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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Etude des crédits du ministère des
Terres et Forêts
Séance du vendredi 17 mai 1974
(Dix heures cinquante-cinq minutes)'
M. CORNELLIER (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
La commission a adopté hier, avant son ajournement,
l'élément 3 du programme 4. Nous devons donc maintenant faire
porter la discussion sur l'élément 4 du programme 4.
Service de la forêt privée
M. DRUMMOND: Je pense que ce serait intéressant pour les
députés, étant donné que c'est un programme qui est
assez nouveau au ministère, en ce qui concerne les priorités, que
j'invite le directeur du Service de la forêt privée, M. Michel
Pleau, à faire un tour d'horizon de ce qu'on a accompli et de ce qu'on
désire accomplir pour les années à venir, y compris cette
année.
Le programme d'aide à la forêt privée a pour but
d'augmenter la productivité de nos forêts en milieu privé,
compte tenu de l'état un peu lamentable de ces boisés. Par des
études faites au préalable, on a vu que, si on aménage nos
forêts privées de façon intensive, on pourra facilement
tripler et même, à certains endroits, quintupler la
possibilité actuelle de ces forêts. Mais il faut absolument y
mettre le prix et faire de l'aménagement intensif. Il ne faut pas
s'attendre que les propriétaires individuels, compte tenu de leur
état financier, puissent se permettre d'entreprendre, à eux
seuls, une politique si globale et si importante. Il faut absolument que l'Etat
fasse des siennes, parce que cela va avoir des répercussions non
seulement sur les individus en tant que salariés, mais sur la politique
économique en général au Québec.
Face à cela, le ministère a créé, en 1970,
la formule des groupements forestiers. En 1970, il en créa un à
Restigouche, en Gaspésie. Depuis ce temps, on en a créé 17
autres, ce qui fait au total 18. A partir de cette année, les
Opérations dignité du Bas-Saint-Laurent vont être
sectionnées en cinq compagnies, ce qui va faire au total 23
unités, au Québec, qui vont faire de l'aménagement
intensif.
Actuellement, nous avons environ 12,000 propriétaires qui sont
sous aménagement forestier ou sous régime forestier. Cela
totalise environ 129,000 acres. Ce ne sont peut-être pas les
données finales.
Ces données datent du 31 décembre parce qu'on n'a pas
encore fait les derniers recensements au 31 mars. Nous avions 129,000 acres
sous le régime forestier. Nous avions reboisé jusqu'à
présent, 854 acres parmi ces 129,000 acres qui ont été
impliquées dans la politique. On en a traité environ 10 p.c.
actuellement, soit à peu près 12,000 acres.
Pour encadrer tout cet aménagement intensif, cette année,
on avait pensé mettre sur pied, dans deux régions du
Québec, soit le Bas-Saint-Laurent et la région de Québec,
des sociétés d'aménagement technique des forêts
privées. Ces sociétés vont avoir comme mandat de fournir
l'assistance technique aux propriétaires qui ont signé des
ententes, les compagnies, les groupements forestiers comme tels et les
individus.
On va avoir dans la région du Saguenay et dans la région
de l'Abitibi des services techniques attachés directement à
l'Office des producteurs de bois de la région. Alors, à
l'intérieur de l'Office des producteurs de bois, il va y avoir
création d'un service technique,, c'est-à-dire ingénieurs
forestiers et techniciens, qui va donner en réalité les
mêmes services.
Vous allez peut-être vous demander pourquoi à un endroit on
a créé des sociétés, et ailleurs on a fait un
service technique. C'est que, pour le Lac-Saint-Jean et l'Abitibi, il y avait
seulement un Office des producteurs de bois. Alors, cela facilitait
l'application d'une telle mesure, alors que, dans le Bas-Saint-Laurent et
à Québec, on avait trois Offices de producteurs de bois. On ne
voulait pas créer trois services techniques mais n'en créer qu'un
par région administrative du ministère. Alors, on en est venu
à une entente avec la Fédération des producteurs de bois
de façon que, dans ces endroits où il y avait plus d'un office de
producteurs, on crée une société technique
d'aménagement, pour ne pas avoir à trop multiplier les
structures.
Cette année, l'accent est donné surtout sur un encadrement
technique à tous les travaux qu'on fait, parce qu'on ne veut pas que ces
travaux soient jugés des travaux d'assistance sociale. Ce n'est pas
notre but de faire des travaux qui vont être jugés d'assistance
sociale. Ce que l'on veut, c'est vraiment faire des travaux qui vont être
efficaces et qui vont donner les rendements voulus. On ne veut pas marcher avec
de la broche à foin et pour cela on a bien l'intention d'encadrer tous
les travaux qu'on fait par un encadrement technique vraiment efficace.
Alors, peut-être que MM. les députés vont voir que
la technique coûte cher comparativement aux acres traitées cette
année.
Tout cela va être réparti dans les prochaines
années, parce qu'il reste une chose; c'est qu'il faut mettre un
personnel minimum. On ne peut pas arriver et dire: Ici, il n'y a pas assez
d'acres, on ne met pas de technicien. Il faut avoir un
certain minimum et peut-être que, pour cette année, le
minimum est encore trop fort pour les acres qu'on a à traiter mais on ne
peut pas aller en bas d'un certain point.
C'est là, en réalité, le programme de
l'année qui vient: Création de deux sociétés et
création de deux services à l'intérieur des offices de
producteurs, dans deux autres régions, intensification des travaux qui
vont être faits en forêts privée dans différentes
régions où, l'année dernière, il n'y en avait pas
et, dans certaines autres régions, augmentation des travaux
comparativement à l'année dernière.
Je ne sais pas si cela peut donner une certaine image, disons, de ce
qu'on a l'intention de faire cette année.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, dans l'optique du
développement des forêts privées, il faut créer des
regroupements forestiers afin de permettre une unité
d'aménagement qui soit rentable.
Or, je pense que cela va dans le sens des propositions du Dr Lussier,
soit de développer des forêts privées dans un rayon de 30
milles des régions habitées. Dans ce rayon, il existe des
concessions forestières. Est-ce que le ministre, dans son programme
régional pour tenter d'obtenir la rétrocession des concessions
forestières, a l'intention, pour permettre ce regroupement forestier de
façon rationnelle, de donner priorité au rachat des concessions
forestières dans ces régions?
M. DRUMMOND: En ce qui concerne la priorité, je pense que la
question fondamentale, c'est si l'Etat est prêt à faire participer
ses propres forêts dans cet aménagement, ce qu'on a
déjà commencé. Il n'y a rien qui défend à
l'Etat de devenir membre d'un groupement forestier.
M. LESSARD: C'est pour les forêts domaniales, les forêts qui
ne sont pas actuellement concédées, qui appartiennent au
ministère des Terres et Forêts. Mais, en ce qui concerne des
forêts qui sont actuellement concédées aux compagnies,
comment le ministre peut-il rationnellement...
M. DRUMMOND: Disons qu'à ce moment-là, comme on l'a dit,
on procède région par région. On essaie de
déterminer la meilleure utilisation des concessions
récupérées. Il n'y a rien qui...
M. LESSARD: Les concessions récupérées. Mais dans
le cas des concessions qui ne sont pas récupérées?
M. DRUMMOND: Lorsqu'on procède région par région,
on regarde toutes les données du problème. Si dans certains
endroits, c'est plein de bon sens d'incorporer certaines de ces terres dans un
groupement forestier, on le fait. L'idée, pour l'avenir, c'est qu'on
commence en disant qu'on va mettre de l'ordre dans les forêts publiques
et essayer d'en mettre dans les forêts privées. Mais il va de soi
aussi qu'il faut faire une synchronisation entre les deux pour qu'on puisse
arriver dans un temps donné à un vrai aménagement de
toutes nos forêts selon un plan-cadre.
M. LESSARD: M. le Président, nous sommes bien d'accord, mais je
dis au ministre que le fait qu'il y ait des concessions forestières
à l'intérieur de cette région habitée va
certainement créer des problèmes d'aménagement rationnel.
L'autre question, c'est que...
M. DRUMMOND: Quand même, il est important de souligner que, pour
la première étape, cette année, le grand défi c'est
d'intéresser les gars qui sont déjà sur place, qui sont
des propriétaires de boisés à faire la preuve qu'ils ont
la volonté d'embarquer dans le système. C'est la première
étape et l'étape la plus importante à ce moment-ci. C'est
de faire la promotion et la vente pour inciter les gens à mettre leur
propre terre à l'intérieur du groupement.
M. LESSARD: M. le Président, dans son programme de
développement intensif des forêts privées et
particulièrement des forêts dans une zone habitée d'un
rayon de 30 milles, le Dr Lussier ainsi que l'Union des producteurs agricoles
du Québec estimaient les besoins de crédit à $20 millions.
Est-ce que le ministre croit sérieusement qu'avec la somme de $4,149,500
il peut véritablement en arriver à un aménagement intensif
et rationnel des forêts privées? Le ministre a annoncé un
crédit forestier, pense-t-il que ce projet de loi va être
adopté avant l'ajournement d'été? Est-ce que le ministre
peut nous dire si des prêts vont être accordés dès
cette année, suite à ces crédits?
M. DRUMMOND: M. le Président, j'espère bien qu'on pourra
regarder cette loi à cette session-ci. A ce moment-là et
M. Pleau peut me corriger je pense qu'avant de donner un emprunt
ça prendrait peut-être trois ou quatre mois pour que l'Office du
crédit agricole soit préparé suffisamment pour
fonctionner. Si on adopte, disons, la loi en juillet, peut-être
qu'à l'automne on serait prêt à commencer.
M. LESSARD: Suite à la loi qu'il présentera, le ministre
peut-il nous assurer que des budgets seront attachés ou qui
découleront de cette loi? Actuellement, le crédit agricole n'a
strictement que son budget régulier; il n'y a eu aucune prévision
de budget supplémentaire, que ce soit pour les crédits forestiers
ou, justement, pour d'autres crédits du ministère de
l'Agriculture.
M. DRUMMOND: C'est extrabudgétaire. Alors, ce n'est pas
nécessaire d'avoir un budget supplémentaire pour cela. C'est
extrabudgétaire. En tout cas, c'est bien sûr qu'on ne va pas
lancer un crédit sans avoir certains fonds pour commencer. Ensuite, on
pourra améliorer le système lorsqu'il aura fait ses preuves et
qu'on en aura fait le rodage.
M. LESSARD: Combien le ministre estime-t-il avoir besoin, suite à
l'adoption de cette loi, comme fonds, comme budget, pour le crédit
forestier?
M. DRUMMOND: Pour cette année, je ne pense pas que ce soient les
montants qui soient importants. Pour l'avenir, cela va dépendre un peu
de la preuve qu'on va faire pour le système et si c'est bien
accepté, cela semble être accepté, ce qui est important,
par les caisses et les banques. On a eu des réunions avec elles pour
leur expliquer ce qu'on voulait faire.
M. LESSARD: Quand le ministre parle des caisses et des banques, est-ce
qu'il s'agit justement d'une garantie de prêt auprès des banques
ou des caisses ou est-ce que le ministre va, justement, avoir des
crédits, comme c'est le cas pour le crédit agricole du
Québec, qu'il pourra mettre à la disposition des petits
propriétaires privés?
M. DRUMMOND: C'est un double système. Le crédit forestier
est composé de deux phases, c'est-à-dire le crédit
à long terme pour l'achat de biens fonciers, auquel va être
attaché, un peu plus tard, un certain crédit à moyen
terme, mais qui ne peut pas dépasser le montant total alloué au
crédit à long terme.
Il y a le crédit à moyen terme comme tel qui, lui, vient
soit soit des banques, soit des caisses, et on a contacté cette
année les compagnies d'assurance-vie, les compagnies de
fidéi-commis. Le crédit à moyen terme, de façon
générale, vient toujours des banques pour l'achat
d'équipement, le drainage, l'achat de semence, l'achat de plants. On en
a cinq ou six: amélioration des équipements dans les
érabliè-res, construction de chemins. Alors, ce crédit
vient des banques au même titre que le crédit agricole
actuellement, crédit à moyen terme.
M. LESSARD: Est-ce que vous avez l'intention d'avoir soit une garantie
de ces crédits ou soit de prévoir une diminution des taux
d'intérêt, c'est-à-dire...
