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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Programme d'investissements de
l'Hydro-Québec
Séance du mercredi 11 août 1976
(Dix heures quinze minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
C'est la deuxième séance de la commission des richesses
naturelles et des terres et forêts à l'occasion d'une rencontre
avec l'Hydro-Québec. Les membres de la commission pour la séance
de ce matin sont MM. Boudreault (Bourget), Bédard (Chicoutimi),
Bellemare (Johnson), Bérard (Saint-Maurice), Carpentier (Laviolette),
Ciaccia (Mont-Royal), Cournoyer (Robert Baldwin), Faucher (Nicolet-Yamaska),
Morin (Sauvé), Massicotte (Lotbinière), Houde (Abitibi-Est),
Perreault (L'Assomption), Dionne (Compton), Samson (Rouyn-Noranda). Le
rapporteur continue d'être M. Carpentier.
A la fin de nos travaux d'hier, le chef de l'Opposition disait: J'aurais
encore une couple de questions.
Révision de la demande (suite)
M. Morin: Sur la demande, avant de quitter ce sujet, M. le
Président, j'aimerais m'enquérir de la marge de manoeuvre dont
dispose l'Hydro-Québec au sujet de la venue d'industries nouvelles qui
exigeraient de substantiels blocs d'énergie. Nous avons fait allusion
hier à la possibilité d'une aluminerie, je crois, et au bloc de
500 mégawatts que cela pourrait exiger. On nous a dit que
l'Hydro-Québec était prête à affronter cette demande
en particulier, ces 500 mégawatts, mais j'aimerais m'enquérir de
la possibilité qu'a l'Hydro-Québec d'affronter de nouvelles
industries, de nouvelles demandes pour des blocs d'électricité.
Quelle est la marge dont vous disposez pour la demande industrielle?
M. Boyd: M. le Président, dans nos prévisions, on
estime que la demande industrielle va augmenter d'environ 5%, soit 4 1/2%
à 5% par année. Dans cette augmentation, il y a des industries de
toutes les tailles. Quant à l'aluminerie dont on parlait hier, j'ai dit
qu'on pourrait s'ajuster à cela, mais supposons que le gouvernement
décide que c'est une chose rentable que l'Hydro l'alimente. Même
si c'est décidé demain, il va se passer quelques années
avant que ce soit en exploitation. Et, s'il y a lieu, on peut
accélérer un peu notre programme assez facilement pour produire
500 mégawatts.
Evidemment, s'il y avait plusieurs alumineries en même temps, dans
la même année, cela deviendrait difficile. J'ai expliqué
que des charges considérables, comme une usine d'uranium enri- chi, qui
demande 2500 mégawatts et plus, ce n'était pas prévu, mais
500 mégawatts qui nous viendraient peut-être dans quatre ans, on
peut trouver la marge de manoeuvre pour répondre à cela.
M. Morin: La raison pour laquelle je vous pose la question,
c'est, sans vouloir tomber tout de suite dans le programme d'équipement,
que je remarque tout de même que, lorsqu'on considère le tableau 2
du programme d'équipement, sur la puissance en mégawatts, de 1976
à 1978, il y a des surplus. Je ne vois donc pas de difficulté
à affronter une demande qui proviendrait d'industries nouvelles, mais,
à compter de 1979, les surplus se transforment souvent en
déficits ou il existe une balance nulle. C'est à ces
années-là en particulier que je pensais; de quelle marge de
manoeuvre disposerez-vous à compter de 1979, pour des projets
industriels qui auraient une certaine taille?
M. Boyd: Premièrement, à la baie James, à LG
3 en particulier, vers la fin de certaines années, en 1981 ou 1982,
surtout en 1982, on peut accélérer certaines unités. On
pourrait peut-être aussi devancer la mise en service de certaines
unités de LG 2. En d'autres mots, on a encore une certaine marge de
manoeuvre pour des besoins urgents comme ceux-là. Il y a aussi le fait
qu'on a des charges interruptibles; vous parlez de la puissance, pour
rencontrer une demande de pointe, si on avait certaines industries qui
s'implantaient et qui feraient qu'on aurait une pointe qui est forte. A l'heure
de la pointe, on a de l'énergie interruptible qui est vendue à
meilleur marché et qui peut être interrompue pour passer la pointe
et faire place à l'industrie qui serait installée.
Mais, comme je vous le dis, sachant qu'une industrie importante comme
celle-là pourrait, pour un certain temps, s'implanter, il y a un moyen
d'accélérer certaines unités à LG 2, à LG 3,
et évidemment davantage à LG 1 et LG 4.
M. Morin: Est-ce que c'est possible de chiffrer votre marge de
manoeuvre, avec toutes les méthodes que vous venez de mentionner,
qu'est-ce que cela représente?
M. Boyd: A LG-1, je pense, près de 900 mégawatts.
On pourrait, si on le voulait, en cas de besoin, devancer la mise en
opération d'une année. A LG 3, la dernière unité
qui est importante, soit 300 mégawatts, on peut devancer une
unité d'environ six mois. Alors, nous avons plusieurs marges de
manoeuvre; il y a plusieurs choses qui peuvent être faites.
M. Morin: LG 3 vient en service en 1982? M. Boyd: Oui. LG
2 commence en 1980.
M. Morin: Mais, êtes-vous capable de chiffrer la marge de
manoeuvre, mettons pour 1978 ou 1979? Je ne demande pas un chiffre
précis, je veux avoir un ordre de grandeur.
M. Boyd: Pour 1979, M. Morin, nos prévisions ont
été perturbées. Ce qui devait entrer en 1979, c'est
l'usine de pointe de la Jacques-Cartier et cela a été
annulé à un certain moment.
M. Morin: On reparlera plus tard de cela.
M. Boyd: Oui, oui. Pour remplacer cela, on installe des usines
à gaz, la centrale de La Citière. On parle d'une installation de
quelque 400 mégawatts de pointe à La Citière. Mais, il y a
une possibilité qu'on en installe seulement 200, parce qu'on ne veut pas
en installer trop pour rien, parce que l'exploitation coûte cher. Mais il
y a des négociations avec l'Alcan par exemple, de qui on pourrait
acheter 200 mégawatts additionnels pour cette année. Si les
négociations s'avèrent d'intérêt, on fera seulement
200 mégawatts à La Citière au lieu de 400. C'est de cette
façon qu'on suivra cette affaire, de très près. Je peux
vous assurer, et M. Villeneuve, qui opère le réseau, pourrait
vous l'assurer aussi, qu'on a ce qu'il faut pour répondre à la
demande. Ce qui m'inquiète un peu plus on en reparlera quand on
abordera la question des relations du travail c'est l'entretien qu'on
n'a pas fait cet été. Mais, au point de vue de ce qu'on peut
planifier, je n'ai pas d'inquiétude. On a d'abord les charges
interruptibles qu'on peut interrompre à l'heure de la pointe, ce qui
nous donne une marge, et on a prévu ce qu'il fallait pour rencontrer la
pointe. S'il y a des industries majeures qui s'annoncent, nous avons le temps
de changer notre mise en route.
M. Morin: Bien. Je me contenterai de ces réponses pour
l'instant. Si le député de Johnson a des questions sur la
demande...
M. Boyd: Excusez-moi, M. le Président, si vous regardez ce
même tableau 2, vous remarquerez qu'en 1978, on a 1685 mégawatts
de réserve et, en 1979, on a 2025 mégawatts de réserve. Ce
sont des réserves que nous avons pour remplacer des unités qui
seraient défectueuses, mais aussi pour certains imprévus comme
cela.
M. Morin: Bien. M. le Président, si le
député de Johnson a une question sur la demande, il m'en reste
une et elle s'adresse plutôt au ministre qu'au président de
l'Hydro, alors, je vais la garder devant moi et le député de
Johnson peut poser les questions qu'il a.
M. Bellemare (Johnson): Dans le rapport de l'Hydro, il y a une
baisse assez sensible, pour l'année dernière, de 13,6 des ventes
de l'électricité au secteur industriel.
M. Perreault: Cela fut cité hier.
M. Bellemare (Johnson): Merci. Je peux me renseigner quand
même M. le député; j'étais en devoir commandé
hier.
M. Perreault: Avez-vous gagné pas mal d'argent?
M. Bellemare (Johnson): J'ai fait un bon voyage. Je ne peux rien
annoncer ce matin. Cela nous a été formellement demandé
hier. M. le Président, c'est simplement pour revenir à cette
croissance de demandes dans l'industriel, particulièrement dans la
région de la Mauricie. Il y a un développement
considérable de la part de certaines industries qui font des
rénovations ou des agrandissements, par exemple, la Reynolds qui emploie
beaucoup d'électricité.
Il y a aussi le parc industriel de Bécancour qui est situé
à deux pas de chez nous et qui va exiger, d'ici à quelque temps,
une augmentation considérable de la demande d'électricité.
Ce que je voudrais savoir c'est s'il y a dans le rapport annuel de l'Hydro...
Je vois à la page des activités de l'Hydro, à la page 16,
qu'il y a pour la région de la Mauricie un développement possible
du Haut-Saint-Maurice et c'est en perte de vitesse depuis quelques
années. Il ne faudrait pas oublier que la Mauricie a été
au début un des grands fournisseurs de l'électricité. Tous
ces pouvoirs de La Gabelle, de Sha-winigan, de La Tuque, de Grand'Mère
ont été des générateurs d'électricité
pour la population générale avant qu'arrive Beauharnois.
Mais je me demande si tous ces plans, pour répondre à une
demande très urgente qui va apparaître d'ici quelques
années, particulièrement en ce qui regarde le
développement du parc industriel de Bécancour, qui est un parc
provincial... Il y a déjà des industries fort importantes qui se
sont installées, d'autres projettent de s'installer, mais il y a le
critère de pouvoir répondre à la demande de ces gens et je
me demande si véritablement l'Hydro a projeté de faire certaines
améliorations, de continuer les améliorations qui avaient
été annoncées il y a quelques années pour le
Haut-Saint-Maurice. Il y a, par exemple, plusieurs... Pardon?
M. Cournoyer: ... M. Bellemare, dans le programme
d'équipement qui vient immédiatement après les
dépenses...
M. Bellemare (Johnson): Oui, j'ai pensé à cela
aussi, mais il est question d'une demande possible.
M. Cournoyer: Mais oui.
M. Bellemare (Johnson): Je voulais savoir si...
M. Cournoyer: L'Hydro a pensé à répondre
à la demande.
M. Bellemare (Johnson): Pourquoi voulez-vous intervenir dans
cela?
M. Cournoyer: Je ne veux pas intervenir, imaginez-vous donc
qu'hier après-midi, lorsque vous n'étiez pas là nous nous
sommes entendus sur un ordre du jour.
M. Bellemare (Johnson): II paraîtrait que vous avez
été beaucoup plus calme.
M. Cournoyer: Mais quand vous n'êtes pas là, je suis
toujours calme.
M. Morin: Vous ne vous êtes pas entendus sur un ordre du
jour?
M. Cournoyer: Non, non.
M. Morin: Le président a déclaré que votre
motion n'était pas recevable.
M. Bellemare (Johnson): Chapeau! M. Cournoyer: C'est bien
trop vrai.
M. Morin: II n'y a pas d'ordre du jour, M. le
Président.
M. Cournoyer: Vous avez fait cela, vous, M. le
Président.
Mais si je me suis entendu avec moi-même sur un ordre du jour.
M. Bellemare (Johnson): Ah, oui! Quand je me compare, je me
console.
Alors, si vous prétendez répondre quant au programme de
l'équipement, je n'ai pas d'objection, mais ce serait tellement facile
de dire oui, on a présentement un projet qui va se développer
d'une manière particulière en 1977. Alors là, je pense que
cela me satisferait pour le moment parce qu'il y a une demande accrue
d'électricité et cette demande particulière va se tripler,
va se quadrupler d'ici quelques années, surtout à cause du parc
industriel. Je pense que le parc industriel peut s'alimenter aussi du
côté de Beauharnois.
M. Boyd: M. le Président, il y a deux questions; la
première, si vous voulez qu'on y réponde, je peux y
répondre brièvement. En 1975, la diminution de quelque 13 pour
cent, est due aux grèves.
M. Bellemare (Johnson): Oui, à cause des grèves et
à cause de certains problèmes d'insecticide et de papier,
oui.
M. Boyd: En conséquence l'augmentation a été
de 1% au lieu de ce qu'on avait prévu.
M. Bellemare (Johnson): 7 3/4%.
M. Boyd: Si on avait eu 4,6% comme prévu dans
l'industriel, dans une année normale, on aurait atteint 8% en 1975.
Déjà, en 1976, on est retombé sur nos pieds et la demande
est de 13% plus élevée pour les premiers mois de l'année.
Donc, je pense que les choses vont continuer selon la planification.
En fait, vous aviez trois questions. Ce qu'on prévoit pour la
demande de l'industrie à Bécan-cour, dans la Mauricie, etc., tout
cela est compris dans le taux de 7 3/4%. Cela a toujours été
compris. Quand on parle de 7 3/4% d'augmentation, cela couvre tout le
territoire de la province, au point de vue industriel. Donc, on sera prêt
à répondre à n'importe quelle demande industrielle
à Bécancour ou dans la Mauricie.
A l'autre question, à savoir si on a abandonné la
Mauricie, la réponse est non. On en reparlera dans le programme
d'équipement. Au tableau 4, on a une référence à la
Mauricie. On a déjà expliqué cela dans le passé. En
deux mots, je peux vous dire que c'est considéré, qu'on le
considère toujours et qu'un jour, cela deviendra peut-être
rentable, mais, dans le moment, ce sont des centrales qui peuvent produire,
avec la quantité d'eau qu'il y a là, seulement 25% du temps. Ce
sont des centrales qui coûtent cher. Cela produit de
l'électricité plus cher que sous d'autres formes ailleurs. Donc,
puisque notre mission, c'est de bâtir ce qui coûte le moins cher et
ce qui est le plus profitable pour la province, cela passe après,
malheureusement.
M. Bellemare (Johnson): On reviendra à l'équipement
parce que votre raisonnement, M. Boyd, je le respecte et je suis bien d'accord,
mais il y a aussi le point de vue économique de certaines régions
sous-développées c'en est une qui mériterait
l'attention d'une manière particulière parce qu'il y a une
balance dans la productivité qui n'est pas favorable à notre
région, à la région de la Mauricie, et qui fait que le
chômage est à l'état de 8,9% chez nous, et c'est grave. Si
l'Hydro-Québec doit faire certains développements, même si
cela coûtait un petit peu plus cher, au point de vue économique,
pour redistribuer ces sommes qui viennent de l'ensemble de la population, la
Mauricie devrait être particulièrement regardée de
près pour activer cette... Il n'y a que vous qui puissiez faire ce
développement et activer... D'ailleurs, quand vous l'avez fait, cela a
eu un effet général sur toute la population de la Mauricie en
général.
M. Boyd: M. le Président, là-dessus, j'ajoute un
commentaire personnel. Cette question concerne le gouvernement et non pas
l'Hydro-Québec. Il lui revient de favoriser les développements
industriels et régionaux.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais vous savez parfois collaborer
avec le gouvernement.
M. Boyd: On est prêt, toujours!
M. Bellemare (Johnson): Ah bon, alors, très bien. Merci
beaucoup.
M. Boyd: Si le gouvernement nous indique que c'est une
priorité d'aller par là, nous irons.
M. Bellemare (Johnson): On ne vous l'arrache pas de la bouche,
vous nous le dites!
M. Carpentier: M. le Président, est-ce que vous acceptez
qu'on discute du programme d'équipement actuellement? Parce que j'ai des
choses à dire sur la rivière Saint-Maurice moi aussi.
Le Président (M. Séguin): J'essaie de suivre cela,
là.
M. Carpentier: Si vous acceptez, je pense bien
que... Je comprends que le député de Johnson a beaucoup
d'intérêt pour la région du Saint-Maurice, mais nous sommes
deux députés de la région de la Mauricie et nous avons des
choses à dire également. Si vous acceptez qu'on discute du
programme d'équipement, nous allons en discuter tout de suite.
Le Président (M. Séguin): Pour autant qu'il y ait
une demande de la part de la Mauricie à l'Hydro-Québec et que
l'Hydro-Québec ne fournira pas ce qui est demandé.
M. Carpentier: Je vais...
Le Président (M. Séguin): Vous regrettez, vous
donnez les raisons pour lesquelles il vous en manquerait...
M. Carpentier: J'aimerais également rappeler...
Le Président (M. Séguin): ...mais, s'il ne vous en
manque pas, si c'est une question de programmation, d'équipement, c'est
autre chose.
M. Carpentier: J'aimerais également rappeler, M. le
Président, que, lors d'une séance d'une autre commission, celle
antérieure à celle-ci, j'avais posé certaines questions
concernant les développements sur la rivière Saint-Maurice.
J'avais parlé, à ce moment-là, des dégâts qui
sont causés chaque année par les inondations, qui auraient pu
être réglés par la construction de nouveaux barrages ou
autre chose du genre. Alors, je comprends l'intérêt que le
député de Johnson a pour la région de Saint-Maurice, mais
je dois vous assurer qu'il n'est pas seul à penser comme cela.
M. Bellemare (Johnson): Je n'ai jamais dit cela! Vous êtes
là pour cela, vous aussi.
M. Carpentier: Si, un jour ou l'autre, l'Hydro-Québec
décide de faire de nouveaux aménagements, soyez assuré que
cela rendra d'innombrables services tant sur le plan économique que sur
le plan de la prévention de certaines inondations que nous avons connues
dans le passé.
J'avais même demandé qu'une étude soit faite,
à ce moment-là. Est-ce qu'il y a eu quelque chose de fait dans ce
sens?
M. Cournoyer: M. le Président, il faudrait qu'on parle de
cela au programme d'équipement, mais je vous jure, M. Carpentier, qu'on
va arriver là.
M. Carpentier: D'accord, j'accepte.
M. Boyd: M. le Président, on m'a posé un certain
nombre de questions, hier, et j'avais promis des réponses.
Le Président (M. Séguin): Certainement. Toujours
sur...
M. Boyd: Sur la demande.
Je n'ai pas encore toutes les réponses parce que cela
représentait pas mal de travail, mais j'en ai quelques-unes. Les autres
viendront, je pense, cet après-midi, si vous voulez les entendre.
On a demandé ce que ferait 1% de variation de la demande à
compter de 1990. Si le taux était 6,75% au lieu de 7,75%, cela nous
donnerait, de 1990 à l'an 2000, une diminution de 7300 mégawatts.
C'est intéressant, mais il s'agit de savoir si on peut y arriver.
On avait aussi parlé des tarifs de Toronto et du reste de la
province. Le tarif moyen, à Toronto, était $0.01 63 du kWh, ce
qui donnait environ $17 par mois. Quant aux clients que l'Hydro-Ontario dessert
directement, au lieu de $0.01 63 à Toronto, les clients paient $0.02 06
du kWh dans le secteur agricole et $0.01 99 du kWh dans le secteur domestique
dans l'ensemble de la province, en dehors de Toronto. Donc, c'est $0.01 63
à Toronto, $0.01 99 pour le domestique et $0.02 06 pour les fermes.
M. Morin: M. Boyd, juste une précision dans la question de
la différence de 1% dans le coefficient du taux de croissance que vous
avez retenu comme critère. Est-ce que les 7300 mégawatts,
ça vaut à la baisse comme à la hausse?
M. Boyd: Oui.
M. Morin: Là, je voudrais poser la question. Si
c'était moins 1%, est-ce la même réponse, en plus
naturellement, que si c'est à la hausse, si c'est plus 1%?
M. Boyd: Je pense que ce serait un peu plus à la
hausse.
M. Morin: Un peu plus, bon. Je pensais, oui.
M. Boyd: Mathématiquement, je pense que ce serait un peu
plus à la hausse.
M. Morin: Mais c'est du même ordre. M. Boyd:
Oui.
M. Morin: Bien. Pour passer du général au
particulier... Vous avez d'autres réponses?
M. Cournoyer: II voudrait encore donner des réponses
à des questions.
M. Boyd: Oui, j'ai d'autres réponses. On m'a
demandé quelle avait été notre expérience en ce qui
a trait aux prévisions et aux résultats obtenus. Les changements
ou les ajustements qu'on faisait en fonction de l'expérience. En
septembre 1970, on avait prévu 7,99; en septembre 1971, on a
ajusté à 7,95; en septembre 1972, 7,87; en septembre 1974, 7,78;
en septembre 1975, 7,73; en 1976, 7,75. C'est assez consistant et constant.
M. Morin: Y a-t-il moyen d'avoir copie de ces documents, M. le
Président?
M. Boyd: Celui-ci?
M. Cournoyer: Pas de problème!
M. Bellemare (Johnson): De toutes les réponses qui ont
été données. Vous n'avez pas d'objection pour les
autres?
M. Cournoyer: Non, non.
M. Bellemare (Johnson): D'accord.
M. Boyd: On avait demandé notre projection concernant le
chauffage électrique pour les années 1990 à 2000. Dans
l'hypothèse faible, on prévoit que le chauffage électrique
occupera 60% du marché.
M. Morin: 60%?
M. Boyd: En supposant que la tendance actuelle se maintienne,
c'est ce qui arrivera. C'est l'hypothèse retenue. Voici le taux de
pénétration dans les nouvelles résidences, pour vous
donner une indication de la tendance actuelle: en 1971, 43,3%; en 1972, 48,4%;
en 1973, 56,5%; en 1974, 57,8%; en 1975, 59,2%: cette année, le taux
excédera 60%. C'est un facteur important dans l'accroissement de la
demande.
Un autre facteur est la conversion des anciennes maisons. En 1971, 1153
unités; en 1972, 1544 unités; en 1973, 2305 unités; en
1974, on estime que cela a été je n'ai pas les derniers
chiffres 7000 et, en 1975, on a eu près de 10 000 conversions. Ce
sont les abonnés qui veulent cela. Si on combine les deux tendances, on
pense que l'électricité occupera 60% du marché du
chauffage dans notre schéma moyen des années 1990 à
2000.
M. Morin: M. Boyd, juste une ou deux petites questions
complémentaires. Le facteur de croissance que vous avez retenu, 7,75%,
comment se compare-t-il avec le taux qui a été retenu par
l'Ontario pour sa croissance?
M. Boyd: Le taux de 7,75%? L'Ontario l'a retenu
dernièrement. Je ne le sais pas, est-ce que ce n'est pas 5,5
plutôt?
M. Morin: Oui, c'est plutôt...
M. Boyd: On lui a imposé cela, mais, entre une mesure
imposée et la réalité, il y a une différence.
Apparemment, même avec les coupures budgétaires qu'il a fallu
faire, on est un peu dans la même situation que nous. J'ai dit hier que,
d'ici 1985, et je pense que tout le monde a accepté cette affirmation,
que la demande était à peu près incompressible. On me dit
qu'en Ontario, le taux est 6% plutôt que de 5,5%. On ne croit pas pouvoir
couper plus de 800 mégawatts d'ici 1985.
M. Morin: J'ai personnellement beaucoup de difficulté
à m'expliquer comment l'Ontario peut retenir un facteur de croissance de
5.5% quand on sait que celle-ci a une croissance démographique...
M. Boyd: 6%, j'ai dit 5,5%, mais on m'a signalé que
c'était plutôt 6%.
M. Morin: De 6%, lorsqu'on sait que la croissance
démographique y est supérieure à la nôtre, lorsqu'on
sait que l'Ontario a une croissance industrielle autrement plus soutenue que la
nôtre, comment peut-on y retenir un facteur de 6%, alors que nous
marchons sur 7,75%?
M. Boyd: M. le Président, le personnel de l'Hydro-Ontario
ne pense pas pouvoir arriver à cela. Tout ce qu'il va pouvoir
réduire; c'est 800 mégawatts. Leur demande actuelle est de 13 000
mégawatts. En 1985, leur demande sera peut-être de 30 000
mégawatts et ils auront réussi à en couper 800. Ce n'est
pas beaucoup. Alors, il y a ...
M. Morin: Est-ce que vous pensez que...
M. Boyd: Nous pensons qu'il n'est pas réaliste de croire
que, d'ici 1985, on puisse faire des coupures importantes. On l'a dit hier et
je pense que tout le monde était d'accord, pour d'ici 1985.
M. Cournoyer: II y a une distinction, je pense bien, entre la
coupure dans les programmes d'équipements, ce n'est pas faisable.
L'autre coupure, ce n'est pas à l'Hydro de la faire, si vous coupez la
demande. La demande, je pense bien qu'on a fait exprès, hier, de bien
indiquer qu'elle n'est pas la responsabilité de l'Hydro-Québec.
L'Hydro-Québec répond à la demande et...
M. Boyd: C'est cela.
M. Coumoyer: ... et actuellement, si je suis bien le
raisonnement, elle évalue la demande en fonction de l'augmentation de
cette demande historique. C'est 7,75% et c'est l'expérience
antérieure qui vous permet de conclure que c'est 7,75%...
M. Morin: Ce n'est pas cela, M. le Président.
M. Cournoyer: ... mais ce qui arrive, c'est que
l'Hydro-Québec n'a pas, elle, dans son rôle, à dire: Vous
en demanderez moins.
M. Boyd: D'accord. C'est ce qu'on a dit hier. Notre opinion et
notre expérience nous indiquent que nos programmes d'équipements
peuvent être comprimés s'il le faut, mais si la demande se
maintient au niveau prévu, on n'arrivera pas à répondre
à la demande, c'est ce qu'on vous signale.
M. Morin: Oui, on ne peut pas faire autrement qu'être
frappé par le fait que la province voisine, qui a un dynamisme
industriel plus élevé que la nôtre, une croissance
démographique plus accélérée, se limite à
6%. Est-ce que vous pensez, je pose la question soit à M. Giroux, soit
à M. Boyd, que ce serait de nature à freiner son
développement industriel par exemple?
M. Boyd: A deux reprises, elle a changé ses
différents pronostics, ses différentes coupures. Pour l'instant,
je constate simplement l'inquiétude des industriels de l'Ontario. Ils
sont forts inquiets de la situation dans laquelle le gouvernement a
placé l'Ontario-Hydro. C'est pourquoi on subit des pressions pour
renouveler notre contrat avec eux pour leur venir en aide, ce qu'on ne peut pas
faire.
M. Morin: Est-ce que l'Ontario n'a pas fixé ce taux de 6%
en fonction de l'utilisation d'autres formes d'énergie? Est-ce qu'elle
n'a pas un plan énergétique global qui lui permet de dire:
L'électricité restera à un taux de 6% de croissance?
M. Giroux: Naturellement je ne connais pas les études
effectuées par l'Ontario pour arriver à ces conclusions.
L'Ontario connait des restrictions importantes sur l'importation du charbon et
sur l'importation de l'huile. Elle a des restrictions monétaires dans le
domaine de l'huile. Elle peut toujours accroître sa production.
M. Bellemare (Johnson): Dois-je comprendre que le contrat avec
l'Ontario ne sera pas renouvelé?
M. Giroux: II ne sera pas renouvelé.
M. Bellemare (Jonson): II ne sera pas renouvelé?
M. Giroux: II ne sera pas renouvelé.
M. Bellemare (Johnson): Ce contrat qui existe depuis 50 ans!
M. Giroux: On en a besoin au Québec.
M. Bellemare (Johnson): Vous en avez besoin et vous le conservez.
Est-ce que le pourcentage de l'Ontario ce que demandait le chef de
l'Opposition tout à l'heure qui semble être plus bas que le
nôtre n'est pas dû aussi au fait que l'enquête royale qui est
en cours, dont les résultats ne sont pas connus, rend les industriels
inquiets?
M. Giroux: II m'est difficile de me prononcer sur les
résultats de l'enquête, mais les gestes posés auront pour
effet, ou du moins les industriels craignent que cela aura pour effet de
ralentir leur développement. Je suis en parfait accord avec cela.
M. Bellemare (Johnson): L'enquête porte justement sur les
méthodes de l'administration et de gestion.
M. Giroux: Elle porte sur toutes sortes de questions; il est
certain que le développement de l'Ontario ne pourra pas se faire au
même rythme si l'Hydro-Ontario ne répond pas à la
demande.
M. Bellemare (Johnson): Et si vous ne renouvelez pas le contrat,
cela les oblige à trouver de nouvelles formes?
M. Giroux: Exactement.
M. Morin: M. le Président, puis-je passer du
général aux traits particuliers, en matière de
demande?
M. Bellemare (Johnson): II a encore des réponses à
nous donner.
M. Morin: Vous avez encore des réponses, M. Boyd?
M. Giroux: Oui.
M. Boyd: Je n'ai pas, ce matin, les données relatives aux
tarifs de la Nouvelle-Angleterre. Je les aurai cet après-midi. Mais,
puisqu'on parle de la demande et des facteurs qui peuvent influencer la
demande, il faudrait réaliser et on a peut-être
attaché beaucoup d'importance à ce facteur que, depuis
1970, l'électricité au Québec, dans le secteur
domiciliaire, a augmenté de 40%. Pendant la même période,
l'huile no 2, qui sert au chauffage, a augmenté de 200%. En 1970, si on
emploie un indice de 100, on a 140; en 1976, pour l'huile no 2, si on prend
l'indice 100 en 1970, on a 229 en 1976. Il y a là une incitation
à utiliser l'électricité. Je pense qu'il ne faut pas
oublier cela.
L'Hydro-Ontario avait prévu 7%. Après les restrictions
budgétaires, et on lui a demandé de réduire ce taux
à 6%.
Vous m'avez demandé de vous faire parvenir des copies de ces
renseignements, on vous les fera parvenir par le courrier.
M. Morin: Je le veux bien, quoiqu'il y aurait peut-être
moyen de les faire photocopier rapidement aussi. L'Assemblée est
équipée pour cela.
M. Boyd: Oui, mais ils sont un peu en désordre et nous
aimerions les présenter de façon convenable.
M. Morin: Bon.
M. Boyd: Ils sont d'ailleurs, je pense, sur la bande
magnétique des débats, mais nous vous les ferons parvenir sous
une forme convenable.
M. Morin: Bien. Me permettez-vous de passer du trait
général aux traits particuliers? Il s'agit toujours de la
demande, M. le Président. Je me trouvais récemment dans un
village québécois qui est aux prises avec un grave
problème de demande en hiver et les groupes électrogènes
de Blanc-Sablon, à ce qu'on me dit, manquent assez souvent, les gens se
trouvant privés d'électricité pour 24 heures ou 48 heures,
parce que les groupes électrogènes ne suffisent pas à la
demande. Serait-il possible que vous nous donniez quelques détails sur
cette situation? Y a-t-il quelqu'un chez vous qui suit ces petits
problèmes, mais qui en constituent de très gros pour les gens qui
ont à s'éclairer et à se chauffer?
M. Boyd: Oui, cela relève de la région Mont-
morency, où on a des spécialistes en diesel. Le même
groupe s'occupe de tous ces endroits, Natashquan, Blanc-Sablon, les
Iles-de-la-Madeleine, Fort George. C'est toujours le même groupe de
spécialistes qui s'occupe de cela et, dans nos budgets, nous avons
constamment des sommes considérables à ajouter, parce que c'est
encore bien plus évident que ce n'est pas un taux d'accroissement de 7
3/4% que nous enregistrons comme augmentation de la demande. Le carburant est
très coûteux et nous sommes obligés de le revendre au
même tarif selon nos règlements, que celui vendu dans le reste de
la province. Ceci nous coûte au moins de neuf à dix fois plus cher
pour produire l'électricité que cela coûte à ces
abonnés pour chauffer à l'huile. Nous avons déjà
recommandé que les tarifs soient plus élevés là
qu'ailleurs pour compenser, en partie, cet excédent de coûts. Le
gouvernement, pour de bonnes raisons, a jugé que tout le monde devait
avoir le même tarif, mais, là comme ailleurs, on se
préoccupe de ces abonnés puisqu'on doit leur fournir le service
et on installe constamment des diesels dans ces endroits pour répondre
à la demande.
M. Morin: Y a-t-il quelqu'un chez vous qui pourrait me donner des
détails sur ce cas en particulier?
M. Boyd: Je ne sais pas si on a quelqu'un aujourd'hui, mais on
pourra vous fournir des renseignements cet après-midi en demandant aux
gens de la région de donner plus de détails sur Blanc-Sablon.
M. Morin: Sur la demande, sur les pannes qui ont eu lieu dans le
passé, sur ce que vous avez l'intention de faire dans l'avenir,
même dans l'avenir immédiat, si c'était possible, pour
remédier à cette situation.
Avant de quitter la demande, M. le Président, j'ai une autre
question, mais elle s'adresse plutôt au ministre. Tout à l'heure,
on parlait d'une occupation du marché du chauffage à 60% par
l'électricité et je relisais encore les propos récents du
ministre dans sa conférence de presse où il parle, pour des
raisons sans doute d'ordre social, de comprimer la demande, de faire baisser la
pointe plutôt que de faire l'inverse. J'observe, depuis quelque temps, en
comparant ce qui se produit ici avec ce qui se produit ailleurs en
Amérique du Nord et notamment aux Etats-Unis où on a fait de
très grands efforts pour limiter, justement, la consommation
d'énergie, j'observe qu'il semble qu'on n'ait au Québec aucune
politique de conservation de l'énergie, aucune, quand on se compare
surtout aux autres provinces puis quand on se compare au reste de
l'Amérique du Nord. Je me demande pourquoi il en est ainsi, pourquoi le
Québec semble être la seule place, le seul pays où on n'ait
pas de politique systématique de conservation de l'énergie.
J'aimerais en particulier, puisque le chiffre de 60% pour le chauffage des
maisons a été avancé, demander au ministre si son
ministère s'est penché là-dessus et si le gouvernement a
une attitude sur la croissance rapide du pourcentage des maisons qui sont
chauffées à l'électricité.
M. Cournoyer: Telle que la question est posée, si le
gouvernement a une attitude, je pense bien que, depuis un certain temps, nous
avons une attitude; nous expliquons à la population justement, ce qui
s'en vient, les raisons pour lesquelles j'ai fait exprès, et
l'Hydro-Québec l'indique aussi par ses chiffres, afin de
démontrer ce que la demande, qui continue d'augmenter au rythme de 7
3/4%, va causer quant aux investissements à être requis par
l'Hydro-Québec pour satisfaire cette demande qui continue d'augmenter
tout le temps.
D'autre part, mon ministère s'est penché sur un programme
de conservation de l'énergie globale, pas seulement de l'énergie
électrique parce que l'énergie électrique, le paradoxe,
c'est que nous en avons encore. On essaie de prévoir qu'on n'aura plus
d'hydroélectricité, mais on va toujours en avoir, on ne peut pas
faire autrement, il y en a. Maintenant, on a développé certaines
formes d'exploitation des rivières; il y a peut-être d'autres
formes d'exploitation des rivières qui vont survenir
aprèson n'est pas rendu là encoredes formes qui sont
peut-être beaucoup plus coûteuses, beaucoup moins garanties et
qu'on verra probablement dans un avenir assez rapproché. Cela restera
toujours de l'hydroélectricité, donc, de
l'électricité à bon marché à comparer aux
autres sources d'énergie électrique.
Notre programme de conservation ou les éléments d'un
programme de conservation devraient, selon les officiers de mon
ministère, être disponibles vers la fin de décembre de
cette année. C'est selon les officiers du ministère. Je ne
promets rien. C'est d'après l'analyse qu'ils ont, actuellement. Ils
devraient être disponibles à la fin de décembre de cette
année.
Nous collaborons de loin, cependant, au programme fédéral
de conservation de l'énergie mais déjà, j'ai
indiqué aux collègues fédéraux qu'il y avait une
différence fondamentale ici, au Québec. C'est que
déjà, chez nous, il y a des différences d'ipinions
très fortes entre conserver l'énergie électrique par
rapport à se lancer dans une autre forme d'énergie. On dit:
Vendons-la, on en a en masse. Donc, construisons des barrages et
vendons-là. Chez nous, les opinions sont à l'effet contraire,
très souvent, et on se dit: Plus on va vendre de l'énergie
électrique, plus on sera obligé de faire de
l'électricité avec du pétrole et du nucléaire,
etc., plus rapidement. On a donc une certaine crainte, de notre
côté, mais vu le bilan de l'hydroélectricité encore
aujourd'hui, à l'Hydro-Québec, qui est près de 99%, on
n'est pas dans la même situation problématique que l'Ontario qui
se retrouve avec un bilan qui est tout à fait différent, au point
de vue de la consommation électrique.
M. Morin: Dans laquelle on pourrait se retrouver d'ici quelques
années.
M. Cournoyer: Oui, mais disons que, lorsque vous parlez de
l'Ontario qui a un programme de conservation, c'est qu'il a un programme de
conservation parce qu'il est immédiatement obligé de la
conserver tandis que nous, nous ne sommes pas immédiatement
obligés de la conserver. Nous ne sommes pas dans les mêmes
circonstances. Ce qui ne veut pas dire que nous ne devons pas prévoir,
nous aussi. C'est l'exercice que nous faisons ensemble actuellement. C'est
justement de prévoir collectivement ce genre de problème qui peut
nous survenir à tous si on continue, qui peut nous arriver à
tous. Alors, on le fait.
M. Morin: Si je vous ai bien compris, d'ici quelques mois, vous
déposerez un genre de programme de conservation qui est à
l'étude en ce moment.
M. Cournoyer: Oui. M. Morin: Bon.
M. Cournoyer: Avec vos mots, des fois, comme "déposer", je
ne sais pas ce que cela veut dire.
M. Morin: Vous rendrez public.
M. Cournoyer: Cela sera disponible!
M. Morin: On va se comprendre!
M. le Président, la conclusion que je tirerais de la demande,
à moins qu'il n'y ait d'autres questions là-dessus, c'est qu'il
ne semble pas qu'avec un coefficient de 7,75%, nous en manquions. Cela va
peut-être nous coûter cher mais je ne pense pas qu'on en
manque.
