(Neuf
heures cinquante-deux minutes)
La Présidente (Mme
Maccarone) : Bonjour à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission des transports et de l'environnement ouverte.
La commission est
réunie afin de procéder aux consultations particulières et aux auditions
publiques sur le projet de stratégie gouvernementale de développement
durable 2023‑2028.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Grandmont (Taschereau)
est remplacé par Mme Zaga Mendez (Verdun) et M. St-Pierre Plamondon (Camille-Laurin)
est remplacé par M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine).
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Nous débuterons ce matin par les remarques
préliminaires, puis nous entendrons par la suite les organismes suivants :
L'Alliance pour une économie verte au Québec Switch, le collectif G15+ et le
Conseil patronal de l'environnement du Québec.
Remarques préliminaires
J'invite maintenant
le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques,
de la Faune et Parcs à faire ses remarques préliminaires. Vous disposez de six
minutes.
M. Benoit Charette
M. Charette :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Et je vais vous mentionner que je serai
plus bref que ça à ce moment-ci pour laisser la place aux échanges.
C'est un plaisir de
vous retrouver. Je pense qu'on est la première commission parlementaire qui
reprend officiellement les travaux en 2023. Et saluer, donc, la présidence, les
gens qui vous accompagnent, les députés, autant l'opposition que la partie
ministérielle. Et, je regarde, beaucoup de nouveaux visages parmi les députés,
donc, qui seront aussi à leur première
commission parlementaire. Et c'est une belle occasion de débuter. Ce n'est pas
un projet de loi, on s'entend, mais on aura l'occasion d'entendre, au cours des
prochains jours, plusieurs groupes qui viendront nous parler d'un sujet
très important, celui de la stratégie gouvernementale en matière de
développement durable.
On y va avec des
groupes dès ce matin, mais il faut reconnaître un certain retard aussi. C'est
une stratégie qu'on devait, au départ, présenter l'année dernière. On se
souvient, pandémie, tous les impacts que ça a pu avoir sur le déroulement des
travaux parlementaires, ensuite, naturellement, campagne électorale. Donc, oui,
en retard, mais jamais trop tard pour bien faire. Et surtout très heureux
d'avoir l'occasion d'entendre les groupes qui vont se présenter, nous parler un
petit peu de leur vision, parce que c'est une nouvelle approche. Oui, il y
avait une stratégie qui s'appliquait, oui, il fallait la remplacer, mais il
fallait aussi la bonifier. On a dorénavant plus d'organisations et de
ministères qui seront affectés par la stratégie qu'on va retenir à la fin de
cette... de cette stratégie-là. Donc, très intéressé
à vous entendre et surtout très intéressé à entendre également les questions
des collègues pour voir comment s'inspirer
des bonnes idées de chacun et de chacune, et s'assurer qu'on ait la stratégie
la plus effective possible, là, pour les prochaines années.
Et vous allez voir
aussi que je suis très bien accompagné. Il y a beaucoup de gens, au ministère,
qui ont travaillé à cette stratégie-là au cours des derniers mois, des
dernières années. Donc, c'est une expertise, pour moi, qui est extrêmement précieuse. C'est des gens qui, à
l'occasion, auront la possibilité d'intervenir, si les collègues y consentent,
pour aller avec davantage de précisions. Bien, déjà, je les remercie pour tout
ce travail-là. Et très hâte... j'ai très hâte d'échanger
avec vous sur les différents enjeux. Donc, je ne serai pas plus long que ça à
ce moment-ci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
Merci beaucoup, M. le ministre. J'invite maintenant la porte-parole de
l'opposition officielle, la députée de Notre-Dame-de-Grâce, de faire ses
remarques préliminaires pour une durée de 3 min 36 s. La parole
est à vous.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Donc, ça risque d'être un peu plus long que le
ministre. Alors, Mme la Présidente, bonne rentrée parlementaire à tous
et à toutes. Avant de partager mes remarques préliminaires, je tiens tout
d'abord à saluer la présidence et le
secrétariat. Je veux, évidemment, saluer le ministre et les équipes qui
l'accompagnent. Je salue aussi les députés de la banquette
ministérielle. Enfin, je salue les collègues des autres oppositions.
À titre de
porte-parole de l'opposition, je suis très heureuse de pouvoir participer aux
consultations particulières de la Commission des transports et de
l'environnement sur le projet de stratégie gouvernementale de développement durable. Par ailleurs,
Mme la Présidente, je veux souligner que c'est ma toute première participation
à une commission parlementaire comme
nouvelle députée. En tant que porte-parole de ma formation politique en matière
d'environnement et de lutte aux changements climatiques, c'est vraiment
une fierté et un bonheur pour moi.
Je m'implique et je travaille dans ce domaine
depuis plus de 30 ans. En effet, j'ai participé au Sommet de la Terre de Rio, là où les premières conventions sur...
les Nations unies sur le climat et la biodiversité ont été
respectivement lancées, mais c'est aussi à cette conférence onusienne où
la commission mondiale sur le développement durable a été mise sur pied et d'où
proviennent les objectifs onusiens en matière de développement durable qui sont
à la base de notre travail, évidemment, dans le contexte québécois pendant les
prochains jours.
La dernière
stratégie de développement durable avait été déposée par le gouvernement
libéral pendant les années... pour les années 2015-2020.
Évidemment, plusieurs années sont passées, et donc plusieurs avancées et
innovations ont émergé en matière de
développement durable depuis qu'elle avait été déposée, et nous espérons que le
gouvernement saura les appliquer au dépôt de cette nouvelle stratégie.
À la lecture
de la présente stratégie, je constate les efforts du gouvernement quant à
l'application des objectifs onusiens en matière de développement
durable.
En terminant, Mme la Présidente, il y aura de
nombreux éléments à surveiller, et je suis contente de pouvoir participer aux
présentes consultations particulières. J'ai une pensée particulière pour les
jeunes et les générations futures, qui
seront les plus impactés par les décisions et les actions prises aujourd'hui.
Comme je l'ai déjà dit, j'ai hâte d'entreprendre... d'entendre les
groupes lors de ces consultations. J'ai confiance qu'ils pourront éclairer les
membres de la commission afin de bonifier le
projet de stratégie gouvernementale de développement durable 2023-2028.
Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci beaucoup, Mme la députée. J'invite
maintenant la porte-parole du deuxième groupe d'opposition, la députée de
Verdun, à faire ses remarques préliminaires pour une durée de 1 min 12 s.
La parole est à vous.
Mme Alejandra Zaga
Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci beaucoup.
Bonjour, tout le monde. D'abord, je veux remercier l'ensemble des collègues, donc, dans la banquette ministérielle,
M. le ministre et les collègues de l'opposition d'être ici présents pour
travailler ensemble vers une nouvelle stratégie gouvernementale de
développement durable.
C'est également pour moi une première
opportunité, une première... un baptême en commission parlementaire
aujourd'hui, et j'ai très hâte d'écouter les groupes qui se sont déplacés
aujourd'hui pour qu'on soit capables d'arriver à une stratégie qui fait office
d'exemplarité gouvernementale, et surtout que le Québec soit à l'avant-garde en termes de lutte aux changements
climatiques, développement durable, et surtout... et en reconnaissant
les facteurs socioécologiques.
Alors, j'ai très hâte d'entendre nos groupes,
mais surtout des échanges qui vont mener à avoir véritablement une stratégie
qui est capable de mesurer également l'impact et mesurer les objectifs qu'on va
se donner. Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup, Mme la députée. J'invite maintenant le député des Îles-de-la-Madeleine
à faire ses remarques préliminaires pour une durée de
1 min 12 s. La parole est à vous.
M. Joël Arseneau
M.
Arseneau : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je salue
à mon tour tous les collègues, M. le ministre, les équipes aussi qui
nous soutiennent.
Je suis... Je partage le constat du ministre que
mieux vaut tard que jamais, mais on est... Force est de constater que le temps était venu de passer à l'action, dans une
consultation, pour adopter cette stratégie gouvernementale de
développement durable, qui est quand même une pierre d'assise de la Loi sur le
développement durable. Et le fait qu'on se rencontre en commission
parlementaire non pas pour adopter un projet de loi mais pour avoir une
stratégie qui est peut-être plus globale, bien, je pense que c'est un bon début
de mandat pour cette législature.
Alors, on aura une préoccupation particulière
pour les objectifs fixés, la gouvernance, les indicateurs, le rôle des
ministères, le rôle des municipalités également, l'écoute qu'on va porter aussi
envers la société civile et les différents
groupes. On a une préoccupation, évidemment, pour la transition énergétique,
les moyens qui seront consentis.
Donc, c'est avec beaucoup de bonheur, plaisir et
d'attention qu'on écoutera les groupes qui se présentent aujourd'hui et dans
les prochains jours. Merci.
• (10 heures) •
La Présidente (Mme Maccarone) : Excellent.
Merci beaucoup, M. le député. Moi aussi, je partage votre fébrilité. Ce n'est pas ma première commission,
mais c'est la première fois que j'assiste à cette commission et, évidemment,
ma première fois comme présidente. Alors, je suis contente d'être parmi vous.
Auditions
Alors, nous
allons maintenant procéder aux auditions, et je souhaite la bienvenue aux
représentants de l'alliance pour une économie verte au Québec Switch.
Les représentants qui sont parmi nous, c'est M. Denis Leclerc et M. Richard Fahey. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons à une période d'échange avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à présenter puis à commencer votre
exposé.
Switch, L'Alliance pour
une économie verte
M. Fahey
(Richard) : Bonjour, Mme la Présidente. Richard Fahey. Je suis
directeur général de l'alliance Switch et aussi associé d'une firme de
consultation en économie appliquée, AppEco. Je suis accompagné de Denis
Leclerc, qui est président du conseil d'administration de l'alliance et aussi
président d'Écotech Québec.
L'alliance existe depuis 10 ans. Elle est
constituée de trois piliers : des gens, des acteurs du milieu des affaires, des gens de la finance durable et des
groupes environnementaux. Pour nous, notre objectif, il est simple : accélérer
la transition verte, la transition vers une économie plus verte, plus prospère.
Compte tenu de notre mission, on va se limiter,
nos commentaires, à trois objectifs, le premier, le quatrième et le cinquième.
Nous espérons que ça contribuera à améliorer la stratégie et aussi de répondre
aux questions qui ont été soumises, là, à la consultation.
D'entrée de jeu, nous devons souligner une
absence dans la stratégie de développement durable, le lien avec la politique
industrielle. À notre avis, de l'avis de Switch, la stratégie de développement
durable devrait être le principal pilier de notre stratégie industrielle, axée
résolument vers la transition verte. Alors que nos partenaires économiques, que
ce soient les États-Unis ou l'Europe, adoptent des stratégies agressives de
transition durable, il y a des nouvelles
mesures qui apparaissent dans le portrait géopolitique. On parle de nouvelles
aides fiscales, aux États-Unis, avec l'Inflation Reduction Act, des
nouvelles mesures à la frontière au niveau de l'Union européenne. Ça provoque
des distorsions dans les flux commerciaux. Ces impacts-là se font sentir au
Québec. On voit déjà des impacts sur notre stratégie de la filiale batterie,
sur les matériaux critiques, sur le PEV, le plan de l'économie verte, et aussi
sur le plan d'action de relance des exportations.
Donc, on va, ce matin, concentrer, à partir de
maintenant, sur les propositions des orientations du projet de stratégie de
développement durable. Et je passerais la parole à mon collègue Denis Leclerc.
M. Leclerc (Denis) : Merci, Richard,
et merci de nous avoir invités. Merci et bonjour à toutes et à tous.
Oui, M. le
ministre, vous l'avez mentionné, deux ans plus tard que prévu. Alors, nous, on
s'est dit, chez Switch : Bien, parfait, ils ont eu deux ans pour
étoffer davantage, pour avoir une stratégie plus audacieuse, plus structurante,
et on est restés sur notre appétit. Alors, nos recommandations aujourd'hui vont
porter sur comment on peut faire pour bonifier la portée, le suivi et la
gouvernance de la stratégie. Il faut avoir des objectifs ambitieux. Il faut un
plan rigoureux et chiffré parce qu'il est temps d'avoir des résultats concrets.
Tout d'abord, il faut savoir qu'en termes de
gouvernance ou de... plutôt, de fixer des objectifs périodiques, ça, on trouve
que c'est superimportant pour la stratégie, d'avoir des objectifs bien
documentés pour l'atteinte des cibles qu'on s'est données et aussi de prendre
des mesures de rattrapage nécessaires advenant qu'un jalon ne soit pas atteint.
Si ça, ça vous dit quelque chose, c'est un peu du copier-coller sur la Loi de
l'équilibre budgétaire, hein? C'est le même principe de la Loi sur l'équilibre
budgétaire. Alors, nous, on se dit, chez Switch : Il faut démontrer que
l'environnement, le climat et le bien-être de notre société sont aussi
importants que les finances publiques. Alors, si c'est bon pour les finances
publiques, ça devrait être bon pour l'environnement et le climat.
Maintenant, en ce qui concerne la portion de
soutien aux entreprises vers des modèles d'affaires durables, on pense qu'il
est plutôt temps de passer plus à l'action que de revoir tout simplement des
modèles d'affaires. Il faut plus de diffusion des innovations et des pratiques
écoresponsables. Il faut surtout les déployer davantage, accroître l'implantation. D'ailleurs, c'est le cri du coeur du GIEC, dans son rapport du mois d'avril
dernier, qui disait : On en a, des innovations, il faut les
implanter à plus grande échelle le plus rapidement possible.
Alors, d'autre part, le programme de soutien aux
entreprises et aux projets industriels, vous savez, l'ensemble des programmes et des mesures du gouvernement, bien, chez
Switch, nous, on pense qu'il faut arrimer les critères de ces octrois
gouvernementaux aux enjeux environnementaux et sociaux qu'on s'est donnés,
nous, comme État, parce que ce n'est
pas seulement vous, c'est nous, la société québécoise, là, et parce que, ça
aussi, il faut contribuer beaucoup plus
concrètement à la transition vers une économie plus verte. C'est dans cette
optique que, chez Switch, on a travaillé au cours des derniers mois avec
l'Institut du Québec pour développer une grille d'évaluation des projets
industriels. La grille s'appelle Éco+. D'ailleurs, on va la présenter à
certains intervenants du ministère de l'Environnement au cours des prochaines
semaines. Cette grille-là d'évaluation de projet prend en compte, bien sûr, les
objectifs économiques, environnementaux et
sociaux. Et on est très ouverts à partager la grille avec vous tous, parce
qu'on pense que ça peut être un outil qui va nous permettre d'atteindre
les objectifs de la nouvelle stratégie.
Maintenant,
exemplarité de l'État, vous savez, c'est important, c'est un sujet qui
m'intéresse particulièrement, et pour Écotech Québec et aussi pour
Switch. Il faut accompagner nos entreprises, nos start-up innovantes, et les
ministères et organismes doivent devenir des bancs d'essai et, par conséquent,
des vitrines technologiques. Je me souviens, en 2015, il y avait une phrase qui
avait été ajoutée, qui disait : On encourage les ministères et organismes
à mettre en valeur des technologies propres. Ce n'était pas suffisant.
Excusez-moi, ce n'était pas suffisant, parce qu'on n'a pas eu de résultat
probant. Alors, il faut vraiment... Dans la stratégie des marchés publics, on
fait état de cela, mais il faut être encore plus ambitieux. Il faut avoir plus
d'audace.
Une de nos recommandations, c'est que les
ministères et organismes soient obligés de participer à au moins trois projets de démonstration d'innovation de nos
entreprises québécoises au cours de la prochaine stratégie, c'est-à-dire jusqu'à
2028. Il faut leur donner... pas seulement les encourager, il faut leur donner
des obligations. Bien sûr, si on leur donne des
obligations, ça veut dire quoi? Bien, il faut leur accorder les ressources
nécessaires pour le faire. D'ailleurs, là-dessus, je veux saluer l'initiative
du ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie pour la mise en place des Défis innovation Québec. Et ça,
c'est un premier pas dans la bonne direction, c'est-à-dire qu'il y a des
Défis innovation Québec qui appellent les
ministères et organismes à trouver des solutions innovantes dans l'écosystème
du Québec.
Maintenant, les ministères et organismes, un
autre élément important, c'est des acquisitions responsables. Et on s'aperçoit,
dans le document de référence, qu'on a atteint... c'est-à-dire, les ministères
et organismes ont atteint un maigre 5 % dans leurs acquisitions
responsables. Alors, on veut multiplier par trois le maigre 5 %. Pour
nous, ce n'est pas suffisant. Il faut être pas mal plus audacieux, beaucoup
plus ambitieux. Pour nous, la cible devrait être de 50 % d'ici 2030. Puis,
pour ce faire, ça prend des vitrines technologiques inversées, ça prend des
budgets dédiés, ce qu'on retrouve au niveau de la stratégie des marchés
publics. Mais, encore là, il faut accélérer le pas.
• (10 h 10) •
Bref, en conclusion, nous, on estime que les
défis climatiques et environnementaux, ça commande une action plus vigoureuse
et aussi cohérente. Ça prend plus d'audace et d'ambition. C'est pourquoi qu'on
propose... on vous propose d'établir plutôt un secrétariat à l'économie verte
relevant directement du Conseil exécutif afin de coordonner et accélérer
l'effort national que doivent apporter les différents ministères et organismes.
Dans le discours inaugural du 30 novembre dernier, le premier ministre a
mentionné, et je cite : «L'environnement, c'est une priorité pour notre
gouvernement, et je suis convaincu qu'on peut à la fois augmenter, améliorer
notre prospérité puis être capables de respecter
l'environnement. C'est un objectif important pour tout notre gouvernement.» Fin
de la citation. Il va sans dire qu'il faudra piger dans la réserve de courage
si on veut vraiment atteindre nos objectifs. Merci de votre attention.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup, M. Leclerc. Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période d'échange.
Et, juste avant, collègues, je vous demanderais de, s'il vous plaît, fermer
les sonneries sur vos appareils technologiques. M. le ministre, la parole est à
vous.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Messieurs, un gros merci pour votre présence ce matin mais
également pour le mémoire et vos propos. C'est certain qu'on va manquer de
temps pour échanger sur les différents sujets abordés à travers votre
présentation.
Juste quelques éléments de référence. Vous
disiez, d'entrée de jeu : Il faut se positionner à l'international. C'est vrai que c'est un... un moment de notre histoire
où il y a beaucoup, beaucoup d'implications, au niveau international, si
on veut réellement faire une différence au niveau de la lutte aux changements
climatiques, notamment. Et le Québec se positionne bien à ce niveau-là et même
au niveau des accords de libre-échange, parce qu'éventuellement c'est... notre
souhait, c'est de faire en sorte que les accords de libre-échange intègrent,
dans les conditions, justement, une évaluation sur l'impact carbone des
produits que l'on peut faire transiger à nos frontières.
Le Québec n'est pas un pays, certes, mais le
Québec est très actif sur ces échanges-là. L'Union européenne est en train de
développer, justement, une stratégie de marché commun. Le Québec est à la table
de discussion sur ces questions-là pour déjà se positionner. C'est la même
chose avec plusieurs de nos partenaires américains. Donc, à terme, si on veut
réellement faire une différence à l'échelle mondiale, tout ce qu'on fait au
Québec est valable, mais c'est un effort collectif mondial qui doit être fait,
et les accords internationaux auront un impact important à jouer à ce niveau-là. Et c'est pour ça qu'on se positionne
déjà à travers l'acier, à travers l'aluminium, à travers tous les produits que
l'on souhaite exporter, les rendre plus verts possible, avec le moins d'impact
carbone possible, pour qu'ils puissent se qualifier dans ces éventuels
échanges internationaux. Donc, vous dire qu'on est très actifs à la table...
aux tables de négociation à ce niveau-là.
Vous avez parlé de l'exemplarité de l'État.
C'est nécessaire. C'est un incontournable. La stratégie va nous aider à ce niveau-là, mais il y a également des
outils législatifs qui nous étaient nécessaires. Et notre collègue, au Conseil
du trésor, a adopté un projet de loi très
important l'année dernière à ce niveau-là pour qu'au niveau des appels d'offres
du gouvernement du Québec et de ses
différents ministères on puisse inclure des conditions au niveau du
développement durable. Et ça, ça va nous ouvrir des portes intéressantes
pour faire de l'expertise québécoise.
M. Leclerc et moi, on se connaît depuis
plusieurs années. Depuis aussi longtemps que je puisse me souvenir, il parle de vitrines technologiques. Donc, très,
très cohérent dans le discours. Et c'est nécessaire. Donc, ce projet de loi là,
qui est maintenant loi, va nous aider à mettre de l'avant des
innovations québécoises. Ça va devenir des conditions, en quelque sorte, pour
pouvoir transiger avec l'État.
Vous avez parlé de la nécessité d'avoir des
évaluations. C'est bien d'avoir une stratégie, mais il faut savoir l'évaluer.
Et c'est là où je serais tenté, si les collègues le consentent, de céder la
parole à ma collègue pour parler, justement, un petit peu au niveau, oui, du
ministère de l'Environnement, qui chapeaute la stratégie, mais tout
l'accompagnement qui va se faire auprès des ministères et organismes. Donc,
avec le consentement des collègues, on pourrait demander des précisions à ce
niveau-là.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce qu'il y a consentement que la collègue...
D'abord, je vous demanderais de, s'il vous plaît, vous présenter avant
de prendre la parole.
Mme Verdon (Naomi) : Très bien.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme Verdon (Naomi) : Alors, Naomi Verdon. Je suis directrice du Bureau
de coordination du développement durable au ministère de
l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et
des Parcs.
Donc, concernant le
cadre de suivi de la stratégie, parce que je pense que la question était
surtout sur ce point-là, on travaille
présentement avec l'Institut de la
statistique du Québec et les
ministères concernés, les principaux ministères concernés par les
objectifs fixés pour déterminer, donc, les indicateurs de suivi, notamment en
matière économique. On a développé avec l'ISQ un cadre méthodologique, un cadre
statistique pour l'économie verte, qu'on va bonifier dans les semaines qui
viennent, voilà, pour l'utiliser dans le cadre du suivi de la stratégie. Donc,
à un niveau... à ce niveau-là, on travaille avec l'ISQ.
On travaille aussi
avec le Conseil du trésor pour développer l'indice de performance, que vous
avez peut-être mentionné, je crois, pour le suivi, donc, au niveau des
engagements des ministères et organismes.
M. Charette :
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci beaucoup. M. le ministre.
M. Charette :
Non. Est-ce que le temps est écoulé déjà?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Non. Il vous reste 11 min 54 s.
M. Charette :
Parfait, que je vais partager avec les collègues. Peut-être mentionner
qu'il y a des rendez-vous importants au cours des prochaines semaines, des
prochains mois, naturellement, la consultation sur la stratégie, un budget
aussi au printemps, mais, pour nous, l'élément-phare de la session
parlementaire sera aussi la présentation du plan de mise en oeuvre n° 3. Vous allez voir, quand on parle de suivi, lorsqu'on
parle d'ambition, lorsqu'on parle d'obligation de résultat, le plan de mise en
oeuvre qui sera présenté... Je n'ai pas encore la date. Si je vous la disais ce
matin, ce serait une primeur, ne la connaissant pas moi-même à ce moment-ci.
Mais ce sera pour le printemps assurément, un peu après la présentation du
budget. Et vous allez voir que l'ambition sera de nouveau rehaussée avec des
moyens importants.
Donc, je ne veux
juste pas accaparer tous les temps de parole. Est-ce que j'ai des collègues qui
souhaitent intervenir? Oui. En fait, pas le prénom. Mais le collègue,
effectivement, souhaiterait intervenir.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup, M. le ministre. On passe la parole à M. le député de Masson.
M. Lemay : Oui.
Bonjour, M. Leclerc. Bonjour, M. Fahey. Bien content de vous
retrouver ici aujourd'hui, en commission, et
puis très content des recommandations que vous avez faites dans votre mémoire,
là, particulièrement la recommandation 6 que vous avez parlé puis
que le ministre a fait un petit mot tout à l'heure, là, justement, pour inciter
les entreprises et les industries à entreprendre des démarches nécessaires afin
d'identifier et d'adopter des technologies propres québécoises. Alors, merci
beaucoup pour cette...
J'écoutais
votre allocution initiale, puis vous n'avez pas mentionné «encadrer pour mieux
permettre». Est-ce que vous voulez...
M. Leclerc
(Denis) : Encadrer pour...
M. Lemay : Pour
mieux permettre. Est-ce que vous avez aussi, dans cette... Vous voyez un peu
qu'on pourrait encadrer de façon... pour
mieux permettre, justement. Vous ne l'avez pas mentionné. Est-ce que ça reste
toujours partie de votre philosophie?
M. Fahey
(Richard) : Je peux y aller. En fait, l'élément sur lequel on veut
encadrer, c'est... Commençons par le haut, là. Tu sais, on parle d'exemplarité
de l'État, donc, l'État, encadrer l'État dans un cadre de responsabilité
climatique. C'est quoi, ça? C'est des engagements — nous, on a notre
engagement, 37,5 % en 2030 — bien, de se mettre des engagements 2023,
2025, 2027, 2028, 2029, «whatever», là, donc, des cibles périodiques avec un
peu le même mécanisme que la Loi sur l'équilibre budgétaire, de dire :
Bon, si, en 2025, on n'arrive pas au résultat, bien, les ministères... le gouvernement doit mettre en place des mesures
correctrices. Donc, ça, c'est l'encadrement global, OK?
Ensuite de ça,
encadrer pour mieux permettre, c'est aussi d'inciter les entreprises à adopter
des technologies vertes. On regarde, les
dernières statistiques disent que 37 % des entreprises, puis là on exclut
le recyclage, parce que, tu sais, tout le monde alentour de la table, je
suis convaincu, fait du recyclage des matières résiduelles, 37 % des
entreprises du Québec disent avoir intégré une technologie propre. Ça, c'est un
niveau de raffinement important de nos entreprises. Donc, on incite les
entreprises à adopter ça, puis le gouvernement soutient ces démarches-là. Et, ensuite de ça, ce qu'on voudrait, c'est qu'on
apprenne de cela et prendre ces nouveautés, ces innovations technologiques là et
de les utiliser dans le cadre des missions de l'État aussi par les ministères,
organismes, les municipalités aussi.
Donc, c'est une roue,
ça. Donc, si on a un encadrement global, on incite à l'utilisation des
technologies propres et on décarbone au fur et à mesure quand on les utilise de
plus grande façon.
• (10 h 20) •
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci, M. Fahey.
Une voix : ...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui. J'avais compris que votre collègue était pour
prendre la parole, mais vous pouvez continuer.
M. Leclerc (Denis) : Juste un petit
30 secondes, juste en complément d'information. Indicateurs de suivi,
Mme Verdon vient d'en parler, c'est sûr que des indicateurs de suivi vont
être superimportants. C'est ça aussi, encadrer, indicateurs de suivi beaucoup
plus clairs. Ça prend un tableau de bord et non pas être obligé de lire les 110 rapports
annuels pour voir qu'est-ce qu'ils ont fait.
Et, si on
demande... Je reviens à la fiscalité, là, aux
finances publiques. Si on demande des rapports mensuels, des fois, c'est hebdomadaire, des fois, c'est
trimestriel, de nos sociétés, ministères et organismes, ça devrait... L'évolution
de leur engagement par rapport à la stratégie gouvernementale de développement
durable devrait faire partie de ces rapports-là. On dit que c'est important, il
faut le démontrer.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. Leclerc. Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Bonjour,
M. Leclerc, M. Fahey. Merci pour l'intéressant mémoire. Petite
question, en fait, plus de curiosité, mais vous avez, parmi vos propositions,
la proposition n° 9, qui vise à consolider et densifier les milieux
urbanisés autour des pôles d'activité desservis par des transports en commun.
Donc, une première question : Qu'est-ce qu'on fait d'une grande partie du
Québec, où il n'y a pas de transport en commun, comme dans mon comté? «Élargir le champ des redevances de
développement dans le cadre d'une réforme de la fiscalité municipale pour
réduire la dépendance à la taxe foncière», je serais curieuse de vous entendre
sur ce sujet.
M. Fahey (Richard) : Deux éléments.
Premièrement, cette recommandation-là vise d'abord et avant tout à la
densification des milieux et à réduire l'étalement urbain. Tu sais,
globalement, là, c'est la recommandation de réduction d'étalement urbain. Les
gens pensent que, quand tu parles d'étalement urbain, tu parles juste des
villes, mais l'étalement urbain, aussi, c'est l'empiètement sur nos terres
agricoles aussi. Donc, c'est une stratégie qui va contribuer aussi à la
protection des terres agricoles.
Au niveau des redevances, la notion des
redevances, ça a été prévu au projet de loi n° 122 qui a été adopté, très
peu utilisé par les municipalités actuellement pour soutenir les développements
immobiliers. Et, quand je dis «soutenir le développement immobilier», c'est
soutenir un développement immobilier à effet neutre, en quelque sorte, parce que, quand on étire la municipalité,
on étire les infrastructures, on étire les coûts, et ça impose des coûts de
développement, de taxes foncières, et ainsi
de suite. On sait que les municipalités sont... Elles le disent elles-mêmes,
là. Je ne veux pas parler en leur nom, mais les municipalités
disent : Il faudrait revoir le cadre de la fiscalité municipale. C'est
pour ça que Switch propose, dans le cadre du mémoire, une réforme de
l'écofiscalité. Et, dans cette réforme d'écofiscalité là, qui ne veut pas
augmenter le fardeau fiscal des Québécois, là, je pense qu'on est accotés à ce
niveau-là, on veut redistribuer, réutiliser les façons d'inciter un
développement, un comportement fiscal responsable des gens, et de façon à
accompagner notre transition verte aussi.
Mme Grondin : Il me reste combien de
temps?
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui.
Vous... 3 min 50 s.
Mme
Grondin : Peut-être... Je ne sais pas si M. le ministre...
Ça va? Peut-être rapidement. Merci de compléter, en fait, cette réflexion-là. Peut-être juste un élément. Je comprends...
Et, dans la politique, la future politique d'aménagement du territoire,
que tous... décrit comme «enfin!», on verra qu'est-ce qu'il y aura à l'intérieur
de ça.
Je pense que
ce qui est important... Je peux comprendre la notion de dire : L'étalement
urbain, il faut densifier. C'est une question d'équité dans nos
infrastructures publiques, là, de rentabilité. Peut-être se rappeler
également... Parce que, moi, dans mon comté, il y a également énormément de
développements qui se sont faits autour des milieux lacustres. Et là cette
notion-là de densifier, c'est... peut-être qu'il faudrait l'ajuster, parce que,
là, on s'en va à l'encontre de tout ce qui est santé de nos plans d'eau, parce
que ce n'est pas la meilleure des choses de densifier ce qu'on a déjà développé
dans les années 60. Donc, je ferais un petit bémol sur cette approche-là.
M. Fahey (Richard) : Bon point, bon
point.
La Présidente (Mme Maccarone) : M. Fahey,
vous voulez commenter?
M. Fahey (Richard) : Non. C'est une
bonne précision.
La Présidente (Mme Maccarone) : Voilà.
Parfait. M. le ministre.
M. Charette : Le temps file. Je
lisais... Dans votre mémoire, il était question également, oui, d'écofiscalité,
mais également d'économie circulaire. On a
eu quelques articles qui peuvent inquiéter, ces derniers jours, au niveau, par exemple, de l'enfouissement. C'est un dossier qui
a été travaillé depuis de nombreuses années, avec des lois, des règlements
qui vont entrer en application au cours des prochains mois dans certains cas,
sinon les toutes prochaines années, mais on se rend compte qu'il y a beaucoup,
beaucoup de travail à faire.
Le
temps file. Quelques secondes par rapport à l'économie circulaire, gestion des
matières résiduelles. Est-ce qu'il y avait une façon ou une idée nouvelle que
vous pourriez nous présenter ce matin?
M. Leclerc (Denis) : Ou des idées qu'on
réchauffe à nouveau. Mais, d'abord, juste sur l'écofiscalité, là, je vous
invite à aller sur le... le site du ministère des Finances. On voit très bien
l'apport, je dirais, faible de l'écofiscalité au Québec. Alors, je vous
invite à aller voir ça.
Maintenant, en termes
de circularité, réduction des déchets, appelons ça aussi des déchets ultimes,
mais également des matières résiduelles, comment on le fait? Il y a un
mouvement, pas seulement au Québec, mais un mouvement planétaire là-dessus, sur
l'économie circulaire, puis il y a toutes sortes de solutions qui sont essayées
ailleurs aussi dans certaines villes, dans
certains territoires. Je pense qu'il faut regarder de très près ce qui se fait.
Puis, M. le ministre, vous avez mentionné, avec raison, que le Québec
est bien positionné à l'international, parce que... puis chapeau à nos
intervenants, là, parce qu'on fait partie de ces discussions à l'international.
Juste une petite
parenthèse. Il ne faudrait pas oublier que, lorsqu'on parle de climat, on ne
parle pas seulement de carbone. Alors, tout l'aspect biodiversité, tout
l'aspect d'environnement fait partie du climat. Alors, c'est pour ça que la
stratégie gouvernementale en développement durable n'est pas seulement axée sur
le carbone. Il faut regarder le tout dans un angle très, très large pour
inclure tout l'aspect diversité et environnement.
Je ferme ma
parenthèse pour vous dire qu'en termes de circularité...
La Présidente (Mme
Maccarone) : En conclusion.
M. Leclerc (Denis) : ...ça nous fera plaisir
d'en parler davantage avec vous sur ce qu'on peut faire ici, au Québec.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup, M. Leclerc. Merci beaucoup, M. Fahey. Nous
allons poursuivre avec la députée de Notre-Dame-de-Grâce pour une période de
9 min 54 s.
