Journal des débats (Hansard) of the Committee on Transportation and the Environment
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(November 29, 2022 au September 10, 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Thursday, February 2, 2023
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Vol. 47 N° 4
The Government’s sustainable development strategy entitled “Stratégie gouvernementale de développement durable 2023–2028
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Intervenants par tranches d'heure
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Jacques, François
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Charette, Benoit
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Rivest, Mathieu
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Rivest, Mathieu
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Jacques, François
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Grondin, Agnès
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McGraw, Désirée
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Grandmont, Etienne
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Arseneau, Joël
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Jacques, François
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Lemay, Mathieu
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Gendron, Marie-Belle
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Grondin, Agnès
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Bogemans, Audrey
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McGraw, Désirée
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Zaga Mendez, Alejandra
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Zaga Mendez, Alejandra
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Jacques, François
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Arseneau, Joël
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Jacques, François
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Grondin, Agnès
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Bogemans, Audrey
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McGraw, Désirée
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McGraw, Désirée
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Jacques, François
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Zaga Mendez, Alejandra
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Jacques, François
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Rivest, Mathieu
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Lemay, Mathieu
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Grondin, Agnès
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McGraw, Désirée
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Grandmont, Etienne
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Grandmont, Etienne
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Jacques, François
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures quarante minutes)
Le Président (M. Jacques) : Bonjour
à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
transports et de l'environnement ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur le
projet de stratégie gouvernementale de développement durable 2023‑2028.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. St-Pierre Plamondon (Camille-Laurin) est remplacé par M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Ce matin, nous entendrons les organismes suivants : Équiterre et le Centre
d'études et de recherches intersectorielles en économie circulaire.
Comme la séance
a commencé à 11 h 39, y a-t-il consentement pour poursuivre nos
travaux au-delà de l'heure prévue? Consentement? Merci.
Auditions (suite)
Je souhaite la bienvenue aux représentants
d'Équiterre, Mme Colleen Thorpe et M. Marc-André Viau. Vous avez 10 minutes
pour faire votre présentation. Merci.
Équiterre
Mme Thorpe (Colleen) : M. le
Président, M. le ministre, chers élus, merci de nous avoir invités à prendre la
parole aujourd'hui. Nous tenons d'emblée à souligner que la production d'une
stratégie de développement durable pour l'appareil gouvernemental représente un
travail ardu, et sa <mise...
Mme Thorpe (Colleen) :
...stratégie
de développement durable pour l'appareil gouvernemental représente un travail
ardu, et sa >mise en œuvre, encore plus. Les commentaires et
recommandations que nous vous présentons aujourd'hui se font dans un contexte
de dérèglement climatique et d'effondrement du vivant. Le développement durable
de 2023 n'est plus celui de 2008. Pour être ambitieuse et réaliste, la
stratégie de développement durable va devoir s'arrimer avec d'autres
orientations gouvernementales en développement telles que la vision
énergétique 2050 et la Politique nationale d'architecture et d'aménagement
du territoire. Son succès se mesurera par les solutions mises de l'avant et la
volonté politique de les appliquer.
La vision du gouvernement en matière de
développement durable et les grandes orientations du projet de stratégie sont
louables, et Équiterre s'y retrouve. Cela étant dit, nous sommes d'avis que
l'action gouvernementale des dernières années s'y oppose à bien des égards.
Nous sommes intéressés de savoir quelles seront les actions qui corrigeront le
tir afin que l'action gouvernementale soit cohérente et permette d'atteindre
une véritable transition socioécologique. Je passe la parole à mon collègue.
M. Viau (Marc-André) : Merci,
Colleen. M. le Président, M. le ministre, membres de la commission, j'aimerais
mettre l'accent sur quelques éléments précis de la stratégie, là, qui nous
interpellent chez Équiterre. C'est lié aux constats effectués et à certaines
pistes d'action envisagées.
D'abord, je dois dire que la façon
d'aborder la transition juste met les bases d'une conversation franche et sur
un sujet qui n'est pas évident. On mentionne, à l'objectif 1.2, que, «sous
l'impulsion des politiques publiques relatives au développement durable, dont
celles liées à l'atténuation des changements climatiques et à l'adaptation à
ceux-ci, le marché du travail se transforme et que, par conséquent, des emplois
sont amenés à évoluer, d'autres à acquérir une nouvelle importance et certains
à disparaître». Il faut féliciter le gouvernement de ne pas tomber dans les
mêmes effets de toge que la première ministre de l'Alberta, qui est dans le
déni par rapport à cet enjeu-là. Il serait cependant pertinent d'élaborer
davantage les pistes d'action envisagées pour cette transition juste, de
concert avec les travailleuses et les travailleurs, et que tout... pour cette
stratégie-là.
Dans un deuxième temps, j'ai été
agréablement surpris de la stratégie sur l'enjeu de mobilité... par un passage
de la stratégie sur l'enjeu de mobilité. Quand on lit dans le document, aux
pistes d'action anticipée de l'objectif 4.2, et je cite : «En ce qui
concerne le transport des marchandises, il est important d'agir pour diminuer
le nombre de véhicules sur nos routes ainsi que le poids et le volume des
camions», eh bien, nous disons félicitations. Cette piste d'action anticipée
doit se réaliser. C'est ça que ça nous prend pour la mobilité. Il faut réduire
la taille et le volume du parc de véhicules, il faut être plus efficace dans
notre mobilité. Mais on se demande pourquoi la stratégie fait un pareil constat
en transport de marchandises, mais pas pour les véhicules personnels. C'est
exactement le même problème : trop de camions légers, trop gros, trop
lourds.
Par contre, il faut souligner que le
gouvernement souhaite prêcher par l'exemple dans ce domaine. Il est
rafraîchissant de constater que, parmi les pistes d'action envisagées à
l'objectif 5.8, la stratégie mentionne, et je cite : «Il est souhaité
des ministères et organismes qu'ils optimisent l'usage des véhicules et les
déplacements, ainsi qu'ils fassent des choix écoresponsables de véhicules, en
misant sur des technologies plus propres, l'électrification et la diminution de
la taille des véhicules.» On trouve donc à deux reprises dans le document
l'identification de la taille des véhicules comme un enjeu problématique. Ça
fait du bien de voir qu'on arrive à la même conclusion du côté du gouvernement
que celle à laquelle nous le sensibilisons depuis maintes années. On encourage
le gouvernement à répondre à ses propres constats par des actions concrètes.
Avant de repasser la parole à ma collègue,
j'aimerais dire un mot sur l'écofiscalité. Dans le document de stratégie
proposé, il est écrit que l'écofiscalité est un outil qui peut jouer un rôle
important et que le ministère de l'Environnement conseille les ministères et
les organismes qui souhaitent être accompagnés dans l'instauration, la gestion
ou l'évaluation d'une mesure écofiscale. À la lecture de la section sur
l'écofiscalité, on ne sent pas que le gouvernement est emballé par cet outil.
Ça contraste pas mal avec la sortie de la stratégie en 2015. Le gouvernement de
l'époque avait même créé un groupe de travail sur l'écofiscalité.
Disons qu'on était davantage dans une
logique proactive pour voir comment nos outils fiscaux pouvaient permettre de
répondre aux impératifs du développement durable plutôt que de simplement
constater leur existence en 2023. L'écofiscalité ne doit pas être juste un
outil fiscal qu'on ajoute par-dessus les programmes existants. Il faut revoir
le financement de l'ensemble des programmes pour introduire de
l'écoconditionnalité et de <l'écofiscalité...
M. Viau (Marc-André) :
...le
financement de l'ensemble des programmes pour introduire de
l'écoconditionnalité et de >l'écofiscalité. Je repasse la parole à ma
collègue.
Mme Thorpe (Colleen) : Nous
sommes d'avis que le projet de stratégie ne fait qu'effleurer un enjeu de
taille, soit notre système alimentaire. Celui-ci est précaire en raison, entre
autres, du dérèglement climatique. Et, comme nous le savons, l'insécurité
alimentaire est amplifiée avec l'inflation que nous connaissons.
Dès maintenant, nos récoltes et nos menus
doivent nourrir la santé humaine et la santé planétaire. La stratégie ne fait
pas mention de la nécessité de diversifier les régimes et d'éliminer les
aliments ultratransformés, qui sont une source de gaspillage nutritionnel. En
ce sens, nous suggérons de modifier la définition d'alimentation durable pour y
intégrer ces notions. Nous suggérons également d'adopter un programme universel
d'alimentation scolaire québécois et aussi de protéger intégralement le
territoire agricole en tant que ressource stratégique non renouvelable.
Le récent bilan de gestion des matières
résiduelles nous rappelle à quel point nous devons changer le paradigme et que
notre société d'État RECYC-QUÉBEC doit se muter en RÉDUC-QUÉBEC. Pour y
arriver, les mesures écofiscales doivent être déployées pour internaliser les
coûts de gestion des matières résiduelles. Nous sommes d'avis que des mesures
doivent être intégrées dans les systèmes de responsabilité élargie des
producteurs, notamment pour les appareils électriques et ménagers, afin de
soutenir le réemploi des biens. La stratégie pourrait également intégrer la
durabilité et la réparabilité dans les critères d'appel d'offres publics et
faire des ministères et organismes un levier pour soutenir les activités de
réparation. Nous sommes ravis de constater que la stratégie prévoit la
possibilité qu'il soit apporté des modifications à la Loi sur la protection du
consommateur qui pourraient porter notamment sur la durabilité des biens de
consommation.
Afin de permettre une mise en œuvre
efficace par l'ensemble de l'administration publique et, plus largement, de
notre société, la formation est la clé de voûte pour changer les pratiques. Il
n'est plus le temps d'aborder le développement durable uniquement sous la forme
de sensibilisation mais via des réels programmes de formation et d'éducation.
Alors que le secteur de la construction, et de la rénovation, et de la
démolition, et des ICI est responsable de plus de 50 % des matières
éliminées au Québec, il est évident que les métiers de la construction sont peu
ou pas exposés aux pratiques écologiques pour limiter leur impact
environnemental. Il est tout aussi étonnant de constater que la formation
initiale à l'enseignement n'inclut pas de cours obligatoires en éducation
relative à l'environnement rejoignant l'ensemble des étudiants et étudiantes.
La Régie du bâtiment tout comme l'ordre des professions doivent s'impliquer
plus rapidement pour faciliter la mise en œuvre de ces programmes.
Je passerais la parole à Marc-André pour
conclure.
M. Viau (Marc-André) : Donc,
pour résumer notre propos, là, je dirais qu'à partir du moment où le
gouvernement adopte et conserve des lois, comme celle concernant l'accélération
de certains projets d'infrastructure, qui ont pour principale conséquence
d'affaiblir la réglementation environnementale et les mécanismes de
consultation publique, eh bien, à ce moment-là, l'action gouvernementale
s'éloigne des objectifs de développement durable. Comme nous l'avons fait
remarquer, plusieurs constats effectués dans le cadre de cette stratégie sont
pleins de lucidité, mais, si les constats demeurent à l'état de constats, la
stratégie ne remplit pas son rôle.
Comme pour l'avenir énergétique, dont il
est question avec le projet de loi n° 2 et une éventuelle consultation
publique, nous vous recommandons, d'ailleurs, M. le ministre, de mettre en
place un BAPE générique sur le sujet. Il ne faudrait pas que les dimensions
environnementales continuent de faire les frais du développement. Il ne
faudrait pas oublier que, dans l'expression «développement durable», il y a le
mot «durable». Merci.
• (11 h 50) •
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre présentation. Je cède maintenant la parole à M. le ministre
pour le début des échanges pour une période de 16 min 30 s.
M. Charette : Merci, M. le
Président. À vous deux, un plaisir de vous retrouver, malgré le fait que ce
soit à travers les... nos écrans respectifs. Donc, merci à vous, mais merci
également à Équiterre, joueur incontournable au Québec depuis de nombreuses
années sur ces questions-là. Donc, toujours intéressant, là, de vous entendre.
Un constat que j'ai pu partager avec
quelques groupes depuis le début de la consultation, c'est le suivant, en fait,
c'est ce que je réalise : il y a plusieurs éléments qui ne font pas partie
ou qui ne sont pas écrits noir sur blanc dans la stratégie, mais qui font
l'objet de politiques ou de stratégies à travers le gouvernement. Vous avez
mentionné l'agriculture durable, notamment. C'est vrai qu'il n'y a pas de long
chapitre dans la stratégie gouvernementale de développement durable, mais le
ministère de l'Agriculture, à travers notre collègue, a déposé une stratégie
d'agriculture durable qui reprend d'ailleurs plusieurs des éléments que vous
avez mentionnés comme... comme souhait.
Donc, ma question, c'est la suivante :
Est-ce <que...
M. Charette :
...comme
souhait.
Donc, ma question, c'est la
suivante : Est-ce >que, dans la stratégie, on doit reprendre toutes
les initiatives ou se référer à toutes les initiatives qui sont clairement dans
l'optique du développement durable, mais qui sont contenues dans d'autres
stratégies gouvernementales? Bref, est-ce qu'il faut tout répéter ou on peut
tout simplement s'y référer comme étant aussi des pratiques de développement
durable qui font partie de l'action gouvernementale, et des ministères, et des
organismes liés?
Mme Thorpe (Colleen) : On est
bien sensibles à ce défi de ne pas vouloir tout répéter et ne pas tout inclure,
parce que ça fait des documents qui sont complexes et très, très larges. Ce
qu'on... Ce qu'on voulait amener avec la question alimentaire, c'est une espèce
de priorisation, et, compte tenu que c'est un besoin de base des Québécois,
compte tenu de la précarité de notre système, on voulait voir une place plus
marquée pour cet enjeu-là, qui n'apparaît pas actuellement, à ce moment-ci. On
est bien conscients qu'il y a d'autres documents qui adressent ces
problématiques.
Pour la question alimentaire, on se dit
que, comme on est en situation d'urgence et s'il devait y avoir des pénuries
alimentaires occasionnées par des ruptures d'approvisionnement, ce qui est...
ce qui est probable, dans les années à venir, avec les changements climatiques,
qu'on devrait voir cette priorité reflétée dans la stratégie. Et l'agriculture,
contrairement à certains autres domaines, demande un long temps de prévoyance
pour changer un système agricole. Il y a beaucoup d'éléments à changer sur
notre système agricole actuellement, et il faut le prévoir dès maintenant. Et
donc on voudrait voir cette priorité dans la stratégie.
M. Charette : Je le comprends.
Et peut-être vous rassurer, mais... quoique vous aviez eu à commenter la
politique de développement... non pas de développement, mais d'agriculture
durable du MAPAQ, à sa présentation... mais on parle de souveraineté alimentaire,
on parle de protéger le territoire agricole, on parle d'accompagner les
agriculteurs pour développer des cultures qui soient moins... moins dépendantes
des pesticides, on parle de financement de mesures, bref, je pense que c'est un
volet qui est très, très bien couvert, mais merci, là, de nous rappeler
l'importance de l'agriculture.
Vous avez parlé d'éducation, comme quoi ça
devrait être enseigné dans toutes nos écoles, l'importance de l'environnement,
l'importance du développement durable. J'en suis, et c'est une recommandation,
là, qui, normalement, va s'incarner dans le nouveau cours de citoyenneté qui
est en déploiement actuellement dans nos écoles primaires et secondaires.
Lorsque la réforme a été annoncée, il y a,
quoi, il y a un petit peu plus d'une année, c'est un des blocs qui a été
présenté, et ça, c'est une excellente nouvelle. Déjà, nos jeunes... Je le vois,
là, j'ai des jeunes, moi, avec des écarts d'âge assez importants. Je ne veux
pas blâmer ma plus vieille, qui a 25 ans aujourd'hui, mais, dans son
discours, c'était moins présent parce qu'à l'école c'était moins présent, on en
parlait moins. Ma plus jeune a 15 ans, et ça fait partie déjà de ses
préoccupations, ça fait partie de ce qui est enseigné à l'école et ça le sera
encore davantage avec le nouveau cours, là, qui est en implantation. Donc, il y
a une très belle évolution chez nos jeunes, on les sent plus mobilisés, et,
oui, l'école aura la possibilité de jouer un rôle encore plus prépondérant à ce
niveau-là.
Je sais que j'ai des collègues qui veulent
intervenir aussi. Je ne prendrai pas tout le temps de parole, mais juste vous
revenir sur la question de la mobilité. C'est clair, c'est important. Les
transports, on le sait et on ne le répétera jamais assez, là, c'est de loin
notre principale source d'émissions. C'est plus de 40 % de nos émissions
de GES. Il faut agir à différents niveaux.
J'aimerais vous entendre au niveau de
l'intermodalité. On a un réflexe, et c'est le défaut des nations avec un vaste
territoire, on fait tout passer par le routier, mais pas suffisamment par le
train ou pas suffisamment par le bateau, deux sources de transport, là, qui
sont beaucoup moins émissives. Est-ce que vous avez une réflexion à nous
partager sur autant l'usage du bateau ou des trains pour limiter nos émissions
de gaz à effet de serre?
M. Viau (Marc-André) : Définitivement.
Merci pour votre question, M. le ministre. Il y a définitivement des
optimisations logistiques à effectuer et des pistes à explorer pour que ce soit
le ferroviaire. Pour le transport de marchandises par bateau, il n'est pas sans
conséquence non plus sur la biodiversité, là. On parle <d'augmenter...
M. Viau (Marc-André) :
...par
bateau, il n'est pas sans conséquence non plus sur la biodiversité, là. On
parle >d'augmenter la capacité du port de Montréal, notamment avec la
construction d'un deuxième port à Contrecœur qui se fait en plein dans
l'habitat du chevalier cuivré, qui va menacer la survie de ce... de ce
poisson-là. Donc, oui pour explorer des pistes alternatives, mais pas sans
prendre en conséquence l'ensemble des conséquences environnementales que peut
arriver... que peut causer un déplacement des activités d'un mode à l'autre.
M. Charette : ...défis que
nous avons en matière d'environnement. On a eu l'occasion, entre collègues, de
parler notamment du tramway et du REM. Même lorsqu'on développe des
infrastructures de transport collectif, il y a des incidences, il y a des
milieux plus fragiles, parfois des milieux humides, parfois des milieux avec
des espèces qui sont déjà identifiées comme vulnérables. Bien d'accord avec
vous, il faut prendre ces éléments en considération, mais toute bonne action en
environnement entraîne aussi, malheureusement, dans bien des cas, des
conséquences en environnement qu'il faut mitiguer, tout simplement.
Parce que le temps est très serré, malgré
l'importance des sujets qui nous occupent, je vais laisser la parole à mes
collègues, mais je vous réitère mes remerciements, puis on aura l'occasion de
se reparler, là, pour d'autres collaborations. Merci beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre, je cède maintenant la parole au député de Côte-du-Sud.
M. Rivest : Oui, bonjour.
Merci beaucoup. D'abord, je souligne le volet assez positif de votre mémoire
puis de la façon qu'il est abordé. Puis je tiens à le souligner parce que c'est
toujours intéressant de voir que les idées sont bonnes, puis on rajoute ce
volet-là, d'aller un petit peu plus loin en rajoutant des objectifs «smart» qui
peuvent être vérifiés, validés, tout ça. Je tenais à le souligner puis vous
dire bravo là-dessus.
Vous avez abordé, dans votre présentation,
le volet d'outils fiscaux et vous, dans vos recommandations, vous parlez
d'instaurer, de voir la possibilité d'instaurer de nouvelles mesures
écofiscales. Est-ce que vous pourriez élaborer un petit peu pour nous donner
certaines pistes, là, de quel pourrait être ce volet innovant là, dans
l'écofiscalité, que vous pouvez proposer?
M. Viau (Marc-André) : Bien, il
n'y a pas... on ne va pas réinventer la roue, là. Il y a... Il y a plusieurs
pistes d'action qui ont été déjà envisagées, que ce soit... la plupart dans le
secteur de la mobilité, là, que ce soit pour la... que ce soit un frais lié aux
émissions de GES des véhicules plus polluants, par exemple. Donc, ça, c'est un
principe d'écoconditionnalité dont il a été beaucoup question dans les dernières
années au Québec, dans la dernière campagne électorale également, faut-il le
rappeler. Mais on peut penser aussi, également, à la révision de l'ensemble des
programmes. Et c'est ça qu'on... c'est ça qu'on... le propos qu'on a fait un
peu plus tôt dans l'allocution, c'est de dire : Bien, on ne doit pas
seulement ajouter des principes d'écofiscalité par-dessus ce qui se fait
d'existant. On peut retourner, on peut faire une évaluation des programmes,
voir comment ces programmes-là sont financés et est-ce que ce financement-là
mériterait d'être lié davantage à des objectifs environnementaux. Et, en
pensant de cette façon-là, on peut peut-être arriver à faire des gains plus
significatifs.
M. Rivest : Je comprends.
• (12 heures) •
Mme Thorpe (Colleen) : Si je
peux me permettre d'ajouter, c'est aussi une question d'analyser
l'écofiscalité, c'est-à-dire qu'on est aux balbutiements de ces outils-là. Si
on regarde la redevance à l'élimination, qui est passée de 10 $, en 2006,
à 30 $ en 2022, ce qui est en soi une bonne nouvelle, mais est-ce que
c'est la bonne hausse pour dissuader le recours à l'élimination? On n'a pas vu
d'étude pour nous dire c'est quoi, le bon tarif. Et on sait très bien que
l'élimination est une grande problématique, avec les résultats qu'on a eus du
bilan très récemment.
M. Rivest : D'accord. Merci.
Si vous pouvez me permettre aussi, vous avez mentionné l'idée de vision à long
terme, sur cette vision gouvernementale là, en matière de développement
durable. Si on avait une baguette magique ensemble et quelques minutes devant
nous, quelle serait cette vision-là? Pouvez-vous nous porter quelques éléments
que vous souhaiteriez voir dans cette vision à long terme?
M. Viau (Marc-André) : Bien,
je veux dire, l'énoncé de vision proprement dit de la stratégie est pavé de
bonnes intentions. Donc, il n'y a pas énormément... il n'y a pas énormément à
revoir dans cet énoncé de vision là. Je pense qu'il aurait à gagner... il
gagnerait à être... à se transposer davantage dans l'ensemble des <ministères...
>
12 h (version révisée)
<
M. Viau (Marc-André) :
...gagner...
il gagnerait à être... à se transposer davantage dans l'ensemble des >ministères,
ce que je ne crois pas est la réalité actuellement, quand on regarde certaines
actions de certains ministères. Donc, si on est capable de transposer cette
vision-là, mais non seulement de transposer cette vision-là, et c'est encore un
propos qu'on tenait un petit peu plus tôt dans l'allocution, c'est qu'on ne
doit pas rester à l'état de vision ou à l'état de constat, il faut matérialiser
cette vision-là, il faut matérialiser les constats.
Or, malheureusement, à certains égards, et
pas à tous les égards, mais à certains égards, il y a certaines politiques
gouvernementales, j'ai fait référence à la politique sur l'accélération des
projets de loi d'infrastructure, on peut penser à des projets également qui
sont en développement, comme le projet de troisième lien, donc, on a un
ensemble d'actions gouvernementales qui vont à l'encontre de la vision qui est
proposée. Donc, la vision en tant que telle, elle peut être la meilleure, si
elle ne se matérialise pas en actions concrètes pour refléter cette vision-là,
la stratégie ne demeure qu'une stratégie.
