Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Etude des crédits du ministère des
Richesses naturelles
Séance du mercredi 29 mai 1974
(Dix heures sept minutes)
M. GRATTON (président de la commission permamente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
La commission des richesses naturelles et des terres et forêts
continue l'étude des crédits du ministère des Richesses
naturelles. Si vous le permettez, j'aimerais aviser la commission d'un
changement, soit que M. Côté (Matane) remplace M.
Larivière; si vous le permettez également, il pourra y avoir
d'autres changements annoncés en cours de séance.
Nous avions hier complété la phase des remarques
préliminaires. Nous en étions au programme 1,
élément 1, où il est permis, bien entendu, de faire toutes
autres remarques d'ordre général. L'honorable
député de Saguenay.
Exposé général (suite)
M. LESSARD: M. le Président, je m'excuse de n'avoir pu assister
hier au début de l'étude des crédits du ministère
des Richesses naturelles. Soyez assurés que c'étaient des
circonstances spéciales. Je m'excuse auprès des membres de la
commission, des fonctionnaires et du ministre. Aussi je veux remercier le
ministre et la commission d'avoir bien voulu accepter de suspendre
l'étude de cette commission des richesses naturelles afin que je puisse
être présent ce matin pour faire l'étude des
crédits.
Avant d'engager l'étude du programme 1: Inventaire et recherches,
j'aimerais poser un certain nombre de questions générales qui
nous permettront de défricher le terrain sur des sujets très
généraux, sujets d'ailleurs qui ont été
touchés hier dans les remarques préliminaires du ministre des
Richesses naturelles.
M. le Président, l'an dernier, en ce qui concerne les mines, le
ministre des Richesses naturelles nous faisait part d'une étude sur
l'ensemble de ce secteur afin de mieux le connaître. En effet, au journal
des Débats de l'an dernier, à la commission des richesses
naturelles, à la page B-2298, le ministre nous disait ceci: "Au cours de
l'année qui vient de se terminer, mon ministère, en tant que
responsable de la gestion des ressources minérales du Québec, a
mis au point un schéma d'étude devant nous conduire à une
connaissance plus exacte de ce secteur pour nous permettre de prendre des
décisions qui s'imposent. Dans une première partie, nous
analyserons les principales caractéristiques du secteur minier à
travers le monde comme au Québec. Dans une deuxième partie, les
principaux types de politiques minières à travers les pays
producteurs de même que les pays consommateurs et une dernière
partie sera une problématique globale, compte tenu des contraintes et
des possibilités inhérentes à l'industrie
minière".
Cette année, le ministre nous parle encore de cette étude
en d'autres termes. En effet, dans ses remarques préliminaires, hier, le
ministre nous disait ceci : "II nous a donc semblé normal de nous
assurer que l'utilisation de ces matières premières profite au
maximum, dans un contexte réaliste, à la population
québécoise. Cela impliquait qu'il nous fallait donc rassembler,
évaluer, analyser, quantifier les principales caractéristiques de
chaque secteur. Cet objectif global implique un travail à long terme,
mais, lorsqu'il sera atteint, il nous permettra de prendre des orientations
claires et sûres dans l'avenir".
Plus tard, le ministre revient sur ce problème. Il nous dit:
"Quant au secteur minier, comme vous le savez, nous attachons beaucoup
d'importance à ce secteur dans le contexte de l'économie
québécoise. Tel que je l'ai récemment
déclaré, nous sommes conscients que, pour tirer le maximum
d'avantages de l'exploitation des ressources minérales, sans pour autant
décourager l'entreprise privée indispensable à l'expansion
globale de la production minière, il faut que le Québec soit en
mesure de guider la politique de mise en valeur du domaine minier à tous
les stades: prospection, exploration, développement d'un secteur
manufacturier primaire, puis secondaire et mise en marché".
Le ministre revient sur ce problème un peu plus tard. Cette
étude-là me semble très longue, c'est-à-dire que ce
n'est pas la première fois qu'on parle d'étude en commission
parlementaire des richesses naturelles. Dès 1970, je pense qu'on se
posait la question, à savoir de quelle façon nous allons nous y
prendre pour faire en sorte que nous puissions profiter le plus possible de nos
richesses naturelles.
Ce que je voudrais savoir du ministre, c'est ceci: D'abord, où en
est rendue l'étude à long terme dont parlait le ministre l'an
passé et dont il parle encore cette année? Je dis bien
l'étude à long terme. Tout à l'heure, je préciserai
davantage ma question; d'abord, c'est une question générale.
M. MASSE: M. le Président, je dois dire je pense qu'on
retrouve cela dans le journal des Débats de l'année
dernière que, lorsqu'on examine le développement ou la
situation autant dans le domaine minier que dans le domaine de
l'énergie, cela a toujours été un secteur
extrêmement complexe, par l'envergure que ce secteur a avec des
entreprises qui sont en grande majorité des entreprises
internationales.
Au départ, le ministère des Richesses naturelles
s'était toujours préoccupé davantage des questions
techniques, des connaissances géologi-
ques du territoire, de l'administration des permis miniers;
évidemment, avec ces priorités, il y en avait d'autres, telles
que tout l'aspect économique du secteur minier, qui, à mon avis,
était délaissé.
Ce qu'on a fait depuis quelques années, c'est tenter de donner
l'outil principal; avant toute intervention du gouvernement dans ce secteur, il
fallait d'abord la connaissance. C'est ce dont je parlais l'année
passée et c'est un peu l'esprit de mes remarques aussi cette
année. On pourrait évidemment agir vite, se donner des politiques
qui, au bout de la ligne, seraient irresponsables. Mais l'essentiel, c'est
d'abord d'avoir les données de base; ces données de base, cela
peut être les acheteurs, par exemple, d'un secteur, le mouvement de ce
minerai à travers le monde, les différentes étapes de
fixation de prix, etc.
Nous avons évolué au cours de la dernière
année et cette année nous possédons davantage cet outil;
c'est à partir de cette compilation que nous pourrons, par la suite,
établir des politiques. Je pense que l'étape où nous en
sommes rendus, c'est cette étape de décision. Un des organismes
du ministère, la Direction d'économie minérale et de
développement qui a été mise sur pied il y a à
peine deux ans, s'est attaché, entre autres, à nous fournir cette
connaissance de base. Même l'expertise n'existait pas; maintenant, on a
des gens qui sont formés à cela et qui font un travail des plus
efficace, comme je le disais dans mon discours d'ouverture.
C'est un travail qui doit se faire par secteurs, c'est-à-dire le
secteur de l'amiante, le secteur du fer, le secteur du cuivre. Je pense que
nous avons une priorité qui est l'amiante.
M. LESSARD: C'était la deuxième question à laquelle
je voulais revenir. Cette étude couvre l'ensemble du secteur minier,
mais si nous tentons de tout connaître l'ensemble du secteur minier,
cette étude sera certainement longue, et ça va prendre
énormément de temps avant de prendre des décisions. Vous
avez donc...
M. MASSE: Je m'excuse, M. le Président, j'ai dit tout à
l'heure je ne parle pas d'une étude qui va se poursuivre pendant
deux ou trois ans qu'on est en train de compléter cette
première phase qu'on devait faire avant de prendre les décisions,
le changement de politique minière.
M. LESSARD: Maintenant, comme c'est une étude sectorielle, vous
avez donc des secteurs qui sont prioritaires. Je pense bien que, dans les
circonstances, pour le moment, en tout cas, il est assez difficile, en ce qui
concerne le minerai de fer, de prendre des décisions concernant une
transformation intégrale du minerai de fer chez nous, au Québec,
quoiqu'on puisse accentuer cette transformation. Cependant, il y a des secteurs
prioritaires tels que, comme vous l'avez dit, l'amiante, tels que l'argent,
tels que le cuivre, tels que le zinc où on constate cette année
une augmentation assez considérable des prix. Quand vous parlez de
décision, quels sont les secteurs où vous êtes capables
maintenant d'en arriver à des décisions?
M. MASSE: Je pense qu'au cours de l'année, il devrait y avoir des
décisions en termes de fiscalité. Il devrait y avoir aussi des
décisions sur une plus grande participation du Québec dans
l'exploitation de nouvelles mines. Il peut y avoir des décisions sur une
nouvelle politique minière.
M. LESSARD: Une nouvelle politique minière dans quel secteur?
M. MASSE: Dans le sens de l'ensemble de la question minière, tant
au niveau de la fiscalité que de l'exploration, que de moyens à
prendre pour susciter le développement d'industries à base de
métaux.
M. LESSARD: Comme vous avez établi, semble-t-il, vos
priorités sur la question de l'amiante, j'aimerais savoir, puisque,
encore là, nous en parlons depuis 1970, où en est rendu le
ministère en ce qui concerne une possibilité de décisions
concernant l'amiante?
Le ministère a-t-il l'intention d'agir avant le gouvernement
fédéral, par son projet de loi C-4, qui s'est donné la
possibilité d'intervenir en ce qui concerne la taxation des exportations
de produits bruts...? Le gouvernement du Québec va-t-il attendre, suite
à la demande de nombreux groupes, vu le conservatisme et le
quiétisme de la politique minière du gouvernement du
Québec, que le gouvernement fédéral prenne une
décision avant d'agir?
M. MASSE: M. le Président, comme je le disais tout à
l'heure, je ne veux pas être irresponsable et engager...
M. LESSARD: C'est une facilité bien souvent que de ne pas prendre
de décision.
M. MASSE: ... le gouvernement sur des manques de connaissances de base
pour prendre des décisions. On pourrait dire, demain matin...
M. PERREAULT: Soyez poli.
M. LESSARD: Calmez-vous, je serai poli, j'agirai comme je voudrai...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. LESSARD: Ce n'est pas le problème du sous-ministre...
M. PERREAULT: Même si vous êtes malade, soyez poli.
M. LESSARD: ...aspirant au ministère des Richesses
naturelles.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. MASSE: M. le Président, je ne pense pas que dans ce secteur,
qui est vital pour nous, Québécois, qui possédons cette
richesse, non renouvelable par définition, je puisse personnellement
recommander au gouvernement de prendre des décisions sur un manque de
connaissances de base et engager l'avenir du Québec sur des
hypothèses.
Si on veut que le Québec, dans l'avenir, profite au maximum des
ressources de son sous-sol, je pense qu'il est essentiel que le gouvernement
fédéral, qui a juridiction sur l'exportation et qui est
conscient du problème ne décide pas unilatéralement
des questions relevant des ressources naturelles.
C'est pourquoi, depuis un an ou même plus,
régulièrement, les fonctionnaires du gouvernement
fédéral, ceux du Québec et ceux des autres provinces
continuent une collaboration essentielle en termes de développement
à la suite de la publication par l'ensemble des provinces et le
gouvernement fédéral des objectifs de développement minier
au Canada.
En ce qui concerne l'amiante, je pense, en tout cas j'espère que
d'ici la fin de la présente année nous pourrons annoncer notre
position sur la transformation ou l'utilisation d'une fibre d'amiante dans des
industries qui seraient québécoises.
J'ai mentionné dans mon discours d'ouverture qu'en collaboration
avec des économistes universitaires nous tentons d'en arriver à
des décisions, à des nouvelles politiques qui soient
rationnelles, qui soient à l'avantage des Québécois et qui
ne briment pas d'une façon outran-cière les intérêts
privés.
Mais je dois dire que la ressource nous appartient et que nous sommes en
mesure d'imposer des conditions à l'entreprise privée. Quant
à moi, ce seront des conditions qui tiendront compte non seulement du
Québec, mais aussi des sommes énormes qui sont investies.
Je ne voudrais pas qu'on pense que, du jour au lendemain, on pourrait
implanter des industries qui fabriqueraient des articles à base de fibre
d'amiante au Québec. Je voudrais souligner aussi qu'on pourrait
c'est ce qu'on est en train de faire aussi tenter de définir
l'ensemble des articles, dans le monde, qui sont fabriqués à
partir de fibre d'amiante. Mais il faut évaluer, par la suite, quelles
possibilités de fabrication existent au Québec à cause du
marché restreint. Il y a des articles qui pourraient être
fabriqués au Québec, j'en suis à peu près
assuré, mais il survient un autre problème aussi, le
problème de la pollution dans les usines de fabrication, les
problèmes d'amiantose.
C'est l'ensemble de ces questions, je pense, que nous devons
considérer avant de prendre des décisions.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Mont-Royal.
M. CIACCIA: M. le Président, on réfère souvent
on l'a vu aujourd'hui, dans les remarques du député de
Saguenay et, hier, dans les remarques du chef de l'Opposition au
rôle du fédéral dans le domaine des richesses
naturelles.
Je ne voudrais pas ouvrir un débat sur le rôle du
fédéral en regard du rôle du provincial, mais il y a
certaines remarques qui ont été faites hier et la même
idée semble être émise aujourd'hui. On oppose le
Québec au fédéral. Hier, c'était dans le domaine du
pétrole. On a dit que, s'il y avait une compagnie de pétrole
fédérale, elle occuperait le domaine, la juridiction et qu'il n'y
aurait pas de place pour une compagnie provinciale.
On a fait la comparaison avec la Caisse de dépôt et on a
fini par une proposition sur l'indépendantisme du Québec. Je ne
voudrais pas qu'on donne l'impression qu'on accepte ces propositions et que les
députés libéraux et le peuple du Québec n'ont pas
de raisons valables pour démontrer que vraiment ces propositions ne sont
pas dans leurs vues et ne sont pas valables.
Quand on dit que, si une compagnie est instituée par le
fédéral, ça occupe la juridiction, on ne semble pas
comprendre la complexité du problème. Il y a un rôle pour
le fédéral et il y a un rôle pour le provincial; je suis
entièrement d'accord sur les remarques du ministre.
S'il n'y avait pas eu de rôle joué par le
fédéral dans la crise de l'énergie l'année
dernière, on aurait subi les mêmes conséquences que les
autres pays. On ne les a pas subies, ces conséquences, parce que le
Québec fait partie d'une confédération, d'un plus grand
pays où certaines matières tombent sous la juridiction
fédérale et où le fédéral peut nous aider.
C'est ce qui est arrivé. On a parlé hier des compagnies
multinationales; on les a critiquées. On a parlé de la crise de
l'énergie. Si on veut critiquer les compagnies multinationales et leur
imposer certaines restrictions, ce n'est pas en devenant indépendant, ce
n'est pas en restant un petit pays qu'on peut le faire. Les Etats-Unis, avec
une population de 220 millions d'habitants, avec leurs richesses
économiques, ont beaucoup d'ennuis avec les compagnies multinationales.
S'il y a des restrictions et des protections à apporter, ça peut
arriver seulement avec l'aide du fédéral, parce que cela nous
fait une plus grande force pour combattre les influences qui pourraient
affecter nos intérêts.
Il y a une place pour une compagnie de pétrole
québécoise et il y a une place pour une compagnie de
pétrole fédérale. Chaque province a ses propres
intérêts.
Mais on n'aurait jamais pu arriver à une entente, à forcer
une autre province comme l'Alberta à arriver à un prix du
pétrole qui serait acceptable pour tout le Canada. C'est un avantage du
fédéralisme. Et s'il y a un domaine où
l'indépendantisme nous aurait ruinés je crois que tout le
monde le sait et je ne comprends pas pourquoi on continue à parler de
cet indépendantisme spécialement dans un domaine comme
l'énergie, comme le pétrole c'est
précisément celui-là. On voit les exemples des autres pays
autour de nous qui ont subi ces conséquences parce qu'ils n'avaient pas
la force que le Canada avait, ils n'ont pas eu les politiques et les moyens que
le Québec, dans un Canada, a pu avoir. Je crois que ces remarques sont
importantes parce qu'on introduit toujours la question d'indépendantisme
comme si elle n'avait pas été complètement rejetée
par les électeurs du Québec en octobre dernier.
M. LESSARD: Alors, M. le...
M. CIACCIA: Non, si vous me permettez. On parle aussi de la caisse de
dépôt et on dit: Voici, le Québec a mis sur pied cette
compagnie. C'est vrai, et tous les Québécois en
bénéficient. Mais il y a d'autres compagnies
fédérales dans le même domaine et chacune apporte sa
contribution à l'économie du Québec et à
l'économie du Canada; et l'institution de l'une n'implique pas qu'il ne
peut y en avoir une autre sous une autre juridiction; elles ont des
intérêts différents.
On a dit hier que le Québec n'avance pas assez vite dans ce
domaine. Je crois qu'on ne comprend pas la complexité du
problème. Et en s'en allant vers l'indépendantisme, ça
devient encore plus difficile d'essayer de résoudre ce problème
parce que les pays qui ont ces réserves de pétrole dans le
Moyen-Orient, l'Arabie Saoudite, font affaires avec tous les pays du monde qui
essaient de faire des transactions pour obtenir du pétrole. Et pourquoi,
qu'est-ce que ces pays cherchent? Ce n'est pas seulement de l'argent parce
qu'on sait qu'avec le prix du pétrole qui a augmenté, leur
richesse en termes d'argent a augmenté considérablement. Ils ont
besoin d'autres choses. Quand un pays comme le Japon, qui dépend, pour
la grande majorité de ses besoins d'énergie, de l'importation de
pétrole, va en Arabie Saoudite, par exemple, et signe des ententes, il
doit apporter, offrir quelque chose en échange; de la même
façon pour tous les autres pays qui font affaires avec les pays du
Moyen-Orient. Et le Québec faisant partie du Canada peut offrir à
ces pays des articles, de la technologie, des produits du Canada, pas seulement
du Québec; par exemple, ces pays ont peut-être besoin de
blé, en échange, de leur pétrole. Il ne paient pas
seulement avec de l'argent, parce qu'avec de l'argent, s'ils n'ont pas les
produits, que vont-ils faire?
Cela donne une plus grande force au Québec de dire: On fait
partie du Canada, et voici les produits canadiens qu'on peut obtenir en
échange pour les produits pétroliers que ces pays peuvent nous
vendre. Il faut s'enlever cette idée qu'on va rester petit et transiger
seulement dans ce contexte-là, sans comprendre les problèmes
globaux, sans comprendre tous les bénéfices que nous retirons en
faisant partie d'une confédération. Je crois, M. le
Président, que c'est important qu'on fasse le point, qu'on accepte une
fois pour toutes que c'est dans notre intérêt de faire partie du
Canada.
Cela ne veut pas dire qu'on va donner nos intérêts à
un autre; cela ne veut pas dire que nous n'allons pas combattre pour
protéger les intérêts québécois, mais on
pourra le faire mieux au sein d'une confédération comme la
nôtre.
LE PRESIDENT (M. Graton): Le député de Matane.
M. COTE: M. le Président, il n'est pas surprenant que la question
du pétrole ait été abordée par un
député de parti ministériel; il semble que c'est
brûlant pour l'Opposition d'aborder ce sujet.
M. LESSARD: Non, on va en parler.
M. COTE: Ah oui, sûrement. Ma question est rattachée
à la situation du pétrole. Est-ce que, compte tenu...
M. LESSARD: On continue sur l'amiante.
M. COTE: On est sur le pétrole, il s'agissait de vous
réveiller au bon moment. Compte tenu du fait que l'oléoduc
Sarnia-Montréal va se construire...
M. LESSARD: On ne m'empêchera pas de revenir sur le sujet.
M. COTE: Sûrement pas. Compte tenu du fait que l'oléoduc
Sarnia-Montréal sera en construction bientôt, est-ce que dans
l'esprit du ministère le superport pour pétrolier dans le
Saint-Laurent est quelque chose qu'on peut oublier, qui est aux oubliettes, ou
si c'est encore une préoccupation du ministère?
