(Neuf heures cinquante-trois
minutes)
Le
Président (M. Provençal)
: Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté
le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et services
sociaux ouverte. Je vous souhaite la bienvenue et je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission est réunie afin de procéder aux
consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi
n° 10, Loi limitant le recours aux services d'une agence de placement de
personnel et à de la main-d'oeuvre indépendante dans le secteur de la santé et
des services sociaux.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui,
M. le Président. Alors, M. Chassin
(Saint-Jérôme) est remplacé par Mme Tremblay (Hull) et Mme Lachance
(Bellechasse) est remplacée par Mme Bogemans (Iberville).
Remarques préliminaires
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Nous débuterons ce
matin par les remarques préliminaires puis nous entendrons, par la suite, les
témoins suivants : la Fédération interprofessionnelle de la
santé du Québec, l'Association des établissements privés conventionnés
et l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des
services sociaux.
Comme la
séance a débuté à 9 h 53, je vous demande si on va pouvoir prolonger
pour récupérer le temps. Ça va? Merci beaucoup.
J'invite maintenant le ministre de la Santé à
faire ses remarques préliminaires. M. le ministre, vous disposez de six
minutes. La parole est à vous.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Très bien. Alors, merci
beaucoup, M. le Président. Et je veux saluer non seulement mes collègues du
côté gouvernemental... aussi mes collègues de l'opposition, pour un autre
projet de loi important. Puis je salue les gens de la FIQ qui sont là, qui
seront les premiers intervenants.
Je vais juste dire quelques mots un peu pour
situer le projet de loi, qu'on appelle sur les agences privées. Je pense, c'est
important de faire une genèse rapide du fait que le gouvernement fait affaire
avec les agences depuis très longtemps, mais on a observé une augmentation
marquée du recours aux agences depuis quatre ans. Seulement dans l'année 2022... mars 2022... qui s'est
terminée en mars 2022, on a payé près de 1 milliard en agences
privées pour, entre autres, notamment, en grande partie, les infirmières
et les préposées aux bénéficiaires.
En fait, ce qui devait être une exception, en
termes de... est devenu, en fait, un mode de gestion au cours des dernières années. Et les conditions de travail des
conventions collectives, avec des clauses qui sont souvent vues comme
très rigides pour les infirmières, entre autres, ont poussé nombreuses
infirmières à sortir du réseau ou à choisir les agences pour pouvoir profiter
de meilleures conditions, que ce soient des conditions par rapport aux
vacances, au niveau de l'ancienneté, les heures défavorables ou la présence du
TSO. Donc, malheureusement, malheureusement, plusieurs infirmières ou préposées
ont décidé de quitter vers les agences, puis, en fait, les agences, bien, ont
profité de cette situation-là, puis le nombre d'agences a proliféré.
Maintenant, tout le monde convient que le statu
quo avec... n'est pas une option à long terme. Le recours aux agences a... provoque en ce moment une grande
iniquité entre le personnel du réseau public et le personnel des agences
en raison, justement, des taux horaires pour les agences, qui est beaucoup plus
élevé, qui donne plus de flexibilité, quand j'ai... comme je l'ai dit, sur
certaines heures défavorables ou plus de flexibilité pour les vacances. En
fait, il faut penser aussi l'instabilité en termes de services patients, où il
y a beaucoup de changements, souvent, d'une agence pour remplacer du personnel
qui devrait être là de façon permanente.
Donc, la conséquence des agences, c'est non
seulement une instabilité du côté des soins, mais c'est aussi une question
d'équité pour les employés, c'est une question de qualité, je viens de le dire,
mais il y a aussi une question monétaire pour le gouvernement. On le verra un
peu plus tard, dans des... dans les rencontres qu'on va faire durant la journée
ou demain, les agences font un bénéfice important en profitant d'une marge entre
le prix qu'ils paient pour les infirmières et le revenu qu'ils reçoivent de
l'agence. Et on peut dire que ce... cette marge-là peut varier de 50 $ à 75 $ de l'heure, c'est important, entre le
revenu qui est chargé et le prix qu'ils paient l'infirmière, bien que ce
prix-là est encore plus élevé que ce
qui est prévu aux conventions collectives. On a... Puis là, quand je donne
cette marge-là comme exemple, c'est
sans compter les gens qui ont chargé jusqu'à 400 $ de l'heure durant la
pandémie ou dans certaines régions. Et, si on fait
un calcul simple, sur à peu près 1 milliard, c'est entre 300 et
400 millions de plus que le gouvernement a payé pour le même service. Je
pense que ce n'est pas rien qu'une question d'argent, c'est une question
d'équité.
Et je le répète, je pense que la question n'est
plus : Est-ce qu'on peut continuer comme ça? La réponse, c'est non.
Maintenant, qu'est-ce qu'on fait? Un des grands objectifs du plan de santé — puis
tu me diras comment il reste de temps — un des grands objectifs du plan de santé, c'est de s'assurer qu'on va devenir l'employeur de
choix pour notre personnel, dont nos
infirmières, dont nos préposées aux bénéficiaires. Ce qu'il faut, c'est être
capable maintenant de les attirer et de les retenir. Et, pour faire ça,
bien, c'est sûr qu'on travaille sur d'autres éléments du plan de santé, dont ma collègue au Trésor, avec des nouvelles
conventions collectives, puis je salue les travaux qui avancent de ce côté-là.
Maintenant, je le répète, pendant que ces
initiatives-là, comme, par exemple, les conventions collectives, sont en
discussion, ça nous prend une transition, parce qu'on ne peut pas, du jour au
lendemain, se sevrer des agences privées,
étant donné l'importance qu'elles ont dans le réseau présentement. Je vous
dirais qu'en attendant qu'on ait ces bénéfices de ces nouvelles
conventions là, entre autres, on pourra travailler sur l'encadrement des
agences. C'est ce que nous allons faire ensemble dans les prochains jours,
prochaines semaines.
Je terminerai en disant que je suis certain
qu'on aura la collaboration des oppositions pour mieux encadrer, je pense, c'est ça, l'objectif du projet de loi,
mieux encadrer dans cette période de transition. On le reconnaît, la
situation n'est pas acceptable, mais je demande aussi aux agences, comme je le
demande à toutes les parties prenantes du réseau... On veut faire des
changements, et tout le monde doit accepter de faire des changements, si on
veut réussir à remettre notre réseau sur les rails. Je comprends que des
méthodes, des principes comme les agences ont été acceptés par le passé, je le
comprends. Maintenant, ce n'est plus acceptable. Il faut trouver cette
transition-là, et, je le rappelle, on a tous l'intérêt commun pour le patient.
On devrait penser aux patients, on devrait penser aux Québécois pour des
services de qualité, et j'espère qu'on pourra avoir un projet de loi qui répond
à ça dans les prochaines semaines. Merci, M. le Président.
• (10 heures) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le ministre.
J'invite maintenant le porte-parole de l'opposition officielle et député de
Pontiac à faire ses remarques préliminaires pour une durée de
3 min 36 s. Je vous cède la parole.
M. André Fortin
M.
Fortin : Merci. Merci, M. le Président. Il y a des parties
dans lesquelles on va être d'accord avec le ministre. Puis là où il nous
dit que le statu quo n'est pas acceptable. On est d'accord avec lui parce
que... surtout parce que le statu quo n'est pas un statu quo. Le statu quo,
c'est une augmentation fulgurante du recours aux agences et aux frais que
l'État paie pour avoir des services de la part de ces agences-là. Ça ne peut
pas continuer comme ça a progressé, au cours des quatre prochaines années, là,
c'est simplement insoutenable. Et ce projet de loi là, il était attendu, il
était souhaité de la part de plusieurs intervenants du milieu de la santé.
Cependant, de la façon qu'il est écrit en ce moment... Quand le ministre dit
qu'il va vouloir notre collaboration, bien, ça va être pour l'améliorer, le
projet de loi, parce qu'il demeure, à ce jour, extrêmement vague.
Je ne fais que regarder les notes explicatives,
M. le Président. «Le projet de loi octroie au gouvernement le pouvoir de
déterminer la période durant laquelle un organisme peut recourir aux services
d'une agence. Le projet de loi confère au ministre de la Santé le pouvoir
d'autoriser un organisme du secteur de la santé à recourir aux agences. Le
projet de loi octroie au ministre de la Santé des pouvoirs d'inspection et
d'enquête.» Donc, de façon précise, là, le projet de loi, c'est un peu un
chèque en blanc au ministre de la Santé. Il s'octroie des pouvoirs
supplémentaires sans mettre sur la table pour l'instant, d'un côté, comment il
va les utiliser, mais, de l'autre côté, l'impact que son projet de loi va
avoir, de façon concrète, à court terme, dans le réseau de la santé.
On n'a pas, et j'espère qu'on va l'avoir au
cours de nos échanges en commission parlementaire, le détail de l'impact pour
différentes régions du Québec, entre autres, d'un projet de loi comme celui-là.
Je donne un exemple bien simple, M. le
Président. Il y a plusieurs régions du Québec qui ont des infirmières, des
préposés venus de Montréal, qui
viennent en région à travers les agences, mais, si, demain matin les agences ne
sont pas là, combien de travailleurs de moins il va y avoir dans le
réseau de la santé de chaque région?
Alors, il y a
des choses qui doivent être mesurées. Il y a des impacts, d'un projet de loi
comme celui-là, qui doivent être
mesurés et pour lesquels on n'a pas eu encore le niveau de détail souhaité, de
la part de la partie gouvernementale.
Alors, oui à l'esprit du projet de loi, oui au
besoin d'une réforme de la façon que les agences sont utilisées, pour limiter, pour encadrer, pour, à terme, ne
plus avoir d'agences de façon systémique, là, comme on l'a en ce moment,
mais on a beaucoup de questions sur l'impact aux patients puis comment le
ministre va s'assurer que son plan de ressources humaines fonctionne, parce
qu'on le sait, là, les besoins, ils sont immenses dans le réseau. Si je ne me trompe pas, c'est 122 000, si on s'entend sur
les chiffres, 122 000, dans quatre corps d'emplois uniquement, là,
nouveaux employés dont on aura besoin au
cours des prochaines années. Alors, oui, on peut très concrètement encadrer le
recours aux agences, limiter le recours aux agences, mais encore faut-il
s'assurer qu'on soit capable d'attirer des gens vers le réseau. Et ça, pour
l'instant, ça demeure loin d'être clair, M. le Président. On va vouloir
énormément de précisions au cours des prochaines semaines d'étude avec le
ministre. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le député.
J'invite maintenant le porte-parole du deuxième
groupe d'opposition et député de Rosemont à faire ses remarques préliminaires
pour une durée de 1 min 12 s. Je vous cède la parole.
M. Vincent
Marissal
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Chers collègues, je devrais être bien, bien de bonne humeur, ce
matin, puis je ne parle pas de ce qui s'est passé hier soir, nécessairement,
mais je parle du projet de loi, parce que ça fait deux ans que je répète ici qu'il faut qu'on se sèvre des agences de
placement. Je dis : Je devrais être bien, bien content, parce que, si je lis le titre, c'est à peu près ça
que ça veut faire. Je ne suis pas persuadé, cela dit, que c'est l'outil pour
le faire, parce que, pour le moment, quant à
moi, ça ressemble plus à un recueil de décrets, qui permet aussi, par
ailleurs, de maintenir les agences. Je
pense, par exemple, à l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont, dans mon coin.
Le projet de loi adopté aujourd'hui, ça ne change rien, dans les
prochains mois, pour l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, on peut encore faire appel
aux agences.
Alors, cela dit, je donne la chance au coureur.
Je suis ici aussi pour améliorer le projet de loi. Moi, j'ai espoir qu'on
puisse shaker les colonnes du temple des agences. Et «temple» est le bon mot
ici, parce que c'est devenu des petits rois,
dans le réseau de la santé, qui font la loi et l'ordre. Moi, je pense qu'on
doit se débarrasser de ces profiteurs. On doit surtout trouver le moyen
de ramener notre monde dans le réseau public.
Et je termine, M. le Président, en disant que je
ne souhaite pas que ce projet de loi devienne un outil de négociation par la bande pour les conventions
collectives, là, pour lesquelles, ici, moi, dans ma position, je n'ai
aucun pouvoir. Et je ne souhaite pas, et je le dis, là, avant qu'on commence,
être instrumentalisé avec un outil qui fait pression par la bande à la table de
négo, où je ne suis pas et où la présidente du Conseil du trésor se trouve mais
n'est pas ici pour répondre de ses actes. Merci.
Le
Président (M. Provençal)
: Vous avez eu le temps de
pouvoir vous exprimer, monsieur... Merci beaucoup. J'invite maintenant le député des Îles-de-la-Madeleine à faire ses remarques préliminaires pour une durée de
1 min 12 s.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci beaucoup, M, le
Président. Alors, comme mes collègues, je suis heureux de pouvoir commencer à
discuter de l'élimination du recours à la main-d'oeuvre indépendante et je
constate d'emblée que le titre, ce n'est pas
d'éliminer ce recours, c'est de limiter le recours. Et les pouvoirs que se
donne le ministre à l'intérieur du projet de loi permettent tout autant
d'éliminer le recours que de continuer à avoir accès ou, en tout cas, de
permettre ces ressources-là si on n'atteint pas nos objectifs.
On comprend qu'il faut y aller par étapes. Ça,
on souscrit à ça, mais on voudrait savoir le comment. Et évidemment le projet
de loi est très, très court, quelques articles seulement. On constate qu'il ne
va pas non plus, évidemment, à la source du
problème. Évidemment, ce n'est pas ici que ça se réglera, mais il va falloir
qu'il y ait un travail considérable qui soit fait pour s'assurer que
l'exode massif des employés du secteur public cesse, et ça, ça passe par l'amélioration des conditions de travail, on le
comprendra. Je me réjouis d'entendre le ministre sur à peu près
l'ensemble de l'argumentaire qu'on lui a
fait valoir au cours des trois dernières années. Maintenant, on travaillera de
façon collaborative pour améliorer le projet de loi. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le député, pour
ces remarques préliminaires.
Auditions
Nous allons
maintenant débuter les auditions. Je souhaite maintenant la bienvenue à la
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec. Je vous rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à
la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite à vous
présenter et à débuter votre exposé. À vous la parole.
Fédération
interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
Mme Bouchard (Julie) : Alors,
bonjour. Julie Bouchard, présidente de la FIQ. Mmes et MM. membres de la
commission, merci d'avoir accepté d'entendre notre analyse et nos
recommandations. Je suis Julie Bouchard, la présidente de la Fédération
interprofessionnelle de la santé du Québec, la FIQ. Je suis accompagnée de
Patrick Guay, vice-président et responsable politique des relations de travail,
et de Vanessa Bevilacqua, conseillère syndicale au secteur sociopolitique.
Nous sommes
ici aujourd'hui au nom de nos 80 000 membres, ces professionnels en soins,
infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et
perfusionnistes cliniques qui sont restés dans le réseau public et dont le
fardeau s'est alourdi, parfois au prix de la qualité des soins qu'elles
assurent ou même de leur santé. C'est pour elles que FIQ réclame la fin des
iniquités en matière de conditions de travail, qu'elle exige l'élimination
progressive mais ferme des agences privées de placement en santé.
Or, le projet de loi n° 10 n'est pas celui
tant attendu par la fédération. Comme vous avez pu le constater à la lecture de
notre mémoire, les effets délétères de la main-d'oeuvre indépendante sont
nombreux et sérieux. Son poids sur les finances publiques, l'impact sur la
continuité des soins et l'organisation du travail et surtout l'accélération et l'augmentation de l'exode des professionnels en
soins du réseau public dans un système déjà en pénurie de main-d'oeuvre
n'en sont que quelques exemples.
Par le fait même, il est
primordial que les travaux ultérieurs de la commission permettent de modifier
le projet de loi n° 10 afin que celui-ci soit réellement contraignant et
qu'il permette de s'attaquer à ce qui aurait dû être son essence même, soit
l'élimination du recours à la MOI dans le réseau public de santé.
• (10 h 10) •
À cet effet, la FIQ a déjà identifié les
éléments problématiques et établi des recommandations quant à la manière de les
corriger. Si le but du gouvernement est réellement de sevrer le réseau public
de la MOI, l'intention du projet de loi ne
doit pas s'arrêter à la limitation du phénomène, mais bien aller jusqu'à son
élimination complète. Autrement, tant et aussi longtemps que le réseau
public sera fragilisé, les agences auront le beau jeu pour imposer leurs règles,
et ce, toujours à leur avantage, évidemment.
D'ailleurs, tant qu'il y aura des agences
privées, il y aura de la contestation de leur part. Nous le constatons d'ailleurs aisément avec les dernières offensives
contre l'appel d'offres du gouvernement diffusé en décembre dernier et
contesté devant l'Autorité des marchés publics et devant les tribunaux. Ces
démarches risquent de mettre en péril les intentions du gouvernement à l'effet
de réduire sa dépendance au monopole des agences privées.
Afin de donner
un coup de barre et de contrer la réplique des agences privées, la FIQ est
également d'avis que le gouvernement
aurait dû choisir d'inclure des balises claires dans ce projet de loi plutôt
que de les réserver à un règlement. Inclure le cadre limitatif de la MOI
dans un règlement permet justement au gouvernement de le modifier sans consultation, sans opposition, sans débat avec les
partis d'opposition et la société civile, incluant les syndicats.
Fonctionner par règlement permet peut-être une plus grande flexibilité au
gouvernement. En revanche, cela évite un processus démocratique et transparent
pourtant essentiel pour s'attaquer à un enjeu aux impacts multiples et
diversifiés pour le réseau de la santé. Si toutes les contraintes au recours à
la MOI sont prescrites dans un règlement, elles peuvent être modifiées selon
les intérêts politiques et économiques du moment. En n'officialisant rien dans
une loi, on ne peut s'attaquer de façon durable à la MOI dans le réseau de la
santé et des services sociaux.
Parmi ces
éléments qui auraient dû se retrouver dans le projet de loi, outre les cibles
annuelles du recours à la MOI, notons les échéanciers, la durée de la
période transitoire, les définitions des catégories de régions ciblées,
c'est-à-dire urbaines, mitoyennes et éloignées, et les critères de base des
appels d'offres gouvernementales.
La FIQ espère aussi que les membres de la
commission retiendront les éléments suivants : premièrement, les soins aux patients comme tels. Alors que nous
savons que le recours des établissements à la MOI déstabilise les
équipes de travail et altère la continuité
et la qualité des soins, le projet de loi ne prévoit aucune condition
spécifique à cet égard. Il s'agit ici
d'une responsabilité extrêmement importante relevant des directions des soins
infirmiers et autres directions cliniques.
La FIQ
recommande que le projet de loi n° 10 prévoie que les directions de soins infirmiers
des établissements soient responsables et imputables de l'élimination du
recours aux agences de santé privées, et ce, en collaboration avec la Direction
nationale des soins et services infirmiers et l'ensemble du MSSS.
Deuxièmement,
afin de mettre fin aux disparités entre les professionnelles du réseau public
et celles des agences, la FIQ est d'avis que le projet de loi n° 10
devrait inclure les mesures qui seront prises par le gouvernement afin de mettre fin aux iniquités entre les conditions des
professionnelles en soins du réseau public et celles des agences durant
la période transitoire devant mener, à
terme, à l'élimination du recours aux agences. Ces mesures devraient viser à ce
que les personnes salariées du réseau de la santé soient privilégiées par
rapport à la MOI, car il est non seulement important d'encadrer l'utilisation
du personnel des agences, mais aussi, et encore plus, d'améliorer les
conditions de travail des professionnelles en soins du réseau.
Voici des
exemples de ce qui devrait prévaloir pendant la période de transition jusqu'à
l'élimination complète de la MOI : Que les taux facturés par les
agences soient réduits au maximum et que les agences ne puissent facturer à taux et demi le temps supplémentaire effectué par
les salariés assignés par son intermédiaire; que la MOI soit soumise aux
mêmes inconvénients que les professionnels en soins, notamment en ce qui
concerne l'octroi obligé ou non de quarts en
temps supplémentaires; advenant qu'il y ait des quarts de travail favorables à
pourvoir, que les établissements soient forcés de privilégier leur
personnel pour les quarts favorables; qu'un mandat temporaire soit donné à la Commission de la santé et des services sociaux
afin qu'elle évalue les impacts de la main-d'oeuvre indépendante sur la
rémunération des salariés de l'État, sur les patients et sur la qualité des
soins, en gardant comme objectif principal l'élimination
de la MOI. De plus, ce mandat devra aboutir à la proposition d'une politique
visant à établir un processus pour déterminer un tarif maximum que les
agences de placement peuvent exiger des établissements de santé afin de
permettre de garder un équilibre dans la dotation des effectifs permanents au
sein des établissements de santé.
Il est aussi
impératif de faire cesser la sollicitation des agences auprès des
professionnels en soins du réseau afin de mettre fin à l'exode qui
perdure depuis plusieurs années, et ce, bien avant la pandémie. Pour cette
raison, la FIQ recommande que le projet de loi interdise aux agences de
placement d'assigner une professionnelle en soins ayant déjà un lien, ou l'ayant quitté depuis moins d'un an, avec un
établissement public dans la même région administrative ou dans une
région limitrophe.
Le projet de loi n° 10 ne constitue
absolument pas un gage de limiter la MOI, encore moins de l'éliminer. Si le gouvernement
croyait plaire aux professionnels du réseau public et à l'organisation
syndicale qui les représente en grande majorité avec ce semblant de position
ferme contre les agences privées, force est de constater qu'il n'a réussi à
berner personne. Si l'intention du gouvernement est qu'à terme les
professionnels en soins des agences reviennent travailler dans le réseau
public, il devra non seulement améliorer le projet de loi n° 10, mais
aussi il devra concrétiser un autre pan de
son plan santé, soit faire du réseau public un employeur de choix. Autrement,
les professionnels en soins des
agences se dirigeront vers d'autres employeurs privés. Mais cette question est
distincte du présent projet de loi car, avant de penser à réintégrer ces professionnels dans le réseau, il faut
d'abord cesser leur exode en mettant définitivement fin aux agences de
placement privées.
La
FIQ souhaite donc que ces recommandations alimentent la réflexion des membres
de la commission afin que l'étude détaillée à venir puisse déboucher sur une
bonification significative du projet de loi n° 10, pour le bien des
professionnels en soins, certes, mais aussi pour les patients et, bien entendu,
pour la survie de notre réseau public de santé. Merci.
Le Président (M.
Provençal)
: Merci
beaucoup, Mme la présidente. Je vous remercie pour votre exposé. Maintenant, je
vais céder la parole à M. le ministre. Vous avez 16 min 30 s
pour cet échange avec les membres.
M. Dubé : Très
bien. Alors, M. le Président, merci beaucoup. Et merci beaucoup, Mme Bouchard,
et pour... vos collègues, pour la présentation. Je comprends que je dois
chercher de façon parcimonieuse le remerciement de votre part d'avoir déposé le projet de loi. Je cherche encore le merci,
mais je vais le prendre comme un merci. Les gens disent souvent : Est-ce que le verre est à moitié vide ou à moitié
plein? Je vais laisser les Québécois juger si vous trouvez qu'il est à
moitié plein ou à moitié vide, mais je pense qu'au moins on peut dire... on va
prendre les bonnes nouvelles où elles sont : Vous êtes d'accord avec le
principe.
Vous m'avez demandé
ce projet de loi là, en décembre dernier, je vous ai dit : On va le faire.
Bon, là, vous me dites : Il n'est pas parfait, il est perfectible. On va
travailler là-dessus, mais il y a une chose que j'aimerais que les Québécois
comprennent aussi, et vous l'avez dit dans votre présentation, qui a de très
bons éléments, premièrement, les agences, en ce moment, contestent devant les
tribunaux, non seulement l'appel d'offres qu'on a fait mais d'autres éléments.
Alors, il faut être excessivement prudent, en ce moment, de bien comprendre ce
contexte-là, et vous avez eu raison d'y référer. Moi, je n'y référerai plus
durant la présentation, mais je pense que les Québécois doivent comprendre que
les agences sont en processus légal, en ce moment, notamment sur l'appel
d'offres que nous avons déposé. J'arrête ça là, pour que les gens comprennent
que, des fois, il y a des éléments qu'on ne pourra pas traiter.
• (10 h 20) •
Deuxièmement, je pense
qu'il est important, Mme Bouchard, puis vous connaissez très bien le tabac,
pour employer l'expression... Un projet de
loi, ça se complète par des règlements. Ce n'est pas parce que le projet de loi
ne donne pas tout le détail d'une loi... Les règlements viennent compléter un
projet de loi. Puis ça, c'est important que les Québécois le comprennent, parce
qu'étant donné ce que je viens de dire, étant donné ce que je viens de dire,
dont je ne reparlerai plus, le gouvernement
doit quand même se garder une flexibilité dans ces règlements,
parce qu'on ne sait pas ce qui va se
passer. Alors donc, je voudrais juste que les gens comprennent que ce n'est pas
pour être malcommode ou parce qu'on ne veut pas être transparents qu'il
y a des éléments qu'on aimerait garder par des règlements. Je veux juste qu'on
comprenne ça.
Troisièmement, j'ai
dit... et souvent, le dire, M. le Président, devant la commission, devant les
Québécois qui nous écoutent... Des fois, ce qui est dit ici, à la commission,
par les parlementaires est tout aussi important que ce qu'on écrit, hein? On le dit souvent, c'est quoi, l'objectif de la loi,
c'est quoi les principes. Pourquoi je fais référence à ça, c'est que... Je vais le redire, puis je l'ai
dit à mes collègues lorsqu'on avait discuté, ce qu'on appelle le briefing
technique, Mme Bouchard, puis c'est important que vous l'entendiez, là... c'est
que, sur la question des règlements, j'avais dit à mes collègues qu'essentiellement, pour les raisons que je viens
d'expliquer, le projet de loi, quand on va faire les règlements... puis
je vais l'expliquer dans les prochains jours, quand on discutera l'article par
article, que l'essentiel des règlements devrait reprendre les mesures qu'on
avait durant les mesures d'urgence.
Alors, quand vous
m'avez demandé, tout à l'heure, de s'assurer que la question du taux maximum...
de s'assurer, par exemple, que les régions sont différentes... tout ce que vous
m'avez demandé tout à l'heure, là, ça, ça va se retrouver dans les règlements.
Et je le répète, les règlements vont aller chercher ce qui était,
essentiellement, dans les décrets des mesures d'urgence. Alors donc, il n'y
aura pas de surprise, là, ce n'est pas comme si on arrivait avec un projet...
une page blanche. On trouve une solution temporaire basée sur des mesures qui
ont été établies pendant les mesures d'urgence. Bon.
Maintenant, est-ce
que, durant la période de discussion... puis je pense que ce serait important
de le redire, Mme Bouchard, puis je vais vous laisser essayer, peut-être, de
remplir le verre un peu, durant le reste de mes questions, donc, de remonter un
peu plus qu'à moitié vide. On n'en parlera pas... Puis je veux rassurer le
député de Rosemont, que je respecte
beaucoup, puis il a raison d'avoir un grand sourire, ce matin, là, parce que
c'est vrai que le projet de loi, il
est bon, mais... Je pense que c'est pour ça qu'il a un sourire, mais ce que je
veux dire, Mme Bouchard, c'est que je veux rassurer le député de
Rosemont, on ne parlera pas des conventions collectives ici. On n'en parlera
pas. Je le dis, ce projet de loi là, 10, sur les agences privées, c'est un
élément du plan de santé que vous m'avez demandé, qu'on a décidé d'acquiescer.
On va essayer de remplir le verre un petit peu pour bien expliquer ce qu'il y a
dans le verre, mais ce que je vous dirais : On ne parlera pas de convention
collective.
Par contre, vous
l'avez bien dit, puis les Québécois, il faut qu'ils comprennent ça, le projet
de loi ici, c'est pour dire : Pendant que des gens travaillent à améliorer
les conventions collectives, nous, on doit trouver une période de transition.
Mon objectif, soit... il est clair, c'est non seulement d'encadrer les agences
mais de s'en départir quand on sera capables de le faire puis qu'on aura retenu
ou attiré assez de personnel pour être capables de le faire. Et c'est pour ça
qu'on aura une certaine flexibilité dans les règlements. C'est aussi simple que
ça.
Ce
qui est important, qu'on doit avoir, puis je l'ai dit, Mme Bouchard... c'est
important qu'on pense à l'intérêt des Québécois, pas au corporatisme des
parties prenantes. Ce qui est important, c'est de penser aux Québécois. Puis,
en ce moment, ils ont besoin de services, puis on va essayer de trouver la
meilleure transition. Je vous ai entendue, vous avez parlé du verre à moitié
vide. J'aimerais ça entendre... vous entendre sur le reste de vos demandes.
Mme Bouchard
(Julie) : En réponse, M. le Président, donc, vous comprendrez que,
pour moi, si le projet de loi aurait eu toutes les contraintes auxquelles on
s'attendait, avec ce qu'on a mentionné, autant dans notre mémoire que lors de ma
présentation, vous auriez probablement eu un réel merci sur la place publique,
M. Dubé.
Maintenant, pour moi, évidemment, et pour
l'ensemble des 80 000 professionnels en soins que l'on représente, le
verre doit être vide... pas vide, non, pardon, plein, il doit être plein, le
vide... le verre, pardon, mais en tout temps. Et, quand on a vu le projet de
loi lui-même, c'est le mordant qu'il manquait, la contrainte pour les agences
de placement. Et le fait que vous décidiez, M. Dubé, d'agir avec des règlements
faisait en sorte que vous vous donniez l'entière...
M. Dubé : Mais, Mme Bouchard, je
veux juste vous interrompre, parce qu'on n'a pas beaucoup de temps, là. Il y a
deux choses. Prenons un exemple. Vous dites : Il n'y a pas de contrainte.
Dans le projet de loi, là, ça n'existait même pas, des mesures, dans le temps
des décrets. On a mis des pénalités, c'en est une, contrainte, ça. Les gens qui
ne respecteront pas la loi ou les règlements, les deux, il va y avoir des
pénalités. Il n'y en avait pas, de pénalité, dans le temps des mesures. Il n'y
en avait pas, OK?
Vous me dites : Est-ce qu'il va y avoir
des... J'en donne, des contraintes, là. Est-ce qu'il va y avoir un taux
maximum? Oui, il va y avoir un taux maximum. Il y en avait un, taux maximum,
dans les mesures, durant les périodes...
durant la crise. On va en mettre. On va en mettre, des taux maximums. J'ai même
dit que les taux maximums... puis c'est pour ça que je l'ai dit au
président tout à l'heure, Mme Bouchard : Ne dites pas qu'il n'y en aura
pas, il va y en avoir. J'ai une contrainte, dont je ne reparlerai plus. Vous
l'avez dit qu'il y en avait une, contrainte, vous l'avez dit. Cette
contrainte-là, là, c'est ce qui se passe en ce moment du côté légal.
Moi, je vous
dis, dans les décrets, il y avait des taux maximums, il n'y avait pas de
pénalité, on définissait les régions.
Alors, je fais juste vous dire que le projet de
loi et les règlements, ça va ensemble. On va travailler ensemble pour expliquer
comment tout ça va fonctionner. C'est ce qu'on va faire durant la commission
parlementaire, mais je pense qu'il n'est pas exact de dire qu'il n'y en aura
pas, de contrainte, qu'il n'y aura pas de dents, qu'il n'y aura pas de mordant.
Il va y en avoir. Il faut juste travailler sur le projet de loi, où on a mis
déjà des pénalités, et sur les règlements, qui vont mettre le mordant dont...
vous demandez.
Mme Bouchard (Julie) : Mais, M. le
Président, pour nous, il faut comprendre que ce qu'on aurait aimé voir apparaître
immédiatement dans le projet de loi, ce sont l'ensemble des balises, ce sont
l'ensemble des contraintes, et non attendre. Et il y a une chose sur laquelle
on s'entend, c'est que tout ceci doit être fait de manière progressive.
Maintenant, du moment où est-ce que c'est fait par règlement, ça veut dire que
c'est votre latitude, au gouvernement actuel, donc ce n'est pas en commission
parlementaire que les débats vont se faire. Ce n'est pas démocratique.
M. Dubé : OK, mais prenons un
exemple, Mme Bouchard. Prenons un exemple, parce que, là, je vois qu'on commence à se... on remplit le verre. Au moins, on
s'entend sur quelques éléments. C'est bon signe. Moi, je vous dis, là, ce qui est important... Prenons juste la date
d'application par région, prenons ça comme discussion. Si on est
capables de fixer une date puis que le ministre a une flexibilité de
dire : Bien, maintenant, là, pour la région de Montréal... je donne un
exemple pour que les Québécois comprennent, pour la région de Montréal, on l'a
déjà dit publiquement, là, que... ce ne sera pas une surprise, ce serait
peut-être la région qu'on voudrait éliminer les agences le plus rapidement
possible parce que, par principe, c'est plus facile de les éliminer dans la
grande région de Montréal que de les éliminer sur la Côte-Nord. Est-ce que vous
êtes d'accord avec ça? Êtes-vous d'accord avec ça?
Mme Bouchard (Julie) : Tout à fait.
Tout à fait.
M. Dubé : Oui. Bon, bien,
voyez-vous, le verre se remplit. Moi, ce que je dis, c'est que, si on met une
date fixe dans le règlement, ou dans la loi, encore pire, est-ce qu'on va avoir
la flexibilité de le faire avant si ça va bien? Mettons que les conventions
collectives vont bien puis on est capables de ramener des gens, est-ce qu'on
devrait avoir avantage de se garder la flexibilité de le faire plus tôt? Moi,
je pense que oui.
Alors, c'est juste ça que je pense qu'il faut
discuter. Une loi, c'est une loi, puis, quand on a la change, bien, il faut revenir. Un règlement, ça donne une
flexibilité, mais qui n'est pas nécessairement un désavantage, Mme
Bouchard. Ça fait que c'est juste pour ça que j'apprécie vos commentaires, mais
je veux juste que, dans le... Quand vous allez suivre le projet de loi, puis avec tous les autres intervenants qui vont
venir, je veux juste qu'on comprenne non seulement les limites de ce
qu'on a, pour les raisons que j'ai expliquées, mais qu'il faille avoir une
certaine flexibilité, puis les règlements nous permettent ça. Est-ce que ça...
Est-ce qu'on remplit le verre, Mme Bouchard?
Mme Bouchard (Julie) : Pas encore.
Pas encore.
M. Dubé : Pas encore. Bien, il n'est
pas plein encore.
Mme Bouchard (Julie) : C'est un
gros... non, c'est un gros verre.
M. Dubé : Non, mais je vous connais,
vous êtes exigeante.
Mme Bouchard (Julie) : Oui, très,
très exigeante.
M. Dubé : Continuez,
continuez.
Mme
Bouchard (Julie) : Vous parlez... Je vais rebondir sur la flexibilité
dont vous parlez. Mais cette flexibilité-là, elle est pour qui? Est-ce
qu'elle est pour, justement, voir de quelle manière les agences vont riposter
face à votre projet de loi ou encore aux règlements qui vont s'ensuivre? Est-ce
que c'est justement pour vous donner toute la latitude d'aller modifier les
cibles, d'aller modifier les délais, comme vous le dites?
Alors, pour nous, tout ceci, et je le répète,
aurait dû se trouver dans un projet de loi, et on est vraiment là pour
discuter, entre autres, du projet de loi n° 10 et de faire avancer, justement,
l'ensemble de nos revendications.
M. Dubé : Non, mais je suis content
que vous reveniez. Je suis content que vous reveniez avec les délais, parce que, regardez, là, j'ai dit : Quand on
va être en... On est en commission, là, puis on va faire l'article par article
dans quelques semaines, OK, après vous avoir écoutés, vous et les autres
intervenants. Quand on va dire que l'objectif du règlement, c'est un, deux,
trois, quatre, dont les dates, puis tout ça, ça va être dit publiquement, puis on
va dire : Ces règlements-là vont être déposés très rapidement, et voici ce
qu'ils vont dire. Je l'ai dit au président tantôt, c'est aussi important ce qui
est dit que ce qui est écrit, et c'est ça, une commission parlementaire. Alors,
ce que je vous dis aujourd'hui : On va
suivre les débats des prochaines semaines. Notre objectif, c'est d'être très
clairs de ce qu'il va y avoir dans les règlements pour être capables de
travailler dans les circonstances dans lesquelles on travaille présentement.
• (10 h 30) •
Mme Bouchard (Julie) : Mais, pour
nous, il y a quand même une différence entre ce qui est dit et ce qui est
écrit, puisque lorsque c'est écrit...
M. Dubé : Mais il ne sera pas écrit.
Mme Bouchard, je veux juste dire... Mme Bouchard, vous avez raison. Je dis que ça va s'écrire rapidement. C'est ça que
je vous dis aujourd'hui, là. Ce n'est pas une question de mois,
d'années, c'est une question de semaines, d'être capables... On a tous
avantage, tout le monde, pour le service des Québécois, de mettre ces règlements-là le plus rapidement possible, parce qu'on a
dit : La situation, aujourd'hui, n'est pas acceptable. Elle n'est pas acceptable, on est tous d'accord
avec ça, vous et moi, là-dessus, on s'entend, puis tous les Québécois.
Donc, les règlements, ils ne prendront pas de temps à venir, mais il y aura eu
des engagements sur les règlements, étant donné les circonstances qu'on
connaît.
Mme Bouchard (Julie) : M. le
Président, j'aurais aussi un commentaire à mentionner. Pourquoi avoir écrit «limiter»
et non «éliminer» les agences de placement de main-d'oeuvre indépendante comme
titre du projet de loi? C'est quelque chose qui nous questionne énormément
puisque, pour nous, c'est vraiment une élimination progressive qui est
nécessaire pour le réseau de la santé.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Dubé : Bien, M. le Président,
tantôt, je l'ai dit clairement, là, c'est sûr qu'initialement, dans la
personne... dans la période de transition, on ne les élimine pas. On ne les
élimine pas, on fait une transition, on les encadre. Mais je vous ai dit en même temps que, lorsqu'on va le
regarder par régions, on va dire : à partir d'un certain temps, il n'y
en aura plus, ça, c'est l'élimination. Ça
fait qu'on a le même objectif, c'est de les éliminer, mais il faut faire une
transition qui est raisonnable.
Mme Bouchard (Julie) : D'accord.
Le Président (M. Provençal)
: Autres commentaires,
Mme Bouchard?
Mme Bouchard (Julie) : Non, pour
l'instant, ça me convient.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que, de la part des membres,
il y aurait des gens qui voudraient adresser une question?
M.
Dubé : Bien, peut-être que
s'il n'y en a pas... Il nous reste combien de temps à peu près avec
Mme Bouchard?
Le Président (M. Provençal)
: Il vous reste 1 min 40 s.
M. Dubé : Bien, je veux profiter...
Je ne sais pas, pour mes collègues, est-ce qu'il y avait une... il y avait une
question ou... Oui, c'est bon.
Bien, je pense que la... j'ai hâte de vous...
J'ai hâte de vous entendre, puis on a bien dit qu'on ne voulait pas faire de lien avec... Mais vous... Il y a une
chose, tout à l'heure, qui m'a... que j'ai trouvé intéressante, que vous avez
dite, là, puis je veux faire attention pour ne pas que M. Marissal me dise
qu'on va dans la convention, mais est-ce que la période d'un an... ça, c'est
important, de ce que vous avez dit, la période d'un an où une agence ne peut
pas aller chercher quelqu'un du réseau, vous avez fait une différence très
importante entre l'établissement puis l'installation.
Pouvez-vous juste me
redire ce que vous avez dit? Parce qu'en ce moment cette limitation-là, il y
a... je sais qu'il y a des agences qui jouent avec parce qu'elles ne peuvent
pas prendre quelqu'un qui est dans une région ou dans un établissement, mais aller dans un autre...
est-ce que c'est là que vous vouliez aller? Je sais que c'est très
technique, là, pour les gens qui nous écoutent, mais c'était...
Le Président (M.
Provençal)
: ...il reste 40 secondes.
M. Dubé :
Mme Bouchard... ou peut-être que je pourrai vous demander en dehors des ondes,
là, mais je trouvais ça intéressant que vous souleviez ce point-là, spécifique.
M. Guay
(Patrick) : Bien, si je peux répondre, M. Dubé, M. le Président?
M. Dubé :
Oui.
M. Guay (Patrick) : La différence, c'est que nos... c'est, justement, considérant que nos... juste
enlever un côté, je n'aime pas ça pouvoir m'entendre.
Juste pour répondre,
c'est parce qu'on veut justement... considérant qu'on sait que, pour certaines
régions, ça peut être difficile de se... de ne plus avoir de main-d'oeuvre
indépendante, notamment, l'Abitibi puis l'Outaouais d'où je proviens. On sait
que cette façon de faire là permettrait de garder certaines personnes, le temps
d'éliminer graduellement la main-d'oeuvre indépendante. Donc, c'est pour ça que, s'il y a quelqu'un qui quitte Montréal pour
venir aider ou prêter main forte dans certaines régions, on pouvait... on
pourrait le permettre, à ce moment-là, le temps...
M. Dubé :
La transition.
M. Guay
(Patrick) : ...qu'on élimine la main-d'oeuvre indépendante.
Le Président (M.
Provençal)
: Merci
beaucoup pour cette précision. Nous allons maintenant céder la parole au député
de Pontiac. Et je veux rappeler aussi, quand on s'interpelle, qu'on doit
toujours interpeler les gens par non pas le nom, mais par... comme
M. Marissal, c'est le député de Rosemont. C'est une petite remarque, un
petit rappel, M. le ministre.
M. Dubé :
Beau rappel.
Le Président (M.
Provençal)
: Alors, maintenant, M. le
député de Pontiac, vous avez 9 min 54 s.
M.
Fortin : Merci, M. le Président. Je vais tenter de retenir mon
instinct initial qui serait de répondre au ministre
dans plusieurs des affirmations qu'il vient de faire, là. Je vais quand même me
permettre de le faire un petit peu.
M. le ministre, si
vous cherchez des mercis, bien, vous avez 89 personnes assises à côté de
vous, derrière vous à tous les jours, là, qui peuvent vous donner une petite
tape dans le dos gratuitement, mais je ne pense pas que vous pouvez vous
attendre à ça quand vous déposez des projets de loi, pour citer les propos et
la mémoire de la FIQ, là, «qui représentent une profonde déception, une
coquille vide qui manque de mordant». Quand les gens utilisent des mots comme
«berner», c'est... il y a une réalisation à avoir de votre côté aussi, là, que
ce projet de loi là ne répond pas à leurs attentes. Et c'est un projet de loi
qu'ils demandaient, alors un projet de loi, d'habitude, quand il est demandé...
puis quand le ministre me dit : Bien, je réponds aux attentes des gens, on
est en droit de s'attendre à quelque chose d'un petit peu plus satisfaisant que
ça.
Mme Bouchard,
bonjour, M. Guay et Mme Bevilacqua. Le ministre nous a dit : Ça
se complète par règlement. Avez-vous la même impression que moi, que le
ministre n'a pas juste l'intention de le compléter par règlement, ce projet de
loi là, mais de l'écrire au complet par règlement?
M. Guay
(Patrick) : Effectivement. Si je peux répondre, effectivement, c'est
ce qu'on croit. Le PL n° 10, tel qu'écrit
présentement, c'est une coquille vide, on l'a dit dans notre mémoire. Nous, ce
que nous voulions dans ce mémoire-là, c'est vraiment les mesures qui soient
contraignantes, les cibles de réduction de MOI. On voulait avoir les
définitions des régions, justement. Qu'est-ce qui est urbain, qu'est-ce qui est
mitoyen, qu'est-ce qui est éloigné? C'est ce qu'on voulait avoir dans ce projet
de loi là. Malheureusement, ce n'est pas inscrit, et qu'est-ce qu'on laisse
présager, finalement, c'est que, si on y va par règlement, bien, au gré... ou
au fur et à mesure que le gouvernement... ou de la conjoncture, mais ça va
changer, et c'est cette crainte-là qu'on a. Donc, c'est pour ça qu'on voulait
que ça soit clairement identifié dans le projet de loi. Malheureusement, ça, il
ne l'a pas inscrit.
M.
Fortin : Est-ce qu'il y a... Si le
ministre devait, disons, convenir de certains de vos arguments, c'est lui...
peut-être de nous mettre un peu d'eau dans son vin, dans son verre de vin à
moitié plein, là. Est-ce que, d'après vous, ça se fait, mettre un taux horaire
maximum dans un projet de loi? Est-ce que ça lui enlève une quelconque
flexibilité au cours des trois prochaines années, de dire : Voici le taux
horaire maximum, on va le mettre dans le projet de loi. Tout le monde va
s'entendre là-dessus, ça va être clair en partant. On ne décidera pas ça autour
de la table du Conseil des ministres derrière les portes closes, ça va être
fait en public. Tout le monde va le savoir. Il faut savoir à quoi s'en tenir. Y
a-tu quelque chose qui limiterait... qui limite son action, s'il s'y prend
comme ça?
M. Guay
(Patrick) : Bien, dans l'une des recommandations qu'on fait,
justement, c'est d'avoir... un mandat temporaire
soit donné à la Commission de la santé, justement, et des services sociaux afin
qu'elle évalue cet impact-là et... pour justement donner ou... de donner le
maximum de taux horaire. Donc, lorsqu'on demande qu'un mandat soit donné
temporairement, bien, c'est par ça... c'est ce qu'on s'attend à la
commission... que la commission fasse, là.
M. Fortin : OK. Alors, est-ce qu'il y a un des éléments... Là, j'ai
parlé du taux horaire, là, mais est-ce que, si le ministre en venait à avoir
une délimitation claire des régions dans son projet de loi, ces fameuses
régions là qu'il veut régler en un an, deux ans, trois ans, s'il devait y avoir
une délimitation claire, est-ce que ça, ça limite sa flexibilité d'action
éventuelle selon vous, ou ça fait juste clarifier les choses pour tout le
monde, mettre tout le monde au même niveau en partant, puis, après ça, on sait
exactement où on s'en va?
M. Guay
(Patrick) : Non. La réponse est simple, c'est non. Ça ne
limite aucunement son pouvoir. Au contraire, ça clarifie la situation.
M. Fortin : OK. Merci. Le ministre de la Santé nous répète
régulièrement, et c'est un souhait qui est évident, là, je pense, pour tout le monde, que le réseau public de santé devrait
être un employeur de choix. Si je prends... parce qu'il ne veut pas
parler de convention collective, si je prends le projet de loi indépendamment,
je le regarde juste dans l'optique du projet
de loi n° 10, est-ce qu'il y a quelque chose là-dedans... est-ce que,
selon vous, le projet de loi en soi améliore la position du réseau
public comme employeur de choix?
• (10 h 40) •
Mme
Bouchard (Julie) : Bien, premièrement, c'est... évidemment, on n'est
pas ici pour parler de négociation ou encore de convention collective
dans le contenu de ça. Par contre, que ce soit le projet de loi n° 10 ou
encore les conditions de travail, un dossier
ne va pas sans l'autre. On se doit et on est dans l'obligation de mener les
deux dossiers en même temps, puisque
si l'amélioration des conditions de travail dans le réseau de la santé publique
ne se fait pas, automatiquement, le projet de loi n° 10 deviendra
un échec puisque les professionnelles en soins qui oeuvrent dans le privé
actuellement ne reviendront pas dans le réseau public. Elles n'ont pas quitté
le réseau public pour rien, c'est parce que
les conditions de travail qui y sont étaient épouvantables. Alors, c'est la seule
et unique raison qui a fait que ces infirmières, infirmières auxiliaires
et inhalothérapeutes-là ont fait un exode du public vers le privé. Et
maintenant, si on veut les faire revenir dans le réseau, on se doit de mener
les deux dossiers du même front pour pouvoir aller créer cet équilibre-là.
M. Fortin : Parce que, dans le fond, ce que vous êtes en train de dire,
c'est que le projet de loi n° 10, en soi, là,
il ne va pas nécessairement convaincre quelqu'un qui a choisi de quitter le
réseau, là, demain matin, de dire : À moins qu'on améliore les
conditions de travail, là, moi, qu'est-ce qui m'amène vers le réseau public? Si
je me mets dans les souliers d'une infirmière qui a quitté dernièrement ou
d'une préposée, ou d'une inhalothérapeute, là, pour des corps d'emploi que vous
représentez, ce que vous êtes en train de dire, c'est : En soi, là, ça
prend quelque chose dans la convention collective, dans les conditions de
travail pour les attirer. Sinon, si c'est juste de dire vous ne pouvez plus
travailler en agence dans un an, dans deux ans, en trois ans, ce n'est pas ça
qui va les ramener dans le réseau public, là. Et je vous comprends bien?
