit-on cela en français? un "cross pollination", en
anglais. On a essayé de prendre des gars d'une région pour les
envoyer dans une autre région, parce que cela fait du bien aux jeunes
des diverses régions de la province de se rencontrer. Je pense que
c'était dans le bout de Matane. Cela n'a pas tellement bien
marché, dans le temps.
Alors moi, je penserais, lorsqu'on regarde les
chiffres, que ce seraient surtout les gars de la région.
M. LESSARD: Moi, en tout cas, j'ai constaté, en regardant un peu
la liste des étudiants qui étaient placés, que
c'étaient bien souvent les étudiants qui en avaient le moins
besoin. Et là je comprends pourquoi. Normalement, ces employés de
compagnies qui sont au niveau des cadres supérieurs ont d'excellents
contacts avec les employés du ministère de la Voirie dans les
bureaux régionaux et quelquefois aussi d'excellents contacts avec les
centres de main-d'oeuvre.
Non, je ne dis pas que c'est une question de patronage. Je ne vais pas
jusque là.
M. ROY: Cela n'empêche pas le député de le penser
!
M. LESSARD: D'y penser. Je trouve que cette formule est
extrêmement dangereuse.
Vous allez me demander: Quelle formule devrait-on utiliser? On m'a
envoyé une liste d'étudiants qui avaient demandé à
travailler pour le gouvernement. J'avais une liste de 150 étudiants sur
la formule, qui avaient fait des demandes. On m'a demandé de faire des
recommandations.
Je regrette, mais je n'avais pas les informations nécessaires. Le
jour où je vais commencer à étudier chaque cas en
particulier, parmi 150 étudiants, je n'aurai pas le temps de faire autre
chose à l'Assemblée nationale.
Je ne sais pas encore quelle formule. Je pense que ce sont encore les
centres de main-d'oeuvre pour étudiants. On devrait aussi penser,
peut-être, à un organisme d'étudiants au niveau de la
région qui aurait son mot à dire là-dedans, une certaine
consultation au niveau des étudiants.
La formule utilisée, que la compagnie fournisse d'abord la liste
des étudiants qu'elle veut engager, me paraît passablement
favoriser les cadres supérieurs de la compagnie.
M. DRUMMOND: II faut entendre que la compagnie fournit la liste des
étudiants qui ont fait une demande chez elle et qu'elle projette
d'engager.
Si une compagnie soumet un projet pour 50 étudiants, elle va
donner tous les noms des étudiants qui ont fait une demande, mais c'est
en regard de l'instruction de ce type-là, de sa classification scolaire.
Certaines compagnies, par exemple: Domtar l'an dernier, à cause du grand
nombre de demandes, a dû dire: Je n'emploie personne en bas de 18 ans. Il
y avait trop de demandes. Des personnes de 16 ou 17 ans, il y en avait
peut-être un très grand nombre, mais la compagnie a fixé
l'âge à 18 ans.
M. LESSARD: Je suis d'accord qu'il peut y avoir des limitations comme
celles-là, mais les $1,195,000, j'ai l'impression que ça devient
indirectement des cadeaux aux employés de la compagnie, parce que leurs
garçons ont bien plus de chances de travailler pour cette compagnie
forestière selon le système utilisé, que d'autres
étudiants.
M. HOUDE (Aabitibi-Est): Avez-vous eu beaucoup de plaintes dans votre
comté à ce sujet-là? Combien?
M. LESSARD : Je ne peux pas le dire exactement. J'ai eu des plaintes
générales où on disait qu'il y avait un certain nombre
d'étudiants qui venaient de l'extérieur et que les
étudiants qui avaient l'avantage de travailler étaient surtout
des fils de cadres supérieurs de la compagnie.
M. DRUMMOND: D'accord, on peut avoir des problèmes avec ce
système...
M. LESSARD: Je soulève le problème.
M. DRUMMOND: ... mais je dis que cela a été fait
uniquement pour des raisons d'efficacité, au lieu de demander à
l'ordinateur de suggérer des noms pour un projet. Il pourrait arriver
alors que seulement la moitié seraient intéressés vraiment
à travailler à ce projet; ça retarde le projet et on ne
peut pas accorder le même nombre d'emplois qu'avec ce système-ci
où les gars ont fait une demande pour un projet donné.
Je ne dis pas que c'est parfait, mais je pense que cela nous a permis
d'assurer que, grosso modo, les projets seraient faits et qu'on serait vraiment
en mesure de donner le nombre d'emplois qu'on voulait donner. Je pense que
c'est cela, grosso modo.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Laviolette.
M. CARPENTIER: Sur le même sujet, M. le Président, je dois
faire remarquer que, dans ma région, il y a eu des programmes de la
sorte, avec les différentes compagnies forestières. Loin d'avoir
un surplus d'employés, on a manqué, à certains moments, de
personnes qui étaient aptes et qui voulaient travailler en forêt,
dans le bois. Je pense bien qu'il n'est pas question de parenté ou de
fils de présidents de compagnies ou quoi que ce soit. Dans bien des cas,
nous avons eu certaines difficultés à trouver la main-d'oeuvre
nécessaire à l'exécution des travaux. En
général, tous les étudiants qui ont bien voulu travailler
à ces programmes ont été très satisfaits. C'est une
expérience, à mon sens, qui est très valable, mais
malheureusement il arrive que certains étudiants n'ont pas la
capacité physique ou ne sont pas intéressés à aller
travailler en forêt, dans des camps forestiers ou des choses du
genre.
M. LESSARD: Simplement une remarque concernant ce qu'affirme le
député de Laviolet-
te. Il faudrait peut-être vérifier le système, la
façon dont on accorde les bourses. On estime, par exemple, à $500
les gains de chaque étudiant et, par la suite, on va accorder les
bourses en tenant compte des revenus des parents.
Alors, ce qui arrive, c'est que les étudiants s'organisent. On
parlait tout à l'heure d'un "turn over" assez fort dans une compagnie.
Je comprends que, lorsque les étudiants ont gagné $500, ils
disent: C'est correct, on s'en va maintenant parce que ça nous avantage
très peu pour obtenir une bourse par la suite.
Il y a un problème qui a probablement été
discuté au ministère de l'Education, mais qui est très
sérieux de ce côté-là.
M. DRUMMOND: Pour cette année... M. LESSARD: Pour l'année
1974.
M. DRUMMOND: Pour cette année, avant-hier, ont été
mises à la poste des formules provenant du bureau de
placement-étudiant. C'est la première année que c'est fait
par notre bureau de personnel, qui a préparé ces formules de
façon à contrôler réellement l'engagement. Ce ne
sera pas sur liste, mais sur formule. L'engagement se fera à l'aide de
formulaires du bureau de placement étudiant cette année. Cette
année, on a un peu étendu le programme étudiant pour
permettre un plus grand emploi sur des terrains autres que
concédés, pour les permissionnaires, par exemple, qui jouissent
d'une garantie d'approvisionnement. On circonscrit ces projets sur les terrains
publics aussi. Par exemple, dans votre région, Rayonier-Québec a
pu soumettre, pour la première année, un projet qui va employer
une trentaine d'étudiants, où existent des permissionnaires.
Dans le Nord-Ouest québécois, il va y avoir des programmes
d'étudiants dans les forêts domaniales, où il ne pouvait
pas y en avoir ces dernières années parce qu'il n'y avait que les
concessions forestières dans l'arrêté en conseil.
LE PRESIDENT (M. Heard): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: Ce que je voulais ajouter là-dessus, M. le
Président et ici je pense qu'on touche un problème
fondamental c'est que tout le système et les mécanismes
qui sont mis en marche lorsqu'il s'agit du placement étudiant, je trouve
que c'est beaucoup trop fermé. Les étudiants n'ont pas
suffisamment d'information. Les centres de main-d'oeuvre n'ont pratiquement
aucun rôle à jouer là-dedans. On envoie des
étudiants à qui il reste une année pour devenir des
ingénieurs couper du foin le long des routes. Il y a des situations
aussi baroques que celle-là, alors qu'il y aurait des places ailleurs,
mais les étudiants n'en sont pas informés.
Je pense qu'il serait bon que les centres de main-d'oeuvre connaissent,
par exemple, les besoins en étudiants de tel secteur et de tel autre, et
qu'il y ait des politiques régionales de façon à permettre
aux étudiants de différentes régions de participer
à ces projets. Chez nous, il est évident si on prend la
question sur le plan régional qu'on a une grosse compagnie, mais
une petite concession, Domtar. Il est évident que nous avons, par
contre, une région où il y a beaucoup d'étudiants,
d'écoles polyvalentes, d'écoles secondaires, à cause de la
densité de la population, surtout le long de la rivière.
J'écoutais tout à l'heure le député de
Laviolette qui disait qu'on manquait d'étudiants dans sa région.
Je suis convaincu que si ces choses avaient pu être communiquées
par l'entremise des centres de main-d'oeuvre, que si on avait dit, par exemple,
qu'on a besoin de 2,000 étudiants dans le secteur forestier cette
année l'année dernière, il y en a eu 1,117, c'est
un exemple que je donne en passant et si les centres de main-d'oeuvre en
étaient informés, on pourrait demander aux étudiants,
d'abord, s'ils sont intéressés à y aller. Il est
évident, et je rejoins là l'argument de M. Tremblay, que si le
gouvernement dépense et c'est le gouvernement qui dépense,
en réalité c'est un manque à gagner de la part de l'Etat
parce qu'il diminue le droit de coupe de l'argent...
M. DRUMMOND: ... c'est que dans le protocole d'entente en regard des
travaux d'étudiants, il est prévu que lorsque la
rétrocession arrivera éventuellement, les sommes qui leur sont
consacrées seront diminuées du montant que ça
coûtera au gouvernement.
M. ROY: D'accord, ce sera diminué du montant que ça
coûtera au gouvernement. Pour le moment, il s'agit d'un manque à
gagner pour le gouvernement qui, éventuellement, sera toujours un manque
à gagner. Mais si on dépense de l'argent, et c'est ce que je
voulais dire, uniquement pour le transport, pour acclimater des
étudiants, et que le "turn over" est trop élevé, il reste
que l'argent dépensé sera gaspillé. C'est une question de
rendement, je pense bien, comme vous l'avez signalé tout à
l'heure, et une question d'efficacité. On ne peut pas envoyer les
étudiants dans le bois malgré eux; on ne peut pas y envoyer des
gens qui, à un moment donné, ne sont pas intéressés
pour toutes sortes de raisons. A ce moment, quelle sorte de travail vont-ils
faire?
Je pense qu'il y a beaucoup d'étudiants qui seraient
intéressés à aller travailler pour ces programmes, dans
les entreprises forestières, et j'ai l'impression très nette que
le ministère des Terres et Forêts, comme les compagnies
pape-tières n'ont pas de mécanisme leur permettant de savoir
exactement quels sont ceux qui sont intéressés et qui pourraient
y aller.
M. DRUMMOND: II faudrait préciser que dans toutes les
écoles polyvalentes, les CEGEP,
etc., il y a des formules du Service de placement étudiant qui
sont à la disposition de tous les étudiants, dans lesquelles ils
peuvent mentionner leur préférence pour tel ou tel genre de
travail. Je pense qu'il y a une certaine information qui se fait à ce
niveau.
M. ROY: Mais le Service de placement étudiant est très
centralisé. Quand on téléphone au milieu de
l'été, on n'est pas capable d'avoir d'information parce qu'il est
débordé et parfois ça prend quinze, vingt minutes avant
d'avoir quelqu'un au bout de la ligne. Sur ce plan, disons qu'il y a trop de
centralisation, c'est trop au même endroit. On demande aux ordinateurs
d'être intelligents, ce qu'ils ne seront jamais.
M. LESSARD: Maintenant, il y a une autre formule d'emploi
d'étudiants qui avait été, je pense,
expérimentée il y a une couple d'années, ce sont les camps
forestiers.
M. DRUMMOND: Voici...
M. LESSARD: Est-ce qu'on pourrait dire si ç'a été
une réussite et si on a l'intention de continuer? De plus, revenant au
programme dont on parlait tout à l'heure, soit les ententes avec les
concessionnaires, je voudrais savoir ce qu'on prévoit en 1974. Mais
d'abord les camps forestiers, est-ce que...
M. DRUMMOND: Les camps forestiers, je laisserai cela à M. Hawey,
et je parlerai plutôt du présent.
Il faut dire que les camps forestiers, dans le temps, se sont
avérés terriblement dispendieux à administrer. On en est
venu, à un moment donné, à faire disparaître
graduellement ces camps pour les remplacer par des travaux pour les
étudiants. C'était la même chose, on avait les mêmes
travaux, excepté qu'on organisait cela avec des transports.
Les étudiants étaient transportés matin et soir, on
organisait des circuits d'autobus, ce qui se fait encore actuellement.
Maintenant c'est plus facile d'organiser les transports suivant l'entente que
le ministère, que le gouvernement, en somme, a avec la compagnie Ford.
La compagnie Ford met des véhicules à la disposition du
gouvernement, alors ça facilite d'autant plus les transports et en
diminue les coûts.
Cette année encore ce sera un certain programme
d'étudiants qui sera mis de l'avant, tout en tenant compte des budgets
que le service de placement étudiant pourra mettre à notre
disposition. Dans le moment, c'est en pourparlers. Je pense que M. Tremblay
peut nous dire qu'on n'a pas eu la réponse définitive encore.
Non, le bureau de placement étudiant, qui dépend du
Conseil exécutif, si je ne me trompe pas, dispose dans le moment, d'un
budget de $615,000, selon le livre du budget. Sur ça, on a soumis 28
projets, pour un montant de $480,000. Dans le moment on nous dit qu'on ne
dispose pas de fonds. C'est le 14 février qu'on a soumis ce projet; on
nous le demandait pour le 14 février, puis on demandait aussi la nature
des projets, la définition, le nombre d'étudiants employés
à chaque endroit. On demandait aussi le nombre de véhicules que
ça prendrait. Alors, tout a été remis.
Hier, on n'avait pas encore de réponse. On m'a dit, hier, qu'on
téléphonerait chez moi pour me la donner, mais on ne l'a pas
encore aujourd'hui. Mais par contre, l'an dernier, on a eu un programme, avec
eux de $295,000, et la moyenne de salaire gagné a été de
$500 par étudiant.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Henri.
M. SHANKS: Avec la régionalisation du placement étudiant,
qu'est-ce qui va arriver aux étudiants de Montréal qui
désirent travailler au ministère des Terres et Forêts,
à la Voirie, etc? Est-ce que ça va être possible?
M. DRUMMOND: II faut faire part ici d'un autre programme qu'on a, le R05
de la réserve 05 du ministère des Terres et Forêts, qui
donne un certain nombre d'emplois aux étudiants dans le ministère
même. Là il y a trois sortes de projets.
M. CARPENTIER: Est-ce qu'un particulier propriétaire d'un petit
boisé ou d'une plantation peut bénéficier de ces
programmes, soit pour l'aménagement en général de ses
plantations, ou est-ce que c'est nécessaire d'avoir une certaine
superficie? Quelles sont les conditions pour un particulier?
M. DRUMMOND: Vous voulez parler peut-être plutôt
d'organismes que de particulier, tels que groupements forestiers ou encore
conseils municipaux, chambres de commerce, CRD ou n'importe quoi.
M. CARPENTIER: Non, un particulier, un propriétaire de plantation
ou...
M. DRUMMOND: II ne peut pas être subventionné par le
Service de placement étudiant.
M. LESSARD: Là je pense que le député de Laviolette
a soulevé une question qui me parait importante. Il me semble
qu'actuellement on tente de favoriser le développement des boisés
privés. Il y aurait certainement possibilité d'étendre ce
programme à ces gens, puisque c'est payé entièrement, si
on excepte les quelques coûts d'administration, c'est payé
entièrement par le gouvernement du Québec. Si on favorise les
grandes entreprises forestières en ce qui concerne ce programme, je me
demande s'il n'y aurait pas possibilité, en collaboration avec les
municipalités, d'étendre ce programme à d'autres secteurs
de la population justement pour favoriser les petits propriétaires
privés.
M. DRUMMOND: II y a le bureau de placement étudiant.
M. LESSARD: Via le ministère des Terres et Forêts. Cet
arrêté en conseil du 2 mai 1973 se limite actuellement,
semble-t-il, aux concessionnaires forestiers. On dit: Que le ministre des
Terres et Forêts soit autorisé à conclure, avec les
concessionnaires forestiers, des ententes relativement à la poursuite,
au cours des vacances, etc.
M. DRUMMOND: Cette année on a ajouté "permissionnaires"
aussi. Et je veux signaler qu'il s'agit des terres publiques au lieu des terres
privées. On a toujours tendance à dire qu'on fait quelque chose
pour aider les grosses compagnies, des choses comme ça. Ce n'est pas
ça, c'est pour l'amélioration des terres publiques. C'est
seulement l'emphase que je veux changer un peu. L'année dernière,
j'ai eu l'occasion de visiter, avec le député de Beauce dans le
temps, son propre comté. Il y avait, à l'intérieur de
groupements forestiers, une équipe de jeunes étudiants qui
travaillaient sur ces projets et il m'a semblé que c'était
très valable.
M. LESSARD: C'est justement...
M. DRUMMOND: Mais il y a une différence un peu entre le
groupement et une ferme donnée. Ce n'est pas à exclure
nécessairement mais je pense qu'au ministère de l'Agriculture on
fait des efforts maintenant. Mais c'est compliqué, admettons-le.
M. CARPENTIER: M. le Président...
M. DRUMMOND: Oui, mais il s'agit d'une ferme, lorsqu'on parle de
ça.
M. CARPENTIER: ... j'ai eu une demande bien spécifique, l'an
passé, concernant un projet comme celui-là. C'était pour
l'aménagement d'une plantation. Je suis persuadé qu'on aurait pu
employer deux étudiants au moins durant cinq à six semaines pour
faire le même aménagement qu'on peut faire pour n'importe quelle
compagnie forestière ou terre publique. C'est complètement
privé, c'est un individu qui est propriétaire, ce n'est pas un
regroupement forestier, ni une municipalité, ni la chambre de commerce
ou quoi que ce soit. C'est un individu qui est propriétaire de sa propre
plantation, qu'il a faite lui-même, et évidemment, avec les
années, ces arbres-là grandissent et ça prend de
l'aménagement dans ça comme ailleurs. C'est
présisément là-dessus que j'aimerais voir ce programmme
intégré pour, peut-être, employer encore plus
d'étudiants d'une façon locale. Cela à mon sens, rendrait
de nombreux services aux étudiants concernés. Souventefois, ce
sont des gens qui ne sont pas capables de se déplacer pour aller
travailler à 100 ou 150 milles, comme dans le nord du comté,
où la grande majorité est de la forêt.
Je pense que cela rendrait service aux étudiants et
également aux propriétaires de ces petits boisés qui,
assurément un jour ou l'autre, vont rendre des services à la
communauté. Cela servira à alimenter nos usines à papier,
nos scieries ou quoi que ce soit. Je me pose une question bien sérieuse,
à savoir s'il n'y aurait pas possibilité d'étendre ce
service aux particuliers qui en feraient la demande afin que ces gens puissent
bénéficier des mêmes avantages que n'importe quelle
entreprise forestière de plus grande importance.
M. ROY: M. le Président, avant de permettre au ministre de
répondre, je tiendrais à dire que j'abonde exactement dans le
même sens que le député de Laviolette. Il y a des milliers
de propriétaires de petits boisés au Québec. Ce serait
intéressant pour la province, compte tenu des besoins
d'approvisionnement bientôt, que des travaux de sylviculture soient
faits, des travaux de reboisement, le terrain est là. Mais à
cause des sommes d'argent qui doivent être investies, à cause du
temps qu'il faut pour récupérer le capital investi, compte tenu
du fait qu'il n'existe pas de crédit forestier comme tel, compte tenu du
fait également que l'Office de crédit agricole, la Loi de
l'amélioration des fermes et autres ne couvrent pas ce secteur, je pense
qu'il serait extrêmement important, compte tenu de l'étendue de
tous les boisés privés que nous avons au Québec, que le
ministère des Terres et Forêts fasse quelque chose dans ce
sens-là.
Je me permettrais d'ajouter ceci, et c'est probablement la raison des
difficultés que nous rencontrons. Le gouvernement n'a pas de budget pour
ce reboisement comme tel parce qu'avec les compagnies papetières, au
lieu de présenter un budget qui coûte à la province
$1,195,000, on procède par la réduction du droit de coupe, ce qui
revient exactement au même. A ce moment-là on diminue les revenus
de la province. Cela devient un manque à gagner pour le Québec
alors qu'il faudrait un budget spécifique, parce que les
propriétaires de boisé de ferme ne paient pas, eux, de droit de
coupe.
M. DRUMMOND: On commence à mêler un peu les pommes et les
oranges.
M. ROY: Non, non!
M. DRUMMOND: Ceci n'est pas un programme de reboisement en soi,
admettons-le. H n'y a pas de reboisement là-dedans. On est censé
discuter actuellement le problème du reboisement et on est passé
de ce programme-là à un autre qui est vraiment un
programme...
M. ROY: Le reboisement, la sylviculture ou l'amélioration de la
forêt.
M. DRUMMOND: D'accord.
M. ROY: Quand je parlais du reboisement, je
voulais parler de l'amélioration de la forêt dans son
ensemble.
M. DRUMMOND: D'accord, parlons-en même si ce n'est pas tout
à fait le même programme, parlons-en. Au point de vue du
contrôle de cela, le député de Beauce-Sud admettra avec moi
qu'au niveau des groupements forestiers il y avait des étudiants; alors,
c'est un commencement. Je n'ai rien contre la suggestion concernant une ferme
privée mais il faut ademettre aussi qu'il faudrait un système, il
faudrait établir avec l'intéressé un plan
d'aménagement au niveau de la région et le suivre avant de
vraiment nous lancer là-dedans. Peut-être que cela va venir avec
le système de crédit forestier mais ça va prendre du
temps, au ministère, pour avoir les structures établissant un
plan d'aménagement ferme par ferme.
Il faudrait mettre les deux ensemble; autrement, cela ne serait pas une
bonne idée, selon moi en tout cas. La suggestion est valable, mais la
mise en vigueur prendrait du temps.
Maintenant, au niveau individuel, l'an dernier, pour répondre
à la question de M. le député, tout individu ou industrie
pouvait, via le bureau de placement étudiant, jouir d'une remise de 50
p.c. des salaires payés pour un étudiant.
M. LESSARD: 50 p.c. de...
M. DRUMMOND: Des salaires qu'ils payaient.
Maintenant, pour répondre à la même question, au
point de vue des organismes, cette année, le bureau de placement
étudiant peut accepter des projets d'associations, de chambres de
commerce, de municipalités et en défrayer les coûts
jusqu'à concurrence de $1,000 par étudiant.
M. ROY: Jusqu'à concurrence de $1,000 ou 50 p.c?
M. DRUMMOND: Non, jusqu'à concurrence de $1,000.
M. ROY: Jusqu'à concurrence de $1,000.
M. DRUMMOND: C'est leur politique, en fait.
M. ROY: Cela inclut évidemment, quand vous parlez d'associations,
les regroupements forestiers.
M. DRUMMOND: Oui
M. ROY: C'est dans ce cadre-là que les regroupements forestiers
ont pu utiliser les services des étudiants. Le programme serait un peu
différent de celui de l'année dernière?
M. DRUMMOND: Oui.
M. ROY: Cela veut dire, si j'ai bien compris, pour être bien
sûr, que, jusqu'à concurrence de $1,000, cela peut être
remboursé en totalité.
M. DRUMMOND: Cest ça.
M. ROY: J'aurais une autre question, je ne sais pas si elle entre ici.
Etant donné qu'on a parlé de l'Opération 2,000, il y a
toute la question du reboisement, pour ne pas avoir à revenir sur la
question de l'amélioration de la forêt. Il y avait des
équipes qui travaillaient, quatre équipes de dix hommes, pour la
Société REXFOR, l'année passée, au nettoyage de la
forêt dans le parc des Laurentides, ce qui veut dire que cela donnait du
travail à 40 hommes. Vous êtes au courant de ce programme?
Cette année, aucune équipe ne sera au travail dans le
parc, selon les informations que j'ai obtenues. L'ingénieur
résident de REXFOR dit qu'ils n'ont pas les crédits suffisants et
nécessaires, cette année, pour continuer ce travail. Est-ce que
cela est exact? Pourquoi le ministère aurait-il décidé, si
c'est exact, de mettre fin à ce programme?
M. DRUMMOND: Là, vous ne parlez plus d'étudiants; ce sont
des travaux complètement faits par des adultes.
M. ROY: Je reviens au programme, parce qu'on avait parlé de
l'Opération 2000 tout à l'heure, c'est en continuité.
M. DRUMMOND: Dans le parc des Laurentides, ici, nous avons un projet qui
a été approuvé pour une coupe précommerciale; un
montant autorisé d'environ $107,000. Il faut dire que nous, nous
approuvons les projets et que c'est ensuite l'administrateur régional
qui décide de le mettre en marche ou pas, suivant les crédits
qu'il a à sa disposition.
Maintenant, je dois vous dire que le programme concernant REXFOR n'est
pas définitif. Il sera définitif à peu près d'ici
quinze jours. C'est difficile, dans le moment, de vous donner exactement la
précision que vous me demandez, parce que le programme n'est pas
complètement à point.
M. ROY: II n'est pas complètement à point. Mais est-ce que
cela veut dire qu'il y aurait possibilité que le programme soit
continué? '
M. DRUMMOND: Oui, il y a possibilité. Je ne vois pas pourquoi; ce
sera simplement une question de crédits.
M. ROY: Mais ce n'est pas l'intention du ministère comme tel,
aujourd'hui, de mettre fin à ce programme?
M. DRUMMOND: Non, si le projet a eu lieu l'an passé, si on
l'avait approuvé l'an passé et que c'est une continuité,
je ne vois pas pour-
quoi on l'arrêterait. Il n'y a absolument rien qui va contre
ça.
M. ROY: Cela veut dire que le ministère est prêt à
étudier ce projet.
M. DRUMMOND: Ici, j'ai un projet dans le parc des Laurentides. Je ne
sais pas si cela correspond exactement à celui dont vous parlez, parce
que je n'ai pas tous les détails, mais il est possible que ce soit
celui-là. De fait, il a été approuvé par nous.
M. ROY: II a été approuvé par le
ministère.
M. DRUMMOND: II a été approuvé par le Service de la
restauration. Maintenant, il s'agit de savoir si l'administrateur de la
région peut le mettre en marche, considérant les crédits
qu'il a à sa disposition. Tout cela, d'ici une semaine ou quinze jours
au maximum, sera pas mal définitif.
M. ROY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Programme 2, adopté?
M. LESSARD: Non, M. le Président.
M. HOUDE (Abitibi-Est): II y a une chose qui pourrait peut-être
intéresser le député de Beauce-Sud. Il parlait
tantôt du reboisement sur les terres privées, des arbres qui sont
fournis gratuitement par le gouvernement. Je crois qu'on fait réellement
de la discrimination envers le député de Beauce-Sud, parce que
son comté est un de ceux qui sont le plus favorisés...
M. ROY: Est-ce que j'ai porté plainte, M. le
Président?
M. HOUDE (Abitibi-Est): ... dans le reboisement. Je ne voudrais pas
qu'il pense qu'on le persécute.
M. ROY: Non, ce n'est pas une question de discrimination. Cela
démontre que les gens de la Beauce sont des gens actifs, des gens
d'avant-garde, puis des gens qui savent où ils vont. C'est pourquoi le
ministre a beaucoup apprécié le voyage qu'il a fait dans mon
comté. Il a pu se rendre compte que les expériences faites chez
nous pouvaient être répétées ailleurs.
M. DRUMMOND: Franchement, j'ai été bien
impressionné par cette visite et le travail accompli.