Mme McGraw : Merci,
Mme la Présidente. Alors, premièrement, merci beaucoup de votre présentation.
J'ai quand même beaucoup de questions qui
vont vous permettre, je pense, d'élaborer sur certains aspects de votre excellent
mémoire et présentation.
Donc, je vous salue
pour votre recommandation sur l'adoption d'un cadre de responsabilité
climatique, entre autres. Et, dans ce contexte, est-ce que vous proposez aussi
d'établir des cibles intérimaires, par exemple, qui vont au-delà des mandats...
qui sont à l'intérieur, je devrais dire, des mandats de... par exemple,
gouvernementaux de quatre ans? Nous, les
cibles, c'est 2030, ensuite, 2050. Qu'en pensez-vous, de cibles à l'intérieur
d'un mandat de gouvernement, disons, de 2025?
La Présidente (Mme
Maccarone) : M. Fahey.
• (10 h 30) •
M. Fahey
(Richard) : Pour nous, on a un objectif en 2030, on a un objectif en
2050. Inévitablement, quand on arrive avec nos rapports d'étape, là, où on
dit : Voici l'inventaire cette année, puis on dit : On est à
10 %, puis il nous reste... Tu sais, au mieux, sur le dernier inventaire,
là, puis c'est à l'époque de la pandémie, de confinement, et ainsi de suite,
donc, disons qu'on est à 5 %. En ce moment, on n'a pas de cible pour cette
année. La seule chose qu'on sait, c'est qu'on est à 5 %, puis on en a une
à 37,5 %. Qu'est-ce qu'on fait entre les deux? Oui, il y a des plans d'action de développement durable qui sont mis en
place, mais il n'y a pas d'action-réaction. Donc, si on avait une cible,
en 2023, de, je ne sais pas, moi, 10 %,
bien là, on aurait dit : Ah oui! c'est sûr, à cause du confinement, on l'a
respectée, on n'a pas de mesure à prendre pour corriger la situation, mais on
va être un petit peu plus agressifs, comme le ministre l'a reconnu
lorsqu'il a rendu public, là, l'inventaire.
Je pense que le fait
d'avoir des cibles intérimaires, que ce soit en 2025, en 2027, en 2030, et
ainsi de suite, ça donne une accélération de l'action. Ça évite le cynisme de
la population, qui dit : Ah! encore une fois, on n'a pas atteint notre
cible, parce qu'on est à 10 %, puis notre cible est à 37 %. Si on a
une cible qui dit : Cette année, c'est 10 %, bien là, on aurait été
en mesure de dire : Bien, on a réussi à cause des mesures de confinement.
Ça guide l'action gouvernementale, ça guide l'action de la population et des entreprises,
et, à ce niveau-là, ça amène un cheminement plus ordonné et un objectif qui
paraît peut-être un petit peu inaccessible, de 37 % à ce moment-ci.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Mme la députée.
Mme McGraw :
Merci. Très bien. C'est très bien. Très intéressant comme idée, pas juste
de cibles intérimaires périodiques, mais aussi même à chaque année. Ça, c'est
encore plus intéressant.
Donc, autre question.
Vous recommandez d'imposer aux ministères et organismes, dans le cadre de leurs
plans d'action en développement durable, de participer à au moins trois projets
de démonstration de technologies propres sur
l'horizon 2023‑2028. Pouvez-vous nous donner plus d'exemples sur le
genre d'exercice que vous proposez? Vous en suggérez au moins trois.
Quel serait, selon vous, un nombre optimal? Et comment le gouvernement pourrait
vous accompagner là-dedans?
La Présidente
(Mme Maccarone) : ...
M. Leclerc
(Denis) : Merci pour la question. C'est... Les ministères et
organismes, si on veut vraiment qu'ils jouent ce rôle-là de banc d'essai de
vitrines technologiques, c'est qu'il faut qu'elles se rapprochent des
innovations. Tous les ministères et organismes se doivent d'avoir des cibles,
on en a parlé, mais se doivent aussi de décrire c'est quoi, les enjeux qu'ils
ont, OK? Mais, les enjeux qu'ils ont, c'est qu'il faut aller voir dans
l'écosystème quelles sont les solutions innovantes qui pourraient les aider à
résoudre leurs enjeux. Et ça, c'est primordial. Il ne s'agit pas de réécrire
des appels d'offres, là. Et on sait que, dans la stratégie des marchés publics,
on en fait mention. Mais c'est superimportant que les MO, les ministères et
organismes, vont voir quelles sont les solutions qui existent.
Et nous, on
se propose, chez Switch et d'autres organisations, d'aider, justement, les
ministères et organismes à venir dénicher ces solutions innovantes qui
vont leur permettre d'atteindre plus rapidement des objectifs et même, voire,
de les dépasser. Et c'est pour ça que je saluais Défis innovation Québec. Je
pense que ce dossier-là, c'est un bon premier pas. Mais il faut accroître le
budget. Il faut accroître le rayonnement de cela. Et je suis persuadé que
Mme Verdon, dans le cadre de son travail, elle a des listes d'enjeux de
ministères et organismes, de sociétés d'État qui sont à la recherche de
solutions. Alors, c'est ça, ce maillage-là qu'il faut faire entre les MO et
l'écosystème de solutions innovantes au Québec.
Mme McGraw : ...très
intéressant, parce qu'on a l'expertise ici, au Québec, et on doit l'encourager,
évidemment.
Vous avez parlé, dans votre présentation, d'un
plan rigoureux, chiffré... déchiffré, je devrais dire, pour des objectifs concrets, périodiques, pour avoir achevé
des résultats concrets. Vous avez aussi parlé d'un secrétariat à l'économie
verte. Alors, est-ce que vous pouvez plus
nous en parler, de comment... Je sais qu'il y a des exemples à l'international aussi.
Peut-être nous parler un peu de l'établissement de ce secrétariat-là, comment
ça aiderait aussi les membres de l'alliance,
de la société dans leurs opérations et leurs objectifs respectifs, et surtout
pour atteindre cette action ambitieuse pour atteindre nos objectifs tant
au niveau des changements climatiques qu'aux enjeux environnementaux.
La Présidente (Mme Maccarone) : Juste
avant que vous répondiez, M. Leclerc et M. Fahey, juste pour vous
dire, vous n'avez pas besoin d'activer vos micros. Ça se fait pour vous
automatiquement. Alors, M. Leclerc.
M. Leclerc (Denis) : Merci.
J'ai beaucoup de respect pour le ministre de l'Environnement, mais c'est une tâche titanesque de pouvoir influencer,
accompagner l'ensemble des organismes publics et parapublics, titanesque. Et c'est
pour ça que nous, on regarde ou on suggère que... C'est important qu'on parle
de climat puis d'environnement, mais ça a une importance telle qu'on devrait le
voir au niveau du ministère du Conseil exécutif.
Et l'outil qui existe déjà... Alors, ce n'est
pas de réinventer le velcro, là. Ça existe déjà, des secrétariats. Bien, prenons... faisons un secrétariat à l'économie
verte pour vraiment suivre de très, très près ce qui se passe dans l'ensemble
d'un ministère, d'une société d'État. Et on pense que... Le ministère du
Conseil exécutif, qui se rapporte au premier ministre, on pense que c'est là
que ça peut jouer également, non pas parce que M. le ministre n'a pas
d'influence, tout le contraire, mais ça prend une aura ou une influence encore
plus extrême si on veut faire bouger des choses. Vous l'avez vu, on l'a tous vu dans le temps de la pandémie, ça prend...
on prend des décisions, on avance. C'est exactement le même constat. Ce n'est
pas une pandémie, mais c'est une crise importante que l'on vit en
environnement, en biodiversité, en ressources naturelles. Alors, ça nous
prend des outils du même genre.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la députée, il vous reste 1 min 40 s dans vos échanges.
Mme McGraw : Parfait.
Donc, merci beaucoup. Alors, une dernière question. Vous avez parlé... Une
recommandation qui était très importante et concrète, c'est par rapport
à... surtout à la lumière des récents constats du BAPE et de la Commissaire au développement durable, et vous proposez
des pistes de solution pour augmenter l'indice de circularité de
l'économie québécoise. Pouvez-vous nous en dire plus sur la partie c de cette
recommandation, soit l'établissement d'une cible temporelle pour le zéro
enfouissement? Merci, monsieur.
La Présidente (Mme Maccarone) : Il
vous reste une minute pour votre réponse.
M. Fahey (Richard) : Oui. Très
rapidement. Toute la réforme de la collecte sélective, tu sais, on l'appuie, on incite. On voudrait qu'elle s'accélère, et
surtout sur l'imposition d'un incitatif bonus-malus, là, au niveau des produits
qui sont générés au niveau de la conception, donc l'écoconception, pour inciter
les gens à prendre des produits qui vont être recyclés, qui vont revenir dans
la boucle, et donc d'amener un contenu recyclé. En faisant ça, on pourrait
éventuellement établir, puis on n'est pas là aujourd'hui, là, mais une cible de
zéro enfouissement, dans le sens de dire :
Là, là, il faut arrêter d'enfouir. Nos LTE sont jusqu'au bouchon. Et donc c'est
un processus de faire en sorte que les produits qui sont mis en marché
soient recyclables, que les produits qui sont là doivent avoir un contenu
recyclé, et que cette boucle de circularité
soit finalement établie, et qu'on n'ait pas l'excuse facile de, ah! bien, il y
a l'enfouissement.
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Merci. Merci beaucoup. Nous
allons passer à Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga
Mendez : Merci beaucoup, Mme la Présidente. M. Leclerc
et M. Fahey, merci beaucoup pour votre présentation et votre
mémoire.
Moi, j'aimerais vous entendre un peu plus sur
vos recommandations en matière de gouvernance, et surtout la deuxième, lorsque
vous parlez... Vous dites que, tout projet législatif, règlement, orientation,
on devrait avoir une analyse
pour déterminer la contribution de ces projets-là à la lutte aux changements
climatiques, entre autres. Est-ce que vous pouvez développer un peu
plus?
M. Fahey (Richard) : En 1990, le gouvernement
avait mis des groupes-conseils sur l'allègement réglementaire en
disant : Bien là, il faut diminuer le poids de la réglementation sur les
PME. Et on avait introduit ce mécanisme-là, de
dire : Tout mémoire qui rentre au Conseil exécutif doit avoir une
évaluation de l'impact réglementaire. Si on est capables de mettre un
tel objectif pour de la paperasse, on devrait être capables de mettre un
objectif similaire pour la crise climatique. Et donc c'est... Puis c'est une
mécanique qui ferait en sorte que Mme Verdon pourrait avoir des rapports
périodiques, parce qu'à chaque proposition, stratégie, projet de loi, et ainsi
de suite, il y aurait une évaluation de son impact
climatique. Donc, on vous dirait : Cette démarche permettra une réduction
de cinq tonnes, 500 tonnes, «whatever», là, tu sais, et donc on aurait ce mécanisme d'alimentation des données
qui nous permettrait de suivre nos cibles périodiques qu'on a.
• (10 h 40) •
M. Leclerc (Denis) : J'ajouterais... On parle
de tonnes. Je reviens. Si on dit : Des cibles climatiques, ça comprend
également l'eau, l'air, la qualité de l'air, savez-vous qu'il y a
4 000 personnes qui meurent prématurément au Québec chaque année à cause de la qualité de l'air?
Alors, il y a tout ça, ces éléments-là qu'il faut prendre en considération, pas
seulement au niveau des émissions de gaz à effet de serre.
Mme Zaga
Mendez : Et, dans...
La Présidente
(Mme Maccarone) : Mme la députée, vous disposez de
1 min 19 s.
Mme Zaga
Mendez : Et, dans ce sens... Je vous pose mes deux questions. Avez-vous
des exemples de projets récents qui
devraient peut-être faire l'objet d'une telle analyse? Et est-ce que vous
seriez favorables également à ce qu'on élargisse ce type d'analyse là
pour tout type d'investissement, de subvention ou dépense de l'État?
M. Leclerc
(Denis) : Quand on parle d'analyse, là, l'idée, c'est d'avoir une
croissance qualitative aussi, encore, en
qualité. Alors, l'idée ici, ce n'est pas d'arrêter des projets, mais c'est
d'être conscients de l'impact potentiel d'un projet. Ça, c'est une
chose. Tu sais, comme dirait le ministre de la Santé, bien, il faut le chiffrer
pour pouvoir s'améliorer. Là, c'est un petit peu ça également. Alors, chiffrons
ça, et après ça ayons un processus pour aider ce projet-là ou l'entreprise à
trouver des façons de faire, des pratiques écoresponsables ou des technologies
propres qui vont l'aider à faire son projet
mais, en même temps, à réduire son impact sur le climat, son impact sur l'environnement.
Alors, c'est comme s'il faut que ça devienne intrinsèque aux octrois des
subventions ou des contributions financières du gouvernement.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Nous allons passer à M. le député des Îles-de-la-Madeleine pour
une période de 3 min 18 s.
M. Arseneau :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci, MM. Fahey et Leclerc. Je
vais revenir, si vous le permettez, sur la question des cibles intermédiaires,
là. J'ai l'impression que, si on faisait le parallèle avec un débat qui a cours dans la société aujourd'hui, là, sur
l'éducation, c'est comme si on avait juste un bulletin de fin d'année puis qu'à
chaque fois on échouait puis on n'a pas de mesure de rattrapage. Donc, ce qu'on
veut, c'est des rapports d'étape puis
essayer de corriger le tir, mais est-ce que vous voyez ça comme étant complexe
ou... C'est parce que j'ai l'impression que c'est un peu ça qu'on va
nous dire : C'est lourd, c'est difficile.
M. Leclerc
(Denis) : Quand on ne veut pas faire quelque chose, c'est toujours
complexe, trop lourd, trop difficile. Ça,
c'est à la base. Moi, j'ai mon objectif de réduire de cinq kilos, de maigrir de
cinq kilos. Je me fais des cibles hebdomadaires, mais je me pèse à tous
les matins. OK, je n'ai pas atteint mes cibles en 2022, je vous le dis, un peu comme le Québec, mais ce que je veux... Il y a une
façon simple d'identifier, d'illustrer où on en est rendus dans notre
plan d'action. Alors, faisons ça simple pour que tout le monde puisse le
comprendre également.
M. Arseneau :
Vous avez parlé de tableau de bord. J'imagine que vous allez avoir une
oreille attentive du gouvernement, qui
multiplie les tableaux de bord dans différents domaines. Est-ce que vous le
voyez en continu, en temps réel, l'évolution qu'on pourrait avoir dans
le domaine, ou sur une base annuelle, par exemple?
M. Leclerc
(Denis) : Bien, je pense que... Non, mais ce n'est pas une base
annuelle, puis, tu sais, en continu, c'est autre chose, mais je pense qu'il
faut se donner des temps réalistes et réalisables, pour nos sociétés d'État et
les ministères, qui vont pouvoir nous rendre
compte de l'état de la situation. Tout à l'heure, je parlais... Tu sais, trimestriellement, il y a des... il y a des
données financières de nos sociétés d'État, des fois, mensuelles. Je pense
qu'il faut trouver juste un bon... un bon rythme pour nous... nous permettre de
bien identifier si on a besoin de correctifs pour atteindre nos cibles.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Il reste environ une minute à vos échanges.
M. Arseneau : Vous
avez fait le parallèle avec la question du budget gouvernemental ou des saines...
de saine gestion des finances
publiques. De notre côté, notre groupe parlementaire, avec mon prédécesseur
Sylvain Gaudreault, on a souvent émis l'hypothèse d'adopter un budget
carbone. Est-ce que vous avez une opinion là-dessus?
La Présidente (Mme Maccarone) : En
45 secondes, s'il vous plaît, votre réponse.
M. Leclerc (Denis) : Tu sais,
on peut appeler ça budget carbone, on peut appeler ça toutes sortes de
processus, mais l'idée, ce qu'on a soulevé, là, c'est que, pour des
contributions, des aides du gouvernement par rapport à des projets, il faut
connaître l'impact sur l'environnement, sur le climat et trouver des façons d'y
remédier. Je ne m'obstinerai pas au niveau des appellations, des expressions,
mais je pense que c'est important qu'on remette en place ça, un tel mécanisme.
M. Arseneau : On parle un
peu... on parle un peu de la même chose, si je comprends bien. Merci de votre
présentation.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Je vous remercie pour votre contribution aux travaux de la
commission.
Je suspends les travaux quelques instants afin
que l'on puisse accueillir le prochain groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 10 h 45)
(Reprise à 10 h 49)
La Présidente (Mme Maccarone) :
Je souhaite la bienvenue aux représentants... Maintenant, nous allons reprendre
nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux représentants du collectif G15+,
Mme Béatrice Alain, directrice générale, et M. Denis Bolduc,
secrétaire général. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé, après quoi nous procéderons à la période d'échange avec les
membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et puis à
commencer votre exposé.
G15+
Mme Alain (Béatrice) : Bonjour.
Bien, d'abord, merci beaucoup au nom de toutes les organisations qui
s'investissent au G15+ pour cette invitation.
• (10 h 50) •
Le G15+ existe, donc, depuis 2020. C'est un
collectif de leaders économiques, sociaux, environnementaux qui ont commencé à
réfléchir ensemble, dans un contexte de COVID, sur comment assurer un Québec
plus solidaire, plus vert, plus prospère.
En 2022, on a dévoilé des indicateurs du
bien-être du Québec pour encourager le gouvernement du Québec à intégrer le
bien-être au coeur de ses politiques publiques. On pense que la recherche du
bien-être offre aux décideurs publics et à
la population un cadre de référence qui est mieux adapté aux grands défis
auxquels on fait face, qui vont appeler à des choix sur l'impact économique,
environnementaux ou sociaux de... ou l'impact de nos choix, et de mobiliser,
et de mesurer toute l'innovation en cours au Québec actuellement face à ces
défis de société.
Le G15, aujourd'hui, propose une nouvelle
ambition gouvernementale, faire du Québec la première société nord-américaine basée sur la recherche du
bien-être. Donc, le mémoire qu'on a présenté s'articule autour de trois
axes : d'abord, la nécessité d'une refonte majeure du cadre de
référence pour intégrer le développement durable dans toutes les sphères d'intervention de l'administration
publique; ensuite, proposer une nouvelle approche de mesure du bien-être à
l'échelle gouvernementale fondée sur des principes de dialogue, de rigueur, de
transparence, de simplicité et d'imputabilité; et ensuite rappeler que
l'adhésion à une société du bien-être passe par un processus de dialogue social
qui reflète les préoccupations de la population.
M. Bolduc (Denis) : Alors, la stratégie... Bonjour. Alors, merci pour
l'invitation.
La stratégie 2023‑2028, c'est la troisième
à être mise en oeuvre par le gouvernement du Québec. On reconnaît les efforts
du ministère de l'Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, de la
Faune et des Parcs d'essayer de coordonner
les actions des ministères ou des organismes également pour qu'elles soient en
harmonie avec la stratégie du gouvernement, mais ça ne fonctionne pas.
On pense que le gouvernement manque la cible. La stratégie ne livre pas les
résultats attendus. Et donc c'est la constatation du G15+, mais c'est aussi ce
que nous dit le Commissaire au développement durable dans de nombreux constats
qu'il a faits au cours des dernières années. Le commissaire écrit noir sur
blanc qu'il constate un manque d'engagement des ministères, des organismes à
prioriser et planifier leurs actions dans
une réelle recherche du développement durable. Leur degré d'engagement n'est
pas tellement élevé, on peut le constater.
On veut aussi souligner que le travail
d'arrimage qui a été fait dans la stratégie 2023‑2028 avec... pour se
coller aux objectifs de développement durable des Nations unies, ça plaît au
G15+. C'est le cas aussi de la volonté annoncée de réviser le système national
d'indicateurs et de cibles pour les décideurs publics et la population. Je vous
parlais, il y a quelques secondes, d'une certaine
paralysie, là, dans la mise en oeuvre de la stratégie. Peut-être que de nouveaux indicateurs clairs, compréhensifs
permettraient de faire bouger davantage. Et, malgré tout, malgré ces quelques
améliorations, le G15+ croit que le cadre de
référence ne répond pas aux défis qu'on veut se donner, soit une meilleure intégration
du bien-être et du développement durable dans toutes les sphères de la société,
à cause, notamment, d'une reddition de comptes qui est trop lourde et d'un
manque d'imputabilité des ministères et des organismes.
Mme Alain
(Béatrice) : C'est pourquoi on vous propose cette ambition nouvelle de
se fier à des indicateurs du bien-être. Il y a un appétit dans la société
civile. Il y a un appétit puis un besoin dans les groupes organisés, que ce
soient les entreprises, les travailleurs, les organisations communautaires, les
organisations en économie sociale. Les propositions
s'inspirent de la démarche du gouvernement de la Nouvelle-Zélande. Donc, ce
n'est pas quelque chose de farfelu. C'est très concret et viable. Et on
estime que cette proposition de nouvelle gouvernance a le potentiel de faire du
Québec la première société nord-américaine basée sur la recherche du bien-être,
quelque chose qui sous-tend nos actions depuis longtemps, mais de le
formaliser.
On
propose, donc, cette approche ambitieuse de mesure du bien-être. D'abord,
adopter un cadre de référence du bien-être arrimé à des indicateurs et
des cibles rigoureux, accessibles et vulgarisés.
La deuxième
proposition, publier un budget du bien-être du Québec, donc, c'est une
innovation majeure qui axe la mesure du
progrès au-delà de seulement la croissance du PIB et confirme le rôle pivot du
ministère des Finances. Un des constats, c'est que, si l'environnement
et/ou le développement durable est uniquement le projet du ministère de
l'Environnement, on a de la misère à faire contribuer tous les autres
ministères et leurs partenaires à ces objectifs ambitieux.
La
troisième proposition, publier l'état du bien-être du Québec. Donc, avoir un
rapport périodique qui offre à la population
une vision plus longue, plus large et plus profonde de l'évolution de notre
bien-être facilite la compréhension des enjeux puis des compromis
auxquels on doit faire face, donc, qu'on propose aux quatre ans.
Et,
la quatrième proposition, faire adhérer le Québec à la Wellbeing Economy
Governments Partnership, qui est un regroupement d'États très similaires au
Québec — on
parle de la Nouvelle-Zélande, l'Écosse, la Finlande — qui
formalise cette ambition gouvernementale de
faire du Québec la première société nord-américaine basée sur la recherche du
bien-être mais qui, aussi, favorise le partage d'expertises et de pratiques
politiques transférables.
M. Bolduc
(Denis) : Alors, le message important
qu'on veut livrer aujourd'hui, les membres du G15+, qu'on veut vous livrer à vous, les parlementaires, c'est
qu'on croit fermement que l'adhésion à une société de bien-être passe nécessairement
par le dialogue social.
Je vous le dis, je
vous le dis très respectueusement, on se questionne sérieusement sur l'impact
qu'auront les présentes consultations sur la mouture finale de la
stratégie 2023‑2028. L'entrée en vigueur de la stratégie est prévue pour le 1er avril prochain. C'est dans moins...
Ça laisse moins de deux mois avant la fin des consultations. C'est un délai qu'on
considère très court pour permettre au gouvernement d'intégrer, de refléter
dans sa stratégie les témoignages qui sont entendus ici.
On aurait aussi
souhaité que le bilan de la mise en oeuvre de la stratégie actuelle 2015‑2020
soit connu avant la publication du présent document de consultation de la
présente stratégie et le lancement, donc, du processus de consultation. Ça aurait été grandement utile
d'avoir ces données-là. À défaut, on se réfère, évidemment, aux constatations du
Commissaire au développement durable, et il nous dit que ça ne fonctionne pas.
Alors, on demande...
on demande au gouvernement de mettre en place une table de concertation des
parties prenantes incluant le public. On croit qu'un processus de dialogue
social qui permet d'entendre les préoccupations de la population et des parties
prenantes serait utile, et... parce que, quand les gens comprennent l'objectif,
ça facilite leur participation. On le voit dans plusieurs dossiers. On
plongerait plus facilement vers une transition juste pour tous et pour toutes, et une société plus juste, plus
égalitaire et plus verte avec un dialogue social complet. Merci beaucoup.
Alors, on est prêts à répondre à vos questions.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Merci beaucoup pour votre exposé. Nous allons
maintenant procéder aux périodes d'échange. Et on va débuter avec la députée
d'Argenteuil.
Mme Grondin :
Ah oui? Merci. Je voulais laisser M. le ministre... Parfait. Bonjour.
Excusez-moi, je... En fait, j'ai deux questions rapidement. Et merci pour tout
le travail qui est fait dans le cadre de ce mémoire-là. Très intéressée par
cette question-là de bien-être, les indicateurs, notamment.
Pour avoir été dans
le milieu communautaire, le milieu municipal, c'est souvent là où il est
difficile d'avoir des indicateurs assez rigoureux et performants pour évaluer
des réalités qui sont locales, régionales et nationales. On le sait, que c'est difficile de mesurer. On le
voit. Que ce soit en santé, que ce soit sur la nature, que ce soit sur la
question de l'eau, que ce soit dans le domaine de l'éducation, c'est
souvent des données... elles sont parcellaires, elles sont morcelées. Comment... comment on va faire si vous
souhaitez mesurer le bien-être? Donc, une nouvelle façon d'établir... On peut parler de qualité de vie. On peut... C'est
ce qui me préoccupe, de repartir à zéro sur des nouveaux indicateurs,
alors qu'on a de la difficulté à aller chercher l'information sur les
indicateurs qui sont déjà là et compris par la population. Donc, ça, c'est ma
première question.
Et, la deuxième, j'aimerais bien vous entendre
sur la proposition de stratégie qu'il y a sur la table. On a des orientations, dont l'orientation 2, où on
discute d'agir en faveur de la nature et pour la santé. Et, à mon avis, pour moi,
je pourrais vous répondre que c'est, selon moi, un des
indicateurs, la nature et la santé, de bien-être, notamment dans nos régions.
• (11 heures) •
La Présidente (Mme Maccarone) :
Mme Alain ou M. Bolduc.
Mme Alain
(Béatrice) : Je commence ma réponse en premier. Effectivement, il y
a... on voit de plus en plus d'efforts pour
mesurer l'impact d'une initiative, que ce soit sur le terrain ou depuis les
ministères. L'initiative d'indicateurs du
bien-être du G15, c'est un processus rigoureux, d'abord, de concilier les
intérêts d'acteurs économiques, sociaux et environnementaux, de dire
comment on peut résumer en quelques données ce qui importe vraiment à tout le
monde au Québec et, avec la participation d'académiques, de regarder des
données qui étaient déjà existantes.
Donc,
la majorité des indicateurs qui sont dans les indicateurs du bien-être du
Québec sont déjà mesurés par l'ISQ. Il reste quelques données à compléter
qu'il vaudrait la peine de documenter plus régulièrement, mais surtout, sur la question d'on en mesure déjà beaucoup, je pense
qu'un des enjeux, c'est que différents ministères mesurent différentes choses, et ces mesures-là ne sont pas toujours
cohérentes ou les mêmes entre elles. Donc, avoir un tableau de bord commun
qui mesure les impacts environnementaux, sociaux et économiques de nos
décisions permet de voir les compromis à faire, et de mobiliser la population
vers cette transition écologique, et de responsabiliser d'autres ministères et
leurs partenaires vers les objectifs de la stratégie de développement durable.
M.
Bolduc (Denis) : Et, peut-être, sur la
deuxième... la deuxième question que vous avez posée sur... Quand on regarde le tableau des orientations dans le
document, des objectifs, c'est sûr, quand on le regarde de façon générale, c'est
difficile d'être contre, par exemple, améliorer la santé des écosystèmes,
difficile d'être contre ça. Alors, le tableau comme tel, c'est quand même assez
facile de dire : Oui, on est d'accord avec plusieurs éléments là-dedans.
C'est sur le comment.
Et la difficulté pour Mme Alain et moi aujourd'hui, c'est qu'on représente
une coalition, le G15+, donc, d'organisations qui peuvent avoir des intérêts...
des intérêts divergents. On doit avoir, donc, une posture de coalition. Alors, sur
le comment on atteint ces objectifs-là, on peut, d'une organisation à l'autre,
avoir une opinion différente. Alors, moi, je
ne peux pas mettre mon chapeau de la FTQ ici aujourd'hui puis vous dire :
Bien, sur les objectifs qui sont
déterminés dans le tableau synthèse, bien, la FTQ, on pourrait fonctionner de
telle façon, Chantier d'économie sociale pourrait proposer autre chose,
le Conseil du patronat pourrait proposer une troisième... un troisième truc, avec, dans notre tête, que c'est
ce qu'il faut faire pour atteindre l'objectif. Alors, on est dans cette
position-là aujourd'hui du G15.
Alors, c'est pour ça qu'on a une posture plus politique sur les propositions
qu'on a à mettre sur la table, qui
font consensus, par exemple, au sein du G15+, là, qui regroupe quand même un
petit peu moins de 20 organisations de la... syndicales,
patronales, de la société civile. Alors...
Mme Alain
(Béatrice) : Je pense que notre présence ici, elle témoigne quand même
de cette ambition. Je pense qu'on en est là au Québec. Il y avait
500 000 personnes qui ont marché à Montréal pour le climat. Il y a un
consensus, que ce soit du Conseil du patronat, des syndicats, des groupes
environnementaux, qu'il faut faire mieux en matière environnementale. On a tous
des priorités ou des moyens différents, mais comment on va rallier tout le monde? Et je pense que c'est le gouvernement,
là-dessus, qui peut faire preuve d'ambition puis dire : C'est vers là
qu'on veut aller, et tous les ministères, tous les organes du
gouvernement vont y adhérer, on va y aller ensemble, et les partenaires vont
suivre ça et contribuer à leur façon.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la députée.
Mme Grondin :
Ça va. Merci.
La Présidente (Mme
Maccarone) : M. le ministre.
M. Charette :
Une question sur un sujet que... qui a été discuté, là, tout au long de la
préparation, au niveau de l'assujettissement des réseaux parapublics. On sait
que c'est une stratégie qui touche d'abord et avant tout les ministères,
plusieurs organismes également, mais ce ne sont pas tous les organismes
parapublics qui sont visés par la stratégie de développement durable. Je lisais
un petit peu ce que vous écriviez à ce sujet-là, mais je serais intéressé de vous entendre, voir est-ce que... est-ce que ça
doit être, oui, des organismes assujettis. Si oui, dans quelle mesure la
reddition de comptes doit se faire? Dans
quelle mesure les contraintes doivent être les mêmes que pour les ministères?
Je serais curieux de vous entendre à ce sujet-là.
Mme Alain (Béatrice) :
...disait Denis, on n'est pas les experts de tout l'appareil
gouvernemental, mais je pense qu'on se réfère aussi aux avis des commissaires
des anciennes stratégies pour dire : Les organisations publiques qui
étaient visées par ces stratégies n'ont pas livré les résultats escomptés.
Donc, le cadre, tel qu'il était prévu dans les éditions précédentes, n'arrivait
pas à assurer l'intégration du développement durable dans les sphères de l'administration publique qui étaient visées.
Et, je pense, c'est dans ce sens-là, de dire : Donnons-nous les moyens
pour que, si... ceux qui sont visés
par cette nouvelle stratégie aient une obligation puis... d'y adhérer, une
reddition de comptes par rapport à
ça, puis des incitatifs, puis une reconnaissance pour ceux qui ont adapté leurs
pratiques pour y répondre.
M.
Charette : ...pas forcément qu'on en assujettisse plus, tant
que cette assurance de résultat soit au rendez-vous pour celles et ceux
qui sont déjà assujettis.
Mme Alain
(Béatrice) : Pour moi, la première question, c'est de faire ce qu'on
veut faire. Après, est-ce que plus de gens devraient contribuer au
développement durable? Assurément. Puis c'est un peu le sens de la dernière proposition du G15, de dire aussi de faire ce
travail avec une base de dialogue social pour qu'également des entreprises,
des travailleurs, des citoyens puissent y contribuer. Pour moi, ça touche aussi
les efforts de d'autres entités, que ce soient parapubliques ou autres.
M. Charette : Vous avez évoqué,
M. Bolduc, la notion de transition juste. Puis c'est un concept qui est
fondamental, qui se développe un petit peu partout à travers la planète, avec,
peut-être, la particularité du Québec, où déjà le Québec, et ça, depuis de
nombreuses années, est très proactif, lorsqu'une entreprise ou un domaine est
en difficulté, pour mettre en place différentes mesures d'accompagnement, et
autres. On souhaite mettre de l'avant ce concept-là encore davantage au niveau
québécois.
Bien, lorsque
l'on parle aux différentes parties prenantes, publiquement, le discours est
relativement uniforme, mais, à partir du moment où on parle aux groupes
de façon individuelle, c'est là où la solution ou la réponse n'est pas la même.
Comment arriver avec une politique de transition juste qui surpasse ou qui
complète ce qui se fait déjà, mais qui
rallierait les différentes facettes, autant au niveau des travailleurs,
travailleuses que des employeurs ou le patronat?
M. Bolduc (Denis) : Sur cette question-là, M. le ministre, vous n'êtes pas sans
savoir qu'on travaille quand même en étroite
collaboration avec le Conseil du patronat et... donc, pour réclamer un groupe
de travail sur la transition juste qui inclurait les ministères
concernés, évidemment, les employeurs, la société civile, les communautés et
les syndicats, bien sûr, et donc tout ça. On vous parle de dialogue, que le
dialogue est important. Dans notre mémoire du G15 aujourd'hui, bien, c'est un
peu ça qu'on dit. Donc, il faut instaurer ce dialogue-là.
