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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Audition des administrateurs de SOQUEM
Séance du jeudi 17 juin 1976 (Dix heures onze minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
Commission des richesses naturelles, première séance, afin
d'entendre les administrateurs de SOQUEM, soit la Société
québécoise d'exploration minière, et de permettre aux
membres de la commission de questionner ces messieurs.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont
les suivants: MM. Assad (Papineau), Bédard (Chicoutimi), Bellemare
(Johnson), Bérard (Saint-Maurice), Carpentier (Laviolette), Gratton
(Gatineau), Cournoyer (Robert-Baldwin), Faucher (Nicolet-Yamaska), Lessard
(Saguenay), Lacroix (Iles-de-la-Madeleine), Pelletier
(Kamouraska-Témiscouata), Perreault (L'Assomption), Picotte
(Maskinongé), Samson (Rouyn-Noranda).
Est-ce qu'on voudrait bien me suggérer un rapporteur?
M. Lacroix: M. Gratton.
Le Président (M. Séguin): Agréé?
Des Voix: Agréé.
M. Lessard: Je ne sais pas si M. Gratton est capable de faire
cela? Etes-vous capable de faire un rapport?
M. Gratton: Je vais essayer. Préliminaires
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Je me
permettrai de souhaiter la bienvenue, très brièvement, au nom des
membres de la commission et en mon nom, aux membres de SOQUEM ici
présents, aux administrateurs. Je cède immédiatement la
parole au ministre des Richesses naturelles.
M. Cournoyer: M. le Président, pour éviter qu'il y
ait un débat sur qui fait quoi, je suggère que nous fassions
exactement ce que nous avons fait dans le cas de SOQUIP.
M. Lessard: Pas de problème.
M. Cournoyer: D'autre part, il serait peut-être
intéressant, étant donné que nous avons un certain nombre
de documents, que le président de SOQUEM en décrive la teneur,
d'une façon générale, pour commencer la discussion.
M. Carbonneau (Côme): M. le Président, la pochette
que vous avez devant vous contient...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre s'il vous
plaît! A chacun des interlocuteurs, je demanderais de s'identifier, de
donner nom, titre, etc.
M. Carbonneau: A chacun des...
Le Président (M. Séguin): Si vous n'êtes pas
le seul, s'il y en a d'autres qui...
M. Lessard: Pour les fins du journal des Débats.
M. Carbonneau: Oui.
Le Président (M. Séguin): C'est pour le journal des
Débats.
M. Carbonneau: Très bien. J'ai avec moi, ici, deux membres
du conseil d'administration, M. Lucien Fontaine et M. Georges Gauvreau, de
même que notre trésorier, M. Marcel Lalonde, notre
vice-président aux mines, M. Renaud Hinse, M. Réal Saint-Pierre
qui est en charge du domaine minier, des titres miniers, et M. Guy Perrault,
vice-président à la recherche.
Le Président (M. Séguin): M. Carbonneau,
voulez-vous, s'il vous plaît, vous identifier pour le journal des
Débats?
M. Carbonneau: Côme Carbonneau, président de la
Société québécoise d'exploration
minière.
Le Président (M. Séguin): Merci.
M. Carbonneau: La pochette que vous avez devant vous contient,
d'abord, le rapport annuel pour l'exercice terminé le 31 mars 1975;
ensuite, un rapport des activités pour l'exercice suivant,
c'est-à-dire l'exerice terminé le 31 mars 1976. Ce rapport des
activités va servir de base, de fondement pour le rapport annuel de
cette année. Il contient toutes les données que nous pouvons
compiler et il n'y manque que les états financiers
vérifiés au 31 mars 1976. Ceux-ci sont pratiquement
terminés et seront prêts probablement pour publication dans
environ trois semaines.
Les autres documents dans la partie gauche de la pochette sont, d'abord,
une petite plaquette publiée récemment, il y a environ deux
semaines, par le Conseil d'orientation économique sur SOQUEM, de
même qu'un article publié par le directeur de la recherche
à l'Ecole polytechnique de Montréal. Cet article vous donnera une
idée du type de travaux que nous accomplissons à SOQUEM et il
contient une appréciation par des spécialistes en recherche. Ceci
est suivi d'une plaquette sur la mine Niobec qui a été
officiellement inaugurée il y a dix jours.
La partie droite de la pochette contient le document Rapport des
activités, suivi d'un résumé des propositions et des
projets que nous avons entrepris au cours de nos dix années
d'activité,
d'un résumé des opérations de la
Société minière Louvem Inc., au 31 mars 1976, suivi d'un
document de planification financière de SOQUEM pour les dix prochaines
années. Ceci complète la documentation que vous avez dans cette
pochette.
Je crois que cette documentation peut nous aider aujourd'hui à
avoir une vue d'ensemble des activités de SOQUEM jusqu'à ce jour.
Les faits marquants de l'année actuelle, l'année qui vient de se
terminer, sont justement la mise en marche de la mine Niobec, à
Saint-Honoré, près de Chicoutimi, et également la mise au
point de l'extraction du nouveau minerai de zinc à Louvem. C'est la
première année complète d'opération du nouveau
minerai de zinc de la mine Louvem. Egalement, on peut ajouter, comme fait
marquant de l'année, la fin de l'évaluation des gîtes de
sel des Iles-de-la-Madeleine, évaluation pratiquée à
partir de travaux de surface.
Par la suite, vous trouverez, dans les programmes d'exploration,
également la description des programmes les plus marquants. On pourra y
revenir, si vous voulez, un peu plus tard. Il y a peut-être une section,
dans le rapport des activités aussi, qui est d'intérêt plus
marqué pour vous permettre d'avoir une vue d'ensemble des
activités de la société. C'est la section à partir
de la page 11 qui vous permet de faire une évaluation des actifs et des
rendements que la société s'attend de recevoir du fait de ses
investissements en recherche et développement depuis qu'elle existe. Il
y a un tableau en particulier, à la page 13, qui tente de résumer
la valeur estimée de ces activités sous la forme d'un surplus
estimé et d'un rendement estimé.
Je suis à la disposition des membres de la commission.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saguenay.
M. Lessard: Nous sommes, comme parlementaires, heureux d'avoir la
visite des administrateurs de la Société québécoise
d'exploration minière ce matin. C'est, je pense, la deuxième fois
que nous avons l'occasion de vous rencontrer depuis 1970 afin de discuter des
activités de cette société. C'est dire que nous
n'exagérons pas. Comme parlementaires, nous sommes
intéressés à voir comment se comportent certaines
sociétés d'Etat.
Je constate, comme le soulignait M. Carbon-neau, tout à l'heure,
que nous avons reçu le rapport des activités de 1975/76. Je
constate, par une vérification très rapide de ce rapport, qu'il y
a des programmes nouveaux cette année, soit le programme Manic, qui
m'apparaît être un programme nouveau par rapport à 1974/75,
et un programme Victorin. Donc, j'aurai l'occasion de poser des questions
probablement plus tard. Vous comprendrez que n'ayant pas eu l'occasion de
prendre connaissance du rapport de 1975/76, en tout cas, j'avais
préparé les questions en me basant sur le rapport de 1974/75. Il
est possible que les questions que nous allons soulever ce matin puissent
trouver des réponses dans le rapport de 1975/76. Mais, comme on n'a pas
la science infuse, le direc- teur général de SOQUEM comprendra
que nous ne pouvions connaître les développements qui ont pu se
faire à la suite de 1974/75, soit en 1975/76. M. le Président,
j'aurai d'abord deux questions générales; par la suite, je
procéderai en fonction des différents programmes qui sont faits
dans le rapport de 1974/75. Nous discuterons, en fait, de ces différents
programmes, que ce soit les activités aux Iles-de-la-Madeleine ou que ce
soit Niobec ou autres.
Le second objectif
M. Lessard: D'abord, j'aurais deux questions
générales, la première question concernant le rapport
1974/75. Dans le rapport 1974/75, à la page 11, j'avais soulevé
cette question lors de la discussion des crédits. Comme nous savions que
vous alliez venir témoigner en commission parlementaire, nous avions
retenu cette question. Vous soulignez, en particulier, que le second objectif
n'a été atteint qu'en partie. Toutes les autres
découvertes de la SOQUEM, soit celles de SOMEX, de Louvem, du sel des
Iles-de-la-Madeleine et de l'or du canton Bousquet, ont été
faites en association avec des sociétés cadettes
québécoises. Dans la plupart des cas et c'est surtout
là que je soulève la question le respect des obligations
découlant des ententes a été de courte durée et
d'importance mineure vis-à-vis de l'objectif final, c'est-à-dire
le développement de la découverte. La participation aux
bénéfices, cependant, sous forme de paiements comptants et de
promesses de redevances, survenait le plus fréquemment avant la phase de
mise en valeur des découvertes. En d'autres termes
écrivez-vous ces sociétés sont devenues des
participants au plan des profits, mais non des obligations.
Il semble que M. Carbonneau laisse entendre que les compagnies
privées n'ont pas respecté entièrement leurs engagements.
Est-ce le cas? Deuxièmement, est-ce que si c'est le cas, cela a
posé des problèmes importants à la Société
québécois d'exploration minière et quelles sont les
raisons qui ont pu justifier ces compagnies de se retirer de la participation
comme telle aux investissements, pour essayer de réaliser le plus vite
possible les profits?
M. Carbonneau: Quand il est écrit dans le rapport que ces
sociétés n'ont pas respecté leurs obligations
découlant des ententes, c'est vis-à-vis de l'objectif final,
c'est-à-dire le développement de la découverte et sa mise
en exploitation, et qu'elles ont participé sous une forme de prise de
bénéfices immédiats plutôt que d'investissements
jusqu'à la mise en exploitation et éventuellement de
participation aux bénéfices qui reviendraient de
l'exploitation.
Prenons le cas de Louvem. Avec des sociétés du groupe
Brossard, nous avons, par règlement hors cour, racheté la portion
qui leur revenait, de sorte que l'entrepreneur québécois que nous
avions au début sous la forme des trois entreprises, n'est plus
là et n'a pas été jusqu'à terme vis-à-vis de
l'objectif final. Ces ententes, on les signe
sont toujours, évidemment, vis-à-vis d'un volet final, la
mise en exploitation, la création de biens miniers.
De même, dans la question de Silver Stack, lorsque ce rapport a
été écrit, au 31 mars, nous étions à la fin
d'une négociation où la société Silver Stack
préférait recevoir des redevances et un paiement immédiat
plutôt que de continuer à faire du développement et
éventuellement de l'extraction.
Dans le cas de la société Somex, c'est beaucoup moins
sérieux, c'est pour cela qu'on dit dans ce rapport, dans la plupart des
cas, que la société Somex a malheureusement eu un accident
l'usine ayant pris feu, de sorte que les redevances qu'on devait nous payer, au
montant approximatif de $75 000, n'ont été que d'environ $14 000.
Il y a une dette, là.
Ce que nous avons constaté et que nous déplorons c'est que
nous aurions bien aimé pouvoir contribuer à créer d'autres
centres de croissance, d'autres entreprises gérées par des
Québécois, des sociétés cadettes
québécoises qui auraient grandi, de sorte que nous aurions pu
contribuer à établir une base plus large que celle que nous avons
actuellement d'entreprises dirigées par des Québécois de
l'entreprise privée. Cela n'a pas été
réalisé. Cela ne nous fait pas tort sur le plan du rendement
économique, parce que, heureusement, dans le cas de Louvem en
particulier, à compter d'une entreprise qui devait avoir une vie
effective de 22 mois, nous sommes encore en activité et nous le serons
au moins pour huit ou dix ans.
Néanmoins, dans d'autres projets, ceci nous a retardé.
Dans le cas, par exemple, des Iles-de-la-Madeleine, le dernier forage qui s'est
effectué dans le programme, en participation avec la
société Laduboro et le Dr Hébert, a été fait
le 13 février 1973. Après de multiples discussions et même
des recours à l'arbitrage pour éclaircir certaines clauses de
notre entente, eh bien, le délai s'est poursuivi jusqu'à deux ans
et nous n'avons pu retourner sur ces territoires du programme qui devait se
faire en commun qu'au début de janvier 1975, près de deux ans
plus tard.
Dans ce sens, cela a causé du tort à SOQUEM, du fait que
les travaux que l'on voulait effectuer n'ont pu l'être aussi rapidement
qu'on l'aurait souhaité. L'explication de cet état de fait peut
paraître évidente, mais on espérait trouver quand
même parmi nos partenaires des entrepreneurs qui prendraient le risque
d'aller jusqu'à la fin du processus de recherche, de
développement et de mise en exploitation d'un gisement minier.
Il est évident que les frais de développement et de mise
en exploitation sont considérables. Dans le cas de Louvem, cependant,
les sociétés cadettes Nemrod, Timrod et Naganta avaient les fonds
pour le faire et elles l'avaient du fait de notre action. Quelque trois
semaines après la découverte, la société Phelps
Dodge a fait une mise de fonds d'environ $650 000 dans ces trois
sociétés. Elles avaient les fonds pour aller plus de l'avant.
Nous avons également offert à ces sociétés
notre participation à 62% au moment du règle- ment hors cour, au
moment où il y avait des fonds. Dans le cas des Iles-de-la-Madeleine la
société Les Pétroles Laduboro n'avait cependant que 5%
à contribuer. Pour le Dr Hébert lui-même, la somme à
contribuer pour suivre le développement jusqu'à terme
était considérable. Il y a certainement une raison d'ordre de
grandeur de l'investissement à faire, de sorte que cette observation, on
l'a faite, on le déplore, mais on n'en reporte pas toujours la
responsabilité sur notre partenaire.
Il y a également une question d'ordre de grandeur
d'investissements. L'obligation n'a pas été respectée
vis-à-vis de l'objectif final. Je ne dis pas que les obligations
légales n'ont pas été respectées. SOQUEM a une
faiblesse un peu dans ce sens, du fait qu'elle est une entreprise d'Etat et
qu'elle a la réputation de nager dans des fonds illimités, ce qui
n'est pas le cas. Vous avez le petit entrepreneur, c'est un peu cela. Il craint
d'être noyé, dilué. Mais, dans le cas de Silver Stack, le
cas de la découverte de l'or, dans le cas des Iles-de-la-Madeleine, nous
avons attendu, nous avons encouru des délais pour permettre aux
entrepreneurs de trouver des fonds jusqu'à ce qu'à un moment
donné on s'aperçoive, à deux, que le projet ne faisait
plus aucun progrès et que les choses en restaient au statu quo. A ce
moment, on a fait un règlement d'une autre sorte. Dans chacun des cas,
les compagnies du groupe Brossard reçoivent des redevances assez
généreuses. Cette année, cela sera autour de $800 000.
Dans le cas...
M. Lessard: ... indirectement. Le fait qu'il se retire cela vous
a favorisé, parce que...
M. Carbonneau: Oui.
M. Lessard: ... financièrement il vous a favorisé.
Mais, pour que SOQUEM soit maintenant un genre de marchepied ou un instrument
pour le développement d'entreprises québécoises dans le
secteur minier, là, c'est à déplorer.
M. Carbonneau: Quand on a fait le règlement, on ne savait
pas, on n'avait pas fait des découvertes qui nous permettaient
d'espérer une vie minière, une vie d'entreprise si longue. Le
risque était grand, on payait un bon prix. Aujourd'hui, c'est profitable
pour SOQUEM et pour notre ancien partenaire.
M. Lessard: Outre ces ententes avec des entreprises
québécoises cadettes, est-ce que vous avez encore des programmes,
des projets, où vous êtes associé avec des entreprises
québécoises?
M. Carbonneau: Oui. Encore une fois, cela peut être
difficile de définir ce qu'est une entreprise québécoise,
mais je crois bien que Silver Stack est une entreprise dont le capital social
est possédé en majorité par des
Québécois...
M. Lessard: Silver Stack ne produit plus maintenant?
M. Carbonneau: Elle n'a jamais produit. C'est
une société qui s'occupait surtout de jalonnement de
"daims" et d'exploration. Notre programme en commun est là.
M. Lessard: D'accord.
M. Carbonneau: Dans l'exploration. Dans les mises en
exploitation, cette mise en exploitation de la propriété de
Silver Stack ne se fera pas immédiatement, il y a eu baisse du prix de
l'or et il y a encore des travaux de mise en valeur. Il s'agirait de descendre
une galerie inclinée ou un puits pour mieux évaluer les
réserves. Mais c'est un exemple de société cadette
québécoise qui est en association encore avec nous et qui a
payé éventuellement sa portion des frais qu'elle s'était
engagée à payer. On l'a attendue neuf mois et elle a payé,
une fois que nous eûmes démontré la valeur de la
propriété, somme toute, et qui a maintenant 51%
d'intérêts dans ce projet en commun.
Ensuite, dans les programmes d'exploration, comme on le voit, nos
programmes d'exploration sont moins nombreux maintenant à cause des
frais d'exploration sur des programmes importants comme celui des
Iles-de-la-Madeleine.
C'est actuellement, je crois, la seule société dans les
programmes d'exploration avancés. Les autres ne sont pas tellement
nombreuses. Il y a la Société de développement de la Baie
James, quand même, qui est une société
québécoise, l'Imperail Oil, la Cominco, l'Union minière,
une société belge. Penarroya, une société
française' et Noranda, et l'Institut national de l'industrie,
espagnole.
M. Lessard: Ce que je voulais essayer de faire préciser,
c'est le deuxième objectif qui est décrit comme devant susciter,
chez les autochtones québécois, sans pour cela sacrifier
l'intérêt public à l'intérêt privé,
même si on dit que cela a été atteint en partie.
Jusqu'où peut-on dire que, par ailleurs, on a eu un certain
succès en ce qui concerne ce deuxième objectif?
M. Carbonneau: Dans le cas des sociétés du groupe
Brossard, ces sociétés, depuis 1971, date de l'achat de leur
quote-part de Louvem et depuis le paiement des redevances, ont continué
à faire de l'exploration dans le Nord-Ouest du Québec.
M. Lessard: D'accord, ils ont pu retirer immédiatement ou
concrétiser immédiatement leurs profits, mais ces
sociétés ont dû réinvestir, continuer leurs
activités en réinvestissant l'argent qu'ils ont
récupéré à ce moment-là.
M. Carbonneau: Une partie de cet argent. M. Lessard:
Oui.
M. Carbonneau: II n'y a pas eu, de leur côté, de
découvertes, de mises en exploitation, là où est
réellement la contribution au développement minier du
Québec.