M. Rivest : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Il reste
combien de temps?
Le Président (M. Jacques) : Il
reste environ quatre minutes.
Mme Grondin : Parfait. Mme Thorpe,
M. Viau, bonjour. Merci pour le mémoire que vous avez déposé. C'est
toujours très intéressant d'avoir votre apport dans ces réflexions-là.
Moi, je voudrais me concentrer... Puis il
y a des mots-clés que je retiens dans le cadre des échanges que nous avons, là,
c'est la notion d'exemplarité de l'État puis toute la question de l'écofiscalité,
donc la nécessité de faire des analyses ou de pousser plus loin cette
réflexion-là d'écofiscalité.
Moi, j'aimerais ça qu'on se concentre sur
l'orientation 2. Vous n'êtes pas sans savoir qu'agir en faveur de la nature
pour la santé, inévitablement, c'est quelque chose qui m'intéresse grandement.
Et vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a comme des engagements en termes de Plan
nature, en termes de plan eau, sur la question de l'eau. Donc, est-ce que vous
avez des éléments dont vous voudriez nous faire part à ce niveau-là, des
recommandations, des mots-clés, une intention de poursuivre les échanges sur
cette question-là?
M. Viau (Marc-André) : Je
vais essayer de répondre à la question, là, je ne sais pas si je l'ai bien
comprise, pour la nature, et pour l'eau, et pour la santé, si on a des
recommandations qui sont liées à l'exemplarité de l'État et l'écofiscalité, c'est
bien ce que je comprends?
Mme Grondin : Bien, en fait,
ça peut. Moi, je retiens qu'il y a des sujets, comme l'écofiscalité, l'exemplarité
de l'État, qui sont très importants. Mais j'aimerais ça qu'on se concentre sur
un des défis prioritaires, qui est l'adaptation aux changements climatiques,
qui est aussi la lutte aux changements climatiques, mais avec la notion de
solutions nature. Donc...
M. Viau (Marc-André) : Oui.
Bien, on est très favorables à l'utilisation des solutions nature, on en a fait,
des recommandations. Et d'ailleurs, un peu plus tôt avec le ministre, on
parlait du Plan d'agriculture durable, là. Juste pour revenir là-dessus, d'ailleurs,
nos propositions concernent davantage l'alimentation que l'agriculture, mais c'est
un autre sujet. Mais on en a fait, on fait la promotion d'une agriculture
régénératrice, chez Équiterre, et ce qui est aussi partagé dans le cadre du
Plan d'agriculture durable, donc on est très favorables à ces solutions nature
là. Vous avez parlé de l'eau, il y a eu une proposition qui a été faite pendant
la campagne électorale, qui devrait se matérialiser, j'imagine, en pistes d'action.
Ceci étant dit, on parle de mitiger les
conséquences actuelles et non pas nécessairement de renaturaliser. Et je pense
que ça, c'était un des aspects, peut-être, qui est manquant par rapport... et
dont il a beaucoup été question lors de la dernière COP à Montréal, l'aspect
de... donc freiner le déclin de la biodiversité, mais également renaturaliser.
Donc, on doit stopper l'effritement et, après ça, on doit bâtir... rebâtir les
milieux naturels. On a encore beaucoup de projets gouvernementaux qui vont
empiéter sur des milieux naturels, notamment les milieux humides par la
construction d'autoroutes, sur les <terres...
M. Viau (Marc-André) :
...milieux
naturels, notamment les milieux humides, par la construction d'autoroutes, sur
les >terres agricoles par des projets industriels. Beaucoup de terres
agricoles qui sont dézonées pour des projets industriels, pour des autoroutes,
c'est très problématique.
Le Président (M. Jacques) : Bien,
merci pour la première tranche d'interventions. Je vais céder maintenant la
parole à la porte-parole de l'opposition officielle, la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Et merci à Équiterre d'être avec nous aujourd'hui. Merci pour la
présentation et le mémoire qu'on vient de recevoir. Donc, on est en train de
prendre connaissance du document. Alors, j'ai quelques questions. Donc, juste
au début, vous parlez des recommandations... bien, la section qui s'intitule Une
hésitation marquée, vous dites que «la stratégie effleure certaines
thématiques, alors qu'elles devraient être davantage mises de l'avant», dont
l'alimentation durable. Mais vous dites aussi que «certains principes du
développement durable ne semblent pas être mis de l'avant, dont le principe de
précaution», qui est un principe de base en développement durable. Alors,
est-ce que vous pouvez élaborer sur cette recommandation ou cette observation?
M. Viau (Marc-André) : Oui.
Bien, pour le principe, bien, l'ensemble des principes de développement
durable, je pense qu'il faut... il faut approfondir leur utilisation. Il faut
qu'ils soient davantage intégrés dans les politiques... dans les politiques qui
sont mises de l'avant. J'essaie juste de retrouver exactement, là, le principe
de précaution auquel vous faites... vous avez fait référence dans notre
mémoire. Je ne retrouve pas, malheureusement, là, la section.
Mme McGraw : Ça va. C'est à
la page 7. C'était très bref comme commentaire. C'est juste parce que...
Est-ce qu'il y a d'autres... Peut-être la question, c'est qu'à part du principe
de précaution, principe... est-ce qu'il y a d'autres principes de base qui...
Est-ce que vous pouvez peut-être nommer d'autres principes que vous disez qu'il
manque dans cette stratégie, qui ne semblent pas être présents?
M. Viau (Marc-André) : Il y
a... Encore là, puis je ferai un peu le même commentaire, malheureusement, que
j'ai fait précédemment, il y a de bons principes, il y a de bons constats.
L'important, pour nous, c'est qu'est-ce qu'on va faire avec ces constats-là,
qu'est-ce qu'on va faire avec ces principes-là. J'ai parlé, tantôt dans
l'allocution, de réduction de la taille du parc de véhicules. Donc, si on est
dans des principes de réduction, et ma collègue a parlé, bon, de la question de
la consommation, de la circularité, de la réduction à la source, si on est dans
cette logique-là d'action gouvernementale à la suite de la stratégie, on va
arriver... on va arriver à l'objectif. Le problème, c'est que, si on reste à
l'état de stratégie, si on reste... si on ne plonge pas dans les actions, si on
ne prend pas les mesures qui sont nécessaires, on n'arrivera pas aux résultats
dont on a besoin.
Mme McGraw : Parfait. Merci.
Et peut-être on va... Ah! madame, oui.
• (12 h 10) •
Mme Thorpe (Colleen) : Si je
peux me permettre, l'orientation 5, qui parle de créer un État exemplaire,
on parle d'un sous-objectif d'évaluer la durabilité des interventions
gouvernementales. Donc, c'est un sous-objectif, c'est un point majeur, à mon
sens, parce qu'il évalue la cohérence, et il faut trouver une façon de mesurer
ça, parce que, comme on l'a mentionné, il y a des actions gouvernementales
actuellement qui ne sont pas en cohérence avec la stratégie.
Mme McGraw : Parfait. Merci.
Vous avez aussi... vous avez parlé de mesures ou de solutions écofiscales et
vous avez dit que... je ne veux pas mettre des mots dans... mais que le
gouvernement s'éloigne un peu de ça, tandis qu'en 2015 le gouvernement... le gouvernement
libéral avait mis sur pied, justement, un groupe de travail sur l'écofiscalité.
Et, dans ce contexte-là, donc, vous avez une bonne section en transport et
mobilité, dans votre mémoire, vous indiquez qu'on omet de discuter de la taille
des véhicules individuels, c'est de l'actualité, évidemment, d'en parler.
Est-ce que vous pouvez <élaborer...
Mme McGraw :
...taille
des véhicules individuels, c'est de l'actualité, évidemment, d'en parler.
Est-ce que vous pouvez >élaborer sur les solutions écofiscales qui sont
en lien avec le transport et surtout le transport individuel?
M. Viau (Marc-André) : Il y
en a énormément, là, des options, des possibilités. Toutes ces options et ces
possibilités-là, tout... le ministère des Finances, le ministère des
Transports, tout le monde les a, tout le monde a les analyses sur les principes
d'écofiscalité, que ce soit pour les... une surtaxe sur les émissions de GES,
d'avoir un principe de redevances remises également à l'achat de véhicules plus
polluants, que ce soit de la tarification kilométrique. Toutes ces options-là
sont disponibles, ont été discutées, ont été débattues. Maintenant, c'est le
temps d'en faire quelque chose.
Mme McGraw : Vous avez parlé
aussi de consommation responsable et de circularité. Vous seriez content
d'apprendre qu'aujourd'hui on a apporté une motion sur l'obsolescence,
justement. Évidemment, ça n'a pas été retenu, mais on va continuer sur ce
front-là. Plusieurs groupes ont mentionné le manque de cibles et d'objectifs de
type SMART, dont la Commissaire du développement durable. Vous proposez, entre
autres, une cible d'indice de circularité ambitieuse et le plan de mise en
œuvre. Pourriez-vous commenter sur l'importance d'inclure les producteurs et
non... et pas seulement mettre la responsabilité sur les consommateurs?
Mme Thorpe (Colleen) : Évidemment,
tout changement systémique passe par toute la chaîne, et les consommateurs sont
au bout de la chaîne, et donc... nécessaire de sensibiliser ces
consommateurs-là. On s'est penché un peu sur la circularité ou le plan de
circularité des Pays-Bas, et RECYC-QUÉBEC a quand même étudié ce pays-là aussi.
Puis l'étude qui s'est faite au Québec a conclu qu'on était quand même assez
loin de la moyenne nationale de circularité, donc 3,5 % au Québec, et je
pense que la moyenne est à 8 % ou à 9 %. Et donc un pays comme les
Pays-Bas, qui est très différent, peut-être, du Québec, quand même, pas
beaucoup de ressources naturelles, mais qui a quand même fait un plan ambitieux
pour réduire la consommation des matériaux... Et ce discours, on est au tout
début au Québec, et il doit s'amplifier, et il doit s'amplifier de différentes
façons. Donc, oui, des lois sur la... obligeant la réparation, mais aussi toute
la gestion des matières résiduelles sur les chantiers de construction.
Et, à cet effet-là, le langage utilisé
dans l'orientation 5, c'est vraiment d'améliorer la performance de la
gestion des matières résiduelles de l'État. Je pense que la sémantique est
importante ici, et on devrait beaucoup plus miser sur un vocabulaire qui parle
de diminution de l'empreinte, diminution de l'utilisation des matériaux. Et, je
répète, il est temps qu'on change le nom de RECYC-QUÉBEC, ça envoie le mauvais
message.
Mme McGraw : Oui, vous avez
parlé de RÉDUC-QUÉBEC, je pense, RÉDUC-QUÉBEC, très intéressant.
M. Viau (Marc-André) : Juste
pour...
Mme McGraw : Oui.
M. Viau (Marc-André) : Juste
pour compléter rapidement, vous avez fait référence à l'absence d'indicateurs.
Effectivement, le fait qu'ils seront définis dans la première année après la
sortie de la stratégie, ça nous semble également problématique. Ça devrait
s'accompagner. La stratégie et les indicateurs devraient aller de pair et non
pas attendre de sortir une stratégie, surtout qu'elle a deux ans de retard,
avant de développer des indicateurs.
Mme McGraw : Merci. Je pense
qu'il me reste quelques secondes, même pas.
Le Président (M. Jacques) : Une
minute.
Mme McGraw : Une minute.
Donc, il y a des groupes qui ont parlé d'un secrétariat à l'économie verte ou
un mécanisme pour faire en sorte qu'il y a plus de coordination et d'ambition
entre les ministres puis que ça ne soit pas juste l'Environnement, mais tous
les ministres, les ministères qui sont impliqués. Est-ce que vous avez des
observations ou des recommandations dans ce sens?
M. Viau (Marc-André) : Bien,
la gouvernance climatique demeurera... est et demeurera un défi constant dans
l'avenir. Quelle sera la meilleure façon d'y arriver? On est ouverts à discuter
des différentes propositions. Ce qu'il ne faut pas <perdre...
M. Viau (Marc-André) :
On
est ouverts à discuter des différentes propositions. Ce qu'il ne faut pas >perdre
de vue, c'est l'importance de s'assurer qu'il y ait une adhésion, et donc une
participation publique, comme on le suggère dans le cas de ce qui se fait en
matière énergétique en ce moment. Pour l'instant, c'est réservé à certains
ministres et à la présidente d'Hydro-Québec dans le cadre d'un comité. On doit
arriver à établir des mécanismes de gouvernance plus transparents.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup. Ceci termine les échanges. Donc, je cède maintenant
la parole au deuxième groupe d'opposition. M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui, merci. Mme Thorpe,
M. Viau, c'est un plaisir de vous recevoir. Merci pour votre contribution
importante à ce débat. Très intéressant mémoire. J'en retiens, là, si je veux dégager
une impression générale, c'est que les orientations, le diagnostic est très
bon, mais qu'on doit avoir des documents ou des orientations très claires et
avec plus de mordant au gouvernement du Québec, là, pour être capable de mettre
en œuvre les mesures qui s'imposent aujourd'hui, en 2023.
J'aimerais vous entendre plus
particulièrement sur un élément qui m'apparaissait intéressant. Vous le nommez,
on dirait, à demi-mot, il s'agit du test climat sur les projets
d'infrastructure. Est-ce que vous êtes favorables à l'instauration d'un tel
test climat qui nous permettrait de mesurer l'impact climatique des projets
d'infrastructure au Québec?
M. Viau (Marc-André) : Oui.
La réponse est simple, là : oui. D'ailleurs, je pense que c'est à
l'objectif... est-ce que c'est à l'objectif 5 dont on... orientation 5,
donc, placer le développement durable au centre des décisions du gouvernement
et évaluer la durabilité des interventions gouvernementales. On pourrait
penser, par exemple, à évaluer la durabilité du troisième lien.
M. Grandmont : D'accord. Et
est-ce que... Comment ce genre de test climat pourrait, rapidement, là, dans
les grandes lignes, se mettre en opération? Comment ça pourrait se déployer
dans le cadre de processus d'élaboration, de construction éventuelle, là, de
projets d'infrastructure?
M. Viau (Marc-André) : Bien,
il faut que le test climat... Bien, je veux dire, je ne pense pas que c'est la
commission sur le mécanisme d'évaluation ou le mécanisme de test climat, là, donc
on pourrait avoir des discussions ou on pourrait même vous faire parvenir certaines...
ou un test climat que notre organisation a réalisé. Mais donc il faut que, dans
le processus de prise de décision... on doit arriver à tester par rapport aux
impacts environnementaux, par rapport aux conséquences actuelles, mais
également futures, les conséquences du développement de tel ou tel projet
d'infrastructure.
M. Grandmont : Parfait.
Merci. À la recommandation 1.1, vous parlez de «renforcer la stratégie en
y ajoutant des objectifs et des sous-objectifs quantifiables, mesurables et
obligatoires, dont un cadre de référence du bien-être». J'imagine que vous
faites référence un peu à l'indice de bien-être, là, auquel plusieurs groupes
ont fait référence également. Mais peut-être juste confirmer ou, en tout cas,
comprendre, là, ce que vous entendez concrètement par un cadre de référence du
bien-être.
Mme Thorpe (Colleen) : On
fait référence à la présentation du G15+, dont on fait partie, donc un
paradigme nouveau qui, finalement, mesure les impacts. Donc, on peut avoir des indicateurs
de résultat et, par exemple, mesurer la connaissance du développement durable
dans la fonction publique, qui serait un indicateur de résultat, pour nous, mais
on peut aussi avoir des indicateurs plus macro, des indicateurs d'impact. Et la
présentation qu'a faite le G15+ élaborait sur ces aspects-là.
• (12 h 20) •
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Je cède maintenant la parole au député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, merci, Mme Thorpe, M. Viau. Je vais aller
directement droit au but. Vous avez parlé d'alimentation, puis je voulais juste
savoir si vous pensez que le Québec en fait suffisamment pour le gaspillage
alimentaire, par exemple. Est-ce que c'est un élément que vous voyez comme un
élément sur lequel on devrait travailler, adopter des politiques, une loi?
Mme Thorpe (Colleen) : Plusieurs
groupes travaillent sur le gaspillage alimentaire. Équiterre travaille sur la
notion du gaspillage nutritionnel, donc un petit peu plus complexe, mais, quand
même, je vais vous l'expliquer, cette idée-là qu'on prend des récoltes, donc on
utilise des ressources qu'est le sol et des engrais, différentes ressources
pour produire ces aliments qui deviennent des aliments ultratransformés, <ultraemballés...
Mme Thorpe (Colleen) :
...ressources
pour produire ces aliments qui deviennent des aliments ultratransformés, >ultraemballés,
donc qui sont vides de nutriments, et non seulement ils sont vides de
nutriments, mais ils font en sorte que ça nuit à la santé humaine. Et donc on
est assez élevés, assez loin des objectifs du Guide alimentaire canadien, qui
recommande...
M. Arseneau : Mais est-ce que
vous êtes favorables à l'adoption d'une loi par le gouvernement pour réduire le
gaspillage alimentaire? C'est ça, ma question. Est-ce qu'on pourrait aller
plus... ou le gaspillage, ce n'est pas votre rayon, c'est quoi?
Mme Thorpe (Colleen) : Bien
oui, on pourrait adopter une loi pour réduire le gaspillage alimentaire, mais
j'irais plus loin que le gaspillage alimentaire. Encore faut-il... Si on
gaspille des chips, ce n'est pas... ça ne solutionne pas la problématique,
c'est-à-dire qu'il faut aller un peu plus loin que le gaspillage alimentaire,
mais je suis en accord avec...
M. Arseneau : Je comprends.
Mobilité et transport, maintenant. Vous avez parlé, tout à l'heure dans la
présentation, des véhicules de transport de marchandises. Puis dans le mémoire,
à la page 9, vous parlez aussi, là, de l'auto solo. Mais je voulais
savoir, est-ce que vous pensez que, justement, le gouvernement en fait
suffisamment assez pour favoriser le transfert modal pour appuyer le transport
collectif à l'heure actuelle? Et puis, quand on parle d'électrification, c'est
bien, mais, si on électrifie des autobus qui sont vides, on n'avance pas
beaucoup. Quel est votre point de vue là-dessus?
M. Viau (Marc-André) : Il n'y
a pas assez de transfert modal, ça, c'est clair. S'il y avait assez de
transfert modal, on ne verrait pas une croissance du parc automobile comme on
la voit actuellement. Est-ce que le gouvernement doit en faire plus? Oui. Doit
financer les opérations du transport collectif, pas simplement... pas
simplement les infrastructures, doit travailler sur l'offre de services
interrégionale également de façon à ce que le transport collectif ne soit pas
qu'une réalité urbaine et doit aussi s'assurer d'un meilleur partage de
l'espace public qui est destiné à la mobilité. De cette façon-là, si on partage
mieux l'espace public destiné à la mobilité, on n'aura pas le choix que d'avoir
un meilleur transfert modal.
M. Arseneau : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci
à vous deux pour votre contribution aux travaux de la commission.
Et nous allons suspendre quelques instants
pour recevoir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 12 h 23)
(Reprise à 12 h 25)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux représentants du Centre d'études
et de recherches intersectorielles en économie circulaire, MM. Normandin
et Laplante.
Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre présentation, après quoi nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter puis à commencer votre exposé.
Centre d'études et de recherches intersectorielles
en économie circulaire (CERIEC)
M. Normandin (Daniel) : M. le
Président, membres de la commission, d'entrée de jeu, merci de nous avoir
invités, mon collègue et moi, à commenter cette nouvelle mouture de la SGDD. Je
vais laisser mon collègue Benjamin, donc, amorcer nos réflexions sur la
stratégie.
M. Laplatte (Benjamin) : Alors,
bonjour. Alors, évidemment, on accueille la proposition de nouvelle SGDD comme
telle, c'est-à-dire une proposition. Et, comme toute proposition, bien, on
estime qu'il s'agit d'un cadre qui est évidemment perfectible, mais on ne
voudrait pas manquer de saluer le travail des personnes, dont certaines
personnes sont ici aujourd'hui dans la salle, qui ont travaillé à la rédaction
d'un document qui est véritablement <colossal...
M. Laplatte (Benjamin) :
...dans
la salle, qui ont travaillé à la rédaction d'un document qui est véritablement >colossal,
dense puis qui représente le fruit d'un gros travail.
Évidemment, comme plusieurs groupes qui
nous ont précédés et pour reprendre sensiblement les mêmes mots que la Commissaire
au développement durable hier, il est évident que nous aurions souhaité avoir en
main un portrait le plus récent possible de l'état de la progression de la
dernière SGDD et surtout une proposition d'indicateurs et de cibles renouvelée.
Parce qu'en effet c'est une SGDD qui couvre large, on le sent, elle cherche à
répondre au plus d'ODD possible, et c'est une prémisse en soi qui est tout à
fait louable.
Cela dit, ça ne devrait pas priver le
gouvernement de faire des choix forts parmi tous ces objectifs, et on va
revenir, pourquoi? Parce qu'il faut accélérer la cadence et identifier avec
précision ce qui est attendu des ministères et organismes comme actions
concrètes le plus rapidement possible.
Donc, à cet égard, on estime que les
travaux, on le comprend, qui vont poursuivre, ces prochains mois, et qui
doivent s'intéresser à tous ces aspects représentent l'opportunité, justement,
de peut-être prendre un petit peu de hauteur par rapport à tous ces tableaux de
bord, tu sais, parfois un peu complexes, puis ça a été avoué par d'autres
groupes avant nous.
Prendre de la hauteur, pour nous, ça veut
dire préciser nos ambitions collectives, en tant que gouvernement, mais
également à toutes les autres parties prenantes de la société civile ainsi que
les partis d'opposition. Parce qu'on l'a vu pendant la pandémie, je pense que,
par rapport à des grandes crises et des grands défis qui nous animent
collectivement ou mondialement, on est capable de faire preuve de solidarité.
De certains de ces objectifs qui
pourraient être les plus intégrateurs possible afin de concentrer nos efforts
au maximum, on pense évidemment particulièrement à la réduction de l'empreinte
carbone de toutes nos activités économiques, sociales, la préservation de la
biodiversité, dont on dépend, et surtout l'accroissement de la circularité du
Québec, un enjeu sur lequel mon collègue Daniel reviendra.
Comme vous l'avait dit hier le Comité
consultatif sur les changements climatiques, auquel participait notre
directrice scientifique, face à la double crise écologique et climatique qui
s'emballe, il y a réellement urgence d'agir sur certains éléments plus que
d'autres. Il faut donc trouver le courage de faire des choix, les assumer et
mobiliser l'ensemble de l'appareil de l'État en partant de sa tête.
À cet égard, la SGDD parle beaucoup de
l'exemplarité de l'État. C'est une occasion de faire en sorte que, comme on le
dit souvent, les babines suivent les bottines... ou les bottines suivent les
babines. Mais, surtout, ce qui est important, c'est que la SGDD puisse servir
de cadre de référence pour influencer ultimement tout projet de loi, règlement
ou politique. Et on doit passer par là, nous n'avons plus le choix, parce que
le modèle économique actuel, majoritairement linéaire depuis 200 ans, nous
a menés à une situation qui est insoutenable sur le plan de l'exploitation des
ressources. On ne peut pas aujourd'hui parler de modèle de développement
durable ou soutenable en l'état actuel des choses.