Sur cette conclusion, je serais prêt à passer au programme
d'équipement destiné à rencontrer cette demande.
M. Boyd: M. le Président, je ne veux pas lancer un autre
débat là-dessus. Cela va coûter cher mais cela va
coûter moins cher que d'autres formes d'énergie. Il s'agit de
savoir si on veut consommer autant. Je n'aimerais pas qu'on parte avec
l'idée que cela va coûter plus cher qu'autre chose. Je suis
prêt à affirmer que, dans les conditions actuelles,
l'électricité coûte moins cher que d'autres formes
d'énergie.
Je rappelle les chiffres que j'ai donnés tout à l'heure.
L'électricité, depuis 1970, a augmenté rapidement. Elle
est partie de 100 pour se rendre à 140 en 1976; le chauffage, l'huile no
2, est partie de 100 pour atteindre 229 et le gaz, lui, est parti de 100 pour
grimper à 149 en 1976. Le gaz s'en va...
M. Morin: M. le Président, nous sommes conscients de cela.
Quand je dis que cela va coûter cher, je n'affirme pas que cela va
coûter plus cher que d'autres sources d'énergie. Nous sommes
d'accord là-dessus.
On peut peut-être passer au programme d'équipement, avec
votre permission, si le député de Johnson n'a pas d'autres
questions sur la demande ou si les autres membres, par hasard, avaient des
questions.
Le programme d'équipement
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'il y a des
commentaires ou des questions sur la demande de la part d'autres membres?
Programme d'équipement 1976-1990. Il y a un texte qui a
été fourni aux membres de la commission sur ce point.
Messieurs.
M. Morin: Est-ce que ces messieurs ont quelque chose à
dire au départ, M. le Président?
M. Giroux: M. Monty va expliquer le programme.
M. Monty (Guy): Avant de commenter le document que vous avez
reçu hier, j'aimerais vous expliquer brièvement les concepts et
la méthode utilisés dans la préparation d'un programme
d'équipement. Afin d'éclairer les membres de l'assemblée,
j'aimerais auparavant donner une définition de la puissance et de
l'énergie et vous fournir un exemple.
La puissance c'est la capacité de produire, et l'énergie,
c'est le travail produit. Par exemple le matin, lorsque vous branchez votre
bouilloire, qui demande un kilowatt, vous appelez au réseau de
l'Hydro-Québec une demande d'un kilowatt. Il faut disposer, sur le
réseau, d'un équipement de production qui fournit ce kilowatt. Si
vous branchez votre bouilloire pendant une heure, vous demandez une
énergie d'un kilowatt-heure, c'est-à-dire qu'il faut que
l'équipement tourne le temps voulu pour ouvrir la puissance,
c'est-à-dire l'énergie que le travail produit.
Alors, la puissance est la capacité de produire et
l'énergie est le travail produit. Le programme d'équipement de
production de l'Hydro-Québec est formé de l'ensemble des
centrales électriques qui ont été choisies pour
répondre le plus efficacement et le plus économiquement possible
à la croissance prévue de la demande de sa clientèle
québécoise au cours d'une période de temps
donné.
Une des caractéristiques fondamentales de la demande
d'électricité est d'être marquée par des
fluctuations continuelles au rythme des années, des saisons, des
semaines, des jours et même des heures. Le programme des moyens de
production qui, au cours d'un certain nombre d'années, répondra
le mieux à l'accroissement de la demande doit donc s'adapter
parfaitement à cette inconstance des demandes. Le concept d'un programme
d'équipements de production d'électricité est
difficilement intelligible, si on ne saisit pas bien le phénomène
des fluctuations continuelles de la demande dans le temps. Ces fluctuations
sont en effet le reflet des habitudes de vie de la population, les heures de
repas, les heures de sommeil, le travail, les vacances, etc., et de certains
phénomènes naturels tels que le climat.
Il y a deux raisons principales qui font qu'un programme
d'équipement doit porter sur plusieurs années. D'abord, parce que
l'ampleur de certains projets dépasse les besoins d'une seule
année.
C'est le cas par exemple de Churchill Falls, d'une puissance de 5170
mégawatts, dont la mise en service de tous les groupes se
répartit sur une période de trois ans. Ensuite, les
équipements conçus pour répondre à la demande de
base doivent être complétés par des équipements de
pointe. Il faut en outre souligner que la planification des équipements
doit permettre une transition harmonieuse et équilibrée d'un
programme d'équipement à l'autre. C'est ainsi par exemple, que le
programme de 1976-1985 doit contenir les amorces de celui qui suivra.
En fin de compte, il faut réaliser que la conception d'un
programme d'équipement requiert la connaissance d'une masse
d'informations techniques et économiques qui évoluent constamment
au gré du progrès scientifique et du contexte
socio-économique. La méthode utilisée pour en arriver au
programme d'équipement optimal doit traiter de quatre domaines: la
définition des modes de production et de transport, l'évaluation
économique et l'évaluation financière.
Les programmes possibles doivent répondre aux besoins futurs de
puissance en kilowatts et en énergie en kilowatts-heure, à chaque
année d'une période donnée. Le nombre de programmes
pouvant satisfaire cette exigence est très grand. A chaque programme de
production correspond un réseau de transport d'énergie qui relie
les centrales aux centres de consommation. Il n'est pas requis lors de
l'étude des programmes de production de connaître le plan
détaillé du réseau de transport. Il suffit alors d'en
connaître les principales caractéristiques techniques et
économiques.
L'évaluation économique tient compte de toutes les
dépenses qui seront effectuées avant les mises en service et
aussi pendant la durée de vie des équipements, les
investissements, l'intérêt et les frais d'exploitation. Cette
évaluation faite à l'aide de l'actualisation permet de comparer
ces programmes dont les flux monétaires sont effectués à
des moments différents dans le temps et de choisir celui dont le
coût actualisé est le moindre. Finalement l'évaluation
financière des programmes d'équipement tient compte des
contraintes financières requises par une saine administration, soit la
structure du capital et la couverture des intérêts.
Si vous voulez bien, on va maintenant passer au programme, à
l'aide du document qu'on vous a distribué hier. Nous allons voir
ensemble le programme d'équipement qui se divise en deux grandes
parties, le programme de 1976 à 1985, qui est le programme
arrêté, approuvé, qui est en voie de construction, et la
deuxième partie, qui est le programme témoin de 1985 à
1990. Pour vous permettre de suivre un peu le programme de 1976 à 1985,
je vous suggérerais de prendre le tableau no 2.
On voit qu'en 1996 on injecte sur le réseau de
l'Hydro-Québec 986 mégawatts, ce qui est le reste du complexe de
Manicouagan 3. Nous avons mis en service le premier groupe en 1975, et, pour
fins de renseignement, le quatrième groupe a été mis en
service lundi cette semaine. Il nous reste deux autres groupes à mettre
en service, ils le seront le 15 septembre et vers la fin d'octobre. En plus,
même si vous ne le voyez pas sur le tableau, nous ajoutons en 1976 des
turbines à gaz qui seront injectées au réseau de
l'Abitibi, lequel sera intégré au réseau de
l'Hydro-Québec seulement en 1979. Si vous ne voyez pas les 160
mégawatts en 1976 mais en 1979, c'est parce que nous allons les
intégrer au réseau de l'Hydro-Québec en 1979 seulement.
Mais, dans le texte, vous voyez qu'on les mentionne en 1976.
En 1977, il n'y a aucun nouvel équipement mis en service, pour la
bonne raison que nous compléterons notre vente à l'Hydro-Ontario
de 1000 mégawatts que nous vendions; le contrat est terminé et
ces 1000 mégawatts seront ajoutés à notre production
actuelle.
En 1978, nous mettrons en service les trois groupes d'Outardes 2, qui
complètent le complexe Manie-Outardes.
En 1979, nous ajouterons la centrale de Gentilly 2, qui entrera en
service en novembre 1979, ainsi que des turbines à gaz, dans un poste
près de Brossard, à Montréal, qui aura une capacité
nominale, au début, de 200 à 400 mégawatts et qui pourrait
monter éventuellement jusqu'à 2000 mégawatts. C'est de la
puissance de pointe. En plus, nous achetons 200 mégawatts du
Nouveau-Brunswick.
En 1980 débute, évidemment, la mise en service des groupes
de La Grande. On injecte en 1980-81 la même quantité qui provient
de LG 2, soit 1959 mégawatts, et, en 1982, nous continuons à
ajouter non seulement le groupe de LG 2, mais aussi de LG 3. A LG 4, aussi, on
met le groupe en service en 1982.
En 1983, c'est LG 1 qui entre en service. Nous avons
complété la partie de LG 2, nous ajoutons LG 3 et une partie de
LG 4. En fin de compte, en 1984, c'est le reste de LG 1 et le reste de LG 4 est
en 1985. Nous ajoutons 1512 mégawatts de centrale de pointe pour
compléter le programme de 1985.
Je pourrais peut-être arrêter ici, pour répondre aux
questions sur le programme qui est bien arrêté, qui est
approuvé, avant de passer au programme témoin.
M. Morin: Ce serait une bonne idée de faire d'abord
1976-1985 et de passer à autre chose par la suite.
Quand on compare le programme d'équipement qui nous est soumis
avec celui de l'an dernier, on observe un certain nombre de différences.
Par exemple, si j'ai bien compris, LG 1 entrera en service en 1983 plutôt
qu'en 1982. Quant à LG 3, le délai de construction est de six
mois additionnels, c'est du moins ce que j'ai cru comprendre. Le
détournement de la Caniapiscau est retardé d'un. Le
détounement de l'Eastmain, de l'Opinaca et de La Grande est
retardé d'un an également.
La capacité installée du complexe La Grande augmente
légèrement, en passant de 10 070 à 10 190
mégawatts, soit une augmentation de l'ordre de 1%.
Devant ces ajustements, par rapport au programme d'équipement de
l'an dernier, les questions que je me pose sont d'abord les raisons qui
motivent les ajustements. Je me demande, par exemple, si le retard dans
les deux détournements ne va pas diminuer la production des centrales
pour les premières années de mise en service. Il semble,
d'après ce que j'ai pu lire, qu'il s'agit d'un programme essentiellement
fondé sur de l'équipement dit de base, à l'exception
peut-être des centrales, des turbines à gaz de La Citière
et d'un programme qui est fondé sur l'hydraulique à l'exception
de Gentilly 2 qui va développer 637 mégawatts. Ma première
question serait celle-ci en gros, pourquoi ces changements? Est-ce
essentiellement pour des raisons de contraintes économiques? Est-ce par
exemple, parce qu'en 1975 il y a eu une demande industrielle plus basse? Est-ce
parce que, de 1970 à 1975, le taux de croissance a été
peut-être un peu inférieur à ce qui avait été
prévu? Ou est-ce également en raison d'une révision
à la baisse des besoins immédiats?
J'aurai peut-être d'autres questions par la suite, mais abordons
cette question d'abord. Quelle est la raison, quels sont les motifs de ces
modifications que j'admets ne pas être majeurs. Quand on les additionne,
ils soulèvent peut-être quelques questions.
M. Boyd: Uniquement les raisons budgétaires. Aucune autre
raison que celles-là. Pourquoi on avait le programme, pourquoi on l'a
changé et quels en sont les effets? On voulait être sûr au
point de vue du programme et, à cause des restrictions
budgétaires de 1975, on nous a demandé, à l'Hydro et
à la société, de réviser nos budgets. Alors ce qui
a pu être fait à la société de l'énergie a
été de comprimer le budget et, pour ce faire, on a retardé
des travaux qui pouvaient être retardés. On avait un peu de marge
de manoeuvre qui nous aurait, par contre, apporté de l'énergie
excédentaire qu'on aurait vendu à un prix intéressant.
C'est la seule raison, il n'y en a pas d'autre. On a retardé ces travaux
pour rencontrer les prévisions budgétaires de 1975.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce de l'ordre d'environ $500 millions
pour cette année?
M. Boyd: C'est ça.
M. Dozois: Si vous me permettez, M. le Président, sur
cette question de corrections budgétaires de $500 millions, on a
répété des choses qui ne sont pas tout à fait
conformes je dirais à ce qui s'est passé. J'agis à
l'Hydro-Québec comme président du comité des budgets
d'immobilisation. Alors à l'Hydro-Québec, comme dans toute
organisation publique, les différents services préparent leurs
budgets et, en préparant leurs budgets, ils ne tiennent pas compte de
l'ensemble budgétaire de tout l'organisme. Alors, un service
prépare ce qu'il demande pour son budget de la prochaine année et
on est généreux comme lorsqu'on prépare les budgets de
n'importe quelle unité administrative. Quand on a fait l'addition, nous
arrivions à un montant de $1,880 milliard. Or, nous avons
consulté notre service des finances, M. Lemieux, et avons dit: Combien
d'argent peut-on consacrer aux investissements pour l'année 1976? M.
Lemieux nous a dit: Nous pouvons consacrer tant de millions d'autofinancement
et tant de millions sur le marché des emprunts. Or, cela totalisait
$1,488 milliard. Alors, c'est de là qu'est venue cette nouvelle qu'on
comprimait le budget de $400 millions ou de $500 millions. C'est vrai lorsqu'on
regarde les chiffres que nous avions devant nous, mais, quand on étudie
un budget et j'en ai fait plusieurs au cours de ma vie, on prend chaque
service, on analyse les dépenses qu'il veut faire et souvent on a dit,
par exemple: On réclame $50 millions pour faire tel projet.
En discutant, on dit: Mais pourquoi voulez-vous faire tel projet?
Pourquoi voulez-vous dépenser $5 millions cette année quand vous
voulez le mettre en service en 1979? Est-il nécessaire que ce projet
soit mis en service en 1979?
En discutant, on constate, par exemple, qu'au lieu de prévoir $5
millions sur un projet définitif pour l'année 1976, $1 million
suffit. On a voulu avoir une marge sécuritaire dans la
préparation du budget. Or, quand on finit l'étude du budget, les
$400 millions, ce n'est pas une contrainte budgétaire qui va
pénaliser le développement de l'organisme.
Or, à la baie James, la même chose, on nous avait
réclamé, parce qu'on étudiait l'ensemble des deux budgets,
des budgets très généreux pour tous les travaux qu'on
envisageait de faire. D'eux-mêmes, ils ont dit: Oui, très bien.
Dans les circonstances, on peut, sans que le programme en souffre, sans que ce
soit vital, réduire nos budgets de tant de millions. Et nous sommes
arrivés à adopter un budget de $1 480 000 qui répondait
aux possibilités de financement qui nous étaient offertes par
notre service des finances.
Je pense qu'il y a peut-être une correction parce que, quand j'ai
vu dans les journaux qu'on coupait nos investissements de $500 millions, j'ai
trouvé que c'était exagéré et que c'était
faux. On coupait les demandes, ce qui est bien différent.
M. Bellemare (Johnson): M. Dozois, quand vous faites reporter
à 1977 le détournement de la rivière Eastmain, qui
était dû, d'après le projet d'envergure...
M. Dozois: Moi, je me suis fié à la
Société d'énergie qui nous a dit quand elle nous a
présenté son budget: On peut retarder cela sans que tout notre
programme en souffre.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que cela dérange
l'acheminement du projet à un an plus tard en mettant de
côté le détournement de la rivière Eastmain pour
1977? Parce qu'il fait partie du...
M. Boyd: Non. Les unités vont toutes être
installées entre 1980 et 1985 tel que prévu, certaines avec
quelques mois de retard et, en fait, les deux détournements se feront un
an plus tard; il va y avoir moins d'eau dans la rivière; on va avoir
produit, pendant cette période de cinq ans, moins de kilowatts-heures,
on aura donc des excédents de kilowatts-heures moins grands.
En fait, si vous regardez le tableau no 2, dans la partie du bas, c'est
quand même une étude qu'on doit faire. On dit qu'on retarde des
investissements d'un an. Par contre, on retarde des revenus possibles
d'énergie excédentaire, ou on ne les aura pas, d'un certain
montant et on prend la décision, pour avoir les sommes disponibles, de
retarder la mise en service de certaines unités pour quelques mois mais
toujours dans le but de rencontrer la demande des Québécois, ce
que le programme fait.
M. Morin: Le manque à gagner causé par ces
modifications et notamment par les deux détournements et le fait, donc,
que la production des centrales va s'en trouver touchée peut-il
être évalué?
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, si vous me
permettez, c'est peut-être que c'est le surplus vendable à
l'étranger qui va être diminué.
M. Boyd: C'est cela.
M. Bellemare (Johnson): C'est cela.
M. Morin: Oui, mais c'est un manque à gagner!
M. Bellemare (Johnson): Oui, je comprends. M. Morin: C'est
cela que je veux comprendre.
M. Bellemare (Johnson): C'est peut-être cela qu'on a
prévu, que le surplus qui aurait été produit, ce serait le
surplus qu'on aurait à vendre à l'étranger mais que le
projet pour les Québécois ne serait pas changé.
Le chef de l'Opposition a-t-il raison quand il dit que le surplus qui ne
sera pas disponible va représenter énormément de perte
pour l'Hydro-Québec?
M. Morin: Je pose la question. Je ne pense pas que ce soit
considérable mais...
M. Boyd: Le manque à gagner est hypothétique d'une
certaine façon. Il s'agit de savoir si on aurait les acheteurs et
à quel prix. Donc, c'est assez difficile à évaluer d'une
façon précise.
A part cela, dans une année, il faut tenir compte de ce qu'on
veut dépenser. Le but de tout notre exercice, c'est de répondre
à la demande et non pas de vendre à l'étranger.
M. Morin: La question n'est pas si hypothétique que cela.
Vous nous avez dit à quelques reprises que vous n'aviez aucune
difficulté à disposer des surplus. Je comprends, tout le monde
veut de l'électricité. C'est pour cela que ma question reste
quand même fondée; je me demandais si vous étiez en mesure
de chiffrer le manque à gagner que cela peut représenter.
M. Boyd: Cela peut se chiffrer, suivant des hypothèses,
mais il reste quand même que, actuel- lement, on peut
accélérer ou décélérer davantage. Si on
voulait, on pourrait accélérer beaucoup plus; on pourrait
commencer, très bientôt, la Grande Baleine et NBR et
peut-être trouverions-nous des acheteurs pour cela aussi.
Déjà, vous nous indiquez tous que nos programmes sont très
élevés et que nous ne pouvons pas investir davantage. Mais, si
vous nous donniez l'argent, on aimerait bien pouvoir investir plus vite,
bâtir la Grande Baleine tout de suite et, en attendant d'en avoir besoin,
vendre cette énergie.
Donc, il y a une limite à ce qu'on peut investir et on avait
pensé, en 1975, que notre limite pour 1976 était celle que M.
Dozois a expliquée. Dans le programme qu'on avait établi, nous
nous étions gardé une certaine marge en cas de grève, en
passant. C'est toujours commode d'avoir une certaine marge de quelques mois.
Maintenant, nous en avons moins qu'avant, du fait qu'on a retardé
certaines choses.
M. Bellemare (Johnson): ... votre pourcentage d'autofinancement,
pour cette période?
M. Boyd: Non, on a diminué l'investissement en 1976. Donc,
l'autofinancement n'a pas changé et l'autofinancement vient de nos
revenus et de nos dépenses d'exploitation. Cela n'a pas
changé.
M. Morin: Des fois, je vous pose des questions, M. Boyd, et je
crois... Ces gens entendent la réponse. Cette fois-ci, je me serais
attendu que vous me répondiez: Oui, peut-être un manque à
gagner de quelques dizaines de millions, mais, par contre, cela a l'immense
avantage de nous permettre d'échelonner, de retarder un certain nombre
d'investissements coûteux. Auriez-vous eu raison de me répondre
cela?
M. Boyd: Evidemment, je ne voudrais pas empiéter sur le
chapitre du programme, mais, tout à l'heure, on pourra vous dire que
c'est beaucoup moins coûteux qu'autre chose. On a toujours parlé
de la compétition qui était le nucléaire et on pourra
vous...
M. Bellemare (Johnson): Une vérité de La
Pa-lice!
M. Boyd: ... démontrer que le nucléaire, pendant la
période...
M. Morin: Ce n'est pas un piège!
M. Boyd: Ce n'est pas un piège, c'est une réponse,
je pense, objective, que je veux vous donner; nous vous la donnerons plus tard
et aussi en chiffres. Pendant que la baie James a augmenté de tant
et je ne veux pas en parler aujourd'hui, parce que ce n'est pas à
l'ordre du jour le nucléaire correspondant a augmenté de
beaucoup plus. C'est tout ce que je peux dire maintenant.
M. Bellemare (Johnson): D'ailleurs, nous le verrons dans le
nucléaire, quand on parlera de l'installation de...
M. Boyd: Quand on parlera des coûts.
M. Morin: Une dernière question sur ces changements dans
le programme. Est-ce que ce n'est tout de même pas ce qu'on pourrait
appeler un vice dans le processus d'optimisation, puisqu'on devra reporter le
plein coût de centrales qui ne produiront pas leur maximum dès le
départ?
M. Boyd: Si j'avais tout l'argent disponible, je pourrais
optimiser encore davantage. Il s'agit d'optimiser dans la mesure du possible et
en fonction d'un financement réalisable.
M. Morin: Les études d'optimisation sont-elles
définitives, à l'heure actuelle?
M. Boyd: Cela se continue jusqu'au jour où la machine
commence à tourner. Ce sont toujours des raffinements constants qui
doivent se faire. L'optimisation, en fait, détaillée...
Même quand la machine commence à tourner, on n'a pas tout à
fait fini d'optimiser le... Il en a toujours été de même
à Beauharnois, Bersimis, Manic, Churchill. Nos ingénieurs, nos
constructeurs, constamment et nous parlerons de cela dans la
gérance sont à la recherche de meilleures méthodes
et d'optimisation.
M. Morin: Dans un autre ordre d'idées, pourriez-vous me
dire si la relocalisation de LG 1, au mille 44, est tout à fait
décidée? Est-elle définitive?
M. Boyd: Dans l'entente qui a été signée, on
avait accepté comme condition sine qua non et écrite que ce soit
mille 44 et on était en train d'étudier cela d'une façon
assez définitive. Cependant il y a des lueurs d'espoir qu'on puisse
retourner au mille 23. Je ne voudrais pas nuire au dossier en entrant davantage
là-dedans, mais il y a une possibilité. Quand ce sera plus
avancé, on aimerait vous en parler, mais, dans le moment, il y a
possibilité que cela aille au mille 23 de nouveau, ce qui serait
avantageux. Evidemment ce sera avec l'accord de toutes les parties
impliquées à l'entente.
M. Morin: Cela ferait l'objet d'une nouvelle entente ou une
entente accessoire?
M. Boyd: Certainement qu'il le faudrait, parce que c'était
une condition sine qua non de l'entente qu'on a signée.
M. Morin: Que ce soit au mille 44.
M. Boyd: Oui, que ce soit au mille 44, et je vous dis qu'il y a
une lueur d'espoir qu'on puisse retourner au mille 23, ce qui serait avantageux
pour nous.
M. Beltemare (Johnson): Le mille 43 représente 71 et non
87 kilomètres, quant à l'emplacement de LG 1? Dans votre rapport,
vous dites: Quant à l'emplacement exact de LG 1 il a été
convenu avec les autochtones en 1975 que cette centrale serait implantée
à 71 et non à 87 kilomètres de l'embouchure?
M. Boyd: Oui, c'est cela. Cela devait être, d'après
nos plans, au mille 23. On nous a demandé de l'éloigner;
c'était une condition sine qua non à toute autre
négociation. On a regardé le mille 54, car, dans des
études précédentes, on parlait du mille 54, le
kilomètre 86, je ne sais pas trop; par la suite, on a convenu ensemble
que c'était plus avantageux pour nous et nous avons accepté
d'aller au mille 44. Dans les dernières études, notre projet
actuel, c'est le mille 44.
M. Morin: Cela devrait être décidé d'ici
quand?
M. Boyd: D'ici la fin de l'année.
M. Bellemare (Johnson): Et ce sera en production en 1983?
M. Boyd: Oui.
M. Morin: Autrement dit, il faut que cela se décide d'ici
la fin de l'année, si vous devez respecter votre
échéancier?
M. Boyd: Oui, monsieur.
M. Morin: Dans le cas de LG 3, quant à ce délai de
six mois, est-ce qu'il y a des raisons d'ordre technique qui amènent ce
retard ou si ce sont toujours strictement les contraintes
budgétaires?
M. Boyd: II n'y a pas de problème d'ordre technique
à LG 3 qui retarde la mise en route. En fait, à une question
précédente que vous avez posée à savoir si on peut
répondre à la demande, je vous ai dit qu'il y avait encore
possibilité d'accélérer de nouveau la mise en route des
unités à LG 3.
M. Monty: Vous êtes au courant que LG 3 sera construit par
les forces de l'Hydro-Québec?
M. Morin: Oui.
M. Monty: Le programme a été étudié
et les travaux sont commencés depuis le mois d'avril. Il est fort
possible que nous puissions devancer ce qui est prévu actuellement mais
qui n'est pas définitif.
M. Morin: Nous étions au courant, nous aurions même
souhaité que le même système s'applique à LG 1 et
à LG 2.
M. Bellemare (Johnson): Quant à LG 3, vous remontez sa
capacité de quatre pieds?
M. Monty: On pourrait peut-être faire une correction sur LG
3. Actuellement, l'Hydro-Québec construit la partie sud du barrage, une
partie de
LG 3, mais on anticipe éventuellement de faire la dernière
partie de LG 3 aussi.
M. Bellemare (Johnson): La dernière partie de...
M. Monty: De LG 3.
M. Bellemare (Johnson): LG 3.
M. Monty: Le contrat de l'Hydro-Québec touche une partie
du contrat de LG 3 pour les trois prochaines années.
M. Bellemare (Johnson): Les changements que vous apportez
à LG 3, c'est quoi?
M. Monty: Non, dans le programme de construction.
M. Bellemare (Johnson): Dans le programme, oui. Vous augmentez sa
capacité?
M. Monty: Non, non. On a dit qu'on pouvait probablement
accélérer le programme de construction pour reprendre un peu le
terrain qu'on avait perdu l'an dernier en retardant les mises de fonds.
M. Morin: Pour ce qui est maintenant de LG 4, est-ce que les
dernières études ont modifié le projet ou si on s'en tient
toujours aux études initiales?
M. Boyd: Excusez-moi.
M. Monty: Actuellement, c'est le programme initial, comme M. Boyd
le disait tantôt, qui est optimisé continuellement et qui est
étudié actuellement par les gens de la société
d'énergie, accompagnés d'un groupe de spécialistes qui
étudient, évidemment, les conséquences ou les conditions
de LG 4. L'optimisation d'un projet comme celui-là se fait
continuellement. Il n'est pas question de dire que l'optimisation est
terminée pour le moment.
M. Bellemare (Johnson): Cela n'a pas été
comprimé dans les budgets?
M. Monty: LG 4 n'était pas au budget de 1976.
M. Boyd: II n'y a pas de changement à LG 4 puisqu'on
n'avait pas de travaux, ni d'engagements majeurs à LG 4 en 1976. Donc,
on n'a rien changé dans notre programme pour LG 4. C'est là
où il y avait des travaux engagés en 1976 qu'on a fait les
changements dont vous avez parlé. Dans le cas de LG 4, il n'y en avait
pas; donc, on n'a pas... Tout ce qu'on a là, c'est le maintien du camp
d'exploration et les études qui continuent. A LG 4 il n'y a pas de
changement par rapport au programme antécédent.
M. Bellemare (Johnson): Quant à l'échéancier
de 1984 et 1985?
M. Boyd: II n'y a pas de changement.
M. Bellemare (Johnson): II n'y a pas de changement non plus.
M. Boyd: II n'y a pas de changement.
M. Morin: Dans le cas de Gentilly 2, pourriez-vous nous dire
pourquoi on a reporté de près d'un an la mise en service de cette
centrale?
M. Monty: Ce sont des problèmes d'ordre technique et de
fabrication. Nous avons dû accepter une livraison tardive dans le
réacteur, ce qui nous a forcé à retarder la mise en
service de Gentilly 2. Ce sont des problèmes de fabrication.
M. Morin: Est-ce que vos ententes sont maintenant
complètes entre l'Hydro et The Atomic Energy of Canada?
M. Monty: Dans quel sens?
M. Morin: Je veux dire: Est-ce que vos ententes, quant à
la livraison, quant à la propriété des installations,
est-ce que tout cela est réglé?
M. Monty: On s'est entendu sur la mise en service commerciale de
Gentilly 2. Il y a d'autres problèmes qu'il reste quand même
à régler avec l'Energie atomique du Canada.
M. Morin: Quant à la propriété des
installations, quelle est la solution retenue?
M. Monty: C'est à nous autres, Gentilly 2,
évidemment. Ce n'est pas un prototype comme Gentilly 1; Gentilly 2
appartient à l'Hydro-Québec.
M. Bellemare (Johnson): C'est en vertu du système
CANDU.
M. Monty: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Tout le temps.
M. Morin: C'est la filière canadienne.
M. Monty: La filière CANDU. L'uraniun naturel et...
M. Bellemare (Johnson): Comme le dit le chef de l'Opposition,
c'est en vertu des organes de CANDU que vont se produire pour l'Hydro certaines
possessions, contrairement à ce qui existe à Gentilly 1.
M. Monty: La seule différence avec Gentilly 1, c'est que
pour Gentilly 2 l'eau lourde sert comme modérateur et comme calo-porteur
alors qu'à Gentilly 1, on avait l'eau lourde comme modérateur,
mais l'eau légère comme calo-porteur.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que l'Hydro-Québec
pourrait, un jour, déposer le contrat de
CANDU, de l'organisation fédérale et provinciale, comme
quoi elle est véritablement propriétaire? Il y a un contrat qui a
été fait avec les organismes du Canada.
M. Giroux: Oui, au moment où ce sera
complété, on pourra déposer ces documents. Il y a des
documents préliminaires au point de vue de la construction et les
ententes préliminaires...
M. Bellemare (Johnson): II reste toujours que l'Hydro, tel que
vous venez de nous l'affirmer, demeure propriétaire.
M. Giroux: Elle a toujours été propriétaire.
L'Hydro, dans Gentilly 2, est maître de l'oeuvre.
M. Morin: Bon. Propriétaire des installations...
M. Giroux: Et du terrain.
M. Morin: ...et du combustible?
M. Giroux: On achète le combustible
séparément. Ce sont des contrats séparés.
M. Morin: Bon, mais vous en serez propriétaire.
M. Giroux: Oui, on est propriétaire du combustible et on
en est responsable.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'il y a eu une entente
fédérale entre l'Hydro et le Québec quant à
CANDU?
M. Giroux: Et du Québec? M. Bellemare (Johnson):
Oui.
M. Giroux: On a fait approuver, au début, le programme qui
nous permettait de construire Gentilly 2. Au point de vue de la partie du
génie civil, c'est une firme qui fait le génie civil pour
l'Hydro. Les ingénieurs de l'Hydro sont attachés à cela.
Au point de vue du système CANDU lui-même, ce sont les
ingénieurs de l'Energie atomique du Canada qui font le travail.
M. Bellemare (Johnson): Qui reste à notre solde, qui
reste...
M. Giroux: Qui reste à notre solde, qui reste notre
propriété.
M. Bellemare (Johnson): Qui reste à la province par
l'Hydro.
M. Morin: N'y-a-t-il pas du financement fédéral
pour la construction de...
M. Giroux: II y a un financement fédéral...
M. Morin: Pour la construction de Gentilly 2, je veux dire.
M. Giroux: Oui. Il a été établi au
début. Si vous vous rappelez les... Pardon?
M. Bellemare (Johnson): A $12 millions?
M. Giroux: A $151 millions.
M. Bellemare (Johnson): $151 millions.
M. Giroux: Oui. Au début, les premières
négociations avec le gouvernement fédéral ont
été à $225 millions, mais, quand on a terminé,
c'était rendu à $302 millions. Le gouvernement
fédéral, à ce moment, n'avait pas de loi amendée
qui permettait 50% des coûts; c'était 50% des coûts
estimés. Actuellement, on est chanceux si on s'en tire avec $700
millions.
M. Morin: Le financement fédéral, donc, serait de
l'ordre de $150 millions sur les $700 millions, si j'ai bien compris. Le
financement, la contribution, les prêts fédéraux... Ce sont
des prêts, n'est-ce pas?
M. Giroux: Des prêts, des prêts, des emprunts
ordinaires.
M. Morin: Ils sont de l'ordre de $150 millions sur les $700
millions.
M. Giroux: Oui.
M. Morin: Bon. A quel intérêt?
M. Giroux: A l'intérêt moyen des institutions du
gouvernement fédéral qui empruntent, des compagnies de la
couronne qui empruntent, plus 1/8%.
M. Morin: Cela veut dire combien?
M. Giroux: Cela varie tous les mois, cela dépend des
emprunts. Mais ce taux est très raisonnable.
M. Bellemare (Johnson): Mais vous avez $165 millions qui viennent
de la Caisse de dépôt.
M. Giroux: On n'a pas de montants qui viennent
spécialement de la Caisse de dépôt là-dessus.
M. Bellemare (Johnson): Dans votre rapport, vous dites: Dont $165
millions d'obligations souscrites par la Caisse de dépôt et
placement du Québec.
M. Giroux: Durant l'année. M. Bellemare (Johnson):
Oui.
M. Giroux: C'est général, cela, ce n'est pas
spécifique à Gentilly 2.
M. Bellemare (Johnson): Bon. Compte tenu
d'un prêt de $12 millions du gouvernement
fédéral.
M. Morin: En tout cas, si je comprends bien,
l'intérêt est plus intéressant sur ces prêts
fédéraux que si vous aviez à financer
vous-mêmes.
M. Giroux: Voyez-vous, dans notre état financier, on dit:
Les biens payés garantis par la province de Québec à des
taux variant de 7 3/16% à 9 5/8% remboursables en 25 versements annuels
égaux...
Alors, le taux au moment de l'emprunt est établi sur des
barèmes qui sont fixés à l'avance. Or, c'est
intéressant pour nous parce que c'est le taux moyen du gouvernement
fédéral à long terme.
M. Morin: Généralement, c'est inférieur,
avec le 1/8% additionnel, de combien à l'intérêt courant,
que vous seriez obligés de payer sur le marché?
M. Giroux: A peu près 1%. M. Morin: A peu
près 1%.
M. Bellemare (Johnson): Dans la centrale de Gentilly 2, vous avez
obtenu deux prêts de $12 millions à 8,31% et l'autre à
7,95%.
M. Giroux: Ce sont les taux actuels.
M. Bellemare (Johnson): Les taux actuels. Ce sont deux
prêts fédéraux.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Giroux: Mais le taux, voyez-vous, fait partie des $151
millions. Cela nous est versé au fur et à mesure des travaux
exécutés.
M. Bellemare (Johnson): D'accord.
Le Président (M. Séguin): Si vous voulez,
messieurs, je voudrais vous rappeler à l'ordre tous et chacun. Nous
étions sur le programme d'équipement; on semble passer maintenant
au financement de certains systèmes ou certains programmes
nucléaires. Alors, une fois que nous aurons terminé
l'exposé et qu'on aura terminé les questions en ce qui concerne
les équipements et les programmes de 1976-1990, 1990-2000, si vous
voulez en parler, on passera ensuite aux implications financières, aux
investissements, aux coûts, tout ce que vous voulez demander au point de
vue des questions. On répondra à ce moment-là.
Si nous continuons de la façon que nous procédons, nous
nous trouvons à passer d'un programme à l'autre et nous
mêlons toute l'affaire.
M. Cournoyer: Si on comprend bien, le président a
décidé de revenir sur sa décision d'hier.
Le Président (M. Séguin): Non.
M. Cournoyer: J'ai une question à poser au
président de l'Hydro-Québec sur Gentilly 2. Dans le contexte des
programmes d'équipements généraux, on a parlé qu'on
avait de l'hydroélectricité et qu'on était finalement
à plus de 99 pour cent de puissance installée; c'était
l'hydroélectrique. Dans un tel contexte, alors qu'il reste encore 25 000
mégawatts dans nos rivières, une fois le programme de LG 2 fini
et le programme de la baie James terminé, comment expliquer qu'on aille
dans le nucléaire?
M. Giroux: C'est une question de planification et
d'administration de bon père de famille. Vous n'entrez pas dans un
programme nucléaire du jour au lendemain. Je pense qu'on a essayé
d'expliquer hier que cela prenait jusqu'à quinze ans pour former un
technicien. Donc, dans notre programme, tel qu'on l'avait déclaré
ici il y a trois ou quatre ans je ne me rappelle plus on va faire
une centrale.
On a environ 350 techniciens à Gentilly. Si ces gens ne sentent
pas qu'éventuellement on s'en va vers un programme nucléaire, ils
vont accepter les offres que les gens leur font au dehors. Ces gens sont
très en demande partout aux Etats-Unis et même au Canada, si vous
voulez aller travailler en anglais.
L'avantage qu'on a, c'est qu'ils travaillent chez nous en
français. Donc, pour développer cela, il faut penser que, dans le
programme, on a dû inclure d'autres centrales nucléaires, une,
pour arriver avec des techniciens qui sont qualifiés et non pas
être pris, malheureusement comme l'Ontario a été prise,
sans que ce soit de sa faute, quand elle a été obligée de
se servir du nucléaire contre l'huile, à entrer dans un programme
où il n'y avait pas de techniciens, ou il n'y avait absolument rien.
Elle a été obligée de tout construire, et subitement.
C'est le même problème que les Américains ont eu et c'est
le même problème partout dans le monde.