M. DRUMMOND: On va avoir une diminution des taux d'intérêt
au même titre que le crédit agricole, c'est-à-dire une
diminution de 3 p.c. jusqu'à concurrence de $15,000 quand il s'agit d'un
individu, et jusqu'à concurrence de $90,000 lorsqu'il s'agit d'une
société ou d'un groupement forestier, d'une compagnie
légalement constituée. On va avoir une diminution sur le
crédit à moyen terme.
M. LESSARD: Vous avez l'intention de reconnaître explicitement les
groupements forestiers qui peuvent obtenir un crédit supérieur
à celui d'un particulier?
M. DRUMMOND: Oui, des compagnies légalement constituées,
donc qui ont eu l'assentiment du ministère, vont pouvoir
bénéficier de crédits beaucoup plus poussés que les
individus. En réalité, le crédit à moyen terme est
plus que ça, mais le remboursement de 3 p.c. qu'on va faire est moins,
parce que, voyez-vous, dans le crédit à moyen terme, un individu
va pouvoir emprunter jusqu'à concurrence de $25,000, et une compagnie
légalement constituée va pouvoir emprunter jusqu'à
$150,000 mais le remboursement des 3 p.c. va être fait jusqu'à
$15,000 en ce qui concerne l'individu, et $90,000 pour une compagnie.
M. LESSARD: Sur $15,000 en ce qui concerne un individu et $90,000...
M. DRUMMOND: Et $90,000 en ce qui concerne une compagnie. Cela c'est le
crédit à moyen terme. Pour le crédit à long terme,
les montants vont être plus forts, mais comme le ministre le disait tout
à l'heure, ce sont des crédits extra-budgétaires, et un
individu va pouvoir emprunter jusqu'à concurrence de $40,000, et un
groupement ou une société, jusqu'à $500,000.
M. LESSARD: Vous parlez de $40,000, j'ai l'impression que vous avez
à peu près appliqué la Loi du crédit agricole.
M. DRUMMOND: Là le crédit agricole est censé
augmenter; il n'aurait pas $40,000 actuellement.
M. LESSARD: II a $40,000 actuellement, mais il est censé
augmenter à $100,000.
M. DRUMMOND: Mais dans leur cas, souvent l'achat est beaucoup plus
dispendieux que pour nous, parce que souvent il y a des bâtisses, il y a
des choses comme ça, alors qu'en forêt on n'a pas ça.
Souvent, le gars qui a acheté un lot dans le rang 14, en arrière
où il n'y a pas de bâtisse, rien de ça, où
l'état de la forêt est plutôt moyen, il n'y a pas beaucoup
de revenus immédiats. Une chose certaine c'est qu'il va falloir que
l'Office du crédit agricole hypothèque, et il faut que le gars
ait quelque chose pour répondre de l'emprunt qu'il va faire aussi.
C'est-à-dire que ce sont les hypothèses avec lesquelles on
travaille. Evidemment, on aura le temps de discuter à fond lorsque le
bill sera présenté en Chambre. C'est notre opinion.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. GIASSON: Je voudrais revenir aux chiffres que vous avez cités
au début. Je ne sais pas
si j'ai bien compris. Vous avez indiqué la création de 23
groupements forestiers avec le fractionnement des opérations
Dignité. Est-ce que le nombre de propriétaires de boisés
privés est bien 12,000 à l'intérieur des 23
groupements?
M. DRUMMOND: Le nombre de propriétaires?
M. GIASSON: Oui.
M. DRUMMOND: Actuellement, le nombre de propriétaires est de
12,000, oui. Ce sont les chiffres au 31 décembre; il y a peut-être
eu une augmentation parce qu'il y a toujours du recrutement qui se fait de jour
en jour.
M. GIASSON: C'est pour environ 129,000 acres. Cela veut dire que la
moyenne du boisé intégré au groupement serait de 100
acres.
M. DRUMMOND: En réalité, le nombre de lots
impliqués est de 1,700; vous avez donc des gens qui ont impliqué
plus d'un lot. Vous avez 12,000 propriétaires mais il y a 1,700 lots
d'impliqués.
M. GIASSON: Ces 1,700 lots ne sont pas nécessairement des lots de
100 acres.
M. DRUMMOND: Des lots complets, non, non.
M. GIASSON: Ce peut être des lots partiels ou des
boisés.
M. DRUMMOND: D'accord avec vous, oui.
M. GIASSON: J'avais l'impression que les groupements forestiers
pouvaient fonctionner, mais avec un nombre limité de membres. Si vous
avez 12,000 producteurs ou propriétaires à l'intérieur de
23 groupes, cela fait des groupes assez importants.
M. DRUMMOND: Oui. A partir de cette année, on va créer des
unités d'aménagement qui vont avoir entre 400 et 500 milles
carrés de forêt. Pour nous, c'est à peu près le
minimum pour créer une unité d'aménagement qui va
être rentable. Le groupement lui-même va devenir seulement un genre
de conseil d'administration, ou une société légalement
constituée qui va administrer l'unité d'aménagement. Au
départ, ce qui est arrivé, c'est que vous aviez deux ou trois
paroisses qui décidaient de se réunir et de former un groupement
forestier en disant: Les trois paroisses, c'est avec cela qu'on forme le
groupement forestier.
A l'avenir, on ne procédera pas comme cela. On a
créé les unités d'aménagement à l'avance,
avec l'acceptation des offices de producteurs, de la Fédération
des producteurs de bois, et lorsqu'un groupe va décider de former un
groupement dans une région, ce groupe va devoir administrer plus que les
deux ou trois paroisses qui ont eu l'initiative. Il va devoir administrer un
beaucoup plus grand territoire qu'avant. Prenons Montmagny, parce que c'est
peut-être une région qui vous concerne. Avant, six paroisses
étaient censées former le groupement de Montmagny. Là, on
a décidé, avec l'Office des producteurs de La Pocatière,
que le comté de Montmagny formerait une unité
d'aménagement en entier, seul, que le comté de L'Islet en
formerait une autre, ainsi que Ka-mouraska, plus les cinq paroisses de
Rivière-du-Loup, parce qu'on a des critères de sélection
qui ne veulent pas qu'on chevauche sur deux offices de producteurs. On se
limite aux encadrements et, à l'intérieur de ces encadrements, on
crée nos unités d'aménagement.
M. GIASSON: Cela laisse présumer que, dans un territoire
où vous avez un office de producteurs, il peut y avoir plus d'une
unité d'aménagement?
M. DRUMMOND: Oui. Prenons La Pocatière, il va avoir trois
unités d'aménagement dans La Pocatière. Dans le
Bas-Saint-Laurent, il y a deux offices de producteurs et, de
Rivière-du-Loup à Gaspé, vous allez avoir treize
unités d'aménagement de forêt privée.
M. GIASSON: Pour autant que Montmagny est concerné, il y a
déjà eu du travail fait en vue de la création d'une
unité.
M. DRUMMOND: Oui.
M. GIASSON: II semble qu'à un moment donné, d'après
l'information qu'on m'a donnée, le ministère ne voulait pas les
agréer, les reconnaître pour qu'ils passent au stade d'une
opération normale.
M. DRUMMOND: Ce qui est arrivé dans le cas de Montmagny c'est
qu'il y a certains critères de base, 35 propriétaires, 3,000
acres incorporés. Avec les six paroisses du temps, on n'était pas
capable d'atteindre cette chose. On est venu nous voir à plusieurs
reprises à ce sujet, et j'avais dit: Atteignez le minimum puis
après on verra, parce que M. le ministre avait déjà
donné son assentiment à la création, dans Montmagny, d'un
groupement forestier. Nous autres, on est prêt pour autant que les gens
aient obtenu un minimum. Il ne s'agit pas de créer pour le plaisir de
créer, si les gens ne veulent pas s'impliquer dans le système. On
sait les dépenses que cela implique et si on arrive avec un petit groupe
d'individus, dix ou quinze, le jeu n'en vaut pas la chandelle. On a dit:
Atteignez un minimum. Le promoteur nous avait dit: Pour atteindre mon minimum,
il faudrait que j'aie le comté de Montmagny. Dans ce cas, il y a eu un
conflit de personnalités puis on ne venait plus à bout de
s'entendre avec
l'office des producteurs et avec le monsieur en charge de la propagande
du groupement. Là, ça semble vouloir se tasser de ce
côté. A la dernière assemblée générale
de l'office des producteurs, on a décidé de créer trois
unités d'aménagement et qu'un représentant de chacune des
unités d'aménagement siégerait au conseil d'administration
de l'office des producteurs. Là, ça semble vouloir
démarrer à nouveau. Si l'on trouve le minimum requis, compte tenu
que l'assentiment de M. le ministre a été donné
l'année dernière, on va partir.
M. GIASSON: Je ne sais pas si le comportement des propriétaires
de boisés privés est le même partout dans toutes les
régions du Québec. Chez nous, on a senti que
l'intérêt à l'endroit du groupement forestier venait
surtout de propriétaires qui possèdent plusieurs lots à
bois. Ces gens étaient prêts à intégrer dans le
groupement forestier un, deux ou peut-être trois lots sur six à
dix, mais les lots qu'ils désiraient placer pour l'aménagement
c'était justement ces lots sur lesquels il y a eu des opérations,
peut-être qu'il y avait eu "surcoupe". Lorsque les terres à bois
moins malmenées intéressaient encore le propriétaire
privé, il ne les incluait pas dans le projet. Il voulait faire faire par
le groupement forestier de l'aménagement sur les lots qui avaient
été pillés, pour prendre un terme courant chez nous, et ne
pas intégrer ses terres à bois ou ses lots où les essences
étaient plus nombreuses et plus volumineuses.
M. DRUMMOND: Pour répondre à cela, depuis le 1er avril
1974 on a établi une norme qui est un critère d'acceptation des
candidats. Il est arrivé par les années passées que des
individus mettaient des parties de lot, même s'ils étaient
propriétaires d'un lot entier et que sur le lot il y avait 40 acres de
boisés. Des fois le gars arrivait et disait: Je vais en mettre 20 acres
puis je vais garder les 20 autres. Depuis le 1er avril 1974, cela n'est plus
accepté. Le propriétaire d'un lot qui décide d'entrer dans
une compagnie doit mettre entièrement la partie boisée du lot
qu'il veut incorporer. Si le gars possède trois ou quatre lots et qu'il
décide d'en mettre un, cela est accepté.
M. GIASSON: C'est accepté.
M. DRUMMOND: On l'accepte, mais il ne peut pas mettre une partie de son
boisé à l'intérieur d'un lot légalement
cadastré. Il faut qu'il l'embarque totalement.
Disons qu'on a modifié un peu cela face à la
fédération, mais on avait dit qu'il fallait qu'il y ait un
minimum de 25 acres de boisés sur ces lots et qu'il fallait qu'il y ait
20 p.c. de cette partie boisée qui puisse recevoir des traitements
sylvicoles immédiatement. Alors, cela veut dire que les lots
pillés, on ne les acceptera plus; que les lots où actuellement,
même s'ils n'ont pas été vraiment pillés, on ne peut
pas appliquer des traitements sur au moins 20 p.c. de leur superficie, on ne
les embarquera pas dans le groupement, pour l'instant. On va attendre que les
lots s'améliorent par eux-mêmes.
Alors, à partir du 1er avril, c'est un critère de
sélection des individus. Comme je l'ai dit tout à l'heure dans
l'introduction, ce que l'on veut, ce n'est pas donner de l'assistance
déguisée, mais c'est d'augmenter la productivité de nos
forêts. On ne peut pas augmenter la productivité d'une forêt
qui est déjà coupée à blanc. Il faut attendre
qu'elle se reconstitue et, après cela, y faire des travaux.
M. GIASSON: Mais, si je ne fais pas erreur, il avait été
question, à l'endroit des groupements forestiers, en vue de donner une
meilleure rentabilité aux opérations qu'ils voulaient faire, de
leur permettre des droits de coupe à l'intérieur de la
forêt publique. Est-ce que cela tient toujours?
M. DRUMMOND: A cela, le ministre a répondu un peu tout à
l'heure. Cela tient toujours l'année dernière, on en a
donné au groupement de Restigouche pour autant que c'est
possible.
