(Neuf
heures quarante-neuf minutes)
La Présidente
(Mme Maccarone) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des transports et de
l'environnement ouverte. Joyeuse Halloween à tous et à toutes!
La
commission est réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
n° 22, Loi concernant
l'expropriation.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. Mme Blouin (Bonaventure) est remplacée par M. Lemieux (Saint-Jean);
Mme Bogemans (Iberville) est remplacée par M. Tremblay (Dubuc); et M. Montigny
(René-Lévesque) est remplacé par M. Sainte-Croix (Gaspé).
Étude détaillée (suite)
La Présidente
(Mme Maccarone) : Merci beaucoup. Je vous rappelle que l'étude de
plusieurs articles est suspendue, soit celle
de l'article 5 et de l'amendement proposé par M. le député de l'Acadie à
cet article, de l'amendement visant à introduire l'article 14.1
proposé par M. le député de l'Acadie, de l'article 30 et de l'amendement
proposé par M. le député de l'Acadie à cet article, ainsi que des
articles 35, 59 et 60.
Lors
de l'ajournement de nos travaux, jeudi dernier, nous étions à l'étude de l'article 102
tel qu'amendé. Est-ce qu'il y a d'autres interventions à ce sujet? M. le
député de l'Acadie, la parole est à vous.
• (9 h 50) •
M. Morin :
Merci. Merci, Mme la Présidente. Alors, bonjour, tout le monde. Bonne
semaine qui débute. Écoutez, si mon souvenir est bon, lors de la fin des
travaux, la semaine dernière, je venais de terminer une période d'environ un
peu moins que 20 minutes, là, sur un amendement qui avait été présenté, je
pense, par Mme la ministre. En ce qui a
trait à 102, le neuvième alinéa, donc, sur les honoraires professionnels des
avocats, j'ai complété là-dessus, mais, comme je le soulignais, j'aurai
aussi un amendement à apporter à 102.9°.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Alors, l'amendement, est-ce qu'il est prêt?
M. Morin :
Oui, il est prêt.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Bon, nous allons suspendre quelques instants
pour donner la chance de l'envoyer au Greffier. Merci.
(Suspension de la séance à
9 h 51)
(Reprise à 9 h 58)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
nous sommes de retour. M. le député de l'Acadie, pour la lecture de...
Des voix :
...
La Présidente (Mme Maccarone) : Excusez-moi,
collègue. S'il vous plaît! Nous sommes de retour. M. le député de
l'Acadie, nous sommes à votre amendement à l'article 102 tel qu'amendé,
s'il vous plaît.
M. Morin : Merci.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Avez-vous besoin d'une copie, M. le député?
M. Morin : J'ai
une copie, je vous remercie. J'attendais que madame l'affiche, mais je peux...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Ce n'est pas nécessaire. Vous pouvez continuer avec votre
lecture.
M. Morin : Ce
n'est pas nécessaire. Très bien. Merci, Mme la Présidente.
Alors, suite à
l'amendement déposé par Mme la ministre, je propose également un amendement à
109... 102, au neuvième alinéa, qui se lit comme suit :
«L'article 102
de ce projet de loi est modifié par le remplacement du 9e paragraphe par
le suivant :
«9° le paiement des
honoraires professionnels des avocats et des notaires peut être remboursé si le
bien visé par l'expropriation est d'une valeur de 1 000 000 $ et
moins, l'indemnité des frais d'honoraires seraient remboursés à 85 % du
montant.»
Donc, l'article modifié se lirait comme suit,
article 102 :
«Ne sont pas
des préjudices directement causés par l'expropriation, notamment — et
donc le paragraphe 9° dirait :
«le paiement des honoraires professionnels des
avocats et des notaires peut être remboursé si le bien visé par l'expropriation
est d'une valeur de 1 000 000 $ et moins, l'indemnité des frais
d'honoraires seraient remboursés à 85 % du montant.»
• (10 heures) •
Cet amendement-là est proposé parce que... Lors
de notre dernière séance, j'ai débattu de cette question. Je trouve que, dans
le cadre d'une expropriation, alors qu'évidemment, hein, l'exproprié, c'est le
sens même de la loi, subit ce qui lui
arrive... Et je comprends qu'il s'agit pour des fins publiques, pour des fins
d'utilité publique, mais il n'en demeure pas moins que ça a un impact
significatif. Et donc ce que j'essaie d'obtenir par cet amendement, et
d'attirer, évidemment, l'attention de Mme la ministre, c'est de s'assurer que
les expropriés... Et c'est la raison pour laquelle j'ai modulé l'amendement
quant à la valeur du bien et quant au pourcentage. Pourquoi? Bien, je veux
m'assurer que les expropriés qui n'ont pas
nécessairement les moyens de retenir ou de payer des services juridiques vont
quand même pouvoir recevoir des avis pour qu'on leur explique d'une
façon précise ce qu'il en retourne avec l'expropriation. La raison en est bien simple, le projet de loi
prévoit qu'un avis sera envoyé et que cet avis-là, évidemment, va constituer la
date de l'expropriation, et je peux comprendre
que, des propriétaires d'immeubles qui reçoivent un tel avis, évidemment,
ça a un impact sur leur vie, sur leurs biens, sur leurs propriétés. Et, encore
là, je répète, je m'adresse ici... Et ce que je vise, c'est les gens qui ne
sont pas des grandes sociétés, qui n'ont pas nécessairement les moyens d'avoir
un service juridique, qui n'ont pas un avocat qu'ils consultent régulièrement,
mais qui vont avoir besoin de conseils juridiques indépendants, c'est le rôle
d'ailleurs des avocats et des notaires, pour qu'on puisse leur expliquer ce qui
va se passer avec le processus et ce qu'ils pourront éventuellement contester
ou pas.
J'ai très bien compris ce que Mme la ministre
soulignait quant à l'accompagnement qui peut être fait par des évaluateurs du ministère
des Transports ou de l'autorité expropriante, mais il n'en demeure pas moins...
et je sais que ces gens-là, évidemment, agissent conformément à leur ordre
professionnel, à leurs règles de déontologie, mais ils ont un mandat, bien sûr,
qui leur est confié, de la part de leur ministère, de veiller à ce
qu'éventuellement des biens soient expropriés. C'est le but de la chose quand
on parle d'expropriation. Donc, que des petits propriétaires aient accès à des
services juridiques et que ces services juridiques là puissent être remboursés
jusqu'à une certaine... jusqu'à un certain pourcentage, en fait, fait en sorte,
je pense, que ça pourrait même, dans certains cas, faciliter le règlement des
litiges, puisque les gens auraient une bonne connaissance de ce qui s'en vient,
et ce, donné par des conseillers juridiques indépendants. C'est le travail,
évidemment, des avocats et des notaires.
Pourquoi 85 %? Bien, c'est une... en fait,
c'est un ajout, un calque, en fait, une inspiration qui est venue de la loi ontarienne,
où on rembourse une partie du montant seulement. Le montant de 1 million
fait en sorte qu'on devrait couvrir uniquement, comme je le soulignais, les
petits propriétaires. Et donc ça devrait faire en sorte que ces gens-là auront
accès à des services juridiques qui vont leur permettre de bien saisir ce qui
s'en vient.
D'ailleurs, je ne suis pas le seul à vouloir
souligner cet état-là. Quand on regarde, entre autres, le mémoire qui a été
déposé par l'Ordre des évaluateurs agréés du Québec, et je cite, à la
page 40 : L'ordre recommande... Puis, rappelons-nous, l'ordre, tout
comme le Barreau d'ailleurs, comme tout ordre professionnel, son mandat, c'est
de s'assurer de la protection du public. Donc, ce n'est pas un lobby de
professionnels, c'est un ordre professionnel. Et donc l'ordre recommande ou suggère : «Afin d'assurer un meilleur
accès à la justice, l'ordre recommande de reconnaître les frais des conseillers juridiques comme un
dommage à la partie expropriée et de rembourser les honoraires professionnels
selon une grille de tarification balisée et indexée annuellement.» C'est autant
de recommandations, de suggestions qui font en sorte que l'Ordre professionnel
des évaluateurs le suggère, et ça ferait en sorte que les expropriés auraient
accès, comme je le soulignais, à des services juridiques de qualité.
J'attire également votre attention, Mme la
Présidente, sur le mémoire de l'UPA, L'Union des producteurs agricoles, parce
qu'on en a parlé à plusieurs reprises depuis le début de nos travaux, j'ai une
préoccupation pour les agriculteurs. On a parlé... et j'ai parlé de
souveraineté alimentaire, l'importance, évidemment, que les terres agricoles
demeurent des terres agricoles puis de s'assurer aussi que les agriculteurs
pourraient avoir accès à ce genre... à ce service-là, tout dépendant du bien
qui est exproprié ou pas. Donc, ça m'apparaît très important.
Et je suggère évidemment, dans mon amendement,
de parler de notaires et d'avocats parce que les deux sont des professionnels
du droit, les notaires sont des officiers publics. Mais la façon dont la
disposition est rédigée présentement, à moins que je comprenne ou que je
saisisse très mal, et c'est d'ailleurs un exemple que je donnais la semaine dernière, si uniquement les honoraires
professionnels des avocats ne sont pas considérés comme des préjudices
causés par l'expropriation, ça voudrait donc dire que, le citoyen ou la
citoyenne qui, pour obtenir un avis juridique, dès la réception de l'avis, va
voir un notaire, bien, les honoraires du notaire pourraient être considérés
comme étant un préjudice, mais, si la même personne va voir un avocat, ça ne le
serait pas. Et là je ne parle pas, après ça, du litige devant le tribunal, parce qu'évidemment les notaires agissent dans des
matières non contentieuses, mais je parle d'abord d'un avis juridique.
Je comprends
que le notaire, lui, aura éventuellement à agir si jamais il y a des
hypothèques qui grèvent l'immeuble en question, mais on est vraiment,
là... moi, je suis vraiment au stade d'un avis juridique pour expliquer à la
personne ce qui va arriver ou pour obtenir un autre avis, un avis indépendant
suite à une rencontre que l'exproprié aurait pu avoir avec un évaluateur ou un
procureur du Procureur général du Québec. Donc, dans ce cas-là, si c'est un notaire,
ça pourrait être un préjudice, mais, si c'est un avocat,
ce n'en est pas. Mais je pense qu'il y a un problème avec la rédaction du paragraphe tel qu'il est
présentement. On parle ici d'enlever des droits à quelqu'un, on parle ici
d'enlever une propriété à quelqu'un, notamment, ça pourrait être aussi
un locataire.
Donc, il me semble que, dans un cas comme
celui-là, le fait d'avoir accès... Et je comprends, j'ai écouté avec attention
Mme la ministre, je comprends qu'on n'est pas obligés d'aller voir un avocat,
c'est sûr, il n'y a pas d'obligation. Cependant, il n'en demeure pas moins que,
compte tenu de l'impact de l'expropriation... puis ça, on en a parlé, depuis le début de nos travaux, à
plusieurs reprises, il n'en demeure pas moins que ça a un impact significatif
sur la vie des gens. Donc, il me semble que la moindre des choses, ce
serait que la personne qui va vivre l'expropriation puisse non seulement avoir
accès à des services d'un professionnel du droit, mais, à cause de l'action de
l'expropriante, que les honoraires de ce professionnel du droit soient, en
fait, identifiés comme étant des indemnités, jusqu'à
un certain montant, avec un certain pourcentage, ça m'apparaît vraiment
important pour s'assurer que les droits de tout le monde vont être respectés.
Donc, c'est
l'objectif qui est visé par l'amendement, et je pense que ça permettrait...
parce que Mme la ministre a à coeur l'accès à la justice et la célérité
des procédures, je pense que ça permettrait d'accélérer le processus et donc de faire en sorte que les procédures en
expropriation puissent se dérouler d'une façon plus rapide, en s'assurant que
toutes les parties prenantes seront bien informées de leurs droits, ce
qui m'apparaît aussi essentiel. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui, merci, Mme la Présidente. Bien, en fait, le collègue
refait la même conversation, le même échange qu'on a eu à la dernière séance.
Alors, je vais reprendre, moi aussi, un peu les éléments que j'avais mis de l'avant à la dernière séance, là, puisqu'on
reprend une nouvelle semaine, et pour avoir tout ça fraîchement à l'esprit.
Ce que j'ai dit la semaine dernière et que je
maintiens, c'est que d'abord, actuellement, l'article 102, mais en
particulier le paragraphe 9° de l'article 102, n'enlève rien à qui
que ce soit par rapport à ce qui se fait actuellement. Alors, déjà, en partant,
là, il faut mettre ça bien au clair, il n'y a rien de différent, dans
l'article 102, de ce qui se fait actuellement. Alors, ça, je voulais le
dire très clairement.
• (10 h 10) •
Et, pour ce qui est des frais d'avocat, je l'ai
dit la semaine dernière, d'abord, rappelons qu'il y a certaines circonstances
dans lesquelles le gouvernement paie des frais d'avocat... bien, en fait, pas
le gouvernement, mais c'est-à-dire que les tribunaux font en sorte que
l'expropriant paie des frais d'avocat, expropriant qui peut être le
gouvernement, mais donc l'expropriant, donc, lors d'un désistement, lorsqu'il y
a la preuve d'une mauvaise foi de la part de l'expropriant ou lorsqu'il y a une — et là
je veux être sûre de prendre les bons mots — contestation qui... Et je veux être sûre, là. C'était à quel article,
donc, qu'on... C'est à 119, ça se peut-tu, pour les frais qui sont payés? Enfin,
en attendant que je retrouve l'article...
Des voix : ...
Mme Guilbault : «Lorsque la Cour supérieure fait droit à la demande de
l'exproprié contestant le droit à l'expropriation — première situation — lors
d'un désistement — deuxième
situation — ou
lorsque l'expropriant fait preuve de mauvaise foi dans le cadre de la procédure
d'expropriation ou de l'instance en fixation de l'indemnité définitive...» Donc, à ce moment-là, il y a des
frais d'avocat qui peuvent être défrayés. Donc, on couvre déjà un ensemble
de circonstances.
Et donc j'attire l'attention sur le fait que
l'article 102 ne modifie en rien non plus, par ailleurs, cet élément-là.
On va continuer de défrayer les frais d'avocat dans ces mêmes situations là.
Et, quand on se compare à d'autres juridictions au Canada, j'en ai parlé aussi
la semaine dernière, donc, il y a des provinces et territoires qui paient, eux aussi, selon certaines circonstances. Je ne
donnerai pas toute la liste, parce qu'il y a toutes sortes de situations
particulières, mais, d'abord, il y a des endroits où ils ne paient pas
non plus les honoraires professionnels des avocats, entre autres à l'Île-du-Prince-Édouard,
Saskatchewan, etc. Il y en a qui paient des frais de consultation juridique
mais qui ne paient pas des honoraires
professionnels. Et, si on se rappelle, puis d'ailleurs le collègue l'a
mentionné, pour des actes immobiliers,
on couvre certains frais de notaire. Et d'ailleurs j'y reviendrai, mais on
aura, nous aussi, un amendement, éventuellement,
pour venir recadrer la question des honoraires professionnels liés aux
notaires, parce qu'effectivement c'est vrai que peut-être qu'il pouvait
y avoir un flou, donc on va venir le préciser adéquatement. Mais donc... Alors,
c'est ça, vous voyez, en Alberta,
Colombie-Britannique, Nouveau-Brunswick, ils paient des honoraires professionnels
d'avocat lors d'un désistement, donc similaires à chez nous.
Donc, tu sais, on pourrait disserter longtemps
sur qui paie ou ne paie pas quoi dans les 12 autres provinces et
territoires du Canada, mais je pense que l'important, Mme la Présidente, puis
je trouve ça important aussi de le rappeler
comme ça, au début d'une nouvelle semaine d'étude détaillée, c'est de
rechercher l'équilibre. Or, l'équilibre, en préservant ce qui était déjà acquis
pour les expropriés, à savoir le fait de défrayer des frais... de défrayer des
frais, c'est-à-dire d'éponger des frais d'honoraires professionnels d'avocat de
la part de... par l'expropriant dans certaines situations. On le maintient, on
n'enlève rien à personne, et on va venir recadrer, préciser, là, par rapport
aux notaires, comme je l'ai dit précédemment.
Et je vais ajouter tout ce qui a été... Je vais
réattirer l'attention des collègues sur tout ce qui a été exposé par mes collègues ici, là, dont Mme Ferlatte, qui
est ici, et les gens maintenant bien connus par tous ici, qui sont en arrière
de moi, qui sont venus témoigner de la façon dont ça se passe concrètement dans
la vraie vie, l'accompagnement qui est fait, les échanges
qui sont faits avec les expropriés, les rencontres qui sont faites en amont
aussi. On a monsieur ici, là-bas, qui nous disait la semaine dernière,
là : Dès les amorces de possibles procédures, il y a des rencontres qui se
font, des échanges qui se font.
Et, comme je le disais, le gouvernement étant un
expropriant important... mais aussi d'autres expropriants qui ont des statuts... qui sont dirigés par des gens
qui ont un statut d'élu, qui sont dirigés par des gens qui travaillent avec le
public, qui sont dans des conditions ou dans des fonctions où il n'y a personne
qui pourrait se permettre de maltraiter un exproprié, de négliger un exproprié
ou de faire en sorte de ne pas s'acquitter adéquatement de ses droits et ses...
surtout ses devoirs, en l'occurrence, et ses responsabilités d'expropriant dans
le cadre d'une procédure.
Donc, je maintiens ici, Mme la Présidente, que
tout ce soin-là et tout cet accompagnement-là, qui est déjà... qu'on se donne déjà la peine, là, d'avoir, pour le
bien des expropriés, va continuer d'être. J'en prends, moi, l'engagement,
du moins, au nom du gouvernement. Et, comme on est le principal expropriant,
bien, déjà, on part avec une grosse proportion des procédures, mais je suis
certaine que je peux parler pour les autres élus qui dirigent des instances qui
sont expropriantes aussi dans notre nation du Québec, et il n'y a personne qui
souhaite qu'un exproprié se sente lésé ou se sente inadéquatement traité dans
le cadre d'une procédure d'expropriation. Donc, on va continuer de le faire
correctement, de le faire humainement, de faire intelligemment, en continuant
de payer les honoraires des avocats dans les trois situations que j'ai
précédemment exposées. Et, encore une fois, mes collègues ici, de mon côté de
la table et, je suis certaine, de tous les
côtés de la table, on a toujours à l'esprit la nécessité de préserver
l'équilibre des droits entre les expropriants et les expropriés et le
souci que les expropriés se sentent traités adéquatement tout au long d'une
procédure d'expropriation.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Alors, brièvement, pour l'article 130, parce qu'on aura la
chance d'y revenir éventuellement, écoutez, j'espère, j'espère que, s'il y a
une preuve de mauvaise foi qui est faite de la part de la l'expropriant, il va
avoir des frais d'avocat de remboursés ou des honoraires professionnels
d'avocat remboursés. Ce serait bien... ce serait un peu terrible si ce n'était
pas le cas, là, parce que, là, on parle carrément de la mauvaise foi, donc,
quelqu'un qui agit sciemment pour nuire à une autre personne. Écoutez, ça, je
pense que ça, c'est un minimum, mais, encore là, à condition évidemment que
l'exproprié ait retenu les services d'un avocat, ça, c'est autre chose. Mais,
écoutez, j'écoute Mme la ministre, mais, pour 130, ça m'apparaît, à tout le
moins, totalement, totalement essentiel, et...
Bien, évidemment, c'est ça, on est tous à la
recherche d'un équilibre, et ça, on aura la chance d'en reparler
éventuellement, parce qu'avec ce qu'on a vu jusqu'à maintenant, mais on aura
d'autres débats, on n'a peut-être pas tous la même définition d'un équilibre.
Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il d'autres interventions? Oui, M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à tous les collègues, à toutes les personnes ici présentes,
d'abord. Bien, écoutez, nous, on... Je prends la parole pour simplement
souligner notre appui, là, à la proposition
qui est faite par le collègue de l'Acadie, ça va dans le sens de ce qu'on
proposait ou, en fait, les réflexions qu'on se faisait par rapport à cet
enjeu-là qui était... qui est bien important. Effectivement, moi aussi, je me
pose la question : Comment ça se fait
que certains frais sont considérés... par exemple ceux des... de notaires, les
services notariés sont considérés comme un préjudice, alors que ceux des
services juridiques... d'avocat, en fait, là, ne le sont pas? C'est clair qu'on a la même préoccupation, nous
aussi, là, de vouloir protéger les petits expropriés dans ce contexte-là.
Donc, l'amendement qui est proposé par le collègue, là, me semble intéressant,
bien balancé, raisonnable.
J'aimerais revenir d'abord sur quelques
éléments, là, que la ministre... Mme la ministre a évoqués dans sa réponse.
Bon, elle dit : Ça n'enlève rien à ce qui se fait actuellement. Je veux
bien entendre, je suis bien d'accord. On avait
eu... J'ai eu le même commentaire que j'avais eu à la dernière séance. On est
ici pour écrire un projet de loi pour améliorer la situation autant que
se peut, on veut répondre à des besoins. Il y a plusieurs groupes qui sont
intéressés par cette question-là. On
comprend qu'on a des objectifs qui sont très intéressants qui sont derrière ce
projet de loi là. Mais, si on n'est pas ici pour améliorer le projet de
loi, je me demande qu'est-ce qu'on y fait.
Donc, un peu de la même façon, donc, ça n'enlève
rien à ce qui est fait actuellement, évidemment, mais le reste des amendements ou le reste des propositions
qui sont amenés par la partie gouvernementale viennent changer les choses qui
se sont toujours faites de la même façon dans les dernières années. On est en
train de travailler à modifier les choses. Donc, moi, je trouve que
c'est un argument qui ne me convainc pas beaucoup.
Effectivement, aussi, on revient à ce qui se
passe ailleurs, dans des provinces canadiennes, nous, on avait évoqué, dans la dernière séance, là, ce qui se
passait en Ontario. Moi, je suis toujours d'avis qu'il vaut mieux s'inspirer
des meilleures pratiques, ce qui se passe de mieux, ce qui se fait de mieux à
l'extérieur. C'est pour ça qu'on avait nommé le cas de l'Ontario. Ce qui se
passe à l'Île-du-Prince-Édouard, dans ce contexte-là, m'intéresse peut-être un petit peu moins, c'est peut-être un contre-exemple
pour moi. Donc, je suis content de voir que la proposition du collègue de
l'Acadie va dans le sens de ce qu'on avait identifié, là, dans la
législature... dans la législation, pardon, ontarienne.
Puis, peut-être, dernièrement, aussi, là, sur
les intentions ou la façon de travailler des corps expropriants, je suis persuadé que toutes les personnes ici
présentes qui nous renseignent, et dont je salue le travail d'ailleurs,
travaillent de bonne foi, travaillent dans la... de façon à être empathiques,
humains dans leur travail pour accompagner les parties expropriées,
particulièrement les plus petits expropriés qui sont peut-être un peu plus
dépourvus face aux corps expropriants, se retrouvent dans des situations qui vont les toucher
dans leur milieu de vie directement. Là, on ne parle pas, là, d'un exproprié qui possède des terrains
puis qui voit les choses arriver avec une certaine froideur, une certaine
distance, on parle vraiment de... En tout cas, il me semble que l'amendement
qui est proposé par le collègue de l'Acadie touche, là, les expropriés qui,
pour nous, sont justement touchés dans leur milieu de vie, dans leur vie et...
Donc, je comprends que ces gens-là travaillent
de façon adéquate et empathique, mais on ne peut pas présumer que ça va être la
même chose pour les 40 prochaines années. Ça fait 40 ans, là, que le
projet de loi n'avait pas été... que la loi
n'avait pas été modifiée de façon aussi substantielle. On peut s'attendre à ce
que, la prochaine fois, ça puisse prendre autant de temps. Donc, moi,
j'aime bien quand on a des projets de loi et donc des lois, par la suite,
aussi, qui viennent bien encadrer le travail qui est fait. Même si je conçois
puis concède que les gens qui travaillent actuellement
le font probablement de très, très belle façon, moi, je pense aussi aux
prochaines années, aux prochaines décennies,
et je veux m'assurer, finalement, que ces petits expropriés là ne subissent pas
des préjudices qui, à mon sens, là, seraient déraisonnables.
Donc, on va appuyer, là, la proposition du
collègue de l'Acadie lorsqu'on votera dessus. Moi, je trouve qu'il est bien
avisé, bien balancé, nuancé. Je trouve que ça a du sens, ça protège, dans une
certaine mesure, là, les gens qui sont... qui risquent d'être touchés par les
expropriations. Ce sera tout.
• (10 h 20) •
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui, bien, je maintiens telle quelle l'intervention que
j'ai faite il y a cinq minutes.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Parfait. Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y
a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Est-ce que l'amendement à l'article 102, tel qu'amendé, est adopté?
Une voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Un
vote par appel nominal, s'il vous plaît, Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Morin (Acadie)?
M. Morin : Pour.
La Secrétaire : Mme Guilbault
(Louis-Hébert)?
Mme Guilbault : Contre.
La Secrétaire : M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
La Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
La Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
La Secrétaire : M. Sainte-Croix
(Gaspé)?
M. Sainte-Croix : Contre.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire : Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme McGraw : Pour.
La Secrétaire : M. Grandmont
(Taschereau)?
M.
Grandmont : Pour.
La
Secrétaire : Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
La Présidente (Mme Maccarone) : Abstention.
Alors, l'amendement à l'article 102, tel qu'amendé, est rejeté. Et
je crois que nous avons un nouvel amendement qui sera présenté par Mme la
ministre. La parole est à vous.
Mme
Guilbault : ...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui, c'est déjà sur le Greffier.
Mme Guilbault : Oui. Parfait. Alors, faisant suite à ce que j'ai dit, justement, dans ma
précédente intervention, pour venir préciser, là, qu'est-ce qui est couvert ou
non en termes de frais de service de notaire, article 102... Mais,
en fait, excusez, je vais d'abord lire l'amendement avant de le commenter.
C'est un peu anachronique.
Donc, amendement à
l'article 102 : Ajouter, à la fin de l'article 102 du projet de
loi, le paragraphe suivant :
«10° le paiement des
honoraires professionnels des notaires, sauf ceux payés pour la préparation
d'un acte d'acquisition immobilière, pour sa signature par les parties et pour
l'inscription de cet acte sur le registre foncier.»
Donc, comme je le
disais avant de le lire, c'est pour venir préciser ce à quoi j'ai fait
référence tout à l'heure, c'est-à-dire de ne pas prévoir de payer des
honoraires pour des consultations juridiques élargies, mais bien pour ce qui
concerne un acte immobilier.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Parfait. Y a-t-il des interventions? M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : Oui,
merci, Mme la Présidente. Donc, avec la rédaction telle que proposée par Mme la
ministre, je comprends qu'en utilisant les mots «payés pour la préparation d'un
acte d'acquisition immobilière» ça va couvrir tous les scénarios quand un
expropriant doit procéder à une expropriation et qu'on ne laissera rien tomber.
Parce que je comprends, là, je comprends ce que Mme la ministre veut faire,
d'ailleurs c'est suite à des commentaires que j'ai moi-même faits sur la
rédaction de 109... 102, paragraphe 9°, alors on veut exclure, par
exemple, le conseil juridique, ce qui
placerait le notaire sur le même pied qu'un avocat. Cependant, quand vient le
temps d'exproprier, tout dépendant des droits qui grèvent l'immeuble, il
y a probablement des actes juridiques à poser. Je comprends que, des fois, il peut y avoir une hypothèque. Est-ce qu'on va tout
régler en utilisant les mots «acte d'acquisition immobilière»? Je veux
simplement m'en assurer.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Mme la ministre.
Des voix : ...
La Présidente (Mme
Maccarone) : C'est comme vous voulez.
Mme Guilbault : Oui, oui. Non, mais c'est ça, c'est que les frais de notaire, c'est pour
des actes d'acquisition. Alors, ce n'est pas pour l'expropriation comme
telle.
