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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Etude des crédits du ministère des
Richesses naturelles
Séance du mardi 18 mai 1976 (Dix heures quarante-huit
minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
Nous poursuivons l'étude des crédits du ministère
des Richesses naturelles. Pour la séance du 18 mai 1976, le rapporteur
est M. Faucher (Nicolet-Yamaska). Les membres sont les suivants:' M. Assad
(Papineau); M. Bédard (Chicoutimi); M. Bellemare (Johnson); M.
Bérard (Saint-Maurice); M. Carpentier (Laviolette); M. Ciaccia
(Mont-Royal); M. Cournoyer (Robert Baldwin); M. Faucher (Nicolet-Yamaska); M.
Lessard (Saguenay); M. Malouin (Drummond); M. Pelletier
(Kamouraska-Témiscouata); M. Brown (Brome-Missisquoi); M. Picotte
(Maskinongé); M. Samson (Rouyn-Noranda); M. le ministre, m'avez-vous
demandé la parole?
M. Cournoyer: Non, pas encore.
Le Président (M. Séguin): Alors, je reconnais le
député de Saguenay.
M. Cournoyer: J'aurais seulement une précision à
donner sur l'amiante.
Le Président (M. Séguin): II y a une
précision de la part du ministre.
M. Cournoyer: Vu que certaines déclarations que nous avons
faites ici, la semaine dernière, quant à Asbestos Hill, seraient
susceptibles de jeter inutilement un discrédit sur certains des
fonctionnaires qui ont fait des inspections, étant donné qu'on
disait qu'il n'y avait pas eu d'inspection, j'aimerais simplement amener les
précisions quant à Asbestos Hill.
M. Lessard: On ne disait pas qu'il n'y en avait pas eu. On avait
pris le dernier rapport d'inspection et on disait que cela ne répondait
pas aux questions qu'on se posait, ici, en commission parlementaire.
Précisions au sujet d'Asbestos Hill
M. Cournoyer: Justement, mais, étant donné que le
rapport qu'on m'a donné ici venait du directeur général
des mines de l'époque, j'ai simplement lu cela et vous avez
indiqué votre réaction quant à savoir si cela avait de
l'allure. Vous aviez raison quant à la texture, même si la texture
était générale au deuxième paragraphe.
Je pense que je dois maintenant, en toute justice pour ceux qui ont fait
les travaux, vous indiquer ce qui a effectivement été fait quant
à la poussière, là-bas. C'est une précision
concernant la discussion sur Asbestos Hill, lors de l'étude des
crédits du ministère des Richesses naturelles le 13 mai 1976.
Elle vient des fonctionnaires de chez nous qui ont lu la discussion.
L'information fragmentaire fournie à l'occasion de l'étude
des crédits à l'effet qu'Asbestos Hill n'aurait pas
installé dans son atelier de traitement de minerai d'amiante tous les
équipements pour le contrôle de la poussière, tel que
prévu sur les plans soumis, a été de nature à jeter
une certaine confusion. Il aurait fallu préciser dès ce moment
que l'affirmation mentionnée plus haut était un renseignement qui
a été fourni au ministère des Richesses naturelles et que
ce dernier était en voie d'en vérifier la véracité
ou la fausseté, même si la soumission des plans
d'équipements d'une usine n'est pas une condition pour faire approuver
le site d'une telle usine.
Selon l'inspecteur en chef des mines, les équipements
nécessaires pour prévenir l'empoussiérage de l'air dans
l'atelier de traitement d'Asbestos Hill en vue d'assurer la salubrité de
l'air pour l'employé étaient déjà installés,
pour la plupart, lors de l'inspection de 1974. Il n'y a cependant pas eu
vérification de la conformité des installations avec les plans
soumis.
La philosophie générale de la Loi des mines est de
déterminer des conditions de salubrité correspondant aux
recommandations faites annuellement par "The Governmental Conference of
Industrial Hygienists" et de laisser à l'exploitant la
responsabilité de choisir et d'installer les équipements
nécessaires pour se conformer à ces conditions.
Quant aux équipements destinés à la purification de
l'air provenant de l'usine avant son rejet dans l'atmosphère
extérieure, M. Brulotte, des services de la protection de
l'environnement, vient d'informer M. Paradis, du ministère des Richesses
naturelles, qu'ils n'ont pas été installés au moment de la
construction de l'usine et que les services mentionnés plus haut en
étaient conscients. Je parle des services de la protection de
l'environnement.
L'exploitation a commencé en 1972. Depuis ce temps, il y a eu des
communications entre Asbestos Hill et les services de protection de
l'environnement, et M. Brulotte informe M. Paradis que la compagnie a soumis de
nouveaux plans prévoyant l'installation de tels équipements.
Selon les renseignements récents, rien n'indique jusqu'à
maintenant que la construction de l'atelier de traitement n'était pas
conforme aux plans soumis lors de l'approbation du site de cet atelier de
traitement. Rappelons ici que ces plans ne sont pas essentiels à
l'approbation du site de l'usine, en vertu de la Loi des mines.
Afin de compléter l'information sur la situation à
Asbestos Hill, ajoutons que l'arrêté en conseil 4084, annexe 3,
concernant le site de l'usine de traitement de Hudson Strait Asbestos Ltd,
comporte la condition suivante: Que l'usine de traitement soit
équipée de façon à prévenir
l'émission dans l'atmosphère de poussière dont le volume
serait supérieur aux normes fixées par le ministre d'Etat
responsable de la qualité de l'environnement et que l'exploitant prenne
toutes les mesures nécessaires pour éviter la pollution des
rivières et des lacs par les rebuts ou déchets solides ou
liquides de cette usine de traitement.
Les règlements concernant la qualité de l'air, selon la
Loi de l'environnement, et dans lesquels on doit retrouver les normes sur
l'émission des poussières d'amiante dans l'air ne sont pas encore
adoptés. Il s'ensuit donc que, strictement parlant, la compagnie ne peut
pas être accusée de ne pas remplir la condition citée plus
haut de l'arrêté en conseil 4084. Cependant, on a vu plus haut
qu'elle se prépare en vue de répondre aux normes qui pourront
être établies en vertu de la Loi de l'environnement.
Tel que mentionné plus haut, le rapport d'inspection
effectué les 27, 28 et 29 août 1974 à Asbestos Hill,
concernant le système de ventilation et la teneur en poussière
d'amiante contenue dans l'air ambiant du milieu de travail de l'ouvrier,
recommande l'installation de quelques pièces d'équipement
seulement.
Il fait cependant plusieurs autres recommandations en vue de diminuer la
quantité de poussière qui est jugée trop
élevée. La compagnie a été avisée de donner
suite aux recommandations du rapport et elle a accepté de le faire dans
une lettre adressée à M. Guy Gaboury, du ministère des
Richesses naturelles, en date du 12 novembre 1974 et signée par M.
Luciani.
Une inspection conjointe effectuée par l'inspecteur du
ministère des Richesses naturelles et des représentants du
Service de protection de l'environnement et du ministère du Travail, du
8 au 12 juillet 1975, a donné lieu au prélèvement par nos
inspecteurs de 219 échantillons d'air dont l'analyse et la compilation
viennent tout juste d'être complétées. Le rapport final
écrit de cette opération n'est pas encore terminé, mais,
selon l'information verbale soumise par l'inspecteur en chef, il y aurait une
nette amélioration, si on compare à la situation de 1974.
M. Lessard: Qu'est-ce que c'est? En tout cas, vous
reviendrez.
M. Cournoyer: Je me fie aux experts, je ne peux quand même
pas... Je vous lis la réponse de quelqu'un qui l'a
préparée. Je ne sais pas s'il essaie de jouer.
M. Lessard: Je suis d'accord. Il y a 219 échantillons
d'air. On dit: Une nette amélioration, mais ce qu'on ne sait pas...
M. Cournoyer: Par rapport à 1974.
M. Lessard: C'est ce qui est...
M. Cournoyer: Puis-je continuer, maintenant?
M. Lessard: Oui, continuez et je reviendrai.
M. Cournoyer: Cependant, un certain nombre de postes
échantillonnés ont des teneurs en poussière d'amiante
supérieures à la norme de concentration moyenne de cinq fibres
plus longues que cinq microns par centimètre cube d'air, pour une
période moyenne de huit heures, dont l'application est prévue
à compter du 1er janvier 1978, selon les règlements concernant la
salubrité et la sécurité du travail dans les mines ou les
carrières. On conclut, de ce qui précède, que la compagnie
prend des mesures en vue de pouvoir se conformer à la norme qui sera
obligatoire le 1er janvier 1978.
Si vous voulez, M. le Président, je vais remettre au
député de l'Opposition, en particulier, le rapport complet, parce
qu'il y a une inspection, dedans. Au lieu de lire tout cela, je vais vous le
remettre. C'est à peu près l'histoire ou l'historique. Cela
commence en 1971. Je vous donne l'historique de cette affaire avec la
conclusion actuelle. La dernière lettre est datée du 17 mai, donc
d'hier.
Le Président (M. Séguin): Voici, messieurs,
étant donné que le ministre doit remettre cette documentation
à l'Opposition, seriez-vous consentant que nous procédions au
programme 5 immédiatement, sans qu'on fasse allusion ou commentaires sur
ce que le ministre vient de donner, en gardant comme réserve qu'à
la fin de l'étude des différents programmes, le
député du Saguenay ou autres membres de l'Opposition qui
voudraient faire des commentaires autour de ce rapport, une fois qu'ils
l'auront lu et analysé, seraient libres de le faire? Si le ministre est
consentant...
M. Cournoyer: Je suis consentant.
Le Président (M. Séguin): ... à cette
procédure, on pourra tout de suite continuer vos programmes.
M. Lessard: M. le Président...
Le Président (NI. Séguin): Est-ce que...
M. Lessard: je suis d'accord, d'autant plus qu'on en a
discuté passablement. Cependant, j'ai des questions qui sont...
Le Président (M. Séguin): C'est pour ne pas
revenir...
M. Lessard: D'accord.
Le Président (M. Séguin): ... à ce
moment-ci, à un programme déjà adopté...
M. Lessard: D'accord.
Surveillance et réglementation de l'utilisation
des lits et des berges
Le Président (M. Séguin): ... dans lequel il a
été question de ce rapport. Nous allons au programme 5.
D'après mon livre, nous serions rendus à l'élément
3: Surveillance et réglementation de l'utilisation des lits et des
berges.
M. Lessard: Bon.
Le Président (M. Séguin): ... des lits de
rivières qu'on veut dire.
M. Lessard: Oui, c'est cela.
M. Cournoyer: Des berges et non pas des verges.
Le Président (M. Séguin): Oui, c'est cela. Vous
ferez la distinction là-bas, c'est le ministre qui aura ajouté la
fin, non pas moi.
M. Lessard: M. le Président, il me resterait une question
à poser à ce chapitre, mais cela concerne les redevances comme
telles, que nous retirons de l'utilisation de l'eau. Je me demande si cela doit
se poser au programme 5, élément 3, ou bien à un
autre...
M. Cournoyer: A l'élément 3.
M. Lessard: Je vais faire, M. le Président, un
résumé de la situation connue. Actuellement, il y a deux types de
production. Il y a une production privée de l'électricité
et une production qui provient de l'Hydro-Québec. En 1968, la production
privée, qui est constituée...
M. Cournoyer: Je pense que, si vous allez aux forces
hydrauliques, on est mieux d'attendre à Energie.
M. Lessard: D'accord.
M. Cournoyer: Parce que les autres énergies, les
prochaines sont les forces hydrauliques. Ce sont en fait les lits et les
berges.
M. Lessard: C'est la question que je me posais, M. le
Président.
M. Cournoyer: Je ne savais pas que la question était de
cette nature.
Le Président (M. Séguin): Elément 3,
adopté?
M. Lessard: Elément 3, adopté.
Le Président (M. Séguin): Elément 4?
M. Lessard: La gestion interne et soutien. Une minute, je regarde
s'il y a des choses. Non, cela va. Adopté.
Le Président (M. Séguin): Le programme 5 est
adopté. Le programme 6, élément 1.
Affaires du Nord Nouveau Québec
M. Lessard: D'abord, M. le Président, concer- nant la
direction du Nouveau-Québec, la direction du Grand-Nord, je comprends
que cela touche à la fois le ministère de la Justice, mais aussi
le ministère des Richesses naturelles, puisque c'est le ministère
des Richesses naturelles, quand même, qui donne des instructions au
ministère de la Justice pour entreprendre des poursuites ou non. On en
avait discuté l'an dernier, mais l'enquête était en cours.
On sait que le ministère public a porté 138 accusations de fraude
et de corruption, dont un certain nombre contre deux fonctionnaires. De plus,
il y a eu toute la question, par exemple, de la compagnie Fiduciaires Services,
qui est en faillite actuellement, etc. Le ministre est-il capable, ce matin, de
nous faire le point sur la situation? Ces poursuites sont-elles
arrêtées? Est-ce que cela se continue? Le ménage a-t-il
été fait?
M. Cournoyer: D'abord, je vais essayer d'être assez
prudent, compte tenu que c'est devant les tribunaux. Je vais essayer de me
restreindre à ce que je pourrais dire normalement. Si j'entrais dans
l'autre domaine, ce serait par accident, ce ne serait pas intentionnel.
D'abord, dans le cas de la décision de poursuivre, elle n'est pas
prise par le ministère des Richesses naturelles, pas que je sache. J'ai
été informé depuis que je suis ministre, bien
sûr, l'enquête a commencé auparavant j'ai
été informé par le Solliciteur général,
lorsque j'ai demandé: A quelle phase votre enquête est-elle
rendue? Ce n'est pas la mienne. Allez-vous nous dire bientôt si vous
poursuivez? Le Solliciteur général m'a informé de ce que
vous savez, c'est-à-dire les actions. Le Solliciteur
général n'a pas à me consulter. J'ai appris par les
journaux hier qu'une autre action était prise, sur les instances de la
Sûreté du Québec, dans le cas du transport en vrac
d'Eastern Canada Shipping. Le ministre ou le sous-ministre ou le Solliciteur
général ne m'a jamais rien dit là-dessus. Tout ce qu'ils
font, c'est des enquêtes. Je ne sais pas où c'est, mais j'imagine
que les enquêtes se continuent puisqu'on m'a indiqué que,
très récemment, il y avait eu des comparutions de nos
fonctionnaires. D'autres personnes ont effectivement été
condamnées à l'amende ou à la prison pour les actes
frauduleux qu'on leur a reprochés devant les tribunaux.
Je répète que mon ministère, comme tel, n'est pas
à l'origine des prises d'actions. C'est le Procureur
général qui le fait, dans les limites de la juridiction qui lui
est dévolue. S'il y a congédiement de personnel, on comprend que
cela relève de l'autorité du ministère. Mais il s'agit
strictement de prises d'actions devant les tribunaux ordinaires.
NI. Lessard: Autrement dit, c'est actuellement entre les mains du
ministère de la Justice.
Au Nouveau-Québec, il y avait des crédits de $9 532 000,
par rapport à $7 736 100. Quels sont les programmes? D'abord, il n'y a
pas de réduction de personnel, il y a augmentation du personnel, 308 par
rapport à 297.
