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Commission spéciale sur le problème de
la liberté de la presse
Séance du jeudi 22 juin 1972
(Dix heures treize minutes)
M. PILOTE (président de la commission spéciale sur le
problème de la liberté de presse): A l'ordre, messieurs !
Avant de commencer la séance, M. Paul Lafrance,
député de Rivière-du-Loup remplace M. François
Cloutier et M. Larivière, député de Pontiac, remplace M.
L'Allier, député de Deux-Montagnes.
M. Jacques Veilleux sera le rapporteur officiel de cette commission, si
vous n'avez pas d'objection.
M. DROLET: Unanimité.
M. LE PRESIDENT: Nous allons procéder de la façon
suivante: Vu que M. Veilleux a été responsable de cette
commission, nous allons d'abord lui céder la parole, quitte ensuite
à ce que chacun des partis procède et donne ses impressions comme
on le fait d'ailleurs dans toutes les commissions. Est-ce que vous êtes
d'accord? La parole est au député de Saint-Jean.
Activités de la commission Recherche
M. VEILLEUX: M. le Président, lors de la quatrième
réunion de la commission, soit le 11 mai 1971, le président de
l'Assemblée nationale mettait à la disposition de la commission
une somme de $70,000 pour fins de recherche. La commission a
procédé ce même jour à l'engagement d'un directeur
de la recherche payé à même ce budget de la commission. Du
24 juin au 1er septembre, le bureau de recherche a utilisé les services
d'une assistante de recherche pour faire un relevé systématique
des informations touchant au problème de la presse pour fins de
documentation.
Du 1er septembre 1971 au 31 mars 1972, un assistant de recherche
poursuit le même travail de documentation en plus d'aider à la
préparation d'un document de synthèse vu les travaux de la
précédente commission qui a siégé en 1969. Lui
aussi est rémunéré à même le budget de la
commission.
Deux contrats de recherche avaient alors été
accordés. L'un à la faculté de droit de
l'université Laval, portant sur les aspects juridiques du secret
professionnel, l'autre à SORECOM, portant sur un inventaire des moyens
d'information au Québec et une enquête systématique sur ce
que le public pense des moyens d'information dont il dispose. Le directeur de
la recherche a participé à plusieurs séances de travail,
soit à Montréal ou à Québec avec SORECOM, afin de
mettre en marche ce ou ces projets. J'aimerais, M. le Président, ce
matin, faire remettre aux membres de la commission trois documents sur la
liberté de presse au Québec. Un premier est le rapport
préliminaire des travaux de la commission de 1969 qui est la
synthèse de tous les mémoires déposés en 1969
devant la commission Cloutier.
Un deuxième document, l'enquête sur la diffusion de
l'information au Québec, travail qui a été fait par la
société SORECOM. Un troisième document, les aspects
juridiques du secret professionnel du journalisme, fait par l'université
Laval, la faculté de droit, M. Reid.
Mémoires
M. VEILLEUX: J'aimerais, M. le Président, indiquer aussi que pour
faire suite aux décisions prises à une séance
antérieure je crois que c'est le 24 août 1971 une
invitation officielle a été envoyée à une vingtaine
d'organismes pour déposer des mémoires et, un peu plus tard, au
cours de la présente séance, je pourrai faire rapport des
réponses reçues par ces organismes. J'aimerais, M. le
Président, suggérer aux membres de la commission un plan de
travail pour ce matin qui serait le suivant. D'abord, la réception des
rapports que je viens d'énumérer avec quelques explications que
pourrait nous donner le directeur des recherches, M. Beausoleil, puisqu'il a
travaillé de très près avec SORECOM et avec la
faculté de droit de l'université Laval. Il y aurait aussi
à discuter de la deuxième partie des travaux que nous avions
donnée à la société SORECOM qui est l'enquête
téléphonique, enquête à l'aide d'entrevues
auprès de la population dans toute la province. Il y aurait aussi, avec
SORECOM, à discuter d'un projet d'illustrations cartographiques et une
approbation d'échéancier pour ces travaux que pourrait terminer
SORECOM.
En deuxième lieu, M. le Président, je pourrais faire un
rapport des invitations, dire qui nous avions invité à
l'époque à déposer des mémoires, combien de
mémoires ont été reçus, les délais qui
avaient été accordés pour le dépôt de ces
mémoires et rappeler aux membres de la commission une décision
prise à l'époque à l'effet que nous ne ferions pas de
séance publique de la commission tant et aussi longtemps que les
mémoires ne seraient pas tous déposés. Et ici, il serait
peut-être bon ce matin de remettre en question cette décision
prise antérieurement.
Budget
M. VEILLEUX: Il nous faudrait aussi discuter du budget de la commission
pour la présente année et, après en avoir discuté
avec le président de l'Assemblée nationale, j'aurais certaines
suggestions à vous faire concernant ce budget. Auparavant, nous ferions
un rapport du budget
voté l'an passé, un rapport des dépenses pour
Tannée en cours. Nous pourrions, en dernier lieu, discuter de projets de
recherche possibles. J'aurais une suggestion à faire, je sais que
d'autres membres de la commission auraient aussi des suggestions à faire
concernant les projets de recherche qu'on pourrait faire au cours de
l'année.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que ce plan de travail proposé par le
député de Saint-Jean est accepté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour ce matin, on peut toujours s'en tenir
à ça. Cela ne prendra pas des heures.
M. VEILLEUX: Non. M. LAURIN: Pour notre part, agréé. M.
HARDY: Sur division. Monopole
M. VEILLEUX: Alors, j'ai énuméré ici les travaux
qui ont été remis. Si vous prenez le rapport no 1 que nous vous
avons remis, en 1969, la commission parlementaire avait demandé au
ministère de la Justice un avis juridique sur le monopole des media
d'information. Compte tenu d'un projet de loi qui a été
déposé au fédéral, le bill C-256, nous avons
redemandé au ministère de la Justice un avis juridique concernant
les implications de ce projet de loi et vous l'avez ici en annexe. Il pourra
vous être remis immédiatement après, cependant vous pouvez
trouver les conclusions de ce nouvel avis juridique à la page 57
lorsqu'on dit: "La concentration peut, à un moment donné, devenir
tellement monopolistique qu'elle devient à ce moment-là
dangereuse. Si vous voulez, le mot "concentration" est ambivalent. D'ailleurs
dans les avantages..." Non, c'est à la page 58, excusez-moi. "Donc, en
substance, nous croyons que les conclusions de l'opinion déjà au
dossier demeurent inchangées et que les provinces devraient s'opposer
fermement au projet de loi, pour les raisons à la fois
mentionnées dans le mémoire au dossier et celles émises
par l'Association du Barreau canadien." M. Beausoleil pourra peut-être
donner quelques explications.
M. BEAUSOLEIL: L'opinion juridique qui avait été soumise
à la commission en 1969 était basée sur une analyse assez
substantielle de l'actuelle loi fédérale relative aux
enquêtes sur les coalitions. Il y a un projet de loi
fédéral qui a été déposé par le
ministre à Ottawa qui était alors M. Basford; ce projet vise
à abroger la loi antitrust actuelle au Canada pour la remplacer par une
loi de la concurrence et, dans cette loi, les services seront nommément
inclus.
L'Association des quotidiens du Canada a déjà
déposé un mémoire protestant vivement contre certains
aspects anticonstitutionnels de la loi et le Barreau canadien a fait de
même. Alors, devant le dépôt de cette loi et les critiques
qui s'élevaient, j'ai demandé au sous-ministre, M. Desjardins,
s'il pouvait remettre à jour l'opinion juridique qu'il avait
préparée en 1969 et si quelque chose était changé
à ses recommandations. Si vous vous souvenez, ses recommandations
disaient en gros que, selon la volonté politique du gouvernement, il
était dans les pouvoirs constitutionnels du Québec de
créer une régie qui pourrait contrôler la
propriété des media d'information. Comme la nouvelle loi que le
gouvernement fédéral pourra éventuellement voter risque
d'assujettir les journaux à certains contrôles du gouvernement
fédéral, j'ai donc demandé au sous-ministre de la Justice
si ceci changeait quelque chose à son opinion. L'opinion qui a
été préparée par Me Leahy, qui est conseiller
juridique au ministère de la Justice, dit que non; elle dit que le
projet de loi fédéral, tel que présenté va
nécessairement subir de nombreux amendements et que, de toute
façon, cela ne changera rien à la juridiction possible du
Québec, visant à réglementer la propriété
des media d'information s'il jugeait nécessaire de le faire.
Immédiatement après la séance, ou à la toute
fin de la séance, je pourrai vous remettre ce court mémoire de M.
Leahy que vous pourrez annexer, soit au rapport préliminaire du document
no 1, soit au document no 1 sur le monopole des media de la commission de
1969.
M. VEILLEUX: Est-ce qu'il y en a qui auraient des renseignements
à demander sur ce...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, on va attendre les documents. C'est quand
même assez important. Il faut prendre le temps d'analyser cela ainsi
qu'un autre document qu'on va annexer.
Diffusion de l'information
M. VEILLEUX: Relativement à SORECOM, vous avez la première
partie du travail qu'on lui avait demandé, une enquête sur la
diffusion de l'information au Québec. Une proposition de travail est
déposée par SORECOM que vous avez intitulée
"cartographie", que vous avez dans votre documentation en annexe. Dans le but
de fournir des illustrations plus spécialisées que celles
utilisées, lors des rapports d'étude SORECOM, SORECOM s'engage
à fournir à la commission parlementaire spéciale sur la
liberté de presse 22 cartes devant être intégrées au
rapport d'inventaire des moyens de diffusion. Parce que cette première
partie du travail, qu'on avait demandé à SORECOM, c'est un
rapport d'inventaire des moyens de diffusion. On nous propose ici ce qu'on
appelle la cartographie qui serait une illustration de ces
travaux faits par SOREC.OM. Ces cartes devront faciliter
l'identification des phénomènes suivants: Premièrement, la
localisation des journaux régionaux d'information de langue
française et de langue anglaise au Québec, une carte; la
localisation des stations de radio anglaises et françaises, une carte;
la localisation des stations de télévision anglaises et
françaises, une carte; la syntonisation des stations de radio et
télévision, deux cartes; la lecture des quotidiens et des hebdos,
une carte; la lecture des quotidiens, une carte; la lecture des hebdomadaires,
une carte; la lecture des journaux appartenant aux différents groupes de
propriétaires, neuf cartes; la lecture des journaux publiés dans
les cinq centres d'édition, cinq cartes; soit un total de 22 cartes. Les
travaux de recherche, de production et de réalisation de ces cartes
coûteraient la somme globale de $1,500 à la demande de SORECOM
payables sur réception.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas coûteraient, coûteront.
M. VEILLEUX: Coûteront la somme globale de $1,500.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. VEILLEUX: Cela illustrerait le travail fait jusqu'ici; ça
pourrait nous aider à mieux saisir les données de SORECOM.
