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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Etude des crédits du ministère des
Terres et Forêts
Séance du mardi 13 mai 1975
(Dix heures trente minutes)
M. Lafrance (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
Nous reprenons, ce matin, l'étude des crédits du
ministère des Terres et Forêts. A la dernière
séance, nous en étions au programme 2, élément
2.
Le député de Saguenay.
M. Lessard: Voici, M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Je m'excuse. Si vous
permettez. On avait un dépôt de document la semaine
dernière: Prévision des dépenses et d'emplois. Cela avait
été fait pour l'année 1974. Alors, ce matin, nous avons le
document pour l'année 1975.
Le député de Saguenay.
Améliorations de la forêt (suite)
M. Lessard: On avait commencé à discuter les
différents programmes du reboisement lorsqu'on discutait, globalement,
du programme 2.
En ce qui concerne l'élément 2, les travaux sylvicoles,
quels sont les principaux travaux qui sont prévus, et dans quelle
région? On constate que le budget de 1975/76 est diminué par
rapport à celui de 1974/75 et, l'autre jour, M. Gagnon, nous donnait des
explications. J'aimerais d'abord avoir ces explications et, après cela,
avoir la répartition des principaux travaux, autant que possible, par
région.
M. Drummond: Je préférerais, si vous voulez, que
cela soit M. Hawey, en charge du service, qui vous donne lui-même les
explications. Il s'agissait, M. Hawey, du nouveau processus adapté avec
REXFOR concernant les travaux de restauration forestière.
Comme on le constate, c'est un fait qu'au programme 2,
élément 2, il y a une sensible diminution, parce qu'il a fallu
réaménager le programme 2 à l'intérieur du
programme 2 lui-même pour en verser plus au programme 2,
élément 1 pour le reboisement.
En ce qui concerne les travaux sylvicoles eux-mêmes, la plus
grande partie de ces travaux vont être réalisés par
REXFOR.
M. Lessard: Quels sont vos principaux programmes? Je
présume que vous avez là-dedans la forêt des
Appalaches?
M. Drummond: Oui, la forêt des Appalaches.
M. Lessard: Quel est le montant qui est prévu?
M. Drummond: Le coût total des travaux dans la forêt
des Appalaches est de $2,800,000. Il faut dire que le budget du
ministère ne couvre pas toutes ces dépenses. Il y a un
arrangement avec REXFOR qui dit que le ministère en fournit une partie
et à cause de la vente, c'est-à-dire les revenus des bois, le
reste est financé par le revenu de la vente des bois.
M. Lessard: Le ministère en fournit quelle partie?
M. Drummond: Pour les Appalaches, le ministère fournit
$550,000.
M. Lessard: C'est le budget d'un an ces $2,800,000.
M. Drummond: Oui, c'est cela.
M. Lessard: La différence de $2,300,000 proviendrait des
revenus de...
M. Drummond: C'est cela, le revenu de la vente des bois.
M. Lessard: On remarque que c'est très bon, le
reboisement.
M. Drummond: II faudrait peut-être expliquer ici, M.
Lessard, que dans le cas des Appalaches, dans le contrat avec REXFOR,
l'approche qui a été prise est que tout ce qui est en
excédent des revenus nets c'est ce qui est en
bénéfice est réinvesti en travaux sylvicoles. Dans
les cas où on demande des travaux qui exigent des
déboursés où les revenus sont moins élevés
que les dépenses, le ministère fournit le budget requis.
M. Lessard: Cela veut dire que globalement, si on se limitait
à prendre la rentabilité économique comme telle, on
arriverait à un résultat positif.
M. Drummond: Oui. Ce qu'on veut faire, c'est qu'après
avoir fait un certain montant d'investissement dans les Appalaches...
M. Lessard: Sans tenir compte de la rentabilité
sociale.
M. Drummond: Oui. On veut arriver, après quelques
années, à ce que la forêt domaniale des Appalaches
s'autofinance au point de vue du traitement sylvicole.
M. Lessard: Donc, il y a $550,000 de ce montant qui vont
être utilisés pour la région des Appalaches. Les autres
montants se répartissent comme...
M. Drummond: II faut dire qu'au total cela va coûter
$7,200,000 dans toute la province pour les travaux qu'on fait avec REXFOR.
M. Lessard: D'accord. Cela veut donc dire que la
différence entre les $2,272,000 et les $7 millions, c'est la
récupération du bois.
M. Drummond: C'est ça.
M. Lessard: Comment se répartit...
M. Drummond: Si on exclut les Appalaches dont on vient de parler,
on en a une partie dans le nord de Montréal, dans le bout de
Mont-Laurier, et le ministère fournit environ $28,000.
M. Lessard: Le montant total?
M. Drummond: C'est de $395,000, la différence est fournie
par le revenu de la vente des bois.
M. Lessard: Vous me dites, ministère, $28,000...
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: D'accord, après?
M. Drummond: $395,000, le coût total?
M. Lessard: Cela va. C'est toujours REXFOR qui est maître
d'oeuvre.
M. Drummond: C'est ça. Encore dans la région de
Québec, on a, pour Duchesnay et Lotbinière, une participation du
ministère de $94,100. Le coût total est de...
M. Lessard: Un instant, vous me dites, une participation
du...
M. Drummond: Une participation du ministère...
M. Lessard: ... du ministère...
M. Drummond:... $94,100.
M. Lessard:... $94,1000. Coût total?
M. Drummond: Le coût total est de $360,300. Ensuite, dans
la région de Montréal, on a encore $348,000 pour la participation
du ministère.
M. Lessard: Montréal, ce serait plus
particulièrement où?
M. Drummond: Dans le bout de Saint-Donat, aux alentours du parc
du Mont-Tremblant. Ce n'est pas dans le parc. Cela n'exclut pas qu'à un
moment donné, il y ait des travaux dans le parc.
M. Lessard: Pour autant que c'est bien fait. M. Drummond:
Le coût total est de $747,000.
M. Lessard: $747,000. Participation du ministère?
M. Drummond: $348,000. Ensuite, nous avons, dans la région
de Trois-Rivières, dans le secteur du lac Edouard, $53,700 pour la
participation du ministère. Le coût total est de $813,700.
M. Lessard: Le fait qu'il y ait autant de différence entre
la participation du ministère en ce qui concerne le lac Edouard et la
participation du ministère dans Saint-Donat, est-ce que c'est à
cause du fait que la forêt est beaucoup plus rentable au lac Edouard et
que les revenus sont normalement plus élevés?
M. Drummond: Cela dépend des forêts qui existent,
des genres de travaux qui se font là.
M. Lessard: Si la forêt a été trop
épuisée ou non.
M. Drummond: C'est ça. Ensuite, dans la région du
Saguenay, le coût total est de $330,000.
M. Lessard: La région du Saguenay, est-ce que vous
pourriez préciser parce que c'est...
M. Drummond: C'est plutôt dans Chicoutimi. M. Lessard:
Le Saguenay, c'est très vaste.