Nous... J'ai fait, par exemple, la recherche. J'ai
pris le document, là, de la stratégie gouvernementale. J'ai fait la recherche «transition juste», mots-clés
«transition juste», et j'ai eu deux «hits», excusez le terme anglophone. Un
«hit», c'était dans la définition de la transition juste, le glossaire à
la fin, puis dans le texte, vers le début du document, donc, une autre... une autre mention de la transition juste. Et donc ça
n'apparaît pas suffisamment, là, dans la stratégie gouvernementale.
Je pense qu'au G15, sur la transition juste, il
y a un consensus. Et donc moi, je pense qu'avec... Je suis un petit peu... En tout cas, nous, sur cette
question-là, on... en tout cas, on semble s'entendre avec le Conseil du patronat,
quand on parle employeurs-syndicats, là. On
a, je crois, un discours commun. On... Je pense que vous êtes quand même
au courant de ça. Je ne sais pas s'il y a des voix discordantes aux alentours,
je ne les entends pas au G15, concernant la transition juste.
• (11 h 10) •
M. Charette : ...des voix
discordantes. On s'entend tous sur les principes. Puis effectivement j'ai...
j'ai participé à plusieurs rencontres syndicats-patronat sur cette question-là.
Le principe, on y adhère. Les principes sont les mêmes pour tous. On ne veut
pas qu'il y ait de perdant dans cette transition-là. Mais c'est comment
l'appliquer. La question a été posée à plusieurs reprises, et c'est au niveau
des réponses qu'on n'arrive pas à voir un modèle qui puisse aller plus loin que
ce qui se fait maintenant.
Je vous donne... bien, en fait, je ne vous donnerai
pas de nom d'entreprise en particulier, mais on l'a vu, au fil de l'histoire,
des entreprises ou des domaines qui ont eu à fermer ou qui ont périclité, et le
gouvernement du Québec, et ce, peu importent
les gouvernements qui se sont succédé, était présent au rendez-vous pour
dire : On va aider à la requalification des travailleurs,
travailleuses touchés, on va aider à redynamiser le secteur si le secteur peut
être redynamisé. Donc, il y a toujours eu des actions assez fortes de posées.
Et d'ailleurs je parlais de ça avec plusieurs
collègues ministres de l'Environnement, souvent, à l'international. Je pense à
une conversation, entre autres, avec nos amis anglais et écossais. Au niveau du
charbon, c'est des milliers et des milliers d'emplois, à terme, qui seront
perdus dans ce secteur-là, parce que le charbon est une source importante d'émissions, mais eux n'ont pas encore forcément les
mesures d'accompagnement pensées, prévues, budgétées pour aider ces
travailleurs, travailleuses là, alors que, si nous, on a une entreprise qui est
amenée à fermer, l'accompagnement, il est immédiat.
Donc, le
concept, oui, on se rejoint, mais c'est l'application, comment aller plus loin
que ce qui se fait maintenant.
Un élément de réponse, peut-être, avec les
partenaires du marché du travail au niveau de notre collègue au... Là, les
acronymes de ministères ont un petit peu changé avec le dernier... avec le
dernier cabinet, mais c'est encore le Travail qui chapeaute, au niveau du
véhicule électrique, au niveau du marché automobile, toutes les transitions qui
seront nécessaires. Et différents ministères
et organismes travaillent, justement, à comment accompagner ce secteur-là, comment
s'assurer qu'on a les gens formés pour répondre aux nouveaux besoins. Donc,
c'est quelque chose qui se met en place selon une réalité bien précise.
Bref, on s'entend puis on est d'accord sur les
principes. C'est juste voir comment aller plus loin puis s'assurer qu'on ne soit pas au dépourvu par
rapport à une industrie qui serait peut-être plus vulnérable à l'avenir, compte
tenu des contraintes qu'on va ajouter pour atteindre nos objectifs, là,
climatiques, notamment.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
Alain.
Mme Alain
(Béatrice) : Bien, je pense que, justement, comme vous dites,
M. le ministre, il y a un consensus, au
Québec, sur la grande visée puis une certaine confusion sur comment y arriver,
qui peut faire quoi puis quels sont les compromis à faire quand une industrie polluante ferme, etc. C'est un peu
le sens d'avoir ce cadre général qui va refléter les
choix quand un ministère protège des emplois ou une entreprise, ou protège un
milieu naturel, ou protège une entreprise qui est essentielle pour le bien-être
d'une communauté parce que c'est des services de proximité, bien, comment on
mesure ces choix-là, et d'appliquer cette mesure à l'ensemble des décisions
gouvernementales. C'est pourquoi on pense
que c'est vraiment quelque chose qui est utile pour l'ensemble du Québec que le
gouvernement se donne cette ambition de régir ses actions en fonction du
bien-être, notamment par l'application d'indicateurs du bien-être.
M. Charette : J'ai mon collègue qui
souhaiterait...
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui.
Merci. Nous allons passer la parole à M. le député de Côte-du-Sud. Il vous
reste 1 min 30 s pour vos échanges.
M.
Rivest : On va... on va parler vite, et j'espère que vous
pourrez parler vite aussi, mais on aura certainement l'occasion.
J'ai moi-même oeuvré, là, dans des concepts, là,
d'économie circulaire, d'économie sociale et même de concepts de santé durable, mais j'aimerais peut-être faire un petit pas
de recul avec vous pour m'identifier, peut-être, les indicateurs, là, qui
parlent de bien-être et aussi faire le lien entre ces indicateurs-là et ce
qu'on parle, là, actuellement, le développement durable.
Là, si on avait le temps, j'aurais fait une
petite parenthèse, parce que vous avez parlé de la Nouvelle-Zélande, je crois,
qui a certains éléments. Bien, j'aurais aimé en entendre davantage sur les
indicateurs, comment ils sont utilisés et de quelle façon ça peut s'articuler
pour nous ici, au Québec.
La Présidente (Mme Maccarone) : En
45 secondes.
Mme Alain (Béatrice) : Sur la
question des indicateurs, on n'est pas les experts, mais il y avait des
académiques, qui sont des experts à l'échelle mondiale, qui accompagnaient le
G15 pour voir la comparaison de ces données-là et pour arriver à un bouquet, un
panier de données qui, ensemble, représentaient nos piliers économiques,
sociaux et environnementaux.
L'essentiel, pour moi, c'est que des groupes
aussi différents que le Conseil du patronat, la FTQ, le Chantier de l'économie
sociale, des groupes... la fondation Suzuki s'entendent sur la pertinence de
mesurer l'ensemble de ça. Mais, après, il en
va au gouvernement du Québec de choisir sa série d'indicateurs, de prendre ceux
du G15 ou d'autres. L'important, c'est de regarder les décisions et
l'impact sur ces trois piliers-là, et systématiquement. Sur la question de la
Nouvelle-Zélande, la réponse, c'est que c'est très possible, parce que ça se
fait ailleurs, d'intégrer... d'évaluer les politiques selon des critères
précis.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Merci beaucoup. Nous allons poursuivre les échanges avec l'opposition
officielle. Et je cède la parole à la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Alors, merci beaucoup, Mme Alain et M. Bolduc, pour votre
excellente présentation et le mémoire.
Beaucoup de
questions. Donc, premièrement, ça m'intéresse d'en savoir plus à propos du
Wellbeing Economy Governments Partnership. Vous avez parlé de l'Écosse,
Finlande, Nouvelle-Zélande et, encore une fois, des liens importants avec le
Québec. Alors, est-ce que vous pouvez nous parler plus d'un peu leur
cheminement ou quelles sont les... comme, les conditions gagnantes pour faire
en sorte qu'un gouvernement comme le gouvernement du Québec pourrait se joindre? Qu'est-ce que ça prend? Est-ce qu'il y a des
exercices à faire? En tout cas, parlez-nous plus de ce... de cette
initiative, s'il vous plaît.
Mme Alain (Béatrice) : L'initiative
est née initialement en Nouvelle-Zélande mais a trouvé rapidement intérêt dans d'autres gouvernements, notamment en
Écosse, en Islande, au pays de Galles. J'en oublie un quelque part, mais je ne sais plus. Je pense que l'intérêt... Au
Québec, en particulier, ça fait très longtemps qu'on concilie des questions pas
juste de développement économique mais également de vitalité culturelle, de
développement territorial, la question des femmes.
Donc, on a des soucis sur d'autres questions qui
ne sont pas uniquement économiques, mais c'est de traduire ça concrètement puis
dire : Tout ça dans son ensemble contribue au bien-être du Québec. Et
d'adhérer à un réseau de ce type-là, pour moi, qui montre que c'est très
réaliste, c'est des nations qui sont très similaires aux nôtres en termes
d'enjeux, de préoccupations, est une façon, justement, de valider l'approche
qu'on a, au Québec, de s'inspirer de bonnes pratiques d'ailleurs, de faire
connaître nos choix. Donc, ce n'est pas nécessairement qu'on a besoin de
devenir les maîtres de classe avant d'y adhérer, mais d'y adhérer est un signal
que c'est une façon de nous gérer qui a sens ici et que d'autres nations ont
ces forces pour faire ces choix-là de la même façon.
Mme
McGraw : Donc... Super. Donc, si je comprends bien, c'est
pour devenir peut-être les meilleurs de classe une fois, avec cette adhésion,
qu'on va apprendre, connaître plus, avec nos collègues, les meilleures
pratiques, etc.
Vous avez parlé aussi d'une table de concertation
des parties prenantes et du public. Donc, c'est sûr que le bien-être, ça touche
beaucoup de monde. Et, dans tout ça, on sait très bien que, chez les jeunes, il
y a beaucoup d'écoanxiété et on sait très bien qu'avec les changements
climatiques et les enjeux environnementaux les impacts sont souvent plus prononcés chez les populations
démunies, dans les milieux défavorisés. Est-ce que vous entrevoyez, au
sein d'une potentielle... potentielle table de concertation, une approche plus
particulière avec les jeunes, avec les gens qui proviennent d'un milieu
défavorisé? Quelle serait votre approche vis-à-vis ces groupes-là, qui sont
déjà plus ou moins perdants dans la situation statu quo?
M.
Bolduc (Denis) : D'emblée, on le dit,
hein, il faut que le public... Quand on dit «public», là, qu'il soit impliqué dans ces processus-là de dialogue social,
bien évidemment qu'on entend tout le public, donc, toute la population,
donc, représentation des groupes que vous nommez, évidemment, là.
La
stratégie actuelle qui nous est proposée, là, de développement durable, donc, 2023‑2028
s'appuie en bonne partie sur le Plan pour une économie verte. Or, vous avez
parlé d'écoanxiété chez les jeunes. Puis effectivement on le constate, on le voit. On nous le dit et... Or, le
Plan pour une économie verte est basé... c'est le résultat, finalement, d'un
choix politique du gouvernement, là. Ça aurait pu être plus ambitieux, moins
ambitieux. C'est un choix politique. Ce n'est pas un choix qui est basé sur des
objectifs scientifiques.
Et donc la science
nous commande d'aller plus vite, plus loin, d'être plus ambitieux. Ce qu'on
dit, par contre, c'est : Prenons une nouvelle... prenons une nouvelle
approche et tentons de construire, donc, une société basée sur le bien-être des
gens. Et, quand on parle des gens, on parle des groupes que vous avez nommés,
bien sûr.
Mme McGraw : Merci.
Vous avez aussi mentionné dans votre présentation, et, dans votre mémo, c'est
écrit, que vous avez observé des incohérences, un manque de précision et
d'arrimage dans la stratégie proposée par le gouvernement. Alors, est-ce que
vous pouvez élaborer sur ces points et sur les conséquences qui pourraient en
découler pour le développement durable au Québec?
Mme Alain
(Béatrice) : En fait, on a... Ce n'est pas nous qui avons constaté. On
a constaté que les commissaires l'ont
constaté et on relève ça. Et on dit : Un processus qui est plus... tu
sais, mieux compris de l'ensemble des parties prenantes, que ce soient
d'autres ministères dans le gouvernement ou des partenaires de la société
civile, va favoriser une action plus cohérente de l'ensemble de ces acteurs et
une adhésion plus grande à la transition qu'on doit opérer.
• (11 h 20) •
Mme McGraw : Et
est-ce que vous envisagez, pour promouvoir la cohérence, l'ambition,
l'intégration des piliers environnementaux, sociaux, économiques... Ce serait à
travers, par exemple, cadre de référence du bien-être, budget du bien-être,
état du bien-être. Est-ce que vous pouvez nous parler davantage? Parce que
c'est dans les propositions 1, 2, 3.
Peut-être élaborer, peut-être commencer avec le budget du bien-être du Québec,
élaborer comment s'y prendre puis un peu un... Oui.
Mme Alain
(Béatrice) : Le budget du Québec fait état des efforts de différentes
instances gouvernementales pour travailler leurs fonctions, que ce soit
l'habitation, l'environnement, l'économie. Mais de regarder l'ensemble des impacts de ces décisions-là, c'est-à-dire
qu'est-ce que... quel impact a le logement sur l'économie, sur l'environnement
et sur les considérations sociales, est très... serait très utile et éclairant.
Et avoir un cadre commun permettrait de voir des efforts fournis et des choix
faits par différents ministères ainsi que l'impact des dépenses publiques sur
toutes ces questions. Donc, c'est l'intérêt.
Et ça amène aussi la
responsabilité que le ministère de l'Environnement doive porter un peu seul la
préoccupation environnementale, qui devrait être transversale à l'ensemble de
nos actions, alors que le ministère des Finances reste responsable, un peu,
d'allouer les capacités des différents bras gouvernementaux. Donc, ça nous
ramène à cette fonction pivot du ministère des Finances en particulier.
Mme McGraw : Je
trouve ça très intéressant, parce qu'on sait que le développement durable...
C'est sûr qu'on a, évidemment, notre... le
ministre de l'Environnement avec nous aujourd'hui, mais c'est vraiment un défi
qui relève du gouvernement et de la société en général. C'est
économique, c'est social, c'est environnemental. Alors, c'est vraiment tout.
Donc, je trouve ça
très intéressant aussi de publier l'état du bien-être au Québec. Alors, est-ce
que vous pouvez nous en parler davantage, de cette proposition n° 3?
Mme Alain
(Béatrice) : L'idée des indicateurs du bien-être, et notamment aux
quatre ans, c'est de prendre un peu plus de temps et plus de données pour
montrer comment va l'ensemble du Québec. On a beaucoup parlé, en temps de COVID, des conditions... de la condition
féminine, de femmes qui quittaient leurs emplois pour s'occuper de proches aidants, de situations de logement, mais
beaucoup de ces données sont, des fois, anecdotiques ou pas comparables
par rapport à des années précédentes, ou par rapport à l'Ontario, ou par
rapport à l'international. Donc, de prendre le temps de documenter un peu où on
en est dans la... les questions de biodiversité, environnementales, la
situation des femmes, des aînés, etc., de
l'économie, les taux d'emploi, etc., permet, d'une, part de comprendre, de
vulgariser les... la situation du
Québec puis les choix opérés pour un ensemble d'acteurs, donc la contribution
de d'autres acteurs, et aussi de rendre compte des efforts et des choix
gouvernementaux sur l'ensemble des trois piliers.
La Présidente (Mme
Maccarone) : ...à peu près 1 min 20 s dans vos
échanges.
Mme
McGraw : Super. Donc, peut-être une dernière question : Est-ce
qu'on a pris du retard dans ça à cause de la
pandémie? Est-ce que vous avez aussi des exemples, soit au Canada ou dans
d'autres pays, où ils ont... ils font... ils ont ce budget, ils ont cet
état de bien-être? Est-ce que vous... Est-ce qu'on a des exemples concrets qui
pourraient nous guider ici, au Québec?
La Présidente (Mme
Maccarone) : ...
M.
Bolduc (Denis) : Bien, en fait, le Commissaire
au développement durable l'a écrit à plusieurs occasions, les ministères ne
font pas du développement durable leur priorité. Alors, c'est ce qu'on
comprend. On comprend qu'il y a un manque d'engagement assez... assez
généralisé.
Vous
savez, on aura beau avoir le meilleur... la meilleure stratégie possible, si on
n'adhère pas... si les ministères, les organismes n'y adhèrent pas, ça ne va
pas bien. Et je constate que, dans le document, on utilise souvent le
terme «on souhaite que», «on favorise» telle
chose. On devrait être plus exigeants envers les ministères, les organismes
pour arriver à des objectifs de développement durable réels, là, donc,
qu'il y ait un réel effort pour y arriver.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Nous allons poursuivre les échanges avec la députée
de Verdun pour une période de 3 min 18 s.
Mme Zaga
Mendez : Merci beaucoup. Merci, Mme Alain puis M. Bolduc,
pour l'exposé et le rapport. Je voulais vous
entendre un peu plus sur la critique que vous avez élaborée sur le fait que les
stratégies antérieures, elles n'ont pas
livré les résultats escomptés en termes d'intégrer le développement durable
dans le cadre de l'administration publique et la gestion du
gouvernement. Comment, selon vous, on peut améliorer l'imputabilité de l'État
et le processus de reddition de comptes?
Mme Alain (Béatrice) : Bien, le constat, c'est
ceux des commissaires passés. Donc, c'est... Nous, on reprend ces
constats-là. C'est eux, les experts.
D'autre part, on
pense que d'avoir... On le disait, différents ministères entendent les
préoccupations de développement durable mais ne font pas nécessairement de...
leur priorité de répondre à ces objectifs-là, parce qu'ils ont leurs propres objectifs, que ce soit en
logement, en agriculture, en économie. Donc, d'avoir, encore une fois, une
série... des indicateurs du bien-être et que tous les ministères se
rapportent aux mêmes objectifs, aux mêmes indicateurs, font état de leurs
efforts et des impacts de ces efforts-là sur l'ensemble de ces trois piliers,
on pense, va permettre une action plus cohérente et une reddition de comptes
plus claire de la contribution de tous et chacun.
Mme Zaga Mendez : Et, dans ce sens, est-ce
que vous serez favorables d'inclure... Là, tantôt, on parlait d'analyse
d'impact climatique, si je mets dans vos mots, d'analyse d'impact du bien-être,
des différents projets de loi, de toute l'édition législative. Est-ce
que vous serez favorables d'aller dans ce sens-là?
Mme Alain
(Béatrice) : Ce n'est pas tant l'analyse des projets mais d'avoir des indicateurs
de suivi, donc, de mesurer ponctuellement où on en est. Et je pense
qu'effectivement d'avoir ces mêmes indicateurs pour évaluer une série de choix sociétaux auxquels on va faire
face va permettre une plus grande transparence des choix gouvernementaux
et une plus grande adhésion de la part de la population, incluant les... les
communautés puis les entreprises.
Mme Zaga
Mendez : Merci.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Il vous reste 1 min 15 s.
Mme Zaga Mendez : Ah! il reste une minute.
Puis je voulais vous entendre aussi sur le principe d'écoconditionnalité.
Vous parlez, oui, des indicateurs de
bien-être, mais quel est votre avis sur l'application de ce principe-là,
c'est-à-dire de rendre... Allez-y.
La Présidente (Mme
Maccarone) : En 50 secondes.
M.
Bolduc (Denis) : On est plus... on est
plus dans le comment, là. Puis j'expliquais, au début, que notre position ici est en tant que porte-parole d'une
multitude d'organismes. Et là c'est un peu délicat, pour nous, là, de
dire : C'est telle recette qui devrait fonctionner plutôt qu'une
autre. Alors, je ne sais pas si...
Mme Alain
(Béatrice) : ...la valeur ajoutée de notre présence ici en tant
qu'acteurs qui ne sommes pas des experts en
environnement, c'est qu'on témoigne de l'adhésion de groupes très différents,
que ce soit l'économie sociale, ou les travailleurs, ou d'autres, à ce
besoin d'avoir un développement durable pérenne au Québec.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Nous allons passer la parole à M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. Alors, Mme Alain, M. Bolduc, merci de votre présence et
chapeau pour... de porter un message d'une coalition d'organismes qui, a
priori, pourraient avoir davantage de choses qui les séparent
que... parfois, là, aux yeux des gens de l'extérieur, que des points en commun.
Donc, ça n'a sûrement pas été facile d'aboutir au dépôt d'un mémoire comme
celui-là. Puis ce qui est intéressant, c'est qu'on aura l'occasion de discuter
avec les représentants de la plupart des organismes que vous représentez.
La question que j'ai
pour vous, c'est la suivante. Une fois qu'on a dit que le cadre de... le
mécanisme décisionnel ne livre pas les résultats escomptés puis qu'on a dit
également, là, que, bon, les indicateurs n'étaient pas adéquats puis que ça manquait de précision, là, les objectifs, et ainsi
de suite, j'ai comme l'impression qu'en proposant une démarche qui est
campée sur le cadre de... un cadre de référence sur le bien-être, et puis un
budget, et tout ça... qu'on s'éloigne, en
fait, d'un certain point de vue, du coeur de ce dont on discute ici. Puis, si
on vous dit : Bien, tout ça, c'est
une belle démarche, mais c'est une démarche qui pourrait être menée dans un
autre forum, dans un autre moment, à
une autre... à une autre table, qu'est-ce que vous avez à répondre? En quoi
est-ce qu'on peut convaincre le gouvernement que ce que vous proposez,
ça doit s'intégrer dans la stratégie gouvernementale de développement durable?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Dans une minute, s'il vous plaît.
Mme Alain
(Béatrice) : Bien, je pense que la question environnementale, elle est
tellement importante qu'elle doit être traitée par tous. Mais, pour qu'elle
soit traitée par tous, on doit voir les choix à opérer, c'est-à-dire où est-ce qu'on ne va pas construire, ou quels
genres d'emplois on ne va pas sauvegarder, ou quels sont les choix. Et donc,
pour ça, tous ont besoin de rendre des
comptes, oui, en matière de leurs objectifs, de leurs ministères, mais
également des impacts environnementaux de ces décisions-là.
M. Arseneau :
D'accord. Et est-ce que vos
propositions sont nécessairement à intégrer en ordre chronologique, c'est-à-dire...
et à prendre ou à laisser comme un forfait, là, c'est-à-dire : Il faut un
cadre de référence, il faut un budget, il
faut également, là, adhérer à l'organisation que vous mentionnez, et ensuite à
un dialogue social, ou on pourrait avoir le dialogue social tout de
suite, admettons que les autres étapes ne puissent pas être franchies
rapidement?
• (11 h 30) •
Mme Alain (Béatrice) : ...dialogue social en
tout temps, mais je pense que, notamment, la question des indicateurs,
qui apparaît complexe, est possible, parce qu'un dialogue social est en cours
actuellement sur ces questions-là, parce que
la question d'un Québec plus vert, plus solidaire et plus riche, plus prospère
intéresse beaucoup de parties prenantes déjà. Donc, c'est une main
tendue au gouvernement pour collaborer en ce sens.
M. Arseneau :
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme Alain, M. Bolduc, je vous remercie pour
votre contribution à nos travaux ici, de notre commission.
Je suspends les
travaux quelques instants afin que l'on puisse accueillir le prochain groupe.
Merci.
(Suspension de la séance à
11 h 31)
(Reprise à 11 h 35)
La Présidente (Mme
Maccarone) : Alors, nous allons recommencer nos travaux. Bonjour et
bienvenue à la Commission des transports et
de l'environnement. Avant de
commencer officiellement la captation, je vous demanderais de vous nommer
à tour de rôle afin de valider le bon fonctionnement de communication.
Aujourd'hui, nous
allons accueillir le groupe de Conseil patronal de l'environnement du Québec.
Mme Hélène Lauzon, présidente et directrice générale, et M. Olivier
Dulude, directeur adjoint des affaires publiques et législatives, vous disposez
de 10 minutes pour votre exposé. Et maintenant je vous cède la parole.
Merci.
Conseil patronal de l'environnement du Québec (CPEQ)
Mme Lauzon (Hélène) : Merci, Mme la Présidente.
Bonjour, M. le ministre et Mmes, MM. les parlementaires.
Dans un premier
temps, je souhaite discuter ou aborder la question de l'étude d'impact,
l'analyse d'impact réglementaire de la stratégie gouvernementale de
développement durable. Cette analyse d'impact laisse croire... ou, en tout cas,
c'est une affirmation qui est vraie mais qui doit être nuancée, que la
stratégie n'engendrera pas de coût ou de bénéfice direct pour les entreprises
québécoises.
C'est vrai que la
stratégie, elle vise plus précisément les ministères et organismes. Par contre,
elle aura des impacts significatifs sur les
entreprises, ne serait-ce que parce que tous les ministères et organismes
devront dorénavant, dans leur planification stratégique, dans leurs
décisions, dans plusieurs éléments de leurs programmes également, leurs
programmes gouvernementaux... devront inclure toute cette question de la
stratégie de développement durable, qui aura des impacts. Puis, à la
page 2 de notre mémoire, nous avons énuméré une série d'exemples qui,
lorsqu'on les regarde, permettent de voir qu'il y aura des impacts importants.
L'accélération du développement de l'économie circulaire,
l'accroissement de la proportion d'entreprises qui doivent axer leur stratégie
d'affaires sur le développement durable
puis le soutien au développement des filières vertes et des technologies
propres, ça va avoir un effet direct sur les entreprises. Donc, on
souhaiterait que ce soit précisé davantage, dans l'analyse d'impact
réglementaire, de quelle façon cette stratégie aura des impacts sur les
entreprises.
Dans un deuxième temps, je
souhaite aborder la question de la transition juste. La stratégie inclut la
notion de transition juste, puis nous croyons qu'il s'agit d'un élément
important qui sera structurant pour l'ensemble de l'appareil gouvernemental,
puis nous l'appuyons. Par contre, nous ne sommes pas d'accord avec le
vocabulaire qui est utilisé. La transition juste, c'est un concept qui a été
intégré par la communauté internationale, dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques et de la
transition énergétique, pour que personne ne soit laissé derrière, donc,
personne ne soit touché dans le cadre...
c'est certain que les gens vont être touchés, mais qu'on ne laisse pas les gens
par eux-mêmes. Donc, s'il y avait une fermeture d'entreprise, des
employés qui perdent leurs emplois, une communauté qui perd des entreprises
importantes, bien, la transition vise justement à trouver des solutions pour
venir en aide à ces gens qui pourraient être affectés.
Or, le gouvernement propose la notion de
transition socioécologique, qui est beaucoup plus large puis qui englobe non seulement la lutte contre les
changements climatiques puis la transition énergétique, mais aussi l'ensemble
des transformations économiques et sociales
qui sont nécessaires pour répondre aux grands enjeux environnementaux,
socioéconomiques. Nous croyons que la transition juste inclut tous ces
concepts. Donc, ce n'est pas nécessaire. Puis c'est une définition qui semble
assez difficile à circonscrire, lorsque l'on regarde le glossaire.
Donc, nous croyons que la notion de transition
juste devrait être ce vocabulaire qui soit utilisé plutôt que la notion de transition socioécologique, d'autant
plus que cette notion de transition socioécologique n'inclut pas... ne semble
pas inclure intuitivement la notion de
développement économique, la dimension économique du développement durable.
Donc, on voudrait remplacer la notion de transition écologique par transition
juste.
Puis aussi,
finalement, avant que je passe la parole à mon collègue, la stratégie laisse
croire que ce sont seulement les
groupes communautaires puis les entreprises d'économie sociale qui vont être
touchés, et donc un soutien pourrait leur être apporté, alors que les
entreprises privées seront très touchées par la transition écologique, la
transition énergétique et par la lutte aux
changements climatiques. Donc, elles sont d'autant plus touchées qu'elles ne
bénéficient pas d'un financement
récurrent, ce qui est le cas des groupes communautaires, bien souvent, et des
entreprises d'économie sociale. Donc, on souhaiterait aussi que cette précision
soit apportée et qu'on ne laisse pas pour compte les entreprises privées
dans la stratégie de développement durable. Alors, Olivier, je vous cède la
parole.
• (11 h 40) •
M. Dulude
(Olivier) : Merci beaucoup. Bonjour, Mme la Présidente, M. le
ministre, MM., Mmes les députés. Donc, je vous remercie de nous offrir
l'occasion de présenter quelques commentaires en lien avec le projet de
stratégie gouvernementale de développement durable.
De mon côté, il y a deux aspects spécifiques,
dans les objectifs du projet de stratégie, sur lesquels je veux attirer votre attention. D'abord, il y a
l'objectif 1.1, qui s'intéresse aux actions des ministères et organismes
pour appuyer le développement durable dans les modèles d'affaires des entreprises,
et cet objectif comprend celui d'accélérer le développement de l'économie
circulaire.
Donc, évidemment, le CPEQ appuie cet
objectif-là. L'économie circulaire, c'est un outil qui est transversal, qui
permet de répondre à différents enjeux environnementaux. On peut penser au
climat, à l'efficacité énergétique, à la
biodiversité, à la gestion des matières résiduelles. Évidemment, j'en passe.
Donc, on pense que c'est, effectivement, utile de s'intéresser à
l'économie circulaire pour favoriser des modèles d'affaires plus verts.
Et on était bien contents de voir l'inclusion de
la feuille de route en économie circulaire dans le projet de stratégie. C'est une feuille de route... C'est
quelque chose qu'on attend depuis un certain temps. C'est utile pour identifier
rapidement quelles seront les stratégies que le gouvernement va prioriser,
peut-être, dans différents secteurs en termes de stratégie d'économie
circulaire, qu'on parle d'écoconception, de réparabilité, de réparation, de
recyclage, donc, quelles seront les stratégies que le gouvernement priorisera
dans ses actions gouvernementales.
C'est important d'avoir une direction claire
pour qu'on rattrape un peu le retard que le Québec a pris en termes de
développement d'une stratégie, là, coordonnée en économie circulaire. Donc, on
pense que la stratégie gouvernementale pourrait prendre... pourrait prévoir un
échéancier relativement rapide pour l'adoption de la feuille de route, et
évidemment cet échéancier-là devrait comprendre une consultation des entreprises
pour qu'on puisse participer, là, activement au développement de la feuille de
route.
J'aimerais attirer également votre attention sur
la question de la finance durable, là, plus précisément les
objectifs 5.3.1, 5.3.2 et 5.3.4, qui s'intéressent, entre autres, aux
critères de durabilité dans le financement des investissements, les programmes
normés du gouvernement. Donc, des critères de durabilité, c'est très utile, là,
pour, effectivement, diriger la prise de décision en matière de finance durable
du côté du gouvernement. Rendre publics ces
critères-là, les élaborer, ça offre aussi une certaine prévisibilité pour les
entreprises, dans le sens où on connaît un peu à l'avance quelles sont
les attentes du gouvernement, qu'est-ce qui pourrait influencer sur les
décisions en termes de financement de leurs activités, de leurs projets. Donc,
effectivement, là, on pense que tout ça doit être inclus dans une éventuelle
feuille de route en finance durable.
Et puis, au niveau du contenu de ces critères-là,
évidemment, il faut prendre en compte tout ce qui se fait au niveau
international. Il existe des certifications, des normes. Il y a toute la
question de l'approche de l'analyse de cycle de vie, aussi, qui doit être prise
en compte. Donc, il y a toute une réflexion à avoir sur le développement de ces
critères-là. Et l'inclusion de ces critères-là dans une feuille de route en
finance durable, c'est quelque chose qui nous apparaît
positif. Puis, encore une fois, les entreprises, là, pourront être consultées
pour l'élaboration de cette stratégie-là ou de cette feuille de route en
termes de finance durable.
Un autre
petit élément sur lequel je veux attirer votre attention en lien avec la
feuille de route en finance durable, c'est
que, comme vous le savez, Montréal accueille, depuis la fin de
l'année 2021, l'ISSB, l'International Sustainability Standards
Board, qui est un organisme de normalisation international en termes de
divulgation des risques et opportunités en matière de
changement climatique. Donc, Montréal est déjà positionnée comme un leader
international en matière de finance durable, mais je pense qu'on peut quand
même capitaliser sur la présence de l'ISSB, là, pour accroître ce rôle, du côté
de Montréal, à l'échelle internationale.
Donc, ça fait
le tour de mon côté. Je vais céder la parole, encore une fois, à notre
présidente, Hélène Lauzon, pour nous parler d'un dernier point.
Mme Lauzon (Hélène) : Oui, bien, le
dernier point, c'est l'objectif 5.4, l'utilisation des marchés publics
comme levier de croissance durable. Bien, nous appuyons, bien sûr, le projet de
loi n° 12 qui a été adopté l'année dernière puis toute la nouvelle
stratégie sur le déploiement des marchés innovants. Pour nous, ce sera très
structurant pour l'économie du Québec mais aussi
pour encourager la fabrication locale, l'achat local. Donc, ce qu'on
souhaiterait, c'est que le déploiement de la stratégie... Bien sûr, il
est prévu dans la stratégie que le déploiement puisse se faire jusqu'en 2026,
mais, si on veut donner effet à ce projet de loi là, le plus vite, ce serait
d'intégrer les critères de développement durable pour que les entreprises
puissent s'ajuster rapidement aux attentes de l'État.
Ça fait le tour pour nous, je crois. Olivier...
Oui. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons
maintenant débuter la période d'échange. M. le ministre, la parole est à
vous.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Mme Lauzon, M. Dulude, un plaisir de vous retrouver, à
travers des écrans, cette fois-ci. Merci pour votre mémoire. Merci pour votre
présentation.
Peut-être commencer par un des éléments que vous
avez abordés en tout dernier au niveau des achats publics. On le sait, c'est une loi qui a été modifiée il y a peu de
temps, qui va développer un petit peu sa portée au fil des prochains
mois, des prochaines années. J'y vois du bien. Je pense, ce sera l'occasion
pour nos entreprises de faire valoir leurs innovations, faire valoir leurs
produits à travers des incitatifs, là, qui seront intéressants, mais comment,
comment mieux aider les PME, les entreprises à faire valoir, justement, ce
qu'elles ont à offrir au gouvernement du Québec et à ses ministères et
organismes? Donc, la loi, c'est une chose. Est-ce que les entreprises sont
assez bien accompagnées pour, justement, transiger, faire affaire avec le
gouvernement du Québec?