M. LAURIN: Une image vaut mille mots, disaient les Chinois.
M. VEILLEUX: C'est ça. Vous avez ici, relativement à
SORECOM, pour la deuxième partie du travail demandé par SORECOM,
un projet de questionnaire. Il s'agit de construire le questionnaire avant que
SORECOM ne puisse faire son travail d'entrevues auprès de la population.
Vous avez ici le projet de questionnaire et, si les membres de la commission
n'y voient pas d'inconvénient, je laisserais la parole au directeur des
recherches qui a déjà discuté avec les gens de SORECOM ce
projet de questionnaire.
Je ne vous dirais pas ici que le questionnaire lui-même n'est pas
encore défini puisque les membres de la commission avaient dit, à
l'époque, qu'il fallait rediscuter ensemble du projet de questionnaire,
ce sur quoi devrait porter le questionnaire avant de l'écrire.
M. BEAUSOLEIL: En gros, l'enquête, telle qu'elle serait faite et
au stade où en est le projet à l'heure actuelle, viserait
à obtenir, des Québécois, trois types d'information. Le
premier type d'information est très effectif. Il s'agit de savoir quels
sont les media d'information que les Québécois utilisent,
là où ils habitent. Le deuxième aspect est: le jugement
que les Québécois portent sur les media d'information qu'ils ont
à leur disposition. Et le troisième aspect, c'est pour
caractériser les informateurs qui répondront au
questionnaire.
En d'autres mots, on considère que les réponses, qui
seront données au questionnaire, ne peuvent pas être
évaluées sans une connaissance minimum du degré
d'information de nos répondants. Il existe des techniques, en
psycho-sociologie, qui permettent de bâtir des questionnaires à
l'aide desquels on évalue jusqu'à quel point celui qui est notre
informateur est suffisamment informé des problèmes sur lesquels
on l'interroge.
La première partie qui est, en quelque sorte, une mesure de
l'accessibilité à l'information et des comportements de
consommation, porterait sur tous les media disponibles dans les dix
régions économiques du Québec, sur la radio, la
télévision, la presse écrite. Au niveau de la presse
écrite, on inclut aussi bien les quotidiens que les hebdomadaires
nationaux et locaux, que les revues et périodiques disponibles dans un
rayon de x milles qui n'a pas encore été
déterminé autour du lieu de résidence.
On mesure les comportements de consommation, c'est-à-dire les
fréquences d'achat, les fréquences de lecture, les temps de
lecture. On mesure aussi ce qui est lu, à l'aide d'une série de
rubriques et de questions ouvertes et fermées, non seulement ce qui est
lu, c'est-à-dire les grandes nouvelles nationales, internationales, les
faits divers, les nouvelles du sport, le loisir, la religion, les affaires
culturelles, mais aussi les différentes activités qui, dans
l'information, intéressent le public québécois.
Vous avez dans cette proposition de travail, projet de questionnaire de
SORECOM, une liste des sujets sur lesquels on interrogera la population. Je ne
voudrais pas la relire ici. Elle se divise en trois groupes: un certain nombre
de sujets comme l'avortement, le chômage, la consommation, la
contestation, la justice, la fiscalité; des groupes: les artistes, les
syndicalistes, les politiciens, les prisonniers, les hauts fonctionnaires, les
étudiants; et un certain nombre d'activités comme je
disais activités politiques, économiques, religieuses,
etc.
Le type d'information que l'on recueillera au niveau de la connaissance
qu'ont les répondants de l'actualité et des media d'information
sera établi à partir de séries d'affirmations où on
dit, par exemple: Le front commun est un organisme du gouvernement
fédéral, vrai ou faux; le projet de loi 10 vise à
favoriser les allocations familiales au Québec, vrai ou faux. Et on
aborde des sujets de plus en plus complexes pour faire une certaine
discrimination.
Le portrait qu'on obtiendra des informateurs sera mis en
corrélation avec les réponses factuelles sur les comportements de
lecture, les comportements vis-à-vis des media d'information et les
jugements portés sur les media d'information. En résumé;
c'est la façon dont sera bâti le questionnaire. J'ajoute qu'il y a
une section du questionnaire qui portera spécifiquement sur
l'organisation des media au Québec et, en particulier, sur la
concentration des entreprises, le monopole de l'information au Québec,
etc.
Là encore, SORECOM et j'ai insisté beaucoup
sera très prudente dans la formulation des questions. On cherchera, dans
un premier temps, à savoir si nos informateurs savent de quoi il s'agit
et, dans un deuxième temps, quelle sorte de jugement ils portent
là-dessus. Là encore, pondération par rapport au
degré de connaissance de l'informateur.
En somme, on voudrait éviter le piège d'un certain nombre
de sondages faits parfois rapidement où justement on ne connaît
pas le degré de connaissances du sujet, du répondant. Cette
fois-ci, on le saura et on pourra mieux interpréter les
résultats.
M. VEILLEUX: Ce que je voulais dire, c'est que ce projet de
questionnaire de SORECOM servirait à construire le questionnaire; quant
au questionnaire, avant que SORECOM puisse s'en servir, je crois que nous
l'avions décidé aussi. Il est juste que le questionnaire revienne
devant les membres de la commission. Cependant, à ce moment-là,
il s'agirait peut-être pour les membres de la commission, lorsque le
questionnaire sera chapeauté, d'en discuter à huis clos, afin que
ce questionnaire ne soit pas connu des gens qui seront interviewés
auparavant, pour ne pas les influencer advenant le cas où ils seraient
questionnés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il est peut-être important que le
questionnaire nous soit remis un peu avant la séance de la commission
parce que, si on nous réunit, on nous remet un questionnaire et on nous
demande à brûle-pourpoint de porter un jugement sur le
questionnaire, cela sera assez difficile. J'aimerais que nous l'ayons quelque
temps à l'avance pour pouvoir l'étudier.
M. VEILLEUX: Ce n'est pas ici le questionnaire...
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, d'accord, mais avant que vous ne fassiez
ce travail qu'on l'ait un peu avant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'il nous soit envoyé de façon
confidentielle.
M. BEAUSOLEIL: En principe, le questionnaire devrait être
prêt d'ici deux semaines; dès ce moment, je pourrai le faire
parvenir à chacun des membres de la commission.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Combien coûteront ces travaux?
M. VEILLEUX: Nous en arrivons à l'autre partie. D'ailleurs, vous
l'avez ici: "L'enquête sur la diffusion de l'information au
Québec". Proposition de travail. Nous avions signé un protocole
d'entente avec SORECOM où, à l'article 2, on disait: "Si
toutefois, selon les impératifs de ladite recherche, la
société SORECOM estimait qu'il faille augmenter
l'échantillonnage, etc., qu'il fallait revenir devant les membres de la
commission". Ici, vous avez ce document. Je ne lirai pas au complet, sauf qu'il
serait bon, à la première page, de relire les trois paragraphes.
"L'inventaire des moyens de diffusion étant terminé, nous pouvons
mieux voir comment devront se répartir les interviews dans les diverses
régions du Québec. "Nous avons en effet observé qu'une
étude quelque peu sérieuse des comportements de consommation, de
l'évaluation des diverses sources d'information, des limites de
l'accessibilité de même que la participation du public à
l'information devrait se. faire sur une base régionale. En d'autres
termes, nous considérons que les variations dans les sources et les
contrôles de l'information sont telles qu'il nous faudra pouvoir
constamment distinguer les régions géographiques de façon
à mettre en valeur les préoccupations des citoyens de toutes les
régions du Québec.
Nous pourrons atteindre cet objectif en divisant le Québec en
cinq régions. Quatre régions devront nous fournir 200 entrevues
complétées chacune alors que la région de Montréal
devra nous en fournir 500 pour tenir compte de la concentration des groupes
anglophones et francophones".
Vous avez, à la page 2, les implications financières de
cette proposition de travail de SORECOM et, à la page 3, les
régions plus que cinq à sept régions
Gaspésie, Saguenay, Côte-Nord, Québec,
Trois-Rivières, Cantons-de-l'Est, Montréal,
Outaouais-Nord-Ouest.
Les coûts originaux, prévus à une
précédente commission, étaient de l'ordre de $30,850. La
première partie du travail de SORECOM, qui vient d'être
terminée, était de l'ordre de $8,000 et quelques cents dollars.
La deuxième partie était de l'ordre de $30,850. Ici, on nous fait
une proposition qui implique des coûts additionnels de l'ordre de
$12,980, si on ajoute aux $10,780 de la deuxième colonne
les coûts de traduction et d'impression qui n'avaient pas
été inclus dans l'estimation d'octobre mais qui pourront
être assumés par SORECOM pour une somme additionnelle de $2,200,
soit un total de $12,980. Ceci ferait une dépense de l'ordre de $43,830
au lieu de $30,850 pour cette deuxième partie du travail que nous avions
demandé à SORECOM.
Je crois qu'à l'origine c'étaient des entrevues prises ici
et là sans partager la province en différentes régions. Et
ils se sont rendu compte qu'il fallait diviser la province en régions et
prendre un nombre d'entrevues déterminé par région, afin
d'arriver à une meilleure compréhension des entrevues qui
pourraient être faites avec la population.
M. LAURIN: M. le Président, pour avoir une étude qui soit
plus rigoureuse sur le plan scientifique et dont les résultats seront
plus acceptables, moins criticables, il vaut la peine
de faire un effort financier supplémentaire qui, quand
même, n'est pas tellement important. Autrement, toute l'étude
risquerait d'être invalidée, si elle peut être
attaquée ou critiquée d'une façon sérieuse. Mieux
vaut partir selon des données les plus rigoureuses possible pour asseoir
des conclusions ou des interprétations.
M. VEILLEUX: Je tiens à vous dire, qu'advenant le cas où
les membres de la commission accepteraient cette proposition de travail de
SORECOM, ça ne nous obligera pas à demander des crédits
supplémentaires à l'Assemblée nationale. D'ailleurs, vous
n'êtes pas sans savoir que, lors de la discussion des crédits,
nous avons eu, encore cette année, un budget de $70,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au total, vous avez dit que ça
ferait...
M. VEILLEUX: Au total, au lieu de $30,850, tel que prévu pour
cette deuxième partie du travail, le coût serait de $43,830. Au
montant de $41,630, de la troisième colonne, il faudra ajouter les
$2,200, prévus pour les coûts de traduction et d'impression.
M. HARDY: M. le Président, je me rallie à l'idée
d'améliorer l'éventail.
Partant du principe que, ou la commission à laquelle nous
appartenons désire faire travail sérieux ou c'est une parure ou
quelque chose pour éviter d'envisager les véritables
problèmes, je pense que je n'ai pas besoin de parler très
longuement pour dire combien tout le problème de l'information,
actuellement, semble poser de questions, l'information en général
et en particulier, puisque nous sommes sur le champ, de l'information
parlementaire.