M. HOUDE (Abitibi-Est): Vous en savez le nombre?
M. ROY: Oui.
M. HOUDE (Abitibi-Est): Je pense que c'est 693,000 plants.
M. ROY: D'ailleurs, on pourrait dire que le comté de Beauce-Sud
est le comté qui, au Québec, a le plus grand nombre de fermes,
d'après toutes les statistiques gouvernementales. Alors, le comté
de Beauce-Sud a le plus grand nombre de fermes et il est évident que
toutes les fermes possèdent, dans la proportion de 99. 9 p.c, un
boisé. Ce n'est pas d'aujourd'hui que les gens de la Beauce s'adonnent
à la sylviculture. Je ne veux pas parler de celui de mon
collègue, de mon bon ami le député de Laviolette, mais le
comté de Beauce-Sud a certainement été, comme dans
d'autres domaines, à l'avant-garde de ce
côté-là.
M. HOUDE (Abitibi-Est): J'espère qu'ils ne reboiseront pas trop
la réserve des trois chaînes!
M. ROY: M. le Président, sur la réserve des trois
chaînes, le ministre, hier...
M. DRUMMOND: Est-ce que je peux dire au député
d'Abitibi-Est de se taire?
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le
programme 2?
M. LESSARD: Au programme 2, personnellement, je serais prêt
à accepter l'élément 1, le reboisement. Mais j'aimerais
avoir des explications concernant les travaux sylvicoles. D'abord je serais
prêt à adopter les $4,485,100.
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 1 du programme 2,
adopté?
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDEN (M. Picard): Elément 2, travaux sylvicoles?
M. LESSARD: J'aimerais avoir des explications supplémentaires
concernant la réduction très sensible, malgré le fait que
tout à l'heure on ait pu en parler, du budget. Est-ce qu'il s'agissait
de programmes à l'intérieur de l'ODEQ ou pas?
M. DRUMMOND: Voici.
M. ROY: D'ailleurs, c'est plus qu'une réduction sensible, je
tiens à le souligner, c'est une réduction de plus de 50 p.c.
M. LESSARD: C'est ça.
M. DRUMMOND: Pour être précis, l'an dernier,
c'étaient les dépenses de transfert pour ces travaux sylvicoles
pour un montant de $5,180,000 et cela a été enregistré aux
contractuels pour $1,645,000.
Maintenant, pour analyser, l'an dernier on a fait une production avec
ça de 115,631 cunits, ce qui. a donné des emplois à 711
personnes. La valeur des produits récupérés a
été de $3,460,225. Il a été remis au fonds
consolidé $1,730,000, l'an dernier. Ce qui veut dire que
l'investissement réel de l'Etat dans ces travaux a été de
$3,270,000.
Pour revenir au programme 1974/75, le budget, dans le moment, est de
$1,645,000. Le ministre a dit que cette diminution de budget ne
résulterait pas nécessairement en une diminution d'emplois, ni en
une diminution de superficie traitée par sylviculture. Voici pourquoi.
On a différents projets. Par exemple, la forêt domaniale des
Appalaches, qui se trouve dans les comtés de Montmagny-L'Islet et de
Bellechasse. On va pouvoir obtenir, en produits récupérés,
une somme de $2,640,000. Il va y avoir des immobilisations en machinerie, des
achats de machinerie de $750,000. Le ministère va investir la somme
minime de $54,000, qui est la différence prévue entre les
coûts de fonctionnement et la vente des produits des boisés.
Alors, le total investi, d'abord, va être de $3,440,000.
Dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean, on a aussi une forêt qui est en
aménagement intensif, au même titre que la forêt domaniale
des Appalaches. On va produire là 30,000 cunits en regard des 60,000
cunits dans la forêt domaniale des Appalaches. Cela va donner environ 125
emplois. On pense, dans le moment, que la valeur des produits
récupérés va être de $1,350,000, qui va être
réinvestie. Il va y avoir $100,000 d'achats de machinerie et le
ministère va dépenser $97,000.
Pour les autres projets...
M. LESSARD: Donc, c'est rentable, la sylviculture?
M. DRUMMOND: C'est ce qu'on essaie de démontrer.
M. LESSARD: Si vous parlez, à un moment donné, de
récupération de $1 million par rapport à un investissement
de $96,000, non seulement c'est rentable, mais c'est rentable de façon
exorbitante.
M. DRUMMOND: C'est-à-dire que c'est l'aménagement
intensif...
M. LESSARD: Oui.
M. DRUMMOND: ... de la forêt qui est rentable.
M. LESSARD: Oui.
M. DRUMMOND: Lorsque l'on parle de sylviculture, tout dépend du
traitement que l'on va donner.
M. LESSARD: Oui.
M. DRUMMOND: Si l'on fait juste de la coupe précommerciale, on
dépense sans rien récupérer.
M. LESSARD: D'accord.
M. DRUMMOND: Mais si l'unité d'intervention est réellement
le peuplement et qu'on se conduit bien à l'égard de chacun des
peuplements, si un peuplement vieux, rendu à maturité, qui va
tomber, on le récupère et si...
M. LESSARD: C'est ça
M. DRUMMOND: ... dans l'autre, qui est jeune, on fait la coupe
sélective, là c'est rentable.
M. LESSARD: Si c'est précommercial, la rentabilité est
à long terme.
M. DRUMMOND: C'est ça.
M. LESSARD: Si c'est coupé dans des forêts qui sont
déjà rendues à maturité, là c'est de la
rentabilité à court terme.
M. DRUMMOND: C'est ça. Par contre, vous avez un meilleur
rendement si vous faites de la coupe précommerciale avant.
M. LESSARD: ActueUement?
M. DRUMMOND: Vous avez un meilleur rendement au point de vue du volume
ligneux à long terme.
M. LESSARD: Oui, oui.
M. DRUMMOND: Est-ce que cela répond?
Le total investi, cette année, avec les $1,645,000, va se
traduire par des opérations totalisant $6,486,000.
M. LESSARD: La différence entre le budget de cette année
et le budget de 1973/74, c'est que l'an dernier vous n'aviez pas prévu
les montants qui devaient être récupérés.
M. DRUMMOND: Non, non, ce n'est pas cela. Ce n'est pas tout à
fait cela. C'était un remboursement au fonds consolidé de la
province, l'année dernière. Cette année, c'est un
réinvestissement total.
M. LESSARD: D'accord.
A l'élément 2, je voudrais avoir maintenant des
explications concernant la catégorie 4, Services. Vous prévoyez
$1,645,900. Je comprends que, probablement, vos négociations, comme on
l'a vu tout à l'heure, ne sont pas faites encore avec... Oui?
M. DRUMMOND: Partiellement. Pour la forêt domaniale des
Appalaches, les négociations
sont finies avec REXFOR. Sur les $1,645,900 qui se trouvent là,
il y a $54,000 avec REXFOR et il y a $1,342,000 qui vont être aussi avec
REXFOR. Les $268,000 qui restent vont être utilisés pour des
inventaires prétraitement et aussi pour la création de structures
propres à contrôler les peuplements, comme par exemple la
subdivision en assiettes d'intervention des actions de
préaménagement au sol faites par le ministère
lui-même.
M. LESSARD: Avec REXFOR, les travaux sont prévus où?
M. DRUMMOND: C'est à peu près dans les mêmes
régions que l'an passé. C'est une continuité en
général de tous les travaux qui ont eu lieu l'an passé.
Vous en avez dans la région de la Gaspésie, dans le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans la région de Québec, dont parlait
justement M. Tremblay, dans toute la forêt domaniale des Appalaches, vous
en avez aussi une partie dans Trois-Rivières, dans le Nord de
Montréal, dans l'Outaouais, dans le Nord-Ouest.
M. LESSARD: Pas dans le comté du ministre des Terres et
Forêts?
M. DRUMMOND: Il y a un projet pilote!
M. LESSARD: Est-ce que vous avez offert un programme à M. Drapeau
pour faire du reboisement à Montréal?
M. HOUDE (Abitibi-Est): ... commercial à ce temps-ci!
M. LESSARD: M. le Président, quant à moi,
l'élément 2, Travaux sylvicoles, est adopté. Les
déductions, $816,000, cela vient d'où?
M. DRUMMOND: A l'élément 2 du programme 2, la
déduction n'est que de $20,000.
M. LESSARD: M. le Président, c'est parce que j'avais
regardé les deux ensemble. A l'élément 1, Reboisement, il
y a $796,000.
M. DRUMMOND: Ce sont des imputations de l'ODEQ, de l'ARDA pour les
régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de
l'Abitibi-Témisca-mingue.
M. LESSARD: Cela va, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Programme 2, adopté.
Programme 3: Protection de la forêt. Elément 1 :
Prévention et lutte contre les incendies.
Prévention et lutte contre les incendies
M. DRUMMOND: Le programme 3, Protection de la forêt, comprend
trois éléments, c'est-à-dire trois postes
budgétaires où sont prévues les sommes requises pour
assurer la protection de la forêt contre ses principaux ennemis.
Comme on pourra le remarquer, le budget de 1974/75 traite de trois types
d'activités sous le même centre de responsabilité, la
Direction de la conservation.
En ce qui a trait à l'élément no 1,
Prévention et lutte contre les incendies, le ministère a
prévu les sommes requises pour payer les cotisations aux
sociétés de conservation, les frais d'administration
reliés aux activités de contrôle et de fixation de normes
du Service de la protection, les frais d'entretien de la flotte
d'avions-citernes, les frais d'extinction des incendies forestiers.
Pour ce qui est de l'élément 2, concernant la protection
de la forêt contre les insectes et les maladies, le ministère doit
encore, cette année, continuer ce programme de lutte contre les insectes
qui menacent sérieusement nos forêts commerciales.
Une étude approfondie de la situation actuelle à
l'échelle de la province est effectuée par des entomologistes de
l'université Laval, du ministère de l'Environnement du Canada et
du ministère des Terres et Forêts du Québec. Faisant partie
du comité entomologique de la tordeuse des bourgeons de
l'épinette, ils en sont arrivés à la conclusion que, sans
une intervention immédiate, le Québec risquait de perdre un
volume considérable de matières ligneuses encore cette
année et que le programme décennal approuvé l'an dernier
devait se poursuivre. Le ministère espère pouvoir contenir
l'épidémie et surtout maintenir la forêt vivante et
diminuer ainsi les risques d'incendie suite à la mortalité des
arbres. On remarquera également que le ministère, par son service
d'éducation et de conservation, maintient toujours sa volonté
d'accroître ses efforts en vue de mieux sensibiliser les
différents utilisateurs de la forêt à la
nécessité de la protéger adéquatement contre les
principaux éléments destructeurs.
La campagne qui sera faite à cette fin s'adressera non seulement
aux propriétaires d'industries, mais encore à tous ceux qui,
aujourd'hui, ont l'avantage de se rendre en forêt pour des fins
récréatives et sportives.
J'ai avec moi ici, M. Guy Boissinot qui est le directeur de la
conservation et M. Adrien Guay qui est le directeur du service de la
protection. Allons-y.
M. LESSARD: Dans le budget de $5,172,600, une somme de $4,979,100 est
prévue pour les sociétés régionales de protection
contre les incendies.
Puisqu'il y a actuellement une dizaine de sociétés de
conservation, de protection contre les incendies, est-ce que je pourrais
obtenir l'éventail des montants prévus pour chaque
société régionale?
M. DRUMMOND: Oui, voilà. D'abord, il y a sept
sociétés de conservation; je les donnerai dans l'ordre de un
jusqu'à sept: $823,000, $429,000, $1,118,000...
M. LESSARD: Mais voici...
M. DRUMMOND: C'est le budget total.
M. LESSARD: Est-ce que je pourrais avoir le nom des
sociétés?
M. DRUMMOND: D'accord. Toujours dans l'ordre, premièrement,
Société de conservation de la Gaspésie, $495,000. Le
budget total de la société est de $823,000 et la part du
gouvernement, $495,000.
M. LESSARD: Le budget total est de $800... M. DRUMMOND: $823,000.
M. LESSARD: $823,000. La différence naturellement est fournie par
les concessionnaires.
M. DRUMMOND: Oui, les propriétaires privés.
Société de conservation du Sud du Québec; le budget total
est de $429,000 et la part du gouvernement, $361,000. On reviendra sur l'autre
tantôt, on va en sauter une. La société no 4, qui est la
Société de la Côte-Nord: le budget total, $1,118,000 et le
montant payé est $515,000, plus $237,000 qui est pour la zone à
protection restreinte.
M. LESSARD: Le budget total est toujours de $1,118,000 et la
participation du gouvernement serait de...
M. DRUMMOND: Maintenant, le budget total dans la zone restreinte est de
$370,000, et la part du gouvernement, $237,746.
M. LESSARD: D'accord.
M. DRUMMOND: Dans la société numéro 3, qui est la
Société de conservation de Québec-Mauricie, le montant
total est de $1,389,000 qui est son budget et la part du
ministère, $311,000. Le numéro 5, qui est la
Société de conservation du Lac-Saint-Jean, $1,310,000 au total,
et $727,000 la part du ministère. Dans la société
numéro 6, qui est la Société de conservation de
l'Outaouais, le budget total est de $1,295,000 et la part du ministère,
$326,000. Dans la société numéro 7, la dernière,
qui est la Société de conservation du Nord-Ouest, budget total
$1,599,000 et la part du ministère $1,080,000.
M. LESSARD: Bon. J'aimerais avoir des explications sur les
critères de paiement de ces subventions. En effet, je constate, par
exemple, que dans certains cas, c'est 25 p.c. du ministère des Terres et
Forêts, et dans d'autres, c'est aux alentours de 50 p.c. J'aimerais
savoir quels sont les normes et les critères qui font qu'on accorde
à telle société, par exemple, 25 p.c. du budget total
prévu, alors que dans d'autres cas on accorde 50 p.c. Même dans la
Société de conservation du Nord-Ouest, on accorde cette fois
beaucoup plus, soit $1,080,000 sur $1,599,000. Est-ce que cela s'explique par
le fait que les compagnies sont moins nombreuses dans ces régions?
M. DRUMMOND: Un peu, oui. Premièrement, ce ne sont pas des
subventions.
M. LESSARD: C'est une participation du gouvernement.
M. DRUMMOND: C'est une participation du ministère qui
possède des territoires à l'intérieur de la
société. Alors, dans la Société de conservation du
Nord-Ouest, par exemple, où le ministère possède 80 p.c.
de la superficie, évidemment sa part comme membre est beaucoup plus
élevée.
M. LESSARD: Alors, la participation est fonction...
M. DRUMMOND: De la superficie.
M. LESSARD: ... de la superficie protégée. Si, par
exemple, la propriété du gouvernement est de 80 p.c, à ce
moment-là vous accordez 80 p.c. du budget?
M. DRUMMOND: Oui.
M. LESSARD: Le gouvernement participe à 80 p.c. du budget.
M. DRUMMOND: C'est ça, au prorata de la superficie qu'il
détient à l'intérieur de la société.
M. LESSARD: Alors, élément 1, adopté, quant
à moi, M. le Président.
M. CARPENTIER: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté? Elément 1,
adopté. Elément 2: Prévention et lutte contre les insectes
nuisibles et les maladies des arbres.
Insectes et maladies des arbres
M. LESSARD: M. le Président, dans le programme prévu par
le ministère des Terres et Forêts, l'an dernier il a fallu
accorder des montants assez importants à cet élément,
à cause justement de la dévastation de la tordeuse de bourgeons.
Est-ce qu'on pourrait, comme on l'a fait l'an dernier, savoir quel est le bilan
de la lutte contre la tordeuse de bourgeons actuelle-
ment? Dans quelle région fait-elle ses plus grandes
dévastations?
M. DRUMMOND: Est-ce qu'on le fait sur les cartes?
M. LESSARD: Oui, allez-y donc. Vous l'aviez prévu.
LE PRESIDENT (M. Picard): Si vous permettez, messieurs, lorsque nous
étudions les cartes, il est toujours préférable de
suspendre les travaux parce que cela n'a aucun sens pour le journal des
Débats, ce qui est dit lors d'une étude de cartes.
Alors, la séance est suspendue pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 30 )
(Reprise de la séance à 12 h 45)
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, messieurs! Le député
de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, nous venons d'avoir une explication
sur carte géographique des ravages que fait la tordeuse des bourgeons au
Québec. J'aimerais justement que M. Boissi-not nous fasse, pour
l'enregistrement du journal des Débats, un genre de résumé
des différentes régions qui sont le plus touchées.
J'aimerais aussi que M. Boissinot nous parle un peu de la pollution que peut
apporter justement ce fameux produit chimique, le fénitrothion.
M. DRUMMOND: Actuellement, l'épidémie est plutôt
localisée au sud-ouest du Québec; cela va à peu
près du nord de la ville de Montréal jusqu'au Saguenay.
L'épidémie semble avoir tendance à évoluer en
montant, en contournant le lac Saint-Jean; elle redescendra probablement un peu
vers la Haute Côte-Nord. En Gaspésie, il y a un foyer qui
actuellement n'est pas trop important. On a arrosé l'an passé et
cela a porté fruit. L'épidémie semble avoir
été, si vous voulez, stabilisée, mais comme je vous l'ai
expliqué tout à l'heure, il y a un autre phénomène.
Il semblerait que l'épidémie vienne du Nouveau-Brunswick, car il
y a des vols de papillons qui, souvent, traversent la baie des Chaleurs et vont
en Gaspésie.
M. LESSARD: Mais, malgré les arrosages que vous pouvez faire,
vous ne pouvez pas espérer faire disparaître complètement
la tordeuse des bourgeons?
M. DRUMMOND: Non. Chose certaine, la tordeuse des bourgeons de
l'épinette, qui en fait s'attaque aux sapins, va disparaître
lorsqu'il n'y aura plus rien à manger pour elle. Parce qu'on ne peut
jamais espérer annuler cette épidémie. Les papillons sont
trop prolifiques et puis il semble que la nature même rude de la province
de Québec, comme la température qu'on a eue dernièrement,
n'affecte pas cette tordeuse-là.
M. LESSARD: Alors, par le système d'arrosage, vous tentez
d'établir un équilibre entre cet insecte qui mange les feuilles
et l'énergie de l'arbre qui peut justement...
M. DRUMMOND: On fait juste garder la forêt verte, un an ou deux
avant qu'elle meure complètement, c'est-à-dire qu'on attaque la
tordeuse dans les deux dernières années de sa vie, si vous
voulez, à cet endroit, parce qu'elle va disparaître, lorsque le
sapin sera mort. Elle disparaît, parce qu'elle n'a plus rien à
manger.
M. LESSARD: Donc, vous l'attaquez un an ou deux avant que...
M. DRUMMOND: Avant que la forêt meure.
M. LESSARD: ... la forêt soit véritablement en danger.
M. DRUMMOND: Non, avant que la forêt meure réellement,
parce que la forêt est en danger avant cela.
M. LESSARD: Même si vous l'attaquez, même si vous faites de
l'arrosage, vous savez que la forêt va mourir quand même la
troisième année.
M. DRUMMOND: Si on n'arrose pas, oui.
M. LESSARD: Si vous n'arrosez pas.
M. DRUMMOND: On sait qu'elle va mourir.
M. LESSARD: En arrosant dans ces régions-là lorsque la
tordeuse, par exemple, a commencé à attaquer, la première
et la deuxième année, cela vous permet de sauver la
forêt?
M. DRUMMOND: C'est cela, de la garder verte.
M. LESSARD: De la garder verte.
M. DRUMMOND: N'oubliez pas que la forêt qui est attaquée
par la tordeuse une première, deuxième et troisième
année, la diminution dans la croissance est énorme; d'ailleurs,
on le voit. C'est pour cela qu'historiquement on peut constater les anciennes
épidémies de tordeuses; on voit un ralentissement dans la
croissance en comptant les anneaux. On voit très bien. On voit aussi que
la partie supérieure du tronc renferme de la pourriture, il y a des
branches qui sont mortes. Ce sont des anciennes épidémies, si
vous voulez, de tordeuses mais où cela a été moins
affecté. Il y a certains individus qui sont moins affectés que
d'autres.
M. LESSARD: Lorsque vous avez arrosé pour la deuxième
année afin de garder la forêt verte, est-ce que vous êtes
obligés de continuer dès la troisième année
à arroser encore?
M. DRUMMOND: Normalement, non. Normalement, on a réussi...
M. LESSARD: A enrayer.
M. DRUMMOND: ... à enrayer. Etant donné que la
quantité de nourriture diminuait, si vous voulez, les papillons, par
instinct, se sont déplacés beaucoup plus loin. Quand la tordeuse
arrive au bout, quand elle arrive dans l'Atlantique, elle disparaît,
c'est-à-dire qu'elle retombe dans un état stationnaire, si vous
voulez.
M. LESSARD: Un papillon comme cela, quelle distance peut-il
parcourir?
M. DRUMMOND: Malheureusement, je ne peux pas vous donner de chiffres
précis. Je sais que cela peut aller très loin, suivant les
conditions atmosphériques.
M. LESSARD: Autrement dit...
M. DRUMMOND: C'est fonction simplement des conditions
atmosphériques.
M. LESSARD: ... lorsque vous avez arrosé, à la
deuxième année de l'attaque de la tordeuse de bourgeons, cette
tordeuse a tendance à s'en aller ailleurs, d'abord, à cause du
produit, à cause d'un manque de nourriture, etc. La tordeuse se
déplace.
M. DRUMMOND: Oui, c'est cela.
M. LESSARD: Donc, cela veut dire que vous ne serez pas obligé,
à un moment donné, d'augmenter les budgets de façon
considérable pour couvrir l'ensemble du territoire du Québec. La
tordeuse, en fait, ne s'étend pas sur l'ensemble du territoire du
Québec, elle s'étend dans des endroits précis.
M. DRUMMOND: Elle ne s'étend pas parce qu'il n'y a pas du sapin
dans tout le Québec en quantité suffisante. Il y a beaucoup de
forêts du Québec vous allez prendre l'Abitibi
où il n'y a pas beaucoup de sapins. Vous avez le sud du Québec,
dans les forêts feuillues, où il n'y a pas beaucoup de peuplement
pur de sapins. Vous avez ce phénomène surtout dans les
Laurentides.
M. LESSARD: Maintenant, j'aimerais bien, M. Boissinot, que vous nous
expliquiez les conséquences écologiques du produit ou des
produits que vous utilisez, dont l'un qui est plus particulièrement
connu, le fénitrothion. Vous savez que les chroniqueurs de plein air
protestent de plus en plus contre le fait que ça créerait une
pollution assez intense. On parle même d'une certaine poudre qui
resterait sur les lacs et qui apporterait la mort de certains animaux, dont la
truite et autres.
M. DRUMMOND: Ceci est totalement faux. Je dois faire une mise au point:
ce produit chimique est employé avec une permission spéciale du
ministère de l'Environnement par le biais de son institut de recherche
en répression chimique qui, si vous voulez, délivre le permis
d'utilisation, la concentration qu'il faut utiliser, et la façon dont il
faut l'utiliser. Si ce produit était toxique dans la concentration qu'il
suggère, il serait simplement retiré du marché. Il y a
toute une gamme de spécialistes qui font des expériences, et
avant de délivrer un permis pour l'utilisation d'un insecticide, tous
ces tests sont faits. Des accidents comme il s'est produit autrefois ne se
peuvent pas, parce que c'est un insecticide qui se dégrade
automatiquement. Lorsqu'on le sort du baril et qu'on l'introduit avec de
l'huile minérale, on a un catalyseur
dedans et puis on commence immédiatement la réaction
chimique de dégradation. Au bout de 48 heures, son effet est
considérablement réduit, et sur une période de quelques
jours, il n'a plus d'effet. Il n'est plus toxique du tout.
M. LESSARD: Est-ce que vous pourriez nous dire quelle est la
quantité de fénitrothion que vous utilisez à l'acre?
M. DRUMMOND: La quantité est de deux onces avoir du poids. C'est
un produit qui a une densité de 1.3, alors c'est un peu moins que deux
onces liquides si vous voulez. Cela représente deux onces à
l'acre. Comme on sait, une acre c'est 43,000 pieds carrés, ce qui fait
en somme, comme je vous l'ai expliqué tantôt, à peu
près 56 grammes à l'acre, ou, si vous voulez 56,000 milligrammes
par acre, ou encore un milligramme par pied carré.
D'après les tests faits en laboratoire, pour tuer un rat
mâle ou femelle, cela prend 500 milligrammes de fénitrothion par
kilogramme de poids. Assumant qu'un rat pèse à peu près
une livre, on peut dire qu'à peu près 250 milligrammes tueraient
un rat alors qu'on ne met qu'un gramme par pied carré de surface. Comme
je vous l'ai expliqué tantôt, à chaque dixième de
mille, on met une carte-témoin qui est analysée, toujours
après, pour éviter qu'il y ait des erreurs, pour vérifier
constamment le débit des avions qui, d'ailleurs, sont
contrôlés d'une autre façon à l'aide d'un
système sophistiqué qui enregistre exactement les
coordonnées géographiques de la ligne de vol.
M. LESSARD: M. Boissinot, comment expliquer qu'une si faible
quantité de produit, soit deux onces à l'acre,
mélangé à un autre produit qui correspond, je pense...
M. DRUMMOND: A de l'huile minérale...
M. LESSARD: Seize onces? Quatorze onces.
M. DRUMMOND: Quatorze onces. C'est un produit naturel du sol.
M. LESSARD: Je continue ma question. Comment expliquer qu'une aussi
faible quantité de produit à l'acre puisse combattre un insecte
aussi prolifique que la tordeuse de bourgeons?
M. DRUMMOND: N'oubliez pas que la tordeuse, on ne peut l'attaquer avec
ce produit que lorsqu'elle est naissante. Elle est pratiquement microscopique.
J'aurais aimé vous en apporter une ici mais, malheureusement, elle se
développe assez vite de ce temps-ci. Peut-être que le temps de
l'apporter à la chaleur, elle aurait atteint des proportions assez
importantes qu'on n'aurait pu l'attaquer au fénitrothion. En fait, c'est
dans le premier et le deuxième stade de développement...
M. LESSARD: Cela prend combien de temps normalement...
M. DRUMMOND: Cela peut prendre de quatre à cinq semaines avant
d'atteindre le stade adulte et il est beaucoup trop tard à ce
moment-là. Actuellement, l'insecte, dans la partie froide, si vous
voulez, la partie le plus au nord de la province, est dans un cocon qui est
beaucoup plus petit que l'aiguille d'un sapin.
Dès qu'elle commence à bouger, la tordeuse est tellement
petite qu'elle s'introduit à l'intérieur de l'aiguille du sapin
et qu'on ne la voit même pas. Alors, cela se trouve à l'aide de
microscopes. C'est la seule façon de les voir, actuellement, avant
qu'elles commencent à bouger. Dès qu'elles commencent à
bouger, elles grossissent, grossissent et atteignent à peu près
un pouce de longueur. Mais, à ce moment-là, il est beaucoup trop
tard. Nous, nous les attaquons au stade naissant, aussitôt qu'elles
sortent de leur cocon, de leur protection hivernale, si vous voulez.
M. LESSARD: Vous avez parlé, tout à l'heure, d'une
vérification que le ministère faisait en mettant à tous
les dixièmes de mille des petites feuilles de papier, de telle
façon que, justement, en voyant cette petite feuille de papier, ce petit
carton, on constate que c'est très dispersé.
M. DRUMMOND: Oui. On peut compter sur cette carte, qui est une carte
moyenne, si vous voulez. Sur six centimètres carrés, il y a 113
gouttes, c'est-à-dire 20 gouttes, à peu près, au
centimètre carré et ces gouttes ont un diamètre
inférieur à 10 microns. Un micron, comme vous le savez, c'est un
millionième de mètre.
M. LESSARD: Si vous arrosiez dans une région où, par
exemple, il y a des pêcheurs, si, par exemple, j'étais sur un lac
en train de pêcher ou de braconner, comme on me le souligne non,
M. le Président, je tiens à dire que je ne braconne jamais. Au
contraire, je suis un protecteur de la forêt est-ce que je
m'apercevrais de cet arrosage? Est-ce que je le sentirais sur mon corps?
M. DRUMMOND: Si l'arrosage est bien effectué, comme on tente de
le faire constamment, vous entendriez le bruit des moteurs, vous auriez
peut-être peur, parce qu'ils passent à basse altitude, mais vous
ne sentiriez rien sur la peau, surtout si vous transpirez un peu. Vous ne
sentiriez absolument rien.
