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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Etude des crédits du ministère des
Terres et Forêts
Séance du jeudi, 8 mai 1975
(Dix heures onze minutes)
M. Lafrance (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
La commission permanente des richesses naturelles et des terres et
forêts...
La parole est au député de Beauce-Sud.
M. Roy: Je pense que le ministre a une réponse à
apporter.
Le Président (M. Lafrance): D'accord. M. le ministre a une
réponse à apporter. Alors, M. Gagnon, au nom du ministre des
Terres et Forêts.
Réserve des trois chaînes (suite)
M. Drummond: Je suppose que le cas dont il s'agit concerne le
club de motoneige Le Montagnais. Est-ce cela?
M. Roy: Exactement cela.
M. Drummond: Alors, l'examen du dossier relatif au permis du
débarras d'un sentier de motoneige accordé au club Le Montagnais
indique que ce permis a été accordé pour la période
d'exercice 1973/74 et que le permis a été émis le 10
janvier 1974, soit avant que le ministère ne prenne la décision
de suspendre temporairement l'application de la loi sur la réserve des
trois chaînes.
Si on fait l'historique de la situation, le club Le Montagnais, avant de
demander un permis de coupe au ministère, a rencontré un certain
nombre de propriétaires des lots, près de la rivière
Métis, sur lesquels devait passer le sentier et a obtenu, de ces
propriétaires, un droit de passage de 25 ans.
Ce qui est arrivé est ceci: Certains propriétaires n'ont
pas voulu accorder ce droit de passage et c'est à ce moment que le club
s'est adressé au ministère des Terres et Forêts pour
obtenir le droit de passer dans la réserve des trois chaînes.
Maintenant, comme il n'y a personne d'identifié parmi les
propriétaires, on peut dire que cela a pu affecter les
propriétaires qui se trouvaient dans les rangs 4, 5 ou 6. Il semble que
l'octroi de ce permis au club a permis à certains propriétaires
de contester ce geste en tenant pour acquis que la réserve des trois
chaînes ne s'applique pas parce que la rivière Métis
traverse ses lots dans le sens de la longueur, principalement sur le lot
52.
Alors, la question est là. Le permis a été
émis avant que le ministère ne prenne sa décision de
suspendre l'application de la loi sur la réserve des trois
chaînes. Il n'y a pas d'autre explication que ces gens veulent ainsi
contester l'existence de la réserve, du fait que la rivière ne
passe pas au bout du lot, mais qu'elle traverse le lot. C'est là un cas,
évidemment, qui ne peut être réglé individuellement.
Il devra être considéré dans l'ensemble de la politique en
matière de réserve des trois chaînes.
M. Roy: M. le Président, je pense que nous avons quand
même là un cas...
Je remercie d'abord le sous-ministre adjoint de nous avoir fait part de
ces informations ce matin, mais nous avons justement là un cas qui nous
démontre l'ampleur du problème que peut causer cette fameuse
réserve des trois chaînes à l'endroit de
propriétaires terriens. On parle de faire de l'aménagement
sylvicole, on parle de faire certains investissements pour tâcher
d'organiser des coupes de bois rationnelles. On parle de faire de la mise en
valeur de ces terrains et il s'agit de gens qui sont propriétaires d'un
lot qui a été patenté. Il y en a un entre autres, c'est la
demie-nord-est du' lot 51 qui a été patenté le 17
août 1903. Je ne parle pas des billets de location. La demie-sud-ouest du
lot 51 qui a été patenté également en 1903, mais le
31 août. Un autre a été patenté le 15 août
1908 et un autre qui a également été patenté, le
lot 53 de 100 acres, le 7 avril 1894.
M. le Président, à quoi servirait, pour les
propriétaires de lots boisés, de faire de la sylviculture, de
faire des aménagements sylvicoles si le même ministère des
Terres et Forêts donne des droits de passage afin de faire des chemins
d'une largeur de 50 pieds, en pleine forêt... Oui, pour qu'on aille
vérifier, pour qu'on aille prendre des photos. De 40 à 50 pieds
en pleine forêt pour permettre aux sportifs de pouvoir
bénéficier d'espaces de terrain pour s'adonner à leur
sport favori.
Je ne m'en prends pas au club Le Montagnais, ni aux gens qui se sont
organisés un club de motoneige pour pratiquer le sport de la motoneige,
mais je dis qu'il va falloir qu'on finisse par déterminer qui est quoi
et quels sont les droits des propriétaires. Ce qui est d'autant plus
grave, M. le Président, c'est que si on pousse le raisonnement au bout
et qu'on maintient la définition que donne le ministère des
Richesses naturelles pour ce qui a trait aux cours d'eau, il reste très
peu de propriétaires au Québec qui sont propriétaires d'un
boisé de ferme de plein droit, parce qu'on sait que le petit cours
d'eau, toujours selon l'interprétation du ministère des Richesses
naturelles, est un cours d'eau qui permet à une boîte d'allumettes
de flotter.
Cette phrase n'est pas de moi, je l'ai entendue des officiers du
ministère, parce que je n'oserais jamais la dire moi-même,
tellement ça peut sembler ridicule.
Il y a toute cette question qui fait que les gens qui sont
propriétaires de terrains sur lesquels traverse un cours d'eau, si
minime soit-il, ont actuellement une épée au-dessus de la
tête, ils ne savent pas du tout ce que demain leur réserve, ce que
le ministère décidera.
J'ai un autre dossier auquel je me référais tout
à l'heure, concernant les droits de coupe. C'est la raison pour
laquelle je dis que, si cette pratique se fait uniquement dans le cas de ces
personnes, en vertu de la loi, il y a une discrimination grave à
l'endroit de ces personnes parce qu'il s'agit d'une loi qu'on veut universelle
et, si on applique cette même pratique dans tout le territoire du
Québec, on peut se demander où nous allons présentement.
Est-ce qu'on pourra réellement faire en sorte que ceux qui voudront
bénéficier du crédit forestier pour faire de
l'aménagement, pour faire dès travaux sylvicoles, vont se trouver
"enfargés", le lendemain, par une décision du ministère
des Terres et Forêts qui va accorder des droits de passage pour des
touristes, qui va accorder des droits de passage pour des clubs de motoneige,
pour des clubs sportifs et, cela, sans avertir celui qui paye les taxes de
ladite propriété et ça, depuis trois
générations.
C'est pourquoi je dis que le problème de la réserve des
trois chaînes est un problème numéro un. On aura beau
parler des crédits forestiers, on aura beau parler de toutes sortes de
choses au niveau du ministère des Terres et Forêts, mais il reste
que la forêt privée au Québec est menacée, je dis
bien menacée et je pèse mon mot, par le fait que cette question
de réserve des trois chaînes n'est pas tranchée. Nous
pourrions aller plus loin et dire que, dans d'autres régions de la
province, ceci est à la discrétion de ceux qui dirigent les
bureaux régionaux du ministère des Terres et Forêts.
M. le Président, j'aimerais demander au ministre puisqu'il
dit que c'est avant que les directives aient été données,
puisque je n'ai pas les copies des arrêtés en conseil pour
combien de temps, dans le cas des gens qui sont mentionnés ici, on a
accordé le droit de passage au club de motoneige Le Montagnais.
On a dit, dans certains cas, qu'il y avait des personnes qui avaient
cédé des droits de passage pour 25 ans. Dans le cas des personnes
qui ont refusé et dont le ministère des Terres et Forêts a
accordé le permis...
M. Drummond: Ce qui est un peu surprenant là-dedans, si on
prend le cas des propriétaires qui prétendent être
possesseurs de la réserve et sur laquelle la piste de motoneige a
été construite....
Ce qui est surprenant, c'est que la plupart des propriétaires de
lots de la région ont consenti ils sont un certain nombre
à ce que le club fasse un tel sentier et qu'on arrive à un moment
donné, si l'on voulait préserver un certain volume de bois qui se
trouvait dans la réserve... comment se fait-il que ces
propriétaires n'ont pas accepté, comme les autres, de les laisser
passer un peu plus loin de la rivière, sur des terrains qui
étaient, d'après ce que j'en sais, pas tellement
boisés.
Je prétends, à ce moment-là c'est personnel,
évidemment que peut-être, on a voulu profiter un peu de
cette occasion en forçant les gens à passer dans la
réserve pour contester l'existence de cette réserve qui, à
leur sens, leur appartiendrait.
Pour ce qui est du permis, les gens qui ont accordé un droit de
passage, c'est valide pour 25 ans. En ce qui concerne la réserve, la
question de la validité du permis ne se pose pas tellement, puisque le
sentier est construit.
A ce moment-là, cela veut dire que le club peut utiliser ledit
sentier tant et aussi longtemps qu'il n'y a pas de décision finale prise
quant à la réserve elle-même.
Maintenant, pour ce qui est des volumes de bois, si l'on
considère qu'il a été coupé une dizaine de cordes
de bois, sur une trentaine d'acres, cela veut dire que le volume n'était
pas tellement considérable, d'autant plus que le permis prévoyait
la coupe de cinq cordes sur dix, dans un peuplement en reconstruction,
puisqu'on trouve du bouleau blanc, en grande partie.
M. Roy: J'aurais peut-être quelques questions
additionnelles à poser, parce que j'ai quand même un dossier assez
complet, d'ailleurs fort volumineux, sur ce cas précis.
J'en aurais d'autres, mais je pense que ce cas va illustrer suffisamment
la situation sans que nous soyons obligés de reprendre d'autres
dossiers.
Les lots que j'ai mentionnés tantôt ont été
vendus par Mme Lionel Anctil à M. Gilbert Desrosiers. Le 9 novembre
1973, ordre d'achat du gouvernement est fait par M. J.-Léopold
Francoeur, agronome des propriétés, terre et bâtisses,
à Mme Gloriane Beaulieu-Anctil, pour la somme de $4,900. C'est le prix
qu'on aurait offert aux personnes mentionnées.
L'acquisition de la réserve des trois chaînes, au dire de
M. Desrosiers, aurait coûté $10,000, si les personnes avaient
voulu s'en porter acquéreurs pour être les propriétaires de
plein droit. C'est complètement différent entre la valeur qu'on a
offerte pour l'achat de la propriété et la valeur que le
gouvernement aurait demandée à ces personnes qui se portaient
acquéreurs de la réserve des trois chaînes. C'est là
que je me pose la question, à savoir ce que vaut aujourd'hui un terrain
sur lequel le gouvernement a des droits, par rapport à la valeur des
trois chaînes. Le gouvernement aurait des droits concernant la valeur des
trois chaînes.
Le problème est de taille, vous savez. Je pense, M. le
Président, qu'on est en face de la remise en cause d'un droit de
propriété, le droit de propriété non pas pour des
dizaines de milliers, mais je dirais pour plus de 100,000 propriétaires
de terrains au Québec. C'est le 22 octobre I973 que M. Jean-Marie
Bourbeau, sous-ministre aux Terres et Forêts, accorde au club de
motoneige Le Montagnais, à Saint-Angèle-de-Mérici, un
permis pour l'aménagement de sentiers, sans aucun avertissement. Ces
gens n'ont pas été avertis par le ministère des Terres et
Forêts que le gouvernement accordait le droit de passage à ces
véhicules.
Le ministère aurait répondu qu'il était dans
l'impossibilité d'avertir les propriétaires des terrains contigus
et, ce qui est pire, à cause des
nombreuses transactions privées qui ont eu lieu depuis
l'émission des lettres patentes. Autrement dit, il était
difficile pour le ministère de retracer qui était
propriétaire, mais il y avait une façon bien simple de retracer
qui était propriétaire, c'était de s'adresser aux
secrétaires municipaux de l'endroit, parce qu'on devait quand même
savoir, à ce moment, qui était sur le "payroll",
c'est-à-dire le rôle des taxes des municipalités.
Je vous fais part, M. le Président, des informations que ces gens
m'ont fournies. Je n'ai pas visité les lieux.
Si vous me permettez, vous dites que ces gens n'ont pas
été avertis, cela me surprend un peu. D'abord, si c'est un permis
qui est émis sur les terres de la couronne, étant donné
qu'à ce moment, la réserve des trois chaînes s'applique,
disons, en faveur des gens que vous avez mentionnés, ils
prétendent que la réserve leur appartient. Or, le
ministère n'a jamais dit que la réserve leur appartenait. Alors,
on pourrait dire à prime abord que le ministère n'avait pas de
permission à demander aux particuliers pour émettre un permis sur
les terres de la couronne. Je ne parle pas après la décision de
suspendre l'application de la loi. C'est différent. A ce moment, les
gens ont le droit de couper pour autant qu'ils sollicitent un permis du
ministère, mais pour les autres, ce n'est pas vrai qu'ils n'ont pas
été informés, puisque le club a obtenu d'un certain nombre
de propriétaires l'autorisation de faire un chemin, un droit de passage
pour 25 ans. Alors, ils ont été informés.
Dans le cas des personnes concernées qui ont refusé, elles
étaient au courant d'un projet de construction du chemin, elles n'ont
pas voulu que le club fasse le débarras d'un sentier, parce qu'il y a
une différence entre les deux. A ce moment, il ne restait pas d'autre
choix au club pour faire son chemin que de demander au ministère de
passer sur la partie de ces terrains qui était considérée
comme propriété de la couronne. En fait, les gens étaient
au courant de la question, mais je ne leur prête pas de mauvais
sentiments, je dis simplement que, dans leur esprit, ils considéraient
la réserve comme leur appartenant, tandis qu'en fait cette question
n'est pas réglée.
M. Roy: M. le Président, j'aimerais savoir à ce
moment, si le ministère des Terres et Forêts dispose d'une copie
de la correspondance qui aurait été échangée entre
les propriétaires du club Le Montagnais et les personnes
propriétaires de ces terrains.
M. Drummond: On fait chercher et on fera déposer toute
correspondance sur le sujet. J'aimerais toutefois signaler que, j'admets la
pertinence de l'argument, tout cela, mais je veux signaler aussi que
c'était avant qu'on assouplisse l'application de la réserve des
trois chaînes, parce qu'on reconnaît qu'il y a des problèmes
là-dessus. Alors, c'est ce point que je veux souligner, on
reconnaît qu'il y a un problème. C'est pour cela qu'on
procède, en essayant de trouver une solution qui serait
équitable.
M. Roy: Oui, je suis bien d'accord avec le ministre.
M. Drummond: Je suis encore un peu mal pris, parce que je ne suis
pas un grand amateur de la motoneige.
M. Roy: Disons que nous avons peut-être des goûts
communs. Je pense que c'est quand même assez important, parce qu'il peut
s'agir d'un précédent, mais il peut s'agir d'un
précédent extrêmement dangereux. Ce que j'aimerais savoir,
ici, puisque le sous-ministre adjoint nous dit que les propriétaires de
ces terrains avaient refusé audit club le droit de passage.J'aimerais
savoir si, au ministère, on dispose de documents qui prouvent
qu'effectivement, les dirigeants de ce club ont contacté les personnes
intéressées, s'ils ont eu des demandes écrites et s'il y a
eu des refus? Parce qu'il y a une différence entre des rencontres
où on s'est limité à des discussions verbales ou encore
à des contacts, et celles où, à un moment donné, il
y a eu une correspondance d'échangée.
M. Drummond: La question a été posée hier
matin. Alors, vous concevez qu'il y a plusieurs services qui sont
impliqués là-dedans. Il y a le service des terres, le service de
l'exploitation forestière. Il y avait des documents à examiner,
il y avait des cartes à examiner, tout ça. Je ne voudrais pas
qu'on nous comprenne mal. Ce que j'ai dit, c'est qu'il y a des
propriétaires qui ont accepté, qui ont donné un droit de
passage pour 25 ans. Lorsque je dis que les autres ont refusé, je vais
peut-être un peu loin, mais ce que je veux faire comprendre, c'est ceci:
Puisque le club a été obligé de demander pour passer
vis-à-vis de certains lots, sur certains lots, dans la réserve
des trois chaînes, je présume qu'il y a eu refus, à un
moment donné. Autrement, il serait passé sur les lots, il aurait
continué sur les terrains privés.
Or, on a en main le droit de passage pour ceux qui ont accepté de
laisser passer le chemin sur leurs lots. Pour les autres, évidemment, on
n'a rien, puisqu'on a demandé un permis pour couvrir les terrains
vacants qui étaient au bout de ces lots.
M. Roy: Je comprends.
M. Drummond: Je présume, à ce moment-là,
qu'il y a eu refus. Autrement, s'il avait pu obtenir l'assentiment, les
pièces seraient là, au dossier, pour donner le droit de
passage.
M. Roy: C'est tout de même hypothétique. M.
Drummond: Oui, hypothétique.
M. Roy: C'est tout de même hypothétique. Parce qu'on
sait très bien, à un moment donné, qu'il y a des personnes
qui ont pu dire un non catégorique, pour des raisons que nous ignorons,
que le ministère ignore et que j'ignore; comme, également, il a
pu y avoir un contact direct avec le ministère des Terres et
Forêts, justement parce
que les gens ne demeuraient plus sur ces lots, mais que les gens
demeuraient en ville, plus précisément à Rimouski.
M. Drummond: Cela a été fait par le club
lui-même, en 1972. Il a fait des approches. C'était dans le cadre
d'un programme avec le Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et
aux Sports. Il a demandé aux gens du club de rencontrer les
intéressés pour essayer de s'entendre là-dessus.
Evidemment, c'est le club qui a fait toutes les approches. A un moment
donné, il a dû se dire, en examinant la documentation: II n'y a
pas moyen. Il y a des places où on n'a pas pu s'entendre ou quoi?
Alors, pour être capable de faire notre sentier, il faudrait
passer en bordure de la rivière. C'est à ce moment qu'ils ont
demandé au ministère d'émettre un permis pour leur
permettre de construire leur chemin, mais les pièces que nous avons au
dossier concernent ceux qui ont accepté de donner un droit de passage
pour 25 ans. Quant aux autres, étant donné que ces gens ont fait
des revendications et qu'ils n'étaient pas d'accord, pour une raison ou
pour une autre, je présume...
M. Roy: II y a quand même un autre fait aussi. Lorsque le
ministère des Transports je parle du gouvernement lui-même
désire passer une route ou encore lorsque Hydro-Québec
désire passer une ligne électrique, on va chez les
propriétaires et on paie des droits de passage. C'est normal.
M. Drummond: C'est une propriété privée
à ce moment.
M. Roy: Oui, c'est de la propriété privée,
mais là, c'est toute l'interprétation de la Loi des trois
chaînes. Je comprends que je ne veux pas revenir...étant
donné que le ministère a annoncé un assouplissement
là-dessus, mais je veux bien, pour les fins du journal des
Débats, pour les besoins des membres de la commission, faire un rappel
historique de toute cette question des trois chaînes.
On sait que, dans la Loi de la pêche... Le 1er juin 1884, une loi
a été votée en Chambre, à l'Assemblée
législative, à l'époque, en vue de conserver au
gouvernement une réserve de trois chaînes de chaque
côté des lacs, bordant les lacs et les rivières non
navigables du Québec pour des fins de pêche. La loi de 1884 est
très claire. Elle dit que la réserve des trois chaînes
était réservée pour le gouvernement pour des fins de
pêche et c'est en 1919 qu'un amendement a été
apporté à cette loi et qu'on a changé les mots "en pleine
propriété". On a remplacé les mots "pour des fins de
pêche" pour indiquer "en pleine propriété" en faveur du
gouvernement et cet amendement n'a jamais paru dans la Loi des terres et
forêts, sauf qu'en 1969, si ma mémoire est bonne, un amendement
à la Loi de la conservation de la faune, c'est-à-dire dans la Loi
de la conservation de la faune, un paragraphe a été ajouté
qui amendait la Loi des terres et forêts pour ajouter à la Loi des
terres et forêts la réserve des trois chaînes.
A partir de là, on a considéré cette loi comme
étant rétroactive à partir de 1884 alors qu'il n'a jamais
été question des mots "en pleine propriété" en
faveur du gouvernement avant 1919 . En 1919, il n'est dit dans aucun document
gouvernemental, nulle part, que la loi de 1919 était rétroactive
à 1884. Il n'est pas question de cela et si on dit que, dans le doute,
on doit toujours protéger le petit, et je dis bien: On doit
protéger le petit, actuellement, ce n'est pas le petit qui a
été protégé parce que, si on se
réfère à la lettre de la loi, en tenant compte du fait
qu'il n'a jamais été question en 1919 que cette loi soit
rétroactive, il s'agit d'une dépossession complète pour
des centaines et des milliers de propriétaires du Québec parce
que la jurisprudence, au niveau de l'interprétation des textes
législatifs, est bien claire là-dessus:
Pour qu'une loi soit rétroactive, il faut que ce soit
spécifié et cela n'a jamais été
spécifié. Or, dans le cas des personnes et des dossiers auxquels
je me suis référé ce matin, il s'agit de droits de
propriété qui ont été concédés avant
1919. Parce qu'on se rappellera que la grande époque de la concession
des terres s'est faite à partir de 1880, dans la majorité des
régions du Québec, à aller, à peu près, vers
les années 1910. Là, je fais exclusion du Nord-Ouest
québécois. C'est cela, M. le Président, qui est tout le
problème. Il va falloir que cette question soit tranchée le plus
vite possible.
M. Drummond: M. le Président, c'est seulement pour
souligner que personne n'a contesté cette affaire de
rétroactivité devant la cour. Même si le gouvernement
allait devant la cour, le gouvernement dirait que le gouvernement avait raison.
Alors, il faudrait que quelqu'un défende l'autre point de vue. Personne
ne l'a fait jusqu'à ce jour.
M. Roy: Je voudrais dire au ministre là-dessus... Je
m'excuse auprès de mon collègue. Je suis intervenu à
plusieurs reprises pour éviter que ce dossier aille devant la cour parce
que je ne voulais pas qu'il devienne sub judice.
M. Drummond: Je pense que le ministre a toujours dit qu'il
préfère une solution qui ne nous amène pas devant la cour
non plus; alors, nous avons le même point de vue.
M. Roy: J'ai empêché plusieurs personnes, justement,
qui avaient l'intention d'intenter des procédures contre le gouvernement
à ce sujet, de le faire et je leur ai dit: Ne touchez pas à cela
pour le moment. Pour la bonne raison que, si cela vient devant la cour, je ne
pourrai pas en ce qui me concerne, comme mes collègues en
parler devant l'Assemblée nationale. Je ne pourrai faire aucun
débat là-dessus. On va me répondre, en vertu de nos
règlements, que c'est sub judice. Je comprends que, pour le ministre,
cela aurait été peut-être un moyen de se débarrasser
d'une patate chaude pour un certain temps, mais nous
n'avons pas voulu travailler de cette façon. Le ministre y avait
bien pensé.