Je n'ai pas l'intention, dans les propos que je tiens
présentement, de porter de jugement. Précisément un peu
dans le sens des remarques du député de Bourget, je pense que,
quant à s'aventurer dans ce domaine, qui est extrêmement complexe,
extrêmement difficile, qui, en plus, en tant que parlementaires nous
implique parce qu'il ne faut pas oublier qu'au sein de cette commission
parlementaire nous sommes un peu dans la situation de juge et partie ce
n'est pas une raison pour que nous nous abstenions d'étudier le domaine
de l'information. Il faut quand même en être conscient. Nous sommes
là, le rôle des journalistes est de nous surveiller, de nous
critiquer pour les éditorialistes et les commentateurs, et aussi de
rapporter le plus fidèlement possible, ce que nous disons et ce que nous
faisons.
Ils sont d'un côté de la barricade, nous sommes de l'autre
côté. C'est la raison pour laquelle je dis qu'en tant que
parlementaires nous sommes à la fois juge et partie. Partant de cette
réalité, j'ai l'impression que non seulement il ne faudrait pas
mesquiner, mais il faudrait être plutôt généreux
quant aux crédits ou aux ressources financières que l'on devrait
consacrer à des recherches d'ordre scientifique. Parce que, plus nous
posséderons de ces recherches, plus de résultats nous aurons en
main, plus sérieuses et plus valables seront ces recherches, plus nous
serons en mesure, lorsque nous serons appelés à prendre des
décisions, s'il y a lieu, à prendre des décisions qui
seront fondées sur des réalités objectives plutôt
que sur des motivations où, encore une fois, notre situation de partie
pourrait influencer notre jugement.
Pour ma part, je serais prêt, même si je reconnais que les
disponibilités budgétaires du gouvernement sont limitées,
à me rallier à des propositions allant jusqu'à ce qu'on
demande une augmentation des crédits consacrés à la
commission, toujours parce que je considère que le travail que nous
avons à accomplir est extrêmement important et doit reposer sur
les données les plus objectives possible.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, en ce qui me concerne,
mes collègues pourront exprimer leur opinion, si la mienne ne correspond
pas à la leur. Je n'ai aucune sorte d'objection, au contraire, comme le
dit le député de Terrebonne, à ce qu'on fournisse à
la commission des instruments qui lui permettent d'avoir un tableau complet de
la situation de l'information au Québec.
A cet effet, je suis disposé à accorder à
l'entreprise SORECOM le budget qu'elle demande. Il reste toutefois que ces
enquêtes, ces travaux, ces recherches ne doivent pas s'éterniser
et doivent aboutir, en ce qui nous concerne surtout et pour le grand public,
puisque c'est pour lui que nous travaillons, à des conclusions
concrètes, pratiques et qui puissent éventuellement se traduire
dans les faits, soit par des décrets, ordonnances gouvernementales, ou
par des lois qui seront appelées, comme je le souhaite, à
régir la presse et qu'on ne parte pas tout de suite en guerre et en peur
et qu'on n'aille pas dire que nous voulons instaurer, que le
député de Chicoutimi propose d'instaurer un contrôle de la
presse, une censure, etc. Mais il est important que le gouvernement prenne
action dans ce domaine et veille, en quelque matière que ce soit et dans
quelque domaine que les événements se passent, à ce que
les citoyens soient informés objectivement, honnêtement et de
façon complète, satisfaisante, en tout cas, pour les fins que le
journal doit servir.
Le député de Terrebonne disait tout à l'heure que
les membres de la commission parlementaire sont à la fois juge et
partie. C'est vrai en un sens mais il arrive que très souvent les
membres de cette commission parlementaire et tous les parlementaires sont
à la fois juge et victime et, la situation étant ce qu'elle est
et les parlementaires étant ce qu'ils sont, ce sont les citoyens qui se
trouvent être aussi juge et victime.
Je ne m'oppose donc absolument pas à ce qu'on accorde à la
société SORECOM le budget qu'elle demande. J'estime que, pour
l'instant, la
somme de $43,830 paraît satisfaisante puisque c'est la
société elle-même qui l'a proposée, qui l'a
demandée. Si, d'aventure, ce montant s'avérait insuffisant, la
commission parlementaire pourrait aviser, reconsidérer les propositions
de la société SORECOM demandant un budget additionnel. Pour
l'instant, le budget qui est donné me parait suffisant puisque c'est la
scoiété elle-même qui l'a établi en fonction des
objectifs qu'elle se propose. Mais j'insiste, M. le Président, sur le
caractère positif que doivent prendre ces recherches et ces
enquêtes et j'insiste également sur le côté pratique
de l'affaire parce que ces travaux, ces recherches ne doivent pas être
des documents académiques mais doivent nous amener à prendre,
nous, comme parlementaires, des positions, des attitudes et
éventuellement à proposer des lois qui permettront à tous
les citoyens du Québec d'être informés comme ils doivent
l'être sur toute matière qui intéresse leur vie
privée comme la vie collective du Québec.
Je suis prêt, quant à moi, à accepter le projet
qu'on nous propose, le budget qu'on demande. Si ce budget devait être
insuffisant, il appartiendra à la société SORECOM de nous
le faire savoir et de justifier la demande de crédit additionnel qu'elle
pourrait faire. Nous en jugerons à ce moment.
M. HARDY: M. le Président si on me permettait, seulement une
petite mise au point. Quant j'ai parlé de possibilité
d'augmentation, évidemment, je ne pensais pas aux travaux de SORECOM. Je
pensais à la possibilité d'effectuer d'autres recherches sur
d'autres plans. C'est évident que la société demandant ce
montant, je ne suis pas pour lui offrir davantage. Ce n'est pas dans ce sens
que je pensais.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai bien compris.
M. HARDY: C'était pour que la presse soit bien
éclairée sur le sens...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Soit bien informée.
M. LE PRESIDENT: Le député de Portneuf.
M. DROLET: M. le Président, à la suite des
représentants des autres partis, je veux assurer la commission que nous
sommes également en faveur du montant de $43,000 demandé par
SORECOM, également d'un budget un peu supérieur pour la
commission. Je crois que le budget de l'année dernière a
été très bien dépensé. Je peux rendre
hommage à l'ancien président de la commission, le
député de Saint-Jean et à M. Beausoleil, qui a fait un
beau travail. Mais, comme l'a souligné le député de
Chicoutimi, j'aimerais quand même que ça bouge un peu plus. M.
Beausoleil a peut-être fait du travail préparatoire. Il a
déposé, ce matin, trois volumes sur les rapports de l'ancienne
commission de 1969 et sur l'enquête de la diffusion et de l'information
ainsi que sur les aspects du secret professionnel du journalisme. Avec le
nouveau budget, mis à la disposition de la commission par le
président de l'Assemblée nationale, je prétends, quand
même, qu'on ne devrait pas se réunir seulement une fois tous les
trois mois ou tous les quatre mois, pour faire un peu comme l'année
dernière. Cette commission devrait bouger un peu plus, parce que tout ce
qui s'éternise, tout ce qui trafne, à mon sens, ne règle
rien. Si on continue à la même vitesse, je prétends que les
résultats ne donneront pas grand-chose. J'aimerais que les travaux
soient accélérés.
M. VEILLEUX: Si le député de Portneuf me le permet,
à l'autre article de l'ordre du jour, nous discuterons des
mémoires remis à la commission. J'aurai, à ce moment, des
suggestions quant à un échéancier pour les travaux de
cette commission. Vous serez à même de constater, compte tenu des
travaux déjà faits, qu'on peut se permettre, maintenant,
d'accélérer.
M. DROLET: D'accord. Je faisais une rétrospective
générale de ce qui s'était fait l'année
dernière et en même temps je demandais à la commission
d'agir un peu plus rapidement. Certaines commissions parlementaires se
réunissent beaucoup plus souvent. En ce qui me concerne, j'ai
trouvé que la commission sur la liberté de la presse a
peut-être un peu traîné en longueur, sans pour cela
blâmer ceux qui ont travaillé, comme je l'ai souligné tout
à l'heure. Quant à nous, nous sommes d'accord, également,
pour que les $43,000 soient accordés à SORECOM. Nous allons
attendre votre plan de travail, M. le Président.
M. VEILLEUX: Si les membres de la commission sont d'accord pour cette
proposition de travail de SORECOM, il y aurait lieu de définir
l'échéancier des travaux en question. On pourrait demander
à la société SORECOM de remettre cette deuxième
partie de son travail, au plus tard le 31 décembre 1972, compte tenu des
éléments suivants:
Préparation du questionnaire et discussion de ce questionnaire
par les membres de la commission, quatre semaines environ; deux semaines pour
préparer le questionnaire. On pourrait remettre, sous le sceau de la
confidentialité, ce questionnaire aux membres de la commission et, une
semaine plus tard, nous pourrions nous réunir pour en discuter. La
préparation de l'enquête demande de cinq à six semaines,
l'enquête proprement dite serait d'une durée d'environ trois
semaines. Le traitement des données de l'enquête: deux semaines
et, finalement, l'analyse de l'enquête: quatre semaines.
En d'autres mots, 18 ou 19 semaines de
travail, ce qui équivaut à cinq mois. Si on établit
le 31 décembre 1972 comme date limite, ça laisserait un jeu de
trois à quatre semaines à SORECOM et à nous, si nous
jugeons que ça prend plus d'une séance pour discuter du
questionnaire. Nous pourrions ici, avec cet échéancier, pour la
deuxième partie des travaux de SORECOM, nous entendre avec la
société elle-même.
M. DROLET: Vous avez dit l'enquête et les résultats de
l'enquête au 31 décembre.
M. VEILLEUX: Oui, remise aux membres de la commission au 31
décembre 1972.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, une première remarque sur
l'échéancier que vient de proposer le député de
Saint-Jean. Nous sommes d'accord sur le délai fixé et
proposé. J'aurais une autre remarque d'ordre professionnel aux gens de
SORECOM; il serait peut-être préférable, à l'avenir,
dans le rapport qu'ils remettront au 31 décembre 1972, d'indiquer les
noms des responsables de l'administration du questionnaire, le directeur de ce
travail, ni plus ni moins, au sein de SORECOM, plutôt que l'anonymat qui
couvre à peu près le présent document qui nous a
été remis.
M. VEILLEUX: M. le député de Saint-Jacques, on a
nécessairement eu une remise de documents ici. C'est normal que les gens
qui ont fait ces travaux-là viennent témoigner devant les membres
de la commission et, s'ils n'indiquent pas ces noms-là à
l'intérieur de leur rapport, on pourra fort bien par une question, leur
demander, les sortir de l'anonymat, si je puis dire.
Pour que ce soit légal, je proposerais que le projet
d'illustration cartographique, de même que la proposition d'augmentation
du nombre d'entrevues à réaliser avec l'échéancier,
au 31 décembre 1972, soient acceptés par les membres de la
commission.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Agréé.
