Journal des débats (Hansard) of the Committee on Transportation and the Environment
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(November 29, 2022 au September 10, 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Tuesday, May 9, 2023
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Vol. 47 N° 10
Special consultations and public hearings on Bill 20, an Act to establish the Blue Fund and to amend other provisions
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
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Bogemans, Audrey
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Charette, Benoit
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McGraw, Désirée
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Zaga Mendez, Alejandra
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Bogemans, Audrey
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Charette, Benoit
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Grondin, Agnès
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McGraw, Désirée
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McGraw, Désirée
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Bogemans, Audrey
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Zaga Mendez, Alejandra
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Charette, Benoit
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Charette, Benoit
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Bogemans, Audrey
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Lemay, Mathieu
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McGraw, Désirée
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Zaga Mendez, Alejandra
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Bogemans, Audrey
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Charette, Benoit
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Grondin, Agnès
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McGraw, Désirée
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McGraw, Désirée
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Bogemans, Audrey
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Zaga Mendez, Alejandra
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Jacques, François
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Charette, Benoit
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Zaga Mendez, Alejandra
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Jacques, François
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Charette, Benoit
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Grondin, Agnès
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Grondin, Agnès
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Jacques, François
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Charette, Benoit
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McGraw, Désirée
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Zaga Mendez, Alejandra
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Jacques, François
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Charette, Benoit
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Lemay, Mathieu
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McGraw, Désirée
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McGraw, Désirée
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Jacques, François
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Zaga Mendez, Alejandra
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Charette, Benoit
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Charette, Benoit
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Jacques, François
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Grondin, Agnès
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McGraw, Désirée
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Zaga Mendez, Alejandra
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Jacques, François
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Charette, Benoit
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Bogemans, Audrey
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Grondin, Agnès
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McGraw, Désirée
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McGraw, Désirée
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Jacques, François
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Zaga Mendez, Alejandra
9 h 30 (version révisée)
(Neuf heures quarante-sept minutes)
La Présidente (Mme Bogemans) : Bonjour
à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la Commission des transports et de
l'environnement ouverte.
La commission est réunie pour procéder aux
consultations particulières et aux auditions publiques sur le projet de loi n° 20,
Loi instituant le Fonds bleu et modifiant d'autres dispositions.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Gendron (Châteauguay) est remplacée par M. Sainte-Croix (Gaspé)
et M. Grandmont (Taschereau), par Mme Zaga Mendez (Verdun).
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait.
Nous débuterons ce matin par les remarques préliminaires puis nous entendrons
par la suite les organismes suivants, soit le Regroupement des organismes de
bassins versants du Québec, le Réseau Environnement et l'Union des
municipalités du Québec.
J'invite le ministre de l'Environnement,
de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs à
commencer avec les premières remarques préliminaires. Vous disposez de six minutes.
M. Charette : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Déjà, vous mentionner que je serai plus bref que ces six
minutes à ce moment-ci. Essentiellement, un mot pour remercier les collègues
qui prendront part à cet important projet de loi. Je pense que c'est une des
initiatives les plus conséquentes, là, qu'on aura prise au fil des ans sur le
thème indispensable de l'eau. Donc, déjà, merci beaucoup à celles et ceux, là,
qui contribueront. Merci aux groupes que nous aurons le plaisir d'entendre.
Leur vision, leurs lunettes, nous sera très utile pour la suite des choses, et la
suite des choses, on a voulu la simplifier.
C'est plutôt rare qu'on arrive avec un
projet de loi dont les projets de règlements sont déjà publiés. Souvent, c'est
un travail qui se fait par la suite. Et je peux comprendre, dans certains cas,
le fait de ne pas avoir ces règlements-là ou ces projets de règlements là, ça
suscite plus de questions que de réponses. Donc, on a voulu anticiper ces
questions-là. Ce sont des éléments qui sont maintenant publics, qui sont à la
portée de tous.
Donc, les acteurs que nous aurons le
plaisir d'entendre au cours des prochains jours pourront bien naturellement
nous parler du projet de loi n° 20 lui-même, mais, si certains veulent
aborder la question des redevances, notamment, ils pourront le faire, là, avec
des données qui seront maintenant connues. Et je réitère la volonté du
gouvernement. Oui, adopter le projet de loi. Je vais souhaiter que l'on puisse
procéder le plus rapidement possible, mais aussi je vais souhaiter une édiction
rapide de ces projets de règlements là pour nous assurer que, dès le 1er janvier 2024,
on puisse effectivement les mettre en vigueur.
• (9 h 50) •
Donc, merci aux collègues. Vous allez me permettre
aussi de saluer les gens qui nous accompagnent, du ministère de l'Environnement.
Comme ministre, depuis quelques années, je me sens très, très privilégié de
pouvoir compter sur une équipe aussi dédiée, une équipe qui est aussi dévouée.
Donc, n'hésitez pas, et je lance le message à l'ensemble des collègues, si, à
tout moment, vous avez besoin, là, d'une précision beaucoup plus technique, ce
sont des gens qui sont là à notre disposition, à nous tous, comme
parlementaires, et qui sont intéressés, là, à vous entendre très, très
certainement.
Donc, aux collègues de l'opposition, aux
collègues du gouvernement, aux groupes que nous entendrons, très, très intéressé
à lancer cette consultation pour que l'on puisse se nourrir de l'expérience de
tout le monde. Donc, merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci
beaucoup, M. le ministre. J'invite maintenant la porte-parole de l'opposition
officielle et députée de Notre-Dame-de-Grâce à faire ses remarques
préliminaires pour une durée de 3 min 36 s. La parole est à
vous.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Avant de partager mes remarques préliminaires, je tiens tout d'abord
à vous saluer et le secrétariat qui vous assiste et qui nous assiste dans <nos
travaux en commission. Je veux évidemment saluer le...
Mme McGraw :
...et
qui nous assiste dans >nos travaux en commission. Je veux évidemment
saluer le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements
climatiques, de la Faune et des Parcs et les équipes qui l'accompagnent, qui
accompagnent le ministre. Je salue aussi les députés de la banque ministérielle,
et enfin la collègue de Verdun, de la deuxième opposition.
Alors, à titre de porte-parole de
l'opposition officielle en matière d'environnement et la lutte contre les
changements climatiques, parcs et faune, je très... je suis très heureuse de
pouvoir participer à la Commission des transports et de l'environnement qui
entretient des consultations particulières sur le projet de loi n° 20, Loi
instituant le Fonds bleu et modifiant d'autres dispositions. Je tiens à
remercier les groupes et les organismes qui sont présents lors de ces
consultations particulières. Je suis impatiente d'entendre leurs remarques,
commentaires et recommandations sur le projet de loi n° 20 déposé par le
ministre le 6 avril dernier.
Le projet de loi n° 20 était attendu
depuis longtemps. D'ailleurs, on pensait qu'il serait déposé lors de la
précédente législature. Malheureusement, cela a eu comme conséquence des
redevances perdues pour l'État québécois durant les dernières années. Nous
étudierons avec soin cette nouvelle pièce législative afin de s'assurer que le
niveau proposé de redevances est adéquat et promet une réelle protection de nos
ressources en eau, notre or bleu, au Québec.
Rappelons-nous que le territoire québécois
détient 3 % des réserves mondiales d'eau douce et près de 40 % de
cette eau se concentre dans le bassin hydrographique du fleuve Saint-Laurent, véritable
moteur de notre développement social et économique. Son importance est
primordiale puisqu'il draine plus de 25 % des réserves mondiales d'eau
douce, et des millions de Québécois et de Canadiens en dépendent pour leur vie
quotidienne tant pour l'eau potable qui est fournie que pour les emplois qu'ils
créent.
Pour notre formation politique, la
gouvernance du Fonds bleu fera l'objet d'une attention particulière de notre
part. Nonobstant la pertinence de rehausser les redevances, il faut demeurer
conscient que ce défi supplémentaire s'ajoute sur les épaules de nos entreprises
qui auraient besoin d'appuis de la part du gouvernement pour demeurer
compétitives. De plus, je tiens à saluer l'indexation des redevances et
l'évaluation périodique des mesures réglementaires touchant les redevances.
En terminant, Mme la Présidente, il y aurait
des éléments à surveiller, et je suis contente de participer aux présentes
consultations particulières. Comme je l'ai déjà dit, j'ai hâte d'entendre et
d'échanger avec les groupes lors de ces consultations. J'ai confiance qu'ils
pourront nous éclairer, nous, les membres de la commission, afin de bonifier le
projet de loi. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci
beaucoup. J'invite maintenant la porte-parole du deuxième groupe d'opposition
et députée de Verdun à entamer ses remarques préliminaires pour une durée de
1 min 12 s. La parole est à vous.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup. Je veux commencer aussi par saluer M. le ministre, les collègues de
la banquette ministérielle, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Et ce que je
veux nous dire rapidement, c'est qu'on est contents d'être ici, autour de la
table, pour bonifier le projet de loi qui est présenté parce que c'est une
grande attente de la part des groupes. Ça fait longtemps qu'on pousse, avec ma
formation politique, pour mettre à jour et même aller au-delà en ce qui
concerne les redevances sur l'eau. On est assis sur une mine d'or bleu, on en est
tous et toutes conscients, et il faut être capable de se donner les moyens pour
la protéger. Puis c'est avec cet esprit-là que nous allons aborder le PL n° 20, dans un esprit aussi de collaboration et d'écoute
des demandes des différents groupes qui vont nous présenter leur vision et leur
expertise terrain, donc, je crois, qui va être essentielle pour bonifier ce
projet de loi là.
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait.
Merci. Nous allons maintenant débuter les auditions. Je souhaite la bienvenue
aux représentants du Regroupement des organismes de bassins versants du Québec
et je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire votre
exposé aujourd'hui, après quoi nous procéderons à la période d'échange avec les
membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter puis à commencer
votre exposé, s'il vous plaît.
M. Madison (Mathieu) : Parfait.
Bonjour. Merci de nous inviter, en premier cette fois-ci, pour ce projet de loi
n° 20. Je suis accompagné de Karine, à la direction générale du ROBVQ, et aussi
de Sébastien, qui travaille avec nous sur les documents qu'on vous présente aujourd'hui.
Mon nom est Mathieu. Je suis président du conseil d'administration du
regroupement et président d'un organisme de <bassins versants...
M. Madison (Mathieu) :
...du
regroupement et président d'un organisme de >bassins versants de la rivière
du Nord, à Saint-Jérôme, pour le secteur des Laurentides.
Aujourd'hui, on a choisi de vous présenter
surtout nos commentaires sur tout le volet Fonds bleu du projet de loi. Donc,
on va, plus tard, présenter, peut-être, nos... dans le contexte de consultations
sur le règlement sur les redevances, on va pouvoir présenter un autre avis sur
ce sujet-là, mais aujourd'hui on est vraiment là pour la question du Fonds bleu,
et le message central, c'est celui de l'arrimage qu'il y a à faire, à notre
avis, entre le Fonds bleu et la loi sur l'eau, donc, la loi sur l'eau, comme
vous le savez, qui est déjà en vigueur depuis bien longtemps et qui encadre un
peu notre compréhension et la valeur qu'on attribue à l'eau au Québec, mais
aussi qui a permis la création des organismes de bassins versants au Québec et
le travail qu'on fait depuis maintenant un peu plus de 20 ans sur le sujet.
Je vous présente les OBV. Là, en page 4,
on a une petite carte qui vous présente, entre autres, le territoire des
différents organismes de bassins versants du territoire du Québec. Chaque
couleur représente une zone de gestion intégrée de l'eau. Et le mandat qu'on a
du gouvernement, dans le cadre de la loi sur l'eau, est de faire la
planification stratégique de l'eau sur l'échelle de chacun de ces territoires-là.
Vous comprendrez que les territoires sont divisés par bassins versants avec
l'idée de pouvoir gérer la ressource selon les limites naturelles que la
ressource se situe sur notre territoire, et notre mandat, en gros, vise à faire
trois choses dans un cycle.
Donc, un cycle de gestion intégrée de
l'eau, ça dure à peu près 10 ans, et il y a trois étapes. La première étape,
c'est la planification stratégique, et c'est là qu'on forme, avec les acteurs
du milieu, une table de concertation. Donc, un peu comme le milieu municipal
fait des consultations publiques, nous, on fait de la concertation et on bâtit
un portrait, un diagnostic et un plan d'action pour la gestion des ressources
en eau sur ces différents territoires là. Ça, c'est la première partie du cycle
de la GIRE.
Et, par la suite, la deuxième section, la
deuxième partie dans le cycle de 10 ans, c'est celui de la mise en oeuvre. Donc,
ce qu'on veut faire pendant ces trois ou quatre années suivantes là, c'est de
mobiliser les acteurs, aller chercher leur engagement pour mettre en œuvre les
actions qui ont été décidées ensemble en concertation pour pouvoir protéger la
ressource en eau.
Et ensuite on fait le suivi un peu de la
mise en œuvre, pendant le troisième volet du cycle de GIRE, pour voir comment
ça s'est passé, qu'est-ce qu'on peut apprendre de cette expérience-là et
comment on fait mieux le prochain cycle de la GIRE. Ça fait déjà deux fois
qu'on passe à travers ce cycle-là et on commence... en ce moment, on est en
train de finaliser la planification stratégique du plan directeur de l'eau pour
le troisième cycle.
Et donc le résultat de tout ça, c'est
qu'on a maintenant des problématiques prioritaires, établies dans chacun des
territoires de ces 40 organismes de bassins versants là, qui nous permettent de
savoir vraiment c'est quoi, les priorités en matière de l'eau sur chacun des
territoires, à chacune des régions, et ce n'est pas des priorités qu'on a fait
de notre côté, par nous-mêmes, là, avec les professionnels à l'interne. C'est
vraiment des priorités qui sont établies avec les acteurs du milieu, entre
autres avec les gens que vous allez entendre aujourd'hui et dans les futures
rencontres que vous allez avoir, au cours des prochains jours, pour le projet
de loi. Ces acteurs-là sont, en réalité, représentés, à l'échelle de chacune
des régions, sur nos tables de concertation. Et donc, réellement, le plan
directeur de l'eau, c'est issu d'un consensus des acteurs du milieu. Donc,
c'est le troisième cycle. On recommence un peu ce système-là aujourd'hui et on
va arriver avec un nouveau plan directeur de l'eau.
• (10 heures) •
Je dis souvent qu'on est un peu le
département de recherche et développement du gouvernement en matière de
gouvernance de l'eau. On a appris beaucoup de choses dans les différents cycles
de GIRE qu'on a eus dans le passé. Les premiers constats qu'on a, c'est qu'il y
a vraiment des solutions importantes qu'on doit mettre en place pour assurer de
ne pas simplifier la complexité de la gestion de l'eau au Québec. Oui, c'est
compliqué, la qualité de l'eau, les inondations, les problématiques, les
écosystèmes, etc., mais c'est encore plus complexe, les acteurs qui sont
impliqués. Il y a beaucoup de gens qui ont des préoccupations différentes, des
intérêts différents, des vulnérabilités différentes, et ce serait... c'est une
erreur qu'on commet quand on tente de simplifier cette complexité-là. Il faut
vraiment viser l'inclusivité et travailler avec tous les gens possibles autour
de la table pour que tout le monde soit inclus.
Le deuxième constat qu'on fait, c'est
qu'il y a beaucoup de fragmentation qui se fait en gestion de l'eau, beaucoup
de travail en silo, et il faut vraiment défragmenter les choses et intégrer les
choses.
Et finalement la notion de succès, c'est
un sujet qu'on va revenir une couple de fois dans notre mémoire. On s'est
souvent dotés de cibles environnementales pour déterminer si on atteint
réellement un succès en gestion de l'eau. Ce n'est pas toujours si simple que
ça. Il y a des cibles qui sont difficiles à comprendre pour les acteurs du
milieu. Il y a des cibles que les gens ont de la misère à s'approprier, qui
sont un peu déconnectées de leur réalité sur le territoire. Donc, nous, on
propose souvent de redéfinir la notion de succès autour de l'opportunité
d'agir, la résilience, l'adaptation et, vraiment, un succès axé sur qu'est-ce
qui est vraiment bon pour le milieu, dans les... pour les vraies personnes, sur
les vrais territoires.
On trouve ça très, très intéressant. On
salue beaucoup, là, tout le projet de loi, la redevance, mais surtout le Fonds
bleu, là, c'est vraiment un pas vers l'avant. Ça fait un certain temps qu'on se
dit qu'il y a une limite à faire de la planification stratégique de l'eau et de
la gouvernance, mais il faut...
10 h (version révisée)
M. Madison (Mathieu) : ...on
se dit qu'il y a une limite à faire de la planification stratégique de l'eau et
de la gouvernance, mais il faut... maintenant, il faut faire de la gouvernance
de l'eau dans la mise en œuvre, et là on se dote d'un outil incroyable pour
pouvoir nous aider à faire ça, et essentiellement on voit une très grande
opportunité ici de ramener sur le terrain des orientations gouvernementales
pour la mise en œuvre. Il y a des limites à ce qu'on peut faire avec un fonds
avec des orientations gouvernementales. Le vrai succès, ça se mesure quand ça
atterrit bien sur le territoire, sur des vrais territoires, avec des vraies
problématiques, des vrais enjeux et des vrais humains derrière ça.
Donc, c'est avec ça en tête qu'on vous
présente essentiellement nos recommandations en lien avec le projet de loi,
mais surtout spécifiquement avec la question du Fonds bleu. Notre première
recommandation, en fait, c'est de faire le lien directement... en fait, nos
deux premières, c'est de faire le lien directement entre le Fonds bleu et la
loi sur l'eau. On le fait, mais on ne le fait pas nécessairement autant
spécifiquement qu'on pourrait le faire. Donc, dans la recommandation 1,
par exemple, on mentionne que ça serait bien que, quand on décide comment on
investit le Fonds bleu... qu'on fasse un lien directement avec ce qui est dans
le plan directeur de l'eau ou le PGIRE.
Donc, il y a aussi... à côté des OBV, il y
a aussi les tables de concertation régionales pour le fleuve, où ils font le
même travail que nous, mais à l'échelle du fleuve Saint-Laurent. Dans ces
documents-là, de planification stratégique, il y a déjà des cibles, il y a déjà
des priorités d'établies. On propose, en réalité, de s'assurer que le Fonds
bleu adresse spécifiquement ce qui a déjà été établi comme consensus dans
chacun des territoires de chacune des régions. C'est essentiellement la
recommandation 1 qu'on apporte, là, c'est de faire un lien direct, clair
et... entre le Fonds bleu et les documents qui sont issus de la loi sur l'eau.
La deuxième recommandation, ici, est
vraiment axée sur l'évaluation du succès du Fonds bleu. Comme on l'a mentionné
tantôt, la redéfinition du succès est importante, là. Il y a des plans qui ont
été établis dans le passé, qui ont ciblé des cibles qui sont difficiles à
atteindre, qui sont mécomprises, qui sont un peu déconnectées des réalités sur
le terrain. Donc, on propose d'assurer de faire une évaluation qualitative des
résultats du Fonds bleu, pas seulement quantitative, pas seulement mesurer le
phosphore dans la rivière puis voir si ça a changé dans le temps, mais aussi se
baser davantage sur la résilience collective, sur l'adaptation, sur l'opportunité
d'agir, sur l'engagement des acteurs comme des cibles qui sont tout aussi
intéressantes pour dire qu'on avance, là.
Ensuite, on arrive à la recommandation 3.
Ici, encore une fois, on vous suggère tout simplement de mentionner directement
les organismes de bassins versants et les tables de concertation régionales
puisque le travail de planification stratégique pour déterminer de quelle
manière on devrait, de manière efficace, investir des ressources sur la
question de l'eau est issu au sein de ce qu'on fait déjà, nous, depuis deux
cycles de GIRE et demi, là.
On mentionne aussi que l'OBV, en général,
on se met à développer un rôle d'orchestration. Ça ne veut pas dire qu'on met
en œuvre tout à fait toutes les actions du plan directeur de l'eau, loin de là.
On n'a pas le pouvoir ou les ressources pour faire ça dans la plupart des... du
temps, mais on a un pouvoir d'orchestrer, de rassembler, de mobiliser et d'aller
chercher l'engagement des acteurs autour d'une valeur ajoutée pour tous, et
nous, on a ce pouvoir-là, en gros, de régionaliser la gouvernance de l'eau, là.
C'est ce qu'on a développé depuis 20 ans, avec la bonne grâce du
gouvernement, à travers la loi sur l'eau. Donc, on propose, en réalité, qu'on
puisse jouer un rôle central dans la mise en œuvre du Fonds bleu parce qu'on
est effectivement des ressources qui sont encore sous-utilisées, à mon avis,
sur ce genre de point là.
Finalement, au niveau de la mise en œuvre,
j'arrive à la recommandation n° 4... Comme je disais
tantôt, le troisième volet de notre mandat, disons, de gouvernance de l'eau, c'est
celui de la mise en œuvre et... c'est-à-dire, le suivi de la mise en œuvre.
Donc, on considère que faire le suivi de la mise en œuvre du Fonds bleu, c'est
comme faire le suivi de la mise en œuvre du plan directeur de l'eau. Ça fait qu'on
pourrait tout à fait jouer ce rôle-là, pour le gouvernement, de faire, à l'échelle
des 40 régions, des 40 ZG, des 40 zones de gestion, le suivi du
Fonds bleu en même temps qu'on fait le suivi de la mise en œuvre du plan
directeur de l'eau. C'est aussi une autre manière pour mieux utiliser les
ressources que vous avez déjà à votre disposition.
Et on sait qu'en même temps — à la
recommandation n° 5 — il y a un forum d'action
sur l'eau qui se fait en parallèle de cette consultation-ci. Il y a vraiment un
travail en amont qui s'est fait en concertation avec les acteurs à l'échelle
nationale. On propose que ce forum-là continue à exister dans le futur et
puisse jouer un certain rôle de suivi de la manière que le Fonds bleu est
utilisé, l'amélioration continue du Fonds bleu et son fonctionnement.
Donc, c'est, grosso modo, ça, les
recommandations, et, comme je vous disais tantôt, on va revenir éventuellement
avec un avis sur, vraiment, la question de la redevance. Là, on voulait
vraiment prendre le temps de travailler sur la question du Fonds bleu
directement.
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait.
Je vous remercie pour votre exposé. Maintenant, nous allons débuter la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Charette : Bien gentil, merci,
Mme la Présidente. Bonjour à vous. J'allais dire «à vous trois». Il y a une
autre personne qui est en retrait, que je salue également. Écoutez, merci, un,
d'être d'être là avec nous ce matin, mais également pour le travail que vous
faites. Vous l'avez bien mentionné, les <organismes que vous...
M. Charette :
...pour
le travail que vous faites. Vous l'avez bien mentionné, les >organismes
que vous représentez jouent un rôle fondamental dans la mission, là, que l'on
s'est donnée, que vous vous êtes donnée également, et surtout un rôle sur
l'ensemble du territoire québécois, ce qui est, pour le gouvernement du Québec,
une référence, là, qui est importante.
Question qui peut sembler très, très
générale, on a déjà confirmé un 500 millions de dollars, ce qui représente
une somme intéressante, très certainement, mais, à l'annonce de ce montant-là,
il y a plein d'organismes, associations, regroupements qui nous ont fait valoir
des projets, et, si on devait tous les retenir, ce 500 millions de
dollars là serait écoulé en un temps... pratiquement instantanément. Comment
prioriser, ultimement, ces sommes-là, qui sont appelées à croître au fil des
ans, mais comment prioriser? Est-ce que c'est à travers une régionalisation?
Est-ce que c'est... Je serais curieux, puis c'est très général, comme question,
dans un premier temps, mais c'est le dilemme auquel on aura à faire face assez
rapidement, une fois le projet de loi adopté, une fois la réglementation
édictée, et c'est une question, là, à laquelle on ne pourra pas échapper.
M. Madison (Mathieu) : Merci
pour la question. Elle est très pertinente. Je pense qu'il y a une question
d'échelle aussi à la question de la priorisation. Il y a des priorités
nationales, effectivement, qui vont pouvoir s'appliquer partout au Québec, mais
chacune des régions a tout de même des priorités et des nuances qui s'opèrent
sur le territoire. Nous, en fait, ces nuances-là sont déjà établies dans le
travail qui est réalisé au niveau du plan directeur de l'eau. C'est le mandat
que le gouvernement nous a donné, d'établir des priorités qui sont à l'image de
chacune des régions sur lesquelles on travaille.
On vous a mis en annexe du mémoire le
travail qu'on a fait en préambule du Fonds bleu et, entre autres, avec le Forum
d'action sur l'eau, et vous allez voir que les partenaires qui sont proposés
pour les différentes initiatives ou les domaines d'intervention qui sont ancrés
sur les différents territoires, les acteurs de l'eau et bénéficiaires qui sont
déjà mobilisés par les OBV sont toutes les autres organisations qui, comme vous
dites, et comme on dit toujours, viennent discuter de comment utiliser ce
fonds-là, là.
Donc, à l'échelle régionale, les
différentes organisations nationales qui revendiquent pour... un morceau de la
tarte, si on veut, sont déjà bien représentées à l'échelle de chacune des
régions. Donc, comment prioriser, c'est déjà un peu fait à l'échelle régionale.
Maintenant, à l'échelle nationale, ça s'établit peut-être au niveau du Forum
d'action sur l'eau en ce moment, mais, nous, le travail de priorisation à
l'échelle régionale a un peu déjà été fait. Donc, comment le faire? Il a été
fait.
M. Charette : Et un autre
dilemme qu'on aura à gérer, non pas à trancher, mais à concilier, le plan
directeur sur l'eau, prévu pour 2024, son renouvellement... On a le Forum
d'action sur l'eau qui, lui, d'ici la fin de l'année, dans les prochains mois,
devrait nous être très précieux aussi à travers ce qu'ils nous recommanderont.
Comment concilier les deux? On ne veut pas attendre 2024, mais, en même temps,
on ne veut pas être en contradiction avec ce qui sera fait comme mise à jour du
plan directeur. Comment concilier les deux calendriers?
• (10 h 10) •
M. Madison (Mathieu) : Je
pense que ça se fait bien. Je pense que le timing est très bien. On pourrait
arriver dans un cycle de GIRE où est-ce que notre plan directeur de l'eau était
encore moins prêt que ce qu'il est déjà, mais le travail de concertation a déjà
été réalisé à l'échelle des 45 organismes de bassins versants, d'où
l'issue du document en annexe, là. Ce travail-là a déjà été priorisé. Les problématiques
prioritaires sont déjà établies et les gens sont déjà mobilisés, je dirais,
même, depuis le cycle de la GIRE précédente, là. Les acteurs à l'échelle
régionale sont prêts à passer à l'action. Ils l'étaient dans le plan directeur
de l'eau précédent.
Là, on recommence un processus de
planification. Il y en a qui sont un peu désenchantés de ça, même qui sont
peut-être, des fois, démobilisés par ça. Ils sont prêts à passer à l'action et
ils se demandent pourquoi on repriorise encore des priorités. Donc, je dirais
que le travail est là, et l'arrimage se ferait bien. Je pense que le point de
départ serait probablement les différents domaines d'intervention qui sont
proposés en annexe. Même si le plan directeur n'est pas encore sur la table,
analysé et adopté, ça va ressembler beaucoup à ça parce que c'est déjà ça qui
ressort comme résultat dans la concertation à l'échelle régionale.
M. Charette : Merci. Pour ne
pas accaparer tout le temps de question trop court, là, qui nous revient, deux
petites questions plus rapides pour faire suite à certains de vos propos.
Vous souhaitiez une mise à jour, comment
ces sommes-là seront utilisées, une sorte de reddition de comptes ou, sinon,
d'évaluation. Le fin détail n'est pas arrêté, mais on pense peut-être faire un
parallèle avec le fonds, sur le fameux FECC, sur l'électrification et les
changements climatiques, c'est-à-dire une mise à jour annuelle, et certainement
une démonstration la plus transparente possible des résultats obtenus à travers
les différentes mesures, là, qui <seront mises en place...
M. Charette :
...les
différentes mesures, là, qui >seront mises en place.
Donc, c'est dans notre intention. Je pense
que, pour les différents plans de mise en œuvre au niveau de la lutte aux
changements climatiques, c'est un bel exercice de transparence. On voit très
clairement ce qui a mieux fonctionné et ce qui mérite d'être amélioré encore
davantage. Donc, c'est certainement un élément de référence pour nous.
J'aime l'idée... aussi, vous avez
mentionné que ce serait peut-être bien de maintenir ce Forum d'action sur
l'eau. Sans prendre un engagement à ce moment-ci, c'est certainement quelque chose
à considérer. La fréquence des rencontres, une fois le rapport produit, là,
dans les prochains mois, serait sans doute appelée à être revue, mais c'est
certainement dans l'intérêt de tous les acteurs de l'eau de garder cette
mobilisation-là et de continuer à alimenter ce que deviendra le Fonds bleu et
notre réflexion plus générale, là, sur la gestion de l'eau.
Donc, c'est deux éléments, là, pour
lesquels je voulais vous rassurer. Je parlais de questions, ce n'est pas une
question, c'est plutôt des affirmations ou, à tout le moins, des éléments
d'échange, mais, si vous voulez y répondre, soyez bien à l'aise. Sinon, je sais
que j'ai des collègues qui regardent le temps défiler et qui aimeraient bien
pouvoir échanger avec vous aussi.
M. Madison (Mathieu) : Peut-être
très court... Le Forum d'action sur l'eau est vraiment un outil de concertation,
à l'échelle nationale, qui est très puissant, à mon avis, et qu'on sous-utilise
aussi en ce moment. Ça pourrait être un futur mandat du Forum d'action sur
l'eau de se pencher sur la mise en œuvre du Fonds bleu, mais aussi se pencher
sur la gouvernance de l'eau au sens large. Là, on est dans les fins détails de
la priorisation, en ce moment, sur le fonds, mais la question de la gouvernance
au sens large, c'est ce qu'on fait en ce moment avec nos tables de
concertation. C'est très intéressant, ce qui ressort, à l'échelle régionale,
sur la question de la gouvernance.
M. Charette : Merci
beaucoup.
M. Madison (Mathieu) : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Bogemans) :
Merci. La parole est maintenant à la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci, Mme
la Présidente. Il reste combien de temps, parce que j'ai tellement de questions
que...
La Présidente (Mme Bogemans) :
9 min 20 s.
Mme Grondin : Neuf
minutes? Donc, M. Madison, Mme Dauphin, bonjour. Merci. Mon collègue
est toujours... Merci d'être là en personne. Je sais que, pour certains, vous
avez voyagé, j'imagine, Saint-Jérôme—Québec.
M. Madison (Mathieu) : Entre
autres.
Mme Grondin : Donc,
merci d'être là en personne, c'est toujours intéressant.
J'ai bien compris, dans vos interventions,
que vous réinsistez ou réitérez le fait que, dans le fond, vous avez déjà
régionalisé tout ce qui touche la gouvernance de l'eau. Vous avez déjà
identifié des priorités qui sont spécifiques à chaque région ou à chaque zone
de gestion de l'eau. Vous dites que vous êtes... plus tôt, votre expertise que
vous avez développée, j'aime bien le fait... quand vous dites que vous êtes un
peu la recherche et développement du gouvernement du Québec en matière d'eau,
que vous avez... que votre expertise que vous avez développée au cours des
20 dernières années est probablement encore sous-estimée. J'entends bien
le fait que les acteurs de l'eau dans chaque région sont prêts à passer à
l'action. Donc, il y a une mobilisation.
D'ailleurs, ce que je trouve intéressant
dans votre mémoire, c'est que vous faites un lien, je ne l'avais pas vu comme
ça, mais je trouve ça vraiment intéressant, entre la transparence des données,
qui est... qui est un élément essentiel à la mobilisation... J'aime bien le
lien que vous faites. Vous parlez... à quelques reprises, je vous ai entendu
parler de revoir les facteurs de succès. Vous en avez glissé un mot rapidement,
mais, concrètement, ça veut dire quoi? Avez-vous un exemple concret que je
pourrais mieux saisir?
M. Madison (Mathieu) : Dans
le fond, dès le départ, dans nos plans directeurs de l'eau, on avait comme deux
types d'objectifs, ce qu'on... ce que moi, j'avais appelé la cible, donc, le
paramètre environnemental, si on veut, sur la rivière, sur lequel on fait un
suivi à long terme, là, par exemple, le phosphore ou les coliformes fécaux dans
la rivière... Ça, c'est des choses sur lesquelles, en tant que gestionnaires de
l'eau ou en tant qu'acteurs de l'eau, on n'a pas de contrôle direct dessus. Donc,
quand on décide qu'on se dote d'une cible ou qu'on s'engage, on ne devrait pas
s'engager directement sur ça parce qu'on ne contrôle pas ce facteur-là, ce
paramètre-là. On devrait plutôt avoir une cible ou un objectif qu'on contrôle,
donc, notre capacité d'agir, et, là-dessus, s'engager sur ce qu'on est capables
d'agir dessus.
Je vais prendre un exemple que je prends
tout le temps, là, puis pas pour critiquer quoi que ce soit, là, mais je vais
utiliser le Plan d'agriculture durable comme point de départ. Dans le Plan
d'agriculture durable, il y a des objectifs qui sont contrôlables par
l'agriculteur ou par les acteurs du milieu agricole comme les pourcentages de
terres qui sont sur lesquelles on utilise des pesticides ou autres. Donc, de
s'engager <sur une cible de réduire...
M. Madison (Mathieu) :
...sur
lesquelles on utilise des pesticides ou autres. Donc, de s'engager >sur
une cible de réduire les terres sur lesquelles on utilise des pesticides, ça,
c'est quelque chose qu'on contrôle directement.
Par contre, il y a aussi une cible qui est
d'augmenter les macro-invertébrés dans les rivières. Ça, ce n'est pas quelque
chose qui est très parlant pour un agriculteur. Ce n'est pas quelque chose
qu'il connaît, ce n'est pas quelque chose qu'il peut s'approprier facilement,
et c'est surtout quelque chose pour laquelle il se dit que je n'ai pas de
contrôle dessus. Donc, qu'est-ce qui arrive si on mesure, dans 10 ans,
15 ans, 20 ans, les macro-invertébrés dans toutes les rivières puis
qu'on s'aperçoit qu'ils n'ont pas augmenté? Est-ce qu'on est capables de
déterminer qu'on n'a pas réussi le Plan d'agriculture durable sur seulement
cette base-là? Probablement pas.
Donc, ce qu'on propose ici, entre autres,
dans la recommandation 3, c'est d'avoir, oui, des paramètres qui sont axés sur
l'environnement, les choses qu'on ne contrôle pas directement, mais mesurer le
succès surtout et aussi sur les choses qu'on contrôle directement, notre
capacité à mobiliser les gens, les actions qui sont prises, les gens qui sont
plus embarqués dans des projets, l'opportunité d'agir, notre adaptation.
Peut-être qu'on est passés l'étape de protéger la ressource puis on est
peut-être rendus à l'étape de s'adapter à développer notre territoire avec la
ressource, la résilience collective. Donc, ça, c'est des choses qu'on devrait
inclure davantage dans notre capacité à mettre en œuvre et faire le suivi et
mesurer le succès sur cette base-là. Mettons...
Mme Grondin : J'aurais...
Vous me permettez que je vous coupe?
M. Madison (Mathieu) : Bien
oui.
Mme Grondin : On a vu le
rapport... Prenons l'exemple des milieux humides et hydriques. On a vu le
rapport de la Commissaire au développement durable. Évidemment, quand elle
évalue le succès, elle se base sur des cibles qui sont surtout quantitatives.
Est-ce qu'on est capables, au Québec, où on doit faire de l'innovation sociale,
de baser, ou d'évaluer, ou d'avoir une reddition de comptes sur notre capacité
d'adaptation?
M. Madison (Mathieu) : Je
pense que ça, c'est un excellent exemple, puis les PRMHH vont nous donner des
outils... le plan régional des milieux humides et hydriques, là, à chacune des
MRC, va nous donner des outils sur lesquels on pourrait mesurer le succès du
PRMHH sur autre chose que seulement la cible d'aucune perte nette. On s'est
donné la cible d'aucune perte nette, mais c'est complexe, cette cible-là. Ce
n'est pas tout le temps des choses qu'on contrôle en tant que gouverneur du
territoire ou gestionnaire d'un territoire, mais il y a des cibles qui vont
être établies dans les plans régionaux qui vont pouvoir mesurer le succès à
l'échelle des différentes régions beaucoup mieux qu'aucune perte nette ou,
disons, en parallèle. La capacité à une municipalité à mettre en place une
réglementation plus stricte sur la question des milieux humides, de favoriser
une utilisation plus durable de son territoire, ça, c'est des cibles qu'on
pourrait se doter dans un PRMHH ou même, par exemple, dans un fonds bleu, où là
on pourrait mesurer rapidement la capacité à ces acteurs-là de mettre en place
ces choses-là et dire : Oui, on n'a pas... peut-être pas atteint aucune
perte nette au sens large, mais 80 % de nos municipalités ont cru bon
modifier leur schéma d'aménagement avec leur réglementation municipale pour
mieux s'adapter à la question des milieux humides et hydriques sur leur territoire.
Donc, ça, c'est...
Mme Grondin : Vous avez... Je
vous coupe encore, je suis désolée, parce que vous pourriez parler pendant des
heures, j'imagine. Je trouve ça très intéressant, parce qu'à l'annexe 1 vous
avez fait un travail de mobilisation avec différents organismes de bassins
versants. Je n'ai pas compté le nombre de projets que vous proposez, mais, en
fait, dans plusieurs de vos organismes de bassins versants, il y a déjà cet
exercice de priorités à l'échelle du bassin versant. Vous avez identifié les
partenaires. Donc, vous seriez prêts, déjà, comme, genre, demain matin, à
passer à l'action?
• (10 h 20) •
M. Madison (Mathieu) : Pour
la plupart, effectivement, des propositions qui sont faites en annexe 1, c'est
des initiatives qui sont déjà discutées à l'échelle de chacune des régions
depuis un certain temps et qui ressortent comme des priorités même depuis le plan
directeur de l'eau précédent. Le rôle de l'OBV, c'est d'orchestrer la mise en
œuvre de ça. Ça ne veut pas dire que c'est l'OBV qui prend tout l'argent et
qu'il le fait tout de son bord. On n'a pas les ressources ou les capacités de
faire ça, mais les acteurs qui sont là, qui seraient à la fois partenaires, qui
seraient aussi, mettons, collaborateurs dans la mise en œuvre, mais aussi
bénéficiaires de ces projets-là, eux sont déjà embarqués, sont déjà mobilisés,
et c'est ce qu'on voudrait, de plus en plus, faire, avec le réseau des OBV,
dans la gouvernance de l'eau, c'est de passer à l'action, c'est vraiment là,
là.
Mme Grondin : OK, dernière
question, je pense. Il me reste à peine deux minutes, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bogemans) : Oui.
Mme Grondin : Donc, une
minute pour moi, une minute pour vous, M. le président. Vous avez fait un lien
avec le fait que peut-être qu'il serait intéressant de voir le Forum d'action
sur l'eau dans... sur la question de la reddition de comptes ou, du moins, sur
la question du suivi. Vous êtes membre du Forum d'action sur l'eau. À votre
avis, manque-t-il des membres ou une expertise dans cette dimension-là, de
suivi ou de reddition de comptes au <sein du forum actuellement...
Mme Grondin :
...dans
cette dimension-là de suivi ou de reddition de comptes au >sein du forum
actuellement?
M. Madison (Mathieu) : Je
pense que ce qui est très bien avec le Forum d'action sur l'eau... C'est des
gens qu'on va entendre aussi en commission, ici, là. Vous allez entendre les
gens qui ont déjà participé, en parallèle à cette consultation-ci, qui ont
aussi travaillé, au Forum d'action sur l'eau, sur les priorités du Fonds bleu.
Je pense qu'on est bien entourés et je pense qu'il y a beaucoup d'acteurs
intéressants qui sont là. Il y a un travail qui se fait, veux veux pas,
derrière les rideaux, par rapport à ça, parce que nous, on se met à jouer un
peu le rôle d'orchestration, avec le ROBVQ, et on va chercher ce qui manque un
peu à l'extérieur de ça. On gère la table de concertation de notre côté comme
on ferait à l'échelle des OBV.
La Présidente (Mme Bogemans) : Il
vous reste 30 secondes.
M. Madison (Mathieu) : Puis...
mais il y aurait certainement du cas par cas à discuter. Je pense que ce qui
est important avec le Forum d'action sur l'eau, c'est s'assurer qu'on a une
valeur ajoutée pour tous et qu'on ne soit pas dans la négociation, mais plutôt
dans réellement une collaboration vers un consensus. Donc, je viserais à, si on
veut bonifier les membres de cette table-là... de viser des acteurs qui sont
prêts à faire ce travail-là, mais d'assurer aussi une... que ça soit équilibré,
là, sur la table, et, à mon avis, en ce moment, ça l'est quand même assez bien,
là, tel que ce l'est, mais ce serait peut-être du cas par cas, là, à mon avis,
là, chacun des gens qui pourraient vouloir être là.
Mme Grondin : C'est fini?
Merci beaucoup, merci.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à la députée de l'opposition officielle.
Mme McGraw : Et, juste pour
clarifier, Mme la Présidente, combien de minutes en tout, juste pour clarifier?
La Présidente (Mme Bogemans) : 12 min 23 s.
Mme McGraw : Ah! super, merci
beaucoup. Alors donc, merci beaucoup d'être là et pour le mémoire très
intéressant, la présentation aussi. En conclusion, vous avez dit à la toute fin :
On va revenir sur la question des redevances, mais je ne sais pas quand ça va
se faire. Donc, je profite de l'occasion justement pour parler de... vous poser
des questions là-dessus. Alors, la première question, c'est en matière de
gouvernance. Est-ce que les mesures dans le projet de loi, selon vous, sont
adéquates pour que les sommes prévues soient utilisées aux fins prévues?
M. Madison (Mathieu) : Je
pense que c'est un très bon départ... point de départ, là, très, très bon même.
En fait, vous allez entendre beaucoup d'acteurs qui vont venir vous partager
comment devraient être redistribués, en réalité, ces fonds-là, puis la question
de la priorisation, je pense qu'on l'a déjà adressée, là, mais je pense que les
outils qui sont dans la loi, la manière que c'est présenté, nous donneraient la
capacité de bel et bien replacer l'argent aux endroits où il y a le plus de
besoins, là. Donc là, si je comprends bien la question, on parle de comment on
utilise la ressource, pas comment on va chercher la ressource financière.
Mme McGraw : Bien, les
mesures, c'est comment... et les sommes aussi... pour que les sommes soient
bien utilisées aux fins prévues. Donc, selon vous, c'est un bon départ...
M. Madison (Mathieu) : Oui,
exact, tout à fait, là. Là, on ne s'adresserait peut-être pas sur... tu sais,
j'imagine que la question n'était pas sur les montants et... qui est identifié
dans...
Mme McGraw : Bien, écoutez,
vous êtes libre de répondre. Je vous donne...
M. Madison (Mathieu) : Ça
aussi, je dirais que c'est un bon point de départ, pour vrai. Il y avait un
retard. Je pense qu'on avait accusé un retard sur la question de la redevance,
et là on vient vraiment la rééquilibrer, là, si on veut. La question de l'utilisation,
tu sais, on est vraiment dans une espèce d'utilisation... utilisateur-payeur,
là, dans ce processus-là. C'est sûr qu'en gouvernance de l'eau on amènerait
aussi toute la question du pollueur-payeur. On pourrait aussi considérer la
question de l'utilisation au sens large de la ressource, pas seulement les
grands préleveurs. Ça, c'est toutes des thématiques qui pourraient faire partie
d'une exploration, si on veut, ou d'une étude éventuelle.
Il y a des modèles, ailleurs dans le monde,
où chaque personne qui utilise l'eau contribue financièrement à un fonds bleu,
en quelque sorte, de l'utilisation de la ressource pour ensuite redistribuer,
pour assurer la protection, l'adaptation, mais je comprends qu'on n'est
peut-être pas rendus là au Québec, pas à cause que le gouvernement, il n'est
pas rendu là, mais parce que même la collectivité n'a peut-être pas saisi
l'importance... On a l'impression qu'il y en a à l'infini, de l'eau, au Québec,
mais on commence à voir beaucoup, dans nos régions... il y a beaucoup de
régions... puis on pourrait revenir sur certains points qui sont en annexe, là,
mais il y a des questions d'accès à la ressource. Il y a des conflits d'accès à
la ressource. Il y a du manque d'eau à certains endroits.
Je pense que la culture de l'eau va
peut-être changer, et ça va nous amener, en tant que collectivité, de pouvoir
redéfinir qu'effectivement il y a peut-être lieu de discuter sur la manière
dont on utilise l'eau, et peut-être que, là, à ce moment-là, on serait
peut-être plus prêts, en tant que... même en tant que citoyens, de contribuer à
un fonds bleu quand on se fait un bain ou quand on utilise l'eau à la maison,
là.
Mme McGraw : Si je comprends
bien, vous prévoyez ou vous parlez un peu d'un projet ou d'un programme, justement,
pour sensibiliser les Québécois, justement, pour accompagner peut-être ces
mesures gouvernementales, réglementaires?
M. Madison (Mathieu) : En
fait, ça, ça a déjà lieu. Il y a beaucoup de travail qui s'est fait pour
travailler sur la question de l'utilisation durable de la ressource au sein des
citoyens. Les OBV ne sont pas nécessairement... Tu sais, on est beaucoup axés,
nous, notre travail, en concertation avec les acteurs, pas nécessairement <avec
les citoyens...
M. Madison (Mathieu) :
...
en concertation avec les acteurs, pas nécessairement >avec les citoyens,
c'est de même que le mandat qui nous est donné par le gouvernement est établi,
mais ça ne nous empêche pas, en parallèle, de continuer à faire une mission de
sensibilisation auprès des citoyens, mais ce n'est pas un volet qu'on utilise
ou qu'on fait beaucoup plus... Je dirais qu'il y a d'autres organisations qui
en font plus de ce côté-là, mais... Je pense que les gens commencent à être
sensibilisés, mais je vous dirais que les acteurs commencent à sentir la
pression, là, dans certains cas, du manque d'eau ou la capacité à
approvisionner l'eau pour leurs citoyens, mettons, pour une municipalité. Donc,
ça, ça commence à... ça va se sentir au niveau de notre table de concertation plus
rapidement et je pense que ça va se sentir au niveau des citoyens. Ça fait que
nous, on va pouvoir lever ce flag-là en premier, là.
Mme McGraw : Parfait. Merci.
Est-ce que, selon vous, la reddition de comptes proposée est assez robuste?
M. Madison (Mathieu) : Au
niveau de la redevance?
Mme McGraw : De la
gouvernance en général du projet de loi.
M. Madison (Mathieu) : Je
pense que la transparence qui est là et la reddition de comptes prévue pour
faire le suivi de l'utilisation de ça est... propose effectivement une
robustesse intéressante. Je comprends qu'on parle effectivement du Fonds bleu
lui-même, là, si on parle... à travers le projet de loi. Après, sur la question
de la redevance, puis on va statuer probablement là-dessus sous peu, là, avec
notre avis sur le projet de règlement, mais, la question de l'estimation,
peut-être qu'on pourrait venir discuter... peut-être qu'il serait temps de
songer à un modèle pour pouvoir avoir des données fiables sur l'utilisation
plutôt que d'avoir des estimations, là.
Mme McGraw : Et, selon vous,
est-ce qu'il y a des angles morts? Il y a-tu des sujets que vous auriez aimé
voir traités dans le projet de loi?