Je pense réellement que le fait d'obliger de petits
propriétaires, à qui on a demandé $300, $400, $500, $600,
$800 , dans certains cas, cela est même allé à $1,200,
mais, dans la majorité des cas que j'ai vus, cela a été de
$400 à $600... Les gens aiment mieux payer plutôt que d'intenter
des procès contre leur gouvernement, même s'ils pensent parfois
certaines choses. Ils ont estimé qu'il était beaucoup plus sage
et moins dispendieux de payer plutôt que d'aller devant la cour
Supérieure et faire trancher cela par les plus hautes instances
judiciaires.
Je dis qu'actuellement, je connais l'opinion des conseillers juridiques
du ministère de l'Agriculture. Je sais qu'ils ne sont pas d'accord avec
les conseillers juridiques du ministère des Terres et Forêts,
surtout ceux qui sont les conseillers juridiques de l'Office du crédit
agricole. Le crédit agricole est joliment mal pris avec ces choses parce
que, si le crédit agricole est obligé de reprendre des terres
dans des territoires donnés, quel prix vont-ils pouvoir réaliser
pour le remboursement de leur prêt si cette réserve des trois
chaînes est appliquée et que le ministère des Terres et
Forêts se donne le droit d'en disposer comme bon lui semble? M. le
Président, c'est là, je pense, une question qui suscite
énormément d'inquiétude partout.
On est en train de chambarder la valeur des terrains dans les milieux
ruraux du Québec. Ce qui est d'autant plus inquiétant, c'est que
ce n'est pas tout le Québec qui est aux prises avec ce problème.
Les Cantons de l'Est, que nos ancêtres appelaient les cantons anglais,
sont des terrains qui ont été concédés avant 1884.
Tout le secteur qui est compris à l'intérieur des seigneuries
n'est pas concerné sauf pour ceux qui ont "dépatenté" leur
terrain afin de pouvoir bénéficier des lois du ministère
de l'Agriculture et de la Colonisation. Il y a des cultivateurs qui ont
été menacés par le ministère des Terres et
Forêts, parce qu'ils avaient construit leur résidence à
l'intérieur de la réserve des trois chaînes. On ne s'est
pas gêné pour leur rappeler qu'il pouvait leur en coûter
jusqu'à $1,000 par jour pour s'être construit une bâtisse le
long d'un cours d'eau sans avoir eu la permission, au préalable, du
ministère des Terres et Forêts.
M. le Président, c'est une question qui place les gens dans une
situation intolérable. Cela fait déjà presque deux ans que
nous en parlons devant l'Assemblée nationale et la question ne se
règle toujours pas. Je suis quand même heureux de constater que le
ministère nous fait part de ses intentions en nous disant que cette
question pourrait être réglée d'ici l'automne, je
l'espère bien, mais nous ne savons pas encore quelles seront les
décisions gouvernementales à ce sujet. De quelle façon
respecterons-nous le droit des propriétaires. Il s'agit en quelque sorte
d'une expropriation sans dédommagement. Je dis que c'est
extrêmement sérieux et aucun autre ministère ne fait ces
choses. Le ministère des Transports, même s'ils construit une
route, ça va loin... Présentement, le mi- nistère des
Transports procède à la réfection de routes ou à
l'élargissement de routes, il exproprie les terrains privés et il
y a des cours d'eau qui traversent les routes. Cela veut dire que, si on laisse
la situation telle qu'elle est là, le ministère des Transports ne
serait pas tenu de payer l'expropriation des terrains le long des cours d'eau
qui sont inclus dans la réserve des trois chaînes, si on dit que
le raisonnement actuel du ministère des Terres et Forêts est
valable.
Si le ministère des Terres et Forêts s'arroge le droit de
donner à d'autres la permission d'utjliser les terrains sur la
réserve des trois chaînes sans dédommagement; pourquoi le
ministère des Transports paierait-il, lui, des dédommagements aux
mêmes personnes qui sont propriétaires lorsqu'ils s'agit de
construction de routes?
Il faut se rappeler, c'est un des points qui est fondamental, que
lorsque cette réserve des trois chaînes avait été
faite, c'était d'abord pour des fins de pêche jusqu'en 1919 et,
à partir de 1919, en pleine propriété pour le gouvernement
à cause des barrages hydroélectriques ce sont des choses
qui ont été dites et écrites à cause du
flottage du bois, sans compter la préservation de la faune.
Jamais il n'aurait été dans l'esprit du législateur
du temps, si on examine les écrits antérieurs, de disposer de
cette réserve pour la donner à d'autres personnes. C'était
pour l'utilité du gouvernement, pour des fins d'intérêt
public et il se gardait des droits à l'intérieur de cette
réserve, mais jamais pour les donner à d'autres personnes, ce que
le ministère des Terres et Forêts a commencé à
faire.
Je pense que c'était la première fois ou j'aimerais
qu'on me corrige que le ministère des Terres et Forêts
accordait des droits de passage à l'intérieur de la
réserve des trois chaînes concernant des clubs de motoneige. Ou si
cela a été fait, c'est une question commencée en 1970,
1971, mais certainement avant 1970, on n'a aucun cas qui nous permet de le
démontrer.
Il n'y aurait pas non plus, selon les informations dont je dispose
j'aimerais qu'on me corrige si ce n'est pas correct d'autres cas
dans lesquels le ministère des Terres et Forêts aurait
disposé de la réserve des trois chaînes pour des fins
privées, ailleurs. J'aimerais qu'on me le dise, si ce n'est pas le
cas.
Il s'agit tout simplement d'une politique nouvelle, qu'on commence
à appliquer dans les années I972, à une législation
qui est vieille de I00 ans.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Montmagny-L'Islet, sur le même sujet.
M. Giasson: Relativement à la réserve des trois
chaînes, je considère que nous sommes en face d'une loi qui a
été inopérante pendant de très nombreuses
années.
On a permis surtout, durant les années ou la loi n'était
pas appliquée à des commerçants de bois, qui avaient
acquis des terrains privés de pe-
tits particuliers, de petits propriétaires... On a laissé
ces gens-là piller les lots sans aucunement intervenir lorsqu'ils
rasaient à blanc la bande de forêt le long des rivières et
des lacs.
Pour les cultivateurs qui ont été des bons exploitants de
leur entité forestière, on leur rappelle l'existence d'une loi
dont la plupart ignoraient l'existence, parce que, on l'a dit, elle n'a jamais
été mentionnée dans les contrats d'acquisition ou de
disposition des terrains.
Encore une fois, il m'apparaît qu'on tente de pénaliser
sans vouloir le faire volontairement, mais c'est cela dans les faits
très souvent, des gens qui possédaient des terrains
assujettis à la réserve des trois chaînes, qui ont bien
exploité ces terrains et qui sont les personnes qui ont de beaux
boisés à l'intérieur de cette réserve des trois
chaînes.
Pendant des années, on a laissé des exploitants, parfois
des exploiteurs, couper toutes ces forêts, piller les bordures des lacs
et des rivières, on n'est jamais intervenu. Cela devient une prime en
faveur de celui qui abuse d'une richesse naturelle et une
pénalité, dans le sens qu'on a oublié celui qui a commis
des abus et qu'on place devant une réalité concrète, le
petit propriétaire qui a été un bon exploitant de ces
boisés.
Je pense, M. le ministre, que dans ce contexte, au-delà de toute
l'argumentation qui a pu être apportée, on se doit, comme
gouvernement je comprends que la loi a été faite il y a
très longtemps de réviser cette loi le plus rapidement
possible. Je ne parle pas de passer une loi pour abolir totalement les
dispositions qui étaient prévues dans la loi des trois
chaînes, mais on se doit d'avoir des modifications à cette loi, de
manière à être un peu plus reconnaissant du mérite
de ceux qui n'ont pas abusé de leur terrain, surtout en ce qui a trait
aux bandes qui longent les rivières et les lacs.
C'est une question de bon sens, tout simplement.
M. Drummond: M. le Président, évidemment, à
cause de tels arguments, on a suppléé à l'application de
la loi l'année dernière et on a essayé de chercher une
solution qui serait équitable. Evidemment, ce sera discuté, comme
je l'ai dit hier, au niveau du gouvernement, du caucus et, ensuite, on pourra
prendre la décision, à savoir si oui ou non, on doit avoir des
audiences publiques sur la question de savoir comment procéder. Ce que
j'essaie de faire, c'est de procéder par étape, pour arriver
à une solution.
M. Giasson: A la suite des commentaires que vous avez
déjà faits, M. le ministre, est-ce qu'on peut espérer que
nos petits propriétaires, à qui on a chargé des droits de
coupe assez sévères, lorsqu'ils étaient dans l'ignorance,
qu'ils ne pouvaient pas couper sur cette bande, que ces gens vont être
remboursés des droits de coupe?
M. Drummond: En ce qui concerne les remboursements, je ne peux
pas le dire, en datant pour x années, mais on ne charge pas de droit de
coupe depuis une certaine période, en tout cas.
M. Giasson: II n'y a pas eu de droit de coupe depuis qu'il y a eu
des débats sur la loi des trois chaînes. Vous avez
décidé de donner des directives, sans doute, aux fonctionnaires
dans les régions, mais avant ces directives, il y a des gens qui ont
payé des droits de coupe.
M. Drummond: Franchement, je ne sais pas quels sont les chiffres
impliqués là-dedans et je pense, également, qu'on avait
exigé des droits pour des coupes qui étaient vraiment abusives
dans le temps.
En attendant, M. Gagnon, on peut regarder les chiffres, mais les
problèmes de rétroactivité, pour une grande période
d'années...
M. Giasson: Placez-vous dans la peau du petit propriétaire
qui, un jour, fait face à des paiements de droits de coupe, lorsqu'il a
vu, très souvent, des commerçants de bois piller des lots,
couper, sans jamais être dérangés. Mettez-vous à la
place de ce bonhomme.
M. Drummond: Non, mais devant ces sortes de questions que vient
de poser le député de Montmagny-L'Islet, j'aimerais voir vraiment
les chiffres impliqués en ce qui concerne ces questions.
M. Roy: Est-ce que le député a fini?
M. Giasson: J'aurais une autre question. Lorsque des
propriétaires ont des constructions qui ont été
bâties à l'intérieur de la réserve, va-t-on pouvoir
considérer que ces gens devraient être propriétaires, de
fait et de droit, au moins, d'une partie de terrain à l'intérieur
de la réserve qui entoure, qui environne les bâtiments, soit la
résidence, soit la grange-étable ou les autres bâtiments de
la ferme?
M. Drummond: Dans le passé, on a régularisé
la pluparfde ces questions. Evidemment, c'est une des choses qu'on
considère, lorsqu'on présente au gouvernement nos
modalités de solution.
M. Giasson: Toujours dans le contexte de cette vieille loi, vous
n'auriez pas, au ministère des Terres et Forêts, une autre loi ou
un autre pouvoir qui ferait que vous pourriez entrer dans une forêt
privée pour construire une route sans avoir à payer de droits
d'expropriation, en vertu de l'ancien système de concession des
terres?
M. Drummond: Ce n'est pas l'ancien système, c'est que,
dans l'émission de lettres patentes sur des terrains, il a toujours
été prévu un acrage, une superficie plus grande que les
100 acres additionnelles. Dans la plupart des lettres, il est prévu que,
pour des chemins publics, jusqu'à 5% de la superficie, on peut utiliser
du terrain sans avoir à payer de compensation. Si vous...
M. Giasson: C'est encore une faiblesse, dans l'émission
des lettres patentes, que ce ne soit pas dit de façon très
expresse, ces réserves de 5%, une possibilité de 5% à
l'intérieur de la superficie d'un lot donné. Il y a un grand
nombre de Québécois, la grande majorité des
Québécois, qui ne savent pas cela.
M. Drummond: Les gens ont peut-être réalisé,
en faisant arpenter leurs terrains, qu'ils avaient plus que 100 acres.
M. Giasson: Ils peuvent savoir cela, mais ils ne savent pas qu'il
y a 5% qui peuvent être disponibles en faveur du gouvernement pour la
construction de chemins ou d'autres services. Ils ne le savent pas, parce que
ce n'est pas dit de façon spécifique, dans la plupart des lettres
patentes. Si on parle des droits du domaine public, c'est cela...
M. Drummond: C'est encore plus vieux que la réserve des
trois chaînes.
M. Giasson: Oui, je le sais.
M. Drummond: Je pense que cela date de 1700, environ.
M. Giasson: Mais, il reste que c'est toujours là. Si un
jour le gouvernement avait besoin de s'en servir, il pourrait s'en aller sur
ces terrains privés et on commencerait encore un autre débat, tel
que celui qu'on a connu sur la réserve des trois chaînes.
M. Drummond: Je pense que c'est indiqué dans les lettres
patentes.
M. Roy: Ce qui est indiqué sur les lettres patentes, c'est
que...
M. Giasson: J'ai les lettres patentes de terrains boisés
et j'ai lu cela à la loupe. L'affaire des 5% qui pourraient être
utilisables n'est pas mentionnée de façon spécifique. On
met des réserves, en général.
M. Roy: C'est cela. On dit que l'octroi de ces lettres patentes
est soumis aux lois du ministère des Terres et Forêts.
M. Giasson: C'est cela, c'est quelque chose comme cela. C'est
très vague.
M. Drummond: Comme le dit M. Poulin, les droits miniers ne sont
pas mentionnés non plus, mais ils sont là quand même.
M. Giasson: Mais il y a des lettres patentes qui mentionnent les
droits miniers, sans les définir, mais elles les mentionnent.
M. Drummond: II y en a d'autres qui ne les mentionnent pas.
M. Roy: Je veux revenir, si mon collègue a terminé,
ici, pour savoir si l'arrêté en conseil 7575 du 26 février
1975 est toujours en vigueur actuellement et si on exige de toute personne qui
coupe du bois le long de la réserve des trois chaînes,
l'obligation de détenir un permis du ministère des Terres et
Forêts.
M. le Président voici ce que dit l'arrêté en
conseil, réserve des trois chaînes, utilisation du bois,
concernant l'utilisation des bois dans la réserve des trois
chaînes... Voici ce qu'on dit dans l'arrêté en conseil,
c'est là qu'on tire une conclusion qui entraînerait un bon
débat juridique: "Attendu qu'en vertu de l'article 41 a) de la Loi des
terres et forêts, Statuts refondus du Québec I964, chapitre 92,
tel qu'ajouté par l'article 83 du chapitre 58 des lois de I969, les
ventes, concessions et les octrois gratuits de terres publiques sont sujets
à une réserve en pleine propriété en faveur du
domaine public du Québec, de trois chaînes en profondeur des
terres bordant les rivières et les lacs non navigables depuis le 1er
juin I884 dans l'arrêté en conseil, on fait une affirmation
qui est contestée par plusieurs conseillers juridiques qui n'a pas fait
l'objet d'une question définitive. Le ministère ne fait que
reconfirmer ses prétentions, à lui et étendus
à tous les lacs et à toutes les rivières depuis le 1er
janvier 1970. Attendu que nombre de terres concédées depuis le
1er juin 1884 sont sujettes à cette réserve... On en fait comme
un attendu définitif. Attendu qu'il est dans l'intérêt
général que le Québec en conserve la
propriété. En tout cas, il y a plusieurs autres attendus. Il est
ordonné, en conséquence, sur la proposition du ministre des
Terres et Forêts que le ministre des Terres et Forêts soit
autorisé à accorder gratuitement sur demande d'un permis au
propriétaire d'un terrain qui aboute sur ces réserves des trois
chaînes jusqu'à ce que l'étude actuellement entreprise soit
terminée et une solution adoptée, l'autorisation de couper
gratuitement les bois qui s'y trouvent selon les modalités à
intervenir. Que le présent arrêté en conseil soit
publié dans la Gazette officielle du Québec."
Est-ce qu'actuellement, on peut dire que dans toutes les régions
du Québec, cet arrêté en conseil fait force de loi et que
tous les bureaux du ministère des Terres et Forêts dans toutes les
régions concernées par la réserve des trois chaînes
font en sorte d'exiger de tous les propriétaires qui coupent du bois sur
cette réserve d'obtenir des permis?
M. Drummond: Disons que tous les administrateurs des bureaux
régionaux sont censés suivre les directives de cet
arrêté en conseil.
M. Roy: Qu'arrive-t-il si un agriculteur qui n'est pas au courant
si son lot a été concédé avant le 1er juin 1884 ou
après et qui coupe du bois sans demander un permis?
M. Drummond: Lorsque ce cas arrive, on le regarde avec lui. Ce
qu'on essaie de faire, c'est de donner une certaine souplesse en ce qui
concerne les administrateurs régionaux ou d'appliquer les lois d'une
façon logique. On n'adopte pas de rè-
glement pour essayer de "fourrer" tout le monde, mais de. suivre les
intentions du gouvernement là-dessus. Ce qu'on a voulu évidemment
éviter, et tout le monde est d'accord sur cela, je pense, c'est qu'on
rase la réserve des trois chaînes en pensant que peut-être
on va changer les règles du jeu. C'est cela qu'on essaie de faire. Je
pense que c'est tout à fait normal et c'est plein de bon sens.
M. Roy: Maintenant, qu'arrive-t-il lorsqu'une personne
reçoit la visite du représentant du ministère des Terres
et Forêts, l'agent local et qu'on procède à l'examen du
bois, on mesure chacune des souches des arbres qui sont abattus et qu'on lui
ferait un compte de $500, voire $800, ou $1,000 dans certains cas? J'ai des
cas.
M. Drummond: Oui?
M. Roy: J'en ai de ces cas. D'ailleurs, le ministre a reçu
des lettres à ce sujet.
M. Drummond: D'accord. S'il s'agit de coupes abusives, c'est une
autre chose. On ne peut pas tenir pour acquis que tout le monde qui
possède un lot ou qui est affecté par la réserve des trois
chaînes, agit de bonne foi. On peut dire que probablement la plupart le
font. Mais dire que tout le monde est foncièrement conscient et essaie
de faire de son mieux pour suivre les règles normales, ce n'est pas
vrai. Le ministère a un rôle de surveillance et de contrôle.
Comme je l'ai toujours dit, si le ministère applique les règles
du jeu et que celui qui est frappé par cela, dit que cela ne marche
pas.
Je doute que ce soit le cas, mais, s'il a des plaintes à faire,
il peut facilement en parler au député, et le
député en discute au niveau de la région ou au niveau du
ministère. C'est normal.
M. Pelletier: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Kamouraska-Témiscouata.
M. Pelletier: ... dans le même ordre d'idées
je ne veux pas enlever la parole au député de Beauce-Sud
avez-vous avisé, par exemple, M. le ministre, les inspecteurs de la
région d'arrêter de faire des menaces, si vous voulez, aux gens
qui ont construit des propriétés, qui possèdent des
terrains depuis nombre d'années. Les inspecteurs les menacent d'avoir
à déménager leur propriété. C'est assez
grave. Dans la partie de Témiscouata, j'ai plusieurs cas. Aujourd'hui,
ces gens sont rendus sous une tension... Il y en a qui ont investi
jusqu'à $10,000, $15,000. Ils ont fait des barrages et
différentes choses comme celles-là.
M. Drummond: Est-ce qu'on parle des squatters en
général ou...
M. Roy: Non, on ne parle pas des squatters.
M. Drummond: ... quelqu'un qui, à l'intérieur de la
réserve des trois chaînes...
M. Pelletier: A l'intérieur de la réserve des trois
chaînes.
M. Drummond: Ils sont informés ou sont censés avoir
été informés qu'on ne force pas ces cas en attendant une
solution de la part du gouvernement. Mais si quelqu'un veut les régler,
on a dit: D'accord! On continue de permettre cela.
M. Roy: Est-ce que le ministère procède à la
vente, encore, de ses réserves des trois chaînes? J'aimerais avoir
une précision du ministre là-dessus, pour toute personne qui
désire s'en porter acquéreur.
M. Drummond: Sur demande.
M. Roy: Bon! Voici le point: On veut faire la conservation de la
faune. C'est la raison pour laquelle on semble vouloir protéger les
cours d'eau. D'un autre côté, si une personne en fait la demande
pour l'acheter, en devenir le plein propriétaire, il fait ce qu'il veut.
C'est une taxe hypocrite. J'aime autant la qualifier et le dire tel que c'est.
Je me demande pour quelle raison on permettrait à un type, étant
donné que le ministère des Terres et Forêts veut mettre un
terme aux coupes abusives, à un type qui est propriétaire d'un
lot de se porter acquéreur de la réserve des trois chaînes
en payant le montant d'argent que le ministère des Terres et
Forêts exige, et, le lendemain, il peut procéder à la coupe
abusive du lot, ce qui force l'autre propriétaire voisin à
procéder à la coupe du bois. Parce qu'on sait très bien
qu'en forêt, lorsqu'il y a des lots qui sont coupés
complètement, les lots voisins se font ravager par le vent et le bois se
fait jeter par terre. L'agriculteur n'a pas d'autre choix que celui de faire
une coupe à blanc, lui aussi, pour être capable de
récupérer le plus d'argent possible de son boisé. Pourquoi
procède-t-on de cette façon?
M. Drummond: M. le Président, c'est quelque chose.
J'admets encore je l'ai admis l'année dernière je
pense bien que la politique, en ce qui concerne la vente de la réserve,
même si on regarde pour voir s'il y a une raison valable pour la garder
à l'intérieur du patrimoine... Selon les règles du jeu
qu'on avait, on avait probablement accédé à presque chaque
demande dans le passé. J'admets volontiers que ce n'est pas logique
comme politique. Je ne peux pas nécessairement défendre la
politique qu'on a suivie. On a suivi les règles du jeu. On est en train
maintenant de trouver une solution pour changer les règles du jeu. C'est
ça.
M. Roy: Un deuxième point, M. le Président. Est-ce
que cette obligation de ne pas couper le bois, sans permis du gouvernement, sur
la réserve des trois chaînes, est une obligation qu'on donne
actuellement aux compagnies forestières qui coupent sur les terres de la
couronne?
M. Drummond: Disons qu'on suit les mêmes règles du
jeu. Il y a une différence entre... D'ac-
cord! Je regarde le député de Saguenay. On peut toujours
dire que, s'il y a des coupes abusives dans un endroit donné, si on nous
signale le fait et si nos directives ne sont pas suivies, on prend les mesures
nécessaires. Pour dire que tout est parfait, je suis loin de dire qu'on
trouve la perfection n'importe où. Mais quand même, on fait des
efforts pour appliquer les règles du jeu d'une façon
équitable.
M. Roy: Ce que je veux savoir de l'honorable ministre... Je
comprends ses intentions, mais, actuellement, il y a des choses qui se
produisent, des faits qui se passent au Québec, par rapport aux
politiques actuelles du ministère des Terres et Forêts.
Je veux savoir ce matin si les compagnies forestières... On a
fait le point pour dire que les propriétaires de terrains boisés
qui coupent du bois le long de la réserve des trois chaînes
doivent obtenir, du gouvernement, un permis à cette fin.On a
également établi que la personne qui se porte acquéreur de
la réserve des trois chaînes peut, par la suite, faire la coupe
qu'elle veut, abusive, pourvu qu'elle ait payé au gouvernement quelques
dizaines ou quelques centaines de dollars, sa taxe au gouvernement. On a
établi ces deux choses.
