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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Etude des crédits du ministère des
Richesses naturelles
Séance du mardi 27 mai 1975
(Dix heures quarante-cinq minutes)
M. Cornellier (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
La commission des richesses naturelles et des terres et forêts
reprend, ce matin, l'étude des crédits du ministère des
Richesses naturelles.
Nous sommes toujours au programme 1, aux commentaires
généraux.
La parole est au député de Saguenay.
Dividendes de l'industrie minière
M. Lessard: M. le Président, dans le Devoir du vendredi,
17 janvier 1975, on pouvait lire que l'industrie minière avait
payé des dividendes records en 1974, et cet article était sous la
signature de M. Jacques Forget. On lisait ceci: "C'est en 1974 que l'industrie
minière aura payé ses plus importants dividendes, un grand total
de $480,983,081. Cela représente une augmentation de 48%, par rapport
aux dividendes versés en 1973.
Le précédent record de versement de dividendes date de
1970, quelque $388,429,598 avaient été répartis entre les
différents actionnaires des compagnies minières".
On constate donc, M. le Président, que l'industrie minière
a réalisé des profits énormes en 1974, et cela, en fait,
à cause de l'augmentation générale des prix mondiaux
très élevés au cours de cette année, et, plus
particulièrement, pour deux des principales productions
québécoises, soit le cuivre quoique le prix ait
baissé au cours des derniers mois de 1974 et début de 1975
et l'amiante, où on a constaté une augmentation de 45% dans les
prix.
On constate donc qu'à l'échelle canadienne, les profits,
après impôts, ont augmenté de plus de 30%, par rapport aux
profits déjà élevés de 1973.
Dans ces conditions, le problème fondamental que nous avons, en
tout cas, que je veux soulever, c'est où vont maintenant ces dividendes?
Parce que selon un bulletin émis par le ministère, on
prévoit ceci a été confirmé au cours de la
déclaration du ministre au début de cette commission
parlementaire pour 1975, une stagnation des dépenses
d'exploration, une baisse des investissements, par rapport à 1974.
D'ailleurs, le ministre, lui-même, a eu l'occasion d'affirmer, à
plusieurs reprises, que les compagnies minières ne faisaient ou
faisaient très peu d'exploration au Québec, et comme l'affirmait
le mémoire du ministère sur les investissements étrangers
que j'ai cités, passablement, à la fin de la dernière
séance, c'est que l'industrie minière est une industrie à
90% étrangère, et fortement intégrée à
l'échelle multinationale.
On constate, en fait j'apporterai des preuves que ces
dividendes, bien souvent, servent au développement des autres, que ces
dividendes ne sont pas réinvestis chez nous. En effet, par exemple, on
sait qu'International Nickel a acheté une entreprise américaine
de Philadelphie, aii prix de $230 millions à même les profits
qu'elle faisait chez nous. Et en ce qui concerne Campbell Chi-bougamau, on fait
même des menaces selon lesquelles cette conpagnie ne songerait pas
à réinvestir ses profits au pays.
Mais je voudrais, particulièrement, traiter d'un cas qui
m'apparaît absolument dégueulasse, soit la Québec Iron and
Titanium. On sait que cette compagnie a surtout ses réserves à
Havre Saint-Pierre, dans la basse Côte-Nord, et son industrie de
transformation est à Sorel.
Il y a quelque temps, cette compagnie et j'insiste parce que cela
nous démontre un peu comment on est traité, les
Québécois le 30 décembre 1974, faisait parvenir une
lettre à ses clients qui était rédigée comme suit
et je donne quelques paragraphes: "Messieurs, dès le 1er janvier 1975,
les prix des diverses qualités de Sorel Métal seront ceux
indiqués à la feuille ci-jointe. Ces nouveaux prix sont
majorés de 13% à 21% selon les différentes
qualités. "Ce qu'il faut dire, c'est que Sorel Métal avait
déjà augmenté considérablement ses prix depuis un
an, ce qui faisait une augmentation, avec cette nouvelle augmentation, de 115%.
"Comme vous le savez, Fer et Titane vendait, auparavant, 85% de sa fonte en
gueuse en dehors du Canada. En 1975, nous n'en vendons que 75% à
l'extérieur car notre politique est de répondre d'abord à
la demande canadienne."
Les explications sont que, actuellement, Sorel Métal est une
entreprise "monopolistique" et ses clients québécois doivent,
nécessairement, s'alimenter à cette entreprise et on sait que les
clients de Sorel Métal les clients québécois
ne sont pas capables d'obtenir les quantités qui leur sont bien souvent
nécessaires.
Je continue: "Depuis cinq ans, Fer et Titane étudie les
possibilités d'expansion à Sorel et, à chaque
année, nous avons constaté que, économiquement, il
n'était pas justifiable de réaliser une expansion tenant compte
des augmentations annuelles du prix de la fonte en gueuse Sorel Métal
que l'on pouvait obtenir... Cela doit être une traduction de
l'anglais.
Nous sommes conscients que les augmentations de prix de Sorel
Métal, que vous avez connues en 1974, vous ont paru énormes. Les
prix actuels assurent un rendement satisfaisant à Fer et Titane, mais
non un rendement excessif et, malgré la montée des prix,
l'expansion à Sorel, au cours de la présente année, n'est
toujours pas attrayante. Le genre d'opérations de Fer et Titane demande
beaucoup d'immobilisations et, précisément, ce sont les
coûts en immobilisation et de construction qui ont subi la plus forte
augmentation au cours des dix dernières années. Cependant, comme
toute autre entreprise, Fer et Titane croit qu'une expansion progressive permet
de rendre le procédé viable. Une expansion axée sur le
minerai canadien n'est pas rentable et il nous a
fallu chercher d'autres gisements de minerai plus riches dont
l'exploitation donnerait un meilleur rendement. C'est pourquoi, nous sommes
devenus propriétaires à 50% d'un gisement d'ilménite
situé à Richards Bay, en Afrique du Sud. Le développement
de la mine, la construction de l'usine d'enrichissement et des fours de
réduction s'élèveront à $300 millions pour une
installation deux fois plus petite que l'installation de Fer et Titane au
Québec. L'ensemble de ce projet a été divisé en
trois étapes et nous sommes présentement à la
deuxième préparation des plans et devis qui seront
terminés dans six mois. Voilà, M. le Président, une
entreprise qui est chez nous et qui décide d'augmenter le prix de son
produit qu'elle prend chez nous auprès de ses clients pour financer une
entreprise de transformation et d'extraction en Afrique du Sud. Je donnais le
cas, M. le Président, de Quebec Iron and Titanium; le cas de INCO, c'est
la même chose, achat d'une entreprise américaine de Philadelphie
au prix de $230 millions à même les profits qu'elle a
réalisés chez nous; Campbell Chibougamau menace, à un
moment donné, de ne pas réinvestir ses profits au Québec.
C'est exactement de la même façon que les compagnies
minières ont toujours fonctionné, nous sommes un réservoir
de matière première, nous sommes simplement des indigènes
qu'on exploite et, lorsque le temps est venu d'investir, nous allons investir
ailleurs.
A la suite de cela, M. le Président, je pourrais demander les
commentaires du ministre, je pourrais dire que M. Biron qui exploite une
entreprise qui utilise ce produit, soit les Fonderies Sainte-Croix, avait
déjà écrit le 6 janvier 1975 à M. Bouret du
ministère de l'Industrie et du Commerce à Montréal,
où il se plaignait de cette hausse considérable des prix. M.
Bouret n'a pas reçu de réponse et, comme on s'aperçoit
qu'il s'agit d'une entreprise "monopolistique" comme Quebec Iron and Titanium,
les clients de cette entreprise, particulièrement les clients
québécois, ne sont pas trop intéressés à
publier leurs noms lorsqu'ils protestent, parce qu'ils ne sont même pas
assurés d'avoir la matière nécessaire à leur
industrie.
M. le Président, j'aimerais savoir si le ministre a pris des
mesures concrètes ou a fait enquête en ce qui concerne
précisément Quebec Iron and Titanium, s'il a déjà
établi un bilan de l'utilisation par les sociétés
minières de leurs profits réalisés au Québec? Dans
quelle proportion ces projets sont-ils retournés aux
sociétés mères étrangères dans le cas de
l'amiante? Autrement dit, comment se répartissent les profits entre les
succursales indigènes québécoises et les maisons
mères américaines? Troisièmement, dans le cas de Quebec
Irion and Titanium, le ministère est-il intervenu pour faire des
pressions afin d'éviter que les profits très élevés
de cette entreprise, réalisés au Québec, j'insiste
là-dessus, ne soient réinvestis à l'étranger?
Est-ce que le gouvernement, par l'intermédiaire de SOQUEM ou d'un
autre, a l'intention de prendre des mesures pour faire en sorte qu'à un
moment donné les ressources naturelles qui existent chez nous et les
profits qui sont faits à même l'exploitation de ces ressources
naturelles, soient au moins réinvestis chez nous?
Est-ce que le ministre pourrait répondre à ces quelques
questions?
M. Massé: M. le Président, je pense que le
député de Saguenay soulève une question qui
représente une situation qui peut être différente d'une
année à l'autre. Comme il le sait, dans le secteur minier,
à cause de la variation des prix au niveau international, il y a des
années qui sont plus favorables que d'autres, je pense que
l'année 1974, comme il l'a mentionné, était une des plus
favorables.
Je voudrais souligner que, selon nos statistiques et cela, de 1962
à 1974, selon nos données, les entreprises n'ont pas
réalisé, en moyenne, un profit supérieur à
8%...
M. Lessard: Les entreprises...
M. Massé: Juste un instant. Dans le cas de QIT,
Québec Iron & Titanium, je pense que, dans le dernier discours du
budget, on a démontré un souci concernant ce problème.
On a un comité de fiscalité minière qui a
travaillé depuis de nombreux mois et nous a recommandé, par le
biais de la fiscalité, d'inciter davantage les entreprises
d'exploitation minière à réinvestir dans le domaine de la
transformation, c'est-à-dire une fiscalité qui veut inciter
à transformer davantage les produits au Québec.
Je pense que, comme je le mentionnais tout à l'heure, dans le
domaine du cuivre, par exemple, on a eu des baisses dans le prix. On me dit
même qu'actuellement, dans le domaine de l'acier, la situation est
extrêmement différente de celle qu'on connaissait il y a six mois;
on y a réalisé une baisse assez considérable dans le prix
de l'acier actuellement.
Je comprends que les intérêts des compagnies sont
extrêmement différents de ceux du gouvernement qui a à
examiner, dans un contexte réaliste, toutes les possibilités de
réinvestissement à partir des profits qui seraient faits à
partir des mines du Québec.
Je dois mentionner que, dans la nouvelle proposition fiscale qu'on a
fait connaître dans le dernier discours du budget, les entreprises auront
à verser des droits miniers plus considérables qu'elles ne le
faisaient avant.
En plus de continuer notre travail d'examen en termes d'une politique
globale, une politique générale dans le secteur minier, l'aspect
de la fiscalité est des plus importants. On a fait connaître une
première mesure intérimaire à la fin de l'année
1974, ce qui amène une augmentation globale des paiements des droits
miniers d'environ 55%.
Comme vous le savez, de nouvelles dispositions seront
présentées dans un projet de loi, prochainement, pour mettre en
vigueur ce qui a été annoncé dans le discours du
budget.
Mais je dois dire que, en plus de cette incitation à transformer
davantage au Québec par la fiscalité, il y a certainement
d'autres moyens, d'autres actions que le gouvernement du Québec de-
vra mettre en place, en termes de réinvestissement des profits
chez nous, non seulement dans le domaine de l'exploration, comme on l'a
mentionné tout à l'heure, mais surtout au niveau de la
transformation plus poussée sur le territoire québécois.
Evidemment, il faut toujours se placer dans le contexte du marché
canadien, mais, comme le mentionnait le député de Saguenay, je
pense que QIT exporte un produit qui est transformé chez nous. Je
voudrais souligner ce fait, sans mettre le député en
contradiction, mais il a justement choisi une entreprise qui transforme dans le
domaine de l'acier.
M. Lessard: En ce qui concerne la transformation, dans le domaine
de l'acier, c'est qu'il faut dire que même la clientèle
québécoise a de la difficulté à pouvoir
s'approvisionner et c'est par condescendance que la compagnie accepte bien de
livrer 25% de sa production aux utilisateurs québécois. Mais,
quand le ministre me parle de moyens incitatifs, de mesures fiscales pour faire
en sorte qu'on fasse plus d'exploration, de transformation et qu'on
réinvestisse nos profits chez nous, ce sont des discours qu'on a
entendus passablement depuis un certain nombre d'années et cela n'a pas
donné grand-chose.
J'aimerais, à ce moment, demander... J'avais demandé si,
du côté... Vous m'avez parlé du comité de la
fiscalité minière. Est-ce que ce comité a
étudié ou a pu réaliser un bilan de l'utilisation, par les
sociétés minières, de leurs profits qui sont
réalisés au Québec? S'est-on penché sur ce
problème? Parce que, quand le ministre me dit que il parlait
particulièrement de Québec Iron and Titanium les profits
n'ont pas été considérables au cours des années
antérieures, il faut faire attention, M. le Président. Il faut
bien connaître de quelle façon cela fonctionne entre les
sociétés mères et les succursales.
Il s'agit que la succursale québécoise, à un moment
donné, vende son produit transformé à la
société mère à un prix supérieur et des
profits, il n'en reste plus pour Québec Iron and Titanium.
On constate que cette compagnie vend même sur le marché
international à un prix supérieur à celui auquel elle vend
à l'intérieur des limites du territoire canadien et
québécois. Est-ce que le comité s'est penché pour
étudier de façon concrète pour essayer de tracer un bilan
de l'utilisation par les sociétés minières de leur profit
et de ne pas faire en sorte... En fait, on est non seulement siphonné de
nos ressources naturelles, mais on est siphonné de ce que cela comporte
comme profit, l'exploitation de nos ressources naturelles. Il faudrait quand
même s'assurer, d'autant plus que ce sont des ressources qui ne sont pas
renouvelables, qu'au moins les conséquences de cette exploitation se
reproduisent à l'intérieur du territoire québécois.
Je pense que c'est la responsabilité du gouvernement, globalement, mais
c'est d'abord une responsabilité du ministère des Richesses
naturelles et du ministre des Finances. Est-ce qu'on s'est penché sur ce
problème?
M. Massé: M. le Président, le comité de
fisca- lité minière a étudié le rendement de
chacune des entreprises minières au Québec. Je n'ai pas,
évidemment, les résultats de ces études, mais M.
Têtu, qui est chargé de la fiscalité au ministère
des Richesses naturelles et qui est à ma droite, ne peut pas me donner
un pourcentage précis, mais il m'informe que la majorité des
profits des entreprises minières au Québec sont réinvestis
au Québec, surtout dans l'exploitation elle-même.
M. Lessard: M. le Président, pourtant on constate
d'année en année que les compagnies minières font
très peu d'exploration, elles font très peu de transformation. Je
ne comprends pas qu'on puisse arriver avec une affirmation
générale comme cela. D'ailleurs, on constate bien souvent... Cela
a été le cas pour la Iron Ore Company, quand on a demandé
des chiffres concernant la quantité de produits qu'on extrayait de la
mine par rapport à celle du territoire de Terre-Neuve, on le savait plus
ou moins au ministère des Richesses naturelles. Quand on demande au
ministre du Revenu de quelle façon il contrôle les taxes qui sont
payées par cette compagnie par rapport à celles du territoire de
Terre-Neuve et au territoire québécois, on s'aperçoit que
tout cela est dans le noir, tout cela est plutôt laissé à
l'entreprise elle-même.
Je me suis même fait dire par une entreprise, par tel ou tel des
individus travaillant à l'intérieur de l'entreprise, que, qu'une
année, à un moment donné, le gouvernement du Québec
a envoyé ses fonctionnaires du ministère du Revenu, et qu'il y
avait tellement de documentation et que la chambre était tellement vaste
qu'ils ont été obligés de "sacrer le camp", parce qu'ils
ne pouvaient pas étudier tous ces documents. Donc, certaines compagnies
minières sont mieux organisées que le gouvernement lui-même
pour pouvoir nous organiser comme il faut.
M. Massé: M. le Président, je pense que c'est, pour
ne pas dire légèrement, mais en tout cas, moyennement
exagéré, car nous avons, au ministère des Richesses
naturelles, un service d'inspection de la comptabilité des entreprises.
Ce service est très bien équipé, et je dois dire que, en
ce qui concerne les réinvestissements, le député de
Saguenay a mal choisi son exemple en m'amenant le fait que la Iron Ore a quand
même, comme il le sait très bien, investi des centaines de
millions en 1973/74, et que Quebec Cartier Mining aussi a effectué
plusieurs centaines de millions en investissements. Je pense que l'examen
attentif des données du rendement de chacune des entreprises
démontre clairement que la majorité des profits des entreprises
minières sont réinvestis. Evidemment, il peut y avoir des cas, et
cela peut varier d'une compagnie à l'autre, c'est sûr, mais dans
la majorité, c'est le cas.
M. Lessard: Mais quand le ministre me parle... Tout à
l'heure, je parlais de Quebec Iron and Titanium, là, je parle de la Iron
Ore, qui a investi une somme de $100 millions, peut-être est-elle rendue
à $300 millions, actuellement...
M. Massé: Ce ne sont là que quelques exemples,
parce qu'il y a d'autres cas.
M. Lessard: Le problème que je pose, M. le
Président, c'est certain que ces compagnies, pour fournir leurs clients
étrangers, doivent investir pour pouvoir se développer. C'est
tout à fait normal. On investit exclusivement, par exemple, dans
l'exploitation au niveau primaire. Mais c'est tout à fait normal qu'il y
ait des investissements. Mais ce que je demande au ministre, c'est si,
globalement, ces compagnies utilisent les profits qui sont faits chez nous,
à même l'exploitation globalement primaire de nos ressources
naturelles. Est-ce que ces compagnies sont forcées, directement ou
indirectement, ou est-ce qu'on a des politiques pour les inciter à
réinvestir chez nous?
Je prends l'exemple de la Quebec Iron and Titanium, c'est un cas qui est
bien concret. On a la preuve, parce qu'on a la lettre qui a été
envoyée aux clients par le directeur des ventes et du marketing de la
compagnie, M. Duke. Il ne se cache pas, dans la lettre, pour dire qu'il utilise
ces profits pour aller établir une entreprise en Afrique du Sud. Est-ce
que, dans ce cas précis, le ministère a fait une enquête?
Est-ce que le ministère, en collaboration avec d'autres fonctionnaires,
a tenté de voir ou d'intervenir auprès de la compagnie, pour
qu'on puisse développer plus particulièrement l'entreprise
à Sorel plutôt que de s'en aller en Afrique du Sud?
Est-ce qu'il est exact, tel que le précise justement la lettre du
30 décembre 1974, que selon l'étude du ministère, les prix
actuels assurent un rendement satisfaisant à Fer et Titane, mais non un
rendement excessif et malgré la montée des prix je
voudrais savoir si cela est exact l'expansion à Sorel, au cours
de la présente année, n'est toujours pas attrayante et on
décide de s'en aller en Afrique du Sud? Est-ce normal pour une
entreprise qui fait une grande partie de ses profits au Québec de
décider d'elle-même, sans aucun contrôle gouvernemental,
sans aucune intervention, de décider d'elle-même, de dire à
la population québécoise: C'est bien dommage, mais nous avons
décidé... Nous faisons des profits ici, on augmente nos prix pour
faire plus de profits et nous allons réinvestir nos profits ailleurs?
Est-ce normal, par exemple, que dans le cas de Chibougamau, à un certain
moment la compagnie nous dise: Ecoutez. Il n'y a pas de problème.
Probablement qu'on ne réinvestira pas nos profits ici au Québec.
Est-ce normal? Est-ce qu'on peut laisser faire cela continuellement? Est-ce
qu'on peut laisser les compagnies, comme cela, exploiter nos ressources
naturelles et décider d'elles-mêmes de réinvestir où
elles le désireront ou bien peut-on prendre des moyens, par exemple
et j'en parlerai tout à l'heure comme l'Ontario et
d'autres provinces en ont pris?
M. Massé: Je pense que le député est revenu
à l'idée que les profits étaient exportés ailleurs.
Je me dois de répéter que, selon nos études et selon
l'examen de chacune des entreprises, en termes de rendement, les profits ont
été réinvestis en majorité au Québec, mais
il faut voir aussi que de tels investissements se font dans un contexte
économique et un contexte mondial du fait que la plupart des grandes
entreprises minières sont des grandes entreprises internationales. Pour
elles, évidemment, il est certain que, si c'est plus attrayant
d'investir au Brésil, elles vont le faire. Mais pour revenir à
Quebec Iron and Titatium, c'est un fait que vous soulevez, mais je veux aussi
souligner que la compagnie a réalisé, pour une des
premières années, un profit qui n'existait pas auparavant, comme
je vous l'ai dit au début.
Je pense que sur le principe, l'objectif lui-même que
soulève le député de Saguenay, on ne peut qu'être
d'accord sur l'objectif selon lequel la plupart des profits reste au
Québec. Mais c'est dans ce contexte aussi que le comité de la
fiscalité minière en est arrivé, après l'examen de
toutes ces données, à recommander, et c'est ce qui va se traduire
dans une loi, que soit reconnue une nouvelle allocation d'investissement dans
les traitements ayant pour effet de majorer de 33 1/3% les frais
d'investissement effectués à compter du 1er avril 1975 dans
l'achat de biens relatifs à la transformation du minerai jusqu'au stade
du métal ou de son équivalent.
On peut être en désaccord sur cette nouvelle mesure qui est
quand même incitative à une plus grande transformation et à
un plus grand réinvestissement chez nous. D'autre part, en ce qui
concerne les entreprises cas par cas, comme QIT, vous comprendrez que je suis
des plus réticents à discuter de cas précis à cause
d'une certaine confidentialité, évidemment, qui doit être
laissée au ministère des Richesses naturelles comme toute
confidentialité ou information donnée au ministère du
Revenu, mais disons qu'on peut considérer que la situation mérite
des améliorations. Je pense en termes d'atteinte d'objectif pour le plus
grand bénéfice des Québécois et c'est valable.
Mais, d'autre part, il ne faut pas non plus dramatiser et dire que tous les
profits des mines du Québec s'en vont à l'étranger; ce
n'est pas vrai. La majorité est réinvestie chez nous.
M. Lessard: Sur quoi vous basez-vous pour dire cela?
M. Massé: Sur des études du comité de la
fiscalité, comme je l'ai mentionné tout à l'heure.
M. Lessard: Ces études sont-elles terminées?
M. Massé: En ce qui concerne la fiscalité
minière, oui.
M. Lessard: Sans donner le nom des compagnies je comprends
qu'il y ait une certaine réserve est-ce que le ministre pourrait,
à partir de cette étude, par l'accumulation des chiffres, par la
ventilation d'un certain nombre de chiffres, me prouver ce qu'il avance?
Globalement, est-ce que le ministre pourrait me dire parce que vous
l'avez, n'est-ce pas quel est le pourcentage de
réinvestissement des profits des entreprises minières
à l'intérieur du territoire québécois?
M. Massé: Je pense, comme le député le
mentionne, que je ne pourrais pas donner des cas précis, mais d'une
façon globale, oui. Ce sont des chiffres que l'on pourrait rendre
publics ici...
M. Lessard: Cela pourrait être un comité du
ministère des Richesses naturelles.
M. Massé: ... au cours d'une prochaine séance.
M. Lessard: D'accord, M. le Président, il faut souligner
deux choses à part cela. En ce qui concerne la fiscalité
minière, il faut dire que, chez nous, elle n'a jamais été
très mauvaise pour les entreprises minières et il ne faudrait pas
se fier exclusivement au marchandage et au chantage des compagnies
minières pour établir des politiques. Maintenant, on sait que
l'Ontario, comme d'autres provinces du Canada, a pris des mesures
concrètes pour essayer d'avoir un certain contrôle sur les
compagnies minières et faire en sorte que les retombées de
l'exploitation des ressources minières profitent plus à la
population de cette province ou du territoire concerné. Ces mesures ont
été prises également dans d'autres provinces. En Ontario,
par exemple, on exige que, dans les nouvelles mines, 75% du contrôle soit
en fait sous le contrôle autochtone. En Saskatchewan, c'est 50% de
participation du gouvernement provincial dans le développement des
nouvelles mines, au Manitoba, la même chose. Pour savoir ce qui se passe
là-dedans j'ai bien conscience qu'il y a des compétences
à l'intérieur du comité de fiscalité
minière, mais il y en a aussi à l'intérieur des compagnies
minières est-ce que le ministre de ce côté a
l'intention d'établir, on parlait de fin de 1974, on est rendu à
1975, une politique sectorielle, s'il le veut, mais cela peut s'inscrire
à l'intérieur d'une politique globale concernant la façon
d'exploiter à l'avenir nos richesses naturelles? Est-ce que, par
l'intermédiaire de Soquem, par l'intermédiaire d'autres
institutions financières, on va participer plus directement au niveau du
contrôle, aux nouvelles exploitations minières? Avons-nous une
politique de ce côté?
M. Massé: M. le Président, comme je l'ai
mentionné dans mon exposé de départ, le ministère
des Richesses naturelles, surtout par son service d'économie
minérale et de développement, a des études prioritaires
qui sont en train d'être effectuées afin que chacune d'elles
puisse former un tout en termes d'une nouvelle politique minière au
Québec. J'ai mentionné déjà qu'il y a plusieurs
options, j'en ai même mentionné sur le sujet précis du
député de Saguenay, j'ai même mentionné il y a
quelque temps que le gouvernement du Québec pourrait, je ne dis pas que
la décision est prise, mais c'est un des moyens que nous avons à
notre disposition, lors de l'émission de bails miniers, informer
l'entreprise que nous pourrions exiger qu'une participation du gouvernement du
Québec, que ce soit par sa société d'Etat, SOQUEM ou
d'autres, exiger une participation dans l'exploitation d'une nouvelle mine. Je
pense que c'est un des éléments il y en a d'autres
qui sont actuellement à l'étude dans différents secteurs,
j'ai mentionné le fer, l'amiante, l'or, le cuivre et l'uranium, et ces
études devraient nous permettre de réévaluer l'ensemble
des actions et même la loi elle-même des mines au Québec,
pour possiblement en arriver à des prises de participation comme on le
mentionnait tout à l'heure.
M. Lessard: Dans le rapport qui a été
présenté par le ministère des Richesses naturelles au
comité interministériel sur les investissements étrangers,
on peut lire ce qui suit, je l'avais cité, mais je le cite encore: "Au
demeurant, le gouvernement du Québec ne s'est pas doté des moyens
législatifs et des politiques requises pour entraîner cette
intégration ou bien il ne s'est pas soucié de mettre en oeuvre de
façon continue, cohérente et efficace les mécanismes dont
il dispose déjà." C'est l'autocritique du ministère des
Richesses naturelles. A la page 27, un peu plus loin, "D'autre part,
l'exportation sans autorisation des minerais et concentrés peut
être pénalisée au moyen d'un doublement des redevances
selon l'article 17 de la Loi des droits sur les mines. Il n'en demeure pas
moins qu'en pratique, la politique de traitement et d'exportation des
compagnies est traditionnellement entérinée sans
difficulté, faute de connaissances appropriées pour contester les
demandes d'exportation."
Est-ce que depuis 1970, le ministre pourrait me dire si on a
appliqué cette possibilité de l'article 17, à savoir la
possibilité de doubler les redevances quand il s'agit d'exportation
à certaines compagnies minières?
M. Massé: M. le Président, cet aspect d'application
de la Loi des mines, il faut dire qu'en 1970 on autorisait beaucoup plus
facilement des entreprises à exporter sans double redevance. J'ai
demandé qu'on examine chacun des cas, qu'on exige, de la part des
compagnies, toutes les données requises afin que la décision
d'autoriser à exporter sans double redevance soit faite dans un contexte
de pleine connaissance.
On a donné, jusqu'à l'année passée, dans la
totalité des demandes d'exportation, ces autorisations sans double
redevance, parce que quand on examine les possibilités, dans le secteur
du zinc, de raffiner davantage au Québec, c'est malheureux, mais il
n'existe pas actuellement de facilités pour transformer tout le zinc qui
se produit au Québec. On pourrait mentionner d'autres exemples, mais
s'il n'y a pas eu de doubles redevances exigées jusqu'à 1975, ce
sont des décisions qui ont été prises dans un contexte
réaliste, compte tenu des possibilités de transformation ou
d'affinage au Québec.
M. Lessard: Dans le cas d'Asbestos Hill, une filiale d'Asbestos
Corporation, qui exporte le
concentré de sa mine d'Ungava à ses usines en Allemagne,
est-ce que le ministre pourrait me dire quelle a été la
quantité d'exportation de minerai et s'il y a eu... dans ce cas, on a
permis encore qu'il y ait exportation de minerai brut alors qu'Asbestos
Corporation refuse de construire son moulin à King Beaver?
M. Massé: M. le Président, c'est exact que la
production totale d'amiante de l'Ungava est exportée, mais cette
décision a été prise dans le temps, parce que, s'il n'y
avait pas d'autorisation d'exporter, il n'y aurait aucune rentabilité
à acheminer le minerai de cet endroit, qui est à
l'extrême-nord, jusque dans le sud du Québec.
M. Lessard: C'est mieux de l'exporter en Allemagne.
M. Massé: C'est une activité économique qui
est créée peut-être avec moins de retombées que si
cette exploitation était faite dans le sud. C'est bien sûr. Mais,
je pense que compte tenu de la nécessité de développer le
nord, soit pour les populations qui y vivent, la décision a
été prise d'autoriser l'exportation.
M. Lessard: Nécessité de développer le nord,
c'est toujours la question qui revient. Mais si vous continuez à le
développer comme ça, en vous limitant à l'extraction
primaire, il va être vidé. Mais, le ministre me dit que, selon la
compagnie, ce n'était pas rentable de transporter le minerai vers le
sud. C'était donc plus rentable de le transporter vers l'Allemagne,
ça coûtait moins cher.
M. Massé: Je m'excuse.
M. Lessard: Le ministre me dit qu'après discussion,
probablement avec la compagnie, il n'aurait pas été rentable de
transporter le minerai vers le sud. Mais ce minerai est transporté en
Allemagne; cela veut donc dire que c'est plus rentable pour la compagnie de le
transporter en Allemagne que de le transporter vers le sud? Cela coûte
moins cher?
M. Massé: A ce moment-là, je n'étais pas au
ministère des Richesses naturelles. On est affirmatif, c'est plus
économique de le transporter en Allemagne, en termes d'exploitation de
la mine.
M. Lessard: C'est plus rentable pour...
M. Massé: En somme, selon l'information que j'ai eue,
depuis le temps, c'était la décision de favoriser une nouvelle
exploitation minière ou de ne pas la favoriser, en exigeant que ce soit
transformé davantage au Québec.
M. Lessard: C'est toujours soumis au chantage des compagnies
minières. Ou vous nous donnez des droits spéciaux, ou vous
n'appliquez pas l'article 17 de la Loi des mines, ou on n'exploite pas, on ne
prend pas votre minerai.