M. VEILLEUX: J'aimerais faire une mise en garde ici. Il serait
peut-être approprié que les membres de la commission fassent la
mise en garde suivante à la firme SORECOM et à la faculté
de droit, M. Reid, indiquant qu'ils n'ont pas, pour le moment, à
interpréter les rapports qu'ils nous ont remis, étant
donné qu'ils doivent d'abord répondre de ce rapport devant les
membres de la commission. Ils pourront, après avoir comparu devant la
commission, tenir les propos qu'ils jugeraient bon de tenir à ce
moment-là. Mais d'ici à ce qu'ils comparaissent devant les
membres de la commission, qu'ils s'abstiennent de toute déclaration
publique.
M. LE PRESIDENT: Cela va?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, ça va. Unanimité de la
commission, sous toutes réserves de fuite.
M. VEILLEUX: Alors, la troisième partie des travaux de ce matin
comporte les mémoires remis à la commission. Nous avons
invité, tel que demandé par les membres de la commission, des
organismes qui avaient préalablement déposé un
mémoire devant la commission en 1969. Nous avons aussi invité
d'autres organismes à se joindre à ces premiers et nous avions
lancé une invitation dans le grand public.
Ont donc été invitées: la
Confédération des syndicats nationaux, la
Fédération des travailleurs du Québec, la Corporation des
enseignants du Québec qui nous ont fait savoir qu'elles
déposeraient un mémoire conjoint et nous n'avons reçu
aucune nouvelle depuis. La Fédération professionnelle des
journalistes nous a remis, je l'indiquerai tout à l'heure, un peu plus
tard, son mémoire. Du quotidien Le Devoir, nous n'avons officiellement
aucune nouvelle. Du programme Journalisme et Information, là non plus,
officiellement, aucune nouvelle. Les éditions Maintenant nous renvoient
tout simplement leur mémoire de 1969.
De Radioduffusion Mutuel Ltée, aucune nouvelle; des Entreprises
Gelco, nous avons reçu un appel téléphonique du conseiller
juridique, qui demandait plusieurs mois de délai, aucune nouvelle depuis
cette demande de délai; les journaux Trans-Canada, en principe,
préparent leur mémoire, cependant aucune nouvelle; de
l'Association canadienne de la radio et de la télévision de
langue française, mémoire reçu le 31 décembre 1971
; Télémédia renvoie la commission à son
mémoire de 1969; les quotidiens du Québec ont officiellement un
mémoire en voie de préparation et ont demandé un
délai au-delà du 31 décembre; or, nous sommes rendus
à juin et n'avons aucune nouvelle; les Hebdos du Canada ont
déposé leur mémoire en fin d'octobre; du Syndicat des
journalistes du Québec, aucune nouvelle; du Syndicat
général des communications, aucune nouvelle sauf un appel
téléphonique disant qu'il préparait un mémoire; de
la Cie de publication de La Presse Ltée a demandé aussi un
délai via Me Deschênes de Québécor Inc. et du
quotidien Le Soleil, aucune nouvelle.
Nous avions fixé un délai au début; ce délai
était, pour le dépôt des mémoires, le 26 octobre
1971. A cette date limite, nous n'avions reçu aucun mémoire.
Après en avoir discuté avec quelques membres de cette commission,
le délai a été prolongé jusqu'au 31 décembre
1971. Et là, au 31 décembre, nous avions reçu deux
mémoires, celui des Hebdos du Canada et de l'ACRTF. Etant donné
que nous n'avions reçu que deux mémoires sur la vingtaine
d'invitations,
nous avons fait une autre prolongation au 31 décembre 1972 et
depuis nous en avons reçu deux autres, celui de la
Fédération professionnelle des journalistes et celui de M.
François Deniers, journaliste au Soleil.
Ces quatre mémoires reçus ne vous ont pas
été remis ce matin, compte tenu d'une décision prise par
les membres de la commission parlementaire à l'été 1971,
car nous nous étions entendus pour ne tenir aucune séance
publique sur les mémoires tant et aussi longtemps que tous les
mémoires n'auraient pas été déposés devant
la commission parlementaire. En remettant ce matin ces quatre mémoires,
nous les aurions alors rendus publics et nous aurions dérogé
à une décision prise préalablement.
Cependant, il serait bon que les membres de cette commission prennent en
considération la décision prise à l'effet de rejeter cette
décision prise antérieurement, que nous commencions à
tenir des séances publiques de la présente commission
parlementaire en recevant les quatre qui ont déjà
déposé des mémoires et nous pourrions tenir ces
séances publiques les mardis 12, 19 et 26 septembre à 10 heures
du matin. Nous pourrions profiter de l'occasion pour réinviter tous ces
organismes mentionnés tout à l'heure et qui n'ont pas
déposé de mémoire à venir en déposer un.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais ici faire
quelques observations sur la question des mémoires. Vous nous dites que
certaines sociétés et entreprises de presse nous ont tout
simplement référés aux documents qui étaient
déjà déposés devant la commission parlementaire il
y a déjà maintenant non seulement plusieurs mois mais quelques
années. Il y a un certain nombre d'organismes dont vous nous dites
qu'ils prépareraient des mémoires mais au sujet desquels vous
n'avez pas encore de renseignement précis.
Vous nous demandez ce matin de rescinder la décision qui avait
été prise de surseoir à l'audition des témoins
jusqu'à ce que tous les mémoires soient
déposés.
Evidemment, si nous voulons entendre les parties
intéressées, les entreprises de presse, les journalistes, les
organisations qui regroupent les journalistes, les entreprises de presse ou des
citoyens, il est important que nous puissions établir un
échéancier qui nous permette de commencer le travail.
Je ne voudrais pas, M. le Président, ici ce matin, parce que je
fais confiance aux gens qui sont responsables des entreprises de presse et aux
associations qui regroupent les journalistes, prêter à qui que ce
soit des intentions, mais si cette abstention devait être telle qu'elle
nous empêche d'obtenir les renseignements dont nous avons besoin pour
informer le public de ce qui se passe dans le monde de l'information au
Québec, il nous faudra peut-être songer à nous
prévaloir des dispostions de nos lois et de nos règlements qui
nous permettent de convoquer, par les voies que vous connaissez, les
témoins que nous désirons entendre. Quant à moi, je suis
prêt à accepter qu'on rescinde cette décision. J'apporte la
sourdine suivante: Il serait peut-être prudent, au préalable, que
les responsables de l'administration de cette commission prennent contact
à nouveau avec les gens à qui on a demandé des
mémoires, aux fins de savoir exactement s'ils ont l'intention
précise, formelle, d'en présenter. Auquel cas, nous pourrions
commencer dans un délai raisonnable, aux dates que vous avez
indiquées, l'audition des témoins. Mais s'il s'avère que
les personnes que vous contacterez, que vous devez contacter ne manifestaient
pas l'intention de présenter des mémoires, je crois qu'il est de
notre devoir, comme membres de la commission parlementaire, d'utiliser les
moyens qui sont à notre disposition pour entendre les témoins que
nous jugerons utiles.
M. DROLET: J'aimerais savoir du député de Saint-Jean si la
liste qu'il nous a lue tout à l'heure... Est-ce que ces organismes ont
été invités officiellement, par écrit?
M. VEILLEUX: Oui.
M. DROLET: Lorsque vous avez dit rien, à ce moment-là,
est-ce que cela signifiait que vous n'aviez reçu aucune nouvelle, que ce
soit par écrit ou par téléphone, ou encore par un
accusé de réception?
M. VEILLEUX: C'est cela.
M. DROLET: En ce qui me concerne, je suis d'accord que nous tenions les
séances en septembre 1972, tel que vous l'avez suggéré
tout à l'heure. Je ne suis pas tout à fait d'accord avec le
député de Chicoutimi à l'effet de communiquer à
nouveau avec eux. Ils ont été avisés officiellement par la
commission. Ils ont été avisés par les journaux et, s'ils
n'osent même pas accuser réception de leur invitation, je ne crois
pas que nous ayons de temps à perdre en leur renouvelant la
mémoire. Ce sont des gens très occupés,
spécialement certains d'entre eux, et je prétends que nous
devrions simplement passer à l'action avec ceux qui ont manifesté
le désir de venir présenter des mémoires. Quant aux
autres, nous devrions les laisser de côté.
M. VEILLEUX: Si je comprends bien le député de Portneuf,
il ne verrait aucun inconvénient à ce que nous communiquions
à nouveau avec ceux qui nous ont déjà fait part de leur
désir de venir déposer. Et ceux qui n'ont même pas
accusé réception...
M. DROLET: Ne pas même communiquer à nouveau avec eux.
M. VEILLEUX: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, quant à la demande que
formule le député de Saint-Jean aux partis de l'Opposition, sur
ce point bien précis, de revenir sur leur décision et de
procéder immédiatement sans avoir reçu tous les
mémoires que nous espérions recevoir, nous sommes
également d'accord et nous pourrions procéder aux dates
suggérées par le député de Saint-Jean. Toutefois,
au-delà de cette nouvelle décision, il me semble que l'obligation
dans laquelle nous nous trouvons de reprendre notre décision devrait
être scrutée beaucoup plus attentivement par les membres de la
commission.
Qu'est-ce qui s'est produit exactement pour que, ce matin, nous soyons
appelés à revenir sur une décision que, en toute bonne
foi, nous avions prise l'année dernière et qui devait, à
notre avis, au moment où nous l'avions prise, marcher d'elle-même
et aboutir aux résultats que nous espérions.
Or, l'espèce d'influence que nous espérions avoir à
ce moment-là je parle au nom de la commission, de tous les
membres de la commission parce que si je me rappelle bien, nous avions
été unanimes là-dessus l'espèce d'appui de
tous ces groupes invités que nous ne mettions pas en doute à ce
moment, eh bien! nous devons admettre ce matin que nous ne l'avons pas
reçu. La liste, avec les hésitations et les refus, à
toutes fins pratiques, qu'a mentionnée le député de
Saint-Jean est assez importante et sérieuse pour que nous nous penchions
sur les motivations qui ont pu être celles de nos invités qui ont
décliné notre invitation.
Je pense qu'il y a peut-être deux raisons. La première est
que les gens invités ont peur du défi de reprendre en main tout
le problème de la liberté de presse. Peut-être ont-ils eu
la réaction que bien des gens ont eue, y compris à
l'intérieur de l'Assemblée nationale, de reprendre presque
à alpha le problème de la liberté de presse, du
contrôle des media d'information, enfin le vaste dossier que l'on avait
à étudier. Je ne saurais totalement les en blâmer parce que
nous avons été les premiers à admettre que le
problème était complexe, sérieux, que 1972 avait de
nouvelles dimensions pour la liberté de presse que n'avait pas
peut-être la presse du XIXe siècle; tout ça a
été dit. Je regrette qu'ils n'aient pas eu le courage ou le temps
de relever ce défi; enfin, pour notre part, nous avons manifestement
démontré que nous étions prêts à le faire
depuis le début.