Premièrement, que le petit propriétaire doit avoir un
permis du gouvernement pour couper du bois. On a également établi
que, s'il coupe du bois sans permis , le gouvernement peut lui exiger trois,
quatre ou cinq droits de coupe . J'ai un cas précis où le
ministère des Terres et Forêts a chargé cinq droits pour la
coupe du bois à l'intérieur de la réserve des trois
chaînes. On a ces dossiers. J'ai fait parvenir le dossier au ministre. Il
n'y a pas seulement qu'un cas.
On a également établi ce matin et je
répète encore une fois que la personne qui achète
la réserve des trois chaînes peut, elle, faire la coupe abusive,
faire la coupe qu'elle veut et le ministère n'a aucun droit de
regard.
Ce que je veux établir à ce moment-ci, parce qu'on vient
de discuter des terrains concédés, des terrains privés. Je
veux revenir sur la question des terres publiques et, également, sur le
fait que le gouvernement leur a accordé des droits, des permis de coupe
de bois. Je parle des grandes compagnies papetières.
Est-ce que les compagnies papetières, qui ont obtenu des permis
de coupe du gouvernement, sont soumises à la réserve des trois
chaînes?
M. Drummond: Tout d'abord, la réserve des trois
chaînes n'existe pas sur les terres publiques, mais les compagnies sont
assujetties à des règlements spéciaux de coupe en dedans
de 200 pieds des rivières.
M. Roy: Des grandes rivières, pas des petits cours
d'eau.
M. Drummond: Les cours d'eau.
M. Roy: Je pense qu'on aurait peut-être
intérêt d'aller faire un tour dans les forêts du
Québec actuellement pour voir de quelle façon cela s'est
coupé cet hiver.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: Je reviens sur cela. La question que soulève
le député de Beauce-Sud vis-à-vis des compagnies
forestières m'apparaît comme très importante, mais
auparavant, je voudrais dire, en ce qui concerne l'achat, qu'on permet,
à celui qui a de l'argent, de récupérer les droits de
coupe et de récupérer la limite des trois chaînes.
Je trouve cela absolument illogique et, si le ministre voulait
être logique comme il tente de nous le dire depuis ce matin, il devrait,
non seulement suspendre l'application, à un certain moment, de la Loi
des trois chaînes, mais suspendre la vente ou la possibilité
d'achat de ces territoires parce que je dis que cela devient
discriminatoire.
Le principe de la Loi des trois chaînes, qui a été
adopté en 1884 et qu'on a confirmé en pleine
propriété en 1919, était pour la protection de la faune et
des cours d'eaux non navigables.
Si on accepte que l'individu puisse acheter cette réserve, ce
principe n'est plus respecté et comme le dit le député de
Beauce-Sud comme il l'a dit à plusieurs reprises cela
devient tout simplement un moyen de taxer indirectement les citoyens, en
oubliant le principe général. Ou bien ce principe était
valable en 1884 et en 1919 et par la suite en 1970 ou bien il n'est plus
valable.
Si ce principe était valable, à savoir que le
ministère a comme devoir et responsabilité de protéger la
faune et les cours d'eau non navigables, il doit continuer de conserver ces
droits, quitte à permettre, à ceux qui en sont, actuellement, les
mandataires, comme propriétaires indirects au nom du gouvernement, de
pouvoir faire des coupes soumises aux normes et aux critères du
gouvernement, mais il me semble qu'on devrait continuer de respecter le
principe.
Si le principe n'est pas valable, on devrait tout simplement suspendre,
complètement, cette loi qui n'a jamais été
appliquée et on devrait reconnaître la pleine
propriété à ces individus. De deux choses l'une: Si on
veut être logique et rationnel... Parce que cela ne devient plus
rationnel du tout votre affaire.
Vous dites qu'on a été obligé de faire cela en 1884
au nom de la protection des propriétés publiques, au nom de la
protection de la faune, et là, vous dites: Maintenant, pour autant que
c'est payant, la protection de la faune, on oublie cela et on met cela de
côté, et pour autant que c'est payant, on est prêt à
leur donner la réserve des trois chaînes et à les laisser
faire de la coupe abusive. C'est irrationnel et c'est illogique. Le ministre
devrait mettre fin une fois pour toutes à la vente de cette
réserve tant et aussi longtemps qu'il n'y aura pas un règlement
ou une entente ou qu'il n'y aura pas des séances de la commission
parlemen-
taire des terres et forêts qui se confirmera par une loi.
Je disais tout à l'heure que cela devient discriminatoire. Oui,
cela devient discriminatoire dans le sens que celui qui a de l'argent va
pouvoir se payer la réserve des trois chaînes et celui qui en a
moins ne pourra pas se la payer. Je trouve que la logique qu'a voulu
défendre le ministre devient illogique et irrationnelle.
En ce qui concerne les compagnies forestières, je sais que la
réserve des trois chaînes ne s'applique pas à
l'intérieur des concessions publiques, des territoires publics.
Cependant, je sais qu'en vertu de la Loi des terres et forêts, elle
devrait exister en réalité. Ce n'est pas la première fois
qu'on informe le ministre qu'elle n'a jamais été respectée
et qu'il faudrait qu'il y ait des inspecteurs. On a parlé de
décentralisation ou de déconcentration des pouvoirs au niveau des
régions, il faudrait qu'on applique la loi et qu'on soit aussi rigide
vis-à-vis des compagnies forestières qu'on l'est vis-à vis
des petits entrepreneurs ou des petits propriétaires privés.
Je dis qu'actuellement, chez nous comme ailleurs, cette obligation des
compagnies de respecter les 200 pieds le long des cours d'eau n'est pas
respectée. On dit: Le gouvernement intervient s'il y a des plaintes,
oui, mais le mal est fait. Je pourrais même informer le ministre que
même HydroQuébec, quand elle construit ses tours de transmission
sachez, M. le Président, que j'en ai parcouru des tours de
transmission, parce que ce sont de bons territoires pour faire de la moto-neige
ne respecte pas les 200 pieds.
Il y a un lac en particulier dans lequel j'ai eu l'occasion de
pêcher il y a deux ans; j'ai constaté que ce lac était en
train de s'emplir de terre, de sable, parce que la réserve des trois
chaînes n'avait pas été respectée et qu'on avait
coupé à blanc, complètement, le long de cette
rivière. Au moins si on avait respecté une certaine superficie!
Même une société de la couronne, M. le Président!
Comment voulez-vous exiger que des compagnies forestières respectent ces
obligations alors que même les sociétés de la couronne ne
les respectent pas? Mais ce qui est grave, c'est que, quand on informe le
ministre, d'ailleurs cela fait quand même plusieurs années qu'on
en discute, le mal est fait à ce moment-là.
J'aimerais bien savoir, puisque cela existe à l'intérieur
de la Loi des terres et forêts, quelles sont depuis 1970 les compagnies
forestières qui ont été poursuivies et qui ont
été mises à l'amende, si sanction il y a, pour ne pas
avoir respecté la loi des trois chaînes. Plus que cela, j'en ai
informé privément le ministre, je me suis aperçu, il y a
quelque temps cela n'entre pas directement dans le débat, mais
c'est pour vous démontrer que les compagnies ne respectent rien quand
cela fait leur affaire que la compagnie Rayonier Québec est en
train de couper le long de la route dans la région de
Baie-Trinité. Si on ne s'était pas inquiété, je me
demande si la compagnie ne nous aurait pas tout simplement enlevé tout
le bois le long de la route. Le ministre me dit: C'est vrai qu'il y a eu erreur
là-dedans. Il y a eu erreur, mais on s'en est aperçu à un
moment donné quand, pourtant, vous avez un fonctionnaire à
Baie-Trinité qui était là. Il ne serait peut-être
pas intervenu ou serait intervenu auprès du bureau régional.
Cela n'a rien corrigé jusqu'à ce qu'il y ait une
décision du ministère ou autre chose, quand on s'est
aperçu que ça n'avait plus de sens. Mais c'est dans ce sens...
à ce moment-là la compagnie est allée au-delà de ce
qui était prévu dans les plans de gestion, mais la compagnie
a-t-elle subi des sanctions? Non, j'en douterais.
Ce n'est pas tout d'avoir à l'intérieur de la loi des
Terres et Forêts des normes et des critères, mais il faudrait
quand même les faire respecter. Quand il s'agit, c'est là qu'on
voit les deux poids et les deux mesures, de petits propriétaires
privés qui, parce qu'ils sont normalement ou croient être
propriétaires de leur territoire, décident de couper, c'est
drôle on intervient. C'est drôle qu'il y ait donc assez de
fonctionnaires à l'intérieur du ministère pour aller voir
ces gens et leur dire: Vous avez utilisé votre lot de façon
abusive et vous allez être obligés de payer des droits de coupe,
comme disait le député de Beauce-Sud. Quand c'est le temps des
grandes compagnies, on a plus de fonctionnaires pour faire appliquer la loi,
c'est tout simplement... je suis assuré que le ministre sait très
bien qu'il y a beaucoup de compagnies forestières dans beaucoup de
régions du Québec qui ne respectent pas cette norme qui est
normalement inscrite dans la loi et qui n'a jamais été ou
à peu près jamais été respectée.
Il faudrait que le ministre décide de prendre des sanctions
contre ces compagnies, mais, à ma connaissance, il n'y en a jamais eu.
Donc, c'est une loi à deux poids deux mesures; les petits sont
pénalisés, et les gros faites ce que vous voulez, cela a toujours
été. Quand le député de Beauce-Sud disait que le
ministère des Terres et Forêts était le ministère
des compagnies, le ministère des Richesses naturelles est aussi le
ministère des compagnies. De ce côté, il va falloir que le
ministère refasse son image, parce que les compagnies forestières
ont toujours fait ce qu'elles ont voulu à l'intérieur des
concessions.
M. Drummond: Disons qu'en ce qui concerne l'application, les
sanctions et les contrôles, nous sommes prêts à
déposer toutes les sanctions qui ont été imposées
et à discuter plus longuement ce point lorsqu'on arrivera à
l'étude des crédits programme par programme.
M. Lessard: D'accord, j'aimerais qu'on dépose toutes les
sanctions qui ont été imposées.
M. Drummond: II y a une chose, M. Côté est
occupé cet après-midi, je ne sais pas si on siège, mais on
pourrait ajourner cet aspect du débat pour continuer avec les
activités de REXFOR. On siège jusqu'à quelle heure, M. le
Président?
M. Roy: J'aimerais ajouter quelque chose ici, suite à ces
remarques, quitte à y revenir à une autre séance.
Le ministre a dis que, vis-à-vis des compagnies
forestières qui exploitent les terres de la couronne, il n'y avait pas
eu de plaintes. Je suis un peu surpris de voir qu'on se réfère
aux plaintes. Qui va faire des plaintes dans le cas des compagnies
forestières? Les bûcherons?
M. Drummond: Non, les propriétaires de club de chasse et
de pêche, les gens qui vont en forêt pour différentes fins
et qui...
M. Roy: Le ministère des Terres et Forêts a toujours
eu des inspecteurs de coupe à sa disposition. S'il en manque, il a assez
de messieurs actuellement au Québec qui cherchent du travail, ce serait
peut-être bon d'en engager une douzaine, je ne dirai pas un grand nombre,
et qu'on fasse un échantillonnage de ce côté. Ce serait
très facile pour le ministère des Terres et Forêts de voir
ce qui se passe et non pas de fonctionner uniquement à partir de
plaintes en ce qui a trait aux grasses compagnies. Je trouve
épouvantable qu'on dise cela dans le cas des grosses compagnies
forestières qui exploitent des terres de la couronne, quand on sait les
difficultés qu'il y a pour y entrer. Prenons le cas du parc national,
entre autres, n'y entre pas qui veut. Il faut avoir un laisser-passer de la
compagnie pour y entrer. Ce n'est pas le gouvernement qui donne les
laissez-passer, ce sont les compagnies qui les donnent.
J'ai travaillé pour la compagnie Price Brothers et les permis de
circulation étaient donnés par la compagnie Price. Quant à
la compagnie Domtar, c'est encore elle, à ce que je sache, qui donne les
permis de circulation en forêt.
M. Drummond: Les permis pour ses travailleurs.
M. Roy: Pour ses travailleurs, mais, en dehors des travailleurs,
il faut avoir des permis de pêche ou des permis de chasse d'une
façon spéciale, des touristes...
M. Drummond: Pas des compagnies, voyons donc! C'est un parc
provincial.
M. Roy: Je comprends que c'est un parc provincial. Je ne sache
pas que ce soit changé. Les compagnies, au sujet de la protection de la
forêt, concernant les feux de forêt, on sait que c'est
extrêmement sévère de ce côté-là, c'est
extrêmement difficile.
Si une personne n'a pas un permis de pêche ou de chasse du
gouvernement provincial et qu'elle n'a pas un permis de circulation pour aller
sur le territoire de la compagnie, elle n'y va pas.
M. Drummond: Dans un parc? Ce n'est pas la compagnie qui
décide cela.
M. Roy: Dans un parc. Qui va faire les plaintes, à ce
moment-là? C'est là le point, M. le Président. Qui va
faire les plaintes, relativement au fait que les compagnies n'auraient pas
observé les 200 pieds réglementaires concernant la coupe du
bois?
M. Drummond: Ne disons pas que ce sont seulement les inspecteurs
qui sont responsables des amendes, etc. On a des inspections, mais on-ne peut
pas tout inspecter, c'est clair. Cela arrive et c'est arrivé dans le
passé, cela arrive actuellement,' cela va arriver dans l'avenir que
d'autres personnes que les inspecteurs signalent les choses qui vont mal et on
suit cela.
Je pense bien que, lorsqu'on suggère 12 inspecteurs, cela ne va
pas régulariser toute la situation, parce qu'on ne peut pas tout
surveiller. Il faut le faire par échantillonnage, c'est ce qu'on
fait...
M. Roy: J'ai parlé d'une douzaine d'inspecteurs, M. le
Président je m'excuse mais si j'ai parlé de douze
inspecteurs, j'ai ajouté qu'on procède par
échantillonnage.
Mais il faut ajouter ceci: Le jour où le ministère des
Terres et Forêts sera très sévère, comme le disait
le député de Saguenay, à l'endroit des compagnies qui
abusent et qui ne respectent pas la loi, à ce moment-là, cela va
être une garantie que le ministère aura tout en main pour pouvoir
s'assurer que la loi est respectée. C'est cela que je voulais dire.
M. Drummond: C'est cela qu'on essaie de faire, mais des citoyens
qui sont bien avertis de ces choses peuvent aider aussi.
M. Lessard: Quelles sont les sanctions?
Le Président (M. Giasson): Si vous permettez...
M. Drummond: Pour les montants...
M. Roy: J'aurais juste un autre petit point.
M. Drummond: On peut déposer le document.
Le Président (M. Giasson):... si on revient sur la
question, on pourrait peut-être écouter M. Côté, qui
peut encore parler de REXFOR.
M. Roy: Je serais d'accord, mais il y a une chose que le ministre
a dite et cela va nous éviter d'y revenir. Il a dit tout à
l'heure que, s'il y avait des cas terribles dans les comtés, d'aller
voir le député.
C'est justement là le point sur lequel je ne suis pas d'accord
avec le ministre. Aller voir le député pour essayer de tenter de
régler le cas. On ouvre encore une porte au chantage, au favoritisme, au
patronage. Je le dis. Au niveau de l'information, je suis bien d'accord.
Lorsque le député est obligé d'intervenir personnellement
auprès du ministère des Terres et Forêts pour faire
régler le cas...
M. Drummond: Chaque député, qui a des choses
à faire dans son comté, reçoit régulièrement
des plaintes en ce qui concerne les activités gou-
vernementales, les choses qui ne marchent pas. Je pense que c'est bien
le rôle du député de suivre ces plaintes et de voir ce qui
marche mal. C'est un rôle normal de député et je ne sais
pas, ce n'est pas une question de patronage, c'est une question de faire mieux
marcher les rouages du gouvernement.
Nous avons tous la même chose; c'est pour cela que je demande
toujours au député de Beauce-Sud d'envoyer ces cas. S'il y a un
problème qui semble justifié, on va faire enquête
là-dessus.
Je ne sais pas, mais sur la question de droit de passage, je ne pense
pas que le dossier ait été envoyé par le
député de Beauce-Sud, pour essayer d'en discuter. Il attendait
l'étude des crédits pour le faire.
M. Roy: Pour le dossier du droit de passage...
M. Lessard: Je pourrais vous rappeler des dossiers que je vous ai
envoyés et cela n'a pas donné grand-chose.
M. Roy: Le dossier des droits de passage...
M. Drummond: Oui, il y avait des dossiers qui n'impliquaient pas
nécessairement notre ministère non plus, c'était surtout
un autre.
M. Lessard: Richesses naturelles, l'OPDQ. Je pourrais donner un
exemple. On m'a envoyé à cinq ministères et, par la suite,
je suis revenu au premier à qui j'ai écrit, et le premier
à qui j'ai écrit m'a envoyé à la
municipalité.
M. Drummond: Je suis député également. J'ai
le même problème, de temps en temps, à l'intérieur
de mon comté.
M. Lessard: On reviendra sur cela, M. le Président. C'est
trop important.
M. Roy: Je veux justement, en guise de conclusion... Lorsqu'on
dit de référer au député pour que le
député soit au courant de ces choses-là, nous sommes au
courant, c'est la raison pour laquelle nous sommes à la commission
parlementaire ce matin et nous avons soulevé cette question.
Cette question a fait l'objet d'un long débat, comme le ministre
le sait, l'an dernier. Il y a fort longtemps que nous en parlons en Chambre.
C'est la raison pour laquelle nous estimons, actuellement, que les cas
individuels ne doivent pas être réglés un par un, à
la suite de pressions faites par le député, quel qu'il soit. Il y
a une loi générale à appliquer au Québec. Il ne
doit pas y avoir de discrimination.
Sur cette question, lumière doit être faite, de
façon que les droits des uns et des autres soient
préservés et respectés. C'est tout, M. le
Président, pour ce matin.
Activités de REXFOR (suite)
Le Président (M. Lafrance): Suite à cette
brève réponse, à la question qui avait été
posée hier, nous revenons à REXFOR. Je dois donner le droit de
parole au député comme je l'avais reconnu, hier, lors de
l'ajournement de Kamouraska-Témiscouata.
M. Pelletier: M. le Président, je dois tout d'abord
remercier le député de Saguenay et le député de
Montmagny-L'Islet, et encaisser aussi leurs propos, concernant la
société REXFOR dont nous ne connaissons pas le rôle
exactement, ses pouvoirs et sa responsabilité. Ma question, c'est que,
à l'intérieur de la cartonnerie de Cabano, vous mentionniez,
hier, que vous aviez des actions dans l'ordre de 30% et un investissement de
l'ordre de $975,000. Qui est le représentant au bureau d'administration
et quelle est l'importance que REXFOR joue à l'intérieur de la
cartonnerie de Cabano, Cascade? A-t-elle une responsabilité
vis-à-vis des bois, par exemple, des permis de coupe? Dans le secteur du
Grand Portage, a-t-elle des décisions à prendre ou si c'est le
ministère des Terres et Forêts, parce qu'il y a différents
problèmes qui se posent, si vous voulez? Nous avons des petites
fabriques de latte, qui produisent de la latte, présentement, qui
achetaient du bois des cultivateurs.
Aujourd'hui, l'UPA se mêle d'acheter le bois des cultivateurs,
l'usine n'est pas en marche et l'industrie... On peut dire qu'on n'a fini de la
construire. On ne sait pas quand elle va se mettre en marche. Il y a un paquet
de facteurs. On sait qu'il existe aussi plusieurs personnes en cause dans cette
affaire. Vous avez la SDI, REXFOR, le fédéral est aussi dans
cela. J'aimerais avoir un éclaircissement, à savoir quelles sont
vos responsabilités à l'intérieur de cette industrie?
M. Drummond: A Cabano, Maurice Moore représente REXFOR au
conseil d'administration de Cabano.
Le Président (M. Lafrance): Un instant, s'il vous
plaît! Si vous me permettez, M. Côté, pour la bonne marche
de la commission, c'est que, hier, à l'ajournement, j'avais reconnu le
droit de parole au député de Kamouraska-Témiscamingue, au
député de Beauce-Sud, par la suite, et au député de
Saguenay après. Une question vient de m'être posée par le
député de Dubuc. Il viendra à la suite des trois autres
intervenants.
M. Côté, si vous voulez continuer. Je m'excuse de vous
avoir dérangé. On vous demanderait de vous approcher un peu, s'il
vous plaît, pour la bonne compréhension.
M. Drummond: A Cabano, REXFOR est actionnaire à 30% et
joue son rôle d'actionnaire. REXFOR a désigné Maurice Moore
pour la représenter au conseil d'administration de la cartonnerie,
Papier Cascade Cabano. Dans le Grand Portage, REXFOR ne fait pas d'exploitation
forestière. Jusqu'à maintenant, elle n'a pas reçu de
mandat, elle n'est pas intervenue dans la question de l'exploitation
forestière pour la cartonnerie de Cabano. C'est le ministère des
Terres et Forêts qui doit gérer et gestionner cette
forêt.
M. Pelletier: En somme, vous ne faites qu'un investissement.
M. Drummond: Jusqu'à maintenant, cela se limite à
un investissement.
M. Pelletier: Cela se limite là. M. Drummond: C'est
cela.
M. Pelletier: Vous n'avez aucun droit de regard, si vous voulez,
sur les bois...
M. Drummond: Aucun droit de regard sur les bois qui sont
destinés à la cartonnerie de Cabano.
M. Pelletier: C'est donc dire que la société a les
pouvoirs d'investir dans différents secteurs, sans savoir, exactement,
où elle va dans...
M. Drummond: La cartonnerie a un contrat d'approvisionnement qui
prévoit les quantités qui vont provenir des terrains publics et
des terrains privés. Il y a eu des rencontres avec les offices de
producteurs pour la question du bois qui provenait des terrains
privés.
M. Pelletier: En somme, cela veut dire que la
société est une compagnie prêteuse qui peut aider
différentes scieries...
M. Drummond: Vous parlez de REXFOR? M. Pelletier: Oui.
M. Drummond: Ce n'est pas une compagnie prêteuse. REXFOR a
investie. C'est un investissement.
M. Pelletier: Oui, c'est un investissement à
capital-risques, si vous voulez, mais, quand même, elle joue un
rôle. Pourquoi est-elle là, en somme?
M. Drummond: Pour appuyer la population, pour réaliser la
cartonnerie de Cabano. C'est un peu comme soutien, parce qu'il y a cinq
actionnaires. Il y a la SID, Société d'investissements
Desjardins, la SDI, Papier Cascade, c'est-à-dire M. Lemaire, REXFOR et
la population. Il fallait réunir assez de capitaux pour faire
démarrer le projet. REXFOR a été là comme un
soutien. C'est pourquoi j'ai dit, hier, que la population pourra racheter,
quand elle le jugera à propos ou quand elle en aura les moyens, les
actions de REXFOR.
