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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Etude des crédits du ministère des
Terres et Forêts
Séance du mardi 21 mai 1974
(Onze heures trois minutes)
M. CARON (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
Nous allons continuer les crédits du ministère des Terres
et Forêts, au programme numéro 4.
Droits de coupe
M. ROY: Au moment d'ajourner, M. le Président, j'avais
demandé au ministre de nous produire ce matin la liste des compagnies
qui avaient reçu des exemptions de droit de coupe ou, encore, auxquelles
on avait accordé des délais en vue de payer ces droits de coupe
au gouvernement pour les années 1972 et 1973.
M. DRUMMOND: Je pense que, lorsqu'on a demandé cela, ce
n'était pas pour avoir toutes les réductions de droit de coupe en
ce qui concerne la qualité de bois, etc.; c'était surtout en ce
qui concerne les réductions afin de construire des chemins. C'est
cela?
M. ROY: C'est ça, construire des chemins ainsi que pour...
M. DRUMMOND: Et pour les travaux des étudiants.
M. ROY: ... les travaux des étudiants ainsi que pour la
pollution, malgré que les travaux des étudiants, nous les avions
déjà examinés.
M. DRUMMOND: Les droits de coupe différés.
M. ROY: Les droits de coupe différés, c'est ça.
M. DRUMMOND: Est-ce qu'on désire la lecture de cela?
M. ROY: Oui, pour les fins du journal des Débats, j'aimerais bien
que ce soit dit.
M. DRUMMOND: Réduction de droit de coupe accordée en
remboursement de dépenses: 1972/73, arrêté en conseil 1287,
le 10 mai 1972, un montant de $1,200,000 concernant des travaux pour
étudiants; 1973/74, arrêté en conseil 1603, le 2 mai 1973,
un montant de $1,089,456 concernant les travaux pour étu- diants;
arrêté en conseil 2564, le 11 juillet 1973, un montant de $250,000
concernant une réduction de droit de coupe de $1 les cent pieds cubes
pour 250,000 unités de cent pieds cubes en remboursement des travaux de
construction de 3.8 milles de chemin de réfection, de 3.5 milles de
chemin effectué par Barrette et Saucier Limitée.
M. ROY: Quelle compagnie?
M.DRUMMOND: Barrette et Saucier Limitée.
M. ROY: Qui a construit le chemin. C'était la compagnie à
laquelle on avait accordé des droits de coupe?
M. DRUMMOND: La réduction, oui, c'est ça, et les droits de
coupe. Cet arrêté en conseil est annulé par
l'arrêté en conseil 3635 concernant une réduction de droit
de coupe de $2.50 les cent pieds cubes jusqu'à concurrence de $2,500,000
pour construction d'une route de 30 milles, incluant les ponts des
rivières Laflamme et Bell, travaux exécutés par Barrette
et Saucier Limitée.
Arrêté en conseil 3636, 3 octobre 1973, $1,275,000
concernant une réduction de droits de coupe de $2.50 les 100 pieds cubes
jusqu'à concurrence de $1,275,000 pour réfection de 33 milles de
route et construction de 25 milles de route, travaux exécutés par
Chibougamau Lumber Ltd.
M. ROY: Le dernier était de $1 million?
M. DRUMMOND: $1,275,000. Est-ce que vous voulez aussi les rapports de
droits de coupe en ce qui concerne le programme contre la pollution?
M. ROY: Pour les routes, est-ce que ça se limite à ceux
qui viennent d'être mentionnés? On aimerait bien avoir ceux qui
ont obtenu des réductions justement pour les fins de pollution.
M. DRUMMOND: Ce ne sont pas des réductions; ce sont des reports
de droits de coupe. Alors, vous avez des reports pour deux périodes.
Pour la période du 1er octobre 1971 au 30 septembre 1972, en vertu de
l'arrêté en conseil 3223, du 22 septembre 1971, Abitibi
Sainte-Anne, $28,212.74. Je pourrais peut-être vous donner des copies
tout de suite.
M. ROY: ON prendrait des copies.
M. DRUMMOND: Anglo Canadian Pulp, $512,774; Consolidated Bathurst,
$1,802,942.50. La compagnie Donohue Limitée $290,790.06. Gaspesia Pulp
and Paper, $279,486.43. La Cie Internationale de papier du Canada $680,968.75.
James MacLaren $391,896.75. La société Kruger $139,130.74.
La Cie Price Limitée, $809,233.75. Quebec North Shore,
$511,866.25. Saint-Raymond Paper, $7,849.33. Il faut rappeler ici que c'est un
report de droits de coupe.
Le report peut se faire sur six ans. Les trois premières
années sont sans intérêt et les trois autres années
sont avec intérêt, au taux des obligations de la province.
Je pense qu'il faut souligner aussi que ce programme a pris fin à
la fin d'octobre 1973; on n'a pas l'intention, étant donné que
l'industrie est en meilleure posture, de continuer ce programme. Ces
arrêtés en conseil ont pris fin.
M. ROY: Maintenant, si on dit que c'est parce que l'industrie
était en mauvaise posture qu'on a arrêté ces programmes,
est-ce que cela veut dire que ces droits de coupe ont été
différés justement parce que les compagnies étaient en
mauvaise posture?
M. DRUMMOND: C'est parce que l'industrie était en mauvaise
posture que les droits de coupe ont été différés.
Cela a été une mesure pour les aider à passer cette
mauvaise période.
Je pense que cela a été discuté il y a quelques
années, lorsqu'on avait vraiment un problème très aigu en
ce qui concernait l'industrie des pâtes et papiers. On a essayé de
trouver un moyen d'aider le fonds de roulement et de développer un
système d'immobilisation qui tienne compte du combat contre la
pollution, qui était important en même temps; cela a
été fait pour cette raison. Comme je viens de le signaler, c'est
arrêté.
M. ROY: Maintenant, ça monte à combien?
M. DRUMMOND: II y a eu une autre année, la deuxième
période.
M. ROY: Oui.
M. DRUMMOND: La première année se chiffre à
$5,455,151.30.
M. ROY: $5,455,151.30. La première année, c'est...
M. DRUMMOND: Du 1er octobre 1971 au 30 septembre 1972.
M. ROY: Bon.
M. DRUMMOND: La deuxième période va du 1er octobre 1972 au
30 septembre 1973.
M. ROY: Oui.
M. DRUMMOND: Ce sont toujours des reports de droits de coupe.
Abitibi-Ste-Anne, $33,330.79; Anglo Canadian, $456,961.99; Consolidated
Bathurst, $1,923,185; la compagnie Donohue, $331,075; Gaspesia Pulp and Paper,
$324,267.65; la Cie Internationale de papier du Canada, $771,454.70; The James
MacLaren, $427,145.40; la Société Kruger, $147,730.14; la Cie
Price Limitée, $727,465; Quebec North Shore, $512,871; soit un total de
$6,655,476.67.
M. ROY: $5,655,476.67. Puis en 1973/74?
M. DRUMMOND: II n'y a rien.
M. ROY: En 1970/71?
M. DRUMMOND: II n'y a rien non plus.
M. ROY: Cela veut dire qu'en 1971/72 et en 1972/73, le gouvernement de
la province aurait dû, au cours de ces deux années...
M. DRUMMOND: ... ont reporté.
M. ROY: ... ont reporté les droits de coupe pour les compagnies
papetières pour un montant de $11,110,000, si j'ai bien compris ce qui
vient d'être dit. $11,110,000 qui sont reportés aux compagnies et
qui permettent aux compagnies d'utiliser ces sommes, évidemment, sans
intérêt; autrement dit, il s'agit d'un manque à gagner du
gouvernement. Et ces compagnies commenceront à rembourser vers les
années 1976, 1977?
M. DRUMMOND: Elles ont trois ans sans intérêt et il faut
que le tout soit remboursé en six ans.
M. ROY: Je trouve quand même curieux qu'une décision de
cette nature n'ait pas été soumise à l'Assemblée
nationale du Québec, de façon explicite, pour que les
parlementaires, les élus, ceux qui ont la responsabilité de
représenter la population puissent étudier cette question. Il
s'agit, en quelque sorte, d'un prêt sans intérêt qu'on fait
pour les compagnies. Je regarde, entre autres, une compagnie je n'en
veux pas plus à cette compagnie qu'à d'autres elle a quand
même eu pour $1 million de prêts temporaires, alors que cette
compagnie rapporte des profits nets, pour 1973, qui se sont chiffrés,
avant-postes extraordinaires, par $12,993,032, soit $2.28 par action, ce qui a
représenté une augmentation de plus de 500 p.c. par rapport
à $2,555,934 ou $0.39 par action en 1972. Les profits nets totaux
comprenant les postes extraordinaires se sont élevés à
$13,121,281, soit $2.31 l'action comparativement à $2,680,332 ou $0.42
par action en 1972. C'est là, M. le Président, que nous avons
justement une réponse à une question sur laquelle nous nous
interrogions depuis un certain temps, parce qu'en vérifiant dans les
comptes publics, nous nous sommes rendu compte que les revenus de droits, les
revenus des terres et forêts pour l'année 1969/70 avaient
été de l'ordre de $20,869,338, qu'en 1971/72 ces mêmes
droits étaient réduits à
$18,452,483 et qu'en 1972/73 les mêmes droits de coupe
étaient encore réduits à nouveau à $14,805,275.
Ce qui veut dire que nos richesses naturelles au Québec, ce sont
les Québécois qui doivent en assumer tous les frais, tous les
coûts, qui doivent subir tous les inconvénients que doivent
rencontrer les compagnies papetières.
Nous disions, au début de la commission parlementaire, que le
ministère des Terres et Forêts et ses structures sont en quelque
sorte la chose j'ai le regret de le constater encore une fois des
trusts de la pâte et du papier.
On n'a, en aucun moment, en aucune circonstance, en aucune région
du Québec, accordé les mêmes privilèges aux petits
producteurs de bois qui, détenteurs d'un billet de location, ont
dû faire des coupes de bois pour pouvoir manger trois repas par jour. On
a même fait payer, comme le ministre le disait lui-même, trois
droits de coupe dans certains cas, cinq droits de coupe dans certains autres
cas. Je suis content que le ministre ait révisé sa position en
nous disant qu'il s'apprête à rembourser incessamment des
personnes si les règles du jeu sont changées. Nous avons eu des
gens, dans des régions du Québec, qui étaient
propriétaires de terrains. Ces personnes ont dû payer des droits
de coupe multipliés par cinq par rapport aux droits de coupe normaux.
Elles ont dû débourser l'argent alors que, complètement en
dehors du budget de la province, complètement en dehors des
crédits demandés à l'Assemblée nationale, le
gouvernement de la province décide d'accorder comme ça, par
arrêté en conseil, sans consulter l'Assemblée nationale,
$11,110,000 de délais afin que les compagnies puissent profiter de ces
sommes d'argent et de ne pas avoir à débourser
immédiatement les droits de coupe, autrement dit les montants dus au
gouvernement du Québec.
Nous devrions avoir l'occasion de discuter avec le ministère du
Revenu, bien que cela ne regarde pas le ministère des Terres et
Forêts; je remercie le ministre de sa franchise ce matin, ainsi que les
officiers de son ministère, qui nous ont remis ces chiffres. Nous sommes
heureux de les obtenir. Mais nous aurions peut-être la surprise de
constater qu'il y a probablement je dis bien probablement eu des
ententes similaires avec le ministère du Revenu de la province. Je ne
veux pas accuser le gouvernement, nous ne le savons pas. Mais, malheureusement,
les crédits du ministère du Revenu sont étudiés. Il
faudra revenir à l'Assemblée nationale de ce
côté-là.
Mais, pendant une époque où nous avons à faire face
à l'inflation à tous les niveaux, à tous les paliers,
où le gouvernement de la province a besoin de plus en plus d'argent et
où il aurait dû, en quelque sorte, alléger le fardeau des
contribuables du Québec, voilà que le gouvernement accorde
à des entreprises, à des compagnies, aux trusts des pâtes
et papiers, des privilèges qu'on n'a pas accordés aux individus,
aux contribuables de la province de Québec.
M. le Président, pour ma part, je proteste avec toute la force
dont je suis capable, ce matin, devant cette commission parlementaire, pour
dire tout simplement qu'il va falloir une nouvelle politique, qu'il va falloir
une réorientation complète, au ministère des Terres et
Forêts, de façon que les terres et forêts du Québec
ne continuent pas à être la propriété et à
servir les intérêts et à servir à assurer d'abord et
avant tout la rentabilité du capital des entreprises qui, comme vous le
savez, sont pour la plupart des entreprises multinationales, sinon des
entreprises étrangères au Québec, même si elles sont
installées chez nous depuis fort longtemps.
