Journal des débats (Hansard) of the Committee on Transportation and the Environment
Version préliminaire
42nd Legislature, 2nd Session
(October 19, 2021 au August 28, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Thursday, November 25, 2021
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Vol. 46 N° 4
Special consultations and public hearings on Bill 102, An Act mainly to reinforce the enforcement of environmental and dam safety legislation, to ensure the responsible management of pesticides and to implement certain measures of the 2030 Plan for a Green Economy concerning zero emission vehicles
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11 h (version non révisée)
(Onze heures dix-sept minutes)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission des transports et de
l'environnement ouverte. Je vous souhaite la bienvenue et je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder
aux consultations particulières et aux auditions publiques sur le projet de loi
n° 102, Loi visant principalement à renforcer l'application des lois en
matière d'environnement et de sécurité des barrages, à assurer une gestion
responsable des pesticides et à mettre en œuvre certaines mesures du Plan pour
une économie verte 2030 concernant les véhicules zéro émission.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. M. Fortin (Pontiac) est remplacé
par M. Benjamin (Viau); Mme Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue) est remplacée par M. Fontecilla (Laurier-Dorion);
et M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine) est remplacé par M. Gaudreault
(Jonquière)...
La Présidente (Mme
Grondin) : ...concernant les véhicules zéro émission.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. M. Fortin (Pontiac) est remplacé par M. Benjamin
(Viau); Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue) est remplacée
par M. Fontecilla (Laurier-Dorion); M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine) est
remplacé par M. Gaudreault (Jonquière).
La Présidente (Mme
Grondin) :Merci beaucoup. Je souhaite
donc la bienvenue aux représentantes du Commissaire au développement durable.
Bonjour, mesdames. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé après quoi nous allons procéder à la période d'échange avec les
membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à débuter
votre exposé.
Mme Lambert (Janique) : Mme la
Présidente, M. le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les
changements climatiques, Mmes MM. les membres de cette commission, c'est avec
plaisir que je participe aux consultations particulières et auditions publiques
concernant le projet de loi n° 102, et ce, d'autant plus qu'il s'agit
d'une première depuis mon entrée en fonction au titre de Commissaire au
développement durable. Mme Moïsette Fortin, directrice principale d'audit,
m'accompagne aujourd'hui.
J'ai pris connaissance du projet de loi,
et les commentaires que j'exprime aujourd'hui sont principalement motivés par
les différents travaux que nous avons réalisés au fil du temps. De manière
générale, le projet de loi présente des éléments pertinents aux fins de la
protection de l'environnement, notamment en introduisant des sanctions
administratives pécuniaires dans trois lois : la Loi sur les espèces
menacées et vulnérables, la Loi sur les pesticides et la Loi sur la sécurité
des barrages.
Le projet de loi prévoit également, dans
la loi édictée, que le ministre pourra désigner toute personne à titre
d'inspecteur ou d'enquêteur pour veiller à l'application de cette loi et des
autres lois concernées. Il sera alors essentiel que ces personnes aient
l'indépendance requise et que des mécanismes soient appliqués pour assurer
l'absence de conflits d'intérêts. Lors de travaux réalisés en 2017 sur la
réhabilitation des terrains contaminés, nous avons constaté que des experts
fournissaient des attestations... se trouvaient en conflit d'intérêts. De plus,
en mars 2021, au terme du suivi de l'application de nos recommandations à ce
sujet, le ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements
climatiques n'avait toujours pas appliqué notre recommandation visant le
respect de l'exigence relative à l'absence de conflit d'intérêts dans son
mécanisme d'attestation par les experts.
• (11 h 20) •
Par ailleurs, le projet de loi mentionne ce
qui suit : «Lorsqu'un manquement à une disposition de la présente loi ou
des lois concernées est constaté, un avis de non-conformité peut être notifié à
la personne en défaut afin de l'inciter à prendre sans délai les mesures
requises pour remédier au manquement.» Dans nos rapports d'audit sur les
répercussions des neiges usées sur l'environnement et sur la réhabilitation des
terrains contaminés, nous avons souligné l'importance de ces avis de
non-conformité. En effet, signifier les manquements au moyen de ces avis permet
au MELCC d'appliquer des mesures plus coercitives...
Mme Lambert (Janique) :
...répercussions des neiges usées sur l'environnement et sur la réhabilitation
des terrains contaminés, nous avons souligné l'importance de ces avis de
non-conformité.
En effet, signifier les manquements au
moyen de ces avis permet au MELCC d'appliquer des mesures plus coercitives si
ses exigences ne sont toujours pas respectées, en imposant, par exemple, des
sanctions administratives pécuniaires. L'avis de non-conformité permet
également au MELCC de démontrer l'importance qu'il accorde aux cas de non-conformité
à la réglementation. Ainsi, si le ministre désire rehausser les mesures
d'application des lois visées par le projet de loi, je réitère qu'il est
important d'assurer la notification des avis de non-conformité afin que les
contrevenants respectent la législation environnementale.
À l'égard de la Loi sur les pesticides,
j'accueille favorablement les modifications visant à donner un nouveau pouvoir
habilitant pour recourir à des instruments économiques dans le domaine des
pesticides. Cette modification rejoint deux des recommandations que nous avons
formulées en 2016 dans notre rapport sur les pesticides en milieu agricole.
Nous avions alors constaté que peu de mesures réglementaires étaient en place
pour réduire l'usage des pesticides en agriculture. Les modalités liées à ces
instruments économiques seront toutefois prévues par règlement. Considérant que
nos recommandations ont été formulées il y a un peu plus de cinq ans, je désire
souligner l'importance d'apporter tout de même rapidement les modifications
réglementaires nécessaires, puisqu'il peut prendre plusieurs années avant que
les résultats escomptés soient observés sur le terrain.
Soulignons, en terminant, que les
répercussions de l'utilisation des pesticides sur la qualité de l'environnement
sont importantes. Par exemple, le MELCC mentionne dans son rapport sur l'état
des ressources en eau et des écosystèmes aquatiques du Québec, publié en 2020,
que les rivières affichant une mauvaise qualité de l'eau sont influencées par
l'agriculture, notamment certaines cultures nécessitant de grandes quantités de
fertilisants et de pesticides.
Abordons maintenant les modifications
apportées à la Loi sur la sécurité des barrages. Le mauvais fonctionnement ou
la rupture d'un barrage est susceptible d'avoir des conséquences, parfois
majeures, sur les plans économique, environnemental et social. De surcroît, les
changements climatiques génèrent des modifications du régime hydrique, dont des
crues exceptionnelles, ce qui accentue l'importance d'un entretien adéquat des
barrages durant toute leur durée de vie. La Loi sur la sécurité des barrages
détermine les catégories de barrages en fonction de certaines caractéristiques.
Actuellement, le propriétaire d'un barrage dit «à forte contenance» est tenu,
notamment, de réaliser de la surveillance et de transmettre au ministère trois
documents, dont une étude d'évaluation de la sécurité réalisée par un
ingénieur.
Dans notre rapport d'audit sur la sécurité
des barrages, publié en 2015, nous mentionnons que le MELCC n'avait pas réussi
à assurer le respect de cette loi en matière d'évaluation de la sécurité des
barrages à forte contenance. De plus, il n'avait pas l'assurance que les
propriétaires respectaient leurs engagements par rapport aux correctifs à être
effectués. Le...
Mme Lambert (Janique) : …sur la
sécurité des barrages, publié en 2015, nous mentionnons que le MELCC n'avait
pas réussi à assurer le respect de cette loi en matière d'évaluation de la
sécurité des barrages à forte contenance. De plus, il n'avait pas l'assurance
que les propriétaires respectaient leur engagement par rapport aux correctifs à
être effectués. Le MELCC, dans son analyse d'impact réglementaire du projet de
loi, mentionne que les modifications proposées par le projet de loi visent à
moduler les exigences en fonction du risque. Toutefois, ces exigences ne sont
reflétées dans le projet de loi, mais seront définies par règlement. Par
exemple, l'analyse d'impact réglementaire du MELCC prévoit que l'étude
d'évaluation de la sécurité réalisée par une ingénieure ne sera plus requise
pour les barrages à forte contenance dont le niveau de conséquence d'une
rupture est minimal ou faible. Selon le ministère, 1 000 barrages
bénéficieront ainsi d'un allègement réglementaire.
Pour agir de façon préventive, il serait nécessaire
de prévoir l'information à obtenir sur ces 1 000 barrages afin que le
MELCC puisse avoir un portrait complet de l'état des barrages à forte
contenance. Par ailleurs, le projet de loi reclasse certains barrages de la
catégorie forte contenance à catégorie faible contenance. Ainsi, les exigences actuellement
en vigueur, relativement à la surveillance, ne s'appliqueraient plus à ces
barrages. En fait, le projet de loi vise à ce que tous les barrages soient désormais
maintenus dans un état de fonctionnement, tel qu'il ne soit pas susceptible de
compromettre la sécurité des personnes ou des biens. Cependant, le projet de
loi prévoit que les règles, quant au maintien des barrages dans un tel état,
pourront être établies par le gouvernement, par règlement, lesquelles sont
toujours reconnues.
Mon dernier commentaire a trait aux
modifications proposées à la Loi affirmant le caractère collectif des
ressources en eau et favorisant une meilleure gouvernance de l'eau et des
milieux associés, appelée la loi sur l'eau. D'abord, la gestion intégrée des
ressources en eau est reconnue depuis plus de 20 ans, comme étant la façon
durable et efficace de gérer les ressources en eau. Le Québec s'est engagé à
mettre en oeuvre ce mode de gestion avec la Politique nationale de l'eau en
2002, mode de gestion qui a été intégré dans la loi sur l'eau adoptée en 2009.
Comme nous l'avons mentionné dans notre rapport sur la conservation des
ressources en eau, publié en 2020, l'appui du milieu gouvernemental aux organismes
de bassin versant est essentiel pour assurer la mise en oeuvre de la gestion
intégrée des ressources en eau. Or, selon nos travaux, le MELCC et le ministère
des Affaires municipales et de l'Habitation n'appuient pas suffisamment ces
organismes.
Je suis inquiète de voir cet appui
s'essouffler davantage, puisque la description des utilisateurs et des divers
milieux intéressés de la zone de gestion intégrée, des organismes de bassin
versant, dont le milieu gouvernemental, est supprimée dans le projet de loi. Le
projet de loi précise également les mandats des organismes de bassin versant,
dont celui d'assurer la cohérence du plan directeur de l'eau, lequel consiste à
identifier les problématiques prioritaires des bassins versants. D'une part, je
m'interroge sur la cohérence recherchée par le projet de loi; d'autre part,
nous avons mentionné dans notre rapport que l'aménagement du territoire est
fondamental…
Mme Lambert (Janique) : ...des organismes
de bassin versant, dont celui d'assurer la cohérence du plan directeur de
l'eau, lequel consiste à identifier les problématiques prioritaires d'un bassin
versant.
D'une part, je m'interroge sur la
cohérence recherchée par le projet de loi. D'autre part, nous avons mentionné
dans notre rapport que l'aménagement du territoire est fondamental pour la
conservation des ressources en eau. D'ailleurs, la loi sur l'eau exige que le
milieu municipal prenne en considération les plans directeurs de l'eau dans
leurs schémas d'aménagement de développement. Or, puisque les organismes de
bassin versant n'ont pas autorité sur le milieu municipal, je m'interroge sur
la capacité de ces organismes à pouvoir assurer cette cohérence des plans
directeurs de l'eau.
En somme, je remarque que les modalités de
plusieurs modifications proposées dans le projet de loi n° 102
devront être fixées par règlement, et que les décisions à cet égard ne sont pas
soumises à la présente consultation. Comme l'avait dit mon prédécesseur, M.
Paul Lanoie, j'invite le gouvernement à faire preuve de prudence lorsque
viendra le temps de prendre ses décisions, la fonction première du ministre
étant d'assurer la protection de l'environnement.
Voilà l'essentiel de mes commentaires que
je voulais partager avec vous aujourd'hui. Je vous remercie de nous avoir
accueillis, et nous sommes prêts à répondre à vos questions dès maintenant.
Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) :Merci beaucoup, Mme Lambert,
Mme Fortin, pour votre exposé. Et nous allons maintenant commencer la période
d'échange avec la partie gouvernementale. Donc, M. le ministre, je vous cède la
parole, et vous avez une enveloppe de 16 minutes.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Pour ne pas être égoïste, c'est une enveloppe qui sera partagée avec
les collègues. Mme la commissaire, Mme Lambert, un plaisir de vous recevoir.
Mme Fortin également, un plaisir de vous recevoir. Merci pour votre éclairage.
Peut-être déjà des petites précisions, compte
tenu, là, des éléments que vous avez soulevés. C'est pour ça que j'ai échangé
avec mon collègue, pour être bien certain, là, de vous transmettre l'information
la plus complète possible. Vous avez évoqué un ancien rapport, justement, au
niveau du conflit d'intérêts potentiel au niveau de certains acteurs du ministère.
Juste vous rassurer, il y a des consultations qui se font présentement avec
différents ordres professionnels pour voir comment assurer qu'il n'y ait pas de
conflit d'intérêts, et comment corriger la situation. Donc, ce n'est pas dans
le projet de loi comme tel, mais ce sont des actions, là, qui se mènent actuellement.
