Journal des débats (Hansard) of the Committee on Health and Social Services
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(November 29, 2022 au September 10, 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Thursday, May 29, 2025
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Vol. 47 N° 96
Special consultations and public hearings on Bill 106, an Act mainly to establish the collective responsibility and the accountability of physicians with respect to improvement of access to medical services
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-huit minutes)
La Présidente (Mme Poulet) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la séance
de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte. La commission est
réunie afin de poursuivre les consultations particulières et auditions
publiques sur le projet de loi n° 106, Loi visant
principalement à instaurer la responsabilité collective et l'imputabilité des
médecins quant à l'amélioration de l'accès aux services médicaux.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Abou-Khalil (Fabre) est remplacée par Mme Jeannotte
(Labelle); Mme Picard (Soulanges), par Mme Guillemette (Roberval); et
M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne), par M. Marissal
(Rosemont).
La Présidente (Mme Poulet) : Merci.
Alors, ce matin, nous entendrons les témoins suivants : l'Institut
national d'excellence en santé et services sociaux et la Commissaire à la
santé...
La Présidente (Mme Poulet) : ...et
au bien-être. Alors, M., mesdames, la parole est à vous pour une période de 10
minutes. Par la suite, nous allons procéder à une période d'échange. Alors,
allez-y.
Mme de Guise (Michèle) : Mme
la Présidente, Mmes, MM. les députés, M. le ministre, bonjour. L'INESSS a été
convié par la commission pour prendre part aux consultations sur le projet de
loi no 106. Merci à la commission de nous accorder l'opportunité de prendre
part aux échanges pour vous partager certains travaux que mène l'INESSS,
particulièrement en lien avec les soins de première ligne au Québec. Je suis
accompagnée par Dre Isabelle Sanson, directrice médicale de l'évaluation et du
soutien à l'amélioration des pratiques en première ligne, et de M.... qui est
scientifique principal au Bureau des données clinico-administratives à l'INESSS
et aussi qui détient un PhD en santé publique.
D'emblée, afin de situer notre
présentation, il nous importe de mentionner que l'INESSS n'a pas été impliqué
dans l'élaboration du projet de loi. Nous n'avons pas non plus effectué de
travaux qui nous permettraient de nous prononcer sur son contenu. Nous n'avons
donc pas comme objectif ce matin de commenter les modalités de rémunération que
propose le projet de loi. Ce n'est pas un créneau d'expertise que nous avons
développé.
• (11 h 30) •
Vous avez entendu, au cours des derniers
jours, des experts des milieux académiques ou institutionnels qui ont pu vous
partager leurs analyses, leurs opinions du projet de loi, de son contenu et de
sa portée. Soucieux de soutenir la réflexion et de répondre à l'invitation de
la commission, nous allons donc vous partager certains travaux que nous avons
effectués au cours des dernières années, qui concernent la première ligne, plus
spécifiquement l'utilisation et l'adaptation par l'INESSS de la méthodologie de
regroupement de la population de l'Institut canadien d'information sur la
santé, l'ICIS, à laquelle le projet de loi fait référence quand il parle de
niveaux de vulnérabilité.
D'autre part, nous partagerons avec vous
certains travaux produits par l'INESSS en lien avec l'amélioration des
pratiques en GMF et où l'outil de l'ISIS... que nous appelons aussi... a été
utilisé. En appui à notre présentation, nous avons déposé un court document qui
regroupe quelques informations qui seront abordées au cours des prochaines
minutes. En soutien à différents travaux de l'INESSS, nous utilisons la
méthodologie... qui a été développée en 2016. Nous l'utilisons depuis plusieurs
années. Cette méthodologie vise, entre autres, à prédire ou anticiper les
besoins de services sur la base des profils de santé. La méthodologie...
établit le profil clinique de chaque personne d'une population donnée à partir
des données démographiques et cliniques que l'on retrouve dans les banques de
données clinico-administratives. Vous retrouverez un résumé à la page 5 du
document qu'on vous a transmis. Sans entrer dans les détails, c'est une
méthodologie qui est complexe, nous résumerons que la méthode de l'ICIS permet
de classer la population en 16 profils cliniques dans un souci de simplifier
l'interprétation et l'usage de cet outil dans nos travaux, l'INESSS a adapté la
méthode de l'ICIS et regroupé ces 16 profils en quatre grands segments de
population, auxquels vous avez abondamment référé au cours des derniers jours.
Vous retrouverez donc un résumé de la
segmentation de l'INESSS à la page 6 du document où sont présentés les quatre
segments, soit, en santé : affectation mineure, chronique, affectation
modérée ou majeure, avec le référentiel de couleur auquel on a beaucoup référé.
Ce que cette méthodologie-là permet, c'est segmenter la population à partir des
données cliniques qui sont disponibles, évaluer et prédire l'utilisation des
services dans les différents segments de la population. La méthodologie, elle a
été largement validée et elle est utilisée par plusieurs juridictions au Canada
pour décrire l'état de santé de la population, prédire les coûts des soins de
santé ou encore analyser les variations dans l'utilisation des services.
Toutefois, comme avec toute méthodologie
de regroupement de population, il y a aussi des limites, bien sûr. Le profil de
santé des personnes qui n'utilisent pas les services, pour différentes raisons,
incluant en raison d'un manque d'accès, peut être sous-estimé. La qualité des
banques de données clinico-administratives est variable et tous les services ne
sont pas inclus. Ces banques n'incluent pas certains facteurs, tels que la
défavorisation ou la vulnérabilité sociale. Selon la période de recul utilisée
ou d'analyse, un, deux ou trois ans, la méthodologie peut surestimer les
affections aiguës ou sous-estimer les affections chroniques.
En ce qui concerne le regroupement en
quatre segments proposé par l'INESSS, ça avait surtout l'avantage de permettre
une interprétation simplifiée des données dans le contexte de développement
d'outils d'amélioration continue qui étaient destinés aux GMF qu'on
développait. On va y revenir abondamment. Ces segments présentent aussi une
certaine cohérence d'un point de vue clinique et de besoins de services.
Toutefois, les regroupements... les regroupements, ils n'ont pas été déterminés
dans le cadre d'un projet. Ça a été...
11 h 30 (version non révisée)
Mme de Guise (Michèle) : ...dans
le cadre d'un projet spécifique, ils n'ont pas été validés à d'autres usages.
Depuis 2016, l'INESSS a accès à plusieurs banques de données clinico-administratives.
Nous étions donc dans une position unique pour appuyer les GMF dans leurs
initiatives d'amélioration continue de la qualité en se basant sur des données.
Différents outils ont ainsi été conçus, notamment le projet Repères GMF, en vue
de promouvoir l'amélioration continue de la qualité et la pratique réflexive dans
un contexte de collaboration interprofessionnelle. Plus spécifiquement, dans le
cadre du projet Repères, nous avons élaboré un ensemble d'indicateurs de
qualité des soins et services de première ligne mesurables à partir des banques
de données clinico-administratives auxquelles nous avions accès. Une bonne
compréhension des caractéristiques de la clientèle et des caractéristiques des
milieux cliniques est aussi essentielle.
Le premier rapport que nous avons publié
en 2022 présente donc les principales caractéristiques de la clientèle inscrite
en GMF et propose une segmentation des clientèles selon leurs besoins de soins
et services. L'amélioration continue de la qualité est au cœur des travaux de Repères
GMF et de l'INESSS et repose sur une collaboration et une relation de confiance
entre notre organisation, nos partenaires et les GMF. Dès leurs débuts, ces
travaux ont été conçus en partenariat avec les milieux de soins, les
cliniciens, pour les outiller dans l'analyse de leurs pratiques. Notons aussi que
l'élaboration d'un tel outil est influencée par la disposition des données et
la disponibilité des données et la capacité de les suivre sur une base
régulière, ce qui a limité bien sûr l'exhaustivité du portrait, mais qui
constitue quand même une base solide d'analyse et la base pour une approche
réflexive.
Comme vous le voyez à la page 7 du
document en support, dans une de nos publications de 2022, nous avons illustré
aussi que chaque segment est associé à des objectifs de soutien qui appellent à
assurer une note de service. Par exemple, pour une population qui serait en
vert, soit en santé ou présentant des affections mineures, on doit viser à
soutenir son maintien en santé, à réduire les risques et à être en mesure d'offrir
de l'accompagnement requis lors de contextes de vie ou de santé plus
difficiles. Depuis mars 2025, l'INESSS est en mesure de partager avec chacun
des GMF au Québec, volontaire, un portrait de leur pratique en comparaison avec
des GMF comparables et avec l'ensemble du Québec. À ce jour, 147 GMF ont
demandé et reçu leur portrait personnalisé en soutien à leur démarche locale d'analyse
et d'amélioration continue. Puis on vous a donné des exemples aux pages 10
et 11, des exemples fictifs de rapports Repères GMF, un extrait de rapport. Après
avoir utilisé la méthode GROUPER sur la clientèle inscrite en GMF, nous avons
repris l'analyse pour poser un regard global sur l'ensemble de la population
québécoise. Toujours à partir des données disponibles, l'INESSS a réalisé un
premier portrait exploratoire qui dresse le bilan de l'utilisation des services
médicaux de première ligne pour l'ensemble du Québec en 2022-2023, publiés à l'automne 2024.
Ces travaux ont recensé le nombre de visites médicales en première ligne au
cours de l'année, soit les visites chez un médecin de famille avec une IPSPL
ainsi que les visites de faible priorité à l'urgence, les P4, P5. Le recours à
ces services a été évalué selon le profil de santé des personnes, d'une part,
et selon leur inscription ou non auprès d'un médecin de famille. Voici quelques
faits saillants de ces travaux.
En moyenne, chaque personne a eu deux
visites par an en première ligne au Québec. Les personnes en bonne santé,
57 % de la population, comptent pour 40 % des consultations. 2,1 millions
de Québécois ne sont pas inscrits auprès d'un médecin de famille à ce moment-là.
Ils sont souvent plus jeunes, plus souvent des hommes, 72 % d'entre eux
sont dans le segment dits en santé. Parmi les non-inscrits, 500 000 personnes
ont des besoins de santé modérés ou majeurs. Ce qu'on observe clairement, c'est,
être inscrit à un médecin de famille augmente significativement l'accès aux
services. Les inscrits consultent de deux à six fois plus souvent en clinique.
À l'inverse, les non-inscrits consultent davantage à l'urgence et souvent pour
des problèmes non urgents.
L'INESSS tient à rappeler que ces travaux
ne contenaient pas de recommandations et surtout pas de recommandations à l'effet
de retirer l'inscription à un médecin de famille aux citoyens. Cette étude n'avait
pas non plus pour objectif de déterminer le nombre de services de première
ligne requis. C'est un portrait qui rapporte le nombre de services qui ont été
offerts sans jugement sur la pertinence de ceux-ci...
Mme de Guise (Michèle) : ...selon
les profils de santé sur une période déterminée. Ces données ne permettent pas
à elles seules de proposer un changement dans l'organisation des services, mais
elles apportent un éclairage qu'on croit précieux, notamment sur les profils de
santé.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci
beaucoup de votre exposé. C'est tout le temps que nous avons.
Mme de Guise (Michèle) : Parfait!
C'est terminé.
La Présidente (Mme Poulet) : Avant
de céder la parole à M. le ministre, étant donné que la séance a commencé plus
tard que prévu, est-ce qu'il y a consentement pour poursuivre nos travaux
au-delà de l'heure prévue, soit à 13 h? Est-ce qu'il y a consentement?
Consentement. Merci. Parfait. Alors, M. le ministre, la parole est à vous.
M. Dubé : Oui. Très bien.
Alors, merci beaucoup. Et, Dre de Guise, je suis très content de vous revoir
parce que les gens... je pense que les gens connaissent bien l'INESSS. Mais je
pense que, de voir ce genre de travaux-là, parce que vous en faites plusieurs,
vous faites beaucoup d'analyses de médicaments, des choses comme ça, c'est...
c'est souvent un peu pour ça qu'on vous connaît, mais, quand je vois des
travaux de fond comme ça, là, qui vont nous aider à améliorer la prise en
charge des patients, là, je veux vous... rappeler à votre équipe comment on
apprécie ces travaux-là.