M. Morin : Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Voilà.
Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement à
l'article 102, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci beaucoup. Nous allons poursuivre. Alors, est-ce
qu'il y a autres interventions à l'article 102 tel qu'amendé? S'il n'y a
pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 102, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Mme la ministre, l'article 103, s'il vous
plaît.
Mme
Guilbault : Oui, merci, Mme la Présidente.
Article 103 :
«L'indemnité pour perte de valeur de convenance correspond à la perte subie par
une partie dessaisie en raison de la valeur personnelle qu'elle attribue à
l'immeuble et dont ne tient normalement pas compte un acheteur.
«Cette indemnité peut
être réclamée uniquement lorsque la résidence de la partie dessaisie fait
partie de l'immeuble exproprié.»
En commentaire : L'article 103 du
projet de loi prévoit que l'indemnité pour perte de valeur de convenance ne
pourrait être réclamée par une partie dessaisie que lorsque sa résidence fait
partie de l'immeuble exproprié.
Cette
indemnité correspond à la perte subie par une partie dessaisie en raison de la
valeur personnelle qu'elle attribue à l'immeuble et dont ne tient normalement
pas compte un acheteur. À titre d'exemple, mentionnons qu'un exproprié qui
demeure dans la maison de ses grands-parents et de ses arrière-grands-parents
pourrait subir une telle perte et réclamer cette indemnité.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci beaucoup. Y a-t-il des interventions? M. le député
de l'Acadie.
M. Morin : Merci.
Merci, Mme la Présidente. Alors, je comprends que cette indemnité-là
s'applique, j'imagine, la plupart du temps, dans un immeuble résidentiel, on va
le voir à 104, mais il y a une limite du montant pour la valeur de convenance. Règle générale, est-ce que ça arrive...
est-ce que cette indemnité-là est accordée dans une majorité de dossiers?
Est-ce que c'est quelque chose qu'on rencontre souvent dans la pratique et ça
vise quoi exactement?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Oui. Si les collègues sont
d'accord, je passerais la parole à notre collègue Mme Ferlatte.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Est-ce qu'il y a consentement?
M. Morin : Il
y a consentement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Voilà. Avant de vous céder la parole, s'il vous plaît,
vous présenter, votre nom et votre titre.
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) : Oui,
bonjour. Karine Ferlatte, évaluateur agréé au ministère des Transports.
M. Morin : Bonjour...
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Bonjour. Ça arrive quand même souvent
pour... quand ça touche les dossiers résidentiels, parce que c'est une valeur
personnelle à l'exproprié. Généralement, le tribunal administratif donne un
pourcentage, c'est ce qu'on appelle la règle de Drew. Donc, il va donner un
pourcentage de la valeur, des fois ça peut être 5 %, 10 %, c'est
rarement en haut de 15 % que j'ai vu, mais, oui, il en donne, puis ce
n'est jamais le même montant. Donc, c'est un pourcentage généralement qui est
donné, parce que, pour eux, c'est non quantifiable. Donc, c'est comme personnel
à l'exproprié.
M. Morin : Et
le pourcentage de 15 %, est-ce que c'est un pourcentage qui est accordé
quand même assez régulièrement?
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) : C'est
du cas par cas, donc c'est difficile à dire. Puis moi, je suis peut-être moins
bien placée parce que mes dossiers sont plus commercials, résidentiels. Je
pourrais peut-être, au besoin, voir avec mes collègues pour le résidentiel,
mais on a moins de jurisprudence dans le résidentiel que dans les commerciaux
à l'heure actuelle, donc c'est plus difficile pour moi de l'appuyer.
M. Morin : Puis, la perte, la perte de convenance, on
dit : «Une valeur personnelle qu'elle attribue à l'immeuble», donc
ça pourrait s'appliquer au commercial?
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Non...
M. Morin : Non?
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : ...parce que la personne morale, elle
n'a pas d'entité propre.
M. Morin : O.K.
Donc, le propriétaire, par exemple... pas le propriétaire, pardon, mais le
locataire d'un bail commercial qui voit son
commerce exproprié, lui ne pourrait pas avoir d'indemnité pour perte de valeur
de convenance.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Non.
M.
Morin :
O.K. Merci.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Y a-t-il autres interventions?
M. Morin : Bien,
c'est-à-dire, je ne sais pas ce qui va se...
La Présidente (Mme
Maccarone) : On attend une réponse, peut-être...
M. Morin : Je
ne sais pas ce qui va arriver, Mme la Présidente, mais, au niveau résidentiel,
oui, je serais intéressé, j'aurais des questions.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
Je comprends. Alors, est-ce qu'il y a consentement que M. Thériault prend la parole? Oui. Alors,
avant de prendre la parole, s'il vous plaît, vous présenter, votre nom et votre
titre.
M. Thériault
(Frédéric) : Frédéric Thériault, évaluateur agrée au ministère des
Transports et de la Mobilité durable.
C'est ça, au niveau
résidentiel, c'est ça, on en retrouve, mais ce n'est pas dans tous les cas non
plus, c'est vraiment dans certains... certaines circonstances. Puis, c'est ça,
la règle de Drew, normalement c'est appliqué sur un montant, c'est 10 %,
mais, des fois, c'est ça, c'est l'indemnité immobilière, des fois, c'est sur
l'ensemble du dossier. Des fois, ça peut être 15 % si le montant... tu
sais, souvent, les juges regardent aussi le montant global, là, parce que,
souvent, quand l'indemnité est trop faible, ça arrive aussi qu'ils donnent des
montants forfaitaires aussi, là.
M. Morin : Les
montants forfaitaires comme indemnité pour perte de valeur de convenance.
• (10 h 30) •
M. Thériault
(Frédéric) : C'est ça. Tu sais, on a retrouvé... ça n'arrive pas
souvent, là, je vous dirais que c'est plus en pourcentage, là, mais c'est
arrivé, admettons que les... tu sais, mettons, l'indemnité est sur
20 000 $, donc un 10 % de
20 000 $, bien, ça donne 2 000 $, donc, souvent, c'est...
tu sais, ils jugeaient que ça valait peut-être un peu plus que ça, là.
M. Morin : Puis
l'indemnité, elle est calculée comment?
M. Thériault
(Frédéric) : C'est ça, bien là, c'est sûr qu'il y a l'appréciation du
tribunal qui est faite, là. C'est ça, généralement, c'est ça, ça peut être sur
l'indemnité immobilière, des fois ça peut être sur l'ensemble ou, des fois, ça peut arriver que c'est juste sur un certain
préjudice quand c'est vraiment spécifique, mais je vous dirais que ça,
ça arrive moins souvent, là.
M. Morin : Puis, quand on regarde les pourcentages et que ça
se traduit éventuellement par un montant d'argent, selon votre
expérience, ce que vous avez vécu dans des dossiers, ça correspond à quel
montant d'argent?
M. Thériault
(Frédéric) : Là, c'est sûr que, vite, vite, vous me donnez un... je
vous dirais que, c'est ça, c'est... souvent,
c'est de l'ordre de... bien, c'est ça, ça dépend tout le temps du type de
dossier. Moi, c'est sûr que, dans mes dossiers, je n'en ai pas appliqué
souvent, mais, c'est ça, c'est sûr que... tu sais, autour de
20 000 $, là, je pense que c'est ça, ça tournait autour de tout ça,
là. Tu sais, je me... c'est ça, je ne me souviens pas exactement les... c'est ça, je ne peux pas non plus les... toutes les
quantifier. Mais, c'est ça, je veux dire, il y en a, il y a de la jurisprudence
pour en avoir, mais ce n'est pas dans tous les cas, non plus,
résidentiels, là, c'est vraiment... tu sais, je veux dire, il faut qu'il y ait
un attribut spécifique, là, pour... ou une condition ou quelque chose, là, de
personnel qu'on applique.
M. Morin : Oui,
ça, je le comprends, là. Maintenant, vous comprendrez... justement, Mme la
ministre, il y a quelques minutes, parlait d'équilibre, bien, vous comprendrez
que, tout dépendant de l'objet en question... parce qu'on va en parler un peu après, à 104, là, le législateur vient fixer
le montant de 20 000 $, mais moi, je ne voudrais pas que des gens
perdent de l'argent. Alors, est-ce qu'au ministère... vous
êtes au ministère des Transports, est-ce que vous avez des statistiques sur
les dossiers, combien ça a coûté, en général, ça couvre quoi?
M. Thériault
(Frédéric) : Bien, c'est sûr qu'on n'a pas de statistiques internes
sur nos dossiers pour savoir, c'est ça, les
indemnités de convenance, mais sachez que, c'est ça, c'est... tu sais, chaque
cas est un cas d'espèce, puis, tu sais, on ne peut pas appliquer des
règles générales non plus pour tout le monde, là, à ce niveau-là.
M. Morin : O.K.
Et c'est parce que, là, on dirait que 103 est en train d'établir une règle
générale pour tout le monde, là.
M. Thériault
(Frédéric) : Oui, mais, si je peux rajouter, c'est ça...
M. Morin :
Oui, bien sûr.
M. Thériault
(Frédéric) : ...la convenance, c'est sûr que c'est un montant qui...
tu sais, ça part d'un ancien jugement qui date de longtemps, le Drew, qui est
une valeur qu'on n'est pas capables d'attribuer, ça fait que c'est sûr que nous, on cherche à payer ce à quoi on n'est
pas capables de quantifier. Ça fait que c'est sûr que d'aller... tu sais, de
ne mettre aucune balise, et tout, bien, c'est sûr que, pour la prévisibilité,
bien, ça peut être plus difficile, là.
M. Morin : Puis
vous ne pensez pas que le tribunal a toute la compétence pour évaluer cette
prévisibilité-là, parce que vraisemblablement le tribunal le fait depuis de
très nombreuses années?
M. Thériault
(Frédéric) : Je comprends, mais c'est sûr qu'il y a des différences,
là, au niveau du tribunal. Ils n'ont pas de règle générale, c'est du cas par
cas, là.
M.
Morin : Bien, c'est un peu
normal, si c'est du cas par cas, il ne peut pas y avoir de règle générale. Moi,
ma crainte, c'est que, là, le législateur est en train d'en imposer une,
règle générale, avec une limite.
M. Thériault (Frédéric) : Bien, ce
n'est pas une règle générale.
Une voix : ...
M. Thériault (Frédéric) : Oui,
vas-y.
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui.
Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui, oui, non, mais M. Thériault est tout à fait
compétent pour répondre à la question, mais c'est parce que, là, peut-être
qu'on rentre dans une dimension plus de choix qui ont été faits dans le projet
de loi, d'ajouter de la prévisibilité à travers l'encadrement de certaines
indemnités, dont celle-là. Alors là, effectivement, ça devient une position que
nous, on prend de dire : On va venir l'encadrer.
Puis, en passant, j'aurais un amendement, à
l'article 104, qui va faire hausser le plafond en question. Donc, tu sais, je le dis maintenant parce que je pense
que ça peut teinter la conversation. Mais c'est ça, c'est une des manières
d'ajouter de la prévisibilité.
Effectivement, mon collègue a raison, le tribunal
est compétent pour déterminer de ces montants-là, mais là on... C'est toujours
l'équilibre entre, justement, continuer de laisser le soin aux tribunaux
d'avoir la latitude qui... dont ils ont
besoin pour faire leur travail, mais, en même temps, ajouter de la
prévisibilité. Puis, comme on le disait, à travers les réclamations détaillées qui sont transmises, à travers les
offres qui sont faites par l'expropriant, maintenant qu'on sort le
processus d'un recours systématique au tribunal, il va y avoir entente entre
l'expropriant et l'exproprié, à défaut de quoi l'exproprié pourra toujours
aller au tribunal pour faire valider sa position.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
M. Morin : Merci. Alors, on
continuera le débat sous 104. Je n'ai pas d'autre question pour 103.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Parfait. Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y
a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Est-ce que l'article 103 est adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre, 104 et l'amendement, s'il vous plaît.
Mme Guilbault : Oui.
Article 104 : «L'indemnité pour perte
de valeur de convenance ne peut excéder 20 000 $.
«Ce montant maximal de l'indemnité est indexé de
plein droit, au 1er janvier de chaque année, selon le taux correspondant à
la variation annuelle de l'indice moyen d'ensemble, pour le Québec, des prix à
la consommation, sans les boissons alcoolisées, les produits du tabac et le
cannabis récréatif, pour la période de 12 mois qui se termine le 30 septembre de l'année qui précède celle
pour laquelle ce montant maximal de l'indemnité doit être indexé. Le résultat
de l'indexation est diminué au dollar le plus près s'il comprend une fraction
de dollar inférieure à 0,50 $ — c'est
ça, 0,50 $; il est augmenté au dollar le plus près s'il comprend une
fraction de dollars égale ou supérieure à 0,50 $. L'application de cette
règle d'indexation ne peut avoir pour effet de diminuer l'indemnité à un
montant inférieur à celui qui était prévu
avant son indexation. Le ministre publie à la Gazette officielle du Québec
le résultat de cette indexation.»
En commentaire : L'article 104 du
projet de loi prévoit que l'indemnité pour perte de valeur de convenance ne
pourrait pas excéder 20 000 $.
Ce montant serait toutefois indexé de plein
droit annuellement et arrondi en fonction des règles établies dans cet article.
Le ministre des Transports et de la Mobilité durable publierait à la Gazette
officielle du Québec le résultat de cette indexation.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme
Guilbault : Et l'amendement à l'article 104 : Remplacer,
dans le premier alinéa de l'article 104 du projet de loi,
«20 000 $» par «30 000 $».
Commentaires : À la suite de certaines
demandes formulées lors des consultations particulières, il est proposé de
modifier l'article 104 du projet de loi afin de hausser à
30 000 $ le montant maximal de l'indemnité pour perte de valeur de
convenance.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Y a-t-il des interventions sur
l'amendement? M. le député de l'Acadie.
M.
Morin : Oui. Bien, écoutez, c'est quand même une
amélioration, c'est 10 000 $ de plus, alors, évidemment, quand
on veut s'assurer que les gens ne perdront pas... Sauf que ce qui est difficile
pour moi à évaluer, c'est que... et puis on
va en discuter, là, mais j'aimerais que la ministre nous dise : Écoutez,
on a fait une revue de nos dossiers, là, et puis, je ne sais pas moi, dans
99 % des cas, là, le tribunal a toujours accordé en bas de
30 000 $. Alors, à ce moment-là, c'est évidemment rassurant
parce qu'on se dit : Comme ça, on n'échappera rien. Sauf qu'on n'en a
aucune idée.
Alors, on l'augmente de 20 000 $ à
30 000 $. C'est vrai qu'il y a des gens qui ont suggéré
30 000 $, mais pourquoi 30 000 $, pourquoi pas
35 000 $, pourquoi pas 25 000 $, pourquoi pas 40 000 $?
Et c'est toujours le danger quand on fixe des balises. Alors, moi, ma première
question pour Mme la ministre, c'est : Pourquoi le 30 000 $?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre, pourquoi le 30 000 $?
Mme Guilbault : Oui. Bien, en fait, c'est ça, comme je disais, ça a été le
fruit d'une réflexion, parce qu'au départ,
dans le projet de loi, on avait mis 20 000 $, avec la volonté, comme
je disais, d'avoir un maximum ou, en tout cas, un encadrement de l'indemnité
pour avoir plus de prévisibilité. En commission... puis là, c'est ça, j'essaie
de retrouver... pour être sûre de
dire les bons intervenants qui ont dit les bonnes choses, là, pas en
commission, mais en consultations particulières, mais ça avait été
abordé, cette question-là. Alors, on a haussé le plafond.
Dans les discussions qu'on a à l'interne, bien
que chaque cas soit un cas d'espèce, puis que ça a été dit, puis qu'il y a une évaluation au cas par cas qui peut
être faite, avec 30 000 $, on couvre l'essentiel des cas qui ont été
les cas qu'on a eus jusqu'à aujourd'hui. Donc, on trouvait qu'on préservait...
qu'on préservait, justement, l'équilibre, en ayant l'avantage d'ajouter
de la prévisibilité, alors... Mais, tu sais, ça a été le fruit d'une réflexion,
là, ce n'est pas... C'est de s'assurer d'avoir un montant qui va venir couvrir
l'essentiel des cas qu'on a eus jusqu'à maintenant, basé sur l'expérience, et
d'ajouter la souhaitable prévisibilité, comme je l'ai dit tout à l'heure.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
M. le député.
• (10 h 40) •
M. Morin : Oui, sauf que...
Évidemment, je comprends l'expérience des fonctionnaires qui travaillent au
ministère des Transports. Je comprends ce que Mme la ministre dit, pour son
ministère. Maintenant, est-ce que c'est le cas quand c'est des villes qui
exproprient? Ça, on ne le sait pas. Puis, justement, puisqu'on parle
d'équilibre, bien, j'aimerais bien ça qu'on s'assure qu'il y a des gens qui ne
seront pas lésés par l'expropriation.
Et j'ai un exemple, dans ma réflexion, qui me
vient en tête, parce que j'écoutais, quand on a parlé de l'article 103,
certains exemples qui nous étaient donnés ou des cas où ça pouvait s'appliquer,
et j'ai en tête le cas suivant, on dira si
ça peut s'appliquer ou pas. Que ce soit le ministère des Transports ou une
ville qui veulent exproprier un immeuble, mettons pour refaire le tracé
d'une route, c'est un bungalow, par hypothèse, mais dans le bungalow, il y a
une personne qui est handicapée, donc elle doit avoir une espèce, bon,
d'ascenseur pour avoir accès à sa résidence. L'appareil est, évidemment, fixé à
la résidence, donc... En tout cas, on me dira qu'on peut probablement le
calculer ou le compter comme étant un immeuble qui est rattaché. Et donc, par
exemple, si... et là c'est vraiment... quand je regarde l'article 103, là,
c'est véritablement une valeur personnelle qui est attribuée à l'immeuble, ce
n'est pas tous les immeubles qui ont ça, mais, si, par exemple, l'ascenseur en
question coûte 50 000 $ ou 60 000 $, puis que les gens sont
expropriés, puis que là la nouvelle valeur, plutôt que de le laisser au
tribunal, on dit : Non, non, c'est
30 000 $, donc est-ce qu'on me dit... est-ce que la position du
gouvernement, c'est de dire : O.K., on va exproprier une personne qui est handicapée, elle va devoir se
racheter une maison, probablement ravoir... à nouveau faire construire
un ascenseur, mais elle va perdre 20 000 $? C'est ça? Parce que, si
c'est ça...
Puis c'est ça, le danger des limites.
Probablement que, dans la majorité des cas, c'est en bas de 30 000 $,
mais, si on a un cas comme ça qui est en
haut de 30 000 $, on dit : Bien, c'est bien dommage. Puis ça,
j'ai de la difficulté, personnellement, avec ça.
Alors, peut-être que mon exemple n'est pas bon,
peut-être que cet exemple-là n'a pas été rencontré, mais, s'il est bon, bien là, j'aimerais m'assurer que, si
c'est une personne handicapée, elle n'aura pas à porter un fardeau financier
plus lourd qu'une autre personne.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Si mon collègue est d'accord... Parce qu'en fait les
exemples qu'il donne, il y a des choses qui
peuvent être compensées, par ailleurs, par d'autres types d'indemnités. Alors,
si mon collègue est d'accord, Mme Ferlatte et possiblement, au
besoin, aussi Me Massé pourraient donner des exemples ou expliquer la chose.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme Ferlatte.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Oui, bonjour. Le cas de l'ascenseur, il faut se
rappeler que cette valeur-là, c'est une valeur personnelle qui est non
quantifiable. Donc, le cas de l'ascenseur... de la personne handicapée, si on a
à la déménager, on va lui rembourser un ascenseur neuf. Elle en avait un avant,
on est capables de faire un estimé, on est capables de dire combien ça coûte,
on le remplace.
Dans ce cas-là, la valeur de convenance, c'est
vraiment quelque chose qui est non quantifiable. Je vous donne un exemple
qu'on... par contre, qu'on peut rencontrer, puis c'est le genre d'exemple que,
si tu aurais mis... si quelqu'un aurait mis sa maison en vente, il n'aurait pas
eu cette valeur-là, mais nous, en tant qu'expropriant, on la donne.
Exemple, on a eu un couple... c'est quelqu'un qui m'a raconté ça, un couple
dont la femme et son mari étaient séparés,
et, pour simplifier leur processus de vie, ils avaient acheté deux maisons, une
à côté des... une à côté de l'autre, mais il y en a une qui est
expropriée, ça fait que, pour eux, il y avait une perte de valeur personnelle
parce que ça compliquait plus leur vie pour la garde de leur enfant. Mais, si
jamais ils auraient vendu cette maison-là, de toute façon, ils auraient obtenu seulement la valeur marchande et non la
valeur de convenance en plus. Donc, c'est vraiment quand c'est non
quantifiable et c'est personnel à l'exproprié.
M. Morin :
O.K. Mais...
Mme Ferlatte-Schofield
(Karine) : Et c'est non quantifiable.
M. Morin :
Mais, si c'est non quantifiable,
je veux dire, à un moment donné, ça va être quantifié, parce que, là, vous
mettez une balise de 30 000 $. Donc, comment vous arrivez à le
quantifier si c'est non quantifiable?
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) : C'est le TAQ qui va... ça va être à la discrétion
du TAQ, mais il va y avoir une fourchette maximale, là, jusqu'à
30 000 $, comme il fait déjà. Mais, en ce moment, il n'y avait pas de
fourchette, mais c'est quand même une moyenne qu'on avait pu établir, là. Tu
sais, on n'a jamais vu des valeurs de convenance à 100 000 $ non
plus, là. On en voit à 1 000 $. 20 000 $, c'était une
moyenne pour un secteur résidentiel, là, des propriétés résidentielles, qu'on
avait relevée de certains livres de référence qu'on a, là.
M. Morin :
Puis ça prend combien de temps habituellement au TAQ pour en venir à
évaluer une valeur de convenance?
Mme Ferlatte-Schofield
(Karine) : Pour rendre son jugement?
M. Morin :
Oui, rendre son jugement.
Mme Ferlatte-Schofield
(Karine) : C'est environ trois mois, le jugement.
M. Morin :
O.K. Puis vous me dites que ça varie autour de quoi, selon votre
expérience, 20 000 $, 22 000 $, 23 000 $,
24 000 $?
Mme Ferlatte-Schofield
(Karine) : Bien, j'en ai vu de tous, mais j'en ai vu 1 000 $
aussi, là. Donc, tu sais...
M. Morin :
À 1 000 $?
Mme Ferlatte-Schofield
(Karine) : Oui, c'est ça. Ça dépend, c'est du cas par cas, si on
refait un ponceau, puis c'est une servitude, ça dépend, qu'est ce qu'on achète,
ça dépend de la valeur de ce qu'on achète, ça dépend de l'impact du préjudice. Là, je vous ai donné un des cas les plus graves
qu'on peut voir, mais il y en a des plus petits aussi, là.
M. Morin :
Et je l'apprécie puis je vous remercie. Sauf que, moi, comme parlementaire,
le problème que j'ai, Mme la Présidente,
c'est que, si, dans la majorité des cas, ce n'est pas trop long, ça prend trois
mois, dans la majorité des cas, c'est
autour de 20 00 $ puis 30 000 $, alors quelle est la prévisibilité
qu'on veut obtenir avec le 30 000 $? Il n'y en a pas. Le
tribunal est capable en quelques mois de rendre sa décision, il est capable de
l'évaluer, ce qui, par ailleurs, est difficilement quantifiable, puis là ce
qu'on vient faire, c'est que, si jamais il y en a un, cas où c'est plus que
30 000 $, le tribunal, il ne pourra pas.
Alors, vous
comprendrez que... et c'est le danger de mettre toujours des balises. Quand le
législateur arrive avec un cadre qui est strict, c'est le danger où, à un
moment donné, il va y avoir une injustice en quelque part. Ça, c'est de façon
générale.
Maintenant — j'apprécie,
Mme Ferland, ce que vous avez dit — si on revient à mon exemple
de la personne qui est handicapée, elle serait indemnisée comment puis par
quoi?
Mme Ferlatte-Schofield
(Karine) : Ça dépend dans quelle approche qu'on est, là, mais, si on
est dans la valeur de concordance parce qu'elle déménage et on doit lui
retrouver une nouvelle propriété, ce serait dans cette approche-là, donc on va lui trouver une nouvelle propriété et on va lui
payer ce qu'elle avait dans l'autre maison pour rendre similaire sa
nouvelle propriété, là, à ce moment-là.
M. Morin :
Donc, si, par exemple, l'appareil
ou l'ascenseur coûte 50 000 $, 60 000 $,
70 000 $, l'expropriant va lui verser le même montant?
Mme Ferlatte-Schofield
(Karine) : Va lui verser le coût à neuf de cet équipement-là, oui.
M. Morin :
Puis ça, c'est votre pratique au ministère des Transports?
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) : Oui.
M. Morin :
O.K.
Mme Ferlatte-Schofield
(Karine) : Le cas typique qu'on voit le plus, c'est, exemple, la
maison expropriée, elle a un garage, puis celle qu'on trouve, elle n'en a pas,
bien, on lui reconstruit un garage.
M. Morin :
O.K. Je vous remercie. Merci beaucoup. Mais il n'en demeure pas moins, Mme
la Présidente, que, parmi les différents groupes ou associations qui sont venus
déposer des mémoires ou qui sont venus témoigner en commission, il y en a
plusieurs... Puis je reviens encore à l'Ordre des évaluateurs agréés. Pourquoi
je reviens à l'Ordre des évaluateurs agréés? Bien, parce que c'est un organisme
professionnel qui est là pour la protection du public. Donc, entre autres, ce
qu'on nous dit... et je cite la page 34 de leur mémoire, bon, on parlait,
à ce moment-là, d'une indemnité de 20 000 $, maintenant ce serait une
indemnité de 30 000 $, sans égard au type de dossier, l'ordre
souligne qu'évidemment ça peut varier selon l'exproprié, c'est ce qu'on nous a
dit, et l'ordre est inquiet de constater qu'un plafond serait établi à ces
dommages qui sont habituellement analysés par le tribunal, si le dossier lui
parvient. Alors, parce que le TAQ est un tribunal spécialisé, puis c'est ce que
Mme Ferland nous disait, il est à même de l'évaluer correctement, et même
si ce n'est pas une mince tâche, et même si c'est difficile parfois de le
quantifier.
Cependant, l'Ordre
des évaluateurs, qui a quand même une expérience dans le domaine, c'est un
ordre professionnel d'évaluateurs, ils ne font que ça, puis c'est ce qu'on
comprend depuis qu'on a commencé à étudier le projet de loi, c'est que les
évaluateurs jouent un rôle très important dans le domaine de l'expropriation,
on dit : «À titre d'exemple, certains jugements ont accordé une perte de valeur
de convenance de 25 000 $.» Donc, je comprends que la nouvelle
fourchette à 30 000 $ vient régler cette disposition-là. On cite,
entre autres, le Procureur général du Québec, ministre des Transports contre
Dery. Mais on dit aussi que, dans certains cas, c'est un montant de
555 275 $ qui a été octroyé. Et là
on cite Ville de Baie-Saint-Paul contre Tremblay, décision relativement
récente, de 2019. Dans ce cas-là,
donc du 55 000 $, bien, l'exproprié n'aurait pu être compensé pour le
préjudice subi si le plafond d'indemnisation avait été en vigueur. Puis,
même avec le nouveau plafond de 30 000 $, la personne expropriée
aurait été quand même dessaisie et aurait perdu.
L'Ordre des
évaluateurs nous souligne que souvent «les aménagements peuvent rapidement excéder
le plafond de 20 000 $ pour un
propriétaire d'une résidence comprenant des aménagements nécessaires pour
accommoder...» Bon, notamment, on
citait l'exemple d'une personne à mobilité réduite, mais on nous dit que ça
pourrait être compensé ou indemnisé autrement.