M. le Président, nous le découvrons ce matin en commission
parlementaire, mais je dois dire que ce n'est pas nouveau et que cela ne doit
pas être la première fois que cela se produit. On n'a pas
accès, M. le Président, aux comptes publics du gouvernement.
Justement, si nous avions l'occasion d'interroger le vérificateur
général de la province, on pourrait probablement aller plus loin
et savoir si, effectivement, les droits de coupe de l'année 1970/71 ont
tous été payés au gouvernement provincial ou si cela
figure encore dans les comptes recevables au niveau du Conseil du
trésor.
M. le Président, ce sont tous là des faits qui nous
démontrent encore une fois que le ministère des Terres et
Forêts est la chose des entreprises, des trusts de pâtes et papiers
au Québec. On parle de rétrocession des concessions
forestières. Nous sommes d'accord sur le principe de la
rétrocession des forêts qui ont été
concédées à des compagnies. Mais il faudra que cette
rétrocession se fasse à l'avantage et dans l'intérêt
des Québécois. J'ai crainte qu'à l'heure actuelle le
gouvernement rachète tout simplement des choses pour permettre aux
compagnies de diminuer leurs investissements dans le domaine de la forêt
et qu'il fasse payer par la province, par les contribuables du Québec,
ces frais d'investissements afin de permettre à ces compagnies, à
ces entreprises de pouvoir encaisser de plus grands profits, de plus grands
bénéfices, ce qui permettra aux actionnaires, à la
finance, encore, de s'engraisser aux dépens des richesses naturelles du
Québec et de s'enrichir encore au détriment des contribuables du
Québec.
M. le Président, je ne sais pas si le député de
Saguenay a quelque chose à ajouter là-dessus, mais je trouve tout
simplement odieux qu'on nous ait dit que ces sommes ont été
consacrées à la lutte contre la pollution, alors que nous ne
savons pas ce que les compagnies papetières ont dû faire pour
tâcher de combattre la pollution dans la province de Québec.
Cela a été le prétexte pour tâcher de vendre
l'idée et de faire avaler cela par les contribuables du
Québec.
Il devrait y avoir dans les droits ou encore dans les contrats de
négociation, par lesquels on accorde des droits de coupe aux
compagnies
papetières, des clauses à l'effet que ces compagnies
doivent respecter au moins l'environnement et faire en sorte qu'au niveau de
leurs usines elles prennent les dispositions qui s'imposent afin de ne pas
polluer tous nos cours d'eau dans la province de Québec. Au nom de la
pollution on accorde des délais pour permettre aux entreprises
papetières de payer des droits de coupe à la province; au nom de
la pollution, on leur accorde ces choses et on leur donne un délai de
façon que, dans trois ans, elles commenceront à rembourser la
province, sans intérêt, et on fait tout cela au nom de la
pollution. Or, nous apprenons, ce matin, que ces délais et ces
privilèges ont été accordés parce que l'industrie
papetière connaissait des difficultés.
Mais lorsque ces compagnies connaissent des périodes d'abondance
sans précédent, est-ce que le gouvernement de la province a pris
des dispositions en vue de leur demander des droits de coupe additionnels? On
sait très bien qu'au niveau des entreprises, et non pas seulement au
niveau des entreprises de pâtes et papiers mais dans n'importe quelle
entreprise que nous pouvons avoir, il y a des hauts et des bas, il y a des
périodes d'abondance et des périodes creuses.
Je ne sache pas, à l'heure actuelle, que les compagnies
papetières, au moment où elles auront des périodes
d'abondance compenseront le trésor public québécois pour
rembourser les sommes que le Québec a perdu, compte tenu des montants
d'argent qu'il n'a pas obtenus et que nous sommes obligés de
négocier auprès des entreprises financières
américaines, comme vient de le faire le ministre des Finances, avec des
taux d'intérêt extraordinaires, des taux d'intérêt
épouvantables pour tâcher de permettre à des entreprises
d'avoir des subventions sans intérêt.
Je suis bien d'accord avec le principe de l'absence
d'intérêt mais jamais, en aucun moment, nous n'avons fait, dans le
passé, je le ferai pas actuellement de la réclame
afin de permettre à des entreprises privées, à des
compagnies qui exploitent les richesses naturelles de la province de pouvoir
bénéficier de subventions sans intérêt.
Lorsque nous avons parlé du principe, nous avons parlé de
ce principe afin d'utiliser le crédit public, le crédit de la
société québécoise, pour que ce crédit soit
comptabilisé et que la province puisse l'utiliser au prix
coûtant.
Lorsqu'on sait combien cela coûte d'administrer du crédit,
on en vient avec la question de l'absence d'intérêt parce que
c'est un service qui coûte une fraction de 1 p.c. d'intérêt,
et les chiffres ont été prouvés, il y a des experts, des
économistes qui ont travaillé de ce
côté-là.
LE PRESIDENT (M. Caron): Avant que le ministre ne prenne la parole, pour
les fins du journal des Débats, j'aimerais faire les changements
suivants: M. Roy (Beauce-Sud) remplace M. Samson et M. Tremblay (Iberville)
remplace M. Shanks (Saint-Henri).
La parole est au ministre des Terres et Forêts.
M. DRUMMOND: C'est un bon discours que vient de faire le
député de Beauce-Sud...
M. ROY: Non, une mise au point, M. le Président.
M. DRUMMOND: M. le Président, je veux souligner, s'il vient
d'apprendre, ce matin toute cette affaire de réduction de droits de
coupe en ce qui concerne la pollution, c'est parce qu'il vient de commencer
à étudier les affaires du ministère des Terres et
Forêts; tout cela a été discuté l'année
dernière et c'était une autre.
M. ROY: M. le Président, je ne permettrai pas au ministre
d'interpréter faussement mes propos. J'ai dit au ministre que nous
savions et d'ailleurs c'était dans les journaux que le
ministère des Terres et Forêts accordait des réductions
afin de permettre aux compagnies de lutter contre la pollution. Ce que j'ai dit
ce matin, c'est que ç'a servi de prétexte pour accorder des
réductions aux compagnies papetières qui connaissaient des
difficultés. C'est la nuance que j'ai faite.
M. DRUMMOND: II faut quand même nous situer dans l'époque
où le gouvernement était ouvertement critiqué pour ne pas
avoir fait grand-chose pour essayer d'aider en ce qui concerne la survie de
cette industrie qui était en danger étant donné la
situation des prix de leurs produits. Alors, c'était public dans le
temps; on parle de quelque chose d'il y a quelques années. En ce qui
concerne le budget pour cette année, j'ai dit qu'on avait
arrêté tout cela. Le député de Beauce-Sud peut dire
qu'on essaie toujours d'aider les grosses compagnies mais lorsqu'on a
essayé d'aider à la survie de ces compagnies, on l'a fait pour
les travailleurs de ces compagnies, on l'a fait pour des villes dont l'avenir,
la survie pourraient être en jeu. On l'a fait pour ces raisons. Ce sont
les raisons de ces démarches. A l'époque aussi, le
ministère a pris ses responsabilités pour aider les petits
producteurs de bois lorsqu'il y avait beaucoup de bois coupé mais pas
rendu à l'usine du fait que les grosses compagnies disaient qu'elles
avaient assez de bois sur leurs propres concessions.
M. ROY: C'est un autre problème, ça.
M. DRUMMOND: C'est un autre problème peut-être, mais on dit
toujours que le ministère est seulement là pour les grosses
compagnies. On parle du passé et je parle aussi du passé. Je dis
qu'on a pris l'action nécessaire pour voir à ce que ce bois des
producteurs soit envoyé aux usines de la province. Alors, on peut
comme on fait de temps en temps mêler les tomates avec les pommes,
etc., mais il faut qu'on soit clair là-dedans, on prend nos
responsabilités pour tout l'éventail de nos clientèles et,
à ce
moment-là, c'était vraiment la survie de l'industrie, pas
plus que ça. Je suis d'accord que c'est bien facile de citer les profits
de cette année malheureusement, je ne les ai pas ici mais
à l'époque je parle d'il y a deux ans il
n'était pas question de profits, comme je viens de le signaler,
c'était une question de survie.
M. LESSARD: ... des profits, elles en faisaient toutes auparavant. On
avait discuté de ce problème à la commission des terres et
forêts lorsque nous avions entendu les compagnies. C'est que, quand elles
ont fait des profits, elles ne se sont pas préoccupées de se
moderniser, bien souvent, et elles ne se sont pas préoccupées
d'en mettre de côté; elles ont exporté à
l'extérieur et là, quand il arrive des problèmes, c'est
nous qui payons.
M. ROY: C'est ça.
M. LESSARD: Le député de Beauce-Sud a soulevé une
question qui me paraît assez importante.
Il ne faut pas laisser à la discrétion du ministre mais,
si on leur permet des avantages spéciaux lorsqu'ils ont des
problèmes particuliers, il faudrait peut-être aller en
récupérer un peu plus, lorsque les profits sont plus
considérables.
M. DRUMMOND : On est d'accord sur ça et c'est pour ça
qu'on avait discuté notre système de droits de coupe variable
qu'on veut mettre en vigueur l'année prochaine, qui va tenir compte du
prix du marché du produit fini.
M. LESSARD: Suite à ça, est-ce que le ministère des
Terres et Forêts a eu un rôle de supervision sur les travaux
antipollution? D'abord il y a un principe qui avait été
établi, celui-là qui pollue c'est lui qui paye pour la
dépollution. Ce principe il en mange un coup, c'est que ce sont les
compagnies forestières qui polluent et puis c'est nous encore, le
gouvernement du Québec, qui payons pour la dépollution.
Les travaux qui ont été entrepris par ces compagnies,
est-ce que ç'a été contrôlé par le
ministère des Terres et Forêts ou si ç'a été
contrôlé par le ministère de l'Environnement?
M. DRUMMOND: Le ministère de l'Environnement. Tout programme, il
fallait que ce soit approuvé par eux autres. En ce qui concerne le
problème général que ce doit être le polluant qui
paye, je pense qu'il faut reconnaître aussi que ce programme
n'était pas définitif en soi. D'une certaine façon, je
dois l'admettre, c'est un cataplasme en tenant compte des circonstances de ces
jours. Ce n'était pas un programme...
M. LESSARD: C'est un prétexte, comme le disait le
député de Beauce. Cela a été un prétexte
pour subventionner indirectement les...
M. DRUMMOND: Pour aider.
M. LESSARD: C'est ça que dans le système actuel je ne
comprends pas. Quand ça va mal pour la grosse entreprise, c'est encore
le chantage, par exemple Saint-Raymond à Desbiens. Là, la grosse
entreprise s'organise en jouant avec les sentiments de la population, puis la
grosse entreprise dit: On ferme. Là, la population réagit, puis
il y a des pressions qui se font auprès du gouvernement pour absolument
essayer de sauver l'entreprise. C'est toujours le même système qui
fonctionne. La compagnie annonce qu'elle ferme, donc que tant d'emplois vont
être perdus. A ce moment-là, c'est la réaction de la
population auprès du ministre des Finances, auprès du premier
ministre, comme auprès du ministère des Terres et
Forêts.
Mais quand il y a des profits considérables qui se font par
exemple, ça ne profite pas plus à la société par la
suite, puis les profits sont exportés à l'extérieur bien
souvent. C'est là qu'est le problème. Non seulement on
subventionne l'entreprise bien souvent, comme ç'a été le
cas de Rayonier Québec, mais, quand ça va mal, c'est encore nous
qui payons.
En fait, c'est toujours du socialisme, de la social-démocratie
pour les gros capitalistes. C'est l'assistance sociale pour les gros cartels
financiers. C'est toujours ce qui se passe. C'est ça que je n'accepte
pas dans le principe. J'ai toujours appris, dans un système capitaliste,
que c'était justifiable, pour une compagnie, de faire des profits, quand
elle prenait des risques. Pour autant que la compagnie prend des risques,
à ce moment-là on peut accepter le principe du profit. Mais, le
jour où l'entreprise ne prend plus de risques, le jour où
l'entreprise ne prend plus de responsabilités, le jour où
l'entreprise se tourne toujours vers le gouvernement lorsque ça va mal,
je me demande en quoi le profit est justifié.