Il y a peut-être une autre raison aussi pour laquelle nous nous
retrouvons ce matin presque sans invités. C'est qu'ils n'y croient
peut-être pas à la commission de la liberté de presse et,
le défi étant ce qu'il est, ils ne souhaitent pas faire le
moindre effort pour le relever parce que peut-être croient-ils, comme une
bonne partie de la population, que les dés sont déjà
pipés alentour de ça et qu'ils n'ont pas à
présenter de nouveaux mémoires ou à revenir dire ce qu'ils
avaient dit en 1969 et qui est resté lettre morte. Et là-dessus,
non plus, je ne saurais les blâmer.
Je suis convaincu que certains de ces groupes, en entendant les
déclarations de certains parlementaires qui s'attaquent à la
presse à chacune des occasions, se disent: Pourquoi est-ce que j'irais
les retrouver, leur présenter un mémoire que j'ai
déjà présenté en 1969 et dont ils se sont foutus
éperdument et que j'irais répéter dans une version
améliorée, mais qui de toute façon ne serait qu'une goutte
dans l'océan d'amertume, de haine, sinon de méchanceté
qu'ont pu avoir certains parlementaires à l'égard des
journalistes ou du monde de l'information? Personnellement, j'ai eu
suffisamment l'impression de perdre mon temps dans certaines commissions
parlementaires; mais considérant que c'était mon devoir de le
faire, j'y venais quand même. Je ne peux pas blâmer des gens de
l'extérieur qui ont d'autres professions, en particulier ceux du domaine
de l'information, tout aussi importantes que la nôtre, de dire: Bien, je
n'ai même pas deux heures à perdre pour aller expliquer ma
conception de la liberté de presse devant des gens qui, depuis plusieurs
mois, ont démontré sur ce problème une étroitesse
d'esprit, une hargne, à chacune des occasions. En fin de compte, sachant
que la commission siège peut-être un peu comme décorum,
l'idée des membres de l'Assemblée nationale étant sur ce
point bien faite selon les allégeances et ne voulant pas participer
à ce qui peut deyenir un tribunal où les juges, victimes et
parties, ont déjà manifesté leur opinion, ils ont
décidé de décliner l'invitation.
Là-dessus, M. le Président, je reviens donc à ce
que je vous disais au départ; nous acceptons de procéder le 26
septembre prochain avec ceux qui viendront, espérant que certains
groupes qui ont des choses moi, j'en suis convaincu très
intéressantes à nous dire, accepteront de faire ce que notre
parti a accepté de faire depuis le début, sachant très
bien que chez certains membres et de l'Assemblée nationale et
peut-être même de la commission, les dés sont
déjà pipés, les idées sont faites.
Le jeu en vaut la chandelle et il faut passer par-dessus ces antiques
monuments de l'étroi-tesse d'esprit, et venir faire, à
l'Assemblée nationale, ce qu'on croît être le manifeste de
la liberté de presse.
M. VEILLEUX: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi avait
demandé la parole auparavant.
M. VEILLEUX: D'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai écouté les propos du
député de Saint-Jacques. Ce qu'il a dit exigerait qu'on fasse un
commentaire assez long mais je vais me résumer à quelques
observations. Premièrement, il existe une chose qui s'appelle la
commission parlementaire de la liberté de la presse, avec tous les
droits que cela comporte et tous les pouvoirs que confère, à une
commission parlementaire, l'Assemblée na-
tionale. Par conséquent, il n'est pas question de courage ou de
manque de foi en cette commission parlementaire. Il est question pour tout
citoyen, quel qu'il soit, de se soumettre aux exigences formulées par
l'Assemblée nationale via sa commission parlementaire de la
liberté de presse.
On prétend que les dés seraient pipés. Pour le
savoir, il faudrait que ces messieurs viennent devant nous et nous montrent de
quelle façon à la commission parlementaire de la liberté
de la presse, les dés ont pu être pipés ou pourraient
l'être. Il y a eu des séances de cette commission en 1969; il y en
a eu d'autres. Tout cela s'est passé dans un climat extrêmement
objectif. Personne n'a eu l'impression, à ce moment, ou ne l'a
déclaré en tout cas, que les dés étaient
pipés et que cette commission était un tirbunal.
J'ai déclaré, moi-même, lorsque nous avons repris
les travaux sous l'égide du nouveau gouvernement, que cette commission
ne devait pas être un tribunal, mais plutôt une tribune où
tous les intéressés à l'information publique pourraient
s'exprimer librement. Il ne m'appartient pas, évidemment, de m'arroger
le droit de contrôler des députés, des membres qui
voudraient se lancer dans des diatribes à caractère personnel.
Cela peut se produire. Je pense que cela se produit assez souvent devant des
commissions parlementaires et personne n'en sort massacré,
égratigné, honni, sali, bafoué, etc. C'est une tribune
où on exprime ses opinions.
Le député de Saint-Jacques a fait état tout
à l'heure de la hargne, du mépris, des attaques auxquels se
seraient livrés des membres de l'Assemblée nationale contre la
presse. Qu'il sache une chose, le député de Saint-Jacques, c'est
que les députés ont quand même des droits. En ce qui me
concerne, je n'ai jamais hésité l'intention que j'ai est
de continuer à faire les mises au point qui s'imposaient, lorsque
j'estimais que l'information avait été biaisée ou que les
propos que j'avais tenus avaient été rapportés d'une
façon telle que l'information s'en trouvait altérée.
Ce n'est pas une raison, à mon sens, pour bouder la commission
parlementaire. Si les journalistes, des chefs d'entreprise de presse, des
directeurs de journaux, des rédacteurs en chef, enfin tout le monde de
la presse vient ici ce n'est pas une raison pour ces gens de penser que nous
allons leur tomber dessus, que nous allons les massacrer et que nous allons les
soumettre à un questionnaire de caractère judiciaire. Ce n'est
pas un tribunal d'assises, ici, ni un tribunal de correctionnelle, c'est une
commission parlementaire où tout le monde a le droit de se faire
entendre, de donner son opinion, d'échanger des opinions, quelles que
soient ces opinions et les divergences qu'on puisse avoir.
Il reste un fait et, M. le Président, je tiens à le
souligner et je pose ici le problème, c'est que les
députés qui se sont plaints ou qui auront à se plaindre de
l'information exercent un droit.
Qu'ils aient tort ou raison, il appartient à chacun d'entre nous,
à tous les citoyens, de l'apprécier et les journaux ou les
journalistes qui sont mis en cause ont les moyens et des moyens beaucoup plus
puissants que ceux dont nous disposons, pour se refaire justice si toutefois
nous avions porté une atteinte grave à leur prestige, à
leur honorabilité et mis en cause et mis en péril leur
carrière professionnelle.
L'attitude du député de Saint-Jacques, je ne la
qualifierai pas parce que je ne veux pas lui prêter d'intentions. Il en a
prêté aux autres, je tiens à les lui rendre, ses
intentions, sans intérêt. Mais, M. le Président, j'estime
qu'il n'est pas question de défi, de manque de courage, il n'est pas
question de manque de confiance, de manque de foi en la commission
parlementaire, il est question d'un droit strict des citoyens à savoir
ce qui se passe dans le monde de l'information et la commission parlementaire a
été créée pour cela.
On pourra alléguer le fait que les travaux antérieurs de
cette commission n'ont pas produit encore les résultats qu'on en
attendait, cela est vrai. C'est, de l'exposé et des observations du
député de Saint-Jacques, la partie positive. C'est vrai que,
jusqu'à présent, l'on n'a pas encore, si vous voulez, vu les
résultats concrets des travaux que nous avons menés
jusqu'à maintenant, mais nous avons ce matin des documents qui sont des
instruments de travail, nous en commandons d'autres afin d'avoir une
idée encore plus complète du monde de l'information.
Je ne comprends donc pas du tout pourquoi on refuserait de venir devant
nous et je ne comprends pas du tout qu'on pourrait partir de ce
préjugé pour dire que les dés sont pipés. Si l'on
pense que les dés sont pipés, qu'on vienne ici afin que la preuve
en soit administrée. A ce moment-là, on pourra l'écrire,
on pourra dire que les dés sont pipés. Ce que nous voulons, nous,
c'est connaître la situation actuelle de l'information, quelle est la
réaction du public vis-à-vis de cette information.
En ce qui me concerne, M. le Président, et j'y reviendrai un peu
plus tard, j'estime qu'il y a à l'heure actuelle et je parle ici
en termes politiques, en fonction de la liberté d'action de l'Etat et du
rôle que l'Etat doit jouer aux citoyens un problème
fondamental qui se pose, je l'ai dit en Chambre et je le reprends ici, c'est
que l'un des premiers problèmes qui nous préoccupent et qui
inquiètent à l'heure actuelle les citoyens, c'est l'information
parlementaire. C'est clair ça? Je demande aux journalistes de ne pas
l'écrire, de grâce, mais d'y penser, c'est le problème de
l'information parlementaire.
Le problème se situe à deux plans. Il y a un plan externe,
c'est l'ensemble des entreprises de presse. Nous avons déjà
étudié le problème et il va falloir continuer de
l'examiner, le problème des entreprises de presse, les concentrations,
etc., pour savoir de quoi il retourne dans ce monde-là. Il y a le
problème interne aussi.
Est-ce qu'il y a, du point de vue externe, des concentrations, des
entreprises de presse qui seraient telles qu'elles nuiraient à
l'information et empêcheraient les journalistes de diffuser une
information utile, objective, complète à l'intention du public?
Il y a le problème interne. Le problème interne, c'est ce qui se
passe dans les boîtes, comme on appelle cela dans le jargon du
métier.
De quelle façon les patrons ont-ils aménagé le
travail à l'intérieur des boîtes afin de permettre aux
journalistes de donner l'information que je décrivais tout à
l'heure et de quelle façon les journalistes utilisent-ils les moyens
qu'on met à leur disposition? Quelle conception se font-ils de
l'information? Ce sont deux aspects fondamentaux du problème. Comme
parlementaire, je crois, qu'à l'heure actuelle, un des points de
cristallisation de ce qu'on décrit comme un malaise, c'est l'information
parlementaire. Il n'est pas de jour que les citoyens ne nous disent: Qu'est-ce
qui se passe au parlement? Pourquoi ne nous a-t-on pas rapporté, ce que
nous lisons dans le journal des Débats etc. etc? Cela ne veut pas dire
que c'est nécessairement la faute des journalistes. Cela peut vouloir
très bien dire qu'à l'intérieur des entreprises de presse
et de la boîte, il y a une situation telle, mécanique, technique,
administrative qui fait que l'information n'est pas complète. Il y a un
autre problème, et celui-là, vous savez, on ne peut pas
l'éluder. Il y a le problème de l'éthique journalistique,
de l'éthique des journalistes chargés de l'information
parlementaire.