M. MASSE: M. le Président, comme je le mentionnais dans mon
exposé hier, le Canada je pense que ça se dit maintenant,
mais au cours de l'hiver, alors qu'on était en plein problème
pétrolier, ce fait n'a pas tellement ressorti a la chance d'avoir
des réserves importantes de pétrole, mais, d'autre part, la
consommation en 1980 sera de beaucoup supérieure à la
capacité de production canadienne.
Il est évident que le pipe-line Sarnia-Montréal est vu en
termes d'une plus grande sécurité
d'approvisionnement, mais ce n'est pas avec une expédition de
250,000 barils par jour du pétrole de l'Ouest à Montréal
que nous réglons des problèmes d'approvisionnement pour l'avenir.
Il restera toujours nécessaire d'importer du pétrole de pays
producteurs et d'en arriver à construire l'infrastructure
nécessaire pour l'arrivée de ce pétrole qui, comme vous le
savez, est actuellement débarqué à Portland et
acheminé à Montréal au rythme d'au-delà 500,000
barils par jour.
Il est donc essentiel de trouver une autre source, un autre moyen
d'approvisionnement, et le port pour superpétrolier est toujours, dans
l'esprit du gouvernement, une infrastructure essentielle et nécessaire
pour l'avenir.
M. COTE: Est-ce que des études en cours nous
révèlent quelque chose? Est-ce qu'il y a des emplacements
précis d'étudiés ou si, à l'heure actuelle, on en
est encore à l'étude globale?
M. MASSE: On en est au niveau des examens des différents
emplacements possibles. On veut trouver le meilleur endroit au point de vue
économique, mais, aussi au point de vue écologique. Le rapport
préliminaire de cette étude devrait nous parvenir d'ici le 1er
juillet.
M. COTE: Est-ce qu'il serait trop hasardeux de donner le nombre
d'endroits et quels emplacements sont étudiés à l'heure
actuelle?
M. MASSE: II y a eu plusieurs emplacements examinés au
départ. Je pense qu'on peut en mentionner dix ou douze, peut-être
vingt, mais plusieurs emplacements ont été éliminés
dès le départ. Ce que j'ai demandé aux ingénieurs,
au conseil, c'est de me soumettre au moins deux emplacements possibles.
M. COTE: Est-ce que ce sera au début de juillet qu'on
connaîtra les deux emplacements ou s'il est trop tôt?
M. MASSE: Ce sera le rapport préliminaire. Il n'est pas
assuré encore qu'on puisse prendre une décision
définitive.
M. COTE: Est-il trop tôt pour connaître les deux
emplacements?
M. MASSE: Oui, pour des raisons que vous connaissez, des questions de
spéculation ou autre chose.
M. COTE: D'accord. Si on revient à la question du pétrole,
on sait qu'on a connu une crise, cet hiver. Est-ce qu'on est en mesure de
prévoir, l'an prochain, s'il y aura crise ou pas, si on aura la
même pénurie?
M. MASSE: II est assez difficile de prévoir le comportement des
pays producteurs; ils l'ont fait l'hiver dernier sans avertissement ou, du
moins, très peu. Il est assuré, par contre, que les arrangements
canadiens qui ont eu lieu au cours de l'hiver dernier devraient pouvoir se
répéter au cours de l'hiver prochain, s'il y avait une
pénurie ou une coupure de la part des pays producteurs.
M. COTE: Au niveau de l'approvisionnement avec les pays arabes, est-ce
que les discussions sont toujours en marche et est-ce qu'il y a de nouveaux
développements concernant ces discussions?
M. MASSE: Comme je l'ai dit dans mon exposé, c'est assez
difficile de donner tous les détails de ces discussions; je dois dire
que ce qui est survenu au cours de l'hiver a retardé la discussion que
nous avions amorcée il y a déjà un an. A mon avis, aucune
porte n'a été définitivement fermée de la part des
pays producteurs et nous explorons différents moyens pour en arriver
à la signature d'un contrat d'approvisionnement qui pourrait être
le plus sûr possible. Il faudrait ajouter aussi que les politiques des
pays producteurs, à la suite d'une prise de conscience de cette valeur
qu'était le pétrole, ont été modifiées en
cours de route. Il semble d'une part je pense que ce n'est pas
définitivement arrêté d'après
différents porte-parole de l'organisation des pays exportateurs de
pétrole, qu'on veuille de plus en plus, s'assurer la plus grande
quantité de produits raffinés au pays même de la production
et qu'on veuille également s'assurer des échanges en termes de
"know-how" technique des pays consommateurs vers les pays producteurs. D'autre
part, on est prêt à faire des échanges commerciaux, alors
qu'il y a un an les pays producteurs étaient beaucoup plus vendeurs et
à des conditions beaucoup moins importantes.
M. GIASSON: Lorsque le gouvernement du Québec s'est rendu
à la conférence sur l'énergie, je présume qu'il
partait avec des objectifs qu'il recherchait et qu'il voulait atteindre.
Après les ententes qui sont intervenues là-bas, croyez-vous que
le gouvernement du Québec a atteint les principaux objectifs qu'il
recherchait? Et pensez-vous que ces ententes qui ont débouché sur
des prix qui avaient une certaine uniformité au pays sont à la
satisfaction du gouvernement du Québec et de l'Est du pays?
M. MASSE: Je pense que le député de Mont-Royal, tout
à l'heure, a donné pas mal les avantages pour nous,
Québécois, des ententes qui ont eu lieu, au cours du mois de
janvier dernier, entre les premiers ministres. Comme vous le savez, si la
situation d'avant 1973 s'était continuée, en termes de prix, il
est évident qu'à Montréal on aurait eu à payer plus
de $3 de plus le baril de pétrole. Cette entente qui, comme vous le
savez, fixait un prix uniforme à
Sarnia et à Montréal, le 15 mai, favorise également
le Québec, et cette taxe à l'exportation, qui est perçue
par le gouvernement fédéral sur le baril de pétrole brut
exporté, permet à cette nouvelle politique de fixation des prix
canadiens de subventionner, à même ce bénéfice de
taxes à l'exportation, le pétrole brut à Montréal.
Comme le disait le député de Mont-Royal, s'il faut
démontrer que le fédéralisme est rentable, je pense que
c'est un des plus beaux exemples qui puissent exister, quoiqu'en dise le parti
séparatiste.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Saint-Henri.
M. SHANKS: M. le Président...
M. LESSARD: On en discutera. Vous voulez engager une discussion,
videz-vous et vous allez voir qu'on va en discuter.
M. SHANKS: M. le Président, il y a deux mois, j'avais l'avantage
de diriger...
M. LESSARD: Je ne suis pas pressé. Je vais tout discuter mes
dossiers. J'ai l'habitude de discuter de tous mes dossiers.
M. MASSE: J'espère que vous n'avez pas d'objection à ce
que les députés libéraux posent des questions?
M. LESSARD: Aucunement.
UNE VOIX: D'accord, vous êtes de l'avis contraire de votre...
M. SHANKS: J'avais l'avantage, il y a deux mois, de diriger une mission
commerciale au Vénézuéla.
M. LESSARD: En commission parlementaire.
M. SHANKS: Et j'ai été à même de constater
que...
M. LESSARD: Le député de Matane n'a rien contre...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. SHANKS: ... c'est réellement un pays producteur, parce qu'il
faut voir tous les pays, chez le ministre de l'Energie; tout le monde est
à la file, et tout le monde voulait avoir du pétrole, à ce
moment. C'était durant la crise du pétrole.
J'ai été à même de constater jusqu'à
quel point le Canada était bien vu là-bas.
Maintenant, M. le Président, je dois dire que ce qui est assez
étrange, c'est qu'ils ne veulent pas du tout d'argent; ils en ont, ils
peuvent en avoir comme ils veulent. Leur pétrole, ils peuvent le vendre
au prix qu'ils veulent.
M. LESSARD: Dans quel pays êtes-vous allé?
M. SHANKS: Au Vénézuéla.
M. LESSARD: D'accord, vous en aviez cité un certain nombre;
chaque année, vous nous parlez des pays que vous avez
visités.
M. SHANKS: Oui, je n'ai pas fini, moi. Au lieu d'être
étroit comme vous, qui avez vu juste votre petit coin, j'ai eu l'honneur
de faire trois fois le tour du monde.
M. LESSARD: Et des 52 présidences.
M. SHANKS: Moi, je n'ai pas été un étroit d'esprit
comme vous, ce n'est pas ma faute, qu'est-ce que tu veux.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. LESSARD: 52 présidences.
M. SHANKS: J'arrive de là, vous pouvez le constater, de toute
façon, cher ami. Pendant que vous êtes resté dans votre
petit coin, moi je suis allé là-bas.
M. LESSARD: Vous étiez dans le "shift" du
Vénézuéla; pendant que nous, on travaillait à
l'Assemblée nationale, vous, vous étiez au
Vénézuéla.
M. SHANKS: J'étais au Vénézuéla.
M. COTE: De toute façon, vous parlez en connaissance de
cause.
M. SHANKS: Je parle en connaissance de cause, je ne parle pas à
travers mon chapeau.
M. LESSARD: II y a le "shift" de Miami, le "shift" du
Vénézuéla, le "shift" des Barbades.
M. SHANKS: Miami, ça fait longtemps que c'est passé, c'est
quand j'étais jeune.
M. LESSARD: Pour certains députés libéraux, il y a
le "shift" de Miami, le "shift" du Vénézuéla...
M. SHANKS: Toujours est-il, M. le Président...
M. COTE: II parle en connaissance de cause.
M. SHANKS: ... pour ne pas parler à travers mon chapeau, comme le
fait toujours le député de Saguenay c'est ça, on le
connaît tellement peu alors...
M. LESSARD: Vous ne connaissez même pas vos 102
députés libéraux, comment voulez-vous me
connaître?
M. SHANKS: M. le Président, toujours est-il...
M. LESSARD: II faut dire que vous n'êtes pas souvent en
Chambre.
M. SHANKS: ... ils ont besoin de services techniques. C'est tout ce
qu'ils demandent. Ils ne demandent pas d'argent en retour. Ils sont prêts
à nous servir le pétrole qu'on veut, en autant qu'on leur donne
les services techniques. Je me demande si, réellement, la province a
fait quelque chose en ce sens et si elle est prête à offrir ces
services techniques. Là-bas, on veut se libérer de la tutelle des
Etats-Unis, et on voit très bien que le Canada est un pays ami, un pays
tampon justement entre ce géant du Sud pour nous et du Nord pour
eux.
Alors, je me demande si on a réellement fait quelque chose en ce
sens et si on est prêt à leur offrir les services techniques dont
ils ont besoin parce que, à ce moment-là, ils sont
réellement prêt à nous donner une quantité assez
importante de pétrole.
M. MASSE: M. le Président, pour le pays qui est cité, je
dois dire d'une part que c'est notre principal fournisseur de pétrole
actuellement, au Québec. D'autre part, le Vénézuéla
a des réserves assez limitées qui devraient être
épuisées dans dix ou douze ans au maximum.
Il est donc moins intéressant pour nous d'en arriver à
conclure des ententes avec le Vénézuéla sachant que pour
l'avenir les sources d'approvisionnement seront davantage au Moyen-Orient que
dans cette partie du monde. C'est pourquoi le gouvernement du Québec n'a
pas demandé au Secrétariat d'Etat d'entreprendre des
démarches quoique, comme vous le savez, j'ai vu dans les journaux que M.
MacDonald, au cours d'une mission énergétique, est allé
rencontrer les autorités du Vénézuéla pour
représenter, évidemment, les intérêts canadiens.
Mais je dois dire qu'il est beaucoup plus intéressant pour nous,
pour l'avenir, d'avoir des ententes à long terme et de la façon
la plus sécuritaire possible avec les producteurs du Moyen-Orient.
M. SHANKS: Merci.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
l'Assomption.
M. PERREAULT: J'aimerais vous faire préciser certains points.
Vous avez dit tout à l'heure que par suite de l'entente intervenue au
Canada entre les premiers ministres, le prix s'établit maintenant
à $3 de moins, même un peu plus de $3, $3.20 et $3.30 de moins que
le prix international.
M. MASSE: $3.30.
M. PERREAULT: $3.30. Je voudrais vous faire préciser quelle est
la différence pour le consommateur. Je pense que chaque dollar de
différence pour le pétrole brut représente $0.03 par
gallon.
M. MASSE: Cela représente environ une dizaine de cents.
M. PERREAULT: Ce qui veut dire que s'il n'y avait pas cette entente,
dans l'Est, nous paierions actuellement à Québec et à
Montréal $0.10 de plus. C'est important pour le consommateur de
connaître la répercussion d'un dollar de pétrole brut.'Pour
chaque dollar de pétrole brut, cela représente $0.03. Alors,
c'est un facteur de multiplication. Il est bon de savoir qu'on paierait $0.10
de plus le gallon.
M. MASSE: C'est exact. Depuis le 15 mai dernier, il y a parité
des prix entre Toronto et Montréal.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: On aura l'occasion, M. le Président, de revenir sur
le problème du pétrole et de parler justement des profits
énormes, subventionnés par le gouvernement fédéral,
des compagnies multinationales.
Pour le moment, ce commanditaire ayant été
réservé et payé par le Parti libéral, je n'ai pas
l'intention de m'engager dans une discussion sur les relations entre le
gouvernement fédéral et le gouvernement provincial. Cependant, je
dirais au député de Mont-Royal d'intervenir auprès du
ministre des Finances afin que l'enquête qui avait été
entreprise au cours de 1962 concernant les bénéfices que l'on
peut retirer du fédéralisme, enquête dont on a
prouvé qu'elle était négative, se termine, parce que je
suis complètement d'accord avec lui, ce n'est pas dans un secteur
particulier que nous pouvons juger...
M. COTE: Vous avez peur de parler du secteur particulier du
pétrole.
M. LESSARD: ... des bienfaits du fédéralisme.
M. SHANKS: On est le pays qui a le troisième standard de vie au
monde.
M. LESSARD: M. le Président, je pourrais aussi parler de la ligne
Borden que nous avons endurée depuis 1960 ou...
M. PERREAULT: Oui, on va en parler.
M. LESSARD: ... 1961...
M. PERREAULT: Vous voulez en parler?
M. LESSARD: ... qui a apporté comme conséquence presque la
disparition...
M. PERREAULT: On va en parler tantôt.
M. LESSARD: ... ou une diminution considérable de l'industrie
pétrochimique chez nous, au Québec. Nous aurons d'ailleurs
l'occasion d'en parler car j'ai l'intention de revenir sur le sujet concernant
le pétrole.
Cependant, j'en étais à l'amiante. Si les
députés libéraux ont des questions à poser
concernant l'amiante, ils en poseront. Pour le moment... Remarquez que je n'ai
aucune opposition à ce que les députés libéraux
posent des questions. Au contraire, j'en suis fortement heureux parce qu'enfin,
dans une commission parlementaire, on va les entendre donner leur opinion, ce
qui est très rare...
M. COTE: ... votre ami de Lafontaine.
M. LESSARD: M. le Président, encore une fois le
député de Matane n'a pas compris la différence entre les
commissions parlementaires et l'Assemblée nationale. J'espère que
le député...
M. SHANKS: Vous n'avez pas le monopole de la vérité.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. SHANKS: Le monopole de la vérité.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. LESSARD: J'espère que le député de Matane, M. le
Président, comprend quelle différence il y a entre la
période des questions d'une demi-heure à l'Assemblée
nationale et...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. LESSARD: Une minute, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous plaît! J'aimerais
suggérer au député de Saguenay...
M.LESSARD: Vous n'avez rien à me suggérer, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je comprends qu'il s'est senti piqué.
J'aimerais lui suggérer de revenir à l'étude des
crédits.
M.LESSARD: Non, M. le Président, article 96 de notre
règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui. M. LESSARD: Lisez-le.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je le connais. M. LESSARD: Article 96.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'aimerais que le député
m'explique son point de règlement.
M. LESSARD: Mon point de règlement, M. le Président, c'est
que j'explique au député de Matane l'intervention du whip du
Parti québécois, la distinction entre, justement, une demi-heure
de questions à l'Assemblée nationale et la discussion des
crédits.
J'espère que le député de Matane, dpeuis les
quelques mois qu'il siège à l'Assemblée nationale, fait
maintenant cette différence.
M. COTE: Vous avez dit que je ne la faisais pas tout à
l'heure.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. LESSARD: J'espère qu'il la fait.
M. le Président, revenons à nos oignons. Est-ce que,
concernant l'industrie de l'amiante, le ministre a pris connaissance d'une
déclaration de M. Filteau, selon laquelle les producteurs d'amiante
accepteraient de transformer l'amiante au Québec si le gouvernement du
Québec le demandait?
On sait que, tout à l'heure, M. le Président, le ministre
nous parlait de la complexité de ce secteur. Il semble d'ailleurs,
chaque fois que nous soulevons cette question, soit à l'Assemblée
nationale, soit en commission parlementaire, depuis 1970, que le ministre se
cache continuellement derrière cette complexité.
Or, il y a une chose qui est concrète. C'est que nous avons un
"bargaining power", dans ce secteur, qui est fort important et qui est
souligné, en fait...
M. SHANKS: Qu'est-ce que c'est ça, "bargaining power", en
français?
M. LESSARD: Une force de puissance, s'il vous plaît, M. le
Président !
M. SHANKS: En français, "bargaining power", cela écorche
la langue, M. le Président.
M. LESSARD: C'est une force de pression, mon cher monsieur.
M. SHANKS: Alors, servez-vous-en donc.
M. LESSARD: Nous aovns, M. le Président, un "bargaining power"
dans ce secteur qui nous permet, sinon d'obliger une transformation
complète, au moins d'obliger une transformation partielle.
On sait d'ailleurs, M. le Président, que ce marché est
tellement captif, contrairement à ce qu'affirment certaines compagnies,
que cette
année il y a eu trois augmentations qui ont haussé de 33
p.c. du prix du produit.
Or, comme je le soulignais l'an dernier, nous avons une force de
pression, actuellement, dans ce secteur, mais d'autres pays, tels la Chine et
la Russie, commencent à s'intéresser particulièrement
à ce secteur. La Russie le fait depuis un certain temps, surtout pour sa
consommation intérieure, mais la Chine a découvert certains
gisements d'amiante et il est possible que, d'ici une dizaine d'années
peut-être, elle entre dans ce secteur.
Je voudrais prendre comme exemple le minerai de fer. En 1948, suite
à la dernière guerre, les sources de minerai de fer du
gouvernement américain avaient été presque en
totalité épuisées. Il fallait, à ce
moment-là, trouver d'autres gisements de minerai de fer et, en 1948,
selon même le vice-président de l'Iron Ore Company, M. Humphrey,
ils n'avaient pas le choix. Il fallait qu'ils prennent notre minerai de fer, au
Canada. On n'en avait pas découvert ailleurs encore.
Or, depuis ce temps, du minerai de fer, on en a découvert
partout. On en a découvert au Vénézuéla, en
Afrique, etc. En 1948, on avait donc une force de négociation que
Terre-Neuve a utilisée, d'ailleurs, mais que nous n'avons pas
utilisée. Est-ce que, suite à ces études constantes et
sempiternelles que fait le gouvernement du Québec depuis 1970, on va
attendre qu'on trouve de l'amiante un peu partout, dans les pays du monde,
avant d'intervenir et de forcer les compagnies à faire une certaine
transformation chez nous?
C'est là qu'est le problème, M. le Président. C'est
que le jour où les compagnies ont des investissements c'est le
cas pour l'Iron Ore Company, c'est le cas pour Québec Cartier Mining
elles sont obligées, bien souvent, de continuer à faire
fonctionner leur entreprise.