M. Madison (Mathieu) : Bien,
nous, en fait, on est très contents de voir le Fonds bleu. En réalité, là,
c'est pour ça qu'on est surtout venus aujourd'hui et qu'on a présenté le
mémoire qu'on a... qui est là. Donc, nous, on est très satisfaits de voir qu'on
met de l'avant, au Québec, les ressources nécessaires pour mettre en oeuvre
quelque chose qu'on fait déjà depuis deux décennies, là. Puis je ne vous
cacherai pas que les premiers plans directeurs de l'eau avaient beaucoup
d'actions, et les acteurs n'avaient pas les moyens de mettre en oeuvre ces
actions-là. Et donc on voit d'un très bon angle que les moyens pourraient être
à la disposition, maintenant, pour passer à l'action, là.
Mme McGraw : Une autre question
plutôt générale. On sait que c'était un enjeu, d'avoir les données sur
l'utilisation de l'eau. On sait que ça implique des secrets industriels. Est-ce
que la transparence prévue par le projet de loi, selon vous, est adéquate?
M. Madison (Mathieu) : Notre
position là-dessus a été... En fait, on s'est positionnés quand il y a eu,
entre autres, un dossier médiatisé sur la question. L'organisme de bassins
versants fait un portrait de la ressource en eau sur son territoire. C'est
nécessaire, pour nous, d'avoir les données nécessaires pour établir l'état de
la situation et pour faire un diagnostic de la qualité de l'eau, de la quantité
d'eau disponible, et autres. Par contre, il y a une limite à ce que ces
données-là qu'on... dont on parle, là, l'utilisation des grands préleveurs, il
y a une limite à ce que ça peut nous servir pour faire notre plan directeur de
l'eau.
Donc, on n'a pas besoin nécessairement
d'avoir le chiffre exact de chaque utilisateur, dans toute cette
transparence-là. Nous, ce qui nous importe, c'est de savoir est-ce qu'il y a...
comment on fait pour s'assurer d'avoir une pérennité de l'utilisation de la
ressource. Donc, on ne s'est jamais positionnés à dire : On a besoin
absolument de chacune des données très précises des grands préleveurs, parce
que ça... il y a une limite à ce qu'on pourrait faire avec en tant qu'organisme
de bassins versants. Je comprends qu'il y a d'autres organisations qui
aimeraient mieux... qui aimeraient ça l'avoir, cette information-là, mais,
nous, il y a une limite à ce qu'on peut faire avec.
Donc, on préfère de loin qu'il y ait un
partage de ces données-là à travers les acteurs à l'échelle régionale, qu'un
préleveur, par exemple, s'assoie avec l'organisme de bassins versants pour dire :
J'ai un projet sur mon territoire pour protéger la ressource, voici une idée
des données qui sont à ma disposition, que je suis prêt à partager avec vous,
dans un cas très concret qu'on va utiliser pour faire de la bonne gouvernance
de l'eau sur le territoire. Mais, sinon, des données pour juste des données,
pour nous, on ne voit pas autant l'utilité que si c'était vraiment de
l'information qui nous sert spécifiquement dans un cas de mise en oeuvre, par
exemple.
• (10 h 30) •
Mme McGraw : Alors là, j'aimerais
revenir sur les questions de... sur vos recommandations. Donc, peut-être
commencer avec la recommandation n° 3, là. Vous
suggérez d'incorporer des mots, justement, du langage pour, justement, qu'il y
ait du financement auprès des organismes de bassins versants et autres... autres
organismes aussi. Alors donc... Alors, vous considérez que le gouvernement ne
finance pas assez les OBV?
M. Madison (Mathieu) : En ce
moment, le financement qui est prévu dans notre mandat a déjà été augmenté
dernièrement, ça ne fait pas si longtemps. En fait, dans le cycle de la GIRE
actuel, on est déjà beaucoup plus... on est plus financés qu'on ne l'était dans
le passé. Je pense qu'on est plus dans la question de l'efficacité de
l'utilisation de ça. En ce moment, on a, disons, un financement statutaire pour
faire le plan directeur de l'eau, pour faire la mobilisation, pour faire le
suivi du plan directeur de l'eau. Nous, on s'attarderait davantage à
l'efficacité des livrables qui sont identifiés dans nos conventions de financement
pour faire ce travail-là. Moi, je vois ça complètement séparé de ce qu'on parle
ici à la recommandation 3. Ici, on n'est pas dans financer le travail
statutaire des OBV, on est davantage dans financer les actions identifiées dans
le plan directeur de l'eau. Cela dit, je ne peux pas...
10 h 30 (version révisée)
M. Madison (Mathieu) : ...dans
financer les actions identifiées dans le plan directeur de l'eau.
Cela dit, je ne peux pas m'empêcher de
dire que j'aimerais ça, un jour, voir qu'on est plus efficaces dans les
livrables qui sont attendus des OBV et s'assurer d'arrimer les livrables des
OBV dans leur financement statutaire à des réalités réelles sur le territoire
en ce moment, telles que les bureaux de projets sur les inondations, telles que
le Fonds bleu et sa mise en œuvre, telles que les PRMHH, telles que l'OGAT GIRE
qui va... qui sort très bientôt, là, qui va faire le lien entre le PDE et les
schémas d'aménagement. Il y a une opportunité ici d'arrimer le mandat
statutaire des OBV à des réalités, des besoins du gouvernement et des régions
actuellement. Puis ça, il y aurait une efficacité à faire là. Mais c'est
vraiment deux choses distinctes par rapport à ce qu'on parle ici, là.
Mme McGraw : Je crois qu'il
nous reste à peu près trois minutes. Donc, une question par rapport à la
recommandation n° 2. Là, vous avez parlé... Puis je
veux juste souligner, si je comprends bien, la commissaire sur le développement
durable, elle met l'emphase sur les mesures quantitatives et qualitatives, les
deux. Alors là, vous proposez une... plus une évaluation qualitative. Alors,
vous avez expliqué pourquoi. Donc, deux questions : Pourquoi, tous les
trois ans, faire le suivi? Pourquoi trois ans? Et est-ce que vous croyez, donc,
que les mesures d'évaluation présentes ne sont pas suffisantes?
M. Madison (Mathieu) : Non,
je pense que c'est... je pense que, quand on évalue la... le succès d'un
programme ou d'un fonds, il y a des... il y a des cibles qu'on peut évaluer à
plus court terme et d'autres qui méritent d'être évaluées à plus long terme. Je
dirais même que, pour certaines cibles qu'on pourrait se doter qui seraient
avantage sur la question, disons, de la résilience collective, là on pourrait
mesurer ça vraiment sur une échelle plus de cinq, 10 ans, là. Donc, c'est...
je pense, c'est variable selon la cible. Il y a des cibles qu'on ne verra pas
changer beaucoup en trois ans, et là on va se questionner sur le succès par
rapport à cette cible-là, tandis qu'il y en a d'autres qui vont réagir très
rapidement. Si on se dote de cibles davantage axées sur la capacité d'agir des
acteurs, là, dans trois ans, on va commencer à voir des choses vraiment
intéressantes qui vont arriver. Mais, sur des cibles plus comme le phosphore
dans une rivière, croyez-moi, on ne va pas le mesurer en trois ans, le
changement, là. Donc là, il y a des choses qui vont prendre plus de temps à
mesurer, surtout les choses qu'on contrôle moins. Mais je pense que trois ans,
pour des cibles plus qualitatives sur la... l'opportunité d'agir, sur la
capacité d'adaptation des acteurs par rapport à la question des eaux et les
priorités associées à l'eau... ça, en trois ans, on arrive à bien mesurer la
capacité d'adaptation des acteurs, la capacité de passer à l'action, là. Ça
fait que trois ans, c'est un peu à la bonne échelle, là.
Mme McGraw : Alors, juste en
conclusion, est-ce qu'il y a d'autres... des ajouts... est-ce qu'il y a des
éléments que vous n'avez pas eu la chance de présenter? Je vous donne... Je
vous laisse mon... la dernière minute, d'avoir le dernier mot. Donc, est-ce qu'il
y a des éléments à souligner que vous n'avez pas eu la chance de présenter?
M. Madison (Mathieu) : Je
pense que je passerais même la parole un peu plus à... donner plus de temps à
vos... à nos collègues, là, mais... Non, je pense que notre approche a toujours
été très systémique, là, quand on... quand on travaille à la question de l'OBV
puis la gouvernance de l'eau. Donc, nous, on approche le Fonds bleu avec une
approche systémique par rapport à ce qui est... les autres... les autres chantiers
gouvernementaux et régionaux, et donc nécessairement nos propositions ou nos
recommandations sont toujours dans ce sens-là, d'assurer l'arrimage, d'assurer
l'intégration, là. Donc, je pense qu'on a bien couvert un peu ces points-là
aujourd'hui, là.
Mme McGraw : ...pour la
présentation et le mémoire. Et je cède le reste de mon temps, Mme la
Présidente, peut-être un 30 secondes qu'il reste.
La Présidente (Mme Bogemans) : Exactement.
Merci beaucoup. Je vais passer la parole à la députée de Verdun, deuxième groupe
d'opposition officielle. Vous disposez de 4 min 8 s.
Mme Zaga Mendez : Parfait. Merci
beaucoup. Merci beaucoup au regroupement des bassins versants du Québec d'être
là avec nous aujourd'hui. Merci pour le mémoire présenté puis également pour ce
travail de réflexion sur la gouvernance.
La... Votre première recommandation a
attiré beaucoup mon attention concernant comment mieux le projet de loi peut
venir prendre en considération l'outil qui est essentiel en termes de
gouvernance de l'eau, donc le plan de... directeur de l'eau. Donc, je voulais
vous entendre un peu plus là-dessus, puis peut-être y aller sur quelles sont, en
ce moment, les menaces, les plus grandes menaces pour la gestion des bassins
versants au Québec et comment le Fonds bleu vient répondre, palier ou pas à ces
besoins-là.
M. Madison (Mathieu) : ...effectivement,
la recommandation 1, c'est d'être très explicite sur le lien qui existe
entre le Fonds bleu et la loi sur l'eau. Le... Ce que les OBV font à travers la
loi sur l'eau, c'est le plan directeur de l'eau, c'est l'outil suprême. C'est
un peu comme le schéma d'aménagement quand vous entendrez parler la Fédération
québécoise des municipalités, là. Donc, nous, on propose, en fait, la
recommandation 1, d'être très explicite, de viser directement l'outil de
planification stratégique qui existe à travers la gouvernance régionale et
régionalisée.
Et les plus grandes menaces, pour la
deuxième portion de la question, c'est... c'est vraiment les trois points que
je présentais en... au départ, là. Le fait de tenter de
simplifier la complexité pour passer à travers le problème, ça, c'est un grand <risque...
M. Madison (Mathieu) :
...le
fait de tenter de simplifier la complexité pour passer à travers le problème,
ça, c'est un grand >risque, oui. Il faut être inclusif, il faut
rassembler les gens. Même si a priori il y a des conflits ou des oppositions
dans les intérêts, les vulnérabilités ou les préoccupations des gens, il faut
faire l'effort de le faire, puis c'est ça, la gouvernance de l'eau.
La deuxième menace, c'est vraiment la
question de la fragmentation, le fait qu'on travaille en silo des dossiers qui
méritent d'être travaillés de manière intégrée, pas seulement à l'échelle du
gouvernement, là, même à l'échelle des régions, là. Il y a des... Il y a du
travail et des efforts qui sont prêts... qui sont faits par les... par exemple,
les municipalités ou les acteurs, où on veut faire la bonne chose, mais on
manque... on manque un angle mort d'un autre silo qu'on n'a pas pensé. Et c'est
là que l'OBV devient comme la ressource inutilisée, moins utilisée, qui
pourrait venir dire : Heille! intègre donc ça en même temps dans ton
projet.
Et la troisième menace, c'est la notion de
succès. Si on se dote de cibles qui sont mal comprises, déconnectées des
réalités locales, on perd la capacité à engager et mobiliser les gens autour de
ça. Donc, il faut redéfinir cette notion de succès là puis la définir davantage
sur la question de l'opportunité d'agir, des réalités réelles des gens qui sont
sur le terrain, la capacité d'adaptation, la résilience. Ça, c'est des choses
que les gens sont capables de se sentir concernés et d'embarquer, là.
Mme Dauphin (Karine) : Si je
peux en... Excusez. Si je peux en ajouter une quatrième aussi, c'est la
démobilisation aussi, ça, c'est une menace. Le Fonds bleu vient vraiment
répondre à un besoin de passer à l'action, et les acteurs sont vraiment très
mobilisés. En fait, on attend un financement pour lancer des... les projets qui
sont déjà sur la table. Donc, je pense que...
Mme Zaga Mendez : Est-ce que
vous pouvez nous donner un peu d'exemples, ça, c'est ma... en fait, ma
prochaine question, des projets ou des actions qui sont dans les différents
plans directeurs et qu'on n'arrive pas à appliquer par faute de moyens et
comment le Fonds bleu peut venir aider dans ce sens-là?
Mme Dauphin (Karine) : Oui.
Bien, c'est... il y a beaucoup de projets sur, justement, le poisson, les
habitats du poisson, où c'est très rassembleur parce que ça... les menaces
proviennent vraiment du bassin versant. Et donc c'est du financement, souvent,
qui manque pour mobiliser ces gens, pour qu'ils passent à l'action.
M. Madison (Mathieu) : Dans
l'annexe I, on vous a mis un peu les thématiques qui reviennent souvent, là :
la question de l'eau potable... Maintenant, avec le... la nécessité de faire
l'analyse des vulnérabilités à l'échelle des municipalités, on constate qu'il y
a toutes sortes de sujets superintéressants qui n'étaient pas arrivés avant
mais qui arrivent maintenant. La question de solidarité amont-aval. Tu sais,
une ville en aval qui prend son eau dans la rivière et qui se dit :
Coudon, la ville en amont, elle a un impact sur l'argent que je dois mettre
dans mon usine, et là, tout d'un coup, la... les silos se défont, la... tu
sais, on arrête de simplifier la question de l'approvisionnement et on vient
travailler, à l'échelle du bassin versant, à une problématique qui, a priori,
semblait être très ponctuelle. Ça aussi, c'est... Vous allez voir qu'il y a
beaucoup de choses en annexe I qui reprennent la question de la protection
de l'eau potable mais selon une approche intégrée, par bassin versant, des
risques et des menaces. Et ça, c'est... pour l'instant, on gratte à peine la
surface, là, de ça parce qu'on n'a pas nécessairement les ressources pour le
faire, et là le Fonds bleu pourrait potentiellement venir nous ouvrir les
portes à vraiment faire un travail d'intégration.
Mme Zaga Mendez : Il ne me
reste plus de temps?
La Présidente (Mme Bogemans) : Il
ne reste plus de temps, malheureusement.
Mme Zaga Mendez : Bon,
bien... Merci.
La Présidente (Mme Bogemans) : Je
vous remercie de votre contribution aux travaux.
On va prendre une petite pause pour
accueillir le prochain groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 10 h 39)
(Reprise à 10 h 44)
La Présidente (Mme Bogemans) : Bonjour,
tout le monde. Je souhaite la bienvenue aux représentants du Réseau
Environnement. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
présentation, suite à quoi nous allons procéder à une période d'échange avec
les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à
commencer directement votre exposé. Merci.
M. Laneuville (Mathieu) : Merci,
Mme la Présidente. Enchanté, mesdames, messieurs. Mon nom est Mathieu
Laneuville. Je suis président-directeur général de Réseau Environnement et
aussi ingénieur spécialiste dans le domaine de l'eau.
Alors, c'est tout un privilège pour moi
d'être avec vous ce matin pour faire le pont entre l'expertise technique et
vous, décideuses et décideurs des politiques publiques. Je pense que c'est une
belle occasion qu'on a pour pouvoir faire rayonner le savoir des membres de
Réseau Environnement, qui, depuis 60 ans, là, font vraiment... mettent de
l'avant les meilleures pratiques environnementales basées sur la science et qui
vont dans une optique d'économie verte. Alors, c'est vraiment, là, ce qu'on
souhaite faire ce matin. Et on est fiers de rassembler, là, ce réseau qui
rassemble autant des joueurs du côté public, on parle des municipalités, du
côté aussi de la société civile, comme des joueurs que vous avez rencontrés,
que vous allez rencontrer dans les prochaines heures. On rassemble aussi des
joueurs du secteur privé, des gens qui vont avoir à payer ces redevances-là, ils
font partie aussi de nos consultations dans notre groupe, autant que les
entrepreneurs, les consultants. Et aussi on rassemble aussi les académiciens et
académiciennes des universités et des cégeps. Alors, c'est au nom de toutes ces
personnes, là, qu'on vous adresse la parole aujourd'hui, qu'on va faire nos
recommandations.
Avant d'aller dans nos recommandations qui
sont en lien avec le projet de loi n° 20, on aimerait remettre l'enjeu de
l'eau dans un contexte plus général, parce qu'on salue le projet de loi n° 20,
qu'on attendait depuis longtemps, chez Réseau Environnement, qui, pour nous, va
<déboulonner...
M. Laneuville (Mathieu) :
...qu'on
attendait depuis longtemps, chez Réseau Environnement, qui, pour nous, va >déboulonner
deux mythes. Premièrement, l'eau n'est ni gratuite et elle n'est ni illimitée.
Alors, pour nous, ça va être important de revenir là-dessus, et le projet de
loi n° 20 le fait bien en prélevant des sous des gens
qui prélèvent de l'eau. Alors, ça, c'est un bon signal de prix dans le terme
d'utilisateur-payeur. On sait que ça s'applique sur des lois qu'on a déjà au
Québec, ce principe d'écofiscalité. Et, dans un deuxième temps, c'est très
avantageux parce qu'on va prendre ces sommes-là et on va les réinjecter dans
des projets de recherche, des initiatives qui vont protéger nos ressources en
eau. Alors, une belle double action.
Alors, on salue les centaines de millions
de dollars qu'il va y avoir dans ce projet de loi là, mais on veut relativiser
aussi avec les dizaines de milliers de dollars, on parle d'un déficit de
maintien d'actif de 38 milliards de dollars dans nos infrastructures d'eau
municipales. Alors, aussi bien qu'on va bien travailler dans notre projet de
loi n° 20, puis c'est ce qu'on veut faire
aujourd'hui, il ne faut pas oublier aussi notre déficit de maintien d'actif,
parce que, si on... aussi beau que notre projet de loi n° 20
va être, si on n'investit pas assez dans nos infrastructures d'eau municipales,
malheureusement on ne sera pas en mesure de bien protéger nos ressources en
eau. Alors, pour nous, c'est important de repasser ce message-là.
Et on croit tellement à ça, chez Réseau
Environnement, qu'on a fait une étude avec les HEC Montréal pour démontrer
qu'investir dans nos infrastructures en eau, c'est rentable. Pour chaque dollar
investi, c'est un retour sur investissement de 1,72 $. Alors, on tient à
rappeler que c'est important aussi... en parallèle, oui, il y a le projet de
loi n° 20, mais de ne pas oublier... sans tomber dans
le sensationnalisme, ne pas oublier aussi ce déficit de maintien d'actif là et
de profiter aussi de l'occasion qu'on a, parce que, plus tard, ça va coûter
plus cher. Aujourd'hui, on a des occasions de faire de la réhabilitation et non
du remplacement. Alors, profitons de l'occasion qu'on a à ce niveau-là.
Si maintenant on se penche sur le projet
de loi n° 20, il y a quatre recommandations
principales qu'on a pour vous.
Le premier, c'est sur la fiabilité des
données. Alors, pour nous, c'est important que nos données soient mesurées avec
des compteurs et qu'il n'y ait plus place à l'estimation, comme le ROBVQ vous
l'a mentionné, là, dans... le précédent groupe.
Notre deuxième point, ça concerne aussi la
modulation de la redevance en fonction des régions, des bassins versants. On le
sait qu'on a des municipalités au Québec qui sont aux prises avec des pénuries
d'eau l'été. À ces endroits-là, on aimerait ça pouvoir hausser la redevance
pour donner un signal encore plus clair que la ressource d'eau est critique à
certains endroits au Québec.
Le troisième point concerne la
transparence. Alors, oui, on est heureux de voir que toutes les industries qui
prélèvent plus que 50 mètres cubes par jour vont avoir à déclarer, mais il
y a beaucoup d'industries qui prélèvent moins que 50 mètres cubes par
jour, et, pour nous, c'est nécessaire, pour nos expertes et experts, quand on
veut faire une vision de notre gestion de l'eau, d'avoir l'ensemble des données
disponibles.
Et, finalement, le quatrième point va
concerner le Fonds bleu, la bonne gestion de ce fonds-là, d'ailleurs qui est
mené, en termes de cocréation, par la députée d'Argenteuil, Mme Agnès, et
qui mène de... ça de main de maître.
Alors, premier point, si on revient au
projet de loi n° 20, c'était sur la fiabilité des
données. Alors, la première chose que nos expertes et nos experts nous disent,
c'est : Pour bien gérer notre ressource, il faut mesurer. Alors, si on n'a
pas de mesure, ça va être difficile de bien gérer. Et le projet de loi actuel
laisse encore de la place à de l'estimation. Alors, pour nous, on est en 2023,
ça fait des décennies qu'on a des compteurs d'eau qui existent sur le marché,
alors il faudrait avoir... être en mesure de pouvoir avoir des compteurs d'eau
dans l'ensemble de nos industries pour pouvoir... On demande d'avoir des
montants d'argent. C'est comme quand on va à la station-service, on ne va pas à
la caisse en disant : Voici mon estimation de combien j'ai pris. On a une
mesure qui est vérifiée, qui est calibrée. Alors, c'est ce qu'on souhaite aussi
avec nos prélèvements d'eau, qu'on ait des compteurs dans l'ensemble de nos
industries pour pouvoir, justement, bien gérer cette ressource-là.
• (10 h 50) •
D'ailleurs, dans le cadre de la Stratégie
québécoise d'économie d'eau potable du gouvernement du Québec, on voit déjà
qu'il y a 60 % des immeubles non résidentiels au Québec qui sont équipés
de compteurs, et ça continue de progresser. Quand on se compare aussi avec
ailleurs au Canada, on voit que l'Ontario est presque à 100 % de compteurs
dans le non-résidentiel. Le Canada aussi a des taux très élevés, en incluant la
moyenne québécoise qui est... qui est plus basse. Alors, vraiment, on voit qu'à
ce niveau-là on a une belle occasion de pouvoir, justement, rattraper ce retard
pour bien mesurer.
Réseau Environnement aussi, je tiens à
vous dire qu'on est la section québécoise de l'American Water Works
Association, l'AWWA, qui est la plus grande association mondiale de l'eau sur
la planète, avec plus de 50 000 professionnels de l'eau, et l'AWWA
recommande aussi de mesurer pour bien gérer. Alors, c'est vraiment une
recommandation qui vient, oui, de nos expertes et experts du Québec mais aussi
de l'ensemble des professionnels de l'eau à travers la planète. Alors, je pense
qu'on a une belle occasion de se rapprocher des meilleures pratiques que nous
mentionne la science à ce niveau-là.
Notre deuxième point maintenant concerne
la modulation du taux de redevances. Alors, cet esprit-là, comme je vous le
mentionnais tantôt, c'est qu'on le sait, au Québec, on peut penser en Estrie,
en Montérégie, à chaque été, il y a des municipalités qui sont aux prises avec
des pénuries d'eau. Comment ça qu'on est en pénurie d'eau? C'est que, des fois,
en eaux souterraines, notre nappe, elle peut se renouveler de façon naturelle à
un certain taux, mais, des fois, on va prélever plus que ce taux naturel là.
Alors, c'est important qu'on puisse se dire, à des... certains endroits dans
des bassins versants... il y avait le ROBVQ avant nous qui a une excellente
connaissance <terrain...
M. Laneuville (Mathieu) :
...qu'on
puisse se dire, à des... certains endroits dans des bassins versants... il y
avait le ROBVQ avant nous qui a une excellente connaissance >terrain de
ça, mais il y a certains endroits au Québec où est-ce qu'on sait qu'on manque
d'eau et, à ces endroits-là, qu'on pourrait aller avec des redevances plus
élevées, d'autant plus qu'on sait qu'on vient de faire un pas de géant, qu'on
salue. Le gouvernement a eu du courage de mettre ce projet de loi là puis de
hausser les redevances, mais, quand on se compare encore avec l'Europe, on voit
qu'il y a encore une marge de manœuvre qu'on peut aller chercher quand on se
compare aux meilleures pratiques internationales. Alors, pourquoi ne pas le
faire dans nos municipalités qui sont aux prises... où est-ce qu'on demande à
nos citoyens de faire des avis de restructuration... des avis de restriction
d'utilisation de l'eau pendant l'été? Alors, à ce niveau-là, on souhaiterait
pouvoir moduler.
Chez Réseau Environnement, dans nos
recommandations, on propose trois catégories. La première catégorie, qui est
pour l'ensemble des industries... La deuxième catégorie serait celle où est-ce
qu'on sait déjà, avec des outils comme la stratégie d'économie d'eau potable...
qu'on sait qu'il va y avoir des modifications, des enjeux qui s'en viennent,
notamment dans le contexte des changements climatiques. Et, la troisième
catégorie, il y a des... certains endroits au Québec où on sait qu'il y a déjà
des enjeux qui sont identifiés, qu'il y a des pénuries d'eau. Alors, on
pourrait y aller en adéquation avec l'urbanisme, l'aménagement du territoire et
le développement économique régional. Ça permettrait aux entreprises en place
de pouvoir être d'autant plus proactives avec le principe d'utilisateur-payeur,
de mettre plus en place des mesures efficaces, mais aussi, des futures entreprises
qui s'installeraient... qui voudraient s'installer dans des endroits au Québec,
on pourrait faire un développement économique qui est intelligent pour se dire
que ces industries-là pourraient aller dans des endroits où est-ce qu'on a de
l'eau. Alors, c'est... c'est le... notre recommandation à ce niveau-là.
Le troisième point concerne la
transparence des prélèvements. Alors, l'esprit de nos recommandations se
retrouve dans le projet de loi, dans lequel qu'on dit que toute industrie, là,
qui prélève plus que 50 mètres cubes d'eau par jour doit le... doit le
déclarer. Ça, on salue le gouvernement dans cette optique-là. Ce qu'on souhaite
de plus, Réseau Environnement, pour aller dans les meilleures pratiques, c'est
qu'il y a quand même des industries qui prélèvent moins que 50 mètres
cubes d'eau par jour... et qu'on puisse... sans qu'il y ait nécessairement de
redevance, parce qu'on sait qu'il y a un fardeau financier avec ça, on ne veut
pas nécessairement mettre ce fardeau-là, mais d'avoir la donnée de déclaration.
Et ça, quand on parle avec nos expertes et experts des municipalités, ils nous
le disent, ils font des plans directeurs de l'eau : On veut faire une
bonne gestion de l'eau pour le présent et le futur, mais c'est sûr qu'on a
besoin de savoir l'ensemble de nos prélèvements d'eau sur notre territoire pour
bien gérer notre eau. Alors, ce serait une troisième recommandation qu'on
aurait.
Et notre quatrième recommandation concerne
le Fonds bleu. Alors, je vous ai beaucoup parlé de quantité d'eau jusqu'à
présent, mais, à travers le Fonds bleu aussi, oui, on veut jouer sur la
quantité mais aussi sur la qualité. C'est les deux axes sur lesquels, là, qu'on
joue actuellement.
Sur la qualité, chez Réseau Environnement,
on a fait un document qui s'appelle Assainissement 2.0. Pourquoi
2.0? C'est qu'il y a 40 ans, au Québec, on a décidé de dire qu'on mettait
fin à des rejets d'eaux usées directement dans nos cours d'eau. On a installé
des installations de traitement des eaux usées pour traiter nos eaux usées.
40 ans plus tard, ces installations-là sont à mettre à jour, et on
aimerait profiter de cette occasion pour ne pas simplement mettre à jour en
fonction des normes d'il y a 40 ans mais aussi en fonction des nouvelles
normes, avec les contaminants d'intérêt émergent et avec les nouvelles données,
les nouvelles technologies qui sont disponibles. Alors, c'est ce qu'on souhaite
mettre de l'avant aussi, là, à travers ce Fonds bleu là. Et d'ailleurs on est
très heureux que le ROBVQ soit présent parce qu'ils ont des très... des très
bonnes connaissances sur le terrain qui sont présentes.
Alors, en conclusion, on le sait que les
changements climatiques exacerbent les pressions sur nos ressources en eau. On
l'a vu il y a quelques... dans les dernières semaines avec les inondations. On
va le voir dans quelques semaines aussi avec les pénuries d'eau. On le voit
aussi avec l'accroissement de la population. Il faut protéger notre ressource,
et le projet de loi n° 20 fait un bon pas dans cette direction-là. On salue.
Le gouvernement a cette intention-là. Et on revient sur nos quatre
recommandations de transparence, de modulation, du Fonds bleu et de modulation
de la redevance. Merci.
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait.
Merci beaucoup. Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant
commencer la période d'échange. J'invite M. le ministre à prendre la parole.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. À vous trois, messieurs, merci d'être avec nous ce matin pour
vous... pour nous partager votre expertise mais également pour voir comment on
peut bonifier l'approche qu'on met sur la table avec le début des consultations
ce matin. Merci également pour votre présence au niveau du forum d'action. C'est
effectivement un outil important pour la suite des choses. On a réuni, enfin,
je dirais, les acteurs... les principaux, les incontournables sur la question
de l'eau, et votre contribution au sein de cette instance-là aussi est
grandement appréciée.
Quelques petites questions pour ma part,
et déjà, peut-être, vous référer à certains de vos propos, mais, d'abord, vous
réitérer un petit peu l'objectif global.
Il y a eu des années qui se sont écoulées
sans qu'on revoie, par exemple, les redevances elles-mêmes. Il y a eu aussi des
années qui se sont écoulées sans qu'on se donne les moyens d'évaluer la portée
de nos lois, la portée de nos règlements, et, autant dans le projet de loi n° 20
que dans les projets de règlement qui ont été publiés, on veut mettre fin à ces
très longs cycles là. Un, pour les <redevances...
M. Charette :
...de
loi n° 20 que dans les projets de règlement qui ont été publiés, on veut mettre
fin à ces très longs cycles là. Un, pour les >redevances, on évoque déjà
une indexation de 3 % à chaque année. Et surtout on se dit : À chaque
cinq ans, il faudra revoir un petit peu notre approche. Est-ce que les taux
sont les bons? Est-ce qu'il n'y ait pas... Est-ce qu'il n'y a pas lieu de les
augmenter encore davantage? Est-ce qu'il n'y a pas lieu de faire certaines
choses différemment? Donc, autant le projet de loi que les projets de règlement
prévoient cette... ces modalités-là. Et je regardais un petit peu à travers vos
écrits, vous parlez aussi d'une approche d'évaluation qui doit être périodique.
Donc, l'indexation annuelle, est-ce que c'est suffisant? Est-ce qu'une
évaluation des modalités aux cinq ans, c'est suffisant? Donc, j'étais curieux
de vous entendre sur la périodicité, là, que vous évoquiez, là, dans vos
écrits.
M. Laneuville (Mathieu) : Oui.
Alors... Bien, on salue le fait qu'on a mis une indexation de 3 %, parce
que, oui, comme on l'a vu, des fois, on fait un projet de loi, puis, par la
suite, ça prend du temps avant qu'on y revienne. Alors, je pense que, là, on a
d'excellents mécanismes en ce moment pour, oui, pouvoir indexer puis aussi,
avec le cinq ans, de pouvoir revenir aussi sur certains éléments.
Dans nos recommandations, quand on parlait,
par exemple, des compteurs d'eau, pour nous, c'est quelque chose que c'est
facile. À l'article 8, paragraphe 6°, on peut enlever la méthode
d'estimation, c'est quelque chose qu'on peut faire dès aujourd'hui. Mais on est
conscients que, par exemple, quand on parle de la modulation dans certaines
régions, c'est quelque chose de peut-être plus complexe.
Puis, actuellement, chez Réseau
Environnement, on est tellement contents que le projet de loi n° 20 voie
le jour. On aime mieux l'imperfection au néant. Et allons-y avec le projet de
loi actuel et pensons... chez réseau, on aime être à l'avant-garde, mais
pensons à notre prochaine révision, peut-être que, justement, cette
modulation-là pourrait voir le jour. Puis je pense que, si on regarde,
justement, cette table-là, qui peut être à travers le forum ou d'autres
tables... mais qu'on soit prêts, on n'attendra pas dans cinq ans, mais
préparons-nous d'avance. Il y a déjà des bonnes idées qu'on peut faire pour
changer le modèle... le projet de loi actuel, mais aussi peut-être une révision
ultérieure.
M. Charette : Je vous
entendais sur la... les modulations par région. C'est déjà une très, très
grande transformation qu'on initie avec le projet de loi et les projets de
règlement. Donc, oui, ça peut être intéressant de réfléchir aux prochaines
étapes. Mais, bon, vous l'avez vu avec la lecture, là, des documents
disponibles, de notre côté ce n'est pas... ce n'est pas dans l'immédiat. Mais
peut-être vous rassurer. À partir du moment...
Bien, en fait, déjà vous mentionner :
Les grands préleveurs d'eau au Québec ne sont pas dans des régions où il y a un
enjeu disponibilité d'eau. Si on regarde, là, au final, là, que ce soient pâtes
et papiers, que ce soient les minières, ces entreprises-là ne sont pas dans des
régions... ça ne veut pas dire : Il ne faut pas les suivre de près, là,
mais il n'y a pas d'enjeu disponibilité d'eau dans les régions où elles se
situent.
Mais sinon, au niveau du ministère de
l'Environnement, à partir du moment où une nouvelle entreprise veut s'établir
et qu'elle demande un certificat d'autorisation, là, pour amorcer ses travaux,
la question de la disponibilité de l'eau fait partie de l'évaluation qui est
faite de notre côté. Donc, si jamais il y avait une entreprise qui voulait... Et
d'ailleurs, sans vous nommer le secteur, pas plus tard que la semaine dernière,
on a eu des rencontres avec un secteur qui voulait se développer dans une
région bien particulière et on a dit : On n'a pas les données actuellement
nous permettant de vous autoriser à faire ça. Donc, c'est une évaluation qui
est déjà faite pour éviter qu'on se retrouve dans un secteur vulnérable qui le
devienne encore davantage avec l'arrivée de nouvelles... de nouvelles entreprises.
• (11 heures) •
Donc, vous dire : C'est intéressant,
mais prenons acte et fait du... que les grands préleveurs ne sont pas dans des
régions vulnérables actuellement et qu'il y a une évaluation, là, qui est faite
pour chaque demande de certificat d'autorisation. Mais je ne nie pas l'importance
et la légitimité, là, d'amorcer une réflexion à ce niveau-là.
Au niveau de la transparence sur les
prélèvements, c'est, là aussi, une grande avancée qui est faite. Vous parlez,
par contre, de l'assujettissement à la transparence de 50. Ce que vient proposer
actuellement le projet de loi et sa réglementation : on passe de 75 à 50,
mais, vous, votre souhait serait de, non pas pour les redevances elles-mêmes
mais pour la transparence, passer de 50 à 10. Est-ce que c'est... c'est effectivement
le cas?
M. Laneuville (Mathieu) : Oui,
c'est bien le cas. Puis c'est suite, justement, à nos membres, surtout des
municipalités, qui actuellement... justement, eux autres font leurs plans, et
ils regardent c'est quoi, leurs ressources, par exemple, en eaux souterraines,
puis ils se demandent : Comment ça ma nappe, elle diminue? Moi, je sais
qu'est-ce que je consomme, j'ai quelques déclarations, mais il en manque,
malheureusement. Et, dans certaines régions, comme, plus urbaines, en bas de 50 mètres
cubes, ça ne fait pas nécessairement une grande différence, mais, dans
certaines municipalités, ça fait une grande différence. Alors, d'avoir cette
donnée-là, sans qu'il y ait la redevance, pour nous, ça serait une autre
avancée qu'on pourrait faire dans le projet de loi actuel de façon assez, là,
facile...
11 h (version révisée)
M. Laneuville (Mathieu) : ...ce
serait une autre avancée qu'on pourrait faire dans le projet de loi actuel de
façon assez, là, facile, là, dans le projet de loi.
M. Charette : C'est un
élément qui pourrait être considéré, je vous dirais, possiblement pas dans la
première étape, parce que c'est déjà un gros changement de passer de 75 à 50,
mais, éventuellement, on pourra certainement le considérer.
Mais pour répondre à votre préoccupation
des municipalités, c'est aussi ce que je mentionnais tout à l'heure, à partir
du moment où il y a un nouveau joueur qui s'ajoute dans les certificats d'autorisation,
il y a cette évaluation-là des prélèvements qui est faite, et l'autorisation
sera souvent conditionnelle à ce que ces prélèvements-là ne dépassent pas x quantité
d'eau. Mais je comprends que l'information pourrait être utile.
Ça m'amène, justement, au niveau municipal
et des compteurs d'eau. Moi, bien honnêtement, là, en toute transparence, ce n'est
pas l'intention du gouvernement de dire : On va venir généraliser les
compteurs d'eau au niveau industriel, commercial et même résidentiel. Les
municipalités ont cette possibilité-là, donc, avec le principe de l'autonomie
municipale, on leur laisse le soin d'intégrer cette pratique-là si elles le souhaitent.
Mais, non, le projet de loi ne le prévoit pas, les projets de règlements non
plus. Mais les municipalités, certaines le font, d'ailleurs, vous l'avez
mentionné, peut-être dans une proportion moindre que ce qui se fait dans d'autres
juridictions, mais la possibilité est là. Mais ce n'était pas l'intention du
gouvernement, là, à ce moment-ci, d'aller dans cette direction-là.
Et, toujours par rapport aux municipalités,
vous avez raison de nous rappeler... d'ailleurs, j'avais lu, ça fait un an ou deux,
lorsque vous aviez publié cette étude sur l'état des infrastructures
municipales, un autre merci pour votre contribution à ce niveau-là, on le
reconnaît, ce sont des sommes colossales. Mais tout à l'heure, avec le groupe
précédent, je mentionnais, on a un dilemme, on a plusieurs centaines de
millions de dollars à notre disposition, mais déjà on a plus de demandes que
les fonds qui sont nécessaires. Et déjà certaines municipalités nous disent :
Ce serait peut-être une belle idée d'utiliser le Fonds bleu pour les systèmes
de traitement des eaux municipaux. Ce n'est pas l'intention, puis je ne veux
pas les... bien, en fait, je suis très transparent avec elles, je leur dis :
Ce n'est pas... ce n'est pas le cas, parce qu'on parle, effectivement, de
milliards de dollars, alors que le Fonds bleu parle de centaines de millions.
Mais je réitère auprès des municipalités
qu'il y a des milliards de dollars de disponibles, actuellement, pour la mise à
jour des infrastructures d'eau. Certaines peuvent questionner la possibilité d'entrer
ou de se rendre admissibles à ces programmes-là, ce que ma collègue aux
Affaires municipales regarde de son côté. Mais je ne veux déjà pas laisser
entendre que le Fonds bleu servirait à moderniser les systèmes d'aqueduc
municipaux, parce que, bon, le Fonds bleu y passerait en entier, et ce serait
même marginal, comme impact, au final. Donc, je voulais vous rassurer à ce
niveau-là... pas vous rassurer, mais être clair à ce niveau-là.
Puis le Fonds bleu, bien, écoutez, pour
nous, ce sera un outil, un outil avec des priorités qui ont été... pas
priorités, mais des orientations qui ont déjà été bien, bien établies. Avec le
Forum d'action sur l'eau, avec les plans directeurs qui nous seront proposés l'année
prochaine, on pourra s'assurer, là, de mettre tout ça à profit pour avoir les
meilleurs résultats possible.
Donc, c'était quelques commentaires. Je ne
sais pas si vous souhaitez réagir, parce que j'ai un collègue qui a aussi des
questions pour vous. Mais je voulais revenir, là, sur certains des éléments,
là, que vous avez présentés.
M. Laneuville (Mathieu) : Merci,
M. le ministre. Puis, oui, j'aimerais... si c'est possible de commenter.
Premièrement, pour les compteurs d'eau, chez Réseau Environnement, on est tout
à fait aussi pour l'autonomie municipale, là, à ce niveau-là. Et je réitère,
là, on ne parle pas du secteur résidentiel à travers ça, là, on parle vraiment
du secteur non résidentiel. Et on sait qu'on a beaucoup d'industries qui ne
sont pas non plus sur des réseaux municipaux. Pour nous, ce serait important,
là, qu'il puisse y avoir un compteur, pour qu'on puisse bien mesurer, avec la
démonstration qu'on a faite tantôt.
Et l'autre point, c'est concernant le
Fonds bleu, là. Nous autres, notre idée n'est pas de prendre... Comme vous l'avez
dit, c'est... le 500 millions sur cinq ans, ce n'est rien par rapport aux
38 milliards de déficit plus les mises aux normes qu'il faudrait faire.
Mais dans l'introduction, c'était de dire : On aura beau de faire la
meilleure redistribution de ce fonds-là, mais si, de l'autre côté, on n'est pas
en mesure de pouvoir effacer... parce qu'on a... ce 38 milliards là, c'est
des infrastructures qui sont en mauvais, très mauvais état. Nos fonctionnaires
municipaux font des miracles avec des infrastructures qui sont désuètes. On a
besoin de donner un coup de barre là. Puis c'est sûr que si, de ce côté-là, on
continue de déverser des eaux usées parce qu'on n'est pas en mesure de pouvoir
bien... avoir des bonnes infrastructures, qu'on a des difficultés à ce niveau-là,
bien, ça va nous pénaliser aussi.
Ça fait que c'était de mettre en contexte.
Mais on est tout à fait d'avis que le Fonds bleu est là pour de la recherche,
pour pouvoir faire des innovations, et que c'est deux choses distinctes, là, on
ne souhaite pas nécessairement aller...
M. Charette : Je suis curieux,
peut-être une dernière petite question, désolé auprès de mon collègue. Vous
parliez du milieu <municipal...
M. Charette :
Je
suis curieux, peut-être une dernière petite question, désolé auprès de mon
collègue. Vous parliez du milieu >municipal, des infrastructures, là,
qui sont en déficit d'entretien. Je mentionnais qu'il y a des milliards de
dollars qui sont présentement disponibles. Est-ce que, pour vous, c'est un
frein de qualification? Pourquoi ces sommes-là ne sont pas davantage utilisées
par les municipalités? Parce qu'elles ont déjà des possibilités de financement
intéressantes. Il y a la part du gouvernement du Québec, qui est déjà planifiée
dans le PQI, il y a le gouvernement fédéral aussi qui rend des sommes
importantes disponibles. Donc, est-ce qu'il y a un problème, à votre sens, au
niveau de la qualification des municipalités à ces programmes-là?
M. Laneuville (Mathieu) : Bien,
on salue le travail du... vos collègues au ministère des Affaires municipales,
là, qui font un excellent travail, là, on parle d'une enveloppe de
750 millions par année, plus celle du fédéral qui vient doubler la mise.
Alors, on a des sous qui sont là, mais qu'est-ce qu'il faut faire, c'est
inciter nos municipalités davantage à pouvoir accroître leurs revenus pour
pouvoir justement... C'est les meilleurs acteurs sur le terrain pour pouvoir
faire la différence. C'est de propriété municipale. Les infrastructures
municipales, on parle quand même d'un parc d'actifs de 200 milliards de
dollars, c'est l'une de nos plus grandes richesses collectives au Québec.
Puis qu'est-ce qu'on... dans nos
recommandations d'Assainissement 2.0, on parlait d'un meilleur
accompagnement, un guichet unique. On le voit de plus en plus, là, c'est pour
ça que le Forum d'action sur l'eau, nous autres, est une plateforme
intéressante. Puis des fois on parle de sous, le 500 millions, mais nous
autres, le forum aussi est une belle plateforme pour dire des fois : On
est là aussi pour faire... aider à ce que les ministères puissent bien se
parler, qu'on puisse bien régulariser ces programmes-là.
Alors, les programmes en place sont là,
mais il va falloir continuer à avancer. On parle notamment des plans de gestion
d'actifs, là, les PGA, de plus en plus, qui vont voir le jour. Il va falloir
miser davantage là-dessus pour régler notre déficit de maintien d'actif au
Québec. C'est un travail qui est de longue haleine, mais il faut donner le coup
de barre là actuel, parce qu'on le voit, si on ne le fait pas aujourd'hui, la
réhabilitation qu'on peut faire aujourd'hui, demain va être du remplacement qui
va coûter plus cher.
M. Charette : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait.
Je passe maintenant la parole au député de Masson. Vous disposez de
3 min 20 s.
M. Lemay : Merci, Mme la
Présidente. Merci, M. Laneuville, M. Gosseries et M. Verreault,
d'être avec nous aujourd'hui. J'aimerais continuer un peu sur votre point de
transparence des prélèvements, là, parce que, comme M. le ministre le
mentionnait, on passe de 75 mètres cubes par jour à 50 mètres cubes
par jour. Vous venez proposer que tous les commerces et les industries de...
non résidentiel, dans le fond, soient assujettis ou, du moins, qu'on ait
l'information pour les 10 mètres cubes par jour. Vous avez mentionné qu'en
Ontario c'était déjà le cas à 100 % pour le non résidentiel. Est-ce que
vous avez fait une analyse d'impact financière de cette mesure-là puis de...
pour au moins qu'on ait l'information sur les 10 mètres cubes par jour?
Est-ce que vous avez fait cette analyse-là? Ça représenterait quoi, comme coût,
justement?
M. Laneuville (Mathieu) : ...j'ai
fait cette analyse-là en 2011, lorsque j'étais à l'emploi du ministère des
Affaires municipales et de l'Habitation, dans le cadre de la Stratégie
québécoise d'économie d'eau potable, et on parle d'un rapport de trois pour un
en termes de retour sur l'investissement. Alors, on le voit que c'est une
mesure rentable de le faire. Actuellement, ce qu'on parle... on salue le
gouvernement de vouloir passer de 75 à 50 mètres cubes, puis là on parle
autant de la déclaration que de la redevance. Alors, ça, c'est un bon point qui
est mis de l'avant. Ce qu'on parle, c'est, comme je vous le mentionnais, ce
n'est pas nécessairement de dire : On va aller vers des redevances, mais
d'avoir de la déclaration.
Puis j'aime bien ce que disait M. le
ministre tantôt, que, quand on parle de nouveaux prélèvements, on le sait, vous
faites un excellent travail à regarder est-ce que, dans la situation actuelle,
il y a un enjeu de pénurie d'eau. Mais, quand on parle des fois avec les
municipalités, c'est qu'ils nous disent : Même dans l'existant, des fois,
on n'est pas au courant de qu'est-ce qui était. Ça fait que ce n'est pas
nécessairement juste les nouveaux, c'est dans l'existant.
Si on se rappelle aussi, au Québec, il y a
quelques années, on n'avait même pas les instruments de mesure sur nos
installations de production d'eau potable à savoir ce qu'on produisait. Alors,
on a quand même un retard à faire au Québec en termes de mesure, de compteurs
d'eau pour bien savoir... bien gérer ce qu'on a. Alors, ce qu'on souhaiterait, ce
serait de pouvoir... on a déjà fait un premier pas en allant à 50 mètres
cubes, et de faire un deuxième pas pour pouvoir justement rendre cette
donnée-là accessible et qu'on puisse aider nos municipalités à bien gérer leur
eau dans le cadre du... de leur plan directeur de l'eau.
• (11 h 10) •
M. Lemay : OK. Puis je ne
sais pas si vous pouvez donner plus d'informations ou sinon, peut-être, on
pourrait avoir accès quand même à vos rapports que vous avez faits. Vous avez
mentionné, au niveau du Fonds bleu, là, la quantité versus la qualité puis
l'assainissement... votre rapport d'Assainissement 2.0, qui mentionne que
40 ans plus tard on a un coup de barre à donner. M. le ministre le
mentionnait, justement, qu'on a d'autres sommes qui proviennent des Affaires
municipales. De mémoire, là, je pense, ça, c'est 2,1 milliards cette année
qui est disponible pour les municipalités. Mais, bref, je sais qu'il reste très
peu de temps. Sinon, je serais intéressé de consulter la documentation que vous
avez produite, là.
