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Étude des crédits du ministère
des Transports
(Onze heures quarante minutes)
Le Président (M. Dussault): Nous allons débuter les
travaux de la commission parlementaire élue permanente des transports,
ayant pour mandat de faire l'étude des crédits du
ministère des Transports.
Les membres de cette commission sont: M. Baril (Arthabaska), M.
Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Lessard (Saguenay), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Giasson (Montmagny-L'Islet) remplace M.
Mailloux (Charlevoix); M. Marquis (Matapédia), M. Perron (Duplessis), M.
Russell (Brome-Missisquoi), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt
(Orford).
Les membres intervenants sont: M. Bellemare (Johnson), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Desbiens (Dubuc), M. Gratton (Gatineau), M.
Grégoire (Frontenac), M. Lefebvre (Viau), M. Ouellette (Beauce-Nord), M.
Roy (Beauce-Sud), M. Verreault (Shefford).
Lors de la dernière séance de cette commission, nous en
étions encore aux remarques générales sur les
crédits. Est-ce que M. le ministre avait terminé sa
réplique sur les questions et les interventions des
députés?
M. Lessard: J'avais terminé, M. le Président.
Questions diverses
Le Président (M. Dussault): Alors, nous devrions donc
pouvoir ce matin commencer l'étude des crédits, programme par
programme. J'appelle donc l'élément 1 du programme 1.
M. Giasson: M. le Président, si vous permettez, nous
avions encore des questions à poser sur des sujets qui gardent un
caractère assez général vis-à-vis des grandes
politiques du ministère des Transports. Nous avons eu la
possibilité d'avoir des commentaires de la part de notre ministre des
Transports, qui ont peut-être été un peu brefs en ce qui a
trait aux engagements fondamentaux de son ministère pour le
développement réel ou la prolongation du développement
d'une grande politique vis-à-vis du transport en commun dans la
région métropolitaine de Montréal.
Évidemment, le ministre nous a indiqué qu'une firme avait
mené une recherche assez approfondie, soit le CTRM. Ce rapport a
été déposé au cours de l'année 1977. Sans
avoir pris le temps d'examiner toutes les recommandations qui ont
été fournies dans ce rapport, j'aimerais savoir du ministre quel
serait l'échéancier des engagements de son ministère
vis-à-vis de la mise en place des recommandations dudit comité.
Évidemment, le gouvernement du Québec n'est pas seul. Il y a
plusieurs parties d'impliquées dans les différentes
recommandations. Il y a la commission de trans- port de la communauté
urbaine, il y a peut-être d'autres intervenants ici, puisque ce rapport,
sauf erreur, dans ses recommandations, touche des sujets qui ont trait ou un
rapport direct avec le transport en commun sur la rive sud de Montréal.
Il serait intéressant de connaître, comme réponse plus
spécifique, les engagements ou l'échéancier ou le
programme que le ministère s'est déjà donné face
à ces recommandations pour enfin apporter, je ne dirai pas une solution
totale ou complète, parce que nous savons qu'au plan financier,
ça ne peut pas se réaliser sur une période de temps trop
brève... La capacité financière des
Québécois ne le permettrait pas, mais tout de même,
vis-à-vis de l'urgence de la situation du transport en commun à
Montréal, et le ministre des Transports va reconnaître
lui-même qu'au moment où il siégeait dans l'Opposition, lui
ou un de ses collègues avait fait de longues interventions pour
convaincre le gouvernement de l'époque de trouver des solutions au
transport en commun, peut-être d'abandonner des projets d'autoroute
à l'intérieur de la région métropolitaine afin
d'utiliser ces ressources qui étaient prévues à
l'intérieur du développement d'autoroutes, et (es consacrer aux
solutions à apporter au transport en commun, que ce soit pour le
métro, pour le réseau express, enfin, tout ce qui constitue
l'ensemble de la projection, pour trouver une solution la plus raisonnable, la
plus cohérente possible au transport en commun dans la région de
Montréal.
Est-ce que le ministre pourrait nous donner les capacités de son
ministère de s'engager le plus rapidement possible dans la mise en place
de structures qui seraient une réponse aux recommandations du rapport
qui a été déposé par le comité?
M. Lessard: M. le Président, c'est en septembre dernier
qu'était déposé le rapport du comité de transport
de la région métropolitaine. L'un des objectifs fondamentaux qui
ont été poursuivis par les membres de ce comité, c'est
d'essayer de trouver le moyen d'intégrer l'ensemble des transports en
commun dans la région de Montréal. C'est-à-dire que,
actuellement, vous avez dans la région de Montréal
différents systèmes de transport, différents modes de
transport, soit le transport ferroviaire, le transport par autobus, le
transport par métro, mais modes de transport qui ne sont pas
intégrés. Vous avez en plus de cette non-intégration
parce que cela n'a pas été planifié en
conséquence dans la région métropolitaine de
Montréal, trois commissions de transport, soit la Commission de
transport de la rive sud, la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal et la Commission de transport de Laval. Trois
commissions de transport à l'intérieur desquelles il n'y a pas
d'intégration de services. Trois commissions de transport qui ont
chacune leurs tracés, tracés qui n'ont pas été
intégrés par rapport aux tracés des autres commissions de
transport et qui ne donnent pas de correspondance de services.
L'un des objectifs fondamentaux de ce comité, c'est de
recommander une intégration de l'ensemble des systèmes de
transport en commun à Montréal, tout en utilisant, autant que
possible, les infrastructures déjà existantes qu'on devrait
moderniser. Donc, l'une des étapes, en plus de répondre à
des besoins très précis qui étaient indiqués dans
le rapport, soit, par exemple, la signature temporaire d'une entente avec le
Canadien National, parce que c'était urgent, concernant le corridor
Deux-Montagnes-Beloeil, en vue de maintenir le service qui devait être
fermé ou en tout cas réduit par le Canadien National... En plus
de recommander une politique de voies réservées pour les autobus
que nous avons faite dans la négociation pour le pont Champlain, ce que
nous essaierons de faire avec les municipalités, les villes et les
communautés urbaines, parce qu'il faut bien se dire que la
décision de réserver des voies exclusives aux autobus, aux "car
pool" si vous voulez, aux taxis ou autres, revient d'abord aux
communautés urbaines et, dans ce sens, il va falloir utiliser notre
pouvoir, étant donné qu'on paie une partie des déficits,
pour forcer les municipalités ou les villes à faire des
réservations sur des voies.
En plus de recommander, au moins en ce qui concerne le métro, que
la ligne no 2 puisse être prolongée au-delà du boulevard
Métropolitain et, en ce qui concerne la ligne no 5, qu'elle soit
prolongée dans le centre plus urbanisé, centre qui touche
particulièrement les travailleurs, soit Duparc-Saint-Michel, ces
recommandations nous les avons acceptées et nous les avons
réalisées puisque nous avons levé le moratoire. Mais une
des choses fondamentales, c'est de recommander la création d'un
comité de transport de la région métropolitaine qu'on
appellerait COTREM, qui devait être constitué d'un
représentant du ministère des Transports, nommé par le
ministre des Transports et des trois présidents des commissions de
transport.
Ce comité m'apparaît extrêmement important,
peut-être plus important même s'il y a des décisions
à prendre que les décisions futures concernant le
transport en commun parce que, si nous ne créons pas ce comité,
même si nous développons d'autres services de transport en commun,
nous ne pourrons pas avoir l'intégration de ces services et nous ne
pourrons pas rentabiliser le transport eh commun.
J'ai donc un 'certain nombre de recommandations qui sont devant le
comité de l'aménagement, qui réunit un certains nombre de
ministres, dont le ministre Jacques Léonard est responsable; des
décisions devraient être prises incessamment concernant la
constitution de COTREM.
Pour le métro, on répond... Il ne faut pas s'engager dans
des dépenses qu'on ne pourrait plus assumer. Si on répond aux
demandes, telles que faites par le comité de transport de la
région métropolitaine, c'est environ $1 920 000 000 que nous
devrons investir dans le transport en commun d'ici 1986,
l'échéancier. Vous avez d'ailleurs dans le rapport du
comité toute une série d'échéanciers qui sont
prévus pour chacun des projets ou pour chacune des recommandations.
C'est donc, $1 920 000 000 et tous les REM y sont inclus, REM Beloeil, REM
corridor Deux-Montagnes, REM Mirabel-centre-ville.
Quant au REM Mirabel-centre-ville, la recommandation du comité de
transport de la région métropolitaine est différente de
celle du BAREM. En effet, le rapport recommande un REM dont le coût
serait d'environ $200 millions, alors que dans le rapport excellent
rapport, d'ailleurs du BAREM, la ligne Mirabel coûterait $324
millions, ce qui équivaut environ à $10 millions le mille, ce qui
est encore moins cher que la construction de l'autoroute est-ouest qui a
coûté $40 millions le mille.