Mme Bouchard (Julie) : Bien,
exactement. Il faut obligatoirement que les deux dossiers soient menés en même
temps pour pouvoir arriver à quelque chose d'intéressant, parce que sinon, on
n'y arrivera pas.
M.
Fortin : Avez-vous l'impression, à travers le moment où le
ministre présente son projet de loi — vous
êtes au coeur, là, des négociations, des conventions collectives — avez-vous
l'impression que le ministre s'en sert un peu comme un outil pour sa
négociation plus que d'autres choses? Est-ce qu'on tenterait un peu de mettre
la...
Le Président (M. Provençal)
: Il ne faut pas donner d'intention au
ministre, par exemple.
M.
Fortin : Non, mais je demande... je ne lui prête pas, je
demande aux intervenants si c'est leur interprétation. Mais est-ce qu'il n'est pas en train de mettre
la... est-ce qu'il est en train de mettre la charrue en avant des boeufs un
petit peu?
Mme Bouchard (Julie) : Excusez, mon
micro ne voulait pas s'ouvrir.
Ce qu'il faut comprendre, c'est que le moment
est très important puisque nous sommes en négociations actuellement.
Maintenant, tout ce qui est de conditions de travail ou autres doit se négocier
à la table. Mais aujourd'hui, on est là pour
réellement parler du projet de loi n° 10 qui est actuellement sur la table. Donc,
évidemment, il faut que ce soit fait correctement. Il faut améliorer les
conditions de travail des professionnels en soins. Donc, encore une fois, les
deux dossiers doivent être ramenés en même temps, travaillés très sérieusement
pour arriver à quelque chose d'intéressant
pour s'assurer que les professionnels en soins qui oeuvrent actuellement dans
le privé reviennent vers le public, en donnant des conditions de travail
nettement supérieures à ce qu'elles ont présentement au niveau privé.
M. Fortin : OK. Avez-vous, de votre côté, vu une quelconque analyse du
projet de loi sur l'impact qu'il pourrait
avoir dans certaines régions, l'impact que ça aurait, là? Par exemple, vous
avez fait référence tantôt, M. Guay, à l'Abitibi entre autres, à
l'Outaouais, à la Côte-Nord, là. Est-ce que vous avez vu une analyse d'impact
de ce que ça pourrait avoir sur un réseau régional ou un
autre? Moi, ça fait partie des grandes inquiétudes qu'on a par rapport à ça,
qu'on ne nous a pas présenté, à savoir si ça a été mesuré, si ça a été analysé,
si les mesures qui... qui pourraient être déterminées par règlement, là,
pourraient avoir un impact démesuré dans certaines régions?
M. Guay (Patrick) : Malheureusement,
non, considérant que le projet de loi, il est muet à cet aspect-là. On ne sait
même pas qu'est-ce qu'une région éloignée, on ne sait même pas qu'est-ce qui
est un centre urbain. Donc, pour pouvoir analyser ça, il faudrait bien que le
projet de loi le prévoie, là, ou minimalement les définitions de qu'est-ce
qu'une région éloignée, là.
M. Fortin : OK. Moi, je pense qu'il me reste 30 secondes à peu
près, M. le Président.
Moi, je ferais une recommandation par rapport
aux derniers propos que le ministre a tenus. Il a dit très clairement :
Les règlements, là, on va les faire en quelques semaines. Mais, si on est
capable de les faire en quelques semaines, c'est parce que vous les avez déjà
en tête. Si vous les avez déjà en tête, il n'y a pas de raison qu'ils ne soient
pas présentés ici, à la Commission de la santé. Comme le recommande la FIQ, si
vous savez ce que vous voulez faire, présentez-les donc pour que tout le monde
soit sur la même longueur d'onde.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le député.
Maintenant, je vais céder la parole au député de Rosemont. Vous avez
3 min 18 s.
M. Marissal : Avant que je commence,
M. le Président...
Le Président (M. Provençal)
: Oui?
M. Marissal : ...est-ce que les
collègues ici ont un... je cherche le mot à matin, là, s'opposent au fait que
je récupère le temps de mon collègue de la troisième opposition?
Le Président (M. Provençal)
: De...
M. Marissal : L'idée ici étant de ne
pas gaspiller de précieux temps qui autrement serait perdu.
Le Président (M. Provençal)
: Ça prend... On ne peut pas. On peut,
mais avec consentement.
M. Marissal : Bien sûr.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la secrétaire, me permettez-vous
de...
M. Marissal : ...de conférer?
Conférons.
Le Président (M. Provençal)
: Moi, je pense qu'avec consentement... Je vois que le...
Est-ce qu'il y a consentement?
M. Dubé : Il y a consentement.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Donc, ça me fait à peu près six minutes, si je comprends bien.
Le Président (M. Provençal)
: Effectivement.
M.
Marissal : Merci, M. le
Président. Merci, collègues. Allons-y dans l'ordre. Bonjour, messieurs, dames
de la FIQ. Content de vous revoir.
J'ai plusieurs questions. Allons-y rapidement
quand même parce que je n'ai pas tant de temps que ça, là, malgré tout.
Recommandation 4 : La FIQ recommande que toutes les balises nécessaires
à l'élimination progressive de la MOI : cibles annuelles de recours à la
MOI, échéanciers, définition... Bref, vous connaissez la recommandation mieux
que moi. Quand vous parlez d'un échéancier, là, évidemment, on parle d'un
échéancier pour éliminer les agences, là, sauf peut-être de très, très, très
rares exceptions, là, qu'on connaît, vous pensez à combien de temps?
Mme Bouchard (Julie) : Il n'y a pas
nécessairement de temps qui sont établis parce qu'il faut prendre le temps de faire les choses correctement, justement,
pour ne pas les laisser dans des situations précaires, entre autres, les
régions qui, pour nous, sont éloignées. On n'a
qu'à penser à l'Outaouais, Abitibi-Témiscamingue, Bas-Saint-Laurent, même la Côte-Nord, qui sont très dépendantes de la
main-d'oeuvre indépendante. Alors, il faut quand même se donner le
temps.
Maintenant, si pour ces régions très éloignées
là, on parle de trois ans, quatre ans, deux ans, pour nous, c'est juste de
s'assurer que les choses soient faites correctement pour s'assurer que
l'ensemble des citoyens aussi ait accès à des soins de santé, parce que c'est
beaucoup la main-d'oeuvre indépendante qui oeuvre dans ces centres d'activité
là pour l'instant.
M.
Marissal : Bien qu'on ne connaisse pas avec précision le contenu des
règlements... puis, en passant, vous trouvez qu'il y a beaucoup de règlements,
qu'il y a un certain flou, puis qu'on navigue à vue dans le brouillard,
bienvenue dans mon monde. Ça arrive souvent avec ce gouvernement qu'on y va par
règlement. Mais le fait d'ouvrir des règlements dont on ne connaît même pas la
teneur en plus, là, et qui permettent a contrario de continuer avec les
agences, est-ce qu'on ne s'éloigne pas de facto de l'objectif qui est de les
éliminer?
Mme Bouchard
(Julie) : Je ne suis pas certaine d'avoir bien votre question.
M. Marissal :
Le règlement permettrait aussi, pour peu que je comprenne, là, de continuer
avec les agences là où il est impossible de les éliminer. Donc, nous
continuerons donc avec les agences, pour un temps indéterminé, dans certains
endroits. Je précise d'ailleurs que Rosemont n'est pas une région éloignée puis
que l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont va garder les agences jusqu'à preuve du
contraire.
Mme Bouchard
(Julie) : Bien, d'ailleurs, dans le projet de loi actuel, si je peux
me permettre, au niveau... chaque établissement va devoir émettre, là, leurs
contraintes pour lesquelles elles doivent, là, faire affaire avec un... de la MOI, et ensuite auront l'autorisation de la
part du ministre. Mais en aucun moment on voit c'est quoi exactement qui serait légitime pour donner l'approbation.
Est-ce que c'est la pénurie de main-d'oeuvre? Parce qu'effectivement, si
la pénurie de main-d'oeuvre en fait partie,
alors on va avoir de la main-d'oeuvre indépendante pendant les
10 prochaines années encore. Est-ce que c'est le... un pourcentage? Donc,
ça, on ne le revoit... on ne le voit pas à nulle part.
Donc, même ça, pour
nous, est un questionnement. Et justement, pourquoi y aller via règlement,
alors qu'on est prêts, dans les prochaines semaines, à déposer certains
règlements? Pourquoi ne pas le prendre tout de suite, et le mettre immédiatement
dans le projet de loi, et s'assurer que l'ensemble de la population au Québec,
l'ensemble des syndicats, l'ensemble des
agences de placement de main-d'oeuvre soient déjà au courant de qu'est-ce qui
s'y trouve et de pouvoir faire par eux-mêmes leurs propres
revendications, leurs propres commentaires, ou encore pouvoir se doter tout
simplement de la démocratie qui est extrêmement importante dans un dossier
comme ça?
M. Marissal :
Bien, je vous pose la question parce que ce qui m'a frappé quand on a déposé le
projet de loi, là, il y a trois semaines
maintenant, autour de... parmi les gens les plus heureux, à part le ministre,
il y avait l'association des agences de placement. J'ai rarement vu des
gens menacés d'extinction être aussi heureux, ce qui me fait croire qu'ils ont
plutôt compris qu'on pourrait leur maintenir des régions très problématiques ou
des sous-régions comme Maisonneuve-Rosemont.
Donc, le projet de
loi actuel, là, si on l'adopte comme tel, là, est-ce qu'il change quelque chose
pour HMR, l'Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord, l'Outaouais ou si on fait tout
simplement... on ne fait pas tout simplement que prolonger l'usage des agences
par décret sur lequel nous n'avons aucun pouvoir en plus?
• (10 h 50) •
Mme
Bouchard (Julie) : Ça peut
être une possibilité. Maintenant, peut être que l'association des agences
était contente du projet de loi, mais ce
matin, dans un article du journal, je pense que c'est plus la panique dans
leurs troupes.
Maintenant, pour
nous, c'est inconcevable de continuer de cette manière-là puisque ce sont
l'ensemble des contribuables du Québec qui
déboursent des montants faramineux pour les agences. Ce sont de nos anciennes
collègues qui ont fait le choix, évidemment,
de quitter des conditions de travail aussi difficiles pour un
environnement plus facile, entre autres concernant la conciliation
travail-famille. Le gouvernement se doit d'être le seul employeur et doit
s'assurer de l'équité des conditions de travail, de l'équité au niveau
salarial. Et si, comme le gouvernement l'a mentionné aussi souvent sur la place
publique, veut devenir un employeur de choix, ça commence par l'élimination
progressive de la main-d'oeuvre indépendante et de s'assurer que l'ensemble des
travailleuses et des travailleurs du réseau
de la santé ait de meilleures conditions de travail et soit en mesure de donner
des soins de qualité et sécuritaires à l'ensemble de la population.
M. Marissal :
Peut-être une dernière, là.
Le Président (M.
Provençal)
: 30 secondes.
M. Marissal :
Vous recommandez que le projet de loi indique des conditions et des
critères visant à assurer le droit des patients à recevoir des soins pendant la
période transitoire. Est-ce que ce n'est pas déjà le cas? N'est-ce pas déjà
dans la loi?
Mme Bouchard (Julie) : Bien, actuellement, ce
n'est pas l'ensemble de la population qui ont accès à des soins. Alors,
pour nous, ça fait partie d'une responsabilité du gouvernement de s'assurer que
l'ensemble des citoyennes et des citoyens aient accès à l'ensemble des
services, dont les soins, entre autres, dont ils ont besoin.
M. Marissal :
Merci.
Le Président (M.
Provençal)
: Merci.
Alors, je tiens à vous remercier pour votre contribution aux travaux de la
commission.
Je suspends les travaux
quelques instants afin de permettre aux prochains invités de prendre place.
Merci beaucoup à vous trois.
(Suspension de la séance à 10 h 52)
(Reprise à 10 h 55)
Le Président (M. Provençal)
: Je souhaite maintenant la bienvenue à
l'Association des établissements privés conventionnés. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, et puis nous procéderons à
la période d'échange. Maintenant, je vous invite à vous présenter et à débuter
votre exposé. À vous la parole.
Association des
établissements privés conventionnés (AEPC)
M. Nadon (Jean) : Bonjour à tous. M.
le Président, M. le ministre, Mmes et MM. les commissaires, merci de nous avoir
permis d'exprimer notre opinion sur le projet de loi n° 10 et d'échanger
avec vous.
Je me présente, je suis Jean Nadon, président du
conseil d'administration de l'Association des établissements privés
conventionnés. Je suis accompagné de Mme Annick Lavoie, directrice générale de
l'association.
L'AEPC
regroupe 28 propriétaires gestionnaires qui représentent
29 établissements et installations, 57 centres d'hébergement
et de soins de longue durée et deux centres de réadaptation répartis dans
11 régions du Québec.
Notre mission est de promouvoir l'excellence des
soins et des services de proximité offerts par nos membres, de soutenir la place de l'entreprise privée
conventionnée dans le domaine de la santé et des services sociaux et de
mettre en valeur les intérêts de nos membres et leur contribution essentielle.
L'AEPC est un partenaire incontournable des
services d'excellence adaptés aux personnes en grande perte d'autonomie ou
ayant des besoins spécifiques. Les propriétaires gestionnaires des EPC sont
majoritairement des familles qui sont à la
deuxième ou troisième génération à la barre de leur établissement ou des
communautés religieuses. Notre regroupement à l'intérieur du réseau de
la santé et des services sociaux existe depuis plus de 65 ans.
Les EPC
offrent des soins et des services de qualité supérieure dans des environnements
sécuritaires et agréables. Nous sommes des experts en soins et...
services de longue durée et en réadaptation physique. Nous privilégions une
approche empreinte de respect et de dignité, d'environnements empathiques, où
le résident, dont la vulnérabilité est très grande, n'est pas un numéro, mais
plutôt une personne à part entière avec une histoire et des rêves. Les employés
oeuvrant dans les EPC sont triés sur le volet, et une attention particulière
est portée sur leurs compétences. Ainsi, les CHSLD étant des milieux de travail
uniques et marqués par la notion d'humanitude des milieux de vie, le
savoir-être des employés est primordial.
Au cours des six décennies, les EPC ont
développé une culture ouverte et de proximité facilitant les échanges
bilatéraux avec les résidents et leurs représentants, de même qu'avec les
employés. Cette gestion de proximité nous permet
de travailler en étroite collaboration avec les employés et les syndicats,
favorisant une synergie positive. Vous aurez compris que cette
philosophie qui... qui transparaît dans notre mémoire.
L'AEPC est favorable à l'intention du
législateur de vouloir encadrer le recours aux agences privées de placement dans les milieux de soins et
d'hébergement. À ce chapitre, les données sur l'utilisation accrue de la main-d'oeuvre
indépendante provenant des agences privées de placement de personnel depuis la
pandémie sont accablantes et exigent une réflexion en profondeur sur une
problématique qui est multifactorielle.
Nous sommes ainsi d'avis que le projet de loi
n° 10 doit être vu comme une occasion de revoir nos façons de faire collectives.
Les agences privées de placement et de personnel doivent être mieux encadrées
que cela soit pour la qualité des
compétences de la main-d'oeuvre, que pour le prix demandé aux établissements.
Nous estimons également que les
moyens de dissuasion contenus dans le PL n° 10 avec l'imposition de
pénalités financières et d'infractions pénales pour le recours à la MOI
viennent limiter les moyens dont disposent les gestionnaires du réseau dans un
contexte de pénurie de main-d'oeuvre.
Nous vous
soumettons avec respect quelques questions. Sera-t-il envisageable que le
fardeau des conséquences de l'utilisation de la main-d'oeuvre
indépendante soit inversé et incombe davantage aux agences de placement plutôt
qu'aux établissements? L'échéancier du projet de loi pourrait-il être ajusté
compte tenu de la réalité des EPC et de l'environnement dans lequel ils
évoluent? La facturation des agences privées de placement devrait-elle refléter
l'expérience et les compétences attestées de l'employé? Les taux horaires exigés
pour les différents types d'emplois ne devraient-ils pas ne pas dépasser ceux
octroyés par le réseau de la santé? Est-ce que la création d'une agence de
placement gouvernemental permettrait de récupérer un certain nombre d'employés
des agences privées de placement qui recherchent une plus grande flexibilité
dans les horaires de travail?
Le PL n° 10
nous a donné beaucoup de matière à réflexion, et nous nous sommes attardés,
dans nos pistes de solution, sur l'attraction et la rétention du personnel.
Nous pensons que l'introduction de nouvelles technologies des systèmes
numériques avec interopérabilité et les accès à des données fiables en temps
réel permettraient une grande efficacité. Et pourquoi ne pas mettre en oeuvre
les bases des notions expérience client et expérience employé dans les façons
de gérer du réseau et des établissements? Ne serait-il pas gagnant de porter
attention à ce qui préoccupe les jeunes et
les futurs gradués? Ils sont intéressés par tout ce qui est l'environnement, la
qualité des milieux de vie de travail et
la flexibilité dans le travail. Plusieurs pistes de solution sont
envisageables, nommément les certifications employeurs de choix,
environnemental telles que BOMA Best ou celles centrées sur l'humain telles que
PLANETREE.... ainsi que
l'encadrement du travail, comme l'autogestion des horaires de travail, les
quarts de travail de 12 heures et l'abolition du temps
supplémentaire obligatoire. Merci. Je laisse la parole à Annick Lavoie.
• (11 heures) •
Mme Lavoie (Annick) : Merci, M. Nadon, d'avoir
mis la table à des questions importantes qui ouvrent la porte à une
réflexion en profondeur. L'AEPC est d'avis que ce vaste chantier commande une
mobilisation de l'ensemble des partenaires du réseau afin de trouver des
solutions réalistes et pérennes. De plus, le délai d'application doit tenir compte des réalités de chaque partenaire. Le
réseau de la santé doit revenir... redevenir un employeur de choix, et,
pour cela, des changements doivent être
introduits, dont l'implantation est essentielle, tant au niveau local que
national. Nous parlons ici de changements qui dépassent le strict cadre
du projet de loi n° 10. Merci à vous tous d'être les leaders.
Les
EPC sont évidemment disposés à aider le ministère dans le déploiement de
projets pilotes visant à réduire l'utilisation progressive de la
main-d'oeuvre indépendante et d'accroître l'attractivité des milieux de travail
pour le personnel. Dans la rédaction de notre mémoire, nous nous sommes
attardés à ce que nous croyons être les principales causes de l'utilisation
abondante, ces dernières années, des agences privées de placement. Nos
commentaires se fondent sur les expériences de nos membres observées sur le
terrain et des impacts néfastes de ces causes.
Nous apportons, bien
humblement, quelques pistes de solution pour chacune des causes identifiées.
Nous sommes d'avis que l'utilisation accrue de la MOI est un symptôme d'un
problème à causalité multifactorielle. Pour l'imager,
je dirais que ce n'est que la pointe de l'iceberg. Si vous acceptez cette
prémisse, vous serez d'accord pour dire que de couper le pic de l'iceberg n'empêchera pas ce qui est sous l'eau
d'exister. Nous souhaitons éliminer le recours à la MOI, mais... et il
faut vraisemblablement s'attaquer à ce qui le cause.
De manière
microscopique... Bien entendu, en toile de fond à cette réflexion, les dommages
collatéraux causés par la pandémie de
COVID-19. Les effets négatifs qu'a eus la pandémie sur notre société sont réels
et importants. Ils sont évidemment amplifiés dans le réseau de la santé
car ce sont les travailleurs de la santé qui étaient en ligne de front durant
de trop nombreux mois.
Brièvement, parmi les
causes identifiées, la pénurie de main-d'oeuvre. Si nous la regardons de
manière microscopique, du fait de leur mission unique et de leur taille, les
EPC ne peuvent aucunement compétitionner contre les CISSS et les CIUSSS au
moment de recruter du personnel ou de requérir aux agences de placement.
Cette incapacité va
encore plus loin. En effet, les établissements d'enseignement et les centres de
formation professionnelle sont approchés par les CISSS et les CIUSSS dans
l'attribution de stages, ce qui nuit forcément à la relève de nos différents titres d'emploi. De manière macroscopique
maintenant, le réseau de la santé est de moins en moins un employeur de choix. Il faudra développer des
stratégies de recrutement qui mettent l'emphase sur des milieux
stimulants, qui misent sur l'autonomie, l'initiative, la reconnaissance.
Autre cause
possible : les conditions de travail. Le psychologue Abraham Maslow
parlait de la théorie de la motivation qu'il interprétait à travers la
représentation pyramidale de la hiérarchie des besoins des individus. Le
deuxième palier de cette pyramide représente les besoins de sécurité. Il parle
ici de stabilité, de prévisibilité et de calme.
Nous croyons que si les conditions de travail, aussi généreuses soient-elles
monétairement, ne permettent pas de satisfaire
les besoins de sécurité des employés, le réseau n'arrivera pas à retenir son
personnel ni à en attirer. Dans cette optique, il est peu probable que
le projet de loi n° 10 vienne à lui seul dans le...
ramener dans le réseau le personnel de la santé qui tente inlassablement de
retrouver un certain contrôle et une stabilité dans son environnement de travail. C'est pourquoi que... c'est pourquoi nous
croyons que des actions structurantes en amont et en parallèle doivent
venir soutenir le projet de loi n° 10.
Pour les EPC, un
élément qui vient nuire à l'environnement de travail est la réduction parfois
complète de la liste de rappel en raison du
rehaussement des postes à temps complet. Lorsqu'un employé s'absente, il n'y a
personne sur la liste de rappel pour venir le remplacer, et, bien qu'un plan de
contingence soit mis en place, il est possible que l'établissement soit dans
l'obligation d'avoir recours à la MOI. Cela dit, en passant, dans les EPC, le
recours au temps supplémentaire obligatoire est une mesure de très grande
exception et est quasi nulle.
En terminant, nous
demandons au législateur de tenir compte des particularités des EPC dans les
modalités d'application de la loi afin de préserver la pérennité de ces milieux
de vie uniques. Merci. Nous sommes heureux de répondre à vos questions.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup pour votre
exposé. Alors, M. le ministre, vous débutez cet échange avec ce groupe.
M. Dubé : Oui.
Très bien, M. le Président. Puis, un, je vous remercie beaucoup pour votre
présentation puis je comprends très bien vos inquiétudes et vos
recommandations. Je laisserais peut-être la parole à mes collègues députés...
de poser des questions, parce qu'on a quand même plusieurs questions sur votre
document. Alors, je laisserais, là, les députés qui voudraient intervenir...
Le Président (M.
Provençal)
: Mme la
députée de... Chicanez-vous pas, là.
M. Dubé : Ils
veulent toutes. Ils veulent toutes.
Le Président (M.
Provençal)
: Mme la
députée de Hull.
Mme Tremblay : Oui. Alors, bonjour.
Vous parlez, là, dans les recommandations, de retarder l'échéancier, là, pour les EPC, de manière à ce qu'ils se
joignent au mouvement un petit peu plus tard. Par ça, vous n'avez pas
peur de créer un
certain déséquilibre, finalement, puis que... avoir une difficulté de
rétention, finalement, d'amener les gens vers vous, là? Pourquoi...
J'essaie de comprendre pourquoi ça serait bénéfique pour vous de ne pas le
faire maintenant, mais de le faire beaucoup
plus tard. Puis ça pourrait retarder le processus dans lequel... on veut en
venir, à terme, à... il y a une
période de transition, mais, à terme, de finalement éliminer. Ça retarderait,
finalement, cela. J'ai peur du déséquilibre. C'est pour ça que
j'aimerais ça vous entendre là-dessus.
Mme Lavoie (Annick) : M. le
Président, la réponse est simple, c'est que, justement, on a ce déséquilibre
entre les CISSS et les CIUSSS et nous. Donc, on a de la difficulté à faire de
l'attraction puis d'attirer des gens dans... On sait, là, la mission CHSLD
n'est pas une mission, là, qui est très, très valorisée au niveau médiatique et
tout ça. Donc, on a ce fardeau-là, mais, en plus, comme les CISSS et les CIUSSS
vont chercher directement les futurs gradués dans les écoles de formation, il
en reste très peu pour nous.
Donc, ce qu'on dit, c'est qu'on va être pris
avec très peu de gens qu'on va être capable d'engager et on va être en bris de
service. Et, comme on traite une population qui est extrêmement vulnérable,
c'est la population la plus vulnérable au Québec, on ne peut pas être en bris
de service, tout simplement. Donc, c'est juste pour ça. Donc, si on pouvait
être les derniers à passer, ce serait bien, comme les régions, les EPC en
dernier.
M. Nadon (Jean) : Juste pour
ajouter, ce qu'on s'attend, c'est plus un plan d'action avant, c'est d'être
prêts. C'est sûr qu'on est des petits établissements, on est plus vulnérables,
et c'est sûr, les agences, c'est vraiment un filet de sécurité, quand on arrive
un samedi soir, s'il manque une infirmière. C'est ce qu'on dit. Ça fait que
c'est pour ça que, tu sais, le but, ce n'est pas de retarder pour retarder,
c'est d'avoir un plan d'action pour être prêts. Comme qu'on dit, ce n'est pas la seule façon de faire,
d'éliminer les agences, je pense qu'il y a des... Quand on parle de
l'expérience employé, je pense qu'il faut se mettre de l'avant puis j'apprécie,
M. le ministre, que vous preniez ça en compte.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Bonaventure.
Mme Blouin : Oui. Donc, merci d'être
là pour nous exprimer votre point de vue. J'aimerais en savoir plus, notamment
sur vos réalités qui sont particulières. Est-ce possible concrètement de nous
dire c'est quoi, les impacts négatifs du recours à la main-d'oeuvre
indépendante pour vous, donc des exemples concrets, notamment?
M. Nadon (Jean) : Bien, le recours à
la main-d'oeuvre indépendante, il n'y a aucune plus-value d'en avoir. Ça coûte
plus cher, il n'y a pas de stabilité pour nos équipes, tous nos projets
n'avancent pas avec la main-d'oeuvre indépendante. C'est sûr que l'objectif,
dans nos établissements, c'est d'avoir zéro main-d'oeuvre indépendante, c'est réellement
d'aller... C'est sûr, avec ce qui est arrivé dans les dernières années... on
sort quand même de la pandémie, ça fait que c'est sûr qu'il y a plusieurs
choses qui ont été un petit peu retardées. Tu sais, quand on parle de
l'expérience client, expérience employé, il y a des choses qui ont été
retardées. On est en train de les remettre en place,
et c'est d'avoir un peu... C'est pour ça que je vous dis qu'en fin du compte,
c'est le dernier recours qu'on va avoir, mais présentement, aujourd'hui,
les enlever, on serait vulnérables. Quand on pense à certains établissements
qui ont peut-être une quarantaine de lits, qui ont une infirmière pour la
nuit... mais on est pour... d'avoir une vision, mais c'est de le faire
intelligemment.
Mme Blouin : Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée d'Iberville.
• (11 h 10) •
Mme Bogemans : Quelles seraient vos
recommandations en ce sens-là? Tu sais, quand vous dites que vous voulez qu'on
l'étudie puis que vous n'avez pas fait...
Mme Lavoie (Annick) : Bien, en fait,
c'est vraiment de regarder à mettre en place des mesures structurantes pour
attirer les gens dans le réseau, redevenir un employeur de choix. On l'a déjà
été. J'ai été dans le réseau pendant 21 ans.
C'est un beau réseau. Donc, il faut redevenir cet employeur de choix. C'est
vraiment d'écouter ce que les employés ont à dire et de voir de quelle
manière on est capables de concilier cet agencement-là entre leurs besoins,
répondre à leurs besoins de sécurité, et comment on est capables de faire
fonctionner un réseau. Donc, c'est toutes ces mesures structurantes qui doivent
être mises en amont puis en parallèle avec le projet de loi, là.
Mme
Bogemans : Puis, selon vous, particulièrement en CHSLD,
quelles seraient les mesures à mettre de l'avant?
Mme Lavoie (Annick) : Bien, écoutez,
c'est sûr et certain que, si on regarde... de permettre... Bon, dans les EPC,
nous, on a une structure particulière de budget, et ce sont des heures
cliniques autorisées qu'on a d'octroyées, et de nous permettre de pouvoir
peut-être faire une substructure. Donc, c'est d'avoir deux ou trois personnes
de plus de prévues dans la structure de base de façon à ce que, si jamais
quelqu'un n'est pas là, bien, on a un backup déjà sur le terrain. Donc, ça,
pour nous, ce serait une façon pour les EPC.
Ce n'est pas la même chose du tout dans les
CISSS et les CIUSSS, là, on s'entend. Ça, ça serait une mesure. De rendre la
flexibilité au niveau de l'horaire, on parle de l'autogestion des horaires,
bien, je pense que ça, c'est une belle façon de répondre au besoin de
prévisibilité que les employés ont. Ça fait que ça, c'est quelques exemples.
Mme Bogemans :
Parfait, merci.
Le Président (M. Provençal)
: Prochaine question? Oui, Mme la députée
de... Oui, Mme la députée de...
Mme Dorismond : Marie-Victorin.
Le Président (M. Provençal)
: ...Marie-Victorin.
Mme
Dorismond : Tout à l'heure, j'ai bien compris, dans le fond, au
niveau de votre gestion avec la main-d'oeuvre indépendante, vous
l'utilisez vraiment en filet de sécurité. Donc, ma question... Tu sais, vous
avez parlé aussi du plan d'action, de
travailler en amont. Ça fait que ça serait quoi, la première étape pour vous,
pour répondre à vos enjeux, comme plan d'action, qu'on devrait mettre?
M. Nadon
(Jean) : Bien, je pense que ce qu'on parle dans le mémoire,
c'est justement de... On travaille, en ce moment, avec nos employés sur,
justement, des facilités d'attirer ou de la rétention. Quand on parle des
horaires de 12 heures, d'essayer d'avoir une fin de semaine sur quatre
pour... exemple, pour les infirmières, d'aller plus loin. C'est justement... on veut une ouverture, une
ouverture avec nos employés pour accommoder et retenir nos employés. Ça fait que c'est de se donner un peu le temps de le
faire et puis de devenir un employeur de choix pour être non dépendant du... non dépendant des agences. Puis, en ce
moment, il y a aussi un dossier harmonisation des heures-soins dans les CHSLD.
C'est tous des petits éléments. C'est super
important d'avoir les soins requis, d'avoir une... peu importe le centre d'hébergement, d'avoir les heures-soins
octroyées par le ministère pour donner une qualité de service puis aussi
être moins fragiles. Puis ça fait partie aussi des... quand on parle juste des
rénovations par rapport... dans les CHSLD, c'est tout plein d'éléments qu'il
faut mettre en place pour y arriver.
Mme Dorismond : Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Hull.
Mme
Tremblay : Donc, on connaît le coût, finalement, d'avoir
recours à ces agences-là. Donc, moi, j'aimerais ça que vous nous parliez de l'impact financier parce qu'il y a quand
même eu plusieurs fermetures, là, d'établissements, là. Donc, est-ce que
ça... n'aurait-il pas eu lieu... est-ce que ça n'aurait pas eu un impact, là?
Parce que le recours à ces agences-là, on le sait, là, ça a quand même... est
quand même important.
Mme Lavoie (Annick) : Écoutez, les
fermetures ne sont pas dans le réseau des EPC, donc je ne pourrai pas parler pour eux parce que je ne connais pas leur
réalité. Par contre, au niveau des établissements privés conventionnés, l'impact... et c'est certain que, lorsqu'on arrive
après les CISSS et les CIUSSS dans nos appels pour avoir quelqu'un de la
main-d'oeuvre indépendante, on se ramasse en bas de la liste permise par le
Centre d'acquisitions gouvernementales, alors là on est dans les gros prix, et,
en plus, bien souvent, l'agence va dire : Bien là, je suis obligée de te
charger temps double parce que cet employé-là, bien, il est en temps
supplémentaire. Est-ce que c'est vrai, est-ce que ce n'est pas vrai? Aucune
idée. Mais nous, on reçoit la facture pareil, là.
Donc, c'est
ça, quand on parle d'encadrer les agences, bien, c'est cet appétit gourmand là
qui devrait être contrôlé parce que ce n'est pas... ce n'est pas
raisonnable, puis même pour les employés du réseau, ce n'est pas équitable, là.
Donc, c'est cette optique-là, là, qu'on parle.
Mme Tremblay : Oui. Puis là vous...
Le Président (M. Provençal)
: ...
Mme Tremblay : Oui?
Le Président (M. Provençal)
: Allez-y, Mme la députée.
Mme Tremblay : Ça va. Donc, dans le
mémoire, vous parlez également d'une agence de placement gouvernementale qui
pourrait être créée. C'est quoi, les... Dans votre tête, c'est-tu une agence...
C'est quoi, les services que ça pourrait
offrir, ce type d'agence là? Est-ce que ça permettrait une certaine mobilité de
la main-d'oeuvre? Qu'est-ce que vous avez en tête en lien avec ce
sujet-là?
Mme Lavoie
(Annick) : Ça pourrait être effectivement la mobilité de
certains employés du réseau, quelqu'un qui travaille dans le réseau puis
qui dit : Bien, moi, je serais prête à donner... Je suis à temps partiel,
je serais prête à peut-être donner mon nom pour aller à l'occasion comme ça.
Donc, c'est une espèce de banque d'individus qui
pourraient accepter de se promener, et puis, évidemment, on essaierait d'avoir... dans les mêmes secteurs
de façon à garder une certaine stabilité au niveau des différents soins
qui sont à donner. Et ça permettrait... si
c'est une agence gouvernementale, ça permettrait, à ce moment-là, de contrôler
les coûts, de contrôler un paquet de facteurs qu'on n'a pas de contrôle
actuellement, parce que ça vient des agences de placement
privé. Donc, à ce moment-là, on aurait ce contrôle-là. Ils seraient sous les
mêmes unités syndicales que celles du réseau.
Donc, il n'y aurait pas de différence autre que
la flexibilité de la personne qui dit : Bien, j'aimerais ça y aller un
petit peu plus souvent, moins souvent, tout simplement.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Bonaventure.
Mme Blouin : Oui. Est-ce que le
projet de loi, dans sa forme actuelle, soulève des enjeux particuliers, donc,
pour les établissements privés conventionnés, d'autres enjeux que vous n'auriez
pas soulevés, par exemple?
Mme Lavoie (Annick) : Je vous dirais
que l'enjeu principal, pour nous, c'est vraiment l'échéancier, parce qu'on est
tout à fait d'accord avec l'idée et le principe d'encadrer en ce moment et de
s'en aller vers une abolition de l'utilisation
de la MOI. On est tout à fait d'accord avec ça. C'est juste l'échéancier, pour
nous, est un peu trop court, puis on
se dit : On va être en bris de service. Ça, c'est... Pour la population
qu'on dessert, nous, c'est vraiment hors de question.
Et évidemment, le fardeau des pénalités sur les
établissements plutôt que sur les agences, pour nous, c'est de dire : Bien, on est pris, là, on n'a pas
d'autre solution que d'utiliser la MOI en ce moment, alors pourquoi on devrait
être pénalisés financièrement? Ça peut mettre également en péril la viabilité
de certains petits établissements, là.
Mme Blouin : Et, à votre avis,
comment est-ce qu'on pourrait bonifier le projet de loi?
Mme Lavoie (Annick) : C'est une
excellente question. C'est une excellente question. Écoutez, je pense qu'il y
aura à regarder quels sont les règlements parce que le projet de loi est assez
succinct, alors ce sera les règlements qui viendront vraiment donner une
structure à ce projet de loi là. Alors, c'est là où on pourrait... on s'offre à
vous aider à trouver des pistes de solution, si vous le souhaitez.
Mme Blouin : Merci.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Dubé : Combien il reste de temps,
M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
: Trois minutes.
M. Dubé : Trois minutes. Bien,
peut-être en lien avec les questions de mes collègues, je veux juste faire bien
attention, parce que l'engagement qu'on a pris, puis je dis ça à nos deux
invités aujourd'hui, c'est de faire abstraction de ce qu'on peut faire par
convention collective versus par projet de loi, puis, je pense, vous l'avez
bien dit. Et je veux juste rappeler aux Québécois qui nous écoutent aujourd'hui
qu'il y a plusieurs des suggestions que vous avez faites qui se rapportent à
des éléments de conventions collectives.
Alors, je veux juste qu'on se comprenne bien. Ça
fait que j'aimerais mieux... Je suis très content que vous les souleviez, mais ce n'est peut-être pas à propos
pour nous de commenter sur ces suggestions-là en ce moment, vu qu'on a dit qu'on voulait avancer en parallèle,
Mme Bouchard l'a très, très bien dit tout à l'heure, en parallèle. Le
projet de loi est pour encadrer les
agences, le projet de loi n° 10 qu'on discute en ce moment, mais que
l'amélioration des conventions collectives doit se faire en parallèle.
Alors, il y a beaucoup de suggestions. Bon, il y
en a une que je trouve qui... Puis je veux juste me permettre de commenter
parce que je suis content que la question vous ait été posée, puis c'est une
suggestion que vous faites, c'est ce que
vous avez appelé soit un banque de personnel qui a la mobilité... Puis je pense
que, si c'est possible pour les agences
privées de faire ça, pourquoi ça ne serait pas possible... C'est un peu ça que
vous nous dites aujourd'hui. Mais je veux juste que les Québécois comprennent
que c'est peut-être une bonne idée, mais c'est difficile pour nous de commenter
parce que ça, exemple, ça rentre dans le principe des conventions collectives,
étant donné l'ancienneté, la mobilité, puis tout ça. On se comprend bien?
Mais je trouve intéressant... Puis je pense que
c'est ça... Puis là je pense au député de Rosemont, là, qui nous a fait cet avertissement au début de notre
session, de s'assurer qu'on sépare les deux. Je veux comprendre, mais, quand on
a des recommandations ou des suggestions comme celles-là que vous avez faites,
je veux juste bien l'expliquer aux gens.
Puis ça ne vous empêche pas d'en parler, mais, pour nous, comme législateurs,
étant donné qu'on ne veut pas se mêler des conventions en ce moment puis
que ça, c'est le rôle de notre négociateur qui est le Trésor... Ça fait qu'on
se comprend bien là-dessus? Je voulais juste, M. le Président, porter cet
exemple-là comme précision pour dire qu'on va respecter ces règles-là. Est-ce
que ça va pour tout le monde? Je ne sais pas s'il reste du temps, mais...
• (11 h 20) •
Le Président (M. Provençal)
: Une minute.
M. Dubé : Quand vous avez parlé des
coûts... À moins que mes collègues... Est-ce que ça va? Il y a de très bonnes questions d'ailleurs. Quand on parle du
coût... parce que, oui, c'est vrai, vous êtes conventionnés, puis, pour
que les gens comprennent ce que ça veut
dire, c'est que vous devez... contrairement, mettons, à un CHSLD privé, hein,
vous devez avoir les mêmes règles de
conventions collectives qu'un établissement, un CHSLD public. C'est ça, la
différence. Il y a le CHSLD public, il y a le
conventionné puis il y a le privé. Vous êtes un peu comme entre les deux.
J'essayais juste de comprendre pourquoi vous dites que vous êtes un peu...
parce que ça, c'est un point intéressant que vous avez soulevé, vous
dites : Je veux juste que vous pensiez qu'on est souvent les derniers de
la chaîne. Puis vous pensez que vous passez même après les privés?
Une voix : ...
M. Dubé : Ah!
OK, c'est ça que je voulais bien comprendre parce que votre point est
excessivement intéressant. Vous avez dit : Ne pensez pas juste à le
limiter par région, mais le limiter par service. Donc... Puis expliquez-moi
pourquoi vous pensez que vous êtes en bas de la chaîne. Je veux juste bien
comprendre votre point là-dessus.
Le Président (M. Provençal)
: 10 secondes.
M. Dubé : Ou peut-être qu'un
collègue pourra continuer, là.
Mme Lavoie (Annick) : Parce que
les CISSS et les CIUSSS sont beaucoup plus gros que nous. Alors, évidemment,
quand ils font une demande...
M. Dubé : Le volume. Le volume.
Mme Lavoie (Annick) : Oui, le
volume.
M. Dubé : OK. Parfait.
Mme Lavoie (Annick) : Quand ils
font une demande, on passe après.
Le Président (M. Provençal)
: OK, merci. Parfait, merci. Alors, je
vais maintenant céder la parole au député de Pontiac. Vous disposez d'une
banque de 12 min 18 s.
M. Fortin : Merci. Merci, M. le Président. Merci à vous deux, M. Nadon et
Mme Lavoie, pour votre présentation puis les questions que vous avez répondues initialement. Moi, je... Une
des choses qui nous a frappés dernièrement, là, c'est l'ampleur des
chiffres qui ont été présentés par le gouvernement quant à son recours aux
agences dans certaines régions, entre autres, là, mais, de façon... même de
façon générale, je pense que ça a frappé beaucoup de gens, l'évolution, au
cours des quelques dernières années, du recours aux agences.
Moi,
j'aimerais ça savoir, avant qu'on rentre... parce que, là, vous demandez un
traitement un peu différent, puis c'est
normal, vous êtes là pour nous expliquer votre réalité, là, mais j'aimerais ça
comprendre l'étendue de votre situation à vous dans les établissements conventionnés. L'avez-vous mesuré, le
pourcentage d'heures que... des établissements, disons, pour lesquels
ils ont recours à la main-d'oeuvre indépendante ou aux agences?
Mme Lavoie (Annick) : Bien, je
vous dirais qu'avant la pandémie on avait un ratio d'utilisation de la MOI qui
tournait aux alentours de 7,2 %, alors que le réseau public était plus aux
alentours de 11 %, 11,5 %. Avec la pandémie, on s'entend pour dire
que, quand ça vidait un étage complet de personnel parce qu'on devait retirer
les gens qui avaient été en contact, même s'ils ne l'avaient pas attrapée... tu
sais, au début, là, dans la première vague, c'est sûr que le pourcentage a
monté puis on était plus, dans les trois années, là, de la pandémie, vraiment
un peu plus aux alentours de 12 %, 13 %. Puis le réseau était un
petit peu plus haut, mais sensiblement identique, là.
Là, ce qu'on tente de refaire, c'est de revenir
à ce qu'on était avant la pandémie. Mais c'est sûr que, pour le moment, c'est
difficile avec la pénurie de la main-d'oeuvre, qui existait avant, mais qui
s'est comme amplifiée.
M. Fortin : OK. Puis donc là vous me dites que vous êtes passé de
7,5 % à à peu près 12 %, 13 % dans les trois dernières années, disons. Qu'est-ce que ça représente comme coût,
ça, par exemple, là? J'essaie de comprendre le pourcentage
d'augmentation de vos coûts parce que, nécessairement, une infirmière préposée
d'agence vous coûte plus cher que celle qui
est salariée. Qu'est-ce que ça représente pour vous, cette différence-là sur
votre... vos marges, disons?
Mme Lavoie (Annick) : Bien, je
vous dirais que ça ne représente rien de différent parce que, comme je le
disais tout à l'heure, nous, notre budget est fait différemment et on
fonctionne avec des heures cliniques autorisées. Donc, l'utilisation de la MOI
rentre dans nos heures cliniques. Si on dépasse nos heures cliniques, à ce
moment-là, le propriétaire a une pénalité et il doit payer. Mais si on est en
deçà de nos heures cliniques, on n'a pas de pénalité. Donc, il y a... Au niveau
monétaire, la seule chose, c'est de dire : Bien, si ça nous coûte plus
cher, entre guillemets, d'utiliser une agence parce qu'ils nous chargent un
prix faramineux, bien, c'est le ministère, en bout de piste, qui écope. Puis
c'est là où on fait : Bien, ça ne marche pas, là.
M. Fortin : Mais c'est ça mon point, vous ne l'avez pas mesuré...
Mme Lavoie (Annick) : Non,
nous, on...
M. Fortin : ...combien
ça coûte de plus au ministère.
Mme Lavoie
(Annick) : Non.
M. Fortin : OK. Donc, le 5 % de différence, vous ne savez pas ce
que ça peut représenter parce que vous avez...
Il y a plus... Il y a des taux... OK, je vais le dire comme ça. Ce que vous
nous dites aujourd'hui, c'est que le taux que vous payez, il est plus
haut que le taux... ou le taux que le ministère paie à travers vos services,
là. Il est plus haut que le taux que les CHSLD ou les... publics ou les CIUSSS
paient, eux, de leur côté. C'est votre prétention un peu, là, parce que vous
avez dit que vous êtes en bout de ligne, souvent, donc vous finissez par payer plus,
puis...
Mme Lavoie (Annick) : Mais on ne paie pas
d'emblée plus cher, mais si on est obligé d'utiliser les agences qui ne
sont pas dans la liste et qui nous chargent plus cher, à ce moment-là, oui, on
va payer plus cher. Cette donnée-là, je ne l'ai pas présentement, mais je
pourrais l'avoir, par contre, parce qu'on fait ces calculs-là, là, de façon
périodique, là, à l'association. Je pourrais vous revenir avec la réponse.
M.
Fortin : OK. Bien oui, je pense, à travers
la commission, M. le Président, ça serait bien.
Mme Lavoie
(Annick) : Parfait, on vous enverra ça.
M. Fortin : Le
fait que vous demandez un délai différent ou un report, là, pour les
établissements conventionnés, j'essaie de comprendre... Si vous êtes à
la même place que le réseau public, qui est à peu près à, selon vos chiffres,
là, 12 %, 13 % de recours, là, il a peut-être augmenté dans le réseau
public aussi, là, mais vous êtes là, pourquoi vous auriez besoin d'un rapport,
si vous êtes sensiblement au même pourcentage de recours aux agences qu'eux?
M. Nadon
(Jean) : ...on ne peut pas parler pour les autres. Nous, on parle pour
nous. On demande de nous prendre une
particularité parce qu'on est des plus petits établissements, mais on ne peut
pas parler non plus pour le public. Ça fait que c'est sûr, quand on dit
de retarder, d'avoir un plan d'action avant de l'implanter dans les EPC, bien,
c'est pour ça. Ça fait que c'est... de là vient notre proposition.
Mme Lavoie
(Annick) : Je rajouterais peut-être un petit commentaire. On est à
mission unique, on ne peut pas faire du déplacement d'employés. Dans un CIUSSS,
un CISSS qui est énorme, s'il manque quelqu'un dans un département en
particulier, ils peuvent prendre quelqu'un d'une place puis l'envoyer, donc il
y a moins d'utilisation de MOI de cette façon-là. Nous, on est à mission
unique, donc on va être vraiment obligés. Donc, si vous comparez deux
pourcentages, le pourcentage des EPC puis le pourcentage des CISSS et des
CIUSSS, bien, il faut prendre le pourcentage des CHSLD publics versus les
nôtres, parce que c'est la mission qui fait, en quelque sorte, qu'on ne peut
pas laisser un poste vacant sur... pour le soin des plus vulnérables, là.
M.
Fortin : Est-ce qu'il y a des
établissements qui n'utilisent pas de main-d'oeuvre indépendante du tout?
Mme Lavoie
(Annick) : Oui.
M.
Fortin : Alors, pourquoi le gouvernement
donnerait un report pour ces établissements-là?
Mme Lavoie
(Annick) : Je n'en ai pas une quantité industrielle...
M.
Fortin : Mais quand même.
Mme
Lavoie (Annick) : ...j'en ai peut-être deux, deux sur 59.
M.
Fortin : OK, mais il y en a, là, il y en a
qui n'en utilisent pas du tout.
Mme Lavoie
(Annick) : C'est des régions éloignées en plus.
M.
Fortin : En plus. OK. Parce que c'est un
peu le point du ministre, c'est de dire : Là où c'est plus facile, bien, on va couper le recours plus tôt. Là où
c'est plus difficile, on va le couper plus tard. Alors, si vous, vous avez
des endroits qui fonctionnaient bien, là, entre guillemets, c'est-à-dire sans
recours à la main-d'oeuvre indépendante, je me pose la question, si offrir un
report ne ferait pas nécessairement en sorte ou peut-être en sorte d'ouvrir une
porte, là, éventuellement.
