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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Etude du programme d'investissement à la baie
James
Séance du mercredi 25 août 1976 (Dix heures vingt
minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
La commission des richesses naturelles et des terres et forêts
continue l'étude du projet de la baie James.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont M.
Assad (Papineau), M. Morin (Sauvé), M. Bellernare (Johnson), M.
Bérard (Saint-Maurice), M. Carpentier (Laviolette), M. Lachance
(Mille-Iles), M. Cournoyer (Robert Baldwin), M. Faucher (Nicolet-Yamaska), M.
Lessard (Saguenay), M. Massicotte (Lotbinière), M. Dionne (Compton), M.
Perreault (L'Assomption), M. Sylvain (Beauce-Nord), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Le rapporteur continue d'être M. Carpentier (Laviolette).
A la fin de nos travaux, hier, je crois que M. Boyd avait la parole.
M. Boyd: Excusez-moi.
Modifications techniques (suite)
Le Président (M. Séguin): Je ne sais pas.
Aviez-vous des commentaires à ajouter? Lorsque nous avons terminé
hier, nous avons coupé cela un peu carré. Aviez-vous autre chose
à ajouter?
M. Boyd: M. le Président, il y a quatre tableaux, dont un
en particulier, sur lequel j'aimerais faire des commentaires. Ces tableaux ont
été distribués hier matin.
Encore ce matin, dans les journaux, on se rend compte que les gens ne
comprennent pas le problème de je ne parle pas des gens de la
commission, je parle des gens de l'extérieur la comparaison entre
les $4 milliards et les $16 milliards. J'aimerais qu'on en parle. J'ai un
tableau. Quand vous voudrez, M. le Président...
A la fin des travaux hier, on avait dit qu'on allait regarder et
discuter, et dans un cas, vous nous aviez demandé que j'entre en
communication avec le ministre et le chef de l'Opposition pour qu'on s'entende
sur ce qu'on pourrait déposer comme contrats types.
Alors, j'ai trois contrats types ici que je pourrais déposer. Il
y en a un de l'ordre de $3 millions, un de $11 millions ou de $12 millions et
l'autre de $16 millions à $18 millions, je crois. Ce sont trois contrats
qu'on peut déposer.
Nous avions pris l'engagement de faire le total des soumissions internes
pour les quatorze contrats mentionnés, je crois, à la page 33 de
no- tre rapport d'activités 1975. Nous sommes en mesure de vous parler
également des soumissions globales par rapport aux contrats
octroyés. Si vous voulez, je peux commencer par cela.
Le Président (M. Séguin): Si vous voulez commencer
par faire le dépôt de ces documents, vous pourrez ensuite faire
les commentaires que vous avez suggérés sur les tableaux en
question. Nous reviendrons immédiatement, une fois que vous aurez
terminé, aux questions des membres de la commission.
M. Boyd: Voulez-vous apporter les copies des trois...
Le Président (M. Séguin): Nous allons envoyer
quelqu'un prendre cela.
M. Boyd: Si on prend la question des contrats à la page 33
de notre rapport d'activités, nous avons des soumissions internes. Il y
en avait quatorze, je crois, et sur les quatorze, nous avons 11 soumissions
internes. A l'occasion de trois appels d'offres, nous n'avons pas fait de
soumissions internes parce que les spécialistes qui s'occupaient de ce
problème à ce moment-là étaient totalement
absorbés dans la préparation de la révision globale dont
on parle ici. Comme nous étions pressés par le temps, nous avons
jugé bon de les laisser sur cela, plutôt que de faire la
soumission interne qui, de toute façon, était un système
de contrôle pour nous.
Je vais vous signaler les trois pour lesquelles nous n'avons pas eu de
soumissions internes. C'est le campement LG 3, phase A... Excusez.
M. le Président, est-ce que je peux parler à M. Boivin
pour être sûr de ce que vous avez là?
Il y a là deux copies complètes.
Le Président (M. Séguin): Ah! il y a deux copies
complètes?
M. Boyd: II y a deux copies complètes. Une Voix: De
trois contrats.
M. Boyd: De trois contrats de travaux. Je vous les explique
davantage.
Un des contrats qui est pour l'usine de pompage Desaulniers, au lac
Desaulniers. C'est un contrat de l'ordre de $3 millions. Les chiffres exacts,
on pourra en parler. Ce contrat a été octroyé à
Saint-Romuald Construction. Il y a également un contrat pour les
galeries d'accès à la centrale. C'est un contrat qui a
été octroyé à la firme Desourdy pour un montant
d'environ $11 millions ou $12 millions. Les montants exacts, on en reparlera
également. L'autre est un contrat accordé à Spino pour les
galeries de dérivation temporaire, de l'ordre de $16 millions ou $17
millions.
Ces trois contrats ont été accordés après
des soumissions publiques et après étude. On pourra
également vous donner le détail de cela. Alors, il y a deux
copies de tout cela.
Evidemment, il n'y a pas les plans. Les plans, ce sont des choses
considérables, mais ils sont disponibles pour consultation n'importe
quand.
M. Morin: D'ailleurs, M. Boyd, comme je vous l'avais dit hier,
les plans nous intéressent moins, du moment que nous avons le contrat
proprement dit, cela suffit.
M. Boyd: Alors, vous avez cela. Je reviens à l'autre
question. Je vous signalais qu'il y avait, sur les 14 contrats, trois
soumissions pour lesquelles on n'avait pas préparé de soumissions
internes. C'était le deuxième, soit celui des campements à
LG 3, phase A, qui a été octroyé pour $7 986 000. Il y a
celui des routes d'accès Eastmain-Opinaca, qui a été
accordé pour $7 250 000. L'entretien et l'exploitation à LG 1 et
à LG 2 ont été accordés pour $11 326 000. Donc, il
y en a pour environ $26 millions. Quant aux onze autres, le montant total
octroyé est de $368 646 000. Le total des soumissions internes est de
$339 065 000. On a une différence de 8%. C'est la soumission
interne.
Revenons aux budgets. Dans les budgets, on a toujours des
imprévus pour l'ensemble des différents budgets. La somme de $339
millions est purement le total de onze soumissions internes par rapport
à onze contrats octroyés. La différence est de 8%.
M. Morin: M. Boyd, il est sans doute trop tôt, pour ces
contrats octroyés en 1975, pour vous demander quel est le coût
final. Vous ne l'avez probablement pas, si je comprends bien.
M. Boyd: Je n'ai pas ce montant parce que ces contrats ne sont
pas terminés, sauf, peut-être, pour les questions de transport de
carburant, mais je n'ai pas le résultat.
En réponse à votre question, c'est, je pense, globalement
conforme aux tendances qu'on a indiquées hier.
M. Morin: Vous deviez également déposer un certain
nombre d'autres documents, M. Boyd, notamment des documents comportant
l'évaluation originale des contrats.
M. Boyd: Ce matériel, je ne l'ai pas, je ne l'avais pas
ici. Evidemment, on a fait travailler des gens hier soir au bureau de
Montréal. Les gens sont descendus cette nuit nous porter les documents
que vous avez là. Ceux-là, je ne les ai pas. Si vous y tenez, on
peut vous les donner. Moi, je répète simplement que ce sont des
chiffres qui, pour nous, n'ont pas tellement de valeur. Ils sont approximatifs
et simplement pour indiquer l'ordre de grandeur de la caution ou du
chèque visé qui doit être utilisé.
M. Morin: J'ai compris ces réserves, M. Boyd, mais comme
vous sembliez dire qu'il n'y avait pas d'objection à nous les faire
parvenir, j'apprécierais beaucoup de les recevoir. Cela nous permettrait
de mieux comprendre le processus, du début à la fin.
M. Boyd: D'accord, je n'ai aucune objection. Comme vous me posez
à nouveau la question, je pense qu'on doit préciser de nouveau
les réserves, et on vous fera parvenir ces chiffres.
M. Morin: Merci.
M. le Président, il y avait une autre question que j'avais
soulevée hier et qui avait provoqué une intervention quelque peu
intempestive du ministre. L'un des facteurs d'augmentation, ce sont les
modifications techniques ou appelées modifications techniques ou
d'environnement. Il y en avait déjà en 1974 pour $700 millions.
Cette année, il y en a pour $470 millions, si ma mémoire est
bonne, ce qui fait plus de $1 milliard en modifications techniques. Et hier, au
moment où nous nous quittions, j'avais demandé à M. Boyd
s'il consentirait, étant donné l'importance de ce montant,
à nous fournir des chiffres qui nous permettraient d'établir une
comparaison entre le coût des modifications techniques à la baie
James sur la rivière La Grande et le coût des modifications aux
autres ouvrages hydroélectriques au Québec, les ouvrages de
l'Hydro-Québec.
C'est une question qui s'adresse sans doute autant à
l'Hydro-Québec qu'à la SEBJ, de sorte que nous puissions savoir
si ce $1 milliard se trouve dans la norme ou pas. Autrement, nous sommes dans
l'obscurité la plus totale. Vous nous dites: Ce n'est pas excessif,
c'est normal. En ce qui me concerne, vous avouerez que ma tâche est de ne
pas nécessairement vous croire sur parole. Bien que j'aie le plus grand
respect pour vous personnellement, je suis obligé, de par mes fonctions,
de poser ce genre de questions et de m'assurer des choses.
J'aurais apprécié que vous répondiez à cette
question hier, mais l'intervention du ministre vous a empêché de
répondre. J'aimerais, ce matin, que vous nous disiez si vous êtes
en mesure de le faire. Je me rends compte que cela peut entraîner
quelques recherches, mais je ne pense pas que ce soit de nature à
mobiliser toute une équipe de re-cherchistes pendant des mois. Il y a
quelques heures de recherche, je n'en disconviens pas, mais cela nous
permettrait de nous approcher des explications fondamentales. Si, chaque fois
que nous approchons d'une chose sensible, on nous dit, soit que cela prend trop
de temps pour faire cette recherche, soit encore, dans le cas des soumissions
fictives, que ce n'est pas dans l'intérêt public, avouez qu'on a
le sentiment d'être dans une impasse. Vous nous donnez le sentiment que,
dès qu'on touche à quelque chose de sensible, hop! le magicien ne
permet pas qu'on s'approche de la boîte où il coupe la fille en
deux pour qu'on ne voie pas comment cela se fait.
M. Cournoyer: Qu'en termes élégants ces propos sont
tenus!
M. Morin: Oui, mais vous êtes le prestidigitateur en chef
et ces propos pourraient s'adresser aussi bien à vous qu'aux autres.
C'est vous qui êtes intervenu hier pour empêcher qu'on nous donne
ces chiffres.
M. Cournoyer: Oui, et puis je l'empêche encore.
M. Morin: Vous vous mêlez de la régie interne,
à ce moment-là, et vous vous êtes bien
défendu...
M. Cournoyer: Oui et il est temps que je m'en mêle, comme
vous m'avez dit.
M. Morin: ... depuis quelques semaines de vous mêler de la
régie interne.
M. Cournoyer: Je me mêle de la régie interne.
M. Morin: Ce n'est pas à vous d'empêcher ces gens de
répondre.
M. Cournoyer: Je l'empêche.
M. Morin: Vous ne l'empêcherez pas.
M. Cournoyer: Bien oui!
M. Morin: Vous n'avez aucune autorité pour le faire. Vous
le savez.
M. Cournoyer: J'en ai encore plus que vous.
M. Morin: Vous n'avez aucune espèce d'autorité.
M. Cournoyer: Encore plus que vous. M. Morin: A peine.
M. Cournoyer: Oh oui! M. Morin: A peine.
M. Cournoyer: Vous, vous en prenez beaucoup plus que vous n'en
avez.
M. Morin: Je pose la question à nouveau.
M. Cournoyer: La réponse est toujours la même de ce
côté-ci; M. Boyd, faites bien attention, c'est de la politique,
cette histoire-là.
M. Morin: C'est de la politique, semble-t-il, de vouloir
comprendre ce qui se passe.
M. Cournoyer: M. Boyd, c'est de la politique et cela
relève de moi, la politique. La politique, ça relève de
moi.
M. Morin: C'est du propre!
M. Cournoyer: La politique, ça relève de moi et
elle est propre. J'accepterais, par exemple, que le chef de l'Opposition
m'identifie le prix ou les augmentations de l'usine de Gentilly II. Cela, je
sais que c'est quelque chose qui marche en même temps que l'autre.
M. Morin: On en parlera tout à l'heure.
M. Cournoyer: Ce que je n'aime pas et ce n'est pas parce
qu'il est question de votre préférence pour le nucléaire
c'est qu'on veuille à tout prix déterrer des choses mortes
depuis longtemps.
M. Morin: Ah! On veut comprendre. M. Cournoyer: Oui,
monsieur.
M. Morin: Là, cela vous touche à l'os. Bien, je
regrette!
M. Cournoyer: Regardez donc cela! M. Morin: Je
regrette!
M. Cournoyer: Faites attention! Cela peut toucher à votre
os!
M. Morin: Bien oui, expliquez-moi cela.
M. Cournoyer: Parce que la chose que vous voulez
déterrer...
M. Morin: Expliquez-moi cela.
M. Cournoyer: ... il y a des ministres des Richesses naturelles
qui sont passés avant moi.
M. Morin: Oui, et puis?
M. Cournoyer: Ils étaient responsables comme moi.
M. Morin: Qu'est-ce que vous tentez d'insinuer là?
M. Cournoyer: Je n'insinue rien.
M. Morin: Ah non!
M. Cournoyer: Je ne fais que dire une chose...
M. Morin: Vous ne faites qu'ouvrir la bouche pour ne rien
dire.
M. Cournoyer: Non, non. Vous allez m'écouter une fois de
temps en temps. Les projets comme ceux de Manicouagan-Outardes sont des projets
finis, terminés. On n'a pas à faire le procès ici de ce
qui s'est passé dans le cas de Manicouagan-Outardes.
M. Morin: II n'est pas question de faire de procès.
M. Cournoyer: Je vous mets en garde, vous le
Québécois, je vous mets en garde.
M. Morin: Merci, c'est très élogieux, cela.
Néanmoins, je voudrais obtenir une réponse de
l'Hydro-Québec...
M. Cournoyer: Vous vous aventurez sur un terrain glissant.
M. Morin: ... et je ne crois pas que ce soit déterrer les
morts que de vouloir comparer les coûts des modifications techniques dans
les ouvrages antérieurs, disons depuis Manic 5.
M. Cournoyer: Je vous ai fait un message intelligent et vous ne
l'avez pas compris, encore une fois.
M. Morin: M. le Président...
M. Cournoyer: Vous ne comprenez que ce que vous voulez bien
comprendre.
M. Morin: ... je sais surtout une chose; je veux comprendre
pourquoi ces coûts ont augmenté et, en particulier, pourquoi les
modifications techniques et d'environnement ont coûté plus de $1
milliard. Je veux savoir si cela se situe dans la norme.
M. Cournoyer: Cela, c'est correct.
M. Morin: C'est le but de mes questions.
M. Cournoyer: J'essaie de vous expliquer que la norme dont vous
parlez, on peut l'expliquer par des choses qui se passent aujourd'hui. Ne
retournez pas trop loin en arrière, cela ne donne rien à
personne.
M. Morin: Je ne retournerai pas à Adam et Eve.
M. Cournoyer: Non, Manicouagan-Outardes; ce n'est pas mieux, M.
Morin.
M. Morin: II suffirait qu'on retourne tout simplement aux
barrages les plus récents, ceux de ces dernières années au
Québec. Je pose la question et j'espère que ce sera la commission
et la SEBJ qui répondront et non pas le ministre.
M. Cournoyer: Le ministre a répondu et, tant et aussi
longtemps que je vais être assis comme ministre, je demande à M.
Boyd de ne pas faire de politique, puis je ne me mêlerai pas de
technique.
M. Morin: Bien, voyons donc! M. le Président, si cela a du
sens commun.
M. Cournoyer: Vous embarquez sur un terrain glissant. Vous allez
voir que, quand on glisse sur un terrain glissant, on se casse la gueule de
temps en temps.
M. Morin: Oui. M. le Président, je vois que le ministre
veut faire de la politique avec ce qui est essentiellement une question
technique.
M. Cournoyer: Ce n'est pas une question technique, c'est une
question politique. Si vous voulez comparer avec des choses
immédiates... Je n'ai pas à juger des choses qui se sont
passées dans le temps de 1958, 1959, 1960, 1970. Je suis en train de
vous expliquer qu'il y a des choses qui vont peut-être être un peu
ennuyantes pour vous lorsque vous le saurez effectivement.
M. Morin: Non, non. M. Cournoyer: Ah! non. M. Morin: M. le
Président...
M. Cournoyer: Vous ne voulez pas comprendre.
M. Morin: ... la vérité est rare.
M. Cournoyer: La vérité ne fait mal à
personne, sauf à vous.
M. Morin: Eh bien! si elle doit faire mal à nous, elle
fera mal à nous, point.
M. Cournoyer: Si elle fait mal à bien du monde pour
rien.
M. Morin: Je m'étonne. Ce qui me renverse, M. le
Président, c'est que le ministre veuille me protéger.
M. Cournoyer: Pas vous protéger, protéger ce qui
est étroit, le type étroit que vous êtes.
M. Morin: C'est vraiment extraordinaire!
M. Cournoyer: II y a des choses que vous pensez... J'essaie de
vous dire, M. Morin, j'essaie de vous le dire en termes précis; qu'en
termes élégants vous le dirais-je! Il peut vous arriver en pleine
face que ce qui a été l'oeuvre des Québécois, la
première oeuvre des Québécois, certains
Québécois ne puissent pas expliquer de telles "trompes " au point
de départ. Puis je ne veux pas le publier.
M. Morin: M. le Président, je pense que ces choses,
surtout lorsqu'il s'agit de $1 milliard, il y a intérêt à
ce que l'opinion publique soit au courant. Je ne crois pas à cette
politique de cachotterie. Est-ce assez clair?
M. Cournoyer: Ce n'est pas une politique de cachotterie.
M. Morin: Non? Alors, je me demande bien qu'est-ce que c'est;
qu'est-ce que vous faites depuis tout à l'heure?
M. Cournoyer: Je vous dis que je ne veux pas déterrer des
morts puis tenter, aujourd'hui, d'expliquer des choses qui sont difficilement
explicables.
M. Morin: M. le Président...
M. Cournoyer: Puis je ne parle pas de la baie James; la baie
James, on va vous l'expliquer.
M. Morin: Non.
M. Cournoyer: Mais je ne peux pas me placer dans la situation
d'expliquer certaines décisions de Manicouagan-Outardes.
M. Morin: M. le Président, on se trouve devant le
problème fondamental de toute cette commission. On nous donne des
chiffres, mais, comme on ne peut pas comparer, on ne peut pas évaluer.
Quand, par exemple, un contrat coûte $275 millions, comment pouvons-nous
ici, en commission, dire: C'est un prix raisonnable ou cela ne l'est pas si on
n'a pas, par exemple, la soumission interne de l'Hydro-Québec, si on ne
peut pas comparer? De même, lorsqu'on aborde les modifications techniques
et d'environnement, comment pouvons-nous savoir si $1,14 milliard c'est
raisonnable ou pas? Là, on touche le fond de la question. Si vous nous
empêchez, par toutes vos facéties, de répondre à ces
questions, nous perdons notre temps, parce que jamais on ne pourra savoir, au
fond, pourquoi cela a coûté $4 milliards de plus.
Avouez que, depuis hier, on a beau retourner cela dans tous les sens, je
pense qu'on n'est pas tellement plus avancé. Je commence à voir
un petit peu à gauche et à droite les véritables
explications. Mais on va sortir d'ici, après deux et trois jours, sans
avoir les réponses claires et fondamentales à nos questions. De
sorte que toute cette commission aura été une sorte d'exercice de
rhétorique. Bien moi, M. le Président, je trouve que cela a assez
duré et je veux qu'on puisse aller au fond des choses. Bon. Alors, je
pose la question que j'ai soulevée tout à l'heure, et j'estime
que ce n'est pas au ministre à vous dire quoi faire. C'est à vous
autres, vous êtes des grands garçons, vous êtes capables de
décider cela par vous-mêmes.
M. Cournoyer: Les différences d'opinion entre lui et moi,
vous autres, ne les tranchez pas.
M. Boyd: M. le Président...
M. Morin: C'est curieux comme il retrouve de l'autorité
quand il s'agit de protéger le gouvernement. Un foudre de guerre!
Pourquoi vous ne vous faisiez pas respecter comme cela, il y a quelques mois,
quand je vous demandais les coûts de la baie James? Vous étiez
comme une nouille, à ce moment.
M. Cournoyer: C'est parce que vous les demandiez et je ne voulais
pas vous les donner. Vous n'êtes même pas capable de jouer avec les
coûts de la baie James, avec toutes les explications qu'on vous donne.
Vous voulez les comparer avec les coûts de Manicouagan.
M. Morin: Avec les coûts généraux, les
coûts appliqués sur une moyenne de l'ensemble des barrages. Je
veux savoir si ce $1 milliard est dans la norme ou non. C'est clair.
M. Cournoyer: II n'y en a pas de normes.
M. Cournoyer: Si c'était dans la norme, M. Boyd, dites-lui
donc! Si c'était dans la norme! On l'aurait su avant, on ne se serait
pas trompé de $1 milliard. On connaît les normes.
M. Morin: Alors, M. Boyd?
M. Cournoyer: Allez-y donc, M. Boyd, librement, comme
d'habitude!
M. Morin: N'en tenez pas plus compte que vous en avez tenu compte
jusqu'ici.
M. Cournoyer: Ce n'est pas moi qui vous l'ai dit, ce coup-ci.
M. Boyd: Je vais essayer d'être le plus technique possible
tout en étant le plus clair possible. Premièrement, j'ai un
commentaire général à faire. Le chiffre de $4,2 milliards,
je pense qu'on l'a expliqué clairement. Il y a 57%, soit presque $2,4
milliards, qui sont dus à l'inflation additionnelle antérieure et
à venir, d'après nos prévisions. Cela représente
57% du montant additionnel. On a dit qu'il y avait $569 millions
d'intérêts additionnels, ce qui représente 13% des $4,2
milliards. Donc, ces 70% des $4,2 milliards s'expliquent par des escalades
imprévisibles et de l'intérêt additionnel. Les autres 30%,
on a essayé de les expliquer hier. Dans cela, il y a un point qui
accroche, c'est celui des $470 millions. Là-dessus, j'aimerais
préciser davantage. Ce que j'ai dit hier, c'est que je trouvais que
c'était beaucoup d'argent.
J'ai dit que pour moi $1 million, c'était trop. N'importe quel
montant est trop grand c'est trop. J'ai dit également que $470 millions
sur l'ensemble, proportionnellement, ce n'était pas tellement, mais
c'est encore, je le répète, trop.
Maintenant, sur l'autre point, la principale partie de votre question,
en 1974, on avait parlé de $700 millions, ce qui était une
augmentation due à des modifications techniques et à des
modifications d'environnement.
M. Morin: Etude de forage, emplacement des déversoirs et
tout cela.
M. Boyd: J'aimerais parler de ces deux chiffres. J'aimerais faire
une certaine correction. A un moment donné, je pense avoir bien compris
c'est sans doute un lapsus que vous avez dit à un
moment donné, vous l'avez dit tel que c'est et à un autre je
pense que vous avez dit ceci que ce milliard pour modifications
techniques et pour l'environnement était de 1974 à 1976. En fait,
vous savez comme moi que c'est de 1972 à 1976. Bon!
M. Morin: J'admets. Les chiffres nous ont été
donnés en 1974, mais ils portaient sur la période de 1972
à 1974. C'est convenu.
M. Boyd: Je pense que c'est bien clair, mais comme cela a
été dit et pour que tout le monde comprenne la même chose,
je voulais clarifier cela. Hier, on a parlé des $470 millions. Etant
donné qu'on va faire une comparaison à partir de l'estimation de
1974, on a converti le montant en dollars de 1974. On parle de $470 millions en
dol-
lars de 1975. On le convertit en dollars de 1974 pour faire la
comparaison en pourcentage, puisque c'est à cela qu'il faut en arriver,
à ce que sont, en pourcentage, les modifications.
On enlève 31%, qui est l'escalade de cette période entre
les deux, et cela nous donne un montant de $359 millions en dollars de 1974. En
1974, on vous a parlé de $700 millions, dont une partie était due
à l'environnement, une partie aux modifications techniques et une partie
à des facteurs d'estimation.
Dans les modifications techniques, on a pour $300 millions en dollars
1974. Il y a $400 millions qui sont pour l'environnement et autres facteurs
d'estimation. Le détail de cela s'en vient. Nos gens vont me le donner
bientôt. Mais il vous reste donc en dollars 1974 la somme de $359
millions, plus $300 millions; cela fait $659 millions pour les modifications
techniques. En pourcentage, c'est $659 millions sur l'estimation de base en
dollars 1974, qui était $5,971 milliards, moins $669 millions, cela vous
donne un pourcentage de modifications techniques de 12,4%.
Moi je vous dis que ce n'est pas considérable comme modifications
techniques de 1972 à 1976 quand on parle de travaux de cette ampleur.
C'est mon appréciation de technicien avec une certaine
expérience. C'est confirmé par tous les techniciens qui sont avec
moi; on en a discuté de longues heures depuis que vous en avez
parlé. Ce sont des chiffres qu'on affirme comme technicien et non
d'autres façons.
M. Morin: M. Boyd, vous m'affirmez bien sûr j'ai
beaucoup de respect pour une telle affirmation que dans votre
évaluation à vous c'est dans la norme, ce n'est pas anormal. Moi
je vous dis: Ce ne serait pas beaucoup plus forçant de le
démontrer en comparant ces chiffres ceux de 1974 et ceux que vous
venez de nous donner formant plus de $1 milliard avec la pratique, avec
ce qui s'est passé dans les autres ouvrages hydroélectriques,
depuis 1967, 1968. Qu'on exclue Manic 5 s'il le faut, puisque, apparemment,
cela semble gêner le ministre.
M. Cournoyer: Cela ne gêne pas le ministre.
M. Morin: Mais je trouve que ce n'est pas impossible de faire
cette comparaison. Puisque vous affirmez que c'est dans la norme, vous devez
bien vous fonder sur la connaissance de certains chiffres, n'est-ce pas?
M. Boyd: M. le Président, je ne veux pas m'aventurer sur
un terrain dangereux. Comme technicien, j'ai dit qu'à ce jour j'avais
répondu techniquement; je vais continuer de répondre d'une
façon technique. Je n'ai pas de chiffres sur cela; il n'est pas
question, dans le moment, d'en avoir, parce qu'on n'en a pas. Mais pour vous
donner une indication...
M. Morin: M. Boyd, vous voulez dire que vous n'avez pas de
chiffres de dépassement pour rai- sons techniques sur les barrages
construits à travers le Québec, depuis quelques
années?
M. Boyd: M. le Président, dans des commissions
antérieures, les coûts, les estimations globales de
Manie-Outardes, jusqu'au moment où on parlait, ont été
discutés à deux reprises, je crois. Je n'ai pas ces chiffres
mais, dans tout cela, il n'y avait pas de réponse précise
à votre question. Mais j'aimerais je n'ai pas de chiffres
vous donner une indication de ce type de problème. A Manic 5, au stade
comparatif avec 1971/72, si on se rapporte dans le temps au même stade
des avancements d'études, la centrale devait être dans l'arche
centrale ou elle devait être à côté. Il y avait un
barrage, un aménagement de telle hauteur; finalement on a eu un barrage
avec un grand réservoir. Il y a eu des béliers, il y a eu des
choses dans les galeries d'apportées.
Ce sont des facteurs techniques énormes. Je ne sais pas la
différence entre ce qui a été pensé au
départ et ce qui a été fait dans la réalité,
mais je peux vous assurer que cela a été bien fait et il n'y a
pas de danger que cela parte. Cela produit de l'électricité
à meilleur marché que sous toute autre forme. C'est comparable
à tout ce qui a été fait dans le temps et très
favorablement, mais il y a eu des changements techniques majeurs. Dans le
moment, avec les restrictions qui me sont posées, c'est le mieux que je
peux vous répondre.
M. Cournoyer: Quand je m'oppose à ce genre de comparaison,
ce n'est pas être mesquin, c'est strictement que je ne voudrais pas qu'on
compare deux situations totalement différentes et qu'on en tire des
conclusions immédiatement après. La crainte que j'éprouve
actuellement, je vais la dire. Les entreprises qui ont fait Manic 5 sont des
entreprises québécoises qui ont acquis une certaine expertise
lorsqu'elles ont fait Manic 5. Lorsqu'on acquiert une expertise, c'est
peut-être parce qu'on n'en a pas avant.
La semaine dernière ou il y a deux semaines, le chef de
l'Opposition insistait pour que les usines nucléaires permettent aux
Québécois d'atteindre une certaine expertise. Lorsqu'on
l'atteint, l'expertise, on l'a, après. Une fois qu'on l'a, on s'en sert.
Si je compare une situation où je n'avais pas l'expertise et si je le
faisais dans une situation où j'ai l'expertise et que je le fais encore,
il est fort probable que, hors contexte, on porte des jugements
extrêmement sévères sur ceux qui étaient en voie
d'acquérir l'expertise dans le temps où ils faisaient Manic 5.
C'est ce que je veux éviter, parce que c'est ce que j'appelle
déterrer des morts. Ce n'est pas parce que j'accuse le chef de
l'Opposition, je le rends prudent.
M. Morin: Je sais très bien ce que vous voulez
éviter, vous nous l'avez dit en toutes lettres hier après-midi.
Vous craignez que le gouvernement soit poigné, comme vous dites. Mais ce
n'est pas de cela qu'il s'agit. C'est vous qui l'avez dit hier
après-midi, je ne l'invente pas.
M. Cournoyer: J'essaie de vous parler sérieusement.
M. Morin: C'est inscrit dans les Débats.
M. Cournoyer: Vous n'êtes pas "parlable". Je pensais que
vous étiez encore à l'université, mais je
m'aperçois que vous êtes descendu à une place où
vous n'avez pas affaire.
M. Morin: Cessez de faire allusion à nos
anti-cédents universitaires, il y a des moments où j'en ai honte,
quand je vous écoute. N'en parlons pas. Est-ce qu'il y aurait moyen,
à tout le moins...
M. Cournoyer: Descendez donc au niveau de la rue.
M. Morin: ...de comparer ces modifications pour raisons
techniques à des ouvrages plus récents ou qui sont sur le point
d'être terminés? Je pense en particulier à Manic 2 et Manic
3 qui ont été faits en régie interne. Serait-il possible
d'avoir des chiffres pour ces barrages en particulier? J'entends le pourcentage
d'augmentation pour modifications techniques en cours de route ou modifications
d'environnement. C'est peut-être à M. Giroux que je devrais poser
la question et pas à M. Boyd.
M. Boyd: Je ne sais pas quoi répondre. Voulez-vous
attendre M. Giroux?
Le Président (M. Séguin): C'est un commentaire que
le chef de l'Opposition a fait en disant que si vous n'aviez pas l'information
demandée, il faudrait peut-être le demander à M. Giroux,
mais si vous avez l'information ou si vous pouvez répondre à sa
question, je pense bien qu'il n'y a aucun problème. Répondez.
C'était dans ce contexte, si j'ai bien compris.
M. Boyd: Dans le cas de Manic 3, je n'ai pas de chiffre non plus
dans le moment. On sait que Manic 3 a posé un gros problème
technique. En fait, le barrage est un cas presque unique au monde de la
façon qu'il est construit. Au départ, lorsqu'on a
décidé Manic 3, on a les estimations et on a ce que cela va
coûter aujourd'hui; je n'ai pas les chiffres avec moi, mais on peut les
avoir. Le barrage Manic 3 s'est déplacé sur une certaine distance
dans la rivière. Il devait être ici, il devait être
là. On a beaucoup étudié au point de vue technique et,
finalement, à cause de la sorte d'escarpement, de montagnes de chaque
côté, on a décidé que son site était
l'endroit pour mieux l'accrocher.
Mais là, on a commencé à regarder, puis il y avait
un immense dépôt de gravier et de sable. On a fait venir tous nos
meilleurs techniciens, ingénieurs québécois et tous les
experts qu'on avait...
M. Morin: Vous avez expliqué cela hier, M. Boyd.
M. Boyd: Oui, mais j'essaie de répondre à cette
question. Ce barrage a connu un gros chan- gement technique, par rapport
à la conception originale du complexe. Le complexe Manicouagan ne
prévoyait pas Manic 3 comme barrage où il est. Il était
prévu ailleurs. Finalement, il a été assis là sur
le sable avec un mur jusqu'au ras, je pense, à certains endroits, cela
fait comme une espèce de cuvette, ce mur d'écran va
jusqu'à 400 pieds. Quelle est la différence dans les
modifications techniques de Manic 3? On pourrait, si tout le monde était
d'accord ici, les calculer pour ce cas et vous les donner.
M. Morin: C'est pour cela que j'aurais
préféré avoir une moyenne générale. Parce
qu'un cas particulier peut nous donner une très mauvaise idée.
C'est pour cela que je vous demandais s'il était possible
d'établir une moyenne générale d'augmentation pour cause
de modifications techniques pour les dernières années.
M. Boyd: M. le Président, pour autant que je sache, cela
n'existe pas. M. Boulva, qui est à côté de moi, je
l'entends faire un commentaire... M. Boulva a été longtemps
ingénieur-conseil et maintenant il siège à notre conseil
d'administration. Il est président de la Société de
développement puis il a participé à des designs. Je pense
qu'il était même au début, un moment donné, à
Manic 5, comme ingénieur-conseil avec d'autres. Il me dit que cela
n'existe pas, ces moyennes. M. Boulva.
M. Boulva (Charles): Non, non, c'est absolument impossible de
trouver ces moyennes. Actuellement vous ne trouverez cela dans aucune
bibliographie. C'est particulier à chaque cas et il faut que vous
retrouviez le concepteur de l'ouvrage et celui qui l'a réalisé
à la fin, puis que vous ayez des tableaux comparatifs de ce qu'a
pensé le concepteur au début, de la façon dont cela a
été réalisé puis que vous ayez les coûts
comparatifs. Vous ne le trouverez à peu près nulle part,
excepté dans les cas particuliers. Comme dit M. Boyd, si vous souhaitez
que ce soit fait pour Manic 3, probablement que l'Hydro-Québec peut
faire cela pour Manic 3. Elle peut retrouver avec les concepteurs du
début à combien avait été estimé Manic 3,
puis combien a coûté Manic 3 finalement.