M. GIASSON: Oui.
M. DRUMMOND: Parce qu'il reste une chose. Il y a certains groupements,
actuellement, qui sont situés dans des endroits où il n'y a
presque pas de forêts publiques.
M. GIASSON: Mais, dans Montmagny-L'Islet, il n'y a pas de
problème.
M. DRUMMOND: Dans Montmagny, disons qu'il n'y a pas de
problème.
M. GIASSON: C'est la situation idéale.
M. DRUMMOND: On n'a pas négligé ça. On en a
donné à Restigouche l'année dernière. On en a
donné dans le cadre des Opérations dignité aussi. Cette
année, je crois que dans la région de Beauce il va y en avoir
aussi, parce que j'ai vu la planification faite par la région. Des
coupes vont être faites dans certaines réserves cantonales, qui
sont quand même attachées à la forêt domaniale. Mais
certaines coupes vont être faites par le groupement. Il y en a eu, l'an
passé, dans Taché. Il y en a eu un peu partout, l'année
passée. La différence avec la politique que l'on veut
peut-être mettre de l'avant un peu plus tard, c'est qu'où l'on
donne des travaux, actuellement, les lots publics ne sont pas vraiment,
actuellement, incorporés dans le groupement comme tel, sous le
régime de la gestion mixte que l'on veut mettre de l'avant un peu plus
tard. C'est-à-dire que les propriétés publiques, qui sont
incorporées dans le milieu rural, seraient gérées par les
individus. Plutôt que le
ministère ait à faire une surveillance très
étroite de ces lots, ce qui est très difficile, ce serait la
population qui ferait une autosurveillance de ces lots. Alors, l'individu, qui
n'est pas dans le groupement, mais qui voudrait aller piller le lot, va
être surveillé par le gars qui est dans le groupement et qui n'est
pas intéressé à ce que le lot public soit
pillé.
Alors, c'est dans ce sens que l'on veut agir. Automatiquement, cela va
diminuer, chez nous, la surveillance et le contrôle, qui sont très
difficiles et très dispendieux.
M. GIASSON: Maintenant, dans vos projections de développement
futur du système de groupement forestier, pour la région de
Montmagny-L'Islet, est-ce que vous avez l'intention d'agir à partir
d'une société d'aménagement technique ou si vous allez
négocier des ententes avec l'Office des producteurs quitte à leur
fournir de l'assistance technique?
M. DRUMMOND: Les contrats, cette année, à partir d'avril
1974, sont donnés de deux façons. En ce qui concerne
l'exécution des travaux, le contrat est donné à l'Office
des producteurs et le contrat d'assistance technique, pour cette année,
parce que là on va créer la société durant
l'année, a été donné au Fonds de recherche de
l'université Laval qui a le mandat de créer la
société au cours de l'année pour qu'elle devienne
effective au 31 mars 1975 et de donner l'assistance technique aux individus qui
sont entrés dans les groupements forestiers.
Alors, on a deux formes de contrats: un contrat d'exécution, qui
est donné à l'office, lequel doit signer des sous-contrats avec
chacune des compagnies pour faire vraiment exécuter les travaux, et un
contrat d'assistance technique qui est donné, disons cette année,
au FRUL, mais qui ira dans l'avenir à la société pour
desservir vraiment ces individus du point de vue technique. Il y aura toujours
deux formes de contrats.
M. GIASSON: Mais la société d'aménagement
technique...
M. DRUMMOND: Oui?
M. GIASSON: ... est-ce qu'elle a un caractère provincial?
M. DRUMMOND: Elle a un caractère régional...
M. GIASSON: Régional.
M. DRUMMOND: Oui. ... qui se limite à l'entité des
régions administratives du Québec. Alors, cela veut dire qu'au
Québec il y en aura disons qu'on en a huit peut-être
sept, à cause de la Côte-Nord. On ne créera pas une
société sur la Côte-Nord. Elle va être desservie, je
pense bien, soit par la région de Québec ou celle du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Cela n'est pas encore décidé mais ce
sera fort possiblement par la région de Québec, parce que,
à l'intérieur de la mise en marché, l'Office des
producteurs de la Côte-Nord relève de la région de
Québec. C'est fort possible que ce soit la région de
Québec qui ait à desservir la Côte-Nord, lorsqu'il y aura
un groupement sur la Côte-Nord.
M. LESSARD: Lorsque vous parlez de ne pas créer un office comme
ça sur la Côte-Nord, c'est que justement, sur la Côte-Nord,
on constate qu'on est quand même loin de la région de
Québec. Alors dans la politique de déconcentration du
ministère des Terres et Forêts, je ne vois pas pourquoi, s'il
existe des groupements forestiers, on ne créerait pas un organisme pour
les gens de la Côte-Nord.
M. DRUMMOND: On pourra créer, peut-être, des groupements et
ce sera facile, je pense bien, pour la société de Québec,
c'est-à-dire pour le gérant qui aura à administrer la
société de Québec, de mettre des ingénieurs
à la disposition des groupements de la région, comme on le fait
cette année.
Cette année, on va créer Québec, mais Québec
va desservir le groupement de Manseau, le groupement de Maskinongé et
même le groupement de Labelle parce que cela ne sert à rien de
créer des sociétés dans des endroits où on n'a pas
beaucoup de groupements. Cela coûterait extrêmement cher parce que
cela demande une bureaucratie, cela demande un gérant et tout cela.
Alors, c'est le gérant de Québec qui... Il va y avoir des
ingénieurs qui vont quand même planifier les travaux, mais ils
vont relever de la société de Québec. C'est que la
société de Québec va faire un prêt à ces
gens, pour l'instant.
M. LESSARD: Actuellement, il n'y a pas de groupement forestier qui
fonctionne sur la Côte-Nord?
M. DRUMMOND: Non, parce que, dans le fond, ce n'est pas là que
sont vraiment les priorités pour l'instant, en ce qui concerne les
forêts privées du Québec, qui ne sont pas bien importantes
non plus.
M. LESSARD: M. le Président, c'est qu'elles sont toutes
concédées. Il n'en reste pas beaucoup pour...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Laviolette.
M. CARPENTIER: M. le Président, est-ce qu'il y a d'autres
organismes comme ça ailleurs que dans le bas du Saint-Laurent? Est-ce
qu'il y en a, dans le nord de Montréal également, dans
les comtés de Maskinongé, de Laviolette, de Saint-Maurice
ou ailleurs?
M. DRUMMOND: Vous voulez dire en ce qui concerne les groupements
forestiers?
M. CARPENTIER: Oui.
M. DRUMMOND: II y en a un dont on a eu les lettres patentes la semaine
dernière, celui de Maskinongé et il y en a un dans Labelle aussi.
Il y en a un dans Manseau. Vous en avez aussi trois dans la région de
Dorchester-Beauce. Vous avez celui des Appalaches, dans la région de La
Patrie, dans les Cantons de l'Est. Vous en avez trois en Abitibi, trois au
Lac-Saint-Jean. Les autres se situent dans le Bas-Saint-Laurent et la
Gaspésie.
M. CARPENTIER: ... ceux que vous venez de nommer là, vous en avez
plus que 23?
M. DRUMMOND: Non. En réalité... Cela fait quinze et neuf.
Vous en avez neuf en bas. Oui, ça va. Parce que vous avez les deux
opérations Dignité sectionnées en cinq unités; vous
en avez quatre, à part cela, dans le Bas-Saint-Laurent, deux dans la
Gaspésie proprement dite, et vous en avez deux à
Rivière-du-Loup et Témiscouata, ce qui veut dire neuf pour la
région du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie.
Pour la région de Québec, ici, vous en avez trois, et si
on prend celui des Cantons de l'Est, cela fait quatre. Vous en avez, dans la
région de Trois-Rivières, deux, trois au Lac-Saint-Jean, et trois
en Abitibi.
M. CARPENTIER: De quelle façon fonctionnent ces organismes
à travers les responsables régionaux des différentes
régions?
M. DRUMMOND: Jusqu'à maintenant, en ce qui concernait
l'assistance technique, en ce qui concernait les budgets et la qualification
des travaux, cela relevait des régions. A partir de cette année,
la Technique va relever de la société et les budgets, toutes ces
choses, relèvent de la région.
L'administration régionale administre les budgets en ce qui
concerne la forêt privée.
M. CARPENTIER: Est-ce que leurs opérations se limitent seulement
à la coupe du bois et au charroyage ou s'il y a des travaux de
sylviculture?
M. DRUMMOND: II n'y a pas de sylviculture, des travaux...
M. CARPENTIER: De la "reforestration", en fait-on?
M. DRUMMOND: Oui. Reboisement, travaux précommerciaux, où
il n'y a pas de récupération. Il y a ce qu'on appelle le commer-
cial intermédiaire, c'est-à-dire où il y a une partie en
précommercial et une partie en récupération, et vous avez
le commercial proprement dit. Il y a, en réalité, de toutes les
phases.
M. CARPENTIER: Est-ce que toutes ces opérations sont
régies par l'exclusivité décrétée
dernièrement par la Régie des marchés agricoles?
M. DRUMMOND: Lorsque cela touche au plan conjoint, tout
propriétaire forestier est assujetti au plan conjoint et à la Loi
de la Régie des marchés agricoles, donc est régi par
l'exclusivité. Actuellement, même si vous avez une création
d'une compagnie légalement constituée, vous êtes quand
même subordonné, en tant qu'individu, en tant que
propriétaire forestier, à la Loi du crédit agricole et,
dans les régions où il y a l'exclusivité, à
l'exclusivité. C'est certain.
On n'a pas affaire à la mise en marché parce que nous,
nous ne touchons pas à la mise en marché comme telle. Si les gars
produisent surtout du bois de sciage, actuellement les offices de
producteurs ne s'impliquaient pas trop trop au niveau de l'exclusivité
dans le bois de sciage, même si elles en ont l'autorisation
peut-être que les compagnies ou les groupements pourront mettre leur bois
de sciage comme ils le veulent. Mais en ce qui concerne les bois à
pâte, là où l'exclusivité s'applique, c'est
l'exclusivité qui fonctionne.
M. CARPENTIER: Est-ce que l'exclusivité va s'appliquer
également pour le bois de sciage?
M.DRUMMOND: Elle s'applique pour le bois de sciage, actuellement. De par
le règlement, on peut appliquer l'exclusivité au bois de sciage;
elle s'applique à "tout bois."
Actuellement, pour partir, avec le bois à pâte, ils en ont
suffisamment. Ils se contentent donc du bois à pâte pour
l'instant.
M. LESSARD: Est-ce que, concernant l'exclusivité, toutes les
compagnies forestières se sont soumises à ce
règlement?
M. DRUMMOND: Je peux répondre. Je ne sais pas si c'est vraiment
une discussion pour le ministère des Terres et Forêts ou pour le
ministère de l'Agriculture, mais il y a un certain problème
avec...
M. LESSARD: Au ministère de l'Agriculture on nous a dit de
discuter ce problème au ministère des Terres et Forêts.
M. DRUMMOND: Ah bien! Ah bien! M. LESSARD: Une question embêtante.
M. DRUMMOND: Non, ce n'est pas une
question embêtante du tout, c'est seulement la question de ne pas
avoir de dédoublement.
M. LESSARD: Justement, M. le Président comme on n'a pu en
discuter au ministère de l'Agriculture, je voudrais qu'on en discute
ici.
M. ROY: Sans avoir de dédoublement, il ne faudrait quand
même pas qu'il y ait une absence non plus; il ne faudrait pas partir
d'une exagération pour tomber dans une autre.
M. DRUMMOND: Je ne veux rien écarter.
M. LESSARD: Non, non, ne vous écartez pas, vous en aviez 36
d'écartés ce matin, c'est assez.
M. DRUMMOND: II y a un problème avec la compagnie Anglo à
ce moment-ci et, lorsque les crédits seront terminés, on aura
l'occasion de regarder de près la décision d'arbitrage qui a
été envoyée au ministère. En tout cas, nous en
discuterons avec l'UPA aujourd'hui, probablement, et avec la compagnie Anglo la
semaine prochaine, avant de prendre l'action nécessaire, si
nécessaire.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, les questions que j'aurais à
poser concernent...
M. LESSARD: Je n'avais pas terminé. M. ROY: D'accord.
M. LESSARD: Nous pouvons dire que nous nous en apercevons parce quand il
y a des problèmes avec des compagnies privées, en particulier
l'Anglo, car elles nous invitent à des cocktails quand il y a des
problèmes.