M. Laneuville (Mathieu) : Parfait,
on pourra vous la partager avec plaisir. Puis, quand on parle de, justement,
ces sommes à investir là, c'est... oui, on parle du déficit de
38 milliards de dollars, mais, par-dessus ça, maintenant, on a les... on
entend beaucoup, là, les contaminants émergents, par exemple, les PFAS, tout
ça, de plus en plus. Il y a 40 ans, on avait des connaissances qu'on a... il
y a des connaissances qu'on a aujourd'hui qu'on n'avait pas il y a 40 ans.
Il y a des nouveaux contaminants qui existent, et on a fait l'étude, puis on
démontre justement comment c'est rentable de le faire, pas juste d'un point de
vue économique, mais on inclut aussi tout l'aspect <environnemental...
M. Laneuville (Mathieu) :
...rentable
de le faire, pas juste d'un point de vue économique, mais on inclut aussi tout
l'aspect >environnemental et l'aspect aussi sur la santé publique, pour
le bien-être aussi des concitoyens, concitoyennes.
M. Lemay : Merci.
La Présidente (Mme Bogemans) : Je
vous remercie. Je cède maintenant la parole à l'opposition officielle. Vous
disposez de 12 min 23 s.
Mme McGraw : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Donc, merci beaucoup et merci beaucoup pour le mémoire et la
présentation, c'est vraiment excellent. Et j'aimerais aborder les cinq... les
cinq... les six recommandations, pardon. On va commencer par la première. Donc,
premièrement, le contexte, vous avez parlé de contexte, on parle... on est dans
un contexte, évidemment, de changements climatiques, on sait que les
communautés, les municipalités sont vraiment... ils font face à ces enjeux-là, ils
manquent de ressources.
Alors, la première question, c'est une
question plutôt globale. Donc, on comprend que le Québec, à date, et c'est pour
ça qu'on est content de voir ce projet de loi procéder, justement, parce qu'on
est... on fait... le mot que j'ai entendu, on fait un peu «pitié» à travers le
Canada et le monde, en termes de redevances. Donc, c'est un pas important vers
l'avant. Mais est-ce que ça se tient debout? Dans le sens qu'on comprend qu'en
Europe c'est beaucoup plus élevé, mais là vous proposez trois paliers, je
trouve ça très intéressant, mais le désavantage... Est-ce que les ressources,
les redevances vont être en mesure de bien... de bien répondre à la situation
d'urgence, dont les municipalités et les infrastructures? Donc, une question
générale pour commencer : Est-ce que le tout se tient debout?
M. Laneuville (Mathieu) : Comme
on l'a mentionné, le projet de loi n° 20 est un excellent pas dans la
bonne direction, mais, pour nous, c'est un jalon, ce n'est pas une fin en soi.
Réseau Environnement, on aime ça être à l'avant-garde, regarder justement c'est
quoi, les meilleures pratiques à l'international. C'est pour ça qu'on représente
plusieurs associations aussi internationales pour le Québec. Et, quand on se
compare, quand même... Puis là on parle d'un prix sur des redevances,
c'est-à-dire que, quand on parle de redevances, on parle d'un coût pour une
ressource. Puis ça, on l'a vu par rapport à l'Europe ou d'autres endroits, oui,
on peut être loin, mais je suis d'accord sur le fait qu'il faut y aller
progressif, tous les petits pas sont bons pour y aller. Puis sur notre groupe
aussi, on avait quand même des industries aussi qui sont là puis qui se disent :
Oui, on est prêts à y aller avec de la prévisibilité, mais je pense qu'il faut
le faire d'une certaine façon, là, où est-ce que c'est ordonné, avec de la
prévisibilité, ce que le projet de loi propose.
En même temps, de l'autre côté, quand on
parle... on parlait tantôt des infrastructures municipales, dans le contexte
général, aussi bien qu'on aura le meilleur projet de loi n° 20, si on... notre
déficit continue de s'agrandir comme que c'est là, bien, c'est sûr qu'au bout
de la ligne on n'atteindra pas l'objectif. Au bout de la ligne du projet de loi
n° 20, c'est de protéger nos ressources en eau. Et, quand on parle de
l'aspect aussi des infrastructures en eau municipales, ce qu'on peut voir
ailleurs aussi, c'est qu'au niveau, là, des... ce qu'on demande comme effort
aux concitoyens, concitoyennes pour contribuer aussi sur les infrastructures
d'eau municipales, c'est-à-dire un service, d'avoir de l'approvisionnement, de
la distribution, de la collecte et du traitement des eaux usées, on voit que ça
aussi, au Québec, on demande quand même un plus petit effort aux concitoyens,
concitoyennes qu'ailleurs.
Peut-être, justement, que le projet de loi
n° 20 va aider à déboulonner ce fameux mythe, là,
parce qu'on pense souvent que l'eau est illimitée, que l'eau est gratuite, mais
je pense que tous ces pas-là qui vont... vont valoriser notre eau. Puis c'est
aussi pour ça que dans le cadre du Forum d'action sur l'eau, on propose
plusieurs actions, notamment de la sensibilisation. On a fait une demande au
ministère, là, de financement parce qu'avec le ROBVQ et le Centre
d'interprétation de l'eau, on aimerait faire une campagne nationale sur autant
la quantité que la qualité, l'enjeu de la pénurie de main-d'œuvre. Et tous les
outils et les connaissances sont là pour qu'on puisse développer et aller de
l'avant avec ces actions-là. Parce que, oui, il y a un enjeu aussi que nos
concitoyens et concitoyennes, si on veut qu'ils adhèrent à des projets de loi
comme le projet de loi n° 20, il faut qu'on prenne
conscience que, oui, on a la chance d'avoir 3 % des réserves d'eau douce
mondiale de la planète, mais, en même temps, il faut y faire attention. Parce
qu'actuellement, avec la pollution qu'on fait dans l'estuaire du Saint-Laurent,
on n'aura plus de crabe, on n'aura plus... Tout qu'est-ce qu'on protège, là,
actuellement, là, c'est dangereux quand même puis il faut des projets de loi n° 20, il faut continuer à aller de l'avant. Mais pour
aider aussi nos politiciens et politiciennes à avoir le courage de faire ça, il
faut que nos concitoyens et concitoyennes aient aussi le réflexe d'aimer
valoriser notre ressource en eau.
Mme McGraw : Justement, je
suis d'avis que notre richesse, notre or bleu au Québec, ça devrait mener non à
un sentiment de complaisance, mais d'ambition, vraiment d'être chef de file
mondial. Alors, c'est mon point de vue.
Pour revenir à la première recommandation
par rapport aux compteurs d'eau, je sais que nous, notre formation, on a
souligné qu'on est... qu'on soutient le financement de l'installation de
compteurs d'eau dans tous les édifices non résidentiels. Donc, c'est un pas
dans la bonne direction. Et, justement, je sais qu'il faut... par rapport au...
Ontario, entre autres, le Canada, le monde, il y a du travail à faire.
Donc, est-ce que vous pouvez élaborer sur
cette première recommandation dans votre mémoire?
M. Laneuville (Mathieu) : Oui,
alors.... mais, comme qu'on l'a <mentionné...
Mme McGraw :
...cette
première recommandation dans votre mémoire?
M. Laneuville (Mathieu) :
Oui,
alors.... mais, comme qu'on l'a >mentionné, là, toutes les... toutes les
expertes et experts, je pense, peu importent les domaines, là, on parle de
l'eau, mais on serait en finances, on serait en n'importe quoi, si on veut bien
gérer, il faut mesurer, c'est la prémisse. Dans beaucoup de choses, quand on
fait des estimations, ça devient... pardon, très difficile à pouvoir progresser
dans nos actions.
Et je pense que dans les... si on regarde,
là, le règlement modifiant le Règlement sur la redevance exigible pour
l'utilisation de l'eau, on a un bel exemple, là, à l'article 8.1, où
est-ce qu'on mentionne que si, des fois, le... on pourrait prendre d'autres
options, comme le volume d'eau journalier maximal que l'autorisation permet ou
la capacité maximale utile de l'installation ou de l'équipement de prélèvement.
Il y a des façons, quand on n'a pas la donnée, de pouvoir inciter des
industries à pouvoir mettre un compteur, parce que, s'ils n'ont pas un
compteur, on prend tout simplement la capacité maximale du tuyau.
Ce qu'on peut voir, comme plusieurs réglementations
municipales, des fois, on voit, c'est justement des mesures qui permettent
d'inciter à ce qu'on puisse mesurer. Et je pense que l'article 8.1 est un
exemple qu'on pourrait aussi appliquer pour l'ensemble des industries, de dire :
On ne permet pas l'estimation, et, si jamais on n'a pas la mesure, bien, il y a
des façons qu'on... le gouvernement va imposer des façons d'estimer qui ne
seront... qui, évidemment, vont surestimer, et si l'entreprise veut être
sérieuse, bien, qu'elle mesure la consommation.
Mme McGraw : Donc, cette
distinction entre, justement, les estimations et les mesures exactes, c'est
quand même une distinction importante.
M. Laneuville (Mathieu) : ...cruciale.
Mme McGraw : Oui, cruciale
et...
M. Laneuville (Mathieu) : Sinon,
on va se ramasser dans cinq ans, on va vouloir faire des révisions sur des
estimations, c'est... La première chose de base, c'est de bien mesurer pour
dresser un bon portrait, pour aussi s'aligner dans la suite des choses de nos
actions.
Mme McGraw : En termes de la
deuxième recommandation, on parle de régionalisation. Est-ce que vous avez...
Est-ce que vous parlez davantage des secteurs à risque dans le contexte de changements
climatiques? Oui, alors commencez peut-être avec ça.
M. Laneuville (Mathieu) : Tout
à fait. Alors, on le sait, comme on l'a mentionné, on a des municipalités, des
endroits où est-ce que la nappe phréatique ou que ce soient des lacs, il y a
des régénérations naturelles qui se font. Alors, il faut respecter le cycle de la
nature. Puis il y a des endroits où est-ce que ce cycle-là se fait de façon
plus lente, où qu'on peut avoir une grande population déjà qui est en place,
qu'on peut avoir des nouveaux développements, tout ça. Alors, à ces
endroits-là, bien, il faudrait lancer un signal à nos industries, de dire :
On vous demande... Puis on le sait, là, le principe d'écofiscalité avec les
principes d'élasticité, plus qu'on augmente le prix, évidemment, bien, plus que
ça incite à de l'innovation. Puis on peut le voir, quand je regardais des
industries qui sont en Ontario, il y a des industries qu'on a les mêmes au
Québec qui consomment deux à 10 fois plus d'eau au Québec qu'en Ontario.
Pourquoi? Parce qu'en Ontario, ce n'est pas compliqué, les industries font
l'étude retour sur investissement, elles aussi. Si elles paient une ressource
ou un coût plus cher du mètre cube, bien, évidemment, le retour sur
investissement, au lieu d'être sur 10 ans, il va être sur deux ans, vont
faire la modification, ils ne la feront pas nécessairement au Québec.
Alors, c'est pour ça que, pour nous, c'est
important qu'on puisse donner un signal à certains endroits critiques. On ne
dit pas de le faire partout, parce qu'évidemment il y a des endroits où est-ce
que la criticité est moindre, mais il y a des endroits que la capacité est limitée
où est-ce qu'on pourrait faire un effort supplémentaire, donner un signal
supplémentaire autant pour les industries en place que pour notre développement
économique à venir, de donner un signal que si Molson veut une nouvelle
industrie, bien, peut-être qu'on regarde proche du fleuve Saint-Laurent plutôt
qu'aller à Sutton, où est-ce qu'on demande à nos citoyens de restreindre l'eau
pendant l'été.
• (16 h 20) •
Mme McGraw : Je trouve cette
approche des trois paliers vraiment géniale, et c'est une innovation au niveau
des politiques publiques. Donc, moi, je trouve ça très intéressant. Est-ce
qu'il y aurait, à l'intérieur de ces trois paliers... pour refléter les
priorités identifiées sur le terrain dans chaque région, donc, si je comprends
bien, c'est vraiment l'objectif. Est-ce que vous pouvez peut-être aussi parler
de quelle méthode privilégiez-vous pour la distribution des sommes issues du
Fonds bleu, pour élaborer là-dessus?
M. Laneuville (Mathieu) : Tout
à fait. Alors, les sommes pour le Fonds bleu pourraient justement nous
permettre de poursuivre la réflexion à ce niveau-là. On pourrait, par exemple,
mandater... il y a plusieurs groupes, là, sur le forum qui pourraient justement
faire des études de rentabilité qu'on pourrait pousser aussi. On parle
d'écofiscalité, mais on pourrait pousser des études aussi. Il y avait votre
collègue, tantôt, à l'Assemblée, qui posait des questions, justement, sur
est-ce qu'on a des études sur le retour sur investissement, sur ces choses-là.
Alors, je pense qu'on aurait lieu de pouvoir le démontrer. Mais c'est quand
même des choses qui s'inscrivent non pas seulement sur nos expertes et experts
au Québec, puis le ROBVQ peut être un très bon joueur à ce niveau-là sur le
terrain pour bien cibler par bassin versant comment ça marche. Parce que l'eau,
ça n'a pas de frontière autant provinciale, que municipale, que fédérale, c'est
une ressource qui appartient à tous les citoyens du monde, les citoyennes du
monde.
Mais l'autre chose aussi, c'est que ce
principe-là, oui, c'est... on amène une nouveauté dans le projet de loi
n° 20, mais, dans la Stratégie québécoise d'économie d'eau potable, on
fait la même chose, on demande à des municipalités où est-ce qu'elles sont aux
prises avec des capacités plus limitées ou avec des endroits où est-ce que
c'est plus critique d'en faire plus ou, à d'autres endroits, on va dire :
On en fait moins. Puis ça, c'est le <principe...
M. Laneuville (Mathieu) :
...d'en
faire plus ou, à d'autres endroits, on va dire : On en fait moins. Puis
ça, c'est le >principe où est-ce qu'on veut mettre les énergies au bon
endroit, où est-ce que c'est le plus critique. Et c'est même quelque chose
aussi qu'on va voir... Comme je disais tantôt, Réseau Environnement, on
représente aussi l'American Water Works Association, et, dans le
manuel M36 de l'AWWA, c'est ce qu'on préconise, de dire, justement :
Faisons des interventions plus rigoureuses à certains endroits qui nécessitent
plus d'attention.
Mme McGraw : Je sais qu'il me
reste à peu près deux minutes, donc j'aimerais... j'ai quand même beaucoup de
questions, mais j'aimerais vous inviter à... s'il y a des enjeux ou des thèmes,
vous voulez plus élaborer, je vous invite à... je vous cède mon temps.
M. Laneuville (Mathieu) : Parfait.
Mme McGraw : Sinon, j'ai des
questions plus spécifiques, mais est-ce qu'il y a des enjeux ou des éléments
que vous voulez prendre plus de temps pour souligner? Sinon, je reviens à mes
questions.
M. Laneuville (Mathieu) : Non,
bien, c'est... nous autres, c'est vraiment important de dire : On a une
occasion, là, aujourd'hui, comme... qu'est-ce qu'on veut dire, c'est... on ne
veut pas ralentir le projet de loi n° 20. Pour nous, c'est important que,
le plus rapidement possible, on soit en mesure de le faire, et on va collaborer
avec le gouvernement pour le faire le plus rapidement possible. Pour nous, sur
la question de la fiabilité des données, on considère qu'on peut changer
facilement, quand même, le règlement en place pour pouvoir l'adapter. Alors,
pour nous, ça, c'est quelque chose qu'on souhaiterait voir rapidement à court
terme, je pense, qui nous aiderait toutes et tous à mieux gérer notre ressource
en ayant des mesures.
On comprend que, sur la question de la modulation,
on pourrait penser... justement, on parle que... on a prévu de faire des mises
à jour à chaque cinq ans. Je pense, c'est quelque chose qu'on peut prendre le
temps, justement, de bien le réfléchir dès maintenant, pas attendre dans cinq
ans, dès maintenant, pour être prêt dans cinq ans à aller vers ça.
Sur la question de la transparence des
prélèvements, encore une fois, c'est quelque chose qu'on croit qu'on peut faire
dès maintenant dans le projet de loi actuel, ça ne demande pas trop d'efforts
dans le projet de loi pour qu'on puisse arriver à ces conclusions-là.
Et, sur le Fond bleu, bien, on va
continuer de travailler avec Mme Grondin, là, à ce niveau-là, pour
pouvoir... et l'ensemble des parties. Parce que je tiens à le souligner, elle a
fait un excellent travail de rassembler beaucoup de parties, puis c'est
drôlement intéressant, parce qu'on avait des échanges corsés, la dernière fois,
entre les unions municipales, l'UPA, tout ça. Puis qu'est-ce que j'aime, c'est
que Mme Grondin nous rappelle à l'ordre aussi en disant : On n'est
pas là pour penser juste notre association à nous, on est là pour penser à la
ressource en eau au Québec. Puis je pense qu'une table comme ça, c'est bon de
se dire : On n'est pas là pour des intérêts personnels, on est là pour la
collectivité, pour protéger notre ressource. Puis ça, je pense qu'on a un
excellent forum qu'il va falloir renforcer pour mettre... investir bien nos
fonds pour la suite. Et on les connaît, les idées, de ces fonds-là. Je pense,
chez Réseau, on a des idées, ROBVQ, puis je pense que tout le monde en a, des
bonnes idées, puis c'est vraiment de penser de façon collective pour le
meilleur résultat collectif.
Mme McGraw : Donc, je pense
qu'on est d'accord pour dire : Si on met en place les bonnes mesures, on
suit les recommandations, le Québec a vraiment la possibilité d'être chef de
file et vraiment à la hauteur de notre or bleu ici, au Québec. On est vraiment
très bien positionné, et le Fonds bleu, c'est vraiment un pas dans la bonne
direction. Donc, c'est du positif, il y a encore du travail à faire, mais c'est
vraiment un grand pas, donc... donc, on est d'accord, je pense, là-dessus.
Donc, à moins qu'il y ait d'autres choses
à ajouter, je vais céder mon temps, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bogemans) : Il
n'y a plus de temps. C'est terminé. Donc, je vais maintenant céder la parole à
la deuxième opposition officielle. Vous disposez de 4 min 8 s.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup. Je veux remercier toute l'équipe du Réseau Environnement pour cette
présentation.
Et, pour les recommandations, j'aimerais
vous entendre un peu plus sur la deuxième, c'est-à-dire la modulation selon les
caractéristiques du bassin versant. Je pense qu'on partage le souhait d'avoir
des analyses économiques, d'avoir des métriques afin d'appliquer cette
notion-là. Ça fait que c'est un peu ma question : Quel type de métriques
ou des outils qu'on pourrait mobiliser pour ajuster les redevances selon la
rareté, mais selon aussi les caractéristiques, les pressions de chacun...
chaque bassin versant?
M. Laneuville (Mathieu) : ...encore
une fois, là, ROBVQ, je pense, qui est un excellent acteur sur le terrain pour
pouvoir nous aider. Dans le cadre de nos consultations avec nos groupes
d'experts, évidemment, il y avait... le ROBVQ était présent, mais les
municipalités, les entreprises, etc. Et c'est probablement l'enjeu où est-ce
que ça a demandé le plus de discussions intellectuelles, quand même, parce que
c'est un enjeu fiscal, de développement régional, tu sais, il y a beaucoup de
choses, au-delà de l'eau aussi, qui est à travers ça, alors il faut bien le
penser. Et l'approche par bassin versant est celle qui nous semble faire le
plus de sens. Comme on disait, l'eau n'a pas de frontière, alors respectons la
ressource eau en premier, plutôt que des fois penser à des partages que nous
autres on se fait de façon arbitraire pour bien gérer nos municipalités, etc.
Alors, les trois catégories qu'on voyait,
et on les a déjà... on est capable par bassin versant déjà de le savoir. La
première catégorie, c'est, il y a peu ou il n'y a pas d'enjeu lié à l'eau. Par
exemple, on peut penser, la ville de Montréal est entourée du fleuve
Saint-Laurent. On a un bon débit. Actuellement, à la ville de Montréal, qu'est-ce
qui est intéressant, avec les économies d'eau qu'on fait, on est en train de <fermer...
M. Laneuville (Mathieu) :
...la
ville de Montréal,
qu'est-ce qui est intéressant, avec les
économies d'eau qu'on fait, on est en train de >fermer des usines plutôt
que de dire... Parce que souvent, on va dire : L'avantage, c'est de... on
va empêcher, on va reporter des investissements. Alors, on voit qu'il y a des
endroits de même que ça va bien.
Il y a d'autres municipalités, il y a
d'autres territoires où est-ce qu'on voit qu'il y a des enjeux à venir dans les
prochaines années, notamment dans un contexte de changements climatiques, on
peut le voir. Et comment qu'on sait ça? Quand vous parliez de métrique, mais
oui, on le sait avec les mesures qu'on a, avec... par exemple, en eau
souterraine, tout ça, on commence à avoir des bonnes connaissances là-dessus.
Mais c'est pour ça que je reviens encore à ma première recommandation, de dire :
On a besoin de mesurer, pas se... de mesurer, de ne plus estimer, parce que,
quand on se fie sur des estimations, malheureusement, ça peut nous jouer des
vilains tours.
Et l'autre chose aussi, de pouvoir
déclarer même qu'est-ce qui est en bas de 50 mètres cubes, pas
nécessairement pour aller chercher des dollars là-dessus, parce que ce serait
négligeable, je pense, sur un fonds comme qu'on parle, mais c'est vraiment le
principe de vouloir bien s'outiller pour prendre des bonnes décisions, faire
des bons diagnostics. Un médecin, on ne lui dit pas, il a besoin de... il a
besoin d'instruments pour pouvoir avoir un diagnostic. C'est la même chose pour
les gestionnaires de l'eau, on a besoin d'instruments de mesure, l'instrument
de mesure de base, ça s'appelle un compteur d'eau. C'est simple et c'est une
technologie qui existe depuis plus de 100 ans.
Et la troisième catégorie, c'est dans des
bassins versants où est ce qu'il y a déjà des enjeux identifiés. Je peux penser
notamment à la région du ministre, là, où qu'il y a la rivière des
Mille Îles, on le voit, année après année, on peut le voir autant en
termes d'inondation qu'en période de sécheresse, on le sait que ça revient. On
a des endroits où est-ce qu'on sait que c'est critique, et c'est à ces
endroits-là, bien, qu'on se dit, bien, qu'avec une modulation, ça pourrait justement
amener nos entreprises, nos industries à justement faire les modifications
comme qu'on peut voir dans d'autres juridictions où est-ce qu'on voit que,
quand il y a cet incitatif-là, les entreprises vont optimiser leurs processus.
Puis on pourrait avoir beaucoup d'exemples
à ce niveau-là, mais je ne veux pas prendre du temps là-dessus, et aussi de
dire aux prochaines entreprises : Bien, il y a peut-être des endroits plus
stratégiques où s'installer. Autant que pour les inondations, on ne dit plus
qu'on veut aller en zone inondable, bien, on devrait faire la même chose aussi
à l'inverse, quand on a un manque d'eau, bien, on devrait arrêter d'accroître
les pressions à ce niveau-là.
Mme Zaga Mendez : Et
peut-être, rapidement, quel type de changements vous souhaitez voir dans la loi
pour faire cette modulation? Grosso modo, quel type d'amendements que vous
souhaitez avoir pour...
La Présidente (Mme Bogemans) : 20 secondes.
Mme Zaga Mendez : ...pour avoir
la modulation?
M. Laneuville (Mathieu) : Parfait.
Alors, qu'est-ce qu'on souhaitait avec la modulation, c'est de se dire : On
aimerait prendre le temps, avec toutes les parties prenantes, de le faire pour
la prochaine révision. Par contre, actuellement, c'est le Règlement sur la
redevance exigible, on veut arrêter l'estimation puis mettre de la mesure pour
être bien équipés pour quand on va penser à ça dans cinq ans puis qu'on va le
mettre à jour.
La Présidente (Mme Bogemans) : Je
vous remercie beaucoup pour votre contribution aux travaux parlementaires.
Nous allons prendre quelques instants pour
suspendre la session et accueillir le prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 29)
11 h 30 (version révisée)
(Reprise à 11 h 35)
La Présidente (Mme Bogemans) : Bonjour,
tout le monde. Je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Union des
municipalités du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour faire votre exposé, après quoi nous allons procéder à la période d'échange
entre les parties de la commission. Je vous invite donc à vous présenter puis à
commencer immédiatement votre exposé.
M. Damphousse (Martin) : Merci.
Martin Damphousse, maire de Varennes et nouvellement président de l'Union des
municipalités du Québec.
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) :
Charlotte Legault-Bélanger, conseillère aux politiques pour les dossiers
Environnement et changements climatiques à l'UMQ.
M. Damphousse (Martin) : M.
le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques,
de la Faune, des Parcs, Mme la Présidente de la commission, Mmes, MM. les
membres de la commission, merci de nous recevoir aujourd'hui. Vous pourrez
compter sur notre appui. Je suis accompagné aujourd'hui de Mme Charlotte
Legault-Bélanger.
D'abord, j'aimerais rappeler que, depuis
maintenant plus de 100 ans, l'UMQ rassemble les gouvernements de <proximité...
M. Damphousse (Martin) :
...
depuis maintenant plus de 100 ans, l'UMQ rassemble les gouvernements de
>proximité de toutes les régions du Québec, afin de mobiliser
l'expertise municipale, accompagner ses membres dans l'exercice de leurs
compétences et valoriser la démocratie municipale. Nos membres représentent
plus de 85 % de la population du territoire du Québec.
L'UMQ tient à saluer la volonté du
gouvernement d'augmenter considérablement les redevances exigibles pour
l'utilisation de l'eau au Québec et de miser sur la transparence des données.
Pour l'union, cette approche devrait améliorer la prévisibilité du financement,
la planification durable du territoire et la protection de la ressource.
Toutefois, l'UMQ souhaite que le législateur profite de cette occasion pour
aller plus loin sur certains aspects du présent projet de loi.
Dans un premier temps, l'UMQ souhaite vous
formuler des propositions concernant l'affectation du Fonds bleu. La loi sur
l'eau positionne l'enjeu de l'approvisionnement des citoyennes et citoyens en
eau potable en fonction du climat actuel et futur comme prioritaire pour la
société québécoise. C'est pourquoi il est primordial, pour l'union, que
l'approvisionnement en eau potable en contexte de changements climatiques soit
ajouté à la liste des matières pouvant être financées par le Fonds bleu.
Plusieurs éléments expliquent l'importance
de notre proposition. Tout d'abord, les municipalités n'ont pas de portrait
complet de la demande actuelle et projetée en eau pour les usages anthropiques
ainsi que pour la conservation des écosystèmes. Elles ne possèdent pas non plus
de données relatives à la disponibilité en eaux de surface et en eaux
souterraines sur leur territoire, en contexte de changements climatiques. Or,
la science est sans équivoque, les changements climatiques génèrent des
phénomènes qui amplifient les risques d'épisodes de manque d'eau, augmentent la
température de l'eau, diminuent la capacité de régénération des nappes d'eau
souterraines et diminuent le facteur de dilution.
Pour l'union, l'acquisition de
connaissances sur la qualité et la disponibilité actuelles et futures de l'eau
de surface, et particulièrement de l'eau souterraine, est primordiale pour que
les municipalités puissent utiliser stratégiquement leurs outils d'aménagement
du territoire et ainsi contribuer à assurer une eau potable de qualité et en
quantité suffisante à leurs populations. Aussi, la plupart des municipalités du
Québec en sont maintenant à préparer des plans de protection des sources
d'approvisionnement en eau potable en fonction des principales menaces
identifiées sur leurs territoires en termes de qualité et de quantité.
Il est donc essentiel que le gouvernement
du Québec s'engage à appuyer financièrement les municipalités pour la mise en
oeuvre des mesures telles que l'élaboration d'un plan d'inspection des
installations septiques autonomes, la planification de la gestion des eaux
pluviales ou encore la revitalisation des berges. La performance de ces
infrastructures d'eau est essentielle en contexte de changements climatiques,
et cela, pour espérer minimiser les dégâts.
• (11 h 40) •
C'est pour toutes ces raisons que l'union
recommande de modifier le projet de loi afin d'ajouter l'approvisionnement en
eau potable, en climat actuel et futur, à la liste des matières pouvant être
financées par le Fonds bleu.
Toujours en se référant à la loi sur
l'eau, le préambule reconnaît la part fondamentale des milieux associés à la
ressource en eau en ce qui a trait, notamment, à la qualité et à la quantité de
l'eau, la conservation de la biodiversité et la lutte contre les changements
climatiques. À ce sujet, l'union salue l'inclusion, dans le projet de loi, de
la conservation des écosystèmes aquatiques comme action pouvant être financée
par le Fonds bleu. L'UMQ souhaite que cette mesure inclue aussi la prévention
et la lutte contre les espèces exotiques envahissantes.
En effet, la gestion des espèces exotiques
envahissantes comporte des coûts importants pour les municipalités qui ont un
plan d'eau sur leurs territoires, qui sont affectées ou non par les espèces
exotiques envahissantes. Une récente étude de l'UMQ révèle que
7 millions de dollars par année seraient nécessaires pour que ces
municipalités puissent mener une stratégie de prévention de ces espèces, tandis
que les efforts de lutte pourraient représenter des investissements allant
jusqu'à 114 millions de dollars par année.
Aussi, l'UMQ souhaite que la conservation
des écosystèmes inclue l'encadrement de la navigation de plaisance. En effet,
la présence d'embarcations sur les plans d'eau contribue à l'érosion des berges,
la pollution des eaux, et cela, en plus d'être le principal vecteur de
transmission des espèces exotiques envahissantes, des éléments qui participent
au vieillissement prématuré des écosystèmes aquatiques.
C'est <pourquoi...
M. Damphousse (Martin) :
...
au vieillissement prématuré des écosystèmes aquatiques.
C'est >pourquoi l'union
recommande de modifier le projet de loi afin de préciser que la conservation
des écosystèmes à titre de matière pouvant être financée par le Fonds bleu
inclut notamment la prévention et la lutte contre les espèces exotiques
envahissantes ainsi que l'encadrement de la navigation de plaisance.
En terminant, sur l'affectation du Fonds
bleu, il est primordial de reconnaître le rôle incontournable des gouvernements
de proximité dans la gouvernance de l'eau. Pour l'union, les municipalités
jouent un rôle de premier plan en matière d'aménagement, d'approvisionnement en
eau potable et de protection de l'environnement ainsi que par leur capacité à
prendre en considération les réalités complexes et uniques de leur territoire.
C'est pourquoi l'UMQ recommande de
modifier le projet de loi afin de préciser que le Fonds bleu vise à apporter un
soutien financier prioritaire aux municipalités.
Maintenant, j'aimerais vous parler brièvement
de la possibilité pour le ministre d'intervenir par règlement pour prohiber ou
limiter certains usages de l'eau et encadrer certains contenants et emballages
à usage unique.
L'UMQ est d'avis que l'établissement de
ces nouveaux pouvoirs au ministre doit absolument se faire en concomitance avec
l'abrogation de l'article 118.3.3 de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Cette mesure aurait pour objectif de ne pas rendre inopérants
les règlements municipaux qui se retrouveraient à traiter du même sujet que
celui du gouvernement, comme à Prévost, Mascouche et Montréal, où il existe des
réglementations visant à encadrer la distribution de contenants à usage unique.
Une nouvelle réglementation provinciale en la matière rendrait caduques ces
avancées innovantes au milieu municipal. Pour l'union, il est primordial
d'éviter un recul environnemental et d'exposer par le fait même le milieu
municipal à des poursuites judiciaires en vertu de l'article 118.3.3,
comme on l'observe de plus en plus lorsqu'une municipalité réglemente sur un
sujet environnemental.
C'est pourquoi l'UMQ recommande de
modifier le projet de loi afin d'abroger l'article 118.3.3 de la Loi sur
la qualité de l'environnement.
Je vous remercie de votre attention et
nous sommes maintenant disponibles pour répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Bogemans) :
Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la
période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Charette : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci à vous deux d'être présents avec nous ce matin.
Félicitations pour vos nouvelles responsabilités. Un beau chapeau avec de beaux
défis, donc félicitations.
Peut-être revenir à une question que j'ai
posée au groupe précédent. On parle de revenus confirmés, là, de
500 millions de dollars pour le nouveau Fonds bleu, donc c'est une
somme qui est très certainement intéressante compte tenu que c'est du nouvel
argent et qu'il n'y a jamais eu autant d'argent, là, dédié pour la préservation
de notre eau. En même temps, lorsque l'on reçoit les différentes demandes de
financement, on se rend compte qu'on ne pourra pas tout financer les demandes
qui nous parviennent. Et j'ai bien noté, vous souhaiteriez que le Fonds bleu
finance de façon prioritaire, ce sont vos mots, les municipalités. Les
agriculteurs vont nous dire la même chose, tous les groupes vont nous
dire : Il faudrait qu'on soit priorisés dans le financement. Donc, la
réponse que je vais vous donner, je vais la donner à tous les groupes :
Vous ne serez pas priorisés, ne le prenez pas de façon négative, c'est un
travail collectif.
D'ailleurs, merci, vous êtes aussi membre
du Forum d'action sur l'eau, et ce que sa présidente, la députée d'Argenteuil,
réitère à chaque occasion, c'est qu'il faut s'enlever un petit peu le réflexe
de vouloir protéger nos intérêts personnels, mais penser de façon collective et
de façon globale comment on peut mieux utiliser cette ressource-là, comment
s'assurer de sa préservation. Donc non, les municipalités ne seront pas les
principales bénéficiaires du Fonds bleu, mais aucun groupe ne sera le principal
bénéficiaire du Fonds bleu. Il faut réellement avoir une vision d'ensemble. Donc,
je voulais atténuer les attentes et être très transparent avec vous. Et c'est
sans offense, c'est ce qui est répété à chacun des groupes.
Mais très certainement que les
municipalités ont un rôle fondamental à jouer sur la question de la
préservation de l'eau. Et je comprends le besoin des municipalités d'avoir ces
informations-là pour gérer un petit peu leur développement parce que, dans
certains cas, c'est <problématique...
M. Charette :
...
gérer un petit peu leur développement parce que, dans certains cas, c'est >problématique.
On a des municipalités, un petit peu partout au Québec et dans certaines
régions en particulier, qui devront revoir leurs plans de développement, parce
qu'on sait qu'il y a des enjeux, là, qui s'adresseront à elles assez
rapidement, et, dans certains cas, c'est déjà le cas.
Mais, en termes de partenariats, je vous
entendais parler de la navigation de plaisance, la navigation de plaisance
elle-même, c'est de compétence fédérale, je ne pourrais pas, à travers un
projet de loi, légiférer là-dessus. Mais vous avez tout à fait raison lorsque
vous mentionnez que cette navigation-là peut être l'occasion, par exemple, de
favoriser la propagation d'espèces envahissantes, ce qu'on veut limiter. Donc,
est-ce que, des projets particuliers où il y aurait des stations de lavage de
bateaux, les municipalités pourraient être partenaires? Naturellement, il doit
y avoir un financement accordé à ce type d'initiative là. Les OBV, qu'on
entendait un petit peu plus tôt, sont aussi intéressés par ces enjeux-là. Donc,
quel est le type d'initiative que vous souhaiteriez peut-être même piloter
vous-même, en tant que municipalités, avec l'appui, naturellement, financier
d'un éventuel Fonds bleu?
M. Damphousse (Martin) : En
fait, votre dernière phrase... Je suis vraiment désolé, je comprends que, la
dernière phrase, il y a la question, puis je prenais une note intéressante sur
ce que vous veniez de dire. Désolé, M. le ministre.
M. Charette : Aucun souci. En
fait, je reprenais un petit peu votre préoccupation par rapport aux
embarcations de plaisance, qui peuvent être un facteur de propagation des
espèces envahissantes. On sait qu'on a un réseau de lavage à développer, on
sait que c'est une problématique réelle. Est-ce que les municipalités
souhaitent s'investir? Est-ce que c'est le type de projet que les municipalités
aimeraient elles-mêmes piloter, moyennant du financement, c'est bien certain,
ou c'est à travers d'autres partenariats que les municipalités voudraient
s'impliquer, là, dans des projets très particuliers?
M. Damphousse (Martin) :
Merci d'avoir repris la question. Je suis désolé, encore une fois. Dans un
premier temps, je comprends très bien le volet de la navigation du volet
fédéral. C'est parfait, c'est très clair pour moi.
Honnêtement, les stations de lavage, je
suis à Varennes, je longe le fleuve, moi aussi, puis je pense que ça peut être
extrêmement intéressant et pertinent. Mais aujourd'hui vous comprendrez
qu'après seulement cinq jours c'est difficile pour moi de prendre position
envers mes membres. Mais honnêtement je m'engage à ajouter ce point-là à
l'ordre du jour du prochain conseil d'administration et poser la question, parce
que je réalise que, l'enjeu des lacs, la navigation, l'algue bleue, bon, on a
entendu toutes sortes d'histoires, dans les dernières années, puis honnêtement
il y a une préoccupation qui est très grande. Est-ce que de devenir partenaires
avec le gouvernement pour créer des stations de lavage peut être une bonne
alternative? Honnêtement, je trouve la proposition excellente. Laissez-moi
juste le temps de valider, et on vous revient officiellement avec une réponse.
• (11 h 50) •
M. Charette : Sans problème.
Et là je déborde un petit peu du contexte du projet de loi, mais j'ai aussi le chapeau
Faune, et on nous dit, à travers les différentes associations, que ça devient
souvent un enjeu pour les utilisateurs des plans d'eau d'accéder à tel ou tel
plan d'eau parce qu'une municipalité X va, par exemple, limiter l'accès ou va
le réserver aux résidents du secteur en particulier. Donc, c'est un enjeu.
Et, oui, on parle du Fonds bleu, mais on
parle aussi, dans un contexte plus général, du Plan nature, où on veut donner
aux Québécois accès à la nature. Et comment concilier ce dilemme-là? En
rappelant que l'eau n'est pas la propriété des riverains, en rappelant que
l'eau, les lacs sont la propriété de tous, donc, se voir restreindre l'accès à
des plans d'eau parce qu'on n'est pas résident d'un secteur, c'est aussi une
source de déception chez bon nombre d'utilisateurs, là, de nos plans d'eau au
Québec.
M. Damphousse (Martin) :
C'est intéressant, M. le ministre, parce que Varennes fait partie des villes
qui ont été citées comme ayant appliqué une facturation différente pour les
non-résidents. Puis honnêtement moi, je reste très ouvert à de bonnes formules,
parce que je comprends que le plan d'eau appartient à tout le monde, mais
l'accès... Quand une ville comme Varennes investit 1 million de
dollars, avec l'argent des Varennois, pour permettre l'accès, de le rendre
accessible à tout le monde, sans que les gens paient plus que les Varennois, il
y a une forme d'iniquité. Ça fait que c'est pour ça qu'on n'interdit pas
l'accès, mais il y a une facturation différente, comme non-Varennois.
Mais honnêtement moi, je suis très ouvert
à entendre, éventuellement, de nouvelles formulations pour rendre ça équitable
autant pour les Varennois qui paient puis d'autres... Puis <on le voit,
là...
M. Damphousse (Martin) :
...
pour rendre ça équitable autant pour les Varennois qui paient puis d'autres...
Puis >on le voit, là, la rareté des accès, ça s'est restreint avec les
années, de plus en plus difficile, de plus en plus coûteux. Mais c'est quoi, la
meilleure formule? Honnêtement, je ne la connais pas. Nous, on a trouvé
aujourd'hui un équilibre entre une facture plus importante, mais, en même
temps, ça fait en sorte que Varennes est plus attractif. Si des gens d'ailleurs,
qui n'ont pas d'accès, ont le goût de vivre à Varennes pour avoir un accès
gratuit, bien, ça devient un outil d'attrait. Mais la formule idéale,
honnêtement, je ne la connais pas. Mais je comprends l'enjeu des non-riverains
et cette complexité-là, mais soyons ouverts à de bonnes solutions, là.
M. Charette : On regardera...
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Si je peux me permettre?
M. Charette : Est-ce que...
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Mais, si je peux me permettre, le...
M. Charette : Ah! d'accord.
J'essayais de voir qui avait pris la parole. Désolé.
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Oui, donc... Bien, c'est sûr que l'accès... ce n'est pas
que les municipalités veulent limiter nécessairement l'accès au plan d'eau. En
fait, l'objectif premier, c'est de limiter la propagation des espèces exotiques
envahissantes, et donc, malheureusement... C'est pour ça qu'on parlait de
navigation et qu'on demande, notamment, un chantier à l'échelle du Québec sur
la navigation, avec tous les partenaires impliqués, dont le fédéral.
Parce qu'en ce moment les municipalités
peuvent réglementer l'accès, justement, aux plans d'eau, peuvent obliger de
nettoyer la coque des bateaux, mais c'est les seules façons qu'elles ont de
protéger les plans d'eau au niveau réglementaire. Donc, c'est sûr que,
malheureusement, ce n'est pas quelque chose pour lesquels on... quelque chose
qu'on n'encourage, mais pour le moment c'est une des seules solutions. Et on
sait très bien que ce n'est pas durable, donc on veut en discuter avec
l'ensemble des parties prenantes, mettre en place un chantier sur la
gouvernance de la navigation.
Et puis, en attendant, on aimerait que le
projet de loi finance des mesures municipales en matière de gouvernance de la
navigation. Il y a des municipalités, comme Saint-Donat, qui ont... qui, avec
le DPCP du fédéral, assurent... doivent payer pour des bateaux, des
patrouilles, des bouées pour s'assurer du respect de la réglementation
fédérale. Parfois, quand elles émettent des constats d'infraction, bon, ça se
judiciarise, et puis l'argent qui est récolté s'en va directement au fédéral.
Donc, la contribution des municipalités, elle est volontaire. Alors, c'est un
chantier qu'on doit adresser et qu'on... selon l'UMQ, là, on ne peut pas dissocier,
là, de la gestion de l'eau.
M. Charette : Non, vous avez
raison. C'est pour ça que ça se marie bien avec le Plan nature qui est en
élaboration, aussi. Il faut s'attaquer aux espèces envahissantes, le Fonds bleu
a à faire ce mandat-là, dans les grandes orientations qui sont déjà connues,
puis on regardera comment faire les arrimages.
Tout à l'heure, je vous ai peut-être déçus
en disant qu'on ne priorisera pas en particulier les municipalités. Je vais
vous décevoir de nouveau, je m'excuse, le projet de loi n° 20
ne réglera pas non plus la question du fameux article de la LQE. C'est un
projet de loi, là, qui est réellement orienté sur le Fonds bleu. Je comprends
qu'il y a des municipalités qui veulent mettre de l'avant des initiatives, des
initiatives qui peuvent être intéressantes à bien des égards. Je comprends
qu'il y a une crainte que le ministère de l'Environnement ou le gouvernement
vienne dire : Non, non, ce n'est pas conforme avec notre vision. C'est un
échange et c'est des réflexions qu'on pourrait avoir ensemble, éventuellement, mais
ce n'est pas le projet de loi n° 20, là,
malheureusement, là, qui va traiter cette question-là, parce qu'on s'éloigne un
petit peu trop, là, de l'orientation principale du projet de loi.
Sinon, peut-être vous revenir sur un
échange qu'on a eu avec Réseau Environnement, le groupe qui vous a précédé, au
niveau du déficit d'entretien des infrastructures municipales. C'est un enjeu,
là, que l'on reconnaît. D'ailleurs, il y a plusieurs milliards de dollars, là,
qui sont disponibles à travers le PQI. Là encore, ce n'est pas le Fonds bleu
qui va régler cet enjeu-là, mais on reconnaît que c'est un enjeu qui mérite
toute notre attention.
Et je profiterais de votre présence pour
vous poser la question suivante. Il y a des milliards de disponibles; si on
additionne la quote du gouvernement du Québec avec celle du gouvernement
fédéral et la participation des municipalités, ça fait un fonds, au final, là,
qui est drôlement intéressant. Quelles sont les embûches pour les municipalités
pour se qualifier à ces programmes-là? Parce que l'argent est là, mais on voit
qu'encore il y a des municipalités qui nous disent : Ce n'est peut-être
pas suffisamment adapté à nos réalités. Quelles seraient les bases sur
lesquelles on pourrait travailler, avec le ministère des Affaires municipales,
pour faciliter la qualification des municipalités à ces différents programmes là?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
je vous dirais, M. le ministre, la question est très intéressante, parce que je
vais vous donner un des angles de point de vue par rapport à ça. Dans un
premier temps, merci pour la <bonnification...
M. Damphousse (Martin) :
...
point de vue par rapport à ça. Dans un premier temps, merci pour la >bonification,
je pense que c'est 2,4 milliards, pour le programme PRIMEAU. C'est
apprécié. Mais, je vous dirais, il y a un nouveau phénomène qui est arrivé dans
le monde municipal, depuis au moins une année, puis c'est nouveau.
Je suis maire depuis 14 ans, je
l'observe, la rareté de la main-d'œuvre a fait chuter de façon drastique le
nombre de soumissionnaires. Ça, c'est partout, pas juste dans un créneau
spécifique, là. Que ce soit pour des modules de jeu ou que ce soit pour des
plans d'infrastructures souterraines, avant, là, honnêtement, on pouvait
recevoir sept, neuf soumissionnaires. Le plus bas soumissionnaire conforme, il
y avait une compétition réelle. Aujourd'hui, M. le ministre, ce n'est pas rare
de n'en recevoir qu'un. Donc, quand il n'y a pas de compétition, des fois, les
coûts explosent.
Et malheureusement il y a bien des villes
qui, tout simplement, reportent les projets ou les abandonnent parce que leurs
estimations financières ont fait en sorte que, quand c'est le double — on
a vu du 100 % d'augmentation — bien, les villes retardent. Donc,
malheureusement... Et c'est triste parce qu'on est tout à fait conscients qu'il
y a un retard dans l'amélioration des infrastructures souterraines, que ce soit
en eau, que ce soit en égout. C'est le même principe, mais là on est pris avec
une nouvelle réalité. On a hâte de revoir autant de soumissionnaires qu'on
avait, avant, mais on craint que ça prenne, malheureusement, bien du temps. Ça
fait qu'on est un peu pris avec cette nouvelle réalité là.
M. Charette : Merci
beaucoup. Je vais laisser la parole à mes collègues, pour ne pas être trop
accaparant de mon côté. Mais merci pour votre présence aujourd'hui.
M. Damphousse (Martin) : Merci.
La Présidente
(Mme Bogemans) : La parole est maintenant à la députée d'Argenteuil.
Il reste 2 min 40 s.
Mme Grondin : Je vais
être rapide. Merci, Mme la Présidente. Bonjour. Très heureuse de vous voir en
personne. Je vais y aller rapidement. J'entends bien l'intérêt, là, pour un
chantier sur la navigation, là, je l'entends très bien. En fait, vous parlez
dans votre mémoire de cohérence, de cohérence entre les différents programmes
ou plans d'action du gouvernement. J'ai envie de vous renvoyer la balle, j'ai
envie moi aussi de vous parler de cohérence terrain.
On a eu le ROBVQ qui nous a présenté une
trentaine de projets par bassin versant, dans lesquels on a, par exemple,
Nicolet, Centre-du-Québec, Estrie, protection de l'eau potable selon une
approche intégrée des risques, et, dans les acteurs, je ne vois pas l'UMQ, donc...
Puis il y en a plusieurs comme ça où il y a déjà, dans les bassins versants, un
intérêt ou une priorité qui a été mise soit sur la protection des eaux potables
soit sur les espèces exotiques envahissantes. Est-ce que vous embarquez?