M. Morin: Et Manie 2?
M. Boulva: Cela doit être la même chose, je suppose.
M. Boyd ou M. Giroux...
M. Morin: Si c'est possible pour Manic 3, si c'est possible pour
Manic 2, cela doit être possible pour les autres.
M. Boyd: Là, on touche un autre problème. C'est de
là que vient mon problème. Il est de nature politique.
Premièrement, on n'a pas dans nos budgets les montants pour faire cette
étude, si on me dit de ne pas les faire au point de vue
ministériel, là, les budgets, c'est quelque chose.
M. Morin: Je veux simplement faire observer, M. le
Président, que, lorsque nous touchons à des
techniques de comparaison qui nous permettraient de comprendre et
surtout d'évaluer l'augmentation des coûts, nous nous trouvons
devant des impasses. Hier, c'était la question des soumissions fictives;
aujourd'hui, c'est cette question de la comparaison entre le coût des
modifications techniques pour ces ouvrages de la baie James et les autres, de
sorte qu'en fin de compte, nous en sommes toujours réduits à
tenir pour acquis que les chiffres que vous nous donnez sont bons, raisonnables
et correspondent à l'expérience dans les autres ouvrages que vous
avez eu à construire, de sorte qu'on ne peut guère avancer.
M. Boyd: M. le Président...
M. Morin: Encore une fois, je ne doute pas de votre
honnêteté, mais je constate qu'on en est réduit, chaque
fois qu'on tente d'aller au fond d'un dossier, à prendre votre parole. A
ce moment-là, forcément, le problème, c'est qu'on ne
pourra jamais comprendre vraiment. C'est la comparaison qui est claire.
M. Cournoyer: Vous allez comprendre quand, vous?
M. Morin: Vous, vous n'êtes même pas dans le jeu.
Alors, s'il vous plaît...
M. Cournoyer: Vous ne comprenez rien du tout.
M. Morin: ... n'intervenez donc pas.
M. Cournoyer: Vous ne comprenez rien. Vous êtes
rendu...
M. Morin: Laissez-nous au moins faire notre travail.
M. Cournoyer: Regardez donc ça!
M. Morin: Essayez de ne pas nous empêcher d'avancer, s'il
vous plaît!
M. Cournoyer: Regardez donc ça si c'est beau le travail
que vous faites.
M. Morin: Si vous n'êtes pas capable de faire le travail,
essayez de ne pas nous empêcher de le faire.
M. Cournoyer: J'ai des techniciens qui font le travail, mon cher
monsieur, et vous en avez aussi.
M. Morin: Cela se voit.
M. Cournoyer: Vous en avez aussi.
Le Président (M. Séguin): Autre sujet.
M. Morin: Je crois qu'il y a un commissaire qui veut
intervenir.
M. Gauvreau: M. Morin, je crois que je dois endosser ce que M.
Boyd et M. Boulva ont dit au sujet de l'état d'avancement des
études au moment de commencer un travail. J'étais là dans
le temps de Manic 5, au tout début. D'ailleurs, je voudrais faire une
rectification. Vous semblez croire que Manic 2 est venu après Manic 5,
mais Manic 2 a été terminé avant Manic 5 et a
été commencé avant, sauf qu'on traverse sur le barrage. Il
n'y a pas d'exemple, dans le passé, d'ouvrage, de projet tellement
avancé dont on pouvait dire vraiment qu'il n'y aura pas de changements
techniques. A presque tous les projets que j'ai vu construire, depuis que je
suis à l'Hydro-Québec, il y a toujours eu des changements
techniques et même des changements techniques importants.
L'exemple de M. Boyd est très juste, pour Manic 5, on avait
commencé à excaver pour les arches et, à ce
moment-là, on ne s'était pas encore entendu, on n'avait pas
accepté les solutions de deux ou trois conseillers qui se contredisaient
et de nos propres hommes. La centrale serait-elle à l'intérieur
de l'arche ou à l'extérieur? La distance de la galerie de
dérivation n'était pas connue, on ne savait pas s'il y aurait une
cheminée d'équilibre. On faisait des calculs, on estimait la
valeur technique de chaque solution et cela n'a été connu qu'en
cours de route. Il y a eu beaucoup de changements techniques.
Maintenant, revenons à Manic 3. Manic 3, au contraire, on le
connaît mieux que les autres pour d'autres raisons; c'était un
autre projet, comme dit M. Boulva. Manic 3 a été retardé
parce qu'on a eu Churchill Falls; alors, on a pu raffiner davantage ce projet.
Je pense que je le connaissais un peu mieux que les autres. Là, je parle
toujours des études à partir de l'avant-projet définitif
parce qu'il y a eu aussi beaucoup de changements qui se sont faits pendant les
études préliminaires et les avant-projets préliminaires,
lesquels, pour Manic 5, ont été faits entre les années
1955 et 1958. Je vous mets au courant. Tout cela a été bien long,
alors, c'est le complexe général.
Quand on arrive pour bâtir un projet donné,
différents groupes d'ingénieurs interviennent, suggèrent
des solutions nouvelles. Prenez Manic 5. La cote d'élévation du
barrage a été discutée pendant trois ans après le
début des travaux à savoir: Est-ce que ce serait à 1100,
1120 ou 1180? Ce qui avait un effet sur toutes les digues. Là, je vous
parle d'une façon générale et sans vous donner de
coût. Je serais fort mal à l'aise d'aller fouiller dans les
dossiers de l'Hydro-Québec pour dire: Vous savez, les solutions 1, 2, 3,
4, 5, si on avait accepté telle solution plutôt que telle autre,
qu'est-ce que cela aurait coûté? A ce moment-là, on aurait
beaucoup de difficultés. On a les chiffres de ce que cela a
coûté réellement mais, comme le dit M Boulva, il faudrait
demander aux partisans de chaque théorie: Qu'est-ce que, toi, tu avais
suggéré? Et refaire le calcul dans ce temps. C'est vrai que ce
serait un travail coûteux et un travail inutile, à mon avis, parce
que je pense qu'on a pris les meilleures solutions possible justement en
étalant les études pendant plus longtemps et en tenant compte du
connu pour aller à du plus connu.
M. Morin: M. le commissaire, je ne mets pas cela en doute. Je
sais bien que constamment, pendant la construction d'ouvrages de cette nature,
il faut s'adapter à ce qu'on découvre. Je le sais. D'ailleurs,
mon père, qui a travaillé avec la plupart de vous messieurs, m'en
a souvent parlé, de ces choses-là. Ce que je voudrais
établir c'est: Est-ce qu'on peut, pour l'ensemble des ouvrages
hydroélectriques depuis quelques années, établir une sorte
de coefficient d'augmentation des coûts qui serait dû à
cette raison en particulier? Ensuite, on pourrait dire: A la baie James, bien
oui, $1 milliard, c'est normal. $1100 millions environ, c'est normal, il n'y a
pas lieu de se scandaliser. A l'heure actuelle, c'est bien difficile
d'établir, bien que le ministre lui-même ait souligné, dans
sa conférence de presse, qu'une bonne partie de l'augmentation, de la
hausse de $4,3 milliards est attribuable au fait que les ingénieurs
avaient dû faire de multiples modifications aux plans en cours de route
en raison de l'absence d'études adéquates au départ.
Vous voyez, ce n'est pas seulement moi qui le dis. Le ministre
lui-même l'a reconnu.
M. Cournoyer: J'ai dit cela, moi?
M. Morin: Oui. C'est dans votre conférence de presse,
cela.
M. Gauvreau: Pour répondre à votre question...
Une Voix: ...mot à mot?
M. Gauvreau: Est-ce que je peux répondre?
M. Morin: Quasiment, oui.
Une Voix: Ah bon!
M. Gauvreau: Mais, monsieur, ce que vous appelez...
M. Morin: Dites-le si vous ne l'avez pas dit! C'est dans les
journaux. J'espère qu'ils vous ont bien rapporté.
M. Gauvreau: Ce que vous appelez un coefficient, pour
l'historique, c'est une moyenne. Vous savez qu'une moyenne, si c'est
basé sur un très petit nombre de cas, c'est très
mensonger. Alors, il y a quatre ou cinq grands projets qui ont
été faits depuis quinze ou vingt ans, des projets qui ne se
comparent pas, comme Rapide-des-lles, un tout petit projet de rien, avec Manic
3. A ce moment-là, la moyenne n'aurait aucune signification.
Comme dit M. Boulva, dans chaque cas, c'est différent en raison
des difficultés naturelles des lieux. Il y a des rivières qui se
prêtent facilement à des installations, parce que c'est du roc, ce
sont des chutes naturelles. Ailleurs, il faut faire des tas de digues.
M. Morin: Bien oui!
M. Gauvreau: Justement, les rivières de Manic 5
étaient des rivières naturelles, visibles à l'oeil nu. Par
ailleurs, je sais qu'à Gull Island, on est en train d'étudier, je
ne sais pas, peut-être la vingtième solution au sujet des digues
et des cotes de hauteur. Il s'est fait beaucoup d'études. Alors, il me
semble qu'il n'y a pas moyen, ce serait très mensonger, de faire cette
espèce de moyenne que vous voulez nous faire donner.
M. Cournoyer: Cela ne fait rien, il aime cela les mensonges.
Donnez-lui-en!
M. Morin: Oubliez cela. Faites comme si cela n'avait pas
été dit. C'est le genre de sottises dont on peut se passer.
Vouliez-vous ajouter quelque chose, M. Giroux?
M. Giroux (Roland): Si vous me permettez, pour les comparaisons
dans les changements techniques, après coup, il faudra faire une
enquête, pour que je le signe, très approfondie, et faire faire
cela par deux bureaux d'ingénieurs qui sont en dehors du pays. Ils
sortiraient les projets techniques pour en faire l'analyse et donner ensuite
les raisons pour lesquelles cela a été fait. C'est un travail
d'un an, pour être honnête. On peut donner des choses
approximatives. Malheureusement, moi, je suis obligé de signer les
documents et, à Washington, je n'aime pas donner des choses
approximatives.
Alors, en 1969, on a donné tous les dépassements de tous
les travaux à la commission parlementaire et, à ce
moment-là, vous n'aviez pas d'inflation. C'est très difficile de
comparer des travaux qui ont été faits en 1955 avec des
techniques de 1955. Comme M. Boyd l'expliquait hier, après les
désastres qui sont arrivés dans des barrages aux Etats-Unis, on a
décidé d'être plus sécuritaire, plus que les cotes
normales ne nous le demandent pour fins de protection. Ces choses demandent des
montants additionnels.
Je veux bien fournir toute l'information. Je n'ai aucune objection
à fournir l'information. Seulement, si la commission désire que
ces travaux soient faits, on va demander des budgets supplémentaires et
on va les faire faire par des gens totalement indépendants qui vont
examiner la technique. Mais, à ce moment-là, ils vont vous faire
un rapport et ils vont dire: Dans le temps, on a choisi telle chose.
Voyez-vous, ce n'est presque pas... Vous avez des sites... Prenez, par exemple,
Churchill Falls. On avait là un site idéal, il y a eu très
peu de corrections, il n'y a pas eu tellement de surprises.
M. Morin: Oui, mais ce ne sont pas des chiffres absolus que je
vous demandais mais des pourcentages par rapport à la valeur globale des
travaux. Cela doit certainement être établi. En tout cas...
M. Giroux: Je crois que...
M. Morin: M. le Président, je vois qu'on arrivera pas
à obtenir notre comparaison.
M. Giroux: Remarquez bien que ce n'est pas une objection, M.
Morin. Je ne fais pas d'objection à cette chose. Seulement, à ce
moment-là, je vais être obligé de vous
répéter ce que les techniciens de l'Hydro-Québec me
donnent.
M. Morin: M. le Président, je vois qu'il va être
impossible de nous faire une idée exacte quant à savoir si ce
milliard de dépassement de coûts est justifié ou pas. Dans
les circonstances, le plus utile que nous puissions faire, c'est
peut-être de nous pencher sur les soumissions pour les divers contrats
qui ont été accordés à la baie James.
Je prends d'abord, messieurs, votre recueil no 1, intitulé:
Contrats de plus de $100 000 de 1972 à 1975 inclusivement traités
par le service contrats de la direction approvisionnement, listes et montants
des soumissions. J'aurais quelques questions à vous poser sur certains
de ces contrats.
Le Président (M. Séguin): Commencez par ce que vous
avez défini puis posez vos questions.
M. Morin: Non, mais c'est pour dire exactement ce que je compte
faire par la suite.
Le Président (M. Séguin): Oui, oui, mais... M.
Morin: On passera ensuite au no 3.
Le Président (M. Séguin): Oui, mais il y a
peut-être d'autre chose qui interviendrait, je ne le sais pas. Commencez
avec votre programme.
M. Morin: Si vous avez des questions, je ne veux pas vous
empêcher de les poser.
M. Perreault: Je n'en doute pas. M. Morin: En avez-vous
des questions? M. Perreault: Oui, j'en ai des questions. M. Morin:
Posez-les.
M. Perreault: Laissez-moi le temps de les poser, vous parlez tout
le temps.
M. Morin: Posez-les, vous n'avez qu'à demander la parole.
Il n'y a rien qui vous en empêche.
M. Cournoyer: II l'a fait, mais vous n'arrêtez pas de
parler.
M. Morin: Allez-y. Si vous avez des questions à poser, je
vous laisse les poser, je n'ai pas d'objection.
M. Carpentier: Le député de Sauvé, surtout
n'essayez pas de nous laisser croire que c'est vous qui êtes le
président de la commission.
M. Morin: Ce n'est pas vous non plus.
Le Président (M. Séguin): Pour déterminer
qui a la...
M. Carpentier: Vous semblez, depuis hier, remplacer le
président constamment. Posez les questions que vous voudrez, le
président va faire son travail.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, messieurs! A
l'ordre! A l'ordre! Pour autant que je sache, c'est toujours le fauteuil qui
assigne le droit de parole et, pour le moment, je demande au
député de Sauvé de continuer son questionnaire.
M. Perreault: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): II va poser ses
questions, mais je vous demande de continuer.
M. Morin: Je ne veux pas priver...
Le Président (M. Séguin): Est-ce que c'était
sur le même sujet d'avant?
M. Perreault: Sur le même sujet qu'avant, parce que M.
Morin aborde un autre sujet.
Le Président (M. Séguin): Sur l'ancien sujet?
M. Perreault: II aborde un nouveau sujet dans le moment, en
rapport avec les contrats.
Le Président (M. Séguin): D'accord. Très
bien, le député de L'Assomption.
M. Perreault: J'attendais, sur le même sujet, qu'il ait
terminé.
A la page 25 de votre rapport, M. Boyd, vous mentionnez que des mesures
remédiatrices pour la protection de l'environnement en travaux
supplémentaires ont coûté $87 millions. Est-ce que je
pourrais savoir plus en détail en quoi ces mesures de protection de
l'environnement consistent?
M. Boyd: Si je comprends bien votre question, c'est au sujet des
$87 millions?
M. Perreault: C'est cela, oui.
M. Boyd: II y a toute une série de mesures. Je pense que
la façon la plus complète d'expliquer cela, c'est de vous dire
qu'en 1974, dans notre estimation, on avait prévu $126 millions pour des
mesures spécifiques de protection de l'environnement.
M. Perreault: $125 millions. M. Boyd: $126 millions. M.
Perreault: $126 millions.
M. Boyd: Dans les prévisions de 1975, il y a $215
millions, un écart de $89 millions. Dans les modifications aux normes de
"design" des ouvrages depuis 1974 par rapport à l'environnement, il n'y
avait rien évidemment en 1974. Il y a $111 millions en 1975, $89
millions plus $111 millions, cela fait $200 millions. Les $200 millions se
répartissent
en $113 millions attribuables à l'entente avec les autochtones
qu'on retrouve dans l'autre article des explications et il y a $87 millions non
attribuables à l'entente.
M. Perreault: Oui.
M. Boyd: Les sujets qui font les $215 millions, ce sont des
travaux remédiateurs, c'est-à-dire l'aménagement
piscicole, $5 millions, les travaux remédiateurs à SOTRAC et Fort
Chimo, $31 millions, le déboisement sélectif de
réservoirs, $101 millions, l'aménagement paysager, routes et
carrières, $17 millions, les mesures contre l'érosion, $14
millions, la reconstitution de l'écotone, $4 millions, les mesures
correctives dans les estuaires. $21 millions, les mesures remédiatrices,
faune terrestre et des rivières, $2 millions, les compensations diverses
aux autochtones, $3 millions, les études de laboratoire, consultants,
frais d'administration, $16 millions.
Ceci fait un total de $215 millions. Dans cela, comme je vous l'ai dit,
il y a $87 millions qui sont attribuables à l'entente et le solde n'est
pas attri-buable à l'entente mais ce sont des mesures additionnelles de
protection de l'environnement.
M. Perreault: Vous mentionnez, pour l'entente, $158 millions. Les
$158 millions sont dans les $215 millions.
M. Boyd: Concernant l'entente avec les autochtones...
M. Perreault: A la page 25 de votre rapport.
M. Boyd: ... les $158 millions n'incluent pas les $30 millions
dont on vient de parler, SOTRAC, ni les $75 millions qui sont prévus
à l'entente, qui sont payables par la Société
d'énergie, qui vont être payés à même les
revenus de la Société d'énergie quand on va vendre de
l'électricité...
M. Perreault: Plus tard.
M. Boyd: ... et c'est basé sur la production. Dès
qu'on commence à produire, il y a une certaine redevance en somme
on peut l'appeler banque qui va être payée aux autochtones,
basée sur la production. Cela est prévu dans l'entente.
M. Perreault: C'est basé sur le kilowatt-heure.
M. Boyd: Oui. Ces deux montants ne sont pas dans le chiffre de
$158 millions. Donc, ici, concernant l'entente, il y a des mesures directes et
indirectes de protection de l'environnement, attribuables à l'entente de
$113 millions, dont je vous ai parlé tout à l'heure et $45
millions qui sont dus au déplacement de la centrale LG 1 et au
rehaussement de la cote du réservoir LG 3, qui est une
conséquence du déplacement du barrage LG1. C'est ce qui fait les
$158 millions.
M. Perreault: Concernant LG 1, lors de la comparution de
l'Hydro-Québec, on a mentionné qu'il serait peut-être
possible de déplacer encore LG1.
M. Boyd: On m'a posé la question et j'ai essayé
d'être le plus discret possible. Là encore, je ne voudrais pas me
faire accuser de vouloir cacher des choses, mais c'est une possibilité
à l'état très préliminaire de discussion avec les
autochtones. En fait, cela fait deux fois qu'on le mentionne ici, j'aimerais
demander à tout le monde, ici, même aux media, de le garder
très secret, si c'est possible, parce que...
M. Cournoyer: Ce n'est pas possible.
M. Boyd: J'ai dit si c'est possible, parce que c'est une
négociation avec les autochtones et, évidemment, des
négociations de ce genre, c'est très particulier. Ils aiment
qu'on soit discret sur des possibilités comme celle-là. Je
n'aimerais pas en dire plus que cela.
M. Cournoyer: Je pourrais peut-être ajouter que j'ai
rencontré les autochtones il y a deux semaines à Fort George. On
pourra convoquer une autre fois la commission parlementaire lorsque la chose
sera plus avancée. On est toujours libre de revenir devant la commission
parlementaire pour expliquer cela, mais, à ce moment-ci, il n'y a pas
lieu de continuer des discussions, en commission parlementaire,
là-dessus.
C'est d'intérêt public, je le répète, pour
ceux qui entendraient mal. C'est d'intérêt public mais il irait
contre l'intérêt public que de le déclarer aujourd'hui. La
question est nettement d'intérêt public, par exemple, mais ce
serait contre l'intérêt public que de dire, aujourd'hui: Voici ce
qui se passe là. C'est parce que les autochtones ont leur méthode
à eux de faire leurs négociations. On ne voudrait pas les
remplacer dans leurs affaires.
M. Perreault: M. Boyd, à la page 26, article d), vous
mentionnez un montant de $162 millions at-tribuable à des facteurs
d'estimation et aussi au coût indirect des entrepreneurs. Pourriez-vous
expliciter cela un peu?
M. Boyd: Des facteurs d'estimation. En fait, je vous donne en
partie la réponse précédemment ou ailleurs dans mon texte.
Ce sont en grande partie les marges que nous pensons de sécurité,
que les entrepreneurs mettent dans leurs soumissions à cause de
l'éloignement, à cause des conditions difficiles et à
cause des relations de travail, à cause de toutes ces choses. On pense
que ces marges... Si on veut comparer avec des estimations qui se font
ailleurs, on pense qu'il y a eu ce montant de mis...
M. Perreault: Un coussin. M. Boyd: ... Comme
coussin...
M. Perreault: C'est cela.
NI. Boyd: ... pour les conditions extraordinaires qu'un
entrepreneur peut affronter. C'est notre opinion.
M. Perreault: Par rapport...
M. Cournoyer: J'aurais une question, si cela ne vous fait rien. A
moins que vous ne vouliez continuer.
M. Perreault: Je continuerai après.
Relations de travail
M. Cournoyer: Je regarde les $230 millions pour les normes de
campement. Cela veut dire qu'on avait prévu auparavant des normes de
campement. Il y a eu des représentations faites par les centrales
syndicales sur le fait que ces normes de campement n'étaient pas
adéquates. Mettons cela dans le contexte actuel d'aujourd'hui. On me dit
que les gens font de l'argent comme de l'eau à la baie James et
j'entendais dire hier que, là, ils sortent tous de la baie James. Je
croyais qu'ils étaient heureux des salaires qu'ils faisaient et les $230
millions additionnels qu'on prévoit pour les normes de campement. C'est
additionnel, les normes de campement.
Etes-vous capable de m'expliquer pourquoi les gens sont encore
malheureux à la baie James?
M. Boyd: Les travailleurs ne sont pas malheureux à la baie
James.
M. Cournoyer: Ils partent.
M. Boyd: Ils partent. En fait, à LG 2, il y en a 1961
qu'on a sortis.
M. Cournoyer: A LG 2, cela?
M. Boyd: Qui sont sortis hier, mais il y en a à peu
près 4000 à sortir. Ce sont des sorties volontaires, dans le sens
suivant. Pour moi, c'est volontaire sans être beaucoup volontaire. Je
vais vous expliquer. J'ai dit et je répète, et on peut le
prouver, que tous ceux qui sont allés là, cet été,
ont rencontré des gens heureux de travailler à la baie James,
à LG 2 en particulier. Jusqu'à ces derniers jours, tout le monde
était heureux. Il y en a qui partent volontairement, mais malheureux.
Qu'est-ce qui est arrivé entre-temps? Des représentants
syndicaux, utilisant leurs droits et leurs prérogatives, ont tenu des
assemblées à la baie James, à LG 2, à Duncan.
Je vais vous donner les chiffres, les statistiques de ce qui s'est
passé et vous comprendrez mon étonnement, surtout mon
désarroi. Il y a au-delà de 4200 travailleurs qui avaient le
droit de vote. Pardon, je m'excuse, je reprends. Il y avait près de
3000, soit 2979 travailleurs qui avaient le droit de vote; il y en avait 1300
autres qui ont déjà signé une convention collective comme
à la cuisine, les services, etc., ce qui fait un grand total de 4200,
qui vont être affectés par la décision qui a
été prise. Je voudrais être bien clair là-dessus. Il
y en avait près de 3000 qui avaient le droit de vote parce qu'ils
faisaient partie du décret de la construction et encore 1300 qui vont
être affectés parce que, quand tout le monde va être sorti,
on n'aura plus besoin de servir de repas et on n'aura plus besoin de faire les
lits.
Sur les 3000 qui avaient le droit de vote, il y a eu des
assemblées, il y en avait 1122 qui étaient aux assemblées;
là-dessus, il y en a 728 qui ont voté pour l'arrêt. Dans
mes chiffres à moi, cela veut dire que 24,4% ont voté pour
l'arrêt, sur ceux qui avaient le droit de vote. Cela veut dire que ces
24% ou ces 728 qui ont voté ont, pour les 4200, décidé que
les travaux arrêtaient. Cela veut dire que 17% des gens qui ont
voté pour l'arrêt ont décidé que les 83% qui
restaient allaient arrêter de travailler parce que c'est ce qui
arrivait.
Donc, les décisions se prennent apparemment comme cela. Les gens
vont voir leur entrepreneur et disent: Moi, je sors.
Un fait en passant, c'est que lundi soir, il y a eu des gens de jour, il
y en a eu près de 800, qui ne se sont pas présentés
à la cafétaria pour dîner, ils se sont passé de
dîner, je ne sais pas ce qu'ils ont fait, parce qu'ils avaient trop peur
d'aller à la cafétaria. Sans entrer dans plus de détail,
ils ne voulaient pas être soumis à des pressions en tout cas. Pour
moi, c'est inquiétant des facteurs comme ceux-là. Pendant les
assemblées, plus tard dans la soirée de lundi, il y en avait 400
ou 500 dans trois ou quatre assemblées, il y en avait 1000, la taverne
était pleine à craquer, puis les gars prenaient un verre bien
tranquillement, ils ne voulaient rien savoir. Ils voulaient rester là,'
puis d'autres prenaient des décisions pour eux autres.
Je ne veux pas être politique, mais, étant donné que
cela a un effet sur les coûts futurs, je pense que je me dois de vous
dire ces choses. C'est un peu en gros le portrait de LG 2. Pour LG 3, cela a
été l'inverse, les gens ont voté pour rester, LG 4 puis le
plan D et les autres endroits, EOL, etc., en général, ça
travaille, c'est normal.
M. Cournoyer: Ils ont voté par projet? M. Boyd:
Oui.
M. Cournoyer: Ce n'est pas l'ensemble de la baie James, comme
cela.
M. Boyd: Non, non.
M. Cournoyer: Combien avez-vous d'employés maintenant
à la baie James?
M. Boyd: En tout, incluant les cadres, cela dépasse
6000.
M. Cournoyer: 6000.
M. Boyd: Mais à LG 2, Duncan fait partie de LG 2, dans
l'ensemble il y a 4200 syndiqués. 728 ont
voté pour la grève et ils décident du sort de 4200.
Vous m'avez posé la question, on a dépensé beaucoup
d'argent pour les rendre heureux. Je pense que tout le monde qui y est
allé récemment peut témoigner de cela. Evidemment, je dis
dans mon texte également que jamais ce ne sera le paradis, on ne
contentera jamais tout le monde, mais vous me demandez, ayant
dépensé ces sommes d'argent: Comment cela se fait-il qu'ils
sortent? J'ai essayé, en évitant de mettre cela sur l'aspect
politique, de vous répondre, parce qu'en gestionnaire, en
administrateur, cela a des conséquences importantes. La question
suivante qui se pose, évidemment, et avant qu'on me la pose, j'aimerais
y répondre, c'est: Combien cela coûte? Je peux tout de suite vous
dire que j'aimerais y répondre, c'est: Combien cela coûte? Je peux
tout de suite vous dire que j'aimerais vous répondre totalement et
là encore je vais me faire accuser de ne pas vouloir répondre. Je
vous le dis d'avance, on peut vous dire qu'un arrêt d'une semaine
coûte $8 millions. Un arrêt d'un mois coûte $75 millions,
mais là où je vais vous demander d'accepter mon point de vue
c'est que je ne voudrais pas être obligé d'en dire davantage. Si
vous me demandez quel est l'effet de tant de jours, de tant de semaines, de
tant de mois d'arrêt sur l'échéancier, à ce moment,
c'est aussi bien de dire que vous donnez des munitions extraordinaires à
la partie qui négocie les décrets ou les conditions dans la
construction, parce que, premièrement, je ne sais pas combien de temps
cela va être fermé à LG 2. Deuxièmement, ce qui est
plus important encore, ce n'est qu'après qu'on pourra apprécier
quel effet aura eu l'arrêt et quels moyens on pourra prendre pour
récupérer ces retards et quel effet à moyen et à
long termes cela aura.
M. Perreault: M. Boyd, même un arrêt, disons, de deux
semaines, s'il n'y a pas un effet multiplicateur sur
l'échéancier, l'échéancier n'est pas juste
retardé de deux semaines, mais il y a un multiplicateur sur
l'échéancier?
M. Boyd: Je regrette, M. Perreault, M. le Président,
j'aimerais mieux ne pas répondre à cette question pour la raison
que j'ai invoquée tout à l'heure.
M. Perreault: Je note à la page 26, à l'article 1
de votre rapport, une augmentation de $140 millions. Là-dessus, il y a
une combinaison, infrastructures et transport d'énergie. J'aimerais
savoir quelle partie est attribuable au transport d'énergie.
M. Boyd: Excusez, ce ne sera pas long. On va me donner la
réponse dans quelques minutes, si vous permettez.
M. Perreault: On a parlé des infrastructures sur Radisson,
etc.
M. Boyd: Les infrastructures, ce sont toutes les routes, les
aéroports et Radisson.
M. Perreault: Est-ce que cela comprend vos achats d'avions?
M. Boyd: Non, non. Les achats d'avions, c'est directement
imputable aux projets dans le transport.
M. Perreault: Dans le transport. Est-ce que cela comprend votre
village à LG 3?
M. Boyd: Oui, cela va comprendre le village de LG 3. Dans mon
texte, je dis que, dans le concept original 1970-71, où les gens se
contentaient de moins comme conditions de vie, on n'avait pas prévu de
village à LG 3 et on n'en avait pas prévu à Caniapiscau
non plus. Donc, ce sont les conditions de vie, des exigences additionnelles qui
font qu'on doit avoir des villages.
M. Perreault: C'est le contexte social.
M. Boyd: D'accord. Pour répondre à votre question,
sur les $144 millions, je crois, $60 millions sont dus aux infrastructures que
j'ai énumérées tout à l'heure et $84 millions au
réseau de transport d'énergie de la baie James,
c'est-à-dire les lignes, les postes, etc.
M. Perreault: Votre échéancier des lignes de
transport est-il à jour?
M. Boyd: Oui, dans le moment nous respectons
l'échéancier.
M. Perreault: L'échéancier est respecté.
Pour les coûts, c'est ma dernière question.
Le Président (M. Séguin): Y a-t-il d'autres
questions?
M. Boyd: Je reviens au sujet. J'ai un tableau en particulier que
j'aimerais expliquer: celui des comparaisons des différents projets,
c'est-à-dire NBR, La Grande et les trois... Surtout celui-là. Les
autres, je pense qu'ils sont assez explicites. Quand vous le jugerez à
propos.
Le Président (M. Séguin): Allez-y.
M. Boyd: On vous a distribué ce tableau, hier. Je pense
qu'il est nécessaire d'y revenir parce que, encore dans certains
journaux de ce matin, on faisait allusion à ce "quadruplement" qui
mérite certainement une explication importante... Alors, on a
essayé de comparer des choses comparables. On va vous indiquer les
résultats.
Si on prend NBR 1, tel qu'estimé en 1971, il y avait 5300
mégawatts dans le complexe. NBR, évidemment, tout le monde sait
que c'est Nottaway, Broadback et Rupert. La mise en service des unités
était prévue de 1978 à 1982 et le taux d'inflation
équivalent, de 1974 à 1985, était de 4%, le coût
annuel de financement de 8% et cela donnait un montant d'estimation originale
de $4,1 millions.
Pour, La Grande, 1972, on avait 8330 mégawatts, les mises en
service, de 1980 à 1984, l'inflation, 4%, un coût annuel de
financement de 8,5%. Cela donnait une estimation originelle de $5,8
millions.
La Grande, 1974, 10 340 mégawatts. Les mises en service, de 1980
à 1985, un taux d'inflation de 7%, un coût annuel de financement
de 10%. Cela donnait $11,9 millions.
Maintenant, on vous a donné une puissance installée de 10
190 mégawatts, une période de mise en service, 1980 à
1985, un taux d'escalade prévu, de 1976 à 1985, de 8% et de 1974
à 1985, 12%. Je devrais peut-être répéter, ici. On
dit que pour ce qui reste à venir, la moyenne, c'est 8%, et pour ce qui
a été fait, 1974 à 1976, cela a été 31%. Si
on fait la pondération de cela, cela donne 12% pour l'ensemble.
M. Larochelle vous a expliqué cela, hier, je pense, en
détail. Le coût de financement était de 10%. Cela vous
donne une prévision de $16,2 millions.
Maintenant, on a normalisé, c'est-à-dire qu'on a mis les
choses comparables en dollars 1975. Si on utilise, pour le complexe NBR, les
taux d'intérêt qu'on utilise maintenant et les taux d'escalade
qu'on utilise maintenant, et si on utilise les taux d'intérêt
utilisés maintenant, dans le cas de l'intérêt, c'est assez
simple. Dans le cas de l'escalade, on l'utilise sur le flot pécuniaire
correspondant à la période moyenne de la mise en service. Quand
vous avez fait cela, vous avez, en dollars normalisés, pour NBR, $8,2
millions.
Si on fait la même chose pour La Grande, 1972, vous avez $10,4
millions et pour l'autre, vous avez $14,2 millions. Pour La Grande, 1976, $16,2
millions.
Un moment, s'il vous plaît. L'année passée, on nous
avait demandé d'utiliser différentes hypothèses
d'escalade. Là, on avait donné différentes
hypothèses. On a dit: Cela donnerait cela. Quand on a pris notre projet
et qu'on a utilisé 12%, c'est-à-dire qu'on avait calculé
avec 12% et 10%, si je me rappelle bien, on avait donné environ $14
milliards ou $14,1 milliards. C'est dans les dossiers. Cela valide, en somme,
notre façon de normaliser.