M. Cournoyer: En vertu de l'entente que nous
avons signée avec les Inuit et les Cris, nous devons maintenir
les services à leur niveau actuel. Cependant, tous les services des
affaires sociales, qui étaient assumés jusqu'ici par le
ministère des Richesses naturelles, donc à un poste
budgétaire des Richesses naturelles, devront maintenant être
assumés par le ministère des Affaires sociales directement, ce
qui réduit d'autant le budget, mais le service restera le
même.
M. Lessard: Maintenant, c'est chacun des ministères. A
l'Education, on l'avait auparavant.
M. Cournoyer: Oui.
M. Lessard: C'est chacun des ministères qui applique,
à un certain moment, les programmes. Qu'est-ce qu'il reste pour la
Direction générale du Nouveau-Québec? De quoi vous
occupez-vous?
M. Cournoyer: Nous avons actuellement dans la
dernière tournée, c'est ce que j'ai constaté bien
plus... On appelle cela de la logistique, mais de fournir gîte et couvert
à ceux qui sont là, dans le coin, et de fournir, non seulement
gîte et couvert, mais par exemple, les maisons, les bâtisses qui
sont construites et qui appartiennent toujours au ministère des
Richesses naturelles, l'huile pour l'électricité et les
différents autres moyens de locomotion que les gens utilisent
là-bas...
M. Lessard: Qui est maintenant administrateur?
M. Cournoyer: C'est M. Clément Tremblay qui est directeur
général, par intérim, en remplacement de M. Guy Poitras,
le responsable de l'application de l'entente avec les Cris et les Inuit.
M. Lessard: Suite à cette enquête qui est encore sub
judice, sans parler des individus comme tels, ce qui ressortait surtout de la
publicité faite autour de cette affaire, c'est que le ministère
avait très peu de contrôle comme tel. La vérification
comptable était très mitigée, et c'est suite à cela
parce que... des dépenses supplémentaires, pour lesquelles on a
réclamé remboursement de voyages qui n'ont pas été
faits, etc.
Je comprends que c'est loin, mais il y avait un manque de contrôle
ou un manque de vérification comptable, un manque de surveillance. C'est
surtout l'élément... C'est dans ce sens, tout à l'heure...
Je ne veux pas qu'on juge les individus ici, à la commission
parlementaire, parce que c'est ailleurs qu'ils seront jugés, mais y
a-t-il des réformes? Y a-t-il eu des modifications? Quelles sont les
mesures qu'on a prises pour avoir un meilleur système de
comptabilité, un meilleur système de contrôle?
M. Cournoyer: Je ne veux pas remettre la responsabilité
sur d'autres. J'ai été faire un tour dans le coin là-bas
et je vous assure qu'il y a bien des choses que, dans le sud ici, on ne laisse
pas passer, mais que là-bas, on est obligé de comprendre.
On me racontait, par exemple, certaines expériences. Avec deux
motoneiges, on peut en faire une, mais s'il faut passer avec des papiers pour
savoir si on achète ou si on prend la pièce qui est mauvaise sur
l'autre motoneige, c'est pas mal compliqué et le gars ne fait pas cela
habituellement. Je ne dis pas qu'il n'y a pas une sorte de chose qui n'est pas
correcte...
M. Lessard: Oui.
M. Cournoyer: ... mais c'est une conséquence de
l'isolement.
M. Lessard: Cela prend tellement de temps pour avoir le
matériel bien souvent que...
M. Cournoyer: C'est cela. Disons que le fédéral est
là. Je ne veux rien raconter pour choquer qui que ce soit, mais j'ai vu
un tracteur dans le garage qui est, en fait, une composition d'une sorte de
fédéralisme. Les gars ont pris le vieux tracteur du gouvernement
québécois qui marchait mal, le tracteur du gouvernement
fédéral qui marchait mal et ils en ont fait un autre qui marche
bien. Là...
M. Lessard: C'est plutôt rare.
M. Cournoyer: C'est un exemple que je donne. Et là, il est
sûr, qu'à un certain moment, il y a quelqu'un qui a volé
une pièce sur un tracteur.
M. Lessard: Un peu comme on a vu au ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, la main droite vole la main gauche.
M. Cournoyer: C'est cela.
M. Lessard: Comme le service de conservation vole le service des
parcs.
M. Cournoyer: J'espère que vous comprenez ce que je veux
dire. C'est très sérieux. Il est sûr qu'à ce moment,
on ne sait pas à quel tracteur on a volé le troisième
tracteur; d'où vient le troisième tracteur et qui a volé
quoi à qui? Est-ce le gouvernement fédéral ou le
gouvernement provincial?
On pourrait parler, par exemple, de certaines difficultés que
j'ai pu constater. Nous nourrissons pratiquement le monde dans les endroits en
question et lorsque quelqu'un va faire une visite des territoires, lorsqu'il
s'y retrouve, il se retrouve, non pas dans une hôtellerie, mais dans une
maison privée et cette dernière est, bien sûr, la
propriété du ministère des Richesses naturelles. La
nourriture qui y est amenée, les vivres qui y sont amenés
appartiennent au ministère des Richesses naturelles. Les gens sont
habituellement placés dans la situation de financer, pratiquement, les
repas de ceux qui étant blancs ou étant Inuit se retrouvent dans
un endroit où, le soir, ils n'aimeraient peut-être pas facilement
être sans manger. Ils entrent dans des maisons du ministère des
Richesses naturelles.
Là, il s'agit de demander à la femme qui est là
de faire en sorte qu'elle exige le bon prix du repas et qu'elle
n'accepte aucun pourboire parce que c'est déjà fourni par le
ministère des Richesses naturelles. Cela a l'air fou de dire cela, mais
je pense bien que le contrôleur des finances, qui est en fait un type
sérieux, a envoyé du monde là-bas. Si je me souviens bien,
ces gens sont partis, ils ont été eux-mêmes les victimes ou
peut-être les bénéficiaires de ce fait qu'il y a des gens
qui ne sont pas payés pour faire cela, mais qui reçoivent le
monde de toute façon. Le contrôleur des finances n'a pas encore
fait ses recommandations. J'imagine qu'il va les faire bientôt, mais,
pour le moment, tant et aussi longtemps qu'il n'aura pas fait de
recommandations, on considère que les abus dont il est question et dont
la police provinciale a été saisie sont des abus par des
individus et non pas des abus d'un système, pour le moment du moins. Ce
sont des individus. Ce n'est pas parce qu'il y a deux bandits à une
place qu'on va considérer que toute la société qui y vit
est une société de bandits, dans le sens suivant, c'est que ceux
qui ont été pris par la Sûreté du Québec
passent devant les tribunaux et les autres, que voulez-vous, ils essaient de
vivre dans un milieu extrêmement difficile à vivre.
M. Lessard: Mais, M. le Président, ce qui est dangereux
dans tout cela je conviens que c'est une situation bien
spéciale... Je viens de vivre... M. le Président, vous me
permettrez, simplement par incidence, je viens de vivre une situation un peu
semblable à l'étude d'autres crédits. Vous vous rappelez
et vous allez comprendre, M. le Président, pourquoi je fais cela
que, l'an dernier, un certain nombre de journalistes avaient
écrit que certains agents de conservation étaient accusés
de vol. Une enquête a eu lieu, ainsi de suite. Je viens de
découvrir il a fallu que je pose des questions directement
que les vols en questions, c'était un peu de l'initiative des
fonctionnaires. C'est-à-dire que, devant le fait que les travaux de tel
chalet, par exemple, ne se faisaient pas et que c'était urgent, le
fonctionnaire en question est allé voler le Service des parcs pour le
Service de la conservation, mais ce n'était pas en vue de son profit
personnel. Là, M. le Président, je laisse de côté
mon incidence et je reviens au ministère des Richesses naturelles et
à la direction générale du Nouveau-Québec. Le
danger de tout cela je comprends qu'on considère que ce sont des
individus, je ne sais pas ce qu'il y a là-dedans, c'est que,
d'abord, il y a une possibilité de discréditer certains
fonctionnaires. C'est grave, quand même, parce que chacun a droit
à son intégrité et au respect de son
honnêteté, mais, surtout, en relation avec cela, il y a un autre
danger, c'est de décourager l'initiative dans le sens qu'à un
moment donné, le fonctionnaire dise: C'est vrai que mes deux motoneiges
sont brisées et il n'y en a pas une qui marche. Je ne suis pas pour
aller en voler une pour réparer l'autre, parce que...
Alors, le système ne fonctionne plus. Je pense que cela est quand
même grave. Si, à un moment donné, il prend le risque,
devant ces choses-là, d'aller... Je ne sais pas. Avant, c'étaient
des chiens, ils pouvaient se les prêter. Quand vous avez installé
un morceau sur la motoneige, mais là, vous ne pouvez plus... Cela
devient une confusion qui peut être très grave, d'autant plus
qu'il faut que cela fonctionne. Je sais que j'en ai parlé avec certains
employés qui travaillent là. D'après ce qu'on m'a dit, ce
ne sont pas des cadeaux. Les commandes prennent du temps, cela ne vient pas et
cela passe par toute la série d'exigences normales. Cela prend six mois,
sept mois, huit mois. Est-ce qu'il ne faudrait pas prévoir un
système un peu différent étant donné les distances,
étant donné le problème que cela pose de telle
façon que le service des achats soit plus rapide?
M. Cournoyer: Bien sûr que le service des achats peut
être plus rapide. C'est normal dans tous les endroits de la province. Pas
seulement dans le bout de Chimo ou dans le bout de la baie aux Feuilles, mais
ce que je dois constater, c'est qu'il ne s'agit pas que du service des achats.
Il s'agit d'une situation d'éloignement qui doit expliquer un certain
nombre de comportements différents de ceux qui ne sont pas dans
l'éloignement. C'est mis à part le service des achats. Je suis
totalement d'accord avec le député de Saguenay pour dire qu'on ne
doit pas tirer comme conclusion que tous sont des bandits. Il y en a
quelques-uns qui peuvent abuser d'une situation. Il ne s'agit pas, dans ces
cas-là du moins, je pense, à ce moment-ci, de la
Sûreté du Québec qui est responsable... S'il y a des actes
criminels qui sont commis, c'est la Sûreté du Québec qui
est responsable de poursuivre ces gens devant les tribunaux ordinaires, mais je
vous dis que, personnellement, je ne peux qu'expliquer un certain nombre de
gestes ou de situations.
Je les comprendrais parce que j'y suis allé, probablement comme
vous, le député de Saguenay et vous savez à peu
près ce que ça veut dire, l'éloignement, parce que vous
avez un grand comté. Ayant compris cela, ça n'excuse pas, ce
n'est pas parce qu'on comprend un geste criminel qu'on va l'excuser. On peut
comprendre beaucoup de choses, mais ça n'excuse pas, la loi étant
ce qu'elle était et ce qu'elle est. Pour ma part, dans le cas du
Nouveau-Québec, je suis disposé à faire confiance aux gens
qui y sont. Quant au système, je dis que je ne suis pus le type qui va
refuser un système qui sera recommandé par le contrôleur
des finances du gouvernement, mais je ne l'ai pas encore. J'espère, et
je souhaite comme vous, que ce système tienne compte du nombre de
facteurs qui font que c'est différent du Complexe "G". On ne peut pas
poser 36 000 questions aux gens juste pour le plaisir de les poser.
Une lettre ne se rend pas facilement dans ce coin-là, le
télégramme marche, mais il y a des choses qu'on a là-bas
et que les gens ne peuvent pas avoir ici. Je pense que ça vient de
l'éloignement, de cet isolement qui n'est pas seulement
l'éloignement. Quand il y a une tempête de neige dans ce coin, les
gens ne se lèvent pas souvent et il n'y a personne qui se
promène. J'ai vu ça. J'ai eu
le privilège d'aller voir ça avant l'étude des
crédits, j'en suis très heureux.
Ce qui s'en vient cependant, c'est que la convention avec les Inuit et
les Cris devrait rendre un certain pouvoir de gestion aux administrations
locales, aux municipalités, aux conseils régionaux, je ne sais
pas comment on va les appeler. Mais c'est nettement dans la ligne d'un retrait
du ministère. Le ministère ne serait plus là au même
titre qu'il y est actuellement. Nous appliquons une entente et nous
espérons que cette entente va donner aux Inuit et aux Cris
l'administration des territoires, s'ils sont en majorité dans ces
territoires.
M. Lessard: En relation avec le fait que les Cris et les Inuit
vont de plus en plus, à la suite de l'entente, prendre en main un peu
l'organisation d'un certain nombre de territoires, je pense que ce sont huit
territoires...
M. Cournoyer: Huit territoires.
M. Lessard: Si je me rappelle bien de l'entente.
M. Cournoyer: Huit territoires cris et quatorze territoires
inuit.
M. Lessard: C'est cela. Est-ce que, d'un autre côté,
il va y avoir une certaine coordination entre d'abord l'administration du
côté des Inuit, du côté des Cris et du
côté du provincial et aussi, du côté du
fédéral. Est-ce que le fédéral, dans des secteurs
comme la santé, les hôpitaux, l'éducation, les
écoles, est encore présent, est-ce qu'il a encore ses propres
écoles, est-ce qu'il administre ses propres hôpitaux ou si tout
ça a été transmis, à la suite de l'entente, au
gouvernement du Québec?
M. Cournoyer: Je pense que c'est dans l'entente, que le
gouvernement fédéral, en principe, se retire de ces champs, des
endroits où il se trouve, qui normalement étaient soumis aux lois
provinciales dans le reste de la province. C'est le principe, mais cela ne se
fait pas du jour au lendemain, c'est-à-dire qu'il y a une certaine
décence dans le retrait, une certaine cédule dans le retrait qui
doit respecter au moins certaines autres ententes. On ne doit pas diminuer les
services, donc ça veut dire que, tant que quelqu'un d'autre n'est pas
capable de prendre les services... C'est le principe qu'on suit d'une
façon générale, on tente de maintenir les services avec
l'administration actuelle. Le retrait est plutôt progressif, bien
qu'à des endroits, le fédéral est déjà
sorti.
M. Lessard: Est-ce qu'on a fait une analyse à savoir
combien d'hôpitaux sont sous juridiction fédérale? Combien
d'écoles?
M. Cournoyer: II n'y a pas d'hôpitaux sous juridiction
fédérale sur le territoire québécois.
M. Lessard: Vous êtes sûr?
M. Cournoyer: La question m'est posée et je transmets
cette question à quelqu'un qui vit et qui est administrateur dans
l'entente, on me dit qu'il n'y en a pas. Des écoles?
M. Lessard: Est-ce qu'il y a encore des écoles?
M. Cournoyer: II y en a encore, mais on ne saurait dire combien
à ce moment-ci.
M. Lessard: Est-ce qu'on a fait une analyse du nombre
d'étudiants Inuit et Cris qui fréquentent les écoles du
fédéral par rapport aux écoles québécoises?
Je ne l'ai pas devant moi, mais j'ai déjà eu un rapport qui
démontrait justement qu'au début, le Québec avait mis le
pied là-dedans, les autochtones allaient plutôt à
l'école du Québec, mais, depuis un certain temps, on dirait qu'on
perd du terrain.