Vous avez dit ce que votre analyse fait
puis ne fait pas. Je pense, c'était important de le préciser, là. Puis je pense
que je laisserai mes collègues aussi vous poser des questions là-dessus. Je ne
sais pas si on a... on en est capable de mettre à l'écran certaines de vos
pages. On est... On n'est pas...
• (11 h 40) •
La Présidente (Mme Poulet) : ...mais
d'ici une trentaine de minutes, à la fin de leur exposé, ça va être disponible
sur le site Internet de l'Assemblée nationale.
M. Dubé : O.K. Alors,
dites-moi à quelles pages que je peux référer parce que je suis certain qu'il y
a des gens, là, puis je pense entre autres à...
Mme de Guise (Michèle) : ...M.
le ministre.
M. Dubé : Comment vous me
dites ça, Mme de Guise?
Mme de Guise (Michèle) : Dix
et 11, je crois. Est-ce que je me trompe?
M. Dubé : Bon. Ça, c'en est
une que j'aimerais que les gens puissent suivre, quand on aura cette discussion-là.
Parce que vous avez parlé des travaux que vous faites avec les GMF, là. Je ne
me souviens pas. Vous avez dit plus de 160 GMF avec lesquels vous faites
leur portrait.
Mme de Guise (Michèle) : 147
GMF se sont prévalus de recevoir leur portrait. Nous, on est prêts pour
l'ensemble du Québec.
M. Dubé : O.K. Alors, ça,
c'est à la page 10. Puis, pour ceux qui nous suivent, là, on voit très
bien, par exemple, qu'une GMF au Québec, parce qu'on la compare à toutes les
GMF du Québec, là, qui en a à peu près 400, on voit dans la dernière colonne à
droite que les enfants d'un an, quatre ans, c'est 5 %, 5 à 17 ans...
Puis on additionne tout ça. Puis on voit la population totale pour 100... le
chiffre n'est pas là, mais si on additionne, ça donne...
M. Benigeri (Mike) : ...
M. Dubé : Pardon?
M. Benigeri (Mike) : Le
chiffre est en haut à droite dans total.
Mme de Guise (Michèle) : La
clientèle inscrite, c'est en haut, à droite.
M. Dubé : O.K. Ce qui est
intéressant, parce que j'ai entendu le commentaire puis je le dis pour mes
collègues, on pourra vous poser des questions là-dessus, on disait :
Est-ce que le code de vulnérabilité va tenir compte des facteurs de... si un
secteur est défavorisé, ou, etc.? Ça fait que, ça, c'est une des choses sur
lesquelles je vais vous amener parce que vous amenez le facteur de
défavorisation sociale. Puis on en reparlera tout à l'heure.
Le deuxième élément que j'ai trouvé
intéressant dans votre rapport... oui, puis la page 11 suit... suit un peu
ce document-là, parce que ça... vous donnez une description de leur clientèle.
C'est vraiment intéressant. L'autre page que je trouvais intéressante, là,
de... c'était comment vous passez de 16 groupes aux quatre... aux quatre
cotes de vulnérabilité. Puis, ça, je pense, c'est quoi, c'est la page six.
Est-ce que c'est ça?
Mme de Guise (Michèle) : Oui.
M. Dubé : Oui. Ça, c'est
intéressant parce que... puis là, on verra à quel temps qu'on peut aller
regarder ça, mais je pensais par exemple au code vert qui est à la page six. On
voit qu'il y a des non-utilisateurs, des utilisateurs sans affection, des
nouveau-nés en santé, alors que plus loin, dans des codes rouges, on a des
nouveau-nés avec une affectation majeure. Si on a le temps, j'aimerais ça qu'on
parle un petit peu de ça. Parce que vous avez dit que c'est pour simplifier que
vous y êtes arrivés à quatre, mais il y a quand même une analyse assez
détaillée de cette segmentation-là de la population. Bon. Puis on verra, là, si
on règle notre problème technique de pouvoir l'avoir à l'écran. Sinon, bien,
les gens pourront aller le voir, la version qui est disponible, sur le site
Web.
Bon. Je veux revenir aux enjeux de votre
rapport. Puis je pense que c'est important de clarifier. Puis, quand vous
dites : Votre travail ne fait pas le lien avec le projet de loi, puis ça,
c'est important de bien le comprendre, nous, on a décidé, grâce à la qualité de
cette...
M. Dubé : ...information-là
de dire : Ce que ça nous donne surtout, c'est de l'information sur ceux
qui n'ont pas passé dans le système. Puis ça, je veux le mentionner pour que
les Québécois comprennent, c'est qu'on a des patients qui sont inscrits, on a
des patients qui ont passé par le GAP de qui on a de l'information. Puis vous
me direz si je me trompe, là, mais notre gros enjeu, un de nos gros enjeux,
c'est qu'il y a beaucoup de patients qui sont sur la liste d'attente, puis ces
patients-là sont sur la liste d'attente, puis on n'a pas l'information sur leur
état de santé parce qu'ils n'ont jamais ou peu passé dans le système. Donc,
l'avantage d'aller prendre ce système d'information là, où vous allez chercher
ces données-là, soit par estimation... puis c'est ça que j'aimerais que vous
expliquez, l'avantage, c'est que vous ne nous dites pas : Vous devriez
prendre ceux-là ou pas, ou ne pas les prendre, vous avez bien dit ça tout à
l'heure, mais j'aimerais ça que vous expliquez où vous êtes allés chercher
l'information pour arriver... parce qu'hier moi, j'ai entendu quelque chose
d'excessivement important du groupe pour les usagers, là, de Mme Tremblay. Elle
a dit : Ça n'a pas de bon sens qu'on ait 600 000 personnes
vulnérables qui sont en attente sur une liste d'attente puis qu'on ne fait rien.
Alors donc, je veux juste savoir comment vous avez fait pour arriver à cet
estimé-là... puis je les appelle des rouges ou des maladies chroniques
importantes, là, je ne veux pas rentrer dans ce débat-là de couleurs. Ça fait
que je veux vous entendre sur qu'est-ce qui vous permet de dire que votre
estimé, c'est qu'il y a 600 000 personnes vulnérables qui sont non
inscrites puis pour qui on n'a pas d'information, s'il vous plaît.
Mme de Guise (Michèle) : Très
bien. Alors, il y avait différents éléments de question. D'abord, pour la
défavorisation, juste pour préciser l'information, dans le document qu'on vous
a donné de repères GMF, c'est vrai qu'on est en mesure, par des indices de
défavorisation sociale et matérielle, puis il y a des méthodes pour aller capter
ça dans les données, de partager aux GMF le pourcentage de leur population. Ça
fait que ça, c'est une chose qui est importante. Il y a un reflet vraiment
précis de leurs patients inscrits, de leur patientèle.
M. Dubé : Ça, c'est eux qui
complètent ça?
Mme de Guise (Michèle) : C'est...
Non, c'est capté dans les bases de données, ces indices de défavorisation là.
Donc, le... Mais, par contre, ce n'est pas inscrit dans... ce n'est pas tenu en
compte dans Grouper. Puis là on a l'expert à ma gauche. Ça fait que c'est ça
qu'il faut comprendre. On a l'information pour être en mesure de traduire cette
information dans un tableau de bord, mais Grouper, la méthode de l'ICIS, ne
prévoyait pas d'intégrer ces indices-là. Ça fait que nous, on a adapté une méthode
qui est très, très démontrée, utilisée dans le reste du Canada. Et puis c'est
la raison pour laquelle Grouper... ce que les cliniciens vous ont dit cette
semaine, avec justesse, c'est que cette modalité de segmentation là n'en tient
pas compte. Par contre, on a les moyens d'informer leurs... les cliniciens de
pourcentage de leur clientèle qui représente ça, donc la lourdeur additionnelle
liée à la défavorisation sociale et matérielle.
M. Dubé : O.K. C'est beau.
Mme de Guise (Michèle) : Ça
vous convient pour ça?
M. Dubé : Pour la partie
défavorisation sociale, je vais le dire comme ça, là. Ça répond à ma première
question.
Mme de Guise (Michèle) : La
deuxième question, vous avez les 16 segments. Alors, c'est sûr que la méthode
initiale de Grouper c'est vraiment ces 16 segments là, puis on peut toujours y
faire référence, on a cette information-là. La raison pour laquelle on a... on
s'est mobilisés vers ce fameux code de couleurs, qui nous a beaucoup... dont on
a beaucoup parlé...
M. Dubé : Qui fait beaucoup
jaser, oui.
Mme de Guise (Michèle) :
...bien oui, c'est qu'on trouvait que, dans nos outils de partage avec les GMF,
puis eux aussi, ils trouvaient ça, c'était plus simple de les regrouper d'une
certaine manière, d'une façon logique, sur l'intensité de besoin de service qui
est associé à ça. Ça fait qu'on peut jongler avec 16 segments, mais parfois
c'est plus facile aussi visuellement, si vous regardez nos travaux, de référer
à des groupes. On les a groupés... ça fait que de 16 à 4, mais on peut revenir
de 4 à 16, puis il n'y a rien qui empêche d'aller chercher l'information de
façon plus précise pour...
M. Dubé : Par exemple, pour
un nouveau-né qui fait... qui fait partie des verts mais qui, dans un autre
cas, pourrait faire partie des rouges s'il a des conditions particulières,
exemple.
Mme de Guise (Michèle) : Bien
oui. Puis, déjà aujourd'hui, s'il a une condition, le nouveau-né, qui le rend
malade, il ne sera pas dans les verts, là. C'est un nouveau-né en santé qui est
dans les verts.
M. Dubé : Juste revenir sur
ça, parce qu'il y a en ce moment, dans la prise en charge qu'on fait, là...
oubliez le projet de loi, oubliez les changements qu'on propose, il y a en ce
moment des codes de vulnérabilité, parce qu'on a eu ces discussions-là quand on
faisait p.l. 11 pour demander aux médecins de mettre une emphase sur les
clientèles vulnérables. Les codes actuels, on reprochait qu'ils étaient...
M. Dubé : ...dû pour une mise
à jour depuis longtemps. Est-ce que ce cet exercice-là permet de faire ça,
selon vous?
Mme de Guise (Michèle) : Bien,
je pense que c'est une alternative. L'intérêt de cette façon-là, c'est qu'on
est... C'est imparfait, on a dit les limites, puis ça doit être assorti à
d'autres mesures aussi, mais ça permet vraiment, de façon objective, en
fonction de la consommation de soins et des services qu'on retrouve, qu'on...
puis on les trouve dans les différentes bases de données, les consultations à
l'urgence, les hospitalisations, les visites avec les médecins, les visites
avec les IPS, etc. Donc, au-delà du jugement clinique, qui a toujours son
espace, qui est archifondamental, quand on fait des analyses populationnelles
sur un groupe de patients, ça permet d'harmoniser la pratique. Est-ce que Mike
tu veux ajouter à ça?
M. Benigeri (Mike) : Oui.
Mais peut-être la différence avec les cotes de vulnérabilité, ça, c'est les
médecins qui vont les poser à leurs patients inscrits. Les patients non
inscrits n'ont pas de code de vulnérabilité. Donc, le Grouper, ce qu'il permet,
c'est d'aller voir tous les diagnostics que les personnes peuvent avoir,
inscrites ou non, quand ils vont à l'urgence, quand ils vont voir un médecin
spécialiste, un omni, et donc de les regrouper à partir de toutes ces
informations-là, qu'ils soient inscrits ou non.
• (11 h 50) •
M. Dubé : Parce que c'est ça
qui, à mon sens, est ressorti si clairement de cette analyse-là, c'est qu'il y
avait tant de personnes estimées comme vulnérables qui n'étaient pas prises en
charge. Parce que vous avez... dans votre rapport détaillé, là, moi, je l'ai
regardé souvent, il y a deux colonnes, il y a les inscrits à 6 millions de
patients à des médecins puis mais il y a un 2,5 millions, là, soit par le GAP,
soit par... qui sont non inscrits, c'est majeur d'avoir, là, je pense, c'est
600 000 personnes ou à peu près qui étaient dans le...
Mme de Guise (Michèle) : Si
je peux me permettre, ça, c'est l'innovation. C'est-à-dire que c'est la
première fois, à notre connaissance, qu'on a pu analyser cette population de
Québécois non inscrits.