La semaine passée, on a fait des enquêtes. On a
demandé à des gens où on avait passé s'ils avaient
vu des avions. Ils ont dit: Oui, on les a vus, mais ils n'arrosaient pas. Et
effectivement, les avions arrosaient. Cela sort en brume, il n'y a pas
d'erreur, et cela prend plusieurs heures avant d'aller à terre.
M. LESSARD: Ce n'est pas cela qui apporte la pluie?
M. DRUMMOND: Non, il n'en est pas question. D'ailleurs, nous, nous
sommes contre la pluie dans le temps des arrosages. Effectivement, il ne faut
pas qu'il pleuve avant l'arrosage et il ne faut pas qu'il pleuve
immédiatement après. Quelques heures après l'arrosage,
d'accord, mais pas immédiatement après. Il ne faut pas qu'il
pleuve.
M. LESSARD: Est-ce que le ministère des Terres et Forêts,
en collaboration avec le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche ou en collaboration avec le service de l'environnement, a fait,
suite à un arrosage, des études concernant les
conséquences possibles sur l'écologie dans ces
régions?
Avez-vous une vérification constante?
M. DRUMMOND: II y a une vérification constante.
M. LESSARD: On a affirmé, par exemple, que dans certains cas,
suite à des arrosages, il y aurait eu mortalité de la truite dans
certains lacs.
M. DRUMMOND: Ceci est totalement faux. Dans la province de
Québec, après des arrosages au fénitrothion, le Chemical
Control Research Institute ou l'Institut de recherches en répression
chimique du gouvernement fédéral a fait une étude
particulière sur un lac où, entre autres, par accident, nous
avons dépassé la dose prévue normalement par erreur de
navigation. L'étude a été faite par ces chercheurs qui ont
fouillé le fond du lac. Cette étude est très bien
illustrée et va sortir en français probablement aujourd'hui. Vous
constaterez que ç'a été fait d'une façon
très sérieuse et qu'il n'y a aucune preuve scientifique que le
fénitrothion, même très concentré par erreur, comme
c'est arrivé, ait tué des truites.
Les truites qui ont été trouvés mortes, il y'en a
eu de mortes dans d'autres régions où on n'avait jamais
arrosé, exactement dans les mêmes conditions. Les lacs, lorsqu'ils
se réchauffent, libèrent une assez grosse quantité
d'oxygé-ne et les truites meurent; il y a beaucoup de truites qui ne
s'adaptent pas à ce changement lors de la période de
réchauffement. Actuellement, les lacs se réchauffent de plus en
plus, il y a une certaine quantité de truites qui malheureusement vont
mourir et qui vont monter sur le dessus. Le fénitrothion, qui est en
émulsion dans l'huile, qui flotte à la surface de l'eau, si la
truite meurt, elle monte sur le dessus, c'est normal, elle barbotte dans cette
solution et en absorbe par osmose, si vous voulez. De là l'erreur
d'interprétation première l'an passé.
Si une truite merut par le fénitrothion, c'est prouvé,
elle descend dans le fond du lac. Il n'en a jamais été question,
les plongeurs ont fouillé ces petits lacs et n'ont jamais rien
trouvé. Il n'y avait plus de truite mais c'était un autre
phénomène qui s'était passé, c'est que les
pêcheurs les en avait débarrassés et la nature a fait le
reste. C'est un phénomène de désoxygéna-tion, si
vous voulez du lac.
M. LESSARD: M. le Président, il est une heure. Cependant je tiens
à dire que j'aurai d'autres questions à poser cet après
midi à M. Boissinot.
LE PRESIDENT (M. Picard): La commission suspend ses travaux
jusqu'après la période des questions à l'Assemblée
nationale, soit jusque vers seize heures.
(Suspension de la séance à 13 h 3)
Reprise de la séance à 16 h 11
M. PICARD (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
La commission des richesses naturelles et des terres et forêts
continue l'étude des crédits du ministère des Terres et
Forêts. Nous en étions à l'élément 2:
Prévention et lutte contre les insectes nuisibles et les maladies des
arbres, au programme 3. Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. Boissinot, vous nous avez dit, ce matin, que les
quantités de fenitrothion étaient tellement minimes que ça
ne pouvait pas avoir de conséquence sur les ressources fauniques.
M. DRUMMOND: S'il y en a, on ne les connaît pas.
M. LESSARD: Vous ne les connaissez pas. Mais je vous demandais si
après chaque épanda-ge vous faisiez une
vérification...
M. DRUMMOND: Oui.
M. LESSARD: ... à l'endroit ou dans la région où il
y avait eu épandage; une vérification, par exemple, après
48 heures, pour voir si justement...
M. DRUMMOND: Oui.
M. LESSARD: ... il y avait des conséquences néfastes pour
les ressources cynégétiques et halieutiques.
M. DRUMMOND: II y a un échantillonnage de fait. Actuellement, il
y a trois biologistes avec des équipes d'étudiants qui font le
relevé constamment. Il y a deux biologistes qui sont sous la juridiction
du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, cette
année.
M. LESSARD: Donc, actuellement, contrairement à certaines
affirmations, depuis que vous faites cette expérience, vous ne pouvez
pas dire qu'il y a eu des effets néfastes importants sur
l'écologie?
M. DRUMMOND: Lorsqu'il n'y a pas d'accident de parcours d'avion, il n'y
en a pas. Lorsqu'il y a des surdoses, si vous voulez, peut-être, mais,
lorsqu'il n'y a pas de surdoses, comme on travaille normalement, il n'y a pas
de problème. S'il y en avait, on n'aurait pas le droit d'utiliser cet
insecticide.
M. LESSARD: Ouais. Maintenant, les adversaires de la pollution et, en
particulier, les chroniqueurs sportifs utilisent surtout l'argument de
l'équilibre de la nature. La nature est formée d'un
écosystème qui est basé justement, d'abord, sur un certain
nombre d'animaux, mais les insectes sont importants pour la nourriture des
oiseaux, pour les poissons, pour les petits mammifères. Si cette
nourriture disparaît, ça apporte certainement des
conséquences sur les animaux, à courte ou à moins courte
période. Est-ce que, justement, ces conséquences ont
été étudiées? Est-ce que le fenitrothion va
s'attaquer à d'autres insectes qu'à la tordeuse des
bourgeons?
M. DRUMMOND: Premièrement, le déséquilibre a
été créé il y a plusieurs années quand
l'homme est apparu et a commencé à utiliser les forêts pour
construire ses maisons et pour faire vivre le monde qui travaillait dans les
usines.
Alors, le déséquilibre s'est créé par la
régénération naturelle,
déséquilibrée, si vous voulez. Il y a beaucoup plus de
sapins maintenant qu'il n'y en avait autrefois, parce que, lorsqu'on fait des
coupes, nos peuplements se régénèrent en sapins beaucoup
plus qu'autrefois.
Alors, depuis ce temps-là, il y a beaucoup plus
d'épidémies de tordeuse. Elles sont de plus en plus
rapprochées. Maintenant, des effets sur l'équilibre, je ne crois
pas qu'il y en ait; on n'en perçoit pas actuellement. Il reste que c'est
un herbicide qui se dégrade; on met un catalyseur dedans, puis la
dégradation commence aussitôt qu'on débouche le baril de 45
gallons, puis qu'on le mélange. Alors, on est sûr qu'il n'y a pas
de problème, surtout avec la quantité qu'on met.
M. LESSARD: J'aimerais poser au ministre une question bien
sérieuse et importante. Est-ce que la tordeuse des bourgeons a des
effets néfastes seulement sur les gymnospermes ou si elle a aussi des
effets néfastes sur les angiospermes? Elle est sérieuse.
M. DRUMMOND: Elle est sérieuse certain, mais je ne comprends pas
la question.
M. LESSARD: Est-ce que je peux épeler, M. le Président?
Est-ce que la tordeuse des bourgeons a des conséquences néfastes
seulement sur les gymnospermes?
M. DRUMMOND: C'est sur ceux-là. M. LESSARD: C'est sur
ceux-là, alors...
M. DRUMMOND: Je sais bien que le député de Saguenay peut
épeler le mot, mais est-ce qu'il comprend tous ces mots?
M. LESSARD: II n'y a aucune conséquence sur les angiospermes?
M. DRUMMOND: Pas nécessairement, mais disons que c'est surtout
les premiers qui sont concernés, les gymnospermes, les
résineux.
M. LESSARD: Merci, M. le Président. Pour l'information du
ministre, les angiospermes, ce sont des feuillus.
Probablement que ça touche particulièrement les
régions gymnospermatiques.
M. HOUDE (Abitibi-Est): M. Boissinot pourrait-il nous apporter des
précisions sur l'état de nos fourmis italiennes? Qui
n'étaient pas bilingues.
M. DRUMMOND: A ce que je sache, même si je ne suis pas
entomologiste, les fourmis italiennes n'ont aucun effet sur la tordeuse des
bourgeons de l'épinette. Elles ont un effet sur un autre insecte qui est
aussi une chenille, mais qui est beaucoup plus tendre, si vous voulez.
M. HOUDE (Abitibi-Est): Laquelle?
M. DRUMMOND: Je crois que c'est la chenille qui était sur
l'île d'Anticosti, l'arpenteuse de la pruche.
M. HOUDE (Abitibi-Est): Comment se comportent-elles? Est-ce qu'elles se
sont acclimatées?
M. DRUMMOND: Probablement. Le problème est de les cultiver et de
les nourrir, surtout, durant la saison froide, et de les conserver. Les ours
sont bien friands des sucs que contiennent ces fourmis. Il faudrait
peut-être se débarrasser des ours pour garder nos fourmis. De
toute façon, c'est folklorique pour le moment.
M. LESSARD: Est-ce que vous n'avez pas, dans la région du nord de
Montréal, tenté une expérience pilote à l'aide des
bactéries?
M. DRUMMOND: Pas dans le nord de Montréal. L'an passé, on
en a fait dans le Témiscoua-ta et, cette année, on en fait dans
le nord de Montréal. Cela va commencer probablement la semaine
prochaine. Le gros problème, c'est que nous, on était prêt
à financer pour au-delà de 100,000 acres, mais, malheureusement,
la compagnie Borroughs & Welcome nous a écrit et nous a dit qu'elle
ne peut fournir ce produit qui est le bacillus thuringiensis.
M. LESSARD: Pourriez-vous l'épeler?
M. DRUMMOND: Bacillus? Nous autres, on l'appelle le BT, le bacillus
thuringiensis.
M. LESSARD: D'accord.
M. DRUMMOND: Ce bacillus, malheureusement, ils ne sont pas capables de
le produire en quantité commerciale suffisamment grande pour nos
besoins, c'est-à-dire pour couvrir 100,000 acres. Alors, cette
année, on espère être capable d'arroser 10,000 acres. Il
nous reste encore à produire l'enzyme qui est la chitinase enzyme qui
s'attaque à la chitine qui est sur la paroi de l'intestin de la
chenille. Les problèmes sont à ce stade-là,
actuellement.
M. HOUDE (Abitibi-Est): Sur la paroi de l'intestin de la chenille?
M. DRUMMOND: C'est cela. Pour que le bacille s'attaque...
Est-ce qu'elles peuvent faire l'amour, après cela? Non.
M. LESSARD: Ce ne sont pas les angiospermes.
M. DRUMMOND: Non, le problème de cette bactérie-là
aussi, c'est que ça prend beaucoup plus de liquide à l'acre que
ce qu'on met actuellement.
M. LESSARD: Cela coûterait plus cher.
M. DRUMMOND: C'est un liquide qui est moins toxique peut-être,
mais ça coûte beaucoup plus cher parce qu'on fait beaucoup moins
d'acres avec la même quantité de liquide dans l'avion. Il y a
aussi le fait qu'on attaque la chenille à son stade adulte, alors
qu'elle a déjà commencé à manger
énormément de larves. C'est le défaut actuellement de ce
processus. Maintenant, il y a la chitinase qui coûte extrêmement
cher à produire et on ne trouve pas dans la ville de Québec
suffisamment de débris de poulet pour produire cet enzyme.
M. LESSARD: Est-ce que ces produits, le bacillus thuringiensis et la
fenitrothion, sont fabriqués au Québec?
M. DRUMMOND: Le bacillus thuringiensis, il y a seulement la chitinase
qui est fabriquée ici à Sainte-Foy et puis le bacille n'est pas
produit au Québec, actuellement. Le fenitrothion n'est pas produit non
plus au Québec, actuellement.
M. LESSARD: En ce qui me concerne, M. le Président, je suis
prêt à adopter l'élément 2, prévention et
lutte contre les insectes nuisibles et les maladies des arbres,
$10,721,300.
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 2, adopté.
Elément 3, éducation en conservation du milieu forestier.
Sociétés de conservation
M. LESSARD: M. le Président, à l'élément 3,
j'aimerais qu'on me donne l'éventail. Il s'agit, je pense, plus
particulièrement de subventions aux sociétés de
conservation.
M. DRUMMOND: En 1973/74, il y a un montant indiqué à 4.
L'an dernier, par exemple, nous avions des travaux organisés à
même le service d'éducation en conservation. Il y a deux choses
là-dedans, toutefois. H y a des projets par contrat. Il y a eu le projet
de la forêt Montmorency; nombre d'étudiants, 36; montant
dépensé, $50,400. Fonctionnement et en-
tretien du site de la chute de la rivière noire, poursuite de
l'aménagement du sentier du lac Piché. Morgan Arboretum, 22
étudiants, $29,000, engagement de moniteurs qui a permis la
réalisation de classes de nature. Arundel Natural Science School, 14
étudiants, deux occasionnels, $16,500. Amélioration du centre et
accueil de 6,000 étudiants des régions avoisi-nantes et de la
région de Montréal. Association forestière
québécoise Inc., 71 étudiants, 7 occasionnels, $85,000.
Initiation des jeunes au milieu forestier par la découverte de
phénomènes naturels et à l'aide de matériel
audio-visuel et motivation de ceux-ci à respecter l'arbre et la nature.
Centre d'interprétation de la nature du mont Saint-Hilaire, 14
étudiants, 4 occasionnels, $35,000.
Réalisation du projet "connaissance de la forêt".
Au-delà de 5,500 jeunes ont pu s'initier à l'écologie de
la forêt décidue. PBI, Programme biologique international,
université Laval, onze étudiants, un occasionnel, $12,000:
définir sur une base scientifique les réserves
écologiques, inventaire biophysique d'un certain nombre de
réserves. Duchesnay, l'organisme promoteur au ministère des
Terres et Forêts, fréquentation, 40,000 personnes. Maintenant,
ici, ce sont des projets d'éducation forestière pour 1973/74: lac
Berry, ministère des Terres et Forêts, station forestière
de Parke, forêt Montmorency, université Laval. Là, c'est
une répétition: Arundel, Morgan Arboretum. Est-ce qu'il y a
d'autres choses?
M. LESSARD: Est-ce que vous avez là-dedans des subventions aux
organismes d'éducation dans le milieu forestier, tels que les clubs
4-H?
M. DRUMMOND: Bien on a... UNE VOIX: C'est une forme.
M. DRUMMOND: C'est une forme, oui. Ce n'est pas une subvention,
c'est-à-dire qu'on paie des étudiants qu'ils engagent.
M. LESSARD: D'accord.
M. DRUMMOND: J'ai omis ceci. Il y avait Duchesnay, 35 étudiants,
$51,000, pour l'aménagement du centre écologique qui s'est
poursuivi. Deux sentiers étaient accessibles au public. Vous avez la
station de Parke, à Saint-Alexandre-de-Kamouraska, 22 étudiants,
$21,000 où l'aménagement du centre écologique s'est
poursuivi pour une deuxième année consécutive. Vous avez
en Abitibi le lac Berry, à 22 milles d'Amos, 16 étudiants, deux
occasionnels pour $26,000: exploitation du terrain de camping qui comprend,
entre autres choses, l'accueil des visiteurs et l'animation auprès des
visiteurs, l'aménagement d'un sentier, la description écologique
d'un sentier et la construction d'un pavillon d'interprétation. Dans
Saint-
Siméon, comté de Charlevoix, 29 étudiants, trois
occasionnels pour $35,000: poursuite de l'aménagement de ce centre
écologique et ouverture officielle du site au public.
Education en conservation. C'est le service central, $3,000, qui
assistait le personnel permanent pour le contrôle et l'administration des
projets. Vous avez là, dans les grandes lignes, la dépense du
montant indiqué à Subventions.
Nous avons parlé, ce matin, de la partie des étudiants qui
étaient employés pour des travaux un peu du même genre dans
les concessions forestières.
M. LESSARD: M. le Président, je passe à l'éventail
des crédits du programme 3. Je voudrais avoir des informations
concernant les $254,200 qui sont prévus sous forme de services. Si on ne
peut pas les avoir pour cette année, étant donné que les
contrats ne sont peut-être pas négociés, est-ce qu'on
pourrait avoir une idée?
M. DRUMMOND: C'est la poursuite...
M. LESSARD: Ce sont des montants qui...
M. DRUMMOND: ... des activités. L'an dernier, vous aviez un
montant de $210,000. Cette année, vous avez $254,000 qui, en fait, sont
prévus pour la poursuite des mêmes activités, et des
subventions aux mêmes groupements.
M. LESSARD: D'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 3 du programme 3,
adopté. Déductions.
M. LESSARD: En fait, c'est à l'élément 2,
catégorie 13, Contribution fédérale, $4,600,000, et
à la catégorie 14, Remboursements, $2,300,000. Vous avez une
déduction, là.
M. DRUMMOND: Oui.
M. LESSARD: A l'élément 2, l'ensemble des
déductions est de $6,900,000. Est-ce qu'on pourrait avoir des
explications sur cela?
M. DRUMMOND: C'est la participation fédérale au programme
d'arrosage contre les insectes.
M. LESSARD: Ah! Vous avez une participation fédérale. Quel
a été...
M. DRUMMOND: On a obtenu $3 millions environ, dans le premier
chèque, et nous avons obtenu subséquemment un autre chèque
de $500,000 pour couvrir le projet de la Gaspésie.
M. LESSARD: Je pense que l'an dernier, on avait annoncé 50
p.c.
M. DRUMMOND: C'est cela.
M. LESSARD: Est-ce que vous espérez, encore cette année,
obtenir ces 50 p.c?
M. DRUMMOND: Nous les négocions.
M. LESSARD: Vous les négociez. Parfait, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Programme 3, adopté? Adopté.
M. LESSARD: Cela va bien.
LE PRESIDENT (M. Picard): Programme 4: Utilisation de la forêt,
élément 1, Planification de l'utilisation.
Utilisation de la forêt
M. DRUMMOND: Le programme 4, Utlisa-tion de la forêt, comprend
quatre éléments touchant chacun un secteur d'activité bien
défini et dans lequel le ministère doit, pour respecter les
orientations qu'il s'est données et dont il a déjà fait
état dans son livre blanc sur la politique forestière, prendre
des actions concrètes, à court et à long terme.
Sans aller plus loin dans les détails, puisque l'étude des
crédits budgétaires sollicités permettra une discussion
plus ouverte sur le sujet, il faut tout de même signaler l'importance de
ce programme, qui prévoit une participation plus active du
ministère dans la gestion de la ressource forêt.
C'est ainsi qu'en plus de continuer à poser les actes
administratifs qui s'imposent pour obtenir une meilleure répartition de
la ressource entre les divers utilisateurs et une utilisation plus rationnelle
de la matière première par les exploitants forestiers, le
ministère intensifiera son action auprès des propriétaires
de boisés privés qui, grâce à des formules
nouvelles, tels les groupements forestiers, les associations de
propriétaires forestiers, pourront, dans l'avenir, contribuer
très activement à la solution des problèmes
découlant de la pénurie de matières premières
économiquement exploitables que nous connaissons présentement
dans certains secteurs de la province.
Cette action incitative du ministère dans le secteur des
forêts privées revêt, à ses yeux, une importance
majeure, étant donné la grande productivité des sols et la
proximité des usines de transformation.
Si on ajoute à cela l'impact économique qu'un
aménagement plus rationnel des terrains privés pourrait avoir
à la longue dans les régions les plus défavorisées
de la province, il est assez aisé de comprendre pourquoi le
ministère a décidé d'accorder à cet
élément de programme une priorité plus particulière
qui s'exprime par une allocation plus généreuse en ressources
financières et humaines.
Il y a lieu de noter également que le ministère des Terres
et Forêts poursuivra son programme de construction de chemins
d'accès sur les terres publiques et plus particulièrement dans
les forêts domaniales où il s'avère d'une très
grande importance de développer des moyens de communication
réellement fonctionnels qui permettront d'assurer une utilisation aussi
rationnelle que possible de la forêt et une protection adéquate
des peuplements qui la composent.
La participation raisonnable des utilisateurs pour continuer la mise en
place du réseau sera demandée. Un système de contribution
doit donc être mis en vigueur au plus tôt. Ce système
prévoit une contribution provisoire (un an) de $1 par 100 pieds cubes
applicable sur tous les bois coupés pour des fins commerciales dans les
forêts domaniales tout en tenant compte des conventions existantes.
Cette contribution s'appliquera aussi à tous les autres bois
coupés en dehors de ces territoires et transporté sur les chemins
du ministère.
M. LESSARD: M. le Président, je pense que c'est surtout à
ce programme-là, dans la discussion générale, que j'ai
l'intention de soulever les questions concernant la politique
générale du ministère, en particulier concernant le livre
blanc et les concessions forestières. Est-ce juste que je puisse le
faire à ce programme-là?
Je pense que oui, M. le Président. Lors de la dernière
séance de la commission parlementaire chargée d'étudier le
Uvre blanc, le 21 novembre 1972, le ministre déclarait: "Nous sommes
à préparer la législation."
A l'automne 1972, le ministre parlait d'un cheminement critique, et en
mars 1974, le ministre annonce que ce sera à partir du 1er avril 1975
qu'on pourra appliquer la nouvelle politique forestière...
M. DRUMMOND: En ce qui concerne l'application, on a commencé la
mise en application des politiques forestières il y a assez
longtemps.
Je pense qu'à ce moment, j'avais dit, en ce qui concerne le
mariage entre le nouveau système de redevances et l'opération des
forêts domaniales, y compris la reprise des concessions et
l'échange d'une concession dans une garantie d'approvisionnement, que
pour faire marcher cela intégralement, ce serait le 1er avril 1975 que
nous serons prêts.
M. LESSARD: Maintenant, concernant ce que le ministre appelle la
rétrocession des concessions forestières, est-ce que le ministre
pourrait nous dire s'il a établi un cheminement critique;
deuxièmement, s'il a établi des coûts de rachat des
concessions forestières? Je sais qu'il y a trois hypothèses qui
ont été au moins étudiées par le ministère
des Terres et Forêts. Le ministre parlait non pas d'une
réforme
globale mais d'une réforme régionale, d'un échange,
entre les compagnies, de concessions forestières. Je voudrais savoir, si
c'est une réforme régionale, si le ministre a choisi une
région plutôt qu'une autre? Je voudrais que le ministre nous
parle, à un moment donné, du plan qu'il a tracé pour la
rétrocession des concessions forestières. Qu'il nous dise si ce
plan existe; si le ministre a pris une décision concernant une
rétrocession qui serait plutôt régionale; si le ministre
est intervenu, par exemple, concernant certaines rétrocessions qui se
sont faites il y a quelque temps.
J'aimerais bien que le ministre explique un peu cela et dise en
particulier s'il entend préparer un programme très
précis.
M. DRUMMOND: En ce qui concerne le coût de la rétrocession
des concessions forestières, on ne peut pas dire tout de suite combien
cela va coûter; chaque rétrocession, il faut en faire
l'étude concernant les immeubles, etc., la valeur des chemins non
dépréciée. Mais, par contre, cela n'implique pas qu'il y
aurait un remboursement en argent; cela pourrait être impliqué
avec le système du droit de coupe. En ce qui concerne le droit de
fermage, on n'a pas l'intention de payer pour le droit de fermage. En ce qui
concerne le cheminement critique, c'est beau d'avoir un plan bien
déterminé et on est en train de l'élaborer; par contre, si
on veut regarder ce qui est en cours actuellement, pour la première
étape on négocie avec la compagnie Quebec North Shore pour
essayer d'élaborer une sorte de contrat d'approvisionnement qui pourrait
marcher. On espère bien faire cela; on sera quand même pris dans
la région du Témiscamingue avec les concessions de la CIP qu'il
faut rependre assez tôt.
Alors on aura un plan détaillé, on a fait des
études pour savoir comment procéder, mais quand même on
sera pris avec des problèmes locaux où ça presse plus que
dans d'autres régions. Alors c'est une combinaison d'un plan rationnel
et des choses qui arrivent.
M. LESSARD: M. le Président, vous me permettrez de faire
remarquer au ministre que je suis assez surpris. Cela fait deux ans que le
livre blanc a été déposé. Le tome I a
été déposé, je pense, en 1971 et le tome II
particulièrement en 1972. Le ministre proposait dans ce livre blanc une
réforme qui était valable, mais proposer un livre blanc ça
veut dire aussi analyser les conséquences que ça comporte, en
particulier les coûts de rachat des concessions forestières. Il
faudra que le ministre fasse une analyse précise. Je comprends que par
la suite il va falloir négocier avec les concessionnaires, et la
négociation peut être différente. Je pense qu'avant
d'entreprendre une négociation individuelle avec les concessionnaires il
faut établir un certain nombre de normes et de critères qui vont
globalement s'appliquer à tous les concessionnaires, moyennant certaines
modalités qui seront différentes. Si le concessionnaire a plus
d'investissements, ou autre chose, à ce moment-là il y a des
coûts supplémentaires.
Le ministre pourrait convaincre le ministre des Finances, M. Garneau,
qui semble ne pas être convaincu de la nécessité de rachat
des concessions forestières, à cause de la méconnaissance
peut-être des coûts que ça comporte. Si le ministre veut
convaincre son cabinet, son ministre des Finances, le premier ministre, il va
falloir qu'il fasse une étude concrète de ce que ça peut
coûter. Comme on le disait, il y a plusieurs hypothèses possibles.
L'une ou l'autre de ces hypothèses devrait être discutée en
commission parlementaire avec les députés, de façon qu'on
puisse savoir dans quelle direction le ministre s'en va et combien ça va
coûter au Québec.
Il me semble que ceci aurait dû être fait. J'ai
déploré, et je le déplore encore, une certaine faiblesse
du ministre des Terres et Forêts, alors qu'on discutait de chiffres
à la commission parlementaire qui étudiait le livre blanc. Par
contre, je constatais que les grandes compagnies forestières, la
société des pâtes et papier du Québec avaient des
chiffres précis. En particulier, quand le ministre des Terres et
Forêts disait, par exemple, que l'ensemble de la forêt du
Québec est exploité à peu près à 65 p.c,
à ce moment-là les sociétés des pâtes et
papier du Québec répondaient: C'est faux. Et le ministre ne
pouvait pas contredire l'affirmation qui était apportée par le
président de la société des pâtes et papier du
Québec.
Il me semble qu'après deux ans ça devrait être
urgent. Nous aurons l'occasion de parler de l'île d'Anticosti, à
un moment donné, au cours de ses crédits. Cela devrait être
urgent pour le ministre...
M. COTE: Marsoui.
M. LESSARD: Oui, Marsoui, on va en parler. J'aperçois, M. le
Président, le député de Matane, qui n'était pas aux
crédits du ministère de l'Agriculture, malheureusement, et qui
n'a pas pu défendre les $150,000 dont parlaient les représentants
de la région de Matane, l'autre jour.
M. COTE: Je remarque, moi aussi, que le député de Saguenay
n'était pas à la commission parlementaire de l'industrie et du
commerce.
M. LESSARD: M. le Président, nous ne sommes que six; nous ne
sommes pas 102.
M. COTE: Je suis un.
M. DRUMMOND: Pendant certaines séances des crédits du
ministère de l'Agriculture, le député de Saguenay
n'était pas là, non plus.
M. LESSARD: Ah, lorsque le gouvernement a décidé de faire
non pas de la démocratie, mais
plutôt de la dictature, nous nous sommes retirés, M. le
Président. C'était la seule façon que nous avions de
protester contre les agissements antidémocratiques de ce
gouvernement-là.
