(Onze
heures quinze minutes)
Le Président
(M. Jacques) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission des transports et de l'environnement
ouverte.
La
commission est réunie afin d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi
n° 22, Loi concernant
l'expropriation.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Blouin (Bonaventure) est
remplacée par M. Lamothe (Ungava).
Mémoire déposé
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le Président. Avant de débuter, je dépose les mémoires qui ont été reçus
depuis la fin des consultations particulières.
Remarques préliminaires
Nous en sommes
maintenant rendus aux remarques préliminaires, pour lesquelles chaque membre
dispose de 20 minutes. J'invite la
ministre des Transports et de la Mobilité durable à faire ses remarques
préliminaires. Mme la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Bien, j'ai combien de
temps? Je n'utiliserai pas...
Le Président
(M. Jacques) : 20 minutes.
Mme Guilbault : 20 minutes. Mon Dieu! Non, mais c'est ça, je
n'utiliserai pas mon temps au complet, mais je
vais quand même prendre le temps de saluer tout le monde et de remercier les
personnes présentes, vous saluer, M. le Président, votre équipe, l'équipe de la présidence au complet, les gens
de la diffusion, toujours, des gens importants, sans qui on ne pourrait
pas faire nos travaux.
Saluer mes collègues,
mes collègues de la banquette gouvernementale, qui étaient avec moi, pour la
plupart, en fait, qui étaient tous avec moi
pour les consultations particulières, pour la plupart, du moins — le
député d'Ungava aussi, qui est avec nous — et qui vont participer
avec nous pour cette nouvelle étape, l'étude détaillée, qui est une autre
étape... importante, pardon.
Saluer
mes collègues de l'opposition aussi, qui étaient tous présents avec nous aussi
pour les consultations particulières.
Et
saluer les équipes qui nous accompagnent aussi, les miennes, en particulier,
ici, en arrière, mon équipe de la Direction des affaires juridiques du ministère des Transports et de la Mobilité
durable, qui seront évidemment d'une grande aide.
Saluer aussi et
remercier, puis probablement au nom de tout le monde, là, les gens qui sont
venus nous entretenir pendant les consultations particulières, consultations
qui ont donné lieu à certains projets d'amendements, sans doute, ou à certaines discussions qu'on pourra avoir autour de la
table au fil de l'étude des 200 quelques articles...
Une voix :
...
Mme Guilbault :
244 articles.
Donc,
alors, c'est ça, je ne veux pas prendre beaucoup plus de temps. Vous le savez,
c'est un projet de loi qui est très technique. C'est pour ça que je suis bien
accompagnée par des ressources juridiques, parce qu'il y aura peut-être des
questions, là, très... justement,
techniques, très pointues, très juridiques. Quand on regarde certains articles,
là, on parle de notions et de choix de termes, de terminologies, et tout ça. Et
il y a, d'ailleurs... dans les premiers articles, des fois, on vient préciser des libellés ou on vient placer
un certain nombre de termes qu'on va vouloir utiliser, et tout ça. Alors
donc, les équipes seront là pour nous aider, pour nous aiguiller tout au long
de l'étude détaillée. Donc, je les remercie à l'avance, et, sur ce, je pense
que je vous recéderais la parole, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Bien,
merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole à M. le député de l'Acadie
pour ses remarques préliminaires.
M. André Albert Morin
M. Morin : Merci.
Merci, M. le Président. Permettez-moi, à mon tour, de saluer Mme la ministre,
les collègues de la banquette gouvernementale, les collègues de
l'opposition.
Je suis toujours heureux,
quand on commence l'étude d'un projet de loi article par article, de voir qu'on
a des représentants du ministère en question
qui nous accompagnent, ce sont des gens qui travaillent fort et qui sont
toujours de bon conseil quand on a des
questions à poser. Alors, merci, merci d'être là, ainsi que tout le personnel,
bien sûr, de l'Assemblée nationale qui nous aide dans nos travaux.
Mme la
ministre, dans ses remarques préliminaires, disait qu'il y avait un aspect
technique dans le cadre de ce projet de loi de 244 articles, et
c'est exact, il y a des volets qui sont techniques, mais je dirais qu'il y a
plus que ça, il y a aussi des volets qui
touchent les principes mêmes de notre droit civil. Et j'aimerais, pendant les
minutes que j'ai à ma disposition, M. le Président, élaborer un peu plus
là-dessus.
On a eu le
privilège d'entendre un très grand nombre d'associations, de groupes de
différents milieux qui sont venus
nous parler du projet de loi, et plusieurs ont fait référence à la Charte
québécoise des droits et libertés de la personne, parfois pour dire
qu'il y avait un droit qui reconnaissait à une personne la jouissance paisible
et la libre disposition de ses biens, sauf
dans la mesure prévue par la loi, d'autres qui nous disaient : Écoutez, ce
n'est pas un droit constitutionnel, le droit à la propriété. C'est exact
que ce n'est pas, comme tel, un droit constitutionnel qui est bien enchâssé
dans la constitution, mais il n'en demeure pas moins que la charte québécoise y
fait référence.
• (11 h 20) •
Et je veux le
souligner, parce que, dans un contexte québécois, la Charte québécoise des
droits et libertés de la personne, c'est notre loi la plus importante,
qui, évidemment, a préséance sur d'autres lois. Le texte législatif prend, bien sûr, la peine de dire «sauf dans la mesure
prévue par la loi», et évidemment il y a, présentement en vigueur, une loi
sur l'expropriation, qui est une mesure qui pourrait faire en sorte qu'une
personne pourrait perdre le droit à la disposition, à la libre disposition de
son bien. Cependant, j'aimerais aussi faire référence et souligner l'article 952
du Code civil. Le Code civil, au Québec,
c'est un cadre législatif qui nous distingue, qui nous distingue de toutes les
autres provinces canadiennes, c'est la base de notre droit, et je pense
qu'il est important de se rappeler que l'article 952 du Code civil traite de l'expropriation et souligne que
le propriétaire ne peut être contraint de céder sa propriété, sauf par voie d'expropriation, bien sûr, suivant la loi
pour une cause d'utilité publique. Donc, il est très important que l'autorité
expropriante agisse en vertu de la loi,
parce qu'il s'agit, évidemment, d'un droit qui est très... en fait, qui est
très sérieux, donc enlever le bien de quelqu'un.
Puis ce qui
est fondamental aussi, dans la disposition du Code civil, c'est qu'on dit
bien : «moyennant une juste et préalable indemnité». Et permettez-moi
d'insister sur le «juste et préalable indemnité», parce que c'est un élément
fondamental de notre droit qui nous permet
de rechercher un équilibre. On reconnaît... le droit civil québécois reconnaît
qu'un propriétaire peut perdre son bien pour une raison d'utilité publique,
mais la contrepartie, c'est qu'on ne veut pas que l'exproprié s'appauvrisse. Et donc la juste et préalable indemnité
prend tout son sens puisque l'expropriation est un mode exceptionnel
d'acquisition du droit de propriété.
Quand on dit
que c'est pour une cause d'utilité publique, et puis on le verra probablement
dans le cadre de l'étude article par
article, et je vous donne quelques exemples, M. le Président, ça peut être, notamment,
pour l'aménagement d'un parc, ça peut
être pour le drainage de terres, mettre en place ou protéger des boisés,
terrains humides, mais il n'en demeure pas moins que l'expropriation
implique une compensation.
Donc, et je tenais à le rappeler d'entrée de
jeu, oui, il y a des technicalités, oui, il y a une procédure, mais il est clair que l'expropriation, ça va plus loin que
ça. Et donc, à ce titre-là, M. le Président, ce n'est pas un projet de loi qui est banal, parce que c'est une disposition... ce
sont des dispositions qui vont permettre à l'État ou aux autorités
expropriantes, les municipalités notamment, donc, d'acquérir un terrain.
Encore faut-il qu'il y ait une juste et préalable indemnité.
L'expropriation
implique nécessairement une compensation, parce qu'on sait, parce qu'on l'a
vécu au Québec, on sait que
l'expropriation implique aussi des drames humains, puis ça, je pense qu'il faut
le souligner. Donc, ce n'est pas uniquement une technicalité. J'ai en tête
les expropriés de Forillon. Ça remonte à quelques années, mais ça a créé un drame dans la communauté. Et, plus récemment,
on se souvient tous des expropriés de Mirabel. Donc, ce n'est pas vrai que c'est uniquement une analyse ou une
action gouvernementale technique qui fait en sorte que quelqu'un va être
dépossédé de son bien. La seule façon, la
seule façon de faire en sorte que, pour l'exproprié, on va venir amoindrir ou
adoucir l'expropriation, c'est de s'assurer
que la personne aura une juste indemnité. Donc, il faut s'assurer de garder cet
équilibre.
Et donc ça m'apparaît totalement fondamental,
parce que l'expropriation... Et on l'a entendu, en commission parlementaire, M.
le Président, quand on a entendu des groupes, on nous a parlé parfois de promoteurs,
de gens qui gardaient les terrains pour
avoir plus, évidemment, d'argent éventuellement. Il y a des grands promoteurs
qui peuvent avoir des superficies
importantes de terrains qui vont faire face à l'expropriation, mais, dans la
majorité des cas, on parle de gens
comme vous et moi, donc des gens qui ont un petit commerce, des gens qui ont
une maison et qui vont se faire enlever leurs biens. Parfois, c'est la
maison où ils sont nés, ils ont grandi, ils ont vécu. Des fois, c'est des
maisons où plusieurs générations de la même famille ont habité. Puis on
comprend que, pour des raisons d'utilité publique, à un moment donné,
l'autorité expropriante peut demander à ce que ce bien-là soit modifié, soit
exproprié, mais encore faut-il s'assurer
qu'il y aura une juste compensation et une juste indemnité. Et puis, moi, quand
je lis le projet de loi, je pense
beaucoup à ces petits propriétaires. Je pense aussi aux locataires, parce que
ça vise également des locataires, et ça, on y reviendra quand on fera l'étude article par article, mais il n'en
demeure pas moins que c'est excessivement important. Donc, il faut que l'exproprié soit dédommagé parce
que, comme je le soulignais, l'expropriation a un impact important sur
la vie des gens.
Je pense aussi aux agriculteurs, et ça,
permettez-moi de référer au mémoire qui a été déposé par L'Union des
producteurs agricoles, je pense aux agriculteurs, et comment, finalement, la
protection du territoire agricole est importante
au Québec. On parle souvent des conditions de travail de nos agriculteurs, ce
n'est pas facile, on parle aussi, évidemment, de l'importance de la souveraineté
alimentaire du Québec. Donc, il faut être capable de bien saisir l'importance
des expropriations en zone agricole.
C'est, d'ailleurs, un
des aspects importants que soulignait l'UPA dans son mémoire. Entre autres, on
nous rappelait que les producteurs agricoles rassemblent généralement tous leur
milieu de vie sur leurs terres, et je cite le mémoire, «leurs résidences, leurs
entreprises, leurs lieux de travail, leurs gagne-pain, et c'est généralement le
seul qu'ils ont, leur héritage et leurs souvenirs». Et l'UPA rappelait :
«Un producteur agricole qui se fait exproprier de sa terre peut donc tout perdre. Et une terre agricole constitue une ressource
limitée et non renouvelable.» Donc, c'est pour dire que ce n'est pas banal, et on peut comprendre que, dans certaines
circonstances, l'autorité expropriante va devoir exproprier des terres
agricoles, mais encore faut-il s'assurer que l'agriculteur sera indemnisé
convenablement, ça m'apparaît tout à fait essentiel.
Le projet de loi
repose, quand on parle d'indemnités, et on aura l'occasion d'y revenir, M. le
Président, à plusieurs reprises, le projet de loi parle particulièrement de la
valeur marchande. Et, en soi, c'est un élément qui est reconnu. Cependant, le projet de loi fixe aussi des indemnités, d'une
façon beaucoup plus stricte, précise, qui laissent ou qui laisseront
moins de marge au tribunal, et ça, on en reviendra et on en reparlera dans le cadre
de l'étude article par article, mais il n'en demeure pas moins qu'il faut
s'assurer de ne pas enfermer dans un carcan trop rigide les modes d'indemnité
pour s'assurer que l'exproprié aura accès à une indemnité et à une juste
indemnité.
Dans le projet de
loi, on rappelle l'UMEPP, donc, qui est l'usage le meilleur et le plus
profitable, pour fixer la valeur sur la base
d'une évaluation optimale, c'est dans le projet de loi, sauf que la valeur au
propriétaire semble être exclue. Et
on aura l'occasion d'en reparler, M. le Président, mais il ne faudrait pas que
cette exclusion fasse en sorte que certains
expropriés ne soient pas indemnisés convenablement. Je le mentionnais un peu
plus tôt... en tout cas, pour moi, ce qui est important comme porte-parole de
l'opposition officielle, c'est de s'assurer qu'il y aura un équilibre entre
l'expropriant et l'exproprié. Et, quand je
lis le projet de loi tel qu'il est présenté, j'ai des doutes sérieux sur cet
équilibre.
• (11 h 30) •
L'autre élément que
je tiens à souligner d'entrée de jeu, M. le Président, et ça, c'est très
intéressant, la loi qui va modifier la loi actuelle sur l'expropriation est
présentée par la ministre des Transports et la Mobilité durable, et le
ministère des Transports est un des grands expropriants au Québec. On aurait pu
penser que, compte tenu des enjeux, ça
aurait pu être le ministère de la Justice ou le ministre de la Justice qui
aurait présenté le projet de loi, mais il est présenté par un ministère qui est, en même temps, un
expropriant, ça soulève plusieurs questions. Et, s'il n'y a pas, comme tel,
directement de conflits d'intérêts, ça soulève au moins certaines... certains
doutes quant à une apparence de conflit d'intérêts
entre la volonté du législateur et le ministère qui le dépose et les buts et
les fins recherchés par les différents mécanismes d'indemnité que l'on
retrouve dans le projet de loi.
L'autre
élément que je veux soulever, et, ça, on aura l'occasion d'en reparler pendant
qu'on va regarder et étudier tous les articles, je n'ai pas vu,
évidemment, je peux me tromper, mais je n'ai pas vu, dans ce projet de loi,
aucun mécanisme qui traite de la médiation
ou de la médiation obligatoire. Je soulève que ça pourrait être un élément
intéressant à considérer puisqu'une médiation, avant de se rendre au
tribunal, pourrait faire en sorte que les parties pourraient évidemment être en
mesure de régler leurs différends d'une façon plus efficace, à moindre coût et
plus rapidement, d'autant plus que le
gouvernement, dans ses récents projets de loi et, même, lois qui ont été
adoptées, a inséré ce processus de médiation obligatoire pour rendre
l'accès à la justice plus efficace. Donc, je le soulève d'emblée, c'est un
élément sur lequel nous devrions, à mon avis, nous attarder dans le cadre de
l'étude article par article de ce projet de loi.
Donc,
en conclusion, je vous dirais que le véritable enjeu, M. le Président, va être
de trouver un équilibre entre les droits des expropriants et les droits des
expropriés relativement à l'indemnité, et c'est un élément sur lequel moi,
je vais veiller dans le cadre de l'étude article par article de ce projet de
loi. Je vous remercie.
Le Président
(M. Jacques) : Merci beaucoup, M. le député de l'Acadie. J'invite
maintenant M. le député...
Des voix :
...
Le Président
(M. Jacques) : ...M. le député de Taschereau à faire ses
remarques préliminaires.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : Parfait. Merci beaucoup,
M. le Président. D'abord, salutations à M. le Président, Mme la ministre,
aux collègues du gouvernement, de
l'opposition, à tout le personnel qui est là pour nous accompagner lors de
l'écriture ou... oui, c'est ça, l'écriture de ce projet de loi là.
Salutations également aux gens qui sont à la technique, qui nous accompagnent
et qui sont essentiels, évidemment, à la bonne tenue de nos travaux.
Bien
heureux de prendre la parole sur cet important projet de loi. C'est vrai, ça a
été mentionné, c'est technique, c'est aride. En même temps, c'est un
projet de loi qui a un potentiel extrêmement intéressant et fondamental.
Fondamental parce qu'il pourrait permettre, si, évidemment, la version finale
du projet de loi l'autorise, permettrait de
résoudre plusieurs enjeux qui touchent le développement de projets de
transports collectifs, notamment, et la protection de l'environnement.
Sur...
D'abord, sur le développement de projets de transport en commun, bien, on
pourrait... je pense que ça a été mentionné
à plusieurs reprises, là, ça pourrait permettre d'accélérer la réalisation de
projets de transports collectifs, mais ça permettrait aussi de réduire les
délais qui sont liés à ces projets-là. Les groupes qu'on a entendus, ils ont
été nombreux à venir plaider en ce
sens-là, ont été clairs sur plusieurs aspects que je me permets de rappeler ici
et qui feront... qui nous permettront, là, de bonifier le projet de loi.
Bien, d'abord, la plupart des groupes
sont d'accord avec la notion de valeur marchande. Ça va permettre de mieux encadrer les indemnisations, donc de limiter les
coûts des projets. Je pense que l'exemple de la ligne bleue, notamment,
a quand même bien marqué les esprits. Les expropriations pour ce projet de
6 milliards de dollars là sont évaluées à 800 quelques milliards... millions de dollars, pardon, soit environ
13 % du coût total du projet, ce qui est évidemment énorme.
Le
projet de loi n° 22 a également le potentiel de bien
articuler, je pense que ça a été souligné par quelques acteurs, de bien articuler l'aménagement du territoire et
les transports collectifs pour répondre à plusieurs enjeux qui nous concernent tous, notamment l'étalement urbain. Des cibles de
réduction d'étalement urbain, on en a maintenant à travers la Politique nationale d'architecture et d'aménagement du
territoire et la loi qui l'enchâsse, la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Pour ça, bien évidemment,
il faudra donner davantage de pouvoir aux sociétés de transport en commun afin
qu'elles puissent, notamment... comme le
demandait Trajectoire Québec, d'avoir la possibilité d'exproprier pour autre motif
que simplement des infrastructures de transport en commun autour des
stations et aussi autoriser les sociétés de transport à avoir... à conclure des
ententes avec les promoteurs.
De la même manière,
comme le demandait la Société de transport de Montréal, il va falloir pouvoir
donner aux sociétés de transport la possibilité de transformer des
expropriations temporaires en expropriations permanentes. Dans ce dernier cas, ça permettrait non seulement
de bien articuler l'aménagement du territoire et les transports collectifs,
mais ça permettrait également de diminuer les coûts de projets parce que les
expropriations temporaires doivent être remises en état à la suite des travaux
à l'heure actuelle.
À
la société... La Société de transport
de Montréal y est allée aussi d'une
proposition que je juge très intéressante : que ne soit plus
nécessaire l'obtention d'un décret gouvernemental pour autoriser une
expropriation. La société de transport est assujettie à une foule de mesures de
surveillance, puis il n'est pas nécessaire d'avoir cette couche supplémentaire
de surveillance qui ne fait que ralentir les projets. Puis, d'ailleurs,
rappelons que les villes, les centres de services scolaires n'ont pas à faire
cette demande systématique de décret gouvernemental.
Sur la protection de
l'environnement, on va évidemment parler du fameux concept d'expropriation de
fait ou expropriation déguisée. Les groupes qu'on a entendus ont été
particulièrement éloquents à ce sujet-là. D'abord, rappelons que le principe d'expropriation déguisée vient des
propriétaires qui se sentent lésés par une action menée par une municipalité, qui, comme le rappelait la Fédération québécoise des municipalités, agissent en conformité avec leurs règles
de fonctionnement et en concordance avec les orientations gouvernementales via
la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, leurs schémas d'aménagement, leurs
plans métropolitains d'aménagement et de développement, etc.
Un exemple qui nous a
été donné par la Communauté métropolitaine de Montréal m'a particulièrement frappé. Ils ont actuellement un règlement de
contrôle intérimaire en vigueur qui touche neuf terrains de golf, dont la
valeur totale au rôle est de
58 millions de dollars. Or, la CMM est sous le coup d'une poursuite
qui totalise 408 millions de dollars, ce qui est énorme, c'est juste démesuré. Les municipalités du Québec
doivent pouvoir protéger leurs milieux humides, leurs milieux naturels
sans craindre une poursuite d'un propriétaire parce qu'il s'estime lésé.
Rappelons-nous que
nous nous sommes engagés à protéger 30 % de notre territoire d'ici 2030,
dans le cadre des accords internationaux que
nous avons négociés et que nous avons signés. Comme le disait la Société pour
la nature et les parcs, sans un p.l. n° 22 solide qui change les règles du jeu, on n'arrivera jamais à atteindre
cet objectif-là de 30 % de territoire protégé.
Plusieurs groupes
nous ont, par ailleurs, demandé de mieux définir ce qu'est l'expropriation
déguisée. Certains nous ont carrément demandé de retirer les articles qui y
font référence et les traiter dans un autre... dans d'autres projets de loi. Il m'est avis qu'on ne peut pas faire
l'économie actuellement de bien définir cette notion-là dans le présent
projet de loi et, au besoin, de modifier le plus rapidement possible d'autres
lois qui mériteraient de l'être, notamment la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme.
Finalement,
quelques remarques générales ont attiré mon attention, et je vais vouloir en
discuter éventuellement avec la
ministre. Une première, qu'on a très souvent entendue, bien, je demanderais que
le délai de six mois prévu entre la
sanction de la loi et son entrée en vigueur soit abrogé. Selon plusieurs
intervenants, ce délai n'est pas nécessaire, même d'un point de vue
technique, et il pourrait entraîner des fâcheuses conséquences, telles que
l'accumulation de cas de contestation ainsi
que de nombreux retards dans différents projets en cours ou sur le point de
l'être partout au Québec. Il faut se rappeler que la saison des travaux
est très courte ici, au Québec, et qu'une année de chantier est vite perdue.
• (11 h 40) •
Sur
l'usage probable, je suis convaincu que celui-ci doit être basé sur le zonage
initial et non pas le zonage espéré. Quand j'ai entendu cette
proposition-là de la Communauté métropolitaine de Québec, j'ai pensé au
documentaire Terre d'asphalte, que j'invite tout le monde à voir, évidemment,
dans lequel on voit bien que la valeur de terres agricoles fertiles est effectivement basée sur l'espoir d'un
changement de zonage, ce qui m'apparaît complètement contradictoire avec
l'importance de protéger notre territoire agricole et de choisir la
souveraineté alimentaire.
Parlant
d'agriculture, je souscris complètement à la proposition de la Communauté métropolitaine de Montréal de pouvoir exproprier des terres agricoles si
celles-ci ne sont pas exploitées pendant une durée de trois ans. Ces terres-là
doivent être remises en culture par des agriculteurs et des agricultrices de
chez nous.
Toujours concernant
l'agriculture, j'ai été convaincu par les propos tenus par l'union... par
l'UPA, L'Union des producteurs agricoles, concernant les indemnisations. Les
indemnisations prévues dans le p.l. n° 22 ne sont pas
suffisantes pour ceux et celles qui gagnent péniblement leur vie à nous nourrir.
Les agriculteurs et les agricultrices, même,
qui sont à la tête d'entreprises qui sont parfois très impressionnantes par
leur taille, bien, ces personnes-là ne sont pas riches, et leur donner des indemnisations suffisantes leur
permettait de poursuivre leurs activités dans un marché où les terres
sont extrêmement chères. Et, faire cela, ce n'est pas encourager la
spéculation. Comme je l'ai dit plus haut, c'est simplement s'assurer de
protéger notre territoire agricole et de maintenir notre souveraineté alimentaire.
Dernière remarque sur le milieu
agricole. Nous devons nous assurer qu'une demande d'expropriation ne puisse
pas se faire sans avoir eu au préalable une autorisation de changement de
zonage par la Commission de protection du territoire agricole du Québec. Comme
le mentionnait, encore une fois, très bien l'UPA dans son mémoire, cela permettrait d'éviter qu'on procède à des
expropriations, alors qu'il n'existe aucune garantie que le projet public puisse
être réalisé. Il s'agit d'une mesure qui doit
être ajoutée dans le présent projet de loi afin d'être conforme à la Politique
nationale d'architecture et d'aménagement du territoire, une politique adoptée
très récemment par la ministre des Affaires municipales.
Enfin,
j'ai reçu, de manière très positive, une suggestion de Me Burelle, qui
souhaitait que les frais d'avocat soient accordés aux expropriés qui en
auraient besoin, tout en s'assurant de les encadrer avec certaines balises afin
d'éviter les excès. Cette
proposition, qui m'apparaît juste pour les petits expropriés, mais, en même
temps, bien nuancée, mérite tout à fait notre attention.
Une
chose certaine, c'est qu'on va aussi, en trame de fond de ce projet de loi,
discuter d'enjeux fondamentaux touchant
le droit de propriété et les droits collectifs, et, d'entrée de jeu, j'aimerais
rappeler quelques éléments qui vont guider
mes interventions tout au cours de l'étude détaillée. D'abord, le droit de
propriété n'est pas enchâssé dans notre charte québécoise et... dans nos
chartes québécoise et canadienne. Ce qui s'en approche le plus se trouve dans
la charte québécoise, comme l'a mentionné mon collègue tout à
l'heure : «Toute personne a droit à la jouissance paisible et [...] la libre [et] disposition de ses biens, sauf
dans la mesure prévue [dans] la loi.» On comprend, donc, que le droit de
propriété n'est pas un droit qu'on devrait
sacraliser et qu'il ne s'éteint que dans le respect des lois en vigueur. Et, en
ce qui concerne la loi sur les expropriations, nous sommes, justement, en train
de la modifier. Le droit de propriété n'aura donc qu'à s'y conformer.