Est-ce qu'on va attendre, M. le Président, que nos gisements
soient épuisés avant d'intervenir? On est même
poussé par le gouvernement fédéral actuellement; on est
même poussé par M. Gillespie qui déclarait que les
provinces doivent profiter de plus en plus de leurs ressources naturelles et
exiger la transformation de leurs produits. C'est ça le problème:
Quand va-t-on prendre une décision? Ce n'est pas la première fois
qu'on parle de ce problème-là en commission parlementaire. En
1970, le ministre des Richesses naturelles me disait à peu près
la même chose qu'il me dit aujourd'hui: Nous sommes à
étudier le problème. Il y a eu certaines solutions, nous allons
en parler tout à l'heure, en particulier l'office de mise en
marché; il y a eu le rapport Garon, je vais en parler tout à
l'heure.
M. MASSE: On va vous en parler tout à l'heure.
M. LESSARD: Oui, on va vous en parler. Je l'ai, le rapport Garon, M. le
Président.
M. MASSE: On sait ça.
M. LESSARD: On a étudié les différentes
façons proposées par le CRD de L'Estrie ou d'autres façons
qui pourraient être utilisées.
M. COTE: Vous avez su ça à votre congrès de 80
personnes en fin de semaine?
M. LESSARD: Pardon?
M. COTE: Ils vous ont dit ça à votre congrès de 80
personnes en fin de semaine?
M. LESSARD: Nous n'avons pas l'assiette au beurre, ni les entrepreneurs
qui achètent au nom du Parti libéral, tous les billets à
$50. Les entrepreneurs sont obligés de le faire d'ailleurs. Un
entrepreneur libéral est justement venu me voir, il y a deux semaines,
il était obligé d'acheter des billets à $50.
M. COTE: Qu'est-ce que vous avez fait avec le salaire de vos recenseurs
de Montréal?
M. LESSARD: M. le Président, le salaire de nos recenseurs, chacun
était libre de le donner ou pas.
M. COTE: Dans le fonds du parti, non, lettre signée.
M. LESSARD: M. le Président, chez nous, les gens paient pour
être dans le parti; Ds ne sont pas payés pour être dans le
parti, c'est là la différence.
M. SHANKS: $60,000 par comté. M. COTE: 80 personnes.
M. LESSARD: Nous n'avons pas de William O'Bront, de Dilorio ni de Dasti,
comme vous en avez dans le Parti libéral.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. SHANKS: Non, mais vous en avez des pays communistes, c'est encore
bien pire.
M. LESSARD: Regardez le voyageur éternel!
M. SHANKS: Oui, monsieur, c'est ma gloire à part cela.
M. LESSARD: Et le président des 52 associations de son
comté.
M. SHANKS: En tout cas, le Parti québécois a pris une
pirouette.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. LESSARD: Alors, M. le Président, si on excepte ces
interventions inopportunes et insignifiantes des députés
libéraux, j'aimerais demander...
M. SHANKS: Tu parles d'insignifiances, tu l'as. La bouche parle de
l'abondance du coeur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: Au moins que le ministre ne commence pas à faire de
la politicaillerie comme certains de ses collègues.
M. MASSE: Ce n'est pas moi qui la fais: c'est vous.
M. LESSARD: Non, je ne fais pas de politicaillerie. Je vais parler du
secteur minier, des richesses naturelles, comme à chacune des
commissions parlementaires où j'ai siégé; que ce soit aux
Terres et Forêts, à l'Agriculture ou au Tourisme, il y a toujours
eu une excellente collaboration à la commission parlementaire. Si vous
voulez que cette excellente collaboration continue ici, aux Richesses
naturelles, je demande au président de faire en sorte qu'on arrête
de faire de la politicaillerie d'un côté et de l'autre de la table
et en particulier le député de Saint-Henri.
M. SHANKS: Qui a commencé? C'est le député de
Saguenay.
M. LESSARD: Non, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
S'il vous plaît, j'inviterais les membres de la commission
à se retenir un peu et à laisser le député de
Saguenay adresser ses questions au ministre qui, j'en suis sûr, fournira
d'excellentes réponses.
M. COTE: On a parlé de commanditaires du Parti
libéral.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je pense qu'on pourra soulever la question
à un autre endroit qu'à la commission des richesses naturelles.
Le député de Saguenay.
M. LESSARD: Merci, M. le Président.
J'aimerais savoir quelles sont les mesures qui seront prises
prochainement concernant ce secteur de l'amiante. J'aimerais savoir, en
particulier, quelle est l'opinion du ministre des Richesses naturelles
concernant cet office de commercialisation des produits de l'amiante
proposé par le CRD et appuyé par quantité d'organismes;
office de commercialisation, d'ailleurs, qui a été adopté
ailleurs par un gouvernement conservateur. J'espère que le ministre en
est informé. J'aimerais donc savoir quelles sont les opinions du
ministre à ce sujet.
M. MASSE: M. le Président, hier, dans l'exposé de M.
Morin, le chef de l'Opposition et aujourd'hui, on presse le gouvernement actuel
de poser des gestes...
M. LESSARD: Irréfléchis?
M. MASSE: ... d'une façon irresponsable.
J'ai dit tout à l'heure que nous n'avions pas au Québec
les outils, la connaissance de base, les éléments pour en arriver
à des décisions qui soient à l'avantage des
Québécois et du développement du secteur minier. Je pense
qu'il y a, dans ce qu'exige le Parti québécois... Evidemment,
c'est son rôle...
M. LESSARD: Est-ce que monsieur...
M. MASSE: ... d'être insatisfait par rapport aux politiques
gouvernementales... Mais je dois dire et répéter ce que j'ai dit
tout à l'heure, que je n'engagerai pas pour les années à
venir le Québec sur des hypothèses, sur des qu'en-dira-t-on, sur
des choses qui n'ont pas de base, qui sont plus ou moins réalistes. J'ai
dit qu'il nous manquait les outils, que nous nous les sommes donnés ou
à peu près, et que dans le domaine de l'amiante nous devrions, au
cours de la présente année ou du moins, je l'espère, d'ici
la fin de l'année 1974, nous donner une politique qui sera sans doute
différente au niveau de la transformation afin de favoriser une plus
grande industrialisation à partir de la fibre d'amiante qu'on trouve
chez nous.
Mais je dois mentionner aussi au député de Saguenay que
cette fibre d'amiante ne se retrouve pas uniquement au Québec, que nous
sommes un des gros producteurs mondiaux mais que nous ne sommes pas le seul non
plus et que, dans ce secteur comme dans d'autres domaines des ressources, nous
avons à examiner cette situation par rapport au contexte mondial. C'est
l'ensemble de ces choses dont j'ai besoin. A la suite de l'examen ou de
l'analyse de ces données que nous avons recueillies, nous pourrons nous
donner une nouvelle politique dans le secteur de l'amiante et dans d'autres
secteurs, comme le fer, le nickel, l'argent et l'or.
Pour revenir à votre question et à votre prise de position
au cours de la fin de semaine dans les Cantons de l'Est concernant un Office de
commercialisation, je dois vous dire que pour moi, comme pour le
ministère des Richesses naturelles, le document Garon n'est même
pas un document d'étude. Il s'agit d'un fonctionnaire qui a émis
des commentaires sur cet organisme qui, à mon avis, est une des
hypothèses qu'on peut poser au départ. Si on veut retirer
davantage de ce minerai au Québec, il y a la possibilité d'un
organisme semblable; il y a aussi la possibilité d'agir par le biais de
la fiscalité; il y a aussi la possibilité de créer un
organisme pour la découverte de nouveaux marchés; il peut y avoir
aussi un organisme, soit chez nous au ministère des Richesses naturelles
ou au ministère de l'Industrie et du Commerce, favori-
sant la fabrication de produits de consommation à base
d'amiante.
Je vous dis, M. le Président, qu'il est trop simpliste de
s'attarder à une formule qui présente des difficultés
d'abord techniques et qui, à mon avis, n'est pas nécessairement
économique pour les Québécois. Ce que je vous dis, c'est
que l'office de commercialisation envisagé par le CRD des Cantons de
l'Est est une hypothèse qu'on a à considérer à
même les autres que je vous ai données tout à l'heure avant
de se donner cette nouvelle politique de l'amiante.
M. LESSARD: M. le Président, il semble cependant que si le
document Garon est simplement un document d'étude le ministre s'en est
servi, même dans son discours du mardi, 9 avril 1974. J'aimerais savoir
de la part du ministre ce qu'il pense justement de ce commentaire de M. Garon
qui dit: "Si l'office de mise en marché était
réalisé, l'impact de l'amiante au Québec serait grandement
amélioré. Mais certains problèmes techniques,
économiques et surtout constitutionnels font que cette solution n'est
pas possible".
J'aimerais que le ministre me dise quels sont les problèmes
techniques, économiques et surtout constitutionnels qui s'opposent
à un office de commercialisation.
M. MASSE: Je n'ai pas besoin de vous le dire, vous avez le document
devant vous, c'est inclus dedans.
Ce n'est pas un expert en constitutionnalité, c'est un
fonctionnaire du service de planification qui a émis ses opinions, qui
n'ont pas été appuyées par les autorités du
ministère des Richesses naturelles. C'est un document comme un autre,
qui va être considéré lors de la décision finale. Je
ne sais pas même, si le fonctionnaire a consulté un avocat. Je
suppose que oui. Les questions techniques et les effets économiques sont
de différents ordres, à mon avis.
Si on pose le problème des disparités dans la
qualité, par exemple, des fibres, à mon avis c'est un
problème qui est technique, et je suppose que c'est ce genre de
problème que M. Garon a envisagé. Mais je n'ai pas à
défendre ce document qui n'est pas un document officiel pour
publication, mais des commentaires qui peuvent aider ceux qui auront à
définir la politique.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre croit que la création d'un
office de mise en marché des produits d'amiante sera
anticonstitutionnelle?
M. MASSE: Que ce soit anticonstitutionnel ou pas, je pense que ce sont
des hypothèses qu'il faut envisager et que, comme je le disais
tantôt, la collaboration régulière et soutenue avec le
gouvernement fédéral dans le secteur minier ne pose pas au
départ, à mon avis, un problème majeur.
M. LESSARD: Est-ce que ça voudrait dire, M. le Président,
si c'est une mesure anticonstitutionnelle, que le gouvernement
fédéral nous empêcherait de prendre des mesures
économiques qui favorisent les Québécois?
M. MASSE : C'est une question hypothétique. Je n'ai pas
l'intention de parler sur ces questions hypothétiques comme le Parti
québécois a l'habitude de le faire.
M. LESSARD: Je pense que le ministre est maintenant beaucoup plus
prudent depuis que le gouvernement conservateur de M. Lougheed a
décidé de créer cet office de commercialisation dans le
domaine pétrolier et qu'il n'y a pas eu de problème
constitutionnel. Le ministre est maintenant beaucoup plus prudent, mais il
reste une chose, M. le Président...
M. MASSE : Là vous me mettez dans la bouche des paroles que le
journal Le Jour a fait ressortir, l'aspect constitutionnel. Le chef de
l'Opposition, hier, a fait ressortir l'aspect constitutionnel. Je
considère que c'est très futile, compte tenu que ce document
n'est pas un document officiel du ministre des Richesses naturelles.
M. LESSARD: Maintenant, si le ministre rejette ce document ou du moins
s'il le prend comme hypothèse, est-ce qu'il pourrait nous dire quand,
enfin, il pourra présenter à l'Assemblée nationale une loi
qui nous permettra non seulement de profiter des retombées
économiques de la transformation de l'amiante chez nous mais aussi
d'autres secteurs miniers? Je lui demande quand. Puis quand le ministre fait
ces études concernant l'ensemble des données de chacun des
secteurs, est-ce qu'on peut espérer, M. le Président, qu'on
donnera un peu plus suite à ces études qu'on l'a fait pour le
secteur pétrolier en ce qui concerne particulièrement le secteur
témoin? Est-ce qu'on pourrait espérer que dans le livre blanc,
peut-être, ou le livre jaune, le livre n'importe quoi, le ministre aura
la force, la puissance, le dynamisme et l'énergie nécessaire pour
faire en sorte que ce qu'il présentera en tout cas, le minimum qu'il
pourra présenter, il pourra enfin le faire valoir au cabinet, pour que
ça puisse nous être soumis dans une loi à
l'Assemblée nationale, puis que cela aille un peu plus loin que le livre
blanc mort-né concernant la politique énergétique du
Québec?
M. MASSE: On parlera de l'énergie tout à l'heure. Je dois
vous dire, je répète ce que j'ai dit au moins à trois
occasions, que j'ai l'espoir que, d'ici la fin de l'année 1974, nous
puissions nous donner une nouvelle politique, dans le secteur de l'amiante.
Je ne crois pas que nous ayons à recourir à une nouvelle
loi de l'Assemblée nationale; je pense que, par la Loi des mines, nous
avons déjà des moyens d'intervention à notre
disposition.
La condition essentielle, à mon avis, qui manquait pour tout
gouvernement responsable de se donner des nouvelles politiques dans ce secteur,
c'était le manque de connaissance des différents
éléments nécessaires à cette prise de position.
M. LESSARD: Concernant cette connaissance du secteur de l'amiante,
est-ce que le ministre peut nous dire s'il a réussi à obtenir, de
la part des compagnies, une certaine collaboration, puisque l'un des arguments
qu'apporte toujours le ministre, lorsqu'on lui parle de ce secteur, c'est qu'il
ne connaît pas assez les données de ce secteur? Or, on sait que
les données de ce secteur appartiennent d'abord aux compagnies qui
peuvent nous dire n'importe quoi ou à peu près n'importe
quoi.
De plus, bien souvent, nous ne pouvons même pas obtenir les
données des succursales de compagnies canadiennes, de compagnies
québécoises; ces données, bien souvent, ce sont des
compagnies mères qui les possèdent. Nous vivons le même
phénomène en ce qui concerne les produits pétroliers.
C'est dans ce sens-là que le ministre nous parlait, dans ses objectifs
d'une politique énergétique, d'un secteur témoin afin de
connaître ce qui se passe dans ce secteur. L'un des instruments qui nous
permettraient d'avoir des données scientifiques qui correspondent
à la réalité dans ce secteur, c'est de
pénétrer dans ce secteur, c'est d'entrer dans ce secteur.
D'abord, est-ce que le ministre croit qu'il est capable d'obtenir ces
données de la part des compagnies? C'est lui-même qui a
affirmé à maintes reprises qu'au ministère des Richesses
naturelles, quelles que soient les études qu'on a pu faire dans le
passé, les données les plus essentielles ne nous appartiennent
pas. C'est absolument inexplicable qu'un gouvernement comme le gouvernement du
Québec, par exemple, ne puisse obtenir, que ce soit dans le secteur du
pétrole ou que ce soit dans le secteur de l'amiante, les données
essentielles concernant l'exploitation d'une de ses ressources naturelles.
Est-ce que le ministre se fie exclusivement aux données qui lui seront
fournies par les compagnies d'amiante ou est-ce que le ministre a l'intention
d'aller jusqu'à peut-être contrôler à 51 p.c. une de
ces compagnies pour obtenir les données dans ce secteur?
M. MASSE: M. le Président, je pense que le député
de Saguenay vient de démontrer la complexité de ce secteur.
M. LESSARD: C'est toujours la même réponse, la
complexité.
M. MASSE: Vous venez de le démontrer vous-même que c'est un
secteur complexe...
M. LESSARD: Depuis combien de temps que vous l'étudiez?
M. MASSE: ... où on avait de la difficulté à avoir
de l'information. D'autre part, je dois dire que, dans le secteur minier, c'est
légèrement différent du secteur de l'énergie. Le
fait que nous sommes producteurs dans le secteur minier, alors que, dans le
secteur de l'énergie, nous sommes davantage consommateurs que
producteurs, ce qui peut faire une différence, je pense, dans la
complexité des problèmes. Je dois vous dire qu'au
ministère on a à peu près l'ensemble de la documentation
nécessaire, comme je le disais tout à l'heure, à une prise
de décision dans ce secteur-là. Cette compilation qui a
été faite depuis un an ou au-delà, après analyse,
sera, à notre avis, suffisante pour examiner les différentes
possibilités.
Quant au secteur témoin, dans le domaine de l'amiante ou dans un
autre domaine minier, c'est une des hypothèses possibles qui sont
examinées.
M. LESSARD: Une des hypothèses possibles que vous examinez. Sur
ce point, est-ce qu'on peut s'attendre que, d'ici 1975, on ait une politique
précise et qu'on sache un peu quels sont les résultats des
nombreuses études qui sont faites au ministère?
M. MASSE: C'est la quatrième ou cinquième fois que j'en
parle.
M. LESSARD: Vous disiez la même chose en 1970.
M. MASSE: Non, Monsieur. Ce que je vous disais en 1970 est
complètement différent de ce que l'on a maintenant comme
connaissance et qui me permet, dans le secteur de l'amiante auquel nous avons
accordé la priorité, de dire que j'ai bon espoir que d'ici la fin
de l'année 1974 nous pourrons annoncer une nouvelle politique.
M. LESSARD: Vous pouvez nous affirmer qu'actuellement vous avez les
données essentielles concernant ce secteur?
M. MASSE : Ou à peu près, à très peu de
nuances près.
M. LESSARD: Ou à peu près... Ces données
essentielles, est-ce que vous les avez trouvées exclusivement à
partir des études de votre ministère ou si les compagnies vous
les ont fournies? Est-ce que vous êtes sûr que les données
soi-disant essentielles des compagnies sont véridiques?
M. MASSE Etant donné que le directeur du service
d'économie minérale est absent ce matin, je ne pourrais pas vous
dire exactement quelle proportion a été acquise par nos propres
efforts et la proportion des compagnies, ce que je pourrai vous apporter comme
information à la reprise des travaux de la commission parlementaire.
M. LESSARD: Ce qui m'inquiète encore, M. le Président,
dans le rapport Garon du 10 décembre 1973, c'est la conclusion qui dit:
Par conséquent, avant d'aller voir l'industrie nous recommandons,
premièrement, de recueillir, de compiler, d'analyser les informations
déjà disponibles au gouvernement par le groupe de M. Lampron du
Bureau de la statistique du Québec. Pour que ceci se réalise, il
ne faut l'autorisation que des ministres des ministères
concernés. On ajoute: Une fois cette phase faite, il faudrait aller
auprès des compagnies d'amiante afin de compléter la
documentation nécessaire à la détermination des produits
d'amiante fabricables au Québec.
On sait que jusqu'ici les compagnies d'amiante ont été
très réticentes à donner des informations, que ce soit des
informations publiques ou des informations au ministère des Richesses
naturelles.
M. MASSE : M. le Président, pour revenir au document Garon dont
on parle, je pense que cela illustre un peu la réponse que je donnais
tout à l'heure disant que c'est un document d'un fonctionnaire qui a
émis ses commentaires sur cet organisme qu'est un office de
commercialisation. Ce fonctionnaire oeuvre, à l'intérieur de la
boite, à la planification qui n'est pas le service qui a eu à
travailler le plus sur tout l'ensemble de cette question de nouvelle politique
minière, puisque c'est la Direction d'économie minérale et
de développement, nouvellement créée, il y a à
peine deux ans, qui s'est attelée à cette tâche immense.
Comme je vous le disais tantôt, c'est une des raisons aussi pour
lesquelles je considère ce document comme non officiel; c'est un
document qu'on peut prendre comme tel, mais c'est l'opinion d'un
fonctionnaire.
M. MORIN: Sur ce document, M. le ministre, puisque...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je m'excuse auprès du chef de
l'Opposition j'aimerais, avant de lui accorder la parole, aviser la commission
des changements dont on a parlé au début de la séance,
soit que M. Morin remplace M. Bédard (Chicoutimi) et M. Bonnier remplace
M. Drummond.
L'honorable chef de l'Opposition.