M. Cournoyer: Disons que le chiffre des écoles, des
étudiants ou des élèves, je vais vous le donner plus
tard.
M. Lessard: D'accord.
M. Cournoyer: Vous savez qu'il y a une commission scolaire au
Nouveau-Québec qui n'existait pas au début. Aujourd'hui, c'est
une commission scolaire du Nouveau-Québec. Je vais vous donner d'une
façon plus précise, les chiffres que vous me demandez.
M. Lessard: D'accord, j'aimerais bien cela.
Quand on regarde les crédits globaux, à
l'élément 1, prêts. Il s'agit probablement de prêts
aux coopératives, je ne le sais pas.
M. Cournoyer: C'est cela.
M. Lessard: L'an passé, on prêtait $6 326 500; cette
année, on prête $760 000. Non, non. Il y a quelque chose qui ne
marche pas dans mon affaire... C'est cela $6 326 500 et cette année, on
prête $760 000. Qu'est-ce qui est arrivé?
M. Cournoyer: Voulez-vous répéter votre question,
s'il vous plaît?
M. Lessard: A l'élément 1, sous la catégorie
13, on a $760 000 pour 1976/77 par rapport à $6 326 500 l'an
dernier.
M. Cournoyer: Si vous regardez, l'année dernière,
l'élément 2, à ce titre-là, n'existait pas.
Regardez le transfert. Vous avez $68 800, à l'élément 1,
par rapport à $9 013 300 à l'élément 2.
L'intervention de la convention a eu ce rôle. Le montant de $9 millions
dont il est question plus loin, doit être comparé au montant de $6
326 500 de l'an dernier.
M. Lessard: Mais vous faites le transfert à d'autres
ministères? Ou est-ce que ce sont des
montants qui proviennent du gouvernement fédéral?
M. Cournoyer: Non, c'est transféré aux Indiens et
aux Cris.
M. Lessard: Ah! Vous transférez $9 millions. Ce qui n'est
pas sous forme de prêt, vous le transférez? Est-ce que c'est dans
le cadre de l'entente.
M. Cournoyer: Oui, dans le cadre de l'entente.
M. Lessard: Alors, vous ne le prêtez plus. Ce n'est pas
payant... Ce que vous leur prêtiez l'an dernier, vous dites maintenant on
vous donne $9 millions, c'est dans le cadre de l'entente, mais on ne vous le
prête plus.
M. Cournoyer: II s'agit d'avances, c'est ce que j'essaie de
comprendre.
M. Lessard: Est-ce que ce sont des avances sur l'entente?
M. Cournoyer: C'est la bébelle des transferts.
M. Lessard: L'an dernier, il y avait un prêt de $6 326 500.
A quoi servait-il? Ce serait probable^ ment la première question
à se poser pour se démêler. Il y avait un prêt.
Est-ce que cet argent était prêté aux coopératives?
Est-ce que cela aurait pu être une avance sur l'entente?
M. Cournoyer: L'an passé, on avait un prêt de $5 500
000 et un transfert de $5 766 000. Ce qui arrive, c'est qu'on n'avait pas
d'élément 2, l'an dernier. On l'a donc mis dans le total que vous
avez de $6 326 500 versés par le Conseil exécutif, mais c'est de
l'argent quand même.
Maintenant qu'on a l'élément 2, on arrive, dans le
transfert, à $9 013 300. C'est l'engagement, à compter du 1er
janvier 1977, qui est un transfert total. Il n'y a pas de prêt inclus. La
cédule des redevances, au 1er janvier 1977, c'est $9 013 300.
Après cela, le 1er janvier 1978, il y a $7 886 000, toujours par
le Québec et, le 1er janvier 1979, $3 943 000. Après cela, cela
continue, jusqu'en 1985, des transferts de $1 689 990, chaque année.
C'est dans l'entente, c'est l'application de l'entente. L'explication, c'est
qu'il n'y avait pas d'élément 2, l'an passé, et qu'il y en
avait un. Cela fait $6 326 500 qu'on prêtait et qu'on
transférait.
On aurait pu ne pas avoir cela ici. Les trésors, ils auraient pu
mettre cela ailleurs.
M. Lessard: C'est parce que vous dites qu'il n'y avait pas
d'élément 2. A l'élément 2, l'an passé, dans
la convention avec les autochtones, on avait $11 266 000.
M. Cournoyer: Dans le budget de l'an passé, au
ministère des Richesses naturelles, cela n'y était pas.
C'était te Conseil exécutif qui administrait cette entente.
C'était M. Ciaccia qui discutait de cela. Mais, étant
donné que, cette année, cela entre dans le budget des Richesses
naturelles, la comparaison honnête fait qu'on a pris au moins la partie
de 1975/76 qui avait été mise à ce poste et qui
n'apparaissait pas au poste du ministère des Richesses naturelles, l'an
passé. C'était une dépense ou un prêt de toute
façon, même si cela était fait par une autre source.
M. Lessard: Cela doit être cela.
M. Cournoyer: On essaie de comprendre... Cela ne me fait rien de
recommencer l'explication et de demander aux fonctionnaires de l'expliquer
directement. Peut-être que c'est moi qui l'explique mal.
M. Lessard: Je ne veux pas vous faire...
M. Cournoyer: Non, vous pouvez me reprocher cela; c'est possible
que cela arrive.
M. Lessard: Ce n'est pas un reproche. D'accord, il y a eu, l'an
passé, au conseil exécutif, la somme de $11 266 000. Je retrouve,
cette année, au ministère des Richesses naturelles, $9 259 300.
Autrement dit, le ministère des Richesses naturelles remplace ce que
faisait, l'an passé, le Conseil exécutif. On retrouve donc nos $9
959 300. Il y a une partie, dans ces $9 959 300, parce que, à
l'élément 2, il n'y avait pas de prêt sur cela, mais il y
avait $11 266 000 de l'élément 2 qui étaient au Conseil
exécutif. Donc, une partie des $11 259 300 vient des $9 013 300 qui
viennent sous forme de transfert. C'est-à-dire qu'autrement dit, le
transfert, c'est un transfert qui vient du Conseil exécutif. D'accord,
c'est de l'argent que vous aviez...
M. Cournoyer: Que nous n'avions pas dans notre budget.
M. Lessard: Que vous n'aviez pas dans votre budget, mais
c'était administré par le Conseil exécutif, on vous
transfère $9 013 300. Mais, cela ne touche pas à mes prêts
comme tels. C'est un transfert. C'est-à-dire que si c'était
administré autrefois par le Conseil exécutif et que c'est
maintenant administré, dans l'entente, par le ministère des
Richesses naturelles. Mais ma question n'est pas là. Ma question
c'est ce que je veux savoir à un moment donné c'est que,
l'an passé, en 1975/76, il y avait eu des prêts pour $6 326 500.
C'est complètement différent des $11 266 000. C'est un transfert.
Je comprends très bien que c'est de l'argent qui vient de Conseil
exécutif et qu'on a dit au ministère des Richesses naturelles:
Cette année, ce n'est pas nous autres qui allons administrer cela, c'est
vous autres qui allez administrer cela. Pour pouvoir le faire administrer, on
vous donne $9 259 300. Mais il y avait des prêts, j'en suis convaincu. On
prêtait aux coopératives. Qu'est-ce qui se passe, à un
moment donné? M y a une différence entre les $6 326 500 et les
$760 000. Les $760 000 vont où? Ce sont des prêts pourquoi, dans
quel but et dans quel objectif? Les prêts, l'an passé,
c'était des prêts pourquoi?
M. Cournoyer: L'an passé, en vertu de l'entente, il y
avait un prêt de $5 500 000 qui était en voie de
négociation.
M. Lessard: De l'avance qu'on leur donnait.
M. Cournoyer: C'est cela. C'était un prêt de $5,5
millions. Ajoutés à cela, il y avait $826 000 prêtés
aux coopératives, ce qui vous donne $6 326 500 de prêts totaux
l'an passé. En plus de cela, il y avait un transfert, l'an passé,
de $5 766 600. Il ne peut pas être là, c'était l'an
passé, on ne l'avait pas à notre poste. Cette année, tout
est dans notre affaire. C'est un transfert net de $9 013 280 dont je vous
parlais tantôt et $760 000 de prêts aux coopératives.
M. Lessard: Maintenant, le prêt que vous avez fait l'an
dernier, comment, se paie-t-il?
M. Cournoyer: Ecoutez, je peux prendre tout le contrat. C'est en
vertu de l'entente. Il y a une disposition de l'entente qui prévoit ce
prêt de $5,5 millions, pour la première année.
M. Lessard: ... pour la première année, mais elle
doit prévoir aussi le remboursement?
M. Cournoyer: J'imagine que c'est une forme de remboursement qui
doit s'inspirer du montant d'argent qu'on donne.
M. Lessard: A moins que ce ne soit une entente
préliminaire, mais l'entente comme telle, l'entente finale, je ne me
souviens pas, c'était tellement épais, cette affaire, il n'y
avait plus...
M. Cournoyer: Je vais vous expliquer la théorie du
prêt. D'abord, c'est une sorte de prêt qui est drôle...
M. Lessard: C'est un prêt...
M. Cournoyer: Non, c'est un prêt non remboursable. C'est
une sorte de prêt non remboursable dans le sens suivant. Si l'entente
n'atteignait pas son apogée, c'est-à-dire que les droits des
Indiens n'étaient pas abolis par décision du Parlement ou si les
Indiens décidaient, enfin si nous n'étions pas capables de finir
l'entente, le prêt aurait été un prêt. Si, par
ailleurs, les lois sont adoptées et que les droits des Indiens, des Cris
et des Inuit sont effectivement abolis, cela devient le premier versement en
vertu de l'entente. Donc, jusqu'à ce que ce soit totalement
concrétisé, c'est un prêt. Si cela se concrétise,
cela devient un premier versement. Si cela ne se concrétise pas, on doit
nous rembourser le prêt.
M. Lessard: C'est prêté à qui, à
quelle association?
M. Cournoyer: Ce doit être à... M. Lessard: Une
minute!
M. Cournoyer: Je vais vous les donner. Québec North Shore
Inuit Association ou Northern...
M. Lessard: II y a eu deux ou trois associations qui se sont
constituées tout d'un coup?
M. Cournoyer: Nous avons fait cela à $3,3 millions aux
Cris et $2,2 millions aux Inuit représentés par les signataires
de l'entente, c'est la Quebec Northern Inuit Association...
M. Lessard: ... aux Cris. M. Cournoyer: C'est NQIA. M.
Lessard: Comment?
M. Cournoyer: Je ne le sais pas, c'est en esquimau. C'est
Northern Quebec Inuit Association.
M. Lessard: Combien, celle-là? M. Cournoyer: $2,2
millions.
M. Lessard: $2,2 millions. L'association des Cris, $3,3
millions.
M. Cournoyer: Cela fait combien en tout? $5,5 millions.
M. Lessard: $5,5 millions.
M. Cournoyer: C'est cela et $826 000 aux coopératives.
M. Lessard: De toute façon, ils l'ont signée, c'est
leur problème.
Le Président (M. Séguin): Programme 6,
adopté?
M. Lessard: Programme 6, adopté. On a discuté
très longuement de la convention. Programme 6, élément 1,
adopté. En ce qui concerne la convention, cela a fait l'objet d'une
commission parlementaire. Je pense bien qu'on ne recommencera pas.
Recherches d'hydrocarbures
Le Président (M. Séguin): Programme 7,
élément 1: Recherches d'hydrocarbures.
M. Lessard: M. le Président, je vais commencer d'abord par
les redevances sur l'eau, si le ministre me le permet, étant
donné que c'est là que je peux parler, comme on vient de le dire.
Je comprends que c'est hydrocarbures, mais politique énergétique,
c'est ici.
M. Cournoyer: Vous pouvez faire cela.
M. Lessard: Je peux faire cela, vous me permettez?
M. Cournoyer: Oui.
M. Lessard: Ecoutez, cela ne sera pas très
compliqué, on en a discuté l'an dernier. Après cela,
qu'est-ce qu'il reste?
Voici, je fais un résumé de la situation qui m'est connue
depuis l'an dernier et sur laquelle j'étais intervenu. Je voudrais
savoir en même temps aujourd'hui s'il y a eu correction. Comme je le
disais tout à l'heure, il y a une certaine production de
l'électricité qui se fait encore actuellement par des producteurs
privés. C'est le cas de l'ALCAN, c'est le cas de l'Hydro-Québec,
MacLaren, Manic Power et l'ancienne Price Brothers qui est maintenant Abitibi
Paper. En fait, en 1968, cela se répartissait comme ceci: ALCAN, 17
milliards de kilowatts-heures; Hydro-Ontario, 2 milliards de kilowatts-heures;
MacLaren, 1,2 milliard de kilowatts-heures; Manic Power, 1,3 milliard de
kilowatts-heures; Price Brothers du temps, 0,9 milliard de
kilowatts-heures.
En 1968, la production privée représentait je dis
bien en 1968 40% de la production actuelle de l'Hydro-Québec.
Mais c'est là que je soulève le problème. En 1973/74,
avant que l'Hydro-Québec, par la nouvelle Loi sur l'évaluation
municipale, soit gelée à $20 millions, l'Hydro a maintenant des
redevances fixes de $20 millions, avant que les redevances fixes soient
établies, l'Hydro-Québec devait payer les redevances qui se
fixaient à $0.50 le kilowatt-heure. Cela va bien. Pas de
problème. Au cours des deux dernières années, depuis la
loi, la redevance a été plafonnée à $20 millions,
soit à environ $0.35 à $0.40 le kilowattheure.
M. Cournoyer: ...donc ça, $0.35 à $0.40 le
kilowatt-heure...
M. Lessard: Pardon?
M. Cournoyer: ...par 1000 kilowatts au moins... Parce que, quand
vous parlez de kilowatts-heures, on parle de 3 mills, mais pas de $0.30
à $0.40. C'est 1000 kilowatts-heures.
M. Lessard: Oui, M. le Président, c'est par 1000.
Excusez-moi. D'accord!
Comme l'Hydro-Québec était aux prises avec le financement
de la baie James, etc., on a baissé cette redevance. Mais...
M. Cournoyer: C'est l'Hydro qui demandait cela.
M. Lessard: Bien oui...
M. Cournoyer: C'est elle qui demandait ça.
M. Lessard: C'est l'Hydro qui le demandait, même suite
à un amendement...
M. Cournoyer: Je ne parle pas du financement de la baie
James...
M. Lessard: ...que j'avais proposé. M. Tessier, à
ce moment, avait accepté mon amendement, jusqu'à ce qu'il
s'aperçoive que ce que demandait l'Hydro-Québec, ce
n'était plus ça du tout. C'est pour cela qu'on a refait la loi,
qui était la loi 33, qui est devenue la loi 48, et je ne sais plus quel
numéro elle porte.
M. Cournoyer: Elle change de numéro tous les jours.
M. Lessard: M. Tessier m'avait dit qu'elle était tellement
compliquée qu'il ne la comprenait pas lui-même.