Sur la crainte que
certains groupes ont dit avoir, que le projet de loi pourrait avoir pour effet
d'effrayer les promoteurs immobiliers, bien,
je les comprends d'avoir certaines craintes. Actuellement, ils font ce qu'ils
veulent, et certains gros promoteurs,
avec l'aide de nombreux avocats, n'attendent que ça, d'être expropriés. Avec
les règles actuelles de la spéculation, c'est devenu une business qui se
fait sur le dos de tous les contribuables québécois. C'est ce système-là qui est digne du Far West, M. le Président, que
certains groupes sont venus défendre pendant les auditions, un système qui
nous appauvrit collectivement, un système qui ralentit la réalisation de
projets dont on a besoin, un système qui nous limite dans notre capacité à
protéger nos milieux humides, nos milieux naturels.
Au
contraire, les municipalités que nous avons questionnées, à savoir si le p.l.
n° 22 pourrait avoir une incidence négative sur l'attractivité du Québec auprès des promoteurs immobiliers,
nous ont toutes répondu de la même manière : il n'y a pas de crainte à avoir. Selon elles,
autant les corps expropriants que les expropriés pourront dorénavant compter
sur une plus grande prévisibilité. Je n'ai
aucune crainte que le marché de l'immobilier va demeurer un secteur d'activité
très lucratif malgré le p.l. n° 22 dans les prochaines années. D'ailleurs,
comme nous l'ont dit les représentants de la ville de Mascouche, le p.l. n° 22 peut aider à lutter contre la crise
du logement en permettant de faciliter la construction de logements sociaux. Pour délivrer des logements
sociaux, ça prend bien entendu des moyens financiers suffisants, mais ça
prend également de la prévisibilité au niveau des coûts et au niveau des délais
de construction.
De manière générale,
rappelons-nous que l'objectif que nous devons poursuivre ici est de s'attaquer
à la spéculation. C'est ça, l'enjeu. C'est
cet élément-là qui doit être au coeur de notre action au cours de l'étude
détaillée du p.l. n° 22.
D'ailleurs, on a beaucoup entendu les différents intervenants parler de
l'importance de rechercher un équilibre entre les expropriés et les corps expropriants. Et, sans surprise, cette
formule a été utilisée à la fois par les organisations qui espèrent des changements qu'on trouve
actuellement dans le p.l. et par des groupes qui, sans le nommer explicitement,
étaient davantage à la recherche du statu quo. Je vais vous dire sans
équivoque de quel côté je me situe. La loi doit moderniser le Québec pour accélérer les projets de transports collectifs
et en réduire les coûts et doit également protéger les municipalités qui
font juste leur boulot de protéger l'environnement en toute concordance avec
les orientations gouvernementales.
En terminant, M. le
Président, je me permets de citer quelques extraits du mémoire du Centre
québécois pour le droit de l'environnement : «L'humanité fait face à un
défi existentiel. La réponse qu'elle opposera à la menace que constitue la
perte de la biodiversité et les changements climatiques dictera non seulement
les chances de survie de notre espèce, mais
aussi les conditions de vie de nos générations actuelles et futures. Le succès
de nos efforts pour contrer cette
menace existentielle dépendra de notre capacité, de notre volonté et de notre
engagement comme nation à protéger notre
territoire commun, les milieux naturels et les habitats des espèces fauniques
et floristiques. L'expropriation est un outil incontournable de
protection du territoire, de conservation et de lutte contre les changements
climatiques.»
Donc,
on a une chance unique, avec le p.l. n° 22,
M. le Président, d'agir en ce sens. L'urgence, elle est bien présente.
L'urgence, elle est là. Nous allons travailler en ce sens-là, en toute
collaboration avec la ministre et le gouvernement. Mais, je le rappelle, le p.l. n° 22
se doit d'être ambitieux et de moderniser le Québec, considérant les enjeux qui
sont les nôtres aujourd'hui. Merci.
Le Président
(M. Jacques) : Merci, M. le député de Taschereau, et j'invite
maintenant Mme la députée de Vaudreuil à faire ses remarques préliminaires.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Merci. Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, à mon tour de, d'abord, saluer Mme la ministre et son équipe, qui est nombreuse, disons-le. Alors,
salutations. Salutations aux collègues aussi, aux collègues de la banquette ministérielle, mais aussi aux collègues
de l'opposition et aux équipes ministérielles, au personnel de l'Assemblée
nationale. Donc, salutations.
Je me permets aussi de
saluer et de remercier les groupes qui sont passés en commission parlementaire
et qui ont produit des mémoires. Nous, on n'est pas les experts, hein? On est
des élus. On siège à l'Assemblée nationale, on siège sur différents projets de loi, on est les législateurs. Bien sûr,
là, la ministre, elle a une équipe autour d'elle puis elle a les spécialistes,
mais nous, dans l'opposition, on travaille beaucoup avec les groupes qui
viennent faire des présentations, avec les mémoires et avec leur
expertise, les questions qu'on leur pose. Donc, ils nous orientent beaucoup
dans notre cheminement puis ils nous aident
beaucoup quand on arrive, justement, comme ça, dans des... article par article.
Alors, permettez-moi de les saluer.
Puis souvent, je le dis, souvent, on les
brusque, on ne leur donne pas beaucoup de temps pour produire leurs mémoires ou
pour venir à l'Assemblée nationale, mais, tout de même, je les remercie
énormément de participer à cet exercice, à
cet exercice qui est vraiment un exercice superimportant. Puis, on le voit ici,
le projet de loi n° 22, c'est un projet
de loi qui vient toucher des enjeux sensibles et importants pour l'ensemble du
Québec. Donc, voilà, en gros. Merci.
Mes collègues
en ont parlé précédemment, de l'importance du droit de propriété. On le voit... Je remarque
qu'on le voit peut-être tous de façon un peu différente, au niveau de
l'importance qu'on lui accorde. J'ai une formation juridique,
puis moi... en fait, moi, le droit de propriété, c'est quelque chose qu'on a
étudié, on l'a étudié au bac en droit, on l'a étudié
au Barreau, ça fait que, moi, le droit de propriété, c'est quelque chose en
quoi je crois vraiment beaucoup. Et je suis
aussi les différents jugements et je me rappelle que la Cour suprême a déjà dit
que c'était un droit quasi constitutionnel qu'est le droit de propriété.
Ce n'est quand même pas rien, alors qu'on est dans une société de droit. Donc,
il faut reconnaître que c'est un droit qui est fondamental. Donc, le droit de
propriété, pour moi, c'est important.
Puis, comme
disait mon collègue de l'Acadie, ça affecte aussi le droit des gens, le droit
de la population. Ce n'est pas nécessairement juste des gros promoteurs,
ce n'est pas nécessairement juste des grosses entreprises. Il y a aussi des personnes qui sont affectées directement par
le droit de propriété. Puis je pense... On en a vu, là, des jugements, des
petits ex-propriétés... des petits
expropriés, je veux dire, qui habitent dans une maison depuis plus de 75 ans ou
50 ans puis qui sont départis de
leurs biens et peut-être pas, justement, à la bonne valeur. Donc, je pense que,
le projet de loi n° 22, il va falloir trouver un équilibre. Je
pense que le mot «équilibre», là, c'est le mot qui représente le plus le défi
qu'on a dans le projet de loi n° 22, trouver
l'équilibre entre l'expropriant et l'exproprié.
• (11 h 50) •
Puis, ici, je
le dis d'emblée : Avec les modifications qu'on apporte dans le projet de
loi n° 22, on donne beaucoup, beaucoup d'importance à
l'expropriant. On vient donner beaucoup de pouvoirs à l'expropriant, et, selon
moi, c'est un gros déséquilibre pour
l'exproprié, un gros préjudice. Il y a beaucoup de préjudices pour les
expropriés. Donc, je pense qu'il va falloir trouver une façon de les
rétablir. Je suis sûre qu'il y aura une belle ouverture de la part de la
ministre et de son équipe à cet effet-là.
Ça a été
soulevé aussi par les groupes. Ça a été soulevé par les... ça a été soulevé par
le Barreau, donc... Puis, dans le fond, ce qu'on nous dit, c'est qu'on
vient, ici, amender une loi, tu sais, on vient, ici, amender une loi générale,
une loi-cadre pour des difficultés
particulières qu'on rencontre au cours des années au Québec. La CMM en a parlé,
ils ont neuf cas particuliers, puis
là on va venir amender, chambouler une loi de fond en comble pour certains cas
particuliers. Donc, moi, je pense
qu'il faut vraiment faire attention. Il faut se soucier pas juste des
modifications de nature procédurale, comme
disaient les collègues, mais aussi des modifications de droits substantifs.
Puis c'est là où c'est plus préoccupant.
Donc, ce
projet de loi là, évidemment, ça ne doit pas être un recul. Ça doit être un
avancement, ça doit être un avancement pour le Québec et ça doit être un
avancement pour le droit de propriété. Donc, il y aura... Parfois, la ligne
peut être mince, mais il y aura, donc, des défis, particulièrement quand on
sait que la majorité des expropriations sont fait par le ministère des
Transports du Québec. Donc, la ministre va avoir beaucoup de pouvoir. Et c'est
elle qui, je pense... puis je vais donner un
chiffre, là, mais je ne suis pas certaine, mais c'est autour... je pense que
c'est plus de 90 % ou 93 % des expropriations au Québec...
sont faits par le MTQ. Donc, à la limite, s'il n'y a pas de conflit d'intérêts,
il y a peut-être apparence de conflit
d'intérêts, parce qu'on se donne, ici, des pouvoirs immenses d'expropriation.
Moi, ça m'embête un peu puis ça me
rend... je vais le dire comme ça, M. le Président, mais ça me rend, à la
limite, inconfortable dans certains cas, dans certains dossiers. Donc,
je pense qu'il va falloir le regarder.
Puis je me permets même un... bien, c'est un
commentaire, un commentaire peut-être un peu plus personnel parce que j'ai parlé avec différents groupes qui
sont venus à la commission parlementaire, puis, bien sûr, les gens voient le
projet de loi qui arrive puis ils se
disent : Bien, tu sais, oui, on vient produire un mémoire, oui, on vient
présenter notre mémoire en commission parlementaire, mais ça...
peut-être que ça aurait été une bonne idée de faire une table de travail préalablement au projet de loi n° 22, d'asseoir tout ce monde-là ensemble, surtout dans le cas où le MTQ
est le responsable et, en fait, est le
maître d'oeuvre de 95 % des expropriations au Québec, 93 %,
95 %. Bien, il aurait peut-être
fallu asseoir ce monde-là autour de la table puis travailler ensemble,
justement, pour produire un projet de loi qui n'aurait pas été aussi
déséquilibré.
En fait, moi, je le vois, le déséquilibre dans
le projet de loi n° 22, puis, je le dis ouvertement,
ça m'embête. Puis je vais essayer de
travailler du mieux que je peux en déposant des amendements et en apportant des
arguments à la ministre justement pour essayer de rétablir cette... ces
injustices puis ce déséquilibre qui est, pour moi, flagrant.
Les collègues en ont parlé aussi, évidemment,
encadrer les indemnisations, la représentation par avocat. La représentation
par avocat, là, ce n'est pas banal, là. On va donner le pouvoir de... On va
donner la possibilité de faire des
interrogatoires au préalable, mais le petit exproprié, peut-être que c'est un
couple, une madame de 75 ans, peut-être nos parents, là, ma mère de
77 ans qui pourrait se faire exproprier, qui s'en irait dans un
interrogatoire au préalable sans être représentée, alors que l'autre partie va
être représentée. Puis il n'y aura pas personne pour intervenir, pour s'objecter, pour dire : Bien, ça va peut-être
un peu trop loin ou... Ça fait que moi, moi, j'ai vraiment... j'ai vraiment un
problème avec ça et je pense aussi que la médiation au préalable devrait être
une piste ou un mécanisme à envisager, à introduire dans le projet de loi. Puis je le
dis... je me dis même que la partie gouvernementale ne peut pas être fermée à
cette notion de médiation puisqu'on a travaillé le projet de loi n° 8
avec le ministre de la Justice, et, maintenant, la médiation, elle est partout, hein? Il y a de la médiation en droit
familial, il y a de la médiation en droit civil, il y a de la médiation
aux petites créances, il y a de la médiation partout, imposée, obligatoire.
Donc, je ne vois pas pourquoi, dans des cas comme ceux qu'on va travailler ici,
on ne viendrait pas, justement, intégrer ce mécanisme-là de façon obligatoire,
surtout qu'on dit souvent que les expropriations, ça se règle souvent de gré à
gré, hein? Ça se règle... la plupart, tu sais, la plupart, oui, il y a des
contestations, mais, à la fin, ça se règle de gré à gré. Bien, peut-être qu'on
pourrait même... la médiation au préalable est peut-être justement le bon mécanisme
pour éviter de... d'engorger les tribunaux.
Il
y a la partie des délais aussi. Je ne sais pas si on va réussir à s'entendre
sur la partie des délais. Vraiment, là, on voit, il y avait une grande divergence, là, au niveau des délais.
Moi, je vous donne mon avis. Moi, je... Selon moi, les délais se font quand même assez rapidement pour
devenir propriétaire quand on exproprie. Puis moi, j'ai en tête le dossier
de l'hôpital de Vaudreuil-Soulanges. Une
fois que le gouvernement avait émis... a émis son décret, quatre mois plus
tard, le CISSSMO était propriétaire,
en fait, on était propriétaires, puis l'hôpital était déjà... la construction
commençait, bien que la contestation
des indemnités, des montants est encore en cour. Donc, selon moi, les délais
sont quand même assez rapides, mais, bien sûr, ça sera... on pourra
échanger sur cet aspect-là.
Donc,
voilà, M. le Président, pour moi. Bien, j'ai fait un résumé. Je ne voulais pas
non plus être superredondante. Je
partage certaines positions... certaines positions des collègues. Pour
d'autres, bien, j'aurai mes amendements et j'aurai, évidemment, là, mes
arguments à présenter à la ministre.
Ce que je souhaite,
évidemment, M. le Président, puis je... Moi, je... On n'a... Je ne pense pas
avoir travaillé de projet de loi... Je ne
pense pas qu'on a travaillé de projet de loi ensemble. J'ai fait beaucoup de
projets de loi avec vous, M. le
Président, en municipal. On a, je pense, hein, trois, au moins trois... Bien,
oui, des omnibus, là. On en a fait deux? Bien, des omnibus en droit
municipal où, tu sais, ça va bien, puis les échanges sont bons, puis il y a une
ouverture. On se rappelle, évidemment, qu'on
travaille pour l'ensemble des citoyens, l'ensemble des citoyens du Québec.
Voilà, M. le Président.
Le Président
(M. Jacques) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui souhaitent faire des remarques préliminaires? Mme
la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw :
Merci, M. le Président. Je suis très heureuse de pouvoir participer à
l'étude détaillée du projet de loi
n° 22. Et, pour commencer, je tiens à vous saluer, M. le Président, et
aussi le secrétariat qui vous assiste et qui nous assiste dans nos
travaux en commission. Évidemment, je salue la vice-première ministre, la
ministre des Transports et de la Mobilité durable, et ainsi que les équipes qui
l'accompagnent, et aussi, bien évidemment, les députés de la banquette ministérielle, enfin, les collègues de la
deuxième opposition et la députée de Vaudreuil. Je veux aussi saluer mon
collègue le député de l'Acadie, qui effectue un travail formidable comme
porte-parole de l'opposition officielle en matière de transports et de
mobilité durable.
Ce
nouveau projet de loi remplacera l'ancienne loi, qui date d'une quarantaine
d'années. Et c'est... il est approprié de
la revoir et d'y effectuer plusieurs mises à niveau afin qu'elles reflètent les
besoins toujours grandissants des projets d'infrastructures collectifs au
Québec et aussi le besoin de se donner les moyens, les moyens efficaces pour
atteindre nos cibles en matière de
biodiversité et de changements climatiques. Bien préparé, bien étudié, ce
projet de loi, je pense, permettra
aux villes et à l'État de faire des économies importantes lors d'expropriations
liées à des projets d'infrastructure ou des achats de terrains pour les
pouvoirs publics.
Le
Québec est l'une des dernières provinces canadiennes où l'interprétation de la
Loi sur les expropriations aligne les... aux propriétaires en fonction
de leur valeur anticipée de leurs terrains. Considérant l'explosion de la
facture des expropriations dans le cadre du prolongement de la ligne bleue, par
exemple, il y a lieu d'intervenir.
L'étude
de cette loi doit assurer que le nouveau processus d'expropriation soit
équitable, soit juste et équitable. Et nous ne pouvons pas retomber dans des
processus difficiles, tel qu'il a lieu par le passé. Nous nous sommes
assurés, pendant l'entièreté des
consultations, que les commentaires de tous et de toutes ont été entendus et
qu'ils seront considérés pendant l'étude détaillée.
Ce
projet de loi devrait permettre aux municipalités d'atteindre plus facilement
les objectifs du gouvernement en matière
de protection du territoire québécois. Et ce n'est pas surprenant, parce qu'à
titre de porte-parole en environnement, en matière d'environnement et changements climatiques ainsi que faune et
parcs, il est important pour moi de souligner l'importance de la
protection de l'environnement, de la faune et la biodiversité. Donc, le volet
environnemental est essentiel à considérer
lorsqu'on fait les débats sur l'expropriation. Et, comme je le disais, la
nouvelle loi devrait permettre aux villes d'atteindre les objectifs
établis par le gouvernement provincial, le gouvernement du Québec, en termes de
protection environnementale.
• (12 heures) •
En
effet, on se rappelle, il y a à peine un an, lorsque le ministre de
l'Environnement, de la Faune et Parcs, la Lutte contre les changements
climatiques, en marge de la COP15, ici, au Québec, à Montréal, sur la
biodiversité... il a annoncé que le gouvernement du Québec s'engageait à
investir 650 millions de dollars afin d'assurer la protection de
30 % de notre territoire d'ici 2030. Il avait même indiqué que le Plan
nature 2030 va se décliner sur trois axes, en trois axes : le premier, c'est de donner aux
Québécois plus d'accès à la nature, le deuxième est de protéger nos espèces
menacées et vulnérables, et le troisième est
d'appuyer le leadership autochtone dans la conservation de la
biodiversité.
Il faut, donc, se
donner les moyens concrets pour atteindre nos objectifs québécois, tant au sud
du Québec que dans le Grand Nord . Il faut aussi faire le lien avec les changements climatiques. On
comprend très bien que, parmi l'inventaire des solutions pour contrer
les changements climatiques, celles qui sont basées sur la nature sont parmi les plus efficaces. Il faut, donc, veiller à la
conservation, oui, pour sa valeur intrinsèque, absolument, de la biodiversité,
mais aussi pour contrer, pour atténuer les changements climatiques.
Des
consultations particulières ont été tenues pendant quelques jours, les 14, 19,
20 et 21 septembre, et je tiens à remercier, encore une fois, tous
les groupes, les organismes et les experts qui sont venus présenter, en
personne ou en virtuel, leurs remarques,
leurs commentaires et, surtout, leurs recommandations. Ces consultations nous
permettent de mieux comprendre les impacts du projet de loi, et voir
comment on peut l'améliorer et le bonifier. En tant que porte-parole sur
l'environnement et les changements climatiques, je voudrais saluer... souligner
l'apport du Centre québécois du droit de
l'environnement et de la SNAP,
Société pour la nature et les parcs, Québec, et je les remercie pour leur
contribution, parmi d'autres, et je trouve qu'il y a des pistes intéressantes
dans les mémoires dont, par exemple, le besoin d'encadrer l'expropriation déguisée, mais on ne va pas rentrer
dans les détails maintenant, parce que ce sont des remarques
préliminaires.
Alors,
en conclusion, je suis très contente de pouvoir participer à l'étude détaillée
du projet de loi n° 22, vu, surtout, l'aspect environnemental
du sujet étudié, soit les expropriations. Ma formation politique et moi, nous
sommes ici dans un esprit de collaboration
pour bonifier le projet de loi, parce que nous voulons nous assurer que ce sera
le meilleur projet de loi possible pour tous les Québécois et
Québécoises. Merci.
Étude détaillée
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres membres de la commission qui
souhaitent faire des remarques préliminaires?
Donc,
avant de débuter l'article par article, est-ce qu'il y a des motions
préliminaires? Donc, il n'y a pas de motion préliminaire.
Je prends en
considération l'article 1. Mme la ministre... Oh! un instant. Oui?
M. Morin : ...permettez-moi, donc, avant le début de l'étude
détaillée, de souligner... tel que prévu à l'article 245, et conformément
à notre jurisprudence, pour cette étude détaillée, je demande à ce que les
articles de ce projet de loi soient étudiés
alinéa par alinéa et paragraphe par paragraphe, et à ce que chacun des articles
qu'on propose de modifier ou d'ajouter dans les lois existantes soient
étudiés séparément là où c'est applicable.
Le Président
(M. Jacques) : Parfait. Nous prenons en considération votre
demande. Maintenant, l'article 1. Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Merci, M. le Président. Donc, article 1 :
«La
présente partie régit les expropriations de droits qui portent sur un immeuble
et qui sont permises par les lois du Québec et a notamment pour
objet :
«1° d'établir la
procédure d'expropriation et l'instance en fixation de l'indemnité
d'expropriation;
«2° de prévoir
les règles relatives à la fixation et au versement de toute indemnité due,
selon la loi, en raison d'une expropriation.»
Alors, on vient
simplement placer la loi ou, en tout cas, énoncer l'objectif de la loi.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. M. le député.
M. Morin :
Oui, merci, M. le Président. Alors, effectivement, cet article-là traite de
la procédure, mais, pour ma part, je pense
qu'il y a un élément qui est manquant. D'ailleurs, on va proposer un amendement
à l'article 1 de la loi. J'en ai
parlé dans mes remarques préliminaires, M. le Président, je pense qu'il est
aussi important d'assurer un équilibre entre les droits des expropriants
et de l'exproprié. Puisqu'on est dans des dispositions générales, et qu'on
parle de l'ensemble du projet de loi, rappeler cette mesure, je pense,
permettrait de bien cerner ce qu'on veut faire par une expropriation, donc de s'assurer que des gens, évidemment, ne perdront
pas indûment... et qu'ils pourront, par ailleurs, se replacer ou
relocaliser par la suite, étant entendu qu'on reconnaît que certaines autorités
doivent avoir ce pouvoir d'exproprier.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce que vous voulez déposer votre amendement? Est ce qu'il y a d'autres...
M. Morin :
Il est... M. le Président, il a déjà été envoyé.
Le Président
(M. Jacques) : ...suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
12 h 06)
(Reprise
à 12 h 12)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Avant la suspension, M. le député de l'Acadie venait...
était pour déposer un amendement. Je vous invite à faire la lecture et donner
vos explications. Merci.
M. Morin :
Parfait. Merci, M. le Président. Donc, la modification qui est... la modification
qui est proposée à l'article 1, en fait, du projet de loi est un ajout, et
qui se lirait comme suit, donc :
L'article 1 du
projet de loi est modifié par l'insertion, à la fin de l'article, du paragraphe
suivant :
«3° d'assurer un
équilibre entre les droits de l'expropriant et ceux de l'exproprié.»
L'article modifié se
lirait comme suit, donc :
«La
présente partie régit les expropriations de droits qui portent sur un immeuble
et qui sont permises par les lois du Québec et a notamment pour
objet :
«1° d'établir la
procédure d'expropriation et l'instance en fixation de l'indemnité
d'expropriation;
«2° de prévoir
les règles relatives à la fixation et au versement de toute indemnité due,
selon la loi, en raison d'une expropriation; [et]
«3° d'assurer un
équilibre entre les droits de l'expropriant et ceux de l'exproprié.»
Cet amendement est
proposé, M. le Président, et je le disais d'emblée dans mes remarques
préliminaires... ce que je souhaite, avec ce
projet de loi, tout en reconnaissant que l'État ou certaines autorités,
notamment sociétés de transport ou
municipalités, doivent avoir ce pouvoir d'exproprier pour leurs fins, mais
qu'il faut s'assurer que la personne, elle, qui est expropriée et qui,
au fond, peut toujours contester l'expropriation, mais dans des limites, dans
un cadre qui est quand même très limité, et dans la majorité des cas, la
personne sera expropriée à la fin de l'exercice... donc, de s'assurer qu'elle ne perdra pas. Il ne s'agit pas
ici de parler, évidemment, d'un enrichissement qui pourrait être indu, mais,
par la même occasion, je ne voudrais pas que la personne subisse une perte.
Et, puisqu'on parle,
au tout début du projet de loi, des dispositions générales, et donc qu'on fixe
certains principes... c'est, d'ailleurs, la
raison pour laquelle le législateur nous rappelle qu'avec le projet de loi on
veut fixer la procédure d'expropriation et on veut prévoir les règles
relatives à la fixation et au versement de toute indemnité... donc, quand le législateur, dans ces dispositions
générales, nous invite à réfléchir, et à la fixation de toute indemnité, moi,
je pense qu'il est important d'ajouter qu'il
faut assurer un équilibre entre les droits de l'expropriant et ceux de
l'exproprié pour s'assurer que l'exproprié
aura, effectivement, une indemnité qui va lui permettre, évidemment, de se
ramasser dans une situation, si ce n'est pas identique, à tout le moins,
très semblable à celle qu'il vivait avant l'expropriation.