M. Drummond: Si je me souviens bien, je pense que c'est dans le
coin du canton Simon; je ne sais pas si cela vous dit quelque chose, c'est tout
près du parc des Laurentides.
M. Lessard: Oui. Le coût total?
M. Drummond: Le coût total est de $330,000.
M. Lessard: La participation du ministère.
M. Drummond: Ici, il n'y a pas de participation du
ministère. C'est tout financé par le revenu des bois.
M. Lessard: Autofinancé.
M. Drummond: On a, dans la même région, mais
plutôt dans le secteur de Roberval, un projet qui va coûter
$1,200,000 et qui sera autofinancé. La dernière région,
c'est tout près de Rivière-du-Loup, cela se trouve dans la
région 1 du Bas-Saint-Laurent, on en a pour un coût total de
$452,100 et la participation du ministère est de $81,800.
M. Pelletier: Est-ce que cela comprend la région des
Alleghanys?
M. Drummond: Alleghanys, vous voulez parler du Grand Portage?
Cela se trouve dans le Grand Portage.
M. Pelletier: Dans le Grand Portage.
M. Drummond: Le total de tout cela, la participation du
ministère est de $723,900 et le coût total des projets est de
$7,258,400.
M. Lessard: Le coût total est de $7 millions... M.
Drummond: II est de $7,258,400.
M. Lessard: Une participation du ministère de combien?
M. Drummond: $723,900. M. Lessard: Environ 10%.
M. Drummond: C'est cela. Les revenus vont totaliser
$6,400,000.
M. Lessard: Sur le montant de $2,272,200, il y en a $723,900 qui
vont à ces travaux.
M. Drummond: C'est cela, oui.
M. Lessard: Le solde des montants se répartit comment?
M. Drummond: II y a une partie de ces montants qui va être
utilisée pour des contrats avec les groupements forestiers, dans le
Bas-Saint-Laurent. Mais ce n'est pas définitif, c'est encore en
négociation avec les groupements forestiers.
M. Lessard: Actuellement, il y aurait officiellement $723,000
d'engagés?
M. Drummond: Oui. Il y a une partie aussi qui est
réalisée pour Guyenne.
M. Lessard: Oui.
M. Drummond: II y a environ $100,000 pour Guyenne, dans la
région de l'Abitibi.
M. Lessard: En parlant de Guyenne, $100,000 du ministère
des Terres et Forêts?
M. Drummond: C'est cela. M. Lessard: Le coût
total?
M. Drummond: Le coût total des projets, normalement, cela
devrait totaliser à peu près ce montant, parce qu'il faut
organiser des projets pour ce montant.
M. Lessard: Je comprends, mais, par le système
d'autofinancement...
M. Drummond: II faut dire que, là-dedans, il y a
différentes coupes. Il y a des coupes qui rapportent et il y en a qui
sont des coupes précommerciales qui ne rapporteront pas du tout, mais on
est en train de terminer je projet. A cause de circonstances spéciales,
ce'n'est pas complètement terminé.
M. Lessard: J'aimerais, puisqu'on parle de Guyenne, demander au
ministre s'il entend... En date du 5 février 1975, les employés
de l'association coopérative du travail de Guyenne se plai- gnaient de
retards indus en ce qui concerne le versement des salaires. On écrivait,
à un moment donné, "on envoyait même un
télégramme au ministre en date du 5 février 1975. Y a-t-il
eu réponse à cela? Y a-t-il eu correction?
M. Drummond: Je pense bien que c'est réglé, M. le
Président. Donc, cette année.
M. Lessard: En fait, on disait: La paie, pour la période
du 28 décembre 1974 au 10 janvier 1975, est en retard depuis quelques
jours. L'été dernier, ces mêmes travailleurs ont
travaillé douze semaines avant de retirer leur premier salaire, ce qui a
eu pour effet qu'un travailleur de l'été dernier vient tout juste
de recevoir son dernier chèque.
M. Drummond: On était pris avec ce problème. Le
problème était général, l'an dernier. Cette
année, il y a eu de nouvelles directives du Conseil du trésor. Il
y a des comptes en fiducie dans la région et les régions vont
pouvoir émettre directement des chèques pour à peu
près 80% du salaire. On pense que cela va corriger une grande partie du
problème, peut-être pas en entier, mais une grande partie.
M. Lessard: Ce n'est pas seulement au ministère des Terres
et Forêts qu'il y a des retards indus comme cela.
M. Drummond: Le retard n'était pas dû au
ministère des Terres et Forêts.
M. Lessard: II était dû au Conseil du
trésor.
M. Drummond: Non, c'était dû au système qui
était centralisé. Il fallait que les chèques se fassent
ici, à Québec, par le système central.
M. Lessard: Là, vous avez décentralisé?
M. Drummond: On a réussi à obtenir une
décentralisation.
M. Lessard: Espérons qu'il va y avoir d'autres
ministères qui vont prendre votre exemple. On a centralisé et on
va être obligé de décentraliser parce que, quand cela
bloque, à un moment donné, au niveau de la banque centrale, cela
bloque partout.
M. Drummond: C'est le jeu normal de la bureaucratie.
M. Lessard: C'est-à-dire démocratie
centralisée. J'arrive à $800,000 sur un budget de $2,272,000,
quelles sont les prévisions des montants pour les travaux sylvicoles
dans la région du Bas-Saint-Laurent, en particulier avec les groupements
forestiers?
M. Drummond: On pourrait peut-être le voir au programme 4,
élément 4.
M. Lessard: Oui, je suis d'accord pour le voir
au programme 4, élément 4. Cela veut donc dire que
l'étude de ces crédits sera faite au programme 4,
élément 4. Actuellement, selon les informations qui me sont
données, je ne veux pas qu'on me réponde par le programme 4,
élément 4.
M. Drummond: Cela va être, strictement, la réponse
pour le programme 2 élément 2.
M. Lessard: Oui, c'est cela que je voudrais avoir. Actuellement,
il me manque environ $1.5 million dans les dépenses qui sont
prévues à l'élément des travaux sylvicoles. Alors
M. Gagnon...
M. Drummond: Une des premières réponses qu'on peut
donner, il faut considérer les traitements, salaires et allocations qui
représentent $584,000. Maintenant, il y a $204,000, à
autres...
M. Lessard: D'accord, $204,000, autres
rémunérations.
M. Drummond: Voyez-vous, en fait, quand on parle de travaux
donnés à REXFOR et à d'autres organismes, c'est à
Services professionnels administratifs et autres, où il est prévu
un montant de $1,169,500, parce qu'évidemment, il y a les autres
catégories de dépenses qui doivent entrer dans votre montant
global du budget.
M. Lessard: C'est cela.
M. Drummond: Le plus gros est là. Vous avez,
également, des frais d'entretien et de réparation, du loyer pour
$53,000 et des fournitures et approvisionnement pour $59,000.
L'endroit où le montant, en fait, se trouve augmenté, c
est à Services contractuels, par l'intermédiaire de REXFOR
où on réinvestit les revenus dans les travaux de restauration
forestière.