Là je m'interroge, en quoi le profit est-il justifié?
Depuis quelques années en tout cas, c'est toujours le même
principe, les compagnies se retournent vers le gouvernement: Cela va mal, puis
on ferme maintenant, financez-nous. Alors, là c'est l'Etat qui paye. Un
autre...
M. ROY: Du chantage.
M. LESSARD: C'est ça, en utilisant la population. Maintenant,
quand est-ce que ça va être remboursé, ces droits?
M. DRUMMOND: Je pense que le point fondamental, c'est le fait que la
libre entreprise en soi n'est pas libre.
M. LESSARD: Non, elle n'est pas libre, actuellement. Actuellement, la
libre entreprise profite de la social-démocratie pour les capitalistes
du gouvernement Bourassa.
M. DURMMOND: Cela va loin, comme cela. M. LESSARD: Cela va loin
certain.
M. DRUMMOND: Oui, mais...
M. LESSARD: On a déjà discuté du principe et je ne
vois pas comment une compagnie comme Rayonier Québec, à un moment
donné, puisse justifier des profits lorsqu'elle n'a pris aucun risque.
Je comprends que cela va loin, mais cela met en cause tout le système
dans lequel on fonctionne, actuellement, et auquel, justement, le gouvernement
participe d'une drôle de façon. Regardez dans les lois qu'on fait
actuellement au gouvernement, il n'y a pas de lois pour la petite entreprise,
ou très peu. Toutes les lois sont pour aider la grosse entreprise.
Ces remboursements ou ces délais que vous avez donnés
concernant ces travaux... D'abord, il me semble que le ministère aurait
dû vérifier si les travaux antipollution ont été
faits en concordance avec son arrêté en conseil.
M. DRUMMOND: Oui, oui.
M. LESSARD: Quand les remboursements devront-ils se faire?
M. DRUMMOND: Je peux vous lire ce qui regarde le règlement qui
a-été édicté à cet effet. "Aux fins du
paragraphe 2, le montant des droits de coupe, dont le paiement pourra
être ainsi différé devra être calculé à
raison de $1.25 par unité de cent pieds cubes." Ce qui veut dire que ce
n'était pas du tout le droit de coupe qui était
différé, mais à peu près la moitié.
La section 4: "Les droits de coupe dont le paiement aura
été ainsi différé seront payables au cours d'une
période maximum de six ans, à compter du 1er octobre 1972 dans le
premier arrêté, et 1973 dans le deuxième, et ne
commenceront à porter intérêt, et ce à un taux ne
devant pas dépasser le taux officiel fixé par le gouvernement du
Québec, dans le cas de perception différée, qu'à
compter du 1er novembre 1975, et 1976 pour le deuxième
arrêté." Cela veut dire que les trois premières
années sont sans intérêt et les trois autres années
avec intérêt.
M. ROY: Cela veut dire qu'ils ont six ans pour rembourser.
M. DRUMMOND: Oui, un maximum de six ans.
M. LESSARD: Là, ça va bien; si, dans six ans, ça va
mal et que les compagnies se retournent vers le gouvernement en disant: On
n'est pas capable de payer? Vous conviendrez la Chambre de commerce
parlait, l'autre jour, de l'érosion du pouvoir de l'Assemblée
nationale comme on le disait vendredi, que ce que nous étudions
actuellement on en était informé, d'accord est un
faux budget du ministère des Terres et Forêts. Je comprends que le
moyen que vous utilisez pour augmenter indi- rectement votre budget, soit la
réduction des droits de coupe, vous permet peut-être de faire des
travaux que vous ne pourriez pas faire si vous vous limitiez au budget que M.
Garneau donne, mais vous conviendrez aussi que pour les parlementaires cela
pose un drôle de problème. Cela nous met dans une drôle de
situation.
Actuellement, par arrêté en conseil, vous pouvez donner des
avantages qui peuvent devenir fortement encourageants pour la grosse
entreprise. Malgré le fait que vous dites que nous en étions
informés il y a eu une annonce à l'Assemblée
nationale les montants précis, c'est la première fois
qu'on les a, probablement par suite du fait que les programmes n'étaient
pas terminés. Les montants précis de subvention indirecte
à la grande entreprise, c'est la première fois qu'on les a.
Vous admettrez que le principe est mauvais, et cela a toujours
été. Actuellement, ce principe ne nous permet jamais de savoir
combien rapporte le ministère des Terres et Forêts ni combien nous
coûte l'exploitation de nos ressources naturelles.
Vous n'êtes pas les seuls à faire ça. Le
gouvernement du Québec n'est pas le seul à faire ça.
Combien de réductions de droits ces compagnies forestières
ont-elles reçues de la part des municipalités? Je me rappelle la
chicane qu'il y a eue dans le temps de Maurice Duplessis pour
l'établissement de 1'Anglo Canadian Pulp, ici à Québec.
Combien de privilèges spéciaux! Donc, le principe, selon moi,
c'est qu'une compagnie doit payer les montants qu'elle doit normalement payer,
sous forme de droits de coupe ou autres. Cependant, si vous avez des
subventions à accorder à l'entreprise, que ça devienne non
pas des subventions indirectes ou cachées, mais que ce soit des
subventions directes. A ce moment, nous autres, comme parlementaires, on pourra
en juger, comme cela a été le cas pour Rayonier Québec; on
en a discuté jusqu'à 3 heures 55 du matin. Au moins, on savait un
petit peu parce qu'il y a d'autres réductions ou d'autre
avantages qu'on a accordés à Rayonier Québec, qu'on ne
connaissait pas en vertu de l'entente comment nous coûtait le
développement des forêts au Québec.
Actuellement, le principe, je le mets en doute.
M. DRUMMOND: En toute honnêteté, M. le Président, je
dois reconnaître un certain bien-fondé dans l'argument du
député de Saguenay. Je pense, quand même, qu'il comprend
aussi que de temps en temps, à cause des circonstances, il faut aller
vite et c'est la façon de fonctionner le plus vite. Mais je reconnais le
danger.
LE PRESIDENT (M. Caron): Adopté?
M. LESSARD: M. le Président, comme on parlait...
LE PRESIDENT (M. Caron): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. ROY: Nous étions à l'élément 4, M. le
Président. Je pense que nous n'avions pas terminé
l'élément 4.
M. DRUMMOND: Nous avons terminé tous les éléments
du programme.
M. ROY: D'accord.
M. LESSARD: Nous étions rendus aux déductions.
M. ROY: Maintenant, ici, dans les déductions, il y avait un
montant de $5,512,700 en 1973/74 et, cette année, le montant des
déductions est supérieur, c'est-à-dire qu'il est à
$7,499,000. J'aimerais, si c'était possible, qu'on nous donne les
détails pour l'année 1973/74, ainsi que pour l'année
1974/75.
M. DRUMMOND: C'est surtout l'ODEQ qui est là-dedans, mais on peut
donner tous les chiffres.
Dans les déductions, nous en avons qui concernent d'abord la
construction des chemins, où il est prévu un montant de $2.5
millions, qui est en fait le tarif de péage.
M. ROY: C'est pour la construction de chemins?
M. DRUMMOND: Construction de chemins.
M. ROY: Réduction du droit de coupe pour construction de
chemins?
M. DRUMMOND: Non, non, ce sont des imputations. Vous avez $5 millions,
je crois. Je cherche mon papier, j'avais un résumé de ça
ici. Il y a $2.5 millions qui est un remboursement, $1 des 100 pieds cubes;
c'est, en fait, le tarif de péage sur les chemins du
ministère.
A 4-3, vous avez également $2,535,000, qui comprennent des
imputations qui proviennent de TARDA dans les zones Saguenay-Lac-Saint-Jean,
Abitibi-Témiscamingue, pour la construction de chemins. Vous avez
maintenant les autres imputations à 4-4. C'est l'ODEQ dans le
Bas-Saint-Laurent et les travaux du côté du Lac-Saint-Jean et en
Abitibi-Témiscamingue.
M. ROY: Le dernier montant pour l'ODEQ est de combien?
M. DRUMMOND: L'imputation totale, $2,464,000.
M. LESSARD: M. le Président, il me resterait trois questions bien
brèves pour autant que les réponses du ministre sont claires,
concernant le programme 4 et non pas au niveau des réductions.
D'abord, vous vous rappelez, lorsque nous avons discuté de la loi
de REXFOR, vous m'aviez parlé d'un montant, parmi les $15 millions qu'on
votait à REXFOR, qui était prévu par la scierie de
Ragueneau-Ruisseau-Vert. On en est rendu où? Quand est-ce que cela va se
concrétiser?
M. DRUMMOND: Cela doit se concrétiser assez tôt. Non,
non...
M. LESSARD: Cela fait pas mal longtemps que cela dure.
M. DRUMMOND: Non, non. Cela achève.
M. LESSARD: J'espère. Est-ce que REXFOR se cherche un
associé?
M. DRUMMOND: Disons que tout cela est réglé. Je pense que
ce n'est qu'une question d'arrêtés en conseil, à ce
moment-ci, pour la faire marcher.
M. LESSARD: Et on prévoit les débuts de la construction
pour quand?
M. DRUMMOND : Disons aussitôt que possible.
M. LESSARD: La réponse d'un ministre.
M. DRUMMOND: Non, non mais... Je dois dire que...
M. LESSARD: Alors, vous pouvez me donner...
M. DRUMMOND: ... que c'est en marche.
M. LESSARD: ... l'assurance que ce projet n'est pas mis de
côté.
M. DRUMMOND: Au contraire.
M. LESSARD: Concernant l'autre question bien brève, est-ce que,
dans l'achat de l'entreprise Couturier par la Consolidated-Bathurst, vous vous
êtes assuré que le bois allait être transformé
à l'ex-usine de Bobois, soit à Marsoui?
M. DRUMMOND: C'est une condition sine qua non.
M. LESSARD: Condition sine qua non. D'accord. Dans le cas de l'usine
Eddy Match, à Hull, est-ce que vous êtes encore en
négociation avec cette entreprise pour sa reconstruction?
M. DRUMMOND: Je les ai rencontrés, je pense, il y a trois mois et
ils étaient censés venir me voir dans un avenir assez
rapproché avec leurs propres plans. A ma connaissance, leurs plans ne
sont pas encore concrétisés.
M. LESSARD: Donc, actuellement, le ministre ne peut pas donner
l'assurance à la commission parlementaire que cette entreprise sera
reconstruite.
M. DRUMMOND: Si elle était reconstruite, ce serait au
Québec, je pense. Mais...
M. LESSARD: Pas nécessairement dans la région de Hull.
M. DRUMMOND: ... à ce moment-ci, je ne peux pas parler pour la
compagnie.
M. LESSARD: J'aurais pu en discuter plus longuement, M. le
Président, mais on a d'autres choses à discuter.
M. ROY: M. le Président, j'aurais un point concernant le
programme 4, puisque l'on parle de l'utilisation de la forêt, un point
que j'ai soulevé à l'Assemblée nationale à quelques
reprises. Comme je l'ai indiqué lors des travaux de la commission, il y
a plusieurs industries de sciage qui, le long de la frontière
américaine, s'approvisionnent du côté des Etats-Unis.
Alors, il y a une lettre-circulaire que l'Association des manufacturiers de
bois de sciage du Québec a rendue publique le 4 décembre 1973 et
qui se lit comme suit, concernant les billots américains: "De source
officieuse, nous apprenons que le gouvernement américain est sur le
point d'adopter une législation qui réduirait les exportations de
billes au Canada, dans le cadre de son programme de contrôle des sources
d'énergie. Si tel est le cas, cette menace est plus sérieuse que
celles qui nous furent signalées dans le passé alors qu'on avait
laissé entrevoir des réductions d'approvisionnement pour les
scieries frontalières à cause des réductions
imposées à la main-d'oeuvre étrangère qui travaille
aux Etats-Unis, c'est-à-dire dans le cadre du projet de loi Muskie, qui
a été déposé au Sénat américain. "On
nous apprend également que, lors de l'entrée en vigueur des
règlements proposés, le gouvernement américain respectera
les contrats qui pourront exister entre fournisseurs américains et
acheteurs canadiens tout comme il l'a fait dans le passé dans le cas des
rebuts de fer et de fève de soya. "Alors, on inclut avec la
présente la reproduction d'un texte interprétant la politique
envisagée. Nous attirons votre attention, par des flèches, aux
définitions déjà acceptées par un contrat entre
fournisseurs américains et clients canadiens".