M. Damphousse (Martin) : J'aurai
une réponse courte, mais étant donné qu'il ne reste pas beaucoup de temps, je
vais prendre mon miroir, puis, d'après moi, Charlotte a plus d'information
là-dessus. Mais la réalité, c'est qu'on collabore très bien déjà avec cet
organisme-là, une belle complicité. Mais, si vous souhaiteriez qu'on soit
davantage actifs, bien, d'après moi, ça ne sera pas dur à convaincre. Mais je
vais laisser Charlotte préciser.
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Effectivement. Puis, bien, j'imagine que, dans ces
programmes-là... bien, pas ces programmes-là, mais ces projets-là, les
municipalités concernées sont impliquées également, là. Mais en tant qu'union,
effectivement, je vais... je vais ramener le sujet avec... avec le ROBVQ, puis
on verra à trouver comment l'UMQ peut s'intégrer.
Mme Grondin : Merci.
Est-ce que... J'imagine qu'il ne reste pas beaucoup de temps?
La Présidente
(Mme Bogemans) : ...
Mme Grondin : 45 secondes.
En fait, je ne sais pas si vous vouliez un élément particulier... rajouter en
30 secondes. Je ne vous donne pas beaucoup de temps.
• (12 heures) •
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Bien, en fait, pour revenir, M. le ministre, sur le fait
de prioriser certains acteurs plutôt que d'autres, c'est certain que, bien, les
municipalités ont aussi l'avantage de pouvoir fédérer les citoyens également.
Ils sont élus, c'est un gouvernement de proximité. Puis, comme comme vous aviez
annoncé l'annonce pour le bassin du lac Saint-Charles avec... avec Québec,
c'est un modèle qui, je crois, pourrait être répliqué, donc... bien sûr, en
collaboration, à l'échelle du bassin versant, avec tous les acteurs impliqués. Mais
je crois quand même et je réitère que les gouvernements de proximité ont cet
avantage-là de connaître autant la réalité terrain et puis de fédérer également
les... tous les acteurs autour, oui, les organismes à but non lucratif, les
organismes de bassin versant, mais également les citoyens.
La Présidente
(Mme Bogemans) : Je vous remercie beaucoup. Maintenant, je vais
céder la parole à la représentante de l'opposition officielle, pour
12 min 23 s.
Mme McGraw : Merci, Mme
la Présidente. Et j'aimerais enchaîner, justement, là dessus, mais tout
d'abord, j'aimerais vous féliciter, M. Damphousse, sur votre élection à la
présidence, depuis quelques jours, donc, à l'UMQ. Donc, merci d'être avec nous,
les collègues, ce matin. C'est bien apprécié, le mémoire et la présentation.
Et je voudrais justement...
12 h (version révisée)
Mme McGraw : ...avec nous les
collègues ce matin. Et c'est bien apprécié, le mémoire et la présentation.
Et je voudrais justement enchaîner
là-dessus, parce que, je pense, avec tout le respect pour le ministre, on
comprend très bien que, les municipalités, en tant que gouvernement de
proximité, ce n'est pas des intérêts privés, ce sont des intérêts collectifs. Ce
sont... c'est l'intérêt public, et nous, on reconnaît l'importance, la
crédibilité et la proximité des municipalités.
Alors, là-dessus, avec ça comme contexte,
on comprend que vous êtes des experts sur le terrain. Vous êtes au front, vous
faites face au front sur les changements climatiques, beaucoup d'enjeux
environnementaux, économiques, entre autres. Alors, on sait très bien qu'il y a
une volonté de contribuer des municipalités, que les municipalités veulent
contribuer, et c'est une contribution exemplaire, mais on comprend aussi qu'on
manque les moyens et les informations. Donc, mes premières questions vont être
là-dessus.
Si on peut parler, premièrement, de
moyens, donc. Dans la recommandation n° 5, on parle justement... pour un
peu enchaîner la discussion avec le ministre, on parle d'un soutien financier
prioritaire aux municipalités. Alors, j'aimerais vous inviter à élaborer sur
cette recommandation importante.
M. Damphousse (Martin) : J'aurai
probablement une courte réponse, puis si Charlotte a le goût de bonifier, ça va
me faire plaisir. Vous le savez tous, dans la dernière semaine, on a amplement
parlé d'adaptation aux changements climatiques, puis le réseau d'eau potable en
fait partie. Donc, il y a des inquiétudes manifestées par plusieurs
municipalités, on le vit, que ce soit dans les eaux de surface, les eaux
souterraines, les réseaux d'aqueduc. Donc, on a une pression additionnelle.
Tout le monde reconnaît... Puis honnêtement j'ai entendu, même, le premier
ministre, lorsque j'ai été invité par Mme Roy, à la ville de Varennes, on a été
invités, il y a quelques semaines, puis il y a une reconnaissance unanime :
il faut s'adapter aux changements climatiques. Le climat, avec ses
particularités, met une pression énorme.
Puis je rajouterais les chaleurs extrêmes.
Bon, on parle beaucoup d'inondations, mais on vit des chaleurs extrêmes à l'échelle
planétaire. Puis j'ai toujours entendu que, l'or bleu du Québec, notre eau,
finalement, on l'a toujours imaginée inépuisable. C'est un discours qu'on
entend depuis très, très, très longtemps. Bien, aujourd'hui le monde municipal
veut travailler avec son gouvernement pour s'assurer d'économiser cette
ressource-là, parce que je crains qu'un jour elle ne devienne pas autant
inépuisable qu'on a toujours rêvé à cause des changements climatiques. Ça fait
que, dans ce contexte-là... bien sûr qu'on a besoin de sommes additionnelles, parce
que ce sera la plus importante dépense, l'adaptation aux changements
climatiques, mais il y a assurément une inquiétude face à l'eau potable. On est
gâtés, au Québec, assurons-nous de rester gâtés pour des générations futures.
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) :
Effectivement. Puis la notion de prévention puis de précaution est
particulièrement importante quand on parle d'eau potable. On l'a vu, dans les
derniers mois, avec la saga des PFAS, donc les contaminants émergents. Quand ça
arrive, les municipalités doivent trouver une nouvelle source d'eau potable, c'est
carrément ça. Donc, on veut absolument éviter ça, ce sont des mesures qui
coûtent énormément cher pour les municipalités.
Et puis, donc, voilà, c'est... particulièrement,
le rôle incontournable des municipalités s'explique principalement du fait qu'elles
sont responsables d'assurer l'approvisionnement en eau potable de surface mais
également souterraine à leurs citoyens. Et c'est le lien qu'on fait avec la loi
sur l'eau, donc, les objectifs de la loi sur l'eau, qui vise à assurer une eau en...
de qualité et de quantité suffisante pour les générations actuelles mais
également futures. Alors... puis c'est la raison pour laquelle aussi on propose
d'insérer, dans le préambule de la LQE, la notion d'adaptation, puisque la
pression est de plus en plus forte sur la ressource en eau.
Mme McGraw : Puis on comprend
très bien qu'investir maintenant ça va nous coûter moins cher plus tard. Donc,
ça coûte plus pour réagir que de... de prévenir. Donc, on comprend très bien l'aspect
économique de tout ce qui soutient l'environnement et l'écologie.
J'aimerais revenir, justement, sur les
informations. Donc, la question c'étaient les moyens, que les municipalités
manquent les moyens et peut-être aussi les informations pour justement vraiment
passer à l'action et vraiment répondre à ces enjeux. Donc, est-ce que, selon
vous, vous avez... puis c'est la... surtout, on parle d'espèces exotiques
envahissantes, donc la recommandation n° 4. Est-ce que vous avez... est-ce
que vous avez les <informations...
Mme McGraw :
...vous
avez... puis c'est la... surtout, on parle d'espèces exotiques envahissantes,
donc la recommandation n° 4. Est-ce que vous avez... est-ce que vous avez
les >informations pour bien faire votre travail en tant que
municipalités? Est-ce que... Comment est-ce qu'on peut regarder vous
accompagner là-dedans, donc?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
je vous dirais que, sur le volet des espèces envahissantes, je laisserais
davantage Charlotte répondre, mais il y a un volet sur les données. La petite
histoire que j'ai le goût de vous raconter, puis je vais faire rapidement, l'eau
embouteillée, quand on regarde son évolution, il y a 20 ans, 30 ans,
quand c'est arrivé sur le marché, c'était comme une ressource, encore une fois,
un peu inépuisable, de l'eau de source. C'était fascinant. On a vu le marché
des... je n'ai pas besoin de nommer les noms des entreprises, vous les
connaissez tous, il y a eu une progression. Honnêtement, jamais je ne pouvais
m'imaginer voir autant de gens sortir de chez Costco, on voit les mêmes, là,
avec autant de paniers de petites bouteilles embouteillés. Ça fait que, là, on
réalise : OK, ils siphonnent notre ressource, qui est notre or bleu, je l'ai
dit tantôt.
Quels sont les volumes réels? Ça fait
partie des données que, je pense, il est essentiel d'avoir et de partager, puis
c'est pour ça que je fais du millage sur l'initiative de la ville de Prévost,
qui a mis une nouvelle réglementation pour l'utilisation des bouteilles à usage
unique de plastique. Puis on sait à quel point c'est un fléau, là. De mémoire,
je pense qu'il y avait 700 millions par année de petites bouteilles de
plastique. Quand on analyse ce chiffre-là, ça ne fait pas de sens.
Ça fait qu'il est clair qu'il faut
travailler ensemble pour trouver une façon de limiter ça. Bien, ça, ce sont les
données qui sont essentielles pour le milieu municipal, parce que l'eau est...
c'est notre or qui est pris sous nos pieds, puis on doit travailler ensemble
pour s'assurer de contrôler mieux ça.
Pour le volet des espèces envahissantes,
je vais laisser Charlotte vous en parler, face aux données.
Mme McGraw : Peut-être que
j'ajouterais juste... espèces envahissantes exotiques, aussi les... par
exemple, les contaminants émergents aussi, au niveau des informations pour
pouvoir agir, réagir.
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) :
Merci. Donc, pour les espèces exotiques envahissantes, en fait, je pense, puis
l'étude était claire, là, commandée par le caucus des municipalités locales, ça
coûte beaucoup moins cher d'investir dans... en prévention. Il y a des
programmes qui existent déjà pour les stations de lavage, et il faut que ça
continue, il faut qu'il y ait des sommes supplémentaires pour ces
initiatives-là, mais la prévention, c'est également un suivi de l'état des
lacs, suivi de la prolifération des espèces exotiques envahissantes. Et puis
c'est également des patrouilles, donc des inspecteurs également pour s'assurer
que la réglementation est respectée.
Donc, pour les espèces exotiques
envahissantes, la prévention, je crois qu'il y aurait davantage d'aide qui
pourrait être offerte de la part du gouvernement. Il ne faut pas oublier la
lutte non plus, donc installation de toiles, l'arrachage, etc. Ça, c'est pour
les espèces exotiques envahissantes. Puis le deuxième...
M. Damphousse (Martin) : PFAS...
Mme McGraw : ...PFAS, etc.
• (12 h 10) •
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) :
Oui. Bien, honnêtement, pour ce dossier-là, là, je souligne, d'ailleurs,
là, la collaboration du ministère de l'Environnement, qui sont particulièrement
proactifs et qui ont un souci de collaborer avec l'ensemble des acteurs pour...
Nous, on n'est pas des scientifiques, là, donc on s'appuie sur l'expertise du
ministère de l'Environnement, et puis on se sent, là, très bien accompagnés à
ce niveau-là.
Mme McGraw : Merci. Et donc,
si je comprends bien, il y avait une présentation antérieure où on parlait... Et
ce n'est pas un manque de technologie, on a le savoir-faire, justement, pour
faire face à ces contaminants, les espèces envahissantes, mais c'est,
effectivement, manque d'information et surtout manque de financement, manque de
moyens.
Donc, j'aimerais revenir sur une question
plutôt générale par rapport au Fonds bleu. En matière de gouvernance, est-ce
que les mesures... est-ce que vous trouvez que les mesures sont adéquates pour
que les sommes prévues soient utilisées aux fins prévues?
M. Damphousse (Martin) : Wow!
Grande question. En fait, sans être sûr de ma réponse, j'ai presque le goût de
dire que, traditionnellement, dans les programmes gouvernementaux, puis là je
vise tous les ministères, ce qu'on observe, le milieu municipal, c'est une
forme de lourdeur administrative. On souhaite, à peu près partout, trouver une
formule plus simplifiée, plus facilitante pour qu'on perde le moins de temps.
Puis plus on se retrouve avec des municipalités petites, plus des études, qui
sont souvent nécessaires, demandées, occasionnent des frais énormes. Ils n'ont
pas d'employés suffisants pour être capables de faire ça. Puis, les mandats
extérieurs, bien, ils n'ont pas ces <moyens-là...
M. Damphousse (Martin) :
...frais
énormes. Ils n'ont pas d'employés suffisants pour être capables de faire ça.
Puis, les mandats extérieurs, bien, ils n'ont pas ces >moyens-là. Ça
fait que... peut-être qu'une des façons serait de trouver des formules... sans
dire, miracles, mais des formules facilitantes, parce qu'on la voit, là, la
progression de la lourdeur administrative. Puis probablement... parce que vous
aussi, vous manquez peut-être d'employés, un peu comme partout, ça fait que ça
amène... ça étire des délais, mais, à la fin, c'est le gouvernement de
proximité qui subit ces délais-là, mais...
Mme McGraw : Je suis
consciente du temps, je regarde Mme la Présidente, il me reste moins que deux
minutes. Je voulais juste vous inviter, avec le temps qui reste... Est-ce que,
selon vous, il y a des angles morts? Il y a-tu des sujets que vous auriez aimé
voir traiter dans le projet de loi? Et sinon, est-ce que vous avez d'autres
choses à ajouter avec le temps qui reste?
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) :
Bien, je reviendrais quand même sur l'article 118.3.3. Je comprends
que ce n'était pas dans l'initiative... bien qu'il n'y aura pas d'amendement à
ce sujet-là pour le moment, mais c'est important de continuer les discussions,
puis même avant qu'il y ait un projet de règlement qui donne suite à... aux
deux nouveaux pouvoirs, là, qu'on s'y attarde. L'article 118.3.3, pour
l'information de tous, en fait, il mentionne qu'un règlement... municipal ne
peut pas porter sur le même objet qu'un règlement provincial en environnement.
Et la LQE a... Il y a 84 règlements associés à la Loi sur la qualité de
l'environnement. Donc, le champ environnemental est très bien couvert par le
provincial, donc la marge de manœuvre municipale est limitée. Donc, ça fait... par
exemple, on parle d'eau, ça fait des situations où une municipalité ne peut pas
augmenter la distance minimale entre une source de protection... une source de
prélèvement d'eau et une activité quelconque. Donc, une municipalité ne peut
pas aller plus loin en environnement que ce que fait le provincial. Pour nous,
c'est contraire à l'autonomie municipale. C'est contre le principe de
subsidiarité de la Loi sur le développement durable.
La Présidente (Mme Bogemans) : En
terminant.
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) :
Ça va également à l'encontre du principe de précaution, et donc c'est pour
cette raison-là qu'on suggère de l'abroger. Et puis, pour votre information, il
y a déjà l'article 3 de la Loi sur les compétences municipales, je vois
mon temps qui file, donc, qui permettra au gouvernement de garder, là,
l'orientation politique en matière d'environnement.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci
beaucoup. Je vais maintenant céder la parole aux représentants du deuxième
groupe de l'opposition officielle. Vous disposez de 4 min 8 s.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup. Merci à l'Union des municipalités de venir nous exposer vos demandes
et vos questions. Ma question portait justement sur l'article abrogé,
l'article 118.3.3. Puis, peut-être pour faire suite, vous parlez du
principe de subsidiarité. Bien, tantôt j'avais une discussion sur la modulation
selon les régions. Est-ce que vous sentez qu'en abrogeant l'article ça
permettrait aussi de mettre d'autres dispositions régionales et locales afin de
préserver l'eau?
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) :
Oui, effectivement. Bien, en fait, abroger cet article-là permettrait aux
municipalités de réglementer en fonction des particularités du territoire,
donc, comme elles le font pour tous les autres domaines. C'est vraiment
spécifique à l'environnement que ce mécanisme-là... existe. D'ailleurs, c'est
seulement au Québec qu'il existe, et donc il est là depuis 1972, là, depuis
la... depuis l'édiction de la LQE. Alors, on soutient que, depuis... bien, il y
a plusieurs outils législatifs, là, qui se sont développés, notamment, là, les...
reconnaître les municipalités comme gouvernement de proximité, la Loi sur le
développement durable. Donc, ça doit... La réflexion doit être faite, mais,
pour nous, pour répondre à votre question, effectivement, ça permettrait, là,
de protéger davantage le territoire, et notamment la... notamment la ressource
en eau... par rapport aux spécificités, là, de chaque municipalité.
Mme Zaga Mendez : Merci. Puis
ma deuxième question portait sur votre recommandation n° 7, que vous...
vous suggérez d'élargir la déclaration, donc avoir un peu plus de transparence
en termes de prélèvements relativement aux milieux agricoles, piscicoles et
hydroélectriques. Donc, je voulais vous entendre un peu plus là-dessus.
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) :
Oui. En fait, ça, ce n'est pas par rapport au projet de loi, mais c'est par
rapport au projet de règlement sur les... sur les déclarations. Ce n'est pas
une nouveauté, ça existait déjà, mais on prend la peine, là, d'en parler. En
fait, c'est... Le règlement sur les déclarations prévoit que tous les... tous
les préleveurs de 50 000 litres et plus par jour, même s'ils ne paient
pas de redevance, doivent déclarer leurs données au ministère de
l'Environnement. Et donc ces données-là, avec le projet de loi, donc, vont
devenir transparentes.
Il y a trois exclusions à cette
formulation-là, et donc c'est le milieu agricole, piscicole et <hydroélectrique...
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) :
...avec le projet de loi, donc, vont devenir transparentes.
Il y a trois exclusions à cette
formulation-là, et donc c'est le milieu agricole, piscicole et >hydroélectrique.
Et, par mesure d'équité et de cohérence, en fait, et pour appuyer également,
là... pour faciliter, là, le rôle des municipalités en matière d'aménagement du
territoire de façon durable, on suggère, là, de supprimer cette exclusion-là.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Combien de temps il me reste?
La Présidente (Mme Bogemans) : ...
Mme Zaga Mendez : Donc, je voulais
juste vous inviter... s'il y avait d'autres sujets, on a parlé rapidement
d'adaptation aux changements climatiques, mais est-ce que vous voyez là des
amendements ou des idées qu'on pourrait pousser dans le cadre de cette étude de
projet de loi concernant l'adaptation?
M. Damphousse (Martin) : Honnêtement,
mon plaidoyer sur l'adaptation aux changements climatiques, je le fais depuis
une grosse semaine chargée. Donc, s'il y a une opportunité puis il y a une
écoute d'intégrer des... un volet additionnel pour nous aider... En fait, on
souhaite le faire avec le gouvernement, on ne souhaite pas juste 100 %
l'argent provenant des deux paliers de gouvernement, on a... J'ai visé surtout
le gouvernement québécois, mais honnêtement il y a le fédéral aussi, là. Ils
ont une part de responsabilité. Comme gouvernement de proximité, vous le savez,
on est sur le terrain, on est là tous les jours, on s'en occupe, mais
l'adaptation, c'est un phénomène nouveau qui est d'une ampleur importante.
Donc, c'est ce coup de main là qui devient nécessaire. Ça fait que, si le Fonds
bleu avait des options additionnelles, on serait très contents.
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) :
Puis, bien, de façon plus technique, c'est sûr que de l'inscrire dans le
préambule de la Loi sur la qualité de l'environnement, ce... ce serait un
message fort, et je pense qu'on est rendus là également. Merci.
Mme Zaga Mendez : ...tout le
temps.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Il reste 15 secondes.
Mme Zaga Mendez : Bien, je
vous remercie pour votre temps aujourd'hui. Merci.
M. Damphousse (Martin) : ...
La Présidente (Mme Bogemans) : Je
vous remercie également pour la contribution aux travaux parlementaires.
Nous allons suspendre les travaux
jusqu'après l'avis touchant les travaux des commissions, soit autour de
15 h 15. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 18)
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 h 22)
Le Président (M. Jacques) : Bonjour
à tous. La Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux.
Nous poursuivons les consultations particulières et les auditions publiques sur
le projet de loi n° 20, Loi instituant le Fonds bleu et modifiant d'autres
dispositions.
Cet après-midi, nous entendrons les
organismes suivants : la Fédération québécoise des municipalités, le Centre
québécois du droit de l'environnement, le Conseil de l'industrie forestière du
Québec, le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du
Québec et le Conseil de la transformation alimentaire du Québec.
Je souhaite la bienvenue aux représentants
de l'union municipale... de la fédération municipale des municipalités, et je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après
quoi, nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé.
M. Demers (Jacques) :Merci beaucoup. Jacques Demers, président de la Fédération
québécoise des municipalités.
M. Châteauvert (Pierre) :Pierre Châteauvert, directeur des politiques de la
fédération.
M. Demers (Jacques) :La Fédération québécoise des municipalités, à titre de
porte-parole des régions, réunit plus de 1 000 municipalités membres,
dont l'ensemble des MRC du Québec.
Merci à la commission de nous recevoir
aujourd'hui. Nos propositions sont faites dans une optique de... constructive,
qui vise à favoriser une vision cohérente et à long terme de la gestion des
ressources de l'eau dans l'ensemble de nos régions, afin d'assurer la
protection et d'assurer la pérennité des activités qui dépendent... et surtout,
qui garantit aussi la disponibilité en qualité pour l'ensemble des Québécoises
et des Québécois.
La FQM tient d'abord à saluer le dépôt du projet
de loi n° 20, qui donne suite à l'engagement pris par le premier ministre
de créer un fonds pour assurer la conservation et une gestion durable de la
ressource de l'eau. Avec les changements climatiques, les communautés sont
désormais confrontées à des enjeux de nature et d'ampleur parfois inédites,
notamment au niveau de la gestion de l'eau. Qu'on pense aux inondations qui sont
récemment frappé plusieurs de nos communautés, qui ont des impacts importants
sur nos infrastructures, et qu'on doit aussi planifier les fréquences et les
intensités des sécheresses, de plus en plus nombreuses de ce côté-là.
Déjà, dans toutes les régions du Québec,
les élus sont... sont engagés dans la lutte contre les changements climatiques
et dans la protection de l'environnement. Leur leadership en matière de
protection des milieux naturels, d'aménagement est le plus résilient possible,
et la qualité de l'eau, ça mobilise, ça engage l'ensemble des acteurs du
territoire. En ce sens, la création du Fonds bleu peut constituer un levier
financier important pour soutenir les municipalités et les MRC dans les
nouveaux défis.
M. Châteauvert (Pierre) :Merci, M. Demers. Je vais tenter d'y aller
tranquillement et de ne pas lire trop vite, comme on me reproche trop souvent.
Comme mentionné, la FQM accueille favorablement la mise en place du fonds dédié
à l'eau. Les nombreux enjeux relatifs aux ressources en eau auxquels sont
confrontées les municipalités nécessiteront des investissements substantiels au
cours des prochaines années. Toutefois, il nous apparaît nécessaire que soient
apportées au projet de loi certaines modifications, ajustements afin d'assurer
l'atteinte des objectifs visés par la mise en place du Fonds bleu.
Premièrement, le projet de loi prévoit, à
l'article 4, certaines matières visées pour... par les mesures financées
par le fonds. Pour la FQM, il est nécessaire que certaines matières
supplémentaires soient nommément prévues à la loi. Il est ici question de la
lutte à... et à l'adaptation aux changements climatiques, de la mise en oeuvre
des plans régionaux de... des milieux humides et hydriques et de l'intégration
des connaissances dans les planifications territoriales. Trois éléments.
Comme mentionné par M. Demers, les
changements climatiques ont et auront un impact considérable sur les ressources
en eau dans l'ensemble des régions du Québec. Il nous apparaît donc essentiel
que les mesures visant à aménager nos territoires de façon à s'adapter aux
conséquences des changements climatiques et à préserver la qualité et la
disponibilité en eau puissent bénéficier du... de financement... du financement
via le Fonds bleu.
Par... pardon... par ailleurs, la mise en
oeuvre de plans régionaux des milieux humides et hydriques devrait être ajoutée
comme matière visée par le financement du fonds. L'élaboration, par les MRC, de
ces plans est une obligation légale, découlant de l'adaptation de la loi sur les
conservations des milieux humides et hydriques. Cet exercice important étant
bientôt complété, des investissements majeurs seront nécessaires pour soutenir
les municipalités dans la mise en oeuvre de leurs PRMHH, et ainsi assurer la
protection de ces milieux naturels indispensables à la lutte et à l'adaptation
aux changements climatiques, à la protection de l'eau et la biodiversité.
Actuellement, aucun fonds n'est dédié à la
mise en oeuvre des PRMHH, notamment au volet hydrique des plans et leur
intégration dans les outils de planification des MRC puis des <municipalités...
M. Châteauvert
(Pierre) :
...Actuellement, aucun
fonds n'est dédié à la mise en œuvre des PRMHH, notamment au volet hydrique des
plans et leur intégration dans les outils de planification des MRC puis des >municipalités.
Seuls les projets de création de restauration sont admissibles au programme et
de... au programme, rien pour l'acquisition ou la mise en valeur, alors que les
bénéfices de la conservation des milieux humides sur le réapprovisionnement des
nappes phréatiques, sur la qualité de l'eau, sur le contrôle des inondations ne
sont plus à démontrer. Enfin, considérant les sommes investies et à venir dans
l'acquisition de connaissances sur les ressources en eau, tant souterraines que
de surface, il nous apparaît important que le projet visant l'intégration de
ces connaissances sur les ressources en eau aux planifications territoriales
soit considéré par le Fonds bleu.
Deuxièmement, sur la question de la
gouvernance du Fonds bleu, le projet prévoit que le ministre est responsable de
la gestion... de sa gestion. Les MRC ont la responsabilité de l'aménagement du
territoire et de la gestion des cours d'eau, tel que prévu à la Loi sur les
compétences municipales, et à l'élaboration et la mise en œuvre des PRMHH. La
FQM est d'avis qu'une partie des sommes du Fonds bleu soit... doit... devrait
être directement attribuée aux MRC, afin qu'elles bénéficient d'un financement
prévisible et récurrent pour la mise en œuvre... la mise en place de mesures
pour assurer la protection, la restauration, la mise en valeur et la gestion
durable de l'eau sur le territoire. Ces sommes pourraient notamment servir à la
mise en œuvre des PRMHH et être utilisées selon les priorités et problématiques
identifiées au plan d'action. Nous sommes convaincus que ces sommes auraient un
impact positif, à court terme, dans l'ensemble des territoires, répondant ainsi
aux objectifs soutenus par la création d'un fonds dédié à l'eau.
Troisièmement, le projet de loi propose
l'introduction, à la disposition préliminaire de la Loi sur la qualité de
l'environnement, d'une référence à la gestion durable de l'eau ainsi qu'à la
transparence et à l'accès aux renseignements qui concernent les prélèvements
d'eau. La FQM se réjouit, et on l'a souvent demandé, de la volonté du
ministre de favoriser plus de transparence quant à l'utilisation de l'eau. Les
MRC et les municipalités doivent avoir accès à l'ensemble des données relatives
aux volumes d'eau prélevés sur leur territoire, afin d'assurer une gestion
durable de la ressource et une planification cohérente du territoire, qui
tienne compte des effets cumulatifs réels de ces prélèvements, d'autant que les
changements climatiques pourraient entraîner des pénuries d'eau potable dans
certaines régions du Québec dans les prochaines années.
Considérant l'importance des enjeux liés à
la disponibilité et à la qualité de l'eau, et la nécessité, pour les MRC,
d'évaluer les besoins en eau pour soutenir le développement de leur territoire
et la pérennité des activités qui y ont cours, l'accès à ces informations est
crucial. Ainsi, nous recommandons de modifier le libellé de l'article 5 du
projet de loi afin de... qu'il vise à assurer, plutôt qu'à favoriser un
meilleur accès aux renseignements qui concernent les prélèvements d'eau.
En conclusion, il nous semble opportun de
soulever la question de la cohérence... de la cohésion gouvernementale, c'est
synonyme. Avec le dépôt du projet de loi n° 20, le gouvernement du Québec
démontre l'importance qu'il accorde à la protection de l'eau, notre richesse
collective. La FQM salue la volonté gouvernementale d'agir pour préserver nos
ressources en eau, une priorité identifiée par nos membres lors de la dernière
campagne électorale, dans notre plateforme électorale. La FQM souhaite que
cette reconnaissance soit la prémisse à une réflexion plus large au sein de
l'État, tant au niveau de la protection juridique que des enjeux liés à la
préséance des règlements du gouvernement qui limitent la capacité des
municipalités à appliquer des normes adaptées à leur territoire.
Nous aimerions également rappeler au
ministre notre demande concernant l'importance d'accorder aux municipalités une
forme d'immunité, lesquelles auront à appliquer des plans et des normes
découlant d'un mandat du gouvernement, comme la cartographie et la protection
des milieux humides. En effet, les municipalités locales et régionales n'ont
pas à défrayer les coûts juridiques et ceux des compensations de cette mesure
qui découlent de ces nouvelles responsabilités.
• (15 h 30) •
Par ailleurs, à l'aube du débat... du dépôt
des plans régionaux des milieux humides et hydriques pour... par l'ensemble des
MRC du Québec, et afin que ceux-ci puissent pleinement remplir leur rôle et se
déployer à travers les outils de planification, il nous apparaît essentiel que
la protection de l'eau soit une priorité claire pour l'ensemble des ministères,
et non l'apanage du seul ministère de l'Environnement et de la lutte et
changements climatiques. Déjà, en réponse à la mobilisation des élus et aux
propositions de la FQM, le projet d'orientations gouvernementales en
aménagement du territoire, les OGAT, rendu public, lundi dernier, par la
ministre des Affaires municipales, propose des modifications intéressantes au
processus de limitation des territoires incompatibles à l'activité minière, afin
de faciliter la protection de l'eau et des milieux d'intérêt naturels.
Nous attendons avec intérêt les décisions
qui découleront de la consultation actuellement menée par Mme la ministre des
Ressources naturelles et des Forêts sur la modernisation de l'ensemble de la
réglementation du secteur minier et sur la préséance de la Loi sur les mines.
Nous souhaitons qu'elles permettent aux municipalités et aux MRC d'assurer la
protection des ressources en eaux souterraines et de surface sur leur
territoire et d'en garantir la disponibilité et la qualité de l'ensemble... à
l'ensemble de leurs citoyens. Nous vous remercions puis nous sommes maintenant
disponibles pour répondre à vos questions. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. Châteauvert et M. Demers. Je cède maintenant la parole à M. le ministre pour
une période de 16 min 30 s.
M. Charette : ...le
Président. À vous deux, messieurs, un gros merci. Merci d'être avec nous cet
après-midi, toujours un plaisir d'échanger avec vous. Merci également... je le
mentionnais aux autres groupes qui vous ont précédés ce matin... merci d'être
des acteurs très impliqués au niveau du Forum d'action sur l'eau, une instance,
là, qui a réellement pris son erre d'aller et qui donne de beaux résultats au
niveau de la concertation...
15 h 30 (version non révisée)
M. Charette : ...qui vous ont
précédés ce matin. Merci d'être des acteurs très impliqués au niveau du Forum d'action
sur l'eau, une instance, là, qui a réellement pris son erre d'aller, qui donne
de beaux résultats au niveau de la concertation. Merci, également, c'est la
période des remerciements, pour le leadership qui est exercé, on le sent, au
niveau municipal, encore plus depuis depuis quelques années. Donc, pour nous,
voir des partenaires s'ajouter aux groupes intéressés à faire une différence,
là, c'est apprécié.
Ceci dit, j'ai pris quelques notes. J'ai
bien lu la documentation que vous nous avez fait parvenir, également. Peut-être
juste une petite précision à la base : ce n'est pas un projet de loi sur
les garanties d'approvisionnement en eau. Je comprends que c'est une
préoccupation, là, qui est partagée par plusieurs groupes, mais il ne faut pas
y voir la réponse à travers ce projet de loi. C'est réellement un projet de loi
qui crée, oui, un fonds bleu, un fonds bleu qui aura des objectifs à
rencontrer, bien précis, notamment au niveau de la qualité de l'eau, au niveau
de la lutte aux espèces envahissantes.
Et je comprends, j'ai bien noté, là, que
la FQM a des attentes par rapport au financement de la réalisation des plans...
j'ai toujours de la misère, même avec nos propres acronymes, à nous, plans
régionaux sur les milieux humides et hydriques. Un petit défi de prononciation,
cet acronyme-là. Mais, aujourd'hui, je ne suis pas en mesure de vous dire :
Ce sera financé à travers le fonds bleu, tout simplement parce qu'on a demandé
au forum d'actions de mettre en place et d'établir les priorités. Donc, si, à
travers le forum d'actions, ça devient un élément prioritaire, on pourra
regarder comment le réaliser par la suite, mais je ne suis pas en mesure
aujourd'hui de vous dire : On va financer ceci, cela. Et je disais au
groupe qui vous a précédés, vos collègues et nos collègues de l'UMQ : Je
ne peux pas aujourd'hui dire : C'est principalement les municipalités qui
seront récipiendaires des fruits du fonds bleu. C'est réellement un travail,
là, qui se complète actuellement à travers le forum d'actions.
Sinon, pour ce qui est des... ah! j'ai de
la misère avec l'acronyme en question, PRMHH, voilà, j'irai plus lentement, on
a financé la réalisation des études menant à leur élaboration. Je comprends qu'il
y a des attentes pour la mise en place de ce plan-là. Est-ce que le fonds bleu
pourra répondre en partie à ces demandes-là? Comme je le mentionnais, ça reste
à voir. Sinon, au niveau du ministère, on sera intéressé à continuer les
échanges avec la FQM, l'UMQ, également, parce que, oui, on voulait des plans
régionaux, mais on ne veut pas que ça demeure des plans sans qu'ils soient mis
en action. Donc, on pourra travailler ensemble à trouver une façon, là, de bien
les réaliser.
Au niveau de l'approvisionnement en eau,
je le mentionnais tout à l'heure, c'est une inquiétude. Moi, l'inquiétude que j'ai,
c'est la suivante : dans bien des régions, on a déjà des défis d'approvisionnement
en eau, et, malgré tout, il y a des attentes importantes. Tantôt, c'est le
secteur agricole qui veut développer des nouvelles cultures, tantôt c'est des
municipalités qui aimeraient soit un secteur industriel à développer davantage,
soit des nouveaux quartiers littéralement résidentiels, alors qu'on sait qu'il
y a des enjeux de disponibilité d'eau dans ces secteurs-là. Donc, c'est là où
le forum d'actions doit continuer à nous permettre de travailler ensemble et de
voir à renoncer, dans certains cas, à certains projets, compte tenu de cet
enjeu-là. Et je vous sais partenaires à ce niveau-là, mais c'est une discussion
qui doit continuer à se tenir. Je le disais tout à l'heure, je ne me souviens
plus avec quel groupe, encore la semaine dernière, on rencontrait... je ne veux
pas nommer la région, encore moins le type de culture, mais des projets
agricoles qui étaient, pour le moment, à tout le moins, en analyse parce qu'on
évoque des possibilités, là, de difficultés d'approvisionnement en eau. Donc, c'est
des réalités, il y a quelques années à peine, qu'on pouvait à peine imaginer,
mais qui sont maintenant incontournables dans la réflexion. Mais le forum d'actions
va répondre à ces enjeux-là, va permettre aux interlocuteurs de pouvoir s'y
pencher.
Sinon, le fonds bleu lui-même, les PRMHH,
c'est une chose, sinon, la priorisation, c'est un petit peu la question piège
qui est sur toutes les lèvres. 500 millions, ça peut sembler...
M. Charette : ...intéressant,
c'est effectivement une somme conséquente, c'est du nouvel argent. Jamais le
secteur de l'eau n'avait été aussi bien financé par le passé, mais en même
temps c'est très peu par rapport à une multitude de projets qui pourraient nous
être soumis. Vous avez évoqué, oui, les plans régionaux, sinon la priorisation
avec le Forum d'action sur l'eau, comment l'établir et comment s'assurer, là,
que chacun de ces dollars-là puisse avoir le plus grand impact possible?
M. Demers
(Jacques) :Peut-être, différentes choses
dans ce qu'on se dit là. Parce que, oui, vous avez raison, 500 millions,
on peut dire : Oh! vraiment intéressant, bon, mais on peut le dépenser
après-midi si on décide juste de parler des barrages. Puis ça serait légitime
de parler des barrages. Il y a plein de barrages qui appartiennent à des
petites municipalités qui n'auront jamais les moyens de les mettre à niveau. Il
y a des barrages qui sont complètement partis, au Québec, on pourrait nommer
Dixville, on pourrait nommer certaines places, parce que la municipalité a
dit : Bien, faites ce que vous voulez, on n'aura jamais les moyens de
payer. Dans ce cas-là, ça a bien été parce que, même sans barrage, l'impact ne
semble pas avoir été trop important. Mais il y a des endroits qu'on ne peut pas
se permettre que le barrage, à un moment donné, soit désuet puis risque de
céder ou qui crée des impacts importants. Juste de ce côté-là, c'est incroyable
ce qu'on pourrait investir. Puis là on pourrait parler des barrages privés
aussi, d'autres barrages qui sont situés... Est-ce qu'on a vraiment le suivi de
ce côté-là? Puis est-ce qu'on a l'argent pour... On a donné beaucoup de
responsabilités aux municipalités, pas nécessairement en n'ayant d'argent pour
autant de ce côté.
Vous avez raison qu'il va falloir
investir. D'abord, je pense, c'est les connaissances, c'est de savoir justement
les secteurs. Quand on parle : Oui, il y a un secteur qui manque d'eau,
tout à fait légitime de dire : Bien là, il y a des restrictions qui vont
nous obliger à se limiter de ce côté-là, mais il faut les avoir. Puis je pense
que d'investir de ce côté-là, pour être sûr que là où on avance, là où on
installe des personnes aujourd'hui, dans cinq ans, 10 ans ou 20 ans,
on ne dira pas : Aie! as-tu vu qu'est-ce qu'ils ont fait à cet endroit-là,
qui qui a pensé à ça? On est rendus aujourd'hui qu'on peut avoir certaines
données, puis il y a beaucoup de données là-dessus qui devraient être cumulées
pour vraiment qu'on puisse comprendre ce qui se passe dans notre sous-sol en
particulier. Oui.
M. Châteauvert
(Pierre) :Bien, en fait, par rapport aux
PRMHH, oui, moi non plus ça ne fait pas longtemps que... en fait, on a
demandé... Bien, vous savez, il y a toujours l'exercice des demandes
budgétaires. Ça fait au moins trois ans, quatre ans, parce que ça fait
longtemps qu'on discute de toute cette obligation-là puis cette... M. Demers
pourra vous décrire qu'est-ce que ça a permis en termes d'acquisition de
connaissance et de mobilisation des élus et de l'ensemble de l'appareil
municipal pour la protection de l'environnement. Ça, c'est fantastique. Mais
effectivement, la mise en œuvre, il n'y a pas de sous, puis on le demande, ça
fait, je ne sais pas combien, trois ou quatre fois. Puis on comprend, là, que,
bon, les choses s'en viennent, tout ça, mais ce qu'on dit dans notre mémoire,
c'est qu'effectivement... puis je pense que je le dis aussi, c'est moi qui
représente la FQM au niveau du forum... tu sais, de dire que c'est une
priorité. Les milieux humides et hydriques sont essentiels à la qualité de
l'environnement au Québec puis à son amélioration, et il faut qu'il y ait des
investissements majeurs pas seulement ce qu'on a comme compensation
actuellement ou des choses comme ça parce que... puis en plus qu'ils sont
ciblés, mais il faut qu'on... il y a un chantier a lancé par rapport à la mise
en valeur, la protection des milieux humides. Parce que ce qu'on est en train
de faire, la cartographie, là, c'est qu'on va avoir un impact énorme sur le
territoire, puis, pour que ça paraisse, il va falloir des fonds autour de ça.
Puis c'est certain que des... en région, et tout ça, les entités, ils n'ont pas
de... les entités municipales n'ont n'a pas les moyens pour livrer, pour mettre
en œuvre ce qui doit être fait.
• (15 h 40) •
M. Charette : Peut-être deux
éléments par rapport au barrage, notamment, intéressant que vous le
mentionniez, il y a des budgets, je comprends, là, qu'ils ne sont pas
illimités, mais il y a des budgets qui sont disponibles, qui ont été d'ailleurs
reconduits. Mais, pour les barrages privés, il y a quand même un ajout
important qui a été fait à travers l'étude du projet de loi n° 102, pour
une municipalité, d'imposer des travaux et ensuite d'aller récupérer l'argent
investi auprès des propriétaires qui n'ont pas voulu faire les travaux par
eux-mêmes. Parce que, oui, c'est un enjeu qui est réel et, oui, il y a des
barrages qui, dans certains cas, peuvent même être de petites contenances, qui,
dans l'éventualité qu'ils cèdent, pourraient avoir des conséquences
importantes. Donc, ça, c'est un pouvoir, là, qui a été ajouté à travers l'adoption
du projet de loi n° 102, ça fait un petit peu plus d'une année de ça.
Sinon, des budgets aussi pour les municipalités.
Et, pour ce qui est des plans régionaux,
je vais simplifier ça, au lieu de dire l'acronyme, je vais simplement dire
plans régionaux, est-ce que vous avez pu, de votre côté, évaluer quels seraient
les coûts de leurs réalisations? Là, ils sont en grande partie complétés,
réalisés... bien, c'est-à-dire les études sont en grande partie faites, mais,
pour la réalisation, est-ce que c'est une évaluation qui a été faite de votre
côté...
M. Demers
(Jacques) :...On n'a pas ces chiffres-là
pour l'instant, mais ils vont varier tellement d'une MRC à l'autre. Tu sais, il
y a des territoires que l'impact est minime, d'autres il est très, très
important. Quand qu'on parle de terres protégées, il y a des pourcentages à
certains endroits qui va se rapprocher de ce qu'on veut faire en biodiversité,
là. Ça fait que, oui, ça a une grande importance. Mais à votre question, la
réponse courte, c'est... à moins que Pierre me dise qu'il a eu des chiffres
plus précis.
M. Châteauvert
(Pierre) :Habituellement, je pense, c'est
35 plans qui ont été déposés, là. On est à peu près à ce chiffre-là. Donc,
il en reste beaucoup. C'est juin... fin juin la date. Donc là, on va avoir une
idée beaucoup plus précise. Mais on sait déjà que 100 millions, ce qui
était notre demande, ce n'est pas suffisant. Mais ce qu'on avait compris aussi
par rapport à... et avec des discussions qu'on a eues dans le passé avec votre
ministère, c'était que ce montant-là était nécessaire pour partir la roue du
processus, et tout ça, mais que ça va demander des investissements. Mais
probablement que l'été prochain on va savoir grosso modo ce que ça prend
comme... plus de mesures.
M. Charette : ...qui serait
souhaité, ce serait comme d'autres projets d'infrastructure, c'est-à-dire
financement un tiers, un tiers, un tiers, municipalité, fédérale, gouvernement
du Québec, pour mettre l'épaule à la roue.
M. Demers
(Jacques) :Ça dépend tellement. On ne
peut quasiment pas faire du mur-à-mur dans ce dossier-là. Parce que je reviens
à mes petits barrages dans une petite municipalité, quand qu'il y a un grand
territoire, puis on leur demanderait d'investir le tiers... Je pense que, si on
pense à ça d'une façon collective, il faut le penser aussi parce que l'impact
dans cette petite municipalité là, qui est peut être plus haute, est aussi
grande sur celle qui va la recevoir par la suite. Ça fait que de quelle
façon... Je ne serais pas prêt aujourd'hui de dire : Eh! on embarque
là-dedans, puis les gens vont adhérer. On a des cas variés là-dessus, là, que
ce n'est pas pareil.
M. Châteauvert
(Pierre) :...en Abitibi... À Peu près
tout l'Abitibi puis le nord du Lac-Saint-Jean est en milieu humide. On a été
est obligé, d'ailleurs, de modifier toute la notion de cartographie à cause de
cette réalité-là. Mais là, quand que la totalité du... avec, je ne sais pas,
25 000, 27 000 de population sur un territoire de MRC, ou 30 000, en tout cas,
je n'ai pas les chiffres en tête, sur des territoires immenses, comme un pays
européen, c'est certain qu'un tiers, un tiers, un tiers, ça ne pourra pas
fonctionner, là. Ce n'est pas possible. Ce n'est pas... C'est impensable.
M. Charette : On pourra
regarder les modalités. Mais vous me faites penser, lorsque... Oui,
l'Abitibi-Témiscamingue, c'est un milieu humide en soit, le Saguenay
Lac-Saint-Jean également. On est venu aussi modifier lors du précédent
mandat... on est venu relativiser le poids d'une région à l'autre en fonction
de leur réalité, ça a été une belle avancée. Mais je comprends qu'au niveau de
la réalisation il y a des attentes, puis on regardera comment les travailler.
Mais encore là ce n'est pas forcément le fonds bleu lui-même qui sera la réponse
à ces collaborations, là, qui pourront être développées.
Je sais qu'on a un temps limité. Je sais
que j'ai des collègues qui souhaiteraient aussi intervenir. Bien, déjà un gros
merci encore une fois, là, pour votre présence.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Je cède la parole maintenant à la députée d'Argenteuil, Mme la
députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci, M. le
Président. Combien de temps, il me reste?
Le Président (M. Jacques) : Il
vous reste trois minutes 18.
Mme Grondin : Trois minutes
18. Vous êtes chanceux, j'avais plusieurs questions. M. Demers,
M. Châteauvert, bonjour.
En fait, une petite question, dans le
fond... parce que M. le ministre a mis... a posé des belles questions sur les
plans régionaux des milieux humides et hydriques. Et effectivement, j'aurais
voulu vous entendre sur des actions concrètes ou toute la mobilisation que ça a
mené dans différentes régions du Québec, mais on pourra en reparler un autre
jour. Parce que, dans le fond, j'aurais bien aimé que vous me parliez de tout
ce qui touche le transfert de connaissances. C'est votre recommandation trois.
Je trouve que, dans le cadre des discussions du Forum d'action sur l'eau, on
n'en a pas beaucoup parlé, puis j'aimerais ça vous entendre sur cette
question-là.
M. Châteauvert
(Pierre) :En fait, c'est à partir de
plusieurs de nos membres... Vous savez, on a été... M. Demers et moi, on a
été rencontré des gens des Jardins de Napierville. C'est le potager du Québec.
C'est la MRC. Il n'y a aucun cours d'eau, mais c'est des utilisateurs d'eau à
outrance. Enfin, à outrance, le mot est excessif, là, mais d'énormes
utilisateurs d'eau pour la culture, et tout ça. Mais effectivement le
comportement par rapport aux nappes phréatiques, c'est une préoccupation
majeure des... Il nous parlait de ça, le niveau... assurer le niveau
d'approvisionnement. Et aussi la connaissance est importante pour des
analyses... la réutilisation de l'eau. Actuellement, là, les règlements, là,
empêchent la possibilité de réutiliser les eaux grises qui viennent des
municipalités, mais aussi de l'eau qui a été... pour nettoyer les légumes, des
choses comme ça, dans ces usines-là, qui sont dans ces coins agricoles là. Mais
c'est ça qu'on a de besoin. Les gens ont besoin de comprendre comment...
qu'est-ce qui se passe avec l'eau sur le territoire...
M. Châteauvert
(Pierre) :...actuellement, c'est des
préoccupations qu'on entend beaucoup dans toute la Montérégie, les endroits où
est-ce qu'il y a de la forte... de la production agricole. Ça va jusque dans le
Bas-Saint-Laurent et tout ça. Les gens demandent à comprendre le mouvement de
l'eau, le cycle de l'eau sur leurs territoires, autant en surface que
souterrain, et ça va... et il y a déjà des investissements importants qui se
font là-dedans parce qu'il y a une préoccupation majeure. Et nous, c'est pour
ça qu'on... dans le... dans la foulée de la mise à jour des schémas
d'aménagement, on pense que l'État devrait accompagner tout le monde pour
comprendre vraiment tout ce qui se passe sur le territoire par rapport à
l'utilisation de l'eau, puis aussi les réserves en eau, puis le renouvellement
des réserves en eau.