M. COTE: De toute façon, on vous reconnaît une conscience
régionale.
M. LESSARD : II faut bien que je défende les
intérêts de la population de l'Est du Québec, M. le
Président; les députés de la région ne s'y
intéressent pas.
M. COTE : C'est quand même vrai que vous êtes faible dans
les chiffres. Vous deviez être trois candidats...
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que ces propos ne sont pas un peu hors
d'ordre? Je pense qu'on serait aussi bien de revenir à la
discussion.
M. COTE: M. le Président, j'allais répondre au
député de Saguenay pour lui prouver que lui aussi...
LE PRESIDENT (M. Heard): Est-ce que vous invoquez l'article 96 du
règlement ou quoi?
M. LESSARD: Non, c'est 92, celui-là.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: Je disais que, quand on s'engage dans une réforme
aussi importante, aussi globale, il me semble qu'il faut avoir des chiffres
à côté, il faut être capable de prévoir quels
seront les coûts. Actuellement, il me semble que le ministère des
Terres et Forêts n'a pas encore évalué, selon les trois
hypothèses qu'il a, semble-t-il, étudiées, les coûts
que comportera la rétrocession des concessions forestières, afin
qu'on puisse savoir si c'est rentable ou si ça ne l'est pas.
J'aimerais que le ministre me réponde sur cela. Ou est-ce que le
ministre a l'intention tout simplement de négocier individuellement avec
les entreprises, sans établir des critères et des normes
précises? Là, je serais moins d'accord. Je pense qu'il est
important que toutes les entreprises au Québec, lorsqu'on s'engagera
dans l'étape très importante de la rétrocession des
concessions forestières, soient traitées sur le même pied
et qu'on ne voie pas, par exemple, la CIP, à cause de son influence
parce qu'elle est une forte compagnie multinationale, obtenir des montants plus
élevés que, par exemple, Quebec North Shore, qui serait
peut-être une compagnie de moindre importance.
Suite à ces commentaires, je pose la question suivante au
ministre: Est-ce qu'au ministère des Terres et Forêts on a
étudié, d'abord, différen- tes hypothèses de
paiement en ce qui concerne la rétrocession des concessions
forestières? Si on a étudié ces deux ou trois
hypothèses, est-ce qu'on a appliqué ces hypothèses pour
l'ensemble du territoire du Québec, de façon qu'on puisse, au
moins, avoir une estimation qui soit réaliste, sinon exacte, de ce que
va coûter la rétrocession des concessions forestières?
M. DRUMMOND: M. le Président, je pense qu'il faut regarder la
question de cette façon-ci. Il y a une décision fondamentale qui
a été prise en ce qui concerne la reprise de la gestion des
forêts publiques du Québec: Ce sera la responsabilité du
ministère des Terres et Forêts. Avant de nous lancer dans la
publication du livre blanc, on avait étudié certaines
hypothèses possibles en ce qui concerne les coûts de cette
rétrocession. Mais, par contre, je dois dire qu'en ce qui concerne les
vrais coûts de la gestion des forêts publiques, cela va
dépendre du système de redevance qu'on va mettre en vigueur
l'année prochaine. Je suis tout à fait d'accord avec le
député lorsqu'il dit qu'on doit avoir des normes qui s'appliquent
partout. C'est cela qu'on essaie de faire.
Quant à la question des modalités lorsqu'on essaie
d'établir ce qu'est un contrat modèle, je pense que le
député de Saguenay comprend très bien qu'après le
principe, les modalités sont assez longues à négocier et
à discuter, parce qu'on n'a pas toujours raison dans ce qu'on pense, et
c'est seulement en négociant qu'on trouve de bonnes solutions.
Peut-être serait-il intéressant pour le député qu'on
dise quelques mots en ce qui concerne le système de valeur de bois sur
pied qui serait le système de redevance qu'on veut établir.
M. LESSARD: Le système de redevance est le système qui va
venir après la rétrocession, qui va venir même avant la
rétrocession des concessions.
M. DRUMMOND: En même temps.
M. LESSARD: C'est un nouveau système du paiement des droits
à l'Etat.
M. DRUMMOND: C'est ça.
M. LESSARD: Moi, avant de parler de ce système de redevance, il
me semble que le ministre a dû certainement étudier, comme je le
disais non pas de façon exacte une estimation de ce que la
rétrocession des concessions forestières va coûter
cela est en dehors du système de redevance au gouvernement du
Québec d'ici une période de dix ans. Dix ans pour abolir les
concessions forestières.
M. DRUMMOND: Et reprendre la gestion par l'Etat.
M. LESSARD: Et reprendre la gestion par
l'Etat. Vous avez sans doute étudié un certain nombre
d'hypothèses de ce que vous allez payer à l'intérieur des
concessions forestières; les routes, les investissements qu'il y a
là-dedans, les barrages, etc. Au ministère, vous avez sans doute
toutes les informations concernant, par exemple chez nous sur la
Côte-Nord, le fait que Quebecc North Shore ait tant de milles de route et
que CIP dans telle autre région ait tant de milles de route. Vous
êtes sans doute informés qu'il y a tant d'investissements et un
taux de dévaluation de ces investissements ou des barrages, etc. Je
voudrais savoir si le ministère des Terres et Forêts s'est
penché il aurait dû le faire avant de proposer son livre
blanc, mais je dis depuis qu'il a déposé son livre blanc
sur l'étude du coût que comporterait, sur une période de
dix ans, la rétrocession des concessions forestières.
M. DRUMMOND: Même avant de lancer le livre blanc, on avait pris
les hypothèses selon le cas et on avait déterminé ce que
serait le coût possible de la reprise des immobilisations, mais il faut
bien dire aussi que notre idée ne serait pas nécessairement
l'idée des compagnies. Alors, il faut un système...
M. LESSARD: D'accord.
M. DRUMMOND: ... d'arbitrage pour le faire marcher. Il y avait...
M. LESSARD: Combien d'hypothèses aviez-vous?
M. DRUMMOND: II n'y a pas de grande hypothèse sur ça.
C'est seulement une question de faits. C'est la valeur non
dépréciée des immobilisations, y compris les chemins.
Disons qu'à cette époque, il était question de droits de
fermage. Si ma mémoire me sert bien, c'était le leader du Parti
québécois qui avait suggéré que, peut-être,
l'on devrait payer $150 millions pour la reprise des droits de fermage.
M. LESSARD: Non, on n'a rien suggéré, on n'était
pas ministre, M. le Président.
M. DRUMMOND: Pardon?
M. LESSARD: On n'a rien suggéré. On a
évalué, on a tenté d'évaluer. Le ministre nous dit
qu'il a fait différentes hypothèses. Selon les différentes
hypothèses, cela arrive à des coûts différents?
M. DRUMMOND: C'est ça.
M. LESSARD: Alors, vous avez fait l'étude de ces
hypothèses?
M. DRUMMOND: Oui, il y a quatre ans.
M. LESSARD: II y a quatre ans, vous l'avez fait. Combien aviez-vous
d'hypothèses, à ce moment-là?
M. DRUMMOND: Pardon?
M. LESSARD: Combien aviez-vous d'hypothèses?
M. DRUMMOND: On a séparé la question des droits de fermage
de la question des immobilisations.
M. LESSARD: Oui.
M. DRUMMOND: On avait deux prix ou disons deux montants, grosso modo,
qui étaient considérés. Alors, on a discuté comment
on procéderait, si l'on paierait pour ça ou si on ne paierait
pas, alors que pour les droits de fermage, c'était décidé
qu'on ne payait pas.
M. LESSARD: Comme c'est important et que cela touche tous les
Québécois, est-ce que le ministre, puisque cette étude a
été faite, accepterait de déposer le rapport de ses
fonctionnaires concernant ces hypothèses, qui donnent des coûts
différents pour la rétrocession des concessions
forestières?
M. DRUMMOND: Etant donné que ces rapports étaient
internes, je préférerais faire un "updating" de ces rapports et
les regarder avant de décider cela.
Je demande la suspension des travaux pour cinq minutes.
LE PRESIDENT (M. Picard): La séance est suspendue à
loisir.
(Séance suspendue à 16 h 50)
(Reprise de la séance à 17 h 6)
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, messieurs !
Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je m'excuse. C'est là qu'on
voit l'inconvénient d'avoir une Opposition si peu nombreuse.
UNE VOIX: Si faible!
M. LESSARD: Non pas si faible, M. le Président, parce qu'il y a
une différence entre la quantité et la qualité! Non pas en
quantité mais en qualité.
M. DRUMMOND: Vous êtes convaincu de cela?
M. LESSARD: Oui, très convaincu, M. le Président.
M. CARPENTIER: Convaincu mais pas convaincant.
M. LESSARD: De toute façon, j'en suis convaincu. Je n'ai pas
l'intention de vous en convaincre.
M. le Président, j'ai demandé au ministre s'il pouvait
rendre publiques les deux ou trois hypothèses qu'il avait faites
concernant le coût de rétrocession de l'ensemble des concessions
forestières, parce que ce coût peut être différent
selon que la rétrocession se fait en 1978 par rapport à 1976 ou
1977, etc., puisque l'argent n'a pas la même valeur. Le ministre me
disait que c'était une étude interne et qu'il allait
vérifier s'il pouvait la déposer.
Cependant, je fais remarquer au ministre que si je lui demandais, en
fait, un document qui concerne particulièrement une compagnie
privée ou les négociations qui concernent une compagnie
privée, je pense que le ministre pourrait dire: II est difficile de
transmettre ce document parce que ce sont des négociations entre le
gouvernement et une compagnie privée qui ne sont pas
terminées.
Mais là je demande le dépôt d'un document qui me
parait fort important pour l'avenir de la politique forestière du
gouvernement du Québec et un document, il me semble, qui devrait
être public et analysé publiquement et même analysé
en commission parlementaire. Je pense qu'il importe, à ce stade-ci
non pas de l'étude de nos crédits mais de la
réforme forestière, si nous sommes quelque peu avancés
avant de s'engager dans une politique de rétrocession
forestière, que la population québécoise, que les
députés du Québec soient informés du coût que
cela va comporter, soient informés des modalités de paiement que
le ministre a l'intention d'appliquer. Je pense que ces choses devraient
être publiques.
M. DRUMMOND: M. le Président, il y a une différence entre
un document qui, peut-être, date d'il y a quatre ans et ce qu'on va
faire. Je pense qu'il n'est pas question de garder des secrets en ce qui
concerne comment on va faire et combien cela doit coûter, selon les
estimations, lorsqu'arrive le temps. Mais déposer un document assez
vieux, aussi vieux que cela, je pense qu'au lieu de donner de l'information,
cela pourrait être le contraire. Ce serait une mauvaise information.
En ce qui concerne les modalités aussi, qui sont importantes, il
n'est pas question de cacher des choses, mais je ne vois pas qu'il soit
opportun de rendre public, cette année, un document qui date de quatre
ans...
Je pense qu'on avait probablement discuté de ces questions
pendant l'étude des crédits, il y a deux ans. Vous ne le saviez
pas?
M.LESSARD: Oui, M. le Président. J'en rediscute parce que je
n'avais pas eu de réponse valable, à ce moment-là, et je
m'aperçois qu'on n'est pas plus avancé, en 1974, qu'on
l'était en 1973. Je calcule que c'est une question fort importante.
En effet, M. le Président, en février 1974, dans un
article de la Presse qui reprenait certaines affirmations du ministre, article
signé par Lionel Desjardins, on lisait ceci: "Au lieu d'abolir d'un coup
toutes les concessions forestières, tel qu'annoncé en 1972, le
ministère...
M. DRUMMOND: Un instant. Si quelqu'un a suggéré cela, ce
n'était pas le ministre des Terres et Forêts. On n'a jamais dit
qu'on allait abolir d'un seul coup toutes les concessions
forestières.
M. LESSARD: M. le Président, j'accepte la mise au point du
ministre, parce que je pense que M. Desjardins, à ce moment-là, a
certainement fait erreur. Nous autres, nous voulions l'abolition des
concessions forestières d'un coup, mais ce n'était pas la
politique du ministre.
M. MALOUIN: C'est qui ça, vous autres?
M. LESSARD: Le Parti québécois. Je cite l'article et
j'admets la mise au point du ministre, M. le Président. "Le
ministère des Terres et Forêts, continue-t-on, a entrepris de
négocier avec les différentes compagnies concernées une
à une par région". Si le ministre a entrepris de négocier
avec chacune des compagnies et par région, je voudrais savoir sur
quelles normes, sur quels critères de rachat des concessions
forestières se base le ministre pour négocier le rachat de
concessions forestières, soit de Quebec North Shore ou d'autres. Si le
ministre a commencé à négocier, c'est parce que le
ministre doit certainement avoir quelque chose en main. On ne négocie
pas avec rien.
M. DRUMMOND: Mais on ne négocie pas nécessairement en
public lorsqu'on essaie d'éta-
blir les modalités de ces contrats. Je dis au
député de Saguenay qu'il n'est pas question de garder des
secrets, tel quel; tout sera annoncé en temps et lieu, mais pas
aujourd'hui.
M. LESSARD: M. le Président, le ministre a commencé
à négocier avec une entreprise forestière; il pourra faire
la mise au point. On ajoute dans cet article: "les négociations sont
déjà très avancées avec la Québec North
Shore Paper qui exploite 6,800 milles carrés c'est une des plus
petites compagnies sur la Côte-Nord et des discussions ont
été amorcées avec la Consolidated Bathurst au sujet de ses
concessions en Gaspésie, d'une superficie de 1,600 milles
carrés".
M. le Président, je comprends que c'est une négociation
compagnies vis-à-vis le gouvernement. Cette négociation va
s'entreprendre probablement avec d'autres entreprises aussi. Il me parait
normal et logique que la population québécoise soit
informée non pas après, parce que j'en ai justement, des
documents de 1901, où particulièrement on peut constater qu'on
s'est fait "fourrer" d'une façon exorbitante par des gouvernements qui
n'ont pas pris leurs responsabilités. Ce n'est pas après la
négociation que je veux savoir ce que ça va coûter. Il me
semble que la population québécoise, en particulier concernant
les rivières à saumons, si vous voulez, et d'autres choses, a le
droit de savoir ouvertement sur quelles bases le gouvernement du Québec
a l'intention de négocier avec les compagnies forestières pour
obtenir la rétrocession des concessions forestières. Il me semble
que c'est légitime, normal. Si le ministre n'avait pas commencé
à négocier et s'il me disait cet après-midi: Nous sommes
en train d'élaborer ce document, d'en faire l'étude, je serais
d'accord. J'accepterais la parole du ministre que ce document sera rendu public
en temps et lieu.
Ce n'est pas le cas. Les négociations sont commencées avec
certaines compagnies et il me paraît que ces négociations doivent
se faire selon les mêmes normes et selon les mêmes critères
pour toutes les compagnies québécoises. Il est absolument
nécessaire pour l'ensemble de la population québécoise de
connaître au moins une estimation des coûts et de savoir sur quelle
base le gouvernement du Québec négocie avec les compagnies
forestières.
Je pense que ce document est fort important. Comme le disait le
ministre, j'en ai discuté lors des crédits du ministère
des Terres et Forêts en 1973/74. Je n'ai pas reçu de
réponse satisfaisante; le ministre m'a répondu à peu
près la même chose que ce qu'il me répond cet
après-midi. Mais, à ce moment-là, je n'étais pas
informé que des négociations avaient été
entreprises entre une compagnie ou l'autre dans la politique
générale de rétrocession des concessions
forestières.
Actuellement des négociations ont été entreprises
et je voudrais savoir sur quelle base, sur quelles normes le ministère a
l'intention de négocier, non seulement avec Quebec North Shore, non
seulement avec Consolidated-Bathurst, mais aussi avec l'ensemble des
entreprises forestières.
M. DRUMMOND: En temps et lieu, M. le Président. Je pense que le
député de Saguenay peut comprendre assez facilement que,
lorsqu'on négocie avec les premières compagnies, c'est comme un
projet pilote pour établir les modalités, pour regarder quel
serait le problème qu'on va rencontrer d'une façon
générale. La première négociation, même si
c'est avec une seule compagnie, c'est pour établir les modalités
d'une façon générale. Alors, je le regarde de cette
manière. Lorsqu'on arrive à ce qu'on pense être une bonne
solution, c'est présenté à mes collègues pour
approbation. Evidemment, les événements vont suivre leur
cours.
M. LESSARD: Est-ce que le négociateur avec Quebec North Shore est
le même que celui qui négociait avec Rayonier Québec?
M. DRUMMOND: Celui qui négocie avec la Quebec North Shore pour le
gouvernement est ici à ma gauche.
M. LESSARD: M. Duchesneau. M. DRUMMOND: C'est ça.
M. LESSARD: J'ai bien confiance en M. Duchesneau, mais celui-ci, dans la
conjoncture de délégation des pouvoirs, négocie à
partir d'un certain nombre de directives qui proviennent du ministre,
directives qui, à mon sens, auraient dû être mises sur
papier avant d'entreprendre la négociation. M. Duchesneau ne va pas
négocier avec Québec North Shore sans rien dans les mains, il va
négocier avec quelque chose.
M. DRUMMOND: Ces choses sont discutées, on rencontre des
problèmes, on décide comment on doit procéder; ça
va grosso modo comme ça.
M. LESSARD: Le ministre parle d'une négociation pilote. Si le
ministère n'est pas vraiment prêt à négocier, si le
ministère n'a pas fait les études, non seulement pour
Québec North Shore mais pour l'ensemble des concessions
forestières du Québec, n'oublions pas que cette première
entente va avoir des conséquences extraordinaires très
importantes sur les prochaines ententes qu'il va y avoir avec d'autres
compagnies. N'oublions pas que si cette première entente est difficile,
et elle sera difficile, si on fait des erreurs dans cette première
entente, on va payer pour par la suite. C'est dans ce sens, M. le
Président, qu'il me paraîtrait normal que le gouvernement du
Québec élabore un document général selon lequel il
pourrait y avoir deux ou trois hypothèses. Je sais que ce document
existe; mais il existe actuellement à l'intérieur des
cadres du ministère. Mais c'est toujours un document caché, ce
sont toujours des négociations cachées. Je ne parle pas des
modalités de négociation, je ne parle pas de l'investissement de
tel montant par rapport â tel autre; je veux avoir un certain nombre
d'énoncés de principe concernant les négociations avec ces
entreprises. Si le ministre n'a pas encore fait cela, M. le Président,
je calcule qu'il ne pourra jamais être capable de vendre au cabinet et au
gouvernement du Québec sa politique forestière, et ç'a
toujours été là la pierre d'achoppement.
M. Garneau, ministre des Finances, disait toujours: Combien ça va
coûter? C'est bien beau la rétrocession des concessions
forestières, mais combien ça va coûter? Or, jusqu'ici le
ministre n'a jamais été capable de répondre à cette
question précise. Combien ça va coûter sur une
période de dix ans? Combien ça coûterait sur une
période de cinq ans et combien ça coûterait si on le
faisait actuellement? Il me semble que ce sont des questions importantes.
M. DRUMMOND: Oui, ce sont des questions importantes. De temps en temps
peut-être, je commence à voir quelque chose, c'est que le
député de Saguenay commence à comprendre que c'est un
problème qui prend du temps à se régler,
évidemment, parce que c'est compliqué. Son parti a
suggéré qu'on abolisse tout de suite les concessions; cela
n'aurait pas changé grand-chose parce qu'on aurait été
pris avec les mêmes problèmes, grosso modo, qu'on avait, sans le
personnel compétent pour reprendre la gestion des forêts tout de
suite. En ce qui concerne, lorsqu'on...
M. LESSARD: Nous n'avons jamais dit...
M. DRUMMOND: Non, non, non, un instant.
M. LESSARD: Article 96, M. le Président. Nous n'avons jamais dit
que, nous devrions immédiatement abolir les concessions
forestières.
Ce que nous avons dit, c'est que l'abolition des concessions
forestières devait se faire à un jour fixé, x ou y, mais
qu'elle devait se faire pour l'ensemble des concessions forestières du
Québec. Cela voulait dire...
M. DRUMMOND: Pas en même temps?
M. LESSARD: Oui, en même temps, mais cela supposait une
préparation, avant de le faire. Ce que je dis au ministre actuellement,
c'est qu'il me paraît absolument anormal que le ministre puisse parler de
rétrocession des concessions forestières, quand je
m'aperçois qu'il n'a même pas estimé le coût que cela
pourrait comporter. Non seulement...
M. DRUMMOND: Un instant, je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas
d'estimation des coûts.
M. LESSARD: D'accord.
M. DRUMMOND: Tout ce que j'ai dit, c'est, je pense, qu'il ne serait pas
opportun de publier tous nos chiffres ici aujourd'hui. Ils étaient dans
certains cas basés sur un rapport dont on parle et qui a
été fait d'une façon interne, il y a quelques
années. En ce qui concerne les principes et les modalités de
temps en temps il y a des différences d'opinion sur ce qui constitue une
modalité et ce qui constitue un principe. Ce qui est modalité
pour nous peut être considéré comme un principe pour un
autre. Ce sont des choses à négocier. Je ne sais pas. On commence
à tourner en rond, mais je n'ai aucune intention de déposer ce
document à ce moment-ci.
M. LESSARD: Alors, le ministre ne veut pas répondre aux
questions?
M. DRUMMOND: Je pense que j'ai répondu assez clairement, mais
j'admets que je n'ai pas répondu à la satisfaction du
député de Saguenay.
M. LESSARD: Le ministre a toujours le droit en vertu des
règlements, M. le Président, de ne pas répondre aux
questions des députés de l'Opposition. Je lui demande le
dépôt d'un document qui devrait être public. On sait que
différentes hypothèses ont été analysées.
Est-ce que, par exemple, le ministre des Terres et Forêts a l'intention
d'indemniser les compagnies pour les droits de concession ou s'il a l'intention
d'indemniser strictement les compagnies pour les investissements qu'elles ont
pu faire?
M. DRUMMOND: M. le Président, je pense bien que si le
député de Saguenay veut lire le journal des Débats de cet
après-midi, il va voir que j'ai dit clairement au moins à deux
reprises qu'il n'est pas question d'indemnisation pour les droits
d'affermage.
M. LESSARD: Pas question.
M. DRUMMOND: Je l'ai dit deux fois.
M. LESSARD: D'accord, je voulais le faire répéter. Non,
j'aime mieux le faire répéter trois fois. Donc pas question de
droit d'affermage.
M. DRUMMOND: La quatrième fois on devient...
M. LESSARD: Maintenant, en ce qui concerne les investissements des
compagnies, on sait que ces investissements, dans la grande majorité des
cas, ont été amortis sur une période de vingt ans. Ces
investissements, pour l'ensemble des
entreprises du Québec, étant amortis, à un moment
donné, selon l'âge de l'entreprise, sont rendus à
zéro. Est-ce que...
M. DRUMMOND: Cela, c'est une affirmation du député qui est
fausse.
M. LESSARD: Non, mais c'est quoi? Est-ce qu'on a l'intention justement
de tenir compte de l'amortissement des investissements des entreprises?
M. DRUMMOND: Je ne sais pas, encore, le député peut lire
le journal des Débats de cet après-midi..
M. LESSARD: Non.
M. DRUMMOND: Oui. Oui.
M. LESSARD: En ce qui concerne le rachat des routes?
M. DRUMMOND: Je pense qu'on l'a dit.
M. LESSARD: Vous avez dit quoi? Répétez-moi ce que vous
avez dit.
M. DRUMMOND: A cause du fait que le député ne sait pas
lire, ou...?
M. LESSARD: Non, M. le Président...
M. DRUMMOND: Est-ce qu'il veut relire chaque page, on peut le
répéter à chaque cinq minutes et avant de dormir, ce soir,
je peux répéter la même chose.
M. ROY: M. le Président, tout à l'heure j'ai
été pris dans d'autres travaux et pour mon bénéfice
personnel, je remercie le député de Saguenay, parce que la
réponse que le ministre a donnée là-dessus en
attendant que le journal des Débats soit publié j'en ai
besoin pour pouvoir lui poser d'autres questions à ce sujet. Je ne veux
pas...
M. DRUMMOND: La valeur non dépréciée des
immobilisations.
M. ROY: Je ne veux pas faire reprendre tous les travaux...
M. DRUMMOND: Je viens de répondre.
M. ROY: Et vous avez dit: La valeur non
dépréciée.
M. DRUMMOND: Des immobilisations.
M. ROY: Ce n'est pas la valeur dépréciée; c'est la
valeur non dépréciée.
M. DRUMMOND: C'est cela.
M. ROY: Maintenant, quand vous parlez de la valeur
dépréciée des immobilisations, dans les immobilisations en
forêt, il y a les routes, les ponts, les constructions de campements, de
dépôts.
M. DRUMMOND: D'accord.
M. ROY: Est-ce qu'il y a autre chose?
M. DRUMMOND: Grosso modo, je pense que cela couvre la patente.
M. ROY: Maintenant, est-ce que le ministère a des critères
d'évaluation de ces choses-là? Ou allez-vous prendre les livres
des compagnies?
M. DRUMMOND: C'est notre propre évaluation; nous avons une
équipe d'estimateurs pour faire ces travaux-là.
M. ROY: Maintenant, allez-vous tenir compte uniquement de la valeur
dépréciée, de la valeur que cela peut avoir? Il y a aussi
la valeur d'utilisation. Vous allez prendre, la construction de camps
forestiers, cela peut faire deux ans ou trois ans que les camps ont
été construits; ils sont encore en très bon état,
mais il n'y a plus de bois autour. La valeur d'utilisation, à ce
moment-là, est pratiquement nulle. Il peut en être de même
aussi des routes.
M. DRUMMOND: On tient compte de ce facteur-là aussi. Si une route
d'exploitation n'est plus utilisée, même si physiquement la route
est là, elle est considérée comme complètement
amortie. C'est la même chose pour un camp.
M. ROY: Avez-vous des inventaires de faits, présentement?
M. DRUMMOND: H faut les prendre cas par cas. On a commencé.
M. ROY: Vous avez commencé à faire des inventaires
là-dessus.
M. DRUMMOND: On avait une estimation, comme le sait bien le
député de Saguenay. Ce que je signale, c'est que je ne pense pas
que ce serait valable de lancer un chiffre aujourd'hui basé sur ce qu'on
a fait auparavant, seulement pour publier un chiffre qui n'est pas
nécessairement exact.
M. LESSARD: Lorsque le ministre a décidé de prendre une
période de dix ans pour faire l'abolition des concessions
forestières, il me semble qu'il aurait dû évaluer, s'il ne
l'a pas fait, les coûts. Le ministre conviendra que racheter une
concession forestière dans dix ans, la racheter dans cinq ans ou la
racheter dans deux ans, cela peut être fort différent. Lorsque le
ministre a choisi dix ans de rachat des concessions forestières...
M. DRUMMOND: Selon les modalités. En
fait, c'est la dernière qui va être rachetée la
dixième année. Cela veut dire qu'au bout de dix ans tout va
être aboli. Cela ne veut pas dire que l'abolition va se faire la
dixième année; c'est la dernière concession qui va
être abolie, à ce moment-là.
M. LESSARD: Justement. Mais il y a certainement une différence
entre l'achat d'une concession forestière, qui va être fait dans
cinq ans, en 1979, par rapport à une concession qui peut être
rachetée en 1984. Quand vous avez fait l'estimation, quand vous avez
choisi cette période de dix ans, vous vous êtes basé sur
quelque chose.
M. DRUMMOND: On s'est basé sur le fait qu'il fallait, quand
même, faire l'évaluation de toutes les immobilisations et que,
physiquement, on aurait besoin d'une période de dix ans pour conduire
tous ces travaux.
M. LESSARD: Quand vous parlez de l'évaluation de tous les
investissements, est-ce que vous parlez d'une évaluation graduelle ou
d'une évaluation globale que vous pourriez, par exemple, avoir faite en
créant un comité pour faire cette évaluation?
M. DRUMMOND: Bon, dans nos estimations préliminaires, nous avons
fait une évaluation moyenne, au mille carré, de...