Mais si on avait, au niveau du gouvernement du Québec, par
l'intermédiaire de SOQUEM ou d'autres intermédiaires, les moyens
de pouvoir répondre à ce chantage, peut-être qu'on pourrait
mieux négocier.
Là, on se plie, on négocie aveuglément, les mains
liées; ce que les compagnies nous disent, on accepte cela. C'est
exactement la même chose dans l'amiante...
M. Massé: M. le Président, c'est absolument
inexact.
M. Lessard: Le ministre nous a toujours dit, au sujet de
l'amiante: On ne connaît pas grand-chose, ce sont les entreprises
minières qui connaissent tout cela.
Parce qu'on ne connaît rien, on ne fait rien; on
étudie.
M. Massé: Je pense que c'est complètement inexact.
D'ailleurs, cela justifie encore davantage la création d'un nouveau
service qui a été créé en 1972: l'économie
minérale.
Comme je l'ai dit, en 1970, quand je suis arrivé, il était
évident que l'autorisation était beaucoup plus facile que
maintenant. On examine de la façon la plus approfondie chacune des
possibilités de transformation au Québec.
Comme je le mentionnais tout à l'heure, lorsque le
député était à discuter avec un de ses
recherchistes...
M. Lessard: Avec mon sous-ministre.
M. Massé: ... dans le cas du zinc, par exemple, on a dit
que s'il y avait une plus grande facilité de transformation au
Québec, on obligerait, c'est bien évident, les entreprises
à tranformer, à affiner le zinc au Québec.
C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles nous sommes en train
d'examiner la possibilité d'une nouvelle raffinerie de zinc, pour
répondre à ces besoins, alors que, lorsqu'il y a des
autorisations d'exportation, sans double redevance, c'est uniquement dans des
cas semblables.
M. Lessard: II est certain qu'il faut avoir, avant d'appliquer
certaines politiques d'exigence, une certaine force de négociation.
Etant donné que le ministre me répond que ce n'est pas dans
toutes les matières premières qu'on peut avoir cette force de
négociation, nous avons particulièrement discuté avec le
ministre depuis 1970, de l'amiante.
Le ministre, comme il me l'a dit ce matin, concernant toute la
fiscalité minière et concernant l'économie minière,
me répond: On étudie. Pendant que d'autres provinces agissent, on
étudie.
Lors des débats du 29 mai 1974, j'avais demandé au
ministre, en parlant particulièrement de notre force de pression dans le
secteur de l'amiante et considérant que nous produisons 40% de tout
l'amiante au monde.
Ce chiffre est même plus fort que cela, lorsque nous
considérons exclusivement nos clients,
à savoir, si on excepte l'Union Soviétique qui est le plus
gros producteur d'amiante, au monde. Le ministre nous disait, en 1974, que
d'ici la fin de l'année 1974, nous pourrons annoncer une nouvelle
politique. Il faut dire que le ministre m'a annoncé la même chose
à plusieurs reprises. Dans cette nouvelle politique, on constate ceci:
C'est que le ministre a éliminé un bon nombre de façons de
négocier. D'abord pas de nationalisation. Les compagnies ne semblent pas
avoir de problème de ce côté. En effet le président
d'Asbestos Corporation, M. Oughtred a déclaré, hier, en date du
22 mai I97S, que le ministre des Richesses naturelles du Québec avait
nié manifester récemment un quelconque intérêt pour
un office de mise en marché de l'amiante de même que pour un
éventuel "think over". Donc, pas de nationalisation, pas d'office de
mise en marché non plus, le problème constitutionnel.
L'autre jour, je lui demandais, en Chambre, à l'Assemblée
nationale s'il avait l'intention d'aller jusqu'à acheter Asbestos
Corporation pour créer un secteur témoin. Il n'en est pas
question. Il n'y a pas d'obligation de transformer un minimum de 20% à
25%. On sait qu'il y a eu une étude du gouvernement
fédéral qui prouve que, actuellement, l'emploi total, dans le
secteur de l'amiante, est de 7,000 emplois, je pense, qui sont
créés par l'exploitation des mines d'amiante.
Le gouvernement fédéral, dans une étude, prouvait
que si on transformait de 20% à 25% d'amiante de chez nous... Je ne
parle pas de 100%. Je comprends toutes les réticences du ministre. On en
a parlé l'an dernier. Mais, si on transformait notre amiante, autour de
20% à 25%, on pourrait créer 6,000 emplois. Donc, on pourrait
doubler les emplois qui sont dans ce secteur.
Le ministre nous a toujours dit qu'il n'a pas l'intention d'appliquer
des mesures socialistes et socialisantes et de forcer les compagnies à
transformer un minimum de minerai, chez nous. En ce qui concerne la
participation gouvernementale, il ne semble pas il y avait Brinco qui
avait de l'amiante dans le Nord-Ouest que le ministre soit
intéressé à se diriger dans ce secteur.
On a éliminé passablement de choses. Le ministre va
probablement me répondre par la fiscalité minière. Mais
quels sont les moyens concrets qu'on entend prendre dans ce secteur, là
où on a une force de négociation qui est particulièrement
forte? Ils ont besoin de notre amiante. Va-t-on attendre, comme pour le minerai
de fer, qu'ils en trouvent partout, avant d'agir? D'ailleurs, depuis 20 ans,
ils ont tenté de faire des recherches dans ce sens et ils n'ont rien
trouvé encore. Mais il faudrait agir, avant qu'il soit trop tard. Quelle
sera cette politique, maintenant?
M. Massé: M. le Président, contrairement à
ce que le député de Saguenay affirme, je n'ai rien
éliminé concernant les possibilités ou les moyens qui
pourraient exister et qui permettraient une plus grande transformation au
Québec, à l'exception, bien sûr, de la solution du Parti
québécois qui est de nationaliser. Je n'ai jamais dit, à
M.
Oughtred D'ailleurs, je ne lui ai jamais parlé ce
que vous affirmez.
J'ai lu, dans les journaux, qu'on indiquait le ministère des
Richesses naturelles.
M. Lessard: Vous êtes responsable de vos
fonctionnaires.
M. Massé: Si un fonctionnaire veut faire une
déclaration semblable, cela n'engage pas le ministre. Je dis que
je l'ai répété lors de mon allocution du début
je n'ai rien éliminé, du fait que j'ai dit que les
études sur le secteur de l'amiante sont à être poursuivies,
que, d'autre part, je n'éliminais aucun moyen avancé soit par la
CSD, la CSN, les organismes tels que ceux de l'Estrie, à l'exception de
celui que vous préconisez. Je pense, M. le Président, que si
c'était si intéressant de transformer l'amiante au Québec,
nous aurions un lot de transformateurs qui viendraient s'implanter, s'il y
avait vraiment une rentabilité assurée.
M. Lessard: Quels sont les propriétaires de droits
miniers?
M. Massé: Le problème qui se pose, c'est davantage
d'examiner d'une façon complète. Quand vous parlez de l'Office de
commercialisation, je suis contre, parce qu'il y a des problèmes
constitutionnels. J'ai déjà dit que c'était une des
difficultés. Ce n'est peut-être pas la principale. On a
mentionné qu'il était possible qu'on recommande plutôt au
gouvernement de reprendre le minerai en ce qui concerne les mines d'amiante, on
a même mentionné de payer les compagnies $1. On a avancé
l'office de mise en marché. On a avancé aussi, par certains
articles dans les journaux et certaines conférences, d'autres moyens. Je
l'ai dit au début, étant plus complexes que prévu au
départ, c'est l'ensemble de ces moyens que nous devons continuer
à évaluer. Lorsque je serai convaincu du meilleur moyen pour
atteindre cet objectif, qui est une plus grande transformation d'amiante au
Québec, en plus d'attirer de plus grandes retombées
économiques chez nous, c'est à ce moment seulement que je
recommanderai des choses au conseil des ministres.
M. Lessard: Alors, le ministre n'a rien éliminé.
C'est exactement la réponse qu'il faisait l'autre jour au
député de Rivière-du-Loup, en ce qui concerne les sites de
superport. Dans le secteur 19, aucun n'a été
éliminé. Le ministre parlait de différentes
hypothèses qui ont été avancées par
différents organismes. Il y a seulement le ministre qui n'en avance pas
de ce temps-ci. Il faudrait quand même qu'on se décide.
M. Massé: Non. Vous voudriez qu'on prenne des
décisions et qu'on étudie après, mais on aime mieux le
faire avant.
M. Lessard: Est-ce que le ministre est informé des profits
qui ont été réalisés par Asbestos Corporation au
cours de la dernière année?
M. Massé: Je suis au courant de toute leur situation
financière depuis fort longtemps.
M. Lessard: $11 millions. M. Massé: C'est
exact.
M. Lessard: C'est exact. Est-ce que le ministre est
informé ou s'est informé, parce qu'on parlait d'un secteur
témoin possible, du coût d'achat de Asbestos Corporation, de la
valeur aux livres de cette entreprise?
M. Massé: M. le Président, pour répondre
à cette question, la valeur aux livres des actions de Asbestos
Corporation est à $29. Il y a I.5 millions actions.
M. Lessard: Donc, autour de $30 millions; $11 millions de profit
l'an dernier.
M. Massé: M. le Président, je pense que c'est
vraiment charrier que de dire de telles choses, parce que, quand vous assumez
que Asbestos Corporation a fait $11 millions en 1974, vous devez aussi savoir
que Asbestos Corporation a assumé des pertes pendant plusieurs
années avant de faire un profit. Il faut tenir compte de l'ensemble de
la situation financière. C'est évident que, si vous aviez eu en
1970 des pertes à Asbestos Corporation, votre argumentation serait
drôlement différente. C'est le cas.
M. Lessard: Est-ce que le ministre, étant donné
qu'il me parle de pertes, pourrait dire quelles ont été les
pertes depuis les cinq dernières années de Asbestos
Corporation?
M. Massé: M. le Président...
M. Lessard: II faudrait quand même arrêter. On est
à la commission parlementaire, il faut faire attention.
M. Massé: Je pourrais vous donner des chiffres globaux,
mais pas année par année, c'est impossible, étant
donné que ce sont des données confidentielles.
M. Lessard: M. le Président, si au moins on
décidait de se diriger dans ce secteur, c'est qu'à
l'intérieur, parce qu'on sait l'augmentation des prix des
matières premières de ce temps-ci, il y aurait possibilité
de payer facilement l'entreprise à même les profits. Quand le
ministre me dit maintenant que c'est secret, non, j'ai le rapport de Asbestos
Corporation. C'est une compagnie à actions.
M. Massé: Les $11 millions, cela a été rendu
public.
M. Lessard: Oui, cela a été rendu public,
chaque...
M. Massé: Mais, compte tenu de nos...
M. Lessard: ...année, il y a un rapport financier.
M. Massé: Peu importe. Nous avons assumé la
confidentialité des données qui nous sont transmises par les
compagnies et je ne peux pas vous en dire plus. Je pourrais vous donner des
chiffres globaux, mais pas annuels.
M. Lessard: Cela rejoint un peu la même chose. Lorsque le
ministre fait l'évaluation de ces pertes, est-ce qu'il tient compte des
profits qui sont faits à l'extérieur par les compagnies de
transformation? Est-ce que le ministre tient compte du prix qui est vendu au
siège social? Cela peut changer complètement un bilan.
M. Massé: Alors, vous verrez, lorsqu'on vous remettra les
renseignements, ce que cela comprend.
M. Lessard: M. le Président, probablement qu'on va revenir
l'année prochaine et qu'on sera encore au même niveau.
J'aimerais demander au ministre... C'est une question que j'avais
soulevée en Chambre. Le premier ministre devait en faire part au
ministre, parce que le ministre était malade à ce moment, mais je
suis assuré qu'il n'y a pas eu de négociation ou de discussion.
Le ministre est sans doute informé que onze des quatorze pays
exportateurs de minerai de fer se sont réunis à Genève, il
y a quelque temps, et ont décidé de s'associer pour
défendre leurs intérêts en développant leur
coopération. Autrement dit, il y a eu le regroupement des producteurs de
pétrole et les producteurs de minerai de fer ont décidé de
se regrouper. Cette nouvelle association lit-on dans le journal Le
Devoir, du quatrième mois de I975 de producteurs, dont, en
principe, le siège sera à Londres, regroupera l'Australie,
l'Algérie, le Chili, l'Inde, la Mauritanie, le Pérou, les
Philippines, la Sierra Léone, la Suède, la Tunisie et le
Vénézuela. L'accord doit être signé et les statuts
de l'association seront rendus publics... En fait, ils devaient être
rendus publics à ce moment.
Le Canada, qui participait à la conférence, a
préféré ne pas adhérer à l'association.
Comme le Québec est le troisième producteur de fer, avec 25% de
la production canadienne, j'aimerais d'abord demander au ministre si, avant
qu'une décision se prenne, de la part du gouvernement canadien, il y a
eu consultation. Quelle a été la réponse du ministre des
Richesses naturelles? Après cela, je reviendrai sur d'autres
questions.
M. Massé: M. le Président, il a été
question de la participation du Canada à cette conférence et je
pense que les raisons invoquées pour le Canada, qui est un pays
producteur, consommateur, qui, dans le contexte nord-américain, doit
avoir des relations d'échange des plus favorables... Pour l'instant, il
a été entendu que le Canada ne serait pas
représenté à cette conférence. Mais, d'autre part,
je dois dire qu'il y a eu la présence, à titre d'obser-
vateur, du gouvernement fédéral lors de cette
réunion.
M. Lessard: Est-ce que le ministre des Richesses naturelles a
été consulté avant qu'une décision ne se
prenne?
M. Massé: Bien, consulté, si vous dites qu'il y a
eu des discussions, oui.
M. Lessard: Est-ce qu'il y a eu exclusivement des discussions
verbales?
M. Massé: Oui.
M. Lessard: Donc, le ministre peut toujours me dire qu'il a
été consulté.
M. Massé: Prenez-le comme vous voulez. On peut donner
toutes sortes de définitions à la consultation.
M. Lessard: Mais lorsque le ministre me dit qu'on est un pays
producteur et un pays consommateur, c'est le cas de tous les pays du monde.
M. Massé: J'ai parlé...
M. Lessard: On consomme et on produit.
M. Massé: Oui.
M. Lessard: Les pays arabes qui se sont regroupés
étaient des pays consommateurs, des pays producteurs.
M. Massé: C'est bien sur! Mais vous ne semblez pas
réaliser que le marché international se partage en des pays qui
sont producteurs et consommateurs, en des pays qui ne sont que producteurs et
en d'autres pays qui ne sont que consommateurs...
M. Lessard: Ah! En ce qui concerne certaines ressources.
M. Massé: ...dans le contexte nord-américain...
M. Lessard: En ce qui concerne certaines ressources.
M. Massé: Je parle de ressources, c'est évident. Et
dans le contexte nord-américain, il a été jugé que,
pour l'instant, il n'y avait pas lieu de participer à cette
conférence.
M. Lessard: II a été jugé... Quelle
était la position du ministre des Richesses naturelles?
M. Massé: C'est dans le sens de la position du
gouvernement fédéral, compte tenu qu'en tout moment, il est
possible que le gouvernement canadien décide d'adhérer, comme
cela a été le cas du cuivre, par exemple, où il y a union
des pays producteurs de cuivre.
M. Lessard: Le Québec a-t-il demandé, comme cela se
fait dans certaines institutions, comme cela se fait quelquefois dans la
pratique, d'avoir une présence, comme pays participant de la
confédération, au sein de cette association?
M. Massé: Cela a été fait au niveau des
fonctionnaires où on a demandé la possibilité qu'il y ait
un observateur des provinces productrices. Pour l'instant, il n'y a eu qu'un
observateur canadien et il n'est pas exclu que s'il y avait d'autres
réunions parce qu'il n'est pas assuré qu'il y en ait
d'autres que les provinces productrices soient là à titre
d'observateur avec le fédéral.
M. Lessard: Le Québec a-t-il demandé d'être
observateur ou d'être dans la délégation canadienne?
M. Massé: Cela a été fait.
M. Lessard: Cela a été fait. Cela a-t-il
été refusé?
M. Massé: Pour l'instant, oui...
M. Lessard: Refusé par...
M. Massé: ... étant donné qu'il n'y a
pas...
M. Lessard: ... le gouvernement fédéral.
M. Massé: ... à mon avis, urgence pour l'instant,
compte tenu de l'avancement des travaux de cette conférence, de forcer
sur une question semblable. Je pense que si on avait à
réévaluer, avec le gouvernement fédéral, cette
participation à titre officiel, à ce moment, il est
évident qu'on devra demander qu'une entente ait lieu entre la
participation des provinces productrices et le gouvernement
fédéral.
M. Lessard: D'après la réponse du ministre, puis-je
comprendre que, du côté du Québec, on était
favorable à participer ou à envoyer un ou deux
délégués à cette réunion? Du
côté du Québec, on était favorable? La demande a
été faite auprès du gouvernement fédéral et
la réponse a été négative. Est-ce cela qui s'est
produit?
M. Massé: Ce n'est pas une question de réponse
négative ou affirmative. Il y a eu une entente à l'effet que,
pour l'instant, il était jugé qu'un seul observateur canadien
était suffisant. C'est tout.
M. Lessard: Etait-ce le jugement du ministre
québécois des Richesses naturelles? Qu'on arrête donc de
nous cacher la vérité!
M. Massé: Ce qui est discuté au niveau des
fonctionnaires... Qu'est-ce qu'il y a de caché dans cela?
M. Lessard: Etait-ce une décision du ministère des
Richesses naturelles québécois ou bien
était-ce simplement un refus poli du gouvernement
fédéral?
M. Massé: II ne faut pas rendre les choses plus
dramatiques qu'il ne faut du moment qu'on parle du gouvernement
fédéral ou qu'on parle d'Ottawa. Même si c'est à
Ottawa que la décision s'est discutée, ce n'est pas que, d'une
part, le gouvernement fédéral a voulu nous imposer des choses ou
que nous avons voulu imposer des choses au gouvernement fédéral,
c'est à la suite de discussions qu'il y a eu cette entente, point.
M. Lessard: Donc, en ce qui concerne le minerai de fer, le
Québec semble avoir refusé de participer à ce club des
producteurs de fer. Dans le cas de l'amiante, est-ce que le gouvernement
fédéral, moussé par le gouvernement
québécois, pourrait prendre l'initiative de la création
d'un tel organisme?
M. Massé: II faut dissocier les choses. Les producteurs de
pétrole, qui est quand même une matière essentielle, se
sont réunis en association pour revendiquer un certain nombre de choses,
comme on l'a su.
Dans le domaine de l'amiante, je pense que les positions de pays
producteurs d'amiante ne sont pas les mêmes que celles des pays
producteurs de pétrole.
M. Lessard: Je suis bien d'accord!
M. Massé: Comme vous le savez, l'amiante peut être
facilement substituable, ce qui n'est pas le cas pour le pétrole.
Personnellement, en tout cas, je ne vois pas maintenant les avantages qu'il y
aurait au niveau mondial, pour le Québec, de susciter une telle
association. Personnellement, comme je l'ai dit à plusieurs occasions,
nous avons à déterminer d'abord cette politique que nous voulons,
la politique québécoise dans le secteur de l'amiante, compte tenu
de toutes les informations que nous possédons, et aussi d'un certain
nombre d'autres, je pense que les Américains, ont, dans le passé,
fait des stockages d'amiante. Je veux souligner des exemples qui rendent
difficiles une décision dans ce secteur...
M. Lessard: Des stockages très limités.
M. Massé: ... des stocks d'amiante qui, si, quand
même, ils étaient lancés sur le marché...
M. Lessard: C'est ce qu'on fait...
M. Massé: ... d'une façon instantanée, qu'au
niveau des prix cela créerait évidemment des problèmes.
C'est un élément que j'apporte pour dire que, en ce qui concerne
les décisions sur l'amiante, les décisions ont retardé
parce que, selon un échéancier, je pensais que nous pourrions,
à la fin de 1974, rendre cette politique publique. Mais à cause
de difficultés de différents ordres, il n'a pas été
possible d'établir cette politique. Dans les prochaines semaines ou les
prochains mois, il est évident que nous devrons faire connaître
cette politique d'une façon définitive, mais je pense qu'avant de
penser à toute association avec d'autres pays producteurs, il est
essentiel de déterminer cette politique.
M. Lessard: Le ministre parlait de stockages d'amiante, les
Américains sont en train de "déstocker" justement; probablement
qu'ils vont présenter une loi pour exploiter leur ancienne mine, qui
n'était pas complètement fermée, suite à la
grève qui sévit dans la région de Thetford, ce qui
démontre que la substitution est plus ou moins facile quand
même.
M. Massé: A moyen terme, je pense.
Usine de Port-Cartier
M. Lessard: J'aimerais que le ministre nous dise où en est
rendue la construction de l'usine de réduction et de boulettage de
Port-Cartier. D'abord, on a laissé entendre que cela pourrait retarder.
M. Jean-Paul Gignac aurait même affirmé que SIDBEC étudie
plusieurs options intéressantes et, même, situées à
l'extérieur du Canada. C'est-à-dire que non seulement on laisse
planer des doutes, que non seulement on prévoit des retards, mais on
laisse même planer des doutes sur la concrétisation du projet.
Est-il exact que c'est vraiment le cas? Est-ce à cause du coût du
projet?
M. Massé: M. le Président, évidemment je
peux donner des informations que je possède mais, comme le
député le sait, SIDBEC relève du ministre des Finances. Je
sais d'abord que le projet de Fire Lake est toujours sur la table, que, d'autre
part, il est question d'un nouvel associé à SIDBEC et
Québec Cartier Mining que, d'autre part, c'est au niveau des
négociations actuellement, et il n'est pas question, selon mes
informations, que SIDBEC aille exploiter une mine de fer à
l'extérieur du Québec.
M. Lessard: Les droits miniers dans la région de Fire Lake
appartiennent-ils exclusivement à Québec Cartier Mining?
M. Massé: C'est exact.
M. Lessard: Ils appartiennent exclusivement à
Québec Cartier Mining.
M. Massé: Uniquement à Québec Cartier
Mining.
M. Lessard: Lorsque M. Gignac laissait entendre qu'il y avait
d'autres options, ce n'était pas tant sur l'exploitation d'une mine que
sur le concentrateur, sur la transformation du minerai de fer.
M. Massé: C'est possible.
M. Lessard: L'usine de réduction.
M. Massé: C'est possible, mais tel que je suis
informé, le projet est encore celui dont on parlait il y a un an, les
changements surviendraient au niveau des partenaires.
M. Lessard: Au niveau des partenaires, c'est-à-dire que
Québec Cartier Mining se retirerait du projet?
M. Massé: Non, ce n'est pas ce que j'ai mentionné,
mais il serait question qu'on entre un nouveau partenaire dans le projet.
M. Lessard: Et les droits miniers vont toujours continuer
à demeurer à Québec Cartier Mining, sans échange
avec SIDBEC.
M. Massé: Cela peut entrer en négociation.
M. Lessard: Cela peut entrer en négociation, mais est-ce
que le gouvernement envisage la possibilité de reprendre... Parce que
c'est un peu aberrant de constater qu'on a une entreprise sidérurgique,
que cette entreprise ne peut même pas avoir des droits miniers à
elle et qu'elle est obligée de se fier à l'un de ses concurrents,
Québec Cartier Mining, pour pouvoir s'alimenter. Est-ce que le
ministère envisage la possibilité de pouvoir reprendre une partie
de ces droits miniers et de les remettre à une société
québécoise gouvernementale?
M. Massé: M. le Président, je pense que ce sont des
question de négociation qui vont se faire entre Québec Cartier
Mining-SIDBEC et l'autre partenaire possible.
M. Lessard: Et le gouvernement québécois? M.
Massé: Par SIDBEC.
Sel des Iles-de-la-Madeleine
M. Lessard: En ce qui concerne les dômes de sel des
Iles-de-la-Madeleine, étant donné qu'on n'a pas eu l'occasion
d'interroger SOQUEM depuis déjà un certain temps, est-ce que le
ministre pourrait nous dire où c'en est rendu et si c'est
réglé entre SOQUEM et les Pétroles Laduboro et M.
Hébert et est-ce que c'est ce conflit qui retarde l'utilisation qui
devrait être faite des dômes de sel?
M. Massé: M. le Président, les mésententes
qui existaient avec ces partenaires ont été réglées
depuis plusieurs mois, à ce que je sache, à la satisfaction de
toutes les parties. Maintenant, ce que SOQUEM effectue, c'est encore au niveau
des forages, parce que, comme vous le savez, il y a plusieurs gisements sur les
îles et, compte tenu des infrastructures assez importantes dont on aura
besoin, on tente de délimiter les gisements en termes de potentiel et
pour prise de décision, à savoir par quel gisement il y aura
début d'exploitation des mines de sel aux Iles-de-la-Madeleine.
M. Lessard: Est-ce que, dans la politique
énergétique du gouvernement et dans sa politique des superports
pétroliers, le site des Iles-de-la-Madeleine, pour l'emmagasinage du
pétrole en utilisant ces dômes de sel, est-ce que ça peut
être envisagé par le gouvernement québécois?
M. Massé: M. le Président, c'est un potentiel
existant. Etant donné qu'il faudrait connaître, qu'en termes de
transbordement et en termes de stockage, ça implique des coûts
assez importants, je pense que c'est une possibilité qui existe, mais il
n'est pas encore assuré que nous nous servirons de cette
possibilité aussi longtemps qu'on ne connaîtra pas les coûts
y afférant.
M. Lessard: Est-ce qu'on envisage plutôt l'exploitation du
sel comme tel que l'utilisation de ces dômes pour l'emmagasinage du
pétrole?
M. Massé: A ce que je sache, SOQUEM envisage davantage
l'exploitation des gisements que les autres fins mentionnées.
Gisement de Saint-Honoré
M. Lessard: Toujours en parlant de SOQUEM, on mentionnait, l'an
dernier, on a eu l'occasion de discuter de l'exploitation du gisement de
Saint-Honoré par SOQUEM-Copperfields; par ailleurs, on a
constaté, il y a quelque temps, que St. Lawrence Columbium avait
annoncé une augmentation substantielle de sa production.
Si retard il y a, est-ce que le retard de l'exploitation de columbium
à Saint-Honoré est en liaison avec l'augmentation de la
production de la mine d'Oka, par St. Lawrence Columbium? Et est-il exact que
St. Lawrence augmente sa production?
M. Massé: En ce qui concerne la mine Saint-Honoré,
il n'y a pas, selon nos informations, de retard, dans
l'échéancier et la mise en production. Il y a des coûts
supplémentaires qui devront être assumés à cause de
l'inflation et certains autres problèmes.
Il est prévu que l'on respecte l'échéancier, tel
que prévu au départ.
M. Lessard: Quand doit-on commencer la production?
M. Massé: En 1976.
M. Lessard: Est-il exact que la partie de production,
déjà vendue par contrat, serait de 95%?
M. Massé: Les contrats qui sont déjà
signés le sont pour 90% de la production prévue. S'il y avait
demandes supplémentaires, on pourrait augmenter la production. Je parle
de 90% de ce qui est prévu comme production, et la production est
d'environ cinq millions de livres par année.
M. Lessard: Est-ce qu'il y a des prix fixes pour une
période... Ou est-ce le prix international?
M. Massé: Dans les contrats... Ce qu'on me
dit, c'est que le président de SOQUEM a des objections à
ce qu'on parle des prix ou des clauses concernant les prix dans les
contrats.
Je pense qu'il y aurait peut-être lieu de réserver cette
question pour une prochaine comparution du président de SOQUEM.
M. Lessard: Dans cette possibilité, est-ce que SOQUEM,
qu'on a vu une fois à cette commission parlementaire, va pouvoir
revenir, à plus ou moins longue échéance, plus
particulièrement à courte échéance, devant cette
commission, pour qu'on puisse l'interroger sur ses activités et sur son
rapport?
M. Massé: Personnellement, je ne verrais pas d'objection
à cela. Il appartiendra au leader de la Chambre et au premier ministre
de prendre les décisions.
Uranium
M. Lessard: On se rappelle que le projet d'usine d'enrichissement
d'uranium a fait la manchette, particulièrement depuis que M. Bourassa
est allé faire un petit tour en France.
J'aimerais savoir, de la part du ministre, quel montant a
été dépensé au Québec, tant par SOQUEM, par
la Société de développement de la baie James, que par
l'entreprise privée, en exploitation de gisement potentiel
d'uranium.
Quels sont les résultats de l'étude qui a
été faite par Canadif sur le projet d'une usine d'uranium? Qui a
payé cette étude? Et combien cela a-t-il coûté?
M. Massé: En ce qui concerne l'exploration, la
Société de développement de la baie James, avec ses autres
partenaires, doit consacrer...
M. Lessard: Qui sont ses autres partenaires?
M. Massé: Si je me souviens bien, l'ensemble du groupe va
dépenser, dans l'exploration, environ $9 millions, sur un programme de
trois ans. C'est pour l'exploration, la découverte de gisements.
M. Lessard: Est-ce que SOQUEM...
M. Massé: En ce qui concerne l'étude...
M. Lessard: M. le Président, si le ministre me permet,
concernant les $9 millions on pourra revenir tantôt sur Canadif
les ministre parle de la Société de développement
de la baie James et de ses partenaires. Quels sont les partenaires de la
Société de développement de la baie James?
M. Massé: Ce sont Eldorado Exploration et SERU qui est la
société française, le troisième partenaire de la
SDBJ. La SDBJ...
M. Lessard: SOQUEM, par l'intermédiaire de la SDBJ, est
partenaire, à l'intérieur de...
M. Massé: Elle n'est pas partenaire à
l'intérieur. C'est la SDBJ...
M. Lessard: SOQUEM n'est pas partenaire dans ce projet, comme
tel?
M. Massé: Non.
M. Lessard: En ce qui concerne l'étude, on sait que le
projet Canadif visait à implanter une usine d'uranium enrichi dans fa
région de la baie James. Cette étude est-elle terminée?
Quels sont les résultats? Etait-ce une étude qui avait
été demandée par la Société de
développement de la baie James ou par le gouvernement du Québec?
Combien est-ce que cela a coûté?
M. Massé: L'étude qui avait été
entreprise, une étude qui était préliminaire, devrait
être terminée, mais elle est toujours en cours. On me dit qu'il
devra y avoir une décision de procéder à une
deuxième phase à l'automne 1975, ou à la fin de
l'année, tout dépend des retards de la part de chacun des
partenaires.
M. Lessard: Cette étude avait-elle été
commandée par la Société de développement de la
baie James?
M. Massé: Elle a été commandée par
les trois partenaires.
M. Lessard: Pour fonctionner, une telle usine aura besoin
d'environ 3,000 mégawatts, soit le tiers de la production de la baie
James. La production électrique de la baie James va-t-elle être
utilisée pour...