Quant aux REM, que cela soit le REM Deux-Montagnes ou le REM Mirabel,
j'ai différentes options à présenter devant les
comités de développement économique comme le comité
d'aménagement, de même que le Conseil des ministres.
Cependant, comme on le disait et je pense bien que le
député de Montmagny-L'Islet en sera conscient cela prend
de l'argent. Dans ce sens, j'ai tenté de négocier, puisqu'il
s'agit d'utiliser les infrastructures déjà existantes, soit celle
du Pacifique Canadien ou celle du Canadien National, et de les moderniser.
J'ai donc tenté, lundi dernier, de négocier avec M. Otto
Lang le ministre des Transports du Canada une entente qui
toucherait particulièrement le REM Mirabel. Malheureusement, j'ai
reçu, alors qu'il diminue les services des liaisons ferroviaires, tant
du corridor Deux-Montagnes que celui du CP, une réponse négative
à mes demandes.
On se rappelle qu'en 1974 M. Jean Marchand avait annoncé un
programme lors des élections cela s'explique, il y avait des
élections; peut-être faut-il en profiter, puisqu'il y a des
élections qui s'en viennent qu'un montant de $294 millions devait
être mis à la disposition des provinces pour développer le
transport en commun et cela devait être $294 millions en argent
nouveau.
Or, le 26 octobre 1977, je recevais, à la suite de plusieurs
lettres que j'avais écrites au ministre des Transports d'Ottawa, M. Otto
Lang, une lettre m'annonçant, unilatéralement, que
désormais le programme d'aide au transport en commun
s'intégrerait à l'intérieur d'un programme
déjà existant, soit le déménagement des lignes de
chemin de fer et des croisements de chemin de fer. Ce programme était
basé sur un per capita de $10 pour une période de cinq ans, soit
$2 per capita pour une période d'un an, ce qui équivaut pour le
gouvernement du Québec, sur une période de cinq ans, à
$62,5 millions pour aider le transport en commun et, en même temps, au
nom de la sécurité publique, pour permettre au Québec
comme aux autres provinces de pouvoir déménager leurs lignes de
chemin de fer. Or, $62,5 millions, cela fait $12,3 millions par année.
Cela fait 500 pieds de métro par année. Ce n'est certainement pas
avec cela, quoique nous devions faire des efforts considérables comme
gouvernement. Ce n'est certainement pas avec cela qu'on pourra
développer le transport en commun, et surtout nous perdrons les
censés $290 millions qui nous avaient été an-
noncés par Jean Marchand. Donc, il faudra non pas faire le
transport en commun des Olympiques que nous avons connu, mais il faudra, M. le
Président, couper ailleurs.
C'est dans ce sens-là que j'ai annoncé qu'il n'y avait
plus de construction d'autoroutes dans les centres urbains. On ne peut pas, en
même temps, faire du transport en commun et faire des autoroutes dans des
régions urbaines. Où allons-nous prendre l'argent? Je poserai la
question. Pour le moment, nous répondons à des besoins bien
spécifiques et, par la suite, si le Conseil des ministres comme les
différents comités acceptent les recommandations que je leur
soumettrai d'ici quelques semaines... D'ailleurs, un certain nombre de
recommandations sont déjà rendues; je n'ai pas l'intention de
recommander tout ce qui est prévu dans le rapport du comité de
transport de la région métropolitaine, mais il y a des choses
urgentes à faire.
Quand on parle de transport en commun, il faut bien se dire une chose,
c'est qu'en développant le transport en commun, on épargne aussi
de l'argent dans la construction d'autoroutes. Il faudra donc prendre une
décision sur cela et, si nous prenons une décision de principe en
tenant compte de la nécessité, comme l'a expliqué Jacques
Léonard, le ministre d'État à l'aménagement,
d'urbaniser encore plus fortement l'île de Montréal et
d'éviter l'éparpillement sauvage que nous avons connu dans le
passé; si nous prenons donc des décisions sur certaines lignes
à construire sur les lignes de métro pour le moment, les
lignes de métro, c'est suffisant ou encore sur la construction de
REM, on devra prévoir l'argent nécessaire pour répondre
à ces besoins.
M. Giasson: Mais, à l'intérieur de tout ce
programme de prolongation ou de développement du transport en commun
dans la région de Montréal, est-ce qu'il y a eu des études
poussées ou des examens très approfondis sur la capacité
d'autofinancement de ces services publics, ou si ces études
révèlent qu'il n'y a pas lieu d'y penser, compte tenu des revenus
moyens des citoyens de la région de Montréal, puisque ce sont les
habitants de cette région qui ont besoin de ces services, qui vont les
utiliser? Est-ce qu'il est évident qu'il n'y a pas de capacité
d'autofinancement et que, nécessairement, l'État du Québec
devra apporter une quote-part, non seulement dans le coût des
investissements, mais peut-être aussi dans le fonctionnement,
au-delà des investissements qui ont été faits?
M. Lessard: L'étude comprend 36 annexes dont une justement
sur l'analyse économique, sur la rentabilisation du service et sur la
capacité de financement.
Il faut dire une chose dont on doit prendre conscience. C'est que le
rapport de l'Office de planification et de développement du
Québec sur l'aménagement de Montréal affirme que nous
investissons, dans la région de Montréal, deux fois plus pour
chacun des automobilistes que nous n'investissons pour l'usager du transport en
commun, à cause des autoroutes, etc. Il va certai- nement falloir
retourner la vapeur. Il y a toujours possibilité d'un autofinancement;
maintenant, où prend-on l'autofinancement? Si on veut rentabiliser le
transport en commun, il y a des décisions importantes à prendre.
Est-ce que, par exemple, nous ne devrions pas l'augmenter
considérablement pour éviter que les automobilistes utilisent de
plus en plus leur automobile et que les centre-ville soient
congestionnés? Est-ce que nous ne devrions pas augmenter, par exemple,
les charges ou les paiements sur les terrains de stationnement? Est-ce que, par
exemple, nous ne devrions pas envisager une taxe industrielle sur le transport
en commun? Parce que là où s'installe l'industrie, cela a des
conséquences sur le transport en commun. Si l'industrie, par exemple,
s'installe à Saint-Eustache, comme il y a une industrie qui est
prévue, il faudra donc prévoir des transports en commun pour
Saint-Eustache, ou encore un système routier amélioré pour
que ces gens-là puissent se rendre du centre-ville vers Saint-Eustache,
ou de Saint-Eustache vers le centre-ville. Il y a des décisions à
prendre concernant, justement, la façon dont on pourra financer ce
transport en commun. Mais il ne faut pas que ce soit exclusivement sur
l'usager. Parce que si on le faut exclusivement sur l'usager, à ce
moment-là, le transport en commun devient plus ou moins rentable. Je
pense que ce qu'il faut dérentabiliser actuellement, c'est l'utilisation
de l'automobile, ça commence à être de plus en plus
dérentabilisé avec l'essence qui augmente
considérablement, mais il y a des habitudes très dures à
casser, très dures à briser. (12 heures)
Vous n'avez qu'à vous promener sur le boulevard
Métropolitain... On a toujours les défauts de sa fonction. Or,
quand je m'y promène, je regarde les automobilistes. Ces gens-là,
la plupart du temps, sont seuls. On fait des expériences actuellement
aux États-Unis sur les "car pool", par exemple sur les autoroutes;
est-ce qu'on ne devrait pas réduire, quand il y a trois individus dans
une automobile, le coût à zéro, quitte à augmenter
le coût lorsque la personne est seule?
Il y a différentes mesures qu'on devra choisir, analyser, parce
que je pense que le transport en commun est une nécessité, une
priorité sociale. On constate, dans nos études, que celui qui n'a
pas d'automobile, là où le transport en commun n'est pas
développé, c'est quelqu'un qui chôme beaucoup plus
longtemps au cours de l'année, c'est quelqu'un qui a moins
d'accessibilité d'emploi, c'est quelqu'un qui est plus pauvre
généralement.
C'est donc une mesure sociale. Le moyen de le financer, je l'ai
constaté chez moi, lorsque le système d'autobus arrête ou
lorsqu'il y a une grève, les grands centres commerciaux organisent
eux-mêmes leur système d'autobus pour amener les gens à
acheter chez eux.
Donc, c'est rentable pour l'industrie, les transports en commun. Est-ce
qu'on ne devrait pas envisager une taxe ou un transfert de ressources
c'est, possiblement, ce que nous allons faire vers les commissions de
transport?