Et puis c'est la richesse à nos yeux de
ces travaux-là, effectivement. Puis ça me permet peut-être de prendre le relais
sur l'information, sur les non-inscrits, mais il faut... encore là, il n'y a
pas de méthode parfaite. Il faut comprendre que dans les non-inscrits, il y a
des non-utilisateurs. Puis les non-utilisateurs, on n'a pas d'info sur eux. On
sait qu'ils n'utilisent pas, mais on n'a pas d'info. Alors, c'est difficile de
les classer ces gens-là. Mais il y a beaucoup d'utilisateurs sur lesquels on a
des informations. Ça fait que là, vous savez déjà : Comment on a de
l'information, s'ils sont non inscrits? Mais parce qu'ils sont hospitalisés,
c'est parce qu'ils vont dans les urgences, c'est parce qu'ils voient des
médecins spécialistes, parfois plus qu'un peut-être. Alors, le... nous de
l'accès aux données a cette richesse-là de nous permettre, pour chaque citoyen,
de façon anonyme bien sûr, mais d'aller voir sa consommation des soins et des
services. Et puis on a bien vu qu'il y avait 500 000 patients qui
n'avaient... n'étaient pas inscrits, mais qui consomment des soins puis qui
correspondent à des groupes de patients qui sont malades.
M. Dubé : Quand on regarde
ça, le regard global que vous donnez, là, c'est-à-dire d'être capable de faire
cette évaluation-là, soit au niveau du Québec au complet ou par région, est-ce
qu'il y a d'autres endroits qui ont fait... d'autres organisations de santé qui
ont fait un peu cet exercice là? Parce que si c'est Grouper, c'est parce que
c'est fait au Canada. Je veux juste voir un peu comment on se compare. Est-ce
que les gens maintenant qui visent... parce qu'il y en a plusieurs comme nous,
là, qui vont viser à prendre 100 % de la population, l'Ontario vient
d'annoncer ça récemment. Comment on se compare par rapport au pourcentage, si
vous pouvez y aller là-dessus?
Mme Samson (Isabelle) : Bien,
la méthodologie de l'ICIS, Grouper, a été utilisée par plusieurs juridictions,
plusieurs chercheurs, entre autres, on collabore avec une chercheure du côté de
l'Ontario, où elle utilise la méthodologie pour anticiper les besoins de santé
à l'échelle d'un territoire, d'une portion de l'Ontario autour de Toronto, et
où elle travaille avec le terrain pour planifier les effectifs en fonction des
besoins projetés de la population. Donc, c'est un des exemples de l'utilisation
de Grouper au Canada présentement.
M. Dubé : O.K. J'ai deux
questions puis je suis certain que mes collègues vont pouvoir compléter sur ces
points-là, mais je ne peux pas m'empêcher de vous demander puis j'essaie de me
tenir loin du projet de loi parce que vous ne voulez pas en parler, mais nous,
ce qu'on veut faire, c'est quand même se servir de cet estimé-là des gens qu'on
ne connaissait pas pour être capables de dire : il serait évident, comme
le dit Mme Tremblay, que vous vous concentriez...
M. Dubé : ...sur les
vulnérables pour commencer, hein? Parce que c'est... s'il y en a
1 500 000 de non inscrits, est-ce qu'on pourrait mettre au moins la
priorité? Est-ce que vous pensez qu'on se trompe beaucoup par rapport à cette
estimé-là de 600 000 vulnérables?
Mme de Guise (Michèle) : J'ai
l'impression qu'on ne se trompe pas sur l'estimé du nombre de patients vulnérables
non inscrits, là. J'ai l'impression qu'à la marge, le seul élément de prudence
ou de vigilance que je pourrais proposer, c'est comme dans tout changement ou
dans toute innovation, hein... ce projet de loi là, probablement que la clé va
être la vigilance et le suivi pour s'assurer qu'il n'y a pas d'effet, qu'on ne
peut pas anticiper facilement. Ça fait que ce n'est peut-être pas une
réponse... une réponse à votre question, mais je trouve quand même important...
puis il y en a d'autres, je pense, au cours des derniers jours, qui ont dit...
M. Dubé : Mais quand vous
parlez de suivi, là, si, par exemple, on a... la personne arrive au...
dit : O.K., je me suis engagé à prendre cette... le médecin dit : Je
me suis engagé à la prendre, puis que ce n'était pas le bon code, c'est-tu ça
que vous...
Mme de Guise (Michèle) : Bien,
non. Bien, voyez-vous, moi, j'étais plus dans les éléments d'impact sur la
santé, la prise en charge des populations, s'assurer, tu sais, qu'on puisse se
donner...
La Présidente (Mme Poulet) :
Merci beaucoup.
Mme de Guise (Michèle) :
Pardon.
La Présidente (Mme Poulet) :
Le temps de la banquette gouvernementale est terminé. Nous allons poursuivre
les discussions avec le député de Pontiac.
M. Fortin :Oui, merci. Bien, peut-être juste terminer votre réponse,
Mme de Guise, si vous voulez.
Mme de Guise (Michèle) : Oui,
bien, ce que je trouve important, c'est que, quand on met en place des
nouvelles pratiques comme ça, qu'on puisse suivre l'impact sur la prise en
charge globale, est-ce que ça a rendu les services attendus? Est-ce que ce sont
des éléments d'indicateurs de santé, de résultats? Donc, je pense que c'est une
bonne pratique, là. C'est sûr que c'est dans notre ADN à l'INESSS de vouloir...
de penser qu'il est souhaitable d'évaluer au fur et à mesure qu'on implante une
nouvelle façon de faire pour s'assurer qu'il n'y a pas d'effets collatéraux.
M. Fortin :Très bien. Bien, d'abord, merci d'être là. Merci à vous
trois pour la présentation que vous nous faites aujourd'hui. À chaque fois que
je vois l'INESSS, j'ai comme la... la première chose qui me vient en tête, ce
n'est pas la même chose que vous, M. le ministre, je vous ai entendu tantôt,
moi c'est la liste de médicaments qu'ils recommandent et qu'on attend pour
votre approbation. Je pense entre autres aux patients qui attendent pour le
cancer de la prostate, avec un cancer de la prostate, là, qui ont des attentes
très élevées de l'INESSS de leur donner de l'espoir parce qu'ils trouvent que
ce serait approprié de rembourser ces médicaments-là. Ils attendent à ce jour.
Sur... Mais ça, c'est un débat, c'est un débat pour une autre fois, hein? On se
reprendra là-dessus.
M. Dubé : ...
M. Fortin :
Oui, c'est ça. Sur ce que vous nous présentez aujourd'hui, il y a des groupes
qui sont venus un peu plus tôt en commission parlementaire et qui ont
dit : On a une grosse inquiétude par rapport à l'octroi de... on a appelé
ça de pastille, là, mais la segmentation, disons, là, de patients faite sur une
base, appelons ça clinico-administrative, mais qui n'est pas... qui n'est pas
dans les mains du personnel soignant ou des médecins, là, pour le nommer comme
ça. Leur inquiétude venait du fait que ça peut être long, peut-être, le processus.
Ils nous ont dit : Un processus comme ça, si on le fait de façon... si on
ne le fait pas, si ce n'est pas fait par le médecin, si ce n'est pas fait par
le soignant ou par l'IPS ou qui que ce soit, là, qui voit le patient, ça peut
prendre jusqu'à un an. Puis entre vous et moi, bien, un an, un patient a le
temps d'avoir le cancer, d'avoir ses chirurgies, de commencer ses traitements
de chimio, faire tout le reste, là, son évolution peut changer souvent. Alors,
comment est-ce que... comment est-ce que vous répondez à ça, à cette
préoccupation-là?
Mme de Guise (Michèle) : Bien,
j'ai l'impression qu'il y a une incompréhension sur l'outil, ça fait que
je demanderais peut-être à Mike Benigeri de nous expliquer ce qu'est cet
outil-là puis, encore une fois, ce que ce n'est pas pour peut-être aider les
cliniciens à atténuer leurs inquiétudes.
M. Benigeri (Mike) : C'est sûr
que tous les outils de segmentation vont aller chercher des données quelque
part à un certain moment et pourraient être appliquées à un autre moment. Donc,
que ce soit le médecin qui code un patient et qui dit : Bon, bien, ce
patient, il est vulnérable, ça, son code va être pris en compte lors de la
prochaine rémunération, donc la prochaine prise en compte de sa patientèle.
Donc, avec GROUPER, c'est un peu la même chose, c'est-à-dire qu'on va regarder
un, deux ou trois ans avant son... les profils cliniques des gens pour les
segmenter. Donc, c'est sûr que, pour certains patients, comme vous dites, leur
profil va changer, mais dans les deux sens. Tu as des patients qui étaient
malades et qui vont revenir en santé puis des patients qui étaient en santé qui
vont revenir malades. L'outil GROUPER, c'est un outil populationnel. Dans ma
patientèle de mon GMF, globalement, je suis capable de dire : Voici à peu
près combien j'ai de patients très vulnérables et combien j'ai de patients non
vulnérables...
M. Benigeri (Mike) : ...oui,
ça va changer dans le temps, mais la répartition va être quand même assez
stable. On l'a vérifié ça en regardant à différentes années, la répartition est
assez stable. Par contre, si on regarde par patient, là, c'est problématique.
Si je regarde juste une personne et là je dis, bien, elle est rouge ou bien
elle est verte et puis, dans deux mois, elle va être rouge, là, ça peut être
problématique. Donc, il faut vraiment le regarder au niveau de la patientèle du
GMF.
M. Fortin :
J'entendais Dre de Guise, tantôt parler des patients qu'on ne voit pas
nécessairement, là. Qu'est-ce que... Comment est-ce que vous calculez les gens
qui se tournent vers le privé? Parce qu'il y en a de plus en plus, là, des gens
qui vont voir des médecins de famille au privé. Bien, il y a de plus en plus de
médecins de famille au privé. Ça a quand même augmenté significativement au cours
des dernières années. Alors, comment est-ce qu'on... Comment est-ce qu'on vient
calculer les gens qui se tournent non seulement... bien, je ne peux pas le dire
comme ça, non seulement à les amener au privé, mais aussi pour des soins
spécialisés vers le privé, est ce que... Puis il y a des gens qui ont peut-être
un médecin de famille au public, mais pour leurs soins spécialisés, ils sont
tannés d'attendre. Ça fait longtemps, la chirurgie ne vient pas. Là, on se
tourne vers le privé. Comment est ce qu'on fait pour calculer tout ça?
• (12 heures) •
Mme de Guise (Michèle) :
Je ne crois pas qu'on ait accès à cette information-là, malheureusement. Mais
effectivement, ils sont là. Puis j'ai... je vous répondrais que l'inverse est
vrai aussi. Il y a des gens qui vont au privé pour un médecin de famille, puis
qui reviennent dans le système de santé publique parce qu'on identifie des
enjeux de santé qui méritent une attention rapide, immédiate, etc. Donc ça,
c'est un angle mort auquel on n'a pas accès. On pourrait l'estimer peut-être,
on pourrait regarder par des enquêtes populationnelles s'il y aurait peut-être
des travaux qui pourraient être faits dans ce sens-là sur le plan
méthodologique. Je regarde mon scientifique principal.
M. Fortin :
Mais il n'y en a pas, des travaux comme ça, là, qui nous donneraient une
estimation ou une approximation?
Mme de Guise (Michèle) :
Nous, on n'a pas regardé ça, à ma connaissance.
M. Benigeri (Mike) : Ce
que ça fait, ça, c'est que ça sous-estime leurs besoins à ces personnes-là.
Donc, on est capable de capter quand ils vont dans le public que ce soit à
l'urgence. Donc, on voit quand même un peu d'information sur eux, mais par
rapport à quelqu'un qui n'est que dans le public, leur état de santé est
sous-évalué dans un outil comme Grooper.
M. Fortin :
Mais la raison pour laquelle je vous le demande, c'est parce que j'ai vu un
sondage passé dernièrement qui disait que 50 % des familles au Québec
consomment d'une façon ou d'une autre dans le privé, là. Ça peut être des
prises de sang, ça peut être une consultation avec un omni, ça peut être, peu
importe, mais d'une façon ou d'un autre consomme dans le privé. Alors, s'il y a
un chiffre si important que ça de gens qui consomment dans le privé, est-ce qu'on
ne fait pas une sous-estimation majeure? C'est dur à dire parce qu'on n'a pas
les chiffres, mais est-ce qu'on n'en arrive pas là?