M. Lessard: Cela va, M. le Président. On est prêt
à l'adopter.
Le Président (M. Lafrance): Elément 2
adopté.
Programme 3...
M. Lessard: Ah! Les petites vues.
Le Président (M. Lafrance): La commission va suspendre ses
débats pour quelques instants, afin de permettre aux techniciens de
présenter un court commentaire cinématographique.
Nous reprendrons l'enregistrement du journal des Débats
après ce film.
(Suspension de la séance à 10 h 51)
Reprise de la séance à 11 h 9
M. Lafrance (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
Après ce bref intermède musical, nous reprenons
l'étude des crédits, programme 3, élément I.
Le député de Saguenay.
Protection de la forêt Tordeuse de
bourgeons
M. Lessard: Je sais que, l'an dernier, nous avions fait une
discussion générale et même assez exhaustive sur la
tordeuse de bourgeons et j'aimerais simplement et très brièvement
poser quelques questions générales. D'abord, on parle, dans le
film qu'on vient de visionner, d'une possibilité de 120,000,000 de
cordes de bois qui seraient menacées.
Par ailleurs, on nous précise que l'exploitation
accélérée et intensive de la forêt ne nous
permettrait pas de sauver la forêt ou de réduire les ravages et
c'est pourquoi, au ministère, on a utilisé les insecticides dont
le fénitrothion. Etant donné que, tel qu'on semble nous l'avoir
précisé l'an dernier, une fois que le ravage est commencé,
il est impossible de l'arrêter, ces 120,000,000 cordes de bois
continuent-elles d'être menacées?
M. Drummond: Ces cordes continuent d'être menacées.
Il y a une partie qui sera récupérée et il y a une partie
qui sera sauvée par l'arrosage, mais il y aura sûrement une
perte.
M. Lessard: Qui sera sauvée par l'arrosage?
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: L'arrosage peut-il sauver?
M. Drummond: Si on n'était pas capable de sauver du bois
en l'arrosant, on ne l'arroserait pas.
M. Lessard: Vous voulez strictement retarder...
M. Drummond: Le but de l'arrosage est d'essayer de garder la
population assez basse pour sauver assez de feuillage pour que l'arbre demeure
en vie tant que l'épidémie est là.
M. Lessard: Cette année, quel est le nombre de cordes de
bois parce que c'est un programme à long terme et on a dû,
à un certain moment, planifier l'exploitation forestière en
conséquence qui sera coupé en surplus ou qui devra
être coupé pour pouvoir récupérer cette
forêt?
M. Drummond: En fait, il n'y aura pas de surplus de coupé.
Tous les programmes de coupe des compagnies ont été
réorientés en vue de cet objectif. Malheureusement, cette
année, à cause de la baisse dans les marchés des
pâtes et des pa-
piers et du côté du sciage, la récupération
sera réduite de beaucoup. Cela se situe donc au niveau de la coupe
régulière des entreprises et de la réorientation des
coupes vers des peuplements menacés. En fait, on essaie de diriger les
coupes vers la concentration de sapins et, à ce moment, dans ce qui est
prévu comme programme de coupe, on n'arrose pas.
M. Lessard: Quand c'est prévu comme programme de coupe,
vous n'arrosez pas...
M. Drummond: C'est cela.
M. Lessard: ... pour ne pas gaspiller inutilement, à un
certain moment...
M. Drummond: Et avec le nombre d'acres infestées, il est
certain qu'on est capable de concentrer notre effort strictement sur les
grandes concentrations de sapins et, à court terme, on n'a que deux
solutions, c'est l'arrosage ou la récupération. A long terme,
comme vous l'avez vu et entendu pendant le film, on met en branle un programme
de recherche pour essayer de trouver des solutions à la tordeuse dans
l'aménagement de la forêt elle-même.
M. Lessard: Autrement dit, on ne prévoit pas être
capable de récupérer l'ensemble des bois menacés.
M. Drummond: Non. Certainement pas. Il va y avoir des pertes et
le danger, c'est que les grandes forêts, les grands étendues de
bois mort vont être très difficiles à protéger
contre les incendies.
M. Lessard: Depuis 1970, quelle a été la somme des
montants investis par le ministère pour enrayer ce fléau? Il me
semble que c'était $8 millions.
M. Drummond: II y a certainement eu des...
Cela a été $8 millions, cela a été $10
millions.
On doit être tout près des $40 millions, actuellement,
investis dans cette protection. Ce qu'on essaie de faire, à court terme,
c'est d'en sauver le plus possible et de conduire des travaux de recherche.
Pour cette épidémie, il n'y a absolument rien à faire
d'autre que d'arroser, de récupérer ou de laisser la nature faire
son oeuvre. On va essayer de trouver des solutions, pendant cette
épidémie, pour la prochaine épidémie.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Je voudrais que vous donniez la parole au
député de l'Assomption.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de l'Assomption.
M. Perreault: Vous nous avez montré que tout le territoire
du Québec, à peu près, est affecté dans le moment.
Quel pourcentage de ce territoire a été arrosé
jusqu'à maintenant?
M. Drummond: Jusqu'à maintenant?
M. Perreault: Vous avez montré que c'est au
Saguenay...
M. Drummond: Cette année, nous allons arroser quelque
chose comme 7,200,000 acres.
M. Perreault: Je ne parle pas en acres. Cela ne me dit rien. Je
veux savoir le pourcentage de tout le territoire affecté qui a
été arrosé. C'est cela qui m'intéresse.
M. Drummond: C'est 7 millions sur 80 millions.
M. Perreault: 7 millions sur 80 millions, ce n'est pas fort.
M. Drummond: Cette année, c'est 10% à peu
près.
M. Perreault: Cela veut dire qu'il y a près de 90% qui
n'ont jamais été arrosés encore.
M. Drummond: Non, si on parle de l'arrosage de 1975.
M. Perreault: Je parle depuis 1970, depuis votre programme.
M. Drummond: II faudrait prendre la compilation des arrosages
année par année, mais il a dû y avoir au total 30 millions
à 35 millions d'acres arrosées.
M. Perreault: Vous allez atteindre les 50% bientôt.
M. Drummond: C'est à peu près cela. Ce qui veut
dire, par exemple, qu'il y a une certaine partie de ces arrosages qui est
perdue parce que les entomologistes ont fait des recommandations en se basant
sur l'expérience de l'épidémie précédente
où la lutte avait été faite avec le DDT et la technique
à ce moment-là, comme le DDT est un insecticide beaucoup
plus puissant était d'arroser à la dernière minute.
On a eu des recommandations dans le même sens au début de
l'épidémie et il y a des peuplements qui ont été
arrosés trop tard. Les concentrations d'insecticides utilisées
sont beaucoup plus faibles. On joue sur la marge partout. On essaie d'utiliser
le moins d'insecticide possible tandis que, dans l'épidémie
précédente, je pense que les gens ne se gênaient pas. Ils
en mettaient plus que moins et c'était du DDT en plus. Il y a eu des
pertes de peuplement, au début, même si ces peuplements ont
été arrosés, à cause de ce phénomène
d'expérience avec de nouveaux produits.