• (10 h 50) •
Donc,
il y a déjà une prévisibilité, compte tenu de la jurisprudence du tribunal.
Sauf que, là, même avec le plafond de
30 000 $... puis je comprends que, dans l'arrêt Ville de
Baie-Saint-Paul contre Tremblay, ce n'est pas le ministère des Transports, c'est une municipalité, sauf que, là,
le tribunal serait obligé de dire à l'exproprié : Bien, écoutez, c'est
dommage, le législateur a fixé une
limite, donc moi, je vous aurais octroyé 55 000 $, mais vous venez de
perdre 25 000 $. Et j'avoue que, bon, ça, je trouve ça un peu
plus compliqué.
Puis ce n'est pas les
seuls... ce n'est pas le seul groupe où on nous a dit qu'il y avait un problème
avec des fourchettes, c'est... à part l'Ordre des évaluateurs, le Groupe Altus
nous fait les mêmes recommandations. Tout dépendant
des aménagements spécifiques, puis je cite la page 15, donc il y a des
aménagements qui ne sont pas retrouvés sur
le marché immobilier, et l'expropriant, bien, va être obligé d'indemniser
l'exproprié. Et il recommande également que la compensation monétaire ne fasse l'objet d'aucune limitation mais
doit être plutôt étudiée au cas par cas. Le tribunal devrait avoir toute
la latitude pour s'assurer, par la force probante de la preuve, ce qui est
normal, que la valeur de convenance octroyée, évidemment, n'enrichit pas
l'exproprié, mais qu'elle ne l'appauvrit pas.
Et
on avait également, dans le cas des producteurs agricoles, dans le mémoire de
l'UPA, une recommandation à l'effet
d'accorder une indemnité pour perte de convenance de plus de
20 000 $. Alors, on est maintenant rendus à 30 000 $, mais,
dans certains cas, c'est clair que ce ne sera pas suffisant.
Donc, je repose ma
question, et là, bon, je n'ai pas des centaines d'exemples de jurisprudence à
donner, mais on en a quand même un avec la décision Baie-Saint-Paul contre
Tremblay : Si le législateur poursuit dans cette lignée-là, qu'est-ce
qu'on va répondre à ces expropriés-là où la valeur de convenance aurait été plus
de 30 000 $?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Bien, je ne suis pas sûre de
comprendre la question du collègue, de dire... si on adoptait le projet de loi
avec le plafond de 30 000 $ et que le tribunal devait fonctionner
avec un plafond de 30 000 $? Bien, il va fonctionner avec le plafond
de 30 000 $.
M. Morin : Mais
ma question est simple. Quand ça vaut plus que 30 000 $, le tribunal
va dire : Écoutez, la loi a été amendée, donc, exproprié, vous vous
appauvrissez, il n'y a rien d'autre que je peux faire. Puis il est là, mon
enjeu, Mme la ministre. Ça fait que ma question est bien simple. Je pense
que...
Tu sais, vous parlez
d'équilibre, moi, je veux bien, on nous dit que, d'abord, ce n'est pas dans
tous les cas et qu'en plus, bien, on a un
exemple concret, ça peut dépasser le 30 000 $. Donc, moi, ce que je
ne veux pas, puis c'est ce que je dis depuis le début, je ne veux pas
nécessairement que des expropriés s'enrichissent, mais je ne veux pas qu'ils
s'appauvrissent. Puis là on est confrontés à une situation où, par l'effet de
la loi, ils risquent de s'appauvrir.
Alors,
c'est la raison pour laquelle, moi, je pense qu'on devrait laisser au tribunal,
qui est très bien capable de faire son boulot, puis ce n'est pas long...
laisser au tribunal le soin d'apprécier l'ensemble de la preuve qui est
présentée et de ne pas mettre une balise à 30 000 $.
Mme Guilbault : Oui.
Bien, alors, c'est ça, comme on a dit tout à l'heure, le plafond de
30 000 $, qui a été réfléchi en fonction de la réalité des cas qu'on
traite, va couvrir l'essentiel des cas, du moins pour ce qui est des indemnités qu'on a versées jusqu'à aujourd'hui.
Donc, de ce fait, on s'aligne avec la réalité, si je peux m'exprimer ainsi.
Puis le fait
d'introduire un plafond, c'est pour ajouter de la prévisibilité, comme je l'ai
déjà dit. Et là, c'est ça, on est en train
de vérifier... voyez ici, j'ai le mémoire de la FQM qui dit : «La FQM est
favorable à la mise en place d'un plafond.» Donc... et là sans doute qu'il y a
d'autres personnes aussi qui y sont favorables, on est en train de le
valider.
Et,
comme ça a été dit aussi, il y a une série de choses qui sont couvertes par
d'autres types d'indemnités, il ne faut pas l'oublier, là. On donnait l'exemple
du garage, on donnait l'exemple de la situation d'une personne handicapée,
à laquelle on est extrêmement sensibles, j'en ai même déjà parlé au micro, là,
quand il y a des gens qui sont venus témoigner,
qui nous ont donné ces exemples-là. C'est sûr qu'on va s'assurer de préserver
les équipements, les besoins de ces personnes-là dans la nouvelle
propriété. Alors, c'est ça.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. M. le député.
M. Morin : En
fait, brièvement sur ce dernier énoncé de Mme la ministre, le projet de loi
vise à restreindre, à resserrer partout. Je vous écoute avec beaucoup
d'attention, mais comment on peut être assurés que, justement, dans une
situation x, un exproprié va être véritablement bien indemnisé, alors qu'on enlève
la discrétion au tribunal article après article? Pour moi, le problème reste
entier.
Puis je suis d'accord
avec Mme la ministre, les associations qui représentaient des municipalités
sont venues témoigner puis, dans la très grande majorité des mémoires, ils
étaient favorables, je le reconnais. Et puis je ne vous dis pas qu'il ne faut
pas nécessairement qu'il y ait un encadrement. Ce que je dis, c'est qu'il ne
faudrait pas qu'un exproprié soit appauvri à cause d'un expropriant. Et, quand
on fixe des limites, tôt ou tard, on va arriver dans un cas où il y a quelqu'un
qui n'aura pas l'indemnité à laquelle normalement il aurait droit.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Bien, j'entends mon collègue, mais, depuis le tout début, ce projet
de loi là, on l'a déposé, entre
autres, pour deux grands objectifs : réduire les délais puis ajouter de la
prévisibilité dans les montants d'indemnités d'expropriation. Or, je
remarque que, depuis les 25 heures, à peu près, qu'on est en étude
détaillée, bien que le collègue du Parti libéral se dise favorable au projet de
loi, il s'est... ou, en tout cas, disons qu'il a fait valoir de l'opposition à
l'ensemble ou, en tout cas, à une bonne partie des articles qui ont pour
objectif de répondre à ces deux objectifs-là. C'est-à-dire qu'à chaque fois
qu'on a eu des articles pour dire qu'on retire le recours systématique aux tribunaux, pour libérer les tribunaux, pour
réduire les délais des procédures d'expropriation, il a pris beaucoup de temps
pour nous dire que ce n'était peut-être pas
une bonne idée, tout en se disant favorable à l'objectif de réduire les délais.
Alors, bon, la question se pose.
Puis, pour ce qui est
d'ajouter de la prévisibilité puis de l'encadrement aux indemnités
d'expropriation, encore là, à chaque fois
qu'on a voulu venir les encadrer réellement, pratiquement, concrètement, il a
aussi fait beaucoup de temps pour dire que ce n'était peut-être pas une
bonne idée de venir mettre des plafonds puis d'enlever aux tribunaux le pouvoir
de les déterminer lui-même.
Donc, je comprends
qu'en théorie il se dit favorable, mais, dans les faits, j'ai l'impression qu'à
chaque fois qu'on vient effectivement faire une modification pour atteindre les
objectifs, il passe beaucoup de temps à nous dire que ce n'est peut-être pas
une bonne idée de le faire.
Donc, peut-être qu'à
ce stade-ci... comme je dis, ça fait quand même 25 heures qu'on est en
étude détaillée, donc on voit un peu où loge chacun des intervenants, j'ai l'impression
que soit il n'est peut-être pas nécessairement, finalement, le Parti libéral,
favorable à ces deux objectifs-là, c'est-à-dire que les expropriations prennent
moins de temps et soient plus prévisibles d'un point de vue pécuniaire ou
soit...
M. Morin : ...Mme
la ministre me prête des intentions.
Mme
Guilbault : Je ne sais pas, mais je pense
qu'il y a un désaccord sur le fond...
La Présidente (Mme
Maccarone) : ...un appel à règlement. Oui, M. le député.
M. Morin : Alors, quand Mme la ministre parle du Parti libéral, du temps que je
prends, je pense, Mme la Présidente, que,
comme parlementaire... à moins que Mme la ministre ait un autre avis là-dessus,
moi, je pense que, comme parlementaire,
j'ai le droit de poser, compte tenu du temps alloué par le règlement, toutes
les questions pour m'assurer que ce projet de loi va bien servir
l'intérêt des Qébécois et des Québécoises.
Donc, quand Mme la
ministre parle du collègue du Parti libéral qui pose beaucoup de questions, je
ne sais pas exactement où Mme la ministre s'en va, mais moi, j'aimerais qu'on
revienne à une étude plus détaillée du projet de loi, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Maccarone) : Je
comprends. Merci. Merci de l'intervention. Il faut toujours nommer le règlement
quand on fait un appel au règlement. Mme la ministre, vous pourriez poursuivre,
s'il vous plaît. Les échanges vont très bien à date. Je vous ai tous donné du
chocolat et des bonbons ce matin pour que ça poursuit bien.
Des
voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
si on peut poursuivre avec le respect entre nous, ça va continuer à bien
aller.
• (11 heures) •
Mme
Guilbault : Oui, tout à fait. Bien, effectivement,
Mme la Présidente, je pense que tout le monde est de bonne humeur ici. Mais,
comme je vous dis, après 25 heures... Puis le collègue a tout à fait
raison, il n'y a personne ici qui s'oppose à
ses interventions. Puis je pense qu'ici, de notre côté, avec l'ensemble de mes
équipes très compétentes, on répond patiemment, on répond
exhaustivement, on répond sobrement à tout ça.
Mais j'ai
l'impression que, c'est ça, là, tu sais, à un moment donné, soit on est en
faveur des objectifs, donc ça prend certains moyens pour les atteindre. Si on
se dit en faveur des objectifs mais que chacun des moyens de les atteindre
devient un débat, bien, peut-être que, finalement, on a juste un désaccord sur
le fond. Et que nous, la partie gouvernementale, souhaitons faire certains
changements à travers ce projet de loi là, et libre au collègue d'être d'accord
ou non, là, ça, je suis... tout à fait. Puis, parfait, on fait le temps qu'on a
à faire. C'est juste qu'on va arriver forcément à des endroits où il va falloir
être d'accord sur le fait qu'on n'est pas d'accord. Nous, on pense qu'il faut avoir plus d'encadrement des indemnités, plus de
prévisibilité pour les expropriants et réduire les délais des procédures
d'expropriation, donc il ne faut pas se surprendre qu'on arrive à des articles
qui se proposent d'atteindre l'un ou l'autre de ces objectifs-là. Et là je
pense qu'on est dans une situation comme ça.
Maintenant, à date,
on a eu, je pense, aussi plusieurs amendements, plusieurs qui ont été déposés
d'ailleurs par l'opposition officielle, des amendements par la deuxième
opposition. Nous, on a beaucoup, beaucoup, beaucoup d'ouverture, là. Puis je
l'ai dit, il est perfectible, le projet de loi, plusieurs amendements, des
choses qui ont évolué, et ça, c'est parfait
comme ça, mais il faut juste garder à l'esprit que la partie gouvernementale va
maintenir ses objectifs de réduction de délais, et d'encadrement, et de
prévisibilité des indemnités d'expropriation à travers l'ensemble de l'étude
détaillée du projet de loi.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Parfait. M. le député.
M. Morin : Bien,
en fait, brièvement, écoutez, je pense que, depuis qu'on étudie ce projet de
loi article par article... d'abord, il y a des articles où, dans un premier
temps, je n'avais pas de commentaire, ils ont été adoptés rapidement, donc je
comprends mal l'allusion de Mme la ministre. Mais, bon, on commence la semaine,
on a encore plusieurs heures devant nous, alors on va y aller assurément, on va
y aller, donc, tranquillement. Je vous remercie.
La Présidente (Mme
Maccarone) : ...sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention
sur l'amendement, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'amendement à l'article 104 est adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Sur division. Merci. Alors, nous revenons à
l'article 104 tel qu'amendé. Y a-t-il des interventions? S'il n'y a pas
d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 104, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
M. Morin :
Sur division.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Sur division. Merci. Mme la ministre, pour la lecture de
l'article 105, s'il vous plaît.
Mme
Guilbault : Merci, Mme la Présidente.
Article 105 :
«L'indemnité pour les troubles, les ennuis et les inconvénients correspond à la
valeur des dommages directs, matériels et
certains subis par la partie dessaisie et causés par la procédure
d'expropriation, notamment pour la perte de temps attribuable à la
préparation de la cause et à sa participation aux rencontres.
«Cette indemnité peut
être réclamée uniquement lorsque la résidence de la partie dessaisie fait
partie de l'immeuble exproprié.»
En commentaire :
L'article 105 du projet de loi prévoit que l'indemnité pour les troubles,
les ennuis et les inconvénients ne pourrait
être réclamée par une partie dessaisie que lorsque sa résidence fait partie de
l'immeuble exproprié.
Cette
indemnité correspond à la valeur des dommages directs, matériels et certains
subis par la partie dessaisie et causés par la procédure
d'expropriation, notamment pour la perte de temps attribuable à la préparation
de la cause et à sa participation aux rencontres.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci beaucoup. Y a-t-il des interventions?
M. Morin : En
fait, une intervention, dans la...
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
le député de l'Acadie.
M.
Morin : Merci. Donc, on dit : «Cette indemnité peut être réclamée
uniquement lorsque la résidence de la partie dessaisie fait partie de
l'immeuble exproprié.» Avez-vous des exemples concrets?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Bien, je présume... Est-ce que vous... qui pourrait donner des
exemples? Mme Ferlatte, si les collègues sont d'accord.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme Ferlatte.
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) : Bonjour.
C'est que, dans le fond, c'est tous les troubles et ennuis occasionnés
souvent par des pertes de temps qui... qu'on donne aux résidences, au
résidentiel entre entre autres, là, donc...
M. Morin : Aux
pertes de temps?
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Bien, exemple, si on doit vous
rencontrer pour vous expliquer le projet mais que vous devez vous absenter du
bureau, si on doit chercher une propriété avec vous, vous accompagner pour
chercher une propriété, bien, tu sais, ça vous occasionne quand même du
dérangement. C'est plus «dérangement», tu sais, «troubles et ennuis»,
«dérangement», le temps consacré avec nous pour le dossier d'expropriation.
M. Morin : Donc,
ce n'est pas nécessairement des troubles, ou des ennuis, ou des inconvénients
qui sont causés par l'expropriation sur l'immeuble, mais plus des inconvénients
ou des troubles parce que l'exproprié doit vous rencontrer?
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : C'est ça, exact, c'est plus une perte de
temps attribuable à la préparation ensemble de la cause et la participation à
des rencontres ensemble également, là.
M. Morin : Très
bien. Je vous remercie.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. M. le député de Taschereau.
M. Grandmont :
Oui. Merci beaucoup. Aussi, pour
comprendre un peu comment se fixe le montant de l'indemnité, comment...
comment est calculée l'indemnité?
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Pour l'instant, c'est sûr que c'est le
tribunal, là, qui la fixe, un peu comme dans la valeur de convenance, mais on
est venus mettre une limite, là, à... je crois qu'on l'a mise à
5 000 $, mais il va y avoir également un amendement, là, à
l'article 106. Donc, c'est à la discrétion du tribunal. C'est du cas par
cas, en fonction du nombre de temps consacré au dossier aussi. C'est sûr que,
si on vous achète ce que j'appelle une lichette de terrain sur le coin de votre
rue, puis vous n'êtes pas trop impacté, bien, souvent, on va donner une
indemnité de troubles et ennuis quand même assez moindre. Puis, par contre, si
on... c'est un déplacement d'une résidence
ou... à ce moment-là, bien, vous allez avoir, tu sais, là, l'échelle maximale,
probablement, là, pour le temps, le temps consacré...
M.
Grandmont : Encore merci pour la réponse. Puis, pour essayer de
comprendre aussi, encore, est-ce que la
valeur de temps qui est... qui est donnée, en fait, là, au... pour le
dérangement, est-ce qu'elle est la même pour chaque personne expropriée,
peu importe sa situation? Par exemple, une personne qui serait à la retraite,
est-ce qu'elle va avoir le même montant, en fait, horaire qu'une personne qui
est avocat, qui travaille à 300 $ de l'heure, par exemple?
Mme Ferlatte-Schofield
(Karine) : Oui, tout à fait.
M.
Grandmont : O.K. Donc, c'est le même montant pour tout le monde?
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Bien, c'est sûr, c'est à la discrétion
du tribunal, là, mais...
M.
Grandmont : C'est le tribunal, évidemment, c'est ça. O.K.
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) : ...en
fonction du type de cas, oui, c'est la même chose pour tout le monde,
peu importe son... sa situation, son statut, là, oui.
M.
Grandmont : Socioprofessionnel. O.K. Parfait. Merci.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. M. le député de l'Acadie.
M.
Morin : Oui, merci. L'article 105, pour les troubles,
les ennuis, les inconvénients, est-ce que ça peut s'appliquer également
quand il y a une expropriation d'un commerce?
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) : Non,
simplement quand ça touche la résidence, donc pour les cas résidentiels. Les
entreprises, elles n'ont pas de sentiments. Donc, c'est une identité propre,
là, et impersonnelle.
M. Morin : C'est
vrai qu'une personne morale n'a, hein, pas beaucoup de sentiments, on est...
ça, on est d'accord, là, mais, dans le cas
d'un commerçant... Puis il y a des commerçants que c'est... ils n'ont pas
nécessairement des compagnies, ils ne sont pas nécessairement
incorporés, ça peut être leur société, mais la personne qui est dans le
commerce ou derrière le commerce... Je prends votre exemple de tantôt, quand
vous dites : Si, par exemple, la personne qui va être expropriée, elle
doit prendre des rendez-vous, bon, etc., bien, si vous expropriez un commerce,
le commerçant va subir les mêmes problèmes. Alors, pourquoi lui ou elle, parce
qu'il a un commerce, ne pourrait pas avoir droit à des indemnités pour les
troubles, les ennuis puis les inconvénients?
Mme Ferlatte-Schofield
(Karine) : Bien, généralement, ça va... on le voit dans les pertes de
profits. Donc, la personne, elle va... tu sais, elle va s'absenter de son
travail, puis là elle va nous dire : Bien là, ce mois-ci, j'ai fait moins
parce que je me suis absenté. Donc, tu sais, on veut être sûrs de ne pas avoir
une double indemnisation, mais, si vous voulez, je pourrais peut-être inviter
mon collègue comptable, là, qui en a vu plus que moi... si vous avez plus de
questions, vous voulez aller plus en profondeur.
M. Morin : S'il
vous plaît.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Parfait.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre, vous êtes d'accord qu'on cède la parole
à M. Jobin?
Mme
Guilbault : Oui, absolument.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Est-ce qu'il y a consentement que M. Jobin prenne la
parole?
M. Morin : Oui,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui. Alors, avant de prendre la parole, s'il vous plaît,
vous présenter, votre nom et votre titre, s'il vous plaît.
M. Jobin
(Jean-Marc) : Bonjour.
M. Morin : Bonjour.
M. Jobin
(Jean-Marc) : Alors, je me présente : Jean-Marc Jobin. Moi, je
suis comptable agréé et aussi évaluateur agréé.
Donc, pour votre
question, souvent, ce qui est vu en pratique, c'est le propriétaire d'un
commerce qui agite... qui habite aussi dans sa résidence... sa résidence, donc
sa résidence pourrait être même à côté, en annexe, là, un petit garage ou peu
importe, là, qui... pas un entrepôt, mais un... une activité personnelle qu'il
exerce sur son... sur sa propriété. Ça fait
que, dans ce cas-là, il aurait le droit, vu qu'il y habite, mais, au niveau des
entreprises comme telles, un commerce indépendant à l'extérieur, lui,
selon le projet de loi, il n'a pas le droit aux troubles et ennuis.
M. Morin : Selon
le projet de loi, mais présentement est-ce qu'il pourrait être... est-ce qu'il
pourrait avoir une indemnité?
M. Jobin
(Jean-Marc) : En vertu de la loi actuelle...
M. Morin :
Le commerçant, là, le commerçant qui est obligé, tu sais, de se déplacer, bon,
on a... Là, je ne sais pas, moi, il va y
avoir un service, une route ou un service de transport public qui va faire en
sorte que le commerce va être exproprié. Alors, le commerçant, lui, il
doit rencontrer l'expropriante, en fait, exactement comme quelqu'un qui
resterait dans un immeuble, dans sa résidence. Donc, présentement, est-ce qu'il
va être indemnisé?
M. Jobin
(Jean-Marc) : Actuellement, selon la loi actuelle, oui.
M. Morin : Il
va être indemnisé. Puis, avec le projet de loi, on va lui enlever cette
indemnisation-là.
M. Jobin
(Jean-Marc) : C'est ce que ça dit.
M. Morin : C'est
ce que ça dit. Bon. Très bien. Je vous remercie beaucoup.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Oui.
M.
Morin : Alors donc, ma prochaine question va être pour Mme
la ministre, parce que, là, on est en train de se démarquer de la situation
actuelle. Alors, pourquoi, Mme la ministre, faites-vous une distinction entre
les commerçants?
Mme Guilbault : Juste, peut-être, une petite minisuspension.
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui,
nous allons suspendre pour quelques instants.
M. Morin : Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 10)
(Reprise à 11 h 31)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
nous sommes de retour à nos travaux. Alors, Mme la ministre, vous avez une
proposition par rapport à l'article 105.
Mme Guilbault : Oui, tout à fait. On a eu des discussions hors micro avec
mon collègue de l'Acadie et, faisant suite
aux interventions qui ont été faites, on est en train de préparer un
amendement, qui, je crois, sera déposé... «on» excluant la personne qui
parle, et qui sera déposé par l'opposition officielle, pour venir prévoir à
nouveau l'indemnité en question, de l'article 105, pour des cas
commerciaux, qui sont similaires à ce qu'on trouve dans un autre article du projet de loi. Bien, en fait, on
pourra l'expliquer au moment du dépôt de l'amendement, mais, bref, on s'est
mis d'accord sur le principe. Alors, je propose qu'on suspende
l'article 105 en attendant qu'on puisse présenter l'amendement.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'article 105?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Alors, Mme la ministre, pour l'article 106 et votre amendement, s'il vous
plaît.
Mme Guilbault : Oui. Article 106 : «L'indemnité pour les
troubles, les ennuis et les inconvénients ne peut excéder 5 000 $.
«Ce montant
maximal de l'indemnité est indexé de plein droit conformément au deuxième
alinéa de l'article 104.»
En commentaire : L'article 106 du
projet de loi prévoit que l'indemnité pour les troubles, les ennuis et les
inconvénients ne pourrait pas excéder 5 000 $. Ce montant serait
toutefois indexé de plein droit annuellement et arrondi en fonction des règles
établies dans cet article. La ministre des Transports et de la Mobilité durable
publierait à la Gazette officielle du Québec le résultat de cette
indexation.
Et
l'amendement à l'article 106 : Remplacer, dans le premier alinéa de
l'article 106 du projet de loi, «5 000 $» par
«10 000 $».
En commentaire :
À la suite de certaines demandes formulées lors des consultations
particulières, il est proposé de
modifier l'article 106 du projet de loi afin de hausser à
10 000 $ le montant maximal de l'indemnité pour les troubles,
les ennuis et les inconvénients.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui. Alors, merci, Mme la
Présidente. Donc, on est encore en train de regarder, étudier un article où il
y a... où il y a un plafond. Cette fois-ci, le montant est doublé. Dans
l'article précédent, si mon souvenir est bon, c'était
l'article 104, là le montant n'avait pas été doublé. J'ai évidemment le
même souci, et donc mon commentaire va ressembler à ce que j'ai dit
précédemment.
L'ennui, quand on impose des limites, c'est qu'à
un moment donné... On parle ici d'indemnités pour troubles, ennuis, inconvénients, et, à moins qu'on me dise que la
jurisprudence est totalement éclatée, et que ça va d'un côté à l'autre,
puis qu'on ne sait pas du tout où on s'en va, bien là, évidemment, je vais être
le premier à reconnaître qu'une intervention
du législateur est fondamentale pour être capable d'établir certains
paramètres, sans nécessairement fixer une fourchette. Mais là on a... Je
comprends que Mme la ministre a dit que c'était suite à certains mémoires et
certains... en fait, lors de... lorsque certaines parties ont, lors de leurs
témoignages en commission parlementaire, souligné
que peut-être que 10 000 $, ce serait mieux, mais je souligne également
qu'il y a d'autres... il y a d'autres groupes qui nous ont dit que ce
serait préférable de laisser cette discrétion-là au tribunal, comme c'est le
cas particulièrement.
D'autant
plus que... Et je cite à nouveau le mémoire de l'Ordre des évaluateurs agréés
du Québec, où, à l'article 106, pour le plafonnement des dommages,
on fait une référence à l'arrêt — en fait, qui est toujours le même — Procureur
général du Québec contre ministère des Transports... en fait, Procureur général
du Québec, ministre des Transports contre Déry, où on dit que le
tribunal est venu fixer des barèmes et des paramètres juridiques qui encadrent
l'indemnisation pour troubles, ennuis et inconvénients, et on fait référence,
notamment, à l'arrêt Dubois, qui a été mentionné
précédemment. Alors, permettez-moi de souligner certains de ces paramètres
juridiques. On dit notamment : «L'indemnité est fixée d'après le préjudice
directement causé par l'expropriation.» Ce qui me semble être tout à fait
logique, c'est-à-dire qu'on ne veut pas qu'il y ait une indemnité ou... qui
soit fixée pour plein d'autres éléments,
donc le tribunal est déjà venu préciser que ça devait être directement causé.
On dit : «Elle est accordée pour compenser
la partie [...] pour les inconvénients [...] pertes de temps, [...]gestion du
dossier [...] dommages moraux causés par l'expropriation...» On dit
cependant... on va même jusqu'à inclure la constitution de son dossier de
réclamation avec son avocat et ses experts. Et, évidemment, «le Tribunal doit
tenir compte du caractère direct, matériel et certain du préjudice», donc. Et
les paramètres continuent.
On fait même
référence à une autre décision, celle-ci de la Cour suprême du Canada, dans
Régie des transports en commun de la région de Toronto contre Dell Holdings. Et
donc on rappelle que ce n'est pas une indemnité pour permettre aux décideurs de
faire preuve de générosité envers l'exproprié, ou même de compassion, mais pour
compenser un préjudice réel causé par l'expropriation. On parle de l'équilibre
qui doit être maintenu entre l'octroi d'une
juste indemnité à l'exproprié et le fait que cette indemnité est payée par des
fonds publics. Et le tribunal peut tenir compte de dommages subis dans
le cadre général du processus d'expropriation, tel que défini par la Cour
suprême du Canada dans Dell Holdings.
L'Ordre des
évaluateurs nous rappelle qu'il y a une jurisprudence volumineuse du tribunal à
ce sujet-là, qui peut contenir, évidemment, des... une variation des
indemnités, mais que, chaque cas étant un cas d'espèce, bien, à ce moment-là, le
tribunal est à même de bien évaluer l'ensemble des indemnités pour troubles,
ennuis et inconvénients. Et on a d'autres groupes qui sont venus nous dire
exactement la même chose.