M. MORIN: Toujours au sujet de ce document que le ministre
déclare n'avoir pas qualité officielle, il contient quand
même sur le plan constitutionnel une opinion qu'on pourrait qualifier,
que j'ai qualifiée en Chambre, hier, de superficielle. Je crois que le
ministre était en Chambre quand j'en ai fait la critique sur le plan
constitutionnel. Je ne voudrais pas, ce matin, trop interroger le ministre sur
cet aspect, parce que je sais que l'aspect juridique n'est pas
nécessairement celui qu'il connaît le mieux, mais je voudrais lui
dire que s'il se fie le moindrement à ce qui est dit là aux deux
maigres pages consacrées à cet aspect du problème dans le
document signé par M. Garon, il risque de se fourvoyer royalement. On y
exprime en effet l'opinion que la création de l'office de mise en
marché serait inconstitutionnelle parce qu'elle empiéterait sur
le pouvoir exclusif du Parlement du Canada conféré par l'article
91, alinéa 2 du British North America Act, de légiférer en
matière de réglementation du commerce.
On a traduit un peu littéralement "trafic" et "commerce". C'est
tout simplement la réglementation du commerce, en bon
français.
Je pense que quiconque a fait des études de droit
constitutionnel, même superficielles, aurait consulté la
jurisprudence avant de faire une affirmation gratuite comme celle-là. Il
aurait pu, à tout le moins, prendre connaissance des grands arrêts
de jurisprudence qui portent là-dessus, notamment l'affaire Hodge contre
la reine, en 1883, et toutes les séquelles de l'arrêt Parsons qui
disent bien clairement que la compétence des provinces, lorsqu'elles
entendent légiférer pour des fins locales, comme, par exemple, la
fixation du prix d'une matière première ou encore la fixation des
prix et la réglementation de la mise en marché des produits
agricoles, cela ne va pas à l'encontre de la compétence
fédérale dans le domaine de la réglementation du
commerce.
Celle-ci, en effet, est interprétée comme s'appliquant
uniquement à la réglementation du commerce interprovincial et
à la réglementation du commerce international. Or, la fixation
d'un prix, l'imposition de techniques de mise en marché sur le plan
provincial ne touchent pas au commerce, ne sont pas considérées,
sur le plan constitutionnel du moins, comme touchant au commerce
interprovincial ou au commerce international.
Je comprends que l'auteur de ce document se soit fourvoyé. Si on
lit la phrase suivante, on comprend qu'il est parti sur le mauvais pied: "En
effet, le but de l'office vise l'interdiction et la réglementation des
exportations de fibres d'amiante qui relèvent de la juridiction
il veut dire de la compétence du gouvernement
fédéral". Or, je tiens à dire au ministre que le but des
techniques de mise en marché, qui ont été
élaborées dans les diverses provinces du Canada aussi bien qu'au
Québec, dans divers domaines depuis quelques années, ne vise ni
à l'interdiction, ni à la réglementation des exportations.
Elles visent à fixer un prix sur place. Qu'accessoirement cela ait des
répercussions sur les exportations c'est possible. Mais ce n'est pas
considéré comme allant à l'encontre de la
compétence du pouvoir fédéral.
Alors, ce que les autres provinces ont fait sans hésiter, je ne
vois pas pourquoi le Québec n'en profiterait pas pour faire la
même chose dans un domaine aussi crucial. En tout cas, je ne veux pas
pousser le ministre à me dire ce qu'il pense de cette argumentation
parce que,
j'imagine, il va la pousser plus à fond. Il va faire pousser
l'étude plus à fond.
Je voudrais simplement lui signaler que, du point de vue
constitutionnel, c'est un document dont le moins qu'on puisse dire, pour rester
poli, c'est qu'il est inadéquat. Aucune recherche, visiblement, n'a
été faite. On part vraiment du mauvais pied.
Alors, tout ce que je pourrais faire, c'est de demander au ministre,
tout simplement, s'il a l'intention de faire pousser l'étude plus loin
sur le plan constitutionnel.
M. MASSE: M. le Président, je ne suis pas, évidemment, un
spécialiste comme le chef de l'Opposition des questions
constitutionnelles, comme il vient de nous en faire la démonstration.
Mais je dois vous répéter ce que j'ai mentionné tout
à l'heure. C'est un document d'un fonctionnaire, point, que je
qualifierais peut-être de commentaires. Evidemment, dans toute question
et je ne pense pas que ce document soit dans le cadre de l'ensemble des
études effectuées dans le secteur de la transformation je
dois considérer les propos du chef de l'Opposition comme je dois
considérer aussi d'autres avis d'autres avocats spécialistes en
la matière sur cette question.
Mais je vous disais tout à l'heure que je n'accordais pas plus
d'importance qu'il ne fallait à ce document. Le sujet de la
constitu-tionnalité des interventions est évident pour un
gouvernement.
M. LESSARD: Est-ce que ce document a été demandé
par le ministre lui-même?
M. MASSE: Ah! Pas à ma connaissance.
UNE VOIX: M. le Président, est-ce que je pourrais faire un
commentaire là-dessus, puisqu'il s'agit d'un fonctionnaire?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A la condition que vous le fassiez au nom du
ministre.
M. LESSARD: M. le Président, à la condition, justement,
que ce soit fait au nom du ministre, que le ministre accepte que le commentaire
soit fait en son nom.
M. MASSE: M. le Président, on est dans une situation assez
délicate, ici, où on fait, au sein d'une commission
parlementaire, une discussion sur un document qui a été
préparé par un fonctionnaire, indépendamment du fait que
ce document ait été demandé par le ministre ou pas.
Même s'il avait été demandé par le ministre
ou moi-même, s'il est demandé de façon très
générale, on ne peut pas s'attendre à ce que le
fonctionnaire donne un avis très très particulier, très
documenté, etc.
Je trouve que le fonctionnaire en question est mis dans une situation
difficile, puisque lui, il a travaillé, prétendument de bonne
foi; il a donné une opinion sommaire, cela va de soi, on est tous
d'accord sur cela. Maintenant, cette opinion se retrouve sur la place publique.
De quelle façon? Je n'en sais rien. Mais je pense que c'est un peu
inélégant.
Si le ministère a des remarques à faire sur la
qualité d'un travail administratif fait par un fonctionnaire, je pense
qu'on est totalement en mesure de les faire. Aujourd'hui, il est quand
même intéressant d'avoir les éclaircissements du chef de
l'Opposition sur la partie constitutionnelle. Le ministre pourra
peut-être le consulter, lui ou un autre constitutionnaliste, plus
à fond sur ce sujet.
M. MORIN: Je ne m'y attends pas.
M. MASSE: Mais, pour le moment, je pense qu'il est un peu
inélégant de discuter d'une telle question en commission
parlementaire.
M. LESSARD: M. le Président, je regrette un peu les propos du
sous-ministre à ce sujet. Nous ne discutons pas comme tel de M. Garon;
nous discutons de la politique du ministère. Je pense que la politique
du ministère, celui qui doit la défendre, c'est toujours le
ministre des Richesses naturelles.
Lorsque nous parlons de documents, d'études ou d'autres choses
à l'intérieur du ministère, nous interrogeons toujours le
ministre. Nous sommes d'accord que, sur des points techniques, le sous-ministre
ou ses fonctionnaires puissent donner des informations supplémentaires.
Cependant, M. le Président, le chef de l'administration à
l'intérieur d'un ministère, c'est le ministre. Nous sommes en
droit, comme députés de l'Opposition, d'interroger le ministre
sur l'ensemble de son ministère.
Que ce document ait été rendu public et de quelle
façon il l'a été, cela, je ne le sais pas personnellement.
J'ai reçu le document. Je pense que c'est un document fort important
pour l'avenir du ministère. Quant à nous de l'Opposition, il
importe de mettre en garde le ministre contre un document aussi superficiel qui
empêcherait peut-être le ministre, s'il se fie à ce
document, de prendre des décisions qui ont été prises
ailleurs.
Comme je le disais tout à l'heure, le ministre a
déjà utilisé ce document dans des remarques publiques
qu'il a faites à l'Assemblée nationale. C'est donc dire que ce
document, il l'a pris au sérieux. Le ministre, à ce
moment-là, a la responsabilité de le défendre, ce
document, ou de dire ce qu'il a dit, soit que c'est simplement une
hypothèse.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais ajouter quelques mots. Je
me rends compte que nous ne sommes pas là pour faire le procès
d'un fonctionnaire qui a peut-être été bousculé
quand il a fait ce travail et qu'effectivement, comme le dit le sous-ministre,
ce serait peut-être inélégant d'insister.
Seulement, c'est quand même un document
qui a eu certaines répercussions. Je sais que le CRD en a
été saisi, par exemple. Donc, c'est un document qui a pu
influencer, peut-être, le jugement du ministre ou le jugement de ceux qui
s'intéressent à ce problème de l'amiante.
Mais, si le ministre nous dit que ce n'est absolument pas
déterminant et que cela ne pèse pas lourd dans les
décisions qu'il a à prendre, alors, en ce qui me concerne, je
serai satisfait de la réponse. Ce que nous craignons, c'est que ce
document soit considéré comme étant à peu
près final sur la question, alors que nous considérons qu'il est
superficiel et que ce n'est pas en douze pages, dont deux sur l'aspect
constitutionnel, qu'on règle un problème dont le ministre n'avait
pas tort de dire, tout à l'heure, qu'il était complexe. Nous le
reconnaissons.
Alors, si le ministre nous dit que cela ne pèse pas lourd,
très bien, je ne m'étendrai pas davantage. Je le
référerai à ce que j'ai dit en Chambre, hier, sur l'aspect
constitutionnel. J'ai été beaucoup plus complet. Je terminais,
d'ailleurs, en disant ceci, et le ministre va comprendre à quel point
cela peut peser sur l'avenir, cette histoire: De deux choses l'une; ou bien
l'auteur s'est trompé et la création d'un office de mise en
marché est parfaitement constitutionnelle et c'est la première
hypothèse.
Dans ce cas nous disons au ministre et nous avons le droit de le lui
demander: Qu'est-ce qu'il attend pour agir et pour faire ses options?
D'après nous, il est à la croisée des chemins dans le
domaine de l'amiante. Ou alors, seconde hypothèse, la création
d'un tel office serait inconstitutionnelle. Alors, là, je mets le
ministre en garde parce que ça tendrait à démontrer notre
thèse fondamentale qu'à l'intérieur du
fédéralisme il y a de telles contraintes, il y a de tels
obstacles au développement du Québec par les
Québécois que ça pourrait le mener lui-même,
j'imagine, à des conclusions qui seraient assez voisines des
nôtres.
M. MASSE: M. le Président, j'ai donné le contexte dans
lequel je place ce document. Je suis parfaitement d'accord avec l'opinion que
le sous-ministre a mentionnée tout à l'heure et je pense que
nous, au ministère, nous décidons des documents, de leur
importance, et c'est aussi à nous, en tant que responsables du
ministère, de nous assurer que nous avons le plein éclairage
avant de prendre une décision sur cette question de l'amiante et de
l'ensemble d'une politique minière. C'est ce que je pense. On l'a fait
depuis le début, et c'est peut-être cette raison qui fait que le
Parti québécois voudrait qu'on agisse plus vite, qu'on agisse
d'une façon peut-être moins responsable. Mais je dois vous dire
que ce document, considéré comme un commentaire d'un
fonctionnaire du Service de la planification du ministère des Richesses
naturelles, on l'a placé dans ce contexte, et il n'a pas plus
d'importance qu'il le faut, à nos yeux.
Je pense que les problèmes soulevés dans ce document,
comme dans d'autres documents qui, eux, n'ont pas été rendus
publics et qui, j'espère, ne le seront pas, quand on voit les effets
qu'un document semblable peut avoir dans l'opinion publique, j'espère
que l'ensemble de ces problèmes, qui sont complexes, je ne
l'espère pas, je vous assure que les différents points sont
examinés d'une façon très sérieuse au
ministère.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Mont-Royal.
M. CIACIA: M. le Président, j'aurais seulement deux petites
remarques. Je trouve qu'on attache un peu trop d'importance à la
question d'un document que, pour une raison ou pour une autre, le
député de Saguenay ou d'autres ont obtenu. Si on veut discuter
des idées qui sont dans le document, c'est une chose. Mais on disait
tantôt qu'on ne voulait pas faire de politique en commission
parlementaire, on voulait se limiter vraiment aux problèmes du
ministère, aux problèmes soulevés dans ce
ministère.
Je crois premièrement, qu'on attache trop d'importance à
un document qui sort du ministère, qui n'est pas officiel. Ce n'est pas
la première fois qu'on fonctionnaire écrit quelque chose; ce sont
ses idées. Sont-elles bonnes, pas bonnes, acceptées par le
ministère? On ne le sait pas, ça n'a pas été
émis officiellement par le ministère, alors cela place le
fonctionnaire dans une mauvaise situation, on l'implique, on le place
quasiment, ici, comme on dit, "on trial". On devrait peut-être discuter
seulement les idées qui sont soulevées par le document et pas le
document lui-même.
Deuxièmement, ce que je trouve un peu bizarre aussi je
sais que ce sont les règles des commissions parlementaires mais
quand le sous-ministre répond, il le fait au nom du ministre et je crois
que, dans le Journal des Débats de la commission parlementaire, c'est le
nom du ministre qui apparaît. Cela peut être aussi embarrassant
pour le chef de l'Opposition que pour le ministre quand quelqu'un qui va lire
les procès-verbaux et va voir que le ministre se suggère à
lui-même de consulter le chef de l'Opposition sur la
constitutionnalité d'une loi. Je suis bien certain que ce n'était
pas l'intention du ministre de faire ça. Quand un sous-ministre a la
parole, ça devrait au moins être souligné que c'est le
sous-ministre qui a parlé au nom du ministre; la responsabilité,
remarquons bien, c'est toujours celle du ministre. Mais je pense que c'est
aussi embarrassant pour le chef de l'Opposition que ce l'est pour le ministre
si ce n'est pas clair que ce sont les paroles du sous-ministre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je ferai remarquer au député de
Mont-Royal que tels sont les règlements de l'Assemblée nationale
et que ses remarques pourraient fort bien s'adresser au
président de l'Assemblée nationale. L'honorable chef de
l'Opposition.
M. MORIN : M. le Président, je trouve un peu curieuse l'attitude
du député de Mont-Royal, qui dénonce volontiers le secret
bureaucratique, notamment au sujet des fameux règlements qui devront
entourer le bill 22, et qui change d'attitude devant le problème qui
nous confronte ce matin. Je voudrais dire que nous reconnaissons volontiers que
certains documents doivent demeurer confidentiels; mais lorsque ce sont des
documents qui déterminent la politique du ministre, qui ont donc un
impact sur ses décisions, j'estime qu'ils doivent être rendus
publics. L'Opposition doit pouvoir juger des motifs qui dictent les politiques
ministérielles. Voyez, par exemple, si ce document n'avait pas
été porté à notre attention je ne sais trop
encore de quelle façon il est parvenu à la presse si ce
document ne nous était pas connu, si la presse n'en avait pas fait
état, aujourd'hui personne ne saurait exactement pourquoi le ministre
condamne l'office de mise en marché. On se dirait: Mais enfin, quels
sont ses motifs?
En ce qui me concerne, je trouve que c'est une décision tellement
importante qu'on doit pouvoir scruter les motifs politiques, techniques,
juridiques, économiques que le ministre peut invoquer pour se prononcer
pour ou contre un voeu qui est exprimé par le Conseil régional de
développement de l'Estrie.
M. CIACCIA: M. le Président...
M. MORIN: II y a des documents, autrement dit, M. le ministre, qui
doivent devenir publics, que l'opinion publique a le droit de débattre
au grand jour, et à plus forte raison l'Opposition officielle.
M. CIACCIA: M. le Président, je voudrais seulement souligner que
je ne change pas d'opinion, que ce soit pour le bill 22, que ce soit pour ce
document-ci, sur le rôle de la bureaucratie et le contrôle qu'il
doit y avoir. Je pense même qu'on ne devrait pas en discuter tellement et
donner tellement d'attention à ce document-ci; je crois que ça
renforce mes idées sur le rôle de la bureaucratie. Qu'on critique
le ministre pour ce qu'il dit, qu'on le questionne pour ce qu'il dit et non
pour des documents de travail que les fonctionnaires ont faits. Je ne change
pas d'opinion, c'est seulement parce qu'on l'a mentionné que je veux
souligner ce point.
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: ... simplement une remarque. Cette tradition parlementaire
qui fait que le sous-ministre répond toujours au nom du ministre' est
absolument nécessaire, parce qu'il serait justement trop facile pour le
ministre de se défiler et de dire: Ce n'est pas moi qui ai pris cette
position, c'est mon fonctionnaire. Exactement, d'ailleurs, comme il le fait au
sujet du document Garon.
Pour continuer, M. le Président, concernant les mines d'amiante,
le gouvernement du Canada vient d'annoncer, je pense, l'achat de Cana-dair. Or,
d'après mes informations je ne sais pas si le ministre pourra
confirmer ou nier Asbestos Corporation appartiendrait, semble-t-il,
à Canadair, elle-même propriété de General Dynamics.
Est-ce que cela veut dire que le gouvernement fédéral, en
achetant Canadair, a acheté Asbestos Corporation?
M. MASSE: M. le Président, je ne peux répondre à
cette question. D'ailleurs, il faut connaître aussi les intentions du
gouvernement fédéral d'une façon plus précise pour
répondre à une telle question et aussi s'assurer des
intérêts de Canadair dans Asbestos Corporation. Je ne peux
répondre à cette question.
M. LESSARD: Vous ne pouvez pas me dire s'il est vrai que Canadair est
propriétaire d'As-bestos Corporation?
M. MASSE: Je ne peux répondre à cette question.
M. LESSARD: D'après un document qui vient du ministère, je
pourrais vous dire que Canadair, filiale de General Dynamics Corporation,
New-York, Etats-Unis, possède et contrôle 54 p.c. des actions
ordinaires d'Asbestos Corporation. Il serait, je pense bien, très
important que le ministre s'informe si, dans l'achat de Canadair par le
gouvernement fédéral, est compris aussi l'achat d'Asbestos
Corporation.
M. MASSE: ... Evidemment, s'il y a un achat de Canadair, ce n'est pas
assuré que le gouvernement fédéral acquière
d'autres intérêts. BRINCO, par exemple, a été
nationalisée, mais uniquement dans ses investissements dans les forces
hydrauliques et non dans son secteur minier à Terre-Neuve. Alors, il
faut voir quelles sont les intentions, d'une façon plus exacte, du
gouvernement fédéral dans cette transaction, à mon avis,
qui est importante. Croyez bien qu'au ministère des Richesses
naturelles, c'est le genre de contrat du gouvernement fédéral
qu'il est essentiel de suivre de près si évidemment il y avait
l'acquisition par le gouvernement fédéral d'intérêts
dans les mines d'amiante.
M. LESSARD: Maintenant, j'espère en tout cas que le ministre va
s'informer pour savoir si cet achat-là comprend aussi Asbestos
Corporation. Vous comprendrez que, si c'est le cas, ça peut accentuer
les problèmes de l'élaboration
d'une politique de l'amiante au Québec, parce que c'est plus
difficile d'exproprier un secteur qui appartient au gouvernement
fédéral que de l'exproprier lorsqu'il appartient à une
compagnie privée. M. le Président, j'aimerais connaître la
position du ministre concernant justement la possibilité d'une taxe
fédérale sur l'exportation de l'amiante qui est maintenant
permise en vertu d'une loi fédérale, le projet de loi C-4. Est-ce
que le ministre a fait des revendications auprès du gouvernement
fédéral? Est-ce qu'il a fait des recommandations? Est-ce que le
ministre accepterait ou refuserait la possibilité ou la décision
d'imposer une taxe sur l'exportation de l'amiante?