Mme de Guise (Michèle) :
Mais il y a une complexité aussi parce qu'il faut tout questionner aussi les
enjeux de pertinence, je vais me permettre de dire ça, mais, oui, cet angle
mort là, il est vraiment, il est vraiment, il est réel, mais on ne peut pas...
On ne peut pas intégrer ces données-là, malheureusement, en ce moment.
M. Fortin :
Je ne vous entendu dire tantôt, là : Si on est non inscrit, on consulte
plus à l'urgence, hein? Si on est inscrit, on consulte plus notre GMF, tu sais.
Ça a l'air bien évident, là, pour tout le monde, mais ça demeure un fait. Et
là, sans nécessairement embarquer dans le fond du projet de loi, là, si on
prend tous vos non-inscrits aujourd'hui, là, puis qu'on les inscrit,
c'est-à-dire hier, on a entendu, entre autres, des médecins nous dire :
Bien, moi, ça veut dire, dans ma pratique, que je passe de 500 patients à
2 000 patients. Puis je n'ai pas nécessairement plus d'outils pour le
faire, là. Est-ce qu'on... Est-ce que vous pensez qu'on va être capables de
quantifier tous leurs besoins à ces gens-là s'il y a un frein, s'ils sont
incapables parce qu'il a 2 000 patients, là, ce médecin-là, puis
qu'il n'y a pas plus d'infirmières où il n'y a pas plus de psychologues ou de
travailleur social, je veux dire, qui est incapable d'accéder à sa clinique.
Est-ce que, ces données-là, on les perdrait un peu à ce moment là? Là, on les
sert à l'urgence. Qu'est-ce qu'il se passe avec ces patients-là?
Mme de Guise (Michèle) :
Bien, j'entends vos questions, et elles sont toutes pertinentes, mais l'enjeu
qu'on a, c'est que, là, nous, on travaille avec des données
clinico-administratives qui ont leurs limites. Je pense que c'est
M. Michaud qui a dit : On demande à des données
clinico-administratives de jouer un rôle qu'ils, en général, ne devraient pas
jouer. C'est quand même extrêmement utile. Et dans tout ce qu'on décrit, il y a
de la complexité. Il y a... Parmi les 500 000, ça prend des humains à un
moment donné pour faire de l'interaction. Parce que parmi les 500 000, il
y a peut-être des gens qui sont... qui ont un profil complexe, qui ont un
profil complexe, pardonnez-moi. Bien, il y a peut-être des gens qui ont vu un
médecin de famille dans le privé, qui ont eu beaucoup de soins, mais qui ne
sont pas... Alors, le but de ça, c'est de se donner les moyens, puis c'est
d'identifier les plus vulnérables, ceux qui ont des vrais enjeux. Puis je ne
suis pas en train de vous dire que j'ai la solution. J'aimerais ça...
M. Fortin :
Nous autres aussi.
Mme de Guise (Michèle) :
...parce que j'en ferais une recommandation. Mais vraiment...
12 h (version non révisée)
Mme de Guise (Michèle) : ...aller
chercher vraiment, donc. Nous, on est à une échelle populationnelle pour
guider, anticiper, permettre une meilleure organisation de soins. Puis on peut
aller le faire à un niveau GMF, RLS, Québec, en faisant toutes les comparaisons
possibles et impossibles. C'est d'une richesse inouïe, mais ça a ses limites.
Puis, à un moment donné, il y a tout le caractère humain de l'interaction
professionnelle qui rentre en jeu, à travers ça. Ça fait que je pense que je ne
réponds pas.
M. Fortin :Non, c'est correct. Puis, en même temps, je ne vous demande
pas non plus les... Ce serait injuste peut-être de vous demander des
recommandations sur la première ligne, de façon générale. On a un groupe d'experts
qui s'est penché là-dessus dernièrement. Ce n'est pas l'avenue qu'on prend,
mais c'est ça qu'on a quand même. Merci.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci,
M. le député. Alors, on poursuit les discussions avec le député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, bonjour. J'ai trois minutes, hein, ça fait qu'on va y
aller rondement. Bien, je suis quand même un peu confus parce que j'entends le
ministre dire, depuis tantôt : On va s'éloigner du projet de loi. C'est
comme une première fois que je vois ça, qu'on étudie un projet de loi dont on s'éloigne
en étude, mais, bon, regarde, je suis ouvert à toutes les surprises.
Et ça m'étonne d'autant que le code de
couleur qui se retrouve dans le projet de loi, c'est votre travail. Et je n'en
juge pas, là, je ne juge pas de la qualité du travail. Par contre, je me pose
la question, est-ce qu'il ne risque pas, avec le code de couleurs, d'arriver la
même chose qu'avec les P1, P2 jusqu'à P5, aux urgences, c'est-à-dire qu'à un
moment donné on dise : Il y a trop de verts qui consultent, on va aller
vers les oranges et les rouges, un peu comme on dit aux urgences : Il y a
trop de P4, P5, puis que, de fait, les verts vont se retrouver encore une fois
laissés pour compte? C'est la chose que je peux voir avec un tel triage. Est-ce
que je me trompe?
Mme de Guise (Michèle) : Bien
non, je n'irais pas jusqu'à dire que vous vous trompez.
M. Marissal : Ah! vous avez
le droit.
M. Marissal : Mais c'est... l'enjeu,
c'est d'utiliser... c'est ça, le mot «triage». C'est un outil populationnel. Il
ne faut pas prêter plus aux couleurs que ce que ça porte. C'est assez innocent,
les couleurs, finalement, et puis, vraiment, ce qu'on peut faire, c'est prendre
des décisions de gestion en fonction de la répartition, de la segmentation des
populations. Puis c'est à ça... comme ça que nous, on l'a utilisé, à l'INESSS,
d'amener les GMF, les groupes de médecine familiale à voir leurs résultats puis
à se mobiliser sur leurs résultats. C'est très précieux parce qu'eux autres,
ils ne savaient pas... ils savent le nombre d'inscrits, ils ne savent pas le
nombre de non-inscrits dans leurs régions. Ils savent ce qu'ils savent, mais
ils ne savent pas ce qu'ils ne savent pas. Puis ils ne savent pas non plus
leurs profils. Et puis quand ils arrivent pour faire de l'amélioration continue
des pratiques, ils n'ont pas accès à leurs résultats--maintenant, oui--puis ils
ne pouvaient pas se comparer.
Ça fait que le pas qu'on fait avec nos
couleurs, c'est dire aux GMF : Maintenant, vous avez accès à vos
résultats, votre population, vous êtes... vous pouvez vous comparer avec des
comparables pour... tu sais, pas des pommes avec des poires, mais des pommes
avec des pommes.
M. Marissal : ...tout ça est
lié, hein?
Mme de Guise (Michèle) : Bien
oui.
M. Marissal : C'est un jeu de
dominos, là, puis vers la fin du domino, là, il s'agit de désengorger les
urgences où il y a trop de P4, P5. Ça, c'est nos verts. Donc, on veut que la
première ligne prenne plus de rouges, les P3, là. Les P1, P2, j'espère qu'ils
sont à l'hôpital, là. Donc, est-ce qu'on n'a pas l'effet... le même effet :
c'est les rouges qui vont se retrouver prioritairement pris par les GMF, puis
les gens qui sont en santé mais qui ont peut-être un petit bobo... puis la
prévention va disparaître?
Mme de Guise (Michèle) : Je
vais peut-être... ce serait vraiment épouvantable, je vais me permettre de vous
faire une correction.
La Présidente (Mme Poulet) : On
va poursuivre les discussions avec le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Dre de Guise, continuez. Je ne voudrais pas vous
interrompre. Vous étiez en train de répondre à une question.
Mme de Guise (Michèle) : Bien,
je voulais juste dire que les P4, P5 ne sont pas nécessairement verts. Il faut
faire attention, là. Les P4, P5, c'est toute une catégorie de patients, là,
qui... Alors, je veux juste faire cette correction-là. Corrigez-moi, mais les
P4, P5, il ne faut pas les étiqueter de vert.
Deuxièmement, nous... il y a des modalités
de gestion à appliquer, puis on a pris le soin de dire que les gens qui sont
dans des profils en bonne santé, on ne les abandonne pas, mais on adapte les
services en fonction de leurs besoins, puis le besoin...
M. Arseneau : Moi, je...
Mme de Guise (Michèle) : ...c'est
le maintien en santé. Ah! je m'excuse, M. Arseneau.
M. Arseneau : Oui. Non, bien,
c'est ça que je veux. Je voulais quand même vous poser des questions.
Mme de Guise (Michèle) : Bien
oui, désolée.
M. Arseneau : Il me reste
deux minutes, mais votre réponse était tout à fait pertinente. On comprend que
ce n'est pas un outil de triage. Dans mes mots, je dirais que c'est un outil d'aide
à la décision pour mieux orienter, là, les soins ou organiser les soins pour
desservir la...
M. Arseneau : ...population.
Je ne sais pas. Si je regarde un peu les craintes qu'on peut avoir, c'est qu'à
partir du moment où on va, permettez-moi l'expression, taguer les citoyens par
couleurs, que l'on soit condamnés par cette couleur-là, au vert, au rouge ou au
jaune, alors qu'on pourrait être un vert très foncé ou un rouge plutôt pâle et
puis n'avoir pas plus d'accès aux soins. Ça, c'est un des éléments.
Deuxième élément, c'est : Si on dit
aux médecins que vous avez déjà un code de vulnérabilité de A à E, maintenant,
vous allez utiliser les pastilles en fonction du tagage des patients puis vous
allez devoir faire du rouge, et du rouge, et du rouge, et du rouge encore, donc
on va intervenir dans l'évaluation clinique des patients. Comment est-ce qu'on
peut débâtir ces deux craintes là? Ou est-ce que ces craintes sont justifiées?
Mme de Guise (Michèle) : Bien,
ce que je ne sais pas, puis en toute humilité, c'est comment ça va être opérationnalisé,
cette loi-là. Puis c'est là que ça va, à mon avis, se jouer, dans
l'opérationnalisation de la loi. Et puis, l'important... je n'ai pas eu le
temps de faire ma conclusion, tantôt, mais j'aurais souhaité vous dire, à ce
moment-là, l'important, c'est l'accès le plus large possible aux populations
qui en ont besoin, puis de répondre aux besoins de la population avec le
meilleur professionnel pour le faire au meilleur moment.
• (12 h 10) •
M. Arseneau : Mais
dites-moi... Je ne veux pas vous mettre des mots dans la bouche encore mais
j'ai compris de votre présentation que vous aviez développé et utilisé un outil
populationnel. Mais, moi, j'interprète qu'on veut l'utiliser à d'autres fins
que ce pour quoi il a été élaboré, dans le cadre d'une révision de la
rémunération des médecins, puis d'une pression supplémentaire pour inscrire les
patients, et éventuellement, j'espère, là, donner un peu d'accès. Est-ce que...
.Est-ce que c'est mon interprétation qui est erronée?
Mme de Guise (Michèle) : Bien,
encore une fois, je dois vous dire que, moi, l'opérationnalisation de la loi,
je ne la maîtrise pas. Ça fait que j'aimerais ça pouvoir vous répondre puis
partager ou pas vos craintes, mais humblement, nous, les travaux qu'on a faits,
là, j'ai été transparente, vous les avez... vous les avez vus, c'est vraiment
cet outil de segmentation qui aide à anticiper, planifier.
M. Arseneau : D'accord. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Poulet) : Je
vous remercie. Je m'excuse encore de vous interrompre. C'est tout le temps que
nous avons. Alors, je vous remercie de votre contribution à nos travaux.
Je suspends les travaux quelques instants
pour permettre à l'autre groupe de s'installer.
(Suspension de la séance à 12 h 11)
(Reprise à 12 h 14)
Le Président (M. Provençal)
:Alors, nous allons poursuivre les
travaux de ce matin. Nous recevons la Commissaire à la santé et au bien-être,
Mme Joanne Castonguay. Mme Castonguay, bienvenue. Vous savez, ce
n'est pas votre première expérience, donc il y a un 10 minutes de
présentation, et, après ça, on procède aux échanges. Alors, je vous cède
immédiatement la parole, madame.
Mme Castonguay (Joanne) : Merci
beaucoup. M. le Président, membres de la Commission de la santé et des services
sociaux, M. le ministre de la Santé, madame, monsieur, j'ai l'honneur de
prendre la parole aujourd'hui devant la Commission de santé et des services
sociaux dans le cadre des audiences publiques sur le projet de loi n° 106, Loi visant principalement à instaurer la
responsabilité collective et l'imputabilité des médecins quant à l'amélioration
de l'accès aux services médicaux.
