Journal des débats (Hansard) of the Committee on Health and Social Services
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(November 29, 2022 au September 10, 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Thursday, April 20, 2023
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Vol. 47 N° 10
Special consultations and public hearings on Bill 15, An Act to make the health and social services system more effective
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
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Provençal, Luc
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Dubé, Christian
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Fortin, André
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Marissal, Vincent
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Nichols, Marie-Claude
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Provençal, Luc
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Dubé, Christian
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Fortin, André
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Marissal, Vincent
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Arseneau, Joël
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Nichols, Marie-Claude
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Provençal, Luc
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Dubé, Christian
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Setlakwe, Michelle
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Setlakwe, Michelle
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Dubé, Christian
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Provençal, Luc
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Marissal, Vincent
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Arseneau, Joël
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Nichols, Marie-Claude
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Dubé, Christian
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Provençal, Luc
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Poulet, Isabelle
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Setlakwe, Michelle
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Marissal, Vincent
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Arseneau, Joël
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Arseneau, Joël
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Provençal, Luc
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Nichols, Marie-Claude
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Dubé, Christian
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Dubé, Christian
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Provençal, Luc
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Setlakwe, Michelle
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Arseneau, Joël
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Nichols, Marie-Claude
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures cinquante et une minutes)
Le Président (M. Provençal)
:À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et des
services sociaux ouverte.Je vous souhaite la bienvenue et je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 15, Loi visant à rendre le système de santé et de services
sociaux plus efficace.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Alors, M. Morin (Acadie) est remplacé par Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont).
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Nous entendrons ce
matin les témoins suivants : M. Vincent Dumez, directeur patient et
codirecteur scientifique au Centre d'excellence sur le partenariat avec les
patients et le public, et l'Association des conseils des médecins, dentistes et
pharmaciens du Québec.
Notre séance a commencé beaucoup plus tard
que prévu. Il a été convenu entre la partie gouvernementale et les oppositions
qu'on va prendre du temps sur la... question pour laisser le temps à nos deux
groupes de pouvoir faire leur présentation. Nos échanges vont simplement être
un petit peu plus courts. Alors, merci de votre collaboration.
Je souhaite maintenant la bienvenue à M. Dumez.
Je vous rappelle que vous avez 10 minutes pour votre exposé. Par la suite,
nous procéderons à la période d'échange avec les membres. Alors, je vous cède
la parole.
M. Dumez (Vincent) : Merci
beaucoup. Bonjour à tous. C'est toujours un honneur et un privilège d'échanger
avec les élus du peuple du Québec. Je me présente, avant tout, devant vous ce
matin comme un patient atteint de plusieurs maladies chroniques, qui évolue
activement dans les systèmes de santé depuis 52 ans maintenant, dont
bientôt 38 ans au Québec.
Je suis un survivant de l'affaire du sang
contaminé et j'ai dédié ma vie à l'amélioration du système de santé à titre d'activiste
sida dans les années 90 à Montréal et d'expert en partenariat avec les
patients et les citoyens depuis une vingtaine d'années. Conseiller en stratégie
de formation, j'ai cofondé, avec le doyen Jean Rouleau, le programme patient partenaire
à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal en 2010, qui s'inscrit
aujourd'hui dans le cadre des activités du Centre d'excellence sur le
partenariat avec les patients et le public.
Je suis accompagné de mon collègue le Dr
Antoine Groulx, médecin de famille engagé à la Clinique Maizerets à Québec,
professeur et chercheur à la Faculté de médecine de l'Université Laval, directeur
scientifique de l'unité de soutien au système de santé apprenant du Québec,
auquel aussi je suis rattaché. Notre duo est un symbole important car nous
croyons à la vertu de la coconstruction entre patients usagers et cliniciens,
enseignants, chercheurs et à la vertu de travailler en partenariat.
Pour commencer, ce projet de loi est
nécessaire à bien des égards, et, globalement, nous le soutenons. Il répartit
de façon plus moderne les forces de pouvoirs au sein de notre système de santé
et des services sociaux tout en proposant des mécanismes d'alignement
incontournables, qui manquaient indéniablement à la dernière réforme et qui
nous outillent mieux pour les années à venir.
Bravo, notamment, pour la création du conseil
national des usagers, de la fonction de commissaire national aux plaintes et à
la qualité des services, du comité national de vigilance et qualité, du programme
national de qualité des services et du rôle central de la mesure de l'expérience
usager, pour ne citer qu'eux. Quelques bémols, par contre, qui méritent d'être
soulignés, sur la place réservée aux professionnels de la santé, médecins et
autres professionnels dans les mécanismes de gouvernance proposés par le projet
de loi et sur la limitation hasardeuse de l'offre des médicaments en contexte
de nécessité médicale, mais je ne m'étendrai pas sur ces sujets.
Cependant, je vais m'étendre sur un sujet
plus en particulier car il y a effectivement quelques enjeux importants en
matière d'action patient et d'action usager dans la loi. Je tiens à souligner
que je ne crois pas que ces enjeux ont été créés intentionnellement. L'écosystème
patient usager au Québec est complexe et les mécanismes de participation
citoyenne sont, aujourd'hui, multiples, ce qui est plutôt une bonne nouvelle
pour la société, mais les orchestrer de façon cohérente, dans le respect des
prérogatives et missions de chacun, n'est pas une chose simple.
Maintenant, sans vouloir vous donner un
cours en la matière, si je simplifie, il y a deux piliers. Le premier pilier
est la défense de droits et les recommandations d'améliorations issues de cette
défense de droits. Il est l'apanage exclusif de mes collègues du conseil de la
protection des malades et du regroupement provincial des comités d'usagers et
de nombreuses associations de patients spécialisés qu'il ne faut surtout pas
oublier, comme la Coalition Cancer Québec ou encore le Regroupement québécois
des maladies orphelines, pour ne citer qu'elles. Et je viens de la maladie rare,
donc c'est quelque chose qui me touche particulièrement.
Je ne vais pas m'étendre sur ce premier
pilier, mais, effectivement, dans le contexte du projet de loi, il risque d'être
affaibli malgré la création du Comité national des usagers, affaibli par la
possibilité d'une diminution du nombre des comités d'usagers, qui avaient déjà
été touchés par la réforme Barrette, affaibli par le fait que ces comités ne rêveront
plus d'une instance aussi solidement décisionnelle et indépendante qu'un
conseil d'administration et affaibli finalement parce qu'on ne parle pas,
justement, des nombreuses associations de patients, qui représentent un volume
très important de personnes malades et à qui il faut absolument faire une place,
mais, encore une fois, je vais laisser mes collègues représentants d'usagers et
associatifs détailler davantage ces enjeux.
Je veux plutôt me concentrer sur le
deuxième pilier, le pilier des patients partenaires, des usagers partenaires,
celui qui vient juste après la défense de droits et les recommandations qui en
résultent. On parle ici de plus de 1 500 personnes atteintes de
maladies sévères, grands utilisateurs de notre système de santé québécois, donc
experts de leur pathologie, mais aussi de la navigation dans notre système, qui
travaillent au quotidien et en partenariat avec tous nos établissements <de
santé, d'enseignement...
M. Dumez (Vincent) :
...qui
travaillent au quotidien et en partenariat avec tous nos établissements >de
santé, d'enseignement et de recherche à l'échelle de la province. Ils
participent à l'élaboration et à la mise en œuvre de solutions d'accès, à
l'efficience clinique, au renouveau des curriculums d'enseignement, à
l'élargissement des protocoles de recherche, et j'en passe.
Il est essentiel de souligner que cette
approche a vu le jour en 2010 au Québec et qu'elle rayonne maintenant un peu
partout dans le monde, offrant de nouvelles perspectives à l'action citoyenne
en santé. D'autres projets lois, notamment en Europe, l'ont d'ailleurs déjà
intégrée ou sont en train de le faire. L'impact systémique, favorable et
heureux de leurs actions est souvent soutenu aujourd'hui par de nombreuses applications...
publications scientifiques, excusez-moi, qui démontrent hors de tout doute
qu'ils sont à la fois des agents d'efficacité et d'humanisation des soins. Le
problème, c'est qu'ils sont totalement absents de ce projet de loi, mais je ne
vais pas... je ne perdrai pas de temps à me lamenter sur cette absence. Nous
vous proposons plutôt des modifications concrètes à trois niveaux pour
rectifier cette situation.
Au niveau, d'abord, des droits relatifs
aux services, la nécessité d'affirmer clairement que tout usager, tout citoyen
est reconnu comme un partenaire de soins, c'est-à-dire un acteur de ses propres
soins, un soignant tout autant qu'un soigné, et que, de ce fait, il doit être
soutenu dans le développement de ses savoirs et de ses compétences d'autosoins
afin de renforcer son autonomie, à l'heure des maladies chroniques, une telle
précision nous semble incontournable, et il est démontré qu'un tel partenariat
est la seule façon de s'assurer de mettre le patient au cœur.
La nécessité aussi d'affirmer, dans la
même logique, que tout usager, tout citoyen est reconnu comme un partenaire de
transformation et peut ainsi participer légitimement aux orientations et à
l'élaboration des solutions d'amélioration du système de santé et des services
sociaux sous différentes formes... On poserait ainsi deux fondements essentiels
au partenariat avec les patients usagers au Québec en les reconnaissant
clairement comme des acteurs de leurs propres soins et comme des acteurs de
changement.
Au niveau aussi des mécanismes
d'amélioration continue prévus à ce projet de loi, qui sont très solides en
passant, il serait essentiel d'ancrer durablement l'action déjà réelle des
patients usagers partenaires en inscrivant officiellement leur rôle dans le
cadre du programme national sur la qualité des services et de mettre en place
des mécanismes pérennes de coordination nationale de leurs actions, ce qui
maximiserait leurs impacts et reconnaîtrait leur rôle majeur dans le système.
Aussi, par leur présence spécifique, et je
dis bien spécifique, ils n'ont pas besoin d'être partout, sur des comités
pertinents comme le comité national, les comités locaux de vigilance et de la
qualité ainsi que les conseils interdisciplinaires d'évaluation des
trajectoires et de l'organisation, dont je salue d'ailleurs la création,
également par leur présence sur les comités directeurs des RUISSS, parce qu'ils
sont souvent à la croisée des dynamiques de soins, d'enseignement et de
recherche... Ces comités et conseils ont besoin des savoirs des patients
usagers partenaires car ce sont ces savoirs qui vont leur offrir une
perspective systémique et clinique indispensable à leur efficacité, et en toute
complémentarité avec les représentants des usagers.
Finalement, si vous voulez encore être
plus audacieux, je me permets, ne créez pas seulement une fonction de
commissaire aux plaintes et à la qualité des services comme le commissaire
national aux plaintes à la qualité des services, ce qui est déjà très bien en
passant, mais une fonction de commissaire aux plaintes... de commissaire
national aux plaintes, à la qualité des services et aux partenariats avec les
usagers, voire les citoyens. Vous allez intégrer ainsi, dans un tout cohérent,
les grands mécanismes d'engagement citoyen orientés sur l'amélioration de la
qualité, ce qui serait un signal clair que le système de santé est connecté sur
sa population et une santé durable.
Bref, s'il vous plaît, ne ratons pas cette
occasion unique d'ancrer minimalement cette grande innovation sociale
québécoise dans ce projet de loi. Dans le cas contraire, je crois que ce serait
un véritable rendez-vous manqué. Et je passe la parole à mon collègue. Merci.
• (12 heures) •
M. Groulx (Antoine) : Merci,
Vincent. Le partenariat patient dont parle Vincent occupe justement le cœur de
l'unité de soutien que j'ai l'honneur de diriger et dont l'objectif est de
soutenir l'amélioration continue de notre système de santé. Alors, je joins ma
voix à celle de mon collègue pour souligner la valeur exceptionnelle du
partenariat patient dans l'atteinte de nos objectifs d'amélioration de la
qualité.
À cet égard, je salue aussi
l'ambitieuse... l'ambition heureuse, dis-je, et nouvelle du projet de loi
n° 15 de développer son propre programme national sur la qualité des
services. Le projet parle, en effet, avec enthousiasme de ces ambitions de
mesures, de suivi, de tableaux de bord permettant de comparer la performance à
des standards transparents et appuyés sur la science. L'occasion est belle de
vulgariser toutes ces analyses pour la population, comme pour les gestionnaires
et le personnel clinique, mais, plus important encore, avec tout un réseau des
citoyens et des citoyennes plus éclairés sur les véritables enjeux et forces de
son système de santé, l'agence disposera d'une capacité sans précédent pour
remettre le système de santé sur les rails et l'aider à devenir apprenant.
Exactement comme pour les partenaires patients, qui seront avides de participer
à l'élaboration et au déploiement des solutions aux problèmes qu'ils
identifient, nous croyons qu'il faut enrichir dès sa conception ce programme
qualité des outils qui permettront de passer de la critique à une réelle amélioration...
12 h (version révisée)
M. Groulx (Antoine) : ...dès
sa conception, ce programme qualité, des outils qui permettront de passer de la
critique à une réelle amélioration. L'humain étant humain, se regarder dans le
miroir ne suffit souvent pas à entraîner une véritable démarche de changement.
On le sait, tout le monde le sait d'ailleurs, il faut faire du sport, il faut
éviter de consommer, il faut bien manger, bien s'alimenter, alors pourquoi
est-ce qu'on constate encore autant d'obésité, de maladies vasculaires, de
toxicomanie? Montrer la voie ne suffit pas, il faut accompagner le changement. Cette
gestion du changement des humains par des humains est critique. 95 % des
savoirs, aujourd'hui, et des innovations issues de la recherche en santé et
services sociaux dorment sur les tablettes parce que nous avons été naïfs,
assez naïfs pour croire que, puisque c'était bon, tout le monde se battrait
pour en profiter.
Chers parlementaires, au-delà des
divisions traditionnelles qui vous gouvernent, vous disposez, avec ce projet de
loi n° 15, d'une opportunité historique de restaurer notre précieux temple
de santé québécois. Ses portes sont ouvertes dans le texte qui est devant vous,
Vincent et moi, nous vous proposons d'y laisser entrer un peu plus d'humanisme
et de bienveillance pour inspirer davantage tous les partenaires, patients,
patientes, intervenants, intervenantes, chercheurs, chercheuses et
gestionnaires qui travailleront à en faire le fleuron auquel nous aspirons
tous. Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:...pour votre exposé. Alors, M. le
ministre, vous avez la parole pour huit minutes.
M. Dubé : Pour huit minutes?
OK, donc, on est à peu près à la moitié de nos temps, là.
Le Président (M. Provençal)
:Oui, c'est ça.
M. Dubé : OK. Parfait. Alors,
messieurs, merci beaucoup pour, premièrement, ces... d'avoir été là aujourd'hui,
étant donné le peu de temps qu'on vous avait donné. Puis on reconnaît toute l'importance
de votre groupe.
Vu qu'on n'a pas beaucoup de temps, je
vous demanderais d'expliquer, en une ou deux minutes, la complémentarité que
vous cherchez entre les patients partenaires et ce qu'on appelle plus les
comités d'usagers. Parce que je ne suis pas certain que c'est très bien compris
par la population. Parce qu'après cette réponse-là ce sera plus facile de vous
dire... Puis je pense qu'il y a des choses que vous suggérez, aujourd'hui, qu'on
est assez à l'aise de s'ajuster, je vous le dis tout de suite. Mais je voudrais
que vous expliquiez c'est quoi, la complémentarité dont vous parliez tout à l'heure
entre patient partenaire puis un usager.
M. Dumez (Vincent) : Bien,
déjà, les représentants d'usagers... Moi, j'ai été un défenseur de droits très
actifs, dans une certaine période. Vous n'auriez pas aimé forcément m'avoir
dans cette commission, dans les années 90, mais... comme celle-là. Mais
donc la défense de droits et la recommandation d'améliorations issues de la
défense de droits, c'est une chose. Les patients partenaires arrivent après, c'est-à-dire
arrivent dans la construction des solutions.
Donc, on sait... on a... on sait que c'est
très difficile de mélanger les deux chapeaux, d'être à la fois dans la défense
de droits, parce que la défense de droit demande une certaine indépendance, c'est
pour ça que les comités d'usagers doivent être rattachés à des organisations
indépendantes, comme les conseils d'établissement ou des conseils
administration. Et le pari des patients partenaires, depuis le départ, et les
usagers partenaires, c'est de construire de l'intérieur. Les patients
partenaires construisent avec les cliniciens, avec les chercheurs, avec les
enseignants, à l'intérieur du système de santé, et donc c'est une totale
complémentarité entre un groupe qui défend des droits et qui recommande des
améliorations de qualité et l'autre groupe qui coconstruit des solutions avec
le système.
M. Dubé : Très clair. Très
clair. Merci beaucoup. Dans votre demande de modifier l'article 9, là, c'est
très clair, ce que vous demandez, je ne veux pas tout rentrer dans le détail de
comment ça pourrait se définir légalement, là. Mais c'est quoi, l'objectif que
vous recherchez par la modification de l'article 9?
M. Dumez (Vincent) : Donc, il
y a deux objectifs. Le premier objectif, c'est qu'il... On va souvent mettre
les personnes malades, les patients dans une posture de personnes qui reçoivent
des soins, mais 98 % des soins sont assumés par les patients et les
familles chez eux. Donc, c'est pour ça qu'il faut les reconnaître comme des
acteurs de soins, c'est-à-dire qu'il faut reconnaître que les soins, ce n'est
pas uniquement dans les centres hospitaliers, mais que les soins aussi sont
assumés par la population, déjà aujourd'hui, en grande partie chez eux, et
particulièrement quand on parle des patients atteints de maladies chroniques.
Donc, si on veut asseoir, et je le sais, M. le ministre, que les questions d'autosoins
sont particulièrement importantes à vos yeux, il faut absolument, je pense,
dans une déclaration claire, dire qu'effectivement on reconnaît que les patients
sont aussi des acteurs de soins, autant que les professionnels de la santé, et
qu'à ce titre on doit les aider dans leurs actions.
M. Dubé : Bien, écoutez, là,
c'est tellement important, ce que vous dites, parce que notre projet de loi, c'est
justement de remettre le patient au cœur de nos préoccupations. Alors, c'est
pour ça que je vous demande le libellé qu'il serait important d'avoir, puis
je... Là, c'est parce qu'on manque un petit peu de temps, là, mais j'en
parlerai avec mes collègues ici, là, mais de trouver... je vais l'appeler l'accommodement
raisonnable qu'on pourrait avoir pour que ce libellé-là vous convienne, mais que
l'on comprenne bien qu'il est complémentaire aux usagers. Puis ça, c'est
important, là, c'est pour ça que c'était ma première question...
M. Dumez (Vincent) : <
Bien
sûr...
M. Dubé :
... c'est
pour ça que c'était ma première question...
M. Dumez (Vincent) : >
Bien
sûr.
M. Dubé : Je ne sais pas
comment qu'il...
M. Dumez (Vincent) : Si je
peux me permettre, M. le ministre.
M. Dubé : Oui, allez-y.
M. Dumez (Vincent) : Il y a
un deuxième élément, c'est que tout usager, aussi... on reconnaît que tout
usager est partenaire de transformation avec le système, c'est-à-dire qu'il
est... on reconnaît que la population va... peut contribuer à la transformation
du système de santé et à son amélioration. Ça, c'est aussi un élément
important, alors qu'aujourd'hui on a beaucoup de mouvements citoyens, comme les
patients partenaires, comme les comités des usagers, qui sont très actifs dans
la transformation du système de santé. Donc, c'est un deuxième élément qu'on
proposait. Excusez-moi de vous avoir coupé.
M. Dubé : Non, non, il n'y a
pas de problème. Et à quel niveau, dans les comités des usagers, vous verriez
votre participation? Parce qu'en ce moment on n'a pas défini comment se ferait
le choix des usagers. Je pense juste aux comités des usagers, où on a dit...
ou, par exemple, je pense aux conseils d'établissement, on a dit : Il y a
cinq usagers. Vous voyez... vous vous voyez comment, dans cette proportion-là?
M. Dumez (Vincent) : Les
patients partenaires, il faut qu'ils soient dans des comités de gouvernance où
c'est nécessaire qu'ils soient, c'est-à-dire où ils amènent leur expertise. Donc,
ils ne sont pas... nécessaires d'être partout. C'est important que les
représentants des usagers, qui sont... qui sont légitimement représentants,
soient dans les comités de gouvernance. Je pense que les patients et usagers
partenaires doivent être dans des comités où ils sont... leur expérience et
leur expertise a une utilité, comme les comités, par exemple, on a parlé de
vigilance et qualité, le fameux conseil interdisciplinaire. Encore une fois, je
salue cette création-là.
M. Dubé : Ah! OK. Là, je vous
suis.
M. Dumez (Vincent) : Et par
contre il faut le faire en concertation avec les comités d'usagers,
c'est-à-dire que c'est quelque chose sur lequel on doit s'entendre avec les
comités des usagers. Encore une fois, la défense de droits et la coconstruction
des solutions de soins, c'est deux choses complémentaires. Donc, il faut
vraiment qu'on soit dans une logique de collaboration et qu'on regarde comment,
effectivement... Mais les patients partenaires n'ont pas besoin d'être partout.
M. Dubé : Non, non, mais je
vois très bien la différence. Je vous dis : Si vous aviez un choix à faire
beaucoup plus, par exemple, au niveau du comité interdisciplinaire, qui est en
haut avec les médecins, les soins infirmiers, les travailleurs sociaux. Parce
que ça inclurait un peu la continuité du processus, plutôt que d'être dans un
comité d'usagers.
M. Dumez (Vincent) : Exactement.
M. Dubé : Ah! OK.Je
comprends très bien.
M. Dumez (Vincent) : Les RUISSS
aussi, c'est important, parce que les patients partenaires sont impliqués en
enseignement, en soins et en recherche, aujourd'hui, donc les RUISSS traversent
ces trois missions-là. Donc, ce serait parfait. Puis vigilance et qualité,
parce que les patients partenaires sont très impliqués dans l'amélioration de
la qualité dans tous nos établissements de santé.
M. Dubé : Bien, c'est
peut-être ma question pour monsieur Groulx, là, parce que... Comment il me
reste de temps, M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
:Un peu moins de deux minutes.
M. Dubé : Le temps passe
vite, là. Parlez-moi des RUISSS un peu pour... Parce que, M. Groulx, vous êtes
plus du côté universitaire, de ce que je comprends, là, alors vous verriez
quoi, la participation aux RUISSS, par... aux partenaires patients?
M. Groulx (Antoine) : Bien, en
fait, un peu comme vous l'avez évoqué...
M. Dubé : En plus de ce que
vous faites, là.
M. Groulx (Antoine) : Oui, en
fait, c'est ça, nous, on essaie déjà d'apporter le partenariat patient dans les
RUISSS puis on le fait un peu dans l'esprit de ce que vous avez évoqué. Oui, le
patient est au cœur de votre projet de loi, mais nous, on va encore plus loin
que ça, le patient n'est plus seulement au cœur ou au centre, le patient fait
partie authentique de l'ensemble des collaborateurs qui travaillent à
l'amélioration des soins.
Alors, dans les RUISSS, la place de ces
patients dans l'élaboration des trajectoires, les RUISSS suivent beaucoup... Le
patient, par exemple, qui est à Gaspé et qui doit avoir des soins tertiaires,
bien, il va avoir tout un trajet qui va passer peut-être par Rimouski puis qui
va finir dans le CHU de Québec, Université Laval. Alors, ces trajectoires-là,
d'avoir des patients qui ont l'expérience de ce parcours-là, est extrêmement
important et très riche pour le groupe des RUISSS, qui regroupent, en fait,
effectivement, vous l'avez dit, des gens du monde universitaire, mais aussi des
gens du réseau de la santé et des services sociaux. C'est ce qui fait sa force,
d'ailleurs.
Alors, les patients, à mon avis, et les
patientes, ils ont leur place comme partenaires authentiques, pas tant d'être
au cœur des réflexions et des échanges, mais d'être littéralement des membres,
des personnes qui vont élaborer l'amélioration de ces trajectoires.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le ministre.
M. Dubé : Moi, je pense que
ça va très bien. Merci, merci beaucoup.
M. Groulx (Antoine) : Merci,
M. le ministre.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député de Pontiac, vous avez 5 min
2 s pour votre échange.
• (12 h 10) •
M. Fortin :Oui. Merci, merci, M. le Président, Bien, d'abord, d'abord,
je m'excuse de mon absence — j'ai le droit de dénoncer ma propre
absence pour hier, M. le Président — je m'excuse aux groupes qui
étaient là. Mais je suis content de vous avoir devant nous aujourd'hui puis de
pouvoir échanger avec vous. Peut-être que vous pouvez nous aider, là, juste sur
le... je pense que c'est un des derniers points que vous avez faits, là, en
parlant que le commissaire aux plaintes ne devrait pas juste être un
commissaire aux plaintes, il devrait y avoir un commissaire aux plaintes et
au... je pense que vous avez appelé ça «relations avec les citoyens»...
Une voix : Au partenariat.
M. Fortin :Oui. Donc, pouvez-vous peut-être élaborer là-dessus,
qu'est-ce que ça voudrait dire d'avoir ce double rôle là?
M. Dumez (Vincent) : Bien, ça
voudrait dire... ça voudrait dire, finalement, que le... si je... Je vais
caricaturer, là, mais le commissaire aux plaintes ne serait pas juste dans la
gestion d'un processus de chialage, ou de revendication, ou de défense, mais il
serait aussi dans un processus de <mobilisation...
M. Dumez (Vincent) :
...
ou de revendication, ou de défense, mais il serait aussi dans un processus de
>mobilisation d'un certain nombre des citoyens pour trouver des
solutions, que ce soient les comités usagers, que ce soient les patients
partenaires. Donc, il serait... ou il aurait aussi des mécanismes, les
mécanismes citoyens qui lui permettraient, éventuellement, de pouvoir
travailler sur des... sur l'élaboration de recommandations et de solutions de
recommandations. Donc, ça permettrait d'avoir un commissaire aux plaintes beaucoup
plus équilibré, qui serait à la fois dans le négatif, mais aussi dans le
positif et qui pourrait aussi avoir une perspective d'ensemble sur la
participation citoyenne. Puis sa posture dans la structure, aussi, serait
vraiment idéale pour ça. Je ne sais pas si je suis clair.
M. Fortin :Vous avez fait référence à certains... certaines autres
juridictions où, effectivement, là, ça a déjà été mis de l'avant, des
participations plus pleines de partenaires... de partenaires patients. Est-ce
que vous pouvez nous dire à quel genre de modification concrète ça a mené, dans
ces juridictions-là, à quel genre d'amélioration on a vu assez rapidement dans
le système et quel genre d'écoute additionnelle on a eu?
