Journal des débats (Hansard) of the Committee on Health and Social Services
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(November 29, 2022 au September 10, 2025)
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Thursday, June 5, 2025
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Vol. 47 N° 99
Clause-by-clause consideration of Bill 106, an Act mainly to establish the collective responsibility and the accountability of physicians with respect to improvement of access to medical services
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente-six minutes)
Le Président (M. Provençal)
:Alors, bonjour à tous. Ayant constaté
le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et des services
sociaux ouverte. Je vous souhaite la bienvenue. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi n° 106, Loi visant principalement à
instaurer la responsabilité collective et l'imputabilité des médecins quant à
l'amélioration de l'accès aux services médicaux.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Mme Grondin (Argenteuil) est remplacée par Mme Jeannotte
(Labelle) et M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne); par M. Marissal
(Rosemont).
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Avant de débuter, je dépose les mémoires
qui ont été reçus depuis la fin des consultations particulières.
Donc, nous allons débuter avec nos
remarques préliminaires. M. le ministre, vous disposez de 20 minutes. Je
vous cède la parole immédiatement.
M. Dubé : Très bien. Très
bien, M. le Président. Merci beaucoup. Puis, encore une fois, merci à mes collègues
du côté gouvernemental, mais aussi de l'opposition, de pouvoir commencer l'étude
détaillée du projet de loi n° 106, très apprécié qu'on soit ici ce matin.
Et, au cours des dernières semaines, on a entendu à plusieurs groupes ici, en
commission, puis beaucoup dans la sphère publique. On a reçu énormément de
suggestions, de commentaires, et on va prendre les prochaines semaines pour
analyser les commentaires qui ont été reçus, mais aussi pour poursuivre. M. le
Président, les discussions avec nos différents partenaires pour bonifier, comme
on le fait d'habitude, le projet de loi, au besoin.
On a l'occasion, cet été, de faire quelque
chose de très constructif, et ça, pour le faire, bien, il faut travailler
ensemble. Dans les prochaines semaines, tout le monde doit faire sa part si on
veut améliorer l'accès : le gouvernement, Santé Québec, les oppositions,
les deux fédérations médicales, mais particulièrement les médecins et tous les
professionnels. En fait, on va faire ces discussions-là pour les patients. Mais,
si on veut être capable de prendre en charge 100 % de la population d'ici
l'été 2026, il faut continuer d'expliquer ce qu'on veut dire par travailler
différemment, et ça implique des changements importants pour tous les
partenaires du réseau et pas seulement pour les médecins. Ce qu'on veut, c'est
revoir l'organisation du travail. On ne demande pas nécessairement, pour la
grande majorité des médecins, de travailler plus, mais de travailler
différemment pour dégager du temps, de la disponibilité, mieux travailler en
collaboration avec les autres professionnels pour voir les bons patients au bon
moment. On veut que les médecins soient encouragés à prendre le temps avec les
patients qui en ont vraiment besoin.
Et, je dirais, M. le Président, qu'on doit
continuer de faire les changements de fond qui donneront à Santé Québec les
outils, dont ils ont besoin, pour améliorer les opérations du réseau de la
santé et des services sociaux. Et, je le répète, on doit faire ces changements-là
pour les patients. Et c'est pour ça, notamment, qu'on veut, par le projet de
loi, simplifier la rémunération, ce que plusieurs médecins de famille demandent
depuis longtemps. Et, plus largement, il faut...
M. Dubé : ...il faut revoir
la rémunération pour que ce ne soit plus, justement, au forfait et à l'acte,
comme c'est le cas présentement, mais avec un principe de capitation qui est
combiné à un moindre pourcentage avec des actes, mais aussi complété par un
taux horaire. On veut favoriser la qualité et la pertinence plutôt que
d'encourager à faire du volume.
Plusieurs intervenants nous ont parlé de
la charge réelle des omnis comme des spécialistes. Pour certains médecins et
particulièrement pour les médecins de famille, il y a encore des zones d'ombre,
c'est-à-dire des précisions à obtenir pour la disponibilité réelle de prise en
charge. Et c'est une des choses sur lesquelles on va travailler dans les
prochaines semaines. On va consulter les experts qui sont venus en commission
pour obtenir certaines précisions, aller sur le terrain avec les gestionnaires
de Santé Québec et les différents directeurs médicaux, ce qu'on appelle
anciennement les DRMG et maintenant aussi les DTMS pour les spécialistes, pour
les rencontrer, rencontrer des professionnels et faire les ajustements
nécessaires au projet de loi si nécessaire. On est d'accord qu'il faut tenir
compte de la réalité de chacun des groupes de médecins de famille, autant en
prise en charge que ce qu'ils font dans leur quotidien. Même chose pour les
spécialistes, particulièrement dans le dossier des consultations, mais aussi
pour le rattrapage des chirurgies.
• (11 h 40) •
En fait, j'aimerais conclure, M. le
Président, en disant que ce sont des changements qui sont importants. Ce sont
des changements, non seulement des changements de culture, mais d'organisation
de travail que nous sommes en train d'implanter. On a donc l'occasion, dans les
prochaines semaines, de continuer à discuter ensemble des moyens pour rendre le
système de santé et des services sociaux plus accessibles. Il faut le répéter,
le statu quo n'est pas acceptable. Les Québécois veulent qu'on fasse les
changements nécessaires. On a tous comme objectif commun : améliorer
l'accès aux soins, mais pour tous les Québécois. Et je crois sincèrement, M. le
Président, qu'on peut travailler tous ensemble pour atteindre cet objectif et
que 100 % de la population soit prise en charge en 2026. Merci beaucoup,
M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. le ministre. Je
vais maintenant inviter la porte-parole de l'opposition officielle et députée
de La Pinière à nous faire ses remarques préliminaires. À vous la parole, Mme
la députée.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Bonjour, tout le monde. Alors, ça me fait plaisir d'intervenir au
nom de ma formation politique pour réagir à l'adoption du principe du projet de
loi n° 106 intitulé Loi visant principalement à instaurer la responsabilité
collective et l'imputabilité des médecins quant à l'amélioration de l'accès aux
services médicaux. Alors, déjà, le titre soulève des questions. Et, depuis le
dépôt du projet de loi, on a assisté vraiment à une grande mobilisation de la
part d'organisations dans le réseau de la santé, des voix fortes et crédibles
qui se sont élevées comme la FMOQ, la FMSQ, le Collège des médecins, les
doyens, les facultés... des facultés de médecine puis même des experts mandatés
par le ministre lui-même. Ils ont tous exprimé les réserves profondes et puis
ne contestent pas la responsabilisation, mais la méthode, l'approche rigide et
centralisatrice et, surtout, l'absence de concertation. Je dirais...
J'ajouterais à ça l'absence d'avoir entendu Santé Québec. On ne sait pas ce que
Santé Québec pense de tout ça. Et Santé Québec est devenu un joueur majeur en
matière de santé au Québec, le nom le dit.
Alors, je veux être claire qu'on ne
conteste pas... c'est-à-dire qu'on ne défend pas le statu quo. L'accès à un
médecin de famille et à des soins de qualité de première ligne, c'est un défi
majeur. Il y a des milliers de patients qui attendent encore des rendez-vous
essentiels, donc c'est normal de vouloir améliorer la situation. Je pense qu'il
n'y a pas un Québécois ou une Québécoise qui ne veut pas améliorer la
situation. Mais le projet de loi n° 106, en l'état, va trop loin et il va,
selon nous, dans la mauvaise direction. Pourquoi? Parce qu'on veut lier une
partie importante de la rémunération des médecins à des indicateurs qui sont
définis par règlement sans discussion préalable. On veut remplacer l'inscription
volontaire des patients par une affiliation administrative. On impose un modèle
sans égard aux réalités du terrain. Et je me souviens que, durant les
consultations sur le projet de loi 15, les gestionnaires sont venus nous dire
que c'est important de pouvoir prendre des décisions, d'être habilités à
prendre des décisions proches du terrain pour que ça fonctionne, pour
l'organisation des soins, pour la prise...
Mme Caron : ...prise de
décision. Et, dans ce projet de loi là, bien, ce n'est pas le cas. Puis le
projet de loi n° 106 nous semble faire du mur-à-mur. C'est une réforme qui
a été conçue dans les bureaux du ministère, sans la participation active des
médecins, des infirmières, des gestionnaires qui les vivent au quotidien, les
défis de la première ligne, et qui ont sûrement des propositions
d'améliorations à apporter. Ce sont eux qui savent ce qui fonctionne puis ce
qui doit être amélioré. Puis c'est aussi important d'impliquer les patients.
Parce que, plusieurs groupes l'ont rappelé lors des consultations, ce sont eux
qui sont les premiers concernés par les changements.
Et, à cet égard-là, je vais me permettre
une petite parenthèse sur les fameuses pastilles de vulnérabilité. La médecine,
je pense que c'est humain. C'est... Et quand on voit que les patients vont être
réglés... les citoyens vont être classés selon des pastilles de vulnérabilité,
alors que l'état de santé d'une personne, ce n'est pas cristallisé. Je peux
être en excellente santé aujourd'hui, j'ai perdu mon médecin de famille l'année
passée, je n'ai pas pu avoir des tests diagnostiques, qui me dit que je n'ai
pas un taux de cholestérol qui a besoin d'être regardé rapidement et d'être
contrôlé avec des médicaments... et de ne pas faire... de ne pas avoir un
problème de santé grave qui va exiger des soins dont je n'aurais pas eu besoin
si la prévention avait été faite ou si la détection précoce d'un problème avait
été faite? Et j'ai l'impression qu'ici, avec ce système-là, exit la prévention
parce qu'on va classer les gens. Et comment on fait pour les déclasser? Comment
la personne va réussir à avoir un accès rapide à un médecin, si elle est dans
une pastille verte? Même l'obstétrique est dans les pastilles vertes. Bien,
l'obstétrique, ça peut aller très bien, une grossesse, mais, du jour au
lendemain, d'une heure à l'autre, d'une minute à l'autre, ça peut aller très
mal. Ça prend un accès. Qu'est-ce qu'on va faire avec ces femmes-là? Qu'est-ce
qu'on va faire avec leurs bébés? Je trouve que c'est vraiment déshumanisant.
Maintenant, si je prends la question de la
rémunération des médecins. Pour ce qui est de la capitation, en soi, c'est un
modèle de rémunération qui est basé sur le nombre de patients pris en charge.
Et ça peut être intéressant, mais il faut que ce soit adapté, souple et
volontaire. L'Ontario l'a fait. L'Ontario l'a fait avec les médecins, par
contre, pas contre eux. On leur a offert un soutien administratif, on a misé
sur l'interdisciplinarité, on a adapté les modèles aux besoins locaux. Il n'y a
rien de tout cela qui se trouve dans la version du projet de loi actuel.
Peut-être qu'avec des amendements, ça s'y retrouvera, mais pour l'instant, ce
n'est pas là.