M. Massé: M. le Président, il n'est pas
prévu, maintenant, qu'il y ait de l'énergie de la baie James qui
soit acheminée à cette usine d'uranium. Je dois dire que les
études sont quand même très préliminaires de la part
de ces partenaires que, d'autre part, le gouvernement s'apprête à
créer son propre groupe pour examiner quels sont les avantages et les
désavantages d'une étude semblable et qu'il est essentiel que les
facteurs tels l'approvisionnement d'énergie qui entrent en très
grande ligne de compte, dans un projet semblable, soient sérieusement
examinés.
M. Lessard: M. Bourassa semblait plus catégorique.
M. Massé: Non.
M. Lessard: Mais, c'est vrai qu'il est habitué de lancer
des projets sans étude.
M. Massé: Non, M. le Président, si on relit les
déclarations du premier ministre, on s'en est toujours tenu à
cela. On a peut-être fait des interprétations.
Asbestos Corporation M. Lessard: Concernant la décision
qui sem-
ble avoir été prise par Asbestos Corporation au sujet de
la non-reconstruction de son usine, le ministre me répondait qu'il n'y
avait pas de décision prise à ce sujet: Mais envisage-t-on cette
possibilité et quelles sont les mesures concrètes que le
gouvernement prend actuellement pour amener cette compagnie à
reconstruire le moulin de King Beaver.
M. Massé: M. le Président, il faut dire que la
décision n'a pas été prise, quoique vous en disiez.
Actuellement on est en train d'évaluer le potentiel des autres
mines, qui sont la mine Normandie, la mine British Canadian, afin de prendre
une décision, il n'y a aucune décision de ne pas reconstruire le
moulin. Le président a déclaré que la situation
présente ne favorisait pas la reconstruction, mais il n'y a eu aucune
décision. Je dois dire que c'est un dossier que nous suivons de
très près. Nous sommes en contact assez
régulièrement avec les autorités sur cette question. Je
pense que, dès qu'un certain nombre d'études qui ont
été confiées à des firmes
d'ingénieurs-conseils seront terminées, la décision
devrait être prise.
M. Lessard: La compagnie a laissé entendre en tout cas,
puisqu'elle est en négociation actuellement, qu'il est possible que
l'usine ne soit pas construite et elle parle toujours du fait que la mine King
Beaver où le minerai de cette mine pourrait être
épuisé dans quatre ans à peine. Est-ce que le
ministère des Richesses naturelles a analysé cette affirmation,
puisqu'il est toujours facile pour n'importe quelle compagnie, surtout quand
elle est en négociation, de faire du chantage en disant: On n'a plus de
minerai, on s'en va? Est-ce que les études du ministère
confirmeraient qu'il est exact que les réserves seraient d'environ trois
à cinq ans? Par ailleurs, on sait que le syndicat dit que c'est
faux.
M. Massé: M. le Président, on m'informe, et je
pense que c'est un fait qui mérite d'être souligné, que,
compte tenu de la grève actuelle, ce qui se fait normalement pour tenter
de délimiter constamment les réserves, surtout de la mine King
Beaver, a été suspendu pour les raisons qu'on sait.
Personnellement, et selon un certain nombre d'informations que nous avons au
ministère, les réserves de la King Beaver seraient plus
élevées que pour une exploitation de quatre ans.
M. Lessard: Qu'est-ce que cela veut dire? M. Massé:
Plus que quatre ans.
M. Lessard: Plus que quatre ans. Dix ans ou quinze ans.
M. Massé: Non, il ne semble pas, selon les informations,
que ce soit si important. Mais une production normale pourrait faire durer la
mine certainement presque le double du temps.
M. Lessard: Quel serait le coût de reconstruction du
moulin?
M. Massé: On a parlé de $25 millions, je m'excuse,
seulement une minute... Quand on parle d'un concentrateur primaire, c'est $20
millions et non $25 millions.
Mais si on parle d'un moulin complet, c'est évalué
à $65 millions. Or, c'est l'usine complète que les ouvriers ou
les employés et la population de Thetford voudraient voir
reconstruire.
M. Lessard: Mais puis-je souligner au ministre qu'il s'agit de la
même compagnie qui exporte son minerai non traité de sa mine de
l'Ungava?
M. Massé: Pour les raisons que j'ai données
tantôt, je ne vois pas de relation.
M. Lessard: Moi, je vois des relations. C'est qu'il semble que,
par l'entremise de ce droit qu'on lui a accordé, n'ayant pas
appliqué l'article 17 de la Loi des mines, le pouvoir de
négociation existe pour le gouvernement québécois.
M. Massé: M. le Président, je pense qu'un
réexamen de cette question de rentabilité, compte tenu de ce
qu'on connaît actuellement à Thetford, s'impose; d'autre part, je
dois vous assurer à ce qu'on m'informe qu'il
n'était pas absolument non rentable d'exploiter cette mine avec
transformation au sud du Québec. Je maintiens la même
réponse que j'ai donnée tout à l'heure.
M. Lessard: Avec un gouvernement sans échine, c'est
toujours les mêmes réponses.
M. Massé: C'est votre appréciation.
M. Lessard: D'ailleurs, on va le constater de façon
particulière dans le dossier suivant, M. le Président.
En ce qui concerne la déclaration ministérielle que nous
faisait il y a quelque temps, le ministre des Richesses naturelles, concernant
les normes dans l'industrie de l'amiante, M. le Président, on sait que,
par suite d'une fuite, les négociations entre le gouvernement du
Québec à ce sujet, et les compagnies minières, ont
été connues.
C'est en effet le 9 décembre 1974, que la lettre suivante est
envoyée par M. Lionel C. Piuze au Dr Gilbert, sous-ministre adjoint au
ministère des Richesses naturelles. "Cher Dr Gilbert, lit-on, pour faire
suite à notre conversation du 8 courant, veuillez trouver ci-inclus deux
copies des standards de limite de concentration de poussière à
l'intérieur des usines de traitement de l'amiante. Ces standards ont
été discutés et approuvés par vous je lis
bien: Ces standards ont été discutés et approuvés
par vous et votre ingénieur en ventilation en octobre 1973.
"J'apprécierais énormément recevoir une confirmation
écrite de votre acceptation des limites mentionnées dans ces
standards. "Bien à vous, Lionel C. Piuze
Vice-Président et directeur général, Association
des mines de l'amiante du Québec."
Donc, M. le Président, en octobre 1973, on avait soumis au
ministère des Richesses naturelles, certains standards qui ont
été discutés et même approuvés. D'où
provenaient ces standards? Ces standards provenaient, M. le Président,
des compagnies minières. Comme on n'avait pas de réponse, le 20
janvier 1975, suite à cette lettre qui a été
envoyée au Dr Gilbert le 20 janvier 1975, donc après des retards
assez considérables à partir d'octobre 1973, le Dr Gilbert envoie
la lettre suivante, et là, je résume: A M. Lionel C. Piuze,
vice-président et directeur général, Lake Asbestos of
Quebec Ltd, Black Lake, Québec. "Monsieur,
Faisant suite à votre lettre du 9 décembre dernier, le
directeur de la sécurité minière, ses inspecteurs et
moi-même avons examiné, à la lumière des plus
récents développements dans le domaine, le programme que
l'Association des mines d'amiante du Québec nous soumettait en octobre
1973 pour étude et approbation, en rapport avec la réduction des
concentrations de poussière et surtout de fibres d'amiante dans les
divers lieux de travail de ses sociétés membres. "En
réponse, je désire vous soumettre les commentaires suivants: a) A
la suite d'étude médicales plus poussées, vous êtes
au courant que les fibres d'amiante dépassant une longueur de cinq
microns sont condidérées comme de beaucoup plus dommageables
à la santé et ce sont surtout celles-là qu'il faut mesurer
et compter avec soin en vue de leur élimination dans l'atmosphère
du travailleur." "En fait, un nouveau seuil de tolérance de cinq fibres
de cette nature par centimètre cube a été récemment
proposé par l'American Conference of Industrial Hygienists et ce seuil a
été adopté par nos collègues de l'hygiène du
milieu du ministère des Affaires municipales et de l'environnement." "Il
va de soi que nous travaillons dans le même sens. Donc, on accepte
le seuil de cinq fibres par centimètre cube Le standard
proposé par l'Association des mines d'amiante du Québec, en
octobre 1973 a été indiqué comme étant
mesuré par Midget Impinger. Cela, nous ne pouvons l'accepter, car cet
appareil n'est pas adéquat pour mesurer les concentrations de fibres
plus longues que cinq microns présentes dans l'atmosphère, pour
des raisons que vous connaissez."
Donc, on ne s'entend pas sur cette façon de mesurer les fibres et
on propose quelque chose de différent. "Je crois savoir que la plupart
des mines d'amiante possèdent cet équipement." Cela va. "Quant
à la concentration..." paragraphe e, "des poussières autres que
celles composées de fibres dépassant cinq microns ou de quartz,
les chiffres que vous suggérez me paraissent satisfaisants, à
condition, évidemment, que ces poussières ne contiennent pas de
ces fibres ou de particules de quartz en nombre dépassant les seuils de
la tolérance de ces deux substances."
Je m'excuse. Je reviens à la proposition qui avait
été faite en octobre 1973. Le Dr Gilbert dit: II n'y a pas de
problème. La proposition de l'Association des mines d'amiante du
Québec est accep- table. Quelle est cette proposition maintenant? Le
standard proposé et mesuré par Midget Impinger limitera
l'exposition occupationnelle basée sur une moyenne
pondérée de huit heures à une concentration moyenne de
poussière en suspension dans l'air en conformité avec les
spécifications suivantes: Fin de 1975, cinq microns de particule par
pied cube avec un maximum de 12.4 fibres par centimètre cube. Fin de
1976: Cinq millions de particule par pied cube avec un maximum de 8.8 fibres
par centimètre cube. Fin de 1977: Cinq millions de particule par pied
cube avec un maximum de 7 fibres par centimètre cube. Fin de 1978 et
dans les années suivantes: Cinq millions de particule par pied cube avec
un maximum de cinq fibres par centimètre cube.
Voici donc les standards qui étaient proposés par
l'Association des mines d'amiante du Québec. Ils étaient
proposés en octobre I973. Le gouvernement ne fait rien jusqu'à
décembre I974 où le vice-président et directeur
général de l'Association des mines d'amiante du Québec,
écrit en date du 9 décembre I974, puis dit: on voudrait savoir ce
que vous pensez de nos propositions à nous. Ce n'est que
dernièrement, il y a quelques mois, que le ministre décide de
faire une déclaration à l'Assemblée nationale. La seule
chose qui est modifiée, dans le plan qui est soumis par la compagnie,
c'est qu'au lieu d'avoir un échéancier de cinq ans, on va avoir
un échéancier de trois ans. Pourquoi, parce que le
ministère n'a pas agi avant dernièrement, alors que
déjà, en octobre I973, les compagnies d'amiante étaient
prêtes à accepter des standards qui étaient
proposés. La première question que je pose au ministre, parce
que, pendant ce temps, il y avait des travailleurs qui mangeaient de la
poussière, qui mouraient de la poussière et qui crevaient de la
poussière, le cimetière s'emplissait... Le ministre n'a pas
répondu, pourquoi? Pourquoi avoir attendu près de deux ans avant
de répondre aux représentants de l'Association des mines
d'amiante du Québec?
M. Massé: M. le Président, d'abord je veux faire
une distinction entre ce qui était proposé par M. Piuze et ce qui
a été accepté en I974. C'est qu'on parlait, à
l'Association des mines d'amiante, de 5 millions de particules par pied cube,
ce qui était une méthode, la méthode que vous avez
soulignée et qui, pour nous, en I974, n'était pas acceptable;
c'est le nombre de cinq fibres par centimètre cube qui a
été mise en application par notre service d'inspection. Mais, M.
le Président, cette définition d'un objectif pour une
période de trois ans, peut peut-être être acceptable par les
compagnies.
Ce qui est important, c'est qu'en mars dernier, la norme de 5 fibres par
centimètre cube, par la création en avril dernier, du
comité de salubrité pour réexaminer la modification ou le
maintien de la norme retenue, c'est-à-dire la norme de cinq fibres par
centimètre cube. C'est ce qui est important. Parce qu'au départ
on a accepté cinq fibres comme objectif, mais il n'est pas dit que le
travail de ce comité d'experts en la matière ne recommandera pas
une norme plus basse de fibres par centimètre cube. Ce comité
doit aussi examiner
les modalités de mise en place et d'application de cette
norme.
C'est dans ce sens que la norme de cinq fibres par centimètre
cube, à la suite du rapport de ces experts, pourra être
modifiée ou maintenue, après examen, d'abord de l'ensemble de
cette question et, surtout, d'une quantié appréciable
d'études médicales sur cette question, études
médicales qui, dans bien des cas, peuvent sembler contradictoires.
M. Lessard: M. le Président, comme il est 12 h 30 et que
j'ai d'autres questions concernant l'amiantose et la surveillance des
compagnies, et que c'était entendu qu'on ajournait à 12 h 30, je
proposerais l'ajournement.
M. Massé: M. le Président, je suis d'accord et n'ai
pas d'objection à ça, mais est-ce que vous me permettriez de
suspendre cette question jusqu'après la période des questions
parce que, comme je le mentionnais au député de Saguenay,
il y a une ou deux personnes de la direction générale des eaux
qui devront s'absenter ce soir et demain et afin qu'on puisse
procéder aux questions générales dans le secteur de
l'eau?
M. Lessard: M. le Président, en principe, je n'ai pas
d'objection et j'avais d'ailleurs indiqué au ministre mon accord sur
cela.
Le Président (M. Cornellier): Nous allons suspendre sine
die et attendre les directives de la Chambre pour nous réunir de
nouveau.
(Fin de la séance à 12 h 28)
Reprise de la séance à 16 h 26
M. Cornellier (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
La commission reprend ses travaux pour continuer l'étude des
crédits du ministère des Richesses naturelles. A la suspension dt
travaux à l'heure du lunch, nous en étions toujours à des
commentaires généraux, et c'est l'honorable député
de Saguenay qui avait la parole.
M. Lessard: On avait accepté de suspendre la discussion
sur les commentaires généraux et d'attaquer le programme 5, soit:
Contrôle de la ressource eau et de ses usages, étant donné
que des fonctionnaires doivent assister à certaines réunions.
Le Président (M. Cornellier): Nous passons au programme
5...
M. Lessard: C'est-à-dire le programme 4...
Le Président (M. Cornellier): ... et nous reviendrons aux
autres programmes par la suite.
M. Lessard: Au programme 4...
Le Président (M. Cornellier): Vous passez au programme
4...
Stations hydrométriques
M. Lessard: C'est cela. Cela couvre tout le programme des eaux,
alors, nous allons voir le programme 4.
En mars I975, la signature d'une entente Ottawa-Québec a
normalisé le cas du Québec dans le domaine des stations de
relevés hydrométriques. Jusque-là, le Québec se
distinguait des autres provinces en ce sens qu'il assumait lui-même
l'administration et le contrôle de la plupart des stations situées
sur son territoire et cela, contrairement aux autres provinces, où le
fédéral était le grand responsable.
Cette situation durait depuis I964. Or, en mars, le gouvernement
canadien a déclaré d'intérêt national I29 stations
situées au Québec. De plus, ce gouvernement est censé en
construire sept autres, ce qui ferait un total de I36 stations dont le
fédéral assumerait, en totalité, les coûts
d'exploitation.
Le contrôle nominal pourra être, soi-disant,
québécois. Probablement que, dans les faits, le contrôle
appartiendra au gouvernement fédéral. De plus, le gouvernement
fédéral se propose de construire, de faire passer de 29 à
36 le nombre de ses stations de relevés au Québec. De plus, il y
a des ententes entre le Québec et Ottawa selon lesquelles on se
partagerait également le coût de I48 autres stations
hydrométriques. Il restera, à ce moment, 264 stations sous le
contrôle unique du Québec.
Quel était le total des stations québécoises
fédérales, d'abord, puis québécoises
fédérales mixtes où, en fait, ce sont les deux
juridictions?
M. Massé: Avant l'entente?
M. Lessard: Pardon?
M. Massé: Avant l'entente?
M. Lessard: Avant l'entente et après l'entente? Je reviens
sur l'entente, élément I.
M. Massé: Avant l'entente, le fédéral en
avait à peu près une vingtaine sur un nombre total qu'on dit
actuellement de plus de 600 stations hydrométriques.
M. Lessard: Le fédéral, exclusivement, en avait-il
une vingtaine qu'il administrait lui-même?
M. Massé: Une vingtaine seulement.
M, Lessard: A ce moment, il n'y avait pas d'administration
mixte?
M. Massé: Pas à ce moment.
M. Lessard: Ce n'est qu'après l'entente, à un
moment donné, qu'il y a eu administration mixte. J'aimerais savoir
maintenant, à la suite de l'entente, quelle est la situation?
M. Massé: On pourrait classifier cela en trois groupes. Il
y en a environ 136 qui vont être financées à 100% par le
gouvernement fédéral. Un certain nombre d'autres vont être
financées à 50% par le gouvernement fédéral
et...
M. Lessard: A peu près combien? Une cinquantaine
d'autres.
M. Massé: Un instant! Il y en a 125 financées
à 100%.
M. Lessard: Oui.
M. Massé: On n'a pas les chiffres exacts, mais c'est une
centaine à 50%, ce qui est aussi d'intérêt
fédéral, mais financé à 50% par le gouvernement
fédéral. Le reste des stations continue à être
administré par le Québec.
M. Lessard: La centaine de stations à 50% financées
par le gouvernement fédéral et administrées par le
gouvernement fédéral?
M. Massé: Toutes les stations sont administrées par
nous. C'est le financement qui est assuré, à part d'une
vingtaine, comme on a mentionné tout à l'heure, qui existaient...
C'est uniquement au point de vue du financement, de l'aide financière
que le gouvernement fédéral intervient.
M. Lessard: Est-ce que le ministre accepterait de déposer
l'entente entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du
Québec à ce sujet?
M. Massé: On peut l'examiner, mais à prime abord,
je ne vois pas d'objection à déposer cette entente.
M. Lessard: Quelles sont les raisons qui ont fait que le
gouvernement du Québec a négocié cette entente?
M. Massé: D'abord, comme on le sait, le gouvernement
provincial administrait lui-même les stations qui pouvaient être
déclarées d'intérêt national. Pour l'ensemble des
autres provinces, c'est le gouvernement fédéral qui assumait les
frais et l'administration des stations du même genre. Depuis trois ans
environ, on a tenté de négocier une entente selon laquelle le
Québec serait mis sur le même pied que les autres provinces, en
termes financiers. On a abouti à une nouvelle politique,
c'est-à-dire le gouvernement fédéral a abouti à
redéfinir une nouvelle politique dans ce domaine et maintenant les
autres provinces signent avec le gouvernement fédéral des
ententes où les provinces ont maintenant à assumer des frais
qu'elles n'avaient pas précédemment. Je pense que, dans ce
contexte, maintenant l'exploitation de ces stations représente environ
$450,000 comme versements du gouvernement fédéral.
M. Lessard: Le gouvernement fédéral verse $450,000
au gouvernement du Québec?
M. Massé: C'est cela.
M. Lessard: Dans le dernier feuillet météorologique
de mars 1975, il y a un article dans lequel on parle de conversion au
système métrique et où l'on dit que ce n'est qu'en 1977
que les instruments gradués selon les unités du système
métrique et les formules appropriées seront distribués aux
stations. D'ici 1977, est-ce que l'on garde l'ancien système, soit les
degrés Fahrenheit?
M. Massé: On me dit que les appareils sont à
l'échelle Fahrenheit, mais que l'on fait la conversion au bureau
actuellement jusqu'à ce que l'on puisse installer les nouvelles
échelles qui le seront d'ici deux ou trois ans, au plus.
M. Lessard: En coûterait-il trop cher au gouvernement pour
changer le système?
M. Massé: Est-ce un problème financier ou
d'équipement disponible? On me dit que c'est un problème non
seulement d'équipement, mais aussi budgétaire. Cela se fait
graduellement. Les échelles qui ont des bris ou qui doivent être
remplacées, évidemment, on le fait avec la nouvelle.
M. Lessard: Je suis heureux de l'entendre dire par le ministre
que, pour le gouvernement, il s'agit d'un problème budgétaire.
Figurez-vous les particuliers qui devront se soumettre à la
décision du gouvernement fédéral.
M. Massé: Changer un thermomètre, c'est l'affaire
d'un dollar.
M. Lessard: Mais les commerçants, les vendeurs de
charogne... M. le Ministre a-t-il perdu l'appétit? M. le
Président, j'aimerais savoir, en ce qui concerne l'élément
2, l'élément 1 adopté...
M. Le Président (M. Cornellier): Elément 1 du
programme 4 adopté.
Inventaire des eaux
M. Lessard: L'inventaire des eaux, quels sont les programmes qui
sont prévus au cours de l'année pour $2,630,400 la ventilation de
l'élément 2 du programme 4, soit $2,630,400.
En fait, il y a $1,326,000 comme traitements. Il n'y a pas
d'investissements là-dedans? C'est plutôt de la
rémunération, mais c'est cela que ça coûte. Quels
sont les inventaires qu'on a l'intention de faire au cours de
l'année?
M. Massé: En termes d'inventaire des eaux, on a d'abord
les réseaux hydrométriques pour un montant de $890,000. En
sommes, je peux vous lire... Cela n'a pas été
distribué?
M. Lessard: II est possible que... Est-ce que cela a
été distribué par...?
M. Massé: En somme, le réseau hydrométrique:
$890,000, c'est-à-dire que cela pourrait se définir comme ceci:
Relevés quantitatifs, systématiques et continus sur les eaux de
surface afin de fournir les renseignements de base aux utilisateurs de l'eau
auxquels s'ajoutent des relevés pour fins de projets, des relevés
systématiques concernant les utilisations quantitatives des eaux de
surface. Il y a des relevés spéciaux au montant de $200,000 pour
des projets ou répondant à des demandes spécifiques telles
que stations de recherche, municipalités, mesures dans les
égouts, etc.
M. Lessard: Fait-on des études sur les nappes
phréatiques comme telles?
M. Massé: Pardon. Je m'excuse. C'est $95,000.
M. Lessard: Fait-on des études sur les nappes
phréatiques?
M. Massé: Oui.
M. Lessard: Et prend-on les moyens pour empêcher la
pollution de ce qui peut rester... la pollution des nappes phréatiques
parce qu'un jour ou l'autre, peut-être qu'une fois que tout sera
pollué à la surface, il faudra aller en dessous.
M. Massé: C'est-à-dire qu'on est appelé
à intervenir assez régulièrement et dans des endroits, par
exemple, comme les Iles-de-la-Madeleine, où il peut y avoir un certain
danger de contamination des eaux souterraines. Tout entrepreneur en forage qui
a à effectuer des sondages pour découvrir de l'eau claire, de
l'eau non saline, doit détenir un permis, c'est un cas, pour chacun des
forages qu'il effectue.
Quand on parle des eaux souterraines aussi, il y a un montant de
$232,000 qui est à la connaissance des disponibilités
régionales des eaux souterraines, par exemple, dans les bassins des
rivières Saint-François, Yamaska, Trois-Pistoles et
différentes autres études pour des municipalités.
Il y a les études spéciales de $109,000; entre autres, ce
sont les relevés spéciaux et études suite à des
demandes ou en fonction de projets spécifiques comme celui que je
mentionnais, les Iles-de-la-Madeleine, ou en Abitibi. Pollution des nappes
phréatiques. Nous avons, en termes d'archives, contrôle et
documentation, un montant de $77,500 pour archiver cinq...
Une Voix: 10,000 rapports.
M. Lessard: Est-ce que le ministère, depuis un certain
nombre d'années, a tenté de faire l'inventaire de ces grandes
nappes phréatiques comme telles, surtout dans...
M. Massé: Cela se fait continuellement, mais...
M. Lessard: ... des régions au fort taux de population,
comme les régions près de Montréal, les grands centres,
comme ressource possible d'eau et surtout pour empêcher la contamination
de ces eaux? Est-ce qu'on a un inventaire assez important... Surtout depuis la
commission Legendre, c'est devenu une ressource naturelle fort importante. De
même qu'on tente de faire l'inventaire de nos ressources
minérales, que ce soient les mines, que ce soit le pétrole, etc.,
de même on doit aussi se préoccuper de faire l'inventaire de l'eau
et non pas seulement de l'eau de surface, mais justement de ces nappes
phréatiques qui peuvent être d'un certain secours. Si on n'a pas
prévu un certain contrôle important contre la pollution sur nos
eaux de surface, il faudrait assez vite faire au moins un inventaire de nos
nappes phréatiques les plus importantes et les protéger.
M. Massé: Cela se fait d'une façon assez
systématique, d'abord par certains travaux que le ministère
lui-même effectue, comme on l'a mentionné pour un certain nombre
de régions tout à l'heure, mais aussi par le contrôle parce
que chaque puisatier qui creuse pour découvrir une source d'eau doit
d'abord soumettre le rapport de chacun de ces forages et c'est ce que je
mentionnais tout à l'heure. C'est que, dans toute la province, selon les
années, on peut classifier entre 5,000 et 10,000 rapports annuellement.
Dans l'ensemble, je pense que, dans ce domaine, il y a eu, depuis un certain
nombre d'années, un effort assez considérable dans le domaine des
eaux souterraines au ministère.
Gestion de l'eau
M. Lessard: L'administration et la gestion de
l'eau ont-elles été uniformisées dans le sens
qu'elles se font exclusivement par le ministère des Richesses
naturelles, à la suite de la recommandation du rapport Legendre?
M. Massé: Comme je l'ai mentionné au début
de cette commission, à la suite du rapport Legen-dre, il y a eu des
transformations importantes à la direction générale des
eaux, afin de se mettre à la tâche et d'assumer
complètement le rôle de gestionnaire unique. Quant on parle de
l'aménagement des rives, d'un plan directeur des rives d'un lac, comme
le lac Saint-Louis, je pense qu'il est important aussi qu'on assume la gestion
de la ressource, tels les plans d'affectation qu'on doit effectuer en ce qui
concerne la rivière Saint-François.
D'autre part, nous assumons de plus en plus, par le service
d'aménagement, l'ensemble des questions touchant l'eau, et en
complémentarité avec certains travaux qui se font au service de
l'environnement des Affaires municipales.
Comme je l'ai mentionné, et c'est ce que je voulais souligner au
début, une loi est en préparation, une loi unique et
systématique pour l'eau au Québec, qui consistera d'une part
à un regroupement cohérent des lois existantes. Je pense que
c'est la base de toute action future au gouvernement, en vue aussi d'effectuer
des plans d'affectations à nos bassins, comme on le fait sur la
rivière Saint-François, cette année.
M. Lessard: Quelles sont les mesures prises pour nationaliser,
socialiser ou tout ce que vous voudrez, en tout cas prendre le contrôle
de l'eau?
M. Massé: Pour amener de l'eau aux ressources
collectives.
M. Lessard: C'est cela.
M. Massé: Je pense que cela paraît...
M. Lessard: Pour dissocier l'eau de la propriété
foncière comme telle. On sait, par exemple, qu'il y a certaines
compagnies forestières, avant 1884, qui ont acheté le lit des
rivières. Y a-t-il eu des mesures prises pour modifier ce statut de
propriété, au ministère des Richesses naturelles, depuis
le rapport Legendre?
M. Massé: En ce qui concerne cette question
précise, c'est avec la législation, qui est en préparation
actuellement, que nous pourrons corriger ces situations, de même que,
comme on le disait tout à l'heure, la définition de l'eau comme
une ressource collective, c'est-à-dire qui n'appartient à peu
près à personne, mais dont l'état est gestionnaire.
Ce statut doit être effectué à partir d'une
législation. Ce sont les différents éléments
contenus dans le rapport Legendre. C'est enfin, une réalisation de ces
recommandations, qui en étaient les principales.
Je pense qu'au départ il s'agit de clarifier un certain nombre de
choses et de regrouper les lois qui présentent assez souvent des
contradictions dans ce sens-là.
M. Lessard: Le premier rapport de la commission Legendre, qui
traitait particulièrement des principes juridiques de l'administration
de l'eau, a été déposé le 15 octobre I970.
Est-ce que le ministre pourrait me dire puisque le ministre me
parle de législation à venir quand il s'attend à
soumettre à l'Assemblée nationale une législation globale
sur l'ensemble du problème de l'eau, législation qui sera, en
fait, conforme globalement aux recommandations de la commission Legendre?
M. Massé: D'abord, il faut dire qu'une grosse partie du
travail a été donnée au Centre de recherche en droit de
l'Université de Montréal et que, selon leur évaluation,
parce qu'il y a différents problèmes assez spécifiques,
assez sérieux qui se posent, il semble que cela puisse prendre un an,
sinon plus, pour en arriver à une législation vraiment
définitive dans ce domaine.
M. Lessard: Je n'ai pas l'endroit précis, mais on se
rappelle que, dans une partie du rapport qui recommande même l'abolition
des clubs privés de chasse et de pêche, on dit bien que, si le
gouvernement n'agit pas dans d'assez brefs délais, cela va coûter
des milliards au gouvernement du Québec pour corriger certaines
situations.
M. Massé: Quand on parle de législation, c'est une
chose. Quand on parle de modifier le statut de propriété
privée, en termes de droits acquis, c'est une autre chose.
Je pense qu'il appartiendra aux spécialistes, aux juristes de
tenter de voir ce qui est possible, en termes législatifs, de corriger.
Les efforts, que ces juristes donnent à ce travail, ne peuvent permettre
qu'un renouveau dans le domaine de l'eau, pour qu'enfin, nous puissions assumer
tous les rôles de gestionnaire unique. Je pense que, quand on parle de
plan d'affectation d'une rivière ou d'un bassin, par exemple, comme vous
le savez, cela implique énormément d'organismes, cela implique la
population, cela implique des riverains, soit industriels, domestiques, cela
pourrait impliquer des riverains qui ont investi dans des bâtiments
récréatifs, dans des chalets ou autres.
Quand on parle uniquement de la région de Montréal, c'est
évident que tout ce qui est contenu dans le rapport Legendre ne peut pas
être mis en application en deux temps. Mais, on pense que, au
départ, avant ou en même temps que les plans d'affectation qu'on a
commencés, au Québec, que la législation est l'outil
principal et l'outil de base de toute modification dans ce secteur, pour
l'avenir.
M. Lessard: Je voudrais, M. le Président, rappeler au
ministre un passage du début du rapport de la commission Legendre.
Lorsqu'en 1970 ou 1971, si ma mémoire est bonne, le ministre avait fait
une déclaration ministérielle en Chambre, suite au
dépôt de ce rapport, en commentaires, je
lui avais dit ceci: Tout cela est important, les déclarations
ministérielles. Mais, ce qui va être important, cela va être
la volonté du gouvernement, je dis bien la volonté du
gouvernement, de faire, entre-temps, respecter des lois déjà
existantes, en particulier, concernant la destruction de barrages par des
compagnies privées. Cela a été le cas et je lui avais
soumis celui de la rivière Pentecôte. On n'a rien fait pour faire
corriger la situation, à cette compagnie.