Mme Grondin : Les organismes
de bassin versant ont longtemps joué ce rôle-là de concertation, d'éducation,
de sensibilisation, tu sais, d'amener les acteurs de l'eau à se mobiliser puis
à trouver des solutions. Est-ce que c'est une façon de faire? Tu sais,
concrètement, ça voudrait dire quoi d'accompagner en termes de transfert de
connaissances ou de mobilisation? Vous le voyez comment?
M. Demers
(Jacques) :Bien, si on prend cet
exemple-là, ce qu'ils nous ont démontré, eux, c'est qu'ils avaient besoin de
volumes d'eau importants pour nettoyer des légumes. C'est assez incroyable.
Quand tu vas visiter une municipalité, puis ils disent : On pourrait
sauver un pourcentage très important de notre eau, mais on n'a pas le droit à
cause de certaines normes qui existent. Est-ce que ces normes-là sont
essentielles? Ce qu'on veut regarder, si vraiment c'est vrai que l'eau, une
fois qu'on l'a utilisée pour nettoyer des légumes ne pourrait pas en nettoyer
d'autres? Est-ce que de l'eau de ruissellement ou qui vient peut être utilisée,
à ce moment-là, à des fins d'arroser à l'intérieur de leurs champs? Il y a...
C'est un peu d'écouter localement, ils ont beaucoup...
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. Demers. Ça termine l'échange avec la partie gouvernementale.
Je vais maintenant inviter la députée de
Notre-Dame-de-Grâce pour une période de 12 min 23 s. Mme la...
Mme McGraw : Merci, M. le
Président, c'est bien apprécié. Merci, messieurs, d'être avec nous cet
après-midi. Le mémoire et la présentation sont bien appréciés.
Alors, je commencerais avec des questions
plus générales sans attendre, on ira dans les questions plus spécifiques par
rapport aux recommandations. On reconnaît premièrement que les municipalités
sont des gouvernements de proximité. Vous êtes des experts sur le terrain. Et
on sait qu'il y a une bonne volonté de vraiment contribuer, et cette volonté,
je devrais dire, de contribuer, est vraiment exemplaire. Et alors, là, si je
comprends bien, c'est vraiment les moyens et aussi les informations qui
manquent souvent. Donc, avec ça comme contexte, je regarde tout de suite la
recommandation n° 4 qui recommande que le projet de
loi prévoie qu'une partie des sommes... qu'une partie des sommes soit
directement attribuée aux MRC pour assurer notamment la prise en œuvre des
PRMHH. Est-ce que... Donc, premièrement, si vous pouvez élaborer là-dessus, si
justement c'est pour le... si je comprends bien, pour un financement prévisible
et récurrent. Est-ce que vous allez, vous envisagez d'autres... à d'autres fins
ou ce serait juste la mise en œuvre par rapport aux milieux humides et
hydriques?
• (15 h 50) •
M. Demers
(Jacques) :En fait, notre demande. C'est
ce qu'on... suite à la discussion, comme celle qu'on avait avec le ministre,
c'est qu'effectivement il s'en vient... À la fin du mois de juin, normalement,
en fait, la très grande majorité des plans régionaux préparés par les MRC vont
être déposés, et avec ça, il va y avoir toute une série de propositions de
travaux d'aménagement, de mise en œuvre pour la mise en valeur et la
valorisation, puis aussi, des fois, de remettre en état des milieux humides. Ça
va demander énormément de sous.
Ça fait plusieurs années qu'on demande des
sous. Ça s'en vient, et tout ça. Et nous, ce qu'on demande, c'est que le Fonds
bleu - c'est une proposition qu'on fait, puis, effectivement, on en a déjà
parlé au forum puis on refait cette demande-là aujourd'hui - c'est un
financement prévisible, ce qu'on a de besoin pour planifier, pour faire... Des
fois des projets, ça peut se réaliser sur plusieurs années, ça... Il va y avoir
une forme de pression populaire aussi parce qu'on le sait, les milieux humides,
là, c'est maintenant devenu un objectif partagé par à peu près tous les
citoyens, là, au niveau de la protection, et tout ça.
Détruire un milieu humide, ce n'est plus
quelque chose d'acceptable. En fait, on le sait, là, de plus en plus, mais,
sauf qu'à ce moment-là, il faut une protection, une mise en valeur, et ça, ça
demande des sous. Donc, c'est ce qu'on demande, une prévisibilité. Il y a un
Fonds bleu qui s'installe, qui se met en place. À chaque fois qu'on l'évoque,
nous, on demande toujours la même chose par rapport à ça, c'est on veut... on
apprécierait beaucoup que tout ce qu'on a comme responsabilités soit soutenu
par le gouvernement à travers le Fonds bleu en ce domaine-là.
Mme McGraw : Merci. En parlant
comme de sommes ce matin, il y a un groupe, le groupe qui est venu nous parler
du...
Mme McGraw : ...les
infrastructures municipales en termes d'eau, la gestion d'eau. Et on a parlé
d'un 38 milliards de dollars. Est-ce que... est-ce que vous pouvez
élaborer là-dessus? Parce que j'essaie de faire un peu le... de regarder
comment ça se tient debout, justement, le Fonds bleu et justement
l'investissement qui va devoir... qu'on va devoir faire dans ces
infrastructures, si on comprend bien que prévenir, c'est mieux que de
remplacer, de réagir. Ça nous coûte moins à long terme. Donc est-ce que vous
fait réagir à cette...
M. Demers
(Jacques) :Évidemment, quand on investit
dans nos infrastructures, il y a des coûts immenses. C'est pour ça que tantôt
on parlait du 500 millions. Mais on dit le 500 millions peut paraître
beaucoup, mais dans le fond, on pourrait rapidement mettre dans des
infrastructures. Ce qu'on a besoin si on veut vraiment protéger l'eau, c'est
d'abord l'information. Ce qu'on a besoin, c'est de bien connaître notre
territoire, être sûr que là où on y rajoute des maisons, là où qu'on y fait de
l'agriculture, bien, ça convient. Puis on s'installe là pour un bon bout.
C'est pour ça que je dis de la première
chose, ce n'est pas tout le temps ce qui coûte le plus cher, mais c'est d'avoir
des plans dans ce qu'on veut avancer quand on veut faire quoi que ce soit pour
être sûr qu'après ça, les étapes, si on veut y arriver, je pense que ça va
prendre absolument ces données-là. Il y a des municipalités qui ont interdit
carrément des territoires dans leurs municipalités, où qu'il n'y a plus de
construction présentement. Ils se sont aperçus qu'ils ont des problèmes d'eau
importants. On ne s'attendait pas à ça.
On pensait, il me semble, depuis toujours,
si tu n'as pas d'eau, creuse un peu plus creux, tu vas en avoir, tu sais. Ça
semblait tellement simple tout ce qui variait. Mais il faudrait aujourd'hui
consulter nos puisatiers, c'est des données qu'on a, pour voir dans les mêmes
régions, à quelle profondeur on est rendu qu'on puise présentement pour aller
chercher la même nappe phréatique. C'est ces données-là qu'il faut utiliser et
des fois dans des bassins beaucoup plus grands que celui de notre MRC. De là
les bassins versants et l'importance de chacun dans l'équation. Mais à votre
question première, ce montant-là paraît gigantesque, mais c'est des faits, il y
aura des investissements importants à faire de plus en plus. Essayons d'abord
d'aller chercher les connaissances pour être sûr qu'on ne fait pas d'erreurs
importantes sur des données qu'on devrait avoir, là.
Mme McGraw : Puis,
justement, on parlait de moyens, mais là, justement, j'allais passer aux
informations puis justement avoir les bonnes informations. Donc, selon vous,
puis je regarde aussi la recommandation numéro 5, justement, on parle
accès aux renseignements qui concernent les prélèvements d'eau, soit en termes
de, par exemple, contaminants émergents, les espèces envahissantes. Selon vous,
selon votre expérience, quelles informations vous faut-il et est-ce qu'elles
sont... est-ce qu'elles vous sont transmises dans un délai raisonnable qui vous
permet de faire votre travail?
M. Demers
(Jacques) :C'est des données qu'on n'a
pas, là, quand on parle entre autres de ce qui existe sous le sol. Notre nappe
phréatique est à quelle profondeur? Elle a baissé de combien dans les 20, 30 ou
40 dernières années? De quelle façon? Il y a certains qui l'ont. Il y en a
qui les ont faites, les études. Mais de façon générale, non, les municipalités
n'ont pas ces données-là qui seraient... qui seraient, à mes yeux, très
importantes. Quand on parle d'espèces envahissantes, bien, ça, il y a plein de
choses, là. Tu sais, souvent nos lacs sont aussi nos réservoirs d'eau potable.
C'est... Il faut les protéger. En même temps, c'est des territoires qui sont
immenses. C'est des territoires qui ne sont pas clôturés, c'est des... Tu sais,
quand on veut vraiment les protéger, trouvons la façon. Oui, on parle
maintenant de laver les bateaux, de faire différentes choses, mais il faut
d'abord sensibiliser les gens parce que ça prend juste un ou deux qui ne
suivent pas la norme puis, on va se dire, tout l'argent investi, on ne peut pas
mettre des personnes partout. Puis laver des bateaux, c'est une belle... une belle
chose à faire. Mais on a tellement de lacs au Québec qu'il n'y a pas personne
qui va penser qu'on va en avoir partout, des installations. Puis souvent, ils
communiquent. Qu'on ait n'importe quelle espèce qui va dans le cours d'eau, si
plus haut il n'y a personne qui s'en occupe, ça va descendre quand même dans
ton lac. La rivière va suivre son cours, la même chose.
Ça fait qu'il y a beaucoup de
sensibilisation aussi. Il faut que les gens comprennent l'impact. J'ai
l'impression que tout le monde au Québec veut sauver la planète, veut être très
environnemental, être proche de ça. Bien, il y a des efforts, puis tout le
monde va devoir faire ces efforts-là qui, des fois, ont l'air très simples pour
certains, mais qui semblent compliqués pour d'autres. C'est de laver ton bateau
avant de partir de chez vous, là. C'est... Ce n'est pas la fin du monde, ça
peut faire toute la différence, mais c'est quand même un exemple.
Mme McGraw : Puis
justement, on a entendu... on a répété ce matin que l'eau, ce n'est pas une
ressource inépuisable, illimitée justement. Puis il y a de la sensibilisation à
faire. Puis mon point de vue, les collègues le savent, c'est cette... ce
3 % que détient le Québec, ça devrait nous mener à être un chef de file
mondial et non complaisant. Et il y a un travail de sensibilisation. Et
justement...
Mme McGraw : ...en termes des
sommes. Est-ce qu'il y a d'autres actions ou des solutions en particulier, par
exemple vis-à-vis les espèces exotiques, que vous aimeriez voir financées, par
exemple la sensibilisation ou c'est l'accès à l'information? Est-ce qu'il y a
des enjeux spécifiques?
M. Demers
(Jacques) :Bien, c'est un tout, hein,
là-dedans. Je pense qu'il faut informer les gens pour qu'ils comprennent aussi
pourquoi qu'on utilise de l'argent municipal pour ces éléments-là, bien, c'est
de la sensibilisation en même temps. Ça va en prendre aussi pour avancer. Au
niveau de l'information, de quelle façon ces espèces envahissantes là, surtout
quand on parle des végétaux... quelle façon qu'on peut les détruire, quelle
façon qu'on peut faire que... s'ils ont déjà pris place, est-ce que c'est
possible de diminuer au moins leur croissance? Il y a...
M. Châteauvert
(Pierre) :...
M. Demers
(Jacques) :Je ne sais pas si tu avais
des...
M. Châteauvert
(Pierre) :...la formation scientifique
là-dedans, là, aussi, l'aide, et tout ça, ça, c'est... l'accompagnement,
l'accompagnement, hein?
M. Demers
(Jacques) :Oui.
Mme McGraw : ...peut-être
revenir là-dessus. Je voulais... en matière de gouvernance, donc, une question
plutôt générale : Est-ce que, dans le projet de loi, les mesures... est-ce
que vous trouvez que les mesures sont adéquates pour que les sommes prévues
soient utilisées aux fins prévues? Est-ce que vous avez des...
M. Châteauvert
(Pierre) :En fait, on... Comme M. le
ministre disait, on comprend que c'est la constitution d'un fonds bleu puis que
tout ça va être discuté, et tout ça, puis ça va venir plus tard. Nous, c'est
des recommandations qu'on donne. On a besoin de prévisibilité. Tantôt, vous
avez parlé de 38 milliards. Il y a un nouveau programme, le PRIMEAU, qui a
été annoncé, et ce qu'on apprécie beaucoup... c'est sur 10 ans. On était
très contents, sur 10 ans. Quand on parle de prévisibilité, c'est ça qu'on
cherche. Donc, à ce moment-là, la discussion qu'on va mener avec le
gouvernement à travers les travaux du forum présidé par Mme la députée
d'Argenteuil, elle va... c'est un moyen, là, pour continuer cette discussion-là
avec le gouvernement. Mais, nous, nos propositions sont là-dedans. Nous, on
veut de la prévisibilité pour notre monde, notre monde pour qui... Nous autres,
les PRMHH, c'est quelque chose de majeur qu'on demande depuis longtemps, et la
connaissance autour de tout ça, et on veut de la... Moi, j'ai... ce n'est pas
le PRMHH, là, c'est «prévisibilité», là, qu'on aimerait avoir là-dedans, dans
les investissements à avoir. Prévisibilité.
Mme McGraw : Parfait. Je
pense qu'il me reste à peu près deux minutes. Donc, peut-être une dernière
question, dépendamment de la réponse. Donc, selon vous, est-ce qu'il y a des...
Parce que, premièrement, on va dire qu'on trouve que c'est un projet...
important, un pas important qui va dans la bonne direction. Mais, selon vous,
est-ce qu'il y a des angles morts? Y a-tu des sujets que vous auriez aimé voir
traités dans le projet de loi et est-ce qu'il y a d'autres choses, avec le
temps qu'il vous reste, de... que vous voulez souligner?
M. Demers
(Jacques) :Souvent, c'est la cohérence de
toutes ces choses-là. Là, on est en train de protéger l'eau. Tantôt, je ne sais
pas si vous avez remarqué, mais quand on disait : Qu'est-ce qu'on est en
train de faire avec les claims, qu'est-ce qu'on est en train de faire avec les
mines, qu'est-ce qu'on est en train de faire avec d'autres choses?, c'est de
voir... Parce que l'idée est très intéressante, ce qu'on est en train de faire
avec le Fonds bleu, mais il faudrait faire attention pour que toutes ces belles
intentions là ne soient pas détournées par un autre ministère, qui est en train
de faire des choses, qui, lui aussi, pense qu'elles sont bonnes. Mais il faut
qu'il y ait une cohérence pour être certain qu'un ne frappe pas l'autre, là, ce
qui nous semble un peu évident présentement à plusieurs endroits, là. On a
quelques exemples, là, mais...
• (16 heures) •
M. Châteauvert
(Pierre) :Bien, c'est comme la démarche,
actuellement, en aménagement, puis le document qu'on a publié en décembre
dernier par rapport à ça, c'est toute la cohésion puis la cohérence du
gouvernement. Effectivement, les ministères ne sont pas toujours sur la même
longueur d'onde. Le cas des mines, des TIAM, les territoires incompatibles
démontre. On a des membres qui se battent pour protéger des territoires qui
approvisionnent de plus de 100 000 personnes, pour assurer
l'approvisionnement, là, les puits sont là, et ils ne peuvent pas le faire.
Parce qu'ils ont été chercher, ils ont fait des études, ils ont investi des
centaines de milliers de dollars pour comprendre, justement, le comportement de
l'eau et que les zones de recharge des puits, c'est... En fait, c'est
l'histoire du mont Rigaud de Vaudreuil-Soulanges, et la MRC a investi
énormément d'argent. La zone de recharge, c'est le parc. Ils veulent protéger
le parc au complet, mais on ne leur permet pas à cause le TIAM de ne fonctionne
pas. Donc, à ce moment-là... Mais actuellement on est en discussion avec le
ministère. On a une belle... une belle écoute. Il y a des nouvelles... Ça a
avancé suite à la pression, mais il faut aller plus loin. La cohésion, la
cohérence.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
messieurs. Ceci termine la période d'échange avec Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Verdun
pour un temps de quatre minutes huit secondes.
Mme Zaga Mendez : Merci. M.
le Président. Merci, M. Demers et M. Châteauvert, pour votre présentation.
J'allais vous poser une question, justement, sur la recommandation six. Et là,
tout à l'heure, vous disiez qu'il faut qu'on aille plus loin pour protéger la
ressource d'eau puis en termes de cohérence. Ça fait que je vous laisserais
élaborer un peu plus là-dessus, qu'est-ce qu'on peut faire présentement pour
protéger...
16 h (version révisée)
Mme Zaga Mendez : ...ressources
d'eau dans nos municipalités?
M. Demers (Jacques) :C'est une bonne question, mais c'est pour ça qu'on parle,
entre autres, des TIAM, mais chaque dossier... Il me semble que ça me rappelle
toutes nos affaires municipales, il y a 20 ans, on avait toujours une case
qui était l'environnement, qu'on finissait par parler. À cette heure, l'environnement,
on en parle dans chacune des cases, en développement économique, en tout. On l'a
amené ailleurs, mais l'eau, il faut faire la même chose. Il faut maintenant que,
l'eau, on se dise : Quand on prend une décision locale, quel impact que ça
a? Bien, la même chose pour chacun des ministères, quand ils prennent une
décision qui peut avoir un impact sur l'eau, si, collectivement... Parce que ce
que j'entends depuis tantôt, je pense que tout le monde est très conscient de l'importance
que ça a, on n'est plus à se défendre là-dessus. Bien, essayons d'être
cohérents...
M. Châteauvert (Pierre) :C'est le coeur de notre... la demande du mouvement de la
FQM, c'est des... c'est des centaines de personnes qui ont participé,
notamment, tu sais, à la rédaction, l'Assemblée des MRC au complet, les
préfets. C'est la cohésion, la cohérence, on ne parle... la question des mines,
donc, à laquelle vous faites référence, là. L'Assemblée des MRC, vous étiez...
vous la présidez, il y a eu une discussion, la totalité des préfets, sur la
façon d'apporter... Notre idée est claire, le schéma d'aménagement, le schéma d'aménagement...
et c'est la façon... En fait, le gouvernement participe à la rédaction du
schéma, et tout ça. Nous, on demande... notre demande historique, c'est la... c'est
la... de mettre fin à la préséance de la Loi sur les mines, mais on comprend
que ça ne peut pas se faire, c'est... Il y a un processus pour amener à ça,
donc, mais, à quelque part, le schéma, si le processus des TIAM... Et il y a
des discussions intéressantes, je tiens à le dire, actuellement, si le
processus des TIAM permettait, à travers le schéma d'aménagement, d'identifier
les territoires qui ne fonctionnent pas...
Là, actuellement, ce qui... ce qui a été
publié, cette semaine, lundi, dans les OGAT, les nouvelles orientations
gouvernementales en aménagement, c'est que les distances séparatrices en milieu
de villégiature de protection sont les mêmes que... C'est déjà un gros gain.
Ça, c'était notre demande du mois de... de l'automne, de la première lettre où,
tu sais, on est intervenus... ça fait plusieurs années qu'on intervient
là-dedans, mais de façon très intense, l'automne, les préfets, c'était une des
demandes qui a été faite. Ça, c'est le 1er décembre, je crois, et ça a été...
ça a été accordé.
L'autre chose, c'est effectivement le
processus d'autorisation des TIAM, qu'il corresponde plus à la réalité du
milieu, du terrain. L'exemple de Vaudreuil est un bon exemple, mais, en même
temps, l'Abitibi, eux autres fonctionnent avec des mines. Eux autres, ils n'ont
pas de problème avec la... Ils ont une pratique, et tout ça. Donc, c'est
vraiment le schéma dans lequel on transcrit ce qui doit être la... cette
gestion-là. C'est le lieu où est-ce que la communauté locale, la communauté
régionale d'affinité, de MRC, inscrit la façon de gérer cette question-là. Et
ça se fait non pas juste les élus, ça se fait avec les intervenants, la
population, les entreprises, le gouvernement, et tout ça.
M. Demers (Jacques) :Puis à peu près tous les ministères... c'est pour ça que, souvent,
quand on parle de biodiversité, on parle de différentes choses. Bien, mettez ça
à l'intérieur du schéma, là, ils sont à une cohérence et même une obligation d'atteinte
d'objectif que la MRC peut faire à ce moment-là. Parce que, si on n'y trouve
pas un lieu d'atterrissage, on va en parler, mais concrètement on n'y arrive
pas. Tandis que, quand on arrime ça à l'intérieur, quand les six, sept
ministères qui ont à le regarder pour le rendre, puis il y a une autorisation à
la fin du ministère des Affaires municipales, bien, tout le monde l'a vu, puis
les discussions, puis le public, toutes les associations, tout le monde peut
donner son mot à l'intérieur de ça, là, c'est la place.
Mme Zaga Mendez : Je pense, j'ai
peu de temps. Huit secondes. Bien, je vous remercie, parce que vous avez
vraiment élaboré sur des questions qui m'intéressent beaucoup. Merci beaucoup.
Des voix : ...
Le Président (M. Jacques) : Merci,
messieurs, pour votre contribution aux travaux de la commission.
Et je suspends les travaux quelques
instants afin que l'on puisse accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 16 h 05)
(Reprise à 16 h 11)
Le Président (M. Jacques) : Bonjour.
Nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux représentants du Centre
québécois du droit de l'environnement, et je vous... je vous invite à vous
présenter, et vous disposez de 10 minutes pour votre exposé.
M. Voghel (Merlin) : Merci,
M. le Président. Donc, bonjour, Mmes, MM. les parlementaires. Mon nom est
Merlin Voghel. J'ai le plaisir de représenter aujourd'hui le Centre québécois
du droit de l'environnement, le CQDE, qui vous remercie de l'invitation. Notre
organisme est un organisme qui est fondé en 1989, qui est le seul organisme qui
dispose d'une expertise juridique indépendante en droit de l'environnement.
Notre action s'articule majoritairement autour de trois axes d'intervention,
notamment la vulgarisation et l'accès à l'information en droit de
l'environnement, les veilles législatives et réglementaires et les
interventions judiciaires. Donc, le CQDE tient sa crédibilité de <l'implication...
M. Voghel (Merlin) :
...l'information
en droit de l'environnement, les veilles législatives et réglementaires et les
interventions judiciaires. Donc, le CQDE tient sa crédibilité de >l'implication,
notamment au sein de son comité juridique, de sommités en droit de
l'environnement, notamment des avocats, des professeurs universitaires, des
docteurs en droit, des politologues.
Donc, aujourd'hui, je vais aborder
successivement les recommandations du Centre québécois du droit de
l'environnement, telles qu'exposées dans le mémoire qui a été transmis à la commission.
À l'exclusion, cependant, des recommandations n° 1 et 2, soit les
versements de sanctions administratives et pénales au Fonds bleu et
l'énonciation de la participation citoyenne au préambule de la Loi sur la
qualité de l'environnement, non pas parce qu'ils nous tiennent moins à cœur,
mais par simple souci de concision. Si j'ai du temps, j'y reviendrai, tout
simplement.
Donc, le CQDE est conscient que le mandat
de la commission aujourd'hui porte strictement sur le projet de loi n° 20.
Ceci étant, vous n'êtes pas sans savoir... Et j'imagine... en fait, j'ai
entendu même que vous en avez déjà parlé, ce matin, que ce projet de loi là est
difficilement dissociable de deux projets de règlements qui ont été présentés
par le gouvernement en matière de redevances sur l'eau et de déclarations en
matière de prélèvement d'eau. Donc, certains commentaires, incidents que je
vais présenter aujourd'hui vont nécessairement porter sur ces deux
règlements-là. Majoritairement, le Centre québécois du droit de l'environnement
accueille favorablement le projet de loi n° 20, qui est une manifestation
claire d'un désir d'une plus grande transparence, un désir clair aussi de doter
le ministre de pouvoirs accrus afin de protéger l'eau du Québec. Donc, le CQDE
souhaite appuyer ces efforts, nécessairement, en proposant certaines
bonifications, cependant.
Donc, j'attire immédiatement votre
attention sur la recommandation n° 3 qui apparaît en page 7 du
mémoire du Centre québécois du droit de l'environnement, qui s'intéresse à
l'article 9 du projet de loi n° 20 qui vise la modification de
l'article 95.1 de la Loi sur la qualité de l'environnement. C'est une
modification qui vise à instaurer une évaluation aux cinq ans de la
réglementation, mais uniquement de la réglementation en matière de redevances.
L'objet de cette évaluation cyclique est de façon affirmée d'assurer une
utilisation durable de l'eau. Le Règlement sur la déclaration des prélèvements,
notamment des volumes d'eau, donc, n'est pas prévu... ou en fait ne serait pas
assujetti à une telle évaluation cyclique. Il n'est pas visé. Or, le règlement
sur la déclaration, selon notre compréhension, est le seul règlement qui permet
de suivre les prélèvements effectués en termes de volume, notamment pour les
préleveurs non assujettis à la déclaration obligatoire. C'est aussi le seul
règlement qui prévoit un seuil d'assujettissement d'un préleveur...
pardonnez-moi, d'assujettissement d'un préleveur à une obligation de
déclaration et de redevance. Donc, c'est le seul règlement qui permet d'évaluer
si l'encadrement actuel favorise réellement une utilisation durable de l'eau en
termes de volume, par opposition à un encadrement des redevances qui vise
davantage une dimension financière.
Dans ce contexte-là, et alors qu'on parle
de raréfaction de la ressource d'eau, le Centre québécois du droit de
l'environnement considère qu'une évaluation cyclique du règlement sur la
déclaration s'impose, tout autant pour la... le règlement de la déclaration,
pardon, que pour le règlement qui s'intéresse aux redevances. Par exemple,
est-ce qu'il ne serait pas opportun de réviser le seuil d'assujettissement d'un
préleveur en termes de quantité d'eau prélevée de façon cyclique aux cinq ans?
Même chose : Est-ce qu'il ne serait pas, aux cinq ans, possible de revoir?
Est-ce qu'on n'instaure pas une troisième catégorie de déclarants, c'est-à-dire
les préleveurs qui ne doivent pas encore payer de redevances, mais qui tout de
même devraient... devraient déclarer les quantités prélevées? Donc, une zone
mitoyenne entre les deux zones présentement prévues par règlement.
Bien entendu, le Centre québécois du droit
de l'environnement reste aussi conscient de la nécessité d'efficience
gouvernementale, et donc notre proposition est ici de confier la révision de
ces deux règlements-là, donc sur les redevances et sur la déclaration, au
Bureau des connaissances sur l'eau, qui est déjà prévue à la loi sur l'eau,
donc, la Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau, et que les
conclusions de cette révision quinquennale là apparaissent au rapport du Bureau
des connaissances sur l'eau, qui est déjà prévu, encore une fois, à la loi sur
l'eau de façon quinquennale. Donc, de façon à vraiment assurer une cohérence de
ce qui est déjà prévu dans des différentes lois sur l'eau, ces mesures, selon
nous, viennent renforcer la transparence qui est souhaitable en matière d'eau
et qui fait partie de la manifestation du désir du législateur lorsqu'on
regarde le projet de loi n° 20.
Je passe maintenant à la recommandation n° 4
du CQDE, donc en page 11 de notre mémoire. C'est un ajout au projet de
loi. Le CQDE constate, bien entendu, un énoncé d'un désir de transparence.
Cependant, ce que nous recommandons, c'est de renforcer, de conforter cette
transparence-là par un élargissement de sa portée réelle, par la <sûreté...
M. Voghel (Merlin) :
...ce
que nous recommandons, c'est de renforcer, de conforter cette transparence-là
par un élargissement de sa portée réelle, par la >sûreté aussi qu'offre
une incorporation des modalités d'application de la transparence à la loi
plutôt qu'à un règlement. Et je m'explique. En termes tangibles, ce que le
projet de loi n° 20 prévoit, en matière de transparence, c'est une
modification du préambule de la Loi sur la qualité de l'environnement. En
droit, un préambule ne revêt qu'une force interprétative, il ne s'agit pas
d'une disposition qui est contraignante. Les modalités d'application de la
transparence, en l'occurrence, sont davantage prévues dans les deux règlements
qui sont proposés par le gouvernement et que salue le CQDE. Et... bien entendu,
et nous ferons valoir des commentaires précis sur ces règlements lors des
consultations sur les règlements en propre.
Cependant, nonobstant cette question sur
les commentaires qui visent les règlements, le CQDE considère que les modalités
d'application de la transparence devraient se retrouver à la loi elle-même pour
offrir davantage de garanties de pérennité. La modification... en fait, les
deux modifications que suggère le CQDE, la première est une modification de
l'article 7 de la loi sur l'eau de façon à déplacer des termes qu'on y
voit apparaître, qui se lisent ainsi, donc : «...dans les conditions et
les limites définies par la loi». Vous allez le voir à notre mémoire en
page 11 et suivantes. Donc, pourquoi déplacer ces termes? Bien, simplement
pour venir donner toute sa place à la transparence et pour que la transparence
devienne un principe applicable à toutes les informations sur l'eau détenues par
une autorité publique, parce qu'aucune exception ne saurait se justifier pour
le bien commun qu'est l'eau, l'eau qui est si fondamentale.
Subsidiairement, le CQDE recommande la
création d'un registre sur les informations relatives à l'eau à même la Loi sur
la qualité de l'environnement, ce qui aurait pour effet d'assujettir toute
modification ultérieure au processus démocratique que revêt la modification
d'une loi, par opposition à la modification d'un règlement.
Je passe maintenant à la recommandation n° 5
du Centre québécois du droit de l'environnement, donc vous allez le trouver à
la page 15 et suivantes de notre mémoire. Le CQDE constate que le projet
de loi n° 20 prévoit l'assujettissement du Fonds bleu à la compétence
du... de la Vérificatrice générale, bien entendu, le vérificateur, si on parle
de l'institution, en termes financiers, donc la vérification des états
financiers, notamment, du Fonds bleu. Cependant, ce qu'on constate, c'est que
le Fonds bleu échappe à la compétence du Commissaire au développement durable, Mme
Lambert, en ce moment. Et, selon le CQDE, puisque nous avons un chien de garde
doté d'une expertise solide en environnement, nous considérons qu'il serait
souhaitable de pouvoir bénéficier de son expertise quant au Fonds bleu, alors
que la Commissaire au développement durable exerce déjà des... une compétence
en matière de constats et de recommandations quant au Fonds vert. Considérant
la similarité entre les deux régimes que sont le Fonds vert et le Fonds bleu,
on considère, bien entendu, que le fait de bénéficier des lumières de la
Commissaire au développement durable serait un gain important ici quant au
projet de loi n° 20. Ça complète un peu mes représentations, mais, bien
entendu, je demeure disponible pour des questions, Mmes et MM. les députés.
• (16 h 20) •
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Me Voghel. Je cède la parole à M. le ministre pour une période de 16 min 30 s.
M. Charette : Merci beaucoup,
M. le Président, temps que je partagerai avec mes collègues, mais merci, puis
merci pour vos commentaires. Le Centre québécois du droit en environnement a
été une source d'inspiration pour plusieurs aspects, autant du projet de loi
que de la réglementation. Donc, merci pour votre présence aujourd'hui, mais
merci d'avoir mis l'emphase sur cet enjeu-là au cours des dernières années.
Très apprécié.
Vous l'avez noté, à juste titre, les
projets de règlement ont été diffusés à peu près essentiellement au même moment
que le projet de loi. Généralement, on procède par étapes : on dépose un
projet de loi; on l'étudie; on l'adopte; et la réglementation qui en découle
survient, là, dans les mois, sinon dans les années qui suivent, mais on
voulait, cette fois-ci, y aller de façon simultanément. Parce qu'on sait fort
bien que la question des redevances, les taux, notamment, allait faire l'objet
de discussions. Donc, si on avait juste évoqué, dans le projet de loi, une
hausse des taux et avec une indexation de 3 % par année, les questions auraient
été entièrement sur : Oui, c'est beau une hausse, mais ça veut dire quoi,
concrètement? Donc, on a cette information-là.
Et là je prends bonne note, par contre, de
vos commentaires sur les règlements. Je comprends, là, que vous avez... vous
avez des souhaits que la révision aux cinq ans s'applique aux deux projets de
règlement et non pas à un seul des deux. C'est un élément, là, qui est pris en <considération...
M. Charette :
...vous
avez des souhaits que la révision aux cinq ans s'applique aux deux projets de
règlement et non pas à un seul des deux. C'est un élément, là, qui est pris en
>considération de notre côté. Cependant, vous êtes très, très familiers
avec la démarche, étant donné que c'est une consultation externe au projet de
loi, n'hésitez pas... on le prend en note de notre côté, mais n'hésitez pas
aussi à faire valoir vos commentaires à travers le processus régulier, là, de
consultations prévues pour les projets de règlement, en consultations.
Sinon, je prends aussi note que vous
souhaiteriez que ce soit davantage explicite dans la loi, cette volonté de
transparence. C'est vrai que les projets de règlement sont très clairs à ce
niveau-là. C'est vrai que c'est mentionné dans le projet de loi à travers le
préambule. On regardera, là, de notre côté, s'il n'y a pas lieu de renforcer
cette obligation-là, parce que c'est réellement l'intention du gouvernement, du
législateur, là, de retenir la plus grande des transparences possible à ce
niveau-là.
Et peut-être une question sur un des
derniers éléments, là, que vous avez mentionnés. Oui, c'est assujetti, le Fonds
bleu, à la... au Vérificateur général. Vous dites : Bien, pourquoi pas non
plus le Commissaire au développement durable? Dans notre logique à nous, le
Commissaire au développement durable relève du Vérificateur général. Donc,
c'est autant les aspects financiers que les aspects qui pourraient être
proprement de nature qualitative plutôt que quantitative, ou même au niveau de
la gestion des sommes elles-mêmes. Donc, pour nous, ça couvre le Commissaire au
développement durable, mais, si vous n'en êtes pas certain ou si vous voulez
nous parler davantage de cet aspect-là, là, soyez bien à l'aise de le faire.
M. Voghel (Merlin) : Merci de
l'opportunité. Je ne vous cacherai pas, M. le ministre, qu'on s'est posé la
question nous-mêmes. On s'est demandé, effectivement : Est-ce que la
compétence de la Vérificatrice générale emporte nécessairement compétence de la
Commissaire au développement durable? Et ce qu'on constate, c'est que, par
rapport au Fonds vert, il y a bel et bien une mention explicite d'assujettir le
fonds à la compétence nommément du Commissaire au développement durable. Vous
allez voir ça en page 15 de notre mémoire. On le voit à
l'article 43.1 de la Loi sur le vérificateur général. Donc, face à une
nécessité de spécifier pour le Fonds vert la compétence du CDD, là, si vous me
permettez d'abréger, on se disait : Bien, nécessairement, il sera requis
de le faire aussi pour le Fonds bleu, de façon à mettre les choses très
claires, mettre la table très claire et asseoir correctement la compétence, là,
de la Commissaire au développement durable.
M. Charette : C'est vrai pour
le Fonds d'électrification des changements climatiques, cependant, on n'a pas
les deux. Donc, votre souhait, ce serait que ce soit spécifiquement le commissaire
ou la Commissaire au développement durable, et non pas l'entité du Vérificateur
général?
M. Voghel (Merlin) : Non. En
fait, ce serait qu'effectivement ce soit assujetti à la compétence de la
Vérificatrice générale pour ce qui est de l'aspect financier de la chose, mais
au pouvoir de constats et de recommandations du Commissaire au développement
durable pour ce qui est des activités du fonds. Par exemple, est-ce que le
Commissaire au développement durable ne pourrait pas se prononcer sur des
aspects qui débordent le cadre financier? Je donne l'exemple, à savoir :
Est-ce que le Fonds bleu investit dans des programmes qui redonnent aux
ressources où les prélèvements d'eau ont réellement été effectués?
M. Charette : Parfait. C'est
gentil. Je vois le temps qui file. J'ai des collègues aussi qui souhaitaient
intervenir, mais un gros merci, là. Naturellement, la tradition veut qu'après
les auditions on se déplace pour aller serrer la main. Ce ne sera pas possible.
Donc, considérez-vous salué et remercié déjà.
M. Voghel (Merlin) : J'apprécie,
merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci, M. le
Président. Donc, il reste 11 minutes?
Le Président (M. Jacques) : 11 min 7 s.
Mme Grondin : Donc, merci
beaucoup. Me Voghel, bonjour, très heureuse à chaque fois de voir le Centre
québécois du droit de l'environnement intervenir dans... sur les questions
d'environnement, notamment pour ma part, parce que c'est toujours une forme
d'éducation que vous amenez. Parce que j'ai plus un volet écologique, donc
d'avoir cette dimension-là du droit est toujours très intéressante à ce
niveau-là.
Vous avez... recommandation n° 2,
vous nous parlez... en fait, «reconnaître explicitement le droit de toute
personne de participer aux décisions ayant une incidence sur les ressources en
eau». Je comprends le <principe...
Mme Grondin :
...«reconnaître
explicitement le droit de toute personne de participer aux décisions ayant une
incidence sur les ressources en eau». Je comprends le >principe derrière
ça. Je comprends toute cette notion de démocratie, de science citoyenne, de
participation, mais concrètement, pour avoir vu l'évolution des organismes de
bassins versants, comment vous voyez cette participation-là de tout citoyen à
l'exercice?
M. Voghel (Merlin) : C'est
une belle question. Je me la suis posée. Vous savez, en fait, ce principe-là,
je ne l'ai pas sorti... ce n'est pas un lapin que je sors du chapeau, là, il
est déjà reconnu à la loi sur l'eau, à son... à l'article 7, comme un des
principes directeurs en matière d'eau. Lorsqu'on regarde, en matière de
réglementation, le p.l. n° 20, tout ce qui est mis sur la table à l'heure
actuelle, on peut se questionner sur la capacité d'un citoyen, notamment, à
exprimer son opinion dans le cadre d'une révision cyclique des règlements sur
les redevances ou sur les déclarations obligatoires. Donc, la possibilité pour
un citoyen d'émettre des commentaires, à l'instar des commentaires que tout
citoyen peut émettre sur un projet de loi via le site de l'Assemblée nationale,
est-ce que ça, ce n'est pas justement une méthode de participation au processus
décisionnel? Donc, est-ce qu'ici résiderait justement la réponse à la question
que vous me soumettez? Je pense qu'il est possible pour un citoyen de
participer aux décisions en matière d'eau en se prononçant sur des évaluations
aux cinq ans, des règlements en matière d'eau, notamment, ça peut être une
belle forme de participation citoyenne.
Bien entendu, on est conscient qu'il n'est
pas possible pour les citoyens de participer à toute et chacune des petites
décisions à toutes les étapes de celles-ci et à chacune des occasions. Il faut
demeurer réaliste. On ne pourrait pas consulter l'entièreté de la population à
toutes les étapes. Cependant, pour les personnes qui sont suffisamment
mobilisées, il y a des outils qui existent et qui permettent effectivement déjà
une participation. Donc, le fait de reconnaître ce qu'énonce déjà la loi sur
l'eau à titre de principe dans un préambule qui énonce aussi des principes ne
fait qu'assurer la cohérence entre deux lois. Est-ce que ça répond bien à votre
question?
Mme Grondin : Oui. Oui, oui.
Merci beaucoup. Peut-être une autre petite question, parce qu'en fait... Et là
vous m'excuserez parce que la réflexion n'est pas terminée, je prends au bond
certains commentaires qui ont été amenés ou recommandations qui ont été amenées
par des organisations précédentes, dont cette notion-là de redéfinir les
facteurs de succès. Je ne sais pas si vous avez... Tu sais, dans la gestion de
l'eau, à l'heure actuelle, dans la gestion intégrée de l'eau, on en parlait,
justement, il y a des sommes, mais ce n'est pas la seule chose qui est
importante pour faire de la gestion intégrée en eau. On entend beaucoup cette
notion-là de mobilisation des acteurs, l'importance de passer à l'action.
Est-ce que, selon vous... On entendait,
par exemple : On n'a pas juste besoin d'aller évaluer les taux de
phosphore comme un facteur de succès, mais de voir cette mobilisation-là
citoyenne, de voir des municipalités qui adoptent des règlements précis
pourrait être aussi des indicateurs ou des... en termes de reddition de compte,
de facteurs de succès. Est-ce que c'est quelque chose que vous considérez qui
est un exercice intéressant?
• (16 h 30) •
M. Voghel (Merlin) : Oui,
certainement. C'est sûr que la participation du public, des municipalités, de
toutes les parties prenantes, c'est un indicateur de succès. Si on obtient une
participation importante, on voit que le sujet... Les gens tiennent à cœur
l'eau, c'est sûr que c'est un indicateur de succès. Pour ce qui est des normes,
comme la vérification du phosphore, je ne vous cacherai pas cependant que le
CQDE n'a pas l'expertise pour se prononcer, là, en matière de normes plus scientifiques.
Nous sommes des juristes, nous nous intéressons majoritairement aux normes de
droit. De là à vous dire : Bien, est-ce que, vraiment, de la... du
phosphore, par exemple, dans une nappe d'eau... est-ce qu'on y verrait là un
indicateur de succès suffisant? Je ne saurais pas vous le dire, là, en toute
honnêteté.
Mme Grondin : Bien, en fait,
c'était... c'était un peu ça, ma question, c'était... Je comprends, c'est
souvent plus facile de mettre des indicateurs plus scientifiques, plus quantitatifs,
et là de voir si on réussit ou pas. C'est pour ça que je vous posais la
question. Peut-être des indicateurs plus sociaux? Vous êtes dans un domaine,
oui, de la législation, mais vous touchez davantage aussi à l'aspect plus
social de cette gestion-là intégrée. Donc, je voulais juste voir si c'était
quelque chose qui vous apparaissait intéressant...
16 h 30 (version révisée)
Mme Grondin : ...aspect plus
social de cette gestion-là intégrée. Donc, je voulais juste voir si c'était
quelque chose qui vous apparaissait intéressant comme... comme reflet d'un
succès, ou comme indicateur, ou comme... de suivi, ou comme capacité de reddition
de comptes.
M. Voghel (Merlin) : Oui, oui,
tout à fait. L'implication des communautés dans les révisions ou dans les
prises de décision, via les outils qui seraient proposés par... par l'État, bien,
certainement que c'est un indicateur de succès ou de... qui est intéressant, là,
ça, je ne peux pas le nier. Au contraire, je ne pourrais que le saluer.
Mme Grondin : Merci beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le ministre.
M. Charette : Rebonjour,
rebonjour. En fait, l'occasion se... se prête bien. Vous avez parlé des projets
de règlement concernant la réévaluation aux cinq ans. Donc, je vous mentionnais
que c'est quelque chose qu'on pourra considérer. Mais vous n'avez pas abordé la
question des redevances elles-mêmes. Vous avez peut-être vu certains des
mémoires déjà déposés, il y a des groupes qui étaient assujettis, qui demeurent
assujettis, qui vont nous demander de ne plus être assujettis. Et c'est dans la
nature humaine, il n'y a personne qui aime se faire taxer, mais, en même temps,
je pense que, s'ils étaient assujettis, c'est encore très, très légitime de
continuer à les... à les assujettir, voilà. Donc, première question : Est-ce
qu'on doit maintenir les mêmes groupes qui étaient assujettis, ou on doit en
retirer?
Et les redevances elles-mêmes, la
progression, on... pour certains groupes, on nous... on nous propose d'y aller
de façon plus atténuée, de façon plus progressive. Je suis curieux : La
progression que l'on propose, est-ce qu'elle vous semble adéquate là, dans les
circonstances?
M. Voghel (Merlin) : Merci de
la question, M. le ministre. Mon premier réflexe, c'est de vous dire : Je
ne crois pas qu'il soit légitime de retirer un quelconque groupe déjà assujetti
à une redevance à la redevance instaurée ou à l'augmentation d'une redevance,
là. Au contraire, si on a déjà jugé, par le passé, que son assujettissement
était nécessaire, je ne vois pas pourquoi il le serait moins aujourd'hui, alors
qu'on se préoccupe des ressources en eau.
Ceci étant, pour ce qui est des
redevances, le CQDE compte se... se prononcer davantage dans la... dans le
cadre de la consultation réglementaire, donc je n'ai pas toutes ces données-là
avec moi présentement, j'en suis désolé. J'aurais aimé ça vous donner un... un
premier goût, là, de ce qu'on risque d'énoncer dans nos commentaires. Mais,
ceci étant, il faut aussi faire attention. Comme je le disais à la députée
d'Argenteuil, généralement, nous ne nous prononcerons pas nécessairement sur
les... les normes d'application, parce que ça échappe à notre expertise, et
nous ne voudrions pas nous mettre les pieds dans les plats, là, ou dépasser le
cadre de notre expertise. Mais, assurément, nous allons nous prononcer, là, sur...
sur les redevances et sur les aspects, là, propres aux déclarations, bien
entendu.
M. Charette : Parfait. Je le
comprends. Et, peut-être, une erreur des dernières années, je remonte, là, à...
aux 10, 12 dernières années, c'est qu'il n'y avait aucun processus d'indexation
de prévu, ce qui fait qu'il y a eu, oui, instauration il y a, quoi, il y a 12
ans maintenant, du principe, puis on est restés au même taux pendant une
douzaine d'années. C'est nécessaire et c'est une bonne chose de prévoir une
indexation, là, systématique année après année?
M. Voghel (Merlin) : Tout à
fait, surtout lorsqu'elle est conjuguée à une révision ou une réévaluation
cyclique de la réglementation. Donc, je pense que les deux outils combinés
permettent d'avoir un regard très évolutif sur le taux souhaitable de
redevances, notamment. Je pense que ce sont deux outils qui sont
complémentaires.
M. Charette : Et avez-vous eu
l'occasion ce matin... je ne me souviens plus quel groupe faisait référence...
je pense que c'est le réseau... Réseau Environnement... sur ce qui prévalait en
Europe notamment. Donc, c'est certain que, dans certains cas... On peut même
évoquer le Danemark. La redevance, elle est beaucoup, beaucoup plus élevée,
mais le Danemark va financer, avec les fruits de sa redevance, l'entretien et
le développement des réseaux d'aqueduc, ce qui n'est pas la finalité de la
redevance, là, qui nous occupe cet après-midi. Mais avec ce que l'on propose
par rapport à la réalité nord-américaine, on se situerait où si le projet de
loi était adopté? Et si, ultimement, les projets de règlements étaient édictés,
on devient en position de leader ou on suit... on suit le groupe? Où on se situerait
une fois ces deux... ces deux étapes là franchies?
M. Voghel (Merlin) : Si je me
rappelle correctement ma lecture du rapport de l'ENAP qui a été préparé sur
une... un comparatif des systèmes de redevance qui existent, avec la
réglementation qui serait adoptée, là, peu importe qu'elle le soit sous forme
de loi ou de règlement, mais on serait en avance sur l'ensemble des provinces
canadiennes sur la majorité des aspects. Notamment, là, sur la réévaluation, je
crois que, de mémoire, c'est peu prévu au Canada, bien que ce soit prévu dans...
dans certains... certaines juridictions, comme la France et Singapour, si ma
mémoire est juste. Donc, je crois qu'effectivement sur ces questions-là, au <Canada...
M. Voghel (Merlin) :
...comme
la France et Singapour, si ma mémoire est juste. Donc, je crois
qu'effectivement sur ces questions-là, au >Canada, on atteint un terme
de leader.