Exploration
M. Lessard: A la page 2 de votre rapport, alors que vous
évaluez les perspectives, au paragraphe 3, vous dites de la
société qu'elle "dispose donc de fonds importants pour
assurer..." Après avoir parlé justement du montant additionnel de
$23 515 000 qui a été versé, en fait qui doit être
versé sur une période de cinq ans, et du montant que vous aviez,
à savofr $21 485 000, vous dites: "Elle dispose donc de fonds importants
pour assurer le développement de ses propriétés et c'est
là surtout qu'iront ses investissements; les activités de
recherches et d'exploration de l'entreprise se maintiendront à un palier
compatible avec l'exercice de son mandat."
Il y a là deux choses: vous avez d'abord à
développer, c'est bien compréhensible, vous n'avez pas le choix.
Vous avez des choses qui existent et, en fait, vous avez à les
développer et vous devez prendre, semble-t-il, une partie de vos fonds
pour maintenir ce développement. Par ailleurs, il y a un problème
qui est aussi très important pour assurer la pérennité de
la société ou pour assurer aussi son développement: c'est
l'exploration. On sait qu'au Québec, l'exploration dans le domaine
minier est assez réduite, et vous dites qu'il va falloir en fait, je
comprends un peu, qu'étant donné que vous êtes
obligés de prendre des montants assez considérables pour
maintenir les sociétés existantes, vous n'êtes pas
capables, à un moment donné, d'accentuer l'exploration, parce que
vos crédits, en fait, étant de X, vous êtes obligés
de déterminer vos priorités.
Est-ce qu'on pourrait savoir peut-être que vous le
précisez dans le rapport de 1975/76 quels sont les montants qui
seront affectés ou qui ont dû être affectés en
1976/77 d'abord au développement des propriétés
existantes, par rapport au capital existant, qui est le capital versé,
et les montants qui seront versés en fait à titre d'explorations
comme telles?
M. Carbonneau: Oui, ces montants vous pouvez les retrouver en
résumé dans le feuillet à deux pages où nous avons
fait un résumé de notre planification financière pour les
dix prochaines années.
M. Lessard: A quelle page, M. Carbonneau?
M. Carbonneau: C'est à la fin de la plaquette du
côté droit...
M. Lessard: D'accord.
M. Carbonneau: Je pourrais peut-être commenter l'expression
"montants importants". Ce sont des montants importants par rapport à
l'entreprise d'exploration et de développement moyenne. A
l'échelle d'une province, ce ne sont pas des montants fabuleux.
Mais pour répondre à votre question, juste sous la ligne
Application des fonds, vous avez Ex-
ploration, en première page, après Sources des fonds, en
haut de la page. Mais à Application des fonds, Exploration (article 3
a), c'est la première portion de notre mandat qui consiste à
faire de l'exploration, on voit les montants. Cette année, le montant
est de $1 500 000 et on voit comment la progression se fait jusqu'en 1985/86.
Cela est affecté uniquement à la recherche de gîtes
minéraux. Je peux continuer, si vous voulez pour la mise en valeur
c'est-à-dire les étapes 5 à 9 du tableau que vous avez
dans le centre de notre rapport annuel. On y affecte, pour le
développement de nouvelles propriétés, $3 600 000 en
1976/77, $3 900 000 en 1977/78, puis $700 000, ensuite $1 300 000, et ainsi de
suite jusqu'en 1986.
Maintenant, les mises en exploitation ne requièrent rien cette
année, ni l'an prochain, mais $3 millions en 1978/79 et $3 600 000 en
1980/81, de sorte que notre palier d'exploration de base, d'exploration de
recherche de gîtes minéraux, se maintient et même
dépasse certainement, puisque les $1 500 000 s'appliquent uniquement
à l'exploration, le palier d'exploration qui avait été
prévu lors du lancement de SOQUEM. Le capital social de SOQUEM
était tel qu'au début, nous devions recevoir $1 500 000 par
année pour ces trois volets: exploration, mise en valeur et mise en
exploitation.
Grâce à l'augmentation de capital social que vous nous avez
accorée il y a deux ans, on a pu conserver le même palier. C'est
pour cela qu'on dit que c'est un palier compatible avec l'exercice de notre
mandat. Mais il ne faut pas insinuer par là qu'à l'échelle
provinciale, ceci est nécessairement suffisant. C'est $1 500 000 sur un
total qu'on souhaiterait d'au moins $25 ou $30 millions en exploration au
Québec. Aujourd'hui, pour cette année, je n'ai pas de
données précises, mais j'imagine que le montant ne dépasse
pas les $20 millions en exploration et peut-être reste à $15
millions en véritable exploration, c'est-à-dire de la recherche
de gîtes minéraux et non pas l'extension de gisements connus.
M. Lessard: M. Carbonneau, je constate quand même que, sur
les périodes de 1976/77, de 1977/78 et 1978/79, on maintient le montant
de $1 500 000 pour l'exploration. Si on tient compte de l'inflation, autrement
dit, les montants réels, constants, dépensés dans
l'exploration diminuent plus que cela.
M. Carbonneau: Durant ces trois années, ils diminuent.
M. Lessard: Oui. Mais, par rapport aux années 1972, 1973,
1974, où vous dépensiez en exploration, en fait, d'après
le rapport de 1974/75, la somme, en 1972, de $1 799 570 pour SOQUEM seule; $2
525 868 en 1973; en 1974, $2 380 853; en 1975, $2 830 188... Là, il y a
quasiment une baisse du simple au double.
M. Carbonneau: Oui.
M. Lessard: Je comprends, en fait, que la grande partie du
budget... Au début, vous n'aviez pas, comme telle, de mise en valeur,
vous en étiez au type d'exploration et, une fois que la mise en valeur
arrive, là vous êtes obligé de prendre une grande partie de
votre budget existant pour la placer dans la mise en exploitation. Le minimum
que vous devriez exiger, que vous devriez demander ou que nous autres,
parlementaires, on devrait au moins accepter, c'est qu'on garde, de
façon constante, au moins les mêmes possibilités, d'autant
plus qu'on sait que l'exploration est très faible au Québec et
c'est un des problèmes. L'exploration au Québec est très
faible par rapport à celle d'autres provinces canadiennes. On
s'attendait justement... C'était l'un des rôles de SOQUEM aussi.
C'était d'en arriver à la mise en exploitation de certaines
ressources, minières, d'accord, mais aussi d'accentuer l'exploration au
Québec. Là, on sent que non seulement du côté de
SOQUEM on le sait du côté des compagnies privées
aussi, mais particulièrement du côté de SOQUEM il
n'y a pas d'accentuation, mais il y a eu une diminution, de telle façon
que, pour l'avenir même de la société, cela peut être
inquiétant.
Si vous voulez continuer la mise en exploitation et la mise en valeur de
ressources, il faut que vous trouviez quelque chose. Cela m'inquiète
énormément. Peut-être que la question est politique. Je
comprends bien que vous autres, la réponse serait de dire: Si on avait
plus de fonds, on ferait plus d'exploration. N'ayant pas assez de fonds, on ne
peut pas faire plus d'exploration.
M. Cournoyer: Le mot "passé" n'est pas important. N'ayant
pas plus de fonds, ces gens ne peuvent pas en faire plus.
M. Carbonneau: Oui, mais...
M. Cournoyer: Le passé, c'est une autre histoire.
M. Carbonneau: Oui.
M. Lessard: Qu'ils n'en aient pas assez, je ne le sais pas.
Est-ce qu'ils en ont assez? Il faudrait lui demander.
M. Cournoyer: Non, il n'en a pas assez. Ce n'est pas de ses
affaires. Cela a affaire à moi.
M. Lessard: C'est de ses affaires. Je le lui demande comme
expert.
M. Cournoyer: Non, non. Lui, monsieur, il ne peut pas faire
autrement que de me dire qu'il n'en a pas assez. Il vient de dire
qu'effectivement, il aimerait faire de l'exploration partout dans la province
et il en fait juste dans des limites qu'il n'accepte pas facilement, mais qu'il
doit, lui, comme président de SOQUEM, respecter. Il n'en a pas plus que
cela.
M. Lessard: Je pose la question maintenant à l'homme
politique.
M. Coumoyer: Oui.
M. Lessard: Considérant justement que non seulement il y a
une diminution brute des montants investis dans l'exploration, mais qu'il y a
une diminution aussi des montants par rapport à la valeur constante du
dollar, est-ce que vous envisagez la possibilité de prévoir des
montants supplémentaires pour SOQUEM?
M. Cournoyer: Pas pour le moment. M. Lessard: Pas pour le
moment.
M. Carbonneau: Maintenant, en ce qui concerne le palier de $1,5
million qui apparaît pour les trois prochaines années, ceci est
incomplet en ce qui concerne le volume total d'exploration géré
par SOQUEM.
M. Lessard: Je suis d'accord.
M. Carbonneau: En effet, il y a, dans ces trois années,
une contribution importante dans deux programmes, le programme avec les
Espagnols où les Espagnols fournissent 72% des fonds et nous, 28%
seulement, sur cette période de trois ans; également, avec le
programme Victorin, qu'on partage avec l'Hydro-Québec et la
société Gulf Minerals. Donc, il n'y a réellement pas de
diminution, je crois, par rapport aux années passées, si on
ajoute à ces programmes parce que cette application de fonds sur
le feuillet s'applique aux fonds de SOQUEM la contribution des
partenaires.
M. Lessard: M. Carbonneau, tout à l'heure, quand j'ai
parlé des années 1972, 1973, 1974, j'ai parlé
exclusivement des frais, des montants qui étaient versés dans
l'exploration par SOQUEM. Je n'ai pas parlé des partenaires, de la
participation des partenaires. En 1972, 1973, 1974, vous aviez une
participation des partenaires aussi, qui était même, dans le cas
de 1972, aussi importante que celle de SOQUEM.
M. Carbonneau: Oui, mais on n'avait pas de contrats d'association
aussi avantageux pour l'exploration dans la province que nous en avons pour les
trois prochaines années.
M. Lessard: Vous pourriez nous donner, en vertu des associations,
que vous avez, les montants bruts qui seront prévus au point de vue de
l'exploration pour 1975/76 et 1976/77?
M. Carbonneau: Je peux vous les donner, oui. Dans les trois
dernière années, disons qu'en moyenne, dans les programmes
partagés, SOQUEM contribuait à peu près à 50% du
coût du programme. Déjà, dans les trois prochaines
années, du moins pour le programme avec la société
espagnole, SOQUEM ne contribue qu'à 28% et les Espagnols, à 72%.
Nous n'avions pas cette sorte de programme, de contrat d'entente qui permettait
de maintenir, sur la totalité du programme, un volume d'exploration
considérable, tout en ayant une contribution moins grande de la part de
SOQUEM.
M. Lessard: Mais vous gardez, en cas de découverte...
M. Carbonneau: Globalement, le volume d'exploration reste le
même et même augmente un peu par rapport aux années
précédentes, de sorte que les $1,5 million donnent l'impression
qu'il y a stabilisation de l'exploration.
M. Lessard: De la part de SOQUEM, oui.
M. Carbonneau: De la part de SOQUEM, oui. D'accord.
M. Lessard: Est-ce que cela a des conséquences dans vos
contrats lorsqu'arrive la mise en exploitation? Je l'ai lu très vite
mais, dans le cas du projet de Manic, je pense qu'en cas de découverte
et de mise en exploitation, malgré cette participation de 72% des
Espagnols, vous conservez une participation de 50%-50%.
M. Carbonneau: 50%-50% et de 33% avec l'Hydro et Gulf Mineral.
L'Hydro a été assez généreuse de s'engager à
nous revendre sa portion d'intérêt si on fait une
découverte autre qu'une découverte d'uranium. A ce moment, un
prix raisonnable, c'est une fois et demie les sommes dépensées
pour l'exploration, de sorte que, malgré une mise de fonds qui sera en
deça de 50% au titre de l'exploration, en cas de découverte et de
mise en exploitation, nous aurons quand même une participation aux
profits qui sera aussi importante qu'auparavant. C'est évident que $1,5
million en exploration à $2 millions aujourd'hui, ce n'est pas un effort
d'exploration considérable, magistral. Néanmoins, ce qui
n'apparaissait pas les années précédentes apparaît
maintenant. C'est que SOQUEM n'est pas seulement un agent d'exploration de
base, de recherche de gîtes minéraux, de reconnaissance; c'est
aussi un agent de développement et un agent qui doit contribuer à
la mise en exploitation. Cela, comme vous l'avez fait remarquer, n'apparaissait
pas les années précédentes, mais, maintenant que c'est en
pleine marche, ces éléments ressortent dans notre planification
financière et sont réellement contraignants. Il est encore beau
que nous puissions conserver ce palier qui avait été prévu
en 1965 et même l'augmenter légèrement.
M. Lessard: Vous êtes optimiste.
M. Lacroix: II reste toujours, M. Carbonneau, qu'on ne doit pas
cesser l'exploration, c'est clair, mais on doit aussi passer au stade de la
réalisation de certains projets. On ne peut faire de la recherche
continuellement, si on ne passe pas à l'exploitation, comme aux
Iles-de-la-Madeleine, par exemple. A ce moment-là, ce ne serait pas
utile, si on fait des découvertes, qu'on ne les mette pas en
exploitation.
M. Carbonneau: C'est évident.
M. Lacroix: Est-ce que les découvertes de potasse semblent
encourageantes?
M. Carbonneau: Elles sont encourageantes, les intersections sont
très intéressantes, mais il n'est pas possible de
délimiter des volumes commerciaux à partir de travaux de surface.
Enfin, on pourrait encore faire des sondages, mais c'est difficile à
justifier. On espère être capable de le faire, cependant, à
partir de galeries d'exploration, une fois que nous aurons fait un puits pour
l'extraction du sel ou l'exploration du sel. Nous pourrions faire en même
temps l'exploration de la potasse, aller voir directement par recoupement, par
galerie comment cette potasse est disposée, ces couches-là sont
disposées et les évaluer.
M. Lacroix: Quand pensez-vous être capable de
procéder au creusage de galeries, qui sera le préliminaire pour
l'exploitation.
M. Carbonneau: Nous sommes prêts actuellement. Nous avons
terminé le dossier très récemment, nous avons saisi du
problème nos autorités compétentes, le ministère
des Richesses naturelles. Nous sommes à évaluer la contribution,
par exemple, qu'il serait possible d'obtenir pour la construction d'un
port.
M. Lacroix: Pour la construction du port, est-ce que vos
études sont assez avancées?
M. Carbonneau: Nous avons fait avancer le dossier jusqu'au point
où l'étape subséquente serait l'étape des sondages
en mer et l'étape du dessin final du port. Nos travaux sont complets de
ce côté; à l'exception de quelques mesures de courants
marins et de direction des vagues prédominantes, nos travaux sont
complets. En d'autres termes, nous avons amené le dossier au
début de l'étape 6 que vous avez dans notre rapport annuel. Il
n'est pas possible d'aller plus loin, du côté minier, sans avoir
la sécurité qu'il y aura un port, sans savoir également
comment il sera financé. De notre côté, SOQUEM, pour
poursuivre les travaux, il faut s'engager à un investissement minimum
pour commencer de $6 400 000. Le dossier est rendu à ce point.
M. Lacroix: Prévoyez-vous faire le nécessiare pour
que la main-d'oeuvre locale des Iles-de-la-Madeleine soit formée afin
que les ouvriers qui seront appelés à travailler dans les mines
ne soient pas des gens de l'extérieur, masi en très grande
majorité à part les experts, naturellement, que nous ne
possédons pas soient des gens des Iles-de-la-Madeleine?
M. Carbonneau: Nettement, mais il n'est pas possible de les
entraîner immédiatement. On ne connaît pas nous-mêmes
exactement le type d'emplois qui sera offert aux madeliots.
M. Lacroix: Mais, c'est votre intention...
M. Carbonneau: C'est notre intention, on peut prendre l'exemple
de Niobec, qui vient de se terminer dans une région où il n'y
avait jamais eu de mines. La main-d'oeuvre était de 90% locale. Des gens
qui n'avaient jamais vu une usine de concentration de minerai, ils sont tous
des gens de la région, dans l'usine.
M. Lacroix: Je ne suis pas intervenu souvent dans vos travaux de
recherche et je n'ai pas l'intention de la faire non plus. Je n'ai pas
l'intention d'intervenir dans votre travail mais, au point de vue de la
main-d'oeuvre, j'ai bien l'intention d'insister pour que le plus de
main-d'oeuvre locale puisse être utilisée.
M. Carbonneau: Vous pouvez y compter. D'ailleurs, c'est un
avantage même pour la compagnie qui va l'exploiter.
M. Lacroix: En passant, je veux vous féliciter, vous et
votre équipe. Même si vous avez eu deux années de retard
à cause des problèmes qui ont surgi entre vos partenaires et
SOQUEM, vous avez tout de même passé, en quatre années, des
étapes fort importantes. J'espère que vous allez continuer avec
la même diligence afin de procéder à l'exploitation de ces
gîtes de sel pour fournir du travail à une population qui
désire travailler, mais qui, actuellement, en souffre
douloureusement.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Papineau.
M. Assad: M. Carbonneau, quel pourcentage des explorations se
réalisent en exploitations, à peu près?
M. Carbonneau: Le nombre, disons, de propriétés de
"claims" miniers groupées, de propriétés minières
qui, finalement, deviennent le site d'une exploitation est à peu
près une sur mille.
M. Assad: Une sur mille.
M. Carbonneau: Oui. Quand cette propriété a
déjà des indices au départ, une sur mille devient une
propriété qui contient un gisement minier exploitable.
M. Assad: Depuis les deux dernières années, combien
avez-vous fait de tentatives d'exploration en collaboration avec d'autres?
M. Carbonneau: Durant les deux dernières années,
vous voulez dire d'explorations générales de reconnaissance?
M. Assad: Oui, oui.
M. Carbonneau: Avec d'autres, dans le Nord-Ouest du
Québec, il y a eu en tout cinq programmes avec trois compagnies: Silver
Stack, Dunraine et Noranda. Ailleurs, dans la province, dans les programmes de
recherche, encore une fois, de gîtes minéraux, neuf programmes
avec
sept compagnies. Ce sont des programmes de recherche en rapport avec la
description des étapes complètes de travaux qui vont d'un premier
effort de recherche jusqu'à l'étape de production. C'est la
portion des stades 1 à 4.
En plus de cela, vous avez également les programmes que nous
avons faits seuls, les programmes autonomes, d'abord, en page 24 et
également aux pages 25 et 26.