Nous, nous avons l'avantage de débuter tranquillement avec le
nucléaire, de bénéficier de l'occasion de corriger les
malchances que les autres ont eues. Je crois et je recommande fortement au
gouvernement de se maintenir à ce système parce que c'est un
système de prévention plutôt qu'un système
d'exploration.
M. Morin: Est-ce que le ministre me permettrait d'observer que ce
développement, dans le sens du nucléaire, correspond à ce
qu'a proposé le Parti québécois?
Des Voix: Ah! Ah!
M. Morin: Je suis très heureux de constater que la
solution que nous proposions correspond à ce que ferait un bon
père de famille!
M. Perreault: M. Parizeau s'est toujours opposé à
la baie James!
M. Morin: Voyons donc! Vous ne savez pas de quoi vous parlez!
M. Bellemare (Johnson): Revenons-en à cela. Le
président aurait dû rappeler à l'ordre!
M. Morin: Nous ne parlons pas de la baie James, nous
parlons...
M. Cournoyer: ... c'est relié à cela. M.
Perreault: C'est relié au...
M. Bellemare (Johnson): Nous parlons de choses qui sont trop
sérieuses pour laisser se développer un débat dans ce
sens.
M. Perreault: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de l'Assomption.
M. Perreault: M. le Président, j'aurais une couple de
questions à poser. En 1982, je constate, sur votre tableau, que les
achats de puissance et d'énergie diminuent pour Churchill Falls.
Pourriez-vous nous donner la raison de cela? Vous passez de 4842
mégawatts à 4542 mégawatts en 1982.
M. Monty: Ce sont les 300 mégawatts qu'on peut mettre
à la disposition de Churchill Falls, au Newfoundland.
M. Perreault: Terre-Neuve. C'était dans le contrat?
M. Monty: Dans le contrat.
M. Perreault: C'était dans le contrat.
Deuxième question, est-ce que ces 300 mégawatts vont
être augmentés ou s'ils sont stables dans le contrat pour
longtemps?
M. Monty: C'est stable. C'est un montant de 300 mégawatts
qui devient disponible pour Terre-Neuve.
M. Perreault: Pour les années à venir.
M. Monty: Pardon?
M. Perreault: Pour les années subséquentes.
M. Monty: Oui.
M. Perreault: Deuxièmement, vous avez ici votre puissance
de réseau intégré. Pourriez-vous me donner l'ordre de
grandeur de votre réseau non intégré à ce jour? Il
y a l'Abitibi et d'autres endroits. Quelle est la puissance de
l'Hydro-Québec dans le réseau non intégré?
M. Monty: A la fin de 1975, vous l'avez en bas, je pense que
c'est 10 805 mégawatts.
M. Perreault: C'est dans le réseau intégré,
cela. Je vous demande votre puissance disponible dans le réseau non
intégré.
M. Monty: Si on regarde la quantité que nous allons
intégrer en 1979, on voit qu'en Abitibi, nous allons intégrer 379
plus ces 160 mégawatts qu'on installe à la fin de 1976, ce qui
fait tout près de 540 mégawatts.
M. Perreault: Avez-vous d'autres réseaux ailleurs dans le
moment? Vous en avez, sur la Côte-Nord?
M. Monty: Sur la Côte-Nord, il y a certains réseaux
isolés mais la quantité exacte, je ne l'ai pas en main ici, c'est
très minime.
M. Perreault: Très minime.
M. Monty: Même si on compare cela avec l'Abitibi.
M. Perreault: Ma troisième question est en rapport avec
votre centrale La Citière. Vous avez dit que c'était à
Brossard. J'imagine que vous avez un contrat avec Trans-Canada pour le gaz de
prévu là-dedans?
M. Monty: II n'y a aucun contrat. Actuellement, on étudie
la possibilité d'installer une centrale de réserve pompée
à Brossard, d'une capacité de 200 à 400 mégawatts,
et qui peut augmenter.
M. Boyd: Ce n'est pas du gaz.
M. Perreault: Mais, où installerez-vous votre turbine
à gaz?
M. Monty: A Brossard. M. Perreault: A Brossard.
M. Monty: Au poste La Citière qui est dans la
région de Brossard.
M. Perreault: Oui, mais pour le gaz? Avez-vous des turbines
à gaz de prévues?
M. Monty: Ce n'est pas du gaz que nous prenons pour...
M. Cournoyer: Des usines à gaz qui ne marchent pas au
gaz!
M. Monty: C'est de l'huile qu'on utilise et non du gaz; c'est une
turbine à gaz, mais...
M. Morin: Du mazout.
M. Boyd: C'est la même chose que les turbines des moteurs
des jets; c'est un gros jet, en somme. Alors, c'est un mazout de basse
qualité qui est employé pour produire de la vapeur; la vapeur,
c'est ce qu'on appelle le gaz et c'est le gaz qui entraîne les
hélices. Il n'y a pas de gaz au sens du gaz naturel.
M. Cournoyer: II paraît que les gars de là-bas se
demandent si cela va faire du gaz, cette énergie-là!
M. Morin: Oui, c'est 400 mégawatts dans le
programme d'équipement et cela peut être monté
à combien éventuellement? J'ai cru lire quelque part que cela
pourrait être augmenté; la puissance pourrait être
augmentée.
M. Monty: Jusqu'à 2000 mégawatts, oui.
M. Morin: Jusqu'à 2000 mégawatts! Une puissance
ultime de 2000 mégawatts. N'avez-vous pas l'impression que cela va
dégager, effectivement, beaucoup de gaz, 2000 mégawatts, au
milieu d'un district résidentiel comme Brossard?
M. Giroux: Absolument; on vous a déclaré tout cela
au moment de la Jacques-Cartier. Cette Chambre nous a demandé d'aller
vers les usines à gaz, alors vous savez le respect que j'ai des demandes
du comité parlementaire!
M. Morin: Les gens de Brossard ont-ils été
consultés sur le passage éventuel de 400 à 2000
mégawatts?
M. Giroux: Pas encore, non. M. Morin: Pas encore.
M. Giroux: Ce n'est pas imminent, tout de même, les 2000
mégawatts.
M. Morin: Non, mais tout de même! M. Cournoyer: ...
Jacques-Cartier.
M. Giroux: Ils ont donné leur accord pour l'achat du
terrain, par exemple.
M. Morin: Y a-t-il des études qui ont été
faites, quand même, pour savoir ce que cela représenterait, pour
une ville comme Brossard, d'avoir une centrale de 2000 mégawatts, une
turbine à gaz de 2000 mégawatts?
M. Giroux: M. Dozois est au courant des négociations avec
la ville au sujet de l'achat du terrain. Alors, je vais lui demander de
répondre.
M. Dozois: Voici, c'est dans la ville de Brossard, mais c'est
à quelques centaines de pieds du poste Hertel qui est dans la ville de
La Prairie. C'est à la périphérie de la ville de Brossard.
Avant de commencer les négociations avec les propriétaires du
terrain que nous désirions acheter, nous avons eu l'accord de la ville
de Brossard.
M. Morin: Pour 400 mégawatts ou pour 2000?
M. Dozois: Non, c'est un immense terrain où il peut en
avoir...
M. Morin: A volonté.
M. Dozois: Oui, à volonté.
M. Morin: Et la ville de Brossard...
M. Dozois: ... n'a pas eu d'objection à ce qu'on fasse
l'acquisition, pour cette fin, de ce terrain, qui est voisin du poste Hertel
à La Prairie.
M. Morin: Oui.
M. Dozois: Ces deux postes sont à la
périphérie de ces deux villes.
M. Morin: Oui, je comprends, mais c'est une région qui se
développe rapidement sur le plan domiciliaire...
M. Dozois: Pas dans ce coin-là, apparemment.
M. Morin: ... de sorte que l'espace entre La Prairie et Brossard
pourrait bien être comblé d'ici quelques années.
M. Dozois: Pas dans ce coin-là, apparemment, il n'y a pas
de développement domiciliaire.
M. Morin: Pas dans ce coin-là.
M. Bellemare (Johnson): Les autorités de la ville de
Brossard ont accepté le projet, quelle qu'en soit la production?
M. Dozois: Nous leur avons demandé s'il y avait des
oppositions à ce qu'on fasse l'acquisition de ce terrain, aux fins d'y
installer des usines à gaz.
M. Morin: Et elles n'ont jamais pensé à vous
demander combien de mégawatts cela pouvait représenter?
M. Dozois: C'est un terrain, je ne me rappelle pas si c'est 2
millions ou 3 millions de pieds carrés, c'est immense et nous leur avons
dit quel était l'objet de cela. Les négociateurs ont
peut-être dit qu'il y aurait éventuellement 2000 mégawatts,
je ne sais pas. Mais la ville de Brossard nous a donné son consentement;
les autorités nous ont dit: Très bien, nous n'avons pas
d'objection. Le service d'urbanisme, je crois, de cette ville.
M. Morin: J'imagine que, si c'était poussé à
la puissance ultime de 2000 mégawatts, vous seriez en mesure de faire
toutes les études nécessaires sur les conséquences que
cela pourrait avoir sur l'environnement?
M. Cournoyer: D'ailleurs, comme je le disais dans mon discours
d'hier, M. le Président, le nouveau comité
interministériel formé de tous les ministères, qui
implique, bien entendu, le ministère des Affaires municipales et les
Services de protection de l'environnement j'en ai donné la
description hier s'occupe justement de ce genre de problèmes dont,
bien sûr, les centrales à gaz qui sont installées, qui sont
des projets majeurs, par conséquent, dès qu'elles
dépassent, je pense, 375 mégawatts, cela devient un projet
majeur. Les autres études qu'on va faire sur la Jacques-Cartier...
M. Bellemare (Johnson): ... saisi l'occasion d'avoir une douce
revanche!
M. Giroux: C'était simplement une constatation, n'est-ce
pas! On suit les demandes qui nous
sont faites, on ne peut pas changer cela toutes les semaines.
M. Cournoyer: Est-ce en bon père de famille que vous
parlez ou en président de l'Hydro?
M. Giroux: Pardon? Absolument. M. Morin: Vous admettez
que...
M. Cournoyer: Un bon père suit toujours les demandes qui
lui sont faites.
M. Giroux: On suit toujours les demandes qui nous sont faites, si
c'est faisable. Il faut les étudier.
M. Bellemare (Johnson): Oui, c'est cela, et vous décidez
après.
M. Giroux: Mais, parfois, c'est fait par la mère, alors,
ce n'est peut-être pas...
Le Président (M. Séguin): Je constate que nous en
sommes encore aux équipements.
Une Voix: Oui.
M. Morin: M. le Président, tout en constatant que cela
peut faire une très grande différence du point de vue de
l'environnement, même si c'est à la périphérie des
villes, de passer de 400 à 2000 mégawatts, pour l'instant, on va
être forcé de faire confiance au comité
interministériel qui étudie les répercussions possibles
d'un tel projet.
M. Cournoyer: Qui autorise, par la suite, l'Hydro-Québec
à procéder; je pense bien que c'est là le rôle du
gouvernement. Je veux dire collaborer avec l'entreprise d'Etat.
M. Morin: Oui. Le gouvernement, en cas...
M. Cournoyer: Pour pouvoir, comme le disait tantôt le
député, répondre à la demande n'importe quand.
M. Morin: Le gouvernement va-t-il également collaborer
avec la ville de Brassard et sa population pour la protéger contre les
retombées éventuelles?
M. Cournoyer: Ah! Vous savez, je suis toujours prêt
à réétudier le cas de la Jacques-Cartier.
M. Morin: Parce que cela ne serait pas un cadeau si, pour sauver
la Jacques-Cartier, on allait créer un problème de pollution
considérable autour de Brassard.
M. Cournoyer: Enfin, M. le Président, vous l'avez entendu
vous-même.
M. Morin: Ah! Mais je ne me laisserai pas enfermer dans le
dilemme suivant, que ce soit la Jacques-Cartier ou La Citière.
M. Cournoyer: Mais non, c'est le nucléaire, c'est la
Jacques-Cartier, c'est le tonneau.
M. Morin: C'est ce qu'on tente de nous dire, mais il y a
peut-être une autre solution.
M. Cournoyer: Mais non.
M. Morin: En tout cas, j'espère que la collaboration va se
faire aussi bien avec la population...
M. Cournoyer: Vous êtes intéressé à la
collaboration et aux solutions.
M. Morin: ...qu'avec l'Hydro dans le cas de La
Citière.
M. Cournoyer: Comment?
M. Morin: J'espère que la collaboration entre votre
comité interministériel va être aussi efficace avec les
gens de Brassard qu'elle le sera avec l'Hydro.
M. Cournoyer: Notre rôle n'est pas de représenter
effectivement l'Hydro, sauf comme ministre des Richesses naturelles; il y a
d'autres services qui sont membres de ce comité justement pour
représenter d'autres formes d'intérêts. Les services de
protection de l'environnement en sont un, le ministère des Affaires
municipales en est un autre, le ministère de l'Agriculture en est un
autre. Je comprends qu'il n'y a pas de forêts dans le coin.
M. Morin: On peut se poser des questions sur l'efficacité
des services de protection de l'environnement; c'est pour cela que je
soulève la question.
M. Cournoyer: Ecoutez, nous ferons un débat à un
autre endroit. Je vous assure qu'ils sont efficaces.
M. Morin: Peut-être, ce n'est pas ce que j'ai cru
observer.
M. le Président, nous pouvons peut-être passer...
M. Cournoyer: Ils ont un retard d'un an. Ce n'est pas leur faute,
ils arrivent un an après.
M. Morin: Ils arrivent souvent un an après les
problèmes aussi, sinon davantage.
A moins qu'il n'y ait d'autres questions, nous pouvons passer au
programme d'équipements pour 1985-1990.
M. Cournoyer: Pour vos 335 mégawatts prévus comme
centrale de pointe en 1982, le site est-il actuellement
déterminé?
M. Monty: En somme, cela peut être justement Brassard,
l'addition qu'on ferait à Brassard pourrait être là. C'est
là qu'on voit les 335 et les 210 mégawatts. C'est l'addition
qu'on ferait au poste de La Citière pour des turbines à gaz.
Maintenant, pour répondre à votre question
de tantôt, M. Perreault, le reste du réseau non
intégré est de l'ordre de 30 mégawatts en dehors de
l'Abitibi.
M. Perreault: 30 mégawatts.
M. Monty: Alors, si on revient maintenant au programme de
1985...
M. Bellemare (Johnson): Une minute! L'installation de l'usine
d'eau lourde Laprade ferait partie de l'équipement, M. le
Président? Oui. Alors, elle est dans votre rapport annuel. Pardon?
Le Président me donne-t-il le feu vert?
Le Président (M. Séguin): Je vous donne un feu
vert, je demande à l'Hydro si cela fait partie de votre
programmation.
M. Giroux: L'usine de Laprade est une propriété du
gouvernement fédéral.
M. Bellemare (Johnson): Oui, oui, la EACL, c'est ça, mais
vu que cela est retardé de deux ans, je voudrais obtenir certains
renseignements quant à ce retard qui figure dans votre rapport
annuel.
M. Giroux: Les raisons du retard qu'on a eues du gouvernement
fédéral, c'est qu'il réduisait les budgets.
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Giroux: II réduisait les budgets. Nous n'avons pas eu
d'autres explications que cela.
M. Bellemare (Johnson): II réduisait de $50 millions le
prêt.
M. Giroux: Non, le budget. Le fédéral a
baissé son budget de $500 millions sur ces points.
M. Bellemare (Johnson): De $50 millions à l'EACL.
M. Giroux: De $500 millions dans l'ensemble des budgets de l'EACL
et l'EACL a décidé de prendre deux ans de plus et de
réduire le projet de Laprade.
M. Bellemare (Johnson): Cette usine de Laprade, qui aurait une
capacité annuelle de 800 tonnes d'eau lourde, qui comprendrait deux
unités de 400 tonnes chacune, peut-elle affecter Gentilly 2?
M. Giroux: Non.
M. Bellemare (Johnson): Quant à la production du
matériel nécessaire.
M. Giroux: Gentilly 2 sera approvisionné par l'EACL. Cela
peut venir de n'importe quelle source.
M. Bellemare (Johnson): Mais, vu que c'est tellement près
de l'usine de Gentilly 2, cela a-t-il été pensé pour
alimenter particulièrement Gentilly 2?
M. Giroux: Oui, mais l'alimentation peut venir de n'importe
quelle source.
M. Bellemare (Johnson): D'accord. Le projet initial était
que c'était installé, l'usine Laprade était
installée très près pour pouvoir...
M. Giroux: C'était pour se servir de la vapeur de Gentilly
1. Le but principal est de fournir de l'eau lourde aux besoins de l'Energie
atomique du Canada, et non pas aux besoins particuliers de
l'Hydro-Québec.
M. Perreault: Quelle était la capacité en
mégawatts requise pour cette usine d'eau lourde? '
M. Giroux: On me dit 60 mégawatts.
M. Cournoyer: ... avec le gouvernement fédéral?
M. Giroux: Sur?
M. Cournoyer: Sur les 60 mégawatts, va-t-il les
prendre?
M. Giroux: Je crois, oui. S'il ne les prend pas, nous avons
d'autres places.
M. Bellemare (Johnson): Laprade serait en mesure de fournir 800
mégawatts.
M. Giroux: C'est de l'eau lourde. Ce ne sont pas des
mégawatts. Ces gens sont censés construire un plan de 800 tonnes.
Cela peut bien être 400 aussi, parce que ce sont deux unités.
M. Bellemare (Johnson): L'usine fournira 800 tonnes.
M. Giroux: Elle est censée fournir à l'Energie
atomique du Canada 800 tonnes, selon les plans originaux. Maintenant, si elle
le baisse à 400 tonnes durant la construction, nous ne sommes pas au
courant.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce dans les équipements qu'on
peut parler de la région de la Mauricie?
M. Giroux: Certainement.
M. Bellemare (Johnson): C'est l'endroit. On vient de prendre
l'étude de 1976 à 1985.
Le Président (M. Séguin): C'est la première
partie de la programmation.
M. Bellemare (Johnson): Je ne vois rien dans 1976 à 1985
pour la région de la Mauricie.
M. Monty: C'est entre 1985 et 1990 que vous allez pouvoir
retrouver...
M. Bellemare (Johnson): Entre 1985 et 1990.
M. Monty: Dans la deuxième partie du document qui touche
le programme témoin, entre 1985 et 1990.
M. Bellemare (Johnson): II faudra attendre en 1985 pour que la
région de la Mauricie puisse être favorisée de votre
bienveillance. On a raison de dire qu'on demande et que vous
étudiez.
M. Monty: Mais remarquez bien qu'on étudie ces choses
depuis un certain temps.
M. Carpentier: A la suite du rapport que vous avez
présenté en 1975, où vous parlez de la région de la
Mauricie, vous dites que tout près de 30 mégawatts de nouvelles
charges industrielles et commerciales sont apparus dans la région de la
Mauricie au cours de l'année, dont 12,3% répartis entre douze
clients à Victoriaville, Trois-Rivières, Louiseville,
Shawinigan-Sud, Yamachiche et Dave-luyville, de nombreuses additions sont
prévues pour 1976 et 1977, particulièrement à
Trois-Rivières, Victoriaville et La Tuque. La consommation industrielle
d'électricité a fléchi de 9,2% en Mauricie, suivant les
déclarations que vous faisiez ce matin concernant La Grande.
Mais, d'un autre côté, l'industrie du textile et
l'industrie métallurgique ont été touchées, comme
partout ailleurs, par les grèves mais nous prévoyons un
relancement de tout cela. Les grèves sont réglées, les
mêmes demandes sont rétablies dans la Mauricie. Est-ce qu'on va
être obligé d'attendre à 1985, à 1990 pour avoir de
nouveaux équipements dans la région de la Mauricie?
M. Monty: Le programme d'équipement est basé sur
les prévisions de la demande qui ont été discutées
durant la journée d'hier. Le programme que vous avez là
actuellement, entre 1976 et 1985, tient compte des demandes dont vous nous
parlez.
M. Carpentier: Justement, les demandes dont vous parlez, est-ce
que ces demandes...
M. Monty: On va en tenir compte. On a la puissance voulue pour
alimenter...
M. Carpentier: Est-ce que ces demandes seront remplies par
l'électricité qui pourrait être produite sur la
rivière Saint-Maurice ou par l'électricité qui provient de
Manicouagan ou de la baie James, ou de partout ailleurs?
M. Monty: Actuellement, si on pense développer la balance
du Saint-Maurice, ce n'est certainement pas de cet endroit que vous allez
alimenter vos clients. C'est sur le réseau actuel qui peut alimenter
facilement les clients dont vous parlez.
M. Carpentier: Mais, lorsqu'on parle de la rivière
Saint-Maurice, ce sera pour alimenter qui, quoi et comment?
M. Monty: Pour ajouter au réseau de l'Hydro-Québec,
dans son ensemble, pour pouvoir alimenter...
M. Carpentier: Et il n'est pas dans vos prévisions
d'ajouter à cela avant 1985?
M. Monty: Non.
M. Carpentier: Pourquoi?
M. Monty: Question de coûts, question de
rentabilité. Si vous regardez le tableau no 4 là, vous
avancez un petit peu le programme d'équipement de 1976-1985 dans
le document qu'on vous a donné, vous constaterez qu'on travaille
actuellement sur une trentaine de projets qui dépassent
énormément la demande entre 1976 et 1985 et on choisit ceux qui
sont les plus rentables.
Par la suite, évidemment, lorsqu on aura commencé à
éliminer les plus rentables, on pourra arriver à des projets qui
sont peut-être moins rentables à l'heure actuelle mais qui le
seront davantage, comparés à d'autres projets,
éventuellement.
M. Carpentier: N'y aurait-il pas lieu, dans la région de
la Mauricie, d'ajouter peut-être à la rentabilité la
protection civile concernant les dégâts que nous subissons depuis
un certain nombre d'années? N'y aurait-il pas lieu d'ajouter à la
rentabilité cette situation que tous les gens de la région vivent
depuis un certain nombre d'années?
Je pense que c'est une chose très importante. Cela coûte
à l'Etat un montant d'argent assez considérable, chaque
année, pour ces dégâts qui sont causés par les
inondations. N'y aurait-il pas lieu de joindre les deux pour faire une
étude comme je l'ai demandé? Je le répète et je
demande encore à nouveau cette étude afin qu'une position
définitive soit prise dans ce domaine. Je l'ai demandé à
la dernière commission parlementaire et je reformule encore une fois
cette demande aujourd'hui.
M. Monty: A propos de cette question des inondations, on pourrait
donner la parole à M. Villeneuve qui pourrait peut-être vous
répondre à ce sujet. Dans nos études, on a
évalué, évidemment, le potentiel qu'il nous reste sur la
Saint-Maurice et on a étudié les coûts aussi. Mais
malheureusement, pour l'instant, il y a d'autres projets plus
intéressants que celui-là, qui vont coûter moins cher
à l'Hydro-Québec.
M. Carpentier: Vous parliez également de l'environnement,
tantôt. Si vous voulez parler de la protection de l'environnement, je
pense que c'est un atout assez considérable, par les dégâts
qu'on a subis en Mauricie au cours des dernières années. Je pense
que, si on parle de protection de l'environnement, c'est un point très
important, à mon sens.
M. Monty: La question de l'environnement, évidemment, est
toujours considérée à sa juste valeur, remarquez bien,
dans tout projet. On a une direction de l'environnement qui étudie...
Tantôt, on parlait du poste de Brossard, le poste de La Citière.
Nous avons une étude complète sur le projet dans son ensemble,
l'impact sur la population, l'impact sur le village ou sur la ville aux
alentours,
qui va être soumis au gouvernement pour être
étudié avec le service de la protection de l'environnement. On ne
marche pas à l'aveuglette avec un projet comme celui-là.
M. Carpentier: Justement, concernant le programme de protection
de l'environnement, vous êtes au courant sans doute des
dégâts qui ont été causés sur les berges de
la rivière Saint-Maurice au cours de la dernière inondation, au
printemps de 1976. Est-ce que l'Hydro-Québec entend faire quelque chose
pour réparer ces dégâts qui, à mon sens, donnent un
très mauvais coup d'oeil. Lorsque vous voyagez le long de la route de La
Tuque, vous voyez des arbres, encore, qui traînent le long du
Saint-Maurice, qui ont été renversés et qui sont, disons,
sur la lisière de territoire entre la route et la rivière. Il n'y
a absolument rien de fait là-dedans. Qui est responsable, qui doit faire
le ménage dans cela, qui doit réparer ces dégâts? Si
on parle d'environnement, qui est responsable de cela?
M. Monty: Evidemment, pour l'exploitation et l'entretien d'un
réseau, nous avons une direction générale qui a cette
responsabilité. M. Villeneuve est ici aujourd'hui. On pourrait
peut-être lui demander de répondre à votre question, si
vous le voulez bien.
M. Bellemare (Johnson): II pourrait peut-être
répondre aux miennes aussi...
M. Monty: Oui.
M. Bellemare (Johnson): ...en même temps, si le
député me le permet. On avait annoncé, il y a quelques
années, des travaux fort importants sur la rivière Saint-Maurice
et, à un moment donné, cela a été...
M. Carpentier: M. le Président, on brûle les
étapes. J'avais justement ce genre de questions que je voulais poser
également.
M. Bellemare (Johnson): Alors, on va se compléter, si vous
le voulez.
M. Carpentier: On va se compléter.
M. Bellemare (Johnson): D'accord. On a le même
intérêt tous les deux, particulièrement moi qui suis un
résident proche du Saint-Maurice. J'en subis énormément de
dégâts, mais...
M. Carpentier: Vous êtes sur une hauteur, il n'y a pas de
danger pour les inondations.
M. Bellemare (Johnson): Je ne suis pas votre électeur,
mais je suis votre résident. En 1971-72, il y avait eu des travaux
préliminaires de prévus sur certains barrages à être
remis en condition sur le Saint-Maurice. Il avait été
annoncé dans le temps que l'Hydro prenait en main une décision
qui serait finale d'ici quelques mois. Cette décision, je la vois, dans
votre tableau no 4, reportée après avoir complété
les plans préliminaires. Dans votre tableau no 4, ces travaux
préliminaires sont complé- tés et vous prévoyez
l'exécution de certains travaux en 1982.
Je me demande s'il y a eu un changement de décision, par qui et
pourquoi. Est-ce qu'à ce moment-là on avait prévu le
développement du grand réseau électrique de la province
par l'addition...
M. Bérard: Je pense que le député de Johnson
se réfère à deux grands projets. On était
censé augmenter la puissance de deux centrales, une à
Grand-Mère...
M. Bellemare (Johnson): C'est cela.
M. Bérard: ... et l'autre à Shawinigan de
façon à répondre à un besoin d'énergie de
pointe vers les années quatre-vingts. Dans les derniers rapports de
l'Hydro-Québec que j'avais consultés, on avait mentionné
que ces projets allaient se réaliser incessamment. On nous dit
maintenant que ces projets sont retardés et on voudrait savoir
très exactement la situation ou vous demander de faire le point sur le
projet qu'on a appelé l'aménagement du Bas Saint-Maurice, un
projet d'envergure, je pense.
M. Monty: Je dois revenir un peu à la même
réponse que j'ai donnée plutôt. Lorsqu'on étudie un
projet, il y a une étude d'avant-projet préliminaire qui nous
permet d'évaluer, à l'aide de cartes et à l'aide de
données sur le terrain, le potentiel qu'on peut développer. On a
aussi l'avant-projet définitif qui nous permet de compléter un
peu les travaux de conception de ce projet; là, on évalue les
coûts. Ce travail est terminé. On a ce qu'il en coûterait
à Hydro-Québec pour pouvoir produire l'énergie dont on
parlait sur le Haut Saint-Maurice, mais on réalise que, malheureusement,
d'autres projets doivent passer avant parce qu'ils coûtent moins cher et
qu'ils produisent plus que ceux qu'on avait prévus. C'est
peut-être partie remise pour le moment. Comme je l'ai dit tantôt,
alors qu'ils sont plus coûteux actuellement, ils seront peut-être
moins coûteux dans sept ou huit ans, dans dix ans vis-à-vis
d'autres projets.
M. Carpentier: Quelle est la capacité du réservoir
Gouin en potentiel d'eau?
M. Monty: Je ne peux pas vous répondre
immédiatement. On peut peut-être chercher dans nos dossiers.
M. Villeneuve: Voulez-vous la capacité en eau
disons que notre unité, ce sont des milliards de pieds cubes d'eau
ou encore en kWh? L'eau étant dans un réservoir peut
produire, dans les centrales en aval, une certaine quantité de kWh.
Aujourd'hui, on utilise davantage le kWh pour parler de la capacité de
nos réservoirs. Je ne l'ai pas ici. On l'a peut-être. Si on ne l'a
pas là, on pourra vous la donner dans le cours de la journée. On
peut vous donner les deux, en milliards de pieds cubes d'eau ainsi qu'en kWh
que cette eau peut produire dans les centrales situées en aval.
M. Carpentier: C'est précisément cela. Il y avait
des projets. Vous avez également le projet du Rapide des Coeurs qui n'a
jamais été réalisé. Vous aviez des projets qui,
depuis fort longtemps, avaient été discutés par la
Shawinigan Water & Power, qui avait commencé un programme de
développement. Je vous assure que le programme de développement
sur la rivière Saint-Maurice, depuis que la Shawinigan Water & Power
est partie de là, a été considérablement
réduit.
M. Bellemare (Johnson): L'économie de toute la
région en souffre énormément.
M. Carpentier: L'économie souffre sérieusement de
cela.
M. Villeneuve: Si je peux me permettre un commentaire
là-dessus, je pense que la Shawinigan Water & Power avait certains
droits qui lui avaient été concédés sur la
rivière Saint-Maurice. Dès le moment où
l'Hydro-Québec a pris possession de la Shawinigan Water & Power,
elle a inclus ces possibilités au milieu ou avec d'autres
possibilités et c'est ce que M. Monty a expliqué il y a un
instant. Il y en a d'autres qui s'avèrent plus rentables à
l'heure actuelle et on doit, en toute logique, en bon père de famille,
comme on l'a dit plus tôt, faire d'abord les projets plus rentables.
M. Carpentier: L'explication que plusieurs aimeraient avoir, moi
notamment c'est que, chaque année, on laisse s'écouler des
quantités d'eau considérables pendant des mois à la
période du printemps alors que cette eau, pourrait certainement
être emmagasinée, dans d'autres barrages sur la rivière
Saint-Maurice et être transformée en électricité,
tandis que, maintenant, on ouvre les barrages et on la laisse aller dans le
fleuve tout simplement.
Ces programmes et ces quantités étaient connus par la
Shawinigan et cette compagnie devait développer, au fur et à
mesure des années, des barrages dont on a fait mention tantôt; il
y en a encore quatre ou cinq à construire sur la rivière
Saint-Maurice. Depuis un certain temps, on n'entend plus parler de rien et on
nous reporte à 1982; je le répète encore une fois, pour la
nième fois, l'économie de la région de la Mauricie est en
danger par rapport à cela. Alors, j'aimerais bien savoir s'il y a des
possibilités...
M. Giroux: M. le Président, je pense qu'il y a un point
qu'on devrait clarifier. Dans l'administration du bon père de famille,
les régions ne sont pas séparées. On doit administrer
parce que tout vise à l'économie tous ces
programmes le plus économiquement possible. Les promesses ont
peut-être été faites ici si on a fait des promesses,
j'étais ici qu'on s'engageait à faire des études
dispendieuses sur la Mauricie. Les résultats pratiques qui nous ont
été donnés vous ont été expliqués et,
en comparaison avec d'autres projets, la rentabilité n'est pas
prouvée.
Si le gouvernement, pour une raison ou pour une autre, décidait,
pour aider cette région en particulier, nous demandait de faire cela,
nous ferions une étude spéciale pour dire exactement ce que cela
coûte. A ce moment-là, le ministère jugera si c'est une
région qui doit être aidée par l'entremise de travaux ou
d'autres. Mais le point...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, un projet de
1978, près de la rivière Saint-Maurice, à Mékinac,
ce qu'on appelle le développement Vincent, pour 1000 mégawatts.
C'est en 1978 et c'est censé être définitif. Est-ce qu'on
prévoit qu'au moins celui-là, sans attendre 1982 ou 1985, aura
une exécution valable? Parce que, dans votre programmation, dans votre
tableau 5, vous l'avez bien noté: Le projet de Vincent, de 1000
mégawatts, sera réalisé avant 1982.
M. Giroux: Tout dépend de la position économique du
projet.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais celui-là en particulier,
parce qu'il affecte plus particulièrement les députés de
la région. Si celui-là...
M. Giroux: Oui, mais les études ne sont peut-être
pas tellement favorables. Vous laissez entendre que vous aimeriez que des
développements soient faits dans une région; je n'ai pas
d'objection. Seulement, il faudra que le gouvernement...
M. Bellemare (Johnson): C'est une région qui a toujours
été développée par la Shawinigan Water and Power
et, l'Hydro arrivant, c'est tombé; pourquoi?
M. Giroux: Parce que la Shawinigan je ne voudrais pas
retarder le débat, mais c'est très simple oeuvrait dans un
terrain donné, tandis que Hydro peut oeuvrer dans l'ensemble de la
province. Donc, son choix doit se porter sur les projets les plus rentables. Je
n'ai aucune objection...
M. Carpentier: C'est moins rentable par rapport à quelle
région?
M. Giroux: Ce n'est pas par rapport à la région,
c'est par rapport au coût de l'électricité produite.
M. Carpentier: En rapport avec quelle autre région?
M. Giroux: Que ce soit n'importe quelle région. Si des
études vous prouvent que c'est plus rentable de faire telle chose
à tel endroit, vous devez aller dans cette région. On doit
recommander au gouvernement d'aller là. Mais, si le gouvernement
décide que la région...
M. Carpentier: Comme c'est là, ces études sont
basées sur quoi?
M. Monty: ... la production d'énergie et les coûts
de construction.
M. Giroux: Les coûts de construction et la production
d'énergie.
M. Carpentier: Qu'est-ce qui coûte plus cher à faire
dans la région de la Mauricie, sur la rivière
Saint-Maurice, que sur n'importe quelle autre rivière?
M. Giroux: Les explications peuvent vous être
données très facilement, au point de vue technique.
M. Bellemare (Johnson): J'en conclus que c'est au gouvernement
à prendre la décision.
M. Giroux: Certainement.
M. Bellemare (Johnson): C'est cela et, si le gouvernement
décide...
M. Cournoyer: Qu'est-ce que j'ai entendu?
M. Giroux: C'est le gouvernement qui doit prendre la
décision.
M. Bellemare (Johnson): ... le débat.
M. Cournoyer: Je veux seulement savoir ce qu'était la
réponse.
M. Giroux: C'est entendu. M. Cournoyer: C'est entendu.
M. Giroux: Le gouvernement doit se prononcer sur les programmes
d'équipement...
M. Cournoyer: Ceux qui nous sont proposés.
M. Giroux: Oui, il est proposé.
M. Cournoyer: II est dedans.
Une Voix: II n'est pas dedans immédiatement!
M. Giroux: II n'est pas dedans immédiatement!
M. Carpentier: ... au point de vue des subsides pour
l'économie de la région?
M. Bellemare (Johnson): Vous avez des influences sur les
députés de...
M. Carpentier: Cela veut presque dire que vous vous lancez la
balle des deux côtés, à savoir qui va la ramasser.
M. Giroux: Absolument pas. Je pense que le ministre peut
répondre là-dessus.
M. Bellemare (Johnson): ... au cabinet, voyons! Voyons!
M. Carpentier: Qu'avez-vous fait lorsque vous étiez
là?
Une Voix: Le feu vert.
M. Bellemare (Johnson): J'en avais, j'avais au moins mes
antennes.
Le Président (M. Séguin): D'autres questions? Le
Saint-Maurice, est-ce terminé?
M. Bellemare (Johnson): Le Saint-Maurice, ce n'est pas
terminé, non, c'est à reprendre.
Le Président (M. Séguin): Est-ce pour un autre
jour? Continuez donc si vous voulez, la deuxième partie de votre
programmation, M. Monty.
M. Carpentier: Je n'ai pas eu de réponse tantôt?
M. Monty: Je vais quand même vous répondre.
L'étude a démontré ce qu'on pourrait développer sur
le Saint-Maurice. Ce serait de la pointe et cela nous coûterait à
peu près cinq fois ce que les turbines nous auraient coûté
en 1974. Alors, en 1976, vous pouvez imaginer la différence qui pourrait
exister.
M. Bérard: Mais, de toute façon, l'Hydro est
capable de répondre à la demande de la Mauricie actuellement de
façon à ne pas entraver son développement
économique.
M. Monty: Exactement, il n'y a pas de problème à
cela.
M. Bérard: C'est très important.
M. Bellemare (Johnson): Même le développement de
tout le secteur de Bécancour.
M. Monty: S'il vous plaît!
M. Bellemare (Johnson): ...qui ne viendra peut-être pas du
rendement des usines hydroélectriques du Saint-Maurice, mais qui viendra
peut-être de la Beauharnois.
M. Giroux: Vous avez à votre disposition la production
totale de l'Hydro-Québec au point de vue de l'énergie, elle est
au service des endroits où l'industrie se développe. Alors...
M. Bellemare (Johnson): J'ai une question à vous poser. A
Bécancour, prend-on plus de la Beauharnois que du Saint-Maurice?
M. Villeneuve: Le réseau 735KV passe dans la région
dont vous parlez et il y a le poste qu'on appelle Nicolet et qui est à
un certain nombre de milles du Saint-Laurent et qui alimente tout le
réseau de la rive sud à cet endroit. Il n'y a pas de
problème pour nous à alimenter des charges dans la région
de Bécancour, parce que cela vient aussi bien de Churchill, de
Manic-Outardes que de Beauharnois. Le réseau est tout
intégré ensemble. Le réseau principal est donc en mesure
d'alimenter les charges qui peuvent se présenter dans la région
en question sans difficultés majeures; il suffit de faire les
aménagements locaux nécessaires, s'il y a lieu, en lignes de
répartition, comme on les appelle, pour alimenter des charges.