À cet égard, notre mémoire s'accompagne
d'une infographie qui explique beaucoup en quoi le modèle qu'on vous propose,
sur lequel on propose la commission de s'intéresser, le modèle d'économie
circulaire, est en mesure de répondre à plusieurs défis.
À cet égard, on a parlé d'urgence, là,
puis de mobilisation et, afin d'éviter que vous ayez à nous poser la question, oui,
nous sommes en faveur de l'assujettissement des municipalités, organismes et
réseaux qui actuellement ne le sont pas, parce qu'on estime que, face aux défis
qui nous concernent tous, chacun doit faire sa part. On l'a vu pendant la
pandémie, ça se fait. Et, si on avait à citer le premier ministre, on dirait :
On est capables.
Donc, en conséquence de ce préambule, nous
allons annoncer nos couleurs tout de suite. Et, comme le prouve largement notre
mémoire, nous sommes ici pour vous parler d'économie circulaire et nous
espérons avoir la chance d'échanger avec vous dans les minutes qui suivront.
• (12 h 30) •
M. Normandin (Daniel) : Merci,
Benjamin. Vous m'entendez bien? Oui. Alors donc, par rapport à la stratégie
précédente, je dirais que l'économie circulaire occupe une place importante
mais encore largement insuffisante. D'ailleurs, j'étais, en 2015... j'étais
invité par la commission à commenter la version antérieure de la stratégie, et
on avait plaidé pour une économie circulaire forte au sein de la stratégie.
En fait, il faut savoir que l'économie
circulaire est le modèle économique qui permet une mise en œuvre concrète du
développement durable. En fait, l'économie circulaire est reconnue par la
plupart des grandes organisations telles que le programme des Nations unies,
l'OCDE, le Forum économique mondial, pour ne nommer que ceux-là, et je dirais
que son déploiement sur le plan mondial est en pleine progression.
En fait, je suis en train de participer à
un ouvrage collectif sur l'économie circulaire, puis j'ai eu le privilège de
regarder un petit peu l'état de la situation sur le plan international, et je
peux dire qu'il n'y a aucun continent qui n'est épargné dans la transition vers
l'économie circulaire, sauf peut-être l'Antarctique, là, parce qu'il n'y a pas
grand <monde qui y vivent...
>
12 h 30 (version révisée)
< M. Normandin (Daniel) :
...qui
est épargné dans notre transition de l'économie circulaire, sauf peut-être l'Antarctique,
là, parce qu'il n'y a pas grand >monde qui y vivent, mais on pourrait
dire qu'au jour d'aujourd'hui à peu près la moitié des pays de la planète ont
des politiques publiques qui touchent à l'économie circulaire. Donc, il y a eu,
ces dernières années, une accélération dans l'appropriation, si on veut, de la
transition à l'échelle internationale, l'Europe étant le continent, je dirais,
de tête.
Selon nous, en fait, le cadre économique
que représente l'économie circulaire devrait constituer la colonne vertébrale
de la stratégie parce que ça permet de concilier à la fois les enjeux
économiques, dont, entre autres, une plus grande résilience des chaînes d'approvisionnement,
on en a été victimes, tout le monde, évidemment, durant la pandémie, également
les défis environnementaux, dont la réduction des GES, dont la préservation de
la biodiversité, mais également sociaux, avec une meilleure justice sociale, un
plus grand bien-être collectif et individuel.
Pour faire ça, je dirais que le Québec, et
j'en suis très fier, en fait, est extrêmement bien positionné. Depuis 2014,
sous l'impulsion initiale de l'institut d'environnement, développement durable
et économie circulaire du campus de l'Université de Montréal, que je dirigeais
à l'époque, le Québec a développé, au fil du temps, une posture de leader nord-américain,
je dirais, reconnue, au moins sur le plan canadien, en matière d'économie circulaire.
On a des initiatives qui se déroulent en
ce moment aux quatre coins du Québec. On possède un écosystème de recherche en
économie circulaire le plus développé, le plus diversifié, je dirais, non
seulement en Amérique du Nord, mais, selon certains commentaires, au monde. On
doit en être fiers, là. On a un réseau de recherche qui regroupe plus de 180 chercheurs,
16 universités, neuf collèges qui participent aux efforts de recherche de
l'économie circulaire. On a également une plateforme dédiée à l'économie
circulaire, une plateforme Web, qui s'appelle Québec Circulaire.
Ceci dit, le Québec demeure
malheureusement un des plus grands consommateurs de ressources et un des plus
grands producteurs de déchets des pays industrialisés, en tout cas, per capita.
Le point positif, c'est que notre marge d'amélioration est très grande. Alors,
je dirais, pour maintenir notre posture de leader puis bénéficier des retombées
très positives qu'amène l'économie circulaire, mais qui nous permettrait
également d'exporter notre savoir-faire, nos technologies dans le reste du
Canada, dans le reste du monde, on doit effectivement se doter d'une feuille de
route ambitieuse et investir massivement pour la déployer.
Comme le disait Benjamin, en fait, tous
les... je dirais, tous les acteurs de la société sont interpelés par l'économie
circulaire, que ce soient les ministères, les entreprises, les citoyens. Alors,
on espère vivement que cette nouvelle stratégie, en fait, soit la feuille de
route pour la mise en œuvre de cette économie circulaire ambitieuse qui nous
permettrait, encore une fois, de nous positionner, de conserver notre position
de leader nord-américain. Alors, merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, messieurs, pour votre présentation. Est-ce que j'ai le consentement
pour permettre à la députée de Verdun de remplacer le député de Taschereau pour
le reste de la séance? Consentement. Merci. Je cède donc la parole au député de
Masson pour le début des échanges.
M. Lemay : Merci, M. Normandin,
M. Laplatte, d'être avec nous aujourd'hui. Alors, moi, j'aimerais vous
entendre davantage sur le premier chantier de la SGDD, justement, le chantier
sur la feuille de route en économie circulaire. Vous avez mentionné un peu dans
votre présentation initiale... mais j'aimerais avoir un peu plus de détails parce
que, lorsque vous mentionnez que ça devrait constituer la colonne vertébrale
sur laquelle s'attachent les quatre autres chantiers, donc, un peu plus d'importance,
là... puis j'ai cru comprendre aussi que vous aviez défini sept jalons pour y
arriver. Donc, si vous pourriez nous donner plus de détails, ce serait
apprécié.
M. Normandin (Daniel) : L'économie
circulaire, c'est un modèle de production-consommation, hein? Donc, ça touche
éventuellement non seulement la vie des entreprises, mais des citoyens. Donc,
si ça devient... En fait, comme le disait tantôt Benjamin, si on en est aujourd'hui
à parler de développement durable, c'est que ce développement durable n'était
pas intégré dans le modèle économique qui... en fait, qui est en œuvre en ce
moment, qui est le modèle de l'économie linéaire, en fait, qui existe depuis le
début de l'ère industrielle.
Donc, on doit renverser la vapeur. Ça fait
que, si le modèle... En fait, si la durabilité n'est pas au rendez-vous à cause
du modèle économique, c'est le modèle économique qui doit rendre, évidemment,
notre société plus durable. Donc, c'est pour ça que ce qu'on propose, nous, c'est
que l'économie circulaire, qui est le modèle économique ou le modèle de production-consommation
reconnu à travers la planète comme étant durable, permettant d'opérationnaliser
le développement durable, soit la colonne vertébrale de cette stratégie.
Alors, au niveau des jalons,
effectivement, on en a proposé plusieurs dans notre mémoire, là, que je vous
invite évidemment à parcourir. Le premier, évidemment, c'est de faire un
exercice comme le Québec a fait, RECYC-QUÉBEC, donc, où est-ce qu'on en est au
niveau de la circularité de l'économie québécoise, puis on a vu malheureusement
que cette circularité était plutôt faible, donc, à 3,5 %. Ce n'est pas du «rocket
science», là. Je dirais que c'est une estimation, et, par rapport à la moyenne
mondiale qui a été dévoilée, en <fait, il y a quelques semaines...
M. Normandin (Daniel) :
...c'est
une estimation, et par rapport à la moyenne mondiale qui a été dévoilée, en >fait,
il y a quelques semaines, lors du forum de Davos, qui est à 7,2 %, on est
quand même la moitié, évidemment, de la moyenne mondiale en matière de circularité
de notre économie.
Le Canada, bon, j'ai participé à un groupe
d'experts pour déterminer également la circularité de l'économie canadienne. On
n'a pas utilisé les mêmes indicateurs en tant que tels, mais on avait une
moyenne de 6 %, environ, pour le Canada. Moi, je pense que le Canada est à
peu près au même niveau que le Québec. Donc, là-dessus, on se compare.
Par contre, comme le disait tantôt Colleen
Thorpe d'Équiterre, il y a des champions, entre autres les Pays-Bas. Les
Pays-Bas, évidemment, ont une cible très, très ambitieuse. Ils sont
actuellement à plus de 24 % de circularité de leur économie. Ils visent
100 % pour 2050. Ceux qui connaissent la thermodynamique, vous allez me
dire que ça ne se peut pas, là, mais ils tendent à, on va dire, 100 % et
ils ont un plan très ambitieux. C'est vraiment un peu la locomotive sur le plan
européen, et je pense qu'on doit s'en servir comme exemple.
Donc, première chose, l'état de la
situation, on l'a fait, 3,5 %, ça ne va pas très bien, deuxièmement, se
fixer une cible ambitieuse. Une cible ambitieuse, ça veut dire quoi? Bien, je
pense que, pour le terme couvert par la stratégie, on pourrait peut-être
doubler, en fait, notre taux de circularité au Québec, ce serait déjà
ambitieux, et viser peut-être quelque chose... de le tripler ou de le
quadrupler d'ici 2040, par exemple, pour rejoindre peut-être les Néerlandais.
Alors, ça, ça serait des cibles
ambitieuses. Évidemment, pour être capable de faire cette... de rencontrer, en
fait, cette cible-là, il faut, je dirais, mobiliser, en fait, l'ensemble des
chaînes de valeur pour qu'ils y participent. Il n'y a pas de secteurs
économiques qui doivent être épargnés dans la démarche. Donc, tous les secteurs
économiques doivent participer, mais on doit quand même prioriser, en fait,
ceux qui, en ce moment, consomment peut-être le plus de ressources et celles...
et les secteurs économiques qui génèrent le plus de déchets. Donc, on doit
prioriser, en fait, ces secteurs-là, mais, in fine, on doit couvrir l'ensemble
des secteurs économiques, et, pour ce faire, il ne faut pas le faire par une
approche «top-down». Il faut le faire par une approche horizontale, donc
essayer de mettre... d'asseoir à la même table tous les acteurs des chaînes de
valeur concernées, identifier les freins à la circularité, cocréer les
solutions et les mettre en œuvre ensemble pour être capables justement de faire
en sorte qu'on avance rapidement.
Alors, ça, c'est l'approche que le CIRIEC,
en fait, a commencé à mettre en œuvre. On a d'ailleurs un dispositif de
recherche au CIRIEC qu'on appelle les laboratoires d'accélération en économie
circulaire, et le premier... la première filière qu'on a investie, c'est la
filière de la construction, qui est le plus gros utilisateur de déchets, le
plus gros générateur... le plus gros consommateur de ressources, plus gros
générateur de déchets, puis on a assis à la même table 200 intervenants de
toute la chaîne de valeur, de 100 organisations depuis un an et demi, et
on est en train de tester les solutions que ces organisations-là ont
codéveloppées avec les chercheurs du CIRIEC et de d'autres universités. Donc,
c'est un peu l'approche qu'on amène, et on pense que, donc, cette feuille de
route devrait être, je dirais, l'agenda, si vous voulez, principal de cette
nouvelle stratégie gouvernementale de développement durable.
M. Lemay : OK, merci, c'est
intéressant. Puis je pense que j'ai une collègue qui va justement vous poser
des questions sur ce que vous venez d'apporter sur le volet construction, mais
je reviendrais un peu... Ça veut dire... Dans le fond, ce que je vois, c'est
que, dans vos sept jalons, vous voyez d'une façon positive, là, qu'on mette sur
pied un comité-conseil, justement, pour aller avec... D'accord de ce côté-là.
Puis, dans le fond, le comité-conseil externe, là, dans le fond, ce que vous
voyez, c'est que ça doit impliquer notamment des gens universitaires,
collégiaux, chercheurs, experts... puis c'est... experts provinciaux, je veux
dire, puis, c'est ça, en fait, tous ensemble, on met en place les sept jalons
puis on y arriverait. C'est un peu... si je fais un résumé de votre
explication.
• (12 h 40) •
M. Normandin (Daniel) : Tout
à fait, absolument. Benjamin?
M. Laplatte (Benjamin) : En
fait, si on peut développer un petit peu là-dessus, ce n'est pas une idée qui
vient de nulle part, c'est que, de un, il faut prendre acte que, depuis 2014,
c'est une transition qui s'est organisée, là, je dirais, tu sais, par
l'entremise de plusieurs acteurs représentant la société civile et auquel
participent certains représentants gouvernementaux et de ministères à travers
le pôle de concertation en économie circulaire. C'est un groupe qui pourrait
tout à fait être mis à profit, en l'occurrence.
Et pourquoi est-ce qu'on parle d'un comité-conseil,
tu sais, qui pourrait, tu sais, éclairer le gouvernement sur certaines
orientations et aussi participer au suivi puis à l'amélioration continue de
cette feuille de route, c'est, d'une part, parce que, bien, il y a beaucoup
d'expertise qui s'est développée au sein de ce pôle et, d'autre part, c'est
parce qu'on l'a vu dans certaines autres politiques qui ont des cadres assez
larges. Si on fait référence, par exemple, à la Politique québécoise de
mobilité durable, cette dernière avait été élaborée et visait justement à être
évaluée en continu par l'entremise d'un comité qui représentait toutes les
parties prenantes possibles de la... issues de la société civile. Donc, on
s'appuie sur ce modèle pour faire cette proposition-là parce que, bien, le <gouvernement
n'est pas tout ça...
M. Laplatte (Benjamin) :
...on
s'appuie sur ce modèle pour faire cette proposition-là parce que, bien, le >gouvernement
n'est pas tout ça.
M. Lemay : Très bien, merci.
Donc, je cède la parole à mes collègues, qui vont vous entretenir sur d'autres
sujets, notamment sur les laboratoires d'accélération. Ça semblait intéressant.
M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Masson. Je cède maintenant la parole à la députée de Châteauguay.
Mme Gendron : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. Laplatte. Bonjour, M. Normandin. C'est un
plaisir de vous voir ce matin et hier. Vous étiez ici aussi hier. Je tiens à
souligner la qualité de votre mémoire. Vraiment, les schémas, tout ça, rendent
ça très agréable.
En fait, je vais vous amener un peu... Là,
on a frôlé un sujet. J'ai deux questions, la première étant justement la
responsabilité de l'État, en fait, par rapport aux constructions. Comme vous
savez, l'État est propriétaire d'un des plus grands, en fait, plan de
construction ou, en fait, d'immobilier au Québec.
Une voix : ...
Mme Gendron : Exactement. Je
voulais savoir de quelle façon... Vous avez des laboratoires d'accélération. De
quelle façon... Quelles pistes de solution peut-on avoir par rapport au parc
immobilier du Québec? Première question. La deuxième question est encore en
lien avec les laboratoires d'accélération. Je veux savoir sur quel sujet vous
vous penchez et j'aimerais savoir... On a rapidement posé la question, hier,
par rapport aux surplus de l'industrie textile. Est-ce que c'est quelque chose
que vous semblez aller aussi vérifier pour ça?
M. Normandin (Daniel) : Bien,
par rapport à... En tant que propriétaire d'actifs immobiliers, entre autres
d'infrastructures, de façon générale, l'État doit effectivement être exemplaire
au niveau de la circularité de ses infrastructures. Donc, ça veut dire
travailler sur... dès la conception des infrastructures, à ce qu'elles soient
constituées de matériaux qui soient les plus circulaires possible, faire en
sorte que la fin de vie, en fait, soit déjà prévue, même si les bâtiments ou
les infrastructures peuvent durer jusqu'à 150... voire au-delà, s'assurer que
ces infrastructures-là sont construites, sont élaborées pour la circularité. Donc,
ça veut dire que ce qui est déjà bâti... On doit s'assurer que, lorsqu'on
démolit, on... En fait, on ne devrait pas démolir, on devrait déconstruire. On
récupère le maximum de matériaux qu'on peut remettre dans l'économie par la
suite.
Et, au niveau des nouvelles
infrastructures, c'est qu'elles répondent à des critères de circularité qui
soient les plus rigoureux possible. Ces critères-là sont en élaboration en ce
moment. Juste pour vous mentionner, l'ETS est en train de mettre sur pied un
institut qui va se pencher exclusivement là-dessus, environnement bâti,
circulaire et résilient aux changements climatiques, parce que les
infrastructures actuelles ne sont pas résilientes aux changements climatiques,
le sont peu en tant que telles, donc, pour toute nouvelle construction,
s'assurer qu'elle le soit. Donc, on va développer ce savoir-faire-là au cours
des prochaines années, mais on a déjà une expertise en place qui peut être mise
à contribution là-dessus.
Votre deuxième point, c'était...
Mme Gendron : C'était par
rapport à l'industrie du textile, en fait, vous avez...
M. Normandin (Daniel) : Oui, le
textile, bien, en fait, on a un chantier là-dessus. Bon, le textile, c'est
un... en fait, c'est un peu, je dirais, un élément mal connu au niveau des
impacts environnementaux, mais l'impact du textile, à l'échelle internationale,
est extrêmement important. Donc, on a effectivement pour objectif de monter un
laboratoire d'accélération sur ce sujet-là. Même si, au Québec, on a quand même
perdu, au niveau de notre industrie textile, notre capacité de manufacturer de
façon large, de façon importante, en fait, des vêtements, bien, ça reste que
les gisements de cette industrie-là, on les a ici, au Québec. Donc, il faut
faire quelque chose avec. Donc, on a effectivement pour objectif de lancer un
lab d'accélération sur le textile.
La, troisième question, c'était...
Mme Gendron : Il n'y en avait
pas.
M. Normandin (Daniel) : Ah!
d'accord.
M. Laplatte (Benjamin) : Bien,
il y avait peut-être une sous-question, c'est par rapport aux dispositifs.
Évidemment, on s'intéresse à d'autres filières, là, tu sais, telles que les
systèmes bioalimentaires, le déploiement territorial de l'économie circulaire,
la foresterie. Un qui est extrêmement important, là, parce qu'on parle beaucoup
de transition énergétique, mais les minéraux critiques et stratégiques, ce sont
des ressources finies. Il ne faudrait pas faire avec les minéraux critiques et
stratégiques ce qu'on a fait avec les hydrocarbures et s'imaginer que... C'est
une ressource qui est là, et la consommer sans lendemain, ça présente des
enjeux environnementaux qui sont énormes. Voilà, donc, c'est des thématiques
auxquelles, évidemment, on s'intéresse, puis on essaie de faire écho le plus
possible aux grandes priorités et préoccupations gouvernementales.
M. Normandin (Daniel) : D'ailleurs,
juste peut-être pour compléter sur la question des métaux critiques et
stratégiques, il faut changer notre façon de voir ce que c'est, une mine. En
fait, l'extraction de ces métaux-là est extrêmement impactant sur
l'environnement parce que, pour récupérer les faibles concentrations de métaux
et de minéraux qu'on recherche, il faut extraire énormément de matière, à grands
coups d'impacts sur l'environnement, évidemment, et sur la biodiversité de
façon particulière. Alors, il faut changer notre façon de voir les mines et
considérer les mines urbaines comme étant une source importante... Les mines
urbaines, en fait, c'est tous nos produits en fin de vie qui contiennent des
métaux critiques et stratégiques et qui, malheureusement, prennent la voie du
site d'enfouissement. Alors, ça, c'est une pratique qui devrait être stoppée, et,
avant même d'exploiter, en fait, des gisements sous sol, il faudrait exploiter
correctement nos gisements hors sol. Donc, c'est le message que je voulais, ici,
passer.
Mme Gendron : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la <députée. Je cède la parole à la députée d'Argenteuil...
Le Président (M. Jacques) :
...merci,
Mme la >députée. Je cède la parole à la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci. Messieurs,
c'est rafraîchissant de vous entendre. Merci, merci. Je retiens des mots-clés :
préciser nos ambitions collectives, faire des choix. Donc, je suis vraiment
contente que vous ameniez toute cette question-là de l'économie circulaire
parce qu'à mon avis ça répond à des grands principes qu'on s'est donnés
collectivement puis c'est aussi... Vous n'êtes pas sans savoir que, chez nous,
en termes de revitalisation, dans mon comté, c'est le choix qui a été pris, de
faire de l'économie circulaire en fonction des matières recyclables, notamment.
Donc, c'est de la musique à mes oreilles, ce que vous dites. Petite question, en
fait. Vous proposez de travailler, ou d'unir, ou de faire des liens entre les
différents chantiers. Pouvez-vous nous en parler un peu plus?
M. Laplatte (Benjamin) : Alors,
on est conscients qu'il s'agit d'une proposition audacieuse, mais on estime que
c'est aussi peut-être notre rôle de challenger, mais c'est parce que, quand
vous regardez la définition de ces chantiers, puis quand on a une compréhension
réelle de ce qu'est l'économie circulaire et de sa portée, vous allez vous
rendre compte que les objectifs qui vont être visés par ces différents
chantiers convergent, et, à cet égard-là, on estime que la feuille de route en
économie circulaire pourrait être un chantier intégrateur. Et, en disant ça, on
ne remet absolument pas en question la pertinence de ces autres chantiers. Ce
qu'on est en train de dire, c'est qu'on aurait peut-être lieu de faire une
espèce de hiérarchisation, de sorte que... Par exemple, un chantier tel que
celui sur la finance durable est extrêmement important. Il faut intégrer les
normes ESG, etc., mais, de plus en plus, la finance durable est en train de
s'intéresser à l'enjeu de l'économie circulaire.
Donc, pourquoi, à ce moment-là, ne pas
faire converger ces forces pour tenter de les faire travailler sur le même
agenda? Il y a un chantier qui vise la numérisation, tout à fait légitime, mais,
là encore, il y a des enjeux énormes par rapport à la traçabilité des matériaux
ou de ce qu'on consomme, par rapport à l'utilisation de la science des données
pour pouvoir prendre des décisions éclairées. On n'arrête pas de le dire, on a
besoin de la science. On a besoin de la science pour que les gouvernements
puissent prendre les meilleures décisions possible en regard des défis qui nous
occupent. Cette contribution de la science des données, dans un cadre comme
celui de l'économie circulaire, est fondamentale.
Donc, c'est là quelques exemples
d'intégration qui, pour nous, seraient tout à fait, tout à fait légitimes. Ça
ne prive pas que ces autres chantiers ou ces sous-chantiers puissent
s'intéresser aussi à d'autres agendas, mais on essaie d'être conséquents avec
ce qu'on a dit d'entrée de jeu. On n'a plus le temps. Il faut faire des choix.
C'est difficile, mais on n'a plus les moyens de se disperser tous azimuts.
Donc, à un moment donné, travaillons à essayer de faire concentrer les forces, puis
les énergies, et les compétences le plus possible. C'est le sens de notre
message.
Mme Grondin : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : Bonjour. Il me
reste juste une minute, donc ça va être bref. Je voulais savoir... parce qu'à
la page 20 de votre rapport, à la... au jalon 3, finalement, vous
disiez qu'on avait vraiment des filières prioritaires au niveau de l'économie
circulaire. Ça serait quoi?