Et, le lien fondamental entre le patient
et le médecin, ça risque d'être fragilisé. C'est un lien qui repose pourtant
sur la confiance et sur le choix mutuel. Ce n'est pas juste un dossier, là,
simple à gérer, puis par un algorithme, puis à dire : Bon, bien, c'est
fait, c'est vu, à la prochaine. C'est une relation humaine qui est essentielle
au bon déroulement des soins, parce qu'on veut que le patient adhère aux soins,
aux traitements que le médecin lui recommande. Mais, s'il n'y a pas cette
relation de confiance là, ça ne va pas améliorer les choses.
Le projet de loi passe aussi sous silence
des fonctions essentielles, comme la coordination clinique, la formation des
futurs médecins ou encore la recherche en première ligne. En concentrant tous
les pouvoirs dans les mains de l'appareil étatique, on marginalise la
gouvernance clinique. On impose une vision bureaucratique à un enjeu qui est
profondément humain, comme je le disais tout à l'heure.
Les groupes qui sont venus en commission
parlementaire ont été très clairs. Aucun n'a appuyé le projet de loi dans son
ensemble. Plusieurs ont demandé son retrait pur et simple. Et tous ont exprimé
des inquiétudes sérieuses sur les effets possibles du projet de loi : la
démotivation, la complexité accrue, l'affaiblissement de la qualité des soins.
Et ce ne sont pas des signaux qu'on peut balayer du revers de la main.
Et, parlant de démotivation, je me
souviens aussi du projet de loi qui a été adopté et qui oblige les jeunes
médecins à travailler pendant cinq ans dans le réseau public, même si ce ne
sera pas facile pour eux tous de trouver un poste où ils vont pouvoir effectivement
pratiquer à temps plein dans le réseau public, par absence de plateaux, par
absence de professionnels autour. Donc, j'ai l'impression qu'avec ce projet de
loi ci, le projet de loi n° 106, on vient ajouter une autre couche de
frustration sur les jeunes médecins qu'on veut garder. Alors, je n'ai pas
l'impression qu'on s'aide beaucoup.
Ce que nous proposons, c'est un changement
d'approche, de dialoguer, de bâtir avec les acteurs du réseau. Il faut offrir
des incitatifs et pas des menaces, donc la carotte, pas le bâton...
Mme Caron : ...il faut des
outils flexibles et puis pas des règlements qui sont rigides. Puis il faut
surtout garder en tête que la médecine, ce n'est pas une production de masse.
Ce n'est pas en forçant des quotas ou en multipliant les tableaux de bord qu'on
soigne mieux. Ce qu'il faut viser, c'est la qualité, le temps investi, la
relation durable, la relation de confiance, comme je disais tout à l'heure,
entre le patient et le médecin puis un climat de confiance dans lequel les
équipes veulent s'engager.
• (11 h 50) •
Je vais me permettre de faire référence à
une lettre que j'ai reçue, un courriel que j'ai reçu et que, probablement,
d'autres... sûrement d'autres députés ont reçu aussi, concernant le projet de
loi n° 106. C'est une lettre d'une médecin de famille
accoucheuse qui dit que le projet de loi l'indigne, la décourage et la
démotive. Et elle nous dit qu'elle exerce depuis plus de 20 ans. Elle
travaille comme médecin de famille, donc surtout auprès des femmes enceintes et
de leurs nourrissons, mais elle a aussi conservé une pratique générale pour
participer à l'effort collectif pour le suivi de patients. Elle nous donne des
exemples de son quotidien : examen de routine d'un bébé de six mois en
parfaite santé, donc une pastille verte, n'est-ce pas? «J'ai déjà accordé cinq
minutes de trop en regard de mes cibles.» La mère, visiblement au bout du
rouleau, me demande conseil pour aider son bébé à faire ses nuits. Je pourrais
la référer au service social pour aborder cette question, mais la liste
d'attente est très longue pour y avoir accès. Je prends donc cinq minutes de
plus pour en discuter avec elle et lui fournir des ressources appropriées. Tant
pis pour la performance. Je viens de jaser des options avec ma patiente
cinquantenaire en périménopause, détricotant tout ce qui circule à ce sujet. Je
suis en retard. Elle présente aussi des symptômes anxieux, n'a pas d'argent
pour voir une psychologue. J'essaie de trouver des outils d'autotraitement avec
elle. Tant pis pour la performance. Un premier rendez-vous de grossesse. On
vous a expliqué que... le dépistage prénatal, mon infirmière a répondu à vos
questions. Oh! c'est vrai, ça fait un an qu'on attend le remplacement de
l'infirmière allouée à la clinique. Je prends donc encore un peu de retard en
lui décrivant cet examen, les risques et les bénéfices associés. Tant pis pour
la performance.
Mon patient âgé qui a mal au genou depuis
longtemps : Docteure, malgré vos pilules, malgré votre injection, j'ai
encore mal. Troisième visite pour ce problème, pas bon pour mes statistiques.
Il a besoin de physiothérapie mais n'a pas d'assurance. Je tente de lui
enseigner un programme d'exercice. Tant pis pour la performance. Une nouvelle
arrivante toute perdue dans les dédales administratifs, parlant peu de
franglais. Google Translate à la main, je dois lui expliquer comment prendre un
rendez-vous pour son bilan. Tant pis pour la performance. Je ne suis pas
parfaite. Je fais du mieux que je peux avec tout mon cœur, essayant de pallier
les lacunes du système, jonglant avec des rôles qui sont parfois loin de ma
formation de médecin, avec un impact évident sur ma performance.
Alors, je fais quoi? Je me limite à mon
rôle de médecin et j'abandonne mon patient qui n'a pas accès à une infirmière,
un psychologue, une travailleuse sociale, une physiothérapeute ou alors je
serai pénalisée parce que j'ai dit : Tant pis pour la performance? Comme
vous le répétez si bien : Le bon patient, par le bon professionnel, au bon
moment. Encore faut-il que ce professionnel soit disponible et non pas occupé à
coiffer un autre chapeau.
Dans les conditions actuelles, me voilà
donc face à un choix cornélien : je suis performante au détriment de la
qualité de mes soins ou je m'occupe de mes patients en ne me souciant pas de
mes critères de performance? Allez-vous me sanctionner pour choisir de bien
soigner mes parents?
Voilà pourquoi elle demande incessamment
au ministre de retirer le projet de loi n° 106, «qui
n'aura pour effet que de réduire davantage l'accessibilité à un médecin de
famille, en entraînant des départs de médecins, en causant la fermeture de
cliniques, en ajoutant de nouveaux patients à des équipes déjà débordées, en
réduisant encore davantage l'attrait de la profession. C'est un mauvais remède
à un mauvais diagnostic.»
Je pense que ce médecin, M. le Président,
n'est pas l'une de celles qui dit : Moi, je travaille juste deux jours ou
trois jours par semaine, sinon je vais payer trop d'impôts. Je pense que son
témoignage, et c'est pour ça que je tenais à le lire, nous montre qu'il y a des
médecins qui en font beaucoup, qui vont prendre le temps nécessaire, qui ne
verront peut-être pas 2 000 patients, qui n'auront peut-être pas pris
en charge 2 000 patients, mais qui vont faire un travail qui est
important et un travail de prévention aussi. D'aider une mère qui a de la
difficulté parce que le nourrisson ne fait pas ses nuits, bien, c'est important
parce qu'à un moment donné ça peut dégénérer, la situation. On n'y pense
peut-être pas tous les jours, mais c'est difficile d'être un nouveau parent
puis quand c'est difficile soit de nourrir l'enfant, de lui faire faire ses
nuits, que les parents n'arrivent plus à dormir, il y a un cycle, parfois, qui
finit de manière tragique. Donc, c'est important, le rôle des infirmières
autour et des médecins. Puis ce médecin-là le fait parce qu'elle n'a pas
d'infirmière autour qui peut le faire. Donc, je pense que ça démontre à quel
point on ne peut pas avoir une façon, un projet de loi qui va avoir des
mécanismes...
Mme Caron : ...mur à mur et qui
va, si... tout en permettant, admettons, à ce médecin de continuer sa pratique
telle quelle, bien, de pénaliser ses collègues dans la même clinique, parce
que... tout le monde va être pénalisé parce qu'il y en a un qui ne répond pas
au nombre de prises en charge qui est voulu.
Alors, je pense que c'était essentiel de
rappeler que l'accès aux soins, ça ne se résume pas à obtenir juste un
rendez-vous en première ligne. Il faut pouvoir accéder rapidement à une salle
d'opération, à des technologies médicales modernes, à des examens diagnostiques
fiables et à un suivi adapté. Tant que nous ne reconnaîtrons pas l'ensemble des
maillons de la chaîne, nous tournons en rond. Ce qu'il faut, c'est une vision
globale, ambitieuse, résolument axée sur les besoins du réseau.
En terminant, M. le Président, comme mon
collègue député de Pontiac l'a déjà dit, si le ministre souhaite véritablement
apporter les modifications nécessaires à son projet de loi et répondre aux attentes
exprimées par les différents groupes entendus, il pourra compter sur notre
collaboration. Nous serons présents, comme toujours, pour travailler à une
réforme cohérente, construite avec le réseau et respectueuse de sa mission
fondamentale, soigner et prévenir. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, Mme la députée. J'invite maintenant le porte-parole
du deuxième groupe d'opposition et député de Rosemont à faire ses remarques
préliminaires pour un temps maximum de 20 minutes.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Je vais faire un peu plus long que ce que je fais normalement parce
qu'il y a beaucoup, beaucoup à dire sur le projet de loi n° 106
mais sur l'ensemble de l'oeuvre du gouvernement et de ce ministre qui fêtera
bientôt... je ne sais pas s'il va fêter, mais qui marquera bientôt le cinquième
anniversaire de son arrivée à ce poste-là. Ça le place parmi les ministres les
plus durables en Santé. Parce que c'est un poste quand même assez exigeant, ça,
j'en conviens, puis c'est souvent des portes tournantes. Mais cinq ans,
chapeau, d'abord, il faut le dire, c'est quand même tout un bail, je le
reconnais, je le reconnais. De mémoire, je crois que...
Une voix : ...
M. Marissal : Mais appréciez
les fleurs pour le moment, là. C'est de bonne foi et c'est de bonne grâce que
je le fais. J'ai fait autre chose, avant d'être politicien, mais j'ai couvert
les politiciens puis je sais ce que ça fait dans l'opinion publique puis sur la
place publique. Je crois que le recordman de ce poste, c'est Philippe
Couillard, je crois, de mémoire. Alors, peut-être que vous avez l'objectif de
battre ce record, je ne le sais pas. Mais bref chapeau pour les cinq ans.
J'entends le ministre nous dire d'entrée
de jeu ce matin qu'il va prendre l'été pour écouter, pour consulter. Je vous
souhaite des vacances, aussi. Je nous en souhaite tous, parce qu'on va en avoir
besoin. Mais j'entends, mais je fais plus qu'entendre, j'enregistre que le
ministre veut consulter, parler, retourner les pierres, retourner à ce qui nous
a été dit, aussi, parce que c'est à ça que ça sert, hein, les consultations.
Je l'entends aussi quand il dit, et ça a
été dit aussi par le sous-ministre, l'autre fois, qu'il y aura une clause
grand-père et que personne ne perdra son médecin. Moi, je crois à la parole
donnée, ici. Je reste sur mes gardes, mais je crois la parole donnée : il
y a... il y aura grand-périsation. Je ne sais plus qui a dit ça, l'autre fois.