M. Assad: Depuis les quelques dernières années
d'expériences que nous avons eues dans la province, de quelle
façon pouvez-vous estimer le potentiel de votre participation dans le
domaine des exploitations? Naturellement, cela peut dépendre de la
chance dans vos tentatives d'exploration, mais voyez-vous des
possibilités, dans l'avenir, disons dans quelques années,
d'être très bien ancrés dans le domaine minier, de devenir
pas nécessairement des leaders, mais devenir des éléments
essentiels dans cette exploration sur notre territoire?
M. Carbonneau: Dans le domaine de l'extraction du sel et
peut-être de la potasse nous le serons, parce que nous sommes les seuls
à posséder au Québec des gîtes de sel. Ces
gîtes de sel sont de très grande dimension. Nos plans d'extraction
font appel à un volume de. production qui va faire de cette mine la plus
grande mine souterraine au Québec. Alors, nous aurons certainement
là une position non seulement prédominante, mais exclusive dans
un matériau de base de toute économie industrielle et qui est
également un matériau qui, au Québec, à cause de
notre climat, est bien utile, malgré qu'il fasse tort à nos
automobiles. Alors, nous aurons là une position prédominante, ce
sera certainement un des grands jalons, un des éléments marquants
de l'industrie minière québécoise.
Deuxièmement, je crois que déjà nous le sommes en
participant à 50% dans le cas d'un autre élément, qui
n'est évidemment pas aussi frappant que le sel, mais dans le
niobium-colombium. Cela est aussi appelé à devenir une mine de
grande importance au Québec. Déjà le Québec est une
des deux régions du monde qui produisent en quantités importantes
ce matériau, le colombium.
M. Assad: Qui sert à quoi?
M. Carbonneau: Qui sert surtout comme additif dans les aciers de
consommation courante, les aciers de structure, en quantités modestes,
mais qui augmentent beaucoup la résistance de l'acier, de 25% à
30%. Alors, il sert dans des aciers de structure généraux, des
aciers de construction d'automobiles, des aciers de construction de camions, de
locomotives, pour les ponts, les pipelines, etc.
M. Assad: Est-ce que l'exploitation de ce matériau est
difficile? Est-ce que c'est coûteux de l'exploiter?
M. Carbonneau: C'est coûteux de l'extraire du minerai et
d'en faire un concentré. C'est réalisé actuellement. C'est
en voie, c'est en marche. Mais c'est coûteux. C'est un matériau
difficile à extraire. Cela prend une technologie d'avant-garde, mais
elle est assez au point pour fonctionner.
M. Assad: II y a sans doute de la recherche pour faire de
l'extraction.
M. Carbonneau: Oui. Nous utilisons un procédé
nouveau qui a été mis au point en collaboration avec le
ministère des Richesses naturelles, à l'usine pilote. Le
procédé en laboratoire a été découvert par
deux de nos employés de la SOQUEM. Toute l'expérimentation en
usine pilote pour la mise au point du procédé s'est faite au
ministère des Richesses naturelles et c'est ce procédé qui
est employé à l'heure actuelle, à Saint-Honoré,
près de Chicoutimi, à la mine Niobec.
M. Assad: Merci.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saguenay.
M. Lessard: M. le gprésident, je reviens encore sur la
question de l'exploration. J'aimerais demander au président de SOQUEM
s'il est capable de me dire j'ai des chiffres, mais je me demande s'ils
sont vrais le montant global qui est versé par l'ensemble des
compagnies minières dans l'exploitation au Québec. Est-ce que le
chiffre de $24 millions serait exact?
M. Carbonneau: C'est de l'ordre de $24 millions. Encore une fois,
ce chiffre est peut-être difficile à donner si on veut être
certain que c'est de l'exploitation appliquée en entier à la
recherche de nouveaux gîtes minéraux. Je crois que c'est de
l'ordre de $25 à $30 millions. On dit qu'il y a une baisse cette
année, mais encore une fois, ce n'est pas certain. Etant donné
les travaux que pratique la Selco dans le Nord-Ouest du Québec, ce
serait surprenant qu'il y ait une baisse.
M. Lessard: Je constate en fait que, pour les deux années
1975/76 et 1977/78, l'ensemble du budget, pratiquement une grande partie du
budget de SOQUEM va être versée dans la mise en valeur je
suis d'accord avec le député des Iles des mines de sel aux
Iles-de-la-Madeleine. Je suis d'accord qu'il faut passer à la
concrétisation. Ce n'est pas tout de faire de la recherche, à un
moment donné, il faut mettre en valeur la recherche qu'on fait. C'est
d'ailleurs l'un des objectifs de SOQUEM. Quand je dis que les montants
d'exploration sont absolument insuffisants, ce n'est pas parce que je veux que
la société fasse seulement de l'exploration. Je veux qu'elle
fasse de la mise en valeur. Même si vous me dites qu'il va y avoir un
apport important des autres sociétés cette année,
particulièrement dans le projet de Manic et dans le projet avec
l'Hydro-Québec, si la société pouvait au moins maintenir
en dollars constants et, en dollars bruts les montants qu'elle avait à
un moment donné ou qu'elle investissait
dans l'exploration, cela voudrait dire qu'elle pourrait s'associer avec
d'autres sociétés, donc faire plus d'exploration.
Je pense qu'avec $1 500 000, vous n'allez pas loin dans l'exploration.
Je me demande même si le ministère des Richesses naturelles ne
dépense pas plus en exploration que la Société
québécoise d'exploitation minière, comme budget.
M. Cournoyer: Oui. C'est normal, ce n'est pas le même genre
d'exploration.
M. Carbonneau: On ne fait pas le même genre d'exploration,
par exemple. Le ministère fait de l'exploration géologique...
M. Lessard: Je fais seulement la comparaison du montant. Je dis
que vous n'avez pas grand exploration à faire avec $1 500 000. Je trouve
que c'est absolument insatisfaisant, d'autant plus que SOQUEM est
obligée de réduire ses budgets d'exploration, alors que l'un des
objectifs qu'on lise les interventions qui ont été faites
par René Lé-vesque et d'autres députés, sur SOQUEM
était sans doute d'appuyer en fait le développement
d'entreprises québécoises dans le secteur minier. Mais
c'était aussi de susciter l'exploration, parce qu'on constatait que le
montant investi dans l'exploration par les compagnies privées diminuait
constamment.
On peut même dire que depuis dix ans et cela rejoint
l'exploration au Québec dans les chiffres qui furent donnés dans
un document du ministère des Richesses naturelles de 1974, Industrie
minière du Québec l'industrie minière
québécoise est en pleine stagnation, même si la production
totale a augmenté en valeur de 70% je dis bien en valeur
entre 1964 et 1974. Il s'agit d'une augmentation artificielle, à cause
de l'augmentation des prix.
Cela rejoint encore l'exploration. Si vous n'êtes pas capable de
mettre en valeur, si vous ne faites pas d'exploration, si vous ne faites pas de
découverte, en termes de quantité, la production minérale
totale a régressé de 2% entre 1964 et 1974. Donc, au
Québec, l'industrie minière, sur un territoire quand même
très vaste, très important, où il y a certainement des
mines à développer, a subi une régression de 2% en
l'espace de dix ans.
Dans les métaux, par exemple, la production a baissé de
20%. C'est le ministre qui disait que l'apport de l'économie
minière dans l'économie globale du Québec est tombé
de 5% à 3% au cours des dix dernières années.
Je trouve que c'est quand même assez grave pour l'avenir. Une des
solutions pour améliorer la mise en valeur de gisements miniers, c'est
de se baser sur l'élément, sur l'instrument qu'on possède
comme Québécois on n'en a pas beaucoup à
savoir, SOQUEM.
J'invite le ministre à prévoir, le plus tôt
possible, des montants supplémentaires qu'on devra verser à
SOQUEM pour qu'elle puisse au moins, comme minimum, maintenir en dollars
constants et en dollars bruts, les budgets qui étaient prévus
pour l'exploration en 1971, 1972, 1973 et 1974, parce que si vous comparez $1,5
million en 1971, enlevez 30%.
M. Carbonneau: Oui.
M. Lessard: Cela veut dire que cela correspond à tout
près de $450 000, donc, $1 million, par rapport à 1971.
M. Carbonneau: Oui.
M. Lessard: Je sais bien que vous n'avez pas le choix.
M. Carbonneau: Non, d'accord.
M. Lessard: Vous n'avez pas le choix, parce que vous êtes
obligé, comme on le soulignait tout à l'heure, de mettre les
montants pour le développement des mines de sel aux
Iles-de-la-Madeleine.
Je comprends que vous êtes très prudent quand vous dites:
Les activités de recherche et d'exploration de l'entreprise se
maintiendront à un palier "compatible" avec l'exercice de son
mandat.
M. Carbonneau: Oui. Il aurait bien pu être incompatible,
étant donné les exigences des programmes de développement.
Notre planification a été faite pour le rendre compatible.
Déjà encore à un palier de $1,5 million, on respecte
l'intention de 1965, du législateur.
M. Lessard: Même à $1, vous respecteriez l'intention
du législateur.
M. Carbonneau: Non, je pense que là, on serait bien en
deçà de ce qu'on avait comme objectif lorsqu'on a
créé cette loi.
M. Lessard: Lorsque vous avez obtenu $1,5 million par
année?
M. Carbonneau: Oui. Alors, on le respecte. Mais il est
évident qu'on peut faire plus. On a le personnel, un personnel bien
rodé. J'ajouterais que la qualité de notre exploration compense
nettement la dépréciation ou la perte de force de frappe du
dollar, à cause de l'inflation.
M. Lessard: Et que dire, si vous aviez $3 millions?
M. Carbonneau: On serait encore mieux, on pourrait faire
plus.
M. Cournoyer: Cela augmenterait...
M. Carbonneau: Nettement, on pourrait faire plus.
M. Lessard: Cela augmenterait l'exploration. M. Lacroix:
Cela ferait $1,5 million de plus. M. Carbonneau: Je peux ajouter
également
que dans les programmes de mise en valeur de cette année, il
apparaît au titre de notre capital social qualifié de
spécial, une somme de $4 215 000, qui ne vient pas de notre capital
social régulier.
Les programmes de mise en valeur, pour les deux prochaines
années, paraissent très lourds à porter. Mais vous savez
qu'il y a trois ans, vous nous avez accordé $5 millions au titre d'une
capitalisation spéciale à demander au ministre des Finances, sur
approbation du lieutenant-gouverneur en conseil; on pouvait avoir
jusqu'à $5 millions. Nous en avons utilisé environ $500 000, il
nous en reste environ $275 000 pour le programme Min-gan. Nous faisons une
demande pour le solde de ce $5 millions, le $4 215 000...
M. Lessard: Ah!
M. Carbonneau: De sorte que...
M. Lessard: Dans le budget, c'est $5 millions pour SOQUIP?
M. Carbonneau: Pour SOQUIP?
M. Lessard: Pour SOQUEM: C'est pour cela que vous avez $3
millions...
M. Carbonneau: On avait $3,6 millions à la mise en valeur,
$3,9 millions, mais, dans la source de fonds de l'année 1976/77,
à la deuxième ligne...
M. Lessard: Oui, oui.
M. Carbonneau: ... vous voyez $4 215 000, ce qui atténue
l'impact.
M. Lessard: Vous le demandez; est-ce que vous l'avez eu?
M. Carbonneau: On ne l'a pas eu parce qu'on n'a pas encore
entrepris les travaux. Tout le dossier est en marche. Nous espérons bien
l'avoir.
C'est désigné spécifiquement pour les programmes de
développement et de mise en exploitation, cette capitalisation
spéciale, et nous la demandons pour la descente du puits d'exploration
et d'exploitation éventuelle des Iles-de-la-Madeleine. Alors, l'impact
de notre programme de mise en valeur aux Iles-de-la-Madeleine est
atténué forcément puisque, sur $6 400 000, nous comptons
sur $4 215 000 de capitalisation spéciale. Mais, encore une fois, au
titre de l'exploration, il n'existe pas l'ombre d'un doute que nous pouvons
faire beaucoup plus.
M. Lessard: Si vous aviez des montants supplémentaires,
vous pourriez les utiliser facilement?
M. Carbonneau: Facilement.
M. Lessard: Vous n'auriez pas de problèmes?
M. Carbonneau: Très facilement, le problème...
M. Lessard: Parce qu'à chaque fois qu'on demande des
crédits pour certaines sociétés d'Etat, en tout cas,
celles qui sont rentables, on nous dit: Oui, mais si on leur en donne plus,
elles ne peuvent pas les utiliser. Quant à vous, si vous en aviez un peu
plus, vous pourriez les utiliser?
M. Carbonneau: On peut les utiliser et les utiliser d'une
façon...
M. Lessard: ... efficace, rentable.
M. Carbonneau:... efficace et bien administrée, mais,
néanmoins, on considère qu'on n'est pas à plaindre. En
partant à zéro en 1965, déjà, en 1970, nous avons
eu une augmentation de capital social' également en 1973. L'expression
"à plaindre" est peut-être mal choisie, mais je crois qu'on a
déjà pourvu SOQUEM d'augmentations de capital social qui ont
assuré son développement. Ce n'est pas à nous de
décider maintenant si l'Etat québécois veut accentuer
accélérer encore plus l'exploration par la voie de son agent. Ce
n'est pas tout à fait à nous... On peut lui faire valoir, quand
même...
M. Lessard: Lui suggérer. M. Carbonneau: Lui
suggérer.
M. Lessard: Quant à nous, nous allons vous appuyer.
M. Carbonneau: Très bien, merci. Je crois que tout le
monde est d'accord dans le fond.
M. Cournoyer: Ne commence pas à faire de la politique,
Côme, tu vas te faire poigner.
M. Carbonneau: Non.
M. Lessard: II ne fait pas de politique, il a des besoins.
M. Lacroix: Comptez sur notre appui, c'est plus fort.
M. Lessard: Les pêcheurs de homard se sont aperçus
que ce n'était pas bien fort, votre appui.
Le Président (M. Séguin): Je n'ai rien vu au sujet
de homard en ce qui concerne... un peu de sel, mais pas de homard.
Le député de Papineau.
M. Assad: M. le Président, pour rejoindre ce que le
député de Saguenay a mentionné la question se pose
au ministre et à M. Carbonneau s'il a plus d'argent je
lance une idée qui se...
Le Président (M. Séguin): A qui s'adresse votre
question?
M. Assad: Au ministre d'abord.
Le Président (M. Séguin): C'est une question au
ministre, d'accord.
M. Assad: Si on a plus d'argent pour les exploitations, je ne
crois pas qu'on soit en mesure, s'il y a une réussite... Si on trouve
des sources de minerai, est-ce qu'elles vont être transformées ici
au Québec. C'est la chose importante dans ce domaine. Mais je me demande
si... Il y a un professeur de Laval, un docteur en géologie, qui avait
lancé l'idée, il y a quelques années, que ce serait
peut-être dans le meilleur intérêt des
Québécois qu'il n'y ait pas trop d'exploitation dans le
moment...
M. Lessard: II n'y en a pas beaucoup, là.
M. Assad: Non, mais ce n'est pas prioritaire dans le moment parce
que, dans les prochaines années, ces ressources vont être
très importantes et on va être en mesure d'exiger la
transformation ici. Remarquez que je ne suis pas un expert dans le domaine,
mais je me demande...
M. Lessard: Plutôt que de les donner, on est mieux de ne
pas les exploiter, ni de les explorer.
M. Assad: Ce n'est pas l'idée qu'on les donne, mais je dis
peut-être qu'on devrait...
M. Lessard: Parce que la différence...
M. Assad: Notre échéancier est... Peut-être
qu'avec le temps, on va être dans une meilleure position pour exiger la
transformation ici.
M. Lessard: Mais on pourrait parler de l'an 2025 aussi, avant que
ce soit rentable.
M. Cournoyer: Ce n'est pas loin 2025. M. Lessard: On va
tous être morts.
M. Cournoyer: L'unité de temps dans ce milieu, c'est
quoi?
M. Lessard: Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Carbonneau: C'est au moins de dix ans. Même, à
l'exploration, les données les plus récentes compilées par
un professeur de l'université McGill, l'an dernier, donnent comme ordre
de grandeur une durée de douze à quatorze ans par
découverte et une somme à dépenser de $18 à $24
millions.
M. Cournoyer: Tu vois, tu n'es pas loin de 2025.
M. Lessard: Est-ce que vous pensez qu'on devrait retarder
l'exploration, à un moment donné?
M. Carbonneau: Non, je ne crois pas. Mais la question
s'adressait...
M. Cournoyer: Elle s'adressait à moi. M. Lessard:
Le ministre est divisé...
M. Cournoyer: On ne doit pas retarder l'exploration.
M. Lessard: Vous dites non.
M. Cournoyer: Nous ne devons pas retarder l'exploration.
M. Lessard: Donc, ajoutez des montants pour l'accentuer.
M. Cournoyer: Je pense bien que la remarque faite par le
député de Papineau est très intéressant; cette
remarque dit effectivement: Est-ce que vous avez suffisamment d'exploitation
maintenant?
Moi, je dis: Si le président de SOQUEM demande plus de capitaux
je suis convaincu qu'il peut facilement en demander plus si on a
de l'argent, on va lui en donner plus, mais, si on n'en a pas, il n'en aura pas
plus. C'est une question d'autres sortes de choix. Là, je suis
obligé de constater que, dans le cas de SOQUEM,
l'évolution...
M. Lessard: Les Olympiques, les Olympiques! M. Cournoyer:
Bon! Tiens!
M. Lessard: C'est cela, vos priorités, les Olympiques!
M. Cournoyer: Bien, ce n'est pas au budget de SOQUEM, les
Olympiques.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Ce n'est pas
encore dans le budget de SOQUEM, les Olympiques.
M. Lessard: Non, mais cela limite les priorités, cela
limite le budget de SOQUEM.
M. Cournoyer: Bien non! Ce sont des affaires...
M. Lacroix: S'il y avait un concours international de questions
pas nécessaires, on vous enverrait participer aux Olympiques.
M. Cournoyer: II faut que je finisse cela, au lieu des
Olympiques. Ce n'est pas important, pour le moment, dans nos propos.
M. Lessard: C'est secondaire, c'est juste $1,5 milliard.
M. Cournoyer: Qu'est-ce que c'est $1,5 milliard?
M. Lessard: Mais qu'est-ce que c'est $1,5 million?
M. Cournoyer: II n'en a pas demandé plus. M. Lessard:
Ce n'est pas ce qu'il dit.
M. Cournoyer: M. Carbonneau, avez-vous demandé, depuis que
je suis là, d'autre argent?
M. Carbonneau: Nous avons demandé $4 215 000 pour un
programme de mise en valeur...
M. Cournoyer: ... qu'il était possible de faire. M.
Carbonneau:... qu'il était possible de faire.