Entre-temps, faire respecter la ressource eau, mais, surtout, par la
suite, avoir la volonté de l'appliquer ce rapport. Comme on le sait,
pendant deux ans, quand on a discuté avec le ministre, du rapport
Legendre, on attendait le deuxième tome de ce rapport. Mais, nous sommes
maintenant en 1975, donc cinq ans après que la commission Le-gendre eut
présenté son premier rapport. On lisait ce qui suit: "Nous avons
donc la conviction très nette que le Québec doit s'engager
résolument vers une véritable réforme du droit de l'eau.
Toute hésitation aura inévitablement pour effet d'augmenter la
note que les contribuables devront assumer tôt ou tard. Si l'on maintient
le statu quo juridique, il faudra, vraisemblablement, en 1980, affecter au
problème de l'eau une proportion de deniers publics aussi importante que
celle qui est actuellement affectée au problème de
l'éducation. Il s'agit de choisir maintenant, en ces matières,
les compromis, les moyens termes et les atermoiements qui ont les traits d'un
luxe que nous n'avons pas les moyens de nous payer. Il faut rompre
immédiatement avec le passé ou hypothéquer lourdement
l'avenir de notre société." C'était pratiquement un cri
d'alarme que lançait la commission Legendre qui avait
étudié, pendant plusieurs mois, tout le problème
extrêmement compliqué du statut juridique de l'eau.
Je ne trouve pas qu'on est rendu tellement loin. Je sais, quand le
ministre dit qu'il va falloir même nationaliser, cela je le sais. Mais,
on se rappelle que certains nids de rivière, comme certaines
propriétés qui touchaient l'eau ont été
cédés à des prix très modiques aux compagnies.
Quand on nationalisera, on tiendra compte de l'intérêt public.
J'estime, à un moment donné, que ces compagnies, pour des
montants assez ridicules, ont déjà profité amplement de
cette ressource. J'aimerais bien que le ministre se décide à
aller assez vite dans une réforme telle que le demandait la commission
d'étude des problèmes juridiques de l'eau.
M. Massé: M. le Président, certaines de ces
recommandations de la commission Legendre avaient des implications
financières difficilement évaluables. Je pense qu'on a
commencé par vouloir établir une loi qui soit globale dans le
secteur de l'eau, comme je l'ai dit tout à l'heure. D'autre part, il
faut dire aussi que ce n'est pas la seule action, je pense qu'en termes de
réglementation, on a revu l'ensemble de la réglementation
concernant les baux des lits de rivières ou des cours d'eau, et que,
d'autre part, on a augmenté considérablement le contrôle et
l'empiétement des rives. Entre autres, cette année, je peux
mentionner qu'on a une addition de $300,000 et onze inspecteurs qui ont
été ajoutés au budget. On est en train d'effectuer
plusieurs dizaines de milliers de relevés concernant les rives de cours
d'eau. En ce qui concerne le contrôle des empiétements, je dois
dire que, de plus en plus, nous avons la possibilité d'une surveillance
adéquate en ce qui concerne ces empiétements. En ce qui concerne,
par exemple, la réglementation, on a ajusté les taux, le nombre
d'années en ce qui concerne les baux pour des gens qui veulent implanter
une marina sur les rives d'une rivière ou d'un lac pour permettre que
lorsqu'il y aura un plan d'affectation pour une région donnée,
pour un bassin donné, ces baux ne lient pas l'administration de l'eau et
que nous puissions donner suite à un plan d'affectation qui serait
accepté par tout le monde.
M. Lessard: M. le Président, ce sont là de beaux
principes.
M. Massé: Ce ne sont pas des principes, ce sont des
actions qui sont faites actuellement, justement dea recommandations qui font
suite au rapport de la commission Legendre.
M. Lessard: Est-ce que le ministre m'affirme que, depuis un
certain temps, il est le seul gestionnaire de la ressource eau?
M. Massé: Tout dépend de ce que vous appelez
gestionnaire. Nous, au ministère des Richesses naturelles...
M. Lessard: Celui qui, en fait, est responsable de
l'administration.
M. Massé: Nous assumons le rôle de gestionnaire de
l'eau. Evidemment, la loi devrait permettre d'assumer davantage ce rôle.
En ce qui concerne l'aménagement, entre autres, c'est quand même
quelque chose de très nouveau, l'augmentation des contrôles sur
les empiétements de rivières. C'est encore quelque chose quand
même de beaucoup plus important que ce qui existait auparavant.
Evidemment, je pourrais reprendre ce qui est nouveau dans la direction
générale de l'eau. Les programmes 4 et 5, si vous les lisez bien,
permettent au ministère des Richesses naturelles d'effectuer ce
rôle de gestionnaire unique dans le domaine de l'eau. Il reste qu'il
n'est pas dit que cela n'impliquera pas avec la nouvelle loi des modifications
de certaines autres lois ou de certaines autres actions dévolues par la
loi à certains autres organismes, comme celui des Richesses
naturelles.
M. Lessard: Je vous indique qu'il y a loin de la coupe aux
lèvres. Premièrement, je lis une publication du service de la
gestion de l'environnement du Québec, Environnement Canada où on
dit, par exemple: Direction des eaux intérieures. Les fonctions de ce
service: Promouvoir la formulation et la coordination de politiques, de
programmes nationaux pour une utilisation optimale des eaux, gérer un
réseau des stations de relevés hydrologi-
ques mesurant la quantité et la qualité de l'eau,
contribuer à réduire au minimum les mauvais effets de
l'exploitation des eaux, des crues, des sécheresses, des érosions
et autres phénomènes connexes, contribuer à la lutte
contre la pollution de l'eau. En tout cas, c'est un autre pays, on n'en parlera
pas. Je voudrais revenir au Québec.
Je lis, et c'est par hasard que je tombe sur cela, je lis par exemple la
recommandation 4, qu'il faut rendre inaliénable la réserve des
trois chaînes et y assurer l'accessibilité du public; 5, qu'il
faut confier à un organisme le mandat de récupérer les
terres nécessaires pour permettre l'accès aux étendues
d'eau publiques complètement enclavées dans le domaine
privé. Puis-je souligner au ministre que l'autre jour, en commission
parlementaire, aux Terres et Forêts, j'avais à m'élever
contre certaines concessions que le ministère des Terres et Forêts
avait faites dans la région du lac Trente et un Milles où l'on
avait complètement enclavé le lac Achigan? C'était le
ministère des Terres et Forêts qui avait cédé.
Puis-je indiquer au ministre, également, pour son information, que la
réserve des trois chaînes est actuellement vendue par le
ministère des Terres et Forêts? Ce fut le cas de la réserve
des trois chaînes du lac Achigan qui a été vendue pour $60
l'acre, je pense, par le ministère des Terres et Forêts, et je
pourrais continuer. Le ministre est-il consulté quand il y a des
décisions comme cela qui se prennent par d'autres ministères
où l'on va complètement a l'encontre des politiques, si ce ne
sont pas les politiques du ministère, mais à l'encontre d'une
commission d'enquête qui a étudié considérablement
ce problème?
M. Massé: M. le Président, je voudrais mentionner
que le dépliant que le député a lu plus tôt est
publié par Environnement Canada et que c'est en termes de normes que le
Québec suit, et davantage en termes d'interventions dans le domaine de
l'eau. C'est parce que la ressource, le lit, est propriété de la
province que toute intervention doit être précédée
d'une demande de bail dinterven-tion par le ministère des Richesses
naturelles. En termes de rejet, de pollution, il est évident que nour
n'avons pas ces juridictions, mais lorsque le député parle des
réserves des trois chaînes, je ne sais pas quelle discussion vous
avez eue à la commission des Terres et Forêts, la réserve
des trois chaînes n'est pas, à ma connaissance, partie du terrain
qui est vendu, mais nous régularisons des situations, sans plus.
M. Lessard: Elle est vendue, M. le ministre, elle est tout
simplement vendue.
M. Massé: Pas maintenant. Auparavant, le cas a
existé.
M. Lessard: Oui. Dans le cas du lac Achigan et, actuellement,
j'ai même demandé au ministre des Terres et Forêts l'autre
jour de suspendre au moins la vente de ces réserves des trois
chaînes. On régularise la situation, M. le Président, en
vendant la réserve des trois chaînes.
M. Massé: M. le Président, à notre
connaissance, les fonctionnaires qui m'entourent et moi-même, il n'y a
pas de ventes de réserve des trois chaînes qui se font;
peut-être y a-t-il un cas précis que vous soulevez. Je
vérifierai. A notre sens, ce sont des actions exceptionnelles, ce n'est
pas une politique courante du ministère des Terres et Forêts.
M. Lessard: C'est-à-dire que l'on refuse. M.
Massé: On refuse maintenant.
M. Lessard: On refuse de les vendre au petit agriculteur parce
que ce serait à des prix très élevés, mais on vend
à des particuliers actuellement, et je voudrais que M. le ministre
s'informe. Non seulement on l'a fait dans le cas du lac Achigan, mais on l'a
fait dans d'autres cas aussi où des gens ont payé la
réserve des trois chaînes $2,000 ou $3,000, et j'en informe le
ministre.
M. Massé: En ce qui concerne le lac Achigan, je suis bien
heureux de le savoir, mais, comme je vous le dis, je suis convaincu que le
ministère des Terres et Forêts n'en fait pas une politique
systématique.
M. Lessard: La politique systématique du ministère
devrait être de ne pas vendre.
M. Massé: Si vous parlez d'un cas spécial, je ne
peux pas en discuter.
M. Lessard: Cas spécial... Je demande au ministre s'il a
un certain contrôle sur la gestion de l'eau, si c'est lui qui a la
responsabilité prioritaire de la gestion de l'eau et de l'accès
aux plans d'eau, c'est-à-dire de faire en sorte que, tel que le
recommande la commission Legendre, il faut rendre inaliénable la
réserve des trois chaînes et y assurer l'accessibilité du
public et qu'il faut même confier à un organisme le mandat de
récupérer les terres qui ont été
concédées auparavant.
Je demande au ministre si c'est lui qui a la responsabilité
d'appliquer la recommandation 24 à moins qu'il ne soit pas
d'accord "que toute occupation du lit ou des terres publiques riveraines
d'étendues d'eau de 198 pieds de profondeur à partir de la ligne
des hautes eaux soit soumise à l'approbation de l'administration des
eaux" Est-ce soumis à vous?
M. Massé: Je pense que lorsqu'on lit la définition
du programme 5, on réalise que, vraiment, la gestion unique de l'eau
appartient au ministère des Richesses naturelles. Mais je vous disais
tantôt qu'il y a énormément de choses à changer dans
ce domaine à cause de juridictions détenues par d'autres
organismes, que cela sera la nouvelle loi qui définira ou rapatriera
certains de ces pouvoirs. Quand je vous dis que déjà on tente
d'élaborer des plans d'affectation, et même le rapport Legendre
n'a jamais mentionné, par exemple, que les plans d'affectation des
différents bassins du
Québec devraient être faits du jour au lendemain, je pense
que lorsqu'on parle de plans d'affectation, on en parle en termes
d'années. D'autre part, déjà, pour certains cours d'eau,
nous sommes à effectuer ces plans d'affectation, et on me dit à
l'instant qu'en ce qui concerne la réserve des trois chaînes, il y
a des réunions de fonctionnaires du ministère des Richesses
naturelles avec des fonctionnaires du ministère des Terres et
Forêts sur cette question, actuellement.
M. Lessard: En ce qui concerne le respect de la réserve
des trois chaînes, cela relève-t-il de la responsabilité du
ministre? Il dit qu'il est gestionnaire. Je comprends bien les principes
énoncés aux programmes 4 et 5, mais comme je dis, il y a loin de
la coupe aux lèvres.
M. Massé: II est sûr que, actuellement, aussi
longtemps qu'il n'y aura pas une nouvelle loi, on assume les pouvoirs qui ne
sont pas occupés par certains autres ministères ou certains
autres organismes.
Je pense que, dans ce sens, nous avons fait un gros bout de chemin pour
la réalisation de certaines recommandations du rapport Legendre et je
pense que cela se manifeste dans l'augmentation de certains services ou de
certains éléments de programmes du ministère.
M. Lessard: Au cours de la dernière année ou au
cours des deux dernières années, y a-t-il eu des
procédures de prises contre certaines compagnies qui auraient fait
sauter des barrages "de bonne foi", bona fide, sans l'autorisation du
ministère, alors que la loi précise que, pour faire sauter un
barrage, il faut la permission du ministère? J'ai beaucoup de dossiers.
J'attendais. Je ne les ai même pas apportés. Je sais où on
s'en va, mais je veux savoir où le ministre est rendu à ce sujet.
J'ai encore en tête la rivière Pentecôte. J'ai donné
des preuves formelles de tels gestes au ministre, à un certain moment.
J'étais prêt à lui fournir des affidavits de deux individus
qui démontraient que c'était sur ordre de la compagnie qu'ils
étaient allés détruire le barrage en question. Il n'y a
jamais eu d'enquête.
M. Massé: Vous avez soulevé un cas particulier
parce que, je pense que je l'avais mentionné à ce moment,
c'était propriété privée de la compagnie...
M. Lessard: Le lit de la rivière, mais la destruction de
la rivière n'est jamais...
M. Massé: La destruction du barrage...
M. Lessard: ... même si c'est propriété
privée, même si le barrage est propriété
privée, vérifiez votre loi. Il n'y a pas un barrage qui peut
être détruit au Québec sans l'autorisation du
ministère des Richesses naturelles. Vérifiez comme il faut votre
loi.
M. Massé: A ce qu'on me dit, la compagnie elle-même
était propriétaire du barrage, mais aussi du Ht et, à ce
moment, il n'y avait pas de disposition dans la loi qui nous permettait
d'intervenir. Lorsque vous soulevez cette question en termes
généraux, selon la connaissance des fonctionnaires qui ont
à assumer cette surveillance, aucun des barrages qui demandait
l'autorisation du ministère pour être détruit n'a
été détruit.
M. Lessard: Est-il exact qu'en vertu de la loi je ne l'ai
pas devant moi, je le donne de mémoire toute compagnie
privée ou individu qui veut modifier les plans et devis d'un barrage ou
qui veut le détruire doit d'abord obtenir un permis du ministère
des Richesses naturelles?
M. Massé: L'interprétation qu'on en fait, c'est que
toute modification aux barrages doit être approuvée par le
ministère. On me dit que, dans le cas d'un barrage privé ou d'un
lit, la destruction du barrage ne serait pas couverte par la loi actuelle.
M. Lessard: Je retiens mes commentaires, je vérifierai, M.
le Président...
M. Massé: D'accord.
M. Lessard: ...exactement, j'aime autant arriver avec des choses
sûres, même si je n'arrive que l'année prochaine, puisqu'on
me dit que les crédits doivent nécessairement se terminer ce soir
ou qu'on m'imposera la fin de ces crédits.
M. Massé: C'est en dehors de ma volonté.
M. Lessard: Est-ce que le respect de la réserve des trois
chaînes comme telle, je reviens sur cette question, relève du
ministre des Richesses naturelles?
M. Massé: Du ministre des Terres et Forêts.
M. Lessard: Je parle toujours de la gestion de l'eau, tant de la
part des compagnies forestières que de la part de certaines autres
compagnies aussi. Est-ce que cela relève du ministère des Terres
et Forêts ou du ministère des Richesses naturelles?
M. Massé: Le ministre des Richesses naturelles est
responsable du lit de la rivière et tout ce qui est en dehors des lignes
des hautes eaux est administré comme cette réserve de trois
chaînes, par les Terres et Forêts.
M. Lessard: Alors, ce ministère est responsable du lit de
la rivière ou du lit du lac.
M. Massé: C'est cela.
M. Lessard: Que toute conséquence néfaste se
crée par suite d'une action sur le lit du lac, à ce moment, le
ministère devrait prendre les moyens nécessaires pour que ces
conséquences néfastes ne se concrétisent pas.
M. Massé: C'est exact.
M. Lessard: Par exemple, j'aimerais bien que le ministre
vérifie auprès d'Hydro-Québec, quand elle fait des lignes
de transport, pour voir de quelle façon elle traite la réserve
des trois chaînes.
M. Massé: Dans quel sens?
M. Lessard: Comment voulez-vous que cela soit respecté par
des compagnies privées lorsque nos compagnies d'Etat ne les respectent
pas?
M. Massé: II faudrait ne pas apporter seulement des
insinuations...
M. Lessard: Avez-vous déjà eu l'occasion...
M. Massé: ...c'est bien facile de dire des choses
semblables.
M. Lessard: Je le fais à terre, en jet ou autrement, mais
j'inviterais le ministre à survoler en avion les lignes de transmission
d'Hydro-Québec et à voir de quelle façon on a
traité la loi des trois chaînes, aux environs des lacs qui sont le
long de ces lignes de transmission. Ce serait...
M. Massé: II faudrait voir la loi d'Hydro-Québec
aussi.
M. Lessard: M. le Président, comme il est 17 h 15 et que
les fonctionnaires du ministère devront partir à 18 heures, je
suspends mes propos mais...
M. Massé: Si vous avez d'autres questions dans le domaine
de l'eau...
M. Lessard: Minute, j'en ai d'autres, M. le Président,
dans le domaine de l'eau. Je vais aller au programme 5.
Le Président (M. Cornellier): L'élément 2 du
programme 4 est adopté.
M. Lessard: Je l'adopte, M. le Président, mais
j'espère que le ministre sera encore là l'an prochain...
M. Massé: De quelle façon est-ce que l'on
procède, vous dites l'élément 2...
M. Lessard: L'an prochain, cela va faire six ans, j'envisage une
discussion passablement poussée sur le rapport Legendre avec un certain
nombre de dossiers que j'apporterai et que je déposerai.
M. Massé: Est-ce qu'on a adopté
l'élément 1? Le Président (M. Cornellier): Oui.
M. Lessard: Oui, l'élément I: Inventaires et
recherches météorologiques est adopté.
L'élément 2: Inventaires des eaux est adopté.
Le Président (M. Cornellier): Nous passons maintenant au
programme 5: Contrôle de la ressource eau et de ses usages.
L'eau et ses usages
M. Lessard: M. le Président, avant d'aborder comme tels
les éléments I, 2 et 3, d'autant plus que nous sommes
limités par le temps, que ce soit par la disponibilité des
fonctionnaires ou par des décisions du leader parlementaire du
gouvernement, je devrai poser les questions qui me paraissent être les
plus importantes.
D'abord, j'aimerais savoir, de la part du ministre, quelle est la
production en kilowatts, si vous voulez, quelle est la production du secteur
privé en électricité?
M. Massé: C'est au programme 7.
M. Lessard: C'est l'utilisation de l'eau. Il s'agit, à un
moment donné, de savoir de quelle façon l'eau est
utilisée, la surveillance et la réglementation de l'utilisation
des lits et des berges. Cela ne me fait rien d'en discuter au programme sur
l'énergie.
M. Massé: Si vous revenez au domaine de l'eau, je peux
m'informer tout de suite.
M. Lessard: Oui, je reviens. Il s'agit de
l'électricité, je suis bien d'accord, mais je suis prêt
à parler de cela au programme 7, pour autant que j'aurai toute la
possibilité...
M. Massé: C'est plutôt de l'information provenant de
la direction générale de l'énergie.
M. Lessard: C'est la transformation de l'eau. D'accord, je suis
bien prêt à le placer dans cela.
M. Massé: Si vous revenez après au domaine de
l'eau.
M. Lessard: On peut régler la question de l'eau, quitte
à le faire au programme 7, c'est-à-dire que je n'y reviendrai
pas. Il s'agit de la transformation de l'eau au sujet du régime des eaux
et des redevances qui sont payées par certaines compagnies, à un
moment donné. J'aimerais bien indiquer au ministre que je désire
qu'on puisse discuter, peut-être ce soir, de ce dossier.
M. Massé: Justement, cela concerne complètement
l'énergie.
M. Lessard: M. le Président, il n'y a pas de
problème, que ce soit aux programmes 5 ou 7.
Justement, vos fonctionnaires s'en vont à une réunion de
la Commission mixte internationale sur les eaux limitrophes et j'aimerais
savoir si le ministre a pris connaissance du rapport préparé par
la firme d'ingénieurs Walker d'Ottawa, selon laquelle il serait
évident, en tout cas, je lis: "... selon laquelle il est évident
qu'entre le 5 et le 12 mai I974, basées sur les informations en
possession
d'Hydro-Québec, des mesures positives auraient pu être
prises pour amoindrir les effets de l'inondation, sinon la prévenir
complètement." Le ministre a-t-il pris connaissance de cela?
M. Massé: Oui. En gros. D'abord, il faut dire que ce sont
des rapports d'ingénieurs. HydroQuébec maintient toujours la
même position qu'elle avait à la même période,
l'année passée. Elle avait le choix, soit de laisser
écouler plus d'eau et avoir des risques encore plus importants... C'est
la même position qui avait été exprimée lors de la
commission parlementaire, où on avait entendu Hydro-Québec, et
où on avait eu l'occasion de l'interroger sur cette question.
M. Lessard: D'accord. On a justement eu l'occasion de
l'interroger en commission parlementaire à ce sujet, mais si
c'était prouvé, comme le rapport l'affirme et, à la suite
de cette affirmation, le ministre a-t-il des conclusions? Est-il d'accord avec
cette affirmation du rapport Walker?
M. Massé: Evidemment, c'est une question qui regarde
davantage Hydro-Québec, mais je dois dire qu'Hydro-Québec
continue pour sa part à alléguer que les inondations sont dues
à une crue rapide des eaux et que l'ouverture du barrage Mercier
n'était pas la raison principale des inondations dans la région
de Maniwaki. Je ne peux pas en dire davantage.
M. Lessard: Autrement dit, si les citoyens ont des plaintes
à formuler contre Hydro-Québec, contre la façon dont les
barrages d'Hydro-Québec sont régularisés avec des
conséquences sur le littoral de leur terre, etc., à qui
doivent-ils s'adresser?
M. Massé: Je pense que, pour tout dommage à des
tiers, que ce soit Hydro-Québec ou un autre organisme, il y a des
recours devant la justice.
Dans cette question, on a l'opinion d'Hydro-Québec, qui est
complètement différente de celle de la firme Walker.
M. Lessard: Est-ce qu'on envisage certains travaux pour cette
année, quels sont les principaux qui sont envisagés contre les
dérèglements hydrauliques?
M. Massé: On vous a distribué un document à
ce sujet, je pense. Au programme 5, catégorie... En somme, la
description des projets est assez importante. Nous en avons trois pages. Pour
1975/76, il y a la construction d'un barrage à Saint-Didace,
canalisation située dans la municipalité de Saint-Gabriel.
Je ne sais pas si vous avez pris connaissance de ces trois pages...
M. Lessard: D'accord, M. le Président.
M. Massé: Je peux toujours les lire.
M. Lessard: D'accord. Si cela a été
déposé l'autre jour, j'en prendrai connaissance. C'est
probablement la même chose en ce qui concerne l'amélioration du
régime des eaux?
M. Massé: II y en a toute une série. M. Lessard:
Cela a-t-il été déposé?
M. Massé: Je pense que celui-là n'a pas
été déposé. C'est un dossier interne. Je peux
mentionner par exemple qu'il y a la réfection du barrage du Portage des
Roches, au montant de $75,000. Mais si vous me permettez de donner les
principaux, il y a d'abord l'accélération de l'étude de la
régularisation dans la région de Montréal.
M. Lessard: Oui. Dans la région de Montréal, quelle
région?
M. Massé: II s'agit des alentours de l'île.
M. Lessard: Suite à l'entente
fédérale-provinciale?
M. Massé: C'est cela. Comme je vous l'ai dit, on avait
déjà commencé, mais...
M. Lessard: Est-ce qu'il y a eu un rapport présenté
par le comité, en 1975?
M. Massé: II y a plusieurs rapports intérimaires.
Si je me souviens bien...
M. Lessard: Je parle du comité dont...
M. Massé: On a commencé, au cours des
dernières années, au-delà de $1.2 million, si...
M. Lessard: Est-ce que c'est toujours M. Tri-quet qui est
responsable de ce comité?
M. Massé: C'est exact.
M. Lessard: Est-ce qu'il ne devait pas présenter un
rapport en 1975, concernant l'ensemble des mesures à prendre?
M. Massé: C'est-à-dire que c'est un rapport
intérimaire. Ce qui est réalisé avec le gouvernement
fédéral, c'est la poursuite de ces rapports.
M. Lessard: Oui.
M. Massé: Pour nous permettre d'en arriver au printemps de
1976 à déterminer quelle sorte d'ouvrages de
régularisation ou d'autres travaux seront nécessaires?
M. Lessard: On croit être capable d'arriver en 1976 avec un
rapport final concernant les mesures...
M. Massé: Les travaux.
M. Lessard: Les travaux.
M. Massé: Les différentes options de travaux.
M. Lessard: J'aimerais maintenant, M. le Président,
essayer, encore une fois, de connaître la réponse aux questions
que je me pose et que d'autres personnes se posent en ce qui concerne la
régularisation des marées pour empêcher, par exemple, que
les marées inondent les terrains des agriculteurs. Vous savez qu'on est
encore pris là-dedans, entre deux juridictions. Quand il s'agit de
destruction des rives à cause de la navigation, le fédéral
nous dit, très rarement, mais en tout cas, qu'il accepte que ce soit
sous leur responsabilité, quand il s'agit d'investir dans des travaux de
protection ou des murs de soutènement.
Quand, il ne s'agit pas c'est très difficile à
déterminer comme telle, de navigation, mais qu'il s'agit, en
réalité, de la marée montante, de la marée
descendante et que l'érosion des rives se fait à cause de ces
marées j'ai un dossier, ici, mais il y en a d'autres
normalement, on devrait s'attendre que ce soit le problème du
ministère des Richesses naturelles. En tout cas, fédéral
dixit.
J'aimerais savoir si, à un moment donné parce qu'on
se promène de Jean à Jacques et de Jacques à Jean pour
essayer d'avoir des solutions à certains problèmes
certaines digues, par exemple, qui ont été... Dans ce dossier,
c'est une digue qui a été construite par le gouvernement
fédéral il y a environ trente ans, pour empêcher que l'eau
de la marée, par le canal, puisse monter au-delà de telle
étendue. Sans doute, le fédéral avait-il beaucoup d'argent
dans ce temps-là. Il avait accepté de la construire à
cause du patronage ou d'autres choses, mais, maintenant, la digue est
détruite. Il n'y a plus un ministère, il n'y a plus un
gouvernement qui veut reconstruire la digue, ni le fédéral, ni le
provincial, personne. On est aux prises avec ce problème. A un moment
donné, le ministère des Richesses naturelles m'a envoyé au
fédéral, le fédéral m'a envoyé au
provincial. Je suis revenu au ministère de l'Agriculture et il m'a
envoyé à l'OPDQ. L'OPDQ m'a retourné, je pense, au
ministère des Richesses naturelles. Du ministère des Richesses
naturelles, on est revenu à la municipalité. C'est
réel.
M. Massé: M. le Président, je pense que, pour
souligner, en deux mots, l'historique de tout ce problème, c'est qu'il y
a plusieurs années, comme vous l'avez mentionné, on construisait,
de la part du fédéral, des murs de soutènement. Il y a
quelques années, suite à des travaux de réparation, de
rénovation de ces murs ou de ces digues, le fédéral a
décidé qu'à moins de 4,000 pieds de la rive, si le chenal
était à 4,000 pieds de la rive, à ce moment, le
gouvernement fédéral pourrait assumer les coûts. Mais,
lorsque cela excédait un certain pourcentage, lorsque cela
excédait 4,000 pieds...
M. Lessard: Je comprends.
M. Massé: ...du chenal à la rive, le gouvernement
fédéral a arrêté, depuis quelques années, ses
interventions. Le gouvernement provincial a dû intervenir dans les cas
les plus flagrants, entre au- tres, je pense à Percé, au bas du
fleuve, à Cap-Chat...
M. Lessard: Les cas flagrants, est-ce quand les maisons sont en
position de tomber dans la mer?
M. Massé: A peu près. Au budget des Richesses
naturelles, il n'y a pas de somme prévue pour ce genre
d'intervention.
On évalue à plusieurs centaines de millions les
réparations qui pourraient être nécessaires le long du
fleuve en termes de digues ou de murs de soutènement et, dans chacun des
cas, cela a été fait, soit par un mandat spécial du
Conseil exécutif où, à partir du fonds consolidé,
d'un fonds spécial, on a permis au ministère des Richesses
naturelles d'intervenir. Je dois dire que, s'il y avait une nouvelle politique
dans ce domaine, ce serait probablement tout le budget du ministère des
Richesses naturelles qu'il faudrait y passer chaque année.
Actuellement, on tente encore de sensibiliser le fédéral,
parce que, quand même, c'est le fédéral qui a construit ces
ouvrages de protection. S'en départir comme cela, tout en laissant aux
municipalités la responsabilité de les réparer, j'assume
que c'est assez difficile à accepter. D'autre part, dernièrement,
il n'y a pas eu de modification de cette politique fédérale.
M. Lessard: II n'y a pas eu de modification. C'est parce que je
vous aurais dit, s'il y avait eu modification, de dire un petit mot à
votre "monologue" fédéral. Il aurait peut-être pu avoir une
solution dans des cas précis. Il reste que, pour la population, c'est un
problème qui commence à être urgent et, encore là,
comme dans le secteur de l'eau, si on ne fait rien, si on attend trop, il y a
non seulement des maisons qui vont partir, mais il y a des chemins de voirie
qui vont disparaître. Il me semble, sans engager complètement tout
le budget du ministère des Richesses naturelles, qu'il serait logique,
en collaboration avec les municipalités, en collaboration avec le
gouvernement fédéral, il serait tout à fait logique qu'on
prévoie une politique dans ce domaine parce que ce n'est pas lorsque le
rivage sera complètement détruit et que des maisons seront
rendues dans le fleuve qu'il va falloir agir. Il y a des problèmes qui
commencent à être urgents. Il y a des places, strictement dans mon
comté, et il y a des places où je ne coucherais pas dans les
maisons, parce qu'il y a de grosses marées. Cela pose des
problèmes. Il me semble qu'il devrait y avoir une politique qui
s'établisse, qui s'instaure au niveau du ministère.
M. Massé: Dans des cas les plus urgents, où cela
pouvait mettre en cause des vies, on a toujours été voir les cas
sur place. Comme je vous l'ai dit tantôt, selon une certaine
détermination de normes d'urgence, on a dû intervenir, mais
toujours avec des budgets supplémentaires, malheureusement.
M. Lessard: De ce côté, cela n'arrive pas souvent,
mais je peux faire un compliment au ministre des Richesses naturelles. Chaque
fois que j'ai eu des cas d'éboulis de terrains ou que j'ai
demandé au ministère certains spécialistes pour venir
étu-
dier des problèmes sur place, je dois dire que c'est allé
assez vite en ce qui concerne l'étude. En ce qui concerne la solution
des problèmes, cela a été moins vite.
M. Massé: On peut suggérer une solution sans la
réaliser nous-mêmes.