M. LESSARD: De $1,500.
M. DRUMMOND: Non, ça, c'est le droit d'affermage.
M. LESSARD: Mais vous ne l'accordez pas. M. DRUMMOND: On ne l'accorde
pas. M. LESSARD: D'accord.
M. DRUMMOND: On a fait une moyenne, au mille carré, à
partir de l'expérience antérieure et c'est cela qui a
donné un chiffre d'ensemble.
M. LESSARD: Votre moyenne, au mille carré, c'était
combien? Vous en avez déjà racheté; on peut l'estimer par
le rachat que vous avez déjà fait. Combien était votre
moyenne au mille carré?
M. DRUMMOND: Je préfère dire qu'il y a quatre ans, il nous
semblait que c'était à peu près $800 le mille
carré.
M. ROY: Qu'il en coûterait au gouvernement.
M. DRUMMOND: Non, $800 le mille carré, comme valeur moyenne des
immobilisations non dépréciées.
M. ROY: Comme moyenne. Autrement dit, si le gouvernement...
M. DRUMMOND: C'est un chiffre donné de mémoire.
M. ROY: Un chiffre donné de mémoire, d'accord.
M. DRUMMOND: II faudrait que je réfère au dossier pour
vous donner un chiffre exact, mais c'était dans cet ordre de grandeur
là.
M. ROY: Cela veut dire, que si le gouvernement procédait à
l'achat, évidemment, ce serait à peu près cela que le
gouvernement aurait à débourser, compte tenu du fait que le
gouvernement se propose d'acheter en se basant sur la valeur non
dépréciée. Elle coûterait $800 le mille
carré.
Moi, il y a quelque chose qui m'inquiète, je me pose plusieurs
questions là-dessus. On a parlé du livre blanc, on a parlé
de toutes sortes de choses, on a parlé de réaménagement
des concessions forestières ou autres. Je pense bien que ce qui est
intéressant pour la population du Québec, on est ici pour la
représenter, c'est de savoir où ça va nous conduire et ce
que ça va nous rapporter par la suite. Je voudrais être
rassuré sur tout ce rachat des concessions forestières.
M. DRUMMOND: Toute cette reprise.
M. ROY: Toute cette reprise de toutes les concessions
forestières, ce rachat des investissements. Il y a des clauses que le
gouvernement a incluses au moment où on a concédé des
droits de coupe aux compagnies papetières. Il y a des clauses
là-dedans. Les compagnies étaient responsables de
l'aménagement des chemins, des routes. Il y a eu des subventions
accordées là-dessus par le gouvernement, le ministère des
Terres et Forêts. Il y a des taxes non payées, il y a toutes ces
choses. Je me demande si le gouvernement, en rachetant tout cela, a l'intention
de se reprendre, parce que quand même il va y avoir une dépense,
il va y avoir un investissement pour le gouvernement provincial. De quelle
façon, au niveau du gouvernement provincial, pense-t-on pouvoir
rembourser l'Etat, rembourser le gouvernement des sommes qui peuvent être
ainsi investies par le gouvernement pour le rachat de ces prétendus
droits?
M. DRUMMOND: On n'achète pas les droits. M. ROY: Les
investissements, si vous voulez.
M. DRUMMOND: Ils vont payer pour l'utilisation ou...
M. ROY: Vous allez renégocier de nouveaux contrats avec les
compagnies papetières, les droits de coupe pourront être
augmentés?
M. DRUMMOND: L'idée de tout ça c'est de reprendre les
concessions pour établir des unités d'aménagement qui vont
permettre au gouvernement* d'arriver avec une meilleure intégration en
ce qui concerne l'utilisation de matières ligneuses et, dans plusieurs
cas, réduire les distances à l'usine. Ce qu'on cherche vraiment
c'est éviter le gel dans certains endroits et faire l'intégration
avec l'industrie de sciage, de déroulage, etc. C'est ça qui est
important là-dedans; il faut aussi tenir compte des demandes pour la
récréation, surtout près des villes. Alors on va
établir un nouveau système de redevances qui va déterminer
les charges que les compagnies, les utilisateurs vont payer.
M. ROY: Vont payer et qui vont rembourser le gouvernement des sommes
qu'il sera obligé d'investir du fait qu'il rachète ses
investissements.
M. DRUMMOND: C'est ça.
M. ROY: J'aurais pu poser ma question de façon beaucoup plus
simple: Est-ce que vous prévoyez que cela va être payant pour la
province?
M. DRUMMOND: Oui.
M. ROY: Vous en êtes sûr, vous avez fait des études
là-dessus?
M. DRUMMOND: Certainement, pas seulement pour...
M. LESSARD: Pour la province mais aussi pour les diminutions du
coût du bois.
M. DRUMMOND: La diminution du coût du bois c'est pour tout le
monde, mais je pense que ce serait vraiment, comme je l'avais dit, la question
d'avoir une vraie intégration dans l'utilisation.
M. ROY: Je suis bien d'accord sur la question de l'intégration
mais il y a aussi une question pécuniaire à l'intérieur de
tout cela. Alors dans combien de temps? Le gouvernement doit quand même
avoir fait des évaluations là-dessus. Le gouvernement du
Nouveau-Brunswick, lui, se prépare à débourser $110
millions.
M. LESSARD: C'est ça, lui il l'étudie.
M. ROY: ... à la province pour reprendre le contrôle de la
gestion des terres de la couronne par la cessation de tous les permis de coupe
de bois accordé aux sociétés de pâtes et
papier...
M. LESSARD: Le député m'a
précédé.
M. ROY: ... nationaliser tout le réseau routier en forêt,
abolir le privilège exclusif de pêche par bail ou droits
riverains, intégrer en amont comme en aval l'industrie forestière
de la province en vue de relancer sur des bases vraiment concurrentielles cet
important secteur d'activité. Ce serait tout à fait normal que le
gouvernement nous donne des indications en ce qui a trait aux investissements
qui seront requis à ce sujet et sa rentabilité à court,
à moyen et à long termes pour la province, pour les contribuables
du Québec. Je pense que ce serait tout à fait normal,
étant donné qu'on semble s'orienter vers une politique nouvelle,
suite aux annonces qui ont été faites dans le passé. Le
gouvernement a quand même certaines études de faites
jusqu'à ce jour pour qu'on puisse savoir...
M. DRUMMOND: C'est une politique qui a été appuyée
par le Parti créditiste dans le temps où il y avait un Parti
créditiste.
M. ROY: M. le Président, l'honorable ministre des Terres et
Forêts veut encore insinuer que je suis un député
indépendant.
Je lui répéterai ce que j'ai dit en Chambre. Lui, il est
le député dépendant des trusts des pâtes et papiers.
Je préfère peut-être être indépendant
qu'être dépendant des entreprises, en réalité.
Alors, je ne veux pas faire de débat là-dessus, on n'en sortira
pas. Le ministre ne s'en sortira pas, certain.
UNE VOIX: Ah! vous êtes indépendant?
M. ROY: Je reviens à la question que j'avais posée parce
que le gouvernement est très habile dans l'art de détourner les
questions lorsqu'elles deviennent embarrassantes. Mais je n'ai pas perdu le fil
de mon idée. Je veux savoir quelles sont les estimations au niveau de la
rentabilité, à court, à moyen, comme à long terme,
de la nouvelle politique de réaménagement des concessions
forestières au Québec.
M. DRUMMOND: Grosso modo, si on part avec l'hypothèse que l'on
peut arriver à une meilleure utilisation de la forêt je
pense qu'on a fait les preuves de ça et si on a un meilleur
système de redevances avec ça, qui tient compte des chemins,
etc., des immobilisations, il va de soi que ce serait rentable pour la province
en permettant une amélioration en ce qui concerne la structure de
l'industrie forestière.
M. ROY: Ce qui m'inquiète c'est pourquoi j'ai posé
ma question c'est que le ministre, lorsqu'il répond à nos
questions, répond toujours de façon conditionnelle, comme si le
gouvernement n'était pas sûr. On aimerait savoir où le
gouvernement va, là-dedans. On a le droit de le savoir, parce qu'il va y
avoir des centaines de millions de dollars d'impliqués. Imaginez-vous,
si on compare la grandeur du territoire du Québec par rapport au
Nouveau-
Brunswick, et que le Nouveau-Brunswick débourse $110 millions,
alors on peut bien le conclure et il est tout à fait légitime de
le penser.
M. HOUDE (Abitibi-Est): C'est parce qu'il faut le faire à un
moment donné.
M. LESSARD: Justement, M. le Président.
M. ROY: Bien, on veut savoir si vous payez trop cher.
UNE VOIX: Parle donc sérieusement. M. LESSARD: Non, M.
Duchesneau...
M. ROY: Parce qu'on sait que la caisse électorale est toujours
bien garnie.
DES VOIX: Oh!
M. HOUDE (Abitibi-Est): On ne prépare pas le budget de l'An 1, on
fait quelque chose de sérieux.
M. ROY: Non, non ! la caisse électorale était bien garnie.
D'ailleurs, j'ai été témoin. Vous savez, quand on
réussit à traverser la mer Rouge, c'est dans un seul comté
sur la rive sud du Saint-Laurent, on peut en parler de la caisse
électorale du Parti libéral mais je ne veux pas faire de
débat là-dessus.
M. LESSARD: M. le Président,...
M. ROY: C'est une chose qui existe quand même.
M. LESSARD: ... le sous-ministre, M. Duchesneau, nous a dit tout
à l'heure...
M. ROY: C'est le ministre qui a ouvert la porte.
M. LESSARD: ... qu'il avait estimé les investissements à
$800 le mille carré. Est-ce qu'il y a d'autres montants qui ont
été prévus dans l'estimation globale, encore au mille
carré?
M. DRUMMOND: On pourrait peut-être faire une rétrospective
et avoir une vue d'ensemble de tout ça.
M. LESSARD: C'est ça. Enfin, M. le Président.
M. DRUMMOND: Si on se reporte à 1972, à la sortie du livre
blanc, le gouvernement a bien dit qu'il voulait une reprise des concessions
forestières pour que l'Etat puisse avoir la gestion directe de ses
forêts. Alors, il faut rappeler que le système de concessions
forestières, c'est deux choses: c'est un système d'allocation de
la matière ligneuse et c'est une façon de faire la gérance
des forêts.
L'Etat, en faisant l'allocation de la matière ligneuse, confiait
aussi la gérance des forêts à l'entreprise privée.
Alors, en leur reprenant les concessions, le gouvernement doit avoir un
système de l'allocation de la matière ligneuse et aussi faire la
gestion des forêts.
Au moment où nous avons fait des prévisions,
nécessairement nous avons fait des calculs sur la valeur non amortie des
améliorations sur les concessions. Le coût dépend de la
façon dont le paiement de ces amortissements va se faire. Tout ça
est relié au nouveau système d'allocations. Le ministère
veut procéder de la même façon qu'il procède
actuellement sur les forêts domaniales. Alors, au lieu de concéder
un territoire avec tous les bois qui se trouvent sur ce territoire, le
ministère va garantir un volume d'approvisionnement à une
industrie donnée dans une unité d'aménagement
donnée.
Prenons un exemple pratique. Supposons que les rivières
Manicouagan-Outardes forment une unité d'aménagement, en faisant
un contrat d'approvisionnement avec, par exemple, Que-bec North Shore, le
gouvernement va garantir à Quebec North Shore un volume de bois dans
cette unité d'aménagement qui correspondra aux besoins de l'usine
de Quebec North Shore.
Ce volume de bois disparaîtra si l'usine cesse de fonctionner.
Toutes les modalités du contrat sont basées sur ces
prémisses.
C'est, un contrat d'approvisionnement dans une unité
d'aménagement. Ce qui veut dire que dans Manicouagan-Outardes, par
exemple, nous avons Québec North Shore, REXF0R, et il peut y avoir
d'autres entreprises. Le gouvernement garantira donc un volume à
Québec North Shore, et un volume à une autre entreprise. Les
contrats d'approvisionnement vont spécifier pour les prochains dix ans,
par exemple, les endroits où vont se faire les coupes, et tout cela sera
révisé à l'occasion des plans quinquennaux, des plans
décennaux d'aménagement.
M. LESSARD: Cela, c'est pour la politique de l'avenir.
M. DRUMMOND: Bien, c'est la politique de l'avenir; c'est ce que le
ministère est en train de mettre en oeuvre.
M. LESSARD: D'accord.
M. ROY: J'aimerais poser une question: Est-ce que le gouvernement...
M. DRUMMOND: Pour vous donner un exemple des bénéfices
qu'on peut retirer d'un tel système, vous pouvez peut-être prendre
Témiscamingue, avec les scieries du Nord-Ouest. L'usine de
Témiscamingue peut fonctionner strictement à partir des
sous-produits du sciage. CIP possédait et possède encore, pour un
bout de temps qui peut être quelques mois, des concessions dans le
Témiscamingue et l'Abitibi, qui servaient à alimenter l'usine de
Témiscamingue. Certaines scieries du Nord-Ouest voulaient avoir ce bois
pour leur expansion.
Nous avons réalisé une entente entre certaines scieries et
TEMBEC pour que le bois en grume aille aux scieries et que les sous-produits du
sciage aillent à l'usine de Témiscamingue.
Si on avait fonctionné avec le système habituel, il aurait
fallu donner des concessions à TEMBEC et on n'aurait pas eu de bois pour
l'expansion des scieries. C'est le même système qu'on veut
faire...
M. LESSARD: M. le Président, je suis en partie d'accord avec le
système que propose le sous-ministre des Terres et Forêts, mais
cela ne répond pas encore à ma question. Ma question était
celle-ci : Avant de l'instaurer, ce système, il y a des coûts
à payer, des rétrocessions à faire pour que si la CIP, par
exemple qui, a actuellement 25,000 milles carrés de territoire, n'en
utilise peut-être que 50 p.c, 60 p.c. ou 70 p.c, il faut que le
pourcentage non utilisé serve justement aux fins...
M. DRUMMOND: Si vous me permettez, je pourrais continuer. Cela va
répondre à votre question.
M. LESSARD: D'accord, allez-y.
M. DRUMMOND: Je parlais tout à l'heure de plan d'allocation de
matières ligneuses. Puisque vous avez mentionné CIP, prenons cet
exemple. CIP possède plusieurs usines au Québec et elle a
beaucoup de concessions forestières. Il nous faut donc faire une
étude des besoins de ses usines, et dans le plan d'allocation, il va
être prévu des volumes de bois pour chacune d'elles. Ces volumes
de bois vont provenir d'unités d'aménagement données et ne
seront pas supérieurs aux besoins des usines de CIP, en tenant compte de
l'utilisation des copeaux et du bois des propriétés
privées qui pourront être utilisés dans ces usines.
Tout ce système se complète par un système de
redevances variables, qui tiendra compte des difficultés d'exploitation,
des distances de la matière première à l'usine, du
marché des produits finis qui sont fabriqués par cette usine.
Cela veut dire que, pour une usine donnée, le bois sera vendu sur pied
à un prix de X dollars la corde. Ce prix va varier d'une usine à
l'autre par rapport aux usines, par exemple, de pâtes et papiers. Il
variera aussi entre les usines de pâtes et papiers et les usines de
sciage et il pourra même varier d'une usine de sciage à l'autre,
selon la qualité du bois qui sera mis à la dispostion de ces
industries.
M. LESSARD: Non, vous ne répondez pas...
M. DRUMMOND: J'y arrive. Ce que nous prévoyons...
M. LESSARD: Remarquez que je suis fortement intéressé par
ce que vous dites.
M. DRUMMOND: Au lieu de faire un déboursé de la valeur des
améliorations, nous allons discuter l'entente avec chacun des
concessionnaires pour que cette somme d'argent soit amortie à même
les redevances ou le prix de vente de bois sur pied, qui sera payé par
chacune des usines.
Ce qui veut dire que le gouvernement n'aura pas d'argent à
débourser comme tel. Il va y avoir un manque à gagner.
M. LESSARD: II faut en faire l'évaluation.
M. DRUMMOND: C'est fait, en général J'ai parlé
d'une moyenne de $800 le mille carré, tout à l'heure.
M. LESSARD: C'est sûr ça; $800 le mille carré,
est-ce que ça comprend tout?
M. DRUMMOND: Oui, ça comprend tout.
M. LESSARD: Cela voudrait dire que ça coûterait environ
$68,800,000 la réforme de la politique forestière.
M. DRUMMOND: Pour la partie de la rétrocession.
M. LESSARD: Pour la partie de la rétrocession.
M. DRUMMOND: Une évaluation d'il y a quatre ans.
M. LESSARD: Une évaluation d'il y a quatre ans.
M. ROY: Le montant de $68 millions est-ce uniquement pour une
compagnie?
M. DRUMMOND: Non, pour l'ensemble. M. ROY: Combien y a-t-il de milles
carrés?
M. LESSARD: II y a 85,000 milles carrés à $800.
M. DRUMMOND: Toute la réforme est basée sur le fait qu'on
échange...
M. LESSARD: Que vous payiez immédiatement ou que vous disiez
à la compagnie. Pendant X temps, tu ne nous paieras pas de redevances
sur ce que tu vas nous devoir, c'est un coût pareil qu'il faut
évaluer. Il faut le faire pour chacune des compagnies, parce qu'il
faudra préciser que ces redevances ne seront pas payées pendant
une période X.
M. DRUMMOND: Vous l'avez déjà, votre réponse.
M. LESSARD: Vous n'avez donc pas de déboursé à
faire, mais il reste qu'il y a un montant si j'estime cela à $800
tel que vous le dites d'environ $70 millions de déboursé
qui ne sera pas fait, mais qui sera remboursé par
des non-paiements de redevances. Ces non-paiements de redevances seront,
comme vous le dites, un manque à gagner qui sera le coût de la
rétrocession des concessions forestières.
M. DRUMMOND: D'un autre côté, nous aurons des revenus de
l'utilisation de ces immobilisations. Si nous avons un réseau routier
qui a été repris à la suite de l'échange d'une
concession pour un contrat d'approvisionnement, les utilisateurs auront
à payer une contribution pour l'utilisation de ce réseau routier
qui va compenser, en partie, le coût parce que l'utilisation de
matière ligneuse n'a pas à payer tous les coûts de
l'utilisation des forêts.
Ce réseau routier va être utilisé pour d'autres fins
que la matière ligneuse. Alors nous voulons demander une contribution
aux utilisateurs de la matière ligneuse qui soit proportionnelle
à l'utilisation qu'ils vont en faire.
M. LESSARD: Donc, je peux et c'est un peu pour ça que,
depuis 4 h 30, je voulais avoir des informations du ministre estimer,
par des études qui ont été faites il y a quatre ans, que
la rétrocession des concessions forestières coûtera autour
de $70 millions au Québec.
M. DRUMMOND: Non, je ne dirais pas cela parce que tel qu'a
expliqué...
M. LESSARD: Non, non...
M. DRUMMOND: Non, un instant, le sous-ministre...
M. LESSARD: ... ça va rapporter des revenus par la suite mais,
avant d'avoir...
M. DRUMMOND: Oui, oui, alors...
M. LESSARD: ...des revenus, il faut acheter.
M. DRUMMOND: Oui, oui, mais si les revenus sont basés sur le
même échelon de temps que...
M. LESSARD: Non.
M. DRUMMOND: ... le remboursement s'autofinance...
M. LESSARD: Oui, voici...
M. DRUMMOND: ... sauf pour la partie utilisée par les
récréationnistes. Alors, le seul manque à gagner, c'est
vraiment le montant d'argent qu'on dit qui doit être soustrait en ce qui
concerne les activités forestières, à cause du fait que
les compagnies forestières ne doivent pas payer pour la
récréation en forêt par les citoyens.
M. LESSARD: M. le Président, je comprends qu'il n'y aura pas
déboursé immédiat de $70 millions; vous allez justement
l'échelonner par suite du système de redevances.
M. DRUMMOND: Mais, sur le même échelonnement, il va y avoir
des revenus aussi qui vont survenir.
M. LESSARD: Oui, je suis d'accord, mais c'est normal. Quand je fais
l'achat d'une bâtisse, je veux savoir combien je vais la payer et combien
elle va me rapporter par la suite. Ce que je veux dire, c'est que le rachat des
concessions forestières la rentabilité par la suite c'est
une autre affaire la rétrocession des concessions
forestières, quel que soit le système qu'on utilisera pour payer
les compagnies, va coûter au trésor québécois
que ce soit emprunté aux compagnies ou ailleurs $70 millions, qui
seront payés selon un échéancier de dix ans ou de quinze
ans, selon chacune des...
M. DRUMMOND: II y a un système de redevances qui va payer pour
cela, année par année.
M. LESSARD: Ce sont les revenus normaux qu'on doit retirer de nos
ressources naturelles.
M. DRUMMOND: Non, non! pas tout à fait parce que ce sont leur
propre chemin et ils paient pour...
M. LESSARD: Le système de redevances c'est...
M. DRUMMOND: Le système...
M. LESSARD: ... pour remplacer votre droit de coupe.
M. DRUMMOND: ... de vente de bois sur pied va être composé
de deux éléments: L'un sera la redevance pure, qui était
l'équivalent du droit de coupe, pas en argent mais en termes
philosophiques si on peut appeler cela ainsi. L'autre partie va être pour
des frais de gestion. Dans les frais de gestion, il va y avoir l'utilisation
des routes aussi. Mais, si le gouvernement n'avait pas repris la route et
versé une indemnité, il ne demanderait pas à l'utilisateur
de payer une contribution pour l'utilisation de la route. Alors, le coût
réel ne sera pas de $70 millions, il sera inférieur à
cela. Il faut soustraire les revenus qui vont découler de l'utilisation
de ces immobilisations.
M. LESSARD: Mais les revenus, je suis bien d'accord. Actuellement, les
compagnies forestières construisent leur propre chemin, et en
construisant leur propre chemin ça leur coûte de l'argent. Ce
qu'ils vont payer à l'Etat par la suite, puisque ce ne sera pas eux qui
vont construire le chemin, cela va être simplement le coût qu'ils
devaient payer avant la rétrocession
des concessions forestières pour la construction de leur chemin.
Alors c'est une question.
M. DRUMMOND: On part d'un chemin donné, par exemple, qui aurait
été construit par une compagnie. Alors si ce chemin existe, il
n'a pas été construit par le gouvernement, il a été
repris de la compagnie.
M. LESSARD: Vous l'aurez payé.
M. DRUMMOND: Oui, mais on va faire payer pour l'utilisation. Alors le
coût net n'est pas de $70 millions, il faut soustraire les revenus.
M. LESSARD: Cela, je suis d'accord.
M. DRUMMOND: Coût brut. C'est le chiffre qu'on a dit.
M. ROY: Soixante-dix millions environ.
M.,DRUMMOND: Il faut s'entendre sur le brut et sur le net.
M. LESSARD: Je regrette, le député est venu m'aider
à partir de cinq heures et demie, c'est ça...
M. ROY: Je comprends, mais je savais que le député de
Saguenay pouvait tenir... D'ailleurs je l'ai remplacé hier, un bout de
temps, le député de Saguenay.
M. LESSARD: Ah oui, parfaitement. Un front commun circonstanciel.
M. DRUMMOND: Vos positions s'accordent.
M. LESSARD: Alors là, M. le Président, j'ai reçu
enfin une réponse que je voulais avoir depuis quatre heures trente. J'en
suis heureux. A moins que le député veuille parler sur la
question de coût et de rentabilité, j'ai des questions, moi,
concernant justement la politique de rétrocession régionale que
veut appliquer le ministre.
M. ROY: J'aurais des questions à poser. Puisqu'on parle d'une
nouvelle formule pour administrer toute l'affaire, il va y avoir de nouveaux
prix qui vont être établis, comme vient de le dire le
sous-ministre. J'aimerais savoir comment ces prix seront fixés?
M. DRUMMOND: J'ai commencé à vous l'expliquer tout
à l'heure.
M. ROY: Dans les grandes lignes, mais j'aimerais aller un peu plus dans
les détails.
M. DRUMMOND: D'accord. Supposons qu'actuellement le prix du papier
journal est de...
M. ROY: Nous serions aussi bien de revenir après le souper.
La réponse peut être longue.
LE PRESIDENT (M. Picard): Si la réponse est passablement
longue.
M. ROY: II y aura des questions et des sous-questions. On pourra y
revenir.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors la commission suspend ses travaux
jusqu'à vingt heures quinze, même salle.
(Suspension de la séance à 17 h 55)
Reprise de la séance à 20 h 22
M. PICARD (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs! La commission
des richesses naturelles et des terres et forêts continue, ce soir,
l'étude des crédits du ministère des Terres et
Forêts. Nous en étions au programme 4, élément 1.
Pour ceux que la chose intéresse, le compte est de 1 à 0 pour
Boston.
M. DRUMMOND: ... la grosse machine rouge!
M. ROY: II y a sûrement encore du patronage là-dedans!
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce vous qui posez la première
question?
M. LESSARD: On a encore beaucoup de questions.
M. DRUMMOND: On a fait une lecture de ce qu'on a dit il y a deux ans
lorsqu'on a discuté de la même chose qu'on vient de discuter.
M. LESSARD: Qu'est-ce que vous aviez avancé?
M. DRUMMOND: On a dit à peu près tout ce qu'on a dit cet
après-midi. Je veux dire qu'on prend le même terrain.
M. LESSARD: Il y a deux ans, est-ce que vous aviez parlé des $70
millions?
M. DRUMMOND: En chiffres, peut-être pas, mais la question n'a pas
été posée nécessairement non plus. C'étaient
seulement les principes. Le problème, lorsqu'on parle d'un chiffre
donné c'est tout à fait une question politique on
peut toujours dire que ça va coûter tant sans tenir compte de tout
ce qui entre là-dedans comme le remboursement des droits de coupe et des
choses comme ça. On reprend quelque chose, on ajoute un service, on
demande de payer pour un service, ce n'est pas plus que cela. C'est pour dire
que ce sont des estimations qui ne sont pas précises mais ça
donne quand même un ordre de grandeur du problème. C'est la seule
réticence sur le fait de déposer des rapports qu'on a en
abondance.
M. LESSARD: M. le Président, ce dont j'ai discuté au cours
de cet après-midi, c'est toujours des estimations. Cet
après-midi, le ministre m'a précisé, que c'étaient
des estimations qui avaient été faites il y a quatre ans. Comme
il me semble que c'est une question fort importante et que le dossier devrait
suivre normalement les années, est-ce que le ministre pourrait nous dire
s'il y a eu modification de ces estimations? Pour les $800 le mille, est-ce
qu'il y a modification maintenant? Ce que je disais au ministre cet
après-midi, c'est qu'il y a une différence entre acheter une
concession forestière dans cinq ans et dans dix ans.
Comme le ministre avait décidé de faire cette
rétrocession des concessions forestières sur une période
de dix ans, il m'aurait paru normal que le ministre nous dise que, dans cette
estimation qui a été faite il y a quatre ans, il pouvait y avoir
certaines modifications.
M. DRUMMOND: Je ne pense pas que ça change vraiment.
M. LESSARD: Oui, ça change beaucoup.
M. DRUMMOND: Cela ne change pas vraiment le problème ou cela ne
change pas le principe, car je pense que tous les partis étaient
vraiment d'accord sur le principe.
M. LESSARD: On est encore d'accord, mais on n'est pas d'accord pour
donner n'importe quoi aux compagnies, cependant.
M. DRUMMOND: Non, non, ce n'était pas ça. La question est:
En ce qui concerne la valeur non dépréciée des
immobilisations, si on reprend ça, à un moment donné, on
fera payer, pour des droits ensuite.
M. LESSARD: Ce sont des revenus, ça. M. DRUMMOND: Non, non.
Quoi?
M. LESSARD: Ce sont des revenus quand vous faites payer après.
Vous reprenez votre bien puis, après ça, vous faites payer...
M. DRUMMOND: Non, mais on reprend aussi les dépenses
effectuées par eux. On va se faire payer pour cela. Il ne s'agit pas
seulement de parler d'affaires comme ça. Il me semble normal, comme on
l'a expliqué cet après-midi, qu'il y ait un effet en ce qui
concerne le remboursement pour l'utilisation des chemins et des immobilisations
ensuite. C'est ça. On peut truquer les chiffres en parlant, en gros, de
quelque chose comme $65 millions, lorsque ce n'est vraiment pas ça du
tout. C'est un transfert, comme vient de le signaler le député de
Saguenay, lorsqu'il a parlé d'une maison; on fait payer pour
l'amortissement de tout ça. Je suis tout à fait d'accord; c'est
un peu ça qu'on fait. Tout ce que je vais éviter, c'est qu'il n'y
ait une grosse affaire, tant de dollars.