Alors, mon
commentaire sera le même, et je comprends que... je comprends l'intention de la
ministre, mais, si le tribunal est capable,
guidé par une jurisprudence récente et fort nombreuse, d'établir des troubles,
des ennuis, des inconvénients directement reliés à l'expropriation, je
ne vois pas pourquoi il faudrait qu'il y ait exactement et obligatoirement, une
fourchette pour venir limiter la discrétion du tribunal. Je vous remercie.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Oui, merci, Mme la Présidente.
Bien, c'est un peu un débat de principe similaire à celui qu'on a eu à
l'article 104, si je ne m'abuse, sur l'introduction d'un plafond. On est
d'accord avec le député d'Acadie sur le fait
qu'il faut éviter de brimer quelqu'un. C'est pour ça qu'encore là la notion
d'introduire un plafond, comme j'ai dit précédemment... puis je ne
redétaillerai pas, mais, pour nous, c'est important d'avoir plus de
prévisibilité, notamment par un
meilleur encadrement des indemnités. Donc, cet article-là, comme
l'article 104, vient répondre à cet objectif-là.
Maintenant, c'est
important aussi de tenir compte des besoins des expropriés, comme on le dit
souvent, puis de s'aligner sur la réalité des cas qui ont été vécus jusqu'à
aujourd'hui, et ma collègue Mme Ferlatte sera disponible, et mes autres
collègues aussi, là, si on a envie d'avoir des exemples concrets. Mais le choix
et le rehaussement de ce plafond là, d'ailleurs, de 5 000 $ à
10 000 $, fait suite, effectivement, là, aux consultations, aux gens
qui sont venus nous dire que c'est important de tenir compte des intérêts des
expropriés.
Il faut quand même
mentionner qu'il y a aussi des instances expropriantes et des gens qui sont
venus nous dire que l'introduction d'un plafond, tout comme ils l'ont fait pour
le plafond, tout à l'heure, qu'on a haussé de 20 000 $
à 30 000 $, est quand même intéressant du point de vue,
justement, de l'atteinte des objectifs de prévisibilité et d'encadrement. Et
j'ai ici, là, les exemples. Il y a quelques mémoires, mais j'ai ici celui de la
ville de Mascouche, qui venait nous dire : «La ville de Mascouche
est en faveur des précisions et du plafonnement des indemnités pouvant être
réclamées.» Ensuite, j'ai ici, je pense, la STM, qui nous dit que... en fait,
ils énoncent le fait que le plafond existe,
là, mais... Ah! bon, c'est ça : «L'ensemble de ces»... ils parlent de la
perte de valeur de convenance et de l'indemnité pour les troubles, les
ennuis et les inconvénients, à la page 3 : « L'ensemble de ces modifications auront pour effet
d'améliorer la prévisibilité des processus
d'acquisition et de réduire les délais ainsi que les coûts de réalisation des
projets. En somme, la STM appuie et salue la réforme proposée par le
p.l. n° 22 parce qu'il augmentera la prévisibilité
des processus d'acquisition [donc] et la réalisation des projets
d'infrastructure publique.»
• (11 h 40) •
Donc, comme je disais
tout à l'heure, il y a un débat de fond ou, en tout cas, je dirais, un objectif
de fond qui est d'améliorer la prévisibilité,
de réduire les délais. Cet article là, comme bien d'autres dans les 244 du
projet de loi, vise à atteindre cet objectif-là. Mais, dans le souci de
s'assurer de ne pas brimer les expropriés, on a rehaussé... puis, comme l'a dit
le collègue, on a doublé le montant, dans l'amendement, par rapport à ce qui
était prévu, pour être sûrs de venir couvrir la grande majorité des cas qui
sont, de fait, traités dans la vraie vie actuellement.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. M. le député.
M. Morin : Non,
ça va, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Est-ce qu'il y a autres interventions? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que
l'amendement à l'article 106 est adopté?
Des voix :
...
La Présidente (Mme Maccarone) : Sur
division, merci. Alors, nous revenons à l'article 106 tel qu'amendé.
Est-ce qu'il y a des interventions?
M.
Morin : ...je ne répéterai pas ce que je viens de dire,
mais la... ma préoccupation demeure, demeure la même, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons poursuivre à la mise
aux voix. Est-ce que l'article 106, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Sur
division, merci. Alors, est-ce que nous sommes prêts à retourner à
l'article 105? Est-ce qu'il y a un amendement qui a été envoyé?
Sinon, je
vais quand même demander une suspension, parce que nous sommes arrivés à l'article 107,
et ça prend quand même des précisions pour le prochain bloc.
(Suspension de la séance à 11 h 42)
(Reprise à 11 h 53)
La
Présidente (Mme Maccarone) : Alors, nous sommes de retour, et, suite aux
échanges que nous avons eus, je souhaite
vous demander s'il y a consentement afin que l'étude de l'intitulé de la
sous-section 4 ainsi que des articles 107 à 114 se fasse de
façon simultanée.
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Maccarone) : Il y
a consentement. Alors, Mme la ministre, j'espère que vous avez de l'eau, parce que je vais vous demander de bien
faire la lecture de tous ces articles, et l'intitulé, et ensuite déposer votre
amendement, s'il vous plaît.
Mme Guilbault : Parfait.
Alors, article 107 : «Le Tribunal
administratif du Québec peut autoriser, en vertu de l'article 53, une
partie à retirer ou à modifier sa déclaration détaillée et, le cas échéant,
fixer le délai pour que l'autre partie puisse modifier sa déclaration
détaillée.»
En commentaire : L'article 107 du
projet de loi octroie au TAQ le pouvoir d'autoriser une partie à retirer ou à
modifier sa déclaration détaillée. Lorsqu'il accorde cette autorisation, le
tribunal fixerait le délai pour que l'autre partie puisse modifier sa déclaration
détaillée.
Est-ce que j'enchaîne?
La Présidente (Mme Maccarone) : ...
Mme Guilbault : Oui? Parfait.
Article 108 :
«Le Tribunal peut, d'office ou sur demande d'une partie notifiée à l'autre,
déterminer, de manière incidente :
«1° l'usage le meilleur et le plus
profitable du droit exproprié;
«2° l'approche d'indemnisation retenue pour
établir l'indemnité définitive en tenant compte des principes établis à
l'article 115 ou à l'article 116, selon le cas;
«3° si une dépense peut être engagée par la
partie dessaisie;
«4° si
l'exproprié doit déplacer une construction conformément au deuxième ou au
troisième alinéa de l'article 78 et, le cas échéant :
«a) l'immeuble sur lequel la construction
doit être déplacée;
«b) le délai imparti pour déplacer la
construction;
«c) l'indemnité de déplacement à laquelle
l'exproprié a droit pour le déplacement, la réinstallation et le raccordement
aux réseaux des services publics de cette construction;
«d) la
valeur marchande du droit transféré lorsque cette construction est déplacée sur
un immeuble appartenant à l'expropriant;
«5° lorsqu'un droit, par consentement des
parties, tient lieu d'indemnité conformément à l'article 11 :
«a) le droit qui est transféré et
l'immeuble ou la partie de l'immeuble sur lequel porte ce droit;
«b) lorsque ce droit est un démembrement du
droit de propriété :
«i. la nature de ce démembrement;
«ii. la durée de ce démembrement;
«iii. s'il y a lieu, les droits et les
conditions d'exercice de ce démembrement;
«c) la valeur marchande de ce droit.
«Le Tribunal et les parties sont liés, lors de
la détermination du montant de l'indemnité définitive, par une décision prise
en vertu du présent article, à l'exception de celle prise en vertu du
sous-paragraphe c du paragraphe 4° du premier alinéa qui peut être révisée par
le Tribunal lors de sa décision sur la fixation de l'indemnité définitive.»
En commentaire :
L'article 108 du projet de loi prévoit diverses demandes incidentes qui
pourraient être présentées au TAQ afin
d'obtenir, préalablement à l'audition sur l'indemnité définitive, des décisions
nécessaires pour rétablir aussitôt que possible la situation de la
partie dessaisie. Le tribunal pourrait ainsi déterminer, de manière incidente, l'usage le meilleur et le plus
profitable du droit exproprié, et l'approche d'indemnisation à retenir, si une
dépense peut être engagée par la partie dessaisie, les différentes
questions en lien avec le déplacement d'une construction ou le transfert d'un droit pour valoir indemnité. Le
tribunal et les parties seraient liés, lors de la détermination du montant de l'indemnité définitive, par ces décisions, à
l'exception de celle portant sur le montant de l'indemnité de déplacement,
qui pourrait être révisée par le tribunal lors de sa décision sur la fixation
de l'indemnité définitive.
Article 109 : «La moitié de
l'indemnité de déplacement fixée en vertu du sous-paragraphe c du paragraphe 4°
du premier alinéa de l'article 108 doit
être versée à l'exproprié avant le déplacement et l'autre moitié immédiatement
après.»
En commentaire : L'article 109 du
projet de loi reprend l'obligation qui était prévue à l'article 62 de la
Loi sur l'expropriation de verser la moitié
de l'indemnité de déplacement que le TAQ aura fixée avant le déplacement et
l'autre moitié, immédiatement après.
Article 110 : «À défaut par
l'exproprié de se conformer à la décision du Tribunal rendue en vertu du
paragraphe 4° du premier alinéa de l'article 108, dans le délai imparti,
l'expropriant peut lui-même faire exécuter les travaux de déplacement et faire
placer la construction de l'exproprié à l'endroit déterminé par le Tribunal; à
cette fin, il peut recourir à la procédure d'exécution prévue à
l'article 44.»
En commentaire : L'article 110 du
projet de loi prévoit que l'expropriant pourrait lui-même faire exécuter les
travaux de déplacement de la construction de l'exproprié et la faire placer à
l'endroit déterminé par le TAQ lorsque l'exproprié fait défaut de se conformer
à l'ordonnance du tribunal de le faire. L'expropriant pourrait alors...
pourrait également demander à la Cour
supérieure une ordonnance d'expulsion de la partie dessaisie afin de libérer la
construction si elle refuse de le faire.
Article 111 : «Lorsqu'une décision du
Tribunal prévoit qu'un droit portant sur un immeuble est transféré à
l'exproprié, la décision du Tribunal doit notamment indiquer :
«1° la désignation de l'immeuble sur lequel
porte le droit transféré;
«2° le droit qui est transféré;
«3° lorsque ce droit est un démembrement du
droit de propriété :
«a) la nature de ce démembrement;
«b) la durée de ce démembrement;
«c) s'il y a lieu, les droits et les
conditions d'exercice de ce démembrement;
«4° la désignation de l'immeuble exproprié;
«5° le droit qui est acquis par
expropriation;
«6° lorsque ce droit est un droit de
propriété, les priorités, les hypothèques ou les charges grevant l'immeuble
exproprié qui doivent être reportées sur l'immeuble transféré et radiées sur
l'immeuble exproprié.»
En
commentaire : L'article 111 du projet de loi prévoit ce qui devrait
être minimalement indiqué dans la décision du TAQ lorsqu'un droit portant sur un immeuble est transféré à
l'exproprié. Il s'agit notamment des informations permettant
d'identifier le droit transféré et l'immeuble sur lequel il porte, le droit
acquis par expropriation et l'immeuble sur lequel il porte, ainsi que les
priorités, les hypothèques ou les charges grevant l'immeuble exproprié qui
doivent être reportées sur l'immeuble transféré et radiées sur l'immeuble
exproprié, lorsque le droit acquis par expropriation est un droit de propriété. Ces renseignements sont
requis pour permettre l'inscription sur le Registre foncier de cette
décision homologuée par la Cour supérieure.
Article 112 :«L'expropriant
doit faire inscrire sur le registre foncier la décision homologuée du Tribunal
visée à l'article 111.
«L'exproprié
devient titulaire du droit visé au paragraphe 2° de l'article 111 à la
date de cette inscription. Le cas échéant, les priorités, les hypothèques
et les charges grevant l'immeuble exproprié sont reportées par l'Officier de la
publicité foncière sur l'immeuble transféré à l'exproprié. Ce report conserve à
ces priorités, à ces hypothèques et à ces
charges leur caractère d'opposabilité à leur rang initial. L'Officier de la
publicité foncière doit également radier ces priorités, ces hypothèques
et ces charges inscrites sur l'immeuble exproprié qui ont été reportées.
«L'expropriant notifie, sans délai, à
l'exproprié l'état certifié de l'inscription faite sur le registre foncier.
«Le report prévu au deuxième alinéa ne peut pas
constituer un défaut du débiteur vis-à-vis de ses créanciers privilégiés et
garantis.»
• (12 heures) •
En commentaire : L'article 112 du
projet de loi prévoit qu'à la suite d'une décision du TAQ qui ordonne le transfert d'un droit portant sur un immeuble à
l'exproprié, l'expropriant aurait l'obligation de faire inscrire cette décision
homologuée par la Cour supérieure au Registre foncier. Il devrait notifier,
sans délai, à l'exproprié l'état certifié de cette inscription. L'exproprié
deviendrait titulaire de ce droit à la date de cette inscription.
Les priorités, les hypothèques et les charges
grevant l'immeuble exproprié sont reportées sur l'immeuble transféré à l'exproprié tout en conservant leur
caractère d'opposabilité à leur rang initial. Ces priorités, ces hypothèques et
ces charges inscrites sur l'immeuble exproprié sont alors radiées.
Enfin, comme
ce report est prévu par le projet de loi, il ne pourrait pas constituer un
défaut du débiteur vis-à-vis de ses créanciers privilégiés et garantis.
Aucune pénalité ne devrait donc s'appliquer.
Article 113 : «L'article 146 de
la Loi sur la justice administrative s'applique à toute demande incidente.»
En
commentaire : L'article 113 du projet de loi prévoit que
l'article 146 de la Loi sur la justice administrative s'appliquera à toute
demande incidente. Cet article 146 prévoit notamment que la décision du
tribunal doit être rendue dans les trois mois de sa prise en délibéré, à moins que le président du
tribunal n'ait, pour des motifs sérieux, prolongé ce délai. Lorsqu'un
membre saisi de la demande incidente ne rend pas sa décision dans les délais,
le président peut la dessaisir de cette
demande... le dessaisir de cette demande. Le président doit tenir compte,
lorsqu'il prend sa décision, des circonstances et de l'intérêt des
parties.
Et, enfin,
article 114 : «Toute décision du Tribunal rendue en cours d'instance,
y compris pendant l'audience, peut faire l'objet d'un appel de plein droit à la
Cour du Québec s'il rejette une objection à la preuve fondée sur le devoir de
discrétion du fonctionnaire de l'État, sur le respect du secret professionnel ou
sur la protection de la confidentialité d'une source journalistique.
«Elle peut également
faire l'objet d'un appel sur permission d'un juge de la Cour du Québec lorsque
la question en jeu en est une qui devrait être soumise à la Cour et que le juge
estime que cette décision décide en partie du litige ou cause un préjudice
irrémédiable à une partie, y compris s'il accueille une objection à la preuve
ou refuse une dépense à engager.
«La décision doit
être portée en appel sans délai. L'appel ne suspend pas l'instance à moins
qu'un juge d'appel ne l'ordonne; cependant, si la décision est rendue en cours
d'audience, l'appel ne suspend pas celle-ci; la décision au fond ne peut
toutefois être rendue ou, le cas échéant, la preuve concernée entendue avant la
décision de la Cour du Québec.
«Toute autre décision
rendue en cours d'audience, à l'exception de celle qui accueille une objection
à la preuve, ne peut être mise en question que sur l'appel de la décision au
fond.»
En commentaire :
L'article 114 du projet de loi aménage le droit d'en appeler à la Cour du
Québec des décisions incidentes du TAQ en s'inspirant de l'article 32 du Code
de procédure civile.
Ainsi, pourrait faire
l'objet d'un appel de plein droit toute décision incidente qui rejette une
objection à la preuve fondée sur le devoir de discrétion du fonctionnaire de
l'État, sur le respect du secret professionnel ou sur la protection de la confidentialité d'une source
journalistique. Pourrait également faire l'objet d'un appel, mais seulement
sur permission, toute décision incidente dont la question en jeu en est une qui
devrait être soumise à la cour si le juge estime que cette décision décide en
partie du litige ou cause un préjudice irrémédiable à une partie.
Toute autre décision
incidente ne pourrait être remise en question sur l'appel de la décision au
fond. Cette dernière peut déjà, en vertu de l'article 159 de la Loi sur la
justice administrative, faire l'objet d'un appel à la Cour du Québec, sur
permission d'un juge, lorsque la question en jeu en est une qui devrait être
soumise à la cour. Les demandes d'appel des
décisions incidentes et celles sur les décisions au fond seraient donc toutes
autorisées en fonction du même critère.
Mentionnons enfin que
la décision devrait être portée en appel sans délai. L'appel ne suspend pas
l'instance, à moins qu'un juge d'appel ne l'ordonne. Toutefois, lorsque
l'audience est commencée, celle-ci ne peut pas être entendue, mais... ne peut pas être entendue, c'est ça, mais la décision
au fond ne peut être rendue ou la preuve entendue avant la décision en
appel.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Et la lecture de l'intitulé ainsi que l'amendement, s'il
vous plaît.
Mme
Guilbault : Oui, oui, oui.
Alors :
Sous-section 4 de la section III du chapitre III du
titre III de la partie I.
Retirer
la sous-section 4 de la section III du chapitre III du
titre III de la partie I du projet
de loi, comprenant les articles 107 à 114.
En commentaire :
Il est proposé de retirer cette sous-section du projet de loi afin de laisser
au Tribunal administratif du Québec la discrétion de déterminer les demandes
qui devront être traitées de manière incidente.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Bravo. On va vous donner une pause. Est-ce
qu'il y a des interventions? M. le député de l'Acadie.
M. Morin :
Merci. Merci, Mme la Présidente. Donc, je comprends de la demande de Mme la
ministre qu'au fond le Tribunal administratif du Québec a déjà toute la compétence et l'autorité pour
accorder des demandes, que ce soit notifié ou non, d'une manière
incidente ou pas, que la moitié de l'indemnité pourrait, de toute façon, être
envoyée à l'exproprié.
Maintenant,
l'article 114 donnait... en fait, permettait un droit d'appel à la Cour du
Québec de plein droit dans des cas bien précis et sur permission dans la grande
majorité des cas. En enlevant 114, est-ce que ce droit-là, d'appel, va
complètement disparaître, et donc, dans le cadre d'une instance, il ne pourrait
plus y avoir d'appels, que ce soit de plein droit ou que ce soit sur
permission, sur une des objections fondées sur de la preuve qui est déposée?
La Présidente
(Mme Maccarone) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Bien, si mon collègue est d'accord, Me Massé
pourrait nous expliquer.
M. Morin :
Bien sûr.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Parfait. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Morin : Oui, il y a
consentement.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Merci. Alors, avant de vous céder la parole, s'il
vous plaît, vous présenter, votre nom et votre titre.
Mme Massé
(Julie) : Julie Massé. Je suis avocate légiste à la Direction des
affaires juridiques du ministère des Transports et de la Mobilité durable.
Bonjour.
Le
droit d'appel demeure sur la décision finale. Je vais juste vérifier. Puis là
votre question portait exactement sur les objections à la preuve.
M. Morin :
...c'est parce qu'à 114... D'ailleurs, 114 avait attiré mon attention parce
qu'on parle en fait d'appel incident, donc
en cours d'instance, mais il y a un appel de plein droit si jamais le tribunal
rejetait «une objection à la preuve fondée sur le devoir de discrétion
du fonctionnaire de l'État, sur le respect du secret professionnel ou sur la
protection de la confidentialité d'une source journalistique». Puis ma première
question, c'était, en fait, puis je comprends que vous voulez le retirer,
là : Mais pourquoi le législateur a identifié ces trois éléments-là
d'abord?
La Présidente
(Mme Maccarone) : Me Massé.
Mme Massé
(Julie) : Pourquoi on a décidé de retirer ce qui nous semblait être
une bonne idée initialement? C'est qu'on a entendu les groupes venir nous
parler de l'accumulation des délais qui pourraient être générés, donc une
première demande, appel sur cette demande-là, retour, une nouvelle demande sur,
par exemple, l'approche. Encore là, un appel pourrait être présenté, ce qui ne
veut pas dire qu'il va être accepté, mais on pouvait rentrer dans une... dans
de nombreuses demandes auprès du tribunal à la Cour du Québec, et ça, ça ferait
en sorte, réellement, de prolonger les délais. C'est ce que les groupes sont
venus dire, et on est à l'écoute.
Puis actuellement, en
matière d'expropriation devant le Tribunal administratif du Québec, en vertu de
la Loi sur l'expropriation, ce n'est pas quelque chose... c'est... ce n'est
pas... Il n'y a pas de droit d'appel sur les demandes incidentes, c'est sur les
demandes... c'est sur les décisions définitives seulement, et ça, ça ne cause
pas de délais supplémentaires. Donc, on a décidé de revenir au fonctionnement
actuel, là, pour ne pas générer, justement, plusieurs aller-retours à la Cour
du Québec et une extension des délais pour obtenir une décision sur l'indemnité
définitive.
M. Morin :
Bien, écoutez, je vous comprends, parce qu'en fait j'en ai parlé au début,
ça a été soulevé par le Barreau également, donc multiplication des recours sur
les appels incidents. Mais pourquoi vous aviez d'abord identifié... Parce que,
dans le contexte de l'expropriation, c'est des choses qui se rencontrent souvent,
des questions de preuve sur le devoir de
discrétion du fonctionnaire de l'État, sur le respect du secret professionnel
ou sur la protection de la confidentialité d'une source journalistique.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Me Massé.
Mme Massé
(Julie) : Oui. J'étais en train de vérifier avec l'avocate du PGQ,
puis c'est vraiment quelque chose qui arrive rarement, là. Donc... En fait, on
s'était inspirés du Code de procédure civile, qui peut être utilisé par le TAQ
de manière supplétive. Là, on était dans les droits d'appel, donc c'était quand
même un outil de référence pour mieux encadrer. C'était prévu dans le Code de
procédure civile, donc on l'avait mis, mais ça ne répondait pas forcément à un
besoin énoncé ou présent.
M. Morin : Et
vous voulez également retrancher l'appel sur permission d'un juge de la Cour du
Québec.
Mme Massé
(Julie) : Sur les demandes incidentes seulement. C'est-à-dire que
cette permission d'appeler est déjà prévue dans la Loi sur la justice
administrative puis sur la décision définitive, donc ça serait traité en même
temps que l'ensemble de la décision sur l'indemnité définitive.
M. Morin : D'accord.
Je vous remercie.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons passer à la mise aux voix. Est-ce que
l'intitulé Sous-section 4 de la section III du chapitre III
du titre III de la partie I, et son amendement, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Alors, ça veut dire, les articles 107, 108, 109, 110, 111, 112, 113 et 114
sont abrogés.
Alors, Mme la
ministre pour la lecture de l'article 115, s'il vous plaît.
• (12 h 10) •
Mme
Guilbault : Merci, Mme la Présidente.
Article 115 :
«Pour déterminer le montant d'une indemnité définitive à laquelle un exproprié
a droit, le Tribunal
administratif du Québec détermine l'usage le meilleur et le plus profitable du
droit exproprié.
«Lorsque l'usage le meilleur et le plus
profitable ne correspond pas à celui du droit exproprié, le Tribunal détermine
le montant de l'indemnité définitive sur la base de cet autre usage.
«Lorsque l'usage le
meilleur et le plus profitable correspond à celui du droit exproprié, le
Tribunal détermine d'abord si l'approche basée sur la théorie de la
réinstallation s'applique. Si tel est le cas, le tribunal détermine le montant
de l'indemnité définitive sur la base de cette approche.
«Si l'approche basée sur la théorie de la
réinstallation ne s'applique pas, le Tribunal détermine le montant de
l'indemnité définitive, en tenant compte de l'usage du droit exproprié, sur la
base de l'approche d'indemnisation qui accorde
la moindre des indemnités parmi celles prévues aux paragraphes 1° à 5° du
premier alinéa de l'article 75 qui sont applicables et dont les
parties ont fait la preuve.»
En commentaire : L'article 115 du
projet de loi prévoit la manière dont l'indemnité définitive à laquelle un
exproprié a droit devrait être déterminée.
La première étape serait celle de déterminer
l'usage le meilleur et le plus profitable du droit exproprié. Si cet usage ne correspond pas à celui du droit
exproprié, le TAQ déterminerait le montant de l'indemnité définitive sur cette
base. Si cet usage y correspond, le tribunal devrait appliquer l'étape
suivante.
La deuxième étape serait celle de déterminer si
l'approche basée sur la théorie de la réinstallation s'applique. Si elle s'applique, le tribunal déterminerait le
montant de cette indemnité sur la base de cette approche d'indemnisation. Si
elle ne s'applique pas, le tribunal devrait appliquer l'étape suivante.
Lors de la troisième étape, le tribunal
déterminerait le montant de l'indemnité définitive, en tenant compte de l'usage du droit exproprié, sur la base de
l'approche qui accorde la moindre des indemnités parmi les autres approches
d'indemnisation qui sont applicables et dont les parties ont fait la preuve.
La Présidente (Mme Maccarone) : Et
votre amendement.
Mme Guilbault : Oui. Article 115, l'amendement : Remplacer
l'article 115 du projet de loi par le suivant :
«115. Le Tribunal administratif du Québec
détermine le montant de l'indemnité définitive d'un exproprié en retenant celle
qui est la plus élevée parmi les indemnités définitives établies en
fonction :
«1° d'un usage autre que celui fait à la date de
l'expropriation, lorsque cet usage est le meilleur et le plus profitable;
«2° de l'approche basée sur la théorie de la
réinstallation;
«3° de
l'approche d'indemnisation qui accorde la moindre des indemnités parmi celles
prévues aux [articles] 1° à 5° du premier alinéa de
l'article 75.
«Pour
l'application du premier alinéa, le Tribunal tient compte uniquement des usages
et des approches qui sont applicables et dont les parties ont fait la
preuve.»
En commentaire : Il est proposé de
remplacer l'article 115 du projet de loi afin de prévoir que l'indemnité
définitive serait déterminée en retenant l'indemnité la plus élevée parmi trois
indemnités définitives.
La première serait celle déterminée en fonction
d'un usage autre que celui fait à la date de l'expropriation lorsque cet usage
est le meilleur et le plus profitable du droit exproprié. La deuxième serait
celle déterminée en fonction de l'approche basée sur la théorie de la
réinstallation. Enfin, la troisième serait celle déterminée sur la base de
l'approche qui accorde la moindre des indemnités parmi les autres approches
d'indemnisation qui sont applicables et dont les parties ont fait la preuve.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
Y a-t-il des interventions sur l'amendement? M. le député de l'Acadie, s'il
vous plaît.
M. Morin : Merci, Mme la Présidente.
Donc, je comprends que l'amendement vient préciser, à l'article 115, au fond,
pour guider le tribunal, qui devrait accorder l'indemnité la plus élevée et non
la moindre.
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui,
Mme la ministre.
Mme Guilbault : Excusez. J'ai parlé en même temps.
La Présidente (Mme Maccarone) : Il
n'y a pas de problème.
Mme
Guilbault : Oui, c'est ça, tout à fait. Puis la réécriture, je
trouve, le met encore mieux en exergue dans le premier paragraphe.
M. Morin : Parfait. Mais évidemment
le tribunal n'aura pas le choix d'utiliser d'autres types d'indemnités. Ça va être, évidemment, celles qui sont prévues.
Donc, il y en a trois puis il ne peut pas y en avoir d'autres que trois. C'est
ce que je comprends de votre modification?
Mme Guilbault : Bien, c'est-à-dire que, si ce n'est pas l'usage autre ou la
théorie de la réinstallation, c'est les autres approches, là, qui étaient
prévues à l'article 75, c'est ça, qui sont ici, là : donc, l'approche
basée sur le coût d'acquisition du droit exproprié, l'approche basée sur le
réaménagement d'un immeuble, l'approche basée sur le déplacement d'une construction, l'approche basée sur la cessation de
l'exploitation d'une entreprise, l'approche basée sur le déménagement et donc... puis là la sixième
était l'approche basée sur la théorie de la réinstallation, mais qui est
déjà couverte au paragraphe 2°. Donc, c'est pour ça qu'après on parle des
autres approches au paragraphe 3°.