M. Cournoyer: C'est toute une référence!
M. Lessard: C'était vrai... Quant à l'entreprise
privée maintenant, elle payait des redevances totales, pour 40% de la
production, en 1968, de $5,3 millions, ce qui revenait à une redevance
d'environ $0.21 les 1000 kilowatts-heures. Mais ce qui apparaît quand
même anormal là-dedans, c'est que l'Hydro-Québec, une
compagnie d'Etat, payait plus cher que ce que payaient les compagnies
privées.
Vous avez eu un rapport, au ministère des Richesses naturelles,
qui a été déposé le 16 août 1971; ce
mémoire, qui a été envoyé à M. André
Boucher, soulevait justement ce problème. Je pourrais vous informer de
ceci: "Vous trouverez, annexé à la présente, un
mémoire qui a été présenté à la
Commission juridique des problèmes de l'eau, proposant certains
amendements à la Loi du régime des eaux qui, tout en corrigeant
certaines anomalies, apporteraient les revenus additionnels de l'ordre de $7
millions à $8 millions annuellement. "Bien que la production totale des
compagnies privées atteigne approximativement la moitié de la
production de l'Hydro-Québec, les redevances payées par lesdites
compagnies sont de 1/5 des redevances payées par l'Hydro-Québec.
"Pour votre information, l'Hydro-Québec est assujettie au quantum de
$0.50 le 1000 kilowatts-heures, plus un montant nominal de $3 millions soit,
pour l'année 1970, une somme de $24 784 168.05, relativement à
une production totale de 49 568 356 104 kilowatts-heures. "En ce qui concerne
les compagnies privées, pour une production de 25 968 723 046
kilowatts-heures en 1970, les différentes redevances ont rapporté
$5 750 799.63, correspondant à un quantum moyen de $0.22 par 1000
kilowatts-heures. "Est-il normal qu'une société de l'Etat,
HydroQuébec, soit plus que deux fois taxée qu'une compagnie
privée? Vous savez sans doute que deux contrats avec Alcan peuvent
être modifiés en 1972" je voudrais savoir s'ils ont
été modifiés "Lac-Saint-Jean et
Lac-des-Commissaires. Les amendements soumis par M. André Chevarie,
ingénieur, pourraient apporter des revenus additionnels au Québec
de $910 000 annuellement. "Si la redevance unique proposée était
appliquée à Alcan, cette dernière serait tenue de
débourser un montant additionnel de $5,5 millions par année. "Je
suis à votre entière disposition pour tous les renseignements
additionnels. "Bien à vous, "Robert Gagnon. Domaine Hydraulique."
Alors, on avait proposé une redevance unique en 1971 de $0.50 par
1000 kilowatts-heures, cela à une époque où
l'électricité était produite au coût de $2000 ou de
$3000 le kilowatt-heure. Aujourd'hui, à la baie James, elle coûte
$15 000 le kilowatt-heure. La notion de rente exigée devrait être
d'autant plus forte. Alors, j'aimerais savoir, en 1976, quelle est la
production privée d'électricité. Quelle est la redevance
moyenne en vertu des différentes lois au type de redevance?
M. Cournoyer: Pouvez-vous les prendre l'une après
l'autre?
M. Lessard: Très bien. Quelle est la production
privée d'électricité?
M. Cournoyer: 3000 mégawatts à peu près. On
ne peut pas préciser exactement, mais, environ.
M. Lessard: 3000 mégawatts. Et la redevance moyenne en
vertu des différentes lois au type de redevance?
M. Cournoyer: C'est un montant de $0.15 par mille
kilowatts-heures d'énergie générée en vertu de la
section 8 de la loi du régime des eaux. Je vous dis la redevance.
M. Lessard: C'est encore pire que ce que je disais.
M. Cournoyer: Je lis ce qu'on m'a dit.
M. Lessard: $0.15 du 1000 kilowatts-heures.
M. Cournoyer: Si quelqu'un m'a trompé, je vais le
congédier. Je vais changer cela. Y a-t-il un autre sous-ministre qu'on
pourrait mettre à l'énergie?
M. Lessard: Autrement dit, cela n'a pas été
modifié, depuis 1971, malgré le rapport...
M. Cournoyer: Je vous assure que depuis que je suis là, je
n'ai rien modifié. Je ne me souviens pas avoir modifié cela et,
d'habitude, je m'aperçois de ce que je fais.
M. Lessard: Vous savez...
M. Cournoyer: Dans le rapport Marier, par exemple, vous allez
trouver aussi dans mes indications aux fonctionnaires que j'ai demandé
un certain nombre de choses.
M. Lessard: On perd $5 millions par année.
M. Cournoyer: Vous perdez bien plus que cela. Ça
dépend.
M. Lessard: Cela dépend, oui. Par rapport...
M. Cournoyer: Cela dépend de ce que vous voulez
demander.
M. Lessard: Par rapport à $0.50, seulement à
$0.50...
M. Cournoyer: Ce n'est pas une question de prix, c'est une
question de comparaison. Cela dépend de la formule que vous allez
choisir. En appliquant une formule, par exemple, qui dit que pour produire un
kilowatt-heure à l'Hydro-Québec, il en coûte 10 mills,
c'est-à-dire s'il coûte 10 mills et que pour produire un
kilowatt-heure à ALCAN, c'est 2,5 mills parce que son barrage est vieux
et qu'elle n'a pas eu besoin de le renouveler, elle prend sa propre
électricité... C'est-à-dire que si vous voulez compenser
la différence entre les deux, c'est $100 millions, par année,
à peu près que vous perdez, et, si vous deviez dire, par exemple,
que le coût de son électricité devrait être identique
à celui qu'on exige ailleurs, c'est là-dessus que vous basez
votre raisonnement, c'est $100 millions, par année, que vous perdez. Si
vous basez votre raisonnement en disant: Ecoute. Cela appartient aux compagnies
privées. On a un bail avec elles. On ne perd rien. On a tout ce qu'il y
a dans le bail. On ne perd absolument rien. Vous avez convenu une entente avec
elles qui dit: Voici, vous pouvez exploiter des barrages seules. Je ne perds
rien.
M. Lessard: Non. Mais on perd les barrages qu'on...
M. Cournoyer: Ce que je veux dire est que j'ai consenti
cela...
M. Lessard: Ecoutez.
M. Cournoyer: ... il perd quelque chose.
M. Lessard: C'est l'utilisation...
M. Cournoyer: Si Terre-Neuve me vend à 3,5 le... et il
s'en va à 2 mills, ces gens perdent-ils quelque chose dans ce sens? Vous
ne perdez rien du tout à Terre-Neuve et je ne perds rien moi non plus.
Vous ne perdez rien. Je vous ai vendu cela à ce prix.
M. Lessard: On est à l'utilisation de l'eau. Il y a des
redevances...
M. Cournoyer: Je suis obligé de ...
M. Lessard: L'Hydro-Québec paie $20 millions en redevance
à un certain moment.
M. Cournoyer: Oui monsieur.
M. Lessard: On les a réduites pour autofinancer
l'Hydro-Québec, la baie James, ou pour les aider, en tout cas.
M. Cournoyer: On va voir si c'est la bonne raison.
M. Lessard: Ce n'est pas cela. Dans le temps,
en 1974, on exigeait de l'Hydro-Québec $0.50 par 1000
kilowatts-heures alors que le coût de production de
l'électricité était d'environ 2 mills ou de 3 mills du
kilowatt-heure.
On est rendu à 15. Je ne vous dis pas qu'on va demander 15 de
redevance aux producteurs privés, mais il y avait quand même
quelque chose d'anormal. L'Hydro-Québec payait deux fois et demie plus
cher en redevance que les pouvoirs privés. Ecoutez. C'est quand
même... On exigeait d'elle des redevances, parce que l'eau est une
richesse comme les mines sont une richesse, comme le bois est une richesse
même si c'est une richesse renouvelable.
Or, en 1971, dans un mémoire, un fonctionnaire suggère
qu'au moins ils devraient payer la même redevance que paie
l'Hydro-Québec.
Est-on pour le principe de la redevance ou est-on contre la redevance?
Si on est contre la redevance, à ce moment, l'Hydro-Québec n'a
pas à payer $20 millions et on va... Il s'agit de s'entendre. Je ne vous
dis pas qu'à un certain moment, cela doit être des prix...
M. Cournoyer: J'ai un très grave problème depuis
que je suis intervenu dans l'affaire de Terre-Neuve, Churchill Falls en
particulier; il n'est pas question des frontières, pour le moment, on ne
parlera pas de ça. C'est le fait que le gouvernement de Terre-Neuve dit
sensiblement que l'entente qu'il y a pour fournir de
l'électricité à l'Hydro-Québec n'est pas une
entente satisfaisante pour autant qu'elle est concernée et cette
entente, comme vous le savez, prévoit la vente à
l'Hydro-Québec de la totalité de la production, moins la
possibilité de reprise de 300 mégawatts sur les 5500
mégawatts qu'elle a, plutôt 5250.
Moi, je suis obligé de penser que, si je considère que le
prix de fabrication de l'électricité par l'ALCAN, par
exemple il y en a 3000 en tout et partout, mais une grande partie
estfaite par l'ALCAN si cette chose m'entraîne dans une voie qui va
permettre au gouvernement de Terre-Neuve de modifier les taux
d'électricité qu'elle me vend, alors qu'effectivement, elle fait
de l'argent à ce prix, je vous dis que je dois être
extrêmement prudent avant de faire ça chez nous.' Cela ne veut pas
dire qu'on ne doive pas le faire, mais il faut être sûr de nos
bases avant d'arriver à ça.
M. Lessard: A Churchill Falls, votre accord est de combien?
Combien de temps?
M. Cournoyer: 75 ans.
M. Lessard: 75 ans. Votre accord était de combien avec
l'ALCAN?
M. Cournoyer: Je n'ai jamais posé la question comme
ça; je ne l'ai pas posée.
M. Lessard: Non.
M. Cournoyer: Je vais la poser, peut-être qu'on le
sait.
M. Lessard: C'est justement là qu'est la
différence.
M. Cournoyer: II n'y a pas d'entente avec l'ALCAN, ça lui
appartient et elle se fournit de l'électricité elle-même et
ça lui coûte...
M. Lessard: II y a des ententes sur les redevances.
M. Cournoyer: Non, c'est une loi, ça.
M. Lessard: En 1972, il y avait deux contrats avec l'ALCAN qui
pouvaient être modifiés, soit le lac Saint-Jean et le lac des
Commissaires, l'utilisation des eaux au lac Saint-Jean et au lac des
Commissaires. L'an dernier, en commission parlementaire, j'étais
revenu...
M. Cournoyer: Ceux qui sont passés, on va régler
ça tout de suite, ceux qui sont passés on n'a rien fait. L'an
prochain, il y en a huit.
M. Lessard: Oui.
M. Cournoyer: II y en a 8. Il faut donc que je me
dépêche d'établir ce qu'il me faut pour recommencer les
négociations. Mais, pour les deux autres qui sont passés, ne me
demandez pas ce que c'était, je ne les connais pas. Pour les deux
autres... En fait, en date du 17 mars, la direction générale de
l'énergie ne me solutionnait pas mon problème, mais me
recommandait un certain nombre de choses et, finalement, cette chose doit
être faite le plus rapidement possible. Donc, l'implication des
ministères des Finances, Industrie et Commerce et Richesses naturelles
dans une étude sur l'opportunité d'amender la Loi du
régime des eaux. Il faut voir s'il est opportun d'amender la Loi du
régime des eaux en prenant en considération les remarques que je
vous ai faites tantôt. Je pense bien que ceci doit être fait avant
que nous soyons dans la position de modifier ou de renouveler les ententes avec
ALCAN ou les autres ententes au nombre de 8 qui viennent à
échéance l'année prochaine. C'est tout ce que je peux vous
dire là-dessus. Pour le moment, je n'ai pas d'opinion autre que
celle-là.
M. Lessard: Quand vous dites que c'est un site privé,
quand vous dites que ces gens sont propriétaires du barrage, ils ne sont
pas propriétaires de la rivière. Ils ne sont pas
propriétaires de la rivière, ils sont propriétaires du
barrage.
M. Cournoyer: Oui, dans certains cas, ils sont
propriétaires et de la rivière et du barrage. Peut-être pas
de la rivière au complet, mais de certaines parties de ia
rivière.
M. Lessard: A l'Isle-Maligne, l'ALCAN est propriétaire de
la rivière? Du fond de la rivière?
M. Cournoyer: C'est ça.
M. Lessard: Encore, comme on en a discuté, le lit de l'eau
n'est jamais propriété de...
M. Cournoyer: Mais elle vient du lac Saint-Jean, elle appartient
à qui?
Vous devriez avoir, pour votre information personnelle, je ne la lirai
pas ici, une explication technique de tout ça. Je pense que les
officiers de mon ministère se feraient un plaisir, même s'il
s'agissait de la préparation de leur propre mémoire au ministre,
de vous donner l'explication technique, avec les faits tels qu'ils sont. On dit
que l'ALCAN est propriétaire du fond, du lit de la rivière
à l'Isle-Maligne et à d'autres endroits aussi. Les barrages sont
nettement la propriété de l'ALCAN.
M. Lessard: II reste que, malgré cela, pour l'eau, comme
telle, je me demande s'il n'y a pas possibilité d'établir une
redevance. D'ailleurs, il y avait même une redevance. On n'a pas besoin
de l'utiliser. Il s'agit de renégocier les redevances qu'elle paie,
c'est tout.
M. Cournoyer: Pourquoi les redevances? Si je comprends bien,
à moins de me tromper, ce ne sont pas des contrats, ce sont des
redevances qui sont établies dans la loi, la Loi du régime des
eaux. Est-ce que c'est cela? Le mémoire que j'ai ici est daté du
17 mars 1976. Cela ne fait pas longtemps que j'ai demandé cela. A
l'exception de l'Hydro-Québec et autres agents de la couronne, des
corporations municipales, des coopératives d'électricité,
tous les producteurs d'énergie électrique du Québec
exploitant un site de puissance de plus de 10 000 "horsepower" doivent payer
annuellement au ministre des Richesses naturelles une redevance ou contribution
de $0.15 par 1000 kilowatts-heures d'énergie
générée en vertu de la section 8 de la Loi du
régime des eaux. C'est en vertu de la loi qu'ils doivent payer cette
redevance. Cette redevance ou contribution imposée en 1946 n'a pas
été révisée depuis et rapporte au trésor une
somme annuelle à peu près constante d'une année à
l'autre d'environ $2 600 000. La production d'électricité soumise
à ce régime fiscal représente plus de 20% de
l'énergie hydraulique harnachée au Québec et est
réalisée par 23 entreprises qui exploitent 38 centrales
hydrauliques. Cette énergie est en quasi totalité utilisée
par les producteurs à des fins industrielles et commerciales. Les
coûts de production d'électricité
générée sont très inférieurs aux prix
actuellement offerts par Hydro-Québec pour des services semblables. Ceci
est attribuable à deux ordres de raisons. Premièrement, la
plupart de ces centrales ont été érigées à
une époque où les coûts de construction étaient
très inférieurs aux coûts actuels; deuxièmement, les
sites hydrauliques choisis ont des caractéristiques naturelles
avantageuses, telles que grand débit d'eau, forte dénivellation
et proximité des marchés.