M. Cournoyer: Est-ce que cela a été refusé,
M. Carbonneau?
M. Carbonneau: Non.
M. Lessard: Alors, vous êtes satisfait?
M. Cournoyer: II ne peut pas être satisfait; il n'y a pas
un homme qui soit satisfait tout le temps. Voyons donc!
M. Lessard: Considérant les objectifs, considérant
le montant de $1,5 million, considérant les montants que vous
investissiez il y a quelques années dans l'exploration, en fait, vous
croyez qu'avec $1,5 million cela peut être satisfaisant et atteindre
l'objectif de la société?
M. Cournoyer: M. Carbonneau, je vous demande de ne pas
répondre è cette question.
M. Lessard: En tout cas, je connais sa réponse.
M. Cournoyer: Moi, maintenant, je vais vous dire ce que je
pense.
M. Lessard: Je le sais.
M. Cournoyer: Regardez ce que SOQUEM fait actuellement. Il y a
une partie dans l'exploration qui, j'en conviens, est peut-être
diminuée par rapport aux chiffres absolus. De $1,5 million qu'elle
était, elle reste à $1,5 million; donc, ça descend. On est
d'accord tous les deux, on n'ira pas plus loin là-dessus. Mais SOQUEM a
une tendance à commencer à ramasser de l'argent pour faire de
l'exploration. Entre nous, même si la Société
québécoise d'exploration minière a été
formée en vue de la valorisation du sous-sol québécois,
elle est en train de le faire et, jusqu'à un certain point, il faut la
féliciter de commencer à faire de l'argent pour faire de
l'exploration avec ce que ça rapporte. C'est aussi simple que cela.
M. Lessard: C'est aussi simple que cela.
M. Cournoyer: Ce n'est pas compliqué; on ne peut pas
être tous beaux et fins comme toi. Regardez les plans qui sont devant
vous.
M. Lessard: On est d'accord que SOQUEM fait un excellent travail.
C'est justement parce qu'elle fait un excellent...
M. Cournoyer: Oui. Bien, arrêtez donc!
M. Lessard: ... travail qu'on veut lui en donner plus pour
qu'elle fasse encore un meilleur travail.
M. Cournoyer: Ecoutez, il n'y a pas d'économie
d'échelle là-dedans. Si vous donnez plus d'argent à SOQUEM
il n'y a rien qui dit que cela va aller mieux.
M. Lessard: Bien...
M. Cournoyer: Vous avez une très belle entreprise junior
qui va très bien, parce que le président sait encore ce qui se
passe dans sa compagnie. Il y a des présidents qui ne savent pas ce qui
se passe dans leurs compagnies parce qu'elles sont trop grosses.
M. Assad: Les grosses entreprises de l'Etat, là.
M. Lessard: Ah! c'est vrai, vous aviez des remarques sur les
entreprises d'Etat. C'est une autre société d'Etat qui peut
être facilement tout à l'heure, je vais les comparer,
d'ailleurs comparable avec n'importe quelle société
privée. D'ailleurs, ce sont les Américains, maintenant, des
sociétés internationales qui viennent nous dire que SOQUEM peut
se comparer à n'importe quelle société privée.
M. Assad: Parce que ce n'est pas trop grand. On a encore le
contrôle sur l'entreprise. C'est pour cette raison. Si vous en faites une
grosse bebelle, vous allez voir ce qui va arriver. Cela ne met pas en doute la
compétence de ces hommes-là. Ils ont encore le contrôle sur
SOQUEM, c'est pour cela que ça va bien.
M. Lessard: Rouyn-Noranda, ce n'est pas efficace? Noranda Mines?
Asbestos Corporation, ce n'est pas efficace?
M. Assad: M. le Président...
M. Lessard: Iron Ore Company, Quebec Cartier Mining, ce n'est pas
efficace?
M. Cournoyer: Ce n'est pas ici qu'ils sont efficaces.
M. Lacroix: Si c'est efficace, pourquoi parlez-vous tant contre
les multinationales?
M. Lessard: Efficaces pour leurs actionnaires.
M. Assad: Une dernière question à M.
Char-bonneau.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Papineau.
M. Assad: Au Québec, on n'est pas en mesure de transformer
autant qu'on voudrait le faire; c'est l'objectif final, disons. Je ne voudrais
pas poser une question qui créerait des problèmes, mais
croyez-vous que ce serait une priorité d'avoir un budget beaucoup plus
élevé que celui que vous avez à SOQUEM? Est-ce que ce
serait une priorité, si on regarde l'objectif à la fin?
M. Carbonneau: Pour faire de la transformation?
M. Assad: Oui.
M. Carbonneau: Si l'objectif principal de SOQUEM devenait la
transformation, on changerait un peu la nature de SOQUEM, qui est censée
être un agent de découverte au plan des ressources
premières, des matières premières.
La transformation, dans certains cas, peut être assez facile
à accomplir; dans d'autres cas, elle demande le recrutement d'un
personnel tout à fait différent, des connaissances de
marché tout à fait différentes. Je ne dis pas que ce n'est
pas possible. Dans certains cas, cela peut être très difficile et
il y aurait peut-être avantage, plutôt, à confier un mandat
semblable à des sociétés spécialisées ou des
sociétés d'Etat, qui touchent à ces problèmes
quotidiennement, plutôt qu'à SOQUEM. C'est un agent de recherche
et de développement dans le secteur minéral, avec une
transformation aussi poussée que possible qu'on pratique. En faire
surtout un agent de transformation, c'est à étudier, mais c'est
à se demander si on ne détruirait pas, à ce moment,
quelque chose d'acquis pour un objectif aléatoire qu'on n'a pas encore
atteint. On serait peut-être mieux de voir s'il n'y a pas d'autres agents
de l'Etat ou en créer dans des cas spécifiques pour un
problème particulier.
M. Lessard: Faites attention de faire trop de profits et d'aller
chercher trop d'argent à l'Etat, parce que vous allez devenir trop gros
et vous allez devenir inefficace. On est né pour un petit pain, il faut
rester efficace de façon petite.
M. Cournoyer: C'est exactement la politique du Parti
québécois. Un parti dans une grande confédération,
ce n'est pas bon, c'est mieux d'être séparé et petit.
M. Lessard: Pas du tout. Etre chez vous et être capable
de...
M. Cournoyer: J'ai dit tout à l'heure qu'il est chez
lui.
M. Lessard: Vous avez une drôle de philosophie de
développement.
M. Cournoyer: Cela va très bien. Avez-vous de quoi
à dire contre SOQUEM?
M. Lessard: Cela peut aller mieux.
M. Cournoyer: Cela va bien là-bas, à SOQUEM. Ils
n'ont pas demandé...
M. Lessard: Cela peut aller mieux. Cela va bien aux Olympiques...
Vous aimez bien mieux donner cela aux Olympiques.
M. Cournoyer: Ils n'en ont pas demandé.
M. Lessard: Bon. Continuons nos discussions sérieuses.
M. Cournoyer: C'est cela. C'est bien sérieux.
M. Gratton: M. le Président, je suis obligé de
faire le rapport. Je ne me comprendrai plus si...
M. Lessard: Je suis d'accord pour cela. M. Gratton: ...
l'échange s'engage.
M. Lessard: M. le Président, je comprends la position de
M. Carbonneau, mais cette année, il y a $1,5 million seulement qui est
prévu pour l'exploration, par rapport à des montants qui
étaient passablement supérieurs les années
antérieures. Au départ, quand on versait $1,5 million à
SOQUEM, c'était bien compréhensible que SOQUEM ne fasse que de
l'exploration comme telle, parce que la mise en valeur d'un gisement, comme on
le disait, prend dix ans. Vous avez réussi beaucoup mieux, même
à l'intérieur de dix ans, vous avez mis trois gisements en
valeur, ce qui démontre que vous avez de l'efficacité.
Ce qui est quand même aussi important, c'est qu'il faudrait, comme
minimum possible, puisque vous aviez $1,5 million lors de la fondation de
SOQUEM, avoir cette année des montants disponibles pour $1,5 million,
pas en dollars bruts, mais en dollars constants, ce qui nous donnerait
probablement autour de $2,5 millions. Par rapport au montant de 1972, où
vous investissiez $1 799 570, il y a eu baisse dans l'exploration et une baisse
non seulement en dollars bruts, mais en dollars constants, à cause de
l'inflation. On pourrait dire que ce que vous avez comme argent cette
année, dans l'exploration, c'est à peu près $1,1
million.
A ce titre, je dis que vous ne répondez pas à votre
premier objectif, lors de la fondation de SOQUEM, parce que votre montant en
dollars constants est inférieur à ce que vous aviez lors de la
fondation de la société. C'est pour cela que je vous dis que
votre compatibilité avec votre premier objectif peut devenir
incompatible si on parle véritablement de la valeur du dollar. Il est
incompatible avec le premier objectif qu'on vous a donné, dans le sens
que, même si vous dépensez de l'argent dans la mise en valeur, en
réalité, dans l'exploration, vous ne versez pas $1 million, vous
n'avez pas, en fait, la même valeur d'argent que vous aviez lors de la
fondation de SOQUEM.
C'est dans ce sens que je me retourne vers le ministre et que je dis: on
en donne et on dépense assez en folies, il me semble qu'on peut en
dépenser dans le développement du secteur minier, là
où on est passablement minoritaires, parce que c'est un autre
élément. La propriété minière c'est
le rapport Tetley, je ne cesserai pas de vous le dire, peut-être
allez-vous venir à en
prendre conscience demeure largement entre les mains des
Non-Québécois. Selon le rapport Tetley, la participation des
Québécois était de 4% dans les substances
métalliques et de 2% dans les minéraux industriels, incluant
l'amiante. On constate que nous avons de petites sociétés
québécoises qui, à cause des risques ou à cause de
bien des raisons, à cause du capital qu'elles n'ont pas pour investir,
ont de la difficulté, même avec l'appui de SOQUEM, à
prendre place dans le marché québécois.
Mais, il nous reste, en fait, à part ces petites
sociétés cadettes, au moins une société où
l'ensemble des Québécois sont actionnaires et ont investi, c'est
SOQUEM. Par cette société, si on lui en donne un peu plus, on
pourra accélérer notre participation dans le secteur minier au
Québec qui est extrêmement faible et qui est entre les mains des
autres.
Mine de sel aux Iles-de-la-Madeleine
M. Lessard: Tout à l'heure le député des
îles soulevait une question concernant le développement des mines
de sel aux Iles-de-la-Madeleine. On investit $3 400 000 cette année et
$3 700 000 en 1977/78. Est-ce qu'on s'est associé avec un autre
partenaire ou avez-vous l'intention de vous associer à un autre
partenaire, du fait que Laduboro s'est retirée? Négociez-vous ou
si vous allez conserver... Vous avez 90%, je pense...
M. Carbonneau: On a 100% maintenant. M. Lessard: 100%
maintenant.
M. Carbonneau: SOQUEM a 100%. Dans notre plan
général de participation, on voudrait d'abord associer notre
filiale pour l'exécution des travaux. La filiale Louvem est l'agent de
SOQUEM pour les travaux miniers. La descente d'un puits est un travail minier,
alors on voudrait associer notre filiale à cela, tant au plan des
travaux qu'au plan financier. Elle nous aidera, également, à
financer à ce moment-là la mise en exploitation du gisement de
sel. C'est pour cela qu'en 1977/78 Louvem n'apporte pas de fonds nouveaux
à SOQUEM, elle achètera une participation dans le projet des
îles.
En ce qui touche la participation de partenaires extérieurs
à SOQUEM ou Louvem dans le projet des îles, à l'heure
actuelle, au conseil, nous n'avons pas à nous décider
immédiatement. Nous anticipons, si possible, nous joindre plutôt
à un autre partenaire de l'Etat, puisque déjà le
contribuable québécois, par nous, a pris tous les risques dans ce
projet et y a mis déjà près de $5 250 000 d'exploration et
de développement. Le marché du sel est surtout un marché
québécois. Si la chose est possible, cela se fera mais il n'y a
aucune décision finale de prise. Nous nous orientons plutôt vers
un partage d'intérêts entre SOQUEM et un autre partenaire du
Québec qui reçoit aussi ses fonds du gouvernement ou des rentes
des Québécois et qui, en finançant par voie de prêt
une partie du projet, prendrait également une partie de
l'équité de la compagnie qui fera l'exploitation, compagnie qu'on
appelle Seleine dans notre rapport annuel depuis deux ans.
M. Lessard: Prévoyez-vous une date où vous allez
lancer officiellement la mise en exploitation des mines de sel? Est-ce
définitif? Avez-vous une étude de rentabilité? Est-il
exact que cette étude de rentabilité prouve que vous allez avoir
l'appui de l'Etat pour rentabiliser cette mine? Je constate que cette
année et l'année prochaine on peut dire que vous mettez vos oeufs
dans le même panier, dans les mines de sel aux Iles-de-la-Madeleine,
quoique Louvem continue de fonctionner et qu'à Saint-Honoré
aussi, la mine par elle-même fonctionne.
Avez-vous pris une décision définitive? Vous en allez-vous
définitivement vers la mise en exploitation des mines de sel aux
Iles-de-la-Madeleine?
M. Carbonneau: II faudrait d'abord que je situe l'étape
à laquelle est parvenu le projet. Nous avons terminé
l'étape 5 et nous sommes au début de l'étape 6,
c'est-à-dire que nous sommes à l'étape de descente de
puits, de creusement de galeries pour la détermination précise
des réserves c'est en page 14 et également de
détermination des modes d'extraction optimale. Nous cherchons à
déterminer cela à l'étape 6. Notre conseil a
approuvé une assignation budgétaire de $6,5 millions pour cette
étape 6.
Normalement, l'étude de faisabilité finale se fait
à l'étape 7, se complète à l'étape 7. Mais,
à l'étape 6, avant de faire un investissement de cet ordre de
grandeur, nous faisons également une étude de faisabilité
qu'on qualifie de préliminaire. Or, dans le cas des Iles, actuellement,
nous ne pouvons pas dire que nous avons pris la décision finale de mise
en exploitation. Nous nous la réservons à l'étape 8, mais
nous sommes sûrs, à 9 sur 10, si je peux m'exprimer ainsi' que
nous allons la prendre à l'étape 8.
La question n'est pas tellement de savoir également si
l'exploitation est rentable ou non. Elle apparaît aujourd'hui comme
étant nettement viable sur le plan économique et concurrentielle
avec des exploitations actuelles, mais nous n'avons pas traversé cette
étape 6. Nous réservons la décision finale pour un peu
plus tard quand nous aurons traversé cette étape 6. Mais nous
avons déjà une étude préliminaire de
faisabilité qui donne comme calendrier des travaux, d'abord, la descente
d'un puits. A compter de la fin de l'année, le puits d'exploration sera
entrepris. Il faudrait, cependant, pour le faire, qu'au premier août, au
plus tard, nous sachions quelle somme d'argent nous devons placer dans notre
étude de faisabilité pour la construction du port.
Le port peut coûter une vingtaine de millions de dollars. Dans
cette étude, nous avons assumé que nous recevrions des
subventions comme une autre société s'attendrait d'en
avoir dans une région comme celle-là de $10 millions, soit
la moitié. En assumant $10 millions, l'échéancier est le
suivant: En 1976, nous entreprenons le puits; en 1977, nous en faisons
l'exploration, nous
commençons la mise en application de la mine, nous
commençons la construction du port. En 1978, seulement, la mine
étant terminée, c'est-à-dire l'établissement des
grands chantiers, d'une galerie inclinée pour remonter le minerai en
surface sur une courroie, le port se poursuit. A la fin de 1978, le port est
terminé, d'après cet échéancier. En 1979, la mine
est terminée et en 1979 commerce non pas l'exploitation commerciale au
régime de production prévu, mais quand même l'extraction de
sel commence. On pourra commencer à expédier du sel vers le
continent, vers le Québec, à compter de 1979, mais nous ne serons
pas encore au régime de production qu'on s'attend d'avoir en 1980.
On pourra dire qu'en 1980, la mine sera à plein régime de
production, soit à un million de tonnes ou 1,5 million tonnes par
année, selon le plan qu'on choisira et les contrats de vente que nous
aurons conclus.
On peut même dire que nous sommes un peu plus avancés sur
les questions de mise en marché. Nous avons quand même fait
plusieurs contacts, notamment avec le ministère des Transports, l'Office
des autoroutes.
M. Lessard: Je voulais vous poser une question sur cela
justement. Dans votre rapport annuel de 1975/76, puisque vous y touchez, vous
dites: L'expropriation d'une mine de sel à Rocher-aux-dauphins
comprenant l'absorption des coûts de construction d'un port à
Leslie apparaît rentable pourvu que le ministère des Transports du
Québec, l'Office des autoroutes et la moitié des
municipalités du Québec s'approvisionnent auprès du seul
producteur éventuel de sel au Québec, soit SOQUEM.
Avez-vous reçu cette assurance? Domtar et CIL doivent avoir des
réactions.
M. Carbonneau: La CIL ne produit pas de sel. Il y a les
sociétés Domtar et Canadian Salt qui produisent du sel. Dans le
texte que vous avez cité, on dit que si cette éventualité
ne se réalise pas, le projet demeure rentable. En d'autres termes, la
rentabilité souhaitable d'un projet comme celui-ci, comme beaucoup
d'autres projets miniers qui comportent, au stade où nous en sommes, des
risques de prix de vente du sel, des risques de coût additionnel à
cause des difficultés de création de galeries, est de 20%. Avec
cette assurance, on peut endosser tous les coûts de construction du port
nous-mêmes. Avec l'assurance d'avoir la totalité du marché
du ministère des Transports, de l'Office des autoroutes et la
moitié des municipalités, nous aurions une rentabilité
d'environ 20%.
Si on assume un taux de croissance de vente peut-être plus
modeste, pour arriver à avoir un taux de rentabilité du
même ordre de grandeur, il faudrait une contribution gouvernementale
quelconque à la construction du port, autrement notre taux de
rentabilité tombe à 15% ou 12% selon les hypothèses de
prévision des ventes. Il reste, quand même qu'à 12% ou 15%,
le projet est encore viable. Cela nous apparaît, ainsi, bien que nous ne
sommes encore qu'au début de l'étape 6.
L'étude de rentabilité démontre que le projet est
viable.
M. Lessard: On peut envisager de bonnes chances que cela puisse
se concrétiser. Envisagez-vous la construction d'une usine de
transformation sur place?
