(Neuf heures quarante-six minutes)
La
Présidente (Mme Maccarone) : Alors, bon matin à tous et toutes. À l'ordre, s'il
vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
des transports et de l'environnement ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Environnement et Lutte contre les changements climatiques des
crédits budgétaires du portefeuille Environnement, Lutte contre les changements
climatiques, Faune et Parcs pour l'exercice financier 2025‑2026. Une
enveloppe de 4 h 30 min a été allouée pour l'étude des crédits.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Grandmont (Taschereau) est remplacé par M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve) et M. St-Pierre
Plamondon (Camille-Laurin) est remplacé par M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
Environnement et Lutte
contre les changements climatiques
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs
d'environ 20 minutes, incluant les questions et les réponses. La mise aux
voix de ces crédits sera effectuée à la fin du temps qui leur est alloué, soit
cet après-midi vers 17 h 15, puis nous avons commencé à l'heure.
Discussion générale
Alors, je suis maintenant prête à reconnaître
une première intervention de l'opposition officielle pour un premier bloc
d'échange et je vous rappelle que la longueur des réponses doit être
généralement proportionnelle à la longueur des questions. Alors, Mme la députée
de Mille-Îles, la parole est à vous.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bonjour à tous et bonjour au... Ah! voilà, le ministre est
là.
Écoutez, je
vais commencer à faire... avec un retour sur Stablex. Je voudrais refaire la
ligne du temps. En 2018, Stablex a commencé à préparer sa... la
cellule 6 ou, du moins, le projet. En 2019, il y a eu un avis de projet;
en 2020, l'entente avec la ville de Blainville, qui a ensuite été résiliée; en
2020, l'étude d'impact; entre 2021, 2022, beaucoup d'échanges avec le ministère; 2023, mandat donné au BAPE, et,
finalement, on sait, aujourd'hui, bâillon en 2025, ouverture prévue 2027, parce que semble-t-il que la capacité
serait rendue à pleine... ce serait rendu à pleine capacité en 2027, alors qu'en
2023 on était plutôt en 2030.
Donc, moi,
Mme la Présidente, ce que j'aimerais montrer, c'est que le BAPE est arrivé à
peu près à mi-chemin, un peu plus que la mi-chemin du processus... que
le ministre nous a dit que ça prenait cinq... huit à 10 ans, ouvrir une
nouvelle cellule. Alors, ma question, c'est : Est-ce que le BAPE arrive
trop tard dans la procédure... le processus? Est-ce qu'il était déjà trop tard
puis... au moment, en 2023, de faire le mandat du BAPE?
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
le ministre.
M.
Charette : Merci, Mme la Présidente. Tout d'abord, vous allez
me permettre de saluer les collègues, les équipes qui sont avec nous ce
matin.
Et, sans décevoir ou sans intention de décevoir
la collègue à travers mes réponses, je serai plutôt bref. C'est un dossier qui est judiciarisé. Donc, vous allez
me permettre, là, d'être plus laconique au niveau des réponses. Dans le dossier
Stablex, je vais me limiter à dire ceci. Ce ne sont jamais des décisions
faciles en ce sens que le ministère de l'Environnement a plusieurs mandats,
plusieurs missions, oui, la protection de l'environnement, comme on l'entend,
protection de la biodiversité, notamment, mais également la gestion des
matières résiduelles.
Et, dans le cas de Stablex, c'est la seule
entreprise qui nous permet de remplir un de nos mandats, c'est-à-dire la
gestion des matières dangereuses, d'un point de vue... En fait, dans un monde
idéal, si on n'avait pas à gérer des déchets,
on n'aurait pas eu à prendre une décision de cette nature-là, mais c'est une
décision qui est parfaitement assumée. J'invite la collègue et les
collègues à lire les deux jugements qui sont intervenus au cours des dernières
semaines, et ces deux jugements sont très éloquents sur la preuve qui a été
faite et sur le risque réel qui était posé au niveau d'une rupture de services.
Donc, ces deux jugements servent de réponse aujourd'hui. Je vais me limiter à ces
propos.
La Présidente (Mme Maccarone) : Allez-y,
Mme la députée.
Mme Dufour : Je vais poser une
question plus simple. Une cellule, est-ce que ça prend entre huit et 10 ans à
se mettre en place du début à la fin du projet?
M. Charette : Ça
dépend parce qu'il n'y a pas juste la cellule, et c'est là où il y a eu
peut-être une certaine confusion au cours des dernières semaines. Si jamais on
avait eu à retenir un nouveau site complètement extérieur de celui existant, il faut aussi parler d'une
infrastructure d'accueil, il faut parler d'une infrastructure de stabilisation.
Donc, ce n'est pas que la cellule. Dans le cas d'un tout nouveau
projet...
Mme Dufour : Oui, merci, mais...
M.
Charette : ...ça aurait été d'évaluer un projet nouveau avec
des impacts beaucoup plus grands que la seule... le seul ajout d'une
nouvelle cellule.
• (9 h 50) •
Mme Dufour : Merci. Je vais juste
rappeler que vous avez dit que ça prenait entre huit et 10 ans, et donc c'était pourquoi on ne pouvait pas changer de site
à ce stade-ci. Donc, lorsque le BAPE arrive en 2023, il est déjà trop
tard pour une ouverture en 2027. La ligne du temps le démontre.
Et là je vais
vous amener ailleurs. Saint-Thomas, il y a un projet actuellement
d'enfouissement... d'agrandissement du
lieu d'enfouissement projeté, et le projet a été déposé. Ils nous disent déjà
qu'ils vont être à pleine capacité en 2032, mais il n'y aura pas de BAPE, du moins, avant deux ou trois ans. Est-ce
qu'on se retrouve... Est-ce qu'on s'en va dans la même direction?
M. Charette : Bien, c'est très, très
difficile d'établir des parallèles étant donné qu'on ne parle pas du même type de matière. On a une loi, une réglementation
qui sont très claires, qui balisent le parcours à suivre pour des
autorisations, et depuis que nous
sommes, comme gouvernement, responsables de ces dossiers-là, il y a eu
plusieurs agrandissements de lieux d'enfouissement technique. Il y a eu
quelques BAPE aussi s'y référant.
Donc, c'est une démarche qui est bien balisée.
Les promoteurs la connaissent. Les promoteurs, généralement, prennent les dispositions nécessaires, là, pour
arriver dans la séquence qui est nécessaire, et, dans les faits, des risques
de rupture de services, on en a eu
quelques-uns au cours des dernières années, mais sans que la procédure ou la
réglementation empêche, là, de remplir nos obligations.
On peut
parler, entre autres, du site de Saint-Nicéphore qui avait aussi fait l'objet,
là, d'une couverture médiatique assez
importante il y a quelques années. Au final, on a pu tout faire atterrir sans
compromettre cette chaîne de services qui
demeure un service essentiel, bien qu'impopulaire aux yeux de certains
citoyens. On doit gérer toute cette matière-là.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la députée.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Je vais souligner les parallèles avec Stablex. Saint-Thomas est...
a signé une entente avec une MRC qui a finalement décidé de reculer.
Présentement, c'est un projet qui se retrouverait, dans ce cas-ci, à quelques
mètres des résidences, et on est aussi dans une tourbière, la tourbière de
Lanoraie. On nous dit déjà que le début des
opérations doit se faire en 2032, qu'ils doivent commencer à préparer le site
en 2029. On est déjà en 2025. Il n'y
a pas de BAPE de commencé. On semble s'en aller exactement dans la même
direction que Stablex avec un bâillon éventuellement.
M.
Charette : Vous allez me permettre d'être en désaccord à ce
niveau-là. Un, pour ce qui est des lieux d'enfouissement technique
traditionnels, nous avons plusieurs alternatives, ce qui n'était pas le cas
avec Stablex. C'était un site qui était
ultraspécialisé. Donc, là s'arrête tout parallèle possible. Et, comme je le
mentionnais, pour l'opération des lieux d'enfouissement technique,
autant les autorisations pour le développement d'un nouveau site que pour un agrandissement éventuel, la procédure, elle est
bien établie, et cette procédure-là n'a jamais empêché le ministère, là, de remplir
ses obligations et de pouvoir assurer les services auxquels la population a
droit.
Et, dans le cas de Saint-Thomas en particulier,
on a reçu, à ce moment-ci, uniquement un avis de projet. Donc, le projet, comme tel, n'est pas déposé comme
tel, et la directive pour la réalisation de l'étude d'impact nous laisse entendre,
là, qu'on est dans les temps, et elle a été transmise à l'initiateur, là,
uniquement en mars dernier. Donc, c'est un
processus qui est à ses débuts. Au promoteur à justifier son projet, et, par la
suite, ce sera traité en fonction des informations à notre disposition.
Mme Dufour : Combien de temps ça
prend, une étude d'impact de ce type-là?
M. Charette : Bien, c'est... On a eu
l'occasion d'en discuter longuement à travers l'étude récente du projet de loi n° 81, dans toute demande
d'autorisation, le secret et le degré de préparation du promoteur... Donc, on a
une ligne du temps qui est générale.
D'ailleurs, le projet de loi n° 81 nous aidera à raccourcir ces délais-là, mais
c'est le promoteur qui...
Mme
Dufour : Oui, mais on peut... mais, dans le cas de Stablex,
ça a pris deux ans. On peut... Est-ce qu'on peut penser que ça prend au
moins un an et demi, ce genre de projet là?
M. Charette : La procédure
d'évaluation?
Mme Dufour : Non, non, les échanges,
l'avis de projet, l'étude d'impact, les échanges avec le ministère.
M.
Charette : La procédure d'évaluation comme telle, elle est bien
balisée dans le temps. Ce délai-là devrait être
raccourci avec les moyens qu'on se donne à travers le projet de loi n° 81, s'il devait être adopté, là, dans les prochaines semaines,
mais le délai, ultimement, dépend du degré de préparation du promoteur. Donc,
un promoteur qui...
Mme Dufour : Mais il y a quand même beaucoup d'échanges avec
les ministères et beaucoup d'études à produire, qui prennent du temps,
naturellement, là.
M. Charette :
Oui. Dans le cas des lieux d'enfouissement technique, on a une bonne
expertise au Québec. Les promoteurs qui développent ce type de projet là
connaissent la réglementation, connaissent les exigences. Donc, généralement,
ils sont en mesure de répondre aux questions qui peuvent être formulées par le
ministère. On ne s'improvise pas
gestionnaire d'un lieu d'enfouissement technique, si on veut ultimement obtenir
les autorisations de la part du ministère. Donc, c'est des projets qui peuvent
aller quand même assez rapidement selon l'échelle du temps, là, qui est
déterminée par la loi.
Mme Dufour : Oui, mais quelle est l'étude d'impact et les
échanges... cette procédure-là qui a été le plus court dans les
dernières années?
M. Charette :
Dans l'historique du ministère?
Mme Dufour : Oui.
M. Charette :
Là, ça nécessiterait une petite recherche. Je pourrais vous revenir un
petit peu plus tard, parce qu'on reçoit plusieurs milliers de demandes
d'autorisation par année.
Mme Dufour : Oui, on parle de sites d'enfouissement. Ça, il n'y
en a pas des milliers par année, M. le ministre, là.
M. Charette :
Au niveau des sites
d'enfouissement, on pourra vous revenir ultérieurement, là. C'est une demande
plutôt spécifique, mais sinon, c'est une
réglementation, là, qui a été bien, bien éprouvée, là, au fil des dernières
années.
Mme Dufour : La question, c'est : Est-ce qu'on prévoit
d'avance et est-ce qu'on fait toutes ces procédures-là assez tôt dans le temps pour finalement pouvoir se
revirer de bord, si la recommandation du BAPE n'était pas favorable, si
les éléments portés à l'attention du ministre faisaient en sorte qu'il
dirait : Bien, non, il faudrait changer de site? Pour ne pas se retrouver
à la même place dans le futur que ce qu'on a vécu avec Stablex, il y aurait
peut-être lieu de commencer ces démarches-là
plus tôt. Même si on accélère la démarche, l'étude et les échanges avec le
ministère, ça reste qu'il y a quand même plusieurs années d'impliquées
dans un tel processus, là.
M. Charette :
Bien, peut-être deux petits rappels qui sont pertinents de faire. Je le
mentionnais, Stablex est un cas à part compte tenu de sa spécialisation. On n'a
pas d'alternative. On n'a pas d'autres entreprises qui se sont spécialisées dans ce type de service là. Pour ce
qui est des lieux d'enfouissement technique dits davantage traditionnels,
nous en avons plusieurs, ce qui fait qu'on ne se retrouve pas devant un risque
semblable de rupture de services parce qu'on
n'a pas d'autre alternative. Donc, c'est deux situations complètement
différentes que l'on peut difficilement mettre en parallèle. Sinon, pour faire l'étude d'impact, bien, on est... et je
le mentionnais, là, selon le degré de préparation du promoteur, on est dans des délais d'une année,
sinon deux, selon la nature du projet et le degré de préparation du promoteur.
Mme Dufour : Je
vais en parler plus tard, mais les sites d'enfouissement technique, la majorité
sont presque à pleine capacité. Mais je vais revenir sur les matières
dangereuses parce qu'il y a un autre site, qui est celui qu'on peut voir dans les réponses que votre ministère
nous a remises, qui arrive à pleine... bien, en fait, qui arrive à échéance
dans un an, le site d'ArcelorMittal en Montérégie, à Contrecoeur, à un an
d'échéance.
M. Charette :
La réponse va être semblable. Les promoteurs sont au fait de leurs
obligations, et, de surcroît, ArcelorMittal est une entreprise, là, qui est,
comment dire, bien au fait de notre réglementation. Je ne la qualifie pas de
mauvaise élève. Au contraire, là, c'est un de nos grands joueurs du secteur
industriel, là, qui est non seulement bien
au fait, mais soucieux de respecter notre réglementation. Donc, il n'y a pas de
signaux alarmants, à ce moment-ci, comme quoi on serait en défaut de
respecter la réglementation ou hors délai pour obtenir les autorisations.