M. Lessard: Mais pour dire comme M. Drapeau, c'était
l'argent qui était le plus fort, dans ce temps-là.
M. Cournoyer: Vous pouvez toujours être... Pourquoi
n'accusez-vous pas Dollard des Ormeaux de ne pas avoir réglé ce
problème à La-chine?
M. Lessard: Ce ne sont pas les Jeux olympiques qui coûtent
cher, c'est l'argent qui ne coûte pas assez cher.
M. Cournoyer: Madeleine de Verchères était folle
raide d'avoir fait ce qu'elle a fait.
M. Lessard: Oui, mais...
M. Cournoyer: "Approvisionnées en
électricité à bon marché, ces entreprises jouissent
ainsi d'une rente économique importante constituée d'une rente de
situation attribuable aux augmentations des coûts de construction et
d'une rente de localisation liée à des facteurs
géographiques. Des indications préliminaires permettent d'estimer
le prix de revient de l'énergie générée par cette
entreprise à environ $2.50 les 1000 kilowatts-heures, 2.5 mills alors
que le coût alternatif représenté par les tarifs
industriels à grand débit de l'Hydro-Québec est de 8 mills
à 10 mills. On peut ainsi établir la rente totale à plus
de $100 millions par an en 1976. En considérant que la ressource eau est
un bien collectif assimilable à une ressource primaire, que l'absence
d'intégration au réseau de l'Hydro-Québec de cette
production d'électricité ne permet pas d'optimiser la ressource
hydraulique, que les consommateurs doivent assumer le fardeau
d'aménagements hydroélectriques à des coûts
marginaux croissants très élevés, que la rente
économique qui découle des concessions hydrauliques est en
presque totalité encaissée par les producteurs
d'électricité, que des entreprises industrielles analogues
susceptibles éventuellement de s'implanter au Québec pourront
jouir des mêmes prix pour leur approvisionnement en
électricité sans revendiquer auprès du gouvernement et de
l'Hydro-Québec des tarifs préférentiels comme en font foi
le maire de Rimouski...
M. Lessard: C'est cela.
M. Cournoyer: ...la National South Wire, etc., que l'octroi de
tarifs préférentiels risque, par ses effets d'entraînement,
de devenir un fardeau considérable pour l'Etat. "Ce mémoire
suggère qu'un redressement sensible de la redevance ou contribution
imposée en vertu de la section 8 de la Loi du régime des eaux,
assure un meilleur partage entre la collectivité et les producteurs
privés d'électricité des profits tirés de
l'exploitation de forces hydrauliques."
Ceci dit, c'est un mémoire qui est adressé à M.
Ruelland, du groupe Electricité le 17 mars 1976. J'en prends
connaissance aujourd'hui et j'en suis très heureux. Cela ne veut pas
dire que je suis d'accord avec lui.
M. Lessard: On a bien de la difficulté à vous
mettre d'accord sur quelque chose.
M. Cournoyer: Ce n'est pas trop mal, après six mois, il y
a quelques affaires.
M. Lessard: II y a certes un redressement, mais il ne faudrait
probablement pas, si le ministre en vient à être d'accord avec le
mémoire qui est présenté à M. Ruelland,
considérant d'ailleurs les choses très importantes qui sont
inscrites dans ce rapport, à savoir une certaine discrimination
vis-à-vis des compagnies à venir, est-ce que, en même
temps, non seulement on va tenir compte du redressement, mais au moins analyser
aussi ia possibilité de l'indexation?
M. Cournoyer: Quelle indexation? Cela fait partie de toutes les
possibilités. Quand on dit qu'il faut renormaliser les redevances, on
peut regarder la redevance de 1946. Elle-même pourrait fort bien faire
l'objet d'une indexation et dire: Celle de 1946, c'est la même base,
mais, vu qu'elle n'a pas été révisée depuis 1946,
elle doit au moins avoir une valeur en chiffres absolus, eu égard
à celle de 1946.
M. Lessard: Les lois se modifient. Les revenus qu'on retirait en
1946 et les revenus qu'on retire aujourd'hui no sont aucunement comparables.
Prenons l'ITT, elle recevait $0.50 la corde auparavant et maintenant, elle
reçoit $1.25. C'est indexé.
M. Cournoyer: Oui. C'est encore très technique. Il y a
deux sortes de redevances. La première redevance, c'est celle qui est
imposée par la Loi du régime des eaux que je vous ai fixée
tantôt à $0.15 par 1000 kilowatts-heures.
M. Lessard: ... l'éducation.
M. Cournoyer: Pardon? L'autre redevance est basée sur les
inondations, les terres inondées. C'est en vertu d'un bail ou d'une
location que nous faisons à l'Alcan ou à l'autre, pour se servir
d'un bassin. A ce moment, cette redevance est fixée à l'acre.
Celle-là est renégociable. Celles qu'on n'a pas
renégociées il y a deux ans, ou en 1972, celles dont on parlait
tout à l'heure et celles qui vont être renégociables dans
peu de temps, c'est une partie seulement. Si vous parlez d'indexer...
M. Lessard: On va simplifier cela, ces redevances.
J'espère que, dans la nouvelle procédure que vous avez
adoptée, on va simplifier cela, qu'il n'y aura pas 20 sortes de
redevances. Il y avait des compagnies qui étaient astreintes à
une taxe sur l'éducation; il y en a d'autres pour qui, depuis 1946, cela
a sauté, etc.
Si on regarde tout cela, il faudrait qu'on fasse une redevance de base
et qu'on simplifie.
M. Cournoyer: On visera à simplifier, mais on visera
surtout à faire un petit peu plus d'argent.
M. Lessard: C'est cela qu'on veut. C'est exactement l'objectif
qu'on vise. On perd de l'argent constamment. Si cela avait été
révisé en 1971, on en aurait plus que cela.
M. Cournoyer: Ou en 1967. Je ne vois pas pourquoi M.
Lévesque n'a pas fait cela. Pas en 1967, M. Lévesque était
parti, disons donc pour 1963, 1964.
M. Lessard: II aurait dû les nationaliser
complètement.
M. Cournoyer: Je comprends pourquoi il n'est pas allé au
bout de sa pensée. Etait-il acheté par Alcan?
M. Lessard: Non, il n'était pas acheté par Alcan,
mais on se rappelle que, simplement pour aller au bout de sa pensée,
à savoir nationaliser les pouvoirs publics, il a fallu avoir,
semble-t-il je n'étais pas au Conseil des ministres
...
M. Cournoyer: Moi non plus.
M. Lessard:... des discussions très fortes.
M. Cournoyer: Voilà.
M. Lessard: Le lac à l'Epaule...
M. Cournoyer: II paraît qu'il n'y en a pas eu de grosses
à Terre-Neuve et on est pris avec un beau pouvoir électrique de
$177 millions, on ne sait pas quoi faire avec.
M. Lessard: Est-ce que le ministre se fixe un délai dans
l'établissement de nouvelles redevances? Est-ce qu'il ne faudrait pas
que ce rapport qui est envoyé à M. Ruelland...
M. Cournoyer: A ce que je peux voir, si vous ne nous fatiguez pas
trop pendant l'été, on devrait avoir terminé au mois de
septembre.
M. Lessard: II ne faudrait pas que ces recommandations soient
étudiées de la même façon que celles qui ont
été proposées en date du 16 août 1971.
M. Cournoyer: Je considère cela comme un souhait que vous
exprimez, comme toute l'Opposition peut en exprimer, tant qu'elle n'est pas au
pouvoir.
M. Lessard: Oui, parce que...
M. Cournoyer: II vous reste le pouvoir d'exprimer des
souhaits...
M. Lessard: Je peux ne pas proposer de dépenses, mais je
peux proposer des revenus.
M. Cournoyer: Si vous avez des souhaits, exprimez-les.
M. Lessard: M. le Président, on a discuté pas-
sablement de la politique énergétique du
pétrole-Eh! que vous avez une pipe qui sent fort ce matin.
Le Président (M. Séguin): C'est parce que le vent
souffle de ce côté-là.
M. Lessard: Probablement que la semaine dernière, il
soufflait de ce côté-là. Je vais changer de bord. Ce n'est
pas grave.
En date du 3 mars 1976...
M. Cournoyer: Cela ne fait pas longtemps...
Le prix du pétrole
M. Lessard: Le ministre va s'en rappeler. Le ministre faisait une
conférence sur le prix du pétrole...
M. Cournoyer: C'est excellent.
M. Lessard: Mais après avoir lu sa conférence, je
me pose des questions.
M. Cournoyer: Vous êtes comme moi.
M. Lessard: Oui, d'abord à la page 17...
M. Cournoyer: Vous n'êtes pas mal.
M. Lessard: ... on pose la question suivante, aux notes de sa
conférence, au ministre: C'est M. Bazay qui pose cette question, un
journaliste. C'est une conférence de presse que vous donniez en date du
3 mars.
M. Cournoyer: Ah! Je l'ai fait enregistrer?
M. Lessard: C'est-à-dire qu'elles sont automatiquement
enregistrées, nos conférences, exactement comme le journal des
Débats.
M. Cournoyer: J'ai donné une conférence de presse
ici, moi?
M. Lessard: Vous l'avez donnée de votre bureau à
Montréal ou ici. Une conférence de presse...
M. Cournoyer: Oui, oui.
M. Lessard: ... le mercredi 3 mars 1976...
M. Cournoyer: Je m'en souviens.
M. Lessard: ... 11 h 05.
M. Cournoyer: C'était à 11 h 05. C'est de l'heure
que je ne me souvenais pas. Correct.
M. Lessard: Bon! On dit: Pour compléter ma question
c'est M. Bazay qui parle donc, vous n'allez pas à Ottawa en
disant: Ecoutez! On ne peut pas supporter, au Québec, une augmentation
à la pinte d'essence...
M. Cournoyer: ... j'ai dû dire à la pompe.
M. Lessard: A la pompe, c'est ça... M. Cournoyer:
... dire à la pinte...
M. Lessard: ... de $0.05 et de $0.10 ou quelque chose comme cela.
Vous n'allez pas comme ça.
Réponse de M. Cournoyer: Non, moi, je vais à Ottawa en
disant reconnaître que le gouvernement de l'Alberta a des droits
légitimes de demander une augmentation du prix de ses produits qui
sortent de sa province. Le reconnaissant et reconnaissant en même temps
le principe que mon premier ministre a reconnu l'an passé, qu'on devait,
le plus rapidement possible, compte tenu des effets inflationnistes d'une
augmentation des prix, faire en sorte que le prix d'un baril de pétrole
de l'Alberta soit égal au prix d'un baril de pétrole du
Moyen-Orient, parce qu'il n'y a pas de raison qu'il ne soit pas égal. On
dit maintenant: II y a des choses qu'on se dit, en plus, c'est que si vous
continuez à maintenir la Self-Reliance Policy ou encore l'autosuffisance
dont on a parlé si longuement, l'argent qui est
généré par une augmentation du prix du baril de
pétrole doit être utilisé dans cette fin, parce que
là, on pense quand même qu'à l'intérieur du Canada,
c'est nous, les consommateurs de l'Ontario et du Québec, qui nous
trouvons à payer une ressource naturelle en Alberta. C'est cela qu'on va
faire.
Bon! Première déclaration, page 17...
M. Cournoyer: Cela va.
M. Lessard: D'accord? Excellent! Cela va? Vous vous entendez?
C'est que l'objectif que vous visez, c'est le prix international,
c'est-à-dire le prix qui est actuellement celui du Moyen-Orient.
M. Cournoyer: Non.
M. Lessard: Je répète: Faire en sorte...
M. Cournoyer: Répétez, mais comme il est
écrit, pas comme vous voudriez qu'il fût écrit.
M. Lessard: ...qu'on devait, le plus rapidement possible, faire
en sorte que le prix d'un baril de pétrole de l'Alberta soit égal
au prix d'un baril de pétrole du Moyen-Orient...
M. Cournoyer: C'est parfait, ça!
M. Lessard: ... parce qu'il n'y a pas de raison qu'il ne soit pas
égal.
M. Cournoyer: Correct.
M. Lessard: Quel est le prix, aujourd'hui, du...
M. Cournoyer: Je ne le sais pas.
M. Lessard: Non, mais quel est le prix, actuellement, du baril de
pétrole...
M. Cournoyer: $11.50.
M. Lessard: $11.50, au Moyen-Orient? M. Cournoyer:
Oui.
M. Lessard: D'accord! Ici, au puits, il est $8, plus $0.10...
M. Cournoyer: Par rapport à $11.50.
M. Lessard: ... pour le consommateur, pour le gouvernement?
M. Cournoyer: Pour le consommateur, c'est $13 ici. Celui qui
vient du Moyen-Orient, on le paie à la tête des puits, $11.50, par
rapport à $8. Si vous ajoutez les frais de transport, on les ajoute sur
les deux bords.
M. Lessard: Bon!
M. Cournoyer: II faut comparer deux choses pareilles.
M. Lessard: D'accord! A ce moment, il est $11.50 au puits, mais
votre taxe d'accise, vous la mettez où?
M. Cournoyer: La taxe d'accise, c'est à la pompe.
M. Lessard: Oui, à la pompe.
M. Cournoyer: C'est seulement pour l'essence.
M. Lessard: Oui, l'essence raffinée,
transformée.
M. Cournoyer: Vous savez, dans le baril de pétrole, il y a
35 gallons...
M. Lessard: 35 gallons...
M. Cournoyer: ... comme je vous le disais d'ailleurs, d'une
façon très savante, à l'Assemblée nationale, la
semaine passée...
M. Lessard: $0.10, c'est ça...
M. Cournoyer: Pardon?
M. Lessard: A $0.10...
M. Cournoyer: Cela fait $3.50.
M. Lessard: $3.50.
M. Cournoyer: Cela ne peut pas être ça, parce que
les 35 gallons dans le baril de pétrole brut ne sont pas tous des
gallons d'essence. Vous avez un raffinement du brut qui va vous donner de
l'essence, de l'huile, des benzènes...
M. Lessard: L'essence...
M. Cournoyer: II y a 30% seulement, selon les experts de mon
ministère, qui sont à ma droite d'ailleurs, du baril de
pétrole brut qui est consommé en essence.
Là-dessus, la taxe d'accise n'est applicable que pour la
consommation à des fins personnelles et non pas pour ceux qui
travaillent avec leur auto ou le véhicule automobile dont il est
question.
M. Lessard: Le problème que je me pose, quand je lis cela,
c'est: Est-ce le prix international, le prix du Moyen-Orient que vise le
ministre ou si c'est le prix dont on parle à la page 31 de sa
conférence de presse, à savoir le prix moyen du pétrole
américain?
M. Cournoyer: Voulez-vous, on va en arriver à la vraie
conclusion, telle qu'elle devrait être comprise par vous en
particulier?