M. Normandin (Daniel) : Bien,
en fait, c'est celles qui, comme je le disais tantôt, consomment le plus de
ressources et génèrent le plus de déchets. Donc, je pense que, dans les
priorités, il y a le secteur de la construction qu'on a commencé, je dirais, à entamer
à travers notre laboratoire d'accélération, mais le bioalimentaire aussi, les
systèmes alimentaires sont également des grands consommateurs de ressources et
également des grands générateurs de déchets. On pense au gaspillage
alimentaire, mais il n'y a pas que... En fait, tout l'équipement qui est
utilisé en agroalimentaire peut être davantage optimisé au niveau de l'usage.
Donc, ce serait un autre des grands chantiers à...
Le troisième, en fait, c'est tout ce qui
touche les métaux critiques et stratégiques, mais ça vise en même temps une
série de filières différentes. Donc, quand on parle d'électrification des
transports, on a besoin de certains types de matériaux... de métaux et de minéraux.
Lorsqu'on parle, par exemple, des électroménagers ou des produits
électroniques, on a d'autres types de minéraux. Alors, il faut faire un
ensemble de... Il faut adresser... c'est un anglicisme, là, mais il faut
investir un ensemble de filières qui sont des grands consommateurs de ces
métaux critiques et stratégiques.
Donc, ce seraient les trois premiers que je
dirais au départ, mais textile doit venir aussi, foresterie aussi. En fait,
bref, toutes les filières doivent y passer les unes après les autres.
• (12 h 50) •
Mme Bogemans : C'est ça,
mais, en priorité, la construction puis le bioalimentaire?
M. Normandin (Daniel) : Bien,
construction, bioalimentaire, métaux critiques et stratégiques seraient mes
trois premiers, oui, voilà.
Mme Bogemans : Parfait.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Ça met un terme aux échanges avec la partie gouvernementale. Je cède maintenant
la parole à la porte-parole de l'opposition officielle, la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président, et merci d'être avec nous ce matin pour votre mémoire et votre
présentation. Il y a beaucoup <de contenu très intéressant...
Mme McGraw :
...ce
matin, pour votre mémoire et votre présentation. Il y a beaucoup >de
contenu très intéressant. Vos collègues, vous savez, les Prs Webster et Levasseur,
étaient ici hier au sein du Comité consultatif sur les changements climatiques,
et on comprend que... vous l'avez dit très bien, qu'un pont doit être fait
entre la recherche... Puis il me semble que, si je comprends bien, le Québec,
on a vraiment tous les outils au niveau de la recherche, mais il y a un pont
qui doit se créer entre cette recherche et l'application. Il y a comme une
déconnexion, sinon presque une contradiction avec, tu sais, la recherche au
Québec, mais d'être vraiment très en arrière dans nos cibles. Donc, selon vous,
est-ce que la stratégie gouvernementale sur le développement durable qui est
proposée... est-ce qu'elle ne permet pas cette application ou de créer ce
pont-là? Puis qu'est-ce qu'on pourrait ajouter pour créer ce pont essentiel
entre la recherche et l'application?
M. Laplatte (Benjamin) : Oui,
merci pour la question. Peut-être qu'avant de laisser parler mon collègue
Daniel là-dessus on nuancerait peut-être un peu, parce qu'au Québec on est
chanceux. Il y a un fort dialogue social. Il y a plusieurs forums qui existent
pour favoriser ça, et c'est valable aussi en recherche et innovation. Donc, on
ne dit pas, dans notre mémoire, qu'il y a une déconnexion, là, tu sais, entre
la recherche, innovation d'abord et les milieux utilisateurs. En fait, quand on
parle d'économie circulaire, c'est tout le contraire, parce que, depuis
certaines années, au contraire, il y a beaucoup de dispositifs d'accompagnement
d'initiatives qui se font au niveau local, que ce soit au niveau entrepreneurial
ou que ce soit au niveau industriel, à échelle locale ou dans différents
secteurs d'activité économique.
Je dirais, le pont est là, ce qui manque,
en revanche, c'est une direction, une vision et du support pour encourager ce
maillage le plus possible, qui, actuellement, se fait grâce à l'aide de
financement qui peut revenir de RECYC-QUÉBEC, par exemple, ou de certains
programmes du ministère économique, mais, quand on regarde objectivement les
moyens qui sont assortis à ça, ce n'est pas énorme comparativement à ce que le
gouvernement peut investir dans d'autres chantiers au niveau économique. Donc,
c'est plus un problème de moyens qu'un problème de dispositifs.
M. Normandin (Daniel) : Si je
peux me permettre aussi, en fait, oui, il y a quand même de la recherche qui
reste sur les tablettes, là, il ne faut pas se le cacher, mais ce que nous, on
propose souvent, c'est de faire de la recherche collaborative, donc d'impliquer
les acteurs du milieu avec les chercheurs pour cocréer justement les solutions
de manière à optimiser, si on veut, l'appropriation de ces solutions-là. C'est
sûr qu'historiquement l'université, bon, évidemment, on en est. On faisait de
la recherche un peu dans notre tour d'ivoire et, après ça, bon, on essayait de...
on publiait puis on essayait de la pousser, en fait, de temps en temps sur... dans
la société civile, mais, bon, avec un succès relativement mitigé. Cette
approche de recherche collaborative ou recherche-action, elle est essentielle
dans la mise en œuvre d'une stratégie comme celle-là. Si on veut accélérer les
choses, comme l'a dit Benjamin, on n'a plus le temps, on n'a plus le temps
de... On n'a pas le loisir du temps, en fait, pour rencontrer nos cibles de
développement durable.
Mme McGraw : Donc, c'est ça,
vous avez parlé... au tout début, vous avez parlé de courage, de faire des
choix peut-être difficiles parce que, justement, il faut accélérer... il faut
faire des choix difficiles. On n'a pas le loisir du temps. Donc, dans ce
contexte-là, est-ce que vous... Donc, au niveau de la gouvernance, OK, pour
accélérer, justement, parce que, là, si je comprends bien, c'est une question
de volonté, entre autres, politique et de moyens qui vont supporter cette
vision politique puis cette volonté politique, là, donc vous parlez, au niveau
de la gouvernance, d'un comité interministériel du développement durable et un
comité directeur. Est-ce que vous pouvez élaborer là-dessus? Parce
qu'évidemment la gouvernance est très importante là-dedans.
M. Laplatte (Benjamin) : En
fait, il faut distinguer deux choses. La proposition qu'on fait de mettre en
place, là... puis on ne l'appelle pas nécessairement «comité directeur», là, ça,
on laisse cette prérogative-là au gouvernement, mais c'est plutôt un comité-conseil
et un comité de suivi spécifiquement, tu sais, pour la feuille de route en
économie circulaire, ça, c'est un fait, parce que, tu sais, on estime que, si
on veut se rendre efficaces collectivement, il faut mettre toutes les forces à
profit et éviter que le gouvernement travaille de son bord pendant que le
milieu travaille du sien. On souffre un peu trop souvent, là, justement, de ne
pas être capables de créer ces synergies-là. Le pôle de concertation en
économie circulaire est un bel exemple d'initiative où on peut faire converger ces
forces.
Par contre, ce qu'on dit un peu plus tôt dans
notre mémoire, et là ça touche vraiment à la structure <de gouvernance de
la SGDD...
M. Laplatte (Benjamin) :
...dans
notre mémoire, et là ça touche vraiment à la structure >de gouvernance
de la SGDD, qui vise à mettre en place, effectivement, un CIDD pour suivre
l'évolution des résultats des différents ministères et organismes, ça, c'est un
petit peu différent, ce qu'on dit par rapport à ça, c'est que, si le
gouvernement va de l'avant, effectivement, avec ce dispositif spécifiquement
pour suivre la SGDD, il faut absolument que, dans... au sein de la SGDD, bien,
on développe des indicateurs et des cibles qui concernent la circularité de
l'économie québécoise et, à cet égard, on pense que le CIDD ne peut pas faire
l'économie des travaux d'un groupe qui existe déjà. Là, il y a un groupe de
travail interministériel, qui s'appelle le groupe de travail interministériel
en économie circulaire, qui est animé notamment par RECYC-QUÉBEC puis le Bureau
de coordination du développement durable. Il est clair qu'ici, là, il y a un
forum qui devrait définitivement venir influencer les travaux du comité
interministériel sur le développement durable.
Cela dit, quand on a dit tout ça, on
trouve qu'au niveau de la gouvernance il y a peut-être un peu de complexité
puis, dans le système, on n'a pas toutes les solutions, mais, une chose est
certaine, la direction, la vision doit venir de la tête. Donc, ultimement, ça
doit interpeler le Conseil exécutif, et, à cet égard, on estime qu'il y a
peut-être un maillage ou un resserrement des liens entre... à faire entre
tantôt le comité de l'économie et de la transition énergétique, tantôt le comité
ministériel sur l'économie et l'environnement, le Conseil du trésor, le
Secrétariat aux priorités, tu sais, qui va avoir la charge désormais de veiller
à ce que tous les plans stratégiques des ministères et organismes aient une
orientation... bien, des orientations de développement durable.
Quand on vient de dire tout ça, là, je
pense, je vous ai déjà écrasés, c'est peut-être inutilement complexe. On pose
la question, en toute naïveté, s'il n'y aurait pas lieu d'optimiser tout ça, mais,
s'il y avait une chose à retenir, il faut amener l'économie circulaire au
niveau de la gouvernance, au plus haut niveau.
M. Normandin (Daniel) : On
parle d'un changement de société, quand même, hein, un projet de société qui
est important, de réformer un modèle économique. Donc, il faut que ça soit
porté, effectivement, comme le dit Benjamin, au plus haut niveau possible dans
le gouvernement.
Mme McGraw : Merci. Une autre
question, c'est une de vos grandes propositions, c'est le déploiement d'une
feuille de route pour accélérer la transition vers un modèle économique
circulaire au Québec, nommé FREC. C'est dans le jalon n° 2,
je crois. Alors, quel type d'échéancier et de ressources puis à quelle
fréquence ces objectifs deviendraient... devraient être placés pour l'atteindre
dans nos buts? Alors, est-ce que vous pouvez juste nous parler plus de la FREC
et qu'est-ce que ça va prendre pour faire en sorte que ça devienne une réalité?
M. Normandin (Daniel) : Bien,
il y a déjà une réflexion qui est amorcée sur la FREC. Il faut accélérer le
mouvement, effectivement. Il faut se donner une structure pour être capables de
la piloter comme on vient de parler. Montréal vient de sortir la sienne, hein,
aujourd'hui. En fait, c'est une annonce de ce matin, là, Montréal a sorti sa
feuille de route pour commentaires. Montréal, c'est quand même... L'île de
Montréal, là, c'est le quart de la population du Québec.
Donc, ça va probablement avoir un effet
d'entraînement pour le reste. Je pense que c'est important évidemment de
prendre en compte les travaux de la ville de Montréal dans les propres travaux
du Québec par rapport à cette feuille de route, mais, au niveau de
l'échéancier, c'est maintenant, ce n'est pas dans 10 ans, c'est maintenant
qu'on doit la mettre en œuvre. On a tout ce qu'il faut pour le faire. On a...
Les acteurs sont déjà mobilisés à l'échelle du Québec, en tout cas, beaucoup
d'entre eux, autant les citoyens, les entreprises. On a fait une tournée avec
la Fédération des chambres de commerce. On a rencontré plus de
800 entreprises dans 17 régions du Québec.
Donc, il y a déjà un travail qui est
amorcé, de sensibilisation, mais il faut le poursuivre. Ce n'est pas tout, là, mais
je dirais que le plus tôt, le mieux. Moi, ce que je... ce qu'on a... En fait,
ce que j'ai dit tantôt, c'est que, si on se fixe une cible, par exemple, de
doubler la circularité du Québec d'ici la fin de la stratégie actuelle, ça veut
dire qu'il faut faire vite. Donc, moi, mon échéancier, ce serait ça, donc,
doublons la circularité d'ici les cinq prochaines années.
• (13 heures) •
M. Laplatte (Benjamin) : Peut-être
un complément au bénéfice des membres de la commission, si je peux, très vite, en
30 secondes. La feuille de route, en fait, qui est une proposition de la
ville de Montréal pour son agglomération, qui contient des éléments qui sont
vraiment intéressants, soit dit en passant, l'objectif, c'est une conciliation
qui s'amène, à terme, jusqu'en septembre. De pair, si on a bien compris
l'agenda du ministre, les prochains mois vont être consacrés à définir ici les
cibles et les indicateurs dont on va vouloir se doter au niveau de la SGDD. On
pense qu'il y a vraiment un momentum très intéressant, en l'état actuel des
choses, pour pouvoir dire : OK, dans les prochains mois, on les met à
profit, là. On a un an pour faire le travail et le faire correctement.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Nous allons poursuivre nos discussions avec la porte-parole du deuxième groupe
d'opposition, la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci, M. le
Président. Merci pour la présentation. J'aimerais vous entendre un peu plus sur
votre <recommandation...
>
13 h (version révisée)
<19263
Mme
Zaga Mendez :
...M.
le Président. Merci pour la
présentation. J'aimerais vous entendre un peu plus sur votre >recommandation
concernant l'écofiscalité. Hier, on entendait des experts en sciences
climatiques, notre comité consultatif qui nous disait qu'on a un retard à
rattraper. Je voulais vous entendre, si vous partagez le même avis.
M. Normandin (Daniel) : L'écofiscalité,
en fait, c'est essentiel dans une économie circulaire, en fait, c'est essentiel
dans toute économie. En ce moment, on ne paie pas le vrai prix des ressources,
donc les impacts environnementaux et sociaux ne sont pas intégrés, internalisés
dans le coût des ressources, et ça fait en sorte qu'on les gaspille, hein, ce
qu'on ne paie peu ou ce qu'on ne paie pas, en fait. Pensez à l'eau, là, on a
tendance à la gaspiller. Donc, l'idée de l'écofiscalité, c'est... justement, c'est
d'internaliser le coût social, le coût environnemental en plus du coût
économique dans le prix des ressources.
Il y a plusieurs experts, en fait, qui pensent
que, si on le faisait, en fait, l'économie deviendrait probablement
automatiquement circulaire. Bon, évidemment, c'est un immense chantier, là, d'intégrer
ou d'internaliser ces éléments-là dans le coût des ressources parce que ça...
évidemment, on n'est pas... on n'est pas autarciques au Québec, là, on a des
chaînes de valeur qui dépassent nos frontières, donc, avec des accords
commerciaux avec le reste du Canada, mais aussi le reste du monde. Donc, il
faut prendre en compte ces éléments-là. Mais, ceci étant dit, je pense que l'écofiscalité
doit être un chantier, en fait, faire partie du chantier, en fait, donc, je
dirais que ça doit être un travail qui s'effectue en parallèle de l'établissement
de la feuille de route pour faire en sorte qu'éventuellement on arrête de
mettre des patchs pour essayer de circulariser l'économie, mais qu'on a
vraiment des signaux très forts qui nous proviennent, donc, de ce qu'on
consomme, donc des ressources, éventuellement, qui sont transformées en
produits puis éventuellement en ressources en fin de cycle qu'on peut remettre
dans le système économique. Alors, oui, la question, c'est... écofiscalité, absolument.
Mme Zaga Mendez : Puis, en
lien avec mettre au centre le principe de circularité, mais aussi la contrainte
climatique, quel est votre avis par rapport à avoir des analyses climatiques
pour des projets gouvernementaux ou des analyses de circularité?
M. Laplatte (Benjamin) : C'est
une question intéressante parce que c'est sûr que le temps passe, puis il y a
eu la pandémie, puis on oublie, là, mais, lors de la révision de la Loi sur la
qualité de l'environnement, cette question-là s'est posée, là, à savoir, bien,
est-ce qu'on n'est pas rendus à devoir faire un examen objectif, là, de l'empreinte
carbone de certains... de certains projets industriels ou autres. Et il y a eu
des... bien, bien, bien des débats là-dessus, mais pour dire : Bon, tu
sais, si on investit là-dedans... je veux dire, tu sais, c'est... oui, tu sais,
il y a un retour sur investissement qu'on mesure à grands coups d'indicateurs
socioéconomiques, et tout, mais on oublie, dans le calcul, là, le coût
environnemental de cet investissement. Ça fait qu'il y a définitivement de la
place pour ça, et on a, grâce à la science aujourd'hui, là, la capacité de
faire ces évaluations-là. C'est quelque chose qui, véritablement, devrait être...
devrait être systématisé le plus possible.
M. Normandin (Daniel) : Juste
en complément, dans les études d'experts, en fait, il est impossible de
rencontrer nos cibles climatiques et de préserver la biodiversité si on ne circularise
pas l'économie, impossible.
Mme Zaga Mendez : Impossible.
Bien, je vous remercie.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Merci, MM. Normandin et Laplatte. Vaste programme, celui que
vous nous présentez aujourd'hui, surtout qu'on part à 3,5 %, c'est un peu
décourageant. Ça me fait un peu penser à la nouvelle de la semaine dernière où,
lorsqu'on parlait de la politique de gestion des matières résiduelles, bien,
plutôt que se rapprocher de notre objectif, bien, c'est l'inverse qui se
produit.
Alors, j'aimerais savoir... Vous demeurez
optimistes, et c'est tout à votre honneur, on veut partager cet optimisme-là.
Mais je veux revenir sur une question précise où vous dites que c'est l'occasion,
en adoptant une feuille de route, de corriger plusieurs lacunes du Plan pour
une économie verte. Est-ce que vous voulez élaborer un peu là-dessus?
M. Laplatte (Benjamin) : Peut-être
une réponse à deux volets, parce que vous avez fait référence à la nouvelle qu'on
a tous vu passer la semaine dernière, mais on vous inviterait peut-être à
reprendre connaissance, si vous n'avez pas eu la chance, là, mais du rapport du
BAPE sur les résidus ultimes, qui amène vraiment des propositions... des propositions
intéressantes à cet égard puis notamment à l'égard de la mission de RECYC-QUÉBEC,
etc., il y a des choses vraiment très intéressantes là-dedans. Et le rapport du
BAPE positionne justement toute l'importance, là, de mettre en... de prioriser
le modèle d'économie circulaire spécifiquement sur cet enjeu.
Ensuite, par rapport aux autres politiques
publiques auxquelles vous faites référence, le PEV en est une, il y en a d'autres
qui sont listées dans notre mémoire, ce qu'on voit depuis les dernières années,
c'est des ministères qui s'intéressent de plus en plus à l'économie circulaire,
et on le salue. Il y a des mesures dans ces différentes stratégies, programmes
et politiques, mais, quand tu les analyses objectivement, c'est ce que je... on
disait plus tôt, les moyens ne suivent pas nécessairement en termes de... en
termes d'investissements. Et, dans le PEV, il y a des choses qui sont
intéressantes, mais qui touchent, par exemple, là, j'y vais un petit peu de
mémoire, là, tu sais, mais les bioénergies, l'hydrogène vert, la <valorisation...
M. Laplatte (Benjamin) :
...j'y
vais un petit peu de mémoire, là, tu sais, mais les bioénergies, l'hydrogène
vert, la >valorisation des matières organiques. C'est très intéressant,
mais souvent on va s'intéresser à des stratégies de fin de vie, c'est-à-dire
qu'est-ce qu'on fait avec nos résidus puis... pour les réintroduire et leur
donner une valeur économique. C'est superintéressant, mais c'est très réducteur.
Donc, on pense qu'on peut être beaucoup plus ambitieux à cet égard-là. Puis,
comme ça a été dit par la commission hier, l'économie circulaire fait partie
intégrante des solutions qui vont nous amener vers la décarbonisation de notre
économie. Donc, à cet égard, le PEV devrait en tenir compte.
M. Arseneau : D'accord. Mais
est-ce que vous n'avez pas l'impression qu'on utilise, là, justement,
l'expression, là, «économie circulaire» un petit peu partout, là, on émaille
nos documents de ce thème-là, puis, finalement, c'est un mot à la mode, puis
que, finalement, on n'y travaille pas sérieusement? Et est-ce que la population
comprend vraiment, là, que, si on fait un parallèle, par exemple, aux
changements climatiques, à l'urgence climatique, que, bien, évidemment,
l'économie circulaire, il y a encore de la sensibilisation à faire?
M. Normandin (Daniel) : Absolument,
énormément, puis il y a des enjeux de dérive, absolument. On l'a vu avec tout
ce qui touche le vert, en fait, ou le développement durable en tant que tel. À
un moment donné, on plantait un arbre, on créait une job, on faisait du
développement durable. Donc, c'est devenu... Ça fait 30 ans qu'on en fait,
du développement durable, on n'a pas progressé, on n'a... oui, on n'a pas
progressé du tout. Alors, il faut effectivement faire attention avec ce genre
de dérive là, l'économie circulaire devient effectivement un thème qui est à la
mode. Je n'aime pas ce mot-là, là, mais... Donc, il faut faire attention aux
dérives. Et il y a effectivement encore une... puis on le propose dans nos
jalons, là, une vaste campagne de sensibilisation-formation pour, évidemment,
faire en sorte que tous les acteurs de la société soient impliqués dans la...
Le Président (M. Jacques) : Merci
pour votre contribution aux travaux. Fort intéressant.
Et nous suspendons nos travaux jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 08)
13 h 30 (version révisée)
(Reprise à 14 h 01)
Le Président (M. Jacques) : Bonjour.
La Commission des transports et de l'environnementreprend ses travaux. Nous
poursuivons les consultations particulières et auditions publiques sur le
projet de stratégie gouvernementale de développement durable 2023‑2028.
Cet après-midi, nous entendrons les
organismes suivants : Nature Québec et Fonds d'action québécois pour le
développement durable.
Je souhaite la bienvenue aux <représentants...
>
14 h (version révisée)
<17937
Le
Président (M. Jacques) :
...Québec et RFonds d'action québécois
pour le développement durable.
Je souhaite la bienvenue aux >représentants
de Nature Québec et je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé, après quoi nous procéderons à la période des échanges avec les
membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et faire votre
présentation. Merci.
Nature Québec
Mme Vallières-Léveillé (Emmanuelle) :
Bonjour, M. le Président. Mmes et MM. les députés et membres de la
commission. Nature Québec vous remercie de l'invitation à participer à la
présente commission.
Je me présente, Emmanuelle
Vallières-Léveillé, je suis coordonnatrice des projets Biodiversité et Forêt
chez Nature Québec. Je suis accompagnée aujourd'hui de trois de mes collègues
que je présente rapidement : Anne-Céline Guyon, chargée de projets,
experte Climat; Emmanuelle Rancourt, également chargée de projets, experte pour
Énergie et biomasse; et Hubert Fortin ici, chargé de projets, programme Milieux
de vie en santé.
Avant de vous présenter nos remarques et
recommandations concernant le projet de Stratégie gouvernementale de
développement durable 2023‑2028, je vous présente mes excuses, au nom du
directeur général par intérim de Nature Québec, Cyril Frazao, qui ne peut
participer aux présentes auditions en raison d'un empêchement. De plus, face à
des délais serrés, nous n'avons pas fait parvenir de mémoire avant notre
participation. Cependant, nous vous ferons parvenir un résumé de nos
commentaires suite à notre... suite à notre passage aujourd'hui.