Mme Dufour : Mais est-ce que c'est
réaliste, en un an, d'obtenir... d'avoir fait tout le processus pour obtenir...
M. Charette :
On ne part pas à zéro pour chacun des projets. Et, dans les délais eux-mêmes,
vous allez me permettre ce commentaire-là,
je comprends, là, que Stablex a fait les manchettes pendant les dernières
semaines, mais il faut expliquer pourquoi on parle d'autant d'années
entre le dépôt ou l'avis d'un projet à venir et la conclusion des dernières semaines. C'est que, pendant quelques
années, littéralement, le promoteur était sous l'impression qu'il y avait
une entente avec la ville de Blainville.
Donc, à partir du moment où on travaillait avec ce scénario-là, ça n'a pas
permis le développement d'un autre scénario. Si cette conclusion-là
avait été connue dès le départ, c'est-à-dire un retrait de la ville de sa... de
l'entente qui avait été signée, convaincu que les délais auraient été utilisés,
là, davantage de façon plus proactive.
Mme Dufour :
Oui, mais la ville a réagi ainsi suite aux informations qu'elle a obtenues lors
des audiences du BAPE. Alors, si, au moment que se tient le BAPE, il n'y a plus
moyen de reculer, c'est un problème.
• (10 heures) •
M. Charette :
En fait, je ne juge pas la décision de la ville parce qu'il y avait cette
clause de résiliation qui était possible. Je dis juste que, pendant de
nombreuses années, il y avait cette... C'est peut-être exagéré. Pendant
quelques années, il y avait cette impression que la recherche d'un site
différent n'était pas nécessaire compte tenu de l'entente entre l'entreprise et la ville. C'est ce qui fait qu'on parle
de délais beaucoup plus longs que les délais, là, qui s'appliquent
normalement.
Mme Dufour : Bien, l'entente a été signée en 2020 seulement et
l'avis de projet déposé en 2019. Donc, ça vient... ça reste qu'au moment que le
BAPE se fait il n'y a plus moyen de reculer, là. Il y avait une seule option,
et déjà on aurait pu prédire, en 2023, qu'on allait finir en bâillon.
M. Charette : Il faut distinguer, par contre... c'est-à-dire, si l'entente avait été respectée, il n'y avait pas d'enjeu, là, de part et d'autre et, encore une fois, il
faut distinguer le dépôt officiel du projet du début des discussions. Le début
des discussions par l'entreprise date de quelques années auparavant. Donc,
c'est réellement un processus qui s'est étalé sur un certain nombre d'années, et, dans l'intervalle, il n'y a aucune
autre entreprise qui s'est montrée intéressée à développer cette
spécialisation-là qui est très, très spécifique. Donc, n'ayant pas d'autre
alternative, c'est le site tout indiqué, là, dans les circonstances.
Mme Dufour :
Bien, ça revient... En fait, je pense très bien qu'en 2023 le sort était déjà
scellé, mais je vais vous amener ailleurs.
Il y a eu des échanges, lors du psychodrame avec Stablex, où on a demandé un
BAPE générique sur les matières
résiduelles dangereuses. Il y a eu plusieurs échanges où... même des députés de
la partie gouvernementale qui ont dit que ce n'était pas nécessaire
parce qu'il y avait eu un rapport sur la gestion des résidus ultimes en 2022.
Est-ce que vous partagez leur opinion?
M. Charette :
Lors de l'étude des... pas, non, lors de l'étude des crédits, mais lors de
l'étude détaillée du projet de loi
n° 81, on l'a bien mentionné qu'effectivement il y a eu cette étude faite
encore récemment, qu'on n'était pas fermés
à l'idée d'analyser d'autres opportunités. Donc, il n'y a pas de fermeture de
la part du gouvernement. Cependant, il faut voir quelle est la
plus-value des initiatives qui pourraient être retenues, parce qu'il y a
plusieurs évaluations qui se font au ministère actuellement au niveau de la
gestion des matières résiduelles dangereuses. Donc, on retiendra la même... pas la même, mais plutôt la meilleure
formule à terme. Il n'y a pas de fermeture. On veut s'assurer de retenir la
bonne approche pour être encore plus
proactifs sur cette question-là qui a beaucoup évolué au cours des dernières
années.
Mme Dufour :
Est-ce que vous pouvez m'indiquez, dans L'état des lieux et la gestion des
résidus ultimes, le rapport du BAPE de janvier 2022, où on parle de
matières résiduelles dangereuses?
M. Charette :
Bien, comme je vous mentionnais, c'était davantage générique puis c'était sur
la gestion des matières en particulier, qui
peut inclure la gestion des matières davantage dangereuses, mais, comme je le
mentionnais...
Mme Dufour :
Bien, en fait, c'est qu'il n'y en a pas, de mention des matières résiduelles
dangereuses.
M. Charette : Bien,
c'est-à-dire, à partir du moment où
on parle de gérer... La gestion ultime des déchets, c'est les déchets
dans leur ensemble. Et ce que je dis à la collègue et aux collègues...
Mme Dufour :
C'est complètement...
La Présidente
(Mme Maccarone) : Mme la députée, on va juste lui laisser
terminer... Merci. Il vous reste deux minutes.
Mme Dufour :
Je m'excuse, Mme la Présidente.
M. Charette : Ce que je mentionnais, c'est qu'on n'est pas
fermés à l'idée de procéder à d'autres évaluations, mais, pour le moment, on regarde ce qui est en
cours, ce que ça va nous apporter et voir quel serait le bénéfice d'avoir
une approche plus spécifique à travers... que ce soit un BAPE spécifique ou
autre.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci.
Mme Dufour : O.K.
La gestion des résidus ultimes n'a pas du tout été traitée dans... pardon, la
matière... les matières résiduelles
dangereuses n'ont pas du tout été traitées. Par contre, en 1990, il y a eu une
étude de la gestion des déchets des
matières dangereuses au Québec, et je peux vous dire que c'était très
exhaustif. D'ailleurs, le procédé Stablex était mentionné. Il n'y a rien
de tel dans le rapport du BAPE. Il mentionne pourtant beaucoup, beaucoup de
matières très détaillées, mais les matières résiduelles dangereuses sont
complètement omises, à l'exception de... on mentionne qu'elles peuvent être
incinérées, mais c'est tout. Je l'ai lu, le rapport, donc ce n'est pas du tout
exhaustif. On n'a pas fait ce portrait-là. Donc, la demande, elle est encore
nécessaire, puisque ça fait 35 ans qu'on a fait ce dernier portrait.
M.
Charette : Peut-être, sans vouloir contredire, apporter un
complément d'information à la collègue. Il y a un portrait sur
la gestion des matières qui a été fait, un portrait, là, qui couvrait les
périodes de 2012 à 2018. Ce qu'on a réitéré
depuis, c'est que c'est une priorité pour le gouvernement. Puis au départ...
dès le départ, plutôt, ça a été mentionné, là, qu'on est prêts à
envisager différentes avenues.
Et au niveau
de la gestion des matières résiduelles, la collègue va me dire que ce sont des
dossiers différents, mais ça fait
partie de la grande famille des matières résiduelles. Il y a énormément de
réformes qui sont en cours ou qui sont en application, que ce soit la
traçabilité des sols, que ce soit la collecte sélective, que ce soit la
consigne, que ce soit la gestion de la matière organique. Donc, ce sont
tous des types de matières résiduelles...
La Présidente (Mme Maccarone) : ...
Mme Dufour : Dans le rapport du
BAPE, il n'y a aucune mention des résiduelles... des matières résiduelles
dangereuses, alors qu'en 1990 on faisait un portrait très exhaustif. C'est ce
portrait-là qu'on a besoin aujourd'hui.
M. Charette : Bien, moi, je vous
dis...
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Le temps étant écoulé, nous allons passer au
deuxième groupe d'opposition. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, la
parole est à vous.
M.
Leduc : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre
et tous les gens qui vous accompagnent. C'est toujours impressionnant de
voir une salle aussi pleine et c'est là qu'on voit toute la profondeur de
l'État québécois et de son professionnalisme.
Je vais
rester sur Stablex. Ma collègue de l'opposition a bien ouvert, a bien mis la
table. Je vais aller sur les chiffres, notamment sur les quantités de
matières dangereuses, parce que, dans le cadre du bâillon puis des débats qu'il
y a eu alentour de ça, le gouvernement, à travers
votre collègue, là, la ministre des Ressources naturelles, disait
toujours : Oui, mais on exporte
quatre fois plus de déchets dangereux qu'on en importe. Et là, nous, on
disait : Bien, voyons, ce n'est pas
les chiffres qu'on a, ce n'est pas ce que le BAPE nous a dit. Et on se faisait
toujours répondre : Non, mais le BAPE n'a pas les bons chiffres.
Bon, ça fait
qu'en préparation de la présente étude des crédits on a écrit à votre
ministère : Pouvez-vous nous envoyer les bons chiffres? Et là on les a
reçus, et ils sont, à une virgule près, exactement les mêmes chiffres que ceux
qu'on retrouvait dans le BAPE. Qu'est-ce qui se passe?
M. Charette : Bien, on peut
l'expliquer de différentes façons. Les entreprises qui exportent de leurs
matières résiduelles dangereuses, ce n'est pas entièrement et ce n'est pas
totalement régi, ce qui fait qu'il y a des exportations dont on n'a pas les volumes précisément. Donc, lorsque l'on dit :
Environ quatre fois plus, c'est effectivement des évaluations approximatives
qui sont faites avec des certitudes, par contre, ce qui représente des
déclarations obligatoires. Donc, on sait
qu'on en exporte beaucoup plus qu'on en importe. On estime que ça peut être à
hauteur de quatre fois plus, mais il
y a des approximations derrière ça, parce qu'il n'y a pas d'obligation, de la
part de chacun des exportateurs de matières dangereuses, de déclarer ce
qu'elles exportent. Mais, dans ce que l'on sait, on sait que c'est à l'avantage
du Québec qu'il y ait un site spécialisé comme Stablex. On sait qu'on en
exporte davantage que l'on en importe.
Et, au niveau
des importations, ça, c'est une question, là, qui est importante et
intéressante à aborder. Ce n'est pas parce qu'on en importe que c'est
uniquement pour enfouissement ou pour traitement ultime. Dans certains cas,
on va importer de cette matière dangereuse là pour la valoriser en partie...
La Présidente (Mme Maccarone) : ...M.
le ministre. Merci.
M. Charette : ...et pour s'assurer
que l'enfouissement se fasse au minimum.
La
Présidente (Mme Maccarone) : M. le député d'Hochelaga, continuez avec votre
prochaine question. Merci.
M.
Leduc : Merci. Les chiffres sont têtus, quand même, M. le
ministre. Puis je disais à une virgule différente, là, c'est que, dans le BAPE, on parlait de
302 000 tonnes puis là, ici, on parle de 303 000 tonnes...
sans dire que c'est le même chiffre,
mais c'est juste que ça ne marche pas, là, votre explication, en ce sens que,
selon vos chiffres, maintenant, ce
n'est plus les chiffres du BAPE, c'est maintenant vos chiffres, c'est ceux que
vous nous avez fournis, on exporterait 50 %
moins de matières. Puis, dans le débat sur le bâillon, vous nous disiez :
On en exporte 400 fois plus. Ça fait que, là, l'écart, il n'est pas... il est monstrueux. Ça fait que, là, vous
nous dites : Nous, on vous fournit des chiffres maintenant, le ministère nous fournit des chiffres officiels,
c'est vos chiffres, mais ce n'est toujours pas des bons chiffres, même si
c'est rendu vos chiffres.
• (10 h 10) •
M.
Charette : Bien, en fait, il ne faudrait pas que le collègue
prenne l'habitude de me faire dire ce que je n'ai pas dit. Lorsqu'il est
question d'importation et d'exportation de matières dangereuses, il faut faire
des distinctions, notamment entre ce qui est dédié à l'enfouissement et ce qui
est dédié à une valorisation potentielle. Dans la matière que
l'on importe, il y a beaucoup de cette matière-là qui est dédiée à la
valorisation avant de parler d'enfouissement. Donc,
c'est une matière qui évite, dans certains cas, de recourir à l'extraction. Si
on y va de... au niveau des ressources naturelles, dans certains cas,
avec la valorisation, ça nous évite d'extraire encore plus de minéraux, parce
qu'on est en mesure de valoriser les minéraux qui sont contenus dans la matière
qui est importée. Mais, dans certains cas, c'est dédié uniquement à
l'enfouissement, et c'est là où on est gagnant au niveau québécois, c'est qu'on
exporte davantage que l'on importe. Mais il
ne faut pas faire dire aux chiffres ce qu'ils ne disent pas. Et dans tous, tous
les cas, dans le dossier Stablex, mais dans cette question-là...
La Présidente (Mme
Maccarone) : ...M. le ministre, question de proportionnalité. Merci.
M. le député.
M. Leduc : Bien sûr. Mais, encore une fois, là, vous avez
dit : Les chiffres du BAPE ne sont pas bons, mais vous nous
resoumettez exactement les mêmes chiffres. Ça veut-tu dire que ces chiffres-là
ne sont pas bons aussi?
M. Charette :
On ne dit pas qu'ils ne sont pas bons, c'est que ça ne reflète pas
l'entièreté du portrait. C'est deux choses complètement différentes. Il faut
distinguer importations, exportations uniquement pour enfouissement versus
importations, exportations pour valorisation et ensuite enfouissement.
M. Leduc : Pourquoi
vous ne fournissez pas ces chiffres-là aussi?
M. Charette :
Bien, et ce que je mentionnais d'entrée de jeu, dans ce qui est exporté,
les entreprises ne sont pas tenues de tout déclarer. Donc, on n'est pas en
mesure d'avoir un portrait qui est précis. Selon les autorisations, par contre, qui sont données, on est en mesure de
faire des estimations. C'est ce qui nous permet de dire que l'on exporte
vraisemblablement quatre fois plus que l'on en importe ultimement. Et juste...