M. LESSARD: J'espère que le ministre est conscient qu'ayant des
richesses on doit retirer quelques revenus. Si nous avions conservé nos
concessions forestières...
M. DRUMMOND: Oui, mais il y a une différence entre un chemin et
une richesse.
M. LESSARD: Le ministre nous dit qu'il va modifier sa politique, qu'au
lieu de faire construire les chemins en forêt par les compagnies
forestières, ça va être le ministère des Terres et
Forêts qui va les construire ou qui va les acheter. Pour ceux qui sont
construits, M. le Président, il me paraît simplement normal que la
compagnie, qui n'a plus à entretenir des chemins, à
l'intérieur des concessions forestières, paie des droits au
gouvernement, des redevances au gouvernement. Mais la question qu'on a à
discuter aujourd'hui...
M. DRUMMOND: Alors, si c'est ça, cela ne coûte rien.
M. LESSARD: Cela ne coûte rien?
M. DRUMMOND: La reprise des concessions, c'est ça. Où cela
va coûter quelque chose...
M. LESSARD: Je ne sais pas quelle sorte de comptabilité vous
avez.
M. DRUMMOND: Non, non. Où cela va coûter quelque
chose...
M. HOUDE (Abitibi-Est): Si vous êtes fort en comptabilité,
on discutera de votre budget.
M. LESSARD: Notre budget était sérieux, et on va le
voir.
M. DRUMMOND: Non.
M. LESSARD: C'est que notre élasticité était...
M. DRUMMOND: Vous avez trop...
M. ROY: M. le Président, on n'a pas le droit, je pense bien, de
sacrifier des phrases savantes comme on est en train de le faire actuellement.
On a parlé du taux d'élasticité pondéré
moyen. Je m'en souviens parce que je faisais partie du débat.
M. LESSARD: Oui. Seulement que...
M. HOUDE (Abitibi-Est): Peut-il nous dire ce que comporte le taux
d'élasticité pondéré moyen?
M. ROY: Si j'étais capable, je serais intéressé
à suivre un cours là-dessus parce que je pense bien que ceux qui
ont prononcé l'expression ne comprenaient pas.
M. HOUDE (Abitibi-Est): Venez me voir après et je vais tout vous
expliquer ça.
M. ROY: Ah bon! Est-ce que vous êtes proche du Parti
québécois?
M. HOUDE (Abitibi-Est): ... économique.
M. LESSARD: Suite aux déclarations de votre ministre des Finances
que notre augmentation du revenu moyen était vraiment conservatrice par
rapport à l'augmentation du revenu moyen prévue par le ministre
Garneau, nos 9.5 p.c. étaient vraiment conservateurs.
LE PRESIDENT (M. Heard): Les crédits.
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais discuter des redevances,
ou plutôt de la façon que le gouvernement a
décidé...
M. ROY: M. le Président, avant qu'on aborde un deuxième
sujet, si on se rappelle, au moment de la suspension pour le souper, j'avais
posé une question au sous-ministre.
M. LESSARD: ... une excellente collaboration avec le
député de Beauce-Sud.
M. ROY: D'accord. Je ne voudrais pas qu'on s'en éloigne trop
parce que je sais que le sous-ministre a bien hâte de répondre
à ma question.
M. DRUMMOND: Je pense que le député de Beauce-Sud a admis,
ce matin, que le député de Saguenay était son patron.
Est-ce que c'est vrai ou faux?
M. LESSARD: Non, non, M. le Président. C'est que nous sommes des
collaborateurs égaux.
M. DRUMMOND: Egaux! Eh bien, cela est une admission.
M. LESSARD: M. le Président... M. DRUMMOND: Non, non.
M. ROY: M. le Président, pourriez-vous rappeler le
ministre...
LE PRESIDENT (M. Picard): C'est une opposition circonstantielle.
M. LESSARD: Mais surtout efficace.
M. ROY: J'aimerais bien que ces paroles ne soient pas incluses dans
notre temps de débat de façon à ce que l'on puisse
discuter des programmes. On est en train, à l'heure actuelle, de
discuter de toutes sortes de choses qui ne concernent pas notre programme.
M. DRUMMOND: Non, non.
M. ROY: La question que je posais au sous-ministre était: Comment
les prix seront-ils fixés en vertu des nouvelles évaluations qui
seront faites et par qui?
M. DRUMMOND: J'expliquais que nous étions pour établir des
valeurs de bois sur pied
qui tiendraient compte des frais d'exploitation des bois, des distances
de transport, de la valeur des boisés au point de vue de la
qualité de peuplement. Nous voulons comparer cela avec les frais de
transformation et les prix de vente des produits finis.
On pourrait discourir longuement sur tout le sujet. On a un rapport,
ici, qui donne un modèle d'évaluation de la valeur des bois sur
pied. Ce serait peut-être long et très technique que de passer
à travers tout cela mais c'est tout simplement pour vous dire que...
M. LESSARD: En vertu de l'article 177, est-ce que le ministre pourrait
déposer le rapport?
M. DRUMMOND: Non, je ne pense pas à ce moment-ci. C'est vraiment
un document de travail. Je comprends bien la question mais on essaie de
discuter des choses qui sont...
M. LESSARD: D'accord.
M. DRUMMOND: En termes généraux, c'est la façon
dont on veut procéder. Si, par exemple, on prend une scierie et qu'on
établit les coûts d'exploitation à $100 les mille pieds,
plus les frais de transformation des bois, on soustrait de cela la valeur du
prix du marché moyen et on arrive avec une somme qui comprend la marge
de profit et de risque de l'utilisateur, plus la redevance de l'Etat.
Alors, au moyen de pourcentages, on établit la redevance de
l'Etat. Cette chose serait calculée annuellement, pour chaque
utilisateur de matière ligneuse et pour chaque unité
d'aménagement.
M. ROY: Qui fixerait les prix? M. DRUMMOND: Le ministère.
M. ROY: Mais quand on parle du ministère, il y a quand même
quelqu'un, à l'intérieur du ministère, un service
quelconque.
M. DRUMMOND: Ce sera l'équipe qui sera chargée de toutes
ces questions, le Service des exploitations forestières.
M. ROY: Est-ce un comité spécial qui sera
formé?
M. DRUMMOND: Une équipe technique sera montée pour faire
ces travaux.
M. ROY: C'est donc l'intention du ministère des Terres et
Forêts de créer une équipe spécialement
attitrée, compétente, pour s'occuper de cette chose d'une
façon spéciale.
M. DRUMMOND: On préconise toujours la compétence au
ministère.
M. ROY: Non, non, je ne discute pas de la compétence des
employés.
M. DRUMMOND: Non, mais c'est vrai, c'est vrai.
M. ROY: Je suis d'accord. D'ailleurs, je ne conteste même pas.
C'est pour cela que je ne l'avais pas dit comme tel. Une équipe
compétente. Je vais revenir sur cette question.
Je veux savoir si ce seront des personnes qui vont être
attitrées comme telles ou si cela va être comme une espèce
d'institution ou d'organisme à l'intérieur du ministère
avec certains pouvoirs bien précis.
M. DRUMMOND: Cela va être le rôle d'un service du
ministère.
M. ROY: Un service spécialisé à cette fin.
M. DRUMMOND: Oui, qui va faire cela, entre autres choses. Il ne fera pas
seulement cela mais cela va être une de ses tâches.
M. ROY: Est-ce qu'il va y avoir des mécanismes de contrôle
et de vérification?
M. DRUMMOND: Si c'est le ministère qui le fait,
nécessairement, toutes les activités du ministère sont
contrôlées et vérifiées. Est-ce que vous entendez un
contrôle à l'intérieur du ministère ou de
l'extérieur ou quoi?
M. ROY: Un contrôle pour vérifier, en somme, lorsqu'il
s'agit d'une responsabilité aussi grande que celle de fixer, pour
l'Etat, les prix devant être demandés à des entreprises.
Des petites, des grosses, des moyennes, des grosses grosses compagnies, parce
qu'on parle de grosses entreprises comme CIP, ou encore la compagnie Domtar.
Cela comporte quand même...
M. DRUMMOND: C'est certain que tout cela sera sujet à
l'approbation du ministre, avant de faire l'objet de charges.
M. ROY: Sujet à l'approbation du ministre.
M. LESSARD: M. le Président, cela me pose des points
d'interrogation. Est-ce que, pour différents secteurs de la forêt,
vous avez déjà évalué un profit normal? Avez-vous
tenu compte de l'efficacité d'une entreprise?
M. DRUMMOND: Pour une étude d'aménagement, on marche avec
l'image d'un opérateur moyen, pour laisser aux entreprises efficaces
leurs profits. Si une entreprise est plus efficace qu'une autre parce qu'un
propriétaire s'en occupe plus ou est un meilleur administrateur, on va
marcher avec des chiffres moyens.
M. LESSARD: Vous êtes prêt à aller jusqu'à
contrôler les profits?
M. DRUMMOND: Non.
M. ROY: Oui, on a dit qu'on en tenait compte tantôt.
M. DRUMMOND: On en tient compte, mais on ne les contrôle pas.
M. ROY: Oui mais vous savez que les profits c'est relatif, très
relatif. Je me pose de sérieuses questions à la suite des
sérieuses questions que se pose le député de Saguenay.
M. DRUMMOND: Sur quoi? Sur la formule ou sur...
M. ROY: Sur la formule même. Je me pose réellement,
sincèrement des questions, étant donné qu'on parle de
mécanismes de contrôle et de vérification. Il n'y a pas une
institution qui ne permet pas aux actionnaires d'une entreprise, à un
moment donné, d'adopter des résolutions, à
l'assemblée générale annuelle, pour demander que tout le
bilan, toute l'administration de l'entreprise soit vérifiée par
une maison de comptables ou une maison de vérificateurs, et le
vérificateur est responsable non pas devant les administrateurs mais
devant les actionnaires et devant l'assemblée générale. Je
fais une comparaison. Lorsqu'on parle de toutes les forêts du
Québec, de toute la valeur que ça représente, on nous dit
qu'il va y avoir, à l'intérieur du ministère, une section,
un secteur, où certaines personnes seront mandatées, seront
attitrées, de façon à évaluer ce que pourra payer
l'entreprise, tenant compte d'une foule de facteurs, facteurs qui peuvent
changer dans le cours de l'année d'opération, qui peuvent changer
d'une année à l'autre.
Pour une entreprise qui a, par exemple, à négocier sur une
période de trois ans, la première année, c'est assez
facile de faire figurer des déficits pour être capable de
renégocier le prix et, la deuxième année, de faire de
meilleurs profits.
M. DRUMMOND: Mais je pense que ce...
M. ROY: II faut tenir compte de toutes ces choses.
M. DRUMMOND: ... qu'il faut expliquer, c'est qu'on ne se servira pas des
livres de l'entreprise pour établir le prix qu'elle aura à payer.
On va prendre le coût moyen, par exemple, pour transformer une tonne de
papier d'une entreprise moyenne.
M. LESSARD: Les entreprises qui ne pourront pas faire de profits
à partir de ce coût moyen seront appelées à
disparaître?
M. DRUMMOND: Bien, ce n'est certainement pas la valeur du bois sur pied
qu'elles auront à payer qui va changer quelque chose dans leur marge de
profits.
M. ROY: J'ai l'impression que...
M. DRUMMOND: Si ça leur coûte $25 la tonne de plus à
cause d'autres facteurs, on dit que c'est seulement quelque chose qui est au
bout de l'inventaire.
M. ROY: J'ai nettement l'impression qu'il y a un principe qui est
faussé au point de départ. Lorsqu'on crée, dans un secteur
donné, une entreprise qui transforme une matière première,
elle évalue d'abord ses prix de vente.
M. DRUMMOND: Non, non, admettons au départ que l'Etat
possède des terres. Qu'est-ce qu'on doit faire payer, disons, pour
l'utilisation de cette matière ligneuse? C'est ça le
problème, le principe. On commence avec ça et on essaie de
créer une formule qui tient compte du fait que l'Etat a besoin et doit
avoir un rendement sur ses forêts. Alors, il faut discuter; ce n'est pas
parfait. On a essayé une telle formule en Colombie-Britannique;
peut-être que c'était trop compliqué, mais, quand
même, on pense que c'est la meilleure approche.
M. LESSARD: Votre idée, c'est d'établir un prix moyen,
pour l'ensemble des entreprises...
M. DRUMMOND: En ce qui concerne la rentabilité moyenne.
M. LESSARD: Parce qu'une entreprise normale doit, en ce qui
concerne...
M. DRUMMOND: Elle doit faire ça. Si on veut faire pression pour
rentabiliser l'industrie en soi, on pourrait changer la formule pour dire: On
doit faire ça, et en subir les conséquences. Cela
améliorerait peut-être l'industrie, mais on prend les chiffres
moyens pour commencer. Je pense que c'est logique; c'est une des choses que
nous allons discuter.
M. LESSARD: Moi je pense qu'il est normal que l'Etat évalue,
à un moment donné, une certaine rentabilité pour
l'entreprise moyenne, puisqu'à partir de cette rentabilité l'Etat
aille chercher des redevances. En fait, suite à la déclaration du
ministre et du sous-ministre, ce que je craignais, c'est que cette
évaluation se fasse pour chacune des entreprises au Québec.
M. DRUMMOND: Non, non! ce n'est pas ça. C'est pourquoi on prend
une moyenne et on ne le fait pas en ce qui concerne les coûts. Ce n'est
pas par entreprise, c'est par unité d'aménagement ou
sous-unités. En tenant compte du coût de transformation aux usines
types.
M. LESSARD: C'est ça, en tenant compte aussi, en fait, du...
M. DRUMMOND: Du coût d'exploitation dans une...
M. LESSARD: ... nombre de milles des concessions, des frais de
transport, en tenant compte du taux de regénération du
boisé, vous établissez un coût moyen puis ce coût
moyen, en fait, dans une région donnée va être le
même pour l'ensemble des entreprises.
M. DRUMMOND: Ou dans une sous-région. Là où on
trouve une certaine difficulté...
M. LESSARD: Cela correspond un peu à...
M. DRUMMOND: ... à ce moment-ci c'est quand il s'agit de trouver
le nombre de régions et de sous-régions qui vont vraiment nous
donner un bon portrait de la situation.
M. LESSARD: A l'exception de Rayonier Québec, c'est un peu ce que
vous faites actuellement pour des compagnies forestières concernant les
droits de coupe. Dans certaines régions plus accidentées, vous
demandez des prix moindres, mais là ça va être plus
complet.
M. DRUMMOND: Ce serait normalisé. M. LESSARD: D'accord.
M. DRUMMOND: On va en venir à un mode d'application comme
ça.
M. ROY: Est-ce que vous avez parfois songé à
étudier la formule je ne sais pas dans quelle mesure ça
pourrait être utilisé, mais je pose la question tout simplement
qui consisterait à utiliser les demandes de soumissions de la
part des entreprises? Je vais prendre un exemple, je vais faire un
parallèle. Le ministre pourra peut-être me répondre que
c'est mélanger des choux avec des carottes, c'est peut-être vrai,
mais il y a quand même une question de principe fondamental...
M. DRUMMOND: Cela, c'est un problème aigu, surtout dans la
région du député de Beauce-Sud.
M. ROY: Non, je ne parlais pas pour ma région en particulier,
mais...
M. LESSARD: C'est comme les tomates, aujourd'hui, de Manseau... Non, on
ne nous en a pas tiré, mais c'est le ministre de l'Agriculture...
M. DRUMMOND: Est-ce que le député de Saguenay a
travaillé à la corvée l'année dernière?
M. LESSARD: Malheureusement non, M. le Président, c'est
qu'à sept députés on ne pouvait pas se diviser puis aller
travailler à la corvée. On avait d'autres corvées à
faire.
M. ROY: Laissons cela de côté, malgré que c'est une
très belle chose aujourd'hui que le lancement de la tomate...
M. DRUMMOND: Et comment!
M. ROY: J'aimerais revenir un peu en forêt pour demander au
ministre, si la question, par exemple, de procéder par soumissions
publiques, lorsqu'un bloc de bois devient à maturité pour son
exploitation, compte tenu que les compagnies, elles, savent ce qu'il en
coûte de frais de fonctionnement, qu'elles connaissent les prix du
marché, elles ont même des estimations de faites concernant les
prix ou l'évolution du marché au cours de certains mois à
venir, est-ce que le principe de cette formule a été retenu par
le ministère?
M. DRUMMOND: Il y a des problèmes avec la formule lorsqu'on
fonctionne comme cela. Un des problèmes primordiaux, c'est le fait que
les gars peuvent s'arranger assez bien entre eux.
M. ROY: Faire du "lobbying".
M. DRUMMOND: Non, non, des ententes. M. ROY: C'est du "lobbying" entre
eux.
M. DRUMMOND: Ce n'est pas du "lobbying", ils s'arrangent.
LE PRESIDENT (M. Picard): Du "price fixing".
M. DRUMMOND: C'est du "price fixing" entre eux pour les blocs. C'est
beau un tel principe, mais ça ne peut pas marcher. Il y a une autre
affaire.
M. DRUMMOND: Nous avons considéré la formule.
M. ROY: Vous avez considéré la formule.
M. DRUMMOND: C'était une faiblesse qu'on avait remarquée.
L'autre...
M. LESSARD: D'autant plus que les compagnies, dans certaines
régions du Québec, ne sont pas vraiment concurrentielles,
c'est-à-dire soit qu'elles ont leur usine à papier établie
à telle place...
M. DRUMMOND: C'est cela.
M. LESSARD: Comme Quebec North Shore, par exemple. Si on vend sa
concession forestière aux plus offrants, je ne pense pas que la CIP, qui
n'a pas d'usine dans la région, soit intéressée à
soumissionner dans la région de Baie-Comeau-Hauterive.
M. DRUMMOND: II y a un autre aspect, là-dedans. Il me semble
qu'aux Etats-Unis on ouvre un bloc chaque année, ils ont des encans.
Ici, avec notre système, lorsqu'on désire construire une
scierie, il faut une garantie d'approvisionnement minime pour la plupart. Cela,
si on veut une subvention du gouvernement fédéral ou des choses
comme ça; il faut ensuite une garantie. Je pense qu'on a la meilleure
formule en tenant compte des circonstances dans la province de
Québec.
M. ROY: Aux Etats-Unis, ils procèdent par la vente de blocs, si
j'ai bien compris ce que vous venez de dire?
M. DRUMMOND: Cela fait partie de l'affaire de US Forestry Service, qui
ouvre des blocs. Ils procèdent de cette façon-là, je pense
bien, dans certains endroits; dans d'autres endroits, c'est la question des
terres privées qui est impliquée.
La différence est qu'aux Etats-Unis il y a beaucoup plus de
terrains privés et les approvisionnements qui viennent des terres
publiques sont des approvisionnements complémentaires.
M. ROY: Je reviens sur la question que j'ai posée tout à
l'heure, les mécanismes de contrôle et de vérification.
M. DRUMMOND: Chaque prix va faire l'objet d'un rapport qui va être
soumis à l'approbation du ministre; ce ne sont pas des fonctionnaires
qui vont décider d'eux-mêmes.
M. ROY: C'est le ministre.
M. DRUMMOND: Qui va avoir à sanctionner...
M. ROY: Les décisions qui ont été prises. M.
DRUMMOND: Oui, c'est cela.
M. ROY: Cela me porterait à poser une question, et ce ne sont pas
des intentions que je veux prêter au ministre. Je tiens bien compte d'un
autre facteur. On sait très bien que le "lobbying" je parlais du
"lobbying" tout à l'heure n'est pas une chose qui est disparue de
nos moeurs.
M. DRUMMOND: Le "lobbying"...
M. ROY: Le "lobbying" n'est pas disparu de nos moeurs.
M. DRUMMOND: ... ne disparaîtra jamais. Dans n'importe quel
système, le "lobbying" va continuer d'une façon.
M. LESSARD: II peut être moins fort.
M. DRUMMOND: Non, aussi longtemps qu'on désire quelque
chose...
M. LESSARD: II peut être moins fort au point de vue des
systèmes.
M. DRUMMOND: II y aura du "lobbying" sous n'importe quel pouvoir.
M. LESSARD : Ce que je veux dire c'est que sous certains pouvoirs on
peut les écouter moins que d'autres.
M. DRUMMOND: Non, non!
M. LESSARD: Lorsque vous avez une caisse électorale fournie par
le lobbying, vous êtes obligé de les écouter. Lorsque vous
n'avez pas une caisse électorale qui est financée par le
lobbying, vous êtes capable d'être plus indépendant.
M. DRUMMOND: Si je parle pour moi-même, dans le comté de
Westmount, la caisse électorale n'est pas très importante.
M. LESSARD: C'est certain que le principe du lobbying, suivant lequel
chacun doit s'occuper de ses intérêts et essayer de les
défendre, même auprès du gouvernement, il va toujours
exister, mais par exemple...
UNE VOIX: La CSN.
M. LESSARD: ... non la CSN ne finance aucunement le Parti
québécois.
M. HOUDE (Abitibi-Est): On peut parler de l'Alcan.
M. LESSARD: L'Alcan?
M. HOUDE (Abitibi-Est): Oui.
M. LESSARD: C'est quoi, ça?
M. HOUDE (Abitibi-Est): La contribution de l'Alcan à la caisse du
PQ, en 1970.
M. LESSARD: Estrce que le député pourrait me
donner des explications?
M. HOUDE (Abitibi-Est): Sûrement.
M. LESSARD: Est-ce que le député pourrait me donner
certaines preuves, l'Alcan?
M. HOUDE (Abitibi-Est): Vous lancez des accusations envers notre
parti.
M. LESSARD: Nous autres, on a des preuves.
M. HOUDE (Abitibi-Est): Je peux en lancer, moi aussi.
M. LESSARD: William O'Bront.
M. DRUMMOND: Je pense qu'on a une commission parlementaire pour discuter
ces questions.
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre!
M. LESSARD: On demande justement la convocation de la commission des
comptes publics...
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre! A l'ordre!
M. LESSARD: Est-ce que le ministre pourrait intervenir auprès du
premier ministre pour faire en sorte que la commission des comptes publics
puisse siéger?
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît ! Est-ce que
l'élément 1 du programme 4, est adopté?
M. DRUMMOND: Ce que je dis c'est que dans n'importe quel système,
tous les gens qui ont intérêt...
M. LESSARD: Chacun a à défendre ses
intérêts.
M. DRUMMOND: ... ils font leur propre système de lobbying.
M. ROY: Mais quand une décision a été prise que le
prix de la coupe de bois était uniforme dans le Québec le
prix de la coupe de bois a été uniforme longtemps dans le
Québec, auprès des compagnies papetières, si mes
informations sont exactes?
M. DRUMMOND: II est toujours uniforme.
M. ROY: II est toujours uniforme. A ce moment-là, il est
évident que le lobbying est moins fort. Si le prix peut varier comme
ça, compte tenu de toutes sortes de facteurs, comme on l'a
mentionné tout à l'heure, je ne dis pas que ce ne sont pas des
facteurs valables, ce n'est pas ça que je veux dire, je dis que la porte
est ouverte à un lobbying assez fort. Je ne veux pas prêter
d'intention au ministre, mais le ministre n'est pas à l'abri des
faiblesses humaines. D'ailleurs, il y a un éminent chef d'Etat qui a
dit, il n'y a pas longtemps, je pense, la semaine dernière, que lui non
plus n'était pas à l'épreuve des faiblesses humaines.
Alors il ne faudrait pas faire en sorte...
M. HOUDE (Abitibi-Est):...
M. ROY: Je ne l'ai jamais dit non plus.
M. HOUDE (Abitibi-Est): C'est le chef du parti présidentiel qui a
dit ça.
M. ROY: En tout cas, si vous avez des relations avec lui, vous lui
poserez la question.
La question que je posais au ministre c'est: Vous ne pensez pas qu'il y
a un danger? Moi, j'aimerais bien être rassuré de ce
côté, étant donné toutes les fluctuations qu'il peut
y avoir.
M. DRUMMOND: Le meilleur contrôle qu'il va y avoir
là-dedans, c'est que chaque industriel va surveiller ce qu'on va
négocier avec l'autre. Si on n'est pas vraiment sur une base logique,
rationnelle, qui tienne compte de tous les facteurs, des facteurs à leur
juste valeur, le système ne tiendra pas.
M. ROY: Est-ce que cela va être public, les prix que vous allez
négocier avec les compagnies.
M. DRUMMOND: Imaginez-vous que cela va se savoir de l'un à
l'autre.
M. ROY: Je demanderai le dépôt de documents à
l'Assemblée nationale.
M. DRUMMOND: On pourrait évidemment faire ça. Mais au
moment où les choses se sauraient, il est clair que, dans toute
l'industrie, il y aurait un changement de règles. Je pense que c'est
cela qu'il voulait dire, parce qu'au moment de la signature de n'importe quel
contrat, tout le monde de l'industrie est au courant. Ce n'est pas la question
de déposer les documents, c'est la question que les mots voyagent pas
mal vite.
M. ROY: Je ne voudrais pas, et c'est le but des questions que je posais,
que le ministère des Terres et Forêts du Québec, le
gouvernement de la province, compte tenu des montants qu'il peut retirer,
devienne à lui seul le coussin amortisseur de toutes les fluctuations
économiques que pourraient subir les entreprises.
Je pense quand même que le gouvernement ne relèvera pas sa
contribution, ne relèvera pas les droits qui seront exigés sur
les forêts concédées ou les droits de coupe exigibles si
l'entreprise fait des profits beaucoup supérieurs à ce qui avait
été prévu à l'origine. Il peut y avoir des
entreprises qui sont dans le même domaine. C'est une question
d'administration de l'entreprise, une question d'efficacité, une
question de rendement, une question d'initiative personnelle au niveau du choix
des marchés et des possibilités d'obtenir des marchés.
Par exemple, à cause des taux d'escompte qui peuvent varier entre
les Etats-Unis et le Canada, compte tenu du fait que le gros bloc de la
production de papier est exporté vers les Etats-Unis, on sait
très bien qu'il y a quelques années les compagnies
papetières ont dû envisager des dépenses et des
déboursés assez considérables, qu'elles ont dû
compenser en baissant leur inventaire pour ne pas augmenter leurs frais fixes,
leurs frais d'administration. C'est à ce moment-là qu'on a vu
qu'il n'y avait pas de demande pour le bois. Les petits producteurs de
boisés de ferme ne pouvaient pas vendre leur bois aux compagnies parce
qu'il n'y avait pas de demande. Les compagnies essayaient de baisser les
inventaires.
M. DRUMMOND: Peut-être que je peux répondre.
M. ROY: Je n'ai pas fini, mais je pense que le ministre a
peut-être déjà compris ce que je veux dire.
M. DRUMMOND: Oui, oui.
M. ROY: Je ne voudrais pas que le ministère ou la province
deviennent le régulateur devant toutes les difficultés
économiques.
M. DRUMMOND: Nous étions, dans le passé, un peu le
régulateur. Lorsqu'il y avait un problème en ce qui concernait le
bois des cultivateurs privés, on a agi en établissant les volumes
que les compagnies de pâtes et papiers étaient forcées
à recevoir. Alors, on était le régulateur. Disons encore
que c'était je m'en souviens bien appuyé et par le
Ralliement créditiste et par le Parti québécois.
Alors, on avait un rôle de régulateur qui était
appuyé par tout le monde.
M. LESSARD: C'est-à-dire qu'on allait beaucoup plus loin que le
ministre, comme d'habitude, d'ailleurs.
M. ROY: Le ministre ne va pas bien loin.
M.,DRUMMOND: Oui, d'accord. Mais je dois dire aussi que, lorsqu'on a la
responsabilité du pouvoir, il s'agit de juger les choses.
