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Commission spéciale sur le problème de
la liberté de la presse
Séance du mardi 6 avril 1971
(Neuf heures trente-neuf minutes)
M. VEILLEUX (président de la commission spéciale sur le
problème de la liberté de la presse):
A l'ordre, messieurs!
Rapport du comité directeur
M. LE PRESIDENT: Suite à deux séances dont la
deuxième s'est tenue à la salle 93-A de l'Assemblée
nationale le vendredi 2 avril 1971, à 9 h 30, le comité directeur
sur la liberté de presse soumet à la commission parlementaire
spéciale sur la liberté de la presse son premier rapport.
Ledit comité soumet donc à l'approbation des honorables
membres de cette commission le programme qu'il a tracé et qui se
subdivise en cinq chapitres : 1- Le droit du citoyen à l'information; 2-
Le journaliste; 3- L'entreprise; 4- La diffusion régionale et la
rétroaction (feed back); 5- Le rôle de l'Etat.
Chapitre 1, concernant le droit du citoyen à l'information:
A) Les énoncés de postulats de base : 1) les exigences:
la presse et les pouvoirs publics: a) Obligation d'informer; La
propagande;
La distorsion;
Les omissions;
La collusion;
La conspiration du silence;
Les pressions indues;
Les pouvoirs clandestins, etc. b) La censure; c) Le libelle;
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils ont mis la libelle encore.
M. LE PRESIDENT: d) La justice;
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le libelle.
M. LE PRESIDENT: la presse et la collectivité. 2) les
limites: l'information versus la publicité et la propagande.
B) Le contenu de l'information critères
sélectifs.
C) Les modes ou méthodes d'information: conditions de
travail de l'informateur le reportage l'analyse
l'éditorial.
Chapitre 2 Le journaliste
A) La formation du journaliste
B) Le statut professionnel du journaliste
C) Le secret professionnel.
Chapitre 3 L'entreprise
Les structures de l'entreprise de presse et ses incidences
économiques. Ici, le comité directeur signale qu'il s'agit de
deux grands chapitres que le comité directeur pourra subdiviser à
la demande des membres de la commission.
Chapitre 4 La diffusion régionale et la rétroaction
ce qu'on appelle communément réaction ou "feed back".
Chapitre 5 L'Etat et la Presse.
Si vous voulez, nous pourrions discuter ce plan ou cet ordre du jour qui
a été proposé par le comité directeur et ceci
discuté, nous pourrons prendre une décision quant à la
prochaine séance et les séances subséquentes.
Le député de Deux-Montagnes.
Effort de rationalisation
M. L'ALLIER: M. le Président, je crois que les membres de la
commission pourront constater, ce matin, à la lecture du rapport du
comité directeur de la commission parlementaire, que nous avons
tenté un effort de rationalisation, si vous voulez, dans le plan de
l'étude que nous entreprenons aujourd'hui des problèmes
inhérents à la liberté de presse et d'une façon
plus précise, tel qu'indiqué par tous ceux qui ont pris la parole
jusqu'à ce jour sur cette question, des problèmes qui sont
inhérents au droit fondamental du citoyen à l'information.
Nous avons tenu compte des recommandations, des remarques et des
suggestions qui nous ont été faites par des organismes
extérieurs à la commission; nous avons, également, tenu
compte des objectifs énoncés par les représentants des
différents partis qui siègent à cette commission.
La liste des points que nous entendons étudier, ici, n'est pas
limitative en ce sens que la commission est d'accord sur ceci: à savoir
qu'il ne s'agit pas par cette commission d'éviter de
discuter des problèmes relatifs au droit du citoyen à
l'information. Il s'agit plutôt de les étudier, de les analyser
afin de permettre, d'abord à l'Etat et ensuite, à tous ceux qui
directement ou indirectement ont un effet ou une influence sur ce droit du
citoyen à l'information, afin de leur permettre, dis-je, de trouver les
moyens de protéger ce droit du citoyen à l'information, de
l'amplifier, si la chose est possible, et de faire en sorte qu'il puisse
être exercé par tous.
Les problèmes que nous avons donc abordés et le
comité directeur, je crois, M. le Président, ainsi que les
membres de la commission sont d'accord seront étudiés dans
cette optique extrêmement positive du droit du citoyen à
l'information. C'est pourquoi nous avons convenu d'étudier, d'abord, les
postulats sur lesquels nous devons nous appuyer.
Par ailleurs, au fur et à mesure de notre étude, nous nous
rendrons certainement compte que certaines questions, certains sujets
particuliers ne sont pas comme tels du ressort de la commission et n'ont pas
à être étudiés par la commission parce que,
précisément, d'autres organismes ou d'autres structures en
permettent mieux l'étude et la solution.
Je pense, notamment, au Conseil de presse qui s'est donné un
mandat.
Je pense, entre autres, à la commission parlementaire des
Communications qui aura pour rôle et qui a, comme toute commission
parlementaire, pour rôle de scruter l'action du ministère des
Communications et de tous les organismes qui en dépendent. Quoi qu'il en
soit, ce n'est pas le gouvernement qui exclura du mandat de la présente
commission l'étude des organismes gouvernementaux d'information. Nous
souhaitons qu'il soit étudié ici, si les membres de la commission
sont d'accord, au même titre, que tous les autres instruments ou tous les
autres mécanismes de communication, d'information et de données,
dans l'optique du droit du citoyen à l'information. Quant à leur
fonctionnement interne, quant à leur raison d'être, quant à
leur dimension comme instrument de communication de l'Etat, cet aspect me
paraîtrait relever davantage de la commission parlementaire des
Communications.