Donc, alors, pour commencer, nous
souhaitons souligner quelques éléments d'ordre général. Dans ses prises de
position, Nature Québec se base sur la science, et, concernant les changements
climatiques et la crise de la biodiversité, les scientifiques de l'IPBES et du
GIEC nous disent qu'il faut accélérer le pas, il faut opérer des changements
systémiques et adresser les causes profondes de ces crises.
Malgré l'engagement du Québec dans le programme 2030
de l'ONU, dont découle la Stratégie gouvernementale de développement durable,
nous devons malheureusement constater que le développement durable n'a pas
rempli toutes ses promesses. Malgré certains efforts mis en place à l'échelle
mondiale et domestique, il est clair que le développement durable n'a pas
permis de répondre adéquatement aux crises environnementales et sociales, ces
dernières continuant de s'aggraver, remettant en cause la survie même de l'humanité.
Comme plusieurs d'entre vous, Nature
Québec était présent, en décembre dernier à la COP15 et lors du lancement de l'Appel
de Montréal, afin d'appuyer l'importance de s'attaquer d'urgence aux causes
sous-jacentes qui sont communes à la crise de la biodiversité et celle du
changement climatique. Nous tenons d'ailleurs à souligner positivement le fait
que le gouvernement du Québec ait endossé cet appel et, par le fait même, s'est
engagé à poursuivre le dialogue quant aux causes sous-jacentes et aux vraies
solutions à mettre en œuvre pour y faire face.
C'est dans cette perspective que nous nous
demandons si le projet de stratégie permet au Québec de répondre à cette
urgence. Nous croyons qu'il y a un réel besoin, en parallèle d'une stratégie de
développement durable, d'avoir une stratégie nationale sur la biodiversité afin
d'adresser adéquatement cette crise qui met en péril notre qualité de vie,
incluant notre économie. Nous tenons également à saluer le lien entre la crise
climatique et la crise de la biodiversité, fait dans le projet de stratégie,
tout comme l'ajout du volet santé.
Ensuite, à l'instar des recommandations du
rapport du Commissaire au développement durable pour l'année 2020‑2021
ainsi que d'autres groupes qui ont participé aux présentes consultations avant
nous, les objectifs de la nouvelle stratégie devraient être précis et
accompagnés de cibles quantifiées ainsi que d'échéances. Par exemple, lorsqu'on
parle de bonifier et pérenniser le réseau d'aires protégées, on pourrait
accoler la cible de 30 %, puisque le gouvernement s'est déjà engagé à l'atteindre.
Ensuite, nous croyons que la stratégie
manque de références aux principes de la Loi sur le développement durable.
Plusieurs de ces principes sont pourtant très pertinents, nous n'en nommerons
que trois : le principe e, portant sur la participation et l'engagement,
visant, entre autres, à définir une vision concertée du développement; le
principe g, portant sur la subsidiarité, qui vise essentiellement la
délégation de la prise de décision à l'autorité la plus appropriée, donc
souvent plus près des citoyens; et, pour terminer, le principe m, portant
sur le respect de la capacité de support des écosystèmes.
Il est pertinent de se rappeler ces
principes aujourd'hui, à la suite de l'entérinement des cibles de 30 % de
protection et de 30 % de restauration de la nature et à la veille des
consultations sur la Stratégie pour les caribous forestiers et montagnards.
Entre le respect de ses engagements en
faveur de la nature et son désir de développer les minéraux critiques et
stratégiques, en plus de devoir répondre à la demande grandissante en
hydroélectricité, nous croyons pertinent que les principes de développement
durable du gouvernement du Québec apparaissent dans la stratégie afin de guider
l'administration publique et l'action politique.
Pour la suite de nos commentaires, je
laisserais la parole à Anne-Céline Guyon.
Mme Guyon (Anne-Céline) : Bonjour,
M. le Président et membres de la commission. Notre premier commentaire porte
sur la place de l'économie dans la présente <stratégie...
Mme Guyon (Anne-Céline) :
Notre
premier commentaire porte sur la place de l'économie dans la présente >stratégie.
Selon Nature Québec, le fait même que la première orientation soit axée sur
l'économie verte et l'innovation pour les entreprises fait en sorte qu'encore
une fois c'est l'économie qui est mise de l'avant, ayant préséance sur tout le
reste. Pourtant, c'est d'écosystèmes en santé dont dépend notre qualité de vie.
C'est pourquoi nous aurions aimé voir comme première orientation la
conservation de la nature et que l'économie soit ramenée à sa place, soit comme
un moyen et non comme une fin en soi.
De plus, la stratégie mériterait de se
distancer du regard anthropocentrique que l'on pose sur la nature et
reconnaître sa valeur intrinsèque au-delà des bienfaits qu'elle nous offre.
Aussi, si dans l'orientation 3 est
nommé que la transition socioécologique réfère à un modèle... au passage
nécessaire vers un modèle de développement respectueux de la capacité de
support des écosystèmes, il n'en demeure pas moins que la stratégie repose
encore trop sur un modèle de croissance économique où on parle de soutenir,
favoriser et encourager, mais à aucun moment n'est évoqué le fait qu'il va
falloir urgemment entamer un travail de réduction, réduire notre consommation
énergétique, réduire l'apport de matières premières dans nos systèmes de
production et réduire notre niveau de consommation.
Deuxième commentaire, concernant le
processus de participation, nous soulignons positivement la volonté d'assurer
une transition socioécologique juste en favorisant la participation de toutes
et tous au développement durable du Québec. Nous ne pouvons que souscrire au
fait que la transition écologique doit être porteuse de justice sociale. Et les
meilleurs moyens d'y parvenir sont premièrement de reconnaître les impacts
différenciés des crises sur les différents segments de la population, entre
autres les populations les plus vulnérables, les femmes, les premiers peuples
et les personnes issues de la diversité; deuxièmement, de permettre à ces
derniers d'être adéquatement représentés et de participer de façon pleine et
entière aux prises de décision concernant la transition socioécologique; et
enfin, concernant spécifiquement les travailleurs et travailleuses, il ne
suffit pas de les encourager à se diriger vers des emplois verts, mais aussi
d'accompagner ceux qui sont dans des secteurs problématiques à en sortir en les
incluant aux tables de discussion et de décision, comme, par exemple, dans le
dossier du caribou et du secteur forestier.
En ce sens, il nous semble important de
dire que le processus de consultation de la présente stratégie a échoué à favoriser
cette participation pleine et entière de toutes et tous. Toutefois, l'annonce
par le premier ministre d'une consultation publique sur l'avenir énergétique du
Québec sera une occasion concrète de se reprendre et d'appliquer ces principes.
C'est pourquoi nous appuyons la demande faite par nos collègues d'Équiterre de
tenir un BAPE générique, seul processus qui permettra la participation de tous
les secteurs de la société civile québécoise sur un enjeu aussi complexe et
aussi structurant pour l'avenir du Québec.
Troisième commentaire sur le développement
des activités durables, concernant le développement durable des collectivités,
tous les points abordés dans la stratégie sont évidemment intéressants, mais
rien ne bougera tant qu'on ne réformera pas la fiscalité municipale et tant
qu'on ne modernisera pas la Loi sur l'expropriation.
De plus, nous ne pouvons nous empêcher de
souligner que, s'il est écrit noir sur blanc la volonté d'accélérer la
transition vers une mobilité durable en augmentant la part modale des
déplacements actifs et collectifs tout en réduisant l'intensité énergétique du
transport de personnes et des marchandises, nous sommes présentement en train
de faire exactement le contraire en continuant de sous-financer ces modes de
transport et en refusant de se doter d'outils tels que des redevances sur les
véhicules énergivores. Nous appelons donc le gouvernement à davantage de
cohérence.
Enfin, dernier commentaire sur
l'exemplarité de l'État. Nature Québec considère que viser l'exemplarité de
l'État est non seulement nécessaire, mais obligatoire, et doit commencer au
plus haut niveau de l'appareil d'État. En ce sens, nous sommes très inquiets
des constats déposés par la Commissaire au développement durable quant au
désengagement des hauts dirigeants envers leur participation aux différents
comités de la stratégie de développement durable.
Nous ne pouvons donc qu'enjoindre la commission
à prendre sérieusement en compte les avertissements de la commissaire avant
l'entrée en vigueur même de la présente stratégie. Et nous appuyons également
la proposition d'assujettir les réseaux parapublics à la Loi sur le
développement durable.
• (14 h 10) •
Concernant l'objectif 5.3 sur
l'investissement durable, nous vous invitons aussi à ce que la stratégie aborde
également le retrait et l'interdiction dans des activités néfastes. En cela,
vous répondriez par le fait même aux cibles 7 et 18 de l'accord Kunming-Montréal
et aussi de l'Accord de Paris.
Enfin, pour finir sur l'exemplarité de
l'État, sortir le gaz naturel du parc immobilier est non seulement essentiel,
mais devrait être obligatoire.
Conclusion, nous voudrions souligner aussi
que les choix des... le choix des mots est également important. Tout au long
des actions proposées, les verbes d'action choisis manquent de mordant. Au lieu
de formulations telles que «il est souhaité que», «nous invitons à», le temps
est venu d'exiger et d'obliger. L'urgence l'exige.
Merci, mesdames et messieurs. Nous sommes
maintenant prêts à prendre vos questions.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre présentation. Nous allons maintenant débuter les échanges
avec la députée... Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Bonjour,
mesdames monsieur. Merci pour votre <contribution...
Le Président (M. Jacques) :
...échange
avec la députée...
Mme la députée
d'Argenteuil.
Mme Grondin : Bonjour,
mesdames monsieur. Merci pour votre >contribution. Par rapport à tous
les autres ou plusieurs autres intervenants, vous y allez assez fort, c'est
tout à votre honneur.
Moi, j'aimerais ça qu'on se concentre,
parce que vous avez retenu... dans le cadre des principes de développement
durable, là, des 16 principes, vous nous amenez vers trois grands
principes que vous aimeriez... pour lesquels on devrait porter une attention
particulière, soit la participation citoyenne, le principe de subsidiarité, le
respect de la capacité de support des écosystèmes.
Moi, vous allez m'excuser, mais je vais me
concentrer sur l'orientation 2, qui est la nature. Nature Québec, j'ai
l'impression que c'est un peu aussi votre expertise. Évidemment, vous avez
mentionné des grands exemples qu'on connaît tous, l'histoire des caribous, le
secteur forestier.
Outre ça, parce que je connais certains de
vos projets que vous pilotez, en termes de cibles et d'indicateurs, quand on
tombe en termes de participation citoyenne, de subsidiarité, donc, ce que vous
pensez d'élargir, la stratégie au niveau des municipalités, l'exercice de
comment on fait pour respecter la capacité de support des écosystèmes, est-ce
que vous pouvez nous dire si vous avez des cibles plus précises, outre le
30 % dans le Sud, de protection? Est-ce qu'il y a des indicateurs que vous
pourriez nous proposer qui nous aideraient à atteindre les objectifs qui sont
identifiés à l'orientation 2?
Mme Vallières-Léveillé (Emmanuelle) :
Dans le cadre du présent exercice, on ne s'est pas penché dans ce détail-là
au niveau des indicateurs. Cependant, peut-être un petit mot sur la capacité de
support des écosystèmes. Notre point, c'est que, quand on a des grands choix de
société, comme, par exemple... on a mentionné le caribou, il faut agir pour le
caribou, c'est clair, il faut des actions concrètes, je pense que c'est assez
un consensus, là. Par contre, l'idée, c'est de... parce qu'actuellement on voit
que la première pression, c'est le secteur forestier, sur les caribous. Quand
on voit que les populations de caribou déclinent, on ne peut pas dire qu'on
respecte la capacité de support des écosystèmes à ce moment-là.
Puis on voulait amener le message qu'il
faut aussi accompagner dans une transition juste les communautés forestières,
par exemple, dans ce cas précis là. Donc, pour nous, c'est un point qu'on
voulait souligner. Mais, pour les indicateurs précisément, on n'a pas été dans
le détail, là. Tu veux réagir?
M. Fortin (Hubert) : Oui, si
je peux me permettre, je pense, c'est ça, on ne rentrera pas nécessairement
spécifiquement dans les indicateurs, mais, clairement, je regardais justement
l'objectif 4.3, qui est de bâtir des collectivités dynamiques et
innovantes, puis on calcule ça avec l'indice de vitalité économique, tu sais,
c'est assez réducteur, on parle d'un indice mais qui est strictement
économique.
Nous, ce qu'on dit, c'est que ce qu'on
doit faire, c'est plus prendre des indicateurs qui sont reliés au mieux-être
humain puis qui sont reliés à l'environnement, puis dans le mieux-être humain
va peut-être s'intégrer l'économie, là, mais c'est vers ça qu'on devrait
s'orienter. Puis l'IRIS, par exemple, a proposé différents... qui est l'Institut
de recherche et d'informations socioéconomiques, en a proposé différents,
indicateurs. Il y a beaucoup de littérature à ce sujet-là, notamment G15+, qui
était là, à la commission, avant nous aussi, ça fait partie un peu de ce qu'ils
ont recommandé dans leur mémoire, je crois, donc que la société québécoise soit
une des premières en Amérique du Nord à s'être basée sur le bien-être.
Donc, je pense que c'est vraiment ça, là, l'idée,
c'est plus ça qui ressort. Après ça, ce n'est pas vraiment à nous de définir,
je pense, lesquels sont... c'est plus à la science de voir, avec les limites
planétaires, c'est jusqu'où on peut aller puis c'est quoi, les indicateurs.
Mme Grondin : Puis merci, là,
parce qu'effectivement j'ai tendance à vouloir tenter de... pour les gens qui
nous écoutent, mais, pour la compréhension de tous puis susciter l'intelligence
collective, j'essaie de rendre les choses un peu plus concrètes. Tu sais, on
est beaucoup dans une stratégie, des orientations, mais, concrètement, ça mange
quoi en hiver? Ça fait que... mais je comprends que ce n'est pas le travail que
vous avez fait, de dire : On va identifier des cibles très concrètes ou
des indicateurs. Je suis contente d'entendre que vous ramenez la question du
bien-être comme peut-être visé, en termes d'indications... d'indicateurs.
Parlez-moi de... Il y a plusieurs
intervenants qui nous ont parlé à travers l'économie, même si c'est la première
orientation, on pourrait en débattre <pendant...
Mme Grondin :
...nous
ont parlé à travers l'économie, même si c'est la première orientation, on
pourrait en débattre >pendant des jours, mais il reste que c'est... et
vous l'avez dit, hein, c'est au cœur aussi d'une société, là, toute la question
économique. Parlez-moi de ce que vous pensez des mesures écofiscales. Est-ce
que c'est quelque chose...
Mme Guyon (Anne-Céline) : Bien,
l'écofiscalité, évidemment, c'est certain qu'il faut mettre en place des
mesures écofiscales, mais il faut absolument les compléter, en fait, faire en
sorte qu'elles soient justes, donc une écofiscalité notamment progressive, pour
s'assurer, encore une fois, de remplir le pôle social du développement durable.
On a trop tendance à l'oublier.
Donc, pour nous, c'est essentiel de faire
en sorte que les mesures d'écofiscalité, qu'on sous-estime de manière générale
au Québec, alors qu'on pourrait avoir énormément de pouvoir en les mettant en
place, se fassent de manière véritablement aussi à ce qu'elles permettent de
réduire les inégalités sociales au Québec et non pas qu'elles les accentuent.
Parce que des mesures d'écofiscalité mal pensées pourraient véritablement venir
accentuer les problématiques sociales plutôt que de venir y répondre. Donc, ça,
c'est essentiel, à notre avis, d'avoir la notion d'écofiscalité juste.
Mme Grondin : Intéressant.
Merci. Peut-être dernière question, je ne sais pas, M. le Président, est-ce
qu'il y a... oui, dernière question. Il y a plusieurs intervenants... Et je
vous avoue que je suis un peu d'accord avec cette... pas cette tendance, mais
on a une urgence en termes de changements climatiques, on a de grands défis
dans tous les domaines, que ce soit au niveau de la santé, la pénurie de
main-d'œuvre, l'éducation, la nature, et donc le constat est qu'on a une
stratégie, une loi depuis 2006, une stratégie, on est à la troisième version,
là, si je me rappelle bien, et le constat du commissaire est qu'on n'avance
peut-être pas aussi vite qu'on voudrait tous faire arriver. Et donc une des
approches qui est proposée dans cette stratégie-là, c'est d'en faire des... de
faire des choix. C'est ce que plusieurs intervenants nous ont dit. On ne peut
pas tirer sur tous les lapins, là, on va choisir, et donc c'est l'exercice qui
a été fait dans le cadre de la stratégie.
Je nous ramène aux orientations. Est-ce
qu'à travers les échanges qu'on a et la lecture de certaines positions que vous
prenez, est-ce qu'on peut s'entendre que les orientations qui sont choisies
dans cette stratégie-là sont intéressantes? Certes, peut-être qu'on n'exige pas
tellement, mais est-ce qu'au moins en termes d'orientations on s'entend que
c'est des bonnes orientations?
• (14 h 20) •
Mme Guyon (Anne-Céline) : Je
pense que les orientations sont bonnes, mais ne se sont peut-être pas
développées... certaines sont peut-être déficientes par rapport à d'autres.
Encore une fois, on voit, dans la première orientation, une vraie volonté de
nous amener vers une économie plus durable et responsable, mais, encore une
fois, on le fait malheureusement trop en incitant... en voulant déplacer des
choses, des capitaux, par exemple, etc., mais on oublie complètement le côté de
dire : Il va falloir qu'on se pose les réelles questions en tant que
société québécoise, qu'est-ce qu'on doit développer, puis qu'est-ce qu'on doit
arrêter de développer, voire même, des fois, qu'est-ce qu'on doit complètement
changer en termes de paradigme, tu sais. Cette réflexion-là, on ne l'a pas. Or,
c'est celle-là qui est essentielle.
On sort d'une COP15 qui est venue nous
mettre vraiment en pleine face le fait qu'on n'est pas juste en crise
climatique, mais on est aussi en crise de la biodiversité. Et là on se trouve
face à un momentum où on se rend compte que ce n'est pas juste une question de
switch énergétique, notamment de passer des énergies fossiles aux énergies
renouvelables, mais que les énergies renouvelables aussi peuvent avoir des
impacts au niveau de la crise de la biodiversité. Et on a des vrais enjeux à
venir faire en sorte que les réponses à l'une ne viennent pas aggraver l'autre.
Et c'est notamment le cas dans le secteur minier, notamment, où il va falloir
qu'on se pose des vraies questions et qu'on prenne peut-être un pas de recul
avec un moratoire, le temps de revoir certains éléments de la loi sur le régime
minier. Donc, c'est le genre d'éléments qu'il faut <regarder...
Mme Guyon (Anne-Céline) :
...de
revoir certains éléments de la loi sur le régime minier. Donc, c'est le genre
d'éléments qu'il faut >regarder et travailler.
Je suis complètement d'accord sur le fait
de travailler de manière structurante et d'y aller peut-être avec des premières
mesures où on sait qu'on va poser les bons gestes et pas qu'on ne sera pas à
rétropédaler par la suite en corrigeant des erreurs qu'on aurait très bien pu
éviter dès le départ. Parce qu'on sait, à l'heure actuelle, ce qu'il faut
faire, on n'en est plus trop à se poser des questions, on en est beaucoup à
l'action.
Mme Grondin : Les
intervenants avant vous, qui sont spécialisés dans tout ce qui est économie
circulaire, nous proposent justement de mettre l'emphase sur ce grand défi là de
l'économie circulaire. Parce que, dans le fond, le message qui est derrière, ça
rejoint un peu... est-ce que je me trompe, ce que vous... de réduire la
consommation, de profiter de ce qu'on a déjà produit avant d'aller chercher du
nouveau? C'est un peu ça, en gros, là, je résume pour les enfants, mais je
pense que c'est important. Et donc est-ce que c'est le genre de proposition
qui, à travers l'orientation économique, notamment, est quelque chose qui vous
intéresse?
Mme Guyon (Anne-Céline) : L'économie
circulaire, oui, c'est certain. Maintenant, l'économie circulaire, il va
falloir faire attention à ce qu'elle ne vienne pas verrouiller aussi la
production de certains déchets des uns pour être obligé de fournir d'autres qui
vont s'en servir. Vous me voyez venir, évidemment, avec toute la question du
gaspillage alimentaire, par exemple, qui alimenterait d'éventuelles usines de
biométhanisation pour produire du GNR, pour venir chauffer ou alimenter des
processus industriels. Il y a des limites à ça, c'est-à-dire qu'on ne va pas
faire exprès de produire trop de déchets alimentaires pour pouvoir après venir
produire du GNR. Et c'est vrai pour beaucoup de choses. C'est vrai aussi pour
les ressources naturelles.
C'est pour ça qu'encore une fois il va
falloir qu'avant tout on se pose la question de qu'est-ce qu'on veut continuer
à développer au Québec versus ce dont on peut se passer et surtout qu'est-ce
qu'on peut réduire. Il faut réduire tout à la source à la base. Et ce
travail-là, malheureusement, on ne le fait pas encore assez dans notre
réflexion.
Mme Grondin : ...des
collègues qui souhaitent poursuivre? Oui? Merci. Je vais laisser la chance à
mes collègues d'intervenir.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : Merci
beaucoup, M. le Président. Moi, en fait, au niveau du gaz naturel, vous avez
dit que vous, vous souhaitiez vraiment une transition complète dans le but de
l'éliminer à 100 %, donc ça veut dire que vous n'êtes pas nécessairement
en faveur des GNR.
Mme Guyon (Anne-Céline) : Le GNR,
malheureusement, est, à l'heure actuelle, beaucoup utilisé pour justifier
l'accroissement du réseau gazier au Québec. Et, encore une fois, on est face à
une forme de verrouillage de son utilisation. Or, concrètement, la science nous
le dit, la production de GNR au Québec, ce sera très difficile de dépasser un
5 %, grand maximum, peut-être un 10 % d'utilisation de GNR dans les
gazoducs. Et, pendant ce temps-là, tout le reste, ça va être du gaz et, pour la
plupart, du gaz issu de fracturation, issu des États-Unis. Donc, le GNR, c'est...
Et je pense que c'est une vision qu'on doit avoir, et ma collègue Emmanuelle
pourra compléter, de manière générale, l'énergie, et je ne parle pas juste du
GNR, l'énergie, il va falloir la penser de manière locale. Ça va être des
sources de production locales, à petite échelle et surtout proches de leurs
sources de consommation, on n'est plus... et ça va être la bonne énergie au bon
endroit. Certaines sources énergétiques vont être vraies pour certaines régions
puis pas pour d'autres. Et donc c'est là aussi où ça va être extrêmement
important d'avoir des dialogues sociaux à l'échelle régionale pour inclure tous
les acteurs locaux autour des transitions écologiques et sociales régionales.
Mme Bogemans : OK. Puis vers
quelle source de transition d'énergie vous voudriez passer? Parce que, là, si
on n'utilise pas le gaz naturel, qu'est-ce qu'on utilise en ce moment?
Mme Rancourt (Emmanuelle) : Oui.
Bien, nous, on travaille quand même beaucoup dans le domaine de la biomasse
forestière résiduelle, qui est un des intrants qui est mentionné quand même
souvent, là, pour le GNR. Par contre, quand on l'utilise pour la chauffe
directe, il y a moins de transformation, il y a moins de besoins d'apports
énergétiques, donc le rendement énergétique est toujours plus élevé. Donc,
comme ma collègue disait...