Mme Lauzon
(Hélène) : Ça fait partie des... Comme vous le savez
peut-être... Bonjour, M. le ministre. Ça fait partie des éléments de notre
mission, c'est-à-dire contribuer à la formation, à l'information des
entreprises. Donc, oui, nous allons le faire. Nous avons déjà commencé à
donner de l'information sur la substance du projet de loi n° 12 puis la
stratégie sur les marchés innovants, mais ce que l'on peut penser, c'est que
les grands donneurs d'ordres puis éventuellement les grandes entreprises qui
recevront, peut-être... qui se verront attribuer des contrats par l'État
travailleront parce que leur chaîne de valeur, leur chaîne
d'approvisionnement... Souvent, ils travaillent avec les plus petites
entreprises. Donc, ce qu'on peut penser, c'est que ce sont ces grandes
entreprises qui pourront recevoir les contrats, qui pourront travailler et
exiger de ces plus petites entreprises l'intégration des critères de
développement durable. Donc, c'est vraiment dans la chaîne de valeur.
M. Charette : Parfait.
Merci. Vous parliez de grandes entreprises. J'ai d'ailleurs des chiffres sous
les yeux qui sont intéressants. On voit que plus l'entreprise est
grande, plus il est facile d'intégrer des concepts de développement durable
dans leur stratégie, dans leur approche et même dans les produits qu'ils ou
qu'elles mettent en marché. Une petite
statistique qui est intéressante, on parle de 14,2 % des entreprises
québécoises de cinq employés et plus qui sont engagées, là, dans une démarche de développement
durable, mais on passe à 41 % lorsqu'il est question d'entreprises de 250 employés et plus. Donc, la
distinction, elle est flagrante. On peut penser que la taille d'une équipe rend
possible la mise à disposition, là, d'employés dédiés à ces questions-là.
Bien, comment, comment accompagner les plus
petites entreprises pour qui, justement, ces critères-là ne sont pas encore
intégrés dans leur quotidien? Et est-ce qu'on doit avoir des objectifs
distincts pour les petites entreprises versus
les plus grandes? Parce que la cible était la même. On devait atteindre
30 % d'ici 2020. On voit que les grandes entreprises y sont parvenues assez facilement, de l'ordre de 41 %,
mais on est loin, là, pour les plus petites entreprises.
Mme Lauzon
(Hélène) : Nous avons rendu public, il y a environ deux ou
trois ans, un guide pour aider autant... bien, on avait deux guides, un pour la grande entreprise, un pour
la plus petite. Donc, c'est un guide pour accompagner ces entreprises
étape par étape, pour que ce soit plus facile pour elles. Puis aussi nous
avions mis en place un programme de mentorat
pour que des gens en grande entreprise puissent accompagner des gens de la plus
petite entreprise.
Mais, comme
vous le dites, est-ce que... Comment... comment... La démarche de développement
durable, est-ce qu'elle sera la même? Non, parce qu'il faut commencer plus
tranquillement, plus... aller progressivement avec une plus petite, qui
souvent n'a pas nécessairement commencé. Puis souvent ce que les plus petites
nous ont dit, c'est : Nous sommes submergés par tout ce que l'on doit
faire, que ce soient les conditions de travail, que ce soit le marché de
l'emploi, le recrutement, la production.
Donc, pour ces entreprises-là, le développement
durable, c'est quelque chose de théorique. C'est ça qu'il faut essayer de
démystifier en travaillant avec les grandes entreprises qui peuvent aider les
plus petites. C'est ce que nous avons
contribué à faire en créant ce programme de mentorat et en mettant aussi à la
disposition des plus petites un guide sur comment optimiser sa chaîne de
valeur, entre autres, et puis arriver à intégrer des dimensions du
développement durable.
M. Charette : C'est
intéressant. Est-ce que le principe de mentorat ou le service de mentorat a été
bien reçu? Est-ce que plusieurs s'en sont prévalus?
Mme Lauzon (Hélène) : Oui. Pas
autant qu'on aurait souhaité, mais il a été très bien reçu. Puis les
entreprises qui ont entamé la démarche continuent puis se sont améliorées
aussi. Alors, c'est ça, l'avantage. Mais pas autant, là. Nous, on aurait
souhaité, je ne sais pas, moi, une cohorte de 100 personnes, là. Ça n'a
pas été le cas, là. Ça a plutôt été plus... je vous dirais, probablement,
une... entre 20 et 30, là, au départ. Mais c'est petit à petit que ces choses
se font. Alors, c'est de la sensibilisation que ça prend aussi puis c'est ce
que l'on contribue à faire.
• (11 h 50) •
M. Charette : Et est-ce qu'on
devrait se donner des objectifs différents selon la taille de l'organisation?
Mme Lauzon (Hélène) : Probablement,
oui, parce qu'elles n'y arriveront pas, là, si on compare la grande entreprise
avec l'équipe, comme vous dites, là, il y a une direction de l'environnement...
Vous m'entendez moins, M. le ministre?
M. Charette : ...mon collègue.
Désolé.
Mme Lauzon (Hélène) : OK. Parce que
je pensais que vous ne m'entendiez pas. Alors, je pensais que c'était pour ça.
Donc, oui, en grande entreprise, il y a une
direction de l'environnement, il y a toute une équipe, et puis souvent elles sont
rendues ailleurs avec l'intégration des critères ESG. Et, ça aussi, il faut
contribuer à ce que ces entreprises connaissent les critères ESG, les plus
petites, parce qu'elles devront obtenir un financement d'entreprise, puis les
investisseurs veulent désormais avoir de l'information sur l'intégration de ces
critères ESG, responsabilité sociale d'entreprise. Et c'est beaucoup de
démystifier pour dire qu'une fois que l'on démarre une démarche ça... c'est
sain. Mais, oui, la démarche pour les PME, elle n'est pas nécessairement la
même.
M. Charette : Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Je cède maintenant la parole à M. le député de Masson. Il vous reste
10 minutes pour votre échange.
M. Lemay : Parfait. Donc, très
content de vous voir, Mme Lauzon, M. Dulude. Alors, moi, je vais y
aller avec votre point d, que vous avez à la page 4 de votre mémoire,
sur l'écofiscalité en contexte international. Et puis ce qui m'intéresse de
savoir, là... Bien entendu que c'est important, tenir compte du contexte
international, mais, dans notre stratégie
gouvernementale du développement durable 2023‑2028, là, pour mieux
refléter la réalité... Vous parlez de certains
exemples, là. J'aimerais savoir, là, les ministères, là, ou, lorsqu'on...
nos... les administrations partenaires du Québec, tu sais, dans le cadre
de l'élaboration de leurs politiques... Pouvez-vous préciser un peu plus, avec
des exemples plus spécifiques, comment on pourrait avoir un meilleur rapport
sur le sujet de l'écofiscalité en termes international?
Mme Lauzon (Hélène) : Oui. Je
ne sais pas si mon collègue veut prendre la parole. Olivier.
M. Dulude (Olivier) : Oui. Merci.
Effectivement, cet enjeu-là nous est beaucoup... a été rapporté par les entreprises, surtout dans le contexte d'adoption
du Inflation Reduction Act aux États-Unis,
où l'approche dans... on est vraiment dans le domaine des changements
climatiques, là, mais l'approche de réduction des émissions a été l'approche de
la carotte, alors que, du côté du Canada, de l'Union européenne, on a
plutôt l'approche du bâton avec la tarification carbone, qui est un mécanisme qui fonctionne bien. Mais c'est
deux approches qui sont fondamentalement différentes.
Donc, c'est
l'idée que, sans remettre en question les mécanismes qu'on a qui fonctionnent
bien chez nous, il faut quand même
tenir compte de ce qui se passe ailleurs pour s'assurer qu'on s'adapte, qu'on
réponde à ces mécanismes-là, pour avoir soit des mécanismes pas
nécessairement équivalents dans la même ampleur, mais avoir des choses qui nous
permettent quand même d'assurer que les entreprises, au niveau de
l'écofiscalité, ont un environnement d'affaires qui est relativement similaire,
là, à des juridictions partenaires avec qui on fait beaucoup affaire, là. C'est
la frontière juste à côté, là.
Mme Lauzon (Hélène) : Oui.
Puis, si je peux rajouter, M. le député, si vous permettez, ça a été des cas...
On a dû faire des analyses de cas. Depuis que l'administration américaine a
annoncé son Inflation Reduction Act et son programme sur les infrastructures
aussi, on a dû faire des analyses de cas en se disant : Si le projet est
exécuté ici versus s'il est réalisé aux États-Unis, quelle serait la
différence? Et la différence est majeure. Donc, c'est pour ça qu'on se dit : Ça prend des mesures comme des
crédits d'impôt, mais c'est plus que ça, là. L'administration américaine
injecte des milliards de dollars pour inciter les entreprises à mettre en place
des nouveaux projets. Donc, il va falloir qu'on soit capables de suivre la
cadence. Sinon, on risque de perdre des projets au profit du territoire
américain.
M. Lemay : Merci. Puis, pour
faire du pouce sur la précision que vous venez d'apporter, je vais vous amener plus à la page 7, 8 de votre mémoire, là,
lorsqu'on parle, là, d'utiliser les marchés publics comme levier de croissance
durable, à l'objectif 5.4. Puis, tu sais, vous venez mentionner, à la
fin... Dans votre interrogation, c'est que vous dites qu'on
pourrait préciser davantage un échéancier rapide pour faire
l'opérationnalisation des dispositions de la loi, la loi n° 12 qui a été
adoptée concernant l'achat... excusez-moi, de la loi n° 12 concernant
l'achat responsable, puis moi, j'aimerais savoir c'est quoi, vos attentes sur le
fait qu'on veut avoir un échéancier plus rapide.
Mme Lauzon (Hélène) : Bien,
c'est parce que ce qu'on souhaite beaucoup avec cette loi-là, qu'on a appuyée,
puis on est bien satisfaits de l'adoption, c'est que c'est une loi qui va non
seulement permettre l'achat au Québec, mais qui va permettre d'attribuer des
contrats à des entreprises du Québec pour réaliser des produits, fabriquer des
produits en territoire québécois plutôt qu'on soit obligés d'importer des
produits à l'extérieur du pays. Donc, tant que les critères de développement
durable ne sont pas intégrés dans les documents d'appel d'offres
gouvernementaux, bien, les entreprises ne sont pas encore en mesure d'aller de
l'avant pour pouvoir soumettre des... en fait, déposer des soumissions puis espérer
obtenir les contrats.
Donc, ce qui se
passe, c'est que les... souvent, les fonctionnaires, en ce moment, ne peuvent
pas attribuer les contrats sur la base des critères de développement durable
parce qu'ils n'ont pas revu leurs façons de faire. Et je comprends que l'État
est en train de le faire, le Secrétariat du Conseil du trésor travaille
beaucoup sur cet aspect, comment les fonctionnaires devront intégrer ces
critères de développement durable, mais, pour nous, si on tarde
jusqu'en 2026, parce qu'on entend ça, on a bien vu que, dans la stratégie,
elle pourrait être déployée seulement... jusqu'en 2026, bien, plus on attend,
plus on perd des offres, des possibilités pour nos entreprises du Québec de se
distinguer et de pouvoir déposer des propositions et réaliser des biens ici
plutôt qu'on soit obligés de les importer de différents pays.
M. Lemay :
Merci.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Merci. Je cède maintenant la parole à Mme la
députée d'Argenteuil. Il vous reste 5 min 20 s pour vos
échanges.
Mme Grondin :
Merci beaucoup. Mme Lauzon, M. Dulude, bonjour. Petite question,
en fait. Puis on... Je tente de faire un peu de synergie avec les réponses que
vous avez apportées, qui sont très intéressantes. Soyons un peu plus concrets.
Dans le cadre de la proposition de stratégie de développement durable, on
identifie la question de la nature. Je sais que, Mme Lauzon, l'organisme
est aussi membre du Forum d'action sur l'eau. Donc, si on tombe en matière de
défis pour le Québec en environnement, identifions l'eau et la nature. Il va y
avoir des plans d'action en ce sens qui vont être mis en place. Qu'est-ce qu'on
doit faire, au niveau du gouvernement, pour mettre en place, pour aider...
Qu'est-ce qu'on doit mettre en place pour aider les entreprises à mieux
comprendre leur dépendance par rapport à la question de la biodiversité, de la
question de l'eau? Je sais que vous avez identifié... ou réalisé un guide,
en 2018, sur la question de la biodiversité. On va vous poser les questions
au niveau de l'eau.
Et
mon autre question complémentaire, c'est... En termes de comportements ou
changements de pratiques au niveau du développement durable, il y a une
différence entre les grandes entreprises et les petites. Donc, est-ce qu'il y
aurait lieu de faire une réflexion également à ce point-là, à ce
niveau-là, au niveau des grandes et des petites entreprises?
Mme Lauzon
(Hélène) : Olivier, je ne sais pas si tu veux y aller. Je peux
commencer, mais je vais te laisser compléter, hein, parce que tu as travaillé
beaucoup ce chapitre-là. Bien, ce que je vous dirais, c'est qu'effectivement, Mme la députée, le guide que nous avons publié
en 2018 a pour objectif d'aider autant la grande que la petite entreprise
à intégrer la biodiversité. Puis, encore là,
ce sont des... c'est étapiste, hein, comme structure, là. On y va
progressivement, selon les moyens du
bord, selon le personnel qui existe aussi. Donc, la biodiversité, c'est une
façon de l'intégrer. Est-ce que...
Puis
je sais que, pour l'appareil gouvernemental, là, d'intégrer dans le
questionnaire l'enjeu de la biodiversité... Je ne suis pas certaine que, dans
la première mouture des questionnaires que les fonctionnaires vont devoir compléter
pour attribuer un contrat, la biodiversité va s'y retrouver, là, parce que ce
n'est pas évident à mesurer. Donc, je ne pense pas qu'on devrait... en tout cas, personnellement, je ne pense pas qu'on
devrait aller de l'avant avec ça à ce moment-ci, là. C'est... Il va
falloir commencer avec des critères un petit peu plus objectifs avant d'arriver
là.
Pour l'eau, c'est
peut-être un petit peu plus facile, dans le sens que, tu sais, il y a toujours
des stratégies d'économie d'eau potable, de
réduction de consommation d'eau, de... en tout cas, de mesures d'eau. Mais je
vais laisser mon collègue, M. Dulude, Me Dulude, qui avait aussi
travaillé sur ce chapitre.
M. Dulude
(Olivier) : Oui. Merci. Je vais revenir surtout sur la question de la
nature puis la manière dont on peut aider les entreprises à comprendre leurs
dépendances mais aussi leurs impacts puis les risques qui sont associés avec
les interactions avec la nature.
Évidemment, vous avez
vu passer l'adoption du Cadre mondial de la biodiversité, qui a été adopté lors
de la COP15 à Montréal, qui comprend la cible 15, qui s'intéresse à la
manière dont les entreprises peuvent faire... on parle surtout des grandes
entreprises, des entreprises transnationales, mais la manière que ces
entreprises-là peuvent divulguer leurs risques, impacts, dépendances envers la
nature. C'est quelque chose... C'est un dossier qui évolue depuis un certain temps, avec la création,
notamment, du TNFD, le Taskforce on Nature-related Financial Disclosures,
qui vise à établir un cadre sur la manière
dont les entreprises peuvent mesurer, comprendre, divulguer la manière dont
leurs impacts et dépendances envers la nature
ont des impacts, oui, sur la nature elle-même, mais aussi sur leurs performances
financières, et donc rattacher ça à une stratégie à l'interne qui a un certain
sens au niveau économique.
Je comprends
que la cible 15 va un petit peu plus loin puis s'intéresse aux impacts et
dépendances de manière plus générale
aussi. Et donc on se disait, en lisant la stratégie : Il y a une référence
au plan d'économie verte puis il y a une référence aux OGAT biodiversité, mais il n'y a
pas nécessairement une référence au Cadre mondial de la biodiversité, à
l'éventuel plan nature qu'il y aura dans... peut-être dans la prochaine année, qui
sera plus détaillé. Donc, ça pourrait être intéressant, de ce côté-là, de
s'intéresser à ce qui se passe, là, aux développements internationaux en
matière de divulgation en lien avec la nature et d'intégrer ça dans la
stratégie de développement durable.
Mme Grondin : Merci.
• (12 heures) •
La Présidente (Mme Maccarone) : Il
vous reste 42 secondes.
Mme Grondin : Merci beaucoup.
Mme Lauzon (Hélène) : Merci à vous.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Nous allons passer la parole à l'opposition
officielle. Et, la députée de Notre-Dame-de-Grâce, la parole est à vous.
Mme McGraw : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, je veux juste... Je suis en train de regarder le mémoire
qu'on a reçu ce matin. Donc, merci beaucoup. Et je comprends, je prends note du
fait que le délai dans les consultations...
que vous n'avez pas eu le temps de tout... de consulter vos membres, etc. Mais,
quand même, il y a quand
même beaucoup de contenu. Donc, merci beaucoup.
Alors, vous avez, dans vos... Dans le mémoire,
vous parlez des liens entre les politiques climatiques et la biodiversité, mais
vous n'avez pas eu la chance d'en parler dans vos remarques. Alors, j'aimerais
vous entendre plus là-dessus, si vous pouvez
élaborer sur ces interactions et ce que vous souhaitez voir en termes de ces
liens-là avec la stratégie.
Mme Lauzon (Hélène) : Oui. Je
voudrais juste vous dire que, oui, on a consulté nos membres, parce qu'on ne serait pas autorisés à vous livrer les commentaires
aujourd'hui ou notre position sans les avoir consultés. C'est juste que c'est un délai très rapide, après trois ans,
de la part du gouvernement. Ça ne nous laissait pas beaucoup de temps. Mais vas-y,
Olivier, sur cette question-là.
M. Dulude (Olivier) : Oui. Merci.
Bien, je l'ai un petit peu évoqué dans ma réponse à la dernière question. Mais donc, dans la portion contexte, là, de la
stratégie, on mentionne les interactions entre la stratégie gouvernementale
de développement durable et le plan d'économie verte, on parle d'OGAT sur la
biodiversité, mais après ça, quand on va dans
les objectifs plus spécifiques, on voit... on voit moins, là, des références à
des actions spécifiques de ces plans-là ou de ces mesures-là, sur
comment les actions de chacun des ministères peuvent... peuvent contribuer à
l'atteinte des objectifs de ces plans et autres stratégies là.
Puis ça
m'amène aussi à un autre... un autre aspect qui attire notre attention. C'est
les attentes de participation des ministères et organismes. Il y a... il
y a un passage où on a de la difficulté à saisir. Parce que ça mentionnait que
la stratégie inclura des attentes de participation envers les ministères et
organismes, et là, après ça, quand on va dans la stratégie, sous chacun des
cibles et objectifs, bien, on parle des contributions attendues de la part des
ministères et organismes, et là on avait de la difficulté à saisir la
distinction entre ces deux aspects-là. Et, si on parle des contributions
attendues des ministères, qui ne sont apparemment pas encore dans la stratégie,
bien, à ce moment-là, probablement que, dans
ces contributions attendues là, on verrait des contributions plus spécifiques
aux différents plans en matière de réduction des émissions de gaz à
effet de serre et de biodiversité, mais, pour l'instant, il manque un peu de
détails, là, dans le projet de stratégie qu'on a eu l'occasion de consulter.
Mme
McGraw : Merci, Mme Lauzon. Merci d'avoir clarifié.
C'est sûr que vous avez consulté vos membres, mais on comprend le manque
de temps. Donc, merci quand même.
Alors, vous
avez quand même des exemples, au niveau du projet de stratégie, en ce qui
concerne les entreprises. Et j'aimerais vous entendre aussi plus sur ces
commentaires et recommandations que vous faites, écofiscalité entre autres,
donc, certification environnementale, donc, c'est la section b, Impacts de la
stratégie sur les entreprises, s'il vous plaît.
Mme Lauzon (Hélène) : Oui. Merci.
D'abord, il y a peut-être une préoccupation que nous avons eue en lisant la
stratégie. C'est que le gouvernement semble s'attarder à quelques secteurs
spécifiques qui vont être soutenus dans le
cadre la stratégie de développement durable, puis on se demandait :
Pourquoi se limiter à ces quelques secteurs? Et on pourra vous ramener
aux pages, là, en question. Mais ça, ça a été une préoccupation, en
disant : Il y a beaucoup d'autres secteurs qui, peut-être que...
traditionnellement, ne sont pas associés à des secteurs qui pourraient
contribuer à la transition énergétique ou écologique, mais ce sont des secteurs
qui sont aussi la solution pour l'avenir.
Puis je peux donner comme exemple une
entreprise, les minéraux critiques et stratégiques. Bien, les entreprises
minières sont des entreprises qui vont devoir exploiter les nouveaux minéraux, lithium,
et autres, là, que ce soit pour nos
téléphones cellulaires, pour les batteries, pour les panneaux solaires. Et donc
elles sont aussi... Elles font partie de la solution pour l'atteinte de
la transition énergétique. Donc, ça, c'est une chose que je voulais apporter à
votre attention.
Maintenant, ce qu'on a énuméré à la page 2,
c'est que nous avons fait la lecture de la stratégie en nous demandant quels
sont les différents éléments que l'on retrouve dans la stratégie qui auront des
impacts sur les entreprises. Et c'est pour ça que vous
voyez cette énumération que l'on retrouve un peu partout dans la stratégie.
Mais de dire aux ministères : Vous allez devoir intégrer des critères
d'écoconditionnalité... Bien, on sait très bien que, si les ministères et
organismes intègrent ces critères... d'écoconditionnalité, pardon, dans leurs
programmes gouvernementaux ou même leurs programmes de financement, bien, ça
voudra dire que ça aura des impacts sur des entreprises qui seront
éventuellement financées ou qui bénéficieront de ces programmes.
La même chose pour
demander de favoriser la durabilité de certains biens et leur disponibilité sur
le marché. Qu'est-ce que ça veut dire pour nous? Est-ce que ça voudra dire que
l'État, dorénavant, ne se procurera que des biens durables, entre guillemets?
Favoriser la durabilité... Donc, est-ce qu'ils exigeront, dans les appels
d'offres, que les entreprises fournissent des biens qui assurent une durabilité
puis leur disponibilité sur le marché? Si c'est le cas, ça veut dire qu'il y a
des entreprises qui fabriquent déjà ces biens-là qui devront revoir leurs
processus industriels... leurs procédés industriels.
Demander d'utiliser
la certification environnementale, si je prends cet exemple-là aussi, c'est...
donc, les ministères et organismes qui transigeront avec les entreprises
voudront peut-être dorénavant exiger des certifications. Donc, pour nos
entreprises, ça va vouloir dire de se soumettre à ces critères-là si elles
veulent transiger avec l'État.
Il y a beaucoup
d'autres éléments comme ceux-là qui nous font dire que la stratégie, ce n'est
pas de dire que ça s'adresse seulement aux ministères et organismes, là. Ça a
un effet. Ça percole directement sur les entreprises privées. À partir du moment où le gouvernement va mettre en place tous
ces différents chantiers et aussi ces exigences, là, la gestion
écoresponsable des chantiers de construction, bien, c'est certain que, sur les
chantiers de construction, bien, il va y avoir dorénavant différentes façons de
procéder. C'est dans ce sens-là qu'on a voulu faire cette démonstration à la
page 2 du mémoire.
Mme McGraw : Excellent.
Merci.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Trois minutes.
Mme McGraw :
Là, je vais passer à la section consultation, les questions particulières, la
section c, lorsqu'on demande quel... qu'est-ce qui... qu'est-ce qui vous
apparaît comme prioritaire. Et vous avez souligné l'économie circulaire et l'aménagement durable du territoire. Est-ce que
vous pouvez élaborer là-dessus, s'il vous plaît?
Mme Lauzon
(Hélène) : Je vais laisser aller Olivier.
M. Dulude
(Olivier) : Oui, tout à fait. Bien, comme on l'a mentionné dans nos
remarques introductives, l'économie circulaire, c'est un aspect qui a une... ça
a une dimension transversale. Donc, ça a le potentiel de faire progresser le Québec sur divers enjeux en matière de
développement durable. On peut penser à la lutte aux changements climatiques.
Si on a moins besoin de produire des nouveaux biens ou d'extraire des nouvelles
ressources, bien, il y a toutes les
émissions de gaz à effet de serre, à chaque étape du processus de la production, bien,
manufacture, le transport, la consommation, la gestion des matières résiduelles
en fin de vie, qu'on peut éviter. Donc, au niveau du climat, ça
a un impact important, au niveau de la
gestion des matières résiduelles aussi. Évidemment, si on a une boucle de
circularité qui fait qu'on a moins besoin d'enfouir un résidu ultime, bien
évidemment, on fait des gains environnementaux. Donc, c'est dans ce sens-là où,
l'économie circulaire étant transversale, pour nous, c'est quelque chose
qui peut permettre au Québec de faire des... de faire des grands gains dans
plusieurs domaines à la fois.
L'aménagement durable
du territoire, c'est un peu la même... la même dimension. Ça a un aspect
transversal. Si on pense, par exemple, à des
mesures d'aménagement qui favorisent le transport actif, collectif, c'est des
questions d'aménagement du
territoire, mais qui nous permettent d'améliorer la qualité de vie des
Québécois, qui permettent de lutter contre les gaz à effet de serre, de
limiter la congestion, des choses comme ça.
Puis ensuite il y a
toute la dimension aussi... On a parlé beaucoup de biodiversité. Donc, il y a
cet enjeu-là qui va être de plus en plus
important avec les nouvelles cibles de protection de 30 % du territoire.
Et, au surplus, au sud du Québec, il va y avoir des questions très
intéressantes en termes de conciliation des usages entre la conservation, l'aménagement durable à des fins de développement
économique, le respect de la propriété privée. Donc, il va y avoir tout un chantier de réflexion à avoir au niveau de
l'aménagement du territoire puis comment on peut... on peut arrimer tout ça.
Donc,
on a... on a mis en relief ces deux aspects-là parce que ça avait des impacts
transversaux sur l'ensemble des objectifs de la stratégie.
Mme McGraw : Une
minute. Parfait. Donc, juste pour approfondir, vous avez aussi parlé de
l'innovation. Évidemment, c'est un grand moteur économique. Et une des
solutions mentionnées dans le mémoire est d'injecter de l'argent, d'investir
dans les projets d'innovation. Est-ce que... est-ce que vous pouvez élaborer
là-dessus aussi?
La Présidente (Mme
Maccarone) : En 40 secondes, s'il vous plaît.
Mme Lauzon
(Hélène) : Bien, est-ce que, Olivier, ça va ou tu veux que...
M. Dulude
(Olivier) : Je peux... je peux te laisser y aller.
• (12 h 10) •
Mme Lauzon
(Hélène) : Bien, sur les projets d'innovation... En ce
moment, ce dont nous discutons beaucoup, c'est comment les entreprises
qui ont déjà réalisé de nombreuses émissions de gaz à effet de serre, là... Je
pense que vous avez vu, dans le dernier inventaire
d'émissions de gaz à effet de serre, là, l'industrie a... enfin, s'est
démarquée considérablement par rapport à l'objectif de réduction des émissions
de gaz à effet de serre. Mais, là où il y a des... beaucoup d'émissions de gaz à effet de serre, des grandes quantités que
l'on pourrait réduire, c'est si, éventuellement, les procédés
industriels pouvaient être modifiés, électrifiés et...
La Présidente (Mme Maccarone) :
Merci...
Mme Lauzon (Hélène) : Bien là, on a
des différents enjeux, c'est certain, par rapport à l'électrification de ces
procédés, soit parce que la technologie n'existe pas ou soit parce que...
La Présidente (Mme Maccarone) : Je
suis désolée de vous couper. Merci beaucoup. Nous allons passer au deuxième
groupe d'opposition. Mme la députée de Verdun, la parole est à vous.
Mme Zaga
Mendez : Merci beaucoup. Merci, Mme Lauzon et
M. Dulude, pour la présentation et le mémoire. Ma première
question, c'est concernant les critères de durabilité dans le financement, les
investissements et les programmes. Vous avez fait, là, quelques suggestions
pour une feuille de route qui suivra, là, entre autres, d'inclure l'approche
fondée sur l'analyse des cycles de vie. Alors, je voulais vous entendre un peu
plus sur la nature de l'intégration de ce type de critères de durabilité.
Est-ce que vous sentez que ce type de critères devrait être plus d'une nature
normative ou plus contraignante lorsqu'on demande...
Mme Lauzon (Hélène) : Bien, alors,
je vais débuter. Si mon collègue veut ajouter des choses... Bien, quand il
s'agit d'innover, comme le gouvernement s'apprêterait à faire, là,
c'est-à-dire, intégrer des critères de durabilité, c'est... la meilleure façon
de procéder, là, c'est d'y aller sur une base volontaire d'abord, avec les
meilleures pratiques, qu'est-ce qui existe, des guides, et non pas de façon
contraignante, parce que l'expérience démontre que, les entreprises, souvent,
lorsqu'elles ont eu la possibilité elles-mêmes d'intégrer des pratiques, bien,
on a réussi à atteindre des résultats. Donc, pour nous, ce n'est pas essentiel,
ce n'est pas nécessaire, même.
On vous dirait : Allez d'abord de l'avant
avec les meilleures pratiques à mettre en place. S'il y a une chose dans laquelle
les entreprises excellent, c'est l'échange, dans les meilleures pratiques.
Elles sont en mesure de travailler de façon confidentielle entre elles,
d'échanger pour savoir comment faire pour s'améliorer, et donc intégrer ces
critères de durabilité. Donc, il n'est pas nécessaire de rendre... Et, je vous
dirais, ce n'est pas parce qu'il n'existe pas de norme. Il existe toutes sortes
de normes. Mais, avant de passer à la contraignabilité de normes, je pense
qu'il faut d'abord laisser la possibilité de les intégrer sur une base
volontaire.
M. Dulude (Olivier) : Tout à fait.
Puis, je me permettrais d'ajouter aussi, le danger, avec l'approche plus
contraignante, c'est que chaque juridiction, chaque administration peut avoir
sa propre approche, ses propres particularités, puis, à ce moment-là, ça a
beaucoup moins de flexibilité pour les entreprises qui veulent se... qui
veulent se coller aux meilleures pratiques internationales ou qui ont des
activités dans plusieurs administrations et qui,
là, se trouvent à devoir faire de la reddition de comptes, à faire l'évaluation
de leurs critères selon des paramètres différents. Donc, ça crée de la
complexité, là, qui n'est pas nécessairement bienvenue.
Mme Lauzon
(Hélène) : Et c'est... et c'est pour cette raison, d'ailleurs,
que l'organisme auquel mon collègue référait, là, l'International... International...
M. Dulude (Olivier) :
Sustainability Standards Board.
Mme Lauzon (Hélène) :
...Sustainability Standards Board... C'est
pour ça que des organisations comme celles-là se sont vu donner le mandat
d'élaborer un seul référentiel, pour que ce soit un seul référentiel qui
soit... qui soit applicable à travers le monde, pour que les entreprises qui
sont un peu partout dans le monde puissent se comparer,
mais qu'elles soient aussi en mesure d'avoir un seul... un seul référentiel,
pardon, pour leurs unités d'affaires, qui peuvent être un peu partout
dans le monde.
La Présidente (Mme Maccarone) : Il
vous reste 15 secondes, Mme la députée.
Mme Zaga Mendez : Ça va. Merci.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au
député des Îles-de-la-Madeleine. La parole est à vous.
M. Arseneau : Alors, bonjour,
Mme Lauzon, M. Dulude. Vous avez commencé votre présentation en
parlant de vocabulaire, la transition juste versus la transition
socioécologique, puis ensuite on a parlé des entreprises qui étaient très touchées, l'économie circulaire,
l'écofiscalité dans un contexte international, on est revenus à des questions,
là, de critères de durabilité puis... J'ai
l'impression qu'on a touché beaucoup d'éléments un peu éparpillés. Puis
j'aimerais ça vous donner la chance, puis que vous acceptiez le défi que
je vous lancerais, dans les deux prochaines minutes, de nous dire ce qu'il
faudrait retenir de votre mémoire, qu'on a lu en diagonale quelques minutes
avant de vous rencontrer, là, pour... à l'exemple d'une
manchette qu'on ferait dans les journaux. Qu'est-ce qu'il faut retenir de votre
présentation? Est-ce que vous êtes plutôt... Vous avez des réserves? Vous êtes
enthousiastes? Et puis qu'est-ce qu'il faut retenir?
Mme Lauzon (Hélène) : Bien, cette
stratégie-là, on l'attend depuis longtemps, hein? Elle a été reportée à deux
reprises. Donc, on ne peut pas être autrement qu'enthousiastes de la voir
arriver.
Ce que l'on va faire, c'est vous dire : On
doit bonifier cette stratégie-là. On doit prendre en compte les intérêts aussi
des entreprises, non pas seulement les entreprises d'économie sociale, mais des
entreprises privées. La transition juste est un concept assez englobant pour
qu'on se limite à cette expression-là dans la stratégie. On n'a pas besoin
d'aller chercher de nouvelles définitions. Donc, ça, pour nous, c'est... c'est
très important.
Puis... et puis, et puis, dans la stratégie,
j'essaie de voir, dans la question de l'impact pour les entreprises, que cette
stratégie-là soit bonifiée pour venir dire quels sont les véritables impacts,
parce qu'il va y en avoir, parce que l'administration gouvernementale
québécoise va changer drastiquement sa façon de faire avec les entreprises.