Et
permettez-moi... permettez-moi... puis j'en parlais dans mes remarques
préliminaires, mais permettez-moi de citer quelques cas en lien avec
l'impact d'une expropriation. Dans son mémoire, l'IEDM, donc l'Institut
économique de Montréal, nous donnait
certains exemples de gens qui... des gens ordinaires, là, qui ont vécu une
expropriation. On fait référence, à la page 3 du mémoire, de deux
septuagénaires qui vivaient à Mirabel et on nous rappelle l'impact de
l'expropriation qui peut se produire lorsque les gens sont expropriés. Alors,
on dit, et je cite : «Du jour au lendemain, leur univers a chamboulé. La municipalité voulait acquérir la demeure,
la démolir et modifier l'alignement d'une route.» Et on peut comprendre,
M. le Président, bon, qu'il est important pour des municipalités d'assurer, évidemment,
la sécurité et la sécurité routière sur leur territoire. Mais on souligne ici,
et je cite : «Non seulement le coût émotionnel, physique et moral était difficile à vivre pour les gens qui allaient
être expropriés, mais le montant de dédommagement proposé par la ville était
nettement en deçà du prix permettant à ce couple de se reloger dans une
habitation similaire.» Et vous comprendrez, M. le Président, que ma
préoccupation, elle est là.
Dans un cas comme ça,
ici, on ne parle pas d'un grand promoteur ou d'un spéculateur. On parle de
gens, de gens comme vous et moi, qui avons, à un moment donné, une maison, ou
qui sommes locataires, et qui vont se voir expropriés
par une autorité expropriante, et donc de s'assurer qu'ils pourront être
replacés dans une situation similaire. Or,
dans le cas qui nous est rapporté dans ce mémoire qui a été déposé, bien,
malheureusement, ce couple de septuagénaires
à Mirabel se ramassait dans une situation où le prix qui était donné par la
ville ne leur permettait pas de se reloger.
Et on nous dit, on
nous rappelle que, dans chaque cas d'expropriation, il y a aussi des histoires
humaines, des projets brisés ou des vies qui
sont chamboulées. Je reconnais d'emblée que la nécessité d'exproprier doit
exister, doit être justifiée par les
collectivités locales, mais il ne faut pas oublier les conséquences qui en
découlent, le coût émotionnel, la
perte de sécurité, de stabilité, du sentiment d'appartenance, qui peuvent
laisser des cicatrices profondes sur des personnes, sur des couples.
On
dit ici : «Heureusement, le couple de retraités a été en mesure de
parvenir à une entente à l'amiable avec la municipalité.» C'est tant mieux.
D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle non seulement je parlais d'un
équilibre, mais, en plus, je disais
qu'il va falloir réfléchir également à la médiation. Mais il n'en demeure pas
moins que, dans un premier temps, ces
personnes-là se seraient vues expropriées et auraient reçu un montant inférieur
à ce qu'ils devaient recevoir pour pouvoir se relocaliser.
Donc,
c'est la raison pour laquelle je pense que, puisqu'on parle des dispositions
générales et qu'on veut brosser un tableau général de ce qu'il va
arriver avec une expropriation, bien, de rappeler et de dire... parce que le
Parlement, c'est ce qu'il fait quand il édicte une loi... et de dire clairement
qu'il faut retrouver un équilibre entre les droits de l'expropriant et ceux de
l'exproprié. Je vous remercie.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? M.
le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Sur l'amendement, donc, bien, de manière
générale, je n'ai pas de... on n'a pas de problème avec la notion
d'équilibre, évidemment. En même temps — on en a beaucoup parlé
pendant les auditions, j'en ai parlé aussi pendant mes remarques préliminaires — je
pense qu'il y a un nouvel équilibre à trouver aussi. Ce qu'il faut éviter,
c'est que la recherche d'un équilibre nous maintienne dans le statu quo. C'est ça qu'on veut améliorer, c'est ça qu'on veut
moderniser ici au Québec. J'entends le collègue de l'Acadie parler de cas. Ça
fait deux fois, là, qu'il cite des cas qui se sont passés dans le passé au
Québec, Forillon, Mirabel, des cas qui se sont passés dans les années 60,
70, quelque chose comme ça. Il ne faudrait pas que ces cas-là, qui se sont
passés il y a fort longtemps, qui sont des cas d'exception, deviennent
les exemples qui guident notre travail, ici, dans l'écriture du projet de loi
n° 22.
• (12 h 20) •
On a posé des
questions aux villes, je les ai posées, moi aussi, les questions, aux villes,
sur les questions des locataires, sur les
petits propriétaires, puis, évidemment, il faut s'assurer que les
dédommagements, les indemnisations qui
sont donnés à ces populations plus vulnérables là soient à la hauteur de ce
qu'elles ont besoin d'avoir pour pouvoir se relocaliser, pour pouvoir... c'est ça, pour pouvoir continuer à vivre
décemment puis dans les quartiers qu'elles ont choisi de vivre. Mais les villes nous ont répondu aussi
qu'il y avait des mécanismes d'accompagnement qui existent aussi au sein
des municipalités, pour les accompagner.
Donc, je ne veux
pas... je veux juste qu'on soit précautionneux avec les exemples qu'on va
utiliser et je veux qu'on s'assure, en même
temps, qu'on n'utilise pas indûment des cas d'exception ou des cas qui se sont
passés il y a fort longtemps pour orienter notre travail. Ce qui
m'intéresse aussi, à travers l'écriture du projet de loi n° 22, c'est que
le droit collectif soit bien protégé, parce qu'actuellement là, il y a un
déséquilibre. On le voit, ça coûte cher, réaliser des projets de transport collectif, c'est long, réaliser des projets de
transport collectif. Il y a des municipalités qui ne sont pas capables
de faire leur job de protéger les milieux naturels. Est-ce qu'on va mettre tout
ça de côté parce que certaines personnes...
Puis,
encore une fois, ce sont... Puis on en a entendus, des cas, là, puis des
«bills» non documentés, là. Les coûts... l'augmentation des coûts de réalisation
des projets ou les délais sont causés par des gens qui font de la spéculation
de business. Est-ce qu'on va mettre le droit
collectif de côté parce qu'il s'est passé quelque chose à Forillon, à Mirabel,
voilà plusieurs années, alors que les
choses ont bien changé à ce niveau-là? Moi, je nous inviterais à être très
précautionneux.
Ça fait que, sur
l'amendement, écoutez, je n'ai pas de problème à ce qu'on le laisse si c'est
nécessaire, si ça peut... mais il faut
absolument s'assurer que ce qui guide notre travail, ce soit la recherche d'une
amélioration des conditions dans
lesquelles on est capables de réaliser nos projets, puis de la façon dont on
peut protéger nos municipalités, qui ne font que leur travail de suivre
les orientations gouvernementales. Merci.
Le Président
(M. Jacques) : Merci, M. le député. Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui, merci, M. le
Président. Bien, je veux juste apporter peut-être une clarification, là. Le
dossier de Mirabel, dont parlait le collègue
de l'Acadie, là, c'est 2021, 2022. Ça fait que ce n'est quand même pas quelque
chose du... qui remonte à si loin que ça.
Je
donne mon avis... Puis je comprends, tu sais, je comprends que ça va être
difficile à trouver... Puis c'est vrai que
c'est long, là, faire des projets pour du transport en commun ou dès qu'il y a
un côté expropriation. Puis, je le réitère, on l'a vécu, nous, avec l'Hôpital Vaudreuil... l'Hôpital
Vaudreuil-Soulanges, que ça peut être, des fois... tu sais, il y a des possibilités, soit pour les municipalités,
soit pour la CPTAQ, soit pour les citoyens, de mettre les bâtons dans les
roues. C'est là... en tout cas, moi, quand je parle d'équilibre, c'est
là que je fais référence où il faut trouver un équilibre. Puis je pense, honnêtement, que, dans le projet de
loi, dans la forme qu'il est proposé présentement, il y a beaucoup... il
y a vraiment un grand avantage pour l'expropriant plutôt que l'exproprié. Donc,
vous comprendrez que moi, je serais favorable
à ce qu'on ajoute... Puis ce n'est pas préjudiciable ni pour un ni pour
l'autre, parce qu'on les nomme tous les deux là, dans l'amendement, tant
l'expropriant que l'exproprié.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le Président.
Alors, juste, brièvement, le cas que je mentionnais de ce couple de septuagénaires
à Mirabel, ma collègue y a fait allusion, ça date de 2022, pour... donc, c'est
très récent. Pour les autres cas, j'ai bien écouté mon collègue, je dirais que
l'avantage que nous avons, au Québec, avec notre devise, qui est Je me
souviens, c'est de connaître notre
histoire, et, si, dans l'histoire, on a eu des drames, bien, il faudrait
s'assurer qu'on ne les répète pas
dans l'avenir. Je n'ai rien contre l'avancement, je n'ai rien contre la
créativité, mais rappelons aussi ce qu'il est arrivé, pour assurer de ne
pas répéter les mêmes erreurs. Je vous remercie.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : ...M. le Président. Je
veux juste enchaîner sur les remarques de mon collègue député de l'Acadie.
On aimerait savoir comment la ministre reçoit cette recommandation,
effectivement, comment elle prévoit s'assurer, justement, de ce nouvel
équilibre entre les trois. On aimerait l'entendre. Et, si elle n'accepte pas
notre amendement, j'aimerais que la ministre
nous explique comment le droit de propriété... bien, comment, justement,
atteindre cet équilibre. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui,
bien, écoutez, de prime abord, je pense que personne ne peut être contre
l'esprit qui est derrière le libellé de la phrase derrière l'amendement,
assurer un équilibre entre sur les droits de l'expropriant et ceux de l'exproprié. C'est la philosophie qui
prévaut toujours dans l'administration générale de la loi sur l'expropriation et
qui, pour une certaine part, en ce moment,
de toute façon, est fixée par les tribunaux, quand on parle des indemnités, et
tout ça. Alors donc, c'est un souci qui est
partagé à la fois par le législateur, par le gouvernement, par les expropriants
qui sont, du moins, au gouvernement puis,
certainement, par l'ensemble des partenaires qui exproprient, qui sont venus
nous rencontrer, la CMM, les municipalités, et compagnie, sociétés de
transport, certainement, par les tribunaux aussi.
Donc, c'est sûr que
la recherche de l'équilibre, comme je l'ai déjà dit dans les consultations, est
en filigrane de l'ensemble de la pièce... de
la pièce législative qu'on propose, et je le réitère au micro, c'est un grand
souci, chez le gouvernement, d'avoir
la recherche d'équilibre permanente. Maintenant, de venir le camper, comme ça,
dans l'article 1, au-delà du fait que ce sera, de toute façon, un
souci permanent... Je pense que ça se fait déjà à travers divers articles, puis on a sorti un certain nombre d'exemples.
L'article, par exemple, 71, qui détermine l'indemnité complémentaire, je pense. L'article 118, où on prévoit le...
notre cahier est gros, comme vous le savez... donc, c'est ça, alors, pour... le
tribunal ajoute une indemnité, le
tribunal ajoute à l'indemnité de l'exproprié une indemnité pour compenser la
perte d'appréciation. Donc, il y a
déjà un certain nombre d'articles qui permettent au tribunal de venir
compenser, justement, dans le sens d'une manière juste, les expropriés. Donc, je pense qu'il faut laisser cette
latitude-là aussi. Et on ressortait aussi un extrait du mémoire de l'Ordre des urbanistes, qui nous disait
ici, vous voyez, selon eux : «Cela constitue un pas en avant important
pour rééquilibrer les droits et les obligations des expropriants et des
expropriés.»
Donc, je pense que
tous les points de vue se valent, mais je ne serais pas ouverte à ce qu'on
puisse prendre l'amendement qui est proposé actuellement, tout en étant
fortement préoccupée par la recherche de l'équilibre, comme je l'ai déjà dit à
plus d'une reprise.
Le Président
(M. Jacques) : Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires?
M. Morin :
Bien, écoutez...
Le Président
(M. Jacques) : M. le député de l'Acadie.
M. Morin :
...brièvement, M. le Président,
j'écoute attentivement Mme la ministre. Si c'est ce qu'on retrouve en filigrane dans le projet de loi, bien, je me
dis : Pour le législateur, énonçons-le clairement, et donc mettons-le
directement au départ, pour que ce soit bien clair. La référence à
l'article 118 du projet de loi, M. le Président, offre une certaine compensation. On aura le loisir d'en
reparler quand on sera rendu là. Mais il s'agit d'une indemnité à peine pour compenser
une perte, si ça s'opère plus de six mois.
Donc,
écoutez, je pense qu'on parle ici de principes généraux. Et j'écoute très bien
Mme la ministre, je sais qu'elle a sûrement
à coeur d'avoir un équilibre. Donc, disons-le clairement, et mettons-le dans
les dispositions générales du projet de loi. Je vous remercie.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M. le Président.
Je veux peut-être juste ajouter que... Tu sais, on est à l'article 1, dans
les dispositions générales, puis dans
les... je relisais les commentaires, on dit que l'article 1 de... cette
partie, en présente... c'est la
portée et l'objet, en fait, du projet de loi. Et la ministre l'a dit, là, à de
nombreuses reprises, même pendant les consultations, qu'en effet elle
recherchait, entre autres, l'équilibre, mais qu'elle recherchait aussi à
réduire... tu sais, réduire les délais. Tu sais, il fallait trouver une façon
de faire plus vite, ce qui a peut-être... tu sais, ce qui a peut-être, justement, créé certaines incompréhensions ou...
certaines inquiétudes, je vais dire plutôt, certaines inquiétudes de personnes
qui ont écouté la commission, puis ils se sont dit : Bien là, tu sais, si
on veut aller vite, peut-être qu'on va perdre une grosse partie de l'équilibre.
Puis
je l'entends, la ministre, elle l'a réitéré, elle dit que c'est en filigrane,
dans le présent projet de loi, de trouver cet équilibre-là. Bien, à mon avis, il n'y a pas... si ça fait partie,
tu sais, si ça fait partie de... si c'est la portée puis c'est l'objet visé par
le projet de loi, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas l'écrire. Puis, tu
sais, il n'y a... ça ne cause aucun
préjudice, là, au contraire, là. Ça vient dire que l'intention du législateur
qui a été exprimée verbalement, bien, on la met dans la portée générale
dudit projet de loi.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons mettre aux voix l'amendement à l'article 1.
• (12 h 30) •
M. Morin :
...un vote nominal?
Le Président
(M. Jacques) : Un vote par appel nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire :
Oui. Pour, contre, abstention. M. Morin (Acadie)?
M. Morin :
Pour.
Le Secrétaire : Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme McGraw : Pour.
Le Secrétaire : Mme Guilbault
(Louis-Hébert)?
Mme Guilbault : Contre.
Le Secrétaire : M. Montigny
(René-Lévesque)?
M. Montigny : Contre.
Le Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
Le Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
Le Secrétaire : Mme Gendron (Châteauguay)?
Mme Gendron :
Contre.
Le Secrétaire : M. Lamothe
(Ungava)?
M. Lamothe : Contre.
Le Secrétaire : M. Grandmont
(Taschereau)?
M. Grandmont : Abstention.
Le Secrétaire : M. Jacques
(Mégantic)?
Le Président
(M. Jacques) : Abstention. Nous sommes... nous revenons à
l'article 1. Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'article 1? M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Bien, en fait, j'ai une question à poser, en fait...
bien, deux questions, en fait. La première
est plus d'ordre technique ou procédural. Je n'ai pas entendu la ministre lire
le commentaire au complet, donc je me demandais si ça... les règles avaient
changé ou si c'est moi qui avais une mauvaise... pas une mauvaise expérience,
mais une nouvelle... qui avais compris que ça devait se faire de cette façon-là
lors des précédentes études de projet de loi, première des choses. Je ne sais
pas si vous voulez répondre maintenant.
Le Président (M. Jacques) : C'est
coutume qu'on le fasse. Par contre, ce n'est pas obligatoire de le faire.
M. Grandmont : Ah!
d'accord. Donc, j'inviterais la ministre à bien vouloir le faire pour nous
aider à bien comprendre le projet de loi la prochaine fois.
Sinon, ma question, sur le fond, concerne le
fait qu'on est passé, en fait, d'un article, en fait, là, qui parle de «toutes les expropriations permises par les lois
du Québec» à «la présente partie régit les expropriations de droit». Puis
il faut faire une distinction importante entre les expropriations de droit, les
expropriations de fait, les expropriations déguisées,
là. Donc, je me demande si on n'est pas en train d'élargir, en fait, par cette
proposition d'article là, ce nouveau libellé là... si on n'est pas en
train d'élargir la portée de la loi.
Le CQDE nous disait que ça pourrait dorénavant
concerner ce qu'ils appellent des modalités et des démembrements du droit de
propriété, alors que, maintenant, il faut exproprier l'essence du bien ou du
droit de propriété pour donner ouverture au recours en expropriation de fait.
J'aimerais savoir, parce que vous l'avez lu, le mémoire du CQDE, vous avez vu cette préoccupation qu'ils avaient
relativement à cet ajout-là, à cette modification... j'aimerais savoir
comment vous avez reçu cette réflexion du CQDE et comment vous l'avez traitée,
dans le fond.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui, bien, j'inviterais peut-être ma collègue juriste pour
les précisions de fond.
Le
Président (M. Jacques) : Est-ce qu'il y a consentement pour laisser la
parole à... Veuillez vous présenter, votre titre, s'il vous plaît.
M. Morin : Alors, il y a
consentement, M. le Président.
Le
Président (M. Jacques) : Consentement.
Mme Massé (Julie) : Bonjour. Julie Massé. Je
suis avocate légiste à la Direction des affaires juridiques, Transports et
Mobilité durable.
Je
ne suis pas certaine d'avoir bien saisi votre question, donc peut-être juste me
répéter exactement pour que je puisse bien vous répondre.
M. Grandmont : Parfait. Donc, je vais
référer directement à leur mémoire. Le CQDE nous dit qu'«actuellement il ne
peut y avoir expropriation de fait d'une partie du droit de propriété. Dans ce
dernier cas, il n'intervient alors qu'un démembrement du droit de
propriété, une situation qui ne peut fonder de revendication d'expropriation de
fait en vertu de l'article 952 du Code
civil. En termes simples, pour qu'une propriété puisse plaider être expropriée
de fait sur une partie de sa propriété seulement, elle doit perdre
l'essence de son droit de propriété sur la parcelle en cause.»
Mme Massé
(Julie) : Oui. On s'est posé la question suite au commentaire du
Centre québécois du droit de l'environnement.
On a été faire nos recherches aussi. Je vous dirais, 952 parle de propriété et
parle de propriétaire. Par contre, la jurisprudence, on n'a pas trouvé
de cas où ça a été... où on est venu se... venir dire que c'est vraiment le propriétaire, avec tous ses droits, ou quelqu'un
qui avait un démembrement pouvait être aussi indemnisé en vertu de 952. On a retravaillé les textes en conséquence, là,
donc, quand on sera rendu dans l'expropriation déguisée... bien, dans la section...
à 170, 171, on pourra vous présenter les ajustements qu'on a faits.
Par contre, en
matière de procédure d'expropriation, actuellement, la Loi sur l'expropriation
couvre autant les propriétaires du droit de
propriété complet que ceux qui ont des démembrements du droit de propriété.
Donc, on va exproprier pour une servitude, ça arrive, là. Donc, ça, ce
n'est pas une nouveauté, c'est déjà comme ça en vertu de l'expropriation de
droit.
Le Président
(M. Jacques) : M. le député.
M. Grandmont :
Merci. Outre les servitudes, est-ce qu'il y a déjà eu, à votre
connaissance, d'autres cas ou d'autres types
de cas où on peut avoir des démembrements, là, pour... expropriation par
démembrement, dans le fond?
Mme Massé
(Julie) : Oui, il y a eu des cas, des fois, des servitudes... pas des
servitudes mais des limitations de charges
qu'on peut mettre sur un immeuble. Ça, on en retrouve. Il y a différents types
de servitudes, là. Peut-être, je ne sais
pas, c'est souvent, tu sais, en fonction... Des fois, pour faire les travaux,
on va chercher aussi des servitudes, pour pouvoir effectuer des travaux pendant une certaine période. Donc, oui,
on en fait. C'est principalement les servitudes, dans les démembrements
du droit de propriété, mais ça peut arriver que ce soit un peu plus large.
M. Grandmont :
D'accord. Donc, vous me dites que vous avez pris connaissance du
commentaire, de la réflexion du CQDE, qu'on va en reparler plus tard dans les
articles 170, 171 et que, selon vous, il n'y a pas de crainte à y avoir
que, par exemple, considérant la façon dont c'est écrit actuellement... qu'on
ait une augmentation de... un élargissement,
en fait, là, de la notion d'expropriation déguisée ou expropriation de fait.
Donc, on n'aura pas plus de cas, finalement, à cause de la façon que
c'est écrit ici, là.
Mme Guilbault : C'est exact.
M. Grandmont :
O.K., parfait. On s'en reparle à 170, 171.
Le Président (M. Jacques) : D'autres
commentaires sur l'article 1? S'il n'y a pas de commentaire, nous allons
mettre aux voix l'article 1. Est-ce que l'article 1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Jacques) : Article 1 adopté. Mme la ministre,
article 2.
Mme Guilbault : Oui. Article 2 : «Au sens de la présente loi et à moins que le
contexte n'indique un sens différent, on entend par :
«"activités",
lorsque ce mot est utilisé sans qualificatif, l'ensemble des actions réalisées
sur un immeuble, notamment le fait
d'y résider, d'y réaliser la mission d'une institution ou d'y exploiter une
entreprise agricole, commerciale ou industrielle;
«"droit" un
droit de propriété, un démembrement de ce droit ou un autre droit réel
immobilier;
«"immeuble
exproprié" l'immeuble ou la partie d'un immeuble sur lequel porte le droit
à exproprier;
«"partie
dessaisie" le locataire, l'occupant de bonne foi ou l'exproprié qui est le
titulaire d'un droit portant sur l'immeuble exproprié.»
Et là je crois que
mon collègue avait demandé que je lise le commentaire. L'article 2 du
projet de loi définit quatre concepts, et ce, dans l'objectif d'alléger le
libellé des différentes dispositions du projet de loi.
Il
y a d'abord la définition du mot «activités», qui vise à inclure dans ce terme,
lorsqu'il est utilisé sans qualificatif, tout aussi bien les activités résidentielles que celles agricoles,
commerciales, industrielles et institutionnelles. Il y a ensuite les
définitions des mots «droit» et «partie dessaisie», qui permettent d'éviter de
répéter une énumération de droits ou de parties selon le cas. Enfin, la définition de
l'expression «immeuble exproprié» permet d'éviter la répétition d'une
expression plus lourde, soit celle
d'«immeuble ou partie d'un immeuble sur lequel porte le droit de propriété, un
démembrement de celui-ci ou tout autre droit réel immobilier à
exproprier».
Le Président
(M. Jacques) : Merci. Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'article 2?
M. Morin :
Je n'ai pas de commentaire, mais on a un amendement, cependant.
Le Président (M. Jacques) : Parfait.
M. le député de... Nous allons suspendre quelques instants pour déposer
l'amendement.
M. Morin :
...l'amendement.
Le Président (M. Jacques) :
Parfait. Merci.
(Suspension de la séance à
12 h 38)
(Reprise à 12 h 52)
Le Président (M. Jacques) : À
la suspension de nos travaux, nous étions à recevoir un amendement de M. le
député de l'Acadie. Je vous invite donc à lire votre amendement.
M. Morin :
Merci. Merci, M. le Président. Alors, l'amendement est un ajout à
l'article 2. Donc, l'article 2 :
L'article 2 du
projet de loi est modifié par l'ajout, à la fin de l'article, des définitions
suivantes :
«"Producteur
agricole" : producteur au sens de la Loi sur les producteurs
agricoles[...];
«"Zone
agricole» : zone agricole décrétée en vertu de la Loi sur la protection du
territoire et des activités agricoles[...].»
L'article modifié se
lirait comme suit :
«Au sens de la
présente loi et à moins que le contexte n'indique un sens différent, on entend
par :
«"activités",
lorsque ce mot est utilisé sans qualificatif, l'ensemble des actions réalisées
sur un immeuble, notamment le fait d'y
résider, d'y réaliser la mission d'une institution ou d'y exploiter une
entreprise agricole, commerciale ou industrielle;
«"droit" un
droit de propriété, un démembrement de ce droit ou un autre droit réel
immobilier;
«"immeuble
exproprié" l'immeuble ou la partie d'un immeuble sur lequel porte le droit
à exproprier;
«"partie
dessaisie" le locataire, l'occupant de bonne foi ou l'exproprié qui est le
titulaire d'un droit portant sur l'immeuble exproprié;
«"Producteur
agricole" : producteur au sens de la loi sur les producteurs
agricoles (RLQR, c. P-28); [et]
«"Zone
agricole" : zone agricole décrétée en vertu de la Loi sur la
protection du territoire et des activités agricoles (RLRQ,
c. P-41.1).»
Le Président
(M. Jacques) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'amendement?
M. Morin :
Alors, le commentaire, c'est
qu'on veut s'assurer que, dans les définitions de la loi, dans le contexte,
les producteurs agricoles seront évidemment
bien identifiés, protégés, et que, lorsque des procédures, éventuellement,
d'expropriation auront lieu, qu'on s'assurera effectivement et spécifiquement
de savoir de quoi on parle et de l'impact sur les producteurs ou la zone
agricole.