M. Dumez (Vincent) : Bien,
par exemple, une des particularités des savoirs patients, si je on parle de
cela, c'est que c'est les seuls... les patients sont les seules personnes à avoir
une vue systémique du réseau. C'est les seuls qui traversent les silos. Les
patients sont des «busters» de silos, c'est ça qu'ils font dans la vie. Donc,
les premiers avantages qu'on a vus, quand on les a impliqués à l'intérieur des
démarches d'amélioration continue de la qualité ou ailleurs, c'est qu'ils ont
donné une vue de trajectoire de vie. Ils ont dit : Bien oui, bien, il n'y
a pas juste l'hôpital, mais il y a l'hôpital puis ce qu'il y a avant l'hôpital,
il y a la réadaptation, puis il y a ma communauté, puis il y a... Et donc, d'un
seul coup, on a amené la, par exemple... la dimension de l'amélioration de la
qualité à une démarche très, très réduite, à une démarche beaucoup plus large.
Et les patients ont aidé à ouvrir des perspectives et à avoir une optimisation
transversale beaucoup plus importante. Ça, c'est vraiment les choses... les
grands constats qu'on a vus.
C'est comme... vous savez, les systèmes de
santé se sont définis sans leurs clients pendant des décennies, hein?
Aujourd'hui, on est dans ce vaste moment où on réouvre les systèmes de santé à
la voix des citoyens, à la voix des patients, à la voix des usagers, puis ça
amène de nouvelles perspectives et de nouvelles solutions, surtout. La
particularité des solutions amenées par les patients partenaires, par exemple,
ça a été très documenté dans la littérature, c'est qu'ils apportent souvent des
petites solutions à fort impact et pas des grosses solutions sans impact, des
petites solutions à fort impact, parce que c'est des angles qu'on ne voyait pas,
avant, parce que, tout simplement, leur perspective n'était pas là. Je ne sais
pas si je suis clair.
M. Fortin :Bien, l'idée du «buster» de silos, moi, j'avoue que j'aime
ça, puis j'aime ça peut-être même un peu plus que le terme «top gun». Un
«buster» de silos, d'après moi, ça aurait une utilité encore plus intéressante.
Mais bon...
M. Dumez (Vincent) : Excusez-moi
l'anglicisme, en passant.
M. Fortin :Comment on peut le définir? Parce qu'il faut être capable
de trouver les bons partenaires, les bons patients, les bonnes personnes qui,
justement, sont capables de remplir le rôle que vous suggérez à travers les
différents comités, donc... Puis je comprends votre différence... la différence
que vous tentez de soumettre entre un usager qui participe à un comité des
usagers puis un partenaire patient qui peut avoir une perspective plus grande,
plus élaborée au fil du temps aussi, parce qu'il ou elle a vraiment vécu
plusieurs parties du réseau, là. Alors, comment on le définit dans la loi pour
être... pour s'assurer qu'on identifie les bonnes personnes puis qu'on met des
gens qui ont les capacités pour faire ces rôles-là?
M. Dumez (Vincent) : Antoine,
tu n'hésites pas à sauter dans l'arène, si tu as besoin. Mais moi, je pense
qu'il faut les présenter comme des experts de la vie avec la maladie ou avec
des conditions de santé. C'est ça que sont les usagers et les patients
partenaires, ce sont des gens avec beaucoup d'expertise de la vie avec la
maladie. Et on met cette expertise et ces savoirs à la disposition de
l'amélioration du système de santé, donc je pense qu'encore une fois c'est à la
reconnaissance et c'est rattaché aussi à la fameuse modification de l'article 9,
reconnaître que des citoyens qui sont malades, qui sont en difficulté
développent des savoirs, des savoirs de clinique, des savoirs de navigation et
que ces savoirs-là ont une utilité dans l'amélioration du système de santé,
aussi simplement que ça. Moi, je pense qu'à partir du moment où, je ne sais
pas, Antoine, ce que tu en penses, mais qu'on a cette base-là, à partir de là,
on est capable d'ouvrir, de consolider beaucoup de choses par la suite.
M. Groulx (Antoine) : Peut
être ajouter un élément. Le législateur est celui qui sait certainement mieux
l'écrire dans la loi, comme vous l'avez demandé, mais clairement, il y a ici un
potentiel aussi d'accompagner les partenaires patients, de les former, de les
soutenir. C'est un peu ce que le centre d'expertise en partenariat patient-public
et l'unité de soutien que je dirige offrent comme services, donc d'accompagner
ces gens-là pour ne pas les voir instrumentalisés, se retrouver sur des tables
comme des pantins, en prétendant simplement qu'ils y sont. Il faut qu'ils y
soient et qu'ils puissent mettre pleinement leur savoir, leur <expérience
à...
M. Groulx (Antoine) :
...
faut qu'ils y soient et qu'ils puissent mettre pleinement leur savoir, leur
>expérience à contribution. Et ça, ça s'apprend, vous l'avez dit, hein,
c'est vraiment quelque chose qui se développe, qui s'apprend...
Le Président (M. Provençal)
:Merci...
M. Groulx (Antoine) : À force
de faire, on devient expert, on devient...
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup...
M. Groulx (Antoine) : ...des Vincent
Dumez.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, docteur, pour
votre... cette précision-là. M. le député de Rosemont, un deux minutes arrondi.
M. Marissal : Un deux minutes?
Merci. Bien, merci, messieurs, d'être là. M. Dumez, je vous l'ai dit l'autre
fois, mais je vous le redis, navré pour ce qui vous est arrivé dans les années 90,
mais surtout merci d'avoir continué à vous impliquer pour l'amélioration du
réseau de santé. C'est précieux pour nous et pour tout le monde au Québec.
M. Dumez (Vincent) : Merci,
M. le député.
M. Marissal : Selon vous, là,
la présence des usagers et leur influence, surtout, parce qu'il s'agit surtout
d'une influence, ici, elle est plus grande, elle est neutre ou elle est plus
faible, dans le projet de loi actuel?
M. Dumez (Vincent) : Bien, je
pense que l'intention était qu'elle soit plus importante, vraiment, je le
crois, mais... Bien, je pense qu'il manque... il manque une couche, en fait, il
manque une... pour qu'elle soit plus forte, en tout cas, qu'elle... je ne dirais
pas qu'elle soit plus forte pour qu'elle soit plus forte, mais pour qu'on
assume qu'on est plus mature, au Québec, on a beaucoup plus de maturité, au
Québec, pour aller plus loin que ça, pour rajouter une couche supplémentaire.
Au niveau des comités usagers, très
honnêtement, la chose sur laquelle il faudrait... il va falloir réfléchir,
c'est que... Ce qui faisait beaucoup la légitimité des comités d'usagers, par
exemple, c'était qu'ils étaient reliés à des conseils d'administration. Aujourd'hui,
ils sont reliés à des conseils d'établissement. Ça, c'est un élément sur lequel
il va falloir se pencher parce que, même en termes d'indépendance des comités
d'usagers, je pense que c'est une question de fond sur laquelle il faut... Ils
vont avoir leur place au conseil d'administration, j'imagine, de l'agence, mais
c'est quelque chose d'important.
Maintenant, pour cette autre voie que sont
les patients partenaires, je pense que, là, effectivement, il y a une pierre à
l'édifice qui manque et dont on vient de parler qu'il faut absolument qu'elle
soit là. Ce serait un rendez-vous raté, et ce serait quand même un peu ridicule
qu'au Québec on n'ait rien dans ce domaine-là, alors que c'est en train de se
répandre, cette troisième voie est en train de se répandre un peu partout,
justement, pour les vertus dont on a discuté.
M. Marissal : Donc, vous
n'êtes pas très loin de la position défendue par le Conseil de protection des
malades, là, sans nécessairement épouser leurs recommandations dans le précis,
là, dans le détail, mais vous dites qu'on doit aller une couche plus loin pour
nous assurer de votre représentativité, ça passe notamment par un CA?
M. Dumez (Vincent) : Oui, puis,
en fait, ce que je dirais, ce que je dirais, je répéterais, c'est qu'on est
beaucoup plus... on est encore plus... on est à maturité, au Québec, pour aller
plus loin. On est certainement un des endroits dans le monde où on a le plus de
maturité pour pousser les choses plus loin, aujourd'hui, en matière
d'engagement citoyen dans la santé, que ce soit par la défense de droits, que
ce soit par la coconstruction des patients partenaires. On a vraiment
l'occasion de créer quelque chose d'unique, parce que tout est déjà là : on
a déjà 1 500 patients partenaires, au Québec, on a déjà des comités
d'usagers, on a déjà des regroupements, on a déjà des associations de patients
extrêmement actives. Le tissu est incroyable.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup.
M. Marissal : Je vous remercie.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, on termine l'échange avec la
députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Merci, merci d'être aux consultations particulières. Dr Groulx,
compte tenu de votre expérience de praticien, j'ai une petite question. Je me
demande : si tous les médecins de famille appliquaient le principe de
l'accès adapté, en plus de leur AMP puis en plus de leur charge hospitalière,
est-ce qu'il y aurait assez de médecins de famille pour prendre en charge
l'ensemble des Québécois?
• (12 h 20) •
M. Groulx (Antoine) : C'est
une question récurrente à laquelle je serais bien prétentieux de vouloir
répondre. Une chose certaine, si tous les médecins appliquaient ce type de
modèle de pratique, l'accès des patients, qu'ils soient inscrits ou pas, serait
certainement meilleur et serait plus rapide, il serait plus opportun, il
correspondrait davantage à ce que les citoyennes et citoyens attendent.
Ça augmenterait certainement la capacité,
aussi, de voir des patients, puisque c'est un travail qui se fait en
collaboration interprofessionnelle, hein? L'accès adapté, ce n'est pas juste
l'affaire d'un docteur qui s'organise, c'est un docteur qui travaille en
équipe, qui organise son travail puis qui voit les bonnes personnes au bon
moment et collabore avec des partenaires, justement, qui l'aident à faire son
travail.
Donc, une fois toute cette information-là
en place, oui, la capacité serait meilleure. Serait-elle suffisante pour dire
qu'il manque ou qu'il ne manque pas de médecins au Québec? Là, il manque un peu
d'information, là, sachant notamment que les médecins de famille ne font pas
que ce travail de clinique, ils font toutes sortes d'autres choses. J'en suis
la preuve aujourd'hui même, devant vous.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, Dr Groulx. Mme la
députée, le temps est écoulé. Je vous remercie à vous deux de votre présence et
de votre contribution à nos travaux.
Je vais suspendre temporairement les
travaux pour qu'on puisse accueillir le prochain groupe. Merci beaucoup.
M. Dumez (Vincent) : Merci à
vous. Merci beaucoup.
M. Groulx (Antoine) : Merci.
Au plaisir!
(Suspension de la séance à 12 h 21)
(Reprise à 12 h 22)
Le Président (M. Provençal)
:Alors, nous reprenons nos travaux.
Nous recevons maintenant le Dr Martin
Arata, le Dr Jean Beaubien et le Dr Martin De La Boissière, qui sont de
l'Association des conseils des médecins, dentistes et pharmaciens du Québec.
Alors, je vous cède la parole pour les 10 prochaines minutes, et par la
suite on a notre échange. À vous.
M. Arata (Martin) : Merci
beaucoup, M. le Président. M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM. les
parlementaires, merci de nous permettre de partager ce mémoire avec vous
aujourd'hui et cette invitation transmise.
Aujourd'hui, l'association des CMDP
s'exprime au nom de 33 CMDP, au Québec, donc soit plus de 17 000 médecins,
dentistes ou pharmaciens. L'ACMDP souscrit aux objectifs du ministre de la
Santé et des Services sociaux, qui visent l'amélioration de la performance du
réseau et la décentralisation de ce dernier. Nous avons accueilli favorablement
les principes énoncés par le ministre, avant la présentation du projet de loi
n° 15, soit la décentralisation, la dépolitisation, la gestion de
proximité et l'interdisciplinarité. Cependant, à la lecture du projet de loi,
nous sommes un peu perplexes. Nous ne sommes pas ici pour défendre le statu quo
ni pour défendre les médecins, dentistes et pharmaciens, mais bien pour
défendre l'accès à des soins de qualité pour nos patients au Québec.
Nous sommes aussi inquiets, car en aucun
moment, dans le projet de loi, il est proposé un allègement de la lourdeur
administrative qui submerge le travail des cliniciens. D'ailleurs, une étude
publiée tout récemment démontrait que les cliniciens pouvaient, jusqu'à
10 heures par semaine, faire des tâches cléricales, donc non dédiées aux
patients. Le changement de culture souhaité, au lieu du changement de structure,
n'est pas décelé complètement dans ce projet de loi.
La création de Santé Québec nous apparaît
centralisatrice et nous préoccupe puisque ce modèle semble reproduire une
tendance déjà vécue lors de la pandémie, à savoir des pratiques uniformes pour
l'ensemble des milieux, un style «one size fits all» qui, malheureusement, ne
tient pas compte des réalités locales. Il n'est pas souhaitable que
l'application de ce projet de loi fasse en sorte que la gestion du sommet vers
la base, le fameux «top-down», pour utiliser un «top» — ça semble être à la
mode — donc, de ce projet de loi fasse en sorte que la gestion du
sommet s'accentue. Cette façon de faire ne rapporte que peu de bénéfices, est
souvent, malheureusement, démobilisatrice pour les cliniciens. Les modèles
professionnels que l'on retrouve de gestion sont habituellement de la base vers
le sommet, considérant que ces derniers sont les experts dans l'offre de soins
aux patients.
À la lecture du projet de loi, le CMDP ne
devient responsable que de l'évaluation de la qualité a posteriori, donc une
fois qu'il est posé. Mais l'acte, c'est une entièreté, c'est global, alors ce
n'est pas seulement le geste une fois posé, c'est tout ce qui tourne autour.
Nous notons d'ailleurs que le CMDP, contrairement aux autres conseils
professionnels dans le projet de loi, n'aura pas la possibilité d'émettre des
recommandations concernant la distribution appropriée des services. Cela nous
apparaît contraire au meilleur intérêt du patient. Nous croyons que
l'organisation des services est partie intégrante de la qualité. Écarter les
CMDP de ces discussions revient à affaiblir la place de l'expertise clinique
dans la prise de décision. C'est un modèle d'organisation qui, malheureusement,
éloigne la décision du patient et qui éloigne l'expertise clinique de la
décision.
En d'autres mots, la mission fondamentale
de soigner est subordonnée à l'administration. C'est comme si on voulait que la
tour de contrôle gère l'atterrissage d'un avion sans tenir compte du pilote et
ne pas laisser ce dernier gérer les réalités du terrain ou de la piste
d'atterrissage.
Il nous apparaît fondamental que le chef
de département, de plus, ainsi que le CMDP demeurent des acteurs faisant partie
du processus de nomination et de... excusez-moi, de renouvellement de statut,
afin d'assurer une offre de soins adaptée à la réalité de l'établissement et à
sa population et, de plus, assurer une certaine indépendance au niveau de ce
processus qui nous apparaît fort pertinent.
Les changements législatifs impliquent un
éloignement des professionnels médicaux, dentaires et pharmaceutiques des <décisions...
M. Arata (Martin) :
...
éloignement des professionnels médicaux, dentaires et pharmaceutiques des >décisions
prises concernant la qualité et la pertinence des soins dans l'établissement,
alors qu'ils sont les premiers imputables de ceux-ci. Dans le contexte légal
proposé, il sera très difficile pour les médecins, dentistes et pharmaciens
d'exercer leur rôle de fiduciaire du patient, qu'il leur revient de jouer
déontologiquement. Il y a risque de conflit déontologique versus d'une
obligation de loyauté. Alors, ce sera difficile pour les professionnels. La
transformation qui sera engendrée par l'application de ce projet de loi fera en
sorte que le réseau sera une fois de plus en adaptation, et ce, pour quelques
années, ce qui ne contribuera certes pas à l'amélioration de la qualité et,
indirectement, à son accès. On prend exemple, par exemple... à la chirurgie.
Il faut aborder le conseil
interdisciplinaire, plusieurs personnes l'ont abordé jusqu'à maintenant. Le
conseil interdisciplinaire, dans la forme qui est présente, nous semble peu
adapté à la réalité de gestion clinique. Nous croyons que chaque conseil
professionnel prévu à la loi devrait pouvoir poursuivre ses activités de façon
indépendante et permettre que le PDG y siège. Par contre, nous voyons une
formule alternative un peu plus simple pour... sur laquelle siégeraient
présidents, ou vice-présidents, ou délégués de chacun des conseils, quelques
fois par année, afin de dégager des enjeux transversaux de qualité ou
d'organisation qui concernent chacun de ces conseils, donc favorise encore une
interdisciplinarité, mais beaucoup plus adaptée au niveau stratégique qu'au
niveau opérationnel simple, donc moins lourde.
J'ai eu l'opportunité de discuter aussi
avec les autres présidents, présidentes de conseils, d'association de conseils
au Québec, et eux aussi vont... et seraient à l'aise avec une formule beaucoup
plus simple de cette nature-là, qui ferait en sorte qu'il y aurait une
meilleure efficacité pour le fameux conseil interdisciplinaire.
Je poursuis avec le projet de loi, qui,
bien sûr, revoit la fameuse discipline. Alors, le projet de loi n° 15
modifie de façon significative le processus de traitement d'une plainte
concernant un membre du CMDP. Pour nous comme pour les autres professionnels,
la discipline demeure une mesure d'exception, alors elle n'a peu d'effet sur
l'amélioration de la qualité, et c'est bien noté et bien démontré dans les
études. Donc, il nous apparaît important que ce processus soit juste et
indépendant.
Nous tenons à rappeler que le traitement
d'une plainte à l'égard d'un membre du CMDP avait été révisé récemment dans la
loi et a fait l'objet de discussions et de réflexions afin de rendre le
processus rigoureux. D'ailleurs, le modèle que nous avons au Québec a été
présenté dans d'autres pays, dont le Brésil, pour qui on sait qu'ils se sont
inspirés de notre modèle de traitement des plaintes au niveau professionnel.
Donc, c'est quelque chose qui est probablement intéressant dans la forme qu'il
est.
Il nous semble inusité qu'on puisse
prévoir peut-être déjà, d'entrée de jeu, la sanction, parce qu'on a identifié
des personnes qui peuvent distribuer certaines sanctions. Enfin, nous nous
permettons de rappeler que le processus disciplinaire associé aux ordres
professionnels se réfère habituellement à une structure similaire à celle qui
existe présentement dans le réseau, soit des comités constitués par les pairs, et,
conséquemment et dans un souci de cohésion, nous sommes d'avis que ce mécanisme
devrait s'appliquer également dans les établissements, comme il l'était
antérieurement. Du point de vue juridique, nous sommes étonnés de constater
qu'il peut y avoir plusieurs processus et possibilités de sanctions pour une
même plainte. Cela nous semble contraire au principe d'équité procédurale.
Le volet médicaments, l'article 336
qui modifie l'accès aux médicaments. Dans le projet de loi proposé, lorsqu'un
médicament n'aura pas reçu une valeur thérapeutique autorisée par l'INESSS, le
patient n'aurait pas accès à ce médicament, selon le libellé de l'article. Vous
comprenez que, présentement, si on appliquait cet article, plusieurs patients
n'auraient pas eu accès à des traitements de chimiothérapie, des traitements
pour les maladies orphelines en pédiatrie, et ce, parce que le comité de
convenance a l'autorité, avec le CMDP, de rendre disponibles ces médicaments-là
en fonction de la mise à jour de la littérature scientifique ou du besoin du
patient.
Bien sûr, le temps alloué nous limite,
alors nous voulons souligner quelques points en rafale, que nous avons mis...
intégrés dans notre mémoire et qui sont tout aussi importants. Donc, je me
permets de rappeler que l'enseignement, la recherche et l'innovation font
partie des mandats du CMDP. À cet effet, la mission universitaire est peu
abordée ou la protection de la mission universitaire est peu abordée dans le
projet de loi.
Les tables territoriales, au niveau
médecines spécialisées et médecine familiale, l'obligation d'avoir un statut
pour les membres qui n'ont qu'une pratique exclusive à l'extérieur de
l'établissement nous questionne sur la capacité du CMDP à jouer son rôle, puisqu'ils
auront des statuts, ils seront donc membres du CMDP de par la loi.
Les comités d'évaluation de l'acte et la
discipline. Dans le projet de loi, les deux semblent être amalgamés. Différence
fort importante entre un comité d'évaluation de l'acte, qui est quelque chose
de positif pour faire améliorer la qualité, et la discipline. On semble
assimiler les deux à la même tâche, dans le projet de loi. Important de
différencier les deux, parce qu'ils n'ont pas le même objectif.
Et, bien sûr, les ressources humaines.
Alors, je pense que tout le monde sait qu'il y a soit pénurie ou soit allocation
des ressources humaines à revoir...
12 h 30 (version révisée)
M. Arata (Martin) : ...et,
bien sûr, les ressources humaines. Alors, je pense que tout le monde sait qu'il
y a soit pénurie ou soit allocation des ressources humaines à revoir. Est-ce
que les bonnes personnes sont à la bonne place? Est-ce qu'on utilise bien nos
ressources? Est-ce qu'elles font vraiment des soins aux patients si elles ont
ces compétences? Alors, peut-être important de revoir le tout.
Donc, en conclusion, la capacité du CMDP à
contribuer à la prise de décision clinique dans une organisation est
incontournable. De pouvoir compter sur sa force et sa préoccupation pour les
patients est un atout pour le Québec et les Québécois. L'ACMDP se veut la
fiduciaire des patients et croit à un système pertinent, sécuritaire, offrant
des soins de qualité et de proximité, et c'est dans cette optique que nous vous
avons présenté ce mémoire. Notre rôle de vigie administrative assure une
sécurité pour les patients, évitant ainsi une dérive vers la simple
productivité ou rentabilité. Nous offrons donc notre collaboration car nous
sommes depuis toujours et chaque jour auprès des patients sur le terrain, nous
permettant d'agir pour leur offrir l'excellence des soins qu'ils méritent.
Merci de votre attention.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup pour votre exposé. M.
le ministre, à vous la parole.
M. Dubé : Très bien. Combien
de temps? Huit minutes? Bon, vous avez fait ça vite. Je vais essayer de faire
ça encore plus vite.
Premièrement, j'apprécie vos commentaires
encore une fois. Je vais essayer de les passer rapidement parce que je vais
faire ce que je peux dans l'intérieur des cinq minutes qui me sont allouées.
Sur l'allègement des tâches, ça, je pense
que c'est en dehors du projet de loi. S'il y a quelque chose qu'on doit
faire... D'ailleurs, on est en train de discuter avec les compagnies d'assurance,
comment on peut alléger les formulaires, puis etc. Ça, je veux juste que les
Québécois comprennent qu'on travaille déjà là-dessus, puis ça n'a pas besoin d'être
dans un projet de loi, OK.
Sur Santé Québec, je pense qu'il faut
faire attention, puis je ne vous dis pas que vous n'avez pas raison de le dire,
mais, quand vous parlez que c'est un exercice de centralisation, permettez-moi
d'être complètement en désaccord avec vous, mais vous avez le droit de le dire.
Alors, je veux juste le mentionner.
Par contre, lorsqu'on explique pourquoi il
y a des changements importants pour vous... Puis là c'est difficile, là, mais,
quand on va faire l'article par article, je vais présenter la gestion clinique
comme elle se fait en ce moment versus la gestion clinique, comment on veut la
faire dans le projet de loi. C'est très difficile de voir ça dans tous les
articles, mais, lorsqu'on verra l'organigramme, puis vous pourrez suivre, parce
qu'aujourd'hui je voudrais faire ça, mais, dans cinq minutes, je ne suis pas
capable...
Et là c'est là que je pense qu'il faut
faire attention à certaines choses que vous avez dites. Vous avez dit :
Bien, nous, on veut continuer à s'occuper autant de la partie organisation de
travail puis de qualité, alors qu'on n'est pas là du tout, nous. Nous, on dit
que les médecins doivent continuer, entre autres, dans le rôle de CMDP, de s'occuper
de la partie qualité, mais on est plus du côté du directeur médical, de s'occuper
de l'organisation de travail. Il y a des endroits où ils doivent collaborer
ensemble, mais un de nos gros enjeux qu'on a lorsqu'on discute de fluidité dans
un hôpital, si c'est toute la même personne, puis que, des fois, le conflit
était un peu entre les deux, bien, il faut avoir un arbitre parce que, sans ça,
on n'améliorera jamais notre fluidité, on n'améliorera jamais nos listes d'urgence,
nos listes d'attente. Vous me suivez? Alors, oui, on peut être en désaccord,
mais, quand vous parlez de centralisation, moi, je parle d'avoir les rôles aux
bons endroits avec les bons professionnels.
Alors, on aura la chance d'en reparler,
mais je voulais juste que les gens qui nous écoutent fassent attention à la
terminologie, de dire que c'est un exercice de décentralisation ou de
centralisation. Moi, je ne suis pas là, c'est le patient qui est important, est-ce
qu'on va donner au patient toute la qualité des services, oui, avec vous, mais,
en même temps, on a besoin de refaire l'organisation du travail dans nos
hôpitaux, et ça, je pense qu'il faut se trouver les moyens, les leviers pour le
faire, et c'est là que j'ai un petit peu de misère avec votre proposition,
entre autres. Vous en avez fait plusieurs, là, puis... Combien il me reste de
temps, M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
:Quatre minutes.
M. Dubé : Il me reste quatre
minutes?
Le Président (M. Provençal)
:Oui, mais vous parlez tout le temps,
M. le ministre.
M. Dubé : Ah! OK. Il me reste
quatre minutes ou j'ai...
Le Président (M. Provençal)
:4 min 47 s, si je veux
être précis.
M. Dubé : OK. Sur la question,
je vais le dire comme ça, de l'organisation de travail, on a entendu, tout à l'heure,
quelqu'un qui est venu nous dire : Le patient, là, il pourrait venir nous
aider à améliorer le processus. Puis il nous dit : Moi, je devrais être
dans le comité interdisciplinaire. Puis, je vous le dis, là, j'accueille ça
très favorablement. Puis là vous me dites : Ce comité-là devrait se réunir
juste <deux fois par année...
M. Dubé :
...devrait
se réunir juste >deux fois par année. J'ai un gros problème avec ça. Si
on veut changer les choses... Puis je voudrais vous entendre là-dessus, là,
parce que moi, je me dis : Si on veut vraiment changer les choses puis mettre
le patient... bien, ce n'est pas juste le médecin qui peut le dire. Il faut que
tout le monde soit égal là-dessus. Il faut que les infirmières soient là, que
les travailleurs sociaux soient là, que le patient soit là, puis que tout ce
monde là, sur une base régulière, soit capable de dire : Aïe! moi, j'ai
mon mot à dire là-dedans, pour revoir les processus, pas pour la qualité du
service. La qualité du service, là, vous avez cette responsabilité, votre code
de... je le respecte, mais, quand vous venez me dire que ce comité-là devrait
seulement se réunir deux fois par année, je vous le dis tout de suite, là, gros
problème avec ça. Ça fait que j'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Arata (Martin) : Bien,
écoutez, ce n'est pas de faire en sorte qu'il n'y ait pas les autres
professionnels, parce qu'on dit que l'ensemble...
M. Dubé : ...avec le comité
interdisciplinaire, avec le principe?
M. Arata (Martin) : Dans la
forme qu'il est présentement, le comité nous semble très lourd, et on
s'explique...
M. Dubé : Mais lourd dans
quoi?
M. Arata (Martin) : En termes
de quantité de professionnels autour de la table pour faire de l'opérationnel.