Mme Bogemans : Excuse-moi,
c'est juste... vous voulez dire comme le brûler en granules, par exemple?
Est-ce que c'est ce que vous voulez dire?
Mme Rancourt (Emmanuelle) : Comme
des granules, comme des plaquettes, c'est ça, mais nous, on parle vraiment à
une échelle locale circulaire. Donc, souvent, tu sais, on parle... une municipalité
qui a quelques bâtiments reliés à un système de chaleur <central...
Mme Rancourt (Emmanuelle) :
Donc,
souvent, tu sais, on parle... une
municipalité qui a
quelques
bâtiments reliés à un
système de chaleur >central s'alimente de
la petite scierie du coin, tout ça, là. Donc, on parle d'une échelle vraiment
locale, régionale. Je sais que ça se fait beaucoup, des granules, tout ça, pour
l'exportation, puis on a vu vraiment, là aussi, ce qui s'est passé... je ne
sais pas si vous êtes au courant, en Colombie-Britannique, il y a eu un peu une
polémique de ce côté-là, donc on n'est pas à cette échelle-là du tout. Nous, on
parle des petits projets où est-ce que, un peu la circularité, là, les résidus
forestiers d'une industrie peuvent ensuite être valorisés d'une autre façon.
Donc, c'est souvent pour des bâtiments institutionnels, pour certaines
industries. Il y a quand même beaucoup d'applications à cette énergie-là. Donc,
c'est un peu vers ça qu'on veut recommander, là, en remplacement du gaz.
Mme Bogemans : Bien, c'est
certain que ça fait beaucoup de sens dans un... parce qu'en fait on n'utilise
pas non plus d'électricité pour chauffer quand on utilise ces granules-là, là,
c'est quelque chose à considérer, définitivement. Mais, au niveau de la
création de GNR, comme, par exemple, avec la transformation... tu sais, tantôt
on parlait carrément de vidanges ou de lisier, de fumier, par exemple, ça...
Parce que, là, en ce moment, on est à peine à 1 % de GNR, là, tu sais,
puis, en 2030, à 10 %, puis, au taux de croissance actuel, on ne se rend
même pas au 10 %, là. Donc, est-ce que vous pensez que ce serait bon quand
même de continuer à essayer d'atteindre le 10 % ou ça ne vaut même pas la
peine?
Mme Guyon (Anne-Céline) : À
condition que ce soit encore dans une production locale, dans un réseau local.
Là, ce n'est pas du tout ce qui est en train de se passer. Nous avons une
entreprise, qui est Énergir, qui, sous prétexte de développer le GNR, est en train
de venir verrouiller l'utilisation du gaz naturel non conventionnel au Québec.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Ceci met fin aux échanges. Donc, je cède maintenant la parole à la porte-parole
de l'opposition officielle, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, pour 12 min 23 s.
Mme McGraw : Ah! encore plus
de temps aujourd'hui. OK, parfait. Merci, M. le Président. Et merci beaucoup à
Nature Québec d'être avec nous aujourd'hui. On a bien écouté la présentation et
on a bien hâte de recevoir aussi le mémoire pour pouvoir vraiment tout digérer.
Alors, merci encore. Il y a beaucoup de contenu dans votre allocution. Et j'ai
donc plusieurs questions, mais je veux vous laisser faire des commentaires et
vraiment vous donner la chance d'élaborer.
Alors, à la lecture de la stratégie, je...
mes collègues le savent parce que je l'ai dit à plusieurs reprises, vous avez
parlé du fait que le développement durable n'a pas rempli toutes les promesses,
surtout en termes d'environnement et de société, les enjeux environnementaux et
sociaux. Et mes collègues m'ont... je suis ça depuis le Sommet de la Terre à
Rio, ça fait plus que 30 ans, même, on parle de développement durable,
1987 avec la commission Brundtland, et, oui, je suis d'accord, on a
l'impression qu'on n'avance pas assez, et je parle même souvent de
procrastination planétaire, en tout cas. Donc, on est dans une situation
d'urgence. Et moi aussi, j'avais l'impression... j'avais faim aussi de mots un
peu plus exécutants, qui urgent et qui crient à l'action.
Alors, dans quelle section... est-ce que
c'est la stratégie en général ou est-ce qu'il y a des sections en particulier
où vous auriez voulu voir en particulier plus de vigueur, et plus d'ambition,
peut-être, et d'action, des mots d'action?
• (14 h 30) •
Mme Guyon (Anne-Céline) : Bien,
c'est sûr que, de manière générale, on aurait voulu voir beaucoup plus de
verbes d'action et de niveaux d'exigence dans l'ensemble de la stratégie. Moi,
c'est vraiment ce qui m'est venu... ce qui m'a sauté aux yeux en premier lieu.
Quand je lisais des verbes, genre, «on souhaite que», «on va enfin avoir des
attentes envers les ministères et les organismes», je suis tombée en bas de ma
chaise. Ça aurait dû être là depuis le début.
Tu sais, vous le dites très bien, ça fait
30 ans qu'on en parle et ça fait 30 ans que la crise environnementale
continue de s'aggraver. Il y a, je pense, et vous... je vais peut-être vous
faire rire, là, mais je pense qu'il y a des limites à penser qu'avec les mêmes
ingrédients et les mêmes recettes on va goûter un gâteau différent. Tu sais, à
un moment donné, il faut changer de paradigme et il faut y aller de manière
beaucoup plus radicale. Je pense que c'est rendu que l'ensemble de la
communauté scientifique nous le dit et insiste, le GIEC, l'IPBES, ils ont fait
même des rapports communs pour le dire, c'est d'un changement systémique dont
on a besoin, de revoir le paradigme économique, qui est beaucoup trop axé sur
la surexploitation des ressources naturelles. Tant qu'on n'osera pas adresser
la question des causes sous-jacentes aux crises environnementales, on n'y
arrivera pas. Et, oui, ça va demander du courage politique, mais je pense qu'au
<Québec particulièrement...
>
14 h 30 (version révisée)
< Mme Guyon (Anne-Céline) :
...causes
sous-jacentes aux crises environnementales, on n'y arrivera pas. Et, oui, ça va
demander du courage politique, mais je pense qu'au >Québec
particulièrement la société québécoise est présente, elle est là, elle est mobilisée
autour de ces enjeux-là, on peut s'appuyer sur elle pour aller beaucoup plus
loin. Ne sous-estimons pas les citoyens et citoyennes du Québec.
Mme McGraw : Et justement, là-dessus,
vous avez parlé que la stratégie témoigne d'un manque d'écoute ou d'un manque
de communication... ou le principe, justement, parmi les trois principes, trois
des principes que vous avez cités au sein de la Loi sur le développement
durable, vous avez parlé, bon, participation puis engagement au niveau des
citoyens. Est-ce que vous avez des exemples de politiques publiques, de
stratégies où ça a été bien réussi? Quelles sont les meilleures pratiques, au
niveau de l'engagement et de la participation citoyenne, qui pourraient nous
donner des indices?
Mme Guyon (Anne-Céline) : Bien,
écoutez le processus qui s'est déroulé autour, notamment, de la réflexion pour
mettre en place le plan d'économie verte était un processus très intéressant.
Il y a eu une consultation, on est partis en région, il y a eu des sous-comités
de travail qui ont regroupé différents thèmes avec différents acteurs
représentant différents secteurs de la société civile. C'est à ce type de
consultation là dont on fait référence.
Et, encore une fois, tu sais, là, on vient
de nous annoncer qu'il y aura une consultation publique sur l'avenir
énergétique du Québec. C'est un enjeu beaucoup trop gros, beaucoup trop
structurant pour l'ensemble de l'avenir du Québec pour juste laisser ça dans
les mains d'une commission parlementaire, avec tout le respect que j'ai pour le
travail des commissions. C'est un véritable débat de société dont on a besoin,
et d'inclure les acteurs régionaux, parce que c'est au niveau régional que la
transition, elle se fait, c'est au niveau local, et on a besoin d'avoir tout le
monde autour de la table pour arriver avec des visions communes. Et, on le
sait, c'est quand on engage les gens qu'après ils passent à l'action, et qu'ils
se sentent concernés, et qu'ils veulent y aller. Si on impose des choses, ça ne
fonctionnera pas. Au contraire, on a un vrai sérieux risque de «backlash» dans
la population.
M. Fortin (Hubert) : ...par
rapport à inclure toutes les... à inclure les régions. Donc, les municipalités
ont un énorme rôle à jouer aussi, là, dans la crise au niveau... sur la lutte
aux changements climatiques et le déclin de la biodiversité, puis actuellement
elles n'ont pas les leviers, elles n'ont pas les ressources, elles sont
vraiment basées sur... Leurs revenus proviennent principalement de la taxe
foncière. Dans plusieurs pays de l'OCDE, dont les pays scandinaves, qui sont
des leaders en termes environnementaux, la majorité des revenus des
municipalités proviennent du revenu sur les impôts...
Une voix : ...
M. Fortin (Hubert) : ...de l'impôt
sur le revenu, pardon, oui, c'est ça, excusez-moi. Donc, est-ce que c'est ça,
notre modèle? Je ne sais pas, mais il faut avoir... il faut discuter de ces
modèles-là, il faut réformer en profondeur notre système fiscal pour aider les
municipalités à avoir plus de pouvoir. C'est eux qui gèrent nos matières
résiduelles, c'est eux qui aménagent notre territoire. Il y a la Loi sur l'expropriation,
aussi, qu'on demande qui soit réformée, justement, parce qu'on travaille au
quotidien, nous, avec des municipalités, puis ce qu'elles nous disent, c'est qu'elles
veulent acquérir des terres pour les protéger, mais elles n'ont pas les moyens,
elles ont peur de se faire poursuivre. Donc, c'est important de... Ce n'est pas
de faire n'importe quoi avec l'expropriation, là, il faut l'encadrer, mais il faut
moderniser la loi aussi.
Mme McGraw : Donc, ça, ça
nous fait penser où vous avez mentionné un deuxième principe, au sein de la Loi
sur le développement durable, et c'est celle de la — et j'ai toujours
de la difficulté avec ce mot-là — subsidiarité. Ah! je l'ai dit. C'est
une première. C'est une première. Donc, est-ce qu'il y a d'autres choses que
vous voulez ajouter sur ce principe-là en termes de... Je vous laisse...
M. Fortin (Hubert) : Tantôt,
on parlait de l'écofiscalité. C'est sûr que les municipalités peuvent aussi,
maintenant, mettre des mesures écofiscales, puis elles ont un rôle aussi à
jouer à ce niveau-là. Ça, ça doit venir de tous les paliers, là, que ce soit au
niveau de la mobilité durable, donc c'est très important. Puis ça peut être une
source de revenus, aussi, de plus pour celles-ci, là. Donc, peut-être que la
stratégie pourrait donner des incitatifs aux municipalités pour mettre de l'écofiscalité.
Ça a été mentionné aussi dans la stratégie, l'écofiscalité, mais je ne l'ai pas
vue vraiment détaillée à différents endroits, là, ça fait que ça reste un
concept global. Ça fait que ce serait intéressant aussi qu'on propose des
mesures concrètes, au provincial.
Mme Vallières-Léveillé (Emmanuelle) :
Peut-être pour compléter, quels sont les pouvoirs et responsabilités qui
peuvent être délégués au niveau plus régional, par exemple, un peu comme Céline
le disait, ça va beaucoup, <pour nous, avec...
Mme Vallières-Léveillé
(Emmanuelle) :
... régional, par exemple, un peu comme Céline
le disait, ça va beaucoup, >pour nous, avec l'engagement des citoyens.
Quelle est la vision concertée, en région, pour le développement? Parce que, là,
on arrive... Par exemple, là, on assiste à un véritable boom minier, plusieurs
projets miniers, probablement, vont vouloir voir le jour au courant des
prochaines années. Là, on crée des fois des situations inconfortables en région
aussi en disant : Bon, là, il y a une compagnie qui veut exploiter à cet
endroit. Mais on n'a jamais la réflexion plus globale de dire : Bon, il
faut accueillir des projets industriels; où ça peut être possible puis où, au
contraire, on doit dire : Non, ça, c'est un milieu très important pour la
région, on le conserve? Donc...
Mme Guyon (Anne-Céline) : Surtout
en regardant les impacts cumulatifs des différents projets. Parce que, si on
regarde projet par projet, on ne s'en sortira pas. Là, on s'aperçoit qu'à
l'heure actuelle c'est que, dans une même région, il y a cinq, 10 projets
proposés, puis, tu sais, les uns... chacun s'ajoute à l'autre, donc il faut
absolument prendre en compte les impacts cumulatifs des projets.
Mme McGraw : Vous avez
mentionné le... je ne sais pas si ça va être une commission parlementaire ou...
mais sur l'avenir énergétique au Québec. Nous, on avait proposé une commission
itinérante qui irait directement dans les régions parler avec les experts, les
groupes, les autochtones, etc. Mais est-ce que vous... est-ce que... Parce que,
là, vous parlez d'être systématique et systémique, quand même, aussi, si je
comprends bien. Est-ce que ce serait l'avenir énergétique? Comment encadrer ça?
Est-ce que... Selon vous, est-ce que ce serait... l'avenir énergétique, ce
serait le développement durable? L'économie circulaire? Il y a beaucoup de...
Si vous aviez... vous pouvez faire le choix vous-mêmes, comment est-ce que
vous... ce serait quoi, votre vision de comment procéder puis comment expliquer
un peu aux gens pour leur faire impliquer? Je ne sais pas si ma question est
claire, mais comment présenter ça aux...
Mme Guyon (Anne-Céline) : Oui.
Bien, je pense qu'il faut tout simplement dire aux gens que... Tu sais, puis je
reviens d'Europe, là, puis je peux vous le dire, là, tout le monde a sur toutes
les lèvres, là, le fait que le temps de l'abondance, c'est fini, en termes
d'énergie, là, et comment on fait pour résoudre ce problème-là, tout en voulant
continuer à vouloir se développer, je pense que... avec le même niveau de
croissance, même, voire l'augmenter.
Et le problème, il est là, et ça, ça va
avoir des impacts sur l'ensemble de nos vies dans tout, tu sais, dans notre
manière de nous nourrir, dans notre manière de nous vêtir, dans notre manière
de nous transporter. Je pense que, justement, il faut expliquer aux gens à quel
point, quand on parle d'énergie, c'est absolument tous les aspects de notre vie
quotidienne qui sont touchés et que c'est pour ça qu'ils doivent absolument
pouvoir participer à cette conversation-là. Parce que, tu sais, chacun a son
mot à dire, chaque secteur a ses réalités différentes, et on a besoin d'y aller,
vraiment, dans un processus de dialogue social, encore une fois, pour être sûrs
qu'une fois qu'après la stratégie va sortir les gens y adhèrent en ayant
conscience qu'ils ont participé à l'entièreté de la chose. Et j'insisterai sur...
le fait de consulter, c'est bien, mais il faut prendre en compte ce que les
gens vous disent aussi.
Mme McGraw : Je pense, il
nous reste...
Le Président (M. Jacques) : Quelques
secondes.
Mme McGraw : Quelques
secondes. Je vais juste dire que j'ai beaucoup apprécié le point qu'on ne peut
pas créer d'autres problèmes sociaux, environnementaux en essayant de résoudre,
même, la crise climatique. Je pense que cette manière de penser nous a amenés
où on est rendus aujourd'hui. Donc, je pense que c'était le point que je
retiens. Alors, merci beaucoup. À moins... (panne de son) ...je vous laisse...
M. le Président?
• (14 h 40) •
Le Président (M. Jacques) : Il
reste très peu, très, très peu.
Mme McGraw : Quelques
secondes. En tout cas, est-ce que vous avez d'autres choses à ajouter avant que
ma collègue... Alors, merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour l'intervention. Je cède maintenant la parole à la porte-parole du
deuxième groupe d'opposition, Mme la députée de Verdun, pour 4 min 8 s.
Mme Zaga Mendez : Super.
Merci, M. le Président. Merci beaucoup pour votre exposé puis pour cet échange.
On a parlé rapidement des ressources naturelles. En regardant la stratégie du
développement durable, qui a comme objectif, on va se le dire, avoir une
cohérence en termes d'orientations ministérielles, sentez-vous... quel est
votre avis, est-ce qu'il y aurait, selon vous, des contradictions entre où
est-ce que la stratégie veut nous amener ou devrait nous amener et les visions
en termes d'exploitation des ressources naturelles au Québec?
Mme Guyon (Anne-Céline) : Oui,
des contradictions, il y en a, encore une fois, parce <qu'on dit qu'on
veut...
Mme Guyon (Anne-Céline) :
...
Oui, des contradictions, il y en a, encore une fois, parce >qu'on dit
qu'on veut prend en compte les limites biophysiques des territoires et, en même
temps, on dit qu'on veut continuer à se développer, à innover, etc., sans avoir
une réflexion en profondeur sur, justement, jusqu'où on peut aller là-dedans.
Donc, pour moi, c'est la grande contradiction dans la stratégie. Et, encore une
fois, c'est quand on lie les enjeux, crise climatique, crise de la biodiversité
qu'on comprend véritablement la complexité du problème.
Et sincèrement, là, je ne dis pas qu'il y
en aura de faciles, mais il serait peut-être temps, justement, de le
reconnaître qu'on ne fera pas face à ces crises-là avec des réponses faciles.
Et qui dit complexité dit justement, encore une fois, d'inclure le plus de
monde possible autour de ces réflexions-là pour permettre, justement, à tout le
monde d'exprimer leur réalité et de se rendre compte des différents liens qui
s'opèrent. Hein, tout est interrelié, aujourd'hui, puis on ne peut plus se
permettre de vouloir résoudre des problématiques en silo. Il faut absolument
que tout le monde se parle.
Mme Zaga Mendez : Puis c'est
un peu... En tout cas, je vous relance là-dessus, là, parce que c'est un peu ce
qu'on a entendu tantôt par rapport aux minéraux critiques, l'exploitation
minière, vous voyez là aussi un enjeu pour l'aligner avec la cohérence de la
stratégie?
Mme Guyon (Anne-Céline) : C'est
certain. Écoutez, on... Pour que le Québec ait meilleure mine, la coalition, a
fait sortir les chiffres, un peu juste avant les fêtes, là, pendant la COP15, c'est
dantesque, le boom minier dans lequel on se trouve à l'heure actuelle sans
véritable encadrement. Encore une fois, ce qu'on demande, c'est un pas de
recul. Prenons le temps de bien y penser, sinon on va se retrouver avec un
Québec qui va véritablement être un fromage suisse, là, un véritable gruyère,
là.
Puis, tu sais, aussi, c'est toute la
concurrence entre les différents usages des territoires dont on parle, là,
parce qu'il y a des régions, tu sais, puis on le voit avec la sortie,
notamment, des MRC, tu sais, qui nous disent : Bien, écoutez, nous, on est
en train de développer des projets de récréotourisme, on a beaucoup de monde, les
acteurs locaux sont mobilisés autour de ces choses-là depuis des années, on met
en place des projets, et là, du jour au lendemain, parce qu'il y a une
compagnie qui... à cause du fait que c'est juste grâce à un clic qu'on peut
venir claimer un territoire, bien, du jour au lendemain, tout ça, ça part en
fumée.
Il y a quelque chose qui ne fonctionne
pas. Encore une fois, c'est une question de cohérence, c'est une question de
faire les choses de la bonne façon avec les bonnes étapes. On ne dit pas qu'il
faut arrêter le développement minier, on dit juste qu'il faut le faire
correctement, en respectant les limites biophysiques des territoires, le fait
qu'on n'est pas juste dans une crise climatique, on est dans une crise
biodiversité, et donc c'est essentiel de le prendre en compte.
Mme Zaga Mendez : Puis, en
termes de prise en considération des communautés, rapidement...
Le Président (M. Jacques) : En
terminant, oui.
Mme Zaga Mendez : ...en
terminant, vous avez parlé de transition juste puis rôle des travailleurs. J'aimerais
vous entendre un peu plus là-dessus.
Mme Vallières-Léveillé
(Emmanuelle) : Oui, en fait, pour donner un exemple plus concret,
c'était en lien avec la future stratégie caribou. Évidemment qu'il y a des
actions à poser, il y a des territoires à protéger. Par contre, il faut
absolument accompagner les travailleurs. On ne peut pas juste leur dire :
Bien, on protège, puis arrangez-vous. Comment les...
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, ceci termine les interventions. Merci pour votre contribution aux
travaux de la commission.
Je suspends quelques instants pour se
préparer pour le prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 14 h 45)
(Reprise à 14 h 51)
Le Président (M. Jacques) : La
Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux.
Je demande le consentement pour permettre
au député de Taschereau de reprendre ses fonctions à titre de membre et donc de
mettre fin à son remplacement. Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix : ...
Le Président (M. Jacques) : <
Consentement...
Le Président (M. Jacques) :
...
fin à son remplacement. Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix :
...
Le Président (M. Jacques) :
>
Consentement.
Donc, je souhaite la bienvenue aux
représentants du Fonds d'action québécois sur le développement durable. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire votre exposé, après
quoi nous procéderons à la consultation avec les membres de la commission.
Donc, je vous donne la parole.
Fonds d'action québécois pour le développement
durable (FAQDD)
M. Girard (Nicolas) : Merci.
Merci de nous accueillir pour cette consultation parlementaire importante. En
fait, une stratégie 2023-2028 de développement durable qu'on attendait, en
fait, depuis deux ans avec impatience, une stratégie qui est importante de par
le caractère transversal qu'elle a et l'impact qu'elle a sur l'ensemble des
ministères et organismes, en fait, du gouvernement du Québec.
Il y a 20 ans, en fait, 22 ans
plus précisément, le gouvernement du Québec mettait en place le Fonds d'action
québécois pour le développement durable, puis, à l'époque, l'écosystème de
développement durable au Québec était vraiment, vraiment très différent. En
fait, on avait eu la chance d'arriver au tournant des années 2000 où, là,
on finançait le développement d'expertises, en fait, comment on intègre le
développement durable en aménagement du territoire, en matière d'investissement
responsable, d'approvisionnement, et on développait les premières formations en
développement durable dans les universités. Donc, une période... Puis on
sensibilisait beaucoup. Donc, on a fait un bout de chemin, c'est intéressant.
En fait, j'ai envie de lancer ce message-là en ouverture. Je sais qu'on est en
commission parlementaire, il y a beaucoup de commentaires, quand même, il y a
beaucoup de critiques constructives sur la stratégie et la... mais, en même
temps, on a fait un bout de chemin, et je tiens à le souligner.
Un bout de chemin, en fait, qu'on a la
chance, nous, de voir, en fait, puis de percevoir au FAQDD, notamment par des
collaborations qu'on a avec différents ministères et organismes. Puis, dans les
dernières années, on voit que les ministères et organismes vont de plus en plus
loin dans l'intégration, en fait, ou dans leur volonté d'intégrer, en fait, des
critères de développement durable. On a eu la chance, nous, de collaborer, par
exemple, avec la Caisse de dépôt et de placement du Québec, qui, en plus de
développer toute une stratégie pour verdir ses investissements, nous demande de
travailler à aider des organisations qui sont, dans leur portefeuille
philanthropique, à intégrer des critères de développement durable, ministère...
des contrats avec le ministère du Tourisme, qui a lancé un premier plan
d'action en tourisme durable, l'an dernier, et également qui a travaillé à
l'intégration de critères écoresponsables dans des programmes d'infrastructures
en tourisme qui n'intégraient pas, en fait, là... qui ne devraient pas, en
principe, intégrer de critère de développement durable. Donc, il y a des
avancées intéressantes.