Maintenant, si on réduit cela au coût par kilowatt,
évidemment, sur les coûts originaux, cela donne 780. Ce qui est
intéressant, ce sont les coûts normalisés. Dans les
mêmes circonstances, c'était 1550, 1255, 1375 et 1585
respectivement pour NBR, La Grande 1972, La Grande 1974 et La Grande 1976. Il y
a une autre façon de regarder cela, une autre façon encore plus
simple pour justifier, comme cela, la moitié. On parlait de 5300
mégawatts pour $4,1 milliards. On parle de 10 pour 16. Si on parle
d'à peu près 10, cela fait au moins, tout de suite, 8,2%. Je ne
voudrais pas qu'on confonde avec cela. C'est par pure coïncidence que cela
donne le même chiffre. Si on prenait ensuite les 8,2 pour les mêmes
quantités de puissance et d'énergie, et qu'on les convertissait
au facteur qu'on est obligé d'admettre aujourd'hui, cela nous donnerait
à peu près les mêmes résultats.
M. Morin: M. Boyd, la puissance installée de La Grande en
1974 a été indiquée comme étant 10 340
mégawatts. Si ma mémoire est bonne, le chiffre était moins
élevé que cela lorsque nous en avons parlé en 1974 et de
nouveau en 1975.
M. Boyd: II y a eu un changement.
M. Morin: Je ne reconnais pas ce chiffre-là.
M. Boyd: C'est cela, le changement. Vous ne m'entendez pas,
là-bas? Pour l'estimation de 1974, on a eu un chiffre avant le
déplacement de LG 1 et on a eu un chiffre après le
déplacement de LG 1. Voulez-vous me donner ces deux chiffres et quand
cela a changé?
M. Morin: Les chiffres dont je me souviens, c'était 10 070
mégawatts.
M. Boyd: Oui, cela a été au moment du
déplacement de LG 1. Par la suite, en optimisant LG 3, on a monté
la cote de LG 3 et cela nous a donné plus de chute, cela nous a permis
d'avoir plus d'énergie. Je voudrais qu'on me donne les vrais chiffres.
Il y a eu trois chiffres. Il y en a deux ici, mais c'est vrai qu'il y en a un
troisième, il s'agit de le rétablir dans le temps.
M. Morin: II y a eu 10 020, 10 070 et maintenant 10 340. Ces 10
340, c'est donc un chiffre qui n'est pas de 1974. Il serait postérieur
à 1974, à la suite de changements intervenus. Je ne pense pas. Il
n'a pas été mentionné en 1974.
M. Boyd: M. Bolduc, avez-vous les chiffres, s'il vous
plaît?
M. Morin: Dans le texte de cette année, M. Boyd, vous nous
dites que cela s'établit maintenant à 10 190, c'est ça,
pour 1976, mais je me souviens qu'en 1975, l'an dernier, il n'était pas
question de 10 340. C'est pour cela que j'aimerais que vous l'expliquiez.
M. Boyd: Oui, en 1975, il n'était pas question de 10 340,
mais, en 1974, il était question de 10 340. C'est lorsqu'on a
déménagé LG 1 de place; on a perdu, en
déménageant LG 1, près de 300 mégawatts.
M. Morin: C'est cela.
M. Boyd: Bon! A un moment donné, on a perdu 300
mégawatts, par la suite, quand on est venu en 1975, on vous a dit: On a
remonté la cote du réservoir LG 3 et cela nous a permis de
remonter à 10 340, pardon...
M. Morin: 10 190.
M. Boyd: C'est cela, je pense, mais je ne voudrais pas vous
induire en erreur, j'aimerais mieux qu'on me donne les vrais chiffres.
M. Morin: Je comprends mieux les chiffres maintenant, c'est
bien.
M. Boyd: Et, dans nos explications de la différence des
coûts techniques, il y a un facteur important qui est le rehaussement de
LG 3, ce qui nous a permis de récupérer de la puissance et de
l'énergie en remontant.
M. Morin: D'accord.
M. Boyd: Cela a été une dépense
additionnelle importante, mais, en énergie regagnée, cela valait
bien des fois...
Alors, avant qu'on parle du déplacement de LG1, on avait 10 340
mégawatts en déplaçant LG1, on a perdu 270
mégawatts, ce qui nous amena donc à 10 070 mégawatts et,
par la suite, on a été même... 10 070, c'était au
mille 54; au mille 54, on s'est rendu compte qu'on avait des problèmes
importants de frasil qui nous empêcheraient d'opérer une certaine
partie de l'année. On est donc revenu au mille 44, avec l'accord des
autochtones, ce qui nous a permis de remonter à 10 020, mais en
évitant les problèmes qui nous empêcheraient
d'opérer une partie de l'année, à 10 020, on pouvait
opérer régulièrement. Par la suite, entre 1975 et 1976, on
a décidé de rehausser les digues à LG 3, le barrage de LG
3, ce qui nous a permis d'ajouter une partie importante d'énergie qui
vaut énormément plus que les dépenses additionnelles, qui
sont une des modifications techniques qu'on a faites.
M. Cournoyer: Etes-vous capable d'expliquer pourquoi vous avez eu
du frasil? Je suis convaincu que le chef de l'Opposition veut savoir cela
comment on peut se tromper comme cela, changer un barrage de place? Vous devez
avoir une bonne raison pour cela. Moi, j'aimerais le savoir pour le chef de
l'Opposition.
M. Morin: Expliquez-le donc au ministre, M. Boyd.
M. Cournoyer: II aime cela les questions techniques.
M. Boyd: II y a des gens là-bas qui seraient bien
meilleurs que moi dans le frasil. Il ya M. Gilbert, qui vit avec cela tout le
temps; je ne sais pas s'il est là, mais, évidemment, le frasil se
forme parce que vous n'avez pas le couvert de glace. L'eau est trop turbulente;
on a des chutes au mille 55 qui font de la turbulence. N'ayant pas de couvert
de glace, la neige se coagule et forme des espèces de glaçons et
c'est cela qu'on appelle du frasil. Mais quand cela arrive dans les turbines ou
les entrées, les vannes, cela colle, pas autant que la crazy glue, mais
presque, et ça bouche l'entrée. C'est pour cela que les
problèmes du frasil, il y a longtemps qu'on connaît le
problème. A Beauharnois, la seule façon... C'est très
vieux, Beauharnois cela remonte maintenant à 1928, 1929, puis en
passant, cela fonctionne toujours parfaitement.
M. Cournoyer: Quand quelqu'un n'entend pas et ne comprend rien,
peut-on dire qu'il a du frasil dans les oreilles?
M. Boyd: Les oreilles, moi, je ne connais pas cela.
M. Morin: Cela en prendrait beaucoup pour boucher les oreilles du
ministre.
M. Boyd: Le frasil, on connaît cela assez bien. Il faut
bien faire fonctionner nos centrales pendant la période d'hiver. C'est
une chose qui mystifie d'ailleurs, tous les techniciens européens avant
qu'on leur ait bien expliqué comment on peut faire fonctionner nos
centrales hydroélectriques en hiver. C'est assez simple. Il faut
fabriquer de la glace, c'est-à-dire faire un couvert de glace.
Là, il n'y a pas le problème de frasil, une fois qu'on a
fabriqué un couvert de glace. Pour le faire, il faut réduire la
puissance, la production, pendant certains jours. Quand l'eau est à la
bonne température, on réduit la puissance, on réduit le
débit. Là, il se forme un couvert de glace. Une fois le couvert
de glace formé, s'il n'y a pas de changement brusque dans les
températures, on est bon pour plusieurs mois à opérer
à presque la capacité totale.
M. le ministre, voilà l'explication sur le frasil.
M. Morin: Je pense qu'il a compris, M. le Président.
M. Cournoyer: Mon secrétaire du ministère a fait sa
thèse sur le frasil. C'est pour cela. Je voulais montrer que je savais
quelque chose moi aussi. Il m'a expliqué cela.
Le Président (M. Pilote): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. Morin: Oui, M. le Président, mais sur un autre
sujet.
Le Président (M. Pilote): L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
Explications des contrats
M. Morin: Je vais laisser à M. Boyd le temps de regagner
son siège. Je me tourne maintenant vers les contrats et je commence par
celui qui est certainement le plus important, portant le no C-52, le barrage
principal de LG 2.
Il s'agit d'un ouvrage tout à fait exceptionnel. Il n'y a pas
beaucoup d'autres ouvrages de ce genre. Il n'y a pas beaucoup de contrats
identiques à celui-là surtout que, désormais, pour LG 3,
cela va être fait en régie par l'Hydro. J'aimerais examiner un peu
ce montant de $237 millions et quelques centaines de milliers de dollars.
Tout d'abord, si je me reporte au formulaire C-52, une toute petite
première question de détail, celle-là. Le montant
indiqué dans votre tableau ne correspond pas à celui qu'on donne
au formulaire C-52. Pour Impregilio & Spino, on indique $224 millions alors
que, sur votre résumé, au début, nous avons le montant de
$237 millions. Est-ce qu'on pourrait m'expliquer pourquoi, dans ce cas, il y a
cet écart?
M. Boyd: Je ne saurais vous donner la réponse
précise mais, de mémoire, je peux vous dire que la principale
raison de cette différence, c'est qu'il y a eu les
événements du 21 mars 1974. Le chantier a été
arrêté. Ces gens avaient débuté. Le contrat avait
été octroyé. Ils n'avaient pas réelle-
ment débuté mais le contrat avait été
octroyé. Les événements de mars, pour eux, ont eu une
conséquence considérable, parce qu'ils ont été
incapables de faire leur travail au moment où ils devaient le faire. Il
a fallu modifier complètement notre cé-dule de travail pour le
barrage, changer le moment de la fermeture de la rivière de plusieurs
mois et toute une série de mesures très importantes ont dû
être mises en vigueur avec l'entrepreneur pour arriver le plus possible
à reprendre le temps perdu.
M. Morin: Cela a fait l'objet d'un avenant au contrat.
M. Boyd: Cela a fait l'objet d'un avenant approuvé par
toutes les autorités, le conseil en dernier.
M. Morin: Pour juger d'un coût aussi considérable
que $237 millions, il est bien difficile de se faire une idée, surtout
quand on n'est pas ingénieur.
Je me demande si, dans un cas comme celui-là, étant
donné qu'il n'y a pas beaucoup d'ouvrages de cette ampleur, il serait
possible que vous nous donniez la soumission fictive à l'égard de
cet ouvrage en particulier.
Le ministre est d'accord, vous pouvez...
M. Cournoyer: C'est moi qui trouve tout cela pas correct.
M. Boyd: La soumission interne, comme j'appelle cela, est
très près je peux vous dire cela du montant du
contrat accordé. C'est très près. En fait...
M. Morin: Vous ne pouvez pas nous donner le montant?
M. Cournoyer: En pourcentage, juste plus ou moins pour...
M. Boyd: C'est quoi, le montant? La soumission était de
$227 millions?
M. Morin: $224 millions...
M. Boyd: La soumission était de $224 millions...
M. Morin: L'octroi était de $237 millions.
M. Boyd: ...et notre soumission de $227 millions.
M. Morin: Pardon?
M. Boyd: $227 millions.
M. Morin: $227 millions. Bien.
M. Boyd: II y a $3 millions jusqu'à $224 millions.
M. Morin: Avez-vous les prévisions de coût final
là-dessus en ce moment? J'imagine qu'au fur et à mesure que les
travaux avancent, vous réexaminez le coût? Pensez-vous que cela va
se tenir dans les $237 millions prévus?
M, Boyd: Evidemment, dans le contrat il y a une clause qui
prévoit la main-d'oeuvre. Nous nous engageons à absorber, pour la
main-d'oeuvre, 80% des révisions de décrets imposés ou des
négociations, si vous voulez. Si c'est un décret...
M. Morin: Aviez-vous d'autres clauses de dépassement de
coûts semblables à celle-là dans le contrat?
M. Boyd: Non. Pour la question de la main-d'oeuvre, on a dit et
c'est un principe général qu'on a appliqué dans la plupart
de nos contrats: Les négociations, on n'en est pas les maîtres et
vous n'en êtes pas les maîtres avec la construction. On va absorber
80% de l'augmentation et vous allez quand même en absorber 20%, pour que
vous vous intéressiez quand même aux négociations. C'est le
principe général. Donc, dans leurs soumissions, ils sont
censés avoir prévu une partie pour des augmentations normales des
coûts de main-d'oeuvre. Est-ce qu'il y a d'autres clauses, me dites-vous,
semblables à celle-là? Non, mais c'était un contrat
à prix unitaire ferme. Cela veut dire que, par exemple, pour une verge
cube de roc qui est placée de telle façon, à tel endroit,
cela coûte tant la verge. Evidemment, si, dans les faits, on en place
moins, cela coûte moins, et si on en place plus, cela coûte plus.
C'est mesuré et c'est typique, c'est normal pour tous les trois contrats
d'avoir des prix unitaires fermes basés sur les quantités.
Donc, à ce jour, nos indications, M. Morin, sont qu'à
certains endroits nous avons des quantités en moins et des
quantités en plus. C'est suivi de très près. Je ne peux
pas vous dire, dans le moment, quelle va en être la fin. On fait des
estimations. C'est justement notre programmation.
M. Morin: Oui, mais pour arriver à vos $16,2
milliards...
M. Boyd: Oui, oui.
M. Morin: ...vous avez certainement dû
réévaluer ce projet parmi les autres.
M. Boyd: D'accord. Mais, dans ce cas particulier, je peux vous
dire que l'entrepreneur, de temps en temps, vient pleurer sur notre
épaule et dire: Je vais perdre des millions de dollars avec la
soumission que je vous ai faite. Encore là, je suis obligé de
dire la même chose. Ce n'est pas bon de dire que nous nous attendons
qu'il va dépasser ces prévisions et qu'on va être
là, au bout de la ligne, pour lui donner les milliards qu'il pense
devoir perdre. Ces chiffres, on les suit de très près.
M. Morin: Vous n'avez pas un chiffre, disons, pour l'heure, un
chiffre intérimaire, qui nous donnerait une idée du coût
final, tel que vous le prévoyez actuellement pour le barrage
principal?
M. Boyd: Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'on
prévoit, en ce qui le concerne, les augmentations de coûts de
main-d'oeuvre; c'est 80% qu'on absorbe. Que vont être ces 80%? Même
le bon Dieu ne le sait pas peut-être, parce qu'on est en grève
dans la construction, presque partout dans la province. Depuis ce temps il y a
eu $0.85, $0.55 de hausse temporaire. Qu'est-ce qu'on va avoir ensuite? Je ne
le sais pas. De chiffres à donner, pour le moment, non, je n'en ai
pas.
M. Morin: M. Boyd, il y a je pense d'ailleurs que vous l'avez
souligné et que vous vous en êtes quelque peu plaint, plusieurs de
ces contrats où il n'y a que deux soumissionnaires et quelquefois
même un seul soumissionnaire. Je pense, par exemple au contrat C-73, le
constructeur KBR, le contrat C-81 et enfin pour C-84, C-87 et C-89, il n'y a
qu'un soumissionnaire. Comment, dans ces cas, faites-vous pour vous assurer que
les prix soient raisonnables? J'imagine que, là aussi, vous pourriez
peut-être nous donner la soumission interne; je pense en particulier aux
trois contrats où il n'y a qu'un seul soumissionnaire.
M. Boyd: Voulez-vous me les répéter de nouveau,
s'il vous plaît?
M. Morin: C-84, Desourdy Construction, il s'agit de la centrale
à béton de la phase 2, C-87, le campement LG 2, phase 3, du
terrassement.
M. Boyd: Excusez-moi, M. Morin. Vous voyez qu'on donne toujours
le meilleur aux autres, il me manque une page dans le livre. C'est pour cela
que je ne pourrai pas vous suivre.
M. Morin: C'est à la page 4 du résumé. M.
Boyd: C-84, oui.
M. Morin: Alors, C-84 d'abord, C-87 et C-89, toujours à
Desourdy, il s'agit de la route d'accès à la Caniapiscau.
M. Boyd: Oui.
M. Morin: Dans des cas comme cela, je pense que c'est un peu
inquiétant de voir qu'il n'y a qu'un seul soumissionnaire.
M. Boyd: Oui, c'est une chose qu'on n'aime pas. Je l'ai
signalé l'année passée dans ma présentation, de
nouveau, aujourd'hui, c'est-à-dire, hier; j'ai également
indiqué les mesures qu'on avait prises pour remédier à
cela en donnant des contrats de gérance et là aussi on avait une
belle occasion, l'Hydro-Québec finissait Manic 3, il y avait une
équipe, on a dit: On va l'employer, cela va donner un certain
répit du côté des entrepreneurs et cela nous a
aidés. Maintenant, comment on fait? Dans les derniers en
particulier...
M. Morin: Prenons celui de $20 millions, parce que c'est
celui-là qui me frappe le plus. Un contrat de $20 millions donné
à un seul soumissionnaire. Au départ, cela excède les
comportements habituels.
M. Boyd: Je vais essayer de répondre à votre
question. Il y en a quand même huit qui ont pris la soumission, les
documents, puis il y en a un qui a soumissionné.
M. Morin: Ce n'est pas le nombre de ceux qui prennent les
documents qui est intéressant. Il y en a beaucoup qui les prennent,
même s'ils n'ont aucune intention de soumissionner.
M. Cournoyer: Les documents coûtent cher. Il y a un
dépôt pour les documents.
M. Morin: $25.
M. Cournoyer: Seulement $25? Parce que c'est une entreprise
publique. On le remet après.
M. Morin: Oui, je pense qu'on les remet.
M. Cournoyer: On les remet entièrement. Il y a un
dépôt pour les plans et il faut qu'on les remette.
M. Boyd: M. Morin, la soumission interne, je ne l'ai pas ici,
parce qu'on a obtenu par téléphone celle que vous nous aviez
demandée.
M. Morin: Oui.
M. Boyd: Et pour les autres, il faut apporter tous nos dossiers,
on en a apporté beaucoup, mais on ne les a pas tous apportés.
M. Morin: Est-ce que vous pourriez l'obtenir celle-là par
téléphone?
M. Boyd: Peut-être.
M. Morin: Les deux autres de $3 millions peut-être aussi,
mais c'est surtout ce contrat qui est un des gros contrats de la baie James,
$20 millions.
M. Boyd: Premièrement, on doit préciser que ce sont
des soumissions publiques. Ce n'est pas une soumission à invitation.
M. Morin: Non.
M. Boyd: C'est public. M. Morin: J'ai compris.
M. Boyd: Non, mais pour le dossier j'aimerais qu'on le
spécifie et, au moment où l'unique soumissionnaire a
soumissionné, il ne savait pas qu'il serait seul, et nous non plus.
Quant à nous, on aime beaucoup plus avoir beaucoup de soumissions. Plus
on en a, plus on aime cela.
Les gens qui ont pris les documents, qui auraient été
susceptibles de soumissionner: Lamothe Québec...
M. Morin: Mais ils ont déjà passablement d'autres
contrats.
M. Boyd: Ils n'en ont pas tellement que cela. M. Morin:
C-92.
M. Boyd: Au moment où on parle, en juillet 1975, à
l'ouverture, ils avaient très peu de travaux. L'autre entrepreneur
avait...
M. Morin: C-61, C-92.
M. Boyd: Je pense que c'est après.
M. Morin: En tout cas!
M. Cournoyer: L'exécution est des fois
postérieure.
M. Boyd: Si on parle de Lamothe, Lamothe a eu un autre contrat,
mais par la suite, le 6 octobre 1975, qui est la référence C-94
pour $7,25 millions. Quel est l'autre contrat de Lamothe?
M. Morin: Mais le point qui m'intéresse, pour ne pas vous
faire perdre votre temps, c'est de savoir si on pourrait avoir la soumission
interne dans le cas du contrat no C-84.
M. Boyd: Je vais essayer de vous l'obtenir. M. Morin:
Merci!
M. Boyd: Mais, si vous permettez, c'est quand même
instructif de savoir qui avait pris les documents. En plus de Désourdy,
Lamothe Québec, Léo Tremblay Inc. l'ont pris, je pense, sous
forme de renseignements, parce que c'est un transporteur...
M. Morin: II me semble que...
M. Boyd: Oui, cela arrive très souvent mais, puisqu'on
veut vous l'expliquer, les huit étaient...
M. Morin: C'est bien connu dans Landerneau.
M. Boyd: Le document est gelé. Léo Tremblay est le
troisième sur ma liste et il a pris les documents. Il n'a pas
soumissionné. Ensuite, il y a les Constructions du Saint-Laurent, qui
étaient en mesure de soumissionner et en mesure de faire les travaux. Il
y a Béton Provincial de Matane. C'était dans sa ligne. Pourquoi
ils n'ont pas soumissionné? Je ne le sais pas. Sintra Inc.. c'est
également un entrepreneur important. Les entreprises Savage, de
Pointe-Claire, je ne les connais pas. L'autre c'est Laurion Equipement qui est
un fournisseur d'équipement.
Ce sont les gens qui ont pris le document. On aurait
préféré que beaucoup plus le prennent, mais il y avait
peut-être un facteur d'inquiétude, parce qu'un premier contrat
semblable avait été donné au début à un
autre entrepreneur qui s'appelle Matagami Ready-Mix. Il avait eu cela au tout
début. Tout le monde sait qu'il a eu d'énormes difficultés
financières. En partie, on dit que leurs difficultés
financières ont été à cause de leurs soumissions
trop basses.
Le contrat qu'ils avaient là a peut-être effrayé des
gens. Cela aurait pu être un facteur.
M. Morin: Lorsqu'il y a un seul soumissionnaire et que la
soumission s'éloigne trop de la soumission interne, vous n'êtes
pas obligé d'octroyer le contrat.
M. Boyd: Non, mais mon système est meilleur que je ne le
pensais, M. le Président. Comme je suis content. On a déjà
la réponse.
M. Morin: Ah! c'est très bien.
M. Boyd: La soumission interne était de $21 950 000.
M. Morin: Très bien. Pour ce qui est maintenant de C-16,
si vous voulez bien.
Avant cela, C-6, pourriez-vous nous expliquer la différence entre
le montant de la soumission à $894 000 et le coût final de $1 289
000?
M. Boyd: II y a plusieurs facteurs. On va vous les donner dans un
instant.
M. Morin: II s'agit de l'excavation du puits de la galerie
d'exploration.
M. Boyd: II y a plusieurs facteurs qu'on va me donner, mais, en
attendant, je peux dire, étant donné que c'est une galerie
d'exploration, qu'une bonne partie de cela, ce sont des travaux additionnels
demandés par nos géologues et par nos experts de
l'extérieur qui voulaient de plus en plus fouiller. Une fois rendu dans
le tunnel, on confie à l'entrepreneur qui est là des
quantités additionnelles. C'est tout à fait normal.
Alors, j'ai le document. On lui a fait faire du travail additionnel et
un des sujets ici, le premier, c'est: réclamation pour coûts de
transport additionnels, ce qui n'était pas prévu dans son
contrat, $26 335. Injection de coulis dans le puits cela a
été demandé par les experts; ce sont donc des
quantités additionnelles $59 683. Installation d'un treuil neuf:
$8650. C'est à la demande des inspecteurs du ministère du Travail
et de la Main-d'Oeuvre qui ont trouvé que le treuil qui était
installé n'était pas sécuritaire et ils nous ont
demandé de le changer.
M. Morin: Mais donnez-moi seulement les plus gros montants, parce
qu'il y en a pour à peu près $350 000. Alors, les montants
supérieurs à $40 000 ou à $50 000 me suffiront.
M. Boyd: Je peux vous signaler, même s'ils ne sont pas
gros, ceux qui sont tout à fait hors de
notre portée: un feu de forêt, $11 000. Coût
occasionné pendant l'injonction des autochtones, $19 000. Il y a $30 000
ici qui n'étaient pas prévus à leur contrat; c'est le
coût de la main-d'oeuvre pour s'occuper des services de l'entretien. Au
départ, on avait prévu avoir du monde à nous qui aurait
fait l'entretien et opéré le treuil, mais, comme le treuil devait
souvent fonctionner parce qu'on voulait aller voir souvent de quoi avait l'air
le roc, on a pensé que c'était plus économique et
cela l'était sûrement de le confier à celui qui le
faisait fonctionner pour lui-même. Cela a coûté $30 000.
Des gros montants, il y en a pour $341 000. Le plus gros montant, c'est
pour l'injection de coulis: $59 600. Excusez-moi. Le plus gros montant est de
$73 600. C'est pour l'ajustement à l'étendue des travaux. Ce sont
des quantités additionnelles. Le deuxième plus gros montant,
c'est pour l'injection de coulis dans le puits: $59 693 et le troisième,
c'est la main-d'oeuvre pour s'occuper des services et de l'entretien: $30 000,
et un tas d'autres sujets plus précis qui font $341 000.
M. Morin: Voulez-vous prendre maintenant le contrat C-14? Le
dépassement est considérable, puisque nous passons de $1 735 000
à $3 651 000, c'est-à-dire que cela a plus que doublé.
Avez-vous les explications sur le coût final de ce contrat?
M. Boyd: La principale explication on va sans doute me
trouver le document ce sont des quantités additionnelles. Pour
installer le campement d'une façon convenable et non pas dans la boue,
on avait prévu une certaine épaisseur de gravier concassé.
On n'a pas trouvé de gravier concassé dans les environs en
quantité suffisante. On a mis de la pierre concassée. On a
été obligé d'en mettre, à cause de la nature du
terrain, une épaisseur beaucoup plus grande. C'est le facteur le plus
important.
M. Morin: Etaient-ce des coûts unitaires qui étaient
prévus dans ce contrat?
M. Boyd: Oui, c'était un contrat qui avait
été accordé par soumissions publiques et c'était
basé sur des prix unitaires.
M. Morin: Bon.
M. Boyd: Le facteur le plus important, c'est le montage de trois
dortoirs de 104 hommes, incluant les services, pour $675 000 qui
n'étaient pas prévus au montant original. Il a fallu installer
des campements plus rapidement, à cause des chemins d'hiver qui ont fait
défaut beaucoup plus tôt. On n'avait pas pu entrer le
matériel, l'équipement à temps. Pendant l'hiver, il a
fallu attendre le dégel. Les campements ont été
entrés par panneaux en avion et on a été obligé
d'ajouter cela au contrat pour qu'on les installe parce que les hommes s'en
venaient pour des contrats qui étaient octroyés à
d'autres. Il fallait ces campements, ils étaient là et il fallait
que les hommes en- trent pour ne pas retarder les travaux des autres qui
auraient pu nous blâmer d'avoir été en retard. De toute
façon, cela retardait le projet.
L'autre montant le plus important, c'est $200 000 pour l'exploitation et
l'entretien du campement LG 2. On lui a confié l'exploitation et
l'entretien du campement LG 2, parce que c'était plus économique
et plus rapide que de faire entrer un autre entrepreneur pour lequel on aurait
été obligé de bâtir d'autres campements pour
recevoir les hommes. Comme on avait été pris par la route d'hiver
qui nous avait fait défaut, on avait un nombre restreint d'espaces, on a
confié à ceux qui y étaient l'entretien et l'exploitation
du campement. Ce sont donc des quantités additionnelles à
l'envergure originale.
M. Morin: Encore un ou deux contrats sur lesquels j'aimerais
obtenir des éclaircissements, C-23, un contrat qui passe de $2,850,000
à $12,729,000, il s'agit des approvisionnements. Cela fait presque
quintupler le montant initial.
M. Boyd: C'est le pourvoyeur des cuisines, c'est lui qui est en
charge des gîtes et couverts. Ce sont tout simplement des prolongations
de contrat...
M. Morin: Bon.
M. Boyd: ... qui ont suivi les normes et sont conformes au
contrat précédent. Ce sont tout simplement des prolongations. On
pourrait vous donner la période additionnelle qui a été
couverte par ces prolongements.
M. Morin: Non, ce ne sera pas la peine. Pour C-33, un contrat
à Desourdy, qui est la galerie d'accès central LG 2, ce contrat
est-il sur le point d'être terminé? Avez-vous déjà
une idée du coût final, par rapport au montant initial de
$11,745,000.
M. Boyd: C'est un des trois contrats qu'on vous a donnés
ce matin.
M. Morin: Oui? Je ne les ai pas encore vus.
M. Boyd: II est à toutes fins pratiques terminé.
Les travaux sont terminés. Il était de $11,745,000. La
différence entre les $702 et les $745 est pour les assurances que l'on
paie. Parce que nous n'avons pas tout réglé les derniers points
de négociation sur des articles, mais c'est à toutes fins
pratiques terminé, il se terminera à $12,744,000.
Les principaux points sont $440 000 à cause des
événements du 21 mars 1974. Il y avait une réclamation de
près de $2 millions pour l'arrêt de travail du 21 mars 1974. On a
réglé pour $440 000 après de nombreuses discussions et
justifications. En passant, j'ai mentionné vous allez voir
on peut expliquer à plusieurs endroits des montants semblables. Cela
fait partie de notre réclamation de $35 millions qu'on a contre le
syndicat pour cet événement. Cela en est un
élément, $440 000. Je
ne sais pas comment on va retrouver notre part, mais cela en fait
partie.
Il y a $1 million et, là-dessus, il y a les $440 000 qui sont
causés par l'événement du 21 mars. Il y a $75 000 à
cause du changement du décret imprévu de $0.85. Cela
représente $75 000. $515 000 sur $1 million, c'est à cause de ces
facteurs.
L'autre point le plus important ensuite, ce sont les $45 000 pour
l'excavation de la galerie de refuge et de la galerie de raccordement. Etant
donné qu'il était là avant qu'un autre entrepreneur
vienne, avant qu'on sorte d'autres soumissions pour les autres travaux, on a
jugé qu'il était nécessaire, en particulier pour la
galerie de refuge au point de vue de la sécurité, de lui donner
par extension des quantités additionnelles d'excavation à faire
pour ces points. Cela coûte $45 000.
Le point suivant est $28 000, fournitures de service pour
l'opération du treuil. C'est un service qu'on s'est engagé
à lui fournir dans le contrat. Donc, il n'avait pas soumissionné
pour le fonctionnement du treuil. On a jugé que c'était plus
économique de le lui donner au coût de $28 000.
Le point suivant est $25 000, pour l'achat de l'utilidor alimentant la
galerie d'accès. L'utilidor, c'est tout le système de conduits
sur terre, les boîtes isolées dans lesquelles on met les services
d'eau, d'égouts. On chauffe cela et c'est beaucoup moins dispendieux que
de faire des conduits souterrains. D'ailleurs, c'est temporaire. Il y a un bau
qui alimentait la galerie d'accès. On n'avait pas eu le temps de le
faire et, comme on voulait qu'il procède, on lui a dit de le faire et
cela a coûté $25 000.
M. Morin: Avez-vous la soumission interne pour ce contrat?
M. Boyd: Je ne l'ai pas dans le moment. On va voir si notre
système est bon.
M. Morin: Si c'était possible. Je me penche maintenant sur
C-40 qui est le campement LG 2, phase 2a. Cette fois, nous sommes devant un
dépassement de coût qui atteint presque le double,
c'est-à-dire qu'on passe de $5 959 200 à $10 985 230. Une
augmentation de $5 millions.
Dans ce cas également, étant donné qu'il s'agit
d'un contrat terminé, pourriez-vous nous donner la soumission interne,
comme vous l'appelez, et les explications?
M. Boyd: Excusez-moi, c'est quel contrat?
M. Morin: C-40.
M. Boyd: C'est LG 2, phase 2a.
M. Morin: $5 millions.
M. Boyd: Oui. Tout à l'heure, en vous donnant
l'explication pour l'autre contrat de Saint-Laurent, je vous l'avais
donné, avant d'avoir le document, une explication concernant le
terrassement du campement LG 2 et le gravier additionnel, etc.
Quand j'ai eu le document, je vous ai expliqué les changements,
ça n'y était pas. Dans les changements que je vous ai
donnés avec les chiffres en main, je ne parlais pas du terrassement.
C'est celui-ci qui concerne le terrassement, je vais donc vous en parler.
M. Morin: Alors, ça n'est pas la peine de
répéter toutes vos explications. C'est donc essentiellement le
fait que vous ayez découvert que le terrain était
différent de ce que vous aviez prévu qui justifie cette
augmentation de $5 millions?
M. Boyd: En grande partie. Dans ce cas-là.
M. Morin: Donc, vous avez autorisé le dépassement
par avenant tout simplement.
M. Boyd: D'accord.
M. Morin: Et j'imagine que c'est un contrat à coût
unitaire aussi.
M. Boyd: Un contrat à prix unitaire ferme. M. Morin:
A prix unitaire.
M. Boyd: Et soumissions publiques également.
M. Morin: Oui, oui, j'ai bien compris, comme pour l'ensemble
d'ailleurs de ces contrats, dans le premier document en tout cas.
C-48, à bail limité. Est-ce que ce contrat est
terminé? C'est un des gros contrats, il s'agit de $13 millions. Est-ce
que le coût final est connu ou est-ce que vous avez une estimation,
à l'heure actuelle, de ce que pourrait être le coût
final?
M. Boyd: II n'est pas tout à fait terminé. Les
travaux sont, à toutes fins pratiques, terminés. Nous sommes en
négociation avec l'entrepreneur pour ces réclamations. Il a de
nombreux avenants qui sont dus à des changements en cours de route. Ce
sont tous les bâtiments importants de LG 2, en somme, de gros
bâtiments: la cafétéria, le centre communautaire, la grande
taverne, l'aréna, la taverne, en tout cas tous les grands
bâtiments. Donc, il y a un grand nombre d'avenants qui sont tous
justifiés. Pour la plupart des cas, ce sont des montants très
faibles qui sont justifiés par des changements, des augmentations aux
quantités, des changements aux devis pour être plus conformes aux
besoins du chantier.
M. Morin: Bon. Mais...
M. Boyd: En somme, au total, il y a 11% d'augmentation par
rapport au contrat original.
M. Morin: 11% sur ce contrat. M. Boyd: Oui.
M. Morin: Jusqu'à maintenant. M'avez-vous dit qu'il est
terminé?
M. Boyd: C'est, à toutes fins pratiques, terminé.
Je ne peux pas vous assurer que c'est complètement terminé, mais
les avenants que j'ai ici me donnent $1,700,000, soit une augmentation de
11%.
M. Morin: L'impression que je retire, je ne sais pas si vous avez
un commentaire à faire là-dessus, à compulser ce document,
c'est qu'à de rares exceptions près, le coût final en
général est plus élevé que le prix qui avait
été soumis par l'entrepreneur. Je ne vais pas m'amuser à
descendre toutes les colonnes. Si on faisait le total, ça donnerait sans
doute des montants assez impressionnants.