M. Leduc : Même
s'ils ne sont pas tenus de le...
M. Charette :
...ce que j'allais mentionner tout à l'heure...
La Présidente (Mme
Maccarone) : M. le député.
M.
Charette : ...et c'est
important, il y a des règles aussi au niveau du commerce international. À
partir du moment où on dit : On
n'importe plus, nos contreparties pourraient nous dire : Bien, si c'est
comme ça, on ne vous permet pas d'exporter. Et c'est là où on serait
largement pénalisé, là, au niveau du Québec.
M. Leduc : Vous
dites : Ils ne sont pas tenus de nous fournir les informations, mais vous
avez des bonnes relations avec les entreprises. Pourquoi vous ne faites pas
juste leur demander? Probablement que s'il y a une bonne relation, ils vont
vous les donner, ces chiffres-là. Puis en plus, la liste des entreprises, on
l'a ici, là, vous nous l'avez fournie, là,
qui exportent puis qui importent, tout est écrit à la page 2, ici, là. Il
suffit de faire un petit appel, un petit courriel. Il n'y en a pas 50,
là, il y en a à peu près une dizaine dans chacune des deux catégories.
M. Charette :
Si le collègue souhaite avoir des
chiffres plus précis sur ce qui est exporté, là, on a un tableau... importé
plutôt, on a un tableau, là, très précis qui pourrait être transmis au
secrétariat de la commission, qui pourrait être partagé. Mais, encore une fois, ce que ça nous démontre, c'est
qu'on serait pénalisé, si les frontières étaient fermées. Actuellement,
c'est un commerce qui est... quand je dis à notre avantage, c'est qu'il sert
bien le Québec. Et il ne faut pas perdre de
vue la spécialisation de ces entreprises-là aussi. Comme ministre de
l'Environnement, j'aime mieux avoir peu de sites ultraspécialisés qu'avoir une
multitude de sites qui seraient plus difficiles à contrôler et qui
n'offriraient pas les mêmes garanties. Donc, ça, c'est la vision
québécoise, mais c'est la vision de nos voisins aussi.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. M. le ministre, je souhaite...
M. Charette :
Donc, lorsqu'on exporte, on exporte vers des sites qui...
La Présidente (Mme Maccarone) : M. le ministre, je souhaite juste confirmer votre
intention de déposer votre document d'ici la fin de la séance.
M. Charette :
Oui, avec le consentement, sans problème.
M. Leduc :
Oui, oui, bien sûr, mais là c'est quand même un peu...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. M. le député.
M.
Leduc : C'est un peu
étonnant parce que, là, vous nous dites : On a un autre tableau qui n'est
pas le même que celui que vous nous avez fourni pour l'étude des
crédits.
M. Charette : Bien,
en fait, là, je ne sais pas à quel tableau le collègue fait référence
spécifiquement. Moi, ce que je propose de déposer à la commission, c'est un
tableau sur les dernières années au niveau des importations.
M. Leduc : Bien, ça aurait été
plaisant de l'avoir pour l'étude des crédits.
M. Charette : Bien, ça dépend de la
question qui est posée à travers l'étude des crédits et peut-être...
M. Leduc : Bien,
la quantité des déchets industriels dangereux importés au Québec puis la
quantité des déchets industriels dangereux exportés au Québec.
M. Charette : Là, moi, je parle
d'importation. Le collègue parle d'exportation.
M. Leduc : Les deux, les deux
questions ont été posées.
M.
Charette : Et je ne dis pas que le tableau que je suis
disposé à déposer ne l'a pas été à travers l'étude des crédits. Je ne
sais juste pas à quel tableau le collègue fait référence.
M. Leduc : Parfait. On verra le
tableau puis on y reviendra peut-être cet après-midi, si ça nous chante.
Restons sur
Stablex toujours... et, en fait, restons sur Stablex, mais sur le thème plus
large. Vous nous dites qu'on n'a pas
les détails, entreprise par entreprise, on est obligé de faire des... pas des
spéculations, mais des espèces de règles de trois, j'imagine, là, sur
une estimation de combien ça représente. Mais ce n'est pas là l'argument
suprême que vous nous livrez, que vous n'avez pas cette information-là, pour
faire un BAPE sur les matières dangereuses au Québec.
M.
Charette : En fait, ce que je mentionne, on sait très bien ce
que Stablex traite. Ça, ce sont des données que nous avons. Ce que nous n'avons pas dans le détail, parce que les
entreprises ne sont pas tenues, selon la réglementation, de tout
dévoiler, c'est au niveau de leurs exportations. Donc, c'est deux choses
différentes, mais ce qui est traité chez Stablex,
on a le fin détail de tout le tonnage qui est acheminé. Il y a des informations
qui ne peuvent être rendues publiques, par contre, parce qu'on peut
penser à du secret industriel derrière ça, mais le ministère de
l'Environnement, lui, sait parfaitement quel est le tonnage qui est dirigé vers
Stablex.
Et, encore là, Stablex va recevoir, va traiter,
va valoriser, va enfouir, de façon ultime, une portion mais pas la totalité de ce qu'elle reçoit, là, sur le site.
Donc, ce n'est pas qu'un site d'enfouissement, c'est un site aussi de
stabilisation, ultimement, de valorisation et d'enfouissement lorsque
c'est le dernier recours possible.
M.
Leduc : Je comprends que vous avez des informations plus
pointues sur Stablex, mais, comme je vous disais, il y a une dizaine
d'entreprises dans la liste que vous nous avez fournie. Moi, ce que j'essaie de
comprendre, c'est : Ça ne vous intéresse pas de savoir, les autres
entreprises, qu'est-ce qu'elles produisent aussi, qu'est-ce qu'elles importent,
qu'est-ce qu'elles exportent plus précisément?
M. Charette : Ce qu'elles exportent?
M. Leduc : Et qu'elles importent
aussi.
M.
Charette : Ce qu'elles importent, on a un portrait de ce qui
est importé. Ce que je mentionne depuis le début, c'est qu'on ne sait
pas forcément toutes les quantités qui sont exportées.
M. Leduc : Bien, ça ne vous
intéresse pas de le savoir?
M. Charette : Ce qui est exporté,
bien, c'est-à-dire, notre réglementation nous permet d'avoir l'information qui est requise pour les fins de respect de
notre... de nos obligations, mais, ultimement, il y a des services entre
entreprises qui sont de part et d'autre de la frontière qui ne sont pas
tous régis dans le détail par la réglementation québécoise, là. Ce qui est
exporté, à partir du moment où ce n'est plus sur le territoire du Québec, on
s'entend que ce n'est pas la responsabilité,
dans le fin détail, du ministère de l'Environnement. On va s'assurer que le
transport se fait de façon... Voilà.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
M. le député.
M.
Leduc : Dans le temps qu'il me reste pour le premier bloc,
M. le ministre, je veux vous souligner, vous êtes certainement au courant que,
face à votre refus de procéder à un BAPE sur les matières dangereuses, tel
qu'il a été recommandé par le BAPE, sur Stablex, la commission... la Communauté...
métropolitaine de Montréal, pardon, la CMM,
elle a décidé de faire à peu près le même exercice, mais sur sa propre base,
là. Il y a un communiqué qui est sorti, il y a quelques semaines, qui
dit : «Le gouvernement du Québec [a] choisi de ne pas donner suite à la
recommandation du BAPE [...] la CMM a
mandaté sa commission de l'environnement et de la transition écologique afin
qu'elle étudie la question. La
commission devra produire un portrait détaillé des matières dangereuses
résiduelles actuellement traitées et enfouies
dans le Grand Montréal.» Ça fait que, là, eux autres, évidemment, ils ne feront
pas l'étude pour le Québec au grand complet, mais ils vont le faire pour
le Grand Montréal.
Ma
question est la suivante : Ce n'est pas un peu gênant de voir qu'une
instance comme la CMM, qui n'a pas les mêmes moyens que le ministère de
l'Environnement du Québec, fait un peu votre job?
M. Charette : En fait, ce que je
trouve gênant, en tout respect, c'est de me prêter des intentions. Le collègue
a mentionné notre refus de... J'ai mentionné à la collègue, il y a quelques
instants, il n'y a pas de refus. On évalue actuellement ce qu'il est nécessaire
d'obtenir comme nouvelles informations ou comme nouvelles façons de faire. Donc, un BAPE générique sur la question spécifique
de la matière dangereuse n'est pas exclu, mais il faut voir ce que l'on a comme outils actuellement et il faut voir
ce que ça nous apporterait de plus, ultimement. Donc, il n'y a pas de refus, on
y va avec une séquence logique.
Et le collègue va me permettre de répondre, là,
par rapport à nos exportations. Actuellement, les entreprises du secteur industriel sont tenues de dévoiler ce
qui est exporté, mais tout ce qui est, par exemple, les ateliers mécaniques
ou même des instances qui relèvent du
gouvernement, les hôpitaux, parce qu'il y a beaucoup de déchets médicaux, les
municipalités ne sont pas tenues de déclarer
ce qui est exporté. Donc, c'est là où on est en mesure... Le collègue utilisait
l'expression «règle de trois», mais c'est une évaluation sommaire qui est faite
et...
M. Leduc : Est-ce que vous pensez
qu'on devrait changer ça, que ça doit être tenu de donner les données?
M.
Charette : Et je parlais du milieu municipal... à rappeler
que le milieu municipal est un des principaux clients de Stablex aussi.
M.
Leduc : Bien, est-ce qu'on devrait changer ça, M. le
ministre? Vous dites : Ils ne sont pas tenus de le faire. On
devrait changer ça?
M.
Charette : Bien, c'est-à-dire, je le mentionnais à la
collègue, depuis que je suis en fonction, il y a énormément de modernisation qui s'est opérée au niveau de la
gestion des matières résiduelles, que ce soit traçabilité des sols, consigne,
collecte sélective, matières organiques. Donc, on est toujours prêt à
s'améliorer. Donc, il y aura peut-être des étapes qui iront dans ce sens-là, mais il faut aussi laisser le temps à cette
réglementation de se mettre en place. Le tout... le but n'est pas de
multiplier les règlements, s'assurer que les règlements adoptés...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le ministre.
M. Charette : ...soient bien
respectés et mis en place.
• (10 h 20) •
La
Présidente (Mme Maccarone) : Le temps étant écoulé, du deuxième bloc, je passe
la parole maintenant au député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. M. le ministre, je salue également vos équipes et tous les collègues. Je vais également continuer sur la
même thématique. Il y a eu quand même de grands débats, beaucoup de questions
qui ont été posées sur la provenance des matières dangereuses enfouies par
Stablex. Votre compréhension des choses, si
on veut résumer, là, quels sont les chiffres que vous possédez pour nous
démontrer ce qui est véritablement, selon les mots qui ont été utilisés
par le gouvernement, «une urgence nationale» en ce qui concerne le traitement
des matières résiduelles par Stablex? Quelles
sont... Quelle est la proportion des déchets qui ne sont pas des déchets
québécois?
M. Charette : L'urgence s'expliquait
de façon très simple, c'est l'absence d'alternative. C'est l'argument derrière
les démarches qui ont été entreprises et confirmées au cours des dernières
semaines. Je le mentionnais tout à l'heure,
pour le traitement de la matière dite régulière, les alternatives sont
nombreuses, mais, pour ce qui est de la matière dangereuse, on n'a
aucune autre alternative au Québec.
Pour ce qui est de la provenance des matières
traitées par Stablex, on est essentiellement, là... 60 % des déchets, là, qui proviennent du Québec, avec
40 % qui proviendraient d'ailleurs dans un rayon de
2 000 kilomètres à la ronde pour 80 000 tonnes,
essentiellement. Et, de ces 80 000 tonnes là, on a 24 % de
quantité qui proviennent des États-Unis et
on a 16 % qui proviennent d'ailleurs au Canada. Mais, si on parle d'un
rayon de 2 000 kilomètres, on s'entend, là, que c'est principalement Ontario, sinon
provinces maritimes. Et, à l'inverse, on exporte aussi, notamment en Ontario, pour
ce qui est des déchets nucléaires. On ne traite pas le nucléaire au Québec.
La Présidente (Mme Maccarone) :
Merci. M. le député.
M.
Arseneau : Mais du point de vue... d'un point de vue
québécois, du point de vue des citoyens, du point de vue d'un ministre
de l'Environnement, est-ce que la production responsable de déchets ne vient
pas avec sa disposition localement, dans une espèce d'approche circulaire où,
objectivement, on devrait aspirer à ce qu'on puisse traiter nos propres déchets? Il y a d'ailleurs des États des
États-Unis qui interdisent complètement l'importation de déchets ultimes.
Pourquoi le Québec n'aspire-t-il pas à traiter
lui-même ses propres déchets, ce qui, dans le cas de Stablex, nous aurait
évidemment donné 25 %, 35 %, 40 % plus d'espace pour traiter nos
propres déchets, et donc on aurait pu et on pourrait encore utiliser les
cellules qui étaient déjà présentes beaucoup plus longtemps, si on ne traitait
que nos propres déchets, non?
M.
Charette : La question se pose. Cependant, l'expérience des
dernières années démontre que le pourcentage de matières québécoises traitées par Stablex augmente de façon
significative. Donc, c'est d'abord et avant tout pour répondre aux
besoins des entreprises, mais également des municipalités. Et je vais le dire
de façon très, très respectueuse, je comprends que les municipalités se soient
positionnées dans le dossier Stablex. Ce que je trouve ironique, et je le dis de façon... je le dis de façon
respectueuse, c'est que les villes sont parmi les principales clientes de
Stablex. Et, quand je vois certains recours, certains propos qui ont été tenus,
ils sont tenus parmi les plus grands clients de Stablex et ils savent
pertinemment qu'ils n'ont pas d'alternative pour cette matière-là. Donc, c'est
ce qui n'a pas aidé, j'imagine, à la
compréhension du débat. Et moi, je tiens à ce que Montréal, qui est une grande
cliente de Stablex, je tiens à ce que la STM, la Société de transport
de Montréal, qui est une grande
cliente de Stablex, puisse bénéficier des services de Stablex, sans quoi
ils n'auraient pas d'autre alternative.