Donc, c'est important qu'on mesure quel sera l'impact sur les entreprises. Puis
je peux demander à mon collègue de continuer aussi.
M. Dulude (Olivier) : Oui. Merci. En
fait, peut-être... S'il y a peut-être un aspect qui est encore plus transversal
que les autres, là — c'est
un mot qu'on utilise beaucoup — c'est peut-être, justement, cette
notion-là de transition juste, où... Si on regarde l'échéancier de la
stratégie, elle va arriver à échéance en 2028. On va être pas loin de 2030, qui
sont... est notre année de référence, là, pour notre cible de réduction des
émissions et pour nos cibles en matière de biodiversité. Donc, cette idée-là,
où... si on est capables d'intégrer à la fois le développement économique, la
protection de l'environnement et le développement social, s'assurer qu'on ne
laisse personne de côté dans cette transition-là puis qu'on progresse tous
ensemble... Je pense que c'est... c'est ça, le grand message qu'on doit
retenir, là, du côté des entreprises.
La Présidente (Mme Maccarone) : Il
vous reste à peu près une minute, si vous souhaitez.
M.
Arseneau : Bien, merci pour cet effort de synthèse bien
réussi. Et merci de votre contribution à nos travaux.
Mme Lauzon (Hélène) : Merci à vous.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci, Mme Lauzon, M. Dulude, pour votre
présentation et votre contribution à nos travaux.
La commission suspend ses travaux jusqu'après
les avis touchant les travaux aux commissions. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 17)
(Reprise à 15 h 44)
La Présidente (Mme Maccarone) : Bonjour
à tous. La Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux.
Et, collègues, avant qu'on commence la séance, parce qu'on a commencé la séance
maintenant, à 15 h 44, je souhaite savoir si on a un consentement
pour poursuivre nos travaux au-delà de l'heure prévue, soit jusqu'à
15 minutes de plus à peu près. Consentement? Merci.
Alors, nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de stratégie gouvernementale
de développement durable 2023‑2028. Cet après-midi, nous entendons les
organismes suivants : le Regroupement national des conseils régionaux de
l'environnement du Québec, l'Union des municipalités du Québec et la Fédération
québécoise des municipalités.
Alors, je souhaite la bienvenue aux représentants
de le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec
et je vous invite... Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé, après quoi nous procéderons à la période d'échange avec les
membres de la commission. Alors, je vous invite donc à vous présenter puis à
commencer votre exposé.
Regroupement national
des conseils régionaux de
l'environnement du Québec (RNCREQ)
M.
Vaillancourt (Martin) : Mme la Présidente, M. Charette, mesdames et
messieurs, membres de la commission, merci de nous recevoir. Donc, mon nom est Martin Vaillancourt. Je suis le
directeur général du Regroupement national des conseils régionaux en environnement. Et je suis accompagné de
M. Emmanuel Rondia, qui est directeur du Conseil régional en environnement
de Montréal et qui est également coordonnateur du comité consultatif du RN, qui
porte sur la mise en oeuvre du développement durable.
On a le
plaisir, cet après-midi, là, de poursuivre une démarche que le RN a entreprise
il y a maintenant plus de 20 ans.
Donc, on était des consultations sur la Loi sur le développement durable en
2005 et on a participé à l'ensemble des étapes depuis.
Je vais rapidement vous dire quelques
mots sur notre organisation. Je vais y aller assez rapidement, là. Je sais que vous
êtes plusieurs à nous connaître déjà.
Le
premier conseil régional en environnement fête ses 50 ans cette année.
C'est celui du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Et les conseils régionaux ont été institutionnalisés, là, dans
l'ensemble des régions du Québec il y a maintenant plus de 30 ans, donc, nous, on est dans notre 31e année d'existence
présentement, et partout, là, sauf, pour l'instant, dans le
Nord-du-Québec.
L'ensemble des CRE
avons pour mission, là, de contribuer à définir nationalement le développement
durable et surtout de contribuer à sa mise
en oeuvre. À chaque jour, les conseils régionaux de l'environnement travaillent
sur des problématiques, proposent des solutions, accompagnent les
différents groupes dans une démarche de concertation pour mettre en oeuvre le
développement durable. Le réseau compte aujourd'hui plus de
150 professionnels et plus de 1 500 membres, donc, des organismes
environnementaux, des gouvernements locaux, des organismes parapublics, et des
entreprises privées, et aussi, là, des membres individuels.
Notre principal
outil, c'est celui de la concertation. Vous le savez, là, il y a une force dans
la société au Québec, là. On a une capacité
à discuter, à débattre des enjeux, à travailler ensemble à des solutions. Donc,
le réseau des CRE permet de transférer cette expertise-là de région en
région, de faire la promotion des bons coups, de développer des projets et de
mettre en oeuvre le développement durable. On participe à de nombreuses
coalitions également avec d'autres acteurs de la société civile. Vous avez eu
l'opportunité, ce matin, là, d'échanger avec les représentants de l'alliance
Switch et avec le G15+, deux groupes auxquels on participe. Et, bien sûr, là,
on endosse pleinement les recommandations qui vous ont été faites.
Je
vais m'attarder un peu dans l'avant-propos du document qu'on vous a remis.
Comme je vous l'ai dit, là, le RN a participé à toutes les étapes, là, de
l'évolution puis la mise en place du développement durable. On est à la
troisième itération de la stratégie de mise en oeuvre, et, pour nous,
celle-ci manque d'ambition, c'est-à-dire qu'on est à un moment, dans l'histoire du Québec mais aussi dans l'histoire de
l'humanité, où on fait face à plusieurs crises et on doit résolument
passer dans l'action. Donc, la crise sanitaire, la crise climatique, celle de
la biodiversité exigent de changer de rythme
au niveau des interventions, exigent d'avoir une plus grande cohérence dans nos
actions. Et la plupart des États se
dotent de stratégies de mise en oeuvre du développement durable, justement,
pour faire face à ces crises-là. Donc, on considère que la stratégie
pourrait être une façon, là, d'aborder la transition socioécologique, là, qui
est nécessaire pour faire face à ces crises-là.
Excusez-moi, je vais
plus vite que mes notes. Donc, cette troisième itération de la stratégie aurait
dû, à notre avis, là, être plus orientée
vers l'action, préciser davantage les cibles que les 110 ministères et
organismes, là, assujettis doivent atteindre, et on aurait pu être,
collectivement, là, plus ambitieux.
• (15 h 50) •
Le mémoire du RN est
divisé en deux sections. Dans un premier temps, on aborde les objectifs et
les... en fait, les objectifs de développement durable, là, de
l'organisation... pardon, de l'ONU. C'est, à notre avis, la première fois que le gouvernement du Québec fait
l'appariement entre les ODD et ses propres stratégies et objectifs. C'est un effort
qui est très, très intéressant, là, puis c'est... on le félicite, mais les ODD
ont aussi leurs limites. Et plusieurs critiques ont été faites avec le temps
parce qu'ils sont très difficiles à mettre en oeuvre, là, pas seulement au
Québec, là, mais partout dans le monde. Et la recette pour les mettre en
oeuvre, c'est justement, là, de les lier à des indicateurs et à des objectifs
très précis. Et, sur cet élément-là, là, je vais laisser mon collègue Emmanuel
aborder la question avec vous.
M. Rondia (Emmanuel) :
Merci, Martin. Oui, c'est ça, en fait, vous verrez, dans le mémoire,
justement, on détaille un peu les enjeux
d'intégration que présentent les objectifs de développement durable à une
échelle plus locale, l'intégration
dans les politiques puis aussi dans leur mise en oeuvre, parce que jongler, en
fait, avec 169 cibles, 230 indicateurs
peut rapidement devenir un exercice bureaucratique assez lourd et sans levier,
vraiment, de transformation. Et puis
c'est dans cette perspective, en fait, qu'on recommande de vraiment cibler,
prioriser les objectifs de développement durable de l'ONU qui sont, en
fait, adaptés à la réalité du Québec, de se limiter dans le nombre des ODD
qu'on sélectionne. À titre d'exemple, dans
l'orientation 5, en fait, du document, on fait référence aux
17 objectifs du développement durable, donc, ce qui est comme... On
veut peut-être trop... embrasser trop large. Et il y aurait intérêt à cibler les objectifs de développement durable
qu'on souhaite attacher et arrimer avec la stratégie. Puis c'est dans cette
perspective-là aussi qu'on soulève... En fait, on propose l'idée de vraiment
prioriser un objectif de développement durable
par sous-objectif, donc, vraiment faire l'exercice, dans chacun des
sous-objectifs, d'identifier le meilleur objectif de développement
durable et de la... identifier les indicateurs et les cibles qui sont liés pour
focusser, en fait, les efforts en fonction des différents sous-objectifs.
L'autre élément qui
nous apparaît important... On comprend que la liste des indicateurs est
actuellement en élaboration, mais, pour nous, ça va vraiment être l'élément clé
et l'incontournable, en fait, dans la mise en oeuvre de la stratégie, parce que, sans ces indicateurs puis sans ces cibles, la
stratégie reste incomplète et elle va être difficile à mettre en oeuvre.
Donc, on recommande, entre autres, qu'un mandat soit donné à l'Institut de la
statistique du Québec pour déterminer ces indicateurs-là.
Puis également, et
c'est un des éléments qu'on a relevés dans le document, peut-être, l'absence de
lien avec les différentes politiques et
stratégies développées par les gouvernements autres, qui sont très
intéressantes et qui soulèvent... bien, en fait, qui intègrent déjà des
indicateurs et des objectifs chiffrés... Donc, l'idée, c'est d'intégrer aussi
ces indicateurs-là dans la liste des indicateurs de la stratégie de
développement durable pour assurer une cohérence puis amener, en fait, cette volonté de stratégie parapluie, en fait, qui
regroupe les différents plans et politiques du gouvernement.
Puis enfin, sur la question des
indicateurs et des cibles, je pense que, dans la société civile, il y a une
expertise puis une connaissance des
différentes cibles qu'on pourra se donner... et indicateurs. Donc, l'idée, ce
serait aussi que cette liste soit soumise à la consultation publique
avant d'être intégrée officiellement au sein de la stratégie.
M. Vaillancourt
(Martin) : Rapidement, pour conclure, dans la deuxième partie, on
aborde l'importance, là, que pourrait jouer la stratégie de développement
durable de manière, là, à ce qu'elle soit davantage transversale pour
l'ensemble des projets de loi et les stratégies gouvernementales.
Il y a un consensus
scientifique à l'effet que d'attaquer la complexité qui sont derrière les crises
auxquelles on fait face est très exigeant et
que peu d'États y arrivent. Au Québec, on a le même problème. On peut réussir,
à notre avis, à faire mieux en décidant, là, de faire des changements
systémiques et non pas des changements, là, itératifs, là, à petits pas. Lors de la COP15, là, le
gouvernement du Québec a adhéré à l'Appel de Montréal, qui reconnaît ce
constat, là, qu'il est, effectivement, complexe, là, de s'attaquer à ces
problèmes-là et qu'il faut faire en sorte, là, de mettre en place des institutions qui vont être résilientes
et fortes, et qui vont amener des changements profonds, là, et structuraux
dans notre société.
Je vais m'arrêter ici
pour respecter le temps puis je vais poursuivre avec vos questions.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci beaucoup, M. Vaillancourt et M. Rondia,
pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période des échanges. Et,
M. le ministre, je vous cède la parole.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Tout d'abord, messieurs, merci d'être avec nous
cet après-midi, mais merci également pour le travail que vous faites.
Vous l'avez
mentionné, 50 ans, essentiellement, si on se réfère aux plus anciens
conseils, une trentaine d'années avec le regroupement. C'est un travail qui est
incontournable, parce que vous travaillez à rapprocher des milieux. La concertation, dans un domaine comme
celui de l'environnement, comme celui du développement durable, c'est
incontournable, et vous le faites bien. Donc, merci.
Vous êtes également
partenaires sur différents projets, notamment au niveau du verdissement des
bâtiments. Je vous éloigne un petit peu du propos de votre présentation, mais
je serais curieux de vous entendre malgré tout, parce que c'est fondamental au niveau de la stratégie qu'on veut mettre de
l'avant. Le gouvernement du Québec, naturellement, a ou gère plusieurs
bâtiments. Comment intégrer cette stratégie ou faire un lien avec les efforts
de verdissement ou d'écoconditionnalité qui pourraient s'appliquer au parc
immobilier du gouvernement du Québec?
M. Vaillancourt
(Martin) : En effet, le réseau des CRE... du moins, certains CRE
travaillent activement à des projets de verdissement qui visent principalement
à combattre les îlots de chaleur. Comme on le mentionnait plus tôt, là, l'ensemble des crises qui... à la fois
climatique, mais aussi les... la santé humaine, là, qui est directement... disons, qui est
directement bénéficiaire de la création de ces îlots de verdure là, fait en
sorte que plusieurs projets doivent être mis de front en même temps. Que
ce soit dans des activités de conservation des espaces naturels, de
restauration des espaces naturels ou de
restauration des milieux artificialisés, là, comme le verdissement, ou dans
tout autre domaine, là, de l'environnement, il y a une nécessité d'avoir
une approche à la fois concertée et cohérente.
M. Charette :
Vous souhaitiez ajouter...
M. Rondia
(Emmanuel) : Bien oui, je pense, si je peux ajouter, on a développé
une expertise, puis il y a une... En fait, on sent qu'on pourrait intégrer, par
exemple, des exigences de verdissement dans les appels d'offres, dans les différentes normes et dans les
différentes règles qui doivent guider, en fait, la conception des bâtiments
puis être plus... en fait, plus
ambitieux, je pense, dans les... entre autres, dans les minimums de
verdissement attendu dans les projets, dans la présence de toitures
végétalisées et d'aménagement des stationnements.
Donc, en regroupant
un ensemble de bonnes pratiques qu'on connaît déjà, qu'on met en place dans le
cadre de projets avec des institutions... Par
exemple, on travaille beaucoup avec le milieu de la santé. L'ensemble du
portefeuille de bâtiments du gouvernement,
en fait, pourrait bénéficier de cette expertise-là puis devrait, en fait, même,
être un leader puis être exemplaire
dans les pratiques pour que chaque nouveau projet ou projet de réfection qui
concerne les bâtiments du gouvernement soit, en fait, à l'avant des
normes en termes de réglementation.
Puis, si j'ajoute un
petit point, on parle des municipalités dans le document aussi. Je pense que la
question de la réglementation municipale, aussi, d'accompagner les municipalités
dans l'intégration de normes en matière de verdissement
peut aider à avoir des changements plus systémiques et ne pas uniquement
compter sur la bonne volonté de certains des acteurs.
M. Charette :
Vous parlez de municipalités. Ce n'est pas une question piège, bien que les
gens de l'UMQ soient juste derrière vous. Comment, justement, voyez-vous...
Vous collaborez déjà beaucoup avec les municipalités. Naturellement, on les sent de plus en plus mobilisées sur la question de
l'environnement. Il y a un leadership qui s'affirme de façon assez
extraordinaire, de façon sincère depuis quelques années maintenant. Cependant,
les municipalités ne sont pas assujetties à la Loi sur le développement
durable. Pour vous, c'est une étape obligée ou c'est continuer la concertation
comme on la vit, qui donne déjà des résultats intéressants? Bien, est-ce que
les municipalités devraient être... Et je
vais leur poser exactement la même question tout à l'heure, là, soyez sans
crainte. Comment, justement, s'assurer de l'adhésion de l'ensemble du
milieu municipal sur ces défis-là?
• (16 heures) •
M. Vaillancourt
(Martin) : J'ai revisité quelques mémoires qu'on avait produits depuis
20 ans, là, et, dans le mémoire sur la Loi sur le développement durable,
on saluait le fait que l'article 4 permettait au gouvernement d'assujettir, éventuellement, à un moment qu'il
choisirait, avec... en adaptant les conditions, là, les autres organisations
paragouvernementales. Donc, le mécanisme est effectivement prévu.
Pour toutes sortes de raisons, les gouvernements
successifs, là, ont conservé l'adhésion sur une base volontaire. On constate
aujourd'hui qu'il y a une trentaine de pour cent, là, donc à peu près une
municipalité sur trois, qui a adhéré à la Loi sur le développement durable, qui
s'est doté d'une planification en ce sens et une mise en oeuvre peut-être plus
structurée, là, que celles qui n'ont pas de plan formel ou qui n'ont pas adhéré
de manière tacite. C'est peu. Et, quand on cherche à savoir pourquoi, bien,
principalement, c'est le manque d'expertise, de ressources humaines, le manque
de financement en lien avec la mise en oeuvre de cette loi-là à l'échelle
locale.
Pour nous, l'échelle locale ou, disons, celui
des MRC, là, ou des communautés métropolitaines, c'est des échelles
extraordinaires pour la mise en oeuvre du développement durable, parce qu'il y
a une proximité entre le gouvernement ou le gestionnaire du territoire et les
citoyens, et les projets font du sens rapidement pour les citoyens qui y
habitent.
Donc, après 20 ans, moins de... en fait,
autour de 30 % d'adhésion... J'ai hâte d'entendre la réponse, là, des collègues des unions municipales, mais, à notre
avis, il y aurait peut-être moyen, là, d'avoir des incitatifs, notamment,
peut-être, un pacte vert, là, qui
permettraient de donner plus de moyens au monde municipal puis d'aller chercher
une plus grande adhésion.
La Présidente (Mme Maccarone) :
Merci. Je cède maintenant la parole à la députée d'Argenteuil. Il vous reste 10 minutes
pour votre échange.
Mme Grondin : Merci.
M. Vaillancourt, M. Rondia, bonjour. Une question peut-être... En
fait, je pense que c'est important de...
D'emblée, vous l'avez dit, les conseils régionaux de l'environnement sont des
acteurs importants au niveau de la
concertation régionale. Et donc, dans chaque CRE du Québec, il y en a 17, je
crois, il y a une dynamique qui lui est propre, régionale. Donc, vous
avez développé, au cours des 30, 40, 50 dernières années, des expertises
très précises en fonction de la couleur régionale.
Dans ce contexte, vous recommandez... Dans le fond, si j'ai bien compris, et c'est là que, concrètement, ce n'est pas si
clair dans ma tête, vous proposez de prioriser des objectifs de développement
durable et de choisir les ODD les plus adaptés aux objectifs territoriaux de
durabilité. Quand je regarde la démarche qui est proposée, de stratégie de
développement durable, vous ne trouvez pas qu'à travers les cinq orientations
il y a déjà une priorisation?
M. Vaillancourt (Martin) : Oui, il y
a déjà une priorisation dans les orientations proposées. Là où on avait des
préoccupations, c'était sur l'appariement qui avait été fait entre les ODD et
les objectifs de la stratégie comme telle. Il y a... Mon collègue Emmanuel l'a
mentionné, là, il y a des objectifs qui disent rejoindre l'ensemble des ODD des
Nations unies, ce qui est... en fait, ce qui est à peu près impossible, là,
comme objectifs poursuivis. Donc, on demande seulement à ce que, si on souhaite
faire cet appariement-là entre un étalon international et nos propres
objectifs... qu'on soit plus précis dans le choix des objectifs qu'on colle aux
nôtres, de manière à ce qu'on puisse dire en
quoi on contribue aux objectifs internationaux. Sans dire qu'on contribue à
l'ensemble des objectifs d'emblée, il y a des... Mais je pense qu'on est
plus dans de la finesse, là, ou dans...
Mme Grondin : Merci beaucoup de
préciser, là. Je pense, c'est plus précis, c'est beaucoup plus clair, surtout
pour les gens qui nous écoutent. Effectivement, si on souhaite faire un lien ou
avoir un étalon de mesure avec ce qui se passe à l'international, vous
proposez, là, des objectifs territoriaux de durabilité. Est-ce que vous pouvez
en parler davantage? Dans les choix, est-ce que ça rejoint les orientations qui
ont été identifiées dans le cadre de la présente stratégie, là, qui nous est
proposée?
M. Vaillancourt (Martin) : Le
concept des objectifs territoriaux de durabilité, en fait, c'est une... L'ONU,
quand elle dépose son cadre, elle demande à chacun des États d'adapter les
objectifs et les indicateurs aux réalités territoriales.
Donc, c'est à nous de faire ce boulot-là, là, comme collectivité, pour dire
comment on rencontre l'objectif général. Le principe derrière les ODD, c'est
que les moyens sont à la disposition des agents, donc des États, et l'objectif,
lui, il est commun à l'ensemble des pays membres de l'ONU. Donc, je ne sais pas
si tu veux ajouter quelque chose.
M. Rondia (Emmanuel) : Bien,
brièvement. Bien, en fait, l'idée est vraiment d'amener un niveau de finesse un peu dans l'intégration des ODD, dans la façon
dont c'est présenté dans le cadre de la stratégie. Puis ça va permettre
également, en termes de reddition de comptes au niveau de la... en fait, de
l'impact et de l'apport de la stratégie à l'atteinte globale des ODD, d'être
plus plus précis dans... On a contribué à tel ODD de façon plus... En fait,
c'est pour amener de la clarté puis éviter de se perdre un peu dans un nuage
des 17 objectifs.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Je cède maintenant la parole au député de Masson. Il vous reste
5 min 30 s pour vos échanges.
M. Lemay : Merci beaucoup. Donc,
j'ai peut-être un autre collègue aussi qui aura une autre question après, mais moi, j'aimerais vous entendre un peu plus sur
votre recommandation n° 6, ça m'intéresse, au niveau de l'importance
des organismes locaux et de la société civile. Et vous
parlez de... Vous recommandez, là, qu'on conclue un pacte vert avec le secteur
municipal, que c'est une demande qui a été faite par les 10 plus grandes
villes. J'aimerais entendre votre position sur cet enjeu plus particulier, s'il
vous plaît.
M. Vaillancourt
(Martin) : Oui, bien, c'est une demande des 10 plus grandes
villes du Québec, mais qui est également partagée, là, par plusieurs
municipalités et MRC au Québec. Les municipalités et les MRC sont aux premières
loges des changements climatiques, du déclin de la biodiversité. L'effort à
faire pour s'adapter à ces changements-là, il est énorme. Donc, le monde
municipal souhaite, avec raison, avoir accès à de nouvelles façons de financer
cette adaptation-là. Et de telles sommes qui seraient mises à la fois sur un
meilleur aménagement du territoire, une meilleure adaptation face aux changements
climatiques, une meilleure conservation des écosystèmes contribuent à mettre en oeuvre le développement durable de façon
générale. Donc, un cadre gouvernemental-municipal qui irait dans ce
sens-là, là, qu'on peut appeler un pacte vert, là, est, selon nous,
souhaitable.
M. Lemay : Vous
n'avez pas un cadre financier chiffré.
M. Vaillancourt
(Martin) : Non. On laisse ça à nos collègues des municipalités. Mais
il y a... En fait, les besoins sont énormes.
M. Lemay : OK.
Merci. Mon prochain collègue...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Je cède maintenant la parole au député de Côte-du-Sud.
M. Rivest : D'abord, merci, dans vos conclusions, tu sais, de
faire cette idée de partenariat là puis de travailler ensemble. D'abord,
je vous remercie pour ça.
Je
possède un véhicule électrique depuis presque les tout débuts qu'on peut
conduire des véhicules électriques. Il y a actuellement des grandes réflexions
sur le pouvoir énergétique du Québec. Vous proposez de revenir un petit
peu à l'avant, sur ce qui est proposé par
nous, en 2030, là, sur l'interdiction des véhicules électriques... des
véhicules à essence, puis etc. Est-ce que pouvez nous donner des trucs
pour savoir comment faire, dans sept ans, pour n'être capables de conduire que
des véhicules électriques au Québec?
M. Vaillancourt
(Martin) : La méthode simple, ce serait de diminuer le nombre de
véhicules. Ce serait déjà aidant. Je pense qu'il n'y a pas de truc, hein, il
n'y a pas de magie. C'est une transformation, là, de la société. C'est un des
chantiers qu'on dit... qu'on définit comme étant prioritaire, là, qui peut être
un levier, là, pour travailler sur la transition du Québec, là, ce qui est
nommé dans le mémoire, là, comme étant la descente énergétique, donc, une
réflexion sur notre usage de l'énergie. Ça va faire l'objet, là, de travaux
parlementaires, éventuellement d'une consultation. Ce que l'on souhaite de
cette consultation-là, c'est qu'elle soit le plus large possible. Par le passé,
là, parfois il y a eu des mandats qui ont été donnés au BAPE, parfois il y a eu
des évaluations environnementales stratégiques, parfois il y a eu des
commissions itinérantes qui ont permis au plus grand nombre, là, de se
prononcer sur un sujet de cette ampleur-là. Le défi, là, il est collectif, là,
sur notre devenir et avenir énergétique. Donc, ce qu'on propose, bien
humblement, là, c'est de faire en sorte que la consultation soit le plus large
possible et, si possible, là, dans un contexte qui pourrait sortir, là, du
Parlement, là.
M. Rivest : Merci.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Il reste 1 min 50 s à vos échanges.
• (16 h 10) •
M. Charette :
Peut-être faire un petit peu de pouce sur, justement, l'électrification des
transports. On a, comme société, un défi
immense. C'est, de loin, notre plus grande source d'émissions. En même temps,
on veut électrifier. On est le
premier État en Amérique du Nord à avoir fixé la date de 2035. La Californie a
procédé en calquant notre calendrier par la suite. Donc, c'est une chose
de le souhaiter, mais il faut développer le réseau électrique et le réseau de
recharge en conséquence. On pourrait dire que c'est 2025, la fin de la vente
des véhicules à essence, mais, si le réseau n'est pas développé, de sorte qu'on
ne puisse pas se recharger de façon efficace, on ne sera pas plus avancés. Au
niveau de la stratégie du déploiement des bornes, est-ce que vous avez eu à
réfléchir à la question un petit peu?
M. Vaillancourt
(Martin) : Il y a plusieurs conseils régionaux en environnement qui
sont impliqués dans le déploiement de bornes, principalement dans les régions.
Il y a... Les solutions sont plurielles dans le déploiement des bornes. Il y a
des grandes institutions qui arrivent avec des bornes, là, à très haut débit,
là, sur les principaux axes autoroutiers ou routiers d'importance.
Les CRE se sont, eux,
impliqués davantage dans les régions rurales, où posséder une voiture
électrique est souvent synonyme
d'insécurité : Est-ce que je vais pouvoir revenir chez moi?, est-ce que je
vais pouvoir trouver une borne?, donc,
des bornes de moins grande capacité mais présentes partout sur le territoire.
Donc, dans Chaudière-Appalaches, là, le CRE vient de terminer l'ajout
d'une cinquantaine de bornes dans les 50 plus petites municipalités de la
région qui n'avaient pas encore de borne. L'Abitibi a fait sensiblement la même
chose. Il y a d'autres CRE d'impliqués. Donc, c'est une façon d'arriver à les
déployer.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole à la
porte-parole de l'opposition officielle, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Alors, merci, Mme la
Présidente, et bonjour. Alors, merci beaucoup pour ce mémoire, premièrement, et
aussi la présentation. Il y a beaucoup de contenu.
J'ai plusieurs questions, mais je vais peut-être
commencer par la recommandation n° 5 à la
page 8. Vous dites que vous êtes convaincus que la stratégie
gouvernementale de développement durable devrait être la stratégie centrale du
gouvernement du Québec qui encadre les autres plans et stratégies
gouvernementales. Alors, je trouve ça très intéressant comme proposition et
j'aimerais en entendre plus là-dessus.
M. Vaillancourt (Martin) : À
l'époque où la loi s'est mise en place puis que la première stratégie s'est
déployée, plusieurs avaient espoir que cette stratégie-là puisse être intégrée
dans chacun des ministères et que chacun des projets de loi, chaque projet de
règlement ou stratégie qui serait venu par la suite aurait passé à travers la
grille du développement durable. Et on aurait pu, collectivement, dire :
Est-ce que ça remplit les principes derrière... Il y a une partie de ce
boulot-là qui a été fait, bien sûr, mais on pourrait encore aller plus loin et
faire en sorte que, systématiquement, on ait... Par exemple, dans certaines...
La Loi sur la qualité de l'environnement avait l'idée du test climat, qui n'a
pas été mise en oeuvre jusqu'à maintenant.
Donc, il y a des mécanismes comme ça qui
auraient pu s'ajouter à différentes lois au Québec pour s'assurer qu'on va tous
dans la même direction et qu'on ne fait pas un pas de côté ou un pas en arrière,
avec des bonnes intentions, parfois, là, lors de l'adoption d'un projet de loi.
Donc, un peu comme on fait l'analyse d'impact réglementaire à chaque fois qu'un
projet est soumis au Conseil des ministres, il pourrait y avoir une analyse
d'impact sur le climat ou une analyse d'impact sur le développement durable du
Québec, et les décisions seraient prises en connaissance de cause à ce
moment-là. Parfois, il y a des arbitrages à faire, puis on en est bien
conscients, mais ce serait un outil de plus, selon nous, si cette loi-là était
davantage intégrée à l'ensemble des autres.
Mme McGraw : Donc, on sait très bien
que, le développement durable, il y a trois piliers, environnemental, social et
économique. On se retrouve ici, à la commission sur l'environnement et le
transport, mais on comprend très bien que le développement durable, c'est
vraiment beaucoup plus large et plus global. Donc, si on envisagerait cette
approche-là, selon vous, comment les décisions seraient prises? Là, je parle de
cohésion interministérielle. Ce matin, on a proposé une sorte de secrétariat
sur l'économie verte. Selon vous, au niveau de la gouvernance... Est-ce que
vous pouvez élaborer sur les implications au niveau de la gouvernance?
M. Vaillancourt (Martin) : On le
mentionne dans la conclusion de notre mémoire, là, puis on réitère une
recommandation qu'on a déjà faite par le passé. De confier le mandat du
développement durable à un secrétariat qui relèverait du Conseil exécutif nous
semblerait être un lieu où les arbitrages pourraient être faits. Ceci dit, là,
il fallait un ministère pour porter ce genre de loi là, pour la déployer, pour
mettre en oeuvre les stratégies, là, puis c'est normal qu'on l'ait associée à
l'Environnement jusqu'à maintenant, là, puis pour les prochaines années sans
doute, mais le niveau ou l'implication que ça exige dans l'appareil
gouvernemental fait en sorte que de le confier à un seul ministère, ce n'est peut-être pas optimum, et d'en
faire une responsabilité collective permettrait peut-être, là, d'avancer
plus rapidement.
Mme McGraw : Parfait. Et je suis
d'accord. Et c'est sûr que c'est normal que ce soit un ministère, mais ça fait
30 ans qu'on parle... même, depuis 1987, avec la commission Brundtland,
qu'on parle de ça. Ça fait quand même longtemps qu'on parle de développement
durable. Et le Québec ne fait pas exception. C'est le cas à travers le Canada
et dans d'autres pays aussi. Donc, on espère bien y arriver.
J'aimerais parler un peu de la société civile.
Alors, vous parlez, dans votre mémoire... Bien, premièrement, on sait que les
Québécoises et les Québécois sont prêts à prêter main-forte en matière de
développement durable et qu'on doit les impliquer si on veut avoir non
seulement identifié, mais aussi réalisé des changements systémiques. Alors,
pourriez-vous élaborer quant à la nécessité de poursuivre des dialogues avec la
société civile sur les causes sous-jacentes de la crise climatique et le déclin
de la biodiversité?
M.
Vaillancourt (Martin) : Oui.
C'était... C'est aussi en lien avec l'Appel de Montréal. Les crises auxquelles
on fait face actuellement ont sensiblement toutes les mêmes sources, donc,
c'est nos choix de consommation, nos choix de production, la surpopulation,
jusqu'à un certain point, la dégradation systématique, là, des écosystèmes pour
arriver à ces... à nos modes d'agriculture, etc. Donc, de changer ça, c'est des
changements profonds sur notre manière d'être et de vivre, et on ne peut pas
se... En fait, on ne peut pas faire l'économie d'un dialogue avec la société dans
son ensemble pour arriver à trouver des solutions, d'où l'importance de garder,
de conserver un lien de discussion avec la société civile sur les causes, là,
sous-jacentes aux crises. De rester uniquement dans un mode d'adaptation sans
travailler sur les causes plus profondes, à notre avis, là, c'est faire la
moitié du travail.
Mme McGraw : Merci. Vous avez 10...
un sommaire de 10 recommandations, et la première, c'est vraiment de faire
un travail de fond en matière d'intégration et de priorisation pour identifier
les objectifs les plus adaptés aux objectifs territoriaux. Est-ce que... Donc,
ça, c'est pour cet exercice de prioriser et aussi d'intégrer. Mais, selon vous,
est-ce que votre organisme, vous avez des priorités, dans le sens que... Si vous
avez à nommer les trois priorités les plus importantes, ce serait dans quel ordre... ou
est-ce que c'est l'ordre, les 10 recommandations, c'est les trois premiers?
Ça, c'est les 10 recommandations, mais les priorités, ce serait...
M. Vaillancourt (Martin) : Non. Les
recommandations sont actuellement dans le même ordre, là, qu'elles sont
apparues dans le texte. Je pense que de travailler sur les trois leviers qui
sont identifiés, là, dans la deuxième section,
c'est-à-dire une stratégie cohérente pour une descente énergétique, pour
améliorer la circularité de l'économie puis une en lien aussi avec
l'aménagement du territoire, là, qui... dont le plan de mise en oeuvre, là, de
la nouvelle politique arrive en place, là... Si on travaillait d'abord sur ces trois
éléments-là, on va toucher énormément d'autres aspects de notre société, là.
S'il n'y avait que trois recommandations à faire, je conserverais celles-ci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la députée, il vous reste 2 min 20 s pour vos échanges.