Le Président
(M. Jacques) : Merci, M. le député. M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui, merci. Bien,
évidemment, nous, on est en accord avec cette proposition d'amendement là. C'est clair que ça a été souligné à plusieurs
reprises, là, lors des auditions, il y a plusieurs participants, groupes qui
ont mentionné qu'effectivement, là, le milieu agricole nécessitait une
attention particulière. On n'est pas dans des cas de spéculation, on est en
train de... j'ai parlé, dans mes remarques préliminaires, là, de souveraineté
alimentaire, de protéger notre territoire.
Ça se retrouve, par ailleurs, dans des politiques qui ont été adoptées
récemment, notamment la politique d'architecture et d'aménagement du
territoire. La modification de la LAU aussi portait notamment sur la protection
du territoire agricole, spécifiquement. C'est un enjeu qui est bien important.
On
avait nous aussi, là, des amendements qui allaient sensiblement dans le même
sens, là, donc on se rallierait, puis
on en aura d'autres, évidemment, qui touchent le milieu agricole, mais je pense
que c'est bien, effectivement, d'assez rapidement souligner, bien
identifier ce milieu-là, parce qu'il y a une attention particulière à y
apporter. Il y a un régime spécial, au
niveau des indemnisations, notamment, qu'il va falloir regarder avec attention
parce qu'on est en train de toucher à
quelque chose de très sensible, au Québec, il faut absolument bien le protéger.
Donc, c'est un amendement avec lequel on est à l'aise.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Bien, en réponse à mes collègues sur l'amendement, qu'on a examiné
et dont on a déjà discuté, on comprend
très bien le souci qui est derrière ça, là, c'est-à-dire de marquer
l'importance, comme ça a été dit, de protéger les fonds de terre ou, en tout
cas, de protéger les producteurs agricoles, souci qu'on partage aussi. Donc, on
s'est entendu pour prendre le temps de le regarder... considérant l'heure, et
tout ça, pour prendre le temps de le regarder puis ensuite échanger des
propositions sur la meilleure façon d'atteindre le même objectif, mais moi
aussi, je suis en faveur qu'on puisse
peut-être déjà... comment dire, s'assurer comme ça d'une protection, de marquer
l'existence de cette spécificité-là et de s'assurer qu'ils sont pris en
compte adéquatement dans la loi.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. Donc, on va suspendre l'article...
l'amendement? Est-ce qu'on suspend l'amendement? Parfait. Donc, on suspend
l'amendement. Est-ce qu'on revient à l'article 2 ou on s'en va à
l'article 3?
Mme Guilbault :
...
Le Président (M. Jacques) : On va revenir à l'article 2. Donc, est-ce
qu'il y a des commentaires sur l'article 2?
M. Morin :
Bien, l'article 2, dans son
ensemble, ce sont différentes définitions. Moi, ce que je vous suggérerais, M.
le Président, ce serait peut-être de suspendre l'article 2 le temps qu'on
revienne et puis qu'on en parle collectivement, et puis peut-être de
passer à l'article suivant.
Le Président (M. Jacques) : Est-ce
qu'il y a consentement pour suspendre
l'article 2 et se rendre à l'article 3?
Mme Guilbault : ...un commentaire général aussi en complément. Je pense que je ne l'ai
pas dit tout à l'heure, mais, dans
les échanges qu'on a eus, c'est sûr que l'idée, à l'article 2, c'est de
venir, justement, installer certaines définitions qui nous permettent d'être plus précis puis qui
évitent de la redondance ou qui évitent de la lourdeur dans la loi, donc des
concepts qui sont appelés à être réutilisés plus tard dans la loi.
C'est
pour ça que je disais que, bien qu'on partage la noble intention derrière
l'amendement qui a été déposé, ce ne sont... les définitions qui ont été
proposées ne seront pas réutilisées dans la loi. Donc, c'est un petit peu
différent de ce que nous, on se
propose de venir définir à l'article 2. C'est pour ça que je dis qu'on va
venir contreproposer une façon d'atteindre le même objectif qui a été
proposé par l'opposition officielle.
Le Président
(M. Jacques) : Parfait. Donc, est-ce qu'il y a consentement pour
suspendre l'article 2?
Des voix :
Consentement.
Le Président
(M. Jacques) : Consentement. L'article 3, Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui. L'article 3 : «L'expropriation de droits sur
un immeuble peut inclure l'expropriation de
droits sur des meubles lorsque ces derniers sont des accessoires de celui-ci ou
lorsqu'ils sont utilisés dans le cadre des activités agricoles,
commerciales, industrielles ou institutionnelles de l'exproprié réalisées sur
cet immeuble.»
Donc,
l'article 3 du projet de loi prévoit qu'il est possible d'exproprier des
droits sur des meubles lors d'une expropriation d'un droit sur un immeuble. Il
serait toutefois nécessaire que ces meubles soient accessoires à l'immeuble ou qu'ils soient utilisés dans le cadre
des activités agricoles, commerciales, industrielles ou institutionnelles
de l'exproprié réalisées sur l'immeuble exproprié.
Cette
disposition remplacerait l'article 38 de la Loi sur l'expropriation tout
en clarifiant sa portée, et l'article 38 énonce que l'expropriation peut porter sur des biens meubles lorsqu'ils
sont des accessoires de l'immeuble à exproprier.
Alors,
en fait, c'est ça, peut-être un petit complément. Donc, on voit que
l'article 38 est repris presque tel quel dans l'article 3 de la
nouvelle loi, mais on vient aussi préciser des usages possibles dans le cadre
d'activités agricoles, commerciales, industrielles ou institutionnelles.
Puis j'en discutais, justement, avec mes collègues ici pour trouver des
exemples. Il existe un exemple où, à un moment donné... Parce que les biens et
meubles qu'on peut exproprier, c'est-à-dire les meubles accessoires, on peut
penser, mettons, à des garages ou à des choses qui tombent sous le sens, mais il peut y arriver, pour ce que j'en
comprends, que, des fois, des équipements liés au bâtiment ne soient pas forcément
considérés comme des meubles accessoires mais sont quand même nécessaires pour
préserver ou pouvoir conserver l'usage qui
en est fait, que ce soit un usage agricole, commercial, industriel ou
institutionnel. Donc, on voudrait que ça puisse être pris en compte.
Le Président
(M. Jacques) : Merci, Mme la ministre.
Et, compte tenu de
l'heure, nous suspendons nos travaux jusqu'à 15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise à 15 h 07)
Le Président (M. Jacques) : La
Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux. Nous
poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 22, Loi concernant
l'expropriation.
Lors de la suspension de nos travaux,
cet avant-midi, nous étions à l'étude de l'article 3. M. le député de
l'Acadie, je crois que c'était à vous d'intervenir sur l'article 3.
M. Morin :
Oui, vous avez raison, M. le
Président, c'était à moi. Alors donc, on continue. Ma question est pour
Mme la ministre.
Des voix : ...
M. Morin :
C'est parce que... Voilà,
j'avais... non, il n'y a pas de souci. J'ai une question pour vous. Voilà, on y
va.
Mme Guilbault : ...
M. Morin :
Donc, dans la loi... dans le
projet de loi actuel, ça vise l'expropriation de droit sur un immeuble, qui peut
inclure l'expropriation de droits sur des meubles. Et là le législateur rajoute
des catégories, alors que, dans la loi actuelle,
l'article 38 dit : «L'expropriation peut porter sur des biens meubles
lorsqu'ils sont [...] accessoires de l'immeuble à exproprier.» Et donc
c'était beaucoup plus général.
Si
vous prenez la peine d'ajouter des catégories particulières et seulement
certaines catégories, est-ce qu'il y a une raison pour... est-ce que ça
posait un problème? Est-ce qu'il y a une raison particulière?
Le Président
(M. Jacques) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Sur l'article 3, toujours, que j'avais lu, là, in
extremis avant le...
M. Morin :
Oui, bien, juste avant la pause, oui.
Mme Guilbault : Exactement. Ça fait qu'on n'en avait pas encore vraiment
discuté, mais j'avais déjà donné l'exemple...
Puis, c'est ça, moi, j'en avais discuté avec mes collègues parce que je me
posais la même question. Parce qu'en fait c'est tel quel le même
article, mais on vient préciser des usages potentiels, donc, quel genre
d'exemple de situation où on aurait un bien meuble accessoire ou qui ne serait
pas forcément... pas suffisamment ou pas forcément accessoire, si bien qu'on devrait invoquer un usage agricole,
commercial, industriel ou institutionnel, tu sais, dans le fond?
Et
l'exemple qu'on me donnait, quand on a retracé les cas, c'était une
décision de la Régie intermunicipale de
gestion des déchets de la Mauricie, qui avait introduit une procédure pour
exproprier l'immeuble, et les équipements et les biens meubles servant à l'opération et à l'exploitation du site
d'enfouissement sanitaire. Donc, c'est la municipalité qui reprenait les
activités puis qui avait besoin des équipements au sein de ce bâtiment-là pour
pouvoir poursuivre l'usage commercial ou...
oui, commercial, institutionnel, là, en l'occurrence. Donc, simplement pour
simplifier la vie, si jamais ce genre de cas là se représentait, on
vient le préciser.
M. Morin :
O.K. Donc, suite à cette décision-là, cette précision-là, au niveau
d'activités commerciales ou industrielles, était nécessaire. Parce que
l'article actuel est large et peut englober, à mon avis, toutes ces
situations-là.
Des voix : ...
M. Morin :
En fait, non, bien, je disais
que, c'est ça, l'article actuel semble déjà inclure tous ces scénarios-là,
donc c'est ce que j'essaie de comprendre, pourquoi... puis pourquoi vous
référez seulement à des activités agricoles, commerciales, industrielles. Il y
aurait peut-être d'autres usages. Et je comprends que, dans le cas que vous
nous mentionnez, sur le site d'exploitation
de déchets, il y avait de l'équipement, par exemple, qui était, bon, des biens
meubles et non pas des immeubles, c'est ça?
• (15 h 10) •
Mme Guilbault : C'est ça. Bien, l'autre exemple qu'on me donne, c'est un
quai, par exemple, qui ne serait pas nécessairement un bien meuble accessoire,
qui ne serait pas, tu sais, adjacent, qui ne ferait pas partie du bâtiment comme tel, mais qui pourrait être nécessaire pour
préserver un usage soit d'exploitation d'une flotte ou d'exploitation maritime,
aquatique, ou quelque chose comme ça.
M. Morin :
Très bien. Je vous remercie.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur
l'article 3? M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui, bien, peut-être
juste pour bien comprendre, j'avais des questions qui se rapprochaient un peu
des interrogations que mon collègue de l'Acadie avait aussi. Pourquoi avoir
réécrit l'article, en fait, en prenant la peine d'énumérer les différents types d'activités qui sont visés? Dans
le fond, est-ce que ça ne vient pas créer des exceptions sur lesquelles
la loi ne s'appliquerait pas?
Mme Guilbault :
Oui, c'est ça, bien, c'est vraiment par souci de clarification, parce que,
comme dans les exemples que je donnais, les
biens... les biens meubles... je dis toujours «les biens meubles», c'est biens
meubles? C'est ça.
Des fois, la notion peut ne pas être suffisamment claire puis porter à
interprétation, comme dans les exemples que j'ai donnés, soit la régie des déchets ou le quai, par exemple. Alors, ça
vient, en fait, codifier la jurisprudence, si on veut, ou donner des
orientations plus claires pour d'éventuelles nécessités.
M. Grandmont : Donc, la version...
la nouvelle version vous semble plus claire dans la mesure où elle... En fait, moi, quand je fais une énumération, il me
semble que je deviens plus restrictif, c'est-à-dire que je laisse la place à
tout ce qui n'est pas nommé d'être
interprété comme faisant partie... comme n'étant pas assujetti à la loi. Est-ce
que, dans le fond, on ne vient pas de
donner de la place à un non-assujettissement à la loi, dans le fond, à certains
éléments qui ne sont pas nommés dans l'article tel qu'il est formulé
actuellement?
Mme Guilbault : Bien, pas tout à fait, parce que moi, je le vois plutôt à
l'inverse, dans le sens où on reprend exactement la même liberté
d'interprétation ou le même libellé, en fait, de l'ancien article 38,
l'article 38 de la précédente loi. Puis, avec l'usage du «ou», c'est qu'on
peut finalement s'attacher à un ou l'autre. On peut s'attacher à l'ancien article tel quel, qui est repris, mais
au besoin on peut utiliser aussi une des spécifications proposées. Si on tombe
dans un contexte physique, comme par exemple
l'exemple du quai, le quai, il peut être loin de l'immeuble qui est exproprié, mais
il est quand même nécessaire dans l'usage commercial qu'on veut en faire.
M. Grandmont : Juste
pour reposer ma question, pour être sûr de bien entendre, là, la réponse, là,
puis qu'on s'entende bien, là. Dans le fond, est-ce que, selon vous... est-ce
qu'il y a des... est-ce qu'il y a des types d'activités ou des types... des types d'activités, dans le fond,
là, qui ne seraient pas couvertes à travers l'énumération qu'on a actuellement dans
l'article 3?
Des voix : ...
Mme Guilbault : Le... On me dit le résidentiel, mais les gens partent avec leurs meubles
puis leurs choses, donc.
Des voix : ...
Mme Guilbault : Dans le sens que c'est la nomenclature des usages communément utilisés,
vous voulez dire?
Des voix : ...
Mme Guilbault :
Qui sont tous couverts, sauf résidentiel, parce que résidentiel ne se prête pas
à l'article en question.
M. Grandmont : Bien. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 3? S'il
n'y a pas d'autre commentaire, nous allons mettre l'article 3 aux voix.
Est-ce que l'article est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : L'article
est adopté. Est-ce qu'on va à l'article 4 ou on revient à
l'article 2?
Mme Guilbault : Moi, bien, à ce stade-ci, en fait, je proposerais deux options puis je
laisserais mes collègues choisir.
Soit on peut enchaîner... on peut revenir à l'article 2, puis je fais la
lecture de ma contre-proposition à ce qu'on a traité ce matin, ou on
peut suspendre puis s'en parler entre nous d'abord.
Le Président (M. Jacques) : On
va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 15)
(Reprise à 15 h 23)
Le
Président (M. Jacques) : Nous reprenons nos travaux. Tel qu'entendu lors de
la suspension, nous... Est-ce qu'il y a consentement pour revenir à
l'article 2?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Jacques) : M.
le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui.
Alors, j'ai proposé un amendement à l'article 2. Compte tenu du travail et
des pourparlers avec Mme la ministre, je vais retirer mon amendement.
Le
Président (M. Jacques) : Est-ce qu'il y a consentement pour
retirer cet amendement, l'amendement à l'article 2? Consentement.
M. Morin :
Maintenant, je suis prêt à déposer un nouvel amendement à l'article 2.
Le Président
(M. Jacques) : Donc, je vous invite à faire la lecture.
M. Morin :
Oui. Est-ce que... Bon, voilà, merci. Alors, article 2, le nouvel
amendement : Insérer, après la définition de «droit» de l'article 2
du projet de loi, la définition suivante :
«"entreprise
agricole" : entreprise qui exerce des activités agricoles au sens de
la Loi sur la protection du territoire et
des activités agricoles (chapitre P-41.1), des activités de production
d'un produit agricole au sens de la Loi sur les producteurs agricoles
(chapitre P-28) ou de toute autre activité de même nature;».
Commentaires. Il est
proposé d'ajouter à l'article 2 du projet de loi une définition
d'entreprise agricole afin de s'assurer de clarifier
que l'ensemble des activités agricoles et des activités de production d'un
produit agricole soit considéré dans l'expression d'entreprise agricole.
Et, au tableau
comparatif, on voit la différence entre les deux textes. Le texte proposé et
amendé inclut la définition d'entreprise agricole comme étant une «entreprise
qui exerce des activités agricoles au sens de la Loi sur la protection du
territoire et des activités agricoles (chapitre P-41.1), des activités de
production d'un produit agricole au sens de
la Loi sur les producteurs agricoles (chapitre P-28) ou toute autre
activité de même nature». Voilà, M. le Président.
Le Président
(M. Jacques) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'amendement à l'article 2? Pas de commentaire. Est-ce
que... Oui, Mme la ministre.
Mme Guilbault : Peut-être simplement pour dire que j'accueille
favorablement l'amendement, je trouve qu'il est bien fait et qu'il est
pertinent. Alors, je remercie mon collègue.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre. Est-ce que l'amendement à l'article 2... M. le député de Taschereau.
M. Grandmont :
Oui, bien, simplement pour clarification, là. Il y avait une première
proposition qui avait été faite, là, d'inclure également une définition de zone
agricole. J'aimerais comprendre, là, pourquoi cette notion-là a été retirée,
là, simplement pour compréhension.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. Madame...
Des voix :
...
Mme Guilbault : C'est ça. En fait, parce que les activités agricoles ne
sont pas toujours forcément dans une zone agricole, donc, en misant sur
l'entreprise ou l'activité agricole, on n'est pas limité à la zone.
M. Grandmont :
Parfait. C'est une réponse très satisfaisante. Merci.
Le Président
(M. Jacques) : Merci beaucoup. Est-ce que l'amendement à
l'article 2 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Adopté.
Revenons à l'article 2. Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'article 2?
Une voix : ...
Le Président (M. Jacques) : Tel
qu'amendé, exactement. Est-ce que l'article deux, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Jacques) : Adopté. Mme la ministre, article 4.
Mme Guilbault : Oui : «Toute expropriation doit être décidée ou, suivant le cas,
autorisée préalablement par le gouvernement aux conditions qu'il
détermine.
«Le premier alinéa ne
s'applique pas :
«1° lorsqu'un
ministre publie à la Gazette officielle du Québec un avis annonçant son
intention d'exproprier, aux fins annoncées
dans cet avis, les immeubles qui y sont visés et qu'il réalise cette
expropriation, pour son propre compte ou
pour le compte d'autrui, en vertu d'une loi qui lui permet de réaliser cette
expropriation sans requérir l'autorisation du gouvernement;
«2° lorsque l'expropriation est réalisée par un
ministre, pour son propre compte ou pour le compte d'autrui, en vertu d'une loi
qui lui permet de réaliser cette expropriation avec l'autorisation du
gouvernement;
«3° lorsque l'expropriation est
décidée par une municipalité, par une communauté métropolitaine, par une régie
intermunicipale, par un centre de services scolaire ou par une commission
scolaire.»
Donc,
l'article 4 du projet de loi reprend en grande partie les premier et
quatrième alinéas de l'article 36 de la Loi
sur l'expropriation. Ainsi, la décision ou l'autorisation préalable du
gouvernement demeurerait requise avant toute expropriation. Ce principe
continuerait toutefois de ne pas s'appliquer pour les municipalités, les
communautés métropolitaines, les régies intermunicipales, les centres de
services scolaires ou les commissions scolaires. De plus, cette décision ne
serait plus requise lorsqu'un ministre publie à la Gazette officielle du
Québec un avis annonçant son intention
d'exproprier aux fins annoncées dans cet avis les immeubles qui y sont visés et
qu'il réalise cette expropriation en
vertu d'une loi qui lui permet de réaliser cette expropriation sans requérir
l'autorisation du gouvernement. Elle ne serait pas non plus requise lorsque le ministre doit obtenir, en vertu de la
loi qui lui permet de réaliser cette expropriation, une autorisation du
gouvernement.
Et
là, bien, on a l'article 36 de la loi actuelle, qui dit : «Toute
expropriation doit être décidée ou, suivant le cas, autorisée
préalablement par le gouvernement aux conditions qu'il détermine.
«Nulle autre
autorisation n'est requise, nonobstant toute loi.
«Il n'est pas non
plus nécessaire de remplir les conditions préalables à l'expropriation qui sont
prévues par d'autres lois.
«Le présent article
ne s'applique pas à une municipalité, à une communauté métropolitaine, à une
régie intermunicipale, à un centre de services scolaire ou à une commission
scolaire.»
Alors,
l'article, en fait... l'article 4 vient reprendre les alinéas 1° et 4° de
l'article 36. Les alinéas 2° et 3° vont être traités dans un autre article, le 5, probablement,
si ma mémoire est bonne. Donc, c'est ça. Alors, maintenant, si on publie à la Gazette officielle, on est capable
d'exproprier sans avoir besoin de l'autorisation du gouvernement, quand on est
un ministre, par exemple, le ministère des Transports qui exproprie pour
un projet.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. Est-ce qu'il y a des commentaires? M. le député
de Taschereau.
M. Grandmont : Nous allons avoir un
amendement, en fait, à proposer. On peut peut-être suspendre pour avoir
le temps de vous l'envoyer?
Une voix :
...
Le Président
(M. Jacques) : Je n'ai pas vu votre main levée. On le fera après,
on le fera après.
Donc, on va suspendre
quelques instants.
(Suspension de la séance à
15 h 29)
(Reprise à 15 h 42)
Le Président
(M. Jacques) : Nous reprenons nos travaux. Avant de suspendre nos
travaux, nous étions à regarder le dépôt
d'un amendement du député de Taschereau. Et j'inviterais M. le député de
Taschereau à nous lire son amendement.
M. Grandmont :
Oui. Merci, M. le Président. Bien, j'en avais parlé dans mes remarques
particulières. Un des objectifs qui doit
être poursuivi à travers le projet de loi n° 22,
c'est notamment celui de l'accélération des délais, le raccourcissement des délais en vue de pouvoir
livrer, en fait, plus rapidement les projets de transport collectif notamment.
Je pense que la ministre est très au fait de cet enjeu-là, est très au fait
aussi que... je pense qu'elle est aussi enthousiaste que moi de voir les
projets se réaliser rapidement un peu partout au Québec. C'est important de
développer des projets de transport
collectif. C'est une demande qui avait été nommément faite, là, par la Société
de transport de Montréal, qui avait été reprise également par l'organisme
Trajectoire Québec, celui de ne pas avoir à demander finalement un
décret pour les expropriations, au même
titre que ce qui se fait actuellement, là, pour... puis c'est bien nommé, là,
dans l'article 4, là, à
l'alinéa 3°, là, au niveau des municipalités, communautés métropolitaines,
régies intermunicipales, centres de services scolaires ou commissions scolaires, ces organismes-là, ces organes-là
n'ont pas à demander un décret pour une expropriation.
Autre chose que
d'autres organismes qu'on a entendus, pendant les audiences, étaient venus nous
dire aussi, c'est qu'ils espéraient, à
quelque part, d'avoir sensiblement les mêmes avantages que ce qu'on avait pu
donner dans la loi qui avait été
octroyée, là, pour la réalisation du Réseau express métropolitain. Donc, il y
avait un tout un processus, là, où, finalement, on n'avait pas non plus besoin
de demander des décrets pour des expropriations. Les sociétés de transport
peuvent se passer, selon leurs dires et
selon mon expérience aussi, là, de ces milieux-là, peuvent se passer d'un décret
dans la mesure où il y a, de toute façon, une foule d'autres mécanismes de
surveillance et de suivi qui existent déjà.
Donc, pour ces
raisons-là, on propose d'insérer, là, au paragraphe 3° du second alinéa de
l'article 4 du projet de loi, après les
mots «services scolaires», les mots «, une société de transport, une personne
morale de droit public ayant pour mission de régir les transports
collectifs», donc, dans le but d'accélérer les délais de réalisation des
projets de transport collectif, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui.
Bien, merci. Merci au collègue. Merci, M. le Président. Effectivement, je
partage l'objectif qu'on puisse réduire les délais autant que possible, dans,
entre autres, dans les projets de transport collectif. Puis il y a d'autres
articles, dans le projet de loi, peut-être, pour lesquels on recevra des
amendements ou on aura des discussions. Puis
je vais, moi aussi, utiliser cet argument-là, des fois, pour justifier
certaines décisions ou pour peut-être trancher sur certaines choses.
Mais, en l'occurrence... Puis c'est vrai que la représentation nous avait été
faite. C'est une chose à laquelle on a
réfléchi, qu'on a discutée. Mais, dans le cas des expropriations directement
par les sociétés de transport, si on
prend, par exemple, la STM, elles doivent obtenir l'autorisation à la fois de
la ville et du gouvernement.
Et,
derrière ça, il y a une question aussi de... comment je pourrais dire, c'est
des projets d'une telle envergure, avec
des montants tellement importants que je pense que ça demeure important quand
même pour le gouvernement, qui est
systématiquement le principal bailleur de fonds dans ces projets-là, de garder
une certaine vue d'ensemble puis un certain contrôle, non pas au sens de
vouloir se substituer à la maîtrise d'oeuvre qu'on a dévolue à la STM via le RTM si on prend la ligne bleue, mais de garder une
certaine vue d'ensemble. Ça fait je pense que c'est important que le
gouvernement reste partenaire ou continue d'avoir un certain rôle à jouer.
Puis,
évidemment, le gouvernement donne les autorisations quand c'est pertinent,
quand c'est nécessaire, quand c'est à propos, quand c'est bien fait, là,
tu sais, il n'y a pas de raison pour laquelle on ajouterait nous-mêmes des délais en refusant ou en retardant des
expropriations dans un projet, mais pour des questions de garder une certaine
vue d'ensemble puis de contrôle sur des projets qui coûtent des milliards, je
pense que c'est sain que le gouvernement continue d'être avisé, consulté, puis de donner son approbation pour des
questions... pour des décisions qui ont une incidence financière très,
très importante.
Le Président
(M. Jacques) : M. le député.