La Présidente (Mme Maccarone) : En
conclusion... Merci.
M. Arseneau : Mais est-ce que le
gouvernement, est-ce que vous pourriez être enclin à limiter davantage la
provenance de déchets qui viennent d'ailleurs qu'au Québec? Dans le cas, par
exemple, d'un lieu d'enfouissement comme
celui-là, là, la limite existe déjà à 45 %, puis c'est arbitraire, au
début, c'était 25 %. Pourquoi ne pas y revenir? Pourquoi ne pas
aspirer à ça?
M. Charette : Comme je mentionnais,
c'est en baisse constante, ce qui est importé. Mais, à l'inverse, il faut voir quel serait le coût d'une mesure pareille. Si
on limite l'exportation... l'importation, c'est-à-dire, et qu'on nous imposait
cette contrainte-là, ça voudrait dire qu'on
devrait traiter ce qu'on ne traite pas actuellement en sol québécois. Je
parlais du nucléaire, tout à l'heure, il y a des entreprises spécialisées qui
font bien ce travail-là, en Ontario notamment, ce qui nous enlève la responsabilité de le faire. Donc,
il faut y voir un échange de services qui est profitable à l'environnement. Si on devait tout traiter au Québec, ça voudrait
dire plus de lieux d'enfouissement technique, ça voudrait dire possiblement
davantage d'incinérateurs, ça voudrait dire
vraisemblablement davantage d'infrastructures spécialisées, ça veut dire plus
de mesures de contrôle. Donc, il ne faut pas juste se limiter au tonnage, il
faut savoir qu'est-ce qui s'est développé comme spécialisation et voir dans
quelle mesure c'est profitable pour le Québec.
M.
Arseneau : Mais je reviens à la notion même de production de
déchets, de réduction à la source. Est-ce que vous ne pensez pas que ce qui est appliqué, par exemple, dans d'autres
secteurs, où on va tarifer, par exemple, le carbone, bien, si on en vient à exiger des entreprises et des
Québécois en général qu'ils soient plus responsables de la production de leurs
déchets, y compris les déchets dangereux, que c'est ce vers quoi le ministère
de l'Environnement devrait tendre,
c'est-à-dire une gestion plus responsable de la consommation, de la production
et ultimement du traitement?
M. Charette : Et toutes les réformes
qui ont été entreprises ces dernières années vont dans ce sens-là. Ce que je
mentionnais précédemment, c'est qu'on ne peut pas multiplier en même temps la
réglementation, sans se donner le temps de
les mettre en application. Mais la logique des dernières années, là, sur les
différents types de matières résiduelles, va dans ce sens-là. Donc, il y aura d'autres règlements, il y aura
d'autres mesures dans ce sens-là, mais il faut se donner le temps de les mettre en application. Actuellement,
on a un système qui favorise les déchets québécois, parce que, pour ce
qui est de Stablex, c'est aussi son mandat de traiter en priorité la matière
dangereuse québécoise. Et...
La Présidente (Mme Maccarone) : En
terminant.
M. Charette : ...loin de moi l'idée,
là, d'adresser des reproches, faire de la politique partisane...
La Présidente (Mme Maccarone) : En
terminant, M. le ministre.
M. Charette : ...mais, au fil des
années, Stablex a été reconnu comme joueur incontournable...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le ministre.
M. Charette : ...par les
gouvernements libéraux et du Parti québécois.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci, M. le ministre. La parole est maintenant au
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Mais je voudrais juste
mentionner que vous dites Stablex, mais c'est uniquement des choix
d'entreprise. Dans le projet de loi, rien n'oblige ou rien ne garantit que
Stablex ait l'obligation de traiter les matières résiduelles produites au
Québec en priorité, ou la totalité, ou... la continuité des opérations,
d'aucune façon, ne peut être garantie par le projet de loi. Vous en êtes bien
conscient.
M. Charette : Et là il faut
distinguer le projet de loi de la réglementation. Le projet de loi nous
permettait de répondre à une urgence face à un bris de service qui était plus
que probable. Et je vous invite et j'invite les collègues à lire les jugements
en ce sens-là, la cour va directement dans le sens de l'argumentaire du
gouvernement au niveau de l'urgence de la situation, mais
la réglementation permet d'imposer des conditions, notamment sur les
proportions, sur la nature des déchets qui s'y retrouvent et ultimement des
redevances à l'enfouissement. Donc, le projet de loi, c'était pour répondre à
l'urgence, mais la réglementation nous donne cette latitude-là.
M. Arseneau : Mais il n'y a quand
même rien dans le projet de loi qui garantit que Stablex va privilégier le traitement des matières résiduelles produites au
Québec ou en assurer le traitement. Mais je veux vous amener... Oui, oui.
M. Charette : En priorité, mais
peut-être juste... il ne faut pas se laisser sur une fausse impression. Dans le
décret qui est accordé à l'entreprise, cette question-là, elle est abordée, là,
au niveau de la priorisation.
M. Arseneau : Mais il n'y a aucune
obligation imposée à l'entreprise.
M. Charette : Dans le décret, il y a
des obligations qui sont précisées, et la réglementation nous permet de changer
des conditions, même en cours de route. La réglementation sur la gestion des
matières résiduelles peut être modernisée, et elle l'a été régulièrement, et
devient continuellement davantage contraignante.
M.
Arseneau : Et est-ce qu'on pourrait envisager de réduire la
proportion des déchets qui viennent des États-Unis ou d'ailleurs, des
autres juridictions?
M. Charette : Bien, comme je l'ai
mentionné, la proportion québécoise, au fil des années, augmente sans cesse, et, du coup, la proportion de ce qui est
importé diminue d'autant à chacune des fois. Et au final, là, on sera
vraisemblablement à du 80 %-20 %.
M. Arseneau : Mais est-ce qu'on va
l'imposer ou on laisse l'entreprise gérer ça au fur et mesure?
M.
Charette : C'est... il faut répondre aux besoins des
entreprises et des municipalités du Québec, et, à partir du moment où
elles ont davantage de besoins, ça laisse toujours moins de place à la matière
qui est importée.
M. Arseneau : Mais est-ce qu'elles
ont priorité?
La
Présidente (Mme Maccarone) : M. le député, on va juste laisser le ministre
répondre à votre question. Merci.
M.
Charette : Oui, c'est le décret... En fait, Stablex a pour
mandat de prioriser la matière québécoise. D'ailleurs, quand le Parti
québécois a travaillé à développer Stablex, parce que c'est une création du
Parti québécois, c'était justement pour répondre à cet impératif-là de gestion
de la matière dangereuse au Québec.
M.
Arseneau : On a beaucoup parlé des recommandations du BAPE
qui ont été rejetées du revers de la main. Ma question est à savoir : Du point de vue ministériel, à quoi a
servi... à quoi ont servi les consultations du BAPE, si on refuse
essentiellement l'ensemble des conclusions du BAPE, y compris ses
recommandations sur le développement d'une
nouvelle cellule, d'une part, recommandation-phare, s'il en est une, et,
d'autre part, la recommandation de faire un état des lieux? Pourquoi se
refuser à entendre et à mettre en application les recommandations du BAPE?
• (10 h 30) •
M. Charette : De tout temps, le
BAPE, si on fait... si on recule dans le temps, là, c'est une instance qui est non décisionnelle. Et ça ne me tente pas d'entrer
dans cette dynamique-là, mais je pourrai très bien relater, là, dans le temps,
lorsque c'était un gouvernement du Parti québécois ou du Parti libéral, le
rapport ou... les rapports du BAPE ne sont pas
décisionnels, mais ça demeure un exercice hautement, hautement légitime et
utile. C'est une instance-phare de notre procédure d'évaluation, parce
que ça permet justement d'entendre les doléances du public, ça permet
d'expliquer un projet. Mais les rapports du BAPE sont... constituent une étape.
La procédure d'évaluation, ce n'est pas une étape finale et ce n'est pas une étape qui est décisionnelle. Autrement, il
n'y aurait pas de REM à Montréal, parce que le BAPE était essentiellement contre, il n'y aurait pas de
projet de tramway à Québec, parce que le BAPE s'était montré critique.
Donc, ce sont
des rapports qui nous aident à améliorer des projets, et c'est là où l'instance
demeure totalement pertinente et utile. Et le collègue se souvient des
amendements au projet de loi n° 81...
La Présidente (Mme Maccarone) :
Merci, M. le ministre. Merci beaucoup.
M. Charette : ...on est même venu
renforcer les pouvoirs du BAPE.
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
le député, la parole est à vous. Merci.
M. Arseneau : Je reviens sur la
recommandation de l'état des lieux. Vous avez dit à mes collègues que vous n'étiez pas fermé à cette proposition-là.
Pourtant, il y a des déclarations qui ont été rapportées par les médias qui
indiquaient plutôt le contraire, c'est-à-dire que vous ne démontriez pas
aucune ouverture à faire cet exercice-là.
Est-ce que
vous êtes en train de nous dire qu'on pourrait le faire, que vous êtes
véritablement disposé à le faire? Parce
que je pense que l'inquiétude des citoyens est réelle. Peut-être détenez-vous
de l'information que les citoyens ou les partis
d'opposition n'ont pas. Mais, sur la gestion des matières résiduelles, sur la
quantité produite, sur la façon dont les
traitements sont faits et comment on en dispose, est-ce que vous êtes d'accord
pour dire qu'on peut faire preuve d'une plus grande transparence, plus
de rigueur et qu'on pourrait se donner comme mandat de faire un état des lieux?
M. Charette :
Je le mentionnais au collègue précédent, il n'y a pas de contradiction. Le
gouvernement a mentionné qu'il est prêt à
considérer cette idée d'un BAPE davantage générique sur la gestion des matières
dangereuses. Cependant, on veut s'assurer que ça apporte quelque chose
de plus à ce qui se fait et se développe maintenant. Donc, c'est cette évaluation qui est faite maintenant.
C'est ce qui m'a fait dire que non, aujourd'hui, on n'en voit pas la pertinence,
mais, suite à l'évaluation qui est faite, il
n'est pas dit qu'on n'en demandera pas un. D'ailleurs, on a fait cette demande
pour un BAPE générique dans le cas de l'amiante, il y a quelques années, il y a
tout juste... donc ce n'est pas exclu d'emblée.
Le ministère détient énormément d'informations sur ce qui est traité au Québec,
comme ça a été mentionné. On n'a pas toute l'information, par contre,
sur ce qui est exporté par rapport aux explications que j'ai données.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Ceci met fin au troisième bloc. Nous allons maintenant
continuer avec l'opposition officielle. Mme la députée de Mille-Îles, la parole
est à vous.
Mme Dufour : Merci,
Mme la Présidente. En janvier dernier, The Guardian a fait tout un
reportage, là, sur l'exportation de matières
vers le Canada et le Mexique. Et un des éléments qu'il mentionnait, c'est que,
finalement, lorsque la matière
traverse la frontière, bien, l'entreprise américaine se débarrasse de sa responsabilité,
une responsabilité qui, semble-t-il,
aux États-Unis, perdure à l'éternité alors qu'une fois traversée la frontière,
ils ne l'ont plus. Est-ce que c'est votre lecture aussi?
M. Charette :
Déjà mentionné que cet article-là comportait plusieurs biais, un article
qui mettait en scène des spécialistes que
j'ai de la misère, personnellement, à identifier comme étant des spécialistes.
On parlait davantage de militants
dont une cheffe de parti politique. Donc, ce n'est certainement pas une objectivité,
là, qui est assurée. Sinon, comme je le mentionnais, on a une très, très
bonne connaissance de ce qui est importé, donc traité au Québec, et la responsabilité assumée, elle est complète. Mais, à
l'inverse, on exporte beaucoup, beaucoup de matières, et c'est certain, lorsque
cette matière-là a quitté le territoire du Québec, notre responsabilité...
Mme Dufour :
Bien, je vais répéter ma question, juste... je vais répéter ma question. Est-ce
qu'il est vrai qu'aux États-Unis la responsabilité perdure dans le temps
versus... une fois que la matière américaine traverse la frontière,
l'entreprise américaine n'a plus la responsabilité, s'il y a contamination dans
le futur?
M. Charette :
Bien, c'est la même chose au Québec.
Mme Dufour : Mais
est-ce que c'est vrai?
M. Charette :
C'est ce que j'allais donner comme réponse. À partir du moment où la
matière a quitté le Québec, la
responsabilité n'est pas la même. On a une responsabilité sur ce qui est traité
en sol québécois. On s'assure que
c'est fait de façon rigoureuse et responsable, et c'est peut-être une question,
là, qui vaut la peine d'être précisée. On a des lois, on a des règlements qui s'adaptent. Donc, même s'il y a une
autorisation qui est donnée pour un lieu d'enfouissement technique, il
n'est pas dit qu'on ne peut pas, en cours de route, renforcer cette
réglementation, et c'est ce que l'on fait.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci, M. le ministre. Merci, M. le ministre.
Mme Dufour : Un
des éléments qui est mentionné dans l'article, et nonobstant, là, disons, la
véracité des autres faits, il parle de la Fonderie Horne, et la Fonderie Horne
est établie à Rouyn-Noranda depuis de très, très, très nombreuses décennies.
Mais il y a une réalité, c'est que la matière qui rentre à la fonderie, dans
les dernières années, a beaucoup changé. Et ma question, c'est : Est-ce
que le ministère sait les matières qui rentrent à la fonderie pour évaluer les
émissions ou les contaminants qui pourraient se retrouver dans l'air?
M. Charette :
Le cas spécifique de la fonderie, oui. Mais, en fait, ce qui est traité au
Québec, la réponse, elle est oui, mais j'ajouterai le cas de la fonderie est
particulier, en ce sens que c'est probablement un des sites les plus
surveillés, là, par le ministère de l'Environnement. Donc, on a des données
fines à ce niveau-là.