Mme McGraw : Parfait. Donc,
peut-être une dernière question. Dans la préface de la recommandation n° 6, vous élaborez sur
le besoin de soutien financier auprès des municipalités pour assurer qu'elles
soient capables de prendre les moyens nécessaires pour participer au
développement durable dans leur région. À part du soutien financier, est-ce
qu'il y a d'autres moyens qui pourraient être pris pour encourager cette
transition vers les meilleures pratiques?
M. Rondia (Emmanuel) : Je l'ai un
peu mentionné tout à l'heure, mais la question de la réglementation, donc, le... en fait, le partage des meilleures
pratiques en matière réglementaire, d'outiller et de partager l'expertise puis
les différents... les différentes
expériences mises en place par certaines municipalités en matière de
réglementation pourrait être très
utile pour accélérer cette transition et cette transformation, d'avoir, en
fait, cette concertation des acteurs aussi. Puis ça fait partie du rôle des CRE, justement, d'alimenter la réflexion
des municipalités puis de les accompagner au-delà du financement. Je
pense que c'est un autre élément important. Puis la question de... en fait, de
la cohérence puis du partage d'expertise,
même, entre les différents ministères et l'expertise au niveau gouvernemental
et des municipalités est importante. Donc, il y a comme un effort
collectif puis un transfert de connaissances qui est important, puis une
cohérence dans le choix des actions qui sont mises en place.
• (16 h 20) •
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Nous allons... Je vais maintenant céder la parole au deuxième groupe
d'opposition. Mme la députée de Verdun, la parole est à vous.
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la
Présidente. Merci, M. Vaillancourt et M. Rondia, pour les échanges
puis la présentation. Étant donné que je n'ai pas beaucoup de temps, je vais...
j'aimerais qu'on aborde la question de l'aménagement du territoire et la
mobilité durable. On en a un peu discuté jusqu'à maintenant. Et vous faites
votre recommandation n° 10, c'est-à-dire que vous
invitez que, dans le cadre de cette stratégie, on ait des objectifs qui vont...
seraient plus contraignants en termes de résultats attendus pour l'aménagement
du territoire. J'aimerais vous entendre un peu plus là-dessus. De quelle façon
pouvons-nous faire ça?
M. Vaillancourt (Martin) : Oui. Dans
les... bon, les résultats plus contraignants, il y a quelques objectifs qui
portent spécifiquement, là, sur la mobilité, là, dans la stratégie
gouvernementale, et on est sur des termes qui relèvent parfois, là, du discours
qu'on trouve, là, dans les stratégies, là, donc, «augmenter», «réduire», donc,
des termes, là, qui peuvent être parfois... en fait, qui laissent de la marge
de manoeuvre, là, sur l'interprétation. Pour, effectivement, réaliser un... avec un mauvais jeu de mots, là, un
virage, là, en matière de mobilité, il faut avoir, à notre avis, là, des termes
plus marqués, là.
Donc, on
propose, là, d'inverser, là, certaines tendances, là, et de... non pas de... et
bien de réduire l'utilisation, là, de
l'auto solo, là, au lieu de «favoriser la diminution», là, comme ça peut être
utilisé, là, dans la stratégie. Donc, en fait, c'est un exemple parmi
plusieurs autres, là, d'endroits où la stratégie aurait avantage à être plus
affirmative dans ce qu'elle cherche à mettre en place et... Par la suite, le
travail sur les indicateurs va probablement être facilité si l'orientation est
claire.
Mme Zaga Mendez : Dans le même sens,
si on veut avoir plus d'impact en ce qui concerne l'aménagement du territoire
et la mobilité durable, est-ce qu'il y a des critères de durabilité
supplémentaires qu'on peut inclure, justement, dans le cadre, par exemple, des
sous-objectifs 4.2 ou 4.4?
M. Rondia (Emmanuel) : En termes de
critères chiffrés ou...
Mme Zaga Mendez : Oui.
M. Rondia (Emmanuel) : Bien, en
fait, je pense que, là-dessus, on fait le lien, entre autres, vers la Politique
de mobilité durable puis le transfert modal, la réduction de la place de
l'automobile. On mentionne aussi certains éléments en termes de non... en fait,
d'arrêt complet de l'étalement urbain. Donc, je pense, c'est des éléments qui
doivent se retrouver puis qui doivent transparaître, en fait, dans les
différents objectifs puis dans les indicateurs pour nous permettre d'aller au-delà de... bien, en fait, d'atteindre ce changement
en profondeur dans nos façons d'aménager le territoire. C'est sûr que,
là, on attend aussi, puis on le mentionne, le plan d'action associé à la
politique nationale d'aménagement, qui va... qui, là aussi, en termes de
cohérence, comme on l'a mentionné tout à l'heure, devra être bien
alignée et bien cohérente avec la stratégie de développement durable puis faire
le lien assez clair au niveau des objectifs aussi.
La Présidente (Mme Maccarone) : Collègues,
je vous propose... Il vous reste 15 secondes, mais, car on a une personne
de moins autour de la table, si vous souhaitez poser une question
supplémentaire, on peut vous accorder
1 min 45 s chacune pour poser une dernière question pour les
deux groupes d'opposition. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Non?
Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga
Mendez : Peut-être... Tantôt, on a parlé, puis ça fait écho
à d'autres discussions qu'on a eues avec d'autres groupes sur la question du
test climat, de se donner un outil dans le cadre de cette stratégie-là, d'être
capables de faire cette analyse d'impact environnemental. Quelle est, pour
vous, cette importance de l'inclure dans la stratégie?
M. Vaillancourt (Martin) : Comme je
le mentionnais plus tôt, c'est un outil qui nous semble important pour prendre
une décision éclairée. Donc, de connaître l'impact d'un règlement ou même, en
fait, d'un projet, là, où ce serait plus simple, sur l'atteinte ou pas des
objectifs qu'on s'est fixés en termes de réduction des GES, ça... Le test
climat pourrait au moins signifier si on va dans la bonne direction ou, si on
fait un choix délibéré de ne pas y aller, pour
d'autres raisons qui sont peut-être bonnes, par ailleurs, là, bien, on le
ferait en connaissance de cause. Actuellement, comme il y a... on n'a
pas cette information-là, parfois, il y a probablement de mauvais projets qui
sont acceptés et de bons projets qui sont peut-être refusés aussi. Donc, je
dirais, c'est un outil plus pour le législateur. C'est... Est-ce qu'il doit être dans la stratégie gouvernementale
en matière de développement durable ou dans une autre loi? Ça, ça n'a pas
tellement d'importance. Ce qu'on souhaite, c'est que l'outil voie le jour.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Vous avez le temps de poser une deuxième question
si vous le souhaitez. Sinon, il n'y a aucun problème.
Mme Zaga Mendez : Non, ça va. Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Excellent.
D'abord, MM. Vaillancourt et Rondia, je vous remercie pour votre
contribution à nos travaux.
Je suspends les travaux quelques instants afin
que nous puissions accueillir les prochains intervenants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 27)
(Reprise à 16 h 30)
La Présidente (Mme Maccarone) : Rebonjour.
Nous allons recommencer nos travaux. Et je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Union
des municipalités du Québec. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après
quoi nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission.
Je vous invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé.
Union des municipalités
du Québec (UMQ)
M. Côté
(Daniel) : Parfait. Merci. Alors, Mme la Présidente de la
commission, M. le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les
changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Mmes et MM. les députés,
membres de la commission, je vous dis un
gros bonjour. Je vous remercie de nous recevoir aujourd'hui dans le cadre des
consultations sur le projet de stratégie gouvernementale de développement
durable 2023‑2028.
Je m'appelle
Daniel Côté. Je suis maire de la ville de Gaspé et président de l'Union des
municipalités du Québec. Et je suis accompagné aujourd'hui de
Mme Charlotte Legault-Bélanger, qui est conseillère aux politiques à l'UMQ
et qui pourra aussi répondre aux questions peut-être un peu plus techniques.
Alors, j'aimerais, d'entrée de jeu, rappeler
que, depuis maintenant plus de 100 ans, l'UMQ rassemble les gouvernements
de proximité de toutes les régions du Québec afin de mobiliser l'expertise
municipale, accompagner ses membres dans l'exercice de leurs compétences et
valoriser la démocratie municipale. Les membres de l'UMQ représentent plus de
85 % de la population et du territoire du Québec et plus de 95 % des
budgets municipaux du Québec.
Alors, d'entrée de jeu, l'UMQ souhaite saluer la
volonté du gouvernement de poursuivre l'intégration des principes de
développement durable dans les décisions de l'État. Les municipalités sont des
partenaires clés du gouvernement dans
l'atteinte de ses objectifs de développement durable en raison, justement, de
leur grande connaissance du
territoire. Toutefois, pour être en mesure de jouer ce rôle de premier plan, il
est essentiel que les décisions de l'État se basent sur le principe de subsidiarité prévu à la Loi sur le
développement durable. Et je rappelle ici que ce principe prévoit que
les pouvoirs et responsabilités doivent être délégués au niveau approprié
d'autorité ayant le souci... en ayant le souci de les rapprocher le plus
possible des citoyens. Donc, le palier municipal a toute son importance et est
un incontournable dans l'application de la Loi sur le développement durable.
Dans notre mémoire, vous
aurez remarqué que l'UMQ a formulé 23 recommandations constructives
relatives aux orientations et aux objectifs proposés par la stratégie, et ce,
dans le but, évidemment, de la peaufiner. Le temps nous étant limité, je ne les
présenterai pas les 23. Je vais mettre le focus sur quelques-unes de ces
recommandations, et on va se concentrer sur
les quatre thématiques suivantes : d'abord, la Politique nationale
d'architecture et d'aménagement du territoire, les terrains scolaires,
la protection des espaces naturels et la mobilité durable.
D'abord,
aménagement du territoire. Tout le monde le sait, c'est une responsabilité
fondamentale des municipalités. La stratégie soumise identifie bien le rôle
structurant des outils d'aménagement pour assurer le développement de
territoires durable. L'UMQ croit que la Politique nationale d'architecture et
d'aménagement du territoire, que j'appellerai dans le reste de la présentation
la PNAAT, acronyme qui n'est pas très joli, mais c'est la PNAAT... Donc, on
croit que la PNAAT a le potentiel de marquer un virage historique au Québec, et
elle pourrait mener à plusieurs changements et ajustements qui sont attendus
depuis longtemps par le milieu municipal. Mais, pour réaliser la vision
ambitieuse du gouvernement, les municipalités devront être mises à
contribution, et les actions qu'elles auront à mettre en oeuvre devront être
financées adéquatement, bien sûr.
À ce sujet, notre première recommandation, c'est
de prévoir le financement nécessaire à la réalisation de la vision de la PNAAT,
notamment par la mise en place d'un programme-phare financé à la hauteur de
100 millions de dollars par année. Ce programme viserait à soutenir
des projets urbanistiques innovants et stratégiques ainsi qu'à mettre en commun
des expertises en aménagement du territoire, par exemple, le financement d'écoquartiers,
la mise en place d'espaces naturels en milieu urbain, de la décontamination de
terrains, et j'en passe.
Aussi, l'UMQ est d'avis que la PNAAT devrait
contribuer à l'amélioration générale des milieux de vie. Ça passe par l'accès à
des équipements sportifs pour toutes les Québécoises et pour tous les
Québécois. Donc, on y va immédiatement avec
une deuxième recommandation, soit de mettre sur pied un nouveau programme pour
la construction et la rénovation
d'installations sportives dans toutes les régions du Québec, et de le doter
d'une enveloppe de 1,5 milliard de dollars sur cinq ans.
J'enchaîne avec mon deuxième thème, l'enjeu des
terrains scolaires. Depuis l'adoption de la loi n° 40,
les municipalités sont dans l'obligation de
céder gratuitement aux centres de services scolaires les immeubles nécessaires
à la construction d'écoles. À ce que je
sache, du jour au lendemain, l'éducation n'est pas devenue de compétence
municipale, mais ce sont nous qui
devons désormais dépenser des milliers, voire des centaines de milliers, voire
des millions de dollars pour
s'occuper de fournir des terrains aux commissions scolaires... bien, aux
centres de services scolaires pour des écoles. En plus, ce sont les
centres de services scolaires... bien, ils ne sont pas obligés de s'entendre
avec les municipalités, puis il y a
plusieurs d'entre eux qui refusent de nous partager leurs planifications
d'actifs. Bref, les centres de services scolaires choisissent leurs
terrains, ils ne regardent pas nos planifications municipales et ils nous
contraignent à leur donner des terrains. Bref, ils nous forcent à leur faire un
cadeau, mais en plus ils choisissent la grosseur, la valeur puis l'emplacement
du cadeau. C'est à l'antithèse du développement durable.
Donc, pour les municipalités, tout ça, c'est un
problème, puisqu'on constate que les façons de faire actuelles ne favorisent
pas l'implantation d'équipements scolaires de qualité aux endroits les plus
appropriés. Parfois, l'implantation se fait au détriment de parcs municipaux,
dans des quartiers qui ne possèdent pas beaucoup d'espaces verts, ou encore les
exigences en matière de stationnement sont contraires à la réglementation
applicable, et, dans d'autres cas, la taille des terrains exigés est difficile
à concilier avec des espaces urbains plus denses. Bref, on crée des espaces
monofonctionnels détachés de leur contexte, alors que les écoles devraient être
le coeur des espaces résidentiels et des collectivités. L'architecture des
écoles et la taille des terrains aussi ne respectent pas toujours les principes
de la PNAAT, qui s'est donné comme objectif de léguer une architecture durable
et créative.
Alors, l'UMQ recommande que le gouvernement du
Québec assume l'ensemble des coûts liés à l'acquisition de terrains scolaires,
qu'il tienne compte des planifications d'aménagement et d'urbanisme lors de
l'implantation de nouveaux établissements scolaires.
Troisième grande thématique, protection des
milieux naturels. De ce côté-là, la stratégie prévoit d'engager les ministères
et organismes à agir pour réduire les principaux facteurs d'altération de la
qualité de l'environnement. Bien, nous
croyons que la réalisation de cet objectif dépendra aussi de l'appui qui sera
donné aux initiatives municipales en matière de protection et de régénération
des espaces naturels. Pour y arriver, on doit supprimer les freins qui
limitent ces initiatives. Puis, quand je parle de freins, je pense, entre
autres, aux risques juridiques liés à l'utilisation des outils d'aménagement du
territoire pour protéger les milieux naturels, je pense au fardeau financier
lié à l'acquisition de ces milieux et à leur protection, et également aux
limites à la réglementation municipale en matière de protection de
l'environnement.
Donc, trois recommandations à cet effet-là.
Premièrement, il faut clarifier l'intention du législateur en matière
d'expropriation déguisée pour assurer l'uniformité et la prévisibilité du droit
au Québec. Nous voulons nous assurer que les
municipalités soient mieux protégées contre les poursuites judiciaires
lorsqu'elles agissent pour aménager les espaces naturels sur leurs
territoires. Deuxième recommandation sur le sujet, c'est d'appuyer
financièrement les municipalités dans
l'acquisition de milieux naturels afin de les protéger, et ce, dans l'ensemble
du Québec. Et troisième recommandation à ce sujet, c'est de moderniser
la Loi sur l'expropriation pour faciliter l'acquisition d'immeubles. Afin
d'atteindre la cible de conservation de 30 % du territoire d'ici 2030, le
gouvernement devra miser sur l'acquisition de terrains en terre privée par les
municipalités.
Dernière grande thématique, la transition vers
la mobilité durable. Évidemment, pour l'UMQ, la mobilité, c'est un levier
majeur de stimulation de la vitalité socioéconomique mais également de
désenclavement des régions. C'est aussi l'une des clés pour atteindre nos
objectifs en matière de réduction des GES, sachant que 43 % des GES émis
au Québec proviennent des transports. Donc, pour ce faire, on doit inciter la
population, progressivement, à délaisser l'auto solo, à
délaisser la voiture, et, pour ça, il nous faut un réseau fiable. Bien, les
sources de financement du transport en commun stagnent, alors que les dépenses
augmentent. Donc, la révision du modèle d'affaires actuel, c'est une condition
essentielle pour le développement et la pérennité des services de transport
collectif, qu'ils soient urbains ou régionaux.
Ainsi, nous
recommandons de prévoir une aide spécifique de 570 millions de
dollars pour l'année financière 2023 afin d'assurer le maintien d'un
même niveau de service de transport collectif au Québec. On recommande aussi
que le gouvernement convienne, avec le milieu municipal, d'un cadre financier
pour l'ensemble de la période 2023-2028 en transport collectif. Et je pourrais
aussi vous parler longuement des écueils rencontrés en transport interurbain,
régional, par autocar, par train ou par les airs.
Ceci dit, les
municipalités tentent d'innover pour favoriser l'attractivité et
l'accessibilité de la mobilité durable partout
au Québec mais se heurtent à des moyens toujours insuffisants. Par exemple,
certains tentent, depuis plusieurs années,
d'implanter une taxe sur l'immatriculation des véhicules pour financer des
opérations en transport en commun. Donc, notre dernière recommandation
pour la partie verbale, c'est d'autoriser l'accès aux ressources informatiques de la SAAQ pour les municipalités, pour les MRC ou
les communautés métropolitaines qui souhaitent instaurer une taxe sur
les immatriculations des véhicules destinée au financement du transport
collectif.
Donc, je m'arrêterai là-dessus, tout en vous
référant à notre mémoire pour les autres recommandations que nous avons
produites. Et, comme je l'ai mentionné précédemment, l'union accueille
positivement la stratégie dans son ensemble.
On y va avec une série de recommandations qui se veulent constructives. On
souhaite que, pour la mise en oeuvre de cette stratégie-là... que les
municipalités de toutes les régions soient des partenaires incontournables. Il
faut garder toujours en tête que les ressources des municipalités sont
limitées, qu'elles ne pourront pas participer à la hauteur de leurs moyens ou de leurs ambitions... en fait, de leurs
ambitions, mais elles pourraient participer à la hauteur de leurs
moyens, et tout ça dans un contexte où, vous le savez, la fiscalité municipale
actuelle est grandement limitante pour les
municipalités. Donc, nos recommandations visent à vous accompagner, à avancer
ensemble dans ces objectifs de développement durable. Et je vous assure
que l'Union des municipalités du Québec est prête, tout comme ses membres, à
collaborer avec le gouvernement dans l'atteinte de ces objectifs. Merci.
• (16 h 40) •
La Présidente (Mme Maccarone) : Je
vous remercie, M. Côté, pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter
la période d'échange. Alors, à vous la parole, M. le ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Merci à vous deux. Très, très intéressant de vous entendre.
D'abord, merci d'être présents. Merci pour le mémoire. Merci pour ces
propositions constructives.
Il n'y a pas
de surprise, j'ai dévoilé mon jeu. Vous connaissez déjà ma première question, à
savoir... La Loi sur le développement
durable, actuellement, n'assujettit pas les villes. Tout à l'heure, on
confirmait, il y avait, essentiellement, un tiers des municipalités qui
s'étaient déclarées par elles-mêmes liées à cette... à cette loi-là. Est-ce
qu'on devrait les assujettir? Sinon, comment s'assurer que ce pourcentage-là
augmente?
Et, dans tous
les cas, avant de vous laisser répondre, mentionner... On le voit, là, il y a
un nouveau leadership, au niveau municipal, qui veut s'exercer, qui
s'exerce aussi avec une certaine force sur la question des changements climatiques, sur la question de l'environnement.
Pour ma part, ce n'est que positif. Donc, notre souhait, c'est de s'assurer
que ce leadership-là soit bien appuyé par le gouvernement
du Québec. Est-ce que ça passe, notamment, par l'assujettissement à la
Loi sur le développement durable?
M. Côté (Daniel) : Bien, en fait,
vous le dites d'entrée de jeu, on assume un fort leadership au niveau municipal
en matière de développement durable. Je pense qu'on doit nous laisser les
coudées franches aussi pour agir à la hauteur de nos moyens et de nos
ambitions.
Nous imposer l'application de la loi en question
viendrait aussi a contrario avec une autre disposition de la Loi sur le
développement durable, soit le principe de subsidiarité, qui reconnaît que les
municipalités ou que le pouvoir local devrait avoir primauté dans certaines
matières, et ce serait aussi contraire à la loi visant à reconnaître que les
municipalités sont des gouvernements de proximité. Et cette loi-là visait à
augmenter l'autonomie, aussi, des municipalités. Donc, si on veut être
cohérents avec les autres dispositions législatives... On souhaite, évidemment,
préserver l'autonomie municipale et on assume déjà un fort leadership, on
entend continuer d'assumer un fort leadership.
On n'a pas nécessairement besoin d'une contrainte légale supplémentaire pour
assumer ce fort leadership.
M.
Charette : J'ai des questions qui vont nous amener dans
différentes directions. Malheureusement, le temps va filer trop rapidement. Et
j'ai des collègues qui vont souhaiter intervenir aussi. Un programme précis, le
programme OASIS, qui a été lancé le
printemps dernier, bien appuyé financièrement, un peu plus de
110 millions de dollars, et, malgré tout, jusqu'à maintenant, à tout le moins, très peu de
projets déposés par les municipalités. Je pense qu'au dernier décompte on était
à trois ou quatre projets. Est-ce que ce sont les modalités d'application?
Est-ce que ce sont les délais qui sont encore courts et qu'on peut
espérer davantage de projets dans les prochaines semaines, les prochains mois?
Et, dans tous les cas, comment bonifier l'initiative si elle ne répond pas aux
réalités, là, des municipalités?
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) : Un
des points majeurs, avec le programme OASIS, qu'on a noté, en fait, c'est que les... ça finance des
infrastructures vertes, mais qui ont pour objectif à la fois de réduire les îlots
de chaleur et à la fois d'avoir un
effet positif sur la gestion des eaux pluviales. Et donc ces deux éléments-là
combinés restreignent énormément les possibilités, en fait, de soumettre
un projet au programme OASIS. Et ça s'inscrit dans un contexte où, en fait, les infrastructures vertes ont différents
objectifs qui ne se limitent pas seulement aux îlots de chaleur ou à la gestion
des eaux pluviales. Elles peuvent également servir à couper le bruit, à
prévenir l'érosion des berges, etc. Donc, on pense que le programme aurait
davantage de soumissionnaires, là, s'il n'y avait pas des objectifs précis à
prendre en compte.
M. Charette : En même temps... Je
vous entends puis je comprends la réalité que vous exposez, mais il y a des
résultats qui sont attendus, des résultats spécifiques, d'où les critères qui
ont été exposés. Dans les faits, on a des municipalités qui nous diraient...
qui nous disent : Nous, le 110 millions, on le prendrait à nous
seuls, là. On a des projets pour 110 millions, mais on veut s'assurer que
le plus grand nombre possible de municipalités puisse s'en prévaloir. Donc,
c'est un programme qui va susciter davantage d'intérêt ou, si on garde ces
critères-là, on risque peu de recevoir de nouveaux projets, selon vous?
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) : Bien,
c'est certain que... Je pense que ce serait un mélange des deux. Il faut certainement revoir avec les partenaires
municipaux, dont l'union, là, les... plus spécifiquement, le cadre normatif qui
est prévu à ce programme-là. D'ailleurs, je pense que, pour le volet 2, le
cadre normatif est sorti seulement, là, à la fin de l'automne. Donc, ça
peut expliquer aussi les délais.
Mais, c'est
certain, nos membres nous le mentionnent, là, il y a un grand intérêt pour les
infrastructures vertes. Donc, ce
n'est pas un manque d'intérêt. Puis on les voit, les besoins municipaux en
termes d'adaptation des infrastructures. Oui, il y a le côté ingénierie, certainement, mais les infrastructures
vertes servent, là, directement à soulager les infrastructures d'eau
principalement, des... C'est l'enjeu qui préoccupe le plus le milieu municipal
en matière d'adaptation. Alors, certainement,
ce n'est pas un manque de volonté. Et je pense qu'on peut continuer à
collaborer à cet effet-là pour s'assurer que le programme soit... soit,
bien, en cohérence avec les besoins municipaux.
M. Charette : Puis la dernière chose
que l'on souhaite, c'est de voir des sommes périmées retourner à des objets qui
s'éloignent peut-être des préoccupations en matière de développement durable.
Vous avez parlé d'acquisition de terres privées.
On était tous participants à la COP15, les collègues, il y a quelques semaines
tout juste, quelques... oui, quelques semaines. Le temps passe vite malgré
tout. Des objectifs ambitieux. Oui, il faut
redoubler d'efforts au niveau du sud. Vous dites : Faire l'acquisition.
Est-ce que les municipalités souhaiteraient devenir propriétaires de ces
terres-là? Parce que, dans les faits, on travaille aussi avec des associations,
que ce soit Conservation de la nature
Canada, que ce soit Canards illimités, il y en a bien d'autres, qui utilisent
les fonds disponibles pour faire
l'acquisition et ensuite s'assurer du respect du plan de gestion. Est-ce que
les villes souhaiteraient non seulement devenir propriétaires, mais
assurer la gestion de ces plans-là une fois les terres acquises?
M. Côté (Daniel) : Dans certains
cas, oui. Dans certains cas, oui. Il ne faut juste pas que ce soit uniforme à la grandeur du Québec. Il y a des endroits où, par
exemple, Canards illimités ou d'autres organismes de protection de la nature
sont très présents, très actifs et ont des moyens financiers d'agir. Dans
d'autres cas, ce sont plus les municipalités qui ont cette latitude-là. Il faut
juste se garder un peu plus de souplesse dans la mise en oeuvre de tout ça.
Au final, on vise tous le même objectif,
protéger 30 % du territoire québécois d'ici 2030. Les municipalités
peuvent être un très bon partenaire dans ce sens-là. On ne peut pas leur... On
ne veut pas que ça leur soit imposé, mais on veut leur donner les coudées
franches au niveau légal, en particulier, avec une modernisation de la Loi sur
l'expropriation, entre autres, pour qu'on ait les coudées franches de protéger
les parties de territoire fragiles. Mais on ne
veut pas piler sur les pieds non plus d'autres organismes de protection du
territoire. Si on a le même objectif, on peut laisser agir d'autres gens
sur le territoire. On ne veut pas le monopole non plus de la protection de la
biodiversité.
M. Charette : ...de monopole, je ne
veux pas avoir le monopole et priver mes collègues de leur temps
d'intervention. Une dernière petite question rapide. On a, grâce au leadership
municipal, dans certains cas, depuis plusieurs années, sinon quelques
décennies, fait l'acquisition ou développé des parcs municipaux ou encore des
parcs régionaux. Actuellement, ces
infrastructures vertes là ne font pas partie du registre des territoires
protégés. Donc, il y a un beau
potentiel d'augmenter notre protection, qui est dûment enchâssée dans le
registre du ministère de l'Environnement. Est-ce que, pour vous, il y a
un intérêt à voir ces terres-là... bien, enregistrées... inscrites au registre
en bonne et due forme pour officialiser leur statut?
M. Côté (Daniel) : Sous toutes réserves,
parce que je n'ai pas de position formelle là-dessus, mais ce que vous me dites
me semble faire beaucoup de sens. Dans l'optique où ces territoires-là sont
destinés à protéger la biodiversité, sont
destinés à des fins environnementales, pourquoi pas? Pourquoi ne pas les
inscrire au registre? Peut-être qu'il y a certains parcs, par contre,
qui n'ont pas ces objectifs-là. Je n'ai pas la nomenclature de tous les parcs.
Mais, tous ceux qui ont un objectif
environnemental, on devrait probablement les inscrire au registre. On va
vérifier avec chacun de nos membres en conséquence. Merci.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole à M.
le député de Mégantic.
Une voix : Masson.
La Présidente (Mme Maccarone) : Ah!
de Masson.
M. Lemay : Merci.
Il reste combien de temps, Mme la Présidente, pour notre groupe?
La Présidente (Mme Maccarone) : Il
reste 7 min 18 s.
M. Lemay : Très bien. Merci
beaucoup. Donc, je vais vous emmener sur... à la page 13 de votre mémoire,
sur les recommandations 18 et 19.
Vous parlez, en fait, que vous aimeriez avoir davantage de financement pour,
justement, les initiatives municipales qui permettraient de réduire
l'empreinte énergétique de vos bâtiments municipaux. J'aimerais savoir si vous
avez déjà effectué un inventaire du parc de bâtiments municipaux. Si oui, quels
seraient vos besoins financiers? Si non, seriez-vous disposés à effectuer un
inventaire pour enfin connaître l'écart qu'il y a pour atteindre la
décarbonation?
• (16 h 50) •
M. Côté (Daniel) : En fait, on
travaille présentement sur un plan de décarbonation des bâtiments et des
véhicules municipaux. C'est un plan de plus longue haleine. C'est en travail
actuellement, donc je n'aurai pas de chiffre
final à vous fournir aujourd'hui. Mais on va y travailler puis on pourra vous
revenir avec un chiffre plus précis.
À court terme, ce qu'on souhaite, évidemment,
c'est un coup de pouce financier pour commencer cet exercice-là, qui s'inscrira dans un plan de plus longue haleine. Donc,
c'est un peu pour ça qu'on vous fournissait cette recommandation.
M. Lemay : OK. Parfait. Merci. Donc,
je sais que j'ai d'autres collègues qui ont des questions, là. Allez-y, Mme la
députée de... bien, de Châteauguay.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Je cède la parole à la députée de Châteauguay.
Mme Gendron : ...Mme Legault-Bélanger.
Contente de vous rencontrer. Également, très heureuse d'avoir pu constater
votre beau travail que vous avez fait.
J'aimerais souligner un petit point au sujet de
la recommandation n° 3. Donc, oui, c'est une de vos
priorités. Donc, c'est les terrains, en
fait, là, qui sont pour les centres de services scolaires. En fait, ce que
j'aimerais souligner, c'est que vous n'êtes sûrement pas sans savoir que
les municipalités, en fait, ne tiennent pas vraiment compte des futurs besoins
scolaires dans leur planification d'aménagement, ce qui crée, en fait,
malheureusement, dans certains cas, je ne fais pas une généralité, là, un
problème au niveau municipal et au niveau des centres de services scolaires.
Donc, qu'est-ce que vous pouvez proposer ou recommander face à cette réalité-là
de certaines municipalités du Québec?
M. Côté (Daniel) : Bien, en fait, si
on n'en tient pas compte, c'est parfois parce qu'on n'y a pas accès, au plan
d'infrastructures ou au plan d'immobilisations des centres de services
scolaires. Nous, notre planification d'urbanisme, notre planification de
développement du territoire, elle est publique. Elle est adoptée en
consultation publique. Ils y ont accès. À l'inverse, on n'a pas toujours accès
aux plans d'immobilisations des centres de services scolaires. Donc, c'est
difficile de tenir compte de trucs sur lesquels on n'a pas accès et qu'ils ne
veulent pas, parfois, nous partager. Donc, c'est la réponse que je peux vous
faire pour l'instant. S'ils étaient totalement transparents et qu'ils nous partageaient leurs plans d'actifs,
nous, on l'inclurait fort probablement dans notre planification d'urbanisme
et dans notre planification d'aménagement du
territoire. Donc, j'inviterais les centres de services scolaires à collaborer
avec leur municipalité.
Mme Gendron : Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Mégantic.
M. Jacques : Bien, merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. Je vais abonder un peu dans le même sens, parce qu'on a travaillé fort, là, sur la
politique d'aménagement... la politique nationale d'aménagement du territoire,
entre autres. Puis j'ai fait aussi la
tournée ferroviaire, là, il y a... en 2019. On parlait beaucoup d'aménagement,
autant de transport actif, de
transport en commun, dans la planification des investissements ou de tous les
quartiers résidentiels, là, qui pouvaient être projetés sur un
territoire donné. Donc, je sais que ce n'est pas les mêmes problèmes à Gaspé
qu'il peut y avoir à Gatineau. Par contre, l'intégration de tout ça, entre
autres les écoles, aussi, ne fait pas partie ou peu partie, là, de ces
aménagements-là.
Donc, si on installe un quartier, on sait qu'il
va y avoir 300, 400 maisons, 400 familles qui vont aller vivre là, on se doute bien qu'il va y avoir une école, qu'il
va y avoir un besoin d'école. Je comprends que les centres de services
scolaires ou les commissions scolaires anglophones ne nous donnent pas leurs
besoins dans les prochaines années, mais vous savez pertinemment qu'en
implantant un nouveau quartier, bien, il va y avoir un besoin, puis le
besoin... Pour que les gens... Ça va vous amener encore plus de population,
parce que les petits enfants vont pouvoir se rendre à l'école. Si elle est au
centre du quartier, les enfants vont pouvoir se rendre à l'école directement à
pied. Les parents vont avoir une proximité
de service. Donc, c'est encore plus gagnant pour les municipalités. Pareil
comme les commerces de proximité.
Donc, il y a un quartier qui se développe, un commerce de proximité, les...
Bien, dans le plan d'aménagement du territoire des municipalités, bien,
tout ça rentre ensemble.
Donc, quand j'entends que l'école n'est pas
prévue dans un plan d'urbanisme pour intégrer une mobilité durable puis
avancer... que le Québec puisse avancer vers un développement durable de toutes
ses activités... Bien, le plan d'urbanisme de chacune des
villes doit mettre en... doit mettre sur le plan toutes ces infrastructures-là.
Puis c'est le bout, là, que j'ai de la difficulté à comprendre, que c'est le
centre de services qui va dicter ce qui va se passer, alors que vous savez très
bien que vous allez mettre, je ne sais pas, 400 résidences ou
400 familles.