Le Commissaire à la santé et au bien-être
accueille favorablement la volonté de transformation du projet de loi n° 106, mais avec certains bémols. Cette réforme, parmi
d'autres initiatives, a le potentiel d'améliorer l'accès aux soins et services
de santé, à condition que sa mise en œuvre s'effectue à l'aide de mécanismes
robustes, de soutien adapté aux acteurs et d'une vision claire et partagée du
système qui est souhaité. Il faut aussi être attentif aux effets pervers
possibles des incitatifs proposés par ce projet de loi. Un équilibre devra être
recherché pour éviter à la fois l'exclusion des personnes les plus vulnérables
et une répartition inéquitable des ressources. C'est dans cette optique que le
commissaire souhaite partager ses constats et formuler des recommandations avec
l'intention de contribuer à une réforme qui tienne ses promesses, soit un
système de santé et de services sociaux qui est plus accessible et plus orienté
vers ce qui compte réellement pour la population en matière de santé et de
bien-être.
Avant de développer sur les constats et
les recommandations contenues dans le mémoire du commissaire, permettez-moi de
définir notre approche pour évaluer la performance du système de santé et de
services sociaux. Le commissaire place la valeur au centre de ses analyses. La
valeur est définie comme l'ensemble des résultats importants pour la population
obtenue par le système en tenant compte des ressources utilisées et des valeurs
de la société. Un système de santé et de services sociaux crée de la valeur
lorsqu'il améliore la santé et le bien-être de la population, répond aux
besoins et aux priorités des personnes, assure sa viabilité et la protection
financière face aux besoins de santé et agit de manière équitable et
efficiente. Les travaux du commissaire s'insèrent également dans l'approche de
santé populationnelle. Le concept de santé populationnelle repose sur l'idée
d'intervenir avant que les problèmes de santé ne surviennent. Il est fondé sur
le partage de la responsabilité de maintenir et d'améliorer la santé et le
bien-être d'une population entière entre tous les acteurs d'un territoire. Elle
vise deux objectifs principaux : répondre de manière optimale aux besoins
exprimés et non exprimés de la population, réduire les inégalités de santé et
favoriser l'équité en santé.
Revenons maintenant au contexte du projet
de loi n° 106. L'enjeu de l'accès au système de santé
et de services sociaux perdure depuis au moins les 30 dernières années. Le
résultat... Les résultats parlent d'eux-mêmes, l'augmentation des budgets et
les incitatifs à augmenter les activités, dont la rémunération à l'acte, n'ont
pas réglé cet enjeu. Revoir les mécanismes de financement est un des éléments
incontournables pour améliorer l'accès au même titre que l'allocation et la
configuration des ressources, la capacité d'influence du corps médical sur la
gouvernance, la gestion et l'organisation des services. Tant que les mécanismes
de financement ne seront pas alignés avec les objectifs de santé, il n'y aura
pas d'amélioration. C'est pourquoi il importe que le ministère de la Santé et
des Services sociaux et Santé Québec de se doter d'une vision et d'un plan d'action
intégrés.
De plus, bien que le débat public soit
plutôt centré sur les incitatifs à la performance, c'est, selon nous, le
principe de la capitation qui s'avère le plus susceptible de générer les
changements. Nous voyons au moins trois avantages à ce type de rémunération.
Les médecins sont encouragés à prendre en compte l'ensemble des facteurs qui
peuvent affecter la santé lors d'une visite, et ce, sans qu'ils soient
pénalisés. Ils sont aussi encouragés à déléguer des actes et des...
Mme Castonguay (Joanne) : ...consultation
à d'autres professionnels sans être pénalisé. Et les médecins d'un même milieu
répartissent eux-mêmes les revenus en fonction des critères qu'ils auront
eux-mêmes établis.
Cela dit, nous y voyons également des
risques. Les soins pourraient être concentrés sur une part limitée de la
population affiliée, à moins que l'on prévoie des mécanismes pour s'assurer que
toutes les personnes ayant des besoins de consultation reçoivent des services,
y compris les personnes considérées en bonne santé, mais aussi celles qui sont
les plus vulnérables. De plus, le système doit s'assurer que les incitatifs ne
renforcent pas les logiques d'exclusion déjà présentes en négligeant les
personnes moins visibles, plus difficiles à suivre ou à stabiliser.
La fréquence de la révision des niveaux de
vulnérabilité sera déterminante afin que les fonds versés aux milieux cliniques
correspondent réellement aux besoins de la clientèle. Un mécanisme de révision
rétroactif des budgets pourrait diminuer le risque, autant pour les
prestataires de services que pour la clientèle.
• (12 h 20) •
C'est suivant ces constats que le
commissaire effectue sa première recommandation, soit que le P.L. 106
introduise la possibilité d'une mise à jour plus fréquente des indices de
vulnérabilité ainsi qu'un mécanisme d'ajustement rétroactif des budgets
cliniques si l'évolution des besoins le justifie.
Le projet de loi prévoit que le montant...
En fait, sur les incitatifs collectifs, le projet de loi prévoit que le montant
du supplément collectif ne peut excéder un montant correspondant à 25 % de
la rémunération des médecins. Cette part de la rémunération sera accordée en
fonction de l'atteinte d'objectifs de performance fixés par règlement. Or, la
notion de performance souvent associée à des indicateurs d'activité est
difficile à définir de manière consensuelle et utile dans une logique de
responsabilisation collective.
Le commissaire recommande donc d'utiliser
plutôt l'expression «résultat de santé», dans le texte du projet de loi, mieux
alignée sur la mission des professionnels de la santé et sur une approche
centrée sur la valeur.
Le commissaire recommande aussi que le
projet de loi soit modifié afin d'encadrer plus explicitement la définition des
indicateurs liés aux objectifs incitatifs collectifs. Plus particulièrement,
les indicateurs devraient être liés aux résultats prioritaires pour les
personnes concernées, être centrés sur les résultats de santé et bien-être
observables sur lesquels les milieux cliniques peuvent exercer une influence -
par exemple, là, les hospitalisations évitables, les visites à l'urgence -
faire l'objet d'une révision périodique afin de garantir leur pertinence.
Maintenant, les observations du
commissaire sur le p.l. 106. Au-delà des observations plus particulières
formulées au sujet des stratégies du projet de loi, le commissaire souhaite
faire part de ces constats généraux à son égard et quelques mises en garde.
La réforme est prometteuse mais encore
incomplète et sans vision partagée. En effet, la réforme de la rémunération
s'inscrit dans une vision plus large de la transformation du système de santé,
bien qu'amorcée, n'a pas été complétée et communiquée. Ce plan d'ensemble devra
préciser comment les ressources et les décisions opérationnelles seront
transférées vers les milieux locaux. Il faudra également planifier de quelle
manière les ressources professionnelles à qui on déléguera des actes seront
financées ainsi que les étapes concrètes du déploiement de cette
transformation.
Le projet prévoit une responsabilisation
accrue des milieux locaux. Et cette décentralisation est souhaitable mais devra
être bien soutenue et accompagnée. Le succès de la responsabilité collective
dépend notamment de la qualité des outils de mesure qui vont être utilisés, du
soutien concret à l'organisation locale des soins et du niveau d'autonomie qui
va être laissé aux milieux de pratique.
La réforme exigera bien plus qu'un
changement structurel. Elle nécessite une transformation culturelle, une
évolution des pratiques fondée sur la coopération, la gestion du risque et une
approche populationnelle. Cela requiert un accompagnement soutenu.
Et, de ces constats généraux, le
commissaire tire ces deux dernières recommandations.
Le commissaire recommande que le projet de
loi prévoie explicitement des mesures d'appui à la transformation
organisationnelle et culturelle qu'entraînera la responsabilisation accrue des
milieux cliniques. Ces mesures devraient inclure un programme de formation, de
l'accompagnement adapté aux réalités locales, et un financement adéquat des
fonctions de coordination et de gestion clinique, et une allocation des
ressources professionnelles établies en fonction de la population qui est
affiliée, et surtout un déploiement progressif des réformes.
Et le commissaire recommande également que
le projet de loi précise les rôles respectifs de Santé Québec et des TTMF afin
de soutenir un équilibre fonctionnel entre encadrement et autonomie locale.
En conclusion, le commissaire observe que
le p.l. 106 suscite déjà des débats importants, ce qui est normal et
prévisible, sachant qu'il touche à des...
Mme Castonguay (Joanne) : ...leviers
sensibles, dont la rémunération, la responsabilité et l'organisation des soins.
On ne doit cependant pas perdre de vue
l'objectif collectif d'améliorer durablement l'accès aux soins et services
offerts par le système, dans le respect des besoins de la population et des
objectifs et intérêts des médecins et autres prestataires. Cela exige un
système mieux coordonné, plus équitable et capable de produire des résultats
concrets en santé.
Nous croyons qu'avec ce projet de loi le
législateur a entre les mains une occasion réelle d'orienter le système vers
plus de valeur pour la population. Les objectifs en sont louables, mais
rattachés à des enjeux à la fois culturels, socioéconomiques et sociétaux
complexes. Et, si la réforme à laquelle nous invite le p.l. no 106, est bien
orchestrée, s'inscrit dans une plus large vision de la transformation de notre
système de santé et se donne les moyens nécessaires pour s'implanter en
s'inspirant des leçons apprises ailleurs dans le monde, elle pourrait marquer
un tournant historique.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, Mme Castonguay.
Alors, M. le ministre, je vous cède immédiatement la parole pour le début de
l'échange.
M. Dubé : Très bien. Alors,
merci beaucoup, Mme Castonguay. Comme je l'ai dit à d'autres, là, je sais que
vous avez pris quand même tout un... un temps important pour préparer ce rapport-là,
qui s'inscrit dans les travaux que vous faites comme commissaire. Je sais qu'on
ne vous a pas donné beaucoup de temps pour le faire, hein, vous êtes d'accord,
vous êtes d'accord avec ça? Puis je salue les gens de votre équipe qui sont
avec vous aussi, là, avec qui on a travaillé beaucoup au cours des dernières
années. Ça fait que je veux vous signifier notre appréciation, un peu comme je
l'ai fait avec Dre de Guise, tout à l'heure. Vous êtes dans les éléments clés,
là qui... Parce qu'on parle souvent du ministère, mais on connaît peut-être
moins les organismes comme le vôtre, comme l'INESSS, pour... puis je pense que
des projets de loi comme ça donnent l'occasion aux Québécois de rencontrer...
de voir la profondeur de l'expertise qu'on a, puis juste la saluer. Merci
beaucoup.
Je vais aller sur... Quand vous dites des
choses que je suis content d'entendre, je n'insisterai pas là-dessus, je suis
plus sur... Vous avez, tantôt, parlé de certains risques, puis je voudrais
aller tout de suite sur la question de la performance, versus les résultats.
Puis ça, je pense que c'est important de clarifier ça, parce que je regardais
dans le projet de loi, on n'a pas mentionné le mot «performance», mais il a été
tellement mentionné qu'il va falloir s'assurer qu'on clarifie ça. Mais vous,
quand vous parlez de résultats qui sont liés à la valeur, là, je ne veux pas
que ça fasse théorique, parce que c'est je sais ce que vous voulez dire par ça,
mais si je vous demandais d'expliquer aux Québécois qui nous écoutent aujourd'hui,
là... Donnez-moi des exemples de valeur qui pourraient peut-être faire partie
de nos différentes cibles. Alors, juste pour qu'on comprenne qu'est-ce que
vous, vous avez en tête quand vous parlez de résultats qui pourraient être sur
la valeur?
Mme Castonguay (Joanne) : ...plusieurs
différences qu'il faut faire, là. La première, je dirais... ce n'est pas
nécessairement vrai lorsqu'il s'agit de mesurer la performance des soins de
première ligne versus les services de deuxième ligne, d'une part. D'autre part,
je dirais que ça dépend...
M. Dubé : Mais, quand vous
dites ça, je pense que je comprends ce que vous dites, mais une deuxième ligne,
pour vous, admettons...
Mme Castonguay (Joanne) : Les
services hospitaliers, les services spécialisés, etc.
M. Dubé : Les chirurgies puis
ces choses-là, O.K.. Bon.