M. Dubé : Bien oui, mais,
docteur, excusez-moi, là, s'ils ne sont pas là, comment qu'ils peuvent dire ce
qu'ils pensent de façon régulière?
M. Arata (Martin) : Il y a
des trajectoires. On parle d'interdisciplinarité. Les trajectoires
interdisciplinaires ne concernent pas l'ensemble des professionnels pour un
seul patient. Si on prend un patient, aujourd'hui, et on veut faire une
approche interdisciplinaire, vous comprendrez qu'on ne mettra pas l'ensemble
des professionnels autour du patient. On va mettre les professionnels
pertinents. Et là je ne porte pas de jugement sur aucune profession, loin de nous...
D'ailleurs, l'association des CMDP a été la première association à approcher
les autres conseils de professionnels pour faire des activités conjointes. On a
toujours été là. On a fait la promotion de l'interdisciplinarité.
M. Dubé : Donc, ce que vous
me dites, que vous n'êtes pas contre le comité interdisciplinaire?
M. Arata (Martin) : Dans la
forme qu'il est là, nous n'appuyons pas cette forme-là. Nous recommandons
quelque chose de beaucoup plus allégé pour permettre à chacun des comités qui
existent, présentement, et des conseils, de faire un travail...
M. Dubé : Puis, dans vos
recommandations, là, vous allez suggérer de l'alléger comment? Moi, je n'ai
aucun problème avec l'allègement, mais est-ce qu'on va être capables de respecter
le principe, plusieurs fois par année, de revoir nos processus, incluant le
patient?
M. Arata (Martin) : Si le
requis pour le patient est de faire des rencontres supplémentaires à ce qui est
prévu dans notre proposition, ça pourra peut-être être regardé, mais on croit
que ce comité devrait être stratégique.
M. Dubé : OK, donc, il y a
une certaine... non, mais c'est important, parce que le CMDP, là, dans les
choses qu'on a à discuter dans les prochaines semaines, prochains mois, là, est
majeur. Si on veut être capables d'améliorer nos listes d'attente, nos
chirurgies, c'est majeur, puis, en ce moment, il y a un blocage. Il y a un
blocage entre la qualité puis l'organisation du travail, puis, si on n'est pas
capables de challenger ça avec les différentes personnes, on n'y arrivera pas.
Quand j'ai dit, en Chambre, plusieurs fois, puis je veux être très clair, là,
très, très clair : Si on ne change pas nos façons de faire en ce moment,
on ne sera pas capables d'atteindre... On a atteint un minimum d'amélioration
qu'on peut faire, puis là il faut changer, puis moi, je veux savoir si vous
êtes prêts à changer.
M. Arata (Martin) : On est
toujours prêts à s'améliorer. D'ailleurs, ce serait dommage que les
parlementaires croient ou aient la perception que le CMDP n'aide pas à
l'amélioration de l'accès. Depuis plusieurs années... D'ailleurs, pendant la
pandémie, on a mobilisé les troupes pour qu'ils fassent des travaux
supplémentaires. Le CMDP a été là.
M. Dubé : Non, non, mais,
docteur, ce n'est pas ça que j'ai dit. Moi, ce que je veux juste savoir, c'est
que, quand vous mêlez le concept de centralisation avec des rôles plus définis,
une meilleure organisation de travail, je veux juste avoir une réponse claire,
êtes-vous prêt à collaborer dans un contexte interdisciplinaire pour être
capables d'améliorer la qualité des services, mais travailler avec les autres
qu'on a mis en place, comme le directeur médical, sur l'organisation du
travail? Êtes-vous d'accord avec ça?
M. Arata (Martin) : On est d'accord
à travailler en interdisciplinarité. On a toujours été d'accord. On a toujours
fait la promotion d'une collaboration avec les directeurs médicaux, les DSP.
M. Dubé : Mais il faut que
les bottines suivent les babines.
M. Arata (Martin) : C'est ce
qu'on a toujours... Et d'ailleurs le rôle de l'association était de permettre
aux CMDP de bien jouer leur rôle et de s'assurer aussi que les directeurs
médicaux étaient dans leur champ de compétence lorsqu'ils exerçaient leur rôle
dans leurs établissements, bien sûr.
M. Dubé : OK.
M. Arata (Martin) : Au
plaisir.
• (12 h 40) •
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. M. le député de
Pontiac, vous avez la suite.
M. Fortin :Ouf! J'en aurais long à dire, M. le Président, mais,
d'abord, je veux vous remercier parce que je pense que vous avez fait état de
quelque chose qui est assez simple, assez clair. On peut être en désaccord avec
une partie... des parties du projet de loi sans vouloir le statu quo, puis
c'est ce que j'ai entendu de votre bouche initialement, puis c'est ce que le
ministre a de la misère à saisir de la part de plusieurs des intervenants qui
font des interventions.
M. Dubé : ...
M. Fortin :Bien, moi, honnêtement, là, M. le ministre, quand vous
parlez de blocage entre l'organisation du travail puis la qualité puis vous
remettez ça sur des gens qui viennent ici faire une présentation, qui viennent
nous partager leurs opinions, je trouve <que vous allez un peu loin,
mais, bon...
M. Fortin :
...nous partager leurs opinions, je trouve >que
vous allez un peu loin, mais, bon...
M. Dubé : ...
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre, je veux juste... je
veux juste vous rappeler que, là, c'est un échange entre le député de Pontiac
et les représentants. M. le député de Pontiac.
M. Fortin :Oui. Il y a-tu équilibre, en quelque part, OK, entre ce que
le ministre propose, qui est de dire : Là, l'organisation du travail, là,
on fait passer ça à d'autres, on a un directeur médical qui va prendre ces
décisions-là, puis il va y avoir un comité interdisciplinaire, puis ce qu'il y
a en ce moment? Il y a-tu un média, un moyen qui est... qui serait plus
acceptable? Parce que l'interdisciplinarité, là, vous l'avez dit, vous y croyez.
Je pense que tout le monde croit à ça, à faire... à s'assurer que les
infirmières, entre autres, que les travailleurs sociaux, que d'autres
professions ont plus leur place dans les décisions de l'organisation du travail,
mais il y a-tu une espèce de lieu mitoyen sur lequel on pourrait travailler?
M. Arata (Martin) : La
proposition qu'on a faite quant à la constitution du comité interdisciplinaire
en est, à notre avis, un intermédiaire entre ce qui est proposé, qui est
beaucoup plus large, comme on vous mentionnait, et les professionnels
pertinents.
D'ailleurs, on parle d'interdisciplinarité
comme si ça n'existait pas et qu'il y avait un frein à travailler en équipe au
niveau du terrain. Moi, je vous avoue, bien humblement, que, dans la pratique,
là, quotidienne, mes collègues, on n'est pas en compétition avec les autres
professionnels, on est en collaboration. Oui, il va y avoir des situations
d'exception comme il arrive dans toute organisation. Alors, je ne pense pas
qu'on doit en faire une généralisation. Et puis la formation des
professionnels, que ce soient les médecins ou autres, présentement, au niveau
universitaire, se fait en interdisciplinarité et en collaboration. Et ça, ça ne
se change pas avec une structure ou en changeant les structures, l'approche
interdisciplinaire, ça se change avec un changement de culture et une
compréhension de la plus-value de travailler ensemble.
Alors donc, pour ce volet-là, la proposition
qu'on fait est une proposition qui fait confiance aux conseils professionnels
et qui puisse se retrouver pour ce qui est important. Et la gestion, si vous me
permettez, encore, entre un directeur médical qui centralise l'ensemble de la
gestion et le CMDP, antérieurement, cet équilibre-là permettait aussi une
synergie dans les endroits où cette collaboration-là était des plus cohérente
et donnait une approche plus démocratique. Vous savez qu'un exécutif, ce n'est
pas son président ou sa présidente qui est fondé de pouvoir. Alors, les gens
pouvaient amener des réflexions élargies sur des problématiques, et, quand on
avait un consensus, c'était fort et ça faisait avancer les équipes médicales,
dentaires et pharmaceutiques. Une recommandation d'un CMDP, je peux vous dire
que les gens suivent et vont aller dans ce sens-là aussi.
M. Fortin :Si j'ai le temps, là, on reviendra à la question de
l'organisation du travail, du directeur médical, mais je veux vous entendre...
Le Président (M. Provençal)
:...
M. Fortin :OK, une minute, je veux vous entendre rapidement, là. Vous
avez parlé du médicament, puis on a entendu les intervenants précédents aussi
parler de limitation hasardeuse de certains médicaments. Là, je comprends de
votre intervention qu'il y a des gens qui pourraient perdre l'accès à certains
médicaments qu'ils ont déjà à travers certaines initiatives dans le projet de
loi. Pouvez-vous spécifier puis nous dire qu'est-ce qu'on a besoin de changer
pour s'assurer que ces gens-là ont encore accès aux médicaments qu'ils ont en
ce moment?
M. Arata (Martin) : Je vais
permettre, si vous me permettez, à Dr Beaubien de répondre à cette question.
Le Président (M. Provençal)
:Il vous reste 40 secondes.
M. Beaubien (Jean) : 40 secondes?
Les pharmaciens n'aimeront pas la façon dont je vais résumer le circuit du
médicament dans l'établissement. Il y a des organismes nationaux qui approuvent
des médicaments pour des indications particulières. Ces médicaments-là sont
inscrits par le ministre sur la liste des médicaments, et ensuite les
prescripteurs de l'établissement peuvent les prescrire. Évidemment, les
organismes nationaux ont de l'inertie, n'ont pas l'agilité de s'adapter au jour
le jour à la littérature scientifique.
L'ancien projet de loi... Puis là les
modifications qui ont été faites, là, ce n'est pas un 392 qu'on nous fait. Ils
ont vraiment été modifiés, les articles. Le nouveau projet de loi modifie les
anciens articles en fonction de... Si le médicament donné a fait l'objet d'un
refus de valeur thérapeutique par un organisme national, par l'INESSS, il ne
peut pas être administré par un prescripteur dans l'établissement.
Auparavant, si le médicament n'était pas
sur la liste de l'établissement, puis le prescripteur avait des évidences
scientifiques, il les présentait à un comité de pharmacologie, qui dépendait du
CMDP, et le comité de pharmacologie, après l'analyse de l'état du patient, de
la littérature, donnait la permission ou non de donner le médicament. Il y
avait donc un comité de pairs qui examinait la demande. Ce n'était pas une
liberté totale. Dans le projet de loi, si le...
Le Président (M. Provençal)
:Merci. Je suis obligé de vous
interrompre votre... J'ai dépassé de beaucoup le 40 minutes qui vous... le
40 secondes qui vous restait, mais... même si l'explication était très
intéressante.
M. Beaubien (Jean) : Très
bien.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Oui, vous allez
pouvoir continuer sur mon temps maintenant.
M. Beaubien (Jean) : Merci,
M. Marissal, je vais aller vite. Maintenant, si le médicament a fait
l'objet d'un refus de la part d'un des organismes nationaux, il ne pourrait
même pas être soumis à un comité de pharmacologie ou à un comité du CMDP pour
être administré aux patients. On a environ 2 000 demandes par année à
ce comité de pharmacologie là. C'est des demandes en <pédiatrie, en
hémato-oncologie...
M. Beaubien (Jean) :
...par
année à ce comité de pharmacologie là, c'est des demandes en >pédiatrie,
en hémato-oncologie, en neurologie. Il y a des médicaments qu'on ne pourra pas
administrer à un patient au vu de la littérature ou des données, basé sur des
données probantes, à cause de cette modification-là au projet de loi. L'APES va
vous en parler plus.
M. Marissal : Le Dr Arata a
dit tout à l'heure, là, qu'il y a des patients, en ce moment, qui ne les
auraient pas. Tu sais, moi, dans mon rôle de parlementaire, là, je pourrais
essayer de faire peur au monde, là. Pouvez-vous, s'il vous plaît, nous dire
dans quel cas ça arriverait qu'un patient n'ait pas son médicament?
M. Beaubien (Jean) : Juste à
cause du retard qu'on a eu en commission, j'ai eu une demande... parce qu'on
fonctionne des fois par courriel, j'ai eu une demande pour un patient qui avait
un lymphome, qui avait besoin d'un médicament. Il y avait eu une
recommandation, un refus thérapeutique de l'INESSS, en 2021, sur ce
médicament-là pour cette indication-là. Depuis ce temps-là, il y a de la
nouvelle littérature et il y a une indication ou une possibilité de le donner,
et on a acquiescé à la demande.
M. Arata (Martin) : Si vous
permettez, ça représente, pour les deux dernières années, au-delà de
40 patients qui n'auraient pas reçu ces soins-là, là, seulement dans le
CHU de Québec, et c'est, comme on vous disait, des cas de cancers et des cas de
maladies pédiatriques. Alors, c'est quand même, là, des soins qui, pour les
patients, là, seraient requis.
M. Marissal : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci. M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci. Bonjour.
Merci de votre présentation. Étant donné qu'on a très peu de temps, je vais
vous poser essentiellement une question en lien avec ce que vous décrivez, là,
sur la décentralisation à la page 6 de votre mémoire. Vous dites que la réforme
apparaît centralisatrice, pourrait imposer des pratiques uniformes, le
«one-size-fits-all», une gestion du sommet vers la base, que vous croyez plutôt
à la gestion combinée de proximité régionale et que vous souhaitez vous
rapprocher de la population. En une minute, là, comment on fait ça?
M. Arata (Martin) : Bien, on
fait déjà ce qu'on a commencé un peu au niveau des CMDP, donc, décentraliser.
Les CMDP étaient régionaux dans la loi. On a proposé que les CMDP soient
décentralisés. Donc, on en retrouve dans chacun des secteurs, chacun des
anciens établissements, pour aider à la gestion médicodentaire et
pharmaceutique, donc, se rapprocher du terrain, faire l'évaluation sur le
terrain, prendre le contexte dans lequel s'offre le soin. Les directeurs de
proximité, qui semblent se pointer au portillon, pourraient s'adjoindre ces
équipes-là en autant qu'ils soient fondés de pouvoir et qu'ils soient en mesure
de gérer leurs ressources et la transformation localement. On est là, sur le
terrain, à le faire.
M. Arseneau : Et, justement,
le lien pour se rapprocher à la... Quelle est la place de l'usager ou du
citoyen, là, dans ce que vous venez de décrire?
M. Arata (Martin) : Bien, les
CMDP, comme vous mentionnez, sont des fiduciaires de patients. Donc, on
s'assure, avec notre population, des besoins que ces derniers peuvent avoir
puis on va l'exprimer. Si on a la certitude que les patients sont brimés dans
une offre de soins de qualité, on va l'avancer. Souvent, si vous regardez au
niveau des médias sociaux ou au niveau des médias, les sorties des CMDP ont
souvent été en fonction d'un besoin de la population pour un service de
proximité ou l'arrivée d'un nouveau service. Alors donc, c'est là qu'on peut
agir et aider la population à avoir accès à leurs services.
Le Président (M. Provençal)
:Merci. Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Je fais vite, j'ai encore moins de temps que les autres. Dr Arata,
vous vous souvenez sûrement de la loi n° 130,
là, qui imposait, en quelque sorte, que... les AMP aux spécialistes, puis est-ce
que j'ai besoin de donner des exemples, comme les consultations avant
17 heures, qui avaient évidemment un but précis, là, de réduire le
séjour... de réduire la DMS. Le ministre, est-ce qu'il a raison de vouloir
ramener des AMP ou d'autres mesures semblables dans son projet de loi?
• (12 h 50) •
M. Arata (Martin) : Bien,
écoutez, les AMP sont, et si on se fie au projet de loi... sont sous la
juridiction des tables territoriales, donc, beaucoup moins du CMDP. Ce qu'on fait,
si on regarde pour les omnis, parce que les omnipraticiens ont des AMP, c'est
qu'au niveau de l'établissement on va identifier des zones de fragilité, qu'on
appelle, donc, par exemple, l'urgence, l'obstétrique, et puis, s'il y a des
besoins de ce côté-là, on va le signifier au DRMG, que, lorsqu'un médecin va
arriver sur le territoire... va avoir besoin de s'intégrer dans ces activités
médicales particulières. Est-ce qu'au niveau des spécialistes ça pourra se
décaler différemment ou autre? Je ne pourrai pas me prononcer parce que c'est
nouveau. Si requis, on sera là pour peut-être identifier les besoins pour
améliorer l'accès aux services aux patients, si, bien sûr, il nous est permis
d'aider à l'organisation des services, là, dans tout ça.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Merci surtout pour
votre contribution et de vous être déplacés.
Alors, on suspend les travaux jusqu'à
14 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 51)
14 h (version révisée)
(Reprise à 14 h 03)
Le Président (M. Provençal)
:À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission
de la santé et des services sociaux reprend ses travaux. Je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 15, Loi
visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace. Cet
après-midi, nous entendrons les témoins suivants : le Conseil de la
protection des malades, le Regroupement provincial des comités des usagers et
le Regroupement des commissaires aux plaintes et à la qualité des services.
Je souhaite maintenant la bienvenue à maître
Paul Brunet, M. Pierre Hurteau et à Mme Ginette Desmarais, du Conseil de la
protection des malades. Vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Par la
suite, nous procéderons aux échanges. Je vous cède la parole.
M. Brunet (Paul G.) : Bonjour,
M. le Président, M. le ministre. Merci de nous inviter, messieurs dames les
membres de l'Assemblée nationale. Paul Brunet. Donc, je suis accompagné de M.
Hurteau et de Mme Desmarais. Le Conseil pour la protection des malades fêtera
ses 50 ans l'année prochaine. J'espère que vous serez des nôtres.
Trois préoccupations, puisque vous avez
déjà notre mémoire. Nous sommes inquiets quant à la formation du fameux comité
national des usagers de l'article 69. Pourquoi avons-nous besoin que ce comité
surveille... Surveiller, ça veut dire contrôler. Pourquoi avez-vous besoin de
faire surveiller les comités? Les comités à travers le Québec sont déjà très,
très diminués en termes d'autonomie. Vous voulez assurer que quelqu'un, en
haut, va les surveiller. Très inquiétant, M. le Président, M. le ministre.
Deuxième préoccupation. Le ministre est
tellement fier ou confiant de sa réforme que, malheureusement, il a mis la même
limite au droit à la santé, c'est-à-dire l'article 13 de la loi actuelle, qu'il
reproduit à l'article 14. Pourquoi, si on est si convaincus du succès qu'on
aura avec le projet de loi de la réforme, on met la même limite que le ministre
Côté avait mise, en 1991, quant à la limite sur l'offre de soins et la garantie
de soins? La question est posée.
Enfin, on est inquiets, M. le ministre,
sur les patients d'exception. Il y a des patients avec des maladies rares qui
pourraient se voir restreints dans l'accès à des médicaments extrêmement
importants pour des maladies rares, des maladies des patients orphelins. Et j'attire
votre attention sur l'article... les articles 334 et suivants. Assurons-nous
que les patients avec des maladies rares, les patients d'exception, continueront
à avoir accès à des médicaments si importants pour leur survie. Et on craint
que les articles qui sont présentement dans le projet de loi ne les empêchent d'avoir
accès, éventuellement, notamment parce que c'est l'INESSS qui va décider si ce
que le médecin recommande ou prescrit doit avoir cours. On ne pense pas que c'est
une bonne idée.
C'étaient mes trois... non pas mes trois
liens, mais mes trois préoccupations. Je vais maintenant céder la parole à ma
collègue Ginette Desmarais.
Mme Desmarais (Ginette) : Oui,
bonjour, M. le ministre, bonjour M. le Président. Alors, <moi...
Mme Desmarais (Ginette) :
...bonjour,
M. le ministre, bonjour M. le Président. Alors, >moi, je veux aborder
simplement ce qui est relatif à la voix des résidents en CHSLD en indiquant,
selon notre compréhension, les risques de rupture entre la voix des usagers en
CHSLD et les autres comités qui sont créés par le projet de loi n° 15. Sinon,
M. le ministre, vous n'aurez pas tous vos indicateurs.
Alors, le comité de résidents, on
s'entend, c'est le comité de base, c'est le comité qui est en CHSLD, c'est le
seul comité qui soit vraiment sur le terrain. Ça, il n'y a pas de problème, ils
sont élus par les résidents, tout ça.
On arrive au comité des usagers, qui
chapeaute normalement les comités de résidents. Alors, dans le comité des
usagers, vous avez cinq membres élus par tous les usagers de l'établissement et
aussi un représentant désigné par et parmi chacun des comités de résidents qui
font partie du comité des usagers. Moi, je comprends, à la lecture du projet de
loi n° 15, qu'un représentant de comité de résidents fait partie du comité des
usagers, et, à ce titre-là, je vous invite à comparer, par exemple, les
articles 212 et 212.1 de la loi actuelle, la LSSS, avec l'article 149, qui
énumère les fonctions des comités des usagers. Moi, je comprends, à ce
moment-là, comme je fais partie à titre de représentante d'un comité de
résidents, je comprends, à ce moment-là, que je peux exercer, par exemple, la
quatrième fonction du comité des usagers, sur l'accompagnement et l'assistance
à un résident qui demande à être accompagné lorsqu'il veut formuler une
plainte. Dans tous les cas, dans tous les cas, concernant cette quatrième
fonction du comité des usagers, nous recommandons que ce soit reformulé pour
qu'il y ait vraiment collaboration entre le comité des résidents et d'usagers
quand il s'agit d'assister un résident en CHSLD pour formuler une plainte. Je
répondrai là-dessus éventuellement après mon trois minutes, là.
Quand on arrive au conseil
d'établissement, alors, sur le conseil d'établissement, vous avez cinq usagers
qui sont nommés par le CA de Santé Québec. Alors, moi, je m'interroge sur la
définition, vraiment, du mot «usager» ici, parce qu'on sait très bien que les usagers
en CHSLD, étant très hypothéqués, il est quand même difficile de concevoir
qu'un usager d'un CHSLD puisse être actif sur un conseil d'établissement. Donc,
je pense qu'il faut revoir la définition de l'usager. Il faut inclure... Si on
veut vraiment qu'il y ait un porte-parole sur le conseil d'établissement pour
les CHSLD, il faudrait quand même que ce soient des représentants de ces
usagers-là, donc qu'ils soient désignés par des comités d'usagers ou de
résidents déjà en place.
J'arrive au comité de gestion des risques
de l'établissement. Le comité de gestion des risques, encore là, les membres
sont nommés par le PDG de l'établissement, et il y a des usagers qui sont
prévus sur ce comité. Sur quels critères ces usagers-là vont être nommés? Je ne
le sais pas. Mais, encore là, c'est toujours le même problème : La voix
des usagers en CHSLD, est-ce qu'elle va être bien représentée sur le comité de
gestion des risques? Parce qu'on sait qu'en CHSLD les risques... on parle des
risques de chute, des risques d'étouffement, les risques sont... puis il y en a
beaucoup en CHSLD, il y en a beaucoup à chaque année dans les rapports
d'incidents. Et moi, je pense qu'un comité de gestion de risques relié à
l'établissement doit avoir, dans son comité, un usager ou un représentant
d'usagers en CHSLD. Il faut s'assurer que la voix des CHSLD soit aussi présente
dans ce comité-là.
Donc, pour appuyer tout ça, je vous ramène
à l'article 13, qui dit que «les droits reconnus à toute personne par la
présente loi peuvent être exercés par un représentant.» Il faut absolument que
les usagers en CHSLD, qui sont parmi les plus... qui n'ont plus de voix,
pratiquement, soient vraiment représentés mur à mur dans tous les comités créés
par le projet de loi n° 15. Merci. Alors, je passe la parole à M. Pierre
Hurteau.
• (14 h 10) •
Le Président (M. Provençal)
:Merci. Votre son.
M. Hurteau (Pierre) : Excusez-moi.
Alors, je salue tous les membres de la commission. Bien sûr, on n'a pas
beaucoup de temps, donc il y a beaucoup d'aspects dans le projet avec lesquels
on est d'accord, on les a mentionnés dans le mémoire, mais je vais plutôt
m'attarder ici à vous exprimer un certain nombre d'inquiétudes que nous avons
concernant un volet qui est cher au ministre, le volet de l'expérience patient.
Alors, on note un changement de
vocabulaire important qui transforme radicalement la gouvernance dans le réseau :
on parle maintenant de «conseil d'établissement» en remplacement de «conseil
d'administration». Donc, il n'y a plus de rôle de gouvernance, mais un rôle
d'être conseiller auprès de la direction des établissements.
Je vous rappelle qu'avant la réforme <Barrette...
M. Hurteau (Pierre) :
...de
la direction des établissements.
Je vous rappelle qu'avant la réforme
>Barrette les comités d'usagers avaient deux représentants sur les
conseils d'administration, donc deux usagers qui participaient à la gouvernance
de l'établissement, et, avec la réforme, on nous a réduits à un. On a également
éliminé les deux personnes qui étaient élues par la population pour représenter
la population sur les conseils d'administration. Ça aussi, c'est disparu avec
la réforme Barrette. Donc, bref, on assiste, avec ces... ce projet, à une forme
d'érosion de la participation citoyenne avec de plus en plus des nominations,
des désignations qui sont faites par le haut, mais qui ne proviennent pas de la
base, qui ne proviennent pas des pairs. Alors, ça, ça nous inquiète au plus
haut point.
Alors, soyons clairs, le ministre le
mentionne, je crois, si c'est bien à l'article 1 du projet, qu'il veut de
l'efficacité, mais aussi il veut de la proximité des soins. Bien, nous, on
pense que, si on réduit énormément — parce que c'est ça qui va
arriver avec les conseils d'établissement — le nombre de comités
d'usagers, il n'y en aura plus, des comités d'usagers dans les CLSC, dans
plusieurs hôpitaux. Bien là, c'est encore une fois la voix citoyenne qui ne
peut pas s'exprimer là où se prennent les décisions dans les installations.
C'est bien, comme dans le projet, de mettre une direction dans chaque
installation, mais aussi ça doit se refléter dans le fait que les usagers ont
une voix là.
Et je reviens aussi, pour terminer sur ce
volet-là, avec les... ce que Mme Desmarais disait, c'est qu'au fond on
veut que ce soient les pairs qui sont élus et des membres de comités qui soient
sur les comités, que ce soient, par exemple, les comités de vigilance, les
comités de gestion de risques. Là, on parle... Les conseils d'établissement. On
parle d'usagers, mais c'est qui, ça? Est-ce que c'est des gens qui siègent là à
titre individuel? Quel mandat ont-ils pour représenter l'ensemble des usagers?
Alors, en conclusion, on... Nous, ce qu'on
dit, finalement, c'est qu'on va considérer que le projet de loi n° 15 est une
réussite quand on va voir, à court terme, les délais d'attente dans les
chirurgies pour avoir accès à un professionnel, avoir un lit dans un centre de
longue durée, un rendez-vous rapide en santé mentale, des... un accès facilité
à des soins à domicile... tout ça, lorsque ça va être fait rapidement, bien là
on pourra dire que c'est une réussite, la réforme.
Puis finalement...
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup pour votre
présentation, pour votre exposé. Alors, M. le ministre, je vais vous céder la
parole pour l'échange.