Mme Lavoie
(Annick) : Non, je ne verrais pas...
M.
Fortin : Non?
Mme Lavoie (Annick) : Ils
n'utiliseront pas plus la main-d'oeuvre indépendante, s'ils ne l'utilisent pas
en ce moment, là. Ce n'est pas dans leur intention.
M. Fortin : Si le gouvernement s'en tient à son plan de match actuel,
et, disons, dans un an... et là on se fie à la parole du ministre parce que ce
n'est pas dans le projet de loi, mais dans un an, à Montréal, le recours aux
agences n'existe plus, j'imagine qu'à Montréal vous avez des établissements
conventionnés qui utilisent les agences, est-ce que... En fait, la prétention
du ministre, là, c'est que, pour les CISSS et les CIUSSS, s'il n'y a plus de
recours aux agences, il y en a qui vont revenir dans le réseau public.
Qu'est-ce qui ferait en sorte que ce serait plus difficile pour vous de les
attirer vers des établissements que de les attirer vers des CISSS et des
CIUSSS?
• (11 h 30) •
Mme Lavoie (Annick) : Bien,
simplement parce que c'est mission unique, ce n'est pas une mission qui est
nécessairement très attractive, les CHSLD, on ne se le cachera pas. Et
deuxièmement, les opportunités d'avancement pour les employés sont beaucoup
moindres. Tu sais, quand tu rentres dans un CISSS ou un CIUSSS, tu vas au... tu
peux essayer la salle d'opération, puis là, ah, ça te tente d'aller plutôt à
l'urgence ou... tu sais, tu as possibilité de te promener un petit peu partout
et d'avoir une variété d'activités que tu n'as pas dans une mission unique, là.
M. Fortin : Est-ce que le report que vous demandez... J'essaie juste de
le comprendre, de le saisir puis qu'on lui donne les paramètres qu'il faut, là,
si le ministre choisit d'accepter votre demande. Est-ce que ce serait pour un
corps d'emploi spécifiquement? Est-ce qu'il y en a que c'est plus difficile ou
plus simple pour vous? Par exemple, là, vous avez des infirmières, vous avez
des préposés aux bénéficiaires. Est-ce qu'il y a un corps d'emploi pour lequel
ce serait... de dire : Oui, je ne pense pas qu'on a tant de besoin d'un
rapport pour un tel corps d'emploi, mais pour l'autre peut-être ou très
certainement?
Mme Lavoie (Annick) : Je vous dirais
que les infirmières, c'est probablement le corps d'emploi, là, le plus
difficile à recruter, clairement, là. Puis je ne sais pas si M. Nadon a
autre chose...
M. Nadon
(Jean) : ...aussi, on est plus vulnérables par rapport...
exemple, le soir ou la nuit, on a peu d'infirmières. Ça fait que c'est
sûr que, si on a une cancellation ou si notre liste de rappel n'est pas assez
longue, c'est sûr qu'on peut faire affaire avec les agences.
M. Fortin : OK. Puis combien de temps vous voulez pour le rapport... le report?
Avez-vous un temps à indiquer?
M. Nadon (Jean) : Bien, encore
là, ce n'est pas du temps, c'est qu'est-ce qu'on fait dans ce temps-là, qui est
important. Ça fait que c'est pour ça que, pour moi, en fin du compte, c'est de
s'asseoir, puis de faire un plan, et de le mettre en oeuvre. Et puis je n'ai
pas de date en tant que telle, mais il faut... pour nous, c'est d'avoir un plan
sérieux, puis je pense qu'on est capables de l'atteindre.
M. Fortin : OK. Ça va pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Alors, je vais céder la parole
au député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Sept minutes.
M. Marissal : Pardon?
Le Président (M. Provençal)
: Sept minutes.
M. Marissal : Merci, merci. Bonjour.
Merci d'être là. On se voit souvent, ces temps-ci.
M. Nadon (Jean) : Exact.
M. Marissal : Le monde est
petit. Vous estimez que les moyens de dissuasion contenus dans le PL n° 10, l'imposition de pénalités financières et
d'infractions pénales, c'est pas mal l'idée du projet de loi, qui viendra par
règlement, là, par le recours vient limiter les moyens dont disposent les
gestionnaires du réseau dans un contexte de pénurie
de main-d'oeuvre. OK, mais comment on fait autrement? Mettons, là, qu'on
dit : OK, ça limite trop, avec des pénalités puis des sanctions,
comment fait-on? Autrement dit, le bâton, on le trouve où?
Mme Lavoie
(Annick) : C'est une bonne question. Je vous dirais, c'est
vraiment de s'asseoir tous les partenaires ensemble et de réfléchir en
dehors de la boîte. Si on veut des résultats différents de ceux qu'on a
actuellement, il faut penser différemment. Donc, je n'ai pas les... Je n'ai
malheureusement pas les solutions, mais je pense
qu'on doit se servir de l'intelligence collective et de... travailler ensemble
à trouver une solution ou des solutions qui vont être réalistes et
pérennes pour éviter, justement, l'utilisation de la main-d'oeuvre
indépendante.
M. Marissal : OK. Bien, je ne
peux pas être contre ce que vous venez de dire, mais je n'ai pas vu encore de
projet de loi sur l'intelligence collective, là. J'essaie de voir comment on va
limiter les agences, parce que ce que vous dites, par
ailleurs, c'est que vous, vous allez vous retrouver dans une situation assez pénible
où vous n'aurez plus de main-d'oeuvre, ou encore moins, puis vous n'aurez pas
le choix d'aller vers la main-d'oeuvre... la MOI, puis ceux-ci, bien,
continueront leurs bonnes pratiques de vous imposer des tarifs autres que ceux
prévus, mais vous n'aurez pas le choix,
sinon vous tombez en bris de service. Puis vous m'arrêtez, si je dis des
niaiseries, là, mais c'est ce que je
comprends de votre exposé, là, c'est que vous allez... si vous n'utilisez pas
cette main-d'oeuvre-là, vous tombez en bris
de service. Vous ne pouvez pas tomber en bris de service, ça va de soi, mais,
ce faisant, vous risquez de contrevenir à la loi, donc, de vous faire
taper sur les doigts. C'est ça? Est-ce que je comprends bien?
M. Nadon (Jean) : Oui, mais
c'est sûr qu'on est pour un encadrement rapide des agences. C'est sûr que le
fonctionnement, on tombe souvent en région, avec... même si on regarde les
appels d'offres autres, parce que, dans certaines
régions, c'est... les compagnies viennent souvent de la région montréalaise, et
on est obligés de prendre des petites agences à gauche et à droite dans
certaines régions, qui... Ça fait que c'est pour ça que ce serait difficile.
Peut-être le faire aussi sur... comme qu'on dit sur... Quand on parlait de se
faire un plan, c'est que, peut-être, il y a des étapes à faire, et non du jour
au lendemain, dire : Bon, parfait. C'est nous autres qui se fait taper sur
les doigts.
M. Marissal : Mais pour les
encadrer, je reviens à ma première question, ça prend un régime de sanctions,
ça prend un régime.
M. Nadon (Jean) : Des sanctions
vers les agences ou vers nous?
M. Marissal : Bien, moi, je ne
vise pas l'un ou l'autre, là. Bien, personnellement, je les éliminerais, les
agences, là.
M. Nadon (Jean) : Oui, oui. Je
pense qu'on est tous à la même place.
M. Marissal : Mais je comprends
que, vous, vous craignez de vous faire taper sur les doigts parce que vous
n'aurez pas le choix de...
M. Nadon
(Jean) : Bien, c'est un peu que... c'est un peu simpliste
de taper sur les doigts sur les établissements, à court terme, sans
avoir des solutions pour arriver là. C'est ce qu'on veut dire, tu sais, c'est
le principe.
M. Marissal : Je comprends.
Dites-moi, les deux sur 59, là, quel est le secret de la Caramilk, pour ces
gens? Comment ils font pour arriver? Peut-être que c'est répliquable ailleurs,
là.
M. Nadon (Jean) : Bien, je
pense que c'est toujours d'avoir une gestion de proximité, d'avoir des projets,
d'être... C'est sûr qu'on a... La plupart,
c'est des entreprises familiales, et c'est évident qu'on a des plans B, des
fois, un peu différents avec nos
employés quand on dit qu'il y en a zéro, là. C'est l'objectif. Ça
fait que, des fois, on se splitte, il y en a un qui rentre quatre heures
plus vite, et tout ça. C'est de travailler avec des ententes locales aussi,
qu'on peut faire et qu'on a déjà commencé,
qu'on est en train de faire. C'est d'être près de nos employés, puis, oui,
c'est notre force.
M. Marissal : OK, bien, je fais le
lien avec ce que vous disiez tout à l'heure, madame, que vous avez déjà été un employeur de choix. Bon, deux sur 59, je
comprends que ce n'est pas un gros pourcentage, là, mais ça pourrait se
faire, selon des ententes particulières ou, en tout cas, travailler de façon à
avoir des horaires planifiés, planifiables, localement, par exemple. Ce que je
veux dire par là, c'est que vous n'êtes pas condamnés à voir les CISSS et les CIUSSS prendre le personnel, passer après puis
prendre les agences. Vous pouvez moduler vos fonctionnements pour que ce
soit, justement, agréable de travailler.
Parce que vous dites : Il n'y a pas
beaucoup de diversité de travail, mais il y a des gens qui recherchent ça, dans
la vie, d'avoir un travail où c'est prévisible, puis ils sont très, très bons
là-dedans, puis ils aiment ça, puis tant mieux parce que ça nous en prend.
Alors, pourquoi est-ce qu'on n'est pas capable de répliquer le modèle ailleurs?
Mme Lavoie (Annick) : Il faudrait
juste réajuster le tir. Je n'ai pas mentionné que c'était le réseau EPC qui
était un employeur de choix par le passé puis qu'il ne l'est plus. C'est le
réseau de la santé...
M. Marissal : Ah bon!
Mme Lavoie
(Annick) : ...qui n'est plus un employeur de choix. Il l'a
déjà été, il ne l'est plus. Dans les EPC, on est toujours un employeur
de choix.
M.
Marissal : D'accord. Non, vous faites bien de préciser parce
que j'avais compris que vous parliez de votre réseau. Alors, vous faites
bien de le préciser.
Dernier point, vous avez parlé de pourcentages,
tout à l'heure, là, avec mon collègue libéral, mais les pourcentages, des fois,
ça ne dit pas grand-chose, là. On a entendu beaucoup d'histoires, dans les
médias, d'agences qui ont probablement
profité, à un certain point, des situations et de votre vulnérabilité puis qui
se sont mis à appuyer pas mal fort sur le crayon, là. Qu'est-ce que vous
en savez auprès de vos membres?
Mme Lavoie
(Annick) : Bien, on a certains membres qui, effectivement, nous ont
rapporté ce genre de problématique, des
membres qui mentionnaient que la qualité du personnel qui était envoyé n'était
pas au rendez-vous, des PAB qui...
M. Marissal : OK. Ça, c'est
intéressant, parce que moi, j'ai fait une tournée, pas du Québec au complet,
là, c'est beaucoup trop vaste, là, mais j'ai visité pas mal de régions, dans
les derniers mois, puis j'ai entendu ça souvent, même dans les hôpitaux, là,
puis dans des établissements purement publics, là, qu'on nous a dit : On
nous envoie, des fois, pas mal n'importe qui, bon.
Moi, mon rôle, ici, comme parlementaire, ce
n'est pas d'agiter des épouvantails puis de faire peur au monde, là, mais c'est
déjà assez pénible, dans le réseau de la santé, si, en plus on envoie n'importe
qui formé sur le coin d'une table en huit heures... Ça, vous confirmez que ça
existe, dans le réseau... dans votre réseau, en tout cas?
Mme Lavoie (Annick) : Tout à fait.
On a, à l'occasion, des gens qui ne sont pas formés adéquatement et, à ce moment-là,
on est obligés... Si on est capable de dire : Bien, on ne veut pas
l'avoir, la personne, on la retourne. Quand
tu l'as déjà eue une fois, tu dis : Ah! bien, non, je ne veux pas l'avoir
parce qu'elle n'a pas toutes les compétences. Si elle arrive, puis tu ne
le sais pas, puis tu le vois sur place, bien, ce qu'on fait, c'est qu'on les
paire, on les met avec quelqu'un qui est expérimenté pour être sûrs qu'il n'y a
pas de danger puis que la sécurité des résidents est toujours assurée, là. Pour
nous, ça, c'est la priorité numéro un, là. Évidemment, on va éviter de
reprendre le même personnel.
M. Marissal : Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Je vous remercie beaucoup pour votre
intervention puis votre présentation. Je vais maintenant suspendre les travaux
pour permettre au prochain groupe de prendre place. Merci beaucoup de votre
collaboration et de votre contribution. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 40)
(Reprise à 11 h 43)
Le
Président (M. Provençal)
: Nous recevons maintenant, et je leur souhaite la
bienvenue, l'Alliance du personnel professionnel et technique de la
santé et des services sociaux. Je vous rappelle que vous avez 10 minutes
pour votre exposé. Je vais vous inviter à vous présenter et à débuter votre
exposé. À vous la parole.
Alliance du personnel
professionnel et technique
de la santé et des services sociaux (APTS)
M. Comeau (Robert) : Merci, M. le
Président. Alors, M. le Président, M. le ministre, Mmes, MM. les députés, je
suis Robert Comeau, je suis le président de l'APTS, qui est l'Alliance du
personnel professionnel et technique de la
santé et des services sociaux. Je suis accompagné, à ma droite, d'Émilie
Charbonneau, qui est deuxième vice-présidente,
à ma gauche, de M. Bertrand Schepper et, au bout là-bas, M. Guillaume Plourde,
qui sont tous deux responsables à la
recherche au secteur de l'action sociopolitique. Nous vous remercions de nous
recevoir aujourd'hui pour que nous puissions vous faire part du point de
vue de notre organisation au sujet du projet de loi n° 10.
L'APTS, bien,
c'est une organisation syndicale qui représente plus de
65 000 professionnels et techniciennes qui pratiquent dans le
réseau de la santé et des services sociaux. Nos membres travaillent dans le
secteur du diagnostic, en réadaptation, en
nutrition, en intervention psychosociale, en soutien clinique et également en
prévention. On oeuvre également en centres hospitaliers, bien sûr, en CLSC,
CHSLD, centres jeunesse et dans les centres de réadaptation.
D'abord, on veut souligner que l'APTS rejoint
entièrement le ministre sur la nécessité d'affranchir le réseau de sa
dépendance aux agences de placement et à la main-d'oeuvre indépendante. Les
dépenses reliées à cette sous-traitance sont en croissance constante et privent
notre réseau des moyens dont il a besoin pour offrir des services accessibles et de qualité. Également, souligner
que le projet de loi, bien que court, nous a quand même beaucoup donné
de matière à réflexion. Vous ne serez sans doute pas surpris que l'APTS soit
pour l'émancipation des établissements et... des agences, pardon, et de la
main-d'oeuvre indépendante, mais nous nous sommes beaucoup interrogés sur les
conditions nécessaires à ce que le réseau s'affranchisse convenablement et
définitivement du privé.
Lors de cet exposé, nous nous en tiendrons
d'abord, succinctement et strictement, au contenu du projet de loi pour mettre en évidence les enjeux notables,
notamment en matière de gouvernance et de centralisation. Nous
explorerons ensuite une source non négligeable de dépenses gouvernementales en
santé et services sociaux, pourtant occultée dans le projet de loi,
c'est-à-dire les services achetés. Et finalement, nous conclurons sur les
conditions gagnantes pour que l'exercice d'affranchissement du privé auquel
souhaite se livrer le gouvernement soit couronné de succès.
D'abord, on aimerait vous rappeler les quatre
principes qui animent l'APTS et qui nous ont servi de prisme lors de notre lecture du projet de loi,
c'est-à-dire la démocratie, la transparence, l'indépendance et, bien sûr,
l'imputabilité. Commençons par le caractère démocratique de notre réseau, qui,
malheureusement, est mis à mal dès l'article 1 du projet de loi. Si,
d'emblée, l'APTS comprend que le ministre veuille avoir les coudées franches
pour s'attaquer à notre dépendance au secteur privé, notre organisation
s'inquiète de voir que l'outil dont il se dote pour ce faire soit celui du règlement. S'octroyer le droit de déterminer, de
façon unilatérale, les balises qui vont encadrer les prix, les obligations,
l'imputabilité, les pénalités, et plusieurs autres, c'est centraliser entre les
mains du ministre l'ensemble des pouvoirs et priver la société civile de toute
participation aux échanges qui vont façonner l'accès à ses services de santé et
services sociaux. C'est pourquoi notre organisation préconise l'inclusion de
ces modalités à même le projet de loi, afin qu'elles puissent être étudiées et
débattues de manière démocratique.
Pour que notre réseau soit démocratique,
justement, il faut aussi que la gestion soit transparente. Là encore, l'ajout
de l'article 338.3 à la loi de santé et services sociaux, qui prévoit que
le ministre peut autoriser le recours à des agences en raison de circonstances
exceptionnelles, est problématique. La question qui se pose est évidemment celle-ci : Qu'est-ce qui constitue, en fait,
une circonstance exceptionnelle? Il est nécessaire d'y répondre à même le
projet de loi, selon nous, d'une part, pour que la société civile puisse juger
du bien-fondé de ces autorisations et, d'autre part, pour nous assurer que
l'exceptionnel ne devienne pas banal.
Pour que notre réseau soit démocratique mais
aussi efficace, il faut de plus qu'il soit exempt de quelconque conflit
d'intérêts. L'APTS est donc préoccupée par les dispositions qui concernent le
processus d'enquête en cas de violation ou d'infraction au règlement. Non
seulement c'est au ministre que revient le droit d'autoriser la tenue d'une enquête,
mais celle en plus... lui pourra choisir qui enquêtera sur les établissements
présumément fautifs. Vous en conviendrez,
c'est une pente glissante quand on sait que les administrateurs des
établissements sont également nommés par le ministre. Pour éviter toute
apparence de conflit d'intérêts, l'APTS recommande donc de confier ce mandat à
la Vérificatrice générale, dont l'indépendance ne devrait pas être remise en
question.
Toujours dans
le même souci de transparence et d'imputabilité, notre organisation croit que
les établissements devraient être audités à tous les trois ans et que
leurs rapports financiers devraient être déposés annuellement par le ministre
devant la commission parlementaire compétente pour fin d'étude. Finalement,
nous croyons qu'un article interdisant catégoriquement le recours aux agences
de placement, sauf lors de situations exceptionnelles bien définies, doit être
inclus au texte de loi.
M. le Président, M. le ministre, Mmes, MM. les
députés, j'aimerais maintenant vous amener dans un carré de sable un peu
différent de celui tracé par le projet de loi n° 10 mais qui lui est
similaire à bien des égards et mérite également
notre attention... votre attention, celui des services achetés. Deux choses
distinguent principalement les dépenses en main-d'oeuvre indépendante des services achetés. D'une part, les
services achetés incluent des fournitures, comme l'achat, par exemple,
de produits de contraste en imagerie médicale, d'autre part... lorsque les
services sont rendus en dehors de l'établissement,
comme dans le cas où un établissement, un hôpital, sous-traite complètement sa
liste d'attente en imagerie médicale à une clinique privée. Cette
distinction faite, je vous réfère à l'annexe II dans notre mémoire pour
constater par vous-même que ce poste de dépense est trois fois plus lourd que
celui de la main-d'oeuvre indépendante et qu'il ne cesse d'augmenter, et ça, ça
nous préoccupe.
• (11 h 50) •
Comme nous représentons notamment le personnel
des plateaux techniques, nous nous sommes livrés aussi à quelques
extrapolations en nous basant sur les tarifs facturés par la compagnie Philips
pour les travaux d'entretien et de
réparation d'équipements en imagerie par résonnance magnétique. Si ces travaux
étaient effectués à l'interne par nos technologues en génie biomédical,
qui sont tous employés du réseau, rémunérés à l'échelon le plus élevé, il nous
en coûterait trois fois moins cher, et nous parlons ici de dizaines de millions
de dollars. Donc, en ignorant les services achetés, le ministre fait fi d'une
partie du problème et se prive de sommes importantes. L'APTS recommande donc à
la commission d'intégrer, dans le projet de loi n° 10, un article
indiquant clairement l'intention du ministre de s'attaquer aux dépenses en
services achetés à court ou à moyen terme.
Finalement, M. le ministre, je ne vous apprends
rien en disant que légiférer ne suffit malheureusement pas. En ce sens, nous
sommes surpris qu'aucun exercice de planification de la main-d'oeuvre ne soit
prévu et qu'un plan de transition n'ait pas été déposé en amont au début du
projet de loi n° 10. Avec un taux de chômage inférieur à 6 %, le
choix ne manque pas et plusieurs optent déjà, malheureusement, pour une
réorientation de carrière. Un retrait immédiat des agences de placement et de
la main-d'oeuvre indépendante à ce stade-ci aurait aussi un impact direct sur
la stabilité déjà précaire des équipes et, à terme, des conséquences néfastes
sur l'attractivité et la rétention du personnel au sein du réseau.
Pour que la
transition agences-réseau soit réussie, une amélioration substantielle des
conditions de travail dans le réseau est incontournable. À vouloir
réduire les listes d'attente à tout prix en exerçant sur le personnel la
pression indue du TSO ou de la gestion à la
performance, le ministère ne fait que contribuer à la dégradation des
conditions d'emploi. Comment s'étonner ensuite que les salariés quittent
et que l'on se retrouve dépendants du privé pour maintenir une apparence
d'offre de soins, de services.
Pour que la
transition soit réussie, le ministère doit s'assurer que les conditions
d'emploi du réseau public soient suffisamment attrayantes pour que le
personnel des agences choisisse d'y travailler et pour que le réseau... et pour
que celles et ceux qui agissent dans le réseau actuellement choisissent, bien
sûr, d'y rester. Il doit assumer une bonne rémunération
à son personnel et une conciliation famille-travail-vie personnelle plus
harmonieuse. Et ce type de proposition là, bien sûr, ça se fait à la
table de négociation, et nous ne pouvons que conclure à l'inviter à s'y
présenter et à discuter avec nous de bonne foi. Si nous avons des objectifs
communs comme celui de nous affranchir des agences de placement, bien, c'est
évident qu'on va trouver un terrain d'entente et on va pouvoir y arriver
ensemble. Je vous remercie de votre attention.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. Comeau, pour votre
exposé. Nous allons maintenant débuter cette période avec M. le ministre.
M. Dubé : Très
bien. M. Comeau, puis vos collègues, là, merci beaucoup d'être là
aujourd'hui parce que je sais que c'est un élément qui... sur lequel
vous êtes très sensibles.
Bon, je pense que
vous avez... Moi, il y a quelques éléments, là, sur lesquels je veux... parce
que je pense... entre autres, quand vous parlez des conditions d'emploi... puis
je vais refaire le même commentaire : Il y a les négos, puis il y a le projet de loi n° 10.
Par contre, rien ne nous empêche de vous poser des questions sur vos
suggestions sans donner un semblant d'accord ou de désaccord. Vous
comprenez? Je pense que... Je veux juste le répéter.
Vous avez fait un
commentaire sur le plan de la main-d'oeuvre, puis j'aimerais juste le
mentionner, vous avez dit : Il n'y a pas de plan de main-d'oeuvre. Je vous
challengerais un petit peu là-dessus, là, humblement. Il y en a un, mais il
n'est pas beau, et on l'a bien dit, d'ailleurs. Le député de Pontiac l'a
mentionné dans une de ses interventions ce matin. On a même dit c'était quoi,
nos besoins en personnel pour les cinq prochaines années, quand on additionne
la question des retraites et la question des départs, parce que,
malheureusement, un de nos gros enjeux, ce n'est pas tellement d'attirer les
jeunes. Ils viennent, mais ils viennent chercher de l'expérience, puis, quand
ils se rendent compte des conditions de travail, il y en a beaucoup qui
quittent.
Ça fait que je
voudrais juste clarifier que la planification de la main-d'oeuvre, on l'a
faite, puis d'ailleurs c'est ce qui nous
fait faire des exercices qui sont très difficiles en ce moment. Quand on
regarde, planifier cinq ans, c'est bon, on le fait, on regarde, ce que
je viens de dire, mais on planifie aussi pour l'été puis on se rend compte
qu'on a des quarts de travail qui ne sont vraiment pas comblés. Vous le savez,
là. Ça fait que je voulais juste donner cette précision-là parce que je sais
que vous connaissez très, très bien le réseau.
Il
y a un élément technique que... puis avant d'en venir aux éléments techniques,
vous avez dit : Si on travaille ensemble, par exemple, sur la
question de la main-d'oeuvre, il y a des terrains d'entente. J'aime ça,
entendre ça. J'aime ça, entendre ça, parce que c'est ça qu'il faut. Je l'ai
dit, je vais le dire encore plusieurs fois puis je pense que mes collègues de
l'opposition, même, sont d'accord avec ça, le statu quo du côté de la
main-d'oeuvre indépendante, il n'est pas acceptable. On s'entend tous, puis je
l'entends comme vous le dites, ce n'est pas rien qu'une question de coût. C'est
important, là, mais il y a toute une question d'équité envers les employés du
public, puis etc., bon.
Il y a un point
technique que je voudrais juste vous questionner puis, encore une fois, là, je
ne pense pas que ça, ça va dans la convention, ça fait que je vais poser la
question. Vous avez parlé d'obtenir les états financiers des agences. Pouvez-vous me dire... Je ne l'ai pas
trouvé dans votre mémoire. Est-ce que quelqu'un pourrait m'en donner un
peu plus là-dessus?
M. Plourde
(Guillaume) : Oui. À vrai dire, il ne s'agit pas des états financiers
des agences, mais des états financiers des établissements du réseau, les AS471,
en particulier, ou les...
M. Dubé : Ah!
pour voir leurs coûts.
M. Plourde
(Guillaume) : Oui, effectivement, les coûts, parce que ce qu'on a
remarqué, à la consultation de ces états
financiers, comme vous vous êtes supposément... le savoir, c'est que la partie
sur la main-d'oeuvre indépendante, toutes ces données-là ou tous ces
montants-là ne sont pas audités, ça fait que... ne sont pas tenus aux plus
hauts standards de l'exercice comptable qui doit être fait. Ça fait que, pour
ces raisons, on croit que la commission, en tout cas, doit au moins étudier ça
ou faire intervenir les personnes impliquées dans ces rapports-là.
M. Dubé : Comme
qui, exemple? Le Vérificateur général ou...
M. Plourde (Guillaume) : Entre autres, ou encore
les membres... les PDG des établissements ou les secrétaires des
établissements, pour expliquer, au moins, au niveau de ces... comment se
ventilisent... ventilent, au moins, ces sommes-là qui ne sont pas auditées.
M. Dubé : OK,
mais je veux juste comprendre, du côté de la vérification que vous voulez
faire, c'est sur les agences... pas sur les agences, mais sur les CISSS et les
CIUSSS eux-mêmes?
M. Plourde
(Guillaume) : Oui.
M. Dubé :
OK, mais le fait... Je vous dis ça parce que moi, quand je suis arrivé, il n'y
avait aucune donnée sur les agences. On ne savait pas, parce que c'est géré, je
vais le dire comme ça, en silo, puis chacun des CISSS et des CIUSSS faisait...
Et quand on a vu, justement, comment ça pouvait représenter des montants
importants... puis là je vous dis ça, c'est
après la première année de la pandémie, bien, on a demandé d'avoir une
consolidation. Ça fait que l'information... Là, si, aujourd'hui, je suis
capable de vous dire que, pour la catégorie 1, qui sont, entre autres, les
infirmières, les préposés aux bénéficiaires... je pense que le chiffre exact...
j'ai dit 1 milliard, ce matin, c'est à peu près de 960 millions, c'est parce qu'on le sait maintenant. Je
voulais juste dire, c'est ça qui fait qu'aujourd'hui on dit : statu
quo, pas acceptable, là.
Et quand on prend...
je veux juste qu'on... Votre question est très à-propos, mais je veux juste
préciser le besoin de vérification quand vous dites ça, parce qu'on l'a
maintenant, cette donnée-là, puis c'est ça qu'on va suivre maintenant qu'on met
ce projet de loi en place, pour diminuer ça le plus rapidement possible. Vous,
vous demandez une vérification de ces chiffres-là?
M. Plourde
(Guillaume) : Bien, en tout cas, de les tenir au plus haut niveau de
vérification qu'on connaît. Vu qu'on sait que ces données-là ne sont pas
auditées, bien, on aimerait, en tout cas, qu'elles soient au moins auditées aux
trois ans, là, comme on l'a écrit au niveau de nos recommandations.
M. Dubé : OK, bien, je comprends
mieux votre point, mais moi, ce que j'aimerais vous dire, juste pour vous
rassurer, là, puis rassurer les Québécois, c'est de... Ce n'est pas depuis longtemps
qu'on a décidé de colliger cette information-là
pour savoir c'était quoi, le problème. Alors, quand je vous dis, aujourd'hui,
puis j'en parlerai plus tard, dans d'autres rencontres qu'on aura...
mais, si vous regardez les pourcentages de marge de profit que les agences se prennent, bien, vous allez voir que c'est
faramineux. Alors, on le sait, maintenant... on le sait, maintenant, puis c'est
pour ça qu'on veut agir, parce que,
maintenant, on connaît l'ampleur du problème. Ça fait que je voulais juste
clarifier ce point-là.
Pour les autres éléments... puis, M. Comeau, là,
j'apprécie votre commentaire, mais je veux juste vous dire... je comprends que
vous dites qu'est-ce que ça représente pour votre organisation, mais moi,
j'ai toujours en tête la question du patient, tu sais. Je comprends ce que vous
me dites, qu'il faudrait regarder, peut-être aller dans des services achetés, puis etc., mais... puis je
comprends, parce que vous avez plus de membres qui sont là. Je respecte
ça, là, mais, en même temps, je vous dirais, moi, en ce moment, là, si je
regarde ma pile, là, c'est sûr que les agences, c'est... Les montants, tantôt, vous avez dit : C'est peut-être une
dizaine de millions. Ici, on parle d'une centaine de millions, là, des
centaines de millions.
Ça fait que
je ne suis pas en désaccord avec votre suggestion, je fais juste dire : Il
faut y aller... Ma grand-mère disait : Qui trop embrasse mal
étreint, là. Il faut essayer de se limiter dans nos interventions. Et je
laisserais mes collègues continuer dans le questionnement, je suis certain
qu'ils ont des très bonnes questions aussi.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, alors... oui, Mme la députée de
Marie-Victorin.
• (12 heures) •
Mme
Dorismond : Bonjour à vous quatre. Bonjour. Avec votre
présentation, je sens que votre verre semble être plus rempli qu'à
moitié plein. Donc, merci pour cette belle présentation.
Par rapport au PMO, donnez-moi à peu près deux
ou trois solutions sur l'attraction puis la rétention de votre catégorie. Puis l'autre question que j'avais,
aussi : Avez-vous de l'information sur vos membres qui ont fait le saut
en agence ou qui sont revenus dans le réseau
public, et combien, puis quels types d'emplois... dans votre catégorie, je
sais que vous en avez beaucoup, ça fait que quels types d'emplois qui a plus
d'enjeux en lien avec la MOI?
M. Comeau (Robert) : On a beaucoup
le travail social, on a quand même pas mal de travailleurs en main-d'oeuvre indépendante, là, génie biomédical. On en
a aussi au point de vue de l'imagerie médicale, des laboratoires, de
plus en plus dans les centres jeunesse, donc
on peut parler d'éducateurs, sur des quarts de travail qui sont moins
favorables, je vous dirais. Donc, ça touche
quand même... Dans nos 109 titres d'emploi, on en a quand même pas mal qui
sont visés.
Sur la question de pourquoi les gens quittent,
bien, actuellement, quand on leur parle, nous, de négociation, sans rentrer,
évidemment, dans le sujet, là, ce n'est pas l'objet, ici, là, mais ce qu'ils
entendent de la partie patronale actuellement, c'est : On aimerait que
vous travailliez plus. Tu sais, c'est 35 heures-semaine, mais nous, on
vous offre maintenant 37 heures et demie, puis on parle même peut-être
d'un 40 heures. Juste l'effet de laisser planer ces choses-là est un petit peu déstabilisant, puis la
conciliation travail-vie personnelle devient plus difficile, je vous
dirais, à ce moment-là. Et on essaie de garder nos gens en leur disant :
Bien non, on va trouver d'autres solutions au lieu d'augmenter le nombre d'heures plus, pour que vous soyez capables
d'organiser votre vie aussi, autre que celle du travail.
Alors, il y a vraiment ces signaux-là qui sont
envoyés, actuellement, qui nous refroidissent un petit peu. Les gens quittent,
oui, pour le salaire, mais pas uniquement pour ça. C'est vraiment beaucoup
autour de l'organisation de la vie
personnelle : comment je peux concilier avoir une famille à une vie
équilibrée versus mon travail, puis m'investir dans mon travail aussi en
forme, que je sois en forme pour le faire aussi, puis que je sois disponible
pour ma clientèle aussi et non pas être toujours sur la pression. Donc, c'est
sensiblement la même chose que nos collègues infirmières, je vous dirais, mais
dans beaucoup d'autres titres d'emploi aussi.
Mme Dorismond : Merci.
Le Président (M. Provençal)
: ...la députée de Bonaventure.
Mme Blouin : Bien oui. Bien, pour
faire du pouce un peu sur la question de ma collègue, en fait, à savoir quelles
sont vos pistes de solution, j'aimerais aussi savoir, vous, à titre
d'organisation syndicale, ce seraient quoi, les actions que vous seriez prêts à poser pour encourager les travailleurs
qui sont présentement... qui ont recours... qui sont des employés,
plutôt, des agences? C'est quoi, les actions que vous seriez prêts à poser pour
les encourager à revenir dans le réseau?
M. Comeau (Robert) : On a fait ça
dans le passé, je vous dirais, pas nécessairement dans les agences, mais c'est
quelque chose qui pourrait être envisageable, d'aller dans les collèges, dans
les universités pour aller présenter le réseau public, leur dire : Venez
vous investir dans le réseau public, ce sont toutes des belles professions,
c'est stimulant. Il n'y a pas rien de très, très, je vous dirais, banal. On
voit toujours l'exceptionnel dans le réseau public. Puis, avant ça, on avait
quand même une traction. Les gens écoutaient beaucoup ce qu'on a à dire, mais
maintenant, on n'y va à peu près plus parce que c'est... il n'y a pas de... il
n'y a pas d'écoute, là, je vous dirais. On pourrait faire ce type d'opération là également avec les agences.
On est ouverts à toutes les solutions, je vous dirais. On reconnaît
cette urgence-là au même niveau que vous, puis il n'y a comme pas de limite,
là. Mais il faut juste y penser ensemble, là.
Mme Blouin : Merci.
M. Comeau
(Robert) : Plaisir.
M. Dubé : ...si vous permettez, M. le Président. M. Comeau,
la question de ma collègue... j'aimerais ça revenir sur... tantôt avec... lien à ce que vous venez
dire, avec la planification de la main-d'oeuvre. Quand on regarde le
nombre de personnes qui quittent le réseau annuellement, là, puis je parle
principalement des infirmières, les gens que vous représentez au niveau technique, là, je vais le dire comme ça, qui est
très important, on pense aux laboratoires, puis etc., on disait qu'on...
on perd à peu près 30 000 personnes par année, dont 10 000 pour
fins de retraite, ce qui est normal, ça, c'est de l'attrition normale d'un
réseau, mais à peu près 20 000 qui partent. Puis c'est beaucoup, ça, parce
que 20 000 sur 300 000, c'est des pourcentages qui ne se voient pas
dans des grandes organisations. Donc, c'est... il y a un problème de fond.
Êtes-vous
capables, dans vos... Puis là je vais être concret avec le groupe que vous
représentez. Donc, ça revient un peu à la question de mes collègues.
Voyez-vous des catégories d'âge? Parce que moi, ce que j'entends, là, parce
qu'on a commencé à demander des statistiques là-dessus, c'est plus les... c'est
sûr que l'attrition, bien, c'est des gens à la retraite, tandis que ceux qui
quittent pour les... le 20 000 dont je vous parlais tantôt, c'est plus les
jeunes. Ça fait que... est-ce que vous voyez ça dans votre association, des
gens qui viennent, ils prennent une certaine expérience puis ils vont soit dans
les agences ou dans d'autres organismes privés?
J'aimerais ça vous
entendre sur l'âge, parce que, si on comprend ce... là je ne veux pas faire un
autre anglicisme, on dirait que j'en fais
plusieurs ces temps-ci, là, mais, si on voit cette tendance-là, c'est parce
qu'on répond moins aux exigences des jeunes qui, aujourd'hui, la
question, le concept travail-famille est plus important qu'il ne l'était
peut-être il y a plusieurs années. J'aimerais ça vous entendre là-dessus.
Mme Charbonneau
(Émilie) : ...on n'a pas de statistiques par âge, mais l'âge moyen de
nos membres, nos travailleuses, nos travailleurs, c'est 35 ans, donc, dans
notre catégorie d'emploi.
M. Dubé : Votre
moyenne globale, là, pour l'APTS?
Mme Charbonneau
(Émilie) : À peu près, oui. Exact. Donc, si on peut prendre un cas de
figure, comme vous pouvez le voir dans le
mémoire, il y a celui des... de la grande famille de l'imagerie médicale :
64 % mentionnaient vouloir quitter et, de ce 64 % là,
38,2 % voulaient aller vers le privé. Mais toute l'autre partie, c'est une
réorientation de carrière. Donc, il y a un problème fondamental, quand même,
juste dans la tâche qui est faite aussi. Puis, quand on va voir notre monde sur
le terrain, bien, ils disent : On ne se sent pas reconnus, on est
débordés.
Puis on ne l'a pas
abordé de front, mais, par exemple, pour nos plateaux techniques, les services
achetés, c'est ça, le grand fléau. Nos gens se retrouvent à dire : Bien,
l'autre côté, ma collègue fait de l'écographie puis elle n'a pas la pression
que je vis, elle n'a pas... elle a de la reconnaissance, elle a un horaire de
travail qui lui convient et elle est payée trois fois plus cher. Donc, c'est
sûr et certain que les gens vont aller vers ce type de pratique là,
professionnelle. Donc...
M. Dubé : OK.
Donc... OK, mais... Parce que là, vous soulevez plusieurs points, puis c'est
pour ça... On est ici pour ça, pour vous écouter. Vous dites, votre moyenne
d'âge est 33 ou...
Mme Charbonneau
(Émilie) : 35.
M. Dubé : 35 ans,
ce n'est quand même pas vieux, mais, par contre, c'est une moyenne. Mais
êtes-vous capables de voir... Je veux juste
me concentrer sur la première question. Êtes-vous capables de voir que vos gens
viennent chercher de l'expérience chez nous puis, après quelques années...
parce que c'est ça que j'entends, plus du côté des infirmières. Je le vois
beaucoup, il y a une espèce de plafond de verre avec... je ne veux pas faire
d'âgisme, là, mais il y a un plafond de verre avec les gens plus âgés parce qu'il
y a plus de protection, l'ancienneté, etc. Mais vous, le voyez-vous aussi, sur
la question des jeunes ou c'est... vous n'avez pas fait encore cette
analyse-là?
Mme Charbonneau (Émilie) : On
n'a pas ventilé les chiffres en ce sens-là. Mais est-ce que les gens
viennent dans le réseau chercher de l'expérience pour repartir? Je vous dirais,
c'est le contraire. Ils sont découragés de leur expérience, ils manquent de
formation puis ils se redirigent vers des endroits où est-ce qu'ils sont
capables d'avoir de la formation puis exercer leur profession en toute
cohérence avec leur code de déontologie.
M. Dubé : OK.
Deuxième point : Quand vous dites qu'ils font trois fois leur salaire, on
va pouvoir en reparler cet après-midi, là,
parce qu'on va avoir le représentant de l'association, là, trois fois leur
salaire, votre... selon la convention collective, là, je n'ai pas les
chiffres devant moi, mais le technicien, entre le début puis... la fourchette,
c'est quoi? Un technicien sur... en imagerie médicale, c'est combien, le taux
horaire?
Mme Charbonneau (Émilie) : En
fait, c'est le coût facturé, donc je ne suis pas dans le taux horaire. Tu sais,
justement...
M. Dubé : Ah
non! Ah oui! OK, là, vous parlez du coût facturé qui est trois fois le... Ah
oui! OK, mais c'est... Oui, je ne veux pas rentrer là, mais je veux juste que
les Québécois comprennent, parce que quand vous dites «trois fois», c'est... c'est beaucoup, là. C'est que, admettons,
quelqu'un que vous payez, je ne sais pas, je vais dire 28 $ de l'heure, mettons, pour fins de discussion, la
personne qui s'en va dans... Admettons, cette personne-là a 28 $ de
l'heure dans le public, s'en irait dans le privé et elle, on la payerait
peut-être un peu plus cher, mais pas trois fois 28 $, qu'on se comprenne
bien. Elle va peut-être être facturée, on se comprend bien... elle va peut-être
être facturée à trois fois ce taux-là, mais c'est l'agence qui garde le profit.
Mme Charbonneau
(Émilie) : Tout à fait.
M. Dubé : OK. Je voulais juste que...parce
qu'habituellement... en tout cas, on pourra en reparler, mais
habituellement l'agence, puis vous le voyez, là, l'agence va facturer, des
fois, 100 %, 150 %, même 200 %. Ça, c'est comme une fois et demie, deux... Vous me demandez
si c'est exagéré, oui, c'est exagéré. Mais là je voulais comprendre
votre trois fois, là, parce que, oui, on a des agences qui ont chargé jusqu'à
400 $ de l'heure, mais ce n'est pas la... C'est épouvantable, là. Ça,
c'est presque criminel, ça.
Mme Charbonneau
(Émilie) : Mais de là l'importance, puis je reviens un petit peu aux
jases qu'on a eues au début, de là l'importance d'auditer. Par exemple, pour
les contrats en services achetés, on ne sait pas tout ce qu'il comprend, mais
on sait qu'il y a une explosion des coûts. Donc, comment ces contrats-là sont
construits? On sait que des grands bouts de
nos listes d'attente sont transférés au privé. Mais, lorsqu'on demande d'avoir
accès à ces contrats-là, pour savoir ce qu'il contient, notamment le
taux horaire des services qui sont achetés, bien, on n'y a pas accès, de là
l'idée d'avoir une transparence au niveau de la comptabilité puis des services
qui sont achetés. On sait, il y a un grand pan qu'on vient de découvrir, celui
des agences, sur les services qu'il nous coûte, c'est épouvantable.
L'autre bout de notre
angle mort qu'on doit absolument s'occuper, c'est celui des services achetés,
puis non seulement... des contrats de ces services achetés là.
M. Dubé : Je
comprends. Je comprends.
Le Président (M. Provençal)
: ...vous venez de... vous avez levé un
nouveau drapeau par rapport à ce qu'on aura à faire comme travail, ce que
M. le ministre aura à faire. Mais maintenant je vais céder la parole au...
hein?
Une voix : ...
Le Président (M.
Provençal)
: Oui. Je
passe la parole au député de Pontiac.
M. Fortin : Merci,
M. le Président. Bonjour. Bonjour à vous quatre. Merci. Merci d'être là puis de
nous partager certains de vos constats, de votre expertise puis de votre
expérience, là. C'est grandement apprécié et grandement utile dans l'étude du
projet de loi qu'on a devant nous.
Je vais commencer,
peut-être juste une remarque, là, M. le ministre nous dit : Charger
400 $, c'est presque criminel, là. Payer 400 $, ce n'est pas bien,
bien mieux, là. Un contrat, ça marche des deux bords aussi.
• (12 h 10) •
Une voix : ...
M.
Fortin : N'empêche, il y a quelqu'un qui a
accepté de payer 400 $ de l'heure pour ça, alors il y a...
M. Dubé :
Bien...
Le Président (M.
Provençal)
: ...
M.
Fortin : ...il y a de l'imputabilité à y avoir, disons.
Le Président (M.
Provençal)
: ...on a
un échange, par contre, avec les gens, s'il vous plaît.
M. Fortin : Moi,
j'essaie de comprendre la différence entre l'annexe 1 puis la... Bien, en
fait, je la comprends, la différence entre l'annexe 1 puis
l'annexe 2, là, mais pourquoi vous essayez de... Vous nous présentez la...
Dans l'annexe 2, l'évolution des
dépenses en main-d'oeuvre indépendante, pour la catégorie 4, ce que vous
essayez de démontrer, c'est que vous êtes une grande partie, j'imagine,
des dépenses totales en main-d'oeuvre indépendante. C'est ça?
M. Plourde
(Guillaume) : Si je peux me permettre, à vrai dire, c'est un peu le
contraire. La catégorie 4 est probablement la catégorie qui est le moins
affecté des quatre catégories par la main-d'oeuvre indépendante. Par contre, ce
qu'on essaie d'illustrer par ce fait même là, quand on... vous me parlez, là,
spécifiquement, là, de la MOI en catégorie 4, à l'annexe 1, on le
compare uniquement aussi aux services achetés sur les plateaux techniques.
Pourquoi
les plateaux techniques? Parce que c'est les comptes les plus facilement
identifiables pour nous au niveau des AS-471. À partir de là, quand on prend
juste les plateaux techniques, on se rend compte que là on dépasse de grandement la... les sommes en MOI en catégorie
4, d'où l'importance de s'attaquer au problème des services achetés. Il
y en a un... À partir de là, ce qu'on essaie de faire dans l'autre annexe,
c'est de vous dire : C'est bien beau, toute la MOI, là, en termes
générals, là, en termes macros, mais effectivement, vous... là, d'un autre
angle mort, les services achetés pour l'ensemble du réseau. Il y a quelque
chose à faire là. C'est ça qu'on est en train de dire avec la démonstration de
ces annexes-là.
M.
Fortin : OK. Dans le fond, démontrer que
les services achetés, c'est une... c'est un immense chiffre, là, en comparaison
avec tout le reste, là. OK.
M. Plourde (Guillaume) : Bien, si vous voulez des chiffres,
plus précisément, l'ensemble de la MOI, là, tous centres d'activité, là, confondus, avec les calculs qu'on donne selon
les AS-471, là, on arrive, là, à peu près à 1,2 milliard pour la
MOI totale dans le MSSS. Quand on arrive puis on fait le même exercice pour les
services achetés, on arrive à 3,5 milliards.
M. Fortin : OK.
Mais ça, c'est votre recommandation numéro... je l'ai vue en quelque part, là,
sur les services achetés, là, numéro 6 : «Qu'un article
indiquant clairement l'intention du ministère de poursuivre une diminution des
dépenses en services achetés à court ou moyen terme soit intégré au PL
n° 10.» Mais je lis votre recommandation, puis elle est très... elle est très peu contraignante, disons. C'est de
demander une espèce de... tu sais, vous voulez que le gouvernement
déclare une intention. Est-ce que vous ne pensez pas que ça a besoin d'être un
petit peu plus contraignant puis de vraiment
faire partie d'une interdiction éventuelle? Je vous demande votre point de vue,
là. Je n'essaie pas de le débattre, j'essaie juste de le comprendre.
Mme Charbonneau
(Émilie) : Bien, en fait, c'est sûr et certain qu'on s'en va vers...
le but de notre... nous, c'est qu'il n'y en ait plus, de privé. Donc, notre
but, ce n'est pas de le contrôler, c'est de le retirer.
Puis il faut lire la
recommandation 6 en vertu de la recommandation 1 puis des
recommandations qui sont au préalable. On demande quand même, dans le fond,
d'avoir accès au règlement, qu'il soit intégré au projet de loi pour qu'on puisse en débattre. Donc, à partir de ce
moment-là, nous, on dit : Si, en plus, on adjoint la question des
services achetés, bien, on va pouvoir débattre des vraies choses, si on est
capables de débattre du règlement.
Par la suite, les
services achetés, on dit : On veut mettre des mesures de contrôle autour
de ces services achetés là, qui est celui de la Vérificatrice générale, afin de
pouvoir vérifier est-ce qu'on fait bien les choses, est-ce qu'on est capables
de suivre qu'est-ce qu'on s'est donné comme projet. Puis, par la suite, on se
dit : En plus de ça, donnons-nous des audits aux trois ans pour être sûrs
et certains que, qu'est-ce qu'on s'est donné comme projet de société, bien, on
s'assure d'être capables de le maintenir dans le temps.