M. Lessard: L'an dernier, j'en reparlerai au ministre,
c'est-à-dire que je reviendrai sur cela, mais pas à
l'étude des crédits, c'est un cas particulier. J'avais
reçu une réponse d'un fonctionnaire du ministère des
Richesses naturelles selon laquelle il ne pouvait pas entreprendre tels travaux
au cours de l'hiver et qu'il attendait au printemps pour réaliser ces
travaux. Nous sommes rendus au 27 mai et il n'y a pas de travaux qui semblent
être prévus. Le ministère avait accepté de faire ces
travaux et il n'y a pas de travaux qui semblent être prévus.
J'espère qu'on n'attendra pas un autre éboulis avant d'agir.
M. Massé: Si vous voulez nous mentionner l'endroit
précis, on pourrait peut-être vérifier. C'est
peut-être plus facile maintenant.
M. Lessard: Oui. De toute façon, j'écrirai une
lettre à ce sujet au ministre pour confirmer. Il s'agit de Hauterive, le
dernier éboulis, concernant le cas de M. Lafond. Il y a eu des
fonctionnaires qui se sont rendus, il y a eu une entente selon laquelle le
ministère des Richesses naturelles était prêt à
contribuer. J'ai reçu une lettre selon laquelle on attendait au
printemps avant de faire ces travaux. Malheureusement, nous sommes rendus au
printemps et les travaux ne semblent pas être prévus.
M. Massé: On va vérifier.
M. Lessard: De toute façon, c'est par accident que je vous
soumets ce dossier, mais il reste que j'invite le ministre à
établir quand même une politique dans ce secteur, car il commence
à y avoir pas mal de problèmes au Québec à ce
sujet: les murs de soutènement et autres choses.
Est-ce par incidence que le rapport du Vérificateur
général, concernant la direction générale des eaux,
dit qu'il y aurait eu des pratiques irrégulières dans les achats
de pierre de carrière, sans qu'il y ait eu, en fait, acceptation du
Conseil du trésor, sans soumissions, est-ce que cela a été
corrigé, ces pratiques-là? Je pourrais lire, pour que cela soit
clair: protection contre les dérèglements hydrauliques,
fourniture, $263,386. L'arrêté en conseil 1041 du 19 mars 1971
prévoit la section 4: "que certains achats peuvent être faits par
les fonctionnaires du ministère plutôt que par le directeur
général des achats de la province". Relativement aux achats de
pierre de carrière, murs de protection, il y en a eu. Nous avons
constaté qu'il n'existait pas de méthode d'utilisation de bons de
commande qui auraient permis de s'assurer que les biens achetés ont
effectivement été commandés par une personne
autorisée et que les facturations et les paiements correspondant aux
normes et aux prix convenus sur la commande. Il y aurait lieu pour le
ministère d'établir une procédure à ce sujet.
M. Massé: On me dit que la situation a été
rectifiée, qu'en terme de bons de commande ou la façon de
procéder suggérée par le vérificateur, on me dit
que c'est à peu près complété et qu'à
l'avenir cela se fera selon les recommandations du contrôleur des
finances.
M. Lessard: En ce qui concerne la surveillance,
l'élément 3, après cela, nous l'accepterons globalement...
surveillance et réglementation de l'utilisation des...
M. Massé: Est-ce que l'élément 1 et
l'élément 2 sont adoptés?
M. Lessard: Oui. Eléments 1 et 2 adoptés.
Le Président (M. Cornellier): Eléments 1 et 2 du
programme 5 adoptés.
Lits et berges
M. Lessard: En fait, je suis passé de l'un à
l'autre. En ce qui concerne l'élément 3: Surveillance et
réglementation de l'utilisation des lits et des berges, comme le
ministre me dit qu'il n'a pas de politique concernant l'amélioration de
ces lits et de ces berges, je présume qu'il s'agit strictement de
surveillance.
M. Massé: II n'y a pas de politique, au contraire, j'ai
dit que nous étions même en train de et certains sont
terminés préparer des plans directeurs
d'aménagement de rives. Ce travail s'effectue surtout en priorité
dans la région de Montréal, actuellement.
M. Lessard: Est-ce que cela comprend les berges du fleuve
Saint-Laurent?
M. Massé: Oui. Le lac Saint-Louis... M. Lessard:
D'accord.
M. Massé: Entre autres, où nous avons émis
le plan directeur qui a paru l'automne dernier. Je m'excuse, votre question
était laquelle?
M. Lessard: Ma question est celle-ci: Je constate qu'il s'agit,
dans l'élément 3, de la surveillance et de la
réglementation de l'utilisation des lits et des berges. Y a-t-il une
politique qui existe? Mais, en ce qui concerne l'utilisation des lits et des
berges, vous savez aussi, M. le Président, que, comme nous n'avons pas
de politique concernant les murs de soutènement et que certains
individus sont obligés de jeter leurs vieilles automobiles, leurs
vieilles minounes, pour protéger leurs maisons, alors, il s'agit de
l'utilisation des lits et des berges, est-ce qu'il y a une politique de la part
du ministère pour?...
M. Massé: Tout d'abord, il y a différents as-
pects: on peut par autorisation laisser quelqu'un occuper la berge ou le
lit d'une rivière, d'un fleuve ou d'un lac; d'autre part, il y a aussi
des permis...
M. Lessard: II ne faut pas utiliser "M. La-berge".
M. Massé: Pardon?
M. Lessard: II ne faut pas utiliser "M. La-berge". D'accord.
M. Massé: II y a d'autres interventions de la part
d'entreprises privées, entre autres sur le remplissage de berges ou de
lits de cours d'eau. Dans ce sens, comme je le disais tantôt, toute
intervention exige une autorisation du ministère. Cela revient à
ce que je mentionnais tout à l'heure, c'est que, cette année,
afin d'accélérer cette surveillance, nous avons un montant
supplémentaire de $300,000 et onze inspecteurs qui auront à faire
des relevés et aussi, par la suite, à intenter des poursuites,
s'il y a lieu. Dans ce sens, je pense qu'on consacre quand même des
sommes assez importantes. Au plan directeur d'aménagement, il y a quand
même $219,000 de prévus cette année. Au contrôle et
à l'approbation des berges, il y a $169,000 et aux
propriétés publiques $151,000. En gros, de la façon qu'on
procède, c'est par rivière ou par lac; on fait un relevé
complet de l'occupation des abords des berges, du lac ou de la rivière;
par la suite, il y a un plan directeur qui, après avoir
été accepté par le conseil des ministres, est
publié dans la Gazette officielle et on doit se conformer à ce
plan directeur. C'est surtout utile pour préserver l'eau qui est
inoccupée actuellement, qu'elle soit propriété publique ou
municipale ou propriété provinciale. C'est la façon dont
on procède depuis au-delà d'un an. Evidemment, on voudrait avoir
davantage de fonctionnaires à ce travail, mais il faut procéder
avec les effectifs que nous avons et on doit procéder,
évidemment, surtout en priorité, dans les endroits les plus
populeux, soit les régions comme celle de Montréal.
M. Lessard: Je reviens à la question de tout à
l'heure. Cela comprend-il les berges du fleuve Saint-Laurent?
M. Massé: Surtout. M. Lessard: Surtout.
M. Lessard: Cela comprend-il, par exemple, des berges comme
celles de l'Outaouais, du lac Témiscamingue?
M. Massé: C'est l'ensemble des berges au Québec,
mais, en termes de plan directeur d'aménagement, nous devons
procéder par priorité.
M. Lessard: Le ministre voudrait-il dire qu'il a entière
juridiction sur ces berges maintenant?
M. Massé: Sur les berges où il y a une
propriété provinciale.
M. Lessard: Où il y a une propriété
provinciale.
M. Massé: Et jusqu'aux eaux également.
M. Lessard: Oui... Le long du Saint-Laurent, y a-t-il une
propriété provinciale?
M. Massé: Oui... en grande majorité.
M. Lessard: Toutes les berges le long du Saint-Laurent?
M. Massé: Pas toutes, mais celles...
M. Lessard: Quelle est la définition de la berge?
M. Massé: Ce sont toutes les berges qui ne sont pas sous
la juridiction des Ports nationaux.
M. Lessard: C'est cela, toutes les berges qui ne sont pas sous
juridiction fédérale.
M. Massé: Fédérale, mais par rapport au
nombre de milles de berges le long du fleuve, elles sont assez mineures
aussi.
M. Lessard: Quelle est la définition de la berge?
M. Massé: Ce sont les hautes eaux.
M. Lessard: Les hautes eaux.
M. Massé: Les hautes eaux naturelles.
M. Lessard: Le gouvernement est propriétaire de la berge
jusqu'aux hautes eaux.
M. Massé: C'est cela. Excepté ce qui a
été vendu, dans le passé, comme je vous le disais, aux
Ports nationaux.
M. Lessard: A qui appartient le fond du lit du fleuve?
M. Massé: Au gouvernement du Québec.
M. Lessard: Au gouvernement du Québec. Jusqu'à
l'embouchure. Adopté, M. le Président.
M. Massé: Merci. Je m'excuse, mais je voulais mentionner
la présence, à mes côtés, du directeur
général des eaux, M. Hendler.
M. Lessard: M. Hendler. M. Massé: M. Hendler.
M. Lessard: De toute façon, M. le Président, je
dois dire que la discussion que nous avions à faire en ce qui concerne
ces deux programmes...
Le Président (M. Cornellier): Est-ce que les
éléments 3 et 4 sont adoptés?
M. Lessard: Oui. Eléments 3 et 4, adopté.
Le Président (M. Cornellier): Le programme 5 est donc
adopté.
M. Lessard: C'est cela.
Le Président (M. Cornellier): Nous revenons au programme
I.
Amiantose
M. Lessard: Oui, M. le Président, pour une question
générale que nous avions commencée. Je ne recommence pas,
mais j'avais demandé au ministre des Richesses naturelles, ce matin, en
ce qui concerne les normes de l'amiantose... Je n'ai pas tellement compris la
réponse que j'ai reçue puisque j'ai été
dérangé à ce moment-là. Pourquoi n'a t-on pas
répondu au rapport concernant les standards proposés par
l'Association des mines d'amiante du Québec qui avait été
envoyé en octobre 1973? Qu'est-ce qui explique ce retard?
M. Massé: M. le Président, j'ai mentionné,
ce matin, et je pense que le député de Saguenay avait une petite
discussion à côté...
M. Lessard: Oui, je m'excuse.
M. Massé: Je vais essayer de retrouver ma note parce qu'il
est question de date dans cela. Dans la lettre de décembre 1974 par
rapport à celle du mois d'octobre, il faut dire qu'il y a eu un
écart où, je pense, il y avait une distinction en termes de
méthodes, de moyens, de normes utilisées.
On parlait de 5 millions de particules par pied cube, alors
qu'entretemps, en 1974, on a utilisé une nouvelle méthode, un
outil manuel qui est différent, qui est beaucoup plus précis,
à ce qu'on me dit, qui est le nombre de fibres par centimètre
cube.
Je soulignais aussi que cette norme de cinq fibres par centimètre
cube est définie comme étant un objectif. Quant au comité
d'experts que nous créons pour examiner la question d'inspection sur la
salubrité dans les mines et les moulins, un de ses objectifs est de
remettre un rapport sur le maintien ou la modification de la norme retenue de
cinq fibres, et un autre est qu'on fasse un rapport sur les modalités de
la mise en place, de l'application de cette norme. Il est possible qu'on
maintienne les cinq fibres par centimètre cube, mais il est aussi
possible qu'ayant toute l'information et l'éclairage voulus, le rapport
nous recommande de réduire le nombre de fibres par centimètre
cube. C'est la réponse que je donnais ce matin.
M. Lessard: Quel est le délai qu'on a accordé
à ce comité pour présenter ce rapport?
M. Massé: Le comité devrait nous présenter
un rapport au mois de juin 1976.
M. Lessard: D'abord, je dois dire que ce comité vient
d'être constitué alors qu'il y a longtemps que le problème
se pose. Dans ces circonstances, étant donné que le ministre
laisse entendre qu'il est possible que la norme de cinq fibres soit
modifiée, pourquoi le ministre a-t-il inscrit dans sa déclaration
ministérielle le délai de trois ans pour appliquer les mesures
proposées, c'est-à-dire pour en arriver à cinq fibres par
centimètre cube?
M. Massé: Dès maintenant, selon les renseignements
que nous avions à ce moment, le nombre de cinq fibres nous paraissait
d'abord justifié, mais en termes d'objectif, sur une période de
trois ans; il est possible que le comité lui-même démontre,
à la suite de l'examen sérieux de toute la question de
l'inspection et aussi des normes, que nous pourrions, a cause des
disponibilités technologiques ou aussi de l'état de certains
moulins ou de certaines mines, respecter une norme plus basse, et dans une
période moins longue.
Il y a également un autre facteur qu'il faut considérer.
C'est que lorsqu'on a modifié la méthode de
prélèvement, en respectant cinq fibres par centimètre
cube, cela exigeait de la part des entreprises minières des
transformations assez importantes déjà.
M. Lessard: Je crois qu'il y a des gens qui ne disent pas la
vérité, pour ne pas dire plus, quelque part. Suite à
certaines critiques concernant la question de l'amiantose, l'Association des
mines d'amiante du Québec avait émis un communiqué dans
lequel on disait qu'il n'y avait pas de problème, qu'ils avaient
toujours respecté la norme de quatre à cinq fibres par
centimètre cube.
Ou bien je dis ils l'ont respectée et la norme proposée ne
vaut rien pour la protection des travailleurs, ou bien ils ne l'ont pas
respectée.
M. Massé: M. le Président, je pense qu'actuellement
vous pourrez me contredire si on devait établir, faire
respecter obligatoirement, peu importent les endroits dans le moulin ou dans la
mine, intégralement cette norme de cinq fibres par centimètre
cube, ou si on faisait faire un prélèvement tout de suite demain
matin, supposant que les mines sont ouvertes, à plusieurs endroits,
cette norme ne serait pas respectée.
M. Lessard: A la connaissance du ministère qui envoyait
ces inspecteurs. Et on se rappelle avoir eu toute une discussion, l'an dernier,
en ce qui concerne les inspecteurs, on se rappelle que je m'étais
élevé contre le fait que la visite des inspecteurs était
annoncée d'avance à la compagnie, comme elle l'était pour
le représentant du syndicat.
Je mettais donc en doute, à ce moment-là,
l'efficacité de cette surveillance, parce qu'il est certain que c'est un
peu comme la viande, si vous avertissez la compagnie avant d'envoyer votre
inspecteur, de la charogne, vous n'en trouverez pas.
J'avais posé le même problème d'efficacité en
ce qui concerne les inspecteurs du gouvernement...
M. Massé: Malgré tout cela, il paraît qu'on
en a trouvé.
M. Lessard: On va voir si on en a trouvé. Vous avez au
moins décidé, cette année, de modifier cette politique qui
est d'avertir la compagnie avant le passage de l'inspecteur.
M. Massé: C'est-à-dire qu'au mois de mars
c'est exact ou avril, il y a eu une directive envoyée à
chacune des installations minières selon laquelle, à l'avenir, il
n'y aurait plus d'avertissement, ni au syndicat, ni à la compagnie. Cela
aurait pu poser un problème au niveau syndical, parce qu'il faut quand
même, quand l'inspecteur arrive, qu'il y ait un représentant
syndical sur place. On a demandé au syndicat de nous...
M. Lessard: Pourquoi?
M. Massé: ... désigner cinq ou six personnes de
leur syndicat, sur différents chiffres, qui nous permettaient, du moment
que l'inspecteur arrivait, de trouver un représentant syndical, un
représentant de la mine et de procéder à l'inspection.
C'est la façon dont nous avons détourné la
difficulté de ne pas avertir les deux parties, à l'avenir.
M. Lessard: Puisque nous sommes actuellement en discussion sur ce
problème à la Commission des accidents du travail et que la
Commission des accidents du travail nous a toujours déclaré,
qu'elle ne s'était jamais prévalue, comme c'était
prévu dans la loi, de son pouvoir d'aller vérifier à
l'intérieur des mines, j'aimerais savoir si le ministre pourrait nous
déposer, depuis 1970, les rapports de ces inspecteurs concernant la
quantité de fibres d'amiante dans les entreprises de la région de
l'amiante. On se démêlera avec cela. Cela se traduit, en temps et
lieu.
M. Massé: II n'y a aucun facteur de conversion.
M. Lessard: Mais, on peut quand même avoir une certaine
relation entre la norme, que ce soit calculé en fibres ou que ce soit
calculé en millions de particules, à un certain moment. Ce sont
les deux...
M. Massé: II semble, d'après les
spécialistes, que ce ne soit pas convertible. On a même
mentionné, à un dernier colloque, à Montréal, il y
a une semaine ou deux, je pense, qu'il pouvait même y avoir un
écart entre 25% et 30%, dans les deux systèmes...
M. Lessard: Je suis d'accord, mais il y a certainement une norme
internationale dans un système comme dans l'autre qui nous dirait, par
exemple: Au-delà de tant de millions de particules dans l'air, c'est
dangereux. J'aimerais savoir parce que du côté de la
Commission des accidents de travail, on n'a jamais été capable
d'avoir cette réponse, puisque le ministère avait la
responsabilité de la surveillance des mines et le ministre du Travail
nous l'a confirmé comme le président de la Commission des
accidents de travail: "Je ne pouvais rien faire, je me fiais au
ministère des Richesses naturelles à ce sujet" quelle a
été la responsabilité du ministère des Richesses
naturelles à ce sujet? Si des rapports ont été
présentés par les fonctionnaires du ministère, concernant
la teneur, que ce soit selon un système ou l'autre, en millions de
particules, si vous voulez, si c'est ce système qu'on avait
appliqué?
M. Massé: M. le Président, on va évaluer
cela, je ne voudrais pas non plus induire la population en erreur, parce
qu'évidemment si on la rend publique, ce sera...
M. Lessard: Cela commence pas mal à être public.
M. Massé: ... reproduit dans le journal des Débats,
c'est bien évident. Il ne faudrait quand même pas entretenir de la
confusion entre deux systèmes non plus.
M. Lessard: Ecoutez, quand on parle...
M. Massé: Si on le fait, il faudra sans doute mettre les
distinctions et les mises en garde en conséquence.
M. Lessard: Quand dans un système, on parle de cinq fibres
par centimètre et que dans l'autre on parle de millions de particules,
je pense bien qu'on ne peut pas se mêler trop, parce qu'il y a une
différence entre les millions et les cinq unités. Si on se
mêle là-dedans...
M. Massé: Non, c'est la convertibilité à
l'autre système qui serait inexacte.
M. Lessard: Vous avez dit que c'était très
difficile à convertir. A un moment donné, il faudra analyser les
deux systèmes l'un par rapport à l'autre. Il faudra analyser le
système que vous avez utilisé depuis plusieurs années par
rapport au même système, si on le fait en relation avec des normes
internationales. Il y a une marge d'erreur dans n'importe quel système,
c'est tout à fait normal.
C'est comme dans les décibels, il peut y avoir des marges
d'erreurs, on peut mettre cette marge d'erreur, mais il y a une chose, il est
quand même important je reviendrai sur l'inspection des mines tout
à l'heure, le ministère des Richesses naturelles avait une
responsabilité, soit l'inspection des mines pour la population de
savoir que cette inspection s'est faite et que des rapports ont
été présentés au ministère, comme il est
important de savoir que les inspecteurs de la viande, à un moment
donné, font leur travail.
Justement, ce soir, M. le Président, j'ai l'intention de
continuer cette discussion, particulièrement sur les inspecteurs miniers
et sur les permis de travail aux mines, discussion que nous avons
engagée lors de l'étude de la Commission des accidents du
travail, mais où nous ne pouvions pas obtenir les réponses, parce
qu'on nous disait tout
le temps: C'est le ministère des Richesses naturelles qui a cette
réponse.
M. Massé: C'est exact que le ministère est
chargé du contrôle de la salubrité de l'air et aussi des
accidents à l'intérieur des mines et à l'intérieur
des autres installations de la concession minière.
De toute façon, M. le Président, il est passé six
heures, mais, à la suite de votre demande, nous allons tenter de voir si
ce n'est pas contre l'intérêt public, mais nous allons examiner la
possibilité de distribuer les rapports depuis un certain nombre
d'années.
M. Lessard: C'est drôle, quand c'est sur la charogne et la
viande, et sur les compagnies minières, ce n'est pas dans
l'intérêt public de donner les renseignements. Il faudrait quand
même qu'on se mette dans la tête, à un moment donné,
que c'est le temps que l'opinion publique sache exactement de quelle
façon elle est gouvernée, et surtout de quelle façon sa
vie est...
M. Massé: II y a eu tellement d'émotivité,
lors des discussions des derniers mois, dans ces questions, qu'il ne faudrait
pas non plus entretenir la confusion.
M. Lessard: Quand il y a des morts, à un moment
donné, dans certaines entreprises, c'est normal qu'il y ait de
l'émotivité.
M. Massé: II faudrait le prouver.
M. Lessard: Dans le cas de l'arsenic, cela a été
prouvé!
Le Président (M. Cornellier): Messieurs, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 20 h 15, ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h I)
Reprise de la séance à 20 h 26
M. Cornellier (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
La commission continue l'étude des crédits du
ministère des Richesses naturelles. A l'heure de la suspension pour le
souper, nous étions revenus au programme 1 et à des commentaires
généraux.
Je cède la parole au député de Saguenay.
M. Lessard: J'étais à demander au ministre des
Richesses naturelles s'il acceptait de déposer, non pas tous les
rapports, mais un certain nombre de rapports des inspecteurs dans les mines de
la région de l'Amiante. Nous étions en train de discuter
qu'étant donné que ces rapports étaient faits selon une
méthode qui n'était pas celle qu'avait accepté le
ministère dernièrement, à savoir la méthode selon
les millions de particules par rapport à la méthode selon le
nombre de fibres par centimètre cube, le ministre m'informait que
c'était difficilement transférable. Je lui dis: Peut-être.
C'est qu'il pouvait difficilement y avoir des relations entre les deux
méthodes. J'ai dit: Oui. C'est difficile probablement de faire une
conversion entre les deux méthodes, mais, cependant, l'une ou l'autre
des méthodes je ne discute pas d'efficacité est
certainement valable puisqu'on faisait des inspections en vertu de cette
méthode. Et si on faisait des inspections et que cette méthode
n'était pas valable, je me demande pourquoi, à un certain moment,
on faisait ces inspections.
C'est dans ce sens que je lui ai demandé des rapports, puisqu'il
doit y avoir dans l'une et l'autre des méthodes des normes
internationales qui nous permettent d'établir, à un certain
moment, la "sanité" ou "l'insanité" des milieux physiques de
travail.
M. Massé: II n'est pas question de nier la qualité
de la méthode par particule. J'avais simplement soulevé le fait
qu'il était difficile de comparer deux années différentes
avec des méthodes différentes en termes de progression; mais, en
ce qui concerne le rapport, j'ai demandé à M. Tanguay, qui est
inspecteur-chef de faire la compilation depuis l'année 1970, comme le
député de Saguenay l'a demandé, sur les années
écoulées depuis ce temps et concernant le nombre d'inspections et
les rapports des inspecteurs, c'est-à-dire peut-être pas les
rapports eux-mêmes, mais ce qui s'en dégageait.
Vous comprendrez, M. le Président, qu'à cause de l'heure
tardive où l'on nous a apporté cette question, il soit bien
difficile sans avoir apporté tous les dossiers qu'on puisse y
répondre ce soir. Mais au cours des prochains jours, on pourra faire
parvenir à chacun des membres de la commission un rapport de ces
inspections.
M. Lessard: Bon...
M. Massé: Je voudrais dire aussi pour la même
raison, en ce qui concerne les profits dans
le secteur de l'amiante et le réinvestissement des profits, qu'il
a été impossible de faire toute cette compilation avant notre
arrivée ici à 8 heures. Encore là, ces trois documents
pourront être envoyés ensemble à chacun des membres de la
commission. Quant à la bibliographie concernant les différentes
études ayant trait au port pour superpétroliers ou en vrac dans
le Saint-Laurent, nous avons la bibliographie qui a été remise,
que nous possédons et qui pourrait être remise à chacun des
membres ici présents.
J'aurais une chose à indiquer ici: dans une déclaration de
ce matin sur une question du député de Saguenay, j'avais
mentionné que la valeur aux livres était de $29 en ce qui
concerne les actions d'Asbestos Corporation; j'ai une rectification à
faire.
M. Lessard: Est-ce que cela a augmenté?
M. Massé: Non, c'étaient des chiffres de 1973 alors
que les chiffres de 1974 situent cette valeur à $27.50.
M. Lessard: C'est stable. J'ai vu des actions moins stables que
cela. On parlait tout à l'heure du responsable de la direction des
inspecteurs au ministère des Richesses naturelles. On se rappelle,
justement, que la Commission des accidents du travail a siégé et
que malheureusement, au cours de cette période le ministre ayant
été malade, il n'a pu assister aux séances de la
commission.
Je suis assuré que le ministre a dû lire les discussions
qui ont eu lieu à cette commission parlementaire, qui touchaient, de
façon très particulière, l'arrêté en conseil
887 et l'application de cet arrêté en conseil en ce qui concerne
les certificats de mineurs. On sait que la division entre différents
ministères, et particulièrement entre le ministère des
Richesses naturelles et la Commission des accidents du travail, en tout cas,
telle qu'elle nous a été expliquée par le président
de la Commission des accidents du travail, était que le ministère
des Richesses naturelles avait la responsabilité de la surveillance de
l'émission comme telle des certificats de mineurs, alors que la
Commission des accidents du travail n'avait qu'à se préoccuper du
renouvellement du permis de travail.
En effet, dans cet arrêté en conseil du 30 août I956,
qui a été modifié il y a quelque temps, on lit, en
particulier, après quelques attendus, au paragraphe 2: "Aucun exploitant
de mines ne peut avoir à son emploi, dans une occupation exposée
aux poussières, un ouvrier qui n'est pas porteur d'un certificat
médical émis de façon indiquée ci-dessous"
Troisièmement, on indique: "Tout ouvrier qui demande un emploi
dans une exploitation ou entreprise minière, pour une occupation
exposée aux poussières, doit être porteur d'un certificat
émis au cours des derniers douze mois, par un médecin en charge
d'une clinique organisée, conformément aux dispositions de
l'article I09 de la Loi des accidents du travail, chapitre I60, Statuts
refondus du Québec I94I, telle que modifiée par la loi 7, George
VI, chapitre 27, attestant qu'il a subi l'examen prescrit et qu'il a
été trouvé exempt de maladie des voies respiratoires et
autrement apte à travailler à une occupation exposée aux
poussières."
Le paragraphe 4, comme tel, concernerait, selon toujours
l'interprétation de la Commission des accidents de travail, le
renouvellement du certificat et toucherait donc la responsabilité de la
Commission des accidents du travail, alors que l'émission des permis
relèverait, en vertu du fait que l'application de l'arrêté
en conseil 887 est sous la juridiction du ministère des Richesses
naturelles
Or, à cette commission, il a aussi été
démontré si je me trompe, on me corrigera mais il
est important qu'on ait ces précisions puisque la Commission des
accidents du travail devra siéger à nouveau. Il serait important
que M. Tanguay et le ministre des Richesses naturelles puissent répondre
à certaines questions des membres de cette commission parlementaire.
Il a été allégué au cours de cette
commission parlementaire que beaucoup de mineurs ne possédaient pas leur
certificat qui doit être émis par le ministère des
Richesses naturelles.
J'aimerais demander au ministre combien il y a d'inspecteurs qui sont
responsables de l'inspection au sein du ministère? Et est-il exact, si
oui, comment se fait-il, que des permis de travail aient été
émis sans examen médical, sans que certaines personnes puissent
subir un examen médical au cours des cinq dernières
années?
M. Massé: M. le Président, je pense qu'il faut
clarifier certains points. Comme vous le savez, il y a l'arrêté en
conseil 887, daté du 30 août I956 qui ne couvrait pas l'ensemble
des mineurs et ne couvrait pas, non plus, toutes les maladies
respiratoires.
Comme on lisait, paragraphe I: "Sont considérées comme
occupations exposées aux poussières, tous les emplois dans des
travaux souterrains et tous les emplois en surface dans des opérations
de concassage de la pierre et du minerai" simplement cela.
Plus loin, on ne parlait que de tuberculose, des voies respiratoires,
comme maladies pulmonaires. Evidemment, pour les employés, les mineurs
qui étaient au travail dans des mines à ciel ouvert, dans le
fond, cet arrêté en conseil ne les touchait pas.
Ces deux situations ont été modifiées par le nouvel
arrêté en conseil qui dit considérer comme ouvrier, toute
personne, à l'exception du personnel étudiant, qui occupe un
emploi tel que défini ci-après, dsans une exploitation
minière ou une carrière. C'est cela sans restriction.
M. Lessard: Où cela?
M. Massé: L'emploi, dans le nouveau règlement, est
que...
M. Lessard: D'accord.
M. Massé: ... maintenant, cela s'adresse
d'abord à tous les ouvriers, peu importe que ce soit dans une
mine à ciel ouvert ou une mine souterraine. Non seulement on touche
maintenant à la tuberculose, mais à toutes les maladies
respiratoires. Cela a été la principale modification et je dois
dire qu'il est évident que, pour certains travailleurs dont les emplois
étaient situés dans des mines à ciel ouvert,
l'arrêté en conseil 887 ne s'appliquait pas, en termes d'examen
médical. C'est une lacune grave à laquelle on a tenté de
remédier le plus tôt possible.
Je dois dire que, pour répondre à la première
partie de la question, les inspecteurs sont au nombre de 18 et que, à la
suite de cet arrêté en conseil, on a augmenté de 4 postes,
c'est-à-dire que le nombre d'inspecteurs est porté de 18 à
22. Ce sont les distinctions, je pense, de ce qui, par l'ancien
arrêté en conseil, pouvait évidemment porter à
confusion, dans l'esprit de certaines personnes, que certaines dispositions de
l'arrêté en conseil ne s'appliquaient pas à certaines
catégories de mineurs, chose à laquelle on a
remédié.
M. Lessard: M. le Président, je ne sais pas de quelle
façon on a décidé d'interpréter
l'arrêté en conseil 887, mais je ne suis pas complètement
d'accord avec l'interprétation du ministre.
M. Massé: Vous savez que je le lis.
M. Lessard: Je vais lire et on va voir comment cette
interprétation peut diverger. Le paragraphe I qu'a lu le ministre dit
ceci: "Sont considérés comme des occupations exposées aux
poussières, tous les emplois, dans des travaux souterrains et tous les
emplois en surface, dans des opérations de concassage de la pierre et du
minerai.
Deuxièmement, aucun exploitant de mines ne peut avoir à
son emploi, dans une occupation exposée aux poussières, un
ouvrier qui n'est pas porteur d'un certificat médical émis de la
façon indiquée ci-dessous. Troisièmement je ne le
lirai pas complètement on dit: Tout ouvrier qui demande un emploi
dans une exploitation ou entreprise minière, pour une occupation
exposée aux poussières, doit être porteur d'un certificat
émis au cours des derniers douze mois par un médecin en charge
d'une clinique, etc.