M. Dubé : Très bien.
Merci, M. le Président. Et à toute votre équipe, là, M. Bruneau...
M. Brunet, pardon, Mme Desmarais, M. Cotteau, merci beaucoup.
Je vais y aller en rafale avec quelques
questions parce que je pense que c'est important. Mais, avant de poser mes
questions, je voudrais dire que je souscris totalement à vos objectifs d'avoir
la plus grande participation possible des usagers. Vous savez, je vous ai
rencontrés, puis on en a déjà parlé.
Maintenant, faire le lien avec ce qui est
présentement dans le projet de loi, moi, ce que j'ai compris souvent... puis,
s'il faut s'ajuster à ça, on va s'ajuster, mais ce que j'ai compris, puis
peut-être l'expliquer, là, vous êtes quand même quelques organisations qui sont
des représentants des usagers, là, vous êtes une des importantes, là, mais, de
ce que je comprends, c'est qu'il y a à peu près 600 comités d'usagers, je
regarde dans l'ensemble du réseau de la santé. C'est beaucoup, hein? Et, moi,
ce que je comprenais, c'est que, des fois, c'était difficile de mobiliser ou
d'avoir des représentants sur tous ces comités-là. C'est ce que j'entends. Et
j'aimerais ça, que... échanger avec vous là-dessus.
Et une des choses qui nous a guidés, ce
n'est pas de les enlever, mais de leur donner une meilleure voix. Et, ça, pour
moi, c'est important. Parce que, si, et là je vous donne l'exemple, si on a <un...
M. Dubé :
...voix.
Et, ça, pour moi, c'est important. Parce que, si, et là je vous donne
l'exemple, si on a >un comité d'usagers qui est très fort par
établissement au lieu d'un par installation, est-ce qu'en faisant ça notre
objectif... puis peut-être à tort, mais on est là pour en discuter, notre
objectif, c'était d'amener le niveau décisionnel très proche non seulement de
l'installation, mais de ceux qui vont pouvoir décider de, justement : Est-ce
qu'on a les bons services? Alors, si vous, vous me dites qu'en ce moment vous
n'avez pas de difficulté à mobiliser tous ces comités-là au niveau de
l'installation, bien, il y a des articles de loi qui disent qu'au besoin on le
fera.
Mais je veux juste vous entendre. Parce
que, moi, ce que j'ai entendu souvent, puis ça, c'est ma première question, que
souvent c'est difficile de trouver tous les usagers. Puis là je ne fais pas le
point avec les CHSLD, où, comme vous avez dit, Mme Desmarais, là... puis
c'est peut-être une exception pour les usagers de CHSLD, mais, M. Brunet,
je veux vous entendre là-dessus, parce que l'objectif, en tout cas, notre
objectif, ce n'est pas d'enlever une voix, au contraire. Puis après ça je vous
expliquerai qu'on monte cette voix-là partout. Avant, elle était limitée au
comité des usagers, comme vous avez dit, puis les dernières réformes l'ont
enlevée. Puis moi, je veux la monter, je veux la monter jusqu'au conseil
d'administration de Santé Québec.
Alors, expliquez-moi que vous n'avez pas
de misère à combler les 600 quelques comités d'installation qu'on a.
M. Brunet (Paul G.) : Bien,
M. le ministre, je peux vous dire que les 250 comités qui sont affiliés
chez nous sont généralement très actifs. Ils sont sous-financés. Ça fait au
moins 10 ans qu'il n'y a pas eu des ajustements. Ils sont parfois épuisés
et, souvent, leur voix...
M. Dubé : Bien, ça, je vous
ai entendu dire ça. Excusez-moi. Je vous coupe. Mais, quand... quand vous dites
qu'ils sont sous-financés ou qu'ils sont épuisés, moi, c'est ça que
j'entendais, que c'était difficile d'avoir... Parce que, si c'est une question
de financement, bien, on va comprendre qu'il faut peut-être s'organiser
autrement, mais... Allez-y.
M. Brunet (Paul G.) : La
voix... La voix des usagers, M. le ministre, elle est la mieux entendue
particulièrement dans les comités de résidents. Les comités d'usagers sont très
actifs, mais, particulièrement en CHSLD, pour savoir ce qui se passe, il faut
parler aux comités de résidents. Et parfois, actuellement, la voix, les
problématiques qui sont soulevées par les comités de résidents, passe parfois
vers les comités d'usagers, mais après ça, ça s'étire, et là ça devient flou,
de sorte que l'administration n'a pas toujours l'heure juste comme vous nous
avez proposé vous-même de vous la donner.
C'est pour ça que, tu sais, la mission
d'un réseau de la santé, c'est du monde sur le terrain.
M. Dubé : D'accord avec ça.
M. Brunet (Paul G.) : Si vous
élevez des structures en haut, vous ne saurez pas ce qui se passe sur le
terrain. Nous, on l'a vécu dans plusieurs des cas.
M. Dubé : Bien, c'est pour
ça, M. Brunet, puis à vos collègues, là, que je veux juste qu'on se
comprenne bien. Si... Supposons qu'on met les comités d'usagers comme ils sont
en ce moment, là, par installation, faisons cette hypothèse-là, puis qu'on
trouve des accommodements sur la question du financement, OK... Parce que c'est
ça que vous me dites. Parce que, des fois, il y en a, des enjeux de financement.
Vous me l'avez expliqué.
Mais mettons ça de côté parce que, ça, on
n'a pas besoin de ça dans le projet de loi, parler du financement. Les autres
améliorations qu'on fait, est-ce qu'en général vous êtes d'accord?
Parce que, comme je vous dis, moi, si on
met de côté le comité d'usagers par installation, mais que toutes les
améliorations qu'on fait au niveau de l'établissement, on s'entend, là, on va
dire : Il va y avoir un comité d'usagers où vous allez être, sur le
conseil d'établissement, très présent, puis en plus il va y avoir des
représentants au niveau du conseil d'administration, c'est quand même deux
grandes nouveautés, là. C'est quand même... Et c'est pour ça que je veux vous
entendre sur, OK, ce que vous me dites qui va peut-être moins, mais qu'est-ce qui
va mieux selon... que le PL n° 15 améliore?
• (16 h 20) •
M. Brunet (Paul G.) : Bien,
ce que nous, on propose, puis je veux laisser mes collègues parler, mais ce
qu'on... ce qu'on... ce dont on veut s'assurer surtout, c'est qu'il y aura
toujours cette voie-là, où on prodigue des soins, et surtout que, si vous
faites monter ou nommer des gens sur des comités plus... plus nationaux, si
vous voulez, que ceux-ci proviennent de leurs pairs et non pas que ce soit des
nominations politiques. C'est ce qu'on... C'est ce qu'on demande
principalement.
M. Dubé : Ça, je comprends,
puis ça, c'est un très bon point, parce que... D'ailleurs, quand j'avais lu des
éléments de votre... de votre présentation, pardon, vous dites : Ça, ça
devrait être précisé, que lorsqu'on parle, par exemple, d'un représentant des
usagers, ça ne peut pas être n'importe qui qui est déconnecté de la réalité
de... Ça... Donc, ça, c'est un point important que vous soulevez.
M. Brunet (Paul G.) : Oui.
M. Dubé : OK.
M. Hurteau (Pierre) : Est-ce
que je pourrais ajouter quelque chose?
M. Dubé : Bien, certainement.
Vous êtes là... Vous êtes... Vous êtes là pour ça.
M. Hurteau (Pierre) : Bien, <moi...
M. Dubé : ...certainement.
Vous êtes là... Vous êtes... Vous êtes là pour ça.
M. Hurteau (Pierre) : Bien,
>moi, ce que j'aimerais dire, c'est qu'au fond il n'y a personne de
mieux placé pour savoir ce qui se passe dans un établissement que la personne
qui y est. Alors, si on s'en remet à un comité qui chapeaute un ensemble des
établissements, bien, c'est possible qu'il ne soit pas trop au courant de
qu'est-ce qui se passe dans chacune des installations. En d'autres mots,
l'argument que j'essaie de vous amener, c'est un peu le même que vous avez
utilisé vous-même pour mettre des directeurs dans chacune des installations.
M. Dubé : Tout à fait. Non,
je comprends ça très bien.
M. Hurteau (Pierre) : Parce
qu'il n'y a personne, là, de mieux placé que la personne qui se trouve sur les
lieux.
M. Dubé : Je me permets de
vous amener ailleurs, si vous voulez, M. Brunet puis vos collègues, parce
que...
Il me reste combien de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Provençal)
:Il vous reste
8 min 10 s.
M. Dubé : OK. Deux choses que
j'aimerais vous demander. Quand on vous parle de... On parle de la responsabilité
populationnelle des médecins. Moi, je veux vous entendre sur surtout lorsqu'on
on parle, par exemple, de leur présence dans les CHSLD, où on parle, par
exemple, d'avoir une présence accrue des médecins spécialistes pour être
capables de diminuer les temps de consultation. Vous l'avez lu, le projet de
loi? Avez-vous eu le temps de commenter un peu là-dessus, M. Brunet ou vos
collègues?
M. Brunet (Paul G.) : Personnellement,
M. le ministre, on est...
M. Dubé : Parce que c'est
vous... c'est à vous que les médecins s'adressent, là, quand on parle de cette
responsabilité populationnelle, là.
M. Brunet (Paul G.) : M. le
ministre, on a été été convoqués le 13 pour un projet de loi de 1 000
pages pour une convocation aujourd'hui. Moi, personnellement, je ne sais pas
pour mes collègues, mais je ne pourrais pas vous commenter la question que vous
nous posez intelligemment puisque je n'ai pas tout lu le projet de loi.
M. Dubé : OK. Est-ce que je
pourrais vous demander... peut-être que Mme Desmarais veut dire quelque chose,
mais, si vous ne pouvez pas le faire aujourd'hui, j'aimerais ça, vous entendre
par la suite, parce que ça, c'est un élément important, là. Tu sais, quand je
dis : Il y a à peu près quatre grands thèmes qu'on demande, entre autres,
avec les médecins, la responsabilité populationnelle, ce n'est pas juste ceux
qui viennent en consultation dans une clinique médicale. Moi, je veux entendre
parler de la responsabilité populationnelle des gens qui sont en CHSLD, qui ne
peuvent pas se déplacer ou... Alors... Puis, si vous ne pouvez pas
aujourd'hui...
Mais peut-être que, Mme Desmarais, vous
avez donné une partie de réponse à ça?
Mme Desmarais (Ginette) : Oui.
Bien, une partie de réponse, oui, parce que moi, je suis essentiellement sur le
terrain, là, parce que... depuis 2015, en CHSLD. Moi, je peux vous dire que le
médecin qui est affecté en Estrie, en tout cas, à notre CHSLD, et son bureau
est dans notre CHSLD, elle est noyée de paperasse. C'est épouvantable. Je veux
dire, il faut vraiment l'appeler si on constate chez un proche qui est hébergé,
par exemple, un problème de santé ou un symptôme qu'il n'avait pas avant, tout
ça. Ce n'est pas toujours automatique, tout ça. Mais on peut comprendre, parce
qu'elle est... Ce n'est pas possible de... Moi, je la vois souvent travailler
tard le soir, là, quand je suis là moi-même le soir. Et puis c'est effrayant,
la paperasse qu'elle a à faire.
L'autre chose, c'est que je n'ai pas lu
tout le projet de loi non plus, mais l'autre chose qui nous préoccupe, par
exemple, dans les RPA, il y a des unités de soins où il n'y a pas... il n'y a
pas de médecins affectés dans ces unités de soins là. Dès qu'il y a un
problème, on envoie la personne à l'urgence. Et ça, ça n'a pas de sens, là,
parce qu'elle est souvent seule, elle peut rester à l'urgence des heures...
M. Dubé : Bon, bien, ça, je
suis content, parce que, ça, on l'a noté depuis la fin de la pandémie, qu'on a
perdu beaucoup de médecins qui agissaient dans des RPA, entre autres, sur une
base, mettons, une journée semaine ou une journée... et qui ne sont plus là
maintenant, qui sont retournés et qu'on a perdu. Je suis content de vous
entendre. Bien, c'est un peu... c'est un peu là que je veux aller. Je veux vous
entendre aussi...
M. Brunet (Paul G.) :
Avez-vous les...
M. Dubé : Oui, allez-y, M.
Brunet.
M. Brunet (Paul G.) : Avez-vous
des articles, M. le ministre, qu'on pourrait regarder suite à votre question,
là, que vous nous posez?
M. Dubé : Oui, je vais vous
donner... Ce que je ferai, je vous enverrai un petit courriel sur peut-être des
articles à focusser sur la... c'est ce qu'on appelle toute la gouvernance
clinique, là. Il y a... C'est les parties III, IV et V, là, du projet de loi. Mais
je vous donnerai un peu plus de détails.
M. Hurteau (Pierre) : M. le
ministre, si vous permettez...
M. Dubé : Bien, allez-y.
M. Hurteau (Pierre) : ...pour
répondre à votre question aussi, je vous dirais qu'à la page 2 de notre
mémoire, dans le bas, c'est marqué : «Nous approuvons : certains
aspects de décentralisation vers des établissements sont souhaitables,
notamment avec la nomination d'un directeur d'établissement et d'un plus grand
rôle joué par les directions médicales régionales ou d'établissement.»
M. Dubé : C'est ça.
M. Hurteau (Pierre) : Alors,
oui, on est en faveur de ça, et, oui, on est en faveur de ce que les médecins
spécialistes <soient...
M. Hurteau (Pierre) : ...oui,
on est en faveur de ça, et, oui, on est en faveur de ce que les médecins
spécialistes >soient mis davantage à contribution. Ça, oui, on l'a dit,
là. On ne l'a peut-être pas exprimé de la façon que...
M. Dubé : Non, mais je
l'apprécie, parce qu'on a eu une discussion tantôt avec les CMDP, puis, les
CMDP, c'est un peu ce qu'on leur a parlé, de faire la différence entre la
qualité du travail mais aussi de s'assurer qu'en termes d'organisation de
travail il y a une plus grande présence médicale. Alors, je vais vous envoyer
les articles puis je pense qu'on se comprend.
J'en profite...
Il me reste?
Le Président (M. Provençal)
:3 min 30 s.
M. Dubé : Trois minutes.
Tantôt, vous m'avez bien dit... vous avez été clair sur ce qu'on devrait
améliorer sur le comité des usagers local, je vais l'appeler comme ça, là, par
installation. Parlez-moi du commissaire national aux plaintes. Moi, ce que je
veux, ce que je veux, c'est être capable que les plaintes se rendent le plus
rapidement possible jusqu'en haut de la machine. Parce que, souvent, vous me
l'avez dit, ça ne se rend pas, hein? Des fois, ça arrête à l'installation, des
fois, ça arrête à l'établissement, mais c'est très rare que ça se rend jusqu'au
ministre.
Alors, moi, mon objectif du commissaire
national aux plaintes, c'est d'être sûr qu'avec toutes les... puis je n'irai
pas dans toutes les étapes, là, que ça se fait. Est-ce que vous avez quelque
chose à dire là-dessus, dans nos objectifs d'un commissaire national aux
plaintes?
M. Brunet (Paul G.) : M. le
ministre, on a moins besoin d'un commissaire national que d'accélérer le
traitement des plaintes.
M. Dubé : Bon, ça, c'est la
deuxième question.
M. Brunet (Paul G.) : D'ailleurs,
on vous propose... on vous propose...
M. Dubé : Bon, comment on
fait ça? M. Brunet, comment on fait ça, oui, pour accélérer le traitement?
M. Brunet (Paul G.) : Bien,
tout ce qui n'est pas clinique, l'hôtellerie, nommez-les, les repas, 15 jours.
Tout ce qui est clinique, on convient que ça peut prendre plus de temps puis ça
va prendre un médecin examinateur, mais pourquoi on ne mettrait pas le délai
pour traiter une plainte qui n'a pas rapport à l'aspect clinique 15 jours?
M. Dubé : Ah! ça, j'aime ça,
tout ce qui n'est pas clinique, 15 jours, au lieu du 45 jours ou 60 jours qui est
déjà dans la LSSSS.
M. Brunet (Paul G.) : Bien
oui. Tu sais, on fait des plaintes sur les repas, ça prend 45 jours. C'est
ridicule.
M. Dubé : C'est intéressant,
ça.
M. Brunet (Paul G.) : Alors,
ça, ça serait une belle amélioration.
M. Dubé : OK. Je vous en
pose...
M. Brunet (Paul G.) : Présentement,
c'est quelqu'un au ministère, présentement, qui chapeaute, si vous voulez, les
commissaires. C'est un des compromis qu'on avait faits lors des récents
amendements. Mais, qu'on ait un commissaire national, il faut faire attention,
parce que, dans chaque région, nous, on connaît les commissaires, on a souvent
traité avec eux, avec elles, et souvent il y a des couleurs régionales dont il
faut faire attention. Ce n'est pas vrai que «one size fits all» va faire
partout.
M. Dubé : Non, non. On
s'entend.
M. Brunet (Paul G.) : On
s'entend? Alors, soyez prudents, si vous me permettez, dans la nomination d'une
tête nationale qui, pour nous, serait beaucoup plus profitable si on accélérait
le traitement des plaintes.
L'autre chose que je veux vous dire
là-dessus, c'est qu'il y a des commissaires qui glissent, il y a des
commissaires qui glissent en disant : Bien là, votre plainte, dans le
fond, elle ne sert qu'à améliorer la qualité des soins. Non, c'est une plainte
au sujet d'un droit que des gens prétendent qu'il a été violé. Il faut rappeler
aux commissaires la job d'enquêter sur une plainte pour un droit qui n'est pas
respecté. C'est ça...
M. Dubé : Une autre question,
puis je ne veux pas prendre des exemples, là, mais moi, je vois le genre de
plaintes où j'ai un malaise avec des événements des derniers mois, où, quand
quelqu'un a besoin d'un traitement, là, je pense aux soins palliatifs, là, et qu'il
ne peut pas attendre, même 15 jours, pour se plaindre, comment vous voyez...
Vous voyez ce que je veux dire, là. Quelqu'un, là, qui dit : Moi, ce n'est
pas normal que ma mère ait été traitée comme ça, puis j'aurais voulu parler à
quelqu'un à l'hôpital ou au CHSLD, comment vous voyez ça? C'est quoi, la
rapidité de la plainte ou la procédure qu'on pourrait suivre?
M. Brunet (Paul G.) : Bien,
rappelons-nous, dans le cas qui nous concerne puis qu'on ne nommera pas, la
personne a attrapé la COVID, puis c'est pour ça qu'elle a été empêchée
d'atteindre l'unité de soins palliatifs. Mais elle a attrapé la COVID à cause de
l'hôpital. Alors, c'est à l'hôpital à s'assurer qu'elle recevra les soins
palliatifs, nonobstant le fait qu'elle ait la COVID puisqu'elle ne l'avait pas,
la COVID...
M. Dubé : Est-ce que ça
serait une bonne idée...
M. Brunet (Paul G.) : ...quand
elle est entrée à l'hôpital.
M. Dubé : Excusez-moi. Est-ce
que ça serait une bonne idée que, maintenant qu'on va avoir un responsable dans
toutes les installations, de s'assurer que ce responsable-là, il est tout le
temps disponible lorsqu'il y a une plainte de ce genre d'urgence là?
• (14 h 30) •
M. Brunet (Paul G.) : Absolument.
Ça va déjà faire une bonne amélioration.
M. Dubé : Ça fait que...
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le ministre.
M. Dubé : OK. Bien,
excusez-moi.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, nous en sommes maintenant avec
un échange avec la députée de Mont-Royal—Outremont. À vous
la parole, madame.
Mme Setlakwe : Bonjour à vous
trois. Je vous avais entendus dans le cadre des consultations sur le PL n° 3. Ça me fait plaisir de vous revoir. Moi, j'arrive un
peu à froid, dans ce dossier-là, mais ça me permet peut-être de poser des
questions un peu plus en hauteur ou identifier des éléments où j'interprète
qu'il y a des choses à améliorer.
J'aimerais qu'on parle... vous en avez
parlé un peu au début de votre intervention, des maladies rares, des
médicaments d'exception. Mais peut-être, juste avant d'aller là, peut-être pour
clore ou... parce que je n'ai pas senti qu'il y avait...
14 h 30 (version révisée)
Mme Setlakwe : ...d'exception,
mais peut-être juste avant d'aller là, peut-être pour clore ou parce que je n'ai
pas senti qu'il y avait... je ne retiens pas de conclusion au niveau de tous
ces comités puis votre crainte que l'usager, il y ait une érosion, là, au
niveau de sa voix puis de la participation citoyenne. Moi, j'entends, là, différentes...
différents termes, là, des conseils d'établissement, des comités de gestion de
risques, conseils d'administration, comités d'usagers et de résidents, tout ça.
Est-ce qu'il y a... c'est un genre de rebrassage où on est en train d'appeler
les choses différemment, mais que ça ne changera pas grand-chose, est-ce que c'est
un peu ça votre crainte?
M. Brunet (Paul G.) : Pierre,
veux-tu y aller?
Mme Setlakwe : Oui, allez-y.
M. Hurteau (Pierre) : Bien,
tout à fait, notre crainte, là, c'est que... Bon, d'abord, on demande
clairement que le nombre de comités soit maintenu parce que c'est important qu'il
y ait des comités là où les choses se passent. Donc, ça, c'est essentiel. Et
deuxièmement, là, j'ai perdu un peu le sens de votre question.
Mme Setlakwe : Bien, ma
question, c'est que, finalement, après votre... vous avez fait des
interventions, vous avez mentionné des inquiétudes, là, il y a eu un échange
avec le ministre. Mais à la fin, moi, je regarde ça un peu de loin puis j'ai l'impression
que vous êtes inquiets, puis on a comme rebrassé les affaires, qu'on fait des
changements au niveau de la structure, mais que ça n'apportera pas grand-chose
en termes de meilleure voix pour les citoyens et une meilleure structure pour
prendre le pouls de ce qui se passe sur le terrain, dans les établissements.
M. Hurteau (Pierre) : Bien,
il y a des choses différentes, là, qui sont dans le projet actuel.
Actuellement, selon la loi, les comités de vigilance, il y a quelqu'un du
comité des usagers qui est là, dans les conseils d'administration, il y a
quelqu'un du comité des usagers qui est là. Maintenant, dans le projet actuel,
on parle plus souvent d'usagers, comme l'a dit ma collègue, sans définir c'est
qui, ce monde-là. Nous, on veut s'assurer que dans tous ces comités-là il y ait
des représentants des comités des usagers et des comités de résidents, parce
que ce sont des gens qui sont mandatés par leurs pairs pour représenter et
défendre leurs intérêts collectifs. Ce n'est pas des gens qui sont là et qui
siègent là à titre individuel parce qu'ils se font soigner à l'hôpital ou parce
qu'ils sont membres de... ils sont dans un centre de longue durée. Je ne sais
pas si vous me comprenez bien.
Mme Setlakwe : Oui, oui, vous
apportez une précision, puis c'est peut-être quelque chose... j'ai... peut-être
que, dans le fond, vous parlez le même langage que le ministre, mais il y a une
précision qui doit être apportée pour rencontrer l'objectif.
M. Hurteau (Pierre) : Absolument,
absolument, c'est ce qu'on pense, là.
M. Dubé : ...préciser, là, si
c'est ça... excusez-moi, je ne suis pas supposé...
Le Président (M. Provençal)
:Non.
M. Dubé : ...pas supposé d'intervenir,
mais je me sentais interpelé, là, pardon.
Le Président (M. Provençal)
:Mais c'est important de laisser le
temps de question.
Mme Setlakwe : Ah! mais moi,
ça me convenait, là, il n'y a pas de souci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, madame.
Mme Setlakwe : Allons-y sur
la question, vous avez parlé des articles 334 et suivants, la question de
s'assurer que les bons médicaments soient fournis à des patients qui souffrent
de maladies rares, donc on parle des médicaments d'exception. Là, j'en fais une
lecture rapide, là, mais je vais vous laisser... on veut vous entendre élaborer
là-dessus : L'établissement ne pourra pas fournir... ou pourra fournir que
les médicaments qui ont reçu un avis de conformité du gouvernement fédéral pour
les indications thérapeutiques reconnues par l'INESSS. On aimerait vous
entendre. Qu'est-ce qui vous préoccupe? Puis peut-être... j'ai aussi compris
que votre analyse n'est pas complétée et vous allez peut-être revenir avec des
précisions, mais allez-y, là, on sentait que c'était quelque chose qui était
inquiétant pour vous.
M. Brunet (Paul G.) : Bien,
ce qu'on lit sur ces articles de loi là qui sont proposés dans le projet de loi
n° 15, c'est le concept de nécessité particulière dans les hôpitaux. Et là
c'est comme... Et je ne suis pas un expert en la matière, mais ce dont je veux
m'assurer, parce que c'est ça qui nous importe le plus, que les patients avec
des maladies rares qui ont besoin d'un traitement particulier ne soient pas
empêchés de le recevoir parce qu'il y a un autre forum qui sera décisionnel sur
une prescription de médecin. On veut de moins en moins que le médecin soit
empêché de prescrire et d'offrir le traitement pour une maladie rare quand il
faudra, selon l'actuelle version du projet de loi n° 15, que l'INESSS
donne son aval. On a déjà une approbation au fédéral, on a déjà des discussions
et des approbations à la RAMQ, je souhaite que l'INESSS ne soit pas impliqué
pour <assurer...
M. Brunet (Paul G.) :
...des
discussions et des approbations à la RAMQ, je souhaite que l'INESSS ne soit pas
impliqué pour >assurer que les patients d'exception... les patients avec
des maladies rares soient traités et reçoivent les meilleurs soins possible
malgré la rareté de leur maladie.
Mme Setlakwe : Il me semble
que ça va de soi puis qu'on ne veut pas faire un... on ne veut pas qu'il y ait
un recul à ce niveau-là.
M. Brunet (Paul G.) : Bien,
écoutez, malheureusement, à moins que l'on comprenne mal le projet de loi,
c'est notre interprétation de ces articles-là.
Mme Setlakwe : Qu'il y aurait
un recul pour ces patients-là, où là vous avez... vous avez levé un drapeau,
là, il y a un point d'interrogation.
M. Brunet (Paul G.) : Oui.
Mme Setlakwe : Vous... (panne
de son) ...que les choses bloquent puis qu'ultimement les patients n'obtiennent
pas les médicaments.
M. Brunet (Paul G.) : C'est
ma compréhension du projet de loi actuel, oui.
Mme Setlakwe : On va
s'assurer de revenir à la charge et de proposer...
Le Président (M. Provençal)
:M. Brunet, est-ce que vous
pourriez répéter les articles, s'il vous plaît, là, que vous... dont vous
faites référence? Parce que j'ai oublié de les noter.
M. Brunet (Paul G.) : ...et
suivants.
Le Président (M. Provençal)
:334 et suivants?
M. Brunet (Paul G.) : Oui.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Je m'excuse. Alors,
vous pouvez continuer.
Mme Setlakwe : Oui, je
peux...
Le Président (M. Provençal)
:J'avais arrêté le temps pour être sûr
de ne pas... que vous ayez tout votre temps.