Donc, la
recommandation 6, elle est vague, mais elle est quand même encadrée par
nos intentions qui sont couvertes par les... l'ensemble des autres
recommandations. C'est incarné, là.
M.
Fortin : OK. Mais je suis d'accord avec
vous sur les... quand vous dites... vous parlez des premières recommandations,
là. On dit : OK, bien, ça devrait être... on devrait pouvoir en débattre,
de ce qui est la structure du projet de loi,
comme appelait ça... comme M. le ministre appelait ça tantôt, là.
Effectivement, là, là ça demeure un projet de loi qui est très, très,
très flou, disons, où on sait que le ministre se donne des pouvoirs, mais on ne
sait pas lesquels, comment, de quelle façon, ça va être quoi, les taux
maximums, etc. Donc, je suis d'accord avec vous là-dessus.
Le message que... Je
reviens aux services achetés, par exemple. Le message que vous nous envoyez
quand vous nous dites : Par exemple, en
imagerie médicale, il y a une grande partie de nos membres qui considèrent,
dans les prochaines années, quitter
le réseau, d'autres qui... et une partie de ceux-là, importante, qui considère
aller vers le privé, ces colonnes
orange là, elles vont continuer d'augmenter, hein? Donc, si vous ne faites
rien, M. le ministre, Commission de la santé, peu importe, vous allez
avoir un problème encore plus grave que celui que vous êtes en train de régler.
Mme Charbonneau
(Émilie) : On dit : Il ne faut pas l'oublier. Puis, dans tout ça,
il y a toute la mixité de la pratique aussi. La perméabilité de la pratique des
médecins engendre la possibilité aux services achetés d'exister. Si la
perméabilité... Par exemple, on va dire, les médecins radiologistes ont une
clinique en face d'un hôpital. Bien, dans la même journée, ils peuvent s'en
aller de l'hôpital à la clinique privée sans aucun problème. Donc, ce type de fonctionnement là encourage les services achetés
et la création de cliniques qui viennent substituer aux services
publics.
M. Comeau
(Robert) : La particularité de la catégorie 4, je vous dirais,
c'est... nous, ça... on ne peut pas avoir des listes... On a des listes
d'attente, en fait, catégorie 1. Elle doit vraiment gérer au jour le jour
les urgences. On ne peut pas accepter des bris de service. Chez nous, c'est des
listes d'attente qui s'allongent. Alors, la solution qui a été trouvée pour
donner le service, c'est de donner des parties de listes d'attente au secteur
privé. Et c'est là... c'est là que ça fait augmenter les coûts. Et nos gens
voient ça aller, bien, ils ont le goût d'aller plus à l'endroit où c'est
plus... un petit peu plus payant, moins stressant, puis qu'il y a un peu plus
de reconnaissance. Ça fait qu'il y a ça aussi, là, tu sais. Ce n'est pas
attrayant, là, de...
M.
Fortin : Est-ce que les coûts sont encore plus... de façon
générale, là, est-ce que les coûts sont encore plus disproportionnés dans la catégorie 4 que
dans la catégorie 1, vous pensez? Ou vous n'avez pas de preuve de ça ou
de...
M. Plourde
(Guillaume) : On a une intuition que oui, mais effectivement...
M. Fortin : Pourquoi?
M. Plourde
(Guillaume) : Bien, parce que des urgences privées, à date, il
n'y en a pas. Ça fait qu'effectivement, là, ça se fait plutôt... le
cadre du travail infirmier en urgence va se faire plus au public. Puis dans
les... les AS-471, bien, on ne représente pas les infirmières, là. Ça fait que,
déjà là, on a... C'est un peu flou, des fois, les AS-471, là. Il y a comme une ventilation de plus qu'on pourrait
même aller chercher, là, avec des audits, là, selon nous, là, à travers
les comptes pour savoir exactement quel
titre d'emploi a été engagé, là, en services achetés, main-d'oeuvre
indépendante ou dans quel centre d'activité, là. Reste que c'est le seul outil
qu'on a, puis ce qu'on est capables de voir puis capables d'identifier pour
notre catégorie à nous, c'est les chiffres que vous voyez là, là.
M. Schepper (Bertrand) : ...j'ajouterais
aussi que votre enjeu va être le même. Même si... Une fois que les agences ne
seront plus parties du paysage, les gens en agence vont probablement aller se
chercher un endroit où travailler. Ils
pourraient très bien aller travailler dans des cliniques où est des services
achetés. Et donc, à ce compte-là, ça ne veut pas nécessairement dire que
fermer les agences va nécessairement enlever, entre guillemets, le privé du
système... comme employeur.
M.
Fortin : Mais, à l'intérieur de la catégorie 4,
j'imagine, il y a des professions où c'est... D'avoir recours à une
agence, c'est peut-être plus difficile pour certaines de... des patients,
certains de la clientèle qui doivent être suivis de façon régulière, là, que,
par exemple, une infirmière d'urgence qui voit des patients différents à tous
les jours.
Est-ce qu'il
y a... Est-ce qu'il y a, à l'intérieur de la catégorie 4, et, je pense,
vous avez mentionné travailleurs sociaux
tantôt, mais est-ce qu'il y en a d'autres qui vous inquiètent particulièrement
au niveau du service au patient qui ne peut
pas avoir ce suivi régulier du même intervenant de façon régulière et pour
lequel, là, le recours à la main-d'oeuvre indépendante fait en sorte que
c'est impossible pour le patient d'avoir ce service régulier là?
Mme Charbonneau (Émilie) : ...nous,
on a nommé les travailleurs sociaux, mais toute la grande famille des professionnels en santé mentale, les
techniciennes, les professionnels en santé mentale, travailleurs sociaux,
psychologues, techniciens en travail social, psychoéducateurs, ergothérapeutes,
techniciens en éducation spécialisée. Donc, on a un ensemble de familles. Puis
là c'est sûr que, quand on se met à énumérer, on va se dire : On va-tu en
oublier un? Je vous dirais, la grande famille de nos professionnels et
techniciennes en santé mentale sont touchés par cet enjeu-là, de continuité de
soins.
M.
Fortin : Et je vous en nomme un, vous ne l'avez pas
nommé... bien, vous l'avez nommé à travers d'autres professions, mais de
façon directe, là, les intervenants de la DPJ. Pour moi, exactement le type
de... d'emploi, là, où je ne peux pas croire
qu'une famille, qu'un enfant va avoir différents intervenants à chaque fois
parce qu'on fait affaire avec de la main-d'oeuvre indépendante. Est-ce
que c'est un secteur où vous voyez de plus en plus de main-d'oeuvre
indépendante dans...
Mme Charbonneau (Émilie) : Oui,
c'est un de nos secteurs, effectivement, où on a de plus en plus recours à la main-d'oeuvre indépendante, puis là-dedans
c'est tous nos éducateurs spécialisés. Il y a des titres d'emploi qui
sont transversaux, qui travaillent dans plus qu'une mission. On a nos
travailleurs sociaux, nos criminologues, nos agents en relations humaines, de
plus en plus, oui, par... Justement, on ne peut pas avoir de bris de service
quand il est question de nos enfants.
• (12 h 20) •
M. Fortin : Oui. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Alors, ce sera
maintenant la parole au député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Pouvez-vous me rappeler le temps? Parce qu'on a changé...
Le Président (M. Provençal)
: 3 min 18 s.
M. Marissal : Merci. 3 min 18 s.
Merci. Merci d'être là. Je fais court dans les salutations pour garder du temps
pour les questions.
Ce qu'on fait
ici, là, c'est une pièce du gros casse-tête, là. Dans l'ensemble, il y en a
d'autres, pièces, là. On nous a, par exemple, annoncé, là, un projet de
loi très bientôt, là, sur agence Santé Québec, appelons ça comme ça pour faire court, pour ne pas perdre de temps. Est-ce
qu'on peut imaginer... ou est-ce que, vous, vous pouvez imaginer que la gestion de... du recours au MOI pourrait
éventuellement passer sous, justement, cette agence Santé Québec
puisqu'elle s'occuperait de l'opérationnalité de la chose?
Mme Charbonneau (Émilie) : En fait,
c'est exactement l'analyse qu'on en fait. De penser que... C'est pour ça,
justement, que la réglementation n'est pas claire, à l'article 1, que ça
va être une prérogative du... de la prochaine agence, puis qui, dans le fond,
va tout légiférer la... l'efficacité, donc un transfert de ces pouvoirs-là,
oui.
M. Marissal : OK.
Bien, le ministre, puis je ne veux pas le mal citer, là, lui mettre des mots
dans la bouche, là. Je vais essayer de faire ça correctement, là, mais, tu
sais, il dit : Le gouvernement donne les orientations, puis la gestion
quotidienne, là, ce qu'on pourrait appeler la... la cuisine, là, sans vilain
jeu de mots puis sans vouloir être péjoratif, c'est l'agence qui va faire ça,
donc toutes les opérations. Ce serait dans... je ne dis pas que je suis
d'accord, là, loin de là, là, mais ce serait
assez logique, donc, de détacher la gestion de la MOI, puis de donner ça à
l'agence Santé Québec, puis de dire : Gère-moi ça. Mais quelles
sont les craintes, à ce moment-là, que vous avez par rapport à ça?
Mme Charbonneau (Émilie) : Dans quel
cadre législatif ça va se faire, quelle sera l'imputabilité, quelle sera la transparence, cette agence-là, elle va
exister comment, dans quel cadre. C'est toutes ces questions-là. Puis,
tant qu'on n'aura pas le projet de loi, tu
sais, qui va venir encadrer cette agence publique là, tout est sur... tout est
sur la table, là, mais, s'il y a une déconnexion fonctionnelle et
politique, bien, ça va être quoi, les recours au niveau du fonctionnel.
M. Marissal : OK. Donc, vous avez un
problème d'imputabilité. C'est votre... Votre principale crainte, elle est
quant à l'imputabilité d'une...
Mme Charbonneau (Émilie) : La
transparence aussi, puis ça va être quoi, les recours par la suite, comment ça
va fonctionner.
M.
Marissal : OK. Je vous amène rapidement sur un autre sujet,
la PMO, pour la planification de la main-d'oeuvre. C'est assez
technique, là. Ça intéresse assez peu les gens dans les chaumières quand on parle
de ça, là. Pourtant, c'est assez fondamental, puis vous dites qu'on n'en a pas
fait. Je crois que la dernière remonte à 2001, ça fait 22, 23...
M. Comeau (Robert) : Ça dépend des
secteurs.
M. Marissal : Qu'est-ce que vous
cherchez par là? Est-ce qu'on peut faire... Combien de temps ça prend, faire
ça? Puis pourquoi vous dites qu'on navigue à l'aveugle? Parce que je présume
que depuis 20 ans, si on n'en a pas fait, certains pourraient dire :
Bien, c'est parce qu'on n'en a pas besoin, là.
M. Comeau (Robert) : Il y a eu la
pandémie, quand même. Avant la pandémie, je vous dirais qu'on était
contributifs à l'exercice de planification de main-d'oeuvre, où on était
invités, les organisations syndicales, à venir donner notre point de vue, à
amener des nouvelles réalités, avec d'autres organisations, les ordres
professionnels. Et c'est depuis la pandémie qu'il n'y a plus de ces
rencontres-là. On ne dit pas qu'il n'y a pas d'exercice qui a été fait, mais on
n'a pas contribué à un exercice, s'il y en a un, puis on n'est pas... on n'a
pas les résultats fins de ça, là, on n'a pas les détails, donc.
M. Marissal : OK. Mais, vous, vous
contribuez quand même...
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Je m'excuse, M. le
député de Rosemont.
M. Marissal : C'est bon. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, c'est au député des
Îles-de-la-Madeleine de conclure cet échange.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Alors, je vous remercie d'être là. Je vous... Je salue le mémoire et
l'efficacité, là, la précision des éléments que vous y avez glissés.
On est exactement au même endroit, là, quand il
est question de la gouvernance, du déficit démocratique, quand vous parlez
de... des craintes que l'exceptionnel ne devienne banal. En fait, c'est déjà le
cas. C'est comme ça qu'on en est arrivés là,
là, j'imagine. Parce qu'on n'avait pas souhaité au départ, j'espère,
dépasser... dépenser plus de 1 milliard de dollars en main-d'oeuvre
indépendante, et pourtant, on y est, parce que, bien, évidemment, la pente
était glissante, la question des conflits d'intérêts aussi, et tout.
Une petite
question sur la différence entre les grands centres et les régions. Vous parlez
notamment de grands travaux qui
devront être menés par le ministère. Vous voyez quoi pour s'assurer, justement,
qu'on atteigne l'objectif, d'ici deux ou trois ans, de pouvoir combler,
là, ces pénuries de main-d'oeuvre autrement que par la main-d'oeuvre indépendante dans les régions comme la Basse-Côte-Nord, l'Abitibi, la Gaspésie, les Îles-de-la-Madeleine? De façon succincte.
Mme Charbonneau (Émilie) : Vous
pourrez compléter par la suite.
En fait, qu'est-ce qu'on mentionne, c'est qu'à
l'heure actuelle, nos régions éloignées sont structurellement dépendantes des agences et des services achetés.
Ce qu'on constate, c'est le phénomène «fly-in/fly-out». Donc, c'est des travailleuses, des travailleurs qui viennent
simplement pour ça, mais qui n'incarnent pas l'occupation du territoire.
Donc...
M. Arseneau : Donc, on a besoin de
leur offrir des maisons, des conditions de travail, des primes?
Mme Charbonneau (Émilie) : Bien, un
peu de tout ça, mais je pense qu'on doit s'asseoir puis réfléchir à qu'est-ce qu'on a envie de faire pour l'occupation
de nos territoires puis pour la pérennité des services et des
populations qui sont sur place. Puis, pour ça, je pense
qu'une des façons qui serait intéressante, justement, on l'a mentionné puis il
y a d'autres acteurs qui l'ont mentionné... celui du plan, hein? C'est quoi, le
plan qu'on va mettre en place pour nos travailleuses, nos travailleurs, mais
aussi pour les résidents et les résidentes de ces régions-là.
M.
Arseneau : Absolument. J'ai peu de temps puis j'ai une
question. En fait, le... Pour moi, ce qui est l'essentiel de votre
mémoire, c'est le fait que vous nous permettez d'avoir un regard plus large sur
la pente glissante qu'on a déjà amorcée vers le privé tous azimuts, non
seulement pour la main-d'oeuvre indépendante. Mais, en fait, que la
main-d'oeuvre indépendante se déplace pour aller dans nos hôpitaux publics,
dans nos centres de soins publics, ou qu'on déplace les patients vers des
cliniques privées, essentiellement, on a exactement le même problème. C'est ce
que je comprends, là. Quand vous parlez des services achetés, en fait, c'est
juste le personnel qui n'est pas au même endroit, mais c'est une fuite de
capitaux du public vers le privé qui déstructure complètement notre système et
qui fait en sorte qu'on court à notre perte avec ça. Est-ce que je vous ai bien
saisis?
Mme Charbonneau (Émilie) : Tout à
fait. Que ce soient les GMF, que ce soient les hôpitaux privés, c'est une
collectivisation des risques pour une capitalisation des profits.
M.
Arseneau : Et là vous nous dites aussi que ce n'est pas
1,2 milliard, mais c'est... on doit rajouter 3,5 milliards.
C'est quand même... C'est comme si le projet de loi ne touchait pas le bon
objectif, si on veut parler de finances publiques, en tout cas, et de système
public de santé.
Mme Charbonneau (Émilie) : Oui,
c'est ça, en services achetés, 3,5. Ce qu'on mentionne, c'est que, si on veut
atteindre l'objectif philosophique qui est nommé dans le projet de loi, on doit
absolument s'attaquer aussi aux services achetés.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Merci beaucoup de votre
contribution à nos travaux.
Je suspends ces travaux jusqu'à... jusqu'aux
avis touchant les travaux des commissions, vers 15 h 15. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 27)
(Reprise à 15 h 20)
Le Président (M. Provençal)
: À l'ordre, s'il vous plaît! La
Commission de la santé et des services sociaux reprend ses travaux. Je demande
à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons les consultations particulières
et auditions publiques sur le projet de loi n° 10, Loi
limitant le recours aux services d'une
agence de placement de personnel et à de la main-d'oeuvre indépendante dans le
secteur de la santé et des services sociaux.
Cet
après-midi, nous entendrons les témoins suivants : l'Association des
ressources intermédiaires d'hébergement du Québec, le Regroupement québécois des résidences pour aînés,
l'association des Entreprises privées de personnels soignants du Québec
et la Confédération des syndicats nationaux.
Je souhaite maintenant la bienvenue à
l'Association des ressources intermédiaires d'hébergement du Québec. Je vous
rappelle que vous avez 10 minutes pour faire votre exposé. Par la suite,
il y aura échanges avec les membres de la commission. Je vous invite à vous
présenter et à réaliser votre exposé. Merci.
Association des
ressources intermédiaires
d'hébergement du Québec (ARIHQ)
M. Bourgoin (Luc) : Merci. Alors, M.
le Président, M. le ministre, chers membres de la commission, avant toute chose, l'Association des ressources
intermédiaires d'hébergement du Québec, que je vais appeler l'ARIHQ,
souhaite remercier les membres de la commission pour cette invitation à venir
témoigner dans le cadre de la commission parlementaire qui porte sur le projet
de loi n° 10.
Mon nom est
Luc Bourgoin. Je suis économiste de formation, et je suis également directeur
général de l'ARIHQ depuis quelques mois, et auparavant j'étais directeur
général de l'Association de la construction du Québec, pour laquelle j'ai oeuvré pendant une vingtaine
d'années. Et je suis également accompagné de mon collègue, Carl
Veilleux, qui est président du conseil d'administration de l'ARIHQ, que je vais
laisser le soin de se présenter à l'instant.
M.
Veilleux (Carl) : Oui, bonjour. Donc, Carl Veilleux, je suis membre
du conseil d'administration de l'ARIHQ depuis
plus de huit ans, que... et je le préside depuis 2021. Je suis également le directeur
général de Société Emmanuel-Grégoire, qui est un organisme à but non
lucratif situé dans l'est de Montréal, qui, depuis plus de 40 ans,
poursuit sa mission d'aider les personnes avec des difficultés d'adaptation
sociale puis qui gère, à travers ses programmes, une ressource intermédiaire
pour personnes âgées en perte d'autonomie de 52 lits située dans
Montréal-Est.
M. Bourgoin
(Luc) : Écoutez, dans un premier temps, je vais vous présenter le rôle
de l'ARIHQ, hein, et brosser un portrait des ressources intermédiaires. C'est
une présentation qui va vous permettre de bien comprendre le contexte
particulier dans lequel s'inscrivent nos propos. Dans un deuxième temps, on va
vous présenter certaines recommandations de notre mémoire afin d'alimenter la période
d'échange qui suivra notre présentation.
Les ressources intermédiaires sont des milieux
d'hébergement de longue durée qui visent au maintien et à l'intégration de la communauté d'usagers qui sont
inscrits au service d'un établissement public, un CISSS ou un CIUSSS, en
leur procurant un milieu de vie adapté à leurs besoins et en leur dispensant
les services de soutien ou d'assistance requis par leur condition. Les
ressources intermédiaires accueillent des usagers dans différents
programmes-services, les principaux étant le soutien à l'autonomie de la
personne âgée, la déficience physique, la déficience intellectuelle, la santé
mentale, le trouble du spectre de l'autisme et les problèmes de toxicomanie.
À ce titre, l'ARIHQ est un organisme à but non
lucratif fondé en 1992 qui a pour mandat de rassembler, représenter et soutenir
les ressources intermédiaires dans l'accomplissement de leur mission. Pour ce
faire, l'ARIHQ a été reconnue par le ministère de la Santé et des Services
sociaux comme organisme représentatif de l'ensemble des
1 200 ressources intermédiaires d'hébergement du Québec destinées à
des adultes, qui offrent des services à plus de 18 550 vulnérables à travers toutes les régions du Québec. La
plupart de ces conditions font l'objet d'une entente nationale négociée
tous les cinq ans entre l'ARIHQ et le ministère de la Santé et des Services
sociaux, dont la version actuelle a été signée par les parties le
16 juillet 2021 et est en vigueur jusqu'au 31 mars 2025.
Alors, au moment de la signature de l'entente,
personne n'était en mesure de prédire l'ampleur des défis auxquels le réseau de
la santé ferait maintenant face en raison de la pénurie de main-d'oeuvre. C'est
dans ce contexte et considérant la nécessité de mettre en place des mesures particulières
pour soutenir les ressources intermédiaires que l'ARIHQ s'adresse aujourd'hui à
la Commission de la santé et des services sociaux.
L'ARIHQ tient d'abord à saluer le ministre dans
sa décision de déposer le projet de loi n° 10
et, évidemment, le leadership aussi qu'il a démontré pour limiter graduellement
le recours aux services d'une agence de placement de personnel et de la main-d'oeuvre indépendante dans le secteur de la
santé et des services sociaux. Il s'agissait, d'ailleurs, d'une des recommandations
du mémoire prébudgétaire qu'on a déposé récemment.
En raison de la pénurie de main-d'oeuvre qui
frappe tout le réseau de la santé, les ressources intermédiaires ont de la difficulté à recruter et à retenir du
personnel qualifié dans leurs installations. Beaucoup d'entre elles sont
alors contraintes de faire appel à de la
main-d'oeuvre indépendante pour éviter de se trouver en situation de bris de
services envers leurs résidents. Alors que certaines ressources intermédiaires
ont recours à de la main-d'oeuvre indépendante de manière sporadique, par
exemple, pour remplacer un employé absent pour cause de maladie, d'autres
dépendent carrément des agences de placement de personnel pour combler des
quarts de travail réguliers et offrir des services de soutien et d'assistance
de base à leurs résidents. Considérant les coûts élevés que représente leur
utilisation et les défis de coordination importants que cela implique pour les
gestionnaires, il s'agit d'un véritable... une véritable menace à la viabilité
et au développement des ressources intermédiaires.
On tient donc à préciser que le recours à la
main-d'oeuvre indépendante et aux agences de placement de personnel est un
symptôme de la pénurie de main-d'oeuvre. Une solution qui viserait uniquement à
limiter leur utilisation par des acteurs du
milieu de la santé, sans s'attaquer aux véritables causes du manque de
personnel qualifié dans l'ensemble du réseau et des régions du Québec,
risque de rater sa cible. Parallèlement à l'application du projet de loi n° 10, il est donc impératif que les
mesures soient mises en place pour accompagner les ressources
intermédiaires afin de réussir cette transition.
Les principales tâches des employés en ressource
intermédiaire consistent à offrir des services de soutien et d'assistance à
leurs résidents. Cela comprend des services communs comme l'alimentation,
l'hygiène personnelle, l'organisation
d'activités et autres services particuliers en fonction des besoins propres à
chaque résident. À l'heure actuelle, aucune orientation ministérielle ne
précise un type d'emploi particulier pour dispenser des services de soutien et
d'assistance au sein d'une ressource intermédiaire.
Lorsqu'on
parle de pénurie de main-d'oeuvre et de nécessité de recourir à une agence de
personnel en ressource intermédiaire, les fonctions à combler sont
généralement celles de préposés aux bénéficiaires ou d'auxiliaires aux services
de santé et sociaux.
L'une des
principales causes du manque de personnel dans les ressources intermédiaires
relève de la dépendance aux agences de placement, et elle découle de
l'écart salarial entre les ressources intermédiaires et le réseau public. Lors
de la dernière entente nationale, une mesure d'atténuation de l'écart salarial
a été mise en place, justement, pour réduire cet écart, mais celui-ci s'est
creusé de nouveau depuis. Selon des données récentes recueillies par l'ARIHQ
auprès de certains membres, il existe un écart toujours grandissant de près de
4 $ l'heure entre le salaire moyen des employés de ressource intermédiaire
et le salaire des préposés aux bénéficiaires qui travaillent dans le réseau
public. Et là je m'abstiens de parler des autres avantages tels que les
assurances collectives, le régime de retraite du gouvernement et les autres
avantages consentis par le secteur public.
Difficile de recruter et retenir du personnel
dans ces conditions, d'où notre recommandation 1 qui consiste à bonifier
la mesure d'atténuation de l'écart salarial.
Actuellement, la compétition entre les secteurs
public et privé pour embaucher de la main-d'oeuvre qualifiée est une menace à
la qualité des services aux résidents, et ça entraîne une migration du
personnel d'un milieu à l'autre, et ça
accentue les difficultés de recrutement pour tout le monde. Une politique
salariale harmonisée sur l'équité et le principe «à travail égal,
salaire égal» doit être urgemment déployée à travers les différents milieux
d'hébergement.
C'est pour cette raison que notre
recommandation 3 vise à mettre sur pied un comité afin d'harmoniser les
conditions de travail du personnel préposés aux bénéficiaires dans tout le
réseau.
Comme dans tous les
milieux d'hébergement de longue durée, le recours nécessaire à la main-d'oeuvre
indépendante est de plus en plus important dans le contexte de pénurie de main-d'oeuvre.
Dans certaines ressources intermédiaires,
les employés d'agences peuvent représenter jusqu'à 40 % de la
main-d'oeuvre. Considérant que le taux horaire moyen de la main-d'oeuvre
est presque trois fois plus élevé que le salaire régulier d'un employé en
ressource intermédiaire, c'est une situation
qui est plus qu'alarmante. Non seulement ce n'est pas viable économiquement,
mais la qualité des services aux usagers
n'est pas la même, considérant que la formation des employés d'agences est
souvent incertaine et qu'ils ne connaissent pas les milieux de vie dans
lesquels ils sont envoyés. Et, contrairement aux autres milieux d'hébergement
de longue durée, les ressources intermédiaires n'ont reçu aucune aide
gouvernementale pour faire face à la pénurie de main-d'oeuvre, alors qu'elles
sont... qu'elles doivent faire face aux mêmes défis.
À défaut d'un
soutien financier pour augmenter les conditions salariales des employés à
ressource intermédiaire et absorber une partie des coûts supplémentaires
découlant de l'utilisation de la main-d'oeuvre indépendante jusqu'à l'entrée en
vigueur des dispositions réglementaires, le réseau des ressources
intermédiaires va tout simplement être incapable de se conformer au projet de
loi n° 10.
Par ailleurs, l'ARIHQ s'inquiète à l'idée que
c'est des sanctions pénales...
• (15 h 30) •
Le Président (M. Provençal)
: Je vous invite à conclure, s'il vous plaît.
M.
Bourgoin (Luc) : Oui, oui,
j'ai presque terminé. Écoutez, l'ARIHQ s'inquiète à l'idée que des sanctions
pénales soient imposées aux gestionnaires de ressource intermédiaire ayant
recours à la main-d'oeuvre pour maintenir des services de soutien et
d'assistance de base à leurs usagers. Une meilleure définition des
responsabilités des parties en cas de bris de service et de la reconstitution
d'une banque de personnel d'urgence par les établissements de santé et de
services sociaux nous semblent des solutions plus adéquates.
Il y a plusieurs autres recommandations
intéressantes qu'on a développées dans notre mémoire, mais je vais m'arrêter
ici pour maximiser notre période d'échange. Et, voilà, on est prêts à recevoir
vos questions.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup pour votre exposé. Je
m'excuse, mais je dois gérer le temps. Alors,
M. le ministre, on va débuter notre période d'échange avec l'Association des
ressources intermédiaires d'hébergement du Québec. À vous la parole.
M. Dubé : Alors, M. Bourgoin, je me
demandais où je vous avais vu avant, mais là je viens de comprendre dans votre
passé. Merci beaucoup, M. Veilleux, d'être là aussi. C'est très apprécié
que vous preniez le temps de... Puis on a
regardé votre mémoire. J'ai repris plusieurs des éléments dont vous avez parlé
ce matin, lors de mon introduction, en termes de qualité, de volume, les
coûts, puis tout ça. Je pense qu'on... Je vais laisser mes collègues,
peut-être, poser quelques questions spécifiques.
On a bien dit, vous l'avez bien dit, que ça
prend des meilleures conditions dans le réseau pour être capable de mieux
compétitionner le... Ça fait que ça, je pense, là-dessus, on s'entend aussi,
puis votre message est très clair.
Des mesures d'atténuation, on en a déjà, puis je
vous entends dire qu'elles ne sont pas suffisantes. Ça fait que ce sera à nous
de prendre des décisions là-dessus.
Avant de passer la parole à mes collègues, je
voudrais que vous expliquiez aux Québécois... parce que, souvent, on a un
jargon dans le réseau, là, puis moi, je l'ai... je commence à l'apprendre.
Quand on parle des RI, une ressource intermédiaire, vous avez dit tantôt...
puis, je pense, c'est... il y a beaucoup de Québécois qui nous écoutent
aujourd'hui qui... Expliquez-nous. Vous dites, vous avez à peu près 1 200
ressources intermédiaires, donc, ça, c'est le
nombre d'endroits où les gens... mais vous avez dit à peu près 1 800
personnes. Je veux juste que vous expliquiez...
M. Bourgoin (Luc) : 18 500.
M. Dubé : 18 500.
M. Bourgoin (Luc) : Oui, exact.
M. Dubé : Bon, c'est ça.
Excusez-moi.
M. Veilleux (Carl) : Ça, c'est des
usagers qui sont hébergés puis qui reçoivent des services en ressource
intermédiaire.
M.
Dubé : Bon, c'est ça, parce que je voulais... Bon, c'est
ça que je voulais expliquer... ou que vous expliquiez aux Québécois. Une
RI typique, c'est une dizaine de personnes, une quinzaine de personnes? C'est
ça que j'aimerais que les gens comprennent,
et comment c'est difficile pour vous, quand vous avez... vous avez dit, quatre
ou cinq personnes qui sont des employés... comment c'est difficile
lorsqu'on doit, des fois, avoir deux ou trois personnes d'agence, c'est...
finalement, c'est 75 % du personnel.
Je pense, c'est important que les gens...
J'aimerais ça que vous preniez juste peut-être quelques minutes pour expliquer
c'est quoi, une RI typique, qu'est-ce que ça fait puis... parce que c'est un de
nos établissements, une de nos installations dont on a le plus grand nombre
dans le réseau, 1 200, c'est beaucoup, là, alors... puis la clientèle que
vous avez. Juste prendre deux minutes là-dessus.
M. Veilleux
(Carl) : Oui. Bien, je vous remercie pour votre question, parce
qu'effectivement, là...
M. Dubé : Ce n'est pas connu.
M. Veilleux (Carl) : ...on essaie de
l'expliquer souvent, puis le concept est un peu hermétique.
La ressource intermédiaire, ce qu'il faut
comprendre, c'est que, bon, on travaille en partenariat avec le réseau de la
santé, on héberge une clientèle vulnérable. Luc, tantôt, a fait état, là, des
différents types de clientèle qu'on héberge. Donc, personnes âgées en est une.
Il y a la santé mentale, de la déficience intellectuelle, de la toxicomanie.
Donc, le spectre est assez large.
Après ça, le
type de milieu... Il y a des petits milieux qui vont accueillir huit, neuf
usagers, et il y a des plus gros milieux qui vont en accueillir jusqu'à
une centaine, là. Donc, on a tout le spectre. Je dirais que, la moyenne, là, on
est peut-être à une trentaine de places, là,
tu sais, par... en ressource intermédiaire. Puis ce qu'il faut comprendre,
c'est que, vraiment, les ressources
intermédiaires sont réparties à... dans toutes les régions du Québec. L'idée,
c'est d'avoir des milieux d'hébergement qui sont dans les localités où
les gens vivent. Donc, ça... le réseau des ressources intermédiaires a permis
d'offrir ces services-là. Donc, on est à contrat exclusivement avec l'État,
donc par l'entente nationale.
M. Dubé : Puis parlez-moi du nombre
d'employés. Vous avez dit, une RI typique, là...
M. Veilleux (Carl) : Une RI typique,
bien, en fait, on peut pratiquement y aller avec un employé par usager hébergé,
là, règle du pouce, là, ça ressemble à ça.
M. Dubé : Ça fait que, si vous
avez... OK, si vous avez une dizaine...
M. Veilleux (Carl) : La ressource
intermédiaire que j'opère, là, par mon organisme à but non lucratif, on a 52
résidents, puis c'est autour... le personnel, là, c'est entre 45 et 50
quelques, là.
M. Dubé : Mais ça, c'est pour du
24/7?
M. Veilleux (Carl) : 24/7, 365 jours
par année.
M.
Dubé : C'est ça qui est important, parce que, quand vous
dites que vous avez une cinquantaine d'employés, mettons, vous devez
couvrir le 24 heures avec ces 50 employés là.
M. Veilleux (Carl) : Absolument.
M. Dubé : Ça fait que, pour une
faction normale de huit heures ou de 10 heures, peu importe, là, les
factions que vous avez, c'est... c'est les mêmes 50 personnes qui se
répartissent sur trois...
M.
Veilleux (Carl) : Bien, effectivement, quand on vient couvrir tous
les quarts de travail... c'est pour ça qu'on arrive à un nombre d'employés qui est aussi élevé, mais il n'y a pas 50
personnes, à un moment donné, dans la ressource, là.
M. Dubé : Oui. Mais, en même temps,
sur une faction, quand il vous manque quelqu'un, c'est important, c'est... sur
une faction où il y a peut-être, je ne sais pas, une dizaine de personnes qui
sont là, puis vous avez deux, trois, des fois quatre personnes qui viennent
combler qui viennent d'agences, c'est ça?
M. Veilleux (Carl) : Exact. Bien, en
fait, là, dans le cas de la main-d'oeuvre indépendante, ce qu'il faut comprendre, comme on l'expliquait tantôt, c'est...
dépendamment de la grosseur du milieu... c'est sûr qu'une ressource de 100 lits, par exemple, il manque un
employé, bon, en tout et partout, il y a toujours moyen, là, avec les autres
employés...
M. Dubé : Oui, oui, mais les plus
petites... les plus petites...
M. Veilleux (Carl) : Les plus
petites, c'est... Imaginez une ressource qui a neuf usagers, vous comprendrez
qu'à tout moment il peut y avoir des fois deux personnes, une personne qui est
sur place.
M. Dubé : Non, c'est ça. OK.
M. Veilleux (Carl) : S'il manque une
personne sur deux, c'est 50 % du personnel qui est absent, là.
M. Dubé : Bien, c'est ça que je voulais
qu'on... que tout le monde comprenne, puis c'est pour ça, j'avais mal compris
le chiffre que vous aviez dit tout à l'heure. Alors, merci, puis...
M. Bourgoin (Luc) : Oui. Et
peut-être une précision.
M. Dubé : Oui.
M. Bourgoin
(Luc) : Oui, c'est ça, il y a... Il y a 18 500 personnes
confiées, mais il y a 10 000 employés. Donc, c'est à peu près un
ratio 1,8-1 pour le...
M. Dubé : OK. C'est intéressant. OK.
M. Bourgoin (Luc) : Exact. Puis
80 % sont des femmes parmi les employés.
M.
Dubé : Bien, je vais laisser les... mes collègues poser
les autres questions, parce qu'on est plus préoccupés de voir l'impact, justement, de la main-d'oeuvre
indépendante sur les RI. Ça fait que, si vous permettez, M. le
Président, je vais laisser...
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme
Dorismond : Bonjour à vous deux. Vous avez parlé tout à
l'heure de 40 % de MOI, puis je vais reprendre les mots, un petit
peu, du ministre, dans certains RI qui sont intégrés dans les CISSS et les
CIUSSS, et vous avez les ressources du CISSS
ou du CIUSSS à l'intérieur du RI. Ça fait que moi, j'aurais besoin de savoir
c'est quoi, la différence avec le 40 % de MOI à l'intérieur de ça.
Est-ce qu'on parle vraiment de vos ressources de RI, de vos employés, ou on
parle des ressources qui proviennent du réseau public?
Et l'autre
chose que j'aimerais savoir : Quel type de RI où est-ce qu'il y a plus de
main-d'oeuvre indépendante, là, dans la MOI, dans votre 40 %?
Est-ce qu'on parle du type familial, qui est plus petit, ou on parle des gros?
Ça, j'aurais besoin de savoir ça.
Et l'autre chose, vraiment, là, au niveau de
tout ça, l'impact du projet de loi dans la... dans sa portée actuelle, là, la
prestation des services de soutien ou d'assistance dans les RI, c'est quoi, les
impacts potentiels pour vous?
Et l'autre chose que j'aimerais savoir aussi,
c'est : Quel type d'accompagnement qu'on pourrait vous faire au ministère
de la Santé et des Services sociaux, que vous souhaiteriez pour trouver des
solutions? Merci.
M. Veilleux (Carl) : C'est bon. Il y
avait plusieurs volets à votre question.
Mme Dorismond : Oui.
M. Veilleux (Carl) : Peut-être juste
me rappeler votre premier volet, là, j'ai commencé à prendre des notes un peu
tard.
Mme
Dorismond : Oui. Bon, le 40 %, là, vous avez dit
40 % de MOI. Donc, en reprenant les mots du ministre, les
différents types de RI, les gros qui sont intégrés dans les CISSS et les
CIUSSS, vous avez des ressources du CISSS et des CIUSSS.
M. Veilleux (Carl) : Oui. C'est bon,
là, votre question me revient.
Mme
Dorismond : Et la différence, là... Tu sais, vous, vous avez
des employés purement du RI, de l'établissement privé, mais les
ressources qui sont intégrées, est-ce que vous les calculez dans votre
40 % ou pas?
M. Veilleux (Carl) : OK. Bien, la
réponse à votre question, c'est non, on ne le calcule pas. Par contre, c'est une problématique qui a deux impacts. Imaginez une
ressource intermédiaire... La ressource intermédiaire est responsable de
certains services, OK? Tout ce qui est soutien, soins, assistance, là, sur une
base quotidienne, c'est la ressource intermédiaire qui est responsable de cette
partie-là. La partie soins de santé ou un travailleur social, par exemple, va
relever des CIUSSS et des CISSS.
Donc, si on parle de la partie soins de...
soutien, assistance, là, c'est des préposés aux bénéficiaires qui sont vraiment
à l'embauche de la ressource intermédiaire, puis c'est là qu'on parlait
jusqu'à... on a des membres qui vont jusqu'à 40 %, en ce moment, de
main-d'oeuvre indépendante. Ce n'est pas la moyenne, là, c'est les cas de
figure plus élevés. Donc là, il y a une problématique, là, c'est vraiment...
j'ai un préposé aux bénéficiaires qui ne rentre pas, qui est malade ou j'essaie
d'embaucher, je suis en recrutement perpétuel, je n'arrive pas à combler mes
quarts de travail, j'ai un quart, deux quarts, souvent c'est les quarts de nuit
qui sont plus difficiles à combler, je suis au bout de mes options, qu'est-ce
qu'il me reste? Bien, ma dernière alternative, c'est de faire appel à une
agence, qui, en échange d'une tarification salée, va nous envoyer un membre du
personnel, qui, en général, n'est pas toujours le même, puis il y a un paquet
de problématiques qui viennent avec ça. Donc, c'est peut-être la première
partie de la réponse à votre question.
• (15 h 40) •
Mme Dorismond : Vous avez... Puis
vous n'avez aucun problème au niveau de la catégorie 1? Tu sais,
normalement, il y a souvent des infirmières assistantes cheffes qui sont
souvent installées en RI, qui sont là 24/7, là.
M. Veilleux (Carl) : Oui. Ça fait
que, là, ça, c'est d'autres personnes qu'on accueille dans nos ressources
intermédiaires. Ce n'est pas toutes les mêmes ressources, en fonction de leur
grosseur puis du type de services puis de soins qu'ils donnent, qui vont avoir
des gens avec la fréquence dont vous faites mention, là. Des fois, ça peut être
une journée-semaine, à temps partiel, mais là aussi ça
peut être des gens d'agence qui sont envoyés pour remplacer le personnel qui
serait normalement de l'établissement.
Cet aspect-là
n'a pas nécessairement une incidence financière sur la ressource intermédiaire,
parce que clairement que ce n'est pas
la ressource qui défraie les honoraires pour ça. Ce que ça amène, c'est un
roulement de personnel qui est beaucoup plus élevé. En général, c'est
que... c'est là que la problématique est, parce que le personnel d'agence, c'est
rare qu'ils sont stables dans leurs postes pour une période prolongée.
Mme Dorismond : Donc, l'enjeu de la
MOI, c'est plus dans ce type de RI là plus que familiale.
M. Veilleux (Carl) : Bien, en fait,
quand vous dites... il y a les RTF, qui sont les ressources de type familial, mais elles ne sont pas représentées par notre association. La distinction entre une ressource
intermédiaire et une ressource de type familial, c'est que, la ressource
de type familial, le gestionnaire doit vivre avec sa clientèle à l'intérieur de
la ressource. Mais c'est une autre association qui représente ce groupe-là.
Mme
Dorismond : OK. Merci. Puis l'accompagnement du ministère des
Services sociaux que vous souhaiteriez pour vous accompagner là-dedans?
M. Veilleux (Carl) : Bien, en fait,
il y a plusieurs choses là-dedans. C'est sûr qu'à court terme on vit, au niveau
des ressources intermédiaires, une période de crise. Il y a une pression
financière en ce moment. Puis là on parle de MOI, là, mais on s'inscrit dans un
contexte qui est beaucoup plus large que ça. Il y a de l'inflation, il y a un paquet de problématiques, là, dont je ne ferai pas
état, que tout le monde connaît autour de la table, qui fait qu'il y
a... le financement est à regarder, et puis, par-dessus ça, s'ajoute le
problème de la pénurie de main-d'oeuvre et de la main-d'oeuvre indépendante.
Vous savez, les ressources intermédiaires ont un
contrôle sur leurs dépenses, jusqu'à un certain point, mais absolument aucun
contrôle sur leurs revenus, parce que l'ensemble de la rémunération qui est
prévue est encadrée ou enchâssée dans l'entente nationale qui est négociée,
puis, quand l'entente a été négociée, la problématique de la main-d'oeuvre
indépendante n'était sur le radar de personne. Maintenant, on se ramasse avec
une situation... Vous comprendrez qu'une ressource intermédiaire qui va
chercher 40 % de son personnel à un taux horaire qui va jusqu'à trois fois
ce qui est normalement payé, la mathématique ne fonctionne plus.
Donc, il y a
plusieurs ressources intermédiaires qui, dans le moment, sont prises avec
ces... cette problématique-là, puis il faut regarder une... Mais il n'y
a aucune ressource qui fait ça de gaieté de coeur, comme : Ah! c'est
beaucoup plus facile, appelons une agence, là.
Donc, c'est ça, la problématique est là. Donc, il faut regarder des mesures...
Nous, ce qu'on demande, c'est des mesures d'accompagnement à court terme. Notre
mémoire fait appel ou fait mention à certains trucs ou certaines propositions
concrètes dans ce sens-là. Une bonification de la MAES, par exemple, qui est la
mesure d'atténuation de l'écart salarial, pourrait être une piste qui est
envisagée.
Donc, à court terme, il y a des choses à faire.
Puis, à long terme, bien, nous, ce qu'on demande, c'est... On veut bien, là, on
est aussi contre les agences, on est contre toute instance qui nous charge une
tarification démesurée pour un service, mais la bouée de sauvetage, elle est
où? Quand on prend le téléphone pour appeler l'agence, c'est parce qu'on n'en a
plus, d'options, là. Il n'y a absolument aucune raison de le faire, sensée,
financière, donc... Mais l'alternative, elle
est où? Puis souvent, ce que ça crée, OK, dans ce qu'on va voir dans les
milieux, dans les ressources intermédiaires,
c'est que le gestionnaire ou le propriétaire de ressource intermédiaire, bien,
il va faire un quart de travail de plus, il va travailler encore en fin
de semaine, il ne prendra pas de vacances, puis là il s'épuise. On étire
l'élastique.
Puis honnêtement, on a de plus en plus d'appels
de détresse, à l'association, de ressources qui ont dit : On n'est plus
capables, financièrement on ne peut plus, les agences, là, ça ne marche plus,
là, ils nous envoient du personnel qui n'est pas toujours à la hauteur de nos
attentes, les usagers sont maltraités. Puis nos gestionnaires, c'est des gens de coeur. Honnêtement, venez les
rencontrer, vous allez voir jusqu'à quel point ils sont là pour leurs
usagers, ils sont là pour les... ils veulent
qu'ils aient des bons services, puis, au final, bien, c'est toujours au
sacrifice... ils font leurs sacrifices
eux-mêmes de dire : Bien, je vais m'en occuper moi-même, je vais faire les
toilettes partielles, je vais faire... je vais en faire plus. Mais il y
a une limite à ça, puis on est sur le bord du point de rupture pour beaucoup de
ressources.
Mme Dorismond : Merci.
M. Bourgoin (Luc) : Et la
main-d'oeuvre indépendante n'a pas non plus la formation requise pour occuper
les fonctions. Donc, ça crée un écart, là, dans les...
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Hull.
Mme
Tremblay : Oui, bonjour. Merci d'être avec nous aujourd'hui.
Est-ce que... Bon, il y a un coût important, vous l'avez dit. Est-ce
qu'il y a eu des fermetures ou est-ce qu'il y a des fermetures qui pourraient
venir, là, si on continue à avoir ce recours-là à ces agences-là? Est-ce qu'il
y en a eu, des fermetures? C'est quoi, les dangers qui vous guettent? On veut
mettre fin à ça, mais, dans... Qu'est-ce qui se passe, là, présentement, là?
M. Veilleux (Carl) : On n'a pas...
En fait, je n'ai pas de statistiques, on n'a pas de fermeture qu'on pourrait
attribuer directement à la MOI, là, il n'y a pas... en ce moment, on n'a pas de
cas de figure de cette nature-là. Cependant, pour nous,
notre meilleure façon d'évaluer, c'est le... en fonction des appels de détresse
qu'on reçoit. L'association est en... tu sais, représente ses membres depuis
plusieurs années, plus de 25 ans, puis ce qu'on voit, c'est, depuis la fin de
la pandémie...
On est sortis de la pandémie, là, avec un réseau
des ressources intermédiaires, honnêtement, qui a fait bonne figure, OK? Je
pense qu'au niveau de la pandémie, en ressources intermédiaires, gestion... on
parlait de gestion de proximité, là, on est des beaux exemples de ça, des
gestionnaires impliqués qui sont là le soir, la fin de semaine, mais ils sont sortis de la pandémie épuisés, OK? Puis
là on n'a pas encore fini la reddition de comptes par rapport à la pandémie,
là, on est encore dans l'administratif pour ça, puis là on se retrouve dans une
crise de main-d'oeuvre puis de main-d'oeuvre indépendante. Donc, c'est comme
une couche de plus qui se rajoute, puis les appels de détresse, honnêtement, sont nombreux. Puis financièrement,
bien, quand ça n'arrive plus puis, en plus, tu y mets tout ton coeur, toute ton âme, toutes tes heures, toutes tes fins
de semaine, il y a un grand, grand sentiment de découragement, là,
qui...
M.
Bourgoin (Luc) : Et j'ai eu l'occasion de parler à certains... oui,
certains intervenants, certains propriétaires de ressources
intermédiaires, et ce qu'ils me disaient, c'est que, sans soutien financier et
sans mesure d'aide, ils ne seraient plus en
mesure d'offrir leurs services, donc... puis ils seraient obligés de couper le
lien avec les établissements publics. Donc, il y en a quelques-uns qui
sont vraiment en situation précaire actuellement, là.
M. Veilleux (Carl) : Il y a des
ressources, en ce moment, qui brûlent leurs liquidités pour faire appel à de la
main-d'oeuvre indépendante parce que c'est la seule solution pour ne pas tomber
en rupture de service, mais ça, je veux dire, ce n'est pas pérein, là, on ne
peut pas... on ne peut pas continuer comme ça très longtemps.
Mme
Tremblay : Oui. Ensuite, bon, vous parlez, bon, de... bon, vous
ne souhaitez pas de pénalité, là, pour les gestionnaires, là, donc, vous
l'avez écrit dans votre mémoire, mais vous parlez aussi, par le fait même,
d'avoir accès, peut-être, à une banque de
main-d'oeuvre, là, au niveau des services de santé sociaux. Est-ce que, tu
sais... Puis on souhaite, là, tu sais, limiter puis recourir... puis
c'est ce que vous souhaitez également aussi. Puis vous l'avez dit, hein, ça
amène des difficultés financières.