Mais nous refusons, M. le Président; comme d'habitude, nous
n'acceptons pas de tentative de corruption.
M. DRUMMOND: II me semble qu'il y a un lien assez direct entre les
péquistes et les grosses compagnies, parce que je n'ai pas reçu
une telle invitation.
M. LESSARD: Le ministre a dû recevoir son invitation.
M. ROY: Nous n'avons pas reçu d'invitation non plus, M. le
Président, ça commence à être quand même assez
sérieux.
M. LESSARD: Cela démontre, M. le Président, malgré
le fait que nous ne soyons que six, la force de l'Opposition.
M. ROY: Nous allons nous poser moins de questions sur les $800,000.
M. GIASSON: M. le ministre...
M. LESSARD: Un instant. Sur le droit d'exclusivité, le conflit
qui existe entre l'Anglo et les producteurs privés consiste dans le fait
que l'Anglo demande un certain nombre de cordes de bois, 80,000 cordes, alors
que les producteurs privés ne peuvent en fournir que 50,000. Dans ce
sens, on voit la nécessité de l'instauration de plans de
distribution du bois par usine. On voit aussi la nécessité de
protéger les boisés privés parce que si les compagnies,
à un moment donné, demandent trop de cordes de bois aux
producteurs privés, il y a danger de faire disparaître ces
boisés. Est-ce que le ministre a instauré son programme de plans
de distribution de bois par usine et est-ce qu'il intervient dans ces
négociations pour faire en sorte que les petits boisés
privés ne soient pas pressurés au-delà de leurs
possibilités de coupe?
M. DRUMMOND: Oui, c'est exact, depuis quelques années, nous
discutons les volumes avec les syndicats de producteurs et nous discutons aussi
avec eux de l'alimentation des usines, telle usine ou telle autre. Nous
travaillons de cette façon. Cela va créer certains
problèmes mais va en régler d'autres. Par exemple, il y a un
projet à Rivière-du-Loup où la garantie serait
basée seulement sur le bois qui vient des forêts privées et
de REXFOR. A mon avis, nous faisons énormément de progrès
en essayant de rationaliser, avec les propriétaires de boisés, la
distribution du bois, nous avons de bonnes relations et cela va bien.
M. LESSARD: Où en est rendu le projet du ministre d'un organisme
gouvernemental de contrôle des prix?
M. DRUMMOND: Je pense que nous avons déjà discuté
cette question. Cela ne relève pas de la forêt privée comme
programme; c'est toute la question d'une régie des produits
forestiers.
M. LESSARD: Non, M. le Président, en cas de désaccord
entre les compagnies.
M. DRUMMOND: Ah! en cas de désaccord, ça ne relève
pas de nous autres; ça relève de la Régie des
marchés agricoles.
M. LESSARD: Mais le ministre avait parlé de création d'un
organisme gouvernemental des prix...
M. DRUMMOND: Non...
M. LESSARD: ... qui devait rendre inutile le recours à la Loi des
prix du bois à pâte vendu par des agriculteurs et des colons.
M. DRUMMOND: C'est déjà réglé par la
Régie des marchés agricoles, la question des
prix. Ce n'est pas un grand problème cette année parce
qu'il y a beaucoup d'argent; les gars font de l'argent en masse. Mais cela
relève de la régie; en ce qui concerne les volumes, cela
relève de nous.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre est conscient du fait que, si on
développe les boisés privés, si on permet une meilleure
production dans ce secteur, il va falloir, par contre, coordonner de
façon probablement beaucoup plus rationnelle la vente du bois?
Actuellement, je pense que c'est onze millions de cunits qu'on coupe au
Québec; dans le rapport Lussier on parle de la possibilité de
doubler la production au niveau des boisés privés. Le ministre
n'est-il pas conscient du fait qu'il va falloir avoir un organisme? Si on
augmente dans les boisés privés, il va falloir diminuer ailleurs,
en tenant compte du marché, dans les concessions forestières. Je
dis selon les besoins du marché. Si, par exemple, le marché
atteint quinze millions de cunits et que la production privée augmente
de 50 p.c. actuellement, je pense que 25 p.c. viennent des boisés
privés à ce moment-là il va falloir qu'il y ait un
organisme qui fasse en sorte qu'on ne coupe pas plus de bois que le
marché en demande.
Alors, est-ce que le ministre parlait, je pense, dans son livre
blanc d'une régie des produits forestiers le ministre a
l'intention de créer un organisme comme celui-là pour pouvoir
coordonner la coupe du bois et planifier?
M. DRUMMOND: M. le Président, encore, tout ce qu'il faut...
M. LESSARD: II y a encore des cultivateurs qui ont du bois à
vendre et puis...
M. DRUMMOND: Un instant, un instant! Nous avons si on lit le
journal des Débats le premier jour discuté longuement de
toute cette question d'une régie des produits. Ah! oui, on l'a
discutée à fond. J'avais dit à ce moment-là qu'au
commencement, lorsqu'on a discuté en commission parlementaire, tout le
monde était contre l'idée, et la discussion est partie de
là.
Alors, lorsqu'on parle de doubler la production, on parle de nombre
d'années. C'est la nécessité d'augmenter la production
pour satisfaire les besoins qu'on prévoit dans l'avenir. Evidemment, on
a parlé hier d'arriver au contrat par usine; lorsqu'on fait ça,
on tient compte du bois disponible et des copeaux disponibles. Alors il faut
mettre tout un réseau en marche. C'était pour ça que
j'avais dit, à ce moment-là, que je pense que plus tôt que
prévu on va arriver avec un système, disons une régie des
produits forestiers. Cela va venir mais pas pour cette année.
En ce qui concerne le mécanisme que nous avons actuellement, ce
n'est pas peut-être le meilleur système mais, en ce qui concerne
la production des propriétaires privés, ça marche quand
même; s'il y a un conflit en ce qui concerne les prix, on a la
régie pour les déterminer. Dans le passé, lorsque le
député de Lotbinière était le critique pour les
créditistes, au commencement c'était une question de bois
coupé partout par les propriétaires privés dans la
région et laissé à côté des chemins. A ce
moment-là, on avait un mécanisme pour forcer...
M. LESSARD: Article 41.
M. DRUMMOND: Oui, forcer les compagnies à accepter le bois.
M. LESSARD: Est-ce que vous avez l'intention de l'appliquer l'article 41
de la Loi du ministère des Terres et Forêts contre l'Anglo?
M. DRUMMOND: On pourrait bien arriver à ça, mais c'est une
autre sorte de problème, parce que c'est la question d'un volume moindre
au lieu de garantir la livraison, alors c'est un problème de
prospérité, d'une certaine façon.
M. LESSARD : Le ministre peut-il nous assurer qu'il n'y a pas de
problème, actuellement, de bois qui reste non vendu chez les producteurs
privés?
M. DRUMMOND: Si le député de Saguenay est au courant de
certains cas, qu'il me le dise. Je sais bien qu'il y a beaucoup de demandes. Ce
n'est pas un problème, c'est surtout le fait que les prix sont tellement
élevés que tout le monde coupe. On n'a jamais vu un marché
comme aujourd'hui.
M. LESSARD: C'est justement, c'est le temps qu'il fasse sa
réforme forestière, en profiter pendant que le marché est
excellent. Est-ce que le ministre a reçu des...
M. DRUMMOND : On poursuit depuis quelques années nos
réformes forestières.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre a reçu les protestations de
l'Association des marchands de bois de pulpe du Québec, justement contre
cette exclusivité? Et, le ministre a-t-il l'intention d'accepter les
recommandations?
M. DRUMMOND: M. le Président, l'exclusivité est
passée.
M. LESSARD: Et vous n'avez pas l'intention de reculer?
M. DRUMMOND: D'abord, ce n'est pas ma décision.
Deuxièmement, j'ai dit publiquement qu'en ce qui me concerne, si on veut
un vrai aménagement de nos forêts et publiques et privées
dans ce cas, la forêt est privée
l'exclusivité c'est un commencement vers un aménagement qui est
sain. Je ne dis pas que
c'est parfait, parce qu'il y a toute la question de bois de sciage qu'il
faut incorporer dans le système, mais c'est un commencement et ça
va arriver avec le temps. C'est primordial pour moi qu'un tel système
soit mis en vigueur. Mais ça relève maintenant des syndicats de
faire la preuve qu'ils peuvent livrer la marchandise, et alors il y a une
responsabilité...
M. LESSARD: En tenant compte des possibilités et du potentiel des
boisés privés, quand l'Anglo demande 80,000 cordes alors qu'elle
n'a jamais demandé 80,000 cordes dans le passé, c'est un moyen
justement, de prouver que les...
M. DRUMMOND: Non, non, c'est peut-être un aspect du
problème, mais l'autre aspect du problème, c'est aux producteurs
de faire la preuve que même si c'est basé sur une coupe
rationnelle, il serait peut-être utile à la forêt de remplir
les obligations en ce qui concerne les livraisons.
M. LESSARD: Le ministre est allé en Suède, et en
Suède c'est plutôt 80 p.c, je pense, des producteurs privés
qui fournissent aux entreprises. Est-ce que le ministre a reçu
les...
M. DRUMMOND: Une chose intéressante, en Suède, c'est
qu'à ce moment-là c'était la deuxième plus grande
compagnie, en Suède contrôlée par les producteurs.
Lorsqu'on arrive, ça semble faire populaire, mais ils arrivent au
même problème qu'on a aujourd'hui: le prix du bois vendu à
l'usine. Mais quand même c'est un aspect intéressant qui est sorti
de ça, au sud de la Suède.
M. ROY: Quand on parle d'exclusivité, ça me porte à
poser une autre question. Si, par exemple, on garantit l'exclusivité
d'approvisionnement à une usine, puis, comme on vient de le mentionner,
que l'usine décide elle, d'augmenter ses achats parce qu'il y a
bien des considérations et bien des facteurs qui peuvent entrer en ligne
de compte. Il y a tout le secteur économique. On sait très bien
que lorsque les revenus sur la ferme connaissent des difficultés,
lorsqu'il y a des périodes de chômage dans bien des domaines, les
agriculteurs, avec leurs réserves de boisés de ferme, vont assez
souvent y chercher des revenus additionnels, pour compenser le manque de
revenu, ou le manque à gagner qu'il peut y avoir dans d'autres secteurs
il n'y a pas un danger que l'exclusivité, même s'il y a des
avantages, risque, à un moment donné, de forcer les producteurs
à livrer du bois même malgré eux, en leur imposant des
quotas pour satisfaire aux exigences de la compagnie, qui elle, pourrait avoir
certains droits de recours, du fait qu'elle manquerait de bois? J'aimerais bien
avoir un peu d'explication là-dessus.
M. DRUMMOND: Les producteurs de bois ont demandé
l'exclusivité eux-mêmes. Tout ce qu'a fait la régie, c'est
d'accepter une demande du groupe qui représente les producteurs de bois.
Il y aurait peut-être des problèmes, d'accord, mais, si on permet
à la loi de la jungle d'exister plus longtemps, on va rater toute
possibilité d'aménager nos forêts privées. On serait
pris avec le même problème qu'on a un peu aujourd'hui, alors qu'on
essaie d'inciter à une seule coupe. Dans d'autres périodes, les
grosses compagnies, peuvent faire du chantage avec le bois de leurs
concessions, pour essayer de ne pas prendre le bois des cultivateurs. On veut
rationaliser cela pour éviter ces extrêmes. Il n'y a rien de
parfait, mais sans avoir un plan d'aménagement, qu'on développe
région par région pour les forêts privées, je pense
qu'on va vers le désastre, un peu.
M. ROY: Sans revenir à la loi de la jungle qui a toujours
prévalu là-dedans, j'incite le ministère des Terres et
Forêts, même s'il est bien intentionné je crois que
le ministère peut être bien intentionné de ce
côté-là à être très prudent,
parce qu'il se pourrait fort bien que l'exclusivité favorise davantage
les grosses compagnies coupeuses de bois que le producteur. C'est
là-dessus que j'ai certaines réserves. C'est pour cela que je dis
que le ministère doit être très prudent de ce
côté-là.
M. DRUMMOND: Quand même, il faut dire que les grosses compagnies
ont protesté aussi contre l'exclusivité.