M. Carpentier: Concernant la construction de nouvelles lignes
pour alimenter certains commer-
ces ou certaines industries, l'Hydro répond-elle normalement et
d'une façon assez rapide?
M. Monty: Cela dépend du niveau de tension dont vous
parlez. Parlez-vous d'un client à 500 volts, à 110 volts ou si
vous parlez d'un client qui nécessite la concession d'une ligne à
120KV ou à 300KV? Tout dépend de la demande. Il n'y a jamais eu
jusqu'à présent de problème à alimenter les clients
importants et même les clients moins importants avec le réseau de
transport.
M. Carpentier: Mais supposons qu'un client demande la
construction d'une ligne d'environ un mille et demi pour une demande de 500
volts, est-ce que vous réalisez...
M. Monty: La région étudie la demande,
évidemment, en fonction de son réseau; je suis sûr que,
pour une distance d'un mille et demi, la demande peut être
respectée assez facilement pour autant qu'on a les accessoires et les
matériaux pour la construire.
M. Bellemare (Johnson): Cela fait longtemps que vous n'avez pas
visité la Mauricie? Je ne parle pas de votre grand-père, je l'ai
connu, celui-là.
M. Monty: Vous parlez de mon père?
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais votre grand-père, qui
était dans le cabinet.
M. Monty: C'est mon père.
M. Bellemare (Johnson): Ah! C'était votre père qui
était là?
M. Monty: Oui.
Le Président (M. Séguin): Si vous voulez, on ne
remontera pas au déluge.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais ma question était bien
simple, avez-vous visité la Mauricie dernièrement?
M. Giroux: Pour aller à la pêche, oui.
M. Bellemare (Johnson): Je suis au courant de l'eau. On va vous
inviter.
M. Giroux: Ah!
M. Carpentier: II y a une autre question que j'avais posée
tantôt concernant l'environnement. L'Hydro-Québec
prévoit-elle certains travaux de nettoyage ou d'amélioration
suite aux inondations que nous avons eues le long de la rivière
Saint-Maurice?
M. Villeneuve: II y a un point très important
là-dessus que je pense qu'il faut bien amener. Il arrive
périodiquement des inondations sur les rivières. Lorsque l'Hydro
a des barrages et des cen- trales sur les rivières, on a tendance
à la tenir responsable des inondations. On peut dire que, dans tous les
cas, les inondations qui se produisent auraient été pires s'il
n'y avait pas eu de barrages, de réservoirs et de centrales sur les
rivières en question. Nous ne voyons pas, nous, comment on peut tenir
l'Hydro-Québec responsable des inondations. En fait, elle les rend
toujours moins graves que si elle n'avait pas été là.
Mais, lorsqu'il nous arrive de l'eau dans une rivière qui
dépasse la capacité de production d'une centrale, il faut que
l'eau passe à côté de la centrale. Lorsqu'un bassin, en
amont d'une centrale, ou en amont du plus haut barrage qui forme le
réservoir de la rivière, est rempli, le surplus d'eau doit
s'écouler dans la rivière. Dans le cas de la Gatineau et du
Saint-Maurice, s'il n'y avait pas un réservoir de tète, comme on
l'appelle, pour accumuler la crue du printemps, toute cette crue viendrait
inonder la rivière d'un seul coup et vous auriez des inondations
beaucoup plus considérables. A cause de cela, les inondations sont
amoindries par la présence de nos barrages, mais cela ne nous rend pas
responsables des inondations.
M. Carpentier: Y aurait-il possibilité de faire une
certaine publicité de votre part pour informer la population de ces
faits?
M. Villeneuve: Nous l'avons fait. Cela a déjà
été fait. Nous avons déjà eu des conférences
de presse, en 1974, en particulier. Je ne sais pas s'il y en a eu cette
année, j'étais absent au moment des inondations du début
de mars, mais nous l'avons expliqué maintes et maintes fois au public.
C'est comme à Carillon. Parce que nous avons une centrale sur
l'Outaouais, les gens croient que nous créons des inondations. Il n'y a
aucune capacité d'emmagasinement à Carillon. L'eau qui nous
arrive de l'Outaouais, en amont, doit se retrouver en aval. Même si on
essayait, en prévision d'une crue, de vider toute l'eau qu'il y a en
amont de Carillon, au moment des débits que nous avons au printemps,
cela prendrait quelque chose comme cinq, six ou huit heures à remplir
tout le bief d'amont de Carillon. Après quoi, vous auriez la même
eau qui coule en aval.
A ce moment, le barrage n'a aucun effet sur l'inondation, si ce n'est
dans des cas je parle de Carillon de l'étaler sur une
période un peu plus longue, ou, dans le cas où on a un
réservoir de tête, de diminuer considérablement
l'inondation.
M. Carpentier: Tenant compte des dégâts qui ont
été faits le long de la rivière Saint-Maurice,
l'Hydro-Québec n'a pas l'intention de faire quelque chose dans ce
cas?
M. Villeneuve: Je ne pense pas que ce soit notre travail, notre
fonction, ou notre rôle, à l'Hydro-Québec de corriger les
méfaits d'une inondation sur laquelle nous n'avons aucun pouvoir, aucun
contrôle.
M. Bellemare (Johnson): Le sous-ministre des Transports pourra
certainement vous donner une bonne note sur cela, parce que l'embellissement de
la route reviendrait au sous-ministre.
M. Carpentier: Ce n'est pas seulement une question
d'embellissement. C'est une question de dégâts qui ont
été causés au cours des inondations.
M. Bellemare (Johnson): Le nettoyage de la route. Le
sous-ministre est très intéressé à ces
demandes.
M. Carpentier: Vous croyez? En avez-vous discuté avec lui
hier?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare (Johnson): II a de la préscience.
Le Président (M. Séguin): L'occasion se
présente. Nous suspendons donc les travaux de la commission
immédiatement jusqu'à deux heures trente. Ce n'est pas trois
heures, c'est 2 h 30 cet après-midi, ici.
Pour votre information, messieurs, juste un instant, nous reprendrons
à 2 h 30, pour ajourner à 5 h 30.
M. Bellemare (Johnson): Y aura-t-il une séance demain?
Le Président (M. Séguin): Non, l'ajournement est
sine die, et non pas à demain.
(Suspension de la séance à 12 h 24)
Reprise de la séance à 14 h 40
M. Séguin (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
M. Monty.
M. Monty: Si vous le voulez bien, nous allons passer à la
deuxième partie du programme d'équipement de
l'Hydro-Québec de 1985 à 1990, qui est un programme
témoin.
Comme il est dit dans le texte, actuellement, l'Hydro-Québec ne
pourra pas suffire d'ici l'an 2000 avec ses ressources hydrauliques. Sur les 25
000 mégawatts que l'on considère comme potentiel hydraulique, on
suppose qu'actuellement, il y en a 15 000 qui sont vraiment rentables. Il faut
absolument que nous injections avec le programme de l'hydraulique l'usine de
base nucléaire ainsi que des centrales de pointe.
Pour permettre aux auditeurs de mieux comprendre le programme de 1985
à 1990, je pense que nous devrions aller au tableau no 3, qui donne la
composition du programme de 1985 à 1990. On retrouve des usines de
pointe pour au-delà de 6000 mégawatts. Celles-ci peuvent
être soit des turbines à gaz ou des centrales de réserve
pompée. En plus, entre 1987 et 1990, nous avons de l'hydraulique de base
pour environ 6200 mégawatts. En ce qui concerne ces centrales de base,
on retrouve le programme au tableau suivant qu'on repassera ensemble
tantôt, si vous le voulez bien.
La troisième partie touche la partie nucléaire. On
prévoit mettre en service un groupe par année, à partir de
1987 jusqu'à 1990 inclusivement. La totalité de ces trois
programmes de production est d'environ 15 300 mégawatts, ce qui
respecte, en somme, la demande qu'on prévoit pour l'année
1990.
Dans le tableau no 4, vous pouvez voir qu'il y a une série de
projets que nous étudions actuellement et qui totalisent environ 22 000
à 23 000 mégawatts. Nous allons faire un choix
éventuellement, dans peut-être un an, parmi les projets les plus
rentables et qui répondent quand même à la demande
d'énergie. Par contre, nous devons aussi ajouter des centrales de
pointe, pour faire face, en 1986 et 1987, au manque d'hydraulique de base,
à la suite de la fin du programme de la baie James. C'est ce que nous
retrouvons dans le tableau no 5; ce sont les sites de centrales de
réserve pompée qui sont actuellement à l'étude.
Remarquez bien que vous en avez peut-être une douzaine ici. Nous avons
peut-être une soixantaine de projets ou de sites qui ne sont pas
utilisés mais qui sont identifiés comme des sites possibles.
Parmi ceux qu'on a étudiés chaque année, on retrouve les
principaux au tableau no 5. Vous remarquerez que vous avez un potentiel de tout
près de 15 000 mégawatts et avec des mises en service à
partir de 1983 jusqu'à 1990. Le projet de Manic 5, ce n'est pas une
centrale de réserve pompée, c'est du suréquipement qu'on
ajoute à Manic 5. Par contre, les autres projets à partir de
l'année jusqu'au bas de la liste sont des centrales de réserve
pompée.
La mise en service de groupes nucléaires requiert de dix à
douze ans entre l'étude des sites et la mise en service des groupes.
Nous étudions actuellement des régions et des sites, en
particulier dans les régions, pour installer éventuellement des
centrales nucléaires. On retrouve à la fin de l'annexe A les
principaux centres qui sont actuellement à l'étude pour
l'installation de centrales nucléaires. On parle de mettre en service
entre 1985 et 1990 la quantité exacte est de 3000
mégawatts un groupe par année. Mais après 1990, on
devra poursuivre avec le programme nucléaire et probablement mettre deux
groupes par année. La capacité pourra varier entre 750 et 1000 et
peut-être même 1200 mégawatts. Entre 1995 et l'an 2000, on
devra peut-être mettre en service un peu plus de deux groupes par
année pour faire face à la demande vu que le potentiel
hydroélectrique va toujours en diminuant. Evidemment, nous
bénéficions de l'expérience des autres en
nucléaire. C'est la raison pour laquelle nous pensons actuellement
installer des centrales avec des unités de 750 mégawatts qui sont
en service actuellement dans d'autres utilités publiques et qui ont
été rodées dans ce sens.
Lorsque nous arriverons en 1990, il y aura d'autres groupes de
capacité supérieure qui auront été mis en service
et dont nous pourrons bénéficier de la conception et de
l'ingénierie.
C'est en résumé le programme de 1985 à 1990, qui
totalise 15 300 mégawatts répartis en usines de pointe, en
hydraulique de base et en nucléaire canadien.
M. Bellemare (Johnson): Le ministre des Richesses naturelles,
dans le Soleil du 19 mai... Oui, d'accord.
Le Président (M. Séguin): Continuez, vous avez
posé une question.
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Morin: Posez votre question, je reviendrai après.
M. Bellemare (Johnson): C'est pour faire suite à cet
exposé. Le ministre des Richesses naturelles, M. Jean Cournoyer, a
déclaré qu'il était possible que l'Hydro-Québec se
propose d'aménager les rivières Nottaway, Broadback, Rupert et de
la Baleine dans un délai qui ne serait pas trop long. Est-ce qu'il est
question présentement du développement de ces diverses
rivières?
M. Monty: Si vous regardez au tableau no 4... M. Bellemare
(Johnson): Oui.
M. Monty: ... vous allez voir que vous avez les rivières
suivantes:
M. Bellemare (Johnson): N, c'est quoi?
M. Monty: NBR, ce sont les trois rivières au sud de La
Grande. Nottaway, Broadback, Rupert.
Ce sont les trois rivières qui sont au sud de la rivière
La Grande.
Un peu plus loin, vous allez voir la Romaine, la Magpie, la Moisie. Ce
sont des rivières sur la Haute-Côte-Nord dont les études
préliminaires ont déjà débuté et qu'on
pourrait probablement faire approuver en 1980 et mettre en service en 1987.
C'est dans cette liste de projets qu'on voit sur le tableau no 4 que nous avons
à faire un choix d'ici un an pour les centrales hydrauliques de base que
nous avons à mettre en service de 1987 à 1990.
Vous avez quand même un éventail et on pourra y choisir les
plus rentables.
M. Bellemare (Johnson): Dans ce même article du 19 mai,
Pierre Champagne disait: "Dans son édition de lundi, le quotidien
montréalais The Gazette publiait que l'Opposition féroce du
public à la construction de 11 centrales nucléaires le long du
Saint-Laurent forcerait maintenant la construction d'au moins huit grands
barrages sur quatre rivières se déversant dans les baie James ou
d'Hudson d'ici un certain nombre d'années."
Evidemment, lorsqu'on a commencé à faire l'étude
des sites pour le nucléaire, les gens ont tenu pour acquis qu'aux
endroits où on étudiait le site on installerait des centrales
nucléaires. Ce n'est pas ça qu'on dit. On dit qu'on étudie
les sites en prévision d'une installation éventuelle. Cela ne
veut pas dire que, parmi les sites que vous avez là sur la liste, on va
installer éventuellement des centrales nucléaires. Il peut y en
avoir deux ou trois parmi les six, peut-être même deux autres dans
d'autres endroits qui ne sont pas donnés ici.
M. Morin: Est-ce que, par hasard, vous vous êtes
penché sur la possibilité d'installer les centrales
nucléaires dans les régions où la population est moins
dense?
M. Monty: On y pense.
M. Morin: Est-ce que, par exemple, ce ne serait pas... je
pensais, pour ne rien vous cacher...
M. Cournoyer: A la baie James.
M. Morin: ... ce ne serait peut-être pas si bête
d'aller les installer...
M. Cournoyer: Tiens, un heureux mariage entre deux
théories, l'hydraulique et le nucléaire à la baie
James.
M. Morin: ... soit à la baie James, soit dans un bassin
hydrographique qui ne soit pas celui du Saint-Laurent. Je me demande même
si vous ne devriez pas explorer les sites plutôt dans ces
régions.
M. Monty: On le fait actuellement.
M. Morin: Cela vous éviterait peut-être de faire
face...
M. Monty: On a commencé à penser à cette
solution, M. Morin.
M. Morin: ... à des difficultés du
côté de la population, parce qu'aux Etats-Unis, vous le savez, ces
difficultés vont croissant au point que le développement
nucléaire en est même compromis dans certaines régions,
parce que les gens entretiennent des craintes, fondées ou non, sur les
dangers que peuvent représenter les centrales. Vous me dites donc que
vous...
M. Monty: Nous sommes d'accord avec vous, nous avons
commencé à faire une étude de sites où on pourrait
installer non seulement des centrales nucléaires, mais aussi des usines
d'eau lourde. Evidemment, il faut s'éloigner de la population, il faut
trouver un endroit qui serait propice afin d'installer un contexte assez
intéressant.
M. Morin: Dans la liste que vous nous donnez, il y en a six.
M. Monty: Non, vous ne les voyez pas là-dedans.
M. Morin: Elles sont toutes dans la vallée du
Saint-Laurent.
M. Monty: Non, ce n'est pas dans cette liste. Tantôt, j'ai
justement dit que ce n'est pas nécessairement un choix définitif.
On étudie les sites que vous avez ici, mais ce ne sont pas
nécessairement ceux-là.
M. Morin: Qu'est-ce qu'il vous faut comme débit d'eau pour
le refroidissement? Parce que, si je comprends bien, l'un des problèmes
soulevés par l'emplacement de ces centrales, c'est que vous devez avoir
des possibilités de refroidissement. Qu'est-ce qu'il vous faut pour une
centrale nucléaire disons de 750 mégawatts?
M. Perreault: La pollution thermique.
M. Morin: Je me doute bien qu'il faut une certaine
quantité d'eau pour refroidir.
M. Perreault: La pollution thermique.
M. Morin: Cela entraîne une certaine pollution thermique,
comme le dit le député. C'est pour cela que je veux savoir quelle
est la quantité d'eau que cela prend. A ce moment-là, cela
écarte peut-être certains sites, mais cela n'en écarte
peut-être pas d'autres dans les rivières qui se déversent
dans la baie James ou dans l'Ungava.
M. Monty: On m'informe que, pour installer 2000 mégawatts
ou 3000 mégawatts, cela prend un débit de 3000 CFS, 3000 pieds
cubes-seconde.
M. Morin: Et pour 750 mégawatts?
M. Monty: Diminuez.
M. Morin: Là, vous me le donnez pour 2000.
M. Monty: Je vous le donne pour 3000 maintenant. Pour 750, c'est
la même proportion en somme. C'est le quart de 750 pieds
cubes-seconde.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que vous avez un choix particulier
dans les six sites? Je vois particulièrement Sainte-Croix, comté
de Lotbinière.
M. Monty: On n'a aucun choix de fait, aucune décision de
prise. On n'a aucun choix.
M. Bellemare (Johnson): C'est le comté de M. Biron, c'est
sûr. Cela me réjouit que M. Biron ait pu obtenir de
l'Hydro-Québec le choix de Sainte-Croix. Cela me réjouit. M.
Biron prouve...
M. Carpentier: On peut le demander personnellement au
député de Lotbinière, M. Georges Massicotte.
M. Bellemare (Johnson): Non, il n'a pas eu connaissance de cela
du tout.
M. Morin: Donc, il faut autant...
M. Monty: Pour répondre à votre question, M.
Bellemare, nous n'avons pas fait de choix définitif. D'ici le
début de 1977, nous allons nous arrêter sur un ou deux sites en
particulier.
M. Morin: Combien de sites avez-vous explorés en dehors du
bassin hydrographique du Saint-Laurent proprement dit?
M. Monty: Probablement deux ou trois sites. M. Bellemare
(Johnson): Sur l'Outaouais?
M. Morin: L'Outaouais fait partie du bassin hydrographique du
Saint-Laurent?
M. Cournoyer: M. Monty, ce n'est pas 200 à 300 c'est deux
ou trois.
M. Monty: Deux ou trois sites.
M. Morin: Sites, oui. Est-ce que ces sites...
M. Cournoyer: C'est deux ou trois, je veux qu'on m'explique cela.
Deux ou trois quoi?
M. Monty: Cela peut être deux, cela peut être
trois.
M. Cournoyer: Qu'est-ce que cela veut dire, M. Monty, est-ce que
c'est un secret?
M. Monty: Nous ne sommes pas assez avancés actuellement
pour répondre d'une façon positive. Alors, on dit deux ou
trois.
M. Cournoyer: Donc, vous étudiez trois sites, mais vous en
avez fini deux et vous, ne savez pas lequel des deux est fini; donc,
finalement, vous avez...
M. Monty: C'est cela.
M. Cournoyer: Cela fait drôle quand même d'entendre:
Deux ou trois. 200 à 300, on sait que c'est à peu près
250.
M. Bellemare (Johnson): Chapeau.
M. Monty: Cela représente tout de même assez
d'études.
M. Bellemare (Johnson): Chapeau, chapeau! Merci.
M. Morin: M. Monty, ces sites que vous avez explorés
jusqu'ici sont-ils prometteurs? Est-ce que vous croyez que ce sont des sites
qui pourront éventuellement être choisis?
M. Monty: On espère qu'ils seront prometteurs.
M. Morin: Vous n'êtes pas plus avancées que cela
dans les recherches.
M. Monty: Non.
M. Morin: Est-ce que vous êtes aussi avancés sur ces
sites situés en dehors du bassin hydrographique que vous l'êtes
dans le cas de Beauharnois, de Grondines, de Sainte-Croix, de Montmagny,
etc?
M. Monty: Nous sommes plus avancés dans
ceux-là.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que vous pourriez nous dire sur
quelle rivière?
M. Cournoyer: ...
M. Bellemare (Johnson): Cela a l'air d'un secret. Un secret
d'Etat. Le Saint-Maurice? Encore un faux espoir qui va tomber.
M. Monty: II y a plusieurs réservoirs intéressants
que l'on considère.
M. Bellemare (Johnson): Dans la province de Québec?
M. Monty: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Cherchez-les.
M. Morin: Bien!
M. Cournoyer: M. le Président, j'aurais une question
à poser.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, est-ce qu'il y a
une raison majeure? Est-ce que quelqu'un ne pourrait pas nous le dire, s'il
n'est pas lié par un secret d'Etat.
M. Cournoyer: C'est parce qu'ils ne l'ont pas encore dit à
leur ministre.
M. Giroux: II y a un tas de secrets chez nous, mais il n'y a pas
de secret d'Etat.
M. Morin: C'est ce qu'on pourrait appeler un secret d'Etat dans
l'Etat.
M. Giroux: Non. Je pense que c'est simplement une question...
N'ayant pas fait de choix, n'ayant fait absolument rien sauf de savoir si le
sol... Donc il y a un inventaire total des possibilités de sites
nucléaires qui doit être fait dans la province de Québec.
Donc, pour disposer de tous les sites requis, il va falloir examiner tous les
sites possibles éventuellement. Aussi longtemps que ce n'est pas fait,
on ne peut pas donner le site idéal.
Il y a un exemple assez frappant dans ces analyses. Il faut que les
spécialistes trouvent s'il y a des failles dans le terrain. Même
s'il y avait un bon roc, s'il est plein de failles, ce n'est pas un site
propice pour une centrale nucléaire.
Actuellement, on fait une étude des possibilités...
M. Bellemare (Johnson): ... M. Morin: M. le
Président...
M. Monty: On a dit tout à l'heure qu'on en mettrait un
groupe en service, en 1987, 1988, 1989 et 1990. L'usine d'eau lourde, à
Gentilly, peut répondre aux besoins de ces quatre centrales, de ces
quatre groupes.
Il faudra mettre d'autres groupes en service, après 1990. Il
faudra trouver un autre endroit où nous pourrons installer une usine
d'eau lourde assez importante. C'est pourquoi l'achat est beaucoup plus
difficile.
M. Cournoyer: M. le Président, je pense qu'on veut
discuter du programme d'équipement. Le chef de l'Opposition, à
bon droit sans doute, de même que le chef de l'Union nationale, au
Parlement, à bon droit, veulent savoir à quelle place. Moi,
j'aimerais savoir pourquoi passer immédiatement au domaine
nucléaire. Même si on parle de 1995, les choix que vous devez
fafre, c'est dans un avenir extrêmement rapproché, entre le
domaine nucléaire et l'autre. Non?
M. Giroux: Non, d'ailleurs, les choix... Au point de vue de
l'analyse des sites, il faut connaître le sol de la province de
Québec et savoir quel est le meilleur endroit pour choisir un site.
M. Cournoyer: Ce n'est pas cela que je veux dire. Pourquoi aller
dans le domaine nucléaire? Non pas pourquoi le mettre là. C'est
bien sûr que vous allez le mettre au meilleur endroit et avec toutes les
analyses techniques.
M. Monty: ... potentiel hydraulique.
M. Cournoyer: J'aimerais que vous le disiez à nouveau.
M. Monty: On a dit tantôt que, sur 25 000 mégawatts
qui existent, après 1985, il y a 15 000 mégawatts qui sont
vraiment rentables. Ces 15 000 mégawatts ne tiennent compte que d'un
tiers de la demande d'ici l'an 2000. Il faut installer des centrales
nucléaires pour satisfaire la demande.
M. Cournoyer: Si, par hasard et je dis bien, par hasard
le gouvernement décidait de modifier sensiblement le mandat de
l'Hydro qui est de fournir de l'électricité à tout le
monde et disait: Ecoutez, vous ne fournirez pas d'électricité
à tout le monde qui en demande. Vous allez fournir de
l'électricité d'une façon telle que, lorsqu'on n'en a
plus, on n'en a plus. C'est peut-être un mauvais principe. Je sais que le
président de l'Hydro a bien expliqué hier, à la fin de son
discours, que le faire, ce serait changer une société
prospère en une société pauvre, si j'ai bien compris la
dernière remarque ou presque de son discours.
Est-ce qu'effectivement, l'argumentation que nous devons avoir
maintenant parce qu'on ne donne pas d'autorisation au Parlement; on veut
savoir ce qu'est le raisonnement de l'Hydro actuellement est celle-ci:
Si on changeait sensiblement le mandat, est-ce que l'Hydro-Québec serait
encore tenue de procéder au choix nucléaire? Et aussi rapidement
qu'elle l'est actuellement, même si on le place, dans le temps, entre
1985 et 1990?
M. Giroux: Supposons parce que vous posez une
hypothèse que le gouvernement décidait qu'après
avoir fait de l'hydraulique, la population doive se contenter de cela; ce
serait une mesure draconienne. Probablement que la population, au
départ, n'en souffrirait pas tellement. C'est le développement
industriel qui serait terminé.
A moins qu'on ait d'autres sources d'énergie, comme du gaz, comme
de l'huile. Le développement industriel dépend
énormément des ressources énergétiques, quelles
qu'elles soient.
M. Cournoyer: M. Giroux, retournons aux évaluations que
nous avons faites hier, sur la demande. Nous avons une augmentation de la
demande, dans le domaine résidentiel, qui se situe à peu
près à 13%, une augmentation dans le domaine industriel qui est
à peu près à 4%. La moyenne vous donne 7 3/4%, finalement.
C'est une moyenne pondérée, j'en conviens.
M. Giroux: Parce que le domaine domiciliaire représente
1/3 contre 2/3 à peu près pour les domaines industriel et
commercial.
M. Cournoyer: Oui, mais, M. Giroux, si vous êtes tenus,
actuellement, en vertu de la loi et toute l'entreprise
hydroélectrique du Québec, l'Hydro-Québec se dirige vers
cela, parce que c'est impossible de faire autrement, étant donné
la loi qui la régit; on ne se querelle pas sur l'existence de la loi
de fournir de l'électricité aux municipalités,
etc., retournons à la lecture du texte, c'est au Parlement que vous
devez des comptes quant à remplir cette obligation que vous avez, et
même pas au ministre. Vous pouvez dire au ministre: Change la loi si tu
veux nous dire quelque chose. Ce n'est pas cela que vous me dites
habituellement, M. Giroux, on en convient.
Ce qu'il m'intéresse de savoir, c'est qu'en admettant que, pour
une raison, le gouvernement obligeait l'Hydro-Québec, non pas à
remplir tous les besoins de la population, comme un bon père de famille
doit faire des allocations quand il n'a que quatre chambres à coucher,
bien, il donne quatre chambres à coucher à ses enfants, et s'il a
un cinquième enfant, il va peut-être se priver du salon.
Il est bien possible qu'à un certain moment, on n'ait que quatre
chambres à coucher, et qu'on mette l'enfant, la cinquième qui
arrive, dans le salon, on en fait une chambre et le père et la
mère feront autre chose.
M. Giroux: Je crois que nous avons expliqué ce point
très clairement hier et je vais vous le répéter. On doit
suivre la loi.
M. Cournoyer: Oui, mais je vous pose la question. Supposons que
la loi est changée.
M. Giroux: Si le gouvernement change la loi, Mon Dieu, on suivra
la loi.
M. Cournoyer: Oui, mais actuellement, M. Giroux, je pense bien
qu'on ne va pas se renvoyer la balle, vous et moi, à travers une telle
table.
M. Giroux: Non.
M. Cournoyer: Je vous pose la question comme expert, non
seulement dû au fait que vous dirigez l'Hydro-Québec, mais
aujourd'hui, y aurait-il avantage, selon vous, non pas comme fournisseur
exclusif d'électricité, mais comme participant à la
société québécoise, de limiter, d'une façon
ou d'une autre, la demande. Quand je parle de demande, je parle, par exemple,
de faire des allocations entre l'industriel et le commercial pour éviter
qu'on monte à 7 3/4% par année, alors qu'effectivement, on
pourrait, tout en maintenant un développement industriel de 4%, remplir
une demande en réduisant les allocations dans le domaine du
résidentiel.
M. Giroux: C'est une théorie qui a déjà
été explorée dans certains milieux, mais qui est, à
mon sens, vouée à la faillite.
M. Cournoyer: Pourriez-vous nous expliquer cela parce que chez
nous, il y a des gens qui ne pensent pas ainsi.
M. Giroux: C'est leur opinion.
M. Cournoyer: Oui. C'est cela. C'est une question d'opinions,
mais cela doit être basé sur quelque chose.
M. Giroux: Sur l'expérience.
M. Cournoyer: M. Boyd, vous voulez parler. Sur quoi? J'aimerais
entendre cette opinion.
M. Boyd: M. Giroux va terminer et après cela...
M. Giroux: J'ai fini. J'ai dit ce que je pensais. Je ne pense pas
que je puisse changer d'idée là-dessus.
M. Boyd: Je ne voudrais pas que cela soit pris comme une critique
politique. Ce n'est pas une critique politique. C'est mon opinion depuis que je
vis à l'Hydro-Québec et cela fait longtemps, soit depuis 1944. Je
vous dis ce que je pense, moi.
En 1985, notre demande sera, d'après nos prévisions, de 30
000 mégawatts, et on a convenu hier que c'était difficile de
changer cela de façon appréciable d'ici 1985. On a vu
d'après nos courbes on a répondu à cela ce matin
que, si au lieu de 7 3/4%, on avait 6.75%, cela nous donnerait 7900
mégawatts de moins. Donc en l'an 2000, il nous faudrait 69 000
mégawatts.
Si c'était 5 3/4% par année, cela nous ferait 61 000
mégawatts. Si vous voulez aller à 4 3/4%, cela nous ferait 54 000
mégawatts. On part de 30 000 et on s'en va à 54 000
mégawatts, à 4 3/4%. C'est loin de nos 7 3/4%. Mais il nous faut
quand même 24 000 mégawatts de quelque chose pour répondre
à la demande d'électricité.
Il n'y a plus d'hydraulique après 1985. Au mieux, il nous en
reste on dit 15 000. Alors, 15 000 et 24 000, là, je suis
descendu à 4 3/4%. Je ne pense pas que quelqu'un puisse s'imaginer que
l'électricité n'augmentera pas plus vite que cela. Mais supposons
que le taux soit de 4 3/4%, on n'a plus de rivières et il nous manque 10
000 mégawatts, on va faire l'électricité avec quoi? Pas au
charbon, ni au bois. Du bois, on en a, mais on n'en a pas assez pour cela et ce
n'est pas tellement pratique; du charbon, on n'en a pas; du gaz, on n'en a pas
et de l'huile, on n'en a pas. A part cela, quand vous allez et ce n'est
pas une critique de votre politique proposée, mais c'est mon opinion
convaincre les gens d'utiliser autre chose que
l'électricité pour leur eau chaude, c'est une autre affaire.
Mais, si vous y réussissez, c'est qu'ils auront choisi autre chose. Ils
auront choisi à l'huile ou au gaz.
Vous aurez augmenté la dépendance du Québec
vis-à-vis des sources étrangères. Quand on n'a plus
d'hydraulique, on a du nucléaire qu'on peut faire nous-mêmes et
produire l'électricité et l'énergie à mesure que le
gouvernement pensera qu'on en a besoin. Mais, quand vous êtes
dépendant de l'autre forme, les gens vont quand même avoir une
croissance des besoins et ils vont quand même vouloir se laver, se
brosser les dents et faire fonctionner la lessiveuse. Ils pourront
peut-être faire cela au gaz et à l'huile.
M. Cournoyer: A quelle place prenez-vous cela? Avez-vous de
l'uranium en quantité suffisante au Québec pour faire face aux
besoins d'indépendance?
M. Boyd: II y en a au Canada et on espère en avoir au
Québec. C'est quand même un sous- produit qu'on transforme, qu'on
exploite, qu'on installe chez nous, qu'on met dans la baratte et qu'on fait
sortir en kilowatts et en kilowatts-heures au bout de cette affaire, tandis
qu'on n'a pas.du tout d'huile. On est à la merci de l'Alberta pour un
petit bout de temps et des Arabes et du Vénézuéla.
Peut-être qu'on aura de l'huile sur la côte de l'Atlantique, mais
c'est Terre-Neuve qui nous en passera, peut-être.
On se lance vers une dépendance plus grande, plus
étrangère que si on se décide pour l'uranium et pour le
nucléaire. Je vous donne mon opinion.
M. Bellemare (Johnson): M. Boyd, n'avez-vous pas lu comme moi
qu'il se développe une nouvelle théorie qui s'appelle
l'énergie solaire. On a sur les côtes de Beauport fait certaines
expériences et on n'en a presque plus entendu parler par la suite. Ne
pensez-vous pas qu'il y a là une source énergétique qui
serait rentable?
M. Giroux: On a des expériences qui...
M. Bellemare (Johnson): Des études se font
présentement en France et en Allemagne.
M. Boyd: Cela se fait partout.
M. Bellemare (Johnson): II y en a eu dernièrement à
Copenhague. Il y a eu une réunion et il y a eu une déclaration
formelle qu'il y avait dans l'énergie solaire toute une
possibilité de devancer même le nucléaire. C'est dans une
revue scientifique où on a retrouvé cette déclaration.
Pardon?
M. Giroux: C'est une possibilité d'aider le
système. Actuellement, on travaille conjointement avec
l'Université McGill et l'Institut de recherche sur des maisons à
la Macaza.
M. Boyd: On participe à cela et on suit tous les
développements dans le nord, mais il ne faut pas oublier qu'il y a au
Québec plusieurs journées sans soleil. Donc, dans le moment,
même dans les endroits très privilégiés au point de
vue du soleil, c'est encore très dispendieux. Il n'est pas dit que cela
ne sera pas une forme de l'avenir et tant mieux si cela en est une. On
arrêtera de produire des centrales nucléaires, mais, dans le
moment et on est au courant de ce qui se passe dans le domaine
c'est encore loin d'être commercial. C'est certainement beaucoup plus
cher que toute autre forme d'énergie dans le moment. Mais c'est une
expérience qui doit être maintenue. On suit l'énergie
éolienne aussi. Dans le monde... On a fait des expériences aussi
aux Iles-de-la-Madeleine et on en fait une à l'IREQ, je pense. Cela va
éventuellement représenter une faible partie de l'énergie
qu'on pourra consommer.
M. Morin: M. le Président...
M. Cournoyer: Je ne veux que continuer mon affaire sur le
nucléaire. Un instant, s'il vous plaît.
M. Morin: J'y reviendrai.
M. Cournoyer: Quand j'ai parlé tout à l'heure des
13%... Remarquez bien, M. Boyd, que vous parlez du nucléaire en fonction
d'une indépendance québécoise possible dans ce milieu par
rapport à la dépendance québécoise dans le domaine
du gaz et du pétrole. C'est dans ce sens que vous avez parlé du
nucléaire.
M. Boyd: Oui.
M. Cournoyer: Par exemple, je n'ai pas d'uranium ici. Je n'ai pas
l'impression que nous contrôlions le nucléaire non plus.
M. Boyd: M. Cournoyer: si vous permettez que je pousse plus loin
ma pensée. Il est encore temps pour qu'on puisse contrôler la
technique nucléaire.
M. Cournoyer: Ce n'est pas de la technique que je parle. Je parle
de toute la décision sur le nucléaire. Le contrôlons-nous
parfaitement?
M. Boyd: Evidemment, le domaine nucléaire relève en
partie du fédéral, comme tout le monde le sait.
M. Cournoyer: II faudrait reparler de cela le lendemain de
l'indépendance, et non pas aujourd'hui.
M. Morin: II faut en parler avant. M. Cournoyer: ... la
comparaison. M. Morin: II faut réfléchir à
cela.
M. Boyd: Même dans la période de dépendance,
je pense qu'on peut produire de l'énergie nucléaire et nos gens
peuvent se préparer et devenir compétents dans leur domaine pour
faire le design, faire la construction et faire l'exploitation du
nucléaire.
Certes, ayant toujours vécu à l'Hydro-Québec,
j'aime personnellement bien mieux l'hydraulique. Le nucléaire pour moi,
c'est en second, mais le carburant, le mazout qui vient des Arabes, c'est en
cinquième pour moi.
M. Cournoyer: C'est une opinion de technicien que je ne
considérerai pas comme une opinion politique à ce moment-ci.
M. Boyd: C'est bien ce que je vous dis. J'aimerais que cela soit
considéré comme une opinion...
M. Cournoyer: Mais si, par hasard et là-dessus, je
comprends que ce n'est pas une décision qui émane de l'Hydro
si nous étions capables, comme gouvernement ou comme
population... Vous avez bien dit tantôt que si on entrait dans un domaine
où l'eau chaude pouvait faire autre chose, qu'on pouvait chauffer l'eau
autrement qu'à l'électricité à cause d'une
discipline possible des gens, si on changeait, par exemple, les 13%
d'augmentation dans le résidentiel... On parle toujours de
l'augmentation de la consommation pas plus que cela, mais, la partie qui est
dans le chauffage, si on la mettait au gaz, par exemple... Parce qu'on peut
bien parler du gaz de l'Alberta, on peut parler aussi du gaz qui peut se
trouver plus près, on sait qu'il va y avoir du gaz en masse au moins au
Canada, je pense bien que ce sont des analyses assez générales;
il est assez éloigné, j'en conviens, mais il y a du gaz en masse,
si donc on réduisait la demande dans le résidentiel ou
l'augmentation de la demande à un niveau comparable aux 4% de
l'augmentation de la demande industrielle par du gaz, à ce
moment-là, est-ce que nous serions encore tenus d'aller aussi rapidement
au nucléaire?
M. Boyd: Non, c'est d'accord. Si le gaz peut remplacer
l'électricité pour un certain nombre d'utilisations, d'accord.