II y a un certain nombre de mesures comme celles-là sur
lesquelles il va falloir se pencher et prendre des décisions. À
ce sujet, au Conseil du trésor, je suis en train de faire une nouvelle
analyse, ce qu'on fait actuellement dans le transport en commun, on
subventionné 45% à 55% des déficits. Je trouve ça
un peu anormal qu'on subventionne des déficits. J'ai demandé une
nouvelle analyse au ministère des Transports je pense que le
Conseil du trésor est participant pour nous soumettre un certain
nombre de recommandations concernant les façons de financer le transport
en commun.
M. Giasson: Mais là, si j'ai bien compris, le ministre
n'est pas en mesure de nous donner des indications assez précises sur
les ressources financières que le ministère du Transport du
Québec pourrait consacrer dans un programme triennal ou quinquennal
soit, d'ici trois ans ou cinq ans. Est-ce que le ministère est
fixé là-dessus ou pas encore?
M. Lessard: Je ne suis pas en mesure actuellement, parce qu'avant
que je détermine cet échéancier et les montants d'argent
qui devront être prévus, il faut qu'un certain nombre de choses
soient acceptées, à savoir un certain nombre de recommandations.
Avant que je puisse prévoir des montants d'argent pour la construction
de tels réseaux de route, il faut quand même que le réseau
soit accepté.
Il y a un certain nombre de recommandations que je devrai faire, avec
les coûts et les échéanciers prévus, parce qu'il y a
peut-être des choses qui vont être coupées, qui ne seront
pas acceptées. Une fois que nous aurons décidé des projets
globaux que nous devrons mettre en opération à l'intérieur
d'un échéancier précis, nous accepterons automatiquement,
parce que les coûts seront prévus et on devra alors chercher les
moyens de les financer.
M. Giasson: Mais toujours à l'intérieur des
projections triennales ou quinquennales, le ministre est certainement en mesure
de nous indiquer on pourrait le faire immédiatement ou attendre
plus tard à l'étude des crédits quelles sont les
projections de son ministère sur un programme quinquennal touchant le
réseau routier comme tel?
Depuis des années, le ministre sait qu'il y a une
projection...
M. Lessard: En ce qui concerne le réseau routier, nous
avons, à cause du programme de création d'emplois, répondu
à une très grande partie des demandes du Comité de
transport de la région métropolitaine. En ce qui concerne le
réseau routier, le comité de transport dit à peu
près ceci: II y a assez d'autoroutes à Montréal, le
réseau routier est actuellement globalement satisfaisant à
Montréal. Il ne reste qu'à compléter, sous forme de
boulevard, l'autoroute Ville-Marie, et ensuite, faire certains
aménagements pour éviter des accidents sur l'autoroute 25,
à l'entrée du tunnel Louis-Hippolyte Lafontaine, par exemple.
Nous avons répondu à beaucoup de demandes du comité
de transport de la région métropolitaine. Cette année, on
a des montants d'argent sur cela. En ce qui concerne la programmation, il y a
une programmation qui est prévue. Nous sommes à la réviser
actuellement, puisque le rapport du comité de transport de la
région de Montréal nous dit de mettre fin à un certain
nombre de choses qui pouvaient être planifiées au
ministère. Je suis entièrement d'accord avec...
M. Giasson: C'est concernant le réseau routier, n'est-ce
pas?
M. Lessard: Oui.
M. Giasson: De la région métropolitaine?
M. Lessard: II n'y aura pas de grands projets, de très
grands projets autoroutiers dans la région de Montréal. Cela va
être à la condition que nous acceptions de développer le
transport en commun. Si, par exemple, le gouvernement fédéral
décidait de développer Mirabel...
M. Giasson: Le corridor Mirabel-Montréal?
M. Lessard: Non. Disons, s'il prenait une décision
concernant l'aéroport de Mirabel.
M. Giasson: Pour le fret.
M. Lessard: Pour le fret ou encore, pour les prochaines lignes
internationales, sans prendre de décision concernant le transport en
commun entre Mirabel et Montréal. Cela pourrait avoir des
conséquences considérables sur le réseau routier. À
ce moment-là, cela nous forcerait peut-être à une autre
autoroute. C'est pourquoi cela devient extrêmement important, si nous
décidons de développer Mirabel, de prendre une décision,
en même temps, sur le REM Mirabel-centre-ville.
En ce qui concerne l'autoroute 13, le fédéral,
actuellement, nous amène toujours sur l'autoroute 13. Je ne sais pas si
on pourrait remettre une carte. On avait des cartes de la région de
Montréal.
M. Giasson: Pour le métro, on a eu un document qui nous a
été remis.
M. Lessard: Je pense que vous avez une excellente carte. Si vous
regardez le réseau de Sainte-Thérèse, tel que
planifié c'est une carte du BAREM, le Bureau d'aménagement
du réseau express de Montréal le réseau qui est
planifié, entre Mirabel et le centre-ville, vous voyez, il y a dix
stations. C'est le plan de $326 millions. Cela pourrait prendre le voyageur,
à Mirabel et le rendre, en arrêtant à dix stations, les
Laurentides, Blainville, etc., au centre-ville, en 37 minutes.
Il y a différents choix là-dedans. Si nous
réduisons les stations, à ce moment-là, on peut prendre un
train moins vite, qui coûte moins cher, etc. Vous avez toute une
série d'options qui sont possibles.
Si vous regardez, Mirabel est déjà relié
cela a été planifié en relation avec la décision du
gouvernement d'installer Mirabel là où il est vous avez
l'autoroute 15 qui se rend très bien à Mirabel et qui rejoint la
640, et ensuite, la 13 qui descend vers le sud de l'île.
L'autoroute 15, actuellement, n'est pas une autoroute très
achalandée, même aux heures de pointe. Mirabel est actuellement
très bien relié par le réseau routier, par l'autoroute 15.
Le fédéral nous dit: Vous avez l'autoroute 13 qui est
planifiée, mais qui n'est pas faite. Le fédéral dit au
gouvernement du Québec: Vous allez prendre une décision
concernant l'autoroute 13. Nous disons actuellement que l'autoroute 13,
d'après des études, est plus longue de trajet, de cinq à
six milles, que l'autoroute 15. Nous ne croyons pas que l'autoroute 13 soit une
nécessité pour le développement de Mirabel puisque nous
avons déjà l'autoroute 15. Si le gouvernement
fédéral acceptait au moins de placer l'argent qui était
prévu pour l'autoroute 13 dans un REM, un réseau express, cela
nous donnerait quelque chose qui nous permettrait d'envisager d'investir des
montants dans ce secteur. Mais la réponse est négative.
Vous avez là justement toutes les recommandations. Vous avez le
REM Mirabel; vous avez le REM Deux-Montagnes vers Beloeil que nous avons
maintenu, actuellement, à $200 000, suite à une signature que
nous avons faite avec le Canadien National. C'est un train du Canadien
National. Il y a 17 000 passagers qui utilisent ce train, de façon
journalière. S'il fallait fermer ce train, s'il fallait le fermer, c'est
17 000 automobilistes de plus c'est deux fois par jour, disons 9000
qui devraient utiliser les routes. C'est un train qui a
été exploité par le Canadien National, mais le Canadien
National, suite à une décision du gouvernement
fédéral, a décidé de rentabiliser ses services,
sinon de fermer ses lignes. Le CN, suite à cela, puisqu'il ne pouvait
rentabiliser ce service, parce qu'on a laissé déprécier
considérablement ce réseau depuis plusieurs années... On
ne l'a jamais amélioré, on n'a pas... Pendant un certain temps,
il y avait 40 000 usagers de ce réseau. On l'a laissé aller
pratiquement à la banqueroute. Le gouvernement fédéral
veut nous le remettre ou fermer le système.
J'ai dit à M. Lang, l'autre jour: Au moins, remettez-le-nous en
bonne condition. On est prêts à en assumer, par la suite,
l'exploitation, comme on le fait pour le transport en commun. Vous connaissez
d'ailleurs, je pense bien... Seulement pour la phase I, améliorer
l'infrastructure qui est actuellement dépréciée dans le
corridor Deux-Montagnes, avec le matériel roulant qui devrait être
nouveau, cela coûterait $48 millions. On leur dit: Au moins,
donnez-le-nous en bonne condition.
On revient toujours en nous disant que les trains de banlieue ne sont de
la responsabilité du gouvernement fédéral. Depuis quand?