M. MASSE: Comme je l'ai mentionné depuis au-delà d'un an,
il y a régulièrement des réunions au niveau des
fonctionnaires sur les politiques minières, tant canadiennes que
provinciales. Quant à l'application du bill C-4, du moins au niveau des
fonctionnaires, il semble qu'on n'agisse pas d'une façon
unilatérale, mais que, s'il y a action, si on se sert des dispositions
de cette loi au gouvernement fédéral, il y ait, d'une
façon étroite, une collaboration au niveau politique et dans
l'application des mesures de cette loi.
Evidemment, il faut faire le partage des juridictions, comme on le
disait au début de la réunion. Le gouvernement
fédéral dans ce domaine, c'est assez clair... Je pense que tout
dépend de l'attitude ou de la mentalité avec laquelle on applique
les lois qui peuvent être d'un effet important pour les provinces.
Je pense que le gouvernement fédéral et les provinces
productrices d'amiante ont une collaboration assez étroite dans ce
domaine. H est évident que nous devons nous servir de cette loi d'une
façon prudente, mais sourtout qui favorise au Canada une plus grande
transformation. Au Québec, comme dans les autres provinces, nous avons
les moyens aussi d'agir par le biais de la fiscalité ou des droits
miniers.
M.LESSARD: Est-ce que le ministre, suite au dépôt de cette
loi, a fait des recommandations ou est-ce qu'il a été
consulté par le gouvernement fédéral? Si oui, quelles sont
les recommandations qu'il a faites?
M. MASSE: Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, cela se fait
d'une façon régulière au niveau des fonctionnaires.
M. LESSARD: Mais concernant le bill C-4, justement?
M. MASSE: C'est cela. Avant qu'il y ait application de cette loi, il y a
des discussions au niveau des fonctionnaires et, par la suite, au niveau des
ministres concernés. C'est la procédure habituelle autant dans ce
cas-là que dans d'autres cas de politiques minières
canadiennes.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre n'a pas l'impression que c'est un
nouveau hold-up du gouvernement fédéral sur des ressources
naturelles qui, en vertu de la constitution, appartiennent au gouvernement
provincial?
M. MASSE: Non, monsieur. Je pense que, sur ce plan-là...
M. LESSARD: Le ministre devrait se rappeler Godbout, en 1944.
M. MASSE:... ce n'est pas un droit nouveau que se donne, à mon
avis, le gouvernement fédéral. Je dis bien à mon avis,
parce qu'évidemment, je ne suis pas un spécialiste, comme le chef
de l'Opposition, de ces questions. Tout dépend, comme je le disais tout
à l'heure, de la mentalité avec laquelle le gouvernement central
applique cette juridiction qu'il possède. Je vous dis que, dans le cas
des mines, depuis un an et demi, depuis que nous avons défini des
objectifs canadiens, c'est un des domaines où il y a la plus grande
collaboration. Je ne pense pas qu'une province ou seul le gouvernement
fédéral puisse agir unilatéralement dans ce
secteur-là.
M. MORIN: Est-ce que, au cours des entretiens qui ont eu lieu entre
fonctionnaires ou entre vous-même et vos homologues, ou, pour parler
comme le député de Verdun, vos monologues fédéraux,
il a été question d'une taxe à l'exportation de
l'amiante?
M. MASSE: II en a été question, mais des discussions plus
avancées restent à venir.
M. MORIN: Cela a été simplement une hypothèse de
travail?
M. MASSE: Oui.
M. MORIN: Parce qu'il a été fait état dans la
presse, dans le courant dû mois de mars, de certaines études de
votre propre ministère qui auraient invité justement cette
collaboration entre le pouvoir fédéral et le Québec
à laquelle vous venez de faire allusion. M. Claude Lemelin nous
apprenait, dans le Devoir du 19 mars, que "le gouvernement Bourassa, en la
personne du ministre des Richesses naturelles, M. Gilles Massé, a
rapidement mis un cran d'arrêt aux velléités de
réforme des techniciens du gouvernement, à la suite de pressions
exercées sur lui par la Quebec Asbestos Mining Corporation. Les
fonctionnaires chargés des premières études
préparatoires du livre blanc sur L'Estrie ont été
affectés à des secteurs moins chauds de l'analyse
économique du domaine minier québécois".
Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer exactement ce que
signifie...
M. MASSE: Les journalistes peuvent écrire ce qu'ils veulent. Ce
que j'ai à vous dire concernant le texte que vous venez de nous
lire,
c'est que c'est absolument faux. En aucun moment je n'ai mis de cran
d'arrêt sur le travail des fonctionnaires dans le secteur de l'amiante.
Il y a eu, il y a environ un an, un partage dans le travail, soit au service de
la planification et au service d'économie minérale, mais ce
travail a été maintenant rapatrié à la Direction
d'économie minérale et de développement, surtout. C'est
peut-être à ce genre de changement administratif que le
journaliste se réfère, mais en aucun moment, je pense que ce
serait évidemment aller à l'encontre des intérêts
québécois, de poser un tel geste... Il faut que nous
révisions notre politique minière. C'est ce que nous faisons, et
en priorité dans le secteur de l'amiante.
M. MORIN: Quelle est votre attitude, M. le ministre, à l'heure
actuelle, à l'égard d'une proposition du gouvernement
fédéral d'imposer une taxe à l'exportation de
l'amiante?
M. MASSE: Je pense que la position du Québec n'a pas encore
été connue, à cause de certaines précisions
à l'égard des partages des moyens de distribution, des moyens
à prendre pour se donner une politique canadienne et aussi
québécoise. Comme je vous le disais, tout à l'heure, on a
émis auprès du gouvernement fédéral des craintes
que le gouvernement fédéral se serve d'une façon
unilatérale de cette loi C-4, et on nous a assurés qu'il y aurait
des discussions plus approfondies aussitôt que possible avant
l'application de cette loi dans le secteur de l'amiante.
M. MORIN: Est-ce que je pourrais suggérer l'idée suivante
au ministre: S'il n'intervient pas de façon décisive, par
exemple, grâce à une agence de mise en marché, pour faire
en sorte que l'amiante soit transformé de plus en plus au Québec,
il se heurtera inévitablement à la tendance du pouvoir
fédéral d'y mettre bon ordre et de provoquer, lui, la
transformation de l'amiante ici au Québec en imposant une taxe à
l'exportation. Autrement dit, est-ce que les hésitations du ministre,
est-ce que son absence d'esprit de décision dans ce domaine n'invite pas
l'intervention fédérale, n'invite pas le gouvernement
fédéral à prendre ses responsabilités parce que le
Québec ne les prend pas?
M. MASSE: M. le Président, je pense qu'on exagère cette
question. Evidemment, comme tout le monde le sait, ce n'est pas une loi en
vigueur; c'est une loi qui peut le devenir, compte tenu du nouveau gouvernement
fédéral et dans mon...
M. MORIN: Mais vous savez comment le gouvernement fédéral
procède, M. le ministre.
M. MASSE: ... esprit, évidemment, comme je le disais tout
à l'heure, on ne peut pas contester au fédéral cette
juridiction.
Le gouvernement fédéral nous assure qu'il y aura
consultations, discussions, que le Québec et les autres provinces
productrices auront à émettre leur opinion sur cette question.
Evidemment, ce serait malheureux que le gouvernement fédéral
agisse unilatéralement. Mais si le gouvernement actuel est
réélu, personnellement je ne crains pas que le gouvernement
fédéral le fasse d'une façon unilatérale, comme les
provinces et le gouvernement fédéral nous ont toujours, depuis un
an, consultés d'une façon régulière.
M. MORIN: Est-ce que je pourrais suggérer au ministre, M. le
Président, que ce qu'il vient de nous dire fait fi de toute
l'expérience constitutionnelle du passé? Quand le gouvernement
fédéral estime qu'il doit intervenir, il intervient et les
provinces ont beau...
M. MASSE: Je vous dis que...
M. MORIN: ... gigoter au bout de l'hameçon par la suite, c'est
fait, c'est fait. C'est la technique du fait accompli.
M. MASSE: ... dans le secteur minier et énergétique...
M. MORIN: Oui.
M. MASSE: ... que l'expérience, depuis un an et demi, a
été celle-là. Qu'est-ce que vous voulez que je vous
dise?
M. MORIN: Dans le secteur du pétrole, par exemple? Vous
êtes en train de soutenir que le pouvoir fédéral n'est pas
intervenu unilatéralement dans le secteur du pétrole.
M. MASSE: Je vous parle de négociations entre le gouvernement
fédéral et les provinces.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Laviolette.
M. CARPENTIER: Concernant des questions d'ordre général,
est-ce que l'entente des premiers ministres sur le prix du pétrole est
satisfaisante, d'après le ministre?
M. LESSARD: Les questions ont été préparées,
probablement, parce que, justement, il y a un député qui a
posé la question tout à l'heure,. On va revenir...
M. MASSE: Je pense que j'ai eu à répondre, tout à
l'heure, à cette question. La réponse est quand même assez
longue. Mais, d'une façon concise...
M. LESSARD: II va en parler.
M. MASSE: ... je pense bien que cela a été
avantageux...
M. CARPENTIER: En réponse du député de Saguenay, je
pense que nous avons le droit de poser des questions...
M. LESSARD: Je suis bien d'accord.
M. CARPENTIER: ... sur ce qui nous intéresse.
M. LESSARD: Je suis bien d'accord, M. le Président. Mais les
députés libéraux se remplacent...
M. CARPENTIER: Et le ministre est libre de répondre ou de ne pas
répondre.
M. LESSARD: Question de règlement, M. le Président. Je
suis bien d'accord pour ça. Mais si les députés
libéraux se remplacent et qu'on leur a préparé à
tous les mêmes questions, il ne faudrait pas revenir constamment sur ces
questions. Cette question, exactement dans la même forme et selon le
même fond, a été posée tout à l'heure par un
député libéral,
M. MASSE: M. le Président, je pense que l'on peut se
référer au journal des Débats. Evidemment, cela a
été avantageux, et comme le soulignait tout à l'heure le
député de L'Assomption, si cette entente n'avait pas eu lieu, il
y aurait eu des augmentations beaucoup plus importantes quant au gallon
d'essence.
M. CARPENTIER: Dans un autre ordre d'idée, où en sont
rendues les discussions avec les pays arabes pour l'approvisionnement du
pétrole?
M. LESSARD: Encore la même question, M. le Président, qui a
été posée tout à l'heure.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Messieurs, j'inviterai le
député de Laviolette...
M. LESSARD: II y a un "filibuster" de la part des libéraux, M. le
Président !
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'inviterais le député de
Laviolette à consulter le journal des Débats, puisque toute cette
question a été discutée ce matin.
M. CARPENTIER: Pour ma part, je crois qu'on ne répétera
jamais trop à l'Opposition les positions qui ont été
prises à cet effet, parce qu'ils semblent...
M. LESSARD: On va en parler, soyez sans inquiétude !
M. CARPENTIER: ... être très réticents à
comprendre tous les efforts qui ont été faits dans ce domaine.
C'est précisément pourquoi je repose ces questions, afin qu'ils
soient bien informés et qu'ils comprennent une fois pour toutes les
efforts qui ont été faits dans ce domaine.
M. LESSARD: M. le Président, il y a un caucus ce midi, je pense,
des députés libéraux. Est-ce que vous pourriez informer
les députés libéraux qui ont l'intention de venir en
commission parlementaire que ces questions ont été
posées?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Messieurs, il est midi moins trois. Avant
d'ajourner, est-ce que je puis m'enquérir auprès des membres de
la commission, à savoir si ceci complète la phase des remarques
et questions d'ordre général?
M. LESSARD: Non, non.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Non? Alors, on pourra continuer. Cela va
très bien.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 56)
Reprise de la séance à 16 h 23
M. GRATTON (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
La commission reprend l'étude des crédits du
ministère des Richesses naturelles. Nous en sommes toujours à la
phase des remarques et des questions d'ordre général.
M. MASSE: Je voudrais répondre à une question qui m'a
été posée ce matin concernant l'achat et non
l'expropriation par le gouvernement fédéral de Canadair. Selon
les informations obtenues à l'heure du dîner, le gouvernement
fédéral a l'intention d'acheter uniquement l'entreprise Canadair
dans le but d'aider la construction d'avions au Canada. Cela se limite à
Canadair.
M. LESSARD: Cela se limite à l'avionnerie.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Laviolette.
M. LESSARD: On collabore.
M. CARPENTIER: M. le Président...
M. LESSARD: En autant que les questions n'ont pas été
soulevées ce matin.
M. CARPENTIER: Suite à la remarque que le député de
Saguenay m'avait faite en matinée et qu'il me réitère
encore cet après-midi, j'aurais une autre question dans le même
ordre d'idées. Peut-être la formulerais-je d'une autre
façon, mais...
M. le ministre, est-ce que vous trouvez que les mécanismes du
contrôle du marché pétrolier sont adéquats pour
protéger le consommateur?
M. LESSARD: Je soulève un point de règlement simplement
pour l'information du député. Je ne sais pas si ce dernier
restera ici au cours des séances de la commission parlementaire, mais il
faudrait quand même déterminer un ordre de discussion. Si chaque
député arrive... Je comprends la question du
député. Elle est très sérieuse et nous allons
certainement en discuter, mais nous étions ce matin, je pense, à
discuter de la question de l'amiante. Personnellement, je n'ai aucune objection
que vous souleviez comme cela des questions. Soyez assuré que j'ai
l'intention de revenir sur toute cette question du pétrole et je
reviendrai au moment où je le jugerai opportun. Remarquez que je n'ai
pas d'objection que vous le fassiez ou que vous lisiez vos questions
préparées. Il n'y a pas de problème, mais j'ai bien
l'intention de discuter à fond du problème pétrolier et,
pour le moment, j'en étais à l'amiante.
M. CARPENTIER: Juste une question d'information. Je vous demande une
directive.
Est-ce qu'il va falloir demander à l'Opposition quel genre de
questions on doit poser avant de poser les questions que nous désirons
poser? Nous sommes encore à discuter des aspects généraux
du programme et c'est une question d'ordre général que je pose et
je ne crois pas devoir poser une question au député de
l'Opposition pour savoir quel genre de questions poser.
M. LESSARD: Article 96, M. le Président.
M. LEDUC: Sur le point de ce règlement, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Taillon.
M. LEDUC: Si je peux le trouver... Le voilà! Je suis très
d'accord avec le député de Saguenay lorsqu'il dit qu'il a
l'intention de soulever la question du pétrole au moment où il le
jugera opportun. Si la commission est d'accord sur cette situation ou cette
affirmation du député de Saguenay, le député de
Saguenay doit aussi être d'accord sur la question que pose actuellement
le député de Laviolette, parce que pour lui, le moment opportun,
c'est tout de suite. Il n'a pas à se plier à l'occasion
suggérée par d'autres membres de cette commission. Je crois que
la question de Laviolette est tout à fait justifiée à ce
moment-ci.
M. LESSARD: Sur un point du règlement...
M. CARPENTIER : M. le Président, est-ce que le ministre a
demandé au député de Saguenay s'il doit répondre
oui ou non aux questions que nous lui posons?
M. LESSARD: Question de règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: Voici, M. le Président; et j'invoque même
l'article 96. Je n'ai pas dit qu'il était défendu aux
députés du gouvernement de poser des questions. J'ai simplement
soumis le fait que si on veut être rationnel dans notre discussion, si on
veut être logique dans notre discussion, il faudrait régler
à un moment donné un sujet et en aborder un autre. Nous avons
commencé ce matin à discuter de la question de l'amiante. En ce
qui me concerne, tous les députés libéraux ont la
possibilité de poser des questions sur l'amiante. Personnellement, je
vous indique, M. le Président, que je n'ai pas fini de poser des
questions au ministre dans le secteur de l'amiante. Si les
députés libéraux désirent poser des questions sur
tout autre sujet questions d'ailleurs qui ont été
préparées, comme on s'en est aperçu ce matin je
n'ai pas d'opposition, je vais les laisser se rider. Par la suite, on discutera
des crédits du ministère des Richesses naturelles.
M. CARPENTIER: M. le Président, j'étais à la
commission ce matin. Je vous ferai remarquer...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. CARPENTIER: ... que le chef de l'Opposition a posé certaines
questions concernant le pétrole.
LE PRESIDENT (M. Gratton): S'il vous plaît! Je demande au
député de Laviolette de bien vouloir me laisser statuer sur la
question de règlement.
M. CARPENTIER: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Pour le bénéfice de tous les
membres de la commission, tant à ma droite qu'à ma gauche, je
ferai remarquer qu'hier, à l'occasion de l'ouverture de la séance
de la commission des richesses naturelles, nous avions convenu à la fin
de la séance que nous avions vidé les questions d'ordre
général et que nous abordions le programme 1, soit Inventaires et
Recherches. Pour être aussi large que possible, compte tenu du fait que
le député de Saguenay n'avait pu assister hier, pour des raisons
très justifiées aux travaux de la commission, nous avons rouvert
la section des remarques et questions d'ordre général. Alors,
j'invite les députés...
M. CARPENTIER: On peut en poser.
M. LESSARD: M. le Président, je soulève une question de
règlement simplement pour votre information.
Lorsque nous faisons des remarques préliminaires au début,
lors de l'ouverture d'une commission parlementaire, ceci n'empêche
aucunement la discussion sur les remarques très générales
lorsque nous arrivons au programme 1. Ce qui s'est fait hier, cela n'a pas
été des interrogations. J'ai lu toute l'intervention du ministre,
l'intervention du chef parlementaire et l'intervention du député
de Rouyn-Noranda et j'estime, M. le Président, que ce n'est pas un
privilège que vous nous donnez ce matin comme cet après-midi,
c'est simplement une procédure parlementaire qui est acceptée, en
tout cas qui a été acceptée depuis que je siège ici
à l'Assemblée nationale, depuis 1970. Ce que le
député de Sauvé a affirmé hier, c'est qu'il en
avait terminé en ce qui concerne ses remarques générales
et que vous commenciez à discuter le programme 1.
Or, le programme 1, selon les procédures normales, nous apporte,
en particulier inventaires et recherches, des discussions très
générales. Nous l'avons toujours fait et j'ai l'intention de
continuer à le faire, M. le Président. Je vous invite, si vous
avez des points d'interrogation, à interroger le président de la
Chambre qui certainement confirmera mes propos. Je vous permets même de
suspendre la séance.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je m'excuse auprès du
député de Saguenay, mais je me réfère justement au
journal des Débats d'hier, alors que le président dit:
"Messieurs, ceci complète les remarques préliminaires".
M. LESSARD: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Gratton): "Puis-je suggérer à la
commission que nous procédions maintenant à l'étude des
crédits programme par programme, alors que toute la latitude possible
sera donnée de poser des questions d'ordre général
à l'intérieur de ces programmes".
M. LESSARD: C'est toujours ce que nous avons...
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'ai tâché de faire le point
tantôt, à savoir que, si nous accordons une latitude d'un
côté, nous devons faire la même chose de l'autre. Je
désirerais faire la même suggestion qu'hier et inviter les membres
de la commission à discuter des programmes. Je sais que, par coutume,
s'il y a latitude dans les remarques générales au début,
on s'aperçoit que l'adoption des crédits programme par programme
se fait plus rapidement. Mais si on a l'intention de soulever une question de
procédure chaque fois qu'un député pose une question, nous
devrons nous limiter au programme.
M. CARPENTIER: M. le Président...
M. LESSARD: C'est une question de procédure, c'est une question
de fonctionnement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, j'invite...
M. CARPENTIER: ... ce matin, j'ai assisté à la commission
et le chef de l'Opposition a posé un tas de questions concernant l'ordre
générai des différents programmes et, cet
après-midi, on arrive et c'est tout à fait autrement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'invite le député à
poser...