M.
Morin : D'accord. Je vous remercie.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci beaucoup. M. le député de Taschereau.
M.
Grandmont : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Il
n'y a pas de commentaire? Y a-t-il autre intervention sur l'amendement?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Est-ce que l'amendement à l'article 115 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Nous revenons à l'article 115 tel qu'amendé. Y a-t-il des interventions? S'il
n'y a pas d'intervention, nous allons procéder... Oui, M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : J'aurais
juste une question, dans... si on peut revoir l'article 115 tel
qu'amendé...
Donc,
je comprends que votre amendement a fait disparaître l'alinéa deux de l'ancien
article 115, quand on disait : «Lorsque l'usage le meilleur et le plus profitable ne correspond pas à
celui du droit exproprié, le Tribunal détermine le montant de
l'indemnité définitive sur la base de cet [ouvrage].»
La Présidente (Mme
Maccarone) : Alors, Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Oui. Excusez. C'est parce que
je réglais mes amendements. Quelle était la question?
M. Morin : Oui.
Alors, je disais que l'amendement à 115 fait disparaître le deuxième alinéa de
l'ancien article 115 : «Lorsque
l'usage le meilleur et le plus profitable ne correspond pas à celui du droit
exproprié, le Tribunal détermine le montant de l'indemnité définitive
sur la base de cet [ouvrage].»
Mme Guilbault : Bien, c'est repris au paragraphe 1° de l'amendement : «D'un
usage autre que celui fait à la date de l'expropriation». Ou peut-être
j'ai mal compris. Je ne sais pas.
M. Morin : O.K.
Donc, c'est repris par votre amendement.
Mme
Guilbault : Oui.
M. Morin : Parfait.
Je vous remercie.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'article 115, tel
qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre, pour la lecture de votre amendement qui introduit
l'article 115.1, s'il vous plaît.
Mme Guilbault : Oui. On m'indique qu'il y aura des modifications à l'amendement 115.1
qu'on avait soumis, mineures. Donc, est-ce qu'on peut le suspendre puis
aller à 115.2?
La Présidente (Mme Maccarone) : Vous
n'avez même pas fait la lecture encore. Pas besoin de le suspendre. On peut
poursuivre, sauf que les... on va changer les chiffres, par contre. Ça fait
que... Oui, M. le député de l'Acadie.
M. Morin : En
fait, est-ce que, parce qu'il y a... parce qu'il y aura un 115.1 puis qu'il y a
un amendement à 115.1 puis 115.2, est-ce qu'on pourrait revenir à
l'article 106...
Mme
Guilbault : 105.
M. Morin : ...ou
105, qui est toujours en... 105, pardon, qui est toujours en suspens?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui. Est-ce que l'amendement est prêt? Est-ce que ça a
été envoyé au Greffier?
Nous allons suspendre
juste quelques instants pour retrouver tous nos amendements.
(Suspension de la séance à
12 h 18)
(Reprise
à 12 h 25)
La Présidente (Mme
Maccarone) : Alors, nous sommes de retour, et j'ai besoin d'un
consentement pour rouvrir l'article 105, qui était suspendu.
Des voix :
...
La Présidente (Mme Maccarone) : Consentement. Merci. Et, M. le député de
l'Acadie, pour la lecture de votre amendement, s'il vous plaît.
M. Morin : Oui.
Merci, Mme la Présidente.
Alors, pour
l'article 105 : Remplacer le deuxième alinéa de l'article 105 du
projet de loi par l'alinéa suivant :
«Cette indemnité peut
être réclamée uniquement par les parties dessaisies suivantes :
«1° la partie
dessaisie dont la résidence fait partie de l'immeuble exproprié;
«2° la partie
dessaisie qui remplit les deux conditions suivantes :
«a)
elle est une personne physique ou morale, une société en nom collectif ou en
commandite, une association ou un autre groupement sans personnalité
juridique;
«b) elle a compté
sous sa direction ou sous son contrôle au plus 10 personnes liées à elle
par contrat de travail, et ce, en tout temps au cours de la période de
12 mois qui précède la date de l'expropriation dans le cas d'un exproprié ou la date de la signification de l'avis
de libération de l'immeuble exproprié dans le cas d'un locataire ou d'un
occupant de bonne foi.»
Commentaire. Il est
proposé de modifier les personnes qui peuvent demander l'indemnité pour les
troubles, les ennuis et les inconvénients.
Et le texte amendé se
lit comme suit : «L'indemnité pour les troubles, les ennuis et les
inconvénients correspond à la valeur des dommages directs, matériels et
certains subis par la partie dessaisie et causés par la procédure d'expropriation, notamment pour la perte de temps attribuable
à la préparation de la cause et à sa participation aux rencontres.
«Cette indemnité peut
être réclamée uniquement par les [personnes] dessaisies suivantes :
«1° la partie dessaisie
dont la résidence fait partie de l'immeuble exproprié;
«2° la partie
dessaisie remplit les deux conditions suivantes :
«a) elle
est une personne physique ou morale, une société en nom collectif ou en
commandite, une association ou un autre groupement sans personnalité
juridique;
«b) elle a compté
sous sa direction ou sous son contrôle au plus 10 personnes liées à elle
par contrat de travail, et ce, en tout temps au cours de la période de
12 mois qui précède la date de l'expropriation dans le cas d'un exproprié ou la date de la signification de l'avis
de libération de l'immeuble exproprié dans le cas d'un locataire ou d'un
occupant de bonne foi.»
Alors,
cet amendement... et je remercie Mme la ministre et son équipe de conseillers
et de légistes, cet amendement survient
à la suite de questions que je posais, Mme la Présidente, relativement à
l'article 105, qui traite de l'indemnité pour les troubles, les ennuis et les inconvénients. Et je demandais,
parce qu'on parle, à 105, de résidence : Est-ce que, clairement, un
petit commerçant ou le propriétaire d'une PME qui se verrait expropriée aurait
droit à un montant pour les troubles, les ennuis et les inconvénients? Et,
suite à une discussion et à une réflexion, moi, il m'apparaissait que ce
n'était pas du tout clair que cette personne-là aurait pu être indemnisée,
parce qu'on parle évidemment de la résidence de la partie dessaisie, et je
pense qu'il est important, dans les deux cas, que les propriétaires puissent
avoir accès... ou les expropriés puissent avoir accès à ces troubles, ennuis et
inconvénients. Et donc l'amendement vient corriger
cette situation en ajoutant notamment les commerces, les PME qui comptent 10
personnes liées ou moins par un contrat de travail. Donc, ça permettrait,
autant pour une petite entreprise, une PME que pour un particulier, le cas
échéant, de recevoir une indemnité pour les troubles, les ennuis et les
inconvénients. Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Y a-t-il des interventions? Oui, M. le député de Taschereau.
M. Grandmont :
Oui. Je veux simplement signifier
mon appui à cet amendement-là, déposé par mon collègue de l'Acadie. Je pense
que ça répond à des préoccupations qu'on avait évoquées tout à l'heure, donc je
m'en réjouis.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
Alors, est-ce que... S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons passer
à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement à l'article 105 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Bon. Merci.
Compte tenu de
l'heure, nous allons suspendre les travaux. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
12 h 30)
(Reprise
à
16 h 21)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
bonjour, tout le monde. La Commission
des transports et de l'environnement reprend ses travaux.
Nous poursuivons
l'étude détaillée du projet de loi n° 22, Loi concernant l'expropriation.
Lors de la suspension
de nos travaux, cet avant-midi, nous étions à l'étude de l'article 105 tel
qu'amendé. Est-ce qu'il y a des interventions? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Non, merci, Mme la Présidente. Comme vous le
savez, j'avais expliqué l'amendement juste avant la suspension, donc
c'est suffisant pour moi. Je vous remercie.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Tout à fait. Est-ce qu'il y a autres interventions sur
l'article 105 tel qu'amendé? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'article 105, tel
qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Excellent,
merci. Mme la ministre, pour la lecture de votre amendement qui
introduit l'article 115.1.
Mme
Guilbault : Oui, merci.
Alors, 115...
article 115.1 : Insérer, après l'article 115 du projet de loi,
le suivant :
«115.1. Lorsqu'un
droit tient lieu d'indemnité conformément à l'article 11, le Tribunal
détermine :
«1° le droit qui est
transféré et l'immeuble ou la partie de l'immeuble sur lequel porte ce droit;
«2° lorsque ce droit
est un démembrement du droit de propriété :
«a) la nature de ce
démembrement;
«b) la durée de ce
démembrement;
«c) s'il y a lieu,
les droits et les conditions d'exercice de ce démembrement;
«3° la valeur
marchande de ce droit.»
En commentaire :
Il est proposé d'insérer au projet de loi le nouvel article 115.1 qui
reprend le contenu du paragraphe 5° du premier alinéa de
l'article 108 du projet de loi, retiré par cet amendement... retiré par
amendement, pardon. Cette disposition prévoit les différents éléments qui
doivent être déterminés par le TAQ lorsqu'un droit tient lieu d'indemnité.
La Présidente (Mme
Maccarone) : ...des interventions? M. le... Ça va? Alors, s'il n'y a
pas d'intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que l'article
qui introduit l'article 115.1... excusez-moi, l'amendement qui introduit
l'article 115.1 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre, pour la lecture de votre amendement qui introduit
l'article 115.2.
Mme Guilbault : Merci. Article 115.2 : Insérer, après l'article 115.1 du
projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
«115.2.
Lorsque le Tribunal détermine que l'exproprié doit déplacer une construction
conformément au deuxième ou au troisième alinéa de l'article 78, il
détermine :
«1° l'immeuble sur
lequel la construction doit être déplacée;
«2° le délai imparti
pour déplacer la construction;
«3°
l'indemnité de déplacement à laquelle l'exproprié a droit pour le déplacement,
la réinstallation et le raccordement aux réseaux des services publics de
cette construction;
«4° la
valeur marchande du droit transféré lorsque cette construction est déplacée sur
un immeuble appartenant à l'expropriant.
«Lorsque
le Tribunal détermine l'indemnité de déplacement à laquelle l'exproprié a droit
pour le déplacement, la réinstallation et le raccordement aux réseaux
des services publics de cette construction, il peut réviser ce montant
lorsqu'il détermine l'indemnité définitive.»
En commentaire :
Il est proposé d'insérer au projet de loi le nouvel article 115.2 qui
reprend le contenu du paragraphe 4° du premier alinéa et du deuxième
alinéa de l'article 108 du projet de loi, retiré par amendement. Cette disposition prévoit les différents éléments qui
doivent être déterminés par le TAQ lorsque l'exproprié doit déplacer une construction. Elle précise aussi que le tribunal
pourrait réviser sa décision quant au montant de l'indemnité de déplacement
lors de la détermination de l'indemnité définitive.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci beaucoup. Y a-t-il des interventions? M. le député
de l'Acadie.
M.
Morin : Merci, Mme la Présidente. Donc, brièvement, je
comprends, Mme la ministre, que vous avez, en fait, abrogé différents articles, dont
l'article 108, qui était dans une catégorie qui s'appelait Certaines
demandes incidentes, et que, là, dans le titre qui traite de la Détermination de l'indemnité
définitive, vous venez rajouter des éléments que l'on retrouvait, en
partie, à l'article 108 qui a été abrogé, pour les remettre dans cette
nouvelle sous-section. Est-ce que je comprends bien l'exercice qu'on est en
train de faire?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Oui, c'est qu'en fait ce sont
des décisions qui peuvent être prises en tout temps.
M. Morin : En tout temps. O.K. Donc, l'ancien
article 108, les décisions ne pouvaient pas être prises en tout temps.
Mme Guilbault : Bien, si mon collègue est d'accord, Me Massé pourrait venir nous
expliquer sur la procédure.
M. Morin : Oui,
je suis d'accord.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Alors, Me Massé, la parole est à vous.
Mme Massé (Julie) : Oui, bonjour. Oui, en
fait, c'est qu'on voulait le maintenir dans le pouvoir... Dans le fond, dans
sa décision définitive, s'il y a un déplacement d'un immeuble, donc, sur le
résidu, le tribunal va devoir en juger. Donc, on est venus prévoir les pouvoirs
du tribunal. Évidemment, si le tribunal, au cours des auditions ou de sa gestion d'instance, décide de rendre la décision
en amont, c'est possible. Puis c'est pour ça aussi qu'on prévoit, le dernier, que
le... il peut réviser le montant du déplacement, parce que c'est comme une
indemnité qui est provisionnelle, là, le déplacement.
C'était considéré comme ça dans la Loi sur l'expropriation, ça fait qu'on
voulait maintenir ces possibilités-là dans la Loi concernant
l'expropriation.
M. Morin : D'accord. Dans la loi actuelle, je comprends que,
la fixation de l'indemnité définitive, on retrouve ça aux
articles 58 et suivants, c'est exact?
Mme Massé
(Julie) : Oui.
M. Morin : Et
l'indemnité définitive se retrouve à l'article 68, c'est exact?
Mme Massé
(Julie) : 58. Écoutez...
M. Morin : Ou
58 et suivants.
Mme Massé (Julie) : 58, c'est la
détermination, 68, c'est l'indemnité additionnelle, de mémoire, là, mais... oui,
«le tribunal fixe le montant de l'indemnité définitive, c'est à 68. 58, c'est
la manière de le déterminer, là.
M. Morin : C'est
ça. Et donc, dans la loi actuelle, le tribunal a déjà ce pouvoir-là.
Mme Massé
(Julie) : Dans la loi actuelle, oui. En fait, ce qu'on a déplacé, ça
se retrouve souvent dans les articles 64,
65, où est-ce qu'on parle justement du déplacement d'immeuble, là, donc on
voulait le maintenir dans cette section-là, tout de même.
M. Morin : D'accord. Oui, je comprends que, comme par
exemple, à l'article 63 de la loi actuelle, où on dit : «...l'expropriant
peut lui-même faire exécuter les travaux de déplacement [...] faire placer la
construction de l'exproprié à l'endroit déterminé par le Tribunal». Et donc,
«lorsque l'expropriant a payé l'indemnité préalable de déplacement tout en étant, néanmoins, obligé de faire effectuer lui-même
les travaux[...], le Tribunal détermine la portion [...] qui doit être
restituée par l'exproprié», évidemment.
On dit : «Les
sommes versées à titre d'indemnité de déplacement ainsi que les frais et
dommages-intérêts en réparation du préjudice causé à celui-ci qui a dû lui-même
faire le déplacement se compensent de plein droit avec le montant global de
l'indemnité d'expropriation revenant à l'exproprié, jusqu'à concurrence de ce
montant.»
Donc,
ce mécanisme d'indemnité qui sera versée à l'exproprié, on le retrouve où dans
vos amendements que vous êtes en train de déposer?
Mme Massé
(Julie) : En fait, à l'article 62, on prévoit le caractère
provisionnel... en fait, 62 de la Loi sur l'expropriation,
on prévoit le caractère provisionnel. On prévoit que c'est possible de réviser
ce montant-là. Donc, ça, on le retrouve au dernier alinéa de
l'article 115.2.
M. Morin :
Oui, c'est ça.
Mme Massé
(Julie) : Pour ce qui est de la restitution, bien, il y a une règle,
il y a une disposition, là, à 115... pas
115, excusez-moi, le... 121, là, où est-ce qu'on vient prévoir que,
globalement, «lorsque le montant de l'indemnité définitive est moindre
que le montant cumulé des indemnités provisionnelles», il y a une restitution
qui est ordonnée. Donc, c'est l'ensemble des articles qui permet d'arriver au
même résultat.
M.
Morin : Et je comprends qu'éventuellement vous aurez aussi
une proposition d'amendement pour l'article 122, quand on arrivera
là éventuellement.
Mme Massé (Julie) : 122, ça, c'est
pour les intérêts?
• (16 h 30) •
M.
Morin : Oui, attendez... oui, c'est ça, «portent intérêt
au taux légal». Exact. Tout à fait. O.K. Donc, en fait, vous venez changer dans
la loi ces articles-là, mais l'exproprié, lui, aura droit, finalement, au même
type d'indemnité avec la loi qui sera éventuellement adoptée.
Mme Massé
(Julie) : Oui. On n'a rien changé pour le déplacement sur un
résidu qui appartient à l'expropriant ou sur le déplacement, là, on est
venu codifier, dans le fond, ce qui existait déjà.
M. Morin : D'accord. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Y a-t-il autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement qui introduit
l'article 115.2 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Mme la ministre, pour la lecture de votre amendement qui introduit
l'article 115.3.
Mme Guilbault : Oui, merci, Mme la Présidente.
Article 115.3 : Insérer, après
l'article 115.2 du projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
«115.3. La moitié de l'indemnité de déplacement
fixée en vertu du paragraphe 3° de l'article 115.2 doit être versée à
l'exproprié avant le déplacement et l'autre moitié immédiatement après.»
En commentaire : Il est proposé d'insérer
au projet de loi le nouvel article 115.3 qui reprend le contenu de
l'article 109 du projet de loi, retiré par amendement. Cette disposition
reprend l'obligation, qui était prévue à l'article 62 de la Loi sur
l'expropriation, de verser la moitié de l'indemnité de déplacement que le TAQ
aura fixée avant le déplacement et l'autre moitié immédiatement après.
La Présidente (Mme Maccarone) : Y
a-t-il des interventions?
M. Morin : Pas d'intervention.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. S'il n'y a pas d'intervention, nous allons
passer à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement qui introduit
l'article 115.3 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre, pour votre amendement qui introduit 115.4.
Mme
Guilbault : Merci. Article 115.4 : Insérer, après
l'article 115.3 du projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
«115.4. À défaut par l'exproprié de se conformer
à la décision du Tribunal rendue en vertu de l'article 115.2, dans le délai imparti, l'expropriant peut lui-même
faire exécuter les travaux de déplacement et faire placer la construction
de l'exproprié à l'endroit déterminé par le Tribunal; à cette fin, il peut
recourir à la procédure d'exécution prévue à l'article 44.»
En commentaire : Il est proposé d'insérer
au projet de loi le nouvel article 115.4 qui reprend le contenu de
l'article 110 du projet de loi, retiré par amendement. Cette décision
prévoit que l'expropriant pourrait lui-même faire exécuter les travaux de déplacement de la construction de l'exproprié et
la faire placer à l'endroit déterminé par le TAQ lorsque l'exproprié
fait défaut de se conformer à l'ordonnance du tribunal de le faire.
L'expropriant
pourrait également demander à la Cour supérieure une ordonnance d'expulsion de
la partie dessaisie afin de libérer la construction si elle refuse de le
faire.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Y a-t-il des interventions? M. le député de l'Acadie.
M.
Morin : Merci, Mme la Présidente. Ma seule intervention,
c'est qu'à l'article 63 actuel on dit, à la fin : «Les sommes versées
à titre d'indemnité de déplacement ainsi que les frais et dommages-intérêts en
réparation du préjudice causé à celui
qui a dû lui-même faire le déplacement se compensent de plein droit avec le
montant global de l'indemnité d'expropriation revenant à l'exproprié,
jusqu'à concurrence de ce montant.»
Donc, je
comprends que l'article 115.4 ne reprend pas ça, mais, cet élément de
compensation là, on le retrouve ailleurs dans les amendements que vous
proposez.
Mme Guilbault : L'article 63...
M. Morin : Oui.
Mme Guilbault : ...qu'a nommé mon collègue...
M. Morin : Oui. L'article...
l'amendement que vous proposez...
Mme Guilbault : ...du Code de procédure civile?
M.
Morin : Non, non, l'amendement que vous proposez à 115.4
reprend en partie l'article 63 de la loi actuelle sur
l'expropriation...
Mme Guilbault : Ah! de la loi actuelle. O.K. Excusez.
M.
Morin : ...sauf le dernier... sauf le dernier alinéa,
donc, qui permet une compensation. Et donc je me demandais si, ça, on le
retrouvait ailleurs, et c'est ce que...
Des voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) :
Avons-nous besoin d'une courte suspension pour... Oui?
Nous allons suspendre, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 16 h 35)
(Reprise à 16 h 36)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
nous reprenons nos travaux. Me Massé, la parole est à vous.
Mme Massé (Julie) : J'ai trouvé
votre réponse. Là, on le reprend, c'est au paragraphe 2° de l'article 120
du projet de loi, où on vient dire que «le Tribunal déduit du montant de
l'indemnité définitive accordée les sommes versées
par l'expropriant en vertu de l'article 109 à titre d'indemnité de
déplacement s'il a été obligé de faire effectuer lui-même les travaux de
déplacement ainsi que, le cas échéant, les frais et les dommages-intérêts en
réparation du préjudice causé par celui-ci
qui a dû lui-même faire le déplacement». Évidemment, l'article 109 ayant
été déplacé, on aura un amendement.
M. Morin : Oui, O.K., parfait.
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
passer à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement qui introduit
l'article 115.4 est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Merci. Mme la ministre, pour la
lecture de votre amendement qui introduit l'article 115.5.
Mme Guilbault : Article 115.5 : Insérer, après
l'article 115.4 du projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
«115.5.
lorsqu'une décision du Tribunal prévoit qu'un droit portant sur un immeuble est
transféré à l'exproprié, la décision du Tribunal doit notamment
indiquer :
«1° la désignation de l'immeuble sur lequel
porte le droit transféré;
«2° le droit qui est transféré;
«3° lorsque ce droit est un démembrement du
droit de propriété :
«a) la nature de ce démembrement;
«b) la durée de ce démembrement;
«c) s'il y a lieu, les droits et les conditions
d'exercice de ce démembrement;
«4° la désignation de l'immeuble exproprié;
«5° le droit qui est acquis par expropriation;
«6° lorsque ce droit est un droit de propriété,
les priorités, les hypothèques ou les charges grevant l'immeuble exproprié qui
doivent être reportées sur l'immeuble transféré et radiées sur l'immeuble
exproprié.»
En commentaire : Il est proposé d'insérer
au projet de loi le nouvel article 115.5 qui reprend le contenu de l'article 111 du projet de loi, retiré par
amendement. Cette disposition prévoit ce qui devrait être minimalement indiqué
dans la décision du TAQ lorsqu'un droit portant sur un immeuble est transféré à
l'exproprié. Il s'agit notamment des informations permettant d'identifier le
droit transféré et l'immeuble sur lequel elles portent, le droit acquis par
expropriation et l'immeuble sur lequel elles portent ainsi que les priorités,
les hypothèques ou les charges grevant l'immeuble exproprié qui doivent être reportées
sur l'immeuble transféré et radiées sur l'immeuble exproprié lorsque le droit acquis par
expropriation est un droit de propriété. Ces renseignements sont requis pour
permettre l'inscription, sur le Registre foncier, de cette décision.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il des interventions? Oui, M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Alors,
comme vous l'avez bien souligné, Mme la ministre, en fait, cet article-là
reprend 111, qui a été abrogé. J'ai une seule question. Bien, que ce soit 111
ou 115.5, on dit : «...une décision du tribunal prévoit qu'un droit
portant sur un immeuble est transféré à l'exproprié...» Donc, la décision du
tribunal va indiquer la nature de ce démembrement, mais la durée de ce
démembrement. Donc, dans les faits, avez-vous un exemple concret de ce à quoi
ça peut représenter...
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre ou Me Massé?
Mme Guilbault : Me Massé, oui.
Mme Massé (Julie) : Oui, en fait, on
le précise dans la décision, parce qu'un démembrement peut être perpétuel ou
peut avoir une durée. Donc, si jamais on octroyait un droit, par exemple,
pour... un droit de passage sur un terrain
pour le temps qu'on prépare, mettons, la nouvelle entrée d'un commerce, à ce
moment-là on pourrait peut-être y mettre une durée, mais, dans tous les
cas, on voulait... Je pense que, dans la majorité des cas, ça va être
perpétuel, mais on voulait préciser la durée pour que ce soit très clair dans
le jugement, là.
M. Morin : D'accord. Donc, pour
revenir à votre cas pratique, là, vous expropriez quelqu'un, je ne sais pas,
moi, pour refaire une route, là, c'est un exemple qu'on a déjà pris, ça empêche
quelqu'un, par exemple, d'aller chez lui,
donc vous lui concédez un droit de passage, mais il y a une durée dans le
temps, jusqu'à tant que les travaux soient terminés, donc, ça, le
tribunal, évidemment, pourrait en tenir compte et donc indiquer la durée.
Mme Massé (Julie) : Tout à fait.
M. Morin : Est-ce que c'est de ça
dont on parle?
Mme Massé (Julie) : Oui.
M. Morin : O.K., parfait. Je vous
remercie.
• (16 h 40) •
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il autres interventions? Il n'y a pas d'autre intervention. Nous allons
passer à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement qui introduit
l'article 115.5 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Mme la ministre, pour la lecture de votre amendement qui introduit
115.6, s'il vous plaît.
Mme Guilbault : 115.6 : Insérer, après l'article 115.5 du projet
de loi tel qu'amendé, le suivant :
«115.6. La décision visée à l'article 115.5
est présentée par l'expropriant à l'Officier de la publicité foncière pour
qu'il procède à son inscription sur le registre foncier. Cette décision doit
être accompagnée d'une déclaration sous
serment de l'expropriant, faite au moins 30 jours après la date de la
décision, dans laquelle il est fait état que cette décision est sans
appel, que cette décision a été confirmée en appel ou, selon le cas, les délais
pour faire la demande pour permission d'appeler étant expirés, que cette
décision n'a pas fait l'objet d'un appel.
«L'exproprié devient titulaire du droit visé au
paragraphe 2° de l'article 115.5 à la date de cette inscription. Le cas échéant, les priorités, les hypothèques et
les charges grevant l'immeuble exproprié sont reportées par l'Officier de la publicité foncière sur l'immeuble transféré
à l'exproprié. Ce report conserve à ces priorités, à ces hypothèques et à ces
charges leur caractère d'opposabilité à leur rang initial. L'Officier de la
publicité foncière doit également radier ces priorités, ces hypothèques et ces
charges inscrites sur l'immeuble exproprié qui ont été reportées.
«L'expropriant notifie, sans délai, à
l'exproprié l'état certifié de l'inscription faite sur le registre foncier.
«Le report prévu au deuxième alinéa ne peut pas
constituer un défaut du débiteur vis-à-vis de ses créanciers privilégiés et
garantis.»
En commentaire : Il est proposé d'insérer
au projet de loi le nouvel article 115.6, qui reprend essentiellement le contenu de l'article 112 du projet de loi,
retiré par amendement. Cette disposition prévoit qu'à la suite d'une décision
qui ordonne le transfert d'un droit portant sur un immeuble à l'exproprié,
l'expropriant présentera à l'Officier de la publicité foncière cette décision
pour qu'il procède à son inscription sur le Registre foncier. Le nouveau
libellé ne reprend pas l'obligation de
présenter une décision homologuée. L'expropriant devra toutefois accompagner la
décision d'une déclaration sous serment, et ce, afin d'assurer la
stabilité des inscriptions au Registre foncier.
Par la suite,
l'expropriant devrait notifier sans délai à l'exproprié l'état certifié de
cette inscription. L'exproprié deviendrait titulaire de ce droit à la
date de cette inscription. Les priorités, les hypothèques et les charges
grevant l'immeuble exproprié seraient reportées sur
l'immeuble transféré à l'exproprié, tout en conservant leur caractère
d'opposabilité à leur rang initial. Ces priorités, ces hypothèques et ces
charges inscrites sur l'immeuble exproprié seraient alors radiées.
Enfin, comme ce report serait prévu par le
projet de loi, il ne pourrait pas constituer un défaut du débiteur vis-à-vis de
ses créanciers privilégiés garantis. Aucune pénalité ne devrait donc
s'appliquer.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Y a-t-il des interventions? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Dans les faits, ça
correspond à quoi exactement?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre, souhaitez-vous...