M. Grandmont :
Merci. Je suis content de voir que la ministre, là, est alignée, là, sur
l'objectif d'accélérer les délais aussi. Il
m'apparaît que cette proposition-là en est une qui permet, justement,
d'accélérer le processus. Vous l'avez
dit vous-même, là, d'abord, la société de transport est obligée de demander,
quand même, une autorisation, là, une validation, là, auprès de la
municipalité.
Je comprends que les
sommes investies peuvent être quand même importantes. En même temps, il reste
que c'est aussi vrai pour des projets qui
sont faits par différentes instances qui, pour l'instant, sont exclues, d'une
part. Puis, d'autre part, bien, c'est quand même des délais de
30 jours. Je comprends qu'on ne veut pas augmenter indûment ou refuser des
demandes, là, d'expropriation, mais c'est quand même des délais qui s'ajoutent
à chaque fois pour la réalisation des
projets. Et je l'ai dit, et je le répète, puis je vais devoir le répéter assez
souvent, la saison des chantiers au Québec, elle est très courte, c'est facile
de perdre une année. Et ce genre de petit... ce n'est pas un irritant, là, mais
c'est ce genre de délai là qui vient s'ajouter peut facilement, à terme, nous
faire perdre complètement une année de chantier. Ça peut faire la
différence entre un projet qui est livré à temps puis un projet qui,
malheureusement, est retardé.
Donc,
considérant qu'il y a déjà beaucoup de mécanismes de suivi, que, par ailleurs,
la municipalité est obligée d'être impliquée là-dedans, je pense que la
proposition qui nous est apportée par la Société de transport de Montréal était
tout à fait raisonnable et permettait d'atteindre l'objectif que la ministre
poursuit.
Le Président
(M. Jacques) : Merci.
Mme Guilbault : Bien, peut-être, je laisserais la parole à mon collègue
puis je répondrai après.
Le Président (M. Jacques) :
Parfait. M. le député de l'Acadie.
M. Morin :
Merci, M. le Président. Écoutez, je trouve l'amendement fort intéressant,
parce que, justement, je m'en allais dans le
même sens avec un amendement que je voulais moi-même déposer. Mon collègue l'a
déposé avant moi, c'est parfait.
Maintenant, Mme la ministre nous a expliqué un peu pourquoi les sociétés de
transport n'étaient pas incluses — maintenant,
moi, j'aurais deux questions — puis
notamment, si j'ai bien compris Mme la ministre... à cause de certains
coûts de certains projets de sociétés de transport.
Maintenant,
je comprends qu'avec le libellé de l'article une communauté métropolitaine ou
une régie intermunicipale n'a pas à
solliciter un décret du gouvernement. J'imagine qu'ils doivent avoir des
projets avec des coûts assez énormes également.
Donc, pourquoi faire une distinction entre les deux? Et est-ce qu'il est
arrivé, dans le passé, qu'une société de transport ait fait une demande
et qu'elle ait été refusée?
Mme Guilbault : Est-ce qu'il est arrivé dans le passé que?
M. Morin :
Qu'une société de transport ait fait une demande et qu'elle ait été
refusée?
Mme Guilbault : Bonne question. Il faudrait... Est-ce qu'on a l'information ou est-ce
que... On va le vérifier.
Une voix : ...
Mme Guilbault : C'est ça, on va le vérifier.
M. Morin : Parce
qu'évidemment vous comprendrez la suite de mon intervention, si ce n'est jamais
refusé, je comprends que le gouvernement
veut peut-être voir, mais, si vous ne les refusez pas, pourquoi, donc, insérer
un délai additionnel dans la loi?
Mais, maintenant, si c'est refusé 50 % du temps, mais quelle raison? Bien
là, on verra, là, mais d'où ma question à Mme la ministre.
• (15 h 50) •
Mme Guilbault : Oui, c'est tout à fait vrai, mais on va le voir. Mais, quel
que soit le projet qui est piloté par une société de transport, si c'est un
projet qui demande de l'expropriation, un projet de transport collectif, donc, d'une certaine envergure, effectivement, une
envergure financière, souvent, de la complexité qui vient avec ça, piloté par une
société de transport, on me demande la différence entre une municipalité ou une
communauté métropolitaine, mais, tu sais, ce
n'est pas du tout la même chose, là. Un projet de transport collectif,
systématiquement, est financé très, très... à très grande part par le
gouvernement du Québec.
Donc, c'est
normal que le gouvernement du Québec recherche à maintenir un certain équilibre
entre le contrôle des coûts puis une certaine contribution ou
participation toujours au suivi du projet.
Une voix : ...
Mme Guilbault : Oui, la célérité, et c'est ça, la célérité. Donc,
l'équilibre entre le contrôle des coûts et la célérité
qui est souhaitable, alors qu'une municipalité, ou une communauté
métropolitaine, ou un centre de services scolaire va avoir son projet,
va, comme j'ai déjà dit dans d'autres tribunes, gérer sa fougère, et ce n'est
pas systématiquement des projets pour lesquels le gouvernement du Québec va
être le principal partenaire financier. Autrement dit, quand c'est nous qui payons, essentiellement, la
facture, je pense que c'est normal qu'on se garde une certaine emprise sur le déroulement
du projet.
Le Président (M. Jacques) : M.
le député.
M. Morin : Ça va, M. le
Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Bien, je
trouvais... je trouve que la question qu'a posée le député de l'Acadie est très
pertinente. Effectivement, si ce n'est jamais arrivé, pourquoi le maintenir? En
tout cas, on aura peut-être les réponses éventuellement, là, mais c'est une
réponse qui m'apparaît tout à fait pertinente à avoir dans le débat qui nous
préoccupe. Puis c'est vrai que, oui, c'est de l'argent public qui... du
gouvernement du Québec qui est en partie attribué
à ces projets-là. Je comprends l'argument. En même temps, si les délais, aussi
courts soient-ils... puis, même si on respecte les délais qui sont impartis, si
ces délais-là nous provoquent des retards dans la réalisation des projets,
bien, c'est aussi de l'argent, c'est aussi de l'argent public qu'on
perd, là, à ce niveau-là.
Je prends
l'exemple du tramway. La ministre n'est pas sans savoir que chaque année de
retard, bien, c'est au moins 100 millions
de plus qui est perdu, là. En fait, simplement l'inflation, donc, ça a dû
augmenter aussi parce que l'inflation est
plus élevée aujourd'hui. Tout ça pour dire que ça aussi, ça a sa valeur. Alors,
si ça n'a pas été refusé, je ne sais pas si vous êtes en train d'obtenir
la réponse, là, mais c'est quelque chose qui m'apparaît quand même intéressant,
là, essayer de conjuguer à la fois l'idée
d'avoir un contrôle, mais, si le contrôle n'est pas nécessaire, bien, pourquoi
maintenir une mesure qui, peut-être, a un potentiel de ralentir le
projet et de nous coûter cher aussi ailleurs?
Mme Guilbault : Est-ce qu'on a des exemples? Non.
Une voix : Non.
Mme Guilbault : Bien, juste pour... Est-ce qu'on pense avoir ça aujourd'hui
ou on se dit qu'on en reparle?
M. Grandmont : On peut
continuer à jaser.
Mme Guilbault : Bien, c'est juste que je ne veux pas leur mettre la pression puis
stresser mes équipes non plus, là.
Une voix : ...
Mme Guilbault : O.K. On prend le temps de vérifier convenablement. Donc... Bien, c'est
ça. Oui, effectivement, toute
réduction des délais est souhaitable. Mais, comme je dis, à la quantité
d'argent qu'on met dans ces projets-là, je pense que c'est normal de vouloir garder un certain suivi, un certain contrôle
sur l'avancement du projet. Puis tout est, comme l'a dit mon collègue
ici, tout est un peu inextricablement lié, là. Les expropriations ont une
incidence sur le coût. Alors, tout ça doit
être pris en compte, doit être tenu en compte, puis on doit s'assurer, nous,
d'être au courant des intentions, des actions puis des coûts de ces
actions-là. Ça fait que, ça, je pense que c'est normal, mais je partage la
volonté qu'on aille le plus vite possible.
Puis, vous voyez, à l'article suivant,
l'article 5, justement, est un article qui va aller dans le sens de
dire : Essayons de réduire des délais à la source en faisant tout ce qu'on
peut pour faire avancer des projets simultanés... pour faire avancer des processus simultanément. On
y reviendra. Mais moi, je partage le souci marqué de mon collègue pour la
célérité, tout en étant, à titre de membre du gouvernement, dépositaire un peu
de l'imputabilité financière des projets quand c'est nous qui les
finançons pour la plus grande partie.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. M. le député de l'Acadie.
M. Morin :
Merci. Vous avez parlé, Mme la
ministre, du financement de certains projets de transport collectif. Donc,
quand une société de transport veut aller de l'avant avec un projet important,
et qu'ils ont besoin de financement ou qu'ils
ont besoin d'un emprunt, est-ce que cet emprunt-là est déjà approuvé par le
gouvernement avant qu'ils puissent agir?
Mme Guilbault : La capacité d'emprunt des sociétés de transport, c'est probablement via
les municipalités, là.
(Consultation)
Mme Guilbault : Les approbations sont obtenues auprès du... des Affaires municipales, du
ministère des Affaires municipales.
M. Morin : O.K. Donc, ce n'est pas
le gouvernement comme... C'est les Affaires municipales, donc, le ministère
des Affaires municipales, donc le gouvernement?
Mme Guilbault : Oui.
M. Morin :
Donc, le gouvernement a déjà un moyen pour contrôler les coûts et être au
courant des projets et du financement des
projets de transport collectif. Donc, si le gouvernement est déjà au courant et
qu'il doit approuver, par exemple, un emprunt ou le financement pour...
donc, le gouvernement sait qu'il va y avoir un projet, pourquoi le gouvernement
veut, à nouveau, approuver les l'expropriation? Si le gouvernement est déjà au
courant, on pourrait laisser aller son cours.
Mme Guilbault : Bien oui, sur les emprunts globaux, il y a une autorisation, mais, après
ça, sur le suivi des projets, sur l'utilisation des fonds, sur la
manière dont chaque facture est acquittée, il n'y a pas de... Tu sais, le
ministère des Affaires municipales, après
ça, ne fait pas les suivis de la même façon dans nos projets de transport
collectif. Il ne joue pas le même rôle que nous, on joue actuellement à chacune
des diverses étapes. Puis, entre autres au PQI, tu sais, on fait
cheminer actuellement, puis ça, ça amène des délais. Mais ça, c'est
complètement peut-être, éventuellement, d'autres
travaux qu'on aura à faire ensemble, mais les diverses étapes qui nous
permettent de chiffrer, puis de donner les approbations, puis de suivre
les projets, parce que c'est des projets qui coûtent tellement cher qu'on n'a
pas le choix de faire ce suivi-là.
M. Morin :
O.K. En fait, mon point était le
suivant : Si l'État, le gouvernement, dans son ensemble, est déjà au
courant d'un projet d'une société de transport qui va engendrer des coûts
importants, dans bien des cas, l'expropriation va être parfois une conséquence logique de
l'avancement du projet. Donc, si le gouvernement est déjà au courant, pourquoi
le gouvernement retient tant à approuver à nouveau l'expropriation?
Mme Guilbault : Non, mais c'est ça, mais c'est... Si une société veut emprunter,
c'est... comment je pourrais dire, après
ça, on n'est pas garant de la façon dont elle va l'utiliser, là. Si la société,
la société, oui, c'est ça, fait un emprunt, après ça, nous, il faut
qu'on garde une façon d'être tenus au courant de ce qu'elle fait avec l'argent
dans le projet de transport collectif qui nous concerne comme principal
partenaire financier.
M. Morin :
D'accord.
Mme Guilbault : Les sociétés peuvent emprunter, j'imagine, pour d'autres projets aussi
qui ne concernent pas nécessairement mon ministère. Alors, nous, pour
pouvoir se garder un oeil sur les projets qui nous concernent, pour lesquels nous devons budgéter du PQI, nous devons
faire des suivis au Conseil des ministres, je pense que c'est normal qu'on
puisse avoir ces... conserver un minimum d'emprise sur des éléments contextuels
des projets qui font monter la facture.
M. Morin :
D'accord. Merci.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. M. le député de Taschereau.
M. Grandmont :
Oui. Je ne sais pas si on a pu avoir réponse, là, à savoir quand est-ce
qu'on aurait une réponse à la première question qui avait été posée, à
savoir : Est-ce que ça a déjà été... c'est déjà arrivé, finalement, qu'un
décret gouvernemental ait été refusé à une société de transport qui devait
vouloir exploiter... exproprier pour un
projet de transport collectif spécifique? Est-ce qu'on a eu la réponse de quand
on pourrait avoir la réponse? Parce que...
Mme Guilbault : Non,
mais, dans les vérifications qu'on a faites à date, on n'a pas trouvé d'exemple
où ça a été refusé.
M. Grandmont : O.K.
Mme Guilbault : Mais ça n'empêche pas que tout ce que je viens de dire
précédemment, on va garder un peu la trace
de ce qu'il se fait puis la nécessité d'obtenir l'approbation. Puis là on le
voit, on la donne, l'approbation, quand on voit que c'est pour des bonnes raisons puis que c'est fait
correctement, puis que l'objectif est le bon. Mais, nous, ça nous permet
de suivre les évolutions des étapes du projet, en parallèle des étapes, comme
je disais, là, qui sont déjà prévues au PQI,
là, l'étude, la planification, le dossier d'affaires, etc., le dossier
d'opportunité, le dossier d'affaires, et tout ça. C'est des manières dont le gouvernement peut s'assurer d'être
consulté ou, en tout cas, d'avoir son mot à dire à diverses étapes
importantes du projet, chacune des étapes faisant augmenter la facture et les
risques.
M. Grandmont : Il y a quand
même, dans les projets majeurs, disons, qui nécessitent des expropriations qui
sont plus importantes, peut-être, là, disons-le comme ça, il y a des gens du
gouvernement qui sont impliqués dans le projet. Pour l'avoir déjà vécu, en
étant sur le comité directeur du tramway de Québec, il y avait des gens de la
SQI, il y avait des gens du ministère des
Transports qui étaient présents, puis qui participaient à l'ensemble du
processus pour, justement, avoir la bonne information de première main,
puis être capable de faire le relais avec les gens dont c'est la charge au
ministère des Transports, finalement.
Donc, on a comme une espèce de méthode de
validation supplémentaire qui, par ailleurs, pourrait permettre au
gouvernement... qui vient doubler, dédoubler, en fait, l'information qui est
déjà disponible au ministère des Transports, qui ajoute des délais, pour
laquelle on n'a jamais eu de refus de décret gouvernemental. Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Je m'excuse, mais,
pour moi, ça ne m'apparaît pas si clair que ça qu'on a besoin d'avoir
ça. Ça me semble une demande, somme toute, raisonnable de la part de la Société
de transport de Montréal d'aller... d'avoir un moyen, finalement, très... assez
simple, finalement, qui n'empêche pas d'avoir l'information nécessaire, finalement, de se rendre au ministère puis aux
personnes importantes qui doivent faire le suivi de ces expropriations-là.
J'ai du mal à m'expliquer, là, mais c'est correct.
• (16 heures) •
Mme Guilbault : Mais je peux... Voulez-vous... Je ne sais pas si mon collègue veut que
je réponde, mais je vais redire la même chose, là.
M. Grandmont : Non,
non, c'est ça, je connais déjà la réponse, là, mais je comprends mal la
réticence, je vais l'exprimer comme ça. Je fais juste le mentionner.
Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'amendement à l'article 4?
S'il n'y a pas de commentaire, nous allons procéder à la mise aux voix de
l'amendement à l'article 4.
Une voix : ...
Le Président (M. Jacques) : Par
appel nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Grandmont (Taschereau)?
M. Grandmont : Pour.
Le Secrétaire : Mme Guilbault
(Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :
Contre.
Le Secrétaire : M. Montigny
(René-Lévesque)?
M. Montigny : Contre.
Le Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
Le Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
Le Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron :
Contre
Le
Secrétaire : M. Lamothe (Ungava)?
M. Lamothe :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Morin (Acadie)?
M. Morin :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme McGraw :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Jacques (Mégantic)?
Le Président
(M. Jacques) : Abstention. L'amendement est rejeté. Est-ce qu'il
y a des commentaires à l'article 4? S'il n'y a pas de commentaire, nous
allons mettre l'article 4 aux voix. Est-ce que l'article 4 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président
(M. Jacques) : L'article 4 est adopté. Mme la ministre,
article 5.
Mme Guilbault : Oui. Merci, M. le Président. Article 5 : «Pour exproprier un
droit, il n'est pas nécessaire d'avoir obtenu
les autorisations requises pour la réalisation du projet ni de remplir les
conditions préalables à cette réalisation qui sont prévues par d'autres
lois.
«Le
présent article n'a pas pour effet de supprimer l'obligation pour un
expropriant d'obtenir les décisions et les autorisations requises par
les dispositions qui l'habilitent à acquérir un tel droit.»
L'article 5 du
projet de loi reprend quant à lui les deuxième et troisième alinéas de
l'article 36 de la Loi sur l'expropriation en formulant plus clairement
qu'il ne serait pas nécessaire pour exproprier un droit d'avoir obtenu les
autorisations requises pour la réalisation du projet ni de remplir les
conditions préalables à cette réalisation.
Il
serait toutefois nécessaire d'obtenir les décisions et autorisations requises
par les dispositions qui l'habilitent à acquérir un tel droit, Loi sur
l'expropriation, et là on a l'article 36, que j'ai lu déjà au précédent
article 4, parce que l'article 4
reprenait les alinéas un et quatre. Et je disais tout à l'heure que le
prochain allait reprendre les alinéas deux et trois. Donc, c'est
ça, l'idée.
Le Président
(M. Jacques) : Merci, Mme la ministre.
Mme Guilbault : Puis je veux juste, M. le Président... peut-être un élément de contexte.
Je l'avais dit tout à l'heure, je disais, l'article suivant va,
justement, aller dans le sens de gagner du temps en pouvant procéder deux...
laisser procéder deux processus... en tout cas, j'ai de la misère à le dire,
mais, bon, en faisant en sorte que deux processus parallèles peuvent se
dérouler, en l'occurrence entamer une procédure d'expropriation ou, du moins,
un avis de réserve, et tout ça, et,
parallèlement, demander les autorisations pour un futur projet pour lequel on
entame ladite procédure d'expropriation, qui, en fait, c'est ça, reprend
ce qui est déjà prévu dans la loi actuelle.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. M. le député d'Acadie.
M. Morin :
Merci, M. le Président. Alors, je
vais reprendre où Mme la ministre s'est arrêtée, quand Mme la ministre nous parlait de deux procédures, justement, qui
cheminent en même temps. J'y vois... personnellement, j'y vois un enjeu
parce qu'il y a des organismes qui doivent absolument être consultés et dont on
doit obtenir l'autorisation pour que le projet puisse continuer. Et j'ai en
tête, notamment, la CPTAQ, et je vais avoir un amendement à proposer en ce
sens, M. le Président. Parce que, dans ce cas-là, évidemment, ce qu'on veut
éviter, c'est qu'on ne travaille pour rien. Et ma compréhension, c'est que la Commission de la
protection du territoire agricole, ses décisions ont force, sont exécutoires
et, tout dépendant de la décision, bien, le projet n'irait peut-être pas plus
loin. Donc, on a un processus qui est entamé, il faut obtenir une
décision en même temps et, si jamais le processus avançait et que l'organisme
judiciaire ou quasi judiciaire qui devait rendre la décision faisait en sorte
qu'il n'accordait pas son autorisation, donc ça veut dire qu'on a travaillé, ou
qu'on a fait des dépenses, ou qu'on a commencé une expropriation pour rien.
Alors,
c'est la raison pour laquelle je pense que, dans une économie pour tout le
monde, et là je peux comprendre que
ça engendre peut-être un délai, mais pour l'économie pour tout le monde, je
pense qu'il serait préférable qu'à tout le moins, en ce qui a trait à la
CPTAQ, pour la protection du territoire agricole, les deux processus ne
puissent pas fonctionner en même temps, d'où l'amendement que je vais proposer.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 05)
(Reprise
à 16 h 27)
Le Président
(M. Jacques) : Nous reprenons nos travaux. Lors de la suspension,
le député de l'Acadie était sur le point de déposer un amendement.
M. Morin :
Merci. Merci, M. le Président.
Alors, effectivement, l'amendement a été déposé. Je peux procéder à la
lecture de l'amendement.
L'article 5 du
projet de loi est modifié :
1°
par l'insertion, dans le premier alinéa, après les mots «par d'autres lois»,
des mots «, sauf pour l'expropriation d'un
immeuble situé en zone agricole, auquel cas l'autorisation préalable de la
Commission de protection du territoire agricole du Québec doit être
obtenue, lorsque requise»;
2° par l'insertion, à
la fin de l'article, de l'alinéa suivant :
«En cas de
non-réalisation d'un projet ayant mené à l'expropriation d'un immeuble situé en
zone agricole, l'expropriant doit, dans
l'année qui suit la date où il est devenu officiel que le projet ne se
réaliserait pas, offrir au producteur agricole exproprié, le cas
échéant, la rétrocession de l'immeuble, et ce, au prix de l'indemnité
d'expropriation qui lui avait été accordée. L'expropriant doit également, dans
la même année, prendre les procédures appropriées pour que l'immeuble soit réintégré
en zone agricole, lorsque celui-ci en avait été exclu.» Voilà.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Merci, M. le Président. Bien, c'est un... c'est effectivement un
amendement qui reflète les discussions qu'on avait eues avec l'UPA, et
tout ça, puis c'est pour ça qu'on a pris le temps... j'ai pris le temps de l'évaluer. On avait déjà réfléchi à la chose, mais
là je voulais revalider certaines choses avec les équipes. Puis c'est pour
ça aussi tout à l'heure que je disais : L'objectif... puis que je
reprenais les termes de mon collègue de Taschereau, l'objectif, c'est de gagner du temps. Puis une des choses qu'on a faites
au précédent article — c'est-tu
à l'article 4 ou 3? — c'est
d'assouplir ou d'accélérer le processus
d'expropriation pour un expropriant du gouvernement, pour un ministre, pour
nous.
Moi, par exemple, si
je veux exproprier, je vais avoir besoin d'une autorisation ministérielle
plutôt que d'un décret du Conseil des ministres. Alors, on veut aller plus
rapidement. Et le fait de devoir attendre une décision de la CPTAQ, qui est une organisation aussi entièrement
indépendante sur laquelle on n'a aucun absolument aucun contrôle, puis c'est correct, c'est normal, c'est prévu
comme ça... mais, à part pour des motifs d'urgence, là, tu sais, de réelle,
réelle urgence, de ce qu'on me dit, on ne peut pas obtenir de décision
accélérée au processus accéléré.
Alors là, c'est comme
si, d'une part, dans le projet de loi, on met en place des mécanismes pour
gagner du temps sur les processus, mais, d'autre part, on s'en ajouterait, qui
fait qu'on est obligé de cumuler des délais. Donc, moi-même, si je veux gagner du temps en enlevant mes décrets
gouvernementaux, et tout ça, je perds ce gain net là, et même encore
plus en faisant des processus consécutifs plutôt que simultanés.
C'est
pour ça que moi, je favorise qu'on continue de pouvoir aller de l'avant avec
les deux processus simultanés, ce qui n'empêche pas la CPTAQ de faire
son travail. Et, dans les faits, ce qu'on me dit aussi, c'est que, souvent, les
expropriations agricoles, par exemple pour des projets de ponceaux ou de
routes, ou les projets que le ministère des Transports,
chez nous, on fait, ça se déroule bien, on obtient les autorisations puis il
n'y a pas de problématique parce que,
souvent, c'est des projets que le milieu veut. Alors, dans la majorité des cas,
de toute façon, ça ne pose pas de problème.
Donc,
pour ces raisons-là de gain de temps, moi, je préférerais qu'on puisse
continuer à mener les deux processus simultanément.
• (16 h 30) •
Le Président
(M. Jacques) : Merci. M. le député.
M. Morin :
Oui. Alors, deux choses. Quand vous dites, Mme la ministre, vous obtenez
des autorisations, des autorisations de qui? D'autres organismes ou de la
CPTAQ? Parce que ma compréhension, c'est qu'avec l'article 5, tel qu'il est proposé, l'expropriant ne pourra pas
passer à côté d'une décision de la CPTAQ. Donc, ce qu'il va arriver, c'est que le projet va avancer puis, à un moment
donné, la CPTAQ va rendre sa décision. Et puis, si elle est contre le projet,
vous allez être obligé de tout remettre en
état. Puis, parce que la CPTAQ est un organisme, vous l'avez dit, avec raison,
indépendant, bien, vous ne pouvez pas contrôler ce qu'ils vont décider. Donc,
en fait, vous allez... ou bien vous avez un
retard ou vous risquez d'avoir un retard et un dédommagement à faire. Et c'est
la raison pour laquelle je propose, dans le cas, par exemple, des terres agricoles, d'attendre, on parle
uniquement de la Commission de la
protection du territoire agricole, compte tenu de l'importance des terres
agricoles, et, dans le deuxième cas, d'être capable de rétrocéder l'immeuble
avec une vocation agricole. Parce que ma
compréhension de l'article actuel, c'est que vous ne pourrez pas passer à côté
de la CPTAQ de toute façon.