Je pense que c'est le sous-ministre Bergeron qui a dit ça. Alors, merci pour le
terme, que je ne connaissais pas, ça enrichit mon vocabulaire. La
grand-périsation. Mais c'est important que les gens le sachent, là, que ça a
été dit.
Puis les gens sont nerveux, hein, de
perdre leur médecin. C'est déjà assez difficile d'en avoir un. Même quand tu en
as un, c'est assez difficile de le voir. Donc, il ne faudrait pas effectivement
que, par un effet pervers d'un projet de loi, les gens se trouvent à perdre
leur médecin. Il y a une question géographique, là : par exemple, si vous
habitez Ahuntsic, mais que votre médecin est à Laval puis que vous déménagez à
Longueuil, est-ce que vous perdez votre médecin? On nous dit que non, puis il
ne faudrait vraiment pas que ce soit le cas. Parce que, vous savez, les limites
géographiques, ça tient en une ligne, hein? C'est un peu comme nos
circonscriptions, là, c'est la ligne jaune d'une rue qui détermine si je suis
dans Gouin ou dans Rosemont, là, tu sais? Alors, il ne faudrait pas qu'on joue
sur ces principes-là puis que les gens perdent leur médecin. Ça, c'est un.
Mais, j'insiste, là. J'ai entendu le
ministre nous dire : Je vais passer... pas tout l'été, mais je vais
prendre du temps pour écouter les gens, pour faire le travail correctement. Je
l'encourage à le faire. Puis je vais même aller plus loin. Notre relation
est...
M. Marissal : ...est
nécessairement adversoriale, là, dans un parlement comme le nôtre, dans le
régime parlementaire qui est le nôtre. La période des questions, ça fait ça.
Les accrochages, ça fait ça parfois. Les opinions divergentes, les propositions
politiques font que nous sommes souvent en adversité. C'est une relation
adversoriale, mais pas que, pas que.
Puis je pense qu'on a fait la
démonstration, en tout cas, je parle pour moi, là, qu'on est parfois capables
de travailler ensemble et même de reconnaître les bons coups. Je l'ai fait au
salon rouge en période de questions, je vais le refaire, notamment, sur le fait
de pouvoir enfin se débarrasser pas complètement, puis on n'y arrivera pas tout
de suite, là, puis je comprends tout ça, là, des agences de placement de
personnel. Je pense que ça, ça a été un bon coup. Puis je dis ça, je lance des
fleurs au ministre. Je m'en lance à moi-même puisque je pense avoir été pas mal
un des premiers ici à parler de ça avec mon collègue de Gouin, qui avait
d'abord attaché le grelot avec des situations assez... assez graves d'agences
de placement qui en profitaient, là, puis qui appuyaient fort sur le crayon
puis, en plus, qui traitaient assez mal leur personnel, là, comme si c'était de
la marchandise qu'on pouvait... Bref, nous avions été les premiers à attacher
le grelot. Bravo! Tant mieux, tant mieux si on est capables de faire ça.
• (12 heures) •
Donc, quand je dis que je vais aller plus
loin, moi, j'offre ma collaboration au ministre. On le fait toujours. Puis ce
n'est pas que... ce n'est pas que des mots, ce n'est pas que des intentions
creuses et vaines. Tout le monde veut que le système de santé aille mieux,
hein, tout le monde. J'ai moi-même des relations avec les systèmes de santé,
là, comme tout le monde. Mes parents ont 91 ans. C'est compliqué, ce n'est
pas simple, là. On est inquiets, tout le monde est inquiet dans la famille.
Puis on veut tous que le système de santé fonctionne mieux. Je n'ai pas besoin
de vous parler de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Tu sais, tout le monde veut
que cette affaire-là, ça sorte de terre puis qu'on en ait un, hôpital, là. Tu
sais, après ça, on peut se chicaner à la période des questions puis dire des
affaires, des fois, qui enflamment un peu les médias et la toile, je comprends,
mais on reflète aussi la volonté de la population que ça aille mieux.
Alors, moi, je tends la main au ministre.
Ce n'est pas nécessairement dans ses habitudes de consulter beaucoup l'opposition
en amont. Je lui suggère de le faire. Je pense qu'on se rendrait service, ça
travaillerait plus vite, puis on travaillerait mieux, la relation de confiance
serait plus fermement établie. Puis après ça ce n'est pas grave si on n'est pas
d'accord. Ça, ça fait partie aussi de la joute politique puis ça fait partie de
ce qu'on fait ici. Le ministre sait où je loge, moi, sur la question de la
réorganisation des soins. Moi, je suis un partisan des CLSC. Je trouvais que ça
marchait bien, cette affaire-là, tous les livres que j'ai lus là-dessus aussi,
les témoignages que j'ai recueillis depuis des années. Après ça, on peut ne pas
être d'accord. Puis, sans se crier des noms, là, nécessairement, en se parlant
respectueusement, on peut ne pas être d'accord. Moi, je suis un partisan du
salariat chez les médecins, en particulier les spécialistes, en particulier les
spécialistes, mais ça se peut qu'on ne soit pas d'accord à la fin.
Alors, je dis tout ça, là, cette
parenthèse, pour tendre la main. Tout le monde a le téléphone de tout le monde
ici, là. Parfois, ça peut être plus facile de voir venir puis d'essayer d'au
moins de trouver quelques voies de passage communes. C'est ce qu'on peut
fonctionner, c'est de la façon dont on peut fonctionner, puis chacun fonctionne
à sa façon, là. Mais je viens de terminer un autre projet de loi avec la
présidente du Conseil du trésor, puis c'est fluide avec la présidente du
Conseil du trésor, je le dis, c'est la journée des fleurs, il faut croire, mais
c'est fluide. Ça va bien, ça... Il y a une collaboration. Après ça, je vais
déposer les amendements que je vais déposer, je vais faire les critiques que je
veux faire puis je vais reposer les questions le lendemain à l'Assemblée
nationale, qui ne feront peut-être pas tellement plaisir au gouvernement.
Sachez que les réponses ne me feront pas toujours plaisir non plus. Alors,
c'est la façon dont on fonctionne ici.
Justement, parlant du ton et du climat, le
projet de loi n° 106 arrive non seulement à la fin de session, mais il
arrive dans un moment charnière, là, dans le réseau de la santé et dans un
moment assez tendu, pas seulement entre les partis d'opposition et le
gouvernement, en général. Le milieu, le terrain est mobilisé. Le milieu est
tendu. Les médecins sont à cran, sont aux barricades. C'était le congrès de la
FIQ. Cette semaine, là, je suis allé passer quelques heures, là, jaser avec le
monde. C'est tendu. C'est très, très, très tendu. La population est tendue
parce que post-pandémie, puis problèmes de santé, puis les hôpitaux qui
s'effondrent ou qui menacent, la difficulté de se faire...
12 h (version non révisée)
M. Marissal : ...soigner. Tu
sais, on est dans une situation tendue dans le réseau de la santé, et les
multiples projets de loi et réformes qui ont été engagés par ce gouvernement
ont contribué à stresser davantage encore le système. Un peu comme un système
électrique ou en génie civil, quand on dit que c'est stressé, c'est qu'il y a
trop de stress sur un circuit électrique puis ça disjoncte, ou trop de stress
sur une structure, puis ça s'effondre. Je ne sais pas si on est rendus là. Mais
le stress me semble être assez maximal en ce moment dans le réseau.
Puis franchement, là, je vais le dire, là,
le ministre parle souvent du ton, du ton de mes questions ou de celles de mes
collègues. Moi, je ne peux pas m'empêcher de parler du ton du premier ministre
en particulier, qui a... qui n'a vraiment pas aidé, là, qui n'a vraiment pas
aidé. Je comprends que tout le monde fait de la politique ici. Puis on vise des
clientèles puis on vise à passer des messages. Mais ce n'est pas la première
fois, là, que le premier ministre met le feu aux poudres avec les fédérations
de médecins. Puis, les fédérations de médecins, oui, c'est des syndicats, oui,
ils sont corpos, parfois, bien oui, bien sûr, tout le monde est corporatiste à
sa façon. Ils défendent leurs membres, eux autres, ça fait qu'ils ne vont pas
en demander moins, là. Je n'ai jamais vu un syndicat qui en demande moins, tu
sais. Alors, oui, il y a du corporatisme. Puis il y a de la partisanerie de
notre côté. Puis, oui, des fois ça s'accroche. Mais, tu sais, à la fin, là, les
syndicats, c'est formé de vrai monde, là. C'est du vrai monde, là, qu'il y a
dans les syndicats. Quand le premier ministre nous reproche, là, d'être sur les
lignes de partage ou de parler aux syndicats, bien les gens qui font partie des
syndicats, c'est du vrai monde. C'est du monde qui travaille pour nous. C'est
du monde qui s'occupe soit de nos enfants, soit des patients. Alors, je
comprends qu'on peut y voir un adversaire politique, mais ça peut aussi être un
partenaire. Puis le fait est qu'on n'a pas le choix. Ce sont nos partenaires.
Ce sont les partenaires du gouvernement. On ne pourra pas jamais rien faire si
on ne s'entend pas avec eux autres par la force ou par la négociation. Mais ça
va passer par une discussion avec ces syndicats-là.
Dans ce cas-ci, c'est la FMOQ puis la
FMSQ, soit, soit. Mais, quand le premier ministre se promène dans les corridors
de l'Assemblée nationale en disant : Ça va brasser, puis ça fait 23 ans
que j'attends ça, je pense que tout le monde peut se mettre dans la peau des
médecins qui reçoivent ça, là. Dans un contexte, je le répète, qui est tendu,
dans un système qui est surstressé, là ils se font dire par leur premier
ministre : Je vais vous mater, essentiellement, c'est ça, je vais vous
casser, je vais enfin avoir raison sur vous. Bon. Je ne pense pas que c'est la
meilleure façon de lancer une négociation. Puis je ne suis même pas sûr que le
ministre trouve ça drôle lui-même parce que c'est lui après ça qui a ces
gens-là en face de lui. Puis ça part mal une réunion. Ça part bien, bien mal
une réunion puis une discussion.
Dans le milieu, là, il y a des gens qui m'ont
dit, cette semaine, là, des infirmières qui m'ont dit : On aime notre
travail, on va le faire, puis on continue de le faire, mais j'ai l'impression d'être
en guerre contre mon gouvernement. Il y a une infirmière qui m'a dit ça. Puis c'est...
ce n'est pas la présidente de la FIQ, là. C'est une infirmière, hein, qui
travaille justement à l'hôpital Fleury, là, puis qui m'a dit... d'Ahuntsic, elle
m'a dit : J'ai l'impression d'être en guerre contre mon gouvernement. Ce n'est
pas l'idéal, hein, pour avoir des négociations ou faire des changements.
Alors, je suggère qu'on prenne aussi le
temps de respirer par le nez, tout le monde, pendant l'été, puis qu'on revienne
frais et dispos en septembre ou au mois d'août, selon la prérogative du
gouvernement, mais qu'on baisse un petit peu le thermostat. Parce que là, il
fait... il fait vraiment, vraiment chaud, là. C'est... C'est désagréable.