M. Pelletier: D'accord.
M. Drummond: Cela n'a été seulement qu'un
appui.
M. Pelletier: Mais, le but n'est pas que le ministère des
Terres et Forêts ait, par la suite, avec le temps, si vous voulez,
à donner des contrats à REXFOR pour alimenter, aider à la
rénovation de la forêt, tout en se servant de cette compagnie
indirectement et à en venir...
M. Drummond: C'est quelque chose de complètement
différent. Cela se peut que, dans le cours des opérations, on
demande à REXFOR de faire des travaux dans le Grand-Portage, mais cela
n'a aucune relation avec le fait que REXFOR est actionnaire de la cartonnerie
de Cabano. Il n'est pas impossible qu'on demande à REXFOR à un
moment donné de faire certains travaux, mais cela n'aura aucun rapport
avec le fait que REXFOR est actionnaire.
Pour l'instant, c'est hypothétique que REXFOR intervienne plus
profondément dans la compagnie.
M. Pelletier: Oui, justement, disons que vous avez un
représentant, et ça s'arrête là, pour
défendre les intérêts de l'investissement qui a
été fait là. Cela s'arrête là.
M. Drummond: REXFOR a un administrateur comme la SDI en a un ou
comme les autres investisseurs en ont, pas plus que cela.
M. Pelletier: D'accord, mais je voulais savoir jusqu'où
allait le rôle de REXFOR à l'intérieur de la cartonnerie,
si vous voulez.
M. Drummond: Pour l'instant, c'est un rôle d'actionnaire
qui a été, si vous voulez, un appui pour la population afin de
permettre de faire démarrer le projet.
Une Voix: D'accord.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je n'ai pas de question pour le
moment.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, je reviens un peu aux
différents dossiers dont nous avait parlé le directeur
général de REXFOR en nous traçant le bilan
général de la société. Je continue à croire
qu'il faudra un jour ou l'autre pouvoir discuter complètement de tout le
rôle de REXFOR en commission parlementaire. J'espère que cela sera
fait cette année, suite au rapport que devront présenter les
administrateurs de REXFOR après le 30 juin. Je pense qu'il est quand
même important aussi à cette commission parlementaire d'avoir au
moins une idée des dossiers de REXFOR. Je voudrais d'abord parler, en
commençant sur la Côte-Nord, du projet de Natashquan. Vous avez
créé trois centres forestiers dont un à Natashquan,
Rivière-au-Tonnerre et...
M. Drummond: Rivière-Saint-Jean et Mingan.
M. Lessard: ...Rivière-Saint-Jean et Mingan. A chacun de
ces centres forestiers, quel est actuellement le nombre de personnes qui y
travaillent?
M. Drummond: Avant que M. Côté ne parle de cela, je
voudrais peut-être rappeler les raisons de ces trois centres. Avec
l'installation de l'usine de Rayonier à Port-Cartier et
l'éventualité de l'expansion des activités de Rayonier, il
était prévu dans nos pians qu'on essaierait de mettre en place
des centres de formation pour les villages le long de la côte pour
préparer la population et les travailleurs à la venue
d'activités mécanisées ou de choses qui sont nouvelles
pour eux. Alors, le ministère a demandé à REXFOR de
s'impliquer dans ce travail. C'est dans cet esprit.
M. Lessard: Suite aussi à la consultation qu'il y avait
eue avec le CRD de la région, en fait c'est ce qu'on appelle maintenant
le projet MIDER.
M. Drummond: Je ne peux pas donner exactement le nombre de
stagiaires ou d'ouvriers qu'il y a actuellement aujourd'hui dans ces projets,
mais le programme tend à avoir 22 stagiaires par groupe de formation,
deux fois par année, c'est-à-dire par période de six
mois.
M. Lessard: Environ 50 personnes par année.
M. Drummond: A peu près. C'est ce que j'ai dit, hier, une
cinquantaine de personnes par année. A Mingan, à
Rivière-au-Tonnerre, cela a retardé un petit peu. On a eu plus de
difficulté à rendre la machinerie sur les lieux, etc., mais cela
se tasse.
M. Lessard: Dans l'ensemble, à Natashquan, puisque c'est
le premier projet qui a été implanté, est-ce que vos
objectifs ont été respectés et est-ce que les personnes
qui ont suivi ces cours, parce qu'il faut quand même suivre
l'opération, sont actuellement à l'emploi de Rayonier
Québec? Parce que l'objectif était justement de créer une
main-d'oeuvre locale pour qu'elle soit utilisée par Rayonier
Québec.
M. Drummond: Non, j'ai mentionné hier qu'on s'était
engagé à fournir du travail aux gens qui suivraient ces cours de
formation, ces cours pratiques.
L'hiver dernier, on a offert du travail à tous ces gens, pour
REXFOR, à Natashquan, mais, à cause des conditions climatiques,
etc., les gens ont décliné l'offre. Je pense que c'était
en janvier ou février. C'était pour REXFOR, et on va respecter
notre engagement sur ce point. On va leur offrir du travail.
M. Lessard: Est-ce que les gens acceptent?
M. Drummond: Ils avaient accepté. Je pense que c'est 16
sur 22 qui avaient accepté.
M. Lessard: Cela veut donc dire qu'en plus de vos centres de
formation dans les exploitations forestières, REXFOR fait de la coupe
dans cette région, soit à Natashquan?
M. Drummond: C'est l'engagement qu'on a pris vis-à-vis de
ces gens, de leur assurer du travail par la suite, parce que...
M. Lessard: Leur assurer du travail, d'accord! Vous leur assurez,
comme société, du travail. Donc, cela peut vous amener à
étendre vos activités plutôt que de permettre, à un
moment donné, à Rayonier Québec d'engager elle-même
ces personnes.
M. Drummond: Je ne sais pas. Dans notre offre de travail, notre
engagement de leur assurer du travail par la suite...
M. Lessard: Quand vous parlez d'assurer ou de leur garantir du
travail...
M. Drummond: C'est ça.
M. Lessard: ... que ce soit pour REXFOR ou que ce soit pour
Rayonier Québec...
M. Drummond: Non, on ne peut pas prendre de garantie pour les
autres. On prend des garanties pour REXFOR.
M. Lessard: Oui, c'est ça. Donc, ces gens, une fois qu'ils
ont été formés par REXFOR, travaillent pour REXFOR.
M. Drummond: On leur offre du travail pour REXFOR. C'est pour une
période intérimaire. Rayonier n'est pas rendue, dans son
développement, à utiliser ce bois, surtout à Natashquan.
C'est prévu pour des phases ultérieures. Ce qu'on a dit, c'est
qu'en attendant que le développement arrive, on garderait des
activités dans le coin; quant à avoir formé la
main-d'oeuvre, il faut nécessairement la garder à l'ouvrage.
C'est dans cet esprit que REXFOR offre du travail, en attendant que le
développement se fasse.
M. Lessard: Le bois est vendu à qui? M. Drummond:
II sera vendu à Rayonier. M. Lessard: A quel prix?
M. Drummond: Au prix fixé dans le protocole d'entente,
c'est-à-dire au prix des exploitations de Rayonier. Je calcule que c'est
un bon prix.
M. Lessard: Combien en avez-vous vendu?
M. Drummond: On en n'a pas vendu encore. Cela va se faire dans le
courant de l'été.
M. Lessard: De quelle façon le bois sera-t-il
transporté?
M. Drummond: Par goélette.
M. Lessard: Par bateau, certainement pas par avion.
M. Drummond: Non. Mais j'aimerais ajouter, par exemple, qu'un des
objectifs que REXFOR poursuit là-dedans, c'est de pousser la formation
assez loin pour que ces gens puissent s'autoges-tionner eux-mêmes.
M. Lessard: Vous revenez à ça.
M. Drummond: On souhaite que les gens puissent gérer leurs
affaires eux-mêmes. Dans ce temps, REXFOR se retirera.
M. Lessard: A Natashquan, il y a déjà eu une
coopérative qui a fonctionné pendant une période de deux
ans... C'est ça.
M. Drummond: On veut éviter des expériences
semblables.
M. Lessard: Oui... Maintenant, est-ce qu'il est prévu,
dans votre protocole d'entente avec Rayo-nier, que les gens du milieu pourront
se constituer en coopérative et pourront vendre leur bois à
REXFOR?
M. Drummond: Non, il n'a pas été question de cela.
On n'a pas été si loin que cela dans le protocole.
M. Lessard: Autrement dit, l'exclusivité des limites
appartient à Rayonier Québec.
M. Drummond: II n'y a pas de limite...
M. Lessard: Bon!
M. Drummond: ... relativement...
M. Lessard: C'est-à-dire jusqu'à deux
millions...
M. Drummond: II y a une...
M. Lessard: ... de cordes de bois...
M. Drummond: ... garantie de volume accordée à
Rayonier sur ce territoire. Il n'y a pas de limite. C'est une concession.
M. Lessard: Oui, mais est-ce...
M. Drummond: Imaginez-vous qu'avec les problèmes de
main-d'oeuvre auxquels fait face Rayonier, que n'importe quelle façon
lui soit proposée pour organiser la coupe du bois, elle va être
d'accord, sur n'importe quelle formule. Si, pour elle, une formule
coopérative est la façon de couper son bois, elle sera d'accord
sur ça. On ne pouvait quand même pas prévoir toutes ces
choses dans le protocole. Ce qui n'est pas écrit dans le protocole n'est
pas nécessairement exclu.
M. Lessard: Est-ce que, à partir du prix dont vous parliez
tout à l'heure et qui est déterminé en vertu du protocole,
soit le prix basé sur le coût de production de la
Société Rayonier, REXFOR, en ce qui concerne le projet Ml DER,
dans les trois centres agroforestiers actuellement, va présenter un
bilan financier positif ou négatif?
M. Drummond: Ce sont les cours de formation. Evidemment, il y a
un lot de dépenses qui ne peuvent pas être remboursées ou
remboursables. Si on le prend strictement comme opération
commerciale...
M. Lessard: Autrement dit, vous êtes...
M. Drummond: ...ce n'est pas un chantier commercial, mais quand
on fera un chantier commercial, il faudra présenter un bilan
positif.
M. Lessard: On ne tournera pas autour du pot. Autrement dit, vous
êtes devenu une école de formation pour Rayonier
Québec.
M. Drummond: Ah non! C'était prévu auparavant.
M. Lessard: Certainement que c'était prévu, parce
qu'on savait que l'implantation de Rayonier Québec allait créer
un certain nombre de problèmes d'autant plus que ces personnes, de
l'autre côté de la rivière Moisie, étant
donné qu'on n'avait pratiquement pas fait de travaux en forêt
depuis nombre d'années, n'avaient aucune expérience de ce
travail.
M. Drummond: Etait-ce mieux de ne rien faire?
M. Lessard: Non. Ce n'est pas cela, mais à un certain
moment, par exemple, c'est encore une subvention indirecte qu'on accorde
à Rayonier Québec...
M. Drummond: Ah non! Rayonier aurait quand même eu de
l'aide pour avoir des cours de formation. C'est prévu dans les
programmes de formation de main-d'oeuvre. Ce n'est certainement pas une
subvention déguisée à Rayonier. C'est de l'argent
dépensé pour les gens de la région. Il ne faut quand
même pas aller trop loin dans cela.
On peut déjà apporter le même argument, à
savoir que tout notre système d'éducation est là pour
former les gens pour l'entreprise privée et l'industrie. Alors, on peut
apporter cet argument jusqu'au bout, si on veut.
M. Lessard: Pour le transport du bois, avez-vous
l'intention...
M. Drummond:... le 1er mai.
M. Lessard: Au pays de Chinelle. La société
REXFOR a-t-elle l'intention d'avoir sa propre flotte de transport...
M. Drummond: Pas tout de suite, M. le Président.
M. Lessard: Est-ce qu'il est prévu, parce qu'on devra
transporter par bateau et on sait que le cabotage est passablement disparu dans
la région...
M. Drummond: Oui. Il faudrait que les volumes soient suffisants
et qu'on ait un programme à long terme, et le programme d'hiver n'est
pas assez à long terme et n'est pas assez suffisant pour... Comme je
l'ai dit...
M. Lessard: Quelle est la coupe annuelle?
M. Drummond: Cette année, on prévoit couper
à Natashquan environ 8,000 cordes seulement.
M. Lessard: 8,000 cordes.
M. Drummond: Cela ne justifie pas encore des investissements
importants pour des navires, des quais ou autres.
M. Lessard: Je suis d'accord, mais sera-t-il possible, cette
année puisque vous commencerez à vendre cette année
de faire le transport de ce bois?
M. Drummond: On a eu des rencontres avec l'Association des
propriétaires de navire du Saint-Laurent à ce sujet et on va
faire le transport avec son aide.
M. Lessard: II ne semble pas y avoir de problèmes?
M. Drummond: Non. Excepté que pour le bois en longueurs de
huit pieds on perd beaucoup d'espace sur les goélettes plutôt
qu'en quatre pieds. C'est le problème.
M. Lessard: Concernant CIP Témiscamingue, j'aimerais bien
qu'on nous trace un tableau de cette expérience de ce qu'on peut appeler
cogestion après plus de 18 mois d'exploitation. D'abord, combien de
représentants gouvernementaux y a-t-il au conseil d'administration?
M. Drummond: Chez TEMBEC, l'ancienne usine de CIP
Témiscamingue, REXFOR, par le protocole détenait quatre
sièges sur neuf au conseil d'administration et elle en a
cédé deux.
M. Lessard: Quatre sièges sur neuf.
M. Drummond: Au conseil d'administration et elle en a
cédé deux au syndicat, aux ouvriers forestiers.
M. Lessard: Donc, c'est deux sur neuf.
M. Drummond: C'est deux sur neuf, au point de vue pratique.
M. Lessard: Donnez-moi donc la répartition des
sièges. Deux sièges de REXFOR, deux sièges aux
employés, au syndicat...
M. Drummond: C'est cela. Et quatre aux fondateurs.
M. Lessard: Qu'est-ce que cela veut dire, les fondateurs?
M. Drummond: C'est le groupe des promoteurs du... C'est le groupe
d'ex-cadres de CIP qui ont promu cet... Plus un qui est
représenté par les investisseurs privés.
M. Lessard: Quel est le montant total des investissements?
M. Drummond: En comptant les subventions fédérales,
provinciales, etc.?
M. Lessard: J'aimerais avoir la répartition. M.
Drummond: Je vais essayer, de mémoire.
M. Lessard: J'aimerais mieux que ce soit juste, autant que
possible.
M. Drummond: Cela va être assez juste. $3,500,000 du
provincial, qui se répartissent comme suit: $2,500,000 à REXFOR
et $l million du ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. Lessard: $2,500,000, REXFOR, et $l million de l'Industrie et
du Commerce.
M. Drummond: $100,000 par les fondateurs.
M. Lessard: $100,000 par les fondateurs, ce que vous appelez les
promoteurs.
M. Drummond: Je pense que j'avais dit cela, mais...
M. Lessard: Pardon?
M. Drummond: Promoteurs, fondateurs...
M. Lessard: D'accord. $100,000 par les promoteurs.
M. Drummond: Le gouvernement du Canada avait mis $4.4 millions.
Les travailleurs souscriraient $400,000. La population, $200,000. Des
investisseurs privés auxquels TEMBEC n'a pas eu recours parce que sa
situation financière était bonne, on prévoyait $2 millions
dans le temps.
M. Lessard: $2 millions et cela n'a pas été
utilisé.
M. Drummond: C'est cela.
M. Lessard: Donc, il n'y a pas de membres au conseil
d'administration.
M. Drummond: II y en a un pareil. On l'a appelé l'agent
fiscal de la compagnie.
M. Lessard: Agent fiscal qui provient... Quelle est sa
fonction?
M. Drummond: C'est le conseiller de la compagnie au point de vue
fiscal, des emprunts, si jamais c'est nécessaire.
M. Lessard: Autrement dit, c'est un des membres qui pourrait
être intégré dans la classe des promoteurs.
M. Drummond: On se défend de cela, mais peut-être.
REXFOR fournit un fonds de roulement de $10 millions à TEMBOIS pour
approvisionner l'usine.
M. Lessard: Fonds de roulement...
M. Drummond: ...de $10 millions, pour former un grand total
prévu de $20,600,000.
M. Lessard: Si on prend les $10 millions de fonds de roulement,
les $2 millions de REXFOR, en excluant le ministère de l'Industrie et du
Commerce, on arrive donc à une participation de REXFOR de $12 millions
ce serait ça?
M. Drummond: Oui, si vous comptez le fonds de roulement comme une
participation.
M. Lessard: Est-ce que vous ne trouvez pas que la
représentation à l'intérieur du conseil d'administration
est complètement disproportionnée par rapport à
l'investissement des quatre promoteurs? C'est-à-dire que les promoteurs
qui ont investi $100,000 contrôlent quatre membres à
l'intérieur du conseil d'administration; j'ajouterais même cinq
membres à l'intérieur du conseil d'administration parce que vous
avez l'argent fiscal de la compagnie. Donc, les promoteurs qui ont fourni
$100,000 ont pratiquement le contrôle à l'intérieur du
conseil d'administration.
Cela m'apparaît assez disproportionné.
M. Drummond: Tout ça a été évidemment
négocié dans le temps et c'est bien clair qu'on a discuté
longuement de ces questions. Je pense que l'idée principale était
que les administrateurs doivent avoir une certaine marge de manoeuvre en ce qui
concerne le contrôle de l'exploitation. Alors, ç'a
été discuté ouvertement et franchement entre le syndicat,
lé gouvernement; en fin de compte, on en est arrivé à
cette solution. Je sais bien que $100,000 semblent un minimum, si on regarde
ça comme ça, mais il y a une expression en anglais, "it is the
only game in town". Alors, si on veut se rapporter à ce
moment-là, dans le temps aussi, on pensait que ce serait peut-être
un travail très difficile, et même si les autres n'avaient pas
d'argent, ils avaient apporté des choses qui étaient
nécessaires pour la réussite de projets, je pense qu'une des
grandes forces de la compagnie, c'étaient ses connaissances en
marketing, parce que c'est tellement essentiel dans cette industrie. De plus,
les autres avaient une connaissance de l'usine même qui était
nécessaire. Cela a été clair et net et ç'a
été expliqué à tout le monde que les fondateurs ou
les promoteurs étaient là dedans pour faire de l'argent. On a
expliqué clairement au syndicat, à la population et au
gouvernement que ces gens sont là pour faire de l'argent, mais que, pour
faire de l'argent, ils ont besoin de la participation de tout le monde. Si
c'est une réussite, d'accord, ils vont devenir riches, mais vous allez
participer aux profits aussi. Est-ce que nous allons ou nous n'allons pas... Le
gouvernement n'aurait jamais pu entrer là-dedans, je ne pense pas, sans
ces gens. On n'achète pas cette sorte d'expertise facilement.
Je comprends, dans le monde idéal, on doit faire quelque chose,
X, Y, Z, sur papier, c'est parfait. Mais je pense qu'on est arrivé
à la solution que tout le monde était au courant de ce qui se
passait; on n'avait rien cacher là-dedans.
Je pense que nous pouvons être assez fiers que, juste à ce
moment, TEMBEC soit une réussite éclatante. Je veux souligner
encore l'expertise en marketing qui était vraiment essentielle et qui a
aidé, énormément, à la réussite
jusqu'à ce moment.
M. Lessard: J'aimerais savoir, maintenant, de quelle façon
se répartissent les actions de la société?
M. Drummond: Les fondateurs détiendraient 39.9% des
actions.
M. Lessard: Les fondateurs. Le capital-actions est de
combien?
M. Drummond: Les actions ont été vendues à
$0.42 l'action. Les pourcentages, je peux vous donner cela de mémoire,
précisément: 39.9% pour les fondateurs; 39.9% pour les
ouvriers...
M. Lessard: 39.9% pour les ouvriers.
M. Drummond: ...et la population; 9.6% pour REXFOR et on gardait
12% en réserve comme attrait pour les investisseurs privés.
M. Lessard: Où vont-ils aller maintenant, ces 12%?
M. Drummond: On ne le sait pas encore, on les garde encore en
main dans l'éventualité d'un emprunt substantiel pour moderniser
l'usine.
M. Lessard: Le capital-actions est de combien?
M. Drummond: Un instant, je vais essayer de le trouver. On peut
faire le calcul, 39.9% égalent $100,000. Le reste, ce sera... Le
capital-actions est
à peu près de $250,000. Les fondateurs détiennent
244,400 actions à $0.42.
M. Lessard: Ils détiennent combien?
M. Drummond: 244,400 actions à $0.42. La population et les
ouvriers vont détenir le même montant et au même prix.
M. Lessard: Autrement dit, les actions ont été
réparties selon les $100,000 fournis par les fondateurs?
M. Drummond: Oui, cela a été la base, cela a
été un ensemble qui a fait que le projet a été
réalisé, sans le gouvernement, sans ces gens, sans les
travailleurs, sans la population; sans cela il n'y aurait pas de
réalisation..
M. Lessard: Oui. M. le Président, je pense que c'est
là une expérience valable. Tout à l'heure, on pourra
parler des bilans positifs ou négatifs, du bilan financier. Mais je
souligne quand même qu'il y a une certaine disproportion entre, d'une
part, la représentation des ouvriers et la représentation de
REXFOR, parce que des ouvriers ont accepté aussi de négocier un
contrat de trois ans à des prix inférieurs à ceux du
marché. Donc, les ouvriers ont accepté de participer
indirectement par la diminution de leur salaire à cette entreprise.
M. Drummond: Oui, mais, par contre, les ouvriers avaient
également un droit, dans le protocole d'entente, à une
participation aux profits de 10%. En décembre, on leur a
distribué $2 millions, c'est-à-dire environ $1,000 à
chacun, ce qui les replaçait un peu au niveau des salaires des autres
usines.
M. Lessard: Ils ont 39.9% des actions et ils ont une
participation aux profits de 10%? Ils ont 39.9% des actions, donc le même
nombre d'actions que les promoteurs, et ils ont une participation aux profits
de 10%? Quelle est la participation des promoteurs aux profits?
M. Drummond: C'est pour compenser un peu le sacrifice qu'ils
faisaient au début, de maintenir leur salaire au niveau qu'il
était avec CIP. Cela a été négocié avec le
syndicat de cette façon.
La participation, évidemment, dans les profits, après les
10% "off the top", c'est au prorata, selon le nombre d'actions.
M. Lessard: C'est-à-dire que les 10% sont remis aux
ouvriers avant la redistribution des profits comme tels, avant
l'impôt.
M. Drummond: Je pense que le point à signaler encore,
c'était que le syndicat était dans les négociations de
tout cela dès le commencement. Alors, c'était une entente de
gré à gré par les groupes impliqués, après
je ne sais pas combien de mois de discussion.