Mme Guilbault : Oui, bien, c'est vrai, c'est ça, en fait, l'article 5
reprend exactement ce qui était prévu dans les
alinéas deux et trois de l'article 36. Donc, le collègue a raison. En
fait, nous, ce qu'on propose, c'est le statu quo pour cet élément-là
dans le projet de loi, c'est de garder les choses comme elles sont déjà. Donc,
on ne change rien, on n'introduit rien, on
n'allonge pas de délai puis on... Mais, par contre, au net, on gagne, parce
qu'à l'article précédent on est allé
chercher des gains sur nos propres procédures, à l'intérieur... comme
expropriant, à l'intérieur du gouvernement, donc on a un gain de temps.
Mais là, si,
après ça, on fait une modification à l'article 5, par rapport à ce qui
existe déjà, pour aller ajouter du temps, les délais, il y a des décisions de
la CPTAQ sur lesquelles on n'a absolument... qui ne dépendent absolument pas de nous puis qui prennent le temps qu'elles prennent, bien
là, au net, mon article 4 plus mon article 5, au net, je perds du temps dans mes délais par rapport à la loi
actuelle. Donc, ça, ça va à l'encontre de l'esprit de la loi, et c'est pour ça,
là... Donc, oui, c'est vrai
qu'actuellement on ne peut pas contourner la CPTAQ, on ne pourra pas plus la
contourner dans l'article 5, c'est le statu quo.
Et aussi, comme je le
disais, puis on a vérifié, actuellement, ça n'arrive pas, là, vraiment, là, de
situations où on se retrouve pris avec un
terrain pour lequel la CPTAQ dit non. Puis, hypothétiquement, si ça arrivait,
j'ai posé aussi la question, donc, on se retrouverait avec une terre
excédentaire qu'il faudrait... bien, soit qu'on pourrait conserver pour des fins d'un futur autre projet ou, tu sais,
comme le ministère dispose de certaines terres un peu partout, si, un jour,
on a besoin de faire une emprise, on a
besoin de faire ci ou de faire ça ou... Mais, en même temps, si on se retrouve
avec, sans pouvoir faire le projet
parce qu'il y a une décision défavorable de la CPTAQ, ça veut dire que son
usage agricole est maintenu, donc, à ce moment-là, il pourrait être
retourné pour un usage agricole aussi.
M. Morin :
Oui. Sauf que, dans le cas du
deuxième alinéa de l'amendement que je propose, à ce moment-là, là, c'est sûr, ça deviendrait très clair, l'intention
du législateur serait à l'effet qu'il y aurait une rétrocession de l'immeuble
pour être sûr que ça va rester pour des terrains agricoles.
Maintenant, écoutez,
c'est sûr que vous pouvez faire un gain, mais vous pouvez aussi, dans l'état
actuel de l'article 5, comme je vous le
disais, de vous ramasser dans une situation où vous allez être obligés de
rechanger la vocation, arrêter
l'expropriation. Parce que, clairement, pour la CPTAQ, vous ne pourrez pas
passer à côté, vous allez être obligé d'avoir
sa décision avant de compléter le projet. Puis, plus le projet avance vite,
parce que vous voulez un gain d'efficacité, si la commission vous dit
non, là, vous allez être obligé de tout défaire.
Donc,
je me dis : Plutôt que d'avoir un impact sur l'exproprié, bien, attendons
la décision de la CPTAQ, et puis, après ça, bien, vous êtes sûrs que
vous allez pouvoir procéder de l'avant, et là il n'y aura aucun souci.
Mme Guilbault : Bien, je comprends ce que me dit mon collègue, il dit : On doit
vivre avec un risque lié à la décision
éventuelle de la CPTAQ. Et ce que je lui dis, c'est que c'est vrai, mais ce
risque-là, il est ni plus ni moins élevé qu'avant, c'est le même risque,
mais avec... risque avec lequel on doit déjà composer, qui, heureusement, à
date, ne nous a pas posé de problème, mais
qui, effectivement, de manière théorique, pourrait un jour faire en sorte qu'on
se retrouve avec une décision défavorable. Auquel cas, on va procéder,
tu sais, avec l'usage du terrain, soit, comme je dis, on va le conserver soit on va le... on va en disposer.
Conformément à ce qu'on m'explique, il existe une procédure pour les terres
excédentaires, au gouvernement, donc, et il va avoir conservé son usage
agricole parce que la CPTAQ a refusé qu'on modifie le zonage.
Mais,
derrière ça, je sens... tu sais, je sens bien le souci, la préoccupation à
l'endroit du milieu agricole, qui est largement partagée par la partie
gouvernementale, là, je tiens à le dire au micro. Puis, d'ailleurs, peut-être,
je trouve, c'est peut-être le moment de l'insérer. Il y a mon collègue ministre
de l'Agriculture qui a déjà commencé ou s'apprête à commencer...
Une voix :
...
Mme Guilbault : ...commencer une vaste consultation du milieu
agricole pour la... bien, c'est-tu la refonte, la modernisation, je ne veux pas lui mettre les mots
dans la bouche, mais par rapport à la loi sur la protection des territoires
agricoles, donc, dans le cadre de cette consultation-là, puis on leur a beaucoup
parlé par rapport aux faits concernant l'étude
détaillée, ici, entre autres sur des questions qui peuvent toucher le milieu
agricole. Et donc eux nous assurent que la propriété agricole va faire... va être l'objet d'une partie de la
consultation à part entière, en novembre. Donc, c'est sûr que, là,
l'expropriation vient toucher la propriété agricole, mais ça demeure très
niché, comme élément qui touche la propriété agricole. Donc, cette
question-là va être abordée plus largement dans une consultation faite par le
MAPAQ qui est quand même, je dirais,
l'institution ou l'interlocuteur privilégié pour le milieu agricole, qui
contrôle, d'ailleurs, la loi sur la protection des terres agricoles.
M. Morin :
Alors, effectivement, d'ailleurs,
il y avait un article à cet effet-là, à Radio-Canada, M. le Président, quant à la consultation du ministre de
l'Agriculture. On nous indique que le gouvernement veut, autour de trois thèmes,
protéger le territoire agricole, protéger les activités agricoles puis revoir l'accès
aux terres pour la relève agricole. Maintenant,
on dit qu'on ne vise pas à diminuer le territoire agricole, mais à l'adapter.
Évidemment, vous comprendrez que,
moi, ma préoccupation, compte tenu de l'importance de la souveraineté
alimentaire du Québec, c'est de protéger le territoire agricole, d'où
l'amendement que j'ai déposé, M. le Président. Merci.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui. Merci, M. le
Président. Merci, M. le Président. Bien, tout à fait d'accord avec
l'amendement, là, qui est proposé par mon collègue de l'Acadie, ça
rejoint, là, ce que j'avais annoncé, là, dans mes remarques préliminaires.
En même temps, j'entends aussi, effectivement, là, l'enjeu d'efficacité. C'est
sûr que la CPTAQ a un rôle à jouer
qui est important. C'est un organisme indépendant, c'est clair aussi qu'on doit
respecter son bon jugement puis son
expertise dans des domaines comme celui-là. Chose certaine, pour moi, quand je
regarde la proposition d'amendement, les
deux amendements peuvent vivre séparément aussi, là, tu sais? Si la ministre
n'est pas intéressée par le premier alinéa, pour des raisons, disons, de délai puis d'accélération des projets, c'est
une position qui peut peut-être se défendre, mais le deuxième a quand
même son intérêt.
Tu sais, si on a des
terres excédentaires, à un moment donné, ça devient un peu contre-productif par
rapport à ce qu'on veut maintenir comme terres agricoles au Québec. On sait
combien ces terres-là sont sous pression, il y en a de moins en moins. Il y en
a peu, déjà, au départ, parce que c'est à peu près... c'est juste seulement
dans la vallée du Saint-Laurent qu'on est capable de faire de l'agriculture de
qualité. Malheureusement, on a tendance à s'étendre beaucoup... on a eu
tendance à s'étendre beaucoup, dans les dernières années, en ce qui concerne le
développement résidentiel, alimenté par
notre réseau d'autoroutes, sur des secteurs où les terres sont de très bonne
qualité. Donc, il y a tout à croire que... tout porte à croire, en fait,
que ce genre de situation là doit arriver quand même assez souvent, dans des
milieux où les terres sont de relativement bonne qualité, quand même. Donc, il
faut absolument les protéger.
Si un projet
ne se réalise pas, il me semble que ça serait... ça irait dans le sens logique
de redonner ces terres-là. On va avoir d'autres propositions
d'amendements, là, notamment, vous vous souviendrez, Mme la ministre, là, sur
la proposition de la CMM sur les terres qui ne sont pas exploitées depuis trois
ans, de les redonner à des agriculteurs, des agricultrices, pour qu'ils
puissent l'exploiter. On a besoin de ces terres-là. Puis ça me fait penser à
des secteurs comme, vous vous en souviendrez
certainement, mais le prolongement de l'autoroute Félix-Leclerc à travers
L'Ancienne-Lorette, c'est des terres qui appartiennent toujours au MTQ. Il y a
des terres qui appartiennent aussi, dans le coin de Vaudreuil, si ma mémoire
est bonne, aussi. Oui, hein? Vous avez fait une sortie publique là-dessus, il n'y a pas si longtemps que ça, des terres qui
appartiennent toujours au MTQ sur lesquelles, bien, câline... Bon, ce n'est peut-être
pas des terres agricoles, mais ce que je veux dire, c'est que c'est des terres
pour lesquelles on ne peut pas avoir un
usage autre que d'être en friche puis d'attendre, tu sais? Dans le meilleur des
cas, on en fait des parcs ou... Hein?
• (16 h 40) •
Mme Guilbault : ...à L'Ancienne-Lorette.
M. Grandmont : Oui,
c'est ça, exactement. Bien, tu sais, bon, qu'est-ce que c'était avant, ces
terres-là? C'étaient peut-être des
terres agricoles aussi. Toujours est-il que, ces terres-là, je pense qu'il faut
les protéger puis moi, je suis d'avis... Puis, en tout cas, je tends la perche à mon collègue de l'Acadie, s'il
veut regarder la possibilité de proposer un sous... pas un
sous-amendement, mais un amendement, un autre amendement qui viendrait juste
déposer le deuxième, s'il y a de l'ouverture
du côté de la ministre, bien, tu sais, ça peut être quelque chose d'intéressant
à envisager, là. Il n'y a rien qui dit que... Le premier, je comprends les
arguments, mais le deuxième... Disons que ça peut être intéressant de s'assurer
que ces terres-là, ces terres agricoles là,
restent dans le domaine agricole, dans les cas où les travaux ne se réalisent
pas, là. On n'est pas en train de dire que tous les projets ne se
réaliseront pas parce qu'on veut les conserver. Mais, dans les cas où les projets ne se réalisent pas, bien, que ça
ne devienne pas des terres excédentaires puis qu'on n'en fasse rien ou, peut-être, au mieux, des parcs, mais qu'elles
soient rétrocédées quand il s'agit de zones... de terres en zone agricole.
Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'article... à l'amendement de
l'article 5? M. le député d'Acadie.
M. Morin : Oui. Bien, écoutez,
compte tenu de nos échanges et des échanges avec Mme la ministre puis la partie
gouvernementale, je comprends que la première partie de l'amendement reçoit
un... en fait, est moins... la ministre est
moins favorable. Cependant, quant à la deuxième partie, je pense que ce serait
important de s'assurer que les terres
agricoles resteront dans le domaine agricole. Donc, tout dépendant de la
décision de la ministre, moi, je pourrais présenter... De deux choses l'une, au niveau de la procédure, ou bien on
vote sur l'amendement tel qu'il est. Évidemment, si on vote en bloc, il risque d'être rejeté par la partie
gouvernementale. Je peux représenter un autre amendement qui va couvrir
uniquement la partie deux, ou, si tout le monde est d'accord, on peut scinder
l'amendement puis garder uniquement la partie deux.
Le Président (M. Jacques) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault : ...bien, en fait, moi, je suis d'accord avec mes collègues, moi aussi,
je voyais les deux choses qui peuvent tout à fait vivre indépendamment.
Et je pense que, sur l'élément un, en tout cas, pour ma part, j'aurais terminé
ma représentation, dans le sens où, pour moi, c'est mathématique, là, si
j'additionne mon article 4 avec mon article 5
et qu'au final je me retrouve avec une perte nette, en termes de délais
allongés, je trouve que je vais à l'encontre de l'esprit de mon projet de loi et... Et c'est ça. Puis je pense
qu'aussi les autres expropriants, les municipalités, la CMM, et tout ça, je ne pense pas qu'ils apprécieraient,
puis encore là sous réserve, je ne veux pas mettre des mots dans leur bouche,
mais je pense qu'ils trouveraient ça un peu
aussi contre-productif de s'ajouter des délais qui actuellement n'existent même
pas. Donc, c'est... non seulement on n'a pas
de gain de délais, mais on s'en ajoute. Alors, bref, donc, pour la première
partie, c'est ce que j'aurais à dire.
La deuxième, c'est parce que, c'est ça, je
réfléchis en même temps, moi, je suis assez d'accord. Tu sais, comme je disais tout à l'heure, prenons un
exemple. C'est qu'à date, ça ne nous arrive pas. Dans la réalité, là, quand on
exproprie puis on a quelque chose à faire avec ce terrain-là, la décision nous
arrive, puis on est corrects, puis on fait le
projet. Mais ça ne veut pas dire que ça pourrait ne jamais arriver. Donc, un
cas de figure où on aurait le droit d'aller de l'avant tout de suite
avec notre procédure d'expropriation plus rapide, on attend, là, on procède, on
a le terrain, et la CPTAQ est contre, donc
ce terrain-là reste agricole. Comment est-ce qu'on peut trouver une façon de
s'assurer que... C'est-à-dire, il reste déjà agricole par la décision de la
CPTAQ, mais je disais tout à l'heure : On en garde la propriété, il
est dans nos terres excédentaires. Qu'est-ce qu'on veut faire avec? Est-ce
qu'on veut le garder? Est-ce qu'on veut éventuellement, peut-être, se réessayer?
Est-ce qu'on veut, tu sais...
Puis
le député de Taschereau fait référence aux terrains à L'Ancienne-Lorette. Ça
fait longtemps qu'on les a, ces terrains-là,
tu sais, il y a peut-être aussi... Puis j'ai fait un parc, à mon précédent
mandat, avec le député de La Peltrie, mais c'est des installations
temporaires, en se disant : Si, un jour, on en a besoin pour, peut-être,
de la mobilité... Puis le député de Taschereau aimerait sûrement que je fasse
une bretelle d'autoroute ou quelque chose comme ça avec.
Des voix : ...
Mme Guilbault : Non, ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai, c'est une
blague. C'est une blague. Alors, tout ça pour dire que, des fois, il y a
quand même une pertinence à se garder des terrains. Puis ma collègue de Vaudreuil aussi nous donnait un exemple, chez
elle, donc, il y a une nécessité des fois, aussi, d'avoir comme une réserve
de terrains pour des futurs projets. Mais, un terrain agricole, je serais
ouverte à ce qu'on trouve...
Puis
l'autre chose, dans la façon dont c'est amené en ce moment, c'est que, j'en
discutais ici avec mes collègues juristes... c'est qu'admettons, si on
dit : On attend de voir, un an, si le projet se réalise puis, si, après un
an, on n'a pas réalisé le projet, on
le redonne à l'exproprié, l'exproprié, il y a des chances qu'il soit déjà
relogé ou réinstallé ailleurs. Ça ne veut pas dire que cette personne-là
précisément serait intéressée à rester là. Donc, comment est-ce qu'on...
Puis
il peut aussi y avoir — parce
que mon cerveau est frénétique, il y a plein de choses en même temps — il
peut aussi y avoir la situation où, même si on a une décision favorable
de la CPTAQ, finalement, pour d'autres raisons qui n'ont aucun rapport avec le milieu agricole, on ne fait pas le projet.
Donc, on se retrouve avec le terrain qui a été dézoné, mais qu'on n'utilise pas pour les fins qui avaient
été prévues. Donc, est-ce qu'on le retourne au milieu agricole quand même?
Donc,
il y a un ensemble de choses qui vont toutes dans le même sens. Puis moi, je
suis ouverte à ce qu'on se trouve peut-être
un moyen d'atteindre cet objectif-là, encore une fois, un peu comme
l'article 2, mais pas nécessairement de la façon dont c'est proposé
là. Mais j'ai une ouverture.
Puis
tantôt le collègue de Taschereau disait : J'aurai aussi des amendements à
proposer qui suivent des suggestions de
la CMM sur le trois ans. Je ne sais pas s'il serait ouvert déjà à nous en
parler ou à nous dire de quels articles il s'agit, parce que, si c'est
lié ou c'est connexe à ce dont on discute, peut-être que ça pourrait faire
partie de ma réflexion ou peut-être que
c'est quelque chose qui pourrait être réglé, par ailleurs, dans un autre
article ou... J'essaie juste de voir, là, s'il est à l'aise. Sinon, ça
peut être à la prochaine séance, s'il n'est pas rendu là, là.
Le Président
(M. Jacques) : M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui, bien, on avait...
Merci pour la perche tendue. On avait, nous, pensé l'envoyer plus dans
les articles, là, qui touchent la modification
à la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Donc, en tout cas, on pourra voir,
là, justement, autour de 180
quelques, là... on pourra voir si effectivement c'est à cet endroit-là ou c'est
plutôt là qu'on le ramène, là, on pourra discuter de ça éventuellement.
Moi,
j'aimerais quand même souligner quelque chose de ce que la ministre vient de
dire. Elle parle de projets, donc, qui auraient été refusés... non, dont
le dézonage aurait été refusé par la CPTAQ. Mais, même... dans mon esprit à
moi, à moins que j'aie mal compris, là, la proposition du collègue de l'Acadie,
mais il pourrait y avoir autorisation de la CPTAQ, il pourrait y avoir
expropriation. Un projet ne se réalise pas; dans mon esprit à moi, le projet
devrait retourner à l'agriculteur pour être
exploité si le projet ne se fait juste pas. C'est ça, dans le fond, l'esprit de
l'amendement que moi, je comprends. La terre devrait être redonnée.
Si
on garde cette terre-là en terre excédentaire puis qu'on y autorise
l'agriculture, on est quand même dans une logique de location de terre, puis on ne l'a pas, cette pérennité-là qui
est donnée à l'agriculteur. Puis vous vous souviendrez, on en avait parlé quand même beaucoup dans
l'audience avec l'UPA, ne pas être locataire... être locataire d'une terre,
pour un agriculteur, c'est avoir des
difficultés à se projeter dans l'avenir puis avoir de la difficulté à faire des
investissements. Tu sais, si, demain matin,
là, le gouvernement revient puis dit : Bien, finalement on va le faire,
notre projet, ou : On l'a
modifié puis on va le faire, l'agriculteur, je veux dire, il a fait tout ce
travail-là pour rien. Ça ne fonctionne pas.
Moi, ce que je
comprends de cette proposition-là d'amendement, c'est qu'il y a rétrocession de
l'immeuble et que, dans le fond, là, l'agriculteur,
l'agricultrice retrouve sa terre, recommence à l'exploiter, puis, si jamais il
y a un nouveau projet, bien, on repasse le processus en entier, là. Mais
l'histoire d'avoir des terres excédentaires, pour moi, c'est un problème, au
même titre qu'on a des gens qui achètent des terres puis qui les louent à des
agriculteurs, agricultrices. Donc, il y a comme une nuance, là, je ne sais pas
si on parle exactement le même langage, là.
Mme Guilbault : Oui, bien, je comprends ce qu'il veut dire. Mais, moi, ce
que je disais aussi, c'est que... Parce que,
là, c'est dans l'année qui suit la date où il est devenu officiel que le projet
ne se réaliserait pas. Donc, disons que
l'exproprié quitte parce qu'on l'a exproprié. Il quitte. Là, après ça, il y a
un délai parce que, là, on pense peut-être faire le projet, on réfléchit, on a des démarches, et tout ça. Et là il
peut y avoir déjà un délai, là, disons, je ne sais pas, moi, 10 mois, un an, 16 mois, au bout duquel
on dit : Finalement, c'est officiel, on ne le fera pas, le projet. Et là,
après ça, on aurait une autre année durant laquelle il faudrait
rétrocéder la terre à l'exproprié. Ce que je dis, c'est que cette personne-là, fort probablement, va s'être
réinstallée ailleurs, ça fait qu'elle ne va pas nécessairement vouloir, même au
prix de l'indemnité d'expropriation... elle
ne va peut-être pas nécessairement vouloir revenir, la même personne
expropriée.
M. Grandmont : Non, mais, pour moi, là,
je veux dire... puis il aurait peut-être fallu avoir cette discussion-là avec
des gens de l'industrie...
Mme Guilbault : Mais ça pourrait être un autre agriculteur.
M. Grandmont : ...pour
leur poser la même question, pour savoir comment ça se passe, mais, dans ma
tête, tant que le projet ne se fait
pas, bien, l'exploitation continue à se faire. Tu sais, là, l'expropriant...
l'exproprié ne quitte pas sa terre avec son stock, ses tracteurs pour y revenir
après. Puis ça arrive souvent que c'est un bout de sa terre aussi, là, c'est un morceau de terre. Tu sais, je pense à des
bretelles d'autoroute qui vont empiéter sur une terre agricole. Donc, tu sais,
l'exploitation peut se continuer où elle est à proximité. C'est une partie de
son bien, là, qui est expropriée, donc...
• (16 h 50) •
Mme Guilbault : Juste pour voir dans la séquence, effectivement...
(Consultation)
M. Grandmont : Oui, bien, c'est ça, en
fait, je voulais... j'allais un peu dans le même sens que ce qu'on suggère, de l'autre côté, peut-être suspendre la session
puis, éventuellement, y revenir. Parce que je sens quand même de l'ouverture, du
côté de la ministre, il faut peut-être juste s'entendre sur la façon dont ça
peut être fait, là.
Le Président
(M. Jacques) : Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 51
)
(Reprise à 17 h 05)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Et maintenant je cède la parole à Mme la ministre.
Mme Guilbault : ...M. le Président. Alors, j'ai pris du temps avec mon équipe pour
réfléchir un peu. Parce que, comme je
disais, j'aime l'esprit qui est derrière, puis l'objectif qui est derrière la
deuxième partie de l'amendement de l'opposition officielle. Et, ce que
j'aurais à proposer, à ce stade-ci, étant donné l'heure qu'il est, puis je ne
veux pas non plus qu'on soit... qu'on reste
suspendu éternellement, puis je voudrais qu'on prenne le temps de trouver le
meilleur libellé ou la meilleure façon d'atteindre l'objectif, que je
pense avoir bien compris... Puis l'opposition officielle aussi nous a fait
référence à l'article 66 de la loi sur la protection des terres agricoles,
qui pourra aussi peut-être être une inspiration. Ça fait que, donc, on va
regarder ça ce soir. Si mes collègues consentent, je suspendrais
l'article 5. On va regarder tout ça ce
soir. Et, demain, à la reprise, on pourrait, un peu comme on a fait tout à
l'heure, là, pour l'article 2, reproposer ou rediscuter de ça. Mais nous,
on aura amené, peut-être, une... Parce que je ne pense pas que... libellé comme
ça, il y a des choses qui ne conviennent
pas. Est-ce que ça va être exactement... tu sais? Donc, on va reprendre tout ça
avec les équipes puis demain on arrivera avec une proposition pour discussion.
Le Président (M. Jacques) : Est-ce
qu'il y a consentement pour suspendre l'amendement à l'article 5? Consentement. Est-ce qu'il y a consentement pour
suspendre l'article 5? Consentement. Donc, Mme la ministre,
article 6.
Mme Guilbault : Est-ce que c'était votre amendement ou celui de...
Une voix : ...
Mme Guilbault : L'autre? O.K. Je n'étais pas sûre. Je m'étais peut-être
trompée.
Une voix : ...
Mme Guilbault : Mais c'est la communauté d'esprit ici.
O.K.
Article 6 : «Lorsqu'un immeuble fait l'objet d'une réserve, seuls le
gouvernement, l'un de ses ministres, un mandataire de l'État ou celui
qui impose la réserve peuvent exproprier un droit qui porte sur celui-ci.»
L'article 6 du
projet de loi reprend le principe établi aux articles 77 et 77.1 de la Loi
sur l'expropriation voulant que seul celui
qui impose la réserve, le gouvernement, l'un de ses ministres et un mandataire
de l'État peuvent exproprier un droit
faisant l'objet d'une réserve. Alors, bien, c'est ça, en fait, c'est assez
simple, on reprend ce qui était déjà prévu. Ceux qui font la réserve
exproprient.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'article 6?
M. Morin :
...M. le Président. Merci. Est-ce
que vous avez, Mme la ministre, un exemple concret de ce que ça peut
signifier en pratique?
Mme Guilbault : Dans quel sens? Bien, c'est sûr que, si on émet un avis de réserve, dans
le fond, c'est celui qui aura émis l'ami de réserve... l'avis de réserve
qui va pouvoir aller de l'avant pour l'expropriation.
M. Morin :
O.K. Donc... Mais c'est : «Lorsqu'un immeuble fait l'objet d'une
réserve, seuls le gouvernement [...] ou un mandataire de l'État ou celui qui
impose la réserve peuvent exproprier un droit...» O.K. Excellent. Donc, le
mandataire de l'État, ça peut être une société d'État également?
Mme Guilbault : Ma compréhension, c'est que oui.
M. Morin : Oui. Très bien.
Merci.