Pourtant il en a fait des trains de banlieue. Depuis quand? Depuis qu'il a
décidé de se diriger vers un autre secteur, soit le Via Rail
entre Montréal et Québec. Le Via Rail entre Montréal et
Québec n'est pas, pour nous autres, prioritaire, puisque nous avons
déjà des circuits d'autobus. Avec le Via Rail, il va venir
dérentabiliser certains circuits d'autobus existants, soit le circuit
Voyageur. À ce moment-là, est-ce qu'on devra faire comme on doit
faire actuellement pour le Métropolitain Provincial, c'est-à-dire
assumer ces services qui sont actuellement rentables, mais qui vont
peut-être le devenir moins à cause de la concurrence
déloyale de la part du Canadien National? Il délaisse en
même temps ses responsabilités dans des secteurs qui ont toujours
été sous sa responsabilité.
M. Vaillancourt (Orford): Y aura-t-il une étude de faite
sur la rentabilité des autobus et du train Via Rail?
M. Lessard: J'ai l'impression qu'il a une étude pour lui.
Certainement qu'il a fait l'étude, mais il n'a pas analysé les
conséquences négatives que cela pouvait comporter pour les autres
transporteurs.
M. Giasson: Dans les prévisions de coûts que vous
avez à l'intérieur de la projection de $1,9 milliard, quel serait
le montant qui pourrait s'appliquer au REM-Mirabel?
M. Lessard: $200 millions...
M. Giasson: $200 millions. Le REM...
M. Lessard: ... selon le rapport du CTRM. Selon le rapport du
BAREM, c'est $326 millions. La différence est que...
M. Giasson: Le nombre de stations?
M. Lessard: Non. Il y a le nombre de stations, mais il y a
l'aménagement aussi, c'est-à-dire que le CTRM utiliserait le
tunnel du Mont-Royal et l'ancien parcours du CN pour rejoindre, après
cela, le parcours du Canadien Pacifique, tandis que le rapport du BAREM
recommande d'aller directement vers le centre-ville, vers Bonaventure, et de ne
pas utiliser le tunnel. Là, on pourrait épargner $200 millions ou
$126 millions.
M. Giasson: Concernant le projet de REM-Repentigny, quels seront
les coûts?
M. Lessard: Actuellement, la recommandation du CTRM, à
courte période, c'est de faire des études supplémentaires
concernant le REM-Repentigny et de faire un système plutôt de
métro-bus qui partirait de l'Est et qui, en fait, se rabattrait à
la station Beaugrand.
La ligne des chemins de fer du CN qui est au nord, dans le coin de
Rivière-des-Prairies, semble être difficilement utilisable. Cela
prendrait, avec le chemin de fer tel qu'existant, plus de temps pour se rendre
au centre-ville, par un tel REM, que d'utiliser des métrobus qui se
rabattraient à la station Beaugrand. (12 h 15)
Sur cela, il n'y a pas de décision, le rapport du CTRM me dit:
Des études supplémentaires. Vous
comprendrez, cependant, par exemple, que le député de
Lafontaine est extrêmement intéressé à son
REM-Repentigny et nous allons analyser des solutions.
M. Giasson: Le député de Châteauguay est
peut-être intéressé au REM-Châteauguay?
M. Lessard: Oui.
M. Giasson: Tout à l'heure, vous avez cité des
projections de coûts applicables sur un échéancier de $1,9
milliard qui se terminerait en 1986. Est-ce que, à l'intérieur de
ce chiffre, vous avez la projection sur l'ensemble de tous les REM potentiels
déjà prévus à l'intérieur, incluant
également les sommes qui seraient nécessaires pour prolonger des
lignes de métro?
M. Lessard: Non. Il y a des choix à faire. Actuellement,
si j'acceptais toutes les recommandations du Comité de transport de la
région métropolitaine, et je peux donner les coûts, c'est
$1,91 milliard jusqu'en 1986.
M. Giasson: Cela, c'est du métro, c'est du REM?
M. Grégoire: II va en rester pour nous autres,
après cela?
Une voix: On est dans Montréal.
M. Lessard: C'est justement l'autre, plus loin. Justement, il
faut tenir compte des besoins des autres régions. Donc, il va falloir
couper, il va falloir réduire aux besoins les plus essentiels. Ce qu'on
tente actuellement de faire, c'est d'abord d'en arriver avec le ministre
responsable de l'aménagement à une urbanisation beaucoup plus
intense de l'île de Montréal parce que l'île de
Montréal se vide de plus en plus au profit des banlieues. Dans le
centre-ville de Montréal, par exemple, il y a 100 000 personnes qui y
entrent chaque jour pour venir travailler et qui en ressortent le soir, ce qui
veut dire que les infrastructures qui sont là ne sont plus ou sont
sous-utilisées, et, pendant ce temps-là, on se dirige vers des
régions urbaines... C'est cela?
Une voix: Des régions périphériques.
M. Lessard: Dans la couronne, des régions
périphériques. Le ministère des Affaires municipales est
obligé, par la suite, de donner de nouveaux services à ces
régions. Donc, une priorité a été expliquée
par M. Jacques Léonard devant la Chambre de commerce de Montréal
qui est d'essayer de développer de façon beaucoup plus importante
Montréal, Rivière-des-Prairies, qui est encore vierge. Donc, en
tenant compte de cette préoccupation, il va falloir aussi éviter
l'éparpillement. Si vous faites trop de transport en commun vers les
périphéries, vous allez favoriser encore le développement
dans ces périphéries en ne concentrant pas ou en empêchant
la concentration de la population dans Montréal. Donc, il faut tenir
compte de ces préoccupations.
La question du REM-Mirabel, il y a une priorité parce que Mirabel
est là et qu'il faut vivre avec; Deux-Montagnes, c'est un secteur
important parce que c'est une bonne population; il a quand même
été assez utilisé par 17 000 personnes par jour. Il va
falloir tenir compte de ces facteurs, faire des choix, tenir compte des moyens
économiques que nous avons et aussi des besoins de la voirie
régionale, on en a parlé. Si j'investis tout dans le transport en
commun, il n'en reste plus pour les...
Normalement, j'espère, en fait, que d'ici quelques mois des
décisions devraient être prises à ce sujet.
M. Vaillancourt (Orford): Avez-vous le coût global pour la
construction de ces six rames: Mirabel, Deux-Montagnes, Châteauguay,
Beloeil, Rigaud, etc.? Il y en a six ou sept.
M. Lessard: Le coût et l'échéancier, si vous
le voulez. Maintenant, là, c'est tel que prévu par le
Comité de transport de la région métropolitaine. Si on
fait moins chromé et on fait Volkswagen au lieu de faire Cadillac, cela
peut changer.
M. Vaillancourt (Orford): Ce n'est pas une décision du
ministère des Transports actuellement, c'est une recommandation.
M. Lessard: Non. Cela, actuellement, c'est un rapport qui m'a
été soumis, c'est un livre vert, si vous voulez.
M. Samson: Encore!
M. Giasson: Non, il ne faut pas.
M. Lessard: En tout cas, il est pâle.
M. Giasson: On ne dit plus livre vert. C'est
problématique.
M. Lessard: Le REM-Deux-Montagnes, je ne vois pas le total, je
fais le calcul: $75 millions, $105 millions. Maintenant, la première
phase 1980/81, voudrait dire $30 millions. C'est un REM bien organisé.
Ce sont $100 millions et c'est cela qu'on dit au fédéral:
Donnez-nous $100 millions sinon une entente pour le mettre en bonne condition.
Le REM-Dorion: $27 millions. Le REM-Beloeil...
M. Vaillancourt (Orford): Le REM-Rigaud, voulez-vous dire?
M. Lessard: Oui, Rigaud, mais on l'arrête à Dorion.
Dans les recommandations du CTRM, c'est arrêté à Dorion. Un
instant.
M. Grégoire: II y a bien des REM, mais je veux un REF.
Est-ce qu'il y a un REF de prévu?
M. Lessard: Le REM-Châteauguay n'est pas recommandé
dans le rapport pour l'instant. À long
terme, c'est $14 millions, mais après 1987. Le REM-Repentigny: je
vous indiquais, tout à l'heure, métro-bus en première
phase et étude. Il y a des honoraires de prévus pour faire les
études sur cela ou autre chose. Le
REM-Sainte-Thérèse-Mirabel: je vous ai dit $200 millions. Est-ce
que cela arrive? Oui. $200 millions. Maintenant, dans l'autre rapport, c'est
$326 millions, comme je l'ai dit. Les métros, d'accord. Les REM, vous
l'avez. Cela va. Le REM-Beloeil: j'ai indiqué $35 millions.
M. Vaillancourt (Orford): Quels sont les
échéanciers?