M. Lessard: En fait, c'est qu'on constate ceci, quand même,
le groupe des promoteurs, qui avait consacré $100,000 au projet,
reçoit la gérance du projet dont la capitalisation totale serait
d'environ $20,600,000 et reçoit 39% des actions...
M. Drummond: II faut soustraire les $10 millions de fonds de
roulement, parce que c'est un fonds de roulement, c'est un genre de
prêt.
M. Lessard: Je suis d'accord.
M. Drummond: Ce n'est pas capitalisé.
M. Lessard: Je suis d'accord, à un moment donné,
mais les promoteurs comme tels n'ont pas participé au fonds de
roulement.
M. Drummond: Non.
M. Lessard: II reste que je ne dénonce pas, et je trouve
que c'est là une expérience qui est valable... Je constate que
les promoteurs ont quand même reçu un beau cadeau de la part du
gouvernement. Pour un investissement de $100,000, recevoir 39.9% des actions,
recevoir en plus la gérance de l'entreprise, cela m'apparaît assez
fort. Si on respecte à un moment donné, dans d'autres ententes
postérieures, cette même répartition tant à
l'intérieur du conseil d'administration qu'à l'intérieur
des actions, cela ouvre la porte à de beaux cadeaux à certains
promoteurs.
M. Drummond: Non, cela a été fait, en premier lieu,
pour la population et les ouvriers. C'était une expérience, cela
ne veut pas dire que, si jamais il y a un autre problème semblable, on
copiera exactement la formule. On l'améliorera certainement. Il y a
toujours place à cela. REXFOR, comme d'autres, comme l'a souligné
le ministre, ne pouvait pas se porter garante de la réussite de cette
entreprise. C'est par ces gens qu'ils l'ont fait. Evidemment, aujourd'hui,
TEMBEC a réalisé des profits formidables.
Mais par contre, la conjoncture économique a favorisé tout
le monde dans cela, et la population et REXFOR et le gouvernement, tout comme
les fondateurs aussi. Cela a favorisé tout le monde.
M. Lessard: Non, mais il reste que vous conviendrez qu'il y a une
certaine disproportion, très forte.
M. Drummond: Oui. On ne peut pas dire que dès le
commencement, on était pour cette formule. On est arrivé à
la formule après de longues négociations. Alors, c'était
ça pour faire marcher le projet, et ça marche bien.
M. Lessard: Ecoutez. Je remarque qu'il y a une grosse
disproportion.
Maintenant, on me dit qu'on doit terminer à midi. Cet
après-midi, M. Côté me dit qu'il est occupé...
M. Drummond: C'est cela. Je peux revenir au début. A
quelle heure recommencez-vous?
Le Président (M. Lafrance): A 4 h 15, 4 h 30.
M. Drummond: A 4h 15?
Le Président (M. Lafrance): ... des travaux publics, c'est
terminé.
M. Lessard: Si on pouvait se revoir...
Une Voix: Oui, à 91.
M. Lessard: ... de 4 heures à 6 heures.
M. Drummond: Oui, ça m'irait.
M. Lessard: On pourrait s'organiser pour régler les
questions à l'intérieur...
Le Président (M. Lafrance): Etant donné qu'il y a
encore des questions, on va...
M. Drummond: Cela me convient.
Le Président (M. Lafrance): ... reconnaître le
député de Saguenay et le député de Dubuc par la
suite, à la reprise de la séance.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 2)
Reprise de la séance à 16 h 50
M. Lafrance (président de la commission permanente des
richesses naturelles, des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
Nous revenons au sujet que nous avions commencé avant le lunch,
c'est-à-dire sur REXFOR, et la parole était au
député de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, nous étions à
discuter de TEMBEC. Je continue, comme je l'ai dit ce matin, à croire
qu'il s'agit là d'une expérience qui est valable puisque, pour la
première fois, par l'intermédiaire de la société
REXFOR, le gouvernement s'impliquait à l'intérieur d'une
entreprise qui pourrait être québécoise. Cependant, comme
parlementaires, vous conviendrez qu'en même temps, nous avons la
responsabilité de voir à ce que les deniers publics soient
utilisés à l'avantage de l'ensemble des citoyens du
Québec. Or, je constatais ceci, suite aux informations que nous donnait
le président général de REXFOR, que, dans la
répartition des montants investis, le fédéral avait fourni
en subventions, probablement inconditionnelles, pour améliorer et
moderniser l'entreprise, en somme de $4,400,000.
Le ministère de l'Industrie et du Commerce avait fourni une somme
de $l million; la société REXFOR, soit sous forme d'actions
privilégiées et d'actions ordinaires, avait fourni la somme de
$2,500,000. Les travailleurs s'engageaient à fournir la somme de
$400,000, la population $200,000 et les investisseurs éventuels $2
millions. Par ailleurs, les promoteurs fournissaient $100,000 et le fonds de
roulement était constitué encore par la société
REXFOR au montant de $10 millions.
Donc, nous constatons que la société REXFOR fournit, si on
calcule que le fonds de roulement est quand même un certain montant
d'argent qui est mis à la disposition de cette entreprise, $12,500,000.
Nous constatons aussi que les deux niveaux du gouvernement fournissent
$5,400,000 sous forme de subventions. Donc, la grande partie des $20 millions
est fournie par le gouvernement et les promoteurs ne s'engagent qu'à
verser une somme de $100,000. Par ailleurs, je constate qu'au conseil
d'administration, la société REXFOR a deux administrateurs, le
syndicat deux administrateurs et les promoteurs quatre administrateurs, les
investisseurs éventuels ont un administrateur, qui est probablement
actuellement l'agent fiscal de la compagnie. En tout cas, ça
m'amène à croire que, dans un conflit, l'agent fiscal de la
compagnie aurait peut-être plutôt tendance à prendre la part
de la majorité des administrateurs, à savoir les promoteurs, tel
que nous le constatons, qui ont fourni $100,000 seulement sur un montant
prévu de $20 millions. On constate tout à coup que les promoteurs
investissent totalement leurs $100,000 dans le capital-actions. On sait que,
dans le système capitaliste où on vit, les actionnaires sont les
véritables propriétaires de l'entreprise.
En cas de vente ou d'arrêt de l'exploitation, les administrateurs
n'ont qu'à se répartir en relation, une fois les dettes
payées ou les actions privi-
légiées et les obligations payées, ce qui reste
comme capital actif de l'entreprise. Nous constatons donc que les promoteurs
contrôlent 39.9% des actions ordinaires pour un investissement total de
$100,000. Pour un investissement de $400,000 ouvriers et population
ça correspond à peu près à un nombre
équivalent d'actions aux promoteurs, donc environ $100,000 sur les
$400,000, et ça veut dire qu'il y a $300,000 sous forme d'actions
privilégiées. Je termine, cela veut donc dire $100,000 sous forme
d'actions ordinaires, et les ouvriers contrôlent 39.9% du capital-actions
et REXFOR 9.6% du capital-actions et les investisseurs privés qu'on n'a
pas encore utilisés, contrôleraient 12% du capital-actions.
Ce que je constate, c'est qu'il y a des remboursements qui pourront
être faits de la part des propriétaires de l'entreprise ou des
propriétaires de capital-actions. Il y a quand même une somme de
$5,400,000 qui consiste en des subventions en provenance des gouvernements
fédéral et provincial, et si, par hypothèse, l'entreprise
était vendue ou arrêtait de fonctionner, on constaterait,
probablement, que les $100,000 investis par les promoteurs sont devenus, comme
augmentation de valeur, des chiffres presque catastrophiques, en utilisant,
justement, les montants ou les subventions du fédéral et du
gouvernement du Québec. On pourrait aussi s'attendre à ce que les
promoteurs, qui ont quatre administrateurs et qui ont peut-être
l'avantage de contrôler l'administrateur qui devrait être celui des
autres investisseurs éventuels, ont même la majorité au
conseil d'administration.
Je vous avoue que ça m'inquiète et la question que je me
pose, qui apparaît fondamentale... J'ai toujours dit que cette
expérience est peut-être valable, mais, dans un investissement
aussi important, il faudrait prendre les précautions nécessaires
pour ne pas se faire organiser. C'est la question que je me pose, j'ai
l'impression que les promoteurs ont fait des affaires d'or là-dedans et,
dans l'éventualité d'une vente, ce sont là des gars qui
deviendraient millionnaires du jour au lendemain.
M. Drummond: Si vous me permettez, j'aimerais apporter des
précisions sur une question posée ce matin, à savoir le
capital-actions. Je vais vous donner, exactement, ce qui est autorisé:
500,000 actions privilégiées de classe A...
M. Lessard: Capital-actions prévu. M. Drummond:
C'est-à-dire autorisé. M. Lessard:
Autorisé.
M. Drummond: 500,000 actions privilégiées de classe
A, à 6%, cumulatives...
M. Lessard: Sans droit de vote.
M. Drummond: Participantes, votantes...
M. Lessard: 500,000 actions...
M. Drummond: ... d'une valeur au pair de $6 chacune.
M. Lessard: Oui.
M. Drummond: Rachetables au pair, plus les dividendes courus. Et
les dividendes sont cumulatifs à partir de la troisième
année après l'émission.
M. Lessard: Oui.
M. Drummond: Et la compagnie doit racheter un nombre d'actions
pour un montant égal à 20% du revenu net de l'année
précédente.
M. Lessard: La compagnie doit racheter...
M. Drummond: 20% de ces actions privilégiées,
à raison de 20% du revenu net. C'est ce qu'elle a fait quand elle a
remis $1,800,000 à REXFOR cette année. Il y a 10,000 actions
privilégiées de classe B...
M. Lessard: On peut donc supposer, on pourra en parler tout
à l'heure, que les revenus ont été assez forts.
M. Drummond: Formidables. 10,000 actions
privilégiées de classe B...
M. Lessard: 10,000 actions privilégiées de classe
B...
M. Drummond: ... d'une valeur, au pair, de $100 chacune.
M. Lessard: Les actions de classe B, est-ce qu'elles ne sont pas
votantes?
M. Drummond: Non cumulatives... M. Lessard: Non votantes.
M. Drummond: Non votantes. M. Lessard: Oui.
M. Drummond:... rachetables pour une considération globale
de $1.
M. Lessard: Rachetables...
M. Drummond: ... pour une considération globale de $1.
M. Lessard: La valeur est de $100?
M. Drummond: Par action, oui.
M. Lessard: Par action.
M. Drummond: 10,000 actions.
M. Lessard: 10,000 actions rachetables...
M. Drummond:... pour $1. Lorsque... M. Lessard: $1 par
action?
M. Drummond: ... lorsque REXFOR a été
remboursée. Non, pour la somme totale de $1, lorsque REXFOR a
été remboursée des avances à sa filiale TEMBOIS. Un
million d'actions ordinaires, sans valeur au pair, émises et
entièrement payées au 30 septembre 1974...
M. Lessard: ... valeur...D'accord. C'est correct.
M. Drummond: ... émises et entièrement
payées, au 30 septembre 1974: 412,338 actions privilégiées
classe A, dont on a parlé au début, sur 500,000...
M. Lessard: II s'agit de l'émission...
M. Drummond: Emises et entièrement payées. 10,000
actions privilégiées classe B.
M. Lessard: Une minute. 412,338. Oui. 10,000 actions
entièrement...
M. Drummond: 10,000 actions privilégiées classe B
et 304,805 actions ordinaires, pour une valeur totale de $3,604,965.
M. Lessard: $3,604,965...
M. Drummond: C'est au 30 septembre 1974.
M. Lessard: $3,604,965. Maintenant...
M. Drummond: II reste une autre précision. La subvention
du fédéral a été révisée et elle a
été portée à $4,872,250.
M. Lessard: Subvention inconditionnelle? M. Drummond: Aux
conditions ordinaires. M. Lessard: $4 millions. En fait,
c'était...
M. Drummond: $872,250. Les actions ordinaires sont vendues aux
promoteurs, aux fondateurs et elles seront vendues à la population et
aux ouvriers à $0.43 l'action, plutôt que $0.42 comme
mentionné ce matin.
M. Lessard: Elles seront vendues à la population?
M. Drummond: L'émission à la population n'a pas
été faite encore.
M. Lessard: Quelle est la participation de REXFOR dans les
500,000 actions participantes, où il y en a 412,000 actuellement, qui
ont été payées?
M. Drummond: Ce sont des actions privilégiées qui
ont droit de vote lors d'une assemblée d'actionnaires.
M. Lessard: D'accord. Maintenant, quelle est la participation de
REXFOR là-dedans? Est-ce que c'est en tiers ou...
M. Drummond: REXFOR a payé $6 par action,
c'est-à-dire $2,474,028.
M. Lessard: Autrement dit, vous êtes complètement
propriétaire des actions privilégiées.
M. Drummond: Emises à ce jour. Mais la compagnie en a
racheté pour $1.8 million, au mois de janvier, c'est-à-dire
environ 300,000 actions.
M. Lessard: En ce qui concerne les 300,000 actions, donc au mois
de janvier, il reste...
M. Drummond: Environ 112,000 actions privilégiées
classe A, à REXFOR, actuellement.
M. Lessard: Je présume que REXFOR est tout simplement
intéressée, graduellement, étant donné la clause de
rachat de 20% du revenu net, à se libérer de ses actions
privilégiées?
M. Drummond: C'est comme cela que cela a été
négocié, pour ne pas geler le capital $2.5 millions trop
longtemps.
M. Lessard: En fait, à part les actions
privilégiées, le taux d'intérêt est de combien?
M. Drummond: Les dividendes sont cumulatifs à compter de
la troisième année.
M. Lessard: Cumulatifs à compter de la troisième
année. Est-ce que ce dividende est fixé? Normalement oui.
M. Drummond: Oui. Je crois que c'est 7%.
M. Lessard: Au rythme où cela va, il n'y aura pas de
dividende à verser?
M. Drummond: C'est cela.
On ne peut pas présumer, quand même, le même niveau
de profit pour l'année en cours et l'année dernière.
M. Lessard: En tout cas, il semble que cela va bien. Une fois que
les 500,000 actions privilégiées sont rachetées, il va
rester les 10,000 actions privilégiées, classe B, d'une valeur
individuelle de $100 et qui seront rachetables, lorsque REXFOR aura
été remboursée des avances, totalement, pour une somme de
$1.
Comme, actuellement, les profits de l'entreprise ne servent pas à
verser des dividendes, parce qu'il y a la clause de trois ans, cela veut donc
dire que les profits de l'entreprise se répartissent, à un moment
donné, selon le capital-actions, si on excepte les 10% qui sont
versés aux ouvriers.
Autrement dit, ces profits ne sont pas nécessairement
versés sous forme d'argent. Ils peuvent être versés sous
forme de rachat ou...
M. Drummond: Ce sont les administrateurs qui déterminent
les dividendes à verser aux actionnaires et, dans la convention, la
compagnie s'est engagée à rembourser 20% de ses profits pour
racheter les actions privilégiées classe A.
M. Lessard: Est-ce que cela peut aller plus fort que 20% de ses
profits?
M. Drummond: C'est fixé à 20%.
M. Lessard: Minimum?
M. Drummond: C'est l'obligation, 20%.
M. Lessard: Et cela peut aller jusqu'à 40?
M. Drummond: Ni plus, ni moins.
M. Lessard: $1.8 million versé l'an dernier, cela ne
correspond pas seulement à 20% des profits?
M. Drummond: Oui. M. Lessard: Oui?
M. Lessard: Mais je m'aperçois quand même que cette
entreprise, comme je le disais tout à l'heure, quand je parlais,
à un moment donné, de profits éventuels, que ce soit sous
forme de rachat d'actions privilégiées... En fait, pour les fins
de l'entreprise, les promoteurs qui ont investi seulement $100,000 deviennent
probablement, selon leur capital-actions, à 39.9% propriétaires
des actions privilégiées, classe A.
M. Drummond: Oui. C'est que...
M. Lessard: En termes capitalistes, j'essaie de me
démêler là-dedans.
M. Drummond: TEMBEC est... Sur la question des actions
privilégiées, lorsque cela existe, cela coûte assez cher
parce que les dividendes sur cela sont payés après les taxes.
M. Lessard: Je suis d'accord.
M. Drummond: Alors, tout ce qu'on sait, c'est qu'on prend les
profits et on dit: Pour la compagnie, cela aurait du bon sens de
rachetor...
M. Lessard: Le plus vite possible, je suis d'accord.
M. Drummond: Le plus vite possible, pour la compagnie. Alors ils
ont fait cela et ils n'ont pas... Le reste entre dans le "earned surplus" et la
chose importante, pour une compagnie, à part la question qu'on peut
dis'cuter... On est d'accord, on peut devenir millionnaire du jour au
lendemain. Mais la chose importante, c'est de reconnaître dès le
commencement cette possibilité qui n'était pas une
probabilité dans le temps, pour une période de plusieurs
années. Tout le monde a été chanceux.
En ce qui concerne une ville morte, les taxes payées sur le
salaire et tout le reste, le gouvernement a récupéré
l'argent mis là-dedans la première année. Les taxes sur
les revenus, environ $4 millions ou $5 millions... $5 millions de taxes sur les
revenus. Cela a été une réussite.
Mais la compagnie, si on veut regarder vers l'avenir, a des
dépenses à faire qui seront assez énormes. On a
payé $2.4 millions une usine assez vétuste, il y a tous les
travaux de modernisation, les "digesters", les choses comme cela,
l'équipement pour combattre la pollution.
Je pense que le grand jeu là-dedans et c'est là où
on a été chanceux dès le départ, c'était
d'avoir ces revenus dans un surplus je m'excuse, j'oublie le mot
français mais ils ont besoin d'une base pour emprunter sur le
marché plus tard pour consolider la position de la compagnie qui serait
peut-être même fragile sans cela, parce qu'il faut aller au
marché pour des sommes assez importantes. C'est cela. Il n'est pas
question de payer les dividendes tout de suite. On a besoin de tout l'argent
qu'on peut récupérer pour... M. Côté peut en parler
longuement, je suis certain, mais on a besoin de l'argent pour cinq ou six ans
à venir pour vraiment stabiliser les activités d'une usine qu'on
avait laissé pourrir pendant plusieurs années. Alors, c'est cela.
C'était seulement la mise au point...
M. Lessard: M. le Président, ce n'est pas là le
problème qui me préoccupe. Je comprends que l'entreprise est bien
intéressée à se financer plutôt sous forme d'actions
ordinaires que sous forme d'actions privilégiées.
M. Drummond: Non, il faut...
M. Lessard: C'est-à-dire que l'entreprise, étant
donné qu'il y a la clause de trois ans, est intéressée
à racheter dans le plus bref délai possible ces actions
privilégiées, classe A. Je veux vous dire...
M. Drummond: C'est même plus avantageux, au lieu de
financer par les actions privilégiées, de financer par des
obligations dont l'intérêt est déductible au point de vue
du revenu.
M. Lessard: Cela entre là-dedans aussi. Ce que je veux
faire remarquer, c'est que quelques individus qui ont été les
promoteurs et qui risquaient la somme de $100,000 sur un investissement
probable de $20 millions, ont le plus grand nombre de personnes au conseil
d'administration, ont même le contrôle du conseil d'administration,
et que ces mêmes individus ont 39.9% du capital-actions. Ayant 39.9% du
capital-actions, ils reçoivent 39.9% de la rentabilité de
l'entreprise. C'est donc dire qu'en achetant, par exemple, 300,000 actions
privilégiées, la valeur de l'action ordinaire devient plus forte.
Ces individus aujourd'hui, peut-être demain et après-demain, pour
un inves-
tissement de $100,000 sont aujourd'hui pratiquement propriétaires
de l'entreprise qui commence à en valoir pas mal plus avec les
subventions du fédéral de $4.4 millions et du ministère de
l'Industrie et du Commerce de $1 million. Je suis d'accord et je l'ai
dit d'ailleurs au ministre lorsqu'on a fourni, en fait, $19 millions en
prêts à long terme par l'entremise de REXFOR à Rayonier et
lorsque le fédéral a fourni $21 millions encore à Rayonier
sous forme de subventions qu'au lieu de donner des actions, au lieu de
donner des subventions inconditionnelles, je voudrais bien que le gouvernement
s'implique un peu selon les risques et selon les montants d'argent qui sont
investis.
Je ne voudrais pas que cela devienne à un moment donné des
cadeaux à quelques individus qui peuvent en profiter pour devenir
millionnaires. Cette transaction, qui a permis peut-être de sauver une
ville, j'en conviens, m'apparaît être passablement, en partie,
à l'avantage des ouvriers, mais en grande partie à l'avantage de
M. George Patty et compagnie, parce que ces personnes n'ont quand même
investi que $100,000. Le "know how" dont vous parliez ce matin, on le paie en
esprit.
M. Drummond: Non, mais, disons, si on veut regarder les...
M. Lessard: C'est cela le système capitaliste?
M. Drummond: Non, c'est le fond de la question. C'est bien clair
lorsque cela fonctionne bien. Je n'ai jamais caché ce fait. J'ai eu des
conversations avec le président du syndicat. J'ai dit: Ecoute, ces
gars-là sont là-dedans pour faire leur réputation et pour
faire de l'argent. Voici les règles du jeu. Est-ce que c'est acceptable
pour vous autres, parce qu'on ne va pas embarquer si tout le monde n'est pas
d'accord. D'accord, c'est clair. Mais leur "bargaining power", ce
n'était pas les $100,000, loin de cela, le "bargaining power" de ce
groupe était d'abord une connaissance du milieu, en deuxième lieu
une vraie connaissance de l'usine, de son fonctionnement. Comme je l'avais dit
ce matin, c'est de connaissances en profondeur et d'un certain esprit qu'on
manque peut-être le plus dans le fonctionnarisme pour aller trouver des
marchés et faire de l'argent. C'était donc là le
"bargaining power" de l'équipe qui est venue. Tout le monde fait de
l'argent. Si cela progresse bien à l'avenir, on sera remboursé en
ce qui concerne l'emprunt de $10 millions. En ce qui concerne les subventions,
c'est une autre chose En faisant ces subventions, en tenant compte
évidemment des travaux de modernisation à effectuer dans
l'avenir, on va rester avec une participation dans le capital-actions.
Je pense qu on est cnanceux là-dedans parce que si, dans une
affaire comme la Côte-Nord, on avait pris des actions, je ne pense pas
que cela aurait été le meilleur placement du gouvernement du
Québec.
M. Lessard: Sur la Côte-Nord? M. Drummond: Oui.
M. Lessard: Vous ne pensez pas que cela aurait été
un bon placement?
M. Drummond: Cela n'aurait pas été un bon
placement.
M. Lessard: Cela n'aurait pas été un bon placement
pour la province de Québec.
M. Drummond: Pour la province de Québec, je ne crois pas.
On a limité notre investissement là-dedans aux infrastructures et
aux prêts sur l'équipement...
M. Lessard: Vous ne pensez pas que...
M. Drummond: Et je suis très heureux, en
rétrospective, qu'on l'ait fait de cette façon.