Par contre, pour ce qui est des
déclarations, ça reste à voir, sur les seuils d'assujettissement à la
déclaration obligatoire. Là, si je me fie à ma mémoire seulement, il me semble
qu'il y a des provinces qui prévoient des quantités de volume d'eau prélevées
beaucoup plus basses avant d'être assujetties à une déclaration obligatoire.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour cet échange. Je cède maintenant la parole à l'opposition
officielle. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, pour une période de
12 min 23 s.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président, et merci beaucoup pour le mémoire et la présentation. D'ailleurs, je
vais... je vais suivre un peu le questionnement du ministre, parce qu'on a reçu
un mémoire ce matin. Le Réseau Environnement y a parlé... ils ont parlé de
trois paliers, justement, parce qu'ils ont regardé, si je comprends bien,
l'exemple de l'Europe, qui sont beaucoup, beaucoup plus loin que le Québec.
Donc, même si le Québec, après le projet de loi n° 20, soit... devient ici,
au Canada, un chef de file, si je comprends bien, au niveau du monde, les
meilleures pratiques sont en Europe, entre autres.
Par contre, si je comprends bien, avec les
trois paliers, on regarde vraiment... Donc, on ne va pas aussi loin dans les
redevances, mais ce qui est intéressant, la proposition de Réseau
Environnement, c'est vraiment les trois paliers, selon la situation au niveau
des risques. Est-ce que vous êtes au courant de ces... Parce que je voulais
savoir votre réaction. Donc, je vais juste trouver la section qu'on a proposée
puis, entre-temps, je vais demander, donc, si les trois paliers proposés par
Réseau Environnement... En tout cas, ils regardent le niveau de risque. Donc,
les redevances, c'est en fonction des risques. Je ne sais pas si... Je vous ne
donne pas assez d'information. On va passer à une autre question puis on va
revenir.
Une question plus générale...
M. Voghel (Merlin) : Je suis
désolé. Je trouvais le sujet très intéressant, mais je n'ai pas d'information,
malheureusement, pour... pour vous éclairer sur le sujet.
Mme McGraw : Je comprends. Bien
oui, je suis... Oui, oui, je vais vous expliquer. Mais, en attendant, une
question plus générale en matière de gouvernance. Donc, c'est une question que
je pose à tous les groupes. J'aimerais savoir votre appui... avoir votre appui.
En matière de gouvernance, est-ce que les mesures qui sont envisagées dans le
projet de loi n° 20 sont adéquates pour que les sommes prévues soient
utilisées aux fins prévues... (panne de son) ...sommes prévues soient utilisées
aux fins prévues?
M. Voghel (Merlin) : Vous savez...
Mme McGraw : Donc, on parle
de la gouvernance, oui.
M. Voghel (Merlin) : Oui, bien,
vous savez, lorsque je regarde les différents garde-fous qui sont instaurés au
projet de loi n° 20, ce que je constate notamment, c'est qu'on a un
assujettissement à la compétence de la Vérificatrice générale comme chien de
garde spécialisé en termes de gestion financière. Je ne vous cacherai pas que
je le vois comme une garantie importante, là, que les sommes prévues soient
utilisées conformément aux visées ou à l'objet du Fonds bleu.
Ceci étant, avec le second garde-fou qu'on
vient proposer aujourd'hui par l'assujettissement à la compétence de la Commissaire
au développement durable, on vient non seulement s'assurer de l'effectivité
financière, mais aussi de l'effectivité en termes de mesures environnementales,
avec les deux fonctions de ces commissaire et Vérificateur général là. Donc, je
vous dirais que, oui, avec ces deux mesures-là, si, effectivement, notre
cinquième recommandation était suivie, j'aurais confiance que, oui, les mesures
pour s'assurer de l'efficience du Fonds bleu par rapport à son objet sont
suffisantes au PL n° 20.
Mme McGraw : Merci. Est-ce
que la reddition des... de comptes envisagée est assez robuste, selon vous,
dans le projet de loi?
M. Voghel (Merlin) : Révision...
révision de comptes, vous voulez parler, par la Vérificatrice générale?
Mme McGraw : Entre autres,
oui. Vous pouvez revenir sur ce point.
M. Voghel (Merlin) : Je crois
que oui. On on parle d'états...
Mme McGraw : Oui?
• (16 h 40) •
M. Voghel (Merlin) : Oui.
Mme McGraw : Autre question,
parce qu'on a parlé... avec d'autres groupes, on a parlé des moyens, mais aussi
des informations qui sont... qui sont disponibles, par exemple, vis-à-vis les
municipalités. Vous avez parlé aussi de... vous avez parlé de participation
publique. On sait que c'était un enjeu d'avoir les données sur l'utilisation de
l'eau et on sait que ça implique, dans certains cas, des secrets industriels.
Est-ce que la transparence prévue au projet de loi est adéquate, selon vous...
selon vous?
M. Voghel (Merlin) : Selon le
CQDE, la transparence souhaitable en matière d'eau, c'est une transparence complète,
par la modification de l'article 7 de la loi sur l'eau, comme quoi toute
information détenue par une autorité publique qui concerne l'eau devrait être
publique et, plus encore, devrait être publiée sur le site du ministère, et
partagée, là, et accessible. Il n'y a pas de motif pour lesquels le secret
industriel devrait s'appliquer en matière d'eau, pas pour une ressource qui est
aussi fondamentale à la vie que l'eau. Pourquoi le secret industriel? On y
prévoit déjà des exceptions dans la Loi sur la qualité de <l'environnement...
M. Voghel (Merlin) :
...fondamentale
à la vie que l'eau. Pourquoi le secret industriel? On y prévoit déjà des
exceptions dans la
Loi sur la qualité de >l'environnement,
notamment l'article 118.4. La jurisprudence retient que le secret industriel ne
s'applique pas aux éléments qui sont visés à 118.4 de la Loi sur la qualité de
l'environnement. On parle notamment de contaminants, de sols et d'accès à
l'information. Donc, si on prévoit déjà des exceptions, pourquoi ne pas en
prévoir pour quelque chose qui est qualifié de bien commun?
Plus encore, il n'y a pas si longtemps, la
jurisprudence, et encore à l'heure actuelle, retient que l'information sur
l'eau est parfois assujettie au secret... constitue, pardon, un secret
industriel, et, avec le PL n° 20, avec les règlements, ce que le
gouvernement fait en ce moment, c'est de travailler à lever ce secret
industriel là. Dans ce cas-ci, pourquoi ne pas aller plus loin et englober
l'ensemble des renseignements? Donc, à notre sens, effectivement, des efforts
pourraient être faits pour augmenter encore la transparence, et je crois
comprendre que l'ensemble des parties travaillent en ce sens-là.
Mme McGraw : Excellent,
merci. Je... En lisant ma revue de presse ce matin, il y avait un article, dans
Le Devoir, qui parlait, justement, du Québec et de l'eau, comment le
Québec fera grimper le prix de son eau, et on cite... je cite : «Le Québec
est un des rares États sur la planète à accorder à l'eau un statut juridique.»
Donc, en principe, c'est une bonne idée, mais, en pratique, ça a peut-être eu
un effet moins... moins positif. J'aimerais avoir votre avis là-dessus, le
statut juridique de l'eau au Québec.
M. Voghel (Merlin) : Êtes-vous
en train de me poser, d'une façon un peu détournée, une question sur la
personnalité juridique de l'eau, sur laquelle je n'oserais pas m'avancer
aujourd'hui? Je vous fais un petit clin d'œil, Mme la députée. En fait, c'est
une question très complexe, sur laquelle je ne veux pas nécessairement
m'avancer, mais, effectivement, c'est sûr que le CQDE salue le statut
particulier de l'eau, sans nécessairement me prononcer sur la forme que devrait
revêtir ce statut-là pour l'instant. Elle semble bénéficier... l'eau bénéficie
d'une protection qui est importante, et il n'est que souhaitable que cela
demeure.
Mme McGraw : Je voulais
juste... Ce n'était pas une question piège du tout.
M. Voghel (Merlin) : Je le
sais bien.
Mme McGraw : Et c'est... Je
regardais un peu à l'international. À l'ONU, le Law of the Sea, justement,
pendant des décennies, c'était propriété commune. Donc, en principe, c'était
une superbonne idée, mais, en pratique, il y avait beaucoup d'exploitation.
Donc, je voulais juste avoir votre ami, mais... votre... votre avis, ce n'était...
ce n'était pas du tout une question piège.
Est-ce que, selon vous, en regardant le
projet de loi dans son ensemble... est-ce que vous trouvez... est-ce qu'il y a
des angles morts ou est-ce qu'il y a des... des sujets que vous auriez aimé
voir traités dans le projet de loi?
M. Voghel (Merlin) : Il y a
cette question-là que j'ai déjà abordée, mais qui mérite d'être mise sur la
table à nouveau, le fait de procéder par règlement, pour certains principes,
plutôt que dans la loi. Je me permets d'exprimer cette opinion, là, à l'effet
que c'est possiblement une question de structure de la Loi sur la qualité de
l'environnement, qui est quand même, maintenant, tentaculaire, dans une
certaine mesure, là, c'est-à-dire qu'on légifère beaucoup par réglementation,
parce qu'elle est ainsi faite. Est-ce que c'est un bon réflexe? Est-ce que ça
méritera, éventuellement, d'être réfléchi? Il ne m'appartient pas de le dire
aujourd'hui. Ceci étant, ça emporte certaines implications en termes de
garantie démocratique, assurément, et sans reproche pour un gouvernement ou
l'autre. Mais il y a des implications en termes de révision, de participation
démocratique à la révision de nos lois environnementales, qui méritent,
éventuellement, d'être questionnées. C'est peut-être le seul angle, là, qui
mériterait d'être soulevé à nouveau, et je vous remercie de l'opportunité de le
faire.
Mme McGraw : Alors, peut-être
une dernière question : Est-ce que vous avez d'autres... Là, on a regardé
les recommandations, cinq recommandations. Est-ce qu'il y aurait un aspect, un
élément sur lequel vous voulez élaborer, avec le temps qui reste, ou souligner?
M. Voghel (Merlin) : Non, je
vous remercie. Je pense que ça couvrait l'ensemble des sujets que je souhaitais
aborder. Je vous remercie.
Mme McGraw : Merci, Me
Voghel.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Combien de temps qu'il me reste...
Le Président (M. Jacques) : 3 min 42 s,
mais ça va être ajusté.
Mme Zaga Mendez : OK Merci
beaucoup pour votre présentation, Me Voghel. Et j'aimerais vous entendre un peu
plus sur votre première recommandation, on n'a pas eu le temps d'élaborer. Je
la trouve très, très intéressante. Alors, je vous demanderais d'élaborer un
petit peu plus et peut-être nous donner des exemples d'autres juridictions qui
appliquent ce principe-là d'utiliser les fonds de pénalités pécuniaires pour
des fonds de préservation.
M. Voghel (Merlin) : Certainement.
Merci de l'opportunité, d'ailleurs, de... d'élaborer sur cet aspect-là, là, que
je n'ai pas pu aborder dans ma présentation. Bien, la proposition, elle est...
elle est, somme toute, assez <simple...
M. Voghel (Merlin) :
...aspect-là,
là, que je n'ai pas pu aborder dans ma présentation. Bien, la proposition, elle
est... elle est, somme toute, assez >simple. Vous n'êtes pas sans savoir
qu'au Québec, lorsque des sanctions administratives ou des amendes pénales,
minimalement, là, sont perçues ces fonds-là sont versés au... au fonds
consolidé du revenu, en vertu de l'article, notamment, 318 du Code de procédure
pénale. Donc, pour le CQDE, il serait important que les sanctions
administratives et les amendes pénales perçues en application des deux
règlements, sur les redevances et sur les déclarations, soient versées au Fonds
bleu.
Pourquoi une exception à un principe si
bien établi? Simplement parce que, lorsqu'on observe les omissions ou les axes
qui sont visés par ces sanctions pénales là ou... ces sanctions
administratives, pardon, et ces amendes pénales là aux deux règlements, ce
qu'on constate, c'est que ce sont des actes ou des omissions qui s'intéressent
uniquement, si ce n'est exclusivement, à des... donnez-moi un petit instant, je
retourne à mes notes... à des rapports qui seraient faussés, en matière de
tenue de registre sur les volumes d'eau prélevés, par exemple, ou aux
prélèvements qui seraient réellement effectués, ou encore, sur des omissions de
consigner ou d'évaluer avec adéquation les redevances qui devraient être
payées, ou encore, une omission d'être dotés d'un équipement de mesure qui est
conforme et fonctionnel. Donc, toutes ces infractions-là ou ces actes et
omissions-là, ce qu'elles ont, c'est un lien direct avec les ressources en eau,
c'est-à-dire une utilisation de l'eau qui est non conforme. Pourquoi? Parce que
mal déclarée.
Donc, c'est dans cet esprit-là que le CQDE
observe l'objet du Fonds bleu. Quel est-il? Lorsqu'on retourne directement aux
dispositions, c'est d'assurer la protection, la restauration, la mise en valeur
et la gestion de l'eau. Or, lorsqu'on est face à un préjudice qu'on peut
soupçonner en raison de la nature de l'acte ou de l'omission qui est posée,
n'est-il pas normal que la somme perçue vienne contribuer à réparer ce
préjudice-là pour le bien commun qu'est l'eau? C'est un peu dans cet esprit-là
que le CQDE vous soumet la recommandation n° 1 dans son mémoire.
Ceci étant, vous me posiez la question à
savoir : Est-ce que j'ai des exemples, dans d'autres juridictions, de
façons de fonctionner de la sorte? Malheureusement, je n'en ai pas à proposer
aujourd'hui. Si vous m'en donnez le mandat, il me fera plaisir de faire la
vérification, mais je n'ai pas fait la vérification, à savoir, des comparatifs.
Pourquoi? Parce que ça nous apparaissait naturel et être conforme à l'intention
aussi du projet de loi n° 20, c'est-à-dire créer un fonds qui vise à
protéger l'eau puis assurer sa restauration lorsque c'est nécessaire.
Mme Zaga Mendez : ...pour
cette réponse assez complète. Donc, ce que je comprends, c'est... c'est une
exception. Alors, je ne sais pas si vous avez... Ou on peut... on peut discuter
ailleurs sur des exemples de ce type d'exception là dans les lois québécoises.
Et je voulais votre avis sur une
discussion qu'on a eue tantôt avec les municipalités, puis vous nous direz, là,
si vous êtes en mesure de répondre à notre question aujourd'hui sur
l'abrogation de l'article 118.3.3 dans la loi de la qualité de
l'environnement, que... Entre autres, on a eu une discussion sur donner plus de
pouvoirs puis respecter le principe de subsidiarité envers les municipalités.
Je ne sais pas si vous en aviez... avez un avis sur cette question-là?
M. Voghel (Merlin) : Vous me
parlez de... J'ai mal saisi, vous me pardonnerez, ça a coupé un petit peu, là.
Vous m'avez dit 118.3.3, mais de quel texte?
Mme Zaga Mendez : Ah! de la Loi
sur la qualité de l'environnement.
M. Voghel (Merlin) : Donnez-moi
juste un petit moment, je vais... je vais regarder rapidement.
Mme Zaga Mendez : Comme on a
le temps.
• (16 h 50) •
M. Voghel (Merlin) : Mais je
vous avoue que, de mémoire, je n'ai pas d'information sur cette... cette
question-là elle-même.
Mme Zaga Mendez : Il n'y a
aucun problème. Ça faisait peut-être un peu un lien avec la question précédente
de ma collègue sur une modulation des redevances selon les caractéristiques
régionales. Est-ce que vous vous êtes penché sur cette question-là, ou de voir,
par exemple, comment on peut inclure des caractéristiques de certains bassins
versants, sur la question de la rareté, par exemple, ou d'autres facteurs?
Juste vous entendre, votre avis général là-dessus.
M. Voghel (Merlin) : Assurément.
Vous savez, lorsqu'on recommande d'assujettir le fonds à la compétence de la Commissaire
au développement durable, un des aspects qu'on trouve intéressants c'est de
s'assurer que les fonds ou les mesures déployées en vertu du Fonds bleu
viennent répondre aux besoins des ressources qui sont affectées, notamment, par
les prélèvements, dans une forme d'équité. Donc, si on vient financer des
programmes de soutien à la préservation de l'eau, est-ce qu'on ne devrait pas
s'assurer qu'il y a une certaine adéquation pour qu'on vienne aussi répondre aux
besoins des régions qui ont été affectées par les prélèvements en question?
C'est peut-être, <justement...
M. Voghel (Merlin) :
...aux
besoins des régions qui ont été affectées par les prélèvements en question?
C'est peut-être, >justement, une des dimensions qui vient à être
intéressante avec la compétence, l'expertise de la commissaire au
développement. Ensuite de cela, ça relève davantage, là, de l'application d'une
norme, à savoir comment seront employés les fonds disponibles au Fonds bleu
pour répondre aux besoins des différentes régions.
Mme Zaga Mendez : Je vous
remercie pour vos réponses. Je pense qu'il nous reste...
Le Président (M. Jacques) : 1 min 30 s.
Mme Zaga Mendez : 1 min 30 s.
Je ne sais pas si vous voulez ajouter quelque chose d'autre à la...
M. Voghel (Merlin) : Peut-être
un petit élément sur votre question, juste avant, sur l'article 318 du Code
de procédure pénale, les sanctions administratives, les amendes pénales. Vous me
demandiez : Est-ce qu'on a d'autres exemples? Non. Par contre, je tenais à
porter à votre attention que l'article 318 prévoit explicitement la
possibilité de déroger à cette disposition-là, donc commence en indiquant «sauf
indication contraire». Si ma mémoire est juste, là, ce sont les termes précis
de la disposition. Donc, cette possibilité, elle est prévue, elle existe.
Mme Zaga Mendez : Bien, merci.
Ça veut dire qu'il y a une porte ouverte à ça dans la loi. Bien, merci. Je vous
remercie pour votre présentation et vos réponses.
M. Voghel (Merlin) : Merci à
vous.
Le Président (M. Jacques) : Merci
pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques minutes
pour accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 16 h 53)
(Reprise à 16 h 57)
Le Président (M. Jacques) : La
Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux. Je
souhaite la bienvenue aux représentants du Conseil de l'industrie forestière du
Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé,
après quoi, nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé.
M. Samray (Jean-François) : Oui,
M. le Président, merci beaucoup. Merci à tous les membres de la commission
d'être présents. Mon nom est Jean-François Samray, je suis le PDG du Conseil de
l'industrie forestière du Québec. Le conseil est le principal porte-parole de
l'industrie et représente les intérêts des entreprises de sciage, résineux,
feuillus, de déroulage, de pâtes et papiers, de cartons et panneaux, fabricants
de bois d'ingénierie, et les entreprises de biens et services qui les
supportent. Donc, je suis accompagné aujourd'hui de Rachel Thibault, qui est
directrice adjointe, Environnement, au CIFQ, de M. Léon Marineau, qui est
vice-président, Environnement, chez Cascades, ainsi que M. Sylvain Girard, qui
est vice-président et directeur général chez Papiers White Birch.
Donc, d'entrée de jeu, le CIFQ tient à
saluer l'initiative du gouvernement de proposer l'instauration du Fonds bleu.
L'eau a une grande valeur, et doit être utilisée judicieusement, et protégée.
Nous comprenons que ce fonds sera alimenté à même la redevance sur l'eau, dont
les montants seront établis par une modification des règlements existants.
D'autres sommes, provenant notamment des crédits alloués par le gouvernement,
alimenteront aussi le Fonds bleu, comme l'a annoncé le gouvernement.
Ceci étant, le CIFQ ne peut dissocier le
projet de loi du règlement sur la redevance exigible pour l'eau et pour... et
pour l'utilisation de l'eau, publié le 12 avril dernier. C'est pourquoi
les commentaires que nous formulerons aujourd'hui, et que nous avons formulés dans
notre mémoire, intègrent les effets de la hausse annoncée des redevances dans
ce règlement.
Donc, allons-y avec l'industrie forestière
et la consommation d'eau. L'eau est une composante essentielle de la
fabrication des pâtes, papiers et cartons. La quantité d'eau requise pour la
fabrication a considérablement diminué au cours des 40 dernières années,
essentiellement en raison de la recirculation dans les différentes étapes des
procédés de fabrication. Bien que la quantité d'eau utilisée pour produire le
papier, le carton et les pâtes varie d'une usine à l'autre, notamment en
fonction des procédés de fabrication, la tendance générale est résolument à la
baisse. Entre 1981 et 2020, il y a eu une baisse de 67 % de la quantité
totale d'eau utilisée. En 2010, un rapport intitulé Évaluation des rejets
d'eaux usées des usines de pâtes et papiers du Québec en fonction du milieu
récepteur, du ministère de l'Environnement, mentionnait que «le secteur des
pâtes et papiers a su relever le défi de normes réglementaires de plus en plus
exigeantes et, de façon générale, a poursuivi ses efforts pour atteindre des
niveaux de rejets bien en dessous de ces normes réglementaires. Aujourd'hui, ce
secteur peut être considéré, à plusieurs égards, comme un pionnier dans l'adoption
de bonnes pratiques environnementales.» En matière d'eau consommée, selon
l'analyse d'impact réglementaire déposée en soutien de la modification du
règlement relatif aux redevances, ce sont quelque 335 entreprises qui paient
actuellement des redevances. En 2021, le secteur papetier représentait
32 % des sommes versées.
• (17 heures) •
Selon la projection de 2025 dans le
document, le secteur papetier assumerait 41 % des redevances, soit... soit
44 % du volume déclaré. Ce faisant, le secteur de la fabrication du papier
serait le plus grand contributeur aux redevances des secteurs industriels
visés. Nous tenons à rappeler que les usines de pâtes et papiers du Québec
retournent la quasi-totalité de l'eau aux cours d'eau après traitement. En
effet, c'est plus de 90 % de l'eau prélevée de ces usines qui est
retournée aux cours d'eau après avoir fait l'objet d'un traitement primaire,
secondaire, en respectant les objectifs environnementaux de rejet, basés sur
les critères de qualité de l'eau de surface et les normes en vigueur. C'est
pourquoi le CIFQ, dès les débuts de la réflexion gouvernementale concernant la
protection des ressources d'eau, recommandait et recommande toujours une
approche basée sur la consommation réelle d'eau, eau prélevée moins eau
rejetée, plutôt que sur la quantité d'eau utilisée. Voilà.
Donc, la hausse drastique et les effets
cumulatifs, maintenant. Pour le secteur des pâtes et papiers, c'est une
hausse... cette hausse... du taux de redevance de 1 400 %, dès 2024,
qui est proposée par le projet de règlement déposé par le gouvernement. Cette
augmentation aura un impact de...
17 h (version révisée)
M. Samray (Jean-François) : ...des
effets cumulatifs.
Maintenant, pour le secteur des pâtes et
papiers, c'est une... cette hausse du taux de redevances de 1 400 %,
dès 2024, qui est proposée par le projet de règlement déposé par le
gouvernement, cette augmentation aura un impact de 11,2 millions, dès 2024,
et l'analyse d'impact réglementaire du projet fait état de 83 millions sur
sept ans. Il s'agit d'une hausse drastique et rapide qui aura un impact
financier important pour les usines papetières et leur compétitivité.
C'est pourquoi nous recommandons une
hausse plus progressive, afin de notamment donner le temps nécessaire aux
usines de rechercher et de mettre en place des solutions réalistes sur le plan
technico-économique pour améliorer les usages de l'eau. Et là-dessus mes
collègues se feront un plaisir de vous partager leur réalité.
De plus, les actions requises pour
diminuer davantage des quantités d'eau utilisées pour la fabrication des pâtes
et papiers requerront des investissements importants. C'est pourquoi nous
recommandons également qu'une partie du montant de redevances soit rendue
disponible pour les entreprises assujetties, afin d'appuyer des projets de
réduction des prélèvements.
À cette hausse drastique s'ajoutent
plusieurs initiatives gouvernementales portant sur l'énergie et l'environnement
qui ont entraîné et entraîneront des coûts additionnels aux entreprises du
secteur forestier. Pensons notamment à la hausse des tarifs d'électricité de 6,4 %
pour les tarifs G et M et 4,2 % pour le tarif L, la modification du
système de plafonnement et d'échange des droits d'émission pour la période 2024-2030,
le règlement sur l'intégration du contenu à faible intensité carbone dans l'essence
et le diesel. Cela, sans compter les coûts d'acquisition de la matière ligneuse,
qui a crû à une vitesse dépassant largement l'inflation, qui a généralement
grimpé jusqu'à environ 8 % dans l'ensemble de l'économie, alors que les
coûts reliés à la récolte de bois ont affiché des hausses de plus de 20 %
en 2021-2022.
C'est pourquoi nous considérons essentiel
de tenir compte de l'enjeu de l'effet cumulatif des mesures adoptées par le
législateur afin d'éviter d'affecter la compétitivité des entreprises de notre
secteur et fragiliser leur croissance.
Finalement, Ontario et le transfert des
coûts associés à la redevance de l'eau. Rappelons que le système de redevances
de l'eau de l'Ontario, souvent comparé à celui du Québec, ne s'applique pas aux
usines de pâtes et papiers et de produits du bois dans cette province. Le CIFQ
recommande donc au législateur québécois d'avoir une approche similaire à celle
de l'Ontario en cette matière afin de conserver la compétitivité du secteur
forestier.
Rappelons finalement qu'alors que certains
secteurs d'activité auront la possibilité d'augmenter le prix de leurs biens et
services pour transférer aux consommateurs une part de la hausse des
redevances, le coût relié à la hausse de 83 millions sur sept ans pour le
secteur des pâtes et papier ne pourront être transférés aux consommateurs,
étant donné la structure industrielle du secteur forestier, dont le prix des
produits demeure toujours le reflet de l'offre et de la demande sur l'échelle
mondiale. Il s'agit, selon nous, d'un élément non négligeable pour le
législateur, et le législateur devrait en tenir compte dans ses décisions à l'égard
du projet de loi n° 20 mais également dans différents règlements qu'il
serait appelé à modifier au cours des prochaines semaines et qui auront
certainement un impact important sur la compétitivité des entreprises du
secteur forestier, des pâtes et papiers.
Donc, sur ce, M. le Président, je vous
remercie. Et nous sommes là pour éclairer la commission et répondre aux
questions.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre présentation. Je cède maintenant la parole à M. le ministre
pour une période d'échange de 16 min 30 s.
M. Charette : Merci
beaucoup, M. le Président. Vous quatre, merci d'être avec nous cet après-midi.
Vous disiez d'entrée de jeu que votre industrie a fait de grands efforts, au
cours des dernières années, pour diminuer son utilisation de l'eau. C'est
certainement exact, et on vous en remercie. Mais, en même temps, vous
conviendrez sans doute qu'on peut faire encore... encore mieux. Et je comprends
fort bien que ce n'est jamais agréable de se faire proposer des augmentations
de tarifs, qu'on soit une entreprise, qu'on soit un individu. Enfin, en même
temps, il faut voir la finalité de ces... de ces nouveaux tarifs.
Vous conviendrez qu'à 2,50 $ le
million de litres, c'est donné. C'est un prix qui ne fait pas de sens. C'est un
prix qui n'a pas été rehaussé, là, depuis plusieurs années. Et 1 million
de litres, on perd souvent la mesure de ce que c'est. C'est énorme. 1 million
de litres, c'est la consommation en eau de 4 000 personnes par jour,
notamment. Donc 2,50 $ pour une quantité d'eau aussi importante, c'est
complètement dépassé.
Donc, dans votre cas, il y a deux tarifs.
Dans votre cas, vous avez le tarif le plus bas. <C'est déjà...
M. Charette :
...
dans votre cas, il y a deux tarifs. Dans votre cas, vous avez le tarif le plus
bas. >C'est déjà et ce sera toujours le cas avec la hausse qui est
proposée. On passe de 2,50 $ à 35 $, essentiellement, et, même à
35 $ le million de litres... C'est quand même une ressource qui ne vous
appartient pas, hein? C'est l'esprit même de la loi. L'eau n'appartient pas à
des individus, n'appartient pas à des entreprises, c'est une ressource qui est
collective. Donc, pour une ressource qui est collective, à 35 $ le million
de litres, ça demeure tout à fait justifiable.
Maintenant, vous dites : Il faudrait
ne pas assujettir les entreprises de pâtes et papiers. Déjà, là, on ne peut
pas, on ne reculera pas, on ne reculera pas là-dessus. Vous êtes déjà
assujettis depuis plusieurs années, donc on ne retire pas de groupes qui
étaient déjà assujettis. Et vous nous demandez de considérer uniquement l'eau
qui est réellement captée et non pas l'eau qui est rejetée. Ça non plus, on ne
peut pas, pour des raisons évidentes : à partir du moment où vous utilisez
cette eau-là, vous l'altérez en partie, à travers différents additifs qui
peuvent être ajoutés à l'eau, donc l'eau que vous retournez n'est pas dans
l'état qu'elle était initialement. Donc, il faut considérer également cet
élément-là. Donc, dans les deux cas, j'aime mieux être transparent pour vous...
avec vous, on ne peut pas ne pas vous assujettir, vous l'êtes déjà, et on ne
peut pas considérer uniquement l'eau qui est captée, par rapport à tout ce qui
a été utilisé au final. C'est des questions d'équité. Et il faut que vous
preniez conscience que l'eau que vous utilisez et que vous rejetez n'est pas la
même eau qui a été au départ captée. Donc, c'est des principes, là, pour lesquels
on doit convenir, là, que c'est une simple forme d'équité.
Maintenant, vous parlez de circulation, de
recirculation. Je serais très intéressé à vous entendre davantage là-dessus,
parce qu'effectivement vous n'intégrez pas une partie... une grande partie de
l'eau que vous utilisez. Vous l'utilisez à des fins de procédé, oui, mais sans
la... sans l'intégrer dans vos produits, pour l'essentiel. Quels sont les
efforts qui ont été faits, au cours des dernières années, pour augmenter cette
recirculation-là et dans quelle mesure on pourrait en faire davantage,
d'efforts, à ce niveau?
• (17 h 10) •
M. Samray (Jean-François) : Oui.
Bien, écoutez, merci, M. le ministre pour les éclaircissements. On convient, le
CIFQ convient avec vous que l'eau est une ressource publique, c'est-à-dire qui
appartient à tous les citoyens, pas plus à un qu'à l'autre, et nous en
convenons. Je pense que, derrière ça, à titre de citoyen corporatif, les
membres du CIFQ, principalement les usines de pâtes et papiers et de carton,
font leur part. L'eau n'est pas gratuite, elle entraîne un coût de par leur
utilisation, le pompage, les traitements qui sont faits.
Et je pense que le schéma dans les
graphiques, à notre mémoire, à la page 4, démontre ce qui a été réalisé. Derrière
ça, je pense que ce qu'il faut retenir, ce n'est pas le prix, mais bien le choc
tarifaire : 1 400 % d'un coup, c'est quand même nettement
considérable, vous en conviendrez, de votre côté, avec nous aussi. Donc, je
vais laisser mes collègues amener des éclaircissements, comment ont-ils réussi
à faire cette baisse de 68 %... 67 %, 68 % au cours des...
depuis 1980. Donc MM. Marineau ou Girard, si vous pouviez donner des exemples
de cette réalité que vous avez réalisée. Il faut ouvrir votre micro.
M. Marineau (Léon) : Premièrement,
dans l'industrie, il y a plusieurs types de production, donc plusieurs types
d'usines, et donc la réalité, en fait, entre chacune des usines est... peut
être très différente. Mais oui, l'industrie a besoin d'une grande quantité
d'eau et selon le type de procédé, on peut plus ou moins...
Pour imager, je pense, quand même,
clairement, ce que l'on fait chez nous, par exemple, chez Cascades, on
réutilise la même goutte d'eau entre 10 et 20 fois avant, donc, de la rejeter
au cours d'eau. Donc, quand... C'est une image globale, mais, si on prend la
quantité d'eau qui rentre à la machine à papier versus l'affluent final, c'est
qu'on la réutilise 10 à 20 fois. Donc, déjà, il y a des efforts importants
de faits, de réutilisation d'eau. Puis c'est dans l'intérêt de l'industrie de
le faire, pour deux raisons : consommation... réduction d'énergie, parce
qu'on travaille au niveau de l'eau qui est plus chaude que l'eau du cours
d'eau, et aussi une meilleure récupération de la <fibre. Donc...
M. Marineau (Léon) :
...
plus chaude que l'eau du cours d'eau, et aussi une meilleure récupération de la
>fibre. Donc, des incitatifs à réduire nos consommations d'eau.
Et c'est pour ça que, sans redevances... Ça
fait bien des années qu'on travaille à réduire les consommations d'eau, mais,
comme tout bon procédé, c'est sûr qu'il y a une limite. Il y a une limite
physique, à un moment donné, à pouvoir réutiliser tout le temps la même eau,
puisqu'effectivement, vous l'avez mentionné, on altère l'eau et donc, à un
moment donné, il faut procéder au traitement et sa disposition.
Donc, ça fait longtemps, chez nous, qu'on
fait des programmes de réduction de consommation d'eau à travers des moyens
technologiques. Dans une usine de pâtes et papier, il y a des centaines et des
centaines de mètres de tuyauterie de toutes sortes de types d'eau. Et donc,
quand on parle de réduction de consommation d'eau, ça demande... ce sont des
projets qui sont importants en capital, parce que ce n'est pas de fermer une
valve, mais c'est de rediriger des eaux à d'autres endroits, et tout, donc
c'est d'intervenir dans le procédé.
Et pour reprendre un commentaire qui a été
fait sur la disponibilité du Fonds bleu, bien, si on veut que l'industrie
continue à s'améliorer, je crois que ça va passer par des projets
d'investissements. Et, si on peut avoir accès à une partie des fonds qu'on va avoir
fourni, bien, ça va nous aider à faire une certaine transformation. Parce que
ce n'est pas... il y a peu d'eau qui est gaspillée, et, pour la réutiliser
davantage, ça passe par des projets d'investissements.
M. Charette : Ces
investissements-là seraient effectivement bienvenus. Et déjà je salue toute
l'innovation, là, que l'on retrouve chez Cascades, pour avoir visité déjà vos
installations, vous êtes certainement un leader en la matière. Mais
malheureusement tous les joueurs de l'industrie ne sont pas à la même place et
n'ont pas eu les mêmes réflexes au cours des dernières années. Donc, c'est
certainement une industrie qui peut continuer à s'améliorer à ce niveau-là.
Vous parliez d'eau qui est captée, d'une
eau qui est traitée avant d'être rejetée. Une fois traitée, vous conviendrez
avec moi qu'il reste encore des contaminants, ce n'est pas une eau... oui, des
contaminants qui sont conformes à la réglementation, j'en conviens, mais vous
admettrez que l'eau qui est rejetée n'est pas une eau qui est pure comme elle
pouvait l'être au moment, là, de sa captation.
M. Marineau (Léon) : Je vais
laisser Sylvain prendre la parole, peut-être.
M. Girard (Sylvain) : Bien,
effectivement... Le micro est ouvert? Oui. Effectivement, il reste des sels
dans l'eau, la dureté est différente, la conductivité est différente. On
respecte l'ensemble des normes fédérales, provinciales, mais ce n'est pas une
eau qui est potable. Comme l'eau, quand on la prélève dans la rivière, bien,
elle n'est pas potable non plus, on doit la nettoyer pour être capable d'opérer
et produire du papier avec cette eau-là. Bien, effectivement, après le
traitement secondaire, on a réoxygéné, c'est une eau de qualité, mais ce n'est
pas de l'eau potable, effectivement.
Je reviendrais un petit peu sur les
explications que M. Marineau a données tantôt. Effectivement, au niveau...
concernant les efforts, c'est sûr que c'est différent pour chacune des usines.
Quand on regarde la courbe, là, qui est mentionnée dans le dépôt, à la page 4,
on voit une baisse qui est quand même constante, et elle est assez abrupte
jusqu'à... ou autour des années 95. C'est l'année où on a fait les
traitements secondaires dans les usines. Ça fait qu'il y a des décisions
stratégiques qui sont prises à ce moment-là. Ça fait qu'il y a des stratégies
qui ont été prises dans différentes usines, puis c'est à peu près là qu'on a
gelé les concepts.
Puis maintenant on travaille pour
s'améliorer, mais on vit aussi avec ces grandes orientations là qui ont été
données dans le temps. Ça fait que, quand on arrive pour modifier pour
s'améliorer, c'est là qu'on tombe dans la tuyauterie, on tombe dans les travaux
civils, les caniveaux, les... pour faire de la recirculation. Ce n'est pas
qu'on ne peut pas s'améliorer, mais ça explique souvent l'écart qu'il peut y
avoir entre différentes usines.
En ce qui nous concerne, des efforts, il y
en a eu de faits pour réduire la consommation. On a des groupes de travail
qu'on fait avec les employés. On l'a fait dans nos usines, à différentes
périodes, pour sauver de l'eau et aussi sauver de l'énergie, parce que c'est
intimement lié. Puis il y a des activités qui étaient faites pour aller
chercher les projets ou les modifications, les recirculations qu'on pouvait
faire, je vous dirais, avec des coûts qui sont quand même raisonnables. Ça fait
que ça, ça s'est fait au cours des dernières années.
Pour aller plus loin, maintenant, bien, ce
qu'il faudrait faire, c'est mettre des tours de refroidissement, parce que plus
on va recirculer, et plus on va remonter la température de l'effluent, et là on
va devoir installer des échangeurs de chaleur ou installer des tours de
refroidissement. Parce que des échangeurs de chaleur, c'est haut. On reste
toujours dans le même dilemme. Donc, ça prend des tours de refroidissement, ça
prend d'autres systèmes pour être capable de baisser les températures pour
réduire... et réduire les consommations à l'intérieur de l'usine. Ça fait que
ça demande des investissements qui sont... je vous dirais, qui sont majeurs. Je
ne dis pas que c'est impossible, je ne dis pas que ça ne se fait pas, mais
c'est quand même des investissements qui sont majeurs.
M. Samray (Jean-François) : Donc,
sur cette base, M. le ministre, on comprend que le principe de l'utilisateur-payeur
est à la base du projet de loi. Mais <peut-être que...
M. Samray (Jean-François) :
...
que le principe de l'utilisateur-payeur est à la base du projet de loi. Mais >peut-être
que ce que les membres du CFIQ vous disent, c'est que, pour réaliser les
investissements à venir, y inclure également le principe du payeur-utilisateur
du Fonds bleu pourrait être une bonne idée.
M. Charette : Là-dessus, on
aura l'occasion d'aborder la question au moment de l'étude article par article.
Mais le projet de loi rend possible une aide, mais l'aide comme on la perçoit,
comme on la conçoit à ce moment-ci, l'aide ne pourra jamais excéder le prix de
la redevance payée. Donc, si jamais une entreprise investit x montants, mais
que la redevance payée au fil des années aura été de x, ça ne pourra jamais
excéder le fruit de sa propre redevance. Donc, ça, c'est quelque chose qui est
envisagé.
Parce que le but du projet de loi, je le
réitère, ce n'est pas d'engranger de l'argent, c'est de préserver la ressource
et de favoriser des changements de comportement. Donc, la possibilité, elle est
prévue dans le projet de loi. Reste à voir les programmes qui pourront être mis
en place. Mais, déjà, réitérer une chose : ça ne pourra jamais excéder le
prix qu'une entreprise en particulier aura payé à travers sa redevance.
J'ai des collègues qui veulent intervenir.
Le temps est malheureusement limité. Et, vu que vous êtes à distance, déjà, je
vous remercie, là, pour votre présence, cet après-midi, étant donné que je
n'aurai pas l'occasion d'aller vous serrer la main. Donc, merci d'être avec
nous cet après-midi.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de Masson pour une
période de trois minutes 30.
M. Lemay : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous tous. Alors, j'ai bien lu votre mémoire puis j'ai
bien compris aussi que vous mentionnez subir l'impact cumulatif, là, des
différentes réglementations, là, ne serait-ce que l'augmentation des tarifs
d'Hydro-Québec, là, vous avez mentionné le tarif L, G M. Vous avez mentionné
aussi que, malgré que l'inflation soit de 8 %, là, votre industrie a des
impacts plutôt de l'ordre de 20 % et que, tu sais, vous demandez qu'on ne
considère pas de façon isolée les éléments des différentes réglementations. Ça,
je l'ai bien compris. Vous avez aussi mentionné que votre principe de... tu
sais, vous faites un prélèvement, mais que vous en utilisez une certaine
quantité puis vous en retournez. Donc, ce que j'ai pu comprendre aussi, que
c'était juste 10 % que vous retournez, donc, tu sais... en fait... en
fait, c'est... Allez-y, madame, vous semblez...
M. Samray (Jean-François) : Bien,
en fait, sur 100 % qui est prélevé, 90 % est retourné, et il n'y a
que 10 % qui est consommé. Et cette consommation-là, la majeure partie,
là, je vous dirais, est perdue dans le séchoir, où, là, il y a évaporation de
l'eau. On sèche la feuille de papier, qui arrive très... à environ 98 %
humide et qui est donc séchée.
• (17 h 20) •
M. Lemay : OK. Parfait. Puis
la question, c'est, en fait... puis le ministre vient de l'aborder dans la
question précédente, concernant, là, les redevances qui sont payées versus des
projets, pour, justement, réduire les prélèvements : Est-ce que vous avez
déjà fait une analyse d'impacts financiers sur comment ça peut coûter, par
exemple, pour être en circuit fermé, tu sais, versus le... Est-ce que ce serait
excédentaire au montant de redevance? Est-ce que c'est quelque chose que vous
avez déjà évalué?
Je comprends qu'on doit mettre des mesures
supplémentaires puis avoir les évaporateurs, mais... En fait, tu sais, pour
essayer d'être le plus possible en circuit fermé, est-ce qu'on... Malgré le
fait que vous avez déjà fait beaucoup d'efforts, là, on l'a vu dans votre...
dans votre mémoire, est-ce que c'est possible, éventuellement, d'arriver en
circuit fermé ou ce ne sera jamais... ce ne sera jamais possible à cause de la
perte que vous avez en condensation?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
je vous dirais, il faut comprendre à quoi sert l'eau, hein, dans une papetière
ou une cartonnerie. L'eau sert à deux choses : répondre à des besoins
d'échange thermique, donc en thermodynamique, puis elle sert de vecteur à
prendre une fibre de bois qui est sur un copeau et aller la déposer sur un lit
de feutre où on va avoir une feuille uniforme. Et ça, il n'y a pas vraiment une
usine qui a la même technologie, qui a la même... qui produit le même... le
même produit. Donc, une usine générique, ça n'existe pas, il faudrait le faire
usine par usine.
Donc, je vais laisser à M. Marineau ou
Girard à l'effet de dire est-ce que, chez eux, ils l'ont calculé ou est-ce que
c'est quelque chose qui pourrait être calculé.
M. Marineau (Léon) : Oui,
bien, de notre côté, on est déjà en circuit d'eau relativement fermé, donc
c'est sûr que, nous, pour aller plus loin, donc, c'est plus difficile. Mais,
pour vous... répondre à votre question, concernant l'augmentation des
redevances anticipées, là, selon le facteur de 14 fois, ça représente
peut-être 1 % des investissements qu'on devrait faire. Sans compter que,
plus que la valeur de l'augmentation de la redevance... on aurait des coûts
d'opération encore plus importants. Donc, juste les coûts d'opération seraient
plus importants que la redevance. Puis je ne calcule <même pas...
M. Marineau (Léon) :
...
coûts d'opération seraient plus importants que la redevance. Puis je ne calcule
>même pas les coûts d'investissement, qui seraient au moins 100 fois
plus importants. Donc, il n'y a pas de...
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci termine les interventions avec le gouvernement, avec la partie
gouvernementale. Je cède maintenant la parole à l'opposition officielle, à Mme
la députée de Notre-Dame-de-Grâce, pour un temps de parole de 12 mins 23 s.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Et merci à vous, messieurs et madame, d'être avec nous aujourd'hui.
Alors, je voudrais rentrer un peu dans le concret. Vous avez parlé des impacts
anticipés du projet de loi n° 20 sur les entreprises, sur votre industrie,
sur le secteur et sur la compétitivité. Alors, j'inviterais de parler un peu
plus du concret au niveau des membres qui sont peut-être des PME. Est-ce que
vous pouvez nous en discuter et nous en parler, l'impact sur les PME? Ou est-ce
que c'est plutôt juste des grandes entreprises qui sont membres?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
écoutez, on a des PME qui sont membres chez nous, mais les principaux impactés
sont les usines de pâtes, papier et de carton. Et ça, pour faire une telle
usine, c'est dur d'être une PME, quand il faut lever environ 1 milliard
pour construire une usine, donc... Mais l'additionalité, l'impact de l'ensemble
des réglementations qui s'ajoutent puis de l'ajustement des tarifs, ça, ça
touche autant les grandes que les petites entreprises qui viennent les
supporter.
Mais, chose certaine, comme MM. Marineau
et Girard l'ont mentionné, si, pour recirculer moins d'eau, il faut installer
des échangeurs thermiques pour utiliser de l'électricité pour refroidir l'eau,
ce qu'on gagne d'un côté, avec l'eau, on le perd de l'autre côté avec
l'électricité. Et ce qu'on comprend, c'est que l'électricité n'est pas une
ressource qui est indéfinie. Donc, il y a un projet de loi qui va être déposé,
il y a une consultation qui va se faire à ce sujet, mais ça aussi, ça va avoir
un impact. Donc, il y a des choix stratégiques à faire là-dessus.
Mme McGraw : Merci. Et je
retiens ce que le ministre avait dit, qu'on ne va pas reculer, on ne va pas
aller en arrière et que, justement, on comprend que le Québec, à date, a été,
dans le monde... au Canada, mais dans le monde entier, on est un peu en
arrière. Par contre, on comprend, donc, on pense que le projet de loi, c'est un
pas important vers l'avant, mais on comprend qu'il y a des impacts sur des secteurs
et des industries importantes au Québec. Alors, je vous inviterais... Lorsqu'on
va regarder, on va passer en étude détaillée, est-ce qu'il y aurait des
éléments particuliers que vous voudriez souligner, par exemple, des outils qui
seraient nécessaires pour faire face à l'application de cette loi éventuelle?
Donc, est-ce que vous avez des précisions, lorsqu'on va rentrer en étude
détaillée, pour qu'on puisse prendre en considération...
M. Samray (Jean-François) : Bien,
je vous dirais, je pense que peut-être... Oui, je vous dirais que, tel qu'on
l'a mentionné tout à l'heure, à la question du ministre, je pense que le
principe d'utilisateur-payeur est là pour le prélèvement de l'eau, mais avec
43 % des fonds qui vont venir de l'industrie, d'avoir... d'enchâsser dans
la loi également le principe du payeur-utilisateur du Fonds bleu... Parce que
c'est ce secteur qu'on a ciblé pour faire le plus grand pas en avant, malgré le
fait qu'il en a fait déjà 67 %, de pas en avant. Si on veut lui demander
de faire le prochain pas, bien, ça va prendre, à quelque part, de la
capitalisation. Là-dessus, je pense que M. Girard voulait ajouter des choses.
M. Girard (Sylvain) : Bien, peut-être
pour rendre ça un peu plus concret, pour White Birch, trois usines,
l'augmentation de 1 400 %, ça représente 1,2 million par année. Pour
l'usine de Québec, ça représente une augmentation de 855 000 $. Ça
veut dire que l'année prochaine, janvier, donc, ce qu'on aurait à payer, en
2025, pour l'année 2024 représenterait 925 000 $. C'est quand
même majeur. Et puis avec la majoration de 3 % par année, ça veut dire...
comptez trois ans plus tard, on va être rendus à 1 million de redevances.
Ça fait que c'est ça, l'impact qu'on a.