Mais, pour ce qui est
de l'importation de matière, c'est là aussi où il faut préciser les
responsabilités. C'est le gouvernement
fédéral qui a la responsabilité de réglementer ce qui peut entrer ou pas comme
contaminants potentiels. Il, le
gouvernement fédéral, a eu un rôle à jouer, là, ces dernières années dans
différents dossiers, hein? Il a été interpelé dans le cas de la Fonderie Horne, notamment. Mais, pour
ce qui est de la matière qui est importée, la réglementation, elle n'est
pas québécoise, elle est fédérale.
Mme Dufour : Donc, le ministère sait si les matières... connaît
la nature de toutes les matières qui rentrent à la fonderie?
M. Charette : Oui.
Et, dans les autorisations qui sont délivrées, ces questions-là sont abordées,
et les obligations qui sont imposées à l'entreprise sont aussi contenues, là,
dans ces autorisations-là. Et, au final, on sait parfaitement bien ce qui est
émis par la fonderie.
Mme Dufour : Oui, ce qui est émis,
mais ma question, c'est : Même si on sait ce qui rentre, mais... est-ce qu'on connaît vraiment la composition de ce qui
rentre? Tu sais, on sait que des téléphones cellulaires arrivent là. Est-ce
qu'on connaît tous les matériaux qui sont utilisés et qui vont être fondus?
M. Charette : En fait, la matière,
oui. Est-ce que c'est un degré de détail à ce point, en provenance de téléphones cellulaires ou autres? Dans le fond,
c'est la matière, et peut-être pas le produit, là, qui est répertoriée de cette
nature-là, mais, oui, on a ce degré de détail
là. Et, au niveau des contaminations liées aux émissions, on a un détail
extrêmement précis. Les autorisations nous permettent d'agir sur ces
questions-là.
Mme Dufour : Parlons aussi de la
contamination de l'eau. Il y avait... En juin, là, votre ministère a émis une
amende, là, pour une contamination dans le lac Rouge... le lac Rouyn, pardon.
Donc, je voulais savoir : Est-ce que ça a été corrigé depuis? Parce que
semble-t-il que ça semblait compliqué à corriger.
M.
Charette : Moi, je l'ai dit ouvertement depuis le début et je
n'ai aucun mal à le répéter, en environnement, là, on a de mauvais
élèves, clairement, là, des entreprises qui essaient de passer entre les
obligations qui leur sont imposées, et on a de bons élèves. La Fonderie Horne,
au cours des dernières années, pour nous, est un interlocuteur crédible. Ils
ont démontré la bonne volonté nécessaire, et, lorsque des problématiques sont
identifiées, on n'a jamais eu de rebuffade de la part de l'entreprise pour
corriger une situation, que ce soit au niveau de la qualité de l'air, la
qualité de l'eau. Donc, pour nous, c'est un partenaire, là, qui demeure un
partenaire d'importance pour améliorer...
Mme Dufour : Mais est-ce que ça a
été corrigé? C'est ça, la question. Parce qu'il y a eu une amende...
M. Charette : Bien, est-ce que tout
est corrigé versus est-ce qu'on est en processus de correction? On est en
processus de correction avec la collaboration, là, des acteurs, là, qui sont en
cause.
Mme Dufour : Et les prochains tests
vont se faire à quel moment?
M. Charette : Je n'ai pas de
calendrier précis à ce niveau-là. Ce que je peux mentionner, par contre, et je
le disais tout à l'heure, c'est probablement un des sites industriels les plus
surveillés. C'est un suivi qui est serré, qui est en continu, avec une
amélioration constante de leurs plans.
Mme Dufour : O.K. Merci.
M. Charette : D'ailleurs, il y a un
bilan, là, ces derniers jours, qui a été publié, qui est drôlement intéressant
pour la région.
• (10 h 40) •
Mme
Dufour : Merci. Je vais vous amener sur un autre dossier
qui a fait beaucoup l'actualité, Northvolt. Il y avait... Le projet, on
le sait, actuellement, est à l'arrêt, mais ça reste qu'il y avait, à l'époque,
des discussions sur les normes de rejets. Il
y avait des normes pour le nickel dans l'eau, le lithium dans l'air et dans
l'eau qui n'existent pas au Québec et
qu'il fallait mettre en place, parce que Northvolt, s'ils allaient de l'avant,
ils feraient ce genre d'émissions là, de contaminants. Je vous ai écrit une lettre en août dernier vous
demandant, là, d'agir en toute transparence pour établir les nouvelles
normes environnementales. Je n'ai pas eu de retour. Donc, peut-être, ça serait
l'occasion de nous tenir au courant ou comment va l'établissement de ces
normes-là.
M.
Charette : Oui. En fait, on a eu l'occasion, là, de discuter
de ces questions-là à travers différents médiums. Ça me fait plaisir de
le réitérer. Les grands projets industriels, sans cibler Stablex... pas
Stablex, mais, je veux dire, Northvolt...
mais Northvolt s'inscrit dans la même lignée, il y a plusieurs autorisations
qui sont nécessaires en cours de développement
du projet. Northvolt a eu quelques autorisations, à l'heure où on se parle, au
niveau de l'aménagement du terrain,
au niveau de la construction du bâtiment, mais, si le projet va de l'avant, il
y a plusieurs autres autorisations qui seront
nécessaires, notamment au niveau des rejets dans l'air, dans l'eau. Donc, c'est
des autorisations qui n'ont pas été délivrées à l'heure où on se parle.
Mme Dufour : Oui, je ne parle pas
des...
La Présidente (Mme Maccarone) : On
va juste lui laisser terminer sa réponse. Merci.
Mme Dufour : Oui, la
proportionnalité.
M.
Charette : En fait, j'allais dire que, pour ces questions-là,
ce sont des autorisations qui seront nécessaires, et l'entreprise ne
pourra pas passer aux étapes suivantes tant que ces autorisations-là n'auront
pas été données.
Mme
Dufour : Oui, mais ma question, ce n'est pas celle-là, ce
n'est pas les autorisations, c'est à savoir à quel moment les normes seront établies. Est-ce qu'on
attend de connaître combien Northvolt va émettre avant de déterminer la
norme ou on va l'établir avant?
M. Charette : On est... Nous sommes
très proactifs sur ces questions-là. Dans le cas de Northvolt, ce qui avait fait réagir, là, certains à l'époque, c'est
qu'il y a eu de nouvelles réglementations qui ont été développées non pas
spécifiquement pour Northvolt, tout simplement, c'est que la filière batterie
n'existait pas, donc il fallait développer une réglementation pour la filière
batterie. Et, dans le cas d'une filière batterie ou de toute nouvelle filière,
c'est le ministère qui doit être assez agile
pour développer sa réglementation en question, non pas pour favoriser une
entreprise en particulier, mais pour s'adapter aux nouvelles réalités,
là, auxquelles on est confrontées.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la députée.
Mme Dufour : Oui, je vais reposer
autrement. À quel moment on va mettre en place, on va établir les normes d'émissions dans l'eau pour le nickel et...
l'autre que j'ai mentionné, que je ne me rappelle plus, le lithium, je crois?
Donc, à quel moment on va établir les normes qu'on n'a pas encore établies, qui
n'existent pas encore au Québec?
M. Charette : Ce que je mentionne
depuis quelques instants, c'est une réglementation qui est constamment en développement. Est-ce que la collègue veut un
calendrier précis? Si oui, je ne serai pas en mesure de le fournir. C'est
des éléments, là, qui sont en continuelle
évaluation. Peut-être, de façon plus précise, là, vous répondre, là, que le
ministère, factuellement, a une étude
de risques pour chaque rejet à l'aide de l'approche des objectifs
environnementaux de rejets. C'est dans notre jargon à nous. Donc, il y a
une évaluation de risques qui est faite, et, si la réglementation doit être développée ou amendée en conséquence, on le fait.
Donc, c'est une évaluation, là, qui est faite en continu et c'est une
réglementation qui est en évolution, en continu dans le temps.
Mme Dufour : Donc, est-ce que je
peux avoir votre engagement qu'il y aura des normes établies pour ces
contaminants pour lesquels il n'y a pas, actuellement, de normes qui existent
au Québec?
M.
Charette : C'est une évaluation de risques, et, oui, s'il y a
un risque qui est posé, la réglementation va être développée en conséquence. Et
surtout, si des autorisations sont nécessaires, les autorisations vont préciser
les obligations de l'entreprise. Que
ce soit Northvolt ou peu importe l'entreprise, l'autorisation fait foi des
obligations, là, qui sont tenues d'être respectées par le demandeur.
Mme
Dufour : Je vais rappeler qu'en Suède ils ont jugé qu'il
fallait mettre des normes. Donc, j'imagine qu'on va en mettre, parce
que, si on n'en met pas, ça va amener un enjeu de confiance de la population,
certain.
M. Charette : ...que la confiance
soit maintenue. Il ne faut pas non plus alimenter le doute. On a un régime
d'autorisation au Québec... et ce n'est pas un reproche que j'adresse à la
collègue.
Mme Dufour : On parle juste de
mettre une norme.
M.
Charette : Effectivement, mais on a des normes très établies
au Québec, avec une évaluation qui est constante et une bonification de notre réglementation qui est constante. Et les
autorisations aussi peuvent être constamment renforcées aussi, s'il y avait des inquiétudes quelconques, là, qui
étaient manifestées. Et au niveau de la qualité de l'eau, au Québec, on
a un cadre législatif et réglementaire quand même très développé.
Mme Dufour : Et il faudra des normes
pour les contaminants que... on n'en a pas.
Je vais vous amener ailleurs. Bagotville, il y a
eu des PFAS qui ont été malheureusement utilisés pendant des années. Aujourd'hui, on sait qu'il y a des
contaminants dans les sols, et la défense canadienne a décidé, pour ce site-là
en particulier, de les déplacer et de
les enfouir, alors qu'ailleurs au Canada, où il y a eu aussi une contamination
similaire, on les a traités de façon thermique.
La ville de Mascouche, de Terrebonne, demandent
un moratoire pour l'enfouissement de telles matières. Vous avez répondu non, que ce n'était pas nécessaire, que des normes
s'en venaient, mais il reste qu'actuellement il y a des terres
contaminées qui ont été enfouies à Mascouche. Pourquoi on n'a pas fait valoir
nos droits et demandé le même traitement qu'ailleurs au Canada?
M. Charette : Il faut faire
attention. Ailleurs au Canada, c'est aussi suite à des appels d'offres. Donc,
le gouvernement fédéral a lancé des appels
d'offres. Dans certains cas, la proposition... la réponse retenue était et
visait un procédé différent. Mais ce
n'est pas un processus, là, qui est géré par le gouvernement du Québec, donc
ça, c'est réellement entre les mains du gouvernement fédéral. À partir
du moment où on a, nous, des sols qui sont... qui sont enfouis pour un... en tant que résidus ultimes, c'est là où notre
réglementation intervient et c'est là où les critères sont déterminés, là,
par la réglementation québécoise et des
règlements qui se sont passablement renforcés. Et on n'enfouit plus ce type de
matière là comme on pouvait l'enfouir, là,
il y a quelques années, compte tenu des nouvelles informations, là, qui sont
à notre disposition.
Mme
Dufour : Oui, mais il reste qu'en Ontario on les a éliminés
de façon thermique, ce qui, en fait, élimine le contaminant. Au Québec, on le
déplace d'un site à l'autre. Donc, au lieu qu'il soit à Bagotville, il va être
à Mascouche, mais il est toujours là, dans le sol, là.
M. Charette : ...encore là, deux
principes. Appel d'offres. Ce qui a été retenu comme projet en Ontario est
peut-être différent des propositions que le gouvernement fédéral a reçues au
niveau, là, de ce projet-là en particulier. Et
deux, c'est la réglementation qui s'assure de la sécurité du site. Et le site
de Mascouche était en mesure de recevoir cette matière-là. Et, si on
avait, par exemple, développé un nouveau site spécialement dans la région de
Bagotville, pour le contrôle, ça implique
multiplier les sites à surveiller ou les sites potentiellement problématiques.
Donc, on aime mieux, et ça, c'est
pleinement assumé, développer une spécialisation. Ça facilite et le traitement
adéquat et le contrôle sur ces sites-là par la suite.
Mme Dufour : Mais il y avait une
entreprise juste à côté de Bagotville, RSI Environnement, qui aurait pu les
traiter de façon thermique. Pourquoi est-ce qu'on n'a pas été aussi demandant
envers le fédéral que... aussi, disons, insistant que vous l'avez été, par
exemple, dans le cas du caribou?
M. Charette : Bien, je réitère que
c'est un appel d'offres qui n'était pas géré par le gouvernement du Québec. Nous, à partir du moment où on prend
connaissance que c'est un site québécois qui est retenu, on s'assure que
la réglementation en place soit adéquate. Mais ce n'est pas un appel à projets
qui était... à soumissions qui était géré par le gouvernement du Québec.
Mme
Dufour : Juste rappeler qu'il n'y en a pas, de
réglementation, actuellement, sur les PFAS. Il n'y en a pas.
M. Charette : Ah! bien là, encore
là, il faut faire attention à ce que l'on avance. On a beaucoup, beaucoup
cheminé sur la question des PFAS. La collègue n'est pas sans savoir tous les
travaux qui ont été menés au cours de la dernière
année, notamment, et qui sont en cours actuellement. Et je vous dirais que la
connaissance, au Canada, elle est sans doute la plus développée au
niveau québécois.
La Présidente (Mme Maccarone) :
Merci.
Mme Dufour : Mais est-ce qu'au moment qu'on se parle ou au
moment que les sols ont été enfouis, il y avait une réglementation au
Québec?
M. Charette : Sur
l'enfouissement...
Mme Dufour : Sur les PFAS.
• (10 h 50) •
M. Charette : Non. Ça, c'est
une réglementation, là, qui est en...
Mme Dufour : Donc, elle n'existe
pas.
M.