M. Lessard: Vous ne pensez pas qu'il serait plus profitable
aujourd'hui, au lieu d'être des gestionnaires, d'être des
participants à l'intérieur de l'entreprise? Vous ne pensez pas
qu'il aurait été profitable...
M. Drummond: Avec les problèmes de construction et tout
cela, je parierais, sans avoir vu les chiffres, qu'il y a eu des
dépassements assez énormes en ce qui concerne la mise en
exploitation de l'usine de Rayonier. Si on était actionnaire, on aurait
été appelé à mettre davantage d'argent dans le
baril. Je suis très heureux qu'on n'ait pas été plus
loin.
M. Lessard: M. le Président, de toute façon, je
n'engage pas la discussion sur Rayonier, mais j'aimerais bien le faire, parce
que notre ministre devient socialiste pour la grande entreprise. Les 10,000
actions...
M. Drummond: Est-ce que le député de Saguenay peut
expliquer son idée?
M. Lessard: Socialiste pour la grande entreprise. Autrement dit,
on donne de l'argent à la grande entreprise pour qu'elle puisse se
construire, être propriétaire à un moment donné, et,
sans aucun contrôle, sans aucune condition.
M. Drummond: On a toujours... M. Lessard: J'ai toujours
appris...
M. Drummond: ... le contrôle qu'on désire, si on
veut agir d'une certaine façon a l'avenir, mais l'actionnaire a aussi
des obligations à remplir.
M. Lessard: Je suis d'accord sur cela.
M. Drummond: Tout ce que je voulais signaler, c'est que, dans ce
cas, si je regarde les faits aujourd'hui, les obligations de l'actionnaire
auraient été probablement assez coûteuses.
M. Lessard: Bon. Alors, c'est une bonne leçon
économique. Maintenant, il est plus profitable...
M. Drummond: Ce n'est qu'une constatation, pas une
leçon.
M. Lessard: ... de subventionner inconditionnellement une
entreprise que d'en être actionnaire.
M. Drummond: C'est un emprunt créditiste qu'on a
donné.
M. Lessard: C'est cela, un emprunt créditiste, mais c'est
devenu maintenant plus avantageux d'être des subventionneux que
d'être des participants au capital-actions.
M. Drummond: Dans ce cas, oui...
M. Lessard: En tout cas, ce n'est pas mon opinion. En ce qui
concerne les 10,000 actions privilégiées classe B, il s'agit des
$10 millions de fonds de roulement?
M. Drummond: Non, il s'agit du $1 million du ministère de
l'Industrie et du Commerce.
M. Lessard: Ah! C'est le million du ministère, mais il est
rachetable. C'est le million, excusez-moi, je calculais vite, je n'ai pas ma
machine. Autrement dit, c'est une subvention.
M. Drummond: C'est cela.
M. Lessard: C'est seulement pour le principe qu'on la
rachète à $1. Il reste quand même ceci, c'est que cela
devient avantageux, de plus en plus, à un moment donné, d'avoir
des projets. Je comprends qu'il y avait une question sociale, mais cela devient
passablement avantageux, pour quelques individus, à un moment
donné, d'avoir l'appui presque inconditionnel du gouvernement.
Pourriez-vous déposer le protocole d'entente entre l'entreprise, la
société TEMBEC et le gouvernement?
M. Drummond: La convention des actionnaires?
M. Lessard: Oui.
M. Drummond: Le protocole d'entente.
M. Lessard: Oui, parce que, dans les arrêtés en
conseil, on parle de protocole d'entente.
M. Drummond: J'accepte les commentaires du député
de Saguenay, lorsqu'il dit que cela peut créer un problème. Le
gouvernement essaie de trouver de nouvelles formules pour avoir une
participation de la population, des travailleurs, du gouvernement et, pour
employer ce mot bien connu de "capitalistes", d'essayer de trouver un juste
équilibre pour que tout le monde ne pense pas que, en haut, le
gouvernement a une formule et qu'il faut en profiter. Je suis tout à
fait d'accord que cela pourrait être le danger. C'est quelque chose
à suivre.
TEMBEC est née d'un problème. C'est à la suite d'un
problème que TEMBEC est venue au monde. Cela ne veut pas dire que, parce
que TEMBEC est là, actuellement, cela va être parfait et qu'il n'y
aura plus jamais de problèmes. Il faudra les résoudre au fur et
à mesure qu'ils vont se présenter, s'il y en a. C'est une formule
nouvelle qu'on essaie.
M. Lessard: Si je décidais de lancer la scierie de
Ragueneau-Ruisseau-Vert, est-ce que je pourrais avoir les mêmes
avantages?
M. Drummond: Laquelle?
M. Lessard: La scierie de Ragueneau-Ruisseau-Vert, en fournissant
$100,000, est-ce que je pourrais avoir les mêmes avantages de
prêts?
M. Drummond: Ce n'est pas tout à fait le même
problème, mais je sais bien que le député de Saguenay
n'est pas capitaliste et n'aimerait jamais entrer dans une telle affaire,
même s'il allait devenir millionnaire du jour au lendemain. Ce n'est pas
son style.
M. Lessard: En tout cas, j'ai énormément de
réserve sur le fait que la société REXFOR et le
gouvernement du Québec prennent à peu près, dans cette
entreprise, tous les risques et qu'ils ne se soient pas au moins assurés
d'avoir une majorité à l'intérieur du conseil
d'administration.
M. Drummond: Dans ce cas, cela a été
négocié de cette façon. C'était la façon
qu'on a trouvée pour résoudre le problème de la
région. Dans un autre cas, ce serait peut-être autre chose.
M. Lessard: Les travailleurs qui fournissent $400,000, leurs
$400,000 sont probablement à l'intérieur d'actions
privilégiées, garanties en deuxième hypothèque ou
en première hypothèque?
M. Drummond: Je vais vous lire un extrait du protocole d'entente
dans le projet de la structure financière: "Les employés de
l'usine auront l'opportunité de souscrire à des unités au
prix total de $1,000 chacune, lesquelles unités seront composées
de $500 d'obligations, en première hypothèque, portant
intérêt à 9% l'an, avec 20 droits de souscriptions pour une
action ordinaire, par droit, au prix de $0.49 l'action ordinaire, pour les cinq
premières années, au prix de $0.56 l'action, pour les cinq
années suivantes; $300 d'obligations, en deuxième
hypothèque, portant intérêt à 7% et 465 actions
ordinaires à $0.43 l'action". Si j'ai décomposé les
$1,000, ce serait de $500 en obligations, en première hypothèque;
$300, en deuxième hypothèque et $200 en actions ordinaires,
à $0.43 l'action.
M. Lessard: En tout cas, je constate que, pour...
M. Drummond: II y a une formule semblable pour la population.
M. Lessard: Je comprends que les $10 millions, comme fonds de
roulement, ne sont pas directement du capital actif, dans le sens que vous
êtes autorisés à mettre à la disposition, à
un moment donné, jusqu'à un maximum de $10 millions...
M. Drummond: C'est cela et c'est dans la compagnie TEMBOIS qui
est une filiale de TEM-BEC dans laquelle REXFOR détient 49% des actions
et, TEMBEC, 51%, avec cette particularité que REXFOR approuve les
dépenses capitales de TEMBOIS. Dans ces cas, nous devenons majoritaires,
parce qu'il y a un droit de veto. Si on fait cela, c'est pour protéger
le contenu québécois des dépenses de la compagnie.
M. Lessard: Dans les 12% qui restent, qui devaient être du
capital-actions des investisseurs privés, ceci m'apparaît fort
important, parce que, je voudrais bien savoir de quelle façon vous avez
l'intention de régler ces 12% qui restent disponibles. Celui qui va
récupérer les 12%, deviendra majoritaire. Si, par exemple, vos
promoteurs récupèrent les 12%, vous arrivez à 51.9%.
Là, cela devient important.
M. Drummond: Evidemment, la compagnie devra décider, ou
les administrateurs de la compagnie devront décider de ces 12%. Je crois
que c'est l'intention de les réserver pour attirer les investisseurs
privés, parce que, la compagnie a un programme de modernisation et de
"heat recovery" qui dépasserait les $20 millions. Cela va prendre un
genre de "sweetener" pour attirer les investisseurs privés. On souhaite
que les 12% prévus pour les investisseurs privés, aillent
là. On souhaite cela.
M. Lessard: Mais, la compagnie est constituée de quatre
personnes, représentant les promoteurs, et de l'agent fiscal.
M. Drummond: Oui, plus les quatre autres administrateurs.
M. Giasson: Ces 12% de capital-actions en faveur de l'entreprise
privée, est-ce que ce bloc d'actions pourra, un jour, avoir une
délégation la représentant au sein de
l'administration?
M. Drummond: C'est l'agent fiscal. Si l'investisseur
privé...
M. Giasson: C'est lui qui va agir au nom des souscripteurs
privés du bloc d'actions...
M. Drummond: Supposons que M. X est l'investisseur privé,
il peut bien choisir son représentant, désigner son
représentant qui déplacera l'agent fiscal actuel, ou cela
pourrait être le même que celui qui est là actuellement.
M. Lessard: Les quatre promoteurs privés, les quatre
membres du conseil d'administration peu- vent, à un moment donné,
possiblement, avoir ou s'organiser pour avoir un certain contrôle sur la
personne qui sera déléguée par l'investisseur privé
et, à ce moment, le gouvernement qui a investi considérablement,
perd le contrôle de cette entreprise.
M. Pelletier: Même avec leurs gains de capital qu'ils font
sur les subventions, ils peuvent faire un emprunt pour acheter les 12% et ils
deviennent majoritaires à 51%.
M. Drummond: II ne peuvent pas racheter les 12%.
M. Giasson: C'est réservé...
M. Lessard: Non, mais ils peuvent le faire faire par
d'autres.
M. Pelletier: Indirectement, ils le peuvent. Cela reste quand
même un danger et, après cela, il n'y a pas
d'intérêt...
M. Drummond: On est très conscient qu'on doit essayer de
garder l'équilibre, d'abord et éviter que les 51% passent
à un groupe donné. Je pense que l'autre aspect, là-dedans,
si on regarde comment marchent les choses, si on parle de conseil
d'administration tel quel, je ne pense pas que le nombre en soi, la
majorité en soi, m'inquiète tellement, parce qu'il y a deux
représentants des travailleurs là-dedans, c'est-à-dire
qu'un gars ne peut pas être isolé facilement par le groupe et le
gouvernement est là aussi. Pour n'importe qui...
M. Lessard: Minoritaire.
M. Drummond: Non, je parle... Si on joue avec les chiffres, oui,
mais si on joue comment marchent trois groupes avec peut-être des points
de vue...
M. Lessard: Je connais très bien comment cela fonctionne.
Il n'y a pas de...
M. Drummond: Non, le seul danger, c'est si c'est un groupe
isolé d'une façon peut-être que mon mot est trop
fort et qu'il trahit son propre groupe. C'est la seule chose. Autrement,
on aura toujours un équilibre, parce que, si deux groupes sont pour
quelque chose, je pense que cela va marcher, et je dirais...
M. Lessard: Cela aurait pu être une clause
peut-être.
M. Drummond: ...que si les travailleurs et le gouvernement sont
pour quelque chose, je suis convaincu, malgré les chiffres, que sur une
question fondamentale, on ne peut rien faire sans l'appui des travailleurs. On
sait comment cela peut marcher.
M. Lessard: Cela aurait pu être une clause à un
moment donné, avant que toute décision importante se prenne
à la majorité...
M. Drummond: Je pense que, de la vraie manière, cela
marcherait comme cela.
M. Lessard: ...pour autant qu'il y ait deux groupes dont Rexfor
ou le syndicat, qui soient d'accord. Je comprends que ça allait à
l'encontre des termes capitalistes.
M. Drummond: Non, non, cela marcherait comme cela. Je n'ai pas
l'expérience au conseil d'administration et...
M. Lessard: Non, non.
M. Drummond: Les vrais majoritaires, à mon sens, dans une
compagnie, ce sont les ouvriers.
M. Lessard: Ce sont les...
M. Drummond: Les ouvriers, surtout lorsqu'ils sont
représentés au conseil d'administration, peuvent...
M. Lessard: Moi je juge à partir du capital-actions, les
vrais majoritaires, les ouvriers...
M. Drummond: Tout cela au sens légal.
M. Lessard: ...possèdent 39.9% du capital-actions...
M. Drummond: Les ouvriers et la population.
M. Lessard: Les ouvriers et la population, les ouvriers environ
30%, la population environ 9%. Les promoteurs 39.9%, Rexfor 9.6% et
l'entreprise privée, éventuellement, 12%. Mais quand vous me
dites, à un moment donné, que les vrais propriétaires sont
les ouvriers...
M. Drummond: Les vrais majoritaires.
M. Lessard: Les vrais majoritaires au conseil
d'administration?
M. Drummond: Qu'est-ce qu'un industriel peut faire si les
ouvriers ne veulent pas travailler ou si...
Qui a le vrai pouvoir? Dites-moi, qui a le vrai pouvoir?
M. Lessard: Dans l'entreprise privée, à un moment
donné, c'est exactement la même chose, c'est cerain, mais soyez
assurés qu'à un moment donné, le jour où les
ouvriers ne veulent pas travailler, elle va s'en trouver d'autres.
M. Drummond: Tout ce qu'on veut signaler, c'est que
l'équilibre n'est pas nécessairement dans les chiffres, mais dans
le vrai rapport des forces.
M. Lessard: Ce que je signale, M. le Président, ce que je
veux signaler et ce qui m'inquiète, c'est que des promoteurs qui ont
investi $100,000 pour contrôler le conseil de l'administration, $100,000
sur un investissement éventuel de $20 millions, contrôlent le
conseil d'administration ou, en tout cas, ont une très grande puissance
au conseil d'administration. En même temps, ils contrôlent le
capital-actions de 39.9%, et, par le rachat qu'ils font des actions
privilégiées, on l'a dit tout à l'heure, leurs $100,000,
de même que l'achat qu'ils feront des $1 million en provenance du
ministère de l'Industrie et du Commerce, leurs $100,000 qu'ils avaient
investis deviennent un montant très très élevé.
Mais dans tout cela, je trouve qu'ils sont là pour faire de l'argent,
j'en conviens.
Je trouve cependant anormal que, tant du côté de Rexfor que
du côté du ministère, d'autant plus que, ce matin, le
président général me soulignait que Rexfor avait dû
laisser en fait deux postes du conseil d'administration au profit des ouvriers,
ce ne soient pas les promoteurs qui aient été obligés de
laisser un poste du conseil d'administration ou que Rexfor laisse un poste au
conseil d'administration. C'est Rexfor qui devait avoir quatre membres au
conseil d'administration, maintenant qui a dû laisser deux postes aux
ouvriers. Donc il n'y a pour Rexfor, maintenant, que deux postes, deux postes
pour le syndicat et quatre pour les promoteurs, alors que tout investissement,
en fait, provient si j'avais une machine à calculer
à un peu plus de 99% du public, par l'intermédiaire de Rexfor,
par l'intermédiaire des subventions et par l'intermédiaire des
travailleurs.
M. Drummond: Je pense, M. le Président, qu'on peut dire
que ce serait assez facile d'établir ces points et ce n'est pas à
dire que je n'ai pas fait les mêmes points moi-même.
M. Lessard: Cela doit vous inquiéter.
M. Drummond: Non, pas tellement à ce moment-ci, mais ce
que je dirais en fin de compte, c'est qu'on commence des négociations,
qu'on arrive avec quelque chose et que, jusqu'à ce moment-ci, cela
marche très bien. Est-ce que je peux poser une question au
député de Saguenay? Même avec certains termes qu'il ne
semble pas aimer tellement, est-ce qu'il pense que ç'a été
un bon geste, un bon investissement de la part du gouvernement d'embarquer
là-dedans?
M. Lessard: Si je...
M. Drummond: Même s'il n'est pas d'accord sur tous les
termes...
M. Lessard: Non, je pense, j'aime mieux cette formule-là.
J'aime mieux cette formule que la formule que vous avez utilisée en ce
qui concerne ITT-Rayonier. J'aime mieux cette formule, mais, j'aurais
aimé, justement, en ce qui concerne Rayonier Québec, que vous
permettiez à des travailleurs, par l'intermédiaire des
subventions indirectes qu'on versait, puis des cadeaux indirects qu'on leur
versait, que vous permettiez à des tra-
vailleurs et à REXFOR d'être participants à
l'intérieur de l'entreprise.
Cependant, de là à dire, par exemple, que participer
à une entreprise pour des sommes, en fait, allant, pour REXFOR,
jusqu'à $12,500,000 plus des subventions de $5,400,000 et n'avoir comme
contrôle ou comme capital-actions, à l'intérieur de
l'entreprise, que 9.6% je trouve qu'il y a une marge considérable.
Je trouve qu'il y a une marge considérable puis ce que je crains,
ce que je ne souhaite pas, c'est que, justement, les promoteurs profitent de
leur situation très forte au conseil d'administration pour
contrôler l'entreprise, puis j'ai peur que ce soit cela qui arrive.
M. Drummond: Sur ce point fondamental, franchement, aussi
longtemps qu'on aura les trois groupes représentés
là-dedans, je pense qu'on va en trouver toujours deux sur trois comme
minimum.
M. Lessard: En tout cas, comment est-ce que je discuterais...
M. Drummond: En tout cas, c'est à suivre, il y à
des faiblesses dans la formule...
M. Lessard: Oui, oui, c'est une expérience.
M. Drummond: ...chaque cas sera différent. On va apprendre
par ce qu'on a fait dans le passé, mais, quand même, il y aura des
circonstances différentes pour chaque cas qui arrive. A ce moment-ci, on
est chanceux, cela a assez bien marché. Il y aura des problèmes
dans l'avenir, c'est certain.
M. Lessard: Disons que je maintiens tout ce que j'avais dit, que
l'expérience est à suivre, que l'expérience peut
être très valable et, tel un peu que je le soulignais lors du
discours inaugural ou des quelques remarques que je faisais au début de
cette commission parlementaire, je pense qu'on commence à avoir des
idées nouvelles au Québec. Je m'aperçois que REXFOR,
maintenant, ne veut pas devenir exclusivement une compagnie, une
société de la couronne qui subventionne ou qui prête, sur
une période de 25 ans, des montants assez énormes, mais que
REXFOR veut s'impliquer et cela peut en arriver à être
bénéfique pour l'ensemble de la société
québécoise.
Cependant, j'ai certaines réserves, quand même, concernant
la répartition des membres au conseil d'administration.
M. Drummond: Moi aussi, j'ai toujours des réserves sur les
ententes conclues, mais je travaille quand même.
M. Lessard: Maintenant, est-ce que la compagnie TEMBEC...
Le Président (M. Lafrance): Si le député de
Saguenay me le permet, avant d'aller plus loin, il y avait eu une entente qui
avait été prise avant l'heure du lunch, ce midi, selon laquelle
on libérerait M. Côté à la fin de
l'après-midi et on va être obligé de laisser la salle 91
à 6 h moins 10. Alors, s'il y avait moyen d'accélérer.
M. Lessard: Voici, M. le Président. Comme M.
Côté est occupé, probablement, et qu'il sera difficile de
l'interroger à nouveau, on devra, malheureusement, se limiter à
recevoir les réponses du ministre. Par exemple, je souhaite une chose,
c'est que le ministre nous dise officiellement que REXFOR, après avoir
déposé son bilan, puisse venir devant les parlementaires pour
qu'on puisse discuter complètement de l'ensemble des activités de
cette société, parce que c'est important.
M. Drummond: Moi, je préfère le dire comme ceci.
Moi, je n'ai aucune objection et REXFOR n'a aucune objection. On aimerait bien
avoir l'occasion de le faire et je vais faire part au leader du gouvernement du
désir de la commission, parce que c'est mon désir, à moi
aussi, de le faire et, si l'horaire le permet, je suis tout à fait
d'accord.
M. Lessard: Mais, si M. Côté n'est pas...
M. Drummond: Ce n'est pas le président des terres et
forêts qui est responsable des travaux des commissions, mais je vais
faire une recommandation en ce sens.
M. Lessard: ...n'est pas disponible ce soir, nous pouvons le
libérer, quitte à le revoir la semaine prochaine. Je suis bien
prêt à passer à un autre programme. C'est parce que c'est
important, j'ai des questions sur Sacré-Coeur, Samoco. A moins que le
ministre nous garantisse qu'il est capable de répondre à
l'ensemble de ces questions.
Je m'excuse auprès de M. Côté, mais on le voit
tellement peu souvent qu'il faut le garder autant que possible.
Concernant encore TEMBEC la dernière question que j'aurais
à poser; est-ce que TEMBEC a présenté et que c'est
public un rapport financier de ses opérations?
M. Drummond: TEMBEC n'est pas une compagnie publique.
M. Lessard: Oui.
M. Drummond: Son année financière se terminait le
30 septembre I974, et le bilan annuel a été
vérifié, présenté par Clarkson, Gordon and Co., les
vérificateurs.
M. Lessard: Comme la société REXFOR est
participante à l'intérieur du capital-actions, est-ce que
ça ne serait pas d'intérêt public d'interroger le
président directeur général sur les profits de cette
société au cours de la dernière opération
financière?
M. Drummond: Réellement, je ne le sais pas,
parce que TEMBEC n'est pas une compagnie publique, elle n'est pas sur le
marché de la bourse à l'heure actuelle.
M. Lessard: Je suis d'accord, mais comme parlementaires, nous,
comme mandataires de la population, nous possédons 9.6% du
capital-actions.
M. Drummond: Oui, 9.6%.
M. Giasson: ...acheter du capital privé et on va pouvoir
se mettre le nez là-dedans.
M. Drummond: Je ne sais pas, il faudrait que je m'informe pour
savoir si je peux faire ça. Moi, personnellement, je n'aurais pas
d'objection, mais il faut que je m'informe. ...le bilan financier de TEMBEC.
Nous allons nous informer de ça.
M. Lessard: II est important qu'on puisse constater que ça
va bien. De plus, on sait que la CIP n'avait pas réussi à
rentabiliser son entreprise, alors que les ouvriers, en collaboration avec
REX-FORet un certain nombre de promoteurs, ont réussi à la
rentabiliser. C'est là une expérience qui nous démontre
que, comme Québécois, nous pouvons être aussi efficaces que
d'autres.
M. Drummond: Oui, mais il faudrait rajouter la conjoncture, les
circonstances économiques de la période...
M. Lessard: Oui, la conjoncture a été... M. Drummond:
...et le talent de certains.
M. Lessard: J'aurais une dernière question concernant
TEMBEC. Vous avez quand même l'intention, malgré le fait qu'il va
y avoir des rachats, à un moment donné, d'actions
privilégiées par la société, actions
privilégiées classes A et B, qui est la subvention du
ministère de l'Industrie et du Commerce, vous avez quand même
l'intention de garder votre capital-actions à l'intérieur...
M. Drummond: Ordinaire. A ce jour, nous n'avons pas songé
à en disposer, non.
M. Lessard: La façon dont vous allez en disposer va
être très importante.