Quant à moi, M. le Président, je conclus là-dessus.
Je trouve que toutes les raisons que l'on pourrait évoquer, qui sont
d'ordre sentimental aux fins de se soustraire à cette tâche et
à ce devoir de venir comparaître devant la commission, sont des
raisons controuvées, point.
M. LEDUC: M. le Président, si nous n'avons pas reçu les
réponses auxquelles nous nous attendions des différents media
d'information ou organismes professionnels, je pense avoir la réponse
à cette hésitation. Je me rappelle, il y a un peu plus d'un an,
l'enthousiasme qui a existé entre employeur et employés,
lorsqu'il y a eu une signature d'une espèce d'accord créant un
conseil de presse, auquel appartiennent, je pense, les employeurs et
employés. Dans la liste que vous nous avez
énumérée, M. le député de Saint-Jean, je ne
me souviens pas d'avoir entendu que le conseil de presse ait été
invité. C'est peut-être pour ça que les employeurs, les
employés des media d'information au Québec se sentent un peu
frustrés. Si on se souvient de ce qui s'est passé, les
problèmes à l'intérieur de la vie journalistique pouvaient
facilement se régler en ayant l'unanimité, face à un
président. Peut-être faudrait-il inviter le président
à venir nous faire rapport? Peut-être faudrait-il inviter les
membres de l'exécutif du conseil de presse?
Puisque les journalistes sont très souvent les premiers à
nous critiquer, je suis sûr que, suite à la création de ce
conseil, ils ont fait preuve d'une efficacité administrative et que le
conseil est peut-être maintenant prêt à venir
témoigner devant la commission. Cela éliminerait sûrement
les frustrations que l'on retrouve chez les organismes qui sont membres de ce
conseil et qui ont été déçus, parce que le conseil
de presse du Québec n'a pas été invité.
M. VEILLEUX: M. le Président, il y aurait peut-être lieu
pour les membres de la commission, notamment le député de
Saint-Jacques, de relire le journal des Débats de la première
séance de la commission parlementaire sur la liberté de presse.
Nous avions nettement défini la position prise par la commission comme
telle, à l'effet que nous essaierions, dans la mesure du possible,
d'être le plus objectifs possible. Personnellement, je me suis abstenu
depuis, de faire certaines déclarations, quant à certains
articles de journaux ou certains journalistes et ce, volontairement,
puisqu'à ce moment, j'étais président de la
présente commission parlementaire. Il est vrai que, lorsque nous nous
sommes réunis la première fois, la commission parlementaire, M.
Gariépy, à l'époque, était président de la
Fédération professionnelle des journalistes du Québec. Il
nous avait fait part le matin un 8 décembre, si je souviens bien
que la veille, une entente avait été signée entre
les journalistes et les propriétaires de journaux relativement à
la création d'un conseil de presse. Depuis, je me suis informé
auprès de journalistes, pour savoir ce qu'il advenait de ce conseil de
presse.
On m'a fait part que les membres étaient nommés, sauf
qu'on n'avait pas encore pu trouver un président. Je pense qu'il est
extrêmement difficile d'inviter le conseil de presse à venir
témoigner devant la présente commission si, au préalable,
les membres de ce conseil de presse ont été dans
l'impossibilité de trouver un président.
Quant aux raisons ou aux motifs qui ont pu pousser les gens ou les
organismes que nous avions invités à déposer un
mémoire, je n'ai pas à les interpréter. J'ai tout
simplement à faire part aux membres de la commission des raisons que les
organismes représentant les journalistes, les media d'information, les
propriétaires ou les organismes représentant les media
d'information m'ont transmises, à savoir l'impossibilité, pour
eux, de présenter un mémoire dans les délais voulus,
compte tenu qu'il était survenu, à l'époque, des
mésententes.
Je peux donner, comme exemple, la compagnie de publication, La Presse
Limitée et la Fédération professionnelle des journalistes
qui, à un certain moment, a subi un arrêt de travail. La
Fédération professionnelle des journalistes et la compagnie de
publication, La Presse étaient quand même dans
l'impossibilité de venir déposer un mémoire et c'est
à ce mo-
ment-là que nous avons prolongé le délai
préalablement décidé par les membres de la commission.
La seule raison que les organismes invités m'ont donnée
par téléphone, c'était uniquement un manque de temps.
C'est à cause de ce manque de temps qu'on a accordé un
délai et c'est peut-être dû à ce manque de temps,
étant donné qu'il est survenu certains conflits, que les
mémoires n'ont pas été déposés en nombre
voulu. Mais si je reprends la CSN, la FTQ et la CEQ, Dieu sait si, depuis un
an, ces gens-là sont en période de discussion; j'imagine qu'il
est difficile pour eux de présenter un mémoire, compte tenu
qu'ils manquent de temps.
La Fédération professionnelle des journalistes, à
la fin du conflit avec la Presse, a produit un mémoire qui a
été déposé au secrétariat des commissions
à la fin de février et une dizaine de jours plus tard, je
recevais, à l'époque, personnellement une lettre m'enjoignant
fortement de convoquer les membres de la commission pour discuter des
mémoires, sinon la Fédération professionnelle des
journalistes irait s'asseoir sur le parterre de l'hôtel du gouvernement
pour recevoir, au nom de la commission, les mémoires.
Et depuis que la Fédération professionnelle des
journalistes a déposé le sien, nous n'en avons reçu qu'un
seul autre, celui de M. Demers du journal Le Soleil. J'imagine que ses membres
auraient trouvé le temps un peu long s'ils avaient dû attendre les
mémoires. C'est pour ça que j'en arrive aujourd'hui à vous
proposer, tout simplement, de rescinder cette prise de position que nous avions
prise lors des premières séances de la commission parlementaire.
Probablement que le fait, pour nous, de recevoir ceux qui ont
déjà déposé des mémoires va inciter ceux que
nous avons préalablement invités à venir, eux aussi,
déposer un mémoire et à venir le discuter devant les
membres de la commission.
La prise de position que je vous demande ce matin, c'est tout simplement
dans le but d'inciter ces organismes invités à venir
déposer devant la commission. Peut-être qu'ils vont trouver,
à ce moment-là, le temps, compte tenu des discussions
agréables que nous pourrions avoir ici à la commission, de
préparer leur mémoire et de venir le déposer.
M. HARDY: M. le Président, très brièvement, je
pense qu'une des raisons de l'absentéisme assez marqué des gens
qui ont été invités à se présenter devant la
commission est sûrement il ne faut pas se le cacher, il faut
être assez humble pour le reconnaître est sûrement la
perception que ces groupes ont pu avoir de la commission parlementaire et des
parlementaires en général.
Il faut se rappeler le contexte dans lequel cette commission est
née. Elle est née peu après la fameuse crise ou du moins
il y a eu un certain lien dans l'imagination populaire ou dans l'opi- nion
publique. Il y a eu un certain lien entre la création ou la
résurrection de cette commission, qui avait déjà
existé, et la fameuse crise d'octobre.
Il y a également on l'a souligné tantôt et je
le reconnais des prises de position d'hommes politiques, que je n'ai pas
à juger, parfois fondées en tout cas je n'ai pas à
les juger prises de position d'hommes politiques qui peuvent avoir eu
cette conséquence. M. le Président, même ces raisons
étant admises, elles ne suffisent pas pour que les groupes
invités s'abstiennent de répondre à l'invitation de la
commission parlementaire. Je soulignerais, sans aucune
méchanceté, que ça implique autant les
propriétaires parce que parfois on a l'impression que, quand on parle du
monde de l'information, on attaque surtout les journalistes mais il ne faut pas
oublier non plus les propriétaires de ces entreprises. Et si j'ai bien
remarqué la liste des absences, je me demande si ce n'est pas plus
marqué chez les propriétaires que chez les professionnels. Les
journalistes, eux-mêmes, ont répondu davantage à notre
invitation que les propriétaires d'entreprise.
En plus de cette perception que nos invités pouvaient avoir de
nous, il y a aussi une certaine indifférence, que je ne peux expliquer,
de la part de ces groupes, de ces gens vis-à-vis du travail d'une
commission parlementaire. J'irais plus loin. Je me demande parfois c'est
une question que je me pose jusqu'à quel point les
propriétaires des entreprises d'information et aussi les journalistes
ont conscience du rôle extrêmement important qu'ils sont
appelés à jouer dans une démocratie moderne. Au fond,
quand on regarde de près, le principal et je dirais même dans
certains cas le seul instrument que le citoyen, l'électeur a pour juger
des politiques, des partis politiques, des hommes, c'est le journal, la radio,
la télévision. D'où le rôle, à mon sens,
absolument essentiel que les organes d'information sont appelés à
jouer dans une démocratie comme la nôtre. Cette question me vient
à l'esprit parce que j'ai entendu, à maintes reprises, des
journalistes me dire: Les hommes politiques nous accordent beaucoup trop
d'importance; les hommes politiques sont beaucoup trop sensibles à ce
que l'on peut dire dans un sens ou dans l'autre.
Au contraire, si les hommes politiques sont tellement sensibles à
la façon d'agir ou à l'attitude des organes d'information, c'est
précisément parce que les hommes politiques réalisent
très bien l'impact que l'information a sur l'opinion publique ou sur le
comportement des citoyens. Encore une fois, je ne suis pas sûr que, de
l'autre côté, on ait cette conscience aussi aiguë' de leur
propre rôle. J'ai l'impression que les journalistes mésestiment
peut-être l'influence ou le rôle qu'ils ont sur l'opinion publique.
Ce serait une des raisons peut-être de leur absentéisme. Je
n'irais pas jusqu'à dire parce que je pense que ça ne
donnerait rien, même si nous avons les pouvoirs que la
commission
parlementaire exerce une contrainte et oblige des gens à venir
témoigner.
Dans ce genre d'audition, je ne pense pas que cela amène
grand-chose. Mais et là-dessus, je ne partage pas l'opinion du
député de Portneuf je pense que la commission
parlementaire devrait faire de nouveaux efforts. Il s'agirait d'entrer en
communication avec les personnes invitées, de réitérer
cette invitation, de leur dire d'une façon bien claire et bien
précise que ce que nous voulons faire, ce n'est pas de porter des
jugements, comme l'a dit tantôt le député de Chicoutimi,
c'est tout simplement de pouvoir entretenir un dialogue plus ouvert, plus
franc, de pouvoir nous rencontrer à la table plutôt que de nous
envoyer des accusations de part et d'autre, sans nous voir face à face,
d'être capable de discuter des problèmes qui se posent.
Les hommes politiques pourront sûrement tirer profit des
observations que ceux qui sont dans le domaine de l'information pourront leur
faire valoir. Sans aucune prétention exagérée, je peux
dire que les propriétaires d'entreprise et les journalistes pourraient
peut-être aussi retirer un certain profit des observations ou de la
discussion, un certain profit du contact des hommes politiques.