Selon l'interprétation que j'en ai, c'est qu'il n'y a aucune
parce que "minerai", c'est très large mine où il
pouvait se faire des activités de concassage de la pierre ou du minerai
qui pouvait, et cela tant dans des travaux souterrains que dans des travaux au
niveau de la surface, avoir un employé si cet employé
n'était pas détenteur d'un permis de mineur et d'un certificat
médical émis de la façon indiquée.
Quand le ministre me parle du paragraphe 4, je précise ceci.
C'est que le paragraphe 4 touche le renouvellement du permis de mineur. En
effet, on dit: A la fin des douze mois qui suivront la date de
l'émission de son certificat, l'employé devra subir un nouvel
examen par un médecin tel que ci-haut mentionné. Si celui-ci le
trouve exempt de tuberculose des voies respiratoires, il signera la
déclaration à cet effet imprimée sur le certificat
émis en vertu des dispositions du règlement
précédent. C'est justement là, sur ce problème
fondamental, que s'est faite la discussion à la Commission des accidents
du travail.
Le responsable de la Commission des accidents du travail disait "Nous,
on avait une responsabilité, puisque dans une déclaration de
principe, le président avait dit que la responsabilité de
l'application de l'arrêté en conseil 887 relevait de la Commission
des accidents du travail." Par la suite, j'ai dit: "Ecoutez, est-ce que
ça relevait entièrement de la Commission des accidents du travail
ou une partie seulement". C'est alors que le président de la Commission
des accidents du travail m'a confirmé qu'en ce qui concerne
l'émission des permis de mineur, ce n'était pas leur
responsabilité. Quant à eux, ils n'avaient qu'à faire
respecter le renouvellement du permis de travail. En ce sens-là, on nous
disait que pour eux, pour le médecin de la compagnie comme pour le
médecin de la Commission des accidents du travail, ils devaient se
limiter à la maladie qui était bien précise, dans le
paragraphe 4, à savoir la tuberculose des voies respiratoires. C'est
dans ce sens-là qu'il était explicable, difficilement acceptable,
mais explicable, que des gens qui étaient atteints d'amiantose ne se
sont pas vu refuser le renouvellement du permis de travail puisqu'ils
n'étaient pas atteints, comme tel, de la tuberculose tel que
précisé par l'arrêté en conseil 887.
Mais, en ce qui concerne le permis, qui serait toujours, selon M.
Tessier, président de la Commission des accidents du travail, de la
responsabilité du ministère, il n'est pas dit que cette
émission de permis ne se donne pas lorsque la personne est atteinte de
tuberculose, il est dit qu'aucun exploitant de mine ne peut avoir de gens qui
travaillent à l'intérieur de cette mine sans qu'il soit en
possession du permis. Et il est dit que les personnes qui sont exposées
aux poussières, il s'agit de toutes ces personnes qui travaillent dans
des emplois, dans des travaux souterrains et tous les emplois en surface dans
des opérations de concassage de la pierre et du minerai.
Donc, si je peux comprendre, si je comprends encore quelque chose, il
n'y a pas une personne, normalement, au Québec, qui travaille dans une
mine, quelle que soit cette mine, que ce soit Québec Cartier Mining,
I'lron Ore Company, que ce soit Eldorado Mine, qui doit travailler, qui
travaille dans une mine au niveau, c'est-à-dire dans une mine
souterraine ou dans une mine en surface, qui ne devrait pas être
possesseur d'un permis de mineur. Est-il exact que c'est le cas?
M. Massé: J'ai peut-être laissé tout à
l'heure une conclusion dans l'esprit des membres. J'ai lu le premier
paragraphe, mais quand on lit le deuxième "... aucun exploitant de mine
ne peut avoir à son emploi, dans une occupation exposée aux
poussières, un ouvrier..." Dans le troisième paragraphe, on lit
"... a la même contrainte..." "Une entreprise minière, pour une
occupation exposée aux poussières..." C'était limitatif.
C'était vraiment limitatif à un certain nombre d'ouvriers,
surtout dans les mines à ciel ouvert.
M. Lessard: Oui. Je suis d'accord avec le ministre dans ce sens
que c'est limitatif. Il faut qu'ils soient exposés aux
poussières. Est-ce que la personne qui travaille, par exemple, dans le
concas-seur, à Gagnonville, est exposée aux
poussières?
M. Massé: Le concasseur? Bien, je le comprends.
M. Lessard: Est-ce que celui qui travaille dans le fond du trou
à Gagnonville est exposé aux poussières oui ou non?
Souterrain ou à ciel ouvert...
M. Massé: Vous parlez de mines souterraines?
M. Lessard: A Gagnonville, ce sont des mines à ciel ouvert
où il...
M. Massé: Oui.
M. Lessard:... se fait du concassage de pierre et de minerai.
M. Massé: Si l'ouvrier est exposé aux
poussières... Pour subir l'examen médical, il faut que la
personne soit exposée aux poussières dans les mines à ciel
ouvert alors que, dans les mines souterraines, toutes les occupations sont
couvertes.
M. Lessard: C'est cela. Dans ces circonstances, comment expliquer
que certaines personnes, et cela a été confirmé à
la Commission des accidents du travail, ont travaillé dans des mines
souterraines, ont travaillé dans des mines à ciel ouvert
où elles étaient, nécessairement, exposées aux
poussières, sans qu'il n'y ait eu émission d'un permis de mineur
et sans que ces personnes aient subi des examens médicaux? Certaines
personnes qui travaillaient à la compagnie minière Carey Canadian
Mines Limited de Tring-Jonction n'ont pas été auscultées
par des médecins depuis trois ans, voire cinq ans.
M. Massé: Où travaillaient-elles?
M. Lessard: A Tring-Jonction. A la mine Carey Canadian
M. Massé: C'est une mine souterraine? M. Lessard:
Oui, et aussi...
M. Massé: Vous ne connaissez pas les occupations?
M. Lessard: Des mineurs.
M. Massé: A ce qu'on m'a dit, c'est une mine à ciel
ouvert et cela revient à l'information que je donnais tout à
l'heure, soit qu'il faut que l'ouvrier soit exposé aux
poussières.
M. Lessard: Je suis d'accord que s'il est enfermé dans une
cage en verre, il n'a pas besoin...
M. Massé: Non; par exemple, on peut être
préposé à un concasseur dans une mine à ciel ouvert
qui est exposée aux poussières et être assujetti à
cet arrêté en conseil.
M. Lessard: Dans la mine à ciel ouvert, a-t-on besoin d'un
permis ou non?
M. Massé: Tout dépend. Sauf dans les
opérations de concassage et de la pierre...
M. Lessard: Quand on travaille dans la mine, je n'ai pas connu
bien des mines où, à un moment donné, on ne concasse pas
de la pierre et du minerai dans le trou. On travaille là pour la
concasser, à un moment donné. Quand je vais à Gagnon, dans
le trou, c'est à ciel ouvert. Mais les camionneurs ou les gens qui
travaillent dans le trou sont exposés aux poussières. Le ministre
peut-il me confirmer que, dans toutes ces exploitations minières, il y a
eu émission d'un permis de mineur?
M. Massé: Dans les mines à ciel ouvert, à
part des ouvrages comme des opérations de concassage... Le camionneur,
par exemple, il est possible que lui n'ait pas eu à subir d'examen
médical. C'est ce à quoi on a remédié par le
dernier arrêté en conseil, à cause de la faiblesse de cette
partie.
M. Lessard: Est-ce que, quand l'inspecteur se présentait
à une entreprise minière, il vérifiait pour voir si
l'arrêté en conseil 887 était respecté? Est-ce que
l'inspecteur vérifiait si chacune des personnes qui travaillait à
l'intérieur de l'entreprise et qui était exposée aux
poussières selon justement l'arrêté en conseil 887,
possédait un permis de mineur tel qu'exigé par 887?
M. Massé: Oui, c'est la responsabilité de notre
service d'inspection minière de vérifier la possession de
certificat médical lorsque c'est obligatoire. Ce n'est pas nous qui
émettons les certificats, c'est le ministère qui a à
vérifier la possession du certificat.
M. Lessard: Est-ce qu'on le faisait?
M. Massé: Bien oui.
M. Lessard: On le faisait.
M. Massé: Régulièrement. On me dit une fois
par année.
M. Lessard: J'ai l'impression, des fois, que...
Régulièrement, une fois par année dans toutes les
entreprises.
M. Massé: On me dit que oui.
M. Lessard: On le faisait pour la charogne aussi.
M. Massé: Oui, mais cela...
M. Lessard: II y a quand même certaines cho-
ses qui commencent à être inquiétantes. D'un
côté, la Commission des accidents du travail nous dit qu'à
un moment donné, en ce qui concerne l'émission des permis, ce
n'était pas sa responsabilité. D'un autre côté, elle
nous dit: On s'occupait du renouvellement.
Par ailleurs, l'autre jour, à la commission parlementaire, il a
été prouvé, et c'est même affirmé par le
président du syndicat, ici, dans un article qui a paru le jeudi 24 avril
1975... M. Nazaire Paquet affirme, de source sûre, dit-il, que plusieurs
employés de la compagnie minière Carey Canadian, de
Tring-Jonction, ont constaté que des certificats de travail avaient
été émis à leur nom, sans avoir pour autant subi
des examens médicaux. Certains, parmi eux, n'ont pas été
auscultés par des médecins depuis trois ans, voire même
cinq ans.
Par ailleurs, on a interrogé un certain nombre de ces personnes
qui étaient à la commission parlementaire. Quant à elles,
elles ne connaissaient pas cela, un certificat de mineur. A qui le certificat
était-il émis? A la personne même, ou à la
compagnie?
M. Massé: II était émis au nom de la
personne, mais envoyé, pour conservation, au bureau de la compagnie.
M. Lessard: La personne avait-elle un exemplaire de ce
certificat, de façon qu'elle pouvait constater d'elle-même qu'il y
avait eu une émission au moins du permis?
M. Massé: On me dit que d'abord, le certificat
était gardé par les autorités de la compagnie et
qu'à la suite de l'examen médical de l'employé, si ce
dernier n'avait pas les résultats, c'est que son dossier était
positif. Il avait des nouvelles s'il y avait du négatif dans ses
examens.
M. Lessard: Le certificat était conservé par la
compagnie et le dossier médical était conservé par la
compagnie.
M. Massé: II était soumis à la Commission
des accidents du travail, pour l'émission du certificat
médical.
M. Lessard: Ce qu'on soumettait était certains examens qui
avaient été faits par la clinique privée de la compagnie.
De toute façon, le certificat était...
M. Massé: Pour ne pas laisser l'impression que le
gouvernement n'a pas réalisé qu'il y avait de grandes
améliorations à apporter dans ce secteur, je pense que M.
Cournoyer et moi-même, dans une déclaration ministérielle,
avons informé qu'il y aurait révision de l'ensemble des dossiers
médicaux, des radiographies et qu'à la moindre indication d'un
porteur d'une maladie pulmonaire, il y aurait réexamen de tout ce monde,
et qu'une nouvelle décision serait prise.
M. Cournoyer a annoncé par la suite qu'il verrait à ce que
ceux qui sont trouvés dans l'incapacité de travailler dans une
mine aient une indemnité correspondante au salaire.
M. Lessard: Je suis bien d'accord. Quand le feu est pris, on
intervient, comme il va probablement falloir intervenir dans un autre secteur,
mais on a attendu que le feu prenne. On a attendu que se soulèvent des
problèmes urgents et importants. On a attendu que la Commission des
accidents du travail soit convoquée, pour venir expliquer des politiques
qu'on avait adoptées concernant l'amiantose. On a attendu, dans une mine
de Montréal, qu'il y ait un certain nombre d'empoisonnements et
même deux cas de mortalité. On attend encore. Nous en sommes
à l'application de la norme de cinq fibres par centimètre cube,
sur une période de trois ans, mais ce qu'il est important de constater
aussi, et on va revenir certainement sur cela à la Commission des
accidents du travail, et j'espère que M. Tanguay pourra être
disponible à ce moment pour témoigner, c'est qu'on veut savoir de
quelle façon, justement, l'arrêté en conseil, qui
était sous la responsabilité du ministère des Richesses
naturelles, a été appliqué. Même si on fait des
arrêtés en conseil, s'ils ne sont pas appliqués par la
suite, cela ne donne rien d'en faire.
M. Massé: C'est évident.
M. Lessard: Or, il y a certaines vérifications qui se
font.
Puisque la Commission des accidents du travail va siéger encore,
j'aimerais bien qu'entre-temps le ministre vérifie auprès de la
direction de l'inspection des mines et de l'application de
l'arrêté en conseil 887, si chacun des mineurs a obtenu, tel que
prescrit cet arrêté en conseil, le permis ou le certificat de
mineur, tel qu'exigé.
Je dois dire que selon les allégations que nous avons pu recevoir
à la commission de la Commission des accidents du travail, il semble
qu'il y ait eu passablement de détournements de l'arrêté en
conseil 887 et que plusieurs exploitations minières continuent d'engager
des gens qui n'auraient pas comme tel leur certificat de mineur.
J'aimerais qu'on vérifie particulièrement...
M. Massé: Toujours avec la distinction qu'on mentionnait,
dans l'ancien arrêté en conseil, qu'il fallait être
exposé aux poussières.
M. Lessard: J'aimerais qu'on vérifie si, par exemple,
à Gagnon, Québec Cartier Mining exige le certificat de mineur.
J'aimerais qu'on vérifie non seulement les certificats de mineurs, mais
également les certificats de bonne santé. J'aimerais qu'on
vérifie si I'lron Ore exige ce certificat de mineur.
M. Massé: On me dit que, dans le cas de la compagnie que
vous soulevez, Québec Cartier Mining, l'année passée, il y
a eu 2,200 examens médicaux chez leurs employés. Pour souligner
qu'il se fait des examens médicaux, il se délivre des certificats
médicaux.
M. Lessard: Ces examens médicaux doivent se faire chaque
année.
M. Massé: Oui.
M. Lessard: J'aimerais que le ministre vérifie si ces
examens médicaux se font. Si le ministre vérifie auprès de
la compagnie, on va lui dire oui.
Ce serait peut-être bon que le ministre fasse sa propre
enquête auprès des employés, afin de savoir si ces
employés ont subi des examens médicaux depuis un certain nombre
d'années.
La même chose pour certaines compagnies comme Quebec North Shore,
comme Canadian Reynolds qui sont astreintes également. Il s'agit de
poussières.
M. Massé: D'accord, je fais une distinction.
M. Lessard: Mais il faudrait peut-être l'appliquer
également.
Le Président (M. Cornelller): L'honorable
député de l'Assomption.
M. Perreault: M. le Président, j'aurais une suggestion
pour le député de Saguenay. Je pourrais suggérer que le
syndicat, dans ses négociations de la convention de travail, va inclure
cette clause, ne s'occupera pas seulement du côté
pécuniaire, mais va inclure la santé également en
pratiquant des examens et en les contrôlant, afin que les travailleurs en
reçoivent les résultats.
Ce serait un point important, pour le syndicat, de voir à son
affaire là-dessus.
M. Lessard: Je dois quand même souligner au
député de l'Assomption qu'actuellement il y a une grève
dans la région de l'amiante il y en a eu une en 1949 et
l'un des problèmes fondamentaux en 1949, c'était justement la
poussière d'amiante.
Il faudrait également souligner que la santé des
travailleurs se négocie au niveau des syndicats, mais cela se
négocie... C'est d'abord la responsabilité du gouvernement et,
justement, on laisse négocier un syndicat, alors que la
responsabilité, c'est d'abord le gouvernement du Québec.
M. Perreault: Vous n'avez rien compris. Il y a une
réglementation qui exige un examen. C'est au syndicat à
contrôler à ce qu'il y ait examen. Le syndicat peut très
bien contrôler les examens et faire rapport. Il aime mieux s'occuper de
toutes sortes d'affaires, sauf cela.
M. Lessard: Vous avez des lois, vous avez des
arrêtés en conseil, vous avez une responsabilité; à
un moment donné, il faut les faire appliquer, ces lois.
M. Perreault: C'est au syndicat à voir à ce
qu'elles soient appliquées, pas simplement au gouvernement.
M. Lessard: C'est cela.
M. Perreault: C'est beau de toujours renvoyer la balle au
gouvernement.
M. Lessard: C'est probablement aux consommateurs de faire
appliquer l'inspection de la viande. Un lapsus; c'est exactement le même
cas. Fiez-vous à votre boucher. On se fait organiser aussi. Le premier
ministre mange de la charogne et le ministre également.
M. Massé: Je vérifie avant.
M. Lessard: Est-ce que cela fait longtemps que le ministre n'a
pas mangé de pizza?
M. Massé: Je ne veux pas faire de publicité pour
personne.
M. Lessard: M. le Président, élément I,
adopté.
Le Président (M. Cornellier): Programme I,
élément I, adopté.
M. Lessard: Non, M. le Président, élément I
et élément 2, adoptés. Vous voyez que cela va bien.
Le Président (M. Cornellier): Elément 2,
adopté. Programme I, adopté. Programme 2: Soutien et surveillance
de l'industrie minière.
Industrie minière
M. Lessard: M. le Président, en ce qui concerne le soutien
et la surveillance des compagnies minières, on sait que c'est le
programme qui vise à stimuler l'industrie minière en participant,
avec l'industrie, à certains investissements en infrastructures, en
recherche appliquée, à fournir un soutien technique et à
surveiller l'application des règles de sécurité.
Question générale. Le ministre promet, depuis 1973, la
refonte de la Loi des mines. L'an dernier, le ministre nous disait que la loi
était prête. Le ministre pourrait-il nous dire si la loi est
prête? Entend-il la soumettre, à un moment donné,
prochainement...
M. Massé: Vous voulez dire sur quel aspect de la loi?
M. Lessard: L'ensemble, la révision complète de la
Loi des mines.
M. Massé: Comme j'ai mentionné au départ, je
pense que la Loi loi va faire suite à un examen des politiques actuelles
et, comme je le mentionnais, par secteurs. Cette loi devrait être le
fruit de tout ce travail, une loi qui soit peut-être différente de
celle qu'on connaît aujourd'hui, compte tenu des exploitations par
secteurs qui sont vraiment différentes les unes des autres et qui
n'impliquent pas toujours la même réglementation. C'est dans ce
sens que je parlais au début de la commission. C'est à la suite
de cette politique qu'on devrait retirer une nouvelle loi plus adaptée
aux besoins du Québec, parce qu'il faut dire que cette loi a reçu
des amendements, mais depuis une dizaine d'années qu'elle existe, elle
mérite d'être mise à jour. C'est dans le contexte de la
révision des politiques.
M. Lessard: Y a-t-il un comité actuellement qui se penche
sur la révision de la loi?
M. Massé: Ce sont des groupes de travail en ce qui
concerne les politiques par différents secteurs. Non pas en termes de
réexamen global de la loi, mais sur différents aspects, sur
différents points, actuellement il y a des juristes qui examinent, par
exemple, tout l'aspect des droits de surface. On en avait discuté
également l'année passée. On s'est rendu compte qu'on
pouvait peut-être légiférer dans ce domaine,
régulariser un territoire pour le rendre plus propice à
l'exploration. Mais on s'est rendu compte, à l'examen de l'étude
de tout le secteur de l'amiante, que cela pourrait être un outil,
c'est-à-dire cet amendement pourrait être un outil, un facteur qui
pourrait faire partie de la nouvelle politique de l'amainte, un facteur
important qui est la possession, par des entreprises privées,
actuellement, du minerai contenu dans le sous-sol alors que c'est justement
dans les cas des mines d'amiante que certains organismes réclament,
voudraient avoir des modifications dans ce régime.
Les amendements étaient prêts, mais à cause de
l'examen général qu'on fait du secteur de l'amiante, on a cru
bon, après le comité de législation, de retenir pour un
temps ces amendements, à savoir si on ne pourrait pas voir d'une
façon plus large une intervention du gouvernement dans ce secteur de
l'amiante, à partir de la possession du sous-sol.
M. Lessard: Au cours de cette session, le ministre entend-il
soumettre une loi, qu'elle soit sectorielle ou une révision de la Loi
des mines?
M. Massé: II est possible que nous présentions
justement un amendement concernant cet aspect que je soulignais tout à
l'heure, c'est-à-dire les droits de surface.
Le sous-sol est relié aux droits de surface, la révocation
des droits de mines, en termes juridiques. D'autre part, il est question aussi
d'une nouvelle loi dans le domaine de l'inspection des mines. En termes
globaux, je ne pense pas qu'au cours de cette présente session, nous
puissions amender d'une façon générale la Loi des
mines.
M. Lessard: Alors, on va légiférer par
étapes. En date du 30 jenvier 1975, le ministre des Richesses naturelles
annonçait que son ministère prendra à sa charge les
travaux de construction d'un chemin de pénétration donnant
accès à un gisement d'or découvert par SOQUEM dans la
région de Cadillac, au nord-ouest québécois. Est-ce que je
pourrais savoir qui est responsable des travaux qui se font dans cette
région? Est-ce qu'il s'agit de travaux qui sont faits en
régie?
M. Massé: Pour parler de ce chemin qui conduit à la
mine Silver Stack, c'est un chemin d'un mille et demi, à ce qu'on me
dit. C'est SOQUEM elle-même qui le construira avec une aide
gouvernementale de $15,000.
M. Lessard: Je ne comprends pas trop le communiqué du
ministère et la déclaration du ministre. Ce chemin d'une longueur
approximative de six milles permettra de relier la route du village de
Mont-Brun à celle reliant le village de Cadillac à Pressac et
Amos en passant à proximité du site où SOQUEM effectue ses
forages. Le ministère des Richesses naturelles remboursera SOQUEM pour
les travaux déjà entrepris lors de la construction de ce chemin,
soit pour un montant de $15,000. La construction de cette voie de
pénétration en territoire minier sera financée à
même l'entente ARDA qui consacrait pour l'année financière
1974/75 une somme de $500,000 à la construction de chemins de
pénétration dans le nord-ouest québécois. Est-ce
qu'il y a eu une nouvelle entente entre SOQUEM et le gouvernement suite au
communiqué?
M. Massé: On me dit que ce chemin desservirait deux
gisements et qu'en ce qui concerne le gisement de SOQUEM, la construction n'est
que d'un mille et demi. Les $15,000 se rapportent à un mille et demi.
Les quatre autres milles et demi n'ont pas été encore entrepris,
c'est-à-dire qu'il n'y a pas eu de construction sur le reste des six
milles.
M. Lessard: Donc, les $15,000, en fait, sont pour défrayer
les travaux qui avaient été faits par SOQUEM...
M. Massé: SOQUEM, uniquement.
M. Lessard: II n'y a pas eu de travaux de construction...
M. Massé: On n'a pas allongé jusqu'aux six milles
encore. Je m'excuse, mais dans le budget 1975/76, il est prévu un
montant pour le parachèvement de cette route.
M. Lessard: Est-ce que SOQUEM s'est associée avec Silver
Stack dans ce gisement? Est-ce que SOQUEM a conservé plus de 50%?
M. Massé: Je ne pourrais pas vous dire, mais il y a eu une
option de SOQUEM dans les terrains de Silver Stack. On ne sait pas exactement
quelle est la proportion de participation de SOQUEM. On pense que c'est 49%,
mais cela peut être 50%.
M. Lessard: Les gisements appartenaient à Silver Stack,
les droits miniers appartenaient à Silver Stack?
M. Massé: Au départ.
M. Lessard: II y avait eu entente avec SOQUEM pour que SOQUEM
puisse faire de l'exploration sur les droits miniers.
M. Massé: C'est cela.
M. Lessard: Est-ce qu'on a des informations pour savoir quand
doit commencer l'extraction comme telle; est-ce que cela se fait?
M. Massé: Cela est encore au niveau de l'exploration, de
la délimitation de gisement. A notre
connaissance, il n'est pas prévu de date d'entrée en
exploitation. C'est quand même récent.
M. Lessard: Elément 1, adopté.
Le Président (M. Cornellier): Elément 1 du
programme 2, adopté. Elément 2: Recherches minérales.
Recherches minérales
M. Lessard: Elément 2: Quels sont les programmes de
recherches prévus?
M. Massé: Vous parlez du programme 2,
élément 2, recherches minérales.
M. Lessard: C'est cela. Quels sont les principaux... Il y a
$3,442,300 par rapport à $2,664,300; tout d'abord, il y a là une
différence de tout près de $800,000, pourquoi cette
différence? A-t-on des programmes nouveaux?
M. Massé: La principale différence... Vous avez
$700,000 environ de différence, cela se résume à peu
près à ceci; on pourra l'expliquer peut-être tout à
l'heure. D'abord, il y a un montant de $540,000 supplémentaire pour des
projets de recherche reliés à l'OPDQ, on pourrait peut-être
dire exactement ce que c'est; c'est surtout cette partie, à part les
augmentations de traitement, des projets de recherche dans le cadre des
programmes de l'OPDQ. Mais peut-on détailler les $540,000?
Alors, il y a des montants assez importants pour des projets
reliés à l'OPDQ. On voit des écarts de $300,000, par
exemple, pour la mise en valeur du gisement de vanadium qui est une
propriété du ministère, ou il s'agit d'effectuer des
essais en laboratoire pour voir la rentabilité de ce projet. Il y a
aussi la recherche d'un procédé relié au lithium, c'est
relié à la réouverture d'une mine de lithium dans le
Nord-Ouest; il y a un montant de $230,000 pour continuer la valorisation
c'est le titre des études des rejets des mines d'amiante.
M. Lessard: Mais les rejets des mines d'amiante, ce n'est pas
terminé encore? On étudie encore?
M. Massé: Non, cela se continue tout le temps et avec un
montant beaucoup plus important, je pense, oui, un montant nouveau qui
n'existait pas l'année dernière. Cela se fait dans le cadre de
projets reliés à l'OPDQ. Il y a différents
procédés... Non, un instant.
Dans les travaux au centre de recherche mondiale, ce sont les trois
principales études en plus de la recherche d'un procédé de
transformation de minerai sulfuré, et il y a l'aménagement de
laboratoires, parce que cela impliquera de nouvelles intallations pour un
montant de $280,000.
En somme, je ne vous donne pas la différence, mais je vous donne
à peu près l'essentiel de l'utili- sation de la somme de $3
millions et quelques centaines de mille dollars.
M. Lessard: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): Elément 2.
Adopté. Elément 3: Stimulation et surveillance de la production
minière.
Production minière
M. Lessard: Elément 3: Le ministère a-t-il fait un
relevé des puits abandonnés par des mines qui sont actuellement
fermées et quelles sont les mesures qu'on entend prendre pour
protéger?...
M. Massé: L'inventaire des sites abandonnés et des
trous a déjà été entrepris l'an passé et cet
inventaire se poursuit cette année, pour un montant de $100,000
environ.
M. Lessard: Si je soulève ce problème, c'est que
certains de ces puits sont à proximité d'endroits habités.
Le 19 mars 1975, Mme Odette Ber-nier, de Lac-Fortune, comté de
Rouyn-Noranda, province de Québec, écrivait une lettre qui avait
été transmise à l'inspecteur en chef du ministère,
M. Louis-Georges Tanguay. Elle y parlait de ce qu'on appelle les "shafts", ou
ces trous de mines qui sont maintenant fermées et elle disait ce qui
suit: "II existe présentement, à ma connaissance, trois de ces
"shafts"qui sont à découvert, et le ministère des Terres
et Forêts ainsi qu'un ancien mineur de cette mine m'assurent que ceux-ci
sont à environ 300 pieds de profondeur. Un de ces "shafts" est
situé à moins de 1,000 pieds de la plage publique du Lac-Fortune,
place qui fut aménagée voilà maintenant deux ans par un
projet de Perspectives-Jeunesse afin d'amuser durant la période estivale
les jeunes de la paroisse avoisi-nante, soit celle d'Armtfield, et j'ai
porté plainte à l'inspecteur des mines du ministère des
Richesses naturelles ainsi qu'à M. Roland Gagnon, du ministère
des Terres et Forêts, mais il semble que rien ne peut être fait
pour remédier à cette situation. Le premier, M. Duchesne,
inspecteur des mines, me dit que la responsabilité de la fermeture de
ces "shafts" relève du propriétaire en surface dudit terrain, et
comme ce propriétaire est le ministère des Terres et
Forêts, il n'y peut rien puisque ce n'est pas dans les politiques du
gouvernement de se faire des pressions ."
Plus tard, M. Tanguay, le 8 avril 1975, écrit ce qui suit en
réponse à la lettre de Mme Bernier. "Madame... " dit-il
"... J'accuse réception de la copie de votre lettre
adressée à M. Camille Samson, puisque je précise que la
lettre avait été envoyée à M. Camille Samson et
concernant le sujet en rubrique. Le cas rapporté par vous, celui de Lake
Fortune Gold Mines Limited, remonte aux années 1934-35 alors qu'il n'y
avait rien dans les Lois des mines concernant la protection des travaux miniers
présentant un danger pour le public. La société
minière en question a cessé d'exister depuis plusieurs
années. Depuis, il n'y a aucun re-
cours possible contre elle. "Je comprends." Pour ce qui concerne les
sociétés minières en production, les inspecteurs des mines
s'assurent que tous les puits à ouverture dangereuse lors de la
cessation des travaux sont adéquatement protégés. Les
mines collaborent très bien à ce sujet.
Pour votre information, un inventaire de ces puits abandonnés est
en cours.
Je puis vous assurer que, comme vous, nous sommes
intéressés à trouver une solution au sérieux
problème des ouvertures dangereuses des mines abandonnées.
Entre-temps, M. le Président, il semble qu'on ne prenne de mesures pour
protéger le public contre ces dangers, justement, des trous de mines
abandonnées, et s'il est exact que cela peut être un trou d'une
profondeur allant jusqu'à 300 pieds et que ce trou est situé
à moins de 1,000 pieds d'une plage publique, je me demande si ce n'est
pas une situation extrêmement dangereuse pour les enfants qui pourraient
être attirés par ces trous. Et quelles sont les mesures que le
ministère des Richesses naturelles a pris pour faire, au moins, une
clôture autour de ces trous? Je ne le sais pas, sinon les remplir afin de
protéger la vie du public.
M. Massé: Je pense que c'est un fait, si c'est
situé si près, surtout le cas que vous citez, qu'il y aurait lieu
de procéder même le plus rapidement possible, et d'installer des
pancartes pour avertir du danger. Comme je vous disais tout a l'heure, on a,
nous, de notre part...
M. Lessard: Parfois, les jeunes ne savent pas lire encore.
M. Massé: Je pense qu'au départ on a tenté
d'effectuer un inventaire qui se complétera cette année dans le
cadre d'un projet Ford avec des étudiants et, dans chacun des cas
où il y a du danger, on installe, en tout cas, la meilleure
signalisation possible. Il y a, comme vous le disiez, certains de ces trous qui
sont situés sur les terrains de la couronne, donc administrés par
le ministère des Terres et Forêts. Dans d'autres cas, cela
pourrait être sous la juridiction du ministère des Richesses
naturelles. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, cette année
nous avons un montant qui va être dégagé du budget pour
tenter de continuer ce travail et en arriver à une réglementation
qui sauvegarde la sécurité du public. Je peux difficilement en
dire davantage maintenant.