Budget de recherche
M. L'ALLIER: Un point qui n'a pas été soulevé, M.
le Président, par le secrétaire du comité directeur est un
point sur lequel nous nous sommes entendus, à savoir demander à
l'Assemblée nationale ou au secrétariat des commissions à
l'Assemblée nationale un budget spécifique pour fins de
recherches à cette commission. En d'autres mots, que cette commission,
parmi toutes les autres, puisse être d'une certaine façon
privilégiée et qu'elle puisse bénéficier d'un
budget, identifié, même s'il est modeste, permettant à des
recherchistes de travailler exclusivement pour la commission afin, dans un
premier temps, de compléter le travail commencé par la commission
parlementaire sur la liberté de la presse qui a siégé
précédemment sous la présidence de M. Cloutier, de faire
la synthèse de ce document, de faire rapport à la présente
commission de l'état des études faites devant cette commission
et, deuxièmement, afin d'assister la commission dans la poursuite de ses
objectifs.
Je crois que l'on pourra je ne sais pas si un tel budget est
disponible ou s'il le sera, du moins c'est la recommandation unanime du
comité que l'Assemblée nationale et que le secrétariat des
commissions mettent à la disposition de la commission un budget de
recherche spécifique... J'espère pour ma part...
M. LE PRESIDENT: Pour répondre à votre point
d'interrogation, j'avais l'occasion hier d'en glisser quelques mots au
président de l'Assemblée nationale et il m'a demandé de
lui en faire part, par écrit et il m'a dit qu'il prendrait en
très haute considération la demande qui sera faite par la
présente commission.
M. L'ALLIER: Je souhaite pour ma part, M. le Président, qu'il en
soit ainsi, parce que notre commission, compte tenu de la nature de son mandat,
pourrait difficilement faire oeuvre très utile si elle ne pouvait
disposer d'un tel budget.
Le champ d'étude à couvrir est extrêmement vaste. Je
crois cependant que la commission, sans fausse modestie, doit essayer de se
fixer une limite dans le temps pour ne pas tomber dans les excès de
délais, les excès d'étude et je crois que nous devons
d'une façon pratique, quitte à modifier cette
échéance, nous fixer comme échéance de la fin de
nos travaux au plus tard la fin de 1971, décembre 1971. Si, à ce
moment-là, nous n'avons pas terminé le travail que nous confie
l'Assemblée nationale, il sera toujours loisible de prolonger nos
séances de travail. Il serait utile, à mon avis, pour mieux
répartir nos efforts, d'essayer d'atteindre, comme objectif,
décembre 1971, pour la conclusion de nos travaux. Pour ma part, je
pourrais suggérer je crois que c'est d'ailleurs l'avis du
comité directeur que la première séance de la
commission parlementaire, suivant le plan que nous avons tracé, ait lieu
le 5 mai, le 4 ou le 5 mai prochain et que, si tel est également l'avis
de la commission, les personnes qui veulent être entendues par la
commission, en fassent la demande par écrit et déposent au moment
de leur demande les notes ou mémoires qu'elles ont l'intention de
présenter à la commission. Cela permettra aux membres de la
commission de mieux préparer leur travail en commission et ça
permettra à tout le monde de faire un travail plus utile. Merci, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
Nom de la commission
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Prési-
dent, je crois que le ministre des Communications a bien posé le
problème et a donné suite aux observations que nous avons faites.
Je souligne en passant que, sur l'ensemble des problèmes, il y avait
accord des différents partis représentés au comité
directeur et que les discussions que nous avons eues ont porté davantage
sur le problème de la distribution de sujets plutôt que sur le
choix. Ce qui a retenu notre attention au départ, ç'a
été la considération suivante. D'abord que la commission
dite sur la liberté de la presse ne porte peut-être pas un titre
exact. Il s'agit en fait du droit des citoyens à l'information que nous
allons examiner dans l'optique de la liberté en général et
par voie de conséquence, cela nous entraînera à examiner le
problème de la liberté de presse ut sic. C'est pourquoi nous
avons axé le programme de travail que nous soumettons ce matin à
l'agrément de nos collègues, membres de la commission, sur le
droit du citoyen à l'information.
Nous avons indiqué un certain nombre de postulats de base, un
certain nombre de principes qu'il faut examiner, un certain nombre de
problèmes pratiques aussi qui tiennent au fonctionnement de la presse,
au travail du journaliste, aux conditions dans lesquelles il est obligé
de travailler.
Nous avons sérié les problèmes en insistant d'abord
sur les questions de principe. Le ministre a noté nous en sommes
heureux que la commission pourra requérir l'avis de
spécialistes et particulièrement confier des travaux de recherche
à des spécialistes dans le cadre d'un budget qui
souhaitons-le sera assez généreux pour nous donner une
certaine liberté d'action.
Le ministre a également indiqué l'intention de la
commission d'examiner le problème que pose l'existence d'organismes
d'Etat qui, directement ou indirectement, accomplissent une tâche qui est
reliée à la fonction de l'information.
Au sujet de l'échéancier, du calendrier de travail, dont
nous avons parlé, nous avons cru devoir demander à nos
collègues de la commission d'accélérer, autant que faire
se peut, le travail afin que ces auditions et ces études de la
commission soient terminées en décembre 1971, ce qui est
peut-être un peu ambitieux, mais il fallait quand même
déterminer un moment, afin que chacun se rende compte que nous ne sommes
pas ici pour nous livrer à des exercices académiques, mais bien
pour procéder à un travail pratique.
Je voudrais, M. le Président, insister encore une fois sur ce que
j'ai déjà dit, à savoir que cette commission a l'intention
de travailler avec la plus grande objectivité, et que cette commission
ne sera pas un tribunal, que nous n'accepterons pas quant à moi
je n'accepterai pas que qui que ce soit soit mis en accusation.