Mme Guilbault : Me Massé...
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
Me Massé, la parole est à vous.
Mme Massé (Julie) : Oui, dans les
faits, cet article-là vise à faire en sorte qu'on n'a pas besoin de... que
l'exproprié n'a pas besoin de se présenter chez le notaire resigner un acte de
vente suite à une décision. Donc, ce qu'on
voulait, c'est pouvoir inscrire la décision sur le Registre foncier, et cette
inscription va venir transférer le bien de l'expropriant à l'exproprié.
Donc, c'est d'abord pour venir simplifier les démarches administratives qu'on
est venus ajouter cette possibilité-là.
M. Morin : Et ça simplifie les
démarches administratives pour l'exproprié?
Mme Massé (Julie) : Pour
l'exproprié, oui.
M.
Morin : D'accord. Maintenant, j'ai bien écouté. Cette
décision-là, si j'ai compris, n'a pas besoin d'être homologuée.
Mme Massé (Julie) : On a entendu
certains groupes venir nous en parler. On a refait nos devoirs sur la question. Ce qu'on est venus prévoir, c'est :
plutôt que d'aller faire homologuer la décision par la cour... par la... pardon,
par la Cour supérieure... Je veux juste vérifier, là.
M. Morin : Prenez votre temps.
Mme Massé (Julie) : C'est ça, on a
enlevé l'homologation. Je voulais juste être certaine, parce qu'on a jonglé
avec certaines stratégies. Donc, ce qu'on vient demander, c'est à l'expropriant
de faire une déclaration sous serment qui
vient indiquer que cette décision-là, elle n'a pas fait l'objet d'appel ou, si
elle a fait l'objet d'appel... en fait, elle n'a pas fait l'objet
d'appel, elle a été confirmée en appel, donc elle est déposable.
M. Morin : S'il y a eu un appel.
Mme Massé (Julie) : C'est ça, s'il y
a eu appel. Donc, on voulait s'assurer que cette décision-là ait un caractère
définitif, pas jouer avec inscription, désinscription s'il y a appel, et, avec
cette déclaration assermentée, l'inscription sur le Registre foncier va
permettre le transfert du droit.
M. Morin : Puis là, à ce moment-là,
on parle de la décision du Tribunal administratif, là.
Mme Massé (Julie) : À cet
article-là, oui.
M. Morin : Oui, exact. Donc, au
fond, qui va être capable de remplir une déclaration pour déterminer... parce qu'évidemment, quand vous avez la décision
du Tribunal administratif, vous prenez la décision, vous l'amenez à la Cour supérieure, le juge de la Cour supérieure, ou
la juge, regarde ça, dit : Oui, copie conforme, excellent, c'est homologué.
Bonjour, c'est ça, la décision, puis là vous envoyez ça au Registre foncier.
Mais... Puis là je comprends que, dans un cas
comme ça, le juge de la Cour supérieure n'a pas... tu sais, il n'a pas beaucoup
de discrétion, là. Il regarde la décision, il voit que c'est une
décision, puis il l'homologue. Donc, ça évite de mettre des dossiers au rôle de
la Cour supérieure, si je comprends bien, ce qui est une bonne chose. Donc, ça,
ça favorise l'accès à la justice.
Cependant,
après ça, qui, au ministère, va être capable de certifier que c'est final, s'il
y a eu un appel, s'il n'y en a pas
eu? Parce qu'après ça c'est envoyé au registre puis ça va... bien, ça va
devenir un acte que l'officier va enregistrer. Alors, comment ça va se
faire?
Mme Massé (Julie) : Dans notre cas,
ça va être les procureurs du Procureur général du Québec qui vont le faire. Dès qu'il y a appel, ils vont être mis en
cause, évidemment. Donc, c'est vraiment au niveau du bureau du Procureur
général qu'ils vont être assermentés. Donc, ils vont devoir avoir fait toutes
les vérifications en amont.
M. Morin : Donc,
d'accord, et ça, ça va être déterminé par règlement ou par un acte ministériel,
une directive de la ministre ou du Procureur général? Comment vous allez
fonctionner?
Mme Massé
(Julie) : On n'a rien prévu dans la loi. Nous, ça va être notre
manière de fonctionner au ministère des
Transports du Québec. C'est sûr qu'on est dans un acte assermenté, là. Donc, il
va falloir que la personne prête serment. Ça a quand même un niveau de
fiabilité. Donc, c'est comme ça qu'on a décidé de fonctionner.
M. Morin : Oui,
ça... oui, ça, je le comprends, ça va être assermenté, mais, à ce moment-là,
quand vous dites : Ça va être un représentant
du Procureur général, c'est le Procureur général ou son représentant qui va
assermenter la personne ou qui va
prêter serment pour dire que c'est un acte qui peut être homologué ou qui... en
fait, ou qui est final, et donc l'officier du registre peut
l'enregistrer.
Mme Massé (Julie) : Dès qu'il va recevoir la
déclaration assermentée, l'officier des droits va pouvoir l'inscrire.
M. Morin : Exact, puis la personne qui assermente, c'est la
représentante du Procureur général ou la représentante du Procureur
général, c'est la personne qui est assermentée pour décrire cet acte-là comme
étant un acte final?
Mme Massé
(Julie) : Non, ça va être le Procureur général qui va être assermenté...
un avocat du Procureur général, et ça va être une personne habilitée à
assermenter qui va pouvoir le faire.
M. Morin : O.K., puis ça, ça va être évidemment pour un
ministère. On sait que, parmi les expropriants, il n'y a pas que le
ministère, il peut y avoir des villes, sociétés de transport. Donc, je comprends
que cette procédure-là va s'appliquer aussi ou va pouvoir être utilisée par ces
autres corps expropriants là.
Mme Massé
(Julie) : Oui.
M. Morin : Très
bien. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il d'autres interventions? Alors, il n'y a pas d'autre intervention.
Nous allons procéder à la...
Une voix : ...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui. Nous allons suspendre pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 49)
(Reprise à 17 h 02)
La Présidente (Mme
Maccarone) : Alors, merci beaucoup. Nous reprenons nos travaux. Mme la
ministre, je vous cède la parole. Je crois que vous avez une proposition à nous
faire.
Mme Guilbault : Oui. Alors, avec le consentement de mes collègues, je retirerais
l'amendement qui introduit l'article 115.6 pour en déposer un
nouveau avec une modification sensible, mais néanmoins importante.
La Présidente (Mme Maccarone) : Il
y a consentement pour retirer l'amendement qui introduit l'article 115.6? Il
y a consentement. Merci beaucoup. Mme la ministre, pour la lecture de votre
nouvel amendement qui introduit l'article 115.6.
Mme Guilbault : Merci. Article 115.6 : Insérer, après l'article 115.5 du
projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
«115.6. La décision
visée à l'article 115.5 est présentée par l'expropriant à l'Officier de la
publicité foncière pour qu'il procède à son inscription sur le registre
foncier. Cette décision doit être accompagnée d'une déclaration sous serment de
l'expropriant faite au moins 30 jours après la date de la décision, dans
laquelle il est fait état que cette décision est sans appel, que cette décision
a été confirmée en appel ou, selon le cas, les délais pour faire la demande pour permission d'appeler étant expirés,
que cette décision n'a pas fait l'objet d'un appel ou d'une demande de
révision ou de révocation.
«L'exproprié devient
titulaire du droit visé au paragraphe 2° de l'article 115.5 à la date de
cette inscription. Le cas échéant, les
priorités, les hypothèques et les charges grevant l'immeuble exproprié sont
reportées par l'Officier de la publicité foncière sur l'immeuble transféré à
l'exproprié. Ce report conserve à ces priorités, à ces hypothèques et à
ces charges leur caractère d'opposabilité à leur rang initial. L'Officier de la
publicité foncière doit également radier ces priorités, ces hypothèques et ces
charges inscrites sur l'immeuble exproprié qui ont été reportées.
«L'expropriant
notifie, sans délai, à l'exproprié l'état certifié de l'inscription faite sur
le registre foncier.
«Le report prévu au deuxième alinéa ne peut pas
constituer un défaut du débiteur vis-à-vis de ses créanciers privilégiés et
garantis.»
En
commentaire : Il est proposé d'insérer au projet de loi le nouvel article 115.6
qui reprend essentiellement le contenu de l'article 112 du projet de loi,
retiré par amendement. Cette disposition prévoit qu'à la suite d'une décision
qui ordonne le transfert d'un droit portant sur un immeuble à l'exproprié,
l'expropriant présenterait à l'Officier de la publicité foncière cette décision
pour qu'il procède à son inscription sur le Registre foncier. Le nouveau
libellé ne reprend pas l'obligation de présenter une décision homologuée.
L'expropriant devra toutefois accompagner la décision d'une déclaration sous
serment, et ce, afin d'assurer la stabilité des inscriptions au Registre
foncier.
Par la suite,
l'expropriant devrait notifier sans délai à l'exproprié l'état certifié de
cette inscription. L'exproprié deviendrait titulaire de ce droit à la date de
cette inscription. Les priorités, les hypothèques et les charges grevant
l'immeuble exproprié seraient reportées sur l'immeuble transféré à l'exproprié,
tout en conservant leur caractère d'opposabilité à leur rang initial. Ces priorités,
ces hypothèques et ces charges inscrites sur l'immeuble exproprié seraient
alors radiées.
Enfin, comme ce
report serait prévu par le projet de loi, il ne pourrait pas constituer un
défaut du débiteur vis-à-vis de ses créanciers privilégiés et garantis. Aucune
pénalité ne devrait donc s'appliquer.
En fait, on ajoute le
petit dernier bout du premier alinéa, qui ajoute à la décision, «n'a pas fait
l'objet d'un appel ou d'une demande de révision ou de révocation».
La Présidente
(Mme Maccarone) : Parfait. Y a-t-il des interventions? M. le
député de l'Acadie.
M. Morin :
Oui, brièvement. Alors, avec tous ces cas de figure là, là, on est certains
qu'il n'y a pas d'autres cas de figure possibles? Donc, on a tout couvert, on
est... Oui? Parfait, excellent.
Maintenant,
je reviens un peu à mon commentaire de tout à l'heure. Je comprends l'idée de
l'amendement, le fait, par exemple,
qu'on ne veuille pas aller déposer une série de dossiers à la Cour supérieure
pour une homologation alors que le
juge, dans la majorité des cas, ne va pas tenir d'audiences. Il va juste
regarder le document puis il va l'homologuer, là. Sauf qu'on passe d'un juge de la Cour supérieure ou d'une juge de la
Cour supérieure à, maintenant, une déclaration sous serment de l'expropriant.
L'expropriant, ça peut être un ministère, ça peut être une ville, ça peut être
une société de transport et on ne sait pas qui. Est-ce que ce ne serait pas
opportun d'indiquer, par exemple, une déclaration sous serment de l'expropriant, tel que défini par règlement, puis que, là,
vous allez identifier les gens qui vont avoir l'autorité pour le faire? Parce
qu'une fois que le document est fait, là, on ne va plus à la cour. Vous envoyez
ça à l'Officier de la publicité foncière, puis il va quand même, à la
suite de ce document-là, insérer des inscriptions importantes dans le Registre
foncier, là.
Ça fait que je
voudrais juste m'assurer... Je veux bien qu'on sauve du temps à la cour, ça, ce
n'est pas un souci, mais je veux juste
m'assurer qu'on a les bonnes personnes, pour nous assurer que ça va être,
évidemment, bien fait.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Mme la ministre.
Une voix :
...
La Présidente
(Mme Maccarone) : Oui, alors, s'il vous plaît, Me Massé.
Mme Massé
(Julie) : D'abord, ce qu'il faut comprendre, c'est que l'homologation,
en vertu du projet de loi, vient donner une force exécutoire. Donc, on peut
saisir, par exemple, grâce à... à partir du moment où est-ce que le jugement
est homologué. Par contre, ça ne vient pas enlever le fait qu'une décision
homologuée peut être encore portée en appel à la Cour du Québec. Donc, si
quelqu'un se dépêchait à homologuer la décision de la cour, du tribunal, à
aller la faire homologuer, bien, la décision, elle aurait une force exécutoire,
mais elle pourrait toujours être appelée à la Cour du Québec. Donc,
l'homologation ne venait pas garantir que la décision était finale et sans
appel. Ça fait que la nouvelle manière de fonctionner garantit plus que la
décision est finale, c'est une forme de garantie.
Pour
ce qui est de déterminer par règlement qui pourrait signer, on a une diversité
de corps expropriants, il y a des organismes publics. Qui est le mieux
placé pour le faire dans chacun de ces organismes publics là? Ça serait
vraiment difficile à déterminer. Encore là, je le rappelle, c'est une
déclaration assermentée, là. Donc, la personne qui se fait assermenter pour le
faire va le prendre au sérieux, là. C'est un acte quand même important.
M. Morin :
Est-ce qu'à ce moment-là ça ne pourrait pas être fait par décret
ministériel? C'est moins compliqué qu'un règlement. Puis je voulais juste
reprendre ce que vous disiez, parce que ça soulevait une question chez
moi : Quand il y avait l'homologation par la Cour supérieure, la décision
du Tribunal administratif n'était pas nécessairement finale?
Mme Massé
(Julie) : En ce moment... En fait, ce qu'on voulait s'assurer, c'est
que les délais pour porter en appel la décision soient protégés. Ce que vient
faire l'homologation de la Cour supérieure, c'est... elle vient donner une
force exécutoire à la décision. Donc, elle permet d'aller en saisie, mais elle
ne lui donne pas un caractère final, donc définitif, qui ne peut pas être porté
en appel.
M. Morin :
O.K. Donc là, vous voulez que ça soit véritablement final. Ça, c'est clair
avec l'amendement qui a été déposé, vous couvrez tous les cas de figure. Donc,
après ça, l'homologation va faire en sorte que la décision va être exécutoire
et donc qu'il pourrait y avoir éventuellement une saisie, ou autres?
Mme Massé
(Julie) : Oui, s'il y avait un cas qui se prêtait à ça, effectivement.
M. Morin : D'accord. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons
passer à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement qui introduit
l'article 115.6 est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Merci. Mme la ministre, pour la
lecture de votre amendement qui introduit 115.7, s'il vous plaît.
Mme Guilbault : Merci. Article 115.7. Insérer, après l'article 115.6 du projet
de loi tel qu'amendé, le suivant :
«115.7. Lorsque la décision portant sur le
transfert à l'exproprié d'un droit portant sur un immeuble a fait l'objet d'un appel ou d'une révision judiciaire et
que la décision qui en découle autorise ce transfert, l'expropriant présente
plutôt cette dernière décision à l'Officier de la publicité foncière pour qu'il
procède à son inscription sur le registre foncier.
La déclaration sous serment qui l'accompagne doit alors faire état qu'elle ne
fait pas l'objet d'un pourvoi en contrôle judiciaire, d'un appel ou
d'une demande en rétractation de jugement.»
Commentaire. Il est proposé d'ajouter un nouvel
article afin de prévoir les cas où la décision qui autorise le transfert à
l'exproprié d'un droit portant sur un immeuble est rendue par la Cour du
Québec, en raison d'un appel, ou par la Cour supérieure, en raison d'un pourvoi
en contrôle judiciaire.
• (17 h 10) •
La Présidente (Mme Maccarone) : Des
interventions? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Brièvement. J'ai
écouté attentivement Mme la ministre et j'ai... C'est peut-être un mot que j'ai
mal saisi, mais vous avez parlé d'un appel,
d'une révision, mais vous n'avez pas parlé de révocation, est-ce que j'ai mal
compris ou...
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre ou Me Massé.
Mme Guilbault : Maître.
Mme Massé (Julie) : Oui. Au
Tribunal administratif du Québec, une décision va être révoquée, une décision
de la Cour du Québec va être révoquée... va être rétractée. C'est une
rétractation de jugement. Donc, c'est le même concept, mais pas avec le même
vocabulaire.
M. Morin : O.K. Donc... Mais là
on parle de révision. Mais, avec votre amendement, là, on ne parle pas de
révocation?
Une voix : Ça ne s'applique pas.
M. Morin : Ça ne s'applique
pas? D'accord.
Mme Massé (Julie) : À 115.6? En
fait, à 115.6...
M. Morin : 115.7.
Mme Massé (Julie) : 115.7?
M. Morin : Parce
qu'à 115.6 on parlait de révision et de révocation, c'est ma compréhension.
Maintenant, là, à 115.7, on parle de
rétractation et d'un appel, donc, parce que cette procédure-là vise plus la
Cour du Québec? D'accord.
Mme Massé
(Julie) : Oui. Dans le fond, c'est lorsque la Cour du Québec
prend une décision en appel de la cour... du Tribunal administratif du
Québec, bien, la décision de la Cour du Québec, il pourrait y avoir une
rétractation de jugement, mais on n'utilise pas, dans ce cas-là, le terme
«révocation».
M. Morin : D'accord. Je vous
remercie.
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons passer à
la mise aux voix. Est-ce que l'amendement qui introduit 115.7 est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Merci. Mme la ministre, pour la
lecture de votre article 116, s'il vous plaît.
Mme Guilbault : Merci. «Article 116. Le Tribunal détermine le montant
de l'indemnité définitive d'un locataire ou
d'un occupant de bonne foi sur la base de l'approche d'indemnisation qui
accorde la moindre des indemnités parmi celles prévues à
l'article 75 qui sont applicables et dont les parties ont fait la preuve.»
En commentaire : L'article 116 du
projet de loi prévoit la manière dont l'indemnité définitive à laquelle un locataire ou un occupant de bonne foi a droit
devrait être déterminée. Le tribunal déterminerait le montant de l'indemnité
définitive de ces personnes sur la base de l'approche qui accorde la moindre
des indemnités parmi les approches d'indemnisation qui sont applicables et dont
les parties ont fait la preuve.
La Présidente (Mme Maccarone) : Interventions?
M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui. Alors, ma
question est la suivante : Pourquoi vous favorisez l'approche
d'indemnisation, on parle ici d'un locataire ou d'un occupant de bonne foi, qui
accorde la moindre des indemnités?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault : Oui. En fait, ça reflète la manière dont ça fonctionne
déjà. Et là M. Jobin s'est joint à nous pour qu'on puisse donner des
exemples, si les collègues souhaitent en obtenir.
M. Morin : S'il vous plaît. Je
vous remercie.
La Présidente (Mme Maccarone) : M. Jobin,
la parole est à vous.
M. Jobin (Jean-Marc) : Bien,
peut-être faire le parallèle avec l'article 115 qui est amendé. On
retrouve le même principe au niveau de l'indemnité la moindre. On fait la plus
élevée des trois possibilités, puis après ça, dans la troisième, bien, on prend
toujours la... C'est toujours la moindre qui est la retenue. En fin de compte,
si on parle du cas de 116 pour le locataire,
c'est que ça permet, la moindre, de replacer le locataire dans une partie
similaire à ce qui était avant, sans l'enrichir, sans l'appauvrir. Je
vais vous donner un exemple simple. Supposons qu'on a un locataire commercial,
l'indemnité de réaménagement, donc réaménager les locaux pour les rendre
fonctionnels comme avant, 500 000 $,
mais l'indemnité pour le déménager dans un autre local serait
800 000 $. Donc c'est logique qu'on prenne la moindre des deux
parce que c'est toujours... L'important, c'est de refaire sa situation à la
moindre des indemnités.
M. Morin : Et, dans le cas d'un
locataire, mais d'un bail de logement, là, de personne, pas... donc, vous allez
prendre aussi la moindre?
M. Jobin (Jean-Marc) : Je vous
dirais qu'au niveau résidentiel, puis même au niveau commercial aussi, il n'y a
pas... c'est très, très rare qu'il y ait plus que deux, trois approches qui
vont s'appliquer. Mais je vous dirais que, dans le cas du locataire
résidentiel, d'après moi, c'est pas mal juste le déménagement qui va s'appliquer,
là.
M. Morin : O.K. Donc, quand on
regarde, par exemple, les approches d'indemnisation, ça, c'est celle qu'on
retrouve à l'article 75, bon, évidemment, puis qu'on parle d'un locataire
qui est une personne, bon, il n'y aura pas de coût d'acquisition du droit
exproprié, il n'y aura pas de réaménagement d'un immeuble?
M. Jobin (Jean-Marc) : Au
niveau résidentiel, non.
M. Morin : Non. Il n'y aura pas
de déplacement d'une construction?
M. Jobin (Jean-Marc) : Non
plus.
M. Morin : Donc,
il n'y aura pas de cessation d'exploitation d'une entreprise. Donc, dans son
cas, ça serait basé sur le déménagement ou la réinstallation?
M. Jobin (Jean-Marc) : Non, la
réinstallation...
M. Morin : Même pas?
M. Jobin
(Jean-Marc) : ...même pas, c'est vraiment juste le déménagement.
Au niveau du locataire résidentiel, c'est le déménagement qui
s'applique.
M. Morin : C'est le
déménagement. Donc, dans son cas, finalement, ça ne serait même pas l'approche
qui accorde la moindre des indemnités. Bien, en fait, ça va être la moindre,
mais ça va être la seule approche, finalement.
M. Jobin
(Jean-Marc) : La seule approche, oui. En fin de compte, ce qu'il
est important aussi de mentionner, c'est quand on dit «qui sont applicables»,
ça fait qu'elles ne sont pas nécessairement toutes applicables, là, il
faut... Dépendamment de la situation, c'est
l'approche, évidemment, les approches qui sont vraiment applicables à la
situation.
M. Morin : Puis,
dans le cas d'un bail commercial, bien là, à ce moment-là, il pourrait y avoir
l'approche basée sur la cessation de l'exploitation d'une entreprise?
M. Jobin (Jean-Marc) : Exactement.
M. Morin : Ou le déménagement?
M. Jobin (Jean-Marc) : Oui.
M. Morin : Ou la
réinstallation?
M. Jobin (Jean-Marc) : Un
locataire?
M. Morin : Commercial.
M. Jobin (Jean-Marc) : Le
locataire commercial, il n'y a pas de réinstallation.
M. Morin : Donc, déménagement
ou cessation de l'exploitation d'une entreprise?
M. Jobin (Jean-Marc) : Ou
réaménagement aussi.
M. Morin : Sauf que, si vous
prenez la moindre, le déménagement, dans votre expérience, est-ce que ça va
apporter moins d'indemnités que l'approche basée sur la cessation de
l'exploitation d'une entreprise?
M. Jobin (Jean-Marc) : Ça
dépend vraiment. Vraiment, il n'y a pas... Chaque cas est... Chaque cas est
unique, puis ce n'est pas nécessairement la fermeture qui est la moindre tout
le temps, ce n'est pas nécessairement le réaménagement qui est toujours le
moindre. Chaque cas est un cas d'espèce, là.
M. Morin : Et, si vous fermez
l'entreprise, l'exploitant, lui, donc, qui va voir son entreprise fermer, a
droit à différentes indemnités.
M. Jobin (Jean-Marc) : Oui,
toutes les indemnités, là, qu'on a vues précédemment.
M. Morin : Qu'on a vues
précédemment. Donc, vous allez prendre en considération, par exemple, quoi, son
achalandage? Puis ça, ça a une valeur?
M. Jobin (Jean-Marc) : Exactement.
M. Morin : Quand vous parlez
d'un déménagement, prenez-vous en considération l'achalandage?
M. Jobin (Jean-Marc) : Non.
Mais, comme je le disais tout à l'heure, il faut que ça soit possible. Si on le
déménage, l'expropriant le déménage, bien, il faut qu'il se replace proche de
sa clientèle. Il ne faut pas qu'il perde de la clientèle parce que, sinon, ça
ne devient pas une approche qui est possible, le déménagement, là.
M. Morin : Donc, sinon... Oui,
puis... Mais, en fait, c'est... Aujourd'hui, là, avec l'emplacement de
plusieurs commerces, le taux d'occupation ou
d'inoccupation, des fois, ça peut être difficile de relocaliser un locataire
commercial. Donc... Et puis, c'est
ça, puis vous l'avez dit à juste titre, si vous le déménagez trop loin, il va
perdre son achalandage. Sa clientèle, elle ne va pas suivre, là. Tu sais, je
vous donnais... On a déjà discuté de l'exemple, par exemple, de la station-service, là, qui est au centre-ville de
Québec, mais, s'il se ramasse, je ne sais pas, moi, à Beauport ou à
L'Ancienne-Lorette, les gens ne se rendront pas là, là.
M. Jobin (Jean-Marc) : Donc ça,
ce ne serait pas possible de déménager une entreprise.
M. Morin : Non. Donc là, à ce
moment-là, ça serait uniquement la cessation de l'exploitation de l'entreprise.
M. Jobin
(Jean-Marc) : S'il est propriétaire, peut-être la réinstallation
si ça s'applique aussi, puis le... Oui, le déménagement qui ne
s'appliquerait pas, alors la réponse, c'est oui.
M. Morin : Bien, c'est parce
que le déménagement pourrait peut-être s'appliquer aussi. C'est parce qu'il va
avoir moins. Ou si c'est quelque chose que vous allez complètement ignorer dans
son cas?
M. Jobin (Jean-Marc) : Si ça ne
s'applique pas, ça va être ignoré. Il n'y aura pas d'analyse financière qui va
être faite, là, pour le réaménagement. Si un commerce a vraiment besoin d'être
proche de sa clientèle, puis il n'y a pas de locaux disponibles à proximité
pour desservir cette clientèle-là, bien, cette approche-là ne sera pas retenue,
là.
M. Morin : Ça
fait qu'à ce moment-là il va rester la cessation de l'exploitation de
l'entreprise.
M. Jobin (Jean-Marc) : Exactement.
C'est la seule qui s'applique, oui.
M. Morin : Puis là j'imagine
que, dans les faits, il y a un évaluateur du ministère des Transports, par
exemple, si c'est le cas, qui va faire une évaluation. Le locataire, lui, il va
avoir aussi ses évaluateurs, puis il pourrait y avoir un débat sur l'approche
devant le tribunal. Puis, à ce moment-là, le tribunal va trancher.
M. Jobin (Jean-Marc) : Exactement.
M. Morin : D'accord. Je vous
remercie.
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Oui, M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui, merci.
Bien, je trouve ça intéressant, la discussion que vous aviez, là, sur la
question du déménagement, là, parce que, bon, ça pourrait arriver, là, dans le
centre-ville de Québec. Il y a des commerces de proximité. À partir de quand
puis de quelle manière on calcule qu'un déménagement devient une option non
viable, qu'on doit ignorer, finalement, là,
dans l'évaluation de l'indemnité qu'on va donner pour déterminer l'approche, dans
le fond, là? À partir de quels critères on
détermine qu'un commerçant, dans le fond, le déménagement n'est pas une option.
• (17 h 20) •
La Présidente (Mme Maccarone) : M. Jobin
ou Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui, oui. Non, M. Jobin.
La Présidente (Mme Maccarone) :
M. Jobin.
Mme Guilbault :
Je suis tout ouïe, moi aussi.
M. Jobin (Jean-Marc) : Donc, je
vous dirai qu'en pratique c'est souvent des experts en marketing, en analyse de marché qui vont faire... analyser la
clientèle, regarder leur situation géographique, avec des listes de clients,
regarder où se retrouvent les clients. Donc, il y a des experts vraiment
spécialisés dans cette... Mais, des fois, c'est tellement... c'est évident, là,
on n'a pas besoin de mandater... pas besoin de mandater un expert, c'est
évident qu'on ne peut pas, il n'y a pas de locaux, puis l'entreprise a besoin
d'être déménagée à proximité. Puis, autant que ça peut être vrai que
l'entreprise peut être déménagée vraiment loin de son site actuel, je pense à
un entrepôt de distribution qui desservirait, exemple, tout l'Est du Québec,
dans une municipalité, bien, même ce commerce-là pourrait être changé de
municipalité puis il pourrait continuer à desservir toute sa clientèle dans
l'Est du Québec.