M. Lessard: Oui, M. Tanguay dans sa lettre du 8 avril 1975
précise qu'en ce qui concerne les sociétés minières
qui sont en production actuellement et qui décident de fermer, on prend
les moyens nécessaires pour que cela soit adéquatement
protégé. En ce qui concerne les anciens puits de mines, M.
Tanguay laisse entendre qu'en ce qui concerne le cas particulier qui lui est
soumis, il n'y a aucun recours possible contre elle, soit la compagnie. Peut-on
s'attendre qu'on prenne des mesures nécessaires puisque d'après
les informations qui sont données ici, je vous avoue que je n'ai pas vu
le "shaft", il n'y aurait actuellement aucune, ou à peu près
aucune protection. Encore là, c'est le chien qui court après sa
queue, c'est qu'on ne semble pas trouver de responsable au niveau du
gouvernement puisque c'est la propriété du ministère des
Terres et Forêts et le ministère des Terres et Forêts dit
qu'il ne peut rien faire non plus.
M. Massé: Je pense qu'il faudra, nous, de notre part,
examiner la possibilité d'intervention dans ces cas. Comme je vous
disais, dans les mines en exploitation, il n'y a aucun danger,
c'est-à-dire qu'il y a une certaine responsabilité des
propriétaires. Quant à ceux qui ont délaissé les
exploitations et qui ont laissé seulement un trou, je pense qu'il est
essentiel, en tout cas, qu'on trouve un moyen d'exiger que le
propriétaire de surface ou qui détenait, je suppose, un bail de
mise en exploitation soit poursuivi de quelque façon que ce soit parce
que la sécurité publique ne s'applique pas seulement dans un
métro, cela s'applique aussi dans toute autre circonstance
dangereuse.
M. Lessard: Je suis bien d'accord, mais est-ce encore le simple
citoyen qui va être obligé de se battre contre la compagnie qui
n'existe plus?
Par exemple, dans un article qui a été publié dans
le journal Le Droit, à Ottawa, le samedi 9 novembre I974, on dit:
"D'immenses trous donnant accès à des galeries souterraines sont
encore là. Personne ne les a remplis depuis la dernière tentative
d'exploitation par la compagnie Corgemines, entre I962 et I972. Ils sont encore
là, les trous, ouverts vers le ciel, prêts à avaler le
premier imprudent qui pourrait glisser sur la mousse qui recouvre les rochers
environnants. Seul un mince fil de fer barbelé, rongé par la
rouille, les entoure, un fil juste assez gros pour vous faire
trébucher."
M. Massé: J'ai l'impression qu'il y a d'autres cas aussi,
dans la province, mais dans notre programmation triennale, en tout cas, on a
décidé, au ministère, de commencer par faire l'inventaire
de ces endroits. Je pense qu'une action corrective est prévue, soit dans
le cas où c'est une propriété de la couronne ou dans
d'autres cas où c'est encore une propriété
d'intérêt privé.
En ce qui concerne la plage Fortune, je pense que cela mériterait
un réexamen du dossier, afin de savoir quelle possibilité nous
avons de forcer la compagnie à agir ou que le gouvernement
lui-même en assume les coûts.
M. Lessard: II faut bien préciser. La Commission de la
capitale nationale est propriétaire du terrain, mais ne possède
pas les droits miniers. La Commission de la capitale nationale est-elle
intéressée à voir la mine renouveler ses activités
en plein centre touristique? Mais la Commission de la capitale nationale dit:
Nous avons une obligation morale envers la population. Il nous faut assurer la
sécurité des visiteurs du parc, mais, cependant, comme nous ne
possédons pas les droits miniers, nous disons: Ce n'est pas à
nous à faire cela. D'un côté, la Commission de la capitale
nationale dit: Ce n'est pas à nous.
D'un autre côté encore, le ministère des Terres et
Forêts dit: On ne peut rien faire. De l'autre, le ministère des
Richesses naturelles, par l'entremise de M. Tanguay, dit: On ne peut rien
faire. On n'a aucun recours contre l'ancien exploitant, puisque cette
société a cessé d'exister depuis plusieurs années.
Encore là, je pose la question. Doit-on attendre qu'un accident se
produise avant d'intervenir?
M. Massé: Je m'excuse, mais par la Loi de la protection de
l'environnement, ou par toute autre loi, au gouvernement, il y a certainement
quelque part une loi qui assure la sécurité. Est-ce que cela a
été examiné?
Je pense qu'il s'agit de souligner un fait qui met la
sécurité des gens en péril. D'autre part, dans une
programmation à plus court terme possible, il faudra prendre une mesure.
Ce n'est pas par la Loi des mines, actuellement, en tout cas.
M. Lessard: Pas actuellement, par la Loi des mines, mais peut-on
s'attendre à des mesures? Le seul endroit où je pouvais soulever
ce problème, c'était au ministère des Richesses
naturelles, et la seule réponse que nous avons nous provient de M.
Tanguay, inspecteur en chef des mines. Peut-on croire que des mesures seront
prises?
M. Massé: II semble que les dispositions actuelles des
lois n'aient pas prévu une réclamation ou l'exigence de certains
travaux de protection de la part, entre autres, de la compagnie ou même
de la part de certains ministères.
Comme je le disais tantôt, il faudra, en tout cas en ce qui
concerne le ministère des Richesses naturelles d'ailleurs, il y a
eu certaines rencontres avec le ministère des Forêts, sur cette
question trouver un moyen de procéder le plus rapidement
possible, au moins aux endroits dont on a déjà fait l'inventaire,
surtout dans les cas qu'on vient de souligner.
M. Lessard: M. le Président, je souhaite que le ministre
responsable du ministère tente de prendre les mesures nécessaires
pour corriger la situation.
Elément 3, adopté.
Le Président (M. Cornellier): Elément 3,
adopté. Elément 4: Économie minérale.
Economie minérale
M. Lessard: En ce qui concerne les études de l'amiante, le
ministre nous a dit qu'il étudiait, alors, nous allons attendre.
La direction de l'économie a-t-elle étudié les
répercussions de la nouvelle loi de l'Ontario qui accorde une
substantielle concession fiscale aux industries minières qui
établissent des usines de traitement et de transformation de minerai
dans la région spécifique du nord-est de l'Ontario, loi qui
mettrait le Nord-Ouest québécois dans une position
désavantageuse selon certains?
Ainsi, on apprenait que la société Texas Gulf, filiale qui
est contrôlée par la Corporation de développement du Canada
a préféré établir ses nouvelles usines dans la
région de Timmins, en raison de ces nouvelles distributions de la loi
ontarienne.
Au même moment, la Noranda annulait des projets de $25 millions
dans la construction d'une fonderie à Rouyn-Noranda. De la même
façon, la Falcon Bridge Nickel a préféré investir
$95 millions à sa raffinerie du nord de l'Ontario, à Sud-bury,
plutôt que de mener à terme son projet de raffinerie de $150
millions à Bécancour. Il semble que ce projet soit
définitivement abandonné.
Est-ce que, du côté du ministère des Richesses
naturelles, on étudie des conséquences de cette loi
minière? Est-ce qu'il existe une relation entre l'abandon de ces projets
et la loi de l'Ontario?
M. Massé: Selon nos informations, il ne semblerait pas. Je
dois dire que toute cette loi de l'Ontario, comme les autres existant dans les
autres provinces, ont été examinées par le comité
de fiscalité minière et que les nouvelles dispositions dans la
loi, en ce qui concerne la fiscalité minière, que nous aurons
à présenter à l'Assemblée nationale, dans
l'ensemble, devraient être, à ce qu'on nous dit, avantageusement
comparables à ce qui existe comme loi fiscale en Ontario.
M. Lessard: Programme 4, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Cornellier): Programme 4,
adopté.
M. Lessard: Oui, c'est cela. Economie minérale
adopté. C'est l'élément 4.
Le Président (M. Cornellier): Elément 4,
adopté. Elément 5: Gestion interne et soutien du secteur
mines.
Gestion interne
M. Lessard: Est-ce qu'il serait possible d'obtenir la liste des
fonctionnaires, conseillers et consultants au cabinet du ministre, leurs dates
d'engagement ainsi que leur salaire?
M. Massé: Les conseillers...
M. Lessard: Une liste des fonctionnaires, conseillers et
consultants au cabinet du ministre...
M. Massé: II faut dire qu'à cet
élément, c'est l'administration du secteur minier uniquement.
M. Lessard: D'accord. Je vous le demanderai à Gestion
interne et soutien, au programme 3. Elément 5 adopté.
Le Président (M. Cornellier): Elément 5,
adopté, ce qui complète l'étude du programme 2. Programme
3: Gestion interne et soutien.
M. Lessard: Au programme 3, M. le Président,
c'est exactement la question que je posais. C'est pour la liste des
fonctionnaires conseillers et consultants au cabinet du ministre cela
va? date d'engagement et les salaires. Que le ministre ne se surprenne
pas, c'est une question qui revient à chaque ministère.
J'aimerais savoir maintenant...
M. Massé: Conseillers et consultants, vous voulez
dire...
M. Lessard: S'il y a lieu. M. Massé: Oui.
M. Lessard: C'est-à-dire des personnes d'entreprises
privées ou des personnes qui seraient temporairement, à un moment
donné...
M. Massé: D'accord.
M. Lessard: ...à l'emploi du ministère et qui
auraient été...
M. Massé: Vous parlez du cabinet du ministre?
M. Lessard: C'est cela.
M. Massé: Pour ces deux parties, cela va être nul.
Il n'y aura que la liste des fonctionnaires et les salaires à
donner.
M. Lessard: D'accord. Le transfert de $60,300, c'est quoi? Dans
les crédits, $60,300?
M. Massé: Ce paiement de transfert de $60,300 servira
à défrayer la participation du gouvernement au conseil canadien
des ministres des Ressources et de l'Environnement. Cette quote-part est
payée par toutes les provinces au prorata de la population.
M. Lessard: Vous me dites subvention...
M. Massé: Au conseil canadien des ministres des Ressources
et de l'Environnement. Ce montant-ci était beaucoup plus important
précédemment du fait de conférences sur l'homme et la
ressource. Au cours des dernières années, nous avions à
débourser des montants de plusieurs centaines de milliers de dollars,
mais maintenant, c'est davantage un budget de fonctionnement du conseil
canadien des ministres des Ressources pour entretenir le secrétariat et
la documentation, la tenue des conférences. C'est notre quote-part.
M. Lessard: Quel est le pourcentage de la participation du
Québec?
M. Massé: C'est 13.8% du budget total. M. Lessard:
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): Programme 3, adopté.
Les programmes 4 et 5 ayant été adoptés cet
après-midi, nous passons au programme 6: Nouveau-Québec.
Nouveau-Québec
M. Lessard: Concernant le Nouveau-Québec, M. le
Président, quelles sont les intentions futures du ministère
concernant l'administration de ce territoire? Est-ce que cela va continuer
d'être administré par une direction ou, encore, est-ce qu'on
envisage la possibilité d'instituer un ministère pour cette
région?
M. Massé: Comme vous le savez, il y a eu des propositions
de principe d'énoncées par le gouvernement à l'endroit des
Indiens et des Inuit, à la suite de la réclamation et des travaux
entrepris à la baie James. On a eu des réclamations de la part
des Indiens. Il y a eu une commission de négociation
créée. On s'est entendu sur les principes d'entente. D'ici le 1er
novembre 1975, le gouvernement québécois devrait être en
mesure de faire une proposition globale.
Etant donné que ce territoire du Nouveau-Québec est, en
grande partie, peuplé par les Inuit et les Indiens, certaines demandes,
la plupart des demandes d'ailleurs concernant ce territoire ont trait à
l'administration gouvernementale.
En ce qui concerne le ministère des Richesses naturelles, il est
évident que nous devons attendre la signature de cette entente avec les
populations impliquées pour savoir quelles seront les modifications dans
l'administration gouvernementale sur ce territoire, étant donné
que c'est la direction générale du Nouveau-Québec qui doit
assumer l'ensemble des communications, des approvisionnements qui
représentent l'ensemble ou à peu près des services du
gouvernement; il est évident qu'une telle négociation peut
influer grandement sur l'avenir administratif de cette direction
générale.
M. Lessard: Au sujet de l'entente avec les Inuit, on constate
qu'ils se voient allouer 25,000 milles carrés à leur usage
exclusif, pêche, chasse, piégage, etc., particulièrement
l'entente avec les indiens Cris de la baie James. Où ces terres
sont-elles situées? Est-ce qu'on a cartographié à un
moment donné ces terres?
M. Massé: D'abord, c'est évident que,
n'étant pas responsable directement du dossier, c'est plutôt le
conseil exécutif maintenant, je ne peux répondre que
partiellement, je pense. D'abord, il existe différentes
catégories de territoires avec des droits différents. Cette
partie est sous la responsabilité du sous-comité de
négociations des terres où siègent plusieurs
ministères. En gros, ce sont des territoires qui, sans vouloir me
tromper, encerclent les quelques principaux villages indiens et esquimaux du
Nouveau-Québec.
M. Lessard: Qui est responsable actuellement de la
négociation?
M. Massé: Le premier ministre l'a confié au
député de Mont-Royal, John Ciaccia.
M. Lessard: D'accord. Maintenant, est-ce que M. Ciaccia
possède une équipe pour négocier avec...
M. Massé: A peu près tous les ministères
sont directement impliqués. On compte huit sous-comités
formés de fonctionnaires du gouvernement. Il y a huit
sous-comités.
M. Lessard: Est-ce que toute cette question relève comme
telle du Conseil exécutif? Le ministère des Richesses naturelles
est-il présent?
M. Massé: Le ministère des Richesses naturelles est
présent, je pense, à chacun des huit sous-comités de
négociation.
M. Lessard: Quelles sont les personnes qui conseillent dans ce
comité?
M. Massé: D'abord, nous avons ici M. Tremblay et M.
Poitras qui donnent une grosse partie de leur temps chaque semaine à ces
sous-comités. Nous avons des représentants du secteur minier.
Nous avons des représentants des eaux de la direction
générale du Nouveau-Québec. En somme, je pense que cela
implique une quantité des plus importantes de fonctionnaires par les
temps qui courent. Il y a des réunions à peu près...
M. Lessard: Est-ce que le comité a soumis un rapport
intérimaire? Est-ce que l'entente de principes qui a été
signée est maintenant contestée?
M. Massé: Elle est contestée par...
M. Lessard: Par des groupes, par des Indiens.
M. Massé: Pas à ma connaissance.
M. Lessard: L'Association des Indiens du Québec.
M. Massé: Ecoutez, je pense qu'à ma connaissance,
je ne crois pas. Maintenant, évidemment, étant donné la
lourdeur du comité de négociation, je serais bien en peine de
vous donner les démarches qui se font actuellement.
M. Lessard: Où en est rendu le transfert des juridictions
entre Québec et Ottawa?
Quel est, en 1975, le nombre total des fonctionnaires qui travaillent au
niveau de la direction du Nouveau-Québec?
M. Massé: Le nombre? M. Lessard: Oui.
M. Massé: II y a environ 300 fonctionnaires, dont 80
à Québec et 220 à peu près dans le nord.
M. Lessard: Trois cent onze fonctionnaires et 80 à
Québec...
M. Massé: C'est-à-dire 220 dans le nord et 80
à Québec, soit 300 en tout.
M. Lessard: Pour analyser ce transfert, le ministre
connaît-il le nombre de fonctionnaires fédéraux sur ce
territoire?
M. Massé: Comme vous le savez, depuis quelques
années, nous assumons à peu près la totalité de
l'administration. Il en existe dans certains secteurs, tel celui des
communications et, dans le domaine de l'enseignement, on me dit qu'il en reste
quelques-uns.
M. Lessard: Le ministre pourrait-il m'indiquer quelle est la
somme totale qui est dépensée par le gouvernement
fédéral dans ce territoire?
M. Massé: Nous l'avions dit l'an dernier, mais je ne sais
pas si on a fait la compilation cette année. Il faut dire que, lorsqu'on
parle de nombre de fonctionnaires, de 220 sur le territoire du
Nouveau-Québec, cela ne comprend pas tout le personnel enseignant, le
personnel des hôpitaux... C'est tout.
M. Lessard: Justement, malheureusement nous ne pouvons pas
discuter de la Commission scolaire du Nouveau-Québec ici, parce que cela
relève maintenant du ministère de l'Education. Le problème
c'est que cela ne se discute jamais au ministère de l'Education
puisqu'on discute toujours des problèmes du... ou à peu
près jamais, le problème du Québec, on l'oublie.
Justement, il me semblait que l'an dernier les dépenses du gouvernement
fédéral étaient supérieures. Vous aviez $12.8
millions?
M. Massé: II faut considérer que, quand vous
comptez $8 millions ici, il faut ajouter le budget de la Commission scolaire
fourni par le ministère de l'Education, ceux des hôpitaux fournis
par... non seulement des hôpitaux mais aussi le service
d'infirmières, de dentistes, qui font les visites des différents
postes, prestations d'aide sociale, etc. En somme, les $8 millions qu'on voit
ici c'est assez minime par rapport au reste.
M. Lessard: Pour une centaine de fonctionnaires du gouvernement
fédéral, c'est quand même un budget qui est assez fort,
assez élevé.
M. Massé: Le $8 millions? M. Lessard: Oui.
M. Massé: Je crois bien que le gros montant a
été le programme de construction de maisons du gouvernement
fédéral.
M. Lessard: Est-ce que les résultats de l'enquête
que l'on avait établie ne sont pas encore connus? Votre enquête
n'est pas terminée? Parce que l'on constate, après une certaine
publicité qui a été faite et des saisies, que tout est
mort. On n'a pas "boqué" les fonctionnaires dans ce cas. Les preuves
sont difficiles à avoir, ce n'est pas comme dans l'enquête sur le
crime organisé.
M. Massé: Je dois dire que ce n'est pas nous qui avons
fait la publicité. Il y en a d'autres qui s'en sont chargés.
M. Lessard: Le ministère de la Justice a fait une
saisie.
M. Massé: Non. Il y a eu un communiqué très
laconique, de quelques lignes. Le reste a été fait par d'autres.
Mais, ce que je veux dire et je veux en profiter, parce que c'est une
mention qu'il est essentiel de faire ici et que j'ai omis de faire dans ma
déclaration d'ouverture c'est que les indices de malversations,
au départ, ont été communiqués par la direction
générale du Nouveau-Québec, à la
Sûreté du Québec.
C'est à la suite d'enquêtes qu'on peut qualifier de
sommaires faites par la Sûreté du Québec avec le
ministère de la Justice que nous avons discuté des cas qui nous
étaient soumis et c'est à la suite de cette discussion que le
ministre de la Justice a procédé à l'enquête, qui
est toujours en cours. Je n'ai eu aucune demande de ces enquêteurs de
suspendre du personnel à ce jour et croyez bien qu'autant moi-même
que les fonctionnaires de cette direction générale qui n'ont rien
à se reprocher nous avons extrêmement hâte que ce rapport
nous soit remis.
M. Lessard: Donc, quoi qu'en dise le ministre, il y a eu des
saisies très importantes de documents de la part du ministère de
la Justice par l'intermédiaire de la Sûreté du
Québec. Quand le ministre nous dit qu'il n'y a pas tellement eu de
publicité, je ne sais pas qui a été responsable de la
publicité, mais on a quand même laissé entendre, à
la suite de cette publicité, qu'une vaste enquête était
entreprise. La Sûreté du Québec a certainement
collaboré à cette vaste enquête puisque des bureaux ont
été complètement vidés de leurs documents.
M. Massé: Oui,' mais il faut dire que, dans une
opération semblable, les enquêteurs ont voulu effectuer une
enquête sur l'administration et que l'administration touchait à
peu près à tout ce que les services gouvernementaux donnent.
Etant donné qu'on a à rendre ces sercices au
Nouveau-Québec, et vu l'étendue du Nouveau-Québec, plus la
distance séparant de la ville de Québec, l'opération de la
Sûreté du Québec a été faite partout en
même temps. Je dois vous dire, d'autre part, que cela représente
une somme énorme en ce qui concerne les examens de ces documents. De
plus, j'y reviens, ce n'est quand même pas nous, des Richesses naturelles
qui avons voulu, et je ne pense pas non plus que cela soit le ministère
de la Justice qui l'ait voulu, donner tant de publicité à toute
cette affaire.
M. Lessard: Donc, l'enquête est en cours. M.
Massé: Elle n'est pas terminée.
M. Lessard: Le ministre a-t-il reçu le dernier rapport de
la Commission d'étude sur l'intégrité du territoire du
Québec?
M. Massé: Qui date de?
M. Lessard: Je ne le sais pas. Je ne sais même pas s'il a
été déposé officiellement.
M. Massé: Je ne me souviens pas avoir pris connaissance de
ce document.
M. Lessard: Le 14 juillet 1971. Ce rapport, en fait, a
été déposé le 14 juin 1971 et ce rapport n'est pas
encore public, à ma connaissance. D'abord, le ministre l'a-t-il lu,
puisqu'il concerne certaines recommandations de la commission Dorion sur
l'intégrité du territoire, en particulier, les îles
à l'intérieur de la baie James?
M. Massé: Concernant cette question, je dois dire que le
responsable je ne sais pas s'il l'est encore, cela a peut-être
référé au ministère des Affaires
intergouvernementales, toute cette question de limite, de partage du
territoire, par exemple, de la baie James en montant vers le nord, était
le ministère des Terres et Forêts. Je ne pourrais en dire
davantage, mais je pense que cela a dû être
référé au ministère des Affaires
intergouvemementales comme les droits miniers sous-marins l'ont
été il y a deux ou trois ans en ce qui concerne la
négociation avec le gouvernement fédéral.
Mais dans cette question, il faut dire que la province de l'Ontario, le
Manitoba, le Québec, en étaient arrivés déjà
à un partage de ces territoires, mais, évidemment, il devait y
avoir accord du gouvernement fédéral et je ne sais pas où
en est maintenant rendu le dossier.
M. Lessard: Alors, M. le Président, s'il est vrai
que...
M. Massé: II y a une partie comme cela du territoire qui a
trait au comité des terres ou c'est un sous-comité
spécial... C'est un sous-comité spécial de
négociation sur les îles côtières.
M. Lessard: Où ce sous-comité spécial en
est-il rendu?
M. Massé: N'étant pas responsable des terres du
Québec...
M. Lessard: Est-ce un sous-comité spécial du
ministère des Richesses naturelles?
M. Massé: Non, du comité de négociation des
Affaires indiennes, des chutes Churchill.
M. Lessard: Et dont le ministère des Terres et
Forêts est responsable.
M. Massé: C'est le principal intéressé.
M. Lessard: L'autre jour, j'ai constaté qu'il n'avait
même pas reçu le rapport de la commission Dorion. En tout cas,
j'invite le ministre à se le procurer à la bibliothèque de
l'Assemblée nationale. Par hasard, le premier ministre l'a transmis
là. Probablement qu'il a décidé de faire le ménage
des livres poussiéreux de sa bibliothèque.
M. Massé: Pour consultation.
M. Lessard: Alors, on peut être assuré, en ce qui
concerne la prise de possession graduelle du territoire dans le Grand-Nord, que
cela se fait, cela se concrétise...
M. Massé: C'est-à-dire qu'on parle
d'administration...
M. Lessard: Cela se concrétise en ce qui concerne
l'administration parce que la prise de possession, c'est aussi l'occupation
administrative.
M. Massé: On n'a jamais contesté la
propriété provinciale.
M. Lessard: C'est l'occupation administrative. Cette occupation
administrative se fait donc par le gouvernement du Québec. D'abord, en
ce qui concerne la santé, est-ce qu'il y a encore des hôpitaux
fédéraux?
M. Massé: II n'y a jamais eu d'hôpitaux
fédéraux. Il y a deux hôpitaux, un à Fort George
où il y a une corporation d'autochtones, également, un a
Fort-Chimo, où une corporation administre l'hôpital, comme tout
autre hôpital du Québec.
M. Lessard: II n'y a pas un hôpital Moosonee? M.
Massé: C'est en Ontario.
M. Lessard: Alors c'est situé dans le territoire de
l'Ontario, territoire ontarien. Alors, tous les services du ministère,
si on excepte l'enseignement comme tel est sous l'administration du directeur,
c'est bien cela, du Nouveau-Québec.
M. Massé: La direction générale du
Nouveau-Québec et...
M. Lessard: Au point de vue de la santé, c'est le
ministère de la Santé qui s'en préoccupe.
M. Massé: C'est-à-dire que les hôpitaux
relèvent du ministère des Affaires sociales. Il y a certains
services comme l'aide sociale qui est versée par nous, par nos
fonctionnaires, mais qui est payée par le ministère des Affaires
sociales.
M. Lessard: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): Programme 6, adopté,
programme 7: Etudes et recherches concernant les hydrocarbures et
l'électricité.
Hydrocarbures et électricité
M. Lessard: Alors, M. le Président, en ce qui concerne la
recherche des hydrocarbures, quels sont... La politique
énergétique, M. le Président, c'est au programme 9...
M. Massé: 7.
M. Lessard: Programme 7. Bon, d'accord. Je vais d'abord discuter
du dossier dont j'avais parlé au ministre précédemment.
J'aimerais savoir quelle est la quantité d'électricité qui
est produite par l'entreprise privée?
M. Massé: Etant donné que vous aviez
énoncé votre question avant souper, cela a été fait
assez rapidement, mais si on examine les chiffres de production
d'énergie électrique au Québec, en 1974,
Hydro-Québec a produit 60 milliards de kilowatts-heures, ce qui
représente 68% de la production d'énergie électrique au
Québec.
M. Lessard: Vous dites: 60 milliards de kilowatts-heures, soit
68%.
M. Massé: Ce qui représente 68% de la production de
l'énergie électrique produite au Québec.
M. Lessard: D'accord.
M. Massé: Pour les compagnies privées: 27 milliards
de kilowatts-heures, soit 32% de la production.
M. Lessard: Quelle est la redevance?
M. Massé: II y a une augmentation sur 1973, de la part
d'Hydro-Québec de trois milliards de kilowatts-heures, et d'un milliard
de plus de kilowatts-heures de la part des compagnies privées.
M. Lessard: Quelles sont les redevances qui sont demandées
aux compagnies privées, par milliers de kilowatts-heures?
M. Massé: En ce qui concerne les revenus provenant de
l'exploitation des forces hydrauliques, ce sont $3 le "horse power", h.p. par
année, en moyenne. Ce qui représente, de la part des compagnies
privées, on me dit ici, environ, c'est en voie de compilation, pour
1974, $6 millions.
M. Lessard: Six millions de dollars. Cela veut dire pour 27
milliards de kilowatts-heures. Nous n'avons pas de machine à calculer.
Quelles sont les redevances d'Hydro-Québec?
M. Massé: Cela a été établi d'une
façon statutaire à $20 millions.
M. Lessard: Maintenant, c'est statutaire. Quelles étaient
les redevances d'Hydro-Québec avant, justement, que cela devienne, la
dernière année...
M. Massé: Pour 1973, si je me souviens bien,
c'étaient $27 millions, ou $28 millions.
M. Lessard: Ce sont $27 millions qui sont payés par une
compagnie d'Etat, sous forme de redevances.
M. Massé: Qui étaient payés.
M. Lessard: Oui. On l'a bloqué à $20 millions qui
étaient payés par une compagnie d'Etat, pour 68% de la production
hydroélectrique. Justement, j'aimerais bien faire la comparaison, mais
je n'ai pas de machine à calculer, aux milliers de kilowatts-heures et
$6 millions, par les compagnies privées, pour 32% de la production. Si
on fait une comparaison très partielle, si HydroQuébec avait 64%
de la production et payait le même taux que les compagnies
privées, on arriverait à des redevances de $12 millions. Je
constate qu'Hydro-Québec aurait payé, en 1973, le prix aux
milliers de kilowatts, si vous voulez, deux fois supérieurs, ou
probablement au "horse power", c'est encore la même chose, un prix deux
fois supérieurs à celui des compagnies privées. Est-ce
exact?
M. Massé: II faut dire que, dans les compagnies
privées, il y a des contrats qui datent de nombreuses années et
on me mentionne même que le taux pour certains se situe à $0.50 ou
à $1 le h.p.
C'est ce qui ferait, dans les contrats qui seraient plus vieux, un
certain écart entre les compagnies privées et
Hydro-Québec.
M. Lessard: J'aimerais savoir, dans ces circonstances...
M. Massé: Evidemment, à la fin de chacun de ces
contrats, il y a une nouvelle négociation.
M. Lessard: Dans ces circonstances, quels sont les principaux
producteurs? J'aimerais savoir quel est le taux de redevance que paie l'Alcan,
Hydro-Ontario, MacLaren, Manic Power et Price Brothers?
Quelles sont les redevances pour chacune des compagnies privées
suivantes: L'Alcan, HydroOntario, MacLaren, Manic Power et Price Brothers?
M. Massé: Cela pourrait être compilable. On n'a pas
notre compilation ici. Je n'ai, pour ces différentes compagnies, que le
nombre de kilowatts.
Il faudrait faire la compilation à partir des différents
contrats de chacune de ces entreprises.
M. Lessard: Je considère que ce problème est
très important. Le ministre me dit qu'il y a des anciens contrats et que
ces anciens contrats n'ont pas été renégociés.
M. Massé: C'est-à-dire qu'ils ne sont pas
arrivés à échéance, mais je voudrais souligner un
autre facteur qui peut aussi influencer. Certaines compagnies ont
l'entière possession des lieux et n'ont pas payé de redevance par
h.p. du fait qu'elles avaient acheté, à un moment donné...
On prend comme exemple Shipshaw, Grande Décharge également,
où on avait acheté ces droits.
Entre le lac Saint-Jean et la rivière Shipshaw, toute production
d'électricité qui se fait là est privée et elles
ont acheté les droits.
M. Lessard: II s'agit de pouvoirs hydroélectriques qui
sont privés et qui ont été construits par des compagnies
privées. Mais l'eau...
M. Massé: ... qui ont été
achetés.
M. Lessard: Ainsi que les droits sur l'eau? L'eau a
été condédée?
M. Massé: On aurait concédé, par exemple,
les droits sur l'eau.
M. Lessard: J'aimerais bien avoir les explications les plus
claires possible. J'aimerais savoir quelles sont les différents
pouvoirs, avec le nombre de milliards ou de milliers de kilowatts en
production, concernant chacune de ces compagnies.
M. Massé: Je peux vous le donner maintenant. Je ne peux
pas vous donner les taux des redevances à exiger.
M. Lessard: La grosse compagnie, c'est l'Alcan. 17 milliards de
kilowatts heures en 1968.
M. Massé: Je ne pourrais pas dire. Je l'ai en
kilowatts.
M. Lessard: En kilowatts, actuellement, vous l'avez pour quelle
année?