C'est pour cela que nous avons formulé nos propositions d'une
façon très générale écartant certains sujets
particuliers auxquels nous pourrons faire allusion sans pour autant examiner
à fond des questions qui nous obligeraient à mettre en cause des
personnalités ou à mettre en cause nommément des journaux
en particulier, des stations de radio, de télévision ou quelque
organisme que ce soit qui s'occupe de l'information.
J'ai donc l'impression et la conviction, M. le Président, que ce
programme de travail pourra être agréé par les
collègues membres de la commission, sous toute réserve, bien
entendu, des suggestions qu'ils pourront bien nous faire. Pour ma part, je suis
satisfait du programme qui nous est proposé. Programme, d'ailleurs, qui
a été préparé par les membres du comité
directeur et qui est soumis ce matin en leur nom.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Portneuf.
M. DROLET: M. le Président, le ministre et le
député de Chicoutimi ont pas mal couvert tout le sujet. Le plan
que le comité directeur soumet ce matin à la commission est un
plan, dans l'ensemble, très acceptable qui couvre le sujet de
façon assez large. Lorsque les cinq points que le comité
directeur soumet à la commission seront étudiés de
façon objective et sérieuse, à ce moment-là, on
pourra dire: La commission a rempli le rôle qu'elle avait à
jouer.
Je souhaite également, comme les deux autres membres de la
commission qui m'ont précédé, que nous ayons un budget
à la disposition de la commission afin que nous puissions faire un
travail encore plus sérieux et plus objectif.
Quant à la fin des travaux pour la fin de l'année 1971, je
suis complètement d'accord car dans n'importe quoi plus on trame quelque
chose, plus ça devient une chose qui ne finit pas. J'espère que
les travaux seront accélérés. Quant aux premières
séances des 4 et 5 mai, je suis parfaitement d'accord. En ce qui nous
concerne, je peux dire que nous sommes disposés et que nous sommes
prêts à entendre des experts qui demanderont de se faire entendre
à cette commission. Nous continuons à espérer que ce
travail apportera des fruits. Si ce travail se fait comme il a commencé,
c'est-à-dire du travail sérieux et objectif, je pense que la
commission jouera le rôle qu'elle a à jouer.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, dans l'esquisse de ce plan directeur,
comme cela a été dit jusqu'ici, le comité directeur a
voulu tracer un cadre assez vaste pour que tous les problèmes puissent
être abordés. Si on remarque les cinq grandes têtes de
chapitre, on verra que ceci permettra aux organismes volontaires, aussi bien
qu'aux membres de la commission, d'abor-
der tous les problèmes qui ont pu prêter à
controverse au cours des dernières années, dans
l'atmosphère un peu survoltée que connaît le Québec
depuis une dizaine d'années.
Je regrette cependant pour ma part que le compte rendu ne corresponde
pas tout à fait à ce qui avait été convenu lors des
deux réunions, en ce sens qu'il me semble privilégier certains
aspects comme par exemple: propagande, distorsion, omissions, collusion,
conspiration du silence. Tout cela était des exemples que nous avons
donnés, qui montrent que l'information peut être gauchie ou mal
orientée, ou encore que l'information doit être distinguée
de ces contrefaçons.
Je ne voudrais pas que les parlementaires aient l'impression que nous
voulons étudier séparément chacune de ces
contrefaçons ou chacun de ces gauchissements. Ils ne sont là
qu'à titre d'exemples et n'ont pour but, en somme, que de mieux
distinguer ce qu'est l'information d'une part au point de vue positif, et ces
contrefaçons. Par ailleurs, je crois qu'on n'a peut-être pas
souligné assez, dans le compte rendu, ce que le comité directeur
avait dit sur le rôle de l'Etat.
A 5, l'Etat et la Presse, ce sur quoi le comité directeur
s'était entendu, c'était de distinguer les divers droits et les
divers rôles de l'Etat. Il me semble qu'on s'était entendu sur la
formulation suivante: l'Etat, son droit, son rôle, ses instruments et ses
méthodes; montrant par là que l'Etat pouvait avoir un rôle
de législateur, que l'Etat pouvait aussi avoir un rôle
d'entrepreneur, et que l'Etat avait de plus en plus à sa disposition des
instruments puissants qui ne sont pas simplement de la législation ou
des arrêtés ministériels, mais également certains
organismes, certaines agences comme Radio-Québec, l'Office du film,
l'Office d'information et de publicité. Il s'agissait pour cette
commission d'étudier la façon dont l'Etat pouvait s'acquitter au
mieux de ses divers rôles de législateur et d'entrepreneur, pour
la protection et l'information du public.
Je voudrais que ceux qui assistent à cette commission sentent
bien qu'ils ont le droit, ou de présenter des mémoires, ou
d'émettre des opinions sur ces divers rôles et ces divers devoirs
de l'Etat.
M. LE PRESIDENT: II y a aussi...
M. LAURIN: Et, en même temps, je crois que, si l'Etat
apparaît à la fin en tant que dernier chapitre de nos
délibérations, c'est qu'à la fin des travaux de cette
commission, il y aura des recommandations faites par la commission et qui
s'adresseront justement à l'Etat. Il reviendra à l'Etat de
prendre les divers moyens, les meilleurs moyens de mettre à
exécution les diverses recommandations que la commission pourra lui
faire.