M. Perreault: Un territoire affecté, vous êtes
obligés de l'arroser tous les ans, pendant combien de temps?
M. Drummond: Non, maintenant, c'est à tous les deux
ans.
La nouvelle politique, malheureusement, à cause de l'insecticide,
qui est très peu efficace comparativement au DDT, nous sommes
obligés d'arroser chaque année.
M. Perreault: Chaque année.
M. Drummond: Chaque année, sans répit... Alors
qu'au tout début, on croyait qu'avec les nouveaux insecticides, on
pouvait arroser tous les deux ans. On arroserait deux ans, on arrêterait
deux ans. Nous ne sommes plus capables de faire ça, parce que
l'insecticide n'est pas assez efficace dans la concentration où on
l'utilise. Si on augmente la concentration...
Ce qui veut dire, si on arrose au rythme actuel, on va préserver
7 millions à 10 millions d'acres au total. Il va falloir se concentrer
sur les superficies de sapins.
M. Perreault: Vous voulez dire sur les 90 millions?
M. Drummond: Oui. Parce qu'au début, comme le disait M.
Boissinot, on pensait être capable d'attendre une année avant
d'arroser à nouveau. Mais l'insecte ne réagit pas de la
même façon à cet insecticide. C'est à tous les
ans.
M. Perreault: Pourtant, vous avez parlé de 7 millions
à 10 millions sur 90 millions. Sur le territoire arrosé à
tous les deux ans, quel est le pourcentage de perte que vous
prévoyez?
M. Drummond: Sur le territoire arrosé, on prévoit
tout sauver.
M. Perrault: Vous prévoyez tout sauver. M. Drummond:
Oui.
M. Perreault: Un autre point que j'aimerais soulever, vous avez
commencé à arroser avec des insecticides contenant des
bactéries, est-ce que des résultats ont été
observés sur le terrain arrosé avec ces bactéries?
M. Drummond: Des résultats ont été
observés sur le terrain, mais, malheureusement, des résultats pas
plus tangibles qu'il le fallait, bien souvent basés sur des sentiments.
On sait qu'en laboratoire il n'y a pas d'erreur, c'est efficace. Mais, sur le
terrain, dans des conditions normales, on ne sait rien. On le fait cette
année, on a mis beaucoup d'argent là-dedans, beaucoup de
spécialistes y travaillent, on est très bien appuyé par
les gens du fédéral dans ce domaine et on espère, non
seulement on espère, mais on est convaincu qu'à la fin de la
saison on va pouvoir dire: Le BT, c'est bon dans telle condition et ce n'est
pas bon dans telle autre condition.
Depuis deux ans, on fait des expériences avec l'insecticide
biologique, mais, cette année, on le fait sur une plus grande
échelle et, avec l'expérience acquise des deux dernières
années, on pense être capable d'avoir, cette année, une
expérience qui soit tangible, qui puisse donner des résultats,
à savoir si c'est bon ou pas bon.
M. Perreault: Le mode d'action de la bactérie en
laboratoire, est-il d'empêcher la transformation de la larve?
M. Drummond: Non, c'est l'insecte qui est attaqué.
Le processus est que la bactérie est absorbée par
l'insecte et cette bactérie forme un cristal. Ce cristal perfore les
intestins et la larve meurt d'une maladie interne.
M. Perreault: Elle n'est pas transformée après.
M. Drummond: Non.
M. Perreault: Cela ne devient pas papillon. Le transport se fait
à l'état papillon...
M. Drummond: Cette larve se fait par le papillon qui se
transporte à l'aide des vents prédominants d'ouest, en majeure
partie dans la province. C'est pour cela que l'épidémie nous
vient de l'ouest, en majeure partie, et s'en va vers l'est.
M. Perreault: J'ai une dernière question à vous
poser. L'épidémie, comme vous avez mentionné dans le film,
vient à tous les trente ans, combien de temps est-ce que ça dure?
La dernière fois, cela a duré combien de temps, quatre ou cinq
ans?
M. Drummond: Cela a duré presque une dizaine
d'années. Au Nouveau-Brunswick, on est encore dans l'ancienne
épidémie; on la perpétue constamment parce qu'on a
toujours fait des arrosages. Ici, dans les zones où il y avait beaucoup
de sapins, lors de la dernière épidémie, c'est mort, et le
climat a aidé à achever l'épidémie, en
Gaspésie en particulier. Il y avait des arrosages au DDT qui ont
réellement été un succès à ce
moment-là. Dans bien des endroits, les arrosages au DDT ont
été un succès.
M. Perreault: Se fait-il des recherches au point de vue de
l'arbre lui-même pour le rendre insensible à cette...
M. Drummond: Cela est au niveau de l'aménagement, on veut
l'aborder de cette façon, mais quand vous parlez de l'arbre
lui-même, ce sont des recherches à beaucoup plus long terme en
génétique...
M. Perreault: En génétique.
M. Drummond: C'est vraiment au tout début...
M. Perreault: Est-ce que des universités se penchent sur
ce programme génétique?
M. Drummond: Actuellement on est en train d'organiser un
programme de recherche où tous les organismes de recherche vont
être impliqués, le fédéral, les universités,
le provincial. On veut insister grandement là-dessus cette année
et les prochaines années.
M. PerreauIt: Et les prochaines années. Merci.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: M. Duchesneau, vous affirmiez, tout à l'heure,
en ce qui concerne les territoires arrosés, que tout va être
sauvé. Est-ce que vous voulez dire qu'à ce moment-là on
n'a pas besoin de faire de coupes intensives?
M. Drummond: Strictement parlant, si cela se comporte comme on le
prévoit, en arrosant on est censé garder le feuillage vert, donc
préserver les arbres. A ce moment-là il n'y a pas besoin
de...
M. Lessard: ...l'arbre est assez fort pour pouvoir survivre.
M. Drummond: ...garder assez de feuillage pour demeurer en vie.
C'est certain que, quand j'ai dit 100%, c'est peut-être un peu fort, il
va y avoir de petites pertes à travers cela. En général,
probablement 90% ou 95% des arbres devraient être sauvés.
M. Lessard: Je reviens aux bactéries, l'expérience
ou le projet pilote de 100,000 acres dans la région de Montréal
n'est pas encore concluant? Il y avait une expérience, à un
moment donné...
M. Drummond: Non, cela n'a malheureusement pas été
concluant parce qu'on a eu des difficultés avec le calibrage des avions.
C'est un matériel qui est beaucoup plus dense, beaucoup plus visqueux
que les insecticides chimiques. On a eu des problèmes avec les
pulvérisateurs. Il y a aussi la très grosse quantité de
liquide qu'on est obligé de transporter. Cela a fait que,
malheureusement, on ne peut pas dire avec certitude que cela a
été bon. Pour vous donner une idée du volume d'insecticide
chimique utilisé, on ne parle pas moins de un demi-gallon à
l'acre, 80 onces à l'acre, alors qu'avec des insecticides chimiques on
met 16 et 12 onces de solution à l'acre.