Pour l'exercice aujourd'hui, on a fait un
mémoire qui est un peu plus complet, qui touche à différents... à différents aspects,
en fait, là, du... bien, en fait, de la stratégie. Par contre, on va, pour le
bien de l'exercice, en 10 minutes, là... on va «wrapper» autour peut-être,
là, de l'orientation 1, qui est de faire, en fait, du Québec un pôle en
économie verte.
Pourquoi on veut mettre l'accent, en fait,
sur cet aspect-là, de notre côté? C'est qu'on a travaillé, nous, en
collaboration avec le ministère de l'Économie, dans les cinq dernières années,
à un projet qui s'appelle le Fonds Écoleader et qui vise à aider les
entreprises québécoises à intégrer des pratiques écoresponsables et des
technologies propres. Je tiens à en parler aujourd'hui parce que l'initiative
est mentionnée dans le mémoire, en fait, dans le projet de stratégie de
développement durable, il est référé en exemple, et c'est une initiative qui
émerge, en fait, de la Stratégie gouvernementale de développement
durable 2015-2020. Donc, lorsque je parlais, tantôt, de l'impact de cette
stratégie-là, il y a un impact, bien entendu, sur les ministères et organismes,
mais il y a un effet levier aussi sur la société civile, il y a des mesures qui
amènent à des avancées au niveau de la société civile. Cette mesure-là, du
Fonds Écoleader, elle est importante parce qu'elle a joué un rôle clé pour
aider les entreprises québécoises à intégrer des pratiques écoresponsables dans
les dernières années.
Le défi d'un entrepreneur qui veut
intégrer le développement durable aujourd'hui... Puis les entrepreneurs qui
veulent le faire, il y en a de plus en plus. Les entrepreneurs vivent dans le
même monde que nous, voient la crise climatique, la crise de la biodiversité,
on parle de transition verte. On parle de 10 ans, en fait, on parle que
les 10 prochaines années vont être importantes, en fait, pour faire la
transition. On veut... les entrepreneurs le reçoivent, ce message-là, et le
niveau de sensibilisation, il augmente. En parallèle, on voit que l'étau se
resserre autour des entrepreneurs aussi. L'investissement responsable est en
croissance à chaque année. On a des grands donneurs d'ordres qui ont développé
des politiques d'approvisionnement responsable. On a également des... que ce
soient des employés, en fait, la main-d'oeuvre, la main-d'oeuvre qui arrive, on
a une pénurie de main-d'oeuvre, et donc on a des jeunes employés qui arrivent
sur le marché du travail, qui veulent partager des valeurs avec leur employeur,
puis des pressions de la clientèle. Un étau qui se resserre.
Pourtant, le tissu entrepreneurial, au
Québec, est composé à 88 % d'entreprises de moins de 20 <employés...
M. Girard (Nicolas) :
...
entrepreneurial, au Québec, est composé à 88 % d'entreprises de moins de
20 >employés, et donc des petites entreprises. Et donc là on a affaire
à des chefs d'orchestre qui doivent maîtriser un paquet d'enjeux, et là on leur
demande de faire du développement durable. Il y a la conscience, mais comment
on les amène à se mettre en action? Lorsqu'on leur pose la question, souvent,
le... la réponse qu'on nous dit... Il y a plusieurs sondages qui nous
amènent... tu sais, qui nous ont amené aussi cette information-là, les
entrepreneurs nous disent qu'ils manquent de temps, manquent de ressources puis
manquent d'expertise pour se mettre en action. Donc, il faut leur donner un
coup de main.
La stratégie du Fonds Écoleader, en fait,
c'est trois grands chantiers qu'on a mis en place pour aider les entrepreneurs
à se mettre en action. Le premier, c'est une plateforme Web qui répertorie les
programmes de financement, les... l'expertise qu'il y a au Québec, près de... Il
y a plus de 450 experts qui peuvent aider les entreprises à se mettre en
action, des exemples d'entreprises qui sont... qui ont implanté, en fait, des
pratiques écoresponsables, des fiches techniques pour vulgariser les
technologies propres.
Mais, on le sait, cette plateforme-là, ce
n'est pas suffisant, tu sais, pour créer le passage à l'action. Tu sais, peu
importe l'outil, c'est un moyen plus passif. Donc, pour s'assurer vraiment que
ces outils-là soient utilisés puis qu'il y ait de l'impact, le deuxième grand
chantier qu'on a mis en place, c'est la création d'un réseau d'agents qui est
présent dans les 18... dans les 17 régions du Québec. On en a un aux Îles-de-la-Madeleine — c'est
un peu là, la déformation. Donc, on a 18 agents et un peu plus sur le
territoire, on en a deux, dans certaines régions, qui agissent comme
développeurs d'affaires et qui aident les entrepreneurs à identifier les bonnes
sources de... les sources de financement, les experts qui peuvent les aider à
se mettre en action.
La troisième grande stratégie, c'est un
programme de financement qui permet aux entreprises d'embaucher un expert pour
avoir un diagnostic, construire un plan d'action, avoir de l'accompagnement pour
implanter des pratiques écoresponsables ou se préparer, en fait, à avoir une
étude préalable à l'intégration de technologies propres. Parce que, du jour au
lendemain, je peux, comme propriétaire d'entreprise, dire : Bien, je veux
m'installer un mur solaire. Est-ce que c'est la bonne technologie, le bon
contexte? Ça coûte combien? C'est quoi, la période de retour sur
investissement? C'est ce que les entreprises... c'est ce que les entrepreneurs
se posent comme question. Et, sans étude, on est devant de l'inertie.
Donc, on a... on s'est lancé, dans les
dernières années, vraiment pour aider les entrepreneurs. Et cette stratégie-là,
donc, nous a permis de financer plus de 800 projets, dans les cinq
dernières années, 1 205 entreprises soutenues, mais plus de
50 000, en fait, qui ont été rejointes, là, d'une part ou d'autres, par le
réseau d'agents, les stratégies de communication qu'on avait, puis plus de
20 000 qu'on a enregistrées dans un CRM, donc qu'on a accompagnées,
avec qui on a une relation d'affaires. Donc, il y a une volonté de la part...
puis on le sent que le timing est bon. Donc, que cette orientation-là, de faire
du Québec un pôle en économie verte, soit présente dans la stratégie, on trouve
ça judicieux, et je crois qu'au niveau du timing c'est un bon moment pour
renchérir sur ce message-là.
Les retombées. On a des retombées
intéressantes, là. Je vous en parlais tout à l'heure, là, il y a des retombées
à différents égards d'une mesure comme ça, puis ça démontre un peu l'importance
de l'économie verte au Québec. Au niveau des entreprises, on constate que les
entreprises qui travaillent à intégrer des pratiques écoresponsables vont
chercher des gains en économies de coûts, beaucoup vont développer souvent des
nouvelles opportunités de marché. Donc, développement durable, ça peut être
payant, c'est intéressant, ça peut être rentable pour les entreprises.
Pour l'économie du Québec, bien, on a des
entreprises qui évaluent l'opportunité d'intégrer des technologies propres, qui
prévoient des projets d'investissements dans les prochaines années puis qui ont
investi aussi... Parce que, lorsqu'on offre une aide financière avec le Fonds
Écoleader, on paie un expert, mais les entreprises ont, après ça, des dépenses
en équipements, et d'autres honoraires, et autres, donc on est des leviers
financiers. Puis surtout on a aussi contribué pour près de 30 millions à
l'écosystème d'expertise en développement durable au Québec, donc des gens qui
travaillent en développement durable, qui aident des entreprises, donc, dans
les dernières années.
• (15 heures) •
Des retombées environnementales aussi qui
sont intéressantes. On commence... On a moins... un peu moins... On est rendus
à 350 projets de terminés sur les 800, mais déjà on voit... on sait qu'on
a des retombées vraiment, vraiment intéressantes sur le plan environnemental,
là. Vous les avez, là, qui sont projetés, là, qui sont là, donc qui sont, donc,
un levier vraiment important de ce côté-là.
Je voulais parler du Fonds Écoleader
aujourd'hui parce qu'il est là, on veut faire du pôle... on veut faire, en
fait, du Québec un pôle en économie verte, c'est important de lancer le
message. On arrive, nous, à une période de transition où la première phase du
Fonds Écoleader est terminée, on veut se lancer... on se lance... on veut se
lancer dans une deuxième phase, on est en train de se préparer à se lancer dans
une deuxième phase. Donc, c'est important de répéter le message, là, vraiment,
que le Fonds Écoleader est une mesure extrêmement importante pour faire du
Québec un pôle en économie verte.
Au niveau des... Il me reste
30 secondes, là. Plus largement, au niveau, peut-être, du... si je veux
peut-être rajouter quelques messages au niveau de la stratégie gouvernementale,
elle est ambitieuse parce qu'elle couvre très large. Si on veut la rendre plus
efficiente et efficace, je pense que ce qui manque et qui va être important de
faire dans les prochaines années : du <financement...
>
15 h (version révisée)
M. Girard (Nicolas) : ...parce
qu'elle couvre très large. Si on veut la rendre plus efficiente et efficace, je
pense que ce qu'il manque et ce qu'il va être important de faire dans les
prochaines années, du financement. On n'a jamais financé aucune mesure, aucune
stratégie en développement durable au Québec. D'avoir du financement... Parce
qu'il y a des mesures... On comprend qu'il y a certaines mesures qui sont
financées par des plans de certains ministères et autres. Il y a des mesures
qui sont... qui tombent entre deux craques. D'avoir du financement pour mettre
en place cette stratégie-là, ce serait important. D'avoir les ressources
nécessaires, des objectifs plus clairs, cibles et indicateurs, moi, je pense
que c'est les ingrédients, si je fais le tour général, qu'il serait important d'ajouter
à la stratégie pour s'assurer qu'elle atteigne ses objectifs.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre présentation. J'invite maintenant... pour débuter la
période de questions avec le député de Masson.
Une voix : ...
Le Président (M. Jacques) : Oh!
le député de Côte-du-Sud.
M. Rivest : Oui, bonjour. Merci
beaucoup. Je me réjouis de vous rencontrer parce que, dans mon ancienne vie...
je fais partie d'un organisme d'économie sociale qui a profité du Fonds
Écoleader, qui a mis sur pied un plan d'action sur le développement durable et
qui a réalisé une stratégie complète de mise sur pied, là, de nouvelles
pratiques écoresponsables.
J'aurais 1 000 choses à vous
partager, peut-être tout à l'heure, pour parler vraiment de cette stratégie-là
puis du Fonds Écoleader, mais j'aimerais ça, peut-être, justement, au bénéfice
de tout le monde ici, de la commission, d'avoir peut-être un éventail du
type... Parce que vous parlez beaucoup de PME, puis c'est parfait. On est un
organisme d'économie sociale. On parle aussi peut-être des autochtones.
Pouvez-vous nous faire une catégorisation un peu du type d'entreprises qui sont
sollicitées pour faire des projets à l'intérieur des actifs puis du Fonds
Écoleader?
M. Girard (Nicolas) : Je vais
y aller de mémoire, là, mais, dans les grandes lignes, il y a des éléments
importants dans ce que vous mentionnez. La clientèle première qui vient vers
nous, vers le Fonds Écoleader, à 33 %, là, c'est des entreprises du
secteur de la fabrication dans le secteur manufacturier. On s'entend que l'entreprise
manufacturière, qui ne fait pas de développement... en tout cas, qui ne s'intéresse
pas aux enjeux de développement durable aujourd'hui, dans 10 ans, ça va être...
ça risque d'être plus difficile.
Dans le secteur manufacturier, pratiques
écoresponsables égalent souvent amélioration des processus, amélioration de l'efficacité
énergétique. Qu'est-ce qu'on fait, c'est réduire les extrants de production, qu'est-ce
qu'on fait avec les extrants de production, en fait, de... Donc, il y a des gains
importants.
Au niveau de l'économie sociale — parce
qu'on cherche à créer de l'inclusivité, et on a eu ce souci-là, dès le départ,
au niveau du Fonds Écoleader — on estime qu'il y a 11 % des
entreprises qui viennent vers le Fonds Écoleader qui sont des entreprises d'économie
sociale. Ça, on en est bien fiers. Donc, il y a eu une ouverture puis un souci
d'avoir des critères, tu sais, qui permettaient, dès le départ, d'accueillir
des entreprises d'économie sociale.
Au niveau des communautés autochtones, c'est
un défi, puis ça a toujours été un défi parce que l'enjeu, c'est d'aller
chercher les entreprises. Et on travaille vraiment à adapter les critères. On a
des projets dans le Nord-du-Québec, en communautés autochtones. Je n'ai pas le pourcentage.
C'est sûr qu'il est modeste, mais il y a toujours un défi d'adapter les
critères des programmes gouvernementaux pour accueillir, en fait, des projets
des communautés autochtones, mais... Puis le tissu entrepreneurial est
différent, et tout, mais on y travaille. On a déjà fait des modifications, puis
même, dans la relance, c'est des choses qu'on aimerait bien... bien améliorer
aussi.
M. Rivest : ...vous avez
aussi mentionné l'idée d'être un chef d'orchestre à l'intérieur des projets que
vous faites. Donc, ça me réjouit de savoir qu'on fait face à la musique
ensemble, en se disant que... que lorsqu'on... lorsqu'on met sur pied cette
stratégie-là... puis l'arrêt, comme entreprise, d'être financée pour mettre sur
pied des nouvelles stratégies de développement durable, il y a certains freins
qui se mettent... qui peuvent mettre quelques grains de sable dans l'engrenage.
Est-ce que vous pouvez me parler un petit peu de votre expérience, justement, avec
les entreprises, de voir quels freins il peut y avoir à l'intérieur, soit de la
promotion, finalement, de la stratégie ou du plan de développement durable, des
diagnostics qui sont faits de rassembler les conseils d'administration, de
rassembler l'ensemble de l'équipe avec cette vision-là? Quels sont les
principaux freins qu'on peut retrouver à la mise sur pied de... d'une stratégie?
M. Girard (Nicolas) : Le
principaux frein, c'est... Le principal frein, c'est le manque... le manque d'information.
On s'entend que les entreprises ont... l'enjeu de la compétitivité est
extrêmement important aussi. Ça reste un élément qui est majeur. Donc... Puis, lorsqu'on
dit... Notamment, par exemple, on parlait des technologies propres tout à l'heure.
Il y a une volonté de vouloir bouger. Mais c'est quoi, le retour sur
investissement? Est-ce que ça vaut la peine, et tout? Donc, il y a des
enjeux... il y a des enjeux... Les enjeux financiers sont toujours importants.
Il y a la question des débouchés. Même si,
au niveau des débouchés, on sait que la clientèle demande de plus en plus, en
fait, des produits <écoresponsables...
M. Girard (Nicolas) :
...on
sait que la clientèle demande de plus en plus, en fait, des produits >écoresponsables,
par rapport à ça, de s'assurer d'avoir des débouchés, je pense que c'est
important. D'ailleurs, au niveau de la stratégie gouvernementale, on parle des
marchés, de l'accès aux marchés publics. C'est un élément qui est majeur. Majeur,
majeur, majeur. Nous, on en entend parler ça fait depuis des années. Ça prend
des incitatifs pour les entreprises qui vont implanter des pratiques
écoresponsables. Puis je pense que l'État a un... le gouvernement du Québec a
un devoir d'exemplarité. Les cibles qu'on a atteintes jusqu'à maintenant ne
sont pas suffisantes. Puis là je pense qu'elles sont de 15 %, en ce moment,
dans la stratégie. Donc, c'est sûr qu'idéalement, pour aider les entreprises
qui veulent, tu sais... je pense, qui font... qui implantent parce que c'est
écoresponsable, d'augmenter cette cible-là, de jouer un rôle... que l'État joue
un rôle en matière d'exemplarité au niveau des marchés publics, ça serait
important.
Mais, au niveau des défis, c'est
toujours... sinon, c'est toujours d'avoir... d'avoir les ressources
nécessaires, l'engagement de la haute direction qui est là, le profil qu'on a.
C'est sûr que, quand on a des projets en PME, c'est assez rare qu'on ne voie
pas la haute direction qui est impliquée dès le départ. Mais c'est sûr que le
plan de match qui est déposé, s'il n'est pas rentable, ça devient difficile.
Puis comment il peut être rentable? Est-ce que c'est en matière de
positionnement pour l'entreprise, d'amélioration de son offre de services ou
encore réduction de coûts? Mais c'est vraiment... La question économique est...
elle reste... elle demeure importante quand même.
M. Rivest : Merci. Peut-être,
pour terminer, pouvez-vous nous dire qu'est-ce que vous pensez... Tu sais, on
parle du Fonds Écoleader, mais, dans la stratégie, actuellement, qui traite
particulièrement de mise sur pied de cette stratégie-là, il y a des objectifs à
l'intérieur des propres ministères. Mais, au niveau des PME, pour terminer,
pouvez-vous me dire si vous voyez d'autres leviers, qu'ils soient techniques ou
financiers, que le gouvernement du Québec pourrait mettre sur pied pour
améliorer l'efficacité des PME?
M. Girard (Nicolas) : Il y a
beaucoup... Comme je le mentionnais tout à l'heure, il y a un écosystème pour
venir en aide aux entreprises au Québec. Le Fonds... je vous parlais, avec le
Fonds Écoleader, d'un répertoire de programmes de financement, répertoire
d'experts. Il y a beaucoup d'expertise, il y a de l'aide financière. Ce que le
Fonds Écoleader a amené dans l'écosystème, ce n'est pas un... je n'aime pas
utiliser le mot «guichet unique», mais, tu sais, on a travaillé ce projet-là,
depuis le départ, en partenariat. On est 18 partenaires. On a Écotech
Québec qui travaille avec nous pour nous aider à vulgariser les technologies
propres, on a un partenaire qui nous aide à travailler avec le réseau régional,
le Centre québécois de développement durable, puis 18 partenaires régionaux.
Et ce qu'on... On a développé une solution qui amène les entreprises dans la
boucle à contribuer à l'économie verte. Il y a 77 % des entreprises qui
sont venues vers nous, vers le Fonds Écoleader, qui implantaient des pratiques
écoresponsables pour la première fois lorsqu'ils sont venus au programme de
financement. Ça fait que ce qui manque dans l'écosystème, c'est ça, c'est cette...
c'est cette rampe d'accès, parce qu'après ça, du financement, il y en a pour...
tu sais, pour des projets d'investissement en technologies propres et autres.
Tu sais, comme par exemple, chez, anciennement, Transition énergétique Québec,
maintenant... je pense au ministère de l'Environnement, il y a des programmes
pour investir dans les... en investissement. Investissement Québec, avec
Compétivert, offre du financement aussi. Mais il faut amener les entreprises à
se rendre à ces programmes d'investissements là. C'est pour ça qu'on voulait
vraiment rappeler l'importance du Fonds Écoleader aujourd'hui.
M. Rivest : Merci à tous les
deux.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Je cède maintenant la parole au député de Masson.
M. Lemay : Merci, M. le
Président. Merci d'être avec nous aujourd'hui. Alors, vous avez mentionné tout
à l'heure, là, l'importance du financement, d'avoir les cibles, les indicateurs.
Puis, à la page 9 de votre mémoire, justement, dans le cadre de
l'orientation 5, on parle des objectifs 5.3, 5.4, là, de la SGDD, là,
qui est «d'investir de façon durable au profit des Québécois» et «d'utiliser
les marchés publics comme levier de croissance durable».
Moi, j'aimerais savoir, là, considérant
que, dans le SGDD, là, les pistes d'action envisagées, là, c'est «d'appuyer
efficacement le développement économique du Québec selon les principes de la
finance durable»... bon, tu sais, on mise sur trois leviers, donc
l'investissement, finance durable, les obligations vertes puis le soutien
financier durable puis on a aussi le chantier 3, qui est justement d'établir,
là, une feuille de route pour développer le nouveau écosystème de la finance
durable au Québec et la positionner sur la scène internationale. Donc,
considérant ça, moi, ma question, ça serait de savoir avec vous, là, si...
quels seraient, selon vous, les critères, là, écoresponsables à prioriser pour
accélérer le verdissement des modèles d'affaires dans nos PME, puis ça, bien,
tu sais, tout en minimisant aussi les impacts économiques sur les activités de
ces PME-là? Ça fait que est-ce que vous pouvez nous entretenir un peu sur ce
sujet?
• (15 h 10) •
M. Girard (Nicolas) : Sur
les... excusez-moi, les indicateurs?
M. Lemay : Alors, ça
serait... Dans le fond, ça serait : Selon vous, c'est quoi, les critères
écoresponsables qu'on devrait prioriser pour accélérer le verdissement? Mais,
en même temps, on veut aussi minimiser les impacts économiques sur les
activités de nos PME.
M. Girard (Nicolas) : Donc,
l'idée, c'est de... quels critères d'écoresponsabilité on peut... on pourrait
fixer? Donc, l'idée, c'est d'intégrer les critères d'écoresponsabilité pour
obtenir du financement? Est-ce que je <comprends...
M. Girard (Nicolas) :
...l'idée,
c'est d'intégrer les critères d'écoresponsabilité pour obtenir du financement?
Est-ce que je >comprends bien votre question? Je veux juste être sûr.
M. Lemay : Oui. Oui,
exactement. Parce que c'est ça que vous mentionnez à la page 9 de votre mémoire.
Vous dites que vous... comment... Je vous cite : «Nous commençons à voir
apparaître des notions d'écoresponsabilité dans certains programmes
gouvernementaux», na, na, na. Ça fait que j'aimerais vous entendre un peu sur,
selon vous, ce serait quoi.
M. Girard (Nicolas) : OK.
Bien, nous, ce qu'on a vu, par exemple, avec... Puis je pense que c'est une
initiative... c'est des initiatives isolées qui commencent à émerger, là, des
différents ministères. Nous, on l'a fait, par exemple, avec le ministère du
Tourisme. Par exemple, je peux vous donner l'exemple, en fait, là, de... donc
de... avec le ministère du Tourisme. On avait un programme d'aide à la relance
de l'industrie touristique, qui était un programme d'infrastructures qui
devait... L'idée, c'était vraiment de donner un coup de pouce à l'industrie
touristique après la COVID, post-COVID. Puis là, bien, le ministère a décidé
d'offrir une bonification de 10 % pour des projets qui allaient intégrer,
en fait, des éléments de développement durable.
Maintenant, c'est un défi, toujours. Est-ce
que... Et là comment on le fait? Est-ce qu'on le met en écoconditionnalité ou
est-ce qu'on le met en... tu sais, en écoresponsabilité, à intégrer des
critères écoresponsables dans les programmes? Je pense que les deux outils sont
très... sont différents. L'écoresponsabilité, donc, l'idée, c'est... Et là,
avec le ministère du Tourisme, on était vraiment... on était vraiment au niveau
d'une bonification, donc on y allait par la positive, donc d'offrir, en fait,
un critère. Donc, là, les critères, c'est : Est-ce que, par exemple...