Quant à l'échéancier, il est évident que
nous étions tous d'accord au comité directeur pour que les
travaux soient menés le plus rondement possible. Je pense que nous
avions pris un moyen à cet effet lorsque le comité directeur
voulait proposer à la commission que celle-ci se réunisse toutes
les trois semaines en principe afin qu'il y ait la plus grande
continuité possible entre les diverses séances et que ceux qui
doivent présenter des mémoires sachent bien que ceci est une
entreprise de longue haleine où il y aura quand même une
continuité dans l'effort et un sens dans l'effort.
Je fais le souhait, en terminant, qu'en étudiant les cinq sujets
que nous avons mentionnés, de la façon que nous voulons le faire,
nous puissions contribuer au Québec à l'assainissement de la
démocratie et au progrès de la démocratie.
M. LE PRESIDENT: Avant de donner la parole à l'honorable
député de Montmagny, parce qu'il me l'a demandé, si on
regarde le droit du citoyen à l'information on retrouve formulé
ou présenté peut-être un peu différemment
exactement tout ce qui s'était dit à la deuxième
séance du comité directeur.
On avait parlé, par exemple, dans l'énoncé de
postulats de base: les exigences et les limites. Pour exigences, nous avions
parlé de presse et pouvoirs publics, presse et collectivité, les
limites, publicité, propagande, collusion, etc. Pour ce qui est des
méthodes, on avait retrouvé les reportages, analyse et
éditorial.
Cependant, lorsqu'on arrive au chapitre 4, et cela inclut, lorsque
nous l'indiquons, la diffusion régionale ou la rétroaction
nous mentionnons ici, implicitement, qu'il y aura discussions sur les agences
et sur les services de messagerie, etc. Finalement, il y a le chapitre 6
je l'ai oublié involontairement où on avait dit
qu'il y aura synthèse et recommandations, en conséquence,
à l'Assemblée nationale et au gouvernement.
Il s'agirait d'ajouter un chapitre 6: Synthèse et
recommandations.
M. LAURIN: Vous comprenez, M. le Président, je m'étais un
peu opposé à la façon dont A) avait été
rédigé parce qu'à la première lecture on a
l'impression, même si le député de Chicoutimi a dit qu'on
ne veut pas faire de procès, en lisant ce chapitre, qu'il y aura des
mises en accusation, qu'on veut dénoncer...
M. LE PRESIDENT: A la première séance de la commission
parlementaire sur la liberté de la presse, l'honorable
député de Chicoutimi avait dit lui-même, à ce
moment-là, que pour aucune considération il n'accepterait qu'il y
ait procès de part et d'autre et je crois que tous les membres de la
commission s'étaient entendus sur ce point dès la première
séance.
M. LAURIN: II ne faut pas mettre l'accent sur les péchés
mais surtout sur les vertus.
M. LE PRESIDENT: C'est ça. L'honorable député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: Pourquoi pas plus souvent à l'endroit du
député des Iles-de-la-Madeleine?
M. le Président, je voudrais dire un mot à la suite du
député de Montmagny.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
M.TREMBLAY (Chicoutimi); Ce sont les plus pécheurs.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plait!
M. LACROIX: Que celui qui n'a pas péché jette la
première pierre.
Travaux antérieurs
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, après cette
conversation de temps du carême et ces remarques qui ont trait au
péché, je voudrais parler particulièrement de
l'utilisation que l'on fera des travaux antérieurs. On a fait allusion
tantôt aux travaux faits par la première commission. A cette
commission, plusieurs opinants sont venus déposer des mémoires.
Egalement, des travaux ont été faits par la commission
parlementaire, le comité parlementaire mixte à Ottawa sous la
présidence du sénateur Davey, et qui a conduit à la
publication du rapport qui porte le même nom.
J'ai eu l'occasion, au cours des travaux de la première
commission, de rencontrer les sénateurs Davey et Beaubien, dont l'un
était président et l'autre vice-président de la
commission. A leur demande, nous leur avions transmis tous les documents,
toutes les expertises, tous les travaux de notre commission afin de faciliter
leur travail. Je me demande, à ce moment-ci, étant donné
qu'on a parlé de budgets, d'expertises et de recherches, si des contacts
ont déjà été établis avec la commission
fédérale afin que l'on mette à notre disposition des
travaux déjà effectués, des recherches déjà
effectuées qui pourraient nous être utiles de façon
à simplifier notre travail. Après compilation de ces travaux
déjà effectués, après synthèse, la
commission pourrait retenir ce qui pourrait lui être utile. Je pense que
cela pourrait faciliter notre travail.
Comme dernière observation, je remercie le comité
directeur d'avoir tenu compte dans sa présentation, dans le cadre du
travail qui nous est tracé et qui est très bien fait, des
observations extrêmement judicieuses qu'avait présentées
antérieurement le député de Chicoutimi qui, dans les
travaux de notre commission parlementaire, et c'est évident à ce
moment-ci, va apporter une contribution extrêmement précieuse.
Je pose la question au ministre ou au président de la commission
: Est-ce que déjà des contacts ont été
établis par le secrétariat de la commission afin que nous ayons
à notre disposition tous les travaux, les recherches et les expertises
qui ont été faits par la commission Davey?
M. L'ALLIER: M. le Président, sur ce point, les contacts
devraient être pris au cours des prochains jours pour que les membres de
la commission disposent du maximum de documentation et d'informations
pertinentes qui ont été déposées ou
présentées à la commission Davey. Je souligne, toutefois,
si ma mémoire est bonne, que j'ai déjà fait parvenir,
avant même le début de cette commission, l'ensemble des travaux de
la précédente commission québécoise sur la
liberté de la presse à chacun des membres de la commission. Si
des membres de cette commission ou des députés de
l'Assemblée nationale n'avaient plus ces documents ou souhaitaient en
avoir de nouveaux exemplaires, je pourrais leur en fournir ou leur en faire
faire des copies. H s'agit, vous vous en souvenez, d'une masse de documents
assez volumineuse, qui représente plusieurs milliers de pages.