M. Lessard: C'est cela que je veux comprendre.
M. Cournoyer: Quand nous disons que nous devrions atteindre le
prix moyen ou le prix international, nous assortissons cela d'un certain nombre
de conditions. D'abord, il y a une question, compte tenu de l'inflation. C'est
aussi dans la même phrase que vous avez lue tantôt. En partant de
cela, on ne dit pas le prix actuel du Moyen-Orient, on dit: On doit tendre vers
une égalisation du prix albertain avec le prix du Moyen-Orient. C'est
clair.
M. Lessard: Le prix du Moyen-Orient, actuellement, c'est...
M. Cournoyer: Vous le mettez à $13.50, mais le prix du
Moyen-Orient, c'est une chose qui se situe, dans le temps, aujourd'hui,
à $13.50. Entre $8 et $11.50, la marge qui est là, qui existe, on
peut la rétrécir, en tenant compte des autres facteurs qui
viennent conditionner la recherche que j'indiquais; l'autre facteur, le
premier, étant qu'il ne faut pas que ce soit trop inflationniste.
D'autre part, tant et aussi longtemps que le prix moyen américain n'est
pas égal au prix international, nous demandons que le prix
québécois ou le prix canadien ne dépasse pas le prix moyen
américain. Mais nous devons tendre quand même, parce que le prix
moyen américain tend vers le prix international, à rejoindre, en
même temps, le prix moyen américain, le prix international. C'est
cela.
M. Lessard: D'accord. Je comprends. A long terme, on accepte de
se diriger vers le prix international qui sera X, en tenant compte de
l'inflation, etc., parce qu'il est normal que les provinces, quelles qu'elles
soient, retirent de leurs richesses naturelles le prix que retirent d'autres
pays ailleurs.
M. Cournoyer: Encore une fois, ce n'est pas cela que j'ai dit. Il
est normal qu'une province décide de ce qu'elle va faire avec ses
richesses naturelles, ce n'est pas la même chose que de dire qu'il est
normal qu'elle ait le même prix qu'un au-
tre de l'extérieur. Je peux bien discuter avec elles,
étant donné que je suis à l'intérieur de la
Confédération le prix qu'elles vont me le vendre. C'est
exactement ce qui se produit actuellement. On ne peut pas pour autant dire:
D'accord, vous êtes le maître. On peut bien discuter avec vous
autres pour que vous ne fassiez pas cela. On peut même causer
suffisamment d'ennuis à l'intérieur de la
Confédération. On peut discuter, tandis qu'à
l'extérieur, on discuterait moins.
M. Lessard: Vous dites dans votre conférence qu'on devait,
le plus rapidement possible, faire en sorte que le prix d'un baril de
pétrole j'insiste là-dessus de l'Alberta soit
égal au prix d'un baril de pétrole du Moyen-Orient, parce qu'il
n'y a pas de raison qu'il ne soit pas égal, le plus rapidement
possible.
M. Cournoyer: C'est compte tenu des autres impératifs.
M. Lessard: Le prix moyen américain, ces gens ne sont pas
intéressés à l'augmenter le plus rapidement possible.
M. Cournoyer: II augmente...
M. Lessard: II est fait de trois prix, du vieux pétrole,
de celui du Moyen-Orient et...
M. Cournoyer: Voyez-vous, il y a des élections cette
année. Dans la décision de M. Ford, c'est qu'il augmente de 10%
par année, le prix moyen américain.
M. Lessard: Cela veut dire $9.35...
M. Cournoyer: Remarquez bien que le prix moyen américain,
c'est ce qu'il y a de plus artificiel sur la terre, si j'ai bien compris.
M. Lessard: Ah oui!
M. Cournoyer: Enfin, ce n'est peut-être pas une
façon tout à fait artificielle de dire que c'est $9.35.
M. Lessard: Non, c'est le prix moyen que leur coûtent leurs
trois sources de pétrole.
M. Cournoyer: Oui, moins le transport; les trois sources de
pétrole non transporté.
M. Lessard: Les vieux puits, les puits qui sont moins
vieux...
M. Cournoyer: C'est cela, d'accord.
M. Lessard: ... et, après cela, le pétrole qui
vient du Canada à $11.50.
M. Cournoyer: Ou qui vient du Moyen-Orient aussi.
M. Lessard: Oui.
M. Cournoyer: II y en a qui entre par Portland. Ce qui va rendre
le prix moyen américain proche de l'autre, c'est qu'il y en a au moins,
sinon plus, 50% du "blended price" qui est du pétrole du Moyen-Orient,
aux Etats-Unis, au moins 50%. Quand vous arrivez à un prix qui augmente,
si le prix international augmente, le prix moyen américain augmente
aussi.
M. Lessard: Quand on compare l'attitude du Québec par
rapport à celle de l'Ontario, quel est l'intérêt du
ministre de dire: Allez-y, nous autres, on va vous payer le prix
international?
M. Cournoyer: L'intérêt du ministre, c'est un
intérêt que je dois expliquer de nouveau, pour ma part, au moins.
D'abord, je vais leur situer l'intérêt sur une décision que
le gouvernement fédéral a prise de financer le pétrole
dans l'Est, qui nous coûte $11.50 le baril à la tête des
puits, et si on le fait transporter, cela fait quelque $13, pour le moment.
M. Lessard: ...qui coûte au consommateur je
comprends qu'il entre de l'argent dans les coffres du gouvernement le
prix international, en ce qui concerne le pétrole, l'essence
commerciale.
M. Cournoyer: Disons que...
M. Lessard: C'est-à-dire non commerciale.
M. Cournoyer: J'ai l'impression toujours que le consommateur paie
$11.50 le baril, excepté qu'il ne paie pas à la pinte, mais
à la pompe. A la pompe, l'essence, il la paie. Il y a $0.10 de taxe
d'accise là-dessus. Seulement, l'autre $11.50, de toute façon, ce
que j'essaie de mettre dans la tête des gens, c'est qu'il y a quelqu'un
qui paie $11.50, parce que c'est ce qu'il coûte. Or, la politique du
gouvernement fédéral a été à moins
qu'on me reprenne pendant que je la décris de financer le
pétrole dans l'Est par deux formes de revenu. Le premier revenu,
généré par une taxe spéciale à l'exportation
du pétrole de l'Alberta vers les Etats-Unis ou à
l'extérieur, qui était, en définitive, la
différence entre le prix demandé à la tête des puits
à $8 et $11.50. Maintenant, dans la politique fédérale,
plus la taxe d'accise exigée sur le gallon d'essence dans les conditions
que j'ai décrites tantôt, c'est-à-dire au consommateur
privé et non pas à celui qui gagne sa vie avec cela, et les
revenus généraux du Canada, s'il en manquait. Quand on a fait la
projection, les deux produits des deux taxes étaient censés
correspondre aux obligations d'une compensation du pétrole dans l'Est.
Or, l'exportation aux Etats-Unis a été de beaucoup moindre
qu'elle ne semblait vouloir l'être. On m'indique, ce sont les chiffres
qu'on m'a donnés, que le déficit net des deux taxes seraient de
$400 millions par année, ce qui veut dire quand même des taxes
générales. Le gouvernement canadien se trouve à payer $400
millions de compensation à même les taxes générales,
ce à quoi, moi, comme membre du gouvernement québécois, je
m'op-
pose. Je m'oppose à deux ou trois titres. Si je constate qu'en
Ontario, la production d'électricité n'est pas hydraulique comme
ici, mais elle est à base de pétrole et de gaz naturel en grande
partie, est-ce que comme contribuable québécois, je ne finance
pas l'électricité en Ontario? Parce qu'on la fait avec du
pétrole ou du gaz naturel qui, lui-même, est financé. A
partir du moment où c'est cela, vous allez comprendre
immédiatement la différence de position du gouvernement du
Québec par rapport à celle du gouvernement de l'Ontario. Vous
allez comprendre immédiatement aussi la différence de position du
gouvernement du Québec par rapport à celle du gouvernement de la
Nouvelle-Ecosse. Je ne veux pas augmenter le prix du baril du pétrole
pour les Québécois, je ne veux tout simplement pas continuer de
financer l'électricité de l'Ontario ou celle de la
Nouvelle-Ecosse ou celle de l'Ile-du-Prince-Edouard par une taxe
générale qui devrait être utilisée
différemment. C'est mon argument. Il y a peut-être des
fonctionnaires qui ont des arguments différents, mais je trouve
celui-là très simple et très compréhensible.
M. Lessard: Quant au prix international aux puits, la marge a
diminué constamment, c'est-à-dire que là, c'est $8, et il
semble qu'ils veulent avoir un autre $2. A un moment donné, elle va
diminuer constamment. Par ailleurs, la taxe d'accise qu'on paie, à
savoir $0.10 le gallon, peut rester tout le temps, de telle façon que si
on permet l'augmentation du prix du pétrole de l'Ouest, on va arriver
et, en plus, toujours sur le pétrole non commercial, on paie $0.10 le
gallon, là, on est rendu supérieur au prix international.
M. Cournoyer: Je suis convaincu que tout cela, dès que
vous atteignez le prix moyen ou le prix international, en définitive, il
n'y a plus aucune forme de raison d'avoir une taxe d'accise qui est là
justement pour cette seule fin. Cela ne veut pas dire que lorsque cela
arrivera, je n'aurai pas une taxe d'accise qui remplacerait celle que le
gouvernement fédéral a mise dessus.
M. Lessard: C'est le consommateur qui a à subir les...
M. Cournoyer: Cela dépend de ce qu'il consomme.
M. Lessard: Est-ce que dans les circonstances, si vous acceptez
une augmentation du prix du pétrole de $1.35 ou de $1.50 ou de $2,
est-ce que, en retour, vous avez l'intention de demander au gouvernement
fédéral de se retirer, au moins en partie, de la taxe
d'accise?
M. Cournoyer: Ecoutez...
M. Lessard: On veut savoir si...
M. Cournoyer: Oui...
M. Lessard: ... pas de problème. D'un côté,
la politique internationale...
M. Cournoyer: ... je ne sais pas combien de fois...
M. Lessard: Mais oui, mais ça ne se tient pas, la
patente.
M. Cournoyer: Ah bon!
M. Lessard: Vous dites: D'un côté, on est d'accord
pour que le pétrole des provinces de l'Ouest atteigne le plus rapidement
possible le prix international, à savoir le prix d'un baril de
pétrole du Moyen-Orient.
M. Cournoyer: Voilà!
M. Lessard: D'un autre côté, à la page 31,
toujours de votre conférence de presse vous dites ceci... D'accord,
c'est la péréquation. Le prix américain... La semaine
dernière, à l'Assemblée nationale, vous dites: Oui, mais
c'est le prix américain, à savoir si on s'entend que le prix
américain peut être $9.35, $9.50, selon les trois prix tels que
déterminés. Si on s'entend que le prix américain, c'est
ça, le prix du pétrole canadien ne devrait pas dépasser le
prix américain.
M. Cournoyer: Moyen.
M. Lessard: C'est ça? Le prix moyen américain.
Est-ce que votre position est que vous allez aller vous battre pour que le prix
du pétrole de l'Ouest ne dépasse pas le prix moyen
américain, à savoir autour de $9.35 ou autour de $9.50, ou bien
qu'on devrait, le plus rapidement possible, faire en sorte que le prix d'un
baril de pétrole de l'Alberta soit égal au prix d'un baril de
pétrole du Moyen-Orient, parce qu'il n'y a pas de raison pour qu'il ne
soit pas égal? C'est votre position ou si c'est les $9.35?
M. Cournoyer: Moi, je vous ai expliqué la position de la
façon suivante: La phrase que vous venez de dire comprend aussi:
Première partie, compte tenu de l'effet inflationniste d'une
augmentation trop grande, par rapport au prix actuel exigé des
Canadiens, de $8, passer à $11.50, quel est l'effet inflationniste de
cela? Il y a quelqu'un d'autre qui va le discuter, mais je dois en tenir compte
dans l'augmentation du prix, c'est-à-dire dans le quantum de
l'augmentation du prix. Ce n'est pas encore changé de position à
savoir qu'on doit l'atteindre, mais je n'ai jamais dit quand on doit viser
à... C'est la première partie.
La deuxième partie, je dis: On doit atteindre le prix
international, en autant que le prix international, lui-même, ne nous
place pas dans une situation concurrentielle, différente
vis-à-vis des Américains. Comment dois-je faire pour
éviter ça? C'est que, tant et aussi longtemps que le prix moyen
américain n'est pas égal au prix international, je dis: Nous
devons nous tenir aussi, au moins, en-dessous ou au niveau du prix moyen
américain.
M. Lessard: Donc, vos prix...
M. Cournoyer: Donc, la bataille que je fais, c'est que tant et
aussi longtemps, que je constate
que c'est $9.35, je dis: Bon! C'est à $9.35 au maximum...
M. Lessard: Vous vous opposez...
M. Cournoyer: Je m'oppose à une augmentation qui
dépasserait $9.35. Je suis convaincu que c'est la même chose quand
je dis: On doit tendre au prix moyen international, parce qu'il est possible
que, plus rapidement que vous ne le pensiez, le prix américain atteigne
le prix international. Donc, quand il aura atteint le prix international
le prix moyen américain... Il ne faut pas oublier que les Etats-Unis
sont en campagne électorale, et ce n'est pas cette année que
ça va se faire. Ford a fait ça au début de l'année
1976, la décision qu'il a prise de fixer le prix moyen américain
à $9.35. Il a même réduit le prix qui était
payé par le consommateur à l'époque où il l'a
fixé à $9.35. C'est en campagne électorale. Il y a des
jeux dont on doit tenir compte quand on constate ce qu'il s'y passe. Mais de
là à dire, par exemple, qu'on va viser au prix moyen
américain, il est possible même, et théoriquement il n'y a
rien de plus plausible, que le prix moyen américain dépasse un
jour le prix international.
C'est une des raisons pour lesquelles nous nous opposons à
certaines positions de l'Ontario, par exemple, sur un "blended price" canadien,
et c'est fort possible que, dans peu de temps, le "blended price " canadien
soit supérieur au prix international.
M. Malouin: ... l'augmentation du prix international depuis
1975?
M. Cournoyer: Passé de... M. Lessard: $2.50...
M. Cournoyer: II a augmenté de cinq fois. Il est parti de
$2.50, je pense, qu'il était, en tout et partout, et est monté
à $11.50, dans ce coin-là.
M. Lessard: M. le Président, si je comprends bien, le
ministre a l'intention de se battre ou de représenter la position
québécoise comme ceci en disant que le prix du pétrole de
l'Ouest, en fait, devrait s'en tenir au prix américain, ne devrait pas
dépasser le prix américain ou devrait tout simplement suivre
l'augmentation du prix américain.
Si le prix américain, dans deux ans, est de $10.25, eh bien, on
devrait s'en tenir à $10.25, etc.
M. Cournoyer: Je vais vous résumer mon
intérêt dans l'Ouest, actuellement. Mon intérêt dans
l'Ouest est de zéro parce que, dans l'Ouest, la seule raison pour
laquelle j'y discute du prix du pétrole, c'est qu'il sert au financement
du prix du pétrole dans l'Est, comme point de
référence.