M. ROY: II y a eu des protestations qui ont fusé de part et
d'autre. S'il y a eu des protestations et considérant le pouvoir de
marchandage, le "bargaining power", si vous voulez, que les compagnies ont, je
dis que le ministère devra être vigilant de ce
côté-là.
M. DRUMMOND: Je pense que c'est la question de changer leurs
idées un peu. On n'aime pas changer ses idées.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Laviolette.
M. CARPENTIER: Concernant le même problème de
l'exclusivité, j'ai entendu, personnellement, plusieurs
représentations là-dessus. Précisément au point de
vue des plans conjoints, plusieurs plans conjoints auraient été
acceptés parce que ce sont les petits producteurs uniquement qui
auraient voté pour, les gens qui produisent cinq, dix, quinze, vingt ou
vingt-cinq cordes de bois. Cela crée peut-être un problème
à des plus gros producteurs ou à des courtiers qui ont fait un
travail, à mon sens, assez valable dans le passé à
l'endroit de l'industrie forestière et surtout pour parer, dans bien des
cas, au chômage dans certaines régions. Même, ces personnes
allaient plus loin que cela et faisaient des avances à ces producteurs
de bois, chose que la régie ne fait pas présentement.
Aujourd'hui, même les petits producteurs qui ont voté pour
ces plans conjoints et qui,
d'après tout ce qu'on entend dire, auraient décidé
d'accepter cela, sont les premiers, dans certains cas, à s'en plaindre.
Tantôt, le ministre des Terres et Forêts nous disait que ce
n'était pas sa décision d'avoir pris tout ce qui regarde
l'exclusivité; je le comprends parce que ça provient de la
Régie des marchés agricoles. Pour régler un cas comme
ça, et surtout à long terme, je me demande pourquoi tous les
bois, même ceux qui relèvent des cultivateurs, ne seraient pas
administrés par le ministère des Terres et Forêts. A ce
moment-là, on éviterait peut-être un dédoublement de
bien des choses, de la Régie des marchés agricoles dans ce
domaine.
Je crois qu'on pourrait peut-être régler, par le fait
même, bien des problèmes qui existent actuellement, surtout pour
l'alimentation des usines. La régie déclarait également,
lors de son audition à la commission, que les gens ne sont pas capables
de garantir les approvisionnements aux industries; cela crée un joli
problème. Rendu au mois d'octobre ou au mois de novembre, ce n'est plus
le temps de commencer à apporter du bois par camions dans certaines
usines de pâtes et papiers du Québec. Si la régie, à
ce moment-là, par l'entremise de son organisme, n'est pas capable de
fournir le bois nécessaire à l'alimentation de nos usines, cela
crée de jolis embêtements et ce sont les représentations
que l'Association des marchands de bois a faites lors de sa dernière
audition à la Régie des marchés agricoles. Tous ces
arguments ont été présentés d'une façon
assez convaincante. La régie a maintenu sa décision à
l'effet que l'exclusivité était respectée et le
problème reste encore le même.
Je me demande vraiment où on s'en va avec toute cette histoire.
Moi-même, j'ai fait certaines représentations. Je comprends qu'il
y a des choses qu'il faut analyser, regarder de très près, mais
je crois, que l'exclusivité, que nous avons actuellement, crée un
genre de monopole qui ne rend absolument service ni à l'industrie
forestière, ni aux petits producteurs, ni aux courtiers; à pas
grand-monde, à mon sens. J'en fais ici une suggestion, je crois que tous
les bois de la province de Québec devraient être régis par
le ministère des Terres et Forêts. A ce moment, on saurait
à qui s'adresser, on saurait pourquoi, on saurait où va chacun de
nous puis chacun des responsables dans leur comté. Je crois que cela
rendrait joliment service non seulement à l'industrie, aux courtiers ou
à ceux qui s'occupent de coupe de bois, mais également aux
approvisionnements qui sont absolument nécessaires, si on veut maintenir
une production normale et valable dans nos usines de pâtes et
papiers.
M. DRUMMOND: Je suis d'accord, pour ce qui est des autres
éléments du bois, comme les copeaux et le bois des forêts
domaniales, qu'on ait une régie qui comprenne tout ça, une
régie de produits forestiers qui engloberait tout. Mais à ce
moment-ci, avant d'y arriver, je pense que le système actuel ne marche
pas si mal que ça. Même si cela relevait de nous, on serait
probablement arrivé à la même décision. Si on parle
de monopole, je pense que le grand problème dans le passé
était que les concessionnaires utilisaient leurs approvisionnements de
bois en concession comme les autres monopoles, pour forcer les autres à
accepter des prix plus bas. Il fallait donc organiser les autres pour avoir un
certain pouvoir permettant d'équilibrer cette force. C'est à
cause de cela qu'on arrive là où on se trouve aujourd'hui.
M. CARPENTIER: Ne croyez-vous pas que ce serait une bonne chose que tous
les bois de la province de Québec soient régis par le
ministère des Terres et Forêts, au lieu d'en avoir une partie, qui
provienne des cultivateurs, régie par le ministère de
l'Agriculture? Il y a deux ministères qui s'occupent en
réalité d'une même production. De plus en plus, les gens
semblent vouloir s'intéresser à cette production, et lorsqu'on
considère également le prix auquel le bois est vendu
présentement, je pense que c'est un problème qu'il vaut la peine
de regarder de très près.
M. DRUMMOND: Ma réponse la plus courte serait oui.
M. LESSARD: Est-ce que vous seriez d'accord sur une régie des
produits forestiers?
M. DRUMMOND: Je suis toujours d'accord sur ça.
M. LESSARD: Est-ce que vous avez l'intention de l'instaurer?
M. DRUMMOND: C'est la discussion de lundi. J'ai dit qu'on progresse dans
cette direction actuellement, dans ma pensée.
M. GIASSON: Avez-vous examiné la possibilité de la
création d'une section spéciale à la Régie des
marchés agricoles pour la mise en marché des produits forestiers?
Je veux dire par là qu'il y ait à l'intérieur de la
régie une équipe de spécialistes de la forêt qui
travaille dans le secteur forestier, laissant les questions agricoles aux
spécialistes de l'agriculture? Toujours à la régie. Il en
est de même aussi pour la Société du crédit
agricole. Je verrais tout aussi bien qu'on crée une politique de
crédit forestier à l'intérieur de la Société
du crédit agricole, à condition que nous ayons des
spécialistes de la forêt qui travaillent dans le secteur forestier
à l'Office.
M. DRUMMOND: C'est ce qu'on fait pour les crédits. Mais, je pense
que ce serait plus difficile en ce qui concerne le bois. Est-ce qu'on va
inclure les copeaux? Est-ce que les copeaux sont des produits agricoles en soi?
C'est un aspect du problème.
M. GIASSON: Moi, je ne le croirais pas; c'est un produit de bois mais
transformé déjà quand il vient à l'état de
copeaux.
M. DRUMMOND: Pardon?
M. GIASSON: C'est un produit forestier mais qui a subi une
transformation.
M. DRUMMOND: C'est ça. Je pense que pour une régie de
produits forestiers, ce serait assez de boulot d'avoir un organisme à
part.
M. GIASSON: Mais même dans un office de régie des produits
forestiers, pour la mise en marché du bois, est-ce que vous voyez que
cette régie aurait les pouvoirs de négocier le prix des copeaux?
Je pense qu'elle serait créée surtout pour régler les
problèmes de la mise en marché du bois des petits
propriétaires de boisés, et non pas du produit transformé
pour son écoulement final.
M. DRUMMOND: Je pense que si on arrive à une régie de
produits forestiers, il faudra avoir un système pour établir le
prix des copeaux.
M. GIASSON: A l'intérieur d'une régie
forestière?
M. DRUMMOND: Oui. C'est ce que je pense actuellement. Je ne vois pas
comment on pourrait l'éviter en tout cas.
M. ROY: Je voudrais ajouter une chose ici. Je comprends que la question
n'est peut-être pas aussi facile à trancher qu'on le pense ou
qu'on peut le penser. Autour d'une table, je suis bien d'accord que ce sont des
discussions bien intéressantes. Cela permet d'évaluer les
différents problèmes.
Il y a un autre facteur que l'on ne peut pas ignorer, même s'il y
a quelque chose de très valable dans ce que vient de dire l'honorable
député de Laviolette ainsi que de mon collègue le
député de Montmagny-L'Islet également.
Vous avez une quantité d'agriculteurs au Québec dont les
principaux revenus sont des revenus de la ferme et qui ont un petit ou un moyen
boisé qu'ils exploitent en surplus, en guise de complément. Si on
oblige ces gens à faire affaires avec l'Office du crédit agricole
lorsqu'ils ont besoin d'investissement pour les biens fonciers et qu'on les
oblige, en plus, de faire affaires avec un office de crédit forestier,
il faut penser aux coûts que cela va signifier pour ces personnes. Je
comprends qu'on veut intégrer tous ceux qui veulent se
spécialiser uniquement dans la forêt, en faire des professionnels
de la forêt et qu'ils aient affaire à l'Office du crédit
agricole. Mais je dis qu'il y aura certaines choses qui ne cadreront pas et qui
ne donneront pas satisfaction à ceux qui se spécialisent dans le
domaine forestier.
Je me demande s'il n'y aurait pas lieu de trouver un petit trait d'union
en quelque part de façon que la Loi du crédit agricole soit
amendée pour que ceux qui sont dans l'agriculture puissent garder et
exploiter un petit boisé de ferme sans avoir recours à une
deuxième hypothèque, deuxième contrat, deuxième
demande, deuxième certificat de recherche et ainsi de suite. Je pense
que de ce côté il y a quelque chose qu'il faudra examiner. Lorsque
l'on s'occupe d'aménagement rural, qu'on s'occupe d'établissement
dans les milieux ruraux, c'est un problème qu'on vit et qu'on sent. Il
ne faudrait pas non plus obliger les agriculteurs, ces petits exploitants du
domaine forestier à encourir des frais additionnels; il y aura tellement
de complications que les gens ne seront tout simplement pas
intéressés. Us seraient intéressés seulement
à délaisser ce secteur, qui est quand même important pour
eux.
M. DRUMMOND: On a connaissance du problème. Disons que...
M. CARPENTIER: C'est peut-être là un des points très
importants. Quant au petit producteur dont parle le député, c'est
peut-être une des raisons pour lesquelles la régie ne peut pas
fournir les garanties nécessaires à l'approvisionnement des
usines. Le cultivateur de ce genre est obligé de faire affaires avec
tout ce système et, en plus, il le fait quand cela lui plaît,
quand c'est rentable pour lui, non pas quand l'usine a besoin de bois. Il fait
du bois sur son lot quand c'est payant pour lui et non pas quand il y a des
besoins réels. Alors, cela crée un joli embêtement à
bien du monde.
C'est pour cela que je dis que cela devrait relever uniquement du
ministère des Terres et Forêts. Ce n'est pas plus difficile pour
un cultivateur de faire affaires avec le ministère des Terres et
Forêts que de faire affaires avec le ministère de la Justice, ou
le ministère des Affaires sociales ou n'importe quel autre
ministère. C'est un citoyen de plein droit, n'importe quel cultivateur
dans la province de Québec. Je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas
faire affaires uniquement, en ce qui concerne le bois, avec le ministère
des Terres et Forêts au lieu de faire affaires à deux endroits,
soit au ministère de l'Agriculture et au ministère des Terres et
Forêts. Ce cultivateur, c'est un citoyen comme n'importe qui. Pour
quelles raisons est-il obligé de faire affaires dans un domaine avec
deux ministères différents? Cela est un problème qui
existe depuis très longtemps et qui crée, à mon sens, des
embêtements assez sérieux à bien du monde.
M. GIASSON: Pour la mise en marché des bois, les cultivateurs
font affaires avec un seul organisme, la Régie des marchés
agricoles. Je ne vois pas les pouvoirs que le ministère des Terres et
Forêts a pour aider le petit propriétaire privé à
vendre son bois. C'est que la Régie des marchés agricoles,
présentement, est l'orga-
nisme avec lequel le cultivateur, tant pour sa partie agricole que sa
partie forestière, peut négocier ou se faire entendre...
M. CARPENTIER: Pourquoi pas avec le ministère des Terres et
Forêts?