M. Carbonneau: II est tôt. On parle de 1980, avant la
première production commerciale. Il y a déjà des usines de
fabrication de chlore et d'alcali à Bécancour que la CIL vient de
terminer. On peut envisager pouvoir construire une usine de fabrication de
carbonate de sodium aux Iles-de-la-Madeleine.
M. Lacroix: On est mieux d'attendr d'être rendu au pont
avant de traverser la rivière.
M. Carbonneau: Oui. Il y a quand même une étape
obligatoire. On a quand même là une mine de grand volume, une mine
d'importance déjà qui va certainement créer un impact
important sur l'économie des Iles. La construction du port va
également créer un impact important.
M. Lacroix: Le transport du sel par la suite.
M. Carbonneau: Ensuite, il y a également la
possibilité de la construction d'un évaporateur aux
Iles-de-la-Madeleine, c'est-à-dire soit de dissoudre de nouveau une
partie du sel extrait à la mine même, ou soit d'avoir des puits de
dissolution ailleurs aux Iles; parce qu'on le voit, par le rapport, il y a sept
gîtes de sel de localisés aux Iles-de-la-Madeleine. On pourrait
extraire le sel d'une autre portion que le sel du site que l'on propose, le
réévaporer, faire un évaporateur, pour produire le sel
pour consommation domestique. Cela peut se faire aux Iles-de-la-Madeleine.
Le Président (M. Séguin): Le député
de l'Assomption.
M. Perreault: Vous avez parlé tout à l'heure de
Domtar et de Canadian Salt, où s'approvisionnent-elles en matière
première?
M. Carbonneau: Canadian Salt a une mine à Pugwash, en
Nouvelle-Ecosse qui fonctionne à un volume de production d'environ 1
million de tonnes par année. Domtar tire surtout son sel, pour le
marché du Québec, de Boodrich en Ontario. Canadian Salt a
également une mine en Ontario.
M. Perreault: D'après vos connaissances, les
réserves de ces mines sont-elles encore très grandes?
M. Carbonneau: Ces mines ont encore d'assez bonnes
réserves, mais les sentiers d'abattage sont de plus en plus
éloignés du puits d'extraction.
J'ai visité celle de Goodrich, on doit voyager un mille complet
avant d'arriver au chantier d'abattage. Les coûts d'extraction...
M. Perreault: ... augmentent.
M. Carbonneau: ... augmentent continuellement. Quant aux
coûts d'extraction, M. Hinse les a établis aux
Iles-de-la-Madeleine en collaboration avec l'ancien gérant de Domtar
à Goodrich, il a travaillé 16 ans à Goodrich comme
gérant. Ils l'ont fait pour nous. Ces coûts des îles sont
très compétitifs avec les coûts de Goodrich
actuellement.
M. Lacroix: Le sel est près du sol...
M. Carbonneau: Le sel est à plus grande profondeur
à Goodrich également qu'aux Iles-de-la-Madeleine. Le contexte
géologique n'est pas le même. On exploite un banc de 45 pieds, on
en prend seulement 40 pieds; c'est continu, mais c'est le seul banc exploitable
actuellement à cette mine.
On est dans une situation concurrentielle qui est aussi favorable en
tout cas.
M. Perreault: Ce qui veut dire, lorsque vous parlez de la
moitié des municipalités, que vous seriez assez concurrentiel
sans qu'on les force à acheter.
M. Carbonneau: Nettement. Toute l'étude de
faisabilité a été établie sur une base
concurrentielle des coûts actuels et sans régime de faveur
d'aucune sorte en faveur de la société qui exploitera.
M. Perreault: Je pense que c'est une situation très
saine.
M. Carbonneau: Si quelqu'un voulait voir le site, j'ai ici une
carte qui peut être d'un certain intérêt. Si on me
permet...
M. Lacroix: En avez-vous plusieurs?
M. Carbonneau: Je n'en ai qu'une, mais on pourrait
peut-être la faire circuler.
M. Perreault: Je vais la faire circuler.
M. Lacroix: M. Carbonneau, l'énergie qui sera
nécessaire pour l'exploitation de ce gîte-là sera-t-elle
fournie par l'usine thermique de l'Hydro-Québec qu'on est à
agrandir actuellement, ou si vous prévoyez...
M. Carbonneau: ... éoliennes.
M. Lacroix: ... être obligés, vous-mêmes, de
vous organiser pour produire votre propre énergie?
M. Carbonneau: Je ne peux pas répondre facilement à
cela. On est en pourparlers. Peut-être que l'usine thermique actuelle
pourra en fournir une partie, mais il est plus probable qu'il faudra une
unité, temporaire du moins, au site de la mine, pour compenser ou
combler le manque de pouvoir qui pourrait se produire à cause de la
demande considérable de la mine.
Eventuellement, on espère bien, comme on l'Indique sur la photo,
qu'une bonne partie de l'énergie électrique sera produite par des
éoliennes, particulièrement le transport du sel jusqu'au port,
par voie de courroie sans fin, "conveyor belt". Cette méthode de
transport ne requiert pas une source d'énergie aussi considérable
qu'un ascenseur sortirait le minerai.
Mais pour le moment d'ici 1980, la technologie d'application ou de
production d'énergie électrique par des éoliennes n'est
pas encore tout à fait à point. On aura probablement besoin
d'unités auxiliaires sur le site, pour la mise en exploitation.
M. Perreault: Est-ce que c'est l'Hydro-Québec qui s'occupe
de l'étude de ces éoliennes?
M. Carbonneau: Oui, c'est l'Hydro. L'Hydro construit actuellement
une grande éolienne aux Iles-de-la-Madeleine.
M. Lacroix: II y a une recherche qui se fait à l'IREQ pour
la ligne expérimentale. L'Hydro a investi $24 millions pour agrandir son
usine thermique, mais je me demandais si c'était suffisant et pour les
besoins de la population, qui vont toujours croissant, et pour ceux de la
mine.
M. Cournoyer: Les plans, c'est de faire un tunnel ou prendre
l'énergie de Labrador...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Gatineau.
M. Lessard: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saguenay.
Projet Niobec
M. Lessard: Cela va pour les Iles-de-la-Madeleine. Je voudrais
maintenant revenir au projet Saint-Honoré, le projet Niobec. Dans votre
rapport de 1974/75, vous précisez que le calendrier d'exécution
des travaux laisse prévoir le début de la production, tôt
en 1976.
Je pense que l'inauguration a eu lieu. Est-ce que l'usine est
actuellement en production? Et quels sont les objectifs de production pour
l'année 1976? Probablement que vous avez cela dans votre rapport.
M. Carbonneau: Non. Les objectifs de production, c'est une
année de démarrage, on veut s'introduire dans le marché
sans causer encore trop de...
M. Lessard: Trop de problèmes.
M. Carbonneau: Trop de problèmes, de désordre. Les
objectifs de production sont les plus élevés possibles pour
répondre à la capacité de
l'usine qui est de 5 500 000 livres d'oxyde de niobium par
année.
L'usine a démarré pour de bon à la fin de
février. A partir du 1er mai, elle est entrée sur un
régime de production commerciale en ce qui concerne l'usine de
concentration, la comptabilité et ainsi de suite. Les concentrés
produits sont déjà d'excellente qualité. Evidemment, dans
une phase de rodage comme celle-là, le problème de
récupération du niobium, à partir du minerai, monte
constamment. L'objectif est de 72% et, aux dernières nouvelles que
j'avais, au début de la semaine dernière, on était
à 60%, 62%. A l'heure actuelle, tout semble bien se passer. Je crois que
tous les experts qui ont visité l'usine sont satisfaits. L'usine va
atteindre ses objectifs de récupération à ce palier.
M. Lessard: Est-ce que vous avez fait des perspectives de profit?
Quel est le "cash-flow" qui pourra revenir de cela?
M. Carbonneau: Oui, évidemment, nous avons fait des
perspectives de profit auparavant. Déjà, les banques, avant de
prêter les $13 millions qui sont en jeu...
M. Lessard: Combien?
M. Carbonneau: $18 millions en tout, $18,3 millions,
c'était le projet; cela va peut-être atteindre un peu plus que
cela dans la construction, mais pas de façon désordonnée.
On avait des études de faisabilité, donc de rendement, et je n'ai
pas, malheureusement, ces études de rendement ici. Elles sont, dans un
sens, incluses à la page 13 du rapport annuel de cette année,
mais je ne peux pas facilement les extraire. Je me demande si nos partenaires,
cependant, aimeraient que je rende publique la rentabilité future. Mais,
déjà, vous avez le total aux pages 12 et 13 des trois
entreprises, Seleine, Niobec et Louvem.
M. Lessard: Pour 1980/81, dans votre planification
financière...
M. Carbonneau: Oui, on voit également qu'à partir
de 1980/81, on s'attend...
M. Lessard: ... vous prévoyez $3 millions.
M. Carbonneau: On s'attend qu'en 1980/81, la
Société Niobec nous rembourse notre mise de fonds dans Niobec,
ensuite, qu'elle nous donne comme dividendes $1 220 000 à partir de
1983. Ce n'est pas la totalité, cela prévoit évidemment la
création d'une réserve dans Niobec pour l'expansion et les
projets d'exploration sur la propriété même qui est encore
très vaste.
M. Lessard: Vous vous rappelez sans doute que, lors de la
dernière rencontre que nous avons eue, je pense que c'est en 1972, avec
vous-même et les administrateurs de SOQUEM, la principale discussion
s'était faite justement autour de la mine de Saint-Honoré. Vous
vous rappelez que le prési- dent de St.Lawrence Colombium, M. Gourd,
protestait énergiquement contre le fait que SOQUEM avait l'intention de
mettre en exploitation, parce que, disait-il, à cause des
Brésiliens et à cause du fait que le marché était
très limité, la mise en exploitation d'une mine pouvait causer
des problèmes considérables sur le marché international.
Je vois par ailleurs, dans votre rapport, que vous dites que vous avez
déjà des contrats pour vendre 95% de votre production.
Qu'est-ce qu'il arrive de la mine d'Oka? Est-ce que cela continue?
Est-ce que St. Lawrence Colombium a subi des problèmes, parce que vous
parliez de problèmes, tout à l'heure?
M. Carbonneau: Je suis mal placé pour parler de St.
Lawrence Colombium.
M. Lessard: En fait, même s'il y a grève, est-ce
qu'elle est encore en exploitation? Je pourrais poser la question au
ministre.
M. Cournoyer: D'après les informations que je
possède, elle est encore en activité, mais, compte tenu du fait
que la grève ou le lock-out dure depuis déjà trois ou
quatre mois, et même plus que cela, on ne peut pas faire des
comparaisons. On ne peut pas dire ce qui est arrivé par la mise en
exploitation de Saint-Honoré. Je ne suis pas capable de l'affirmer et je
ne pense pas que M. Carbonneau puisse le faire non plus.
M. Carbonneau: En fait, pendant un certain nombre de mois, il n'y
avait aucune production au Québec de concentrés de colombium,
parce que la production de St. Lawrence a cessé avant la mise en marche
de la mine Niobec.
M. Lessard: Est-ce que vos ventes se sont faites auprès de
la clientèle déjà existante de St. Lawrence Colombium?
M. Carbonneau: Non. Déjà, le plan de vente avait
été établi pour éviter d'entrer en concurrence avec
St. Lawrence Columbium.
M. Lessard: Donc, vous n'êtes pas directement, vous
êtes, en fait, sur le marché du colombium, mais vous n'êtes
pas, comme tel, en concurrence avec les acheteurs.
M. Carbonneau: Non.
M. Lessard: Vous ne croyez pas que cela ait pu avoir des
conséquences sur...
M. Carbonneau: II y aura toujours un temps mort de six ou sept
mois. Même aujourd'hui, si on expédie du concentré de
colombium, la transformation de ce concentré en ferrocolombium, qu'on
peut utiliser dans l'acier, n'aura d'impact sur le marché que dans cinq
ou six mois. Par conséquent, il y a un décalage d'au moins la
moitié d'une année entre la fin de la production de St. Lawrence
et l'entrée de la production de Niobec sur le marché et chez
d'autres clients que
ceux de St. Lawrence, excepté peut-être un client
américian. On ne sait pas quelle portion, mais ce n'est pas notre
principal client à nous, non plus.
M. Lessard: Concernant le projet de Mingan vous
comprendrez que je m'y intéresse, étant de la Côte-Nord
il y a un problème, comme pour tous les autres projets,
d'ailleurs, de l'ensemble du Québec.
M. Cournoyer: On l'a "scrapé".
M. Lessard: Vous ne pouvez pas l'avoir scrapé", c'est dans
le comté de Donald Gallienne.
M. Cournoyer: II en a assez, Donald.
M. Lessard: C'est dans le comté de Duplessis.
M. Cournoyer: Donald, il en a assez.
M. Lessard: C'est situé, je pense, à 85 milles au
nord de Mingan. C'est peut-être une excellente mine, car la teneur de
plusieurs minerais est assez bonne. Maintenant, il y a un problème,
semble-t-il, du fait qu'il y a beaucoup de minerai, mais que le pourcentage
n'est pas tellement fort. Le problème, je pense, qui est fondamental,
c'est la question de la séparation de ce minerai. Il y a des recherches
qui sont faites, je pense. Est-ce qu'on peut dire que cela s'est
amélioré? Est-ce qu'on voit une possibilité de mettre en
exploitation, de mettre en valeur ce gisement?
M. Carbonneau: Je ne peux pas répondre positivement
à cette question à l'heure actuelle. Tout de même, il y a
deux étapes principales de recherche du point de vue
métallurgique. Il y en a une qui concerne les sous-produits qu'il serait
possible d'extraire: le vanadium, le chrome, l'alumine. L'autre étape
concerne l'utilisation également du titane et du fer. Même dans
une des avenues de recherche, on écartait complètement le titane,
on le laissait sur le terrain peut-être pour les
générations futures qui pourraient trouver un
procédé pour l'utiliser dans la scorie. On voulait d'abord
étudier la première étape qui est celle de l'extraction de
l'alumine, du chrome et du vanadium. L'allocation spéciale de notre
capital social, que nous avions demandée et que nous avons obtenue, a
été utilisée à cette fin.
Dans ce domaine, nous avons des résultats très
encourageants à l'échelle du laboratoire, des travaux faits au
Centre canadien de technologie des minéraux et de l'énergie
à Ottawa. On a quelques chose là qui, semble-t-il, à
l'échelle du laboratoire, est positif. Cela n'a pas été
évalué à l'échelle pilote, ni de façon
économique, mais ce n'est, quand même, pas une approche
théorique. Il faut maintenant transposer ces résultats sur une
base économique, de sorte qu'on fera peut-être du gisement Mingan
un gisement qui sera plutôt apte à produire de l'alumine, du
vanadium ou du chrome, au départ, que du fer.
Déjà, nous croyons que, dans l'optique, dans le contexte
actuel de l'effort que notre actionnaire fait pour la mise en valeur du
gîte Fire Lake et l'intégration verticale de SIDBEQ à
partir du minerai jusqu'au produit fini, il est peut-être
préférable que nous mettions la pédale douce un peu pour
les investissements dans tout ce qui touche au fer. Il reste que le projet
demeure intéressant en ce qui concerne les sous-produits. Ces
découvertes parce que nous pensons qu'il y a des
éléments pour lesquels on peut obtenir des brevets sur la portion
des travaux qui se sont faits pour la valorisation des sous-produits
seront évaluées au cours de l'exercice actuel et on verra, l'an
prochain, si on peut faire un pas de plus dans la mise en valeur de ces
gîtes.
M. Lessard: C'est un projet qui est encore au stade de la
recherche?
M. Carbonneau: Oui, mais qui va être ralenti actuellement,
compte tenu d'abord des exigences du projet des Iles-de-la-Madeleine, mais
aussi du fait que notre actionnaire nous a fait valoir qu'il faisait une mise
de fond très importante actuellement dans SIDBEC pour la mise en marche
du gîte de Fire Lake et l'intégration complète de notre
aciérie nationale.
M. Lessard: Oui. Alors, votre actionnaire a dirigé...
M. Carbonneau: Oui, comme il doit le faire. M. Lessard:
... ses priorités vers SIDBEC...
M. Carbonneau: Je crois aussi que SIDBEC a quand même un
marché, une aciérie qui fonctionne. La transformation se
fait.
M. Lessard: Quel est votre actionnaire principal? Est-ce que je
pourrais vous poser une question? SOQUEM n'est pas une société
minière comme SIDBEC. SIDBEC est une entreprise de transformation du
fer. Est-ce qu'il n.'aurait pas été normal que vous soyez partie
dans ce contrat à Fire Lake? Il me semble que vous auriez pu prendre du
"know how" dans le minerai de fer?
M. Carbonneau: Oui, mais nous n'apportions rien, ni
financièrement nous n'avions pas la capacité
financière de le faire ni sur le plan technique. SIDBEC avait
déjà un marché, elle-même consomme du fer. C'est la
généralité. C'est la façon dont agissent la plupart
des grandes aciéries au monde. Elles ont leur propre source
d'approvisionnement.
M. Lessard: Oui, mais nous sommes au niveau de l'extraction.
M. Carbonneau: Pourquoi faire appel à nous? On aurait agi,
à ce moment, plus ou moins comme une firme-conseil. Faire l'extraction
même, c'est de l'extraction sur de grands chantiers à ciel ouvert.
Elle n'avait pas besoin de nous. On n'apportait pas d'aide au point de vue
technique, ni au point de vue...
M. Lessard: Est-ce que cela ne vous aurait pas apporté
quelque chose vis-à-vis de l'exploitation du minerai de fer à
Mingan?
M. Carbonneau: Non, ce sont deux minerais très
différents.
Louvem
M. Lessard: D'accord. Dans le cas de Louvem, actuellement, vous
exportez du zinc, est-ce que vous prévoyez que la mine va être en
activité encore pour plusieurs années?
M. Carbonneau: Oui, à un taux de production de 20 000
tonnes par année, on prévoit pour au moins huit ans de
production. En fait, au cours de l'année, nous avons pratiquement
doublé le volume des réserves connues. On parlait dans le rapport
annuel de l'an dernier d'environ 1 million de tonnes avant dilution. Ici, on
peut parler maintenant cette année de 2,3 millions de tonnes encore
avant dilution, avec une teneur totale en métaux contenus d'un
même ordre de grandeur; donc, on a doublé les réserves.
Louvem devient une mine pratiquement permanente dans le métier, parce
qu'avec huit à dix ans de réserve devant soi dans l'industrie
minière on se sent confortable. Louvem étant...
M. Lessard: Vous dites avec une production annuelle de
combien?