M. Grandmont : O.K. C'est
intéressant. Donc, vous tenez compte à la fois, là, du type de commerce. Est-ce
que c'est un commerce de proximité? Est-ce que c'est un commerce de
destination? Est-ce qu'on fait une évaluation aussi de la provenance des
clients de cette entreprise-là avec... On fait des sondages, on vérifie les
codes postaux des gens qui fréquentent ce commerce-là, puis après ça, bien, les
deux parties se rencontrent, puis on fait une évaluation, là, de l'utilité ou
de... c'est ça, de l'utilité de retenir ou pas, là, finalement, cette
approche-là.
M. Jobin (Jean-Marc) : Exactement.
Je ne suis pas un expert dans le domaine, là, mais ce que j'ai vu, c'est
vraiment les experts en marketing, analyse de marché, qui voient...
M. Grandmont : ...plusieurs
commerces qui se considèrent comme des commerces de destination, ceux-là qui
sont beaucoup plus locaux que ce qu'ils pensent, finalement.
M. Jobin (Jean-Marc) : Oui.
M. Grandmont : Mais O.K., ça me
rassure sur la méthode. Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
passer à la mise aux voix. Est-ce que l'article 116 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Mme la ministre, l'article 117 et son amendement.
Mme Guilbault : Oui, merci.
L'article 117 : «Malgré le quatrième
alinéa de l'article 115 ou l'article 116, le Tribunal peut accorder
une indemnité autre que la moindre lorsqu'il estime que l'intérêt public le
justifie, notamment lorsque l'exploitation de l'entreprise ou la poursuite des
activités institutionnelles est essentielle à la collectivité.»
En
commentaire : L'article 117 du projet de loi établit une exception au
principe voulant que le TAQ devrait accorder la moindre des indemnités parmi
les approches d'indemnisation qui sont applicables et dont les parties ont fait
la preuve.
Cette exception
s'appliquerait lorsque le tribunal estime que l'intérêt public le justifierait,
notamment lorsque l'exploitation de l'entreprise ou la poursuite des activités
institutionnelles est essentielle à la collectivité. Le tribunal, dans sa
décision, tiendrait alors compte de l'intérêt public de la collectivité et
pourrait octroyer à la partie dessaisie une indemnité basée sur une autre
approche d'indemnisation.
Et
l'amendement à l'article 117 : Remplacer, à l'article 117 du
projet de loi, «le quatrième» par «le paragraphe 3° du premier».
En commentaire :
Il est proposé de modifier l'article 117 afin d'ajuster la référence à l'article 115
du projet de loi, et ce, en concordance avec les modifications apportées à cet
article.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Y a-t-il des interventions sur l'amendement?
M. Morin :
Non, sur l'amendement, qui est, en fait, un amendement de concordance, tout
simplement, là, ça, je n'ai pas de commentaire.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Parfait. Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement
à l'article 117 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Alors, des interventions sur l'article 117 tel qu'amendé? M. le député
de l'Acadie.
M. Morin :
Merci. Merci, Mme la Présidente.
Alors, dans les faits, ça, je comprends que c'est du droit nouveau. Dans
la loi actuelle, il n'y a pas de disposition semblable. Et qu'est-ce que vous
entendez par «l'exploitation de l'entreprise», «des activités institutionnelles
essentielles à la collectivité», «lorsque l'intérêt public le justifie»? Je
comprends que c'est le tribunal, suite à une preuve qui lui est faite, qui va
déterminer tout ça?
La Présidente
(Mme Maccarone) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Bien, en fait, M. Jobin pourrait expliquer
davantage.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Voilà. M. Jobin, la parole est à vous.
M. Jobin
(Jean-Marc) : Oui, exactement. Ce sont les tribunaux qui vont établir
les critères, quels critères doivent s'appliquer pour que ça...
M. Morin :
Puis quel est l'intérêt d'ajouter un article comme 117 dans le projet de
loi actuel?
M. Jobin
(Jean-Marc) : Bien, je vais donner un exemple assez simple. Prenons le
cas d'une municipalité dans laquelle on a une clinique médicale, un locataire,
peu importe, puis l'approche la moins élevée donne... ça serait la fermeture.
Donc, dans ce cas là, en vertu de cet article-là, si c'est déterminé que
l'entreprise est nécessaire à la collectivité, ce qui probablement pourrait
être le cas, on pourrait appliquer une autre approche, donc celle d'un déménagement ou un réaménagement. Donc, c'est
vraiment dans le but de s'assurer que les citoyens ne manquent pas de
services essentiels.
M. Morin :
O.K. Parce que les approches sont
toujours à 75. Ça, ça ne change pas, là, qu'on soit à 116 ou à 117. Mais, si... Donc, en fait, à 116, on a une règle,
mais 117 vient y déroger ou, en fait, donne une souplesse pour y déroger. Mais
ça, ça peut changer dans le temps, quand on parle d'une activité essentielle à
la collectivité. Je vous donne un exemple.
Pendant la pandémie, j'imagine que les fabricants de gants de caoutchouc puis
de masques étaient totalement essentiels à la collectivité. C'est toujours
utile maintenant, mais c'est moins essentiel. Donc, tout dépendant de ce
qu'une municipalité fait, il y a des commerces... parce qu'ici on parle
d'exploitation d'une entreprise, et ça pourrait varier dans le temps. Donc,
tout dépendant de la situation, une entreprise pourrait avoir plus qu'une
autre.
M. Jobin
(Jean-Marc) : C'est sûr que ça va dépendre comment les tribunaux vont
l'interpréter et l'appliquer, mais, je vous dirais, à première réaction...
c'est-à-dire que, oui, c'est possible, là. Parce que la décision, il faut toujours se remettre à la date
d'évaluation. Donc, à cette date-là, c'est quoi, la situation? C'est quoi, les
approches possibles? Donc, on se remet toujours à la date d'évaluation.
Donc, si ça change, cinq ans, 10 ans plus tard, bien là, ça n'a pas
d'impact, là. C'est vraiment toujours la situation qui prévaut à la date
d'évaluation.
M. Morin :
En fait, la date, c'est la date
de l'avis, puis l'avis, c'est la date de l'expropriation dans le projet de loi
actuel. Puis il n'y a aucun paramètre qui
vient dire c'est quoi, l'intérêt public, c'est quoi, des activités
institutionnelles essentielles à la collectivité. Donc, ça, vous, vous
laissez ça à l'entière discrétion du tribunal?
M. Jobin
(Jean-Marc) : Moi, je n'en ai pas vu dans le projet de loi, là...
M. Morin : C'est ça. O.K.
Alors, j'aurais... Là, j'aurais peut-être plus une question pour Mme la
ministre, parce que c'est plus... c'est
peut-être plus une situation plus politique. À 117, il n'y a aucun élément qui
vient qualifier ce que c'est qu'une
activité institutionnelle essentielle à la collectivité. Il n'y a rien qui
définit l'intérêt public. Donc, ça, vous laissez ça à l'entière
discrétion du tribunal, alors que, pour plein d'autres articles... puis là je
comprends que c'était plus des fourchettes monétaires, là, vous venez établir
des barèmes pour réduire la discrétion du tribunal. Donc, je trouvais ça un
petit peu étonnant qu'on essaie souvent de réduire la discrétion, on essaie de
l'encadrer, mais là, ici, il n'y a pas de balises. Donc, ça va dépendre de la
preuve qui est faite. Le tribunal va avoir la pleine mesure pour évaluer ce que
c'est qu'une activité essentielle... activité institutionnelle essentielle à la
collectivité.
Mme Guilbault : Oui. Bien, je pense que ça dépend de l'angle sous lequel on
le prend. Le député dit réduire la discrétion des tribunaux en matière
d'indemnités d'expropriation, et là augmenter celle des tribunaux pour la
détermination d'une activité essentielle. Nous, on le voit plutôt comme étant
ajouter de la prévisibilité pour les expropriants
puis l'encadrement général de la procédure d'expropriation, qui est un des
objectifs importants du projet de loi, comme je l'ai abondamment
expliqué ce matin ou ce midi. Et prévoir une clause particulière,
effectivement, c'est quelque chose de nouveau qu'on ajoute dans le projet de
loi, prévoir une clause particulière pour ajouter encore plus à la discrétion des tribunaux de pouvoir
consentir une indemnité supplémentaire à celle qui aurait été donnée en vertu
de l'approche d'indemnisation qui aurait été
la moindre pour des activités essentielles. Donc, je pense que c'est tout à
fait louable, là.
Puis on le
dit d'ailleurs, là, que... «essentiel à la collectivité». Ça fait que prenons
l'exemple de la clinique médicale, je pense que tout le monde autour de
la table va se mettre d'accord sur le fait que ce serait important de
dédommager convenablement la clinique pour qu'elle puisse continuer d'offrir
des services, le tout sous réserve, éventuellement. Ça demeure une hypothèse,
on ne sait pas ce que diraient les tribunaux en vertu du nouvel
article 117, mais, si c'était considéré comme essentiel à la collectivité,
je pense que ce serait compréhensible.
M. Morin : Parfait. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. M. le député de Taschereau.
• (17 h 30) •
M. Grandmont : Oui, merci, Mme
la Présidente. Toujours sur le même sujet, en fait, je me posais des questions,
sensiblement les mêmes, là, que mon collègue de l'Acadie. Je me demandais, en
fait, qu'est-ce qu'une activité privée, en fait, l'exploitation d'une
entreprise ou une activité institutionnelle, qui s'avérerait essentielle à la collectivité. On a nommé un exemple, là, d'une
clinique médicale. Évidemment, là, je pense qu'on s'entendrait là-dessus,
mais est-ce qu'on peut imaginer des cas de
figure, des exemples dans lesquels ce serait peut-être moins évident? Est-ce
que la dernière... Je ne sais pas s'ils ont... si on a besoin de suspendre.
Non? C'est bon?
Une voix : ...
M. Grandmont : Parfait.
Bien, c'est parfait. Excellent. Vous pourrez nous donner d'autres exemples. Tu
sais, est-ce que, par exemple, une caisse populaire, la dernière caisse
populaire d'un secteur d'un village, pourrait être considérée comme une
activité essentielle? Est-ce que la dernière station-service d'un petit village
serait considérée comme essentielle? Bref,
oui, si vous pouvez nous donner d'autres exemples, je pense que ça serait
intéressant, parce qu'il me semble qu'on... Ça contrevient... Malgré ce
que la ministre a dit tantôt, ça contrevient, je trouve, à la notion de prévisibilité. On est en train de donner de la
latitude, finalement, au tribunal pour être capable de contourner, en fait... bien,
pas contourner, mais aller à l'encontre de ce qu'on a dit précédemment.
Puis je suis
d'accord avec l'idée qu'effectivement on est venus baliser certains montants
pour certaines indemnités qui sont accordées, puis, dans ce cadre-là, on
vient de donner une certaine latitude où, justement, la prévisibilité n'est plus présente parce qu'on vient de dire :
Bien, c'est ça, le tribunal peut, justement, juger que, contrairement à tout ce
qui a été dit précédemment, bien,
selon son bon jugement, là, l'exploitation ou... d'entreprises où les activités
institutionnelles peuvent être jugées essentielles à une collectivité.
Bref, je me
pose sensiblement les mêmes questions. Donc, si vous avez des exemples, oui,
effectivement, je serais curieux de vous entendre là-dessus, là.
La Présidente (Mme Maccarone) : M. Jobin.
À moins que Mme la ministre souhaite...
Mme Guilbault : Oui, bien, peut-être juste en introduction, puis effectivement on pourra
donner plus d'exemples.
La Présidente (Mme Maccarone) : Allez-y.
Oui, tout à fait.
Mme Guilbault : Mais, je dirais, à la différence de concepts qu'on est
venus encadrer, comme par exemple l'UMPP, pour lequel on pouvait avoir des
scénarios tout à fait hypothétiques avec pas de... sans limites dans le temps pour baser ces scénarios-là, ou des montants
d'indemnités qu'on est venus encadrer avec certains plafonds, parce qu'à
l'origine on pouvait réclamer des montants
de manière quasi illimitée ou, en tout cas, mettre tout ce qu'on veut
là-dedans, là
on est venus le resserrer, ici, je trouve, puis, encore là, ça va être sous
réserve des tribunaux, parce qu'effectivement c'est entièrement
discrétionnaire, mais je trouve qu'à sa face même invoquer un caractère
essentiel à la collectivité, quand même, ça
réduit, je trouve. Évidemment, tout le monde est libre d'invoquer ce qu'il veut
devant les... bien, libre... en tout cas, il y a quand même un minimum
de pertinence, là, mais, tu sais, essentiel à la collectivité.
Puis
je trouvais que le député de Taschereau donnait des bons exemples a priori. Je
ne sais pas si ce sera le cas, mais,
effectivement, quand on parle des coeurs villageois, et tout ça, des fois,
quand tu enlèves la dernière station-service, le dernier dépanneur, la dernière
épicerie, ça peut revêtir un caractère essentiel à cette collectivité-là, de
par la nature de la collectivité en question, peut-être pas dans des grands
centres urbains. Puis, sinon, on avait parlé peut-être des garderies ou,
tu sais, des propriétés privées, ça s'entend. Alors, c'était une petite mise en
contexte. Mais je céderai la parole à M. Jobin là-dessus.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Parfait. M. Jobin, pour l'exemple.
M. Jobin
(Jean-Marc) : Donc, c'est ça, peut-être l'exemple d'une caisse
populaire, là, quelque chose, vraiment, qui est propre à une municipalité, qui
est essentiel à la municipalité, là, qui est desservi, là, c'est... Tu sais, le
fait qu'on ait de la difficulté à trouver des exemples, déjà, démontre que ça
ne pourrait peut-être pas s'appliquer autant que ça, là, mais...
M. Grandmont :
O.K. Je me demande... Peut-être que Mme la ministre, là, pourra être
intéressée, en fait, par une réflexion que j'ai, là. Si on venait baliser un
peu le caractère essentiel d'une activité, par exemple, essentielle à la santé
et à la sécurité... et/ou à la sécurité, puis on pourrait définir la sécurité
publique, la sécurité alimentaire, tu sais. Je ne sais pas, mais est-ce qu'on
pourrait mettre des balises, finalement, à la notion de caractère essentiel,
dans le fond? Est-ce que ça peut être quelque chose d'envisageable pour,
justement, un peu restreindre? On sait que ça... En tout cas, des exemples que
vous m'avez donnés, en fait, là, ça semblait aller un peu dans ce genre de
direction là, là, auquel cas on pourrait discuter d'un éventuel amendement, là.
Merci.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Bien, je pense qu'on doit se rejoindre sur le fond du point
qu'amène le député de Taschereau, dans le sens où on ne veut pas que ça
devienne une sorte de melting-pot, là, si vous me passez l'expression, je ne
sais pas... un méli-mélo, une courtepointe,
une courtepointe, mais, en même temps, «essentielle à la collectivité»... Puis
là, tu sais, il faut quand même faire
confiance à l'intelligence des tribunaux, mais c'est que, si on se ramène à des
notions de santé et sécurité, qui, je pense, là, sont, de façon
immanente, essentielles à une collectivité... mais, quand on parle de certains villages où il y a des fois très peu
de services qui sont offerts, par exemple une épicerie ou une station-service,
ça ne tomberait pas nécessairement dans le
giron de la santé... bien, santé très élargie, mais pas une station-service,
des fois c'est le dernier dépanneur ou, tu sais, c'est ça, la notion devient...
Alors là, c'est la notion de sécurité qui va devenir élastique.
Donc, je pense
qu'avec le terme «essentielle»... en tout cas, moi, en ce qui me concerne, je
trouve que ça se justifie très bien,
l'introduction de cette notion-là, ça laisse la discrétion nécessaire, puis ça
préserve les expropriés, puis ça préserve les gens qui subissent les
corollaires ou qui vivent avec les corollaires de l'expropriation aussi, qui ne
sont pas nécessairement les expropriés mais qui sont autour, qui peuvent être
des gens qui recevaient les services.
M. Grandmont :
Donc, je peux me permettre de
m'avancer en disant qu'il n'y a pas d'ouverture à une forme de... une forme de balise, en fait, là, qu'on veut
mettre autour du caractère essentiel de certaines activités dans ce cas-ci.
Mme
Guilbault : Bien, c'est que nous... moi,
je trouve que, comme ça, ça rejoint l'objectif qu'on a. C'est sûr que, si mon collègue veut déposer un
amendement, je vais être très ouverte à le regarder, là, s'il a une suggestion
de balisage ou s'il veut discuter au
micro ou hors micro de ça. Mais, moi, ça me semble être le bon outil ou le bon
libellé pour répondre à notre objectif sans tomber dans une courtepointe
de possibilités.
M.
Grandmont : C'est bon.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Vous avez terminé?
M.
Grandmont : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Voilà.
Parfait. Y a-t-il autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons passer à la mise aux voix. Est-ce que l'article 118 est adopté...
Des voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : ...117,
excusez-moi, tel qu'amendé? Désolée. Est-ce que l'article 117, tel
qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Mme la ministre pour la lecture de
l'article 118, s'il vous plaît.
Mme
Guilbault : Merci. Article 118 :
«Lorsque le transfert du droit exproprié s'opère plus de six mois après la
date de l'expropriation, le Tribunal ajoute à l'indemnité de l'exproprié une
indemnité pour compenser la perte d'appréciation du droit exproprié.
«Cette indemnité est
calculée en appliquant à la valeur marchande du droit exproprié un pourcentage
égal au taux légal pour la période qui débute le premier jour du septième mois
suivant la date de l'expropriation jusqu'à la date à laquelle s'opère le
transfert.»
En commentaire :
L'article 118 du projet de loi prévoit que l'exproprié aurait droit à une
indemnité pour compenser la perte
d'appréciation du droit exproprié, et ce, dès que le transfert de ce droit à
l'expropriant s'opère plus de six mois après la date de
l'expropriation.
Le TAQ appliquerait
alors à la valeur marchande du droit exproprié un pourcentage égal au taux
légal pour la période qui débute le premier
jour du septième mois suivant la date de l'expropriation jusqu'à la date à
laquelle le transfert de propriété s'opère.
Cette indemnité se
veut une manière simple de compenser en totalité ou en partie la perte
d'appréciation pouvant être subie par
l'exproprié en raison des fluctuations du marché immobilier pouvant avoir lieu
après la date de l'expropriation. Elle se veut simple puisqu'elle ne
requiert pas de nouvelles expertises.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Y a-t-il des interventions? M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : Merci.
Oui, effectivement, je comprends que la méthode, à 118, qui est proposée est
simple, sauf qu'avec le projet de loi la date de l'expropriation, c'est la date
de l'avis, et je comprends que le jugement final en expropriation peut survenir des fois même plusieurs années après. Donc,
entre-temps, l'exproprié va en subir un préjudice.
Et d'ailleurs il y a
plusieurs, plusieurs groupes qui nous ont dit que ça pouvait poser un problème,
je pense, entre autres, à L'Institut de
développement urbain du Québec, parce que l'exproprié peut subir une perte, à
118, qui va être beaucoup plus élevée que ce qui est prévu dans le
calcul. C'est une formule de calcul qui est, effectivement, très limitative.
Les évaluateurs
agréés du Québec traitent également de la question. On dit dans le mémoire de
l'Ordre des évaluateurs, à la
page 38 : «L'article 118 stipule que l'indemnité pour compenser
la perte d'appréciation du droit exproprié, lorsque le transfert s'effectue plus de six mois après la date de
l'avis d'expropriation, est calculée en appliquant à la valeur marchande
du droit exproprié un pourcentage égal au taux d'intérêt légal pour la
période.»
Et donc c'est un
calcul qui va faire en sorte que l'exproprié pourrait perdre... et là,
évidemment, je ne parle pas d'un exproprié
qui multiplierait des recours pour augmenter uniquement la période de temps,
là, mais, dans le cadre d'un processus normal, il a fort à parier que
l'exproprié va perdre.
On avait également
l'UPA qui, dans son mémoire, soulevait l'impact pour les producteurs, les
producteurs agricoles et l'enjeu que cela pouvait représenter, le Groupe Altus
également.
• (17 h 40) •
Donc, je me demandais
si Mme la ministre aurait une ouverture pour faire en sorte que, dans le... en
fait, le calcul de l'indemnité qui est prévue à 118, mais 119 est sensiblement
au même effet avec la fourchette, s'il n'y aurait pas lieu d'ajouter un... en fait... ou de tenir compte d'une façon
différente de la période de temps qui se passe pour s'assurer que, si on
parle de délais normaux qui ne sont pas amenés par une multitude de litiges qui
sont plaidés ou qui sont déposés par
l'exproprié lui-même... donc, qu'on ait une formule qui permette à l'exproprié
de ne pas perdre. Parce que, dans bien des cas, je présume que le temps
qui va se passer entre la date de l'expropriation et le jugement final, dans bien des cas, le délai ne sera pas dû aux actions
de l'exproprié mais à cause... que ce soit du nombre de causes qu'il y a sur
un rôle, du nombre de temps, du nombre
d'évaluateurs, des calculs d'évaluation, du débat sur les approches
d'indemnités.
Et je comprends mal
pourquoi l'exproprié devrait en faire les frais. Ça, c'est au niveau du
principe, parce qu'on va voir, à 119,
quelles sont les fourchettes de prix qui sont accordées. Alors, je me demandais
si Mme la ministre avait une ouverture pour discuter de ça à 118.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Pour discuter de quoi
exactement? Est-ce que je comprends bien que, quand les délais sont imputables
à l'expropriant, ce serait différent qu'à l'exproprié?
M. Morin : Bien,
c'est-à-dire que...
Mme
Guilbault : ...ou est-ce que j'ai mal
compris?
M. Morin : Non, ce que... Vous n'avez pas mal compris. Ce que
j'ai mentionné... parce qu'on parle... On parle d'un délai puis on parle
d'un délai de plus de six mois. Alors, ce que je dis, c'est que, dans bien
des cas, le temps va passer. Ce n'est pas la responsabilité de l'exproprié, il
y a des délais inhérents, il y a des délais inhérents au tribunal administratif, et... parce que, maintenant, dans
le projet de loi, on ramène la date de l'expropriation à la date de l'avis.
Alors donc, il va se passer nécessairement du temps. Et il est possible que la
valeur du bien à exproprier change pendant cette période-là. Donc, moi, ce que
je veux savoir, c'est si, de la part du gouvernement, il y a une ouverture à trouver un mécanisme qui va tenir compte d'une
indemnité qui va faire en sorte que l'exproprié n'en sera pas pénalisé.
Et,
quand je parlais, tout à l'heure, de l'exproprié, le cas de figure que je
voulais enlever ou évacuer, c'est le cas,
par exemple, où l'exproprié déposerait recours après recours pour uniquement
faire allonger le temps. Dans un cas comme ça, il est clair qu'il ne
pourrait pas faire de l'argent à cause du nombre de procédures qu'il
déposerait, mais, dans le cadre d'un dossier normal, est-ce qu'il y aurait une
ouverture à ce qu'éventuellement l'exproprié puisse être plus compensé que ce
qui est prévu au projet de loi?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Bien, plus compensé, de quelle façon, pendant le zéro à six mois ou
dans les futurs montants?
M. Morin : En
fait, ce que vous dites, c'est dans les futurs montants parce que vous parlez
de la période de six mois, de la date de l'expropriation, donc, puis
après, à 119, on va voir les montants. Mais le principe est à 118. Donc, c'est
la question que je vous pose.
Mme Guilbault : Oui. Bien, le principe, nous, c'est de venir compenser l'éventuelle
perte d'appréciation ou... c'est
comme ça qu'on l'appelle, enfin, je veux être sûre d'avoir les bons termes,
mais du fait qu'effectivement on ramène, là, l'évaluation à la date
d'expropriation.
Mais la raison pour
laquelle on l'a prévu comme ça, quand le transfert s'opère après plus de
six mois, c'est qu'on évalue que...
Bien, d'abord, il y a quatre mois, minimum, qui est prévu de toute façon,
le temps de faire les choses, là, les
gens ne peuvent pas déménager du jour au lendemain. Et ce qu'on évalue, c'est
que... Parce que j'ai posé la question. Dans le fond, le quatre à
six mois, bien, c'est que, des fois, le temps de faire les choses,
justement, correctement, ça déborde du quatre mois, et que, jusqu'à
six mois, on évalue, sur la base des cas qu'on a faits jusqu'à
aujourd'hui, qu'il n'y a pas de fluctuation du marché suffisante qui
justifierait un dédommagement en bas de six mois.
Et là j'ai ma
collègue Mme Ferlatte qui s'est installée, si on est intéressés à
entendre, peut-être, le... à étoffer un peu ce que je viens de dire par
l'expérience des cas de la vraie vie.
M. Morin :
En fait, je vous rejoins quand
vous parlez des cas de moins de six mois parce que... bon, je ne suis pas...
mon rôle, je ne suis pas un expert en évaluation, mais j'imagine que la valeur
d'un bien ou la valeur marchande d'un bien,
à moins d'une circonstance vraiment, vraiment exceptionnelle, ne va pas
fluctuer beaucoup à l'intérieur d'une fourchette
de six mois. Mais, souvent, j'imagine... et les experts pourront le confirmer,
avant d'avoir un jugement final, avant
que l'expropriant devienne propriétaire, que l'exproprié quitte, j'imagine que,
dans bien des cas, ça doit prendre plus que six mois.
Et, dans la loi
actuelle, ma compréhension de la loi, c'est que la date de l'expropriation
arrive au moment du transfert de propriété. Et donc, là, dans le temps, c'est à
peu près concomitant. Maintenant, la date de l'expropriation, c'est la date de
l'avis. Donc, dès que l'avis est signifié à la personne qui va devenir
l'exproprié, bien, j'imagine que c'est à partir de ce moment-là que la période
va commencer à compter. Et là il peut se passer bien du temps, et là il peut y avoir une fluctuation de la valeur
marchande, donc, ce qui fait que l'exproprié va se trouver à perdre, puis on le
verra à 119, il y a une fourchette de montants, et il est très probable qu'il
ne puisse pas avoir le montant qu'il aurait dû, compte tenu de la
fluctuation de la valeur marchande, si le litige dure pendant un an,
deux ans ou trois ans.
Alors,
il est là, mon point. Et le projet de loi vient déjà restreindre les montants,
vient restreindre les méthodes d'indemnité. Donc, je me disais que 118 ou 119,
c'est un petit peu une couche qui en rajoute. Alors, d'où ma demande à
savoir s'il y aurait un intérêt pour s'assurer que, là, au moins, il y aurait
une compensation juste pour l'exproprié.
Mme Guilbault : Bien, si les collègues sont d'accord, je passerai la parole à notre collègue,
puis je reviendrai au besoin ensuite.
M. Morin :
Bien sûr.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Alors, Mme Ferlatte, la parole est à vous.
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) : Oui.
Bonjour. Bien, on dirait que j'ai plein de commentaires qui me passent. Donc,
si je prends trop de temps, ou que c'est trop long, ou que vous avez des
questions, là, n'hésitez pas à m'interrompre.
M. Morin :
Allez-y, je vous écoute.
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) : Parfait.
Donc, il faut faire une distinction entre 118 et 119. Puis on reviendra à 119, mais, pour nous, 119 se veut une pénalité
pour l'expropriant qui tarde à prendre possession. Donc, on y reviendra plus tard, mais, pour nous, c'est vraiment
distinct entre le 118 puis le 119. Le 118 se veut vraiment une perte
d'appréciation de valeur, mais entre
la date de la signification de l'avis d'expro, donc notre date d'expropriation,
et la date de l'avis de transfert. Pourquoi on s'arrête à la date de
l'avis de transfert? C'est que les intérêts vont commencer à courir à partir de
la date de l'avis de transfert, sur les dommages, jusqu'au jugement final ou le
jugement d'indemnité finale. Puis c'est un
peu la même chose dans la loi actuelle, la Loi sur l'expropriation, parce que
la date... la valeur est fixée à la date de la prise de possession puis,
après ça, c'est les intérêts qui courent jusqu'au jugement final.