M. Lessard: La fin de 1986. Disons que selon la recommandation
à court terme, il y aurait $9 millions pour 1979/80, ce n'est pas
assuré; en 1980/81, $6 millions; en 1981/82, $6 millions; en 1984/85, $7
millions; en 1985/86, $7 millions.
M. Grégoire: Cela couvre combien de comtés de
Montréal ou autour de Montréal?
M. Lessard: Cela couvre 52% de la population du
Québec.
M. Grégoire: 50 comtés, quoi.
M. Giasson: On peut peut-être attacher de l'importance aux
chiffres qui sont cités dans les rapports, mais on le fait parce que
tous les réseaux proposés couvrent un service qui va
répondre à au moins 50% de la population du Québec.
M. Lessard: Maintenant, il est entendu que ces décisions
sont liées...
M. Ouellette: Vous défendez cela comme si c'était
le réseau express de Montmagny.
M. Giasson: Non, je ne défends pas le REM, mais il s'agit
d'examiner le fruit, le rapport d'un comité de recherche en vue de
trouver la solution au problème du transport dans la région de
Montréal. Veuillez croire que le souci que j'apporte n'est pas plus
grand que celui du parti ministériel actuel lorsqu'il formait
l'Opposition. Vous vous rappelez les débats soutenus que vous avez tenus
à l'époque?
M. Lessard: II faut faire du transport en commun. On n'a pas le
choix. Pour épargner justement de l'argent dans les autoroutes.
M. Giasson: Ce serait bien plus égoïste de se limiter
à examiner les besoins en matière de transport dans chacune de
nos régions; au-delà de tout cela, il s'agit de voir la
planification, les projections d'investissement que le ministère des
Transports doit faire au cours des prochaines années et tenter de
découvrir qu'est-ce qui serait possible à l'intérieur des
recommandations qui sont faites au ministère, de manière à
ne pas gruger une trop forte portion aux parties des budgets qui doivent
également venir dans la région extérieure à la zone
métropolitaine de Montréal.
M. Lessard: II y a une chose que je dois souligner pour les
députés. C'est qu'il est entendu que toutes ces décisions,
les décisions concernant en fait ces réseaux de transport en
commun, sont en relation avec, j'espère, des décisions à
venir qui devront être prises par le gouvernement fédéral
sur le transport en commun. Sinon, on va être obligé de couper, de
réduire considérablement. Maintenant, pour expliquer, pour les
députés, je pense qu'il y a une chose qui est très
importante, c'est qu'on n'a plus le choix. Pourquoi on a coupé les
autoroutes à Montréal? C'est justement parce que cela
coûtait énormément cher une autoroute à
Montréal. C'était $40 millions le mille. Vous allez me dire: Avec
$40 millions le mille, j'en fais des routes chez nous. Vous avez raison. Mais
justement, pour éviter ces coûts astronomiques qui amenaient des
congestions de plus en plus importantes dans les centre-ville, il faut investir
dans le transport en commun. C'est dans ce sens que l'investissement dans le
transport en commun peut devenir rentable pour les régions, parce que
nous allons épargner dans la construction d'autoroutes de l'argent que
nous allons pouvoir replacer ailleurs, mais, en tenant compte des sommes que le
Québec pourra posséder à ce sujet.
M. Grégoire: J'aurais une question là-dessus. Je
suis bien d'accord sur le fait qu'on étudie tout un réseau
express à Montréal et que cela se fasse parce qu'il y a un
besoin. Mais le même genre d'étude se fait-il, par exemple, pour
la région de Québec et pour la région de
Trois-Rivières? Est-ce qu'il y a des études qui se font
aussi?
M. Lessard: Oui.
M. Grégoire: Je ne vous demande pas s'il y a des budgets
prévus, mais s'il y a des études...
M. Lessard: Pour le transport en commun?
M. Grégoire: Oui.
M. Lessard: Oui, mais dans la région de Québec,
disons que le problème n'était pas aussi urgent. Cette
étude va servir aussi pour des expériences qui peuvent être
appliquées dans la région de Québec. L'autre jour, par
exemple nous avons participé, au ministère des Transports,
à cette étude un rapport nous était soumis par la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Québec, par
M. Mathieu, et on constatait qu'il avait tenu compte d'un certain nombre de
choses qu'il y avait là-dedans.
En ce qui concerne les régions comme Trois-Rivières, les
régions à densité de population moins forte, nous avons,
suite à des études qui ont été faites,
créé par la loi 73 les corporations intermunicipales de transport
que les municipalités pourront utiliser. Le gouvernement du
Québec participe, comme on le fait à Montréal, à
l'achat des autobus et participe aussi au paiement d'un pourcentage des
déficits, soit de 45% à 55%. Le transport en commun n'est pas
exclusif à Montréal; il faut aussi le prévoir pour
d'autres villes.
M. Grégoire: Mais les études se font
également ailleurs, quoi?
M. Lessard: Actuellement, la grosse étude s'est faite pour
Montréal, parce que c'était là qu'il y avait un
problème et que cela coûtait énormément cher, la
construction d'autoroutes. Il aurait fallu envisager possiblement, si on ne
développait pas le transport en commun, la construction d'un pont de
$500 millions entre la rive sud de Montréal et l'île de
Montréal. Donc, on a mis fin à cela en demandant une étude
de tout le transport en commun pour la région de Montréal. Mais
ceci ne nous a pas empêchés de faire aussi des études et de
prendre des décisions sur le transport en commun dans d'autres villes.
C'est pourquoi nous sommes arrivés, par exemple, avec la loi sur les
commissions de transport municipales ou intermunicipales.
M. Grégoire: Est-ce qu'on pourrait avoir la liste des
villes où des études semblables sont faites, savoir où on
en est rendu et celles qui sont terminées?
M. Lessard: Nous avons fait des études, par exemple, pour
la rive sud de Québec. Actuellement, avec la loi 73, lorsqu'une ville
veut constituer chez elle un transport en commun ou lorsque trois villes
veulent se regrouper pour constituer un transport en commun, elles demandent au
ministère de faire une étude sur la rentabilité, sur les
plans et devis qu'on devrait prévoir, sur les tracés qu'on
devrait prévoir. Le ministère fait une étude et, à
la suite de cette étude, décide s'il y a lieu de recommander
l'établissement d'une corporation municipale ou intermunicipale de
transport. Ou encore on donne une subvention pour que cette étude se
fasse.
Le Président (M. Dussault): Oui.
M. Grégoire: Pour continuer dans la même veine, vous
venez de dire que vous participez au paiement de 50% du déficit des
commissions de transport. Est-ce que vous le faites dans plusieurs villes?
Est-ce qu'on peut avoir la liste des villes, sans que vous la donniez
verbalement?
M. Lessard: Actuellement, on participe dans la région de
Chicoutimi. Pour autant qu'ils sont intégrés dans le transport en
commun, on participe. Trois-Rivières, Cap-de-la-Madeleine, $500 000;
Chicoutimi et La Baie, $550 000, cette année; Lévis, $225 000;
Sherbrooke, $275 000 et, ensuite, il y a la participation aux commissions de
transport que je peux vous donner. Je peux vous déposer ici ce que cela
coûte, le transport en commun.
M. Grégoire: Montréal, Laval...
M. Lessard: Oui, je peux vous les donner toutes.
M. Grégoire: ... la rive sud, c'est combien les trois
ensemble?
M. Lessard: Les trois ensemble? Je vous donne la Commission de
transport de la communauté urbaine.
M. Grégoire: Dans un bloc.
M. Lessard: Vous me dites: Montréal, Laval et la rive
sud.
Montréal, c'est $32 300 500.
(12 h 30)
M. Vaillancourt (Orford): Le mieux, ce serait de déposer
le document, on aurait toutes les informations.
M. Lessard: Je suis entièrement d'accord.
M. Grégoire: Est-ce que Thetford serait là-dedans,
par exemple?
M. Lessard: Thetford? Non.
M. Grégoire: Ils ont le transport en commun de plusieurs
villes.
M. Lessard: Non, Thetford n'est pas parmi ceux-là.
M. Grégoire: Parce qu'ils ne l'ont pas demandé,
quoi?
M. Lessard: Parce que c'était une corporation.
M. Grégoire: Bon.
M. Lessard: Mais là, ils vont pouvoir se constituer avec
la loi 73.
M. Grégoire: D'accord.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Duplessis, sur une autre question.
M. Perron: Merci, M. le Président. Dans le cadre du
transport en général...
M. Russell: J'aurais une question à poser au ministre,
pour compléter, sur Montréal.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Duplessis, vous m'aviez dit que c'était sur une autre question. Si on
n'a pas vidé celle-là, je pense qu'il vaudrait mieux la vider
avant.