Mme Setlakwe : Moi, il me reste
combien de temps, d'ailleurs? Moi, je ne vois pas ici, dans cette salle...
Le Président (M. Provençal)
:Il vous reste 1 min 45 s.
Mme Setlakwe : 1 min 45 s.
Ah! c'est rapide. De façon très générale, puis je pense que tout le monde ici,
dans la salle, là, c'est ce qu'on veut, on veut voir des améliorations, une
meilleure efficacité de notre système de santé. Je l'ai dit hier d'entrée de
jeu, là, les délais, l'accès à un médecin, à des professionnels, vous en avez
fait une liste tout à l'heure, évidemment, un accès rapide en santé mentale,
soins à domicile, les chirurgies, je pourrais continuer, là, je pense, tout le
monde comprend le sens de mon intervention. Et là vous avez dit : On
pourra dire que c'est un succès quand on verra des améliorations sur ces
volets-là, évidemment. Quel est votre degré d'optimisme, là, vis-à-vis la
réforme, généralement? J'aimerais ça vous entendre, généralement, sur :
Voyez-vous quelque chose de bon et pensez-vous que ça va se traduire en
résultats positifs... un laps de temps raisonnable?
M. Brunet (Paul G.) : Il faut
être optimiste. On était là en 1991. On l'a été lors du projet de loi de M. Barrette.
Ce que j'essaie de dire ou ce que nous essayons de dire, c'est que ce sera un
succès quand on verra une amélioration claire, nette d'ici deux ans. Si on
continue à faire augmenter les listes, malheureusement, et avec tout le respect
qu'on doit au ministre, ce projet de loi aura été un échec.
Mais méfions-nous de la proposition de la
formation d'un comité national des usagers. On ne peut pas à la fois vouloir
que les comités d'usagers et les comités de résidents aient une voix, laquelle
voix serait surveillée, c'est ce que l'article 69 dit : On va vous
surveiller. On peut-tu enlever la fonction de surveillance auprès des comités
dont l'autonomie est déjà hypothéquée jusqu'à un certain point dans le système
actuel?
Mme Setlakwe : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, nous sommes maintenant rendus
à l'échange avec le député de Rosemont.
M. Marissal : Pardon. Oui,
bonjour, M. Brunet, M. Hurteau, Mme Desmarais. Rebonjour, je
devrais dire, on se voit souvent ces temps-ci, pour mon plus grand plaisir.
J'ai bien lu vos commentaires, M. Brunet, récemment, dans des articles
concernant, justement, la possible disparition de certains comités d'usagers.
Je m'en suis même inspiré, je vous en remercie, pour poser une question au
ministre hier au salon bleu. Le ministre m'a répondu, puis j'espère bien le
citer ici, là, qu'on aurait des bonnes discussions aujourd'hui. Je crois
comprendre qu'il souhaitait vous rassurer. L'êtes-vous?
• (16 h 40) •
M. Brunet (Paul G.) : Sur...
Bien là, il a pris note qu'on pense que les comités sont importants. C'est la
voix citoyenne, mais il faut qu'elle ait une... il fallait qu'elle... il faut
qu'elle ait une portée, cette voix-là. Si elle est surveillée par le grand
comité national qui va décider que tel comité ne fait pas sa job, parce que,
dans le projet de loi actuel, on peut surveiller son travail, bien là,
voulez-vous faire taire les comités ou vous voulez qu'ils parlent? Si vous
voulez qu'ils parlent, enlevez la fonction de surveillance à ce grand comité
là.
Mais, encore là, questionnons-nous. Quel
est le but de la création d'un comité national? Qu'est-ce qu'il va savoir, lui,
ce comité-là, par rapport aux gens qui travaillent sur le terrain? Et c'est à
cause des gens sur le terrain, à qui on parle régulièrement, que l'on sait de
quoi on parle. J'ai déjà dit que, si vous cherchez un comité pour vous aviser
sur ce qui se passe vraiment, sans politique, bien, c'est au Conseil pour la
protection des malades que vous devriez confier le mandat.
M. Marissal : Mais je n'ai
pas entendu le ministre dire qu'il allait abolir le comité national, là, ou, en
tout cas, on n'a pas d'amendement à ce jour là-dessus, là, évidemment, là, ça
fait que je pense que votre problème reste entier, là. Et j'ai entendu le
ministre dire tout à l'heure : Je veux faire remonter les plaintes le plus
vite possible vers le haut. Vers le haut, je présume, c'est le <national...
M. Marissal :
...veux
faire remonter les plaintes le plus vite possible vers le haut. Vers le haut,
je présume, c'est le >national. Moi, ça ne m'apparaît pas pleinement
efficace, là, dans... au maximum, mais je veux vous entendre là-dessus.
M. Brunet (Paul G.) : Bien
non, il y a une plainte qui est logée sur une unité auprès du commissaire aux
plaintes, traitons-la là, maintenant, puis dans les rapports qui sont faits par
les commissaires et le regroupement des commissaires, éventuellement, on va les
avoir sur un plan national. Mais la plainte... (panne de son) ...traiter
maintenant, dans les 15 jours, quand il ne s'agit pas, comme on le
propose, quand il ne s'agit pas d'actes cliniques qui sont en cause, traitons-les
maintenant. Si vous faites monter ça en haut, pensez-vous vraiment que ça va
être plus efficace?
M. Marissal : ...là, pour que
ce soit dit, là, dans le jargon, là, une installation, c'est l'hôpital ou le
CLSC ou... Non, juste pour le bénéfice des gens qui nous écoutent parce que le
jargon n'est pas clair, là. Un établissement, là, par exemple, c'est un CIUSSS.
Moi, chez nous, là, le CIUSSS de l'Est-de-Montréal, je pense qu'il y a
34 installations dans un établissement. Je voulais juste profiter de mes
20 dernières secondes pour préciser ça, pour les gens qui nous suivent,
parce que ça peut être un peu mêlant, là. Pour moi, une installation, ça peut
être plutôt un gros truc. Enfin, bref, je voulais juste préciser. Je n'ai plus
de temps. Je vous remercie.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, monsieur. Alors, député des Îles-de-la-Madeleine,
vous prenez la suite.
M. Arseneau : Oui. Bonjour, madame
messieurs. On a beaucoup parlé des plaintes, mais je suppose que votre
préoccupation, comme la mienne, c'est d'éviter qu'on en vienne à déposer des
plaintes, que les services répondent aux besoins et qu'on puisse, justement,
avoir un point de vue des usagers comme du reste de la communauté desservie par
les établissements et les installations. Et je sais que vous ne voulez pas vous
faire surveiller, mais hier il y a un dénommé Me Michel Clair qui a
proposé qu'on fasse un conseil de surveillance et d'alliance communautaire, qui
serait essentiellement établi pour remplacer les conseils d'administration qui
disparaissent, et qui pourrait justement être constitué à l'échelle
territoriale pour apporter un point de vue et exercer une influence sur les services
auxquels les citoyens sont en droit de s'attendre, avec plusieurs
représentants.
Je ne sais pas si vous avez pris
connaissance de cette proposition-là, mais est-ce que c'est le genre d'instance
qui nous manque dans la réforme pour s'assurer qu'on entende véritablement le
point de vue des usagers et des citoyens desservis?
M. Brunet (Paul G.) : Qu'on
décide de surveiller l'administration qui sera faite par Santé Québec, j'en
suis, OK? Mais là on va surveiller des comités de bénévoles qui roulent à peu
près à 5 000 $, 6 000 $ par année de budget, «come on», soyons
un peu sérieux.
Mais la meilleure garantie que le ministre
pourrait nous donner sur son projet de loi, c'est d'abroger l'article 14
pour qu'enfin ce ne soient plus des promesses avec des limites, mais que
désormais on ait des droits d'être soignés, de recevoir des soins, comme le
projet de loi et comme le ministre lui-même souhaiterait qu'il en soit ainsi à
l'avenir et non plus nous ramener la limite de l'article... l'ancien
article 13 de la loi actuelle.
M. Arseneau : Oui, on a bien
compris votre message. Mais est-ce que vous pensez qu'il devrait y avoir une
instance locale pour pouvoir, justement, jaser avec les gestionnaires du
réseau, ce sont des gestionnaires de proximité, qu'ils entendent le point de
vue des gens de proximité, des gens qu'ils desservent pour améliorer le
service?
M. Brunet (Paul G.) : Les
comités de résidents sont les mieux placés, en CHSLD du moins. Ginette, vous
vouliez dire quelque chose, vous aussi.
Mme Desmarais (Ginette) : Oui.
Je reviens au comité national des usagers, là, si on parle de surveillance,
est-ce qu'on pourrait demander au ministre qu'il surveille le fait de garantir
à chaque comité de résidents, chaque comité d'usagers sa complète autonomie et
le libre exercice de son mandat? Ce serait déjà une belle surveillance à faire,
ça.
M. Arseneau : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Question bien simple, là, juste pour être certaine de comprendre :
Pour vous, le comité des usagers, c'est pour chaque immeuble ou c'est pour
qu'est-ce qui deviendra un CISSS dans le projet de loi n° 15?
M. Brunet (Paul G.) : En
fait, le comité d'usagers, ce qu'on a compris, c'est qu'il y en aurait un pour
chaque établissement territorial, actuellement, des CISSS ou des CIUSSS. Ça,
là, si vous faites juste ça, vous coupez des dizaines, mon collègue disait
peut-être même des centaines de comités. Prenez juste ici, là, sur l'île de
Montréal, on a un comité d'usagers dans un CIUSSS ou un CISSS, ce comité-là
peut s'occuper de six, 10 installations. Si vous coupez et ne rendez qu'un
seul comité d'usagers par CIUSSS et que vous empêchez d'autres établissements
d'avoir des comités d'usagers, il va manquer de personnes-ressources pour
opérer et œuvrer auprès des comités. Ces comités-là sont déjà accablés par le
travail qu'on leur impose. Si vous ajoutez des établissements, des CLSC,
d'autres hôpitaux spécialisés au travail des personnes-ressources, il va
manquer de personnes-ressources, ça va <prendre...
M. Brunet (Paul G.) :
...spécialisés
au travail des personnes-ressources, il va manquer de personnes-ressources, ça
va >prendre plus de personnes-ressources et beaucoup plus de budget. Si
vous voulez la voix citoyenne locale, M. le ministre, il faut s'assurer que ces
gens-là aient les outils pour le faire et que la voix porte et qu'elle ne soit
pas surveillée, s'il vous plaît.
M. Hurteau (Pierre) : Est-ce
que j'ai le temps d'ajouter quelque chose?
Le Président (M. Provençal)
:Oui.
Mme Nichols : Quelques
secondes.
M. Hurteau (Pierre) : Juste
donner un exemple. Avec le projet de loi, par exemple, le comité des usagers,
qui fait un excellent travail à l'institut de santé mentale de Montréal, va
disparaître, le comité des usagers de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont va
disparaître, le Jewish General va disparaître, l'Hôpital St. Mary's, tous
les CLSC, les centres jeunesse. C'est pour ça qu'on parle probablement de
centaines et on implore le ministre de préserver cet acquis-là au nom de la
participation citoyenne.
Mme Nichols : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup de votre
participation, de votre contribution et de votre disponibilité à nos travaux.
Sur ce, nous suspendons quelques minutes
les travaux pour pouvoir permettre au prochain groupe de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 14 h 47)
(Reprise à 14 h 50)
Le Président (M. Provençal)
:Nos travaux se poursuivent. Nous
recevons maintenant Mme Sylvie Tremblay, directrice générale, et M. Pierre Hamel,
président pour le Regroupement provincial des comités des usagers.
Alors, je vous donne 10 minutes pour
votre présentation, et, par la suite, on va initier les échanges avec les
parlementaires. À vous la parole.
M. Hamel (Pierre) :
Alors, je vais laisser la parole à Mme Tremblay pour exposer notre
rapport.
Mme Tremblay (Sylvie) :
Bonjour, M. le Président, messieurs dames. Fondé en 2004, le Regroupement
provincial des comités d'usagers du réseau de la santé et des services sociaux
défend les droits des usagers et représente plus de 540 comités d'usagers
et de résidents dans les établissements de santé et de services sociaux au
Québec, qu'ils soient publics, privés, conventionnés ou <autofinancés...
Mme Tremblay (Sylvie) :
...de
santé et de services sociaux au Québec, qu'ils soient publics, privés,
conventionnés ou >autofinancés.
Qu'est-ce qu'un usager? Les usagers, ce ne
sont pas que des personnes malades, ce sont toutes les personnes qui, à un
moment de leur vie, utilisent les services de l'ensemble du réseau de la santé
et des services sociaux, et le RPCU les représente.
Les fonctions légales des comités sont
définies par les articles 209, 210, 211 et 212 de la loi de la santé et des
services sociaux. Le mandat des comités d'usagers et de résidents est d'être le
gardien des droits des usagers.
Le RPCU vous remercie de l'opportunité de
représenter les comités d'usagers et de résidents à la commission. Cette
présentation permettra de tenir compte d'abord et avant tout des personnes
usagères, de leurs besoins, au respect de leurs droits et en particulier ceux
reconnus par la loi. Est-ce que les usagers sont au cœur de ce virage? Rendre
efficace l'ensemble du réseau de la santé et des services sociaux veut dire
aussi se centrer sur les besoins des usagers en fonction de leur état de santé,
dans le sens le plus large du terme.
Nous présentons donc un document afin
d'amener des suggestions, des réflexions pour porter les préoccupations des
usagers auprès des membres de la commission. Nos propos se concentrent
cependant au niveau des droits des usagers, des comités résidents et des comités
d'usagers, du régime de plaintes et des modifications apportées plus largement
en ces matières. L'usager est-il servi ou desservi par ce projet de loi? Nous
tenterons d'y répondre.
Un axe majeur de cette réforme est de
permettre à l'usager, qu'importe son lieu de résidence au Québec, d'avoir un
accès aux services et aux soins que requiert son état. L'accès aux services de
santé et de services sociaux est un droit, qu'importe le code postal ou la
région.
Nous saluons cette prise de position à ce
sujet, mais nous sommes préoccupés et resterons vigilants face à la grande
difficulté des usagers d'avoir accès aux services, des listes d'attente
abyssales pour certains soins et services sociaux, l'apport grandissant des
proches au détriment de la prise en charge du réseau.
Il faut que la nouvelle structure ne
répète pas les erreurs du passé, mais qu'elle permette de déléguer au niveau
local une véritable prise de décision. Il faut donc que la première ligne
puisse être l'accès privilégié sur le territoire et localement.
La gestion de proximité, est-ce assez? Le
projet de loi est souvent décrit à ce sujet comme une avancée en ce qui a trait
à l'ajout de gestionnaires dans l'ensemble des installations dans la foulée de
cette pratique dans les CHSLD, et ce, depuis la pandémie. Cependant, nous
disons : La gestion de proximité n'est qu'un... n'est qu'un aspect,
pardon, à la notion de proximité. Nous réitérons qu'il faut revenir aux soins
et aux services les plus décentralisés possible. Les services de maintien à
domicile, en particulier, devraient être une priorité absolue, et des
investissements conséquents ajoutés.
Au niveau des plaintes et de la qualité
des services, le RPCU ne peut que souscrire à la volonté du législateur
d'assurer une procédure d'examen de plaintes uniformisée pour tous les
commissaires aux plaintes et de qualité, en favorisant ainsi le respect des
droits des usagers, l'harmonisation des pratiques dans l'ensemble des
établissements. Trop souvent, et ce, dans plusieurs établissements, les comités
d'usagers et de résidents ne sont pas reconnus comme partenaires à
l'amélioration de qualité des services. Dans certains établissements, même, on
ne reconnaît pas que les membres de ces comités puissent accompagner, assister
l'usager lors de procédures de plaintes. Il faut cesser cette culture de silos.
Nous ajoutons que la vision... pour que la
vision... pour que les commissaires aux plaintes... d'une plus grande
indépendance et de leurs fonctions permettra, nous l'espérons, une prise en
charge optimale des plaintes et des insatisfactions dans les établissements. Le
régime de plaintes souffre. On nous dit souvent : À quoi sert de porter
plainte? Dans l'intérêt des usagers, il faut renverser cette tendance.
Le RPCU considère que recadrer la vision...
suggère de recadrer la vision, dans projet de loi, du rôle et les fonctions des
comités. D'abord, au niveau du rôle d'évaluation du degré de satisfaction, nous
posons la question suivante : Pour les clientèles vulnérables qui ont des
lacunes importantes en littératie, par exemple, comment vont-elles faire <valoir...
Mme Tremblay (Sylvie) :
...clientèles
vulnérables qui ont des lacunes importantes en littératie, par exemple, comment
vont-elles faire >valoir le droit de s'exprimer? Les sondages de satisfaction
ne sont pas la réponse unique à l'amélioration continue des services. Le RPCU
est prêt à travailler avec vous pour ajuster les mécanismes de satisfaction,
pour que tous les usagers du réseau puissent avoir une vraie opportunité de
donner leur opinion, et ce, de la clientèle jeunesse aux personnes de grand
âge.
Les comités d'usagers et de résidents
doivent être maintenus pour l'ensemble de leur mission et pour l'ensemble du
territoire québécois pour tous les parents qui ont besoin d'être accompagnés en
jeunesse, pour tous les proches qui ont besoin d'être assistés pour des
services, pour un usager adulte qui a un handicap intellectuel, pour les
personnes âgées qui sont chez elles et qui n'ont pas accès à des services en
fonction de leurs besoins évolutifs, en fonction aussi des nouvelles
dispositions du projet de loi. En regard des RPA, RI et RTF, faut-il le
mentionner, aucune visite d'évaluation de ces milieux de vie n'est faite au
même titre que dans les CHSLD par le ministère depuis des années.
Voici donc l'ensemble des missions à
reconnaître et maintenir au niveau des comités d'usagers et de résidents, et je
les nomme : jeunesse, déficience physique, déficience intellectuelle et
spectre de l'autisme, santé mentale, dépendances, hébergement, hôpitaux
généraux, hôpitaux universitaires, services communautaires locaux, nos anciens
CLSC.
Nous voulons aussi vous sensibiliser au
fait qu'il y a une iniquité dans certaines régions du Québec pour les comités
d'usagers et de résidents pour qu'ils puissent réellement exercer leurs
fonctions et leurs missions. Nous devons encore maintenant dire à certaines
directions que les comités d'usagers doivent avoir un local distinctif et
facilement accessible, pour d'autres, qu'on ne peut refuser qu'un comité d'usagers
se mette en place.
Au niveau de la gouvernance, le RPCU vous
offre son entière collaboration afin de vous proposer à la fois une mécanique
pour la représentation de ses membres et de permettre les ajustements
nécessaires afin que les CU et les CR puissent être le moteur de la
transformation par la défense des droits des usagers et l'amélioration des
soins et de services, et ce, partout au Québec.
Voici notre humble suggestion, nous vous
suggérons qu'au niveau de la gouvernance, que le comité national des usagers
devrait plutôt être directement lié au ministère de la Santé et des Services
sociaux afin de permettre aux regroupements liés par la loi... aux usagers de
pouvoir avoir une voix dans l'élaboration des politiques auprès du ministère,
des ministres, ainsi que l'allocation des budgets.
Le comité général des usagers... Santé
Québec. Notre humble suggestion serait donc une structure de gouvernance
mitoyenne avec une fonction opérationnelle, mais y ajoutant un lien avec le
commissaire national aux plaintes au niveau de ses fonctions de plaintes et
insatisfactions.
Et enfin, pour les établissements, nous
demandons qu'une table des usagers de l'établissement regroupé, encore une
humble suggestion, inclue l'ensemble des missions que je vous ai nommées
précédemment, et soit mise en place... et qu'une préoccupation constante et
réelle de représentation pour que, dans chaque territoire, on renforce le
travail et la mission des comités.
• (15 heures) •
Nous espérons grandement qu'un comité de transition
sera mis en place afin de soutenir ce changement en concertation avec tous les
acteurs clés dont notre regroupement. Nous pourrons ainsi permettre de bien
communiquer, informer la stratégie de gestion de changement et des impacts sur
les usagers. Nous vous indiquons que ce comité ne peut être formé que de seuls fonctionnaires.
Ceci est une question de bon sens que d'y participer.
Le RPCU vous remercie de l'écoute. Et nous
réitérons que suite aux échanges avec nos membres un mémoire plus étoffé sera
remis à la commission avant la fin des auditions. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup pour votre
présentation. Nous allons initier immédiatement l'échange avec M. le ministre.
M. Dubé : Bonjour, Mme Tremblay
et M. Hamel. Je vais profiter de votre présence pour peut-être compléter
des choses qui ont été commencées à l'autre présentation, juste pour peut-être
mettre les choses en place... pardon. Je résume. Vous avez à peu près 540 comités,
c'est ça que vous avez dit tout à l'heure, là, qui se répartissent...
Une voix : ...
M. Dubé : ...bon, puis tout à
l'heure, le CPM qui était avant vous, à peu près 250 comités, OK? Je ne
pense pas que la plupart se regroupent...
15 h (version révisée)
M. Hamel (Pierre) :...c'est-à-dire que...
M. Dubé : ...ça que vous avez
dit. Bon, puis tout à l'heure, le CPM, qui était avant vous, a à peu près 250 comités,
OK? Je ne pense pas que la plupart se regroupent, là, mais vous représentez
quand même l'essentiel, pour reprendre l'expression du député de Rosemont, des
installations au Québec, que ce soient des CHSLD, des comités de résidents.
L'intention du projet de loi n° 15
par rapport aux comités des usagers, puis je vais commencer par ça, ce n'est
pas d'éliminer des comités des usagers. Parce que je veux juste parler de
financement. Parce que tantôt j'ai posé la même question à M. Brunet, j'ai dit :
Des fois, on me dit que vous avez de la misère à avoir des membres, dans vos
comités, puis, la façon dont se financent vos différents comités, hein, vous
recevez une subvention pour le RPCU, mais après ça vous recevez de l'argent, on
va dire 5 000 $ ou 6 000 $ par différents comités. Alors,
je veux juste rassurer la population, on n'est pas dans un exercice ici pour
enlever de l'argent aux comités. Je veux juste... je veux juste être clair
là-dessus.
Deuxièmement, dans le projet de loi n° 15,
on veut être très clair aussi, c'est que, s'il est jugé à propos par le comité
des usagers, au niveau de l'établissement, de faire des sous-comités soit par
missions soit par, disons, établissements ou par installations, on va les
faire. Et l'objectif, je le répète, si, à la fin, on a encore 540 comités,
qui s'appelleraient peut-être des sous-comités, mais... et qu'on aurait 250 sous-comités
avec le CPM, tout le monde va être heureux, là. Alors, je veux juste qu'on se
comprenne bien que l'objectif... Puis je voudrais vous entendre là-dessus parce
que je ne voudrais pas qu'il soit véhiculé qu'on est en train de vouloir
enlever un lien. Premièrement.
Puis, deuxièmement, moi, ce qui me
surprend un peu, puis c'est pour ça que je veux vous entendre... Parce que ce
que j'ai compris, souvent, c'est que les plaintes, puis vous n'êtes pas là
juste pour faire des plaintes, mais c'est un de vos objectifs... c'est que ces
plaintes-là n'arrêtent pas à l'établissement, mais se rendent jusqu'à la haute
direction, parce que... Il s'est traité combien de plaintes, l'an dernier? 25 000 plaintes.
Ce n'est quand même pas rien, là. Puis, de ça, là, il y a à peu près 15 000 plaintes
qui ont eu des correctifs. Donc, moi, ce que je pense, c'est que, si on veut s'assurer
qu'on améliore notre réseau, ce n'est pas juste au niveau local qu'il faut s'améliorer.
Puis je ne dis pas qu'on ne s'est pas amélioré au niveau local, mais il faut
que ça monte, pour être sûr que les améliorations, elles sont faites.
Ça fait que je voudrais vous entendre sur
ces deux sujets-là. C'est de valeur, parce qu'on a manqué de temps, tantôt,
avec M. Brunet, là, puis je sais que vous travailliez bien ensemble. Mais,
dites-moi une chose, est-ce que vous, selon vous, si les budgets continuent d'être
là... Puis l'intention, ce n'est pas de les enlever, au contraire, je l'ai dit
à M. Brunet, là, on n'est pas dans un exercice pour couper des budgets, ce n'est
pas ça, l'objectif de PL n° 15. Vous, est-ce qu'à la
lumière de ce que vous voyez dans le projet de loi vous seriez à former des
sous-comités pour être sûr qu'on respecte le principe d'en avoir un dans
chacune des installations, soit par missions ou soit par installations? C'est
quoi, votre réponse à ça, Mme Tremblay?
Mme Tremblay (Sylvie) : ...
M. Dubé : Votre micro... Je ne
vous entends pas, là.
Mme Tremblay (Sylvie) : Pourtant,
il est... Je vous répondrai très franchement. Est-ce que vous m'entendez mieux?
M. Dubé : On vous entend, là,
je pense.
Mme Tremblay (Sylvie) : Alors,
l'idée étant, à la lecture et aux discussions que nous avons eues : il y a
les comités de résidents qui resteraient intacts. Donc, il y en a à peu près
300. Puis on reviendra sur les budgets, mais aussi la vision...
M. Dubé : 300 des 540, là,
pour qu'on se comprenne.
Mme Tremblay (Sylvie) : Il y
a 700... au Québec, il y a 700 comités d'usagers, grosso modo, et
résidents.
M. Dubé : 500, puis 200, là.
OK, c'est beau.
Mme Tremblay (Sylvie) : Alors,
pas tout à fait.Alors, il y en a 700 en tout.
M. Dubé : En tout, c'est ça.
Mme Tremblay (Sylvie) : Il y
en a qui sont membres chez nous, autour de 540, il y en a qui sont aux deux,
qui sont avec le CPM et nous.
M. Dubé : Et voilà.
Mme Tremblay (Sylvie) : Et donc
ce qui fait qu'on est quand même 700, et, bon an mal an, il y en a aux deux. Puis,
bon, on ne fera pas de la sémantique, mais nous, on a 540 membres, puis...
Bon, alors, voilà, c'est un peu la façon de faire.
Dans la structure, il y a à peu près, bon
an mal an, 300 comités de résidents partout au Québec et qui <ont eu
du mal...
Mme Tremblay (Sylvie) :
...
bon an mal an, 300 comités de résidents partout au Québec et qui >ont
eu du mal à continuer, dans le contexte de la COVID, vous comprendrez. Parce
qu'à la COVID les gens... Dans certains comités, il y en a qui ont décédé,
hein, vous comprendrez ça, les proches aidants ne pouvaient pas y aller. Et
donc il y a du travail à... On va se questionner sur ça puis on veut être avec
vous, puis je vous expliquerai pourquoi après. Et, autour de ça, il y a les
missions, les missions plus élargies dont je vous parlais tantôt, beaucoup de
missions en service social et anciens CLSC.