Vous avez aussi parlé des organismes de
bassin versant. Est-ce que vous souhaiteriez qu'ils aient autorité sur le
milieu municipal? Est-ce que c'est ce que je dois déduire? Parce que vous
sembliez déplorer qu'ils n'aient pas autorité pour ce qui est de l'application
des... pour la mise en oeuvre des différents plans qu'ils mettent de l'avant. Est-ce
que c'est un souhait qui est le vôtre? Ou sinon, peut-être préciser votre souhait
ou votre intention à ce niveau-là?
• (11 h 30) •
Mme Lambert (Janique) : Dans
le fond, ce qui me préoccupe, c'est que, dans la loi actuelle... C'est bien
défini, hein? Dans le fond, je me référerais, là, au libellé de la loi
actuelle. On est clairs, dans le fond, au sujet de qui, quel acteur doit être
présent, dans le fond, doit...
11 h 30 (version non révisée)
M. Charette : …votre intention
à ce niveau-là.
Mme Lambert (Janique) : Dans
le fond, ce qui me préoccupe, c'est que dans la loi actuelle, c'est bien
défini, hein, dans le fond, je me référerais, là, au libellé de la loi
actuelle. On est clairs, dans le fond, au sujet de qui, quel acteur doit être
présent, dans le fond, doit participer à l'exercice, là, menant au plan
directeur de l'eau, qui est un exercice crucial, je dirais, dans la gestion
intégrée par bassin versant. C'est indiqué, dans le fond, qu'on parle du milieu
gouvernemental, on parle des autochtones, du milieu municipal, des gens du
milieu économique, environnemental, agricole, ça fait que, je trouve, c'est
clairement indiqué puis ça donne, selon moi, des franges, à savoir les
organismes de bassins versants, qui devrait être autour de la table pour
discuter des réels enjeux des bassins versants, dans le fond.
Présentement, dans le projet de loi, je
dirais que c'est vague ou ça manque vraiment de précision parce que, dans le
fond, le projet de loi, on indique que : Une table de concertation
représentative des utilisateurs intéressés et des milieux concernés. Ça fait
qu'en termes d'engagement, je dirais que c'est là. Je n'irais pas à dire que
est-ce que les organismes devraient avoir un pouvoir auprès des municipalités,
ce n'est pas là la problématique. La problématique, c'est davantage la
clarification qui est perdue maintenant au niveau des acteurs de l'eau, dans le
projet de loi actuel.
M. Charette : Peut-être une
mise en contexte. Avant-hier, on recevait les gens de la FQM, qui, eux,
souhaitaient, sans dire une prise de contrôle des organismes de bassins
versants, là, l'expression est peut-être un peu forte, mais certainement une
meilleure ascendance sur les organismes eux-mêmes. Mais on a reçu, hier, le
regroupement des organismes de bassins versants, et pour tout vous dire, le
libellé du projet de loi, on l'a travaillé avec eux. Hier, ils nous proposaient
encore de petites modifications, tout en réitérant qu'ils étaient très
confortables et surtout très heureux des avancées qui étaient contenues dans le
projet de loi n° 102. Donc, peut-être vous rassurer en vous disant
qu'eux-mêmes étaient rassurés par le libellé proposé, tout en nous suggérant
encore, là, de petites bonifications.
Donc, loin de nous, bien au contraire, là,
de s'éloigner du rôle crucial et de l'importance qu'ils ont à jouer au niveau
de la gestion intégrée de l'eau. Et peut-être réitérer qu'on vient tout juste,
ou récemment à tout le moins, de signer une nouvelle convention avec eux, qui
réitère aussi l'importance qu'ils ont. Donc, ce n'est pas du tout notre
intention, là, de minimiser leur importance, au contraire. Elle est reconnue.
Je me souviens, il y a quelques années,
sous l'excellente présidence du collègue de Jonquière à la CAP, votre
prédécesseur avait déposé un rapport assez important sur la gestion des
barrages. C'est un rapport qui a largement inspiré plusieurs volets du projet
de loi au niveau de la catégorisation, au niveau du régime de sanctions, au
niveau de la responsabilité.
Vous avez couvert certains aspects du
projet de loi, mais, sur, justement, le régime…
M. Charette : ...assez
important sur la gestion des barrages. C'est un rapport qui a largement inspiré
plusieurs volets du projet de loi au niveau de la catégorie, au niveau du
régime de sanctions, au niveau de la responsabilité. Vous avez couvert certains
aspects du projet de loi, mais sur, justement, le régime de sanctions qui est
proposé, vous... est-ce que vous reconnaissez, dans le rapport, qui a été
produit il y a quelques années maintenant... est-ce qu'on s'en va dans une
direction, là, qui vous semble la bonne de votre côté?
Mme Lambert (Janique) : Dans
le fond, au niveau du rapport qui a été... qu'on a... mon prédécesseur avait
déposé en 2015, je vous dirais, je ne sais pas si vous êtes au fait, on fait quand
même un suivi de façon annuelle, là, de l'état d'avancement des recommandations
qui sont émises par le commissaire ou par la Vérificatrice générale. Et, dans
ce sens-là, le dernier exercice démontrait, donc, que la majorité des
recommandations étaient, selon notre avis, soient appliqués ou soit avec un
progrès satisfaisant.
Si je reviens aux sanctions dont vous
faites part, c'est difficile pour... je trouve que... Oui, j'accueille favorablement
le fait d'inclure des sanctions. Est-ce que le montant, est-ce que... toutes
les particularités, je dois vous dire que je ne suis pas en mesure de vous dire
la suffisance, et tout. Mais, pour répondre à votre question plus spécifique,
oui, j'accueille favorablement qu'ils aient... qu'il y ait maintenant des sanctions
prévues.
M. Charette : Avant de
vous remercier, laisser la parole à mes collègues, vous avez insisté aussi sur l'importance
de la réglementation qui va découler, réglementation dont le détail ne peut pas
toujours être discuté au niveau de l'étude du projet de loi lui-même, parce que
c'est une réglementation qui doit d'abord s'appuyer sur une loi. Mais ce qu'on
s'est donné comme mot d'ordre, c'est d'élargir autant que possible ces
consultations-là. On aime même, avant de prépublier, y aller de tables de
cocréation pour être bien certains que ce qui est mis au jeu, dès le départ, a
une certaine valeur.
Donc, simplement vous rassurer, là, que
les exercices de préparation réglementaire sont aussi très rigoureux. Je vois
le temps filer tout juste derrière vous avec le cadran. Déjà, un gros merci
pour votre présence. Ce sont mes collègues qui pourront prendre la relève pour
le reste du temps. Merci.
La Présidente
(Mme Grondin) :Merci, M. le ministre.
Je cède donc maintenant la parole au député de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme
la Présidente. Mme Lambert, Mme Fortin, merci pour votre présentation.
Je remarque que vous avez touché l'ensemble du projet de loi, et non pas un
endroit spécifique. Je voudrais revenir sur l'aspect des OBV. Dans le cadre du
forum sur l'eau, qu'on a volontairement appelé le Forum d'action sur l'eau,
j'ai eu l'occasion de rencontrer 10 OBV sur 40, virtuellement, certains en
personne, mais la plupart, virtuellement. Puis ils sont très divers. En même
temps, leur but est le même, mais la façon de fonctionner est un peu... est
diverse, selon où ils sont. Alors, c'est là que je me pose la question... et je
ne suis pas contre le fait que, ce que vous dites, qu'on devrait...
M. Campeau : ...virtuellement,
puis ils sont très divers. En même temps, leur but est le même, mais la façon
de fonctionner est un peu diverse selon où ils sont. Alors, c'est là que je me
pose la question, et je ne suis pas contre le fait que... ce que vous dites,
qu'on devrait savoir qui devrait être impliqué dans l'élaboration d'un plan
directeur de l'eau. Mais si vous êtes à un endroit ou à un autre au Québec,
selon les plans d'eau, selon le fait qu'il y a une rivière, qu'il n'y a pas de
rivière, qu'il y a des lacs, une petite, grosse... les intervenants peuvent
varier. Et ça, je pense que c'est gardé... il n'y a peut-être pas de mal à
entourer qui devrait faire... qui devrait être consulté pour un PDE, mais il y
aurait toujours utilité de garder une certaine souplesse parce que, selon
l'endroit, si vous êtes en Abitibi, bien, il va y avoir plus de problèmes avec
les fosses septiques que si vous êtes à Montréal. Alors, peut-être que les
intervenants ne seront pas les mêmes, par exemple. Les problèmes des petites
municipalités qui ont peu d'expertise ne seront pas les mêmes.
Donc, je pense que ceci, c'est un aspect
important. Je ne sais pas si vous êtes d'accord avec ça, de garder cette
flexibilité-là par rapport à ça.
Mme Lambert (Janique) : Je
vous dirais que le projet... en tout cas, à mon avis, le projet de loi actuel,
bien que les attentes envers les acteurs qui devraient prendre part à
l'élaboration du PDE... je ne crois pas que ça enlève la flexibilité au niveau
des OBV. Je vous donnerais un exemple : Lorsque nous avons effectué nos
travaux, qui ont mené au dernier rapport, là, sur les ressources en eau, on a
fait également des sondages au niveau des OBV pour leur demander, dans le fond,
qui faisait partie... qui assistait aux rencontres, tout en considérant, dans
le fond, notamment, les représentants du ministère de l'Environnement, le
MELCC. Et pour la majorité, ils auraient aimé, dans le fond, que ceux-ci soient
présents plus fréquemment à leur table parce qu'eux considèrent que ce sont des
acteurs importants, et ce n'était pas le cas.
Puis je vous dirais, souvent, ça peut être
le ministère des Transports... de par ses actions, sa mission, a un impact, je
dirais, au niveau de la... puis vous avez raison, hein, dans le fond, d'un
bassin versant à un autre, au Québec, les enjeux peuvent être complètement
différents, Nord, Sud et tout. Mais n'empêche que d'avoir un représentant d'un
ministère, du ministère de l'Environnement, tout ça, fait en sorte que tout ce
qui se discute autour, c'est de l'information qui peut être ramenée aussi à
l'intérieur du ministère puis aider dans l'exercice de la mission.
Ça fait que, globalement, je réitère que
ce serait important... parce que, vous savez, ce qui est dans la loi reste,
hein? Ça fait que ce n'est pas comme un changement réglementaire. Je considère
important, pour cet enjeu qui est... en tout cas, que je trouve vraiment
important, qu'il y aurait une clarification concernant les personnes
concernées, les acteurs...
Mme Lambert (Janique) : …ce
serait important parce que, vous savez, ce qui est dans la loi reste, hein? Ça
fait que ce n'est pas comme un changement réglementaire. Je considère important
pour cet enjeu qui est… en tout cas, que je trouve vraiment important, qu'il y
aurait une clarification concernant les personnes concernées, les acteurs de
l'eau.
• (11 h 40) •
M. Campeau : Je partage
votre intérêt pour les OBV. C'est probablement la raison pour laquelle j'ai
tenu à en rencontrer une dizaine pour avoir un bon échantillon, puis je pense
que, comme acteurs locaux, ils sont importants. Et si je prends l'exemple –
j'en prends un au hasard – de la Beauce, ils ont tellement eu de problèmes
d'inondation qu'autour de la table le monde municipal était très présent.
C'était… Il y avait une raison absolument urgente d'y être, alors que, dans
d'autres cas, bien, des fois, ils sont pris entre différentes choses à faire.
Mais ce qui ne veut pas dire qu'ils ne devraient pas être là. Mais ce qu'on a beaucoup
discuté, c'est que le PDE soit présenté d'une façon claire, pas faite juste
pour des initiés, et qu'il corresponde aux besoins du monde municipal. Et même
on a un peu renversé la question en se demandant : Le monde municipal
devrait nous dire de quoi ils ont besoin, un peu à l'inverse, pour que ça soit
utile dans un schéma d'aménagement. Alors, là-dessus, je voulais insister par
rapport à ça.
L'autre chose, vous parlez des règlements
ou des lois par rapport aux barrages. Je comprends qu'on aime souvent plus
avoir des choses dans les lois parce qu'on dit : Ça va rester. En même
temps, on perd de l'agilité. Alors, j'ai l'impression qu'il y a une situation
tellement évolutive au niveau des changements climatiques que garder un certain
aspect agile au niveau des barrages pourrait être utile. Est-ce que vous êtes
d'accord avec ça? Est-ce que vous êtes mal à l'aise avec ça?
Mme Lambert (Janique) :
Bien, je suis d'accord que tout ne peut être prévu dans la loi puis je suis
d'accord avec vous qu'il y a une certaine agilité. La difficulté, dans le cours
de cette commission, c'est que, lorsqu'il y a plusieurs éléments importants qui
sont prévus par voie de réglementation, bien, pour moi, c'est difficile de me
prononcer, finalement, sur l'impact, la suffisance et tout. Mais c'était plus
mon intervention de dire : Vu qu'il y a plusieurs éléments de… qui sont
prévus par voie réglementaire, bien, c'est difficile ici, dans cette
commission-là, de se positionner clairement sur la suffisance des actions
prises ou de l'esprit du législateur.
M. Campeau : D'accord. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Donc, je vais céder la parole à la députée
de Laviolette—Saint-Maurice. Mme la députée, il reste 3 minutes.