M. le Président. Encore une fois même en étant bien
conscients qu'il y a certains éléments qui peuvent expliquer la
situation ou qui ont pu inciter certains organismes à ne pas se
présenter, je pense que nous devrions passer par-dessus cela. Nous
devrions pouvoir entamer un dialogue franc, ouvert, de part et d'autre. Et ici,
j'avoue un manque d'information à ce sujet, je ne sais pas si cela a
été fait ou bien expliqué dans l'opinion publique, mais je
pense qu'on ne devrait pas limiter les invitations.
M. VEILLEUX: Je dirais au député de Terrebonne que les
membres de la commission avaient dit que nous réinvitions ceux qui
avaient déposé un mémoire en 1969, que nous ajoutions
à cela d'autres organismes qui existaient depuis. Nous avions aussi, en
même temps, lancé une invitation générale. Je ne me
souviens plus du nom de la personne, mais il y a quelqu'un de Montréal
qui a demandé s'il avait la permission de déposer devant la
commission et vous avez même eu un journaliste, M. Demers, qui en tant
qu'individu, a déposé un mémoire ici. Ce n'est donc pas
restreint aux organismes préalablement invités.
M. HARDY: Il faudrait peut-être le réaffirmer. On pourrait
demander la collaboration de ceux qui informent le public, pour que ce soit
bien clair et bien précis, dans le public en général, que
tous les groupes intéressés et même les individus sont
invités, parce que l'information ne regarde pas seulement les hommes
politiques et les journalistes, mais cela regarde tout le monde, tous les
citoyens, tous les organismes, tous les corps publics. Qu'il soit bien clair,
sans équivoque, que le grand public, les corps intermédiaires,
les corps publics, sont invités à venir discuter avec nous ce
problème de l'information sous tous ses angles.
Peut-être aussi que la question de liberté a
peut-être trop restreint la perception qu'on a pu avoir du
problème, trop restreint le champ de vision. Au fond, quand on
s'intitule commission de la liberté de la presse, c'est tout le
problème de l'information que nous devrions envisager, parce que la
liberté de la presse implique une foule de facteurs.
Il serait bien important que tous soient conscients qu'ils seront les
bienvenus pour venir nous exprimer leur opinion. Je pense que le fait de
commencer les auditions pourrait avoir un effet d'entrafnement et ceux qui
peuvent avoir de sérieuses réserves sur notre comportement, s'ils
s'aperçoivent que nous ne sommes pas si méchants, que nous ne
sommes pas si mauvais, auront peut-être moins peur de venir nous
parler.
M. VEILLEUX: Alors, M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Giasson): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'aurais un bref
commentaire sur ce sujet. Je serai très bref, parce que tout le monde se
rend compte que nous sommes dans le domaine spéculatif, nous sommes en
train d'analyser des intentions évidentes ou non, nous sommes en train
de sonder les reins et les coeurs. Nous sommes dans le domaine
spéculatif. Nous saurons, quand les organismes seront devant la
commission, pourquoi ils ont hésité. Enfin, je pense qu'au cours
des travaux de cette commission nous en apprendrons davantage. On a
invoqué plusieurs raisons possibles, je ne reviendrai pas sur ces
différents points, sauf pour dire que peut-être que, le mandat de
cette commission étant beaucoup plus vaste que celui confié
à la première commission, il est plus difficile pour les
organismes de circonscrire tout le problème et de présenter un
mémoire devant la commission.
La première commission avait siégé sur le
phénomène de la concentration des entreprises de presse.
C'était beaucoup plus précis et on pouvait s'inspirer de
statistiques, de faits précis, d'événements qui
s'étaient passés, de transactions. Alors, on est venu
témoigner dans ce cadre-là. Le mandat de la présente
commission est beaucoup plus vaste, les notions sont peut-être plus
abstraites. Nous n'avons qu'à prendre exemple sur les membres de cette
commission eux-mêmes. Au début des travaux de la commission, lors
des premières séances, il était peut-être un peu
difficile pour les membres de cette commission de savoir comment aborder le
problème. C'est peut-être la même chose pour ceux qui ont
à préparer des mémoires. Ils savent que la commission a
confié des études, des
travaux de recherche. Ils sont aussi intéressés que les
membres de la commission à prendre connaissance de certains documents de
travail qui vont les aider eux aussi à préparer les
mémoires qu'ils vont soumettre à la commission parlementaire.
Personnellement, je n'y vois pas de manque de courage, je n'y vois pas
d'hésitation démesurée. C'est entendu que ceux qui vont
venir témoigner devant la commission parlementaire ne considèrent
pas ça comme une aventure. Ils vont certainement se préparer et
venir ici poser un geste certainement sérieux; ils présenteront
des observations, des suggestions, des recommandations et des critiques
à des membres d'une commission parlementaire qui, eux aussi, prennent au
sérieux le travail qu'ils ont à accomplir.
S'il y a une commission parlementaire où les membres pourront
parler à titre individuel, je pense que c'est cette commission
parlementaire de la liberté de la presse. Ce sera le devoir, je crois,
de n'importe quel membre de la commission parlementaire, autant le
député de Saint-Jacques que n'importe quel autre
député, de souligner à cette commission, au moment
où ça pourrait se produire, des abus que des membres pourraient
commettre, des abus ou un exercice indu d'une forme de répression qui
pourrait s'exercer ici. Si les membres de la commission ont connaissance que
ça se produit, chacun pourra intervenir et dénoncer cette forme
de travail et cette forme de discussion.
Pour ma part, M. le Président, je crois que, si la
publicité est faite sur les travaux de la commission comme elle a
été faite jusqu'à présent et qu'on
s'aperçoit qu'on reprend véritablement le travail il y a
eu un moment non pas d'hésitation, des délais accordés
pour la préparation de certains travaux et il y aura d'autres travaux
aussi je suis certain que si on commence l'audition des mémoires
pour ma part, je suis prêt à rescinder cette
décision que nous avions prise, d'entendre ceux qui ont
déjà produit des mémoires un nouvel
intérêt va se créer autour des travaux de la commission
parlementaire. Il y en a certes d'autres qui, jusqu'à présent,
n'ont pas manifesté particulièrement l'intention de venir devant
la commission et qui vont réviser leur décision et nous apporter
un mémoire. Ils vont ainsi contribuer de façon positive et de
façon substantielle aux travaux de cette commission. Il y a des
organismes qui vont venir, c'est entendu, comme il y a aussi des organismes
importants qui n'en ont pas manifesté l'intention; il y a certainement
des individus qui devront venir et qui devraient venir devant la commission
parlementaire apporter une contribution qui est essentielle.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais signaler,
à la suite des propos de mon collègue, le député de
Montmagny, un fait qui est consigné au journal des Débats.
Lorsque nous avons commencé ces travaux, j'ai déclaré
moi-même, comme je le disais tantôt, que cette commission
n'était pas un tribunal et que, personnellement, j'interviendrais chaque
fois qu'un député membre de cette commission ferait des charges
de caractère personnel contre des journalistes. J'ai été
très précis et je n'ai pas changé d'idée.
Ce qui ne m'enlève pas mon droit de faire les mises au point que
je crois nécessaire de faire quand j'estime que l'information, en ce qui
concerne mes faits ou gestes personnels, n'a pas été objective.
Ce n'est pas, à ce moment, attaquer les journalistes, ce n'est pas leur
faire des procès; c'est tout simplement leur indiquer que, dans un cas
donné, ils n'ont pas fourni l'information qu'ils devaient donner ou
qu'ils l'ont donnée d'une façon telle qu'elle tronque la
perspective. J'ai d'ailleurs déclaré, devant cette commission et
en dehors de cette commission, que tout ce que j'exigeais d'un journaliste,
c'était qu'il rapporte objectivement les propos que tiennent les
parlementaires; qu'il rapporte objectivement les faits. Quant au reste,
commentaires, analyses, etc., c'est le dernier de mes soucis. Les journalistes
peuvent prendre tous les propos que nous tenons, analyser tous les gestes que
nous posons, en faire des choux, des raves, cela ne m'intéresse pas,
pourvu que l'on ait auparavant informé le public desdits faits et
gestes, propos, que l'on commente.
Les journalistes qui ont assisté hier aux séances de la
commission de l'Assemblée nationale ont dû voir le genre de mise
au point que j'ai faite. Je n'ai pas attaqué les journalistes, j'ai
attaqué des journalistes qui avaient tronqué la perspective en ne
rapportant qu'une partie des propos que j'avais tenus, point final.
M. VEILLEUX: M. le Président, pour résumer les propos
tenus par les différents membres présents à une
commission, je propose que nous rescindions la décision prise
préalablement à l'effet de ne pas tenir de séance publique
tant et aussi longtemps que les mémoires ne seraient pas tous
déposés, que la présente commission parlementaire tienne
des séances publiques les mercredis nous avons changé du
mardi au mercredi 13, 20 et 27 septembre à dix heures du matin,
afin d'entendre ceux qui ont déposé des mémoires. Nous
pourrions les convoquer selon l'ordre suivant lequel ils ont
déposé leurs mémoires à la présente
commission. C'est-à-dire que nous aurions d'abord les hebdos du Canada,
ensuite l'ACRTF, en troisième lieu, la Fédération
professionnelle des journalistes du Québec et, en quatrième lieu,
M. François Demers, journaliste au Soleil.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Agréé. M. LAURIN:
Agréé.
M. LEDUC: Puisque nous avons trois dates réservées, est-ce
qu'on ne pourrait pas commen-
cer à interroger les gens de SORECOM sur le rapport qu'ils nous
ont soumis?
M. VEILLEUX: Pour autant qu'il s'agira de réévaluer, ceux
à qui on pourrait demander de venir ici devant les membres de la
commission. Afin de prouver que la commission parlementaire voulait être
la plus objective possible et voulait avoir toutes les informations pertinentes
sur les problèmes de la presse, la commission a pris sur elle-même
d'écrire une lettre d'invitation à une vingtaine de pays
francophones afin qu'ils lui fassent parvenir les lois ou règlements qui
existaient dans ces pays sur le problème de la liberté de la
presse.
Jusqu'à maintenant, nous avons reçu huit réponses,
de la Belgique, du Congo, de la Côte d'Ivoire, de la Haute-Volta, de
l'Ile Maurice, de Madagascar, de la Suisse, de même que de la France.
Cependant, la France nous a fait part...
M. DROLET: Vous voulez dire qu'ils vous ont répondu?
M. VEILLEUX: ... qu'elle compilait les lois existantes chez elle sur ce
problème et je crois que la compilation n'est pas terminée
puisque nous n'avons pas reçu ces lois et règlements. Mais cela
viendra.