Mais mon opinion personnelle et l'opinion de gens que j'ai consultés,
est que le gaz qui va venir de Panartic ou d'en haut, il y en a
énormément, une fois rendu dans nos maisons, va nous coûter
pas mal plus cher que l'électricité, de quelque forme qu'elle
soit.
M. Cournoyer: Mais est-ce que votre opinion aussi, M. Boyd, n'est
pas dans le sens que l'électricité elle-même, si elle
n'était pas complète dans la maison, coûterait plus cher
aussi?
M. Boyd: C'est un autre facteur. Quand j'expliquais la
concurrence qu'on faisait dans le passé, c'est un autre facteur. Si vous
avez l'eau chaude, le chauffage et la cuisinière au gaz,
l'électricité qui va servir seulement aux fins d'éclairage
va coûter plus cher. C'est évident.
M. Morin: Moi, je voudrais avoir l'autre partie.
M. Boyd: Cela va avoir pour effet de diminuer l'augmentation de
la demande d'électricité. Si on baisse cela,
nécessairement, mais je vous donne mon opinion de technicien, à
mon avis, ce n'est pas la solution la plus économique pour les
Québécois. C'est au gouvernement de décider, mais je vous
donne mon avis, puisqu'on est en train d'en discuter. Ce n'est pas la solution
la plus économique pour les Québécois. La solution la plus
économique pour les Québécois, c'est de faire notre
électricité et de satisfaire le marché dans la mesure du
possible. C'est à vous de décider après, mais je vous
donne mon opinion.
M. Morin: Dieu sait...
M. Giroux: M. le Président, il y a une expérience
qui est vécue, qui existe... C'est un gars qui n'est pas de bonne
humeur, il veut vendre du gaz.
M. Bellemare (Johnson): La convention collective.
M. Giroux: II y a une chose qui est claire. Pre-
nez la ville de New York, qui a tous les réseaux de gaz, qui a
tous les réseaux d'huile et qui a un certain nucléaire. Elle a
dû payer une surcharge énorme et c'est le taux le plus haut
aux Etats-Unis simplement par manque de prévision. Elle a
dépendu du gaz, elle a dépendu de l'huile et quand elle n'a pas
eu les autres genres d'installations, elle a dû payer la peau et les os.
Alors, quand je vous donne cela comme exemple, vous dites: Oui, mais allez
vérifier.
M. Cournoyer: Je suis d'accord avec vous, mais vous nous comparez
à New York, qui est une ville monstre. C'est un monstre de toute
façon à bien des points de vue et vous savez qu'elle n'est pas un
monstre seulement au point de vue de l'électricité.
M. Giroux: Mais la dépense est là tout de
même.
M. Cournoyer: II n'y a rien de planifiable à New York. Il
n'y a rien eu de planifiable, même pas les déchets. Personne ne
s'en est réellement occupé nulle part.
M. Giroux: Peut-être qu'on ne s'en est pas occupé,
mais le résultat est là. . M. Morin: M. le
Président, sur la question du nucléaire, je pense que je partage
pour une fois presque sans réticence l'opinion qui a été
émise par la commission. Je pense qu'en dépit des tendances que
je pourrais avoir dans le sens du ministre et qui voudraient limiter certains
types de consommation et qui entraîneraient un certain nombre de choix,
je pense qu'en dépit de cela, il faut se rendre compte que le
nucléaire, dans l'avenir prévisible et dans l'état actuel
de nos connaissances sur l'énergie éolienne, l'énergie
marémotrice et les autres types d'énergie, dans l'avenir
prévisible, l'énergie nucléaire est pour ainsi dire
inévitable. Dans cette perspective, je ne vois pas comment on pourrait
se permettre de rester, de traîner de la patte indéfiniment.
Déjà, vous prévoyez la mise en service au rythme d'une
unité de 750 mégawatts par année à partir de 1987,
déjà nous ne sommes pas les premiers à entrer dans ce
domaine, nous ne sommes pas à l'avant-garde.
Pendant ce temps-là, si jamais il se fait une grosse vente de
réacteurs CANDU à l'étranger, ce n'est pas le
Québec qui va les manufacturer, parce qu'on n'a pas le "know-how"
à l'heure actuelle. C'est l'Ontario qui l'a. On l'a déjà
fait remarquer, les gens de mon parti l'ont déjà fait remarquer,
que c'était une nouvelle révolution industrielle qui se
préparait et que la rater, ce serait peut-être catastrophique pour
le Québec. On ne peut pas rester à l'écart de cela,
même si on arrivait à limiter, un tant soit peu, la demande,
même si on arrivait à la canaliser.
C'est pour cela qu'en ce qui me concerne, je suis très heureux de
voir qu'enfin, vous vous y mettez. J'observe que, dans votre programme guide de
cette année, vous avez réévalué, par rap- port aux
années passées, votre affaire de façon même un peu
spectaculaire et, en ce qui me concerne, je m'en réjouis. Je trouve que
cela ne vient pas trop tôt. Cela prend des années pour
préparer des techniciens capables de faire marcher ces centrales
nucléaires. Nous accusons déjà du retard par rapport
à l'Ontario; il est grand temps qu'on s'y mette.
Là-dessus, je tiens à dire à ces messieurs de la
commission qu'ils auront notre appui de façon très ferme. Je suis
un peu étonné d'un autre revirement un peu spectaculaire que je
trouve dans votre nouveau programme guide, que la moitié de la nouvelle
capacité installée va provenir d'équipement de pointe,
contrairement à la situation actuelle où la quasi-totalité
des équipements sont de la nature d'équipements de base. Ce n'est
certainement pas moi qui vais vous chercher querelle sur le domaine
nucléaire mais j'aimerais que vous nous expliquiez pourquoi cet accent
sur la pointe, particulièrement, au tout départ, en 1985 et en
1986.
M. Monty: Si vous examinez le tableau no 2, vous voyez
qu'à la fin de 1985, nous complétons les travaux de la
rivière La Grande, qui aura un facteur d'utilisation de 80%, alors que
le facteur de demande de l'Hydro-Québec est de 68%. Nous avons donc un
surplus que nous complétons avec des usines de pointe, entre 1986 et
1987. Par la suite, nous revenons avec des centrales de base, pour faire face
à la demande.
Si vous regardez le tableau no 2...
M. Morin: Oui.
M. Monty: Vous allez voir qu'en énergie, à la fin
de 1985, nous avons 8073 gigawatts-heure en surplus. En bas.
M. Morin: En énergie? M. Monty: En énergie,
oui M. Morin: Oui.
M. Monty: Pour équilibrer un peu ce surplus, nous
installons de la pointe durant les années 1986 et 1987. Autrement, si
nous installions des usines de base, nous aurions ce surplus qui serait
peut-être intéressant en vente excédentaire, mais qui
serait très coûteux en programme de construction.
M. Morin: Ce qui m'étonne, c'est que vous attendiez 1985
et 1986 pour mettre l'accent à ce point sur la pointe. Est-ce que vous
n'auriez pas pu prévoir de la pointe dans les années qui
précèdent?
M. Monty: Pourquoi? On travaille actuellement sur le programme de
La Grande à la baie James.
M. Morin: Vous travaillez simplement sur de la
base, je le sais bien. Est-ce que cela n'aurait pas été
plus économique d'insérer de la pointe, justement?
M. Monty: C'est beaucoup plus coûteux.
M. Boyd: ...si vous voulez...
M. Morin: Je veux que vous m'expliquiez.
M. Boyd: M. Morin, je ne voudrais pas répéter ce
qu'on a fait ce matin, mais c'était bien drôle, sur la
Jacques-Cartier...
M. Morin: Je vous entends très mal, M. Boyd.
M. Boyd: Avec la Jacques-Cartier, on voulait avoir la pointe pour
1979. On commence modestement avec les centrales à gaz en 1979. Mais si
on avait pu avoir accès à la Jacques-Cartier, on aurait mis
environ 2000 mégawatts.
Dans notre programme, lorsqu'on a approuvé le programme de la
baie James, vous savez le programme semblable qu'on a approuvé il y a
deux ans, concernant la baie James, pour cette période, il y avait pas
mal plus de pointe qu'on en a ici. Parce qu'on n'a pas pu faire la
Jacques-Cartier, on a dû négocier avec l'Alcan pour 200
mégawatts avec le Nouveau-Brunswick pour 200 mégawatts et mettre
des centrales à gaz pour peut-être 400 mégawatts. On passe
juste, comme vous l'avez noté ce matin, à la pointe.
Mais si on avait pu faire notre pointe, tel que prévu dans notre
programme il y a deux ou trois ans, vous vous rappelez, on en avait 3000 ou
4000 mégawatts de pointe.
M. Morin: Mais vous n'auriez pas pu prévoir d'autres sites
que la Jacques-Cartier? Il me semble que c'est votre responsabilité.
Vous n'aviez pas des sites alternatifs?
M. Boyd: On avait aussi étudié Saint-Joachim qui
s'est avéré techniquement moins avantageux à cause de
l'eau salée et à cause de l'infiltration du réservoir,
etc.
M. Morin: Vous nous ramenez toujours la Jacques-Cartier. Comment
se fait-il que vous n'avez pas pensé à autre chose à
l'époque, à plusieurs autres sites qui auraient pu vous fournir
les mêmes services?
M. Boyd: On a pensé à plusieurs autres comme vous
dit M. Monty. On avait d'abord commencé par Saint-Joachim, on est
allé à la Jacques-Cartier, on est allé aux deux
rivières Sainte-Anne. Ceux-là sont un peu plus avancés. On
a plusieurs autres sites, mais ça prend du temps. Maintenant, on a
été obligé de faire autre chose; d'ici 1985, il est trop
tard, pour cette période, de faire autrement. C'est ce qu'on a
là, mais, tout de suite, on change d'orientation. Comme, en 1980, la
baie James arrive et il faut la mettre en service rapidement pour qu'elle
coûte le moins cher possible, à ce moment, on n'a pas besoin de
pointe, sauf vers la fin. C'est aussi simple que ça. Notre idéal
aurait été d'introduire de la pointe avant 1980.
M. Morin: Elle est moins coûteuse. M. Boyd: Oui, si
on avait pu.
M. Cournoyer: La question de coûts, ce n'est pas important.
Pour le chef de l'Opposition, le coût n'est pas important.
M. Morin: Bien, je viens de dire que ça coûte moins
cher. Vous devriez suivre le débat.
M. Cournoyer: Ce n'est pas important, j'ai remarqué
tantôt que ce n'est pas important, les coûts, n'importe quoi.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas ça qu'il a dit.
M. Cournoyer: Bien, voyons donc!
M. Bellemare (Johnson): Voyons donc, voyons donc! Vous être
arrogant, vous l'êtes vrai.
M. Cournoyer: Je vais continuer à être arrogant
à part ça.
M. Bellemare (Johnson): Soyez donc conciliant, c'est un bon
problème qu'on discute. Pourquoi être arrogant, soyez donc
aimable.
M. Cournoyer: Je vais vous permettre de construire une centrale
nucléaire à côté du Cap-de-la-Madeleine. Vous allez
aimer, ça, vous.
M. Bellemare (Johnson): On n'en a pas besoin.
M. Cournoyer: Non, hein!
M. Bellemare (Johnson): On a le lieu de pèlerinage qui
vaut bien ça.
M. Cournoyer: C'est là que les plus grands miracles se
sont réalisés.
M. Bellemare (Johnson): C'est dans Johnson.
M. Cournoyer: Dans Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Chapeau.
M. Cournoyer: Cela a commencé...
M. Bellemare (Johnson): Oui, d'accord, cela va aussi
continuer.
M. Morin: M. le Président, c'est un autre type
d'énergie. Si vous voulez...
Est-ce que je pourrais vous demander, à la suite de vos
études et du programme que vous nous donnez au tableau 4, si on peut
conclure que
les NBR seraient le site, théoriquement, le plus favorable? Quand
on compare les sites, quels sont ceux qui apparaissent les meilleurs, les plus
prometteurs à l'heure actuelle dans la liste que vous nous avez
donnée au tableau 4?
M. Monty: Les sites les plus intéressants, comme vous
dites, sont les sites des NBR, de la Grande Baleine, la Moisie, la Magpie, les
rivières de la Côte-Nord.
M. Morin: Est-ce que vos études sont assez avancées
pour qu'on puisse comparer, par exemple, le coût de revient unitaire, je
veux dire en mils par kilowatt-heure pour chacun...
M. Monty: On est à la veille de pouvoir vous donner
ça, c'est en 1977 que l'on va pouvoir prendre une position un peu plus
définitive sur le choix en fonction des coûts.
M. Morin: Comment est-ce que ça se compare dans vos
études préliminaires avec La Grande? Au point de vue des
coûts, oui.
M. Monty: Malheureusement, on ne peut pas vous répondre
pour le moment.
M. Morin: Vous ne le savez pas.
M. Monty: Remarquez bien que, tout à l'heure, j'ai
oublié, M. Boyd...
M. Morin: II me semble que, pour les NBR, vous devriez le savoir.
C'était le grand projet de M. Bourassa, il me semble qu'il a dû y
avoir quelques études et que vous devez avoir ça dans vos cartons
quelque part.
M. Monty: On a certains chiffres, mais ils ne sont pas pour
publication pour le moment parce qu'ils ne sont pas encore assez sûrs
pour pouvoir les donner.
M. Boyd: Ce n'est pas dans la même période non plus
M. Morin.
M. Morin: Non, mais...
M. Boyd: C'est supposé commencer en 1984, l'autre va
être terminé a ce moment-là. Il y a 10 ans de
décalage; avec l'escalade qu'on connaît, c'est difficile de
comparer.
M. Monty: II y a aussi la dérivation de la Eastmain qu'on
voit dans le premier projet et le lac Laforge qui est très
intéressant aussi.
M. Boyd: Les trois premières dans la liste ne sont pas
considérables mais sont intéressantes, parce qu'on y est
déjà. Eastmain 1, EM-1, LA-1, Brisay sont des additions qu'on
peut ajouter a complexe La Grande, en utilisant les mêmes eaux
M. Perreault: Brisay se trouve où?
M. Boyd: C'est Caniapiscau.
M. Morin: Donc, à l'heure actuelle, vous n'avez pas
d'idée précise sur le coût par kilowattheure?
M. Monty: Une idée précise, non.
M. Houde (Abitibi-Est): Avez-vous envisagé la
possibilité d'aménager Eaton Canyon?
M. Monty: La quoi?
M. Houde (Abitibi-Est): Eaton Canyon qui est à la
tête de la rivière qui va à Fort-Chimo. Je sais qu'il y a
eu des relevés qui ont été faits par
l'Hydro-Québec.
M. Monty: Ce n'est pas parmi les sites qu'on a ici.
M. Boyd: Le Eaton Canyon est sur la rivière
Caniapiscau.
M. Houde (Abitibi-Est): Oui.
M. Boyd: ... et, lorsqu'on a optimisé le projet La Grande,
on a étudié la rivière Caniapiscau d'un bout à
l'autre et on a comparé l'installation de centrales sur la Caniapiscau
aux différents sites possibles. Les études dont on a parlé
ici, lorsqu'on a expliqué l'optimisation, ont démontré
qu'il était mieux de dériver le haut de la rivière
Caniapiscau vers La Grande pour l'utiliser à plus grand avantage et, sur
la rivière Caniapiscau, on retient la possibilité d'instaurer des
centrales qui ne sont pas montrées ici. Oui, elles y sont. Dans le
dernier groupe, on montre qu'il y a une possibilité de 1625
mégawatts sur la Caniapiscau, mais ceci est en approchant de la baie
d'Ungava, à ce moment; mais, dans le bout d'Eaton, l'eau a
été détournée vers La Grande et suite aux
études d'optimisation.
M. Morin: A la page 5 du programme d'équipement, on nous
dit que, dans l'étude du programme d'équipement de production
pour la période post-1985, on ne s'appuie pas encore sur des
considérations économiques. Cela se pourrait-il, cela serait-il
une hypothèse de travail que vous avez étudiée que
très peu des 15 000 mégawatts hydrauliques qu'on dit
théoriquement économiques ne le soient pas à ce moment par
rapport au nucléaire, par rapport au coût de l'énergie
nucléaire?
M. Monty: Evidemment, cela demande des études un peu plus
approfondies, mais nous avons une bonne idée que les 15 000
mégawatts que nous considérons rentabfes seront encore plus
économiques que le nucléaire.
M. Morin: Plus économiques? Beaucoup plus
économiques?
M. Monty: Je dis plus économiques.
M. Boyd: II est trop tôt pour le quantifier et on
peut, comme le dit M. Monty, être convaincu que c'est plus
économique parce que, comme je le disais hier, je crois, le
nucléaire a augmenté beaucoup plus rapidement que le projet de la
baie James pendant les dernières années et on pense que les 15
000 mégawatts qui restent seront aussi plus économiques que le
nucléaire, mais...
M. Morin: Ce n'est pas une hypothèse de travail, M.
Boyd?
M. Boyd: C'est une hypothèse, mais nous n'avons pas les
chiffres pour vous répondre.
M. Cournoyer: Ce n'est pas facile de les avoir.
M. Morin: Non, mais la question que je me pose est celle-ci. Il
se peut que l'énergie nucléaire fasse des bonds au point de vue
de la technique, au point de vue de la sécurité, au point de vue
du coût. Ce n'est pas impossible et beaucoup de gens y travaillent dans
le monde, à l'heure actuelle. Je me posais la question suivante: Ne
serait-il pas bon que vous reteniez cela dans vos esprits comme une
hypothèse, peut-être pas probable, mais possible, d'arriver
à ce moment que le coût de revient soit plus économique
pour le nucléaire que pour l'hydraulique, du moins ce qui restera de
l'hydraulique à développer?
M. Boyd: Pour la période du programme témoin dont
M. Monty vous parle, de 1985 à 1990, en étant optimiste, on ne
pense pas pouvoir installer plus qu'une unité par année en
service. C'est ce que notre programme prévoit, Guy? Quatre années
de suite, une unité par année. Les 750 mégawatts, on pense
que c'est le mieux que nous puissions faire pour cette période...
M. Morin: Bon. Mais la raison pour laquelle je vous pose la
question...
M. Boyd: ... du point de vue technique et autres.
M. Morin: ... est que, si vous retenez cette hypothèse, si
elle devait se vérifier par la suite, cela serait de nature à ne
pas vous décourager dans vos projets nucléaires.
M. Monty: On n'est pas découragé non plus.
M. Morin: Non. Ouais. Disons à vous encourager.
M. Monty: Remarquez bien qu'on parle de 15 000 mégawatts
comme étant plus rentables. Il est possible qu'on ait plus de 15 000
mégawatts.
M. Perreault: II est possible que les 10 000 mégawatts qui
restent deviennent plus tard économiques.
M. Monty: Cela ne nous empêche pas non plus de nous diriger
vers le nucléaire qui devient une nécessité quand
même, si on considère qu'on doit faire face à la
demande.
M. Morin: II me semble, à la lecture de certaines pages de
votre programme d'équipement, que bon nombre d'études sur des
projets soient relativement avancées et, dans certains cas, que vous
ayez même une dizaine d'années d'avance sur la réalisation
des projets. Est-ce que je pourrais en tirer la conclusion que vous
désirez éviter le genre d'erreur d'avril 1971 où un grand
projet a été lancé en l'air sans étude suffisante,
sans savoir exactement dans quoi on s'engageait et qu'on a pu voir à
cette époque un premier ministre non seulement se tromper de
rivière, mais se tromper de quelque $12 milliards? Dois-je en conclure
que vous êtes bien résolus désormais à
procéder à des études approfondies avant de vous engager
plus avant?
M. Monty: Pour répondre à votre question, M. Morin,
je vous réfère à la page 3, au deuxième paragraphe
où on dit ceci: "Au chapitre des ressources hydrauliques, le tableau 4
présente la liste des rivières qui sont actuellement à
l'étude et qui sont susceptibles d'être aménagées
durant la période considérée. Cette liste des projets
hydrauliques à l'étude reflète encore une fois la
philosophie où l'Hydro-Québec poursuit des études sur un
nombre suffisant de rivières dont le potentiel de puissance
dépasse les besoins anticipés de façon que l'entreprise
puisse faire en toute connaissance de cause des choix éclairés
entre ces différents projets."
M. Morin: Je vais accepter ça comme réponse. Je
pense qu'il est très possible de lire entre les lignes que vous ne
désirez pas vous faire embarquer comme cela a été le cas
en 1971 et que vous voulez vous préparer à faire des choix plus
éclairés dans l'avenir.
M. Cournoyer: M. le Président, là-dessus, je pose
la question à l'Hydro-Québec, encore une fois,
répondez-lui donc: Hum! Son préambule surtout
m'énerve.
M. Boyd: Je pensais que c'était une question
politique.
M. Cournoyer: Cela va peut-être dissiper les malentendus
qui existent entre vous et nous, M. Boyd, en particulier, que le cas de la baie
James a été décidé par des politiciens
exclusivement, que ces messieurs entretiennent
délibérément tout le temps.
M. Boyd: J'ai...
M. Morin: II se trompe de rivière et il se trompe de $12
milliards, rien que ça, des "peanuts".
M. Boyd: M. le Président, on a indiqué ici que les
milliards, je les expliquerais le 24 août. Je n'ai pas
d'inquiétude pour les expliquer, je les expli-
querai le 24 août. Mais, au sujet de la baie James, ça
faisait longtemps qu'on y pensait. Du temps où nous sommes allés
à Churchill Falls, c'était en 1965, on regardait
déjà vers la baie James. Et je me rappelle que j'avais
accompagné M. Giroux pour expliquer au chef du gouvernement
libéral et ensuite au chef de l'Union Nationale le contrat de Churchill
Falls. On nous avait interrogés sur la baie James, entre autres, et on
avait dit: Voici, la baie James est un projet qui est bon pour l'avenir, mais
Churchill Falls est mieux pour telle raison. Toutes ces raisons, vous les avez
aux procès-verbaux, on les a données ici par la suite.
Quand est venu le temps de procéder, on a recommandé
d'aller à la baie James, moi-même et M. Giroux, on l'a
recommandé et même, en fait...
M. Morin: Quelle rivière, M. Boyd?
M. Cournoyer: II n'y a qu'une baie James.
M. Morin: II y a trois rivières au sud et il y en a une au
nord.
M. Boyd: Oui, le choix, on en a parlé aussi. Croyez-moi,
je ne suis pas censé faire de politique et, en vous répondant, je
n'en ferai pas du tout. Je vous réponds objectivement comme un vieil
employé de l'Hydro-Québec.
Avant que le gouvernement actuel soit élu, à la commission
parlementaire, à l'autre bout du corridor, M. Bourassa, qui est
aujourd'hui premier ministre, était dans l'Opposition dans ce
temps-là et je me rappelle qu'il m'avait questionné, c'est dans
les procès-verbaux aussi, sur la baie James.
C'était en 1969.
M. Bellemare (Johnson): En 1968, vous étiez venu au
conseil des ministres et vous nous aviez alors recommandé la baie James.
En 1968, j'étais ministre.
M. Boyd: On vous avait recommandé la baie James
après Churchill.
M. Bellemare (Johnson): M. Johnson vous avait demandé
clairement votre avis entre le nucléaire et la baie James et vous aviez
recommandé véritablement la baie James.
M. Boyd: Vous avez une bonne mémoire, je vous
remercie.
M. Bellemare (Johnson): J'étais là.
M. Boyd: Je sais que j'étais là, M. Giroux
était avec moi.
Donc, pour la baie James, en 1969, ici même, j'ai
été questionné en particulier par M. Bourassa. Je me le
rappelle très bien et c'est dans les procès verbaux. On avait
dit: La baie James, c'est l'affaire qu'il faut. C'est dans les
procès-verbaux.
M. Morin: M. Boyd, c'étaient les NBR ou La Grande?
M. Boyd: A ce moment-là, on regardait NBR. En cours de
route, nos ingénieurs... En fait, on a un mémo de notre directeur
général du génie, qui était M. Baribeau. Il m'avait
écrit en 1969, on a la lettre à l'Hydro; il avait fait la
tournée de la baie James et il m'avait dit: La Grande pourrait
être plus intéressante. On a fait faire des études de La
Grande, de NBR et de la Eastmain par différentes firmes. Trois
études ont été faites en parallèle, l'Hydro ayant
fait la NBR; un bureau, Eastmain et l'autre, La Grande. On a fait analyser ces
résultats par notre personnel. Il y a eu une grande réunion de
tout ce monde ensemble et ensuite, on a fait étudier ça par
Ebasco pour avoir une firme étrangère, indépendante,
même pas québécoise.
M. Morin: Cela se passait quand, M. Boyd?
M. Boyd: Et Shawinigan avant. Comme je ne voulais pas parler de
politique, il y a eu une réunion politique qui a décidé
d'annoncer un projet, mais qui avait été recommandé par
l'Hydro-Québec.
M. Morin: Le réexamen, la décision d'aller à
La Grande, cela s'est produit quand exactement, en 1972?
M. Boyd: Cela s'est produit par la suite.
M. Morin: D'où l'avantage de faire des études
poussées et à fond sur tous les sites possibles, comme vous
semblez vouloir le faire maintenant, avant de faire des choix comme
ceux-là.
M. Boyd: Oui. Evidemment, on ne peut pas faire des études
indéfiniment non plus.
M. Morin: J'ai bien compris. Il l'a annoncé sans savoir
où il allait.
Je remarque que, sur le tableau no 4, pas plus que sur le tableau 5
d'ailleurs, ne figure la possibilité d'aménager la rivière
Jacques-Cartier. Un projet de centrale de pointe-pompage. Est-ce que je dois
conclure, du fait que la Jacques-Cartier ne figure pas sur cette liste, que le
ministre Simard a convaincu le ministre des Richesses naturelles de la mettre
de côté de façon définitive, ou bien est-ce que la
Jacques-Cartier demeure toujours une possibilité?
M. Cournoyer: La question m'est posée à moi, le
ministre Simard ne m'a pas convaincu encore. Quant à vous, de l'Hydro,
pourquoi ne lavez-vous pas mis là-dessus?
M. Giroux: Voici. Quand les contestations se sont faites à
propos de la Jacques-Cartier, nous nous sommes retirés à la
demande du gouvernement, parce qu'il était illégal, sans la
permission du gouvernement, de construire dans un parc. Comme je vous disais
tantôt, comme l'Hydro opère toujours légalement, nous nous
sommes retirés. Mais, si le ministre nettoie la partie légale,
nous reviendrons.
M. Cournoyer: Avec plaisir ou forcé par le
gouvernement?
M. Giroux: Non, avec plaisir. M. Cournoyer: Avec plaisir.
M. Giroux: Avec plaisir. Parce que l'étude
économique prouve que c'est le meilleur choix.
M. Cournoyer: C'est quoi le potentiel que vous aviez à la
Jacques-Cartier, M. Giroux? Je sais que ça fait longtemps que vous n'en
avez pas reparlé. Le potentiel hydraulique de pointe sur la
rivière Jacques-Cartier?
M. Giroux: II y a eu plusieurs chiffres d'émis: de 10 000
mégawatts et bien d'autres choses. C'est un peu comme si on demandait
à un analyste de faire l'analyse du potentiel du fleuve
Saint-Laurent.
M. Cournoyer: Ouais.
M. Giroux: II va sortir un chiffre astronomique. Seulement, je
crois qu'à ce moment-là, on avait limité nos études
à 2000 mégawatts.
M. Cournoyer: C'était en dehors du parc que les barrages
étaient faits, si je me souviens bien, c'était en dehors du parc
tel que décrit dans la loi.
M. Giroux: On avait laissé entendre que ça pourrait
aller à 4000 mégawatts.
M. Cournoyer: Est-ce que ça pourrait aller à 10
000, oui?
M. Giroux: II faudrait refaire des études. On nous a
demandé de quitter les lieux gentiment. Nous l'avons fait.
M. Cournoyer: Cela, on vous a demandé ça
peut-être parce que vous aviez occupé les lieux non gentiment.
M. Giroux: Non, pour une fois, M. Cournoyer, je dois vous
corriger, nous avions occupé les lieux... C'était peut-être
la première fois que l'Hy-dro avait un permis.
M. Cournoyer: C'est vrai. C'est vrai. Seulement, vous l'aviez
obtenu du mauvais ministre.
M. Giroux: Non, cela a été émis par le
ministère des Terres et Forêts.
M. Cournoyer: C'est ça, mais c'est le ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche qui administre les parcs, non pas
le ministre des Terres et Forêts.
M. Giroux: Ecoutez, on est toujours accusé d'être le
gouvernement. Pour une fois, qu'on se trompe de ministère, ça
prouve qu'on n'est pas le gouvernement.
M. Cournoyer: Excellent. Depuis que je suis là, vous
passez par moi et vous ne vous trompez plus.
M. Giroux: Non. C'est pour ça...
M. Cournoyer: Bien, pas tout le temps.
M. Giroux: ...qu'on attend la réouverture.
M. Morin: A propos d'énergie nucléaire, je voudrais
y revenir quelques instants avant de laisser le programme
d'équipement.
Pour les quatre groupes de 750 mégawatts qui sont dans vos
projets, est-ce que vous avez déjà approché Atomic Energy
of Canada, est-ce qu'elle est au courant de ces projets? Est-ce qu'il y a une
négociation amorcée avec elle?
M. Monty: II n'y a pas de négociation amorcée, mais
elle est au courant de notre projet d'ensemble pour le nucléaire,
évidemment, comme les gens d'Hydro-Ontario discutent avec elle, c'est
dans ses projets futurs.
C'est son chemin normal, mais n'oubliez pas que c'est tout de
même...
M. Morin: Elle est simplement au courant de vos projets?
M. Monty: Elle l'est.
M. Morin: Est-ce qu'il existe des études dans vos cartons
sur l'effet des centrales nucléaires sur la chaleur, le degré
calorifique de l'eau? Vous m'avez dit tout à l'heure que ça
prenait un certain nombre de pieds cubes par seconde pour refroidir les
réacteurs nucléaires. Est-ce que vous pouvez nous dire
également la hausse de température que ça entraîne?
Combien de degrés?
M. Monty: On pourrait peut-être avoir un spécialiste
qui viendrait vous donner des chiffres exacts, mais nous avons quand même
une direction d'environnement qui étudie les normes qu'on doit respecter
vis-à-vis du refroidissement ou du réchauffement de l'eau et ces
normes sont discutées avec les personnes qu i sont responsables de les
faire accepter.
M. Morin: J'aimerais avoir plus de précision si
c'était possible.
M. Monty: II faudrait peut-être demander à M.
Galibois de commenter un peu plus longuement. Il est directeur de
l'environnement à l'Hydro-Québec. On peut l'avoir dans quelques
minutes, mais on ne l'a pas à notre disposition.
M. Morin: J'aimerais avoir quelques détails
là-dessus.
M. Monty: D'ici la fin de la séance.
M. Morin: Est-ce qu'il y a des études écrites
déjà là-dessus? Je sais qu'en Europe il y a plu-
sieurs études qui ont été faites et qui nous disent
exactement le degré de réchauffement des eaux.
M. Monty: Cela a été discuté au colloque de
Polytechnique il y a environ deux mois, je pense qu'on a quelques écrits
là-dessus qui sont... On pourrait vous faire parvenir ces documents,
c'est public.
M. Morin: Oui, j'aimerais les avoir. Mais, de mémoire,
comme ça, vous ne pouvez pas me dire, par exemple, pour une centrale de
750 mégawatts utilisant 750 000 pieds cubes, ce que ça
représente comme degré d'échauffement?
M. Monty: Malheureusement, je ne peux pas vous donner de
chiffres. Quant à dire un chiffre qui est faux, j'aime autant attendre
d'avoir les chiffres exacts avant de vous les donner.
M. Morin: Est-ce que vous avez poussé vos études
suffisamment loin pour pouvoir prévoir le degré de
réchauffement des eaux de l'estuaire et du fleuve, avec l'installation
de 4, 6 ou 8 nouvelles centrales nucléaires?
M. Monty: Nous pensons qu'actuellement, dans le site de Gentilly,
nous avons premièrement le prototype Gentilly I. Nous construisons
Gentilly II, nous avons la certitude que nous pouvons construire Gentilly III,
probablement Gentilly IV et même Gentilly V. Mais là, il faut
aller un peu plus profondément dans les études pour le
démontrer.
Il y aurait possibilité d'avoir quatre centrales, quatre
unités à Gentilly en excluant le prototype de Gentilly I.
M. Morin: J'imagine que ça entre dans vos
considérations lorsque vous recherchez des sites autres que ceux qui
sont situés dans la vallée du Saint-Laurent? Parce que le
réchauffement des eaux peut avoir des conséquences
écologiques sur la faune, la flore...
M. Perreault: La pollution thermique. M. Monty:
Exactement.
M. Morin: Si on appelle ça, comme dit le
député, la pollution thermique. Je puis donc conclure que vous
êtes sensibles à cette dimension du problème et que vous
avez des études sur la question?
M. Monty: Nous avons des études, nous sommes très
sensibles au problème en question.
M. Morin: Et vous pouvez me les communiquer
éventuellement?
M. Monty: On vous les fera parvenir, M. Morin.
M. Morin: Même si vous pouviez m'apporter des
réponses dans deux semaines...
M. Monty: Je pense que les documents qu'on pourrait vous faire
parvenir vous donneraient les réponses exactes à vos questions
d'aujourd'hui.
M. Morin: Une dernière question sur l'énergie
nucléaire. Pourquoi est-ce qu'on prévoit affecter Gentilly I
exclusivement à la production de vapeur pour l'usine d'eau lourde de
Laprade? J'ai cru comprendre dans les documents que c'était
l'affectation de Gentilly I. Il me semble que c'était autre chose, que
l'affectation était différente au début.
M. Monty: Oui. Evidemment, Gentilly I étant un prototype
qui appartient au fédéral, c'est le fédéral qui
décide de l'utilisation de Gentilly I.
M. Morin: Oui, mais il ne le fait certainement pas sans vous
consulter, sans savoir quels sont vos besoins.
M. Monty: II y a une consultation, évidemment. Mais je
pense que ses demandes doivent être considérées comme
sérieuses et justifiées également.
M. Boyd: C'est une utilisation comme une autre, M. Morin. La
centrale est là et, pour l'usine d'eau lourde, il faut telle
quantité d'énergie pour faire la vapeur. On a pensé que
c'était la meilleure façon pour nous, au lieu d'avoir à
produire de l'électricité pour leur vendre de
l'électricité ou de la vapeur, de lui laisser sa centrale
Gentilly I qu'on n'a pas encore achetée. On a encore la
possibilité de l'acheter; cela a été discuté avec
l'Hydro et on a décidé que c'était plus avantageux de
laisser Gentilly I faire la vapeur et l'électricité dont elle a
besoin pour l'eau lourde.
Cela pourrait être n'importe quelle centrale rapprochée qui
pourrait faire cela, mais on a décidé que c'était
préférable, étant donné que c'était à
lui, que ce soit celle-là. Laprade n'est pas à nous non plus,
c'est au fédéral.
M. Cournoyer: Mais votre eau lourde à vous, où
allez-vous la prendre lorsque vous aurez vos propres centrales?
M. Boyd: On pourrait en bâtir...
M. Cournoyer: Est-ce que cela va faire comme cela? Construire une
usine d'eau lourde à côté, comme celle qu'il y a à
Gentilly?
M. Boyd: M. Monty disait tout à l'heure que, dans les
sites qu'on recherche, entre autres, il faudra un ou des sites où, en
plus des centrales nucléaires, il faudra installer une usine d'eau
lourde qui serait à nous à ce moment-là.
M. Cournoyer: Oui.
M. Boyd; L'Hydro-Ontario fait également son eau lourde
maintenant. Ce n'est plus le fédéral qui fait son eau lourde;
elle la fait elle-même.
M. Cournoyer: Oui. Si je reste dans le domaine de l'eau lourde,
est-ce que, dans les projections de coûts dont on parlait hier, comme
investissements de l'Hydro, l'eau lourde est comprise dedans, ou si,
effectivement, cela n'est pas une installation électrique comme telle et
que cela ne serait pas compris dans les investissements de l'Hydro,
c'est-à-dire dans les programmes? Je voudrais savoir si le programme
d'équipement que vous avez donné comporte l'usine d'eau lourde en
même temps ou si on ne parle que de la fourniture
d'électricité, comme une usine thermonucléaire?
M. Monty: Le programme dont nous vous parlons, M. Cournoyer,
c'est un programme qui est moindre. On ne parle pas de coût pour le
moment. On n'a pas de chiffres assez précis pour vous les donner. Mais
on doit supposer au départ que les quatre groupes qui sont
indiqués sur le tableau no 3 vont nécessiter la construction
d'une usine d'eau lourde.
M. Cournoyer: Une usine d'eau lourde?
M. Monty: Oui, en assumant que celle que nous avons à
Laprade pourra être utilisée pour Gentilly 2, 3, 4 et 5, si jamais
on va plus loin. Mais il faut nécessairement que, dans le prochain site,
pour l'installation de centrales nucléaires, nous ayons prévu
l'installation d'une usine d'eau lourde.
M. Morin: Ce facteur pourrait avoir une influence sur le choix de
l'emplacement des réacteurs?
M. Monty: C'est exact.
M. Cournoyer: Mais l'uranium enrichi, je retourne à cela,
parce que...
M. Morin: Ce n'est pas la filière canadienne.
M. Cournoyer: II n'y a rien qui oblige l'Hydro-Québec
à ne prendre que la filière canadienne. Cela reste du
nucléaire.
M. Morin: Je sais bien, mais il me semble qu'elle a fait ce
choix-là pour...
M. Monty: Actuellement, ce que nous avons prévu...
M. Cournoyer: Je n'ai pas une idée totalement faite. S'il
y en a qui commencent à changer d'idée de l'autre
côté... Apparemment, en Ontario, on change d'idée. On a
certaines décisions.