Mme Tardif : Merci, Mme la
Présidente. Merci, mesdames, d'être ici aujourd'hui. Je vais enlever mon
masque. J'embue mes lunettes moi-même. Merci d'avoir pris le temps, là, de
faire cette analyse-là, qui est quand même assez exhaustive, on le sait, de
vous être déplacées et de venir nous adresser ces différentes réalités,
problématiques. Parce que je trouve… j'ai trouvé très intéressant de lire votre
rapport et de vous écouter…
Mme Tardif : …je vais enlever
mes lunettes moi-même. Merci d'avoir pris le temps, là, de faire cette
analyse-là qui est quand même assez exhaustive, on le sait, de vous êtes
déplacées et de venir nous adresser ces différentes réalités, problématiques. Parce
que je trouve… j'ai trouvé très intéressant de lire votre rapport et de vous
écouter parce que vous soulevez des points concrets, vous soulevez des points
sur lesquels on doit encore travailler et vous soulevez aussi… Et je crois que
je retiens la pertinence tout de même de ce projet de loi là. Vous avez adressé
l'étude d'évaluation de la sécurité des barrages, vous avez parlé, entre autres,
des organismes de bassins versants, des avis de non-conformité, des conflits
d'intérêts, tous des points qui sont hautement importants et sur lesquels on
doit se pencher et encore travailler.
Vous nous dites… pour les OBNL, par
rapport aux municipalités, je trouve ça très intéressant, mais je voudrais vous
entendre par rapport… Comment vous pensez qu'on devrait mieux libeller ou qu'est-ce
qu'on devrait inclure pour ne pas froisser les municipalités? Mais comment on
pourrait donner plus de pouvoir aux OBNL, aux organismes des bassins versants
pour qu'ils travaillent mieux justement avec les municipalités?
Mme Lambert (Janique) : Dans
le fond, c'est… Depuis tantôt, vous parlez territoire, de l'aménagement… dans
le schéma d'aménagement, puis je suis 100 % d'accord avec vous.
D'ailleurs, on parle du dernier rapport que mon prédécesseur avait publié sur
les ressources en eau, mais il faut se rappeler qu'en 2013 également, et j'ai
pris part à ce rapport-là, il y avait notamment un chapitre sur la gouvernance
de l'eau. Dans le fond, la gouvernance de l'eau est vraiment importante. Bien
déterminer les rôles de tous et chacun. Puis ce qui est important, vous l'avez
évoqué tantôt, les territoires sont différents au Québec. Hein, on a des
réalités différentes. Puis ce qu'on avait dénoté autant en 2013 qu'en 2021,
c'est toute la difficulté… dans le fond, la prise en compte des PDE dans les schémas
d'aménagement, donc dans les documents de planification du territoire. S'il y a
un risque, s'il y a un enjeu, il est là. Comment donner plus de… Est-ce qu'il
faut donner plus de pouvoir aux OBV? Mais il y a multiple… Je pense qu'il y a…
Je vous laisserais… dans le fond, de définir le mécanisme judicieux, nécessaire
pour qu'en plus d'avoir un bon plan, un bon PDE, dans le fond, là… Mais ce qui
est très important, c'est que ce plan, ce PDE soit pris en compte dans la
planification de l'aménagement du territoire. Je dirais qu'il est là, là,
l'enjeu, là, spécifique. Puis pourquoi je vous parle de 2013? Bien, c'était un
enjeu qu'on avait ressorti dans notre rapport, un enjeu que nous avons répété
dans le dernier rapport. Et je dirais…
Mme Lambert (Janique) : …soit
pris en compte dans la planification de l'aménagement du territoire. Je dirais
qu'il est là, là, l'enjeu, là, spécifique. Puis pourquoi je vous parle de 2013?
Bien, c'était un enjeu qu'on avait ressorti… un enjeu que nous avons répété
dans le dernier rapport. Et je dirais que c'est pour ça que je me permets de
vous réitérer cet enjeu-là.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci beaucoup, madame. Je dois vous
interrompre parce que nous poursuivons les échanges avec l'opposition
officielle. Donc, je cède maintenant la parole au député de Viau. Mon cher
collègue, la parole est à vous.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente
(Mme Grondin) : Vous avez un bloc de 11 minutes.
M. Benjamin : Merci.
Merci, Mme la Présidente, donc. Merci, Mme la commissaire pour votre
présentation, donc, que j'ai écoutée avec beaucoup d'attention. Vous avez
évoqué les difficultés que vous avez à pouvoir bien saisir les portées de ce
projet de loi, notamment en raison de l'outrance des règlements, du pouvoir de
réglementation que le ministre, que le gouvernement s'est donné. Bien, ce sont
des difficultés que nous partageons aussi, nous, ici, du côté de l'opposition.
Parce qu'effectivement, donc, le gouvernement s'est donné une… c'est presque
une habitude, de grandes marges de manoeuvre en se dotant de pouvoirs de
réglementation que je qualifie… que j'ose qualifier d'outrancier, et en ce sens
des projets de loi qui ne disent pas beaucoup.
Mais tout compte fait votre présentation
nécessite quelques questions de ma part, donc, sur… J'aimerais vous entendre…
Dans votre présentation, vous parlez de l'importance des avis de
non-conformité. J'aimerais vous entendre sur l'importance de ces avis de
non-conformité là.
Mme Lambert (Janique) :
En fait, pourquoi qu'on a sorti ça comme enjeu, je vous dirais. Premièrement,
vous savez, dans le fond, le ministère… Vous savez très bien que le ministère
de… le MELCC est là pour faire respecter la réglementation environnementale.
C'est donc important lorsqu'il y a une constatation sur le terrain d'une
non-conformité, donc, qu'il y ait un avis de non-conformité qui soit émis.
Pourquoi? Premièrement, pour démontrer,
dans le fond, tout… démontrer l'intérêt, l'obligation du retour à la
conformité. Deuxièmement, également si jamais il n'y a pas retour à la
conformité, mais d'avoir la possibilité d'aller vers des moyens un peu plus
coercitifs tels une…
D'autant plus, dans un contexte où le
ministre pourra faire affaire, donner, dans le fond, faire affaire avec, je
vous dirais, l'externe du ministère du MELCC afin d'avoir... pour les
inspections, notamment. C'est d'autant plus important que le «peut», là, je me dis,
ça nous…
Mme Lambert (Janique) :
...dans le fond, faire affaire avec, je vous dirais, l'externe du ministère du
MELCC afin d'avoir... pour les inspections, notamment. C'est d'autant plus important
que le «peut», là, je me dis, ça nous inquiétait un peu de voir le «peut donner
un avis de non-conformité». Ça fait que c'est très important de mettre des
balises qui sont claires pour faire en sorte que le retour à la conformité soit
présent.
M. Benjamin : Merci.
Donc, vous avez insisté, et je dois vous dire que vous n'êtes pas la seule à
avoir insisté là-dessus, avec raison d'ailleurs, sur l'importance de
l'indépendance des inspecteurs. Et, là-dessus, le projet de loi ne semble pas
traduire l'intention du législateur, le ministre a déjà dit qu'il corrigerait
le tout. Mais je pense que c'était important de l'avoir souligné.
J'aimerais aller avec vous sur l'enjeu des
pesticides. Vous avez noté, avec raison, et puis je suis vraiment parfaitement d'accord
avec vous, quand vous parlez des répercussions de l'utilisation des pesticides
sur la qualité de l'environnement qui sont importantes, c'est vrai. Et vous
avez aussi évoqué plusieurs recommandations que vous avez faites par le passé.
Cette semaine, en consultations
particulières, nous avons reçu, entre autres, l'UPA, L'Union des producteurs
agricoles. Ce que je semblais percevoir, je semblais percevoir une certaine
ouverture à vouloir travailler sur la réduction des pesticides. Mais, en même
temps, ce que j'entendais venant des représentants de l'UPA, c'est la nécessité
d'avoir plus de soutien, donc afin de pouvoir, justement, atteindre ces
objectifs-là. Notamment, je pense que, dans le mémoire de l'UPA, ils faisaient
référence aux montants, aux sommes accordées aux agriculteurs dans le reste de
l'Amérique et aussi en Europe.
Est-ce que vous avez déjà fait une
réflexion ou, du moins, des recherches, des données sur le soutien apporté à
nos agriculteurs afin de leur permettre, justement, de travailler dans le sens
de la réduction des pesticides?
• (11 h 50) •
Mme Lambert (Janique) :
On n'a jamais... Aucun de nos rapports antérieurs, je vous dirais, de nos
audits antérieurs n'a fait l'objet de ça. Je vous dirais, mettons, à quelques
reprises, mettons, un des premiers rapports du commissaire qui avait été fait,
c'était sur la production agricole du Québec. Il y avait plusieurs éléments qui
avaient été soulevés, à l'époque, là, sur l'agroenvironnement, et tout, et
toute cette problématique-là. Le dernier rapport sur les pesticides en milieu
agricole, on a soulevé certaines problématiques. On a émis plusieurs recommandations
au MELCC, au MAPAQ et certaines conjointes. Puis ce que je saluais, dans le
fond, c'est de donner au moins la possibilité d'avoir recours à des outils économiques.
Puis c'était une de nos recommandations qu'on demandait... dans le fond, qui
s'adressait au MAPAQ, mais en collaboration avec le MELCC et ses partenaires,
de mettre en place un mécanisme basé sur l'écoconditionnalité avec de favoriser
l'usage responsable des pesticides. Ça fait que c'est le lien...
Mme Lambert (Janique) : ...des
outils économiques. Puis c'était une de nos recommandations que si... qu'on
demandait, dans le fond, qui s'adressait au MAPAQ, mais en collaboration avec
le MELCC et ses partenaires, de mettre en place un mécanisme basé sur
l'écoconditionnalité afin de favoriser l'usage responsable des pesticides. Ça
fait que c'est le lien avec cette recommandation-là, là, que je soulignais dans
mon allocution.
M. Benjamin : Concernant
l'appui que vous jugez insuffisant accordé aux organismes sur les bassins
versants, effectivement, donc, j'aimerais aussi vous entendre sur cet enjeu-là.
Mme Lambert (Janique) : Mon
allocution, bien, n'est pas en lien avec l'appui insuffisant. C'était vraiment
deux aspects dans le projet de loi. Il y avait, comme je le disais
précédemment, une clarification au niveau des acteurs de l'eau, je dirais, qui
était plus présente. Puis l'autre élément qui m'a préoccupé, qui me préoccupe,
c'était tout l'aspect de la cohérence, demander aux OBV d'assurer la cohérence,
notamment en faisant sa promotion et en mobilisant les acteurs de l'eau. Je me
posais la question : Quelle est la cohérence? Qu'est-ce qu'on veut, dans
le fond? Qu'est-ce qu'on demande aux OBV? Parce que d'assurer la cohérence me
semble beaucoup, surtout sur un territoire où il peut y avoir plusieurs
acteurs, comme on l'a dit tantôt, avec plusieurs enjeux. Puis... Ça fait que
c'était les deux aspects, là, qui me préoccupaient à l'égard des changements
suggérés dans ce projet de loi.
M. Benjamin : Je suis d'accord
avec vous, et je vais revenir sur l'enjeu de la cohérence, mais, en fait, dans
votre présentation, en fait, je lis : «Selon nos travaux, le ministère de
l'Environnement, de Lutte contre les changements climatiques et le ministère
des Affaires municipales et de l'Habitation n'appuient pas suffisamment ces
organismes.» Donc, voilà. Donc, alors à quel genre d'appui faites-vous
référence à ce moment-là?
Mme Lambert (Janique) : Ça,
c'est dans nos travaux d'audit, là. Dans le fond, ce qu'on ressortait, c'est
qu'il y avait un manque d'appui des OBV. Puis là ce qu'on voit, comme je
disais, on a détecté ça dans nos travaux d'audit, puis là, ce qu'on voit, c'est
que dans le projet de loi le gouvernement n'est plus mentionné. Dans le fond,
le ministère et tout n'est plus mentionné comme acteur de l'eau devant faire
partie d'une OBV ou d'une table de concertation.
M. Benjamin : La Loi sur
l'eau, donc on va rester encore quelques secondes là-dessus. Il me reste
combien de temps?
La Présidente (Mme
Grondin) : Trois minutes.
M. Benjamin : Écoutez, je vais
aller à une autre question de préférence. Si j'ai le temps, j'y reviendrai.
Justement, sur la cohérence, justement, sur la cohérence par rapport à l'appui
donné aux organismes de bassin versant. Comment faire en sorte qu'il y ait une
meilleure cohérence entre, par exemple, tous les travaux de planification,
schémas d'aménagement avec les municipalités? Comment ça s'assurer de cette
cohérence-là?
Mme Lambert (Janique) : Bien,
en fait, c'est ma grande préoccupation...
M. Benjamin : …sur la cohérence
par rapport à l'appui donné aux organismes de bassin versant. Comment faire en
sorte qu'il y ait une meilleure cohérence entre, par exemple, tous les travaux
de planification, schémas d'aménagement avec les municipalités? Comment ça
s'assurer de cette cohérence-là?