Le Président (M. Lafrance): Pourriez-vous parlez un peu
plus fort, s'il vous plaît?
M. Lessard: Vous parlez d'un demi-gallon à l'acre en ce
qui concerne le fénitrothion. Et la bactérie est..
M. Drummond: C'est bacillus thuringiensis.
M. Lessard: Cela doit être cela.
M. Drummond: Un demi-gallon à l'acre.
M. Lessard: Surtout sur les angiospermes.
M. Drummond: Un demi-gallon à l'acre. Cette année
on fait plusieurs concentrations, plusieurs solutions. Il y a des solutions de
bactéries qui vont avoir 30 millions d'unités de bactéries
alors que d'autres en auront 50... Je vais essayer de trouver quelles sont les
concentrations exactes.
L'expérience est sur une plus grande échelle cette
année que les années dernières. On a essayé de
résoudre certains problèmes de production au début, comme
de produire le matériel. L'an dernier, cela a été la
pulvérisation qui a été un gros problème, au point
que les gens du service aérien ont été obligés de
faire un nettoyage complet des avions impliqués. Il semble que le
mélange n'a pas une odeur trop agréable.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
L'Assomption.
M. Perreault: J'ai lu dans les journaux que vous prépariez
un programme là, on parle de la forêt pour les
arbres d'ornementation des résidences et ainsi de suite. Vous avez des
dépliants, je pense.
M. Drummond: On donne des conseils aux gens qui veulent
protéger leurs arbres, mais, comme tel, le ministère ne fait rien
pour les arbres d'ornementation proprement dits.
M. Perreault: N'avez-vous pas de dépliants
émis?
M. Drummond: Oui, il y a des dépliants distribués
et tout cela.
M. Perreault: Pour être distribués dans les
municipalités et ainsi de suite? M. le ministre, n'y aurait-il pas
possibilité qu'on s'en assure par la municipalité?
M. Drummond: En fait, si les municipalités lisent les
journaux, elles peuvent s'informer au ministère et on va leur fournir la
documentation. On a publié cela dans les journaux pour informer les gens
de ce qui se passe. Même, cette année, on fait l'expérience
d'arroser sur des terrains privés, à la demande des producteurs
de bois. Cela va se faire sur les boisés qui sont quand même loin
des résidences et de des bâtiments de ferme. On ne s'approchera
pas près des résidences et on va utiliser un
hélicoptère dans les endroits les plus délicats à
arroser. Mais, cela ne couvrira pas tout, surtout les boisés
privés en périphérie des forêts publiques.
M. Perreault: Ce que j'ai surtout en vue, c'est que même
les propriétaires à l'intérieur des municipalités
de banlieue ont des arbres d'ornementation qui leur coûtent très
cher. Je pense bien que cela vaudrait la peine de leur donner des conseils et
de faire de la publicité pour les aider.
M. Drummond: lis n'ont qu'à demander de
l'information si les municipalités n'en ont pas. On a tout cela
prêt.
M. Perreault: C'est fait, mais ce n'est pas à la
connaissance des gens, parce que j'ai pris des informations et...
M. Drummond: Pourtant, on a eu beaucoup d'annonces dans les
journaux. Encore samedi, il y avait même une pleine page dans les
journaux locaux.
M. Perreault: ...d'avoir peut-être la demi-page qu'il y a
chaque semaine dans la Presse. Sur le bricolage, vous savez, il y a une page
complète que les gens lisent beaucoup.
M. Drummond: Si vous regardez le journal de samedi dernier,
justement dans la page du bricolage, dans le Soleil de Québec, il y
avait un article complet sur la tordeuse.
M. Perreault: Je vous félicite de le faire. C'est un peu
pour aider les gens, parce qu'on sait que moi-même, j'en ai chez
moi, je sais combien cela coûte les arbres d'ornementation c'est
très dispendieux. Si on peut éviter qu'ils meurent, il faut
assurer une diffusion la plus large possible de vos...
M. Drummond: D'accord, on va continuer notre action de ce
côté.
M. Perreault: En tant que députés on peut en
demander, à votre ministère, des séries de ces
dépliants?
M. Drummond: Oui, c'est disponible chez nous. On n'a qu'à
les demander.
M. Perreault: Je vais m'en faire venir.
M. Drummond: On peut aussi en apporter, cet après-midi,
pour la commission.
M. Perreault: Merci.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: Je sais qu'on revient, constamment, chaque
année, sur cela, mais il reste que les chroniqueurs de chasse et de
pêche continuent à croire que c'est très néfaste
pour l'équilibre. On parle toujours de l'équilibre de la
nature.
M. Drummond: L'équilibre de la nature, si on veut en
parler, les biologistes qu'on mentionnait sur le film, ce sont des biologistes
qui sont à l'emploi du ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche. Le ministère des Terres et Forêts n'a pas
monté lui-même son équipe de biologistes.
C'est le ministère concerné qui a réuni
l'équipe de biologistes. Ce sont eux qui font les inspections sur le
terrain. Tout cela est surveillé chaque jour. Maintenant, on fait face
à des choix. Si on laisse agir la nature, on laisse aller la tordeuse et
on n'arrose pas. Maintenant, est-ce que le même principe devrait
être suivi dans le cas de la lutte contre les feux de forêt? Est-ce
qu'un feu de foudre, qui est causé par un agent naturel, on devrait le
laisser aller, ne pas le combattre, laisser la nature faire son oeuvre? Les
arbres d'ornementation, devrait-on les laisser aller, eux aussi, les
plantations? C'est un choix qu'on a à faire. A court terme, il n'y a pas
d'autre choix que d'arroser avec des insecticides chimiques, si on veut, au
moins, sauver les concentrations de sapins.
On a seulement à penser au désastre qui arriverait dans le
Bas-Saint-Laurent, en Gaspésie, surtout en Gaspésie, si on
n'arrosait pas. La forêt est composée de conifères, c'est
90% de sapins. Alors, on n'a qu'à laisser aller la tordeuse dans cela et
toutes les forêts de conifères de la Gaspésie vont
être détruites. On aura suivi le cycle écologique, mais on
va avoir tout un problème social sur les bras. On a le choix. Au
ministère, on a dit: D'accord, il y a des dangers d'utiliser
l'insecticide chimique, mais, on n'a pas d'autre solution. Les
vérifications qu'on a faites prouvent que ce n'est pas dommageable
à l'environnement avec les concentrations utilisées. C'est
certain qu'il reste des dangers. Avec tous les contrôles qui sont
effectués, on pense que c'est acceptable.