M. LACROIX: M. le Président, avec votre permission, je voudrais
mentionner à l'honorable ministre que, n'étant pas membre de la
commission, je serais tout de même intéressé à
recevoir cette documentation.
Je pense que les 108 députés de l'Assemblée
Nationale devraient aussi recevoir la documentation concernant l'information de
la presse, parce que les 108 députés sont impliqués. Si je
me permets d'intervenir à ce moment-ci, M. le Président, c'est
que cette charmante commission a été convoquée à la
demande de la Fédération des journalistes, à la suite de
certaines déclarations que je m'étais permis de faire. Je crois
que l'honorable député de Chicoutimi, tantôt, a mis le
doigt sur le bobo exact. Ce n'est pas la liberté ni des journalistes ni
des députés, mais c'est le droit à l'information
honnête, réelle, exacte et objective pour la population. A ce
moment-ci, ce n'est pas la protection ni des journalistes ni des
députés que l'on doit rechercher, mais la protection de la
population afin qu'elle reçoive une information qui soit la plus exacte
possible.
Conseil de presse
M. LACROIX: Quant à moi, je voudrais bien, lors de la prochaine
réunion, que le Conseil de presse qui a été formé
nous fasse un rapport de ses activités, de l'avancement des
études qu'il a poursuivies. J'ai toujours vu les journalistes à
la fin d'une session il arrive toujours que le gouvernement
présente certains projets de loi qui sont étudiés plus
rapidement nous reprocher de passer des projets de loi à la
vapeur. Eux, naturellement, ne pèchent jamais de cette
façon-là; ils sont arrivés la veille de la première
réunion de cette commission
avec le Conseil de presse, avec beaucoup d'éclat, beaucoup de
publicité. Là on avait formé ce qui allait assurer la
survie des journalistes du parlement et de l'information pour la
population.
Je serais grandement intéressé à savoir si ce
Conseil de presse a eu un lendemain, parce que nos lois, même si elles
sont votées à la vapeur les derniers jours de la session, ont un
lendemain. Je voudrais bien savoir, moi, si le Conseil de presse a eu un
lendemain. Les critiques voudront bien que l'on se permette de les critiquer
à l'occasion. Quant à moi, mes chers amis les journalistes diront
ce qu'ils voudront, ils ne m'empêcheront pas de faire mon devoir et je me
réserve le droit de les critiquer à l'occasion, quitte à
ce qu'ils écrivent ce qu'ils voudront. Que voulez-vous, M. le
Président, quand les journalistes écrivent, cela se répand
dans les journaux! Etes-vous capable d'arrêter les égouts de la
ville de Montréal de couler?
De toute façon, je me demande si un budget très vaste
permettra de faire un travail plus efficace. Je pense que si on se
prévalait des travaux qui ont été faits alors que
l'honorable député de Montmagny était président
d'une commission qui avait étudié cette situation-là, les
travaux qui ont été faits à Ottawa, et si tout le monde y
mettait un peu du sien, il y aurait peut-être une possibilité
d'obtenir de chacun un travail honnête afin de permettre à la
population de recevoir l'information à laquelle elle a droit.
Quant à moi, je ne suis pas membre de la commission, on ne m'a
pas fait cet honneur-là, parce que j'étais directement
impliqué, mais j'aimerais bien, je le répète, M. le
ministre, recevoir toutes les informations que vous distribuerez aux membres de
la commission et je crois que tous les députés seraient
intéressés, parce qu'à plus ou moins brève
échéance, nous serons tous embarqués dans le même
bateau.
M. LE PRESIDENT: Pour répondre à votre première
question, à savoir recevoir la documentation, jusqu'ici, nous avons
reçu une immense brique de tous les mémoires qui avaient
été déposés à la commission Cloutier;
maintenant, si nous avons le recherchiste ou si vous voulez, les personnes
à notre disposition...
M. LACROIX: Qu'ils en fassent des résumés.
M. LE PRESIDENT: A ce moment-là, on pourra peut-être
envoyer des résumés à tous les membres et à
l'avenir, lorsqu'il y aura de la documentation, nous pourrons l'acheminer aux
membres de l'Assemblée nationale. Je crois que, physiquement, je ne sais
pas, à moins que le ministre puisse dire qu'il mettra en branle les
presses du ministère des Communications pour imprimer et redistribuer
tous ces mémoires-là, je crois que...
M. LACROIX: Peut-être qu'une fois imprimé ce serait
suffisant.
Synthèse des travaux
M. L'ALLIER: M. le Président, je voudrais tout simplement faire
quelques observations. D'abord, il est évident que le
député des Iles-de-la-Madeleine recevra l'ensemble de la
documentation qui a été déjà distribuée aux
membres de la commission. Pour ce qui est de faire parvenir cette même
documentation à tous les députés de l'Assemblée
nationale, à ce stade-ci, je n'ai pas d'objection sur le principe. Je me
pose toutefois des questions sur le plan technique. Est-ce que c'est vraiment
utile? Je préférerais à ce moment-ci que les
députés qui sont informés des travaux de cette commission
et qui sont intéressés à avoir le texte intégral de
toutes les déclarations déposées à la
présente commission en fassent la demande et que, à
ceux-là, nous fassions parvenir de tels documents. Par ailleurs, il est
évident que, si le président de l'Assemblée nationale
accède à notre demande d'accorder à cette commission un
budget de recherche, un des premiers travaux de ce comité de travail ou
de ce comité de recherche sera de faire la synthèse des travaux
présentés à la précédente commission. Sur le
plan technique, il m'apparaîtrait utile que ces travaux de
synthèse, comme les travaux de recherche qui pourront être faits
dans le cadre de la commission soient distribués à l'ensemble des
députés.