M. Carbonneau: Avec des réserves minières qui
peuvent nous faire fonctionner pendant huit à dix ans, pour des mines de
cette dimension, on se sent en grande sécurité. Alors, c'est une
situation très saine que celle de Louvem actuellement, tant sur le plan
financier que sur le plan des réserves.
M. Lessard: La chance vous court.
M. Carbonneau: La chance nous court. On a pris des risques, mais
la chance nous court.
M. Lessard: Vous parlez, à la page 8 de votre rapport, du
total des bénéfices nets. C'est important, quand on parle d'une
société d'Etat, de parler des bénéfices, parce que,
bien souvent, on dit que les sociétés d'Etat ne font que des
trous, ne font pas des bénéfices, ne font que des
déficits. Vous dites que le total des bénéfices nets
à retirer de son exploitation de zinc était estimé
à un minimum de $12 millions avant le début de la période
actuelle d'instabilité économique où tout effort de
prévision s'avère de plus en plus aléatoire. Compte tenu
de l'affaissement du prix du zinc en 1975, est-ce que ce montant de $12
millions de bénéfices nets est encore réaliste?
M. Carbonneau: Oui, d'ailleurs l'année 1975/76 s'est
soldée avec un bénéfice net de $1,75 million sur ces $12
millions. Nous avons encore huit à dix ans de réserve. Même
en valeur présente, actuellement, l'extraction de ces réserves
devrait donner une rentrée nette de fonds de l'ordre de $10
millions.
Elle était évaluée en janvier à $12
millions. Par conséquent, les données numériques, les
estimations de profits de $12 millions ont été encore mieux
assises au début de cette année, en janvier.
M. Lessard: Probablement que surtout avec vos
réserves...
M. Carbonneau: Oui.
M. Lessard: ... qui sont agrandies.
M. Carbonneau: Vous avez un résumé de
l'année, fait par notre vice-président aux mines, M. Renaud
Hinse, dans le cartable d'aujourd'hui.
M. Lessard: D'accord.
M. Carbonneau: II y a actuellement, à la mine, un fonds de
roulement de $3 548 000. Le prix de vente moyen a été de $0.34
pour le zinc, ce qui est très raisonnable dans le contexte
économique qu'on vient de traverser.
M. Lessard: Prévoit-on que le marché va
s'améliorer, que le prix va s'améliorer?
M. Carbonneau: Oui, les spécialistes semblent tous
d'accord. Le zinc est un métal qui court le moins de risque de varier
vers la baisse et a le plus de chance de monter que tout autre métal,
dans la catégorie des métaux usuels, des métaux de
base.
M. Lessard: Dans le cas du projet Silver Stack, où en
êtes-vous rendus?
M. Carbonneau: Bien dans... M. Lessard: En fait de...
M. Carbonneau: L'an dernier, dans notre rapport, nous
publiions...
M. Lessard: Oui.
M. Carbonneau: ... les réserves ou enfin les ressources,
parce qu'on n'a pas encore la sécurité totale du succès de
cette découverte, à savoir si elle sera mise en exploitation.
Nous étions, à la fin de l'année, au 31 mars l'an dernier
près de la conclusion d'un accord avec Silver Stack qui nous vendait son
intérêt et devait retirer des redevances pour cette vente. La
société Silver Stack, par la voix de son ancien président,
M. Robin, nous avait indiqué qu'elle préférait nous vendre
son intérêt. Mais en juin, quand les choses allaient se terminer,
un nouveau président, qui est M. Drolet, a commencé à
hésiter et nous lui avons offert de revenir quand même à la
situation, qui était celle qui précédait ces offres de
vente, et de payer ses arrérages comme contribution aux travaux, puisque
la société Silver Stack devait payer 51% des travaux. Tout ceci
s'est réglé en novembre, de sorte que la société
Silver Stack, en novembre dernier, avait réglé ses comptes. Nous
étions revenus au partage de 51% Silver Stack et 49% SOQUEM.
Malheureusement, entre-temps, depuis juillet, l'an dernier, le prix de
l'or a baissé continuellement et, au début de cette année,
nous avons cru bon de marquer le pas et d'attendre de mesurer l'influence des
ventes du fonds monétaire international sur le marché libre de
l'or, afin de mieux mesurer à quel niveau se situerait le prix de
l'or.
M. Lessard: A $240, $260, cela devait être rentable.
M. Carbonneau: A $150, c'est un risque très raisonnable,
c'est rentable. A $126 ou $130, actuellement, ce n'est pas tout à fait
assez confortable, c'est marginal. Nous croyons fermement quand même que
nous allons à un gîte valable, mais il faudrait peut-être
attendre un, deux ou trois ans avant d'en faire la pleine mise en exploitation.
Il y aura probablement, cependant, des travaux de mise en valeur, avant, qui
n'apparaissent pas bien généreux dans notre planification
financière, mais si le besoin se fait sentir, sans couper l'exploration,
on peut peut-être faire un changement de l'allocation
budgétaire.
M. Lessard: Dans le cas de Silver Stack, est-ce à
même les fonds réguliers de SOQUEM?
M. Carbonneau: Oui, c'est un cas...
M. Lessard: Mais vous aviez un fonds que vous aviez
reçu...
M. Carbonneau: Le fonds spécial du Nord-Ouest, mais il est
épuisé depuis la fin de l'an dernier.
M. Lessard: II est épuisé.
M. Carbonneau: II est épuisé, oui. C'était
un fonds pour cinq ans.
M. Lessard: Oui.
M. Carbonneau: Alors, il n'y a plus d'allocation.
M. Lessard: C'est ce que vous dites dans votre rapport à
la page 27, toujours de 1974/75...
M. Carbonneau: C'est cela. Oui.
M. Lessard: Vous dites: Au cours de l'exercice, le fonds a
été épuisé et les programmes qu'il finançait
seront abandonnés ou pris en charge par la SOQUEM selon leur valeur et
les obligations qu'ils comportent.
M. Carbonneau: Oui.
M. Lessard: A part Silver Stack, avez-vous d'autres programmes
que vous avez pris à votre charge?
M. Carbonneau: II y a quelques programmes dans le Nord-Ouest du
Québec encore qu'on voit dans le rapport de cette année et dans
le rapport de l'an dernier des programmes Camac, Waite, Vauze. Il y a aussi un
programme de recherche d'or avec une société qui s'appelle
Goldhurst qui se poursuit. Alors nous avons pris tous les programmes valables
que le fonds spécial du Nord-Ouest avait financés. Nous les avons
repris à notre charge et nous les poursuivons. Le programme Goldhurst en
Abitibi, par exemple, au haut de la page 26; il y en a de nouveaux cette
année. Evidemment, le nombre de programmes n'est peut-être pas
aussi considérable qu'auparavant dans le Nord-Ouest du Québec,
mais il y a encore des programmes sérieux.
M. Lessard: Vous avez découvert un gisement d'uranium
à Girardville du Lac-Saint-Jean. Etes-vous avancés dans ce
projet? Pensez-vous qu'il y a une forte concentration?
M. Carbonneau: Nous avons pratiqué six sondages au cours
de l'hiver, divisé chacun en trois groupes de sondage pour faire une
coupe verticale à travers la zone minéralisée. Nous avons
rencontré des teneurs intéressantes en moyenne d'un quart de
livre la tonne, ce qui s'exprime en valeur économique par $8 à
$10 la tonne de valeur brut en uranium. C'est quand même bien
inférieur aux teneurs exploitées, par exemple, à Elliott
Lake, mais des intersections qui varient de 10 à 15 pieds jusqu'à
70 pieds le long de la carotte de forage. C'est une zone qui a en tout quatre
milles de long et près de trois quarts de mille de large avec un coeur
plus intensément minéralisé de deux milles de long et un
demi-mille de large; de sorte qu'on espère trouver encore mieux. Ce
n'est pas tout à fait aussi spectaculaire qu'on l'espérait parce
que les échantillons de surface donnaient de meilleures teneurs que
cela. On atteignait même une moyenne de deux livres d'oxyde d'uranium
à la tonne. Les travaux souterrains donnent un huitième ou un
quart de livre à la tonne. Alors, ce n'est pas tout à fait aussi
bien, mais c'est quand même, dans le contexte actuel, une
propriété valable. Toutes les sociétés
minières dans divers pays cherchent des réserves en uranium et
nous espérons convaincre certains partenaires de partager les frais
subséquents avec nous.
M. Lessard: Vous disiez justement que... D'abord, il faut
souligner quand même que c'est la première découverte
d'uranium.
M. Carbonneau: Non, ce n'est pas la première
découverte d'uranium au Québec, il y a toute la région de
Johan-Beetz sur la Côte-Nord qui est aussi valable, je pense, comme site
d'exploration pour se relier...
Côte-Nord
M. Lessard: Justement. C'est un peu dans ce sens que je dirigeais
ma question. Y a-t-il des recherches actuellement qui se font sur la
Côte-Nord?
M. Carbonneau: Le programme de $800 000 cette année avec
la société espagnole...
M. Lessard: Ah oui!
M. Carbonneau: ... avec l'accent sur l'uranium.
M. Lessard: A Port-Cartier, Baie-Comeau.
M. Carbonneau: Entre Port-Cartier et Baie-Comeau.
M. Lessard: J'allais demander au ministre si le ministère
des Richesses naturelles se préoccupait de la Côte-Nord, je suis
content que vous ayez le projet Manic.
M. Carbonneau: Oui, et c'est un projet qui implique des fonds
importants pour les trois premières années de façon ferme
et peut-être même pour cinq ans.
M. Lessard: Vous parlez de la baie de Johan-Beetz sur la
Basse-Côte-Nord, il y a eu des découvertes dans...
M. Carbonneau: Depuis une dizaine d'années, on
connaît l'occurrence de pegmatite, c'est-à-dire de roches en
filons contenant des teneurs d'uranium de l'ordre de grandeur que j'ai
mentionné, d'un quart de livre à une demi-livre la tonne. Il y a
également la région de Mont-Laurier qui contient de ces teneurs.
Il y a la région de Saint-Armand que nous avons découverte aussi
qui contient des zones de cette teneur. Ce qui est peut-être plus
remarquable qu'ailleurs, dans le cas de Crevier, c'est que nous sommes dans un
contexte bien individualisé et généralement producteur de
métaux de valeur. C'est une carbonatite, c'est un complexe alcalin comme
celui de Saint-Honoré et linéaire, donc qui présente de
plus grandes chances de trouver des gîtes minéraux
intéressants.
C'est une meilleure cible de prospection.
Secteur de l'Amiante
M. Lessard: M. le Président, j'aurais, quant à moi,
une dernière question et, à la suite, je ferai quelques
commentaires. Concernant le secteur qui me préoccupe d'une façon
très particulière, le secteur de l'amiante, êtes-vous
actuellement en négociation avec Abitibi Asbestos pour négocier
une participation je ne dis pas de 50%, je laisse faire le pourcentage,
tel que le ministre me l'a expliqué dans ce secteur?
M. Carbonneau: Nous ne sommes pas actuellement en
négociation active avec Abitibi Asbestos. Nous avons touché
à ce dossier il y a déjà plusieurs années et nous
connaissons bien le dossier. Nous n'avons pas eu les données de
faisabilité récentes. Nous gardons évidemment l'oeil
ouvert et l'esprit très ouvert sur toutes les offres possibles dans ce
domaine de l'amiante, qu'elles viennent de Brinco ou de l'Abitibi Asbestos, ou
de la région de Chibougamau ou des Cantons de l'Est. Nous avons
étudié de temps en temps ces dossiers. Nous n'avons pas de
négociations très actives, mais nous sommes toujours sur le
qui-vive à ce sujet.
M. Cournoyer: A la demande que je vous ai faite il y a
déjà un certain temps, M. Carbonneau, la réponse est qu'au
moment où on se parle, il n'est pas opportun de diversifier davantage
vos activités.
M. Carbonneau: Je comprends la question.
M. Lessard: Je comprends, avec l'argent que vous avez.
M. Carbonneau: Oui.
M. Cournoyer: II n'est pas question d'argent. M. Lessard:
Oui, c'est une question d'argent. M. Cournoyer: Laissez-moi
tranquille.
M. Cournoyer: M. Carbonneau, il répond à votre
place. Je vous pose la question, M. Carbonneau.
M. Lessard: Vous étiez entre l'écorce et
l'arbre.
M. Cournoyer: Vous me dites: Pourquoi il ne le fait pas? M.
Carbonneau, si vous aviez de l'argent, le feriez-vous demain matin?
M. Carbonneau: Non. Il faudrait d'abord étudier un peu
plus longtemps. Très sincèrement, il n'y a pas de
possibilité de poser un geste dans l'immédiat.
M. Lessard: Dans le secteur de l'amiante?
M. Carbonneau: Dans ce secteur, sans aller un peu plus au fond
des choses. Qu'est-ce qu'on voudrait d'abord réaliser comme objectif?
Est-ce uniquement un investissement? Il faudrait d'abord que ce soit un
investissement majoritaire.
M. Lessard: C'est ce qu'on dit.
M. Carbonneau: Pas seulement dire qu'on possède des
actions de Brinco ou de Abitibi Asbestos, il faudrait être en mesure
d'influencer les décisions. Est-ce qu'on cherche la transformation, de
l'amiante, ici? Tout cela, nous sommes en train de l'évaluer. Si on
cherche la transformation, est-ce que la voie pour y arriver est par la prise
de possession d'un intérêt important dans un gîte ou si on
devrait s'attaquer tout de suite à la transformation?
Abitibi Asbestos est, actuellement, probablement encore à cinq ou
six ans de la production à un régime commercial à grand
volume. Ensuite, il y a toujours quand même une phase d'enracinement et
de paiement de l'investissement, parce qu'on se sera endetté pour mettre
cela en production. Cela peut aller dans douze ou quinze ans
avant qu'on soit réellement en mesure de dire: Faisons la
transformation ici. La bonne voie est à peser et à
étudier. Sur cela, nous travaillons.
Quand vous m'aviez posé la question, je croyais que vous parliez
de communication directe avec Abitibi Asbestos.
M. Lessard: Je parlais de communication...
M. Carbonneau: De communication directe, non.
M. Lessard: Je demandais s'il y avait des négociations
avec Abitibi Asbestos.
M. Carbonneau: II n'y a pas de négociations actives, parce
qu'on n'est pas en mesure réellement de faire... On voudrait mieux
connaître ce qu'on désire, quel objectif on poursuit et dans quel
temps on doit le réaliser.
M. Lessard: Autrement dit, M. Carbonneau, si, comme expert, je
vous posais la question suivante: Pour rentabiliser le secteur de l'amiante
pour l'ensemble des Québécois, devrait-on prendre le
contrôle d'une entreprise?, vous ne seriez pas capable, actuellement, de
répondre de façon positive ou de façon
négative.
M. Carbonneau: Je ne serais pas capable de répondre, parce
que je dois avouer que je n'ai pas la compétence pour y répondre.
C'est quand même... Vous vous souvenez...
M. Lessard: On ne l'aura jamais si on n'entre pas dedans.
M. Carbonneau: Non, attendez un peu, ce n'est pas cela. Vous vous
souvenez qu'avant de démarrer SIDBEC on a formé un comité
de la sidérurgie, un "task force", un comité
spécialisé qui a travaillé plusieurs mois, et même
plusieurs années avant de trouver une formule qui ne s'est pas
avérée la bonne.
M. Lessard: Est-ce qu'il y a un tel comité pour
l'amiante?
M. Carbonneau: Vous nous demandez à nous de SOQUEM... Il
n'y a pas plus de 20 professionnels à SOQUEM. Il y a des études
poussées à faire. On parle de transformation et de mise en
marché, mais il faudrait connaître, dans notre cas, au moins, pour
pouvoir nous prononcer mieux, quel est le marché, quels sont les points
de force qu'on aurait, quels sont les points de faiblesse. Je ne peux pas vous
répondre effectivement.
M. Lessard: Mais vous ne l'avez pas étudié comme
tel, ce secteur.
M. Carbonneau: Nous avons certaines vues, mais rien d'approfondi,
parce que nous n'avons ni le temps, ni le personnel pour le faire,
actuellement. Ce n'est pas notre priorité actuellement; on ne peut pas
l'avoir comme priorité.
M. Lessard: Mais, si le gouvernement vous donnait une
priorité dans ce sens-là, vous donnait un mandat, vous vous
organiseriez pour le faire?
M. Cournoyer: Comme société de la couronne, ils
s'arrangeraient. Ils écouteraient ce que le gouvernement leur
dirait.
M. Lessard: Oui. Jusqu'ici, en fait...
M. Cournoyer: Ta question, c'est ici qu'elle doit être
posée. Le gouvernement va-t-il le faire? Non, pas tout de suite.
M. Lessard: Justement, vous ne le faites pas.
M. Cournoyer: Les avis d'experts me disent, monsieur, que ce
n'est pas tout de suite.
M. Lessard: Ce n'est pas tout de suite? M. Cournoyer: Non.
M. Lessard: M. le Président, de toute façon, on a
discuté de tout cela en commission parlementaire. Simplement quelques
commentaires à la fin de cette commission parlementaire. J'insiste, M.
le Président, pour faire quelques commentaires... J'avais
terminé.
Le Président (M. Séguin): Vous auriez
discuté tout cela à la commission parlementaire.
M. Lessard: Des richesses naturelles.
Le Président (M. Séguin): Ah! des richesses
naturelles. D'accord.
M. Lacroix: On se demandait si on était en commission
parlementaire.
M. Lessard: Je m'excuse. C'est lors de la discussion des
crédits du ministère des Richesses naturelles.
M. le Président, je m'associe très sérieusement au
député des Iles-de-la-Madeleine.
M. Lacroix: C'est dangereux, M. le Président.
M. Lessard: Je ne sais pas s'il est en conflit
d'intérêts avec son comté, mais c'est la première
fois que j'entends des félicitations de la part du député
des Iles-de-la-Madeleine aux sociétés d'Etat.
Ce que je veux souligner, M. le Président...
M. Lacroix: Je parle moins souvent, mais, quand je parle, je dis
franchement, ce que je pense.
M. Lessard: Justement, M. le Président. Ce que je veux
souligner, c'est que...
M. Lacroix: Je les fais, mais privément.
M. Lessard: ... avant de déblatérer, bien sou-
vent, sur les sociétés d'Etat, il faudrait
considérer celles qui ont des succès. Elles ont des succès
parce qu'on ne leur donne pas un mandat d'assistance sociale ou de faire de
l'assistance sociale. On leur donne un mandat sur le plan
économique.