Disons que ça fait quelques semaines qu'on
le sait, puis, si ça, ça rentre en force en 2024, disons que ça ne donne pas de
temps pour s'adapter, pas de temps pour s'ajuster. Et on a besoin de temps pour
faire des investissements, se préparer pour réduire l'impact de cette taxe-là.
Ça fait qu'une chose : ça prendrait du temps.
Et puis j'entendais aussi le ministre,
tantôt, parler d'un concept où ceux qui paient plus, bien, pourraient avoir
accès à davantage de fonds. Donc, c'est un peu le principe d'assignation qu'on
a au niveau des GES. Bien, ça pourrait être quelque chose... C'est intéressant,
ça, d'avoir accès à des fonds, je comprends, pas plus que le montant que tu
peux avoir versé ou une certaine portion, mais ça pourrait aider. Mais ce qu'on
a besoin, d'abord et avant tout, là, c'est du temps et de l'aide pour être
capables de faire les changements. <Parce que...
M. Girard (Sylvain) :
...
tout, là, c'est du temps et de l'aide pour être capables de faire les
changements. >Parce que, comme j'expliquais aussi, tantôt, depuis 1997,
on vit avec un bagage génétique, avec des décisions stratégiques qui ont été
prises. Puis là pour changer ça, ça va prendre des investissements majeurs puis
majeurs dans le sens... c'est des tours de refroidissement, c'est des réseaux
de tuyauterie, c'est des canaux, c'est des... c'est des presses de lavage pour
faire des séparations entre les départements de pâtes... techniques, mais en...
puis les machines à papier, pour être sûr de ne pas contaminer tes eaux puis
récupérer au maximum. Ça fait qu'en gros c'est ce que ça représente comme
effort.
Mme McGraw : Merci. Je pense
que c'est un portrait très clair. Là, vous avez aussi parlé d'investissements
puis d'innovation. Le secteur a beaucoup évolué, pendant les 40, les
40 années... depuis 40 ans, je devrais dire, alors qu'est-ce que vous
envisagez, dans les prochaines 40 années? Est-ce que vous pouvez nous
parler de ce qu'il y a à venir, en termes de l'utilisation de l'eau, au niveau
du secteur?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
écoutez, je pense que... que ce soit en matière de réduction de l'eau, où le
secteur a réduit sa consommation de 67 %, ou que ce soit en matière de GES,
où là également la réduction a été de 67 %, donc, s'il y a un secteur,
dans l'économie québécoise, qui a été performant, qui a démontré... qui a
retiré l'ensemble des «low hanging fruits», qu'on pourrait appeler, des mesures
qui sont facilement atteignables, c'est bien le secteur de l'industrie
forestière, c'est bien le secteur des pâtes, papiers et cartons. Et donc, ça,
je pense que c'est important de le constater, et qu'on n'a pas attendu qu'il y
ait la création d'un fonds bleu ou d'une bourse du carbone pour agir. Je pense
que les actions qui ont été posées au courant des dernières décennies, elles
parlent par elles-mêmes à l'effet de dire comment est-ce que le secteur a été
novateur.
Maintenant, dans les actions à venir, je
pense qu'il va falloir changer certains paradigmes pour être capables de faire
les prochaines réductions. Puis changer des paradigmes, ça signifie changer des
équipements au complet, redessiner des usines, et ça, bien, ça prend un certain
temps, parce qu'il y a la loi... il y a différentes lois qui s'appliquent, il y
a des demandes de permis, il y a également... ça prend des plans signés,
scellés, et tout ce principe-là demande du temps. De là... de là notre demande
à l'effet de dire qu'il devrait y avoir, selon nous, une modulation dans le
temps, de cette augmentation, plutôt que de créer un choc tarifaire.
Parce qu'il faut réaliser que les
investissements qui vont être faits pour répondre à la demande de réduction des
volumes d'eau consommée, bien, c'est des investissements qui ne seront pas mis
en recherche et en développement de nouveaux produits. Il y a un moment donné,
dans une... dans une compagnie, il y a une limite à ce qu'il y a pour... de
capital pour faire des projets. Et donc, quand on investit dans la conformité
ou dans les... dans des nouvelles exigences qui sont amenées, bien, on le prend
à même les fonds en capitalisation, puis, ces fonds-là, ou on fait de la
R&D pour assurer la pérennité puis la compétitivité avec des nouveaux
produits, ou on le fait pour transformer les lignes de production. Puis,
messieurs, allez-y avec d'autres exemples.
• (17 h 30) •
M. Girard (Sylvain) : Moi, je
pourrais ajouter que dans notre...
M. Marineau (Léon) : ...une
question, sur 40 ans, donc, c'est difficile de se projeter d'ici
40 ans, mais je pense que les efforts qui vont devoir être faits dans les
usines vont dépendre aussi de la capacité du milieu récepteur. Donc, chaque
usine est située sur un bassin versant pour lequel les quantités d'eau ne sont
pas les mêmes. Et, quand on est rendus à des fractions de la consommation
d'eau, on va dire, traditionnelle ou historique, chaque diminution, évidemment,
n'est pas proportionnelle, c'est plus coûteux à faire. Donc, il peut y avoir
dans le futur, dans certaines régions, par exemple, où il y a une carence
d'eau, des efforts additionnels à faire pour réduire davantage, mais ça va se
traduire par des coûts relativement élevés parce que ça va passer par des
solutions technologiques qui sont, bon, moins courantes, mais souvent qui
existent puis qui, à notre niveau, offrent des inconvénients au niveau des
coûts d'opération, principalement. Donc, dans un endroit semi-désertique, on ne
devrait pas faire le même effort que si on est le long du fleuve Saint-Laurent,
ça, c'est certain. Je pense qu'il y a un équilibre à avoir là. Donc, sur le
long terme, il va y avoir des solutions qui vont être développées en fonction
des bassins versants.
M. Samray (Jean-François) : Puis
j'ajouterai, en terminant, qu'il y a un autre facteur qu'il faut prendre en
considération, c'est celui de la disponibilité des mégawatts. Donc, si on veut
remplacer du refroidissement par l'eau par du refroidissement électrique, bien,
l'industrie a besoin de savoir la quantité de mégawatts qui vont lui être rendus
disponibles pour faciliter la réduction de la consommation d'eau. Ça, c'est un
élément déterminant et fondamental.
Mme McGraw : Merci. Il y a
une proposition, ce n'est pas nécessairement notre recommandation, mais ça
m'intéressait d'avoir votre réaction, proposition qu'on a entendue :
Seriez-vous ouverts à bonifier vos processus de traitement avant rejet, pour
des crédits sur redevance?
M. Samray (Jean-François) :
Messieurs...
17 h 30 (version révisée)
Mme McGraw : ...une
proposition qu'on a entendue. Seriez-vous ouverts à bonifier vos processus de
traitement avant rejet pour des crédits sur redevances?
Le Président (M. Jacques) : Messieurs?
Mme Thibault (Rachel) : Bien,
peut-être juste un point, il y a déjà aussi l'application du principe
pollueur-payeur, puis je pense que, comme détenteur dans ce qu'on appelait
anciennement les attestations, le secteur des pâtes et papiers est déjà aussi
un contributeur sous ce principe-là. Donc, il y a déjà une forme de paiement
qui se fait sur les rejets.
M. Marineau (Léon) : Concernant
la proposition, c'est un peu comme... Je pense, le ministre l'a mentionné
tantôt, qu'il est probablement favorable à l'idée de payeur-utilisateur. Donc,
ça, ça va dans le même sens. Il y a des efforts de l'industrie... qui est fait,
qui peut, d'une certaine façon, être reconnu par le gouvernement. C'est clair
que c'est quelque chose qu'on doit regarder, parce que, dans la... à travers le
monde, il y a toutes sortes de technologies qui existent, et effectivement est-ce
que c'est possible de faire plus qu'actuellement avec les traitements primaires
et secondaires que l'on a? C'est possible, mais souvent à grands frais. Donc,
il faut voir le programme de support à ce moment-là.
Mme McGraw : Merci. Je
crois qu'il me reste peut-être une minute, même pas, mais je vous laisse le
temps en conclusion. Est-ce qu'il y a des éléments que vous voulez souligner en
conclusion, d'autres éléments?
M. Girard (Sylvain) : Bien,
ce que je voulais vous dire, c'est qu'on va avoir des choix à faire au niveau
des projets en capitaux parce que, si on a des millions à mettre côté de la
réduction d'eau... Puis je ne dis pas que c'est... il ne faut pas le faire,
mais, quand on arrive pour faire des projets de modernisation ou encore de
diversification de produits, on va avoir des choix à faire. Ceci étant dit,
quand on arrive pour faire un projet de diversification, puis on travaille là-dessus,
modification d'une machine à papier majeure, bien, il n'y a rien qui nous
empêche... et puis on le fait, qu'est-ce qu'on pourrait faire pour faire
différemment au niveau de la consommation d'eau, puis tu peux intégrer les deux
aussi en même temps.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci termine l'échange. Je cède maintenant la parole à Mme la députée
de Verdun pour plus ou moins cinq minutes.
Mme Zaga Mendez : Cinq
minutes? Bien, merci, M. le Président. Je veux remercier les représentants du
Conseil de l'industrie forestière d'être avec nous aujourd'hui. On a entendu
vos demandes, puis j'aurais des questions peut-être un peu plus sur les effets
sur les coûts d'opération. En lisant votre mémoire, vous nous parlez des
impacts que les redevances ont sur les coûts d'opération. Je voulais savoir si
vous avez fait le calcul de... Présentement, quel est le pourcentage des coûts
d'opération qui sont destinés au paiement des redevances maintenant et quel
serait le pourcentage après l'adoption de la loi?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
écoutez, je pense, pour répondre à votre question, on doit... on ne peut pas y
répondre sans prendre les autres augmentations qui sont prises... qui sont
également associées à différentes mesures législatives ou différentes décisions
gouvernementales. Donc, vous nous posez la question à savoir, bon, prise
individuellement, la redevance sur l'eau, qu'est-ce que ça représente, mais
cette redevance-là puis l'impact ne peut pas faire abstraction de l'ensemble...
comme on l'a mentionné, de l'ensemble des autres charges qui ont été
additionnées et qui sont là. Donc, quand on nous... quand on dit «Québec is
open for business», bien, écoutez, à un moment donné, l'industrie a besoin d'une
certitude pour être présente puis pour faire des investissements en
améliorations.
Donc, messieurs, si vous voulez ajouter...
M. Girard (Sylvain) : Oui,
je peux faire un calcul rapide. Présentement, la redevance coûte 26 $ la
tonne quand je vends une tonne de papier. On fait 250 000 tonnes. Ça
va monter à 4 $ la tonne si on regarde juste la redevance, juste la
redevance.
Mme Zaga Mendez : Peut-être
juste avec votre exemple, parce que c'est vraiment intéressant, donc, vous nous
dites qu'en ce moment c'est 4 $ la tonne, puis quel est le coût...
M. Girard (Sylvain) : Non.
Mme Zaga Mendez : Non?
Pardon, excusez-moi.
M. Girard (Sylvain) : Non,
non, ce n'est pas 4 $, autour de 0,25 $ la tonne présentement. C'est
au travers tous les autres coûts qu'on peut avoir, là, mais ça, ça va être
rendu une dépense quand même assez majeure, là, ça va être rendu autour de
4 $ la tonne. On prend le montant divisé par le nombre de tonnes qu'on
fait.
Mme Zaga Mendez : Je
comprends, puis comparé au... quel est le coût de production?
M. Girard (Sylvain) : Ah!
là, je ne peux pas... on ne peut pas aller là-dedans, c'est confidentiel.
Mme Zaga Mendez : Je comprends.
M. Girard (Sylvain) : C'est
vraiment confidentiel, mais ce n'est pas négligeable. Ce n'est pas négligeable.
Mme Zaga Mendez : Oui, je
comprends, OK. Bien, merci pour cette partie de réponse. Je trouve ça
intéressant de... pour juste mieux illustrer les effets, là, puis aussi de
savoir si vous vous êtes penchés un peu... Ce que je comprends, c'est qu'avec
la hausse des redevances, on est dans une situation dans laquelle les coûts d'investissement
puis les coûts d'opération sont supérieurs aux bénéfices, là. Donc, on n'a pas
encore atteint ce qu'on appelle les coûts efficients. Est-ce que, de votre côté...
quelles seraient des redevances qui permettent d'atteindre <cette
efficience entre l'investissement et le retour...
Mme Zaga Mendez :
...qui
permettent d'atteindre >cette efficience entre l'investissement et le
retour sur investissement?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
je pense que je vous dirais... D'une part, le 4 $ que mentionne M. Girard,
auquel ça deviendrait... il faut réaliser que c'est 4 $ sur un prix payé
par le client, qui est fixé par le client. C'est l'offre et la demande qui
fixe. Donc, tout ce que l'industrie peut faire, c'est contrôler ses coûts.
Combien elle va obtenir pour la tonne fabriquée, elle n'en a aucune espèce
d'idée. C'est le marché, l'offre et la demande, qui vient le fixer. Ça, c'est
quelque chose de fondamental qu'il ne faut pas perdre de vue, là.
Donc, peut-être que M. Marineau veut
complémenter sur la question.
M. Marineau (Léon) : Non, ça
va. Quand on dit l'offre et la demande, là, c'est en dehors d'un marché
québécois ou canadien, évidemment, là, un marché mondial, donc c'est pour ça
qu'on n'a pas le contrôle sur le prix vendant des produits. Donc, tout ce qu'on
a, c'est le contrôle des coûts, et on compétitionne effectivement avec tout le
monde qui produit des produits similaires à travers le monde. De façon concrète,
pour nous, au Québec, dans le fond, le principal compétiteur, c'est les
Américains puisqu'on est passablement intégrés en Amérique du Nord.
Donc, il faut juste voir que cette
redevance-là fait partie de la myriade de coûts, avec d'autres, et il faut que
le tout demeure compétitif, et il est évident que 2,50 $ le million de
litres, ce n'est pas ça qui amène une papetière sur le bord de la faillite, là,
mais c'est l'ensemble des coûts qu'il faut regarder, et donc que ces coûts-là
soient similaires aux autres endroits parce qu'encore une fois on ne pourrait
pas vendre au Québec notre produit final plus cher parce qu'on est un modèle au
niveau de l'économie de l'eau, malheureusement.
Mme Zaga Mendez : Je vous
remercie.
M. Samray (Jean-François) : Et
donc, quand on...
Mme Zaga Mendez : Excusez-moi,
allez-y...
M. Samray (Jean-François) : Et
donc, quand on prend en considération que nos voisins ontariens ont la fibre
nettement moins chère qu'au Québec et qu'en plus ils ont un... ils ne sont pas
assujettis à une telle taxe, bien, voilà, c'est...
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre contribution aux travaux de la commission.
Nous allons suspendre quelques instants
pour accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 17 h 39)
(Reprise à 17 h 45)
Le Président (M. Jacques) : La
Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux. Et je
souhaite la bienvenue aux représentants du Regroupement national des conseils
régionaux de l'environnement du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter puis à commencer votre exposé.
M. Vaillancourt (Martin) : Bonjour,
M. le Président, M. le ministre et les membres de la commission. Mon nom est
Martin Vaillancourt, directeur général du Regroupement national des conseils
régionaux en environnement du Québec. Je suis accompagné de Mme Andréanne Blais,
directrice générale du Conseil régional de l'environnement du Centre-du-Québec,
qui devra nous quitter à 18 h 15 pour un autre engagement, et de Mme
Anne Léger, directrice générale du Conseil régional de l'environnement des
Laurentides. Merci de nous accueillir.
Tout d'abord, je dois dire, là, d'entrée
de jeu, que, globalement, on trouve l'initiative de créer le Fonds bleu, là,
très, très intéressante. Le Regroupement national des CRE a contribué, au cours
de la dernière année, aux travaux entourant le Forum d'action sur l'eau. Il y a
plusieurs éléments qui ont été discutés dans les différents groupes de travail
du Forum d'action sur l'eau qui <se retrouvent aujourd'hui...
M. Vaillancourt (Martin) :
...dans
les différents groupes de travail du Forum d'action sur l'eau, qui >se
retrouvent aujourd'hui dans les orientations poursuivies par le Fonds bleu.
Donc, en soi, là, c'est une nouvelle intéressante.
Lors des annonces sur la création du Fonds
bleu qui ont eu... d'abord, en août, puis qui ont été réitérées lors de la
COP15, il y a eu plusieurs orientations, de manière générale, là, qui ont été
prises, qui destinaient les sommes du Fonds bleu. Aujourd'hui, on va aborder, à
notre avis à nous, ce qui peut manquer ou les activités qui pourraient faire
l'objet d'un financement du Fonds bleu, qui sont peut-être dans les angles
morts, là, des discussions qui ont pu avoir... jusqu'à maintenant, et on
reprendra aussi quelques initiatives, là, qui sont identifiées par les travaux
du Forum d'action sur l'eau, qui ont besoin de ce financement-là à travers le
Fonds bleu.
Avant de passer la parole à mes deux
collègues, je vais rapidement dire un mot sur le regroupement national et les
CRE. Donc, vous le savez sans doute, là, les CRE, conseils régionaux en
environnement, existent depuis maintenant... En fait, le CRE du Lac-Saint-Jean
a été fondé il y a 50 ans cette année. On est... Nous sommes des
organisations issues du milieu. On travaille en collaboration avec les
intervenants régionaux, qu'ils soient municipaux... issus, là, des secteurs
agricoles, forestiers ou de la société civile en général.
Notre principal outil, c'est celui de la
concertation. C'est ce qui nous permet de réaliser des projets. On va vous en
présenter quelques-uns, d'ailleurs, pendant notre intervention. Et le
regroupement national ainsi que les CRE sont des acteurs qui sont très actifs
sur les enjeux de l'eau. Certains se sont spécialisés sur la santé des lacs,
d'autres ont contribué grandement à la réalisation des plans régionaux de
conservation des milieux humides et des milieux hydriques, d'autres sont
impliqués de d'autres façons, là. On aura l'occasion d'y revenir. Donc, on
trouve fort intéressant, là, que des sommes supplémentaires soient réservées au
bénéfice de la qualité et de l'accès à de l'eau pour l'ensemble des Québécois
et des écosystèmes aussi présents sur nos territoires.
Je vais donc laisser la parole à ma
collègue Andréanne Blais.
Mme Blais (Andréanne) : Donc,
bonjour à tous. M. le Président, je prends la parole pour vous partager nos
idées d'activités qui n'ont pas été nécessairement ciblées par le Fonds bleu
proposé. On sait à quel point les milieux humides et hydriques sont essentiels
à la bonne gestion de l'eau sur nos territoires, notamment dans un contexte de
changements climatiques, d'adaptation aussi aux changements climatiques, puis,
à ce titre, le regroupement national recommande d'allouer des sommes, par le
Fonds bleu, à la mise en œuvre des plans régionaux des milieux humides et
hydriques afin d'aider les MRC à atteindre leurs objectifs.
• (17 h 50) •
On a vu, dans les dernières années, à quel
point les PRMHH ont été un exercice structurant où les CRE, dans plusieurs régions,
ont collaboré. Notamment, le CRE Centre-du-Québec a été mandataire, là, pour
quatre MRC, pour réaliser les PRMHH. Donc, on est en mesure de voir tout le
défi qui s'en vient dans les 10 prochaines années, et les plans régionaux
des milieux humides et hydriques incluent beaucoup d'actions relatives aux
solutions nature, et ce n'est pas sans fondement. Les MRC ont compris que, pour
régler nos problèmes d'inondations, nos problèmes d'accès à une qualité d'eau
potable, on se doit de mettre en œuvre des actions de conservation de nos
milieux humides et hydriques, et, à ce titre-là, on souhaiterait voir, au
niveau du Fonds bleu, des fonds qui seraient attribués à la protection des
prises d'eau potable et des zones de recharge, notamment au niveau des eaux souterraines.
On peut penser, entre autres, aussi aux
espèces exotiques envahissantes aquatiques. Le CRE Estrie travaille notamment
sur la moule zébrée, qui envahit plusieurs prises d'eau potable dans les lacs
en Estrie. Donc, ça pourrait être un autre investissement, là, structurant. On
pense aussi à toutes les solutions fondées sur la nature, ces solutions fondées
sur la nature où qu'on vient bénéficier des services écosystémiques rendus par
les milieux naturels pour contrer les inondations, pour contrer l'érosion
aussi. Donc, ces solutions fondées sur la nature pourraient être financées via
le Fonds bleu pour aider l'ensemble des acteurs du territoire à mieux gérer la
gestion des érosions, la gestion, aussi, et la prévention des inondations.
Et finalement je parlerais aussi des eaux
pluviales. Donc, le Fonds bleu pourrait amener des fonds pour gérer les
infrastructures municipales, mais on pense beaucoup à des infrastructures
naturelles au niveau de ce fonds. On peut penser notamment <au réseau...
Mme Blais (Andréanne) :
...infrastructures
naturelles au niveau de ce fonds. On peut penser notamment >au réseau
Ville éponge du CRE Capitale-Nationale.
Donc, je vais céder, dès maintenant, là,
la parole à Mme Léger.
Mme Léger (Anne) : Alors,
moi, je suis ici particulièrement pour vous parler de lacs. Le CRE Laurentides,
on a fait une spécialité, depuis 25 ans, d'accompagner les acteurs qui
veulent travailler à la protection des lacs. Donc, je ne vous apprendrai rien
en vous disant que c'est une richesse inestimable autant au point de vue
social, économique, environnemental.
On dénombre 5 000 lacs habités,
utilisés au sud du 47e parallèle, au Québec. J'ai appris, cette semaine, et je
vous l'apprends, que, de ceux-ci, il y a 10 % qui subissent un vieillissement
accéléré en raison des activités humaines, et comment on le sait? On le sait
grâce au Réseau de surveillance volontaire des lacs du ministère de
l'Environnement, qui existe depuis 20 ans, et dont 875 associations
de lacs sont membres, et qui prennent des données, et ce sont les bénévoles de
ces associations de lacs là qui vont prendre les données qui nous renseignent,
d'une part, sur la qualité de l'eau, mais sur une foule d'indicateurs aussi qui
nous informent de l'état de situation des lacs au Québec.
Donc, comme je vous le mentionnais, le CRE
Laurentides accompagne ces acteurs-là. On pense que c'est très important et on
veut souligner à quel point on est heureux de voir que le Fonds bleu va
attribuer des sommes à cet accompagnement-là aux associations de riverains, qui
sont nos yeux et nos bras sur le terrain. Donc, je conclurais en disant encore
une fois qu'on est très heureux de participer aussi aux travaux du Forum
d'action sur l'eau, depuis plus d'un an, et on est heureux de voir les conclusions
aussi qui sont tirées de ces travaux-là. Je vous remercie.
Le Président (M. Jacques) : Merci
à vous trois pour votre exposé. Nous allons donc commencer la période d'échange
en commençant par... avec M. le ministre pour une période de 16 min 30 s.
M. Charette : Merci beaucoup,
M. le Président. À vous trois, un plaisir de vous retrouver, bien que ce soit à
travers vos écrans respectifs, merci. Merci d'être avec nous cet après-midi. Vous
l'avez mentionné d'entrée de jeu, vous faites partie du Forum d'action sur
l'eau. Également merci pour votre contribution à ce niveau-là.
J'ai bien noté les applications que vous
souhaiteriez qui soient retenues pour l'utilisation du Fonds bleu. Vous savez,
par contre, en tant que participants au Forum d'action, que c'est beaucoup le Forum
d'action qui, au cours des prochains mois, aura le mandat de dresser, en
quelque sorte, une priorisation des actions à financer. Donc, ce n'est pas à
travers l'étude du projet de loi qu'on pourra dire... c'est effectivement la
réalisation... Par exemple, vous avez nommé les plans régionaux, vous avez
nommé aussi les espèces envahissantes. Donc, ce n'est pas à travers la
consultation du projet de loi n° 20 qu'on pourra arrêter ces objectifs-là, mais
bien par les travaux du Forum d'action, mais merci, là, déjà, de nous
identifier, là, certaines des priorités.
Pour ce qui est des espèces exotiques
envahissantes, je vous rassure, bien qu'on ne sait pas quelle forme l'appui
financier va prendre, ça fait déjà partie des orientations qui ont été
identifiées dès le départ. On veut s'attaquer à ce phénomène-là. On veut
s'assurer de la qualité de nos lacs et de nos rivières. Vous avez parlé, avec
fierté, des Laurentides. Je suis toujours très fier de parler de cette belle
région là aussi, et, je sais, dans les Laurentides, mais on pourrait parler de
l'Estrie... on pourrait parler de bon nombre de régions qui composent avec des
problématiques d'espèces envahissantes, et, oui, il faudra se donner des
moyens, là, de corriger la situation.
Donc, c'est pour les commentaires généraux.
Des questions, par contre, au niveau des solutions basées sur la nature. C'est
un concept qui nous tient à cœur également. Le Fonds bleu sera sans doute un
outil parmi d'autres, et je dis «parmi d'autres» parce qu'on aura aussi, et
j'espère, là, qu'on pourra travailler ce dossier-là ensemble également, à
élaborer le Plan nature au cours des prochains mois, et, là aussi, c'est des
moyens supplémentaires. Les deux ensemble, fonds nature... c'est-à-dire, Plan
nature avec le Fonds bleu, on parle essentiellement de 1 milliard de dollars de
nouvel argent qui sera disponible, oui, pour l'eau, à travers le Fonds bleu,
mais l'eau également à travers le Plan nature parce que c'est également propice
et en lien avec la protection de la biodiversité.
Donc, c'est deux outils qui vont se
développer, là, au cours des prochains mois, mais, solution nature, quelle
serait la forme de <financement que vous...
M. Charette :
...cours
des prochains mois, mais, solution nature, quelle serait la forme de >financement
que vous souhaiteriez voir à travers le Fonds bleu ou quels types de projets en
particulier que vous souhaiteriez voir retenus par le Fonds bleu?
M. Vaillancourt (Martin) : Je
vais débuter la réponse puis je laisserai mes collègues poursuivre.
Vous le savez bien, M. le ministre, là,
les infrastructures vertes ou les solutions nature permettent souvent d'agir en
amont. Donc, quand on pense à l'eau, on peut penser à la restauration de
certains milieux humides, à la conservation de certains milieux humides qui
peuvent jouer, là, le rôle de milieux de rétention, donc, de pouvoir contrôler
à la fois les crues soudaines ou d'épurer une partie des eaux avant qu'elles se
rendent, là, dans les cours d'eau. Donc, la mise en place ou la préservation de
ces écosystèmes-là dans la trame, là, du territoire devient une façon
intéressante de réduire les coûts d'investissement d'infrastructures qui
deviennent nécessaires s'il faut traiter avant d'utiliser l'eau ou avant de la
rejeter, bien sûr, là, en l'absence, là, de telles infrastructures naturelles.
Donc, on est plus dans une perspective de
prévention, si on veut, et ces projets-là, actuellement, prennent toutes sortes
de formes, mais ils n'ont pas toujours un véhicule, là, dédié, là, pour leur
financement. Tantôt, ils sont, en tout cas, associés à des infrastructures
vertes, tantôt à de la restauration de milieux naturels, mais là on parle
vraiment, là, de conserver des services écosystémiques propres à l'eau, et
c'est probablement l'angle, là, qui est intéressant à prendre.
M. Charette : Je comprends,
et, je vous assure, ce n'était pas une question piège, mais très content de
votre réponse, parce que, dans les faits, lorsqu'on parle de restauration de
milieux humides, effectivement, il y a un rôle indéniable que l'on doit leur
accorder, mais vous avez sans doute vu, au cours des dernières semaines, on a
modifié les normes d'application, pour le fonds, sur les redevances sur les
milieux humides, là, qui ont été altérés. C'est plus de
100 millions de dollars qui sont disponibles actuellement à travers
ce fonds-là.
Donc, au final, je vous dirais, le but, ce
sera toujours d'utiliser le meilleur moyen pour financer le meilleur projet
potentiel. Donc, il y a le Plan nature, je l'évoquais, plusieurs centaines de
millions. Il y a également le Fonds bleu, plusieurs centaines de millions. Il y
a ce fonds-là, également, qui est le fruit des redevances, là, sur les milieux
humides altérés. Donc, c'est difficile, à travers la présente commission
parlementaire, de dire quel sera le moyen pour financer tel projet, mais c'est
bon de se rappeler qu'il y a quelques moyens, là, qui sont maintenant à notre
disposition pour mettre de l'avant des solutions comme vous l'évoquez.
• (18 heures) •
Au niveau de la protection des lacs, au
niveau de la protection de nos cours d'eau, de façon générale, on est
conscients, les besoins sont très importants. Je parlais de centaines de
millions. C'est toujours intéressant et réconfortant de voir qu'on a ces moyens-là.
En même temps, les besoins sont énormes. On sait fort bien que
500 millions, oui, on pourra faire du beau travail avec ça, mais qu'on ne
pourra pas tout faire. La priorisation, selon vous, elle passe par où?
Puis je ne veux pas mettre les groupes en
opposition, là, par rapport à ce qu'on a entendu précédemment, mais, par
exemple, on a les municipalités qui nous disent : À travers le Fonds bleu,
il faut assurer l'approvisionnement en eau. Ça veut dire quoi? Ça veut dire :
Il faut pouvoir utiliser ces sommes-là, notamment, pour les réseaux de
traitement des eaux. Pour moi, ce n'est pas l'utilisation du Fonds bleu que je
conçois. Il y a d'autres programmes qui sont à leur disposition à ce niveau-là.
Pour moi, le Fonds bleu, c'est réellement au niveau de la qualité de l'eau à
travers nos cours d'eau, à travers nos lacs, et s'assurer qu'ils ne se
détériorent pas.
Donc, je serais curieux de voir un petit
peu le type de priorisation que l'on doit faire avec ces sommes-là, ultimement.
M. Vaillancourt (Martin) : Je
vais faire attention en utilisant le mot «priorisation». Je vais parler de
recherche d'un certain équilibre puis je m'explique. Je vous rejoins sur les
infrastructures de traitement des eaux, là. Il y a d'autres programmes qui sont
bien dotés, là, pour accompagner les municipalités. Par contre, il faudrait
éviter que le Fonds bleu ne soit que sur des besoins, disons, des êtres
humains, c'est-à-dire, il faut aussi que le Fonds bleu contribue aux besoins
des...
18 h (version révisée)
M. Vaillancourt (Martin) : ...disons,
des êtres humains. C'est-à-dire, il faut aussi que le Fonds bleu contribue aux
besoins des écosystèmes. Si on a une approche trop anthropocentrique de l'utilisation
du Fonds bleu et qu'on cherche uniquement des éléments de qualité pour l'alimentation
en eau potable, ou d'accès à l'eau pour assurer des quantités, ou de l'accès
aux lacs pour assurer des loisirs, on va passer à côté de tout ce que les
écosystèmes... En fait, les écosystèmes ont ces mêmes besoins là, et il faut
que les... je pense, que l'usage du Fonds bleu puisse à la fois travailler sur
des besoins exprimés par les populations, et par leurs représentants
municipaux, et par les besoins, là, des écosystèmes, tantôt en matière de
restauration, de préservation, de création à des endroits, là, où ils ont été
trop impactés.
M. Charette : Je vous rejoins...
M. Vaillancourt (Martin) : Est-ce
que vous voulez rajouter quelque chose?
M. Charette : ...entièrement.
Bien, peut-être juste vous mentionner, là, qu'on se rejoint. L'accès à la
nature, c'est davantage à travers le Plan nature que ce sera couvert. Donc, il
n'est pas question de construire des quais ou quoi que ce soit, là, avec le
Fonds bleu. Ce n'est pas le type d'utilisation que l'on souhaite retenir. C'est
davantage le Plan nature qui pourra réfléchir, là, à ce type d'utilisation là.
Je ne voulais pas interrompre... encore
moins une collègue de la région des Laurentides. C'est un petit peu le défi...
Mme Léger (Anne) : J'aurais juste...
j'aurais fait un tout petit complément, en fait, de penser — il y a
un écho — en termes d'atténuation de l'impact des activités humaines,
qu'elles soient agricoles, qu'elles soient forestières, que ce soit la
villégiature, que ce soient les installations sanitaires des résidences
isolées, que ce soient les bandes riveraines, que ce soit... mais de penser en
termes de réduire les impacts aussi, c'est important.
Mme Blais (Andréanne) : Oui.
Puis pour ajouter à ce que Mme Léger vient de mentionner, j'aimerais
partager un projet qui est au Centre-du-Québec, qui s'appelle Ferme progrès, où
que l'UPA, le CRE, les OBV et les MRC se sont unis pour agir au niveau,
justement, des bandes riveraines, des actions en agroenvironnement qui ne sont
pas toujours financées par le Prime-vert ou par d'autres programmes, et on va
faire une action concertée ensemble et on fait une mutualisation des services
entre les différentes expertises. Ça fait que le projet Ferme progrès, c'est
vraiment un exemple concret de comment le Fonds bleu pourrait être utilisé pour
structurer une action en lien avec la qualité de l'eau, l'amélioration de cette
qualité-là d'eau dans une région qui... nous, on n'a presque pas de lacs au
Centre-du-Québec, donc on est vraiment dans la gestion de l'eau dans les cours
d'eau.
M. Charette : Malheureusement,
on n'est pas en présentiel, donc je ne peux pas aller vous serrer la main après
votre intervention. Donc, je vous salue déjà et vous remercie pour votre
présence. J'ai d'autres collègues qui souhaitent intervenir. Donc, une belle
fin de journée à vous. Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Argenteuil pour
5 min 20 s.
Mme Grondin : Seulement cinq
minutes? Bonjour. Bonjour, M. Vaillancourt, Mme Léger, Mme Blais.
Je regardais le mémoire, merci, c'est très intéressant. Puis c'est toujours
intéressant de voir qu'au tout début, en termes de recherche, vous avez été plusieurs
CRE à contribuer. Ça devait être le fun, le remue-méninges sur cette
question-là, j'imagine, parce que je trouve ça intéressant, Montérégie, Chaudière-Appalaches,
Laval, Abitibi-Témiscamingue, Laurentides. Donc, c'est tout à votre honneur d'avoir
cette couleur-là dans chaque région, puis ça devait être assez intéressant, là,
les réflexions à ce niveau-là.
Effectivement, vous amenez plusieurs
éléments de ce à quoi pourrait servir cette enveloppe-là, magnifique, du Fonds
bleu. Et je suis tout à fait d'accord avec le ministre que... Moi, je retiens
vos propositions qui sont là, mais j'ai un grand respect pour les membres du
Forum d'action sur l'eau, qui ont ce mandat-là d'établir des priorités et une
façon qu'on pourrait... propositions qu'on pourrait ventiler, à travers le
Fonds bleu, les actions qu'on pourrait faire. Donc, je n'irai pas, donc, sur
pourquoi tel ou tel élément qui est plus important qu'un autre.
Je voulais surtout vous entendre parce que
vous amenez des projets structurants. Vous parlez beaucoup de <prévention...
Mme Grondin :
...surtout
vous entendre parce que vous amenez des projets structurants. Vous parlez
beaucoup de >prévention, dans le fond, hein, des solutions basées sur la
nature, mais cette approche-là qui n'est pas réactive mais plutôt en
prévention. Au Centre-du-Québec, vous avez parlé... vous avez, Mme Blais,
travaillé beaucoup sur les plans régionaux des milieux humides et hydriques.
Mme Léger, vous avez beaucoup travaillé, je pense, ça fait 20 ans,
sur tout ce qui touche les lacs, la santé des lacs, les espèces exotiques
envahissantes. Dans les deux cas, vous parlez de mobilisation. Vous allez même
plus loin avec la science citoyenne. Moi, j'aimerais ça vous entendre davantage
sur est-ce que c'est un élément qui est fondamental, dans le cadre du Fonds
bleu, de mobiliser le milieu.
M. Vaillancourt (Martin) : Oui,
absolument, puis je vais donner la parole à Anne juste après. Sans chercher à
identifier quelle action doit faire l'objet d'un financement ou pas, je pense
qu'on peut s'entendre sur un principe général que les actions collectives
concertées, là, sont incontournables. C'est-à-dire, la complexité des enjeux
entourant la gestion de l'eau au Québec est très grande, si on n'a pas la
participation de l'ensemble des acteurs sur un territoire, on n'y arrivera pas.
Donc, la... puis cette mobilisation-là, elle peut également être faite à
l'échelle des citoyens, et on l'a vu, là, il y a des façons de les impliquer
qui donnent des résultats intéressants. Anne, si tu veux compléter.
Mme Léger (Anne) : Oui, bien,
je peux poursuivre en disant que le fait de mobiliser puis d'impliquer les
citoyens, ça a aussi des vertus autres que d'aller chercher de la donnée, puis
que de sensibiliser, puis d'éduquer les gens. À partir du moment où ils
commencent à comprendre comment... dans le cas dont je parle, c'est les lacs,
comprennent que c'est un écosystème, que ce n'est pas qu'un plan d'eau pour
s'amuser, ou pour en jouir, ou pour... commencent à changer de comportement. À
partir du moment où ils comprennent... d'ailleurs, c'est le thème du prochain Forum
national sur les lacs : y plonger pour mieux les comprendre, à partir
du moment où on comprend, on commence à modifier nos comportements. Donc, cette
mobilisation, elle est vraiment fondamentale.
On a des dizaines de milliers de lacs au
Québec, là, tantôt, je parlais seulement du sud du 47e parallèle, on ne
peut pas penser qu'on aura un jour les moyens d'installer des scientifiques sur
chacun de ces lacs-là pour les surveiller, donc, c'est le plus beau partenariat
public-privé, si je peux m'exprimer ainsi, là, entre l'État et puis des
citoyens qui agissent de façon bénévole pour faire de la science au niveau de
la surveillance des plans d'eau.
Mme Blais (Andréanne) : Oui,
puis la mobilisation au Centre-du-Québec a été vraiment gagnante quand le CRE a
aussi ouvert... ouvert aux besoins des intervenants. Tu sais, on apporte notre
besoin environnemental, le besoin de comprendre, mais, lorsqu'on amène à
comprendre le besoin des intervenants, c'est là que la mobilisation est
gagnante.
Mme Grondin : ...10 secondes,
j'aimerais ça que vous réfléchissiez... parce que je suis tout à fait d'accord
avec vous, mais comment on mesure ça, tu sais, on parle de facteurs de succès,
comment, dans cinq ans, on va dire qu'on a gagné sur la mobilisation, les
changements de comportement.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. Ceci met fin à votre temps d'intervention. Je cède maintenant
la parole à Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce pour une période de 12 min 23 s.
• (18 h 10) •
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Donc, je trouve la question intéressante, donc je voudrais laisser
la chance aux collègues de répondre à la question.
Mme Léger (Anne) : Je peux
répondre... je pourrais répondre. Au niveau du Réseau de surveillance
volontaire des lacs, par exemple, on pourrait quantifier le nombre de
protocoles de caractérisation qui ont été appliqués par les associations de
riverains, par exemple, ce serait une mesure qui serait quantifiable, le nombre
de nouvelles inscriptions au Réseau de surveillance volontaire des lacs... je
cherche des mesures qui sont vraiment quantifiables, là. Je laisse mes
collègues compléter. Je vais réfléchir.
Mme Blais (Andréanne) : Oui.
Aussi, on pourrait, comme dans le projet que je vous ai parlé tantôt, de Ferme
progrès... par la mobilisation des acteurs que je vous ai mentionnés. Cet été,
on va aller planter plus de 15 000 arbres en milieu agricole, on va
aller mobiliser plus d'une trentaine de producteurs agricoles, donc on va aller
faire des interventions directes. Donc, cette <mobilisation-là...
Mme Blais (Andréanne) :
...donc
on va aller faire des interventions directes. Donc, cette >mobilisation-là,
c'est dans l'action qu'elle va vraiment se concrétiser puis qu'elle va se
mesurer.
Mme McGraw : Excellent.
Merci. Donc, j'espère que ça répond à la question... un début.
Écoutez, vous avez des recommandations, il
y en a 16 en tout, je trouve ça très intéressant. Il y a beaucoup de détails.
Donc, je veux vraiment vous donner la chance... parce qu'il y a tellement de
matériel, de vous donner la chance d'élaborer sur certaines recommandations.
Et j'aimerais peut-être commencer avec,
justement, numéro 6. Puis le ministre a fait référence... oui, il y a le Fonds
bleu, évidemment, Plan nature à venir et le lien entre les deux. Donc,
j'aimerais bien que vous parlez davantage de la priorisation des solutions
fondées sur la nature dans la mise en œuvre des actions financées et... en tout
cas, j'ai d'autres questions.
M. Vaillancourt (Martin) : Bien,
rapidement, je vais peut-être me répéter un peu, mais, comme je le mentionnais,
on est souvent dans un mode de prévention, donc en amont pour diminuer l'impact
dans la gestion des eaux pluviales, notamment dans les villes. C'est possible
d'avoir des infrastructures vertes ou des infrastructures naturelles qu'on
conserve, qui permettent, là, d'avoir... de rendre un certain nombre de
services écosystémiques, là, qui favorisent la régulation, la qualité de l'eau.
Et la... on a tendance, en fait, on est souvent en rattrapage sur ces solutions-là.
On se rend compte après coup qu'on aurait dû garder les écosystèmes en place ou
les... parce qu'ils nous rendaient des services, et les pressions de
développement ont fait en sorte qu'on a fait d'autres choix. Donc, d'avoir une
vision plus globale, de se permettre, là, de faire les études puis d'aller
chercher la connaissance avant de faire les projets, bien, ça, c'est des
éléments que le Fonds bleu pourrait mettre de l'avant sur comment on se déploie
avec ça.
Mme McGraw : Bien, ce n'était
pas pour vous faire répéter, d'ailleurs, j'ai bien écouté lorsque le ministre a
posé la question un peu... On a parlé des infrastructures de traitement d'eau.
Vous avez parlé d'équilibre, qu'il fallait éviter que le Fonds bleu soit
utilisé... ou viser seulement sur les besoins humains, les populations, ça,
c'est légitime, mais aussi les besoins écologiques et les services et
écosystèmes. Donc, j'ai bien écouté, c'est important, puis je voulais juste
souligner... je pense... je ne sais pas si c'était pour utiliser le Fonds bleu
pour des infrastructures municipales, c'est de souligner le fait qu'il y a un
manque de 38 millions de dollars, si on entend bien les collègues plus tôt
aujourd'hui, et comment aller combler ces besoins, justement, pour prévenir et
non avoir à remplacer plus tard, que ça va être plus cher. Donc, ce n'est pas
nécessairement le Fonds bleu, mais d'où va venir ces fonds. Donc, je voulais
juste corriger, en tout cas, c'est ce que, moi, j'avais compris par rapport aux
recommandations des municipalités, plus tôt aujourd'hui.
Mais juste pour revenir, donc... Donc,
vous avez parlé aussi d'infrastructures naturelles. Donc, j'aimerais avoir
juste plus d'informations et, par la suite, j'ai des discussions... et aussi où
est-ce que vous verrez intégrées, dans le projet de loi n° 20, ces
solutions nature et les infrastructures naturelles? Parce... (panne de son) ...procéder,
évidemment, en étude détaillée. Est-ce que vous serez en mesure de proposer où
vous verrez ça au sein du projet de loi?
M. Vaillancourt (Martin) : Ça
peut être une reconnaissance, dans le préambule du projet de loi, à l'effet
que... (panne de son) ...de ce type d'activités là, dans un but, là, de... bien
sûr, de protéger l'eau, que ce soit à la fois pour les besoins humains ou... (panne
de son) ...écosystèmes. Mais je ne pense pas que ça a besoin de faire l'objet
d'un article spécifique.
Mme McGraw : Donc, préambule,
en principe, pas nécessairement dans les... dans ce qui est l'opérationnel, si
je comprends bien. Parfait. Je pense qu'on comprend, donc, on avait de la
misère un peu à entendre.
Je voudrais juste passer à des questions
de gouvernance, puis c'est une question que je pose à tous les groupes, donc
j'aimerais avoir votre réaction. En matière de gouvernance, est-ce que vous
trouvez que les mesures dans le projet de loi sont adéquates pour que les
sommes prévues soient <utilisées...
Mme McGraw :
...dans
le projet de loi sont adéquates pour que les sommes prévues soient >utilisées
aux fins prévues? Je peux répéter.
M. Vaillancourt (Martin) : Non,
j'ai bien compris la question. Il y a toutes sortes de façons d'utiliser des
sommes à travers des programmes. Nous, au RN, on pense que les objectifs ou les
cibles à atteindre, là, doivent être des cibles nationales, c'est-à-dire,
après, on peut moduler les programmes puis le financement qui est attaché à
ceux-ci en fonction de couvrir des besoins qui sont partout les mêmes au Québec
et des besoins peut-être plus précis dans certaines régions qui auraient, par
exemple, là, beaucoup plus de lacs et d'autres beaucoup moins, là, comme l'île
de Laval, par exemple.
Mais la... après, au niveau de la
gouvernance, encore là, c'est une question d'équilibre de... que toutes les
sommes soient gérées uniquement par le ministère, par exemple, ou par le
gouvernement, ça n'apportera peut-être pas l'ensemble des solutions
recherchées, mais de régionaliser la totalité des sommes n'est pas garant non
plus, là, d'une action cohérente et uniforme, là, sur le territoire. Donc, un
équilibre dans la manière, là, que les sommes sont distribuées et que la
reddition de comptes ou la gouvernance en lien avec ces sommes-là soit
réalisée.
Mme McGraw : Puis
justement...
M. Vaillancourt (Martin) : Je
ne sais pas si ça répond à la question, là, mais...
Mme McGraw : Oui, je pense
que ça répond très bien, et d'ailleurs la prochaine question : Est-ce que
vous trouvez que la reddition des comptes est assez robuste au sein du projet
de loi? C'est-à-dire que nous, on trouve que c'est un pas dans la bonne
direction, mais on cherche toujours à améliorer. Donc, est-ce que vous avez
quelque chose à ajouter au niveau de la reddition des comptes?
M. Vaillancourt (Martin) : On
n'a pas abordé cet élément-là dans notre mémoire, puis, je pense, c'est
peut-être... Il y avait effectivement, là, plusieurs régions, là, qui se sont
intéressées aux questions de l'eau puis qui ont participé à la rédaction du
mémoire, et, spontanément, on n'est pas allés vers là. Donc, a priori, je vous
dirais qu'il n'y a pas de drapeaux jaunes, là, qui se sont levés, mais on n'a
pas eu de suggestions, là, pour bonifier cet aspect-là pour l'instant.
Mme McGraw : ...vous avez
quand même beaucoup d'autres suggestions et recommandations. Autre question :
Est-ce que vous avez... Même, M. Vaillancourt, au tout début, vous avez
parlé d'angle mort, pour aborder les angles morts. Est-ce qu'il y a d'autres
angles morts ou des sujets que vous auriez aimé voir traités dans le projet de
loi qui n'ont pas été soulignés?
• (18 h 20) •
M. Vaillancourt (Martin) : C'est
traité indirectement au niveau de la connaissance, là, des... pour certains
contaminants ou contaminants émergents, il y a... tu sais, on s'est beaucoup,
beaucoup intéressés au phosphore, là, dans l'eau, au Québec, depuis de
nombreuses années. On commence à peine à s'intéresser aux effets de l'azote
dans l'eau. L'azote, là, qui est principalement de source agricole et
municipale, qui, dans les cours d'eau douce, a un effet relativement limité sur
les écosystèmes, mais, lorsque ce même azote là se rend au Saint-Laurent puis
dans les milieux marins, a des... amène des problématiques, là, particulières.
Donc, je pense que dans notre réflexion
collective, au Québec, on est mûrs, là, pour aussi commencer à travailler sur
les enjeux de l'azote. Le Forum d'action sur l'eau l'a relevé, là, dans ses
travaux, au cours de la dernière année, et c'est peut-être une occasion, à
travers... avec le Fonds bleu, d'insister un peu plus sur cet élément-là pour
au moins se donner une feuille de route sur ce qu'il est possible de faire,
puis, bien sûr, là, en concertation avec tous les acteurs, je pense aux acteurs
du secteur agricole, là, qui ont déjà énormément de pression à répondre à
l'ensemble des règles et des normes environnementales, là, que d'ajouter une de
plus, là, devra faire l'objet, là, d'un accompagnement puis d'y aller, là, avec
un certain rythme, là.