Le
Président (M. Jacques) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur
l'article 6? 6. Exactement. Pas de commentaire. Est-ce que
l'article 6 est adopté? Adopté. Mme la ministre, l'article 7.
Mme Guilbault : Parfait. Article 7 : «Afin de diminuer le coût total de l'expropriation
et de tenir lieu d'indemnité provisionnelle ou définitive, en tout ou en
partie, un expropriant peut acquérir, de gré à gré ou par expropriation, un démembrement du droit de propriété au bénéfice de
l'immeuble de l'exproprié ou un droit de propriété sur un immeuble situé
à proximité de celui appartenant à l'exproprié et qui peut servir à rétablir sa
situation.
«La décision ou, selon le cas, l'autorisation
prévue au premier alinéa de l'article 4 n'est pas requise pour une
acquisition par expropriation faite en vertu du premier alinéa du présent
article.»
L'article 7... Bien, l'explication,
là : l'article 7 du projet de loi réitère le pouvoir prévu à
l'article 64 de la loi actuelle
d'acquérir un immeuble de gré à gré ou par expropriation afin de tenir lieu
d'indemnité et diminuer ainsi le coût total de l'expropriation.
Le nouveau libellé apporte, toutefois, certaines
précisions. Tout d'abord, il clarifie que cette expropriation n'a pas besoin, pour être réalisée, d'avoir été
décidée ou autorisée préalablement par le gouvernement, ce qui est le reflet
de l'article 4 préalablement adapté...
adopté. Ensuite, l'immeuble exproprié peut non seulement être adjacent à
l'immeuble appartenant à l'exproprié,
mais il peut également être à proximité de celui-ci afin d'accroître la
souplesse d'application de cette
disposition. Enfin, ce pouvoir d'exproprier permet non seulement d'acquérir le
droit de propriété sur l'immeuble, mais
également un démembrement de ce droit au bénéfice de l'immeuble de l'exproprié,
telle une servitude de passage.
Et là je
comprends qu'on ajoute «proximité» à «adjacent» pour qu'on puisse couvrir
quelque chose d'un petit peu plus large, qui va être proche, mais pas
nécessairement adjacent.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Alors, mon seul
commentaire, M. le Président, Mme la ministre s'en souviendra probablement, il y a des intervenants, dont, si mon souvenir est
bon, la ville de Mascouche, dans leurs mémoires, qui étaient inquiets. Ils disaient que peut-être que «situé à
proximité», c'était un peu flou. Et ils demandaient une définition de
«proximité». Alors, pensez-vous que
c'est quelque chose que le gouvernement souhaite faire, donc, être plus précis,
ou si vous le laissez de cette façon-là?
• (17 h 10) •
Mme Guilbault : ...la définition de la «proximité», c'est : «Situation
de quelqu'un, de quelque chose qui se trouve à peu de distance de quelqu'un, de
quelque chose d'autre, d'un lieu.» Ça, c'est la définition du dictionnaire.
Mais je pense qu'il y a aussi le souhait de maintenir une certaine latitude,
là, puis il y a toujours le gros bon sens. Mais
il y a surtout aussi de dire... Parce que, tu sais, les situations sont
variables. Ça fait que, de dire «pour un rayon» ou «un périmètre», je
pense que ce serait inutilement contraignant.
M. Morin : Très bien. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Est-ce
qu'il y a d'autres... M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui. C'est ça.
Bien, on en a parlé, là, déjà, dans les articles précédents. Je me demandais si
on ne pourrait pas avoir... puis j'ai
l'impression que ça va revenir quand même assez souvent aussi, si on ne
pourrait pas avoir un petit cours de démembrement 101, bien
comprendre concrètement ce que ça veut dire, qu'on soit tous sur la même... à
la même page.
Le Président (M. Jacques) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Bien, comme l'exemple de la servitude qu'on disait,
comme ça, ça pourrait lui donner un droit de
passage sur une propriété qui, autrement, ne serait pas la sienne. Mais, le
concept de démembrement de propriété, peut-être que, si les collègues
sont à l'aise, ma collègue juriste pourrait nous donner le petit
cours 101, effectivement. Ça pourrait être bénéfique pour tous ceux qui ne
sont pas juristes ici.
Le Président (M. Jacques) : Consentement?
Consentement.
Mme Massé (Julie) : Bonjour. Je
prenais mes notes, là. Je me suis pris quelques définitions.
Donc, en
fait, le droit de propriété est composé de différents types. Donc, il y a
l'usufruit, il y a l'usage, il y a la servitude,
il y a l'emphytéose, qui sont reconnus par le Code civil comme étant des
démembrements de droit de propriété. Et ça constitue des droits réels.
Donc, une
personne qui a un droit de propriété peut donner à un autre immeuble — souvent,
c'est au service d'un autre immeuble — un
usufruit, ou un usage, ou parfois c'est un droit personnel. Mais ceux qu'on
couvre, nous, c'est les droits réels, donc l'usufruit, l'usage, la servitude,
l'emphytéose. Par exemple, quand on donne un droit de passage sur un terrain, un terrain
qui est enclavé, on va donner un droit de passage sur l'autre terrain, pour
pouvoir traverser. Ce droit-là est donné au bénéfice d'un terrain à
l'autre.
Dans le cas
de l'expropriation, la Loi sur l'expropriation, déjà, en ce moment, on peut
exproprier l'entièreté du droit de
propriété, on peut exproprier quelqu'un qui aurait un droit de passage, on peut
venir chercher son droit de passage pour avoir l'entièreté du droit de
propriété sur le terrain, si on en a besoin. Donc, c'est ça.
Je ne sais
pas si vous voulez que je vous donne certaines définitions, là, les définitions
du Code civil, d'usufruit, l'usage, la servitude, l'emphytéose, là.
C'est peut-être... c'est des concepts, là... je...
M. Grandmont : ...oui.
Mme Massé
(Julie) : Donc, l'emphytéose, c'est «le droit qui
permet à une personne, pendant un certain temps, d'utiliser pleinement un
immeuble appartenant à autrui et d'en tirer tous ses avantages, [donc, et
c'est] à la condition de ne pas en compromettre l'existence et à charge d'y
faire des constructions, ouvrages ou plantations qui augmentent sa valeur d'une
façon durable». Donc, l'emphytéose, on donne à la personne le droit de se
servir de notre terrain puis de le faire fructifier.
L'usufruit,
lui, c'est «le droit d'user et de jouir, pendant un certain temps, d'un
bien dont un autre a la propriété, comme [en étant] le propriétaire
lui-même, mais à charge d'en conserver [sa] substance».
L'usage,
c'est «le droit de se servir temporairement du bien [d'une autre personne] et
d'en percevoir les fruits et les revenus, jusqu'à concurrence des besoins de
l'usager [...] des personnes» qui y résident et des personnes... Donc, on
peut utiliser pour nos propres besoins, pas forcément pour faire du commerce.
Puis, la
servitude, c'est «une charge imposée sur un immeuble, le fonds servant, en
faveur d'un autre immeuble, le fonds dominant, et qui appartient à un
propriétaire différent.
«Cette charge
oblige le propriétaire du fonds servant à supporter, de la part du [fonds
dominant], certains actes d'usage ou à s'abstenir lui-même d'exercer
certains droits inhérents à la propriété.»
Donc, ça peut
être un droit de passage, ça peut être le droit de ne pas mettre des charges
supplémentaires sur un terrain, de ne pas construire sur une certaine
partie.
Donc, c'est ce genre de droits là. Donc, ça,
c'est les démembrements du droit de la propriété.
M. Grandmont : Parfait. Merci
pour ces explications.
Le
Président (M. Jacques) : Merci, Me Massé. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 7? S'il n'y a pas d'autre... Oui. Mme
la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui.
Bien, en fait, j'avais une petite question en lien avec le... Bien, je le
comprends, je comprends l'article, l'article 7. Mais, peut-être, vous
pourrez m'expliquer, Mme la ministre, vous ou votre équipe, là... Moi,
ce que je comprenais, là, c'est que, dans le
cadre de la loi actuelle, là, l'expropriant peut transférer la propriété cinq
jours après l'avis d'expropriation.
Une fois qu'on fait ça comme ça, moi, j'ai l'impression que ça va rallonger le
délai. Le délai va plutôt... Dans la nouvelle loi, moi, je pense que ça
va plutôt rallonger le délai de beaucoup, là, probablement le quatre mois.
Une voix : ...
Mme Nichols : Oui. Avec
l'article 7.
Mme Guilbault : ...Bien, en fait, ce que je... Ça va rester tel quel, comme ça se fait
déjà en ce moment. Ça va être la
même... Tu sais, autrement dit, c'est sûr que ça dépend. Mais, si on commence
un processus d'expropriation, puis que, là, en cours de route, tôt dans
le processus, on s'aperçoit que, finalement, on pourrait le relocaliser à un
autre endroit qu'on exproprie aussi, on peut
faire les deux en même temps. Puis, si cette décision-là ou cette
possibilité-là arrive plus tard, bien, il y a déjà un délai, mais il
n'est pas dû à nos processus. Il est dû au fait que... j'imagine qu'il y a des discussions ou il y a... Tu sais, c'est peut-être
des possibilités qui apparaissent, des fois, après un certain temps, pour
diverses raisons, de relocaliser
quelqu'un selon les installations, selon aussi son intérêt, j'imagine, ou... Je
m'avance, là, mais...
Une voix : ...
Mme Guilbault : C'est ça. Dépendant... Bien, voulez-vous que... Est-ce que
ma collègue voudrait que notre collègue juriste parle au micro? Peut-être, ce
serait plus simple. Oui?
Le Président (M. Jacques) : Il
y a consentement? Me Massé.
Mme Massé (Julie) : Oui. En
fait, ça, c'est déjà quelque chose qui est permis dans la Loi sur
l'expropriation, de venir exproprier. En ce moment, c'est un terrain adjacent,
là. Le cas que je pourrais vous expliquer, c'est : on veut réinstaller...
par exemple, on exproprie un bout de terrain à un propriétaire, on touche son
stationnement. Par contre, il y a de la
place amplement de l'autre côté si on vient exproprier un bout du terrain du
voisin. Donc, ça ne nous empêchera pas
d'acquérir le terrain, mais, pour sa remise en état, par contre, on ne sera pas
obligé de déménager la maison en entier parce qu'il n'y a plus de place pour le stationnement. Mais on va
pouvoir, justement par cette deuxième expropriation-là, venir
chercher les terrains nécessaires pour le remettre en état. Donc, c'est
l'objectif qui est poursuivi. Et ça ne retarderait pas la première
expropriation dans ces cas-là.
Mme Nichols : Ça fait que, dans le
fond... O.K. Si vous me dites qu'à partir du moment où... Parce que c'est à
partir du moment où il reçoit... Dans le fond, c'est : à partir du moment
où il y a le transfert de propriété, ça va rester la même chose. Il n'y
aura pas de délai supplémentaire.
Mme Massé
(Julie) : Dans ces cas-là, il n'y en aurait pas.
Mme Nichols :
Ça reste comme dans la loi actuelle.
Mme Massé (Julie) : Oui. Oui. En fait, il y a
un délai. Le délai de 90 jours, c'est le délai comme minimal pour pouvoir venir chercher le bien en vertu de la Loi
sur l'expropriation actuelle. C'est un 30... un trois mois de
l'inscription, sur les registres
fonciers, de l'avis d'expropriation. Donc, ça, ça peut se faire entre... dans
le premier 15 jours, de mémoire... 15 ou 30 jours. Par contre, là, on a parti le délai de quatre mois
à partir de la signification de l'avis d'expropriation. Donc, la différence n'est pas... le point de départ
n'est pas le même, ce qui fait que... Puis, avec le consentement des expropriés,
par exemple, on peut même raccourcir ce délai-là, oui.
Mme Nichols : Transférer plus
rapidement. Bien, ça, on va en arriver plus loin, je pense, à la signification,
là.
Mme Massé
(Julie) : Oui.
Mme Nichols :
O.K. Article 12, je pense.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 7? Est-ce que
l'article 7 est adopté? Adopté. Mme la ministre, l'article 8.
Mme Guilbault : Oui, merci, M. le Président.
Une voix :
...
Mme Guilbault :
C'est ça, je vais avoir un amendement sur l'article 8, qui est assez...
Oui?
• (17 h 20) •
M. Morin :
J'en aurais un aussi. Donc, on va voir ce que ça va donner.
Mme Guilbault : Ah bon! Bien, parfait. C'est ça. Alors...
Le Président
(M. Jacques) : Commencez par l'article 8, suivi de
l'amendement.
Mme Guilbault : Oui. Donc, je lis l'article 8 : «Avant de procéder à la
signification de l'avis d'expropriation, l'expropriant dépose au
Tribunal administratif du Québec un plan de l'immeuble exproprié accompagné,
lorsqu'il s'agit d'une partie d'immeuble,
d'une description technique. S'il y a plus d'un droit à exproprier, il peut
plutôt déposer un plan général. Ces plans et, le cas échéant, la
description technique doivent être signés par un arpenteur-géomètre.»
Donc... Bien, en
fait, je vais lire le commentaire, après ça, je lirai mon amendement.
L'article 8 du projet de loi reprend l'article 39 de la loi actuelle
en prévoyant les documents à déposer au TAQ avant de pouvoir procéder à la
signification d'un avis d'expropriation.
Il prévoit toutefois
que la description de l'immeuble ou du droit réel immobilier à exproprier
accompagnerait le plan de l'immeuble ou du droit réel immobilier uniquement
lorsqu'il s'agit d'une partie d'un immeuble.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Nous allons maintenant suspendre quelques instants pour pouvoir recevoir
l'amendement.
(Suspension de la séance à
17 h 21)
(Reprise à 17 h 32)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux, et je cède la parole à la ministre, qui vient de déposer
un amendement. Et, si elle pouvait faire la lecture de l'amendement...
Mme Guilbault : Oui. Alors, amendement à l'article 8. Remplacer
l'article 8 du projet de loi par le suivant :
«8.
Avant de procéder à la signification de l'avis d'expropriation, l'expropriant
dépose au Tribunal administratif du Québec :
«1° lorsque le droit exproprié porte sur un lot
entier situé dans un territoire ayant fait l'objet d'une rénovation cadastrale,
un extrait du cadastre du Québec montrant l'immeuble exproprié;
«2°
lorsque le droit exproprié ne porte pas sur un lot visé au paragraphe 1°, un
plan de l'immeuble exproprié accompagné, lorsqu'il s'agit d'une partie
d'immeuble, d'une description technique.
«S'il y a plus d'un
droit à exproprier, il peut plutôt déposer un plan général.
«Les plans, à
l'exception de l'extrait du cadastre du Québec, et, le cas échéant, la
description technique visée au présent article doivent être signés par un arpenteur-géomètre.»
Alors, l'amendement
porte sur l'alinéa 1°, en fait, c'est l'alinéa 1°, c'est-à-dire, de
l'amendement, qui est la nouveauté par rapport à l'article 8 d'origine,
qui prévoit que l'expropriant qui vise un lot entier situé sur un territoire qui a été rénové... qui a fait l'objet d'une
rénovation cadastrale pourrait utiliser le... comment on l'appelle, sur... l'extrait
du... un extrait du cadastre, c'est ça,
finalement, puis aller le chercher, dans le fond, sur Internet, plutôt que de
devoir fournir des plans par un
arpenteur-géomètre. Et je pense que ça fait... je pense que ça va un peu dans
l'esprit de ce que nous disait Me Burelle, sous toute réserve, là, pour
faciliter un peu l'intendance autour des procédures.
Le Président
(M. Jacques) : Merci, Mme la ministre. M. le député de l'Acadie.
M. Morin :
Oui. Alors, première question. L'article 8 du projet de loi, en fait,
reprend l'article 39 de la loi actuelle,
si mon souvenir est bon. Et, dans le projet de loi, on parle d'un droit à
exproprier, alors que, dans l'article 39, on parlait de s'il y a plus d'un immeuble à exproprier, et non pas d'un
droit. Pourquoi cette modification? Pourquoi on vise plutôt un droit
qu'un immeuble?
Mme Guilbault : Bien, j'inviterais peut-être ma collègue juriste à
répondre, si le collègue est à l'aise.
M. Morin :
Oui, oui.
Le Président
(M. Jacques) : Me Massé.
Mme Massé
(Julie) : Oui. La Loi sur l'expropriation actuelle parle
d'expropriation d'un bien, donc, mais, par interprétation,
on allait chercher tous les démembrements du droit de propriété. Et c'est pour
clarifier le langage, pour être inclusif dans tous les articles puis
pour éviter les problèmes d'interprétation.
M. Morin :
Bon. D'accord. Donc, si, par exemple, vous visez une servitude ou un autre
démembrement du droit de propriété, bien
sûr, en utilisant le mot «droit», ça va être inclus, donc c'est l'intention du
législateur, plutôt que de référer uniquement à un immeuble.
Mme Massé
(Julie) : C'est bien ça.
M. Morin :
Bien. Très bien. Alors, ça, je
comprends, merci. Maintenant, je comprends la référence au cadastre. Maintenant, dans ça, en fait, si je reprends le
mémoire qu'a déposé Me Burelle, parce qu'elle avait soulevé cet élément-là, elle disait, d'après elle, que «lorsque les
procédures visent un lot complet en territoire cadastré et rénové, il n'y a pas
de raison d'y annexer un plan préparé
par un arpenteur-géomètre parce que ça vise un territoire qui a été refait par
le nouveau cadastre et rénové». C'est
exact? «Ce plan, qui n'est pas un certificat de localisation, n'offre alors pas
plus d'information qu'un plan
cadastral. D'ailleurs, l'article 5 du projet de loi prévoit l'obligation
de joindre un plan d'arpenteur-géomètre dans le seul cas où une partie de lot est offerte en compensation à
l'exproprié. Si l'expropriant lui offre un lot complet, il n'a pas à joindre un plan préparé par un
arpenteur-géomètre à son offre. On reconnaît, donc, implicitement que le plan de l'arpenteur-géomètre n'est pas utile lorsque
l'expropriant offre un lot complet situé en territoire cadastré et rénové.» Et
donc je comprends qu'avec votre amendement c'est ce scénario-là que vous voulez
couvrir.
Mme Guilbault : Oui.
M. Morin :
D'accord. Excellent. C'est bien. C'est bon. Moi, je n'ai pas d'autre
question. Nous, on avait un amendement, par exemple. Il est où, notre amendement?
Il est là.
Maintenant, dans
votre amendement, vous ne faites pas référence aux lots qui sont situés dans
des zones non rénovées ou dans des territoires non cadastrés. Est-ce qu'il y a
une raison?
Mme Massé
(Julie) : En fait, c'est couvert dans l'amendement par... dans le
deuxième paragraphe. C'est juste qu'on a opposé les lots ayant fait l'objet
d'une rénovation cadastrale à tous les autres lots. Donc, les lots qui ne feraient pas partie de la rénovation ou les lots
qui sont hors cadastre vont être couverts par le deuxième cas : il va
falloir un plan par un arpenteur-géomètre.
M. Morin :
O.K. D'accord. Donc, au fond, ce que vous... Compte tenu de ce que vous avez écrit en
1°, 2° va donc nécessairement prendre en considération, viser tous les
autres lots qui sont dans des zones non rénovées ou dans un territoire non
cadastré.
Mme Massé
(Julie) : C'est exact.
M. Morin : O.K. Parfait. Je
vous remercie.
Une
voix : ...
M. Morin :
Oui, c'est ça. O.K. Excellent. C'est bien. Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur
l'amendement à l'article 8? S'il n'y a pas de commentaire, est-ce que
l'amendement à l'article 8 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Adopté.
Est-ce que... On revient à l'article 8 amendé. Est-ce qu'il y a des
commentaires à l'article 8 amendé?
M. Morin :
Je n'ai pas de commentaire, M. le Président.
Le Président
(M. Jacques) : Il n'y a pas de commentaire. Est-ce que
l'article 8 amendé est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Jacques) : Adopté. Article 9. Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Merci, M. le Président. Alors, article 9 :
«L'expropriant signifie au titulaire d'un droit portant sur l'immeuble
exproprié un avis d'expropriation contenant notamment :
«1° la désignation de
l'immeuble exproprié;
«2° le droit à
acquérir par expropriation;
«3° lorsque ce droit
est un démembrement du droit de propriété:
«a) la nature de ce
démembrement;
«b) la durée de ce
démembrement;
«c) s'il y a lieu,
les droits et les conditions d'exercice de ce démembrement;
«4° un énoncé précis
des fins de l'expropriation;
«5° la date de
libération;
«6° le texte
d'information établi par le ministre des Transports.»
Il
faudrait ajouter «et de la Mobilité durable», mais là... et «la ministre». Je
ne sais pas, là, si on fait un amendement pour ça. Ah non, on ne peut
pas?
Une voix : ...
Mme Guilbault : Ah! dans le corpus, il faut le laisser comme ça, bon. Le
corpus... En tout cas.
«L'avis
d'expropriation doit être accompagné d'un plan, signé par un
arpenteur-géomètre, de l'immeuble exproprié.
«L'avis
d'expropriation doit être également accompagné de la déclaration détaillée
initiale de l'expropriant, qui indique
minimalement la valeur marchande du droit exproprié, ainsi que du modèle de
réponse établi par le Tribunal et publié sur son site Internet.
«Au
sens de la présente loi, on entend par "date de délibération" la date
à laquelle l'ensemble des parties dessaisies doivent avoir libéré
l'immeuble exproprié.»
Puis
là c'est ça, le commentaire est quand même long, je ne sais pas si le collègue
veut quand même que je le lise aussi. Oui? Bon. Parfait.
• (17 h 40) •
Le Président
(M. Jacques) : Peut-être procéder à l'amendement avant?
M. Grandmont :
...
Le Président
(M. Jacques) : L'amendement a été déposé.
Mme Guilbault : Oui, j'ai un amendement. Oui.
Une voix :
...
Le Président
(M. Jacques) : O.K. C'est beau. Oui, oui, pas de problème.
Mme Guilbault : Oui, parfait. Bon. Donc, l'article 9 du projet de loi prévoit le
commencement de la procédure d'expropriation
et de l'instance en fixation de l'indemnité d'expropriation. Tout comme à
l'article 40 de la loi actuelle, elle
commence par la signification d'un avis d'expropriation au propriétaire de
l'immeuble exproprié ou au titulaire du droit réel immobilier à exproprier.
Cet article précise également le contenu de cet avis. Parmi les nouveaux
éléments qui devraient être contenus à cet
avis, il y aurait plus de détails quant au démembrement du droit de propriété
exproprié, lorsque c'est le cas,
ainsi que la mention de la date de libération définie par cet article comme la
date à laquelle l'ensemble des parties doivent avoir libéré l'immeuble
exproprié.
Cet
article précise également les documents qui doivent accompagner l'avis
d'expropriation, soit un plan de l'immeuble
à exproprier signé par un arpenteur-géomètre, le modèle de réponse établi par
le Tribunal administratif du
Québec, ainsi que la déclaration détaillée initiale de l'expropriant. Cette
dernière présente le montant de l'indemnité définitive offert par l'expropriant
à l'exproprié.
Puis là, ensuite,
bien, il y a l'article initial, 40, dans la loi actuelle. Je ne pense pas que
c'est nécessaire. Mais, peut-être un élément d'intérêt, quand il s'agit d'un
démembrement du droit de propriété, là, donc, dont on parle depuis tout à l'heure puis qui fait qu'on parle
d'expropriation de droit, l'avis d'expropriation indique, par exemple, qu'il
s'agit d'une servitude, que le droit est
requis pour une période de deux ans, que l'exproprié ne devrait pas effectuer
de modification au fonds servant... qui pourrait entraver l'exercice de
la servitude de travail.
Le Président
(M. Jacques) : Merci.
Mme Guilbault : Là, j'ai mon amendement.
Le Président
(M. Jacques) : Exactement. Vous pouvez procéder avec l'amendement
à l'article 9.
Mme Guilbault : Oui, mon amendement, qui est la même chose que ce qu'on a
fait comme amendement à l'article précédent. Donc, article 9, remplacer le
deuxième alinéa de l'article 9 du projet de loi par l'alinéa suivant :
« L'avis d'expropriation doit
être accompagné d'un extrait du cadastre du Québec montrant l'immeuble
exproprié lorsque le droit exproprié porte sur un lot entier situé dans un
territoire ayant fait l'objet d'une rénovation cadastrale ou, dans les autres
cas, d'un plan de l'immeuble exproprié signé par un arpenteur-géomètre.»
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article... l'amendement de
l'article 9?
M. Morin :
Non, il n'y a pas...
Le Président
(M. Jacques) : Donc, parfait.
M. Morin :
...
Le Président
(M. Jacques) : M. le député de l'Acadie. Excusez.
M. Morin :
Ah! Voilà, merci. Donc, je
comprends que cet amendement-là, évidemment, est au même effet que
l'amendement qu'on vient d'adopter à l'article 8, donc, pour viser la
partie du territoire du Québec qui a été... qui a fait l'objet d'une rénovation du cadastre et l'autre partie qui n'est
pas encore prévue au cadastre. Donc, à ce moment-là, il n'y a pas de
souci. Je n'ai pas d'autre commentaire, M. le Président.
Le Président
(M. Jacques) : M. le député de Taschereau.
M. Grandmont :
Oui, bien, donc c'est simplement de la concordance, dans le fond, c'est ça,
par rapport à l'article précédent? C'est ça?
Mme Guilbault : Oui.