UNE VOIX: C'est qu'il y a un organisme.
M. GIASSON: Ecoutez, M. le député de Laviolette, si la
Régie des marchés agricoles avait une section...
M. LESSARD: C'est l'occasion de le faire, M. le député de
Laviolette.
M. CARPENTIER: Je pense que je le fais assez clairement.
M. GIASSON: ... une véritable section forestière avec des
gens spécialisés...
M. DRUMMOND: Ils en ont une actuellement.
M. GIASSON: Cela existe à la Régie des marchés
agricoles. Est-ce qu'ils ont une équipe véritable, des forestiers
dans le sens le plus propre?
M. DRUMMOND: Peut-être pas une équipe aussi complète
qu'ils voudraient l'avoir. On n'a jamais des équipes aussi
complètes qu'on voudrait les avoir. Mais ils ont un régisseur qui
est un ingénieur forestier. Ils ont quatre ou cinq personnes qui y sont
attachées. Ces gens sont à Québec, ici, alors que tout le
reste du personnel de la Régie des marchés agricoles est à
Montréal.
Tout ce qui concerne l'agriculture est à Montréal et ce
qui concerne la forêt est à Québec, ici.
Ce qu'on a mêlé, quand le député est
intervenu, c'est l'Office du crédit agricole et la Régie des
produits forestiers. Mais votre question, on peut essayer d'y répondre.
D'abord, le crédit forestier va être administré par le
crédit agricole, de façon à ne pas avoir un
dédoublement de l'administration. Ce sont des gens qui sont
déjà rodés depuis au-delà de 30 ans à ce
système, aux formules et à tout cela. On n'est pas obligé
de créer une deuxième organisation pour le plaisir de
créer des structures qui coûtent énormément
cher.
Ceux qui ont des petits boisés, dont le revenu n'est pas vraiment
un revenu d'appoint, mais quelque chose qui vient de temps à autre, vont
pouvoir bénéficier, à même leur crédit
agricole, d'argent qui pourra satisfaire leurs besoins forestiers. Si
actuellement, par le crédit agricole, ils ont droit à $40,000,
ils pourront prendre une partie de cet argent pour satisfaire leurs besoins
d'amélioration en milieu forestier. Le crédit forestier
proprement dit va servir surtout aux gens qui ont des boisés assez
importants et dont l'emprunt servirait de façon majoritaire à
l'amélioration du boisé.
M. ROY: A l'amélioration du boisé et au financement
à long terme des investissements requis.
M. DRUMMOND: Oui, c'est cela. M. GIASSON: A titre d'exemple...
M. ROY: Je veux justement en venir, si on me le permet, à un
point. On parle souvent de coupe à blanc.
M. DRUMMOND: Oui.
M. ROY: Pourquoi y a-t-il eu tant de coupes à blanc dans le
milieu rural? On en a parlé un peu au tout début. Je suis heureux
que le crédit forestier devienne enfin une réalité et
j'espère que cela va devenir une réalité pour 1974.
Prenons un agriculteur qui, au moment de prendre sa retraite, a une
ferme et un boisé qu'il a exploités. Il a fait de la sylviculture
de façon à lui donner une certaine valeur et, là, il veut
vendre sa propriété à un jeune qui veut s'établir
dans l'agriculture. Combien de fois des organismes du milieu rural qui se
spécilisent dans l'aménagement du territoire et il y en a
quelques-uns dans le Québec ont dû avoir recours,
malgré eux, à la coupe à blanc du boisé pour
être capables de réaliser l'actif de la personne qui voulait
vendre sa propriété, de façon à
récupérer leur bien et à le monnayer. Avoir recours
pourquoi? Parce que la personne qui arrivait pour s'établir comme nouvel
agriculteur n'avait pas les capitaux voulus, n'avait pas l'argent liquide
nécessaire pour être capable d'acheter le boisé, de le
conserver et de l'exploiter de façon rationnelle. Il était
complètement ignoré, de ce côté, au niveau du
crédit agricole. La seule chose que faisait le crédit agricole du
Québec, c'était de considérer la valeur du boisé au
niveau des revenus de l'agriculteur, pour établir sa capacité de
rembourser, mais jamais on n'a tenu compte, dans le passé, du fait que
ce boisé de ferme constitue quand même des immobilisations assez
importantes et on n'a pas accordé de crédits de ce
côté.
Je pense qu'avec le crédit forestier on va régler un gros
pourcentage des coupes à blanc dans la province. Je suis très
heureux que ce soit administré par le crédit agricole, de
façon que les deux pourront, dans le cas des petits producteurs,
être intégrés en même temps. Le type ne sera pas
obligé de faire faire deux contrats différents, deux
hypothèques différentes en passant devant le notaire, etc.
Dans le cas des industriels forestiers des personnes
spécialisées dans la forêt, comme l'a souligné le
député de Laviolette, je ne verrais pas quel inconvénient
il pourrait y avoir à emprunter à l'Office du crédit
forestier, que ce soit à une section du crédit agricole ou
ailleurs,
si ce sont les mêmes remboursements, les mêmes taux
d'intérêt et que ce sont des personnes
spécialisées.
M. DRUMMOND: Ce à quoi il faudrait faire attention, ici, c'est
que les personnes peuvent être spécialisées, mais il ne
faut pas que ce soient des industriels. Un industriel, de par le crédit
forestier actuel, ne pourra pas emprunter au crédit forestier.
Si le gars, disons, a une grosse scierie, des choses comme cela,
même s'il est propriétaire, il ne pourra pas emprunter. Parce
qu'en réalité le crédit forestier n'est pas fait pour
favoriser la grosse entreprise. Il est fait pour favoriser la petite
entreprise.
M. ROY: Je change mon mot pour le mot professionnels. C'est ce que
j'avais à l'esprit.
M. DRUMMOND: D'accord.
M. GIASSON: Moi, je voudrais, tout au moins, qu'il y ait assez de
souplesse dans le système du crédit forestier, même si
c'est une filiale de l'Office du crédit agricole, pour répondre
avec rapidité aux besoins de crédits d'un cultivateur qui apprend
que le boisé de son voisin est à vendre. Habituellement,
lorsqu'un gars met un boisé à vendre, il veut réaliser sa
valeur d'actif très rapidement. D faudrait qu'il y ait assez de
rapidité d'exécution pour que cet acheteur éventuel, qui
veut acquérir un boisé qui appartient à un autre petit
producteur, puisse le faire de manière à ne pas se faire damer le
pion par les spécialistes de la commercialisation des terres à
bois.
Ce fut le problème, dans le passé. Le petit producteur qui
voulait avoir de l'argent était obligé d'aller chez le
commerçant de bois qui disait: Je vais t'en passer mais à
condition que tu coupes ça pour que je récupère
très vite. Si le commerçant de bois ne marchait pas
là-dedans, le petit producteur, souvent, perdait le marché et la
terre à bois s'en allait entre les mains des commerçants de bois
qui pouvaient réaliser, eux, leur mise de fonds le plus rapidement
possible.
M. DRUMMOND: C'est une bonne suggestion...
M. GIASSON: Mais ça prend de la souplesse et de la
rapidité d'exécution à l'Office du crédit agricole
pour aider le gars au moment où ça se passe.
M. DRUMMOND: Je pense que cette année, le crédit agricole
a été très rapide en ce qui concerne le crédit
agricole comme tel...
M. ROY: Un instant.
M. DRUMMOND: Dans un certain sens.
M. ROY: Ils ont manifesté l'intention d'être plus rapides
dans l'avenir.
M. DRUMMOND: Malgré tout, avec les prêts qui se sont faits
cette année, il y a une grande amélioration sur l'année
dernière.
M. ROY: Au point de vue des normes, pas au point de vue de la
rapidité, que je sache.
M. DRUMMOND: Mais, si avec le même personnel ils ont réussi
à en faire plus, c'est déjà une certaine
rapidité.
M. CARPENTIER: L'explication qui vient d'être donnée prouve
une fois de plus que les problèmes forestiers à travers la
province ne sont pas les mêmes dans toutes les régions. Il y a eu
des abus dans certaines régions, c'est un fait. Par contre, aujourd'hui,
il y a des régions qui ont été bien administrées et
qui sont aux prises avec les mêmes problèmes que ceux qui ont fait
des coupes à blanc ou ceux qui ont mal administré leurs
boisés, leurs forêts. C'est là-dessus que je voudrais qu'il
y ait plus de normalisation à l'effet que tout le monde soit
traité sur un pied d'égalité et que ce ne soient pas ceux
qui ont bien traité leurs forêts, qui ont bien traité leurs
lots qui soient pris dans le même carcan que ceux qui, à un moment
donné, soit par des courtiers ou autres personnes, ont fait des coupes
à blanc dans certaines régions de la province de Québec et
qui font que nous sommes tous dans le même bateau.
M. DRUMMOND: Je pense qu'on aura l'occasion de discuter plus longuement
ce problème lorsque nous étudierons les lois que nous allons
présenter à cette session. Je pense que nous avons fait le tour
de la question, et je suggère que nous adoptions l'élément
4.
M. ROY: J'aurais juste une dernière question à poser. Cela
fait un certain temps que je l'ai notée. Je voudrais savoir si le
programme des subventions qui ont été accordées l'an
dernier aux différents groupements forestiers je parle du
programme de subventions, je ne parle pas de prêts sera maintenu
cette année et s'il y aura plus de subventions. Le programme sera-t-il
accéléré ou si ce sera un programme semblable qui sera
maintenu au cours de l'année?
M. DRUMMOND: II est accéléré cette année,
parce que tous ceux qui avaient eu des travaux l'année dernière
ont des montants additionnels cette année. De plus, ceux qui,
l'année passée, se sont incorporés durant l'année
mais qui n'avaient pas eu de travaux parce que l'incorporation s'est faite
durant l'année parce qu'on demande une année pour
l'incorporation, on ne donne jamais de travaux l'année de
l'incorporation vont avoir, en plus, des travaux à faire.
II y a une nette amélioration de ce côté-là
et il y a aussi une nette amélioration au niveau de l'encadrement
technique. L'encadrement technique, cette année, sera beaucoup meilleur
que les années précédentes parce qu'il y aura plus de
personnel à notre disposition.
M. ROY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Comellier): Alors, l'élément 4 est
adopté.
Le programme 4 est adopté.
M. LESSARD: Adopté, M. le Président.
M. ROY: Le programme 4 n'est pas adopté, il y a, à
l'article déductions, ici, une somme de $7,499,000.
M. LESSARD: L'élément 4, M. le Président, quant
à moi, je suis prêt à l'adopter mais avant d'adopter le
programme 4, et avant de discuter des déductions, j'aurais quelques
questions à poser au ministre concernant certains projets. D'abord, le
projet pilote de Natashquan. Le ministre accepterait-il de déposer
l'entente entre Rayonier Québec et REXFOR? Quels seront les prix qui
seront payés par Rayonier Québec sur le bois coupé dans la
forêt "domaniale".
M.DRUMMOND: En principe, je n'aurais pas d'objection je pense, mais
j'aimerais regarder la documentation d'abord.
M. LESSARD: Le ministre ne sait pas quel prix sera payé par
Rayonier Québec pour le bois qui sera coupé par REXFOR?
M. DRUMMOND: C'est prévu dans le contrat avec Rayonier, c'est le
coût, moyen, si je me souviens, de ses propres exploitations incluant les
frais d'intérêt et d'amortissement.
M. LESSARD: Le ministre va regarder le document et concernant la
récupération du bois de la baie James, est-ce qu'il y a eu une
estimation des quantités de bois dans la région qui doit
être inondée?
M. DRUMMOND: Nous avons fabriqué un plan quinquennal d'allocation
de la matière ligneuse dans le Nord-Ouest qui prévoit la
récupération par les scieries de la région, des bois
susceptibles d'être inondés par le projet. Cela a fait l'objet
d'additions ou de quantités additionnelles aux contrats
d'approvisionnement pour favoriser la récupération de tous ces
bois. Tout ce qui est économiquement exploitable va être
récupéré.
M. LESSARD: Quelles sont les compagnies avec qui vous avez
négocié?