Il y a eu un symposium, au tout début de mai, à
l'université Laval. Tous les gens qui auraient voulu s'exprimer sur
cette question étaient invités. On doit dire, malheureusement,
que les journalistes qui sont contre les arrosages ne se présentent
jamais à ces symposiums pour défendre leur thèse. Les
autres journalistes viennent. Mais ceux, vraiment, qui sont des partisans
acharnés du non-arrosage et de laisser agir la nature dans ce cas, on ne
les voit jamais dans ces rencontres où il y a des discussions.
M. Glasson: Si on ne fait rien, qu'est-ce qui arrive à nos
forêts? Comment protège-t-on l'écologie? Si, par malheur,
il fallait que des feux de forêt s'emparent des forêts de
conifères asséchés, l'écologie va-t-elle être
protégée?
M. Drummond: Si c'est naturel, il n'y a pas à s'en faire.
D'après les partisans de cette théorie...
M. Giasson: Parce que c'est naturel, c'est bon.
M. Drummond: ... tout ce qui est naturel est
nécessairement bon pour la nature.
Il faudrait probablement laisser aller les microbes aussi.
Vous devez savoir ce qu'il est arrivé sur l'île
d'Anticosti. Dans le centre de l'île d'Anticosti, il y a eu un grand feu
qui a eu lieu, d'après nos expertises, à la suite d'une
épidémie de tordeuses dans les années quarante. Le feu a
eu lieu, je pense, en 1955. C'était à la suite d'une
épidémie de tordeuses qui a eu lieu dans les années
quarante-cinq à peu près. Le bassin de cette rivière,
naturellement, a
maintenant des différences de niveau d'eau très
considérables. Cela a affecté énormément la
remontée du saumon. La forêt agit comme une éponge.
Là, elle n'a plus son rôle. On a des problèmes de coups
d'eau qui sont incontrôlables par la suite.
M. Lessard: Je reviens à la bacillus thurin-giensis.
D'après ce que je sais, il y a eu, quand même, des
expériences en I972 et en I973. D'après certaines informations,
on laisserait entendre que lors des expériences, par exemple, de I972,
on aurait obtenu une protection de 83%.
Est-ce que c'est le cas? Est-ce qu'on a des études
concrètes sur cela, et qui seraient, semble-t-il, moins nocives pour la
forêt, ou, selon certains critiques...
M. Drummond: Je vais vous donner mon interprétation du
problème. Je suis allé sur les lieux, avec deux groupes de
spécialistes. Je ne suis pas naturellement spécialisé
là-dedans, et j'ai essayé de faire entendre les deux groupes sur
l'effet du BT dans cette partie traitée exactement. On n'a pas
été capable d'obtenir un consensus.
La première explication, c'est que l'appareil qui a passé
au-dessus de cette surface, nous n'avons pas été capable de
contrôler le débit du liquide qui en sortait, c'est-à-dire
que le liquide qui devait sortir sur 3,000 pieds de largeur, étant
donné sa viscosité, à mon avis, est sorti, probablement,
sur 500 ou 800 pieds de largeur, c'est-à dire que la concentration que
nous aurions dû avoir était d'un demi-gallon à l'acre; nous
avions peut-être, effectivement, un gallon à l'acre sur 500 pieds
de largeur, alors que, sur 3,000 pieds, nous avions un demi-gallon à
l'acre. Mais il ne s'est pas rendu à 3,000 pieds, à cause de la
viscosité, parce que les gicleurs, si vous voulez, n'étaient pas
ajustés ou étaient très difficiles d'ajustement. On avait
beaucoup de gouttelettes sur une bande, peut-être, de 800 pieds de
largeur, et on en avait très peu sur 3,000 pieds de largeur. Il est
peut-être tombé un gallon, deux gallons dans le centre. A cet
endroit, ça paraissait que le BT avait eu des effets.
M. Lessard: Mais, à ce moment, le coût à
l'acre devient très élevé.
M. Drummond: Exorbitant. Pour vous donner une idée ici
j'ai maintenant retrouvé les chiffres pour le BT, cette
année, on va déposer, sur 40,000 acres, 54 onces de 16 BIU,
c'est-à-dire des bacillus international units, 16 billions
d'unités internationales, dans 68 onces de mélange à
l'acre, sur 40,000 acres. Sur 85,000 acres, on mettra 34.5 onces de 26 BIU,
à ce moment, c'est une solution plus concentrée, dans 67 onces de
mélange à l'acre. Sur 136,000 acres, on mettra 22.4 onces de 36
BIU dans 48 onces de mélange à l'acre. Après cela, sur
13,900 acres on mettra 24 onces de 36 BIU à 32 onces. Or, si 36 BIU,
c'est plus concentré, on a plus de problèmes, c'est-à-dire
que la viscosité est considérable, et dès que ça
touche à l'air, il se forme une espèce de gomme sur les
gicleurs.
La solution idéale, ce serait quelque chose comme 50 millions.
Maintenant, la compagnie qui a essayé de nous en produire n'a pas
réussi. Quand on atteint une certaine concentration, la réaction
est morte. C'est un produit vivant... C'est comme, si vous voulez, lorsqu'on
fabrique du vin, il tourne en vinaigre, à un certain moment, si on n'a
pas les bonnes conditions de température ou si on veut augmenter la
concentration d'alcool, le même phénomène se produit. C'est
faisable, cela c'est fait en laboratoire, des concentrations de 50 millions,
mais sur une production commerciale, on n'est pas capable, actuellement, de
l'atteindre. Aucune compagnie ne nous l'a offert.
M. Lessard: Quel est le coût à l'acre, de l'arrosage
au finitrothion?
M. Drummond: Le coût à l'acre au finitrothion, si on
comprend les envolées, est de l'ordre de $1.25.
M. Lessard: C'est de $1.25. Avez-vous estimé le coût
à l'acre, au BT?
M. Drummond: Ce n'est pas compliqué. En étant
très conservateur, sur les 260,000 acres de BT, cela va coûter
$750,000 de plus que si on le traitait à l'insecticide chimique.
M. Lessard: Puis...
M. Drummond: II faut calculer. Ce sont des moyennes. Cela
dépend de la quantité qu'on met dans l'avion. Si on met deux fois
moins, si on couvre deux fois moins d'acres avec un avion, parce qu'on est
obligé de mettre deux fois plus de solution à l'acre, cela
augmente énormément les coûts, et ce n'est pas seulement
directement proportionnel, parce que, l'avion, s'il est obligé de
revenir dix fois, attend dix fois à l'aéroport avant de se
charger. Ce n'est pas directement proportionnel au temps, si vous voulez. On
est limité, parce qu'on commence à travailler à 3 h 30 ou
4 heures le matin, et, malheureusement, vers 9 heures, c'est fini, soit parce
que la température est trop élevée ou que le vent s'est
élevé. On recommence vers 4 h 30, 5 heures, et on va
jusqu'à 9 h 30, 10 heures, quand il fait beau, naturellement.