Charette : ...qui est en
cours d'évaluation, avec notamment les études qui se font du côté du
gouvernement fédéral. Mais, au niveau
de la connaissance, c'est probablement au Québec qu'on a développé la
connaissance la plus fine. Il faut
savoir, et la collègue le sait très certainement, c'est un travail à
l'échelle internationale, mondiale qui se fait actuellement. Il y a des
ententes qui sont en voie de développement.
La Présidente (Mme Maccarone) :
Merci, M. le ministre. Merci. Mme la députée.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Mais je note qu'il n'y en a pas présentement.
Je vais aller
sur... retourner sur les sites d'enfouissement. Je vous en parlais plus tôt, je
parlais de Saint-Thomas. Là, on
constate que les sites, beaucoup de sites arrivent à pleine capacité. Il y a un
projet d'agrandissement à Lachenaie qui reçoit, là, la majorité des
matières au Québec. Est-ce que... puis on constate, en fait, qu'il y a beaucoup
de ces matières-là qui sont enfouies à Lachenaie, en fait, qui sont des
matières qui auraient dû... qui auraient pu être traitées ailleurs, recyclage organique. Donc, qu'est-ce
qu'on fait actuellement pour éviter de se retrouver, dans le fond, obligés
d'encore étirer et augmenter la capacité de nos sites d'enfouissement?
M. Charette : La collègue va me permettre juste un court
récapitulatif, récapitulatif très court de cette gestion des matières. C'est une spécialisation qui s'est
développée au fil des années. Si on remonte dans le temps, là, chaque ville ou
chaque village avait son petit site
d'enfouissement géré de façon très aléatoire, avec des risques réels au niveau
de l'environnement.
Au cours des années, le nombre de sites a été
réduit significativement pour imposer des conditions toujours plus strictes aux différents clients, qui sont
principalement des municipalités de ces sites-là. Donc, on a moins de sites, oui,
mais des sites qui demeurent tout aussi essentiels.
Et, dans le
cas de Lachenaie, c'est la grande région de Montréal, en grande partie, là, qui
est client du site, donc il y a des besoins réels à ce niveau-là.
Mme Dufour : Exact, mais ils arrivent à pleine capacité. Il y
a Lachute, il y a Sainte-Sophie et il y a Saint-Thomas.
Je
reviens à Saint-Thomas. On a dit : Ah! il y a des alternatives. Mais
toutes les alternatives arriment... arrivent à pleine capacité,
Saint-Thomas aussi. Alors, éventuellement, Saint-Thomas va devenir nécessaire
aussi.
M. Charette :
...un très bon portrait de situation, être en mesure d'évaluer, en temps réel,
les capacités de ces sites-là et les risques potentiels de rupture de service.
Actuellement, c'est sous contrôle.
Mais en même temps,
tout à l'heure, avec le collègue des Îles-de-la-Madeleine, on parlait de
réduction à la source. C'est fondamental de
travailler ces questions-là. C'est la raison pour laquelle on a développé, de
façon très proactive, plusieurs
politiques : gestion de la matière organique qui se retrouve en très
grande quantité actuellement dans les sites d'enfouissement, mais
collecte sélective, consigne. Ça va alléger la pression sur les lieux
d'enfouissement technique et ça va leur permettre d'avoir une plus longue durée
dans le temps.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Le temps étant écoulé, désolée, Mme la
députée, nous allons passer au parti gouvernemental. Mme la députée
d'Argenteuil, la parole est à vous.
Mme Grondin : Merci, Mme la Présidente. M. le ministre, je salue
vos équipes, Mme la sous-ministre. M. le ministre, depuis notre première
étude de crédits, vous vous rappelez, je vous invitais à travailler avec moi
pour protéger notre biodiversité et nos ressources en eau. Je ne sais pas si
vous vous en rappelez, mais, depuis ce temps-là, il y a beaucoup d'eau qui a
coulé sous le pont, hein? Je pense qu'on a mis en place, je vais vous le dire à
peu près, au moins cinq chantiers, là, par
rapport à la protection de la biodiversité et de l'eau. On n'a qu'à penser au
Plan nature, au Plan eau, même dans
le Plan pour une économie verte, là, quand on va soutenir des projets qui ont
comme une couleur solution nature. On
a le Plan de protection du territoire face aux inondations, on a le Plan
d'agriculture durable, donc tous des outils qui y sont... qui soutiennent, en
fait, nos grands objectifs de protection de notre biodiversité et de nos
ressources en eau.
J'ai
envie de vous parler, en fait, de milieux humides. Vous savez, moi, j'ai une
posture depuis des années où je suis, d'un naturel positive, hein? Je
vois toujours le verre à moitié plein. Mais ce que j'ai compris, après
20 ans d'exercice professionnel dans le domaine de l'environnement, c'est
qu'en fait on a beau avoir les plus grands objectifs, si on ne s'enracine pas dans nos communautés, c'est
difficile de faire avancer les choses en matière d'environnement. Puis c'est ce
que je pense pour l'approche d'atténuation pour protéger nos milieux humides.
Moi, je vais vous parler
un peu de la MRC d'Argenteuil, chez nous. C'est depuis le début des
années 2000, en fait, hein, que la MRC
interdit toute intervention en milieu humide, sauf dans des périmètres urbains,
ce qui est très peu. Chez nous, il y
a... c'est 12 % sur le 1 300 kilomètres carrés de territoire,
12 % de milieux humides et hydriques. Il y a plus de kilomètres de
cours d'eau que de chemins chez nous puis il y a presque 1 000 lacs.
Donc, la question de la nature, la question de l'eau est vraiment une fierté
dans la région des Laurentides.
Et donc, là, je vous
disais qu'à l'an 2000, à peu près, au début des années 2000, donc,
des élus avaient dit : aucune
intervention en milieu humide. Intéressant comme cadre réglementaire, mais ça
nous a amenés à se dire : Bien, ce n'est pas toujours simple de gérer
cette interdiction-là, parce qu'inévitablement il y a un développement qui se
fait puis il y a un dynamisme qu'on
souhaite avoir dans cette région-là. Et donc, vers le tournant des
années 2010, les élus souhaitaient lever l'interdiction pour les
milieux humides, mais ils ne voulaient pas le faire n'importe comment.
Et
donc, là, s'est enlignée une série de chantiers. La MRC, elle a, autour des
années 2016, 2017, intégré, dans son schéma d'aménagement, un
réseau écologique, donc composé de noyaux écologiques et de corridors de
connectivité écologiques. Et évidemment le
choix de ces noyaux-là sur son territoire, l'un des indicateurs les plus
importants était où sont situés les complexes de milieux humides, où sont les
milieux humides d'intérêt qui jouent un rôle fondamental dans la protection des lacs, je vous parlais,
grande, grande richesse dans Argenteuil, comment on protège des inondations.
Chez nous, on a un
territoire qui est très vulnérable aux inondations et on a évidemment une des
ressources qui est superimportante dans
Argenteuil, c'est l'eau souterraine, plusieurs entreprises qui puisent notre
eau souterraine, je ne les nommerai pas ici, donc c'est encore une
richesse importante. Donc, les élus ont fait un choix d'intégrer, dans leur schéma d'aménagement, un réseau
écologique pour protéger à la fois les ressources en eau mais aussi donner
un accès à la nature.
Par
la suite, la MRC, elle a adopté avec fierté un des premiers plans régionaux des
milieux humides et hydriques. Je peux
vous... Je vous laisserai... Je ferai fi de tous les autres projets en matière
de protection, dont la lutte contre les espèces exotiques envahissantes, et
tout le reste, mais, pour moi, je considère que la MRC d'Argenteuil est un
leader incontournable en matière de protection de ces milieux naturels
et humides.
Toutefois, dans le
plan régional de leurs milieux humides et hydriques, oui, certes, ils ont
identifié des endroits à protéger, des milieux humides d'intérêt, ils ont aussi
identifié des endroits où ils devraient restaurer leurs milieux humides d'intérêt, mais le coeur des réflexions, c'est surtout
l'utilisation durable et le développement durable. Donc, comment mettre
en place cette approche-là, d'atténuation, sans empêcher le développement, mais
tout en protégeant les milieux d'intérêt qui jouent un rôle fondamental dans
l'intégrité et la fierté de ces communautés-là?
Donc, moi, je vous
amène, parce qu'on parle d'approche d'atténuation... j'ai constaté, surtout,
là, tout récemment, là, depuis le projet de
loi n° 81, là, que le processus d'autorisation que le ministère de
l'Environnement utilise n'est pas nécessairement bien compris. Et là
j'aimerais ça m'assurer qu'on comprend bien comment ça fonctionne puis, par la suite, je vous demanderai des preuves
de ce que je dis, en termes plutôt chiffres. Mais moi, je vais rester sur les
principes et les idées, mais j'irai plutôt vous demander : Est-ce que j'ai
raison? Puis avez-vous des chiffres qui appuient cette proposition-là que je
vais vous faire? Dans le sens où...
• (11 heures) •
Là,
quand on parle de milieux humides, en fait, le ministère... tu sais, les gens
ne comprennent pas ou ne voient pas tout le travail qui est fait par les
analystes quand on parle du travail d'évitement et de minimisation. De ce que
je comprends, c'est que, quand il y a des
projets qui sont soumis, une proportion importante de ces projets-là qui sont
soumis au ministère, on va parler de perturbations temporaires. Et donc, là, le
ministère va travailler sur des mesures d'atténuation qui sont
adéquates, parce que, là, on parle de perturbations temporaires sur les milieux
humides, et par la suite, une fois que le
projet est terminé, il va y avoir une remise en état. Ça, c'est la grande
majorité des demandes qui se font, de ce que je comprends.
Il y a les perturbations qui sont plus
permanentes dans nos milieux humides et là il y a quatre scénarios qui se
présentent. Il y a un scénario où on va réussir à éviter complètement ou quasi
complètement les milieux humides, donc ça,
ça ne sera pas vraiment considéré dans nos chiffres. Il y a un scénario où on
va beaucoup miser sur la minimisation de
l'empiétement, et donc ça va rester acceptable, les milieux humides qui sont
présents sur le projet vont continuer à offrir leurs services
écologiques. Il y a un autre scénario où, là, le ministère va refuser parce que
ce n'est pas acceptable du point de vue environnemental. Et finalement il y a
un autre scénario où, là, il va peut-être être plus avantageux de choisir l'option compensation parce qu'en fait ça
va peut-être être plus efficient de prendre cet argent-là et d'aller restaurer
des milieux humides qui ont une plus haute valeur écologique, où la garantie de
pérennité va être plus grande.
Ça, c'est du
point de vue... Moi, je trouve que cette approche-là, d'atténuation, elle est,
à mes yeux à moi, d'un naturel optimiste. C'est comme le verre à moitié
plein devant l'équilibre qu'on cherche entre le développement et la protection
de l'environnement. Ce que je trouve intéressant, c'est qu'on a rajouté, dans
la loi, cette notion-là d'enracinement de la communauté. On arrive avec
l'obligation auprès des MRC de faire des plans régionaux de milieux humides et hydriques, et là ces MRC là
vont identifier les milieux humides d'intérêt, vont identifier les milieux
humides ou les sites qui devraient être restaurés, et ça va permettre et aux
promoteurs et aux analystes du ministère de bien comprendre, sur le
territoire, qu'est-ce qui est à protéger et qu'est-ce qui peut être soit de l'utilisation
durable soit du développement durable.
Ce qu'on a fait, avec le projet de loi n° 81, qui est en étude détaillée, on a terminé l'étude
détaillée, bien, on a rajouté cette notion-là de... en fait, on a voulu mieux
clarifier la notion d'évitement, parce que je sens que c'est mal compris. Les médias critiquent beaucoup. On
retient beaucoup les projets où il y a compensation, où il y a... mais il y a
tout un travail d'évitement qui se fait à ce niveau-là ou une
minimisation.
Ça fait que moi, j'aimerais ça que vous me
parliez ou que vous chiffriez, en fait, cette notion-là d'approche, d'évitement, parce que je pense
que c'est important qu'on comprenne tout le travail qui est fait en
arrière, là, et que c'est... C'est
ça. Ça fait que je vous invite à me donner plus de chiffres. Concrètement,
prenons, mettons, la dernière année qui vient de passer.
La Présidente (Mme Maccarone) : Il
vous reste 1 min 45 s, M. le ministre.
M. Charette : Merci à la collègue
pour la question, et, le sujet, je sais qu'il la passionne. Et d'ailleurs je la
remercie pour tout le travail qu'elle fait dans ce domaine-là, notamment auprès
d'un forum d'action qu'elle pilote de main
de maître, et elle a une expertise clairement reconnue de tous sur ces
questions-là. Et là ce n'est pas un reproche que je fais d'emblée aux journalistes, mais c'est souvent facile de
résumer cette question-là de façon beaucoup trop simpliste. Je vais le
dire comme ça.
Je me souviens de quelques titres en cours... au
fil des années, qui laissaient entendre, par exemple, et qui se limitaient à ça, de dire : On accepte à peu
près tous les projets qui nous sont présentés et qui ont une atteinte au niveau
des milieux humides. La collègue l'a bien résumé. Il y a différents types
d'atteintes et il y a différentes conséquences. Donc, se limiter à dire : On accepte à peu près tous les projets,
déjà, c'est résumer à l'excès, mais ça oublie une statistique qui ne peut pas être prise en compte parce qu'elle
est tout simplement impossible à établir. La réglementation sur les milieux
humides au Québec, elle, est très claire. Elle est généralement bien connue des
promoteurs.
Donc, il y a plusieurs projets qui ne voient
tout simplement pas le jour parce que les promoteurs savent qu'ils ne seront pas admissibles ou acceptés. Donc, étant
donné que le projet n'est pas déposé, on ne peut pas l'intégrer dans nos
statistiques et le calculer comme étant un projet qui a été refusé. Il n'a pas
été refusé tout simplement parce qu'il n'a
pas été déposé, les promoteurs sachant que la réglementation ne le permettrait
pas. Donc, ça vient fausser de façon importante les données, mais la
collègue a tout à fait raison pour insister...