Est-ce que le ministre, à qui j'avais fait parvenir ces
documents, qu'il a en main, pourrait nous dire si le ministère des
Terres et Forêts du Québec s'est préoccupé de cette
question?
Y a-t-il eu des démarches d'entreprises, des rencontres avec le
gouvernement de l'Etat du Maine? Quelles sont les intentions du
ministère des Terres et Forêts face à ce problème
qui risque de devenir assez crucial pour les gens de nos comtés, des
comtés situés le long de la frontière
américaine?
M. DRUMMOND: M. le Président, je suis aussi
préoccupé par ce problème que le député de
Beauce-Sud. Je veux signaler quand même un danger, lorsqu'on
étudie les crédits. Lorsqu'on adopte un élément de
programme, on essaie toujours de retourner à cet élément
pour continuer les discussions. Je demande une directive, d'une certaine
façon, puisqu'on a eu l'occasion d'en parler amplement lorsqu'on a
discuté de cet élément de programme.
Je veux signaler quand même qu'il y a un groupe
interministériel. Ce sont les Affaires intergouvernementales qui
prennent le leadership de tout cela. On a eu quelques réunions avec le
gouvernement du Maine. C'était évidemment une des questions
clés discutées entre les deux gouvernements.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La commission suspend ses travaux
à loisir, c'est-à-dire pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 46)
(Reprise de la séance à 11 h 51)
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, messieurs!
M. DRUMMOND: Nous pouvons revenir aux éléments de ce
programme que nous avons déjà discutés, mais...
M. ROY: Je ne veux pas, M. le Président, prolonger le
débat de notre commission parlementaire indûment sur cette
question-là. Je pourrai y revenir, à l'Assemblée
nationale, à d'autres occasions. Je prends seulement quinze secondes
pour dire que nous demandons au ministère des Terres et Forêts et
au ministre des Terres et Forêts de se préoccuper de cette
question qui est très importante.
M. DRUMMOND: Nous la suivons de près, M. le Président,
c'est un problème qui pourrait être aigu, mais j'espère que
ça ne va pas être aussi pire que ça.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre s'est informé, concernant par
exemple les compagnies forestières qui ont pollué, s'il y a eu
plusieurs condamnations par le ministère de la Justice?
M. DRUMMOND: Je ne suis pas informé de cette question, M. le
Président.
M. LESSARD: J'aurais aimé savoir si les compagnies qui ont
été condamnées ont reçu des subventions.
M. ROY: J'aimerais savoir si le ministère des Terres et
Forêts fait des rapports à un moment donné à ce
sujet-là, s'il s'est plaint.
M. DRUMMOND: Sur quoi?
M. ROY: S'il s'est plaint que certaines compagnies allaient trop loin
dans le domaine de la pollution de l'environnement.
M. DRUMMOND: Je trouve que la population de la province de Québec
est bien au courant de ces problèmes et fait de multiples plaintes
lorsque les occasions s'en présentent.
M. ROY: Mais le ministère comme tel n'a pas...
M. DRUMMOND: Si les plans d'exploitation ne sont pas suivis, c'est notre
rôle de contrôler les coupes pour que ce soit rationnel. Grosso
modo, c'est notre rôle. Mais je ne pense pas qu'en ce qui concerne, si on
parle du rôle du ministère en soi, cette question de bran de scie
dans une rivière, ce soit la responsabilité du ministère
des Terres et Forêts.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 4, éléments 1,
2, 3, 4, adopté?
M. ROY: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté. Est-ce qu'il y a des
questions sur la ventilation?
M. ROY: Non.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est fait. Alors, programme 5, M. le
ministre, est-ce celui-là que vous voulez aborder?
M. DRUMMOND: Le programme 5, oui.
Planification
M. DRUMMOND: Ce programme vise à planifier, diriger et coordonner
les ressources humaines physiques et financières essentielles à
la gestion des programmes du ministère.
J'attire votre attention sur le résumé en question qui va
assez loin dans les détails. Ce programme, qui se compose de deux
éléments, a comme objectifs principaux de préciser les
grandes orientations du ministère dans les domaines qui le concernent et
de fournir aux gestionnaires les supports techniques et administratifs dont
ceux-ci ont absolument besoin pour mener à bonne fin les
différents projets confiés à leur
responsabilité.
Les crédits budgétaires sollicités pour ce
programme, en 1974/75, sont de $6,806,000 nets par rapport à $5,233,000
pour l'exercice précédent. La différence de $1,573,600
s'explique non pas seulement par un accroissement des activités mais
également par d'autres ajustements mécaniques que l'on peut
résumer de la façon suivante: $387,400 pour la
réaffectation de 71 employés au programme 5 dont 25 au 5.1 et 46
au 5.2
Cette réaffectation découle évidemment d'une
première année d'utilisation du système PPB où il
était assez difficile, dans un premier jet, de placer tout le monde
à la bonne place. $257,600, est une augmentation de 6 p.c. aux
traitements et de 3 p.c. aux autres catégories de la
supercatégorie Fonctionnement, augmentation qui a été
accordée à l'ensemble du gouvernement et qui représente
$71,400 au 5.1 et $186,200 au 5.2; $206,000, somme accordée au
ministère en crédits additionnels pour couvrir l'accroissement
des coûts des effectifs permanents, augmentation de traitement
supérieure à 6 p.c; $94,400, réaménagement au 5.2
de crédits budgétaires prévus à d'autres
éléments de programme pour fournitures et approvisionnement,
exemple les véhicules automobiles; $18,000, obtention d'un poste;
$625,000, crédits additonnels obtenus; $154,600 pour les nouveaux postes
dont six au service de la gestion du matériel qui représentent la
somme de $41,000, huit au service de l'information, $72,400, trois au service
de l'informatique, $41,200; deuxièmement, $90,000 pour la vulgarisation
forestière par le service de l'information auprès des
propriétaires de boisés privés;
$272,000 pour l'amélioration du réseau de
télécommunication dans les régions du Lac-Saint-Jean et du
Nord-Ouest; $20,000 pour l'intensification du programme d'information; $73,400,
accroisssement du volume et des coûts de traitement électronique
des données; $15,000 dans le cadre des travaux imputables à
l'OPDQ pour le traitement des données reliées au projet de
réfection cadastrale Mirabel.
Ce sont là, dans les grandes lignes, les explications d'ordre
général qu'il est possible de donner sur ce programme dont nous
examinerons maintenant chacun des éléments. Elément
numéro 1 : Direction du ministère. A cet élément de
programme, on retrouve en fait l'organisation supérieure du
ministère, c'est-à-dire les entités administratives
responsables de la planification des activités du ministère dans
les différents secteurs qui le concernent et de la coordination des
différentes ressources essentielles à la bonne marche des
programmes qu'il met en oeuvre pour atteindre les objectifs qu'ils s'est
donnés. Les statistiques fournies ci-dessous concernant les effectifs
portés à cet élément de programme reflètent
assez bien cette situation puisqu'on y note une forte concentration des cadres
supérieurs et d'adjoints aux cadres supérieurs. Ici, pour vous
donner une idée, les cadres supérieurs, 20, adjoints aux cadres
supérieurs, 9, professionnels, 24, techniciens et assimilés, 4,
employés de bureaux et assimilés, 28. Les crédits
budgétaires sollicités à cet élément de
programme, soit $1,851,600, serviront pour la plus grande partie à payer
les frais de traitement et de voyage du personnel indiqué ci-dessous:
cabinet du ministre, cabinet du sous-ministre, direction
générale, administration régionale, ce qui englobe 85
personnes pour un montant de $1,458,100.
Les autres dépenses d'importance se retrouvent aux
catégories suivantes: A, services pro-fessionels, administratifs et
autres, où un montant de $118,000 est prévu pour les fins
indiquées ci-dessous: $80,000 pour les services
d'ingénieurs-conseils dans le cadre de la promotion industrielle.
$33,900 pour le paiement d'honoraires à des conseillers en
administration, à des spécialistes requis pour des travaux
spécifiques, à des bureaux juridiques, à des membres d'un
jury, à des professeurs chargés de cours; $4,000 pour frais de
réception du ministre, visite sur le terrain, etc. Autres
dépenses: la somme de $42,000 qui paraît à cette
catégorie servira au perfectionnement des fonctionnaires du
ministère dans le cadre d'une opération gouvernementale de
perfectionnement, faisant suite à un engagement contracté lors de
la signature de la convention collective de travail des fonctionnaires.
Dépenses de transfert: des crédits budgétaires de
$210,000 sont demandés pour défrayer les dépenses
indiquées ci-dessous: $19,000 en bourses d'études à des
gradués de la faculté de foresterie et de géodésie;
$120,000, subvention à l'université Laval, faculté de
foresterie et de géodésie pour les travaux d'étudiants en
foresterie à la forêt Montmorency; $43,400, subvention à
l'Association forestière québécoise qui comprend les clubs
4-H, la Semaine de l'arbre ou de la forêt, etc., $15,000, subvention
à l'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec,
ce qui en fait est une collaboration financière du ministère au
service de la classification des bois; $2,400 pour le banquet de l'Ordre du
mérite forestier; $500, prix aux diplômés en mesurage de
bois; $4,500 pour imprévus.
Elément numéro 2: Soutien administratif et technique.
On retrouve à cet élément de programme, le
personnel qui, tant au niveau du centre qu'à celui de la région,
ne peut être rattaché à un programme particulier, si ce
n'est celui spécialement prévu à cette fin et dont l'objet
consiste précisément à fournir un appui technique et
administratif aux gestionnaires affectés à l'un ou l'autre des
programmes du ministère.
Par entité administrative, ces effectifs qui comprennent 359
employés se répartissent comme suit: Conseil de la recherche, 2
personnes; Service de la gestion financière, 20 personnes; Service de la
gestion du matériel, 53; Service de l'informatique, 25; Service de
l'information, 22; Service du personnel, 35; Service administratif des
régions administratives, qui sont au nombre de 8, y compris la station
forestière de Duchesnay aujourd'hui rattachée à la
région de Québec, 202 personnes, pour un total de 359.
Le personnel, vous avez trois cadres supérieurs, trois adjoints
aux cadres supérieurs, 48 professionnels, 55 techniciens et
assimilés, 170 employés de bureau et assimilés et les
ouvriers sont au nombre de 80. Les crédits sollicités en 1974/75
atteignent la somme de $4,955,000 nets, ce qui représente une
augmentation de $1,229,400 par rapport à 1973/74. Tel que
commenté brièvement au niveau du programme, cet accroissement
résulte de crédits additionnels de l'ordre de $625,000 et
d'ajustements mécaniques qui se résument ainsi: $195,800,
réaménagement de 46 personnes antérieurement
attachées à d'autres programmes; $186,200 augmentation de 6 p.c.
et de 3 p.c. respectivement aux traitements et aux autres catégories du
fonctionnement; $95,000 réaménagement, à l'article 5.2 des
crédits prévus aux autres éléments de programme,
pour fournitures et approvisionnements, re véhicules automobiles;
$143,000 pour l'augmentation des coûts de traitement des effectifs
permanents suite aux intégrations. Vous avez là une idée
générale de la répartition du budget et des augmentations
par rapport à celui de 1973/74.
M. DRUMMOND: Adopté?
M. LESSARD: M. le Président, étant donné qu'on a
discuté passablement des orientations
du ministère, à ce programme-là, je n'ai pas de
question particulière.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ventilation? M. LESSARD:
Adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté. Programme 5,
adopté. Programme 6. On m'informe qu'au programme 6 on avait
déjà discuté longuement de la réserve des trois
chaînes.
M. DRUMMOND: C'est bien. Je pense que ce qui a été convenu
dans le temps, c'était qu'on discuterait toute la question, qu'on
viderait la question de la réserve des trois chaînes lorsqu'on a
commencé l'étude des crédits, en discutant à
l'intérieur du programme 6.
M. ROY: En ce qui a trait à la réserve des trois
chaînes, je pense que les déclarations que nous a faites le
ministre à ce sujet nous ont donné satisfaction, du moins pour le
moment. On va attendre avec impatience le rapport que nous soumettra le
comité de personnes mandatées pour étudier la question, en
espérant que le ministère des Terres et Forêts fera
diligence et qu'il verra à améliorer sa réputation, afin
de passer pour un ministère qui travaille non seulement dans
l'intérêt des trusts des pâtes et papiers, mais...