De ce côté-là, je pense bien qu'on doit s'attendre
et c'est normal à des résultats concrets. Quand on
parle de SOQUEM, quand on parle de SOQUIP, il s'agit là de deux
sociétés à qui on a donné des mandats
économiques et qui nous ont prouvé, je pense bien, qu'elles
pouvaient être aussi efficaces, sinon plus efficaces que n'importe quelle
société privée.
Compte tenu de ses ressources, je pense, M. le Président, que
SOQUEM a accompli un travail formidable au cours de ses dix premières
années d'existence. Cela a été même reconnu par le
Financial Post, qui vous considérait comme une société
assez majeure. Plusieurs sociétés cherchent maintenant à
s'associer à vous autres et à avoir votre "know how".
Ce qui est considéré, je pense bien, comme exceptionnel
par l'industrie, c'est que SOQUEM a réussi, en moins de dix ans,
à rendre trois projets au stade de la mise en valeur, soit celui de
Saint-Honoré, celui de Louvicourt, d'abord du cuivre
épuisé, puis ensuite du zinc, un petit projet de nickel à
Bickerdike, sans compter le projet SOQUEM, Silver Stack, pour la mise en valeur
d'un gisement d'or en Abitibi.
Pour nous, en tout cas le ministre pourra le dire quant à
lui SOQUEM devrait être l'instrument privilégié de
la reprise en main et du développement accéléré de
l'industrie minière du Québec; non seulement une entreprise qui
concurrence l'industrie privée, alors qu'elle dispose de moyens
financiers extrêmement réduits par rapport à ceux que
nécessite tout projet sérieux dans cette industrie, mais une
entreprise qui s'intègre directement dans la politique minière ou
dans ce qui devrait être la politique minière du gouvernement que
nous attendons encore nous avons des jalons, mais nous attendons encore
que cela puisse se préciser soit, quant à nous, la
participation directe à un contrôle majoritaire de l'Etat d'une ou
de plusieurs entreprises de l'amiante.
Je pense que c'est un mandat qu'on pourrait vous donner, au moins,
d'aller étudier la possibilité de vous intégrer dans ce
secteur, aussi, la participation directe à tout nouveau projet minier
dans des proportions variant selon l'intérêt du Québec, et
ceci dans le cadre d'une obligation légale pour l'entreprise
privée, comme on le fait d'ailleurs dans d'autres provinces, d'accorder
une option minimum de X% à des intérêts
québécois ou gouvernementaux.
Certes, de telles actions peuvent exiger des déboursés
élevés de l'Etat, mais c'est, à notre avis, la meilleure
façon d'assurer l'atteinte des principaux objectifs, c'est-à-dire
reprise en main et développement et aussi d'assurer une relance soutenue
de l'exploration minière à moyen terme par le biais des profits
réinvestis. Selon nous, sans pour autant minimiser le rôle de
l'entreprise privée, il s'agit là d'interventions directes
beaucoup plus efficaces que l'arsenal de réduction et d'incitation
fiscales de toutes sortes, avantages qui, à la fin, ne constituent pas
d'incitation véritable et particulière puisque, la plupart du
temps, on ne fait qu'annuler l'effet des mesures similaires qui ont
été adoptées dans d'autres provinces, en Ontario ou
ailleurs.
Pour nous, cet instrument privilégié doit être
SOQUEM. En ce sens, il est difficile de comprendre et c'est pour cela
que j'ai insisté un peu ce matin les lenteurs ou refus de faire
jouer ce rôle à SOQUEM dans au moins deux cas récents, soit
la participation de SOQUEM aux deux derniers projets miniers projetés
dans le secteur de l'amiante, soit Abitibi-Asbestos et Chibougamau. J'ai
posé la question, vous m'avez répondu. Aussi j'aurais
souhaité que SOQUEM soit partie dans le projet de Fire Lake. Vous dites
que cela n'aurait pas avantagé SOQUEM plus qu'avantagé SIDBEC, je
prends votre parole. En tout cas, ce qui est important, c'est que SOQUEM puisse
s'engager pour autant qu'elle a les moyens financiers nécessaires dans
les projets futurs.
SOQUEM demeure une société aux moyens modestes. On
prévoit au Québec que l'industrie privée ferait des
investissements, en 1976, de plus de $600 millions dans l'industrie
minière primaire comme telle. Compte tenu d'un apport d'argent neuf
d'à peine $5 millions en 1976/77 comme placement du gouvernement dans
SOQUEM, il est clair que cette société dispose de faibles moyens
par rapport à ceux de l'industrie.
Sur le plan strictement de l'exploration, nous l'avons souligné,
même là, les moyens sont réduits, lorsqu'on les compare aux
sommes investies par l'industrie, au Québec. Ainsi, selon le rapport
1974/75, SOQUEM a investi, en 1973, $2,5 millions en frais d'exploration, alors
que l'industrie investissait, selon les sources que je possède, dans
l'industrie minière du Québec, au moins en capital, $24 millions.
Et cette année on constate, comme vous nous l'avez souligné, et
pour les années qui vont venir, des montants d'investissement dans
l'exploration de $1 500 000. Je pense que, quant à nous, c'est
insuffisant.
Enfin faut-il souligner que SOQUEM est la société d'Etat
qui reçoit le moins de l'Etat, $5 millions sont prévus, comme je
le disais, en 1976/77.
En terminant, M. le Président, je voudrais, encore une fois,
féliciter ses administrateurs. Je pense que SOQUEM a fait la preuve de
son efficacité et non seulement peut, mais doit se voir attribuer un
rôle plus important, pour autant qu'on accepte de lui attribuer aussi des
budgets plus importants.
M. Cournoyer: M. le Président, vous avez quelque chose
à ajouter?
M. Perreault: J'avais des questions, mais je voulais le laisser
finir.
M. Cournoyer: Vous avez des questions à poser? D'accord,
je vais finir après.
Collaboration avec la SDBJ M. Perreault: Moi, les questions que
je voulais
vous poser c'est relativement à la SDBJ. Quelle est votre
collaboration avec la SDBJ dans le territoire de la municipalité de la
baie James.
M. Carbonneau: Nous partageons deux programmes d'exploration avec
la SDBJ et nous sommes parmi le groupe d'agents d'exploration à faire
l'examen de certaines portions du territoire.
Il n'y a pas eu de modification, on participe dans un rapport
d'intérêts à 49% pour SOQUEM et 51% pour la SDBJ.
M. Perreault: Ils marchent sur 51%, eux autres?
M. Carbonneau: Oui. C'est institué par la loi de la SDBJ
que SOQUEM doit participer à 49% dans ses projets et la SDBJ à
51%.
M. Perreault: Prévoyez-vous des indices
intéressants de découvertes?
M. Carbonneau: Sur nos projets, malheureusement, on ne peut pas
encore crier victoire. Il y a des projets intéressants, mais on en est
encore au stade des anomalies à vérifier ou des indices à
examiner par sondage et d'autres façons.
M. Perreault: L'autre question que je voulais poser est sur la
recherche. Je pense qu'un des buts importants de SOQUEM a été le
développement de nos spécialistes universitaires
canadiens-français pour la recherche. Je vois, dans votre rapport, qu'il
a été créé un instrument géophysique.
Pourriez-vous dire un mot de cet instrument? Je ne suis pas un expert.
M. Carbonneau: C'est le troisième instrument que SOQUEM
met au point. Il y a d'abord eu un prédécesseur à cet
instrument nouvelle vague qu'on appelle SWP-I. On appelait le premier la PP et
celui-là s'appelle la Super PP. Donc, deux instruments pour mesurer une
polarisation qu'on provoque dans les roches qui contiennent des minéraux
conducteurs et également un autre instrument qu'on a mis à bord
d'un avion léger. C'est donc le troisième instrument mis au point
dans les laboratoires de SOQUEM, des laboratoires très modestes, mais
très efficaces parce qu'en dix ou onze ans, avoir mis au point trois de
ces instruments, c'est quand même une belle réalisation.
Celui-là a pris avantage de tout ce qu'il y a de plus
récent au point de vue de la miniaturisation. C'est un micro-ordinateur,
en fait, qui fait des corrections en peu de temps à
l'intérieur de quelques secondes dans certains cas de tous les
facteurs parasites qui faussent normalement la lecture et qu'il faut corriger
à l'aide de calculs très élaborés en laboratoire.
Cet instrument, qui n'a qu'un bouton de contact, fait ces corrections et permet
donc à l'opérateur sur le terrain de gagner beaucoup de temps et
de s'apercevoir tout de suite s'il y a une anomalie, un groupement de lectures
anormales de polarisation. Il est léger et il est très
complet.
M. Perreault: Maintenant, la mise en marché de cet
instrument est-elle faite par une compagnie subsidiaire?
M. Carbonneau: Nous sommes sur le point de conclure un accord
avec la société qui a peut-être la plus grande
possibilité de mise en marché au Canada et dans le monde. C'est
un instrument qui est spécialisé, ce n'est pas un instrument de
consommation universelle, mais un instrument de métier, de
géophysique appliquée. Nous avons un partenaire de premier ordre,
actuellement, avec lequel on est en train de conclure un accord.
M. Perreault: II y a une autre question que je voudrais poser.
Dans le développement des chercheurs canadiens-français,
avez-vous des programmes conjoints avec les universités du
Québec?
Recherche universitaire
M. Carbonneau: Oui, nous avons fait beaucoup de travaux autant en
recherche fondamentale, comme en géophysique appliquée, qu'en
recherche appliquée, en métallurgie par exemple. Nous avons fait,
surtout dans le cas du projet Mingan, des travaux à l'Ecole
polytechnique, à l'Université de Montréal, à
l'Université Laval. Nous avons financé également des
projets de recherches particulières suite à des travaux que des
professeurs d'université avaient faits avec nous durant
l'été. Nous avons financé des projets de recherches
particulières.
La connaissance que nous avons eue, également, des gîtes de
Niobec s'est faite en grande partie à l'Ecole polytechnique. D'ailleurs,
votre homonyme, M. Perrault, est ici derrière moi. Il y a eu, comme
cela, une politique générale d'appliquée, sans être
de subvention, parce que nous étions intéressés aux
résultats; cela répondait à des besoins de connaissances
qui s'étaient élevés au cours de nos propres recherches
sur le terrain. Nous avons pratiqué une politique de financement, de
recherche dans les universités, aux instituts de recherche et
également en grande collaboration avec le ministère des Richesses
naturelles, surtout dans les travaux qui concernaient l'usine pilote, les
travaux à l'échelle pilote, à toutes sortes de points de
vue.
M. Perreault: Vous avez une très grande collaboration avec
les chercheurs des universités pour...
M. Carbonneau: Oui. Je veux dire également que sur ce plan
de la formation de personnel de recherche, il y a maintenant plusieurs firmes
d'ingénieurs-conseils francophones québécois ou même
anglophones qui ont travaillé chez nous à un moment donné,
qui travaillent au Québec et qui, je pense, ont augmenté leur
bagage de connaissances comme gestionnaires de programmes d'exploration ou
même de programmes de mise en exploitation et qui sont maintenant sur le
marché. Ils sont quand même disponibles pour l'industrie
privée de n'importe quelle dimension,
mais pour faire des travaux valables et non pas simplement des
essais.
M. Perreault: C'est un autre domaine où,
éventuellement, grâce à SOQUEM, on pourrait exporter des
consultants à l'extérieur.
M. Carbonneau: Oui. Je peux peut-être ajouter qu'au cours
de l'année, nous avons fait comme cela de l'exportation. Nous
travaillons en collaboration avec une société semblable en
Iran.
M. Perreault: Je vous remercie, M. Carbonneau.
Le Président (M. Gratton): Le ministre des Richesses
naturelles.
M. Cournoyer: M. le Président, je n'avais pas l'intention
de faire un long discours, mais comme le représentant du Parti
québécois nous a servi une politique ou une leçon de
politique générale, il arrive que j'ai moi aussi certaines
idées. Je voudrais, en commençant, remercier le président
de SOQUEM de l'occasion qu'il me fournit d'exposer certains points de la
politique minérale du Québec.
M. Lessard: Vous ne recommencez pas ce que vous avez dit en
commission parlementaire?
M. Cournoyer: Non. Je le prends où je l'ai
laissé.
M. Lessard: Ah! C'est le discours de mardi? M. Cournoyer::
Celui de mardi.
M. Lessard: Vous vouliez l'inscrire aux Débats.
M. Cournoyer: Parce que j'ai pensé tantôt que cela
vous intéresserait, vu la façon dont vous avez lu le
vôtre.
M. Lessard: En fait, c'étaient des notes, ce
n'était pas...
M. Cournoyer: C'étaient des notes. M. Lessard: II
n'y avait pas 32 pages.
M. Cournoyer: Je vais vous dire combien il y en a, et si cela
vous fatigue, je peux le verser au complet aux Débats, et je n'aurai pas
besoin de le lire.
M. Lessard: Vous lisez bien. Allez donc!
Rentabilité publique d'une exploitation
minière
M. Cournoyer: Parfait. Je vous remercie beaucoup, M. le
Président. Je n'aurais pas voulu faire cela ce matin, mais l'occasion
est trop belle.
Je poursuis avec vous la réflexion qu'on a commencée
ensemble lors de l'étude de mes crédits, finalement, dans le
domaine minéral. Je voudrais le faire en prenant l'optique du
développement minier et en vous exposant ce que le gouvernement entend
par le terme "rentabilité" lorsqu'il considère le
développement minier sous l'angle de l'intérêt public. En
d'autres termes, j'ai l'intention de vous exposer ce que nous entendons par
"rentabilité publique" et en quoi cette notion de rentabilité
publique diffère de celle de rentabilité privée, sans
toutefois lui être contradictoire. D'abord, quels sont les
critères qui permettront à l'Etat de juger de la
rentabilité publique d'un projet de développement minier? Je
pense qu'il faut en distinguer essentiellement quatre.
Le premier est certainement le degré de participation
québécoise au projet. Par là, il faut entendre non
seulement la quantité et la qualité de la main-d'oeuvre locale
requise, mais également le degré de participation
québécoise à la prise de décision d'investir,
d'exploiter, de transformer et de vendre.
Le deuxième critère correspond à l'ampleur des
effets d'entraînement générés par un projet de
développement, c'est-à-dire la longueur du processus de
production impliqué, le degré de traitement initial et à
long terme, les possibilités de création ou de renforcement
d'industries secondaires acheteurs du produit minier.
Le troisième critère concerne la contribution à la
richesse collective générée par le développement
envisagé. Il faut essentiellement entendre par là les revenus que
le trésor québécois tire de l'industrie
minière.
Le quatrième critère, enfin, consiste en
l'appréciation des "coûts d'opportunité" d'un projet de
développement minier, c'est-à-dire les coûts non
directement liés à la production minérale, mais rendus
nécessaires par l'aménagement de conditions de vie les plus
normales ou les moins pénibles possible autour d'un développement
minier, soit les infrastructures municipales, scolaires et de santé, les
routes ou autres moyens de transport, les équipements et
activités d'hygiène et de sécurité pour les
travailleurs, les équipements et aménagements minimisant les
effets néfastes sur l'environnement.
Revenons au premier critère de rentabilité publique: la
participation québécoise au développement minier. Il
existe deux concepts de participation possible. Le premier correspond à
apprécier le nombre de résidents québécois dans les
conseils d'administration, dans les bureaux de direction et au niveau des
emplois supérieurs des compagnies. A cet égard, on peut noter une
très faible présence québécoise dans les conseils
d'administration et dans les bureaux de direction et un pourcentage variant
entre 50% et 90% au niveau "cadres" des compagnies travaillant au
Québec.
Cette participation relativement faible s'explique par deux facteurs:
l'origine des compagnies qui historiquement sont pour la plupart issues de
l'extérieur du Québec et également la faiblesse relative
de capitaux québécois investis dans le secteur minier.
Certains pourraient suggérer de remédier à cette
situation, en faisant adopter par le gouvernement des mesures analogues
à celles utilisées dans le cadre de la francisation des
entreprises ou du programme américain d'égalité des
chances, en demandant aux compagnies de respecter un certain pourcentage
minimum de présence de résidents québécois à
ces hauts niveaux. Il est douteux, cependant, que de telles mesures soient
réellement efficaces dans le contexte actuel. En effet, si l'on observe
que des groupes miniers québécois s'appuyant sur des sources de
financement local, sont constitués en très grande majorité
de Québécois à tous les niveaux, on peut en déduire
que la participation québécoise s'accroîtra en même
temps que l'investissement québécois, dans le secteur minier,
augmentera. Il s'agit donc d'abord, d'infléchir une tendance naturelle
du secteur privé québécois à investir peu et
rarement dans les projets de développement minier. Ceci ne pourra se
faire tant que le secteur minier passera pour un secteur à faible taux
de rendement et à fort taux de risque de capital investi. Or, d'une
part, quant au rendement sur le capital investi, les statistiques nous
indiquent que si effectivement le rendement avant impôt des
investissements miniers est inférieur à celui des secteurs
manufacturiers, en revanche, la plupart des gouvernements provinciaux dont
celui du Québec corrige, par la fiscalité minière ce
désavantage, puisqu'en 1974, après impôt, le rendement
c'est-à-dire le bénéfice net par rapport à
l'avoir des actionnaires des compagnies était de 13.4% par
rapport à 11% pour le secteur manufacturier au Canada.
Quant au facteur de risque inhérent à l'investissement
minier, nous estimons que les premières mesures prises par la Commission
des valeurs mobilières pour augmenter la respectabilité des
titres miniers devrait contribuer à augmenter la confiance du secteur
privé québécois à l'égard du soi-disant
risque minier. Nous pensons également que le gouvernement du
Québec peut jouer un rôle déterminant dans
l'élévation du niveau de confiance envers l'investissement
minier.
C'est que participation québécoise signifie
également participation du gouvernement du Québec aux prises de
décision dans le développement minier. A ce titre, et pour
reprendre un concept économique connu, il semble que le gouvernement du
Québec n'ait d'autre choix, pour que le Québec soit
présent dans le développement minier, que de pratiquer un certain
capitalisme d'Etat.
Je m'explique:
Tout d'abord, en matière d'exploration, l'Etat a
décidé de créer SOQUEM afin de faire
pénétrer et de développer une entreprise
québécoise dans ce domaine. Nous ne pouvons que nous
féliciter de cette initiative.
Il va cependant falloir également considérer l'avenir de
la petite prospection qui jusqu'à tout récemment était le
fer de lance de l'exploration. Nous avons l'intention d'examiner
sérieusement la suggestion qui nous a été faite de
créer un fonds gouvernemental d'exploration permettant de déve-
lopper la prospection privée par lien contractuel avec le
gouvernement.