M. DRUMMOND: On pourrait nommer toutes les scieries du Nord-Ouest.
M. LESSARD: Quel est le prix payé?
M. DRUMMOND: C'est le droit de coupe de la forêt domaniale de
Matagami. Je crois que c'est $3 la corde, $3 les 100 pieds cubes.
M. LESSARD: Est-ce que le ministère s'engage à construire
les routes?
M. DRUMMOND: Cela fait partie de notre politique de grandes voies
d'accès.
M. LESSARD: Maintenant...
M. DRUMMOND: Comme je le mentionnais hier, il y a un industriel du
Nord-Ouest avec qui nous avons fait le même genre d'entente qu'avec
Chibougamau Lumber, justement pour accélérer le programme de
construction de chemins pour aller dans les territoires qui sont susceptibles
d'être inondés.
M. LESSARD: Donc, c'est le ministère, normalement, qui doit
construire les routes.
M. DRUMMOND: Les grandes voies d'accès, oui.
M. LESSARD: Les grandes voies d'accès. Comment expliquer...
M. ROY: Est-ce que le règlement qui a été
adopté qui a paru dans la Gazette officielle le 15 mai 1974
par arrêté en conseil, 1414-74, Loi des terres et forêts,
contribution exigible...
M. DRUMMOND: Cela, c'est la...
M. ROY: On dit ici que cette contribution sera provisoirement
fixée à $1 par unité de 100 pieds cubes ou par
unité équivalente pour l'année d'exploitation 1974/75, et
ceci est pour que les bois de toute nature coupés pour fins commerciales
dans la forêt domaniale, comme dans les autres forêts, à
moins de disposition contraire dans les garanties d'approvisionnement
déjà octroyées, soient assujettis à une
contribution pour compenser les frais de financement, de construction ou
d'amélioration de ces chemins forestiers et les frais d'entretien de
ponts de...
M. DRUMMOND: Alors, c'est...
M. ROY: Alors, le $1 vient en plus du droit de coupe...
M. DRUMMOND: Oui.
M. ROY: ... qui est exigible et il s'applique également dans le
cas qui a été soumis dans la question qui vient d'être
posée par l'honorable député de Saguenay.
M. DRUMMOND: C'est la première phase de la mise en place de notre
politique de voirie forestière.
M. LESSARD: Dans ces circonstances, je me demande ce que ça
rapporte. Vous vous rappelez, lors de la discussion du projet de loi 50, le
premier ministre avait fait état des nombreuses ressources naturelles de
cette région et, en particulier, des ressources forestières. Je
me demande ce que ça rapporte, le bois dans cette région. Je
comprends que vous accordiez des droits de coupe, c'est-à-dire que vous
fassiez payer des droits de coupe de $2.50 par unité de 100 pieds cubes,
mais j'ai ici un arrêté en conseil du 3 octobre 1973 qui...
M. DRUMMOND: Avec qui?
M. LESSARD: ... justement, concerne la région de la baie James.
On y lit ceci: "Attendu que la construction d'un tronçon de route d'une
longueur de 30 milles, tel qu'illustré sur la carte en annexe, et
l'érection de ponts sur les rivières Laflamme et Belle, le tout
pour un total de $2,500,000, revêtent un caractère d'urgence vu
l'échéancier du plan de récupération des zones
susceptibles d'être inondées; "Attendu qu'en compensation il y a
lieu d'accorder au permissionnaire une réduction des droits de coupe sur
les bois qu'il récolte à même les terres publiques pour
l'approvisionnement de son usine du canton Comtois, soit 240,000 unités
de 100 pieds cubes carrés", et là il y a d'autres attendus...
M. DRUMMOND: C'est le cas que je vous mentionnais hier.
M. LESSARD: En conclusion, "que le ministère des Terres et
Forêts soit autorisé à passer et à signer avec le
permissionnaire une entente par laquelle ledit ministre s'engagera au nom du
gouvernement à accorder au permissionnaire une réduction des
droits de coupe de $2.50 par unité de 100 pieds cubes par lui
récoltée sur les terres publiques et ce jusqu'à
concurrence d'un montant maximum de $2,500,000 en fonction des ententes
à intervenir".
M. DRUMMOND: C'est exactement ce que je vous disais hier, c'est un cas
similaire à celui de Chibougamau Lumber, et ç'a été
une méthode de financement pour accélérer la construction
du chemin.
M. LESSARD: Le ministère des Finances ne vous donne pas de budget
mais, par contre, vous faites la réduction des droits de coupe.
M. DRUMMOND: Disons que le Conseil du trésor aime moins
ça.
M. LESSARD: Mais ce que je comprends, c'est que le bois de la baie James
ne rapporte rien au gouvernement.
M. DRUMMOND: Oui, il rapporte quelque chose.
M. LESSARD: II rapporte quoi?
M. DRUMMOND: II rapporte $3 les 100 pieds cubes.
M. LESSARD: $2.50 les 100 pieds cubes, d'accord. Cela, c'est en
théorie. En pratique, les $2.50 vous ne les obtenez pas, parce que vous
abolissez indirectement les droits de coupe jusqu'à une concurrence de
$2,500,000.
M. DRUMMOND: Cet utilisateur va avoir à payer le dollar les 100
pieds cubes qui est exigible dès cette année.
M. LESSARD: Alors ça rapporte $240,000 dans ce cas.
M. DRUMMOND: Cette année, oui. Si nous avions
procédé suivant le budget régulier du ministère,
nous aurions construit la route et dépensé $2,500,000.
L'utilisateur aurait été appelé à contribuer pour
l'utilisation de la route sur plusieurs années et ça ne...
M. LESSARD: Route qui sera inondée.
M. DRUMMOND: Des parties seulement de cette route seront inondées
et cet utilisateur ne sera pas le seul à utiliser cette route.
M. ROY: La route va être utilisée pendant combien de
temps?
M. DRUMMOND: On prévoit une période de cinq à dix
ans.
M. ROY: Sur une période de cinq à dix ans, elle va
être utilisée surtout pour le transport du bois, pour rendre la
forêt...
M. DRUMMOND: Accessible.
M. ROY: ... accessible. Alors on fait une route pour rendre la
forêt accessible et, une fois que la forêt est rendue accessible,
en somme ça ne rapporte rien à la province.
M. DRUMMOND: Dans ce cas particulier, les territoires vont être
inondés...
M. ROY: II y a pas mal de cas particuliers.
M. LESSARD: M. le Président, je pourrais en donner...
M. ROY: Ce qui m'inquiète surtout, moi, c'est qu'il y a un vieux
principe de droit qu'on nous répète souvent à
l'Assemblée nationale, qu'on ne peut pas faire indirectement ce qu'on ne
peut pas faire directement. A ce jour là, je constate qu'il y a des
revenus au ministère des Terres et Forêts, les revenus des droits
de coupe. On diminue les droits de coupe, donc les revenus de la province de
façon directe, pour
accorder ce qu'on pourrait appeler des subventions à des
compagnies.
M. DRUMMOND: Ce ne sont pas des subventions, c'est comme si on passait
un contrat de construction.
M. ROY: Vous ne les appelez pas des subventions, mais on peut les
appeler des subventions.
M. DRUMMOND: Ce ne sont pas des subventions. Est-ce que ç'aurait
été mieux de retarder la construction du chemin et de se voir
pris dans des échéanciers...
M. LESSARD: Le ministère des Terres et Forêts se finance
par la réduction de droits de coupe.
M. DRUMMOND: Dans ce cas particulier.
M. LESSARD: On a un faux budget, parce qu'il y a des montants
supplémentaires à un moment donné qui s'ajoutent par la
réduction des droits de coupe. On dit: Dans ce cas particulier. Je ne
sais pas, c'est pour ça que je demandais tout à l'heure au
ministre s'il y avait d'autres cas, mais ici il s'agit justement du cas de
Barrette et Saucier.
M. DRUMMOND: Vous avez mentionné les deux, vous avez
mentionné celui d'hier et d'aujourd'hui et je vous l'avais
signalé hier.
M. LESSARD: II y a deux ententes, avec cette compagnie-là,
Barrette et Saucier...
M. DRUMMOND: Je vous l'avais signalé hier.
M. LESSARD: C'est exactement la même chose. Lorsque la route
coûte $250,000, on permet une réduction de droit de coupe de
$250,000; lorsque la route coûte $2,500,000, on permet une
réduction de coupe de $2,500,000. Je me demande alors ce que ça
rapporte, ce bois-là.
M. DRUMMOND: Je pense que le gouvernement de l'époque a
été vertement critiqué en ce qui concerne Manic et les
opérations où on a perdu tout le bois. Lorsqu'on parle des effets
économiques, c'est aussi l'augmentation de l'activité dans la
région et ce que cela rapporte pour mettre sur un meilleur pied de
rentabilité les usines existantes. Ce n'est pas seulement ce que
ça rapporte en droit de coupe. Je pense que ce serait tragique de
laisser ce bois, ces forêts être inondées sans
récupérer le bois.
M. LESSARD: Je suis bien d'accord, mais est-ce une raison pour le
donner? Vous le donnez, actuellement, le bois; il ne rapporte rien à la
province. Si vous vous rappelez bien, dans le grand projet du siècle, le
premier ministre avait parlé des milliers d'emplois qui allaient
être créés et il avait parlé, à un moment
donné, des millions de dollars que l'exploitation des ressources
naturelles dans cette région-là allait apporter au Québec.
Or, je regarde simplement le domaine forestier on aura l'occasion de
regarder d'autres secteurs et, actuellement, j'ai deux ententes qui ont
été signées avec la même usine, soit Barrette et
Saucier, et je constate que si on exclut les emplois créés en
forêt, cela ne rapporte absolument rien à la province.
M. DRUMMOND: II y a les emplois en forêt. UNE VOIX: A l'usine.
M. DRUMMOND: Oui, l'augmentation de production à l'usine.
M. LESSARD: L'alimentation à l'usine.
M. DRUMMOND: II y a une augmentation de production à l'usine.
M. ROY: Oui, je suis bien d'accord sur ces deux principes mais il y a un
autre principe. Regardez un peu ce qui se fait. Justement, les journaux de ce
matin nous rapportaient que la Jamaïque, à titre d'exemple, qui
vendait son bauxite $25 millions, cette année, s'organise pour que cela
rapporte $200 millions. Pendant que les autres font des efforts pour que les
richesses naturelles rapportent au Trésor public, nous, on dit, avec une
certaine philosophie, dans la province: Pourvu que cela crée des
emplois, pourvu que les usines soient alimentés et soient rentables, on
est heureux. Mais on va en scier du bois et on va porter de l'eau longtemps,
à ces conditions-là.
M. DRUMMOND: Un instant!
M. ROY: Moi, je suis un peu déçu. Il y a d'autres cas et
j'ai d'autres questions à poser sur d'autres domaines; on va trouver
d'autres affaires.
M. DRUMMOND: Un instant! La question du bauxite, lorsqu'on a un quasi
monopole, on a le contrôle sur le prix. C'est la même chose avec le
pétrole. C'est bien facile, lorsqu'on contrôle une vraie partie du
marché, la majorité, d'augmenter les prix tout de suite. Le grand
problème, en ce qui concerne l'industrie forestière,
vis-à-vis de ses compétiteurs, c'était le coût du
bois rendu à l'usine, surtout aux Etats-Unis. C'est notre
problème.
M. ROY: Mais ce n'est pas ce que vous nous avez dit au début de
la semaine.
M. DRUMMOND: J'ai dit que cela commence à changer et que les
lignes vont peut-être se
croiser. Actuellement, aux Etats-Unis, le prix augmente à cause
du fait que le prix des terres augmente. Mais quand même, à ce
moment-ci, je pense que notre bois en gros coûte plus cher que chez
certains de nos compétiteurs. Ce n'est pas du tout la même chose
que le bauxite ou le pétrole.
M. ROY: II y a un autre point, M. le Président, ce n'est pas
d'aujourd'hui que le droit de coupe est fixé à $2 la corde. ...
le droit de coupe à $2 la corde, il y a une vingtaine d'années,
avait beaucoup plus d'influence sur le prix du papier à journal qu'il ne
peut en avoir aujourd'hui. Le prix n'a pas changé.
M. LESSARD: Le prix du droit de coupe n'a pas changé, mais le
prix de vente du papier journal a augmenté considérablement.
M. ROY: Le prix de vente a changé considérablement. C'est
ça que je veux dire, c'est qu'il affecte bien moins le prix du journal.