M. DRUMMOND: Vu que la commission a travaillé tellement bien en
ce qui concerne cette question, j'espère bien que le
député de Beauce-Sud va éviter un minidébat sur la
question aussi.
M. ROY: Puisque le minidébat inquiète le ministre, je
pourrai lui dire que je vais donner avis au président de retirer cette
question.
M. DRUMMOND: Je peux dormir cette nuit.
M. ROY: Vous pouvez dormir. Vous n'aurez pas besoin de prendre de
médicaments.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Avec la sagesse des membres de
l'Opposition, est-ce que le programme 6 est adopté?
M. LESSARD: Non, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous manquez de sagesse.
M. LESSARD: Non, M. le Président et je n'aime pas
l'hypothèse qui a été exposée au début par
le président de la commission. Comme nous sommes très sages, nous
avons à poser des questions à cet élément qui est
fort important.
Si le ministre veut faire un exposé, est-ce tellement long?
M. DRUMMOND: Peut-être que je peux inviter M. Jean-Noël
Poulin, qui est le responsable de ce domaine, à en faire la lecture.
LE PRESIDENT (M. Séguin): II est reconnu par la commission que,
lorsqu'un de vos fonctionnaires parle, il parle au nom du ministre.
Gestion des terres publiques
M. DRUMMOND: Programme 6, la gestion des terres publiques. Le programme
de gestion des terres publiques, qui a pour objet de satisfaire aux obligations
imposées principalement par la Loi du MTF et par la Loi des terres et
forêts, consiste à poser un grand nombre de gestes administratifs
de nature variée.
Les besoins de la population en terres publiques se traduisent par une
augmentation continuelle des demandes et par l'obligation de fournir un service
constant. Ils imposent au service de la concession des terres des charges
additionnelles qu'il ne peut plus supporter avec les moyens actuels.
Déjà, il a dû négliger certains travaux relatifs
à la vérification des titres, à la classification des
documents et à la conservation du terrier avec toutes les
conséquences que cela entraîne.
En tant que gestionnaire des terres publiques, le ministère des
Terres et Forêts se doit, de plus, de veiller à ce qu'on fasse la
meilleure utilisation possible des terres publiques. Jusqu'à maintenant,
l'allocation des terres s'est souvent faite sans référence
à des plans rigoureux d'aménagement du territoire car la plupart
des données nécessaires à la préparation de tels
plans manquaient. En décidant de créer un service
d'aménagement des terres, le ministère des Terres et Forêts
manifeste clairement son intention de remédier à cette situation.
Les trois prochaines années budgétaires verront la mise sur pied
et l'organisation, sur une base solide, du service de l'aménagement des
terres. Cela implique nécessairement l'engagement d'un personnel
adéquat pour la mise en place de moyens d'action.
La direction générale du domaine territorial propose, pour
ce qui concerne le service de la concession des terres, le rattrapage dans la
vérification des titres et la classification des documents concernant le
rachat des terres privées, l'amélioration du service à la
clientèle en fournissant, sans délai, les informations requises,
l'accélération de la retranscription du terrier.
Pour ce qui concerne le service d'aménagement des terres, elle
propose l'élaboration d'une politique foncière et la
préparation des normes et plans d'utilisation en vue de contrôler
l'utilisation; la préparation du matériel nécessaire pour
prévoir l'utilisation éventuelle des terres publiques en vue d'en
planifier et d'en orienter l'utilisation; la promotion et l'exploitation des
terres publiques par la diffusion de l'information; la participation, de
concert avec les autres
organismes impliqués, à la mise en valeur des terres
publiques; l'acquisition de toutes les données biophysiques et
géographiques requises et nécessaires à la gérance
de la ressource.
Les actions que comporte la gestion des terres publiques, en affectant
le territoire, doivent inévitablement être dirigées vers la
mécanisation qui touchera différents ministères qui
s'occupent des ressources. Par ailleurs, il ne faudra pas négliger les
dispositions des articles 34 et 58, chapitre 92, au moment d'apporter les
changements administratifs préconisés pour la création
d'une banque de données. Pour que le service de l'aménagement des
terres puisse opérer sans que son autorité soit contestée,
il pourrait être nécessaire de préparer un
arrêté en conseil qui préciserait le rôle et
l'autorité du service d'aménagement des terres par rapport aux
structures gouvernementales existantes qui assument déjà des
responsabilités particulières en matière
d'aménagement du territoire.
Pour que les utilisateurs des terres publiques soient tenus
d'obéir à certaines règles, il faudrait rédiger des
règlements pertinents relatifs à l'utilisation des terres
publiques.
M. LESSARD: M. le Président, je pense que dans les données
que soulève dans son exposé le ministre des Terres et
Forêts, par l'entremise du directeur, M. Poulin, le problème est
assez bien souligné. C'est le problème de l'aménagement
global des terres, celui d'une politique générale. J'ai ici des
cas particuliers sur lesquels je veux poser des questions. Cet
aménagement global et ce programme en particulier, la gestion des terres
publiques, supposent une relation très forte entre, d'une part, le
ministère des Terres et Forêts, d'autre part, les autres
ministères, que ce soit le ministère de l'Agriculture, le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. DRUMMOND: Et les Affaires municipales.
M. LESSARD: Et le ministère des Affaires municipales et
même le ministère des Richesses naturelles. En fait, globalement
il faut savoir qui a la responsabilité première de
l'aménagement global du territoire. Cela suppose aussi qu'on ait une
politique, et la première politique à ce sujet-là, c'est
une politique de zonage, savoir quelles seront les régions qui vont
être reconnues comme touristiques ou, à l'intérieur du
ministère du Tourisme de la Chasse et de la Pêche, de
villégiature par rapport aux réserves de chasse et de
pêche; quelles seront les régions reconnues comme régions
forestières, les régions qui seront reconnues aussi comme
régions minières, etc.
Cela pose un problème global. Le ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche nous a dit qu'il allait présenter une loi
concernant les parcs. Le ministère de l'Agriculture nous a dit qu'il
allait présenter une loi concernant le zonage. Le ministère des
Terres et Forêts a l'intention aussi de présenter une loi
concernant le zonage. Mais cela suppose aussi...
M. DRUMMOND: N'oubliez jamais les Affaires municipales qui ont...
M. LESSARD: Les Affaires municipales. Cela suppose aussi qu'il va y
avoir un pouvoir de décision quelque part, lorsqu'il arrive des conflits
entre le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, etc.
En Colombie-Britannique, d'après mes informations, ce pouvoir appartient
à un organisme comme l'OPDQ, un organisme de planification globale. Je
m'aperçois qu'actuellement il y a des conflits qui ont des
conséquences énormes dans ce secteur. Simplement un exemple: le
ministère des Terres et Forêts a continué de céder
plusieurs territoires comme villégiature dans la région du lac
à la Loutre, à Baie-Comeau, ce qui a apporté comme
conséquences la création d'un village de villégiature dans
cette région, mais surtout qui a apporté comme conséquence
une diminution de la réserve. Le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche a fait adopter un arrêté en conseil
selon lequel toute cette partie de territoire qui avait été
concédée sous forme de territoire de villégiature, tout ce
terrain se trouvait à l'extérieur de la réserve, ce qui a
apporté comme conséquence que les administrateurs de la
réserve, ne pouvant avoir le contrôle sur l'entrée de la
réserve, ont laissé tomber simplement la réserve.
M. Poulin a soulevé ce problème global, et il est vraiment
global. En attendant et j'espère que va venir la politique de
zonage, dès cette session, pour empêcher le gaspillage de nos
terres publiques est-ce qu'il est déterminé, maintenant,
que c'est le ministère des Terres et Forêts qui a la main haute
sur l'aménagement du territoire et la cession des terres publiques, ou
est-ce que ce pouvoir continue d'être morcelé entre le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et
particulièrement le ministère de l'Agriculture et le
ministère des Terres et Forêts?
M. DRUMMOND: M. le Président, le député de Saguenay
soulève une question de taille, soit la question de savoir comment on va
procéder à l'avenir. On a l'OPDQ ici qui a une certaine
responsabilité régionale. Dans n'importe quel système
d'aménagement de territoire, le grand problème c'est la
coordination et, en fin de compte, un arbitrage en ce qui concerne
l'utilisation des terres publiques. Et en ce qui concerne l'arbitrage, c'est un
choix à faire, mais je pense que cela relève surtout de l'OPDQ en
ce qui concerne l'arbitrage.
M. LESSARD: Vous seriez d'accord, vous...
M. DRUMMOND: Oui, oui, parce que le pouvoir n'est jamais absolu, il
faut, si on veut
avoir une planification régionale, que les décisions
soient prises et basées sur toutes les informations régionales
possibles. A mon avis, je pense que l'arbitre dans ces cas doit être
l'OPDQ.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre accepterait aussi d'accord,
que l'OPDQ soit arbitre s'il y a modification dans les objectifs qu'on a
déterminés à un territoire, que cela puisse se faire
après qu'une commission parlementaire où le public serait
invité aurait siégé?
M. DRUMMOND: Sur toute la question de zonage, de n'importe quelle
région?
M. LESSARD: Oui.
M. DRUMMOND: Cela prendrait beaucoup de temps. Est-ce vraiment le
rôle du législateur? On peut se poser cette question.
La première chose ce serait quand même d'avoir une
connaissance suffisante de toutes les terres publiques, et au niveau du
ministère des Terres et Forêts, notre préoccupation
primordiale maintenant...
M. LESSARD: ...
M. DRUMMOND: Pas tout à fait.
M. LESSARD: Pas tout à fait.
M. DRUMMOND: Cela pose un problème, parce qu'il y a d'autres
ministères qui possèdent des terres.
C'est notre intention, évidemment, d'avoir toutes les
données en ce qui concerne les terres publiques au ministère des
Terres et Forêts pour aider à prendre les meilleures
décisions. Comme on l'avait signalé, il y a le fait qu'il faut
bâtir notre équipe, pour ne pas être si lents, en tout
ça, et avoir notre conception propre au niveau du ministère sur
ce que doivent être l'administration et la gestion des terres publiques.
Cela va prendre du temps, mais c'est en marche.
M. LESSARD: Le ministre conviendra qu'on ne peut pas avoir une
connaissance parfaite. Il y aura toujours des aménagements à
faire dans cette politique de zonage. Mais est-ce que, actuellement, la loi
dont nous parlait le ministre de l'Agriculture, la loi dont nous a parlé
aussi le ministre des Terres et Forêts va être une loi globale et
unique ou si le ministère de l'Agriculture va proposer sa loi ainsi que
le ministère des Terres et Forêts? Est-ce que, d'abord, vous
êtes prêt à déposer cette loi?
M. DRUMMOND: Disons qu'il faut d'abord faire la synthèse entre
toutes les lois avant d'en arriver à une décision finale en ce
qui concerne notre propre loi de zonage. En ce qui concerne le
ministère, je pense qu'il ne faut pas une loi qui concerne le zonage en
soi parce que nous faisons nos propres plans, et c'est la question de
synthèse qui est importante là-dedans, évidemment. On va,
en tout cas, étant donné que cela ne brise pas le travail de
synthèse en soi, déposer le projet de loi et
j'espère bien qu'on va l'adopter en ce qui concerne les
réserves écologiques. On peut facilement faire cela, je pense,
sans arriver à une synthèse totale.
M. LESSARD: Donc, la seule loi à laquelle on peut s'attendre
concernant l'aménagement du territoire, c'est la loi concernant les
réserves écologiques.
M. DRUMMOND: Non, je ne dis pas ça, parce qu'il y a la loi du
ministère de l'Agriculture et celle du ministère des Affaires
municipales. Ce que je dis, c'est qu'en ce qui concerne le zonage forestier, on
va essayer de travailler à la synthèse d'abord avant de
déposer une loi parce que la loi n'est pas importante en soi pour le
zonage. Je ne pense pas que l'on puisse arriver avec la loi de zonage avant
l'automne, en tout cas. Mais le travail de la synthèse au niveau de
l'OPDQ est fait actuellement en ce qui concerne toutes ces lois de zonage.