Puis il faut considérer aussi que le
ministre, on ne pourra pas dire qu'il se tourne les pouces. Il en fait
beaucoup. Puis, dans la population, là, puis je le dis, là, c'est mon
adversaire politique, mais je lui reconnais certaines qualités, notamment de
communication. Puis, moi, ce qu'on me dit souvent, les gens que je rencontre me
dit : Oui, mais lui au moins, il essaie, lui au moins il essaie, parce que
le système, il est brisé. Ça, on le sait : le système est brisé, on n'en a
pas pour notre argent, on n'est pas capables de se faire soigner, on attend
beaucoup trop longtemps, nos infrastructures hospitalières sont en mauvais
état. Alors, il y a comme un capital de sympathie qui vient avec : Oui,
mais lui au moins, il essaie. Puis je ne suis pas capable de dire : Non,
ce n'est pas vrai, il n'essaie pas. Ce ministre, oui, il est actif, parfois
même hyperactif. Mais, ce que ça veut dire, c'est qu'il y a eu beaucoup,
beaucoup de pièces législatives importantes, marquantes, qui ont contribué à
surstresser...
M. Marissal : ...le réseau.
Puis, moi, je pense qu'il faut quand même, à un moment donné, lever le pied un
peu et pas essayer de tout faire en même temps parce que je pense que ça ajoute
une certaine confusion. Et je rappelle qu'il y a un peu plus d'un an, on a
adopté le p.l. 15 qui n'était pas juste, pas juste important de par son
ampleur, là, déjà, ça oui, c'est vrai que c'était tout un projet de loi, mais
de par le changement que ça a amené. Et je ne referai pas le procès de Santé
Québec, tout le monde sait ici où je loge sur la question. Mais c'était tout un
pavé dans la mare, c'était tout un morceau, il faut l'avaler, il faut le
digérer, il faut être capable de faire vivre ça. Puis on l'a vu que même les
gens de Santé Québec sont eux-mêmes en train de se poser, de se placer, de
s'organiser. Ce n'est pas qu'un petit changement, peu importe ce que je pense
du changement ici, ce n'est pas ça, ce n'est pas ça, la question, c'est que ça
fait beaucoup.
• (12 h 10) •
Il y en a eu d'autres, peut-être, plus
mineurs, quoique... mais je vais aller tout de suite dans un grand saut dans le
temps, à 83. Je ne me trompe pas, 83, les médecins, puis les jeunes médecins,
puis leurs obligations, 83. Ça aussi, ça a été un pavé dans la mare, ça a été
un pavé dans la mare, ça a été mal reçu. Ça crée beaucoup, beaucoup
d'inquiétude, de confusion, de colère. On se retrouve dans une situation, par
exemple, avec, en particulier, les orthopédistes. Ceux et celles — mais
c'est presque exclusivement des hommes, l'orthopédie, je ne sais pas trop
pourquoi — mais ceux qui sont sortis de la RAMQ ne veulent pas ou
hésitent à revenir de peur de ne pas pouvoir ressortir. Certains... J'en
connais un personnellement qui s'est complètement désaffilié, qui a dit :
Non, moi, je ne jouerai pas à ça. Je ne vais pas mettre mon autonomie entre les
mains de Santé Québec qui va décider de son bon gré si je peux ou non sortir.
Je ne dis pas que ce médecin-là a raison, là, je lui donnerais raison sur le
fait qu'il n'a pas assez de temps opératoire puis qu'il veut opérer puis qu'il
est parti au privé pour ça. Mais ce médecin et d'autres... Bien, lui s'est
désaffilié, ça fait que la question est réglée.
Mais les autres qui ne veulent pas revenir
dans le système, ca, c'est, comme on dirait... comme dirait un médecin, c'est
un effet secondaire du projet de loi n° 83. Je ne sais pas si ça avait été
vu. Je pense que je pense que oui. Là, je pense que ça avait été vu, ça avait
été perçu, là, comme une menace, là. Mais on ne pourra pas durer ça, ça ne pourra
pas durer éternellement. Ces médecins-là, il va falloir, à un moment donné,
qu'ils se branchent. Puis s'ils ne reviennent pas, ils ne peuvent pas facturer
à la RAMQ, en principe, ils ne devraient pas opérer dans les hôpitaux publics.
Moi, je trouve que ça cause un petit problème d'alignements ici, là. Puis il y
en a combien puis combien de temps?
Bref, tout ça pour dire qu'il y a eu une
accumulation de projets de loi puis de réformes, qui ont suivi la réforme
Barrette, projet de loi 10 qui n'était même pas encore totalement digéré
dans le réseau. Ça fait que là, ça fait beaucoup, ça fait beaucoup, beaucoup en
très, très peu de temps. Là arrive le projet de loi n° 106 qui vise, et je
comprends l'objectif, qui vise à ce que le 1,5 million orphelins, appelons-les
comme ça, les gens qui ne sont pas pris en charge, qui n'ont pas de médecin,
parce que ce 1,5 million personnes soient prises en charge d'ici un an. Je
ne sais même pas si c'est possible de faire ça, mais je ne sais même pas si
c'est ça qu'on devrait faire, parce qu'il y a une différence entre prise en
charge et rendez-vous et soins. Transférer 1,5 million noms d'une liste
d'orphelins à une liste qui s'appelle prise en charge, il n'y a rien de plus
facile, ça se fait. Tu changes le titre du fichier Excel, tu fais juste
transférer. Mais est-ce que ces gens-là ont pour autant les services? Est-ce
qu'ils ont pour autant des rendez-vous ou est-ce qu'ils ont pour autant ce dont
ils ont besoin? C'est... Je ne pense pas.
Et ça nous a été dit, là, tous les groupes
qui sont passés ici nous ont dit : Vous pouvez bien les inscrire, mais on
ne sera pas capable de les prendre, ou, si on les prend, ça va être du travail
à la chaîne parce qu'il va falloir aller tellement vite. Oui, oui, on va les
prendre en charge, on va les voir une fois par année ou une fois par deux ans,
puis ça va être très rapide, puis il n'y aura pas beaucoup de prévention, comme
disait ma collègue de La Pinière, puis on ne fera pas de suivi, puis les
plus poqués, bien, ils vont passer entre les mailles du filet, parce qu'on
n'aura pas le temps, puis on ne pourra pas les faire. Tous les groupes nous ont
dit ça, et pas que les syndicats. Isabelle Leblanc, par exemple, Dre Isabelle
Leblanc...
M. Marissal : ...qui est
dans un GMF-U de Notre-Dame-de-Grâce, si je ne me trompe pas, et qui est aussi
enseignante et qui est médecin aussi à St. Mary's, nous a dit d'abord :
Est-ce qu'il faut même seulement les inscrire? Est-ce qu'on n'est pas juste
dans un jeu comptable ici? C'est-tu les inscrire qui compte ou que... les soins
quand il y en a besoin? Puis le fait est que les réformes récentes, là, ont eu
des grands chambardements sur le réseau, notamment... il n'y a à peu près plus
de cliniques sans rendez-vous. Puis ça, ça marchait. Quand tu as un bobo, là,
mal à la gorge ou quelque chose qui ne nécessite pas l'urgence puis que tu ne
veux pas aller aux urgences, bien, tu allais, là, quelque part, en haut d'une
pharmacie, il y avait une clinique sans rendez-vous, et tu allais attendre
probablement deux, trois heures, mais c'est moins pire ça que d'aller aux
urgences où, de toute façon, ce n'est pas requis dans ton cas, puis tu finis
par voir un médecin.
Avec les obligations de prendre maintenant
les patients dans une banque X, les médecins ont dit : Bon, bien, on ne
fera plus de... on ne fera plus de sans rendez-vous parce que, de toute façon,
c'est plus payant de prendre des clients dans la banque X, puis je n'ai plus de
temps, de toute façon, pour faire du sans rendez-vous, il y a juste 24 heures
dans une journée. Puis j'essaie d'en travailler 10. Ça aussi, c'est un effet
secondaire.
Alors, on peut les inscrire, on peut les
inscrire. Puis moi, je vois là-dedans une manœuvre vaguement électoraliste
parce que, dans un an, on est en élections. Je ne sais pas qui autour de cette
table sera en campagne électorale, mais on sera en campagne électorale. Le
Québec sera en campagne électorale. Alors, est-ce que... est-ce que c'est une
manœuvre juste pour pouvoir dire : Nous avons inscrit tout le monde? Bien,
ça va nous faire une belle jambe, mais on n'aura pas plus de rendez-vous. Oui,
M. le Président. Je vous vois...
Le Président (M. Provençal)
:M. le député, ça me fait... Vous nous
faites une très belle présentation, sauf que votre 20 minutes est écoulé.
M. Marissal : Déjà.
Le Président (M. Provençal)
: Oui.
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Ça ne fonctionne pas comme ça, malheureusement. Je
m'excuse, M. le député.
M. Marissal : Non, non,
j'étais parti, moi, là, là.
Une voix : ...
M. Marissal : Bien, merci.
Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, je vais demander maintenant au
député des Îles-de-la-Madeleine de nous faire ses remarques préliminaires. Vous
aussi, vous avez un bloc de 20 minutes, M. le député.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
M. le Président. Bien, je vais essayer d'être à la hauteur de cette
présentation qu'on vient d'entendre et m'insérer dans la continuité, parce
qu'effectivement il y a des éléments qui ont été mentionnés que je partage
complètement. Puis la question que moi, je me pose au moment où on doit
commencer l'étude article par article du projet de loi n° 106,
c'est : Est-ce qu'on peut essayer de développer, comme parlementaires, des
politiques publiques pour améliorer l'accès aux soins de santé sans que la
chicane pogne puis sans partir en guerre contre un groupe de professionnels? Et
puis je pense que le fait qu'on n'ait que quelques heures, là, pour mettre la
table, ça devrait nous amener à réfléchir, au cours de l'été, à comment on peut
aborder cette question-là sur le fond pour qu'on puisse trouver des solutions
qui soient évidemment à l'avantage des gens pour qui on travaille. Puis je suis
pas mal certain que, si on trouve un certain nombre de solutions, là,
consensuelles, que les différents groupes de professionnels, y compris les
médecins ou une majorité d'entre eux, vont comprendre puis vont adhérer....
puis, de toute façon, je pense que c'est normal aussi que le gouvernement ou
que l'Assemblée nationale mette un cadre dans lequel on s'assure d'en avoir
pour notre argent dans tout ce qui est investi en matière de soins de santé au
Québec, sans qu'on puisse, du point de vue du citoyen, voir qu'il y a
véritablement des choses qui s'améliorent.
Donc, vous avez compris que moi, je
ressens une très grande morosité au Québec dans le domaine de la santé. Puis
c'est vrai qu'il y a eu plusieurs réformes qui ont été difficiles puis qu'on
est sortis d'une pandémie où plusieurs ont été amochés, mais on ne pouvait pas
laisser aller les choses, puis il fallait prendre des décisions. Puis il faut
donner de l'espoir aussi à tous les Québécoises et les Québécois qui
languissent sur des listes d'attente ou qui ont besoin d'avoir un suivi médical,
puis qui peinent à avoir des rendez-vous. Donc, on ne peut pas relâcher les
efforts, mais il y a la façon de faire.