Mme Lambert (Janique) : Bien,
en fait, c'est ma grande préoccupation, finalement. C'est lorsqu'on met dans un
projet de loi, qu'on demande aux OBV de s'assurer de la cohérence en faisant la
promotion, en mobilisant les utilisateurs de l'eau et du territoire, c'est là
la grande préoccupation. Lorsqu'on voit, dans notre mandat qu'on a fait, la
difficulté, justement, toute la difficulté de la prise en compte des plans
directeurs de l'eau dans les outils de planification de l'aménagement du
territoire. Ça fait que c'est la précision, dans le fond, c'est un peu
l'incompréhension qu'on a, dans le fond, quel est l'esprit du législateur à cet
égard-là.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Il vous reste 1 min 30 s.
M. Benjamin : C'est parfait.
Alors, sur l'enjeu des inspecteurs et de l'indépendance des inspecteurs, et
l'indépendance des enquêteurs, sur cet enjeu-là, je sais qu'il y aura sûrement
des amendements apportés par le ministre, mais j'aimerais vous entendre sur l'importance
de cet enjeu-là aussi.
Mme Lambert (Janique) : Vous
savez, on l'a noté, lors du rapport qu'on a fait, là, sur la réhabilitation des
terrains contaminés, qui, dans le fond… Une personne, un spécialiste, dans le
fond, pouvait attester un travail qu'il avait fait, qu'il avait réalisé. Puis
cette problématique-là, on l'a vue dans plusieurs rapports, on l'a vue notamment
aux Transports, à multiples reprises. Ça fait que c'est de dire… On amène à la
prudence, dans le fond. On est toujours mieux de le réfléchir en amont que
devoir corriger la situation lorsque ça arrive. Puis ce qu'on avait vu, au
niveau de la réhabilitation des terrains contaminés, c'est que, bien que
c'était prévu, là, c'était prévu qu'il n'y ait pas de conflit d'intérêts… mais
l'application sur le terrain était, je dirais, dans le trois quarts de nos
dossiers audités, elle n'avait pas été faite. C'est ce qui fait que, pour la majorité
des dossiers qu'on avait audités, il y avait présence de conflit d'intérêts. Ça
fait que c'est toute cette notion de prudence. Des fois, ça peut être prévu,
mais, après ça, il faut aller jusqu'à l'application sur le terrain, dans les
différentes directions régionales.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme Lambert, M. le député de Viau. Nous
poursuivons les échanges avec le deuxième groupe d'opposition, et je cède maintenant
la parole au député de Laurier-Dorion. M. le député, vous avez une grosse enveloppe
de 2 min 45 s.
M. Fontecilla : On va essayer
d'en faire un bon usage. Bonjour, Mme la commissaire, Mme Fortin, merci
beaucoup d'être ici avec nous. Écoutez, j'aimerais continuer sur la notion de conflit
d'intérêts. Vous avez donné quelques exemples, en fait au pluriel, ça se
multiplie. Donc, il y a là vraiment une problématique. Pourriez-vous nous
renseigner sur…
M. Fontecilla :
...bonjour, Mme la commissaire, Mme Fortin. Merci beaucoup d'être ici avec
nous. Écoutez, j'aimerais continuer sur la notion de conflit d'intérêts. Et
vous avez donné quelques exemples, en fait au pluriel, ça se multiplie. Donc,
il y a là vraiment une problématique. Et pourriez-vous nous renseigner sur ce
que vous pourriez avancer comme piste de solution pour... au-delà de nous
sensibiliser sur cette problématique-là, mais qu'est-ce qui pourrait être
inclus dans le projet de loi ou des moyens concrets pour éviter un conflit
d'intérêts, par exemple, qu'un inspecteur ne se prononce pas sur une... qu'il
réalise lui-même ou d'autres mesures? Est-ce que vous pourriez nous fournir des
pistes d'action, là?
Mme Fortin (Moïsette) :
Il est certain que le Vérificateur général habituellement, hein, on dit :
On ne va pas dans les moyens, hein, on ne donne pas la façon de procéder qui, ultérieurement,
on pourrait arriver avec nos travaux d'audit pour vérifier finalement ce qui
est mis en place. Ce qu'on dit, on met en lumière un risque, un risque. Donc,
je laisse le soin, là, dans le fond, à les personnes du tour de la table, là,
de trouver des solutions, là, afin que ça soit... que ce risque-là soit géré en
amont plutôt qu'en aval.
M. Fontecilla : Et quand
vous dites qu'il y a un risque, pouvez-vous nous apporter des exemples? Ça va au-delà
du risque. On constate qu'il y a des conflits d'intérêts. Donc, c'est une situation
qui est préoccupante, qui existe. Ce n'est pas seulement peut-être que ça
pourrait se produire, là. Ça se produit, là, en ce moment, là, si je comprends
votre propos.
Mme Fortin (Moïsette) :
Bien, ça s'est produit parce que, dans le fond, c'est lié à des rapports
d'audit que l'on a fait précédemment. C'est des... je vais y aller en termes
vérificateur, c'est des lacunes que nous avions identifiées, là. Ce qui est
important, c'est d'avoir des balises, je dirais. C'est de dire d'avoir... de
réfléchir à cette situation-là, mettre les balises afin de minimiser les
risques puis, par la suite, prévoir l'application sur le terrain. Dans le fond,
c'est de dire : Il y a des balises, puis comment elles seront appliquées
pour avoir la rigueur nécessaire pour que cette situation-là ne se produise
pas, là.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, en terminant, M. le député, vous
avez 30 secondes.
M. Fontecilla :
30 secondes, ouf! Et est-ce que vous pensez que le projet de loi devrait
stipuler une date limite pour un règlement concernant les pesticides?
Mme Fortin (Moïsette) :
Pour moi, c'est difficile de me prononcer à cet égard en toute transparence et
honnêteté, là. Je vous laisserais voir. Ce que je disais dans le fond c'est que
la réglementation ne devrait pas tarder parce que les effets escomptés dans les
cours d'eau, ça prend un certain temps. Ça fait que c'était une préoccupation
que j'amenais aujourd'hui.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci beaucoup. Merci, Mme Lambert,
Mme Fortin. Nous amorçons ou nous finalisons notre période d'échange avec
le troisième groupe d'opposition. Et donc je cède maintenant la parole au
député de Jonquière. Vous avez aussi une grosse environ de
2 min 45 s.
M. Gaudreault : Merci,
Mme la Présidente. D'abord, félicitations pour votre nomination, première femme
à l'institution du... de la Commissaire maintenant au développement durable.
Alors, félicitations!
Moi, je voulais vous entendre davantage...
12 h (version non révisée)
La Présidente (Mme
Grondin) : …je cède maintenant la parole au député de Jonquière.
Vous avez aussi une grosse enveloppe de 2 min 45 s.
M. Gaudreault : Merci, Mme la Présidente.
D'abord, félicitations pour votre nomination. Première femme à l'institution de
«la» commissaire, maintenant, au développement durable. Alors, félicitations!
Moi, je voulais
vous entendre davantage sur la question des barrages. C'est extrêmement préoccupant,
là, le nombre de barrages, puis, en plus, avec les changements climatiques, les
risques d'inondation, etc. Vous dites que, bon, globalement, à la suite de
votre rapport de 2015, il y a eu beaucoup d'avancées, de choses qui sont réglées,
sinon des avancées satisfaisantes. Et vous nous dites, quand même, dans votre
mémoire, qu'«il serait nécessaire de prévoir l'information à obtenir sur ces
1 000 barrages», avant, là, de procéder aux changements qui sont proposés
dans la loi. Pouvez-vous nous en dire un petit peu plus sur cette question
d'obtenir en amont — c'est le cas de le dire, quand on parle de
barrages — les infos sur les 1 000 barrages? Quelles infos?
Comment vous voyez ça?
Mme Lambert
(Janique) : En fait, lorsqu'on fait une gestion de risques… Dans le
fond, on n'est pas contre la gestion de risques, au contraire. Par contre, pour
faire une saine gestion de risques, pour être en mesure de bien cibler nos
interventions, il faut qu'on ait une information complète pour être en mesure
d'évaluer le risque approprié à chacun des barrages. Et c'est notre
préoccupation. En fait, ces barrages-là, dans le fond, qui ne seront plus tenus
de produire des rapports de sécurité… bonne terminologie, là, on a peur, on a
une inquiétude à l'effet que le ministère perdrait de l'information qui
pourrait, ultérieurement, lui permettre d'intervenir à la bonne place au bon
moment. D'autant plus avec les changements climatiques, les risques sont
d'autant plus grands, là, que cette connaissance-là, là…
M.
Gaudreault : Donc, ce que vous dites, au fond, c'est d'avoir comme un
portrait à jour de toutes ces infrastructures, mettre ça à quelque part dans le
système informatique qui n'écrasera pas l'information au fur et à mesure et
être capable de le garder pour y référer si jamais il y a des bogues avec
l'infrastructure en question.
Mme Lambert
(Janique) : C'est ça, oui.
M.
Gaudreault : O.K. Est-ce qu'il me reste du temps?
La
Présidente (Mme Grondin) : Il vous reste 30 secondes.
M.
Gaudreault : O.K. Loi ou règlement? C'est la question. Être ou ne pas
être, là. Alors, vous, vous êtes davantage pour qu'on passe par des lois quand
on fait des réformes?
Mme Lambert
(Janique) : Dans le fond, ce que je dis, c'est qu'on ne va pas tout
prévoir dans une loi, sauf que… Puis ce qui est difficile… Est-ce que la loi
pourrait être plus claire à certains égards? Sûrement. Mais c'est illusoire de
tout prévoir dans une loi, là. Ce qui est difficile, c'est qu'il y a beaucoup
de mesures qui seront déterminées par règlement, et, aujourd'hui, je ne me
positionner sur ce qui n'est pas connu.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci beaucoup. Merci, Mme Lambert. À
mon tour de vous féliciter pour votre nomination. Et., Mme Fortin, merci
beaucoup. Donc, la commission suspend ses travaux jusqu'à 14 heures…
Mme Lambert (Janique) : …aujourd'hui,
je ne peux me positionner sur ce qui n'est pas connu.
La Présidente (Mme
Grondin) :Merci beaucoup. Merci, Mme
Lambert. À mon tour de vous féliciter pour votre nomination.
Mme Lambert (Janique) : Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Et Mme Fortin, merci beaucoup.
Donc, la commission suspend ses travaux
jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 3)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 4)
La Présidente (Mme Grondin) :
Donc, à l'ordre, s'il vous plaît. La Commission des transports et de
l'environnement reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la
salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 102, Loi
visant principalement à renforcer l'application des lois en matière
d'environnement et de sécurité des barrages, à assurer une gestion responsable
des pesticides et à mettre en oeuvre certaines mesures du Plan pour une
économie verte 2030 concernant les véhicules zéro émission.
J'ai besoin de deux consentements avant de
débuter cet échange. Donc, je vous demande s'il y a consentement pour permettre
au député de Jean-Lesage — bonjour, cher collègue — de
remplacer la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue pour la deuxième partie de
cette séance. Il y a consentement. Merci. L'autre consentement, en fait, c'est
pour aller au-delà de l'heure prévue. Donc, nous sommes en retard de cinq
minutes. Donc, y a-t-il consentement pour aller au-delà?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Grondin) :
Merci beaucoup. Donc, je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Ordre des
chimistes du Québec. Bonjour, messieurs. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé. Par la suite, nous allons amorcer la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter et à débuter votre exposé.
M. Alsayegh (Michel) :
Merci, Mme la Présidente. Mon nom est Michel Alsayegh. Je suis chimiste,
président de l'Ordre des chimistes. Et je suis accompagné de M. Patrick
Paquette, directeur général et secrétaire de l'ordre. L'ordre des...
La Présidente
(Mme Grondin) : ...je vous invite donc à vous présenter et
à débuter votre exposé.
M. Alsayegh (Michel) :
Mon nom est Michel Alsayegh... Merci, Mme la Présidente. Mon nom est Michel
Alsayegh, je suis chimiste, président de l'Ordre des chimistes, et je suis
accompagné de M. Patrick Paquette, directeur général et secrétaire de
l'Ordre.
L'Ordre des chimistes compte près de
3 000 membres œuvrant dans des secteurs aussi variés que la santé,
l'environnement, le judiciaire, l'alimentaire ou la recherche. Notre mission
est d'assurer la protection du public en matière d'exercice de la chimie, qui
est omniprésente dans la vie des Québécois. Notre ordre fait partie des
premières organisations professionnelles encadrées par l'adoption du Code des
professions, en 1973.
En premier lieu, nous tenons à saluer la
volonté du gouvernement de réformer la législation en vue de maximiser la
protection de l'environnement, par le biais d'une actualisation des
dispositions applicables en la matière. Nous tenons également à remercier les
membres de la Commission des transports et de l'environnement, ainsi que les
membres du gouvernement, de nous permettre de présenter nos observations et
recommandations en regard du projet de loi n° 102. Le projet de loi nous
interpelle directement, dans la mesure où il vient moderniser une multitude de
dispositions législatives en matière d'environnement, un domaine dans lequel
les chimistes constituent des références incontournables en sa qualité
d'experts des molécules et de leurs diverses applications. Nous adhérons
pleinement à l'objectif de la réforme envisagée par le projet de loi, soit la
protection de l'environnement et de la santé humaine. Les enjeux qui attirent
particulièrement notre attention sont ceux qui touchent aux pesticides ainsi
que ceux relatifs aux véhicules à zéro émission.