La différence, vous l'avez. Sur 260,000 acres, c'est $700,000 de
plus que cela coûte pour utiliser du BT, et pour l'avion... Maintenant,
on fait aussi des expériences avec un hélicoptère pour la
première fois cette année. C'est-à-dire que
l'hélicoptère, c'est encore pour obtenir plus de précision
dans l'épandage, plus de maniabilité, en particulier sur les
rivières à saumons de l'île d'Anticosti où les
bassins immédiats de la rivière seront arrosés à
l'aide d'hélicoptères et de bacillus thurin-giensis.
M. Lessard: Quand on avait importé, il y a deux ou trois
ans, je pense, des fourmis italiennes, ce n'était pas pour les
mêmes objectifs?
M. Drummond: Non. Cela n'était pas pour le
même insecte. Effectivement, il y a des fourmis italiennes qui
mangent des chenilles, mais pas les tordeuses de bourgeons d'épinette.
Maintenant, on est rendu à plusieurs millions de tonnes d'insectes.
M. Lessard: Mais quel était l'objectif...
M. Drummond: Cela prendrait autant de millions de fourmis pour
régler cela.
M. Lessard: ...de l'importation des fourmis italiennes?
M. Drummond: C'était à titre de recherche, tout
simplement. Cela aurait pu donner quelque chose. En Europe, ils emploient des
oiseaux. Ils mettent une petite cabane d'oiseaux dans chaque arbre; plus les
oiseaux en mangent, mieux c'est pour l'environnement.
M. Lessard: Très bien. Autrement dit, c'était
artisanal comme...
M. Drummond: Oui. Mais le problème est que les oiseaux,
l'hiver, n'endurent pas cela.
M. Giasson: ...importer les cabanes et les oiseaux.
M. Drummond: II faudrait avoir des cabanes chauffées.
M. Houde (Abitibi-Est): Quel genre de...?
M. Drummond: Je pense que c'est l'arpen-teuse de pruche.
Participation des compagnies
M. Lessard: L'arpenteuse de pruche. En ce qui concerne la
tordeuse, j'ai terminé, à moins qu'il n'y ait d'autres
députés qui aient des questions parce qu'on en avait passablement
discuté l'an dernier et on a des explications... Il reste ceci. A un
certain moment, il faut quand même, comme le disait le
député de Montmagny-L'Islet, en arriver à protéger
les forêts. Si on ne protège pas les forêts, on n'aura plus
de chevreuils, plus d'orignaux et l'érosion du sol se fera, etc., et on
n'aura plus de braconnage, comme l'a fait remarquer le député.
Vous savez que je suis opposé à tout système de
braconnage.
En ce qui concerne encore le programme 3 le programme
général cette année, concernant
particulièrement l'élément 1, on constate, pour la
première fois, que certains revenus comme tels du ministère ne
sont plus identifiés comme remboursement, les revenus, en particulier,
provenant des compagnies forestières. Pourrait-on savoir, dans le
montant de $5,187,500 qui est la participation du gouvernement provincial,
quelle est la participation, en fait, des compagnies? Je constate, d'ailleurs,
la même chose pour la construction des chemins. Serait-il possible
d'obtenir un tableau des revenus ou cotisations pour les compagnies pour les
années 1973/74, 1974/75 et les prévisions pour 1975/76? A moins
que le ministre n'ait un texte à nous donner.
M. Drummond: On pourra vous fournir, cet après-midi, un
tableau de la contribution de chacune des compagnies au programme d'arrosage
depuis 1972.
M. Lessard: Quant à la lutte contre la tordeuse de
bourgeons, les compagnies ne participent pas comme telles?
M. Drummond: Non. C'est pour l'arrosage.
M. Lessard: Ce que je veux avoir, c'est la participation. Comme
le ministère participe je pense que c'est à 50%, en ce qui
concerne la protection contre les incendies.
M. Drummond: Vous parlez des incendies. Excusez.
M. Lessard: Oui, mais j'aimerais aussi savoir, si c'est possible,
si les compagnies participent au financement des coûts de protection
contre la tordeuse de bourgeons.
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: Si oui, de quelle façon participent-elles?
M. Drummond: Elles participent financièrement. En
général, c'est au tiers du coût de l'arrosage sur leurs
concessions.
M. Lessard: Est-ce qu'il serait possible d'avoir un tableau
complet de la participation contre les incendies et de la participation contre
la tordeuse des bourgeons?
M. Drummond: Au sujet des incendies forestiers, on pourrait vous
le donner rapidement cet après-midi par société de
conservation. Mais, pour l'ensemble des compagnies... Si vous voulez l'avoir
par compagnie, cela va peut-être être un peu plus long.
M. Lessard: Je pourrais l'avoir cet après-midi par
société de conservation et, plus tard, peut-être, on
pourrait me faire parvenir la liste concernant la participation des compagnies
forestières.
M. Drummond: D'accord.
Le Président (M. Lafrance): Le député
d'Abitibi-Est.
M. Houde (Abitibi-Est): Sur les préventions et luttes
contre les incendies, jusqu'où s'étend un territoire
protégé, sur lequel vous faites votre protection?
M. Drummond: Toutes les forêts commerciales du
Québec.
M. Houde (Abitibi-Est): Ce qui implique même au nord de
Chibougamau, en montant vers le lac Mistassini.
M. Drummond: Jusqu'à la ligne des arbres. M. Houde
(Abitibi-Est): La forêt commerciale.
M. Drummond: La forêt commerciale est
protégée.
M. Lessard: Quant à moi, le programme 3 est adopté,
étant donné que je recevrai... tout en permettant qu'au cours de
cet après-midi ou lors de la prochaine séance, on nous fournisse
les informations que j'ai demandées et que, postérieurement, on
me fasse parvenir aussi les documents demandés.
Le Président (M. Lafrance): Programme 3,
éléments 1, 2 et 3 adoptés. Programme 4?
Adopté.
M. Lessard: Non, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Saguenay.
Utilisation de la forêt
M. Lessard: Programme 4: Planification de l'utilisation de la
forêt. Je le demandais l'autre jour et on m'avait répondu qu'on
pouvait en discuter au programme 4, concernant les données
économiques du rapport Lussier. Est-ce qu'on a revisé ces
données au ministère?
M. Drummond: C'est en rapport avec la forêt privée,
je crois.
M. Lessard: Oui.
M. Drummond: On pourra en discuter au programme 4,
élément 4.
Droits de coupe
M. Lessard: D'accord. La coupe entre au programme 1. Je vais me
démêler, M. le Président.
M. Garneau nous annonçait, l'an dernier, une augmentation des
droits de coupe pour les compagnies forestières. Cela a donné
quoi? Est-ce que ce projet s'est concrétisé?
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: Cela a donné quoi comme augmentation des
revenus?
M. Drummond: Sur les concessions forestières, le bois
à pâte est passé de $2.94 du cent pieds cubes à
$5.
M. Lessard: A $5. Est-ce que vous tenez encore compte des
régions, c'est-à-dire qu'il y a certaines compagnies...
M. Drummond: C'est une augmentation uniforme.
M. Lessard: Une augmentation uniforme, mais il y a certaines
compagnies qui payaient un montant plus élevé que $2.94.