C'est quoi,
pour vous, les situations, là, exceptionnelles, qui, tu sais... parce qu'il
faut établir certaines situations qui permettraient, justement, d'avoir
recours à des agences de placement, bon, avant de les éliminer, probablement,
totalement, mais peut-être qu'il restera... on ne souhaite pas. C'est quoi, ces
situations exceptionnelles là... puis qui permettraient de limiter, là, le
recours, finalement, là?
M. Veilleux (Carl) : Bien, en fait,
j'ai le goût de vous répondre en disant... parce que, dans le fond, ce qu'on
veut éviter... on veut enlever les... l'utilisation injustifiée des agences.
Mais moi, j'essaie de mettre le doigt sur une situation où une ressource
intermédiaire, par une paresse quelconque, va décider de payer des employés
trois fois le taux horaire, je ne la vois pas. Honnêtement, là, à partir du
moment où la ressource intermédiaire décide de prendre le téléphone pour
appeler l'agence, je vous garantis qu'elle est au bout du rouleau.
Ça fait qu'en termes de mesures de frein ou de
ticket modérateur, là, je pense... je ne pense pas qu'ils pourraient être plus
élevés, donc... Mais il faut offrir une alternative, parce que, si on enlève
les agences puis qu'on dit aux gestionnaires de ressources intermédiaires,
propriétaires de ressources intermédiaires : Bien, tu as deux choix, ou
bien tu es en rupture de service, tu es en écart de qualité, puis là, bien, il
y a toute une procédure administrative pour ça, ou bien c'est toi qui
rentres... Je veux dire, ça revient à ça, tu restes encore une autre fin de
semaine dans ta ressource puis tu donnes les services. Puis ça, c'est possible
pour une petite ressource, là, mais, une ressource de plus grande taille qui
manque 10 employés, bien, à un moment donné, le gestionnaire ne peut pas
être partout.
Donc, il est là... il est là, le noeud du
problème. On n'est pas contre l'objectif qui est poursuivi, mais, la période de
transition, il faut mettre des choses en place puis il faut qu'il y ait un
mécanisme de dernier recours pour aider les ressources en partenariat avec
les...
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup pour cette
clarification. Le temps est écoulé pour la partie gouvernementale. Nous allons
maintenant procéder avec le député de Pontiac pour la suite de cet échange.
Alors, c'est à vous la parole.
M.
Fortin : Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour. Bonjour
à vous deux. Merci d'être là puis de partager votre expérience terrain, de toute évidence, là, mais
votre expérience par rapport à ce que vous voyez dans l'ensemble des RI.
Vous avez terminé votre exposé tantôt en
disant : Dans sa forme actuelle, là, on serait incapables de se conformer. Donc, ça, c'est un peu la... ce que
vous venez d'expliquer là, là, c'est : Si on adopte le projet de loi
comme tel puis que le ministre a les règlements qu'il a un peu présentés, là,
un peu sous-entendu qu'il présenterait, ça ne marchera juste pas pour vous
autres, là.
M. Veilleux (Carl) : Bien, en fait,
ça dépend de l'échéancier, là. Comme je vous dis, on partage l'objectif, après ça... et on essaie de comprendre puis de
voir quelles sont les prochaines étapes. Puis c'est sûr qu'une... Puis il y
a des clauses, aussi, pénales ou punitives pour une ressource intermédiaire qui
utiliserait des agences. Cette partie-là, on aimerait se faire exclure, parce
que, comme je l'expliquais tantôt, je pense que le ticket modérateur du prix de
l'agence devrait agir de par lui-même, là.
• (15 h 50) •
M.
Fortin : OK. Mais ça, c'est une de vos
pistes de solution, là, hein? On enlève la partie des sanctions qui seraient
imposées aux gestionnaires de RI. Mais, même si on vous enlève la sanction,
vous n'avez pas plus le droit de le faire, là, en théorie. Donc, ce que vous
dites, c'est que vous aimeriez vraiment être exclus de la chose, du moins
jusqu'à tant qu'on arrive à une... plus de pérennité, là, disons.
M. Veilleux (Carl) : Bien,
effectivement, jusqu'à tant qu'il y ait... la situation se stabilise. Puis
peut-être... Je vais me permettre d'ouvrir sur une autre problématique. Tu
sais, dans notre mémoire, on parle d'harmonisation des conditions de travail.
Je veux dire, ça fait des décennies, là, que le réseau de la santé est dans
cette dynamique-là de : un syndicat va négocier, va en gagner un petit
peu, après ça les RPA, puis après ça les ressources intermédiaires, puis
maintenant les maisons des aînés, puis les CHSLD privés non conventionnés, puis
tout ça a des conditions de travail qui sont différentes, puis on se bat tous
pour le même monde.
Je veux dire, à un moment donné, il faut prendre
un temps d'arrêt puis se dire que ça ne fonctionne pas, là. Je veux dire,
surtout en pénurie de main-d'oeuvre, on se bat tous pour la même... le même
personnel, puis celui qui offre les moins bonnes conditions de travail, puis,
souvent, c'est parce que c'est l'état de fait d'une négociation quelconque puis
tu te retrouves à la traîne, c'est celui qui n'est pas capable de retenir son
personnel puis d'en recruter. Donc, l'harmonisation des conditions de travail
doit faire partie d'une réflexion plus grande pour cesser ça, cette espèce de
combat perpétuel pour aller chercher le même personnel, parce que le bassin est
vide.
M.
Bourgoin (Luc) : Oui, tout à fait. Bien, j'ajouterais que, écoutez,
on est conscients que le projet de loi n° 10 va régler des
problèmes au niveau du recours à la main-d'oeuvre indépendante. C'est clair, on
va limiter le recours à la main-d'oeuvre indépendante, mais on est conscients
en même temps qu'il y a un besoin clair pour ce type de main-d'oeuvre là pour
le moment, et il va falloir tout simplement trouver une main-d'oeuvre
alternative pour répondre aux besoins. Si ce n'est pas de la main-d'oeuvre
indépendante, ça va prendre une main-d'oeuvre alternative qui va pouvoir
combler ces besoins-là, parce que le besoin, il est clair puis il est là. Oui,
c'est bienvenu, sauf que ça prend quelque chose pour palier.
M. Fortin : Bien, ça... si j'ai bien compris, ça, c'est votre
recommandation 9, là, mandater les établissements de santé d'avoir une
espèce de banque de personnel, là, qui peut être mis à votre disposition. Donc,
dans le fond, vous, vous êtes gestionnaire de RI, il vous manque quelqu'un pour
le quart du soir, vous n'êtes pas... vous n'avez pas le droit, de par la loi,
d'appeler de la main-d'oeuvre indépendante, vous vous tournez vers le CISSS, le
CIUSSS, vous dites : Est-ce que vous pouvez m'envoyer quelqu'un, là, je n'ai
pas personne, là?
M. Veilleux (Carl) : Exact. Bien, en
fait, c'est une façon de travailler en partenariat avec les établissements, ce
qui se fait déjà, tu sais, pour beaucoup d'établissements. C'est à géométrie
variable, là. Il y a des établissements qui vont être partenaires là-dedans,
puis il y en a d'autres qui vont être plus dans : Bien, c'est votre rôle
de ressource intermédiaire, donc débrouillez-vous.
Donc, nous,
on plaide pour une plus grande... un plus grand partenariat là-dedans. Puis,
bien, ce qu'on propose comme étant une banque de personnel, c'est une
piste de solution, une piste de réflexion à envisager pour, justement, les cas
où on est... on veut éviter la rupture de service.
M.
Fortin : Mais ça, vous me dites que ça se fait déjà à
certains endroits, il y a... vous pouvez déjà, là... peut-être pas chez
vous, là, mais, à certains endroits, les ressources intermédiaires peuvent
contacter les CISSS et les CIUSSS pour avoir accès à des ressources en période
de manque comme ça?
M.
Veilleux (Carl) : Bien, en fait, ce qui existe... En fait, je veux
dire, on... toutes les ressources intermédiaires sont en dialogue pratiquement constant avec leurs établissements. Ça
fait que ce que je disais qu'il existe déjà, c'est toute la notion de
partenariat qui est déjà là. Comme je disais, c'est à géométrie variable, puis
il y a des établissements qui vont être plus ouverts que d'autres à discuter
des solutions pour traverser une crise de pénurie de main-d'oeuvre. Donc, ça peut arriver qu'une ressource
intermédiaire dit : Écoutez, je viens de perdre un membre de mon
personnel, je suis mal pris, j'en ai pour une semaine, le temps... Bon,
puis là il y a un dialogue qui s'installe, puis il y a des... il y a des
solutions créatives qui se déploient dans ce temps-là.
M. Fortin : OK. Vous avez dit quelque chose d'intéressant tantôt à
propos de... les moments où vous faites recours à la main-d'oeuvre
indépendante. Puis là vous avez... Je comprends que c'est un exemple, là, que
vous avez utilisé, sauf qu'en vous entendant utiliser cet exemple-là je me
demandais si ce n'était pas, justement, un peu ce qui se passe dans votre
réseau. Vous avez dit : Ça peut arriver, des fois, par exemple... Vous
avez dit : C'est surtout les quarts de la nuit où on va avoir de la
difficulté à remplir, donc là on va prendre le téléphone, appeler une agence
pour essayer de combler ce quart-là. C'est un peu le contraire de ce qu'on
entend de beaucoup de parties du réseau de la santé, là, qui... où on entend
que la main-d'oeuvre indépendante finit par prendre les meilleurs quarts de
travail, que souvent, là, ce n'est pas nécessairement les quarts les plus
difficiles qu'on comble avec des agences. Vous, ce n'est pas votre expérience
en RI?
M. Veilleux (Carl) : Bien, je pense
qu'il y a une limite, peut-être, à la comparaison qu'on peut faire avec les établissements de santé, là. On n'a pas les
volumes, là. Tu sais, on parlait tantôt, là... vous avez une ressource
intermédiaire qui a cinq employés, on dit qu'il y a
40 % de main-d'oeuvre indépendante là-dedans, là, mais ça ne remplit pas
un autobus. Donc, tout ça pour dire que la dynamique est très, très différente.
Souvent, c'est beaucoup à la pièce. On n'est pas dans des contrats pour
dire : Vous allez combler, tu sais, 200 heures par mois, là. C'est...
on va les appeler pour dire : Bien là, j'ai un quart à combler, ainsi de
suite. Puis souvent, les quarts les plus difficiles à combler, bien, c'est les
quarts de nuit puis les quarts de fin de semaine, parce que le personnel, quand
les quarts se libèrent, bien, tu sais, ils vont migrer vers des quarts de jour.
Donc, chaque ressource a des problématiques qui sont différentes à cet
égard-là, mais, le parallèle avec le réseau de la santé, là, il faut faire
attention parce qu'on n'a pas les volumes.
M.
Fortin : Est-ce qu'il y en a qui... Dans votre analyse,
disons, de lesquels de vos membres ont le plus recours aux agences, là,
est-ce que c'est surtout les plus grands comme vous, là, avec 50... une
cinquantaine d'employés, ou est-ce que c'est les petits qui ont vraiment de la
difficulté, par exemple?
M. Veilleux (Carl) : Je vous dirais
que la... en tout cas, pour la... l'information qu'on en a, c'est... je dirais
que la variable régionale joue beaucoup plus fort que la grosseur de la
ressource. Il y a des régions... La région de Montréal s'en sort un petit peu
moins... un petit peu mieux, probablement parce que le bassin de recrutement
est plus grand. Mais, dans Lanaudière, par exemple, secteur de Saint-Jérôme,
là, il y a certaines... il y a des ressources qui ont beaucoup, beaucoup de
difficulté en ce moment, mais le bassin est vide. Ils n'arrivent pas à
recruter, ils sont en recrutement constant. Ça fait des mois, sinon des années
qu'ils ont des postes affichés en permanence puis ils
n'arrivent pas à combler.
M. Fortin : OK.
La dernière chose que je veux comprendre dans votre mémoire, là, c'est en lien
avec la recommandation 5. Vous parlez
d'octroyer une aide financière aux RI contraintes de faire appel aux services
d'agences de placement. Là, dans le fond, j'imagine que vous parlez dans la
période transitoire, c'est ça?
M.
Veilleux (Carl) : Oui, parce que nous, on vit une... on vit une
crise en ce moment, là. J'entendais, ce matin, M. le ministre dire qu'on...
les règlements vont suivre rapidement, mais, je veux dire, nous, c'est hier
qu'on avait... le mois passé, on avait des problèmes avec ça. On a des
ressources, j'en parlais tantôt, qui brûlent leurs liquidités à faire appel à
de la main-d'oeuvre indépendante. Donc, on a besoin d'une aide rapidement pour
faire face à ce problème-là. Puis il y a d'autres groupes... puis là je parlais
tantôt d'harmoniser, là, mais ça aussi, il y a des mesures. Tu sais, bon, il y
a les CHSLD privés non conventionnés qui ont eu des mesures spécifiquement pour
faire face à la main-d'oeuvre indépendante. Donc... Les RPA aussi ont eu
certaines mesures. Les ressources intermédiaires, il n'y a rien qui a été
octroyé à ce stade-ci. Donc, on aimerait pouvoir regarder des mesures pour
venir en aide aux ressources à très, très, très court terme.
M. Fortin : Vous aimeriez pouvoir avoir le même genre d'entente que
certaines RPA non conventionnées ont pu avoir, c'est ça?
M. Veilleux (Carl) : Bien oui,
absolument.
M. Bourgoin (Luc) : Oui, ou les
CHSLD privés non conventionnés aussi, qui ont eu une aide financière qui
apparaît très intéressante. Parce que les ressources intermédiaires sont
confrontées à une augmentation générale des prix : les coûts de
construction, évidemment la hausse du prix des soumissions puis évidemment
aussi la pénurie de main-d'oeuvre. Alors, s'il y avait une aide financière
adaptée comme celle aux CHSLD privés non conventionnés, je pense qu'on ferait
un bout de chemin assez intéressant, là.
M. Fortin : Puis ça, c'est quoi, la... Qu'est-ce qu'on vous a donné
comme raison, jusqu'à maintenant, pour intervenir dans les CHSLD non
conventionnés, dans certains RPA mais pas chez vous?
M. Veilleux (Carl) : Il n'y a pas de
raison qui nous a été donnée spécifiquement, je dirais.
M. Fortin :
Non? OK.
M. Veilleux (Carl) : Puis, si je
peux me permettre juste de rebondir là-dessus, il y a une mesure d'écart...
d'atténuation de l'écart salarial qui existe en ce moment, qui est non
applicable à la main-d'oeuvre indépendante.
Puis là je vais juste illustrer par un cas de
figure. J'ai un employé chez nous qui travaille, pour chaque heure travaillée,
je reçois une prime... une prime de 5,50 $ qui m'est remboursée pour les
heures travaillées par cet employé-là. Cet employé-là tombe malade. Je suis
absolument au bout de mes options, je prends le téléphone, j'appelle l'agence.
On m'envoie un personnel d'agence qui va me facturer 43 $ de l'heure.
Bien, le 5,50 $, je n'y ai plus droit. Donc, non seulement je suis au bout
de mes ressources, je me contrains à appeler une agence qui va me coûter trois
fois le prix, mais je perds le 5,50 $ qui, normalement, devrait être versé
comme une prime. Puis ça, je pense que c'est juste un angle mort de l'entente,
quand ça a été négocié, ça... la main-d'oeuvre indépendante n'a pas fait partie
de la réflexion parce que ce n'était pas sur le radar de personne. Mais ça,
c'est une mesure concrète, à très, très, très court terme, qui pourrait aider
puis donner un petit peu d'air aux ressources intermédiaires. Ce n'est pas la
solution au complet, là, c'est un petit bout.
M.
Fortin : Mais ça revient à votre point,
tantôt, qu'on ne fait pas ça par plaisir, là. Quand on appelle une agence,
c'est parce qu'on n'a vraiment plus le choix. Ça vient avec des conséquences
financières, ça vient avec toutes sortes de conséquences sur la viabilité du...
de la résidence, là.
M. Veilleux (Carl) : Absolument.
M. Fortin : OK. Ça va pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va aller? Merci. Alors, nous
poursuivons avec le député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Bonjour. Merci d'être là.
Il n'y a pas que les acronymes et la lourdeur de
certains acronymes, là, qu'on ne s'y trouve plus, comme disait le ministre tout
à l'heure, là, il y a l'organigramme de la grosse chose qu'est la santé au
Québec aussi, là. Je veux juste être sûr de comprendre. Quelle est votre
relation d'affaires avec les CISSS et les CIUSSS?
M. Veilleux (Carl) : Donc, bien, en
fait... OK. L'Association des ressources intermédiaires représente ses membres. Donc, les ressources intermédiaires, il y
a une entente qui est négociée avec le ministère de la Santé
directement, donc l'entente nationale. Après ça, cette entente-là descend dans
les établissements, et les établissements vont être à contrat avec les
ressources intermédiaires pour donner les services d'hébergement, soins,
assistance, là, dont on a parlé tantôt. Je ne sais pas si ça précise.
• (16 heures) •
M. Marissal : Oui. Mais, en fait,
j'essaie de voir d'où vous tirez vos revenus.
M. Veilleux (Carl) : C'est le
ministère de la Santé qui...
M. Marissal : Directement.
M.
Veilleux (Carl) : Directement. Il n'y a aucuns frais... Les
ressources intermédiaires ne peuvent faire aucune facturation aux
usagers qu'ils hébergent.
M. Marissal : OK. Votre personnel,
vous le payez avec les subventions... appelons ça des subventions, là, avec les
versements...
M. Veilleux (Carl) : C'est un per
diem. C'est un per diem qui est versé sous forme de rétribution, mais, oui, cet
argent-là est utilisé pour payer le personnel.
M. Marissal : OK. Et, pour les
mesures d'atténuation, parce que vous êtes sous-compétitifs, il y a une prime
de 5,50 $ qui est versée, de l'heure, mais vous ne l'avez pas lorsque vous
devez recourir aux agences.
M. Veilleux (Carl) : Exact.
M. Marissal : Mais, nonobstant la
prime de 5,50 $ de l'heure, est-ce que vous utilisez le même fonds pour
payer les ressources d'agence?
M. Veilleux (Carl) : Oui,
absolument. Il n'y a aucune autre source de revenus. Une ressource
intermédiaire qui opère, là, sa seule source de revenus...
M. Marissal : Ça vient du MSSS.
M.
Veilleux (Carl) : ...c'est
le per diem qui vient du ministère de la Santé. Donc, ce même argent là paie
tout.
M. Marissal : Ça vient du... OK.
M. Veilleux (Carl) : Donc, juste...
bien, en tout cas, pour peut-être faire du pouce sur ce que vous venez de me
dire, là, si on prend de l'argent pour payer un préposé aux bénéficiaires
43 $ de l'heure, bien, c'est le service aux usagers qui souffre parce
qu'on n'a pas plus... on a moins d'argent pour faire d'autres choses. Je ne sais
pas si...
M. Marissal : OK. Mais je vous
comprends puis je connais quelques RI, là, dans ma circonscription, là. Je ne
remettrai pas en doute vos services...
Une voix : J'espère.
M. Marissal :
...et même le côté essentiel de ce que vous faites dans un contexte budgétaire
qui est très difficile, là. Tous les députés ici ont probablement eu des cas de
RI qu'ils doivent défendre, d'une façon ou d'une autre,
devant le ministère ou le ministre parce qu'elles sont à peu près toutes au
bout de leur corde, là, de leur dernière cent. Alors, je ne remets pas ça en
question.
Mais, cela dit, quand
vous dites que vous devriez avoir ou recevoir la même prime de 5,50 $ de
l'heure lorsque vous engagez des agences, on
va juste donner du gaz aux agences, là. Ça fait qu'on va perdurer le problème,
là.
M. Veilleux (Carl) : Non, non, non. En fait,
non... je comprends votre... Je comprends votre point, mais l'argent va à la ressource... le 5,50 $, là, qui vient
de la MAES, il va à la ressource intermédiaire, il ne va pas à l'agence au
final.
M. Marissal :
Oui, mais elle vous permet
néanmoins de continuer d'engager des agences, ce que nous voudrions
arrêter de faire.
M. Veilleux (Carl) : Ce que nous voulons
arrêter de faire également. En fait, nous, ce qu'on veut arrêter, c'est
de payer des prix exorbitants pour une main-d'oeuvre qui fait la même chose que
celle qu'on engage directement.
M. Bourgoin
(Luc) : Puis on s'entend que 5,50 $ pour un taux horaire qui est
le triple du...
M. Marissal :
C'est à la marge.
M. Bourgoin
(Luc) : Écoutez, ça...
M. Marissal :
C'est à la marge. Définir «exorbitant», qu'est-ce que... À quoi vous...
M. Veilleux
(Carl) : Ah! oui, très, très élevé. Non, je trouve ça... c'est une
figure de style, là. Mais, quand on parle de 40 quelques dollars de l'heure
pour un préposé aux bénéficiaires qui, dans les faits, en gagnent rarement plus
que 20 $, il y a quelque chose là-dedans qui suscite l'imaginaire, je ne
sais pas, qui... d'où exorbitant.
M. Marissal :
Ou l'indignation, c'est selon.
M. Veilleux
(Carl) : Oui, peut-être. Voilà.
M. Marissal :
Recommandation n° 7 est intéressante, là, créer un guichet administré par
le MSSS pour dénoncer les agences de placement de personnel qui contreviennent
à une disposition des règlements. Autrement dit, ça, ce serait votre chien de
garde du projet de loi n° 10 une fois adopté, une espèce de
1 800 agence abusive, là, vous pouvez appeler ou faire une plainte de
façon anonyme. Parce que je présume que ce n'est pas si simple que ça pour vous
de vous plaindre directement à votre... à la personne qui vous envoie du monde.
M. Veilleux
(Carl) : Bien, dans les faits, puis là on va y aller avec l'histoire
apprise pendant la pandémie, parce que les agences ont joué un rôle pendant la
pandémie pour combler des quarts de travail, c'est qu'il n'y avait pas de
dénonciation, parce que les agences avaient beau ne pas respecter les
décrets... Moi, je gère ma ressource intermédiaire, je suis complètement
désespéré, je suis rendu au stade où je suis prêt à payer 40 $ de l'heure
pour un préposé aux bénéficiaires, je prends le téléphone. Bien, les conditions
qu'on me propose sont peut-être inacceptables, mais, si je vais dénoncer puis
que cette option-là disparaît, je n'en ai plus, de bouée de sauvetage, puis
c'est encore moi qui rentre le soir, la fin de semaine.
Donc, pourquoi
j'irais dénoncer une situation... Je comprends, tu sais, je veux dire, ce
serait à dénoncer, mais ce que nos membres
nous disent, c'est : Bien, on n'ose pas... on n'ose pas le faire parce
qu'on a besoin de ce service-là quand même.
M. Marissal :
Non, c'est intéressant, ce que
vous dites. J'en prends note, puis on est là pour améliorer le projet de
loi, là. Moi, je vois quelque chose d'intéressant là-dedans. Parce que, sinon,
on met beaucoup, beaucoup le poids sur les gestionnaires, que ce soit vous, ou
les CIUSSS, ou les CISSS, qui même seraient... qui seraient tous visés par les
sanctions pénales et administratives. Alors, peut-être qu'effectivement on
mettrait un peu de chaleur aussi sur les agences si on est capable d'avoir un
registre du genre. Mais qu'est-ce que vous auriez dénoncé? Vous dites l'exemple
de la COVID.
M. Veilleux
(Carl) : Bien, le décret, il y avait des plafonds qui n'étaient pas
respectés, la facturation...
M. Marissal :
OK, vous parlez d'argent, là.
M. Veilleux
(Carl) : Bien, non, je parle d'argent, je suis... Outre ça, pour vrai,
pendant la pandémie, je veux dire, le seul... en tout cas, le niveau de
formation du personnel d'agence... Ils nous envoient des gens qui, souvent, ne
sont pas qualifiés.
M. Marissal :
Oui, vous avez dit ça tout à l'heure, puis on en a parlé ce matin aussi.
Parce que moi, j'en ai entendu beaucoup parler sur le terrain, puis ça, ça
m'agace parce qu'il s'agit de personnes vulnérables. Et vous avez dit :
Les usagers sont maltraités.
M. Veilleux
(Carl) : Bien, ce n'est pas ça... Nous, on n'a pas dit ça, là.
M. Marissal : Oui, vous avez dit ça.
M. Veilleux (Carl) : J'ai dit :
Les usagers sont mal traités?
M.
Marissal : Vous avez dit ça tout à l'heure, oui. Vous avez
dit : On nous envoie du monde pas nécessairement qualifié, les
usagers sont mal traités.
M. Veilleux
(Carl) : Bien, je pense... En fait, parce que le mot
«maltraitance» est très lourd de sens, là, je dirais que les usagers ne reçoivent pas la qualité de
services auxquels ils auraient droit, tu sais. C'est ça, ils sont là-dedans...
parce que, les personnels d'agence qu'on va recevoir, bon, il y a un certain
nombre de formations, normalement, qu'on s'attend, PDSB, loi n° 90 pour
donner des médicaments, secourisme, bon, genre de choses.
Puis honnêtement, les personnes de l'agence nous
arrivent, ils ne relèvent pas de nous, donc on ne peut pas vraiment valider le
type de formation qu'ils ont, puis, bien, on constate que la formation n'est
pas extraordinaire. Puis après ça, bien, le lendemain, c'est une personne
différente, ça fait que la... puis, le surlendemain, c'est une autre personne
différente, puis, le sur-surlendemain... Ça fait que vous voyez... vous voyez
le portrait un peu.
M.
Marissal : Je comprends, mais... Je comprends, mais ne prenez
pas «maltraitance» au terme criminel du mot, là.
M. Veilleux (Carl) : Non. Bien, en
fait, je fais attention, c'est un mot glissant, je trouvais, mais...
M. Marissal : Il y a différentes
façons d'être maltraité, mais mal servi, en tout cas, ou pas bien traité.
M. Veilleux (Carl) : Voilà.
M. Marissal : Mettons ça comme ça,
là.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup de votre contribution,
messieurs. Vous m'excuserez, M. le député de Rosemont, on doit clore cette
discussion.
Et nous
allons suspendre les travaux pour faire place au prochain groupe. Merci
beaucoup de votre collaboration et de votre contribution.
(Suspension de la séance à 16 h 06)
(Reprise à 16 h 10)
Le
Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. Je souhaite maintenant
la bienvenue au Regroupement québécois des résidences pour aînés. Vous
avez 10 minutes pour votre exposé. Par la suite, il y aura un échange avec
les membres de la commission. Alors, je vous invite à vous présenter et à
débuter votre exposé. À vous la parole.
Regroupement québécois
des résidences pour aînés (RQRA)
M. Fortin
(Marc) : Bien, bonjour, M. le Président. Merci pour votre
accueil. Mmes et MM. les députés, M. le ministre, je m'appelle Marc
Fortin, je suis le président-directeur général pour le Regroupement québécois
des résidences pour aînés, le RQRA, et je
suis accompagné par le président du conseil d'administration du RQRA, M.
Hugo Boucher, ainsi que Marc Snyder, de la
firme Paradigme Stratégies, qui accompagne le RQRA depuis 14 ans
maintenant. Hugo, je te laisse te présenter.
M. Boucher
(Hugo) : Bonjour. Moi, je suis président et chef de la
direction d'IMMO 1ère, qui est une entreprise familiale fondée
en 1991, qui possède et gère 10 résidences pour aînés partout au
Québec, Montréal, Montérégie, Drummondville
et ici même, dans la ville de Québec. Plusieurs de nos résidences sont
destinées à une clientèle semi-autonome nécessitant des services.
M. Fortin (Marc) : Marc.
M. Snyder (Marc) : ...Marc Snyder,
vice-président aux relations gouvernementales de Paradigme Stratégies.
M. Fortin (Marc) : Pour vous
situer, le RQRA est la seule organisation qui représente les résidences pour aînés. Le RQRA compte, parmi son membership, près
de 53 % des résidences, soit 800 résidences, et 67 % des
unités, soit 92 000 unités, au
niveau des RPA. Les RPA, il y a beaucoup de monde souvent qui sont confus, une
RPA, ça comporte différents types de services. Ça peut être une RPA
autonome, semi-autonome ou pleinement soins, jusqu'à des fins de vie. Donc, il
y a différents types de RPA qui nécessitent différents besoins.
Au
Québec, en date de dimanche, on comptait 1 496 RPA. Si je suis aussi
précis quand je parle du nombre de RPA,
c'est qu'il change sans arrêt. En effet, une ou deux fermeront cette semaine,
une ou deux fermeront probablement la semaine prochaine et une ou deux
autres la semaine suivante puis, si la tendance se maintient, une ou deux
autres fermeront toutes les semaines pour le restant de l'année. C'est vraiment
la tendance qu'on a depuis un an et demi. Cette diminution rapide du nombre de
RPA a plusieurs effets extrêmement préoccupants, préoccupants pour les
gestionnaires, mais surtout pour les résidents et les résidentes qui sont
touchés. La grande majorité de ces fermetures sont
celles de petites RPA situées en région, des RPA de 12, ou 20, ou
30 unités situées dans des petites villes, dans des villages un peu
partout au Québec. Ces fermetures sont autant plus de drames humains que des
gens sont déracinés de leur milieu de vie.
Prenons le cas
hypothétique d'une personne qui a passé sa vie à Buckland puis qui réside
maintenant à l'Accueil Notre-Dame, qui sera
dans l'obligation de s'exiler à 52 kilomètres, à Sainte-Marie, si
l'Accueil Notre-Dame venait à fermer,
ou une autre qui est originaire de New Glasgow dans les Laurentides, obligée de
déménager à 14 kilomètres, à
Saint-Jérôme, en cas de désertification de la Villa Ste-Sophie, ou enfin une
résidente de votre... résidence de votre circonscription, M. le
Président, installée à la Résidence Saints-Anges qui se voit forcée de
déménager à 16 kilomètres, à Saint-Joseph. Des cas comme ça, il y en a
quelques dizaines chaque semaine, puis ça peut... ça ne peut pas continuer pour
nous.
En parallèle, il faut
aussi penser au réseau de la santé et des services sociaux. En effet, Mmes et
MM. les députés, les résidences pour aînés jouent un rôle capital en matière de
ralentissement de l'institutionnalisation. Nous avons récemment commandé une
étude à une firme d'analyse économique. Ils nous ont produit un rapport étoffé
que nous avons partagé avec le ministère des
Finances, le ministère de la Santé et Services sociaux, et le rapport
démontre aussi clairement que les RPA contribuent au maintien de la santé
physique et cognitive des aînés, de même qu'à leur vieillissement dans la
dignité. En se basant sur la littérature scientifique puis sur la réalité
financière actuelle des résidences pour aînés, nous avons développé une
modélisation économique qui démontre que les RPA évitent des coûts substantiels
aux gouvernements, qui se chiffrent entre 10 et 15 milliards de
dollars sur une période de 10 ans. Puis, de plus, cette méthodologie
demeure très prudente et les coûts évités réels surpassent de loin ceux qui
sont estimés dans l'étude. C'était très conservateur.
Je
suis arrivé au RQRA à l'automne 2021, en pleine pandémie, quelques
semaines avant l'arrivée d'Omicron. Disons que, depuis que je suis en
poste, nous gérons d'une crise à l'autre, mais ce n'est pas récent que la
situation est difficile pour les RPA. Puis j'ai récemment mis la main sur un
mémo qui avait été transmis à mon prédécesseur, dont je veux vous citer
quelques phrases, puis inquiétez-vous pas, ça va être assez court :
«La situation est
critique. Au cours des cinq dernières années, près de 400 RPA ont dû
fermer leurs portes, 78 % de celles-ci
se trouvent à l'extérieur des grands centres urbains. Augmenter les salaires
des préposés aux bénéficiaires sans améliorer la situation financière
des résidences pour aînés entraînera une accélération des fermetures. Celles-ci
causeront énormément de tort aux aînés qui devront se déraciner de leur milieu
de vie, sans compter la pression qui se répercutera inévitablement sur le
système public des CHSLD.
«Les impacts seront
vécus par les aînés qui seront forcés de déménager, par des employés qui vont
perdre leur emploi, par des communautés qui vont perdre des membres importants
de leur histoire et par le système de santé publique qui va devoir prendre en
charge ces nouveaux utilisateurs. C'est exactement le contraire d'une
proposition gagnant-gagnant, c'est une proposition où tout le monde est
perdant.»
Je vous signale que
ce mémo date de janvier 2020, donc avant même le début de la pandémie. Ça fait
que, sur ce, je passe la parole à M. Boucher.
M. Boucher
(Hugo) : Bonjour. L'enjeu de la main-d'oeuvre, c'est l'un des plus
importants défis auxquels on fait face quand on est dirigeant d'une RPA ou un
gestionnaire.
Malheureusement,
l'utilisation d'agences de placement, et encore plus durant la pandémie, a été
nécessaire pour nous permettre de répondre aux besoins des résidents vivant en
RPA.
Les
membres du RQRA souhaitent s'affranchir graduellement, mais
totalement, de leur dépendance à l'endroit des agences
de placement de personnel. Elles sont pour nous un fléau dont nous aimerions
bien nous débarrasser le plus rapidement possible.
C'est
pourquoi nous partageons en tous points la volonté du ministre de la Santé et
des Services sociaux de réduire l'empreinte des agences de placement de
personnel et de la main-d'oeuvre indépendante dans nos organisations.
En
effet, nous reconnaissons les problématiques qui viennent avec l'utilisation
des agences de placement, mais la très
grande majorité des RPA ont recours à ces dernières pour continuer leur travail
essentiel auprès des aînés Québécois.
Entre 2016 et 2021,
la part des dépenses en agences de placement sur la masse salariale totale des
RPA est passée de 1,4 % à 10,9 %. C'est même maintenant 12,8 %
pour celles de catégorie 4, qui offrent le plus de soins.
En vertu du Règlement
sur la certification des résidences privées pour aînés, les RPA doivent
respecter, selon leur taille et leur niveau d'autonomie, catégorie 1 à 4,
des seuils minimaux de personnel, et ça, 24 heures sur 24. C'est
uniquement lorsqu'elles font face à une situation susceptible d'enfreindre les
exigences du règlement et d'ainsi mettre en danger le résident que les RPA
n'ont pas d'autre choix, et ce n'est vraiment pas de gaieté de coeur, que de
faire appel aux agences.
Comme nous l'avons
déjà dit, nous souhaitons nous affranchir de l'utilisation des agences et nous
sommes heureux que le gouvernement se penche sur la question. Cependant, nous
sommes extrêmement craintifs quant aux multiples bris de service, si le projet
de loi est adopté tel quel.
Dans l'état actuel du
projet de loi n° 10 et en l'absence de règlement, nous nous retrouvons dans
une position étrange, celle de ne pas souhaiter utiliser les services des
agences, tout en sachant que nous devons tout de même nous y résigner pour
assurer le bien-être des aînés, prodiguer les soins nécessaires et respecter
les conditions de notre certification.
Dans ce contexte, nous demandons d'ajouter une
exception permettant aux RPA, à leur discrétion, de faire appel aux agences de
placement... excusez, face à une situation de bris de service potentiel. Il en
va de la santé et de la sécurité de nos résidents et résidentes.
Sur ce, nous sommes prêts à prendre vos
questions.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup pour votre exposé.
Alors, M. le ministre.
M. Dubé : Très bien. Alors,
messieurs, merci pour votre présentation qui est très claire. Je pense qu'on a
des objectifs communs, hein? On a... je pense qu'on partage plusieurs de vos
points que vous venez d'illustrer. Je pense qu'avec ce qu'on vient d'entendre
sur les ressources intermédiaires que... je pense, vous étiez en salle quand
ces gens-là étaient là. Je pense que les Québécois comprennent aujourd'hui
qu'on parle de 1 200 RI,
on parle de presque 1 500 RPA. C'est deux types de ressources
qui sont dans le réseau, mais qui sont quand même des... je vais l'appeler des
ressources privées, hein, qui sont excessivement importantes à notre réseau. Ça
fait que je pense que les Québécois, par l'intermédiaire de ce projet de loi
là, entendent bien les difficultés que vous vivez présentement.
Bon, je pense que je fais la comparaison que,
depuis le début de la pandémie, il y a eu pas mal de mesures d'atténuation qui
ont été données, mais ça n'a pas réglé tous les problèmes. Ça, je pense qu'on
est... on en est très conscients, puis je veux juste que les Québécois
comprennent bien, parce que vous avez eu des problèmes. Je veux juste le
mentionner, là, mais tantôt vous avez sauté rapidement là-dessus, mais je pense
que c'est important que les Québécois le comprennent. Vous avez maintenant des
taux d'assurance qui sont plus élevés, il y a une foule de... vous avez des
mesures à respecter en termes de contrôle des infections, etc., qui... Et je
sais que notre gouvernement, depuis le début de la crise, a fait... vous a aidé
là-dedans, mais effectivement, peut-être pas au niveau ou... l'ampleur de ce
qui se passe, entre autres, avec la main-d'oeuvre indépendante.
• (16 h 20) •
Ça fait que c'est pour ça que je pense que ce qu'on essaie de faire en ce moment...
Puis je le dis, puis j'entends beaucoup
de commentaires positifs de l'opposition en ce moment, ça fait que je trouve ça
excessivement intéressant... nous, ce qu'on veut, c'est essayer de mieux
cibler comment on va s'affranchir des agences, parce qu'on a tous le même
objectif... parce que ce n'est plus un mode d'exception, c'est rendu un mode de
gestion, puis on ne peut pas... on ne peut pas jouer avec ça. Puis c'est vrai
dans les CISSS et les CIUSSS, comme c'est rendu chez vous, vous n'avez plus de
choix. Ça fait que je pense que les gens comprennent ça.
Bon, maintenant, comment on fait cet
affranchissement-là? C'est ça qui est notre plus grand défi. Vous avez dit tout à l'heure, vous avez dit tantôt :
C'est un fléau. Moi, j'ai déjà dit que c'était un mal nécessaire. Je me
souviens avoir déjà dit ça, peu
importe les mots, je pense qu'on est à la même place. Comment on fait, là, à
très court terme? Parce que, vous comprenez, puis je l'ai dit, les
mesures qu'on va mettre dans les règlements, c'est sensiblement les mesures qu'on avait durant la pandémie, durant les mesures
d'urgence, tarifs maximums, etc. Vous voyez quoi là-dedans? C'est quoi,
les mesures les plus importantes que je pourrais vous demander, que vous
connaissez bien? Parce que vous avez vécu, vous êtes là, vous l'avez dit, là,
avec... en 2021, vous étiez pas mal dans... vous avez l'expérience. C'est quoi,
les mesures que vous devriez vous... qu'on devrait, nous autres, s'assurer
qu'ils vont être là pour les RPA, qui permettraient justement d'encadrer le
plus rapidement possible?
M. Fortin (Marc) : Je vais
commencer. Je te laisse la parole, peut-être après, Hugo. Moi, je vous dirais
un plafond, définitivement, parce que, même durant la pandémie....
M. Dubé : Un taux maximum, pour que
les gens comprennent.
M. Fortin
(Marc) : Un taux maximum salarial, alors. Et puis, même
durant la pandémie, il y en avait un avec le décret, puis on a essayé de faire prendre des actions, parce qu'on avait
plein de factures d'agences qui étaient hors décret...
M. Dubé : Hors décret.
M. Fortin
(Marc) : ...donc qui étaient... ils étaient... ils
devraient... ils auraient dû être être mis à l'amende, mais...
M. Dubé : Mais il y avait... Bien,
excusez-moi, je voudrais... il n'y avait pas de pénalité dans ce temps-là.
M. Fortin (Marc) : Il n'y avait pas
de pénalité, non.
M. Dubé : Il n'y avait pas de
pénalité.
M. Fortin (Marc) : Mais... Vous avez
raison, mais...
M. Dubé : Donc, taux maximum... Oui,
continuez.
M. Fortin (Marc) :
Bien, taux maximum avec pénalités parce qu'il faut que ça soit respecté. Il
faut aussi qu'il y ait un encadrement parce qu'il y a une créativité de la part
des agences. Ah! tiens, on charge des kilomètres. Ah! tiens, on charge pour les
vérifications d'antécédents. Mais, à chaque fois qu'on l'envoie quelque part,
il y a eu toutes sortes de créativité sur des charges, là. Ça fait que,
vraiment, un encadrement sur la totalité des charges qui peuvent être chargées,
parce que, lorsqu'un employé travaille pour une agence, la vérification
d'antécédents a été faite une fois, 40 $, tu n'as pas besoin de charger le
40 $ à chaque fois que tu la places à un endroit. Ça fait que, vraiment,
tout encadrer ce côté-là avec le taux maximum.
Aussi, les qualifications... Souvent, on
l'apprend sur place puis on a besoin de trois employés la nuit pour la
certification, puis la personne qui nous a employés... on les regarde
travailler puis on dit : Bien, voyons, elle n'a pas les compétences, cette
personne-là. Ça fait qu'il faut qu'on soit capable de parer pour ça, mais ce
n'est pas ça qui était dans le contrat, ce n'est pas ça qui était demandé, puis
souvent on est pris en otage dans ces situations-là, donc aussi encadrer les
compétences.
M.
Dubé : Oui, mais là-dessus... là-dessus, parce que j'ai
senti mon collègue de Rosemont très sensible à l'aspect qualité, là...
puis je pense que c'est très important, ce que vous dites. Comment vous pouvez
vous prémunir comme ça? Parce que, comme vous dites, des fois, vous appelez à
la dernière minute, puis c'est le propre d'une agence, pour vous aider. Vous
faites quoi quand la qualité n'est pas là?
M. Fortin (Marc) : Hugo.
M. Boucher (Hugo) : Qu'est-ce qu'on
fait quand la qualité n'est pas là? On n'a malheureusement pas le choix
d'accepter la personne quand même. Puis on va toujours avoir un responsable de
corps, nous, dans nos résidences, qui, lui, va s'assurer de vérifier le travail
de la personne, mais il ne peut pas non plus le faire à sa place, mais c'est certain qu'il va le vérifier. Puis ça,
ça amène les conséquences de beaucoup d'épuisement. Quand on rentre au
travail puis qu'on n'est jamais avec les mêmes collègues, qu'on ne connaît pas,
qui ne connaissent pas la résidence, il faut tout leur montrer, c'est une
raison pour laquelle plusieurs partent. Puis souvent, ils se disent... c'est
comme un cercle vicieux. Ils se disent : Bien là, si lui va en agence,
puis là, moi, je suis tout le temps pris pour essayer de les guider, bien, moi
aussi, tu sais, je vais y aller en agence.
Les agences dans nos résidences, c'est un peu
comme la gangrène, ça se... ça rentre une personne, puis, après ça, il en prend
une autre, il en prend un autre, il en prend un autre, puis souvent il vide nos
étages, surtout nos étages de soins, puis là on se retrouve avec juste des
agences sur place, ce qui fait que le service est... devient, honnêtement, il
faut le dire, là, inférieur en qualité, là, il n'y a aucun doute.
Puis moi, ce que je crois, pour... ce qui nous
aiderait le plus sur le terrain pour s'affranchir des agences, c'est vraiment
le plafond salarial, mais dans le sens que, quand le plafond salarial est
deux fois et demie plus élevé que le salaire que la personne fait sur le
plancher, le plafond est utile à ne pas exagérer, à ne pas... à nous envoyer à
des 70 $ de l'heure, mais il ne nous aide pas à nous affranchir parce que
les gens vont rester là quand même.
M. Dubé : Voulez-vous juste bien
juste bien expliquer ça, là? Parce que, des fois, on mêle deux tarifs, là, puis
j'aimerais...
M. Boucher (Hugo) : Bien, une PAB...
M. Dubé : Vous êtes un opérateur.
M. Boucher (Hugo) : Oui, une PAB va
nous charger....
M. Dubé : Vous en avez une dizaine.
Bon, allez-y, là, avec... partez de la base, là. Comment habituellement un
employé, mettons, un PAB ou... prenons un PAB parce que....
M. Boucher (Hugo) : Bien, un PAB,
chez nous, à l'heure actuelle, va faire, avec la prime, environ 20 $,
21 $, 19 $ et quelque chose avec la prime. Ça, c'est un autre sujet
quand elle va s'en... quand elle va partir, mais on n'est pas là pour ça aujourd'hui.
Donc, si une agence nous charge, je ne sais pas, moi...
Une voix : Souvent, 45 $.
M. Boucher (Hugo) : 45 $. En ce
moment, c'est environ 45 $ que les agences nous chargent.
M.
Dubé : Ça, c'est le prix qu'ils vous chargent. Ce n'est pas
le prix qu'ils paient le PAB qui vient chez vous, là.
M. Boucher (Hugo) : Pour être franc,
puis, tu sais, je ne veux... tu sais, je ne peux pas... je n'ai pas comme de
preuve à ce que je dis, mais je discute avec énormément de gens d'agences, là,
puis la grande majorité s'en va dans la poche de l'agence, là, et ils leur
donnent quelques dollars de plus.
M. Dubé : Dans le cas des PAB.
M.
Boucher (Hugo) : Dans le cas des PAB. Mais nous, c'est surtout dans le
domaine des RPA, oui, il y a un problème, les infirmières auxiliaires, et tout
ça, dans les 65 $, 68 $.
M. Dubé : Bien, on pourra faire les deux parce que vous avez
quand même... bien, c'est sûr que vous avez plus de PAB dans les RPA que vous avez d'infirmières. Mais continuez sur
votre exemple PAB, là, parce que c'est important.
M. Boucher
(Hugo) : Donc, c'est ça, donc, ma PAB, elle qui fait 20 $ de
l'heure, va se faire recruter par une agence qui va lui en donner 25 $ ou
23 $...
M. Dubé : Peu
importe.
M. Boucher
(Hugo) : ...puis qui va charger 45 $. Persuadé qu'elle irait
jusqu'à 65 $, si elle n'avait pas de plafond,
sûr et certain. Mais à 45 $, c'est encore trop élevé pour empêcher que les
agences... qu'on utilise des agences, parce qu'ils vont quand même
avoir, un, leur marge de profit puis, deux, ils vont pouvoir payer plus que
nous on en a la capacité.
M. Dubé : Puis
vous, vous qui êtes à l'échelle du Québec, hein, vous avez dit que vous avez...
même dans la région ici, à Québec...
M. Boucher
(Hugo) : Oui. Oui, j'en ai une à Québec.
M. Dubé : Bon.
Est-ce que la compétition est assez forte entre chacune de vos régions ou c'est
assez différent? En termes, là... Quand vous dites que vous appelez quelqu'un
qui n'est pas déjà à une entente avec ce qu'on appelle le centre d'acquisitions,
là, c'est quoi, la compétition que vous êtes capable de dire : Bien, toi,
tu me charges tant, ou ce n'est pas compétitif du tout? J'aimerais ça que vous
expliquez ça aussi.
M. Boucher
(Hugo) : Bien, la compétition, si on est capable de négocier les prix
d'une certaine façon?
M. Dubé : Oui.
M. Boucher
(Hugo) : Impossible.
M. Dubé : OK.
Puis pourquoi?
M. Boucher
(Hugo) : Parce qu'ils vont au plus offrant. La demande est tellement
criante qu'ils vont tout simplement au plus offrant. Et quand la... avant que
vous interveniez, M. le ministre, pour les... plafonner les primes, là...
Durant la pandémie, moi, j'ai eu des éclosions dans mes résidences, là, puis
j'ai eu du monde qui... des PAB à 80 $, 85 $, 90 $, j'en ai vu,
puis plus qu'une...
Une voix : ...
M. Boucher
(Hugo) : Dollars de l'heure. Puis plus qu'une compagnie, puis les gens
ne se gênaient pas, là. Puis c'est ça ou tu ne l'as pas.
M. Dubé : Puis
dans... Si je prenais, rapidement, les infirmières... Une infirmière, mettons,
là, qui... dont le salaire... puis là je vais prendre une auxiliaire, par
exemple, mettons, qui est à 25 $ ou 30 $, dépendamment où elle est
dans l'échelle salariale, on vous la recharge à quel prix?
M. Boucher
(Hugo) : 62 $. Actuellement, moi, autour de 62 $, 65 $,
72 $ jusqu'à... il y en a jusqu'à 75 $. Mais moi, les gens avec qui
que je fais affaire, à l'heure actuelle...
M. Dubé : C'est
là que vous dites que c'est presque le triple.
M. Boucher
(Hugo) : Exactement.