M. Massé: Pour 1973.
M. Lessard: M. le Président, le ministre conviendra sans
doute avec moi qu'il y a une situation qui m'apparaît un peu anormale de
constater que, pour 32% de la production d'électricité
l'Alcan en produit une très grande partie là-dedans les
redevances du Québec ne sont que de $6 millions, alors qu'une compagnie
gouvernementale de l'Etat paie $27 millions ou payait, en 1973, $27 millions
pour une production qui est un peu plus que le double, très
légèrement plus que le double. Hydro-Québec paie presque
cinq fois plus de redevances que les compagnies privées alors qu'Hydro
n'a qu'une production qui ne dépasse que légèrement le
double de la production des compagnies privées.
M. Massé: Je suis d'accord avec vous, mais quand
même les principaux contrats, comme on le disait tout à l'heure,
datent d'un assez grand nombre d'années. D'autre part, étant
donné que ce sont des contrats qui ne sont pas encore arrivés
à échéance... Du moins, quand ils arrivent à
échéance, nous renégocions évidemment les droits,
mais c'est surtout le facteur principal dans cette question. Je suis d'accord
qu'à un moment donné...
M. Lessard: J'aimerais savoir, à ce moment, quels sont les
contrats de chacune de ces compagnies, quelle est l'échéance de
chacun de ces contrats, quelles ont été les compagnies qui sont
venues à échéance dans le passé et quelles
négociations...
M. Massé: Cela veut dire que ce...
M. Lessard: Dans les contrats, est-ce qu'une clause de
renégociation de ces taux est comprise?
M. Massé: Cela dépend. On me dit que certains ont
des clauses de révision.
M. Lessard: Ont-ils été révisés?
M. Massé: Oui, à ce qu'on me dit.
M. Lessard: II semble que cela n'a pas augmenté
considérablement les redevances.
M. Massé: II faudrait voir ce que cela représentait
il y a trois ou quatre ans, comme différence.
M. Lessard: II faut voir, à un moment donné, qu'en
même temps le coût de production de l'électricité a
augmenté considérablement et de même, les prix de
l'électricité ont augmenté considérablement, alors
que les redevances ne semblent pas avoir augmenté tellement.
M. Massé: C'est-à-dire que les coûts de
production de l'électricité... Je pense bien que, en ce qui
concerne les installations de ces entreprises qui sont toutes à
l'hydraulique, elles ne connaissent pas un taux d'inflation aussi important que
si elles étaient installées au thermique, par exemple.
M. Lessard: Mais, pour la baie James?
M. Massé: Là, vous parlez de nouvelles
installations. On parle des vieilles installations dans le cas des compagnies
privées parce que, à ma connaissance, il n'y a pas eu de
nouvelles constructions, en vue de la production de
l'électricité, depuis 1965.
M. Lessard: Le ministre a-t-il pris connaissance du rapport de
certains de ses fonctionnaires du ministère des Richesses naturelles, du
service du domaine hydraulique pour la commission d'étude des
problèmes juridiques de l'eau dont le sujet était les revenus
tirés de l'exploitation des forces hydrauliques du Québec et
l'opportunité d'instaurer une redevance unique, déposé le
19 décembre 1969?
M. Massé: Je n'ai pas pris connaissance de ce document.
S'il y a eu un document qui a été produit comme d'autres, je ne
pense pas qu'il y ait eu une recommandation là-dessus; mais
personnellement, je ne suis pas au courant.
M. Lessard: Donc, un document qui est resté lettre morte
à l'intérieur du ministère des Richesses naturelles.
M. Massé: Je ne vais pas dans les fonds de tiroirs des
fonctionnaires.
M. Lessard: Vous n'allez pas dans les fonds de tiroirs des
fonctionnaires, puisque c'est le 19 décembre que le mémoire a
été soumis.
Est-ce que le ministre a pris connaissance du mémorandum du 16
août 1971 donc au moment où le ministre actuel et toujours
ministre des Richesses naturelles qui a été envoyé
à M. J. André Boucher, directeur général des eaux
et qui provenait de Robert Gagnon, du domaine hydraulique? Le sujet
était ceci: Revenus provenant de l'exploitation des forces hydrauliques
du Québec. Il se lisait comme suit il n'est pas très long,
si le ministre me le permet "Vous trouverez, annexé à la
présente, un mémoire qui a été
présenté à la commission juridique des problèmes de
l'eau, proposant certains amendements à la Loi du régime des
eaux, qui, tout en corrigeant certaines anomalies, apporteraient des revenus
additionnels de l'ordre de $7 millions à $8 millions annuellement." Vous
voyez que j'ai un bon système de recherche. "Bien que la production
totale des compagnies privées atteigne approximativement la
moitié de la production d'Hydro-Québec, les redevances
payées par lesdites compagnies sont de un cinquième des
redevances payées par HydroQuébec. Pour votre information.
Hydro-Québec est assujettie au quantum de $0.50 le millier de
kilowatts-heures, plus un montant nominal de $3 millions, soit pour
l'année 1970, une somme de $24,784,178.05, relativement à une
production totale de 49,568,356,104 kilowatts-heures. "En ce qui concerne les
compagnies privées, pour une production de 25,968,723,046
kilowatts-heures en 1970, les différentes redevances ont rapporté
$5,759,799.63 correspondant à un quantum moyen de $0.22 par 1,000
kilowatts-heures. Est-il normal qu'une société de l'Etat,
HydroQuébec soit plus de deux fois taxée plus qu'une compagnie
privée? Vous savez toujours en citant le rapport sans
doute que deux contrats avec Alcan peuvent être modifiés en 1972,
lac Saint-Jean et lac des Commissaires. Les amendements soumis par M.
André Chevarie, ingénieur, pourraient apporter des revenus
additionnels au Québec de $919,000 annuellement. Si la redevance unique
proposée était appliquée à Alcan, cette
dernière serait tenue de débourser un montant additionnel de $5.5
millions par année. Je suis à votre entière disposition
pour tous les renseignements additionnels. Bien à vous, Robert Gagnon,
domaine hydraulique, copie à M. Réal Boucher, Bernard Mathieu,
Lucien Thibault, Jules Coulombe".
Est-ce que, depuis le 16 août 1971, le ministre a pris
connaissance de ce mémoire?
M. Massé: M. le Président, on mentionne qu'il
faudrait en retirer davantage. Je suis bien d'accord, mais à condition
de ne pas briser les ententes qui ont été signées par les
deux parties. Quand il mentionne qu'il y a eu, dans le cas de deux barrages
producteurs d'électricité, dont l'échéance du
contrat avait lieu en 1972... Je dois dire que les deux cas soulignés
ont été renégociés depuis ce temps, et à un
taux qui se situe à $3 le h.p. ce qui est environ $0.50 les 10,000
kilowatts-heures.
M. Lessard: Les redevances payées par l'AIcan sont de
combien?
M. Massé: Ce sont des montants que je vous dis qui n'ont
pas pu être compilés jusqu'à maintenant.
M. Lessard: Parce que le ministre m'informait tout à
l'heure que les revenus étaient de $6 millions.
M. Massé: On a dit environ, cela peut être
légèrement plus...
M. Lessard: L'Alcan produit et produisait actuellement je
n'ai pas les chiffres en 1968 près de 80% sur une production de
21.5%, sur une production de 22 milliards de kilowatts-heures.
L'Alcan produisait 17 milliards, cela dépassait même, je
pense, les 80%.
M. Massé: La proportion est à peu près la
même, c'est à peu près ça aussi maintenant.
M. Lessard: C'est donc dire que si, en augmentant, on a
modifié le contrat en I972, il y aurait une augmentation à mon
sens beaucoup plus considérable du revenu en provenance des compagnies
privées.
M. Massé: Oui, mais je vous ai donné, comme je l'ai
souligné, que c'est une approximation de $6 millions. La compilation,
lorsqu'elle sera faite, pourrait peut-être être
légèrement plus élevée.
M. Lessard: Je pense que cela correspond passablement au
même chiffre que j'ai, autour de $6 millions. J'aimerais bien, M. le
Président, que l'on prenne note des questions à ce sujet;
j'aimerais bien, si c'est possible, que les contrats avec les
différentes compagnies privées soient déposés. Je
pense bien qu'il n'y a aucun problème, il s'agit d'une ressource...
M. Massé: Je pense que ce qui est important, ce sont les
termes des contrats que l'on pourrait faire connaître avec les tarifs du
kilowatt heure.
M. Lessard: C'est cela, et m'indiquer aussi si, dans chacun des
contrats, il existe une clause de renégociation.
M. Massé: Oui. D'accord, M. le Président.
M. Lessard: Alors, en ce qui concerne les hydrocarbures, la
première question que je pose à M. le ministre concerne la
Société québécoise d'initiatives
pétrolières. Le ministre pourrait-il m'expliquer un peu, ou
y-a-il eu consultation avec le président de SOQUIP pour savoir ce que
voulait dire le président de SOQUIP lorsqu'il a dit, dans son message du
président, que la nouvelle compagnie fédérale
PétroCan se comporte comme un nouveau partenaire potentiel de SOQUIP? Y
a-t-il des négociations entre la Société
québécoise d'initiatives pétrolières et
PétroCan?
M. Massé: II ne peut pas y avoir de négociations;
en fait, PétroCan n'est pas encore formée. D'autre part, au cours
de rencontres et de discussions avec le ministre fédéral des
Mines et de l'Energie, à ce que je sache, il est possible que si
PétroCan devait se lancer dans l'exploration, et c'est à peu
près tout ce qu'on a comme source au fédéral, c'est dans
ses fonctions prioritaires et premières de tenter d'investir dans
l'exploration et surtout de tenter de remplacer un peu l'hémorragie des
investissements en exploration que nous connaissons dans l'ouest actuellement.
Dans ce sens, SOQUIP, effectuant les mêmes fonctions, il n'y a aucune
raison pour laquelle il ne pourrait pas y avoir d'association entre ces deux
entreprises.
M. Lessard: Advenant le cas où, d'après les
négociations que vous avez pu avoir avec le gouvernement
fédéral, PétroCan décidait de créer son
propre secteur témoin au niveau pancanadien, le ministre est-il
assuré que PétroCan respectera, de ce
côté-là, la juridiction du Québec en ce qui concerne
les ressources, sinon les ressources, en ce qui concerne le pétrole sur
le territoire québécois et en ce qui concerne la
société québécoise?
Ou n'y aura-t-il pas danger, puisque le capital social autorisé
de PétroCan est de $1,500,000,000, que PétroCan mange tout
simplement SOQUIP dans une association?
M. Massé: Je pense bien, comme on l'a mentionné
déjà à plusieurs occasions, que l'approvisionnement
canadien en termes de ressources pétrolières se fera dans de
nouveaux gisements, dans des sables bitumineux ou dans des gisements qu'on
appelle des gisements frontières. Quand on examine ces différents
projets, dont celui de Syncrude, par exemple, qui demande des milliards
d'investissements, il est assuré que déjà PétroCan
a un vaste champ pour s'occuper. Je pense qu'au départ PétroCan
est créée, selon l'interprétation de différentes
déclarations du ministre Macdonald, pour oeuvrer d'abord et uniquement
dans le champ de l'exploration dans les endroits qui semblent être les
plus prometteurs et de façon complémentaire au secteur
privé, comme on le dit, comme il l'a dit lui-même. Mais c'est
surtout à cause des baisses d'exploration au Canada alors qu'aux
Etats-Unis on enregistre des hausses assez importantes dans l'exploration.
Alors, si les entreprises doivent quitter tel qu'elles le font
légèrementactuellement, les territoires canadiens, il est
essentiel qu'un organisme fédéral puisse les remplacer. C'est une
des fonctions premières de PétroCan.
En ce qui concerne d'autres parties telles que la distribution ou le
secteur du raffinage, je pense que c'est une des dernières
préoccupations actuellement du gouvernement fédéral. Je
suis assuré que nous aurons un secteur témoin d'ici le temps
où elle pourra intervenir.
M. Lessard: En ce qui concerne la distribution, le raffinage du
pétrole, le ministre prévoit-il, quand il nous dit:
Déclaration de principe, que nous aurons le secteur témoin avant
que PétroCan
ne puisse intervenir? Y a-t-il des délais actuellement? Les
négociations avec certains pays arabes se continuent-elles? Y a-t-il des
résultats concrets? Parce que vous savez que c'était l'une des
recommandations fondamentajes du livre rouge bientôt on va
l'appeler livre blanc parce qu'en fait, il n'y a pas eu de suite, il est
resté blanc peut-on s'attendre que cela se concrétisera
assez vite?
M. Massé: En ce qui concerne mes recommandations, elles
sont contenues dans un mémoire qui est en train d'être
examiné et pour les mêmes raisons que l'an passé, il est
évident que je ne pourrais pas nommer de noms d'entreprises ou la forme
que cela prendra, mais c'est pour cela que je vous dis que j'ai le fervent
espoir que nous aurons notre secteur témoin du moins, je
l'espère et que d'autre part, c'est à partir...
M. Lessard: Quand? Vous étiez en train de dire quelque
chose. Nous aurons notre secteur témoin, du moins, je
l'espère.
M. Massé: J'ai fait mes recommandations et il appartiendra
à d'autres organismes d'examiner ces recommandations et de prendre les
décisions. Mais, quand on parle du secteur témoin et de
l'approvisionnement, je pense que ce qui est important, au départ
c'est peut-être une chose qu'on a réalisée en cours de
route c'est qu'il faut avoir ce secteur témoin si on veut
vraiment pouvoir négocier des ententes avec des pays producteurs. Pour
répondre au député de Saguenay, je dois dire qu'il y a
encore des contacts avec des entreprises qui peuvent mettre à la
disposition des quantités appréciables de pétrole.
M. Lessard: En passant, un détail, je constate que le
rapport de M. Cloutier est daté du 10 avril 1974. Pourquoi a-t-il
été rendu public si tard?
M. Massé: On me dit que les principaux problèmes
sont venus de la part du vérificateur des comptes de SOQUIP.
M. Lessard: II n'y a pas eu de problème d'imprimerie?
M. Massé: II a eu ensuite à affronter des
problèmes d'imprimerie. C'est en dehors de sa volonté.
M. Lessard: Concernant l'addendum du président de SOQUIP
à son message annuel, pour ne pas dire inaugural, on lit qu'à la
fin de l'été dernier, SOQUIP et Bow Valley Industries Ltd ont
conclu un accord portant sur la vente, par cette dernière, de sa
participation de 2.2% dans l'équité de la Panarctic Oils Ltd.
Mais l'actionnaire principal de Panarctic, le gouvernement
fédéral, a jusqu'à ce jour réservé son
consentement à cette transaction. J'aimerais savoir du ministre
où en est rendue cette négociation, puisque le ministre nous
disait que SOQUIP était en train d'acheter certains territoires avec des
partenaires dans les provinces productrices de pétrole, et si le
fédéral a mainte- nant donné sa réponse officielle
concernant cette transaction.
M. Massé: D'abord, je dois dire qu'une décision a
été prise, après des négociations avec Bow Valley,
par SOQUIP, suivies d'une entente entre les deux. Le cabinet provincial a
entériné cette entente. Maintenant, comme le dit le rapport de
SOQUIP, cela a été une mise en veilleuse de cette demande de la
part du gouvernement fédéral. Je dois dire que ce contentieux est
toujours en suspens avec le gouvernement fédéral, à moins
qu'il y ait eu de nouveaux développements dans les discussions de nos
deux premiers ministres.
M. Lessard: Quelles ont été les raisons
apportées par le gouvernement fédéral pour refuser
à SOQUIP d'être partenaire?
M. Massé: D'abord, cela n'a pas nécessairement
été un refus à SOQUIP elle-même, cela a
été davantage, je pense, une première action d'une
province de s'intéresser à l'exploitation des ressources, surtout
dans un champ au potentiel aussi intéressant. D'autre part, cela a
amené le gouvernement fédéral à se demander
jusqu'à quel point on doit accepter la participation de provinces dans
des projets semblables où le gouvernement n'a pas la majorité
mais il veut, d'autre part, avoir une action influente. Ottawa possède
quand même 45% des actions de Panarctic et cela a été
davantage, je pense, l'occasion de demander au gouvernement
fédéral de se prononcer sur l'action d'une province dans ce
domaine. Le gouvernement fédéral est conscient qu'à
l'avenir nous aurons besoin d'autres sources de capitaux que l'entreprise
privée pour répondre aux besoins d'approvisionnement canadiens
tant au domaine du pétrole brut que du gaz naturel. Par ailleurs, le
gouvernement fédéral ne semblait pas et ne semble pas encore
avoir pris une position quant à des demandes semblables pour
l'avenir.
D'autre part, je dois dire que SOQUIP s'est associée avec AGT,
Alberta Gas Trunk, qui est l'organisme gouvernemental concernant les
approvisionnements gaziers. Il y a eu une entente avec SOQUIP, en termes de
recherche. Il y a eu aussi, d'autre part, une entente avec cette compagnie pour
approvisionner SIDBEC par des quantités importantes et, d'autre part, un
plus vaste marché québécois. SOQUIP s'est aussi
associée dans trois autres domaines où les mises de fonds
étaient assez peu importantes et où, d'autre part, le potentiel
de découvertes était des plus intéressants. C'est ce que
j'ai mentionné dans mon discours du début.
M. Lessard: Le message du président parle du fait que la
part du forage, dans le budget d'exploration de SOQUIP, est passée de
20% à 80% de son budget. Le ministre connaît-il le programme de
forage pour l'année I975? Combien cela coûte-t-il, en termes de
millions de dollars, par rapport au budget de SOQUIP?
M. Massé: D'abord, à cette
période-là, je crois
qu'on était en train de forer dans le golfe Saint-Laurent,
où on a dépensé des sommes assez extraordinaires de $3.5
millions pour SOQUIP, pour un forage. Maintenant, je pense que cette
année, dans son programme d'exploration et de planification
d'exploration et de forage au Québec, il y a une somme moindre en
forage, du fait qu'on tente d'évaluer les résultats des forages
précédents qui ont été effectués sur le
territoire du Québec pour prise de décision au cours de
l'année prochaine sur les principaux sites de forage, à partir
des données qu'elle possède.
La proportion de ces forages, par rapport au budget global, je serais
bien en peine de l'indiquer actuellement. Cela ne donne pas la proportion, mais
on me dit que SOQUIP devrait dépenser environ les deux tiers de son
budget de forage ici et le tiers à l'extérieur.
M. Lessard: En fait, on indique bien dans le rapport du
président que la part du forage, dans le budget d'exploration de SOQUIP,
avait passé de 20% à 80%. Le nouveau financement de SOQUIP
permettra de maintenir cet effort de forage dans l'avenir, puisque le
gouvernement du Québec avait annoncé une augmentation, à
ce moment, à $100 millions.
Toujours au niveau des recherches d'hydrocarbures, le ministre
pourrait-il me dire quel est le pourcentage du budget d'exploration de SOQUIP,
par rapport au budget d'exploration des compagnies privées, sur le
territoire québécois?
M. Massé: Ce n'est pas très exaltant, parce que,
pour $1 d'exploration de la part de SOQUIP, on me dit que l'entreprise
privée en fait $1. Maintenant, il faudrait vérifier, parce que je
ne suis pas convaincu de cette donnée du fait que...
M. Lessard: Vous pouvez en être convaincu.
M. Massé: De toute façon, en termes globaux, cela
n'a jamais été des sommes fantastiques. Au moins, par la
présence de SOQUIP remarquez que je n'interprète pas cela
il semble que nous ayons un potentiel gazier sur la terre ferme, mais
également pétrolier dans le golfe.
Il est évident que, lorsqu'on parle du golfe, cela
représente des coûts de beaucoup supérieurs en termes de
forage, à ce que cela peut l'être pour un forage simple sur la
terre ferme, en Alberta ou ailleurs.
M. Lessard: Je reviens à ma question. Ce que vous venez
d'affirmer concernant le $1 de SOQUIP pour $1 des compagnies
pétrolières correspond exactement à ce que je
présumais comme dépense. Vous allez le voir tantôt, car
j'ai l'intention de soulever d'autres questions tout à l'heure.
Cela revient à ma question de ce matin. J'aimerais bien savoir le
pourcentage des profits des compagnies pétrolières, pour autant
qu'on connaisse bien ces profits des ventes. On sait que le marché
québécois est quand même assez important. On connaît
bien les ventes des compagnies minières sur le marché
québécois. Mais quel est le pourcentage des profits des
compagnies minières qui sont réinvestis chez nous sous forme
d'exploration?
M. Massé: Très peu. M. Lessard: Très
peu.
M. Massé: Comme je l'ai mentionné tout à
l'heure, tout investisseur privé dans ce domaine, que ce soient les
mines ou la recherche pétrolière, tente de maximiser
l'investissement et va alors aux endroits où le potentiel est le
meilleur.
Quand on disait tout à l'heure qu'il y a eu des diminutions
d'exploration dans l'Ouest canadien, il y a eu des augmentations aux
Etats-Unis. C'est justement à cause de ce fait-là.
A un moment donné, on avait beaucoup d'investissements en Arabie,
au Moyen-Orient. Maintenant, on va de plus en plus ailleurs. J'aimerais ajouter
une chose. Dans les associations que SOQUIP fait avec les entreprises
privées, dans ses contrats, il a été
démontré que, pour $1 investi par SOQUIP, l'entreprise ou les
retombées que ce $1 a amenées pouvaient s'évaluer à
$3.
M. Lessard: Oui, l'effet multiplicateur. Mais là, je parle
de l'effet brut.
M. Massé: Je voulais quand même amener cet aspect
également.
M. Lessard: Ici, j'ai un rapport des compagnies minières,
de l'investissement dans le Québec. Je demanderais au ministre s'il a
fait une étude sur ce problème qui m'apparaît quand
même assez grave. Comment voulez-vous qu'on trouve des hydrocarbures si
les compagnies privées délaissent complètement le
Québec?
M. Massé: C'est une question de potentiel.
M. Lessard: Oui, mais une question de potentiel; comment
voulez-vous qu'on découvre le potentiel si on ne fait pas d'exploration?
D'après les informations que je possède, les compagnies
pétrolières, qui font quand même des profits au
Québec, ne dépenseraient chez nous que 2% en exploration, de
l'ensemble des budgets qu'elles dépensent dans tout le Canada. C'est
quand même une situation assez anormale.
M. Massé: C'est possible, mais remarquez que, pour
l'ensemble du Canada, on parle de 2% pour le Québec. Mais on pourrait
parler d'une somme peut-être beaucoup moindre pour l'Ontario ou
même pour le Manitoba. Le potentiel pétrolier est dans les
provinces de l'Ouest, la Saskatchewan, l'Alberta, la Colombie-Britannique, et
même quand on parle...
M. Lessard: Je veux dire qu'on pourrait...
M. Massé: ...des territoires du Nord-Ouest, je ne sais
pas, jusqu'ici, combien Panarctic a investi sans avoir terminé son
exploration et sans encore penser à exploiter. On parle de plusieurs
dizaines et de dizaines de millions de dollars. Il est évident qu'on ne
peut pas demander à une entreprise privée d'investir $100
millions dans un endroit où il y a moins de potentiel par rapport
à un endroit où il y en a plus, c'est sûr.
M. Lessard: Bien sûr. Mais, il reste...
M. Massé: Je veux ajouter qu'au niveau de la connaissance
géologique, c'est quand même un fait assez connu, par
l'élément 1, on a augmenté de $300,000 ou $400,000 les
fonds prévus pour tenter de parfaire au niveau primaire cette
connaissance géologique pour les nouvelles cibles de forage.
M. Lessard: Je comprends qu'on a créé SOQUIP pour
cela, c'est tout à fait normal, mais il reste quand même que les
profits ne sont pas au niveau de l'exploration, du moins au début, les
profits sont au niveau de la transformation.
M. Massé: II faut commencer par là.
M. Lessard: Oui, il faut commencer par là, mais les gros
profits sont au niveau de la transformation. SOQUIP n'est pas au niveau de la
transformation; au niveau de la distribution, parce qu'il ne faut pas que
j'oublie cette étape, SOQUIP doit faire quand même le travail des
compagnies qui ne font à peu près pas de recherche chez nous au
Québec. C'est une chose à noter. Les compagnies ne viennent pas
ici pour nos beaux yeux, elles viennent chercher notre argent. Il faudra en
tenir compte un jour ou l'autre.
M. Massé: Je dois vous dire que, compte tenu des remarques
que vous venez de faire, la production de pétrole brut est aussi, sinon
plus intéressante, en termes de profit, que le raffinage...
M. Lessard: La distribution.
M. Massé: ...ou la distribution. Je n'ai pas de chiffres
ici.
M. Lessard: Je suis d'accord sur cela, mais pour autant que
l'exploration se fait. Ce que je dis, c'est qu'il y a quatre étapes. Il
y a l'exploration, il y a la production du pétrole brut, il y a le
raffinage, il y a la distribution. Actuellement, SOQUIP est limitée au
niveau de l'exploration comme tel en attendant d'avoir la possibilité de
se diriger vers le raffinage et la distribution. Il faudrait justement prendre
en considération qu'actuellement, ce sont les citoyens
québécois, les contribuables québécois qui, par
l'intermédiaire de SOQUIP, doivent presque exclusivement ou à 50%
faire l'exploration pétrolière alors que les compagnies
minières viennent exclusivement chez nous chercher des profits.
Après cela, elles ne se préoccupent plus ou à peu
près plus... Je comprends qu'il y a une question de potentiel, mais,
avant de trouver, à un moment donné, en 1947, le gisement Leduc,
on ne parlait à peu près pas de pétrole non plus en
Alberta.
M. Massé: Cela a pris de la valeur depuis le temps.
M. Lessard: Oui. En ce qui concerne les négociations, le
ministre me dit qu'elles se continuent. Le projet de loi 17 prévoyait
une disponibilité de $25 millions pour SOQUIP si des contrats
intéressants d'approvisionnement se présentaient soit avec les
pays arabes, l'Arabie Saoudite ou l'Iran. Est-ce que c'est toujours
prévu en vertu du programme? A un moment donné, si des contrats
d'approvisionnement intéressants arrivaient avec certaines compagnies de
l'Arabie Saoudite ou de l'Iran, le ministre a-t-il toujours l'intention de
mettre à la disposition de SOQUIP les sommes nécessaires pour
qu'elle s'associe ou qu'elle organise elle-même sa propre distribution et
son propre raffinage?
M. Massé: Je m'excuse, mais je ne pense pas avoir saisi
exactement vos propos. Ce que je veux dire, c'est que...
M. Lessard: Le projet de loi 17 prévoyait, à un
moment donné, une somme de $25 millions...
M. Massé: Oui.
M. Lessard: ... qui pourraient être rendus disponibles pour
SOQUIP si, à un moment donné, des...
M. Massé: Toute action ponctuelle ou toute occasion qui
pourrait survenir.
M. Lessard: Oui.
M. Massé: Ces $25 millions ne sont pas exclusifs à
l'exploration, ils ne sont pas exclusifs non plus à des projets à
l'extérieur de l'exploration. Ils peuvent être utilisés
dans les deux cas. Je pense que, quand on parle de secteur témoin, je ne
le sais pas, il est fort possible que, s'il y a une décision favorable,
ces sommes proviennent des prévisions extrabudgétaires.
M. Lessard: Au mois de mai 1974, le premier ministre, à la
suite de questions que je soulevais en Chambre sur ces négociations,
indiquait qu'elles étaient très préliminaires. Par la
suite, il me répondait que tous les détails pourraient être
fournis à l'étude des crédits du ministère des
Richesses naturelles dont le titulaire est M. Gilles Massé.
M. Massé: Je pense qu'on en avait discuté assez
longuement aussi.
M. Lessard: Oui. Est-ce que, depuis le 3 mai 1974, il y a eu des
modifications? Nous sommes rendus au 27 mai.
M. Massé: On en a discuté lors de l'étude
des crédits par la suite.
M. Lessard: Oui.
M. Massé: Comme je vous le disais plus tôt, on a
pensé à un moment donné, à cause de la crise du
pétrole qui était effective à ce moment, que nous devions
nous assurer, par nos propres moyens, des quantités appréciables
de pétrole si, tout d'abord, il y avait pénurie et d'autre part,
en termes d'approvisionnement de raffineries. La crise s'est
désamorcée pour, espérons-le, longtemps et je pense que,
dans un contexte normal, il est plus sage et plus rationnel de penser secteur
témoin. Mais, en même temps que l'approvisionnement pour ce
secteur témoin, c'est le genre de discussions même avec
différents partenaires possibles, différents producteurs de
pétrole possibles.
M. Lessard: Concernant cette loi, une dernière question,
M. le Président. Le Vérificateur général,., dans
son rapport de 1973, soulignait justement qu'un certain nombre de
détaillants n'étaient pas sur la liste des détenteurs de
permis de commerçants des produits. On disait ceci: Le service de la
distribution possède une liste de tous les détenteurs de permis
de commerçants des produits pétroliers. Le Vérificateur
général soulignait ou constatait qu'une partie importante des
stations de service, soit 35%, fonctionnaient sans permis en vertu de la
réglementation du ministre. C'est le rapport du Vérificateur
général de 1973-1974, je pense. Le quorum n'est pas fort.
M. Massé: II faut dire qu'à ce moment-là, la
loi n'était en vigueur que depuis très peu de temps, et qu'il y
avait un nombre limité d'inspecteurs. Il faut dire que, peu de temps
après, tout cela a été réglé. Maintenant,
à ce qu'on me dit, on est parfaitement à jour dans le nombre de
gens visités et de détenteurs de permis.
M. Lessard: Alors, vous avez actuellement la liste de tous les
exploitants de produits pétroliers?
M. Massé: Oui.
M. Lessard: L'an dernier, si on se rappelle, on avait
discuté de l'approvisionnement de distributeurs indépendants et,
plus particulièrement, le cas de M. Charette. Le ministre m'avait
assuré qu'une enquête allait être faite à ce sujet.
Le ministre pourrait-il me dire si une enquête a été faite
et si, par la suite, le ministre a reçu plusieurs plaintes de
distributeurs indépendants, concernant la difficulté
d'approvisionnement?
M. Massé: Le cas que le député de Saguenay
avait souligné... On me dit que d'abord il y a eu suite à ce fait
qui a été soulevé et qu'il y a eu rapport, mais c'est une
question très complexe. J'aurais peut-être une suggestion. Qu'on
vous fasse parvenir peut-être les suites de ce rapport.
M. Lessard: D'accord. J'accepte la suggestion. Programme 7.
Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Programme 7.
Adopté.
M. Lessard: Programme 8. A quand le tribunal de l'énergie?
Incessamment.
M. Massé: II y a des propositions sur la table, mais
beaucoup plus importantes que celles prévues à l'origine, qui
comprendraient la plupart des questions relevant des prix et de
l'approvisionnement de toutes les formes d'énergie.
M. Lessard: Alors, on en discutera en 1976 si Dieu le veut.
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): Programme 8. Adopté.
Ceci complète l'étude des crédits du ministère des
Richesses naturelles...
M. Massé: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): ... et la commission...
M. Lessard: Merci de votre excellent travail...
Le Président (M. Cornellier): ...ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 23 h 1)