Je voudrais, deuxièmement, faire une autre remarque sur le
Conseil de presse pour bien éclairer les députés sur ce
sujet. Le Conseil de presse a été formé après
évidemment plusieurs mois, j'allais dire plusieurs années de
discussion. Il n'est pas formé par les journalistes uniquement. H est
formé conjointement par le public d'une part, deuxièmement les
entreprises de presse et troisièmement, les journalistes. Ce sont
évidemment les entreprises de presse et les journalistes qui en ont pris
l'initiative et qui ont conclu à cet effet une entente. Or, il ne s'agit
pas d'un conseil des journalistes. D ne s'agit pas d'un conseil de la
Fédération des journalistes, mais bien d'un Conseil de presse
regroupant dans un premier temps les entreprises de presse et les journalistes
et devant regrouper également c'est son premier mandat une
troisième partie qui est la population, par des
représentants.
M. LACROIX: Cela ne compte pas, de toute façon.
M. L'ALLIER: A la première réunion de cette comission,
vous vous souviendrez que M. Bureau, si ma mémoire est exacte, de
même que M. Gariépy, ont fait le point sur le Conseil de presse.
Ils ont même donné son calendrier de travail et son
échéancier. On pourrait savoir, bien sûr, dès la
prochaine réunion, si ce calendrier de travail et si cet
échéancier sont respectés, mais si ma mémoire est
exacte, c'était vers le mois de juin que l'on prévoyait
procéder
à la cooptation ou à la nomination de membres du public au
Conseil de presse et qu'à partir de là, le Conseil de presse
pourrait commencer à fonctionner.
Troisièmement, vous me permettrez, M. le Président, de
faire quelques commentaires, suite aux remarques du député de
Bourget. Je suis d'accord avec lui pour considérer que les points
indiqués sous l'article 1-A le sont à titre indicatif et à
la fois pour montrer la complexité du problème et aussi ses
limites.
Il ne faudrait pas dans le document de travail du comité
directeur, considérer qu'il s'agit ici d'une série de
décisions intangibles ou inchan-geables. Au contraire, c'est un premier
cadre de travail qui sera sûrement redéfini au fur et à
mesure du fonctionnement de la commission. S'il paraît utile à la
commission que son comité directeur se réunisse de nouveau
à intervalles pour réévaluer les travaux de la commission,
le calendrier et le plan de travail, je crois que nous serons heureux
ceux qui ont participé au comité de travail de le faire,
de rajuster, si vous voulez, les lignes de force du document que nous avons
préparé conjointement. De travailler ainsi parce que c'est
l'objectif qu'il faudra poursuivre à tout moment, envers et contre tous,
et envers et contre tous les événements, celui de voir de quelle
façon l'Etat, les media d'information, les journalistes peuvent
travailler, de telle sorte que le citoyen bénéficie le plus
largement possible de son droit à l'information et à la
communication; c'est-à-dire plus que l'information dans un sens vers le
citoyen, mais aussi celui de communiquer avec l'Etat, avec les media pour qu'il
existe un véritable échange, une information conjointe, si vous
voulez.
C'est ainsi que, sur le point 5, le député de Bourget a
mentionné qu'on avait peu élaboré, que nous n'avions pas
élaboré du tout l'Etat et la presse. Je voudrais confirmer, pour
le bénéfice des membres de la commission, que nous avons convenu
effectivement qu'il fallait étudier, à ce moment-là, les
droits de l'Etat, son rôle, ses instruments, ses méthodes en
matière d'information et de communication.
Nous ne l'avons pas précisé ici, soit par oubli, soit tout
simplement parce qu'au fur et à mesure des travaux de la commission,
comme cet article vient à la fin, c'est en définitive, la suite
des travaux qui vont préciser davantage le contenu de cet avant-dernier
chapitre de nos travaux, étant donné que le dernier chapitre est
la conclusion et les recommandations au gouvernement. Recommandations qui
pourront par ailleurs s'adresser au Conseil de presse, qui pourront s'adresser
aux entreprises de presse ou qui pourront s'adresser, si la chose
s'avère utile, même à la Fédération des
journalistes.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Prési- dent, faisant suite aux
observations de mes collègues, je désirerais d'abord faire
observer que les travaux antérieurs de la commission ont porté
sur le sujet des monopoles de presse, sur l'organisation de la presse et sur ce
qu'on appelait les monopoles. Nous n'avons pas cru devoir porter ce
problème à l'ordre du jour dès le départ, dans ce
projet de travail, de calendrier que nous avons soumis, parce qu'il nous
paraissait que l'essentiel était d'abord de faire ressortir cette
exigence du droit du public à l'information; les entreprises de presse
n'étant dans cette optique-là que des moyens d'assurer au public
l'information à laquelle il a droit.
Nous avons parlé, à ce moment-là, au comité
directeur de travaux de recherche qui nous permettraient de faire la
synthèse de ce qui s'est fait auparavant à la commission sur la
liberté de la presse et de soumettre ensuite ces travaux à
l'étude de la commission qui pourra porter certains jugements ou
reprendre en partie les recherches qui avaient été faites et
formulées à ce propos de recommandations.