M. Giroux: On étudie en Ontario. Il faut obtenir un
permis, un licenciement d'Atomic Energy. On prétend... On m'avait dit
confidentiellement que, pour changer, cela prendrait de deux à trois
ans.
M. Cournoyer: C'est-à-dire changer ce qui existe
actuellement dans les installations.
M. Giroux: Pour obtenir un permis qui est exclusif actuellement
au CANDU.
M. Cournoyer: C'est-à-dire que vous n'auriez pas le droit
de construire dans la province de Québec autre chose que ce qui est du
CANDU?
M. Giroux: C'est-à-dire que vous auriez le droit de le
construire, mais vous ne pourriez pas vous en servir, parce qu'il faut
être licencié dans le nucléaire par le gouvernement
fédéral.
M. Cournoyer: C'est cela que nous appelions l'indépendance
tout à l'heure, que nous serions pas mal indépendants?
M. Morin: II n'est pas question d'indépendance en ce
moment. Qu'est-ce que vous racontez là? On est dans la dépendance
la plus totale en ce moment.
M. Cournoyer: C'est parce qu'on a dit tout à l'heure que
le nucléaire maintenait notre degré d'indépendance. Vous
étiez d'accord avec cela.
M. Morin: Comment dites-vous cela?
M. Giroux: Vis-à-vis des pays arabes. Il ne faut
pas...
M. Cournoyer: Vis-à-vis de l'Alberta également.
M. Boyd: L'Alberta...
M. Cournoyer: J'ai compris l'Alberta dans l'argumentation. J'ai
compris le gaz polaire aussi.
M. Morin: Vous avez compris un tas de choses qui n'étaient
pas là.
M. Cournoyer: Je ne sais pas. C'est-à-dire que...
M. Morin: Je vous écoute, vous êtes
intéressant, mais vous êtes à côté.
M. Cournoyer: C'est parce que vous, vous étiez ailleurs.
Vous étiez tellement pressé d'approuver cela. Vous pensiez vous
faire...
M. Morin: Je pense que le Québec va devoir aller dans le
nucléaire de toute façon.
M. Cournoyer: Je le sais. Tout le monde accepte cela. Il s'agit
de savoir quand est-ce qu'on y va.
M. Morin: Vous n'aviez pas l'air, tout à l'heure.
M. Cournoyer: Voyons donc. Cela fait déjà un bout
de temps que nous savons que nous devons aller dans le nucléaire et nous
ne savons pas encore ce qu'est le meilleur nucléaire...
M. Morin: Vous sembliez y aller de reculons.
M. Cournoyer: ... et le jour où l'Hydro-Québec va
entrer dedans, cela va probablement être meilleur qu'aujourd'hui. On ne
sait même pas aujourd'hui de quels coûts on peut parler. Cela
dépend de quelle sorte de nucléaire on aura dans le temps.
Même aujourd'hui, quand on parle d'un autre problème ou d'un autre
projet que nous avons, l'uranium enrichi, cela traîne. Je ne sais qui a
le projet. C'est peut-être la Société de
développement, c'est peut-être Canadif, c'est peut-être
Eu-rodif.
M. Morin: Vous devriez peut-être le savoir comme ministre
des Richesses naturelles.
M. Cournoyer: Je le sais, mais je ne veux pas vous le dire.
M. Morin: Vous voyez comment cela est mené.
M. Cournoyer: C'est très bien mené, comme vous
pouvez le constater. Vous avez la meilleure commission parlementaire que vous
n'avez jamais eue. Vous pouvez dire tout ce que vous voulez.
M. Morin: M. le Président, est-ce qu'on peut revenir
à notre sujet?
M. Cournoyer: Au sujet de l'uranium enrichi... Pardon?
M. Bellemare (Johnson): II y a des bouts où vous
n'êtes pas agréable.
M. Cournoyer: Mon cher collègue et ami, c'est vous qui
m'avez montré cela il y a déjà six ans.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais il ne faut pas oublier qu'il y
a des élèves qui dépassent le maître.
M. Cournoyer: Cela, je le sais. Tous les élèves
dépassent le maître, y inclus moi.
M. Bellemare (Johnson): Vous êtes pas mal plus vite que
moi. Vous êtes pire que moi bien des fois.
M. Morin: Modeste...
M. Cournoyer: Je le sais que je suis le meilleur. Pourquoi est-ce
qu'on s'obstine là-dessus tout le temps, vous et moi, M. le
professeur.
M. Monty: Les gens qui sont versés dans le
nucléaire à l'Hydro-Québec actuellement considèrent
que la formule CANDU est la meilleure formule.
M. Morin: Est la plus sûre.
M. Monty: Nos estimations, pour les prochains projets, sont
basés sur du CANDU aussi.
M. Cournoyer: L'uranium enrichi, cependant, il y a des gens qui
discutent beaucoup d'un projet d'uranium enrichi qui soit situé à
la baie James ou ailleurs, on en parle beaucoup. Cela n'entre pas du tout, ni
l'utilisation, comme le disait M. Boyd hier, des 2500 mégawatts au
minimum. Ce n'est pas dans les projets ni de l'Hydro-Québec, ni de
personne dans votre entourage immédiat.
M. Monty: Non pas dans ceux-là.
M. Cournoyer: Je ne pose pas la question pour savoir s'ils sont
dans ceux-là. Je veux savoir si c'est dans les projets de l'Hydro.
M. Boyd: Ce n'est pas dans les projets de l'Hydro. Si le
gouvernement décidait que c'est une chose à faire, on
s'organiserait pour aider si on nous demande d'aider. Ce n'est pas plus que
cela.
M. Morin: M. Boyd...
M. Cournoyer: Mais si le gouvernement faisait de l'uranium
enrichi, est-ce que vous achèteriez une installation d'uranium enrichi
au lieu de la payer à CANDU? Ou si on ferait de l'uranium enrichi
seulement pour nous, seulement pour envoyer?
M. Boyd: Comme nous vous disions, M. Monty et moi, après
avoir discuté avec les gens de chez nous qui sont compétents dans
le nucléaire, on m'assure qu'actuellement et je suis prêt
à croire cela le CANDU est le meilleur système. C'est plus
sûr et, si on est inquiet au sujet de l'environnement, avec raison, le
CANDU est plus sûr. Peut-être que cela changera dans l'avenir.
L'autre facteur est un facteur économique. Lorsqu'on a commencé
à comparer les deux, le système américain coûtait
moins cher d'installation et plus cher d'opération. Maintenant, le
système CANDU et le système américain coûtent
à peu près la même chose d'installation et le
système américain coûte plus cher d'opération.
M. Monty: Les Américains, je pense, dans certains cas,
veulent revenir au système CANDU.
M. Morin: Oui, j'ai vu cela que...
M. Boyd: Alors, je ne vois pas pourquoi on changerait de
système.
M. Morin: Les Américains regrettent...
M. Boyd: Que ce soit d'Ottawa ou d'ailleurs, pour nous le
système CANDU est le meilleur.
M. Morin: M. Boyd, puisqu'on est sur le sujet de l'uranium
enrichi, vous avez mentionné qu'une telle usine pourrait exiger 2500
mégawatts. Est-ce que vous n'étiez pas très modeste. J'ai
déjà entendu des chiffres qui étaient trois fois
supérieurs à cela.
M. Boyd: M. Morin, je pense qu'on peut vérifier. Hier,
j'ai dit: Au moins. M. le ministre parlait de 0 à 2500 quand il parlait
de cela et, moi, je lui ai
dit: Au moins 2500. C'est exactement ce que j'ai dit.
M. Morin: Et cela pourrait aller jusqu'à combien?
M. Boyd: Je ne sais pas.
M. Morin: J'ai entendu mentionner 8000, est-ce que c'est de
l'ordre du possible? Selon l'ampleur de l'usine. Je sais que le chiffre de 8000
mégawatts a été mentionné.
M. Boyd: Celui-là, je n'en ai jamais entendu parler. J'ai
entendu parler de 2500. Evidemment, si on est bien ambitieux et on veut en
vendre plus, on va en faire plus. Les chiffres que nous connaissons, c'est
2500.
M. Morin: Compte tenu du fait que vous estimez que le
système CANDU est plus sûr et plus économique pour l'avenir
prévisible, compte tenu du fait que la production d'une telle usine
d'uranium enrichi devrait donc être exportée au moins pour la
majeure partie, la très grande partie, croyez-vous qu'il soit utile,
d'un point de vue technique je ne vous demande pas une réponse
politique croyez-vous qu'il soit utile pour le Québec à
l'heure actuelle de se lancer dans une usine d'uranium enrichi.
M. Boyd: Si nous n'en avons pas besoin, ce n'est pas utile pour
le Québec, mais cela peut être rentable. Ce n'est pas à moi
de décider de la rentabilité. On exporte différents
produits qu'on fabrique au Québec, mais ce n'est pas à moi de
décider de leur rentabilité parce que cela ne me regarde pas.
Si l'uranium enrichi était une affaire qui se vendait bien et
qu'on voulait en vendre, ce n'est pas à moi de décider cela.
M. Morin: Ce n'est pas de l'énergie qui, cependant,
servirait aux Québécois?
M. Cournoyer: ...comme vous diriez, c'est une belle preuve qu'on
est en avance sur les autres.
M. Morin: Dans la mesure où on a besoin d'énergie.
Justement, l'uranium enrichi n'est peut-être pas ce qui consiste,
à l'heure actuelle, à être en avance sur les autres.
M. Cournoyer: Quand allez-vous me le dire?
M. Morin: II semble que le CANDU soit, au contraire, le
système qui soit le plus avancé.
M. Boyd, peut-être une dernière question. Dans la mesure
où il faudrait 2500 mégawatts et peut-être davantage,
où pourrait-on prendre, compte tenu de vos programmes et de ce que vous
avez prévu pour les besoins québécois, où
pourrait-on aller chercher ces milliers de mégawatts?
M. Boyd: Cela pourrait être pris n'importe où dans
les programmes que vous a donnés M.
Monty. Il s'agirait d'en devancer l'un ou l'autre. On pourrait devancer
du nucléaire pour produire de l'énergie pour l'uranium enrichi.
On pourrait faire n'importe quel projet hydroélectrique pour
répondre a cela. Il s'agirait que la décision soit prise et que
les autorités nous disent: Faites-le. Qu'elles nous trouvent de l'argent
et on le fera.
M. Morin: Si je comprends bien, cela bousillerait assez votre
plan d'équipement tel qu'il existe?
M. Boyd: Cela le dérangerait parce qu'il n'est pas
prévu au plan d'équipement.
M. Monty: Dans le tableau no 4, il n'y a pas d'usine d'uranium
enrichi là-dedans.
M. Morin: Et, de toute façon, la position de
l'Hydro-Québec est que le financement nécessaire à un tel
projet devrait venir, non pas de l'Hydro-Québec, mais de
l'extérieur.
M. Giroux: C'est exact.
M. Morin: J'ai encore une ou deux questions sur le programme
d'équipement et, par la suite, on pourra peut-être passer à
autre chose, à moins que des collègues n'aient des questions.
Puis-je vous demander, en ce qui concerne Gull Island, si c'est
intégré ou si vous pensez l'intégrer dans vos programmes
d'équipement pour les années futures?
M. Giroux: C'est très difficile d'intégrer une
propriété qui est en dehors de la province...
M. Cournoyer: Hein?
M. Giroux: ...selon mon point de vue.
M. Cournoyer: C'est cela parce que je suis assez sûr que le
chef de l'Opposition va vous "ramasser" là-dessus, mon cher
président.
M. Giroux: Non, mais, actuellement... M. Bellemare (Johnson):
...la réponse.
M. Giroux: Je le sais. Il faudra obtenir le permis de construire
je ne sais de qui, si ce n'est pas du Labrador, si ce n'est pas de Terre-Neuve.
Alors, ce sont des programmes auxquels on peut coopérer, mais qu'on ne
doit pas sagement intégrer à nos programmes actuellement.
D'ailleurs, c'est peut-être plus avantageux de développer nos
propres rivières actuellement que de développer celles des
voisins, s'ils sont voisins. Ce n'est pas à moi de discuter cela.
M. Morin: J'ai terminé pour ce qui est du programme
d'équipement pour l'instant.
M. Cournoyer: Pour continuer sur Gull Island, qui est un sujet
qui, comme vous le savez, m'intéresse énormément... Je
sais que cela n'intéresse pas tellement le chef de l'Opposition,
mais...
M. Bellemare (Johnson): A l'ordre! A l'ordre! M. Morin: Je
viens juste de poser la question.
M. Bellemare (Johnson): En vertu du règlement, on n'a pas
le droit de prêter des intentions aux autres.
M. Cournoyer: Je ne vous prête pas des intentions. Je vous
prête une absence d'intentions.
M. Bellemare (Johnson): Non. Un instant! M. Morin: Laissez
faire. Laissez faire. M. Cournoyer: Je n'ai pas fini, moi!
M. Bellemare (Johnson): Non, mais vous avez mal
commencé!
M. Cournoyer: M. le président de l'Hydro-Québec,
si, par exemple, je pense en fonction des discussions qui existent
le Québec et l'Hydro-Québec, par conséquent,
développaient avec le Labrador ou dans le Labrador, en faisant
abstraction de tous les points et en mettant un point X où il faut
mettre un point X...
Si le Québec avec l'entreprise du Labrador développaient
les rivières de cette partie du pays, pourrions-nous inclure dans notre
bilan pour une période de temps X, Y ou Z, selon les discussions que
nous avons avec le gouvernement de Terre-Neuve actuellement, pourrions-nous
inclure le potentiel hydroélectrique du Labrador pour éviter
l'anneau nucléaire.
M. Giroux: Pour l'éviter, je ne crois pas parce qu'il n'y
a qu'une possibilité.
M. Cournoyer: La seule chose, c'est que je n'aime pas le
nucléaire. J'ai le droit. Je suis un représentant du peuple. J'ai
le droit de manifester des inquiétudes à l'Hydro-Québec,
qui, de toute façon, va le faire s'il est avantageux pour les
Québécois, selon l'Hydro-Québec et le gouvernement, de le
faire. Je veux que la chose soit discutée et je ne pense pas comme vous,
M. le président, et je ne pense pas comme le chef de l'Opposition. Ce
n'est pas ma faute.
M. Morin: Je ne vous en veux pas.
M. Cournoyer: Ce n'est pas la première fois et
j'espère que ce n'est pas la dernière aussi.
M. Morin: Ils vous ont répondu tout à l'heure.
M. Giroux: Vous demandez, pour commencer, Gull Island. Gull
Island, c'est 1800 mégawatts...
M. Cournoyer: 1800.
M. Giroux: ... de déclarés. Après cela, vous
parlez de l'ensemble du potentiel hydraulique. On donne que l'ensemble du
potentiel hydraulique est entre 5000 et 6000 mégawatts, incluant
Gull
Island. Donc, cela pourrait retarder le nucléaire de deux ans ou
de trois ans, mais très peu, parce que si on prend les chiffres...
M. Cournoyer: Ce que je voudrais est que vous me donniez la
condition. A la condition que nous, nous l'utilisions tout le temps...
M. Giroux: Oui. A la condition qu'on l'utilise...
M. Cournoyer: ... et non pas qu'il y en ait une grande partie qui
s'en aille à Terre-Neuve.
M. Giroux: Logiquement, dans un contrat avec Terre-Neuve, si elle
réussit son tunnel et ces choses, elle exigera d'avoir au moins 50% de
la production. Ce sont des chiffres à discuter, mais si on prend Gull
Island, qui parlait d'en prendre 900 mégawatts et de passer le reste
soit par Québec pour les autres provinces ou n'importe quoi, ce n'est
pas impossible à faire. C'est très possible. Mais
seulement...
M. Boyd: ... c'est seulement une année? M. Giroux:
... c'est seulement une année.
M. Boyd: II faudrait le faire sur le nucléaire d'une
année.
M. Cournoyer: D'une année seulement.
M. Perreault: Quand vous parlez du Gull Island, cela comprend-il
les basses chutes Churchill?
M. Cournoyer: C'est la même chose.
M. Boyd: C'est la même chose. C'est à peu
près 100 milles en bas du Churchill actuel, sur la même
rivière.
M. Cournoyer: Vous parliez tantôt d'un potentiel de 5000
à 6000 mégawatts dans tout le territoire du Labrador. Est-ce que
c'est 5000 à 6000 mégawatts qui ressemblent à nos 25 000
dont 15 000 mégawatts sont abordables et dont 10 000 pourraient
être...?
M. Giroux: C'est un chiffre qui nous a été
donné, mais il n'y a aucune étude approfondie qui a
été faite.
M. Cournoyer: C'est très général.
M. Boyd: Leurs études sont moins avancées que les
nôtres. Alors, il y en a très peu dont on peut être
sûr en dehors de Gull Island et de Mas-Krat, qui est sur la même
rivière, Goose Bay.
M. Perreault: A Gull Island, c'est assez avancé. Dans le
temps...
M. Giroux: Oui, à Gull Island, c'est avancé
à 1800 mégawatts. Mais vous remarquerez que,
dans les études préliminaires et très
préliminaires de Terre-Neuve, on inclut les bassins dont les
rivières coulent dans le Québec. Alors, il n'y aura pas deux fois
cette quantité.
M. Cournoyer: Si quelqu'un, M. Giroux, disait, par exemple, qu'il
y a un potentiel hydraulique et énorme dans le Labrador, vous, comme
technicien, que répondriez-vous?
M. Giroux: Merci du compliment, mais je ne suis pas
technicien.
M. Cournoyer: Pardon?
M. Giroux: Je ne suis pas technicien.
M. Cournoyer: On peut le demander à M. Boyd comme
technicien.
M. Boyd: Excusez-moi.
M. Cournoyer: Si quelqu'un, par hasard, politicien ou technicien,
disait: II y a Un potentiel hydraulique énorme dans le territoire du
Labrador et que le Québec refuse d'aider les Terreneuviens à le
développer je ne parle pas de la deuxième partie, mais
énorme ça vous frapperait comment?
M. Boyd: Enorme est très relatif. Cela peut être
énorme pour eux et pas beaucoup pour nous, mais si on entre dans le
rapport qui a été déposé, puisque, dans
l'étude conjointe qu'on avait faite, on avait, nous,
déposé nos 25 000 mégawatts et nos 15 000 mégawatts
le détail sommaire de cela et eux, on l'a ici, Gull
Island, 1800, Mus-Krat, dont je vous parlais, 800; Eagle River, 400 et la
petite Mecatina, 149, cela fait 3200 mégawatts à peu près.
C'est assez bien connu. La petite Mecatina, ce n'est pas sûr. Cette
rivière coule dans le Saint-Laurent et des deux côtés, et
le plus gros embranchement est du côté du Saint-Laurent.
De toute façon, des sites connus comparatifs à nos 15 000
mégawatts, pour eux, c'est 3200. Dans le moins connu, il y a la
rivière Saint-Paul, où, apparemment, c'est bon pour le saumon et
un certain nombre, de mégawatts, il y a le Saint-Augustin et toutes
sortes de rivières qui, au total, elles sont dix, font 1300
mégawatts. Je vous ai dit que ce n'était pas énorme.
M. Perreault: Vous avez parlé de 4500...
M. Bellemare (Johnson): ...très attirante. C'est là
qu'on prend des gros saumons rouges.
M. Morin: M. le Président, pour autant que nous sommes
concernés, nous sommes prêts maintenant à aborder les
coûts.
M. Cournoyer: C'est là que vous avez ramassé
Jérôme?
M. Bellemare (Johnson): Qui?
M. Cournoyer: Est-ce que c'est là que vous avez
ramassé Jérôme?
M. Bellemare (Johnson): Qui? Je ne comprends pas.
Jérôme? Pourquoi ne l'avez-vous pas gardé?
M. Cournoyer: Parce que vous le vouliez.
M. Bellemare (Johnson): Ah! Ah! Laissez-nous faire notre partage,
vous allez voir.
Le Président (M. Séguin): On peut suspendre, si
vous voulez, pour continuer votre discours.
M. Bellemare (Johnson): On pourrait faire une petite commission
parlementaire.
M. Morin: On peut passer aux coûts maintenant. En tout cas,
nous sommes disposés.
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur les équipements?
M. Perreault: Oui. Est-ce que, à Lachine, dont il est fait
mention ici, c'est le rapide de Lachine?
M. Monty: C'est toujours le même projet qu'on indique. On
pense qu'on aurait de la difficulté à développer ce qu'on
a à Lachine, vis-à-vis de Montréal. C'est quand même
un potentiel qui existe, mais le rendre réalisable, l'exploiter d'une
façon positive, cela créerait des difficultés au niveau de
l'environnement.
M. Bellemare (Johnson): C'est Lachine de par ici.
M. Monty: C'est Lachine de par ici, oui.
Le Président (M. Séguin): M. Monty, nous vous
remercions. Maintenant, la troisième partie de notre étude.
Implications financières, investissements, etc.
Implications financières
M. Morin: M. le Président, on aborde maintenant les
coûts. C'est plus tôt que prévu, parce qu'apparemment, le
ministre voulait que cela attende le 24 août. Logiquement, nous y
arrivons maintenant... En toute logique, le moment est venu d'aborder les
coûts.
On peut difficilement aborder les investissements avant les coûts,
les emprunts, avant les coûts. Alors, le moment est venu d'aborder les
coûts.
M. Cournoyer: Quels coûts?
M. Morin: Vous semblez être un peu perdu, à l'heure
actuelle.
M. Cournoyer: Je ne suis pas du tout perdu. Il est entendu que
nous parlons maintenant des implications financières.
M. Morin: C'est cela.
M. Cournoyer: On va entendre l'Hydro-Québec nous parler
des implications financières, d'une demande bien décrite par
l'Hydro-Québec, qui cause un programme d'équipement bien
décrit par l'Hydro-Québec. Qu'est-ce que tout cela va
coûter?
M. Morin: C'est cela.
M. Cournoyer: La semaine prochaine, on ira dans le détail
des coûts de la baie James, c'est tout.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'on va parler aussi des ventes
qui sont connexes à...
M. Cournoyer: Les implications financières et toute cette
histoire-là.
M. Bellemare (Johnson): Oui?
M. Morin: Est-ce que ces messieurs ont un texte à nous
communiquer?
M. Giroux: Non, mais on peut répondre à vos
questions.
M. Bellemare (Johnson): On aimerait avoir certaines
explications.
M. Giroux: Mettez-les sous forme de questions. Si vous voulez
commencer avec l'exportation, on peut expliquer l'exportation. On n'a aucun
document.
M. Morin: Vous n'avez aucun document sur la signification
financière de vos programmes d'équipement?
M. Monty: On peut vous donner les chiffres si vous voulez, cela
va être enregistré.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'il y a un document qui serait
préparé à cet effet et qu'on pourrait suivre?
M. Monty: Ce n'est pas un document qu'on peut vous donner pour le
moment. C'est une série de chiffres que j'ai devant moi, qui me permet
quand même de répondre à vos questions. Je puis vous dire
que le programme d'équipement de 1976 à 1985, incluant ceux de la
baie James, totalise $28,3 milliards.
Si vous voulez faire une répartition au niveau de la production,
l'Hydro-Québec...
M. Bellemare (Johnson): Cela, c'est la baie James comprise?
M. Monty: La baie James comprise.
M. Bellemare (Johnson): Mais, pour la baie James, les chiffres
fournis jusqu'à maintenant sont de $16 milliards. C'est cela.
M. Monty: C'est cela. $16, 2 milliards.
M. Bellemare (Johnson): Alors, il reste $8 millions.
M. Monty: Maintenant, pour ce qui a trait à
l'Hydro-Québec, nous avons, en production, pour le programme de 1976
à 1985, un total de $7,4 milliards. Le transport d'énergie, pour
l'Hydro-Québec, représente $1,695 milliard.
M. Perreault: Jusqu'en 1985?
M. Monty: Jusqu'en 1985. La distribution, qui comprend les
régions et les métropolitains: $3,2 milliards. Les
généralités pour l'équipement, qui comprend le
centre de dispatching, ainsi de suite, c'est $1 036 000 000. Ceci totalise $17
518 000 000 pour l'Hydro-Québec. Mettons $17,5 milliards si vous voulez
arrondir le chiffre. Le reste, vous avez $4,1 milliards pour les lignes de la
baie James et vous avez $10 811 000 000 pour la production de la baie James. Si
vous faites l'addition de $4,1 milliards et de $10,8 milliards, la
différence, c'est l'argent qui a été dépensé
jusqu'ici pour la baie James, ce qui représente environ $1 240 000 000
à la fin de 1975.
M. Morin: Est-ce que vous avez un tableau sur la façon
dont vous comptez répartir ces coûts au fil des années?
D'habitude, vous êtes moins avares de tableaux. On peut avoir des
chiffres sur lesquels on peut se pencher.
M. Monty: J'ai fait une erreur tantôt. On me corrige ici.
Dans les $17 milliards de l'Hydro-Québec, les $17,5 milliards, on inclut
les $4,1 milliards de transport de la baie James, parce que
l'Hydro-Québec est responsable de la construction et de la conception du
réseau de transport de la baie James. Alors, vous avez $17,5 milliards
pour l'Hydro-Québec, incluant les lignes de la baie James, et $10,8
milliards pour la production de la baie James, pour un total de $28,3
milliards.
M. Bellemare (Johnson): Au gouvernement fédéral, il
a été question... Le gouvernement fédéral a
déjà payé pour ce dont vous parlez, la construction des
lignes qui représente $4 104 000 000. Vous avez, par exemple, au
Manitoba, où le gouvernement fédéral a contribué
pour une large part, par exemple, pour $200 millions de financement, et il a
contribué pour $350 millions à Terre-Neuve comme il a
contribué... Le Québec a investi $1 milliard dans les lignes de
Churchill Falls à Montréal qui sont maintenant terminées
après dix ans d'efforts, mais il doit débourser $3,3 milliards
pour les lignes, pour amener de l'énergie de la baie James. Est-ce qu'il
va y avoir une participation du gouvernement fédéral sur ces $4
104 000 000 de la construction des lignes?
M. Giroux: Actuellement, il n'y en a pas du tout. Nous avons fait
une demande à M. Gillespie, lui expliquant différents programmes,
quand il disait qu'il était prêt à aider, par une lettre
qu'on a
déposée au moment où M. Gillespie venait rencontrer
M. Cournoyer. On lui a fait une demande. De mémoire, je ne me rappelle
pas les chiffres, mais je pourrai déposer...
M. Bellemare (Johnson): C'est en mai, c'est en juin.
M. Giroux: C'est au mois de décembre. M. Bellemare
(Johnson): Décembre 1975.
M. Giroux: Décembre 1975. J'ai reçu une lettre,
plutôt vague, d'excuses budgétaires, mais je pourrai
déposer la lettre et cela vous donnera une idée du...
M. Bellemare (Johnson): Dans un article publié dans le
Soleil, en gros titre, on lit, par exemple, en manchette: Québec est
prêt à une participation financière d'Ottawa pour la baie
James et là, on décrit le troc qui peut se faire entre le
gouvernement fédéral et le gouvernement provincial au sujet de
certaines conditions qui ont été acceptées dans d'autres
provinces sur d'autres projets.
M. Giroux: Je pense bien qu'il n'y a pas d'objection à ce
qu'on dépose la lettre que j'ai envoyée à M. Gillespie. Je
pourrai l'apporter le 24. C'est une lettre très claire qui demandait des
prêts pour des travaux qu'on a faits déjà et c'était
exactement ce qui a été fait pour d'autres provinces.
M. Bellemare (Johnson): Et quelle est la réponse?
M. Giroux: J'ai reçu une réponse plutôt
négative. Le ministre disait qu'il examinerait cela, mais que le budget
de cette année ne lui permettait pas, enfin...
M. Bellemare (Johnson): Nous accusons réception et nous
étudions.
M. Giroux: Peut-être dans ce sens. J'apporterai la
réponse.
M. Bellemare (Johnson): C'est le genre de réponse qu'on
reçoit des fois de l'Hydro.
M. Giroux: De l'Hydro? C'est impossible.
M. Morin: M. le Président, M. Monty confirmait il y a un
instant, que le coût de la baie James allait être de $16 200 000
000. Je voudrais vous lire un paragraphe des Débats de l'année
dernière, jeudi, le 3 juillet 1975. C'est M. Boyd qui parle: "Nous
dirons donc, encore une fois, que le coût total qui ressort de notre
estimation budgétaire du mois de mai 1974 est de $11,9 milliards,
chiffre qui tient compte d'un taux d'intérêt moyen de 10%, d'une
inflation moyenne de 7%." Il contihutait plus loin: "Pour autant que nous
sommes concernés, ces chiffres sont toujours valables." Le 3 juillet
1975.
Cette année, nous sommes devant un chiffre de $16,2 milliards. Je
ne peux pas m'empêcher de remarquer qu'on a caché certaines choses
en 1975 et que cette augmentation radicale de plus de $4 milliards est fort
difficile à expliquer. Je me demande pourquoi on l'a cachée
l'année dernière. Je me demande pourquoi on nous affirmait que
ces chiffres étaient toujours valables, ces chiffres de $11,9
milliards.
M. Cournoyer: M. le Président, nous avons convenu de
terminer cette assemblée à 5 h 30. Si nous embarquons dans les
coûts de la baie James d'ici 5 h 30, on ne reviendra pas le 24.
M. Morin: C'est peut-être un choix que vous avez à
faire.
M. Cournoyer: Je vais faire le choix.
M. Morin: Mais, la logique maintenant veut que nous embarquions
dans les coûts de la baie James.
M. Cournoyer: Vous embarquez dans des déclarations...
M. Morin: Les implications financières du programme, c'est
d'abord cela.
M. Cournoyer: Parfait, votre logique est comme cela, mais,
effectivement, nous avons planifié avec l'Hydro-Québec et la
Société d'énergie de la baie James une étude des
coûts de la baie James détaillée pour qu'on puisse vous
donner toutes les réponses le 24. Maintenant, là, vous allez
poser des questions auxquelles vous n'aurez pas les réponses et vous
faites exprès pour tout simplement mêler les problèmes. On
a voulu les démêler, les problèmes...
M. Morin: Je ne suis pas sûr que l'Hydro n'était pas
prête à répondre dès maintenant. J'ai l'impression
que c'est peut-être vous qui avez décidé cela.
M. Cournoyer: Et après, si c'était moi qui avait
décidé cela, cela regarde qui de décider cela?
M. Bellemare (Johnson): Cela ne serait pas bien, parce que la
commission parlementaire est appelée à siéger en
commission d'étude et je pense que c'est le droit des parlementaires de
poser certaines questions...
M. Cournoyer: Poser certaines questions.
M. Bellemare (Johnson): ...qui sont raisonnables.
M. Cournoyer: Non.
M. Bellemare (Johnson): Si le ministre...
M. Cournoyer: Elles ne sont pas raisonnables.
M. Bellemare (Johnson): Changez donc d'humeur. Voyons donc!
M. Cournoyer: Je ne peux pas.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas cela qu'on veut.
M. Cournoyer: Je ne peux pas changer d'humeur.
M. Bellemare (Johnson): On voudrait qu'autour de cette table, il
y ait une sérénité et les gens disent...
M. Cournoyer: II n'y en aura pas.
M. Bellemare (Johnson): Ils sont très ouverts, ils nous
ont fourni un lot extraordinaire de documents...
M. Cournoyer: ...
M. Bellemare (Johnson): ...qui nous ont valu véritablement
des renseignements utiles pour la population. Je vous en félicite, c'est
très bien, vous n'avez rien caché jusqu'ici. Pourquoi ne pas
rester dans ce climat et continuer très sereinement à employer
les quelques minutes qui nous restent...
M. Cournoyer: La commission parlementaire du 24 a
été convoquée à cet effet-là.
M. Bellemare (Johnson): On comprend cela, M. le ministre.
M. Cournoyer: A cet effet-là.
M. Bellemare (Johnson): Ne prenez pas le ton arrogant comme cela.
Ce n'est pas bien pour un ministre.
M. Cournoyer: Ce n'est pas bien que vous n'acceptiez pas que les
convocations de la commission parlementaire soient bien faites.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais si l'Hydro est disposée
à nous répondre tranquillement. Pourquoi venez-vous comme un
chien dans un jeu de quilles, pour tout briser cela?
M. Cournoyer: L'Hydro, êtes-vous disposés à
leur répondre tranquillement?
M. Bellemare (Johnson): Oui, tranquillement, bien oui.
M. Morin: Sûrement.
M. Boyd: Sur les coûts de la baie James, étant
donné que j'ai été convoqué pour le 24, je n'ai pas
les documents détaillés...
M. Bellemare (Johnson): Une autre chose.
M. Boyd: ...pour répondre. Si cela avait été
convoqué autrement... Mais cela a été convoqué
comme cela. Je ne les ai pas, ils sont à mon bu- reau. Mais, je m'oppose
à la question posée, parce que je suis visé
personnellement dans mon honnêteté et par la façon dont la
question est posée hors contexte. Je pense que ce n'est pas correct. Ou
bien je réponds et on me dit de ne pas répondre parce que ce
n'est pas à l'ordre du jour, ou bien, si je ne peux pas répondre,
la question ne devrait pas être à l'ordre du jour de cette
discussion, parce qu'elle est hors contexte et je n'ai pas l'occasion
d'expliquer dans quel contexte cette réponse a été
donnée.
M. Morin: Croyez-vous qu'il soit possible de discuter des
implications financières de vos programmes d'équipement, sans
discuter du coût de la baie James?
M. Boyd: Ce n'est pas à moi à poser la
question.
M. Cournoyer: Pourquoi accusez-vous M. Boyd de vous avoir
menti?
M. Morin: Pardon?
M. Cournoyer: C'est cela que j'ai compris.
M. Morin: Quand M. Boyd a fait cette déclaration,
l'année dernière, il parlait comme commissaire de la Commission
hydroélectrique et il a dit ce que j'ai cité. Je veux savoir
comment il se fait qu'il a pu me dire cela à l'époque et
qu'aujourd'hui, on se trouve devant un résultat différent.
M. Cournoyer: Immédiatement après, vous avez
accusé la commission de vous avoir caché quelque chose.
M. Morin: Pardon, caché. C'est cela.
M. Cournoyer: Donc, M. Boyd vous avait caché quelque
chose, parce que c'est lui qui parlait, c'est lui qui était
cité.
M. Morin: Je pose la question et peut-être voudra-t-il me
répondre maintenant. Comment avez-vous pu déclarer,
l'année dernière, M. Boyd: "Pour autant que nous sommes
concernés, ces chiffres sont toujours valables?"
M. Boyd: M. Morin, vous savez, j'ai toujours répondu
à vos questions, pendant des heures. Je le ferai encore avec plaisir,
mais cette question, posée hors du contexte, je trouve que ce n'est pas
catholique envers moi, pour ne pas employer un autre mot, parce que c'est dans
le contexte de toute une séance très longue où il y a de
nombreuses explications. Je vous répondrai le 24 en détail
à cette question ainsi qu'à n'importe quelle autre. Nous sommes
prêts pour cela. Mais la façon dont elle est posée
m'incrimine et je ne peux pas y répondre correctement. Vous n'avez pas
le droit de me traiter comme cela.
M. Morin: Je ne veux pas vous incriminer personnellement.
M. Boyd: C'est moi qui suis cité.
M. Morin: Vous parliez comme représentant de la
commission.
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît! M. le chef de l'Opposition.
M. Morin: On s'est fondé là-dessus l'année
dernière.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! M. Morin:
Oui, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): II y a un
député qui a signalé un point d'ordre tout à
l'heure. J'avais l'impression, au début de vos commentaires, M. le chef
de l'Opposition, qu'il s'agissait de questions concernant le fait qu'on a
mentionné que le budget de $28 milliards comprenait le montant de $16
milliards, mais que vous vouliez préciser et retrancher cette partie,
pour revenir ensuite aux engagements financiers, aux implications
financières, en ce qui concernait le budget de l'Hydro.
Je suis maintenant obligé d'arrêter tout débat en ce
qui concerne la baie James, pour la simple raison que cette commission-ci,
ayant commencé à siéger hier et continuant sa
séance aujourd'hui, a été convoquée aux fins
d'entendre les administrateurs de l'Hydro-Québec il ne s'agit pas
de la baie James relativement au programme d'investissements de cette
société.
Pour autant que la commission voudra s'en tenir aux investissements de
l'Hydro-Québec, nous sommes tout à fait dans l'ordre.
Aussitôt qu'il s'agira d'investissements concernant la baie James et le
développement de la baie James, je dois malheureusement je n'ai
pas le choix remettre tout cela à la séance du 24,
séance à laquelle les informations, les personnes et ceux qui
sont concernés par la baie James seront ici soit pour donner des
explications, soit pour se défendre, enfin, je ne sais pas.
M. Morin: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): En ce qui concerne la
question qui a été posée par le chef de l'Opposition ou
plutôt les commentaires se référant à un texte du
journal des Débats, texte qu'on a voulu prêter à M. Boyd ou
qu'on a suggéré comme étant les paroles de M. Boyd, je
vois la position dans laquelle se trouverait M. Boyd à ce moment-ci.
Premièrement, je coupe le débat en ce qui concerne la baie
James. Une question ou un commentaire est fait et il y aurait silence. Donc,
c'est injuste pour lui. Ce que je dois donc faire, c'est de demander à
M. Boyd s'il est prêt à faire des commentaires ou à
répondre au commentaire fait par le chef de l'Opposition, un point c'est
tout, répondre à cela, non pas le dépasser, ou si vous
prévoyez qu'il y aurait préjudice à faire des commentaires
aujourd'hui, en ce qui vous concerne, et que vous préféreriez
attendre pour répondre à cette question, au 24 août.
M. Boyd: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): La question est
posée. C'est pour cela que...