Qu'advient-il dans tout ça de la notion de prix ferme? J'ai
l'impression que le coût final est quasiment toujours plus
élevé.
M. Perreault: Les prix unitaires.
M. Morin: II y a quelques exceptions, je les signale.
M. Perreault: Les prix unitaires fermes.
M. Morin: Une seconde. Laissez M. Boyd répondre,
voulez-vous?
M. Perreault: Vous comprenez, des prix unitaires fermes...
M. Morin: Je sais très bien qu'il y a des prix
unitaires...
M. Cournoyer: II pose la question juste pour poser la question,
voyons donc! Il le sait.
M. Morin: M. Boyd, avez-vous un commentaire là-dessus?
M. Boyd: Oui
M. Morin: C'est l'impression qu'on retire, même en tenant
compte du fait que certains contrats sont faits avec prix unitaires.
M. Boyd: Oui, les explications, il y en a plus d'une.
Premièrement, la plupart de tous ces contrats, même s'ils sont
à prix unitaire, ont été affectés par des
arrêts de travaux qui n'étaient pas leur faute. Il y a
l'injonction, il y a un feu de forêt, il y a 50 jours d'arrêt pour
le 21 mars. Il y a les $0.85 imprévus dans les salaires et ces contrats
prévoyaient qu'on absorbait 80%. Alors ce sont quatre facteurs qui
représentent beaucoup d'argent.
A part cela, dans la soumission de l'entrepreneur, nos imprévus
à nous, qui sont dans votre budget, ne sont pas dans sa soumission
à lui.
M. Morin: Oui.
M. Boyd: Alors, je pense que ce sont cinq bonnes raisons de
façon générale. En plus de cela, il y a des
quantités additionnelles. Les prix unitaires sont fermes et demeurent
fermes pour des choses définies. Il arrive qu'à un certain
moment, rendu à un endroit, on découvre, à cause de la
nature du sol, par exemple, ou à cause de certaines exigences de nos
gens de l'environnement, ou à cause de facteurs techniques qu'il faut
considérer, on dise: II faut faire telle chose pour l'environnement, il
faut faire telle chose pour la sécurité, il faut faire tel
changement. Le gars qui peut faire cela, c'est celui-là. Puis on regarde
dans son contrat, il n'y a pas de prix unitaire qui avait été
prévu pour cela. Mais qui va le faire? C'est bien plus logique, à
notre avis, de le faire faire par celui-là. Donc on fait un avenant qui
modifie l'envergure. Alors de cela, il y en a aussi. Cela est une partie des
imprévus. Mais il y a tous les facteurs que je vous avais donnés
plus haut.
M. Morin: II y a beaucoup d'imprévus. Est-ce que la
plupart de ces contrats j'ai observé portent sur LG 2?
Est-ce que le fait que LG 3 va être exécuté en régie
interne, vous permet d'espérer que vous allez avoir une marge plus
étroite entre les soumissions internes et le coût final?
M. Boyd: Là-dessus, j'aimerais faire une correction.
Premièrement, LG 3 n'est pas fait en régie
contrôlée. Deuxièmement, étant donné que je
suis à l'Hydro-Québec et à la société, je
peux parler de cela objectivement. L'Hydro-Québec ne fait pas tout LG 3,
comme l'Hydro-Québec ne faisait pas tout Manic 5, Manic 2, ou les
autres. L'Hydro-Québec est responsable auprès de la direction de
la Société d'énergie d'un contrat bien défini,
comme si c'était un entrepreneur. Mais c'est fait en régie
suivant les coûts. Il n'est pas question de faire des profits d'une
entreprise à l'autre, ce serait ridicule. Mais dans le moment, le
travail qu'a entrepris l'Hydro-Québec, c'est le barrage sud, la
dérivation provisoire... La description des travaux qui sont
confiés à l'Hydro-Québec dans le moment: les chemins
d'accès aux ouvrages, banc d'emprunt et carrières, à
partir du chemin d'accès reliant le campement principal au camp sud, 12
milles; déboisement et décapage du barrage sud et de la digue TA
24; décapage de la centrale, parce que c'est une centrale en surface,
des canaux d'amenée et de fuite, les portails de la dérivation
provisoire des bancs d'emprunt et des carrières, construction des
batardeaux d'amont et d'aval du chenal sud, l'assèchement du chenal sud
et les excavations ainsi que le traitement des fondations du barrage, partie
sud. et ceux de la digue TA 24; excavation du canal d'amenée et
excavation primaire de la prise d'eau, excavation primaire de la centrale ainsi
que le canal de fuite...
Alors, l'aide barrage, partie sud, les digues... Excavation primaire des
portails d'élévation provisoire, installation de
l'instrumentation du barrage, installation du système permanent
d'éclairage du barrage, enlèvement du moteur d'eau et tous les
autres travaux mineurs décrits aux spécifications techniques qui
seront jugés nécessaires.
M. Morin: Quand vous procédez ainsi, M. Boyd, j'imagine
que vous avez tout d'abord un
processus d'évaluation des travaux. Avez-vous une soumission
interne aussi, j'imagine?
M. Boyd: Oui. Je vais vous expliquer exactement comment on a
procédé. Nos deux...
Le Président (M. Séguin): Quant à
l'explication, on poursuivra à la reprise des travaux.
Avant de suspendre les travaux de la commission, je voudrais faire part
aux membres de la commission que j'avais négligé au début
c'est pour le journal des Débats de mentionner que M.
Pilote (Lac-Saint-Jean) remplaçait M. Assad (Papineau). Je pense que
j'ai nommé M. Assad. Cela a été un oubli de ma part.
Alors, M. Pilote est membre de la commission.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures cet
après-midi, au même endroit.
(Suspension de la séance à 12 h 42)
Reprise de la séance à 15 h 15
M. Séguin (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
Avant de donner la parole à M. Boyd, je voudrais dire
immédiatement que nous nous attendons à ajourner nos travaux
à six heures. Nous ne siégerons pas ce soir et l'ajournement sera
sine die.
M. Morin: Pour le cas où nous n'aurions pas
terminé, puis-je vous demander tout de même quelles sont les
intentions du ministre quant à la suite des travaux?
M. Cournoyer: C'est à lui que vous l'avez
demandé.
Le Président (M. Séguin): Je laisse la parole au
ministre parce que c'est lui qui doit être disponible. Moi, je le suis
toujours.
M. Cournoyer: Pour la suite des travaux, je pense bien que j'ai
démontré jusqu'ici, même si j'ai parfois des écarts
de langage, que je veux collaborer le plus possible pour qu'on en sache le plus
possible. Il y a des choses que je n'aime pas, mais c'est une autre histoire.
Je ne crois pas qu'il soit utile, immédiatement, de continuer.
Premièrement, parce que je suis pris ailleurs, je l'avoue. Nous avons
passé ici deux jours, mais, demain, j'ai autre chose aussi. J'ai
d'autres sections de mon ministère qui requièrent mon
attention.
M. Morin: Moi aussi, j'ai des tas de choses. Nous avons tous des
tas de choses.
M. Cournoyer: Normalement, nous ajournerons nos travaux sine die
en espérant avoir fini aujourd'hui. Si nous n'avions pas fini, j'ai
déjà indiqué au président de l'Hydro-Québec,
dans une lettre, qu'il y aurait d'autres réunions de la commission
parlementaire. Je comprends qu'elles traiteraient du dossier nucléaire
ou dans les pensions de retraite des employés de l'Hydro. Ce sont les
trois ou quatre points que j'avais indiqués au président de
l'Hydro, que je voulais voir discuter à des séances
différentes de la commission.
M. Morin: Vous voulez dire que, cet après-midi, ces
messieurs ne seront pas prêts à discuter du dossier
nucléaire?
M. Cournoyer: Non, je veux dire qu'aujourd'hui nous sommes ici
pour discuter, selon la convocation, de l'investissement à la baie
James. Nous avons devant nous la Société d'énergie de la
baie James pour répondre à toutes les questions. Il y a aussi la
possibilité de discuter du nucléaire si on veut faire des
comparaisons entre les coûts de la baie James et le nucléaire, je
ne me battrai pas là-dessus. Il est peut-être temps qu'on fasse la
lumière sur ce genre de différence de coûts, mais ce n'est
pas le propos actuel.
Quand je dis que l'Hydro-Québec ou la Société
d'énergie de la baie James n'est pas ici pour cela aujourd'hui, c'est
parce que j'avais indiqué au président, M. Giroux, qu'il y aurait
des séances premièrement pour les plans d'investissements
généraux de l'Hydro-Québec; deuxièmement, les
investissements à la baie James; troisièmement, la pension de
retraite, parce qu'il y a des difficultés dans le plan de pension des
employés de l'Hydro-Québec, particulièrement quand il
s'agit des employés des compagnies nationalisées qui n'ont pas ou
ne semblent pas avoir le même traitement que les autres employés
de l'Hydro. C'est un point que je considère comme extrêmement
important, quoiqu'il soit présentement en négociation,
c'est-à-dire que cela fait partie d'une des revendications. C'est une
des revendications de la part des syndicats de l'Hydro-Québec qui sont
en grève, comme vous le savez tous.
Quatrièmement, il reste l'autre point que j'avais indiqué
au président, M. Giroux, que j'aimerais voir discuter en public, c'est
le dossier nucléaire, mais il n'est pas prévu pour aujourd'hui
comme tel. Je ne peux pas empêcher le chef de l'Opposition de poser des
questions sur le nucléaire, s'il veut en poser, mais c'est la
Société d'énergie de la baie James qui est devant vous
aujourd'hui, ce n'est pas l'Hydro-Québec, même si c'est une
filiale à part entière de l'Hydro-Québec.
M. Morin: II y a tout de même certains personnages
imposants de l'Hydro-Québec qui sont là aussi et qui pourraient
sans doute répondre à nos questions.
M. Cournoyer: Oui, mais je demanderais tout simplement au chef de
l'Opposition de se conformer à la convocation. Bien sûr, il a le
privilège de faire ce qu'il veut, mais je lui demande de se conformer
à la convocation comme on le fait. Je peux bien parler aussi de la
grève à HydroQuébec, si vous voulez, mais je vais
considérer que c'est irrégulier.
M. Morin: Est-ce que je pourrais demander à ces messieurs
de l'Hydro-Québec ou de la SEBJ s'ils ont préparé ou s'ils
ont sous la main ou en préparation un document semblable à celui
que nous avions discuté l'année dernière?
Le document était intitulé: Détail des
données de base ayant servi à la comparaison entre les
coûts de l'énergie du complexe hydroélectrique de la baie
James et d'un projet nucléaire canadien équivalent.
M. Perreault: M. le Président, pour changer de sujet. J'ai
une question à poser sur les contrats...
M. Morin: Non, je ne change pas de sujet, c'est simplement une
question préliminaire, je veux savoir si ces messieurs ont avec eux ce
genre de document, parce que ce n'est pas mon intention d'en parler
immédiatement de toute façon. Je veux essayer de planifier
l'après-midi en fonction de ce que vous avez apporté avec
vous.
M. Boyd: Ce qu'on a en marche là-dessus, c'est une mise
à jour du même dossier. On ne l'a pas repris complètement,
parce qu'il est encore valide, seulement il a été mis à
jour pour les coûts d'aujourd'hui de la baie James et du complexe
équivalent nucléaire.
M. Morin: Vous ne l'avez pas avec vous?
M. Boyd: Oui, c'est un résumé très sommaire,
je l'ai ici.
M. Morin: Est-ce que vous pourriez nous le communiquer? Etes-vous
prêts, le cas échéant à en parler, à en
discuter?
M. Cournoyer: J'ai dit que je ne vous empêcherais pas de
poser des questions.
M. Morin: Bon, à tout le moins qu'on puisse avoir le
document.
M. Cournoyer: Une fois que vous avez le document, on va pouvoir
l'expliquer, par exemple.
M. Morin: Je n'ai pas d'objection. Bien au contraire.
Bon, alors on pourra revenir là-dessus plus tard, M. le
Président. Pour l'instant, avec votre permission, j'en étais dans
les contrats et, si d'autres députés ont des questions à
poser sur ces mêmes contrats, je n'ai certainement pas d'objection
à leur laisser la parole. Je me tourne maintenant...
M. Perreault: Vous changer de sujet là?
M. Morin: Non, c'est toujours dans les contrats, mais il s'agit
des achats, à moins que vous ayez des questions, cela va?
Le Président (M. Séguin): M. le chef de
l'Opposition, juste en terminant, à midi et trente, M. Boyd, je pense,
avait entrepris ou devait donner des explications additionnelles.
M. Morin: C'est juste, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Je me demande si vous
avez ces informations ou si vous pouvez les donner, les questions suivront
ensuite sur d'autres sujets ou sur le même sujet. Alors, M. Boyd.
M. Boyd: Je pense, M. le Président, au moment où on
s'est quitté, on parlait du mandat de construction confié
à l'Hydro-Québec à LG 3 et c'étaient
brièvement les principaux points du mandat et on avait posé une
question additionnelle, à savoir comment cela fonctionnait au point de
vue de l'estimation, au point de vue du coût. Ce qu'on a fait, on a
demandé au service, qui s'occupe de cela dans les deux entreprises, de
préparer chacun de leur côté, des estimations dont les
grands chapitres étaient: Heures-homme, Personnel de cadre.
Gérance, Personnel de cadre, niveau
supérieur, cela c'est exprimé en heures-homme, parce que
l'exprimer en dollars dans le cas actuel cela n'a pas tellement de
signification, étant donné que c'est la même entreprise,
mais on voulait savoir ce que les deux groupes pensaient du même
projet.
Ensuite, des frais d'administration qui étaient un montant
d'argent, ensuite des estimations pour le matériel de construction, les
pièces de rechange et de réparation, installations fixes aux
chantiers, frais spécifiques d'immobilisation et exploitation du
chantier...
M. Morin: En dollars, cette fois?
M. Boyd: Oui. Tout cela en dollars, sauf la main-d'oeuvre qui est
de X millions d'heures multipliées par le coût réel qui, au
moment où on fait cela, n'est pas connu, mais je vais vous donner quand
même, à la fin, un chiffre de l'ampleur du mandat dont on aura un
chiffre. Je vous explique le point de départ. Ensuite des montants fixes
pour le petit matériel, les outils, les forêts, les accessoires de
forage, les matériaux de construction et autres concernant "divers".
Alors, les deux services ont préparé chacun de leur
côté des estimations, qui de façon générale
n'étaient pas tellement éloignées. Celles de
l'Hydro-Québec étant un peu plus élevées, j'ai
alors demandé aux deux parties de s'asseoir et de s'entendre, ce
qu'elles ont fait.
Sur les heures-homme, qui est un des secteurs les plus importants, ils
arrivaient à 4,380,660 heures-homme.
M. Morin: Combien, je m'excuse?
M. Boyd: 4,380,660 heures-homme. Dans l'autre cas, 4,380,000
heures-homme. C'est pas mal proche. Les autres facteurs variaient, en plus et
en moins, d'un côté et de l'autre. Finalement, ils se sont
entendus ensemble sur ce que cela devait représenter, et la valeur
totale prévue du mandat est de $138 millions. Alors c'est la cible qu'on
a fixée à l'équipe Hydro-Québec pour faire les
travaux du mandat qu'on leur a donné et qu'on a expliqué ce
matin. Evidemment, il n'y a pas de boni, il n'y a pas de
pénalité, il n'y a pas d'amende, il n'y a pas de ci et il n'y a
pas de cela, c'est la même entreprise, dans le fond. Etant donné
qu'ils seront là et que c'est un point de mire et une cible aussi par
rapport aux autres, on a voulu fixer un objectif réaliste. De part et
d'autre, on a fait des estimations, et l'objectif, c'est cela.
L'autre point c'est conforme à nos budgets dont je vous ai
parlé depuis hier. Donc c'est cela le mandat, $138 millions. Evidemment,
c'est le mandat actuel, il est probable qu'on donnera d'autres mandats du
même genre à l'équipe HydroQuébec pour LG 3.
M. Morin: Ce serait intéressant maintenant d'envoyer cela
en soumissions publiques pour voir ce que cela donnerait.
M. Boyd: Ce n'est pas permis de faire cela.
M. Morin: Non, je sais.
M. Boyd: Cela ferait gaspiller de l'argent aux gens.
M. Morin: Je m'excuse, c'est un aparté. Je serais curieux
simplement de savoir.
M. le Président, je voudrais passer...
M. Perreault: Avant de passer à la charge sur les
contrats, vous avez fini les contrats?
M. Morin: En ce qui me concerne, oui, j'ai fini les contrats,
sauf... Non, les autres ce sont des achats.
M. Perreault: J'aurais deux questions à poser à M.
Boyd relativement aux coûts des contrats. Vous avez mentionné, ce
matin, les coûts des contrats, les additions, les coûts
additionnels qui arrivent aux contrats dus aux arrêts, comme les 50 jours
et ainsi de suite. Dans le moment, nous vivons un arrêt. Quels sont les
facteurs en cause pour un entrepreneur qui est obligé de compenser pour
la perte de temps, pour le chantier fermé?
M. Boyd: Evidemment, les entrepreneurs qui ont des contrats
à prix fixes, unitaires, vont nous faire des réclamations pour le
temps perdu, leur équipement et leurs cadres qui sont en
disponibilité et qui ne servent pas, ainsi de suite, le décalage
dans le temps ou s'ils sont obligés de travailler en hiver, au froid,
plutôt qu'en été, etc. Ils vont nous faire des
réclamations, la même chose qu'on a eue pour le 21 mars. Je vous
ai parlé d'un cas particulier ce matin où, pour le 21 mars, on
avait une réclamation dépassant $2 millions, pour le 21 mars
1974, et je vous ai indiqué qu'on avait réglé cette
réclamation pour $440 000.
Pour le cas actuel, on aura des réclamations semblables des
entrepreneurs qui sont là à prix unitaires fermes. Il faudra les
examiner, les étudier puis les juger à leur mérite. Mais
qu'est-ce que ce sera? Je n'ai aucune idée. Cela dépend du temps
et cela dépend de l'importance dans le temps, c'est-à-dire dans
les saisons.
M. Perreault: Mon autre question est celle-ci: Une couple de
sous-traitants sont venus me voir, me disant qu'ils ont été pas
mal amochés par les entrepreneurs généraux. Est-ce qu'en
tant que Société d'énergie, vous prenez un peu soin des
sous-traitants, voir à ce qu'ils ne soient pas exploités par les
entrepreneurs généraux?
M. Boyd: II y a des clauses dans notre contrat qui
régissent d'une certaine façon les sous-entrepreneurs.
Evidemment, le contrat est avec l'entrepreneur, mais on a, dans nos contrats,
des clauses concernant les sous-entrepreneurs. Si vous me donnez une minute,
j'aimerais vérifier cela d'une façon bien précise. On
admet que c'est un problème; dans certains cas, il y a des entrepreneurs
qui ne traitent pas bien leurs sous-entrepreneurs.
Si vous me donnez une minute, on va donner une réponse plus
précise à votre question.
M. Perreault: Le cas que je mentionne, c'est qu'il y a des
paiements qui ont été faits à l'entrepreneur
général et qui n'ont pas été refilés au
sous-traitant. Le sous-traitant est dans une bien mauvaise position.
M. Boyd: Je vais vous donner, dans quelques minutes,
l'état de cette affaire telle que couverte par les contrats. Concernant
la protection aux sous-traitants, du point de vue légal, le Code civil,
article 2013e, au sujet du privilège de l'entrepreneur et du fournisseur
contractuel, couvre cela d'une façon globale, ces relations entre
l'entrepreneur et le sous-entrepreneur.
Du point de vue contractuel, à l'article 29 de nos contrats,
avant le contrat de sous-traitance, il doit y avoir une approbation par la
Société d'énergie du sous-traitant. Les clauses du
sous-contrat. Il y a des clauses au contrat principal, au même article.
Ensuite, a l'article 62, la Société d'énergie a le droit
de payer un sous-traitant si l'entrepreneur est en défaut. A l'article
63, la Société d'énergie exige un affidavit et une
quittance de l'entrepreneur principal avant le paiement final. Donc, il n'y a
pas de paiement final sans cela.
M. Perreault: Vous dites qu'il faut qu'il y ait une quittance du
sous-traitant avant le paiement final?
M. Boyd: La Société d'énergie exige un
affidavit plus une quittance de l'entrepreneur principal avant le paiement
final à l'entrepreneur. Dans ces contrats, il y a toujours le principe
de la retenue de 10% qui s'applique. Donc, à la fin du contrat, on a un
certain montant d'argent qui est là pour cela et pour d'autres fins
contre l'entrepreneur. Il y a aussi, à l'article 12, les cautionnements
exigés. Il y a le sous-contrat.
Comme le dit M. Bernier, qui s'est occupé de la
préparation des contrats types au départ, je le
répète, vous avez donc cinq articles de nos contrats qui couvrent
ce point, en plus du Code civil qui les protège de toute façon.
Contractuellement, nous avons cinq clauses. Il y a une protection avant qu'un
entrepreneur donne un sous-contrat, il y a une protection pendant et il y a une
protection à la fin.
M. Perreault: Combien de cas de plaintes de sous-traitants vous
ont-ils été référés depuis le
début?
M. Boyd: Des problèmes?
M. Perreault: Oui.
M. Boyd: J'en connais une couple, c'est tout.
M. Perreault: Seulement une couple? Alors, c'est minime.
M. Boyd: Oui. En général, c'est assez bien
protégé. Il y a un gros contrat de bâtiment qui concerne un
entrepreneur avec lequel les sous-traitants ont eu des problèmes; on a
dû intervenir à un certain moment. C'est le principal
problème qu'on a eu de ce côté.
M. Perreault: Le problème se limite à un
entrepreneur général plutôt qu'à plusieurs?
M. Boyd: C'est cela.
M. Perreault: Je vous remercie.
M. Morin: M. Boyd, me tournant vers vos contrats de transport et,
en particulier ceux qui concernent le nolisement des
hélicoptères...
M. Boyd: M. le Président, concernant les achats, est-ce
que vous avez un certain nombre de questions sur les achats? Est-ce qu'on
pourrait savoir lesquels, par numéro ou quelque chose, parce qu'à
la suite des commentaires d'hier...
M. Morin: Oui.
M. Boyd: ... on a remisé nos boîtes plus loin, puis
ça nous prend quelques minutes?
M. Morin: Vous auriez pu les laisser là, tout aussi
bien.
M. Giroux: II faut éviter les curieux.
M. Boyd: Ce n'était pas supposé être une
farce, j'étais bien sérieux. Cela nous permettrait d'aller
chercher les documents pour répondre plus rapidement.
M. Morin: Oui, je vous donne tout de suite les numéros,
T-26.
M. Boyd: Excusez D-26?
M. Morin: T-26, comme dans tragédie. T-29, T-31 et A-41,
qui est le contrat SIDBEC-DOSCO.
Etes-vous prêts pour ce qui est du transport? Ce sont ceux qui
m'intéressent en particulier. La question pour chacun des contrats de
transport est la même: Comment se fait-il qu'on soit témoin d'un
coût final qui soit si élevé par rapport au montant de
l'adjudication? Dans le cas de T-26, les Hélicoptères
Trans-Québec, le montant prévu étant de $1 396 000 et
quelques brindilles; le coût final est de $2 610 316. Dans le cas de
T-29, cela passe de $452 000 à $685 000 et surtout dans le cas de T-31,
cela va de $952 000 à $1 627 000. J'aimerais que vous puissiez
m'expliquer ces écarts.
M. Boyd: Dans le cas des hélicoptères, ainsi que
des avions, les petits avions sur flotteurs ou autres, c'est le même
raisonnement; les tarifs prévus par le ministère des Transports
sont des tarifs minimums. Lorsqu'on demande des soumissions, on demande le
tarif minimum. Il y a les autres frais marginaux, mais le montant important,
c'est le tarif et les heures minimums pour lesquelles on garantit de payer, peu
importe l'utilisation. C'est
ainsi que fonctionnent ces contrats. Alors, les contrats qu'on donne
sont basés sur le tarif multiplié par le minimum garanti. Donc,
on met toujours le chiffre minimum comme contrat, avec possibilité
d'utiliser des heures plus nombreuses suivant le besoin. Plutôt que de
s'engager à donner un contrat de $2,6 millions, on s'engage à
donner le strict minimum, de tant d'heures par mois au tarif prévu par
les règlements. C'est ce qui fait qu'on a $1 396 000 comme contrat.
M. Morin: Et c'est votre pratique constante pour tous les
contrats de ce genre?
M. Boyd: M. Couture s'occupe particulièrement du
transport; il va vous donner une réponse plus détaillée
que la mienne.
M. Couture (Armand): Dans ces contrats, il y a parfois des
avantages précis à garantir les heures minimums, parce que les
tarifs sont plus bas.
Nous donnons habituellement des contrats avec des heures garanties
minimum pour avoir l'avantage des tarifs. Les tarifs baissent de 10% et 20%
avec des heures minimums garanties. Au-delà d'un certain minimum, il n'y
a plus d'avantage économique. Alors, on ne veut pas garantir des heures
au-delà du nombre où il y a un avantage économique.
Evidemment, on ne veut pas garantir des heures probables ou des heures
maximums d'utilisation possible. Alors, nous garantissons les heures minimums
en fonction de la tarification.
M. Morin: J'imagine que vous devez avoir des chiffres quelque
part, un budget pour cela. Ce n'est pas élastique au point que vous
prévoyez un contrat de $1,396 million et que vous ayez la surprise,
ensuite, de vous ramasser avec un coût final de $2,6 millions.
M. Couture: Le montant des contrats n'a aucun rapport avec le
montant du budget pour l'année donnée. Le montant du contrat
accordé n'est qu'en fonction des tarifs pour avoir un contrat à
coût minimum.
M. Morin: J'entends bien. Mais alors, quelque part, vous avez un
budget qui correspond en gros, j'imagine, au coût final du contrat.
M. Couture: C'est exact.
M. Morin: Pouvez-vous me dire si, de façon
générale, vos prévisions, pour ce qui est du nolisement
d'hélicoptères ou d'avions, du transport de carburant, ont
été exactes ou s'il y a eu des dépassements
d'ensemble?
M. Couture: Cela a varié avec les années, M. le
Président, lorsque nous avons augmenté, en cours d'année,
le programme d'exploration, parce que les avions et les
hélicoptères sont généralement utilisés pour
les travaux d'exploration plus que pour les travaux de construction. Lorsque
nous construisons, nous avons accès aux travaux par route et nous avons
le transport terrestre qui est prédominant, alors que, dans les travaux
d'exploration, les travaux avancés, ce sont les
hélicoptères et les petits avions.
Lorsque nous avons, en 1975, fait à peu près le même
volume d'exploration que nous avions prévu, ces contrats sont
arrivés à l'intérieur des prévisions. En 1974, en
cours de route, nous avons augmenté le volume d'exploration et, à
ce moment, il a fallu voter des budgets supplémentaires. C'est seulement
après avoir voté les budgets supplémentaires que nous
avons effectivement utilisé plus d'heures d'avion.
M. Boyd: La raison de l'augmentation du tempo en 1974, c'est
à cause de l'arrêt du 21 mars 1974. Cela a été
jusqu'en mai avant qu'on puisse reprendre les explorations. La période
d'utilisation possible pour l'exploration était diminuée; donc,
pour faire le même travail il a fallu mettre plus
d'hélicoptères; donc, il y a eu un usage
accéléré, à ce moment-là, pour arriver
à faire le programme prévu. C'est pour cette raison qu'en 1974 on
a dépassé le budget. Cela est attribuable encore au saccage. Cela
entre aussi dans notre exploration. Tandis qu'en 1975 on était dans les
limites du budget.
M. Morin: J'ai cru voir dans les journaux un entrefilet à
l'effet qu'une compagnie vous avait envoyé des factures pour des vols
non exécutés. Est-ce exact? Ce sont des vols qui vous ont
été facturés, mais qui n'avaient pas été
exécutés. Cela ne vous dit rien?
M. Boyd: C'est la première fois que j'entends parler de
cela.
M. Morin: Ce n'est peut-être pas de cette année;
c'est peut-être l'année dernière ou l'année
précédente.
M. Boyd: Même l'année dernière, je n'ai pas
entendu parler de cela.
M. Couture: Nous avons un système de gestion qui fait que
nous déplaçons nos hélicoptères et nos avions pour
utiliser toujours les heures minimums de vol, c'est-à-dire que nous
avons des avions qui sont assignés à des chantiers et à
des sites.
Lorsqu'un site en particulier n'utilise pas ses heures minimums de vol,
nous faisons un changement d'assignation, d'affectation, si vous voulez, pour
nous assurer que chaque contrat utilise ses heures minimums de vol. Nous avons
un système de gestion spécial pour toujours être certain,
dans la mesure du possible, de ne payer que pour des heures volées.
Pour faire ça, ça prend tout un système de gestion.
Si un site particulier n'utilise pas ses heures, nous changeons les appareils
de place. Je ne crois pas, à ma connaissance personnelle, que nous ayons
payé des heures non volées.
M. Morin: Pour ce qui est de vos achats d'acier d'armature ou
d'aciers divers, est-ce que vous pourriez nous donner une idée de ce que
cela représente dans votre budget de construction?
M. Boyd: Je pense que, globalement, on a un chiffre qui dit le
nombre de tonnes que nous allons utiliser. Si vous voulez nous donner quelques
minutes, je pense qu'on va le trouver.
M. Morin: Oui, si c'était possible.
M. Boyd: On va le trouver. J'ai ici le document concernant
SIDBEC-DOSCO.
M. Morin: Oui.
M. Boyd: Voulez-vous parler de celui-là? Politique
d'achat
M. Morin: Si vous avez quelque chose à dire sur la
question, allez-y, mais ce qui m'intéresse surtout, c'est votre
politique d'achat pour ce qui est de l'acier. L'acier de structure ou les
autres types d'acier que vous utilisez.
M. Boyd: L'acier de tous les types, on prévoit 250 658
tonnes.
M. Morin: 250 000 tonnes.
M. Boyd: 250 000 tonnes.
M. Morin: Jusqu'à maintenant...
M. Boyd: De toutes les formes d'acier.
M. MacDonald: C'est pour tout le complexe.
M. Boyd: Pour le complexe, oui.
M. Morin: C'est pour...
M. Boyd: Tout le complexe La Grande.
M. Morin: Tout le complexe La Grande.
M. Boyd: Cela n'inclut pas les lignes de transport, ni les postes
735 qui vont l'utiliser considérablement également.
M. Morin: Jusqu'à ce jour...
M. Boyd: Dans ce cas-là, c'est l'Hydro-Québec qui
va les commander.
M. Morin: ... combien, sur ces 250 000 tonnes, y en a-t-il qui
ont été achetées en vertu des contrats signés
jusqu'ici?
M. Boyd: Actuellement, c'est entre 10 000 et 15 000 tonnes qu'on
a achetées.
M. Morin: Pas davantage.
M. Boyd: Actuellement, non.
M. Morin: Est-ce que c'est seulement vous ou l'ensemble de vos
entrepreneurs?
M. Boyd: C'est pour l'ensemble. M. Morin: C'est pour l'ensemble.
M. Boyd: Oui, c'est pour l'ensemble.
M. Morin: Avez-vous une politique d'achat, par exemple,
auprès de SIDBEC-DOSCO? Autrement dit, est-ce qu'il y a, dans vos
contrats, des clauses qui donnent une préférence aux fabricants
québécois?
M. Boyd: On n'a pas de clause qui prévoit ça. On
n'a pas de clause dans nos contrats, bien entendu, mais on emploie, à la
Société d'énergie, la même politique qu'on emploie
à l'Hydro-Québec, c'est-à-dire qu'on accorde, lorsque
c'est nécessaire, une préférence aux produits
québécois.
M. Morin: Quand je parle de clause, je veux dire lorsque vous
donnez un contrat à un entrepreneur général qui, lui, doit
le donner à sous-contrat pour ses fournitures d'acier, est-ce qu'il y a
une clause qui incorpore dans le contrat vos politiques d'achat?
M. Boyd: II y a une clause qui parle de ça de façon
générale. Avant de vous répondre de façon
précise, j'aimerais vérifier.
Il y a deux façons de considérer le problème.
Lorsque ce sont des contrats à prix ferme, l'entrepreneur fournit
l'acier de structure. Lorsque ce sont des contrats en gérance, la
société fournit tout l'acier. Pour les contrats en
gérance, comme les trois gros contrats, on fournit tout l'acier. Dans
les contrats à prix ferme, l'entrepreneur fournit l'acier de structure,
nous fournissons l'acier d'armature et tout le reste, donc à peu
près la moitié de l'acier total et de l'acier de structure. Mais,
comme il y a une certaine quantité de contrats qui sont en régie
ou en gérance et pour des contrats importants, je dirais que moins de la
moitié de l'acier total est fourni par les entrepreneurs. C'est la
première réponse; la deuxième, la voici: dans nos contrats
à prix ferme, il y a une clause qui dit que l'entrepreneur doit
encourager les entreprises québécoises dans l'achat de ses
fournitures.
M. Morin: Est-ce, comme on dit, une obligation de comportement ou
une obligation de résultat? Est-ce obligatoire, ce comportement?
M. Boyd: Je ne pense pas qu'on ait de clause forçant
à le faire. Mais c'est une clause incitative, en somme, et je pense que
les résultats sont quand même assez bons.
M. Morin: Prenons le cas de SIDBEC-DOSCO, voilà une
société publique québécoise, une autre
société publique québécoise qui a beaucoup de
difficulté à boucler son budget chaque année, elle
fait un déficit de quelques millions de dollars chaque
année; pour ce qui est de l'acier, avez-vous une politique claire
d'achat auprès de cette entreprise?