Donc, dans votre structure, on laisse les
comités de résidents intacts, dans la vision. Et là on regarde un peu par
installations, au niveau des autres clientèles sociales, à diminuer un peu et
faire des sous-comités. Ce qu'on vous dit, là, c'est qu'avec la COVID il s'est
passé bien, bien des choses, au niveau des comités d'usagers et de résidents, et
nous, on voit au quotidien qu'il faut un peu revoir la structure. Ce n'est pas
d'en diminuer ou d'en augmenter, c'est de le regarder ensemble pour que nous,
on vous donne l'heure juste, ce sur quoi il faut travailler.
Par exemple, dans les comités de résidents,
vous parlez de trois ou cinq personnes. Moi, je vous dis qu'il y a des proches
aidants qui aimeraient bien s'impliquer davantage, des bénévoles, des bénévoles
bienveillants qui pourraient s'essayer à travailler. Donc, ce qu'on vous dit :
On peut-tu prendre le temps de regarder à la fois la représentation et à la
fois la vision pour qu'ensuite, ensemble, on dise : Ce n'est pas quatre,
ce n'est pas 12, ce n'est pas 50 comités, mais une vision d'ensemble sur
la chose?
M. Dubé : J'aime
beaucoup ce que vous dites. Est ce que je peux vous interrompre juste pour...
Mme Tremblay (Sylvie) : Bien
sûr.
M. Dubé : Hier,
lorsqu'on était avec la Commissaire à la santé, Mme Castonguay, que vous
connaissez, elle a... elle nous a demandé si ça faisait partie de nos plans
d'avoir un plan de transition, hein? Parce que supposons qu'on... peu importe
quand est-ce qu'on va avoir fini le projet de loi, on va avoir un plan de
transition qu'on va préparer. Est-ce que vous accepteriez d'être dans ce plan
de transition là? Parce que ce qu'on veut, c'est être capable, justement, de
bien planifier, puis si, à la fin, soit par règlement... ou c'est quatre ou
cinq membres par comité, moi j'ai vraiment beaucoup d'ouverture là-dessus. Mais
ce que j'entends que vous demandez, aujourd'hui, c'est de vous assurer que vous
seriez sur le plan de transition, en tant que comité des usagers, parce
qu'effectivement, moi, c'est ça que j'ai entendu beaucoup, c'est que peut-être
que d'avoir 700 comités, aujourd'hui, ce n'est peut-être pas optimal. Et
vous êtes d'accord avec ça, là?
Mme Tremblay (Sylvie) : C'est
à regarder ensemble.
M. Dubé : Oups! Votre
son a coupé encore, Mme Tremblay.
Mme Tremblay (Sylvie) : Je
suis désolée. Je pense qu'il faut le regarder ensemble.C'est important
de le regarder ensemble, avec l'état de ce qu'on a présentement.
M. Dubé : OK. J'ai eu la
chance, tantôt, de poser, puis excusez-moi si j'ai l'air de reposer les mêmes
questions, là, mais toute la question de la présence... Vous représentez quand
même 500 comités, là, donc, j'en profite, là. Mais le commentaire que j'ai
demandé, c'est la présence des médecins dans nos RPA ou dans nos CHSLD.
J'aimerais ça vous entendre là-dessus, s'il vous plaît.
Mme Tremblay (Sylvie) : Pierre?
M. Hamel
(Pierre) :Vas-y. Vas-y, Sylvie.
Mme Tremblay (Sylvie) : M.
le ministre, c'est essentiel, c'est essentiel... Est-ce que vous m'entendez?
M. Dubé : Oui, oui.
• (15 h 10) •
Mme Tremblay (Sylvie) : D'accord.
Alors, c'est essentiel que les médecins de famille reprennent un peu de tâches
au niveau des RPA, des RI-RTF. Nous, on repart, là, les visites d'évaluation
dans les CHSLD. On avait demandé de pouvoir en faire, c'est ce qu'on vous dit
un peu dans notre présentation, de pouvoir aussi avoir de l'évaluation dans les
ressources intermédiaires et dans les RPA. Il y a des gens qui ont maintenant,
par achat de places... vont dans les RPA pour des milieux évolutifs. C'est
impératif que les médecins puissent... puissent y aller. Et puis c'est une
prise en charge de médecin de famille. On trouve ça très, très important, même
pour les médecins spécialistes, de pouvoir... de pouvoir avoir droit au
chapitre. Et, au-delà...
M. Dubé : Mais comment
ça peut s'appliquer? Parce que je pense qu'on peut revenir à des formules qui
étaient là, en place, au niveau des médecins de famille, il y en a même qui
avaient une présence, j'en ai parlé, je pense, c'est hier, là, soit quotidienne
ou mensuelle. Mais qu'est-ce qu'il en est des spécialistes? Je suis un peu
surpris quand j'entends ça. Mais c'est-tu par les rendez-vous? C'est quoi,
le...
Mme Tremblay (Sylvie) : Bien,
à partir du moment où la personne... la personne est en perte d'autonomie, <qu'elle
est...
Mme Tremblay (Sylvie) :
...
partir du moment où la personne... la personne est en perte d'autonomie, >qu'elle
est en maintien à domicile, elle veut aller dans un... elle va à l'hôpital, on
l'évalue, et là elle attend, et là, quelque part, elle voit un médecin, elle
voit un médecin généraliste, elle voit aussi un médecin spécialiste, et là elle
retourne, pour toutes les raisons du monde, soit en RPA en milieu évolutif ou
dans un CHSLD, le lien qu'elle a eu avec les médecins... il faut qu'elle les
garde, là. Alors, c'est ça, l'idée.
M. Dubé : OK. Ça va. Je suis
toujours correct?
Le Président (M. Provençal)
: ...
M. Dubé : OK. Puis peut-être
que j'ai un ou une collègue, là, qui veut... Tantôt, quand on parlait de
missions, ce serait ma dernière question ou sous-question, est-ce que vous avez
des comités, en ce moment, par missions, qui traitent des soins à domicile?
Parce que, dans le virage soins à domicile, est-ce qu'on devrait pousser ça un
peu plus? Parce que nos aînés veulent être traités à domicile, puis on parle
souvent des comités des usagers, à l'hôpital ou au CHSLD, mais parlez-moi un
peu des soins à domicile : Comment cette mission-là pourrait être mieux
traitée?
Mme Tremblay (Sylvie) : Dans
le contexte des missions, les missions locales, donc missions CLSC, sont les
missions appropriées. Et, quand on a, nous, des rencontres avec la mission CLSC — on
l'appelle «mission locale» — il y a des gens en maintien à domicile,
et c'est là où on regroupe nos membres. Et éventuellement, nous l'espérons, ce
sera cette mission-là qui pourra aussi faire un regard, ou travailler, ou avoir
aussi des comités de résidents et des comités d'usagers dans les RPA et les RI.
Alors, c'est par la mission locale communautaire que les gens sont rejoints, à
ce moment-là.
M. Dubé : Pouvez-vous juste
expliquer, là... Puis c'est technique, parce qu'on passe de comités de
résidents à comités d'usagers. Les résidents, c'est plus pour les RPA, puis ça,
les usagers, c'est plus pour le... Mais juste l'expliquer correctement, là,
pour que les gens comprennent bien.
Mme Tremblay (Sylvie) : Le
comité de résidents, ça le dit, c'est dans une résidence. Alors, pour les
centres jeunesse, il y a des gens hébergés, c'est des comités de résidents. Un
CHSLD, c'est un comité de résidents. Donc, c'est des comités où les gens
résident, et il y a un nombre de personnes. Les comités d'usagers, c'est ce qui
chapeaute les missions plus larges, donc universitaires, dépendances...
M. Dubé : Parfait...
Mme Tremblay (Sylvie) : ...santé
mentale, donc, c'est... Alors, les résidents et les usagers, c'est plus large.
M. Dubé : Très bien. Je vais laisser
mes autres collègues poser des questions.
Le Président (M. Provençal)
:...Laporte.
Mme Poulet : Oui. Bonjour à
vous deux. Merci, M. le Président. J'ai une question concernant les plaintes.
Il a été mentionné qu'il y a 25 000 plaintes par année, 15 000 qu'il
y a eu des correctifs. Les autres participants, tantôt, la dame mentionnait que
c'était très lourd au niveau de la bureaucratie, beaucoup de paperasse. Ma
question est : Comment on peut assurer un meilleur traitement des plaintes
et tout le processus pour s'assurer que ça monte, là, jusqu'en haut et qu'on
puisse descendre et apporter un correctif?
M. Hamel (Pierre) :Je vais te laisser aller.
Mme Tremblay (Sylvie) : On
est assez contents de voir qu'il y aura un régime de plaintes uniformisé et
qu'on va évaluer la satisfaction. Je pense que c'est une avancée, ça, parce que
ce qu'on voit, au-delà de la bureaucratie, d'abord, c'est que, des fois, parce
que le commissaire aux plaintes est lié à un conseil d'administration, il ne dira...
on entend qu'il ne dira pas toutes les vraies affaires. Alors, que ce soit
uniformisé, je trouve que c'est une belle avancée puis que le commissaire
national puisse, à la fois, regarder les plaintes.
Mais, les plaintes, je vous dirais aussi,
il y a un axe qu'il faut développer, c'est l'axe macro. Alors, les commissaires
aux plaintes vont traiter une personne après l'autre, pour une plainte, mais il
y a souvent 15, 20 plaintes pour la même chose. Alors, d'avoir, par le
commissaire national aux plaintes, une vision macro de l'ensemble des plaintes
pour qu'éventuellement les correctifs se fassent directement dans les
établissements... Par exemple, dans un centre de réadaptation en déficience
intellectuelle, s'il y a 25 parents ou 25 usagers qui disent : Bon,
bien, on fait une plainte pour telle chose, puis qu'on répond individuellement
à chacun, mais que c'est la même problématique, là, il a une vision macro, il a
une vision plus large des insatisfactions. Et, au-delà, de les regarder plus
largement, ça va enlever de la paperasse, mais aussi, ça va être une piste de
satisfaction puis d'amélioration pour l'ensemble des missions. Donc, c'est
comme ça qu'il faut simplifier aussi, je crois.
M. Hamel (Pierre) :Moi, je voudrais juste ajouter quelque chose, si vous
permettez. <Au niveau...
M. Hamel
(Pierre) :
... Moi, je voudrais
juste ajouter quelque chose, si vous permettez. >Au niveau des plaintes,
on parle de 25 000 plaintes, dont 15 000 plaintes qui sont
rendues... mais il y a plusieurs plaintes qui ne se rendent pas là. Parce que
les membres des comités d'usagers font un travail de terrain qui fait que les
personnes sont acheminées aux bons endroits, aux bons moments et aux bonnes
personnes, de sorte que le travail des comités d'usagers, dans ce sens-là, est
excessivement important. Et la démonstration de ce que vous avez comme plaintes
pourrait être beaucoup plus grande si les comités d'usagers, les membres des
comités d'usagers n'en feraient pas un travail en amont.
Mme Poulet : OK. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup pour votre réponse.
Alors, nous poursuivons cet échange avec Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. Merci à vous deux pour votre intervention. Je vous écoutais faire
valoir vos besoins... plutôt, les besoins des usagers que vous représentez, puis
là, ensuite, il y a eu comme un échange avec M. le ministre. Je ne peux pas
m'empêcher de me demander : Est-ce que vous avez été consulté en amont?
Puis, tu sais, j'entends M. le ministre, avec respect, dire : Je veux
qu'on se comprenne bien, voici l'intention. J'ai l'impression d'assister à un
premier échange entre vous, alors que le projet de loi a été déposé. Est-ce que
vous avez fait partie de la discussion?
Mme Tremblay (Sylvie) : Je
vous dirais que c'est un commentaire éditorial pour l'ensemble des gens qui
vont venir vous voir. C'est-à-dire qu'il y a un projet de loi qui est très,
très lourd, et puis, de le regarder, c'est très volumineux, et puis il faut
voir un peu, à chacun, comment on peut le travailler puis comment... on est... on
a des intérêts à regarder.
On a été, je vous dirais, sollicités. Mais
c'est pour ça qu'on représente, là, cette proposition-là, là, parce que, comme
d'autres, je vous dirais ça, puis Pierre pourra compléter aussi, nous, les
usagers, on n'est pas dans une optique de négociation, là. Nous, on ne fait pas
de négo, on n'est pas un syndicat, on n'est pas des associations de... et on
représente les usagers en totalité, et leurs problématiques, et leurs droits.
Et ce qu'on dit, c'est : Pouvons-nous trouver ensemble, dans toute
l'ouverture que ça veut dire, une solution, une vision, pas derrière les portes,
en négos, là? On dit : Nous, notre monde, ils nous disent :
Stabilisez nos missions. On peut regarder ensemble, après la COVID, ce que ça a
fait aux comités de résidents et on peut-tu trouver une position ensemble pour
que cette réforme-là soit les plus ouvertes et les plus, comme dirait...
efficaces possible pour les usagers. C'est tout ce qu'on veut, c'est tout ce
qu'on demande. Peut-être que Pierre pourrait ajouter.
• (15 h 20) •
M. Hamel (Pierre) :Bien, vous savez, quand on regarde les grandes théories de
changement, les personnes qui sont les plus affectées, ce sont les... souvent
les acteurs sont... qui sont oubliés, et les proches des décisions, qui sont
oubliés. Dans notre cadre, on a eu des discussions, maintenant, pas assez
grandes à mon goût, pour qu'on amène vraiment notre grain de sel dans
l'ensemble des décisions qui ont été prises. Et ça, ce n'est pas, comment je
pourrais dire... c'est une constatation que je fais. On n'est pas comme... comme
disait Mme Tremblay, on n'est pas, nous, dans un cadre de négociation, on est
dans un cadre où on veut faire de la coconstruction, où on veut être... où on
veut s'assurer que l'usager, qui est la personne à qui on tient le plus, ait des
choses positives dans le cadre de la loi qui est présentée aujourd'hui. Et
c'est notre ultime, comment je pourrais dire... notre ultime objectif.
Mme Setlakwe : Mais je pense
que tout ça était clair, là, puis vous faites bien de le réitérer. Mais je
comprends, ou vous me corrigerez, vous avez fait une étude sommaire, vous allez
déposer... vous avez... on a vu vos premières constatations, vos premiers
questionnements, vous allez donc soumettre un mémoire plus étoffé.Est-ce
que je comprends bien que, la structure qui est proposée, bon, vous avez des
interrogations, puis il y aura des discussions à suivre, là, vous en avez parlé
avec le <ministre...
Mme Setlakwe :
...
puis il y aura des discussions à suivre, là, vous en avez parlé avec le >ministre
c'est un pas dans la bonne direction, selon vous, pour... pour bien représenter
vos usagers? Il me semble... moi, je n'entends pas que vous êtes contre la
structure, vous semblez... Je vais vous laisser élaborer, c'est à vous de
répondre.
M. Hamel (Pierre) :C'est à dire que si... Oui, est-ce que je peux prendre la
parole? On avait déposé, déjà, un... une déclaration et au niveau de... au
niveau de plusieurs associations qui étaient ensemble. Et, dans cette
déclaration-là, on demandait un comité national au niveau... au niveau du
ministère pour, exactement, les implications au niveau politique. Donc, il y a
des choses qu'on avait demandées qui ont été acceptées.
Maintenant, ce n'est pas pour l'ensemble
des problématiques qui sont résolues par la loi, parce qu'au niveau des comités
d'usagers on a beaucoup de préoccupations. Hier, justement, on avait un
webinaire sur le projet de loi n° 15, on avait presque 100 personnes, là,
qui étaient présentes et qui posaient des questions, des personnes qui sont des
membres au niveau des comités d'usagers et qui nous posaient des questions sur
comment, qu'est-ce qui va se faire, comment...
Donc, quand on fait un changement, il y a
toujours des préoccupations. Ces préoccupations-là, on doit les adresser et on
doit s'assurer qu'elles sont bien traitées, dans l'ensemble, pour que le
changement se fasse de façon efficace et qu'il y ait les objectifs que ce
changement-là avait au début.
Mme Tremblay (Sylvie) : J'ajouterais
aussi pour... et j'ajouterais : dans ce contexte-là, la COVID a fait
beaucoup émerger de problématiques au niveau des comités d'usagers. Et on vous
dit : Nous, on est sur le terrain, et, à la mouture de l'ancienne
structure et la mouture que l'on propose maintenant, ce serait en axe avec la
nouvelle organisation. Et on se dit : Prenons le temps de le regarder
ensemble. Ce n'est pas une notion de nombre de représentants de... ni de
sous-comités ou de sous-comités. Nous, on vous dit : On va vous donner
l'heure juste sur ce que les usagers nous disent et comment on peut organiser
le système en fonction de la défense, puis des insatisfactions, et des plaintes
pour que cette réforme-là passe la quinzaine d'années, que tous les usagers
soient satisfaits de... de la formule au niveau de l'accès et de la défense des
droits. Le reste, bon, on vous l'a dit, il faut être vigilants sur l'accès et
d'autres... d'autres motifs. Mais je pense qu'il y a de la place, là, pour
qu'on puisse discuter ensemble, là, de cette structure-là.
M. Hamel (Pierre) :Vous savez, on a... Est-ce que je peux intervenir? Oui ou
non ou... Allez-y...
Mme Setlakwe : Bien sûr.
M. Hamel (Pierre) :Vous savez, on a... on a ce qu'on appelle des tables de
missions. Table de missions, c'est un processus de consultation qu'on fait avec
l'ensemble de toutes les missions en fonction de nos membres. Et on a eu,
l'année passée, une tournée complète, on a déposé, d'ailleurs, au gouvernement
notre rapport de ces consultations-là qu'on a eues, et on est encore en
consultation cette année, en fonction de toutes les missions. Et c'est de là
qu'on est très près du terrain et on est... on est en mesure de vous dire s'il
y a des insatisfactions, s'il y a des choses qui vont bien. Et on est... on est
francs là-dedans : quand il y a des choses qui vont bien, on n'est pas
gênés de le dire; par contre, quand il y a des insatisfactions, bien, c'est
notre job aussi de vous le dire.
Mme Setlakwe : Merci.
Justement, au niveau de la création du comité national des usagers, on a
entendu précédemment que le libellé inquiétait, là. Est-ce que vous, vous
avez... On comprend que vous n'avez pas terminé votre étude, mais on prévoit, à
l'article 69, que le comité national des usagers va exercer les fonctions
suivantes, bon : «favoriser l'harmonisation des pratiques développées par
les différents comités des usagers dans l'exercice des fonctions qui leur sont
confiées par la loi» et, deuxièmement, de «veiller à la surveillance de
l'exercice des fonctions de ces comités.» Ça ne vous agace pas qu'on l'ait...
que ça ait été libellé de cette façon-là, que le comité national qui va
chapeauter va surveiller les actions des différents comités des usagers? Vous
ne voyez pas que ça devrait être plutôt un peu l'inverse, mais... On s'assure
que l'information se rende au sommet puis qu'il y ait des... des gestes qui
soient posés en conséquence et non pas nécessairement un rôle de surveillance.
Le Président (M. Provençal)
:Une réponse rapide, s'il vous plaît,
parce que le temps est déjà écoulé, mais, compte tenu que Mme la députée a posé
une question, si vous êtes capables de lui donner une réponse très rapidement,
s'il vous plaît...
Mme Tremblay (Sylvie) : Donc,
ce qu'on... ce qu'on a dit dans notre présentation, c'est qu'on veut travailler
sur, à la fois, les <rôles et fonctions...
Mme Tremblay (Sylvie) :
...
qu'on a dit dans notre présentation, c'est qu'on veut travailler sur, à la
fois, les >rôles et fonctions la structure et la représentation. Que
sera le rôle au niveau du ministère, que sera le rôle du comité à Santé Québec
et comment travaillerons-nous dans les établissements, sur les tables, rôles et
fonctions, comment on va travailler l'expertise, la défense, que ce soit au
ministère, à Santé Québec et dans les établissements, il faut le bâtir ensemble.
C'est ce qu'on dit.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors, nous allons
faire... nous procédons maintenant avec... (panne de son) ...d'échange et le
député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Bonjour, Mme Tremblay. Le témoin avant vous, là, M. Brunet, le
Conseil de protection de malades, disait qu'avec les comités d'usagers le
problème n'est pas tant la mobilisation que le sous-financement. Est-ce que
vous partagez ce constat?
Mme Tremblay (Sylvie) : ...
M. Hamel (Pierre) :Oui. Écoutez, il y a effectivement un sous-financement et
une répartition des budgets qui sont déficientes, oui, effectivement. Et de
cette façon, bien, la représentation des différents membres des comités
d'usagers sont aussi déficientes, parce que le cadre budgétaire a une
problématique, là, au niveau de l'ensemble des projets qu'on a.
M. Marissal : Bien oui, comme
vous semblez avoir l'oreille attentive du ministre, je vous ai fait une passe
sur la palette, là, je suis sûr qu'il écoute aussi, en ce moment, la question
de financement. C'est par grandeur d'âme que je vous ai posé la question, mais
c'est parce que je sais aussi, pour vous connaître, que vous êtes sous-financés,
effectivement.
Dites-moi donc, Mme Tremblay, comment...
parce que votre idée est bonne, là, comment on ferait, pour les comités
d'usagers et de résidents, de faire participer les proches aidants et les bénévoles?
J'ai encore une question plus d'ordre légal avec les bénévoles, mais j'ai des
questions d'ordre juridique, là, qui me... qui surgissent en tête. Dites-moi
rapidement, parce que j'ai presque écoulé mon temps.
Mme Tremblay (Sylvie) : Alors...
M. Marissal : En ouvrant
votre micro, s'il vous plaît.
Mme Tremblay (Sylvie) : Je
l'ai ouvert, je ne comprends pas pourquoi je...
M. Marissal : Des fois, il
faut qu'il se réchauffe, votre micro. Quand vous commencez, c'est bas, puis
plus vous parlez, plus c'est... Allez-y, on vous écoute.
Mme Tremblay (Sylvie) : ...changement
d'ordinateur. Alors, ce que ça veut dire, c'est qu'avec la COVID et
l'observatoire de la proche aidance, entre autres, on voit émerger dans les
résidences toutes sortes d'alternatives qui seraient, je vous dirais, porteuses
pour l'avenir, pour les aînés que nous serons. Donc, au niveau juridique, dans
les comités de résidents, on dit : Il faut que ce soient des gens hébergés
et des proches aidants pour quelques années.
Nous, on vous dit, puis c'est ce qu'on
veut travailler... c'est que, dans les prochaines années, les gens qui sont en
hébergement sont de plus en plus fatigués et en évolution, plus difficilement
capables d'être en comité de résidents. Peut-on travailler localement ou plus
largement dans cette approche pour que les proches aidants puissent continuer,
si la personne décède, par exemple, ou des bénévoles bienveillants qui sont...
qui s'interrogent, et qui ont envie de travailler dans les résidences, et qui
auraient le droit au chapitre de supporter l'activité de défense pour permettre
l'ajustement, puis la défense, puis l'aide aux personnes âgées en résidence... Nous,
on dit : Pourquoi pas? C'est une nouvelle réforme, alors allons-y,
regardons ce qu'on peut faire régionalement, dans les territoires, au niveau
des résidences. Tout est ouvert pour le meilleur, c'est ce qu'on dit, et ne pas
y aller sur déjà un prérequis de trois, quatre, cinq, 12, 25. Nous, on le sait,
qu'est-ce qu'il faut pour certains territoires et pour d'autres, et en
particulier dans les résidences.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup.
M. Marissal : ...merci.
• (15 h 30) •
Le Président (M. Provençal)
:Oui. Et assurément que M. le ministre
a noté votre commentaire. Alors, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Oui. Merci.
Bonjour, Mme Tremblay, M. Hamel. Est-ce que vous avez un point de vue sur la
disparition des conseils d'administration et la mise en place de conseils
d'établissement?
M. Hamel (Pierre) :Je vais te laisser aller, Sylvie.
M. Arseneau : Réchauffez le
micro puis allez-y.
Mme Tremblay (Sylvie) : Bien,
si vous ne m'entendez pas... M'entendez-vous, d'abord?
M. Arseneau : Oui.
Mme Tremblay (Sylvie) : Oui. Bon,
il est réchauffé. Ça nous a questionnés, je vais le dire comme ça, et c'est une
des questions que l'on pose, là, à nos membres, pour le mémoire, on est... Dans
la dernière mouture, vous vous souviendrez de la dernière réforme, les
comités... la présence des comités d'usagers avait beaucoup été restreinte, et
ça nous avait beaucoup heurtés, là. À cette étape-ci, ça nous a heurtés encore
de voir que, là, il n'y aurait plus de conseils d'administration. Mais on n'en
est pas là. Alors, on est dubitatifs, disons, puis on parle à nos membres là-dessus...
15 h 30 (version révisée)
Mme Tremblay (Sylvie) : ...de
voir que, là, il n'y aurait plus de conseil d'administration, mais on n'en est
pas là. Alors, on est dubitatif, disons, puis on parle à nos membres là-dessus.
Ce qu'on vous dit, par ailleurs, c'est de
ne pas perdre de vue que les services de proximité et les services locaux sont
hyperimportants et que les délégations, dans toutes ces régions-là, doivent
être importantes aussi par territoire, par territoire de MRC, comment on va
travailler à améliorer à Parent, à Montréal, partout. Il faut avoir une vision
de proximité, puis ça, comment on va l'interpréter puis comment le législateur
peut améliorer cette structure-là, bien, on va être là, là.
M. Arseneau : Oui, parce que
ça m'amène à la page 6 de votre mémoire, où vous dites : La gestion
de proximité n'est qu'un aspect de la notion de proximité. J'aimerais savoir ce
que vous voulez dire exactement, là.
M. Hamel (Pierre) :Bon, pour nous, la proximité, ce n'est pas juste de la gestion
au niveau d'ajouter des cadres pour qu'il y ait une proximité au niveau de l'ensemble
des différentes... des différentes tâches qu'un gestionnaire a avec ses
employés. La proximité, c'est le terrain aussi, c'est de se rapprocher au
niveau des missions, c'est de comprendre les besoins que des gens handicapés
ont, les besoins que des personnes plus âgées ont. Et vous savez que les
personnes âgées qui sont présentement en CHSLD sont de plus en plus
hypothéquées. Et c'est une des raisons pour lesquelles on a eu des difficultés
dans les CR, je veux dire, il y a des personnes qui sont décédées. Donc, il y a
toute une reconstruction à faire au niveau des comités d'usagers et au niveau
des comités de résidents, suite à la pandémie, comme vous avez une
reconstruction à faire suite à la pandémie.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. On va terminer cet
échange avec la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Merci d'être aux consultations particulières. Vous avez parlé un peu
plus tôt des missions plus élargies. Je sentais qu'il y avait un enjeu qui
était soulevé, là, principalement avec l'accès... l'accès aux services. Vous
avez parlé des services... service social, comme, entre autres, là, la santé
mentale, les soins à domicile. Le PL n° 15, il n'en
parle pas. Est-ce que je comprenais, dans le fond, que vous voudriez avoir une
voix pour dire si ça marche ou si ça ne marche pas? Est-ce que... est-ce que c'est
ça que j'ai compris?