M. Grégoire: Exact.
M. Giasson: M. le Président, on peut peut-être
permettre au député de Duplessis d'y aller dans le secteur qui
l'intéresse plus particulièrement, tout en ne fermant pas la
porte à la partie qui touche le transport en commun. J'aurais encore des
questions à poser sur ce sujet.
M. Perron: Je pense qu'il serait peut-être mieux de
continuer sur le sujet pour en finir.
Le Président (M. Dussault): Oui, un instant, s'il vous
plaît, M. le député de Duplessis. J'ai tenté de voir
jusqu'à quel point on en était encore aux remarques
générales. Tant et aussi longtemps qu'on regarde la question du
transport autoroutier en fonction du transport des personnes et vice versa, on
est vraiment au-dessus des programmes. Cela justifie qu'on discute de cette
question maintenant. Je pense qu'il faudra en arriver à trouver la
limite où on discute vraiment du programme comme tel afin de suivre
l'ordre des programmes.
M. Grégoire: Moi aussi, j'aurais quelques questions
générales sur le même sujet.
Le Président (M. Dussault): Je pensais aussi qu'il serait
préférable de vider la question du transport des personnes. M. le
député de Duplessis m'avait laissé entendre que sa
question portait sur autre chose, il m'avait même laissé entendre
qu'il était prêt à attendre un peu. Je pense qu'on va
continuer sur la question du transport des personnes comme cela se faisait car
il y a encore des questions à poser.
M. Samson: M. le Président, c'est une directive que je
vous demande parce que je suis arrivé quelques minutes après le
début des travaux de la commission. Je crois comprendre que vous
êtes passé au programme 1.
Le Président (M. Dussault): Non. J'en ai fait l'appel,
mais on souhaitait continuer sur les remarques générales.
M. Samson: D'accord.
M. Lessard: Mais cela touche le programme 1; c'est exactement le
programme 1 qui touche le transport en commun.
M. Samson: Cela peut toucher autre chose aussi?
Le Président (M. Dussault): C'est cela, c'est qu'on
risque, plus tard, de revenir sur les mêmes questions et y passer
beaucoup de temps. M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: Je suis fort satisfait des réponses que le
ministre nous a données jusqu'à présent, mais il y a
quelques questions qu'il serait bon de clarifier. On discute du
développement d'un réseau qui coûterait environ $2
milliards répartis sur un nombre d'années, qui couvrirait toute
la zone Mirabel-Saint-Jérôme, l'ensemble du Montréal
métropolitain et même élargi ou agrandi, si on veut. Cela
ne me semble pas si excessif que cela si on veut réellement changer la
politique qu'on avait dans le passé. Actuellement, on semble vouloir
freiner la question du développement de l'autoroute et se concentrer
à réorienter le transport en commun du Montréal
métropolitain, ce à quoi je ne m'oppose pas car je connais la
région pour la visiter presque hebdomadairement.
Je suis d'accord avec le ministre pour dire que les autoroutes
répondent presque totalement aux besoins de la région; je suis
d'accord en ce qui concerne Mirabel qui a été une décision
prématurée d'à peu près quinze ans. Une chose est
certaine, ce sont les déficits qu'on paie déjà. Il
faudrait savoir si la politique du ministre est de former une commission qui va
contrôler cette opération ou s'il y aura encore une multiplication
de commissions qui seront divisées, comme c'est le cas actuellement.
M. Lessard: Je pense qu'il faut éviter la création
de grandes structures qui sont loin des gens. La recommandation du CTRM n'est
pas de créer une supracommission des transports, c'est de conserver les
trois commissions de transport telles qu'elles existent actuellement et de
recommander la création d'un comité d'intégration des
décisions de ces commissions de transport. C'est justement le
Comité de transport de la région de Montréal, le COTREM,
comme on pourrait l'appeler, sur lequel nous aurons à prendre une
décision d'ici quelque temps, tant aux différents comités
qu'au Conseil des ministres. Le COTREM pourrait être constitué des
trois présidents de commissions de transport et de deux autres personnes
une qui pourrait être nommée par le ministre des Affaires
municipales et une autre par le ministre des Transport, on verra dont la
responsabilité serait justement de coordonner les décisions de
ces trois commissions et de les forcer à intégrer leurs services.
Mais l'exploitation du service se ferait par les commissions de transport
telles qu'elles existent actuellement parce que je me méfie
énormément de ces superstructures où la technocratie
devient terriblement forte.
M. Russell: Si je comprends bien, il y aurait une question de
planification...
M. Lessard: C'est cela.
M. Russell: ... et de développement. On ferait la
coordination de ces trois commissions existantes.
M. Lessard: C'est exactement l'objectif du COTREM.
M. Russell: Donc, si je comprends bien, la région de Laval
s'étendrait, la région métropolitaine demeurerait dans ses
zones actuelles et la rive sud pourrait quand même s'étendre, ce
qui, en soi, n'est peut-être pas mal à condition qu'il y ait une
corporation qui fasse la coordination.
Maintenant, il est évident que la question de continuer le
développement des autoroutes, c'est fini, c'est mis de côté
actuellement.
M. Lessard: Pour le moment, oui. Mais si, par exemple, le
gouvernement fédéral s'engageait à développer
Mirabel et, ensuite, à négocier une entente avec le gouvernement
du Québec concernant un lien rapide, nous sommes prêts
si
preuve il y a à nous engager, comme cela a
été négocié dans l'entente auxiliaire avec M.
Jacques Léonard, dans la construction de l'autoroute 13. Ce serait la
seule exception.
M. Russell: Parce que Mirabel, il n'y a aucun problème
excepté dans les heures de pointe...
M. Lessard: Et encore là.
M. Russell: ... qui sont à peu près de deux heures
par jour et, encore là, il n'y a pas de problème. Ce sont
seulement ceux qui prennent l'autoroute du nord...
M. Lessard: C'est probablement M. Fox qui veut avoir son
autoroute 13.
M. Russell: ... et qui s'en vont à peu près presque
toujours en sens contraire de la circulation, excepté les fins de
semaine lorsque vous entrez de Mirabel à Montréal par
l'autoroute.
M. le Président, sur ce développement, il n'y a aucune
décision qui est prise, il n'y a aucun montant qui va être
dépensé, cette année, autre que pour des
études?
M. Lessard: Sur?
M. Russell: Sur le développement de ce système de
transport en commun?
M. Lessard: Oui, il y aura des décisions de prises. Il n'y
aura pas de montant d'engagé; il y aura des décisions de prises
concernant COTREM, par exemple, qui n'amènent pas de conséquence
économique.
M. Russell: Aucune construction?
M. Lessard: Non. Cette année, disons qu'il y a des
montants qui sont prévus pour la levée du moratoire. Il y a des
montants qui sont prévus pour le CN-Deux-Montagnes avec lequel nous
allons négocier. Il y a des montants qui sont prévus pour le pont
Champlain. Là où nous avons pris des décisions
ponctuelles, concrètes, nous avons prévu des montants.
M. Russell: II n'y a aucune construction de métro cette
année?
M. Lessard: Oui, c'est-à-dire qu'on l'a
prolongé.
M. Russell: Est-ce que les travaux vont commencer cette
année?
M. Lessard: Oui, les contrats étaient... Vous savez, en
fait, ce qu'on finance dans le métro, c'est le déficit. On
finance les intérêts, 60% des intérêts. Donc, c'est
la ville de Montréal...
M. Russell: De l'immobilisation.
M. Lessard: De l'immobilisation. On a ac- cepté pas
globalement $100 millions dans la planification de la Communauté
urbaine de Montréal, qui devaient être prévus pour les deux
lignes, la ligne no 5 et la ligne no 2, et où nous participons à
60% du coût de la dette.
M. Russell: Du coût de la dette ou simplement de
l'intérêt?
M. Lessard: Du coût de la dette. Excusez-moi, de
l'intérêt.
M. Russell: C'est une grosse différence. M. Lessard:
C'est vrai.
M. Russell: Simplement pour le métro, quel est le
coût du développement du métro avec les plans que vous nous
avez soumis hier? Le prolongement du métro suivant ces plans-là,
quel est le coût?
M. Lessard: II faudrait que je fasse le calcul. Avant cela, je
dirai ce que j'ai voulu éviter lorsque j'ai accepté, par exemple,
les $100 millions sur le métro. C'est qu'on avait constaté que la
Communauté urbaine de Montréal avait déjà
acheté le matériel roulant, avait déjà fait des
travaux pour différentes parties du réseau, cela, sans
autorisation comme telle du gouvernement du Québec. C'est pourquoi
le député de Saint-Laurent me posait une question l'autre
jour, en Chambre, à savoir si on va arrêter de prendre des
décisions bout par bout on n'arrêtera pas de prendre des
décisions bout par bout. C'est justement pour éviter que, lorsque
nous prenons une décision trop générale, on étende
les travaux sur l'ensemble de la ligne. On va y aller selon les besoins.