M. Boyd: Notre politique générale en est une
d'encouragement à SIDBEC-DOSCO, à l'Hydro-Québec et
à la Société d'énergie dans toute la mesure du
possible. Je connais bien les gens de SIDBEC. M. Gignac était autrefois
mon voisin de bureau à l'Hydro et, dans la mesure du possible, on
encourage SIDBEC-DOSCO. Il y a ces aciers de structure que SIDBEC-DOSCO ne fait
pas. Les gros aciers, qui représentent un gros volume, ne sont pas faits
là encore. Il faut donc les prendre ailleurs. L'autre raison,
malheureusement, ce n'est pas tellement parce que cette compagnie n'a pas de
commandes qu'elle n'est pas encore rentable, c'est le fait qu'elle doit aller
à des sources coûteuses pour avoir ses matières
premières. Acheter plus d'elle ne veut pas nécessairement dire
qu'elle va devenir rentable. Vous pouvez être assurés que c'est
notre politique, à la Société et à l'Hydro, de
l'encourager dans toutes les mesures du possible.
M. Morin: Cette compagnie a de gros problèmes de
marché et c'est certain que, si vous avez une politique d'achat qui la
favorise, cela ne lui nuira certainement pas.
M. Boyd: Vous avez cité un cas, où vous nous avez
demandé de sortir les documents et nous avons fait en sorte de favoriser
DOSCO. Je peux vous l'expliquer. Ce n'était pas un très gros
contrat, c'était pour 1120 tonnes d'acier d'armature. Nous avons obtenu
des soumissions de deux compagnies. Il y a dix fournisseurs qui ont pris le
document. Un seul a réellement répondu à l'appel d'offres
de façon conforme, l'autre n'avait pas signé le
dépôt, au moment de sa soumission, cela n'a donc pas
été considéré. La soumission de SIDBEC-DOSCO
était partielle, avec des prix non fermes. Si elle était
partielle, c'était parce qu'elle ne pouvait pas tout fournir, parce que
notre demande originelle était pour 1430 tonnes et nous avons dû
la réduire à 1120, parce qu'elle ne pouvait pas fournir le reste.
Je ne sais pas au juste pourquoi, on peut aller plus loin si vous voulez. C'est
le treillis métallique qui fait la différence qu'elle ne pouvait
pas nous fournir. Voici ce qu'a fait le conseil. On a dit: On a une seule
soumission, on nous dit qu'on a pris les documents et il y a une grosse
compagnie d'acier qui ne signe pas son document. Que fait-on?
On aurait pu dire: On retourne en soumissions et on va voir ce que les
autres vont faire. Le conseil a décidé d'autoriser notre service
Approvisionnement à négocier avec SIDBEC-DOSCO pour l'achat de
1120 tonnes d'acier d'armature. Le prix est tout à fait raisonnable et
tout le monde est satisfait de cela.
C'est l'esprit général qui guide notre politique dans
cela.
M. Morin: La raison pour laquelle je vous pose cette question,
c'est que, en commission parle- mentaire, il n'y a pas si longtemps, nous avons
été témoins de presque des lamentations, devant la baisse
des ventes, au cours de l'année dernière, de l'ordre de 20%. Il y
a donc un problème grave pour une autre entité publique
québécoise et je pense qu'effectivement cela devrait être
votre politique de l'encourager le plus possible.
Pourriez-vous être plus précis sur votre politique de
préférences? Pouvez-vous fixer un pourcentage?
M. Boyd: II faut... M. Dozois, oui.
M. Oozois: Si vous permettez, M. le Président, je
répondrai à cette question, parce que la politique suivie
à la Société d'énergie est la même que celle
de l'Hydro-Québec. Nous l'appliquons depuis de nombreuses années
et elle donne d'excellents résultats.
M. Morin: Je sais. D'ailleurs, vous êtes à peu
près le seul organisme québécois qui a une politique
d'achat; le gouvernement n'en a pas encore, et là on vient d'apprendre
qu'il n'en aura probablement pas, d'ailleurs.
M. Cournoyer: Je suis gentil.
M. Morin: Mais c'est une parenthèse...
M. Oozois: Tout ce que je peux vous affirmer, M. le
Président, c'est qu'à l'Hydro-Québec on a une politique
d'achat et je suis prêt à l'exposer.
M. Morin: Je l'écouterais volontiers.
M. Dozois: A l'Hydro-Québec, il n'y a rien dans nos
documents qui dit qu'on va donner la préférence pour une marge X
de pourcentage aux produits québécois, mais dans tous les appels
d'offres, soit pour des achats, soit pour des contrats, il y a une clause qui
exige qu'on indique le contenu québécois du produit ou des
travaux qui sont exécutés. C'est connu, c'est de
notoriété publique, je crois, dans le domaine manufacturier que
nous accordons une préférence à celui qui fabrique au
Québec et qui nous offre un produit fabriqué au Québec.
Nous tenons compte de la proportion. 10%, c'est le taux que nous avons
établi, sans le publier officiellement, comme nous allons jusqu'à
15%, lorsqu'il s'agit de pays étrangers. S'il y a un produit qui est
fabriqué au pays, au Canada, qui est en concurrence avec un produit
fabriqué dans d'autres pays, nous avons la même politique, mais il
y a une différence de 5% seulement.
M. Morin: Bon. Comme dirait le premier ministre, vous tenez
compte de l'existence du marché commun canadien.
M. Dozois: Mais, dans la province de Québec, nous allons
jusqu'à 10%, contrairement à ce que les gens ont souvent conclu,
qu'on donnait des commandes à 10%; quand on achetait dans le
Québec on donnait 10% de plus sur toutes les commandes. Il n'y a rien de
plus faux. Si nous
avons une offre d'achat d'un produit québécois à
$101 et d'un produit d'une autre province canadienne à $100, nous allons
donner la préférence au produit québécois, mais
cette différence n'est que de 1%.
L'an dernier, pour le renseignement des membres de la commission, sur
$314 millions d'achats de biens ou de services, nous avons donné, dans
102 cas, la préférence à un soumissionnaire
québécois qui n'était pas le plus bas. Cela
représentait, sur $314 millions de commandes, des commandes pour $4,5
millions. Le tout nous a coûté $182,000.
Pour $314 millions d'achats dans la province de Québec, pour
maintenir le principe de cette politique d'encouragement à l'industrie
québécoise, dans 182 cas, pour $4,5 millions, cela nous a
coûté $182 000. Comme vous voyez, c'est un montant que je
qualifierais d'insignifiant en proportion du volume. Cela ne...
M. Morin: Savez-vous, M. Dozois, il y a des moments où je
souhaiterais vous voir revenir au gouvernement.
M. Dozois: Je ne vous cache pas que l'atmosphère, des
fois, me rappelle d'excellents souvenirs.
Le Président (M. Séguin): II faudrait
peut-être attendre le retour du député de Johnson pour en
discuter davantage.
M. Cournoyer: Si vous retourniez dans le comté de
Saint-Jacques, cela me ferait plaisir.
M. Dozois: Je ne fais pas de politique, d'ailleurs, on nous a
demandé de ne pas en faire.
M. Morin: C'est la politique d'achat.
M. Dozois: Cette politique d'achat a comme conséquence de
l'entraînement. Les gens savent que nous appliquons cette politique. Il y
a une foule d'industries qui n'existaient pas au Québec il a dix ans ou
quinze ans. Comme elles sont devant ce fait, elles établissent des
succursales au Québec, engagent de la main-d'oeuvre et utilisent
également elles se surveillent parce que cela compte dans
l'établissement des matériaux du Québec.
Quant à SIDBEC, je peux vous dire qu'à
l'Hydro-Québec, nous avons fait tout ce qui était humainement
possible dans les circonstances pour encourager. Nous avons eu de
fréquents échanges avec M. Gignac que nous connaissons tous. Je
pense que sur une base d'affaires, nous lui donnons la préférence
selon notre politique d'encouragement.
M. Morin: Si je comprends bien, c'est la même chose.
M. Dozois: Je puis vous dire également que pour l'achat de
fil pour nos pylônes de transmission, nos fournisseurs SIDBEC ne
nous fournit pas directement pour avoir des contrats, pour être en
compétition, s'approvisionnent surtout chez SIDBEC-DOSCO, parce que dans
leurs soumissions, cela leur permet d'ajouter un plus fort pourcentage de
contenu québécois. Je ne sais pas si M. Gignac a établi
des proportions, des pourcentages du total de ses ventes à
l'Hydro-Québec, mais je pense qu'on est un excellent client.
M. Cournoyer: Directement et indirectement. M. Morin:
Donc...
M. Boyd: C'est la même politique qui est suivie à la
Société d'énergie. D'ailleurs, vous le savez, il y a M.
Giroux, M. Dozois et moi au conseil de la Société
d'énergie. On est là pour protéger...
M. Morin: Vous avez donc cette même marge
préférentielle officieuse de 10%.
M. Boyd: C'est exactement la même politique d'achat qu'on
suit à l'Hydro-Québec.
M. Cournoyer: M. le Président, sur la même marge
concurrentielle, je comprends que la politique généralement
observée par la Société d'énergie et par
l'Hydro-Québec est de demander des soumissions la plupart du temps. En
conséquence, lorsqu'il y a une marge de 10%, généralement
parlant comme le dirait M. Dozois, on l'accorde à une entreprise
québécoise.
Si la marge était de 15% ou de 25%, dans le cas d'une entreprise
russe ou japonaise qui viendrait soumissionner sur les turbines ou les groupes
qui sont des contrats assez imposants à l'Hydro-Québec et
à la Société d'énergie, je ne pense pas que ce
soient de petites parties, qu'est-ce qu'on ferait alors?
M. Boyd: Là-dessus, M. le Président, la politique
qu'on a suivie depuis longtemps, depuis les tout débuts de Manic et
même avant surtout depuis les tout débuts de Manic
c'est qu'on ne se met pas dans la position d'être obligé de
recevoir des soumissions russes ou japonaises. Surtout des soumissions russes,
parce qu'elles ne sont pas comparables ni analysables. Je pense que c'est assez
comme qualificatifs. Jusqu'à maintenant, on a fait affaires au Canada.
Au cours des dernières années, surtout, on a fait affaires au
Québec. En fait, on a incité, par nos politiques à
Manic-Outardes, la compagnie CGE à s'installer davantage à
Lachine. CGE a éventuellement pris le contrôle de Dominion
Ingeneering qui est la compagnie qui fait les turbines. C'est CGE, Compagnie
General Electrique du Canada, qui est propriétaire de Dominion
Ingeneering. Cela a été fait par nos incitations et, en plus, une
partie du travail sur les alternateurs faite en Ontario par CGE est maintenant
faite à Lachine.
Depuis de nombreuses années, l'autre fournisseur important est
Marine. Là également, c'est grâce à
l'Hydro-Québec que ce secteur important a été
développé aux industries de Marine. Cela a été
commencé avec Manicouagan et c'est notre
intention de continuer de cette façon à encourager ces
deux grosses entreprises québécoises.
M. Cournoyer: J'imagine que, dans ces cas-là, M. Boyd, la
méthode contractuelle et aussi la méthode de contrôle sont
totalement différentes. C'est-à-dire que, si on n'est pas
placé pour avoir une soumission, on est placé quand même
pour faire des comparaisons. Je sais que ce seront des questions qui seront
sans doute posées, je les considère comme extrêmement
importantes vu qu'on parle de la politique d'achat de l'Hydro-Québec.
J'indique immédiatement que je suis totalement d'accord avec le
raisonnement suivi par les officiers de l'Hydro-Québec et de la SEBJ,
totalement; pas de problème.
M. Morin: ... votre collègue Tetley.
M. Cournoyer: Mon collègue Tetley, c'est mon
collègue Tetley; je suis d'accord avec l'Hydro-Québec et c'est
celle-là qui est ici. Tetley, c'est en haut que ça se passe,
cette affaire-là. Moi, je suis heureux de voir que l'Hydro-Québec
a fait ça. Je le dis et que ce soit clair. Le problème qu'on a eu
dernièrement, c'étaient les 7% d'actions que mon "boss"
détient dans Marine. Pour ça, il faudrait se poser un paquet de
désespoir de questions, on était mal pris. Il ne fallait pas
négocier avec quelqu'un qui a des actions dedans; 3000 travailleurs
à Sorel, c'est scandaleux de les faire travailler parce que mon "boss"
peut poigner quelques choses là-dedans. C'est-y effrayant! C'est
arrivé et j'ai demandé à l'Hydro-Québec d'oublier
ça.
M. Morin: Votre "boss", c'est Marine? M. Cournoyer: Mon
"boss", il y a Roland.
M. Morin: Remarquez qu'on s'en doutait, mais on ne pensait pas
qu'il l'admettrait si facilement que ça.
M. Cournoyer: II y a Robert. M. Boyd: Pas moi!
Le Président (M. Séguin): Dans les circonstances,
M. Giroux, vous avez le droit de vous défendre, vous savez.
M. Morin: II y en a des petits et des grands.
Le Président (M. Séguin): Vous avez le droit de
vous défendre, dans les circonstances.
M. Giroux: Je n'ai pas à me défendre.
Le Président (M. Séguin): Vous n'avez pas à
vous défendre, d'accord.
M. Giroux: S'il aime ça, je n'ai aucune objection.
M. Morin: On continue. Bien, M. le Président, un petit
détail quand même. Ce serait intéressant de voir la marge
de préférence qui peut exister dans le cas des turbines
soviétiques, par exemple. Je sais que la Colombie-Britannique en a
acheté et les prix étaient assez renversants. Est-ce que vous
vous êtes quand même penchés là-dessus pour
être en mesure de nous donner une idée de ce que ça
représente comme différence de coût, pour une turbine de
même capacité?
M. Boyd: En fait, ça peut être considerable. Dans
certaines circonstances, ces gens sont même prêts à nous
demander de fixer le prix. C'est aberrant ce qu'ils peuvent faire pour avoir
une commande. Mais la Colombie-Britannique et le Manitoba ont donné des
commandes en Russie. Depuis ce temps-là, les entreprises qui les ont
données s'arrachent les cheveux, parce qu'elles ont donné des
commandes et elles attendent. Elles vont espérer que ça va
marcher. Parce que des renseignements, des communications, des détails,
des choses en français ou en anglais dans ce coin-là,
c'est en anglais mais des choses qu'on peut comprendre par ici, des
manuels d'instruction, des certitudes que ça va être livré
et conforme, ça n'existe pas. Ils ne fonctionnent pas de la même
façon que nous. Ce sont deux entreprises qu'on connaît bien, je
rencontre ces gens-là et ils sont très inquiets. Je ne pense pas
qu'ils recommencent.
M. Morin: Au point de vue de la qualité du produit,
ça se compare ou ça ne se compare pas?
M. Boyd: On ne le sait pas ici.
M. Morin: Parce qu'ils ont un énorme développement
hydroélectrique.
M. Boyd: En Russie, c'est évident qu'ils ont des turbines
importantes et des alternateurs importants qui fonctionnent. Mais de combien
sont-ils en retard et quels ennuis ont-ils à les mettre en exploitation?
Tout ça, on ne le sait pas et, quand on essaie de le savoir, il n'y a
pas moyen. Je peux parler de mon expérience. Quand leur grand chef
était au Canada, il y a quelques années, il avait
délégué auprès de moi l'attaché commercial
à Ottawa pour me faire une proposition pour la baie James. Ce que j'ai
dit tout à l'heure, ça représente à peu près
ce qu'ils étaient prêts à faire. On m'a dit: Quand vous
voudrez, n'importe quand, venez voir ça et n'importe quoi, nos lignes,
etc. Nous, on était intéressé à aller voir leurs
lignes à courant continu et, par la suite, j'ai essayé d'aller
voir leurs lignes; ce n'était jamais le bon temps. J'ai essayé
d'avoir des renseignements sur leurs gros hélicoptères
géants qui transportent des choses qui auraient pu nous
intéresser. L'attaché commercial m'avait dit: Oui, oui; ça
fait quelques années de ça et je n'ai pas de renseignements
encore.
Voici ce que j'avais dit à ce moment-là: Messieurs, vous
direz à votre patron il va certainement comprendre en
Russie il n'y a pas de chômeurs, tout le monde travaille. Ici, il y a
beaucoup de chômeurs, c'est une autre sorte de sys-
tème. On a à Sorel des gens très compétents.
On peut avoir des gens très compétents à Lachine, qui
travaillent là-dessus, et si on vous donnait la commande, cela voudrait
dire tant de milliers de chômeurs de plus au Québec. Je ne pense
pas qu'au point de vue politique, ce soit une bonne chose, même si votre
prix peut paraître intéressant. Il a dit: Je comprends très
bien, mais continue de nous en parler quand même.
M. Giroux: Un jugement a été rendu
dernièrement par la Cour antidumping. A l'avenir, toutes les commandes
vont être marquées d'une surtaxe. Alors, même si on donnait
une commande aujourd'hui en Russie ou au Japon, on serait appelé
à payer une surtaxe qui est à peu près l'équivalent
de ce qu'on sauverait. Mais au point de vue surtout des turbines et des
alternateurs, si on veut maintenir ces deux industries dans le Québec,
je crois qu'il est de notre devoir que le partage soit fait entre elles, mais
nous y avons toujours en permanence nos auditeurs, ce qu'on ne peut pas faire
en Russie, mais on n'en a pas besoin.
M. Morin: Oui.
M. Giroux: Mais on a surtout tous nos laboratoires qui
vérifient en permanence la qualité dans les deux endroits. Ce
sont des laboratoires indépendants qui font ce travail. Je pense qu'au
point de vue de la qualité, il y a une chose extrêmement
importante; c'est que les fabrications québécoises à Manic
5, à Manic 3 et tout cela, le ministre en a fait partir une du premier
coup, alors...
M. Cournoyer: II y a eu un grief là-dessus.
M. Giroux: II y avait même un grief contre lui
là-dessus, alors, je pense qu'on doit penser que, dans le Québec,
à ce point de vue, nous avons fait ce qu'il fallait faire et je suis
prêt à continuer.
On mentionnait tout à l'heure M. Tetley. J'ai déjà
eu une entrevue avec lui. Il m'a dit: Oui, votre politique est très
bonne, mais tenez-vous en donc simplement à l'électricité.
Il a peut-être raison quand on donne cette préférence sur
des tapis ou des choses semblables, c'est une politique générale.
Mais, en électricité, je crois qu'on devrait défendre la
politique qu'on a actuellement, je suis prêt à la défendre
et je crois que c'est la politique qu'on doit suivre si on veut maintenir ces
industries au Québec. Je n'ai pas d'autres moyens.
M. Morin: Sur l'affaire de l'antidumping, j'avais
également vu cela, mais cela m'a un peu étonné; je
voudrais que vous m'expliquiez. Je ne tente pas de me faire le défenseur
des turbines soviétiques, je me rends compte qu'il y a de bonnes raisons
pour donner la préférence aux produits québécois,
mais je vois mal comment l'antidumping peut intervenir puisqu'en
général le dumping se définit comme étant un prix
de vente inférieur au prix de vente local en Union
soviétique.
M. Giroux: Ou canadien, parce que le...
M. Morin: Alors, ce n'est plus du dumping à ce
moment-là.
M. Giroux: Le dernier jugement inclut que si vous n'avez pas de
concurrence locale ou si vous n'êtes pas un pays qui permet la
concurrence locale, vous pouvez être accusé de cela. Où le
Canada aurait de la difficulté à porter cette accusation, c'est
en Suède.
M. Morin: Oui.
M. Boyd: En Suède, on invite tout le monde, mais en
Russie...
M. Morin: C'est une définition un peu large du dumping
parce qu'à l'époque on formait...
M. Boyd: Je suis d'accord, ce jugement est un
élargissement de la politique traditionnelle.
M. Giroux: Mais c'est la première fois que cela
arrive.
M. Morin: Pas seulement de la politique traditionnelle, mais des
normes des accords internationaux.
M. Boyd: C'est comme en Angleterre, disons, l'enquête
était faite. Ce produit, vous le vendez combien sur votre marché
et combien vous l'avez vendu au Canada? Cela était le dumping. Dans le
cas actuel, on a eu le jugement la semaine dernière et c'est très
clair; on l'a fait analyser par notre contentieux. A compter de ces jours-ci,
ce serait considéré comme dumping ipso facto, si cela vient de
Russie, et ce sera au tribunal et au ministre du Revenu à Ottawa
à décider quelle surtaxe sera imposée. Mais c'est un
jugement public évidemment.
M. Morin: J'aimerais avoir un dernier renseignement
complémentaire. Comment procédez-vous pour ces commandes de
turbines? Faites-vous évaluer? Avez-vous une soumission interne et
ensuite vous invitez une société comme Marine à vous faire
une soumission ou sont-ce des soumissions publiques?
M. Cournoyer: Ce n'est pas difficile. Ils ne sont que deux.
M. Morin: Je veux dire soumissions où il y a
concurrence.
M. Cournoyer: II n'y a pas de concurrence dans ce cas. Dès
que vous demandez des soumissions publiques, du moins tel que j'ai connu cela
quand j'étais plus jeune, la règle d'or est de donner le contrat
à celui qui a soumissionné. Vous n'êtes pas obligé
de le donner au plus bas, mais si vous n'avez pas d'excellentes raisons de ne
pas le donner au plus bas, vous êtes obligé de le donner au plus
bas en stricte morale. Autrement, ne demandez plus de soumissions publiques
nulle part.
C'est la conséquence directe des soumissions publiques.
Dans le cas qui nous intéresse, j'ai posé la question:
Prendrez-vous le risque d'avoir des soumissions publiques? On me dit: Non. On
ne prend pas ce risque. On est donc immédiatement...
M. Morin: Je veux savoir comment vous procédez.
M. Boyd: Je vais préciser pour être encore plus au
point. Dans le cas de LG 2, on a demandé des soumissions invitations. Il
y avait certaines entreprises situées au Québec en plus de ces
deux qui avaient des intentions, en fonction des nombreuses unités
à venir à la baie James et dans le reste du Québec, de
s'installer au Québec. Donc, c'était une chose qui pouvait
être intéressante à encourager probablement, mais la
demande était là. Donc, on a fait ceci. On a invité les
entreprises qui se sont montrées intéressées au
Québec, qui avaient de la connaissance et des installations. Dans cela,
il y avait la Canadian Vickers qui en avait déjà fait. Il y avait
la Davie Shipbuilding. Il y avait Allis-Chalmers également à
Lachine et évidemment, Marine et Dominion CGE qui sont les deux
principales.
On a décidé, à ce moment, de donner une chance. On
a invité les cinq. Les deux seules qui ont soumissionné sont
Marine et Dominion CGE. Elles ont soumissionné en consortium.
Cela fait des mois qu'il est question de LG 3. On a regardé ce
problème sous tous ses aspects et, quant à LG 3 c'est
éminent, c'est en route on va négocier avec les deux
entreprises québécoises majeures parce que ce sont les deux
seules qui peuvent arriver à temps à fournir des unités
dont on a besoin pour LG 3.
M. Morin: D'accord. Techniquement, comment cela se passe-t-il
quand vous invitez de la sorte une société
québécoise à négocier avec vous pour la
construction d'un alternateur ou des turbines? Vous leur présentez des
plans et devis?
M. Boyd: On leur fournit des plans et devis très
détaillés.
M. Morin: Oui.
M. Boyd: Nous avons fait une estimation de ce que cela devrait
coûter dans notre esprit, basée sur notre expérience. Des
gars chez nous font cela depuis longtemps. Alors, nous avons notre estimation.
Notre direction de l'approvisionnement est mandatée pour négocier
dans les termes généraux qu'on a établis avec l'aide des
ingénieurs et spécialistes dans ces matières et on
négocie.
M. Morin: Vous négociez le prix lui-même... M.
Boyd: C'est cela.
M. Morin: ... jusqu'à ce que vous vous mettiez d'accord en
fonction de ce que vous savez du dossier, de tout cela.
M. Boyd: D'accord.
M. Morin: Et par la suite, vous faites un contrat ferme.
M. Boyd: C'est cela.
M. Morin: Dans les contrats négociés jusqu'ici,
avez-vous obtenu les prix qui correspondaient à ce que vous aviez
prévu?
M. Boyd: On a eu des prix qui nous satisfaisaient. C'est pour
cela qu'on les a donnés. Cela a été notre
expérience jusqu'à maintenant et on est confiant que cela sera
ainsi, mais évidemment, c'est une chose sérieuse et importante.
Je pense qu'on peut dire qu'au départ on va avertir ces deux entreprises
qu'on est sérieux, qu'on veut négocier dans une période
définie et qu'il faut s'entendre dans cette période.
Je pense que c'est une règle du jeu. Il faut qu'ils sachent qu'on
est sérieux et je pense qu'il n'y a pas de problème insurmontable
là-dedans.
Contrat de gérance
M. Morin: M. le Président, à moins que mes
collègues d'en face aient des questions sur le même sujet, je
voudrais passer à la question de la gérance.
Vous vous souviendrez, M. Boyd, que nous avons eu quelques petits
entretiens dans le passé à ce sujet, et même des propos
aigres-doux par moments. Je voudrais revenir de la manière la plus
objective possible à ce problème de gérance.
L'année dernière, en particulier, le 3 juillet 1975, je
vous avais demandé de clarifier le contrat de gérance avec
Bechtel. Je me permets de lire un passage pour bien identifier le
problème auquel je me réfère. J'ai fait ressortir les
différences importantes qui existent entre l'organigramme qui nous
était présenté et dans lequel les fonctions centrales de
coordination relevaient de M. MacDonald et le contrat signé avec Bechtel
aux termes duquel les fonctions centrales de coordination relevaient
plutôt de M. Behr. M. Boyd et M. Giroux m'avaient alors expliqué
que la répartition des fonctions prévues au contrat Bechtel avait
évolué avec le temps et avait été modifiée
dans les faits, de sorte que dans la pratique il y avait eu, nous a-t-on dit,
modification de l'annexe 3 du contrat SEBJ-Bechtel. M. Boyd s'était donc
engagé en 1974 à faire modifier le contrat. L'année
dernière quand je lui ai demandé si cela avait été
fait, il m'a dit qu'il avait eu beaucoup d'autres choses à faire. Et il
m'avait dit: "J'ai commencé, j'ai entrepris les discussions sur le
contrat, mais je dois vous avouer que je n'ai pas eu le temps de
compléter cela, mais au plus pressé ". Je voudrais savoir, M.
Boyd, si vous avez eu le temps de faire modifier le contrat Bechtel de
façon formelle.
M. Boyd: Oui, en effet. Dans la pochette qu'on vous a fait
distribuer à l'avance, vous avez une copie révisée de la
formule de gérance.
M. Morin: C'est l'annexe 3?
M. Boyd: C'est l'annexe, oui, c'est celle-là, sur la
formule de gérance. Cela correspond exactement aux engagements que
j'avais pris à la commission parlementaire. Cela dit maintenant
exactement dans les textes ce que j'avais dit qu'on avait mis en pratique dans
les faits.
M. Morin: De sorte qu'aujourd'hui l'annexe du contrat Bechtel
correspond à la pratique?
M. Boyd: D'accord, ce fut accepté par toutes les parties
intervenantes, Bechtel, Lalonde-Valoix, Hydro-Québec et SEBJ, qui sont
les parties intervenantes. Toutes ont signé ces changements à la
formule de gérance.
M. Morin: Est-ce que vous avez modifié également
les clauses financières du contrat Bechtel?
M. Boyd: Ah oui! Cela avait été modifié
lorsqu'on en a parlé à la commission parlementaire.
M. Morin: Oui, je me demandais s'il y avait eu de nouvelles
modifications?
M. Boyd: Non, non. M. Morin: Non.
M. Boyd: Le point principal est qu'on avait révisé
à la baisse, si vous vous rappelez, les honoraires fixes et qu'on les
avait figés à un maximum de $36 millions, si ma mémoire
est bonne, pour une envergure de projet défini. Alors j'ai vu qu'on
parlait de cela récemment, l'envergure du projet qu'on a
réestimée n'est pas changée; alors cela n'affecte en rien
ni le contrat de Lalonde-Valois ni le contrat de Bechtel. L'honoraire fixe
reste fixe au montant qu'on vous avait donné à la commission
parlementaire ici. C'est le point majeur qu'on avait renégocié et
qu'on vous avait expliqué à ce moment. L'envergure n'ayant pas
augmenté, l'escalade ayant fait augmenter les coûts et les autres
facteurs dont on a parlé, les deux honoraires restent tels qu'ils
étaient, peu importe. J'ai relu cela dernièrement et j'ai tout le
dossier là-dessus en détail et tout ça.
Les honoraires ne varient pas avec le changement de prévision des
coûts.
M. Morin: Le maximum est de 36?
M. Boyd: 36 dans un cas et 15 dans l'autre.
M. Morin: Et ne pourrait donc augmenter que si l'ampleur des
travaux elle-même était modifiée.
M. Boyd: Si l'envergure était modifiée, il faudrait
s'asseoir et négocier cela s'il y a lieu, mais, dans le moment, ce n'est
pas le cas.
M. Morin: Quelle partie des honoraires a été
déjà versée à Bechtel?
M. Boyd: J'ai cette réponse quelque part. Je l'ai dans mes
papiers, mais j'en ai une autre copie, heureusement. Les honoraires
versés au 30 juin sont de $11,346,000.
M. Morin: $11 millions?
M. Boyd: $11,346,000. Si vous vous rappelez, il y a une formule
qui prévoit la façon de payer ces honoraires.
M. Morin: Oui, je sais. M. Boyd, le montant prévu au tout
début, lors des négociations avec Bechtel, était de quel
ordre?
M. Boyd: Je vais sortir les chiffres. Sur la base des coûts
prévus de décembre 1974, les honoraires auraient
été de 27,6 pour Bechtel et de 11,9 pour Lalonde, Lamarre et
Valois. Avec les changements de coûts que nous avons rapportés
dans notre estimation de 1974, c'est-à-dire 11,9 au total, cela aurait
été de 47 pour Bechtel et de 21 pour Lalonde et Valois. Ce qu'on
vous a rapporté avoir négocié et ce sont maintenant les
faits: Bechtel a été réduit à 36 et Lalonde-Valois
à environ 15.
Comme je le disais tout à l'heure...
M. Morin: Le contrat original n'avait pas de bon sens.
M. Boyd: ... ces deux montants sont des plafonds pour le projet
tel que défini; alors comme actuellement notre
réévaluation n'a pas changé l'envergure du projet, ces
deux plafonds demeurent.
M. Morin: M. Boyd, une dernière question. Voulez-vous,
dans l'annexe, m'indiquer le paragraphe qui se rapporte spécifiquement
au rôle de coordination de M. MacDonald?
M. Boyd: M. MacDonald.
M. Boyd: C'est le b): Le vice-président de la
Société d'énergie préside le comité de
gérance. Il coordonne les activités de la Société
d'énergie dont la responsabilité lui est confiée par le
président et le conseil d'administration.
M. Morin: C'est-à-dire le point 4 b), est-ce que j'ai
raison de penser que c'est cette clause?
M. Boyd: Je vais vous dire cela dans une minute. Alors à
la page A-3.
M. Morin: Au haut de la page A-3.
M. Boyd: C'est cela, on dit: Le vice-président de la
Société d'énergie préside le comité de
gérance en l'absence du président et coordonne les
activités de la Société d'énergie dont la
responsabilité lui est confiée par le président et le
conseil d'administration.
M. Morin: Vous avez de la sorte révisé le
rôle de coordination de Bechtel, si je comprends bien;
désormais, c'est votre vice-président qui exerce ces
fonctions de coordination. Expliquez-moi.
M. Boyd: Le coordonnateur du projet, c'est le président.
Vous allez à la page 2 à l'article a), à la
dernière ligne, ces six mots bien importants: II est le coordonnateur du
projet, cela, c'est censé être le président.
M. Morin: Et dans l'organigramme dont nous avons discuté
l'année dernière, M. MacDonald occupait des fonctions tout
à fait centrales de coordination; je ne sais pas si vous vous souvenez
de cette chose?
M. Boyd: Non, non.
M. Morin: C'est dans la mesure alors où...
M. Boyd: Voilà ce que je vous ai dit. D'ailleurs, c'est
dans une résolution officielle du conseil d'administration de la
société. Lorsque M. Mac-Donald a été nommé
à ce poste spécifiquement, il avait des responsabilités de
coordination et coordonne, sous les ordres du président, des
activités d'approvisionnement, d'administration. Il s'occupe de
façon générale de tout ce qui touche, les campements et,
en l'absence du président il le remplace.
M. Morin: Bon!
M. Boyd: C'est ce que je vous ai dit.
M. Morin: Bon!
M. Boyd: Si vous regardez le procès verbal, vous allez
trouver cela et, si cela correspond à cela, il y a la résolution
du conseil qui dit que tout concorde.
M. Morin: Donc, les fonctions qui étaient exercées
par M. Behr vous sont dévolues maintenant et, lorsque vous les
déléguez à votre vice-président, c'est lui qui les
exerce. Parce que, en vertu du contrat Bechtel, si ma mémoire est bonne,
M. Behr exerçait des fonctions de coordination.
M. Boyd: M. Behr n'a jamais été coordonnateur du
projet, ni son prédécesseur, jamais.
M. Morin: Ce n'était pas cela d'après le contrat
original?
M. Boyd: Je regrette, jamais. Le président a toujours
été le coordonnateur du projet. Mes deux confrères
à la commission peuvent vous dire cela. M. Boulva, qui est le
quatrième membre... On ne peut pas en parler à M. MacDonald,
parce qu'il est question de lui.
M. Morin: Non, je comprends.
M. Boyd: Mais nous sommes quatre ici et, depuis qu'on a
l'organisation actuelle à la Société d'énergie
cela fait depuis 1972 que je suis le président, c'est à
cette époque qu'on a préparé cette formule de
gérance cela a toujours été comme cela. Cela a
toujours été le président de la Société
d'énergie qui a été le coordonnateur du projet.
C'était écrit comme cela et c'est comme cela. Je suis
passablement sûr de cela.
M. Morin: Je ne pense pas à la pratique qui s'est
développée sur le projet, je pensais au contrat Bechtel.
Qu'est-ce qui a été modifié dans les
responsabilités de Bechtel, exactement?
M. Boyd: Ce que je cherchais c'est justement la formule dont on
avait discuté ensemble et celle qu'on a là. Je ne sais pas si je
vais la retrouver ici. J'avais l'ancienne formule avec les annotations dans la
marge, qui indiquaient les différences.
M. Morin: L'an dernier et en 1974 vous m'aviez expliqué
que les fonctions telles que définies dans le contrat original avec
Bechtel avaient évoluées, que peu à peu s'était
instauré une pratique aux termes de laquelle le président
était responsable de la coordination et que M. MacDonald
exécutait les fonctions qui lui étaient
déléguées par le président en matière de
coordination.