M. Hamel (Pierre) :Vas-y, je vais rajouter après. Vas-y, Sylvie.
Mme Tremblay (Sylvie) : Ce qu'on
dit, et ça, on le dit depuis, je vous dirais, que la pandémie a accentué les
iniquités, les inégalités et l'accès. Il y a toutes sortes de raisons. Il y a
des raisons systémiques, il y a des raisons aussi liées à la pénurie de main-d'oeuvre,
ou d'autres, là, on comprend, là, on est dans ce réseau-là comme... on comprend
bien les choses. Mais ce qu'on voit et ce qu'on sait, c'est que l'accès,
particulièrement aux services sociaux, est de plus en plus ténu. Et ça, ça
fait... ça ne fait... ça fait plus que nous inquiéter, ça fait partie de nos
grands, grands, grands dossiers au regroupement. Et les insatisfactions que
nous avons quotidiennement sont beaucoup liées à la... aux problématiques
service social.
M. Hamel (Pierre) :Je vous dirais que c'est le parent pauvre du système de santé
et que... et qu'un coup que tu es rentré dans le système, ça va bien, mais
rentrer dans le système, madame, là, «good luck», ça, je peux vous dire ça.
Pour l'avoir vécu avec des personnes très proches, des jeunes, des personnes
moins jeunes, c'est l'enfer, de rentrer dans le système, mais un coup qu'on est
dedans, ça va quand même assez bien. Et ça, c'est... ça, c'est une
problématique de proximité puis d'accès.
Mme Nichols : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup pour votre
contribution, pour votre présence à nos travaux.
Sur ce, on va suspendre les travaux pour
laisser place à notre dernier groupe de la journée. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 15 h 36)
(Reprise à 15 h 39)
Le Président (M. Provençal)
:Nous reprenons nos travaux. Nous
recevons maintenant M. Jean-Philippe Payment, président, et M. Martin Manseau,
membre du conseil d'administration, pour le Regroupement des commissariats aux plaintes
et à la qualité du Québec... oui, c'est ça, du Québec.
Alors, messieurs, vous avez 10 minutes
pour votre présentation, et par la suite nous avons l'échange avec les
parlementaires. Je vous cède la parole.
M. Payment (Jean-Philippe) : Merci
beaucoup de nous recevoir. D'ailleurs, merci, M. le Président, merci à tous les
membres du comité. J'aimerais commencer par remercier le personnel du réseau de
la santé et le personnel du ministère, qui nous regardent aujourd'hui et qui
regardent les discussions que les parlementaires ont sur l'avenir du réseau de
la santé.
• (15 h 40) •
J'aimerais revenir tout d'abord... Et je
présume que vous avez reçu, de façon «off the press», très chaude, le document
que j'ai entre les mains. Dans le fond, le Regroupement des commissariats aux
plaintes et à la qualité des services, qu'est-ce que c'est? C'est une
initiative ministérielle. Les budgets sont offerts par le ministère pour que
les commissaires à travers la province puissent d'abord se regrouper, se connaître
et aussi offrir des conseils au ministre, s'il le désire.
Notre conseil d'administration est
constitué de huit personnes, donc huit commissaires, commissaires adjoints et
délégués et conseillers aux plaintes. Le regroupement regroupe 159 personnes
qui traitent l'entièreté des plaintes, des assistances, des interventions, des
consultations et des dossiers de maltraitance dans toute la province.
Six priorités, en bref, comme vous pouvez
voir à la page 3. Il y a des éléments de clarification, et ici on restera
énormément concentrés sur la mission des commissariats et des commissaires, et
on... a priori, c'est sur ce... c'est ce sur quoi on a travaillé.
Donc, on va commencer avec le processus
délibératif, donc, comment on a fait pour en arriver ici. Il y a trois <semaines...
M. Payment (Jean-Philippe) :
...on
va commencer avec le processus délibératif, donc, comment on a fait pour en
arriver ici. Il y a trois >semaines, je crois, M. le ministre, quand
vous avez déposé le projet de loi, tout de suite, le regroupement s'est mis en
place pour pouvoir avoir un avis sur la question, puisque c'est quand même des
changements importants qui sont apportés à certaines des structures qui
supportent les commissariats. Et, à travers ça, on a eu des séances de travail,
on a eu... on a reçu des commentaires d'à peu près tous nos membres dans la
province et on en est arrivés avec un sommet d'à peu près six éléments qui sont
des éléments vraiment de... je dirais, des éléments techniques sur la loi et
beaucoup moins des éléments délibératifs.
Comme vous verrez, à l'énoncé de position,
le regroupement et les membres du regroupement sont en faveur des changements
qui sont apportés à leur position et à leurs fonctions dans le projet de loi n° 15.
Avant tout, le nom des commissariats ou le nom des commissaires à la qualité et
aux services vise la qualité, donc à la performance des organisations, donc
vise à l'amélioration de la qualité totale à travers les plaintes, à travers la
voix des usagers. Donc, on reconnaît aussi l'intérêt du gouvernement à aller
aussi dans cette direction.
Si vous voulez, on peut passer à un
article par article, articles 572 et 574. Et là vous allez voir, ce n'est
pas par ordre d'article mais plutôt par ordre de priorité, c'est-à-dire ce sur
quoi on a reçu le plus de commentaires. Et vous verrez ici l'orientation des
commissaires à leur intention à recevoir du législateur des articles de loi qui
sont clairs.
Donc, voyons 572, par ailleurs. Il y a la
notion de «toute personne» peut porter plainte. Je reconnaîtrai ici M. le
sous-ministre, avec qui il y a eu une discussion avec les commissaires et qui a
expliqué que la notion de «toute personne» incluait les usagers, les
prestataires, les résidents et aussi tous ceux qui ne sont pas dans des
missions, OK, qui ne sont pas dans des missions, donc qui ne peuvent pas être
qualifiés d'usagers, de prestataires, etc.
Il y a un souci, on vous fait une
proposition plutôt claire, le problème avec «toute personne», c'est le problème
que beaucoup de commissaires ont. Quand quelqu'un vient nous voir et qu'il ne
peut pas porter plainte parce qu'il n'en a pas l'autorité dans la loi,
qu'est-ce qu'on fait? «Toute personne» laisse entendre, dans le contexte
actuel, que n'importe qui pourrait déposer plainte sur n'importe quoi.
Donc, la proposition qui est faite, c'est
de solidifier ce qui a déjà été fait par l'équipe du ministère et l'équipe du
ministre pour pouvoir faire une bonification de 572 le plus... pour la rendre
la plus claire et la plus opérationnelle possible chez les commissaires.
La deuxième recommandation qu'on fait est
sur l'article 574, plutôt l'alinéa 3°. Je vous invite à lire 574, 3°
et à essayer de déchiffrer, comme... comme professionnels que vous êtes de la
législation, de comprendre ce que veut dire 574, 3°. Dans les circonstances,
c'est plutôt complexe. C'est une double... c'est une double... une double
exception.
Premièrement, 574, c'est ce sur quoi je
dois faire des rejets sommaires, OK? Donc, 574, 3° me dit sur... qui ne peut
pas porter plainte, et ensuite me dit : Sauf si c'est un héritier, si
c'est un légataire, etc.
Avant, ces articles-là étaient séparés,
hein, c'était plutôt facile à lire. Le but ici de parler de ces articles-là,
c'est de s'assurer que pas juste nous ici, alentour de la table, et nous les
commissaires, les commissaires adjoints, les délégués, puissions lire la loi,
mais aussi que les usagers puissent la lire et savoir à quoi s'attendre. «Toute
personne», c'est très large, quand on n'a pas l'article 13, notre
ancien 12, mais l'article 13 de la loi actuelle à côté de l'autre.
Et 574 donne aussi une autre liste
d'exceptions. On ne peut pas s'opposer aux exceptions que le ministère voudrait
bien nous imposer, simplement rendre la chose lisible, où lister ferait quelque
chose de beaucoup plus simple, à notre avis.
La recommandation 3 est... c'est pour
la personne décédée. Vous savez, dans l'ancienne loi, il y avait... il y avait
un article de loi qui permettait aux personnes en deuil et qui pouvaient déposer
plainte de pouvoir le faire à <travers...
M. Payment (Jean-Philippe) :
...article
de loi qui permettait aux personnes en deuil et qui pouvaient déposer plainte
de pouvoir le faire à >travers un article précis. Là, il a été accolé à
574, 3°, et il nous semble que la lecture n'est pas claire. Donc, on propose
simplement de le ressortir pour pouvoir le mettre dans le même environnement
que 572, 573, 574 et 575.
L'ajout du 4, je vous dirais, c'est :
Le commissaire doit procéder à toute plainte au sens de 13. Ramenons 13 pas
loin, là. Dans certains... dans certains articles de la loi, dans certaines
portions de cette loi-là, il y a des références à d'autres articles, bien sûr,
là, comme on le voit un petit peu partout. Pourquoi, ça, ce ne serait pas
dedans très, très près? Comme ça, on a tout un menu, tout est clair, tout au
même... tout est au même endroit.
Une des caractéristiques des fonctions du
commissaire, c'est qu'on a des fonctions qui sont un... qui sont une
courtepointe, qui sont un patchwork à travers le temps, dans toutes sortes
d'espèces de documents qui datent d'il y a 15 ans, 20 ans et qui sont
plus modernes. Ramenons tout ça au même endroit. Beaucoup plus simple à gérer,
beaucoup plus simple à lire, surtout pour le citoyen, surtout pour la personne
malade, pour l'usager qui a besoin d'avoir des services et qui a besoin de
faire valoir son droit n° 12, son droit de plainte.
Donc, si vous voulez bien, on va passer à
l'autre, l'article 48. Dans les fonctions actuelles du comité de vigilance
et de qualité des institutions de santé telles qu'on les connaît, les CIUSSS,
les CISSS et les établissements simples, le comité de vigilance et de qualité
local est responsable de s'assurer que le commissariat ait un financement, je
vous dirais, normal pour pouvoir gérer ses opérations. À aucun des deux
endroits où il est nommé, le comité de vigilance et de qualité, soit le local,
soit le national, n'est inscrit... n'est inscrit ça précisément.
Donc, la question s'est posée entre nous :
D'où va provenir le financement et comment va se séparer le gâteau minimal que
le réseau de la santé gère en ce moment en termes de budget pour les
commissariats aux plaintes? Donc, comme on n'avait pas de réponse, on suggère
que ce soit une des missions du comité de vigilance et de qualité national, qui
reçoit en son sein le commissaire national, qui soit responsable de ça. Et on
pourra parler peut-être, j'imagine, en question, du financement des
commissariats aux plaintes.
Troisième enjeu de nos membres est un
enjeu qui amène à l'indépendance des commissaires aux plaintes, des
commissaires... des commissariats entiers et de leur personnel. On s'entendra
ici que les commissaires ne traitent pas toutes les plaintes, c'est-à-dire que
le commissaire même, moi-même, je ne traite pas les 3 000 dossiers
qui passent dans mon bureau à chaque année. J'ai du personnel. Ce personnel-là
est constitué de nos cadres, cadres supérieurs, et de personnel professionnel.
Les professionnels sentent qu'ils n'ont
pas l'indépendance requise auprès des directeurs et de la direction. Il a été
mentionné plus tard pourquoi les plaintes ne montent pas beaucoup plus haut
qu'ils le sont, on y reviendra peut-être, ou certains professionnels dans nos
bureaux ne sentent pas qu'ils ont la légitimité ou se font dire qu'ils n'ont
pas la légitimité par les cadres du réseau pour pouvoir régler les plaintes des
usagers.
Donc, ce qu'on propose, c'est que ces
professionnels-là deviennent, en dispositions transitoires, des conseillers cadres,
où là, tout d'un coup, il y aurait une responsabilité, où il y aurait une
responsabilisation d'abord et, par la suite, il y aurait aussi une plus
grande... une meilleure visibilité de ces gens-là au sein de nos bureaux.
• (15 h 50) •
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Votre temps est
écoulé. On va maintenant procéder à l'échange avec M. le ministre.
M. Dubé : Très bien. Alors,
merci, M. le Président. M. Payment, monsieur... bonjour. Merci beaucoup
pour... Encore une fois, je le dis à ceux qui sont passés en premier, vous avez
eu moins de temps que les autres. Alors, on l'apprécie beaucoup.
Moi, je n'irai pas, peut-être, dans le
détail parce que, je pense, c'est très clair, les recommandations que vous
faites, en tout cas, au moins les changements que vous demandez, puis on aura
le temps d'en prendre connaissance. Je n'irai pas, justement, dans le texte
législatif, mais j'aimerais profiter de votre présence pour faire deux choses
au moins. Juste peut-être expliquer... Puis j'en profite pendant qu'on fait
les... des fois pour expliquer aux Québécois qui nous écoutent, là, un peu où
on est rendus. Parce que, tout à l'heure, on a expliqué, les deux associations
qu'on a vues, sont où, ils représentent combien de gens. Puis, je pense, ça va
nous aider, quand on va faire l'article par article, de <revenir...
M. Dubé :
...sont
où, ils représentent combien de gens. Puis, je pense, ça va nous aider, quand
on va faire l'article par article, de >revenir puis de dire : Bien,
rappelez-vous, on s'est fait dire ça ou...
Alors, avec vous, je ferais la chose
suivante, puis dites-moi si je le résume bien, je vais prendre deux minutes
pour le faire. Ma collègue, Mme Blais, il y a quelques années, est arrivée
avec la loi sur la maltraitance puis elle a décidé d'avoir un... on va
l'appeler un commissaire aux plaintes, hein, un commissaire aux plaintes, ce
n'était pas le nom exact, mais je pense qu'il était...
M. Payment (Jean-Philippe) : Commissaire-conseil.
M. Dubé : ...commissaire-conseil.
Merci beaucoup. Alors, vous, en ce moment, avant que ce soit nommé, vous êtes
le regroupement des commissaires qui étaient dans chacun des établissements, c'est
ça, mais vous existez encore comme regroupement, bien qu'il y ait un
commissaire aux plaintes.
M. Payment (Jean-Philippe) : Conseil,
exact, un commissaire-conseil.
M. Dubé : Conseil. OK. Bon.
M. Payment (Jean-Philippe) : Elle
ne traite pas de plaintes.
M. Dubé : Pardon?
M. Payment (Jean-Philippe) : Elle
est en soutien conseil aux commissaires. Elle ne traite pas de plaintes.
M. Dubé : C'est ça, c'est un
peu comme... je dirais, je vais faire une comparaison, on peut rencontrer, ce
matin, le CMDP qui... mais il y a aussi la Fédération des médecins... des
médecins spécialistes. Donc, vous êtes un peu le regroupement des commissaires.
M. Payment (Jean-Philippe) : Tout
à fait.
M. Dubé : OK. Parfait. Et là,
dans le projet de loi, nous, on dit : Non seulement ce ne sera plus le
commissaire-conseil, on va l'appeler... ça va être le commissaire national aux
plaintes.
M. Payment (Jean-Philippe) : Oui.
M. Dubé : À part le
changement de nom, là, ce qui est important pour les Québécois, c'est de dire à
qui ça va se rapporter aussi, hein?
M. Payment (Jean-Philippe) : Il
est clair que ça va se rapporter au ministre.
M. Dubé : Bon.
M. Payment (Jean-Philippe) : Très
clairement.
M. Dubé : Et tout à
l'heure... Puis là, excusez-moi, ça a été une longue introduction, mais je fais
le lien avec ce qu'on entendait de nos deux associations de comités des
usagers. Puis moi, j'ai trois questions, parce que pendant qu'on fait cette...
je reviens toujours sur la transition, parce que Mme Castonguay nous l'a
bien dit hier, ce n'est pas tellement d'où on s'en va, mais d'où on part puis
comment on va faire la transition.
Moi, j'ai trois questions pour vous, là,
que j'ai entendues. M. Brunet, que je respecte beaucoup, nous a dit :
Vous n'avez pas besoin d'un commissaire national. Il a été très clair
là-dessus, il dit : Vous n'avez pas besoin de ça, vous êtes...
M. Payment (Jean-Philippe) : ...désaccord
avec eux. Je suis en complet désaccord avec eux, avec le CPM.
M. Dubé : Non, non, mais
c'est correct, on a le droit d'avoir des désaccords. Moi, ça m'arrive, moi
aussi, là. Mais ce que je veux juste dire, c'est... laissez-moi juste finir ma
question, puis après ça je vais... Ça fait que j'aimerais ça vous entendre
là-dessus, là, j'ai déjà eu un bout de la réponse, mais parce que, justement,
moi, je pense qu'un commissaire qui regarde l'ensemble des établissements doit
avoir une vue de ce qui se passe dans le réseau, il me semble. Mais, en tout
cas, je voudrais vous entendre.
Deuxièmement, il y a une chose qu'il a dit
que je trouve qui est importante, il a dit : 45 jours ou
60 jours pour traiter une plainte, c'est trop long. Non, mais... je vous
vois déjà réagir.
M. Payment (Jean-Philippe) : J'ai
l'habitude de réagir aux visages aussi. Vous m'excuserez
M. Dubé : Non, non, mais,
c'est ça, c'est ça, je pense qu'on est rendu un jeudi après-midi...
Une voix : ...
M. Dubé : Oui, c'est ça. Et
moi, je vous demanderais, parce que je lui ai posé aussi la question :
Est-ce qu'il y a un genre de plainte à laquelle on devrait être encore plus
rapide? Puis il a donné deux réponses. Il a donné une réponse : Quand ce
n'est pas clinique, on devrait être plus rapide, il a parlé même de
15 jours. Et moi, je vous dis... j'aimerais vous entendre, parce que vous
en entendez toutes sortes, de plaintes, là, hein, puis vous représentez vos
commissaires. Est-ce qu'on pourrait, puis ça, ça m'inquiète beaucoup, trouver
une mécanique, puis ce n'est pas sûr que ça a besoin d'être dans le projet de
loi, mais il faut avoir cette vision-là, comme législateur, où est-ce que ça
devrait aller, pour le genre de plainte, là, dont on parlait tantôt, qu'on ne veut
pas nommer, là, mais une dame qui pense que sa mère n'a pas été bien servie
puis qui voudrait le dire tout de suite, là, elle ne veut pas attendre ni
15 jours ni 45 jours, mais elle me dit : Je veux parler à
quelqu'un dans mon hôpital pour dire : Heille! Le service que je reçois en
ce moment, là, ce n'est pas à ce que je m'attends.
Ça fait que c'est mes trois questions,
sachant que, premièrement, je vous demande qu'est-ce que vous pensez d'un
commissaire national aux plaintes, puis, deux, comment on pourrait améliorer
les temps de réponse, si vous croyez qu'on devrait le faire.
M. Payment (Jean-Philippe) : Commissaire
national, au contraire des deux... des deux groupes qui ont posé la question :
À quoi sert un commissaire national et pourquoi porter plainte, je dirais que,
pour travailler dans les plaintes depuis quelques années, et mes collègues
aussi, c'est-à-dire que c'est important, c'est-à-dire qu'il faut qu'il y ait
quelqu'un qui écoute l'usager, en quelque part. Donc, on va commencer par ça
peut-être, M. le ministre, puis vous me rappellerez à l'ordre si je me perds.
Il faut d'abord quelqu'un qui écoute
l'usager. On est ceux qui écoutons l'usager. Quand les gens nous trouvent, là,
ils sont dans des conditions, je vous dirais, mentales ou <physiques...
M. Payment (Jean-Philippe) :
...l'usager.
Quand les gens nous trouvent, là, ils sont dans des conditions, je vous dirais,
mentales ou >physiques qui sont souvent inacceptables en société. On
doit avoir des commissariats aux plaintes qui fonctionnent. On doit avoir des
délais justes aussi. Et on doit avoir quelqu'un qui s'assure qu'il y ait un «oversight»
sur les... ou, je vous dirais, un étage de gestion bienveillante sur les
commissariats pour s'assurer qu'ils remplissent leurs obligations. Vous parliez
du temps, du 45 jours, ça, c'est le truc qui fait le plus jaser entre
nous. Tout le monde...
M. Dubé : Le commissaire aux
plaintes local, là, ceux que vous représentez, se rapporte au conseil
d'administration des établissements.
M. Payment (Jean-Philippe) : D'administration,
en ce moment, pour... qu'est-ce que ça veut dire, là, je vous dirais,
nommez-moi ce que ça veut dire, je n'en sais trop rien, ça dépend de chaque
région. Chaque région, chaque conseil d'administration voit différemment son
commissariat, voit différemment son commissaire et gère de façon très
différente son commissaire.
M. Dubé : C'est ce que j'ai
compris, moi.
M. Payment (Jean-Philippe) : J'ai
des commissaires qui ne voient jamais leur conseil d'administration, qui ne parlent
pas avec leur PDG. J'ai des commissaires qui parlent avec leur PDG souvent. J'ai
des commissaires riches, j'ai des commissaires pauvres, en termes de personnel.
M. Dubé : Ça, c'est
important, là, vous ne sentez pas qu'il y a cette culture-là de travailler avec
le conseil d'administration, c'est à eux que vous vous rapportez, de la même
façon pour tout le monde.
M. Payment (Jean-Philippe) : Un
conseil d'administration, vous savez, un conseil d'administration est constitué
entre 12 et 15 personnes. C'est difficile de travailler avec un conseil
d'administration totalement entièrement. Et c'est pour ça qu'on accueille
favorablement le fait d'être mis sous un... sous un commissaire national qui,
premièrement, va être au centre de tout, hein, il va être à l'intérieur de
l'agence...
M. Dubé : ...je vous coupe
encore. Là, on passerait de se rapporter à un conseil d'administration, que
chacun des commissaires, dans les établissements, se rapporterait au
commissaire national.
M. Payment (Jean-Philippe) : Tout
à fait.
M. Dubé : OK.
M. Payment (Jean-Philippe) : Tout
à fait, oui.
M. Dubé : Puis c'est quoi,
l'avantage de passer d'un à l'autre, selon vous?
M. Payment (Jean-Philippe) : Je
vous dirais l'uniformité des pratiques, l'uniformité des pratiques. Il y a des
critiques comme quoi tous les commissariats ne gèrent pas les plaintes de la
même façon ou ne traitent pas... ou n'a pas un traitement administratif égal
d'une région à une autre. Ça, on l'entend, on l'a entendu et on va continuer de
l'entendre tant et aussi longtemps qu'on va avoir 38 règlements de
plaintes, hein, tant que ça va être géré...
M. Dubé : Qu'est-ce que vous
voulez dire par...
M. Payment (Jean-Philippe) : C'est-à-dire
que chaque commissariat... en fait, chaque conseil d'administration a son
propre règlement de traitement des plaintes. Donc, naturellement, il y a des
variations, donc, il y a des variations. Vous posiez la question tantôt :
Comment est-ce qu'on peut faire pour traiter les plaintes plus rapidement?
Bien, ça existe déjà, ça. Le concept de l'assistance à porter plainte...
pardon, de l'assistance à recevoir un service, qu'est-ce que c'est, ça, si ce
n'est pas ça? Il ne faudrait pas non plus développer un système de justice
expéditive. J'entendais tantôt : Réglons quelque chose directement sur le
plancher. Je n'irai pas sur un plancher dire à une infirmière comment interagir
avec son patron, interagir avec les usagers. Le processus est tel fait qu'il
est fait pour être, je vous dirais, naturellement consciencieux, naturellement
consciencieux.
M. Dubé : OK, mais supposons...
parce qu'il va me manquer... Combien de temps?
Le Président (M. Provençal)
:Six minutes.
M. Dubé : OK, il me reste
encore un peu de temps. Faisons la différence, là, que... je vais vous dire ce
que j'entends, pour faire les choses correctement sur un acte clinique qui est
passé, etc., mettons 45 jours, c'est correct, mettons, trouvez-vous que
c'est suffisant?
• (16 heures) •
M. Payment (Jean-Philippe) : Écoutez,
je n'ai pas vraiment le mandat de parler de ça, mais on peut... on peut
peut-être ouvrir... je peux peut-être ouvrir un peu la boîte de Pandore des... du
délai de traitement. Le délai de traitement de 45 jours, là, vous savez
que ce n'est pas un délai de traitement de 45 jours ouvrables, là...
45 jours calendrier. Nos employés ne travaillent pas la fin de semaine. Si
on voulait avoir du traitement en 15 jours, triplez nos effectifs, je veux
dire...
M. Dubé : Non, mais le
15 jours dont il parlait, M. Brunet, c'est plus pour des... ce n'est
pas des cas cliniques qu'on parle.
M. Payment (Jean-Philippe) : Mais
à ce moment-là, c'est parce qu'on se retrouverait avec un régime d'examen des
plaintes à paliers variables. Est-ce que c'est ce qui est souhaité? Est-ce
qu'on veut... est-ce qu'on veut, comme citoyens, avoir plus de droits que
l'autre, avoir une priorité de plus que l'autre?
M. Dubé : OK, ça fait que vous
avez des commentaires là-dessus.
M. Payment (Jean-Philippe) : Donc,
pour moi, c'est vraiment un... c'est là où l'équité entre les usagers entre en
jeu. On s'entend qu'il y a des dossiers qui sont plus problématiques que
d'autres.
M. Dubé : Puis quel genre de
jugement vous faites dans la priorité des plaintes, quand vous... Vous me
dites, là, vous en recevez pas mal.
M. Payment (Jean-Philippe) : Ça,
ça va dépendre, ça, ça va dépendre de chaque commissariat. Chaque commissariat,
chaque commissaire va gérer, va avoir une façon de prioriser différente. Il y a
des exceptions à ça, bien sûr. Vas-y, Martin.
M. Manseau (Martin) : Bien,
j'allais dire, si je peux me permettre, quand une plainte... quand un usager
dépose une plainte auprès du commissaire aux plaintes, c'est sûr qu'on a un
contact...
16 h (version révisée)
M. Payment (Jean-Philippe) : ...vas-y,
Martin.
M. Manseau (Martin) : Bien, j'allais
dire, si je peux me permettre, quand une plainte... quand un usager dépose une
plainte auprès du commissaire aux plaintes, c'est sûr qu'on a un contact avec
lui. Donc, on prend tout de suite, sans délai, connaissance de la situation qu'il
va porter à notre attention.
M. Dubé : Puis elle est
enregistrée dans un registre, puis tout ça, là.
M. Manseau (Martin) : Absolument.
Même, on leur parle souvent au téléphone, là, directement, et donc il n'y a pas
de délai. À ce moment-là, on a accès à toutes les préoccupations des gens puis
on est capables de faire un tri sur ce qui est plus pressant ou ce qui est
moins pressant. Donc, nous, on est d'avis que ce n'est pas nécessaire de le
mettre dans la loi. Puis, le 45 jours, c'est un délai maximal aussi. Donc, il
faut comprendre ça.
M. Dubé : Non, je suis d'accord...
M. Manseau (Martin) : Pour ce
qui est des situations qui sont pressantes ou urgentes...
M. Dubé : Urgentes.
M. Manseau (Martin) : ...parce
qu'il y en a, effectivement, mais elles sont traitées sans délai aussi.