Mme McGraw : Merci. Je crois
qu'il ne me reste pas beaucoup de temps, donc je vais... j'aimerais vous
remercier, parce que je ne l'ai pas fait en amont, mais merci pour le mémoire,
aussi la présentation, les recommandations. Il me reste peut-être une minute,
alors je vous invite, si vous avez des choses à inviter... à ajouter, je
devrais dire, je vous invite maintenant à le <faire...
Mme McGraw :
...invite,
si vous avez des choses à inviter... à ajouter, je devrais dire, je vous invite
maintenant à le >faire. Sinon, je céderai mon... le reste de mon temps.
M. Vaillancourt (Martin) : Je
peux peut-être souligner un autre exemple de concertation qui est en train d'être
mis en oeuvre par quatre régions, la Montérégie, Montréal, Laval et les
Laurentides, qui porte sur une vaste concertation sur la réserve d'eau propre
de la ville de Montréal, là, donc le lac des Deux Montagnes, là, où sont
les principales prises d'eau de Montréal. Donc là, c'est une réflexion à quatre
régions sur l'ensemble des bassins versants pour améliorer les pratiques de
manière à protéger davantage cette eau-là. Et ça, c'est des dossiers de très
longue haleine, là, qui nécessitent énormément de rencontres et de discussions
avec les partenaires, là, de façon à se donner un plan d'action commun qui vise
la protection, là, pour une très grande partie de la population du Québec.
Donc, c'est le genre... (panne de son) ...auquel le Fonds bleu, là, pourrait
répondre.
Mme McGraw : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à la représentante du deuxième groupe
d'opposition, Mme la députée de Verdun, pour 4 min 8 s.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Merci, M. le Président. Je veux remercier M. Vaillancourt, Mme Blais
et Mme Léger pour la présentation. Je voulais aborder avec vous s'il
existerait des... comme des principes qu'on pourrait ajouter dans la loi pour
répondre à vos recommandations, parce qu'il y a plusieurs recommandations qui
portent surtout sur l'utilisation du Fonds bleu. Et, de ce que je comprends, on
ne va pas aller légiférer sur comment, jusqu'en détail, le Fonds bleu va être
utilisé. Mais est-ce qu'il y a certains principes que vous aimeriez voir dans
la loi pour faire en sorte qu'on a une utilisation qui reflète les besoins du
milieu comme vous les avez détaillés?
M. Vaillancourt (Martin) : Je
débute, puis après... je te laisse réfléchir, Anne, puis tu prends la parole.
Je vais revenir sur privilégier les actions collectives, les actions concertées
de façon à avoir le plus grand impact possible, là, sur les buts recherchés par
le Fonds bleu, les actions qui se font aussi en partenariat, là, avec les
différentes parties prenantes de la société civile. Je pense que c'est une
manière essentielle d'arriver à des réponses à la complexité, là, des... de
l'enjeu. Être accompagné par la science aussi dans ces... dans ces projets-là.
Anne, as-tu...
Mme Léger (Anne) : Oui, tu
m'as enlevé les mots de la bouche, moi, j'allais dire, oui, des actions qui
sont basées sur la science, là, impérativement.
Mme Zaga Mendez : J'ai une
minute peut-être?
Le Président (M. Jacques) : 1 min
33 s.
Mme Zaga Mendez : Alors, bon,
on a du temps, puis je voulais peut-être vous entendre un peu plus de façon
générale, parce que je sais que vous participez au forum de l'eau, on en entend
parler, qui porte, je pense, beaucoup sur l'utilisation du Fonds bleu, puis
peut-être vous pourrez juste nous faire un résumé de comment... comment ça se
passe. Est-ce que ça répond à vos attentes? Est-ce que... selon vous, un
véhicule qui permet d'entendre les différentes organisations sur les besoins en
termes de préservation et conservation d'eau?
M. Vaillancourt (Martin) : Rapidement.
En fait, à sa création, là, le Forum d'action sur l'eau était, à mon avis, un
comité interministériel fort intéressant, là, il y avait au moins cinq ministères
autour de la table, en plus de représentants de la société civile. Ça a permis
un grand partage d'informations, là, à la fois entre les intervenants
gouvernementaux et entre les participants, là, issus de la société civile et
les intervenants gouvernementaux. Les comités de travail ont pu approfondir les
sujets. Il y a même des comités de travail, là, qui se sont rencontré à de
nombreuses reprises pour produire, là, un premier bilan des activités puis une
série... (panne de son) ...sa deuxième version, là, donc, depuis l'automne
dernier... (panne de son) ...est un peu différent, mais la... il y a eu un
élargissement aussi des participants autour de la table pour répondre à des
demandes, là, qui étaient faites, disons... je veux dire, d'observateurs
externes qui voyaient, là, l'intérêt à y être. Puis je pense que c'est... que
le gouvernement, là, a répondu adéquatement à ces demandes-là. Puis il y a,
effectivement, là, une plus grande participation de certains groupes <mobilisés...
M. Vaillancourt (Martin) :
...à
ces demandes-là. Puis il y a, effectivement, là, une plus grande participation
de certains groupes >mobilisés sur les enjeux de l'eau, mais aussi de
scientifiques, là, qui ont pu rejoindre le forum, et ça... Et là on est dans un
format où on... il n'y a pas de comité de travail, là, où la discussion est
plus... est partagée, et qu'on réfléchit, là, sur les manières d'identifier
adéquatement les enjeux, et on va arriver à les prioriser éventuellement. Mais
ce n'est jamais facile, là, ces processus-là de cocréation ou de
codéveloppement des politiques publiques ou des outils associés aux politiques
publiques. Le modèle est, à mon avis, intéressant, puis il pourrait très bien
être transposé ailleurs, là, dans d'autres ministères.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Merci à vous deux... vous trois, plutôt, pour votre contribution aux
travaux de la commission.
Nous allons suspendre quelques instants
pour se préparer à recevoir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 18 h 28)
18 h 30 (version révisée)
(Reprise à 18 h 35)
Le Président (M. Jacques) : La
Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux, et je
souhaite la bienvenue aux représentants du Conseil de la transformation
alimentaire du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour faire votre exposé, après quoi nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à
commencer votre exposé.
Mme Van Campenhout (Annick) : Merci
beaucoup. Bonjour, Mesdames et Messieurs, distingués membres de la commission.
Je m'appelle Annick Van Campenhout et j'occupe la fonction de vice-présidente
Progrès en alimentation et Développement durable au CTAQ. Je suis accompagnée
par mes deux collègues, Dimitri Fraeys de Veubeke, qui est vice-président
Innovation et Affaires économiques, ainsi que M. Vincent Lambert, qui est
notre directeur Affaires publiques. À tous, merci de nous permettre de vous
présenter nos commentaires et nos propositions en lien avec le projet de loi n° 20 et les règlements qui en découlent.
Le CTAQ est le principal... regroupement, pardon,
d'entreprises oeuvrant dans le secteur de la transformation alimentaire. Avec
plus de 630 membres, nous regroupons 80 % du volume annuel d'affaires
d'une industrie de 35 milliards. Dans le dossier qui nous occupe aujourd'hui,
nous représentons des entreprises québécoises de grande taille, mais surtout
des PME pour la grande majorité de nos membres, soit 80 %. Nous sommes la
voix d'entreprises qui contribuent à nourrir les citoyens trois fois par jour,
365 jours par année, soit approximativement 8,7 milliards de repas
par année, une industrie considérée comme un service essentiel qui est animée
par le maintien de saines habitudes et d'une vie en santé. Je vous demande de
prendre note qu'on a déposé un document <comprenant des commentaires...
Mme Van Campenhout (Annick) :
...je
vous demande de prendre note qu'on a déposé un document >comprenant des
commentaires préliminaires et nous déposerons un mémoire complet à la date de
fin de la consultation.
Notre intervention d'aujourd'hui portera
essentiellement sur trois propositions, car, fondamentalement, nous voulons
saluer l'institution du Fonds bleu. Nous applaudissons cette vision tant elle
va permettre la gestion par la connaissance de la situation réelle et des
moyens qui sont pris pour nous... pour que nous préservions la qualité et la
quantité de cette ressource indispensable. Là-dessus, nous sommes tous
d'accord. Nous voulons commencer en attirant votre attention sur la ressource
eau comme un bien commun de santé publique.
Dans son manifeste : La nouvelle
culture de l'eau du XXIᵉ siècle, Pedro Arrojo, professeur de l'Université
de Saragosse et membre du comité scientifique de la fondation One Drop, établit
trois usages pour l'eau: l'eau pour la vie, pour la survie, l'eau citoyenne
pour les besoins quotidiens et l'eau économique pour s'enrichir. Les trois sont
légitimes, mais il faut respecter leurs priorités et ajuster le coût de
chacune.
En transformation alimentaire, la sanitation
est non seulement une exigence réglementaire, mais c'est un usage pour la vie.
Cela fait partie de l'ADN de notre système alimentaire sécuritaire. À l'instar
de l'importance de cette étape de désinfection dans le secteur de la santé, la
transformation des aliments appelle une vigilance de tous les instants. En
effet, pour cette industrie, il s'agit bien d'une ressource de santé publique.
Nous viendrait-il à l'idée de demander aux services de santé ou aux hôpitaux de
payer une redevance pour l'utilisation de l'eau pour le nettoyage ou la
désinfection des locaux? Je ne pense pas. Eh bien, il s'agit ici du même degré
d'importance, car il y va de l'innocuité des produits alimentaires. C'est de
toute évidence une question de santé publique.
Le CTAQ salue la décision du gouvernement
d'exclure la production agricole de l'augmentation des redevances sur l'eau. Dans
l'optique où l'agriculture représente le premier maillon de la chaîne
alimentaire et où l'eau joue un rôle crucial, il est tout à fait raisonnable, voire
conséquent, de conserver la tarification actuelle pour les eaux de sanitation
et de procédure à des fins de sécurité alimentaire.
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Je
poursuivrai donc. Vient ensuite notre deuxième proposition. Le CTAQ supporte
totalement la proposition d'utiliser les sommes issues de la redevance pour
mettre en place des mesures pour protéger les ressources en eau. Nous craignons
toutefois qu'il soit risqué de miser uniquement sur les revenus d'une mesure
d'écofiscalité, telle que la redevance, pour financer sur la durée des mesures
de protection de l'environnement. En effet, à long terme, la redevance vise à
réduire l'utilisation de l'eau, et donc les montants perçus par l'État
pourraient diminuer avec le temps si cet objectif était atteint, ce qui est
souhaitable fondamentalement.
Dans ce contexte, nous appuyons la
proposition que le Fonds bleu soit alimenté non seulement par la redevance,
mais également par d'autres sources de financement, notamment les crédits
alloués par le Parlement ainsi que des sommes virées par le ministère des
Finances lors du dernier budget.
• (18 h 40) •
De plus, ce fonds est affecté à plusieurs
mesures, mais ne semble pas considérer la mise en place de programmes qui
permettraient aux entreprises de réduire l'utilisation de l'eau ou de mieux
gérer la ressource. Des aides financières aux entreprises contribuent à
atteindre plus rapidement l'objectif d'utiliser l'eau plus efficacement et à
mieux gérer la ressource. Des programmes existent déjà en efficacité
énergétique pour la réduction de la consommation d'électricité. Ces programmes
généreux obtiennent des résultats significatifs. Le CTAQ demande au
gouvernement du Québec d'allouer une portion des redevances versées au Fonds
bleu au financement des équipements et au support, à l'implantation de
pratiques responsables de gestion de l'eau dans les entreprises, soit la
réduction, la réutilisation et le traitement.
Lors du Forum québécois sur l'eau en 2010,
Sylvie Paquereau , membre de la fondation One Drop, disait en substance ceci :
«La reconnaissance de l'eau comme droit humain ne nie pas son aspect
économique. L'eau est un facteur de production pour trop de bien pour que l'on
rejette sa valeur économique. Ainsi, ce n'est pas l'un ou l'autre, mais c'est
bien l'un et l'autre. Il faut cesser de polariser le débat».
L'industrie de la transformation
alimentaire fait face depuis quelques années à des vents contraires, ce qui se
manifeste par une baisse des marges dans le secteur de la fabrication des produits
alimentaires au cours de l'année 2022, mais également 2021 et possiblement
2023. À l'heure où le gouvernement actuel souhaite l'autonomie alimentaire,
prône l'achat local, veut soutenir la compétitivité des entreprises d'ici pour
qu'elles demeurent concurrentielles, il faut donner le temps et les moyens aux
entreprises pour qu'elles puissent s'adapter. Le postulat cité dans l'analyse d'impact
réglementaire est que les entreprises devront changer leur modèle d'affaires.
En cela, je vous le concède, elles devront clairement changer plusieurs choses,
<à commencer par les prix de vente...
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) :
...elles devront clairement changer plusieurs choses, >à commencer par
les prix de vente qui devront augmenter, accentuant ainsi un peu plus
l'inflation galopante telle qu'elle existe actuellement.
Mme Van Campenhout (Annick) : Notre
troisième proposition...
Une voix : ...
Mme Van Campenhout (Annick) :
...merci, concerne la publication des données. Le CTAQ souligne la pertinence de
disposer de ces données pour les pouvoirs publics, mais questionne lourdement
le bien-fondé de cette mesure, qui présente un enjeu commercial entre les
entreprises. À l'instar des déclarations d'impôts ou d'autres obligations de
déclarations légales, il apparaît très peu pertinent de divulguer publiquement
des informations aussi sensibles sans qu'elles n'aient été agrégées. Et c'est
ça qu'on vous propose. Le CTAQ avance que l'agrégation des données est une
option viable, raisonnable et permet au gouvernement d'être conséquent dans la
réalisation de ses objectifs... des objectifs qu'il se fixe. Le gouvernement a
les ressources pour agréger les données et en faire des outils statistiques
beaucoup plus utiles pour la population, sans pour autant miner la compétitivité
des entreprises québécoises et la confiance des citoyens. Le CTAQ souscrit à la
déclaration des données exhaustives aux pouvoirs publics, mais demande une
agrégation de celles-ci pour une divulgation publique.
Nous vous invitons à prendre connaissance
de nos commentaires préliminaires, si ce n'est déjà fait, et nous vous
remercions de votre sollicitude. Nous répondrons à vos questions avec grand
plaisir.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons commencer les discussions avec M. le
ministre, pour une période de 16 min 30 s.
M. Charette : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci à vous trois d'être avec nous cet après-midi. Désolé,
j'ai manqué, je pense, les 30 premières secondes, mais j'avais eu l'occasion
de lire déjà ce que vous nous aviez fait parvenir.
Peut-être quelques éléments de
commentaires, dans un premier temps. Vous avez mentionné, à juste titre :
Ça ne peut pas être uniquement les fruits de la redevance qui constituent le Fonds
bleu pour assurer sa pérennité. Je vous rassure, si vous regardez le budget qui
a été présenté le 21 mars dernier, c'est beaucoup, beaucoup des crédits
budgétaires, et la redevance occupe une portion, oui, qui est appréciable, mais
c'est majoritairement des crédits budgétaires. Donc, je vous rassure, ce ne
sont pas que les fruits de la redevance, là, qui viendront garnir le Fonds bleu.
Vous avez évoqué un programme ou des
programmes d'aide. C'est aussi ce que permet le projet de loi. Dans les faits,
on ne veut pas engranger de l'argent pour engranger de l'argent, on veut
surtout que la consommation d'eau diminue. Et on l'évoquait tout à l'heure avec
l'industrie... c'était pâtes et papiers, notamment, si, éventuellement, un
programme était mis sur pied, ce que permet le projet de loi, il y aura
naturellement des conditions. Un préleveur d'eau ne pourra pas bénéficier
davantage de ce qu'il aura versé sous forme de redevances. Donc, il y aurait
une possibilité de récupérer sa redevance pour justement diminuer de façon
significative son utilisation de l'eau. Ce n'est pas un programme qui est bâti,
mais le projet de loi nous permettra de mettre sur pied un programme de cette
nature-là. Mais j'aime bien relativiser les attentes, parce que, dans les
dernières semaines, en échangeant avec les groupes, certains avaient des visées
plus grandes que leur propre contribution. Donc, si une entreprise x contribue
en redevances un montant x, bien, c'est ce montant-là, de façon maximale, qui
pourrait être reconnu, là, pour des investissements majeurs, en autant que la
quantité d'eau prélevée soit de beaucoup diminuée, ce qu'on devra évaluer de
notre côté.
Là, je serais intéressé à vous entendre
sur... vous avez évoqué un spécialiste de la fondation One Drop par rapport au
type d'usage d'eau, vous évoquez un concept, là, qui n'est pas celui qu'on a
retenu, c'est-à-dire les eaux de santé publique. Dans les faits, on n'a pas
ajouté de nouvelle catégorie. Ce qui était déjà assujetti l'est, ce sont les
taux qui ont changé. On passe de 2,50 à 35, et pour l'autre taux, pour celles
et ceux qui captent et qui intègrent l'eau, une redevance plus élevée. Donc, on
n'a pas fait de distinction, à savoir est-ce que c'est une eau de santé
publique ou autre, et il faut garder la distinction actuelle pour qu'il y ait
une cohérence dans l'évolution des taux. On serait difficilement en mesure de
changer du tout au tout le type d'assujettissement des entreprises. Donc, ce
n'est pas quelque chose, là, qui est considéré à travers le projet de loi ou, sinon,
les projets de règlements, mais je serais quand même intéressé à vous entendre
davantage <sur ce concept-là.
Donc, première question...
M. Charette :
...intéressé
à vous entendre davantage >sur ce concept-là.
Donc, première question... je vous pose
tout de suite la deuxième parce que je sais que j'ai des collègues qui voudront
intervenir aussi par la suite au niveau de la transparence. C'est un enjeu.
Vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a eu des recours devant les tribunaux au
cours des dernières années, qu'il y a eu un engagement d'une plus grande
transparence. Et vous l'avez bien mentionné, l'eau, c'est une ressource, c'est
un bien collectif, donc on se doit d'être transparent à ce niveau-là.
Cependant, quand vous parlez de compétition, ou de compétition déloyale, ou de
concurrence déloyale par rapport à d'autres marchés, peut-être juste nous
rappeler que, du côté de l'Ontario, il y a cette obligation-là de divulguer.
J'avoue, pour avoir fait l'exercice moi-même, il faut chercher, il faut
chercher, mais si on cherche sur les sites... sur le site ontarien, on peut,
pour chaque entreprise, avoir exactement la quantité d'eau qui a été prélevée,
donc il n'y a pas de concurrence déloyale. On va permettre ce même type
d'information, là, du côté québécois, mais je dois vous avouer que c'est un
principe qui est cher au projet de loi et à la réglementation. C'est une
ressource commune, c'est un bien commun, donc il faut être transparent sur
l'utilisation, là, qui en est faite. Donc, ce serait les deux questions
que j'aurais pour vous dans un premier temps, et je sais que j'ai des
collègues, là, qui voudront prendre le relais par la suite.
Mme Van Campenhout (Annick) : Sur
la transparence.
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Je
vais commencer avec celle sur la transparence. En effet, nous, ce qu'on
propose, c'est... Étant donné que c'est difficile de pouvoir comparer, mettons,
une usine qui utilise de l'eau pour faire du jus ou pour des fruits et légumes,
ce serait au moins d'y aller par des... Ça veut dire que ça permettrait
effectivement de pouvoir... aux citoyens de voir, dans une industrie, mettons,
l'industrie de la viande, elle consomme tel montant, dans l'industrie du jus,
elle consomme autant. Et, à partir du moment où c'est agrégé, bien, l'entreprise
peut également se comparer et voir où elle se situe par rapport à la moyenne.
Donc, ça va être, d'après nous, un bon incitatif pour réduire les utilisations.
Parce que mettre toutes les entreprises, ça ne donne pas une information... puisque
chaque entreprise peut avoir un volume d'eau, consommer de l'eau dépendamment
de ces systèmes.
Je vous donne un exemple. Vous pouvez
avoir deux entreprises de viande, une à côté de l'autre. La grosse va consommer
moins d'eau parce qu'elle a fait des infrastructures qui lui permettent de
recycler son eau, et l'autre à côté va être aussi une industrie de la viande,
mais elle n'aura pas nécessairement investi, donc elle va consommer plus d'eau.
Donc, c'est difficile de pouvoir comparer. C'est pour ça qu'on pense qu'en y
allant par objectifs, ça va permettre de pouvoir atteindre plus rapidement les
cibles, qui sont de réduire l'utilisation de l'eau.
• (18 h 50) •
M. Charette : Juste un petit
commentaire à ce niveau-là. Je comprends, je comprends le souhait qui est
exprimé, mais je vous confirme que, du côté ontarien, on a cette information-là
de disponible. Donc, on ne pourra pas invoquer une concurrence de marché, là,
qui est déloyale. Mais pourquoi on ne peut pas aller dans cette direction-là?
Il y a des groupes qu'on a pu rencontrer, là, depuis le début de la journée,
qui ont été très clairs, il faut aussi pouvoir faire un lien non seulement avec
une entreprise, mais avec une région en particulier aussi. À partir du moment
où on a des bassins dégradés, à partir du moment où on a une difficulté
d'approvisionnement en eau, que l'entreprise en consomme moins qu'une
entreprise de la même industrie ailleurs, ça n'a pas... ça n'a pas le même
impact. Une région qui est déjà vulnérable dans sa disponibilité en eau, c'est
une région pour laquelle ce type de donnée là doit être... doit être connu.
Donc, on ne peut pas y aller uniquement par regroupement d'industries, mais il faut
y aller aussi sur une base régionale pour qu'on puisse faire les associations
et s'assurer qu'il n'y ait pas de difficultés au niveau de l'approvisionnement
en eau.
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Quand
on parle d'objectifs, c'est exactement ça. Si une région a moins d'eau, eh
bien, effectivement, il faut pouvoir évaluer globalement. Et je pense qu'en
ayant un... en offrant une donnée publique, mais de façon globale, ça permet
d'avoir un meilleur portrait. Parce qu'en fait, à un moment donné, il va
falloir que le Québec fasse une cartographie : Où est-ce qu'on a un manque
d'eau? Où est-ce qu'on a assez d'eau? Et les endroits où on a un manque d'eau,
il va falloir faire une évaluation : C'est quoi, la consommation d'eau?
Qu'est-ce qu'on a comme eau disponible? Et comment on fait pour combler cet
écart-là? C'est dans ce sens-là qu'on dit que les données agrégées en fonction
des objectifs, bien, ça nous permet d'atteindre plus rapidement, justement, une
meilleure utilisation de l'eau.
Puis un autre élément. Si vous dites qu'on
veut faire comme en Ontario, bien, à ce moment-là, pourquoi ne pas mettre la
redevance de base au même niveau que l'Ontario?
M. Charette : Il faut
s'ajuster... il faut s'ajuster aux meilleures pratiques. Donc, sur les
redevances, c'est l'Ontario qui se collera sur nous éventuellement.
Donc, pour la première question au niveau
eau de santé publique?
Mme Van Campenhout (Annick) : On
fait la différence de <consommation d'eau...
M. Charette :
...au
niveau eau de santé publique.
Mme Van Campenhout (Annick) :
On
fait la différence de >consommation d'eau. L'eau de sanitation, c'est...
On ne veut pas d'affaires Buitoni au Québec, on s'entend. Puis je ne sais pas
si vous en avez entendu parler en France. À cause de la sanitation, à cause du
manque de sanitation, on a eu des gros problèmes en France, il y a eu des
décès. On ne veut pas de ça ici, au Québec. L'eau de sanitation, pour nous,
n'est pas tarifable au même titre que l'eau pour les produits agricoles ne
l'est pas. Elle n'est pas tarifable, pourquoi? Parce que c'est un bien de santé
publique, c'est un bien commun, d'accord, mais de santé publique. On ne peut
pas éviter la sanitation, on ne peut pas éviter d'utiliser des eaux de procédés
dans nos usines. Et il est possible, pour nos usines, d'utiliser des compteurs
spécifiques pour les eaux de sanitation et des compteurs spécifiques pour
l'utilisation ou pour les produits, à ce moment-là.
M. Charette : J'ai une
collègue qui souhaiterait aussi intervenir. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : Merci
beaucoup. En fait, c'est un petit peu dans la même veine que les questions du
ministre, là. Tantôt vous parliez d'aider et de soutenir les initiatives pour
que les entreprises prennent moins d'eau puis arriver à une bonne innocuité des
aliments. Pouvez-vous nous donner des idées de quelles seraient les structures
à mettre de l'avant, par exemple?
Mme Van Campenhout (Annick) : Pour
aider les entreprises?
Mme Bogemans : Oui, c'est ça.
Mme Van Campenhout (Annick) : Certainement.
On a des exemples dans l'industrie. On a fait des projets majeurs avec les plus
grosses industries, les plus grosses usines pour avoir des cycles de l'eau
interne, des cycles... l'eau qui servirait à la sanitation ou qui servirait
aussi au refroidissement des réfrigérateurs, etc. Donc, il existe la
possibilité, moyennant un gros financement, la possibilité de gérer son eau de
façon extrêmement responsable. On a aussi des usines qui traitent leurs eaux et
qui rejettent des eaux beaucoup plus propres qu'éventuellement quand elles
entrent, parce qu'on parlait d'innocuité, les autres procédés ne peuvent pas
être des eaux qu'on puise dans le Saint-Laurent puis ça doit être des eaux très
propres. Donc, à l'entrée, on traite l'eau, à la sortie, on traite l'eau. Je
vous parle ici pour nos plus grosses usines. 80 % de la transformation
alimentaire, ce sont des PME et elles ne sont pas toutes équipées de ce type
d'équipement. Alors, voilà l'exemple parfait de l'utilisation d'un programme
qui supporterait les entreprises à mettre en place tout un système de
traitement de l'eau à l'interne.
Mme Bogemans : Parfait.
J'avais un autre suivi, justement, sur la qualité de l'eau. Ce matin, on a
rencontré un groupe qui disait que les gens puis les gens d'affaires également
n'étaient pas nécessairement bien outillés pour comprendre la qualité de l'eau
puis pour être capables de comprendre l'ensemble des mesures, par exemple, par rapport
à ce que l'eau contient puis pourquoi ne pas réutiliser certaines... tu sais,
certaines eaux usées vis-à-vis de l'eau propre, particulièrement dans le milieu
alimentaire. Vous, votre constat, à ce niveau-là, serait...
Mme Van Campenhout (Annick) : ...c'est
très clair, nos entrepreneurs s'y connaissent en nourriture, savent comment
nous offrir un morceau de volaille ou un pain. De là à traiter l'eau dans leurs
usines, bien, ce n'est pas leur compétence nécessairement ou pas toujours.
Donc, besoins en équipement et besoins en conseil, certainement, en conseil
stratégique pour améliorer les usines, pour une meilleure gestion de l'eau. Ça,
définitivement, on aurait besoin de programmes comme ça, des programmes plus
forts.
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Oui.
Si je peux ajouter, quand même, les entreprises sont très conscientes de la
ressource eau. Il y a quand même beaucoup d'entreprises qui sont déjà dans un
processus, exemple, le... et des choses comme ça, donc des plus grandes
entreprises, certaines PME aussi. Donc, elles sont très conscientes de
l'importance de la ressource eau et de l'importance de réduire l'utilisation.
Mais il faut aider les entreprises parce que le tissu industriel au Québec, ce
sont des PME. Donc, elles veulent bien faire l'effort, mais, compte tenu que
les marges sont, au Québec, les plus faibles, sont toujours plus faibles au
Québec qu'en Ontario, si on veut garder la productivité au Québec, il faut
avoir un effort pour pouvoir aider ces entreprises-là, justement, à vouloir...
comment je dirais, avoir les moyens de leurs ambitions.
Mme Bogemans : Diriez-vous que,
par un quelconque moyen, on pourrait agglomérer certaines entreprises ensemble
pour, par exemple, l'utilisation de procédés ou des recherches en particulier
dans un milieu?
Mme Van Campenhout (Annick) : Oui,
on l'a déjà fait il y a six ou sept ans avec des entreprises. Donc, oui, définitivement,
c'est tout à fait possible et c'est même une volonté de l'industrie <d'aller
vers ça...
Mme Van Campenhout (Annick) :
...définitivement,
c'est tout à fait possible et c'est même une volonté de l'industrie >d'aller
vers ça, ais par où commencer? Parce qu'en environnement, on a les emballages,
on a la gestion des matières résiduelles, on a les GES, on a... Alors, on a
beaucoup de matières à améliorer, et donc on a besoin d'aide, définitivement.
Mme Bogemans : Parfait.
Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. Il reste trois minutes. Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci, M. le
Président. Donc, rapidement. Effectivement, je vais prendre la balle au bond.
Vous l'identifiez dans votre mémoire, il y a beaucoup d'autres formes de
tarification en matière environnementale. Vous parlez des redevances ou des
contributions financières au niveau de la collecte sélective, au niveau du
système de consigne, de la redevance sur l'élimination des matières
résiduelles, le marché de carbone. Je pense qu'on est rendus en 2023 où il faut
réaliser que c'est des coûts réels et que, là, bien, il faut tranquillement les
intégrer, que ça soit au niveau des entreprises ou des citoyens, parce que tout
ça a vraiment des coûts. Et pendant longtemps, on les remettait à moyen, long
terme, on les relarguait, et là ça nous... aux générations futures. Donc là,
c'est cette prise de conscience là qu'il faut évidemment contribuer ou
responsabiliser tous les acteurs de la société.
Moi, j'aimerais ça qu'on revienne sur la
question de la transparence, parce qu'effectivement, on a entendu les...
certaines organisations, dont les municipalités, les MRC, les organismes de
bassins versants, que ça fait plus de 25 ans qui font de la gestion
intégrée par bassins versants, qui nous disent qu'ils ont un besoin
d'information comme ça, que ce soit en termes de plan directeur de l'eau, de
diagnostics, que ce soit pour tenter d'avoir une meilleure prise sur la gestion
des conflits d'usages, donc des données beaucoup plus spécifiques sur les
quantités d'eau. Donc, je ne comprends pas en quoi on ferait un agrégat de...
Cette information-là ne serait pas utile selon ce que les organisations qui
font de la gestion intégrée nous disent.
Mme Van Campenhout (Annick) : Les
données... les données pour les pouvoirs publics, c'est exactement ce que je
vous disais dans mon discours, les données pour les pouvoirs publics, oui, les
données au gouvernement, oui, les données pour les organisations qui en ont
besoin, oui. Pourquoi les rendre publiques?
Mme Grondin : Bien, en fait,
peut-être vous vous expliquez, une municipalité qui doit investir, qui doit
prendre un règlement d'emprunt pour modifier toutes sortes de choses concernant
l'eau, bien, c'est moi le payeur de taxes.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la...
• (19 heures) •
Mme Grondin : ...donc j'ai
envie d'avoir l'info.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée d'Argenteuil. Ceci met fin au bloc d'échange. Et je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président, et merci à vous d'être avec nous aujourd'hui pour le mémoire. Mais,
si je comprends bien, il va y avoir quelque chose de plus détaillé par la suite
et pour votre présentation.
Alors, si je comprends bien, il y a
plusieurs recommandations préliminaires, puis une, je voudrais juste
m'attarder. Donc, vous proposez une tarification qui distingue des eaux de
santé publique aux eaux comme matières premières et vous recommandez un peu le...
prolonger un peu l'exemption du secteur agricole, si je comprends bien. Est-ce
que vous... et vous faites la discussion entre l'eau pour la vie, l'eau
citoyenne, l'eau économique. Vous recommandez aussi... vous demandez au
gouvernement du Québec d'allouer une portion des redevances versées au Fonds
bleu au financement des équipements et du support, soutien à l'implantation des
pratiques responsables de gestion de l'eau dans les... Donc, j'aimerais bien
que vous élaboriez sur ces deux recommandations. Et j'ai d'autres questions,
mais on va commencer avec ça. Merci.
Mme Van Campenhout (Annick) : Élaborer
là-dessus... La tarification pour l'eau de sanitation et l'eau de procédés...
ce qu'on demande, c'est qu'il y ait un statu quo. On ne demande pas une
exemption, on demande un statu quo. Ce sont des eaux indispensables...
19 h (version révisée)
Mme Van Campenhout (Annick) : ...ce
qu'on demande, c'est qu'il y ait un statu quo. On ne demande pas une exemption.
On demande un statu quo. Ce sont des eaux indispensables. Essentiellement, c'est...
c'est notre demande, notre proposition dans... dans le mémoire.
Et la... la deuxième m'échappe. La
transparence. C'est ça?
Mme McGraw : ...parlé de... dans
votre... je ne sais pas... c'est une demande au gouvernement du... du Québec d'allouer
une portion des redevances du Fonds bleu pour soutenir l'implantation des
pratiques responsables, gestion de l'eau dans les entreprises.
Mme Van Campenhout (Annick) : Oui,
c'est exactement ça. Comme je le mentionnais tout à l'heure, nos entreprises
ont besoin de support, veulent faire des efforts, veulent contribuer à la
gestion responsable de ce bien commun, ne savent pas par où commencer, ne
savent pas nécessairement comment le faire, donc ont besoin de ressources
externes, d'embaucher des ressources externes, ont besoin d'acheter des
équipements, potentiellement. Donc, l'idée, c'était... c'est de vous proposer
de... de se servir d'une partie du Fonds bleu, dans les limites que... que M.
le ministre nous a dictées, mais pour aider les entreprises à une meilleure
gestion. Puis, quand je dis les «entreprises», comme je vous disais, les
grandes entreprises souvent l'ont déjà fait ou sont en processus de. C'est
vraiment les PME qui ont besoin de cette aide-là. PME, on est...
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : ...80 %.
Dans... Dans la structure industrielle au Québec, 80 % des entreprises ont
moins de 50 employés. Ça vous donne l'ordre de grandeur.
Mme McGraw : Mais... au sein
de votre organisme, quel pourcentage sont des PME? C'est la même chose? C'est
80 %?
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Ah!
c'est 80 %. C'est la même chose, oui, oui, oui.
Mme McGraw : Parfait. Donc,
la... la question suivante, c'est qu'on a entendu des groupes aujourd'hui qui
voulaient faire la distinction entre les risques, c'est-à-dire par région ou
par... par... pardon, la capacité de la ressource dans chaque bassin versant.
Donc, c'est régional, un peu regarder est-ce que ça va bien, est-ce qu'il y a
des risques de pénurie, et est-ce qu'il y a de la pénurie, et... et gérer la...
la tarification selon ces trois... ces trois paliers. On a aussi parlé aujourd'hui
de... d'utilisateurs. Là, on parle de... la distinction entre la santé publique
et... l'eau pour la santé publique, la sanitation et... comme étant matière
première ou économique, et on parle d'utilisateurs. Donc, est-ce que vous
proposez de faire une distinction entre les PME et les plus grandes entreprises
au niveau des utilisateurs?
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Non.
Nous, ce qu'on propose, c'est... c'est uniquement par rapport à la sanitation,
donc c'est vraiment par rapport au droit d'usage, quelle est la finalité de l'eau
qu'on utilise. Donc, ce n'est pas... on ne fait pas une distinction entre la...
la grande ou la petite, on fait vraiment par rapport au droit d'usage.
Mme McGraw : Je comprends.
Donc, vous ne... Donc, vous nous proposez, en tant que vos utilisateurs :
grandes entreprises, PME, c'est la même chose. Selon vous, c'est seulement
selon l'usage?
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Oui,
c'est le même taux, le même taux comme actuellement. Statu quo au même taux qu'actuellement.
Mme McGraw : Parce qu'on
comprend que les meilleures pratiques sont en Europe, ce n'est pas en Ontario
et ce ne sera pas au Québec. Mais, pour mitiger le fait qu'on n'est pas rendus
où ils sont rendus en Europe, avec la pénurie, etc., on... c'est justement... il
y a ces propositions-là pour justement avoir une approche nuancée au Québec, si
je comprends, selon certaines recommandations. Donc, je voulais savoir si vous
aussi, vous envisagez une approche nuancée selon l'utilisation, mais je
comprends que c'est vraiment selon... pardon, selon les utilisateurs et non l'usage.
Donc, je veux juste... bien comprendre. Parfait.
Vous parlez aussi, dans votre introduction,
de vos membres et la certification B Corp. Et justement vous avez aussi parlé
des PME, on a parlé des PME. J'aimerais... Donc, j'aimerais en apprendre
davantage. Est-ce que vous pouvez nous élaborer un peu sur les mesures prises
par vos membres en termes, par exemple, d'innovation verte, la certification B
Corp, entre autres?
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : ...c'est
un... c'est un processus de communauté. C'est un... C'est une... En fait, je...
je dirais, c'est... c'est un grand chemin. C'est très, très bien identifié, c'est
très bien cartographié, il y a, je pense, 60 questions. C'est un processus
qui dure assez longtemps, ça peut prendre deux, trois ans. Et, je dirais, au
niveau du Québec, on a plusieurs entreprises... bon, il y a des grands, bien
entendu, Nortera... Danone, mais aussi des plus petites, quand je pense... Fourmi
bionique, des entreprises de plus petite taille qui sont plus bios, donc. Mais
c'est vraiment une espèce de mouvement qui commence au niveau de notre
industrie. Et donc c'est une... une <conscientisation...
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) :
...une espèce de mouvement qui commence au niveau de notre
industrie. Et donc c'est une... une >conscientisation, pas juste sur
l'eau, sur tout ce qui est... ESG, donc... économie, environnement...
Mme Van Campenhout (Annick) : ...
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : ...société.
Merci... Et donc c'est... c'est... ça va au-delà du développement durable. Ça
veut dire que c'est vraiment... ce n'est pas seulement économique, ce n'est pas
seulement développement durable, c'est vraiment la gouvernance et toutes les
pratiques qui sont remises en question et qui sont revues de manière justement
à améliorer, je dirais, l'écologie, mais au sens large.
Mme McGraw : Oui, oui, oui,
je connais bien B Corp, mais ce que je cherchais, c'étaient peut-être plus des
exemples ou des...
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Bien,
je... je vous en ai donné quelques-uns, il y a plusieurs entreprises qui sont
en processus.
Mme McGraw : C'était juste...
savoir un peu plus sur les entreprises, un peu... avoir un peu plus de détails,
avoir comme des visuels. Mais c'est... c'est... ce n'est pas grave, je
comprends le concept de B Corp. C'était plutôt pour des exemples, qu'est-ce
qu'ils ont fait pour avoir... des exemples précis. Mais je vais vous laisser...
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Bien,
c'est ça, c'est difficile. Parce que, tu sais, il y a... il y a un questionnaire
de 70 questions, et chacune choisit dans lesquelles elle veut mettre de
l'emphase en fonction de leurs objectifs propres, donc c'est difficile de
répondre. Il y en a, ça va... ça va être de l'eau, il y en a, ça va être
l'emballage avec l'écoconception, il y en a d'autres, ça va être... ça peut
être, je ne sais pas, peut-être... mettre des... des capteurs solaires sur le
toit pour réduire l'électricité. Ça fait que c'est très, très vaste, ça fait
que c'est difficile de... de vous donner un exemple précis. Il y a plusieurs
exemples, en fait.
Mme McGraw : Parfait.
Parfait. C'est... C'est toujours bien de... d'apprendre un peu sur les... les membres.
C'était... C'est... C'est le but de... de la question. Mais... Mais j'imagine
qu'il y a beaucoup de... il y a beaucoup d'exemples.
Mme Van Campenhout (Annick) : ...en
tout cas.
Mme McGraw : Pardon?
Mme Van Campenhout (Annick) : C'est
un mouvement qui est... qui est bien amorcé. Et... Et on le salue, on
l'encourage, même.
Mme McGraw : Excellent. Donc,
une question, les collègues le savent bien, c'est une question que je repose à
plusieurs groupes : On... J'aimerais... savoir, au niveau de la
gouvernance qui est envisagée par le projet de loi n° 20, par... bien, par
le Fonds bleu, est-ce qu'il y a des... est-ce que, selon vous, les mesures sont
adéquates pour que les sommes prévues soient utilisées aux fins prévues?
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Bien,
au niveau de la gouvernance, nous, ce qu'on... ce qu'on propose, ce serait la
mise en place d'un... d'un comité public-privé où il y aurait autant... Étant
donné que le fonds va être alimenté autant par le gouvernement, M. le ministre
vous avait... nous avait bien spécifié qu'il va y avoir 500 millions parce
qu'il est dans le budget, puis après ça, il va y avoir des sommes du privé,
donc c'est pour ça qu'on propose qu'il y ait un comité pour que le Fonds bleu
soit géré conjointement.
Moi, j'ai l'expérience au... Si vous
connaissez le partenariat canadien au niveau de l'agriculture, qui a été
annoncé il y a quelques... quelques semaines et pour lequel M. Lamontagne fait
partie prenante, ce... ce fonds-là est géré conjointement par le ministère de
l'Agriculture, par Agriculture Canada, par l'UPA et par nous, le CTAQ. Donc... ça
existe, donc c'est pour ça que je propose ce... cet outil, que nous utilisons,
que nous connaissons, mais, bon, on propose à l'Assemblée, ici, pour que vous
puissiez avoir une espèce de modèle pour avoir un partenariat. Comme ça, ça
fait une espèce d'équilibre entre le... le public et le privé.
Mme McGraw : Alors, peut-être
une... le temps pour une dernière question. Je vous inviterais... bien, je
pense que vous avez parlé un peu des angles morts, mais est-ce qu'il y a des
angles morts ou d'autres sujets que vous auriez aimé voir traités dans le
projet de loi ou est-ce qu'il y a des éléments, en conclusion, que vous voulez
souligner pour la commission?
• (19 h 10) •
Mme Van Campenhout (Annick) : Je
pense qu'on a pas mal tout énoncé. C'est sûr que pour nos entreprises, le... la
transparence... ou l'agrégation des données, on va dire ça comme ça... parce
que la transparence, de notre part, les entreprises, elle est là vis-à-vis des
pouvoirs publics, clairement, elle est là et elle est là de façon exhaustive.
Plus vous allez vouloir de données, plus vous... plus on va vous en donner. Ce
n'est pas un problème au niveau des pouvoirs publics. Là où on a de la
difficulté, c'est à cette ouverture à tout le monde et... et peut-être... pas «peut-être»,
en Ontario, ils le font. Ici, au Québec... nous émettons, de la part de nos
membres, beaucoup, beaucoup, beaucoup de réserves. Et je mets «beaucoup,
beaucoup, beaucoup».
Mme McGraw : Donc, merci à
vous. Et merci... M. le Président. C'est... C'est tout pour... pour nous.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. Je reconnais maintenant Mme la députée de Verdun pour 5 min 30 s.
Mme Zaga Mendez : Bien, merci
beaucoup, M. le Président. Merci à vous pour votre présentation et la discussion.
Tantôt, on parlait de... de vos membres
qui sont surtout des PME. Et je voulais voir. Il y a une recommandation, dans
la page 10, lorsqu'on va allouer ou voir la possibilité d'allouer le Fonds
bleu pour soutenir puis accompagner. Je voulais savoir s'il y a une ouverture
de votre côté pour ajouter, par exemple, des critères qui reflètent la réalité
des PME. Parce qu'on le sait que ce n'est pas la même chose, s'adapter quand on
est une... une <grande...
Mme Zaga Mendez :
...reflètent
la réalité des PME. Parce qu'on le sait que ce n'est pas la même chose,
s'adapter quand on est une... une >grande entreprise versus une
entreprise, mettons, à 15, 20 employés. Ça fait que je voulais vous
entendre un peu sur quel type de critères pourraient être... pourraient être ajoutés
pour mieux accompagner les PME.
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : ...il
est effectivement possible de mettre des... des critères par rapport, mettons,
au volume d'affaires ou en... en fonction de... bon, dans ce cas-ci, ça va être
des volumes d'eau, en... Mais, dans les cas de... quand on met en place un
programme au niveau ministériel, c'est très possible, bien entendu, de... de
mettre des critères, que ce soit la taille de l'entreprise, que ce soit le
nombre d'employés, que ce soit à quel endroit, comment elles utilisent la
ressource d'eau, qu'est-ce qu'elle fait. Donc, oui, c'est très, très possible
de le faire, mais je n'ai pas les... je n'ai pas le... les détails, là, mais je
sais que c'est possible de le faire. Puis, bon, les... les équipes
ministérielles sont habituées à faire ce genre de... d'exercice.
Mme Zaga Mendez : Oui, mais
c'est plus pour voir l'ouverture de votre côté, de vos membres, à ce type de
conditions. Des fois, c'est l'écoconditionnalité ou des conditions basées sur
la taille des entreprises.
Mme Van Campenhout (Annick) : Tout
à fait, il y a... il y a des modulations qui sont possibles, des ouvertures.
Les... Les... Même si ce sont des compétiteurs, la plupart du temps, il y a une
grande ouverture à l'échange, à la discussion et... et à une... une régulation,
parce que les PME sont... ont plus de difficulté à investir, à innover que les
grandes entreprises.
Mme Zaga Mendez : Merci. Puis...
j'aurais une question sur les... la nature des... des fonds du Fonds bleu.
Tantôt, vous... vous l'avez dit très rapidement lors de votre présentation,
que, bon, l'objectif, c'est bien sûr réduire la consommation, donc, si les
fonds sont financés par une redevance qui est basée sur l'utilisation... puis
là vous... êtes allés très vite sur d'autres types de sources de financement
qui pourraient venir bonifier le Fonds bleu. Je ne sais pas si vous voulez
élaborer là-dessus.
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : ...on
parlait, c'est : il y a une partie qui vient du privé puis une partie qui
vient de... du public, M. le ministre le... l'a mentionné. Puis, dans le cas
du... de la redevance, il y a... bon, il y a trois niveaux de redevance. Ça fait
que ça... c'est comme ça. Puis je... je comprends que le... les sommes... les
sommes de 30 millions vont augmenter tranquillement, ça fait que c'est
pour ça... c'étaient ça, les différentes sources dont je parlais. C'est parce
que dans la redevance, il y a... il y a différents niveaux de redevance. Donc,
c'était... c'était... juste ça que nous, on voulait mentionner.
Mme Zaga Mendez : OK. Parfait.
Je pensais qu'il y avait une... une critique ou un ajout que... qui était en
lien avec ça. Je... Je voulais juste voir. Mais je ne sais pas s'il y a
d'autres choses que vous voulez ajouter en lien avec soit l'accompagnement des
PME ou d'autres...
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Bien,
pour l'accompagnement des PME, si... nous, on... on offre notre... nous, en
tant que... qu'association, on est habitués à... à travailler avec les équipes
ministérielles pour travailler conjointement. Ça fait que je... je l'offre, si
jamais le ministère de l'Environnement veut qu'on travaille ensemble pour voir
quel serait le meilleur outil, justement, pour que les PME puissent réduire
l'utilisation de l'eau. Nous, on offre nos services pour travailler en commun,
pour voir comment est-ce qu'on peut améliorer. Parce que je pense que le... on...
on travaille beaucoup avec le... le MAPAQ, peut-être pas suffisamment avec le
ministère de l'Environnement. Ça fait que c'est ça, c'est la... la main est
tendue pour, justement, dans l'avenir, s'il y a moyen de mettre en place, peut-être,
des... des groupes de travail pour mieux... mieux faire avancer l'industrie,
c'est... c'est ça que nous, on... on prône de l'avant.
Mme Zaga Mendez : Bien, je
vous remercie. Merci beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Bien,
merci beaucoup, Mme la députée. Je vous... remercie aussi pour votre
contribution à nos travaux.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au mercredi 10 mai 2023, après les avis touchant
les travaux des commissions, où elle poursuivra son mandat.
(Fin de la séance à 19 h 15)