M. Boyd: Cette question fait partie d'un contexte d'explications
qui vont probablement durer des heures le 24 août. Je pense que ce n'est
pas de mise pour moi en tout cas ce n'est pas moi qui ai fixé les
dates, ce sont les autorités gouvernementales qui ont fixé les
dates et je les respecte mais étant donné que...
M. Morin: C'est absurde comme décision.
M. Boyd: C'est ainsi, je l'accepte et je ne peux pas
répondre à cette question hors contexte. Il faut que cela fasse
partie d'une présentation globale.
M. Morin: M. le Président, est-ce que...
M. Bellemare (Johnson): Si je comprends bien, vous serez
prêt à répondre à toutes les questions concernant la
baie James, même à celle-là, concernant la
différence de $11 milliards à $16 milliards, le 24 août
prochain?
M. Boyd: Précisément, le but de l'exercice est de
répondre à la différence des estimations et à
répondre à n'importe quelle question sur le projet de la baie
James.
M. Bellemare (Johnson): Vous n'avez pas vos documents pour le
faire aujourd'hui?
M. Boyd: Je ne les ai pas aujourd'hui.
M. Morin: M. le Président, j'ai quelque chose à
ajouter là-dessus.
Le Président (M. Séguin): Est-ce sur le point
d'ordre?
M. Morin: Sur le point d'ordre?
Le Président (M. Séguin): Le député a
été rappelé à l'ordre, alors c'est là-dessus
que j'ai commenté.
M. Morin: Oui, bien sûr. Je voudrais que M. Boyd comprenne
que si je pose la question, c'est parce que c'est une question
préliminaire. Avant d'étudier les coûts possibles des
projets d'investissements, des projets d'équipement dont on nous a fait
part, il faut qu'on discute de cela. Tant qu'on n'aura pas fait le tour de la
baie James, il est bien difficile de discuter sur le reste. De sorte que ce qui
est en cause, c'est la décision du ministre de nous empêcher
d'aborder la baie James au moment logique où on devrait l'aborder.
Pourquoi avez-vous remis cela au 24? C'est absurde. Que nous reste-t-il
à faire? C'est d'abord sur cette question qu'on doit se pencher avant
d'aller plus loin. C'est une décision absurde.
M. Cournoyer: II y a certainement, M. le Président, une
chose en particulier, c'est comment l'Hydro-Québec entend financer tous
ces projets. Vous avez $16,2 milliards dans la baie James et vous avez un autre
$1 milliard d'ici à 1985. Cela fait $28 milliards en tout. Comment
entend-on financer cela? C'est une question que je considère comme
générale. Les $28 milliards, sans savoir quel est le coût
de la baie James, il est déjà fixé à $16,2.
M. Morin: II faut d'abord parler des coûts et analyser les
coûts avant le financement.
M. Cournoyer: Les coûts sont là, vous ne les
changerez pas. Il va vous expliquer le détail des coûts, la
semaine prochaine.
M. Morin: Oui. Et vous voulez parler du financement avant de
parler des coûts.
M. Cournoyer: Bien oui, pauvre vous. Il n'y a qu'une partie des
coûts que vous indiquez. C'est $16,2 milliards sur la baie James. Il n'y
a pas que la baie James dans tout le problème. Il y a tout le programme
d'investissement de l'Hydro-Québec d'ici à l'an 2000.
M. Morin: M. le Président...
M. Cournoyer: On a donné une estimation d'ici 1985. On
peut demander à M. Monty: Comment prévoyez-vous que seront les
investissements de 1985 à 2000, quels seront ces coûts aussi?
Après cela, voir comment on va financer cela.
M. Morin: Et les coûts généraux, vous croyez
que cela va être plus fiable que les estimations sur la baie James?
M. Cournoyer: M. le Président, encore une fois, c'est une
très mauvaise remarque de la part du chef de l'Opposition qui implique
la malhonnêteté des chiffres qui ont été
donnés.
M. Morin: Pas du tout.
M. Cournoyer: C'est comme cela que je le prends, parce que, quand
on me dit: Vous pensez que cela va être plus fiable que les chiffres
qu'on a donnés à la baie James...
M. Morin: Se tromper, c'est humain. Il semble bien qu'on se soit
trompé, l'année dernière et l'année
précédente. Est-ce que je dois vous rappeler les chiffres?
M. Cournoyer: M. le Président, j'ai bien l'impression que
nous allons dans le débat totalement inutilement. Nous sommes à
étudier les programmes d'investissements de l'Hydro-Québec pour
d'ici à l'an 2000. Il y en a une partie qui a été
expliquée par M. Monty. C'est sûr qu'ils sont faits pour 1985.
Après 1985, vous avez de M. Monty une certaine projection des
coûts que l'Hydro-Québec devra encourir,
généralement parlant pour rencontrer la demande qu'on a
établie.
M. Morin: M. le Président, je pense que c'est inutile de
discuter de cela tant qu'on a pas vidé la question de la baie James.
Le Président (M. Séguin): En ce qui me concerne, il
n'y aura pas de débat sur le problème de la baie James à
cette séance. C'est dire que nous toucherons au problème de la
baie James à l'occasion de la séance de cette commission, le 24
août. Je ne fais pas la loi, je prends tout simplement ce que nous avons
comme convocation et textuellement la deuxième a lieu le 24, pour la
baie James.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, est-ce que je
dois comprendre qu'il ne sera pas question aujourd'hui d'aucune question
concernant les investissements de la baie James.
Le Président (M. Séguin): C'est cela.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu vous pouvez me donner une
directive quant à un autre point de vue, si le chef de l'Opposition me
permet d'entrer dans un autre sujet, parce que...
M. Morin: Je voudrais que le président relise la
convocation. On va me dire si cela inclut ou si cela exclut la baie James.
Voulez-vous la relire, M. le Président?
Le Président (M. Séguin): Veuillez prendre avis que
la commission élue permanente des Richesses naturelles et des Terres et
Forêts se réunira mardi, le 10 août 1976, à 10 h 30,
au Salon rouge de l'Assemblée nationale, aux fins d'entendre les
administrateurs de l'Hydro-Québec relativement aux projets
d'investissements de cette société. Je présume que "cette"
veut dire l'Hydro-Québec.
M. Morin: Oui, mais elle est propriétaire de la SEBJ, donc
cela fait partie de son programme d'investissement.
Le Président (M. Séguin): On a fait au début
la distinction. On a fait une convocation à part pour les
problèmes qui concernaient la baie James. Je m'en tiens à cette
convocation, mais je m'en tiens...
M. Bellemare (Johnson): J'ai l'impression que cela a
été une manoeuvre.
Le Président (M. Séguin): Cela a été
convenu au début.
M. Bellemare (Johnson): La convocation du 24 août... On n'a
jamais entendu parler du 24 août, excepté quand la commission
parlementaire a commencé à siéger.
Le Président (M. Séguin): M. le
député, la
manoeuvre serait que je permette aujourd'hui d'aborder les
problèmes d'investissement de la baie James.
M. Bellemare (Johnson): Non, ce n'est pas ce que je dis.
Le Président (M. Séguin): Puisque les gens ne sont
pas préparés.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas ce que je dis. Est-ce que la
convocation du 24 août n'a pas été un paravent.
M. Morin: Elle n'existe pas. Je m'excuse. La convocation n'est
pas encore faite. Donc, vous ne pouvez pas soutenir cela, M. le
Président.
M. Perreault: Elle est annoncée par le ministre.
M. Morin: Est-ce que c'est une convocation cela? Qu'est-ce que
c'est?
M. Bellemare (Johnson): Elle peut bien ne pas être
faite.
M. Morin: II peut changer d'idée la semaine prochaine.
M. Perreault: II a annoncé la commission parlementaire
dès le début.
M. Morin: M. le Président, la convocation pour le 24 n'a
pas été faite, que je sache, donc elle n'existe pas, cette
convocation...
M. Perreault: L'Hydro est avertie à part cela.
M. Morin: ...et vous ne pouvez pas, aujourd'hui, écarter
un sujet aussi vital pour la compréhension des implications
financières des programmes de l'Hydro, aussi vital qu'est la baie James.
D'ailleurs, ce n'est pas nous qui avons mentionné ces milliards parmi
les chiffres de l'Hydro-Québec, c'est M. Monty lui-même qui nous a
mentionné tout à l'heure les $16,2 milliards. Vous ne pouvez pas
exciper d'une convocation qui n'a jamais été faite.
M. Bellemare (Johnson): Sauf, M. le Président, si les
membres de la Commission hydroélectrique n'avaient pas en main les
documents parce qu'ils ont été pressentis qu'il y aurait une
autre réunion le 24.
M. Boudreault: C'est ce qu'ils nous ont dit, d'ailleurs.
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez, seulement un instant! A partir
de là, je serais d'avis que, si on n'a pas en main les documents qu'il
faut, mais qu'on a une autre certitude pour le 24, bien, que voulez-vous, il va
falloir obtempérer et, je pense, discuter d'un autre sujet.
M. Morin: Avez-vous des documents à nous donner, au moins,
pour qu'on puisse étudier et qu'on puisse travailler? Vous n'avez aucun
document. On perd notre temps, M. le Président.
M. Perreault: Sur $28 milliards, il y a $10,8 milliards pour le
projet là-bas.
M. Bellemare (Johnson): Un instant! Je m'en viens sur un autre
chemin, sur une autre question...
M. Perreault: Là, il y en a un...
M. Bellemare (Johnson): ... qui est complètement à
part celle-là. Je ne sais pas si le chef de l'Opposition veut continuer
ses représentations, mais, quant à moi, si les membres de la
Commission hydroélectrique n'ont pas en main les documents qu'il faut,
je suis bien prêt à attendre le 24 et je poserai mes questions
à ce moment-là.
M. Dozois: M. le Président.
M. Bellemare (Johnson): On va...
M. Dozois: M. le Président, me permettriez-vous? Nous
avons été avertis que, pour hier et aujourd'hui, nous
discuterions de l'Hydro-Québec et que, le 24, ce seraient les
coûts de la baie James. Je dois vous faire remarquer qu'au conseil
d'administration de la baie James, non seulement on n'a pas les documents avec
nous, mais il manque deux membres. Nous sommes cinq. Il y a M. Gi-roux qui est
le président du conseil d'administration, M. Boyd est le
président de la Société de la baie James, M. Boulva est un
des administrateurs, M. Pierre Mac Donald est vice-président de la
Société d'énergie et je suis un des administrateurs.
J'estime qu'en toute justice pour nous, pour le conseil d'administration, je
voudrais bien que mes deux autres collègues, M. Boulva et M. MacDonald,
assument leurs responsabilités devant la commission, qu'ils soient ici
et que nous-mêmes nous allions... Je n'ai pas un seul document. Je suis
un administrateur.et, dans les coûts de la baie James, n'est-ce pas, je
pense qu'on peut discuter globalement des $16 milliards, comment les financer.
On peut, je pense, vous expliquer comment il se fait que tels travaux
estimés à tant de millions à LG 2 reviennent aujourd'hui
à 25%, 30% ou 40% plus cher. On pourra vous donner ces renseignements si
on a les documents avec nous. Mais, aujourd'hui, de mémoire, je pense
qu'il serait injuste de tenter, autant pour vous que pour nous, de vous
expliquer comment telle estimation faite pour tel projet particulier est
devenue 25% ou 30% plus élevée.
M. Morin: Très bien! Alors, M. Dozois, j'imagine que, si
vous n'êtes pas disposés aujourd'hui à parler de la baie
James, vous avez au moins des documents à nous remettre sur le reste des
coûts.
M. Dozois: Pour le reste des coûts, si vous me
permettez, M. Monty dit que nous avons à financer, d'ici 1985,
$28 milliards, y compris les $16 milliards de la baie James. Je pense que M.
Lemieux, qui est le directeur des finances de la baie James, peut fort bien
vous exposer comment, d'année en année, nous allons autofinancer
tant de millions et comment nous allons emprunter tant de millions pour faire
face aux investissements projetés d'année en année. Je
pense qu'on peut faire cela aujourd'hui.
M. Morin: Est-ce que je pourrais vous demander pourquoi vous
n'avez pas procédé comme vous le faites d'habitude alors que vous
nous remettez des documents qu'on peut examiner à l'avance et nous
perdons beaucoup moins de temps puisque nous avons les chiffres sous les yeux
et nous pouvons poser des questions.
M. Monty: M. Morin, on vous a remis, hier matin, les documents
dont nous avons discuté aujourd'hui, jusqu'ici. Nous allons probablement
vous remettre les documents avant le 24 afin de vous permettre de pouvoir en
discuter le 24. Ce dont on a discuté depuis deux jours, on vous a remis
cela seulement hier matin.
M. Morin: Oui, mais ce dont nous allons parler maintenant, vous
n'avez rien à nous donner. Vous n'avez pas de documents
préparatoires, vous n'avez pas...
M. Carpentier: ... pour le 24.
M. Bellemare (Johnson): Non, ce n'est pas cela.
M. Morin: Bien non, on ne parle pas de cela.
M. Bellemare (Johnson): Suivez le débat, monsieur.
M. Monty: Concernant la question du financement, je pense que M.
Giroux et M. Lemieux pourront répondre sur la façon dont nous
allons financer ces investissements. Nous n'avons pas de documents qui...
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que vous auriez des documents
concernant les autres investissements, à part la Société
de développement de la baie James, par exemple en ce qui concerne les
ventes d'électricité à l'extérieur du
Québec? Auriez-vous des documents concernant cela, parce que cela fait
partie des $28 milliards? On pourrait peut-être discuter de ces points de
vue, des ventes des surplus à l'extérieur de la province. On
pourrait peut-être parler de certaines raisons qui motivent le surplus,
dans les faits, et comment il est administré. On pourrait
peut-être parler de l'autofinancement de 20% qui se fait. Vous
prétendez le faire à 30%. Ce sont peut-être des sujets
qu'on pourrait étudier. Aviez-vous des documents préparés
pour cela? Par exemple, le contrat avec l'Ontario, le contrat avec Terre-Neuve,
le contrat avec PASNY, les ententes fédérales-provinciales. Il y
a bien des choses qui pourraient peut-être faire le sujet de discussions,
si vous aviez en main la différence qui existe entre les $16 milliards
et les $12 milliards qui sont sûrement des dépenses prévues
d'ici 1985.
M. Giroux: Voici, M. le Président, on a
déposé nos bilans...
M. Bellemare (Johnson): Comment? M. Giroux: On a
déposé nos bilans. M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Giroux: Dans le passé, on a toujours
déposé et expliqué nos projections selon des normes.
Actuellement, on a retardé au 24 août toute cette partie qui
était l'explication de la baie James. Seulement...
M. Bellemare (Johnson): Avec les $16 milliards, mais les $12
milliards?
M. Giroux: Les $12 milliards ou l'ensemble, on l'inclut en
détail dans le projet. On peut vous donner nos estimations de ce que
cela va être. On n'a pas préparé le document, mais je ne
crois pas que ce soit nécessaire de préparer un document. Ce sont
des chiffres annuels, jusqu'à 1980 et de 1980 à 1985. On pourra
faire un tableau par la suite et vous le faire parvenir.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, c est tellement
facile de travailler à un document comme on l'a fait avec les
équipements.
M. Giroux: On pourra...
M. Bellemare (Johnson): On le taille en pièces et on s'en
va. On a eu des réponses extraordinaires qui nous ont satisfaits, moi en
tout cas. Avec un document comme cela, on établit un certain processus
et on nettoie les questions en suspens au fur et à mesure, comme on l'a
fait dans le document.
M. Giroux: Ce serait assez facile pour nous de faire des
estimations de couverture d'intérêt, des estimations
d'emprunt.
M. Bellemare (Johnson): Regardez, M. le Président, dans
les $28 milliards pour d'ici à 1985, de 1976 à 1985, il y a $16
milliards qui vont être discutés le 24 août. D'accord, on va
avoir les documents. Sur l'autre partie des $12 milliards d'investissements, on
a moins... Vous avez le rapport annuel, c'est sûr.
M. Giroux: Vous avez un programme d'investissements.
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Giroux: Et on a un programme d'emprunt qu'on peut vous
expliquer.
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Giroux: Tantôt, on a dit qu'il y a plusieurs programmes
où vous aimeriez poser des questions. Dans ces questions, si vous
désirez parler de l'exportation des 800 mégawatts avec le contrat
de PASNY, M. Villeneuve est ici et il peut expliquer en détail ce qu'est
le contrat de PASNY et les revenus que cela donne. Lors de l'autre commission
parlementaire, ces questions seront posées. Aussi bien en discuter
aujourd'hui.
M. Morin: Oui, mais il y a quelque chose d'artificiel
là-dedans, de parler de cela avant de parler des coûts.
M. Giroux: Je ne vois pas...
M. Morin: Parmi les coûts, il y a ce coût qui remplit
presque tout le vase, en tout cas, une bonne partie du vase qui est celui de la
baie James. C'est un peu illogique de vouloir procéder sans d'abord
vider cette question. J'avoue que je ne comprends pas pourquoi vous avez
procédé comme cela, pourquoi vous ne vous avez pas permis tout
simplement, puisque les gens étaient devant nous, d'examiner
immédiatement les coûts de la baie James. Est-ce que ce serait par
hasard que les élections vont être déclenchées avant
le 24 ou quelque bêtise comme cela?
M. Cournoyer: C'est le 29 septembre, les élections. On les
annoncera officiellement.
M. Morin: Oui, C'est vraiment absurde de vouloir procéder
de la sorte. Il n'y a aucune raison valable.
M. Cournoyer: Je ne comprends pas l'opinion d'absurdité de
la part du chef de l'Opposition. On peut discuter d'une façon
générale des coûts, des investissements de
l'Hydro-Québec et discuter de façon particulière du
pourquoi des coûts de la baie James, mais, d'une façon
générale, comment l'Hydro-Québec va financer les
estimations de ses coûts, parce qu'encore là, je l'ai dit l'autre
fois, $16,2 milliards à la baie James, c'est une estimation faite en
1976. En 1996, je ne sais pas ce que vont avoir été les
coûts à la baie James. C'est une estimation, et je le
répète...
M. Morin: C'est une façon de nous annoncer de nouvelles
hausses.
M. Cournoyer: A partir d'un certain nombre d'hypothèses
aujourd'hui, mais vous en voulez des estimations. On vous en donne des
estimations.
M. Morin: Vous semblez tenir pour acquis que cela va continuer de
monter?
M. Cournoyer: Non, je ne tiens pas cela pour acquis. Cela pourra
aussi être à $11,9 milliards si toutes les choses retournaient
comme aux premières estimations, cela retournerait exactement comme
avant, excepté qu'il y a eu des choses de changées entre les
deux. Cela a monté à $16,2 milliards. Si les choses retournaient
en arrière, ce qui est peu probable, on va en convenir, cela
retournerait exactement comme avant. Ce sont des chiffres qui se mettent un
à côté de l'autre. J'ai compris cela comme cela.
M. Morin: M. le Président, nous n'avons pas de documents,
alors que les années passées, vous nous aviez, toujours sur ces
questions, les questions de coûts, inondés de documents.
Là, on n'a aucun document devant nous. Comment voulez-vous qu'on parle
intelligemment des coûts? Avant de parler des emprunts et avant de parler
du financement, je veux parler des coûts. C'est la logique qui me le
dicte, il y a quelque chose d'absurde à avoir retardé les
coûts de la baie James au 24.
M. Cournoyer: Comme le chef de l'Opposition ne veut pas du tout
discuter des coûts généraux de la baie James, j'ai le
droit, moi aussi, de poser des questions à l'Hydro-Québec et je
vais en poser une. Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous expliquer comment
vous entendez financer les grandes dépenses de l'Hydro-Québec
d'ici à l'an 2000? Parce qu'il y a des grandes dépenses, l'ordre
de grandeur ayant été établi hier d'une certaine
manière et par le président de l'Hydro et par le ministre des
Richesses naturelles. C'est un ordre de grandeur, cependant, il n'y a rien de
précis là-dedans.
M. Morin: II faudrait qu'on ait les documents. Il n'a
apporté aucun document, avec votre façon de coincer ces gens.
M. Cournoyer: De les quoi?
M. Giroux: Je n'ai pas compris ce que c'était.
M. Morin: Je ne m'étonne pas que vous n'ayez aucun
document avec cette façon de convoquer la commission parlementaire. Ils
ont laissé leurs documents à Montréal. Là,
aujourd'hui, devant quoi nous trouvons-nous pour procéder?
M. Cournoyer: Ils ont été convoqués comme
Hydro-Québec sur le programme d'investissements de
l'Hydro-Québec. La Société d'énergie de la baie
James a été convoquée avec l'Hydro-Québec pour le
24 pour expliquer les coûts de la baie James.
M. Morin: Ils n'ont pas un seul document pour expliquer les
autres coûts aujourd'hui. Voyons donc.
M. Cournoyer: Ils en ont un, c'est $16,2 milliards.
M. Morin: On n'a jamais procédé comme cela
auparavant.
M. Cournoyer: C'est parce que vous êtes encore à
vivre dans le passé.
M. Bellemare (Johnson): Encore de la per-
sonnalité. Pourriez-vous nous dire, messieurs les membres de la
commission, quel a été le taux exact d'autofinancement jusqu'ici?
C'est une question qui est permissible.
M. Cournoyer: Enfin...
M. Bellemare (Johnson): Parmi ces montants d'autofinancement,
comment se fait aussi le partage des revenus, quant aux revenus sur les tarifs,
quant aux revenus sur les surplus? Je serais bien heureux de savoir cela parce
que, dans votre rapport, il y a des chiffres qui m'impressionnent hautement.
Quand on voit, par exemple, que les ventes de l'électricité ont
produit $892 millions en regard de $775 millions en 1974, soit une augmentation
de $117 millions ou de 15,1%. Ma question du début, c'est: Pourriez-vous
nous dire quel a été le taux exact d'autofinancement jusqu'ici?
On a parlé de 20%, d'autres ont parlé de 22%. Je voudrais l'avoir
exactement, si cette question est permissible, sur l'autofinancement, et le
capital qui serait investi d'ici 1985.
M. Giroux: Messieurs, là-dessus, on a un document. On peut
facilement le déposer et faire faire des copies. Il porte sur les ratios
de l'Hydro.
M. Bellemare (Johnson): Sur les ratios.
M. Giroux: Sur tous les ratios, la valeur historique des ratios
financiers de 1970 à 1975.
M. Bellemare (Johnson): Parce que vous en avez un aussi quant
à l'évaluation des taux d'intérêt sur la structure
de votre capital. Aussi un autre ratio qui comprendrait je ne sais pas
si c'est bien le temps la composition de votre dette obligataire. Cela
serait peut-être important de savoir cela aussi.
M. Giroux: Sur la...
M. Bellemare (Johnson): Ma question, vous pouvez y
répondre parce que c'est dans le texte que vous auriez pu signer et qui
a été lu par le ministre. L'autofinancement était de 20%
à 22%. Moi, je vous ai posé la question, hier, à savoir si
cela atteindrait 30%, votre autofinancement. Vous m'avez dit oui.
M. Giroux: Si cela pouvait être 30%? M. Bellemare
(Johnson): 30%.
M. Giroux: Oui, cela peut être 30% selon les tarifs qui
vont nous être accordés. Cela pourrait être 100% aussi.
M. Bellemare (Johnson): Et sur les tarifs, premièrement,
et aussi sur les surplus.
M. Giroux: II faut prendre...
M. Bellemare (Johnson): Parce que les surplus que vous allez
vendre, vous ne les vendrez sûrement pas aux mêmes conditions que
celles que vous avez acceptées il y a quelques années.
M. Giroux: Oui, c'est justement; tantôt...
M. Bellemare (Johnson): Parce que PASNY, ce n'est pas
réglé.
M. Giroux: Non, nous n'avons pas encore de permis.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais vous allez transiger avec un
prix supérieur; au point de vue du surplus du revenu, cela va influencer
énormément votre autofinancement.
M. Giroux: Non, pas de façon appréciable. M.
Bellemare (Johnson): Pas pour la peine? M. Giroux: Non. Ce n'est que
800 mégawatts.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais sur l'espace de 1976 à
1985.
M. Giroux: Cela aide toujours, mais ce n'est pas un bloc sur
lequel on peut dépendre; d'ailleurs, il est faible de 1977 à
1982, en ce qui concerne l'énergie. Seulement, ces montants... Si vous
le permettez, nous donnerons un peu le détail des ratios et de
là, vous pourrez poser des questions sur ces ratios ou d'autres que vous
voulez. Si vous voulez d'autres ratios, on établira d'autres ratios.
M. Bellemare (Johnson): Va-t-on les avoir prochainement?
M. Giroux: Oui.
M. Lemieux: Mon nom est Lemieux. Il y aura des photocopies
disponibles d'ici cinq minutes.
Pour l'année 1971, l'autofinancement était 28,1% des
investissements totaux. En 1972 il était de 23%. Pour 1973 il
était de 10,2%. Pour 1974 il était de 18,3% et pour 1975 il
était de 14,5%. Ceci fait une moyenne pour les cinq ans de 18,8%.
M. Bellemare (Johnson): La dette de l'Hydro est de $5 milliards
actuellement?
M. Lemieux: Je ne sais, mais cela monte vite.
M. Bellemare (Johnson): Oui, depuis quelques années. Mais,
pour l'année financière vous l'avez...
M. Lemieux: A la fin de décembre 1971, la dette à
long terme était de $5 milliards. Exactement, $5,001 milliards.
M. Bellemare (Johnson): Comment, M. Lemieux... Quel est votre
titre?
M. Lemieux: Directeur des finances.
M. Bellemare (Johnson): Président? Directeur
général des finances.
M. Lemieux: Oui, c'est cela.
M. Bellemare (Johnson): J'aime bien à donner leur titre,
ils ont tellement de difficulté à les avoir. Alors, M. le
directeur des finances, comment évaluez-vous votre 18,8%
d'autofinancement dans une prévision pour les cinq années,
comment entrevoyez-vous la possibilité d'atteindre un taux de 30%
d'autofinancement, ce dont on parle depuis deux jours? C'est dans le texte du
ministre cela. Le ministre n'a pas dû se tromper, c'est certain. Il
disait que l'Hydro était pour atteindre jusqu'à 30%
d'autofinancement. Le ministre est très précautionneux dans les
chiffres et, quand il affirme quelque chose, c'est toujours pour dire le
contraire le lendemain. Mais cela ne fait rien. Cela peut être vrai quand
même pour cela.
M. Lemieux: Dans le passé, nous nous étions
fixé comme objectif...
M. Cournoyer: Un instant! C'est parce que mon "chum" ici m'a
attaqué. Quand j'ai parlé hier, j'ai bien dit: Si l'on suppose un
pourcentage d'autofinancement de 30%, il eut fallu que M. Bellemare, le
député du Cap-de-la-Madeleine ou de Johnson...
M. Bellemare (Johnson): Non, non, ne le changez pas. Il y a assez
de vous qui avez changé de parti.
M. Cournoyer: Ah! Il est donc gentil.
M. Bellemare (Johnson): Ne changez pas le nom de mon parti.
M. Cournoyer: Vous, vous avez toujours été dans le
même.
M. Bellemare (Johnson): A peu près.
M. Cournoyer: Excepté que parfois il change de nom.
M. Bellemare (Johnson): Cela ne fait rien, mon cher monsieur, la
consistance demeure. Je vous l'ai dit qu'il changeait. Il a dit hier "si" et
là, cet après-midi il est après dire "peut-être"
pas. Je vous l'ai dit que...
Le Président (M. Séguin): S'il vous
plaît.
M. Bellemare (Johnson): Alors, continuons donc sur des choses
sérieuses, M. le Président.
M. Cournoyer: Parlez donc sérieusement. M. Bellemare
(Johnson): Oui, M. Lemieux...
M. Lemieux: Jusqu'ici nous avions comme objectif une couverture
d'intérêts de 1,25 fois, c'est-à-dire une fois et un quart
les intérêts bruts payés par l'Hydro-Québec qui
seront disponibles pour le paiement de ces intérêts à
même les revenus nets de l'année. Jusqu'à maintenant, cela
a été parfait. Mais pour les prochaines années, vu
l'augmentation du montant des intérêts imputés à la
construction, qui vont en augmentant, il va falloir que les revenus nets
augmentent afin de protéger cette couverture et, comme résultat,
selon nos prévisions, pour les années 1978, 1979 et 1980 on
prévoit un autofinancement de 30% en moyenne.
M. Bellemare (Johnson): C'est l'augmentation des tarifs d'abord
et aussi le surplus d'électricité qui vont vous apporter ce
surplus de 18% à 30%?
M. Lemieux: Oui, c'est bien cela.
M. Bellemare (Johnson): Vous nous dites que c'est le surplus des
tarifs. De quel ordre est-il? Plus que 10%?
M. Giroux: Pour arriver à 30%, on calcule 12%.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que ce sont les tarifs qui vont
monter encore de 10% ou de 20% pour vous permettre d'autofinancer à
30%?
M. Lemieux: En moyenne, de 17% pour les trois ans, ce qui
produirait cette couverture des intérêts.
M. Bellemare (Johnson): Cela veut dire que, à
l'augmentation qu'on paie depuis trois ans, à 10% de plus, il faudrait
qu'on ajoute encore 7%, ce qui va faire 17%.
M. Lemieux: Ce serait le niveau souhaitable, mais c'est
évident qu'on ne peut pas engager l'Hydro ni le gouvernement aujourd'hui
à effectuer des augmentations de cet ordre...
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que vous avez consulté le
gouvernement pour qu'il soit prêt à vous donner ces 17%?
M. Lemieux: Non, nous préparons des hypothèses,
différentes hypothèses. Les recommandations de la commission
seront en fonction des options qui seront disponibles.
M. Bellemare (Johnson): D'après votre réponse, qui
est très brillante et que je comprends bien, c'est le gouvernement qui
va avoir la responsabilité d'imposer les 17%.
M. Cournoyer: C'est 7%...
M. Bellemare (Johnson): C'est-à-dire 10%, 10%, 10% trois
ans. A partir de l'année prochaine, 17%, 17%, 17% ou 18%, 20%. C'est
cela?
M. Lemieux: Ce serait souhaitable afin de protéger...
M. Bellemare (Johnson): ...que vous obteniez vos 30%
d'autofinancement.
M. Lemieux: Cela produirait 30% de...
M. Bellemare (Johnson): Alors, le ministre serait d'accord avec
ça?
M. Lemieux: Ce serait au ministre de répondre.
M. Perreault: Pour garder votre ratio, en ayant 30%
d'autofinancement, votre ratio serait à combien à ce moment?
M. Lemieux: Le ratio de quoi? De l'autofinancement?
M. Perreault: Sur le taux d'intérêt?
M. Lemieux: Les prévisions sont basées sur une
continuation du taux d'intérêt à 10%. Si les taux peuvent
baisser, les augmentations seront moins fortes.
M. Perreault: A ce moment, votre ratio serait à combien?
1,25%?
M. Lemieux: Oui, cela protégera notre couverture. Cela
restera 1,25%.
M. Perreault: 1,25%. Vous êtes déjà descendus
à quel niveau dans le passé?
M. Lemieux: Peut-être, 1,15%.
M. Perreault: Vous êtes descendus à 1,15%?
M. Lemieux: Ce qui nous protège au point de vue des gens
qui font les cotes sur nos obligations, c'est le fait qu'à ce moment, au
moment d'une baisse, le gouvernement a approuvé des révisions de
tarifs qui nous ont permis de remonter en haut du 1,25%.
M. Bellemare (Johnson): Pour atteindre vos 30% d'autofinancement,
il faudra que vous ayez vos 17% ou vos 10% et 7% de plus, que les tarifs...
M. Lemieux: 17% en moyenne pour les trois années.
M. Bellemare (Johnson): Comment prévoyez-vous... Quelle
est la différence entre ce que vous recevez présentement sur les
tarifs qui sont payés et les ventes de surplus? Combien
représentent pour vous les ventes de surplus dans cet
autofinancement?
M. Lemieux: C'est un montant assez important. Je dois dire qu'on
indique cela comme des ventes primaires, c'est-à-dire que ce ne sont pas
des ventes de surplus. Selon nos états, les ventes qui sont faites en
Ontario et au Nouveau-Brunswick en 1975 et en 1976, on a fait des contrats
fermes pour un certain montant d'énergie...
M. Bellemare (Johnson): Que vous rapportent présentement,
à l'heure où on se parle, les surplus, parce que s'il y a deux
facteurs...
M. Lemieux: En 1975, les ventes excédentaires
étaient de $42 millions.
M. Bellemare (Johnson): De $42 millions.
M. Lemieux: En 1974, de $36 millions. Maintenant, je crois que,
selon les prévisions, on aura des surplus d'énergie pendant
encore quelques années.
M. Bellemare (Johnson): Cela veut dire que vous allez atteindre
$50 millions au moins d'ici quelques années, dans vos prévisions,
pour l'autofinancement.
M. Lemieux: On le prévoit.
M. Giroux: Cela dépend des permis.
M. Bellemare (Johnson): Oui, je comprends, mais si vous
prévoyez cela...
M. Giroux: Tenons-le pour acquis.
M. Bellemare (Johnson): Oui, on les a.
M. Lemieux: En effet, ce serait de l'ordre de $85 millions en
1978 et 1979.
M. Bellemare (Johnson): De $85 millions en 1978 et 1979.
M. Lemieux: Ce sont les ventes excédentaires, c'est le
montant qu'on prévoit toucher à même la vente des surplus
d'énergie.
M. Perreault: Si je comprends bien, c'est que votre moyenne avait
été de 18,5% d'autofinancement, vous voulez monter à 30%
pour maintenir vôtre couverture d'intérêt.
M. Lemieux: Pardon?
M. Perreault: Vous voulez monter l'autofinancement de vos travaux
qui étaient de 18,5% pendant cinq ans, vous voulez le monter à
30%.
M. Lemieux: Cela va passer d'ici...
M. Perreault: Vous voulez le monter à 30% pour la raison
principale que vous voulez maintenir votre couverture d'intérêt et
votre ratio.
M. Lemieux: Oui. Un des résultats, en même temps,
c'est que cela baisse le niveau des emprunts.
M. Perreault: Cela baisse la dette.
M. Lemieux: Ce qui est bien souhaitable. En effet, les sommes que
paiera la population par ces tarifs deviennent un placement pour eux, vu qu'il
y a une économie des intérêts versés dans les
an-
nées subséquentes. Si on fait un revenu net ou un profit
de $5 millions, ces $5 millions d'investis sont placés dans l'actif de
l'Hydro-Québec et cela donne une économie d'au moins 10% par
année en intérêts pour toujours. Cela fait un bon
placement. Comme quelqu'un disait: Ce n'est pas imposable.
M. Perreault: C'est de l'épargne aux
Québécois que vous voulez faire faire.
M. Lemieux: On veut leur épargner de l'argent.
M. Bellemare (Johnson): Pour ce qui est de PASNY. On a lu dans
les journaux, M. Lemieux, que cela ne serait pas une entenite tellement
considérable, au point de vue de la finance pour l'Hydro, puisque pour
20 ans, on recevrait de cet organisme, à peu près $125 millions,
ce qui représenterait peut-être $25 millions par année. Ces
chiffres sont-ils vérifiables?
M. Lemieux: C'est M. Villeneuve qui va répondre, mais je
crois que les $25 millions par année, c'est pendant les cinq
premières années. Après les cinq premières
années, il n'y a aucun prix de fixé et s'ils ne peuvent pas nous
remettre l'énergie, ils nous paieront à la valeur de ce
moment-là, ce qui peut être considérablement plus
élevé que même les prix dont nous parlons aujourd'hui.
M. Bellemare (Johnson): Dans les ventes excédentaires aux
Etats-Unis, pour l'année en cours, je pense que cela a été
de 902 millions de kilowatts-heures en volume et de $15 millions en revenus. Si
les $15 millions en revenus augmentent à $25 millions, vous
êtes-vous engagés, dans le contrat, à fournir plus que la
valeur des pointes? Je pense que, dans l'entente de PASNY, vous avez une
entente toute spéciale quant aux pointes de juillet, à cause de
la climatisation et, bien entendu, il y a une remise, une entente qui est
à se négocier pour que PASNY puisse nous remettre, à nous,
l'Hydro pour la période de décembre, qui est la pointe, chez
nous, la plus élevée.
M. Villeneuve: C'est un peu tout cela, mais je pense qu'il y a
peut-être lieu de résumer l'essentiel...
M. Bellemare (Johnson): C'est cela.
M. Villeneuve:... de ce contrat. Avec certaines nuances, si vous
me permettez. Le contrat de base ou le contrat ferme qui a été
signé avec PASNY, pour lequel nous attendons le permis d'exportation
fédérale, prévoit que nous recevrons de PASNY au total,
pour les cinq premières années, $123 millions. Dans ce montant,
il y a une partie qui est payée pour la puissance mise à la
disposition de PASNY pendant l'été et une partie qui est
là pour l'énergie que nous allons vendre pendant ces cinq
premières années, qui au total s'élèvent à
14,140 milliards de kilowatts-heures. Ces $123 millions, on peut
considérer que c'est une entente ferme, toujours sujette à ce
qu'on obtienne le permis demandé. Après ces cinq années,
on continue de recevoir un revenu de PASNY pendant quinze années
additionnelles pour la puissance de 800 mégawatts qui est mise à
leur disposition.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas négociable à
ce moment-là.
M. Villeneuve: Non, c'est un contrat ferme et final. Si nous
avons des kilowatts-heures additionnels de surplus, nous pourrons les vendre
à PASNY, soit en vertu du contrat de base, soit en vertu de l'entente
d'interconnexion que nous avons signée, je crois le 28 ou le 29, vers la
fin de mai, les derniers jours de mai.