Dans un premier temps, nous souscrivons
pleinement à la proposition d'ajouter, aux articles 54 et 55 de la Loi sur
les pesticides, la possibilité pour le ministre d'exiger la réussite d'une
formation comme condition de délivrance d'un certificat. Cela dit, nous recommandons
au législateur d'aller plus loin, en intégrant l'exigence prévue par la norme
pour l'éducation et la formation à la certification en matière de pesticides au
Canada d'obtenir un nombre minimal de crédits de formation continue tous les
cinq ans, afin d'assurer une actualisation régulière des connaissances.
Nous estimons également que les exigences
proposées en matière de formation soient étendues à tout employé qui sera
amené, dans le cadre de ses fonctions, à manipuler et à disposer de pesticides,
et ce, même sous la surveillance d'une personne titulaire d'un certificat. À
cet égard, nous réitérons notre souhait d'élaborer, en collaboration avec
l'Ordre des agronomes, des formations visant la consolidation des compétences
relativement à la manipulation des pesticides dans le contexte agricole du Québec.
Dans le même ordre d'idées, nous recommandons que les chimistes et des
agronomes ayant des connaissances solides en manière environnementale soient
mis à disposition des exploitants agricoles en tant que consultants.
Aussi, nous adhérons pleinement à la
volonté du législateur de prévoir des moyens dissuasifs en vue de réduire les
transgressions à la législation et la réglementation applicables aux pesticides
par le biais de l'intégration d'un régime de sanctions administratives
pécuniaires dans la Loi sur les pesticides et d'autres lois ne prévoyant...
M. Alsayegh (Michel) :
…législateur de prévoir des moyens dissuasifs en vue de réduire les
transgressions à la législation et la réglementation applicables aux pesticides
par le biais de l'intégration d'un régime de sanctions administratives
pécuniaires dans la Loi sur les pesticides et d'autres lois ne prévoyant pas de
telles mesures à l'heure actuelle. Toutefois, nous estimons que des mesures
plus coercitives doivent être prévues pour les cas de contravention graves
impliquant des conséquences considérablement dommageables pour l'environnement
et la santé, à l'instar de la législation ontarienne, par exemple.
• (14 h 10) •
En ce qui concerne les pouvoirs d'inspection
du ministre prévus au projet de loi, nous jugeons essentiel de souligner que
tout prélèvement fait dans le cadre d'une inspection visant la mise en oeuvre
de la Loi sur les pesticides et ses règlements d'application se doit d'être
effectué par un chimiste ou sous la direction d'un chimiste. Cela aura pour
effet de contribuer à assurer que toutes les étapes d'homogénéisation, de
conservation et de transport des échantillons soient conformes aux normes en
vigueur en lien avec les substances prélevées et aux fins d'une analyse
fiables.
Ainsi, pour que soient développées des
alternatives aux pesticides, nous jugeons important que les budgets dédiés à
aux recherches en la matière soient majorés et qu'une contribution des
chimistes dans le cadre de telles recherches soit assurée.
Dans un autre ordre d'idée, nous
souscrivons pleinement à la réforme visant, à long terme, l'électrification
complète des véhicules légers dans une perspective de résolution des gaz à
effet de serre. Toutefois, il est important que le législateur prévoie des
mesures permettant que des protocoles validés de récupération sécuritaire, de
recyclage et de réutilisation des accumulateurs électriques périmés soient
élaborés davantage, ceci, dans une perspective de gestion environnementale
complète.
Nous invitons aussi le gouvernement à se
pencher sur l'ensemble de la chaîne de production de batteries ou de toutes
autres composantes concernant ou faisant en sorte qu'on a une voiture à
émission zéro.
Comme mentionné plus tôt, il y a beaucoup
à faire en concerne le recyclage des batteries, mais il y a aussi un travail à
faire qui débute à l'extraction des minerais en passant par la transformation
et aller jusqu'à un recyclage de ceci.
Il importe de rappeler que ce qui concerne
le tableau périodique concerne directement les chimistes. De ce fait, les
chimistes ont des partenaires stratégiques afin de s'assurer que l'ensemble de
la chaîne respecte les normes environnementales mais aussi que le tout soit
sécuritaire pour les travailleurs et la population. Les chimistes sont partie
intégrante du succès du Plan pour une économie verte 2030.
Enfin, les réformes envisagées par le
projet de loi représentent indubitablement un pas dans la bonne direction, vers
la protection de l'environnement et la santé humaine. Nous sommes bien forcés
de constater qu'une protection intégrale du public n'est envisageable que dans
la perspective d'une modernisation du champ d'exercices exclusif aux chimistes.
La chimie est au coeur de notre
alimentation, de notre santé, notre environnement et notre sécurité. Notre
profession est omniprésente dans la vie des Québécois et des Québécoises. Nous
insistons sur la nécessité d'amener la législation et de réviser les paramètres
de l'exercice de la chimie pour assurer cette protection adaptée aux réalités
et aux…
M. Alsayegh (Michel) :
…aux chimistes.
La chimie est au coeur de notre
alimentation, de notre santé, notre environnement et notre sécurité. Notre
profession est omniprésente dans la vie des Québécois et des Québécoises. Nous
insistons sur la nécessité d'amener la législation et de réviser les paramètres
de l'exercice de la chimie pour assurer cette protection adaptée aux réalités
et aux enjeux contemporains.
Certaines catastrophes chimiques ont
marqué l'actualité récente et ainsi démontré l'impérieuse nécessité de
moderniser la Loi sur les chimistes professionnels laquelle date de 1964 avant
les ordinateurs. La désuétude de notre loi… fait en sorte qu'il existe des
risques non couverts liés à des activités relevant de l'exercice de la chimie
qui sont susceptibles de causer des préjudices importants à la population et à
l'environnement. L'encadrement adéquat de l'exercice de la chimie est garant du
contrôle de la qualité des substances chimiques fabriquées, manipulées,
entreposées et vendues et constitue ainsi une précaution de sécurité en regard
de la protection du public et de l'environnement.
Une telle réforme s'inscrit directement
dans la visée du projet de loi n° 102. Par ailleurs, le ministre de
l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques,
M. Benoît Charette, nous a donné formellement son appui en regard de notre
quête de mise à jour de la Loi sur les chimistes professionnels.
En terminant, l'Ordre des chimistes
réitère son appui de principe au gouvernement du Québec dans ces efforts contre
les changements climatiques et formule les recommandations suivantes :
Que s'étende la proposition de la réussite
d'une formation comme exigence préalable à la délivrance d'un certificat pour
la vente et/ou la distribution de pesticides à tout intervenant qui serait
amené à manipuler ou à disposer des pesticides.
2, que l'exigence d'obtenir un nombre
minimal de crédits de formation continue tous les 5 ans, prévue par la
Norme pour l'éducation, la formation et la certification en matière de
pesticides au Canada, soit intégrée au projet de loi pour les fins de
l'application de la Loi sur les pesticides.
Que le projet de loi prévoit la
possibilité pour les exploitants agricoles de consulter des chimistes et
agronomes experts en matière environnementale. 4, en regard du régime de
sanctions administratives pécuniaires, que le projet de loi soit modifié pour
prévoir, parallèlement aux sanctions administratives pécuniaires, des sanctions
plus sévères pour les cas de contraventions graves aux lois et règlements en
matière environnementale, en particulier la Loi sur les pesticides.
En regard des inspections menées en vertu
de la nouvelle Loi sur certaines mesures permettant d'appliquer les lois en
matière d'environnement et de sécurité de barrages, que l'article 5 de
ladite loi soit modifié afin d'inclure l'exigence de faire effectuer les prélèvements
concernés par un chimiste ou sous la direction d'un chimiste, qu'un
document-ressource sous forme de lignes directrices ou de guide de pratique
soit élaboré afin de guider les inspecteurs dans le cadre de leurs inspections
lorsque celles-ci impliqueront des prélèvements ou des analyses d'échantillon.
En regard du libellé des étiquettes de
fruits et légumes frais, que soit ajoutée une exigence indiquant le type et le
nombre de pesticides utilisés ainsi qu'une exigence d'étiquetage de l'eau en
bouteille.
Considérant que le chimiste et l'agronome
jouent un rôle clé dans la recherche et le développement d'alternatives aux
pesticides, qu'un budget dédié à cette fin soit clairement défini…
M. Alsayegh (Michel) : …les
étiquettes de fruits et légumes frais, que soit ajoutée une exigence indiquant
le type et le nombre de pesticides utilisés ainsi qu'une exigence d'étiquetage
de l'eau en bouteille;
«Considérant que le chimiste et l'agronome
jouent un rôle clé dans la recherche et le développement d'alternatives aux
pesticides, qu'un budget dédié à cette fin soit clairement défini;
«Que dans le cadre de telles recherches,
les chimistes apportent leur contribution et leur expertise aux côtés des
autres professionnels impliqués en regard du volet des véhicules zéro émission;
«Que le projet de loi intègre des dispositions
sur l'élaboration de protocoles validés de récupération, de recyclage et de
réutilisation des accumulateurs électriques périmés ainsi que les débouchés
pour leur élimination;
«Afin d'assurer le plus adéquatement
possible la protection du public et de l'environnement par un meilleur encadrement
de l'exercice de la chimie, que le gouvernement du Québec procède à la
modernisation de la Loi sur les chimistes professionnels.»
Nous sommes maintenant prêts à répondre à
vos questions.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, messieurs. Donc, je vous remercie pour votre
exposé. Nous allons maintenant amorcer la période d'échange avec la partie gouvernementale.
Je cède donc la parole au ministre. M. le ministre, vous avez 16 minutes.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. M. le président, M. le directeur général, déjà confirmer que je
vais partager mon temps pour ne pas paraître égoïste, égoïste, c'est-à-dire
avec les collègues. Je comprends qu'une partie importante du mémoire vise à
mettre en valeur votre profession qui est très légitime, mais c'est un travail
effectivement qui est contournable. Peut-être juste une petite parenthèse pour
vous dire qu'au ministère, et moi le premier, on se sent très choyés de l'appui
qu'on a de nos professionnels, dont plusieurs chimistes. Je regardais un petit
peu la recension, ils sont au coeur de bon nombre de nos opérations avec des
procédures… des mesures naturellement qui sont aussi reconnues par l'assemblée
publique. Donc, le volet du mémoire qui couvre davantage la modernisation de
votre loi constitutive, je ne me sens pas habileté de l'aborder, mais je
voulais vous rassurer, vous dire que je me sens particulièrement choyé de voir
ces professionnels à nos côtés.
Vous avez parlé de différents sujets fort
intéressants au niveau des véhicules électriques, au niveau des pesticides
notamment. Au niveau des véhicules électriques, vous nous encouragez à mettre
en place, en quelque sorte, une filière de récupération qui soit reconnue au
niveau davantage des blocs batteries, je résume un petit peu. D'ailleurs, le
vocable d'accumulateur électrique, je dois vous avouer, je ne le connaissais
pas à la base, j'utilisais d'autres termes. Peut-être vous mentionner, il y a
quelques semaines à peine, c'est tout récent, on a déposé un projet de
règlement sur, dans notre jargon à nous, on parle beaucoup, là, des
responsabilités élargies des producteurs. Donc, dans les prochaines années,
dans un avenir relativement rapproché, les batteries des véhicules électriques
seront soumises à… avec des pourcentages de récupération…
M. Charette : ... règlement
sur... Dans notre jargon à nous, on parle beaucoup, là, des responsabilités
élargies des producteurs. Donc, dans les prochaines années, dans un avenir relativement
rapproché, les batteries des véhicules électriques seront soumises à cette
REP-là, avec des pourcentages de récupération qui iront en croissance sur
quelques années à peine. Et je pense qu'on a déjà une expertise intéressante au
Québec qui est en développement et qui repose beaucoup sur la chimie. Aussi,
donc, un petit élément, là, pour vous dire que c'est un aspect qu'on prend déjà
en compte, qui n'est pas directement abordé dans le projet de loi n° 102 parce
que la loi sur les REP, ou la réglementation sur les REP est déjà en place
depuis un certain nombre d'années. Donc, on n'a plus qu'à ajouter de nouveaux
produits à cette REP-là sans modifier... sans modifier la législation pour
autant.
Sinon, pour les pesticides, très, très
intéressant, vous disiez, il faut avoir les outils en quelque sorte pour
accompagner aussi les agriculteurs. Et ça, c'est une question qu'on se pose parce
qu'on n'a pas encore tout à fait la réponse, bien qu'on a des idées. Vous savez
qu'il y a un volet non pas... Certains ont parlé de taxe. Moi, j'aime mieux
parle de redevances sur certains types de pesticides, redevances qui pourront
être plus élevées selon le type de pesticide en question. Et pourquoi le mot
taxe m'indispose un petit peu, c'est que ce n'est pas de l'argent qu'on destine
au fonds consolidé. On veut s'assurer que cet argent-là retourne aux agriculteurs,
agricultrices, pour les aider à développer leur production de façon encore plus
durable.
Donc, vous parlez d'accroître les moyens.
On aura des fonds disponibles à travers cette formule-là, sans savoir
précisément quel usage on fera à ce moment-ci de ces sommes-là. Est-ce que vous
avez des idées? Pour vous, plus de moyens, ça veut dire quelles actions à mettre
en place ou comment mieux accompagner, justement, ne serait-ce qu'à travers
votre expertise, là, les agriculteurs et les agricultrices?