M. Dubé : Oui, mais comment
ça... comment ça... Puis je n'aime pas ça, prendre des cas spécifiques, là,
vous savez de quoi je parle, mais je pense que ça a frappé l'imaginaire. Vous
êtes avec votre mère à l'hôpital, puis elle n'est pas traitée selon ce que vous
pensez qui est correct. À qui vous parlez dans ce temps-là? On ne peut pas dire
que ça va prendre 45 jours. Alors, on fait quoi avec ces cas-là, qui sont
urgents, où l'usager, le patient dit : Moi, là, ma mère n'est pas traitée
correctement? À qui on parle, une fin de semaine, un soir? Est-ce qu'on peut
faire le lien avec, maintenant, notre représentant, notre gestionnaire de
proximité, notre responsable par installation? J'aimerais... Vous en recevez,
des plaintes.
M. Payment (Jean-Philippe) : Je
vous dirais que tous les employés et tous les gestionnaires ont la légitimité
et la responsabilité de régler les insatisfactions de la clientèle. On a tous
cette obligation de faire là, comme travailleurs de la santé.
M. Dubé : Mon gestionnaire de
proximité, là.
M. Payment (Jean-Philippe) : Mais,
le gestionnaire de proximité, comme l'infirmière-chef, comme l'infirmière, tout
le monde a cette obligation-là de faire ça.
M. Dubé : Oui, mais est-ce
que... pour vous que le patient sait qui aller voir? Parce que si tu sais...
M. Payment (Jean-Philippe) : Ah
non! Absolument pas.
M. Dubé : Ils ne savent pas.
M. Payment (Jean-Philippe) :
Non, non, non. Si vous voyiez le nombre de dossiers qu'on traite où les gens ne
savent pas où aller. On fait parfois, et là je suis un peu... Moi, je suis dans
la région de Montréal, donc c'est peut-être un peu plus évident, le territoire
de centre-ouest — je reconnaîtrai Mme la députée — le
territoire de centre-ouest est un fromage emmental, troué. C'est-à-dire que,
centre-ouest, il y a aussi un hôpital qui appartient à l'Ouest-de-l'Île de
Montréal, il y a un institut qui appartient au centre-sud, il y a
Sainte-Justine, il y a le CUSM, et, à travers tout ça, on s'envoie la balle
entre commissaires, hein? Le patient, là, ne sait pas où il est. C'est-à-dire
que le «branding» d'un CISSS et d'un CIUSSS, sur l'île de Montréal, ou d'un
établissement de santé, ça ne veut rien dire, strictement rien dire. Ça, c'est
sûr et certain.
M. Dubé : Ça fait que la dame
qui était prise à l'hôpital X, pour ne pas la nommer, là, dit : C'est-tu à
l'hôpital que je devrais parler? C'est-tu au CISSS que je devrais me plaindre?
Mais j'ai un problème là. Elle ne le sait pas, là. Ce n'est pas clair à qui
elle doit parler.
M. Payment (Jean-Philippe) : Bien,
elle est dans l'établissement où elle est. Donc, il devrait y avoir un
gestionnaire sur place pour s'occuper de ce cas-là dans l'immédiat.
M. Dubé : Oui, mais c'est ce
qu'elle essayait de trouver puis qu'elle ne trouvait pas, là. On se comprend,
là.
M. Payment (Jean-Philippe) : Ce
n'est pas normal que ce soit arrivé comme ça, je vous dirais, dans des
circonstances comme ça.
Mais, M. le ministre, on voit des dossiers
d'à peu près toutes les sortes, là. Vous en nommez un parce qu'il est
médiatique, mais on voit des milliers de problèmes par année. Et, comme je le
disais en janvier, on a la pointe de l'iceberg. Le flocon par-dessus, c'est ce
qu'on a, nous, c'est ce qu'on voit. C'est les gens les plus... C'est les gens
qui ont non seulement la connaissance, qui sont alphabétisés...
M. Dubé : Puis qu'est-ce qu'on
fait pour améliorer ça?
M. Payment (Jean-Philippe) : Il
faut absolument faire la promotion de ce qu'on fait, simplifier ce qu'on fait,
qu'on nous donne des outils législatifs clairs et que les établissements...
M. Dubé : Mais donnez-moi un
exemple d'un outil législatif qui n'est pas dans le PL n° 15
qui vous aiderait.
M. Payment (Jean-Philippe) : La
notion d'assistance à recevoir un service n'existe pas. La notion de
conciliation n'existe pas. Le ministère est très, très concentré sur les
plaintes, les plaintes plaintes, là, tu sais, ce dont on parlait, là, l'administration
puis la paperasse, la plainte, mais il y a d'autres outils. L'assistance à
porter plainte, c'en est un. Ça, c'est un outil qu'on a. Il est dans la loi. L'intervention,
c'est aussi dans la loi. C'est beaucoup plus simple.
M. Dubé : Oui, mais il y en
a-tu qui ne sont pas dans la loi ou que...
M. Payment (Jean-Philippe) : L'assistance
à recevoir un service, c'en est un, ça. C'est-à-dire que c'est dans l'outil
ministériel que nous utilisons tous. Et on en fait, et on en fait, et on en
refait encore, et pourtant ce n'est pas dans la loi. Et on en fait. Et il y a
des gens qui ne veulent pas porter plainte. On entendra les comités d'usagers,
comme on peut les entendre, où ils se disent : Pourquoi porter plainte? À
quoi ça sert? Très bien. Ils ont un intérêt. Nous, on vise le grand intérêt de
la population au complet. Le grand intérêt de la population au complet, c'est
qu'on leur donne les services auxquels ils ont droit et que si, au moment où
ils <ont...
M. Payment (Jean-Philippe) :
...de
la population au complet, c'est qu'on leur donne les services auxquels ils ont
droit et que si, au moment où ils >ont besoin de quelqu'un qui va faire
l'intermédiaire pour eux, qui va faire la conciliation, qui va faire la
médiation sans porter plainte en dur... qu'il y ait quelqu'un pour le faire.
M. Dubé : On se reparlera
parce que...
M. Payment (Jean-Philippe) : Avec
grand plaisir.
M. Dubé : ...j'ai encore
beaucoup de questions. OK. C'est beau. C'est beau.
Le Président (M. Provençal)
:Mais il n'y a plus de temps.
M. Dubé : Mais je n'ai plus
de temps.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont, c'est à vous de prendre le relais.
Mme Setlakwe : Merci. Bien,
j'ai comme envie de dire : Poursuivons la discussion. Je vois vos
collègues qui hochent de la tête. Votre présentation... Vous êtes éloquent, là.
C'est très intéressant de vous entendre puis c'est ce qu'on veut, là. Ce n'est
pas que les gens, que les Québécois m'entendent, moi, c'est sûr. Mais je vois
que — corrigez-moi — on s'en va dans... potentiellement
dans la bonne direction. Vous avez fait un travail qui me semble exceptionnel.
Vous avez identifié de façon très précise des choses à améliorer.
Moi non plus, je ne veux pas qu'on aille
dans un exercice détaillé du libellé. J'aurais envie, encore une fois, de vous
céder la parole. Puis, peut-être juste pour vous orienter, donnez-nous donc,
là, tu sais, les points plus... plus importants, là, qui sont à corriger. Puis,
ça rejoint la question du ministre. Puis je trouve intéressant... intéressante
votre analogie avec le fromage emmental. Les trous, qu'est-ce qu'il faut faire
pour boucher les trous?
M. Payment (Jean-Philippe) : Ah!
bien, il y a consolider les territoires. Mais, ça, je pense que c'est bien loin
dans la liste des priorités... dans la liste de priorités. Montréal est tel
fait que les choses ont existé à Montréal avant qu'elles existent ailleurs. Tu
sais, il y a des CHU à Montréal en plus grande quantité, il y a des instituts,
etc. Ce à quoi il faut penser, peut-être, sur l'île de Montréal, c'est
éventuellement donner des missions à des commissariats pour éviter que...
Par exemple, on va vous donner un exemple
sur le territoire sur lequel je suis. Pensez Côte-des-Neiges et pensez
Westmount, pensez Outremont, pensez au code postal le plus riche et le plus
pauvre de tout le Canada au complet, pas juste du Québec. Pensez que, sur ce
territoire-là, on peut aller à l'urgence du Montreal General, on peut venir à
l'Hôpital général juif recevoir des soins et on peut se retrouver dans un GMF
qui est géré par, je n'en sais trop rien, le West... l'Ouest-de-l'Île de
Montréal. Et là arrive un problème de corridor de soins — parce qu'on
aime ce terme-là, corridor de soins — entre les institutions, et là
c'est qui, le commissaire qui est responsable? La réponse, c'est : Tous,
mais de leur côté. On analyse tous un petit bout, et il n'y a personne qui a
une vue complète et totale de l'enjeu sur le territoire.
Le commissaire national peut facilement
aider à ça, mais on peut facilement nous donner des outils aussi que je crois
qui existent législativement dans le projet de loi actuel, mais qu'on n'a pas
analysés en profondeur, qui pourraient nous aider à avoir quelqu'un qui a, je
vous dirais, une majeure sur un sujet ou un enjeu.
Montréal, par exemple, est rempli de
trous. Moi, j'ai des responsabilités, parce que je suis Centre-Ouest, de 8-1-1,
Info-Santé, Info-Social. Ma collègue de l'autre côté, elle ne l'a pas; ma collègue
de l'Est, elle ne l'a pas, mon collègue de l'Ouest ne l'a pas. Moi, j'ai la
responsabilité du PRAIDA. Les RPA, c'est un peu tout le monde, chacun son
territoire. Les ambulances, ce n'est pas nous, contrairement aux Laurentides,
où les ambulances... à Montréal, c'est un commissaire qui s'en occupe.
• (16 h 10) •
Donc, il y a... il faut simplifier les
choses pour nous. Donc, comme je vous disais, les objets législatifs, il y en a
qui n'existent pas, mais qu'on utilise déjà pour pouvoir satisfaire la clientèle.
L'important, c'est que la clientèle soit satisfaite des services qu'elle reçoit
non seulement du réseau, mais aussi des commissariats.
J'entends les comités d'usagers, j'entends
les groupes qui sont passés en avant de nous en disant : Ce n'est pas...
Ce n'est pas égal d'un commissaire à un autre, ce n'est pas égal d'un
commissariat à un autre. Mais ça a été créé comme ça. Ce n'est pas égal. La vie
n'est pas égale dans le Centre-Ouest et dans le sud de l'île de Montréal. Le
nombre de personnel qu'on a n'est pas égal par nombre de dossiers. Si vous
voulez, on peut s'en parler. Et, ça, j'ai des critiques à faire aller-retour
sur la façon dont on est financés parce que personne n'est égal.
Donc, il y a des territoires sur lesquels
les usagers n'ont pas... ne peuvent pas faire valoir efficacement le 12e droit
qui est dans la loi, qui est le droit de plainte. C'est facile d'avoir une
proximité dans un endroit où le territoire est très contigu. Centre-Ouest, par
exemple : 54 kilomètres carrés, à peu près 400 000 usagers, 182
établissements et autres sites, etc., que je dois couvrir avec neuf personnes.
Puis là on va passer en région un peu plus éloignée, on va passer à la Côte-Nord,
où ils ont tant de dizaines, tant de centaines d'établissements, avec cinq,
six, sept personnes. Je veux dire, il y a une disparité claire. On peut
accélérer les choses, on peut améliorer les choses du côté des commissariats,
mais les moyens sont inégaux et <sont...
M. Payment (Jean-Philippe) :
...accélérer les choses, on peut améliorer les choses du côté des
commissariats, mais les moyens sont inégaux et >sont appliqués
inégalement d'une région à une autre. Je ne sais pas si je suis allé plus loin
que votre question. Probablement.
Mme Setlakwe : Mais tant
mieux. Puis, s'il y a d'autres éléments sur lesquels vous souhaitez élaborer,
là... Là, on a compris l'enjeu de la disparité puis des moyens inégaux.
M. Payment (Jean-Philippe) :
Bien, je parlais des... Je vous parlais de la notion de conciliation. OK?
Les médecins examinateurs ont cette obligation-là, de conciliation. Vous allez
probablement recevoir le Regroupement des médecins examinateurs bientôt. Vous
saluerez le Dr Marcel Boucher, qui viendra vous voir probablement au mois de
mai. Cette obligation-là, on ne l'a pas. Pourquoi on ne l'aurait pas? Pourquoi
cette conciliation-là, qui est à l'intérieur même de notre fonction, qui est
un... Il y a une fonction d'ombudsmanship, là. On s'entend, là? Puis là je ne
parle pas, ici, de la maltraitance. La maltraitance, on a tout à fait un autre
mandat qui n'est pas tout à fait le même. On a un mandat d'ombudsmanship. Notre
but est d'assister la clientèle. On n'est pas là pour leur nuire, là. On est là
pour les aider. On est là pour aider l'établissement à améliorer sa qualité de
service à travers les critiques, les insatisfactions de tous les usagers qui
viennent nous voir.
Maintenant, il faut que les usagers
viennent nous voir, bien sûr. On les sollicite de façon tacite, de façon
formelle. On peut passer dans les médias, même si c'est un peu tabou dans notre
milieu. Que je sois ici aujourd'hui, c'est un peu tabou dans notre milieu aussi
parce qu'on relève des conseils d'administration. Les conseils
d'administration, on est leur outil. On est l'outil de ces gens-là pour améliorer
la qualité de service. On est là pour déjudiciariser certains conflits aussi,
il ne faut pas oublier ça. Si les commissariats aux plaintes n'existaient pas,
il y aurait plus de poursuite contre le réseau. J'en suis 100 % sûr. On
voit aux États-Unis. On n'a pas un mandat de représentant de patients. Là
aussi, il ne faut pas... il ne faut pas oublier ça, hein? Il y a plusieurs
concepts d'ombudsmanship dans la... dans la réalité. Il y a la représentation
de patients, comme aux États-Unis on peut voir, il y a l'ombudsmanship à la
britannique et il y a nos commissaires aux plaintes ici.
Ici, on est dans un entre-deux. On ne fait
pas la représentation du patient, on s'assure que ses droits soient respectés.
Il y a des gens qui font la promotion des droits. Nous, on s'assure que les
droits soient respectés et que l'établissement soit au courant que certains
droits des usagers, à certains moments, que ce soit individuellement ou
collectivement, de façon macro... n'est pas respecté. Et ensuite à l'établissement
de faire le nécessaire pour que ces droits-là soient remis... soient remis en
ordre.
Et là il y a quelque chose qu'énormément
de gens, dans les communautés et qui sont près du réseau, ne comprennent pas.
Une recommandation comme on vient de vous le faire, là, est-ce que c'est
applicable telle quelle, maintenant, vous allez dire oui à tout ça? Bien sûr
que non. Vous allez l'analyser, vous allez voir si ça s'applique. Une
recommandation qu'on fait à un PDG, à un DG, à un directeur est sujette à approbation
du directeur en question. Il faut bien que le directeur dise oui pour
l'appliquer. Parce que sinon, ça ne s'applique pas.
Le conseil d'administration à 12, 15, là,
un enjeu de peinture sur les murs qui écale, là, on peut-tu être beaucoup plus
loin d'un conseil d'administration que ça? On peut être très loin. On gère des
enjeux qui sont de quelqu'un qui peut tomber d'une table d'opération à il
faudrait nettoyer l'intérieur de la ventilation puisqu'il y a des petites
mousses qui descendent du plafond. On est aux extrêmes de tout ça. On a été là
dans les RPA, on est dans les RPA. On est dans les RI-RTF. On est dans les
organismes communautaires. On joue avec des opérateurs.
En région, les opérateurs ambulanciers,
les organismes communautaires qu'on doit approcher à la pièce, on ne peut pas
approcher ça comme des petites saucisses. Dans un CISSS, dans un CIUSSS, on
connaît nos intervenants. On leur envoie des courriels pro forma. On est
capables... Après ça, là, ça prend du temps, rejoindre le fameux DG :
Régler le problème sur l'étage maintenant, combien de centaines de personnes
vous me donnez, juste pour moi? Ça ne fait pas de sens, d'un point de vue réel.
Il faut aussi qu'il y ait une
responsabilisation de la gestion. Il faut une responsabilité... une
responsabilisation de la gestion locale sur les enjeux d'insatisfaction de la
clientèle puis il faut ensuite que, si ça déborde et le client n'est pas
satisfait de ce que la gestion locale a fait, que le réflexe normal soit
d'envoyer l'enjeu au commissariat aux plaintes pour qu'il soit évalué.
Mme Setlakwe : Merci. On
est où dans le temps, M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
:Une minute, madame.
Une voix : ...
Mme Setlakwe : J'en ai
plein, des bonnes questions.
M. Payment (Jean-Philippe) :
Vous m'excuserez, je parle énormément. Je vous...
Mme Setlakwe : Non, mais
ne soyez pas désolé, au contraire. Là, prêtez-moi l'expression «take away», là,
juste pour... puis après ça...
M. Payment (Jean-Philippe) :
Oui, «take away», simplifiez notre mandat. Vous pouvez même l'élargir, si
vous voulez. Il a été beaucoup notion des <proches...
M. Payment (Jean-Philippe) :
...simplifiez
notre mandat. Vous pouvez même l'élargir, si vous voulez. Il a été beaucoup
notion des >proches aidants. Un des enjeux qu'on a, c'est l'enjeu des
personnes, je vous dirais, inaptes ou sur le bord de l'inaptitude. Il y a tout
le temps un petit quelque chose là, là, dans les plaintes, là, tout le temps un
petit quelque chose là qui, tu sais...
Normalement, quelqu'un d'inapte peut être
représenté, OK? Quelqu'un qui est apte doit se représenter elle-même. Elle ne
peut pas être représentée au sens de 13 de la nouvelle loi. Les proches aidants
ne sont pas, à ce que je sache, des gens qui pourraient porter plainte. Ils
peuvent porter plainte pour leurs propres services, mais ils ne peuvent pas
porter plainte pour leur être cher. Est-ce qu'il y a quelque chose à élargir?
Est-ce que... Je vous laisse ça entre les mains. Vous êtes le législateur. Vous
décidez... Vous décidez de la mission qu'on va avoir, mais...
Le Président (M. Provençal)
:Merci. Merci beaucoup.
M. Payment (Jean-Philippe) : Ça
me fait bien plaisir.
Le Président (M. Provençal)
:Non, puis... je pense que tout le
monde a beaucoup d'intérêt à entendre ce que vous avez dit. Malheureusement, le
temps nous joue des tours, et je vais céder la parole à M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Effectivement, c'est extrêmement intéressant. Ça touche au cœur de la mission
du réseau et, je pense, de ce que les gens souhaitent. Éviter d'avoir à porter
plainte, ça veut dire être satisfait du service, obtenir le service auquel on a
droit. Et j'aimerais savoir... Parce que ne serait-ce que... Lorsque vous
parlez d'accompagnement, pour avoir... ou d'assistance, c'est-à-dire, à
recevoir un service, j'imagine que ça, ça ne se retrouve pas, là, dans votre mémoire
à l'heure actuelle. La fonction dont on parlait tout à l'heure qui pourrait
vous être confiée, d'assistance, elle n'est pas... elle n'est pas là
actuellement, mais elle me semble centrale. Si on veut justement éviter de
traiter des plaintes en 45 jours, c'est d'avoir le service et d'avoir un
accompagnement, non? Est-ce que vous pourriez faire une proposition comme
celle-là?
M. Payment (Jean-Philippe) : Je
vous dirais que ce qui est un peu étrange... ce qui est un peu étrange, c'est
qu'elle n'est pas reconnue dans la LSSSS actuelle. Elle n'est pas dans le
projet de loi, mais elle est dans le système ministériel de traitement des
plaintes, qu'on appelle affectueusement SIGPAQS. Vous allez en entendre parler,
de toutes sortes d'acronymes dans le réseau. SIGPAQS, ça en est un, c'est
système intégré de gestion des plaintes. Il reconnaît cet attribut-là à
notre... à nos commissariats. Donc, c'est quelque chose qui se fait déjà, mais
qui n'est pas codifié, je vous dirais, et qui est important. C'est ce qu'on
fait.
Parfois, on fait un peu... sur l'île de
Montréal, des fois, on fait un peu le guide touristique entre les
établissements puis entre les commissariats. On se connaît tous parce qu'on est
tous interreliés.
M. Arseneau : Mais, si on
regarde l'objectif du projet de loi, rendre le système plus efficace, répondre
aux besoins de la population, est-ce que... en fait, vous ne nous proposez pas
vraiment de le faire, mais est-ce qu'au lieu d'avoir un commissaire aux
plaintes, est-ce qu'on ne devrait pas avoir un commissaire à l'accompagnement
et aux... des usagers?
M. Payment (Jean-Philippe) : Je
vous dirais que la majorité des commissaires aux plaintes aiment leur titre,
aiment leur titre de commissaire. Ce qu'on fait, c'est de l'ombudsmanship, OK? Il
n'y a pas vraiment de terme en français pour ça, à ce que je sache, là, de
l'ombudsmanship, l'ombudsman d'hôpital tel qu'on le connaît. On est peut-être
un protecteur de l'usager, et là je ne veux pas entrer dans les talles du Protecteur
du citoyen, mais on est peut-être plus un protecteur de l'usager que d'autre
chose. Mais ce n'est pas un... Le changement de titre, je vous dirais, n'est
pas nécessaire dans les circonstances.
• (16 h 20) •
M. Arseneau : Non, mais avec
le changement de titre viendraient des fonctions. Mais on pourra y revenir.
Il y a une autre préoccupation que
j'avais. Vous avez mentionné de façon très claire et affirmée que l'idée d'un
commissaire national, c'était une bonne idée.
M. Payment (Jean-Philippe) : Oui.
M. Arseneau : Comment vous
voyez l'interaction avec le terrain puis s'assurer, justement, qu'on ne se
déconnecte pas des besoins des usagers sur le terrain?
M. Payment (Jean-Philippe) : Bien,
les commissaires vont demeurer terrain, tu sais. Même s'il y a certaines
propositions à l'intérieur du projet de loi, par exemple, pour pouvoir sortir
les commissaires des établissements, pour les rendre de facto indépendants ou
avoir l'image d'une plus grande indépendance, il reste qu'on est liés à nos
établissements. Moi, je suis lié à l'Hôpital général juif. Je vais demeurer
très près de la clientèle de l'Hôpital général juif, par exemple, ou des CLSC.
M. Arseneau : Alors, c'est
quoi, la valeur ajoutée du national?
M. Payment (Jean-Philippe) : La
valeur ajoutée du national, je vous dirais, c'est de se sortir d'en dessous des
conseils d'administration, c'est d'avoir un lien direct avec Santé Québec et
avoir un lien avec quelqu'un qui va être à l'intérieur de la machine, qui va
pouvoir faire monter nos enjeux en haut. On a besoin que nos enjeux montent en
haut parce que, des fois, ça reste au niveau des directeurs, au niveau des PDG.
Ça ne monte pas au ministère, ça ne monte pas dans la structure. On a besoin
que ça monte. C'est notre désir de le faire aussi puis c'est ce qu'on veut.
Le Président (M. Provençal)
:Message reçu. On termine cette...
avec la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Merci pour vos commentaires. Vous en avez dit beaucoup, là, puis je
ne sais même pas... je ne sais même pas...
M. Payment (Jean-Philippe) : Oui.
Puis il n'a pas parlé énormément, mais il a une voix aussi, <hein...
M. Payment (Jean-Philippe) :
...il
n'a pas parlé énormément, mais il a une voix aussi, >hein, je vous promets.
Mme Nichols : Mais je ne sais
même pas sur quels points aller parce que j'ai comme été stimulée, j'ai plein
de questions un peu partout. Là, vous avez... En commençant, là, le
Regroupement des commissaires aux plaintes et à la qualité... et à la qualité
du Québec, là, vous avez dit : On est en faveur des changements apportés à
nos fonctions.
M. Payment (Jean-Philippe) : À
nos fonctions. Tout à fait.
Mme Nichols : Quel est le
changement majeur pour lequel vous dites : Ça...
M. Payment (Jean-Philippe) : C'est
le changement... C'est le changement de structure, de nous sortir d'en dessous
des conseils d'établissement ou des conseils d'administration puis nous mettre
en dessous d'un endroit où il va y avoir une influence.
Le but d'être commissaire aux plaintes,
c'est de faire changer les choses. Le... Le... Si les conseils d'établissement
n'ont plus le même rôle qu'ils avaient, qui était véritablement un rôle de
gestion, si j'ai bien compris, et là qu'il y a un autre rôle qui est donné à
ces conseils d'établissement là, on veut se retrouver dans un endroit où on va
pouvoir faire changer les choses pour les usagers.
Mme Nichols : Puis, ça, là,
c'est ça, ça, il y aura un lien direct avec les usagers. Les... Les usagers
vont en bénéficier directement?
M. Payment (Jean-Philippe) : À
notre avis, ils vont pouvoir en bénéficier parce qu'on va avoir les mains
beaucoup plus libres.
Savez-vous, dans... Je vais... Je vais
vous raconter une histoire. C'est personnel, mais ça ne l'est pas.
Mme Nichols : Mais une
minute.
M. Payment (Jean-Philippe) :
Et là ça fait... je... Combien il y a eu de commissaires dans le centre-ouest
dans les six dernières années?
Mme Nichols : C'est vous qui
avez la réponse.
M. Payment (Jean-Philippe) : Quatre.
Quatre. Puis ce n'est pas toutes des retraites. Donc, je vous le dis, il y a
une influence parfois délétère de la haute gestion sur les commissaires. On le
sait, ça. Je pense que tout le monde le sait. Puis ce n'est pas une question
d'être à tant de mètres du bureau du PDG puis à tant... puis à tant de pieds de
je ne sais pas quoi d'autre. Il y a une... Il y a une relation qui existe, et
cette relation-là, à mon avis, ne devrait pas exister. Si on est véritablement
indépendants de fonction, véritablement indépendants financièrement, on ne
devrait pas avoir de lien avec le PDG, point à la ligne.
Mme Nichols : C'est bon.
C'est noté.
Le Président (M. Provençal)
:40 secondes.
Mme Nichols : Hein? Heille!
je vous le donne. Je vous le donne. Allez-y.
M. Payment (Jean-Philippe) : OK.
Donc... Bien, écoutez, premièrement, je vous remercie de nous avoir reçus à si
courte échéance. On est très heureux d'avoir été ici aujourd'hui. Les six
points sont vraiment des points techniques. Merci de nous avoir amenés sur
autre chose. Je suis sûr que je vais me faire dire que j'avais tort et que
j'avais raison des deux côtés. Je vous remercie énormément et je vous souhaite
une excellente fin de semaine.
Le Président (M. Provençal)
:Bien, moi, écoutez, autant vous,
M. Payment, que votre collègue, M. Manseau, là, ça a été très agréable
comme échange. Je tiens à vous remercier parce qu'il y a beaucoup de
préparation, mais on voit que vous connaissez très, très bien votre sujet. Je
pense que les membres ici, autour de la table, auraient pris encore du temps
pour échanger avec vous. Malheureusement, le temps fait en sorte qu'on doit se
dire... se saluer. Je vous remercie vraiment de votre collaboration, de votre
contribution.
La commission va ajourner ses travaux au
mardi 25 avril 2023, à 9 h 45, où elle entreprendra un
autre mandat. Merci à tous. Soyez prudents pour votre retour et bonne pause.
(Fin de la séance à 16 h 24)