Donc moi, je suis plutôt partisan de la
mobilisation des forces vives du milieu, là. Et puis c'est un petit peu ce que
j'ai décelé aussi durant les consultations particulières. Le ton a heureusement
un peu baissé, là, après les différentes salves qui ont été servies, notamment
par le premier ministre, en disant que ça allait brasser, puis qu'on allait
déposer ce projet de loi là, puis qu'on avait deux semaines pour l'adopter,
puis qu'on n'excluait pas le bâillon. Là, on a reculé sur un certain nombre de
ces éléments-là, puis fort heureusement. Je pense qu'il faut regarder cet... ce
projet de loi là puis les modifications, par exemple, au mode de rémunération
des médecins...
M. Arseneau : … à la
définition de ce qu'on exige d'eux dans le travail qu'ils font pour la
population et pour l'État du Québec, donc, de se donner le temps de faire les
choses comme il se doit. Puis, si ça fait 23 ans que le premier ministre
souhaite réviser la rémunération, grand bien lui fasse. Ça fait depuis la mise
en place du réseau et du régime d'assurance maladie du Québec qu'on se dit
qu'il faut réviser le mode de rémunération. On peut se donner quelques mois
pour le faire. Je pense que c'est assez raisonnable. Donc, ne pas définir les
médecins, les professionnels, qu'ils soient omnipraticiens ou spécialistes,
comme des adversaires, mais plutôt comme des partenaires, puis on n'est pas
toujours d'accord avec nos partenaires, comme on n'est pas toujours d'accord
entre collègues autour de la table lorsqu'on discute d'un projet de loi.
• (12 h 20) •
Et d'ailleurs, quand on dit que ça fait
longtemps que le mode de rémunération doit être révisé, ça faisait partie de
notre plateforme électorale en 2018. Ça faisait partie de notre plateforme
électorale aussi, de ma formation politique, en 2022. Ça faisait aussi partie
de la plateforme électorale de la Coalition avenir Québec. Là, on arrive après
sept ans en disant : Il faut le faire, puis il faut le faire d'ici deux
semaines. Écoutez, ça ne fait pas sérieux, puis je pense que ça ne fait pas
rigoureux non plus. Et puis les consultations qui ont été menées au cours de la
dernière semaine, je pense qu'elles auraient pu, en grande partie, être menées
en amont pour pouvoir arriver avec un projet de loi qui soit peut être mieux
fignolé parce qu'on a vu, dans plusieurs des commentaires qui nous ont été
apportés, qu'il y avait beaucoup, beaucoup de choses, beaucoup de travail à
faire, puis il y avait des éléments qui nous échappaient aussi.
Le fait qu'on arrive, par exemple, avec un
rapport qu'on a commandé sur les services de première ligne, dans la continuité
d'un engagement du ministre qui nous dit : Bon, l'engagement d'avoir un
médecin de famille pour chaque Québécois, c'est derrière nous, on a mis ça de
côté, ça n'arrivera pas, mais on veut que les Québécois soient pris en charge,
puis ça va être une prise en charge collective, en attendant, on va mettre sur
pied un guichet d'accès de première ligne, mais, éventuellement, ce qu'on veut,
c'est que chaque Québécoise et Québécois puisse avoir accès à un groupe de
médecins, puis on veut travailler dans ce sens-là, et qu'on dit : Bien, on
va voir comment, de toute façon, redéfinir la première ligne, puis qu'on donne
le mandat, de mémoire, en janvier dernier, à un comité d'experts, qui fait une
revue de littérature, qui fait des consultations, qui tient des forums puis
regarde comment ça se passe dans les autres juridictions, qui arrive avec un
rapport qui doit être déposé à la fin mars, et qu'au moment du dépôt de ce
rapport-là, le jour même où le rapport est déposé, on n'a même pas eu le temps
d'en prendre connaissance, qu'on nous dépose un projet de loi qui va, en grande
partie, à l'encontre des recommandations du rapport d'experts, encore là, on
dit : Bien, ce n'est pas sérieux. On ne peut pas fonctionner de cette
façon-là. On confond les gens, le public, évidemment. On antagoniste les
parties. Et puis ça va dans tous les sens puis ça ne peut pas donner des
résultats positifs.
Alors, moi, j'en appelle à une espèce
d'approche plus rigoureuse, et c'est beaucoup ce qu'on a entendu aussi durant
les consultations particulières, où les gens nous ont dit : Il ne faut pas
procéder à l'envers non plus puis il ne faut pas procéder uniquement par une
attaque en règle contre les médecins. Et, en particulier, j'ai le goût de dire,
parce que ça, c'est patent, là, médecins spécialistes, on leur reproche de ne
pas faire suffisamment de chirurgies, mais les salles d'opération sont fermées,
en grande partie, là, un petit peu partout parce qu'on manque de personnel pour
les accompagner. On ne fera pas des opérations chirurgicales sur le lazy-boy
d'un bureau de médecin spécialiste. Ça ne fonctionne pas comme ça. On ne peut
pas exiger qu'ils fassent des opérations sans leur fournir les équipes puis les
plateaux techniques.
Donc, c'est un peu une vue de l'esprit de
déposer des exigences de performance dans un projet de loi si les conditions ne
sont pas réunies pour qu'on puisse atteindre ces objectifs-là qui seront fixés
éventuellement. Puis je ne suis pas contre l'idée que… Dans toutes les sphères,
je pense que tout le monde a des expériences de travail où il est attendu des
gens, qu'ils soient professionnels, travailleurs autonomes ou qu'ils soient
employés d'entreprises, qu'ils livrent le travail pour lequel ils sont payés,
qu'ils livrent un certain nombre, justement, de cibles qui… qu'on leur a
fixées. Et, lorsqu'on est soi-même responsable de l'ensemble des conditions qui
permettent d'atteindre ces objectifs-là, moi, je suis partant. Si le contrat,
si l'entente est claire, puis qu'on sait que les conditions sont réunies, il
faut livrer la performance attendue, que ce soit pour les médecins, que ce soit
pour les ergothérapeutes, que ce soit pour les députés comme nous, ou les
ministres, je n'ai pas de problème avec ça, mais là ce qu'on voit, c'est que
c'est beaucoup plus…
M. Arseneau : ...complexe que
ça. Et on a tendance à décrire le système comme un système où c'est noir ou
c'est blanc, c'est : il y a des bons médecins puis il y a des paresseux.
Puis il y a ceux qui se défoncent puis qui sont bienveillants puis il y a les
autres. Et c'est comme ça que les médecins se sentent. Puis, bon, c'est sûr que
je pense que ce n'est pas le contexte idéal pour arriver à trouver des
solutions qui soient intéressantes. Puis ce n'est pas dans le dénigrement, là,
qu'on va susciter la collaboration ou, minimalement, le respect, parce qu'à la
limite, tu sais, on pourrait imaginer qu'en bout de ligne il y ait un groupe de
professionnels ou les médecins qui ne seraient pas d'accord avec la solution
qui est proposée, mais si elle est généralement admise par l'ensemble des
membres de la commission et des intervenants de la société civile comme quoi
c'est un pas dans la bonne direction, je pense qu'à un moment donné il faut
aussi pouvoir avancer puis ne pas renouveler le statu quo à chaque fois, là, en
disant qu'on y reviendra. On a fait ça en 1972, 1073 puis on en parle encore
aujourd'hui. Alors, comme quoi, à un moment donné, il faut avancer.
Et je prends pour exemple le fait que...
l'idée de revoir la rémunération. Je n'ai pas entendu de résistance sur l'idée
de revoir le mode de rémunération. À peu près tout le monde est unanime sur
l'idée qu'il faut revoir le mode de rémunération, que la rémunération à l'acte,
ça crée toutes sortes de distorsions, puis il faut passer à autre chose.
D'autres juridictions l'ont fait avant nous. On parle de la capitation, ça...
c'est un système qui peut être implanté, élargi, encore faut-il, tu sais, le
définir correctement puis s'assurer que ça fonctionne. Puis même des chercheurs
nous disaient : Une fois qu'on l'aura mis en place, on ne pourra pas
fermer les yeux puis attendre 25 ans avant de voir si ça fonctionne. Il
faudra peut-être, là, assurer un suivi, y apporter des ajustements. C'est une
approche qui me semble beaucoup plus sensée. Mais l'idée, si c'est simplement
de revoir la rémunération, allons-y, mais allons-y sur des bases qui nous
permettent de comprendre ce qu'on exige des médecins à l'heure actuelle, ce
qu'ils livrent comme travail. Et quand on dépose à peu près en même temps qu'un
projet de loi, et qu'un travail sur la première ligne qu'on a tabletté aussitôt,
une étude qui a été commandée par le gouvernement et qui dit : Bien, voici
ce que les médecins font, ils n'en font pas assez. Et puis, par contre, il y a
pour 25 % de leur temps de travail, on ne peut pas documenter quoi que ce
soit. Ils sont vraisemblablement sur un terrain de golf.
Encore une fois, c'est cette espèce de
trou noir qu'on a identifié. C'est un signal, un drapeau qu'on agite puis qu'on
dit : Il ne... On ne peut pas procéder avec la solution ou, comme le
disent les médecins, avec le traitement, si le diagnostic n'est pas complet et
s'il n'est pas solidement appuyé. Puis s'il y a 25 % du dossier qu'on ne
comprend pas, ou qu'on ne connaît pas, ou qu'on présume connaître, mais sans
nécessairement pouvoir avoir des données probantes là-dessus, on est mal parti.
Et on l'a vu pendant les consultations, M. le Président, on avait complètement
échappé, semble-t-il, du point de vue gouvernemental, l'idée que les médecins
sont formés par des médecins, que la recherche se fait par des médecins et que
ces heures là, bien, elles sont comptabilisées, elles sont comptabilisées et
elles sont même défrayées en grande partie par les universités. Les recteurs
sont venus nous dire : On a tous ces chiffres-là. Pourquoi ils ne font pas
partie de l'étude qui a été déposée et diffusée à travers les médias présentés
ici.
Même chose pour la prestation
d'enseignement, là, dans la deuxième, troisième année, là, du parcours, où ces
heures-là qui sont accordées aux médecins... en fait, qui sont livrées par des
médecins, sont comptabilisées nécessairement par la RAMQ, mais pas dans la
même... j'imagine, pas dans le même fichier que les actes qu'ils vont facturer
à la RAMQ dans l'exercice de leurs fonctions, en pratique, en cabinet ou en
GMF.
Donc, les AMP, on... ça ne semble pas être
clair où est-ce que c'est que ça figure dans leur travail, mais les gens nous
disent : Mais si vous ne comptez pas ça puis que, pour les
15 premières années de pratique, bien, on est obligé de faire de l'hospit
ou aller faire du... soigner des gens dans les CHSLD, et ainsi de suite, mais
finalement que vous n'aurez pas 100 % de notre... la comptabilité de nos
heures de disponibilité.