M. Alsayegh (Michel) : Je vais
laisser la parole à M. Paquette. Allez-y.
M. Paquette (Patrick D.) : En
fait, on n'avait pas une proposition concrète.
La Présidente (Mme
Grondin) :Est-ce que vous pouvez retirer
votre masque?
• (14 h 20) •
M. Paquette (Patrick D.) :
L'habitude, hein? Au moins ma caméra était ouverte cette fois-là. En fait, on
n'avait pas de recommandation formelle sur un programme ou une façon concrète
de venir apporter des budgets, mais on voulait seulement, en fait, apporter à
l'attention qu'il y a dans le fond la nécessité de trouver une façon d'investir
de sorte à être capable de trouver, bon, des alternatives. On sait qu'au niveau
de la chimie on parle souvent, bon, des pesticides d'une façon qui est
négative. On sait qu'il y a des la recherche qui peut se faire en chimie verte
pour développer des pesticides qui sont moins accumulables dans l'environnement,
qui sont moins dommageables, qui sont moins toxiques. Il y a aussi tout un
volet de lutte biologique. Donc, c'était s'assurer que ça ne soit pas un volet
qui soit un peu oublié ou laissé seulement dans les centres de recherche des
grandes universités de façon plus fondamentale, mais de ramener ça, peut-être, davantage
au concret au niveau des agriculteurs...
M. Paquette (Patrick D.) : …qui
sont moins accumulables dans l'environnement, qui sont moins dommageables, qui
sont moins toxiques. Il y a aussi tout un volet de lutte biologique. Donc,
c'était s'assurer que ça ne soit pas un volet qui soit un peu oublié ou laissé seulement
dans les centres de recherche des grandes universités de façon plus
fondamentale, mais de ramener ça peut-être davantage au concret, au niveau des agriculteurs.
Puis il y a peut-être aussi de l'intérêt d'entreprises privées qui développent
aussi ce type de formulation là, qui pourraient être intéressées dans — là,
je le dis comme ça — dans des partenariats publics-privés ou… La
forme que ça pourra prendre, ça, je pense que vous êtes mieux placés que nous
pour le fixer, mais c'était juste ça, dans le fond, de ramener ça un peu plus
sur la table.
M. Charette : En fait, je
pense qu'on se rejoint entièrement. On veut que ça bénéficie aux producteurs,
productrices agricoles. Donc, c'est réellement, là, une finalité très
appliquée, là, qui est visée à travers ces redevances-là.
Et de façon générale, à travers votre
lunette bien précise, là, de chimiste, le dossier des pesticides, on le
comprend, on a d'ailleurs tenu un mandat d'initiative sur cet enjeu-là ici
même, à l'Assemblée nationale, il n'y a pas si longtemps, avec le dépôt d'un
rapport. À la base, il y a beaucoup d'inquiétudes dans la population. On a les
agriculteurs, agricultrices qui, à juste titre, nous disent : Bien, nous,
on veut bien faire, mais, par moments, c'est la formation, par moments, c'est
les outils qui font défaut. Donc, c'est de trouver la façon de rassurer, et la
population, et de bien accompagner ce milieu-là qui est à l'origine de notre
alimentation au quotidien. Quel est le… comment avez-vous reçu, ces dernières
années… et d'ailleurs j'ai ma collègue de Verdun qui avait initié la démarche,
il y a un registre, maintenant, il y a des initiatives qui ont été mises de
l'avant, on voit que, pour certains produits, la diminution est bien amorcée.
On s'en va dans la bonne direction? Peut-être juste une appréciation plus
générale, là, de l'utilisation des pesticides à ce moment-ci et la tendance qui
semble se dessiner.
M. Alsayegh (Michel) : La
tendance, effectivement, puis pour en avoir parlé avec Mme la présidente de
l'ordre des agronomes, là, je peux vous dire que, vraiment, c'est vers ça où on
s'en va. Vraiment, une culture plus raisonnée, plus verte, justement, s'assurer
que si on en met, des pesticides, que ce soit vraiment nécessaire puis ce ne
soit pas en excès, et le moins dommageable. Et aussi, au niveau de la
percolation jusqu'à un lac ou jusqu'à un cours d'eau, ou quoi que ce soit.
Alors, ça, c'est vraiment la philosophie, maintenant, aujourd'hui, de plus en
plus.
Puis les autres professionnels, n'oubliez
pas, notre mandat est simple, hein, c'est la protection du public. On n'a aucun
autre… C'est notre mandat numéro un. Donc, à partir de là, que ce soit via
l'exercice ou la pratique, ou la supervision de nos chimistes, bien, c'est
aussi de s'assurer que les choses sont bien faites puis de se poser les
questions. Quand on parle de chimie, vous savez, on a fait une intervention… je
sais que c'est plus au niveau fédéral, là, mais au niveau des glyphosates. Les
nouveaux glyphosates voulaient être élevés, triplés dans les bleuets, et tout
ça. On a été interpellés. On en a parlé avec nos collègues agronomes aussi, qui
se sont posés une question : Pourquoi est-ce qu'on triple? On n'a pas
besoin. Si ça va bien, on fait des bons bleuets, on n'a pas besoin de tripler
la quantité de glyphosates dans votre assiette. C'est notre rôle…
M. Alsayegh (Michel) : ...au
niveau fédéral, là, mais au niveau des glyphosates, les niveaux des glyphosates
voulaient être élevés, triplés dans les bleuets, et tout ça. On a été
interpellés. On en a parlé avec nos collègues agronomes aussi, qui se sont
posés une question : Pourquoi est-ce qu'on triple? On n'a pas besoin. Si
ça va bien, on fait des bons bleuets, on n'a pas besoin de tripler la quantité
de glyphosates dans votre assiette. C'est notre rôle. Notre rôle c'est vraiment
de s'assurer que c'est... on comprend qu'il faut utiliser les pesticides, ce
n'est pas ça, mais bien l'utiliser par exemple.
M. Charette : Et ma dernière question,
pour laisser du temps à mes collègues, je sais qu'on pourrait prendre des
heures à l'aborder, cette question-là, mais vous parlez beaucoup des agronomes,
à juste titre, qui ont un rôle essentiel au niveau de la gestion des
pesticides, mais là où je m'y retrouvais un petit peu moins avant de lire votre
mémoire : Quelle est la relation agronome-chimiste, justement, dans le
débat sur les pesticides?
M. Alsayegh (Michel) : Elle
est complémentaire. C'est vraiment en complémentarité. C'est-à-dire qu'un
chimiste va travailler avec un agronome et vice-versa. Un peu comme je parlais
avec monsieur, un ingénieur chimiste avec travailler avec un chimiste... un
ingénieur va travailler avec un chimiste, justement. Quand on parle de zéro
émission, c'est l'ingénieur et le chimiste. Alors, quand on... le chimiste a
son rôle, c'est le rôle aussi de s'assurer que tous ces pesticides qui vont
être utilisés dans l'agriculture, oui, il en faut, mais il faut que ce soit une
manière raisonnée, il faut que ce soit une manière correcte de faire en sorte
que, si jamais on l'analyse ce pesticide-là, ou on est en recherche pour
trouver des meilleurs pesticides qui vont faire en sorte, justement, qu'ils
soient le moins dommageable pour la santé ou qu'ils ne soient pas sur la
fameuse liste prescrite des pesticides, bien, on va travailler ensemble à faire
en sorte que si ça peut... c'est quelque chose qui peut être possible, qui va
être rentable pour l'agriculteur aussi, on va le faire.
M. Charette : Parfait. Je le
mentionnais, le temps file. Mais de nouveau un gros, gros merci d'être avec
nous. Mes collègues vont pouvoir prendre la relève. Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, messieurs, merci. Nous allons poursuivre les
échanges avec la partie gouvernementale avec le député de Bourget, et par la
suite, s'il reste du temps, il y aura la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
M. le député de Bourget, il reste une enveloppe de six minutes.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. M. Alsayegh, M. Paquette, merci d'être là. Vous dites que la chimie
est présente partout, et quand je vois les recommandations, effectivement, elle
est rendue partout. Je me pose juste des questions très rapides, très courtes.
La réussite d'une formation pour un certificat pour la vente, distribution de
pesticides à tout intervenant. J'ai un ami qui vient m'aider à déplacer des
sacs sur une ferme. Ça lui prend une formation? Jusqu'où on va? Est-ce que ce
n'est pas très englobant, «tout intervenant»?
M. Alsayegh (Michel) : Bien,
c'est certain qu'on veut surtout... ce qu'on veut qui soit encadré, c'est la
manière de faire. Si, votre ami, là... vous, vous allez aider un ami. Si votre
ami sait comment le faire... bien, il faut qu'il y ait quelqu'un qui sait
comment le faire pour vous expliquer comme il faut comment le faire. On ne veut
pas être partout, ce n'est pas du tout ça l'idée.
M. Campeau : Je comprends. Une
autre question, on parle de la norme canadienne tous les cinq ans au niveau de
la formation. Je vous avoue que je ne sais pas ce que ça veut dire comme
ampleur de formation. Ça veut quoi, justement? Est-ce que c'est quelque chose
qui prend beaucoup de temps, refaire cette formation-là aux cinq ans?
M. Alsayegh (Michel) : Je vais
laisser la parole à M. Paquette...
M. Campeau : ...autre question,
on parle de la norme canadienne tous les cinq ans au niveau de la formation. Je
vous avoue que je ne sais pas ce que ça veut dire, comme ampleur de formation.
Ça veut quoi, justement? Est-ce que c'est quelque chose qui prend beaucoup de
temps, refaire cette formation-là aux cinq ans?
M. Alsayegh (Michel) : Je
vais laisser la parole à M. Paquette.
M. Paquette (Patrick D.) :
En fait, au niveau de la norme, c'est un certain nombre de crédits que les gens
doivent accumuler sur une période de cinq ans de façon à rester à jour. Parce
que, tu sais, c'est important de comprendre que, nous, l'angle qu'on donne à la
formation, c'est dans une perspective d'analyse de risques, dans une
perspective de santé et sécurité des gens qui vont être appelés à
manutentionner, à entreposer, à utiliser, qui pourraient être exposés à ces
pesticides-là. On sait que la recherche va vite dans ce domaine-là. On cherche beaucoup
à trouver des nouvelles alternatives. Il y a des pesticides qui, hier, étaient
permis, aujourd'hui, ils sont interdits. Puis donc on calcule que, dans cette
norme-là, à laquelle, d'ailleurs, le Québec a quand même souscrit en 1995, dans
l'application de la norme, d'avoir sur cinq ans cette formation-là qui se fait
en continu, justement, pour qu'elle soit plus digeste, sans mauvais jeu de mots
alimentaire, mais qu'on puisse mieux l'intégrer sur les cinq ans puis
s'assurer, finalement, que les gens ont tous... les utilisateurs sont toujours
à jour dans là où on en est rendus en termes, là, de saine utilisation puis de
sécurité pour les gens qui sont exposés, là.
M. Campeau : O.K. Dernièrement,
j'ouvre le sujet, qui était un peu parallèle, la Loi sur les chimistes date de
1964. Est-ce que le fait qu'elle date de 1964 vous bloque dans l'application de
cette loi-là? Y a-tu des impacts là-dessus? Je sais que, dans le cas de celle
de l'Ordre des ingénieurs, il y avait quelques problèmes... une partie qui ont
été résolus, en tout cas.
M. Alsayegh (Michel) : Effectivement,
puis, bien malheureusement, nous... je sais qu'il y a beaucoup de pratiques
illégales, malheureusement, qui peuvent se faire au niveau de la chimie. Quand
je dis «pratiques illégales», c'est au niveau de quelqu'un qui pratique la
chimie selon l'interprétation de la loi aujourd'hui...
M. Campeau : ...
M. Alsayegh (Michel) :
Excusez-moi? Donc, il y a beaucoup de... Malheureusement, il y a des trous qui font
en sorte qu'il y a, des fois, des choses qui se font qui peuvent paraître
aberrantes puis que nous, malheureusement, on a les mains liées, très
malheureusement. On aimerait ça intervenir, on aimerait ça mieux protéger le
public, parce que c'est ça, notre but, puis on se sent des fois un petit peu
pris là-dedans. Puis on aimerait pouvoir mieux protéger. On a des projets de
loi, et là ça fait deux révisions de projets de loi qu'on a. On espère y arriver,
on continue à travailler, mais c'est... à ça, ça va nous permettre, justement,
de mieux contrôler et encadrer la pratique de la chimie au Québec, mieux
protéger M. Mme Tout-le-monde.
M. Campeau : Merci.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le député. Nous poursuivons avec
Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice. Mme la députée, vous avez
2 min 30 s.
• (14 h 30) •
Mme Tardif : Amplement.
Merci. Mon collègue m'a volé des questions. C'était très pertinent. Je poursuis
sur cette lancée, peut-être juste pour vous dire aussi, par rapport aux
recherches, là... parce que ce que vous énoncez est très pertinent. Merci
beaucoup, merci d'être là, merci d'avoir fait l'analyse du projet de loi, c'est
quand même assez exhaustif, puis de venir aujourd'hui discuter avec nous pour
nous aider à aller plus loin encore. On entend bien vos demandes...