M. LESSARD: Bon. On ne va pas loin encore. En tout cas, je vais essayer
de discuter de quelques cas particuliers. Est-ce que le ministre des Terres et
Forêts a reçu du ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche une information concernant la possibilité de
création, par le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, d'un parc récréatif aux lacs Long et Montauban, dans
le comté de Portneuf? Est-ce que l'on a, suite à cette demande
c'est là qu'arrive la coordination agi de telle
façon qu'on empêche la compagnie qui a des droits de coupe dans ce
territoire de faire le saccage du territoire? C'est cela, vous avez deux
projets. Dans le cas de Baie Comeau-Hauterive, c'est exactement la même
chose. Le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche a ses
projets d'aménagement d'un parc le cas ne se pose pas uniquement
là; on parlera justement des permis de coupe de bois dans certains parcs
du Québec semble-t-il aux lacs Long et Montauban comme nous, dans
la région d'Hau-terive-Baie Comeau, nous avions certains projets pour
lesquels nous nous sommes tout simplement fait couper l'herbe sous le pied par
suite de concessions à quelques privilégiés des
territoires publics. Je me demande s'il y a coordination. Actuellement, dans la
région des lacs Long et Montauban, qui semble être une très
belle région, que je ne connais pas, eh bien, on a concédé
à la Consolidated Bathurst des concessions forestières alors
que...
M. DRUMMOND: Elle a des terres privées dans cet endroit.
M. LESSARD: Des terres privées, oui.
M. DRUMMOND: Dans le cas des lacs Long et Montauban, le territoire est
détenu en partie, sous forme de terrains privés, par la
Consolidated Bathurst et, pour une autre partie, en concessions
forestières qui ont été accordées depuis plusieurs
années.
Cela date de très longtemps. De toute façon, il y a des
territoires réservés pour des fins d'aménagement
récréatif, pour les lacs Long et Montauban, mais, à ma
connaissance, il n'y a pas de projet définitif qui nous est parvenu du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. LESSARD: Aucun projet définitif ne vous est parvenu, dans
lequel on vous aurait demandé de commencer à se porter
acquéreur des terrains nécessaires à la réalisation
de ce parc.
M. DRUMMOND: Pas à ma connaissance. Il y avait des discussions
sur le problème en général. Il y a un groupe qui est
mené par le Dr Maldague, je pense, qui travaille dans ce coin. Je pense
que lui, il a rencontré des gens du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, mais je ne sais pas quand. Il y avait des
pourparlers, en tout cas, mais nous n'avons reçu, à ma
connaissance en tout cas, aucune demande formelle du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. LESSARD: La politique normale, si le ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche avait été sérieux dans
l'aménagement de ce parc, aurait été justement
simplement une information parce que vous avez la haute main sur la
gestion du territoire actuellement, de communiquer avec le ministère des
Terres et Forêts et de l'informer de cette politique concernant la
possibilité d'un projet de parc dans la région.
M. DRUMMOND: Le ministère sait qu'il y a un projet de parc et,
à cet effet, on réserve du territoire, mais il n'y a pas de plan
définitif d'entré à notre ministère.
Dans la question d'utilisation des terres, il y a toujours ce qu'on
appelle en anglais un "trade off", lorsqu'on arrive avec un tel projet. De
notre part, il n'est pas question de dire qu'il faut garder cela pour la coupe
de bois. C'est plutôt d'essayer de trouver les meilleures solutions. Nous
sommes bien conscients que les demandes pour la récréation et
pour des parcs vont s'accroître pas mal dans l'avenir. Alors, notre
rôle, lorsqu'on arrive avec cela, c'est de mesurer les consquences, d'une
part, à savoir quelles seraient les conditions: Est-ce qu'on va
permettre une coupe ici ou non? Et, lorsqu'on regarde les règles du jeu,
on dit : D'accord, voici les conséquences. On peut régler cela de
cette façon ou d'une autre.
M. LESSARD: Quelle est, actuellement, la politique du ministère
des Terres et Forêts concernant la cession de territoires publics
à des particuliers à l'intérieur des réserves de
chasse et de pêche?
M. DRUMMOND: Le ministère ne cède pas de terrains pour
fins de récréation à l'intérieur des parcs
c'est certain et même à l'intérieur des
réserves de chasse et de pêche. Aussitôt que nous sommes
informés de la création de ces réserves, des instructions
sont données, dans toutes les régions, pour suspendre et
éviter même qu'on prenne des options concernant la
villégiature à l'intérieur des réserves de chasse
et de pêche.
M. LESSARD: Concernant l'établissement de "squatters" dans ces
réserves, est-ce que le ministère peut actuellement assurer la
commission qu'il y a un contrôle? Parce que c'est cela, le
problème. Je sais que cela a posé certains problèmes chez
nous comme ailleurs. C'est que les gens s'installaient sans demander
l'autorisation du ministère. Cela a été le cas au lac La
Loutre, dans la région de Baie-Comeau-Haute-rive. Tout à coup, on
a reconnu ce fait et, suite à cette reconnaissance du fait, on a
amputé toute cette partie, qui était intégrée
à la réserve de chasse et de pêche de
Baie-Comeau-Haute-rive, sous prétexte justement que c'était
devenu un centre de villégiature. De cette façon, on enlevait,
indirectement, tout le contrôle que pouvait avoir l'Association de chasse
et de pêche de Baie-Comeau sur l'entrée à
l'intérieur de son territoire, ce qui a apporté comme
conséquence que l'Association de chasse et de pêche de Baie-Comeau
a tout simplement laissé tomber l'administration de ce territoire.
M. DRUMMOND: Pour ce qui concerne la réserve de chasse et de
pêche de Hauterive-Baie-Comeau, il y a peut-être davantage, M. le
Président. Comme on vient de le faire remarquer, c'est vrai qu'à
la suite de l'exploitation forestière d'anciens dépôts
comme on les appelait dans le temps ce qui amenait une foule de
constructions, lorsqu'on avait terminé l'exploitation forestière
dans le coin, des employés des compagnies ou d'autres qui n'en faisaient
pas partie, ont occupé des camps et les ont améliorés pour
d'autres fins que l'exploitation, c'est-à-dire pour en faire des abris
en forêt qui sont devenus des camps où on allait à la
pêche ou à la chasse. Lorsque nous avons voulu régulariser
cette situation, nous étions déjà passablement
avancés et c'est à ce moment-là que le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche a décidé de
créer une réserve. Nous avons alors automatiquement marqué
le pas, aux Terres et Forêts, parce que nous croyions qu'il serait
possible de régler le cas de toutes ces occupations à
l'intérieur d'une réserve nouvellement créée.
De toute façon, les administrateurs de la
réserve devaient se charger de surveiller ce territoire. Or, il
est arrivé que, contrairement à ce qui était prévu,
il y a eu davantage d'empiètements à l'intérieur de la
réserve, et c'est ce qui a amené, je crois, la décision.
Ce n'est pas parce que le ministère des Terres et Forêts a
régularisé les occupations au lac La Loutre; au contraire, nous
avons marqué le pas, nous n'en n'avons régularisé aucune.
Nous avions fait des travaux d'approche pour les régulariser, mais nous
les avons arrêtés en face de la situation qui durait à
l'intérieur de la réserve, et des communications qu'il y a eues
entre les Terres et Forêts et le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche. Cette réserve, dont les limites frontales
étaient pratiquement le golfe Saint-Laurent, immédiatement
à l'arrière de la ville de Baie-Comeau, immédiatement
à l'arrière de la ville de Hauterive, créait des
embêtements, aussi, à bien des gens pour toutes sortes d'autres
fins.
Le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche a
donc accepté de modifier les limites de la réserve de chasse et
de pêche pour les reporter peut-être à 40 milles du bord de
la mer.
M. LESSARD: Quand vous parlez d'embêtements, je sais ce que vous
voulez soulever. Il est certain qu'il y avait un problème de paiement
à l'entrée de la réserve et justement quelques personnages
influents sont intervenus auprès du gouvernement pour soulever ce
problème. Il avait en tout cas été réglé en
partie entre l'Association de chasse et de pêche, ses administrateurs et
ces individus, mais le problème qui se pose actuellement est justement
que lorsque ces gens sont devenus en fait un peu les propriétaires d'un
petit club privé, lorsque ces gens se sont trouvés soumis au
contrôle des administrateurs de l'Association de chasse et pêche de
la réserve de Baie-Comeau-Hauterive... Il y avait alors un certain
contrôle, tandis que maintenant il n'y a plus de contrôle, à
mon sens, et c'est là le problème. Non seulement il n'y a plus de
contrôle sur le territoire donné, le territoire qu'on leur a
accordé, mais il était devenu impossible d'avoir un
contrôle aussi sur la réserve de chasse et de pêche. De
telle façon qu'au lieu de régler un problème, à mon
sens, vous en avez créé un sérieux.
De toute façon, M. le Président, je veux savoir
ça va être ma dernière question, parce que le
problème va se discuter au ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche cet après-midi si c'est le ministère des
Terres et Forêts qui a recommandé au ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche de faire un arrêté en conseil
selon lequel la réserve était amputée de toute cette
partie de territoire qui était devenue centre de
villégiature.
M. DRUMMOND: Je serais bien en peine de dire qui a fait le premier pas.
Je sais qu'à la suite de rencontres avec les officiers du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche, ces gens étaient loin d'être
satisfaits de la situation parce que les personnes qui avaient des camps
à l'intérieur de la réserve continuaient d'y aller. Il y
en avait un certain nombre d'autres qui avaient de réels chalets
d'été, qui continuaient d'aller à leur chalet et, pendant
ce temps, le ministère des Terres et Forêts et l'Etat ne
retiraient pas les loyers concernant ces choses-là.
M. LESSARD: D'accord mais, à ce moment-là, ces gens
étaient soumis aux règlements de la réserve de chasse et
de pêche; ils étaient donc soumis à l'administration de la
réserve de chasse et de pêche, ce qui n'est plus le cas
actuellement. Ces gens-là, en fait, actuellement, sont pratiquement
propriétaires d'un petit club privé.
M. DRUMMOND: Bien non, je crois plutôt qu'en reculant les limites
de la réserve de chasse et de pêche, ce territoire a
été ouvert au public comme tous les autres territoires qui font
partie d'un territoire de chasse et de pêche. C'est ouvert au public, les
mêmes règlements et les mêmes lois s'appliquent.
M. LESSARD: Je suis d'accord que les mêmes règlements de
chasse et de pêche s'appliquent à un moment donné dans ce
territoire, mais ce que je vous dis, par exemple, c'est que l'administration de
ce territoire actuellement ne relève d'à peu près
personne.
M. DRUMMOND: Nous nous proposons, si ce n'est pas déjà
commencé, de régulariser toutes ces occupations à
l'intérieur du territoire que j'ai énuméré tout
à l'heure.
M. LESSARD: Entre le mille 6 et le mille 30, qui va administrer les
chemins, maintenant, ce qui était fait par l'Association de chasse et de
pêche avant? De toute façon, M. le Président, je voulais
avoir certaines informations du ministère des Terres et Forêts; le
dossier relève d'abord et principalement du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et je reviendrai à ce
ministère à ce moment-là.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, j'aurais une question à poser au
ministre et probablement qu'elle relèverait plus du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Le ministre se souviendra que,
lors de sa visite dans le comté de Beauce-Sud l'an dernier, un film
avait été présenté le soir dans lequel on montrait
un endroit magnifique dans la région où il y avait
possibilité d'organiser un parc touristique régional. Il s'agit
du projet des Portes de l'enfer, situé sur la rivière Famine,
entre les municipalités de Saint-Benjamin et de Saint-Georges. Il y a eu
des lettres, il y a eu des demandes au ministère des Terres et
Forêts à ce sujet afin de l'aménager.
Et pour que le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche intervienne, il faut d'abord qu'il y ait un échange de
territoire avec la compagnie Domtar. Etant donné que des lettres, des
communications ont été envoyées à votre
ministère à ce sujet, j'aimerais savoir où en est ce
dossier, s'il a retenu l'attention du ministère d'abord et,
deuxièmement, si le ministère a l'intention de faire en sorte que
ce projet puisse être réalisé dans les meilleurs
délais.