Actuellement, les besoins justifiés sur la ligne numéro 5, c'est
jusqu'à Du Parc, et sur la ligne numéro 2 ouest, c'est
au-delà du boulevard Métropolitain, soit à peu près
jusqu'à Du Collège.
M. Russell: M. le Président, je remarque, au sujet du
prolongement du métro, que la commission de Laval ne
bénéficiera pas de ces services et qu'il n'y aura aucun
prolongement additionnel sur la rive sud. Ce serait là une
amélioration marquée parce qu'on diminuerait la circulation. Ce
sont toujours les ponts qui sont bloqués.
M. Lessard: Justement, pour la ville de Laval, si on prenait une
décision en collaboration avec le gouvernement fédéral
concernant le REM-Mirabel, constatant que le REM-Mirabel passe au centre-ville
de Laval, on réglerait une grande partie du problème du transport
en commun de la ville de Laval.
Il y a aussi une autre chose qu'il va falloir envisager. La ville de
Laval, comme vous le savez, refuse que le métro aille au-delà de
Salaberry. On comprend très bien M. Lucien Paiement. Il peut se rendre
à la porte de Laval, mais s'il ne se rend pas au-delà de la porte
de Laval, il n'a pas besoin de participer au coût d'immobilisation. Par
ailleurs, il faut bien comprendre une chose. Par exemple, les
gens de Laval profitent du métro qui est installé à
Montréal. Il va donc falloir envisager une certaine compensation
financière des villes environnantes qui profitent des infrastructures
qui sont payées exclusivement par des citoyens qui sont dans la ville de
Montréal.
M. Russell: Ce sera comme la rive sud d'ailleurs.
M. Lessard: Ce sont les mêmes choses.
M. Russell: Actuellement, la rive sud a une station qui devrait
être prolongée. On déblaierait énormément les
ponts en faisant cela. C'est là qu'est le problème.
M. Lessard: C'est recommandé par le CTRL.
M. Russell: C'est recommandé, mais il n'y a pas aucune
indication sur l'écran ou le croquis qu'on a...
M. Lessard: Vous voulez dire le rabattement à Beloeil?
M. Russell: Non, je regarde le métro. M. Lessard:
Ah! le métro.
M. Russell: Vous avez une station ici à Longueuil...
M. Lessard: Vous parlez de Longueuil? M. Russell: Oui.
M. Lessard: Regardez la ligne numéro 4. Vous avez un bout
de la ligne numéro 4 où on recommande le prolongement.
M. Russell: II existe déjà.
M. Lessard: Non, il y a un bout qui n'existe pas. Je ne sais pas
quelle station...
M. Vaillancourt (Orford): On parle du métro ou bien si on
parle du...
M. Lessard: On parle du métro, de la ligne numéro
4.
M. Giasson: Les numéros n'apparaissent pas sur les...
M. Lessard: Ah! je m'excuse. Vous avez Longueuil île
Sainte-Hélène. J'ai la carte.. Prenez l'autre carte. La ligne
jaune où on recommande de prolonger...
M. Giasson: La ligne bleue.
M. Vaillancourt (Orford): La ligne verte.
M. Lessard: II y a deux cartes. La ligne du mé- tro et la
ligne du système de transport des personnes de la ville de
Montréal. Là on a trop de cartes. Je ne comprends plus.
M. Giasson: Quand on prend...
M. Russell: De toute façon, M. le Président, on
pourrait peut-être se limiter à la technique. On ne commencera pas
de travaux cette année. C'est malheureux d'abord. Le ministre devrait
peut-être envisager la possibilité de commencer des travaux cette
année dans le contexte économique actuel. Cela comblerait un
besoin qui existe. Ce n'est pas si mal ou c'est moins mauvais de s'endetter
pour cela que bien d'autres choses, mais économiquement ce serait
rentable.
Tout à l'heure, on parlait de mettre une taxe sur l'industrie.
L'industrie n'a peut-être pas d'objection parce que d'une façon ou
d'une autre elle va payer la taxe. Si elle ne la paie pas directement, elle va
la payer indirectement. Cela ne change rien dans ce domaine. Quand je vois
qu'on paie actuellement un déficit de $47 millions et peut-être de
$50 millions je vois par les crédits que cela va probablement
augmenter on participe déjà à un déficit de
ces commissions... qu'on augmente le déficit. Elles vont faire les
emprunts, elles vont faire la construction, de l'immobilisation qui va aider
à l'économie. Dans le contexte économique actuel, on
devrait faire un effort pour amorcer les travaux, même si cela
crée certaines difficultés au point de vue du financement. Cela
va aider économiquement. Cela va peut-être régler un
malaise qui existe actuellement. Je suis d'accord avec le ministre qu'il ne
s'agit pas de continuer les autoroutes. Je vis assez souvent dans la
circulation de Montréal parce que j'arrive surtout aux heures de
pointe.
M. Lessard: Je pense que le maire de Longueuil a des objections.
(12 h 45)
M. Russell: Peut-être que le maire de Longueuil aurait des
objections. Il regarde seulement Longueuil. Il ne regarde pas l'ensemble. C'est
souvent le malheur. C'est le problème en ayant trois commissions, on va
défendre chacun notre petite tutelle. Si nous n'avons pas une commission
pour coordonner cela, ça ne pourra jamais marcher. Cela prend une
commission pour coordonner cela avec des pouvoirs de décision et pour
agir, pour le plus grand bien de la population et du développement de la
région parce qu'actuellement, si on regarde la circulation, vous avez
une migration d'une classe de gens qui se fait do Montréal vers Beloeil
et d'autres régions de banlieue, et vous avez une population qui demeure
dans Montréal et il faut qu'elle sorte pour aller travailler en banlieue
parce que les industries s'installent dans les banlieues. C'est pourquoi il
faut organiser un transport qui peut répondre à un besoin qui se
crée normalement et on aura de la difficulté à freiner
cette migration de Montréal vers les banlieues.
Donc, si on ne se dirige pas vers cela et si on ne commence pas
immédiatement, on va simple-
ment continuer à payer des déficits d'une commission qui
serait peut-être moins déficitaire si elle était
étendue et si elle produisait plus avec le même
équipement.
Je pense qu'il faudrait peut-être accélérer,
profiter de l'occasion pour faire des investissements qui aideront
l'économie d'abord et, lorsque l'économie sera plus florissante,
on aura plus d'industries qui s'installeront et plus de circulation qui se
fera. Actuellement, la population de Montréal le ministre l'a dit
tout à l'heure représente au-delà de 50% de la
population québécoise.
M. Lessard: Je prends note de la remarque du
député. Il faut aussi comprendre une chose. Cela a des
conséquences économiques très importantes si on
décide, par exemple, de développer les réseaux express
parce que le Québec est à l'avant-garde, actuellement, dans ce
secteur par l'intermédiaire de Bombardier, l'Alcan et autres compagnies
et si le Québec décidait de profiter de son avantage il y a
aussi un besoin dans le continent nord-américain Bombardier,
l'Alcan et MLW pourraient devenir une compagnie d'exportation de trains
légers, rapides, sécuritaires et confortables.
M. Russell: Sur le métro, je pense que cela répond
pas mal...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: J'avais cru comprendre, lors des remarques
préliminaires du ministre des Transports, que la Commission de transport
de la Communauté urbaine devait acquérir les actifs de
Métropolitain Provincial. Ai-je bien compris?
M. Lessard: Oui. Actuellement, le gouvernement du Québec,
à la suite d'une grève qui a duré plusieurs mois, a
dû négocier un protocole d'entente avec Métropolitain
Provincial pour assumer les services ou pour payer le déficit
qu'encourait la compagnie.
Jusqu'ici, je pense que nous avons versé au-delà de $2
millions. Nous devrons verser, jusqu'à l'expropriation, environ $200 000
par mois. Nous ne pouvons pas continuer de laisser cette entreprise
privée être subventionnée par le gouvernement, d'autant
plus qu'il est absolument nécessaire d'intégrer ce service au
transport en commun de la rive sud. Alors, dans ce sens, nous tentons
actuellement d'exproprier Métropolitain Provincial de gré
à gré et c'est pourquoi une loi devra être
présentée à l'Assemblée nationale d'ici quelques
semaines, je l'espère, pour modifier la Loi de la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal pour lui permettre
d'exproprier et, dans cette loi, nous préciserons les conditions
d'expropriation.