M. CARPENTIER: J'ai encore au moins trois questions d'ordre
général à poser. Elles n'ont pas été
posées aux commissions parlementaires. Est-ce que vous me permettez de
les poser?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Allez-y.
M. CARPENTIER: M. le Président, je reviens à la question
que j'ai posée tantôt. Est-ce que vous trouvez que le
mécanisme de contrôle des marchés pétroliers est
adéquat pour protéger le consommateur?
M. MASSE: Depuis les derniers événements dans le domaine
pétrolier, comme on le sait, le gouvernement fédéral a
dû imposer une taxe à l'exportation et, d'autre part, il a
accordé une subvention à l'importation. Il a, de plus,
institué un système de vérification des livres des
compagnies pour connaître les prix payés du pétrole brut
importé par les compagnies. Pour ce qui concerne le marché
québécois, actuellement, c'est une concurrence libre qui est
faite. Je dois dire que le gouvernement du Québec a peu ou pas de
contrôle du prix de détail; mais c'est une préoccupation
importante aux Richesses naturelles. Nous avons demandé à un
groupe de l'Université de Montréal, comme j'ai déjà
mentionné, d'examiner la possibilité d'une législation qui
contrôlerait le prix de détail.
Maintenant, comme j'ai dit aussi dans mon exposé initial,
l'exemple de la Nouvelle-Ecosse nous porte à croire qu'en
procédant par une régie provinciale, il y aurait peut-être
avantage à examiner sérieusement cette possibilité qui me
parait, personnellement, beaucoup moins onéreuse à appliquer et
qui semble assez efficace. Actuellement, nous examinons les différentes
possibilités d'intervention au niveau des prix de détail.
M. CARPENTIER: Une autre question. Est-ce que vous avez l'intention de
participer à la mise en valeur des gisements pétroliers de
l'Arctique par l'entremise de SOQUIP, par exemple?
M. MASSE: Comme vous le savez, il y a un projet qui s'appelle Polar Gas
pour acheminer du gaz naturel des îles du territoire du Nord-Ouest vers
le sud. Actuellement, il y a environ 27 compagnies qui forment le consortium.
On sait que le gouvernement ontarien a annoncé qu'il apporterait une
participation mineure à ce projet.
Actuellement, au ministère, nous sommes à élaborer
une documentation qui doit être présentée au premier
ministre, au conseil des ministres très prochainement.
M. CARPENTIER: En termes de participation, est-ce que vous croyez que
les efforts faits par le ministère en vue de trouver des gisements
pétroliers au Québec sont suffisants jusqu'à
maintenant?
M. MASSE: Excusez-moi, je n'ai pas compris la question.
M. CARPENTIER: Est-ce que vous croyez que les efforts faits par le
ministère en vue de trouver des gisements pétroliers au
Québec sont suffisants?
M. MASSE: Je pense qu'il n'y a peut-être pas eu tellement
d'exploration au Québec, sur le territoire québécois,
jusqu'à maintenant, mais comme vous le savez, SOQUIP a vu son budget
augmenté non de $7,500,000 par an, mais de $100 millions sur une
période de dix ans, ce qui fait que SOQUIP recevra environ $7,500,000
par année, mais avec un fonds de $25 millions qui restera pour
utilisation, si c'est requis par SOQUIP.
C'est donc dire qu'un investissement de $100 millions en exploration au
Québec fait, parce que SOQUIP s'associe aussi avec d'autres partenaires,
que ces $100 millions représenteront une somme beaucoup plus importante
du fait que l'habitude de SOQUIP est de prendre des "joint ventures" à
environ moitié moitié.
M. CARPENTIER: Une autre question.
M. MASSE: J'espère en tout cas. Nous avons un potentiel qui ne
semble pas aussi intéressant que cela pourrait l'être dans l'ouest
ou dans d'autres parties du pays, mais il y a un potentiel et je pense qu'il
appartient à SOQUIP, en association avec l'entreprise privée, de
tenter de le découvrir.
M. CARPENTIER: Autre et dernière question d'ordre
général pour le moment. Qu'est-ce que le ministère a fait
ou fera pour assurer les consommateurs qu'ils paient des prix raisonnables pour
les produits pétroliers?
M. MASSE: Je pense que cette question est reliée à votre
avant-dernière au niveau du contrôle ou d'une certaine
intervention au niveau du prix de détail du produit pétrolier. Je
pense que c'est de cette façon qu'on pourrait surveiller davantage. Je
dois dire, par exemple, jusqu'à présent, qu'on a la chance
d'avoir un prix qui semble devoir rester fixe pour au moins une douzaine de
mois, sinon quinze mois, mais ceci est au niveau du pétrole brut. Il est
évident qu'au niveau du détail, il y a actuellement des
disparités entre les régions, des écarts de coûts
qui ne représentent pas toujours les coûts de transport. Et
puisqu'on touche cette question, je dois relever une certaine affirmation du
député de Rouyn, qui mentionnait que dans sa région, entre
la ville de Rouyn et une ville à 50 milles environ de Rouyn, en Ontario,
il y avait un écart de prix d'une dizaine de cents le gallon
d'essence.
Je dois lui dire que, depuis le 15 mai, cette situation ne peut exister.
Si on se conforme à la demande du gouvernement fédéral,
depuis le 15 mai, le prix en Ontario et au Québec a été
ajusté au même niveau.
M. CARPENTIER: Plus précisément, M. le ministre, on
retrouve encore, dans différents secteurs de la province de
Québec, des écarts allant jusqu'à $0.10 le gallon pour
l'essence. Est-ce qu'il y a des mesures prises par le gouvernement actuellement
ou par le ministère pour régler ces situations?
M. MASSE: La solution, c'est celle que je
donnais tout à l'heure. Comme je le disais, il y a
évidemment des coûts supplémentaires qui peuvent être
occasionnés par du transport. Par exemple, le coût de transport
est moins onéreux à Montréal qu'il peut l'être
à Val-d'Or ou à Sept-Iles, mais il semble que les écarts
soient beaucoup plus importants que ce que représen-' te le coût
du transport. C'est pourquoi, d'ici deux ou trois semaines, je pense, je
soumettrai un projet au conseil des ministres à ce sujet.
M. CARPENTIER: Plus précisément, M. le ministre, c'est
très facile d'invoquer le fait que le transport coûte plus cher
dans certains secteurs de la province, mais, de toute façon, ce sont les
consommateurs qui doivent en payer la note. Est-ce qu'il y a un système
de contrôle pour établir certaines normes à cet effet?
M. MASSE: Dans tout ce qui est de la distribution, à partir de la
sortie de la raffinerie jusqu'à la pompe à essence, il n'existe
pas actuellement de contrôle en termes de prix ou de
réglementation. C'est ce à quoi on voudrait suppléer.
M. CARPENTIER: Merci.
M. LEDUC: M. le Président, toujours dans ces remarques d'ordre
général et peut-être un cas particulier quant au sujet dont
je voudrais discuter, à la fin de 1971, le gouvernement décidait
de créer un comité interministériel, formé du
ministère des Affaires intergouvernementales, du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, des Affaires municipales et du
ministère des Richesses naturelles, en vue d'étudier
l'aménagement des rives du Saint-Laurent et, plus
particulièrement, le projet avancé par la ville de Longueuil pour
le parc Marie-Victorin.
Vers le milieu ou la fin de janvier 1973, le président du
comité, M. Mortimer Handler, ingénieur à la direction
générale des eaux du ministère des Richesses naturelles,
faisait parvenir, à chacun des ministres, un rapport sur l'étude
qui avait été faite par ce comité
interministériel.
De plus, ce comité avait à discuter, si ma mémoire
est bonne, avec le ministère des Transports, à Ottawa, avec la
ville de Longueuil et avec le Conseil des ports nationaux. Ce projet, mis de
l'avant par la ville de Longueuil au cours de l'année 1970,
représente, pour les gens du territoire, et non seulement pour la ville
proprement dite, mais pour les gens de la rive sud de Montréal, un
espace vert qui peut rendre service à la population.
Il semble, en fouillant dans le dossier et il tâche de
faire, peut-être quelque chose de pas bien gentil que la meilleure
façon de tuer un projet, c'est de créer un comité
interministériel. Parce que si on lit le rapport celui-ci est
très bien fait je suis convaincu que le comité s'est
réuni à plusieurs reprises, mais actuellement, la ville de
Longueuil se demande ce qu'on fait. Cela fait trois ans! Je crois
qu'aujourd'hui il faudrait, à un moment donné, s'asseoir. Je ne
blâme pas, ici, le ministère des Richesses naturelles, les
représentations que je fais ici, je les ai faites ou les ferai en
d'autres endroits aussi, mais comme votre ministère fait partie de ce
groupe, j'aimerais bien qu'on en vienne à une décision, et qu'on
puisse dire à la ville de Longueuil: Faites-le, le remplissage ou ne le
faites pas, pour telle et telle raison. Actuellement, si on prend certains
extraits du rapport je ne veux pas vous le lire, vous l'avez
sûrement, peut-être pas devant vous, mais dans votre cabinet
on donne l'impression que la ville peut tout faire et ne peut rien faire. Ce
qui est encore plus embêtant, c'est que, à quelques centaines de
pieds du territoire où s'établirait ce parc Marie-Victorin, deux
organisations, une qui s'appelle le Marina Ville-Marie Inc. et l'autre le
Longueuil Boating Club ont la permission de faire le remplissage en vue
d'améliorer leurs éléments, et quelques cents pieds plus
loin, la ville, qui, elle, veut faire un territoire public qui rendra service
à toute la population du territoire, se voit empêchée de
faire ce remplissage.
M. MASSE: Est-ce que le but de ce remplissage serait d'en faire un coin
de verdure? Uniquement?
M. LEDUC: C'est cela. Uniquement.
M. MASSE: Une minute. Il semble que le comité ait pris une
décision qu'il n'y avait pas d'autre remplissage pour des fins de
préservation de la faune aquatique, mais je préférerais
prendre avis de la question pour ressortir ce dossier, et peut-être, au
cours de la matinée de demain, répondre au député
de Taillon.
M. LEDUC: Je remercie le ministre. Maintenant, pour éviter
peut-être une perte de temps, avant qu'on aille voter, il n'est pas
nécessaire de revenir avec la réponse demain à la
commission, de façon à ne pas retarder les travaux.
En autant que je pourrai avoir du ministère quelqu'un avec qui je
pourrai discuter en vue d'en venir à une solution. Parce que si le
ministère des Richesses naturelles et un autre ministère ont
décidé de ne pas permettre d'autres remplissages, il semble qu'il
y ait d'autres autorités à même ce comité qui sont
prêtes à le permettre.
Je voudrais qu'on s'entende. Il y en a quelques-uns actuellement qui
semblent vouloir contredire le rapport de ce comité. C'est ce qui
crée l'ambiguïté. Maintenant, je remercie le ministre et
j'imagine que, dans le cours de la semaine prochaine, j'aurai quelqu'un avec
qui je pourrai discuter.
M. MASSE: Certainement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission suspend ses travaux pour le
temps que durera le vote auquel nous sommes appelés en Chambre.
(Suspension de la séance à 16 h 45)
Reprise de la séance à 16 h 56
M. GRATTON (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
Avant de céder la parole au député de Saguenay,
j'aimerais faire une mise au point. Je demanderais à chaque membre de la
commission de limiter les questions d'ordre général ou
particulier, au programme 1, soit les inventaires et les recherches, de
façon que nous puissions ensuite procéder aux détails,
adopter le programme 1, pour enfin aborder les autres programmes. Alors, la
parole est au député de Saguenay.
M. LESSARD: Le député de Taillon, tantôt, avait
commencé...
LE PRESIDENT (M. Gratton): II avait complété.
M. LESSARD: M. le Président, je reviens à la discussion de
ce matin, concernant l'amiante et les études qui sont faites dans ce
secteur. Le ministre me répondait qu'il y avait un problème
d'amiantose, c'est-à-dire que peut-être l'un des effets
néfastes de la transformation du produit chez nous était le
développement de la maladie industrielle dite amiantose.
J'aimerais savoir sur quelles études se base le ministère
pour affirmer cela. J'aimerais savoir aussi si le ministère a fait des
recherches pour réduire la poussière d'amiante à
l'intérieur de ces entreprises. On constate toujours, lorsque nous
allons visiter les usines d'amiante, lorsque les responsables sont avertis de
notre passage, un genre de nettoyage qui s'est fait. Pourtant les ouvriers nous
disent: Ce n'est pas du tout le cas lorsque nous avons à travailler de
façon journalière dans cette usine. C'est donc dire qu'il y a des
mesures que les usines d'amiante prennent pour diminuer le nombre de millions
de particules au pouce carré.
D'abord, est-ce que des études sont faites au niveau du
ministère à ce sujet? Deuxièmement, sur quelles
études le ministre se base-t-il pour affirmer justement que la
transformation de l'amiante de chez nous développe encore plus
l'amiantose?
Si c'est là une objection très importante dans le fait
qu'on ne veuille pas forcer les usines à transformer un peu plus leurs
ressources chez nous, quant à cela, il va falloir faire
disparaître plusieurs industries de transformation au Québec.
M. MASSE: M. le Président, j'ai mentionné cela en
passant.
Je pense bien qu'on ne doit pas, comme ministère, d'abord, avoir
des objections au départ à ce qu'il y ait une plus grande
transformation de ce minérai au Québec. Je pense bien que c'est
le genre d'inconvénients qui méritaient d'être
soulignés. Actuellement, c'est le service d'hygiène du milieu
si je me trompe, je demanderais à un de mes adjoints de me
corriger ou la Commission des accidents de travail qui effectue les
recherches ou qui impose des normes à l'intérieur des
entreprises.
On sait qu'aux Etats-Unis où certaines entreprises existent et
dont les produits comprennent certaines parties de fibre d'amiante, c'est un
problème important.
M. LESSARD: Que ce soit un problème important, d'accord, mais que
ce soit une objection à la transformation des produits de l'amiante chez
nous, là il y a toute une différence. Il y a des moyens de
diminuer ce nombre de particules au pouce carré.
M. MASSE: C'est l'hygiène du milieu, comme je le mentionnais tout
à l'heure, qui se préoccupe de cela.
M. LESSARD: Vous dites: l'hygiène du milieu?
M. MASSE: Oui, c'est le service de l'hygiène du milieu, le
service de protection de l'environnement. Je suis d'accord que c'est un
problème important, comme le dit tout le monde, mais pour assurer une
plus grande transformation, c'est un des désavantages possibles qui
peuvent survenir dans l'implantation d'industries. Je ne veux pas accorder plus
d'importance qu'il faut à ce désavantage. Je pense que c'est par
la suite, industrie par industrie, que cette question pourrait être
vraiment examinée. Mais il semble que le développement
technologique se fasse assez lentement dans la récupération de
ces poussières d'amiante dans les industries de transformation.
On me dit qu'il y a plus de particules dans l'air dans l'industrie qu'il
peut y en avoir, par exemple, dans l'exploitation minière.
M. LESSARD: M. le Président, je suis bien d'accord, à un
moment donné, qu'il y ait certaines conséquences néfastes
au développement économique, à la transformation des
produits chez nous, mais il y a des moyens d'abord pour diminuer ces
conséquences et il ne faudrait pas que ce soit encore un moyen par
lequel le gouvernement du Québec veut cacher son inaction. Ce n'est pas
le moyen.
M. MASSE: Ce n'est surtout pas cela. Vous amplifiez un mot que j'ai
mentionné en passant au cours des discussions et vous en faites un
drame. Je n'ai jamais dit qu'il n'y aurait pas de transformation au
Québec à cause de l'amiantose. J'ai dit que c'était un
problème qui nous préoccupait.
M. LESSARD: C'est un problème qui vous préoccupe et qui,
justement, devrait actuellement vous préoccuper puisque nous n'obtenons
pas les retombées positives de la transformation
de l'amiante chez nous mais nous avons quand même de toute
façon les retombées négatives, c'est-à-dire
l'amiantose. En tout cas, c'était simplement un point que je voulais
souligner et que je voulais faire éclaircir par le ministre parce que si
c'est l'une des objections majeures à la transformation d'un produit
chez nous, il va falloir peut-être faire disparaître plusieurs
entreprises de transformation.
Concernant toujours l'amiante, est-il vrai, ou le ministre a-t-il
été informé que le tiers des compagnies d'amiante au
Québec n'auraient pas payé d'impôt sur les
bénéfices de 1961 à 1966, sur des revenus de
$359,400,000?
M. MASSE: Vous parlez de la période de 1961 à 1966?
M. LESSARD: Oui.
M. MASSE: Vous parlez de la taxe sur les profits, sur les
corporations?
M. LESSARD: Oui, M. le Président, sur les bénéfices
des compagnies.
M. MASSE: Non, c'est...
M. LESSARD: Les compagnies d'amiante profitent de quantité
d'exemptions dont l'amortissement général, l'amortissement des
frais dits d'exploration, les bénéfices exonérés en
vertu de la location, de l'épuisement des ressources, etc. Cependant, le
mineur n'en profite pas.
M. MASSE: II faut dire qu'on tente de répondre d'une façon
précise. Le ministère des Richesses naturelles a une seule
responsabilité en termes de fiscalité, c'est sur les droits
miniers et en termes fiscaux, en ce qui concerne les profits des compagnies, il
revient au ministère du Revenu de répondre d'une façon
précise. Mais, on tente de vérifier si on a l'information.
Je demanderais au député de référer sa
question au ministère du Revenu.
M. LESSARD: Je me réfère à une déclaration,
semble-t-il, d'un de vos fonctionnaires, M. Yves Fortin, qui s'appuyait sur une
étude de M. Guy Chalout, du ministère des Affaires
intergouvernementales, qui aurait affirmé que depuis 1961 à 1966,
alors que les compagnies d'amiante auraient fait des profits de $359,400,000,
aucun impôt sur les bénéfices n'aurait été
versé au ministère du Revenu. Ce qui prouve, encore une fois, que
nos richesses naturelles profitent énormément aux autres et
très peu aux Québécois.
M. MASSE: Cela ne prouve rien. Vous faites une affirmation gratuite que
je ne peux pas vous confirmer. Je vous dis de vous adresser au ministère
du Revenu avant de faire des affirmations gratuites.
M. LESSARD: M. le Président, est-ce que le ministre connaît
M. Yves Fortin, du ministère des Richesses naturelles?
M. MASSE: C'est un ex-employé du ministère des Richesses
naturelles.
M. LESSARD: C'est un ex-employé du ministère des Richesses
naturelles. De toute façon, ce ne sont pas les seules compagnies qui ne
paient pas d'impôt. Nous savons que les compagnies
pétrolières font à peu près de même sur des
profits énormes. Les compagnies pétrolières n'ont
payé que $3 millions à $4 millions d'impôt. Alors, les
richesses naturelles profitent aux autres, mais profitent très peu aux
Québécois.
M. COTE: Allez voir en Colombie-Britannique ce qui arrive aux
socialistes.
M. LESSARD: II y a eu une entente concernant justement SIDBEC et
Québec Cartier Mining concernant l'exploitation du gisement de Fire
Lake. Est-ce que le ministre a eu à négocier. Etait-il partie
à la négociation de cette entente et est-ce que le ministre
accepterait de déposer l'entente? Qui, en fait, sera l'associé de
Québec Cartier Mining au niveau de la société
d'extraction? Est-ce que c'est SOQUEM ou SIDBEC et qui sont les
propriétaires, à l'heure actuelle, des droits miniers dans cette
région? Est-ce que c'est bien Québec Cartier Mining?
M. MASSE: Je dois dire qu'il n'y a pas eu de signature, d'entente
encore, selon nos informations, entre SIDBEC et Québec Cartier Mining.