Nous avons également l'intention, grâce à ce fonds,
de créer un mécanisme intermédiaire de financement entre
le marché boursier et la demande de capitaux pour la prospection, en
encourageant le regroupement des prospecteurs individuels, de manière
que leurs investissements atteignent le volume minimum que l'exploration
moderne exige.
Nous avons également l'intention de rouvrir à la
prospection des terrains concédés et sur lesquels il n'y a pas eu
de travaux de mise en valeur depuis un grand nombre d'années.
Enfin, et toujours en matière d'exploration, nous avons
l'intention de constituer une banque centrale d'information et de
carothèques à partir des informations géologiques de base
fournies par toutes les compagnies, de manière à minimiser les
gaspillages et favoriser la prospection vers les zones les plus
intéressantes.
Quant à l'exploitation minière, sera-t-il
nécessaire que le gouvernement s'implique également
davantage?
Tentons de faire un bref bilan des activités minières des
dernières années. Depuis 1964, un certain nombre de
données émergent: la production minière, à
l'exception de celle du fer, reste stationnaire, donc sa part dans le produit
provincial brut décroît, comme je le disais, elle était de
5% en 1964 et elle est maintenant ou elle sera en 1976 d'à peu
près 3%.
D'autre part, si on fait le bilan des entrées et des sorties dans
le domaine minier depuis 1974, on obtient le profil suivant: une quinzaine
d'exploitations ont cessé leurs opérations: Marban GM, Norbec,
Normétal, les Mines de Poirier, Jou-tel Copper, Icon, Chibex, Campbell
Chibougamau, Patino (Copper Cliff, Jaculet), les Entreprises métallines,
la Mine Horne de Noranda, la Mine Hilton et Cupra.
Quatre exploitations se sont ouvertes: Canadian Johns Manville dans le
canton Carpentier, les mines Lemoine, Norita, et grâce à SOQUEM,
Niobec.
Quelques exploitations sont prévues dans les prochaines
années: Iso Copperfield, New Insco, Détour à
Selco-Brouillan, Phelps-Dodge dans la Gauchetière et la Silice de
Saint-Urbain dans le comté de Charlevoix.
Enfin, si on envisage des gisements exploitables dans l'avenir, on pense
immédiatement au fer des projets Feral et Ferchible ou Ferchibal et de
Quartz Lake, à l'amiante aussi, identifiée dans le Nord-Ouest, et
au sel des Iles-de-la-Madeleine, bien sûr, dont on nous a entretenus ce
matin.
D'un autre côté, si on considère le montant des
réserves connues et prouvées au prix courant du marché, on
s'aperçoit que, depuis 1970, les réserves de cuivre restent
stationnaires à 2,4 millions de tonnes-métal; le zinc
décroît de 2,9 à 2,4 millions de tonnes, l'amiante et le
fer augmentent notablement.
A partir de ce bref survol, plusieurs remarques s'imposent.
Premièrement, la situation de l'indus-
trie minière du Québec, sans être sombre, reste
préoccupante puisque les entrées et sorties ne se compensent
qu'à peine à moyen terme et que la part de la production
minière dans l'économie québécoise est à la
baisse.
Deuxièmement, les développeurs sont des compagnies bien
établies et bien connues. Il ne semble pas y avoir entrée
prévisible de nouveaux venus. Mise à part Niobec, il ne semble
pas y avoir de participation québécoise notable.
Le gouvernement n'a pas été sollicité pour une
quelconque aide financière, mis à part quelques projets routiers.
Donc, il ne semble pas y avoir de problèmes aigus de financement dans ce
domaine.
De tout ceci émerge le profil suivant, qui n'est pas unique au
développement minier, mais qui, lui, est peut-être plus
caractéristique qu'ailleurs. Une condition essentielle de
l'investissement minier semble être la clarté et la
stabilité de l'horizon économique futur pour les compagnies. En
ce sens, et quelles que soient les conditions du marché ou les
législations en vigueur, le principal, c'est qu'elles soient stables et
que les règles du jeu soient les plus durables et les plus fixes
possible.
Pour notre part, nous sommes prêts à fixer ces
règles du jeu et, pour cela, nous vous proposons, nous avons
proposé les moyens suivants, à partir du bail minier:
Le gouvernement et l'investisseur minier, à partir de ce bail,
pourraient conclure des "ententes de développement" qui fixeraient
l'attitude des deux parties sur une période à définir. Le
bail minier deviendrait donc, au mieux, le contrat par lequel la compagnie
minière et le gouvernement se mettent d'accord sur un projet de
développement minier et définissent leurs obligations respectives
couvrant non seulement l'activité extractrice, mais également le
processus de traitement après la tête du puits, et fixant non
seulement le rythme de développement approximatif du projet, mais
spécifiant également, par exemple, les droits miniers
exigibles.
C'est par ce mécanisme d'ententes de développement que les
investisseurs seraient assurés que les conditions futures de leurs
activités sont fixées à l'avance dans un contrat et que,
d'année en année, les conditions de l'aide gouvernementale ou le
régime de droits miniers ne changent pas. En contrepartie, et pour une
fois, le gouvernement saurait à quoi s'en tenir sur les
développements miniers et pourrait davantage adapter ses droits et
obligations aux conditions particulières de chaque projet. Nous pensons
que ce genre de contrat serait plus facilement applicable que les lois ou
règlements appliqués unilatéralement et sujets à
modification, d'autant plus que le nombre de projets de développement,
quatre ou cinq par année, n'exige pas un appareillage législatif
compliqué.
Si nous venons d'envisager un mode de participation possible du
Québec au développement minier, nous ne pouvons éviter de
songer à un deuxième mode qui commence à devenir
classique: les mécanismes d'aide financière au déve-
loppement, qui ont été créés par l'Etat dans les
autres secteurs économiques, comme l'Office du crédit agricole et
la Société d'initiatives agricoles, pour le secteur de
l'agriculture; le crédit forestier et REXFOR, pour la forêt; la
Société de développement industriel pour l'industrie
manufacturière. Nous pensons que de tels genres d'activités
devront être envisagés pour le secteur minier. Ainsi, les $20
millions à $40 millions sur cinq à dix ans nécessaires
pour l'établissement d'une compagnie minière
québécoise de moyenne envergure allant jusqu'à la
concentration et s'appuyant sur une entente de développement ferme avec
le gouvernement pourront plus facilement s'investir. Là encore, il ne
s'agira pas pour le gouvernement de créer une autre entreprise d'Etat,
mais de créer une structure d'accueil aux capitaux privés
québécois dans le secteur minier.
Je voudrais maintenant vous parler du deuxième critère de
rentabilité publique: les effets d'entraînement du
développement minier.
Actuellement, l'industrie minière vit au rythme du marché
international. Il arrive donc qu'entre la tête du puits et le
marché international il n'y ait pas de processus notable de
transformation au Québec, et ceci est en partie compréhensible et
admissible. Toutefois, dans les domaines où le Québec
présente un certain avantage relatif, soit en potentiel minier, soit en
localisation, soit en "know how", il serait impensable que nous n'essayions
pas, comme tous les autres gouvernements, de rallonger au maximum le processus
de production sur notre sol et d'augmenter la valeur ajoutée
québécoise au minerai extrait.
Ce second critère est suffisamment important pour que la simple
assurance qu'un gisement économiquement rentable donne droit à un
bail minier ne suffise plus. Nous pensons que cette période est
révolue et les promoteurs miniers savent déjà que
l'environnement, pour un, pose des exigences nouvelles qui n'existaient pas il
y a trois ans.
Par conséquent et comme nous l'avons déjà
envisagé pour le premier critère, nous avons l'intention de
proposer aux investisseurs miniers une formule d'entente de
développement couvrant la période de chaque investissement
projeté et fixant les obligations de l'investisseur et du
gouvernement.
Ainsi, et dans le souci de maximiser les effets d'entraînement
d'un développement minier, le gouvernement pourrait se montrer assez
souple pour tenir compte de la conjoncture des marchés, de la
capacité financière des entreprises et de leur rythme de
développement propre pour aller jusqu'à s'engager dans la
recherche d'acheteurs de substances minérales ou à assurer une
certaine garantie financière à l'ensemble d'un projet en fonction
de prix futurs minimaux acceptables pour la poursuite du projet, ou à
garantir une certaine part d'investissement au niveau des infras-structures,
telles que les utilités publiques, les routes et les écoles, ou
même à garantir la fixité des droits miniers sur la
période de l'entente.
Ce genre de "partnership" de l'Etat ne se fera évidemment pas
dès demain. De plus, nous
n'avons pas l'intention de supprimer la loi et la réglementation
actuelle sur les baux, puisque le mécanisme d'entente que nous proposons
nous semble supérieur au mécanisme actuel et autant dans
l'intérêt des investisseurs que dans le nôtre. Au pire donc,
s'il s'avérait que ce mécanisme d'entente de développement
ne rencontre pas de succès, les règles actuelles continueraient
sensiblement à s'appliquer.
Toutefois, et pour aménager la possibilité d'entente de
développement, trois mesures législatives seront
envisagées. La première consistera à modifier l'article de
la Loi des mines portant sur les baux, de manière à rajouter
à la notion de rentabilité économique celle
d'intérêt public et à permettre au lieutenant-gouverneur en
conseil d'émettre des conditions aux baux portant sur le traitement du
minerai.
La deuxième mesure consistera à modifier la Loi des droits
sur les mines, en particulier le fameux article 107 concernant les droits
exigibles sur les substances exportées pour traitement qui est, à
toutes fins pratiques, inopérant. Nous y introduirons la
possibilité, pour le lieutenant-gouverneur en conseil, de
définir, de manière précise, ce que l'on entend par
"traitement" pour les substances minérales. De cette manière, et
dans le cadre d'ententes de développement, les firmes sauront
suffisamment à l'avance quand elles auront à rallonger leur
processus de production au Québec, leur assurant ainsi un horizon
économique plus clair quant à leur croissance sur notre
territoire.
La troisième mesure consistera à prévoir, dans la
même loi, que le lieutenant-gouverneur en conseil pourra, à
l'occasion de baux faisant l'objet d'ententes de développement,
introduire des dérogations par rapport au régime commun des
droits miniers. Ceci aura pour effet de permettre au gouvernement une
véritable redistribution des droits miniers aux entreprises qui jouent
les mêmes règles du jeu que nous et qui satisfont aux
critères de rentabilité publique que nous avons
examinés.
Tournons-nous maintenant vers le troisième critère de
rentabilité publique; la contribution du développement minier
à la richesse collective.
A l'heure actuelle et en termes strictement comptables, le trésor
québécois s'enrichit, bon an mal an, de $20 millions à $30
millions par la rentrée de droits miniers, taxe prélevée
sur les activités d'extraction d'un minerai qui, en
général, avant bail, est propriété de la province.
Lorsqu'on compare ces $20 millions ou ce $30 millions aux revenus fiscaux du
Québec, on se rend compte que c'est peu, extrêmement peu et que
si, globalement, cette somme est d'une certaine importance pour les entreprises
minières (1% de leurs revenus bruts), elle est tout à fait
négligeable pour le trésor québécois
(l'augmentation de $0.01 du prix des cigarettes rapporte plus au trésor
que les droits miniers!) Rappelons-nous également que les
dépenses du Québec, liées à l'activité
minière avoisinent $20 millions par an, et je ne compte pas les salaires
des fonctionnaires.
Donc, deux options: la première, cette recette est
dérisoire par rapport à l'importance que l'Etat attache à
la richesse de son sou-sol. Il importe donc de continuer la tendance
amorcée au Canada en 1974, et retirer de la cession de la
propriété du sous-sol un plus juste prix, tout en
élargissant le système d'allocations pour les entreprises qui
réinvestissent ou qui augmentent la valeur ajoutée au minerai au
Québec.
La deuxième option, cette recette est suffisamment mineure pour
l'Etat mais importante pour les compagnies que l'Etat pourrait fort bien s'en
départir à condition qu'il y trouve avantage. Ainsi, nous serions
tentés d'échanger une bonne partie de ces droits contre une
entrée de 1000 à 2000 Québécois dans les conseils
d'administration, les bureaux de direction, les postes de responsabilité
des compagnies et chez les actionnaires.
D'autre part, et s'il est vrai qu'élever davantage les droits
risquerait de sacrifier pour le court terme le développement à
moyen et à long terme de l'industrie minérale, nous serions
également disposés à accroître bien davantage
l'éventail des possibilités d'allocations du type
dépréciation, amortissement des frais d'exploration et de mise en
valeur, investissements dans le traitement primaire, échelle plus
régressive pour les hauts profits, étalement accru du revenu,
pour les firmes qui concluent une entente de développement avec le
gouvernement. Rien n'empêcherait, à la limite, une exemption
totale des droits miniers pour les firmes concluant ce genre d'entente à
moyen terme avec nous lorsque nous sommes assurés que le minerai extrait
voit son processus de traitement prolongé au maximum raisonnable au
Québec.
Le quatrième et dernier critère de rentabilité
publique: les coûts d'opportunité du développement
minier.
Il devient de plus en plus évident qu'à l'occasion de
développements miniers moyens ou importants, une série de
coûts, non liés directement à l'exploitation mais beaucoup
plus aux conditions de vie locale, doivent être encourus et croissent
d'année en année. Les infrastructures municipales, scolaires et
de santé: routes, équipements et travaux pour la protection de
l'environnement, mesures de protection pour la sécurité et la
santé des travailleurs et de la population avoisinante.
Un certain nombre de faits émergent de cet ensemble de
coûts.
Tout d'abord, les compagnies se montrent de moins en moins
disposées à assumer seules ces coûts. Aussi, nous sommes
conscients que le gouvernement aura à jouer une part croissante dans
leur couverture.
A titre indicatif, il semble bien que nous ayons de plus en plus
à assumer les coûts dits traditionnels comme les infrastructures
municipales, scolaires, de santé et de transport, tandis que les
compagnies auront à supporter le fardeau des coûts nouveaux et
à technologie relativement moderne: l'hygiène interne et externe,
dépollution restauration et conservation de l'environnement
des sites miniers. Nous pensons que ce partage de responsabilités
devrait figurer dans les ententes de développement.
Une deuxième constatation s'impose, c'est que l'occupation de
nouveaux territoires miniers devra se faire en s'appuyant le plus possible sur
les infrastructures existantes.
Une des caractéristiques observées du développement
minier est qu'il constitue un excellent facteur de développement
régional, mais un mauvais facteur de survie ou d'expansion
ultérieure. C'est pourquoi, plutôt que de voir des
développements urbains éphémères et coûteux
se produire, nous favoriserons le plus possible la réalisation
d'économies d'échelle en ancrant les développements
miniers sur les centres existants. L'expérience de Gagnon, par exemple,
dans le cas de Fire Lake est très intéressante à ce
sujet.
Ainsi, nous estimons que toute exploitation minière située
à moins de 50 milles d'un centre existant ne devrait pas songer à
la création d'une ville minière. Nous pencherons plutôt
pour une aide gouvernementale à la construction d'une infrastructure de
transport permettant l'aller et retour des travailleurs du centre existant
à la mine. A titre d'exemple, et de manière préliminaire,
nous considérons favorablement, dans le cas de la future mine Selco, le
renforcement de Joutel, qui est le plus proche centre existant, et sommes
prêts à investir dans une route Joutel-Selco qui assurerait un
transport quotidien normal des travailleurs.
Troisième constatation: les contraintes origi-nant des normes et
règlements relatifs à la protection de l'environnement deviennent
de plus en plus nombreuses.
Le ministère des Richesses naturelles appuie totalement les
efforts de défense de l'environnement et les initiatives prises par les
services de protection de l'environnement, car, de plus en plus, l'obtention
facile d'une main-d'oeuvre qualifiée dans le développement minier
passera par l'établissement d'un milieu de vie le plus normal possible,
à moins que les comapgnies soient disposées à payer
extrêmement cher pour une main-d'oeuvre de moins en moins disposée
à travailler et à vivre dans un milieu pollué ou
dangereux.
Toutefois, notre rôle dans l'établissement de ces normes et
règlements touchant la protection de l'environnement sera d'en
étudier les répercussions économiques et, pour cela, nous
nous mettrons, nous, à l'écoute des compagnies.
Nous voulons faire en sorte que chaque fois que les coûts de
protection de l'environnement commenceront à avoir des
conséquences notables sur le développement minier, ces
conséquences soient clairement identifiées et, le cas
échéant, que l'arbitrage du Conseil des ministres s'exerce.
Nous verrions assez bien, par ailleurs, que les ententes de
développement les compagnies à restaurer les sites, à
réduire la pollution engendrée par les rejets de sulfure, par
exemple, à confiner les rejets des concentrateurs et à recirculer
les eaux usées, et ce toujours dans l'optique où les compagnies
et le gouvernement voudront réduire l'incertitude du futur.
En conclusion, j'espère avoir fait voir en quoi le gouvernement
est intéressé dans le développement minier et en quoi il
désire s'impliquer.
J'espère également avoir fait comprendre que vous n'avons
pas l'intention de changer notre politique minière. Nous avons
l'intention d'ajouter à la panoplie actuelle assez maigre de nos
instruments de développement deux outils majeurs: l'outil des ententes
de développement assurant aux entreprises et à l'Etat un horizon
clair à moyen terme et l'outil des droits miniers dont nous voulons nous
servir comme marge de manoeuvre pour redistribuer aux entreprises respectant
les critères de rentabilité publique la part versée par
les entreprises qui préfèrent garder ou observer les
règles du jeu traditionnelles.
Ainsi, aux concepts de justice fiscale et de liberté
d'entreprise, nous ajoutons la notion de rentabilité publique afin que
nos règles du jeu soient clairement définies et fixées
durablement non pas unilatéralement, mais par entente librement
consentie.
C'est l'occasion que j'avais de le dire au Parlement. Je remercie
député de Saguenay de me l'avoir fournie si aimablement.
M. Lessard: Et on en discutera.
M. Cournoyer: A mes crédits.
Le Président (M. Gratton): M. Carbonneau.
M. Carbonneau: Je m'en voudrais de ne pas profiter de cette
occasion de rendre un hommage public également à mes
collègues du conseil d'administration et aux autres membres de la
direction de SOQUEM qui, par leur dynamisme, leur collaboration, leur support
devant certains obstacles, à certaines périodes de la vie
corporative de SOQUEM, ont assuré le succès de SOQUEM et permis
les témoignages d'appréciation que nous avons reçus ce
matin et pour lesquels nous vous sommes très reconnaissants.
Merci.
Le Président (M. Gratton): M. Carbonneau, la commission
vous remercie, vous et vos collaborateurs, et ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 58)