14 h 30 (version non révisée)
Mme Tardif : …Je poursuis
sur cette lancée peut-être juste pour vous dire aussi par rapport aux
recherches, là, parce que ce que vous énoncez est très pertinent. Merci
beaucoup. Merci d'être là. Merci d'avoir fait l'analyse du projet de loi. C'est
quand même assez exhaustif. Puis de venir aujourd'hui discuter avec nous pour
nous aider à aller plus loin encore. On entend bien vos demandes aussi. J'ai le
plaisir de siéger sur la commission de l'agriculture, et justement d'avoir été,
là, du mandat pour l'étude de l'impact des pesticides sur la santé humaine et
sur l'environnement. Donc, on s'en va vers ça, une diminution. C'est ce qu'on
veut, là, comme vous le savez. Et les alternatives, pour nous, sont très
importantes, les recherches aussi par rapport… ce qui est… je ne crois pas me
tromper en disant que ce qui est subventionné par le MAPAQ, par le ministère
de l'Agriculture est… en tout cas, de plus en plus, pour ne pas dire toujours,
là, parce qu'on ne peut jamais dire toujours ou jamais, mais de plus en plus,
vraiment, ce sont des recherches appliquées en fonction des besoins, là, des
agriculteurs, et en fonction de ce vers quoi on veut aller aussi, bien entendu.
Vous nous dites que c'est impératif de
revoir la loi sur les chimistes. Là, j'ai un volet, une question avec des
sous-questions. Combien y a-t-il de chimistes qui graduent par année au Québec?
Parce que c'est très important ce que vous dites, et moi je vois que ce serait évidemment
optimal que ce soit que les formations, que l'encadrement soient faits par des
chimistes. Par contre, tout un mandat. Il y a beaucoup de travail à faire, vous
le savez. Combien de chimistes graduent par année? Qu'est-ce que vous voyez…
puis là vous êtes l'Ordre des chimistes, mais il y a quand même l'Ordre des
ingénieurs où il y a des chimistes, des ingénieurs-chimistes, il y a des
ingénieurs des procédés aussi qui ont beaucoup de bases en chimie, et comme
vous l'avez dit, il y a les agronomes, là, bon, jusqu'où ça va? Et est-ce qu'on
va être capable de répondre à toute cette demande-là? Parce que vers ça qu'on
s'en va.
La Présidente (Mme Grondin) :Vous avez 30 secondes.
M. Alsayegh (Michel) : Je
vais laisser la parole à M. Paquette pour le vote nombre d'étudiants.
M. Paquette (Patrick D.) :
Bien, en fait, je ne peux pas vous donnez le nombre exact, mais on parle quand
même de plusieurs centaines de gradués. Il y a des programmes de chimie, de
biochimie dans à peu près toutes les universités au Québec qui vont graduer
facilement une centaine d'étudiants par année. Puis maintenant au niveau de
l'enjeu de la modernisation de la loi, c'est surtout dans une perspective où la
loi de 1964 reprise d'un texte de 1926 sur qu'est-ce qui était la chimie en
1926, qu'est-ce que le législateur en comprenait, puis comment ça s'appliquait.
Puis aujourd'hui en 2021, qu'on parle de batteries au lithium…
La Présidente (Mme Grondin) :
Merci, M. Paquette. Je suis désolée de vous interrompre. Donc, nous allons
poursuivre les échanges avec l'opposition
officielle. Et je cède maintenant la parole à la
députée de Verdun. Mme la députée, vous avez 11 minutes.
Mme Melançon : Merci
beaucoup. Alors, messieurs, bienvenue à la commission. Merci de votre présence.
Comme je le disais tout à l'heure, on aime ça revoir des gens en commission physiquement.
Ça fait quand même du bien de revoir…
La Présidente
(Mme Grondin) : …députée de Verdun. Mme la députée,
vous avez 11 minutes.
Mme Melançon : Merci
beaucoup. Alors, messieurs, bienvenue à la commission, merci de votre présence.
Comme je le disais tout à l'heure, on aime ça revoir des gens en commission et
non en… physiquement, ça fait quand même du bien de revoir un peu de visite au
parlement.
J'ai été surprise de lire certaines choses
à l'intérieur de votre mémoire et j'aimerais avoir des éclaircissements,
notamment sur les façons de faire actuellement. Alors, je sais, vous avez
11 recommandations, et à l'intérieur des 11 recommandations, il est
notamment demandé, dans le fond, d'effectuer les prélèvements par un chimiste
ou sous la direction d'un chimiste. C'est votre recommandation numéro 5.
J'aimerais savoir comment sont faits actuellement les prélèvements.
M. Paquette (Patrick D.) :
Bien, en fait, ici, ce qu'on… la portée qu'on voulait donner à notre
recommandation, c'était de s'assurer qu'on comprenne bien que dans un contexte
où on doit faire un prélèvement, par exemple de sol, pour en doser la présence
de pesticides, pour s'assurer, est-ce qu'il y a conformité, pas conformité,
etc., puis mesures ultimement à prendre, bien, il faut s'assurer que si on veut
qu'en laboratoire — parce qu'on sait qu'au Québec on a un réseau de
laboratoires accrédités par le Centre d'expertise en analyse environnementale,
avec différents domaines d'accréditation, des chimistes, autres professionnels
aussi qui interviennent — si on veut s'assurer que ces gens-là, que
le résultat qu'ils nous donnent au final soit le bon, encore faut-il qu'on leur
ait apporté le bon échantillon. Donc, la portée qu'on veut donner à cette
recommandation-là, c'est de s'assurer que ce n'est pas n'importe qui, n'importe
comment, qui prend un échantillon, soit par mauvaise connaissance, prend le
mauvais échantillon ou l'échantillonne mal, auquel cas le résultat n'est pas
bon. Ou, bon, on ne peut pas exclure non plus qu'une personne pourrait
décider : Ah non, je vais aller un petit peu plus à droite parce que, là,
je sais qu'il n'y en a pas eu trop de ce côté-là. Donc, vraiment de s'assurer…
Puis dans la perspective où, bon, un
chimiste est soumis à la déontologie, est soumis à ses impératifs de protection
du public, on se dit que si le protocole d'échantillonnage… Puis, comme
M. Alsayegh le soulignait, ce n'est pas nécessairement d'avoir un chimiste
à chaque coin de rue, dans chaque ferme, dans chaque établissement, mais si on
a un protocole ou des lignes directrices qui viennent vraiment préciser de
quelle façon ça doit être fait, bien là, on s'assure que notre résultat est le
bon, puis que les actions… les bonnes actions sont prises. Alors, c'est dans ce
sens-là qu'il fallait voir notre recommandation.
Mme Melançon : Parce
qu'actuellement j'imagine que les prélèvements, quand il y a besoin d'en faire,
ce sont des enquêteurs ou des gens du ministère qui vont dans les champs
directement pour aller chercher… Et pour vous, donc, comme chimiste, vous
dites : Bien, peut-être que les gens n'ont pas nécessairement toute la
connaissance, puis il peut y avoir, en laboratoire, donc, un… on peut fausser
les données, dans le fond, sans… en n'ayant pas la bonne façon de faire.
M. Paquette (Patrick D.) :
C'est ça, oui, ça résume bien. Puis comme je vous disais, dans la perspective
où nous, on essaie de l'analyser de façon holistique ou dans son… Oh… Dans son…
Mme Melançon : ...il peut
y avoir en laboratoire, donc un... on peut fausser les données dans le fond
sans... en n'ayant pas la bonne façon de faire.
M. Paquette (Patrick D.) :
C'est ça, oui. Ça résume bien. Puis comme je vous disais, dans la perspective
où, nous, on essaie de l'analyse de façon holistique ou dans son intégrale...
dans son intégralité, puis les endroits qui pourraient être des zones à risque,
c'est là que notre attention de professionnels est davantage portée puis qu'on
dit que, dans tout ce continuum-là, le risque principal, c'est sur le
prélèvement de l'échantillon parce que c'est à partir de là que tout va se
jouer. Donc, le législateur porte une attention particulière à cette étape-là
du processus.
Mme Melançon : À votre
troisième recommandation, vous dites de prévoir la possibilité pour un
exploitant agricole donc de consulter des chimistes et agronomes experts en
matière environnementale. Prévoir la possibilité, d'abord c'est très, très
large. Je ne pense pas qu'il n'y ait personne qui peut empêcher un agriculteur
d'aller voir un chimiste actuellement. J'aimerais... j'imagine qu'il y avait
quelque chose qui sous-tendait cette réflexion-là, là. De quoi s'agit-il?
M. Alsayegh (Michel) :
Bien, c'est vraiment en lien avec les lignes directrices qui vont être données
à ces fameux agriculteurs, d'encadrer l'agriculteur dans sa prise de décision
pour justement se plier aux normes, donc de pouvoir, s'il le veut, faire appel à
un chimiste et aussi, dépendant de la loi de la façon qu'elle va être déposée.
En réalité, la loi finale, si vous dites : Il faut qu'il y ait eu un
chimiste qui ait déterminé, dans le fond, la meilleure façon d'entreposer ou de
vous occuper de vos pesticides, ou de les manipuler. Que ce soit un chimiste ou
un agronome, là, je ne veux pas... puis que ce soit pour l'agriculteur qu'il va
avoir du support. C'est d'offrir... d'avoir la possibilité d'offrir ce
support-là à l'agriculteur. Est-ce qu'il y avait d'autres choses à ajouter,
M. Paquette?
M. Paquette (Patrick D.) :
Oui. Puis si tu veux me permettre de compléter, en fait c'est qu'on ne veut pas
arriver avec des recommandations qui, sur papier, font du sens, mais que rendu
dans le quotidien des gens qui les emploient quelque part à Saint-Chrysostome,
qui dit : Bien, je le trouve où mon chimiste? Où est-ce que je dois...
mais à quelle porte je dois cogner? Tu sais, on l'a vu dans la... quand il y a
eu les allégements au niveau de Santé Canada pour la production des gels
hydroalcooliques durant la pandémie de COVID-19 où il y a beaucoup
d'entreprises qui ont décidé de changer du jour au lendemain. Ils n'avaient pas
de chimiste, ils ne savaient pas où s'en tourner. Nous, autant que faire se
peut, on a mis en place des canaux de communication. On a essayé d'interpeller
des associations d'entreprises pour leur dire : Bien, contactez l'ordre.
Nous, on peut vous mettre en relation avec des chimistes. On le fait dans la
mesure du possible. Mais qu'on dise que, dans un projet de loi qui a une portée
si large que ça que de prévoir ne serait-ce qu'un... on parle de guichet unique
pour se trouver un médecin de famille, mais un guichet pour se trouver un
chimiste ou un agronome dans le but de faciliter la mise en application, là.
C'est vraiment dans un enjeu de communication puis d'accessibilité des
professionnels.
Mme Melançon : Eh bien,
là, je vais rebondir parce que côté communication, l'enjeu de communication, je
lisais votre septième recommandation pour l'étiquetage, dans le fond, de fruits
et légumes frais, et d'ajouter une exigence indiquant le type et le nombre de
pesticides utilisés. Il y a des pommes qu'il va falloir qu'elles soient bien,
bien grosses si on veut savoir tout ce qui peut y avoir eu dans le champ. Je
fais une blague, là, mais je fais un petit clin d'oeil en même temps. Est-ce
que vous pensez qu'on...
Mme Melançon : ...pour
l'étiquetage, dans le fond, de fruits et légumes frais et d'ajouter une
exigence indiquant le type et le nombre de pesticides utilisés. Il y a des
pommes qui va falloir qu'elles soient bien, bien grosses si on veut savoir tout
ce qui peut y avoir eu dans le champ. Je fais une blague, là, mais je fais un
petit clin d'oeil en même temps. Est-ce que vous pensez qu'on devrait... Parce
qu'il y a quelque chose d'intéressant dans tout ça. Avant, là, sur les boîtes
de céréales, bref, on allait à l'épicerie, on ne pouvait pas trouver
nécessairement le fameux tableau sur lequel maintenant on peut se tourner, que
ce soit pour des allergies ou des contraintes pour les diabétiques, ou bref. On
ne l'a pas nécessairement, c'est vrai, pour ce qu'on retrouve dans des champs
ou même dans des conserves, on doit le dire aussi, là.
J'aimerais savoir : Est-ce que vous
pensez qu'il ne devrait pas y avoir une hiérarchisation, justement, de savoir
les types de pesticides? Parce qu'on sait qu'il y a des pesticides qui sont...
je pense aux néonicotinoïdes notamment, là, mais pas uniquement, mais il y a
d'autres types aussi de pesticides qui sont beaucoup plus dangereux pour la
santé. Est-ce que vous voyez là une hiérarchisation?
• (14 h 40) •
M. Alsayegh (Michel) :
Oui, parce que ce qui va être intéressant, justement, c'est d'aller plus loin.
C'est d'arriver où est-ce que l'agriculteur va aussi voir sa valeur ajoutée
dans celui qui va acheter sa céréale pour en faire une boîte de peu importe la
marque, là, de céréales, justement, que vous allez retrouver sur vos tablettes,
sachant et en éduquant le public à dire : Bien, moi, celui-là, c'est sûr
que moi, je ne prends pas cette céréale-là qui a effectivement... Donc,
l'agriculteur va non seulement regarder son rendement, le nombre d'hectos par
pied, ou peu importe, il va aussi se dire : Ah! bien là, je suis peut-être
mieux d'aller vers une culture plus raisonnée.