Il y a eu des discussions entre les deux sociétés, on a
été mis au courant de l'évolution des discussions et pour
répondre à votre question à savoir qui détenait les
territoires miniers, c'était Québec Cartier Mining qui
possédait le gisement de Fire Lake et il y a eu des négociations
directement avec SIDBEC sur cette question.
M. LESSARD: Le ministère comme tel n'a pas eu à intervenir
dans les négociations entre SIDBEC et Québec Cartier Mining? Ce
furent des négociations entre, d'une part, une compagnie publique et,
d'autre part, une compagnie privée.
M. MASSE: Deux sociétés, oui.
M. LESSARD: En fait, le ministère n'a eu aucunement à
intervenir dans cette négociation?
M. MASSE: Non, on n'avait pas à négocier non plus, comme
deux entreprises privées font des ententes assez
régulièrement...
M. LESSARD: Est-ce que SIDBEC est une entreprise publique?
M. MASSE: ... dans ce cas, parce qu'elle était
quand même une société d'Etat, on a
été mis au courant de l'évolution des discussions et c'est
la seule information, on était au niveau de l'information
uniquement.
M. LESSARD: Maintenant, pour faire suite à une demande du
député des Iles-de-la-Madeleine, est-ce que je pourrais demander
au ministre des Richesses naturelles où en est rendu le projet du sel
aux Iles-de-la-Madeleine? Quand l'extraction doit-elle débuter? Est-ce
que SOQUEM sera le seul exploitant ou si elle sera associée à un
autre exploitant, soit...
M. MASSE: Je me référerai, en ce qui concerne
l'exploitation des Iles-de-la-Madeleine, aux discussions qui avaient eu lieu
à la commission parlementaire des Richesses naturelles...
M. LESSARD: Cela fait déjà un an...
M. MASSE: ...l'année dernière et où M. Carbonneau
avait expliqué la façon dont il entendait procéder avec
ses associés dans l'exploitation de la mine. A ce que je sais,
actuellement, SOQUEM continue à faire de l'exploration, à forer
pour véritablement connaître la teneur et aussi l'étendue
des réserves de sel aux Iles-de-la-Madeleine, afin de déterminer,
par la suite, le rythme et l'endroit du début de l'exploitation de cette
mine aux Iles-de-la-Madeleine.
Je pense que, si on réfère aux propos de M. Carbonneau,
cela a été, je pense, l'évolution des travaux tels qu'ils
avaient été annoncés qui s'est poursuivie.
M. LESSARD: M. le Président, il faut dire que cela fait
déjà près d'un an que nous avons interviewé SOQUEM
à ce sujet.
M. MASSE: Oui, mais...
M. LESSARD: Maintenant, M. le Président, c'est que le ministre
devra comprendre que SOQUEM n'a pas la Société
québécoise d'exploration minière à venir
défendre son rapport devant l'Assemblée nationale et c'est par
l'entremise du ministre que ce rapport ou les politiques de la
Société québécoise d'exploration minière
doivent être défendues. Il est certain, M. le Président,
que si la loi obligeait au moins la Société
québécoise d'exploration minière à venir faire
rapport de ses activités chaque année à l'Assemblée
nationale, nous n'aurions pas à poser ces questions au ministre, puisque
ce serait directement à la Société
québécoise d'exploration minière que nous les
poserions.
Alors, comme c'est par l'intermédiaire du ministre et par le
rapport annuel qui est présenté par la Société
québécoise d'exploration minière que nous pouvons
connaître les objectifs de cette société, c'est pour cela
que je pose ces questions, afin de savoir si le dossier est actuellement plus
avancé ou s'il ne l'est pas.
M. MASSE: C'est comme je l'ai dit. Les travaux qui ont été
effectués depuis le temps où le président est venu devant
la commission des Richesses naturelles, c'est l'évolution que je vous
mentionnais tout à l'heure, c'est-à-dire qu'on tenté de
connaître plus exactement l'état des réserves et aussi de
déterminer par des sondages quel était l'endroit le plus propice
au début de l'exploitation de cette mine et, si je me souviens bien, le
rythme des travaux, pour en arriver à l'exploitation qui était
prévue pour 1979, à ce que je me souvienne.
M. LESSARD: Dès le début des travaux d'exploitation.
M. MASSE: De toute façon, je pourrais prendre avis de la question
pour une communication demain matin. Disons que, dès le moment où
il y a une découverte et, en moyenne, jusqu'au temps où il y a
exploitation, c'est d'habitude un minimum de trois à quatre ans...
M. LESSARD: Je voudrais que...
M. MASSE: Je vais répondre d'une façon plus
particulière aux questions concernant SOQUEM.
M. LESSARD: Je voudrais, en même temps, que le ministre nous
informe si SOQUEM va être le seul exploitant ou si SOQUEM va s'associer
avec un autre exploitant en ce qui concerne Laduboro.
M. MASSE: Elle est déjà associée...
M. LESSARD: Laduboro? M. MASSE: ... avec Laduboro.
M. LESSARD: D'accord. Est-ce qu'on pourrait savoir justement quelles
sont les études qui ont été faites par le ministère
ou par la Société québécoise d'exploration
minière concernant les gisements de fer et de titane de la région
de Mingan? On dit même que ce sont les gisements où il existe du
fer en quantité assez considérable. Le problème qui se
pose, justement, est relatif à une technique de séparation du fer
et du titane. Est-ce qu'au ministère des Richesses naturelles on est en
train de déterminer l'étude de cette technique? Si ce n'est pas
le ministère des Richesses naturelles, qui fait l'étude de cette
technique? Est-ce que SOQUEM est dans le portrait de l'exploitation de ce
gisement? Est-ce la Société québécoise
d'initiatives pétrolières qui aura le contrôle
d'exploitation de ce fameux gisement?
M. MASSE: Les droits appartiennent actuellement à SOQUEM.
M. LESSARD: Les droits appartiennent à SOQUEM.
M. MASSE: Si le député me le permet. Pour répondre
d'une façon beaucoup plus précise et lui donner toute
l'information, c'est encore un dossier qu'on pourrait reporter à demain
matin.
M. LESSARD: M. le Président, vous comprendrez que,
considérant le fait que la Société
québécoise d'exploration minière a plusieurs gisements qui
sont soit en mesure d'être exploités ou soit au niveau de la
recherche de l'exploitation, j'ai plusieurs questions concernant SOQUEM, la
Société québécoise d'exploration
minière.
Je ne sais pas si je devrais soulever ces questions
immédiatement, puisque j'ai bien l'impression que le ministre va me
répondre, à chacune de ces questions, qu'il va s'informer
auprès du président. Est-ce qu'il ne serait pas possible, demain,
d'avoir présent à la commission parlementaire le président
de la Société québécoise d'exploration
minière?
M. MASSE: Première chose, pourquoi, y a-t-il des
difficultés? Pour que je puisse parler des différents projets,
c'est d'abord le fait que SOQUEM n'est pas tenue de rendre compte de son
administration et de ses activités professionnelles au ministre des
Richesses naturelles. Cette société est complètement
autonome sur le plan administratif et, d'autre part, sur demande de
l'Opposition, à l'Assemblée nationale, je pense qu'il y aurait
lieu que cette société puisse venir exposer l'ensemble de ses
projets. Parce que vous comprendrez que si le président de SOQUEM devait
comparaître à l'étude du budget du ministère des
Richesses naturelles, on pourrait prendre les dix heures qui nous sont
allouées.
M. LESSARD: M. le Président, je comprends qu'il y a une certaine
autonomie à la Société québécoise
d'exploration minière, comme il y a aussi une certaine autonomie
à Hydro-Québec. Cependant, vous comprendrez et je pense
que c'est dans les principes du parlementarisme que
l'intermédiaire ou le responsable de ces organismes, au niveau de
l'Assemblée nationale, que ce soit SOQUEM, que ce soit SOQUIP, que ce
soit Hydro-Québec, c'est le ministre. C'est au ministre que nous devons
poser des questions.
Justement, si le ministre trouve difficile le fait de répondre
à la place de la Société québécoise
d'exploration minière, il devrait, dans les plus brefs délais
possible, soumettre un amendement à la charte de la
Société québécoise d'exploration minière, de
telle façon que cette société puisse venir rendre compte
de son administration à l'Assemblée nationale.
M. MASSE: Je suis bien d'accord. D'ailleurs, il y a eu un premier
exercice de ce genre l'année passée avec SOQUEM. De toute
façon, on est ici pour étudier les crédits du
ministère des Richesses naturelles. Ce n'est même pas le
ministère des Richesses naturelles qui verse ou achète les
actions de SOQUEM. C'est la propriété du ministre...
L'actionnaire principal et le seul actionnaire, c'est le ministère des
Finances. Je suis d'accord que, compte tenu de l'envergure et de
l'étendue des activités de SOQUEM, on puisse,
périodiquement, entendre des administrateurs de SOQUEM, comme on entend
les administrateurs de la Commission hydroélectrique, comme on pourrait
entendre aussi des administrateurs de SOQUIP. Je vois qu'il y a vraiment une
lacune à ce niveau, mais même sans amendement à la loi de
SOQUEM, il est certainement possible de l'entendre en commission.
M. LESSARD": Mais je dois...
M. MASSE: A un autre endroit qu'à l'étude des
crédits du ministère.
M. LESSARD: ... faire remarquer au ministre, M. le Président, que
nous sommes à continuer, justement, l'étude du budget. Le
ministre est d'accord sur cela? Nous sommes, en fait, à continuer
l'étude du budget du ministre Garneau. Dans ce budget, est inscrit,
justement, le ministère des Richesses naturelles. Le ministre est
d'accord sur cela?
M. MASSE: De quelle façon est-ce inscrit?
M. LESSARD: Voici: On continue l'étude du budget, le budget du
ministre des Finances qui nous a été présenté,
parce que c'est cela le budget. On continue de l'étudier et on
l'étudie, justement, ministère par ministère.
M. MASSE: C'est exact.
M. LESSARD: Bon! Or, justement, à l'occasion du débat sur
le budget nous sommes encore, M. le Présidet, au débat sur
le budget, parce qu'on dit qu'on a 45 jours pour adopter des crédits
ministère par ministère un député ne peut
prononcer qu'un seul discours. Il s'agit là d'un article. Il peut
discuter ou aborder tous les sujets. Justement, l'un des sujets importants au
niveau du ministère des Richesses naturelles, c'est le
développement de nos ressources minières. Comme par exemple, au
ministère des Terres et Forêts, j'ai eu l'occasion de toucher le
problème de REXFOR, comme j'ai eu l'occasion de discuter des
conséquences de telles politiques par rapport aux compagnies
forestières. Comme le ministre, à mon sens, est responsable de la
Société québécoise d'exploration minière
devant le Parlement, il est tout à fait normal que je lui pose des
questions sur les sujets qui concernent le développement de nos
ressources naturelles, le développement, par exemple, du fabuleux
gisement de fer et de titane de la région de Mingan, le
développement, par exemple, des richesses naturelles dans la
région du lac Albanel. Je pense que le
ministre doit être informé de ces dossiers, quï sont
des dossiers importants, qui sont des dossiers dont les conséquences
économiques peuvent être importantes pour le Québec. C'est
dans ce sens... Je comprends... Ce n'est pas parce que nous avons la
Société québécoise d'exploration minière que
le ministre doit se défiler de ses responsabilités. Je pense que
l'une de ses préoccupations comme ministre des Richesses naturelles,
c'est aussi de faire en sorte non seulement que ces ressources servent d'abord
aux Québécois, mais qu'elles soient développées par
et pour les Québécois. Nous avons une société
d'exploration minière, et je ne peux pas comprendre que le ministre ne
puisse répondre. Si le ministre veut, demain, accepter que le
président de la Société québécoise
d'exploration minière soit présent pour lui souffler les
réponses, pour cela, il n'y a pas de problèmes, M. le
Président. Je suis prêt à suspendre mes questions
jusqu'à demain.
M. MASSE: M. le Président...
M. PEREAULT: Ce n'est pas la place.
M. LESSARD: Pourquoi ce n'est pas la place? En vertu de quel article ce
n'est pas la place, M. le Président?
M. PERREAULT: Hydro-Québec ne vient pas ici. Il n'y a pas de
société qui vienne ici.
M. LESSARD: Je peux poser des questions sur toute la planification
d'Hydro-Québec. Hydro-Québec est obligée de faire un
rapport chaque année. Pour elle, c'est différent. Ce n'est pas le
cas pour la Société québécoise d'exploration
minière.
M. PERREAULT: Elle fait un rapport.
M. LESSARD: A l'Assemblée nationale, lorsque j'ai des questions
concernant Hydro-Québec, à qui est-ce que je dois les poser?
M. PERREAULT: Ce n'est pas la même chose!
M. LESSARD: Lorsqu'il y a un problème concernant la
Société québécoise d'exploration minière,
à qui dois-je poser les questions?
M. PERREAULT: Vous mélangez des choux et des raves.
M. LESSARD: Non. Je ne mélange pas des choux et des raves. Je dis
au ministre que nous discutons du problème du développement des
richesses naturelles et que nous discutons du problème des richesses
naturelles. Comment cela se fait-il que ce matin nous avons parlé du
développement des mines de l'amiante? Pourtant, à un certain
moment, le développement des mines de l'amiante, c'est Asbestos
Corporation, c'est John Mansville et autres.
M. PERREAULT: Vous pouvez en parler. Il n'y a rien qui vous en
empêche.
M. LESSARD: Je demande au ministre s'il a été
informé, à un certain moment, du fameux gisement de minerai de
fer et de titane dans la région de Mingan et je dis que, dans cette
mine, l'un des problèmes il paraît que c'est un gisement
très considérable et je pense que le ministre des Richesses
naturelles devrait normalement connaître ce dossier est de pouvoir
séparer le fer du titane. Je demande si, au niveau du ministère,
des recherches particulières se font dans ce sens afin que ce gisement
puisse être exploité, et si ces recherches ne se font pas au
ministère des Richesses naturelles. Je demande au ministre où ces
recherches se font.
Si ces recherches ne se font ni au ministère des Richesses
naturelles, ni à d'autres organismes, le ministre me répondra
tout simplement non. C'est tout.
M. MASSE: Je pense que le député de Saguenay pose un
problème ici. Je pense qu'on a tenté de convoquer la commission
parlementaire des richesses naturelles à un certain moment pour entendre
des administrateurs de SOQUEM et qu'actuellement, on a à discuter des
crédits, à partir des activités du ministère des
Richesses naturelles, à étudier les crédits de ce
ministère.
Il est bien évident que cela peut poser un problème que de
convoquer à nouveau la commission des richesses naturelles, mais le
ministre est responsable de l'application de la loi et, en termes
administratifs, en termes d'activités, SOQUEM est parfaitement autonome
à l'exception des arrêtés en conseil pour autoriser
certaines dépenses, ce qui est dans la loi, autoriser SOQUEM à
s'associer à d'autres entreprises. Si vous me demandez dans la cadre des
crédits quel territoire possède SOQUEM dans ce gisement, je peux
vous dire, à cause des services d'enregistrement chez nous, que SOQUEM
détient la totalité des jalonnements. Mais, en ce qui concerne
les activités elles-mêmes de SOQUEM, je ne pense pas que cela soit
l'endroit. Il faudrait procéder par convocation de la commission
parlementaire pour ce but spécifique.
M. MORIN: M. le Président, je dois faire remarquer au ministre
que, dans plusieurs autres commissions où nous avons
étudié les crédits de ses collègues, notamment, par
exemple, le ministère de l'Industrie et du Commerce, on a
convoqué des gens, et nous avons pu interroger, par exemple, M.
Saulnier, président et directeur général de la SDI et il a
répondu longuement à toutes nos questions sur ses
activités. Vous pourrez prendre connaissance de la transcription des
débats. Je vous assure que nous avons poussé l'interrogatoire
très loin, jusqu'à l'interroger sur un certain nombre de
prêts qui ont été effectués par l'organisme dont
il est le président et sur lesquels il nous a donné toutes
les explications utiles.
De même en agriculture, on a fait venir, si ma mémoire est
bonne, le président de l'Office du crédit agricole, le
président également de la Régie de
l'assurance-récolte, un soir où je me trouvais avec mon
collègue de Saguenay, à la commission. Je ne vois pas pourquoi il
n'en serait pas de même dans cette commission-ci. Ce serait même de
nature à vous aider, M. le ministre.
M. MASSE: Je suis parfaitement conscient, mais je suis conscient aussi
que le temps réservé à l'étude des crédits
du ministère des Richesses naturelles, si on veut le prendre pour
examiner l'ensemble des activités de SOQUEM...
M. PERREAULT: II n'y a pas de temps limité.
M. MASSE: Les 45 jours, c'est important, c'est en termes de temps. Si on
veut prendre ce temps pour examiner les activités de SOQUIP et par la
suite, les activités d'Hydro-Québec, je pense qu'on crée
un précédent. Ce qui manque, ce que vous soulignez c'est qu'il
n'est peut-être pas suffisamment prévu dans la loi de SOQUEM pour
qu'on puisse entendre SOQUEM, alors que je vous dis qu'il peut y avoir un ordre
de l'Assemblée nationale, si c'est la procédure, de convoquer la
commission dans ce but spécifique.
M. MORIN: M. le Président, en ce qui concerne
Hydro-Québec, nous allons avoir l'occasion d'entendre...
M. MASSE: Est-ce que vous permettez d'ajouter une chose?
M. MORIN: Oui.
M. MASSE: C'est que je pense que le statut des organismes que vous avez
mentionnés, par rapport au ministère concerné,
était extrêmement différent, parce que si je suis bien
informé, la SDI émarge au budget du ministère de
l'Industrie et du Commerce, alors que ce n'est pas le cas pour SOQUEM, SOQUIP,
ces organismes par rapport aux Richesses naturelles.
M. LESSARD: Mais lorsqu'il y a une modification à la loi de
SOQUEM ou à la loi de SOQUIP, qui parraine le projet de loi?
M. MASSE: C'est le ministre des Richesses naturelles qui est responsable
de l'application de cette loi. Donc, il a à la transformer si
nécessaire.
M. LESSARD: Lorsque j'ai une question à soulever en Chambre
concernant, par exemple, l'exploitation du colombium, dans la région de
Saint-Honoré, à qui je dois poser la question?
M. MASSE: C'est une matière qui, comme les autres,
intéresse le ministère des Richesses naturelles. On consacre des
sommes pour les activités de ces entreprises, on administre les baux
miniers qu'elles possèdent, à l'intérieur de cela...
M. MORIN: M. le Président, je ne voudrais pas qu'on ait
l'impression que nous voulons coincer le ministre. S'il veut se renseigner sur
ce qui s'est fait dans les autres commissions, nous sommes tout à fait
prêts à attendre à demain matin et il peut nous donner une
réponse plus circonstanciée à ce moment-là. C'est
ce qui s'est fait ailleurs. Dans le cas d'Hydro-Québec, c'est une
exception, parce que nous allons avoir l'occasion de l'entendre longuement au
mois de juin. Alors, je dis au ministre, M. le Président, qu'il aille
aux nouvelles et qu'il se renseigne, et il verra que cela s'est fait ailleurs
et que c'est le seul endroit où nous puissions interroger SOQUEM ou
SOQUIP et cela ne serait sans doute pas très long. Je pense que, comme
dans le cas de la SDI, cela pourrait prendre une heure ou deux au maximum. Le
ministre nous donne l'impression, à tort, j'en suis sûr, qu'il a
quelque chose à cacher alors qu'il aurait tout
intérêt...
M. MASSE: Je n'ai absolument rien à cacher.
M. MORIN: C'est ce que je vous dis, mais vous donnez cette
impression.
M. PERREAULT: Nous avons tellement peu à cacher que nous avons
accepté de convoquer la commission des richesses naturelles pour SOQUEM
l'an dernier... Nous n'avons rien à cacher. Ne charriez pas.