Le Président (M. Lafrance): Avant d'aller plus loin,
j'aurais une question à poser au député de Saguenay. Nous
sommes en train de discuter de REXFOR assez à fond, je me demande si
nous ne serions pas mieux de garder le temps pour les crédits. Etant
donné l'assurance que le ministre vient de donner et l'assurance que le
directeur général de REXFOR vient de donner qu'il pourrait y
avoir une commission parlementaire pour étudier à fond les
problèmes de REXFOR, nous pourrions peut-être passer aux
crédits, quitte à revenir à la fin des crédits.
M. Lessard: M. le Président, c'est qu'en
réalité et nous l'avons accepté comme ça
ce que nous discutons actuellement, j'ai l'impression, c'est le
programme 4, utilisation de la forêt.
M. Drummond: Si je comprends bien, le député de
Saguenay avait dit que parmi les choses qu'il voulait discuter pendant les
crédits, il voulait discuter à fond certains projets
spéciaux qui relevaient naturellement de REXFOR. Est-ce que c'est bien
ça?
M. Lessard: C'est ça.
M. Drummond: Alors, c'est la majeure partie des dossiers qu'il
veut discuter à fond. Est-ce que c'est ça?
M. Lessard: C'est ça.
M. Drummond: Est-ce qu'on peut avoir une entente?
M. Lessard: Si REXFOR n'est pas là, comme REXFOR est un
organisme qui doit faire rapport par l'intermédiaire du ministère
des Terres et Forêts, si je posais ces questions en Chambre, on me
répondrait: Vous allez avoir la possibilité aux crédits
d'interroger le ministre sur l'ensemble des activités de REXFOR, c'est
toujours ce qu'on fait.
M. Drummond: A ma connaissance, je n'ai jamais dit ça.
M. Lessard: Non, mais le président de l'Assemblée
nationale nous le dit continuellement, chaque fois, surtout quand
l'étude des crédits s'en vient. Si nous avons des questions
à soulever, à un moment donné, concernant la
société et qu'elles peuvent être soulevées à
l'étude des crédits, le président nous dit: Vous
êtes actuellement en discussion des crédits du ministère et
le député devrait utiliser ces séances pour poser les
questions.
Vous comprendrez que le ministre des Terres et Forêts, en plus
d'être un gestionnaire de la forêt québécoise, est
aussi indirectement le responsable auprès du Parlement de la
société REXFOR.
Le Président (M. Lafrance): C'est qu'on a pratiquement
fait la moitié du procès de REXFOR. Est-ce que nous sommes mieux
de continuer ou d'arrêter et de recommencer? C'est la question que je me
pose.
M. Lessard: M. le Président, étant donné que
votre poste est permanent, vous vous rappelez que, l'an dernier, on avait voulu
discuter de REXFOR et le ministre nous avait répondu à peu
près la même chose, en ce sens qu'il prévoyait la
possibilité que REXFOR vienne témoigner.
M. Drummond: C'était il y a deux ans, je pense.
M. Lessard: II y a deux ans. Et depuis, est-ce que nous avons pu
discuter de REXFOR?
M. Drummond: Non, j'accepte ça. Ce n'est pas ça; je
pense...
M. Lessard: Ce qu'on pourrait accepter, M. le
Président...
M. Drummond: ... que la préoccupation du président,
c'est qu'on n'avance pas tellement dans l'étude des crédits.
M. Lessard: Mais vous allez voir qu'une fois que ces projets
spéciaux vont être discutés au programme 1, pour moi, la
couleur du chapeau du chauffeur du ministre, ça ne m'intéresse
pas. On va pouvoir, à un moment donné...
M. Drummond: II n'en porte pas.
M. Lessard: ... aller assez vite, parce que l'administration
forestière, la gérance de la forêt, c'est surtout en ce qui
concerne des projets spéciaux comme ceux-là. Moi, j'ai
l'impression, comme on l'a toujours fait lors des crédits, qu'une fois
qu'on a discuté des problèmes généraux, en ce qui
concerne REXFOR, il me resterait Sacré-Coeur et la scierie de Ragueneau.
Il y a l'usine de Saint-Félicien, mais celle-là c'est le ministre
qui en parlera.
Le Président (M. Lafrance): Si je comprends bien le
député de Saguenay, c'est qu'après ces questions le
problème de REXFOR serait réglé?
M. Lessard: Oui.
Le Président (M. Lafrance): Alors, on n'aurait pas besoin
de revenir en commission parlementaire pour le réétudier à
fond.
M. Lessard: Non, une minute; il y a un bilan que REXFOR doit
présenter le 30 juin.
Le Président (M. Lafrance): Ah bon! d'accord. En tout cas,
disons qu'on ne peut pas régler...
M. Lessard: Voici, je ne suis pas le seul. Le
député de...
Le Président (M. Lafrance): Je n'ai pas d'objection. Ce
que je dis, c'est: est-ce que nous continuons sur REXFOR ou si nous
arrêtons pour revenir en commission?
M. Lessard: Nous reviendrons à huit heures quinze,
étant donné que nous devons laisser la salle ici.
Le Président (M. Lafrance): D'accord, la commission
suspend ses travaux jusqu'à huit heures quinze.
(Suspension de la séance à 17 h 49)
Reprise de la séance à 20 h 20
M. Lafrance (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
Nous reprenons l'étude des crédits du ministère des
Terres et Forêts et nous reprenons la discussion où nous l'avions
laissée avant le dîner, c'est-à-dire avec REXFOR.
L'honorable...
M. Drummond: Le président a l'air pressé.
Le Président (M. Lafrance): Plus que certains membres de
la commission, oui. L'honorable député de Saguenay avait des
questions à poser concernant REXFOR.
M. Lessard: J'aimerais que le directeur général
nous fasse une vue générale concernant le projet de
Sacré-Coeur, où il en est rendu, on sait que REXFOR est
actionnaire aussi, comment se répartissent les actions entre Chibougamau
Lumber, REXFOR, la population?
M. Harvey (Dubuc): Intrafor.
M. Lessard: Le député du comté de Dubuc est
là, il sera certainement intéressé à recevoir des
réponses aux questions qu'il pourra lui-même poser.
M. Drummond: Très bien, ça me fait plaisir. Disons
Samoco, le projet de Sacré-Coeur s'appelle Samoco Inc., les actionnaires
principaux sont Chibougamau Lumber qui détient 51% des actions
ordinaires, un groupe qu'on appelle le groupe Fradette détient 8% des
actions ordinaires, lequel groupe détient, également, Chibougamau
Lumber. ...parties.
M. Lessard: Vous avez Chibougamau Lumber et le groupe Fradette a
ses propres actions.
M. Drummond: 8%. Intrafor... M. Harvey (Dubuc): 51%.
M. Drummmond: Non, c'est en plus des 51%. Intrafor qui a
été formée par le comité de la promotion
industrielle de Sacré-Coeur, qui représente la population,
détient 29% et...
M. Lessard: Avec possibilité de se rendre à
33%.
M. Drummond: Et REXFOR s'est portée acquéreur,
disons que les 29% d'Intrafor représentent $500,000 et REXFOR y a
contribué pour $150,000 afin de permettre à la population de
maintenir sa position dans le groupe.
M. Lessard: Alors REXFOR n'est pas...
M. Drummond: REXFOR est détenteur des 12% qui
manquent.
M. Lessard: 12% par 1,029 ou...
M. Drummond: 12% comme REXFOR.
M. Lessard: Et les 12% correspondent aux $150,000.
M. Drummond: Non, 12% correspondent à $12,000.
M. Lessard: Vos $150,000 sont où?
M. Drummond: Dans Intrafor.
M. Lessard: Dans Intrafor, donc vous... Mais c'est
ça...
M. Drummond: Si vous voulez, nous allons partager les actions en
actions ordinaires, actions privilégiées et prêts.
M. Lessard: Oui, j'aimerais bien.
M. Drummond: 51%, 8%, 29%, 12%.
M. Lessard: Oui.
M. Drummond: Les actions ordinaires ont été
réparties dans $100,000, c'est-à-dire que Chibougamau Lumber a
mis $51,000 pour les actions ordinaires.
M. Lessard: De $1,000, d'accord.
M. Drummond: Fradette et son groupe...
M. Lessard: $8,000.
M. Drummond: $8,000 Intrafor, $29,000 et REXFOR $12,000. REXFOR
a, en plus, acheté pour les actions privilégiées...
M. Lessard: Ce qui totalise $100,000. M. Drummond: Oui.
M. Lessard: Bon.
M. Drummond: REXFOR a, en plus, acheté des actions
privilégiées pour $738,000 dans Samoco Inc.
M. Lessard: Une minute là.
M. Harvey (Dubuc): $738,000.
M. Drummond: $738,000.
M. Lessard: Avec dividendes?
M. Drummond: Oui, à 7% cumulatifs.
M. Lessard: Commençant à être
payés...
M. Drummond: Immédiatement.
M. Lessard: Dès l'investissement.
M. Drummond: Le groupe Chibougamau Lumber...
M. Lessard: Est-ce que c'est rachetable par... M. Drummond:
Des actions privilégiées? M. Lessard: Oui. M.
Drummond: Oui.
M. Lessard: Avec possibilité de rachat par la
société?
M. Drummond: Oui, comme toute action
privilégiée.
M. Lessard: Oui, mais comment est-ce que vous avez...
M. Drummond: II n'y a pas de modalité pour les
rachats.
M. Lessard: II n'y a pas de modalité, alors rachat selon
leur capital. D'accord.
M. Drummond: Chibougamau Lumber a prêté $941,000
à 7%.
M. Lessard: $941,000, là, c'est un prêt.
M. Drummond: Et Intrafor a prêté à
Samoco...
M. Lessard: Prêt à...
M. Drummond: A 7%.
M. Lessard: Et Intrafor?
M. Drummond: A prêté $471,000 à 7%
également. Ce qui fait que la mise totale des actionnaires est de
$2,250,000 en actions ordinaires et privilégiées et
prêts.
M. Lessard: Vous dites $2,250,000, pour un investissement total
qui est maintenant évalué à combien?
M. Drummond: L'investissement total est évalué
à $9.2 millions actuellement, il devrait atteindre ce montant.
M. Lessard: Les subventions du gouvernement prévues sont
de combien?
C'est une capacité originale ou initiale, $9.2 millions;
c'était prévu à moins cher que ça?
M. Drummond: Non, au début, l'arrêté
ministériel prévoyait pour la première étape du
complexe Samoco Inc. une immobilisation de $6 millions.
M. Lessard: C'est ça. Et là, la première
étape est évaluée à $92 millions.
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: Mais pour...
M. Drummond: $9.2 millions d'investissements
d'immobilisation.
M. Lessard: D'investissements?
M. Drummond: Oui, d'immobilisation.
M. Lessard: Est-ce que c'est pour une production semblable? Ou
s'il y a eu augmentation de la production?
M. Drummond: II y a eu augmentation de la garantie
d'approvisionnement, de 95,000 cunits à 134,000 cunits. La subvention du
MEER, le ministère de l'Expansion économique et régionale,
est évaluée à $1.9 million.
M. Lessard: $1.9 million. Du provincial, est-ce qu'il y en a?
M. Drummond: Non, pas directement, dans Samoco, il y en a
peut-être pour l'infrastructure dans le village.
M. Lessard: Oui, d'accord.
M. Harvey ( Dubuc): II y en a pour les Affaires municipales.
M. Drummond: Aux Affaires municipales, mais pas de Samoco.
M. Lessard: Oui, c'est ça. Quel sera le partage des
sièges au conseil d'administration?
M. Drummond: Le groupe Fradette détient quatre
sièges au conseil d'administration.
M. Lessard: Fradette, quatre sièges.
M. Drummond: Et Chibougamau Lumber. In-trafor détient deux
sièges et REXFOR un.
M. Lessard: C'est plus logique. M. Drummond: C'est plus
logique?
M. Lessard: Que ce qu'on a vu pour TEMBEC cet après-midi.
En tout cas.
M. Drummond: Question d'opinion.
M. Lessard: On connaît la situation qui a prévalu
depuis un an dans l'industrie du bois de sciage. Est-ce que les études
de rentabilité antérieures sont maintenant aussi bonnes qu'elles
l'étaient? Les études actuelles sont-elles aussi bonnes qu'elles
l'étaient?
M. Drummond: Non, parce que quand on a fait démarrer le
projet, le marché était meilleur, la demande était
meilleure, quoique, dans ce temps, les copeaux se vendaient un peu à un
meilleur compte qu'aujourd'hui. Evidemment, ç'a changé.
M. Lessard: De quelle façon prévoyez-vous, à
un moment donné, le financement de la somme d'environ $5 millions qui
reste à combler, si on calcule la participation de la population, la
participation en fait de la compagnie et la participation du gouvernement
fédéral?
M. Drummond : la BCN et RoyNat, actuellement.
M. Lessard: La BCN?
M. Drummond: Et RoyNat.
M. Lessard: Oui. $4 millions?
M. Drummond: En obligations obligataires de $4.6 millions acte de
fiducie.
M. Lessard: Obligations à dividendes.
M. Drummond: Pardon?
M. Lessard: Des dividendes?
M. Drummond: Bien sûr. Cela est un prêt...
M. Lessard: C'est un prêt...
M. Drummond: ...garanti par la fiducie.
M. Lessard: ...garanti en première hypothèque.
M. Drummond: Première hypothèque.
M. Lessard: D'accord. C'est normal alors en fait, c'est seulement
la BCN et RoyNat qui financeraient...
M. Drummond: Plus la subvention...
M. Lessard: Bien, il en manque, disons $4,600,000, il manquerait
$600,000.
M. Drummond: Plus la subvention du MEER qui est là.
M. Lessard: Oui. Si j'additionne les deux, $,250,000, plus $1
million...
M. Drummond: Cela fait $500,750. M. Lessard: Pardon?
M. Drummond: RoyNat, BCN, Chibougamau Lumber, REXFOR, Intrafor et
le MEER, $500,750.
M. Lessard: Oui. De toute façon, quand il va manquer... Je
vais...
M. Drummond: II manque...
M. Lessard: ...dire comme quelqu'un, au prix où est le
beurre, quand il va manquer seulement $500,000, ce n'est pas grave.
M. Drummond: C'est ce que l'on examine actuellement. C'est un
dossier qui nous préoccupe beaucoup.
M. Lessard: Est-ce que vous pensez que REXFOR ne sera pas dans
l'obligation de participer, de peut-être faire un effort
supplémentaire?
M. Drummond: II est possible que REXFOR fasse un effort
supplémentaire avec, évidemment, l'assentiment et le consentement
du gouvernement.
M. Lessard: Est-ce que la construction des routes est faite par
REXFOR, les routes dans la forêt?
M. Drummond: Le chemin d'accès seulement. M. Lessard:
Le chemin d'accès.
M. Drummond: Le grand chemin d'accès. Il est fait pour le
compte du ministère des Terres et Forêts, par REXFOR.
M. Lessard: Pour le compte du ministère des Terres et
Forêts, par REXFOR.
M. Harvey (Dubuc): Mais il n'y a pas une entente de
signée...
Une Voix: Oui.
M. Harvey (Dubuc): ...une entente auxiliaire?
M. Drummond: Une entente sur la construction de routes?
Une Voix: Oui.
M. Harvey (Dubuc): Avec les compagnies forestières.
M. Drummond: Avec le ministère, oui.
On peut le regarder, mais cela vise la même chose. C'est fait par
une entente auxiliaire ou c'est fait avec notre propre budget. Alors...
M. Lessard: Quel montant est prévu pour la construction de
routes?
M. Drummond: On pourra le voir lorsqu'on y arrivera à cet
élément.
M. Lessard: D'accord.
M. Drummond: ...entente auxiliaire, c'est $700,000.
Oui, mais c'est un chemin de pénétration qui entre dans
les normes du ministère.
M. Lessard: D'accord, on pourra en discuter...
M. Drummond: Construit par REXFOR ou un autre entrepreneur, c'est
un budget...
M. Lessard: Oui, c'est ça que je veux savoir.
Maintenant, où en est-on rendu actuellement dans la
concrétisation du projet? Quand s'attend-on que l'usine va être
mise en exploitation?
M. Drummond: L'usine a commencé à fonctionner. Il y
a beaucoup de rodage, d'ajustement. L'usine a commencé à
fonctionner un peu.
M. Lessard: Oui.
Combien y a-t-il d'employés actuellement?
M. Drummond: Je ne le sais pas.
M. Lessard: Vous ne le savez pas, d'accord. Mais l'usine est
actuellement en exploitation.
M. Drummond: Oui, c'est le début, le démarrage.
M. Lessard: Alors, cela va pour ce projet. Le Président
(M. Lafrance): Le suivant.
M. Lessard: La Fédération des chantiers
coopératifs du Nord-Ouest. Quel est le bilan de l'opération
sauvetage?
Une Voix: On l'a enfin sauvée!
M. Drummond: C'est un dossier qui est important, la
Fédération des chantiers coopératifs.
M. Lessard: Certainement.
M. Drummond: II y avait plusieurs coopératives
d'impliquées.
M. Lessard: Combien de coopératives?
M. Drummond: II y avait une transaction qui...
Quatorze.
Quatorze coopératives ou 1,600 coopérants
d'impliqués et je pense que j'ai ici le protocole d'entente intervenu
entre REXFOR, la fédération, les syndics, la
société de fiducie, le gouvernement, la BCN, les
coopératives. Il y a deux pages de signatures en tout.
M. Lessard: Oui, il y avait du monde. Est-ce qu'il y aura
objection à déposer ce protocole?
M. Drummond: Je vais le déposer, je ne vois aucune
objection.
M. Lessard: J'aimerais que M. Côté nous fasse...
M. Drummond: J'aimerais seulement vérifier s'il n'y a
aucune entente légale là-dedans, mais, en principe, je n'ai
aucune objection.
M. Lessard: ... un résumé de ce qui s'est
passé, de quelle façon ça s'est réglé,
combien de temps va durer la tutelle de REXFOR.
M. Drummond: Ce qui s'est passé dans la
fédération des chantiers coopératifs, c'est qu'on a
construit, encore là, une usine qui était peut-être un peu
plus grosse que ce que le portefeuille permettait. En plus, on a
fonctionné temporairement afin de maintenir les ouvriers forestiers au
travail et le groupe d'employés-cadres de la fédération
sur place avec un moulin temporaire.
M. Lessard: Quel a été le coût de
construction de l'usine?
M. Drummond: L'usine n'est pas terminée. M. Lessard:
Qu'est-ce qui est prévu?
M. Drummond: On prévoit $700,000 pour la terminer.
C'est une usine qui devrait coûter $5.5 millions, $6 millions.
Si vous voulez, je peux vous donner quelques chiffres concernant le
financement minimum requis.
M. Lessard: C'est ce que je désirerais, une fois
parti.
M. Drummond: On l'établissait, en janvier 1975, à
$9.5 millions, pour opérer la fédération.
M. Lessard: Excusez, vous estimiez à $9 millions...
M. Drummond: Et demi.
M. Lessard: Le coût d'exploitation.
M. Drummond: Du financement.
M. Lessard: Le coût du financement.
M. Drummond: Un emprunt bancaire, si vous voulez, de $3 millions
pour financer les inventaires et les montants recevables à 80%. Une
émission d'obligations de $2.5 millions.
M. Lessard: L'emprunt, c'est combien? M. Drummond: C'est
$3 millions. M. Lessard: $3 millions, oui.
M. Drummond: Une émission d'obligations de $2.5 millions
par REXFOR.
M. Lessard: C'est-à-dire des obligations achetées
par REXFOR.
M. Drummond: Oui. Pari passu avec la société de
fiducie.
M. Lessard: Vous me dites quoi là?
M. Drummond: Pari passu, sur le même rang que la
société de fiducie...
M. Lessard: Oui, très bien.
M. Drummond:... qui détient déjà une aide de
fiducie dans la fédération.
M. Lessard: D'accord. Autrement dit, la société de
fiducie a $2.5 millions.
M. Drummond: C'est ça. Cela fait $5.5 millions, nous avons
un prêt spécial du...
M. Lessard: Voici, vous n'avez pas... Les obligations sont de
$2.5 millions avec la société de fiducie.
M. Drummond: Avec, en plus...
M. Lessard: REXFOR et société de fiducie.
M. Drummond: Nous aurons $5 millions d'obligations.
M. Lessard: $5 millions d'obligations, d'accord; ce qui fait $8
millions, emprunt, plus $5 millions d'obligations, c'est ça?
M. Drummond: Oui. M. Lessard: D'accord.
M. Drummond: Les $3 millions sont plutôt comme un fonds de
roulement, c'est une marge de crédit à la banque pour
opérer sur les inventaires et le "margin". C'est un financement, si vous
voulez, à court terme.
M. Lessard: D'accord.
M. Drummond: Cela fait $3 millions, plus $2.5 millions, plus un
prêt spécial du ministre des Finances à REXFOR.
M. Lessard: Je voudrais que nous nous comprenions bien.
M. Drummond: Nous ne nous comprenons pas.
M. Lessard: Non, nous ne i >us comprenons pas. $3 millions
plus $2.5 millions... Mais vous m'avez dit que les $2.5 millions, ce ne sont
pas $2.5 millions de la part de REXFOR et $2.5 millions de la part de la
société de fiducie.
Alors, cela fait $5 millions, avec l'emprunt ça fait $8 millions;
il y a $5 millions d'obligations, c'est ça?
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: D'accord, cela va, je comprends.
M. Drummond: Cela va prendre l'arrêté
ministériel pour se comprendre.
M. Lessard: C'est difficile à lire.
M. Drummond: Je parle d'un financement pour exploiter Taschereau;
ça ne veut pas dire que Taschereau... Pour l'exploiter,
évidemment, il faut emprunter $3 millions à la banque sur les
inventaires, les stocks, les montants recevables, comme n'importe quelle autre
compagnie.
M. Lessard: Oui, oui.
M. Drummond: REXFOR met $2.5 millions pari passu avec la
société de fiducie, en obligations.
En plus, on prête un million. Le ministre des Finances prête
à REXFOR, pour prêter à la scierie de Taschereau $1 million
qui sera récupéré assez à court terme, à
même la subvention à venir et à même la
réalisation de l'usine temporaire.
M. Lessard: Un prêt sans intérêt? M.
Drummond: A REXFOR? M. Lessard: Oui, un prêt à REXFOR.
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: Sans intérêt. Une chance que mon ami de
Beauce-Sud n'est pas ici, parler des prêts sans intérêt.
M. Drummond: Et puis REXFOR mettrait $3 autres millions.
M. Lessard: Cela c'est sous forme de... Les $3 autres
millions.
M. Drummond: Cela ça va être prêté
à la scierie Taschereau pour compléter si vous voulez, l'usine
qui va coûter $700,000 pour...
M. Lessard: Alors cela c'est un autre prêt?
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: Sans intérêt.
M. Drummond: A REXFOR?
M. Lessard: Oui. Pourquoi divisez-vous vos prêts en deux,
soit REXFOR $1 million...