M. LESSARD: II a fallu...
M. DRUMMOND: C'est l'art du possible. Mais, quand même...
M. LESSARD: ... que je défende la politique forestière du
ministre contre les grosses compagnies. Continuez.
M. DRUMMOND: Non, non. M. LESSARD: Oui, oui.
M. DRUMMOND: J'étais appuyé par mes collègues du
Parti libéral, parce que, lorsqu'on a élaboré la politique
forestière, cela a été discuté avec le caucus
libéral, même avant la présentation au cabinet. Alors,
j'avais l'appui de tout le Parti libéral. Il s'agit de savoir à
quelle vitesse on peut procéder pour vraiment garantir que ce soit bien
fait. Cela entre là-dedans aussi.
Le député de Beauce-Sud a parlé du fait qu'il
n'aime pas l'idée que l'Etat soit un régulateur. Mais je sais
bien que, lorsqu'on a agi comme régulateur, cela a été
bien accepté et bien approuvé par tout le monde, et pour cause,
parce que...
M. ROY: Un instant!
M. DRUMMOND: ... c'était une bonne cause.
M. ROY: Je m'excuse, mais je n'ai pas dit que je blâmais le
gouvernement d'avoir agi comme régulateur dans ce cas précis.
J'ai dit tout simplement que j'avais certaines appréhensions et que je
ne voulais pas que le gouvernement devienne à lui seul le
régulateur, compte tenu des critères et des normes qu'on semble
vouloir établir dans la fixation des prix pour tâcher de faire
face aux fluctuations économiques que peuvent rencontrer les
entreprises. Les fluctuations économiques, cela joue dans deux sens. Il
ne faudrait pas que l'Etat joue uniquement dans le sens de céder, lui,
lorsque cela coûte plus cher et que les autres aient les
bénéfices lorsque c'est plus rentable.
C'était là, le sens de mon intervention. Je n'ai pas du
tout fait allusion au fait qu'à un moment donné le gouvernement
est intervenu un peu comme régulateur pour tâcher de venir en aide
aux petits producteurs de boisés de fermes. Ce n'est pas cela du tout
que j'ai voulu dire. Les événements auxquels j'ai fait
référence tout à l'heure, M. le Président
j'aurais peut-être dû le mentionner à ce moment-là
étaient des événements qui se sont
déjà produits dans l'industrie des pâtes et papiers et qui
étaient antérieurs au moment où le ministre a eu la
responsabilité d'assumer le leadership dans le ministère des
Terres et Forêts.
C'était tout simplement cela, parce que l'industrie des
pâtes et papiers, dans la province de Québec, a toujours
été une industrie de base. La forêt a toujours
constitué une richesse de base pour la province. On sait qu'elle
dépend du marché américain et on sait que les fluctuations
du dollar ont influencé énormément et ont causé des
problèmes assez aigus à l'industrie des pâtes et papiers,
à certains moments. Les compagnies ont dû diminuer leurs
réserves, à cause justement de ce facteur, pour diminuer les
frais fixes en guise de compensation. Alors les compagnies papetières
ont dû avoir recours à d'autres mesures dans l'administration de
leurs entreprises, de façon à être capables
d'équilibrer leur budget et de continuer à fonctionner.
C'était le sens de mon intervention, M. le Président. Il
ne faudrait quand même pas que le gouvernement devienne le seul
élément à compenser ou à accorder des
privilèges aux entreprises en cas de difficulté. Je ne voulais
pas aller plus loin.
M. LESSARD: M. le Président, suite à la discussion que
nous avons eue cet après-midi concernant le coût brut, si vous
voulez, de la rétrocession des concessions forestières, le
sous-ministre nous a indiqué que le paiement allait être
échelonné sur une période X, à partir des nouvelles
redevances que des compagnies devraient payer.
M. le Président, je me demande si le gouvernement n'est pas en
train de perdre sa force de
négociation auprès des compagnies pour que le
ministre puisse comprendre son "bargaining power". Un principe bien
psychologique est que, si je m'en vais acheter, par exemple, une maison
d'appartements et que je n'ai pas un cent à donner, à ce
moment-là ma force de négociation va être assez faible.
Il semble actuellement que, si le gouvernement décide de faire la
rétrocession des concessions forestières, il va demander aux
compagnies de financer cette rétrocession des concessions
forestières plutôt qu'emprunter. Est-ce que ce ne serait pas
accepter le fait que le gouvernement soit beaucoup plus faible devant les
compagnies, alors qu'il y aurait probablement possibilité de faire cette
rétrocession en empruntant tout simplement? Je suis assuré que
les compagnies vont charger, de toute façon, le taux
d'intérêt. Par exemple, probablement que Quebec North Shore a
6,500 milles de territoire. Si on évalue à $800 le mille, cela
veut dire autour de $5 millions. La compagnie, en fait, prête au
gouvernement...
M. DRUMMOND: II ne faut pas oublier que c'est une moyenne.
M. LESSARD: Oui, c'est une moyenne, d'accord, mais je parle toujours de
la moyenne...
M. DRUMMOND: Le fait de faire le calcul avec un cas particulier comme
Quebec North Shore est déjà faux.
M. LESSARD: Je suis d'accord, M. le Président, que toute
statistique établie à l'ensemble du Québec est toujours
une statistique fausse, mais le principe demeure le même.
M. DRUMMOND: Même plus que cela. Il faut tenir compte du fait que
la reprise serait faite sur une période d'années. Je suis tout
à fait d'accord que, dans certains cas, cela vaudrait peut-être la
peine de payer toute la patente et de procéder d'une autre façon.
On joue avec le taux d'intérêt, on joue avec les montants
forfaitaires, on joue avec tout cela.
Alors, il faut regarder cela, en tout cas. Ce n'est pas grave, cet
aspect. Tout ce que je veux ajouter...
M. LESSARD: Elle est plus compliquée que la mienne,
celle-là.
M. DRUMMOND: Ce n'est pas du "bugging", j'espère.
M. LESSARD: Non, c'est parce qu'elle est plus compliquée que la
mienne.
M. DRUMMOND: Je ne pense pas qu'il y ait de "bugging" ici.
M. LESSARD: Lors de la prochaine commission parlementaire, je vais
apporter ma machine à calculer, ça ira plus vite.
M. DRUMMOND: Au lieu de le faire à la mitaine avec lui.
Je ne trouve pas que cela est un argument vis-à-vis le pouvoir de
l'Etat dans le "bargaining" parce que notre pouvoir est vraiment le fait que
ces terres nous appartiennent. C'est pour moi un pouvoir absolu mais par contre
il faut, en faisant tout ça, agir avec équité et je pense
que nous avons ce pouvoir dans le "bargaining".
M. LESSARD: Justement, M. le Président, lorsque le ministre
affirme que ces terres lui appartiennent, je pense que du point de vue du
gouvernement c'est vrai que ces terres lui appartiennent, mais le
problème qui se pose est que la compagnie pense aussi que ces terres lui
appartiennent. Donc, dans la négociation que vous ferez avec ces
compagnies, vous serez deux à négocier.
Est-ce que cette optique de remboursement sur une période de dix
ans, selon les redevances qu'une compagnie devra normalement payer sur les
droits de coupe, à la suite des discussions que vous avez eues avec les
compagnies privées je ne doute pas que vous en ayez eu est
facilement acceptée par les entreprises forestières?
M. DRUMMOND: Je ne sais pas. Je dis que nous avons le pouvoir en ce qui
concerne le "bargaining", et pour une raison ou pour une autre le
député de Saguenay semble penser que ce sont les grosses
compagnies qui ont le pouvoir de "bargaining". Pourquoi voulez-vous, en parlant
comme ça, essayer d'affaiblir dans votre pensée notre pouvoir de
"bargaining"?
M. LESSARD: M. le Président, le ministère a
décidé, au cours des dix prochaines années, selon le
calendrier qui est précisé, d'acheter un certain nombre de biens
qui appartiennent actuellement, selon l'opinion du ministère des Terres
et Forêts, aux compagnies. Lorsque le ministre me parle de la
possibilité de $70 millions pour le rachat des investissements d'une
entreprise à l'intérieur des concessions
forestières...
M. DRUMMOND: J'ai parlé d'une valeur de...
M. LESSARD: De $70 millions. M. DRUMMOND: Je n'ai pas dit ça.
M. LESSARD: C'est-à-dire que nous l'avons calculé à
partir du chiffre que nous a soumis le sous-ministre.
M. DRUMMOND: C'est selon les calculs que nous avions fait...
M. LESSARD: A $800 le mille carré, les 85,000 milles qui sont
actuellement sous con-
cession forestière, cela fait environ $70 millions.
J'accepte le principe, mais je demandais au ministre si ces chiffres
avaient été, par la suite, modifiés. Il paraît
normal que le ministre, dans sa réforme des politiques
forestières, ne devrait pas se limiter aux chiffres d'il y a quatre ans.
Aujourd'hui, ça voudrait dire combien, ces $800?
M. DRUMMOND: ... parce qu'après cela, ça devient une
question de négociation. Lorsqu'on affirme le principe, on prend les
moyens, mais évidemment il faut prendre chaque cas un à un.
M. LESSARD: De toute façon, je disais que les compagnies
forestières sont quand même propriétaires de biens
immobiliers équivalant à la somme de $70 millions
évalués selon les chiffres du ministère il y a quatre ans.
Quand vous achetez un bien, vous reconnaissez donc...
M. DRUMMOND: Je suis d'accord, je dis que c'est une estimation globale,
pas pour une compagnie en particulier.
M. LESSARD: D'accord, j'accepte que ce soit une estimation globale pour
l'ensemble de la réforme forestière que prévoit le
ministre, mais cependant, lorsqu'une compagnie forestière qui est
propriétaire ou à qui on a loué une concession
forestière se fait acheter cette concession forestière non
pas tellement la concession que les immobilisations qu'il y a dedans
elle s'attend normalement à être payée en argent.
Ou bien, si elle n'est pas payée en argent immédiatement,
elle devra calculer, si c'est payé sur une période de dix ans,
elle aussi un manque à gagner de tant de milliers de dollars. Donc, la
compagnie va avoir à calculer le taux d'intérêt du manque
à gagner qu'elle va connaître du fait que le gouvernement ne paie
pas en argent comptant.
Alors, je me dis une chose: Lorsque vous allez négocier devant
une compagnie et que vous n'avez pas l'argent pour payer exactement
l'immobilisation, le "bargaining power", ce n'est pas vous autres qui l'avez,
c'est la compagnie.
M. DRUMMOND: Du tout, du tout! Vous suggérez qu'on paie
comptant?
M. LESSARD: M. le Président, je pense que, plutôt que de
payer un intérêt qui sera probablement caché, le
gouvernement devrait payer comptant.
M. DRUMMOND : Donc, si on négocie de meilleures conditions que du
comptant, vous serez d'accord aussi?
M. LESSARD: Bien, j'espère justement que vous allez être
capable de négocier de meilleures conditions que du comptant.
M. DRUMMOND: Le pire qui peut nous arriver...
M. LESSARD: Et cela j'en douterais.
M. DRUMMOND: ... c'est qu'on ait à payer comptant. On essaie de
faire mieux.
M. LESSARD: En tout cas, on verra, M. le Président. Je pense
que...
UNE VOIX: Nous savons négocier.
M. LESSARD: ... la meilleure façon d'avoir une force devant les
compagnies forestières, ce n'est pas en leur disant: On vient
négocier avec vous autres, mais on n'a aucun sou à vous donner
pour racheter votre concession forestière.
M. DRUMMOND: Nous n'avons pas dit ça. C'est le
député de Saguenay qui le dit.
M.LESSARD: Bien, c'est ce qu'on nous laisse entendre.
M. DRUMMOND: Non, on n'a pas dit cela nécessairement. On essaie
de choisir le meilleur moyen pour y arriver; on va regarder cas par cas les
options disponibles. On travaille pour la population, on travaille pour le
gouvernement du Québec. On ne travaille pas pour n'importe quel groupe
à part. C'est notre rôle, c'est notre devoir. A ce moment-ci, on
ne discute pas les principes; on discute vraiment les modalités.
M. LESSARD: D'accord. Donc, vous n'avez pas actuellement prévu ou
vous ne vous êtes pas actuellement engagés auprès des
compagnies sur une façon de payer la rétrocession des concessions
forestières?
M. DRUMMOND: Pardon?
M. LESSARD: Vous ne vous êtes pas engagés, actuellement,
sur la façon de payer la rétrocession des concessions
forestières?
M. DRUMMOND: Non, non, non! C'est ça qu'on négocie. Je ne
pense pas que le problème soit aigu comme, peut-être, il
l'était il y a quelques années, lorsqu'on avait discuté
cette formule. Mais, dans une période donnée, il y aurait
toujours la possibilité, si on donne de l'argent comptant, que ce soit
investi ailleurs que dans la province de Québec. Alors, n'importe quel
gouvernement serait pas mal critiqué de payer X dollars comptant et que
le lendemain on annonce un investissement ailleurs. Alors, c'est pour
ça...
M. LESSARD: Vous n'avez pas négocié auprès de la
Banque du Canada pour avoir des prêts sans intérêt?
M. DRUMMOND: Pardon?
M. LESSARD: Vous n'avez pas négocié auprès de la
Banque du Canada pour avoir des prêts sans intérêt?
M. DRUMMOND: Non, mais il faut regarder quand même toutes ces
choses. Je ne pense pas qu'aujourd'hui ce serait le cas, mais, il y a quelques
années, c'était un peu le cas. Il y avait une possibilité
là-dedans.
M. LESSARD: Maintenant, M. le Président, je voudrais discuter
justement de la façon dont cette rétrocession va se faire. Le
ministre, en date du mois de février 1974, affirmait ceci, selon les
rapports des journaux, dans un article de la Presse, février 1974, de M.
Lionel Desjardins: "Le ministre des Terres et Forêts, M. Kevin Drummond,
a expliqué dans une entrevue accordée à la Presse qu'au
lieu de légiférer globalement il valait mieux faire le test
région par région, pour mieux répondre aux
problèmes de chaque région".
Autrement dit, M. le Président, il semble que le ministre des
Terres et Forêts, plutôt que de légiférer
globalement, a décidé, concernant la rétrocession des
concessions forestières, de négocier par régions. Je me
demande, M. le Président...
M. DRUMMOND: Peut-être que je peux dire que ce n'est pas une
grande question de législation, en ce qui concerne la reprise des
concessions forestières. Il y a un petit article ajouté à
la loi pour éviter certaines choses, mais à part ça, c'est
votre question de légiférer région par région.
M. LESSARD: Non, mais ce que le ministre semblait laisser entendre,
c'est que la rétrocession des concessions forestières devait se
faire région par région.
M. DRUMMOND: Ce qui va arriver, c'est que comme on ne fera pas la
rétrocession au complet à une date donnée, et qu'on...
M. LESSARD: C'est malheureux d'ailleurs...
M. DRUMMOND: Oui et non, parce qu'il faut quand même penser que la
gestion de ça doit être absorbée par le ministère et
que nos administrations régionales doivent être
équipées pour prendre cette gestion. Alors si on devait passer,
du jour au lendemain, du système de concession à un
système de gestion par le ministère, il y a quand même des
ajustements à faire. Alors si on ne le fait pas globalement, il va
falloir procéder par concession, nécessairement.
M. ROY: Maintenant vous parlez d'équipement au niveau des
régions, au niveau des ministères, je me pose de sérieuses
questions surtout lorsqu'on a constaté de quelle façon
vous...
M. DRUMMOND: Raison de plus pour être prudent. Raison de plus pour
ne pas les reprendre automatiquement.
M. ROY: Là, je me pose une autre question, je m'excuse
auprès du député de Saguenay. On parle de négocier
région par région, puis de négocier au niveau des
compagnies. Qu'est-ce qui arrive si une compagnie refuse, à un moment
donné?
M. DRUMMOND: Elles n'ont pas le choix. M. ROY: Une loi sera votée
pour ça? M. DRUMMOND: Oui. M. ROY: Une loi ou un...
M. DRUMMOND: On a déjà certains pouvoirs. Ce sont nos
terres.
M. ROY: Je suis d'accord là-dessus, mais si une compagnie refuse,
et qu'il n'y a pas d'entente entre l'offre que le ministère fait et les
montants que la compagnie demande, compte tenu de l'évaluation de ses
livres, compte tenu de la valeur d'utilisation, de la valeur résiduelle,
qu'est-ce qui arrive à ce moment-là?
M. DRUMMOND: Disons d'abord qu'on veut négocier le système
en ce qui concerne les redevances. En ce qui concerne les immobilisations, ils
auront leur point de vue, et nous aussi nous aurons le nôtre. La question
à ce moment-là, est que s'ils font un arbitrage, on prend
quelqu'un qui est neutre comme arbitre, mais si, au bout de la ligne, il y a un
problème en ce qui concerne les compagnies impliquées, en bon
français, "it is just too bad".
M. ROY: Le ministère va trancher la question.
M. DRUMMOND: A un moment donné, si ça accroche,
après tout ce qui ce passe. Ce sont nos terres.
M. LESSARD: Par exemple, je pense à une compagnie qui
possède quand même plusieurs concessions forestières
à travers le Québec, la CIP qui possède 25,000 milles de
territoire de concessions forestières.
M. DRUMMOND: Ils ont la jouissance. M. LESSARD: Oui ils ont la
jouissance... UNE VOIX: La pleine?
M. LESSARD: ... et votre objectif, lorsque vous voulez faire la
rétrocession des concessions forestières, c'est d'en arriver
à une alimentation plus rationnelle de tous les moulins de pâtes
et papiers. Mais lorsque vous négociez région par région
et que vous voulez, dans une région donnée, enlever à la
compagnie CIP une conces-
sion forestière pour la donner à Domtar, et en même
temps négocier l'achat d'une autre concession forestière qui va
être dans une autre région et qui appartient à CIP,
là, il y a des problèmes, de quelle façon ça va se
négocier ça?
M. DRUMMOND: Cela va créer des problèmes certains. On
commence région par région parce que c'est normal, mais il
faut...
M. LESSARD: Combien de concessions forestières la CIP
possède-t-elle?
M. DRUMMOND: Mais en tout cas notre politique c'est de commencer usine
par usine pour déterminer l'approvisionnement, ce n'est pas la
concession en soi, mais c'est la question d'allocation usine par usine et le
reste va tomber, unité d'aménagement par unité
d'aménagement.
M. LESSARD: Admettons la possibilité que le gouvernement du
Québec négocie avec 1'Anglo. On sait que l'alimentation de
l'Anglo Canadian Pulp, à Québec, provient particulièrement
de la région de Forestville. Si on délaisse Montmorency, qui a
450...
M. DRUMMOND: Et les forêts privées de la région de
Québec.
M. LESSARD: Mais à 70 p.c. l'alimentation de la compagnie Anglo
à Québec provient de la région de Forestville et cela
augmente considérablement les coûts de transport, c'est 200 et
quelques milles. Vous négociez région par région, vous
négociez avec l'Anglo; l'Anglo, en retour, va exiger d'autres choses. A
ce moment-là, comment allez-vous vous y prendre pour acheter la
concession forestière de l'Anglo Canadian Pulp à Forestville?
M. DRUMMOND: On peut reprendre la concession forestière en payant
pour les immobilisations. C'est seulement une question de
sémantique.
M. LESSARD: D'accord, mais vous allez être obligé
aussi...
M. DRUMMOND: Je n'ai jamais eu à utiliser la sémantique de
cette façon-là.
M. LESSARD: ... de garantir à l'Anglo Canadian Pulp un
approvisionnement. Vous allez être obligé de négocier avec
une autre région ou avec une autre compagnie.
M. DRUMMOND: II y aurait...
M. LESSARD: Je vais vous poser une autre question. Domtar, par exemple,
à Donnacona est approvisionné par Lebel-sur-Quévillon.
Vous allez être obligé de négocier pour Domtar un
approvisionnement qui est plus près de Donnacona.
M. DRUMMOND: On ne dit pas qu'il n'y aura pas de problème.
M. LESSARD: Vous en créez.
M. DRUMMOND: Non, non. C'est un gros problème. Il y a des
scieries, en Abitibi, qui approvisionnent La Tuque, Trois-Rivières,
cette région-là; est-ce que cela a du bon sens? On ne dit pas
qu'il n'y aura pas de problèmes en essayant de les résoudre, mais
on peut se taire. On peut ne rien faire, c'est facile de procéder comme
ça. Mes sous-ministres, mes cadres et moi-même pouvons aller au
Mexique et dire que le système qu'on a est parfait. Ce qu'on essaie,
c'est de l'améliorer. On n'aura jamais l'Au-delà mais si on ne
procède pas d'une façon logique on n'arrivera jamais même
à une amélioration. C'est ça qu'on essaie de faire.
D'accord, usine par usine, région par région, ça va
créer des problèmes. Mais il faut voir à ce que le bois
des cultivateurs d'une région donnée soit dirigé vers les
usines de la région dans la mesure du possible, pour réduire les
distances, pour donner un meilleur prix aux cultivateurs. Il faut que les
copeaux, qui sont produits en abondance ces jours-ci soient utilisés
autant que possible dans une région rapprochée. Il faut essayer
d'arriver à une intégration régionale en ce qui concerne
la coupe de bois pour le déroulage, pour le sciage, pour les pâtes
et papiers.
D'accord, on peut le laisser de côté. Il y aura des
problèmes, nous sommes au courant de ça. On essaie toujours
d'améliorer nos équipes à tous les niveaux du
ministère pour faire face à ces problèmes. Ces
problèmes, on ne va pas les régler ce soir; on va les
régler, les améliorer avec le temps, mais il n'y a pas de
solution absolue. Il n'y en a jamais. Le député de Saguenay
pourrait être là jusqu'à l'an 2000, je sais bien que, moi,
je ne serai pas ici comme ministre des Terres et Forêts à ce
moment-là, mais lui, il sera toujours dans l'Opposition.
M. LESSARD: Cela est moins sûr.
M. DRUMMOND: On fait des efforts pour améliorer la situation. On
ne va pas arriver à l'au-delà, mais on fait les efforts qui ont
du bon sens. Il y a des problèmes, on va vivre avec ces
problèmes, mais on va essayer de les régler. Les problèmes
sont difficiles. Je sais bien que le député de Saguenay est au
courant de ça, aussi bien que le député de Beauce-Sud,
parce qu'ils vivent eux-mêmes dans le milieu, ils connaissent les
problèmes. Je pense qu'ils savent bien que n'importe quel gouvernement
ne peut vraiment tout résoudre, mais on va, je pense bien et je
pense que les autres sont d'accord dans la bonne direction. Il n'est pas
question de faire des promesses, il est seulement question de dire
qu'on doit essayer de le faire de cette façon-ci, qu'on va
améliorer l'affaire. On fait des changements, même si on les fait
d'une façon évolutionnaire, qui sont un peu
révolutionnaires. On essaie de faire tout en même temps, toutes
nos réformes. Comme l'a signalé un peu plus tôt le
député de Saguenay, et c'était la même chose pour le
Parti créditiste, on a pris les réformes et on a essayé de
les faire. Moi, mon problème est qu'on m'accuse de n'être pas
assez vite dans l'affaire. Ce n'est pas une question de volonté, ce
n'est pas la question qu'il y a des sorciers soi-disant au niveau du conseil
des ministres qui sont contre ça. Comme je l'ai dit, la politique
forestière a été élaborée avec tous les
députés du caucus libéral, avant d'être
présentée au conseil des ministres. Cela a été
accepté, c'est dans le programme du parti, on procède.
Ce que je veux, moi, c'est que ce soit bien fait. On voit les
problèmes et on va dans cette direction. Ce n'est pas une question
d'argent; c'est une question de mettre vraiment les structures en place, faire
des projets pilotes pour trouver les solutions qui vont faire la preuve de ce
qu'on veut faire plus tard, pour moi, comme quelqu'un qui est responsable de
l'argent du gouvernement. Evidemment, il y a des choses qui ne marchent pas de
temps en temps, mais Christ, je veux procéder d'une façon
où on essaie...
M. ROY: C'est antiparlementaire.
M. DRUMMOND: Non, non, il est vraiment notre patron.
On procède de cette façon pour essayer d'éviter un
gaspillage des fonds publics et je sais bien que vous êtes d'accord. On
ne va pas se chicaner sur les détails. On peut dire: Oui, il y aura des
problèmes de chevauchement d'une région sur une autre lorsqu'on
essaiera de trouver des moyens d'approvisionnement usine par usine, oui, je
suis d'accord. Mais...
M. LESSARD: Une chance que ce n'est pas...
M. DRUMMOND: C'est mon patron.
M. LESSARD: Une chance que ce n'est pas un député du Parti
québécois qui parle comme ça. Ce serait un scandale
à l'Assemblée nationale et en commission parlementaire.
Continuant dans ce...
M. DRUMMOND: Parce que vous êtes des antéchrists.
M. LESSARD: M. le Président, c'est souvent aussi notre
patron.
Je suis bien d'accord avec le ministre, il a de bonnes intentions.
L'enfer est pavé de bonnes intentions. C'est que nous, nous tentons
aussi de trouver...
UNE VOIX: Et il est rouge.
M. LESSARD: II est rouge. Nous tentons aussi, M. le Président, de
trouver de meilleurs moyens.
En ce qui nous concerne, en tout cas nous l'avons dit en
commission parlementaire et je n'ai pas l'intention de reprendre toute la
discussion que nous avons eue à ce moment-là nous ne
croyons pas que la meilleure façon de faire une véritable
réforme globale au niveau du ministère des Terres et
Forêts, en particulier concernant la rétrocession des concessions
forestières, ce soit sur une période de dix ans. De toute
façon, le ministre a fait son lit, qu'il y couche.
Cependant, je voudrais poser la question suivante au ministre concernant
certains échanges qui ont eu lieu dernièrement entre des
compagnies forestières, en particulier l'échange qui a eu lieu en
février 1974 en tout cas, qui a été signé en
février 1974 concernant l'Anglo Canadian Pulp, à
Québec, et la Consolidated Bathurst à Port-Alfred.
J'en conviens, cet échange s'est fait avec l'accord du ministre
des Terres et Forêts. Mais est-ce que cet échange s'est fait dans
un programme global, dans une politique globale du ministère des Terres
et Forêts?
M. DRUMMOND: La réponse est non. Quand même, cela
améliore le sort des deux compagnies.
M. LESSARD: Cela améliore le sort des deux compagnies. Est-ce que
cela améliore l'ensemble du développement forestier du
Québec?
M. DRUMMOND: II faudrait expliquer, d'abord, que ce n'est pas un
échange de concessions. C'est un échange...
M. LESSARD: Un échange de coupe. M. DRUMMOND: ... de bois... M.
LESSARD: Oui.
M. DRUMMOND: ... à l'intérieur de leurs concessions
respectives.
M. LESSARD: D'accord.
M. DRUMMOND: Alors, les compagnies ont tout simplement, à ce
moment-là, prouvé qu'il fallait modifier la location.
M. LESSARD: Oui, oui.
M. ROY: Alors, le gouvernement n'a pas été...
M. LESSARD: La compagnie a prouvé qu'il fallait abolir les
concessions forestières.
M. DRUMMOND: D'une certaine façon, je
pense qu'ils ont prouvé qu'il y avait des
améliorations...
M. LESSARD: Mais elles les ont gardées quand même.
M. DRUMMOND: ... à apporter au système. M. LESSARD:
Oui.
M. ROY: Mais le gouvernement n'a pas été impliqué
comme tel. Il n'y a pas eu de variances d'argent.
M. DRUMMOND: Non. Les compagnies ont échangé un volume de
bois contre un volume de bois égal.
M. LESSARD: II n'y a pas eu de modification du statut de la concession
forestière.
M. DRUMMOND: Pas du tout. Chaque partie demeure dans ses concessions
respectives.
M. LESSARD: En fait, la conclusion de ça, même si on ne
change pas le statut de la concession forestière, c'est que les deux
compagnies en question ont prouvé que, dans ce système de broche
à foin qui existe actuellement au niveau des concessions
forestières, cela coûte très cher pour les compagnies
d'exploiter la forêt. L'une des conclusions les plus efficaces pour les
compagnies, c'est qu'il fallait en arriver à une abolition des
concessions forestières pour faire un réaménagement
beaucoup plus rationnel, qui pourrait être beaucoup plus rentable pour
les entreprises forestières du Québec.