M. Grandmont :
Parfait. Merci.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. Est-ce que l'article... l'amendement à
l'article 9 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président
(M. Jacques) : Adopté. Maintenant, est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'article 9 amendé? M. le député de l'Acadie.
M. Morin :
Merci, M. le Président. Dans l'article 9, on parle de l'avis
d'expropriation et on dit qu'il doit être également accompagné de la déclaration
détaillée initiale de l'expropriant, qui indique minimalement la valeur marchande du droit exproprié, ainsi que du modèle
de réponse établi par le tribunal et publié sur son site Internet.
J'aimerais savoir : Avez-vous un exemple concret? Ça vise quoi,
exactement?
Mme Guilbault : Pour accompagner la déclaration initiale...
M. Morin :
«Ainsi que du modèle de réponse établi par le Tribunal et publié sur son
site.»
Des voix :
...
Mme Guilbault : C'est ça, bien, c'est que c'est la première offre que
l'expropriant... parce que, maintenant, l'expropriant
va faire une offre à l'exproprié, va déterminer l'indemnité. Et c'est pour ça
que je disais, il me semble que c'est un article plus loin, 10 ou 11.
Une voix : ...
Mme Guilbault :
C'est ça, parce qu'on va arriver, à 11, à ce fait-là. Donc, alors, c'est ça,
c'est l'offre que l'expropriant fait à l'exproprié.
M. Morin : Oui, puis le modèle
de réponse établi par le tribunal, c'est quoi, c'est un formulaire?
Des voix : ...
M. Morin : Parce que je
comprends que l'avis d'expropriation qui va être envoyé par l'expropriant
donne, minimalement, le montant de la valeur
marchande, mais on dit : «...ainsi que du modèle de réponse établi par le
Tribunal et publié sur son site...» C'est un formulaire?
Mme Guilbault : Oui, c'est... on me dit que c'est pour la comparution, mais ma collègue
juriste pourrait détailler.
Le Président (M. Jacques) : Me
Massé.
Mme Massé (Julie) : Oui. En
fait, la réponse, c'est ce qu'on appelait anciennement la comparution. Donc, c'est simplement pour que l'exproprié puisse
dire : Oui, j'ai reçu la signification, j'ai reçu l'avis d'expropriation,
et faire acte de présence au Tribunal administratif du Québec. Donc, c'est à ça
que ça sert, la réponse qui est fournie, là. Ce n'est pas une réponse où
il va devoir se commettre sur l'offre de l'expropriant, on n'en est pas là. Ça,
ça va être l'autre réclamation détaillée.
M. Morin :
O.K. D'accord. Donc... Alors... Parce qu'évidemment, quand on parle d'une comparution,
en fait, le mot, c'est connu, là, on dit simplement : Je comparais, puis
on ne s'engage à rien d'autre. Quand je l'ai lu, je n'étais pas certain que c'était uniquement la comparution.
J'avais l'impression que l'exproprié devait déjà commencer à expliquer et
à répondre à l'expropriant. Puis moi, je voudrais juste m'assurer qu'ici on
parle bien uniquement d'une comparution.
Mme Massé
(Julie) : Oui, je vous confirme que c'est vraiment une
comparution, c'est... Dans le fond, le mot a été changé en concordance avec le Code
de procédure civile, qui n'utilise
plus le mot «comparution», mais «réponse», mais, effectivement, ce n'est
qu'une comparution, là, qui est visée par cet article-là.
M. Morin : Parfait.
Puis je comprends que c'est le tribunal, éventuellement, qui va publier le
formulaire de réponse.
Mme Massé (Julie) : Oui.
M. Morin : Et
donc je présume que le tribunal va avoir besoin... un peu de temps, après
l'adoption et la sanction de la loi, pour mettre en place des
formulaires pour permettre aux expropriés de répondre.
Mme Massé (Julie) : Oui, on a
eu des communications avec le Tribunal administratif du Québec pour s'assurer qu'ils seraient prêts à la date de
sanction. Donc, sans prendre pour acquise l'adoption du projet de loi, ils ont quand
même commencé à réfléchir pour pouvoir le faire au moment de la sanction.
M. Morin : Très bien. Je vous
remercie.
Le
Président (M. Jacques) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur
l'article 9 amendé? Est-ce que l'article 9, amendé, est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Article 10.
Mme la ministre.
Mme Guilbault : Merci, M. le Président. Article 10 : «Toute
déclaration détaillée prévue à la présente partie indique le montant de l'indemnité définitive offerte par l'expropriant à
la partie dessaisie ou réclamée par cette dernière à l'expropriant, laquelle indemnité définitive est
ventilée en fonction des postes d'indemnisation applicables à la situation
de la partie dessaisie parmi les suivants :
«1° la valeur marchande du droit exproprié;
«2° l'indemnité de réaménagement;
«3° l'indemnité de déplacement;
«4° l'indemnité de fermeture d'une entreprise;
«5° l'indemnité de
concordance;
«6°
l'indemnité établie en fonction de l'approche basée sur la théorie de la
réinstallation, indiquant distinctement :
«a) l'indemnité de remplacement des bâtiments et
de leurs aménagements;
«b) la valeur d'un nouveau terrain;
«7° l'indemnité en réparation des préjudices;
«8° l'indemnité pour perte de valeur de
convenance;
«9° l'indemnité pour les troubles, les ennuis et
les inconvénients.»
L'article 10
du projet de loi précise que toute déclaration détaillée indique le montant de
l'indemnité définitive offerte par
l'expropriant à la partie dessaisie ou réclamée par cette dernière à
l'expropriant. Ce montant devrait être ventilé en fonction des
différents postes d'indemnisation applicables qui sont prévus par le projet de
loi.
Le Président (M. Jacques) : Est-ce
qu'il y a des commentaires? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci,
M. le Président. Donc, je comprends que l'article 10 dit «parmi les
suivants», donc la liste qu'on retrouve à l'article 10 n'est pas
exhaustive.
Mme Guilbault : Bien, est-ce qu'il y a d'autres possibilités que ça? Non,
c'est ça. Oui, elle est exhaustive.
• (17 h 50) •
M. Morin : Parce qu'il me
semble que, quand on a reçu le mémoire de l'Ordre des évaluateurs agréés, ils parlaient de différentes méthodes reconnues par
leur ordre professionnel pour l'exercice de leur art, et donc il y avait, entre
autres... il y a la... ils ont parlé de la
valeur au propriétaire, il y avait d'autres types d'indemnités ou
d'évaluations. Donc, est-ce que cet article-là vient éliminer les autres
modes d'évaluation utilisés par les évaluateurs ou pas?
Mme Guilbault : Bien, en fait, nous... Pour avoir reparlé à l'ordre des
évaluateurs, eux sont à l'aise avec le concept de valeur marchande. Donc, je ne
sais pas si ça répond à la question de mon collègue.
M. Morin : Bien,
en fait, ça répond en partie à ma question. Oui, effectivement, vous avez
raison, et, d'ailleurs, ils en ont
parlé, que la valeur marchande est un... D'ailleurs, la valeur marchande est
utilisée, présentement, ça, ce n'est pas une nouveauté dans le projet de
loi. Cependant, on nous disait qu'il y avait d'autres méthodes d'évaluation
qu'ils pouvaient utiliser. Donc, est-ce qu'ils vont pouvoir continuer à
utiliser ces autres méthodes ou si le projet de loi, compte tenu de
l'énumération, vient les restreindre dans l'exercice de leur ordre et de leur profession?
Mme Guilbault : C'est ça, bien, en fait, oui, avec le nouvel encadrement, mais... En
fait, la valeur marchande, c'est la notion qui va être utilisée, c'est
un des objectifs du projet de loi, mais il y a différents postes de réclamation
possibles, là, qui sont détaillés ici. Donc,
un n'empêche pas l'autre ou, je ne sais pas, peut-être que c'est moi qui
comprends mal la question.
M. Morin : C'est bien.
Mme Guilbault : Bien, est-ce qu'il y a d'autres postes de réclamation possibles? Non, de
prime abord, nous, on n'en voit pas. À moins que le collègue nous
suggère autre chose.
M. Morin : Vous n'en voyez pas?
Mme Guilbault : C'est exhaustif, c'est ça.
M. Morin : Donc, d'où... C'est
ça. Alors, c'était ma question, au départ : Donc, la liste, elle est
exhaustive?
Mme Guilbault : Oui.
M. Morin : O.K. Très bien. Je
vous remercie. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Jacques) : Merci, M. le député de l'Acadie. Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires à l'article 10? Est-ce que l'article 10
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Adopté.
L'article 10 est adopté. Article 11. Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui, et j'aurais un amendement pour l'article 11, M.
le Président. Donc, article 11 :
«Lorsque l'expropriant offre à l'exproprié, afin
de diminuer le coût total de l'expropriation et pour tenir lieu d'indemnité, un
droit de propriété sur un immeuble qui lui appartient pour y déplacer une
construction ou tout droit sur un immeuble qui lui appartient pour rétablir sa
situation, sa déclaration détaillée doit également :
«1° désigner l'immeuble;
«2°
indiquer le droit qui est offert sur cet immeuble;
«3° indiquer la
superficie de l'immeuble et la valeur marchande de ce droit;
«4° lorsque ce droit
est un démembrement du droit de propriété, indiquer :
«a) la nature de ce
démembrement;
«b) la durée de ce
démembrement;
«c) s'il y a lieu,
les droits et les conditions d'exercice de ce démembrement;
«5° être accompagnée,
lorsque le droit ne porte que sur une partie d'un immeuble, d'un plan signé par
un arpenteur-géomètre de cette partie.
«Le paiement d'une
indemnité requis en vertu de la présente loi à l'exproprié peut alors être
effectué, lorsque ce dernier y consent ou que le Tribunal l'ordonne, par le
transfert à l'exproprié d'un droit portant sur un immeuble appartenant à
l'expropriant ou par l'établissement d'un démembrement du droit de propriété au
bénéfice du résidu ou d'un autre immeuble de l'exproprié. La valeur de ce droit
correspond à sa valeur marchande.
«Aux fins du premier
alinéa, un droit appartenant à l'expropriant inclut également tout droit pour
lequel il est bénéficiaire d'une promesse de
vente ou d'une promesse d'établir un démembrement du droit de propriété au
bénéfice du résidu ou d'un autre
immeuble de l'exproprié ou pour lequel il a signifié un avis d'expropriation en
vertu de l'article 9. Dans tous les cas, l'expropriant doit,
préalablement à l'audition d'une demande portant sur le transfert à l'exproprié
d'un droit qui lui appartient, produire au
dossier du Tribunal et notifier à l'autre partie une offre de vente ou une
offre d'établissement d'un
démembrement du droit de propriété ainsi que l'état certifié des hypothèques et
charges subsistantes à l'égard de l'immeuble exproprié qui doivent être
reportées sur l'immeuble offert.
«Au
sens de la présente loi, on entend par "résidu" la partie résiduelle
d'un immeuble lorsque le droit à exproprier ne porte que sur une partie
de celui-ci.»
En guise de
commentaires contextuels : l'article 11 du projet de loi prévoit que
les informations qui devraient être
contenues dans la déclaration détaillée de l'expropriant lorsqu'il offre à
l'exproprié, pour diminuer le coût total de l'expropriation et tenir
lieu d'indemnité, un droit de propriété sur un immeuble qui lui appartient pour
y déplacer une construction ou tout droit sur un immeuble qui lui appartient
pour rétablir sa situation...
Cet article prévoit
également que le paiement d'une indemnité provisionnelle ou définitive peut
être effectué, lorsque l'exproprié y consent
ou que le tribunal l'ordonne, par le transfert approprié d'un tel droit. La
valeur de ce droit correspond alors à sa valeur marchande.
Il
établit également les conditions préalables à l'audition d'une demande portant
sur le transfert à l'exproprié d'un droit
qui appartient à l'expropriant et définit ce qui peut être inclus par
l'expression «droit appartenant à l'expropriant».
Enfin,
cet article définit le mot «résidu» comme étant la partie résiduelle d'un
immeuble lorsque le droit à exproprier ne porte que sur une partie de
celui-ci.
Alors,
c'est ça, puis c'est un rapport avec les articles 60, 60.1, 64 de l'actuelle
loi. Et j'aurai... j'ai un amendement, M. le Président.
Le Président
(M. Jacques) : Merci. Allez, vous pouvez procéder avec
l'amendement, Mme la ministre.
Mme Guilbault : Donc, amendement à l'article 11, remplacer le paragraphe 5° du
premier alinéa de l'article 11 du projet de loi par le paragraphe
suivant :
«5°
être accompagnée d'un extrait du cadastre du Québec montrant l'immeuble lorsque
le droit porte sur un lot entier
situé dans un territoire ayant fait l'objet d'une rénovation cadastrale ou,
dans les autres cas, d'un plan de l'immeuble signé par un
arpenteur-géomètre.»
Encore une fois, la
concordance avec les articles 8 et 9 maintenant amendés.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre. Est-ce qu'il y a des questions, commentaires sur l'article...
sur l'amendement à l'article 11?
M. Morin :
Je n'ai pas de question, M. le Président.
Le Président
(M. Jacques) : Pas de question. Est-ce que l'amendement à
l'article 11 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Amendement
adopté à l'article 11. Est-ce qu'il y a des commentaires à
l'article 11 amendé?
M. Morin :
Je n'ai pas de commentaire, M. le Président.
Le Président
(M. Jacques) : Pas de commentaire. Est-ce que l'article 11,
amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Jacques) : Adopté. L'article 11, amendé, est adopté.
Article 12. Mme la ministre.
Mme Guilbault : 12,
j'aurais un amendement, M. le Président, aussi, et 13 aussi, et je crois qu'on
les a déjà mis dans le système.
Le Président (M. Jacques) : On
a 12.
Mme Guilbault : Ou peut-être 12... Bien, il est en processus, en tout cas,
là, mais ça...
Le
Président (M. Jacques) : Alors, nous allons suspendre... Vous pouvez faire
l'article, par contre, lire l'article.
Mme Guilbault : Ah bien, je peux le lire, oui, puis on suspendra au besoin
ensuite.
Le Président (M. Jacques) : Oui.
Exactement.
Mme Guilbault : Parfait. Donc, article 12 :«L'exproprié doit, dans les 30 jours
qui suivent la date de l'expropriation, transmettre à l'expropriant les
baux ou toutes autres ententes écrites conclus avec les locataires de
l'immeuble exproprié. En l'absence de telles ententes, il doit lui transmettre,
par écrit, les noms et les adresses des locataires
et des occupants de bonne foi de l'immeuble exproprié ainsi que la nature et la
durée de chaque bail ou entente, la
date de sa conclusion, le détail de ce qui y est inclus et le montant du loyer
ou les conditions auxquelles les locataires ou les occupants de bonne
foi occupent l'immeuble exproprié.
«Le locataire dont le bail n'est pas inscrit sur
le registre foncier et l'occupant de bonne foi ont droit à des dommages-intérêts en réparation du préjudice
résultant du défaut de l'exproprié de dénoncer à l'expropriant leur nom
et leur adresse conformément au premier alinéa.
«Le locataire et l'occupant de bonne foi dont le
bail ou toute autre entente écrite a été conclu après la date de
l'expropriation ou, à défaut de bail ou de toute autre entente écrite, dont la
location ou l'occupation de l'immeuble exproprié
débute après la date de l'expropriation ne peuvent pas réclamer d'indemnité à
l'expropriant. L'exproprié doit dénoncer
à ce locataire ou à cet occupant de bonne foi l'existence des procédures
d'expropriation. S'il ne le fait pas, il est le seul responsable du
préjudice résultant de son défaut.
«Au sens de la présente loi, on entend
par :
«1°
"date de l'expropriation" la date de la signification de l'avis
d'expropriation au titulaire d'un droit portant sur l'immeuble exproprié, laquelle correspond, s'il y
a plus d'un titulaire pour un même droit qui porte sur un même immeuble,
à la date la plus tardive parmi les dates de signification de l'avis
d'expropriation à ceux-ci;
«2° "occupant de bonne foi" une
personne ou une société qui satisfait à l'ensemble des conditions
suivantes :
«a) elle ne détient aucun droit sur l'immeuble
exproprié ou réservé;
«b) elle n'est pas locataire de l'immeuble
exproprié ou réservé;
«c) elle
occupe cet immeuble avec le consentement exprès ou tacite du titulaire du droit
portant sur cet immeuble;
«d) elle occupe personnellement et physiquement
cet immeuble par des signes concrets de son utilisation, notamment en y
exerçant des activités ou en y laissant des biens;
«e) elle occupe l'immeuble de manière paisible,
continue, publique et non équivoque.»
En guise de commentaires :
l'article 12 du projet de loi prévoit l'obligation pour l'exproprié de
transmettre à l'expropriant les documents et renseignements sur les locataires
et occupants de bonne foi de l'immeuble exproprié. Cette obligation se
retrouvait auparavant à l'article 41 de la loi actuelle.
Cet article précise ensuite les conséquences
pour l'exproprié de ne pas dénoncer ses locataires dont le bail n'est pas inscrit sur le registre foncier et ses
occupants de bonne foi. Ceux-ci auraient droit à des dommages-intérêts en
réparation du préjudice résultant de ce défaut. Cette obligation se retrouvait
auparavant à l'article 53.10 de la Loi sur l'expropriation.
• (18 heures) •
Cet article
prévoit aussi que toute personne qui commence à louer ou à occuper un immeuble
exproprié après la date de
l'expropriation ne pourrait pas réclamer d'indemnité à l'expropriant.
L'exproprié aurait l'obligation de dénoncer à ce locataire ou à cet occupant de bonne foi l'existence des procédures
d'expropriation en cours et, s'il ne le fait pas, il serait le seul
responsable du préjudice résultant de son défaut.
Enfin, cet
article définit deux concepts afin de les préciser : la définition de
l'expression «date d'expropriation», qui
vise à préciser le moment dont il est question, et la définition de
l'expression «occupant de bonne foi», qui précise les critères auxquels
une telle personne devrait correspondre pour être qualifiée ainsi.
Alors, mon amendement, si...
Le Président (M. Jacques) : On
va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 18 h 01)
(Reprise à 18 h 10)
Le
Président (M. Jacques) : Nous reprenons nos travaux, Mme la ministre, avec
votre amendement à l'article 12.
Mme Guilbault : Oui.
Merci, M. le Président. Donc, l'amendement se lit comme suit :
À l'article 12
du projet de loi :
1° remplacer le
deuxième alinéa par le suivant :
«L'exproprié qui fait
défaut de transmettre les informations visées au premier alinéa relatives à un
locataire dont le bail n'est pas inscrit sur le registre foncier ou à un
occupant de bonne foi est le seul responsable du préjudice résultant de son
défaut.»;
2° remplacer,
dans le paragraphe 2° du quatrième alinéa, «ou une société» par «physique
ou morale, une société en nom collectif ou en commandite, une
association ou un autre regroupement sans personnalité juridique».
Et,
en commentaires, pour le contexte, il est proposé de modifier l'article 12
du projet de loi afin de clarifier que l'exproprié
est celui qui est responsable du préjudice résultant de son défaut de dénoncer
à l'expropriant le nom et l'adresse du locataire dont le bail n'est pas
inscrit sur le registre foncier ou de l'occupant de bonne foi.
Il est également
proposé de préciser que sont aussi des occupants de bonne foi les associations
et les autres regroupements sans personnalité juridique, qui satisfait à
l'ensemble des conditions prévues à la définition.
Ça fait suite, entre
autres... Me Burelle l'avait dit, de venir préciser... Parce que, dans
l'article d'origine, c'est déjà un peu
implicite de dire qu'il faut... que les... ceux dont le bail n'est pas inscrit
au registre... n'ont pas de bail au registre foncier peuvent avoir des dommages et intérêts, mais là on veut préciser
que c'est l'exproprié qui va devoir les défrayer et non l'expropriant,
bien sûr, parce que l'exproprié aurait négligé d'informer l'expropriant.
Le Président
(M. Jacques) : Merci, Mme la ministre. M. le député de l'Acadie.
M. Morin :
Merci, M. le Président. Alors, je comprends ce que vous voulez faire, Mme
la ministre. En fait, donc, là, vous voulez
faire reposer la responsabilité sur l'exproprié. Maintenant, dans l'article,
tel qu'il est proposé, on disait
clairement que c'était le locataire ou l'occupant de bonne foi qui avait droit
à des dommages et intérêts en réparation de son préjudice. Maintenant, là, je comprends que c'est l'exproprié qui
va être en... qui va en être responsable. Mais le locataire puis l'occupant de bonne foi, eux,
est-ce qu'ils vont avoir encore accès à des dommages et intérêts en réparation
de leur préjudice qu'ils subissent?
Mme Guilbault : Oui. Bien, en fait, c'est déjà... Il faut dire que c'est déjà comme ça
en ce moment, donc on ne vient rien changer, on vient juste le préciser.
Et alors... Puis on me dit que ça n'arrive pas souvent, mais, pour les cas où
ça arrive, ça va être plus précis.
M. Morin :
D'accord. Mais, l'exproprié, je
comprends que c'est lui qui est responsable du préjudice, ça, c'est clair,
donc ça ne peut pas être l'expropriant. Mais, implicitement, dans votre
modification, donc, c'est le locataire ou l'occupant qui vont poursuivre
l'exproprié pour avoir droit à des dommages et intérêts?
Mme Guilbault : Oui. Oui, c'est ça. Puis c'est pour ça aussi qu'on définit les occupants
de bonne foi. Parce que, là, des fois, sinon, il pourrait y avoir toutes
sortes d'interprétations très larges d'«occupation».
M. Morin : Oui, ça, je le comprends, ça, je le comprends très bien. Mais j'ai
l'impression, à la lecture du texte qui est proposé, que c'est comme si
c'était moins clair, que le locataire ou l'occupant de bonne foi vont avoir
droit à des dommages et intérêts ou une réparation
du préjudice qu'ils subissent. Parce que je comprends ce que vous voulez faire,
là, c'est l'exproprié qui en est
responsable, donc j'imagine que, dans le projet de loi tel qu'il est rédigé, le
locataire pourrait poursuivre, ou
bien l'expropriant appelle l'expropriant en garantie, ou encore il se retourne
vers l'exproprié. Mais ça donnait un recours direct au locataire, et là
on ne le voit plus.
Mme Guilbault : Oui. Non, je comprends ce que mon collègue veut dire. C'est
vrai qu'on modifie le deuxième alinéa, mais
on ne reprend pas le bout qui dit «ont droit à des dommages et intérêts en
réparation du préjudice».
M. Morin :
Exact.
Mme Guilbault : Donc, peut-être que... Ou Simon ou si quelqu'un avait d'autres
interventions pendant qu'on regarde, mais, sinon, on peut suspendre
aussi.
Le Président
(M. Jacques) : Est-ce qu'on pourrait suspendre quelques instants?
M. Morin :
D'accord.
(Suspension de la séance à
18 h 15)
(Reprise à 18 h 28)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Avec une entente qu'on a eue lors de la suspension,
est-ce qu'il y a consentement pour retirer
l'amendement à l'article 12? Consentement. Est-ce que, M. le député de
l'Acadie, vous avez un amendement à déposer?
M. Morin : Oui,
M. le Président. Alors, à l'article 12, si on peut avoir l'amendement au
tableau. Voilà. Donc, l'amendement vise l'article 12, deuxième
alinéa du projet de loi, qui se lit comme suit :
À l'article 12 du projet de loi :
1° remplacer le deuxième alinéa par le
suivant :
«L'exproprié qui fait défaut de transmettre les
informations visées au premier alinéa relatives à un locataire dont le bail
n'est pas inscrit sur le registre foncier ou à un occupant de bonne foi est le
seul responsable du préjudice résultant de
son défaut. Ce locataire ou cet occupant de bonne foi ont alors droit à des
dommages-intérêts résultant de ce
défaut.» Ce locataire ou cet occupant de bonne foi... «ont» ou «a» alors le
droit? Parce que c'est un «ou» qui veut dire un «ou» et non pas un «ou» qui veut dire un «et». Donc, ce serait :
«...a alors droit à des dommages-intérêts résultant de ce défaut»; et
2° remplacer... — alors
donc il faudra juste corriger l'amendement — remplacer, dans le paragraphe
2° du quatrième alinéa, «ou une société» par
«physique ou morale, une société en nom collectif ou en commandite, une association
ou un autre regroupement sans personnalité juridique».
• (18 h 30) •
Le
Président (M. Jacques) : C'est une correction de forme, M. le député, donc
il n'y a pas de besoin de changer.
M. Morin : Oui, mais... Il n'y
a pas besoin de changer?
Le Président (M. Jacques) : Exactement.
M. Morin : Mais, juste pour que
ce soit clair, c'est bien «a» alors leur droit et non pas «ont».
Le Président (M. Jacques) : Nous
allons apporter la correction.
M. Morin : Merci
beaucoup, M. le Président. Donc, cet amendement-là vise, en fait, d'une part, à
reconnaître que, si l'exproprié ne
transmet pas les informations visées, il est responsable du préjudice qu'il
vient de causer, mais cet amendement
a également pour effet de s'assurer que le locataire ou l'occupant de bonne foi
auront droit à des dommages et intérêts qui vont résulter du défaut de
l'exproprié d'avoir transmis l'information, M. le Président.
Le
Président (M. Jacques) : Merci, est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'amendement à l'article 12? Est-ce que l'amendement à
l'article 12 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : On
revient à l'article 12. Adopté. L'amendement à l'article 12 est
adopté.
Et, compte tenu de l'heure, nous ajournons nos
travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 31)