Alors, vous comprenez, en bout de ligne,
on protège aussi le public en sachant ce que vous mangez, sachant le niveau de
précaution que vous devez prendre ou le risque, au moins un risque calculé de
dire : Bien, moi, j'achète cette céréale-là, je sais qu'il y a tel, tel,
tel pesticide dedans. C'est ça. Je veux dire, au moins, on va le savoir. C'est
ce qu'on préconise. M. Paquette, est-ce qu'il y avait d'autres choses à
ajouter?
Mme Melançon : Dans le
fond, ça va prendre beaucoup de traçabilité si jamais on décide d'aller en ce
sens. Non seulement beaucoup de traçabilité, mais je sais que c'est quelque
chose de supplémentaire pour les agriculteurs, là, qui demandent déjà à être
accompagnés, justement, s'ils veulent changer leurs façons de faire dans leurs
champs. Tout à l'heure, le ministre en faisait mention d'ailleurs, là. À partir
du moment où on veut bien accompagner les agriculteurs pour changer leurs
façons de faire, leur culture, c'est le cas de le dire, bien, il va falloir accompagner
les agriculteurs là aussi. Puis je pense qu'avec le temps plus ça va, plus les
citoyens veulent savoir ce qu'ils ont dans leurs assiettes. Ça, je pense que
c'est clair, on a eu ce signal-là à plusieurs reprises.
Je voulais simplement rebondir sur deux
choses. La toute première, vous avez parlé, tout à l'heure, du glyphosate. Puis
là, bien, je vais en profiter puisqu'on a des experts, quand même, avec nous,
Mme la Présidente. Moi, j'ai sursauté, je pense que la population a sursauté
lorsqu'on a vu cette possibilité-là de s'ouvrir, en tout cas, à...
Mme Melançon : …du glyphosate,
puis là je vais en profiter puisqu'on a des experts quand même avec nous, Mme
la Présidente. Moi, j'ai sursauté, puis je pense que la population a sursauté
lorsqu'on a vu cette possibilité-là de s'ouvrir à, en tout cas, multiplier par
trois, là, ce n'est pas une petite chose, là, les traces de glyphosate.
Le lobby est fort, hein, quand même, chez
les vendeurs de pesticides. Est-ce qu'on peut dire ça comme ça?
M. Alsayegh (Michel) : Oui, on
peut dire ça comme ça, effectivement. Puis, regardez, ce qui est… bien, dans le
fond, là, vous savez, nous, l'ordre, on a dit : Ça n'a pas de sens. Je ne
dis pas, si on en a besoin, je ne dis pas, si on est en famine de bleuets, là,
puis que là, ça ne pousse pas, il n'y a pas un bleuet qui pousse au Québec puis
il faut effectivement utiliser plus de pesticides pour en faire pousser, je ne
dis pas qu'on n'aurait rien dit, mais on aurait compris pourquoi il y a une
action qui a été prise. Mais ici, il n'y a aucune raison. Alors, c'est là, la
raison de notre interpellation.
Dans les céréales, on a… puis en bout de
ligne, c'est parce qu'il y avait des céréales d'autres pays, pour
l'importation, où est-ce que certains autres pays n'acceptaient pas un niveau
si haut. Ils voulaient peut-être monter celle du Canada pour la faire venir au
Canada, mais là, c'est plus fédéral, là. Mais vous comprenez que nous, on veut
juste… on veut simplement des bonnes raisons pour les…
La Présidente (Mme
Grondin) : 30 secondes.
Mme Melançon : J'ai
30 secondes. Autre question, parce qu'on l'a eue aussi, on a rencontré les
gens de l'UPA. Les semences enrobées, ce sont des pesticides, vrai?
M. Alsayegh (Michel) : Oui. Il
y a des pesticides dedans. Il y a des pesticides, entre autres, pour faire en
sorte… puis, justement, qui vont faire en sorte que ça va protéger le grain
puis le grain va pousser puis avoir une bonne récolte, effectivement. Écoutez,
à partir de là, il faut vraiment voir l'impact, l'impact sur l'environnement,
l'impact sur la céréale, le produit final. Qu'est-ce qui reste à la fin? Parce
que, dans le fond, que ce soit des pesticides enrobés ou… puis que ça pousse,
puis qu'en bout de ligne, le pesticide, il n'y en a plus ou presque plus dans
la céréale, le produit final, ou qu'il ne se retrouve pas dans un lac…
La Présidente (Mme
Grondin) : Désolée, je dois vous interrompre, malgré que
c'était très intéressant. Donc, je cède maintenant la parole au deuxième groupe
d'opposition, et c'est au député de… attendez, Jean-Lesage. Allez-y, cher
collègue. Vous avez 2 min…
M. Zanetti : Parfait, merci.
Bonjour, merci d'être avec nous. Votre recommandation 5, sur la question
des échantillonnages, des prélèvements, je la trouve très intéressante. Si je
comprends bien, elle s'appliquerait, en fait, à pas simplement aux mesures des
pesticides mais à l'ensemble de la LQE, donc même aux mesures de qualité de
l'air, par exemple. Moi, j'ai une préoccupation, puis je veux voir si vous la
partagez ou si… parce que vous avez une vision plus près du terrain, mais
c'est… Moi, j'entends des échos, là, comme de quoi c'est assez inquiétant, des
fois, la façon dont sont prises les mesures, par des compagnies privées, pour
mesurer les pesticides ou mesurer la qualité de l'air, ou, tu sais, on engage
une compagnie privée… puis la compagnie…
M. Zanetti : …vous avez une
vision plus près du terrain, mais c'est… Moi, j'entends des échos, là, comme de
quoi c'est assez inquiétant, des fois, la façon dont sont prises les mesures
par des compagnies privées pour mesurer les pesticides ou mesurer la qualité de
l'air. Ou, tu sais, on engage une compagnie privée, ils viennent, puis la
compagnie, ce n'est pas nécessairement une surprise quand la personne se
présente, puis là ils peuvent ajuster leurs activités industrielles pour,
disons, orienter le résultat, biaiser le résultat, puis il y a comme… Moi, j'ai
l'impression qu'on ne peut pas, dans, disons, l'état actuel des choses, avoir vraiment
confiance que ces rapports-là sont… des fois, peut-être qu'ils sont bons, des
fois, peut-être que… puis ce n'est pas la faute de la compagnie nécessairement,
mais il y a un biais, il y a un biais là-dedans.
Si je comprends bien votre recommandation
5, c'est de dire : Ces choses-là doivent être faites par des chimistes,
parce qu'actuellement elles sont faites par des gens qui sont, si je comprends
bien, pas nécessairement soumis à un ordre professionnel, et donc le public
n'est pas protégé de ces personnes-là. Donc, ça ne sert comme pas nécessairement
à rien, mais on ne peut pas s'y fier, on ne peut pas s'y fier comme on pourrait
s'y fier si c'étaient des chimistes. Est-ce que vous partagez ce sentiment?
Puis pourriez-vous un peu développer, peut-être en parlant d'exemples de
qualité de l'air aussi, là, qui sont un sujet important?
M. Alsayegh (Michel) : Bien, écoutez,
quand on parle de qualité d'air, d'eau, de sol, bien, c'est ça. La façon même
de… la façon de prendre l'échantillon, il y a une analyse à faire, une analyse
qu'on doit faire par rapport au nombre d'échantillons, où aller échantillonner
pour avoir un échantillon homogène en bout ligne, qui, lui, va être analysé et
va donner un résultat représentatif.
La personne qui fait ça, bien, écoutez, si
elle n'est pas membre d'un ordre professionnel, n'a aucune imputabilité. Ça
fait que, dans le fond, c'est là où est-ce que vous avez raison. Quelqu'un qui
est membre d'un ordre professionnel a son code d'éthique, son code de
déontologie qu'il doit suivre. Alors, il va travailler en conscience
professionnelle, point à la ligne. Et ce n'est pas une association, c'est un
ordre professionnel. Mais ils ne sont pas là pour protéger le monsieur, la
dame, des membres ou quoi que ce soit. C'est une protection du public, puis le
public, en bout de ligne, c'est s'assurer que l'échantillonnage se fasse de
manière convenable. Quand on arrive à prendre l'échantillon, au moins avoir un
encadrement par un chimiste sur la manière de fonctionner. Comme je disais tantôt,
là, ce n'est pas l'idée d'avoir des chimistes partout, ce n'est pas ça, mais
d'avoir quand même quelqu'un qui va aller échantillonner selon un protocole…
La Présidente (Mme
Grondin) :Merci beaucoup.
M. Alsayegh (Michel) : Oh!
déjà…
M. Zanetti : Oui, on a moins
de temps.
La Présidente (Mme
Grondin) : Ça passe vite. Je suis désolée, ça passe très vite.
Je vais maintenant céder la parole au troisième groupe d'opposition, le député
de Jonquière, qui a aussi 2 min 45 s.
M. Gaudreault : Merci. Merci
beaucoup. Moi, ça m'impressionne beaucoup d'avoir des chimistes devant moi,
parce que disons que ça n'a pas été un succès en secondaire IV, en ce qui me
concerne. Puis c'est pas mal après ce cours-là que j'ai décidé d'aller en histoire
finalement puis de faire autre chose. Bref, ça m'impressionne beaucoup.
Donc, tout ça pour dire que vous… Moi, là,
ce qui me marque dans votre mémoire… bien des affaires, mais, sur la question
de l'électrification des transports, c'est un gros morceau du projet de loi,
vous parlez de récupération des accumulateurs électriques, de recyclage, bien,
des batteries, puis c'est une grosse question, mégagrosse. Moi, les gens
m'arrêtent sur…
M. Gaudreault : ...moi, là, ce
qui me marque dans votre mémoire... il y a bien des affaires, mais sur la question
de l'électrification des transports... c'est un gros morceau du projet de
loi... vous parlez de récupération des accumulateurs électriques, de recyclage,
bien, des batteries, puis c'est une grosse question, mégagrosse. Moi, les gens
m'arrêtent sur la rue, là, pour dire : Sylvain, c'est bien beau,
l'électrification des transports, mais on va faire quoi avec les batteries? Alors
là, avec le temps qui nous reste, là, peut-être deux minutes, là, dites-nous
tout ce que vous avez toujours voulu dire à des parlementaires sur la question
de la récupération des batteries des autos électriques, puis comment on
pourrait intégrer ça dans le projet de loi. Go.
M. Alsayegh (Michel) : Bien,
très rapidement, on va commencer par le rôle du chimiste dans tout ça, puis ça
commence, comme je disais vite, vite, à la mine. Il y a déjà des chimistes qui
travaillent dans des mines, là, mais ça commence à l'extraction du minerai, ça
commence... Après ça, l'impact environnement de puiser plus de ce minerai-là, que
ce soit nickel, lithium, peu importe, là, le tableau périodique, comme on
disait tantôt. Ensuite, ça va... on prend ces échantillons-là... ce minerai-là,
on va le purifier, alors le niveau de la purification. Ensuite, on arrive au
transport, qualité de l'air, nickel, entreposage. Tout ça, là, tout ça est important,
jusqu'au moment où est-ce qu'on va en fabriquer une batterie.
M. Gaudreault : Au fond, ce
qu'on appelle le cycle de vie.
M. Alsayegh (Michel) : Exactement.
Tout... Mais le chimiste, comme je vous dis, il est partout. Encore là, je ne
veux pas le chimiste partout, mais au moins, l'encadrement du chimiste, le rôle
important et intrinsèque du chimiste dans tout ça. C'est ce qu'on fait valoir
ici, c'est que, justement, au niveau, justement, de la batterie qui a été
utilisée, la puissance, c'est sûr que les ingénieurs sont maîtres là-dedans,
là, les ingénieurs chimistes. Une coche en haut, je vais dire ça comme ça.
Alors, quand on arrive là, je veux dire, on a le cycle. Puis avoir une pile
encore plus efficace, c'est là où est-ce qu'on a notre rôle. Puis après ça,
s'assurer que c'est entreposé comme il faut. Vous avez entendu parler beaucoup
d'explosions de batteries, là, au lithium, etc. Bien, s'assurer que c'est bien
entreposé, qu'il y a un chimiste qui a encadré, justement, ces usines-là
d'entrepôt.
Présentement, là...
M. Gaudreault : Mais si... je
m'excuse de vous interrompre, je n'ai pas beaucoup de temps... si on veut faire
atterrir ça dans le projet de loi n° 102, là, ce
serait par quel truc ou quelle disposition?
• (14 h 50) •
M. Alsayegh (Michel) : Au
moins, par notre loi, là, c'est sûr, là, c'est un peu... Mais, M. Paquette,
aviez-vous d'autres idées que celle-là? Moi, je pense que c'est vraiment par...
M. Paquette (Patrick D.) :
...de prévoir... c'est ça, de prévoir, dans l'analyse de cycle de vie complet,
tout le volet...
La Présidente (Mme Grondin) :
...malheureusement. Donc, avant de conclure les auditions, je pense qu'il est
très important que je procède au dépôt des mémoires des organismes qui n'ont
pas été entendus lors des auditions publiques.
Je voulais vous remercier, messieurs, pour
votre apport, à la contribution de nos travaux.
Et donc compte tenu de l'heure, la
commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 14 h 51)