Déjà, nous avons établi dans un document que vous
avez en main que nous disposons de plus de 30 milliards de kilowatts-heures
d'excédent entre 1976 et 1982. Il ne nous sera pas possible de vendre
tous ces kilowatts-heures à PASNY, parce qu'on doit déjà
lui vendre 14 milliards et que la capacité d'interconnexion ne nous
permettrait pas de vendre toute l'énergie excédentaire. On peut
penser que 15 milliards de kilowatts-heures additionnels pourraient être
vendus à PASNY au cours des cinq années qui viendront, toujours
sous réserve que nous obtenions le permis fédéral.
Si nous supposons que nous vendons ces 15 milliards de kilowatts-heures
à environ 20 mills, qui est un prix qui n'est pas exagéré,
cela veut dire un revenu additionnel de $300 millions entre 1978 et 1982, parce
que l'année 1977 ne verra peut-être pas la mise en service de la
ligne d'interconnexion à cause des délais que l'on connaît.
Disons que, de 1978 à 1982, on pourra aller chercher un revenu
additionnel de $300 millions qui n'apparaît pas actuellement encore dans
les prévisions de revenus de l'Hydro-Québec. Il y a
peut-être une tranche qui a été censée amener un
revenu, on pourrait peut-être vérifier, des différents
marchés excédentaires. Tout de même, il s'agit là
d'une possibilité réelle et qui, sûrement, faciliterait
d'autant le financement de l'entreprise. C'est autant de moins que nous aurions
à aller chercher, soit sur les revenus habituels de l'entreprise, soit
sur le marché d'emprunt.
M. Bellemare (Johnson): Une question hypothétique, M.
Villeneuve. Supposons que le gouvernement fédéral refuserait le
permis à PASNY, en vous obligeant à fournir plus
d'électricité à l'Ontario, lorsque le contrat finit,
est-ce que cela serait fait dans les mêmes conditions?
M. Villeneuve: Je m'excuse, si je peux faire une nuance, je ne
crois pas qu'il soit dans les pouvoirs actuels de l'Office national de
l'énergie de nous forcer à vendre à un marché
quelconque. Il peut nous refuser le permis...
M. Bellemare (Johnson): En vertu du jugement rendu le 25 juillet,
le gouvernement fédéral peut unilatéralement changer
l'article 109 de la constitution, quand il regarde les ressources, et vous
obliger à fournir des ressources.
M. Villeneuve: Je ne suis pas en mesure de commenter les articles
de la constitution. Je sais que la Loi de l'Office national de l'énergie
prévoit que le permis peut être refusé, à moins que
nous offrions d'abord l'énergie à des réseaux canadiens.
C'est écrit dans la Loi de l'Office national de l'énergie.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que le réseau canadien
paierait autant que PASNY?
M. Cournoyer: Cela a déjà été fait
quand même, parce que ce qu'il est assez important de noter dans le cas
de PASNY, c'est que le contrat de l'Hydro-Québec et le Power Authority
of the State of New York a été conclu entre les deux. Il doit
être approuvé par le National Energy Board. Avant de le conclure,
j'ai l'impression que l'Hydro-Québec s'est conformée à la
loi et qu'elle a offert des kilowatts...
M. Villeneuve: Nous avons offert cette énergie à
l'Ontario en 1971/72. L'Ontario nous a dit à ce moment-là qu'il
ne pouvait pas nous offrir un prix comparable au prix des Américains.
Par la suite, lorsque est venu le temps de présenter notre demande
officielle à Ottawa, l'Ontario a dit que les conditions avaient
changé et que maintenant, elle aurait été en mesure de
nous offrir le prix que les Américains vont payer. C'est le point que
l'Ontario...
M. Bellemare (Johnson): Pourtant, le président, M. Giroux,
nous a formellement affirmé qu'il ne serait pas question de renouveler
l'entente avec l'Ontario.
M. Villeneuve: II n'est pas question de renouveler les contrats
qui sont actuellement en vigueur avec l'Ontario. Nous n'avons jamais dit que
nous ne vendrions rien à l'Ontario. D'ailleurs, nous avons une entente
d'interconnexion avec l'Hydro-Ontario et une autre avec la Commission
d'énergie du Nouveau-Brunswick. Chaque année, dans le cadre de
ces ententes, nous vendons certains excédents aux provinces voisines,
évidemment, si nous avons un marché. Les contrats en vigueur dont
on parle, ce sont des ententes fermes par lesquelles on a garanti certains
blocs de puissance et d'énergie à l'Ontario et au
Nouveau-Brunswick. Ces contrats ne seront pas renouvelés, mais il n'est
pas exclu que certaines quantités d'énergie excédentaire
soient vendues à l'Hydro de l'Ontario et au Nouveau-Brunswick.
M. Bellemare (Johnson): Dans la réponse que m'a faite M.
Lemieux tout à l'heure, l'excédent de 18,5% d'autofinancement
à 30% comprenait $85 millions; donc, une différence énorme
entre ce qui existe aujourd'hui et ce qui va exister un peu plus tard dans les
prochaines années, puisque vous nous avez dit que cela
représenterait probablement $85 millions de revenus de plus pour le
surplus excédentaire.
M. Lemieux: J'aimerais corriger le chiffre de $85 millions. Il y
a, en plus, un montant de $30 millions qu'on appelle ferme. C'est de
l'énergie primaire durant les mois d'été, mais, quand
même, pour l'Hydro, ce sont des surplus, si vous voulez. On peut les
vendre parce qu'ils sont excédentaires pour nous durant les mois
d'été. Cependant, au point de vue du rapport, cela apparaît
comme primaire, ce qui veut dire que les revenus provenant des ventes de
surplus en 1978 et 1979 seront de l'ordre de $115 millions.
M. Bellemare (Johnson): $115 millions. Pourriez-vous me dire, en
quelques mots, qu'est-ce qui va se produire avec l'Ontario si vous signez avec
PASNY puisque les lignes qui transportent de l'électricité
passent par l'Ontario, qui en reçoit un certain
bénéfice?
M. Villeneuve: Je vais devoir corriger ici. L'entente avec PASNY
prévoit la construction d'une ligne directe entre le Québec et
l'Etat de New York.
M. Bellemare (Johnson): Autrefois, il y en avait une qui passait
par l'Ontario.
M. Villeneuve: Oui.
M. Bellemare (Johnson): L'Ontario faisait de l'argent en
récupérant un certain quota sur le passage de
l'électricité. Maintenant, vous me dites que, dans le contrat de
PASNY, il va y avoir une condition nouvelle quant à une ligne qui va
être établie directement avec l'Etat de...
M. Villeneuve: II y aura une ligne qui va partir du poste
Châteauguay, se rendra à la frontière américaine et
sera reliée directement au réseau de PASNY à...
M. Bellemare (Johnson): On n'aura plus à payer la
différence avec l'Ontario pour le passage sur les lignes de
l'Ontario.
M. Villeneuve: C'est-à-dire que nous vendrons, à ce
moment-là, dans certains cas, nous aurons le choix de vendre aux
Etats-Unis ou à l'Ontario. Si on a un meilleur prix aux Etats-Unis, nous
vendrons aux Etats-Unis. Je veux dire au-delà des quantités
entendues et convenues par contrat. Nous avons signé avec PASNY, je l'ai
mentionné tout à l'heure, une entente par laquelle nous vendrons
14 milliards de kWh. Ceux-là, il n'est pas question de les offrir
ailleurs. Mais l'énergie que nous...
M. Bellemare (Johnson): Ces 14 milliards de kWh vont passer sur
la ligne directe.
M. Villeneuve: Directement vers les Etats-Unis.
M. Bellemare (Johnson): Vers les Etats-Unis.
M. Villeneuve: Maintenant, les quantités que nous aurons
en excédent, en principe, seront d'abord offertes au réseau
canadien. C'est une
exigence du fédéral. Mais, nous croyons que nous pourrons
obtenir un meilleur prix des Etats-Unis. A ce moment-là, nous vendrons
aux Etats-Unis directement, sans passer par l'Ontario.
M. Bellemare (Johnson): Vous nous avez dit que l'Ontario
était prêt maintenant à reconsidérer son prix de
base.
M. Villeneuve: C'est-à-dire que l'Hydro de l'Ontario a dit
récemment que l'énergie que nous voulons vendre aux Etats-Unis,
elle était intéressée à l'acheter au même
prix.
M. Perreault: Elle a dit cela après le contrat.
M. Villeneuve: Après que le contrat a été
signé avec PASNY, effectivement.
M. Coumoyer: Après la crise du pétrole aussi.
M. Bellemare (Johnson): Qu'est-ce qui se produit, maintenant,
avec les surplus d'électricité sous forme de puissance? Ces
surplus d'électricité surviennent et cela, pour cinq raisons, je
pense. Vous me corrigerez si ces détails ne sont pas exacts, les surplus
excédentaires. La demande de la clientèle
québécoise de l'Hydro-Québec est beaucoup plus forte en
hiver qu'en été. Cela, c'est vrai. C'est sûr
d'ailleurs.
M. Villeneuve: Oui.
M. Bellemare (Johnson): L'hydraulicité dépasse
à certains moments la capacité d'emmagasinement de ses
réservoirs.
M. Villeneuve: Oui, cela est possible. Il y a des années
où il y a de fortes pluies ou de fortes précipitations qui
amènent un excédent d'énergie qu'il n'est pas toujours
possible d'accumuler dans nos réservoirs. Les réservoirs sont
déjà près de leur plein remplissage ou effectivement
à leur plein remplissage.
M. Bellemare (Johnson): C'est de puissance.
M. Villeneuve: De puissance. Attendez. Je ne sais pas à
quoi vous vous référez. Les deux. En été, nous
avons une capacité de production qui dépasse la demande du
réseau. Au mois de juillet, au mois d'août, comme actuellement,
nos centrales ne sont pas toutes chargées à pleine
capacité parce que la demande est plus faible. Ceci nous permet de
mettre une partie des installations électriques à la disposition
de réseaux voisins. A ce moment-là, c'est de la puissance que
nous vendons.
Les conditions favorables d'hydraulicité, les pluies et les
neiges abondantes nous permettent de vendre des kilowatts-heures mais ne nous
donnent pas nécessairement la puissance voulue pour les
transférer, sauf dans les périodes où la charge de l'Hydro
le permet.
M. Bellemare (Johnson): La demande peut-elle être
inférieure à ce qui avait déjà été
prévu?
M. Villeneuve: Ce sont des choses qui arrivent. Le meilleur
exemple qu'on puisse vous donner, c'est l'année 1975, au cours de
laquelle l'Hydro-Québec a vendu à ses abonnés environ 7
milliards de kilowatts-heures de moins que ce qu'elle avait prévu,
à cause de ce qu'on a déjà mentionné: les
grèves dans certaines industries, une certaine récession
économique. Ces 7 milliards de kilowatts-heures deviennent, à ce
moment-là, des surplus disponibles pour des réseaux voisins.
M. Bellemare (Johnson): II y a aussi d'importants blocs de
puissance et d'énergie qui deviennent disponibles dans un bref
délai, lors de la mise en service de nouvelles installations.
M. Villeneuve: Oui. C'est un autre facteur. Si le réseau a
besoin de 1500 mégawatts additionnels une certaine année, ce
besoin se fait sentir au moment de la pointe, disons en décembre, mais
il est impossible à l'Hydro d'installer tous les groupes d'une centrale
dans le même mois. Prenons l'exemple de Manic 3, cette année; ce
sera la même chose pour les centrales de la baie James. On les
répartit au cours de plusieurs mois dans l'année. Par exemple, on
commence au mois de mars; à tous les deux mois ou à tous les
mois, on met un groupe en service pour avoir la puissance nécessaire
à la fin de l'année, mais, pendant toute cette année, les
groupes sont disponibles et ont amplement d'eau à leur disposition pour
pouvoir fonctionner pratiquement à 100% du temps. Cela nous permet de
vendre des quantités très importantes d'énergie
excédentaire.
M. Bellemare (Johnson): Je pense qu'il est aussi bien important,
au point de vue économique, de devancer l'installation de certains
équipements de production.
M. Villeneuve: Quand c'est réalisable. Si on a des travaux
civils complétés, si on se rend compte que, pour des frais
relativement minimes, on peut devancer la mise en marche de certains groupes et
qu'on a un marché pour l'énergie, c'est un autre cas où on
peut effectivement obtenir des surplus.
M. Bellemare (Johnson): Est-il vrai qu'il y a un surplus de
ventes à l'intérieur du réseau, par exemple, aux
compagnies de pâtes et papiers?
M. Villeneuve: Je pense que vous vous référez
à la possibilité pour l'Hydro de vendre une partie de son
énergie excédentaire aux abonnés industriels qui peuvent
l'utiliser à la place d'un autre combustible, spécialement les
compagnies de pâtes et papiers.
M. Bellemare (Johnson): Si c'est vrai, dans quelle proportion
cela s'établit-il?
M. Villeneuve: Je ne sais pas ce qu'on a vendu selon le dernier
rapport annuel. Prenons l'exemple de 1974, qui a été une
année assez élevée parce qu'il n'y avait pas de ces
grèves que nous avons connues en 1975. Nous avons vendu 2700 millions de
kilowatts-heures en production excédentaire à l'industrie,
à l'intérieur du Québec, pour un revenu de $9 millions. Le
revenu est quand même relativement faible, parce que c'est fondé
sur les économies de combustible que ces compagnies peuvent faire. Si
elles ménagent de l'huile, elles nous donnent un pourcentage de leurs
économies.
M. Bellemare (Johnson): De 1971 à 1975, le rapport entre
les ventes d'énergie souscrite aux abonnés
québécois et les ventes de surplus c'est une explication
que je voudrais bien obtenir est passé de 13% à 30%.
M. Villeneuve: Voulez-vous répéter? Quel est le
chiffre?
M. Bellemare (Johnson): De 1971 à 1975, le rapport entre
les ventes d'énergie souscrite aux abonnés
québécois et les ventes de surplus a passé de 13% à
30%. C'est peut-être le devancement des travaux de Churchill.
M. Villeneuve: C'est possible. Prenez-vous ces chiffres dans les
colonnes...
M. Bellemare (Johnson): Dans votre rapport.
M. Villeneuve: Pouvez-vous citer les chiffres qui font un
écart?
M. Bellemare (Johnson): De 13% à 30%, ce qui
représente à peu près 30%.
M. Villeneuve: Vous n'avez pas les chiffres.
M. Bellemare (Johnson): Non. Je pense qu'on trouve comme raisons
données le devancement des travaux de Churchill Falls,
l'hydraulicité qui s'est située au-dessus de la moyenne au cours
des dernières années, une demande d'énergie
inférieure à la prévision de 1975. Vous trouvez cela
à la page 25 de votre document intitulé: Commission permanente
des richesses naturelles, la prévision de la demande, août 1976,
au deuxième paragraphe, le paragraphe e).
Le rapport entre les ventes de surplus (énergie
excédentaire vendue aux clients réguliers du réseau
provincial plus l'énergie souscrite et excédentaire vendue a
l'extérieur du réseau) et les ventes d'énergie souscrite
aux abonnés québécois est passé de 13% en 1971
à 30% en 1975. Cette hausse est due probablement, comme je l'ai dit, au
devancement des travaux de Churchill, à une hy-draulicité qui
s'est située au-dessus de la moyenne au cours des dernières
années.
Je voudrais avoir...
M. Villeneuve: N'ayant pas les chiffres que vous utilisez devant
moi...
M. Bellemare (Johnson): C'est votre rapport à vous.
M. Villeneuve: Quelle page?
M. Bellemare (Johnson): Page 25.
M. Lemieux: Le devancement des chutes Churchill, c'est cela.
M. Bellemare (Johnson): C'est la raison majeure?
M. Lemieux: Oui, oui, nettement.
M. Bellemare (Johnson): C'est ce qui a produit les 17%. A la fin
du paragraphe, il y a une chose qui me surprend énormément: Ce
rapport devrait descendre à 8% d'ici 1980. Qu'il y ait une
différence de 13% à 30%, cela fait 17%, mais je pense que les
raisons de Churchill Falls et l'hydraulicité, là...
M. Villeneuve: Oui, c'est surtout les problèmes
d'hydraulicité. Si vous me permettez, M. Bellemare...
M. Bellemare (Johnson): Maintenant, en 1980, on va baisser
à 8%?
M. Villeneuve: Le marché interne québécois,
je l'ai mentionné, consiste essentiellement dans ces chaudières
électriques qui permettent aux pâtes et papiers et à
quelques autres industries de faire de la vapeur avec de
l'électricité au lieu de la faire avec de l'huile, du mazout. Le
revenu que nous pouvons obtenir de ces charges est quand même, en
général, très inférieur au revenu qu'on peut
obtenir des réseaux voisins avec nos excédents. Comme nous
aurons, à l'avenir si nous obtenons le permis pour notre entente
avec PASNY un choix quand même remarquable de
débouchés pour nos excédents, il est normal qu'on
prévoie vendre à la charge qui va nous rapporter le meilleur
revenu.
Comme nous aurons une ligne vers les Etats-Unis, nous aurons toujours
nos lignes vers l'Ontario et le Nouveau-Brunswick et il est probable que la
grande partie des excédents sera écoulée à
l'extérieur de notre réseau.
M. Bellemare (Johnson): Est-il vrai que 70% de
l'électricité exportée en 1976 le sera sous forme
d'énergie souscrite, c'est-à-dire pour une période qui
deviendra maintenant limitée à des mois ou à des
années bien exclusives?
M. Villeneuve: En 1976?
M. Bellemare (Johnson): En 1976.
M. Villeneuve: En 1976, on a encore notre contrat de 1000
mégawatts avec l'Hydro-Ontario qui se termine...
M. Bellemare (Johnson): D'accord. Qui finit à la fin
d'octobre.
M. Villeneuve: ...fin mai 1977. Non, ce qui finit au mois
d'octobre 1976, c'est notre ancien contrat de Beauharnois de 186
mégawatts.
M. Bellemare (Johnson): C'est au mois de mai.
M. Villeneuve: Lui, il finit cet automne. L'autre contrat,
beaucoup plus important, de 1000 mégawatts, se termine fin de mai 1977.
Donc, nos contrats fermes ou garantis avec l'Ontario se terminent d'ici le 1er
juin 1977. Après cela, évidemment, comme nous n'avons plus
d'autres contrats d'énergie garanti avec l'Ontario et que les contrats
avec le Nouveau-Brunswick seront terminés aussi, les revenus
d'exportation seront surtout faits de ventes excédentaires, compte tenu,
évidemment, du contrat de PASNY qui, lui, prévoit trois milliards
de kilowatts-heures par année, sauf la première année,
2,14 milliards qui, lui, est quand même un bloc d'énergie
garanti.
M. Bellemare (Johnson): Celui du Nouveau-Brunswick est ferme?
M. Villeneuve: C'est aussi de la puissance ferme dont une
certaine puissance, dont une partie est ferme, une partie interruptible et de
l'énergie excédentaire que nous vendons aussi. Le contrat avec le
Nouveau-Brunswick se termine cette année et il est possible finalement
que, dans les années futures, on vende aussi de l'excédentaire au
Nouveau-Brunswick à certains moments, mais il n'y a aucune
quantité qui est garantie.
M. Bellemare (Johnson): Vous pouvez le faire même en dehors
du contrat?
M. Villeneuve: Nous le faisons en vertu de nos ententes
d'interconnections qui, elles, durent aussi longtemps que les lignes sont
existantes. Alors ce sont des ententes permanentes dont les prix sont
renégociés régulièrement...
M. Bellemare (Johnson): Avec Terre-Neuve, le contrat qui existe
présentement fait que la province de Terre-Neuve s'est engagée
pour un certain nombre d'années, 2087, je pense, c'est cinquante
ans.
M. Villeneuve: C'est 65 ans en tout.
M. Bellemare (Johnson): 65 ans. En 1976, cela fait...
M. Villeneuve: Cela a commencé avant, disons 1972.
M. Bellemare (Johnson): Oui. Mais M. le premier ministre de
Terre-Neuve voudrait faire reconditionner ce contrat. C'est ce qu'on dit dans
les journaux.
M. Villeneuve: Oui.
M. Bellemare (Johnson): L'Hydro a une position ferme.
M. Villeneuve: Bien je ne sais pas si c'est à moi à
commenter cela. Ecoutez nous avons un contrat avec Terre-Neuve, comme les
autres contrats, et nous avons toujours respecté nos contrats avec les
réseaux voisins et nous comptons que nos voisins respecteront leur
contrat avec nous.
M. Bellemare (Johnson): J'ai terminé moi ma série
de questions, c'est que, si le permis fédéral ne vous
était pas accordé pour PASNY, vous ne seriez pas nullement
dérangé pour vendre votre excédent.
M. Villeneuve: Bien, il existe d'autres possibilités,
mais, comme on ne connaît pas l'avenir et à cause des raisons
qu'on a énumérées et que vous avez rappelées
vous-même tout à l'heure, il y aura des moments où nous
aurons à l'avenir des quantités d'énergie
excédentaire à nos besoins et nous sommes très
intéressés à avoir ce débouché important
vers le marché américain. Evidemment, si nous ne l'avons pas,
nous croyons que nous serons dans une situation moins intéressante pour
l'Hydro-Québec...
M. Bellemare (Johnson): Pour faire plus de revenus.
M. Villeneuve: Mais nous...
M. Bellemare (Johnson): D'autofinancement.
M. Villeneuve: A tout point de vue. Au point de vue des
revenus.
M. Giroux: A tous les points de vue, je pense que, si on n'avait
pas cela, on serait terriblement déçu, parce que c'est une
soupape d'indépendance; si on n'a pas ce marché-là, on est
tout de même à la merci du Nouveau-Brunswick et de l'Ontario. Si
vous avez quelqu'un qui en a besoin, la question de prix puis
l'établissement des prix sont beaucoup plus faciles, je crois. Je crois
qu'on devrait...
M. Bellemare (Johnson): Cela donnerait peut-être à
M. Moores, de Terre-Neuve, un argument de plus.
M. Giroux: Oui, oui. Seulement je crois qu'on a réellement
droit à une interconnexion avec les Etats-Unis, la même chose qu'a
le Nouveau-Brunswick puis il est beaucoup moins gros que nous et qu'ont
l'Ontario et les autres provinces. Alors, je ne vois pas pourquoi, nous
spécifiquement, on n'en aurait pas.
M. Bellemare (Johnson): Qu'est-ce que le gouvernement
québécois a fait à ce jour, pour aider l'obtention de ce
permis?
M. Giroux: Le gouvernement nous a donné la lumière
verte, le feu vert pour aller à l'Office national de l'énergie.
Il nous a supportés, il nous a obtenu les permis nécessaires.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que le gouvernement provincial est
représenté devant la commission?
M. Giroux: Je ne sais pas s'il est officiellement
représenté, mais il était là. Il a
délégué des observateurs; s'il n'était pas
officiellement représenté, il y avait des avocats qui
représentaient la province.
M. Bellemare (Johnson): Le ministre est sûrement bien
préparé, s'il y a refus, à faire une bataille contre
Ottawa, je suppose.
M. Giroux: On est convaincu de cela.
M. Perreault: Je vais demander à M. Lemieux de nous donner
un peu l'échéancier des emprunts au cours de 1985, la grandeur,
l'ordre de grandeur des emprunts pour financer les $28 milliards
d'investissement à faire d'ici ce temps-là.
M. Lemieux: L'échéancier.
M. Perreault: Vous avez $28 milliards à financer d'ici
à 1985, là?
M. Lemieux: On prendra un an à la fois.
M. Perreault: Quelle est la répartition d'investissement
pour $28 milliards?
M. Lemieux: Si vous m'aviez demandé il y a cinq ans,
même il y a deux ans, si on pouvait effectuer un emprunt de $1 milliard,
comme nous avons fait au mois de février, j'aurais été
très surpris.
Alors, ce qu'on pourra faire, d'ici trois ou cinq ans est probablement
quelque chose qui paraît aujourd'hui très élevé.
Cependant, nous prenons toutes les mesures possibles pour faire connaître
l'Hydro-Québec à tous les investisseurs possibles aux Etats-Unis,
où se trouve le marché le plus riche, et aussi en Europe, un
marché devenu de plus en plus important depuis un an. La même
chose au Canada. Nous faisons connaître l'Hydro, nous faisons visiter la
baie James par les gens qui peuvent acheter des obligations de façon
importante.
M. Perreault: II reste que, durant cette période, vous
allez avoir à emprunter de $2 milliards à $3 milliards pendant
l'année.
M. Lemieux: C'est possible, j'aime autant ne pas y penser.
M. Cournoyer: Le programme d'équipement est toujours
là.
M. Lemieux: Oui, monsieur.
M. Cournoyer: Nous sommes toujours pris pour financer ce
programme d'équipement.
M. Lemieux: Oui, comme j'ai dit, nous prenons toutes les mesures
possibles pour améliorer la cote de l'Hydro-Québec, faire
connaître l'Hydro-Québec par tous les Etats-Unis; c'est un
marché énormément riche. Nous avons effectué un
emprunt d'un milliard de dollars au mois de février, ce qui est un peu
plus de tous les emprunts qu'on fera sur tous les marchés ordinaires, et
nous comptons continuer à effectuer des emprunts un peu spéciaux
comme celui-là, sûrement pas tous les ans, mais, tous les deux ou
trois ans, on fera des émissions privées en plus des
émissions ordinaires, des émissions publiques, sur tous ces
marchés.
M. Cournoyer: D'après les chiffres que j'ai, M. Lemieux,
le pourcentage d'autofinancement, actuellement, en 1975, aurait
été de 14.5%, est-ce exact? Ou environ cela, 15%, peut-être
14,5%.
Si, et je reste avec un si, je le prononce très haut, nous nous
en allons vers l'autofinancement de 30%, j'ai bien compris que cela avait un
effet immédiat, du moins en 1977/78.
M. Lemieux: A partir de 1978.
M. Cournoyer: En 1978 et en 1979, puis, à 1980,
d'augmenter les tarifs de 17% par année, chaque année. C'est ce
que j'ai compris.
M. Lemieux: Oui.
M. Cournoyer: Après cela, après cela?
M. Lemieux: Après cela, je crois que les augmentations
seront sensiblement moins fortes.
M. Cournoyer: Est-ce à 10% ou c'est sensiblement moins
fort à 15%?
M. Lemieux: Oui, en 1981, par exemple, ce serait de 5,5%, puis
7,7%; après cela, 0%, puis une autre année 0% et en 1985 ce
serait de l'ordre de 4%.
M. Giroux: Si vous prenez la moyenne de tout cela, ce n'est pas
si haut que cela en a l'air. Il y a une année où il va falloir
donner un coup, mais pas comme les autres années. M. le
Président, ce qu'il faudrait ajouter là-dessus, c'est que la
masse des chiffres paraît terriblement grosse et de fait, ils sont gros.
Je vais vous dire une chose: après consultation avec beaucoup de gens
qui sont du milieu des finances qui, eux, sont strictement
intéressés à ces masses parce que ce sont eux qui vont
avancer les fonds à cause de l'expansion financière qui existe
actuellement, cela prend moins de courage pour entreprendre ce programme
aujourd'hui que cela en prenait à l'Hydro il y a 15 ans pour
entreprendre le programme de Manic-Outardes parce qu'à ce
moment-là les fonds disponibles et les possibilités d'emprunt
étaient beaucoup plus rares qu'aujourd'hui.
M. Cournoyer: Dites-moi, M. Giroux, tout en parlant de
possibilités d'emprunt, lorsque les gens m'avisent, et ce ne sont pas
mes gars ici, que lorsque nous sommes au nucléaire, c'est plus
difficile
d'avoir des emprunts que lorsque nous sommes à l'hydraulique, y
a-t-il un fond de vérité à cela?
M. Giroux: II y a un fond d'impopularité chez les
banquiers à l'endroit du nucléaire.
M. Cournoyer: Y a-t-il des raisons à cela, M. Giroux, ou
était-ce seulement une impression...
M. Giroux: En Europe, il y a eu des dépassements de
coûts radicaux et vous aviez des institutions qui finançaient
totalement une installation nucléaire. Alors, il y en a qui se sont fait
chauffer les doigts à $250 millions, cela a fini à $800 millions
et des choses comme cela.
Le grand problème lorsqu'on va voir des financiers, l'avis qu'ils
nous donnent, c'est de construire immédiatement le maximum possible de
notre hydraulique parce que l'hydraulique est antiinflationniste tandis que
l'autre est sujet à l'inflation. Alors?
Mais le point que vous remarquez dans le programme de
l'Hydro-Québec, c'est que rendu à une certaine année, il
n'y en a plus d'hydraulique. Il faut donc opter pour un autre mode.
M. Cournoyer: M. le Président, vous savez que
là-dessus, on n'est pas d'accord vous et moi, mais au moins on a
d'honnêtes désaccords de temps à autre...
M. Giroux: D'honnêtes désaccords, souvent, mais
c'est honnête.
M. Cournoyer: ... quoique les gens en pensent, c'est très
souvent d'ailleurs puis je pense bien que vous avez probablement raison,
remarquez bien que vous connaissez cela beaucoup mieux que moi et on ne
s'obstinera pas sur la raison ou sur le fondement même de nos deux
raisonnements. Je suis totalement d'accord avec le fait qu'on devrait
développer l'hydraulique au complet et rapidement. Ce que je ne
comprends pas, c'est qu'on ne le fasse pas.
M. Giroux: On devrait mais...
M. Cournoyer: En vertu du même raisonnement, je me coupe,
pendant un certain temps du moins, pour un programme assez imposant de
nucléaire; pendant un certain nombre d'années on m'a dit
pendant quatre ans, c'est prévisible, pendant quatre ans, on va faire
une centrale nucléaire par année je me coupe donc de
très hauts financements que je pourrais mettre pendant ces années
dans l'hydraulique, mais je les retarde parce qu'il y a quand même des
limites. Même si M. Lemieux est un génie, tout le monde le sait,
on peut s'attendre qu'il y ait un certain nombre de difficultés
puisqu'il n'y a pas que les moyens du Québec qui augmentent au rythme
dont on parle. Quand on parle de projets de pipe-lines qui vont monter à
$6 milliards, $7 milliards, $8 milliards, $9 milliards ou $10 milliards, ce
sont des financements assez imposants qu'on voit venir ici au Canada au moins
et très prochainement. La difficulté que j'ai, je vous l'explique
le plus honnêtement possible...
M. Giroux: Disons qu'on a une différence dans la
conception de la planification de l'avenir. C'est purement ceci. C'est que,
pour planifier, à moins qu'on connaisse d'autres modes que le
nucléaire... Je tiens pour acquis qu'on prend pour principe que, pour
nous, la demande va être à 7 3/4, les hypothèses sont
là. Il peut y avoir d'autres hypothèses.
Pour en arriver là, on ne peut pas commencer demain matin
à développer et être pris au dépourvu, du moins au
point de vue de planification, comme l'Ontario, avec des techniciens, des gens
qui ne sont pas très hautement qualifiés. Donc, on s'engage
à l'avance dans un programme. Mais au point de vue strictement de
besoin, s'il ne se trouve pas d'autres modes que le nucléaire à
partir de 1990, si on développait tous les 25 000 mégawatts
d'hydraulique, cela ne changerait pas grand-chose, cela ferait qu'en 2003, il
faudrait rentrer massivement dans le nucléaire à moins qu'il y
ait un autre mode. S'il y a un autre mode qui est découvert, soit le
solaire, l'éolienne, le vent, à ce moment, les unités sont
toutes faites selon des normes. On en démarrera seulement deux ou trois
de moins, c'est tout. Même ces nouveaux modes, il va falloir qu'ils
subissent l'expérience du temps, comme le nucléaire l'a subi dans
les 20 dernières années. C'est une des raisons pour laquelle,
depuis dix ans je ne suis pas un technicien j'ai simplement
essayé de regarder et de demander conseil un peu partout dans le monde
où le nucléaire est en usage; je suggère de ne pas aller
trop vite dans le nucléaire. D'y aller, mais de ne pas aller trop vite;
d'essayer de bénéficier des erreurs des autres, parce que vous
remarquerez qu'actuellement, il n'y a tout de même pas 100% des plans
nucléaires qui fonctionnent.
M. Cournoyer: Loin de là.
M. Giroux: II y a beaucoup d'expérience à prendre
partout. Donc, le programme qu'on a établi, on l'a établi au
meilleur de notre connaissance, au meilleur des connaissances des techniciens
de l'Hydro en qui j'ai énormément confiance. Jusqu'à
preuve du contraire, je dois prendre le raisonnement des gens qui sont prudents
et qui disent: il faudrait développer. Strictement au point de vue des
besoins, on pourrait retarder ces programmes d'un, trois, quatre ou cinq ans,
mais il faudrait l'engager alors d'une façon urgente. C'est simplement
cette différence qui existe à moins que d'autres
découvertes soient faites. Si d'autres découvertes étaient
faites, il faudrait que l'Hydro agisse d'une façon rapide pour
arrêter ces programmes.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, il est cinq
heures trente.
M. Bellemare (Johnson): Une dernière question. Dans
l'augmentation des taux et des tarifs, on a parlé tout à l'heure
de 17%. L'hydro va de-
mander très prochainement cette augmentation au gouvernement
provincial.
Est-ce que vous vous préparez à la demander? Est-ce que le
gouvernement sera favorable à cette demande de
l'Hydro-Québec?
M. Giroux: Je suis convaincu que le gouvernement y sera
favorable. Seulement, comme ce n'est pas nécessaire
immédiatement, je ne vois pas pourquoi l'Hydro-Québec ferait une
demande avant la fin de 1977. C'est pour 1978.
M. Bellemare (Johnson): Le gouvernement sera favorable.
M. Giroux: On a toujours des réponses rapidement dans ces
domaines-là, je ne vois pas pourquoi on ferait cela.
M. Cournoyer: Avec toutes les discussions que nous avons eues
aujourd'hui, c'est justement en définitive ce qu'on prévoyait. On
se pose de sérieuses questions et on les pose à
l'Hydro-Québec, où tout cela va-t-il? Puis 17%, je l'ai appris
tantôt, mais heureusement que M. Lemieux m'a corrigé l'histoire
car, au bout, il l'a réduit un tant soit peu et le président de
l'Hydro-Québec a dit: Ecoute, il s'agit de le faire d'un coup, à
un moment donné, de donner un gros coup à un moment donné
dans la planification de l'Hydro-Québec. Mais je ne suis pas encore
d'accord.
M. Giroux: On va établir des dossiers avec les moyennes
aussi pour les années. Actuellement, on a supporté 10% au minimum
par année.
M. Cournoyer: Oui, mais il y a une chose qui a été
notée aussi, c'est que s'il y a 30% d'autofinancement...
M. Giroux: C'est ce qui vient dans les tarifs.
M. Cournoyer: Pardon?
M. Giroux: II vient dans les tarifs.
M. Cournoyer: L'autofinancement?
M. Giroux: Bien oui, l'autofinancement.
M. Cournoyer: Si je ne vous donne pas 17%, vous avez en plus ces
30% d'autofinancement.
M. Giroux: Alors, on le fera à 20% et on empruntera
davantage à ce moment-là, cela coûtera plus cher.
M. Cournoyer: II s'agit de savoir comment on est emmanché,
ce n'est que cela.
M. Giroux: C'est tout.
M. Cournoyer: Et cela s'examine, vous le savez, chaque fois et,
la dernière fois, je rappelle que cela a été le premier
geste, comme ministre des Richesses naturelles, que j'ai posé, l'encre
n'était pas sèche sur mon serment qu'il fallait que je signe
votre augmentation.
M. Giroux: C'est le meilleur geste que vous avez fait.
Le Président (M. Séguin): Le chef de
l'Opposition.
M. Morin: Puis-je prendre pour acquis qu'avant la prochaine
séance du 24, si elle a lieu, vous nous ferez remettre les documents, M.
le Président. Et puis-je vous demander combien de jours à
l'avance vous pourriez nous les remettre pour que nous puissions les
étudier avant la séance et ne pas taponner? Quand on a les
documents, évidemment, cela nous permet d'être beaucoup
plus...
M. Giroux: On devrait établir cela durant la semaine et
vous les envoyer durant la même semaine. Je ne sais pas au juste quel
jour.
M. Morin: La semaine qui précède? M. Giroux:
La semaine qui précède.
M. Morin: Bon! Même si la convocation n'a pas lieu, vous
pouvez nous les envoyer?
M. Giroux: Si la convocation n'a pas lieu?
M. Morin: Oui. Elle ne nous est pas parvenue encore. Je prends
mes précautions.
M. Giroux: Nous, on tient pour acquis que...
M. Cournoyer: A moins que le chef de l'Opposition soit en train
de négocier avec quelqu'un pour qu'il ne vienne pas cette
journée-là. Cela, c'est une autre histoire.
M. Morin: Non, non, alors on les aura de toute façon, ces
documents. Et est-ce que je pourrais également demander à MM.
Lemieux et Villeneuve de revenir la prochaine fois parce que j'aurai moi aussi
des questions à leur poser à la lumière des...
M. Bellemare (Johnson): M. Boyd aussi par la même
occasion?
M. Morin: Je pense que M. Boyd va être là. M.
Boyd: Toujours là.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je ne voudrais
pas terminer ces deux séances que nous avons eues sans adresser
certaines remarques qui sont d'actualité et dire merci aux gens de
l'Hydro-Québec et à tout le personnel qui nous a fourni des
dossiers qui nous ont permis d'entrer dans le vif du sujet et pouvoir discuter
des questions énormes, complexes et cela grâce à leur
perspicacité et aux documents fournis.
M. Giroux: Je crois qu'avec les explications que M. Boyd va vous
donner le 24, cela vaudra la peine d'attendre au 24. Ayez de la patience.
Le Président (M. Séguin): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 39)