M. DRUMMOND: Je vais, peut-être, incorporer ces commentaires dans
mon prochain discours. Mais c'est ça d'une certaine façon, parce
que si l'on se souvient de l'apparition des compagnies forestières, y
compris...
M. LESSARD: Quand le ministre s'est fâché un peu.
M. DRUMMOND: Non, non. Je ne parle pas de ce groupe-là parce
que...
M. LESSARD: Cela a été un accident.
M. DRUMMOND: Non, non. Je ne parle pas de ce groupe-là, parce
qu'on n'attend pas grand-chose des groupes qui représentent toutes les
compagnies. Mais une des compagnies impliquées dans cette affaire a
produit un mémoire à la commission parlementaire, en disant que
tout marchait bien et qu'ils avaient bien utilisé leurs propres
concessions, que c'était parfait pour leur entreprise.
M. LESSARD: Le ministre se le rappelle!
M. DRUMMOND: Ils font cet échange de bois, qui fait la. preuve du
contraire.
M. ROY: Alors, il n'y a pas eu de modification dans les tarifs de
coupe.
M. DRUMMOND: Aucunement.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Laviolette.
M. CARPENTIER: M. le Président, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu
de mentionner les essences qui ont été échangées
entre ces deux compagnies?
M. DRUMMOND: Le sapin et l'épinette.
M. CARPENTIER: Non, mais est-ce qu'il y avait une plus forte partie de
l'une ou l'autre pour le partage des essences?
M. DRUMMOND: Non, non, c'est dans le même genre de peuplements,
composés, en très grande majorité, de sapin et
d'épinette.
M. CARPENTIER: Quel était le principal objectif de cet
échange?
M. DRUMMOND: Bien, c'est pour rapprocher leurs territoires de coupe
respectifs de leur usine respective.
M. CARPENTIER: C'est plutôt dans ce sens-là que dans le
sens des essences.
M. DRUMMOND: Oui.
M. CARPENTIER: Très bien.
M. LESSARD: Diminuer les coûts de transport. Mais le ministre
m'affirme que ce n'est pas dans une politique globale du ministère des
Terres et Forêts. Autrement dit, actuellement les compagnies sont en
train de négocier individuellement et le ministre n'a pas
préparé de programme global concernant la rétrocession des
concessions forestières.
M. DRUMMOND: Mais disons que si on les regarde... Moses!
M. LESSARD: Ce n'est rien, on est juste rendu à 14 heures!
M. DRUMMOND: Non, mais ce...
M. LESSARD: C'est important. C'est la base même de la politique du
ministre des Terres et Forêts.
M. DRUMMOND: Je suis tout à fait d'accord. Nous préparons
notre programme et ça va. Mais si, en fait, on échange le bois
comme ça, cela va nous aider parce que c'est une amélioration
pour les deux compagnies. Avec n'importe quel système, on va arriver
avec une garantie d'approvisionnement dans un endroit donné, usine par
usine. S'ils font des échanges
de bois, cela ne va pas à l'encontre de ce qu'on essaie de faire
parce qu'on a toujours dit que c'était une des choses fondamentales pour
un changement de mode de tenure.
M. LESSARD: Je suis bien d'accord avec le ministre. Cela confirme qu'il
faut absolument abolir les concessions forestières, dans le plus bref
délai.
M. DRUMMOND: C'est seulement une question de définition des mots
comme "plus bref". Si on pouvait le faire demain avec efficacité, on
serait prêt. On ne pourrait pas le faire demain avec efficacité en
prenant vraiment le contrôle de la gestion des forêts. C'est
ça qui est important là-dedans.
LE PRESIDENT (M. Picard): Cet élément est-il...
M. LESSARD: Non, M. le Président. Toujours dans cette optique de
l'abolition des concessions forestières, je voudrais que le ministre
nous explique un peu les échanges qu'il y a eu entre la compagnie
Donohue et le syndicat forestier de Charlevoix, qui a donné,
semble-t-il, suite aux recommandations du ministère, ses droits de coupe
à la compagnie Donohue.
M. DRUMMOND: Ce n'est pas tout à fait exact. Tout cela a
résulté de l'échange de concessions ou de l'échange
de territoires entre...
M. LESSARD: La réserve cantonale.
M. DRUMMOND: ... Donohue et le ministère. Les concessions
forestières étaient situées dans le comté de
Kamouraska et nous étaient nécessaires pour régler le
problème d'approvisionnement des scieries de ce secteur. Nous avons
procédé à cet échange simplement parce que cela
améliorait la distribution des bois et que c'était dans le sens
des plans d'allocation que nous étions à préparer.
Justement pour préserver les droits des chantiers coopératifs
impliqués, nous avons inclus dans le contrat une clause où
Donohue doit donner préférence aux chantiers coopératifs.
C'est même plus que la préférence, Donohue doit donner la
coupe aux chantiers coopératifs.
Cela va plus loin, cela impliquait plus que les territoires dans
l'échange. Donohue s'engageait même à faire couper un
pourcentage donné de son bois par les chantiers coopératifs.
Tout cela était, du côté de Charlevoix, à
l'avantage des chantiers coopératifs du secteur et à l'avantage
des scieries du secteur de Kamouraska, L'Islet et Rivière-du-Loup.
M. LESSARD: Je pense que cela a été accepté,
d'ailleurs, suite à une recommandation du CRD de la région.
M. DRUMMOND: Oui et, avant de procéder à l'échange,
nous avons consulté les chantiers coopératifs concernés.
Nous leur avons tout simplement dit: Ce n'est pas une chose que nous voulons
imposer. Si vous êtes contre, on ne procède tout simplement pas
à l'échange et on attendra toute l'abolition des concessions pour
régler le problème des scieries du secteur de Kamouraska.
M. LESSARD: Maintenant, je voudrais parler un peu de la loi que nous
avait annoncée le ministre concernant la tenure des forêts
publiques. En fait, le ministre nous avait annoncé une refonte
complète de la Loi du ministère des Terres et Forêts. Il
nous a soumis un projet de loi dernièrement.
M. DRUMMOND: La Loi des terres et forêts.
M. LESSARD: Oui. Mais je constate que cela modifie très peu. De
toute façon, on aura l'occasion d'en rediscuter.
M. DRUMMOND: Non, non. Disons qu'on mêle peut-être les deux
lois.
M. LESSARD: Oui?
M. DRUMMOND: II y a la Loi du ministère et la Loi des terres et
forêts. La Loi des terres et forêts, c'est la loi qui va modifier
en profondeur tout ce qui va passer en matière de politique
forestière.
M. LESSARD: Est-ce que cette loi va modifier complètement tout ce
qui concerne les modes de tenure? Est-ce que le ministre a l'intention,
puisqu'il nous avait annoncé que cette loi devait être
présentée avant l'ajournement d'été 1973, de
présenter cette loi avant l'ajournement d'été 1974?
M. DRUMMOND: Dans le meilleur de mes espoirs, j'aimerais faire adopter
la loi avant l'ajournement de la session, cela va dépendre de certaines
autres lois qui sont importantes. Disons qu'elle sera déposée, en
tout cas. Moi, j'aimerais bien qu'elle soit adoptée. Si ça doit
être un été assez long ici, à l'Assemblée
nationale, je voudrais en profiter pour faire adopter toute la
législation forestière. Est-ce que ça répond
à la question? En principe, tout est passé au niveau du conseil
du ministre et il ne s'agit plus que de discuter des modalités au niveau
du comité de législation. Je pense que la plupart des lois sont
prêtes; c'est une question de discussion. Je veux les déposer
aussi vite que possible et, comme je l'ai dit, si l'été est long,
je veux tout faire adopter étant donné les circonstances de
temps.
M. LESSARD: Est-ce que le mode de tenure, tel qu'il sera
présenté dans cette loi, sera à peu près semblable
au mode que propose le ministre des Terres et Forêts dans son livre
blanc?
M. DRUMMOND: En ce qui concerne le mode de tenure, il n'y a pas
grand-chose à changer. Il y a seulement un article où il est dit
qu'on doit payer quelque chose pour le droit d'affermage. Je veux amender cet
article ou le retirer parce que, même aujourd'hui, on a le droit de
rétrocéder des concessions. Mais je veux clarifier certaines
choses par un petit amendement. Ce n'est pas aussi important que ça dans
mon esprit, mais je pense qu'il faut le clarifier. Alors, la question du mode
de tenure, ce n'est pas la grosse affaire.
On va retrouver seulement deux modes de tenure; des terres publiques et
des terres privées. A l'intérieur des terres publiques, il y aura
des forêts publiques et les forêts publiques seront divisées
en unités d'aménagement et de gestion, tout simplement.
M. LESSARD: En tout cas, M. le Président, je peux assurer le
ministre que, quant à nous, nous sommes prêts à
siéger jusqu'au mois de juillet pour que cette loi puisse être
discutée et, si le gouvernement acceptait la proposition que nous avons
faite à maintes reprises de pouvoir siéger à dates fixes,
on pourrait peut-être faire plus.
M. DRUMMOND: Pour ce qui est de la question de siéger à
dates fixes, c'est toujours une fiction. Je ne suis pas un grand politicien,
mais je sais bien que la politique et les travaux de n'importe quel Parlement
ne marchent pas tellement bien lorsqu'on essaie d'établir des dates
fixes.
Mais, quand même, je pense que tous les députés du
Parti libéral, aussi bien que tous les députés de
l'Opposition sont vraiment d'accord qu'on doit passer à l'action. On a
parlé assez longtemps de réformes forestières et,
maintenant, c'est le temps de passer à l'action. Nous serons prêts
à déposer les lois, je pense bien, d'ici quelques semaines.
Après ça, c'est la question de procéder avec diligence
pour améliorer les projets de loi et les adopter.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. ROY: Ma question s'adresse au ministre. On a parlé de
plusieurs concessions qui ont été accordées tantôt.
J'aimerais savoir si, dans la dernière grande concession qui a
été accordée, soit celle qui a été
concédée à ITT Rayonier...
M. DRUMMOND: C'est une forêt domaniale.
M. ROY: C'est une forêt domaniale.
M. DRUMMOND: Rayonier a eu une garantie d'approvisionnement.
C'était un contrat d'approvisionnement; ce n'est pas une concession
forestière.
M. ROY: Est-il question, dans la nouvelle politique, de tenir compte des
modifications aux prix convenus?
M. DRUMMOND: Le prix est déjà modifié, parce que le
contrat prévoit...
M. ROY: $0.50 la corde.
M.DRUMMOND: ... un ajustement au 1er janvier de chaque année.
M. ROY: Aujourd'hui, c'est rendu à combien?
M. LESSARD: $0.16.
M. DRUMMOND: II ne faut pas se tromper, si on parle de la corde ou des
cent pieds cubes. Si on se réfère toujours à la corde, le
1er janvier 1974 le prix est passé de $0.50 à $0.59, et le 1er
janvier 1975, de la façon dont les prix évoluent, il sera rendu
à $0.85. Ce qui veut dire environ $1.00 les 100 pieds cubes.
M. ROY: $0.85 la corde le 1er janvier 1975. Actuellement, c'est
$0.59?
M. DRUMMOND: $0.59, il y a eu un ajustement, le 1er janvier 1974.
M. LESSARD: Tout à l'heure je parlais des échanges entre
1'Anglo et Consolidated Bathurst. Quand il arrive de tels échanges,
pourquoi, plutôt que de sanctionner les échanges, le gouvernement
n'en a-t-il pas profité pour transférer ces concessions
forestières en forêts domaniales?
M. DRUMMOND: C'est parce que, ça n'impliquait pas des
échanges de concessions, ça impliquait seulement des
échanges de bois et ça concernait seulement une partie du bois
à couper.
M. LESSARD: Mais vous avez été en dehors de ces
négociations et vous n'avez eu qu'à sanctionner?
M. DRUMMOND: C'est ça, et puis comme ça améliorait
quand même la situation des deux compagnies, nous n'avions aucune raison
de refuser.
M. LESSARD: Cela ne s'inscrit pas dans votre plan global de
réforme forestière?
M. DRUMMOND: Cela nous apporte quand même des arguments.
M. LESSARD: Pour cela, je suis bien d'accord. Maintenant, je voudrais
parler un peu de l'aménagement de la forêt privée.
M. DRUMMOND: L'Etat s'occupe...
M. LESSARD: D'accord, aucun problème...
M. DRUMMOND: Est-ce qu'on adopte les éléments 2 et
3...
M. LESSARD: Non, je vais vérifier avant, M. le
Président.
M. ROY: Je vais vérifier avant aussi, M. le Président.
J'ai des questions à poser à l'élément 3.
M. DRUMMOND: L'élément 1 est approuvé?
L'élément 2 est approuvé?
LE PRESIDENT (M. Heard): Eléments 1 et 2 approuvés.
M. DRUMMOND: Approuvé. M. ROY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Elément 3: Construction de chemins.
Construction de chemins
M. ROY: Construction de chemins. Est-ce que ces chemins ont
été construits sur les concessions des compagnies ou s'ils ont
été construits uniquement sur les forêts domaniales?
M. DRUMMOND: Sauf exception, M. Ar-chambault pourra confirmer, la
majorité ou la presque totalité a été construite
sur les terrains vacants ou sur les forêts domaniales.
M. ROY: Si c'était possible d'avoir la liste, s'il vous
plaît, des constructions de chemins, dans le programme 3.
M. DRUMMOND: Le 31 mars 1974, il y a eu la dépense suivante: Dans
le comté d'Abitibi-Est, $1,045,000; en Abitibi-Ouest, $240,000...
M. ROY: $1,045,000 en Abitibi-Est, je m'excuse mais je poserai mes
questions au fur et à mesure afin de ne pas y revenir. Etant
donné que je n'ai pas les chiffres, c'est trop dangereux de les oublier.
En Abitibi-Est, les chemins ont été construits à quel
endroit?
M. DRUMMOND: Voulez-vous la totalité des projets, M. Roy?
M. ROY: Oui. S'il y a trop de projets disons...
M. DRUMMOND: II y en a plusieurs naturellement.
M. ROY: II y a plusieurs projets.
M. DRUMMOND: Même si ce sont des chemins qui sont des
entités, il resque que chaque année on ne va pas construire un
chemin donné. Ce sont des continuations de chemin par numéro de
projet, un peu partout dans l'Abitibi-Est.
M. ROY: Abitibi-Est c'est la forêt domaniale. Cela n'a pas
été construit dans les forêts concédées
à Domtar?
M. DRUMMOND: Non, en aucun cas. M. ROY: En aucun cas. M. DRUMMOND:
Non.
M. ROY: Est-ce que ces chemins sont construits en régie ou si des
contrats ont été accordés?
M. DRUMMOND: Ces chemins sont construits en régie. Il y a
peut-être une exception, à la suite d'un arrangement, parce que ce
serait physiquement impossible pour nous de le faire, mais jamais sur des
concessions.
M. ROY: Je parlais d'Abitibi-Est, c'est $1,045,000.
M. DRUMMOND: Je peux vous le donner par région.
M. ROY: Oui. s'il vous plaît.
M. DRUMMOND: Région administrative
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, vous avez douze projets, par le
ministère des Terres et Forêts, puis il y a ici douze projets dans
le cadre de l'ODEQ. Vous avez des détails de construction, vous avez les
coûts. Montant de la dépense par région, les deux ça
fait $326,000 par le ministère tout aussi bien que dans le cadre du
programme ODEQ. Saguenay-Lac-Saint-Jean, vous avez onze projets du
ministère. Evidemment les autres le sont aussi, si on parle de projets
dans le cadre d'ARDA; alors ça fait treize projets, pour la somme de
$1,940,000. Québec, vous avez...
M. ROY: Le plus gros projet réalisé parmi les onze?
M. DRUMMOND: C'est dans le Saguenay Lac-Saint-Jean le plus gros projet.
Certainement c'est celui de la rivière Sainte-Marguerite.
M. ROY: Sur une distance de combien de milles?
M. DRUMMOND: Je peux vous donner la distance en milles, c'est environ
pour ce qui est complété, j'allais dire 17 milles, mais c'est
16.8. C'est surtout à cause de la qualité du chemin que c'est
souligné. Le ministre a toujours dit: Fais bien tes chemins, tu
deviendras le roi des
constructeurs et peut-être ça donnera au ministère
l'essort nécessaire.
Il est fort notre ministre.
J'ai toujours dit ça.
M. ROY: Maintenant sur une construction de 17 milles comme ça, je
pose une autre question, avant d'être le roi des chemins. Pour 17 milles,
est-ce qu'il aurait été possible que des soumissions soient
demandées pour la construction de ce chemin?
M. DRUMMOND: C'était en régie ça.
M. ROY: Cela ç'a été fait en régie, mais la
possibilité de procéder par soumission, est-ce que ç'a
été étudié?
M. DRUMMOND: Cela a été étudié en plusieurs
occasions, avant qu'on décide de façon générale en
tout cas de faire des chemins en régie pour plusieurs raisons. Il n'est
pas si vrai que ça de prétendre que les soumissions nous donnent
des coûts inférieurs aux nôtres au mille, et nos chiffres le
prouvent. Il y eut des soumissions dans le cas de travaux spéciaux comme
des ponts, des choses comme ça, ça peut arriver, le
défrichement par exemple. Mais pour ce qui est des travaux, par exemple,
du transport de gravier, tant l'heure pour les tracteurs, ça revient pas
mal au même je pense bien.
Cela a été considéré, cette
question-là.
M. ROY: C'est de la machinerie que le ministère loue, mais ce
n'est pas de la machinerie que le ministère possède?
M. DRUMMOND: Non, que le ministère loue.
M. ROY: De la machinerie que le ministère loue d'entrepreneurs.
Les travaux sont effectués à forfait ou à l'heure.
M. DRUMMOND: A l'heure. M. ROY: A l'heure.
M. DRUMMOND: Les taux nous sont donnés par le service
général des achats.
M. LESSARD: M. le Président, les trois... M. ROY: On peut
continuer, M. le Président.
M. DRUMMOND: Région de Québec, trois projets: $153,000;
Trois-Rivières, un projet: $165,000. Ici, c'est marqué Affaires
indiennes, qui veut dire une participation entière d'Ottawa à 100
p.c. parce que ce sont des chemins pour lesquels nous sommes les maîtres
d'oeuvre. On les fait pour le fédéral pour desservir les
réserves indiennes â certains endroits.
M. LESSARD: On se fie à vous autres?
M. DRUMMOND: C'est bien pour dire que tout le monde n'est pas pareil,
n'est-ce pas? Si on continuait un peu, ça viendrait.
M. LESSARD: Nous, on ne se fie pas à eux.
M. DRUMMOND: Cela va venir, cela va venir, parfois, ça prend du
temps. Il y en a qui sont en arrière, mais ça fait rien.
Pour la région de Montréal, un projet du ministère
des Terres et Forêts: $15,300 et encore un projet des Affaires indiennes,
$151,000.
M. ROY: Quand vous parlez de la région de Montréal,
ça comprend quoi?
UNE VOIX: Le comté de Viau.
M. DRUMMOND: C'est la région administrative. Cela va jusqu'au
comté de Laviolette, jusqu'en haut de Mont-Laurier.
M. ROY: Cela a été fait dans la région
administrative de Montréal?
M. DRUMMOND: C'est cela. On ne parle pas de région en pensant
à la métropole; c'est la région suivant le concept des
régions administratives déterminées par le
ministère de l'Industrie et du Commerce il y a quelques
années.
M. ROY: Cela comprend une pointe de terre qui va en direction de
Mont-Laurier.
LE PRESIDENT (M. Picard): Un instant, s'il vous plaît.
Le député de Montmagny-L'Islet.
M. GIASSON: Vous avez donné, je crois, le chiffre global pour la
région administrative de Québec.
M. DRUMMOND: De?
M. GIASSON: De Québec? Est-ce que vous avez la ventilation des
sommes d'argent qui ont été dépensées?
M. DRUMMOND: Trois projets, $153,000.
M. GIASSON: Pouvez-vous les localiser à l'intérieur du
grand Québec administratif?
M. DRUMMOND: C'est dans la forêt domaniale des Appalaches.
M. GIASSON: Les Appalaches, oui. M. DRUMMOND: Qui l'a demandé? M.
GIASSON: C'est moi.
M. ROY: La forêt domaniale des Appalaches, est-ce la forêt
domaniale qui se trouve située dans Montmagny-L'Islet...
M. GIASSON: Montmagny-L'Islet et Bellechasse.
M. ROY: ... et Bellechasse.
M. GIASSON: Kamouraska et Témiscoua-ta...
M. ROY: Saint-Magloire.
M. GIASSON: ... c'est l'autre forêt domaniale, le
Grand-Portage.
M. DRUMMOND: Hull, région no 7, un projet du ministère:
$45,500. Région du Nord-Ouest, ministère des Terres et
Forêts, onze projets: $620,000. Dans le cadre d'ARDA deux projets:
$497,000. Région de la Côte-Nord, ministère des Terres et
Forêts, deux projets: $89,000. Ici, il y a un projet de zone
spéciale. Non, c'est pour l'année dernière. La zone
spéciale, pour le député de Beauce-Nord, c'est ITT qui
devait être remboursée par Ottawa et ça passait par
nous.
M. ROY: C'est un peu la question que j'allais poser. Je sais que dans
l'entente il est question que la province construise des routes à ITT,
qui doivent être remboursées soit par le fédéral,
dans une certaine mesure, ou encore être avancées sous forme de
prêts par la compagnie selon les accords qui ont été
conclus par l'entremise de la société Rexfor. Ce sont tous les
projets des routes qui ont été construites? Cela répond
à ma question.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'il y a d'autres questions sur
l'élément 3?
M. LESSARD: M. le Président, nous sommes jeudi soir; nous
siégeons le mardi soir jusqu'à 10 h 30, alors en ce qui me
concerne, je suggère, on siège depuis dix heures du matin, qu'on
puisse arrêter à dix heures.
M. DRUMMOND: Je n'ai aucune objection, mais est-ce qu'on pourrait
approuver l'élément 3 avant?
M. ROY: Sur l'élément 3, je n'ai pas d'autres questions
à poser.
M. LESSARD: D'accord, concernant la construction de chemins, M. le
Président, j'ai simplement une question. Le livre blanc proposait que
les chemins en forêt soient construits par le gouvernement et
relèvent du gouvernement quant à leur entretien, leur
utilisation, leur contrôle, etc. Je tiens à féliciter le
ministre qui a déposé tous ses arrêtés en conseil
qui ont été faits au cours de l'année. J'ai un
arrêté en conseil qui a été conclu entre Chibougamau
Lumber et le gouvernement du Québec, selon lequel le gouvernement
accorde des droits de coupe à la compagnie Chibougamau Lumber pour la
construction d'un chemin dans la région de Roberval, c'est-à-dire
une réduction de droit de coupe de $2.50 par unité de 100 pieds
cubes de bois par lui récoltés sur les terres publiques,
jusqu'à concurrence d'un montant maximum de $1,275,000. Moi, je voudrais
savoir si la maintenance est devenue maintenant la politique du
ministère? C'est-à-dire que le ministère, autrement dit,
donne indirectement des subventions pour la construction de chemins aux
compagnies, comme cela a été le cas pour Chibougamau Lumber.
Est-ce que le ministère a l'intention d'instaurer prochainement sa
politique qu'il prônait dans le livre blanc, ou est-ce que le
ministère a l'intention de continuer de subventionner indirectement
l'entreprise sous forme de déductions des droits de coupe?
M. DRUMMOND: Ce n'est pas une subvention, c'est un mode de financement.
Ce chemin se construit dans la forêt domaniale de Roberval et nous
n'avions pas les budgets nécessaires pour faire tous les programmes que
nous avions en 1973. Cela a été un moyen utilisé pour
financer la construction de ce chemin.
On l'a fait aussi dans le Nord-Ouest pour respecter notre plan
d'allocation qui prévoit, justement, d'essayer de
récupérer tous les bois qui sont susceptibles d'être
inondés. Alors, c'est strictement des cas "ponctuels" et cela a
été strictement un mode de financement pour nous.
M. LESSARD: Mais un mode de financement...
M. DRUMMOND: Alors, le chemin appartient au ministère et c'est
tout comme si Chibougamau Lumber était utilisé comme
entrepreneur.
M. LESSARD: D'accord. C'est-à-dire que lorsque vous allez,
justement, tenter d'obtenir la rétrocession de la concession
forestière, vous allez tenir compte du fait que...
M. DRUMMOND: Ce n'est pas sur une concession forestière; c'est
sur la forêt domaniale.
M. LESSARD: La forêt domaniale.
M. DRUMMOND: Et le chemin appartient au ministère,
nécessairement.
M. LESSARD: C'est un mode de financement. Plutôt que de financer
directement, vous avez...
M. DRUMMOND: C'est ça.
M. LESSARD: ... accepté d'avoir un manque à gagner pendant
X temps.
M. DRUMMOND: C'est la souplesse du système budgétaire.
C'est à notre avantage et à l'avantage de tout le monde.
M. ROY: PPBS.
M. LESSARD: A ce moment-là... M. DRUMMOND: Pas tout à
fait. M. ROY: Petits patroneux bien servis.
M. DRUMMOND: Je ne parle pas comme membre du Conseil du trésor.
On cherche des moyens de réaliser nos objectifs et on prend tous les
moyens légaux.
M. LESSARD: Vous conservez toujours un contrôle sur la
construction.
M. DRUMMOND: Oui. Le service des chemins forestiers fait le
contrôle comme si c'était donné à contrat, tout
simplement.
M. LESSARD: Alors, M. le Président, j'avais bien des questions
concernant l'élément 3, mais j'arrête.
M. ROY: M. le Président, reliée à votre question de
tout à l'heure, je m'excuse, mais j'aurais une petite question. Je ne
voudrais pas faire de débat là-dessus. C'est seulement pour
connaître l'intention du ministère. C'est une question qui a deux
volets. Est-ce l'intention du ministère de venir à
posséder une certaine machinerie là-dedans, étant
donné que le ministère reprend de plus en plus possession de ses
forêts, ou si on a l'intention d'orienter je sais que cela a
déjà fait l'objet de discussions à l'Assemblée
nationale la construction de routes, qui se fait par divers
ministères, vers le ministère de la Voirie qui a les
équipements, les ingénieurs et tout ce qu'il faut? Je sais que le
ministère des Terres et Forêts a d'excellents
ingénieurs.
M. GIASSON: Cela coûte trop cher. M. ROY: II n'a pas
été...
M. DRUMMOND: Le député de Montmagny-L'Islet a probablement
souligné le grand aspect du problème. C'est le problème
qu'on regarde actuellement. On va arriver, quand même, avec une section,
lors de la refonte de la Loi des terres et forêts, en ce qui concerne les
chemins forestiers. On pourra y discuter tous les aspects de cette question
parce qu'il y a certains problèmes dans ça.
M. ROY: Parce que le point de vue que je souligne, c'est que, de plus en
plus, les routes de forêt vont servir à l'industrie
touristique.
M. DRUMMOND: C'est ça.
M. ROY: Je pense que c'est une question...
M. DRUMMOND: C'est pour ça qu'on pense à un réseau
de voirie forestière public, justement pour éviter ces
conflits.
On pourrait peut-être souligner l'essai que nous avons fait cette
année, dans le cadre du projet de Sacré-Coeur. La route
d'accès est construite par REXFOR, avec de la machinerie de REXFOR.
M. LESSARD: A quel programme?
M. DRUMMOND: A l'intérieur de ce programme-ci.
M. ROY: REXFOR a de la machinerie.
M. LESSARD: A quel programme dois-je discuter du projet de
Sacré-Coeur?
M. DRUMMOND: Sacré-Coeur? Au programme 4, élément
1.
M. LESSARD: II le savait, M. le Président!
LE PRESIDENT (M. Heard): Elément 3 du programme 4,
adopté?
Adopté.
Maintenant, messieurs, nous devrons attendre les directives de
l'Assemblée nationale qui fixera demain la date de la prochaine
réunion.
J'ajourne la séance de la commission sine die.
(Fin de la séance à 21 h 59)