Donc, j'ai un peu de difficultés à
comprendre pourquoi on devrait étaler cette perte d'appréciation là jusqu'au
jugement, alors que les intérêts vont
s'appliquer. Et il ne faut pas oublier qu'il va avoir eu son indemnité
provisionnelle à l'avance. Il va être
déjà réinstallé au moment du jugement. Bien, en tout cas, généralement, il est
déjà réinstallé parce que la date de
prise de possession, en plus, elle est connue beaucoup d'avance. Ça, c'étaient
mes premiers commentaires.
Il ne faut pas
oublier aussi que le but de... Nous, notre but, c'était d'éviter la
spéculation, là, suite à l'annonce du
projet, et tout ça. Et c'est pour ça, qu'on le ramène à cette date-là. Et,
actuellement, c'est le même cas pour tous nos projets spéciaux. Que ce
soit la LACPI, le REM, le réseau structurant, c'est cette même date là qui est
reconnue. Par contre, aucune... Ce n'est pas
reconnu qu'on donne cette valeur additionnelle là. Donc, c'est comme un petit
plus qu'on est venus... pour compenser l'exproprié dans la loi... dans notre
nouvelle loi qu'on ajoute. On s'est un peu inspirés aussi du fait... sur
le marché en général, à l'heure actuelle, si vous, vous faites une offre
d'achat sur une maison puis vous passez
six mois plus tard chez le notaire, bien, votre offre d'achat va... tu
sais, le montant que vous recevez chez le notaire...
(Interruption)
Mme
Guilbault : Mon Dieu! Excusez-moi.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre, on va vous chicaner.Vous avez
coupé la parole de Mme Ferlatte.
Mme
Guilbault : Oui, oui, oui. Je suis
vraiment désolée.
M. Morin : Et
j'écoutais attentivement, et là ça m'a déconcentré...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Continuez, Mme Ferlatte.
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) : Donc,
exactement... Donc, on s'est un peu aussi inspirés de ce qui se passe
sur un marché actuel. J'avais... On a-tu oublié des éléments?
• (17 h 50) •
Des voix :
...
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : ...excusez. Donc, c'est ça, le délai
pour aller chez le notaire...
M. Morin : C'est ça. En fait, vous parliez de la vente d'un
immeuble résidentiel puis le moment entre la vente puis le moment où on
passe chez le notaire, là, pour compléter la transaction.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Oui. Exactement. Donc, tu sais, on vise
beaucoup aussi à verser... On encourage beaucoup... On vise beaucoup à verser
l'indemnité provisionnelle à l'avance. Comme ça, la personne, elle prend son indemnité puis elle refait sa situation
rapidement ou elle peut l'investir ailleurs, son argent, aussi, si elle le
désire, en attendant de se relocaliser, ou peu importe le scénario qui
va être adopté, là.
M. Morin : D'accord.
Vous avez parlé de spéculation, donc il pourrait y avoir... puis je veux juste
comprendre avec vous. Donc, entre le moment de la date de l'avis puis le
transfert du droit, donc, il pourrait y avoir de
la spéculation. En fait, je comprends que la valeur peut augmenter, mais
quelqu'un pourrait spéculer là-dessus? C'est...
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Oui. Bien, ce que ça va faire, c'est,
exemple... C'est sûr que moi, j'ai les projets
de transport collectif en tête. Donc, on envoie un avis d'expropriation chez
vous puis on vous annonce que vous allez être expropriés pour le futur
REM, par exemple, ou même pour un parc, une école, peu importe. Donc, ça va
faire en sorte que votre secteur va prendre plus de valeur. Les gens vont se
dire : Oh! le REM s'en vient. Je vais commencer à vendre ma maison tout de
suite. Elle va prendre plus de valeur. Ça s'en vient. Donc, c'est l'annonce de ce projet-là qui vient créer une valeur
additionnelle, au marché normal, à votre propriété, et c'est ça qu'on veut éviter.
Si on exproprie à la date de l'avis de transfert, bien, souvent, ça va être
inclus dans... cette plus-value-là du projet va être incluse dans la valeur.
M. Morin : Donc, vous allez... pour reprendre votre exemple,
donc, vous allez priver l'exproprié de cette valeur additionnelle. Puis, s'il veut se racheter une
maison, parce qu'évidemment... Prenons votre exemple, c'est un exemple
très bon, le REM ou un système de transport collectif, là, que ça soit un SRB
ou autre chose, là, bon. Bon, évidemment, si
ça passe à travers la maison, bien, il va y avoir une expropriation. Mais
probablement que, si vous parlez de ma maison, bien, moi, je vais
vouloir rester dans le même quartier. Mais là les maisons autour, elles vont
prendre de la valeur, celles qui ne sont pas expropriées. Donc, si moi, là, je
n'ai pas cette compensation-là, que, dans ma tête, je ne vois pas comme une spéculation, mais bien comme une augmentation
de la valeur de la propriété, comment je vais faire pour me réinstaller dans mon quartier? Donc, c'est... donc je
perds. Donc, je vais être obligé d'aller ailleurs. Puis c'est là que je
trouve que, pour l'exproprié, sincèrement, ce n'est pas juste.
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) : Par
contre, si vous déménagez, on va payer l'indemnité de concordance, donc ça va être de regarder les propriétés
disponibles sur le marché. Et, exemple, vous, il y a quatre maisons dans
votre secteur,
on va... on dit : Bien, la plus similaire, c'est elle, ou on regarde
l'analyse comparative puis on va... c'est comme ça qu'on va vous
relocaliser dans une nouvelle maison. C'est juste qu'on ne va pas ajouter cette
plus-value-là, supérieure, là, qu'on juge...
M. Morin : Oui.
Ça, je vous comprends bien, mais je me mets à la place de l'exproprié.
Une voix : ...
M. Morin : Non, non, non, ça va. Donc, tu sais, prenons,
là... Là, on parle d'une maison, mais, tu sais, souvent, quand il y a une
station de REM, par exemple, bien là, il y a des immeubles en hauteur ou il va
y avoir des condos qui vont se bâtir autour. Puis c'est normal, les gens
veulent prendre le REM. Puis c'est vrai, vous avez raison, ça fait augmenter la valeur des propriétés. Moi, ce que
j'essaie d'éviter ici, c'est que la personne qui va perdre sa propriété pour
un bien collectif, qui va servir l'ensemble de la collectivité, ça arrive,
bien, si elle veut s'installer à côté parce qu'elle aime ce coin-là, je ne sais
pas, moi, les écoles ne sont pas loin, le CPE n'est pas loin, puis que cet
article-là vient restreindre le montant qu'elle pourrait avoir en compensation,
bien, elle va perdre puis elle va être obligée d'aller plus loin ou d'aller
ailleurs. C'est sûr que, quand on regarde les types d'indemnités ou les
approches d'indemnité définitive, bon, il y en a quelques-unes, mais ce que je
voudrais m'assurer, c'est que quelqu'un qui cède sa propriété pour le bien commun, bien, va être au moins
capable... Je ne veux pas qu'il s'enrichisse, là. Je ne veux pas que la
personne dise : Eh! écoutez, j'ai regardé, j'ai fait le tour du
quartier, puis, finalement, c'est cette maison-là que je voudrais parce que c'est la plus grosse. Ce n'est pas de ça
dont on parle, mais je ne voudrais pas non plus que la personne perde
puis qu'elle se ramasse plus loin, puis ce que je crains, c'est que 118 va
venir faire ça, justement.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Bien, moi, je ne le voyais pas comme ça,
parce que, comme je vous ai dit, on va prendre le temps de magasiner avec vous
les maisons sur le marché, qui sont disponibles et non vendues. Donc, si la
maison qui correspond à celle qui est la plus similaire à la vôtre dans le même
secteur, elle a pris de la valeur puis... bien, tu sais, on va vous relocaliser
dans cette maison-là, on va vous donner la valeur marchande de cette maison-là, plus, exemple, les troubles et
ennuis, la valeur de concordance, parce que vous habitiez proche de chez
votre belle-mère, que vous aimez beaucoup, on va vous... tu sais, ça peut
être... Je vous donne un exemple comme ça,
là, ce n'est pas... ce n'est pas un vrai exemple, vous comprendrez que c'est
fictif, mais vous n'allez pas être perdant. Je vois... je comprends
mal...
M. Morin : Puis
c'est très fictif, dans mon cas, parce que...
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : C'est très fictif, hein?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Tout le monde qui aime leur belle-mère.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : C'est ça, exact.
M. Morin :
...mes beaux-parents sont décédés depuis très longtemps. Donc, moi, c'est très
fictif. Dans mon cas, vous avez raison, vous avez tout à fait raison.
Des voix : ...
M. Morin : Non, non, ça aurait été une personne
exceptionnelle, j'en suis convaincu, mais mes beaux-parents sont morts, et, voilà, je ne les ai pas connus.
Mais donc c'était très fictif, vous avez raison. Ceci étant... puis ça permet
aussi, hein, de rendre l'atmosphère plus conviviale en cette journée
d'Halloween.
Alors donc, c'est...
Vous voyez, moi, je n'avais pas du tout la lecture que ce que vous dites, moi,
je le voyais, bien, évidemment, du côté de l'exproprié, puis moi, j'avais peur
un peu qu'il perde, là. Puis c'est quoi, la garantie qu'il ne perdra pas?
Mme Ferlatte-Schofield
(Karine) : Bien, moi, je trouve qu'on enrichit déjà, versus les
projets de loi actuels qu'on a. La garantie,
c'est... En plus, on va... on paie une maison qui est disponible sur le marché
à la valeur du marché, donc on refait sa situation avec la nouvelle
maison. Puis, s'il y a plus, tu sais, de six mois entre les
deux valeurs, on va donner l'indemnité pour... qu'on a estimée ici, là,
5 % annuellement, calculée à partir du septième mois jusqu'à l'avis de
transfert. Donc, ça fait un petit montant, aussi, qui permet une appréciation
du marché. Il y a la valeur de convenance
qui va venir s'ajouter, les troubles et ennuis, dans le cas d'un résidentiel,
également. Donc, je ne crois pas que la personne va s'appauvrir, au
contraire.
M. Morin : Et
ça, c'est dans un milieu urbain. Cependant, puis je voulais le partager avec
vous, L'Union des producteurs agricoles avait un enjeu pour les propriétaires agricoles.
Évidemment, je peux comprendre que, dans leur cas, ça peut être plus
compliqué, puis je réfère à l'article... en fait, à la page 13 de leur
mémoire. En fait, on écrit : Perte d'appréciation du droit
exproprié.
«En vertu de la loi actuelle — comme
vous l'avez mentionné — la
date d'évaluation de l'indemnité retenue par le tribunal est la date de prise
de possession. Selon le projet de loi [...] cette date serait dorénavant la
date de la signification[...] — c'est
ce qu'on disait — ce
qui veut dire que la date retenue pour l'évaluation de l'indemnité est
devancée.
«De plus,
l'article 118 du projet de loi ajoute qu'une indemnité correspondant à un
pourcentage égal au taux légal pour la période qui débute le premier jour du
septième mois suivant la date de l'expropriation jusqu'à la date du transfert
doit être accordée à l'exproprié.»
Et là ce que l'UPA
nous dit, bon, puis moi, je me fie à l'UPA, je ne suis pas un producteur
agricole : «Ces changements sont très pénalisants pour les producteurs
agricoles. D'une part, en devançant la date d'évaluation de l'indemnité, les producteurs perdent l'augmentation
de la valeur qui pourrait avoir lieu entre la date de l'avis d'expropriation
et la date de prise de possession. D'autre part, les producteurs agricoles
expropriés ne recevront aucun intérêt pour l'augmentation de la valeur de leur
terre pour les six premiers mois. Par la suite, les intérêts accordés
seront au taux légal de 5 %.»
Ce
qu'on nous dit, c'est que «ces intérêts sont loin d'être suffisants pour
couvrir l'augmentation annuelle moyenne de la valeur des terres
agricoles au Québec». Puis on a parlé souvent de l'importance de la
souveraineté alimentaire du Québec. Selon
l'UPA et leurs calculs, l'augmentation annuelle moyenne de la valeur des terres
agricoles serait de 10 %, et c'est ce qui serait arrivé au cours
des 10 dernières années, d'ailleurs il y a une référence : «Cette
augmentation a été de 17 % entre 2020 et 2021.»
Et on nous donne même
un exemple hypothétique dans le tableau : «Un producteur agricole reçoit
un avis d'expropriation le 1er janvier
2021. En vertu du projet de loi n° 22, c'est à cette date que la valeur de
la terre sera évaluée.»
Si
on fixe cette somme à 500 000 $... Alors, si on prend, par exemple,
le taux de 17 %, qui est le taux, selon les statistiques de l'UPA, qui traite de l'augmentation de la valeur des
terres agricoles, la valeur serait maintenant de 585 000 $.
Quand on regarde les
dispositions du projet de loi n° 22, le producteur n'aurait droit qu'à une
somme s'élevant approximativement à 512 600 $, intérêts légaux de
5 % calculés à partir de la date de la signification de l'avis. C'est donc
une différence de 72 400 $ qui devra être assumée par le propriétaire
ou le producteur exproprié.
Donc, ce n'est quand
même pas... ce n'est quand même pas banal, quand on se place dans un... en
fait, dans une perspective agricole. Tout à
l'heure, on parlait d'un milieu urbain. Je n'ai pas de raison de mettre en
doute ce que souligne l'UPA, mais, si
c'est le cas... Et c'est pour ça que moi, dans ma lecture de 118, bien, je
trouvais que ça faisait une grosse différence. Bien, vous avez un producteur
agricole, on le sait, que les producteurs agricoles, présentement, ont
de la difficulté, c'est reconnu, bien, dans un cas comme ça, en plus, il
perdrait 72 400 $, ce qui est quand même un montant énorme, d'où ma question : Est-ce qu'il y a une volonté
de la part du gouvernement de rouvrir 118 et de voir si on ne pourrait pas trouver une mécanique qui
ferait en sorte qu'un exproprié ne serait pas en train de s'enrichir mais
qu'il serait compensé valablement pour la
perte de son terrain ou, dans le cas d'un agriculteur, de son exploitation
agricole?
• (18 heures) •
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Je demanderais une courte suspension, si c'est possible, juste pour
être sûre qu'on évalue comme il faut... entre autres avec d'autres
articles.
M. Morin : Parfait.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui, pas de problème.
Nous allons suspendre
pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
18 h 01)
(Reprise à 19 h 03)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
nous reprenons nos travaux, et je cède la parole à Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Oui. Donc, article 120...
La Présidente (Mme
Maccarone) : ...l'article 118, si j'ai bien compris, vous
souhaitez qu'on...
Mme
Guilbault : Oui, on suspendrait
l'article 118 et l'article 119.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Parfait. Alors, est-ce que nous avons le consentement
pour suspendre l'article 118?
Des voix :
Consentement.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui. Et le consentement pour suspendre
l'article 119?
Des voix :
Consentement.
La Présidente (Mme Maccarone) : Voilà. Alors, Mme la ministre, pour la lecture de
l'article 120, s'il vous plaît.
Mme Guilbault : Merci.
Article 120 : «Le Tribunal déduit du montant de l'indemnité
définitive accordée :
«1° la valeur
marchande du droit appartenant à l'expropriant qui a été transféré à
l'exproprié;
«2°
les sommes versées par l'expropriant en vertu de l'article 109 à titre
d'indemnité de déplacement s'il a été obligé
de faire effectuer lui-même les travaux de déplacement ainsi que, le cas
échéant, les frais et les dommages-intérêts en réparation du préjudice
causé à celui qui a dû lui-même faire le déplacement;
«3°
les frais engagés par l'expropriant pour expulser la partie dessaisie à la
suite d'un jugement rendu en vertu de l'article 44.»
Commentaire :
L'article 120 du projet de loi prévoit les sommes qui devraient être
déduites par le Tribunal administratif du Québec du montant de l'indemnité
définitive accordée. Ces sommes seraient les suivantes : la valeur
marchande du droit appartenant à l'expropriant qui a été transféré à
l'exproprié puisque ce droit a été transféré en guise de paiement de l'indemnité,
les sommes versées par l'expropriant à titre d'indemnité de déplacement s'il a
été obligé de faire effectuer lui-même les
travaux de déplacement ainsi que, le cas échéant, les frais et les
dommages-intérêts en réparation du préjudice causé à celui qui a dû
lui-même faire le déplacement, mentionnons que cette déduction était déjà
prévue à l'article 63 de la Loi sur l'expropriation, et enfin les frais
engagés par l'expropriant pour expulser la partie dessaisie à la suite d'une
ordonnance en expulsion.
Et
l'amendement, article 120 : Remplacer, dans le paragraphe 2° de
l'article 120 du projet de loi, «109» par «115.3».
En commentaire :
Il est proposé de modifier l'article 120 du projet de loi afin de
remplacer la référence à l'article 109.
Cette modification est faite en concordance avec le déplacement du contenu de
cet article dans le nouvel article 115.3 du projet de loi tel
qu'amendé.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Y a-t-il des interventions sur l'amendement? Il n'y a pas d'intervention.
Nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement à
l'article 120 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Adopté.
Merci. Y a-t-il des interventions sur l'article 120 tel qu'amendé? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'article 120, tel qu'amendé, est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Mme la ministre, pour la lecture de l'article 121, s'il vous
plaît.
Mme Guilbault : Oui, article 121 : «Lorsque le montant de l'indemnité
définitive est moindre que le montant cumulé des indemnités
provisionnelles versées, le Tribunal ordonne la restitution de la différence.»
En commentaire :
L'article 121 du projet de loi, tout comme le faisait le deuxième alinéa
de l'article 68 de la Loi sur l'expropriation, prévoit que, lorsque le
montant de l'indemnité définitive est moindre que le montant cumulé des
indemnités provisionnelles versées, le tribunal ordonne la restitution de la
différence.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Des interventions? Il n'y a pas d'intervention. Nous
allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'article 121 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Mme la ministre, l'article 122 et l'amendement, s'il vous plaît.
Mme
Guilbault : Article 122 :
«Portent intérêt au taux légal :
«1°
à compter de la date de la prise de possession de l'immeuble exproprié ou à
compter de la date de l'homologation de l'ordonnance, selon la première
de ces dates, les valeurs, les coûts ou les indemnités suivants :
«a) la valeur
marchande du droit exproprié, déduction faite, le cas échéant, de la valeur
marchande du droit transféré à l'exproprié;
«b) l'indemnité pour
perte de valeur de convenance;
«c) l'indemnité pour
les troubles, les ennuis et les inconvénients;
«2°
à compter de la date d'acquisition du nouveau terrain visé au deuxième alinéa
de l'article 84, le coût de celui-ci;
«3°
à compter de la date qui suit de trois ans la date de l'expropriation,
l'indemnité pour compenser les inconvénients liés à une procédure
d'expropriation ajoutée en vertu de l'article 119;
«4° à compter de la
date où survient la dépense ou le dommage, les indemnités suivantes :
«a) l'indemnité de
déplacement;
«b) l'indemnité de
réaménagement;
«c) l'indemnité de
fermeture d'une entreprise;
«d) l'indemnité de
concordance;
«e) l'indemnité de
remplacement des bâtiments et de leurs aménagements;
«f) l'indemnité en
réparation des préjudices.
«Pour le calcul des intérêts ajoutés en vertu du
premier alinéa, doivent être déduites des valeurs, des coûts et des indemnités
les indemnités provisionnelles versées pour chacun de ces postes
d'indemnisation.»
En commentaire :
L'article 122 du projet de loi détaille le moment à compter duquel les
sommes dues porteraient intérêt au taux légal. Lors du calcul des intérêts, les
indemnités provisionnelles versées pour chaque poste d'indemnisation devraient
être déduites des valeurs, des coûts et des indemnités de ces postes.
Et l'amendement à l'article 122. À
l'article 122 du projet de loi :
1° remplacer,
dans ce qui précède le sous-paragraphe a du paragraphe 1° du premier
alinéa, «de la prise de possession de l'immeuble exproprié ou à compter
de la date de l'homologation de l'ordonnance, selon la première de ces dates»
par «du transfert du droit exproprié»;
2° insérer, après le sous-paragraphe a du
paragraphe 1° du premier alinéa, le sous-paragraphe suivant :
«a.1) la
valeur marchande du terrain exproprié, lorsque l'exproprié se réinstalle sur un
terrain qui lui appartient;»;
3° insérer, dans le paragraphe 2° du premier
alinéa et après «au», «paragraphe 1° du»;
4° ajouter, à la fin, les alinéas
suivants :
«En outre, ne portent pas intérêt les indemnités
qui doivent être restituées par la partie dessaisie.
«Malgré le premier alinéa, lorsqu'un délai est
attribuable à la partie dessaisie, le Tribunal peut suspendre, pour la période
qu'il détermine, l'application du taux d'intérêt sur une valeur, un coût ou une
indemnité.»
En commentaire : Il est proposé de modifier
l'article 122 du projet de loi afin de prévoir que, lorsqu'un délai est
attribuable à la partie dessaisie, le TAQ aurait la discrétion de suspendre, pour
la période qu'il déterminerait, l'application du taux d'intérêt sur une valeur,
un coût ou une indemnité. Il est aussi proposé de clarifier que les indemnités
qui doivent être restituées par la partie dessaisie ne portent pas intérêt.
Enfin, les modifications apportées à cet article
sont en concordance avec la suppression de l'article 43 du projet de loi, en concordance avec les
modifications apportées à l'article 84 de ce projet, notamment quant à
l'indemnité immobilière établie selon l'approche de la théorie de la
réinstallation, et en concordance avec le vocabulaire utilisé.
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Y a-t-il des interventions sur
l'amendement à l'article 122? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, Mme la Présidente.
Donc, je comprends que, parmi une des premières modifications que vous voulez
apporter, plutôt que de compter à partir de la date de l'homologation de
l'ordonnance, ce serait à partir du transfert du droit exproprié. C'est exact?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault : Oui, juste répéter la question, s'il vous plaît.
M. Morin : Oui, oui, je vais la
répéter. Je comprends que, dans le projet de loi, actuellement,
l'article 122 souligne que la date, c'est la date de l'homologation de
l'ordonnance, alors que vous voulez apporter un amendement pour que ce soit la
date du transfert du droit exproprié. C'est exact? Et pourquoi cette
différence-là?
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
juste... M. Jobin, la parole est à vous.
• (19 h 10) •
M. Jobin (Jean-Marc) : Ce que j'ai
compris... peut-être, Mme Massé pourra venir me corriger, là, mais je pense que c'est de la concordance, parce que la...
il n'y a plus d'homologation. Donc, cette section-là d'homologation est biffée.
Donc, ça va toujours être la date du transfert de propriété, le début des
intérêts, pour cette section-là.
M. Morin : Je comprends.
Effectivement, on a vu dans les articles précédents que, comme tel, ce serait
plutôt, en fait, un affidavit ou une déclaration sous serment qui ferait en
sorte qu'on enverrait la décision du tribunal à l'officier des droits. Donc,
c'est ce qui expliquerait le changement de date?
Mme Guilbault : ...
M. Morin : Oui, tout à fait, oui,
absolument.
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
Me Massé, la parole est à vous.
M. Morin : Alors, rebonjour, Me
Massé.
Mme Massé
(Julie) : Oui, bonjour. Cette modification-là, le premier
paragraphe, c'est vraiment une modification de concordance. Quand on parlait de l'homologation de l'ordonnance,
c'était celle sur l'indemnité définitive, à l'article 43 qu'on
est venus abroger, comme manière de transférer le bien. Donc, c'est pour ça
qu'on est venus remplacer tout le vocable par «transfert du droit exproprié».
M. Morin : Du droit exproprié.
D'accord, parfait. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Maccarone) : Y
a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement à l'article 122 est
adopté?
Des
voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Nous revenons à l'article 122 tel qu'amendé.
Avons-nous des interventions? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, Mme la Présidente. Je voudrais simplement
souligner que, dans son mémoire, le Groupe Altus avait un commentaire
sur l'article 122. En fait, ils souhaitaient que le calcul de l'intérêt
débute au moment de la date de l'évaluation et non lors de la prise de
possession. Ce qu'on souligne, c'est que la date d'évaluation est fixée lors de l'expropriation, mais l'exproprié doit
continuer d'assumer les frais de détention, les taxes, les assurances,
l'entretien jusqu'à la prise de possession et ne reçoit aucun intérêt,
sans compter qu'il ne peut bénéficier de l'appréciation, là, sa valeur de
propriété. Il y a une référence aux articles 118 et 119. Ils ont été
suspendus. Donc, ils soulignent qu'il serait probablement plus juste et plus
simple que ce soit la date de prise de possession dans tous les cas... en fait,
plus simple que la date de prise de
possession, soit, dans tous les cas, la date d'évaluation du bien exproprié.
Alors, je comprends que ce n'est pas ce que l'article 122 fait. On
parle de la date du transfert du droit exproprié. C'est exact?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre ou M. Jobin?
Mme
Guilbault : Oui, M. Jobin...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui, M. Jobin, la parole est à vous.
M. Jobin (Jean-Marc) : Donc, c'est ça, il y a
déjà un mécanisme qui est prévu à l'article 108... 118, je m'excuse,
à 118.
M. Morin :
118, oui.
M. Jobin (Jean-Marc) : Donc
là, si on... Ça fait que je ne sais pas ce qui va arriver avec 118, mais, si
jamais on démarre le début de calcul des intérêts à la date
d'expropriation, il va y a avoir un double paiement, là.
M. Morin : Il
y aurait, à ce moment-là, en fait, comme une double indemnité.
M. Jobin
(Jean-Marc) : Une double indemnité, c'est pour ça.
M. Morin : D'accord,
je comprends. Et donc, par la suite, évidemment, dans cet article-là, on va
déduire bien sûr, à la fin, là, pour le calcul des intérêts, en vertu du
premier alinéa, les valeurs, coûts, indemnités, indemnités provisionnelles
versées pour chacun des postes d'indemnisation. C'est exact?
M. Jobin
(Jean-Marc) : Exactement.
M. Morin : Donc,
en pratique, comment procédez-vous avec l'exproprié?
M. Jobin
(Jean-Marc) : Bien, c'est déjà de cette façon-là que ça se fait.
M. Morin : Ça
se fait? O.K.
M. Jobin (Jean-Marc) :
Donc, on vient déduire... Là, c'est sûr que ça fait des calculs assez...
des fois, assez fastidieux. Si on a
plusieurs indemnités à différentes dates puis on a plusieurs indemnités
provisionnelles à différentes dates, bien, tout ça est calculé pour
amener vraiment...
M. Morin : Donc, vous calculez toutes les indemnités, et
toutes ces indemnités-là portent intérêt à un taux légal.
M. Jobin (Jean-Marc) : Oui, c'est ça. En fin de
compte, c'est ce que dit l'article 122. Donc, toutes les indemnités qu'on a présentées auparavant portent
intérêt, là, dépendamment... en fonction des dates qui sont indiquées.
M. Morin : O.K.
Et donc ça inclut les indemnités provisionnelles puis l'indemnité définitive.
M. Jobin
(Jean-Marc) : C'est l'indemnité définitive plus toutes les autres
indemnités, dépendamment de la date, parce
qu'il faut comprendre que les indemnités ne sont pas toujours à la même date.
Comme, pour l'indemnité, le bien
exproprié, c'est la date d'expropriation, supposons, le frais de déménagement,
ça va être la date que l'exproprié va payer sa facture. Donc, il y a
plusieurs dates, là, puis à tout ça on va venir soustraire les indemnités
provisionnelles en fonction des dates qui... les indemnités payées.
M. Morin :
Des dates...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci beaucoup.
Compte tenu de l'heure, j'ajourne nos... la
commission ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 19 h 15)