M. Côté
(Daniel) : En fait, je pense que, le problème de fond, on peut le voir
sous différents angles, là. Moi, je vois le problème de fond comme étant
l'obligation pour les municipalités de fournir les terrains aux commissions
scolaires, et c'est eux autres qui choisissent les terrains qu'ils veulent. Je
veux dire, même si je les intégrais dans une planification de territoire, si le
centre de services scolaire ne veut pas aller sur le bout qu'on a planifié,
parce que c'est eux qui ont la prérogative
de choisir le cadeau qu'ils veulent nous demander, je le rappelle, donc, on n'a
pas d'emprise sur les centres de services scolaires.
Ça
peut être planifié, comme on planifie des parcs. Habituellement, on peut
planifier des services... des emplacements de services de garde, etc.,
dans un plan d'ensemble. À ma connaissance, quand il y a un gros développement
puis, en fait, que le centre de services scolaire nous dit : J'aurais
besoin peut-être d'un terrain pour développer une école dans ce plan d'ensemble
là, on l'inclut assez aisément. Par contre, au final, ce n'est pas notre
décision d'implanter l'école à tel ou tel endroit. C'est leur décision.
Ça fait que je pense
qu'on gagnerait peut-être à se parler davantage avec les centres de services
scolaires. Au final... Il y a peut-être une lacune de communication à la base,
là. Au final, on dit à peu près la même chose, mais c'est rien que les obligations légales sont à notre détriment davantage
qu'au détriment des centres de services scolaires.
M. Jacques : Et
c'est un avantage pour chacune des municipalités de prévoir tout son
développement. Donc, à ce moment-là, on proposait de proposer certains terrains
qui ne seront peut-être pas les mieux pour autant la CS que la municipalité.
Merci.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Il reste 43 secondes à l'échange. Madame... M. le
ministre.
M. Charette : Merci. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Maccarone) : Excellent.
Merci beaucoup. Je vais maintenant céder la parole à la porte-parole de
l'opposition officielle, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci,
Mme la Présidente. Alors, vous avez 22 recommandations. Vous vous êtes
limités aux premières
12 recommandations dans votre allocution. Donc, je voulais en savoir plus
par rapport aux 10 dernières recommandations.
Vous parlez d'organismes communautaires, le Fonds bleu, les groupes
sous-représentés, l'immigration, le
logement... en tout cas, logement social et abordable, etc. Donc, j'aimerais si
vous pouvez choisir une recommandation, puis par la suite j'ai... pour
élaborer, pour vous donner le temps d'élaborer un peu plus sur une des
recommandations que vous trouvez... je sais qu'elles sont toutes importantes,
mais pour vous donner plus de temps.
M. Côté (Daniel) : Effectivement, elles sont
toutes importantes. On pourrait mettre le focus sur le Fonds bleu, puisqu'on a quand même eu
certaines avancées pas plus tard que la semaine dernière, justement, avec
M. le ministre et avec Mme la députée Grondin. On a avancé quand même. Il
y a eu une bonne annonce la semaine dernière à cet effet-là. On croit beaucoup dans la protection et la pérennisation des
sources d'eau potable. Il y a des démarches en ce sens dans une stratégie, je dirais, qui est
connexe à celle sur le développement durable. On pourra en parler en long et
en large, mais il y a déjà une stratégie.
On
pourrait parler d'électrification des véhicules municipaux. On en a glissé un
petit mot tout à l'heure également. Il
y a un enjeu assez important de ce côté-là. Et les villes veulent prendre un
bon leadership en électrification des flottes de véhicules. À titre d'exemple, et là je vais citer ma région, dont je
suis toujours très fier, dans notre région, on s'est dotés, même si on est sur d'immenses territoires et très
peu populeux, on s'est dotés de flottes de véhicules municipaux qu'on offre en autopartage. Donc, ce type d'initiative
là, qui gagne des prix à l'échelle québécoise, des mérites Ovation municipale
de l'UMQ, qui gagne des prix à la Fédération canadienne des municipalités,
gagnerait à être connu et à être diffusé. C'est le genre de truc qu'on peut
faire du côté de l'union pour vous aider à atteindre les objectifs nationaux au
niveau de la stratégie de développement durable.
Vous parliez, tout à
l'heure, un peu, dans les exemples... toute la question de la main-d'oeuvre,
d'intégrer sur le marché du travail des
personnes qui sont sous-représentées, notamment les communautés autochtones, de
favoriser la régionalisation de
l'immigration. Ce sont d'autres items qu'on met beaucoup de l'avant dans un
objectif, justement, de développement durable.
Bref,
on tire un petit peu partout, là, parce qu'on n'est pas très centrés... En
fait, je dirais, on n'a pas... on n'est pas dans un champ de travail très
précis, le milieu municipal. On est un gouvernement de proximité, mais on est quand
même un palier gouvernemental qui touche à tout. Donc, c'est pour ça qu'on vous
fait des recommandations dans tous les
domaines. On a mis le focus sur quelques-unes, mais on pourrait parler en long
et en large, et répondre à toutes vos questions.
Mme McGraw : Puis, justement, le développement durable, c'est
très large aussi. C'est... Donc, moi... Donc, je suis contente, vous
avez parlé du Fonds bleu.
J'aimerais
en savoir plus. Votre recommandation n° 14, vous parlez de
financement à la mission des organismes communautaires pour leur
permettre de maintenir des services qu'ils offrent à la population, etc. Donc,
j'aimerais en savoir plus.
• (17 heures) •
M. Côté (Daniel) : Bien, en fait, à
la base, on croit fondamentalement, du côté municipal, dans le principe de subsidiarité,
donc, à problématique locale, action locale, et on ne croit pas trop dans le
mur-à-mur. Habituellement, c'est pour ça qu'on parle toujours d'autonomie. On
parle de se laisser de la latitude.
Nous, on représente, évidemment, davantage le
milieu municipal, qui est un milieu proche des citoyennes et des citoyens. Les organismes communautaires le
sont aussi. On n'est pas les représentants des organismes communautaires.
Par contre, ce sont des organismes qu'on
côtoie au quotidien, puis on le voit, qu'ils ont souvent de la difficulté au
niveau financier. Donc, ce n'est pas... ce n'est pas notre cheval de
bataille numéro un. Ceci dit, comme on comprend leurs problématiques parce
qu'on les côtoie, parce qu'on les finance, nous aussi, avec nos petits budgets
municipaux, c'est dans ce sens-là qu'on
vient... qu'on vient un peu les accompagner, toujours dans le principe de
subsidiarité, à problème local, action locale. C'est dans ce
contexte-là.
Mme
McGraw : Aussi, au niveau... numéro 20, vous parlez de
la régionalisation de l'immigration en mettant... en tout cas, si vous
pouvez juste élaborer là-dessus aussi. L'immigration, vous parlez de... au
bénéfice des personnes immigrantes et des collectivités, décentraliser un
peu... Oui.
M. Côté (Daniel) : Effectivement,
effectivement. Ça fait quand même des années qu'on milite en faveur d'une meilleure régionalisation de l'immigration.
Le Québec est une société très accueillante. Et un constat qu'on fait, sans que ce soit nécessairement documenté par de
grandes études, mais un constat terrain qu'on fait assez aisément, c'est
que l'intégration et la francisation se font
très, très bien en région. Elles se font probablement d'une meilleure
façon en région. Donc, si on favorise
cette régionalisation-là, on va atteindre les deux autres objectifs au niveau
de l'immigration qu'est l'intégration réussie et la francisation
réussie.
On doit viser
une adéquation entre les besoins de main-d'oeuvre et les gens qu'on attire chez nous également. On
le sait, on est en pénurie de main-d'oeuvre. Mais la pénurie de main-d'oeuvre
ne touche pas seulement que certains corps de métiers très spécialisés.
Ça touche aussi des travailleurs d'usine, ça touche aussi des journaliers, ça
touche aussi du personnel d'entretien dans nos bâtiments, etc., donc, des
travailleurs très à la base de la société.
Donc, on doit
faciliter aussi l'entrée au pays et l'entrée dans les régions, directement dans
les régions, de cette catégorie de travailleurs là aussi, qu'on a longtemps
oubliée dans nos stratégies d'immigration. C'est pour ça qu'on le met
aussi à l'avant-scène, encore une fois, un objectif de développement durable.
Plus on sera à même d'avoir de... en fait, de combler cette pénurie de
main-d'oeuvre là, plus on aura de nouvelles personnes sur le territoire, plus
on partagera notre culture avec des nouvelles personnes et qu'ils nous
partageront leur culture, plus on va se développer harmonieusement également.
Mme
McGraw : Super. Donc, je voulais aussi savoir... Donc là,
pour revenir... Écoutez, vous avez... On revient sur les écoles aussi. Mais une question, c'est... Vous avez, évidemment,
une proximité privilégiée avec les municipalités et votre... Et vous, M. Côté, vous êtes maire de Gaspé. Quelles
observations avez-vous faites sur le terrain qui vous ont permis de
faire ces constats? Et, dans votre cas... Donc, ça, c'est une question
peut-être pour Mme Legault-Bélanger, mais
M. Côté aussi. En tant que maire, est-ce que vous avez des exemples plutôt
personnels qui... sur ces enjeux-là qui... une histoire, peut-être, à
partager ou... En tout cas, on commence avec l'un ou l'autre.
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) : Au
niveau de la rareté de main-d'oeuvre ou...
Mme McGraw : Bien non, de façon
générale, sur les recommandations que vous avez faites. Donc, vous avez cette proximité-là auprès des municipalités.
Donc, est-ce qu'il y a des observations... question très large, mais des
observations selon... à cause de cette proximité-là que... des observations que
vous avez faites sur le terrain? Je vous invite à sortir un peu du texte et
partager un peu votre expérience.
Mme
Legault-Bélanger (Charlotte) : M. le président a eu la chance de faire la tournée
des régions cet automne... cet été et
cet automne, donc je lui céderais la parole. Mais, dans le contexte de cette
tournée-là, il a été en contact avec pratiquement l'ensemble des élus
municipaux, là, du Québec. Donc, je vous laisse la parole.
M. Côté (Daniel) : Bien, je peux y
aller. Honnêtement, un des enjeux qui est ressorti beaucoup dans le cadre,
justement, de cette tournée-là du territoire où j'ai rencontré plus de
400 élus municipaux à la grandeur du Québec... L'enjeu des terrains
scolaires est ressorti beaucoup. Ce n'est pas un enjeu qui, au départ, nous
disait grand-chose. On disait : Bon, on reçoit cette obligation-là, mais
tout le monde va être souple, tout le monde va être gentil, jusqu'à ce que des centres de services scolaires aillent voir
leurs élus municipaux et leur disent : Je veux avoir ce terrain-là. Oui,
mais le terrain, il coûte 2 millions. Mais je veux ce terrain-là. Oui,
mais le terrain est en dehors du cadre bâti et loin des quartiers résidentiels.
Non, je veux ce terrain-là. Et la loi prévoit qu'il va avoir ce terrain-là, et
on est obligés de l'acquérir ou de l'exproprier à nos frais pour le redonner au
centre de services scolaire.
Quand j'ai le maire de Saint-Eustache qui
m'interpelle sur cette question-là ou qu'il y a le maire de Laval qui me dit
que, pour les 10 prochaines années, il y en a pour plus de
9 millions de dollars de terrains à acquérir pour ces centres de services scolaires... À un moment donné, j'ai des
exemples concrets à cet effet-là. Pour tout le reste, des exemples concrets, pénurie de main-d'oeuvre, tout
le monde en a parlé à la grandeur du Québec. Pénurie de logements, tout
le monde en a parlé aussi à la grandeur du Québec. Je sais que le temps qui
nous est imparti est très, très court, mais
je pourrais vous faire un exposé de plusieurs heures sur la question à un autre
moment donné, si vous me le permettez.
Mme McGraw : Super. Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : ...Mme
la députée, pour votre échange.
Mme McGraw : Je pense que je vais
céder mon temps...
La Présidente (Mme Maccarone) : Vous
ne pourrez pas céder votre temps.
Mme McGraw : Bien, c'est parfait. OK.
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Mais je vous avise qu'il vous reste à peu près une minute. Ça fait que vous
avez le temps de poser une dernière...
Mme
McGraw : Parfait. Écoutez, je vous redonne la... si vous
avez d'autres choses à ajouter. Je sais qu'il y a des collègues qui ont
d'autres questions, mais est-ce que vous avez d'autres choses à ajouter?
M. Côté (Daniel) : Allons-y avec le
Fonds bleu.
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) : Bien
oui, ça semblait être un sujet qui vous interpelait tantôt. On peut aller peut-être en détail. En fait, le ministère
de l'Environnement a déjà entamé un processus de protection des sources
d'eau potable en partenariat avec les municipalités. Donc, il y a quelques
années, les municipalités qui étaient en charge,
là, de sources d'eau potable pour l'approvisionnement de leurs citoyens
devaient faire des analyses de vulnérabilité de ces sources-là, donc,
identifier chaque source de vulnérabilité potentielle et réelle, et ce
programme-là était financé, là, en bonne
partie, là, par le ministère de l'Environnement. Et actuellement la suite de
ces analyses-là, c'est d'inviter les municipalités, toujours via un
programme du ministère de l'Environnement, de financement... Oh! pardon.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Nous allons procéder avec le prochain porte-parole du deuxième groupe
d'opposition, Mme la députée de Verdun, pour une période de
3 min 18 s.
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la
Présidente. Merci à vous, M. Côté et Mme Legault-Bélanger. Moi, ma
première question va porter sur le rôle de l'adaptation aux changements
climatiques. On parle un peu, dans votre mémoire,
dans le cadre des infrastructures vertes... Puis je relisais aussi la
stratégie, puis on parle de façon très diffuse. Donc, ma question,
c'est : Est-ce que vous croyez que l'adaptation aux changements
climatiques devrait avoir une place plus centrale dans la stratégie québécoise
de développement durable?
M. Côté (Daniel) : En fait, c'est
l'un des principaux éléments qui sont promus par le milieu municipal québécois.
En fait, on avait évoqué, il y a quelques mois passés, un pacte vert. Tout à
l'heure, j'entendais les 10 plus grandes municipalités au Québec... Donc, c'est
l'Union des municipalités du Québec et ses plus de 400 membres qui étaient
derrière cette stratégie-là qui visait, en fait... où on souhaitait un
investissement de 2 milliards de dollars par année dans l'adaptation
de nos infrastructures face aux changements climatiques.
Ça a l'air d'être des gros chiffres.
Effectivement, pour le milieu municipal, ce sont des chiffres qui sont immenses, et on ne peut pas y arriver tout seuls.
Ça impliquerait des hausses de budgets municipaux de 12 % par année,
ce qui... ce qu'on ne peut pas faire. En fait, dans le contexte de l'inflation,
vous avez vu les hausses de comptes de taxes.
On s'est fait claquer sur les doigts. Bien, les factures, nous autres, elles
entrent. Les revenus n'entrent pas plus, mais les factures, elles continuent d'entrer. Donc, dans ce contexte-là, on
ne peut pas assumer seuls un 12 % d'augmentation de nos budgets. Ça se répercuterait uniquement en
hausses de taxes foncières, ce qui ne fait pas de sens. C'est pour ça
qu'on vous a interpelés à cet effet-là.
Donc, le
pacte vert, on y croit. On pense que c'est en adaptant nos conduites d'eau
pluviale, c'est en adaptant... en
s'adaptant contre... en se prémunissant contre l'érosion des berges, c'est en
adaptant le réseau routier, c'est rendant notre réseau... nos réseaux, justement, plus résilients face aux aléas climatiques, au
gel, au dégel, aux pluies abondantes, aux pluies hivernales, qu'on ne
connaissait pas dans ma région jusqu'à il n'y a pas longtemps, aux ouragans,
qu'on reçoit jusque chez votre collègue des Îles-de-la-Madeleine ici présent,
et on a des répercussions jusqu'en Gaspésie... On voit les côtes qui sont érodées de façon majeure dans l'Est du
Québec. Bref, on est soumis de plus en plus aux aléas climatiques. Il
faut s'adapter. Il faut adapter nos infrastructures. Oui, il faut réduire les
GES. L'effet va être à plus long terme, on
est tous d'accord. Mais, d'ici à ce qu'on ait atteint et à ce qu'on ait
stabilisé les effets climatiques, il faut s'adapter, et, dans ce contexte, c'est des investissements qui sont trop
immenses pour nous seuls. Excusez ma longueur de réponse.
La Présidente (Mme Maccarone) : ...45 secondes.
Mme Zaga Mendez : Si
vous avez quelque chose à ajouter sur les leviers municipaux pour arriver aux
objectifs de développement durable...
M. Côté (Daniel) : En fait, c'est
beaucoup une question de sous derrière tout ça, hein? On parle beaucoup de sous
parce qu'on n'a pas toujours les moyens de nos ambitions. On a des bonnes
planifications. On a des bonnes intentions. On veut aller de l'avant. M. le
ministre soulignait notre leadership, tout à l'heure, au niveau municipal, et
avec raison. On a plusieurs leaders municipaux qui sont drôlement inspirants,
qui veulent aller de l'avant. On n'a pas les moyens de nos ambitions. Il y a un
élément clé derrière tout ça, en trame de fond de tout ça, qui s'appelle une
refonte de la fiscalité municipale pour nous donner les moyens de nos
ambitions. Puis ensemble, on va réussir.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci beaucoup. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, la parole est à vous.
• (17 h 10) •
M. Arseneau : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. M. Côté, bonjour, madame.
On a abordé plein de sujets, puis je ne veux pas
relancer la discussion sur tous ces éléments-là, mais compléter avec des éléments qui... dont on a moins parlé au cours des
dernières minutes. Le transport collectif, je trouve ça intéressant que vous le positionniez là, parce
qu'on sait qu'actuellement, là, on a un enjeu. Suite à la pandémie, il y a eu
une baisse de la fréquentation, là, dans les systèmes de transport collectif et
dans les sociétés de transport urbain en particulier,
et la solution, c'est de réduire le service. Alors, j'imagine qu'on ne s'avance
pas là-dedans. Ce n'est pas votre option, là. Vous regardez des fonds
supplémentaires pour augmenter le service, pour augmenter l'attractivité,
j'imagine.
M. Côté (Daniel) : Bien,
effectivement, ou, à tout le moins, à conserver le même niveau de service.
Mais, avec moins de clientèle, conserver le même niveau de service, alors que
tous les frais continuent d'augmenter... Les frais
de carburant ont augmenté de façon marquée, les coûts d'infrastructure ont
augmenté de façon marquée, etc. Bref, les
factures augmentent, mais la clientèle a diminué avec la pandémie, et le ressac
se fait toujours sentir. Donc, il y a un déséquilibre financier.
Ceci dit, il y a de l'ouverture, là, du
gouvernement, d'accompagner les sociétés de transport. C'est qu'on ne veut pas
le faire seulement pour un an. On doit... Le temps que la clientèle revienne au
rendez-vous, on doit s'assurer de pérenniser l'investissement pour nous
remettre à flot le plus longtemps possible.
M. Arseneau : ...intéressant
aussi, la mention de la pénurie de logements, parce que, lorsqu'on parle de développement durable... Puis on parlait, ce
matin, avec d'autres groupes, de la question du bien-être des gens. Qui dit bien-être
dit, bon, une capacité de se mouvoir, se nourrir, mais évidemment de trouver un
toit. Et, sous cet angle-là, vous parlez, là, d'un grand chantier pour la
construction de logements sociaux, de logements abordables. Qu'est-ce que vous
voulez dire par les cadres qui manquent de flexibilité, là, pour que vous
puissiez, justement, promouvoir ces enjeux-là?
M. Côté (Daniel) : Bien, en
fait, c'est encore... on est encore un peu dans le paradigme du mur-à-mur,
hein? Souvent, la plupart des programmes sont dans une optique de mur-à-mur.
C'est difficile d'être imaginatif lorsque les programmes sont extrêmement
normés, que c'est extrêmement serré.
Ceci dit, il y a des gros sous sur la table en
logement social en particulier. On doit s'assurer que ça retombe sur le terrain le plus rapidement possible. Bien,
quand ça prend huit ans, 10 ans, 12 ans entre l'annonce d'un projet
et sa concrétisation parce qu'on
s'enfarge dans les fleurs du tapis avec des séries de critères inimaginables et
des redditions de comptes qui n'en
finissent plus, bien, on n'atteint pas notre objectif. J'ai eu le plaisir de
rencontrer la ministre de l'Habitation avant les fêtes, et on se dirige,
et on va l'accompagner, dans une refonte de ces programmes-là. C'est nécessaire
de refondre plein de programmes pour rendre ça plus souple, plus facile,
plus... je dirais, plus mobile, pour que ça atterrisse sur le terrain plus
rapidement.
M. Arseneau : Ce qui a attiré
mon attention, c'est le fait que vous disiez qu'il y avait des projets qui semblent bloqués parce qu'ils se démarquent par
leur innovation. Avez-vous des exemples? C'est quoi... On essaie de faire mieux, de faire nouveau. Et puis c'est quoi,
les programmes gouvernementaux qui, eux, ne sont pas assez modernes ou
ouverts à la...
La Présidente (Mme Maccarone) : En
15 secondes.
M. Côté (Daniel) : En
15 secondes, je pensais à un exemple précis et je n'en... il ne m'en vient
pas à l'esprit. Ceci dit, c'est une
question, souvent, de souplesse. C'est juste une question de souplesse. Dans
l'ensemble de l'oeuvre, particulièrement
au niveau des logements, on manque de souplesse dans les programmes. Mais on va
continuer d'y travailler. Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Merci, M. Côté et Mme Legault-Bélanger, pour votre
contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants afin
que l'on puisse accueillir le prochain groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 17 h 14)
(Reprise à 17 h 20)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
nous allons reprendre nos travaux. Et je souhaite la bienvenue aux
représentants de la Fédération québécoise des municipalités. M. Sylvain
Lepage, bienvenue. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc
à vous présenter et puis à commencer votre exposé.
Fédération québécoise
des municipalités (FQM)
M. Lepage (Sylvain) : Alors, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, d'abord, je tiens à vous rassurer. Je ne suis évidemment pas, comme Mme la Présidente
vient de dire, Jacques Demers. Je m'excuse au nom de mon patron, que
vous allez peut-être croiser un peu plus tard dans les corridors de l'Assemblée
à l'occasion, là, du cocktail que tient le
premier ministre, mais malheureusement il a actuellement un contretemps, et je
le remplace à pied levé, si je peux m'exprimer ainsi.
Alors, quelques mots sur la FQM, dont je suis le
directeur général. La FQM est une organisation que vous connaissez bien, qui représente actuellement plus de 1 000 municipalités au Québec, dont toutes les
MRC du Québec, c'est-à-dire 87 MRC. Et donc on répète souvent et on
dit souvent que la FQM est la porte-parole des régions pour cette raison-là. Ce n'est pas non plus un secret
que l'essentiel du membership de la FQM sont les municipalités de région, et,
de plus en plus, de toutes tailles.
Alors, évidemment, la FQM a pris connaissance
avec intérêt de la stratégie, et il nous fait plaisir de vous dire qu'elle
salue et partage les grandes orientations qui s'y retrouvent. Je pense que, de
façon générale, on peut dire que les objectifs et les sous-objectifs que l'on
retrouve à la politique visent bel et bien des défis rencontrés par le milieu
municipal à différents niveaux.
Évidemment, selon les objectifs, il y a toujours
certaines adaptations à faire, et il est important de se rappeler, et je vais vous le réitérer à plusieurs reprises,
que ces objectifs-là doivent être modulés en fonction, d'abord, de la réalité
des régions. Mon prédécesseur, M. Côté, l'a bien dit, la réalité de la
Gaspésie, la réalité de l'Abitibi, la réalité de la Montérégie et celle de la
grande région de Montréal, par exemple, c'est des réalités très différentes.
Et, lorsqu'on aborde toute la question du développement durable, on ne peut pas
appliquer ces règles-là mur à mur. C'est facile de mettre en place ou de se fixer des objectifs communs, mais, dans les
mesures à prendre pour atteindre ces objectifs-là, il est plus que
jamais important de tenir compte de la réalité des régions, qui sont... qui est
largement différente d'une région à l'autre, mais surtout des milieux urbains.
Deuxièmement, il faut également prendre en
compte... Et, encore là, ce n'est pas un grand secret, la FQM représente des municipalités... je ne veux pas
reprendre le slogan de l'UMQ, mais de toutes tailles. En fait, dans la vraie
vie, nous représentons généralement des municipalités de moins de
15 000 habitants. Évidemment, ces municipalités-là, même si elles partagent les objectifs du
développement durable, ont une réalité non seulement financière, mais humaine
différente de celle des grandes organisations. Ces organisations-là ne
bénéficient pas d'une fonction publique aussi importante que celle des grandes
organisations. Et, même si elles sont appuyées, dans tous les cas, par une
fonction publique de MRC, la MRC, elle non
plus... souvent a une taille qui correspond à la taille de la population
qu'elle dessert et des municipalités
qu'elle dessert, et donc, souvent, elle non plus n'a pas une fonction publique,
si peux m'exprimer ainsi, qui permet d'avoir les mêmes ambitions que les
organisations qui ont des fonctions publiques de plus grande taille.
Donc, dans la définition des moyens à mettre en
place, il est extrêmement important que le gouvernement tienne compte de ces
deux limitations-là ou contraintes-là, qui est à dire celle de la différence
entre les régions du Québec et celle de la taille des organisations.
Évidemment, l'atteinte des objectifs que l'on
retrouve à la politique exige un travail accru de la part du monde municipal. Je pense qu'encore là, on le répète
souvent, les municipalités sont des gouvernements de proximité. C'est le
palier gouvernemental qui est le plus près de la réalité des gens. Et,
nécessairement, si on veut atteindre les grands objectifs et sous-objectifs de
la politique, on doit nécessairement tenir compte de la réalité municipale et
voir de quelle façon les municipalités
peuvent contribuer à l'atteinte de ces objectifs-là. Et c'est extrêmement
important de ne pas, encore là, faire les objectifs de façon désincarnée, mais
en se posant la question : Oui, mais... excusez, là, mais, dans la
vraie vie, comment les gens sur le terrain, qui vont avoir à adopter des
politiques, qui vont avoir à poser des gestes et des actes...
Et, dans ces grands objectifs là, c'est
important aussi de se rappeler qu'il doit y avoir une acceptabilité sociale des
mesures qui vont être prises, parce qu'encore là c'est des objectifs sur
lesquels, de façon générale, il y a consensus,
je pense, au Québec, mais, lorsqu'on a à poser des gestes ou des actes, c'est
souvent là que, dans la façon dont... dans les moyens que l'on peut
prendre, pardon, pour atteindre les objectifs et les sous-objectifs de la
politique... qu'il peut y avoir désaccord.
Alors, évidemment, comme, au niveau local et
municipal, on connaît généralement ces contraintes-là, c'est souvent le meilleur niveau pour informer,
justement, le décideur gouvernemental, ou le ministre, ou les ministres, des
contraintes, là, et de la capacité du milieu
d'accepter certaines politiques qui doivent être comprises ou certaines
orientations qui doivent être comprises, mais... et qui sont
généralement, souvent, nécessaires pour que l'on puisse atteindre ces
différents objectifs.
Alors, évidemment, je peux vous dire que, pour
parler quotidiennement avec ces gens-là, les membres de la FQM sont entièrement
disposés à participer activement, justement, à la mise en place, là, d'une
société axée sur le développement durable, mais plusieurs de ces actions-là
doivent être mises en place et s'accompagner, on en a déjà parlé, là, mon prédécesseur en a parlé, de moyens
financiers, parce que, souvent, dans ce qui doit être fait, ça ne peut pas se
faire si les municipalités ou si les MRC n'ont pas les moyens financiers pour
bien définir les actions qui doivent être posées et pour bien poser les
actions qui sont identifiées.
En termes de
recommandations, je pense que vous l'avez vu à notre mémoire,
la FQM a six grandes... cinq grandes recommandations.
La première
recommandation, c'est que le gouvernement, et je viens de le dire, alloue les
ressources humaines et financières
pour que les MRC et les municipalités aient la capacité de répondre à
l'accroissement de leurs responsabilités, d'abord, en matière de gestion
des matières résiduelles, et au développement économique et social, et à la
lutte aux changements climatiques. Ça fait partie des grands objectifs qui ont
été identifiés à la politique. Je pense que, et les travaux qui ont été faits au
cours des derniers mois et des dernières années, par exemple, en matière de
gestion des matières résiduelles le démontrent, il y a un intérêt, de la part
des municipalités et des MRC, à collaborer activement, mais, essentiellement, si on veut atteindre les objectifs qui sont
fixés, il faut faire en sorte que des ressources soient allouées aux
gens sur le terrain pour atteindre ces objectifs-là.
Notre
deuxième recommandation, c'est que l'on adopte une approche globale et intégrée
en utilisant les schémas d'aménagement.
On va bientôt discuter, justement, là, du rôle des schémas d'aménagement, de
l'aménagement du territoire. Le schéma d'aménagement, de façon générale,
est fait...
Puis là j'aurai une petite critique à faire.
Souvent, on décrit les schémas d'aménagement comme étant une chose un peu organisée avec le gars des vues,
comme on disait dans mon village autrefois. Dans la vraie vie, le schéma
d'aménagement repose largement sur des
consensus locaux et régionaux. Vous remarquerez que, souvent, les schémas d'aménagement sont critiqués de
l'extérieur. On dit : Les gens là-bas ont mal fait ça. Mais les gens se
posent rarement la question, de savoir : Oui, mais, chez vous,
c'est comment? Laissez faire le schéma de telle municipalité. Le schéma n'a pas
été développé en vase clos. Ce n'est pas un groupe secret qui a élaboré ça.
Généralement, là... Et je n'ai eu connaissance, dans ma... ça fait sept ans que
je suis à la FQM, d'aucun schéma d'aménagement qui a été fait en vase clos et
de façon secrète. C'est vraiment basé sur des consensus locaux et régionaux.
Et, dans la mesure, justement, où les schémas sont basés sur des consensus,
bien, ça permet de réaliser ce qui est prévu.
Alors, dans la mesure où on a des objectifs
ambitieux en matière de développement durable, les objectifs que l'on se fixe à
l'échelle nationale seront d'autant plus rencontrés que les gestes qui vont
être posés dans une région vont être fondés sur des consensus et non pas sur
une règle imposée d'un décideur quelconque étranger ou même de... Et là je dis
ça avec tout le respect... Oui, je vois le temps qui coule.
Bon, alors, troisième recommandation,
l'élargissement de la définition d'«aire protégée» pour qu'elle puisse
correspondre au milieu de vie où l'environnement et la biodiversité sont mis en
valeur.
Quatrième recommandation, rendre disponibles, et
je l'ai déjà dit, les fonds nécessaires pour assurer la mise en oeuvre par les
MRC des plans régionaux de milieux humides. On sait que c'est un sujet
extrêmement important. Et, encore récemment,
nous écrivions... mon patron écrivait à M. le ministre pour lui signaler
l'importance d'appuyer, justement, les municipalités juridiquement dans
la mise en place de ces schémas-là, parce que ça pose concrètement des
problèmes juridiques importants pour lesquels nous avons besoin de l'appui du
gouvernement.
Et finalement
que l'on... que... nous recommandons, pardon, que le gouvernement intègre la
notion de territoire dans le financement des municipalités et des MRC
pour qu'elles puissent assumer, là, leurs compétences régionales. On ne doit
pas fonctionner, surtout en matière de développement durable, en vase clos.
Alors, je mets de côté les autres
recommandations. Vous les avez à notre mémoire. Ça va me faire plaisir de
répondre à vos questions.
• (17 h 30) •
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup pour votre exposé, M. Lepage. Nous allons maintenant procéder à
la période d'échange, et je cède la parole à M. le ministre.
M.
Charette : Merci, Mme la Présidente. À vous deux, merci d'être
présents. Merci d'avoir remplacé M. Demers à pied levé. Mais, en
même temps, pas inquiet. Ce sont des dossiers que vous connaissez très bien
aussi.
Vous parlez de biodiversité. Dans un premier
temps, vous avez évoqué les fameuses aires protégées, qui semblent poser
problème ou, à tout le moins, des questionnements au sein de vos membres.
Peut-être nous en parler davantage, dans un premier temps.
M. Lepage (Sylvain) : Il y a un
grand intérêt, M. le ministre, effectivement, pour développer davantage d'aires protégées, pour s'interroger davantage sur
la place de ces aires-là dans nos régions. Malheureusement, dans le cadre
juridique actuel, souvent... Vous avez vu récemment... Puis mon prédécesseur
l'a abordé directement devant vous, là, sur
la question d'expropriations déguisées. Il y a un problème majeur à ce
niveau-là, parce que, souvent, les élus municipaux sont prêts à prendre
des actes, sont prêts à prendre des décisions courageuses, mais évidemment
l'encadrement légal actuel est extrêmement complexe et mène souvent, et de plus
en plus souvent, à des poursuites juridiques
et à des... des coûts non prévus, si je peux m'exprimer ainsi. Et donc, si on
veut réussir, justement, là, les objectifs qui sont dans la politique,
il y aurait lieu de mieux définir les règles en matière d'expropriation.
Et, je pense, c'est important de le dire, la
fédération n'est pas contre le fait que les gens qui, par malheur, là, peuvent se voir imposer certaines règles ou
certaines limitations à l'utilisation de leur droit de propriété soient
indemnisés. Elle en a quant au
processus qui mène à ça, qui est extrêmement long et coûteux, et quant aux
règles, qui sont extrêmement imprévisibles sur qu'est-ce qui va en
sortir au bout de la ligne. On peut se dire ensemble : On est prêts à
dépenser 1 million pour faire un parc puis faire une réserve. Si le
million qu'on a prévu en coûte finalement 5 parce qu'on est condamnés à en payer 3 puis qu'on a dépensé
2 millions d'honoraires d'avocats, bien, au bout de la ligne, on n'a rien gagné.