M. Boyd: Non, pour être bien clair, depuis le tout
début, le président a toujours été le coordonnateur
du projet, toujours. C'est moi. Il y a eu un changement quand M. MacDonald est
arrivé. Avant, il y avait M. Behr, il y avait M. Armand Couture qui
était membre du comité de gérance, M. Paul Amyot, M.
Charles Boulva. Nous étions cinq au comité de gérance. M.
Paul Amyot est maintenant rendu à l'Hydro. Il est remplacé par M.
Guy Larocque qui est notre directeur de l'ingénierie, un ancien de
l'Hydro également. C'est notre comité de gérance.
M. Morin: M. Behr représentait à ce moment Bechtel
au comité de gérance ou...
M. Boyd: Egalement, rendu au comité de gérance, il
n'y a personne qui représente personne, rien.
M. Morin: Sauf soi-même.
M. Boyd: C'est cela, sauf lui-même. Le comité de
gérance est une unité homogène. Quand on est au
comité de gérance, c'est la Société
d'énergie de la baie James, une filiale de l'Hydro-Québec. M.
Boulva est président de la Société de
développement. Quand il est au comité de gérance il
pourra dire le contraire s'il le veut je considère qu'il agit
comme un membre du comité de l'équipe de la SEBJ et non pas comme
président de la Société de développement de la baie
James.
M. Morin: Je comprends. Enfin, M. Behr.
M. Boyd: C'est la même chose pour M. Behr, c'est la
même chose pour M. Armand Couture.
M. Morin: Bien sûr. Je ne voudrais pas jouer sur les mots,
mais...
M. Boyd: Moi non plus.
M. Morin: ... enfin, il était nommé sur
recommandation de Bechtel.
M. Boyd: Ah bon!
M. Morin: Bon.
M. Boyd: Cela c'est différent, comme M. Boulva est
nommé sur recommandation de la Société de
développement, M. Behr est nommé sur la recommandation de
Bechtel, M. Couture est nommé sur recommandation de Lalonde-Valois. Ce
qui est bien important pour moi et pour la compréhension du
problème, c'est que, quand on est assis là ensemble et qu'on
discute des problèmes importants, tout le monde est avec son chapeau de
la Société d'énergie.
M. Morin: Bien. Maintenant, pouvez-vous me répondre
à la question que je vous posais tout à l'heure? En quoi
avez-vous fait modifier les responsabilités?
M. Boyd: Excusez-moi, M. Qiroux voudrait que j'ajoute un point
important. Comme président de l'Hydro, il m'a demandé d'ajouter
cela. En plus de cela, il y a une résolution, à
l'Hydro-Québec, selon laquelle je suis commissaire responsable du projet
de la baie James. Quand j'ai mon chapeau à l'Hydro, je suis commissaire
responsable du projet de la baie James.
M. Morin: Vous êtes comme maître Jacques.
M. Boyd: Dans les deux cas, j'essaie de faire ce qu'il faut.
Comme l'Hydro est l'actionnaire unique, le bailleur de fonds, celui qui va
utiliser l'électricité et tout cela. Je suis commissaire
responsable me rapportant à l'Hydro pour la baie James. C'est la
fonction la plus importante au niveau de la SEBJ et, à part cela, en
toutes lettres, cela a toujours été. Pour vous faciliter la
comparaison, je regarde rapidement et je ne le trouve pas, mais je l'ai
certainement à mon bureau, le texte de la formule de gérance tel
qu'il était, avec les annotations de changement, dans la marge.
Pour le faire signer, nous l'avons rédigé à neuf,
mais c'était pour correspondre à ce que nous avions fait dans les
faits et aussi à l'arrivée de M. McDonald où à ce
moment-là, j'ai partagé la coordination, la
responsabilité. M. MacDonald a des responsabilités
spécifiques, quand je suis là, comme je vous ai dit. M.
Hébert a celles qui sont spécifiées ici. Il agit comme
conseiller du président et il coordonne les activités de la
Société d'énergie dont la responsabilité lui est
confiée par le président et le conseil d'administration. C'est la
même chose que pour M. MacDonald jusqu'ici. Il surveille
particulièrement l'exécution des travaux de construction et
l'application des contrôles des coûts. C'est pour ces deux
messieurs.
Quant à l'autre représentant, M. Couture, au niveau du
comité de gérance, on lui a confié certaines
responsabilités du Comité de coordination du transport. C'est
pour cela qu'il est notre spécialiste en transports, il est notre
spécialiste en environnement et tout le monde sait qu'il est notre grand
spécialiste avec les autochtones. A part cela, nous lui faisons faire
d'autres choses spéciales. C'est de cette façon que nous
partageons le travail, entre MM. Behr, MacDonald et M. Couture. M. Boulva est
très occupé au développement. Il vient nous aider au
conseil et au comité de gérance, mais à part cela, il
gère le développement.
M. Morin: Je vais poser ma question autrement, parce que je
m'aperçois qu'on tourne autour du pot. Je vais poser ma question de
façon plus directe. En quoi la responsabilité légale de
Bechtel a-t-elle été modifiée, lorsque vous avez
changé l'annexe? Si vous préférez...
M. Boyd: II n'y en a pas de responsabilité.
M. Morin: ... en quoi les fonctions de Bechtel ont-elles
été modifiées par rapport au projet, quand vous avez
modifié l'annexe?
M. Boyd: Premièrement, nous avons clarifié la
formule de gérance, deuxièmement nous avons prévu, dans la
formule de gérance, l'arrivée de M. MacDonald. Bechtel n'a jamais
été responsable du projet. Dans le contrat, c'est très
clair que tout ce qu'ils font c'est important qu'ils le fassent, c'est
pour cela que nous les avons engagés c'est fournir des services
à la direction.
Il n'est dit nulle part, ni dans le contrat, ni dans la formule de
gérance que cette société a une responsabilité pour
la direction.
M. Morin: J'ai suffisamment d'estime pour vous pour penser que
vous ne rouvrez pas un contrat pour le plaisir de le faire et qu'en
général, si vous écrivez quelque chose, c'est pour que
cela ait un effet. Ma question est donc celle-ci: Quelle est la
différence de responsabilités par rapport aux travaux, de la part
de Bechtel, en vertu du contrat initial, par rapport au contrat modifié,
à l'annexe modifiée?
M. Boyd: La principale...
M. Morin: Quelle est la différence de fonctions et de
responsabilités entre ces deux documents?
M. Boyd: La principale et peut-être l'unique
différence, c'est l'inclusion du vice-président dans le portrait.
Au départ, il n'y avait pas de vice-président.
Quand on en a parlé, je vous ai dit qu'avec l'arrivée du
vice-président, au début de mars, on avait, dans les faits, avec
des bulletins internes et simplement en avertissant les gens comment cela
allait fonctionner par des bulletins internes, établi les nouvelles
fonctions de M. Couture, de M. MacDonald et de M. Behr. Je vous ai
expliqué cela. Vous m'avez dit: Ce n'est pas suffisant. On a
fait ce que vous nous aviez demandé. On a fait cela de
même, cela de même et de même. J'ai partagé entre les
trois. Vous m'avez dit: C'est un contrat, changez votre contrat. Je l'ai
fait.
M. Morin: Oui, parfaitement.
M. Boyd: Je l'ai fait pour être conforme, c'est tout. Vous
m'avez dit: C'est important. J'ai dit: C'est important, mais on le fait
déjà.
M. Morin: Vous auriez dû estimer vous-même que
c'était important puisque vous l'avez fait.
M. Boyd: Oui. La principale différence est qu'on dit qu'en
l'absence du président, c'est le vice-président qui
préside le comité de gérance. C'est le
vice-président qui remplace le président en son absence. Avant,
il était prévu qu'en l'absence du président,
c'était un autre membre du conseil qui me remplaçait. Ce
n'était pas M. Behr qui me remplaçait comme président de
la société, c'était un des autres membres. En ce qui me
concerne, habituellement, cela a toujours été; avant que M.
MacDonald arrive, c'est M. Giroux qui me remplaçait quand j'étais
absent. C'est ce qui est arrivé.
Dans le cas du comité de gérance, c'était
différent. En l'absence du président du comité de
gérance M. Boyd, c'était M. Behr qui me remplaçait. Depuis
l'arrivée de M. MacDonald comme vice-président, il me remplace
non seulement quand je suis absent comme président de la compagnie, mais
il me remplace comme président du comité de gérance.
M. Morin: A un certain moment donné, quand vous
n'étiez pas là, c'était M. Behr qui occupait vos fonctions
au comité de gérance.
M. Boyd: D'accord.
M. Morin: Avant même que vous n'ayez fait la modification
à l'annexe et, à plus forte raison, depuis que vous avez fait la
modification à l'annexe, ce n'est plus M. Behr, c'est M. MacDonald.
M. Boyd: ... qui préside le comité de
gérance? En effet.
M. Morin: C'est cela. Est-ce que cela ne fait pas une
différence dans les attributions du représentant de
Bechtel...
M. Boyd: Cela fait...
M. Morin: ... ou pour la personne nommée à la
recommandation de Bechtel?
M. Boyd: Cela fait depuis décembre 1974 que je dis cela.
Je suis d'accord avec cela. Il me remplaçait comme président du
comité de gérance jusqu'à ce moment et, quand M. MacDonald
est arrivé, on a dit: II va me remplacer.
M. Morin: Maintenant, voulez-vous admettre que cela fait une
certaine différence dans les res- ponsabilités de la personne
désignée par Bechtel pour la représenter au sein du
comité de gérance?
M. Boyd: Premièrement, M. Morin, M. Behr, M. Couture, M.
Boulva ne représentent pas des compagnies au comité de
gérance.
M. Morin: C'est seulement dans le cas de M. Behr.
M. Boyd: Ils sont là parce qu'ils sont... M. Morin:
Nommés à la recommandation.
M. Boyd: Ils sont au comité de gérance parce qu'ils
sont compétents, parce qu'ils ont un rôle à jouer. Jamais
je n'accepterai de qui que ce soit que ces trois personnes représentent
les compagnies. Quand j'ai affaire à M. Behr ou à M. Couture,
dans le terme du contrat qu'on a avec eux, pour négocier, j'appelle M.
Couture et je lui dis: Je te parle en tant que représentant de
Lalonde-Valois; on va te parler de cents et de dollars et on va discuter de
contrat Lalonde-Valois et la Société d'énergie. Il est
là, on peut le faire venir. M. Couture est un de mes adjoints à
la Société d'énergie et c'est la même chose pour M.
Boulva, quand il est libre, et la même chose pour M. Behr et M.
MacDonald. C'est comme cela qu'on fonctionne. C'est une équipe.
M. Morin: Je n'en doute pas, M. Boyd.
M. Boyd: J'espère qu'on va finir par admettre cela. C'est
la réalité. Il n'y a aucun de ces messieurs qui, au comité
de gérance, va oser dire: Ma compagnie pense cela ou, si c'était
chez nous, on ferait cela de même. Ce n'est pas permis.
M. Morin: De sorte qu'au fond ça n'a pas d'importance,
Bechtel pourrait n'avoir personne à recommander comme membre du
comité de gérance. Il aurait été mis
là...
M. Boyd: Pas du tout.
M. Morin: ... en somme pour s'intégrer parfaitement
à la SEBJ...
M. Boyd: Pas du tout.
M. Morin: ... et le fait qu'il soit nommé à la
recommandation de Bechtel n'a aucune espèce de signification.
M. Boyd: Pas du tout, M. Morin, je ne veux pas diminuer la
compétence de M. Behr, parce que c'est un homme compétent...
M. Morin: Ce n'est pas mon idée non plus. M. Boyd:
Non, mais je veux...
M. Morin: Je suis sûr qu'il est très
compétent.
M. Boyd: ... pour les gens présents ici, que ce soit bien
clair, ce n'est pas ça du tout, pas plus que pour les autres.
M. Cournoyer: Vous ne devriez pas prendre ça comme
ça, c'est parce que M. Morin cherche une formule de gérance pour
le Jour et il a une bonne formule en face de vous. Cela va tellement bien
à celui-ci...
M. Boyd: II y a un point bien important que je voudrais souligner
de nouveau. Le comité de gérance est un comité qui
reçoit des recommandations des directions. Il analyse ces
recommandations et, de là, il fait des recommandations qu'on discute
ensemble et je suis là. Les recommandations qui passent par là,
je les soumets au conseil d'administration, la décision est prise
là. C'est clair, ça? Comme c'est M. Giroux qui est
président du conseil d'administration de la Société
d'énergie de la baie James, jamais une décision de principe,
d'achat, de contrat ou de quoi que ce soit du genre n'est prise au
comité de gérance, on fait des recommandations.
M. Morin: Avez-vous l'ancien contrat, M. Boyd? Tout à
l'heure, vous m'avez dit que vous aviez un exemplaire de l'ancien contrat avec
des annotations en marge montrant la différence entre l'ancienne
formulation et la nouvelle.
M. Boyd: Malheureusement, je ne l'ai pas ici, mais ça me
ferait plaisir de vous le faire parvenir cette semaine.
M. Morin: S'il vous plaît. Je crois l'avoir quelque part,
mais je ne l'ai pas retrouvé. Normalement, M. Behr, avant d'entrer au
service de la SEBJ, il était au service de Bechtel, si je ne
m'abuse?
M. Boyd: Oui, depuis bon nombre d'années. M. Morin: II
n'est plus à l'emploi de Bechtel? M. Boyd: Oui, il est à
l'emploi de Bechtel. M. Morin: Oui.
M. Boyd: Comme M. Couture est à l'emploi de Lalonde et
Valois. Comme M. Boulva est à l'emploi de la Société de
développement.
M. Morin: C'est ça. Etant à l'emploi...
M. Boyd: Le seul qui est à l'emploi de la
Société d'énergie, dans ces personnages, c'est M.
MacDonald. Il est également membre du conseil d'administration de la
Société de développement. Mais son rôle principal et
son salaire viennent de la Société d'énergie.
M. Morin: Donc, M. Behr dont la compétence n'est
pas en doute pour une seconde, ce n'est pas de ça dont il s'agit
employé de Bechtel, selon l'ancienne formule de gérance, vous
remplaçait au comité de gérance en votre absence. C'est
lui qui exerçait ces fonctions de coordination au comité de
gérance. Depuis la mo- dification et même antérieurement
à la modification de l'annexe, c'est votre vice-président, M.
MacDonald, qui vous remplace au comité de gérance.
Donc, M. Behr, employé de Bechtel, n'exerce plus des fonctions
qu'il aurait pu exercer en fonction de l'ancien contrat. Est-ce que j'ai raison
de dire cela?
M. Boyd: Oui, on dit la même chose depuis longtemps
là.
M. Morin: Est-ce que vous avez tenu compte de ces changements de
responsabilité dans la renégociation des honoraires de
Bechtel?
M. Boyd: Ah! mon Dieu, on en a tenu compte puisqu'on a
diminué de $47 millions à $36 millions...
M. Morin: Cela, c'est une autre affaire, c'est dû à
l'escalade, ce n'est pas la même chose dont je vous parle. Il ne faudrait
pas qu'on joue sur les mots, M. Boyd.
M. Boyd: Premièrement, M. Behr, comme n'importe quel autre
employé qui travaille pour nous, est payé à salaire; son
salaire, on en discute comme on discute de tous les salaires et c'est comme
ça qu'il est rémunéré. M. Behr n'est pas
payé par honoraires. M. Behr est payé par salaire qui nous est
chargé.
M. Morin: Oui, mais M. Behr est un employé de Bechtel.
M. Boyd: Comme tous les autres, on en a environ 150 qui nous sont
fournis par Bechtel...
M. Morin: Je n'irai pas là.
M. Boyd: ... dont la majorité sont
Québécois.
M. Morin: Mais admettez-vous qu'il y ait eu, entre le premier et
le second contrat, sans avoir égard à la pratique suivie dans les
faits, une différence entre les responsabilités dévolues
à M. Behr, employé de Bechtel dans le premier contrat et dans le
contrat renégocié?
M. Giroux: Dans la rédaction, non pas dans les faits.
M. Morin: J'ai dit: Sans avoir égard aux faits. Ce qui
m'intéresse, c'est la rédaction du contrat.
M. Boyd: II y a eu une différence. Dans un cas, il
présidait le comité de gérance en mon absence et je
n'étais jamais absent ou à peu près. Alors, ce n'est pas
une grosse différence. Deuxièmement, quand je n'y étais
pas, les décisions importantes à prendre étaient remises
au moment où j'y étais. C'est encore ainsi. Alors, il n'y a pas
de quoi changer... Pardon?
M. Morin: Vous ne faites pas confiance à M. MacDonald?
M. Boyd: M. MacDonald, je le dis devant lui... C'est parce qu'on
se comprend là-dessus. J'ai quand même plus d'expérience
que M. MacDonald dans le problème.
M. Morin: Cela n'était pas pour remettre en doute sa
compétence. Pas du tout.
M. Cournoyer: II a toujours bien valu $11 millions... Au conseil
d'administration de l'énergie, vous refusez des recommandations du
comité de coordination présidé par vous...
M. Boyd: Cela arrive plus souvent que vous pensez. Cela
arrive.
M. Cournoyer: II est le même partout? Il siège
à d'autres conseils, si je comprends bien.
M. Boyd: Cela arrive.
M. Cournoyer: Pourquoi pas? C'est vous qui vous recommandez.
M. Morin: Si je comprends bien, la réponse à ma
question est qu'il n'y a pas eu de réévaluation des honoraires de
Bechtel en fonction de ce changement dans l'annexe.
M. Boyd: Elles étaient trop mineures. Cela n'était
même pas à considérer tellement cela avait peu
d'importance.
M. Morin: Je ne trouve pas le point si mineur, parce qu'il est
bien certain que le rôle qui avait été dévolu au
départ à la personne nommée par Bechtel a
été modifié quand même de façon
substantielle.
M. Boyd: Vous pouvez...
M. Morin: Je ne parle pas du rôle en pratique. J'admets que
vous l'avez modifié dans les faits assez rapidement, mais je parle du
rôle juridique tel que défini dans l'instrument.
M. Boyd: Vous continuez à dire cela et je dois continuer.
Ce n'est pas une question d'entêtement de ma part. J'ai à dire ici
la vérité et les faits. C'est moi qui ai discuté de cette
affaire et il y a les membres du conseil ici qui sont là depuis les tout
débuts. Si vous voulez, vous pouvez le demander à chacun pour
voir ce qu'ils en pensent. Depuis les tout débuts, j'ai
été le coordonnateur et j'ai été le commissaire
responsable. Si ce n'est pas ce que les membres de mon conseil...
M. Morin: ... ils sont en demeure de le dire.
M. Boyd: ... pensaient, ils peuvent le dire. Cela devrait
être clair.
M. Morin: Je suis heureux que vous ayez aligné l'annexe du
contrat sur les faits, mais...
M. Boyd: Je suis bien content de cela.
M. Morin: ... je m'explique mal que cela n'ait pas
entraîné une renégociation en raison de cette modification
des honoraires de Bechtel. Il est évident qu'ils en menaient plus large
dans l'ancien contrat que dans le nouveau. Je ne dis pas dans les faits. On
passe notre temps à passer du...
M. Boyd: M. Dozois est inquiet pour parler, pourquoi ne lui
demandez-vous pas de parler?
M. Morin: II a le droit de parler.
M. Boyd: II saute sur sa chaise pour répondre.
M. Dozois: M. le Président, si vous me permettez. J'ai
vécu cette formule. Je pense que dans la formule de gérance
initiale, j'avais apporté une contribution assez grande dans sa
rédaction, dans sa conception. Le rôle de M. Behr, à mon
avis, n'est pas changé d'un iota et, s'il fallait tenter d'estimer la
valeur des honoraires qu'on paie à Bechtel pour le travail que M. Behr
fait depuis qu'il ne remplace plus le président au comité de
gérance, je me demande si cela s'élèverait à $1000
par année, M. Boyd est toujours là, parce que, il ne s'absente
presque jamais. Je pense que M. Behr n'a pas eu beaucoup de chance de
présider des assemblées du comité de gérance.
A mon avis, c'est absolument mineur. Le rôle de M. Behr continue
d'être ce qu'il était, c'est-à-dire aider la
Société d'énergie de la baie James à coordonner le
programme de construction ainsi que les coûts.
Programme d'emprunts
M. Morin: Je suis satisfait de la modification apportée au
contrat. Je crois que cela clarifie néanmoins un point qui me paraissait
douteux dans le contrat.
Je voudrais passer aux emprunts, maintenant. Nous n'avons pas tout
à fait épuisé la question des coûts. Je reviendrai
peut-être tout à l'heure, s'il me reste un moment, sur le prix de
revient en mils par kilowatt-heure.
Comme j'estime que j'ai des questions plus urgentes à traiter
avant que l'heure fatidique ne vienne, je vais passer aux emprunts. L'an
dernier, vous aviez prévu les emprunts suivants: Pour 1976
c'était $1,2 milliard, du moins était-ce le chiffre
mentionné dans le budget Garneau pour 1976/77. Pour 1977, c'était
$1,5 milliard, selon l'estimation de M. Giroux l'an dernier, et 1978 comportait
des emprunts de l'ordre de $1,7 milliard, toujours selon M. Giroux. Ce
programme d'emprunts tient-il toujours ou a-t-il été
modifié?
M. Giroux: Ce n'est pas modifié. C'est encore $1,2
milliard pour 1976; $1,5 milliard et peut-être $1,8 milliard en 1977 et,
en 1978, c'est $2,2 milliards, ce qui prend, comme vous comprendrez, soin des
nouveaux coûts. Maintenant, ces programmes d'emprunts sont des
indications que l'on donne; je dois vous dire que les budgets de ces programmes
ne sont pas encore approuvés.
M. Morin: ... des indications.
M. Giroux: Ce sont des indications.
M. Morin: Oui.
M. Giroux: Alors, il faut bien les prendre comme indications.
M. Morin: En avez-vous au-delà de 1978, des
indications?
M. Giroux: Oui, en 1979, on va avoir $2,3 milliards et, en 1980,
cela va dépendre des augmentations. A titre d'indications, on a
arrêté en 1979 parce qu'en 1980 tout dépend de ce que
seront les tarifs à ce moment-là, ce que seront...
M. Morin: Est-ce que par exemple vos $2,2 milliards de 1978
tiennent compte des 17% d'augmentation du tarif que vous avez prévus ou
que vous avez indiqués?
M. Giroux: Non. Avec 17%, ce serait $2,1 milliards.
M. Morin: Au lieu de $2,2 milliards, ce serait $100 millions de
moins.
M. Giroux: $100 millions de moins.
M. Morin: Et, en 1979, je ne suis pas sûr d'avoir entendu
le montant.
M. Giroux: C'est $2 milliards avec le programme qu'on avait
déposé à $15,15 milliards et c'était avant $2,3
milliards.
M. Morin: Toujours sans tenir compte des 17%.
M. Giroux: Sans en tenir compte.
M. Morin: Ces hausses dans les emprunts sont essentiellement,
j'imagine, dictées par les nouvelles prévisions, par la hausse
des coûts, par la hausse de l'ensemble.
M. Giroux: L'ensemble des bases, ce sont des ajustements qui sont
faits originalement; quand on a programmé ces choses, on les avait
programmées sur des bases de 10% d'augmentation qui tiennent jusqu'en
1977. Alors, en 1978 il faudra qu'on refasse l'application et frapper à
la porte de M. Cournoyer, selon les budgets qui seront approuvés.
M. Morin: Cela dépend de celui qui sera au pouvoir
à ce moment-là.
M. Giroux: Vous pourrez le lui demander; moi je ne suis pas dans
son comté.
M. Morin: Quel est le taux d'intérêt prévu
sur le programme d'emprunts de 1976? Avez-vous des chiffres déjà
là-dessus?
M. Giroux: Dix pour cent.
M. Morin: Pas plus de 10%, pas 10,25%, mais bien 10%.
M. Giroux: Dix pour cent. Ces taux, dans nos prévisions,
on aimerait analyser pour deux ans à l'avance. On prévoit 10%
pour deux ans à l'avance. Actuellement, c'est mieux que 10%, mais...
M. Morin: Mais l'an dernier, c'était 10,25%. M. Giroux:
Dix et quart pour cent pour le...
M. Morin: Dix et quart pour cent pour le milliard. Vous pensez
donc faire mieux cette année. Y a-t-il des explications à
cela?
M. Giroux: Les épargnes sont plus importantes aux
Etats-Unis, l'économie américaine est meilleure que la
nôtre et la masse de nos emprunts doit venir des Etats-Unis.
On croit espérer pouvoir s'en tenir dans ces normes. Comme je
l'expliquais l'autre jour, ce qu'il faut faire actuellement, devant ces
montants qui sont beaucoup plus gros que dans le passé, depuis un an ou
deux, c'est une sollicitation, une prospection, un programme de mise en
marché, au point de vue de nos emprunts, qui est beaucoup plus
élaboré qu'il ne l'était dans le passé.
M. Morin: Pour l'année 1975, il semble que vous ayez eu
quelques difficultés sur le marché américain dont vous me
parliez il y a un instant. Je sais qu'en Chambre, M. Garneau avait
attribué à ce qu'il appelait un encombrement du marché le
fait que vous n'ayez pas réussi du moins, était-ce le cas
au début de décembre 1975 à écouler
entièrement la dernière émission d'obligations.
M. Giroux: Je crois qu'ici, on devra bien renseigner les gens.
Quand on fait une émission américaine et une émission
publique, au moment où on annonce les $100 millions d'obligations, nous
les avons écoulées. Les banquiers ne les ont peut-être pas
écoulées. Il y a une grosse différence. A ce
moment-là...
M. Morin: Vous serez pris avec, le cas échéant.
M. Giroux: Mais, dans le cas de l'Hydro, elles ne restent jamais
pris longtemps. La valeur est assez supérieure pour les sortir contre
les autres marchés.
M. Morin: Oui, mais est-ce que, quand même...
M. Giroux: Quand le marché général est
très encombré...
M. Morin: Oui.
M. Giroux: ... cela peut se produire. Comme on l'a
déjà expliqué ici et vous avez des problèmes
qui sont souvent très marquants c'est que le marché est
une question d'heures. C'est une
question de jours, mais souvent c'est une question d'heures. J'ai
déjà vu M. Lemieux m'appeler de New York et dire qu'on essayait
de faire une émission de $100 millions et qu'il avait de la
difficulté. Le lendemain, le marché était un peu
supérieur, on a travaillé très fort et vous avez fini avec
combien?
M. Lemieux: $200 millions.
M. Giroux: $200 millions. Voyez-vous? Dans 24 heures. Maintenant,
si le marché avait été à l'inverse et si on avait
eu une émission de $200 millions, à ce moment-là, les
banquiers seraient restés temporairement avec un inventaire, une masse
assez lourde. Les banquiers ont beaucoup plus d'expérience que nous,
c'est leur argent; s'ils se trompent, des fois, d'une journée ou
deux...
M. Morin: C'est celui des autres.
M. Giroux: C'est celui des autres, oui. J'ai déjà
été courtier et, souvent, c'est le nôtre aussi. Dans notre
esprit, cela devient le nôtre.
M. Morin: Oui. C'est exact. Il y a tout de même un moment
où les obligations se transigeaient en fermeture à un taux de 98
1/8, je crois. C'est du moins ce qui a été rapporté
à l'époque.
M. Giroux: Oui, cela peut arriver. Prenons, par exemple, un taux
qui n'a pas existé; supposons qu'on aurait émis une
émission probablement à 99 ou 99 1/4 et que ce serait descendu
jusqu'à 96. Il faut penser que c'est sur une tranche de
l'émission. Cela peut être sur les derniers $10 millions, si les
gens veulent s'en débarrasser. Mais, tout de suite après... C'est
un peu la même chose qu'on doit expliquer quand des gens disent: Vous
avez eu beaucoup de succès, votre émission est à 101 1/2.
Elle est à 101 1/2, à 1 1/2 de prime, seulement sur une petite
tranche. Ce sont des facteurs qui peuvent faire des titres très
éloquents dans les journaux, mais, au point de vue du courtage, ils
n'ont pas tellement de signification.
M. Morin: Je comprends qu'au moment où elle est
annoncée, votre émission est vendue et que, si elle ne se vend
pas, ce sont les banquiers qui restent pris avec, mais j'imagine que, si...
M. Giroux: On essaie d'éviter cette chose-là, comme
eux essaient de l'éviter.
M. Morin: Si cela prenait de l'ampleur, cela aurait des
répercussions pour vous à la suivante.
M. Giroux: Ce n'est pas...
M. Morin: Mais, vous n'attendez pas de difficulté cette
année.
M. Giroux: Actuellement, nous avons fait le tour des banquiers du
monde entier et nous ne voyons pas de difficulté. Cela va
peut-être nous demander plus de travail, mais nous ne voyons pas de
difficulté avec le crédit, avec nos bilans et avec nos tarifs.
Une des grandes raisons de cette crédibilité de
l'Hydro-Québec, c'est le fait que nous avons eu, même l'an
passé, l'augmentation de 10% pour 1977. Cela établit, pour ces
trois années, un crédit pas mal extraordinaire, comparé
à celui de toutes les utilités publiques américaines.
M. Morin: Est-ce qu'il y aura, en 1976, une contribution de la
Caisse de dépôt à vos émissions?
M. Giroux: Elle souscrit ordinairement une bonne tranche de nos
émissions canadiennes, mais on n'a presque pas emprunté au Canada
dernièrement; c'est surtout la province de Québec qui a
emprunté.
M. Morin: Quelle proportion, quelle tranche pourrait être
souscrite par la Caisse de dépôt en 1976?
M. Giroux: La Caisse de dépôt a un bureau de
direction qui est présidé par M. Cazavan. Je pense que M. Cazavan
verrait d'un très mauvais oeil que je lui dise qu'on s'attend qu'il
souscrive $5, $2 millions, $50 millions ou $100 millions. C'est un programme
qu'il ne faut jamais annoncer.
Vous avez une province voisine qui a annoncé déjà
qu'elle emprunterait $250 millions en Arabie Saoudite et, rendus là, ils
n'ont pas même été capables d'avoir de visa, parce que les
gens n'aiment pas se faire dire qu'ils vont prêter tel ou tel montant. On
a toujours eu l'entière coopération de la Caisse de
dépôt avec qui on n'a aucune difficulté à discuter
de nos titres. Eux font leurs achats au marché. Ils sont très
sévères sur le prix. Ils ne veulent pas payer plus cher. C'est de
la négociation que nos gens font ici pour laquelle on peut
réellement les féliciter. Ils ont fait un travail extraordinaire
dans le passé.
M. Morin: Ce n'est pas une raison pour être flatté
quand on vous dit que vous êtes les Arabes de
l'électricité.
M. Giroux: Pour me servir d'un mot qui est bien français,
au point de vue du "cash-flow", je n'ai pas d'objection à être
Arabe. Cela fait "cheik " comme M. Dozois le dit.
M. Morin: Est-ce que vous prévoyez d'autres placements
privés de l'ordre de $1 milliard?
M. Giroux: Durant l'année? Pas cette année.
M. Morin: Je ne pense pas seulement à cette année,
je veux dire dans l'avenir.
M. Giroux: Dans l'avenir, on espère. M. Morin:
Oui.
M. Giroux: Si on maintient notre crédibilité, il
n'y a pas de risque.
M. Morin: Pour 1976, c'est $1,2 milliard, votre programme
d'emprunt. Quelle partie va être en placements privés
là-dessus.
M. Giroux: Aucun. M. Morin: Aucun.
M. Giroux: II faut s'entendre. Il peut y avoir des placements
privés, mais modestes de $50 millions ou de $60 millions, quand on fait
affaire, par exemple, en Europe.
M. Morin: Vous parlez de 1976?
M. Giroux: On a fini le programme de 1976.
M. Morin: Oui, je parle de 1976.
M. Giroux: Je m'excuse; il est fini le programme de 1976.
M. Morin: Et 1977, sur les $1,8 milliard?
M. Grioux: Sur les $1,8 milliard, il peut y avoir de petites
parties de placements privés, peut-être $50 millions, $100
millions, mais on ne peut pas penser arriver si vite que cela sur le
marché américain pour $1 milliard ou $2 milliards. Remarquez bien
qu'on ne le refuserait pas.
M. Morin: Une dernière petite question au sujet des
emprunts. J'ai vu, dans la presse, il y a quelque temps, que des titres
d'obligations avaient été détruits il y a quelque temps
parce que l'émission avait été retirée du
marché. Or, des certificats ont été négociés
à une banque. C'étaient des certificats annulés, si j'ai
bien compris. Ils ont été négociés. Est-ce que vous
pourriez nous donner des détails là-dessus et nous dire comment
vous avez résolu ce petit problème?
M. Giroux: Le "scoop" que la police a donné au journal
concerné était erroné. En disant que c'était une
émission retirée, on avait l'impression que c'était une
émission qu'on n'aurait pas vendue. On a des émissions qui sont
amorties. A ce moment, à chaque émission d'obligations que nous
faisons, nous déposons chez le fiduciaire des certificats pour faire
l'échange. Si quelqu'un, par exemple, a un certificat de $100 000 et
qu'il veut l'échanger pour dix de $10 000, il nous faut des certificats
de rechange. Ce sont ces certificats qui ont été volés et,
d'après M. Lafond, il y en a eu, je crois, pour $14 000 de
volés.
Une Voix: $13 000.
M. Giroux: C'est un chiffre malchanceux, il va nous en arriver un
autre.
M. Morin: Oui.
M. Giroux: C'est le fiduciaire et la banque qui sont
entièrement responsables de ces choses, pas nous.
M. Morin: Pour ce qui est des emprunts, M. le Président,
si les collègues ont des questions...
M. Perreault: J'aimerais qu'on passe au coût par
kilowatt-heure de la baie James.
M. Morin: Oui, j'ai les tarifs, d'abord. Prévisions
d'autofinancement
M. Cournoyer: Disons que, sans aller dans les tarifs, M. le
Président, nous sommes dans les emprunts et il a été
question la semaine dernière d'un autofinancement de 30% d'ici 1980. Il
me semble que ça va jusqu'à 1980, 30%.