M. LE PRESIDENT: Le député de Trois-Rivières.
M. BACON: A la suite de ce que vient de dire le député de
Saint-Jean et de ce que mentionnait tantôt le député de
Chicoutimi relativement à l'information parlementaire. On l'a fait dans
le cas des pays francophones. Mais je me demande s'il n'y aurait pas lieu de le
faire dans le cas de pays anglophones et notamment les Etats-Unis, pour savoir
aussi les lois existantes concernant la presse et les relations entre les
professionnels et les propriétaires. Je me demande si, au lieu d'envoyer
tout simplement des lettres et faire des demandes, il n'y aurait pas lieu dans
un avenir rapproché de faire peut-être une recherche à ce
sujet. Je parle surtout de l'information parlementaire.
M. VEILLEUX: Est-ce que les membres de la commission
personnellement je le fais
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. VEILLEUX: ... agréent que l'on communique avec des pays
anglophones?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va de soi.
M. VEILLEUX: Nous avons maintenant le budget...
M. HARDY: Si j'ai bien compris la proposition de mon collègue de
Trois-Rivières, il ne propose pas seulement que l'on échange de
la correspondance...
M. BACON: Une étude.
M. HARDY: ... mais qu'il y ait une recherche.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une étude, c'est cela.
M. LAURIN: Une analyse comparée de cela.
M. BACON: Je ne dis pas que je propose qu'une recherche soit faite, mais
je propose que la commission devrait penser, dans un assez bref délai,
au cours d'une prochaine réunion, de pouvoir examiner cette
possibilité de commander une recherche.
M. LAURIN: Je sais que nous porterons un grand intérêt
à la législation en Haute-Volta, c'est même très
inspirant.
M. VEILLEUX: Dans un premier temps ce sera une correspondance quitte,
selon les réponses obtenues...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Commander des recherches.
M. LEDUC: J'ai une suggestion, M. le Président. Est-ce que je
peux répéter la suggestion que je faisais? Même s'il n'y
avait pas de président, j'imagine qu'on va nommer bientôt au
conseil de presse un président sûrement les journalistes,
j'insiste, vont nous donner l'exemple sur leur efficacité est-ce
qu'on pourrait inviter le conseil de presse, s'il n'a pas de président,
quitte à ce qu'entre eux, ils s'entendent et délèguent un
porte-parole du conseil de presse? Parce que j'y crois au conseil de presse,
presque autant que les journalistes.
M. VEILLEUX: Nous prenons bonne note de la remarque du
député de Taillon.
M. HARDY: Si les partis politiques peuvent avoir des chefs
intérimaires, pourquoi pas les conseils de presse?
M. DROLET: On va le reconnaître à ce moment-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et le ministre intérimaire.
Dépenses de 71/72
M. VEILLEUX: Dans votre dossier, messieurs, vous avez un rapport des
dépenses générales versus les prévisions
budgétaires décidées l'an passé par la commission
parlementaire et on remarque une dépense de l'ordre de $42,776.82; ce
qui reste à être versé ou qui a
été versé dans le fonds consolidé de la
province, une somme de $27,223.18.
Budget 72/73
M. VEILLEUX: Alors, comme prévision budgétaire cette
année, j'aurais la suggestion suivante à faire aux membres de la
commission. Comme dépense générale, c'est-à-dire,
papeterie, frais divers, déplacements, $5,000. Il y a un
troisième versement prévu au contrat entre l'Assemblée
nationale et la société SORECOM Inc. qui n'a pas encore
été versé et qui avait été prévu au
budget de l'an passé, une somme de $12,680.
Comme tout à l'heure nous avons accepté le projet du
coût de l'illustration cartographique de l'inventaire des media par la
société SORECOM Inc., il s'agirait ici d'ajouter une somme de
$1,500. Tout à l'heure aussi nous avons accepté une augmentation
du coût du nombre d'entrevues à réaliser par la
société SORECOM pour la deuxième partie de son travail, ce
qui implique une somme de $12,980. Des honoraires pour le directeur des
recherches, l'assistant, le secrétaire, etc., $15,000, pour un total de
$47,160. Il resterait donc un solde de $22,840 permettant à la
commission d'engager de nouvelles recherches si elle le juge nécessaire.
Est-ce que ces prévisions budgétaires sont agréées
par les membres de la présente commission?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Agréé.
M. VEILLEUX: M. le Président, il reste un dernier article
à la présente séance, ce serait de discuter de la
possibilité de recherches nouvelles pour les besoins de la
commission.
Est-ce que vous aimez mieux en discuter présentement ou attendre
à une séance ultérieure?
Information parlementaire
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous pourrions
peut-être en discuter présentement ou attendre une séance
ultérieure. Mais j'ai parlé tout à l'heure et
j'insiste là-dessus, c'est pour moi fondamental en termes
d'information du public sur l'activité gouvernementale. Je souhaiterais
vivement que dans les délais les plus brefs, dans les délais
utiles, on puisse faire une recherche sur l'information gouvernementale dans
d'autres pays, enfin des pays qui ont quand même une dimension, aux
Etats-Unis, en Angleterre, en France par exemple. Evidemment, vous avez
demandé des renseignements mais ces renseignements, il va falloir les
compiler, il va falloir les analyser. Est-ce que les gens qui sont actuellement
à l'emploi de cette commission ont le temps et le personnel pour le
faire? Je n'en sais rien. Il serait important qu'ils soient munis de tout ce
qui leur est nécessaire pour faire l'analyse de ces documents. A
même ce budget de $22,000, on pourrait commander des analyses, des
travaux de recherche, de synthèse sur la façon dont est faite
l'information parlementaire dans des pays comme la France, l'Angleterre, les
Etats-Unis, etc. Il y a aussi au ministère des Communications je
pense passablement de documents qui pourraient être
utilisés. Il faudrait que les recherchistes s'en-quièrent,
auprès du ministère des Communications, de ce qui existe
là et de quelle façon cela pourrait être utile à la
commission parlementaire de la liberté de la presse. Enfin, c'est une
suggestion que je fais. Je l'ai dit en Chambre et j'y reviens: C'est pour moi
un impératif catégorique. H faut absolument que l'on examine le
problème de l'information parlementaire, afin de définir le
rôle de la tribune des journalistes, d'étudier les tâches
confiées à ces journalistes, d'informer le public sur ce qui se
passe à l'Assemblée nationale, dans les commissions et dans tous
les domaines qui touchent à l'administration publique, quel que soit le
gouvernement en place, quels que soient les hommes qui soient là. A
même ce budget, peut-être pas dans l'immédiat, vous allez
recevoir des documents. Une fois ces documents étudiés, l'on se
rendra peut-être compte que ce n'est pas tout à fait suffisant,
qu'une simple compilation, une simple synthèse, une simple analyse ne
sera pas suffisante. Il faudra peut-être aller voir sur place je
ne parle pas de voyages interminables à l'étranger mais
prendre contact avec des gens, des spécialistes de l'information, des
spécialistes des administrations gouvernementales qui ont des services
d'information, pour nous présenter un document qui nous donne une
idée de ce qui se fait ailleurs. Que ce soit bon ou mauvais.
M. VEILLEUX: Pour répondre aux propos du député de
Chicoutimi, à titre d'information pour un renseignement qu'il
demandait.
M. LAURIN: Ah bon!
M. VEILLEUX: La commission parlementaire n'a plus, à temps plein,
le directeur de recherche, puisque depuis la mi-mai, M. Beausoleil est à
l'emploi du ministère des Communications. Cependant, M. Beausoleil a
accepté, compte tenu du travail qu'il aura à faire, à
titre de recherchiste pour la commission, de travailler à honoraires
plutôt qu'à salaire. Au fur et à mesure des besoins, M.
Beausoleil pourrait nous être prêté par le ministère
des Communications, pour faire ce travail.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président, qu'est-ce
que vous venez de dire? M. Beausoleil est au ministère des
Communications. Est-ce qu'il émarge au budget du ministère des
Communications ce n'est pas pour le mettre en cause lui-même, on
parle dans l'abstrait mais s'il émarge au budget d'un
ministère, il ne peut pas travailler en même temps à
honoraires. H faut faire attention à cela.
M. VEILLEUX: C'est-à-dire que les journées que M.
Beausoleil serait au service de la commission ne seraient pas payées par
le ministère des Communications mais elles seraient payées par la
commission parlementaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il faut examiner ça. Le Conseil du
trésor...
M. VEILLEUX: M. le Président, mais M. Beausoleil n'est pas
fonctionnaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il n'est pas fonctionnaire.
M. VEILLEUX: Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah bon! Alors, ça ne pose pas de
problèmes s'il n'est pas fonctionnaire.
M. VEILLEUX: Il n'est pas fonctionnaire.
M. LAURIN: M. le Président, pour notre part, nous aurions un
certain nombre de propositions à faire à la commission mais nous
aimerions pouvoir les expliquer davantage. Quelques-unes de ces propositions se
situent dans le prolongement des travaux déjà effectués
par la commission, en particulier SORECOM. Quelques autres se situent dans des
domaines connexes mais je pense que ce serait ne pas faire justice à ces
propositions que de simplement les énumérer ce matin.
Nous préférerions présenter à la commission
un texte écrit justifiant un peu nos demandes et, pour cette raison, je
vous serais très reconnaissant de prévoir une autre
réunion de la commission avant l'ajournement des travaux pour
l'été.
M. VEILLEUX: C'est-à-dire que, tel que convenu tout à
l'heure, lorsqu'il s'agira d'étudier le questionnaire
préalablement rédigé par M. Beausoleil et la
société SORECOM, nous nous rencontrerons, pour ce questionnaire,
à huis-clos; nous pourrions, à ce moment-là, prendre une
deuxième partie de nos travaux pour discuter des suggestions
émanant des membres de la commission en vue des projets de recherche.
Parce que j'imagine qu'il peut y avoir d'autres membres qui auraient des
suggestions à faire; notamment, moi aussi, j'en ai une à faire.
Compte tenu de l'heure, je crois qu'il serait mal venu de la jeter sur table,
sans discussion.
Le député de Chicoutimi me fait part qu'il a, lui aussi,
des suggestions à faire.
M. HARDY: M. le Président, pour faire suite aux propos du
député de Trois-Rivières et du député de
Chicoutimi relativement à une recherche sur ce qui se passe dans
d'autres pays, je me demande si on ne pourrait pas demander, dès
maintenant, à M. Beausoleil, de préparer un plan de travail que
nous pourrions examiner à une autre séance. Simplement
préparer un plan de travail, ce que pourrait comporter une recherche de
ce genre.
M. VEILLEUX: D'accord. Est-ce que les membres de la commission acceptent
que nous ajournions au mercredi 5 juillet à 9 h 30 pour discuter
et ça je le dis à huis-clos du questionnaire?
DES VOIX: D'accord.
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux jusqu'au mercredi 5
juillet, 9 h 30.
(Fin de la séance à 12 h 8)