En ce qui concerne le Conseil de presse, ce sujet sera abordé
lorsque nous parlerons de l'entreprise de presse puisque cela fait partie de
l'ensemble des structures qui, de près ou de loin, touchent à ce
qu'on appelle d'une façon générale "les entreprises de
presse". Du reste le ministre vient de le souligner le Conseil de
presse nous a indiqué qu'il avait établi un calendrier de travail
et qu'au fur et à mesure on nous renseignerait sur l'évolution de
ce Conseil de presse, qui, éventuellement, si la commission le
désire et si les membres de ce Conseil de presse le désirent,
sera appelé à comparaître devant la commission. Par
conséquent, le sujet n'a pas été oublié. Il
apparaît au chapitre 3, sous la rubrique générale de
"L'entreprise de presse".
Au sujet des observations qu'a faites le député de
Bourget, je suis tout à fait d'accord avec lui. Il y a peut-être
ici, dans le document que nous avons, non pas imprécision mais on a tout
simplement gardé un chapitre général, étant bien
entendu que, sous cette rubrique "L'Etat et la presse", les questions du droit,
du rôle, des méthodes d'information de l'Etat et aussi cette phase
finale que nous n'avons pas indiquée comme devant être un
chapitre, il y a la synthèse et les recommandations que fera la
commission à l'issue de ses auditions et de ses travaux.
Il m'apparait donc que le programme de travail que nous avons est
très considérable, qu'il touche à tous les aspects de ce
droit du public à l'information. Il y a l'ordre des faits et il y a
l'ordre des moyens. Nous avons justement sérié les
problèmes afin d'examiner d'abord les fins la fin c'est le droit
du public à l'information et ensuite, les moyens, tous les gens,
tous les organismes, tous les mécanismes techniques qui d'une
façon ou de l'autre procurent aux citoyens cette information.
Je ne crois Das, pour ma part, que les
membres de la commission doivent se sentir limités puisque les
têtes de chapitre sont suffisamment larges pour que nous puissions
examiner chacun des aspects et que nous puissions évoquer, le cas
échéant, certains aspects particuliers que les membres de la
commission pourront vouloir évoquer.
J'ajoute ceci à l'intention de mon collègue des
Iles-de-la-Madeleine que, quelles que soient nos opinions, nos attitudes
à l'endroit de la presse, si les travaux de cette commission doivent
aboutir à des recommandations pratiques, concrètes et à
une formulation du rôle de l'Etat et de son attitude à l'endroit
de la presse, cette commission doit éviter de prêter flanc
à des critiques. Pour cela, il est absolument essentiel que nous
écartions toute volonté de faire à qui que ce soit des
procès. Ce qui ne nous interdit pas pour autant d'examiner très
clairement et très franchement certains aspects pratiques des questions,
sans toutefois mettre en cause, nominalement, des individus, des journaux et
quelques moyens de diffusion que ce soit.
M. LACROIX: M, le Président, je suis parfaitement d'accord avec
le député de Chicoutimi quand il dit que nous ne devons limiter
les droits d'aucun individu ou d'aucune association quelconque. Je crois
personnellement, je l'ai déjà dit à plusieurs reprises
mais on n'a pas relevé ces propos parce que ce n'était pas
intéressant pour la manchette que le journaliste a un rôle
essentiel à accomplir, que le journaliste a un travail très
difficile à exécuter. C'est difficile d'être objectif. Je
suis le premier à m'en rendre compte. Il reste tout de même que le
journaliste ayant la responsabilité d'informer la population, encore
plus qu'un député qui, lui, peut toujours être jugé
à certaines périodes par l'ensemble de la population tandis que
le journaliste n'a qu'à écrire et à rapporter des faits,
doit le faire de la façon la plus objective possible.
Je pense que si la commission veut arriver, dans un délai
relativement court, raisonnable, à soumettre des recommandations, elle
devra tenir compte des témoignages entendus à la commission
Cloutier, et aussi à Ottawa. Je pense qu'on ne devrait pas perdre notre
temps, quand on parle des entreprises de presse, à savoir si la
propriété, par le même groupe ou les mêmes
intérêts, d'un certain nombre de média d'information, cela
brime de quelque façon l'information à laquelle la population a
droit.
Vous allez prendre le journal La Presse à Montréal, par
exemple, où vous avez treize syndicats qui sont dans la boîte, Que
ce soit Power Corporation, que ce soit le député de Chicoutimi ou
des Iles-de-la-Madeleine qui en soit le propriétaire, il n'y a pas
grand-chose à voir dans l'administration, parce qu'à la moindre
petite affaire, si l'entreprise veut intervenir, il y a une grève qui va
se déclencher, une grève qui peut être
déclenchée à n'importe quel moment.
M. LAURIN: J'aurais une question à poser au député
des Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: A ce moment-ci, le syndicat est plus fort que le
propriétaire. Les entreprises Péladeau, par exemple, qui sont
toujours à critiquer le gouvernement et à critiquer n'importe
quoi, sont des entreprises qui n'acceptent pas de syndicat chez elles; ce sont
celles qui essayent de détruire le rôle que nous pouvons jouer
à un certain moment.
L'entreprise elle-même, le propriétaire du journal, quant
à moi, d'après les connaissances que j'ai, les discussions que
j'ai eues avec certains propriétaires d'entreprises considérables
de journaux, ces propriétaires-là ne dirigent même pas la
page éditoriale.
On doit regarder le problème de la presse dans son ensemble. Ce
sera toujours, je pense, la responsabilité d'individus qui rapporteront
les faits tels qu'ils les voient, tels qu'ils les perçoivent. A ce
moment-là je crois qu'un journaliste est honnête lorsqu'il
rapporte les faits tels qu'il les perçoit ou tels qu'il les
conçoit. Mais lorsqu'il les déforme, je pense qu'à
l'article 4, j'aurais...