On est informé présentement qu'aux Etats-Unis, et même cela
a été un problème, ils s'en vont vers une
quasi-rareté. Les forêts et les réserves forestières
du Québec, ils en ont besoin et nous avons des marchés. Nous
avons je l'ai dit et je le répète encore à
l'intention du ministre une série d'industries le long de la
frontière américaine. Ces industries, qui sont dans le bois de
sciage, s'alimentent dans les forêts du Maine. Le ministre en a
été informé, car je lui ai déjà posé
des questions à ce sujet, en Chambre. On ne sait jamais si dans six
mois, dans un an, ces usines ne fermeront pas toutes, parce qu'aux Etats-Unis,
on commence à avoir de sérieux problèmes de ce
côté. Pendant qu'on commence à parler de la rareté
de bois, pendant qu'on s'interroge sur l'avenir de l'industrie du sciage, dans
plusieurs comtés du Québec, II y a quand même des
forêts qui ne sont pas tellement éloignées de chez nous et
qui pourraient alimenter ces industries de sciage. Mais le bois est
orienté vers les usines de pâtes et papiers pour servir à
la fabrication de papier journal.
En même temps, le gouvernement vient nous dire que sur les
nouvelles réserves forestières de la province, on fait des
accords, puis on dit aux compagnies: Faites-vous une route, pour être
capables de mettre du bois en valeur et on va vous la payer, parce que vous
allez avoir une exemption de droit de coupe. On ne demande pas un poste dans le
budget de la province, que nous pourrions étudier et où on
verrait que ça coûte $2.5 millions, comme cela se fait au
ministère de la Voirie, comme cela se fait dans les autres
ministères, mais le gouvernement, le ministère des Terres et
Forêts réduit ses recettes, réduit ses revenus pour
régler les problèmes.
N'eussent été, à un moment donné, les
recherches que nous avons faites ou que le député de Saguenay a
faites ou d'autres, cela aurait passé à peu près
inaperçu.
M. DRUMMOND: II n'y a rien de caché là-dedans. On dit que
les droits de coupe sont restés stables et que le prix des pâtes
et papiers a augmenté; c'est encore la discussion d'hier où le
sous-ministre a fait un tout d'horizon de toute la question du droit de coupe
ou des redevances variables, qui vont tenir compte et qui seront indexés
sur le prix au marché du produit fini.
M. LESSARD: Mais, suite à ces ententes, à ces
arrêtés en conseil du 3 octobre 1973 entre le ministère des
Terres et Forêts et Barrette et Saucier, ainsi qu'à
l'arrêté en conseil du 11 juillet 1973, est-ce que le ministre
peut encore nous affirmer ce matin que la forêt de la baie James rapporte
quelque chose au Québec?
M. DRUMMOND: Je pense...
M. LESSARD: Excluons les quelques emplois de scieurs de bois qu'on a
créés, comme on l'a fait pour Rayonier Québec, parce
que... Justement, vous regarderez le rapport de l'OPDQ concernant le
développement du Québec, les emplois, il ne faut pas les
calculer.
Il faut faire attention aux emplois. Ce n'est pas n'importe quel emploi,
à un moment donné, qui est rentable. Vous, vous ne vous
interrogez pas. Pour vous, un emploi qui est strictement un emploi dans
l'industrie primaire, c'est important. Mais demandez-vous, par exemple, combien
d'emplois on crée à l'extérieur, bien souvent, quand on se
fait exploiter comme ça.
M. DRUMMOND: Demandez aux gars qui sont en chômage si la
création d'emplois est importante ou non.
M. LESSARD: De quelle façon pourrait-on créer des emplois
qui seraient beaucoup plus profitables pour le Québec? Si on excepte
ça, si on excepte la création d'emplois comme scieurs de bois,
etc., est-ce que le ministre peut nous dire, ce matin...
M. DRUMMOND: Tout travail en forêt, tout travail en usine dans
l'industrie de sciage est plus efficace, plus rentable.
M. LESSARD: ... combien rapporte au Québec, actuellement,
l'exploitation du bois de la baie James? Combien est-ce que cela rapporte? En
vertu des deux ententes, des deux arrêtés en conseil, par suite du
fait que le ministère augmente son budget indirectement par la
réduction des droits de coupe parce qu'il ne peut obtenir de budget du
ministère des Finances, je constate, contrairement peut-être aux
autres forêts du Québec qui rapportent quelque chose de bien
minime, que le bois de la baie James n'apporte absolument rien au Québec
au point de vue du paiement des droits de coupe. Absolument rien. Est-ce que le
ministre peut me dire le contraire?
M. ROY: Je voudrais dire, à la suite de ce que vient d'ajouter le
député de Saguenay, que si l'on veut poursuivre uniquement une
politique de plein emploi et de création d'emplois, on peut l'organiser
de bien des façons. Au Moyen-Age, les propriétaires de
galères avaient une politique de création d'emplois. Ils
prenaient des esclaves et ils les faisaient ramer. C'était un genre de
création d'emplois. Jusqu'à présent, au Québec, on
a un problème de développement, de prise en main de notre
économie. Après ce que le premier ministre est allé dire
en Europe, comme il l'a dit récemment, je ne peux qu'être inquiet,
à l'avenir, de moins en moins l'économie du Québec sera
entre les mains des Québécois. Nous avons une richesse nationale,
qui est la forêt, qui est notre affaire à nous. On va chercher des
entreprises multinationales...
M. DRUMMOND: Ce que l'on fait là-bas, c'est de l'entreprise
québécoise. C'est l'industrie québécoise qu'on
essaie de renforcer...
M. ROY: Oui.
M. DRUMMOND: ... en la faisant plus rentable.
M. ROY: Ce n'est pas là qu'est le principe.
M. LESSARD: Ce n'est pas là qu'est le problème, M. le
Président.
M. ROY: Je prenais cela à titre d'élément de
référence. On l'a fait ailleurs. On parlait, tantôt, du
droit de coupe qui n'a pas changé dans la province. J'ai ici des
statistiques qui démontrent que le papier à journal se vendait,
il y a une quinzaine d'années, alors que le droit de coupe était
encore à $2 la corde, $80 à $85 la tonne.
On dit, dans le journal La Presse du 8 janvier 1974: "Si la production
n'a pas augmenté, les prix, par contre, sont passés de $155 la
tonne, au début de 1973, à $200 la tonne présentement et
ils atteindront $250 cet été, prévoient plusieurs
compagnies".
M. HOUDE (Abitibi-Est): Et les coûts d'exploitation, eux
autres?
M. ROY: M. le Président, je regrette mais je suis obligé
de constater qu'on n'a aucun souci, au ministère des Terres et
Forêts, de voir à ce que la forêt du Québec rapporte
quelque chose au trésor provincial. C'est une richesse nationale qui est
à nous. On se sert de cette richesse nationale uniquement dans un seul
et unique but: Création d'emplois, création d'emplois!
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Si vous me permettez, avant de poursuivre,
il avait été entendu, au début de la séance, que
nous ajournerions à midi trente parce que le ministre a un autre
engagement important à respecter. Je pense qu'on devrait peut-être
accélérer un petit peu.
M. LESSARD: D'accord, on pourrait terminer. J'arrête, M. le
Président. D'autre part, je veux souligner un point, et nous allons y
revenir mardi matin. Actuellement, au ministère des Terres et
Forêts, vous avez un budget hypocrite, vous avez un budget qu'on ne
connaît pas, vous avez un budget qu'on ne peut pas véritablement
analyser.
Si ce n'était des arrêtés en conseil que le ministre
a déposés, on n'aurait pu être éclairé. Ce
n'est pas la première fois que cela arrive, M. le Président, la
réduction des droits de coupe. Je pense que le ministère des
Terres et Forêts devra prendre ses responsabilités, que le
ministère des Terres et Forêts devra nous présenter un
véritable budget. Lorsque le ministère des Terres et Forêts
affirme qu'il doit assumer la construction de chemins, il devra le mettre dans
son budget, de façon qu'on sache exactement ce que cela coûte au
Québec, la construction de chemins.
Actuellement, ce n'est pas le cas. Nous sommes obligés d'aller
voir des arrêtés en conseil pour constater que le ministère
des Terres et Forêts, dans la région de la baie James, pour la
construction de chemins, indirectement, devra dépenser $2.5 millions
cette année, devra aussi dépenser $250,000 dans un autre cas.
Cela devrait être compris dans le budget du ministère des Terres
et Forêts.
Ce que vous avez, actuellement, c'est un faux budget. N'étant pas
capable d'obtenir des crédits du ministre des Finances, vous êtes
obligé d'utiliser la réduction des droits de coupe. Or je dis, M.
le Président, que c'est tromper la population, c'est tromper les
parlementaires, ce que vous faites, actuellement.
M. DRUMMOND: Un instant, un instant! Rien n'est caché. Vous avez
toutes les informations. Ce n'est pas hypocrite. C'est une façon de
procéder.
M. ROY: Le budget devrait être à l'intérieur de
ça! C'est le budget de la province, ça!
M. LESSARD: Moi, je voudrais savoir combien, au cours de l'année
1973/74 ce qu'il y a eu comme réduction de droits de coupe et combien
cela a coûté pour l'ensemble des entreprises du Québec.
Là, nous allons avoir un véritable budget et nous allons savoir
combien coûte cette affaire.
M. ROY: J'aimerais redemander, avant que la commission se termine
parce que je l'avais déjà demandée et le ministère
pourra profiter de la fin de semaine pour la préparer la liste
des compagnies qui ont reçu un délai dans le paiement d'une
partie des droits de coupe qui étaient déjà dus, ou qui
ont eu une annulation.
J'aimerais avoir la liste des compagnies qui ont eu, en quelque sorte,
une réduction des droits de coupe au cours de l'année 1972 et au
cours de l'année 1973.
Je pense que le député de Saguenay sera entièrement
d'accord avec moi qu'étant donné les circonstances, puisque nous
étudions le budget du ministère des Terres et Forêts, il
nous incombe et c'est notre responsabilité de savoir quels sont les
montants qui devraient appartenir au trésor public et qui seront
utilisés par le ministère pour toutes sortes de programmes, de
façon qu'on sache qui a bénéficié de subventions
indirectes du ministère des Terres et Forêts ou encore qui a
été exempté des droits de coupe.
Je demande que le ministre et ses collaborateurs, en fin de semaine,
profitent de l'occasion pour que, mardi matin, à dix heures trente,
lorsque nous reprendrons les travaux de la commission, on puisse nous remettre
ces deux listes.
M. DRUMMOND: Je trouve un peu bizarre le fait qu'on discute de cette
façon ce matin. Lorsque nous avons discuté des réductions
de droits de coupe pour donner du travail aux étudiants, utilisant les
moyens disponibles, c'était parfait, cela passait. C'était la
question de la création d'emplois qui comptait, aucune objection.
Actuellement...
M. LESSARD: Ce n'est pas ce que nous avons dit...
M. DRUMMOND: ... on donne du travail à des gens qui vont
rentabiliser certaines usines et industries dans la province, et on est
hypocrite. Je souligne que ce sont peut-être les membres de l'Opposition
qui sont hypocrites.
M. ROY: M. le Président, nous n'avons pas accusé le
ministre d'être hypocrite et il est en train d'accuser les membres de
l'Opposition d'être hypocrites. On a dit que c'étaient des
techniques hypocrites. Il y a une différence entre accuser un
parlementaire d'hypocrisie...
M. LESSARD: Un budget hypocrite.
M. ROY: ... de présenter un budget hypocrite et accuser les
membres de l'Assemblée nationale. M. le Président, pour que nos
délibérations ne soient pas gâtées par des propos
antiparlementaires, je demanderais au ministre de retirer ses propos.
UNE VOIX: Ce qui est dit reste dit.
M. DRUMMOND: Je ne veux pas accuser quelqu'un d'être hypocrite
s'il ne l'est pas vraiment; c'est à chacun à juger par
lui-même s'il a été hypocrite ou non.
M. ROY: M. le Président, je vous ai posé une question, je
vous ai fait une demande.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le ministre a fait des commentaires qui
répondaient, je pense, à votre question. La commission ajourne
ses travaux à mardi matin, dix heures et trente, le 21 mai.
(Fin de la séance à 12 h 34)