Mme Castonguay (Joanne) : Donc
les objectifs sont différents parce que le milieu clinique, les milieux
cliniques ont une influence différente sur le résultat final.
M. Dubé : Quelqu'un qu'on
guérit pour son cancer ou qu'on fait une chirurgie, etc., est-ce qu'il... cinq
ans plus tard, est-ce qu'il est encore... il se porte mieux, etc., là. On
regarde...
Mme Castonguay (Joanne) : Ça,
c'est un exemple de résultats qui pourrait être souhaitable pour une personne
qui a été affectée par un cancer, mais, en même temps, il n'y a pas juste le
médecin ou le milieu clinique qui va avoir un impact sur ce résultat-là, alors
on ne peut pas les tenir responsables de ces résultats-là.
M. Dubé : O.K. Ça fait que
revenons à la première ligne, là.
Mme Castonguay (Joanne) : Revenons
à la première ligne. D'abord, encore une fois, qu'il s'agisse de personne qui
est en pleine santé, versus une personne qui a une maladie chronique ou plusieurs,
leurs attentes par rapport à leurs résultats de santé sont différentes. Donc,
moi, évidemment, je veux maintenir ma bonne santé, alors que quelqu'un qui a
déjà trois maladies chroniques, ce qu'il veut résoudre, c'est les
complications. Alors, quelles sont les façons de mesurer pour un ensemble
d'acteurs qui ont des conditions de santé différentes? C'est très limité.
Par contre, si on mesure les visites à
l'urgence ou les... excusez-moi, les visites à l'urgence ou les
hospitalisations dues à des complications, bien là, on lit un résultat...
Mme Castonguay (Joanne) :
...l'état du système à une condition de santé. O.K.? Donc, par exemple, si les
personnes sont toujours à l'urgence, qu'ils font partie d'une clinique
affiliée, bien, il y a un problème parce qu'il y a beaucoup de ces visites-là
qui auraient dû être faites au... dans les milieux cliniques locaux.
Maintenant, comme disait ma prédécesseure, il ne faut pas regarder au cas par
cas, il faut regarder dans le général parce que, justement les conditions,
les... Il y a toutes sortes de facteurs qui peuvent avoir influencé une
condition... une situation particulière.
M. Dubé : Ça va. Merci.
Deuxièmement, sur le changement qui est quand même assez majeur, là, puis je
pense que je comprends l'opinion de plusieurs médecins de voir... être
craintifs sur la prise en charge additionnelle, ça, j'y reviendrai, mais avant
d'aller sur l'impact, je veux comprendre l'objectif. Parce que ça, vous me
l'avez dit souvent, la prise en charge populationnelle, elle est importante
parce que c'est les verts qu'on veut, je veux dire, c'est des verts, mais qu'on
veut suivre pour s'assurer qu'il y ait la bonne prévention, etc. Ce n'est pas
juste... On ne veut pas juste s'occuper de ceux qui sont malades aujourd'hui.
Donc, c'est quand même un objectif majeur de demander de s'occuper de
100 % de la population. Puis ça, dans vos priorités comme commissaire, là,
je veux juste vous entendre là-dessus, parce que je sais que c'est... Puis
après ça, on dira : Bien, c'est quoi notre défi de prendre le 100 %?
Mais sur l'objectif de prendre 100 %, vous comme commissaire, vous êtes à
l'aise avec ça?
• (12 h 30) •
Mme Castonguay (Joanne) :
C'est sûr que l'objectif est louable. Qui peut être contre l'objectif de garder
tout le monde en santé puis de préserver la santé le plus possible? Mais il
faut se donner les moyens. C'est ça. Donc, vous m'avez dit on va revenir sur
les moyens, mais c'est vraiment ça qui va être déterminant. Et puis j'entendais
qu'il y avait une inquiétude sur le fait que tant les personnes qui sont
considérées comme verts versus ceux qui sont considérés comme rouges, les deux
devraient avoir accès aux services. C'est vrai, mais l'accès... L'accès ne sera
plus le même. C'est-à-dire que le médecin n'est pas toujours la première
personne que tu dois rencontrer. C'est surtout ça. Mais il faut que les
personnes que tu dois rencontrer soient là. Et donc il doit y avoir un
déplacement, un déplacement de l'organisation des services.
M. Dubé : Ce que j'essayais,
puis j'ai mal expliqué, mais, en tout cas, vous m'aidez à mieux poser ma
question. La prise en charge de 100 % ne veut pas dire 100 % sur le
médecin.
Mme Castonguay (Joanne) :
Exact.
M. Dubé : Je pense que
c'est ça qu'il faut essayer d'expliquer. Parce qu'effectivement, comme mon
collègue de Pontiac disait tantôt, si c'est tous les médecins ou les médecins
qui prennent cette charge-là, ça n'arrive pas. Il faut travailler différemment.
Donc, la différence entre la responsabilité populationnelle versus la prise en
charge, comment elle va devoir se faire, c'est là que... c'est là qu'il faut
faire ces ajustements. Puis là je ne sais pas comment j'ai... il me reste de
temps parce que j'avais beaucoup de questions.
Le Président (M. Provençal)
: Neuf minutes.
M. Dubé : Ah! Neuf
minutes. Mon Dieu! Je vais surtout sur les risques, là. Et vous avez dit
tantôt, puis je veux juste comprendre, parce que, moi, je veux être sûre qu'on
est réaliste dans tout ce qu'on est en train de faire. Vous avez dit :
Elle serait... Idéalement, on pourrait parler d'un déploiement progressif. Bon.
Les Québécois attendent depuis tellement longtemps que je pense c'est le pire
mot qu'ils peuvent entendre, c'est de dire : On va faire un déploiement progressif.
Alors, dites-moi.
Mme Castonguay (Joanne) :
Qu'est-ce que j'entends par ça?
M. Dubé : Qu'est ce que
vous entendez par ça?
Mme Castonguay (Joanne) :
On demande aux médecins, à l'heure actuelle, de complètement transformer leur
optique, leur façon de fonctionner. Alors que toute la responsabilité est
toujours tombée sur leurs épaules, de garder les personnes en santé puis de
s'assurer qu'ils n'aillent pas aux urgences, par exemple, alors, leur meilleur
moyen, puis l'incitatif était... leur incitatif était basé là-dessus, c'était
de les voir puis de contrôler qu'est ce qu'il se passe. Là, tout à coup, on
veut qu'ils se... qu'ils travaillent autrement, qu'ils deviennent un leader
d'équipe puis qu'ils disent qu'ils bâtissent une équipe en qui ils ont confiance
et qui vont partager la responsabilité de s'assurer que leur patient ne sera...
n'ait pas de complication. C'est majeur. C'est pour ça que je dis progressif.
Est-ce que ça veut dire que ça ne peut pas arriver? Tu sais, on peut... On
peut, le jour qu'on va le mettre en œuvre, il faut avoir une compréhension
commune d'où est-ce qu'on s'en va. Il faut se donner la capacité d'expérimenter
aussi de quoi ça va avoir l'air. Puis ça n'aura pas l'air de la même affaire
partout, parce qu'on n'aura pas les mêmes ressources.
M. Dubé : Bien, parce que
l'aspect régional, puis on en a déjà déjà parlé, change...
12 h 30 (version non révisée)
M. Dubé : ...ce changement-là
dans une région, là, puis on regarde les endroits où ces concepts-là sont
presque maintenant en place déjà, hein, on peut...
Mme Castonguay (Joanne) : Exact.
M. Dubé : Il y en a qui sont
déjà là, là. Je pense à de gens dans les Laurentides entre autres, là, je ne veux
pas les nommer parce qu'ils font un excellent boulot, mais je ne veux pas que les
gens aillent s'inscrire là tout de suite, là, on va attendre un peu, mais je
pense à Rimouski, il y en a des endroits qui sont déjà rendus là, là, hein,
avec des concepts de 100 % de... Mais je voulais juste dire, progressif, moi,
ce que j'ai en tête de vous poser comme question, est-ce que ça veut dire par
région? Est-ce que ça veut dire par vulnérabilité? Parce que si on était
capable de dire : Bien, au moins, si on prend les plus vulnérables plus
rapidement, c'est sûr que ça change la dynamique des nombres. Je ne sais pas,
là. Puis si vous ne pouvez pas répondre tout de suite là-dessus... mais...
Mme Castonguay (Joanne) : C'est
difficile à répondre, là, effectivement. Je n'essaierai pas de mettre ça dans
un... je n'essaierai pas de faire du bord en bord, je me fierais aux données
que j'ai pour être capable de développer ma stratégie à cet égard.
Intuitivement, c'est ce que j'ai envie de dire, mais...
M. Dubé : O.K., les mesures...
j'y vais sur les défis que vous nous avez donnés. Vous avez dit : Bon, déploiement
progressif, mesures d'appui. Ça, je l'ai entendu souvent, mes collègues l'ont
entendu aussi, là, de plusieurs intervenants : Aidez-nous à avoir les
ressources pour faire ce genre de changement là. O.K. Il y en a un que je n'ai
pas compris, là, c'était... Puis là, je ne reconnais même pas mon écriture, je
m'en viens comme un médecin, là, revenez donc sur les mesures d'appui qui, pour
vous, sont importantes.
Mme Castonguay (Joanne) : Bien,
d'abord, il y a des systèmes de mesure, la capacité de prévoir puis de regarder
qui est à clientèle. Donc, ça, c'est un système d'information.
M. Dubé : Un peu comme Dre de
Guise nous présentait tantôt, là...
Mme Castonguay (Joanne) : Exactement.
M. Dubé : ...d'avoir une
représentation de votre GMF avec votre clientèle, comment vous vous comparez à
d'autres.
Mme Castonguay (Joanne) : C'est
ça. Et ça, ça évolue. Donc, ce n'est pas un système où on te donne un portrait
au début de l'année puis tu t'assures que tu... Donc, tu dois avoir un système
qui te permet d'évoluer puis de faire des prévisions sur qu'est-ce qui s'en
vient, mais aussi des prévisions, ça va être qui les cas complexes qui pourraient
se présenter à l'urgence si on ne les voit pas plus rapidement.
M. Dubé : O.K., ça, je le comprends
puis déjà on voit un peu ce que Dr de Guise a présenté. Je pense que je viens
de me relire, là, vous avez parlé de coordination.
Mme Castonguay (Joanne) : Ah!
bon. Bien, ça, c'est essentiel, là. Bien, d'abord, il y a la coordination entre
les acteurs locaux dans la clinique médicale, mais il y a aussi la coordination
avec les autres milieux. Ça, on n'a pas encore cette coordination-là.
M. Dubé : C'est ça.
Mme Castonguay (Joanne) : Ça
nous échappe pour le moment, mais on ne peut pas tout faire.
M. Dubé : Puis quand vous
dites que les autres... Excusez-moi, je vous coupe.
Mme Castonguay (Joanne) : Bien,
ce que j'étais pour dire, c'est que tout ne peut pas être inclus dans un projet
de loi. Et ça, ça s'inscrit dans l'ensemble... dans une stratégie d'ensemble.
Et pour que la stratégie...
M. Dubé : Ça, c'est dans une
politique de première ligne, entre autres, qu'on peut faire quelque chose comme
ça, là, pour l'expliquer.
Mme Castonguay (Joanne) : C'est
vraiment la politique... la vision de l'ensemble dans son... la vision du
système dans son ensemble. C'est-à-dire que si on veut avoir une réduction des
visites à l'urgence, il faut avoir une capacité... ou des hospitalisations, il
faut avoir la capacité lorsque le médecin ou la première ligne a besoin d'accéder
aux ressources spécialisées, qu'ils soient capables de le faire, puis que,
quand ils sortent de l'hôpital, bien, que l'information sur les interventions
qui ont eu lieu, les suivis à faire, ça suive la personne concernée ou le
patient. Alors, c'est cette coordination-là qui doit se faire également.
M. Dubé : Puis comment vous
faites le lien avec... Parce que ça, ça m'a fait plaisir d'entendre ça, là, je
vais au moins en citer un que vous avez... Vous avez parlé de la
décentralisation souhaitée. Qu'est-ce que vous voulez dire par ça? Il y a peut-être
un lien avec la coordination dont on parle, mais allez-y donc, s'il vous plaît.