Et ça rend les gens extrêmement frileux d'agir, et le souhait du gouvernement,
c'est qu'on agisse.
M. Charette : Je vous parlais
d'aires protégées, mais je vais revenir, dans un premier temps, sur le sujet
que vous abordez. Il y a des engagements qui ont été pris, lors du... en fait,
le printemps dernier, par le premier ministre, et certains ont déjà eu les
suites. Revoir la question du premier droit de refus ou du premier acheteur,
ça, c'est réglé. Il reste deux étapes
importantes pour la suite des choses, c'est de revoir la Loi sur
l'expropriation... Ce n'est pas notre... en fait, non, ce n'est pas...
oui, c'est notre commission qui va le voir, mais pas à travers les membres...
totalement ceux qui sont présents. C'est... c'est ma collègue aux Transports
qui est responsable de la Loi sur l'expropriation. Donc, c'est prévu pour les prochaines semaines, les prochains mois. Il y
aura aussi, vraisemblablement, une modification à la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme pour aborder la question des expropriations et
surtout vous protéger contre des recours. Donc, je vous résume un petit peu les
étapes, celles qui ont été réalisées, celles qui sont à venir.
Mais je reviens sur le dossier des aires
protégées elles-mêmes. Je voyais, là, dans la documentation, la volonté de la FQM, de ses membres, de protéger
30 % du territoire. Ça, c'est un engagement qui a été pris à la COP15. Donc, c'est une bonne nouvelle d'avoir le milieu
municipal comme partenaire. Mais je voyais que, dans vos écrits, là, la
FQM demande aux gouvernements provincial et fédéral d'arrimer leurs programmes
pour la préservation et l'augmentation des aires protégées afin qu'il n'y ait
plus d'ambiguïté. C'est plus là où je voulais vous amener tout à l'heure. Quel
est le problème avec les aires protégées?
M. Lepage (Sylvain) : ...ministre,
c'est que, dans certaines régions du Québec... On est tous en faveur des aires
protégées puis on sait qu'il y a une volonté gouvernementale affirmée, qui est
bien fondée, de ne pas seulement protéger des territoires dans le Nord mais de
descendre dans nos communautés. Toutefois, souvent, qui dit aires protégées, ça amène directement des effets
financiers sur la municipalité ou la MRC en termes de valeur des immeubles
dont nous discutons, OK? Et, à ce niveau-là, il y a une interrogation générale
de la part de nos membres sur c'est quoi,
les conséquences financières lorsque, dans un territoire... On peut prendre la
Montérégie, par exemple, ou pour prendre la région de... de l'Estrie,
pardon, pour prendre la région de mon patron, c'est des régions où, vous le
savez, la valeur foncière est extrêmement
élevée. Le jour où vous décidez de rendre protégés des grands morceaux, OK, de
ces territoires-là, ça a des effets concrets financiers pour les
communautés.
De la même façon, on a un exemple concret dans
le cas d'une municipalité dont le nom m'échappe, mais dont mon patron me parle régulièrement en Estrie. Le territoire de la
municipalité est, pour l'essentiel, protégé maintenant. Alors, c'est
quoi, les possibilités de développement économique pour une municipalité dont
on a gelé le territoire? Alors, il faut qu'il y ait une réflexion là-dessus.
On est tout à fait d'accord et on partage
entièrement la volonté de protéger 30 % du territoire, mais il faut se
poser la question de, dans la vraie vie, comment ça s'articule, parce qu'encore
là ce que vous souhaitez, ce que nous souhaitons, c'est qu'il y ait une
acceptabilité au niveau local. Évidemment, dans les communautés dont nous
parlons, quand vous dites à un conseil des
maires ou à un conseil municipal : Bien, dans la vraie vie, tu perds
30 % de la valeur foncière de ton village, où tu n'as à peu près
plus de possibilité de développement, bien, l'acceptabilité disparaît
rapidement.
Alors donc, c'est extrêmement important qu'il y
ait une réflexion à l'échelle de la MRC et régionale sur qu'est-ce que nous
souhaitons faire dans notre région pour participer à atteindre ce 30 % là.
Ça ne peut pas être un 30 % imposé de l'extérieur sans réflexion sur les conséquences
locales.
M. Charette : En même temps, je me
souviens avoir eu la conversation déjà, par le passé, avec M. Demers. Par moments, ce sont des transactions privées,
c'est-à-dire un particulier qui vend à une fondation ou à un organisme de
conservation, notamment Conservation de la
nature Canada. C'est le genre de transaction qu'on ne peut pas empêcher.
C'est privé à privé, donc c'est les règles, en quelque sorte, du... du marché
qui viennent s'appliquer.
M. Lepage
(Sylvain) : Moi, je pense, avec... encore, M. le ministre, que
l'on peut encadrer ces transactions-là. Dans certains cas... Puis vous soulevez, avec raison, des cas dont moi
aussi, j'ai entendu parler. Si je vous cède ma terre, mais que j'ai le droit de couper le bois sur ma
terre puis que j'ai le droit d'exploiter ma terre, mais que, comme je vous
l'ai cédée comme une réserve, bien
évidemment, je l'ai protégée, mais que j'ai conservé le droit de l'exploiter économiquement, bien, entre vous puis moi, c'est
un peu curieux. Or, c'est le genre de transaction que nous voyons, des cas
où, dans la vraie vie, les gens cèdent leurs terres mais continuent de
bénéficier, entre guillemets, de la terre.
Je vous donne un exemple. Je suis propriétaire
d'une terre à bois où je vais régulièrement. J'ai beau la céder à un fonds
quelconque, si j'ai le droit de l'utiliser encore avec ma motoneige, que je
peux encore bûcher pour faire mon bois de poêle puis vendre le bois de poêle à
mes voisins, qu'est-ce que j'ai perdu? La vérité, c'est que je n'ai rien perdu,
sauf, entre guillemets, le fait que je lui ai cédé, dans... selon une forme
juridique x, la... je vais vous dire la propriété, mais ce n'est pas la
propriété, là. C'est une forme de trust, comme on dit, ou de fiducie, comme on
dit en anglais. Mais, dans la vérité, je
n'ai rien perdu et, comme par magie, je ne paierai plus de... à peu près plus
de taxes, alors que je conserve l'entière utilisation.
Alors, c'est là-dessus que nos membres
s'interrogent. Quand ils voient le monsieur qui laisse... ou qui... à une
fiducie comme celle-là des centaines d'hectares ou des centaines d'acres de
terre mais qui continue à en profiter, à exploiter le sucre d'érable, à bûcher
sur la terre, ils se disent : Oui, mais le seul qui perd, c'est la
municipalité, parce qu'elle, elle collecte 40 % ou 50 % moins de
taxes. Je ne suis pas un spécialiste de cette question-là, que je n'ai pas approfondie, mais c'est véritablement une chose qui
heurte nos membres quand ils se retrouvent dans une situation comme celle-là.
Non pas qu'ils ne veulent pas collaborer, non pas qu'ils ne sont pas prêts à
l'accepter, mais c'est un peu comme un... un paradis fiscal, comprenez-vous? On
se dit : Oui, mais là que sommes-nous en train de créer en faisant ça?
Alors, si on crée des véritables réserves, si le
propriétaire perd vraiment l'usufruit de la terre, peut-être qu'on pourrait
dire oui, encore qu'il faut se poser la question : À l'échelle locale, là,
réalisez-vous que cette municipalité-là, elle perd 40 % de ses revenus ou
20 % de ses revenus? Il y a vraiment une communauté, M. Demers serait
mieux placé que moi pour l'identifier, où il y a une partie importante de son
territoire qui a été, par le biais de transactions privées, comme vous l'avez
souligné, placée dans une situation comme celle-là.
Donc, de la même façon qu'en matière d'évitement
fiscal il est possible de mettre en place des balises, je n'ai aucun doute
qu'il est possible de mettre des balises dans l'encadrement légal qui régit ce
genre de...
• (17 h 40) •
M. Charette : Là, le temps file,
puis je sais que j'ai des collègues qui vont vouloir intervenir. Je souhaitais
vous entendre, mais juste... Le choix des mots est important. Tout ce que vous
décrivez là, ce ne sont pas des aires protégées. Les aires protégées, elles
sont inscrites au registre, qui, lui, est géré et administré par le ministère
de l'Environnement. Donc, les transactions que vous décrivez là ne sont pas des
aires protégées, parce qu'à partir du moment où un territoire est enregistré
comme aire protégée il n'y a plus de jouissance exclusive qui est accordée ou qui est préservée pour un ancien propriétaire, par
exemple. Ce n'est pas ça, une aire protégée. Une aire protégée, il y a
un plan de gestion, et le ministère de l'Environnement s'assure que ce plan-là
est respecté. Mais ce n'est pas au bénéfice
de ses anciens propriétaires. Et, lorsqu'on parle d'aires protégées, on parle,
bien souvent, de territoires nettement plus
vastes que quelques hectares qui ont pu être cédés à un fonds qui peut être
questionné. Donc, juste... Je comprends les préoccupations, mais, juste
pour être bien clair et certain qu'on se comprenne, on ne parle pas d'aires
protégées.
Il y a beaucoup de confusion derrière le concept
d'aire protégée. Et c'est un petit peu le travail et le défi qu'on se donne,
de... de clarifier ces choses-là, parce que, les aires protégées, aussi, on va
souvent les décrire comme étant des cloches de verre, c'est-à-dire un endroit
où on ne peut plus rien faire, on ne peut plus jouir de ce... de ce
territoire-là. Ce n'est pas ça, hein, ce n'est pas ça, une aire protégée. Au
contraire, au cours des prochaines années, la proportion
d'aires protégées au Québec devrait augmenter de façon importante, mais avec un
accès à la nature que l'on veut
permettre aux citoyens et aux citoyennes du Québec. On ne veut pas... on ne
veut pas les priver de ce potentiel-là. Mais, je vous rassure, ce ne sera pas à usage exclusif d'un ancien
propriétaire qui aurait vendu son... Ça devient d'intérêt public. C'est
inscrit au registre et surtout accessible pour la génération actuelle et les
futures.
Donc... Mais on pourra s'en reparler. Mais il y
a peut-être un petit peu de confusion sur ce qu'est véritablement une aire
protégée versus un territoire qui peut devenir, ultimement, un parc urbain, un
parc municipal, un parc régional. Et, au
total, lorsqu'on vise le 30 % de protection du territoire, ce ne sera pas
30 % d'aires protégées. On est à
17 %, actuellement, d'aires protégées. On va augmenter ce pourcentage-là,
mais le reste, entre le pourcentage d'aires protégées et le 30 %,
ce seront différentes mesures de protection. Et on veut faire des municipalités
des partenaires et non pas des... des instances qui soient pénalisées, là, par
la protection de ce territoire-là. Bref, on va se reparler là-dessus.
M. Lepage (Sylvain) : ...M. le
ministre, là, c'est important que je vous rassure, il n'y a aucune réticence.
Je n'ai entendu personne critiquer l'objectif. Les critiques que nous
entendons, c'est les critiques sur le résultat et sur l'absence de... de
réflexion, si je peux m'exprimer ainsi. Vous nous dites que la confusion ou les
confusions qui peuvent exister... Je ne suis pas un spécialiste. Et je vous
répète, là-dessus, les critiques que j'entends couramment. Mais je pense qu'il
y a un travail à faire, justement, pour bien définir puis bien expliquer de
quoi on parle, puis qu'est-ce qui sera permis, puis le fait qu'il n'y aura pas
d'effet non prévu à ça. Mais, en termes de participation, je pense qu'on peut
dire sans se tromper que toutes les MRC sont intéressées à réfléchir et à
participer à l'atteinte de l'objectif, parce que c'est un objectif social que
tout le monde partage, là.
La Présidente (Mme Maccarone) : ...d'Argenteuil.
Il vous reste trois minutes.
Mme Grondin : Trois minutes.
Messieurs, M. Lepage, bonjour. En fait, je comprends très bien, et j'étais
très contente que vous ayez expliqué, je comprends très bien la réalité des
petites municipalités. 14 municipalités sur 17, dans mon comté, qui ont
moins de 5 000 habitants. Donc, je comprends très bien ce que ça veut
dire en milieu rural.
Je sais aussi, pour avoir fait le travail, le
suivi, plusieurs municipalités, on le voit de plus en plus, qui ont ce
leadership-là, que ce soit en environnement, au niveau social, au niveau
économique. Donc, beaucoup d'initiatives qui sont prises, portées parfois par
les MRC ou certaines municipalités elles-mêmes.
Dans votre mémoire, vous demandez, de façon très
générale, plus de ressources, plus de ressources humaines, d'expertise, et
financières soit pour planifier ou pour mettre en oeuvre différents éléments
qui sont retenus dans... dans la stratégie
de développement durable, que ce soit au niveau des matières résiduelles, que
ce soit au niveau des milieux humides et hydriques, les plans
d'adaptation aux changements climatiques. Bon, supposons que vous avez tous les
sous, moi, la question... pour faire tout ce travail-là, moi, je veux revenir à
la notion de gouvernance. Est-ce que vous avez les outils nécessaires, dans les
petites municipalités, notamment, pour faire les arbitrages entre les intérêts
économiques, sociaux et écologiques? Vous avez parlé de biodiversité. Vous avez
parlé de milieux humides, de capacité
d'adaptation aux changements climatiques. Quels outils vous avez, dans les
petites municipalités, pour faire un peu ce qu'on exige, là, au niveau
de l'État?
M. Lepage
(Sylvain) : Je pense, personnellement, que... D'abord, la première
partie de votre question, c'est pour faire les arbitrages. De façon générale,
les élus municipaux, comme tous les niveaux d'élus, sont animés par
d'excellentes intentions, et il y a rarement de gens qui se font élire en
disant : Bien, moi, dans le fond, ce que je veux faire, c'est le mal et... hein? Les gens qui prennent le temps de faire
de la politique, que ce soit à l'échelle locale ou nationale, sont généralement... il y a toujours l'exception
qui confirme la règle, mais généralement animés par une intention d'agir de
façon positive pour la communauté. Et les élus municipaux sont très sensibles,
eux aussi, à la réalité puis à l'importance du développement durable.
Évidemment, dans une petite municipalité, et
c'est pour ça qu'il existe des MRC, la plupart des petites municipalités n'ont pas la fonction publique... Il
y a toujours, encore là, des exceptions en fonction de la priorité des élus,
mais, généralement, il y a rarement, dans
les petites municipalités, une fonction publique pour faire, sans aide
extérieure, l'ensemble de ce qui pourrait être nécessaire pour atteindre
les objectifs. Et c'est...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Merci beaucoup. Nous allons procéder à... Je cède maintenant la parole à la
porte-parole de l'opposition officielle.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui,
c'est vrai. C'est très intéressant. Ça fait que, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
la parole est à vous.
Mme McGraw : Oui. Merci, Mme la
Présidente et Me Lepage. J'aimerais bien... Parce que j'ai trouvé la
question très intéressante et la réponse aussi. Donc, j'aimerais bien que vous
puissiez compléter votre réponse.
M. Lepage (Sylvain) : Oui. Merci
beaucoup. Donc, ce que je disais, c'est qu'à ce niveau-là, généralement,
l'expertise se retrouve au niveau régional, à la MRC. Et vous savez qu'encore
là les municipalités peuvent faire le choix, dépendamment des sujets, de faire
appel ou non à l'expertise MRC. Et, pour nous, il est donc extrêmement
important que l'expertise des MRC soit valorisée et que, donc, elle soit
disponible en fonction, encore là, des choix régionaux dans tout ce qu'il y a à
faire dans la politique. Et il y a énormément de choses à faire si on veut
atteindre les objectifs que vous vous fixez pour le Québec.
Dans certaines régions, ils vont choisir de
travailler sur certains aspects, dans d'autres régions, sur d'autres aspects.
Ce qui est important, c'est que les élus et la fonction publique MRC, en
partenariat avec les municipalités locales, puissent choisir, en fonction de la
région, les axes d'intervention et mettre en place, à partir de là, si je peux m'exprimer ainsi, l'aspect fonction publique
nécessaire pour atteindre les objectifs que les gens choisissent d'atteindre
en accord avec la politique.
Mais, quant à moi, puis à un certain niveau, on
le voit en ingénierie, là, ceux qui sont familiers avec la fédération, la fédération, pour les choses qui
nécessitent une coordination plus large, maintenant, offre souvent des services
complémentaires. En ingénierie, on a environ 40 personnes à temps plein
qui font des plans et devis pour des MRC ou
des petites municipalités. Donc, il y a moyen de mettre en place une structure
de services pour appuyer ces gens-là, pour qu'à l'échelle locale ils
atteignent leurs objectifs, parce que, avec tout le respect que j'ai, je ne
pense pas que la fonction publique nationale ou provinciale pourrait atteindre
des cibles locales si ciblées.
Mme
McGraw : Alors, merci de votre présentation cet après-midi.
Ça prend un peu le thème de la régionalité et municipalités. Alors, sous ce thème, c'est clair que les
municipalités sont les expertes de leurs milieux naturels, entre autres. Alors, vous avez parlé... pas directement,
mais vous avez effleuré le sujet du zonage. Pourriez-vous faire le pont entre
aires protégées, développement des municipalités et conséquences du zonage?
• (17 h 50) •
M. Lepage (Sylvain) : Bien, je vous
dirais, premièrement, M. le ministre a semé un peu le doute dans ma tête en me
précisant bien ce qu'est ou ce que n'est pas une aire protégée. Et je ne
voudrais pas... Je ne suis pas un spécialiste de zonage, mais je dois vous dire
que juste... Et ça s'explique peut-être par le fait que, jusqu'à maintenant, les aires protégées se situent davantage au nord
du Québec qu'au sud du Québec. Mais les problématiques qui viennent sur mon bureau, avec lesquelles la fédération est
souvent interpelée actuellement, là, depuis au moins la dernière année, c'est toutes les poursuites qui découlent du fait
que l'on prend des mesures de zonage pour protéger, entre guillemets,
certains milieux de vie. Il y a deux semaines, la ville de Mascouche a été
condamnée. Je pense, vous l'avez vu. Il y a une
semaine, la ville de Saint-Augustin a été condamnée. Et il y a plusieurs de nos
municipalités qui sont poursuivies, bon, toujours en prétendant que
c'est de l'expropriation déguisée, souvent en prétendant à la mauvaise foi. Et,
sauf exception exceptionnelle, il n'y a pas de mauvaise foi. Il y a une volonté
qui correspond à la volonté du milieu de protéger
certains sites. Alors, c'est là-dessus que nous avons interpelé la ministre des
Transports, avec raison, comme M. le ministre l'a souligné, et aussi le
ministre, pour dire : Est-ce que l'on peut réfléchir à cette question-là?
Parce qu'elle se pose abondamment en matière environnementale.
Vous le savez, récemment, il y a des lois puis
des règlements qui ont été adoptés en matière de protection de milieux humides. Il y aura, sans aucun doute, un
choc entre les gens de L'Union des
producteurs agricoles, que je
respecte beaucoup. La plupart... De nombreux de nos maires sont des élus...
sont des producteurs agricoles. Plusieurs de mes patrons sont des
producteurs agricoles. Mais, si je vous dis que j'enlève 20 % de votre
terre puis que vous ne pourrez plus en servir
parce qu'elle sert à protéger des milieux humides désormais, il n'est pas
impossible que vous me dites : Oui, mais, moi, ça vient de me coûter 500 000 $,
je vais poursuivre la MRC. Alors, c'est là-dessus qu'on a invité le
gouvernement à réfléchir.
Et ça, c'est en parfaite adéquation avec les
objectifs de la politique, parce que ça démontre qu'on peut se fixer de grands
objectifs, mais que, pour les atteindre, il faut prévoir qu'il y aura des
coûts. Et, dans la mesure où la... la société, pardon, est d'accord sur cette
atteinte de ces objectifs-là, il faut mettre les moyens financiers pour les
atteindre. Je ne sais pas si je réponds bien à votre question.
Mme McGraw : Oui. Merci. Puis on
parle aussi de la transition juste aussi dans tout ça. Et j'ai beaucoup aimé la discussion avec le ministre, d'ailleurs,
pour clarifier ces termes-là, ces enjeux-là. Si je comprends bien, c'est des
objectifs qui sont partagés, mais les... les
résultats fait en sorte que, maintenant, il y a certaines... certaines
municipalités sont pénalisées. Donc, c'est ça qu'il faut...
M. Lepage (Sylvain) : Sont
pénalisées ou vont hésiter. Tu sais, vous êtes un décideur municipal, vous
sentez qu'il y a une volonté commune de la
communauté d'agir sur un dossier, vous savez qu'il y a un risque d'être
poursuivi pour x millions, de payer 300 000 $
d'honoraires d'avocats, vous n'agirez peut-être pas, tu sais. Évidemment, dans certains cas, comme dans le cas des milieux
humides, entre guillemets, ils n'auront pas le choix d'agir, mais il peut y
avoir des arbitrages autour du
conseil ou il peut y avoir des réticences à agir, alors que l'encadrement
devrait être clair. Les gens devraient savoir devant quels choix ils
sont placés. Oui, tu peux agir, ça va coûter tant. Puis là les gens décideront d'agir
ou... Mais là, actuellement, il y a une grande zone grise qui ne fait qu'amener
de l'incertitude puis qui limite l'intervention ou les mesures qui peuvent être
mises en place ou qui pourront... mis... être en place dans l'objectif, là, de
rencontrer le contenu de la politique, là, en cette matière-là.
Mme McGraw : Est-ce que vous
envisagez d'autres solutions?
M. Lepage (Sylvain) : Il n'y a pas
beaucoup d'autres solutions. Une fois qu'on aura... Moi, je vous dirais que les solutions sont par étapes. Dans la mesure
où le gouvernement... Puis on n'a pas de réponse parce qu'on commence
les discussions à ce niveau-là, mais, dans la mesure où il y aura une volonté
gouvernementale affirmée et qui se matérialiserait par l'adoption d'une loi,
une étape suivante, après, pourrait être : Bon, bien, maintenant que nous
avons bien défini le cadre juridique qui permet d'agir, faisons-nous un plan
d'action pour agir, pour atteindre ces objectifs-là. Évidemment, ces
objectifs-là, à l'échelle locale, qui vont permettre de rencontrer les
objectifs à l'échelle nationale, ne pourront
pas être définis et atteints sans une collaboration active, là, du gouvernement
du Québec, que ce soit par le biais du MAMH, du ministère de l'Environnement,
parce que, les objectifs, on va les définir ensemble. Mais, même pour le gouvernement, à mon humble avis, c'est
extrêmement difficile de fixer des objectifs clairs, parce que lui-même doit se poser la question : Oui, mais on...
tu sais, les municipalités, là, parce qu'on est deux ordres de gouvernement qui
travaillent ensemble de façon étroite, s'exposent à quoi si on les force
à faire telle chose?
Donc, je vous
dirais qu'en termes d'étapes il y a un grand intérêt pour le gouvernement, et
pour nos membres, et pour les municipalités ou le monde municipal au
sens plus large à ce qu'on redéfinisse ça, toujours dans le respect des gens, là, parce que, dans certaines
discussions que j'ai eues, notamment avec mes patrons et certains maires, quand
on parle de quelqu'un d'autre, c'est toujours facile. Si vous me dites que vous
prenez ma terre à bois, sur laquelle je bûche
depuis 30 ans, puis que vous me la transformez en aire protégée sans
indemnité, je vais peut-être changer d'avis aussi. Donc, il n'a jamais été question de ne pas indemniser les gens
mais de les indemniser de façon juste et surtout de façon prévisible.
Là, ce que
les gens reprochent beaucoup, c'est : Ça devait coûter
500 000 $, ça a fini à 1,2 million plus 350 000 $ d'avocats.
Je l'aurais payé au début, le 700 000 $... le million, si j'avais su
que c'était 1 million. Là, j'ai dépensé puis je me suis... Vous comprenez?
Alors, de mettre un cadre prévisible, ça va être à l'avantage de tout le monde
et des décideurs gouvernementaux, qui vont savoir, bien, l'enveloppe pour ça,
c'est quoi, puis voici ce que je vais pouvoir faire avec cette enveloppe-là.
Aujourd'hui, malheureusement, ce n'est pas le cas.
La Présidente (Mme Maccarone) : ...une
minute, Mme la députée.
Mme McGraw : Merci, monsieur...
Me Lepage. Je n'ai plus d'autre question. Merci.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Je cède maintenant la parole à la députée de
Verdun. La parole est à vous.
Mme Zaga Mendez : Merci. Merci,
M. Lepage, pour votre exposé. J'aimerais ça vous entendre un peu plus sur votre recommandation n° 2
en ce qui concerne le rôle des schémas d'aménagement. Donc, ma question, c'est
de savoir si vous avez des exemples
des obstacles ou des limites qui sont présents afin de vraiment appliquer les
schémas d'aménagement.
M. Lepage (Sylvain) : Bien,
vous savez, le schéma d'aménagement, c'est un grand incompris, si je peux
m'exprimer ainsi, là. J'ai participé, dans certains cas, et dont... en tout
cas, un cas très célèbre qui est celui de la MRC de Montcalm, à la définition
et au règlement de ce schéma-là. Et il s'est dit beaucoup de choses dans les
journaux sur ce schéma-là. Et je peux vous dire, moi, pour y avoir participé
activement, que les gens que j'ai eu à rencontrer, ce n'étaient pas des
extraterrestres, ce n'étaient pas des gens déconnectés de la réalité puis ce
n'étaient pas des gens qui prônaient l'étalement urbain,
mais c'étaient des gens qui étaient connectés sur leur milieu puis qui étaient
connectés sur la réalité des gens qui habitent dans la région de Montcalm, qui
sont souvent des gens qui ont quitté la grande région de Montréal. Pourquoi?
Parce que le revenu familial est de 125 000 $ par année. Ma fille
habite sur Le Plateau. Je peux vous dire qu'une famille, à
125 000 $ par année, ne peut pas avoir un appartement avec trois
chambres à coucher sur Le Plateau, avec 120 000 $ de revenus.
Donc, le schéma,
c'est généralement l'outil privilégié et ça devrait être plus que jamais
l'outil privilégié pour qu'à l'échelle locale et régionale se définissent les
consensus en fonction des grandes orientations gouvernementales. Et la chose,
souvent, où on a certaines difficultés, même avec les décideurs
gouvernementaux, la fonction publique, que
je respecte beaucoup, c'est qu'il y a souvent une vision fonctionnaire, excusez
l'expression, à Québec, de la réalité locale, où on nous sort certains
arguments très déconnectés de la vraie vie de tous les jours.
Ceux
qui me connaissent beaucoup... Peut-être, même, M. le ministre m'a déjà
entendu. Moi, je suis originaire de
Barraute, Abitibi, puis je donne souvent l'exemple : Oui, mais le gars à
Barraute, là, il ne croit pas... Alors, c'est bien, à Québec, sur la
Grande Allée. Moi, je dis souvent aux gens : Maintenant, mon bureau,
il est sur la Grande Allée, je suis au
chaud, belle vue vitrée, je peux décider plein d'affaires, là, mais, dans la
vraie vie, dans le rang 4, à Barraute, là, ça ne veut rien dire, ça, là, là. Alors, je pense qu'on n'a pas fait
suffisamment confiance et on ne fait pas suffisamment confiance, puis on juge souvent avec un point de
vue extérieur de gars de la Grande Allée sur la réalité locale de sur ce qui
se passe.
Puis, quand les gens,
à l'échelle locale, disent : Bien, nous, on pense que, chez nous, ce qui
devrait être fait, c'est ceci, c'est
rarement fou. Je ne dis pas qu'il n'y a pas des aberrations, mais, si vous
mettiez dans les deux colonnes : Est-ce
qu'il y a plus d'aberrations quand c'est quelqu'un de l'extérieur qui décide
que quand c'est quelqu'un de local?, je vous dirais qu'il y a moins
d'aberrations. Ça ne veut pas dire qu'il n'y en a pas, mais ça veut dire que,
selon moi, il y en a moins, parce que les élus municipaux sont vraiment près de
la population puis, s'ils prennent des décisions qui vont vraiment déplaire à
la population locale, ils en... ils en entendent parler rapidement, là. Tu
sais, les trottoirs, à L'Ange-Gardien, où j'habite, sont souvent mieux déneigés
que ceux des grandes villes, parce que, mon maire, quand je le vois, on parle
de cette réalité-là. Alors, c'est bien important de le rappeler.
Et il va falloir,
dans la future politique, qui est en ligne directe avec ce qu'il y a là, qu'on
tienne compte de cette réalité-là puis qu'on arrête de juger ce qui est décidé
à l'échelle locale. On ne peut pas valoriser l'échelle locale, mais, quand le résultat... Quand le résultat fait
en sorte que la personne à... qui est à l'extérieur de cette consultation-là...
La Présidente
(Mme Maccarone) : Merci, M. Lepage. Merci.
M. Lepage
(Sylvain) : Je m'excuse. Je pense que le message est clair quand même.
Vous avez compris...
La Présidente
(Mme Maccarone) : Ce serait bien, peut-être, de laisser les
députés un moment pour vous poser des questions. Je cède maintenant la parole
au député des Îles-de-la-Madeleine. La parole est à vous.
• (18 heures) •
M. Arseneau :
Oui, Me Lepage. On va continuer un peu sur la même thématique, là,
parce que je voudrais comprendre. Est-ce que... Est-ce qu'on... J'imagine que
la FQM a toujours tenu le discours... J'en ai fait partie à une certaine
époque. On a adopté un projet de schéma d'aménagement du territoire. Ça a pris
quatre ans.
Mais je veux
savoir... Le principe de subsidiarité, c'est ce qu'on évoque sans le nommer
vraiment, là, faire confiance aux gouvernements de proximité que sont les
municipalités puis les MRC. Je veux comprendre. Dans l'esprit de votre mémoire,
vous demandez clairement des fonds supplémentaires pour jouer un rôle. Est-ce
que vous demandez également que le rôle, en toute autonomie, soit renforcé,
c'est-à-dire que vous puissiez davantage prendre de responsabilités, ou si vous
dites : Il va en venir de toute façon? Est-ce que vous réclamez des
responsabilités par rapport aux changements climatiques, aux matières
résiduelles, et ainsi de suite?
M. Lepage
(Sylvain) : On ne réclame pas, à proprement parler, des
responsabilités additionnelles. Nous croyons que, dans plusieurs des cas,
lorsqu'on va se poser la question : Quel est le meilleur ordre de gouvernement
pour prendre ces mesures-là, est-ce que... quel est le rôle du gouvernement local,
quel est le rôle du gouvernement du Québec,
puis je pousserais à vous dire quel est le rôle du gouvernement du Canada...
Chacun des ordres de gouvernement a son rôle à jouer, et on veut jouer
pleinement notre rôle. Ce que l'on dit, c'est que, pour jouer pleinement le
rôle sur lequel on pourrait s'entendre facilement à définir ce rôle-là, une
fois qu'on conviendra de ce rôle-là, il est important qu'on ait les ressources
nécessaires pour faire ce qu'on accepte tous qui doit être fait à l'échelle
locale. Si on s'entend sur un rôle, sur le rôle que doivent jouer les
municipalités à l'échelle locale, mais que les gens n'ont pas les moyens qu'il
faut pour jouer ce rôle-là, bien, dans la vraie vie, c'est comme si on ne le
jouait pas.
M. Arseneau :
Vous avez... Merci. Vous avez abordé, évidemment, de façon très précise la
question de la gestion des matières résiduelles, développement économique,
social. On pourrait rajouter la pénurie de logements, la lutte aux changements climatiques, le transport
collectif. Est-ce que... Je vais vous poser une question peut-être complexe,
mais est-ce que vous avez chiffré les besoins pour remplir ces
responsabilités-là, là, dans chacun des domaines? Je pense aux changements
climatiques, à l'adaptation, par exemple.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Dans 1 min 30 s.
M.
Lepage (Sylvain) : Oui. Bien, je vous dirais qu'en adaptation
climatique je n'ai évidemment pas le montant devant moi, mais, oui, on a
une équipe d'ingénierie, comme je l'ai dit, qui fait ce suivi-là. On est
probablement capables de définir puis
d'identifier les sommes qui devront être investies au cours des cinq, 10,
15 prochaines années. Mais il
faut comprendre que, dans ces sommes-là, il y a quand même déjà des argents qui
vont s'investir de toute façon. Quand
tu dois te poser la question : Est-ce que ma route est... ma nouvelle
route est suffisamment adaptée?, bien, c'est le coût additionnel. Il y a
déjà un coût de base de prévu, on a prévu la route, et il faut, donc, bien
identifier quel est ce coût additionnel là.
La Présidente (Mme Maccarone) : Il
vous reste 45 secondes.
M.
Arseneau : Oui. Bien, ce que je comprends, c'est...
Essentiellement, ce que vous dites, c'est que, si on investit
rationnellement et correctement avec une vision à long terme, en bout de ligne,
on est gagnants. Même si ça coûte un petit peu plus cher maintenant, ça va
rapporter à moyen, long terme. C'est ce que je comprends.
M. Lepage (Sylvain) : Je vous dis qu'il
faut favoriser l'investissement intelligent qui tient compte de ce qui va à
l'évidence arriver, tu sais.
M. Arseneau : Exact. Donc, des
économies de bouts de chandelles, à court terme, ça ne marche pas. Merci
beaucoup.
M. Lepage (Sylvain) : Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Je vous remercie beaucoup, M. Lepage, pour votre contribution à
nos travaux.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne
ses travaux au mercredi le 1er février 2023, à 7 h 30, où elle
se réunira en séance de travail.
(Fin de la séance à 18 h 04)