Puis moi, je pense que la vérité se situe
quelque part entre les deux extrêmes, là. D'une part, l'idée qu'on se traîne
les pieds puis, d'autre part, l'idée qu'il y a absolument aucun espace dans un
horaire de 90 heures par semaine pour tout le monde. Et ça, cette
documentation là, visiblement, ça nous a un peu échappé. C'est difficile de
travailler de façon rigoureuse si on n'a pas l'information de base au départ.
Alors, moi, je pense qu'il faut se repencher sur un certain nombre des mémoires
qui ont été déposées puis analyser...
M. Arseneau : ...ce qui a été
fait, par exemple, en Ontario où, par exemple, on nous dit — je n'ai
pas été vérifier — cette réforme-là, elle a été entamée pour se
donner cinq ans pour le faire. Ici, il faudrait le faire en 50 jours. Ça
ne fonctionne pas et puis ce n'est pas parce que l'Ontario est plus
intelligente que nous, parce que le système est complexe puis parce que c'est
un immense navire qu'il faut voir emprunter un trajet différent
vraisemblablement, et ça ne se fait pas en claquant des doigts parce qu'il y a
une échéance électorale dans un an, comme le disait mon collègue de Rosemont.
Alors, faisons les choses dans l'ordre.
• (12 h 30) •
Et même chose pour l'idée d'une
transformation du mode de rémunération opéré en Colombie-Britannique. Il y a
quelque chose d'intéressant dans l'idée que, plutôt que partir en guerre contre
les médecins, on leur a dit : Bien, écoutez, on va revoir le mode de
rémunération, puis ça sera vraisemblablement plus avantageux si vous adhérez au
nouveau mode. Et comme par hasard, il y a plus de 90 % des médecins qui
décident d'opter pour un mode qui est plus intéressant pour eux. Ce n'est pas
dire qu'il est moins exigeant en termes de prestation de travail pour autant.
Et c'est là, c'est de trouver l'équilibre pour qu'on arrive à nos fins. Et si
on a les mêmes objectifs, c'est-à-dire d'avoir un plus grand accès aux soins de
santé de première ligne, si c'est ça, l'objectif, on peut... on peut procéder
correctement. S'il y a d'autres objectifs, mais là qu'on nous le dise. Mais
moi, je pense que l'idée d'antagoniser certaines des professions liées aux soins
de santé, ça ne peut pas être congruent avec un objectif d'améliorer le
système. On voit qu'il y a des résistances, on voit qu'il y aura des départs à
la retraite, on voit qu'il y aura des départs pour le privé et il y aura des
départs pour d'autres juridictions. Puis moi, je ne vois pas ça comme des
menaces, je pense que ça va arriver. Ça va arriver si on a... si on ne prend
pas pour acquis qu'on peut réformer le système de santé pour le rendre plus
efficace et valoriser le travail de tout le monde là-dedans, dans des équipes
multi... multidisciplinaires ou interdisciplinaires.
On a... Tu sais, puis là j'y vais
pêle-mêle, mais des choses qui sont intéressantes. On nous pose la
question : Qelle est la combinaison des modes de rémunération qu'on
devrait adopter parce qu'il faut complètement éradiquer la question de la
rémunération à l'acte ou la diminuer, et si oui, dans quelle proportion? Cette
question-là se pose. La question de la capitation, la question du salariat
aussi, je pense qu'il faut... il faut approfondir ces modes-là, puis... puis
là, plusieurs des intervenants nous ont dit : C'est probablement une
combinaison d'un certain nombre de ces modes-là qui va être la meilleure
solution dans l'avenir. On nous disait même... la Pre Borgès Da Silva nous
disait : Mais même le rural et l'urbain pour la pratique médicale, c'est
peut être pas nécessairement le même mode de rémunération qu'on va mettre en
œuvre, ou si on est en clinique, en GMF, ou si on est en milieu hospitalier.
Et on nous a dit... il y en a plusieurs
qui nous ont dit, dont Mme Borgès Da Silva, que la performance, toute la
question de la performance concernant l'évaluation de la performance des
médecins, mais ça ne peut pas être seulement la performance des médecins, la
performance de la première ligne au grand complet. D'autres nous ont dit, et
elle également, que la rémunération à la performance n'a pas fait ses preuves.
Est-ce que ce qu'on va mettre en place un système qui n'a pas fait ses preuves
ou... puis jouer un peu à l'apprenti sorcier surtout si, à d'autres endroits,
ça a créé des dommages collatéraux ou des effets négatifs?
Les activités non cliniques, j'en ai parlé
tout à l'heure, si elles ne sont pas prises en compte, on va certainement se
tirer dans le pied. Il faut former les médecins pour améliorer les services de
première ligne, ça va de soi. Et qu'en est-il des autres professionnels? Puis
ça, ça a un lien, effectivement, avec le mode de rémunération des médecins, si
on a... Et ça, le Pr Contandriopoulos nous l'a dit : Si on donne, à
travers la rémunération du médecin, des ressources financières pour embaucher
d'autres professionnels, est-ce que ces fonds-là vont aller pour favoriser
l'interdisciplinarité ou s'il y a des médecins qui pourraient être tentés tout
simplement d'embaucher l'argent sans avoir recours à d'autres professeurs le
cas échéant? Et si ça s'est passé ailleurs, on devrait en tirer des
enseignements, on n'améliorera pas les soins de première ligne et donc l'accès.
Puis je parle de l'accès parce
qu'effectivement nous, on dénote, dans ce projet de loi là, une volonté de
faire disparaître le million et demi de Québécois qui n'ont pas de médecin de
famille, qui n'ont pas... qui ne sont pas inscrits, et on l'a évoqué à
plusieurs reprises, inscription ne signifie pas accès, et inscrire des gens sur
des listes de médecins s'ils n'arrivent pas à obtenir des rendez-vous ou si on
a des rendez-vous qui sont réduits à leur plus simple expression,
10 minutes, un bobo, merci beaucoup, bonsoir! Est-ce qu'on va améliorer
véritablement les soins de santé au Québec? Est-ce qu'on va...
12 h 30 (version non révisée)
M. Arseneau : ...améliorer l'état
de santé des Québécoises et des Québécois. Qu'en est-il de la prévention du
suivi à travers les années de la relation privilégiée du médecin avec son
patient? Et est-ce que... on l'a mentionné, puis ce n'est pas un terme qui est
très, très intéressant, mais il faut quand même le dire parce qu'il a été
évoqué, si c'est de la médecine fast-food qu'on veut créer puis accumuler des
statistiques, encore là, les résultats ne seront certainement pas au rendez-vous
si l'objectif, c'est d'avoir un accès à des soins de santé de qualité, une
première ligne qui soit plus solide, et plus flexible aussi, et plus apte à
faire face à ce que plusieurs ont dit aussi. Puis le ministre nous l'a
mentionné encore en période de questions qu'il faut prendre en compte le fait
qu'il y a un vieillissement de la population. Et, avec le vieillissement de la
population, évidemment, le nombre de problèmes de santé augmente. Donc, oui, il
y a une augmentation de la demande.
Donc, il faut faire preuve de... je
dirais, d'ingéniosité, et de flexibilité, et d'efficience, mais ça, ça veut
aussi dire de pouvoir vérifier quelle est la pertinence des soins. Puis on l'a
évoqué un petit peu, mais je ne le vois pas de façon très, très claire dans le
projet, là, la pertinence des soins. Plusieurs l'ont mentionné, quand on nous
dit, de la part des médecins, qu'il y a 50 % des cas qu'ils ne devraient
pas avoir à gérer parce qu'on frappe à la mauvaise porte quand on va dans leur
cabinet ou on va aux GMF, c'est problématique, c'est majeur. D'autres parlent
de 30 %. Que ce soit 30 %, ou 50 % ou quelque part entre les
deux, c'est une perte de temps et d'argent incommensurable puis c'est à ça qu'il
faut s'attaquer, et donc... mais il faut comprendre le phénomène, il faut savoir
pourquoi les gens ne savent pas ou ne peuvent pas frapper à la bonne porte pour
avoir les bons soins au bon moment, d'avoir accès, comme on le dit si souvent,
aux bons professionnels au bon moment. Et ça, je pense que les solutions à ce
type d'enjeu là dépassent de loin le projet de loi qu'on a devant nous, M. le
Président, c'est ça que je veux dire. Puis loin de moi l'idée de proposer des
solutions, c'est un domaine qui est extrêmement complexe, il y a des experts
qui se sont penchés là-dessus, qui y travaillent depuis des décennies, puis je
n'ai pas l'impression qu'on a vraiment été cherché toute cette information-là.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Vous avez épuisé
votre bloc de temps.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Merci. Y a-t-il d'autres députés qui
souhaitent formuler des remarques préliminaires? S'il n'y a pas d'autre député,
nous en sommes maintenant à l'étape des motions préliminaires. Y a-t-il un
député qui souhaite en déposer une? M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Oui... Et je
crois qu'elle a été envoyée.
Le Président (M. Provençal)
:Bien, je vais vous demander de la
projeter à l'écran pour que...
M. Marissal : Rappelez-moi
comment fonctionne déjà pour ça? Je la lis, je la débats puis on vote après,
c'est ça? Ça fait juste sept ans que je suis ici.
Le Président (M. Provençal)
:On va la projeter à l'écran et il y
aura un débat qui va se faire sur votre motion préliminaire, M. le député.
M. Marissal : C'est bon, je
comprends. O.K.
Le Président (M. Provençal)
:Vous pouvez y aller, M. le député.
M. Marissal : Merci. Motion
préliminaire. Que, conformément à l'article 244 du règlement de l'Assemblée
nationale, la Commission de santé et des services sociaux, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 106, Loi visant
principalement à instaurer la responsabilité collective et l'imputabilité des
médecins quant à l'amélioration de l'accès aux services médicaux, tienne des
consultations particulières et, qu'à cette fin, elle entende Santé Québec. À
cette fin, elle entende Santé Québec. Oui, c'est ça.
Le Président (M. Provençal)
:À titre d'information, vous êtes l'auteur
de la motion, vous avez 30 minutes pour en débattre. Par contre, je veux
signifier qu'en lien avec la décision 209 il n'y a aucun droit de réplique
au niveau de la...
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
:C'est ça, au niveau des
interventions. Alors, je vous laisse la parole.
M. Marissal : O.K., je vois.
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
:Oui, oui, vous allez avoir... vous
aussi, vous avez le droit, là, parce que...
M. Marissal : Oui, c'est-à-dire
que j'y vais puis quand je mets un point à la dernière phrase, je n'ai pas de
retour, c'est ce que je comprends. O.K., allons-y.
Je pense que cette motion préliminaire ne
surprendra ni ne choquera personne. Santé Québec, c'est l'opérateur maintenant du
réseau de la santé et il y aura beaucoup d'opérations à faire si d'aventure le
projet de loi est adopté avec ou sans amendement. Ça, on le verra, mais...
M. Marissal : ...dans tous les
cas, la responsabilité... ça, j'ai de la misère avec ce mot-là,
d'opérationnaliser ce truc-là, ce sera Santé Québec.
On a vu Santé Québec naître. On l'a vu
faire ses premiers pas chancelants, plus souvent de reculons que par en avant.