M. LAURIN: Pendant que vous cherchez, pourrais-je vous poser une
question?
M. LACROIX: Certainement.
M. LAURIN: Quand vous dites que les syndicats ne peuvent pas... il y a
tellement de syndicats dans une entreprise de presse que le propriétaire
n'a plus de contrôle sur sa page éditoriale. Que pensez-vous, par
exemple...
M. LACROIX: Je n'ai pas dit qu'il n'y avait plus de contrôle, j'ai
dit qu'il n'y en avait presque pas.
M. LE PRESIDENT: J'aimerais, s'il vous plaît, vous rappeler
à l'ordre. Ce matin, nous nous réunissons pour décider de
l'ordre du jour soumis par le comité directeur. Je ne crois pas qu'il
soit ce matin dans l'ordre de discuter de points à l'intérieur,
d'amorcer la discussion...
M. LACROIX: Je n'ai pas d'objection, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A quelque endroit que ce soit à
l'intérieur, j'aimerais bien qu'on revienne, si les membres de la
commission le veulent bien, au sujet même qui est celui de l'acceptation
de l'ordre du jour...
M. LAURIN: J'ai seulement une question que je voudrais poser sur
l'exposé du député des Iles-de-la-Madeleine...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que vous me
permettez de souligner ici que le problème que pose le
député des
Iles-de-la-Madeleine, nous allons l'étudier au chapitre 3 :
L'entreprise?
M. LACROIX: Un et quatre.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Savoir s'il existe des monopoles, si le
monopole nuit à l'information à laquelle le public a droit, et
si, d'autre part, par l'existence d'un monopole ou par l'existence de syndicats
qui seraient trop forts puisque vous avez évoqué ce
cas-là cela aussi pourrait nuire à la qualité,
à l'objectivité de l'information et priverait ainsi le citoyen de
ses droits. Donc à ce chapitre 3, il nous sera loisible d'examiner ces
deux aspects qui, au fond, se conjuguent: Est-ce que c'est l'entreprise de
presse qui empêche le journaliste de donner une bonne information? Ou
est-ce que c'est l'organisation du journalisme ou des journalistes à
l'intérieur d'une entreprise de presse qui empêche le journal de
donner une bonne information et de servir le citoyen, puisque notre objectif,
c'est le service aux citoyens?
M. LE PRESIDENT: Alors, si vous voulez, nous allons revenir au
sujet...
M. LAURIN: Je vais garder ma question pour une autre fois.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les membres de la commission acceptent le
plan proposé, l'ordre du jour proposé par le comité
directeur?
M. LACROIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Je tiens pour acquis qu'il y a unanimité.
Deuxièmement, les membres de la commission avaient formé,
à la première séance, un comité directeur pour
faire ce plan-là, l'ordre du jour et l'échéancier. Est-ce
que les membres de la commission acceptent que ce comité directeur
continue d'exister, au cas où nous en aurions besoin au cours de nos
discussions pour reformuler, refaire, rajuster ce plan directeur?
M. LACROIX: Je pense que le comité directeur a fait un excellent
travail et qu'il doit continuer à exister pour accélérer
les travaux.
M. LE PRESIDENT: Je tiens pour acquis que les membres de la commission
acceptent.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord!
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les membres de la commission acceptent que
la prochaine réunion, la première portant sur le chapitre 1 : Le
droit du citoyen à l'information, se tienne mardi le 4 mai 1971 à
10 heures?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. M. LAURIN: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Et qu'en principe, on accepte qu'il y ait une
séance à toutes les trois semaines?
M. L'ALLIER: A jour fixe et à heure fixe.
M. LE PRESIDENT: A jour fixe et à heure fixe, à partir du
mardi 4 mai. Cela va?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cette proposition, nous l'avons soumise
précisément pour occuper le terrain au cas où il y aurait
d'autres commissions qui voudraient prendre la place à ce
moment-là.
M. LE PRESIDENT: POur permettre aussi... Il y a trois semaines...
M. LACROIX: Si vous me permettez. Il faudrait faire attention.
Justement, ce matin, depuis 10 heures, la commission des bills privés et
des bills publics siège. Je pense qu'il faudrait essayer d'éviter
qu'un trop grand nombre de commissions siègent en même temps, ce
qui prive les députés de l'occasion de venir entendre des points
de vue qui sont fort intéressants sur des problèmes très
importants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous savez, M. le député, que
pour que la Chambre siège en même temps que certaines commissions,
il y a toujours cette règle de l'unanimité. Alors, si, à
un moment donné on est un peu embarrassé, on pourra dire non.
M. LACROIX: Quand j'étais dans l'Opposition, je me suis plaint de
cette situation et cela ne semble pas se corriger!
M. LE PRESIDENT: Cela revient au sujet qui me préoccupe ce matin.
Afin de permettre aux députés de la présente commission
d'assister à d'autres commissions qui les intéresseraient, est-ce
que avant d'ajourner je puis indiquer que les parties intéressées
à témoigner devant la présente commission parlementaire
doivent d'avord demander à être entendues et fournir le texte de
leur mémoire en vingt exemplaires, au minimum, au secrétaire de
la commission pour que celui-ci puisse les acheminer aux membres de la
commission? Et tel que l'a stipulé tout à l'heure le ministre des
Communications et de la Fonction Publique, que le texte des mémoires
soit présenté au moment où les parties demandent à
être entendues afin de permettre aux membres de la commission de prendre
connaissance des mémoires et d'éviter que les témoins
relisent le texte du mémoire, ce qui allonge indûment les
séances des différentes commissions.
La séance est ajournée au mardi 4 mai 1971, à 10
heures.
(Fin de la séance: 10 h 33)