M. Drummond: En général, sauf les cas très
particuliers où il y a eu une prime ajoutée au moment de l'achat
de la concession, le droit de coupe...
M. Lessard: ...est uniforme à travers le
Québec.
M. Drummond: ...est uniforme sur une concession
forestière.
M. Lessard: Est uniforme sur une concession forestière,
mais est-ce qu'il est uniforme entre les concessions forestières?
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: C'est exactement le même prix pour toutes les
compagnies forestières...
M. Drummond: C'est ça.
M. Lessard: Quel que soit le milieu forestier.
M. Drummond: C'est ça. On étudie actuellement un
système de droits de coupe variable, mais on est encore à
travailler sur ça et on doit dire qu'en général, la
réaction des industriels du sciage et ceux des pâtes et papiers
est de garder un système de droits de coupe uniforme.
M. Lessard: Est-ce que Rayonier Québec a
été...
M. Drummond: Augmentée? M. Lessard:
...uniformisée?
M. Drummond: Non, mais elle a été augmentée
régulièrement. Le droit de coupe de $0.50 la corde est rendu
à $1.03 les cent pieds cubes ou $1.10. Je vais vous donner le montant
exact. Mais il est indexé sur le prix de la pâte kraft blanchie,
le prix canadien. Ce qui veut dire que c'est comme un taux
d'intérêt composé.
M. Lessard: On avait instauré un nouveau programme de
facturation des droits de coupe, soit la facturation automatique par
ordinateur. Il en est résulté quoi?
M. Drummond: II en est résulté, l'an dernier, de
grands problèmes parce qu'on a voulu en accomplir trop en même
temps et on a eu des problèmes au niveau de l'ordinateur et au niveau du
terrain aussi, dans la préparation des données que le mesureur
devait fournir à l'ordinateur. Il en est résulté un gros
problème de facturation l'an dernier et, cette année, on a
ça sous contrôle. On a
mis en marche un programme de dépannage pour régulariser
cette situation. Il a même fallu, pour la facturation de 1973/74, la
vérifier au complet, manuellement. On a repris la facturation de
1974/75, on l'a mise à jour, et le système fonctionne
actuellement.
M. Lessard: L'an dernier, le Vérificateur
général soulignait qu'une somme de $10,339,173 était
constituée de paiements de droits de coupe différés.
S'agit-il de l'arrêté en conseil...
M. Drummond: C'est cela. Il s'agit de l'arrêté en
conseil qui permettait aux compagnies de différer leurs droits de coupe.
Pour 1974/75 il va y avoir, en plus, les droits de coupe différés
du sciage qui vont s'ajouter à cela.
M. Lessard: J'aimerais, pour avoir plus de précision,
souligner un paragraphe du rapport du Vérificateur général
où on dit ceci je vais être obligé de tout le lire,
M. le Président : "Au 31 mars 1974, les comptes à recevoir
du ministère totalisaient $29,623,945 comparativement à
$13,860,568 au 31 mars 1973, soit une augmentation de $15 millions. Cette
augmentation provient principalement des remboursements à recevoir, du
Canada ainsi que des compagnies pour la protection des forêts, qui
s'élèvent à $5,097,351 au 31 mars 1974, par rapport
à $52,486 au 31 mars 1973, et de l'augmentation de $9,300,786. Les
comptes à recevoir au service des exploitations forestières sont
passés de $11,929,000 au 31 mars à $21,230,000 au 31 mars
1974."
Plus loin, on dit: "Quant à l'augmentation de $9,300,786
dont on vient de parler tout à l'heure, comme comptes à recevoir
au service des exploitations forestières entre les comptes
à recevoir, droits de coupe des 31 mars 1974 et 1973, elle
découle à la fois de l'augmentation dans les droits de coupe
à reporter de $4,891,933, par suite de l'application de
l'arrêté en conseil du 1719, et de $4,408,853 sur les droits de
coupe à recevoir." Ma question est celle-ci, l'ampleur de cette
augmentation, selon les renseignements obtenus, proviendrait du fait que
certaines compagnies anticipent, d'une part, avoir l'occasion de
bénéficier pour une troisième année
consécutive du report des droits de coupe, et d'autre part, que le
nouveau système de traitement électronique des données
implanté au cours de l'année 1973/74 n'a pas donné les
résultats espérés.
J'avais des informations tout à l'heure. Voici la question que je
pose: Pourquoi permettre aux compagnies d'anticiper sur de nouvelles
possibilités de report de droits de coupe?
M. Drummond: Le problème est venu, mon Dieu, probablement
à 95% ou 99% du traitement électronique de la facturation. Il n'y
a pas de phénomène de compagnie qui anticipait. C'est très
marginal. Le problème a résulté plutôt de notre
côté. C'est de la facturation.
M. Lessard: C'est de la facturation. Je voudrais aussi souligner
un dernier passage, M. le Président. On se rappelle, l'an dernier, avoir
discuté de certaines ententes de construction de chemins qui avaient
été négociées, particulièrement en ce qui
concerne la région de la baie James où, plutôt que de
donner une subvention de construction des chemins à la compagnie, on
avait décidé de réduire les droits de coupe.
M. Drummond: On a réglé ce problème en
demandant des budgets supplémentaires pour tenir compte des remarques
que la commission avait faites.
M. Lessard: Mais, je voudrais en même temps souligner que
le Vérificateur général m'a donné raison par la
suite, lorsqu'il disait que même si le ministère s'est vu refuser
une demande à cette fin, concernant les subventions, par le Conseil du
trésor, "nous maintenons notre avis que tous les frais relatifs à
ces ententes devraient être traités comme dépenses et,
partant, imputés au budget du ministère et non
comptabilisés en diminution de revenus."
D'ailleurs, j'ai vu que, dans le budget supplémentaire qu'on
avait proposé, on demandait $2 millions de plus pour compenser ces
ententes. En principe, je ne suis pas complètement d'accord pour que les
subventions soient données inconditionnellement à des compagnies,
mais il reste que j'aime mieux cette façon. Au moins, on peut savoir
combien cela coûte.
M. Drummond: En fait, ce n'était pas une subvention. Cela
fait partie de notre programme de construction de chemins, à
l'intérieur de notre nouvelle politique où on ouvre les grandes
routes d'accès. Dans ces cas particuliers, on était pris de
court. Il nous fallait absolument ces chemins.
M. Lessard: C'est juste.
M. Drummond: II aurait fallu changer les programmes de
coupes.
M. Lessard: C'est que, à ce moment, le ministre n'ayant
pas les budgets nécessaires pour la construction, prenait un moyen
indirect, soit en diminuant la perception de revenus.
M. Drummond: Je pense qu'on l'a admis, l'année
dernière.
M. Lessard: Vous l'avez réglé, M. le
Président. J'ai d'autres questions à ce programme, mais, comme il
est midi et qu'on s'est entendu pour la suspension à midi, je...
Le Président (M. Lafrance): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 58)