Ce n'est pas un reproche pour... envers personne. C'est... C'est que c'est une
affaire compliquée. Puis, je l'ai dit tantôt, c'est un gros morceau, là, Santé
Québec. C'est arrivé... C'est arrivé par la loi 15, le projet de loi 15,
puis il faut mettre ça en place.
• (12 h 40) •
On a vu toutes sortes d'avancées, de
reculs, à Santé Québec, là. Ça a commencé notamment par le congédiement ou la
démission, je ne sais trop, du numéro deux, là, après quelques semaines. Il y a
eu des décisions ou des demandes qui ont été envoyées dans l'univers par Santé
Québec, qui ont été rappelées par le ministre. Je pense qu'il y a beaucoup,
beaucoup d'allers-retours dans la semaine du ministre avec Santé Québec. Puis
c'est normal, à la limite, qu'il y ait des ajustements. Ça, je veux dire, c'est
assez normal, là. C'est un nouvel élément dans le décor. Puis, je le redis, ce
n'est pas une petite affaire. C'est le plus gros employeur du Canada, si je ne
me trompe pas, 300 000 personnes, je ne sais plus combien d'établissements
et d'installations. Bref, c'est une... c'est une immense machine qu'il faut
mettre en marche. Mais il y a eu beaucoup d'essais, erreurs, et je pense qu'il
y en aura d'autres. Il y en... Il y en aura d'autres. C'est immanquable. C'est
ce que produit un tel changement dans un réseau aussi vaste que celui de la
santé au Québec et des services sociaux. Il ne faut pas l'oublier, là, parce
que ça s'appelle Santé Québec, mais ça devrait s'appeler Santé et services
sociaux Québec.
On les a vus. Je ne me souviens plus le
nom de la dame, la numéro deux, celle qui a remplacé M. Abergel.
Une voix : ...
M. Marissal : Maryse Poupart.
Bravo. C'est ça. On a eu Mme Poupart. On a vu d'autres de ses adjoints,
adjointes. On a surtout vu, à certains moments, pendant les consultations du
projet de loi n° 106, des allers-retours parfois frénétiques, même, entre
la partie gouvernementale et Mme Poupart et son équipe. Moi, ça me fait penser,
puis je ne pense pas trop me tromper, qu'il va y avoir des ajustements majeurs
à faire. Mais c'est Santé Québec qui va devoir gérer ça, si, je le répète, là,
106 est adopté dans sa forme actuelle ou modifiée. Et on ne les a pas entendus,
Santé Québec. Mme Poupart, elle était là, là, puis elle m'a l'air studieuse, là,
puis être intéressée, puis nécessairement. Puis on l'a vue dans d'autres
circonstances. On les a vus dans d'autres circonstances. Notamment aux crédits,
on a eu la première occasion de questionner Mme... Mme Biron et son équipe. Il
y a eu beaucoup de réponses vagues. Et, encore là, ce n'est pas un reproche.
C'est parce qu'on n'a pas encore les réponses définitives. Puis c'est évolutif,
là. C'est un... comment on dit ça en français, un «work in progress», là. C'est
une c'est une courtepointe en construction, cette affaire-là, puis ça va
prendre un bon moment avant que ça se... Mais, à la fin, quand même, c'est...
c'est Santé Québec va devoir gérer ce changement-là, ces changements-là. Puis,
je le répète, on ne les a pas entendus. On n'a pas pu leur poser, par exemple,
la question qui tue, là, la question évidente, là, c'est : Vous, vous
voyez ça comment, l'implantation de ça? Puis : Vous, quel est votre
objectif? D'après vous, le principe de la loi, c'est quoi? C'est une question
qui a de l'air bête, là, mais non, non. Parce que, c'est quoi le principe de
cette loi? Vous, vous l'interprétez comment? Êtes-vous sur la même page que le
ministre? Parce que, si on parle sur deux pages différentes, ça risque d'être
un peu compliqué.
Puis, quand je parle du principe, sachez
que... et ça a surpris peut-être un peu, moi, j'ai voté pour le principe du
106, parce qu'en principe ça veut améliorer l'accès. Moi, je ne peux pas être
contre ça. Après ça, on verra le produit fini. Puis on a entendu toutes sortes
de choses, là, je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit tout à l'heure dans ma
première intervention. Mais, sur le principe d'améliorer l'accès, là, je me
verrais mal dire : Je suis contre ce principe-là. Alors, j'ai quand même
besoin, moi, de parler aux gens de Santé Québec. Je pense que les
parlementaires ont besoin de parler à Santé Québec. Et, par notre voix, la
population a certainement des questions aussi sur la façon dont Santé Québec va
se gouverner avec cette pièce législative qui risque d'avoir des grosses répercussions
sur le réseau de la santé.
Alors, je pense que ma demande, elle est
non seulement raisonnable, elle est raisonnée. Je pense...
M. Marissal : …que c'est une
demande qui est parfaitement recevable et acceptable de la part du gouvernement.
Maintenant, c'est au gouvernement de se gouverner en fonction de ses choix,
mais j'insiste, là, puis je m'arrête là-dessus, là, pour faire du temps pour
faire du temps. Mais je pense avoir été clair, là, sur ma… sur ma demande. Je
pense que Santé Québec devrait être de la liste des témoins, plutôt avant
qu'après.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va? Je reconnais maintenant le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : M. le Président,
bien, je suis en accord et je soutiens entièrement la proposition de mon
collègue, d'autant plus que nous avions rédigé une motion préliminaire qui
était essentiellement la même demande, à savoir qu'on puisse rencontrer les
représentants et les gestionnaires de Santé Québec, pour plusieurs raisons qui
ont déjà été évoquées, comme quoi c'est un partenaire évidemment
incontournable, là, dans la mise en œuvre d'une première ligne, qui soit plus
robuste puis qui soit plus flexible, puis qui soit plus efficace, efficiente,
et ainsi de suite. Et je pense que certains intervenants l'ont mentionné
également en disant : Comment peut-on imaginer qu'on va améliorer les
soins de santé en première ligne si on n'a pas une définition de ce qu'on veut
faire en première ligne, si on n'a pas une définition ou en tout cas en main le
Plan stratégique de Santé Québec? Je me souviens d'avoir entendu ça pendant les
consultations, ce qui nous a rappelé l'existence de Santé Québec puis qu'on ne
peut pas l'ignorer. Ce rôle fondamental que Santé Québec va devoir jouer puis
voir comment ils peuvent entrevoir les choses.
Parce que je ne pense pas que, à tous
égards, Santé Québec soit, disons, une société d'État qui doit agir sur
commande et sans aucune espèce d'esprit d'initiative ou sans volonté propre
d'agir dans l'objectif d'améliorer les soins et l'accès. En d'autres mots,
c'est une créature qu'a mise en place le gouvernement et maintenant elle vit sa
propre existence avec une certaine autonomie. Et je pense que dans ce cas-là,
il est important de savoir en amont comment elle entrevoit le projet de loi et
la mise en œuvre et la réalisation des objectifs qui sont contenus dans ce
projet de loi là.
Puis j'ose espérer qu'ils ont déjà
commencé à l'élaboration… à travailler à l'élaboration de leur plan
stratégique, qu'ils ont commencé à réfléchir déjà, comment on pouvait dans les
opérations, parce que c'est leur mandat, gérer les opérations... Donc, ils ont
déjà commencé à regarder comment on peut améliorer la gestion des opérations en
ce qui concerne la première ligne, y compris comment on peut s'assurer de
l'interdisciplinarité et comment on peut s'assurer d'aller chercher le maximum
de résultats avec le travail concerté des équipes médicales, y compris les
médecins, que ce soient les médecins de famille ou que ce soient les médecins
spécialistes. Alors, cette réflexion-là, depuis décembre, j'ose espérer qu'elle
est entamée et qu'ils peuvent développer un point de vue, à savoir si c'est un
outil qu'ils vont… qui peut leur rendre service, leur être utile et s'ils ont
des améliorations à apporter. On ne va pas… dans ce cas-là de jouer un rôle
politique.
Plusieurs des intervenants qui sont venus
ici ont posé un regard objectif, un regard scientifique ou, de la part des
universités, un regard davantage institutionnel ou académique sur le projet de
loi. Je pense que la posture de Santé Québec est on ne peut plus importante
pour la suite des choses, connaître quels sont peut-être les… pour Santé
Québec, quel est l'intérêt que revêt le projet de loi puis, peut être, à
certains égards, comment on peut s'assurer de l'améliorer pour pouvoir
atteindre les objectifs qu'on a tous et que Santé Québec a à mettre en œuvre au
premier chef.
Ce qui... ce qui me fait penser aussi, et
je pense que c'est un peu regrettable, ce serait peut-être la première occasion
pour la Commission de la santé et des services sociaux de pouvoir entendre les
dirigeants de Santé Québec. Ils étaient présents de mémoire lors de l'étude des
crédits, un peu en retrait, on a pu les entendre répondre peut-être à une question
ou deux, mais un bon échange avec ceux qui sont responsables des opérations du
système de santé aujourd'hui et pour demain… Avec un défi aussi grand que celui
de l'amélioration de l'accès aux soins de santé de première ligne, que ce soit
dans le cadre de cette motion préliminaire, dans le cadre de ces travaux autour
du p.l… du projet de loi n° 106 ou, à un autre moment, par un mandat
d'initiative, si vous voulez qu'on dépose cette demande-là, qu'on puisse
rencontrer Santé Québec après...
M. Arseneau : ...certain
temps, là, il me semble que c'est essentiel. D'ailleurs, de mémoire, on le fait
aussi avec d'autres sociétés d'État, Hydro-Québec, par exemple. Son président
vient répondre à des questions des élus de l'Assemblée nationale une fois par
année, c'est un minimum. Je pense qu'en santé aussi il faut... il faut y
arriver. L'occasion serait belle.
• (12 h 50) •
On a quand même six mois derrière la
cravate. Il y a eu des bouleversements à maints égards, y compris à l'intérieur
même de Santé Québec. Ils ont eu des mandats importants à appliquer, de la part
du gouvernement, notamment sur le plan financier, mais ils ont aussi donné des
mandats à des firmes de consultants pour essayer de développer leur vision,
leur mission, puis, j'imagine, regarder du côté du développement d'un plan
stratégique. Où en sommes-nous? Puis comment est-ce que ce plan là ou ces
travaux là entamés peuvent être propulsés par un projet de loi, ou, au
contraire, que ce projet de loi là puisse venir les contraindre davantage?
Bien, donc, moi non plus, je ne veux pas
faire du temps davantage, là, sur le bien-fondé de cette motion-là, mais je
pense qu'effectivement Santé Québec, qui aura la responsabilité de mettre en
œuvre une première ligne plus efficiente au cours des prochaines années, bien,
c'est un peu l'éléphant dans la pièce. Si on décide d'ignorer son rôle au
moment même où on s'attaque au projet de loi, je pense qu'on ne fait pas nos
devoirs de façon complète et approfondie, et suffisamment rigoureusement pour
pouvoir avoir l'ensemble des informations nécessaires pour entamer les travaux
qui sont devant nous, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le député. Mme la députée de La
Pinière.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, tout comme dans les projets de loi sur l'énergie, on entend
Hydro-Québec, il me semble que ce serait logique que, dans ce projet de loi, on
entende Santé Québec, qui va devoir opérationnaliser plusieurs mesures
importantes du projet de loi, que ce soit sur la rémunération à la performance,
la catégorisation des patients ou bien les nouvelles modalités d'imputabilité.