M. Drummond: C'est parce que l'un est un prêt en
obligations... Il y en a un que c'est un prêt à court terme $1
million qu'on serait censé remettre très rapidement au ministre
des Finances.
M. Lessard: Tandis que l'autre est...
M. Drummond: L'autre, c'est pour plus longtemps.
M. Lessard: Ce qui veut dire, là cela donnerait $9
millions.
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: C'est-à-dire $12 millions avec l'emprunt, mais
si on ne calcule pas l'emprunt, REXFOR $2,500,000 en obligations,
société de fiducie $2,500,000 en obligations.
M. Drummond: C'est que dans les $3 millions, les derniers $3
millions, ils servent en grande partie, à payer les dettes ou les
créanciers de la Fédération des chantiers
coopératifs, c'est-à-dire que le gouvernement via REXFOR s'est
porté garant pour la fédération vis-à-vis des
créanciers, pour une somme de $2,383,000.
M. Lessard: Alors le déficit était, la somme totale
des dettes était de...
M. Drummond: $2.8 millions environ.
M. Lessard: Alors, là-dedans, en ce qui concerne les
chantiers coopératifs, il n'y a aucun en fait si j'emploie ce
terme organisme privé comme tel, c'est-à-dire que vous
faites affaires avec les syndicats coopératifs?
M. Drummond: Exactement. Excepté, la société
de fiducie et la BCN.
M. Lessard: Oui, d'accord. Maintenant, je présume qu'il y
a aussi un conseil d'administration de constitué?
M. Drummond: Exactement, oui. Dorénavant, pour quelque
temps, cela portera le nom de la Scierie Taschereau Inc., dans laquelle la
Fédération des chantiers coopératifs détiendra 80%
des actions ordinaires.
M. Lessard: Fédération des chantiers.
M. Drummond: Et REXFOR 20%.
M. Lessard: Et REXFOR 20%. La somme totale, le
capital-actions?
M. Drummond: $5.
M. Lessard: Alors $5.
M. Drummond: Ce qui veut dire que la fédération
paiera $4 pour ses actions et nous $1 pour les vingt. Cela c'est $4 pour...
M. Lessard: La totalité des actions ordinaires, c'est
combien?
M. Drummond: Cent actions, 80% ou 80 actions, la
fédération...
M. Lessard: Cent actions à $5?
M. Drummond: Ordinaires. Oui, oui. Ecoutez, la
fédération a cédé ses actifs à la fiducie et
à la banque, il ne leur reste plus rien, on n'est pas pour leur vendre
des actions...
M. Lessard: C'est cela, très bien.
M. Drummond: Mais une fois que tout sera soldé, les
créanciers et tout cela, il restera une équité, une fois
les dettes payées, il restera une équité à la
fédération qu'il lui sera reconnue au moyen d'actions
privilégiées pour un montant équivalent. Et le syndic est
en train de régler ces questions. Aussitôt qu'on aura le
décompte final, on pourra émettre des actions
privilégiées pour le montant de l'équité qui
restera à la fédération.
M. Lessard: Mais le rôle de REXFOR, c'est un peu un
rôle de tutelle pendant une période de temps, c'est-à-dire
que l'administration comme telle est faite par REXFOR jusqu'à ce
que...
M. Drummond: Oui. Le conseil d'administration, si vous voulez, on
va vous expliquer...
M. Lessard: D'accord.
M. Drummond: II sera formé de cinq membres: trois
nommés ou désignés par REXFOR, un par la
société de fiducie et un par la fédération.
M. Lessard: Maintenant, croyez-vous que les études de
rentabilité, pour permettre ce projet à flot, sont
excellentes?
M. Drummond: On espère beaucoup rentabiliser l'usine de
Taschereau. Il reste qu'on a des inquiétudes quant au volume de bois qui
nous sera alloué ou autres choses.
M. Lessard: En fait, quant à REXFOR, le conseil
d'administration va demeurer comme cela, soit à trois de REXFOR, un de
la société de fiducie et un de la fédération tant
et aussi longtemps que le remboursement complet des dettes contractées
ne sera pas fait?
M. Drummond: C'est cela.
M. Lessard: Vous prévoyez donc que REXFOR va se
retirer.
M. Drummond: Elle le devrait, normalement. Si le marché
s'améliore le moindrement, si on connaît de bonnes années
qu'on a déjà connues, peut-être pas aussi bonnes mais de
bonnes années, REXFOR devrait se retirer dans quelques années de
ce dossier où elle restera actionnaire à 20% sur une base
régulière comme dans d'autres compagnies.
M. Lessard: Vous allez participer après que les dettes
seront payées...
M. Drummond: A 20%.
M. Lessard: Vous resterez, à ce moment-là...
M. Drummond: Avec tout l'effort, on avait l'impression assez
nette que nous étions les seuls vrais coopérants dans l'affaire,
en fin de compte.
M. Lessard: Cela fait combien d'employés?
M. Drummond: 1,600 coopérants plus les employés
dans l'usine, une couple de cents, plus les employés en forêt.
Est-ce que le député de Saguenay va se prononcer pour ce
projet ou contre?
M. Lessard: J'ai bien dit que je n'étais pas, en principe,
contre le fait que la société REXFOR s'insère ou
s'intègre à l'intérieur de ces projets et je ne suis pas
contre le principe de TEMBEC cependant, je demandais un certain
équilibre entre... Quand vous avez réalisé
l'opération sauvetage des chantiers coopératifs, quelle
était la valeur marchande du complexe? Il y avait quelque chose,
là.
M. Drummond: II y a quelque chose là? Non, non.
M. Lessard: En fait, les coopérateurs apportaient quelque
chose alors que...
M. Drummond: Oui, mais ils auraient tout perdu.
M. Lessard: Oui, je suis d'accord.
M. Drummond: C'est cela aussi, si j'avais donné une
instruction à REXFOR disant: Essayons de sauver la patente un peu pour
les gens qui ont investi là-dedans. Autrement, ils auraient tout perdu,
avec n'importe quelle autre solution. Ce n'est pas aussi facile que cela.
M. Lessard: Justement, il reste que vous ne partiez pas de rien.
C'est-à-dire que même s'ils perdaient tout, il y avait quand
même une valeur des propriétés des coopérants.
M. Drummond: Non, pas de leur propre investissement, rien du
tout. Ils ont investi quelque chose eux-mêmes comme $1.3 millions. Ils
auraient tout perdu. Les financiers auraient économisé
peut-être 85%, les requins seraient entrées là-dedans. En
ce qui concerne les coopératives, cela aurait été la
faillite complète et finale.
M. Lessard: Je suis d'accord. Mais, ce que je veux dire au
ministre, c'est que, quand REXFOR est entrée dans le dossier, il y avait
quand même quelque chose qui existait, mais qui était en
train...
M. Drummond: Oui, il y avait quelque chose... M. Lessard:
...d'être perdu par les sociétés.
M. Drummond: ...mais rien ne serait resté pour
l'association des coopératives. Cela aurait été une perte
totale.
Si vous voulez, je peux peut-être dire que la
fédération, lorsque l'usine est passée au feu, avant de
décider de reconstruire celle-là, la fédération
avait un portefeuille d'environ $3 millions.
M. Lessard: C'est cela. Il n'y avait pas d'assurance.
M. Drummond: Le coût d'immobilisation de l'usine actuelle,
les scies, les terrains, les bâtiments, la machinerie, etc. c'est
$7,200,000. Le financement de la fédération à long terme,
$2.5 millions, n'était pas suffisant. C'est qu'on a
dépassé de beaucoup les prévisions de construction, on a
manqué de financement en cours de route. Ce qui est arrivé, c'est
que la fiducie a dit: Cédez-moi vos actifs, vous êtes en
défaut dans l'acte de fiducie.
M. Lessard: Les assurances...
M. Drummond: Si REXFOR, par le gouvernement, n'était pas
intervenue, elle perdait totalement cela. Evidemment, cela a coûté
des frais, parce que, depuis le mois de juin, l'an passé, c'est
arrêté; cela coûte de l'intérêt, de l'argent
emprunté, et des frais de surveillance. La banque réalise ses
actifs et tout cela. Ce sont tous des frais. Cela aura peut-être
coûté $1 million cette période.
M. Lessard: L'assurance, l'entreprise était
assurée, lors du feu?
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: Cela a rapporté combien?
M. Drummond: Je ne peux pas dire. C'est dans les $3 millions
d'équité qu'il y avait dans le temps.
M. Lessard: L'équité était de $3 millions,
puis les dettes étaient de combien? Les engagements?
M. Drummond: $7.2 millions. M. Lessard: $7.2 millions.
M. Drummond: En immobilisation, mais il y avait un financement de
$2.5 millions, il lui manquait de l'argent. Il aurait fallu qu'il y ait un
meilleur financement à long terme. Mais quand on refait un
financement...
M. Lessard: Je suis d'accord que, dans la situation, à ce
moment, elle perdait tout, mais il y avait quand même une certaine
équité qui était valable en autant qu'elle pouvait trouver
le capital nécessaire pour construire et fonctionner.
M. Drummond: Pour autant que quelqu'un aurait voulu lui
prêter le capital nécessaire, les financiers ou les banquiers.
M. Lessard: Oui, je suis d'accord...
M. Drummond: Mais personne ne voulait.
M. Lessard: Je suis d'accord dans ce sens, un moment
donné, que l'intervention de REXFOR peut s'avérer
nécessaire ainsi que l'intervention du gouvernement. C'est qu'il
faudrait quand même arrêter, justement, de subventionner,
exclusivement, les compagnies multinationales.
M. Drummond: Comme TEMBEC. M. Lessard: Non, comme
Rayonier.
M. Drummond: TEMBEC est une compagnie multinationale.
M. Lessard: Non, c'est une compagnie
québécoise.
M. Drummond: C'est une compagnie multinationale.
C'est vrai.
M. Lessard: Comment TEMBEC est-elle rendue multinationale?
M. Houde (Abitibi-Est): ...du Québec en pleine
expansion.
M. Lessard: Je ne comprends pas ce que vous entendez par
multinationale.
M. Drummond: C'est que TEMBEC, au cours de l'année 1974, a
eu la chance d'acheter aux Etats-Unis, une ancienne usine à Niagara
Falls qui appartenait à Kimberley Clark pour la somme de $7.5 millions
avec un acompte d'un demi-million. Le solde a été financé
par la Banque. L'avantage pour TEMBEC de faire cela, c'est que l'usine de
Kimberley Clark à Niagara Falls, c'est une usine de tissu et de papier
glacé et cela donnait un débouché ou un contrat à
long terme pour la pâte produite dans Témiscamingue. C'est pour
cela que le ministre dit que c'est rendu multinational. C'est juste de l'autre
côté de la frontière.
M. Lessard: C'est ça...
M. Houde (Abitibi-Est): ...encore les multinationales.
M. Lessard: Vous me confirmiez un peu que la plus-value dans les
actions de TEMBEC, qui était de $0.43, serait maintenant autour de
$16?
M. Drummond: Oui, il faut prendre le bilan de TEMBEC, puis
prendre le nombre d'actions émises ou autorisées et le diviser...
c'est peut-être ça.
M. Lessard: Autour de ça. $100,000 équivaudront
environ à $1.6 millions.
Je terminerais, M. le Président, avec REXFOR, en discutant,
étant donné qu'on discute de différents projets, du projet
des Outardes, qu'on annonce depuis plusieurs années dans la
région. On avait même prévu, en vertu d'une loi concernant
REXFOR, où on augmentait le capital-actions, que le ministre... En tout
cas, il nous avait confirmé que, dans les $15 millions
supplémentaires qu'on avait ajoutés, était compris le
projet de scierie des
Outardes. Alors, j'aimerais que le directeur général nous
donne des informations à ce sujet-là, quelle sera l'estimation de
la scierie, le coût, quel est l'échéancier de construction,
le protocole d'entente avec North Shore.
M. Drummond: On avait annoncé notre intention de
construire une scierie aux Outardes et, depuis ce temps, on y travaille. Il y a
eu des négociations avec le groupe MAIBEC et Quebec North Shore et
REXFOR. Pour diverses raisons, le groupe MAIBEC s'est retiré du
dossier.
M. Lessard: Le groupe MAIBEC, c'est quoi?
M. Drummond: Le groupe MAIBEC, c'est un groupe qui possède
une usine à Saint-Pamphile dans le comté de L'Islet.
M. Lessard: MAIBEC.
M. Drummond: MAIBEC. MAI...
M. Lessard: MAI...
M. Drummond: BEC.
M. Lessard: BEC.
M. Drummond: Dont l'ancien président était M.
Sévère Théberge qui est décédé
récemment.
M. Lessard: Alors, le groupe MAIBEC, maintenant, n'est plus dans
le dossier.
M. Drummond: II n'est plus dans le dossier, il reste REXFOR et
Quebec North Shore.
Avec Quebec North Shore, on a dit: Oui, nous sommes
intéressés à ce projet-là à la condition
d'être majoritaires, à la condition de se garder, disons, un
certain volume de copeaux disponibles pour, peut-être, dépanner
une usine le long du fleuve qui manquera de matière première ou
d'autres choses, suivant les besoins. Quebec North Shore a accepté ces
conditions-là.
M. Lessard: Auriez-vous objection à déposer le
protocole d'entente entre Quebec North Shore et...
M. Drummond: Pas tout de suite, parce qu'il n'est pas
complété. Ce sont surtout des accords de principe que nous avons.
Ce sera une société, plutôt qu'une compagnie, dans laquelle
REXFOR s'engage à mettre $12.5 millions et Quebec North Shore ses 40%,
c'est-à-dire à peu près $8 millions, ce qui fait...
M. Lessard: $20 millions.
M. Drummond: Nous entrevoyons un projet d'une vingtaine de
millions. L'usine coûtera à peu près le même prix que
celle de Samoco ou d'autres usines de même dimension, c'est-à-dire
$10 millions à $12 millions.
M. Lessard: Dans ce cas précis, vous conservez votre
pouvoir majoritaire.
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: Avec Quebec North Shore.
M. Drummond: Oui. C'est une percée, je pense bien, le fait
qu'une compagnie privée accepte d'être minoritaire avec une
compagnie de la couronne. Alors, tout ce qu'a fait REXFOR dans les
dernières années...
M. Lessard: Quand on négocie on peut arriver à
certaines choses.
M. Drummond: Nous négocions toujours, mais, comme on l'a
dit, les circonstances sont différentes à chaque occasion. Il y a
aussi le fait que la compétence de REXFOR est reconnue, c'est un
partenaire sérieux, ce n'est pas seulement une mainmise par l'Etat,
c'est quelque chose. Alors, on accepte d'entrer comme partenaire
minoritaire.
C'est un pas dans la bonne direction, je suis très fier de cette
négociation de REXFOR.
M. Lessard: Le projet serait de $20 millions.
M. Drummond: Le total, incluant les investissements en
forêt et l'usine.
M. Lessard: Pour une possibilité d'emploi, à
l'intérieur de l'usine, de combien et en forêt de combien?
M. Drummond: C'est dans le même ordre de grandeur, disons
une centaine d'ouvriers d'usine plus 200 ou 300 en forêt.
M. Lessard: Maintenant, les échéanciers.
M. Drummond: Actuellement, depuis que nous avons obtenu une
réponse du ministère de l'Expansion économique qui nous
dit qu'on est admissible...
M. Lessard: Ah! vous avez reçu une réponse?
M. Drummond: Une réponse verbale, cette semaine. Cela nous
sera confirmé, comme je vous l'ai mentionné hier, par le
ministre. Ce qu'il faut faire, c'est revoir nos chiffres, parce qu'il y a
tellement longtemps...
M. Lessard: La subvention serait de combien?
M. Drummond: Ce serait probablement dans l'ordre de
$2,250,000.
M. Lessard: Est-ce que cela veut dire que vous diminuez d'autant
votre...
M. Drummond: C'est inclus dans les $20 millions.
M. Lessard: C'est inclus dans les $20 millions.
M. Drummond: Ce que j'aimerais ajouter, c'est que même
actuellement on a négocié notre contrat de copeaux avec l'UNS,
c'est-à-dire 80% du volume de copeaux et on se réserve 20% si
besoin il y a, s'il n'y a pas besoin, on les laissera aller. C'est
peut-être une idée personnelle, mais disons que chacun veut
profiter de sa situation géographique, dans certains cas, et nous avons
trouvé une formule qui partage les deux intérêts, à
savoir la situation géographique de l'usine de sciage et de l'usine de
papier. Pour ce faire, on a pris le prix moyen de tous les copeaux
livrés au Québec, FOB ou FAB usine de papier; basé sur ce
prix et indexé au prix de vente du papier journal, c'est ce qui fait le
prix des copeaux pour l'usine des Outardes. Chacun, à mon sens, profite
de sa situation. L'un ne profite pas de l'autre et l'autre ne profite pas de du
premier..
M. Lessard: On va peut-être commencer à parler des
échéanciers, maintenant que vous avez obtenu l'assurance du MEER
qu'il y aura une subvention de $2,600,000.
M. Drummond: La semaine prochaine, on a une réunion avec
Quebec North Shore à ce sujet-là. Il faudra revoir nos chiffres,
les vérifier parce qu'à cause de l'inflation, des coûts de
vente, etc., si on découvre que le projet n'est plus rentable, il
faudrait peut-être le mettre de côté ou certainement le
mettre de côté. S'il est encore rentable, on devrait
procéder et commencer la construction cet automne ou dans le courant de
l'été.
M. Houde (Abitibi-Est): On vous invitera pour l'inauguration.
M. Lessard: II est certain que le prix du bois de sciage, qui
s'est effondré considérablement, a des conséquences
énormes sur la rentabilité du projet.
M. Drummond: C'est cela. C'est à vérifier parce
qu'on ne peut pas se lancer dans un projet comme celui-là à
l'aveuglette. Il faut prendre des précautions.
M. Lessard: Si, par hypothèse, la rentabilité
n'était pas positive, vous continuez vos opérations telles que
vous les faites actuellement...
M. Drummond: II faudra prendre une décision...
M. Lessard:... dans la région.
M. Drummond: ... à ce temps-là parce
qu'actuellement on ne peut que marquer le pas pour maintenir nos effectifs. A
ce temps-là, il faudra examiner la situation de près et prendre
une décision.
M. Lessard: Parce que vous avez transféré à
Soucy...
M. Drummond: On a vendu à Soucy les tambours
écorceurs plus d'autres petites affaires.
M. Lessard: Cela vous mettrait dans une situation... Si vous ne
construisez pas votre scierie, cela vous met dans la position de réviser
complètement vos investissements dans la région.
M. Drummond: Nous comptons beaucoup sur l'exportation du bois de
sciage en Europe ou en Afrique du Nord.
M. Lessard: Espérons qu'à l'automne on pourra avoir
une réponse positive.
M. Drummond: Je l'espère. Nous allons réviser nos
chiffres. Il y a beaucoup de travail de fait dans ce sens.
Ce n'est pas une grosse affaire, la révision des chiffres. On
devrait le savoir d'ici au moins un mois ou deux, grosso modo.
M. Lessard: M. le Président, quant à moi, je veux
remercier M. Côté, qui nous a fourni, je pense, des
réponses à des questions qui étaient quand même
assez importantes et que le public et les parlementaires pouvaient se poser, en
tout cas, en ce qui me concerne. Je souhaite cependant, par exemple, qu'il
pourra revenir devant une commission parlementaire, où nous aurons
l'occasion de discuter de l'ensemble des opérations ainsi que du bilan
financier de la Société de récupération, la
Société d'exploitation forestière du Québec.
Je pense, malgré certaines réserves que j'ai pu soulever,
au cours de cet après-midi, que, comme on le disait, la
société REXFOR a commencé, en tout cas, à mettre le
pied dans l'étrier, a commencé véritablement à
s'impliquer, non seulement comme compagnie, société d'Etat qui
subventionne, sans participer comme telle; je pense qu'on a changé de ce
côté et on commence à s'impliquer véritablement dans
le développement forestier du Québec. Je souhaite que ces
politiques dynamiques seront encouragées par le gouvernement.
M. Houde (Abitibi-Est): M. le Président, j'aurais une
question.
Le Président (M. Lafrance): Le député
d'Abitibi-Est.
M. Houde (Abitibi-Est): Est-ce que le président de REXFOR
pourrait nous dire quelles sont les sources d'approvisionnement de TEMBEC?
M. Drummond: C'est une bonne question. Je pense que le ministre
devrait répondre, parce que ce n'est pas défini encore
exactement, mais c'est dans l'ancien territoire occupé par la concession
de la CIP plus les terrains vacants dans le comté de
Témiscamingue. C'est ce que je sais.
M. Lessard: La concession est censée être
rachetée par le ministère?
M. Drummond: Ce n'est pas cela l'objectif de la question, je
pense, du député. C'était, grosso modo, ce qu'on essaie de
faire. C'est d'arriver à l'intégration de certaines exploitations
forestières pour approvisionner certaines usines de sciage dans la
région du Nord-Ouest et transférer les copeaux à TEMBOIS .
Grosso modo, c'est cela le problème. On étudie actuellement les
formules d'échange. On doit recevoir, on aurait dû les recevoir
aujourd'hui, les propositions de TEMBEC là-dessus. Je ne sais pas si
cela est arrivé, je n'étais pas au bureau, mais on doit, comme on
le sait bien, on l'a discuté depuis longtemps, trancher la question et
il faut avoir quand même quelque chose sur quoi on peut négocier
pour arriver à une solution qui donne satisfaction aux deux groupes.
M. Houde (Abitibi-Est): II y a d'autre chose aussi. On me dit
qu'il y a une partie de l'approvisionnement de TEMBEC qui proviendrait de
copeaux de l'Ontario, et qu'actuellement, on coupe les contrats qui sont
déjà passés avec les industriels du Nord-Ouest, on limite
les quantités et on continue à recevoir les copeaux de l'Ontario
quand même.
M. Drummond: Cela, je pourrais le vérifier, mais au
dernier conseil d'administration de TEMBOIS, il avait été convenu
qu'on cessait nos chan- tiers, nos exploitations forestières dans la
partie nord et qu'on continuait à acheter le bois des cultivateurs, des
petits producteurs et les coupes...
Depuis ce conseil, la situation a peut-être changé, il
faudrait que je vérifie cela. Je peux vous assurer que la DASH
protège le contenu québécois. Je suis là pour
cela.
M. Houde (Abitibi-Est): J'espère que si mes informations
sont vraies la situation sera corrigée.
Le Président (M. Lafrance): Au nom des membres de la
commission, je remercie M. Côté. Tel qu'entendu à la fin de
la séance...
M. Drummond: Le président est pressé. M.
Lessard: Adopté.
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre, le
président est prêt à continuer l'étude des
crédits jusqu'à onze heures, tel que prévu au
règlement. Si le ministre est prêt, je suis prêt à
continuer.
M. Drummond: Bien non.
Le Président (M. Lafrance): Alors la commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 10)