M. DRUMMOND: M. le Président, comme l'a souligné le
député de Beauce-Sud, c'était convenu que ce
problème relève surtout du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche. Alors, s'il faut une recommandation, nous ferons
le nécessaire. Mais, ce que je peux suggérer, c'est qu'on
regardera nos dossiers et si on peut ajouter quelque chose de plus, on enverra
les détails au député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, il y a eu des communications avec le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Je reviens un
peu à ce que disait le député de Saguenay tout à
l'heure, les gens, les groupements ou les associations qui veulent
aménager un certain territoire ne savent pas où s'adresser. On
les envoie dans un endroit, ou dans un autre; on m'a même informé
qu'il y avait un ministère, je ne sais pas lequel, qui, après
deux ou trois demandes au cours d'une année, n'avait même pas
répondu aux lettres, n'avaient même pas accusé
réception. Remarquez bien que je n'accuse pas un ministère en
particulier, je ne sais pas lequel et je ne l'ai pas dans mes notes. Ces gens
qui travaillent à ce projet, soit des comités de citoyens ou des
chambres de commerce, forment un groupe qui comprend plusieurs personnes; il y
a tous les responsables de l'action communautaire, les maires, les
présidents de chambres de commerce, le directeur du Comité des
services d'action communautaire, également un ingénieur forestier
du ministère des Terres et Forêts qui, à titre personnel,
travaillait à ce sujet, des cultivateurs, l'UPA, plusieurs personnes; en
somme, c'est tout le milieu qui s'est intéressé et qui
s'intéresse au développement de ce parc, compte tenu de la
distance très accessible de la région métropolitaine de
Québec, compte tenu également que le projet d'autoroute de la
Beauce a réussi à retenir l'attention du ministère de la
Voirie et du gouvernement puisque, actuellement, les travaux sont
commencés et vont se continuer.
Je demanderais au ministère des Terres et Forêts d'apporter
une attention spéciale à ce sujet et, s'il y a lieu, d'organiser
des rencontres entre le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. Le problème sur lequel on semble s'être
accroché le plus, c'est qu'il y a des terrains qui appartiennent
à la compagnie Domtar. La compagnie Domtar aurait été
rencontrée, selon les informations que j'ai eues, et serait prête
à discuter avec le ministère des Terres et Forêts.
M. DRUMMOND: D'accord, M. le Président, on va évidemment
l'étudier, mais je pense que le député de Beauce-Sud
conviendra avec moi que la responsabilité primordiale en ce qui concerne
le projet en soi, relève du ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche. Alors, si le ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche décide que ça entre dans ses propres
priorités pour cette année ou l'année prochaine, qu'il
fasse une demande chez nous et on va ramasser les détails
nécessaires. Si c'est approuvé, nous ferons l'action
nécessaire pour le réaliser.
M. ROY: On peut conclure que la collaboration du ministère des
Terres et Forêts leur est acquise?
M. DRUMMOND: Toujours acquise avec n'importe qui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 6 adopté?
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais que le ministre nous
parle un peu de l'expropriation de l'île d'Anticosti et des projets
futurs qu'il entrevoit pour cette île. Quelle est la coordination
actuelle? Le ministre va me répondre que maintenant c'est envoyé
aux Travaux publics, mais, avant de penser à l'expropriation, on a
certainement pensé à l'aménagement intégral du
territoire, à la fois au point de vue des forêts, au point de vue
du tourisme et aussi, je l'espère, au point de vue de la population, des
quelque 200 personnes qui sont actuellement là. Alors, est-ce qu'il y a
un plan d'aménagement qui a été actuellement
préparé, soit au ministère des Terres et Forêts, en
collaboration avec le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
ou est-ce que ce programme d'aménagement intégral du territoire a
été laissé au ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche?
M. DRUMMOND: En ce qui concerne le leadership pour le
développement d'un plan d'aménagement pour l'île
d'Anticosti, ça relève du ministère des Terres et
Forêts. On a un groupe interministériel qui comprend
évidemment le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche et nous autres, aussi bien que l'OPDQ et le CRD régional. Je
pense qu'il y avait une autre rencontre hier, elle a été remise.
En tout cas, ce groupe interministériel a pour mandat de préparer
un plan d'aménagement pour le mois de septembre. Evidemment, le
député est au courant que ça prend du temps avant
d'arriver à un plan d'aménagement assez détaillé.
Alors, le travail est en cours.
M. LESSARD: Vous avez transmis le dossier au ministère des
Travaux publics, pour expropriation. Est-ce que le ministère a transmis
aussi, en même temps, l'inventaire de toutes les ressources qui
existaient sur l'île? Est-ce que le
ministère a transmis des recommandations concernant le prix
d'achat ou le prix à proposer à la compagnie? Si on ne s'entend
pas sur ce prix, ça devra aller devant la Régie des services
publics, la Régie de l'expropriation maintenant, suite à
l'amendement.
M. DRUMMOND: Le ministère des Terres et Forêts collabore
pleinement, en prêtant des gens du ministère et tous les
détails qu'on possède, avec le ministère des Travaux
publics pour l'aider dans sa tâche. Cela va?
M. LESSARD: Quel a été le prix initial proposé?
Est-ce que le prix de $30 millions était juste?
M. DRUMMOND: M. le Président, je dépasserais mes limites
d'autorité de parler des prix dans ce cas-ci.
M. LESSARD: Le ministre a annoncé à l'Assemblée
nationale que, pour la période d'un an, jusqu'à l'expropriation
complète, l'aménagement des ressources touristiques, soit
l'aménagement de la chasse et de la pêche, relèverait
encore de la compagnie Consol.
M. DRUMMOND: Disons que, pour nous donner le temps de travailler avec la
compagnie et de développer notre propre plan d'aménagement,
c'était convenu avec la compagnie Consol qu'elle continuerait à
s'occuper de la chasse et de la pêche, même jusqu'à la fin
de cette année.
Je ne parle pas de l'année gouvernementale, je parle du 31
décembre; cela semblerait le moment propice pour faire un échange
et nous lancer dans l'administration de l'île. Ce n'est pas seulement la
question de l'aménagement, en ce qui concerne le gouvernement, c'est
aussi la question de l'administration qui est en jeu. C'est assez
compliqué étant donné que cela a été
administré un peu comme une seigneurie ou un fief auparavant. Il y a
beaucoup de travail à faire et cela donne le temps de développer
un plan et d'administration et d'aménagement.
M. LESSARD: Ce qui veut dire que la compagnie continuera de recevoir les
bénéfices de l'administration des ressources touristiques, des
ressources de chasse et de pêche?
M. DRUMMOND: C'est la question de décider des modalités
d'action. Il y a des pourparlers entre nous et la compagnie Consol pour toutes
les modalités du changement.
C'est un contrat de gestion avec Consolidated Barthurst jusqu'au 31
décembre prochain.
M. LESSARD: Est-ce que ce contrat de gestion a fait l'objet d'un
arrêté en conseil?
M. DRUMMOND: Non, il est en train de se négocier.
M. LESSARD: II est en train de se négocier.
M. ROY: Le contrat de gestion n'est pas négocié
présentement?
M. DRUMMOND: Non, parce que l'expropriation vient d'avoir lieu.
M. LESSARD: Elle vient d'avoir lieu? M. DRUMMOND: Cela fait un mois.
M. LESSARD: L'expropriation vient d'avoir lieu, mais dans le sens que
vous avez décidé de passer par l'expropriation et vous avez
demandé au ministère des Travaux publics d'exproprier?
M. DRUMMOND: Oui.
M. LESSARD: Mais il n'y a pas eu une décision entre le
ministère des Travaux publics et la Consolidated Bathurst concernant un
prix d'achat?
M. DRUMMOND: Non, les négociations ne sont pas faites.
M. LESSARD: D'accord.
M. ROY: Le ministre lui-même disait, au mois d'avril, à
deux journalistes de Montréal que le petit problème des droits de
pêche exclusifs sur la rivière Jupiter, qui est
considérée comme l'une des cinq meilleures rivières
à saumon au monde, serait celui qui retardait les négociations
dans le contrat entre Consolidated Bathurst et le gouvernement provincial.
Là, je cite. Je ne veux pas mettre en doute la parole du ministre. "Le
ministre des Terres et Forêts, Kevin Drummond, qui négocie avec
les représentants de la Consolidated Bathurst, a admis à deux
journalistes du quotidien montréalais La Presse, la semaine
dernière, que ce petit problème faisait toujours l'objet de
discussions". Est-ce que ce petit problème fait encore l'objet de
discussions?
M. DRUMMOND: C'est mon collègue, le ministre des Travaux publics,
qui va s'occuper de tous les problèmes qui restent à
résoudre.
M. ROY: Mais, à votre connaissance...
M. DRUMMOND: Je ne nierai pas ce que j'ai dit aux journalistes.
M. ROY: ... le petit problème de la rivière Jupiter fait
toujours l'objet d'une négociation particulière?
M. DRUMMOND: Je ne peux pas parler pour un autre, M. le
Président.
M. LESSARD: En tout cas, j'admets qu'il est
difficile, actuellement, d'obtenir des informations concernant
l'île d'Anticosti. Il y a une chose qui me paraît primordiale,
c'est que si on en fait l'expropriation, elle ne devra pas être une
demi-expropriation, elle devra être une expropriation complète.
J'espère, en tout cas, qu'on ne laissera pas des privilèges
à la compagnie sur les droits de chasse et de pêche.
Une autre chose aussi, sur laquelle j'insiste, c'est qu'il y a quand
même une population de 200 habitants qui demeure encore là.
J'en reparlerai au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, mais comme c'est votre première responsabilité, ce
dossier, contrairement à d'autres parcs régionaux qu'on a
créés dans le Québec, il me semble qu'ici on devrait
particulièrement tenir compte de la population. Je me demande si on ne
devrait pas aller jusqu'au type de l'administration municipale sur l'île
d'Anticosti.
De toute façon, M. le Président, il s'agit là d'un
dossier fort important. Il s'agit d'un dossier sérieux. J'ai
été heureux de constater que, pour une fois, le gouvernement du
Québec, par l'entremise du ministère des Terres et Forêts,
avait décidé d'agir, peut-être à la suite d'une
décision du gouvernement fédéral, pour empêcher que
le fédéral s'empare d'abord de ce territoire. Je savais que le
ministre négociait le rachat de cette partie de territoire
québécois, mais j'appréhendais très
sérieusement le fait que le gouvernement fédéral s'en
empare. C'est une transaction qui devra être faite en tenant compte des
intérêts des Québécois j'espère qu'on
va en tenir compte qui ne devra pas être faite à demi, qui
ne devra pas laisser place à des intérêts privés sur
le territoire, mais qui devra être faite complètement par le
gouvernement du Québec et à des prix abordables. N'oublions pas
que cette île avait été payée $6 millions par la
Consolidated Bathurst. Je comprends que des investissements y ont
été faits, mais il ne faudrait quand même pas être
plus généreux pour les compagnies privées qu'on l'a
été, par exemple, pour les propriétaires de clubs
privés, il y a une couple d'années, lorsqu'on a
créé certains parcs.
M. ROY: M. le Président, nous sommes également
intéressés à suivre l'évolution de ce dossier de
très près. Nous nous intéressons également au fait
que ce groupe de 200 personnes aura quand même droit à un type
d'administration, de façon que, pour employer le terme du gouvernement,
malgré qu'il soit très discutable, on n'instaure pas un
régime de Simard-démocratie à l'intérieur de cette
île, puisqu'on parle de social-démocratie.
M. DRUMMOND: M. le Président...
M. ROY: M. le Président, je voulais demander à l'honorable
ministre des Terres et Forêts, étant donné qu'il semblerait
du moins cela a été les nouvelles qui ont
été répétées de part et d'autre que
la compagnie Consolidated Bathurst, la Consol comme on l'appelle, aurait
déclaré que l'exploitation forestière sur l'île
n'était plus rentable, si le ministère a fait une étude
sur la rentabilité de l'exploitation forestière sur l'île
d'Anticosti, si une telle étude existe.
M. DRUMMOND: C'est ce qu'on fait actuellement pour arriver avec un plan
d'aménagement qui va tenir compte, évidemment, des
possibilités touristiques, des possibilités
d'établissement de parcs et des possibilités de la
rentabilité des opérations forestières. Cela va arriver
avec l'étude de l'aménagement de l'île.
M. ROY: Est-ce que cette étude doit être
complétée prochainement ou si elle risque de se prolonger encore
longtemps?
M. DRUMMOND: Non, on espère qu'elle sera prête vers la fin
de septembre, au plus tard.
M. ROY: L'étude serait complétée pour la fin de
septembre?
M. DRUMMOND: C'est ça, c'est notre calendrier.
M. ROY: Maintenant, est-ce que le ministère va attendre d'avoir
le rapport de l'étude avant de négocier définitivement la
question de l'expropriation avec la compagnie Consol...