M. Giasson: Vous allez préciser les conditions
au-delà de la négociation que vous espérez devoir se faire
de gré à gré?
M. Lessard: Nous allons donner les pouvoirs...
M. Giasson: Au cas où des pouvoirs assez
étendus...
M. Lessard: Vous connaissez le problème. Je ne sais pas si
vous savez comment s'est constituée Métropolitain Provincial en
1967; c'est par la division d'une compagnie en cinq compagnies. Il s'agit de
voir de quelle façon cela s'est fait et je pense qu'il faut bien
considérer ce qu'on exproprie. Si j'exproprie une "barouette", je ne
veux pas payer une Cadillac... une brouette.
M. Giasson: Vous prévoyez tout de même encore, M. le
ministre, à même votre budget pour soutenir les déficits de
différentes communautés de transport ou d'entreprises de
transport, une somme devant être versée à
Métropolitain Provincial...
M. Lessard: Oui, parce que je ne sais pas...
M. Giasson: $1,8 million, selon les chiffres que vous nous
déposez ce matin. Est-ce à dire que ce n'est pas pour demain que
la Commission des transports de la communauté urbaine pourra
acquérir les actifs de Métropolitain Provincial?
M. Lessard: Vous savez que selon le choix qu'on fait, il y a des
délais qui peuvent être considérables. Cependant, en vertu
de la Loi d'expropriation, si nous choisissons la Loi d'expropriation
provinciale, parce que la Communauté urbaine de Montréal a, elle,
une Loi d'expropriation, qui est très large, d'ailleurs... Nous pouvons
choisir la Loi de la Communauté urbaine de Montréal. Nous pouvons
choisir la Loi de l'expropriation du ministère. Si nous choisissons la
Loi de l'expropriation du ministère, il y a une négociation qui
se fait de gré à gré, il y a une offre qui se fait
à l'intérieur de 90 jours. Si cette ofrre n'est pas
acceptée, l'expropriateur peut aller devant le tribunal. À ce
moment, il a le droit de prendre en main le service. Ces négociations
peuvent être assez longues. Alors, nous prévoyons les montants
d'argent. Il faut présenter la loi, et nous espérons qu'une fois
la loi présentée, nous allons aller aussi vite que possible.
M. Giasson: Ces derniers temps, le ministère, de concert
avec la communauté ou de son propre chef, n'avait-il pas un observateur
délégué auprès de Métropolitain Provincial?
Quel est l'ensemble du contenu du rapport que l'observateur
délégué a pu produire relativement aux méthodes de
fonctionnement et aux jeux qu'il pouvait y avoir à l'intérieur de
Métropolitain, compte tenu du fractionnement qui s'est produit en
1967?
M. Lessard: Étant donné que je devais quand
même payer les déficits de Métropolitain Provincial, je
pense qu'il était normal de nommer un observateur comptable pour
surveiller les dépenses de la compagnie et justifier, en fait, les
montants qui m'étaient réclamés par Métropolitain
Provincial. En même temps, j'ai mandaté M. Robert Jodoin pour me
préparer un rapport concernant l'avenir de Métropolitain
Provincial. Les recom-
mandations de ce rapport: D'abord on recommande l'expropriation et
l'intégration, en fait, de certains services de Métropolitain
Provincial à des commissions de transport existantes,
c'est-à-dire que globalement... Il y a plusieurs scénarios qui
peuvent être constitués, parce que vous savez que
Métropolitain Provincial couvre 52 municipalités, un territoire
qui est immense. On ne veut pas, avec les commissions de transport, couvrir et
agrandir le territoire de la commission de transport de la rive sud, à
un moment donné, et couvrir 52 municipalités. Donc,
l'expropriation se fait par la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal, parce qu'on a dit que c'est cet organisme qui a les
meilleurs instruments actuellement, à la fois ressources humaines et
ressources physiques, à un moment donné, pour faire
l'expropriation. Par la suite, la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal pourra conserver une partie du
service qui est actuellement sous la responsabilité de
Métropolitain Provincial, et dans certains secteurs, tels que, par
exemple... En fait, tout le secteur qui s'éloigne un peu de la rive sud
de Montréal pourrait se constituer, selon la loi 73, en corporation
intermunicipale des transports, et là, il y aurait des
négociations de gré à gré avec la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal pour le transfert
et l'achat des autobus. Il y a différents scénarios.
M. Chevrette: M. le ministre, durant le processus
d'expropriation, même si un groupement de municipalités demandait
de faire l'étude, en vertu de l'article 2 de la loi 73, pour la
création éventuelle d'une commission de transport sur la rive
nord, je pense bien que c'est la CTCUM qui devrait exploiter le réseau
jusqu'au moment où, légalement constituée, si vous donnez
votre assentiment, il pourrait y avoir des échanges entre la CTCUM et la
nouvelle corporation, si j'ai bien suivi le processus.
D'autre part, il y a quelque chose qui m'apparaît
inquiétant dans cela, ce sont tes bouts de lignes comme Joliette. Je me
fais le porte-parole de ma région. Joliette se voit traversée par
une ligne d'autobus; un transporteur part de Saint-Michel-des-Saints, qu'on
appelle Brandon Transport, qui passe à travers Joliette, possiblement
les autobus vides, pour aller à Montréal ou avec quelques
personnes. Il a le droit de prendre des passagers à
Notre-Dame-des-Prairies, mais il n'en a pas le droit à Joliette; c'est
Transport métropolitain qui vient chercher des passagers à
Joliette.
Est-ce qu'il sera possible, après l'expropriation, par une
requête auprès du ministère ou de la commission des
transports je ne sais pas comment cela fonctionne exactement de
voir à rediscuter le découpage des permis pour ne pas placer une
ville comme Joliette dans une situation de devoir payer une partie des
déficits à 50%, je crois alors qu'elle pourrait
s'arranger avec un réseau existant, sans qu'il en coûte un cent
qui s'autofinance? Est-ce que ce serait possible selon cette
éventualité?
Ce que je pose comme question, concrète- ment, c'est: Lorsque la
CTCUM aura négocié, si le maire Picard de Repentigny continue
à demander une étude pour créer une corporation
intermunicipale pour avoir sa commission de transport de la rive nord, est-ce
qu'il sera possible, pour une des municipalités, de faire une
intervention pour modifier éventuellement les circuits?
M. Lessard: Oui, une fois qu'on a exproprié, tout le
système des lignes peut être réorganisé et, à
la suite d'une étude de rentabilité, on prendra des
décisions concernant les circuits. Si, à Joliette, c'est plus
rentable de créer votre propre corporation municipale des transports, il
y aura possibilité de le faire. Il va y avoir un
réaménagement des lignes entre les corporations intermunicipales
des transports qui seront constituées et la Commission de transport de
la Communauté urbaine de Montréal. Cependant, il faut être
très conscient que le problème n'est pas aussi facilement
réglé. Tant que la ville décide de ne pas participer
jusqu'à un point limite, cela va bien, mais si certaines villes
décident de ne pas participer entre les points intermédiaires,
là, ça va plus mal. Alors, il va falloir prendre des
décisions.
M. Chevrette: J'ai pris la peine de vous dire: les bouts de
lignes. Bien sûr, si l'Assomption était au milieu de Joliette et
que Repentigny disait non, cela créerait un problème majeur.
Le Président (M. Dussault): Messieurs, nous sommes rendus
à la fin de nos travaux. Compte tenu que nous avons fait passablement le
tour du programme 1 et que les fonctionnaires concernés par ce programme
sont ici, ils ne seraient pas forcés de revenir... Peut-on adopter
immédiatement le programme 1?
M. Russell: M. le Président...
M. Samson: Non, on n'est pas encore au programme 1.
M. Russell: On y viendra..., mais il y aurait peut-être une
question, M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Je vous posais la question,
vous êtes les maîtres de la commission...
M. Grégoire: On n'a parlé que de Montréal
jusqu'à maintenant, il va aussi falloir parler des régions.
Le Président (M. Dussault): Nous considérons donc
que la commission met fin à ses travaux. Nous ajournons jusqu'à
mardi prochain, dix heures.
M. Russell: Je voudrais juste poser une question au ministre.
Lorsque nous siégerons mardi prochain, est-ce qu'il pourra, par
l'entremise des fonctionnaires, obtenir l'immobilisation totale du métro
de la commission métropolitaine de Montréal et quels sont les
montants qu'il projette d'investir cette année?
M. Lessard: ... millions.
M. Russell: $700 millions d'immobilisation?
M. Lessard: En tout cas, on vous donnera toutes ces informations
mardi.
(Fin de la séance à 13 heures)