Ce serait plus... les parlementaires seraient plus à même de voir ce que Santé
Québec pense du projet de loi, en fait, de la faisabilité de son... sa mise en
application, de sa mise en œuvre et de la... je dirais, la faisabilité
d'atteindre les résultats, les objectifs du projet de loi, tel qu'il nous est
présenté ou tel qu'il sera peut-être amendé. Et aussi, ça permettrait au
législateur d'avoir une reddition de comptes de la part de Santé Québec au fil
du temps, à ce propos.
Alors, ce serait, je pense, un geste de
transparence envers les citoyens et les parlementaires, et on montrerait que
les parlementaires prennent au sérieux le rôle de Santé Québec, et puis veulent
l'entendre. Et puis on sait qu'ils vont déposer sous peu un... leur plan
stratégique. Est-ce que ce qu'ils ont dans leur plan stratégique ça rime avec
les changements qui seraient apportés par ce projet de loi, une fois adopté?
Alors, ce serait tout à fait pertinent, M. le Président, pour ma part,
d'entendre... d'entendre Santé Québec, et donc j'appuierais cette motion du
député de Rosemont. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. M. le ministre.
M. Dubé : Oui, très bien.
Merci beaucoup, M. le Président. Premièrement, je ne dirais pas que je suis
surpris, mais je suis, oui, je vais le dire, agréablement surpris du ton
particulièrement collaboratif de mon collègue de Rosemont et des... député des Îles-de-la-Madeleine
ce matin, et je dois vous dire à quel point je l'apprécie. Parce que, dans mon
introduction que j'ai dite ce matin, j'ai dit qu'il fallait trouver une façon
constructive, dans les prochains mois, de travailler, puis ce que j'ai entendu
de vous deux ce matin, ça m'impressionne beaucoup, puis je pense que c'est à ça
que les Québécois s'attendent de nous, qu'on prenne du temps dans les
prochaines semaines, de prendre un petit peu de recul, laisser tomber la
poussière, puis de dire : Qu'est-ce qu'il faut faire pour que ça
fonctionne? Ça fait que ça, c'est ma première... c'est mon premier commentaire.
Je veux dire, vous ne pouvez pas imaginer à quel point je l'apprécie. Puis je
suis certain, je suis certain qu'il y a des Québécois qui nous ont écouté ce
matin, là, puis ils ont dit : Mon Dieu, ça serait-tu le fun s'ils
pouvaient travailler comme ça plus souvent.
Puis vous l'avez bien dit... si vous me
permettez de m'adresser directement au député de Rosemont... ça fait, combien,
au moins quatre ans qu'on travaille ensemble là, sur, vous l'avez dit,
plusieurs projets de loi qui faisaient...
M. Dubé : ...d'un plan,
là. Des fois, vous dites qu'il y en a beaucoup, mais c'est ça, faire des
changements, c'est qu'il faut faire plusieurs gestes qui... Je parle souvent de
convergence, là, des fois on me cite avec M. Péladeau qui parle de
convergence, là, mais ça a prit plusieurs projets de loi que j'appelle
structurants. Des fois, on n'en voit pas l'effet tout de suite, mais c'est quand
on additionne ces différents projets-là...
Puis j'ai beaucoup apprécié le commentaire
que vous avez fait, parce que d'ailleurs, là-dessus, les trois partis, on a
travaillé... les quatre partis, en fait, le gouvernement et les trois partis,
quand on a fait le projet de loi sur les agences privées, vous avez eu une
collaboration incroyable, puis on a été capables de, comme on dit... de sortir
la balle du stade, grâce à cette collaboration-là. Alors, moi, ce que j'entends
ce matin, si vous me dites qu'on va être capables de travailler comme ça, ce
que j'ai entendu, là, de vous deux, ce matin, mon Dieu! que je trouve ça
encourageant puis j'espère que les Québécois vont mettre ça dans les bonnes
nouvelles pour l'été. Ça fait que ça, c'était mon premier commentaire.
Puis je vais répondre à votre demande,
mais je voudrais vous dire... Parce que je me souviens, M. le député de Rosemont,
vous aviez demandé à rencontrer les gens de Santé Québec, puis on l'a fait
durant les crédits, je le rappelle. Et il y a eu les rencontres, puis vous vous
en souvenez, on avait demandé non seulement à Mme Biron de venir, mais de
venir avec son équipe, puis je pense que... En tout cas moi, j'ai entendu
beaucoup de commentaires sur la qualité de son équipe, particulièrement, là, tu
sais que... On était d'accord de dire qu'il y a eu un départ difficile, puis
ils ont pris action, puis ils ont dit : On va faire les changements
nécessaires. Puis l'arrivée de Mme Poupart a été un élément, je pense,
très, très clé, puis les gens ont reconnu la... Mais, oui, pour
Mme Poupart, mais je pense entre autres à Mme Dugas, Sonia Dugas, qui
est la cheffe des finances, qui déjà a fait sa marque avec une nouvelle
approche dans les budgets. C'est quand même quelque chose, là. Puis je n'utilise
plus mon expression de... je parle de bons gestionnaires, de hauts
gestionnaires. Moi aussi, j'ai appris.
Une voix : ...
M. Dubé : Je sais que ça
va rester, mais au moins je ne le dis plus, au moins je ne le dis plus. Mais je
vais revenir sur votre demande. Moi, je crois que... et j'avais convenu avec
Mme Biron puis son équipe parce que... Puis je me souviens, vous aviez
demandé à les voir en commission. Je pense que c'est vous, au niveau de Québec
solidaire. Mais, à un moment donné, comme vous savez, il a fallu faire des
choix. Puis vous aviez des demandes, puis on avait des demandes, ça fait que je
ne pense pas qu'il n'y a pas personne qui n'a pas voulu qu'ils viennent, mais
il a fallu s'entendre, puis je veux juste que les Québécois comprennent.
Alors, moi, ce que je vous dirais
aujourd'hui, au minimum, puis il y a encore... on a encore à recevoir des
mémoires de plusieurs groupes... Puis je me souviens, quand on a terminé une
des sessions avec Santé Québec, j'ai bien dit à Mme Poupart, qui a assisté
à toutes nos sessions, là, les deux... les trois belles journées qu'on a eues
ensemble, là, j'ai dit : Mme Poupart, n'oubliez pas que vous avez un
mémoire à déposer pour Santé Québec. Puis je pense qu'ils vont avoir
l'avantage, si vous permettez...
Donc, je vous le dis, parce que, vous me
connaissez, là, je vais refuser votre demande, mais pas parce que je ne veux
pas que Santé Québec intervienne. Pour deux raisons.
Parce que je pense que, là, ils ont eu le
bénéfice, qui est un avantage, d'avoir écouté tout le monde, puis ça, je pense
que... Moi, j'en ai le bénéfice, comme gouvernement, d'avoir écouté tout le
monde. Mais je voudrais que leur mémoire tienne compte de ce qu'ils ont entendu
aussi. Ça fait que ça, c'est mon premier point. Donc, je ne fais pas... refuser
votre demande pour refuser. Mais je voudrais que le mémoire qu'ils vont
déposer... Parce que vous vous souvenez, je vous ai demandé la question :
Ils ont-tu... Combien de temps qu'ils ont après?, puis vous m'avez dit :
Il n'y a pas de problème, en autant qu'ils soient... Ça fait que j'avais
convenu avec le président qu'on se donnait un petit peu de temps pour que
Mme Biron et son équipe puissent tenir compte de ce qu'ils ont entendu
puis que le mémoire en tienne compte. Ça fait que...
Mais la deuxième chose que je veux vous
dire, puis je demandais au Dr Bergeron, ça fait que je ne veux pas prendre trop
de temps, mais je veux vous expliquer... Mme Biron, là... parce que, des
fois, on lui a reproché de ne pas être à la table des négociations. Ça fait que
je ne parlerai pas de négociations ce matin, mais, dans toute la question de la
rémunération, dans tout ce qu'on est en train de discuter avec le projet de
loi, je la rencontre au moins une fois par semaine avec son équipe pour parler de
ça, parce qu'elle connaît le réseau, elle comprend le réseau, et son équipe,
Mme Poupart, font partie de nos discussions. Alors, il n'y a pas quelque
chose qu'on va recommander ou... même, je vous dirais encore mieux, dans les
amendements qu'on va faire. Parce qu'on va en faire, des amendements. Parce
que, si on a bien écouté les gens, il va y avoir des amendements, je ne vous le
cacherai pas. Puis moi je veux revenir, on verra, là...
M. Dubé : ...fin d'août,
début de septembre. Ça, ce n'est pas à moi, c'est aux leaders à décider ça.
Vous le savez, on l'a toujours fait correctement ensemble. Ça fait que moi, je
vous dirais, je vais poliment répondre non, mais un «non» très bien senti.
Comment j'apprécie le ton ce matin. Puis je vous le dis, M. le député de
Rosemont, à votre demande précise, est-ce qu'on va se reparler avant d'aller
dans l'article par article, la réponse, c'est oui. Ça, je veux juste que vous
soyez conscients de ça. Puis je pense que... Le Parti libéral, je l'ai vu
travailler autrement dans les... on va vouloir faire la même chose. Alors donc,
moi, je vous remercie, puis je vous dis... je vais répondre officiellement non,
mais je vais répondre oui au travail collectif qu'on va faire ensemble dans les
prochaines semaines. Voilà.
Le Président (M. Provençal)
:J'aurais besoin de votre consentement
pour déborder légèrement du 13 heures qui va sonner. Alors, sur ce, je
vais mettre aux voix la motion du député de Rosemont. Par appel nominal, s'il
vous plaît, Mme le secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Marissal (Rosemont)?
M. Marissal : ...
La Secrétaire : M. Dubé
(La Prairie).
M. Dubé : Contre.
La Secrétaire : Mme Blouin
(Bonaventure)?
Mme Blouin : Contre.
La Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire : Mme Poulet
(Laporte)?
Mme Poulet : Contre.
La Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire : Mme Dorismond
(Marie-Victorin)?
Mme Dorismond : Contre.
La Secrétaire : Mme Caron
(La Pinière)?
Mme Caron : Pour.
La Secrétaire : M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Pour.
La Secrétaire : M. Provençal
(Beauce-Nord)?
Le Président (M. Provençal)
:Abstention. Alors, la motion
préliminaire qui avait été déposée par M. le député de Rosemont est donc
rejetée.
Est-ce qu'il y avait d'autres députés qui
désiraient déposer des motions préliminaires?
Alors, compte tenu qu'il n'y a pas de dépôt
de nouvelles motions, en vertu de l'article 165 du règlement, je fais
motion pour que la commission ajourne ses travaux. Cette motion est-elle
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors, merci pour
votre collaboration. La commission ajoute ses travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 13 h 01
)