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci, M. le ministre. Merci. Désolée, le temps
est écoulé. Nous passons maintenant à l'opposition officielle. Mme la
députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Il y a... Le 1er mars est entrée en vigueur la nouvelle phase de la
consigne, mais, juste avant, il y a eu une
enquête qui a été déclenchée, et on a reporté à 2027 l'élargissement de la
consigne pour le verre et les multicouches. Où est rendue l'enquête?
M.
Charette : Très bonne question. Normalement, là, c'est quelque
chose qui devrait être publié au cours des prochaines semaines. Il y a
un rapport d'étape, là, qui m'a été partagé il y a quelques jours, tout juste,
qui venait, en quelque sorte, confirmer la
bonne décision qui a été prise, d'y aller avec une étape supplémentaire. Il y
avait un défi potentiel au niveau du verre et du multicouches, si
c'était intervenu en date du 1er mars dernier.
Cependant, moi, je suis très, très fier des
avancées qui ont été réalisées, notamment le 1er mars dernier, en intégrant le plastique, notamment, ce qui fait
que, de tous les contenants qui seront, à terme, visés par la modernisation de
la consigne, on est à
80 % aujourd'hui. Donc, l'année dernière, en fait, il y a un petit peu
plus d'une année, on a intégré l'aluminium,
on se souvient, avec les différents types de contenants, maintenant le
plastique. Donc, c'est une réforme qui avance très bien. D'ailleurs, merci aux
producteurs et aux détaillants, mais il fallait se donner un temps
supplémentaire pour le verre.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le ministre.
Mme Dufour : Il y avait
effectivement des enjeux majeurs avec les multicouches, et ça avait été soulevé
en 2022 dans le rapport du projet pilote suivant la consigne, un rapport qui a
été remis à RECYC-QUÉBEC. Donc, déjà, en
2022, on savait que les multicouches n'avaient pas été testées du tout. Il n'y
en a pas eu, donc, mais on a attendu à 2025 pour annoncer le report. Je ne sais pas pourquoi, un, on n'a pas... Ce
n'est pas assuré qu'il soit testé dans ces trois ans-là, mais pourquoi
attendre aussi à la dernière minute, alors qu'on savait déjà que ça allait être
problématique en 2022?
M. Charette : Bien, peut-être vous
rassurer ou rassurer les collègues, 2022, c'est loin, et, depuis 2022, il y a
des entreprises qui se sont spécialisées dans la valorisation du multicouches.
Il y a des investissements, d'ailleurs, intéressants
qui ont cours en la matière. Donc, la problématique à l'origine du report, ce
n'était pas tant qu'on ne savait pas
ce que l'on en ferait que la capacité logistique de traiter tous ces
contenants-là. Il y avait un problème d'arrimage, je vais le dire comme
ça, entre l'AQRCB, l'organisme de gestion désigné, et les détaillants, ce qui
fait qu'au final on se trouvait avec un problème
de logistique important. Et qui en aurait payé le prix? Ce seraient les
consommateurs et les consommatrices. C'est ce qu'on a voulu éviter de
faire. Donc, ce n'était pas tant un enjeu de qu'est-ce qu'on ferait avec la matière que comment pouvoir la récupérer,
la traiter de façon efficace, sans pénaliser les consommateurs ou les consommatrices.
• (11 h 10) •
Mme
Dufour : Oui, pour que ce soit clair, là, ce n'est pas les
débouchés, là, qui n'avaient pas été testés, c'est le fait qu'ils n'avaient pas
été testés dans les machines pour le retour par les citoyens. Il n'y a pas eu
de citoyens qui ont ramené des multicouches, et les machines n'ont pas
été testées pour les traiter. Et donc ce n'était pas la question des débouchés.
Maintenant,
c'est vrai qu'il y avait un enjeu parce qu'il manquait de lieux de dépôt, de
lieux de retour. Les lieux de Consignaction, il devait y en avoir 400.
Ça a été réduit à 200, finalement 100, puis, finalement, il y en avait quoi,
une trentaine, une quarantaine à l'ouverture. On est aujourd'hui autour de 47,
si je ne me trompe pas, mais c'est maintenant à l'arrêt. L'ouverture de
nouveaux lieux de retour a été mise à l'arrêt parce qu'il y a des enjeux
financiers du fait qu'il y a une enquête.
Est-ce que, ça, on l'a... on a travaillé avec Consignaction pour rassurer la
banque, la BMO, qui finance l'ouverture des locaux?
M.
Charette : Peut-être corriger certaines informations,
malheureusement, erronées, là, du propos de la collègue. Les machines, les fameuses gobeuses nouvelle
génération qui sont en déploiement, là, notamment chez les détaillants, mais
également chez les centres Consignaction, peuvent prendre le multicouches.
Donc, ce n'est pas la technologie d'accueil qui était problématique que la
logistique pour gérer autant de contenants. Au final, on sera à
5 milliards de contenants. On est à 4 milliards, essentiellement,
avec l'ajout du plastique. Donc, c'est un défi de logistique et non pas un défi
d'équipement. Ça, c'est important de le mentionner.
Je ne peux pas révéler, à ce moment-ci, le
détail de l'enquête administrative, mais il y aura, je peux déjà le confirmer,
vraisemblablement des sanctions parce qu'il y a des parties liées à la
réglementation qui n'ont pas respecté leurs obligations. Et c'est la raison
pour laquelle le report pour le verre et le multicouches était pertinent, mais
ce sont des contenants, à terme... et déjà ceux qui sont présentement
consignés, qui peuvent être retournés chez les détaillants et pas uniquement
dans les centres Consignaction.
Et, pour répondre à la question spécifique du
financement, l'AQRCB devait faire ses preuves pour pouvoir rassurer ses
bailleurs de fonds. Je ne peux pas vous donner de détails à ce moment-ci, et
non pas davantage auprès de l'institution financière qui est en cause, mais il
y a une entente qui a été signée ces derniers jours sur cette question-là pour assurer justement un financement, là, à
l'AQRCB qui lui permettra de reprendre le rythme au niveau du déploiement
de ces centres Consignaction.
Mme
Dufour : Merci. Sur les 16 millions de contenants
récupérés durant les projets pilotes, il y en a eu 0,58 % qui
étaient des multicouches. Donc, ça n'a pas été testé, puis c'est souligné dans
le rapport qui a été remis à RECYC-QUÉBEC. Ceci dit, aujourd'hui, on est près
de 50 centres. Est-ce qu'on est... Est-ce que le ministre est toujours
aussi confiant que 100 centres seront ouverts cet automne comme c'est
prévu au règlement?
M. Charette : C'est intéressant de
le mentionner parce que la réglementation a été constamment renforcée sur ces questions-là au cours des dernières
années. Jusqu'à la dernière modification, il n'y avait pas d'obligation. Il y
avait une obligation générale, mais
il n'y avait pas de calendrier de précisé au niveau de l'atteinte des cibles en
matière d'ouverture de centres Consignaction. C'est maintenant le cas.
Effectivement, on sera à 100 dans les prochains mois, et, si ce n'est
pas le cas, l'AQRCB est imputable et passible de sanctions, si jamais ils ne
s'y conforment pas. Et ça, c'est important de le mentionner, c'est une
responsabilité élargie des producteurs.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée.
Mme
Dufour : Mais, si ce n'est pas le cas, pendant ce temps, ce sont les
détaillants qui doivent combler l'écart et les détaillants ne savent plus où
donner de la tête tellement ils ont du volume. On les a rencontrés la semaine passée. Je pense qu'ils vous ont rencontré
également. Il y a une grande inquiétude de ne... de voir que les centres,
c'est retardé. C'est retardé. Entre-temps,
qu'est-ce qu'on fait pour eux, pour les détaillants, si les objectifs de
100 lieux ne sont pas atteints
en septembre? Je comprends qu'il y aura une pénalité, mais est-ce qu'on va
compenser les détaillants en retour?
M. Charette :
Il y a des rencontres constantes qui se font avec les détaillants et
l'AQRCB. Et, je ne le cache pas, je le
réitère, il y a eu, je vais le dire comme ça, poliment, une collaboration pas
toujours à son meilleur, autant de la part
de l'AQRCB et des détaillants au fil des années. Ce sont deux groupes qui
auraient beaucoup, beaucoup aimé éviter la modernisation de la consigne.
D'ailleurs, c'était
dans les cartons, là, depuis plusieurs décennies, littéralement, mais, à partir
du moment où ils ont constaté que le
gouvernement était ferme sur cette question-là, à partir du moment où la
réglementation est entrée en vigueur,
la collaboration s'est améliorée. Il y a place encore à l'amélioration au
niveau de la collaboration entre les producteurs
et les détaillants, mais le ministère, bien que ce soit une responsabilité
élargie des producteurs, les rencontre régulièrement.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci, M. le ministre.
M. Charette :
Et je les rencontre aussi régulièrement pour s'assurer qu'on va dans la bonne
direction.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Mme la députée.
Mme Dufour :
Merci, Mme la Présidente. Est-ce qu'on peut vraiment en vouloir aux détaillants
de ne pas vous... d'être réfractaires à
recevoir ce volume gigantesque? Là, dans certains cas, ça a doublé le volume
qu'ils ont reçu, et ils n'ont pas l'espace en «backstore». Ils n'ont
pas... Il y a des employés, actuellement, qui sont dédiés 100 % à juste
enlever les sacs et échanger dans les différentes gobeuses qu'ils ont. Ce n'est
pas leur mission première, là. Donc, aujourd'hui,
est-ce que vous pouvez nous dire qu'ils auront une compensation, si l'AQRCB ne
respecte pas Consignaction, ses obligations pour 100 centres?
M. Charette :
C'est important de le mentionner, ils sont payés pour faire ce travail-là.
Donc, il y a peut-être des employés dédiés à
ces tâches, mais ils ont des frais de manutention qui ont augmenté, et, sur le
volume, ça peut être même rentable et profitable que d'opérer ces systèmes-là.
D'ailleurs, il faut faire attention, hein? Je vais donner le conseil
amical à la collègue. Je rencontre les associations, autant l'ADA que... Bien,
en fait, il y a quelques associations de détaillants.
Il faut distinguer les associations qui, souvent, vont défendre, je le dis
poliment, les plus réfractaires de tout changement. C'est le propre des associations, et je le dis en tout
respect, mais on parle aussi à beaucoup de détaillants qui, même une
fois le réseau des centres Consignaction pleinement déployés, tiennent à avoir
leurs propres lieux de retour parce que ça peut être payant. C'est sur le
volume. Si on parle de quelques sous le contenant fois des centaines de milliers, voire des millions de contenants par
année, ça peut être une source de revenus. Donc, les associations vont
parler aussi pour celles et ceux qui ne veulent pas ce changement-là.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci, M. le ministre.
M. Charette :
Mais il y a des détaillants qui sont très, très proactifs.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Je suis désolée de vous couper. Quand moi, je
parle, votre micro est coupé. Je passe la parole à Mme la députée.
Mme Dufour :
Merci, Mme la Présidente. C'est effectivement... Ça peut être rentable, mais
c'est aussi très coûteux. Un rapport qui
provenait de votre ministère estimait le coût annuel du système de consigne
modernisé, ça, ça a été dans l'analyse d'impact réglementaire, annuel,
le coût annuel, à 346 millions de dollars. C'est beaucoup de sous.
Compte tenu que la majorité de ces contenants-là pouvaient, et ils sont
toujours, d'ailleurs, acceptés au bac bleu, 346 millions, est-ce qu'on a
voulu se payer une Cadillac, alors qu'une Corolla aurait pu faire l'affaire?
M. Charette :
Là, je pense qu'il y a confusion... quelques dossiers. Et c'est bien, bien
correct d'avoir des visions différentes, mais je rappellerai à la collègue que,
depuis le début des années 80, tous, tous, tous les rapports pointaient vers la nécessité de moderniser le
système de consigne, plusieurs rapports que les différents gouvernements
libéraux ont eux-mêmes commandés et rejetés
à chacune des fois, ce qui fait qu'on avait un retard important à combler. Si
on regarde le Canada, il y avait deux provinces seulement qui n'avaient pas
modernisé leur système de consigne, le Manitoba et le Québec.
Donc, on avait un
retard important à combler, notamment à cause des refus systématiques du Parti
libéral d'aller de l'avant avec cette
réforme-là. Ça ne fait pas plaisir de le rappeler, mais c'est un fait. Et
aujourd'hui on vient rattraper un
travail qui aurait pu être amorcé il y a quelques décennies de ça. Au final, on
rattrape la parade. On devient aussi
des leaders, mais il faut savoir que c'est une responsabilité élargie des
producteurs. Donc, il y a des coûts, oui, mais il y a des revenus. Les...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci, M. le ministre. Merci. Mme la députée, la parole
est à vous.
Mme Dufour : Oui, bien, écoutez, je
veux juste dire, il y a... Ce n'est pas la consigne qu'on remet en question, c'est : est-ce qu'on ne s'est pas
plutôt payé une Cadillac, plutôt qu'une Corolla, qu'on aurait pu... Ça aurait
fait l'affaire. Il y a quelque chose qui est venu à mon attention que...
Je vous avoue, ça m'a surprise, il y a des écofrais. En plus de la consigne qu'on sait que les citoyens paient 0,10 $,
et ils retournent la canette, ils reçoivent le 0,10 $, mais ils
paient aussi des écofrais, des écofrais de 0,01 $, à peu près, là, par
contenant, mais qui sont aussi taxables. C'est taxable aux deux paliers de
gouvernement. Donc, pour une caisse de 24, avec 2,40 $ de consigne, bien,
en plus, on a 0,24 $ d'écofrais, avec
les taxes, ça fait 0,28 $, et ça, quand on regarde le volume de contenants
qui sont retournés dans une année, c'est énormément d'argent que le
gouvernement fait aussi avec ces taxes-là. Pourquoi on l'a maintenu comme ça,
que ce soit taxable?