Donc, on regardait la performance environnementale dans un... comme ça, donc,
des... donc le choix des matériaux, quelles étaient les solutions... les
solutions d'infrastructure choisies, les choix énergétiques, et tout, donc des
critères qui sont là.
Maintenant, à l'échelle des programmes en
général, donc, c'est... je pense... je pense que c'est de voir un peu quels
sont les critères. Je n'ai pas... On n'a pas de réflexion, là, sur... tel, tel,
tel critère doit absolument être dans les programmes, dans tous les programmes,
là. Ça, je n'ai pas de réponse pour ça, là.
Mme Caron (Geneviève) : Il
faut peut-être aussi juste casser le mythe comme quoi avoir des critères
d'écoresponsabilité, ça peut nuire à la rentabilité. Nous, c'est ce qu'on
observe beaucoup dans le Fonds Écoleader. C'est qu'il y a une augmentation de
la rentabilité, de la profitabilité quand on intègre des critères de
développement durable. Dans «développement durable», il y a développement, là.
M. Lemay : Merci. Mme la
députée pourrait poursuivre sur un autre sujet.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
monsieur...
M. Lemay : ...
Le Président (M. Jacques) : M.
le député de Masson, c'est terminé?
M. Lemay : Oui.
Le Président (M. Jacques) : Oui?
Donc, je cède la parole à Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : M. Girard,
Mme Caron, merci. J'entends des... J'aime beaucoup ce que je viens
d'entendre... pardon, en termes de démonstration, qu'en intégrant des critères
de développement durable on atteint certains objectifs de rentabilité. C'est de
la musique à mes oreilles parce que c'est du concret, c'est... bon.
M. Girard, merci d'avoir rappelé le
chemin parcouru du FAQDD. Je trouve ça important parce que je trouve que c'est
un indicateur du cheminement qu'on a fait comme société dans nos besoins,
notamment de leviers économiques. Ça fait que je trouve ça important parce que,
quand on se rappelle... Moi, j'ai... j'ai déjà demandé de l'aide du FAQDD, il y
a très longtemps, sur la question de l'eau.
Puis je voudrais revenir un peu, parce que
vous avez mis l'accent... puis, je comprends, en 10 minutes, on ne peut
pas tout couvrir, puis je trouve ça très intéressant, toute la question du fonds
de... Écoleader, là, puis le temps qu'on a mis sur... le temps qu'on doit
mettre sur l'accompagnement. C'est un mot que je retiens beaucoup, qui est
fondamental au niveau de nos entreprises, notamment nos petites PME.
Ma question s'en va sur l'orientation 2,
nature. Est-ce que... En fait, comment le FAQDD pourrait contribuer aux
objectifs qui sont identifiés dans l'orientation 2 en matière d'accès, de
protection à la nature et à l'eau aussi?
M. Girard (Nicolas) : Oui.
Pour l'instant, en fait, on a, nous, entamé des... Il y a des programmes qui
sont récents, là, qu'on a mis en place, qui s'inscrivent un peu dans la lutte
contre le déficit nature, en fait. On sait qu'il y a un enjeu, hein? On protège
ce qu'on connaît. Donc, un jeune qui grandit à Montréal, qui ne sort pas de l'île
de Montréal avant 18, 20 ans ne développe pas nécessairement une
sensibilité envers la nature et il ne développe pas cette... en fait, ce
besoin-là ou cette sensibilité-là, à vouloir protéger des écosystèmes. Donc, <on...
M. Girard (Nicolas) :
...il
ne développe pas cette... en fait, ce besoin-là ou cette sensibilité-là, à
vouloir protéger des écosystèmes. Donc, >on a un programme qu'on a lancé
l'an dernier, en collaboration avec le ministère de l'Environnement, qui
s'appelle Destination nature, qui vise à amener des jeunes, donc — et
là on n'est pas dans les jeunes du primaire, mais secondaire, collégial et
universitaire — dans les espaces naturels, donc, pour justement être
en contact avec la nature. On sait qu'il y a des impacts, oui, on développe la
sensibilité, mais je pense qu'il y a plein d'études qui démontrent les
bienfaits de la nature sur la santé, autant psychologique que physique. Donc,
c'est un programme qui est très intéressant.
Aussi, on a aussi une collaboration avec
le... c'était le ministère des Forêts, maintenant c'est le ministère de
l'Environnement, atelier faunique, qui est un peu complémentaire, où là on
travaille avec la SEPAQ puis le ministère des Forêts à amener, justement, les
jeunes vers les... vers les ateliers pédagogiques de la SEPAQ, là. On donne
un... Donc, on fait le lien, puis c'est beaucoup ça qu'on fait, à la FAQDD, on
met les gens qui ont l'expertise en lien. Donc, il y a de l'expertise à la SEPAQ,
puis ce qu'on veut, c'est amener les jeunes qui... donc qui veulent avoir ce
contact-là à la nature, ou on veut le provoquer, ce lien, donc on les amène
vers les activités pédagogiques, vers les services qui sont déjà existants.
Mme Grondin : Il y a déjà
beaucoup de travail à faire juste à ce niveau-là. Donc, ça serait notamment là
où vous voyez la contribution la plus efficiente en matière de nature de la
part du FAQDD?
M. Girard (Nicolas) : Absolument.
Puis je pense qu'on est là. Il y a des classes nature, tu sais, il y a plein de
choses... Je pense qu'il y a des choses qui peuvent se faire au Québec, là, qui
sont... tu sais, où on pourrait être un peu plus innovants, notamment sur
l'enseignement extérieur, des choses comme ça. Donc, c'est des thématiques,
nous, qui nous intéressent.
Mais, au niveau de la protection de la
nature, on est moins dans... il y a moins d'initiatives récentes, là, qui nous
amènent à intervenir dans ces créneaux-là.
Mme Grondin : Puis, si jamais
on a plein d'idées, on peut vous approcher?
M. Girard (Nicolas) : Oui,
absolument.
Mme Grondin : Parfait. Merci
beaucoup.
M. Girard (Nicolas) : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à la porte-parole de l'opposition
officielle, à la députée de Notre-Dame-de-Grâce, pour son intervention.
Mme McGraw : Merci.
Le Président (M. Jacques) :
Merci.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Et merci d'être avec nous aujourd'hui. Merci pour la présentation et
le mémoire. Donc, vous parlez de... Donc, dans le premier point, les
recommandations, vous parlez de consacrer plus de budgets, de budgets des
ressources humaines, nécessairement, à la pleine réalisation de la stratégie.
Quelle serait... Donc, est-ce que vous pouvez donner plus de détails sur
qu'est-ce que vous envisagez ou qu'est-ce que vous proposez?
M. Girard (Nicolas) : En
fait, on n'a pas fait d'estimations budgétaires ou autre. Par contre, le
constat qu'on a, c'est que la stratégie roule depuis... Puis, comme je vous
dis, je pense que les dernières stratégies de développement durable ont amené
des résultats quand même intéressants, mais le constat est que, souvent, il n'y
a pas de financement pour... si on ne rentre pas dans un autre plan
gouvernemental, donc, il n'y a pas de financement. Il y a des mesures qui sont
dures à mettre en place parce qu'elles tombent entre deux plans
gouvernementaux, entre la mission de deux ministères, et autres, donc de
s'assurer qu'il y a un financement pour... un premier financement pour mettre
en œuvre la stratégie de développement durable.
Depuis deux... Ça fait 17 ans que la
Loi sur le développement durable a été mise en place, il n'y a jamais eu de
financement pour la mettre en œuvre. Est-ce qu'on ne pourrait pas... Est-ce
qu'on ne pourrait pas, pour la première fois, mettre un peu un peu d'argent
pour s'assurer que sa mise en application soit plus rapide, déjà?
Quand je parle des ressources aussi, c'est
bien entendu, c'est sûr que c'est... la responsabilité de la Loi sur le
développement durable, c'est une responsabilité partagée entre les ministères
et organismes, puis chacun doit être... doit être mobilisé, doit être engagé.
On a quand même un... On travaille quand même étroitement avec des ministères.
On voit, la pénurie de main-d'œuvre touche les... touche les ministères, et
autres. Je sais que le Bureau de coordination de développement durable travaille,
qui est à l'intérieur du ministère de l'Environnement. Ce n'est pas une très
grosse équipe de travail non plus. Donc, il y a quand même... il y a quand même
des ressources limitées pour la mise en œuvre de cette... de cette
politique-là. Donc...
• (15 h 20) •
Mme McGraw : Au niveau des
ressources humaines, donc là vous avez parlé du groupe qui travaille au sein du
ministère de l'Environnement sur le développement... Pour la stratégie,
coordination, etc., c'est le ministère de l'Environnement. On a eu des groupes
qui ont parlé un peu de... plus de collaboration à un haut niveau
interministériel, parce qu'on sait très bien que le développement durable, ce
n'est pas juste l'environnement.
M. Girard (Nicolas) : Absolument.
Mme McGraw : Donc, est-ce que
vous avez des recommandations ou des observations à partager par rapport à la
gouvernance?
M. Girard (Nicolas) : Oui.
C'est sûr que, par rapport à la gouvernance, plus on est capables de remonter
le développement durable dans les hautes instances, plus on va avoir des
résultats avec la stratégie, bien entendu. Moi, c'est assurément une
recommandation, là, que je vois pertinente puis complémentaire avec celle que
je parlais au niveau des ressources, parce que, malgré tout, ça prend... ça
prend une équipe de base qui la pousse, la stratégie, qui la mesure, <qui...
M. Girard (Nicolas) :
...ça
prend une équipe de base qui la pousse, la stratégie, qui la mesure, >qui...
Donc, ces deux... ces deux recommandations-là peuvent s'emboîter l'une dans
l'autre, là, assez facilement.
Mme McGraw : Au niveau du
Fonds Écoleader, donc, vous avez parlé d'un véritable électrochoc, c'est le mot
qu'on utilise dans le mémoire, quand il y a eu une mise sur pause et la fin de
l'enveloppe du programme. Donc, ça, je n'étais pas au courant. Donc, est-ce que
c'est le cas présentement, qu'il n'y a plus le financement? Et vous étiez le
coordonnateur national, c'est-à-dire votre fonds a été le coordonnateur. Est-ce
que vous voulez juste nous parler un peu plus de comment ça s'est passé, quand
est-ce que ça s'est passé? Parce que, là, vous recommandez... numéro 2, c'est
pérenniser le Fonds Écoleader et que c'est un incontournable.
M. Girard (Nicolas) : Oui. En
fait, le Fonds Écoleader, c'est une mesure qui a été lancée six mois avant la
COVID. Donc, dans les deux premières années, là, on a roulé... on a roulé un
peu en montagnes russes, avec des... quand il y avait des mesures de
confinement, il y avait des ralentissements, lorsqu'on on se déconfinait, on
recevait des demandes, mais il y avait des entreprises quand même qui étaient
là, qui étaient au rendez-vous. On avait à peu près 200 demandes par année
pendant les deux premières années, vraiment, d'opération du Fonds Écoleader.
Lorsqu'on a vu un peu les mesures sanitaires puis la crise de la COVID qui
prenait... qui s'estompait, là on a eu un véritable raz-de-marée. Entre
septembre 2021 puis mai 2022, on vous a mis la courbe, là, du nombre de dépôts
de projets, là, écoutez, ça a été exponentiel. On a reçu 700 demandes en
six mois, alors qu'on en avait reçu 400 en deux ans.
Les entreprises sont prêtes à passer à
l'action. Il y en a de plus en plus, des entreprises qui veulent passer à
l'action. Là, on n'est juste plus capables de les aider, et donc c'est pour ça
qu'on voulait quand même le mentionner aujourd'hui. Je pense que c'est
important. On est à une période de renouvellement. On n'est pas en train de
dire que ça ne sera pas renouvelé, mais la phase 1 du Fonds Écoleader est
presque... se termine techniquement au 31 mars prochain.
Mme McGraw : Parfait... bien,
pas parfait, mais je vous remercie d'avoir clarifié. Mais, votre fonds, est-ce
que c'est pérennisé?
M. Girard (Nicolas) : Non. En
fait, le FAQDD... le FAQDD a été mis en place par le gouvernement du Québec en
2000. Donc, au départ, c'était un fonds de 45 millions, mais c'était un
fonds de subventions, pas un fonds de dotation. Donc, il y a un plan... il y a
un plan stratégique qui a été mis en place dans les premières années, puis,
avec le temps, on a développé davantage un modèle où on gère des... on donne un
coup de main, en fait, en gestion de programme des partenaires gouvernementaux,
publics, maintenant un peu privés aussi. Donc, l'idée, c'est l'espèce de... de
neutralité qu'il y avait en... qui est nécessaire en gestion de programme,
gestion de fonds publics qu'on a... qu'on a développé, qui nous permet de...
Donc, c'est du financement par mandat. Il n'y a pas de financement de base, il
n'y a pas de finance statutaire non plus, là, rien de ce type-là. Oui. C'est
par mandat.
Mme McGraw : Mais vous
recommandez de pérenniser le Fonds Écoleader, mais pas nécessairement votre
fonds.
M. Girard (Nicolas) : Ah!
puis ce n'est pas...
Mme McGraw : Pour avoir plus
d'indépendance ou de...
M. Girard (Nicolas) : Oui, bien,
l'idée, c'était de pérenniser le Fonds Écoleader, donc de s'assurer qu'au moins
on ait une stabilité de cinq ans pour le Fonds Écoleader. Nous, c'est ce qu'on
demande, là, pour clarifier la demande, là. On a besoin d'avoir un cinq ans.
C'est la décennie où... Tu sais, on a 10 ans pour... Il faut donner un coup. Il
faut que la transition se passe. Il faut que les... Les entreprises sont là. On
ne peut pas... On ne peut pas juste dire : OK, on arrête, on fait d'autres
choses à côté. La structure est en place, il y a des partenaires, il y a
20 partenaires autour. On a développé des tentacules partout en région
parce que les agents ont développé des comités de pilotage en région où ils
sont connectés sur toutes les organisations de développement économique local.
Donc, tout est là, toute la structure est là, donc il faut en profiter, là.
Mme McGraw : Avant que je
passe à mon collègue, est-ce qu'il y a... parce que j'ai encore du temps, mais
je n'ai pas besoin de tout utiliser le temps. Mais est-ce que, selon vous, s'il
y aurait... évidemment, il y a cinq recommandations, mais s'il y aurait... si
vous laissez... vous nous laissez avec un mot, ou une recommandation, ou
quelque chose qui, en tout cas, que vous pensez qui est vraiment prioritaire,
vous avez un peu de temps, là, donc...
M. Girard (Nicolas) : J'ai
parlé beaucoup du Fonds Écoleader. Moi, je reviendrais sur la question du
financement, financement, puis objectifs, et cibles, et indicateurs plus
clairs. Donc, ça, je pense que c'est important, où est-ce qu'on veut aller.
Mme McGraw : Merci.
M. Girard (Nicolas) : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député de la deuxième
opposition, député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. J'ai combien de temps?
Le Président (M. Jacques) : Quatre
minutes et un peu plus.
M. Grandmont : Parfait.
Merci. M. Girard, Mme Caron, merci beaucoup d'être là aujourd'hui pour cet
important exercice. Je connais bien, moi aussi, le Fonds Écoleader, à l'instar
de certains de mes <collègues...
M. Grandmont :
...cet
important exercice. Je connais bien, moi aussi, le Fonds Écoleader, à l'instar
de certains de mes >collègues. Je comprends aussi que vous avez une
vision large sur le développement durable, l'environnement en général aussi. C'est
toujours quelque chose que j'ai considéré une force chez vous. Ayant cette
vision très, très large, est-ce que vous... à la lecture de la stratégie qui
est proposée par le gouvernement, est-ce que vous voyez... est-ce qu'il y a des
incohérences qui vous sautent aux yeux? Est-ce que vous en avez une, ou deux,
ou trois, là, qui vous sautent vraiment aux yeux, là?
M. Girard (Nicolas) : Des
incohérences qui me sautent aux yeux, pas nécessairement. Je trouve qu'on
embrasse large. Les objectifs, les cibles sont... J'ai vu ce que ça a donné
dans le passé puis je vois qu'il y a une amélioration continue dans chacun des
ministères. Tu sais, il y a... Au niveau des incohérences, non, pas
nécessairement.
Il faut dire, par contre, qu'on a eu 10
jours pour se préparer pour la consultation. Donc, c'est sûr qu'on a... Est-ce
que c'est un travail exhaustif? Je ne peux pas dire que c'est un travail
exhaustif non plus de la politique. On a ciblé en fonction un peu de notre
prisme à nous, là, puis des secteurs dans lesquels on est intervenus dans les
dernières années, là, oui.
M. Grandmont : Je vais
peut-être aller plus précis sur un sujet que je connais un petit peu plus là,
mais vous parlez, dans votre recommandation n° 3, là,
de miser sur le contact avec la nature. Vous estimez qu'il y a un déficit
nature important dans la population québécoise, chez les jeunes, chez les moins
jeunes. Vous demandez à ce qu'il y ait des actions concrètes pour lutter contre
le déficit nature. Vous en avez nommé tantôt quelques-uns qui nous amènent
beaucoup à déplacer les gens vers là où il y a cette présence de la nature,
finalement. Aussi, vous avez parlé aussi, là, de possibilité de donner des
cours à l'extérieur.
En même temps, ce qu'on remarque sur le
terrain, c'est que les espaces naturels sont un peu pris d'assaut de toutes
sortes de manières. Est-ce que vous ne pensez pas que, par exemple, l'étalement
urbain, la multiplication des infrastructures autoroutières pourrait être une
incohérence, finalement, dans le cadre d'une stratégie gouvernementale qui
ferait la place au contact nature?
M. Girard (Nicolas) : Est-ce
qu'il y a une incohérence là? Écoutez, bonne question. C'est sûr que pour ce
qui est des... dans les grands centres, l'enjeu, la proximité des espaces
naturels est importante. Puis je pense qu'on doit... on doit préserver, en fait...
on doit préserver des.... pas des Îlots de chaleur, là, mais on doit préserver
des îlots boisés en secteur urbain. C'est extrêmement important. On parle
d'enseignement extérieur, ça ne nécessite pas nécessairement d'amener les
jeunes dans la nature aussi. Des fois, quand il y a des boisés tout proches,
c'est possible de le faire sans nécessairement avoir trop de transport.
Mais la question de garder nos villes, de
garder des espaces verts en milieu urbain, effectivement, de lutter contre
l'étalement urbain, ça, on s'entend que, comme organisation de travail en
développement durable depuis 20 ans, on comprend très bien les enjeux liés à
l'étalement urbain, puis c'est sûr que c'est une préoccupation, mais je n'ai
pas regardé la stratégie sous cet angle-là.
M. Grandmont : Parfait. Excellent.
Vous avez parlé tantôt, puis j'étais bien content de la question de ma collègue
tantôt sur qu'est-ce que ça prendrait, dans le fond, pour améliorer au niveau
de la gouvernance. Vous avez nommé... j'étais content que vous nommiez, en
fait, là, les mécanismes de suivi, tu sais, d'avoir un comité de suivi, par
exemple. En tout cas, j'aimerais ça, que vous élaboriez un petit peu là-dessus.
Vous avez parlé d'objectifs, d'indicateurs. Peut-être juste élaborer sur les
bonnes pratiques de gouvernance pour être sûr que la stratégie, dans le fond,
là, on puisse la suivre dans le temps puis qu'on soit sûrs qu'on atteigne les
objectifs qu'on se fixe aussi.
• (15 h 30) •
M. Girard (Nicolas) : Bien,
moi, je vais y aller de façon très simple, je pense que la Loi sur le
développement durable prévoit des mécanismes vraiment intéressants. Il y a une
commissaire au développement durable, ce n'est pas rien, ce n'est pas toutes
les stratégies... pas toutes les lois au Québec qu'il y a un commissaire... tu
sais, qui sont suivies par un commissaire. Donc, il y a un commissaire qui suit
à chaque année. Les ministères sont... doivent faire des plans d'action aux
cinq ans. Maintenant, la commissaire a besoin d'avoir une structure pour suivre
l'état d'avancement de la stratégie. Puis ça prend des objectifs, ça prend des
cibles puis ça prend des indicateurs, ce qui manque un peu dans la stratégie en
ce moment, mais je pense que la structure de base est là pour faire le suivi.
Maintenant, c'est sûr que, si on ramène
puis qu'il y a une structure de gouvernance qui fait en sorte que cet enjeu-là,
de développement durable, est pris en considération par un comité
ministériel... Puis là on sait qu'on a quand même un ministre de
l'Environnement, tu sais, qui en mène... qui en mène quand même beaucoup plus
large qu'historiquement quand même, donc. Mais d'avoir des ministères-phares
autour de la table, bien, ça peut assurer, justement, l'atterrissage, en fait,
des principes de développement durable dans l'ensemble des ministères puis dans
le déploiement des politiques puis des... puis des programmes, oui.
M. Grandmont : Merci.
Peut-être une petite dernière, si je peux me le permettre. Oui? Il y a beaucoup
de groupes qui nous ont parlé de mesures d'écofiscalité, d'écoconditionnalité.
Peut-être juste vous entendre là-dessus. C'est revenu vraiment, vraiment
souvent. Qu'est-ce que vous pensez, là, de ces principes qui pourraient, selon
ces groupes-là...
15 h 30 (version révisée)
M. Grandmont : ...vraiment,
vraiment souvent. Qu'est-ce que vous pensez, là, de ces principes qui
pourraient, selon ces groupes-là, être mis en place pour s'assurer, dans le
fond, que, bien, ce qui est autorisé par le gouvernement ou encore les mesures
qui sont mises en place soient toujours un peu forcées d'être assujetties,
finalement, au principe du développement durable?
M. Girard (Nicolas) : Oui. Ça
fait plusieurs années qu'on parle d'écoconditionnalité. On était loin il y a 20 ans.
On commence à, je pense que le... on commence à être dans... On est dans une
période qui... où je pense qu'on peut commencer à en parler davantage. L'écoconditionnalité
est quand même, je pense... En fait, c'est deux leviers importants, c'est deux
leviers extrêmement importants. Je pense que la société civile est de plus en
plus prête, donc il suffit de voir, mais il faut cibler quand même des mesures...
Il y a des... puis là je n'ai pas des exemples... pas les exemples en tête,
mais si on met de l'écoconditionnalité dans tous les programmes, peut-être que
ça peut poser des enjeux. Mais assurément que ça peut être utilisé davantage.
Puis d'avoir des cibles, en fait, à cet égard, ce serait intéressant dans la
politique.
Pour l'écoresponsabilité, bien, on est par
la... moi, je suis un petit peu, là, l'exemple que j'avais tout à l'heure, on
est par la positive. Ça, bien, je pense que c'est intéressant, puis ça peut se
multiplier. Maintenant, effectivement, je pense qu'on est mûrs pour faire un
petit tour de roue, un autre tour de roue de ce côté-là.
M. Grandmont : Puis est-ce
qu'il y en a un des deux qui serait, disons, à mettre en place plus facilement,
plus rapidement, selon vous?
M. Girard (Nicolas) : L'écoresponsabilité
est plus facile à mettre en place. L'écoconditionnalité est plus... est plus
contraignant, est plus... va amener plus d'impacts aussi à court et moyen
terme, assurément.
M. Grandmont : Merci beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, M. le député. Merci pour votre contribution aux travaux de la
commission.
Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux à mardi le 7 février, à 9 h 45. Merci.
(Fin de la séance à 15 h 33)