M. Giroux: Je n'ai pas compris la question.
M. Cournoyer: L'autofinancement, par rapport au programme
d'investissement, par exemple j'ai ici en main le programme d'investissement de
cette année, qui était prévu pour $1,481 milliard et pour
1977, c'est $2,330 milliards, pour 1978, c'est $2,800 milliards et finalement
pour 1979, c'est $3,046 milliards et en 1980, $3,238 milliards. Cela, c'est en
prenant en considération les chiffres que vous avez donnés
tantôt qui nous semblent être de 70% de ces chiffres que je viens
de donner, c'est-à-dire l'investissement total par rapport à
l'autofinancement. Vous prévoyez donc jusqu'en 1980 un autofinancement
de 30%, en moyenne.
M. Giroux: En 1980, non, pas en moyenne, M. le ministre.
M. Cournoyer: Chaque année?
M. Giroux: L'autofinancement peut varier de 19% à 30%, de
1976 à 1980, par exemple.
M. Cournoyer: II tend vers 30%, si je comprends bien, en
1980.
M. Giroux: II tend vers 30% en 1980. C'est peut-être un
financement idéal. Ces choses-là comportaient, comme il a
été expliqué l'autre jour, des demandes de tarifs qui
seraient plus hautes que celles qu'on avait faites dans le passé.
M. Cournoyer: Oui, on a eu cette information, mais c'est toujours
compte tenu d'un autofinancement de 30%. Les chiffres dont il a
été question la semaine dernière, de la part de M. Lemieux
en particulier, étant donné les investissements
généraux, étant donné la politique
généralement suivie du rapport 1,25 par rapport au chiffre du
revenu annuel par rapport à l'intérêt qu'on doit...
M. Giroux: Oui.
M. Cournoyer: ... et étant donné une politique qui
tend vers 30% comme idéal, si je comprends bien, en 1980, on a pris des
chiffres d'augmentation de 17%, c'est-à-dire plus cher que ceux que vous
avez eu en augmentation dans les trois dernières années, si on
inclut celle qui vient en jan-
vier. Ce que j'aimerais savoir, c'est si, en 1980, vous avez une
prévision ou si vous allez maintenir l'autofinancement comme ça
en 1980, à 30% constamment, jusqu'en 1985, date de finition de la baie
James.
M. Giroux: En 1980...
M. Cournoyer: On dit, d'après M. Lemieux, qu'entre 1976 et
1980, le chiffre d'autofinancement visé par Hydro-Québec est de
30%.
M. Giroux: En moyenne, c'est à peu près 29%.
M. Cournoyer: Non, j'oublie la moyenne. En 1980, on va être
à 30%. On devrait monter, c'est une courbe montante qui monte à
peu près en même temps que... pardon?
M. Giroux: On monte et on redescend. M. Cournoyer: Oui,
oui.
M. Giroux: Ce qui prend, logiquement, une augmentation variant
entre, si vous voulez, un tarif moyen, comme on vous a expliqué l'autre
jour, qui pourrait varier autour de 8,8%.
M. Cournoyer: Là, vous parlez des augmentations des
taux.
M. Giroux: Oui, mais...
M. Cournoyer: Moi, je parle seulement de l'autofinancement.
M. Giroux: L'autofinancement?
M. Cournoyer: Allez-vous toujours, après 1980, jusqu'en
1985, maintenir un niveau d'autofinancement? Chaque année, vous
financez. Est-ce que vous allez maintenir un niveau d'autofinancement de 30%
jusqu'en 1985?
M. Giroux: Cela dépend des tarifs qu'on aura. Mais
selon...
M. Cournoyer: Pas à la figure.
M. Giroux: ... les prévisions et avec une augmentation de
l'ordre de 7%, en 1981 et 1982, l'autofinancement sera de 35% en 1981, 33% en
1982, 36% en 1983 en 1983, il n'y aura aucune augmentation des tarifs
et en 1984, aucune augmentation des tarifs et on revient à 30%.
En 1985, en effet, c'est bien trop loin pour faire des prévisions. Mais
en 1980, je pense M. le ministre, que cet autofinancement provient des tarifs
et voici pourquoi: C'est pour maintenir le 1.25 de couverture.
Alors, comme on a des gros travaux, en maintenant 1.25 de couverture,
cela nous donne un autofinancement qui est plus haut.
M. Cournoyer: Je comprends cela. Je n'ai pas de problème
là-dessus, M. Giroux. J'ai compris tout cela. J'ai compris tout de suite
le raisonnement quand vous avez dit 17, 17, 17. Je ne sais pas encore si c'est
17, 17, 17, mais il y a un résultat, qui est une mathématique.
C'est cela que j'essaie, non pas d'expliquer, mais la mathématique qui
est là est que vous avez un certain rendement. On exige un certain
montant pour l'électricité qu'on produit. A la fin de
l'année, j'ai besoin de maintenir, parce que c'est une politique, un
rapport de 1.25. Pour arriver à cela, je fais des additions et cela me
donne tant au bout. On traduit cela en pourcentage après, si j'ai bien
compris.
M. Giroux: Après, oui.
M. Cournoyer: Ce qui ne m'étonne pas, remarquez bien.
J'aimerais en savoir plus. En 1985, finalement, si on le prend tel
qu'écrit, le programme d'investissement à la baie James va
être fini. On va commencer à lancer les kilowatts sur les lignes
de transport en 1980.
M. Giroux: En 1980, oui.
M. Cournoyer: Normalement, ne devrait-on pas s'attendre à
une réduction de l'autofinancement et, en conséquence, à
une réduction des taux?
Tarifs d'électricité
M. Giroux: Tout dépend. Vous pouvez vous attendre à
cela si, à ce moment, vous gelez le programme. Si on ne fait pas d'autre
investissement, on va retomber de façon draconienne.
M. Morin: Cela va continuer d'augmenter. M. Cournoyer: A 7
3/4%.
M. Giroux: A 7 3/4%, mais le tout s'enchaîne. Si cela va
à 7 3/4% et que cela prend des investissements, je ne crois pas que les
programmes baissent. Si les programmes sont faits de façon que les
investissements baissent parce qu'on réduit la demande, c'est un autre
programme.
M. Cournoyer: Comme vous le disiez l'autre jour, cela fait la
différence entre une société prospère et une
société non prospère.
M. Giroux: J'ai dit moins prospère.
M. Cournoyer: Vous savez que je n'ai pas beaucoup de cents dans
mes poches et si vous me les enlevez tous. Je peux bien être
prospère, mais à 17%, savez-vous que la prospérité
monte raide?
M. Giroux: L'inflation aussi.
M. Cournoyer: Pardon? L'électricité aussi?
M. Giroux: L'inflation aussi.
M. Morin: Le gouvernement nous a donné une solution et il
semble qu'il avait esquissé la solution
suivante: que les troisièmes 10% applicables à 1977
devaient être soumis à une régie. Etait-ce une autre
élucubration en l'air, ou le ministre a-t-il l'intention de donner suite
à cette volonté exprimée par le gouvernement de faire
approuver les troisièmes 10%? Je me souviens très bien l'avoir
entendu.
M. Cournoyer: Pas moi.
M. Morin: M. Massé, votre
prédécesseur...
M. Cournoyer: Pas moi. C'est moi le ministre des Richesses
naturelles.
M. Morin: Ah! Ce que M. Massé avait dit, c'est "something
the cat brought in", comme on dit.
M. Cournoyer: C'est la même chose que vous avez fait avec
le Jour et la baie James.
M. Morin: Ne mêlons pas les choses.
M. Cournoyer: Je ne mêle pas les choses.
M. Morin: Ne mêlons pas les choses.
M. Cournoyer: Je n'ai jamais dit cela et je vais regarder ce que
M. Massé a dit. De la façon dont vous rapportez les choses, je ne
me fie pas à vous, pas une miette.
M. Morin: Vous admettez au moins la nécessité de
jeter un coup d'oeil.
M. Cournoyer: Et quand je l'aurai vu, si je ne suis pas d'accord
avec M. Massé, je vais rester d'accord avec moi-même.
M. Morin: De sorte que ce que vous pouvez dire n'a aucune
importance puisque votre successeur peut avoir le même comportement
à votre égard que vous avez à l'égard de votre
prédécesseur. Je trouve cela pénible...
M. Cournoyer: Qui pourrait être mon successeur si vous me
remplaciez?
M. Morin: ... parce que vous faites semblant de vous
énerver devant les 17%. Vous l'avez le moyen. C'est de les faire
soumettre à une régie pour être sûr que c'est
raisonnable.
M. Cournoyer: Donc, la régie de
l'électricité, un organisme d'Etat...
M. Morin: Oui.
M. Cournoyer: ... qui vient de répondre devant vous...
M. Morin: Oui.
M. Cournoyer: ... serait surveillé par un organisme d'Etat
qui ne répondrait pas devant vous.
M. Morin: Cela n'existe pas ailleurs?
M. Cournoyer: Puis? Qu'est-ce que cela donne comme
résultat? Demandez donc à l'Ontario. Il y a une forme de
concurrence comme cela.
M. Morin: Oui.
M. Cournoyer: Qu'est-ce que cela donne les taux? Qu'est-ce que
cela donne les augmentations de coût?
M. Morin: Si la régie estime que c'est nécessaire,
c'est une chose, mais si elle estime que cela n'est pas
nécessaire...
M. Cournoyer: Qu'est-ce qui est nécessaire?
M. Morin: Autrement dit, ce que je comprends de ce que vous venez
de me dire est que c'est le gouvernement qui va continuer d'arbitrer la
question de savoir si ce sont 17% ou si c'est plus ou si c'est moins. C'est
vous qui allez prendre la décision.
M. Cournoyer: Oui monsieur. J'ai été nommé
comme cela...
M. Morin: Alors, ne vous plaignez pas.
M. Cournoyer: J'ai été nommé comme cela pour
arbitrer les conflits de la nation.
M. Morin: Alors, cessez de râler.
M. Cournoyer: Je ne râle pas du tout.
M. Morin: Vous râlez depuis tout à l'heure et vous
vous plaignez des 17%.
M. Cournoyer: Pas du tout, mon cher monsieur.
M. Morin: Si c'est vous qui prenez la décision, vous en
prendrez la responsabilité.
M. Cournoyer: Cela y est. Je suis choqué! Je n'ai pas
encore pris de décision. Je pose des questions au président de
l'Hydro-Québec, non pas pour mettre en doute ce qu'il nous dit, mais je
lui pose des questions pour que la population comprenne bien que ces
développements veulent dire des investissements majeurs.
Ces investissements majeurs veulent dire: Des augmentations de taux que
jusqu'ici l'Hydro-Québec a fixées dans ses discussions, dans ses
analyses, en mathématique pure, à 17%. Je trouve cela non pas
écoeurant de la part de l'Hydro-Québec de le faire, c'est normal,
c'est une addition qu'elle a faite. Je trouve qu'effectivement la population
québécoise doit commencer à songer à restreindre
ses besoins. Ce n'est pas en politisant tous les débats et en se battant
vous et moi qu'on va éduquer notre population. Je pensais et
j'espérais...
M. Morin: C'est en débattant la question que
l'éducation populaire se fait.
M. Cournoyer: Oui. On débat la question, mais non pas en
posant de petites questions "niaiseu-ses" comme vous avez passé votre
temps à en poser depuis le début de la commission
parlementaire.
M. Morin: Dans vos livres blancs, vous parlez de régie de
l'énergie et ensuite vous venez nous dire que cela ne veut rien dire. Il
faudrait se comprendre une fois pour toutes.
M. Cournoyer: M. Boyd vous a expliqué tout à
l'heure, pendant une heure et demie de temps, que le rôle d'un monsieur,
dans toute la société de $16,2 milliards, aurait
coûté $1000 par année de plus ou de moins juste pour
faire l'analyse, je ne sais pas ce que cela aurait coûté
vous avez pasé une demi-heure, trois quarts d'heure à discuter de
cela. Il nous reste une demi-heure pour discuter du fond des problèmes.
Le fond des problèmes, c'est ce que la population fait devant
l'effarante montée de ses besoins. Là, ils vont remplir tous les
besoins, eux.
M. Morin: C'est ce qu'on essaie de discuter depuis deux
jours.
M. Cournoyer: C'est cela. Pendant une heure de temps pour savoir
qu'il y a un M. Behr... c'est sérieux.
M. Morin: Soit dit en passant, votre contribution n'a pas
été grosse jusqu'ici.
M. Cournoyer: Je trouve cela sérieux. Je ne peux pas m'en
aller dans la ligne de pensée que vous avez. Vous avez posé des
questions de détail qui n'ont rien à voir avec les
préoccupations d'un parlementaire.
M. Morin: M. le Président, je continuerai de poser toutes
les questions que j'estime utiles.
M. Cournoyer: Continuez.
M. Morin: Je savais que le ministre n'en aurait pas à
poser, mais j'en ai à poser.
M. Cournoyer: Laissez-les passer les vrais problèmes.
M. Morin: M. le Président, est-ce que je pourrais demander
au ministre s'il a l'intention...
Le Président (M. Séguin): Tout ce que je voudrais
demander, c'est que de temps à autre dans votre discussion vous y
mettiez un chiffre. Sans cela, ce sera difficile de considérer cela hors
d'ordre.
M. Morin: C'était les 17%, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Alors, c'est encore dans
les investissements.
M. Morin: En l'occurrence, j'aimerais demander au ministre,
étant donné que son prédécesseur nous a entretenus,
à plusieurs reprises, du fait qu'il devrait faire approuver les
troisièmes 10% par une régie indépendante, étant
donné que lui-même nous a parlé, nous a entretenus dans un
récent livre blanc de la création d'une régie
d'énergie, s'il a l'intention de soumettre ces augmentations de 17%
à cette régie. A-t-il l'intention, à tout le moins, de
demander qu'une enquête publique soit faite sur l'opportunité, la
nécessité d'augmenter le tarif de la sorte? A-t-il l'intention de
faire cela?
M. Cournoyer: Non.
M. Morin: C'est ce que je voulais savoir.
M. Giroux: M. le Président...
M. Morin: Autrement dit, cela va se faire une fois de plus
à la sauvette et personne n'en saura rien. Personne ne saura si c'est
justifié ou non. Cela va se décider au conseil des ministres.
M. Cournoyer: Vous avez l'Hydro-Québec devant vous,
posez-lui des questions.
M. Morin: On en a posé.
M. Cournoyer: Posez-lui de vraies questions. Pas des
espèces de niaiseries. Posez de vraies questions à
l'Hydro-Québec.
M. Morin: M. le Président...
M. Cournoyer: Vous avez tout le loisir de le faire.
M. Morin: ... si le ministre était lui-même
intervenu dans le débat et s'il avait posé les bonnes questions,
il serait en mesure de faire des commentaires.
M. Cournoyer: J'attendais que vos niaiseries soient finies.
M. Morin: II serait en mesure de faire des commentaires.
M. Cournoyer: J'attendais que vos niaiseries soient finies.
M. Morin: Comme vous n'avez rien dit, vous n'avez pas un mot
à ajouter.
M. Cournoyer: Elles ne sont pas encore finies vos niaisiries.
Continuez donc ce que vous faites, continuez donc votre genre de question.
Le Président (M. Séguin): Un peu de
sérénité, s'il vous plaît, messieurs!
M. Cournoyer: Cela fait deux jours qu'on perd notre temps avec
des questions caves comme celles-là.
M. Giroux: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): On pourra peut-être
faire un exemple par après.
M. Giroux: Si je pouvais faire une mise au point sur les chiffres
qui viennent d'être énoncés, je dois vous dire que ces
budgets n'ont pas été approuvés. Ces indications de 17% ou
pour une période de dix ans de 8,8% d'augmentation, les demandes ne
seront pas faites avant 1978. On nous demande de donner des indications, c'est
normal, sur ce que peut coûter l'avenir, ce que peut coûter le
programme d'équipement. Il y a un programme d'équipement qui a
été déposé, qui est sujet à l'analyse
budgétaire annuelle. Ce programme, d'après nos estimés,
d'après ce que les gens nous donnent, va demander en couverture de 1,5%
des taux d'intérêt sur lesquels on doit payer le prix. Si pour une
raison ou pour une autre, au lieu d'avoir une couverture de 1,25% on a une
année une couverture de 1%, ce n'est pas grave parce que la vie, le
passé a prouvé que l'on peut se permettre ces écarts. Si
on s'en allait sur une couverture de 1% pour une période de..., il n'y
aurait pas d'économie pour les Québécois parce que la
différence se paierait dans le taux d'intérêt.
La crédibilité ne serait plus là, nos
possibilités d'emprunt seraient diminuées et on taxerait le
marché énormément sur des questions de taux
d'intérêt. Je n'ai pas l'intention de donner un cours sur les
placements, mais Dieu sait si une crédibilité est importante dans
les emprunts. Cela prend des années à construire une
crédibilité pour un emprunteur, et cela se perd dans une
émission ou dans une mauvaise présentation ou dans un mauvais
bilan annuel.
M. Morin: M. Giroux, je me souviens que, l'an dernier, vous nous
aviez dit, l'Hydro-Québec nous avait dit que la hausse de 9,8% serait
insuffisante pour atteindre le taux de couverture que vous visez d'habitude,
c'est-à-dire 1,25%. On prévoyait, si ma mémoire est bonne,
que cette hausse de 9,8% produirait un taux de couverture de 1,19%. Or, les
états financiers de 1975 nous révèlent, nous permettent
d'estimer que le taux de couverture a effectivement été de
1,29%.
M. Giroux: En 1975, ce n'est pas en 1976.
M. Morin: 1975. Je parle de 1975, bien sûr, parce que pour
1976 je n'ai pas encore les chiffres devant moi.
M. Giroux: Oui.
M. Morin: 1976, on ne connaît pas encore le taux de
couverture que vous allez atteindre.
M. Giroux: En 1975, on a eu des ventes excédentaires
à des prix meilleurs, il y a eu plusieurs facteurs. A chaque fois qu'on
a l'occasion de se servir des réserves qu'on a, on le fait et cela se
reflète dans les profits.
M. Morin: Oui, mais vous avez eu une baisse de vente aussi en
1975?
M. Giroux: Oui, mais pas dans l'excédentaire.
M. Morin: Pas dans l'excédentaire, mais vous avez eu une
baisse de vente de 1%.
M. Giroux: On a eu une augmentation dans le domiciliaire.
M. Perreault: Même dans l'industriel.
M. Giroux: Alors les tarifs pour la haute industrie n'ont
peut-être pas autant d'effets sur un bilan. Mais si vous regardez
l'ensemble de notre bilan, naturellement, quand on avait prévu cette
chose à 1,19% de couverture, on a eu 1,29%. On aurait pu faire l'erreur
de l'autre côté aussi, avoir 1,09%.
M. Morin: Non, mais j'ai l'impression que vous allez toujours du
côté sûr dans votre façon de prévoir
l'augmentation...
M. Giroux: On est assez conservateur. On n'aime pas
spéculer avec l'argent des Québécois.
M. Morin: Justement c'est ce que je me demandais. Vous nous aviez
dit: Une augmentation de 9,8% ce n'est pas suffisant pour atteindre le taux de
couverture que nous visons.
M. Giroux: Cela ne nous mène pas plus haut que 1,19%.
M. Morin: Finalement, on se ramasse avec 1,29%.
M. Giroux: Que l'on visait. Mais si on a des ventes
excédentaires qui, heureusement, nous arrivent, je crois que c'est dans
l'intérêt des Québécois qu'on s'en serve.
M. Morin: Pour atteindre le 1,25% l'an dernier, une augmentation
de combien vous aurait suffi? Vous auriez pu...
M. Giroux: II faudrait que je le fasse calculer parce que
là je n'ai pas... Il faudrait faire faire les calculs exactement de ce
qui a été vendu en énergie excédentaire, ce qu'on a
eu de surplus, et ces choses ne se reflètent pas. Probablement que si on
calculait exactement nos ventes telles que prévues on n'aurait pas eu
1,19%. Mais il y a certains excédents. Naturellement, c'est difficile de
faire des prévisions; on dit en moyenne 1,25%, comme on dit toujours,
par exemple, qu'on va essayer de le faire dans ce domaine. Mais il y a
plusieurs choses qui sont embêtantes. Vous savez, on parle de conserver
l'énergie, j'en suis, on peut faire des campagnes on va en faire
pour épargner l'énergie, faire meilleur usage de
l'énergie. Il reste toujours un moyen, si on veut réellement
réduire la consommation; on a simplement à faire des "brown-outs"
comme on fait à New York, on réduit l'énergie.
M. Perreault: D'ailleurs, M. Giroux, quand vous obtenez
1,29% comparé à 1,19%, cela veut dire plus d'autofinancement.
M. Giroux: C'est plus d'autofinancement, oui.
M. Perreault: C'est cela. Cela aide les
Québécois.
M. Giroux: On n'est pas une compagnie qui paie des dividendes;
donc les surplus qu'on a vont réellement dans l'investissement.
M. Morin: J'ai compris cela; seulement, je me
référais à votre taux de couverture.
M. Perreault: Cela fait moins d'emprunt pour la province.
M. Morin: Oui, mais cela en fait moins dans la poche des
Québécois aussi.
M. Perreault: II faut comparer aux autres sources
d'énergie aussi. Tout se tient.
M. Giroux: Mais on me dit: Dans les calculs de base, par exemple,
sur une facture moyenne de $12.50 pour un mois, cela peut représenter
à peu près $0.20.
M. Morin: Mais les factures de $12.50 par mois,
aujourd'hui...
M. Giroux: C'est la moyenne.
M. Morin: La plupart sont pas mal plus élevées que
cela.
M. Dozois: Une facture moyenne dans le moment, pour une
consommation de 750 kWh, est de $12.50.
M. Morin: Puis-je vous demander quel est le taux de couverture
d'intérêt que vous prévoyez pour les années
postérieures à 1976? Je vois que, pour 1975 c'est 1,29 que vous
avez atteint. Pourriez-vous...
M. Giroux: Révisé à 1,25, ce qui nous a
amenés à cette augmentation moyenne de 8,8 et, par la grosseur
des travaux, par les emprunts, cela nous apporte un autofinancement
supérieur, ce qui bonifie notre crédit sur les
marchés.
M. Morin: Autrement dit, le taux de couverture reste un objectif
et vous ne pouvez pas prévoir d'avance qu'il soit plus que 1,25 ou moins
1,25.
M. Giroux: C'est-à-dire que s'il est plus que 1,25,
automatiquement, il va dans l'autofinancement. S'il est en bas de 1,25, si
c'était sur une période de deux ou trois ans... Si on prend les
statistiques passées, on a 1,14, 1,15.
M. Morin: II y a longtemps de cela.
M. Giroux: Pardon?
M. Morin: II y a longtemps parce que, depuis 1968, et avec
l'exception de 1969...
M. Giroux: En 1971, on a... M. Morin: C'était 1,50
en 1971. M. Giroux: Oui, mais on a eu 1,18. M. Morin: En quelle
année?
M. Giroux: Je pense que c'est en 1966. Cela s'est
amélioré après. C'est l'année où je suis
arrivé à l'Hydro-Québec; après, cela s'est
amélioré.
M. Morin: D'après les statistiques contenues dans les
états financiers, le prix de vente moyen du kilowatt industriel souscrit
a été de... J'avais l'impression que c'était $0,009, mais
je pense que vous nous avez dit récemment que c'était $0,00891
alors que, dans le domiciliaire, le kWh est à $0,016; l'industriel
excédentaire, naturellement, est encore meilleur marché que cela,
si je comprends bien.
M. Perreault: Ce n'est pas garanti.
M. Morin: Je sais bien, mais je compare l'industriel souscrit
avec le domiciliaire. Quelle est la partie de la consommation industrielle qui
est exempte de l'augmentation de tarif en raison de vos ententes contractuelles
à moyen ou à long terme?
M. Lemieux: On me dit qu'il y a le tiers que l'on augmentera au
moment de l'augmentation générale, mais que l'on augmentera
aussitôt que chacun des contrats viendra à échéance,
ce qui peut être l'année subséquente ou deux ans plus
tard.
M. Perreault: Les contrats sont de deux et trois ans?
M. Giroux: Maintenant, les contrats sont à court terme,
deux ans, trois ans.
M. Morin: Ils ont été de cinq et même plus
dans le passé.
M. Giroux: Ils ont été de cinq, trente et quarante.
Il y en a encore.
M. Morin: II y en a encore combien qui traînent dans le
paysage, de vieux contrats supérieurs à dix ans, par exemple?
M. Giroux: Ceux qu'on regarde toujours particulièrement,
ce sont ceux de l'Ontario, mais ils achèvent. Il y en a une quinzaine,
me dit-on, à peu près.
M. Morin: Une quinzaine qui représentent quelle fraction
de la consommation?
M. Giroux: Je ne pourrais pas la calculer, mais on pourra vous la
faire parvenir.
M. Morin: C'est possible, oui?
M. Giroux: Oui, c'est possible. On le prend en note.
M. Morin: En 1975, quel a été le taux
d'augmentation effectif du kWh industriel si on exclut les cas où des
hausses artificielles ont été appliquées en raison de
clauses d'achat minimum?
M. Giroux: Pour cela, il faudrait faire des calculs.
M. Morin: Je sais que vous en dites un mot dans votre rapport
annuel.
M. Giroux: II y a le plan tarifaire, pardon, il y a le
règlement tarifaire. Ce n'est pas le plan, c'est le règlement
tarifaire qui s'applique. Il s'applique pour tout le monde, maintenant.
M. Morin: Ne pourriez-vous pas m'indiquer le taux d'augmentation
effectif du kWh industriel?
M. Giroux: On peut le faire calculer, mais les calculs sont faits
un peu en vitesse. Ainsi, souvent, c'est sujet à erreur. J'aimerais
mieux déposer le calcul officiel au secrétaire de la commission.
Si vous voulez répéter la question.
M. Morin: Ce que j'aimerais, c'est comparer l'augmentation dans
l'industriel, avec l'augmentation dans le résidentiel?
M. Giroux: Pour combien d'années? M. Morin: C'est
pour 1975.
M. Giroux: Pour 1975, alors on peut vous le faire facilement et
vous l'envoyer.
M. Morin: Cette année, est-ce qu'il y a eu beaucoup de
contrats industriels qui ont été renégociés? Et
pour 1976, pendant que vous y êtes?
M. Giroux: Tout ce qui est venu à échéance a
été négocié selon le tarif.
M. Morin: Oui, je sais bien, je m'en doute, tout ce qui est venu
à échéance a été renégocié,
mais il y en a combien?
M. Giroux: Ce n'est pas négocié, c'est
renégocié au tarif. Quel est le tarif?
M. Morin: Autrement dit, quand vous renégociez, vous
appliquez la grille générale, c'est cela? Il y en a combien de
ces contrats qui sont venus à échéance et des clients
auxquels s'appliquent maintenant la grille générale en 1975?
M. Giroux: Parlez-vous des clients de la grande entreprise ou de
la moyenne entreprise? C'est tout codifié différemment.
M. Morin: Bien, c'est à vous de me les donner.
M. Giroux: On peut vous les donner; si vous voulez, on peut vous
les envoyer. Si c'est un chiffre qui vous intéresse, j'aime mieux vous
donner le chiffre exact, que vous donner un chiffre calculé un peu en
vitesse.
M. Morin: Moi aussi, j'aimerais mieux avoir un chiffre exact.
M. Giroux: Là, on va reprendre le taux. Alors, si M.
Charuk veut noter la question comme il le faut, puis on enverra les
réponses.
M. Morin: Et vous pourrez m'indiquer aussi le taux d'augmentation
du kilowatt industriel par rapport à l'augmentation?
M. Giroux: Dans les deux classes, le commercial et la grande
entreprise.
M. Perreault: M. le Président, à la baie James, le
nucléaire, les coûts...
M. Morin: J'ai encore une question, ensuite, on va pouvoir
revenir; oui, on va pouvoir revenir à la baie James, M. le
Président.
M. Perreault: Je suis intéressé, vous savez.
M. Morin: Dans le cas de National South Wire, j'aimerais savoir
où en sont les discussions quant au tarif préférentiel de
7,5 mills par kWh qui avait été inscrit dans
l'arrêté en conseil 47575?
M. Giroux: En ce qui me concerne, j'ai eu une conversation avec
M. Cournoyer, qui est notre ministre de ces choses-là même
s'il m'appelle patron et les points sont très clairs. On n'a pas
d'autres instructions et, les instructions qu'on a du ministère sont
d'appliquer le tarif à tous les nouveaux contrats.
M. Morin: Y compris donc l'éventuelle alumi-nerie.
M. Giroux: Si le gouvernement décidait d'exprimer un
désir de faire des choses, à ce moment-là il nous envoie
un arrêté en conseil. On n'en a pas reçu.
M. Morin: Et celui-là, vous ne l'aviez pas reçu, si
je comprends bien, le no 775-75?
M. Giroux: On l'a reçu après la commission
parlementaire.
M. Morin: A quel titre d'information?
M. Giroux: C'est parce qu'il y avait eu une erreur dans le
courrier, mais on l'a connu par les journaux avant, je ne sais pas pourquoi.
C'est probablement un rédacteur qui était habile, enfin, je ne
sais pas.
M. Morin: Oui, je me souviens de cela. Mais dites-moi, depuis
lors, donc, cette question est complètement morte. Il n'est plus
question de ce tarif préférentiel?
M. Cournoyer: C'est une question qui peut être
posée. Il n'a pas été question de nouveaux tarifs
préférentiels entre M. Giroux et le gouvernement. Cela ne veut
pas dire qu'il n'en est pas question au niveau du ministre.
M. Morin: Je ne vous posais pas la question, je la pose à
M. Giroux.
M. Cournoyer: Cela fait deux fois qu'il vous le dit.
M. Giroux: En ce qui nous concerne, nous avons eu...
M. Morin: En ce qui vous concerne.
M. Giroux: Quant à nous, les tarifs doivent s'appliquer
à tout le monde, au même taux, selon les instructions du ministre.
Je ne le sais pas, moi, je ne peux pas savoir si demain il y a quelqu'un qui va
être à New York ou à Chicago pour faire une transaction ou
une négociation, mais dans le moment, nous n'avons pas de demande de
faire des tarifs.
M. Morin: M. le Président, j'aimerais maintenant passer
à l'analyse des coûts du kWh de La Grande en mills. Et on peut
ensuite, j'espère, le comparer au nucléaire, parce
qu'effectivement les chiffres qui sont sortis hier étaient pour le moins
curieux à ce sujet.
M. Perreault: Vous voulez dire La Grande de 1976, $16,2
milliards?
M. Giroux: Pourrait-on faire distribuer les tableaux, s'il vous
plaît?
M. Boyd: M. le Président, pendant qu'on distribue ce
tableau, permettez-moi un commentaire sur les tarifs. J'ai été
très silencieux pendant que mes confrères travaillaient, parce
que j'avais beaucoup travaillé, mais je ne peux pas laisser passer sans
dire un mot sur les tarifs. On parle d'augmentation des tarifs de
l'électricité; comme toute augmentation, la moindre augmentation
est toujours trop, mais j'aimerais vous faire une hypothèse. Je pense
que c'est important que les média saisissent bien cela parce que,
à chaque fois qu'on parle de tarifs d'électricité, il
semble que c'est un épouvantail à corneilles qu'on sort; alors,
je voudrais bien rétablir ce point pour l'Hydro-Québec et
moi-même.
Si on prend le revenu moyen par famille et si on calcule le coût
de l'électricité dans le revenu moyen de la famille, on arrive
à un pourcentage comme celui-ci. En 1970, le pourcentage du revenu par
ménage pour l'électricité était de 1,2%.
L'hypothèse, et ce n'est pas une proposition de ta- rification, c'est
que si les tarifs augmentaient de 10% à partir de 1970 jusqu'à
1985, les revenus des familles aussi augmentent de 10% pendant ce
temps-là, ce qui ne semble pas trop exagéré dans le
contexte actuel.
Le pourcentage de revenu pour l'électricité d'une famille
moyenne, d'un ménage moyen, va varier pendant toutes ces années
entre 1,2% et 1,1% et 1,2%, 2%. Le plus haut, cela va être en 1985
à 1,4% du revenu par ménage pour l'électricité.
C'est lepremier point.
Le deuxième point, avec les mêmes statistiques que nous
avons sur ces points, qui sont moins récentes, en 1973, les produits du
tabac représentaient 2,4% du budget des familles, et les boissons
alcooliques représentaient 3,8% en 1973. J'ai l'impression que, depuis
ce temps-là, ces deux produits de consommation ont augmenté
proportionnellement plus que l'électricité.
Je comprends que toute augmentation d'électricité dans les
tarifs, c'est trop, mais il ne faudrait pas non plus dramatiser. Ce n'est pas
une question politique, je pense que c'est simplement une question de
chiffres.
Dans le moment, les cigarettes coûtent un dollar le paquet par
jour, cela fait $30 par mois pour une personne. Si, dans la famille, il y en a
deux qui fument, cela fait $60. Une famille moyenne paie pour 1000
kilowatts-heures par mois dans le moment $17.60 pour
l'électricité, et la consommation moyenne domiciliaire est de 800
kilowatts-heures. Donc, c'est moins que $17 par mois pour
l'électricité et cela comprend l'eau chaude alors que les
cigarettes coûtent entre $30 et $60 par mois et peut-être plus. On
ne parle pas des boissons, parce que c'est 3,8%, sans compter les effets nocifs
qui suivent. Après cela, il y a les comptes, l'hôpital,
l'assurance-maladie et tout cela.
Ce sont là des statistiques que je croyais nécessaire de
donner. Maintenant.
M. Cournoyer: M. Boyd, juste avant qu'on quitte ce terrain
intéressant... C'est très intéressant et il n'y a rien de
personnel dans tout ça; ce sont des discussions qu'on doit avoir. Je ne
suis pas du tout en désaccord avec vous sur la question d'une famille en
particulier. Je pense bien qu'on peut dire: Cela n'est que 1,2% et si,
effectivement, vous m'annoncez que les revenus familiaux des
Québécois vont augmenter de 17% à compter de 1978, cela
m'intéresse de le savoir; comme ça, j'aurai moins de
problème à régler votre grève, parce
qu'apparemment, ces gens s'arrangent pour nous ramener jusque-là. On va
en donner plus et d'une façon identique aux augmentations de tarifs que
vous prévoyez et on va régler bien des grèves dans la
province de Québec. Je vous le jure.