Qu'on vende le pétrole comme on voudra en Alberta, je vous dis
que c'est le privilège du gouvernement de l'Alberta de s'arranger avec
le gouvernement de l'Ontario ou via le truchement du gouvernement canadien.
Cela ne me regarde pas. Je n'en achète pas. Au Québec, on n'a pas
de pétrole d'Alberta. Il y a un pipe-line. On me dit qu'on a bien fait
de faire le pipe-line réversible parce qu'en Alberta, si on ne fait pas
d'exploration, c'est de valeur, mais on ne trouvera pas de pétrole et on
devra prendre celui qui vient du Moyen-Orient pour s'approvisionner.
M. Lessard: Mais le...
M. Cournoyer: Laissez-moi finir cette partie...
M. Lessard: ... consommateur paie $11.50. Il paie aussi cher
que...
M. Cournoyer:... de mon exposé. Quand je dis que le prix
du pétrole en Alberta est à $8, actuellement, c'est un point de
référence pour le gouvernement fédéral pour savoir
le montant qu'il paie dans l'Est. C'est dans ce sens que je discute avec le
gouvernement fédéral. Je dis au gouvernement
fédéral: Aime cela ou n'aime pas cela, votre politique, vous
êtes intervenu et vous avez financé le pétrole dans l'Est.
Une augmentation trop grande, actuellement, qui dépasserait le prix
moyen américain trop rapidement, pour se rendre immédiatement au
prix international, ce que nous souhaitons parce que c'est ce qu'on paie, d'une
façon ou d'une autre, c'est ce que nous payons, $11.50...
Nous disons, à ce moment, par point de référence:
Quand vous augmentez le prix à la tête de puits en Alberta et pour
les fins de financement du pétrole dans l'Est, de grâce, ne
dépassez pas le prix moyen américain. Continuez de nous aider
pour la différence entre le prix international et le prix moyen
américain. Si vous voulez, on va accepter cela. C'est une question
d'aide.
M. Lessard: Et lorsqu'il n'y aura plus de différence?
M. Cournoyer: Lorsqu'il n'y aura plus de différence, on ne
voit pas pourquoi le gouvernement fédéral resterait dans le
champ. Normalement, c'est une question de libre commerce et il ne devrait
même pas être là. On sait qu'il est là, par
exemple.
M. Lessard: Mais, dans le prix du pétrole d'utilisation
non commerciale, avec la taxe d'accise, si vous permettez une augmentation, on
paie $11.50. Je comprends que le gouvernement reçoit des ristournes par
la suite, mais combien le consommateur paie-t-il avec la taxe d'accise,
à la pompe? Combien paie-t-il?
M. Cournoyer: Je suis convaincu qu'il paie le plein prix. Avec
une taxe d'accise, à la pompe? Pour le consommateur privé qui
n'utilise pas son automobile pour des fins de travail, etc? Il paie le prix,
soit $11.50 le baril.
M. Lessard: Alors, la dernière question que je veux vous
poser...
M. Cournoyer: ... pas de...
M. Lessard: ... est celle-ci: Si vous permettez une augmentation
du prix je parle toujours pour le consommateur, je ne parle pas du
pétrole non commercial de $1.55 ou de $2, le consommateur qui en
fait un usage non commercial va-t-il payer plus cher que le prix international
avec une augmentation?
M. Cournoyer: Non.
M. Lessard: Oui, il va payer plus cher. Il va payer
l'augmentation. Il paie déjà $11.50...
M. Cournoyer: Le prix international...
M. Lessard: ... à moins que le prix international
augmente. C'est différent, mais si le prix international reste
stable...
M. Cournoyer: Le prix international est d'un baril de brut...
M. Lessard: $13. Très bien. S'il augmente de $2 à
ce moment, avec la taxe d'accise...
M. Cournoyer: Oui.
M. Lessard: D'accord. C'est $11.50 pour le baril brut. Je
comprends. Comme on le disait, tout à l'heure, dans le baril brut, on
ramasse à peu près combien? Quelle proportion, me disiez-vous,
30% à 40%, une fois le produit raffiné, devient du
pétrole?
M. Cournoyer: Tu parles de l'essence à moteur, ce qu'on
appelle, communément, du gaz chez nous, mais c'est de l'essence chez
lui. Du blanc, du rouge et du jaune.
M. Lessard: Ce que je mets dans mon automobile.
M. Cournoyer: C'est 30% d'un baril qui est comme cela. Il sort
comme cela, il n'y a que 30% sur lesquels on exige la taxe d'accise, mais ce
n'est pas sûr que ce soit 30%. C'est peut-être 20%, étant
donné que ce n'est pas tout le monde qui paie la taxe d'accise, mais
seulement ceux qui en font usage pour consommation privée.
On peut prendre 20%, mais c'est du raffiné et le financement part
avec 20% pour financer la totalité du baril, parce que le prix est pour
le baril total. Alors, il y a $0.10 sur 20% du baril, les 20% sont très
arbitraires, j'en conviens, qui servent à financer la totalité du
baril. Tant et aussi longtemps qu'il y a du financement du pétrole dans
l'Est à $11.50, le gouvernement fédéral est
légitimé, pour éviter d'aller à la taxe
générale, de maintenir la taxe d'accise.
M. Lessard: Mais si on s'en va vers le prix international et
qu'on maintient la taxe d'accise, là on va payer plus.
M. Cournoyer: Non, si un baril de brut était au prix
international et qu'on continuait à payer la taxe d'accise, on paierait
un prix supérieur au prix international, ce qui ne veut pas dire que
cela ne serait pas normal, mais l'argent ne s'en irait pas à la
même place. En France, combien coûte un baril de pétrole
actuellement? On me dit $2.
M. Lessard: Oui, mais il coûte le même prix que pour
vous autres... C'est-à-dire qu'on paie le même prix, mais il
coûte plus cher sous forme de taxes.
M. Cournoyer: Oui, dans ce sens-là.
M. Lessard: Qu'on arrête de nous dire: Le pétrole en
France coûte terriblement cher. Il coûte le même prix pour
les Français que pour...
M. Cournoyer: J'espère que les explications que j'ai
données ont clarifié la chose. Si cela ne l'a pas
clarifiée, je ne suis pas capable de faire mieux. Je voulais que ce soit
clair. Vous m'avez forcé au moins à clarifier une chose, c'est
que le prix moyen américain est à ce niveau actuellement et il
tend vers le prix international lui aussi. Je ne voudrais pas que le prix
canadien, le prix qu'on paie au Québec, le prix qu'on nous demande au
Québec, dépasse, mais, dans le fond, étant donné
qu'on le paie déjà, j'aimerais autant qu'on arrive le plus
rapidement possible au prix comparatif avec les Etats-Unis. Si c'est le prix
international, tant mieux.
Il y avait une autre considération que je voudrais rappeler et
que le député de Saguenay n'a pas lue tantôt, probablement
parce qu'elle était en dehors du contexte de sa lecture, c'est que nous
croyons très sincèrement qu'une des conditions de l'augmentation
du prix du pétrole par le gouvernement canadien, ce serait
réellement d'affecter l'augmentation du prix à la recherche et au
développement des ressources pétrolières de l'AIberta et
des îles arctiques canadiennes.
Gaz naturel
M. Lessard: M. le Président, concernant le gaz naturel,
SOQUIP vient de faire deux découvertes qui semblent assez
importantes.
Le Président (M. Séguin): Un instant. Est-ce qu'on
doit continuer jusqu'à une heure ou si vous voulez laisser à 12 h
30?
M. Lessard: Je pense, M. le Président, qu'on devrait...
Quant à moi, je serais intéressé à terminer dans
à peu près une dizaine de minutes.
Le Président (M. Séguin): C'est très bien.
M. Cournoyer: Allons-y.
M. Lessard: On sait que SOQUIP vient de faire des
découvertes qui semblent être commerciales; on peut commercialiser
ce pétrole. Est-ce qu'actuellement en fait, c'est dans ce sens
que je di-
rige SOQUIP le ministre a des informations ou si le ministre aime
mieux qu'on en discute avec la Société québécoise
d'initiatives pétrolières?
M. Cournoyer: Comme j'ai promis la semaine dernière, je
peux toujours donner les informations que je possède, mais, pour les
informations éminemment techniques, les questions seraient susceptibles
d'être posées directement à M. Cloutier. Les seules
informations que je possède, ce sont des relations qui existent
maintenant entre M. Cloutier et M. Giroux de l'Hydro-Québec pour
utiliser le gaz naruel qu'il y a là pour installer une turbine à
gaz pour pouvoir fabriquer de l'électricité dans le coin pendant
qu'on teste... Ce n'est pas une question de le faire tout le temps avec ce gaz,
mais c'est une question de tester le puits. On me demandait justement hier que
je demande formellement à M. Giroux au nom de SOQUIP qu'il installe une
turbine à gaz à cet endroit particulier, ce sur quoi M. Giroux
s'est dit d'accord à condition que j'écrive la lettre.
M. Lessard: On est au programme 7, mais dans le
général, quitte à aller très vite tantôt. Il
y a une question, M. le Président, que je voudrais poser au ministre;
c'est celle-ci: Est-ce que PétroCa-nada fait actuellement des
explorations au Québec? Est-ce qu'elle a obtenu des permis du
ministère des Richesses naturelles?
M. Cournoyer: C'est en Nouvelle-Ecosse qu'elle est
associée avec SOQUIP.
M. Lessard: Mais, sur le territoire québécois,
PétroCanada ne fait aucune exploration pour le moment?
M. Cournoyer: Non. SOQUIP est seule ou avec d'autres compagnies
de type privé, mais pas avec PétroCan.
M. Lessard: Recherches d'hydrocarbures, il n'y a pas grand-chose
cette année par rapport à $553 900 l'an passé. Quels sont
les programmes qu'on prévoit cette année, il n'y a pas grand
chose avec $147 000?
M. Cournoyer: II y a trois choses là-dedans, quand vous
parlez de recherches, il s'agit de travaux qui ressemblent à des
recherches. Premièrement, il s'agit de finir des études sur le
port pour superpétroliers. Deuxièmement, de retenir les services
de consultants pour établir les besoins énergétiques
québécois. Troisièmement, des services de consultants,
également pour nous aider dans nos comparutions devant la National
Energy Board en matière de gaz et de pétrole.
M. Lessard: Quand vous parlez de finir vos études sur le
superport, est-ce que...
M. Cournoyer: Ce n'est pas un superport, c'est un port pour
superpétroliers. D'après la description qu'on m'en a fait.
M. Lessard: On commence à faire des distinctions.
M. Cournoyer: Bien oui, mais un bout de tuyau, ce n'est pas un
superport.
M. Lessard: En tout cas, un port pour superpétroliers;
est-ce dans l'intention de les finir vraiment ou de former un autre
comité pour étudier les études qui ont été
faites?
M. Cournoyer: On va rencontrer le consultant cet
après-midi, il va nous dire quand il finira son étude pour les
ports pour superpétroliers.
M. Lessard: Un porte-parole du gouvernement
fédéral, M. Otto Lang, je pense, vient de laisser entendre qu'il
n'en est pas question.
M. Cournoyer: Cela pourrait être au niveau du vrac solide,
mais je suis dans le liquide.
M. Lessard: Je sais bien que dans le liquide, solide, tout le
monde est rendu...
M. Cournoyer: Moi, je suis au niveau du liquide. Je parle d'un
port pour superpétroliers, je ne parle pas d'un port pour suberbateaux,
c'est pétro.
M. Lessard: C'est le fédéral qui va décider,
qui va donner son dernier...
M. Cournoyer: Je ne peux pas dire qui donne le dernier cri
là-dedans, mais parle à un autre ministre que moi, je suis dans
le pétrole par-dessus la tête, c'est assez. Ils transporteront les
bébelles comme ils voudront, mais je te parle du pétrole.
M. Lessard: N'allumez pas d'alumettes. M. Cournoyer: Non,
non.
M. Lessard: Elément 1, adopté. Elément 2,
adopté. Elément 3. Est-ce qu'actuellement, tous les distributeurs
de produits pétroliers ont maintenant leur permis du ministère et
est-ce que vous avez...
M. Cournoyer: Un distributeur.
M. Lessard: ... de produits pétroliers.
M. Cournoyer: Est-ce que les distributeurs de produits
pétroliers ont maintenant un permis du ministère?
A notre connaissance, oui.
M. Lessard: A votre connaissance, oui. Combien avez-vous
d'inspecteurs?
M. Cournoyer: On en a 17.
M. Lessard: Je ne sais pas, peut-être ne pourrez-vous pas
me donner la réponse immédia-
tement, mais vous pouvez toujours me la faire parvenir à mon
bureau, combien y a-t-il, actuellement au Québec, de distributeurs de
produits pétroliers?
M. Cournoyer: Des exploitants ou des stations-service.
M. Lessard: Station-service, huile à chauffage.
M. Cournoyer: En tout et partout, huile à chauffage,
stations-service, on a 12 500.
M. Lessard: La compilation actuelle est de 12 500. Il y a 17
inspecteurs pour surveiller ça.
M. Cournoyer: Oui.
M. Lessard: Ils doivent travailler, les gars.
M. Cournoyer: Ce sont des gars travaillants. Leur convention
collective leur permet de travailler, eux.
M. Lessard: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Adopté. Programme
7, adopté. Programme 8. Elément 1, Contrôle et surveillance
des distributeurs.
Régie de l'électricité et du
gaz
M. Lessard: M. le Président, concernant la Régie de
l'électricité et du gaz, il y a passablement de plaintes. Les
consommateurs ont demandé, premièrement, un gel des prix du gaz
au 1er décembre 1975. C'est passé et ce n'est pas fait;
deuxièmement, que le gouvemement retire à Gaz
Métropolitain le droit qu'il a d'interrompre le service, on sait que,
à plusieurs reprises, le député de Laurier a
soulevé cette question à l'Assemblée nationale.
Un peu comme l'électricité, c'est un service essentiel. On
demande aux gens d'assurer certains services essentiels, mais, je vous le dis,
je l'ai vécu il y a quelques semaines, j'ai vu trois familles avec de
jeunes enfants de six ou sept mois, qui n'avaient plus
l'électricité. C'est la même chose pour le gaz.
Troisièmement, que la compagnie lise les compteurs tous les trois
mois. On pourrait faire les mêmes remarques vis-à-vis de
l'Hydro-Québec. Nous sommes rendus qu'on ne se comprend plus dans les
compteurs. Les lecteurs ne viennent pas pendant toute la période
où il y a de la neige, et, tout à coup, on reçoit un
compte...
M. Cournoyer: Les conventions collectives empêchent les
gens de travailler. Les conventions collectives disent: II ne faut pas
travailler dans la neige.
M. Lessard: Comme consommateur... M. Cournoyer: Tu n'as pas
affaire...
M. Lessard: La loi de l'Hydro-Québec dit: Assurer le
service. Mais il reste que j'ai le droit de comprendre mon compte...
M. Cournoyer: ... la période de négociations...
M. Lessard: L'autre jour, j'ai rencontré un individu qui
vivait de l'aide sociale. Pendant six mois, et j'ai la preuve, on ne lui a pas
envoyé de compte en tout cas, de quatre à six mois. Tout
à coup, il reçoit un joli compte d'environ $180.