M. DRUMMOND: Oui.
M. ROY: ... ou si vous avez l'intention de négocier le plus
rapidement possible, même si l'étude n'est pas
complétée?
M. DRUMMOND: Les négociations, comme je l'avais signalé,
sont sous la responsabilité du ministère des Travaux publics.
Mais ces pourparlers continuent, quand même.
M. ROY: Non, mais il y a quand même un fait...
M. DRUMMOND: Non, non. Les négociations continuent.
M. ROY: Les négociations continuent. Mais ce que j'aimerais
savoir, parce que quand même il faut que le gouvernement se base sur
quelque chose pour parler d'expropriation, parler d'achat, c'est sur quoi le
gouvernement se baserait si les négociations, qui sont
déjà entreprises, ne se réfèrent pas à une
étude, ou si elles se réfèrent à une étude
qui n'est pas complétée.
M. MALOUIN: II y a d'autres inventaires aussi, M. le Président,
que celui de la forêt.
M. ROY: Non, je pose la question au ministre et j'aimerais bien que le
ministre me réponde à ce sujet.
M. DRUMMOND: Lorsque l'on procède sur quelque chose comme
ça, on prend un éventail de toutes les données possibles
et on regarde toutes les options selon les données qu'on possède.
Avec ça, on peut arriver à un ordre de grandeur assez juste, en
ce qui concerne un prix.
Mais il faut quand même avoir un plan d'administration pour
l'île et un plan d'aménagement très détaillé.
Alors, avec les chiffres qu'on possède, avec les chiffres de la Consol,
on peut travailler quand même pour en arriver à un prix. Je pense
que cela va de soi. Mais il faut préparer un plan d'aménagement.
Je pense que le député est d'accord avec moi que c'est primordial
que l'île passe chez nous.
M. ROY: Oui.
M. DRUMMOND: Alors, cela était la première chose et il
fallait agir assez vite.
M. ROY: Une chose qu'il serait assez important de savoir, c'est: Est-ce
qu'entre le gouvernement fédéral et la compagnie Consol
parce qu'il en a été question des discussions ont eu lieu
à ce sujet? Est-ce qu'il y a eu des discussions, à votre
connaissance? Est-ce qu'il y a eu des rencontres? Est-ce qu'il y a même
eu des études préliminaires en vue d'en venir à une
négociation ultérieure entre le gouvernement
fédéral et la Consol?
M. DRUMMOND: Je pense que la compagnie Consol avait dit qu'il
n'était pas question de vendre à un groupe privé. Alors,
cela laisse, en soi, deux gouvernements qui étaient de possibles
acheteurs en ce qui concerne l'île.
M. ROY: Je comprends ce point de vue. J'aimerais savoir si avec la
Consolidated Bathurst, à la connaissance du ministre des Terres et
Forêts, il y a eu des négociations comme telles et si on en est
venu, à un moment donné, à des accords de principes, voire
même à un accord global au point de vue de la masse
monétaire impliquée dans la transaction avec le gouvernement
fédéral.
M. DRUMMOND: A ma connaissance, il y a eu certainement des discussions
entre la Consolidated Bathurst et le gouvernement fédéral.
M. ROY: Bon. Maintenant, est-ce que les négociations qui ont eu
lieu avec le gouvernement fédéral concernant les prix peuvent
influencer la masse monétaire que le gouvernement provincial devra
débourser à ce sujet? Il faut tenir compte, quand même, du
contexte et je pense que les gens de la compagnie sont des gens
compétents, des gens habiles. Alors, il est évident qu'on devait
certainement savoir que, si l'on entamait des pourparlers avec le gouvernement
fédéral en vue de la vente de l'île d'Anticosti, il y
aurait, au Québec, une réaction tout à fait normale et
légitime, et que des pressions publiques se feraient pour que le
gouvernement du Québec intervienne et prenne ses
responsabilités.
Nous sommes entièrement d'accord pour que le gouvernement du
Québec agisse dans ce domaine.
Maintenant, étant donné que les pourparlers qu'il pourrait
y avoir eu avec le fédéral, compte tenu de la masse globale,
compte tenu également que le ministère a des données
d'inventaire qu'il vient de nous signaler, et qu'il ne semble pas qu'il y ait
eu une étude particulière en ce qui a trait à
l'exploitation forestière, qui est la richesse naturelle no 1 de
l'île d'Anticosti, j'aimerais savoir si les négociations qui ont
eu lieu avec le fédéral peuvent influencer la masse
monétaire présentement mise en cause dans les négociations
qui ont lieu présentement.
M.DRUMMOND: M. le Président, lorsque nous avons commencé
nos pourparlers avec la compagnie Consolidated Bathurst, nous avons
élaboré nos propres chiffres, selon nos informations. Alors, il
n'était pas question d'un prix demandé par une autre qui
influencerait les montants auxquels nous sommes arrivés avec nos propres
études. Toutes les négociations étaient faites selon les
chiffres que nous avions en main, nous autres.
Est-ce que cela répond à la question? Ce n'est pas une
question de surenchère ou quelque chose comme cela. Il s'agit, chez
nous, d'élaborer les dossiers selon nos propres données pour
arriver à un prix qu'on avait trouvé juste. Cela a
été fait de cette façon.
Je comprends le sens de la question du député de
Beauce-Sud.
M. ROY: Vous comprendrez certainement, M. le Président, que s'il
y a deux acheteurs pour l'île d'Anticosti, il est évident qu'il y
a un danger que le plus haut enchérisseur intéresse normalement
les vendeurs; ce qui est tout à fait normal et légitime dans les
circonstances.
Alors j'aimerais bien savoir si le gouvernement fédéral
s'est retiré, à votre connaissance, définitivement du
dossier ou s'il y a toujours des négociations avec le gouvernement
fédéral.
M.DRUMMOND: Ils ne sont plus dans le portrait. C'est bien certain, M. le
Président.
M. LESSARD: En décidant d'exproprier, le fédéral se
trouve éliminé.
M. DRUMMOND: C'est ça.
M. LESSARD: M. le Président, j'aurais une question qui me
paraît assez importante et vous me permettrez, pour la rendre
intelligible, de faire un bref commentaire.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je ferais remarquer au
député, sans vouloir l'interrompre, que nous devons ajourner
à une heure.
M. LESSARD: Je pense, M. le Président, qu'il est possible, en
allant jusqu'à une heure cinq, peut-être une heure dix, de
terminer le programme 6.
UNE VOIX: J'ai une rencontre à une heure.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous avez une rencontre à une
heure?
M. LESSARD: De toute façon, M. le Président, il me reste
deux minutes pour donner mes informations au ministre et j'espère,
même si nous ne revenons pas, obtenir mes informations.
Une lettre de M. Réjean Carle lettre qui a
été envoyée à plusieurs journaux de
Mani-waki, datée du 25 mars 1974: "Monsieur, le ministère des
Terres et Forêts m'a loué, pour le printemps 1974,
l'érablière sise sur le lot 9 du rang 6 dans la
municipalité de Cameron, comté de Gatineau. Mon père
louait cette érablière depuis cinq ans. Ayant
déménagé de la municipalité, il ne pouvait plus
l'exploiter. Or, votre ministère a accepté de continuer la
location à mon nom. La semaine dernière, je me suis rendu
à la cabane à sucre afin de voir aux préparatifs avant
d'entailler..."
En tout cas il se rend là et il constate que le territoire est
vendu et qu'il a été vendu à la Gatineau Fish & Game
Club qui possédait déjà huit lots dans cette
région. La personne toute surprise communique avec le ministère
des Terres et Forêts. On lui a répondu qu'il n'y avait pas
d'erreur, que le lot était bel et bien vendu au Gatineau Fish & Game
Club depuis novembre 1973. Habituellement, la vente des terrains de la couronne
se fait à la suite de l'évaluation et de la recommandation d'un
bureau local, mais cette fois-ci la transaction s'est faite à partir du
bureau de Hull. M. Carie m'informe qu'à plusieurs reprises il a
tenté, auprès du bureau local, d'obtenir l'achat de ce terrain,
de tenter d'acheter ce terrain, et on lui répondait toujours qu'il
n'était pas à vendre. Encore l'an dernier, lors du renouvellement
de la location de l'érablière, on lui fit la même
réponse. "Alors, demande justement M. Carie, comment se fait-il que,
quelques mois plus tard, le même lot soit vendu à un club de
non-résidents? La majorité des membres du Gatineau Fish &
Game Club sont des Américains, les autres des Ontariens; en
définitive, des étrangers qui ne paient aucun impôt
à la province". La question fondamentale que pose cette personne est
celle-ci: "Pourquoi m'a-t-on envoyé l'autorisation officielle de
location permis no 15,742 datée du 25 février 1974,
alors que le lot était vendu depuis novembre 1973"?
Vous avez tout un problème de politique concernant la gestion de
nos terres et la vente de nos terres. On a vendu un terrain public à un
club privé dont les membres ne sont pas résidents, alors qu'une
autre personne du territoire du Québec en avait demandé la
location après avoir demandé la possibilité d'achat et on
lui a dit:
Non, ce lot n'est pas à vendre. Après qu'il eut obtenu
l'autorisation de faire l'exploitation de l'érablière, il fut
averti que le lot avait été vendu plusieurs mois auparavant.
J'aimerais bien, M. le Président, même si le ministre ne peut pas
actuellement répondre exactement à la question que je
soulève, savoir, d'abord, s'il y a une politique concernant justement la
vente de ces lots et sur quelles recommandations ce lot a été
vendu à la compagnie Gatineau Fish and Game Club, plutôt
qu'à M. Carie, tel que lui-même l'avait demandé.
M. DRUMMOND: M. le Président, je pense que le
député serait d'accord avec moi qu'il n'a présenté
qu'un côté de l'affaire en question. Je suggère qu'on fasse
ce qu'on a fait dans le passé; on va regarder le dossier et on va
communiquer aux membres de la commission le résultat de l'enquête
concernant ce dossier.
M. LESSARD: J'aimerais bien, M. le Président, avoir les
informations concernant ce dossier qui me paraît très
important.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 6, adopté?
M. LESSARD: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 7, adopté?
M. LESSARD: M. le Président, est-ce qu'on n'a pas l'habitude,
étant donné qu'un rapport est fait sur l'ensemble...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le rapport se fait en Chambre.
Maintenant, nous ajournons sine die.
M. LESSARD: Est-ce qu'on ne garde pas un projet...
M. ROY: Je réserve, M. le Président, en ce qui me
concerne, le programme 7.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous gardez une réserve sur le
programme 7? Vous ne l'adoptez pas, à ce moment-ci?
M. ROY: Non.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La commission ajourne ses
travaux...
M. DRUMMOND: Un mot seulement pour remercier tous les membres de la
commission au cas où je n'aurais pas l'occasion de le dire après.
Je pense qu'on a fait la preuve de la valeur du système PPB, parce qu'au
lieu de toujours jouer en ce qui concerne les comparatifs, on est allé
au fond des programmes et des problèmes pour
discuter d'une façon rationnelle ce que doivent être les
politiques du ministère, au lieu de toujours poser des questions, du
genre: Pourquoi six employés ici au lieu de cinq l'année
dernière? Je pense que c'est un bon travail, même si
c'était ardu, certaines journées.
M. ROY: Je remercie le ministre d'avoir signalé la qualité
de l'Opposition.
M. LESSARD: M. le Président, remerciements.
M. DRUMMOND: J'ai parlé de tous les députés,
membres de la commission, M. le Président.
M. LESSARD: Je pense, M. le Président, que c'est vrai que nous
avons eu une excellente collaboration, à la fois des fonctionnaires et
du ministre des Terres et Forêts.
Il y a une chose que je demande justement, c'est qu'ayant soulevé
certaines questions con- cernant les rivières à saumon et cette
dernière question concernant la vente d'un territoire à une
compagnie extérieure, j'aimerais que ces informations nous parviennent,
comme d'ailleurs cela a toujours été le cas. M. Gagnon nous a
toujours accordé sa collaboration et fait parvenir des documents suite
à une discussion en commission parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Beauce-Sud.
M. ROY: Mes remerciements au ministre, aux sous-ministres et à
tous leurs collaborateurs, sans vous oublier, M. le Président, pour la
façon rationnelle, la diligence et la tolérance dont vous avez
fait preuve pour que nos débats se déroulent avec le plus
d'objectivité possible.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A nouveau, la commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 2)