M. Dubé : Parce
que c'est... là, vous prenez la différence entre le coût qu'elle aurait dans le
réseau par convention collective versus le prix qu'on vous la charge.
M. Boucher
(Hugo) : Oui, exact, parce qu'avec taxes... les taxes, nous, on n'a
pas d'intrants, extrants, étant... ayant des revenus non taxables, c'est comme
si ça prenait la place des bénéfices marginaux, tu sais, le 15 %. Ça fait
que c'est vraiment le triple, là. C'est un vrai triple, là, au fond, à la ligne
en bas.
M. Dubé : OK.
Puis, dans le cas des infirmières, est-ce qu'elles sont... Bien, je connais un
peu quand même ma réponse, mais je vous le demande à vous. Les infirmières
sont-elles payées plus comparé aux PAB dont vous... entre le salaire de base
qu'elles ont...
M.
Boucher (Hugo) : Dans les RPA?
M. Dubé : Oui.
M. Boucher
(Hugo) : Oui. Oui, oui, une... Bien, je vais parler pour
chez nous... pour chez moi, là, mais, dans nos résidences, là, à l'heure actuelle, là, une infirmière auxiliaire va
faire entre 25 $ et 35 $, dépendant de ses responsabilités.
M. Dubé : Oui, mais vous venez de me dire selon convention.
Moi, ce que je veux savoir, c'est : Quand vous vous engagez une...
pardon, une agence, puis qu'ils vont vous la charger à 75 $ au lieu de...
M. Boucher
(Hugo) : Ah! non, non, non, elle aussi, ils lui donnent 5 $,
6 $...
M. Dubé : Bien,
c'est ça que je veux savoir. C'est quoi à peu près, le...
M. Boucher (Hugo) : Selon les discussions que
j'ai avec eux, ils vont leur donner 5 $, 7 $, 8 $ de plus de
l'heure.
M. Dubé : Ça
fait que la marge que les gens se gardent...
M. Boucher
(Hugo) : Elle est énorme.
M. Dubé : On
va dire un... juste un chiffre, là, puis vous me direz si je me trompe, là,
mais admettons que la marge, c'est 40 $, entre le 70 $ puis le...
40 $, une infirmière va faire... une RPA, une infirmière qui est dans une
agence va faire quoi, à temps partiel, trois jours-semaine, admettons?
Parce que c'est une des raisons pour lesquelles elles aiment les agences, parce
que des fois ce n'est pas à temps plein, on s'entend bien. Donc,
1 000 heures au lieu de 1 800 heures, ça veut dire que
l'agence fait 50 000 $ de profit brut sur chaque infirmière?
50 $ fois 1 000 heures.
M. Boucher
(Hugo) : Moi, personnellement, selon mon expérience, je pense que ça
pourrait ressembler à ça.
M. Dubé : OK.
Je n'ai pas d'autre question, M. le Président, je vais laisser mes collègues.
Le Président (M.
Provençal)
: Alors,
Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme
Dorismond : Bonjour à vous trois. Je veux revenir sur le type
d'infirmière, parce que, là, vous avez parlé d'infirmières auxiliaires.
Une voix : Auxiliaires.
Mme
Dorismond : Oui. Est-ce que
vous avez des infirmières techniciennes ou bachelières? Et c'est quoi, le prix?
M. Fortin
(Marc) : Il y en a dans certaines RPA, définitivement, puis les prix
vont varier. Les salaires vont être plus élevés dépendant de leur expérience,
mais ça peut aller... il y en a qui vont faire du 110 000 $,
120 000 $ par année, il y en a qui...
Mme Dorismond :
Combien?
• (16 h 30) •
M. Fortin
(Marc) : Du 110 000 $, 120 000 $ par année. Ça, c'est
ceux qui offrent des soins jusqu'à la fin de vie, qui ne font que du soin. Il y
a des RPA qui font ça, dont LOKIA juste ici, à Québec aussi.
M. Boucher (Hugo) :
Ça, ça va être les gestionnaires, le plus haut placé, là. C'est des
gestionnaires.
M. Fortin
(Marc) : Oui, vraiment le plus haut placé... Puis sinon, les salaires
vont varier entre 60 000 $ et 85 000 $, là, dépendant de
l'expérience puis du type de résidence.
Mme
Dorismond : Puis ça, c'est le coût de la MOI, c'est...
M. Fortin
(Marc) : Ça, c'est... je vous parle du salaire annuel, qu'entre
60 000 $ et... 85 000 $ par année, là. Ça fait que ça, ça
va être le coût d'une infirmière qui va être employée. Si vous parlez
d'agences, habituellement, c'est plus rare qu'on va prendre des infirmières des
agences.
M. Boucher
(Hugo) : Ça ne m'est jamais arrivé.
M. Fortin (Marc) : C'est
vraiment des auxiliaires et surtout des PAB qu'on va prendre chez des agences
puis... Oui.
Mme Dorismond : OK.
Donc... bon, ça règle ma première question. Dans le fond, le type d'emploi que
vous utilisez le plus, la main-d'oeuvre indépendante, c'est PAB puis
infirmières auxiliaires. OK. Pouvez-vous me décrire aussi les circonstances
dans lesquelles les RPA ont recours à la main-d'oeuvre indépendante?
M. Fortin (Marc) : Oui. Bien, je
peux commencer, je te laisse parler après. Quand je parle à mes membres à
travers le territoire, c'est souvent, bon, une employée qui a appelée à
2 heures, puis elle ne rentrera pas... puis on est samedi, puis elle ne
rentrera pas ce soir pour son chiffre, puis là, bien, il faut que tu appelles
une agence parce que tu as des seuils minimums à respecter puis tu as des services
à donner. Donc, il faut appeler une agence pour avoir une employée. Un gardien,
le samedi soir ou le vendredi soir, qui décide de ne pas rentrer... bien, ça
prend un gardien pour les seuils de nuit.
Donc, ça, c'est souvent... puis l'ARIHQ dit la
même chose, c'est souvent les seuils de nuit et les seuils de fin de semaine,
où il y a plus de problématiques, mais ce qui est plus alarmant, puis ce que je
vois, avec autant mes grands groupes, surtout aussi à travers le territoire,
c'est qu'il y a deux, trois employés qui rentrent en agence puis ils reviennent
travailler à la résidence à trois fois plus cher, puis là ils disent aux
autres : Ah! je peux travailler quand je veux, j'ai de la flexibilité.
Puis là il y a 40 %, 50 % des employés qui s'en vont en agence.
Ça fait que, là, on a des grandes résidences qui
se disent : Je ne suis plus viable financièrement, je vais être obligé de
faire quelque chose. Puis là on parle de grosses résidences, là. Puis là je
suis rendu avec 60 % d'employés d'agences, un peu comme vous avez vécu
dans certaines régions avec les hôpitaux, au niveau du public. Ce n'est plus
viable, ça. Ça fait que, là, comment est-ce qu'on charge ça? On ne peut pas
charger ça aux aînés, mais, à un moment donné, est-ce que la résidence va
fermer parce qu'elle ne sera plus viable financièrement?
Puis ça, on en a discuté beaucoup, puis c'est
vraiment problématique. Je veux dire, nous, de la façon qu'on l'a... C'est toi
qui l'avais classifié comme ça, Marc, c'est un comportement parasitaire. C'est
vraiment des parasites, c'est qu'ils s'insinuent, ils s'intègrent à l'intérieur
d'un système, ils n'offrent aucune valeur ajoutée, zéro valeur ajoutée, puis
ils ramassent une partie de l'argent en passant. Ça fait qu'il n'y a personne
qui gagne quoi que ce soit puis, au bout de la ligne, ça fait juste augmenter
les coûts d'opération, puis c'est les aînés qui vont être obligés de payer
parce que, sinon, les résidences vont fermer.
Ça fait que tu es pris avec vraiment une
situation vraiment problématique. Il faut se débarrasser des agences, c'est
vraiment inutile. Tu le disais tout à l'heure, 1,9 %, avant la pandémie,
on est rendu à 12 %. Moi, j'ai une chaîne... une grande chaîne de
résidences qui me disait : Avant la pandémie, on dépensait à peu près
100 000 $ en agences, ici et là, juste pour des besoins, on est rendu
à 12 millions, aujourd'hui, au mois de février 2022, pour l'année qui
vient de finir. Ce n'est plus viable, ce n'est plus possible. Ça fait que ça,
il faut que ça change, cette situation-là, c'est définitif, puis c'est pour ça
qu'on supporte tout ce que vous faites, M. le ministre, dans cette
direction-là. Mais c'est sûr qu'on ne peut pas être pris non plus avec des...
M. Dubé : Ah! je ne suis pas seul,
hein, je vous dirais...
M. Fortin (Marc) : Oui, oui. Non,
écoutez... Mais on ne peut pas être pris avec des contraventions, si on est
obligé de prendre une agence, parce qu'il faut quand même donner des bains aux
aînés, il faut quand même changer leurs couches, il faut leur amener les médicaments.
Ça fait qu'il faut avoir du service quand même, ça fait qu'on n'a pas le choix,
en ce moment, de faire affaire avec des agences, quand même. Veux-tu compléter?
M. Boucher (Hugo) : Oui. Quand on
fait affaire avec des agences aussi, des fois... Les seuils minimums, c'est des
trucs... c'est des règlements qu'il faut... qu'on est obligés de suivre pour le
seuil minimum, mais il y a aussi l'aspect, tu sais... Les RPA... souvent, là,
les gens qui ne connaissent pas ça ne savent pas tout ce qu'il y a comme sortes
de RPA, tu sais. Moi, j'ai des RPA de 100 unités avec 65 employés,
là, c'est... Il y a beaucoup, beaucoup de soins, là. Donc, même si je respecte
mon seuil minimum, mais que, le matin, j'ai 80 toilettes partielles à
faire, s'il me manque deux PAB, il m'en faut absolument une autre d'une agence,
minimum, pour pouvoir faire la toilette partielle. Il y a aussi cet aspect-là,
ce n'est pas juste des grosses résidences autonomes, non plus, là.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. M. le député de Pontiac, je
vous... Prenez la relève.
M. Fortin (Pontiac) : Merci. Merci, M. le Président. Je trouve la discussion
extrêmement intéressante, puis c'est intéressant de voir votre perspective à
vous, là, puis comment ça affecte votre modèle d'affaires puis le modèle
d'affaires de ceux qui n'ont pas réussi, là, qui ont dû fermer leurs portes au
cours des dernières semaines, des derniers mois, des dernières années, puis
ceux qui vont devoir le faire, à moins qu'il se passe quelque chose bientôt. Je
trouve ça... Vous êtes dans une espèce de place pas hyperconfortable, là, hein,
c'est...
M. Fortin (Marc) : ...
M. Fortin (Pontiac) : Bien, pas ici, là, je ne veux pas parler de la salle de la
commission, là, ça, c'est... mais, tu sais, vous dites au ministre puis à tout
le monde ici : On appuie ce que vous faites, on comprend où vous voulez
vous en aller, les agences, c'est des parasites, ça vient chercher le double,
le triple du salaire que la personne fait, qui, elle, donne des services à mes
résidents, là, mais eux, ils ne font pas grand-chose. En gros, c'est à peu près
ce que vous dites. En même temps, vous demandez, si j'ai bien compris vos
propos initiaux, M. Fortin, là, une exception, un peu,
pour les RPA. Alors, s'il y a une exception qui est donnée aux RPA, comment
vous allez vous en sortir à la fin de la journée?
M. Fortin (Marc) : Bien, c'est sûr
qu'on n'a pas le choix. On ne traite pas des animaux, on ne fait pas des cannes
de bines, on s'occupe d'aînés, d'êtres humains, puis un robot ne peut pas faire
le travail, donc ça prend des humains. On a mis toutes sortes de programmes en
place pour aller recruter à l'étranger, essayer d'aider les RPA pour faciliter
le recrutement puis réduire les coûts, on fait toutes sortes de choses, des
fois, avec le MIFI, d'autres fois, avec des firmes externes. On a toutes sortes
de programmes, mais ça prend des humains, maintenant, puis ça prend 12,
14 mois pour qu'ils viennent ici, ça fait que c'est quand même long.
Ça fait qu'entre-temps, nous, on essaie de
trouver des solutions. On sait que le ministère travaille sur des solutions,
mais, entre-temps, on a besoin de s'occuper des gens puis on ne peut pas
envoyer un robot, ça fait que ça prend un humain. Donc, qu'est-ce qu'on fait?
Bien, ça ne nous fait pas plaisir. On n'a pas le choix. Puis, en ce moment...
Il y a près de 500 RPA qui ont fermé, depuis cinq ans, 300 dans les deux
dernières années. Pourquoi? Parce qu'on ne contrôle pas les revenus qui
rentrent. C'est contrôlé par le TAL. Les aliments sont là, les soins sont là,
le loyer est là, puis il dit : Ah! c'est deux... Oui, mais mes coûts
augmentent entre 8 % et 14 % depuis trois ans, ça fait qu'il n'y a
plus personne qui arrive, puis là tu rajoutes les agences par-dessus ça. Ça fait
que c'est sûr qu'on ne veut pas les utiliser, mais le bien-être de l'aîné est
primordial. Ça fait que, si on ne peut pas s'occuper de l'aîné, il y a quelque
chose qui ne marchera pas non plus, là.
M. Fortin (Pontiac) : Mais pensez-vous, avec une exception qui est donnée aux
RPA, qu'éventuellement vous allez être... à terme, là... Mettons que le projet
de loi est adopté tel quel, puis que la réglementation ressemble à ce que le
ministre suggère, puis qu'il y a une exception pour les RPA, temporaire,
pensez-vous qu'éventuellement vous allez être capables de reprendre le dessus à
un moment donné?
M. Fortin (Marc) : Oui, parce que je
crois que le ministre... Puis je ne connais pas les règlements qui vont être
mis en place...
M. Fortin (Pontiac) : Non. Ça, c'est un autre problème, ça.
M. Fortin (Marc) : ...mais j'imagine
qu'il va y avoir un plafond salarial. En faisant le plafond, bien, ils ne
pourront plus opérer comme avant. Ça va ramener des gens dans le milieu, autant
public que privé. Donc, on prend le «gamble», nous aussi, que les gens vont
revenir. Si les gens ne reviennent pas, bien, on va tous être obligés de se
revoir puis dire : Qu'est-ce qu'on fait maintenant?, parce que, là, ça ne
marchera pas, mais on ne peut pas faire autrement que de dire : En mettant
un plafond salarial, en mettant certaines restrictions, en leur rendant la vie
dure, bien, les employés vont revenir dans le privé ou dans le public, puis ça
va nous donner un coup de main, puis ça va nous permettre de nous désaffranchir
des agences le plus possible.
M. Fortin (Pontiac) : Mais ça, vous pensez que c'est possible? Vous pensez que
les employés qui ont quitté pour les agences peuvent revenir, s'ils n'ont pas
un meilleur salaire aux agences?
M. Fortin (Marc) : Je crois que oui.
Les gens sont...
M. Boucher (Hugo) : ...
M. Fortin (Pontiac) :
Pardon?
M. Boucher (Hugo) : Moi, j'en suis
persuadé.
M. Fortin (Pontiac) : Pourquoi?
M. Boucher
(Hugo) : Depuis le début, moi, je ne crois pas à la théorie
du : oui, mais les gens ne retourneront pas travailler. Ils vont
retourner travailler avec nous, puis on va leur offrir des bonnes conditions.
On va être prêts à leur offrir des bonnes
conditions puis d'avoir un beau milieu de travail. En ce moment, c'est juste
qu'on a une compétition injuste,
c'est... on n'est pas à armes égales avec eux, puis c'est ça, le problème.
Puis, dans le fond, comme je disais tantôt, moi, selon moi, quand je
suis sur le terrain, bien... Moi, je ne suis pas un politicien, puis je ne
connais pas tous les règlements, puis comment les faire, mais je sais qu'il
faut que le salaire qu'ils peuvent demander ne leur permette pas de nous
compétitionner autant que ça. En ce moment, il n'y a pas de compétition, ils
gagnent sur toute la ligne. Nous, on joue au hockey pas de bâton, puis eux, ils
en ont.
M. Fortin (Pontiac) : Oui. Là où je vous rejoins, c'est que la très grande
majorité des PAB, entre autres, là, puis des employés du réseau de la santé, de
façon générale, c'est des gens de grand coeur qui font ça parce qu'ils aiment
leur profession, ils aiment leurs patients. Puis effectivement, moi aussi, je
pense qu'ils veulent travailler dans ce milieu de... dans un milieu de soins.
• (16 h 40) •
M.
Boucher (Hugo) : Il ne faut pas oublier qu'on a 90 % de nos
employés, actuellement, de notre masse salariale, qui est nos employés
quotidiens, là. C'est 10 %, les agences, mais 10 % qui coûtent
30 %.
M.
Fortin (Pontiac) : Mais c'est 10 % au net, au total des RPA.
Parce que vous avez semblé dire qu'il y en a qui... petit à petit, là, ça a pris beaucoup, beaucoup de
place, puis j'imagine que c'est beaucoup plus que 10 %, pour eux
autres, là.
M. Boucher (Hugo) : Oui, c'est ça.
Il y a des RPA, selon les régions, selon certains endroits, selon certains...
qui souffrent plus que d'autres, là, évidemment.
M. Fortin (Marc) : Les petites RPA
ne prendront pas les gens d'agence, ça coûte trop cher, donc ils vont faire le travail eux-mêmes, mais ils se brûlent,
puis les appels de détresse que je reçois parce que les gens sont brûlés,
ils ne sont plus capables, ils font la
cuisine, ils changent les couches, ils préparent à manger, ils vont chercher la
nourriture en faisant l'épicerie, ils font
tout, là... Bien, à un moment donné, ils font sept jours par semaine, 24/7, le
monde m'appelle en pleurant. Les appels de détresse que je recevais,
dans la dernière année, là, c'est vraiment à déchirer le coeur, là. Puis les
gens me disent : Moi, j'aime les aînés, j'ai fait ça pour les aînés, ça
fait 20 ans que je fais ça. Les gens pleurent au téléphone, là, je veux
dire...
M.
Fortin (Pontiac) : Vous avez parlé, tantôt, de... En fait, non, j'ai
une dernière chose. Le projet de loi, là, il donne au ministre le pouvoir
d'autoriser, dans certaines circonstances exceptionnelles, un organisme du
secteur de la santé et des services sociaux
de continuer à recourir, pour une période précise, là, aux services d'une
agence de placement. Alors, le ministre, lui, peut décider, OK, j'ai un
problème à tel endroit, je dois recourir à une agence.
Mais vous, dans votre... dans ce que vous
connaissez de votre fonctionnement avec le ministère de la Santé, là, mettons
qu'il n'y a pas d'exception pour des RPA, là, puis qu'à un moment donné, vous
êtes mal pris, vous êtes obligés de prendre le téléphone, d'appeler soit votre
CIUSSS local ou le ministère, je ne sais pas trop comment ça pourrait marcher,
là, est-ce que vous pensez que ce serait quelque chose d'efficace ou est-ce
que... C'est parce qu'il est en train... le ministre est en train de
dire : Moi, je vais avoir le pouvoir de faire ça. Là, aujourd'hui, vous,
vous nous dites : On le fait, mais en dernier recours, déjà, ce n'est pas
ça qu'on veut faire. Donc, le ministre se donne le pouvoir de faire ce que vous
faites en dernier recours, déjà. Est-ce que vous pensez que c'est un mécanisme
qui peut fonctionner, ça, qu'une RPA, à un moment donné, dise au ministre de la
Santé, là : J'ai besoin d'aide, donne-moi une exception, puis que vous
allez l'avoir à temps?
M. Boucher (Hugo) : Non, je ne crois
pas. Je ne crois pas, non. La réponse, c'est non.
M. Fortin (Marc) : On travaille avec
les CISSS et les CIUSSS pour ça. Puis, je veux dire, si la personne, à
4 heures, elle t'appelle pour te dire : Je ne rentre pas à
6 heures, puis on est samedi...ou : Je ne rentre pas à 8 heures
ce soir, bien, il n'y a personne au CIUSSS qui va répondre, le samedi, de toute
façon, ça fait qu'il va falloir qu'on prenne un... puis il va falloir qu'on
l'appelle. Puis on est des entreprises privées, mais on est d'accord d'être
impliqués, d'être inclus puis de travailler avec vous, mais il faut nous donner
cette flexibilité pour un certain temps, parce que c'est les aînés qui vont
souffrir, là-dedans. Je veux dire, si je ne suis pas capable d'offrir le
service, on va venir m'accuser de maltraitance parce que la personne est restée
dans sa couche plus longtemps, parce que je n'avais pas... On ne peut pas avoir
ça, là, les gens vont tout simplement fermer parce qu'il va y avoir trop de
risques, là. Ça fait que ça, on ne peut pas avoir ça.
M. Fortin (Pontiac) : OK. Dernière chose de mon côté, je vais revenir... On avait
une discussion... vous aviez une discussion, tantôt, avec le ministre, sur, par
exemple, un préposé, là, qui ferait 21 $ chez vous, l'agence lui offrirait
23 $, 24 $, 25 $, un petit peu plus, vous chargerait 45 $.
Donc là, il y a la question du salaire, du plafond salarial, puis il y a la
question du taux maximum. Lequel qui est le plus efficace, là, selon vous?
Parce que le taux maximum... c'est 45 $ maximum, là, ou ce serait moins,
là, mais c'est le 45 $ qu'ils chargent, versus le 25 $ que la
personne fait. Lequel qu'il faut... sur lequel il faut mettre un plafond?
M. Fortin (Marc) : Bien, je pense
que ça doit être un plafond économiquement logique, c'est-à-dire que, si,
aujourd'hui, une préposée que... on regarde, avec les primes, maximum,
21,27 $, bien, une agence, maximum, peut charger 25 $, par exemple,
ça fait que ça nous donne un 3 $ de l'heure, mais elle ne peut pas donner
vraiment plus. Si on veut vraiment s'affranchir, c'est le genre de chose qu'il
va falloir mettre de l'avant, qui est un découragement économique pour les
agences. On ne peut pas les mettre à 40 $, ils vont continuer, ils vont...
M. Fortin (Pontiac) :
Bien, c'est ça.
M. Fortin (Marc) : Parce qu'ils
n'ont aucune dépense, là. C'est une personne qui fait ça dans son sous-sol, des fois, elle n'a aucune dépense. Avec un
téléphone, Internet, merci, bonjour, elle a recruté des gens puis elle les
place, là, c'est... Il n'y a aucune valeur ajoutée. Donc, il faut vraiment
réduire leur taux potentiel, au niveau du plafond, le plus possible, parce que
le moindrement on leur laisse juste un peu trop de place, ils vont tout
simplement être capables de quand même
renchérir de 3 $, 4 $ l'heure, les personnes vont partir, puis ils
vont être capables de se mettre un 5 $, 10 $ de l'heure dans
leurs poches.
M. Fortin
(Pontiac) : Dernière chose. Est-ce que...
Puis là vous avez avancé toutes sortes de chiffres, là, puis c'est un peu les chiffres que vous avez utilisés chez vous mais
aussi que vous connaissez de l'industrie, là. Est-ce que c'est possible de nous orienter à... de nous
fournir qu'est-ce que vous pensez qui ferait du sens, comme taux
maximal, là, dans chaque catégorie, là? Moi,
je pense que ce serait utile. Je sais que le ministre veut le faire par
règlement, mais moi, je pense que ce serait utile pour nous d'avoir
cette conversation-là quand viendra le temps de l'étude détaillée. Donc, si
vous êtes capable de nous donner des suggestions là-dessus, j'apprécierais.
M. Boucher (Hugo) : Puis, au-delà de
juste le salaire horaire, qui est extrêmement important, si, quand que le
résident... si, quand l'agence rentre, elle doit tout montrer, ses cartes de
perfectionnement qu'elle a toutes en main, sinon, si elle ne le fait pas, elle
a une pénalité, ça... parce que, là, ça arrive puis... mais il faut se mettre
dans la peau du gestionnaire. Il n'a pas le choix, il est pris, ça fait qu'il
va l'accepter quand même, tu sais, puis il n'aura pas tant de conséquences que
ça, là.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Alors, je comprends
qu'à la question qui a été déposée... qui a été... à la demande du député de
Pontiac, vous allez nous faire parvenir des données, des suggestions que vous
allez envoyer au secrétariat et que, nous, nous allons distribuer à l'ensemble
des membres de la commission. Je tiens à vous remercier beaucoup, beaucoup pour
votre collaboration, mais, avant toute chose, on doit poursuivre avec le député
de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Merci d'être là. Je coupe court aux salutations, je n'ai pas de
temps. Soyez salués, néanmoins. Moi, je pense comme vous, que les gens qui ont
choisi ce secteur de travail là sont des passionnés.
Je n'ai pas dit des missionnaires, parce que, souvent, comme c'est beaucoup de
femmes, on dit : Bien, elles font ça par passion, donc on va les
payer moins. C'est détestable, comme une façon de voir les choses, mais je
pense que, cela dit, les gens qui travaillent dans le domaine sont passionnés.
Je pense qu'elles vont, pour la plupart, rester ou revenir. Cela dit, il va y
avoir nécessairement une période de transition, nécessairement une période de
transition.
Je comprends
que, vous, vous dites : Le plafond salarial aux agences, là, il devrait à
peu près s'approcher de ce qu'on paie au public, considérant que les
filles d'agence... je dis «les filles d'agence» parce qu'on dit toujours ça, dans le secteur, les gens d'agence ne touchent
pas... n'ont pas accès aux bénéfices marginaux, là, que sont les fonds
de retraite, et tout. Ça fait que, kifkif,
on arrive à peu près, là... je comprends que, vous, vous dites : On doit
se rapprocher, à peu près, là, du salaire qui est versé par le public.
OK. Mettons qu'on fait ça, moi, je serais
d'accord, mais il va y avoir une période de transition, on n'est pas naïfs,
personne, ici, là. Qu'est-ce qu'on fait, dans cette période de transition, pour
ne pas se faire arnaquer, pour arriver à ce
qu'on veut, c'est-à-dire s'affranchir des agences puis ne pas faire peur non
plus à des gens à qui on va dire, tout d'un coup : Bien, sais-tu,
tu gagnais 28 $, là, tu vas en gagner 21 $. Je comprendrais ces
gens-là aussi de dire : Ça m'intéresse pas mal moins, là. Donc, qu'est-ce
qu'on fait?
M. Fortin (Marc) : Bien, moi, je
dirais, trois créneaux...
Une voix : ...
M. Fortin
(Marc) : Oui, on peut y
aller graduellement aussi, mais le premier, c'est le salaire. Le deuxième,
c'est d'obliger les agences à donner, par
exemple, une fiche sur l'employé chaque fois qu'un employé est choisi ou doit
être placé. La fiche montre quelles sont ses qualifications,
ses vérifications d'antécédents. On vient de leur mettre de l'administratif sur
le dos, OK, puis ils n'ont pas le choix de
le faire, ce qu'ils ne font pas aujourd'hui. Donc, quand ils vont engager des
gens, les formations vont être
obligées d'être suivies, PAB, RPA, secourisme, transport des aînés, tout
le reste. Donc, obliger de mettre une fiche en place. Puis troisièmement,
graduel... pour les salaires, faire une gradation au niveau salarial.
M. Boucher
(Hugo) : Bien, on discutait, là, ça m'est venu en tête
comme ça, là, mais, tu sais, ça pourrait être graduel, là, tu sais, la
baisse, là, le temps que... tu sais, le plafond pourrait descendre
tranquillement, parce que c'est sûr, je comprends que la personne... Le
lendemain matin, là, tout le monde qui est dans les agences n'est plus dans les
agences, là, on ne peut plus appeler d'agence, on ne peut plus... mais si on peut
faire une transition un peu plus graduelle,
là, de tout ça... Puis je pense que nous, on va réfléchir, de notre côté, puis
justement, dans les données qu'on va vous envoyer, on va essayer de voir
comment qu'on pense, sur le terrain, en parlant aussi avec d'autres opérateurs
de RPA, plus petites, plus grosses, comment eux, ils pensent que ce serait la
meilleure chose, puis on vous partagera tout simplement notre opinion
là-dessus, puis ça pourra vous aider, là.
M. Fortin (Marc) : Pour vous donner
une idée, M. Marissal, je... parce que les besoins sont là. Donc, si la loi,
les règlements font en sorte que les gens reviennent, moi, vous m'en donnez
1 200, je vais tous les placer dans les RPA. On a mis un programme de
formation, pour les RPA, en place, avec la CPMT, on avait juste 300 places. En
deux heures... On a juste envoyé un courriel aux membres pour dire : Qui
veut participer? En deux heures, on avait 240
personnes déjà d'inscrites... résidences qui avaient inscrit des personnes. Le
lendemain après-midi, on était rendu à 660 PAB d'inscrites pour leur
formation, mais là, bien, j'ai juste 300 places. Les besoins sont là, mais, en
faisant la bonne chose puis en mettant les bons règlements en place, si on est
capables de vraiment décourager les agences, à ce moment-là, les gens devraient
revenir dans le milieu.
Je pense que c'est de
l'administratif, je pense que c'est du salaire. C'est deux des éléments qu'il
faut mettre en place. Puis, quand je dis
salaire, le troisième, c'est vraiment autour d'empêcher les agences de faire de
la créativité de comptables, OK?
M. Marissal : Je comprends. Je
comprends bien.
Le
Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. Fortin. Donc, on termine avec
le député des Îles-de-la-Madeleine.
3 min 18 s.
M.
Arseneau : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, je suis
content de vous revoir. On a déjà eu l'occasion de discuter de ces
enjeux-là. Vous avez mis la table en disant qu'il y avait des places qui
disparaissaient presque au jour le jour. Est-ce que vous pouvez nous donner un
chiffre, soit un pourcentage... disons, depuis trois ans?
M. Fortin (Marc) : De fermetures?
M. Arseneau : Oui.
M. Fortin (Marc) : Depuis... Il y a
eu 500 fermetures depuis cinq ans. Juste depuis janvier 2021, on est
rendus à 302, OK, puis c'est...
M. Arseneau : Unités?
M. Fortin (Marc) : Pardon?
M. Arseneau : Des unités?
M. Fortin (Marc) : Non, des
résidences. Des unités, je pense que Sylvain nous disait... comme 7 000,
mais c'est à peu près...
M. Snyder (Marc) : C'était.... Le
chiffre qu'on a, c'est 473 fermetures en cinq ans pour...
M. Fortin (Marc) : Ça, c'était en
novembre, oui.
M. Snyder
(Marc) : ...jusqu'à l'automne dernier, et la disparition de
7 000 unités de logement. Donc, un nombre x de... 473 résidences,
comprenant 7 000 unités.
• (16 h 50) •
M. Fortin
(Marc) : Avant, M. Arseneau, il y avait des fermetures,
mais il y avait aussi des nouvelles résidences qui ouvraient. Malheureusement, les grosses résidences n'étaient pas en
région, ça fait que ça faisait toujours mal aux régions. Maintenant, ce qu'on voit... depuis un an et demi, les chiffres
sont négatifs, ce qu'on n'a jamais vu en 25 ans. Les chiffres sont
négatifs, au niveau des unités, mois après mois. Ça fait que ça, c'est beaucoup
plus inquiétant, parce qu'on a un besoin de 5 000 logements pour les aînés
par année pour les 20 prochaines années.
M. Snyder (Marc) : On n'aura pas ça,
cette année, je vous le garantis.
M. Fortin (Marc) : Non.
M. Arseneau : Je comprends. Et puis
ce que vous dites... et vous faites un lien avec ces fermetures-là, et la
hausse des coûts de main-d'oeuvre, essentiellement. Est-ce que c'est le seul
facteur ou... c'est le principal facteur, c'est ce qu'on doit comprendre?
M. Fortin (Marc) : Au niveau des
fermetures, il y a vraiment trois créneaux, je vous dirais. Le premier, c'est
financier, le deuxième, c'est la main-d'oeuvre, le troisième, c'est
l'alourdissement réglementaire puis administratif qui s'est installé avec la pandémie.
Dans le
financier, il y a vraiment les assurances, il y a vraiment le resserrement
bancaire, à cause de la SCHL. Il y a
les coûts de main-d'oeuvre, l'inflation qui a explosé, puis le TAL, qui ne
comprend pas les RPA puis qui les gère comme des blocs-appartements
quand on a jusqu'à 65 % de nos frais mensuels qui sont de la
main-d'oeuvre. Ça fait que ça ne peut pas fonctionner. Le TAL est en train
d'étrangler les RPA. Puis, dans la main-d'oeuvre, bien, on a les enjeux de
main-d'oeuvre, les enjeux de formation, les commissions scolaires ne sont pas
capables de suivre, les cohortes sont cancellées constamment. Ça fait qu'il y a
beaucoup de problématiques à trouver de la main-d'oeuvre, il y a beaucoup de
défis puis, au réglementaire, là, il y en a une couple aussi.
M. Arseneau : D'accord. Revenons sur
le défi de la main-d'oeuvre parce qu'il y a peu de temps. Juste une dernière
petite question factuelle. Le pourcentage PAB, par rapport aux infirmières
auxiliaires... par exemple, quand vous dites : Le défi de la
main-d'oeuvre, est-ce que c'est 80-20, c'est 90-10?
M. Boucher
(Hugo) : Oh! c'est au minimum 80-20. Je dirais que ça doit dépendre
des résidences, mais moi, disons que, dans mes RPA, là, il doit y avoir minimum
10 PAB pour une infirmière, là.
M. Arseneau : D'accord. Puis j'ai
encore un petit peu de temps. Je veux parler, moi aussi, de la transition. Une
fois qu'un projet de loi serait adopté, comment vous voyez la transition, sur
combien de temps? Parce qu'on a quand même
un échéancier qui nous a été donné, là. Est-ce que vous voyez ça possible sur
une période d'un an, deux ans, trois ans?
M. Fortin
(Marc) : Ah non! Deux ans, oubliez ça, trois ans, oubliez
ça. Il faut que ça se fasse dans la prochaine année, il y en a plein
d'autres qui vont fermer, sinon. On est étranglés, avec les soins... les soins
sont abandonnés par la majorité des RPA parce qu'elles n'arrivent pus.
M. Arseneau : Et ça, pour l'ensemble
du territoire québécois?
M. Fortin (Marc) : L'ensemble du
territoire québécois.
M. Boucher (Hugo) : Bien, tu sais,
on parle souvent des petites résidences qui ferment, là, mais là, vous voyez, dans les trois derniers mois, il y en a une
de 150, 270, 102, 216, 88 puis 92 unités qui ont fermé. Là, là, ce
n'est plus juste les petites, ça s'attaque aux grosses. On est rendus...
M. Arseneau : On comprend l'urgence.
Merci beaucoup, messieurs.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup de votre contribution
puis de votre collaboration à nos échanges. Très apprécié. On sera en attente
de vos suggestions.
Ceci dit, nous allons suspendre les travaux pour
laisser place au prochain groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 53)
(Reprise à 16 h 56)
Le
Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos
travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue à l'association des
entreprises privées de personnel soignant du Québec, alors... M. Patrice
Lapointe. Alors, je vais vous inviter à faire votre présentation, 10 minutes.
Par la suite, on fait nos échanges. Alors, je vous cède la parole
immédiatement.
Entreprises privées de personnel soignant du Québec
(EPPSQ)
M. Lapointe (Patrice) : Très bien.
Merci, M. le Président, et merci à vous tous pour l'invitation à me présenter
aujourd'hui devant vous. Nous sommes bien heureux d'avoir enfin la chance de
venir vous exposer notre point de vue dans le cadre de l'étude sur le projet de
loi.
J'agis aujourd'hui à titre de président de
l'association des entreprises privées de personnel soignant du Québec, mais je
suis également ici à titre de contribuable et de père de famille inquiet par
rapport à ce que je vois présentement au sein du réseau de la santé.
Au cours des 50 dernières années, les
agences de placement de personnel en soins ont exercé des fonctions vitales au
maintien des soins. Elles ont notamment permis de rehausser l'accès aux soins
de première ligne à tous les patients du Québec, les soins à domicile, l'effort
de vaccination COVID en entreprise, en pharmacie et même au sein du réseau de la santé, l'accès aux soins dans les
zones tampons permettant d'isoler les patients atteints de COVID-19, ce
qu'on appelle les sites non traditionnels, par exemple, la présence
d'infirmières en entreprise, dans nos écoles, et j'en passe. Bref, depuis plus
de 50 ans, nos entreprises collaborent avec le réseau de la santé afin de
répondre à des besoins bien précis.
Alors que le vieillissement de la population
s'accentue, tout comme la demande de soins pour celle-ci, nous sommes
convaincus que la solution aux problèmes visés par le gouvernement ne réside
pas dans une approche de la terre brûlée, mais bien dans la reconnaissance du
rôle complémentaire des agences de placement, un rôle historique et essentiel,
ainsi que la mise sur pied d'une démarche de collaboration durable. Il ne faut
pas tout raser, il faut collaborer et harmoniser davantage.
Bien que le recours au privé en santé ait
longtemps été controversé, la pandémie a accentué notre pertinence et a fait
évoluer l'opinion de la population. Selon un sondage Léger, la grande majorité
des Québécois est favorable à l'idée d'augmenter le recours au privé pour
offrir des soins de santé de qualité à la population. D'ailleurs, plusieurs
engagements pris par le gouvernement du Québec démontrent clairement sa volonté
de miser sur la collaboration public-privé pour rehausser nos infrastructures
ou encore pallier des problématiques urgentes.
Par ailleurs, nous sommes conscients qu'il y a
plusieurs problématiques réelles qui pourraient être résolues par une
application plus constante des contrats d'appels d'offres ainsi qu'une plus
grande collaboration entre les agences et le réseau de la santé. Pour nous, il
est clair que le chemin à suivre passe par la mise en place de solutions structurantes
pour mieux encadrer notre industrie.
Dans
le mémoire que nous avons déposé devant la commission, nous proposons
d'ailleurs une série de recommandations, par exemple, la mise sur pied
d'un fournisseur accrédité par le gouvernement du Québec, rehausser la
transparence des contrats publics attribués aux agences afin que l'information
soit facilement accessible au public,
prévoir des cibles préétablies d'heures à octroyer annuellement aux agences de
main-d'oeuvre indépendantes, entre
3 % à 5 %, par exemple, afin de concentrer les efforts là où les
besoins sont les plus criants, c'est-à-dire les régions éloignées, les
quarts défavorables, les soins à domicile, etc.
Comme vous
pouvez le voir, nous sommes prêts à discuter, à faire des propositions
constructives, à faire le nécessaire
pour améliorer le réseau de la santé et, ultimement, offrir des soins de la
plus grande qualité aux Québécois et aux Québécois.
• (17 heures) •
Alors que le Québec est en pleine crise de la
main-d'oeuvre, ce n'est certainement pas le moment de priver le réseau de la santé de près de
11 000 travailleurs et travailleuses qui ont choisi nos agences. En
effet, selon un sondage réalisé entre le 6 et le 13 février dernier
auprès de plus de 2 000 de nos employés, 80 % d'entre eux ne
reviendront pas dans le réseau public, si les agences sont abolies. Les
professionnels de la santé ont choisi nos organisations pour une multitude de
raisons, aussi diverses que légitimes. On peut parler d'une personne
semi-retraitée qui peut offrir un ou deux quarts de travail par semaine au
réseau de la santé ou encore une personne en situation monoparentale qui peut
travailler 16 heures par jour, une semaine, mais uniquement quelques
heures par jour la semaine suivante, une personne qui enseigne en soins
infirmiers qui peut offrir quelques quarts de disponibilité par semaine durant
l'année scolaire, mais travailler de façon plus soutenue durant l'été, ou une
personne immigrante qui a des responsabilités envers sa famille restée à
l'extérieur du pays et qui doit s'absenter sur une base régulière pour les
visiter. Toutes des situations qui ne pourraient être possibles dans le réseau
public.
Dans le contexte actuel, avons-nous vraiment le
luxe de se passer de ce que ces personnes ont à offrir au réseau? Poser la
question, c'est y répondre. Les Québécois et les Québécoises ont plus que
jamais besoin que tous ceux et celles qui
peuvent contribuer au réseau puissent le faire, même s'ils apportent leur
contribution via un véhicule d'emploi différent.
Je réitère donc de nouveau la volonté de notre
association à travailler de concert avec le gouvernement de manière à
déterminer les meilleurs moyens pour contribuer au renforcement de la première
ligne de soins en incluant les agences de placement comme partenaires
stratégiques faisant partie d'un bouquet de solutions disponibles.
J'aimerais également aborder quelques questions
importantes concernant certaines informations véhiculées au sujet de nos
organisations. Alors que certains prétendent que nos entreprises causent un
problème de main-d'oeuvre, les chiffres, eux, nous disent le contraire. En
effet, 70 % de notre personnel aurait effectivement réorienté sa carrière
dans un autre domaine, plutôt que de rester dans le réseau de la santé, n'eût
été des agences. Cette donnée, tirée des
résultats de notre sondage interne, illustre parfaitement le rôle de rétention
de personnel que jouent actuellement nos organisations.
Nous n'avons jamais cherché ni servi à remplacer
les effectifs déjà existants au sein du réseau. Nous agissons plutôt comme des
pompiers du système de santé grâce à notre agilité, qui permet de mobiliser
rapidement des effectifs supplémentaires pour aider les secteurs les plus
vulnérables, et ce, au bon moment, au bon endroit, le tout au bénéfice des
patients. Soulignons, d'ailleurs, le caractère exceptionnel des deux dernières
années pandémiques, où la Croix-Rouge et l'armée canadienne ont dû être
appelées en renfort pour supporter le réseau de la santé. Nous étions, nous
aussi, à pied d'oeuvre dans ce contexte critique.
Un autre argument que nous avons souvent
entendu, c'est la forte prédominance des agences dans le réseau. Contrairement à
la croyance populaire, les statistiques du ministère qui... démontrent que les
heures comblées par les agences sur une base annuelle ne représentent que
3 % à 4 % des heures totales travaillées dans le réseau de la santé.
D'ailleurs, l'étude économique, réalisée par Raymond
Chabot Grant Thornton, que vous pourrez trouver en annexe de notre mémoire,
démontre qu'on peut voir clairement que le pourcentage des heures travaillées
est demeuré stable, exception faite de la pandémie, durant laquelle
l'efficacité et la rapidité de déploiement des agences ont été mises à contribution. De plus, le recours aux
agences ne coûte pas nécessairement plus cher au réseau. Notre
contribution est néanmoins cruciale pour garantir la continuité des services,
notamment dans les régions éloignées, ainsi que pour minimiser le temps
supplémentaire obligatoire et la détresse psychologique des travailleurs du
réseau.
En terminant, un autre facteur qui contribue à
l'augmentation des prix, dont nous avons été témoins, est celui de l'hypercentralisation.
La création du Centre d'acquisitions gouvernementales, en 2020, poursuivait
l'objectif tout à fait louable d'optimiser
la gestion des achats réalisés par les différents ministères tout en assurant
le respect des règles contractuelles applicables. Malheureusement, cet
exercice de centralisation majeure a eu pour conséquence de perdre une
expertise précieuse, bâtie à l'échelle locale, dans le réseau, au détriment de
la connaissance fine des besoins réels des établissements de santé, particulièrement
dans les différentes régions du Québec. Cet enjeu s'est récemment illustré par
la publication d'un appel d'offres public faisant fi des réalités régionales en
utilisant un tarif unique provincial,
représentant une explosion potentielle des coûts, à hauteur de
800 millions de dollars, pour l'État québécois, sur la durée
totale du contrat.
Pour conclure, alors qu'une criante pénurie de
main-d'oeuvre secoue le milieu de la santé, notre association est incapable de s'expliquer que le gouvernement
choisisse de tourner le dos à 11 000 ressources qualifiées qui
prêtent actuellement main-forte au réseau de la santé en offrant des soins aux
Québécoises et aux Québécois. Pourtant, les résultats
du récent sondage, auquel plus de 2 000 employés et des membres de
l'association ont répondu, le démontrent clairement, abolir le recours
aux agences ne garantira aucunement le retour du personnel dans le réseau et
risque même de le priver définitivement de professionnels qui, faute
d'alternative, réorienteront leur carrière. Des citations aussi
frappantes que «je préférerais travailler chez McDonald plutôt que de retourner
au public» ont d'ailleurs été rapportées dans les médias.
Plusieurs acteurs ont
même reconnu que les problèmes de main-d'oeuvre attribués aux agences sont
plutôt symptomatiques des défaillances de la culture organisationnelle du
réseau de la santé, qui ne peut se réformer du jour au lendemain, malgré toute
la bonne volonté du monde. Le gouvernement peut aménager, en collaboration avec
notre association, des mesures encadrant les activités des agences de
placement, mais il est fort probable qu'une interdiction quasi totale, comme
celle prévue par le projet de loi n° 10, aura des
effets néfastes pour les patients du réseau
de la santé. Ainsi, nous tendons la main au gouvernement et lui proposons des
solutions concrètes qui permettront de mettre en place les balises
nécessaires pour assurer la continuité de notre collaboration historique afin
d'améliorer l'accès aux soins de première ligne partout au Québec.
Je suis maintenant
prêt à répondre à vos questions.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup,
M. Lapointe. Alors, nous allons initier cette période d'échange
avec M. le ministre. Alors, M. le ministre.
M. Dubé :
Alors, M. Lapointe, merci beaucoup. Merci d'être là puis d'avoir
répondu à notre invitation. Vous êtes le président, entre autres, de cette
association-là, mais, en même temps aussi, je pense, c'est important, pour les
Québécois, de savoir que vous avez votre propre agence de placement qui...
M. Lapointe
(Patrice) : Tout à fait.
M. Dubé :
...à moins que je me trompe, là, qui s'appelle Services progressifs. Je ne
me trompe pas?
M. Lapointe
(Patrice) : C'est bien ça, Services Progressifs Placement en soins de
santé.
M. Dubé :
OK. Alors, je me permettrai, dans la discussion que j'aurai avec vous, des
fois, de dire : Est-ce que vous me répondez en tant que président de
l'association ou en tant que propriétaire d'une agence? Parce que j'aurai ce
genre de question là. Je veux juste que les gens comprennent que vous avez un
double rôle étant donné le fait que vous êtes propriétaire vous-même. Première
chose.
J'ai mentionné ce
matin, puis je ne sais pas si vous l'avez entendu... Je comprends ce que vous
dites devant tout le monde, que vous êtes prêt à collaborer, mais on est quand
même, je veux dire, en discussions légales, en ce moment, entre le gouvernement
et vous, et, quand vous dites que... par exemple, que vous employez l'argument
que, si on faisait les tarifs uniques qui ont été dans l'appel de propositions,
il y aurait une augmentation des coûts, je ne répondrai pas là-dessus parce que
c'est un de vos arguments dans l'injonction, puis c'est la dernière chose que
je veux faire aujourd'hui, discuter... J'ai un total désaccord avec plusieurs
des points que vous mettez dans l'injonction, mais je n'en ferai pas le procès
aujourd'hui par respect pour le processus légal que vous avez initié. Je veux
juste qu'on soit très clairs.
M. Lapointe
(Patrice) : Je vous entends, M. le ministre.
M.
Dubé : Très bien.
Maintenant, sur la question... Vous avez entendu, tout à l'heure, plusieurs des
commentaires, notamment les deux derniers qui vous ont précédés. Je pense aux
RI, ressources intermédiaires, les RI du côté des agences... pas des agences, pardon, mais des RPA. C'est des mots assez
durs qui sont dits envers les agences, très durs, puis je pourrais les répéter, puis je ne suis pas
sûr que ça aiderait parce que je pense que les Québécois les ont entendus.
Je vous le dis honnêtement, là, je pense que tout le monde a entendu des termes
assez sévères comme, entre autres, «pas de valeur ajoutée», puis je ne prends
pas les pires, là, je dis que... Et je sais que, dans votre rôle... puis je le respecte, M. Lapointe, là, parce que vous êtes un
entrepreneur, donc, respecter un peu le... mais, en même temps, je veux juste... puis c'est surtout dans votre rôle de
président, là, que je me questionne. Quand vous représentez une
association comme celle-là, vous avez un double rôle, selon moi, parce que vous
avez...
Puis moi, je
regarderai, là... Je vais vous expliquer quelques chiffres dont j'ai pris
connaissance parce que j'ai contacté certains CISSS et CIUSSS qui font affaire
avec vous. Ça fait que, là, je vais être très précis dans ce que je vais vous demander, mais les exemples que je vais
donner... puis ça, vous, les tarifs que vous chargez, vous, votre
agence, versus ce que d'autres de vos membres ont chargé, la fourchette est
large, à peu près aussi grande que la chambre ici, ça fait que je veux juste...