Mme Castonguay (Joanne) : Bien,
justement, c'est qu'on en parlait tantôt de... En donnant le budget aux
médecins puis en leur disant : Bien, bien, maintenant, vous vous organisez
pour que votre clientèle ou, en fait, j'appelle ça clientèle, mais c'est
patientèle, ces populations demeurent en santé, vous devez focusser sur qu'est-ce
que vous connaissez qui est votre spécialité. Donc, ça peut être des... excusez-moi,
là, des guides de pratique pour des patients avec des conditions spécifiques,
ça peut être... Tu sais, ils ont tout un une panoplie d'outils qu'ils peuvent
utiliser pour s'assurer que les personnes n'aillent pas... ne finissent pas à l'hôpital.
Et, pour ça, ils ont besoin d'avoir des ressources locales avec qui ils peuvent
s'organiser en équipe pour avoir un plan de soins...
M. Dubé : Mais qui peuvent
être décideurs aussi.
Mme Castonguay (Joanne) : Exactement.
M. Dubé : Parce que moi, ce
que je comprenais de votre commentaire, c'était : On veut... bien, c'est
un peu ce qu'on veut faire avec Santé Québec, pousser ça, là, au...
Mme Castonguay (Joanne) : Exactement.
M. Dubé : Je n'aime pas ça
dire : Au plus bas niveau, mais au niveau...
M. Dubé : ...le plus régional
possible pour que ces directeurs médicaux, autant pour les spécialistes que les
omnis, aient le pouvoir de s'organiser, là.
Mme Castonguay (Joanne) : Exactement.
Peut-être une autre façon de revenir sur cette question-là, c'est que...
M. Dubé : C'est important
pour Santé Québec. Vous savez que Mme Poupart est là. Elle prend des notes, là.
Mme Castonguay (Joanne) : Bonjour.
M. Dubé : Ça fait que c'est
important qu'on se comprenne sur ces principes-là.
Mme Castonguay (Joanne) : Plusieurs
des intervenants... Excusez-moi, je vous interromps.
M. Dubé : Non. Non.
Mme Castonguay (Joanne) : Mais
plusieurs des intervenants ou en tout cas on a entendu beaucoup dans les
médias : Je vais... Je vais être moins rémunéré que ce que je suis à
l'heure actuelle. Pas nécessairement, tu sais. Ils vont être rémunérés à la
mesure des efforts qu'ils déploient à l'intérieur d'une équipe. Puis c'est
l'équipe qui va pouvoir décider comment qu'ils répartissent les budgets. Il me
semble que c'est très... c'est beaucoup de décentralisation. Et donc ils vont
devoir décider qu'est-ce qui a de la valeur, qu'est-ce qui est... à quoi ce
devrait être lié, cette rémunération-là. Pour moi, ça, c'est de la
décentralisation.
M. Dubé : Il me reste combien
de temps?
Le Président (M. Provençal)
:1 min 30 s.
• (12 h 40) •
M. Dubé : Bon. Vous avez dit,
en terminant, là... puis ça, je pense que ça va nous aider dans les prochaines
semaines à continuer le travail, là, vous avez dit : Bon, c'est une
occasion réelle de faire un grand changement. Si vous aviez une recommandation
de... c'est ça, un commissaire, là, hein, si vous aviez une recommandation, là,
qu'est-ce qu'il faut faire, là ou qu'est-ce qu'il ne faut pas...
Mme Castonguay (Joanne) : Une!
M. Dubé : Une. Juste une.
Juste une.
Mme Castonguay (Joanne) : J'en
ai cinq. Mais...
M. Dubé : Oui. La plus
importante.
Mme Castonguay (Joanne) : Bien,
la plus importante, ce serait de soutenir le changement. Vous avez eu des...
Vous avez eu des... puis là, ça me vient comme ça, là, mais ce que je veux
dire, c'est que vous avez eu des équipes volantes que vous avez faites, que
vous avez mises en place pour aller soutenir des situations de crise. Pourquoi
on n'aurait pas une équipe volante qui se promènerait puis qui soutiendrait
justement cette transformation-là dans les cliniques, tu sais, puis qui
travaillerait avec les acteurs pour être capable de moduler la transformation.
M. Dubé : Je m'excuse. Je
regarde... Je regarde Mme Poupart quand vous dites ça, là.
Mme Castonguay (Joanne) : Mais
c'est ça. C'est que c'est... c'est une transformation culturelle.
M. Dubé : Ah! c'est majeur.
Mme Castonguay (Joanne) : C'est
une... excessivement importante. C'est ça. Alors, il faut donner...
M. Dubé : Bien, on l'a vu,
hier. Je ne sais pas si vous avez écouté Alexandre Chagnon, là, de Vitrai, là.
Mme Castonguay (Joanne) : Non,
non, mais je le...
M. Dubé : Bien, lui, il parle
du projet de pertinence. Bien, il y a une petite équipe qui suit puis qui
s'assure que... parce que c'est des gros changements, ça aussi, de faire de la
pertinence. Ça fait que je retiens. Je pense que votre commentaire a été
entendu.
Le Président (M. Provençal)
:L'échange est terminé maintenant, M.
le ministre.
M. Dubé : Merci. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député de Pontiac.
M. Fortin :Bonjour, M. le Président!
Le Président (M. Provençal)
:Bonjour.
M. Fortin : Bonjour, Mme
Castonguay. Merci, merci d'être là.
Le ministre a commencé tantôt en
disant : Quand les gens disent des choses qui me font plaisir, bien, je ne
pose pas des questions là-dessus. Ça tombe bien, nous autres non plus. Alors,
je veux essayer de comprendre, là. Vous dites : La chose la plus
importante, à travers un projet comme ça, c'est de soutenir le changement. Il y
a beaucoup de groupes qui nous ont dit : Oui, j'ai comme besoin de
garanties du gouvernement, entre autres, qu'il va y avoir des infirmières
praticiennes spécialisées, des travailleurs sociaux, des psychologues qui vont
travailler avec nous autres. C'est un peu votre propos par rapport à comment on
finance des ressources à qui on délègue. Parce que, si on délègue, mais à des
gens qui ne sont pas là, ça n'aide pas bien, bien le patient. Alors, quand vous
dites : Il faut... Il faut voir comment on finance ces ressources-là,
qu'est-ce que vous avez en tête spécifiquement?
Mme Castonguay (Joanne) : Bien,
mon point, c'est beaucoup le fait que la réussite de ce projet de loi là va
arriver à condition que les différents éléments ou les différentes
transformations qui sont en train de se déployer se fassent avec les mêmes
objectifs, si on veut, puis se fassent de... C'est-à-dire que le succès de ce
projet-là, là, dépend du déploiement de la politique de la première ligne, par
exemple, qui n'est pas encore déployée. Ça dépend de la transformation de Santé
Québec, dont on n'a pas vu encore le plan stratégique. Ça dépend... Il y a
plein d'éléments qui sont... qui sont intrinsèquement reliés, et donc c'est
très difficile de dire. Mais c'est... Moi, je le vois, je le perçois
comme : on a des obstacles, ce projet de loi là, c'est une étape pour
lever des obstacles, maintenant, voyons qu'est-ce qu'on doit... tu sais. Puis
ça devrait se trouver dans les... dans les politiques de première ligne, de
prévention, de... les soins à domicile aussi. On parle de populations vulnérables.
Alors, tous ces éléments-là, puis surtout le déploiement de santé Québec, tu
sais, tout ça doit se faire dans la même direction.
Et c'est pour ça que je parle de soutien,
de transformation puis de processus évolutif. Tu peux changer le modèle de
rémunération... je ne sais pas c'est... excusez-moi, je ne suis pas
législateur, donc je peux... pas capable de dire, tu sais, qu'est-ce qui doit
arriver, quand et à quel moment, mais c'est...
Mme Castonguay (Joanne) : ...sûr
que tous ces éléments-là sont conditionnels et doivent être pensés dans une
stratégie intégrée pour aller dans la même direction.
M. Fortin :Sans vous mettre des mots dans la bouche, corrigez-moi si
j'interprète mal, là, mais vous avez un peu pris le projet de loi en deux
parties : la captation, là, d'un côté, là, qui... vous semblez
généralement favorable, avec des risques qu'il faut quand même considérer, puis
la partie des... de la rémunération à la performance, là, qui... où vous
semblez un peu plus nuancée, là, disons, là, pour être gentil.
La rémunération à la performance, là, si
on n'a pas, justement, là, les ressources auxquelles on délègue des actes ou
des... vers qui on dirige des patients, est-ce qu'il n'y a pas là le risque que
plusieurs nous ont parlé, là, de finir avec, par exemple, du volume plus que
d'autres choses? Parce qu'il y a beaucoup de groupes qui nous ont dit :
Faites attention, il n'y a rien dans le projet de loi en ce moment, de la façon
qu'il est écrit, là, qui parle de la formation, de la recherche, des autres
tâches, on semble beaucoup axé sur la prise en charge, sur le volume. Donc,
est-ce qu'il n'y a pas là un risque que toutes ces autres facettes-là soient un
peu mises de côté comme certains nous l'ont dit?
Mme Castonguay (Joanne) : Bien,
c'est drôle, moi, je le vois complètement contraire, parce que la capitation,
elle ne met pas l'emphase sur justement l'acte, elle donne de l'espace pour
faire autre chose qui contribue à la santé des... de la population.
Généralement, lorsque les chercheurs ou les... excusez-moi, les médecins sont
impliqués dans la recherche, c'est pour améliorer leur propre pratique, ils
s'impliquent dans les projets qui améliorent leur propre pratique et ils
passent du temps là-dessus et non sur de l'acte.
M. Fortin :Oui, mais ça, c'est le bout capitation, là, mais l'autre
bout, c'est le bout capitation avec indicateurs de performance qui sont surtout
basés sur le volume, là, pour l'instant, là, on verra comment ça se dessine,
là, mais...
Mme Castonguay (Joanne) : C'est
ça. Moi, j'ai dit, sur le résultat, tant que ça va être orienté sur le volume,
on n'ira pas chercher des résultats qui vont être différents, au contraire. Il
faut que ces indicateurs-là soient basés sur la santé, donc sur les résultats
de santé et de bien-être, qu'ils soient calculés avec des indicateurs simples.
Et j'ai entendu plusieurs des interventions qui disaient qu'ils devaient être
développés avec, en collaboration avec les acteurs. Je suis tout à fait
d'accord avec ça, là. Il ne faut pas que ce soit quelque chose qui soit...
C'est très important et c'est très délicat. Et il y a beaucoup de travaux qui
se font sur ces questions-là. Puis le danger, surtout du point de vue de la
médecine spécialisée, c'est que tu ne peux pas avoir un indicateur qui va être
bon pour tout le monde, ça, c'est... ça fait partie des difficultés puis sur
lesquelles il va falloir réfléchir.
M. Fortin :Mais parlons-en, justement, des spécialistes, là. Tu sais,
le fameux indicateur qui a été cité d'entrée de jeu lors du dépôt du projet de
loi, c'était le 100 % des chirurgies en un certain temps, là, ce qui, on
s'entend, là, avec les nuances que ça devrait comporter, c'est un peu simpliste
comme objectif. Mais comment on fait dans le contexte où aujourd'hui, là, les
spécialistes n'ont pas les ressources nécessaires, entre autres pour s'occuper
des chirurgies, les plateaux techniques et le personnel, le personnel formé
pour le faire. Comment on fait pour donner un... des objectifs à eux qui peuvent
améliorer leur performance à ce niveau-là s'ils n'ont pas ces outils-là? Parce
que le projet de loi, c'est une chose, mais un projet de loi tout seul, ça vaut
ce que ça vaut, la feuille de papier sur laquelle c'est écrit, là. Si ça ne
vient pas avec tout le reste qui leur permet de se rendre là.
Mme Castonguay (Joanne) : Mais
je pense que, justement, il va falloir développer ces indicateurs-là. Il y a
beaucoup d'acteurs qui travaillent sur ces indicateurs-là... excusez-moi. En
passant, à l'heure actuelle, là, la rémunération à l'acte, pour les chirurgies
en particulier, ça suppose que toutes les chirurgies sont pertinentes. Alors,
on peut toujours comparer le nombre de chirurgies qu'on a avec d'autres acteurs
pour des conditions données, là, puis probablement qu'on verrait que certaines
d'entre elles sont très, très, très élevées. J'avais regardé ces données-là il
y a quelques années, surtout sur les chirurgies de la hanche, les genoux, etc.,
puis je vous dis qu'on en avait des problèmes de hanche comparativement aux
autres pays, tu sais. Alors, tu sais, ça aussi, là, il y a aussi des
indicateurs pour le diabète. Il y a beaucoup de travaux qui sont là-dessus. Il
y a des regroupements internationaux où est-ce qu'ils mettent les patients avec
des grands experts, qui décident c'est quoi les bons indicateurs pour une
condition donnée. On devrait aller vers là. Si on essaye de faire du bord en
bord, là, on va arriver à côté. Tu sais, c'est certain. Puis c'est de là qu'il
faut qu'on...