Comment voulez-vous qu'à vivre de l'aide sociale, cette personne
soit capable de payer tout d'un coup une somme de $187? Avec les montants qu'on
lui donne, elle n'a pas ramassé son argent tous les mois, parce qu'elle
a bouché des trous ailleurs, étant donné qu'elle n'avait
pas de compte. Tout à coup, bang!, un compte de $187 et, trois semaines
ou un mois après, on lui coupe l'électricité.
On revient toujours à la Compagnie de gaz métropolitain,
il semble qu'on exige un dépôt de $50 pour chaque famille qui
s'établit. Est-ce que le gouvernement a l'intention puisqu'il y a
beaucoup de questions qui ont été soulevées à
l'Assemblée nationale à ce sujet est-ce que le
ministère des Richesses naturelles a l'intention de voir à ce que
Gaz métropolitain assure certains services essentiels?
Comparution des sociétés d'Etat
M. Cournoyer: Je pense que, dans les discussions que nous avons
eues sur les comparutions possibles de SOQUIP, de SOQUEM, de la SDBJ et de la
régie, il y aurait peut-être lieu de comprendre tout de suite que
la régie devrait être ici également, pour répondre,
une fois de temps en temps, de ses actes. Je comprends qu'elle en est juge,
mais je pense bien qu'il y a d'autres juges qui viennent comparaître ici,
de temps en temps, via la Commission des accidents du travail, la Commission du
salaire minimum.
D'ici la fin de l'été et je voulais tantôt
je ne sais pas si "Pit" va être d'accord.
M. Lessard: Avec tout cela, quand allons-nous prendre nos
vacances?
M. Cournoyer: On n'en a pas. Moi, je pars le 25 juin et je
reviens le 25 juillet. Tu peux partir dans ce temps-là.
M. Lessard: Je pensais que vous partiez le 25 juin et que vous
reveniez le 27 juin.
M. Cournoyer: Non, je reviens le 25 juillet.
M. Lessard: Vous me le direz, parce que je vais être
obligé de prendre mes vacances en même temps que les
vôtres.
M. Cournoyer: Je viens de le dire. C'est réglé. La
plus belle période de l'été, on l'a choisie tous les deux,
parce que moi...
Une Voix: Allez-y ensemble!
M. Cournoyer: Non, on n'y va pas ensemble.
M. Lessard: Non, non. Il y aurait trop d'explosions.
M. Cournoyer: Ce qui est convenu, avec moi-même,
jusqu'à preuve du contraire, c'est que SOQUEM, SOQUIP et la SDBJ
comparaissent après l'étude des crédits, avant le 25 juin.
C'est ce qui est convenu. Ce qui est également convenu, c'est que
l'Hydro-Québec comparaisse au mois d'août, tel que promis par le
ministre, pour une première semaine, sur les budgets d'investissement de
l'Hydro-Québec. Ce sera pendant la première ou la deuxième
semaine d'août. Une semaine après, on va commencer avec
l'Hydro-Québec, le mardi, sur les budgets d'investissements de l'Hydro,
d'une façon générale, c'est-à-dire en
nucléaire, en ci et en cela, tout ce qui est prévu pour les
programmes d'investissements de l'Hydro.
On va laisser passer une semaine, et, l'autre semaine, l'Hydro viendra
comparaître pour expliquer ses investissements à la baie James,
qui sont, en fait, dans la première partie. Au mois de septembre,
L'Hydro-Québec comparaîtra sur les bilans et des choses sur
lesquelles on s'entendra, sur les tarifs, par exemple, la tarification de
l'Hydro.
Alors, sur les budgets d'investissements, si vous avez des questions
précises à poser, je vous demanderais de tout simplement les
retenir jusqu'à ce temps-là.
Le Président (M. Séguin): Y a-t-il d'autres
commentaires, M. le ministre, ou si ce sont des convocations que vous faites
présentement?
M. Cournoyer: J'annonce aux parties, qui le savent quand
je parle de parties, je parle des sociétés dont il est question
déjà, que c'est à ces moments qu'elles devront
paraître devant la commission parlementaire. La seule chose que je dois
mettre sous réserve, c'est qu'avec une commission parlementaire de cette
nature, j'indique mon intention, mais les leaders parlementaires peuvent
s'entendre différemment, quant aux dates et quant au moment des
comparutions des organismes.
Le Président (M. Séguin): C'est que le rapport en
Chambre devrait refléter la recommandation de l'invitation de la
commission à ces deux groupes de comparaître, la raison de leur
comparution et la date ou les dates de leur comparution...
M. Lessard: II y a seulement une chose...
Le Président (M. Séguin): ... sujet, naturellement,
comme l'a dit le ministre aux changements du leader parlementaire.
M. Lessard: II n'y a qu'une chose, M. le Président. C'est
que, pour un peu comme nous l'avons souligné par des questions
que nous avons posées à l'Assemblée nationale la
baie
James, nous considérons que c'est assez tard. Quant à moi,
j'aimerais beaucoup mieux que l'Hydro-Québec vienne siéger le
plus vite possible pour les travaux de la baie James, quitte à avoir
SOQUIP et SOQUEM après.
M. Cournoyer: Une fois que vous avez dit que vous aimeriez
beaucoup mieux cela, vous me direz comment vous avez aimé cela quand
cela aura lieu au mois d'août. Vous avez d'ici au mois d'août,
probablement pour faire un certain nombre de recherches pour savoir ce que vous
allez poser comme questions sur la forme que je viens de dire. Remarquez bien
que c'est une nouvelle forme dont je parle.
M. Lessard: Non, nous autres, M. le Président, nous sommes
prêts.
M. Cournoyer: Si vous n'aimez pas cela... Au mois d'août,
si vous ne voulez pas venir, ne venez pas, les autres députés ont
des questions à poser.
M. Lessard: Nous sommes prêts, nous autres, à venir.
Depuis le mois d'avril que vous nous dites que ces gens vont venir
témoigner. Est-ce que cela ne confirme...
M. Cournoyer: Depuis le mois d'avril, je n'ai jamais dit
cela...
M. Lessard: ... pas ce que le chef parlementaire disait, que vous
aimez mieux, à un moment donné, retarder cela après les
Jeux olympiques?
M. Cournoyer: Votre chef parlementaire, qu'il interprète
cela comme il le voudra. Il est professeur d'université et il devrait
retourner là. Il est encore à faire une
interprétation.
M. Lessard: Programme 8, adopté, M. le Président.
J'aurais simplement un petit commentaire à apporter, tel que vous me
l'avez permis tout à l'heure, sur le rapport qui m'est
présenté concernant...
Le Président (M. Séguin): Justement, j'allais vous
le suggérer. Programme 8, adopté. Crédits du
ministère des Richesses naturelles, adopté.
M. Lessard: Non, M. le Président, j'avais...
Le Président (M. Séguin): Je vous permets cela,
mais, en ce qui concerne la programmation, adopté.
M. Lessard: Adopté, en autant que je puisse faire...
Le Président (M. Séguin): C'est cela, oui,
absolument.
Asbestos Hill (suite)
M. Lessard: M. le Président, ce sera un très court
commentaire. Je constate que, dans la lettre.
par exemple, on nous dit: "Je suis en mesure d'estimer que les
résultats de l'analyse indiquent qu'il y a eu, en général,
une nette amélioration, comparativement à la situation qui
prévalait lors de l'inspection effectuée les 27, 28 et 29
août 1974 par notre inspecteur en ventilation, M. Guy Gaboury."
Je trouve que les rapports qui nous sont donnés ici, à la
fois pour le ministre et pour nous autres, c'est absolument insatisfaisant. Une
nette amélioration, c'est quoi? Si on part de 35 fibres de cinq microns
par centimètre cube et qu'on descend à 28 fibres de cinq microns
par centimètre cube, on peut bien dire que c'est une nette
amélioration, mais la santé des travailleurs, à un moment
donné, ne s'améliore pas plus. Ils continuent de crever un
peu.
Quand j'entends des rapports du ministère des Richesses
naturelles, ce ne sont pas des rapports comme cela. Je veux savoir, pour le
ministre, à un moment donné, ce que cela veut dire une nette
amélioration, par centimètre cube. Combien y a-t-il de fibres de
cinq microns par centimètre cube? A chaque examen qui est fait, aux
inspections des 27, 28, et 29 août 1974, combien y avait-il de
poussière d'amiante dans l'entreprise, parce que, justement, à
cette période, des articles sont sortis dans les journaux, qui
démontraient que c'était absolument abominable, que le taux de
poussière était très élevé, exorbitant,
risquait de mettre en danger la vie des travailleurs constamment et ainsi de
suite? Comme on le sait, l'amian-tose et la silicose ne se guérissent
pas. Si c'est cela les rapports que vous avez et qu'on nous fait au
ministère des Richesses naturelles, je continue à dire, un peu
comme je le disais l'autre jour, que cela ne vaut pas grand chose.
M. Cournoyer: M. le Président, ce n'est pas cela les
rapports qu'on me fait au ministère des Richesses naturelles. Ce n'est
pas cela non plus ce qui se fait au ministère des Richesses naturelles.
Pour éviter que le député ne parte en peur pour rien, je
vais lui lire le premier rapport de 1974 et je vais le référer
à la lettre qui dit qu'on n'a pas tout fini et qu'on va vous le donner
quand ce sera fini. Le premier rapport de 1974, je vais vous donner cela, c'est
simple, très simple.
Septième plancher, 33,3 fibres par centimètre cube,
plancher nettoyé, trois ventilateurs sur quatre sont en marche.
Sixième plancher, 33,3 fibres par centimètre cube, couverture
manquant sur convoyeur afin de permettre aux vapeurs de s'échapper et
éviter ainsi des blocages, système d'aspiration prévu.
Cinquième plancher, 19,7 fibres, fuite de l'alimentation des tamis,
22091 et 22092. Quatrième plancher, 5,1 fibres, plancher propre,
poussière tombant du plancher, supérieur au-dessus Torrey 2 et 6.
Si vous comprenez quelque chose, c'est parfait. Deuxième plancher, 23,1
fibres, fuite dans l'alimentation des tamis, 220210, 22028, 22027, 22026, et
22025, fuite sur les chutes alimentant les tamis 2228, 2225, 2224, 2223, 2221.
Cabine du préposé, 28,2 fibres, porte fermée, pas de
système de ventilation, rez-de-chaussée...
M. Lessard: Ce n'est pas assez haut.
M. Cournoyer: ... 25, 6 fibres. Atmosphère
générale, 21,4. Laboratoire, 17,1 pas de système
d'aspiration. Rod deck, couvercle ouvert. Concas-seur à cônes,
54,1. Garage, 7,7, pas d'aspiration au soudage, trou dans le mur entre
séchoir et garage. Les poussières, quatre pierres à
l'intérieur des bâtisses sont directement jetées en dehors,
contaminant ainsi l'air de remplacement des bâtisses. Les concentrations
de poussière concentrée sont principalement dues à la
maintenance et au nettoyage pratiquement inexistant. Plusieurs manchons
étaient percés au deuxième plancher. Ils l'étaient
tous, et les couvertures souvent mal ajustées.
Ce que je veux dire pas là, c'est le rapport de 1974. Ce qui
permet de conclure à l'autre, c'est que ce n'était pas les
mêmes fibres. Quand il conclut qu'il y a eu une nette
amélioration, je vous donnerai...
M. Lessard: Je ne comprends pas grand-chose, mais je comprends
que c'est grave en esprit un rapport comme celui-là.
M. Cournoyer: Vous comprenez que ce n'est pas grave un rapport
comme celui-là.
M. Lessard: Je comprends que...
M. Cournoyer: II constate en 1974 ce que vous dites qu'il ne
constate pas. Je vous dis qu'il constate que vous trouvez cela grave.
M. Lessard: D'accord. Maintenant...
M. Cournoyer: En 1976, il dit que l'objectif de l'inspection
consistait à déterminer les quantités de poussière
d'amiante dans l'air à divers sites de l'exploitation. En 1975, on l'a
fait. Il va vous sortir un rapport et il conclut qu'à partir des
données de 1974, par rapport à celles qu'il a d'une façon
préliminaire en 1975, il y a nette amélioration. On se dirige
vers l'observance des rèlges en 1978. Vous partez vite en disant:
Ecoute, cela n'a pas d'allure. Lisez-le, le rapport que je vous ai lu
tantôt. C'est avec cela qu'il va comparer, mais il n'est pas prêt
comme fonctionnaire, à me le dire aujourd'hui. Il va me le dire. Je
compléterai le dossier avec, dans les mêmes endroits, j'imagine,
ce qui lui a permis de vous dire qu'il y a nette amélioration. Je vais
vous le donner. Ce sont ces rapports que j'ai. Je ne suis pas du tout
fermé à cela. Je vous ai donné le bon, celui de 1974,
à partir duquel on peut considérer qu'il y a nette
amélioration en 1975. S'il y a nette amélioration, c'est un
jugement qui est porté non pas par le nez du gars, mais par une
constatation qui dit: Dans ce temps, il y en avait tant, et aujourd'hui, on est
passé, et il y en avait tant.
M. Lessard: D'accord. Je comprends, mais en 1974, on a un rapport
comme cela, je vous dis que c'est quand même... Quand le ministre a-t-il
l'intention... En 1975, est-ce qu'il y a eu un autre rapport? Est-ce qu'il y a
eu d'autres inspections?
M. Cournoyer: Oui, le rapport de 1975. C'est
celui-là qui va être comparé avec 1974. Vous allez
l'avoir.
M. Lessard: Le ministre va nous le faire parvenir?
M. Cournoyer: Je vais vous le donner pour que vous
complétiez votre comparaison et que vous puissiez comprendre le jugement
porté par le directeur général de l'inspection.
M. Lessard: Franchement, c'est un beau rapport pour une compagnie
qui exporte à...
M. Cournoyer: Ce n'est pas la beauté de ce que la
compagnie fait, vous me demandez ce que mon inspecteur a fait. Je vous
dis...
M. Lessard: A l'intérieur, 726,7... M. Cournoyer:
Qu'il a fait son job.
M. Lessard: Une compagnie qui exporte notre minerai à
l'état concentré, à l'état brut en Allema- gne, mes
amis, même pas capable d'exiger au moins qu'elle respecte la santé
des travailleurs!
M. Cournoyer: II l'a poignée et il a dit: Vous allez
respecter la santé des travailleurs. Un an après, il y retourne
et il dit: II y a eu nette amélioration. La compagnie se dirige vers
l'observance de la norme, cinq fibres par centimètre cube. C'est en 1978
que c'est prévu.
M. Lessard: D'accord, M. le Président. De toute
façon, on est habitué à ce que ce gouvernement ne soit pas
très exigeant vis-à-vis des compagnies.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, ayant
terminé l'étude des crédits des richesses naturelles, la
commission devrait faire rapport en Chambre. Je vous remercie pour votre
coopération et votre contribution.
M. Cournoyer: Je remercie le député de Saguenay
pour son...
(Fin de la séance à 12 h 48)