Puis c'est pour ça que je le réexplique. Vous avez certaines pratiques, vous,
comme entrepreneur, mais il y en a d'autres que c'est encore plus exagéré. Ça
fait que je veux juste qu'on se comprenne bien là-dedans, puis je trouve ça
très délicat, dans votre rôle, parce que vous défendez souvent l'indéfendable.
Je dois dire ça comme ça, je le dis.
Maintenant, quelque
chose qui m'a beaucoup agacé, puis je veux vous entendre, vous, comme
propriétaire d'agence, je vous donne une
chance, là, m'a beaucoup agacé, sur la qualité des personnes que vous donnez...
que vous mettez devant des gens qui font appel à vos services, vous avez
entendu les commentaires, là. Est-ce que, vous, vous donnez des fiches employés
avant de présenter un employé devant les gens pour qui vous travaillez?
M. Lapointe
(Patrice) : Je tiens à souligner d'abord... je m'excuse.
M.
Dubé : Est-ce que...
Là, je vous le demande à vous, pour votre entreprise qui s'appelle Services
Progressifs, où vous allez me répondre en tant que représentant, là, je vous
demande, pour vous, en tant qu'entrepreneur.
M.
Lapointe (Patrice) : En tant qu'entrepreneur, on fournit
systématiquement des fiches à nos clients, et, quand on fournit des fiches,
ce sont un ensemble d'informations qui ont été vérifiées, validées, incluant
les antécédents judiciaires. Donc, on fait un travail très sérieux.
Maintenant, je veux quand même, si vous me
permettez, avec respect, recadrer le débat, en ce sens que je ne suis pas ici
pour représenter mon entreprise aujourd'hui, bien que mon entreprise fasse
affaire avec le réseau de la santé. C'est une entreprise familiale de père en
fils, qui a été fondée par mes deux parents, ma mère est infirmière, et c'est
avec fierté qu'on fait ce qu'on fait.
• (17 h 10) •
M. Dubé : Donc, c'est pour ça que je
vous pose la question, M. Lapointe, là. Je comprends très bien puis je veux
respecter votre rôle d'entrepreneur... J'ai tout lu ça, là. Ce que je vous dis,
aujourd'hui, vous, vous fournissez une fiche, vous me dites ça, là, parce
que...
M. Lapointe (Patrice) : Quand on
nous demande de... effectivement...
M. Dubé : Ah! quand on vous le
demande seulement?
M.
Lapointe (Patrice) : Non, pas quand on nous le demande seulement. Quand
on reçoit des demandes de la part des clients, on fournit des fiches,
effectivement, et ce sont des clauses qui sont prévues au contrat d'appel
d'offres.
M.
Dubé : OK. Alors... mais est-ce que vous êtes quand même
conscient, pour les entreprises que vous représentez aujourd'hui, pour
l'association des... que ces fiches-là ne sont pas soumises dans bien des cas,
ce qu'on a entendu aujourd'hui? On n'a pas inventé, là...
M. Lapointe (Patrice) : On a une
problématique, actuellement, en tant qu'industrie, c'est que les appels
d'offres qui ont été faits dans le passé prévoyaient un volet qualitatif
extrêmement rigoureux. Donc, si on regarde, d'ailleurs, les chiffres
historiques qui proviennent de notre étude, on voit que, dans une dynamique
historique, les agences de placement étaient utilisées dans une optique
d'économie de coût pour le réseau de la santé. Donc, il y a... là où on a vu un
changement à cette situation-là, c'est au moment où il y a eu un changement à
la Loi sur les normes du travail, qui a été promulguée par un de vos collègues,
et ce qu'on est venus dire aux agences de placement, c'est qu'elles avaient
l'obligation légale, à partir du 1er janvier 2020, de payer minimalement le
même salaire à leurs employés que celui qui était offert aux employés du réseau
de la santé publique. Donc, on a vu un réseau de la santé qui avait une pratique historique d'utiliser des
agences dans une optique d'économies de coût. Maintenant, les agences
étaient dans une position...
M. Dubé : C'est une des raisons pour
laquelle on veut... on va faire les paliers qu'on veut. Je vais y revenir,
parce que je n'ai pas beaucoup de temps, puis je vais vous laisser... je vais
laisser... mais je veux revenir, maintenant, dans
votre rôle, vous, d'entrepreneur, OK, puis je vais vous donner quelques
chiffres qui ne vous surprendront pas, là, je vais retourner à... Pour que les Québécois comprennent exactement de
quoi on parle ici, là, ça, c'est votre entreprise, puis, si vous n'êtes
pas à l'aise de répondre, je comprends. Vous êtes un entrepreneur, donc, mais
je vais vous faire des calculs parce que vous êtes une personne d'affaires.
Si je prends une infirmière auxiliaire dont le
tarif minimum... ça, ça veut dire que, par convention collective, une infirmière
auxiliaire que vous engagez, dans le réseau, elle peut être payée entre
24 $ et 32 $ de l'heure, d'accord? Quand on a fait un arrêté
ministériel quand on était en situation d'urgence, on a monté ce tarif-là, pour
la même infirmière auxiliaire, jusqu'à 47 $. En ce moment, votre
entreprise, dans la région de l'Abitibi, vous chargez, pour ce même service là, 80 $, c'est-à-dire que vous chargez au
CISSS d'Abitibi 80,95 $ pour quelque chose qui est, en convention
collective, au maximum, 32 $, ou 47 $ dans l'arrêté ministériel.
Cette marge brute là... J'ai fait le calcul avec
un autre collègue aujourd'hui, cette marge brute là, c'est 170 %,
c'est-à-dire que vous chargez, en fait, 33 $ de plus que le tarif maximum
de 32 $. Ça veut dire que c'est du simple au double, puis ça, c'est sans
compter l'arrêté ministériel. Puis là je veux y aller rapidement. Vous faites
ça en Abitibi, avec des préposés aux bénéficiaires, à 169 % de marge, et,
avec des infirmières cliniciennes, pour 148 % de marge.
Je continue. Sur le CISSS de la Côte-Nord, où
vous agissez, c'est des endroits où votre service se fait... Je ne me trompe
pas?
M. Lapointe (Patrice) : J'ai
beaucoup de difficulté à comprendre où vous arrivez avec une marge comme
celle-là, en ce sens où, quand...
M. Dubé : Bien, écoutez,
dites-moi...
M. Lapointe (Patrice) : ...on envoie
du personnel de Montréal en Abitibi...
M. Dubé : Non, non, mais là je vous
parle de l'Abitibi, là.
M. Lapointe
(Patrice) : Oui, oui, quand on envoie du personnel de Montréal en
Abitibi, il faut prévoir une prime d'éloignement. Il faut prévoir un per diem.
Il y a un ensemble de facteurs qui doivent être... dont on doit tenir compte
pour permettre...
M.
Dubé : Je comprends tout ça, mais je veux juste que les
gens comprennent qu'en ce moment le tarif maximum, pour une infirmière
auxiliaire, c'est 32 $, selon la convention collective. Vous, vous dites,
pour toutes sortes de raisons, là, puis je
ne débats pas... D'ailleurs, des gens nous ont expliqué que maintenant, avec
le temps, vous avez trouvé des
façons, puis, quand je dis «vous», là, c'est tout le monde, de charger des
frais accessoires, etc., mais, en ce moment, la différence entre
80 $ que vous chargez en Abitibi... Puis ça, c'est nos chiffres, là. Je
veux dire, on l'a payé, là. C'est des primes
assez importantes. Puis je continue, là, la même chose sur la Côte-Nord, hein,
la Côte-Nord, là, le tarif facturé, c'est 80 $. Encore une fois, ça
fait une prime d'à peu près... Je veux juste savoir... C'est bien ça, c'est la
réalité?
M. Lapointe (Patrice) : C'est la
réalité. C'est important, quand on compare des chiffres, de comparer des pommes
avec des pommes et des oranges avec des oranges. Quand on regarde la
rémunération globale d'une infirmière du
réseau de la santé, 31 % de son salaire, ce sont des primes salariales,
des fonds de pension. Donc, il y a une sécurité
d'emploi. Ce qu'il faut comprendre, c'est que, quand on demande à une agence de
venir supporter le réseau...
M. Dubé : Non, non, mais regardez,
je vais juste... C'est parce que je n'ai pas beaucoup de temps, là, je
m'excuse, puis c'est important parce que, là, c'est quelque chose que les
Québécois doivent comprendre. Vous, là, c'est ce que vous allez charger au
CISSS.
Maintenant,
ma deuxième question, dites-moi à peu près, là... Puis je vous dis juste... Je
les connais, les chiffres. Je vais
vous les demander quand même, puis, quand les gens viennent à la commission
puis ils ne nous disent pas le fond de leur pensée, des fois, ça a
toutes sortes d'impacts. Ça fait que, là, je vous redis la même chose. Cette
madame-là que vous payez, ou cet infirmier-là, ou cette infirmière-là, que vous
allez recharger, admettons, en Abitibi, à 80 $, combien vous la payez de
plus que son salaire autorisé maximum de 32 $?
M. Lapointe (Patrice) :
Premièrement, dans un premier temps, on n'a pas de personnel en Abitibi en ce
moment. Notre entreprise...
M. Dubé : Non, non, ce n'est pas
que... non, non...
M. Lapointe (Patrice) : Puisque vous
parlez uniquement de mon entreprise, je veux être clair sur ce sujet-là, on n'a
pas de personnel en Abitibi actuellement.
M.
Dubé : Mais quand vous étiez en Abitibi, c'est des
chiffres, là, que la CISSS m'a fournis, là... vous étiez en Abitibi, vous chargiez 80 $, alors que le
tarif maximum est de 32 $. Combien vous payez l'infirmière dans ce temps-là?
M. Lapointe (Patrice) : C'est de
l'infirmière auxiliaire, ce dont vous parlez?
M. Dubé : Je vous donne l'exemple
d'une infirmière auxiliaire, tarif... la fourchette, je l'ai dite, 24 $ à
32 $, tarif maximum 32 $, vous l'avez chargée à 80 $ en
Abitibi.C ombien vous la payez, cette infirmière-là?
M. Lapointe (Patrice) : On va payer,
en incluant le per diem de l'employée...
M. Dubé : Oubliez le per diem. Je
veux savoir c'est quoi...
M.
Lapointe (Patrice) : Oui, mais il est inclus dans le prix du 80 $.
On ne peut pas... On doit en tenir compte.
M. Dubé : Non, mais donnez-nous les
deux séparés.
M. Lapointe (Patrice) : Donc, ça va
être une cinquantaine de dollars, incluant la prime d'éloignement qu'on va
reverser à l'employé.
M. Dubé : Alors, quelqu'un qui a un
tarif maximum de 32 $ selon la convention, puis ça, c'est le maximum, il y en a qui sont à 24 $, là, vous les avez
chargés à 50 $, OK? Moi, je veux juste vous dire, sur votre site Web, là,
qu'on est allés voir, là, vous avez des
offres d'emploi, en ce moment, à 70 $, pour des infirmières. Est-ce que je
me trompe?
M. Lapointe (Patrice) : Effectivement,
en région éloignée. Donc, c'est important de faire la nuance.
M.
Dubé : OK, mais l'Abitibi, je m'excuse, je ne vais pas
dire que c'est une région éloignée, mais c'est plus loin que Montréal,
on s'entend. On parle...
M. Lapointe (Patrice) : Quand on
envoie du personnel des grands centres, au sens où c'est compris par les
agences de placement, c'est une région éloignée.
M.
Dubé : Bon, parlez-moi de Lanaudière, Laurentides, où vous faites
affaire.
M. Lapointe
(Patrice) : Je n'ai pas les chiffres sous la main. Je ne venais pas
répondre au nom de mon entreprise. Je venais
répondre dans le cadre de l'adoption d'un projet de loi qui va toucher
l'ensemble d'une industrie, et je pense que c'est important de regarder
l'arbre, mais de regarder la forêt, quand on fait cet exercice-là.
M. Dubé : M.
Lapointe, c'est parce que, écoutez, là, il y a des questions que j'aimerais
beaucoup vous poser. On est dans le
processus légal, au gouvernement, contre plusieurs de vos membres. Je ne peux
pas les poser aujourd'hui, ces questions-là. Je suis désolé. Je suis
désolé, je suis obligé d'aller spécifiquement sur vous... puis de me dire, les chiffres que j'ai sur votre business, est-ce
qu'ils sont exacts. Vous me dites qu'ils sont exacts. Je m'excuse, mais
c'est ça, la réalité. Puis, en ce moment, ce que je veux que les Québécois
comprennent, c'est que, si votre marge... puis il faut comprendre, là, si votre
marge varie entre 30 $ à 50 $ de profit sur chaque heure qui était...
pour une infirmière...
M. Lapointe
(Patrice) : Vous oubliez les DAS Donc, un employé qui est payé
50 $ de l'heure va coûter plus de 60 $ de l'heure. Donc là, il reste
une marge brute d'un peu moins de 20 $. Ensuite de ça, il y a une
organisation. Donc, ce qui reste, résiduel, c'est 5 % à 7 %.
M. Dubé : OK,
mais moi, j'ai de la misère à comprendre, M. Lapointe, là. On a fait des
recherches. On a fait pas mal de recherches. On est même allés sur TikTok. On
est allés sur TikTok...
M. Lapointe
(Patrice) : Je n'y suis pas.
M. Dubé : ...bien, avant qu'on ait... avant qu'on nous
enlève le droit, puis il y a une infirmière qui a dit : Moi, là, je suis très fière de vous dire — une
infirmière qui est dans une agence — pour
un CHSLD, un week-end, là, j'ai été payée 90 $ de l'heure.
90 $ de l'heure. Vous n'allez pas me dire que l'agence fait juste
20 $ de marge sur cette personne.
M. Lapointe (Patrice) : Je veux être parfaitement
clair avec vous. Je ne suis pas ici devant vous, aujourd'hui, pour
défendre des pratiques qui sont abusives. C'est important de faire la nuance.
M. Dubé : Bien, je m'excuse, M. Lapointe, mais, les vôtres,
est-ce que vous trouvez que des marges de 170 %...
M. Lapointe
(Patrice) : Je viens de vous expliquer par une démonstration
mathématique que ce n'est pas une marge de 70 %. C'est une marge de plus
ou moins 20 %, et, une fois qu'on considère l'ensemble de nos coûts
d'opération, il reste un bénéfice net résiduel de 5 %.
• (17 h 20) •
M. Dubé : Oui,
mais là je vous parle d'une... Non, mais, M. Lapointe, là, comprenons-nous, là,
je pense que je suis assez à l'aise dans les chiffres, là, je vous parle d'une
marge brute. Si, pour une marge brute... parce qu'on a bien compris que bien
des gens... puis je ne connais pas le détail de votre entreprise... la valeur
ajoutée... puis là je m'excuse de revenir là-dessus, la valeur ajoutée par une
firme comme la vôtre, elle est limitée. C'est ce que j'ai entendu de plusieurs
joueurs. Vous allez me dire que vous avez des frais. Je comprends, mais
c'est... L'essentiel du travail est fait par
l'employé qui a été engagé, puis qu'on charge à prime importante, au-dessus du
tarif qui est autorisé par la convention.
Je veux juste que les
Québécois comprennent que ce n'est pas pour rien que, lorsqu'on a essayé
d'estimer combien ça coûtait, au Québec, juste pour les catégories 1 à 4,
donc des infirmières, on a vu les gens de l'ATPS, on a vu les... c'est, au
minimum, 300 millions, sur les 900 quelques millions, presque 1 milliard,
qui ont été payés. Bien, ça, ça vient des chiffres, là. On n'a pas inventé ces
chiffres-là.
M. Lapointe
(Patrice) : Écoutez, selon les chiffres qui viennent du ministère,
qui... qu'on a établis à travers une étude indépendante de la part d'une firme
spécialisée, ils ont établi que les agences de placement, en moyenne... Donc,
je ne vous parle pas de cas extrêmes et problématiques.
M. Dubé : Oui,
mais quand vous m'arrivez avec des moyennes, moi, je peux bien être tiède, là,
puis j'ai un pied dans le fourneau, puis j'ai un pied dans le frigidaire, ça,
c'est une moyenne. Moi, ce que je vous donne, c'est des chiffres précis en
Abitibi, dans différentes régions, et même à Montréal. On parlait de
Lanaudière, là, l'infirmière sur TikTok qui dit qu'elle a été engagée à
90 $ de l'heure, là... C'est pour ça que je vous dis aujourd'hui... Je
vous parle, vous, comme propriétaire de cette entreprise-là, mais je vous parle
aussi comme représentant... que vous venez défendre aujourd'hui, là. C'est ça
que vous me dites qu'est votre rôle.
M. Lapointe
(Patrice) : Je tiens à préciser que je ne suis pas... Ce n'est pas
nous qui avons offert ces conditions-là à cette infirmière-là.
M. Dubé :
Oui, mais c'est de vos membres...
M. Lapointe (Patrice) : On fait une
distinction importante entre du personnel qu'on envoie à plusieurs heures de
chez eux...
M. Dubé :
Non, mais, M. Lapointe...
M. Lapointe
(Patrice) : Oui?
M. Dubé :
À moins que vous vous dissociiez de vos membres, ce sont vos membres qui
chargent ça, là.
M. Lapointe
(Patrice) : Je ne représente pas l'ensemble des entreprises de
placement. C'est important.
M. Dubé :
Mais combien qu'il y en a qui sont membres?
M. Lapointe
(Patrice) : On est 19 membres actuellement, 19 entreprises.
M. Dubé :
OK, qui chargent à peu près combien, sur l'essentiel?
M. Lapointe (Patrice) : Je
n'ai pas de moyenne de prix. Malheureusement, la problématique qu'on a est la
suivante...
M. Dubé :
Oui, c'est ça, je pense, vous venez
défendre quelque chose qui est un peu indéfendable, M. Lapointe,
aujourd'hui. C'est juste ça que je vous dis.
M. Lapointe
(Patrice) : Je ne suis absolument pas d'accord avec vous, mais je vous
entends.
M. Dubé :
OK, très bien.
Le Président
(M. Provençal)
: Alors,
M. le ministre, on va...
M. Dubé :
Je n'ai pas d'autre question.
Le Président
(M. Provençal)
: De
toute façon, votre temps est écoulé. Alors, M. le député de Pontiac.
M. Fortin : OK, je ne veux pas parler de votre entreprise, là, je veux
parler de l'association ou de ce que vous
voyez de vos membres, vos 19 membres, là, OK? C'est quoi, la marge? Dans
l'industrie, là, c'est quoi, la marge que vous faites en moyenne?
M. Lapointe
(Patrice) : De façon générale, les entreprises dans le domaine du
placement font entre 5 % et 7 % de marge avant impôt, donc environ
5 % après impôt.
M. Fortin : OK. Alors là, vous avez entendu des gens des RPA avant
vous. Je sais que vous étiez dans la salle,
là. Ils ont dit : Ce n'est pas anormal... puis ça, c'est des gens qui ont
des entreprises à Montréal, en... l'entrepreneur qui était ici, là, à
Montréal, en Montérégie, à Drummondville puis à Québec. On n'est pas dans les
régions éloignées, là, on est dans le Centre-du-Québec. On nous dit : Ce
n'est pas anormal d'avoir une infirmière ou une préposée aux bénéficiaires
qu'on paierait, normalement, 21 $, 22 $ de l'heure, de se faire
charger au-delà de 50 $ pour ça, ce n'est pas anormal. Puis là, si vous la
payez, cette préposée-là, 25 $, 26 $, même si vous montez jusqu'à
30 $, là, quand c'est en ville comme ça, là, il va où, le 20 $
supplémentaire? Vous faites quoi avec?
M. Lapointe
(Patrice) : Vous devez tenir compte des DAS dans un premier temps.
Ensuite de ça, il y a des frais
supplémentaires qui sont des frais administratifs de l'entreprise. Vous savez,
on décrit les agences... la façon dont ça
a été décrit, on le déplore, des entreprises qui sont des partenaires du réseau
de la santé depuis des décennies, qui...
M. Fortin : Oui, mais, de toute évidence, ils ne vous considèrent pas
vraiment un partenaire, là. Ils vous considèrent comme un mal nécessaire et,
vous l'avez entendu comme moi, ils ont utilisé le mot «parasite» tantôt, là.
M. Lapointe (Patrice) : Il
y a eu une perte de contrôle dans le réseau de la santé durant la pandémie.
Cette perte de contrôle là, d'abord, ça a été des contrats d'appels
d'offres qui ont cessé d'avoir des... un processus qualitatif et des contrats
qui ont été accordés à des entreprises qui font... qui pratiquent de la
surfacturation.
Moi, vous savez, je
ne suis pas ici devant vous pour défendre la surfacturation. Maintenant, c'est
important de remettre les choses en perspective et d'avoir une vision globale.
On a des gens qui parlent de l'absence de valeur ajoutée des agences, mais,
dans la même phrase, nous disent : Bien, si j'appelle le CIUSSS le samedi
ou le dimanche, quand je suis bien, bien mal
pris, ils ne me répondront pas, je n'ai pas le choix de faire affaire aux
agences. Ce qu'on apporte au réseau de la santé, c'est de la flexibilité et de
l'agilité qui lui manquent actuellement dans sa forme actuelle. C'est important
de bien comprendre, et il faut avoir une vision d'ensemble, et les chiffres
sont clairs à cet effet-là. On parle d'une différence de 0,30 $ de l'heure
en moyenne. Je comprends qu'il y a des... qu'il y a eu des situations
problématiques où ce n'est pas le cas.
M. Fortin : ...deux secondes, là, différence de 0,30 $ de l'heure en moyenne.
Vous, vous pensez que vous payez votre
monde, là, les travailleurs qui travaillent pour vous, là, 0,30 $ de
l'heure de plus que le réseau de la santé en moyenne?
M. Lapointe
(Patrice) : Les données du ministère, ce qu'elles nous démontrent,
c'est quand on tient compte du coût global.
Par exemple, on va prendre du personnel du réseau de la santé dont on doit
tenir compte les avantages sociaux, on doit tenir compte du fonds de
pension. Il y a un ensemble de coûts qui font... puis les primes, qui font que
l'employé moyen du réseau, selon notre étude, coûte 57,91 $ de l'heure au
réseau, alors que, pour une agence de placement, le coût moyen, sur la même
période, a été de 58,21 $.
Donc, je n'exclus pas des situations
problématiques, puis on s'est interrogés, nous aussi, sur cette... la possibilité d'entreprises qui n'ont pas les
qualifications requises, qui ne procèdent pas à l'exercice sérieux des
candidatures qu'ils proposent au réseau de la santé et qui surfacturent. On
s'est interrogés, mais, à partir du moment où les corporations
d'approvisionnement octroient un contrat à une entreprise qui charge 450 $
de l'heure, quel est mon pouvoir, en tant qu'entrepreneur, quelle est ma
capacité de venir intervenir sur la situation?
M. Fortin : ...là, un gestionnaire qui donne un contrat à 450 $ de
l'heure, là, ça n'a pas plus de mérite que l'agence qui pense que c'est une
bonne chose à faire.
M. Lapointe
(Patrice) : Bien, ce sont des contrats publics, par appels
d'offres... qui ont consacré ces contrats-là. Je veux juste qu'on le
comprenne bien.
M. Fortin : OK, mais vous avez vous-même... Puis j'ai comme
l'impression que, là, vous arrivez avec certaines
des recommandations parce que vous êtes un peu accoté au mur, là, mais
rehausser la transparence des contrats publics attribués aux agences...
Il y a-tu quelque chose qui vous empêche de publier certains de ces
contrats-là?
M. Lapointe (Patrice) : Absolument
pas, puis d'ailleurs nous... Voici ce qu'on veut dire quand on parle de
transparence. Dans le passé, les appels d'offres, les entreprises devaient
fournir des rapports trimestriels. On appelait ça des rapports de consommation, et, avec les discussions qu'on avait
avec les corporations locales d'approvisionnement, eux publiaient ces
chiffres-là à l'ensemble des fournisseurs. Donc, ça permettait une certaine
autorégulation dans le marché. Et nous, ce
qu'on souhaitait, ce qu'on souhaiterait toujours, d'ailleurs, c'est que cette
pratique-là soit remise de l'avant
parce que... vous savez, moi, si je suis une entreprise qui fait un bon prix,
un prix raisonnable au réseau de la santé, et que je ne reçois pas de demande, puis que je me rends compte qu'une
entreprise qui coûte 25 % plus cher que la mienne reçoit des demandes,
je peux agir, mais, pour le moment, à titre d'entreprise, c'est opaque, ce qui
se passe derrière le rideau du réseau
de la santé, pour nous. Donc, quand on demande de la transparence, c'est
uniquement d'utiliser des méthodes qui
ont fait leurs preuves dans le passé, quand on voit que le coût économique de
faire appel aux agences n'était pas celui qu'il est aujourd'hui, et de travailler ensemble, avec le gouvernement, avec
l'Assemblée, à retrouver cet équilibre-là, parce que...
M. Fortin : Vous avez un... Là où vous avez un point, là, puis je vous
en donne un, là, c'est que vous dites essentiellement : Il y a des
situations où le secteur public, en ce moment, là, il n'est pas capable d'être
flexible avec ses employés, il n'est pas capable de... des employés à temps
partiel, ce n'est pas tout le temps simple, des employés qui ont besoin d'aller voir leur famille à
l'extérieur du pays, ce n'est pas tout le temps simple. C'est peut-être pour
ça, peut-être pour ça, qu'ils se tournent vers vous, là. Il y a toutes sortes
de raisons pour lesquelles ils se tournent vers vous en ce moment, mais, le
jour où le réseau de la santé est capable de faire ça, pourquoi vous êtes là?
M. Lapointe (Patrice) : À ce moment,
nous, ce qu'on dit, c'est qu'une structure aussi importante, qui est gérée...
qui est aussi grosse que le réseau de la santé, aura toujours des besoins. Ceci
étant dit, les besoins ont explosé durant la pandémie pour des raisons
évidentes. Il y avait une crise globale dans le réseau de la santé. On a
répondu présent. Malheureusement, et on le déplore aujourd'hui devant vous, il
y a eu des abus dans ces circonstances-là, et je ne parle pas d'avoir une
tarification plus importante quand on envoie des gens à six heures de chez eux,
alors qu'ils pourraient travailler de l'autre côté de la rue. Ça, je pense que
c'est important de mettre ça en perspective. Ça a beau ne pas être aussi loin
que la Côte-Nord ou le Grand Nord, mais l'Abitibi, quand on habite à Montréal
puis on pourrait travailler de l'autre côté de la rue, on veut un per diem, on
veut une prime d'éloignement. On veut que ce soit considéré qu'on vient prêter
main-forte dans une région qui serait en bris de soins, si ce n'était pas des
agences.
M. Fortin : Je ne suis pas en désaccord avec vous là-dessus. Il y a un
prix, il y a une valeur à ça. Être loin de sa famille pendant un bout de temps,
là, il y a une valeur à ça, mais, le jour où le gouvernement est capable de le
faire, je reviens à ma question, vous servez à quoi dans ce mode-là? Le
gouvernement n'est pas capable de le faire, là, aujourd'hui, là, mais, le jour
où il est capable de le faire, s'il est capable d'avoir cette flexibilité-là
dans son réseau, est-ce que les agences sont encore un mal nécessaire?
M. Lapointe (Patrice) : C'est une
excellente question. Je ne nous qualifierais pas de mal nécessaire. Je nous
qualifierais de la même façon que la Cour d'appel du Québec nous a qualifiés
dans un jugement, en 2021, de partenaires historiques. Ceci étant dit...
M. Fortin : OK. Je reprends ma question. Est-ce que vous êtes encore
nécessaires?
• (17 h 30) •
M.
Lapointe (Patrice) : Oui, oui, je m'excuse, j'y arrivais, c'était... Je
voulais juste rectifier le mal nécessaire, je suis désolé, monsieur.
Essentiellement, les entreprises de placement vont avoir un rôle possiblement
moindre à ce moment-là, et c'est correct. Historiquement,
quand on est dans l'industrie depuis aussi longtemps que nous, on sait que le
réseau de la santé traverse des phases. Il y a des... Moi, je le compare
souvent, quand je veux imager... que c'est un poumon. Donc, le poumon, parfois,
a moins besoin d'oxygène, il est plus autosuffisant, et, les entreprises de
placement, on a moins besoin d'elles.
Donc, le recours à la main-d'oeuvre diminue,
mais, de dire qu'on va arriver à zéro, ce n'est pas vrai, parce qu'il y a des
classes d'employés, des gens qui ne souhaitent pas intégrer le réseau de la
santé, et on le voit. 70 % de nos employés auraient quitté le réseau de la
santé s'ils n'avaient pas pu venir en agence. Ils l'auraient quitté, ils ne
seraient plus au service du réseau public. Ils travailleraient dans des
cliniques privées, ils travailleraient dans des pharmacies. Ils travailleraient
en Ontario, ils travailleraient dans d'autres provinces. Ces gens-là, on les a
gardés au service du réseau de la santé.
Donc, effectivement, on n'est absolument pas
contre le fait que le réseau se structure pour mieux répondre à ses besoins. On
le comprend. On est des entrepreneurs. On sait qu'en tant qu'organisation vous
voulez gérer vos ressources, mais de prétendre que, demain matin, on n'a plus
besoin des agences, je ne pense pas que ce soit possible dans un réseau de la
taille du réseau, hein? C'est important de le spécifier, même quand on parle
des agences comme d'un grand problème, on représente 3 % à 4 % des
heures travaillées annuellement dans le réseau de la santé.
M. Fortin : Est-ce qu'on peut s'entendre, vous et moi, là, pour dire
qu'il y a des secteurs d'activité, qu'il y a des professions que, d'avoir
recours à de la main-d'oeuvre indépendante, qui n'est pas toujours, disons, là,
stable, dans le sens où c'est la même
personne qui revient régulièrement, là, ce n'est pas idéal, mais je dirais même
plus que ça, pas acceptable? On parlait ce matin, là, avec l'APTS, des
intervenants à la DPJ. Ça, c'est des gens qui se présentent chez les familles,
qui évaluent, qui voient un suivi, mais ils font affaire avec des agences.
Est-ce que vous pensez que vous donnez un service approprié, dans ces cas-là?
M. Lapointe (Patrice) : Il y a deux
cas de figure. Premièrement, si on parle du cas spécifique de la DPJ, il faut
bien remettre les choses en perspective. La DPJ a eu des problèmes qui lui
appartiennent, et on a appelé les agences en
renfort. On n'a pas créé le problème. Les agences de placement n'étaient pas
dans le réseau de la DPJ, et je ne
pense pas qu'il y avait une volonté des agences d'entrer dans le réseau de la
DPJ, parce que, je suis d'accord avec vous, un service aussi sensible
que les services à l'enfance, on veut du personnel puis on veut de la
continuité de soins.
Mais il y a deux cas de figure. Le premier cas
de figure, quand on fait un appel à une agence, c'est... il n'y a personne en
ce moment, donc, on comble une chaise vide. On ne l'a pas vidée, la chaise, on
la comble. Donc, ça, ce n'est pas idéal,
mais c'est le meilleur des scénarios possibles. Dans le deuxième cas, ce n'est
pas vrai que ce n'est pas possible
d'avoir de la stabilité avec une agence de placement. C'est tout à fait
possible. Le problème, c'est qu'historiquement, quand nos employés
s'intègrent aux équipes de travail dans les établissements de santé, c'est avec
ça que je suis plus familier personnellement, donc je vais référer à mon
expérience personnelle...
M. Fortin (Pontiac) : Parce que... Oui, OK, allez-y. Allez-y.
M.
Lapointe (Patrice) : ...il y a des procédures, ce qu'on appelle des
articles 39. Donc, le syndicat va demander à ce que l'employé soit
inclus dans son unité de négociation pour récupérer les cotisations syndicales,
d'une part, et, d'autre part, pour forcer l'employé à faire partie, maintenant,
de son unité de négociation syndicale. La conséquence, c'est que la personne
part. Donc, on veut de la stabilité. Quand on atteint la stabilité, on défait
ce qui est en place et on recommence.
Donc, de prétendre que c'est impossible, avec
une agence de placement, d'avoir de la stabilité, c'est faux, ça demande une collaboration. Et je tiens à assurer
le ministre que, si on a la possibilité de collaborer avec le réseau de
la santé, on préfère ça, et de loin, à une
dynamique procédurale. C'est le seul commentaire que j'ai à faire sur cette
question-là.
M. Fortin (Pontiac) : Est-ce qu'à l'interne, là, à l'association, vous avez votre
propre... vos propres règles? C'est-à-dire, là, tu sais, on entend toutes
sortes d'affaires, du monde qui charge 400 $ de l'heure puis qui ont des
taux démesurés, là. Vous le savez, tout le monde en parle depuis un certain
temps, vous avez vu l'augmentation, vous le savez
qu'il y en a, des contrats comme ça. Est-ce qu'à l'association vous vous
dites... vous vous êtes dit, à un moment donné : Oui, il faudrait
peut-être qu'on fasse le ménage à l'interne, parce que, là, on va se faire
vilifier sur la place publique, là, puis avec raison? Mais pourquoi ça n'a pas
changé?
M. Lapointe (Patrice) : C'est une
question extrêmement pertinente, puis je vous remercie de la poser.
Quand l'association a été fondée, dans ses
statuts et règlements, ce qu'on a prévu, c'est que, pour faire partie de
l'association, il fallait être une entreprise en règle qui participait aux
contrats par appel d'offres public. Parce qu'à l'époque les contrats d'appel
d'offres publics avaient un volet qualitatif extrêmement rigoureux, une
entreprise qui ne passait pas le volet qualitatif ne pouvait même pas soumettre
un prix, on lui renvoyait son prix sous pli scellé. Donc, ça, c'était notre
premier mécanisme, c'était de dire : Le donneur d'ordre a établi un processus
rigoureux, on va se fier à ce processus-là pour avoir des entreprises qui
peuvent faire partie de l'association. Malheureusement, au fil du temps, ces
processus qualitatifs là ont été abandonnés, et maintenant on se retrouve dans
une position où le donneur d'ordre accorde lui-même un contrat public à une
entreprise qui surfacture. Et là le dilemme dans lequel on se trouve, en tant
qu'association, c'est que, vous savez, si une association commence à dicter à
ses membres quel prix elles peuvent ou ne peuvent pas charger, ça s'appelle de
la collusion, et c'est criminel.
M. Fortin (Pontiac) : Mais
vous êtes prêts à le faire, établir une structure de prix afin d'évacuer les
risques de débordements.
M. Lapointe
(Patrice) : En collaboration avec le gouvernement. On ne peut pas
faire ça par nous-mêmes. Si on fait ça, c'est illégal.
M.
Fortin (Pontiac) : Mais vous ne l'avez
jamais proposé avant?
Le Président (M.
Provençal)
: L'échange
est très intéressant, mais, M. le député de Pontiac, je suis obligé de vous
dire que votre temps est écoulé. Alors, on termine cet échange avec le député
de Rosemont.
M. Marissal :
Merci, M. le Président. Merci, M.
Lapointe, d'être là. Je vous trouve particulièrement courageux, quand
même, d'affronter le vent de face comme ça, puis il va venter encore un peu
dans les prochaines minutes.
Bien, ma position a
le mérite d'être très claire, et votre position aussi. Très franchement, et
c'est un éditorial que je vais faire ici,
là, moi, je pense que vous aviez une petite poule aux oeufs d'or qui vous
faisait un coco par semaine, puis proverbialement vous en avez voulu
plus, jusqu'à trois douzaines par jour, puis, bien, évidemment vous avez tué la
poule aux oeufs d'or. C'est ça qui est arrivé. Ça s'appelle de l'avarice, en ce
qui me concerne.
Et vous semblez dire
que ce n'est pas de votre faute, ce n'est pas de la faute de vos membres, c'est
parce qu'on a slaqué les appels d'offres pendant la COVID. Mais comment
pouvez-vous vous autoqualifier de partenaire historique qui rend des grands
services à la communauté, si vos propres membres ont appuyé si fort sur le
crayon, sous prétexte qu'on était en COVID, qu'on était mal pris puis qu'on
avait slaqué les appels d'offres? Je n'appelle pas ça un partenaire historique,
moi. En tout cas, s'il y a une histoire là, il faut qu'elle cesse maintenant.
M. Lapointe
(Patrice) : Vous avez qualifié la position des agences, vous me
permettrez, avec beaucoup de respect, M. Marissal, de qualifier vos propos
d'amalgame, c'est-à-dire que, quand on parle d'une industrie qui compte
plusieurs entreprises, malheureusement, quand on abandonne...
M. Marissal :
Mais vous représentez qui, M. Lapointe? Vous avez l'air de représenter
juste les bons, mais vous êtes ici au nom d'une association.
M. Lapointe
(Patrice) : Oui.
M. Marissal :
Je pose la question autrement,
là. Dans vos membres, là, les 19, là, il y en a-tu, là, qui ont exagéré?
Parce que vous...
M. Lapointe
(Patrice) : Oui, malheureusement, c'est une situation problématique.
M. Marissal :
OK. Mais est-ce que vous pouvez
assumer ça, plutôt que de nous dire qu'on fait des amalgames puis qu'on
ne comprend pas bien votre rôle historique? Vous représentez des gens qui ont
abusé de fonds publics. Il n'y a aucun appel d'offres qui a été lancé, au
Québec, qui chargeait 450 $ de l'heure pour une infirmière. C'est des gens
qui ont profité puis... Et honte aux gestionnaires qui ont permis ça aussi, et
ça, on réglera leur cas plus tard, honte à eux aussi. Mais franchement vos
membres, ils ont exagéré.
Alors, moi, j'ai une
solution pour vous, bien, bien simple. Parce que les gens qui nous écoutent
depuis tantôt, là, ils vont être mêlés dans les chiffres, il y a eu beaucoup de
chiffres, c'est normal, c'est mêlant, des chiffres. J'ai une solution bien,
bien simple : ouvrez donc vos livres.
M. Lapointe
(Patrice) : Avec plaisir, M. Marissal.
M. Marissal :
Avec tout, là, y compris la marge
bénéficiaire. Parce que, moi, je demande souvent des demandes d'accès à
l'information, là, notamment pour des contrats faits par le MSSS avec certaines
cliniques, il manque toujours la dernière colonne; comme par hasard, c'est la
marge bénéficiaire. Est-ce que vous vous engagez, là, à nous envoyer ici, là,
vos livres, les livres de vos membres, avec... avec pas de caviardage, sans
caviardage?
M. Lapointe
(Patrice) : Je ne peux pas parler...
M. Marissal :
Autrement dit, je... La marge, vous avez dit, c'est autour de 5 %,
7 %, des fois c'est 20 %.
M. Lapointe (Patrice) :
Non, pas... jamais 20 %.
M. Marissal :
Moi, je préfère avoir des chiffres, des chiffres clairs. Alors, je vous
l'offre, là, envoyez ça, là, très clairement, là. On a des comptables autour de
la table, là, on va être capables de lire ça, là, bien comme il faut puis
d'avoir une très bonne idée. Je pense que vous vous rendriez service, puis là
on aurait au moins quelque chose, une base très, très stricte sur laquelle on
pourrait parler.
M.
Lapointe (Patrice) : Je ne peux pas m'engager au nom de mes membres,
mais en ce qui me concerne, en ce qui concerne mon entreprise, je n'ai
strictement rien à cacher, je le répète...
M. Marissal :
Oui, mais c'est vos membres qui ont exagéré, vous l'avez dit vous-même.
M. Lapointe
(Patrice) : Moi, ce que je vous offre, ouvertement, c'est... dans un
forum qui permettra une certaine confidentialité, pour une raison évidente,
pour des raisons d'affaires, hein... Je veux être transparent avec la
commission, je ne peux pas nécessairement ouvrir mes livres à l'ensemble du
marché puis à l'ensemble de mes compétiteurs, pour des raisons, j'imagine, que
vous pouvez comprendre, mais je n'ai rien à cacher.
Ce qu'on a fait
durant la pandémie, on a fait oeuvre utile, on a supporté le réseau, on l'a
fait de façon courageuse, alors qu'on avait un grand vent de face, et souvent
on était qualifiés de façon extrêmement désagréable par rapport à ce que nos
employés faisaient sur le terrain. Vous comprenez, quand on attaque les
agences... Vous, vous pensez attaquer les propriétaires d'agences. Ce que vous
cautionnez, c'est que des personnes, dans le réseau de la santé, s'en prennent
à nos employés qui sont souvent dans une position de vulnérabilité dans le
réseau de la santé.
M. Marissal :
Ah! non, non, non, je ne porterai pas cette responsabilité-là. Non, je ne
porterai pas cette responsabilité-là. Moi, à chaque fois que j'ai fait une
citation, une déclaration sur les agences, je prends toujours la peine de
dire : Je ne blâme pas les infirmières, les préposés aux bénéficiaires,
les inhalothérapeutes et les infirmières auxiliaires de choisir un meilleur
rythme de vie et un meilleur salaire. Je ne les blâmerai jamais. Puis j'ai
visité assez d'hôpitaux, dans les derniers
mois, là, pour vous dire que je ne les blâmerai jamais. Quand je visite, là,
Maisonneuve-Rosemont, là, je ne me promène pas en disant : Toi, agence?,
mauvaise, tu n'es pas fine. Ah! toi, tu es une bonne infirmière parce que tu es
dans le public. Je ne fais jamais ça puis je ne ferai jamais ça.
• (17 h 40) •
M. Lapointe
(Patrice) : Je comprends que ce n'est pas votre intention.
M. Marissal :
Ce que je dis, c'est que vous êtes entrés dans le réseau, peut-être, à
l'époque, pour une bonne raison, puis c'est vrai que, des fois, on a besoin d'envoyer
du monde dans le Grand Nord, c'est vrai, puis des fois on fait ça, mais vous
avez exagéré, puis vous avez tué votre poule aux oeufs d'or, puis là vous êtes
pris avec ça aujourd'hui, puis nous, on est pris avec ça aujourd'hui. Alors,
c'est ça, ma position.
Le Président (M.
Provençal)
: Merci...
M. Marissal :
Mais vous ne me ferez jamais dire que je porte la honte sur les infirmières qui
ont fait le choix de la conciliation avec leurs enfants, avec leurs conjoints,
pour gagner un meilleur salaire. On a des choses à régler ici aussi avec le
gouvernement, là, sur la façon dont on traite notre personnel, mais je n'ai pas
dit ça et je ne veux pas que ce soit dit sur mon compte.
Le Président (M. Provençal)
: De toute manière, M. le
député, vous avez fait, je pense, une très bonne précision sur vos
propos. Alors, le temps étant écoulé, je veux quand même vous... Oui, M. le
député de Pontiac.
M. Fortin : Juste...
Pour vous, là, M. Lapointe a pris un engagement d'ouvrir ses livres auprès de
la commission, mais de le faire dans un forum, disons, qui ne le
mettrait pas, disons, auprès de ses compétiteurs...
Le Président (M.
Provençal)
: Non,
non, non, on a bien compris.
M.
Fortin : Est-ce qu'on peut compter sur vous,
M. le Président, pour trouver cette façon de faire là?
M. Dubé :
...que ce soient tous les membres. Parce que, là, si...
M.
Fortin : Bien là, je ne le sais pas si M.
Lapointe a pris engagement à titre...
M. Lapointe
(Patrice) : Je n'ai pas la capacité de prendre cet engagement-là
aujourd'hui.
M.
Fortin : Mais vous l'avez pris pour votre
entreprise.
M. Lapointe
(Patrice) : Tout à fait.
M.
Fortin : OK. Alors, allons-y... commençons
par là, puis on verra pour le reste, là, mais...
Le Président (M.
Provençal)
:
Écoutez...
M. Dubé : ...M.
le député, c'était de dire : Est-ce que ça pourrait faire partie des
choses qu'on demande aux agences avec qui on fait affaire? Je ne sais pas. M.
le député?
M.
Marissal : ...souveraine. Je pense que nous pouvons faire une demande
formelle. M. Lapointe peut la transférer, la
transmettre ou non. Je comprends que vous ne pouvez pas vous engager pour ces
gens-là, mais nous, c'est notre demande, et je pense qu'elle est... en
tout cas, je ne veux pas m'avancer pour mes collègues, là, mais je pense
qu'elle est unanime, là.
Le Président (M.
Provençal)
: Écoutez,
moi, le seul engagement que je peux faire, comme président de la commission,
advenant que vous décidez de nous transférer des informations, les informations
ne seront que pour usage interne, ici. Il n'est pas question d'aller sur la
place publique avec vos données, parce qu'on comprend tous ici, autour de la table, vous êtes une entreprise
privée, dans les entreprises, il y a une certaine compétitivité. Alors, il n'y
aura pas de fuite de ce côté-là. C'est le seul engagement que je peux faire. Si
vous me transmettez des données, il y a les membres de la commission uniquement
qui pourront les consulter.
M. Lapointe
(Patrice) : Je vous entends. Me permettez-vous de conclure en vous
présentant ma position, si c'est terminé ou juste bien résumer ce qu'on propose
aujourd'hui?
Le Président (M.
Provençal)
: Je vous
donne un mot de conclusion, si vous voulez.
M. Lapointe
(Patrice) : Je vous remercie, c'est gentil, M. le Président.
Ce qu'on vous
demande, à la commission, c'est de prendre en considération que les agences de
placement jouent un rôle important. Il y a eu, malheureusement, des écarts qui
peuvent s'expliquer par un ensemble de facteurs, mais, au-delà de cette situation-là, les agences de placement jouent un
rôle important et un rôle de soutien au réseau de la santé, notamment en maintenant du personnel, dans
le réseau, qui l'aurait quitté autrement et en offrant de la flexibilité
dont le réseau a besoin. Historiquement, on
s'est toujours adaptés aux besoins du réseau et on va continuer de le
faire.
Le Président (M.
Provençal)
: Ça, ça
faisait partie de votre présentation. Moi, là... On va mettre fin à la
discussion, en tout respect, parce que vous avez quand même eu, comme
monsieur... on l'a mentionné, vous avez quand même eu le courage de venir ici
en commission parlementaire, de faire des échanges avec les membres de la
commission. Mais, ceci étant dit, si... je vous répète, si vous, vous
transmettez des données sur votre entreprise ou sur des gens qui font partie de
votre association, je m'engage à ce que ce ne soit consulté, et, quand je dis
«consulté», ça va être les yeux, là... uniquement par les membres de la
commission.
M. Lapointe
(Patrice) : ...remercie.
Le Président (M.
Provençal)
: Merci
beaucoup.
Sur ce, on va
suspendre les travaux pour faire place au prochain groupe. Merci beaucoup, M.
Lapointe.
(Suspension de la séance à
17 h 45)
(Reprise à 17 h 48)
Le Président (M.
Provençal)
: Nous
allons terminer notre journée de travail en souhaitant la bienvenue à la Confédération
des syndicats nationaux. Vous aurez 10 minutes pour votre exposé — vous
êtes des gens quand même habitués, là, dans
les commissions — et,
par la suite, nous allons procéder aux échanges. Alors, je vous cède la
parole.
Confédération des syndicats
nationaux (CSN)
Mme Senneville
(Caroline) : Oui, bonjour. Merci de nous recevoir. J'avais prévu qu'on
se présente, mais chacune des personnes qui m'accompagnent l'a fait, alors je
vais aller directement au but.
Bien, d'abord,
peut-être vous rappeler que la CSN, la Confédération des syndicats nationaux,
est la seule organisation syndicale qui a des membres dans chacune des quatre
catégories. Donc, on est bien contents d'être avec vous aujourd'hui pour
partager nos connaissances, bien contents d'être votre dessert, aussi, pour la
journée.
• (17 h 50) •
D'entrée de jeu, puis
prenez-le quand ça passe, M. le ministre, je veux vous dire bravo et vous
saluer pour le courage de votre conviction par rapport aux agences de
placement, les agences de placement privé dans le système de santé, parce qu'on
va se le dire, la situation, elle est alarmante, et on partage avec vous que...
cet objectif qu'à terme on puisse mettre fin
au recours aux agences de placement privé. Parce que les statistiques le
démontrent, il y en a beaucoup, mais alors là beaucoup.