Maintenant, quand la responsabilité est
collective, est-ce que ça...
Mme Castonguay (Joanne) : ...de
dire que c'est le gouvernement qui doit décider ça, mais pas nécessairement.
Alors, peut-on mettre une disposition dans le projet de loi qui transfère cette
responsabilité-là, tu sais, aux spécialistes, tu sais, qui vont se mettre
d'accord sur ces questions-là?
M. Fortin :Il y a une chose que vous avez dite, puis je ne suis pas
sûr que je l'ai comprise, là, peut-être que j'ai mal interprété moi-même, mais
vous avez parlé d'un mécanisme rétroactif d'ajustement des budgets. Pouvez-vous
m'expliquer ce que ça veut dire?
Mme Castonguay (Joanne) : Oui.
Bien, en fait, on va donner un indice de vulnérabilité à une population, O.K.?
Donc, mettons qu'en moyenne on arrive avec un indice de... Là, je dis n'importe
quoi, mais mettons 5,5, sur toute la population, puis ça, ça veut dire que tu
vas avoir tant budget, mais qu'en bout de ligne, finalement, tu avais sept,
bien, qu'est-ce que tu fais avec le surplus que tu as eu? Est-ce que tu le
gardes? Bien, ça peut être un incitatif à faire mieux, si c'est gardé puis
c'est maintenu au milieu clinique. Mais, en contrepartie, si tu as quatre, ça
veut dire que ta population était beaucoup plus vulnérable que ce qu'on t'a
donné comme budget. Il faut qu'on leur donne la capacité d'ajuster ça pour...
Parce que, si ça fait juste les décourager, tout le monde va s'en aller, tu
sais. Alors, c'est se donner de la flexibilité. Puis ça, ça se fait beaucoup
dans les milieux qui ont adopté la capitation, justement, puis ils se donnent
la possibilité de donner un incitatif additionnel. C'est-à-dire que, si la
population, justement, elle devient une population qui consomme moins de
services parce qu'ils sont mieux, ils sont plus en santé, donc, ça peut donner
un incitatif s'il garde ces montants-là, tu sais? Alors, c'est ça, le... Mais
s'ils sont pénalisés parce qu'il y a une mauvaise... une mauvaise évaluation,
bien là, il y a un gros problème.
Puis c'est ce qu'on voit dans les systèmes
de soins de longue durée, à l'heure actuelle, tu sais, il y a des budgets qui
sont donnés, par exemple, pour les soins à domicile ou pour les soins,
l'hébergement, puis, s'ils ne reçoivent pas les fonds dont ils ont besoin parce
que le niveau de vulnérabilité du patient n'était pas assez élevé par rapport à
sa situation réelle, bien, il n'arrive plus, tu sais. On ne peut pas demander
aux gens, s'ils n'ont pas les ressources pour donner les soins qu'ils pensent
qu'ils devraient donner... on ne peut pas s'attendre à ce qu'ils le fassent.
M. Fortin :Très bien. Merci, M. le Président.
• (12 h 50) •
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. le député. Alors,
M. le député de Rosemont, je vous cède la parole.
M. Marissal : Merci, M. le Président.
Bonjour, Mme Castonguay. Content de vous revoir. Recommandation trois, que les
indicateurs devraient, et là je saute deux picots, les indicateurs devraient
être centrés sur les résultats de santé et de bien-être observables sur
lesquels les milieux cliniques peuvent exercer une influence, par exemple,
réduction des hospitalisations évitables, continuité des suivis. Il y a pas mal
de médecins qui nous ont dit que c'est un peu ça qu'ils craignent, qu'on mesure
juste le mesurable, le tangible, puis que tout leur travail invisible de
prévention, de prendre 10 minutes de plus parce que le patient, il n'a vraiment
pas l'air bien ce jour-là mais ses signes vitaux sont bien corrects, tout ça,
ils vont le perdre parce qu'on va être justement sur du mesurable et du
tangible. Je pense, à voir votre réaction, que ce n'est pas ça que vous voulez
dire, mais expliquez-moi pourquoi vous donnez cette recommandation-là, que moi,
je lis ainsi.
Mme Castonguay (Joanne) : C'est
très important, les indicateurs qui vont être choisis, parce
qu'effectivement... Puis là, si on dit : Les hospitalisations ou les
visites à l'urgence, moi, je continue à... pour le moment, c'est ceux auxquels
je crois le plus, mais ça aussi, ça peut se développer avec les médecins. Mais,
si moi, je me ramasse à l'urgence, là, c'est parce que je ne suis pas capable
d'aller à ma clinique. Je ne veux pas y aller, à l'urgence, puis il n'y a pas
grand monde qui veut y aller, tu sais.
M. Marissal : Bien, à moins
d'y arriver en ambulance ou...
Mme Castonguay (Joanne) : Oui,
bien là, c'est une autre question, tu sais, mais on parle...
M. Marissal : Oui, je
comprends, mais on ne va quand même pas fermer les urgences non plus, là, ça a
une certaine utilité, là.
Mme Castonguay (Joanne) : Non,
mais il y a une grosse partie des complications qui peuvent être prévenues, et
c'est pour ça que je dis : Il faut faire attention, il y a une différence
entre les cas particuliers puis le résultat global. Et la raison pour laquelle
on en parle aussi, c'est qu'il y a beaucoup de ces initiatives-là ou ces façons
de penser, de faire des milieux cliniques, qui focussent sur la santé de la
population, qui ont les outils pour travailler en fonction de la santé de la
population, qui réduisent les visites à l'urgence, justement, et les
hospitalisations, puis qui finissent... En fait, il y en a même qui partagent
les budgets de la deuxième ligne qui ont été pas dépensés. Alors, c'est juste
pour vous dire que ça fonctionne.
M. Marissal : C'est peut-être
que je lis mal, là, ce que vous écrivez ici, là : «Les indicateurs
devraient être centrés sur les résultats de santé et de bien-être observables.»
Moi, je vous dis qu'il y a un paquet de gestes qui ne sont pas nécessairement
des actes, là, puis qui ne sont pas nécessairement facturés à la RAMQ, mais qui
ne sont pas...
M. Marissal : ...nécessairement
observable en termes de résultats. Moi, c'est ainsi que je le lis, mais
corrigez-moi si je me trompe, parce que je serai très, très heureux de me
tromper, mais tout ce qui n'est pas tangible, là, dans la relation avec les
médecins, ce n'est pas mesurable, ça.
Mme Castonguay (Joanne) : Non,
mais il y a un... c'est une collection d'actions qui va faire qu'il y a
quelques éléments qui vont être observables, qui vont... qui vont nous
renseigner sur la santé globale de la population. Et c'est par là que je veux
aller, c'est... Et effectivement tu ne peux pas penser à tout ce qu'ils font,
puis essayer de suivre tout ce qu'ils font, puis réglementer, puis... au
contraire. Bien, en fait, il y a très peu de monde dans la vie qui sont
rémunérés pour tout ce qu'ils font de... exactement. Tu sais, en fait, c'est un
peu ça.
M. Marissal : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. M. le député des Îles-de-la-Madeleine,
vous complétez cette... ces interventions?
M. Arseneau : Oui. Merci.
Merci, M. le Président. Merci, Mme Castonguay... votre présence, votre mémoire,
vos lumières. Vous avez parlé de la vision partagée qui est nécessaire. Est-ce
que vous avez le sentiment qu'on est bien parti?
Mme Castonguay (Joanne) : Eh!
c'est une bonne question. En fait, il y a un certain nombre d'éléments qui s'en
vont vers cette vision-là, que je dirais, dans la documentation puis les...
mais on n'a pas un tout où est-ce qu'on a reçu l'engagement de l'ensemble des
acteurs qui dit : C'est là qu'on s'en va. Ça, moi, je n'ai pas encore ce
sentiment-là. Par contre, il y a beaucoup d'éléments, comme par exemple le plan
santé, qui avait été publié puis rédigé par Mme Savoie, puis je pense qu'il a
été publié en 2023, qui, lui, s'en allait sur la valeur. Après ça, on a eu de
plus en plus une direction vers la santé populationnelle, qui était... surtout
le comité de transition qui est arrivé avec cette grande vision là. Bon,
maintenant, il nous reste Santé Québec. Il faudrait qu'eux adhèrent à cette
vision-là puis qu'on ait le sentiment qu'ils s'en vont dans cette direction-là.
C'est un peu ça, là. On est...
M. Arseneau : Bien, c'est
ça... En fait, je posais ma question avec ma propre vision, où j'ai
l'impression, en vous entendant, que vous dites : Bien, ce serait
intéressant, un certain nombre d'éléments qui sont présentés dans le projet de
loi, à certaines conditions, mais que ces conditions-là ne sont pas réunies.
Mme Castonguay (Joanne) :
Encore.
M. Arseneau : Par exemple,
vous avez parlé du Plan stratégique de Santé Québec, vous avez parlé, là, des
engagements du gouvernement pour soutenir les changements organisationnels ou encore
la politique de soins à domicile. Tu sais, c'est complexe, mais moi, je ne sais
pas, est-ce que ce projet de loi là lui-même peut amener les changements
promis...
Mme Castonguay (Joanne) :
Souhaités?
M. Arseneau : ...oui, si on
n'a pas tous ces autres éléments là et surtout la collaboration des gens?
Mme Castonguay (Joanne) : Il
n'y a aucune politique, aucun élément qui, pris dans... tout seul, va amener
l'ensemble des changements souhaités, malheureusement, puis je pense que c'est
ce que l'histoire nous a démontré. Et souvent on va avoir eu des plans, des
rapports d'experts qui nous arrivaient avec un ensemble de recommandations qui
étaient pensées et planifiées pour qu'ensemble ça amène des changements
souhaités. Si tu fais juste appliquer quelques-uns des éléments...
M. Arseneau : Puis j'aimerais
juste poser une question sur le graduel, comment vous voyez? Parce que moi, je
trouve ça important, parce que, visiblement, un changement de culture, ça ne se
fait pas par un projet de loi imposé de façon autoritaire. Qu'est-ce que vous
voulez dire par l'approche graduelle?
Mme Castonguay (Joanne) : O.K.
Bien, je vais... on pourrait dire : Fonctionnons... Prenons la mesure,
donnons-nous l'opportunité de se doter des instruments, mais changeons le
modèle de rémunération, je vais dire n'importe quoi, là, mais, tu sais, plus
tard. Donnons-nous la possibilité de calculer qu'est-ce que ça voudrait... ça
pourrait avoir comme impact sur votre rémunération, mais après l'avoir testé,
tu sais.
M. Arseneau : Et un peu comme
en Colombie-Britannique, même diriger vers un volontariat, où ça devient plus
intéressant d'aborder... d'adopter un autre mode de la part des médecins,
est-ce que vous allez jusque-là?
Mme Castonguay (Joanne) : Ah!
je me... pas assez... je ne suis pas assez... je ne connais pas le système,
non.
M. Arseneau : Ah! O.K. C'est
bon. C'est bon. Je pense qu'on n'a plus de temps, à moins qu'on m'en donne 30
secondes.
Le Président (M. Provençal)
: Non, vous n'avez plus de temps, M. le député.
M. Arseneau : Merci
beaucoup...
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, Mme Castonguay, de
votre participation à nos travaux.
Mme Castonguay (Joanne) :
Merci à vous.
Le Président (M. Provençal)
: Avant de conclure, je dépose les mémoires des groupes et
organismes qui n'ont pas été entendus. Merci à tous pour votre contribution à
nos consultations.
La commission, ayant accompli son mandat,
ajourne ses travaux au mardi 3 juin 2025, à 10 h, où elle entreprendra un autre
mandat. Merci beaucoup. Bon retour dans vos comtés.
(Fin de la séance à 12
h
59)