M. LESSARD: D'accord. A ce moment-là, M. le Président, si
on se rappelle bien, l'an dernier nous avions convoqué, à la
suite de notre demande, je pense, la Société
québécoise d'exploration minière pour discuter des
gisements de columbium de Saint-Honoré. Nous avons pu interroger cette
sociéteté pendant deux jours, comme le souligne le ministre
adjoint et aspirant au ministère des Richesses naturelles.
M. MASSE: Chaque député aspire.
M. LESSARD: Je trouve cela curieux aujourd'hui, car il me paraît
tout à fait normal qu'au ministère des Richesses naturelles nous
puissions discuter du développement des ressources minières.
Même si le président avait voulu me mettre à l'ordre, il
aurait même pu dire que c'est au programme 2, puisque le programme 2 vise
à stimuler l'activité minière en participant avec
l'industrie à certains investissements en infrastructures, etc...
LE PRESIDENT (M. Gratton): II y a longtemps que j'ai abandonné
cela.
M. LESSARD: M. le Président, il y a des dossiers
généraux à discuter. Ce qui reste, c'est justement
l'énergie, à moins que l'on discute de l'énergie comme on
a commencé à en discuter, au programme des hydrocarbures, au
programme 6. Mais il reste le danger que, lorsqu'il y a une régie d'Etat
comme cela, le ministre se cache derrière la régie, se cache
derrière la société et ne puisse nous donner les
informations concernant l'exploitation de certaines ressources qui me
paraissent importantes pour le ministère des Richesses naturelles. C'est
une des fonctions du ministère d'aider au développement des
richesses naturelles.
Pour ma part, M. le Président, je le dis au ministre, je suis
prêt à conserver mes questions concernant la Société
québécoise d'exploration minière, mais je demande au
ministre, comme on l'a vu à différents ministères, de
convoquer lui-même le président de la Société
québécoise d'exploration minière.
Celui-ci nous donnera les informations nécessaires, comme on l'a
fait pour la Commission du crédit agricole.
M. MASSE: M. le Président, je n'ai absolument rien à
cacher de la part de ces sociétés, je pense que ce serait
créer un précédent. D'autre part, je vais m'informer de ce
qui s'est fait dans les autres ministères et, si les lois
prévoient ça, demain matin, je pourrai répondre au
député.
M. MORIN: C'est parfait, M. le Président.
M. LESSARD: C'est parfait, M. le Président. Cela m'oblige donc
à continuer les questions concernant la Société
québécoise d'exploration minière, ce qui, justement,
permettra au ministre de pouvoir s'informer auprès de M. Carbon-neau et
de répondre aux questions. Le ministre a parlé, dans son discours
préliminaire, de certains gisements qu'on avait découverts dans
le Nord-Ouest québécois. En particulier, il existe un gisement
d'or qui a été découvert par SOQUEM dans le nord-ouest,
près de Cadillac. Nous voudrions savoir si, suite à
l'étude qui a été faite soit par le ministère des
Richesses naturelles, soit par la Société
québécoise d'exploration minière, ce gisement est
maintenant exploitable commercialement.
M. MASSE: Lequel? Je m'excuse.
M. LESSARD: Le gisement d'or découvert dans le Nord-Ouest
québécois, près de Cadillac.
M. MASSE: C'est encore au stade de l'exploration, selon l'information
qu'on me fournit.
M. LESSARD: C'est encore au stade des forages, au stade de
l'exploitation...
M. MASSE: Délimitation du gîte.
M. LESSARD: Justement, suite à la rencon- tre que nous avions eue
avec la Société québécoise d'exploration
minière, concernant les gisements de colombium de Saint-Honoré,
nous avions constaté que SOQUEM s'était associée avec
Copperfield et il y a eu, depuis ce temps, une augmentation assez substantielle
de production de colombium à Oka par la compagnie Saint-Lawrence
Columbium. De plus, il semble que, dans la région de
Saint-Honoré, contrairement à ce qu'on nous avait laissé
entendre, la situation est assez stagnante, c'est-à-dire qu'on n'est pas
encore rendu véritablement à l'exploitation.
La question que je voudrais que le ministre pose à la
Société québécoise d'exploration minière,
s'il n'est pas capable de me répondre, est celle-ci: Est-ce que
c'était du "bluff" cette affaire, sinon, quand doit-on entreprendre les
travaux, la production à Saint-Honoré et comme on en avait
discuté lors de la commission parlementaire, est-ce qu'il y a des
contrats à long terme avec des consommateurs? Est-il vrai que 95 p.c. de
la production serait déjà vendue? Et si c'est le cas, pourquoi ne
va-t-on pas directement à l'exploitation alors que St. Lawrence
Columbium a augmenté considérablement sa production à Oka,
par suite de l'augmentation des prix du columbium.
M. MASSE: M. le Président, je pense que je ferai la même
réponse que pour le sel et le titane.
M. LEDUC: M. le Président, j'ai sérieusement une question
à ce stade-ci. Si on regarde les crédits du ministère des
Richesses naturelles, à ma connaissance, à moins que j'aie
été mal informé, aucun montant d'argent n'est prévu
à même le budget du ministère des Richesses naturelles pour
SOQUEM.
En conséquence, je me pose cette question-ci: Est-ce que nous ne
sommes pas hors d'ordre? Puisqu'il y a dans nos règlements un statut qui
dit que l'on doit faire le débat sur un sujet, ou si vous voulez, en
respectant la pertinence du débat. C'est une question peut-être
mal placée ou mal venue à ce moment-ci, mais ma crainte, c'est
que la même chose s'applique pour peut-être d'autres
sociétés qui appartiennent au gouvernement et je me demande
vraiment quelle est l'utilité du débat à ce moment-ci. Si
par hasard, le parlement décidait, par une motion, de convoquer SOQUEM,
nous aurions la pertinence du débat. Mais à ce moment-ci, je ne
crois pas que nous l'ayons cette pertinence du débat et je me demande
sérieusement, malgré la bonne volonté du ministre de
répondre à ces questions demain et j'admire sa bonne
volonté, sa collaboration je me pose sérieusement la
question: Est-ce qu'on ne perd pas son temps? Et est-ce qu'il n'y aurait pas un
autre moment, beaucoup plus valable, pour discuter à fond de toute la
politique de SOQUEM, de tous ses programmes, de tous ses projets et à ce
moment, on fera une
motion en Chambre pour convoquer SOQUEM?
M. LESSARD: M. le Président, sur le point des règlements,
j'invite le député de...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Taillon.
M. LESSARD: ... Taillon à lire le sous-article 3 de l'article 27.
A l'occasion de ce débat, c'est-à-dire le débat sur le
budget, un député ne peut prononcer qu'un seul discours dans
lequel tous les sujets peuvent être abordés, nonobstant le
paragraphe 2 de l'article 99.
Ce paragraphe concerne justement des questions au feuilleton.
Je dois vous dire, M. le Président, que nous sommes actuellement
à la continuation du débat sur le budget du ministre Garneau.
Nous étudions actuellement chacun des ministères à
l'intérieur desquels était compris l'ensemble du budget.
Autre chose, toujours sur le point de règlement, l'une des
responsabilités du ministère des Richesses naturelles, c'est
aussi de voir au développement des richesses naturelles, de voir
à la stimulation du développement des richesses naturelles.
Or, nous avons actuellement des développements possibles dans
certaines régions du Québec. Nous avons le problème, par
exemple, dans la région du Lac Albanel. Nous avons le problème
dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean concernant le
développement...
M. HARDY: M. le Président, la question de règlement, pas
un discours! Moi aussi j'ai à parler sur la question de
règlement.
M. LESSARD: Moi aussi, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. LEDUC: L'argumentation ne tient pas, parlez sur le point de
règlement, ne charriez pas, tout de même !
M. LESSARD: J'explique, M. le Président, pourquoi le débat
est pertinent, pourquoi il est...
M. LEDUC: II n'est pas pertinent. Il n'y a pas un Jupiter de sou dans le
budget du ministère des Richesses naturelles pour SOQUEM.
M. LESSARD: Oui, mais, M. le Président...
M. LEDUC: Trouvez-moi un sou dans le budget du ministère des
Richesses naturelles et vous aurez la permission, mais actuellement vous ne
l'avez pas.
M. LESSARD: ... Il y a un budget de $4,303,000 qui est prévu au
programme 2.
M. LEDUC: Le budget de SOQUEM de $3,500,000 n'est pas là-dedans,
mais il est au ministère des Finances.
M. LESSARD: II y a, M. le Président, un programme de $3,541,000
qui est prévu à inventaires et recherches. Or, nous demandons au
ministre où en est rendue l'exploitation de certaines ressources
minières? Je pense qu'il est normal, pour le ministre des Richesses
naturelles, qui connaît ce dont il doit parler, qu'il connaisse où
nous en sommes rendus en ce qui concerne l'exploitation de certaines ressources
ou l'exploitation en puissance de certaines ressources. C'est dans ce sens que
nous posons des questions au ministre des Richesses naturelles. S'il n'est pas
capable de répondre, il n'a qu'à nous dire qu'il est ignorant de
cette question.
M. LEDUC: Des questions en rapport avec ce qu'il y a dans le budget.
Autrement, si on suit l'argumentation de...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. HARDY: M. le Président...
M. LESSARD: La politique énergétique. Quand est-ce que
nous allons parler de la politique énergétique?
M. HARDY: Sur la question de règlement, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. HARDY: Sur la question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Sur la question de règlement, le
député de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, sur la question de règlement.
Je vais tenter d'exposer la question de règlement sans recourir, comme
le député de Saguenay, à des injures personnelles à
l'endroit du ministre ou à l'endroit d'autres membres.
M. LESSARD: En quoi ai-je dit des injures?
M. HARDY: Vous venez de traiter le ministre d'ignorant.
M. LESSARD: Non, non! Je regrette. L'article 96, M. le
Président...
M. HARDY: L'article 96, c'est quand j'ai fini de parler ! Laissez-moi
finir.
M. LESSARD: D'accord! Allez-y.
M. HARDY: M. le Président, je ne sais pas si c'est l'absence du
leader parlementaire du Parti québécois qui fait que le
député...
M. LESSARD: La pertinence du débat, article 98.
M. HARDY: Laissez-moi terminer, et vous allez voir que c'est très
pertinent. Ce sera trop pertinent, cela va vous faire mal.
M. LESSARD: Aucunement...
M. HARDY: M. le Président, je ne sais pas si c'est l'absence du
leader parlementaire du Parti québécois qui fait divaguer
à ce point le député de Saguenay sur
l'interprétation du règlement, mais nous sommes en commission
parlementaire pour étudier les crédits du ministère des
Richesses naturelles et le député de Saguenay nous a cité
l'article qui régit la discussion du débat sur le discours du
budget en Chambre, l'article 27, troisièmement, qui dit qu'on peut
parler de tout sujet.
M. LESSARD: Non, l'article 127.
M. HARDY: C'est l'article qui s'applique au discours du budget en
Chambre. Ici, en commission parlementaire et le député de
Taillon avait parfaitement raison la règle de la pertinence du
débat veut que, lorsque nous sommes sur un programme ou sur un
élément de programme, l'on discute des crédits qui
s'appliquent à ce programme et à cet élément de
programme. On ne peut pas parler de toute question qui intéresse
l'administration provinciale. Laissez-moi terminer! J'ai
écouté...
M. LESSARD: Parce que vous venez d'arriver...
M. HARDY: J'ai écouté vos sottises tantôt.
Laissez-moi terminer.
M. LESSARD: Parce que vous venez d'arriver et vous n'êtes pas au
courant du programme où nous sommes rendus. Pour le moment, nous sommes
à la discussion générale.
M. HARDY: M. le Président...
M. LEDUC: Cela n'a pas d'importance, le programme, en discussion
générale...
M. HARDY: M. le Président, la discussion générale
qui est admise, qui n'est pas strictement conforme au règlement, mais
qui est admise selon la coutume, il faut quand même que cela se rapporte
à des crédits du ministère que l'on étudie. On ne
peut pas, même à la discussion générale, discuter de
questions qui ne sont pas incluses dans les crédits que l'on discute.
Or, actuellement, vous discutez de questions, d'organismes dont les
crédits ne sont pas inclus dans le budget du ministère des
Richesses naturelles. Si vous voulez interroger des gens de ces organisations,
comme le député de Taillon l'a très bien dit le
député de
Taillon connaît son règlement, il l'a lu comme le
député de Taillon l'a mentionné... Il peut y avoir une
motion en Chambre convoquant la commission des richesses naturelles, convoquant
ces personnes pour les interroger. Mais ce n'est pas à l'occasion de
l'étude des crédits. Quand vous étudiez les
crédits, il faut que vous vous en teniez aux éléments qui
sont contenus dans ces crédits. C'est la raison pour laquelle la
question de règlement soulevée par le député de
Taillon était tout à fait exacte. Vous ne suivez pas,
actuellement, la règle de la pertinence du débat.
M. LESSARD: M. le Président...
M. HARDY: Même si le ministre des Richesses naturelles voulait
continuer sur cette voie, à cause de sa bonne volonté, comme on
l'a mentionné, cela n'est pas conforme au règlement. Il faudrait
la décision unanime, le consentement unanime des membres de la
commission pour que vous puissiez continuer à discuter en dehors de la
pertinence du débat.
M. LESSARD: M. le Président, revenons d'abord à l'article
96. Je n'ai jamais dit que le ministre était ignorant. J'ai cependant
dit que si le ministre n'est pas au courant, il n'a tout simplement qu'à
nous le dire et là, on jugera de son ignorance.
M. HARDY: Vous avez parlé d'ignorance. Vous ne vous rendez
même pas compte de ce que vous dites.
M. LESSARD: Deuxièmement, M. le Président, en ce qui
concerne la pertinence du débat, je pense que l'une des
responsabilités du ministre des Richesses naturelles est de voir au
développement des ressources. Est-ce que le député de
Terrebonne pourrait me dire, par exemple si j'accepte son
interprétation des règlements comment nous pourrons
discuter de la Société québécoise d'initiative
pétrolière comme nous l'avons fait ce matin?
M. HARDY: En la convoquant.
M. LESSARD: Non, M. le Président. Nous allons discuter de la
politique énergétique ici à cette commission
parlementaire. Nous avons l'intention de le faire et je pense que c'est tout
à fait dans les règles et dans les normes que nous puissions
interroger le ministre parce que, comme je le lui faisais remarquer tout
à l'heure, c'est le ministre qui est responsable de la
Société québécoise d'exploration minière
devant l'Assemblée nationale Est-ce que le député de
Terrebonne pourrait me dire, par exemple, puisqu'il n'était probablement
pas là tout à l'heure, à quel ministre je dois poser mes
questions quand il s'agit de la Société québécoise
d'exploration minière, à quel ministre à
l'Assemblée nationale je dois poser mes ques-
tions lorsqu'il s'agit d'Hydro-Québec, à quel ministre je
dois poser mes questions...
M. LEDUC: ... à l'Assemblée nationale, quand vous parlez
de vos questions, ici, nous sommes en commission parlementaire.
M. LESSARD: A ce moment, si nous sommes en commission parlementaire,
veuillez vérifier justement vos règlements qui disent que les
règlements qui s'appliquent à l'Assemblée nationale
s'appliquent aussi aux commissions parlementaires.
M. MORIN: Cela serait, de toute façon, créer un
précédent que d'exclure la discussion sur SOQUEM parce que, dans
les crédits des années passées, on l'a fait. Je me demande
sur quel genre de précédent vous vous appuyez pour essayer de
bâillonner de la sorte l'Opposition sur un sujet...
M. LEDUC: II n'est pas question de bâillonner...
M. MORIN: Nous avons déjà perdu...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. MORIN: ... une demi-heure en discussions futiles, en pure
procédure, alors que si nous avions parlé de SOQUEM, si nous
avions pu interroger le ministre, il aurait volontiers répondu à
la question. Nous n'aurions pas perdu tout le temps que le député
de Terrebonne nous a fait perdre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! Sur la question de
règlement, je pense que, en définitive, les membres de cette
commission peuvent adresser des questions au ministre quant aux
opérations de SOQUEM, mais seulement dans le cadre du programme des
inventaires et recherches du budget et des crédits que nous sommes
appelés à adopter. J'invite donc...
M. LESSARD: C'est cela. Ils ne comprennent pas cela.
M. HARDY: II est extraordinaire d'être aussi malhonnête.
M. LESSARD: M. le Président, dans le programme des inventaires et
des recherches, il y a des inventaires et des recherches qui sont faits par le
ministère des Richesses naturelles sur des gisements qui sont
actuellement...
M. HARDY: Avez-vous compris ce que j'ai dit: J'ai dit que vous aviez
droit de discuter de tout ce qui se trouve dans les programmes.
M. LESSARD: C'est justement ce que nous faisons. Si le
député de Terrebonne c'est justement ce que nous faisons
depuis le début, M. le Président avait compris les
questions, probablement que, avant d'intervenir de façon inopportune, il
serait aller s'occuper de son ministère des Affaires culturelles qui
végète. Il serait probablement beaucoup plus utile là que
de venir discuter de choses...
M. CARPENTIER: C'est une autre accusation.
M. HARDY: C'est pour cela que votre représentant du Parti
québécois a laissé adopter des crédits en quelques
heures seulement. Si cela va si mal que cela, pourquoi ne nous disait-il pas
comment cela pourrait aller mieux?
UNE VOIX: A l'ordre!
M. HARDY: II ne nous a fait aucune suggestion. Votre parti et
vous-mêmes aviez l'occasion de venir faire des suggestions. Ah! Vous
levez les bras en l'air. C'est justement votre collègue, le
député de Saguenay, qui s'aventure dans des avenues qui sont
absolument hors d'ordre. Commencez donc par respecter l'ordre avant de faire la
leçon aux autres.
M. MORIN: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, Messieurs! Le député
de Sauvé.
M. MORIN: Nous sommes aux crédits des Richesses naturelles.
M. HARDY: Certainement. Mais dites cela à votre collègue
de gauche ou de droite.
M. MORIN: Nous ne sommes pas ici aux crédits des Affaires
culturelles.
M. HARDY: Dites donc cela à votre collègue de droite.
M. LESSARD: D'accord, ...
M. HARDY: Etes-vous sourd de l'oreille droite?
M. LESSARD: ... mais allez donc vous occuper de votre ministère
et nous autres, on va s'occuper de discuter des Richesses naturelles.
M. HARDY: J'ai le droit et je vais écouter. Si vous ne respectez
pas le règlement, je vais attirer l'attention du président. Ce
n'est pas vous qui allez me dicter ce que j'ai à faire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, Messieurs!
M. HARDY: Vous aussi, respectez votre règlement. Ce n'est pas
parce que vous êtes le député de Sauvé...
M. MORIN: Laissez-nous travailler.
M. HARDY: Oui, mais travaillez dans l'ordre. Savez-vous ce que c'est que
l'ordre?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, Messieurs! Le député
de Taillon, sur une question de règlement.
M. LEDUC: Je pense que le député de Sauvé a
peut-être été un peu vite lorsqu'il a demandé au
député de Terrebonne de nous laisser travailler. Je pense que le
député de Sauvé admettra que même si le
député de Terrebonne est ministre des Affaires culturelles, il a
le même droit que chacun des autres députés de participer
à une commission parlementaire.
M. MORIN: Parfaitement. Mais s'il avait été là
avant, il n'aurait pas soulevé tous ces points de procédure.
M. LEDUC: Cela n'a pas d'importance s'il a été là
ou non, puisque le point qu'il a soulevé, il l'a soulevé au
moment opportun après que j'aie eu commencé à soulever ce
point.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est cela. Sur ce, Messieurs, la commission
ajourne ses travaux à demain 10 heures.
(Fin de la séance à 17 h 55)