Et
je sais qu'on entend souvent parler des infirmières, surtout sur la place
publique, mais pas seulement. Vous savez, le nombre d'heures octroyées à
la main-d'oeuvre indépendante a augmenté de 347 %... sur une période de
10 ans, là, de 347 % chez les préposés aux bénéficiaires, de
600 % chez les préposés à l'entretien ménager, de 917 % pour les
éducatrices et les éducateurs et de 326 % pour les diététistes. En fait,
quand on calcule le nombre d'heures travaillées, toute la catégorie 1, qui
est le personnel infirmier au sens large, inhalothérapeutes, infirmières
auxiliaires, bien, c'est moins d'heures
travaillées que le total de la catégorie 2, en 2020‑2021.
Donc, c'est vraiment un phénomène qui, à notre avis, est hors de
contrôle.
Et
ça, bien, ça a un effet sur beaucoup de gens au quotidien. Ça fait en sorte que
le personnel du réseau de la santé et des services sociaux est forcé de travailler,
même parfois de superviser une main-d'oeuvre indépendante qui va, plus souvent
qu'autrement, bénéficier de meilleures conditions de travail qu'eux-mêmes, que
ce soit du point de vue du salaire, du choix de l'horaire, du choix des
vacances, mais qui malheureusement, par leur méconnaissance du lieu de travail
où ils sont, parce qu'ils se promènent d'un endroit à l'autre, bien, ça
occasionne une surcharge de travail pour les gens du public qui sont sur le
terrain, sur les gens réguliers. Et ça pose aussi, pour nous, la problématique
de la qualité des soins et de l'augmentation du risque, en termes d'accidents
de travail, en termes de santé et sécurité au travail. Et on va se le dire,
c'est surtout très dévalorisant pour le personnel du réseau de la santé et des
services publics, qui parfois se demande : Bien, pourquoi je continue dans
cette galère?
On peut se dire aussi
que ça a un effet sur nos finances publiques, parce que ce n'est pas gratuit,
ces coûts-là. Ça se calcule en milliards de dollars, donc ça a un effet sur nos
finances. Parce que les agences de placement, ce sont des organisations à but
lucratif qui vont chercher non seulement la rentabilité, mais aussi la
profitabilité. Et, pour nous, ça, ça pose vraiment problème quand vient le temps
de donner des services de santé à la population.
Alors, je vous dirais
qu'on aurait souhaité... On est contents de la loi, mais, M. le ministre ne
sera pas surpris, il y a toujours un mais, mais, quand même, on aurait préféré
une loi plus ferme et plus détaillée, parce que le projet de loi, à notre avis,
est un peu ténu puis dépouillé de certaines informations sur la façon et le
moment dont le gouvernement compte agir. Le ministre va nous dire que
l'essentiel sera exposé dans de futurs règlements, soit, mais, ce faisant,
nous, on croit que le gouvernement rate, à ce moment-là, une occasion de
montrer sa détermination forte à intervenir et à intervenir prestement.
Alors, en rafale,
peut-être certains éléments qu'on a été surpris qui manquaient dans le projet
de loi. Je vous dirais, des définitions. Qu'est-ce qu'on veut dire par
«main-d'oeuvre indépendante»? C'est le genre de choses qu'on retrouve
habituellement dans beaucoup de projets de loi. Pas d'échéancier. On aurait
aimé voir que la... l'interdiction de faire... d'avoir recours à la
main-d'oeuvre indépendante, que ce soit précisé que ce soit pour l'ensemble du
réseau de la santé et des services sociaux et de ses partenaires et que ça
s'applique aussi à tous les types d'emploi. Je l'ai dit, là, on a... le focus
est beaucoup sur les infirmières et les infirmiers, mais il y a d'autres types
d'emplois, puis je pense, par exemple, à des personnes qui oeuvrent auprès
d'usagers et d'usagères en déficience intellectuelle ou qui ont une affectation
du spectre de l'autisme. Je pense aux agents de sécurité aussi.
Le taux maximum, le
taux horaire maximum qu'on peut payer, parce qu'on a vu, là, qu'il y avait une
montée plus qu'inflationniste, là, avec des gens payés 100 $... bien, pas
payés, mais que ça coûtait 100 $ de l'heure pour avoir des gens sur le
plancher. Et aussi on a parlé de profits. Bien, c'est quoi, la marge de profit
qui est acceptable pour ces agences de... payées à même nos deniers publics? Et
aussi que les exigences d'embauche soient la même... les mêmes pour le
personnel des agences que pour le personnel régulier.
Alors, oui, le
règlement est à venir, mais on trouve qu'il y a des choses qui devraient être
dans le projet de loi, surtout que le projet
qui entoure l'étude d'un projet de loi... le processus, pardon, qui entoure
l'étude d'un projet de loi est quand même plus démocratique, plus
ouvert, plus transparent que ce qui a trait à une réglementation, et donc on
penserait que votre volonté serait exprimée de façon plus explicite, si le
projet de loi était lui aussi plus explicite.
Je vous dirais que
nous, ce qu'on voit dans notre boule de cristal, ce qu'on souhaiterait voir
dans notre boule de cristal, c'est de vraiment... qu'à terme il n'y ait plus
d'agence de placement, qu'il n'y ait plus de main-d'oeuvre indépendante dans le
réseau, tout en constatant, bien sûr, que les agences ont pris tellement de
place que ce n'est pas quelque chose qui puisse se faire du jour au lendemain
et que nous avons besoin de mesures transitoires. Et ça, à notre avis aussi,
c'est quelque chose qui pourrait être inclus dans le projet de loi,
c'est-à-dire, donc, d'expliciter les mesures transitoires avec des conditions
détaillées qui va expliquer le recours, qu'on va souhaiter de plus en plus
exceptionnel, à la main-d'oeuvre indépendante, et de faire en sorte aussi qu'il
soit interdit à un gestionnaire du réseau de la santé et des services sociaux
d'être à la fois cadre et actionnaire ou de travailler pour une agence de
placement, y compris une certaine période de latence après que le cadre ait
quitté le réseau.
Ce qu'on peut vous
dire aussi, c'est qu'on croit qu'il est essentiel de travailler à la racine du
problème. Les agences de santé... de placement en santé, ce n'est pas la cause
du problème, mais c'est bien la conséquence de problématiques qui se vivent au
jour le jour dans notre réseau. Et je vais rappeler au ministre... (panne de
son) ...donnait dans le plan santé qui est sorti il y a quelques mois, de faire
du réseau de la santé et des services sociaux un employeur de choix. Je pense
que c'est... (panne de son) ...point de vue syndical, pour nous, c'est un peu
désolant de voir qu'on agit si tardivement, alors que ce que vivent nos membres
et ce que les syndicats dénoncent depuis des années et, j'ai envie de vous dire,
des décennies, bien, c'est seulement quand on est rendu à l'extrême limite,
voire au bord du gouffre, qu'on décide de prendre action. Il faut donc réduire
le problème à la... comme en santé, sécurité, il faut résoudre le problème à la
source. Le temps supplémentaire obligatoire, les gardes obligatoires, la
conciliation travail-famille, toutes des
choses qui devront être améliorées, ainsi que l'accroissement de l'autonomie
professionnelle des gens et qu'on leur
donne.... En fait, ce que les gens qu'on représente... ce qu'ils demandent,
c'est qu'on leur donne les moyens de bien faire leur travail.
Bien sûr, vous allez
me dire que cela va se faire dans la négociation. On ne négociera pas ici, en
commission parlementaire, ce n'est ni le lieu ni la place. 10 minutes,
c'est un peu court aussi, mais on a d'autres solutions proposées, par exemple, la mise sur pied d'un comité permanent et
surtout paritaire de planification de la main-d'oeuvre. Donc, c'est un
comité qui pourrait avoir comme mandat de procéder à un exercice sérieux de
planification de la main-d'oeuvre, notamment d'élaborer un portrait des
secteurs et des types d'emplois vulnérables, de permettre d'anticiper les
besoins de main-d'oeuvre et de mettre en place les ajustements qui sont requis
en matière d'ajout d'effectifs. Il faudra tenir compte de la problématique
criante de disponibilité de main-d'oeuvre dans les régions éloignées, et
particulièrement dans le Grand-Nord, là, qui mérite d'être discutée de façon
urgente.
Je termine en disant...
C'est bien, on me dit qu'il me reste une minute. Alors, je termine en disant
que le réseau de la santé et des services sociaux est à la croisée des chemins,
et ce que nous, on souhaite, à la CSN, c'est un réseau qui soit véritablement,
assurément public, donc un réseau qui est plus démocratique, qui est plus
décentralisé et un réseau qu'on veut déprivatiser, alors pas seulement stopper
la privatisation — et
on pense que le projet de loi va en ce sens-là de déprivatiser ce qui est déjà
envoyé dans le privé — et
que la main-d'oeuvre indépendante puisse oeuvrer pour le bien-être de toute la
population au sein du réseau public.
Et voilà, je pense que, donc, je suis rentrée
dans mes temps.
Le
Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, Mme la présidente. Afin que chaque
groupe puisse avoir son temps, je
vais avoir besoin d'un consentement pour qu'on puisse déborder d'à peu près
quatre minutes. Consentement. Merci beaucoup. M. le ministre.
• (18 heures) •
M. Dubé : Très bien. Merci beaucoup,
M. le Président. Et Mme Senneville et à vos collègues, que je connais bien,
merci beaucoup d'être là aujourd'hui. C'est très apprécié. C'est très rare que
je me fais qualifier de dessert. C'est
sûrement de vous dont vous parliez et non de moi, hein? Je pense que le député
de Pontiac est d'accord, alors... puis les
autres collègues de l'opposition le sont aussi. Alors, bien, merci beaucoup
d'être là, parce que je salue, je dirais, le côté constructif de vos
commentaires, puis ça, je pense que c'est important de le reconnaître, Mme
Senneville, puis pour tous les membres que
vous représentez. Vous avez parlé de beaucoup d'éléments, puis je veux laisser
mes collègues poser des questions, mais je ferais peut-être une couple
de commentaires en rafale pour bien situer vos commentaires.
Premièrement, vous avez parlé de questions de
coûts. Tout le monde reconnaît que ce n'est pas admissible de payer ces genres de coûts là, puis on en a eu une
démonstration un peu cet après-midi. Quand vous me parlez de qualité, ça
vient encore plus me chercher parce qu'effectivement il y a beaucoup d'enjeux
de qualité avec les agences. Maintenant,
vous avez fait... puis j'en suis très conscient, j'ai été très transparent,
quand on a déposé le projet de loi, qu'on a un équilibre à garder entre
ce qui est dans le projet de loi versus les règlements. Parce que regardez
juste comment ça prend de temps, préparer un projet de loi, faire une
commission parlementaire, avoir la discussion sur... article par article, et la
minute, dans un dossier aussi complexe, être capable de... d'être obligé de
revenir en projet de loi pour modifier un article, si, dans un an, on avait un
problème ou dans six mois. Il faut trouver l'équilibre entre ce qui est dans le
projet de loi puis ce qui est dans les règlements.
Je suis très ouvert à trouver des arrangements,
mais le principe du projet de loi et des règlements, il va être là, puis on le discutera en article par article. Mais
j'ai entendu, puis je vais laisser mes collègues peut-être demander
certaines précisions de ce que vous voudriez voir, à tout le moins, clairement,
dans les règlements. Ça fait que je vais dire ça comme ça pour le moment.
D'accord?
Sur la question... et je rappelle, parce que les
Québécois, des fois, sont... Moi, je ne l'étais pas avant. Alors, on apprend
tous qu'est-ce que c'est, le projet de loi versus les règlements. Les
règlements sont aussi... ont une période d'édiction, hein? Si on dit : On
va sortir... puis vous êtes très familière avec ça : On va sortir un
règlement, bien, le gouvernement a le devoir de le publier, il est édicté
pendant 45 jours. Puis ceux qui pourraient dire : Bien, ce n'est
jamais ce que vous avez dit en commission parlementaire, vous auriez le droit
de le dire : Voyons, ça n'a pas de bon sens, ce n'est pas ça. Il y a cette
période-là aussi qu'il faut comprendre. Je veux juste le mentionner.
Bon, maintenant, ce que j'ai beaucoup aimé...
vous avez dit deux choses. On est tous d'accord que ça prend une période de
transition, puis je trouve ça très raisonnable de votre part parce que c'est
sûr que, si on avait une baguette magique puis on pouvait fermer ça demain
matin, je pense qu'on serait tous les plus heureux, mais ce n'est pas la réalité. Ça fait que, dans les commentaires
que mes collègues vont vouloir... j'aimerais ça vous entendre, parce que
vous connaissez bien le réseau, c'est... il
y a des questions de régions, il y a des questions de... Tantôt, vous avez
dit : Est-ce qu'on pourrait
aller jusqu'aux... par exemple, aux agents de sécurité? Je comprends votre
demande, mais je redis qui trop embrasse
mal étreint. Là, on a une urgence, je pense, du côté beaucoup plus des
infirmières puis du personnel infirmier, je vais le dire comme ça. Mais je veux quand même vous entendre, vous êtes
là pour ça, puis je l'apprécie, sur la transition.
Maintenant, vous avez parlé des racines du
problème. Bon, j'ai promis au député de Maisonneuve que je ne parlerais pas de
négociation, mais c'est vous qui l'avez soulevé. C'est vous qui l'avez soulevé.
Ça fait que je veux juste dire... je veux juste dire, Mme Senneville puis à vos
collègues, que nous avons, vous et moi...
Qu'est-ce que j'ai dit? J'ai dit de Rosemont?
Une voix : ...
M. Dubé : Ah
mon Dieu! C'est rendu que je pense... quand je pense à vous, je pense à
Maisonneuve-Rosemont, hein? C'est bon. Donc, le message est passé.
Une voix : ...
M. Dubé : On
progresse, le message est passé. M. le député, maintenant, vous êtes le député
de Maisonneuve-Rosemont pour moi. OK. C'est bon?
Une voix : ...
M. Dubé : Et
voilà. Bon, OK, excusez-moi un petit aparté avec mon collègue, mais c'est
vraiment de bonne guerre.
Mais
je veux revenir sur le point. J'ai dit, ce matin, en entrée de commission, que
le projet de loi n° 10 sur la main-d'oeuvre, c'est une chose, mais si on
veut être capable de régler... Puis vous, vous avez dit, ce n'est pas les racines du mal — je ne trouve pas ce que vous avez dit — les
racines du problème, je veux bien vous citer, il faut aussi qu'on travaille en parallèle sur les conditions de
nos employés, et je suis 100 % d'accord avec vous. Il va falloir
qu'on travaille là-dessus rapidement, c'est tout ce que je vais dire, parce que
je ne veux pas parler des négos. Mais j'apprécie votre ouverture, parce que je
veux que les Québécois comprennent que, oui, on peut faire des choses avec le
projet de loi n° 10 sur la main-d'oeuvre indépendante, mais la meilleure
façon de se débarrasser des agences, c'est d'avoir
des conditions à nos employés dans le public qui sont au moins aussi bonnes,
sinon meilleures que celles qui sont offertes en ce moment par les
agences ou dans le privé. Et ça, je le sais, Mme Senneville, qu'on s'entend
là-dessus, ça fait qu'on ne parlera pas des négos.
Mais, vous, en tant
que représentants de cette grande association, de cette grande famille là, qui
est la CSN, et je vais dire «nous», comme gouvernement, on a ce devoir-là de
faire ça en parallèle. Et, vous l'avez dit, c'est urgent, bien, raison de plus
pour qu'on travaille sur nos conventions le plus rapidement possible. C'est
tout ce que je voudrais dire là-dessus et vous remercier d'être là. Je
l'apprécie, là, parce que je le sais que vous en avez beaucoup, puis je vais
laisser mes collègues parce que, si je parle trop, ils n'auront pas de temps.
Ça fait que voilà.
Le Président
(M. Provençal)
: C'était
le temps que vous vous taisiez.
M. Dubé :
Oui. OK, c'est bon. Merci, M. le Président, je vais prendre ça de votre
part.
Le Président (M. Provençal)
: La députée de Bonaventure
avait demandé, puis, après ça, je vais... Marie-Victorin.
Mme Blouin :
Il reste combien de temps?
Le Président (M. Provençal)
: Il reste 10 minutes.
Mme Blouin :
Bien, justement, j'aimerais rebondir sur ces mesures transitoires là. Donc,
je voudrais tout simplement savoir... en
savoir plus, connaître votre vision, en fait, sur ce seraient quoi, des mesures
transitoires idéales et aussi ce serait quoi, votre stratégie pour
déployer tout ça afin, bien sûr, d'abolir, là, le recours à la main-d'oeuvre
indépendante. Mais ce serait quoi, votre stratégie pour déployer ça et éviter
les bris de service? Donc, je ne sais pas si vous aviez des pistes.
Mme Senneville
(Caroline) : Je vais laisser M. Leclerc vous répondre.
M. Leclerc (Réjean) : Bien,
écoutez... bien, premièrement, bonjour à tous et à toutes, merci de nous
accueillir.
Je vous dirais,
essentiellement, qu'il faudrait faire l'analyse des régions qui ont besoin de
cette transition parce que ce n'est pas ça à géométrie variable. Il y a des
besoins, puis on le voit dans les chiffres, là, qu'il y a des... qu'il y a de
l'argent puis des sommes déployées plus grandes dans certaines régions... et
là, de savoir à quoi sert la MOI pour ces
régions-là pour être capables de cibler les actions à poser. Puis là M. le
ministre a parlé de la négociation, mais il y a aussi la gestion locale
des CISSS et des CIUSSS, mais des établissements, puis ça déborde également,
là, les centres hospitaliers, ça déborde aussi dans les CHSLD, les RPA, et on
est tous azimuts, là, à peu près.
Donc, il faudrait
faire l'analyse des besoins, pourquoi la MOI est exercée dans ces contextes,
puis on peut, je vais paraphraser la présidente de la CSN, s'attaquer à la
racine et non pas du mal, mais du problème, parce qu'on n'est pas ici dans une
démarche bien et mal.
Donc, en résumé, il
faudrait que le plan soit plus détaillé pour qu'on puisse intervenir sur plus
de détails que simplement sur une loi qui, elle, est trop... bien que très bien
intentionnée, un peu trop inconsistante, parce qu'on n'est pas capables de répondre
à votre question puisqu'il n'y a pas... ou on n'a pas... on n'est pas capables
d'avoir non plus d'indications quant au règlement qui va être adopté
ultérieurement, parce qu'on pourrait répondre plus précisément sans parler de
négociation. Mais ça part de l'analyse de la région qui, elle, va être visée
par la transition, plus courte pour certaines, plus longue pour d'autres, mais
toujours avec l'échéance de 2026. Pour nous, c'est incontournable, 2026, pour
s'affranchir comme il faut.
Mme Blouin : Merci
beaucoup.
Le Président (M.
Provençal)
: Madame...
Mme Senneville
(Caroline) : Oui, moi, j'ajouterais peut-être rapidement que, quand on
était en plein coeur de la pandémie puis qu'on devait véritablement mettre
l'épaule à la roue, il y a eu des décrets qui ont fait en sorte que les
conditions de travail ont été grandement améliorées et ça a été presque
instantané, les gens étaient sur le plancher pour répondre à l'urgence. Donc...
Le Président (M.
Provençal)
: Mme la
députée de Marie-Victorin voudrait prendre la relève.
Mme Dorismond : Donc, bonsoir à vous
quatre. Moi, je voulais revenir sur une des revendications que vous faites, c'est le fait que le règlement, il manque
de détails. Là, on a écouté plusieurs personnes aujourd'hui et on
constate que les enjeux sont différents pour chacune des
personnes qui ont présenté certaines... Dans leurs présentations, il y a
différents enjeux. Et vous l'avez dit tout à l'heure, les territoires n'ont pas
les mêmes besoins, vous avez besoin de transition dans certains territoires. Et
le ministre a parlé aussi du projet de loi, que c'est plus long, et, tu sais,
le règlement, ça va un petit peu plus vite et ça permet aussi de la flexibilité
pour répondre à ces certains enjeux-là qui sont différents pour chacun des
partenaires.
Moi, je me demandais : C'est quoi, les
détails... Puis, vous savez aussi, au niveau du règlement, il y a quand même un délai avant qu'il soit adopté, et aussi ça
n'empêche pas qu'on puisse vous consulter pour savoir si ça répond bien
aux besoins, aux enjeux où vous avez des difficultés. Ça fait que moi,
j'aimerais vraiment savoir : C'est quoi, le manque de détails que vous
voulez avoir?
• (18 h 10) •
Mme Senneville (Caroline) : Bien, M.
le ministre nous a... mais là, c'est moi qui vais citer le ministre, là. Alors,
vous avez dit qu'il y a un équilibre à atteindre, puis c'est vrai, tu sais,
puis on... dans notre système législatif, bien, il y a des lois puis il y a des
règlements, puis chacun remplit leur fonction. Mais moi, je vous dirais, le
fait qu'il n'y ait pas de définition de rien... ça, vraiment, là, on pense que
ça devrait être dans le projet de loi.
Moi, je vous dirais que, les exigences
d'embauche, je pense aussi que ça devrait être dans le projet de loi. C'est
préciser à qui s'adresse l'interdiction. À notre avis, ça devrait être
l'ensemble du réseau de la santé et des services
sociaux et de ses partenaires, mais ça, je pense que c'est quelque chose que...
puis, en tout cas, sans s'enfarger dans l'échéancier extrêmement précis,
une espèce d'horizontale ou quelque chose, ça, ça permettrait d'affirmer, je
vous dirais, la volonté ministérielle. Ça, je pense... en tout cas, c'est ça
que je vois, là, pour l'instant.
Pendant que j'ai le micro, j'aimerais rajouter
quelque chose, là, sur aussi ce que le ministre a dit par rapport... que, pour
l'instant, c'est beaucoup les soins infirmiers. Mais, je vous dirais, il ne
faut pas oublier les milieux de vie. Il y a les hôpitaux, mais il y a tous les
CHSLD, les RPA, les centres de réadap aussi. Ce sont des endroits où les
personnes vivent. Et nous, on a vu, par exemple, dans des agences de placement,
les personnes à l'entretien ne parlent ni français ni anglais. Alors, quand tu
es dans un milieu de vie, quand c'est toujours la même personne qui vient
nettoyer ta chambre, tu établis un contact, tu es capable de parler, tu es
capable de dire : Ah! j'ai vu vos enfants, ils sont venus en fin de
semaine. Des fois, tu apportes un verre d'eau, tu fais quelque chose.
Alors, je pense que c'est important, quand on
parle de la qualité des soins, que, dans les milieux de vie, il y ait une
stabilité de... du plus grand nombre de personnels possible et surtout ceux qui
sont en lien avec les patients et les patientes.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée.
Mme
Dorismond : Comment ça se ferait, ce processus-là, que vous
parlez, de stabilité? Comment ça se ferait?
Mme Senneville (Caroline) : Bien, écoutez,
c'est en ne faisant pas recours aux agences... parce que les agences, c'est
l'instabilité presque institutionnalisée, parce que ce n'est jamais les mêmes
personnes, on ne sait jamais qui qui va être là. Alors, quand on a du personnel
régulier qui ont leurs quarts de travail ou leurs horaires de travail puis qui
travaillent sur le même plancher, dans le même département... Alors, ça, c'est
une façon qu'il y ait une stabilité du personnel, et, pour les gens dans ces
milieux de vie, je pense que c'est important aussi.
Mme
Dorismond : Quand vous parlez des RI, RPA, dans le
fond,vous... est-ce que vous représentez la clientèle, les membres
qui... des employés qui travaillent en RI?
Mme Senneville (Caroline) : Oui,
absolument.
Mme Dorismond : Oui. D'accord.
M. Dubé : Il reste-tu du temps?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, il reste trois minutes.
M. Dubé : Peut-être, Mme la députée,
je terminerais... Donnez-moi un ordre de grandeur de personnes, parce que vous avez entendu peut-être les commentaires
aujourd'hui, entre autres, des RI, des représentants de l'Association
des ressources intermédiaires, c'est... vous en avez... Là, je vois...
M. Leclerc (Réjean) : Oui, oui.
M.
Dubé : Oui, donnez-moi un ordre de grandeur de personnes,
parce que je pense que les Québécois ont entendu qu'il y a à peu près
18 000 employés dans les RI, entre autres.
M. Leclerc (Réjean) : Oui, on a un
peu plus...
M.
Dubé : Puis ça a un impact
majeur parce que ce sont des petites entreprises. J'aimerais vous entendre là-dessus.
C'est quoi que vous avez comme représentation avec eux?
M. Leclerc
(Réjean) : Un peu plus de 1 000...
M. Dubé : Du 18 000?
M. Leclerc (Réjean) : ...oui puis...
mais, en même temps, il y en a plusieurs qui ne sont pas syndiqués non plus.
Ça, il faut en tenir compte, parce que, vous le dites vous-même, la personne
est chez elle, elle reçoit une clientèle chez elle et elle est comme tributaire
de prendre soin de clientèles souvent difficiles, là. C'est des usagers, des
clients qui ne sont pas... des patients qui ne sont pas récupérés par les
institutions. Donc, moi, à cet égard-là, je vous dirais que le recours à la
main-d'oeuvre indépendante ne permet pas d'équilibrer, je vous dirais, l'offre
de service qui, elle, est aléatoire en fonction des appels d'offres, en
fonction de plein de critères qui sont un peu en marge du régime normal de
négociation puis de... bien, vous le savez autant que moi, là, ils sont régis
par une loi.
M. Dubé : Je suis d'accord avec
vous. Puis juste par curiosité, donc, vous dites 1 000 des
18 000 employés qui sont... ceux qui
sont syndiqués. Puis du côté des RPA, vous avez entendu aussi des commentaires
du... cet après-midi, vous en représentez combien d'employés dans les
RPA, si je peux vous demander?
M. Leclerc
(Réjean) : Nous, on en a à peu près, je vous dirais, une
trentaine de syndicats. Ça fait qu'en employés purs, là, je pourrais
vous revenir avec des chiffres plus précis, là, c'est autour de ça, à peu près
2 000, 3 000 environ.
M. Dubé : OK. Du côté des RPA.
M. Leclerc (Réjean) : ...les RPA...
M. Dubé : OK. Mais les commentaires
que vous avez entendus aujourd'hui de ces deux-là, vous êtes... vous comprenez
leurs enjeux très bien, là. Il n'y a pas de surprise dans ce que vous avez
entendu cet après-midi, là.
M. Leclerc
(Réjean) : Bien, moi, je vous avouerais que cet après-midi,
je n'étais pas... je n'ai pas eu le privilège d'écouter la commission,
j'étais sur d'autres dossiers, vraiment, j'étais...
M. Dubé : Ah! OK.
M. Leclerc (Réjean) : ...par contre,
vous savez... puis là on n'est pas ici pour parler de négos, mais nous, on en parle
à l'interne, de négociations.
M. Dubé :
Ah! OK. C'est correct. Je suis
content...
M. Leclerc (Réjean) : Je ne sais pas
vous, mais nous, à l'interne, on en parle beaucoup. Ça fait que...
M. Dubé : ...je suis content de
savoir ça. On peut travailler en parallèle.
M. Leclerc (Réjean) : Pour
travailler en parallèle, vous comprendrez que nous, on est convoqués ce soir,
ça fait que je ne voulais pas comme tout mettre mon temps... Je voulais être
prêt pour ce soir, mais pas tout mettre le montage sur l'audition de la
commission, préalablement.
Le Président (M. Provençal)
: Merci pour cette première portion.
Alors, on y va maintenant avec le député de Pontiac.
M. Fortin : Merci. Merci, M. le Président. Bon... bien, bon, bonsoir
maintenant, bonsoir à vous quatre. Merci d'être là puis de nous partager vos
préoccupations ou vos pistes de solution même par rapport au projet de loi.
Je sais que vous n'avez peut-être pas eu la
chance d'entendre tout le monde qui était là avant vous, là, mais il y a les
gens des établissements conventionnés qui sont passés ici, il y a eu les gens
des RPA qui sont passés ici, et il y en a qui ont demandé, disons, une
exclusion temporaire, là, des gens des RPA, en nous disant : Bien, on ne sera
juste pas capables d'arriver, ça ne marchera pas, puis on n'aime pas ça plus
que personne. C'est le dernier recours, ça nous coûte cher, ce n'est pas le
fun, on ne veut pas le faire, mais on ne sait pas comment est-ce qu'on va y
arriver dans les délais prescrits.
Vous pensez quoi de leur demande à eux, parce
que ce qu'ils... Puis là je vous le soumets, parce que ce qu'ils nous disent,
c'est : C'est un milieu de soins, on ne peut pas, là, ne pas avoir
quelqu'un sur place, donc on ne voit pas comment on va y arriver dans ces
délais comme ça. Vous, de votre côté, pensez-vous que c'est possible dans ces
milieux-là?
Mme Senneville (Caroline) : Oui.
M. Leclerc
(Réjean) : Bien, moi, j'ai une réponse puis je vais vous la faire
rapide cette fois-là. Dans les Laurentides, nous avons vécu... nous-mêmes, à la
fédération, on a vécu l'expérience d'un syndicat qui a parrainé un CHSLD pour le rendre conventionné, parce que l'effet de ça,
c'est que l'intention du ministère de la Santé, c'est de conventionner des...
certaines RPA, et, par la négociation, on a obtenu un nouveau salaire qui est
tellement appréciable que les... ça a créé un effet d'attraction instantané.
Plein de gens ont délaissé d'autres RPA, d'autres CHSLD, pour venir se faire engager immédiatement. Et même l'employeur
reconnaît l'effet attractif d'une augmentation salariale de... autour...
entre 2 $ et 3 $ de plus de l'heure, et ça a été immédiat, tellement
que les autres ont été obligés de s'ajuster puis d'offrir ce type
d'augmentation salariale et de conditions salariales qui, elles, se
retrouvaient... parce que les calculs ont été faits, le propriétaire payait, de
toute façon, auprès de l'agence, les mêmes montants qu'il redonne aujourd'hui
aux travailleurs embauchés chez lui.
Mme Senneville
(Caroline) : Les conditions de travail dans les RPA sont
particulièrement mauvaises. On a beaucoup de gens qui travaillent à peine un
peu... qui gagnent à peine un peu plus que le salaire minimum. Alors, je pense
que ça fait partie... C'est un exemple frappant, là, mais, c'est ça, il faut
connaître les conditions de travail dans les RPA pour comprendre pourquoi il y
a de la difficulté à recruter.
M. Fortin :
Mais vous l'avez dit tantôt un peu aussi, là, le... les agences,
puis le recours, disons, abusif, là, qu'on voit ces jours-ci aux agences, c'est
la conséquence de quelque chose et non pas la cause, là. Donc, je pense qu'on
l'entend bien dans cet argument-là que vous venez de faire.
Mme Senneville
(Caroline) : M. Roy voulait, si ça ne vous dérange pas, ajouter.
M. Fortin : Oui,
allez-y. Allez-y.
M. Roy
(Danny) : Bien, juste ajouter que... oui, j'ai entendu, là, j'ai
écouté un petit bout, la question de la prévisibilité, elle est hyper
importante dans cette situation-là. C'est que, là, on est... le projet de loi a
une belle intention, il n'y a pas
d'échéancier, mais il n'y a pas un échéancier qui est connu et reconnu puis les
moyens qui viennent avec, les règlements ne sont pas là, ce qui permet
difficilement à tous les groupes, en fait, de se projeter dans le temps. Vous comprenez qu'ils avaient de la
difficulté à se projeter, mais, à partir du moment où les règlements et il y
a une meilleure visibilité dans la loi, je pense que ça permettrait à tous les
groupes de mieux se projeter dans l'avenir.
M. Fortin : Oui, là-dessus... là-dessus, on va être d'accord, vous et moi, que du
côté, du moins, des échéanciers, c'est quelque chose qu'on peut inscrire
dans la loi puisque le ministre a été tellement clair, disons, par rapport aux
échéanciers. Il y a encore la question des différentes régions, qu'est-ce que
ça veut dire, les villes, les régions éloignées et tout ça, mais... puisque
c'est clair, M. le ministre, il me semble que c'est quelque chose qu'on
pourrait mettre dans la loi, comme c'est suggéré ici.
Vous
avez... vous êtes allé large, un peu, là, dans qui pourrait être inclus. Vous
avez parlé des agents de sécurité tantôt. Est-ce que c'est parce que vous
voyez des situations vraiment, vraiment abusives, où il y a eu des taux, là,
absolument faramineux chargés pour les agents de sécurité? Est-ce qu'on... Le
portrait qu'on a eu beaucoup, c'était peut-être pour d'autres professions, là,
mais est-ce que vous avez des données là-dessus à nous partager?
Mme Senneville
(Caroline) : Certainement, oui...
M. Leclerc
(Réjean) : Bien, moi, les données, je vais laisser ça à la présidente
de la CSN qui a la feuille devant elle. Mais moi, je vais vous parler de...
parce que vous dites... parce qu'il y a une partie de votre question qui est
importante, mais il y a effectivement des situations où les agents de sécurité,
qui doivent faire partie de l'équipe. Tu sais, souvent, on veut les prendre de
l'extérieur puis, sous prétexte qu'ils doivent avoir leurs permis du Bureau de
sécurité privée en vertu de la loi. Mais il fait partie de l'équipe, et souvent
ce permis-là ne se colle pas avec la fonction
directe d'un agent de sécurité. Mais aussi, il faut comprendre qu'en faisant
partie de l'équipe, de l'embaucher et de le former adapté à la situation
d'une clientèle vulnérable, des jeunes, au niveau de l'urgence, peu importe
l'endroit, il doit faire partie de l'équipe pour assurer la stabilité parce que
c'est cet enjeu-là qui devient, pour l'agent de sécurité qui exerce son... sa
fonction, qui devient le... qui permet que le personnel se sente en sécurité
parce que c'est toujours la même personne qu'on a prévue, c'est qu'on peut
anticiper sa réaction en cas d'urgence, mais aussi auprès des usagers puis de
la clientèle.
• (18 h 20) •
Mme Senneville
(Caroline) : On n'est pas en sécurité dans une banque comme on l'est
dans un hôpital. Ce n'est pas du tout le même genre de personnes. Puis je
dirais qu'au moment où on se parle, c'est la catégorie d'emploi qui brise tous
les records par rapport au nombre d'heures. On est à 9,3 millions d'heures
travaillées, c'est trois fois plus que tout le personnel de la catégorie A.
M. Fortin : OK. Mais est-ce que ça finit par coûter quelque chose de
complètement démesuré à l'État, selon vous,
là? C'est-tu... parce que nécessairement, si on passe par l'agence, il y a
quelqu'un qui prend un profit là-dessus, mais...
Mme Senneville
(Caroline) : Tout à fait.
M. Fortin : ...mais est-ce que les taux sont aussi démesurés
que ce qu'on a vu par rapport à d'autres catégories d'emplois? Tu sais,
on parlait tantôt des taux de 400 $ ou même de, tu sais, n'importe quoi
au-delà de 100 $, 150 $. Est-ce que c'est ce que vous voyez pour les
agents de sécurité aussi?
Mme Senneville
(Caroline) : Ce que je peux vous dire, puis excusez-moi, là, c'est
quelque chose... ça nous a coûté 344 millions en 2020‑2021. Alors, c'est
beaucoup de sous.
M.
Fortin : OK, oui, OK, je comprends. Dans
vos recommandations, point 1, e., vous recommandez que le projet de loi n° 10 soit amendé afin d'y
inclure «l'exclusion des établissements publics aux pénalités prévues à
l'article 4». Donc, pouvez-vous juste me l'expliquer celle-là, là,
qu'est-ce que vous voulez dire par ça, là?
Mme Senneville
(Caroline) : Bien, il n'y a pas de bidous de trop dans le système
public, alors, tu sais... OK, qu'on se serve de l'argent public pour payer des
pénalités peut-être au détriment de services, bien... Alors, on comprend l'intention,
là, tout à fait. Qu'il y ait des individus qui puissent être pénalisés, c'est
une chose, mais c'est ça dans... autant on
croit que ce n'est pas une bonne utilisation des deniers publics que de payer
des profits à des gens qui font de la business avec la santé du monde,
autant on pense que peut-être ce n'est peut-être pas l'idée du siècle non plus
que ça serve à payer des pénalités, même si on comprend le sens du message, là,
je vous dirais.
M.
Fortin : OK. Mais vous la laisseriez pour
le privé, parce que, là, vous demandez l'exclusion des établissements publics.
Donc, pour les RPA, par exemple, vous la laisseriez, là.
Mme Senneville
(Caroline) : Oui, parce que ce n'est pas des deniers publics.
M.
Fortin : OK. Dernière chose, le comité
permanent paritaire de planification de la main-d'oeuvre que vous avez demandé,
est-ce que vous avez cette... Qu'est-ce que ça amène de plus que les
opportunités que vous avez maintenant d'échanger avec le gouvernement sur la
main-d'oeuvre, là? Comment vous le voyez? Comment vous voyez la structure de
cette... cette nouvelle bibitte là, disons, là?
Mme Senneville
(Caroline) : Bien, ça le formalise. Tu sais, rien n'est impossible,
mais, en même temps, tant que ce n'est pas formalisé, que ce n'est pas écrit,
que ce n'est pas... tu sais, ce que je veux dire, ça... des fois, ça aide de
formaliser les choses, je vais dire ça comme ça. Puis, pour nous, c'est... Puis
l'important, c'est que ce soit paritaire parce que le pouls sur le terrain est
là.
Moi, je peux vous
dire qu'il y a deux sinon trois négos de... La confédération que je représente
a dit au ministère de la Santé : Dans 10 ans, il va nous manquer
3 000 préposés aux bénéficiaires. Ça fait qu'on voit des affaires sur
le terrain... puis je ne suis pas en train de dire qu'on possède la vérité, là,
mais le fait que ce soit paritaire puis que ce soit un lieu d'échange, bien, on
peut croiser les renseignements qu'on a de part et d'autre, puis on peut
trouver des solutions à terme. Puis je vous dirais... puis je l'ai dit, le
projet de loi arrive parce qu'on a tiré l'élastique, la situation a empiré,
empiré, empiré. C'est comme si... puis je... puis, pour moi, c'est le premier
mérite de ce projet de loi là, c'est de dire : Wô! un instant, on ne peut
pas laisser ça perdurer.
Alors, je pense que
d'avoir un forum où on puisse discuter de ça, dans un contexte où la pénurie de
main-d'oeuvre, que ce soit dans le privé ou dans le public, là, elle va
continuer parce que c'est... elle est due aussi en partie à cause de données
démographiques, bien, c'est une manière qu'on suggère de pouvoir discuter puis
surtout, surtout trouver des solutions aux problèmes.
M.
Fortin : Mais effectivement, des fois, il
faut se rendre à quelque chose qui est complètement intenable, là, pour se
rendre compte que ça ne peut pas durer comme ça. Puis à 100 millions
dépensés juste sur la Côte-Nord en agences, c'est pas mal intenable. Alors, je
vais être d'accord avec vous là-dessus.
Moi,
ça fait le tour. Je vous remercie pour les réponses aux questions, puis c'est
tout pour moi, M. le Président.
Le Président (M.
Provençal)
: Alors,
oui, ça va être au tour maintenant du député de Rosemont.
M. Dubé : De
Maisonneuve.
M. Marissal :
Merci. Merci d'être là à vous
quatre. Vous trouvez que c'est court, 10 minutes,
Mme Sasseville, essayez 3 min 16 s pour voir. Ça fait que
je vais y aller rapidement.
Mme Senneville
(Caroline) : Senneville, corrigez tout de suite, Senneville.
M. Marissal :
Je vais y aller rapidement. Dans les mesures transitoires, là, vous dites,
au point 2, que le personnel d'agence de placement et la MOI bénéficient
des conditions de rémunération équivalentes au personnel du réseau, donc taux
horaires, avantages sociaux, allocations de déplacement, etc. Mais est-ce que
ça ne va pas de soi, ça? Je ne comprends pas pourquoi vous nous suggérez ça,
parce que je vois mal comment on pourrait les payer moins, si on veut les
ramener dans le réseau. Est-ce que vous voulez dire, par ailleurs...
Mme
Senneville (Caroline) : En fait, c'est l'inverse. C'est l'inverse,
c'est-à-dire qu'au moment où on se parle, la main-d'oeuvre indépendante peut et
gagne... a des meilleures conditions de travail.
M. Marissal :
Oui, bien sûr.
Mme Senneville
(Caroline) : Alors, si par l'objet de la loi, on dit : Bien, la
main-d'oeuvre indépendante, vous ne pouvez pas la payer plus que les gens qui
sont sur le plancher à faire l'ouvrage, bien, tout de suite, ça rend
l'attractivité des agences beaucoup moins grande.
M. Marissal :
OK. Donc... Non, ça, c'est le plafond pour ce qu'on paierait à des MOI. OK,
je comprends.
Mme Senneville
(Caroline) : Exact.
M. Marissal :
Je l'avais pris à l'envers, je pensais que c'était le monde que vous voulez
ramener, parce qu'il y a tout un débat aussi, à savoir, et vous le savez, si on
demande... puis je prends le cas, là, type, là, d'une infirmière qui est en
agence depuis quelques années, de revenir, est-ce qu'on devrait lui
reconnaître, par exemple, ses années de service? Est-ce qu'on devrait l'engager
à tel ou tel palier de rémunération? Vous en êtes où là-dedans, dans votre
réflexion? Parce qu'il va falloir quand même qu'on les ramène dans le réseau,
là.
Mme Senneville
(Caroline) : Tout à fait. Mais vous savez, on en a... à la CSN
notamment mais pas juste là, mais moi, je vais parler de la CSN, c'est ça...
c'est la centrale que je préside. On a une énorme expertise là-dedans, et dans
le privé et dans le public. Alors, des fusions, c'est déjà arrivé. Intégrer du monde
du privé au public, on l'a fait dans le réseau collégial. On s'assoit, on se
relève les manches puis on décide ensemble comment on règle cette
difficulté-là, et ça, je vous dirais, il y a... il y a énormément d'expertise
là-dedans. Ça se fait beaucoup par la négociation de la convention collective,
là, parce que l'ancienneté, c'est... tu sais, le monde... tu sais, c'est
précieux pour quelqu'un, hein, son ancienneté, puis l'ancienneté, c'est la
fidélité aussi au réseau, la fidélité à la mission publique, mais une fois
qu'on a dit ça, tout se négocie.
M. Marissal :
OK. Puis vous négocierez à la bonne table, ce n'est pas ici que ça va se
faire.
L'autre point, là,
qu'on limite la marge de profit des agences de placement... définir «marge de
profit». On vient d'avoir une conversation intéressante avec le représentant
d'une association d'agences. Comment on définit ça, le profit? Parce que, pour
moi, ce n'est pas tout à fait clair encore, là.
Le Président (M.
Provençal)
: Très
rapidement, s'il vous plaît.
Mme Senneville
(Caroline) : Bien, d'abord, ça prend de la transparence. Moi, je vous
dirais, probablement que la chose qui nous
manque le plus, c'est ces gens... Tu sais, ils sont super, ils ont un seul
client, ou à peu près, qui paie toujours rubis sur l'ongle, puis je ne
suis pas sûre qu'il y a beaucoup de questions qui se posent. Alors, oui,
d'abord la transparence, puis c'est quoi les vrais chiffres, puis de dire, à un
moment donné : Bien là, on comprend que vous avez besoin de sous pour fonctionner, pour être, je vais dire, rentable,
mais il devrait y avoir un plafond à la profitabilité.
M. Leclerc (Réjean) : Si vous me permettez,
bien, je vais juste compléter en disant que le modèle de plafonnement
des bénéfices existe dans le préhospitalier parce que, justement, il y a des
entreprises privées dans le secteur préhospitalier, mais il n'y a pas de
profits à l'infini non plus, parce que, justement, c'est budgété par le
ministère.
Le Président (M.
Provençal)
: M. le
député.
M. Leclerc
(Réjean) : C'est comme ça...
Le Président (M.
Provençal)
: Merci
beaucoup, M. Leclerc. M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau :
3 min 16 s?
Le Président (M.
Provençal)
: C'est
ça.
M. Arseneau :
Merci. Alors, merci à vous quatre. Je vais avoir le privilège de compléter
la rencontre avec vous aujourd'hui. Je reviens sur votre conclusion. Tout
d'abord, vous dites qu'on doit faire le choix du réseau public accessible et de qualité. Donc, il y a plusieurs
sujets d'intérêt, à l'heure actuelle, dans ce débat où, encore
aujourd'hui, on avait une manchette de journaux où les cliniques voulaient
rapidement avoir un permis de clinique privée pour pouvoir, supposément,
désengorger, là, les listes d'attente. On a le projet de minihôpitaux.
Je ne veux pas vous
demander de commenter ça parce que ça pourrait être long, mais je voudrais
savoir comment vous vous positionnez par rapport à d'autres commentaires qu'on
a entendus aujourd'hui sur les services achetés. Est-ce que vous, dans votre
centrale, vous avez aussi cet enjeu-là où non seulement il y a des individus
qui, à travers les agences, viennent dans les hôpitaux publics, mais il y a
aussi du travail qui pourrait se faire dans le public puis qui est sous-traité
à des cliniques privées? Est-ce que c'est une préoccupation pour vous?
Mme Senneville
(Caroline) : Très certainement. Puis je peux vous dire que le débat
actuel sur les agences démontre à quel point, quand on tombe sur la pente
savonneuse de la privatisation, combien c'est difficile de revenir en arrière.
Alors, ça, vraiment, là... et c'est ce qu'on craint notamment avec tous les
projets privés. Profitabilité aussi, hein, ça fait partie des préoccupations
qu'on a.
L'autre préoccupation, c'est que, dans un
contexte de pénurie de main-d'oeuvre, bien, il ne faut pas que... il faut que
les ressources soient à la bonne place et bien utilisées. On parle... on craint
vraiment que ça soit vampirisé. Puis il faut aller au-delà de la carte... bien
là, j'allais dire la carte soleil, mais ce n'est plus vraiment ça, la carte de
l'assurance maladie. On nous dit : non, non, vous ne paierez pas, mais,
quand on rajoute le profit, ça ne nous coûte pas plus cher individuellement,
mais ça nous coûte plus cher collectivement, puis je vous dirais que, dans tout
ce qui est privé, ce qui est surtout, surtout privé, ce sont les profits.
• (18 h 30) •
M. Arseneau : Tout à fait, on est
d'accord là-dessus.
Le ministre parlait de 300 à 400 millions,
là, pour la main-d'oeuvre indépendante ce matin, donc on imagine bien que, pour les services achetés, si c'est
3,5 milliards par rapport à 1,2 milliard, bien, ça... c'est au moins
trois fois 400 millions, donc 1,2 milliard grossièrement.
Mme Senneville (Caroline) : Et
voilà.
M. Arseneau : Vous dites, dans vos
recommandations, au point 1b., «un échéancier à court terme clair et
contraignant». À court terme, vous voyez ça comment en termes de mois ou
d'années?
Mme
Senneville (Caroline) : Bien, ça dépend des régions, je vous dirais.
Honnêtement, là, ça dépend des régions. Il y a des endroits où on peut
le faire rapidement. Puis oui, c'est vrai, on a parlé de la Côte-Nord, parlé du
Grand Nord, de l'Abitibi. Ce sont des régions où il va falloir... ça va nous
demander peut-être plus d'analyse et plus de souplesse. Puis c'est ça, il y a
d'autres problématiques aussi, je pense, par exemple, à la pénurie de... la
pénurie de main-d'oeuvre, mais de logements aussi. Donc, ça fait partie, là,
d'une problématique qui n'est pas simple.
M. Arseneau : D'accord.
M. Leclerc (Réjean) : Je vais
peut-être... si vous permettez, lorsqu'on a eu les discussions dans le contexte
de l'urgence sanitaire puis qu'on mettait de l'avant des mesures financières,
on voyait immédiatement le résultat. Ça nous a permis de passer à travers
certaines vagues. Et quand on parle...
M. Arseneau : D'accord.
Le Président (M. Provençal)
: On vient de compléter nos échanges de
la journée. Merci beaucoup aux représentants
de la CSN, pour la qualité des échanges qu'on a eus avec vous, et l'ensemble
des partenaires de la journée.
La commission ajourne ses travaux jusqu'à
demain, mercredi 15 mars 2023, après les avis touchant des travaux des
commissions, où elle poursuivra son mandat.
Encore merci de votre disponibilité puis de
votre contribution. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 18 h 33)