Ce qui arrive, cependant, c'est que ce n'est pas tout à fait
comme ça au point de vue collectif... Pardon?
M. Giroux: II faudrait faire le calcul, M. le ministre...
M. Cournoyer: Envoie donc.
M. Giroux: ... de 17% sur 1,2%. Ce n'est pas la même chose
que 17% sur le total.
M. Cournoyer: Je ne parle pas du total. Non, non, il dit
que...
M. Giroux: Le total, on ne prend pas 17%...
M. Cournoyer: ... M. le Président, ne me faites pas
changer de "track", vous là, cela vous arrive assez souvent.
M. Giroux: II ne faut pas...
M. Cournoyer: Lorsque vous dites 17% de 1,2%, vous avez dit que
le revenu familial augmente aussi de 10%.
M. Giroux: Non, non. Si...
M. Cournoyer: Oui, mais on est toujours dans les "si". Il y a une
affaire qui n'est pas faite, c'est qu'on ne sait pas si ça va augmenter
de 10 %
M. Giroux: Si vous rencontrez les types de l'union, ce soir, on
est prêt à régler pour cinq ans à 10%.
M. Cournoyer: Cinq ans à 10%.
M. Giroux: Vous ne direz pas que je n'ai pas donné un vrai
"bargain".
M. Cournoyer: Pourquoi pas? Vous me dites après ça
que vous avez besoin de consulter la commission pour faire des offres.
M. Giroux: Non, non, je vous dis: On est prêt. M. Boyd:
On vous dit qu'on est d'accord. M. Dozois: Le quorum, on est
d'accord.
M. Cournoyer: N'oubliez pas que c'est très anti-inflation,
ce que vous venez de me dire là. C'est supposé être 12%, 8%
et 6%. Là, je viens d'avoir 10%, 10%, 10%; excellent. On en reparlera,
M. Giroux.
M. Giroux: Je ne sais pas, il y a quelqu'un qui a
été nommé médiateur...
M. Cournoyer: Vous êtes secrétaire de la
commission...
M. Giroux: ... et j'ai accepté ses conditions et il a mis
ça à 12%.
M. Cournoyer: II a mis ça à 12%.
M. Giroux: Et la commission De Coster en a passé deux ou
trois à 12%.
M. Cournoyer: Ouais.
M. Giroux: Alors, à 10%, je me pense correct.
M. Cournoyer: Je ne suis pas pire, moi là. J'ai bien
compris.
L'investissement collectif. Je veux bien croire que l'investissement
familial, le coût de l'électricité familiale ne
dépassera pas, quant à son revenu, beaucoup plus que 1,2% ou 1,4%
et c'est encore une denrée, pour les individus, qui est relativement peu
chère. Elle est peu chère comparée à d'autres
denrées.
M. Boyd: C'est la moins chère de toutes celles qu'on
utilise.
M. Cournoyer: Oui. Disons que c'est une argumentation que je
reconnais. Mais, quand vous me comparez ça avec la boisson, le gars peut
arrêter d'en boire et c'est une bonne affaire. Moi, j'ai
arrêté de fumer, j'ai engraissé un peu et je vais
être malade parce que j'ai arrêté de fumer; probablement, je
grossis de partout. L'autre partie de ma préoccupation se situe dans les
masses d'investissement pour arriver à remplir ces petits détails
de 1,2%, les masses d'investissement requises. Quand on est rendu à
parler de masses de $16,2 milliards pour un projet, La Grande, compte tenu des
autres préoccupations de la province, sans vouloir entrer dans les
mesquineries et me chicaner...
M. Morin: Cela va bien là, je vous écoute.
M. Cournoyer: ... on est obligé, très
décemment, surtout quand on rencontre l'Hydro-Québec ici, de
dire: II y a d'autres préoccupations aussi et le 1,2%, dans
l'état actuel des choses, nous semble peu de choses quand il s'agit
d'une famille, mais $16 milliards, quand il s'agit d'une société,
c'est peu de chose quand la société est riche et prospère
et qu'elle n'a pas d'autres obligations vis-à-vis de la même
société, vis-à-vis d'elle-même. C'est un peu le
genre de préoccupations qu'on a. Si on le retourne à l'individu,
on dit: Ce n'est pas gros, parmi les dépenses que vous avez. Mais vous
allez nous permettre quand même d'être, non pas effrayés,
mais d'avoir certaines craintes à ce moment-ci quant à l'ampleur
des investissements qui sont devant vous, qui sont nettement des
investissements requis pour répondre à une évolution de
besoins que personne encore n'a pu modifier. C'est 7 3/4% de l'évolution
des besoins. Cela va prendre des masses épouvantables pour pouvoir
modifier la tendance de 7 3/4%, si j'ai bien compris tout le raisonnement de
l'Hydro-Québec. Ce n'est pas du jour au lendemain qu'on fixe ça
à 6%. On fixe ça à 6%, mais on ne crée pas les
besoins.
Tout ça, l'examen qu'on est obligé de faire ensemble, et
que je veux faire, nous invite à faire des choix, point.
Reste à savoir ce que veulent dire les choix collectifs. C'est
pour cela que je voudrais situer cette discussion en haut des
préoccupations, quels sont les choix collectifs d'ici 1985, parce que,
d'ici 1985, le projet de la baie James est en
marche et il va remplir les besoins de 1985. Il y a un certain nombre de
décisions des organismes publics qui doivent être prises et on se
dit: Quels sont ces choix? En 1985, il va être trop tard pour les faire,
peut-être faut-il les faire collectivement dans le peu de mois qui
restent devant nous, avant de prendre un certain nombre de décisions qui
sont graves. Mes propos sont dans ce sens, je respecte totalement les chiffres
que vous avez donnés, il n'y a pas de problème
là-dessus.
M. Boyd: Dans mon cas, je n'ai pas voulu du tout avec cela mettre
en question l'oppurtunité de priorités qui feraient qu'on
fixerait la croissance à que 7 3/4% d'autres taux même à
6%, s'il le faut. C'est un autre sujet de discussion, c'est, en fait, un sujet
de politique générale. Ce n'est pas cela que je mets en question.
Supposons qu'on peut réussir à implanter 6% au lieu de 7 3/4%,
cela voudrait dire qu'on investit moins dans l'électricité. C'est
parce qu'on aura décidé d'utiliser moins d'énergie ou
parce qu'on aura employé d'autres formes d'énergie ou les deux.
Je pense que nous sommes d'accord là-dessus. Ceci étant dit,
supposons que c'est 6%; il va falloir quand même bâtir des choses
pour l'électricité. Même cela va nécessiter des
augmentations de tarifs. Chaque fois qu'on va parler d'augmentation de tarfis,
même dans un contexte de 6% je ne parle pas du ministère,
ni de vous, je parle de l'effarement général je pense que
c'est important qu'on pense à cela. En ce qui a trait à
l'effarement général, on dirait que, chaque fois qu'on parle
d'électricité, c'est comme si on dévalisait la Banque du
Canada. Je vous dis que, même à 6% d'augmentation annuelle, si
c'est cela qu'il faut, l'électricité va, en fait, dans le budget
familial au lieu de passer de 1,2% à 1,4% dans ces
années-là, avoir passé à 1,2% ou je ne sais quoi,
mais moins. Relativement, cela va être encore minime, par rapport au
tabac, par rapport à l'alcool, par rapport aux autos, par rapport
à n'importe quoi. C'est le seul message que j'ai à ce moment-ci.
Je voulais tout simplement que cela soit clair, il n'est pas question d'aller
plus que cela dans mon esprit, à ce moment.
Vous avez un tableau sur la comparaison entre les coûts de
l'énergie du complexe hydrolélec-trique de la baie James et d'un
projet nucléaire canadien équivalent.
Coût de l'électricité
M. Morin: J'aurais quelques questions à poser
là-dessus, justement.
Mais, puisqu'il nous reste assez peu de temps, je voudrais commencer par
une question plus générale qui est celle du coût du
kilowatt installé à la baie James. Ensuite, nous pourrons passer
au coût en mils, si vous le voulez.
M. Boyd: Le coût de la baie James, en kilowatt
installé, on l'a démontré ce matin au tableau,
c'était 1580.
M. Morin: 1580, c'est cela. Me reportant au tableau que vous nous
avez décrit hier, pourriez- vous nous dire, pour Gentilly II, quel est
le coût du kilowatt installé?
M. Boyd: Evidemment, là, nous ne parlons pas de la
même chose. On parle du...
M. Morin: C'est ce que... M. Boyd: Non.
M. Morin: C'est ce que je vous ai dit hier, mais vous m'avez dit
que ce tableau était significatif, J'aimerais l'explorer un peu.
M. Boyd: Je suis bien d'accord. La différence, c'est que
Gentilly II est une centrale de 600 mégawatts, qui est
déjà commencée et qui va être en service en 1979. Ce
n'est pas comparable avec un projet qui va être en service à
compter de 1980 jusqu'en 1985. Ce n'est pas la même chose. Si vous
bâtissez Gentilly II pour entrer en service dans la période
moyenne, 1982 1/2, ce ne seront plus les coûts de Gentilly II que vous
avez là.
M. Morin: Je comprends bien. M. Boyd: On ne peut
comparer.
M. Morin: Alors, Gentilly II entre en service en 1978 ou...
M. Boyd: En 1979.
M. Morin: En 1979 et La Grande, LG 2, par exemple, entre en
service à quel moment?
M. Boyd: En 1980, 1981.
M. Morin: 1980, 1981.
M. Boyd: Ce n'est pas comparable.
M. Morin: C'est une diffrence de un an, un an et demi.
M. Boyd: Dans un cas vous parlez d'une unité de 600
mégawatts, dans l'autre cas on parle d'un complexe de 10 000
mégawatts avec toutes les infrastructures qui vont avec et tout
cela.
M. Morin: Oui, je vois que, quand la comparaison...
M. Perreault: On ne peut pas prendre plus que la centrale.
M. Morin: ...ne fait pas votre affaire... Ecoutez, c'est vous qui
avez proposé cette comparaison, ce n'est pas moi qui ai fait ce
tableau.
Sur la base de ce tableau, je vous demande quel est le coût du kW
installé à Gentilly II.
M. Boyd: C'est facile de vous répondre, mais je veux vous
dire qu'on ne peut pas l'utiliser pour la comparer avec le projet de la baie
James, c'est une affaire qui va être en service en 1979.
M. Morin: Oui.
M. Boyd: Donc, elle n'aura pas à subir les escalades
à partir de 1979 jusqu'en 1983.
M. Morin: Oui, c'est exact, j'en conviens.
M. Boyd: Les coûts d'intérêt, etc.
M. Morin: J'en conviens.
M. Boyd: Ce n'est pas comparable.
M. Morin: J'en conviens, mais c'est quand même
intéressant de faire la comparaison, parce que c'est tout de même
comparable. Je sais bien que ce n'est pas exactement la même chose, mais
je suis obligé de constater que, d'après le tableau que vous nous
avez donné vous-même, le coût du kW installé, si on
divise le coût total par le nombre de kW, c'est-à-dire 612 est
inférieur à $1000.
Si je comprends bien c'est $612 millions et c'est 700
mégawatts.
M. Boyd: Je suis en train de faire un autre calcul pour essayer
de trouver quelque chose de comparable, quoique je n'admette pas cette
comparaison, mais je vais vous donner un chiffre.
M. Morin: Bien oui, c'est vous-même qui les avez
comparés ici.
En tout cas, je constate simplement ceci qu'en prenant votre propre
tableau, le kilowatt installé à la baie James coûte $1585
et le kilowatt installé à Gentilly II coûte moins de
$1000.
M. Boyd: Excusez-moi, mais, si on compare, si on veut faire une
sorte de comparaison, celle que je voulais proposer juste pour voir ce que cela
donne, on pourrait comparer Manic 3, qui vient d'entrer en service avec 1100
mégawatts qui vont coûter peut-être un peu moins de $500
millions. Cela fait quoi? Cela fait moins de $500 le kilowatt
installé.
M. Morin: II y a plus de différence entre aujourd'hui et
1979 qu'en 1979 et 1980.
M. Boyd: 1981 pour LG 2. Ce ne sont pas des choses comparables.
Les infrastructures de la baie James, de Manic à LG 2, les
aéroports vont être chargés, non seulement à LG 2
mais à LG 1, LG 3, LG 4 et à tout le reste du territoire puis
à tout le développement, mais dans le moment, on porte ce
fardeau, on vous l'a dit hier, c'est $1 milliard. C'est un bon placement, mais
c'est tout à fait différent. Moi, je vous dis que, si on veut
remplacer la baie James par d'autre chose, il faut faire un complexe
nucléaire qui remplacerait la baie James. Cela a été
discuté...
M. Morin: M. Boyd, je ne veux pas qu'on parte sur une
hypothèse farfelue. Il n'a jamais été question de
remplacer toute la baie James par tout du nucléaire, ce n'est
guère possible. Il a été question tout au plus d'utiliser
un mélange des deux, un programme mixte. C'est un peu d'ailleurs ce qui
me rend perplexe devant votre nouvelle comparaison. C'est que vous comparez
tout de l'hydraulique avec tout du nucléaire.
M. Boyd: C'est la comparaison qu'on a déjà faite et
qu'on a utilisée ici même.
M. Morin: Le taux de réserve n'est pas le même.
Quand on parle du nucléaire, j'imagine que vous avez calculé une
réserve énorme par rapport à l'hydraulique.
M. Boyd: C'est parce que c'est cela que ça prend. Cela
prend une plus grande réserve, puis au bout de 30 ans, il faut remplacer
la centrale nucléaire, parce qu'elle est usée.
M. Morin: Oui.
M. Boyd: La centrale hydraulique est
dépréciée sur une période de 50 ans. Tout cela fait
partie du calcul.
M. Perreault: Vous avez demandé une mise à jour des
chiffres.
M. Morin: Justement, je ne l'ai pas parce que ce que nous avions
étudié, l'année dernière, c'étaient des
programmes mixtes. C'est surtout cela sur lequel nous avions insisté.
Or, vous nous présentez une comparaison tout de l'hydraulique, tout du
nucléaire. Je suis obligé de constater que le taux de
réserve énorme dans le nucléaire fausse
complètement la comparaison.
M. Perreault: II ne le fausse pas, c'est de la
nécessité.
M. Boyd: M. le Président... M. Perreault: C'est une
nécessité technique. M. Morin: Attendez un peu
l'explication. M. Perreault: Je n'attends pas, c'est cela.
M. Morin: Ecoutez ce qui va être dit parce que je pense que
vous ne suivez pas la conversation.
M. Perreault: Je le sais parce que je connais cela aussi.
M. Morin: Vous posez des choix absolument extrémistes,
tout de l'hydraulique, tout du nucléaire.
M. Boyd: On a, dans le passé, fait toutes sortes de
combinaisons et de comparaisons. A la suite des différentes discussions,
on a fait une comparaison et une étude très poussée
où il y avait la baie James, et l'équivalent en nucléaire.
On avait discuté cela en long et en large ici. On vous avait dit que la
différence est de 16%. Ce que cela fait ici, cela le met à
jour.
M. Charuk a dirigé un groupe qui a étudié ces
choses avec vos représentants et les représentants d'autres
partis. Il voudrait ajouter des précisions. S'il veut ajouter des
précisions...
M. Morin: Est-ce que je pourrais vous demander si vous avez
étudié également, comme nous l'avons fait dans le
passé, les programmes mixtes? C'étaient ceux-là sur
lesquels nous avions mis l'accent et non pas une sorte de simplisme, comme vous
nous présentez là, sur une seule feuille de papier avec tout de
l'hydraulique et tout du nucléaire. C'est évident que cela ne
peut pas se comparer. La réserve énorme, dans le cas du
nucléaire, n'a rien à voir avec celle qui est requise dans
l'hydraulique. Donc, on ne peut pas prendre des hypothèses aussi
extrémistes pour les comparer.
M. Perreault: Vous êtes obligé.
M. Morin: C'est évident qu'il n'est pas question de songer
rien qu'à du nucléaire ou rien qu'à de l'hydraulique.
M. Perreault: C'est ce que cela coûte. C'est ce que cela
coûte.
M. Morin: Une seconde! Oui, mais c'est une hypothèse
totalement abstraite.
M. Perreault: Ce n'est pas une hypothèse, c'est ce que
cela coûte.
M. Morin: C'est une hypothèse parfaitement abstraite.
M. Perreault: II y en a des études nucléaires
ailleurs, aux Etats-Unis, partout.
M. Morin: Je m'excuse, mais jamais ce genre d'hypothèse
n'a pas été envisagé par nous. Est-ce que vous commencez
à comprendre cela?
M. Perreault: L'hypothèse était là-dedans.
Quand ils ont établi les programmes mixtes nucléaires, les
réserves nucléaires étaient dedans.
M. Morin: On va laisser répondre M. Charuk.
M. Boyd: M. le Président, est-ce qu'on peut donner la
parole à M. Charuk?
M. Charuk: Yan Charuk, Hydro-Québec. Si je comprends bien,
on veut comparer ici l'investissement dans deux cas. Un cas de centrale
nucléaire et un autre cas, le projet La Grande. En 1974,
l'Hydro-Québec a déposé un document qui expliquait une
méthode acceptable pour rendre comparables de tels projets, qu'il
s'agisse d'un programme d'équipement ou simplement de programmes
d'énergie de base. En plus de l'investissement initial, vous vous le
rappellerez, il faut considérer un tas de choses. Il faut convertir le
tout pour obtenir une valeur comparable.
Les divers éléments, les voici. La réserve;
d'accord, on peut discuter sur le taux de réserve mais, dans chacun des
cas, il faut qu'il y ait de la réserve, que ce soit
hydroélectrique ou nucléaire.
M. Morin: Ce n'est pas le même taux.
M. Charuk: Ce n'est pas le même taux, non.
Deuxièmement, vous avez des frais d'exploitation qu'il faut
considérer.
M. Morin: Ce ne sont pas les mêmes non plus.
M. Charuk: II faut considérer aussi l'inflation non
seulement durant la construction, mais surtout pendant une période
d'exploitation qui est fixée sur un horizon choisi. Si une centrale
nucléaire est bonne pour 30 ans, disons, vous avez le choix de
réinvestir pour la rendre comparable à l'hydroélectrique.
Vous pouvez poser comme hypothèse 50 ans ou 60 ans, ou vous pouvez
couper votre horizon à 30 ans. Mais, à ce moment-là,
calculez une valeur résiduelle pour les installations
hydroélectriques. Ce n'est pas fini. Vous avez, dans les frais
d'exploitation, plusieurs éléments: les frais d'entretien, les
charges de combustible, la main-d'oeuvre.
Dans le nucléaire, il y a un tas de composantes. Le tableau
sommaire qui est distribué a été préparé par
la direction des recherches économiques à l'Hydro-Québec,
mais c'est le résultat de la même comparaison que celle qui a
été effectuée en 1974 et qui a fait l'objet d'un
dépôt. Je pense que le document avait quelque vingt pages avec une
explication assez détaillée de la part du commissaire du temps,
M. Yvon DeGuise. On peut répéter toute l'explication à la
lumière des nouveaux chiffres.
M. Perreault: C'est au journal des Débats de ce temps.
M. Morin: M. Charuk, vous nous avez donné un document qui
prétend mettre à jour les comparaisons que nous avions
élaborées longuement au cours des années
précédentes. Pourquoi nous donnez-vous entièrement de
l'hydraulique et entièrement du nucléaire et pourquoi ne nous
donnez-vous pas, comme on vous l'a demandé dans le passé, des
hypothèses de programmes mixtes? Parce que ce sont ceux-là qui
sont les plus intéressants.
M. Charuk: La méthode utilisée pour comparer peut
être utilisée soit pour des programmes d'équipement ou soit
pour des projets. Ici, ce sont des projets qui vont rendre le même
service, la production de base. L'hydro-Québec a déposé,
il y a deux semaines, un programme d'équipement témoin, mais qui
n'est pas basé sur une évaluation économique
rigoureuse.
Il y a une quantité de programmes d'équipement
hypothétique que nous avons à la direction générale
de génie et on peut vous donner la fonction économique de tous
ces programmes d'équi-
pement, mais cela varie à plus ou moins 2% ou 3% et il s'agit de
trouver un optimum. Les gens pensent qu'ils se rapprochent de l'optimum. Etant
donné qu'ils n'ont pas d'estimations économiques rigoureuses pour
plusieurs projets, on n'ose pas se prononcer à l'heure actuelle. On
préfère attendre, on a encore un an, à peu près, ou
un an et demi avant de prendre la prochaine décision.
M. Morin: Est-ce que vous n'auriez pas pu, tout de même,
comme on vous l'a demandé à maintes reprises dans le
passé, nous donner des hypothèses un peu plus nuancées que
celles-là?
M. Charuk: Nous avons fourni...
M. Morin: Et je pense à un programme mixte en
particulier.
M. Charuk: Nous avons fourni, je m'excuse, M. le
Président, les programmes mixtes, en réponse à des
questions à la commission parlementaire. Ils ont été
déposés à ladite commission parlementaire.
M. Morin: Les programmes mixtes hydrauliques?
M. Charuk: Oui, hydrauliques, thermiques, nucléaires,
jusqu'en 1985.
M. Morin: Ah oui! mais les programmes... Je sais qu'il y a eu une
étude de programmes nucléaires, de programmes hydrauliques, mais
les programmes mixtes complémentaires? Est-ce que vous avez ces
documents auxquels vous vous référez?
M. Charuk: Ils ont été déposés
à cette commission.
M. Morin: On ne doit pas parler des mêmes documents.
M. Charuk: Vous les avez.
M. Morin: On ne doit pas parler des mêmes documents alors,
parce que je vous ai demandé, à plusieurs reprises, des
hypothèses de programmes mixtes et, là-dessus, nous n'avons
jamais eu satisfaction. Pourquoi, de toute façon, puisque vous
prétendez les avoir donnés, ces programmes mixtes, ne nous
apportez-vous pas une mise à jour également de ces programmes
mixtes? Parce que là, vous nous enfermez dans des hypothèses
extrêmes et absurdes, tout du nucléaire ou tout de
l'hydraulique.
M. Charuk: Permettez-moi de répondre. Nous avons, dans le
temps, déposé à cette commission des programmes
d'équipement. Nous en avons fait l'évaluation économique
et il y avait des programmes d'équipement mixte et nous
considérions, à ce moment-là, du côté
hydroélectrique, en particulier, le projet de la baie James.
Ce que vous demandez, vous demandez des nouveaux programmes, avec
l'insertion, surtout du côté hydroélectrique, de l'ensemble
des potentiels restant dans la province de Québec et je vous dis, moi,
que nous n'avons pas d'estimations assez rigoureuses pour l'instant. On peut le
faire de façon très hypothétique.
M. Morin: Vous allez être obligés de le faire
à nouveau.
M. Charuk: II faut le faire avant de prendre la décision,
c'est certain, mais, cependant, le programme d'équipement de base que
nous comparons ici considère les mêmes éléments. Ce
ne sont pas des hypothèses simplistes, c'est un calcul très
complexe.
Je suis disponible pour le donner, mais si vous vouliez parler
tantôt seulement de la composante, l'investissement initial, on en arrive
tout simplement pour Gentilly II, grosso modo, à $1100 le kilowatt, je
pense.
M. Morin: En bas de $1000.
M. Charuk: En bas de $1000, pour $700 millions, 600
mégawatts.
M. Morin: A moins qu'il y ait division bientôt, mais en bas
de $1000.
M. Boyd: Avec nos gens de la planification, on a fait des
chiffres intéressants, d'autres sortes de comparaisons.
Premièrement, si on prend Outarde 2 qui est en construction dans le
moment, qui va entrer en service en 1978, peut-être à la fin de
1978, passablement proche de 1979, on calcule ici, d'après nos
meilleures estimations, que cela va coûter $564 le kilowatt. Si on prend
Gentilly II qui est un peu plus gros, Outarde 2, c'est 454 mégawatts;
Gentilly II, c'est 637 mégawatts qui va entrer en service en 1979. Cela
va coûter $612 millions. Cela fait $961 le kilowatt. C'est passablement
proche pour une comparaison.
Si on prend les $961 le kilowatt pour Gentilly II et qu'on ajoute 25%
d'escalade pour mettre cela comparatif, en 1979, cela nous mènerait
à la période de 1982 dont j'ai parlé tout à
l'heure, dans la période moyenne entre 1980 et 1985. $961, plus 25%
pendant trois ans 25% pour trois ans, ce n est pas
exagéré, c'est ce qu'on propose cela ferait $1217.
Si on prend notre hypothèse simpliste ici, les centrales de base
pour 10 190 mégawatts coûtent $12,4 milliards. On obtient le
chiffre de $1200 le kilowatt. Ce n'est pas farfelu. Je pars de chiffres
comparables, Outarde 2 qui fonctionnera en 1978 et de Gentilly II qui
fonctionnera en 1979. Ce n'est ni l'une ni l'autre des grosses centrales. Dans
ce cas, il y en a une qui va durer longtemps. L'autre, au bout de trente ans,
devra être remplacée. Je n'ai pas mis cela dans le portrait.
Il ne faudrait pas comprendre par là que je suis contre le
nucléaire, parce que le programme de l'équipement...
M. Morin: II va falloir y venir de toute façon.
M. Boyd: ... qui a été discuté
précédemment je ne veux pas rouvrir le sujet, mais je
voudrais le préciser cela a été discuté au
comité de la planification générale à
l'Hydro-Québec dont je suis le président. Il appui
entièrement le programme proposé. C'est tout simplement qu'on
doit parler des chiffres.
En plus de cela, pour répondre à votre question,
concernant des programmes mixtes, nos gens de la planification m'ont dit que,
si on voulait un programme mixte de la baie James, par exemple, pour la
moitié et pour l'autre moitié, pour le nucléaire, on
pourrait mettre cela dans notre ordinateur et sortir un chiffre. Ce serait plus
haut que ce qu'on a pour le programme nucléaire seul, mais on peut le
faire.
M. Perreault: M. Morin a parlé de kilowatts, je voudrais
parler de kilowatts-heures. Je vois ici que votre kilowatt-heure a passé
de 20,99 à 27,73, une augmentation de 32% avec $16,2 millions du projet.
Cela c'est pour 67 milliards de kilowatts-heures, si je ne me trompe pas.
M. Boyd: 67 milliards.
M. Perreault: 67 milliards de kilowatts-heures en 1985. Si je
fais un calcul, en 1985, c'est 67 milliards de kilowatts-heures
délivrés. En comparaison avec le nucléaire, cela fait une
différence annuelle, pour les Québécois, de $1,857
milliard. Est-ce vrai ou non, ces chiffres?
M. Perreault: 27,73 mills le kilowatt-heure par 67 milliards.
M. Boyd: Je pense que, si on veut s'entendre pour la baie James,
on part de 27,73 mills comparativement à 36 mills et à 32 mills.
C'est cela qu'il faut comparer?
M. Perreault: C'est cela.
M. Boyd: Cela fait 9%, cela fait 5%, cela fait 8%. Alors, notre
calcul est le suivant: Cela nous fait une différence de 8,59 mills; 67
milliards de kilowatts-heures par année, cela fait $575 millions par
année.
M. Perreault: $575 millions de différence par
année; en 1985, il y avait un programme.
M. Boyd: C'est cela.
M. Morin: M. Boyd, je ne sais pas si vous avez autre chose
à ajouter. Il est évident que, maintenant que La Grande est en
marche et qu'il y a des centaines de millions d'enfouis dans La Grande, il
serait bien difficile d'imaginer qu'on fasse la moitié de La Grande et
l'autre moitié en nucléaire. Une fois qu'on a fait les
investissements de base pour se rendre à La Grande, c'est évident
que c'est absurde comme hypothèse. Ce n'est pas cela du tout. Au
départ, vous savez très bien que ce que nous avions dans
l'idée, c'était un programme mixte, mais qui n'était pas
nécessairement la baie James, qui ne faisait pas appel à la baie
James, de sorte que la discussion à laquelle on s'engage risque
d'aboutir nulle part.
De toute façon, vous allez être obligés, à un
moment donné, de vous mettre au nucléaire, vous admettez
vous-même que vos futurs programmes d'équipements vont devoir en
comporter parce que les ressources hydrauliques ne sont pas épui-sables
ou, un moment donné, les réserves vont être si lointaines
qu'en comparant les coûts, finalement, le nucléaire va devenir
plus intéressant. Alors, ce que je suggérerais, étant
donné que le papier que vous nous remettez est un peu trop
schématique, ce serait qu'il y ait une autre séance...
M. Cournoyer: Non, non.
Energie nucléaire et pension de
retraite
M. Morin: M. le Président... Un instant. C'est le ministre
lui-même qui faisait allusion à la possibilité d'une
séance ultérieure pour étudier cette question de
même que la question de la pension de retraite.
M. Cournoyer: Non.
M. Morin: Je n'ai pas inventé cela.
M. Cournoyer: Non. Il y aura des questions sur la pension de
retraite, si la pension de retraite n'est pas réglée en
négociation; c'est une chose. Il est possible qu'il soit
réglé. Il y a l'autre partie qui est la filière
nucléaire et qui viendra un jour.
M. Morin: Si j'ai bien compris le ministre, on pourra avoir une
séance ultérieurement pour traiter de cela.
M. Cournoyer: On va traiter de la filière
nucléaire, comme je l'ai indiqué au président Giroux dans
une lettre que je lui envoyais pour lui faire part qu'on traiterait aujourd'hui
de la baie James et d'investissements...
M. Morin: Puis-je demander au ministre vers quelle époque
il situait cette séance au sujet de laquelle il vient de dire...
M. Cournoyer: Non. J'ai dit que ce n'était pas urgent.
M. Morin: Oui, c'est pour quand?
M. Cournoyer: Je ne suis pas pressé. Je vous ai
donné tout le loisir de poser des questions depuis deux jours et vous
avez posé des questions que vous croyiez utiles pour la
société québécoise.
M. Morin: Oui.
M. Cournoyer: L'Hydro-Québec a très bien
répondu.
M. Morin: Pas toujours à notre satisfaction parce
que...
M. Cournoyer: Mais vous ne serez jamais satisfait...
M. Morin: Non, mais je tiens à dire, M. le
Président, que...
M. Cournoyer: Vous avez un appétit vorace.
M. Morin: Je tiens à dire, M. le Président, que
j'ai cru observer que, chaque fois qu'on s'approche de quelque chose de
vraiment sensible, on voit et le ministre nous a donné un bel
exemple de cela le ministre se comporter comme un magicien, un
prestidigitateur. Dès qu'on s'approche de la boîte à magie
et qu'on risque de comprendre comment la fille arrive à se faire couper
en deux sans se faire couper en deux, là, il n'est plus question. On ne
peut plus poser des questions, cela n'est pas d'intérêt public. Il
y a au moins deux sujets sur lesquels on n'a pas pu vraiment aller au fond des
choses à cause de cette attitude du ministre.
M. Cournoyer: C'est cela. Je le dirai moi-même...
M. Morin: Alors, je ne peux pas dire que je sors de cette
commission entièrement satisfait; c'est inexact. Il y a plusieurs
questions...
M. Cournoyer: J'espère que vous ne l'êtes pas.
M. Morin: II y a plusieurs questions qui restent sans
réponse.
M. Cournoyer: Vous avez demandé assez de coûts
depuis le début que vous ne pouvez pas être satisfait parce que
cela serait du masochisme...
M. Morin: M. le Président, il y a plusieurs questions qui
restent sans réponse et je ne sais pas si, ce soir, ce serait
intelligent de notre part de tenter d'approfondir le nucléaire, sans
avoir des études un peu plus sérieuses que celles-là, que
ce bout de papier.
Alors, je propose que, dans un avenir pas trop éloigné,
nous nous penchions à nouveau sur ces deux questions, la question de la
filière nucléaire et la question de la pension de retraite de
l'Hydro-Québec.
Tout ce que je demande au ministre, c'est vers quel moment il situerait
cette séance de la commission.
M. Cournoyer: Je n'en ai aucune idée.
M. Morin: A peu près, M. le ministre. Un petit effort!
M. Cournoyer: La dernière fois, j'ai dit le 24 août
et j'ai reçu un appel téléphonique de votre
secrétaire m'annonçant que vous seriez en vacances pendant cette
période.
M. Morin: Parce que je voulais que cela ait lieu avant.
M. Cournoyer: Parce que vous vouliez que cela ait lieu avant.
Donc, voyez-vous? Il s'en allait en vacances seulement parce qu'il voulait que
cela ait lieu avant. C'est pour cela qu'aujourd'hui je ne vous dirai pas quelle
date cela sera et vous le saurez comme les autres députés de
l'Assemblée nationale qui ont le droit de le savoir en même temps
que vous. Je ne le sais pas.
M. Morin: On a le droit de vous demander vos intentions tout de
même.
M. Cournoyer: Mes intentions sont que cela se fasse le plus
rapidement possible.
M. Morin: Est-ce pour l'automne ou pour le printemps
prochain?
M. Cournoyer: Bof! Cela dépendra de mon humeur.
M. Morin: Vous voyez comment cela est mené. Il ne faut pas
s'étonner.
Le Président (M. Séguin): Je pense que c'est
l'endroit idéal, messieurs, pour...
M. Cournoyer: C'est fini?
Le Président (M. Séguin): ... d'abord remercier les
représentants de l'Hydro-Québec et de la Société
d'énergie de la baie James et tous les collaborateurs, ceux qui ont pris
soin de transporter les boîtes, apporter des messages, tout cela.
Je vous remercie de la collaboration que vous avez apportée pour
nous donner des renseignements et je pense qu'il n'y a pas d'endroit pour le
thème qui vient d'être discuté par le ministre et par le
chef de l'Opposition que de rester un peu dans le vague.
Il n'y a pas de meilleur temps pour dire sine die pour la commission des
richesses naturelles et des terres et forêts.
M. Giroux: M. le Président, si vous le permettez, je
remercie tous les membres de la commission au nom de l'Hydro-Québec et
de la Société d'énergie de la baie James.
(Fin de la séance à 18 h 27)