• (11 h 20) •
M. Charette : Encore là, il y a des
distinctions importantes. Le gouvernement ne fait pas d'argent avec le produit de la consigne. La consigne, elle est
retournée au consommateur, et, lorsque le consommateur ou la consommatrice
ne récupère pas le montant de sa consigne parce qu'il dépose le contenant x
dans le bac bleu, c'est les... ce sont les producteurs qui récupèrent la
consigne non payée et non pas le gouvernement. Donc, le gouvernement ne fait
pas d'argent avec ce système-là, et les
sommes que la collègue évoquait, qui ont été mises à jour par la suite, ne sont
pas des dépenses gouvernementales, c'est une responsabilité élargie des
producteurs.
Donc, ce sont les producteurs qui financent le
système de consigne, et certains producteurs, pas tous, certains producteurs
ont décidé d'externaliser ce que l'on peut appeler un écofrais parce qu'ils
estiment que financer ce système-là leur
coûte x montant d'argent par rapport à ce qu'ils récupèrent à travers la vente
de la matière. Donc, c'est libre au
producteur d'imposer ou d'externaliser le coût supplémentaire de leur
responsabilité, mais le gouvernement ne fait pas...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le ministre. Merci beaucoup. Mme la députée.
Mme Dufour : Très simplement, est-ce
que le gouvernement charge des taxes sur les écofrais?
M. Charette : En fait, le
gouvernement taxe des frais... des taxes sur le prix de vente. Donc, si le
producteur ajuste son prix à la hausse,
c'est un prix qui est taxable. Donc, c'est au producteur qui l'externalise ou
l'internalise, cette responsabilité-là.
Mme Dufour : Les écofrais sont-ils
taxables?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la députée, on va laisser le ministre terminer.
M. Charette : La collègue... et le
prix de vente est taxable, tout simplement.
Mme
Dufour : Donc, voilà, donc, c'est oui. Parfait. On va aller
sur la collecte sélective. On a vu qu'il y avait une superposition de
frais qui a été dénoncée par les restaurateurs, les producteurs agricoles, les
magazines aussi, qui ont mentionné qu'ils
avaient comme une triple facturation, celle des municipalités, de l'an dernier,
celle de cette année... de la collecte sélective de cette année, en plus d'une
réserve. Ils ont demandé un étalement de ces frais- là. Est-ce que ça a été
analysé? Est-ce qu'on l'a... on a pu permettre un tel étalement pour réduire le
choc tarifaire pour les différents... différentes parties, là, qui étaient
taxées?
M. Charette : Une question très
pertinente et d'actualité également. On parle à nouveau d'une responsabilité élargie des producteurs. Donc, ce n'est pas le
gouvernement qui détermine les prix d'opérationnalisation du système, mais
les producteurs eux-mêmes. Et il y a quelques problématiques dans ce qui est
évoqué, et qui est juste de la part de la collègue,
ce sont les producteurs qui siègent, donc, au conseil d'administration de
l'organisme de gestion désigné, dont des restaurants, dont des
épiceries. Donc, moi, je suis un petit peu surpris de voir des détaillants
franchisés d'une bannière X se plaindre d'un prix, alors que leur propre association
est représentée sur le conseil d'administration qui détermine le prix. Donc, il
y avait un enjeu de communication, mais, ceci dit, il y a une problématique
réelle. Et on travaille autant avec les producteurs que l'on rencontre...
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci, M. le ministre. Désolée de vous couper. Mme
la députée, il vous reste trois minutes.
Mme
Dufour : Est-ce qu'on a permis l'étalement? Et je vais
demander aussi : Est-ce qu'il y a des changements depuis l'entrée... à la
collecte sélective? Est-ce que la collecte des matières recyclables se fait à
la même fréquence? Parce qu'on dit que les coûts ont augmenté, mais
est-ce qu'on le fait à la même fréquence qu'avant?
M.
Charette : Ce n'est pas le gouvernement qui détermine la
fréquence. Ce ne sont pas les municipalités dans bien des cas non plus.
Ce sont des contrats qui sont signés entre l'organisme de gestion désigné et
les municipalités parce que la
responsabilité revient aux producteurs. Pour ce qui est de l'étalement, c'est
quelque chose... des paiements, c'est quelque
chose qui est envisagé. On pense pouvoir confirmer une formule au cours des
prochaines semaines, des prochains mois.
Donc, il y a beaucoup de rencontres qui se font actuellement pour atténuer les
impacts et pourquoi les impacts sont importants à ce moment-ci? C'est la
convergence de différents systèmes, la fin d'un système, le début d'un autre. Donc, il y a un ajustement au niveau
de ce qui est facturé. On est conscients que ça peut être problématique pour certaines industries, il y a un
accompagnement qui était assuré et qui va peut-être même impliquer un
changement réglementaire au cours de la prochaine année.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la députée.
Mme Dufour : Bien, je pense que ça
va être apprécié de permettre l'étalement. Pour revenir à ma question sur la
collecte, bien, je vous confirme que les contrats qui sont négociés, imposés
par Éco Entreprises Québec, vont amener la
collecte des matières recyclables aux deux semaines partout au Québec, alors
que, dans bien des endroits, pour la
majorité des endroits, c'était aux semaines. C'est quand même un changement
majeur. On ne l'a pas dit aux citoyens. Personne n'est au courant de ça.
Et c'est difficile de comprendre comment les coûts peuvent augmenter autant si,
en plus, on réduit la collecte. Donc, moi, j'aimerais comprendre, et peut-être
qu'on devrait aussi regarder de ce côté-là, à savoir pourquoi les coûts ont
augmenté autant.
M.
Charette : Cette réforme-là a été saluée par le milieu
municipal, notamment, parce que ça vient les dégager d'une responsabilité importante. Donc, ça
représente des économies pour le milieu municipal. Ultimement, c'est un prix
juste qui est facturé par les producteurs pour pouvoir rencontrer leurs
obligations. Et le choix d'être aux deux semaines, c'est qu'on a ajouté
aussi, naturellement, la matière organique entre-temps. Il y a d'autres types
de collecte qui sont possibles, mais c'est
de dire : Ce n'est pas le gouvernement du Québec qui paie pour ce
système-là. Ce sont les producteurs qui
sont responsables de leurs matières. Et les bienfaits sont faciles à constater.
La collègue est impliquée dans le domaine et les collègues sont impliqués dans le domaine depuis assez longtemps
pour se souvenir, il y a quelques années, tout juste, régulièrement...
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. On a du temps pour juste une dernière
précision, Mme la députée.
Mme
Dufour : Oui, bien, peut-être, les producteurs vont payer,
mais les citoyens aussi parce qu'ils vont devoir gérer leurs matières. Puis moi, je peux vous dire qu'aux deux semaines
mon bac va déborder, c'est certain, à six personnes.
M.
Charette : Bien, je lui donnerais quelques conseils pour
mieux répartir au niveau du bac de matières organiques, le bac bleu et
autres, mais, au final, ce système-là...
La Présidente (Mme Maccarone) : ...pour
un autre échange. Merci. Ceci met fin à ce bloc. Nous procédons maintenant avec
la deuxième opposition. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, la parole est à
vous.
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.
Allons sur le rapport de la VG de la semaine dernière, sur le... pardon, le... oui, c'est ça, de la VG, de la Commissaire au développement durable, sur les aires protégées. Ça fait mal, ce rapport-là, M. le ministre. Je ne sais pas si vous
avez passé une belle nuit, une belle soirée après l'avoir parcouru, mais elle
fait notamment le constat que, sur les 17 % d'aires protégées, là, que
vous avez atteintes, donc, que nous avons atteintes, comme société, en
2020... Le terme qu'elle utilise, c'est le manque de transparence sur la
composition du réseau d'aires protégées, parce que, sur le total de 17 %
d'aires protégées, il y en a juste 4 % de ce 17 % là qui est protégé de manière permanente. La balance, donc,
l'essentiel, presque 80 % de ces aires-là, c'est de manière provisoire.
Comment se fait-il...
M. Charette : J'apprécie le souci du
collègue. Je le rassure, je dors bien.
M. Leduc : En général?
M. Charette : Mes nuits sont
courtes, mais je dors généralement bien.
M. Leduc : Parfait.
M. Charette : Donc, merci pour la
sollicitude du collègue. Sinon, le collègue sait fort bien qu'en termes de transparence au niveau des aires protégées au
Québec, c'est difficile d'être plus transparent. Tout est inscrit dans différents
registres. Ce sont toutes des données qui
sont publiques, de surcroît. Et le collègue sait aussi qu'il y a différentes
étapes qui peuvent s'échelonner dans le temps et dans... sur quelques années,
et c'est la raison pour laquelle il y a différents statuts, mais ce sont
des statuts de protection. Ce sont des protections qui sont pleinement
applicables, peu importe que le statut soit permanent ou pas, mais il y a des
étapes à franchir qui prennent du temps.
Cependant, dans les modifications législatives
qui ont été apportées ces dernières années, on est venus s'assurer de raccourcir ces délais-là pour
permettre d'inscrire au registre plus rapidement les aires protégées qui sont
en développement ou qui sont confirmées. Pour ce qui est de la
proportion, 17 %, on peut être fiers. Et ça a été souligné, là, par différentes
instances, on est littéralement des leaders mondiaux sur la transparence, mais
sur la qualité de nos aires protégées. Et
malheureusement, à l'échelle mondiale, très peu d'États ont rencontré leur
cible de 2020 comme nous l'avons fait au Québec, et collectivement, je pense
qu'on peut tous s'en réjouir.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
M. le député.
M. Leduc : La VG n'est pas du tout
d'accord avec vous. Elle dit dans son rapport : «L'information fournie publiquement sur la composition du réseau d'aires
protégées est inadéquate. Le ministère indique seulement la superficie
totale inscrite au registre, 17 %, sans préciser la proportion protégée de
façon permanente et celle protégée de façon provisoire.» Alors, c'est très...
Elle n'est pas aussi enthousiaste que vous.
M. Charette : Je vais inviter toute
personne intéressée à regarder les critères qui sont établis par l'UICN. L'UICN
est l'instance internationale qui est responsable de ces questions-là, et les
statuts provisoires sont reconnus, et l'UICN a reconnu le leadership québécois
en la matière. Il y a encore des efforts à faire pour atteindre le fameux 30 % pour lequel on a pris un engagement
formel, mais il ne faut pas bouder notre plaisir. Puis, je veux dire, ça ne nous
revient pas comme équipe actuelle, on peut tous s'en enorgueillir comme
Québécois. On est des leaders en la matière et on est reconnus comme tels,
donc, pas uniquement au Canada.
D'ailleurs, la SNAP a publié un bulletin encore,
il y a quelques semaines, et nous octroie la note la plus intéressante à
l'échelle canadienne aussi. Donc, du travail à faire encore très certainement,
mais il y a des avancées significatives. Et, quand j'ai eu le dossier, nous
étions à un petit peu plus d'une année de l'échéance et on avait des dizaines
de milliers de kilomètres carrés à ajouter, tant les gouvernements précédents,
malheureusement, avaient pris du retard sur la question. Donc, on a comblé ce
retard-là. On a un plan d'action pour arriver à nos cibles de 2030.
• (11 h 30) •
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le ministre. Merci.
M. Leduc : Le mandat prend fin
bientôt. Il nous reste un an et des poussières à votre présent mandat de
gouvernement. C'est quoi, la proportion que vous visez, là? On est à peine à
80 %, à l'intérieur de ce 17 % là, de provisoires, permanents. C'est
quoi, votre ambition pour que, quand vous allez terminer votre mandat de
ministre, là, en quelque part en juin, juillet 2026, vous dites :
J'aimerais ça qu'on soit arrivés à... Combien?
M.
Charette : Je comprends que le collègue... Et là c'est une
petite blague à l'interne. Le collègue soupçonnait qu'on est très... qu'on serait en élections, là,
dans les prochaines semaines. Donc, je comprends que l'information a été révisée depuis. Donc, on nous laisse un an et demi
pour finir notre mandat, je l'apprécie, mais sinon, le statut provisoire
est reconnu par l'UICN. Donc, il ne faut pas...
M. Leduc : Ma question, c'est :
Votre objectif à vous, c'est d'arriver à combien?
M. Charette : Non, exact, mais mon
objectif est plutôt de nous rapprocher du 30 %. Dans certains cas, ce sera à travers du provisoire. Dans certains cas,
ce sera à travers du permanent. Mais l'objectif sur lequel on doit travailler,
c'est se rapprocher du 30 %, parce que, même lorsque c'est un statut
provisoire, la protection s'applique au même titre. Donc, il faut
travailler à augmenter ce pourcentage-là global. Le collègue n'est pas sans
savoir qu'il y a un appel à projets qui
s'est réalisé au cours des derniers mois, qui a suscité beaucoup de
mobilisation un peu partout à l'échelle du Québec, et qui devrait nous aider à identifier des aires protégées qu'on
pourra développer plus rapidement. Donc, il y a plusieurs initiatives, là, qui
sont faites à ce niveau-là, avec des signaux plutôt encourageants, là, pour la
suite des choses.
M. Leduc : ...particulièrement
encourageant, parce que vous nous dites, dans le fond, que, si d'aventure on
réussit à atteindre le 30 % dans cinq ans, en 2030, on va avoir
probablement la même proportion de 80 % d'aires provisoires, puis, dans
les aires provisoires, il n'y a pas de plan de conservation, ce n'est pas les
mêmes protections légales. Ça fait que ce n'est pas particulièrement
réjouissant.
M. Charette : Il y a des protections
qui s'appliquent au même titre que...
M. Leduc : Oui, mais ce n'est pas
les mêmes.
M. Charette : Bien, c'est-à-dire, on
ne peut pas développer d'activités industrielles ou autres même si le statut n'est pas pleinement reconnu comme étant
permanent. Et, je rappellerai, l'UICN, qui est l'instance directrice sur ces
questions-là, reconnaît le statut d'aire protégée provisoire. Donc, non
seulement, il faut passer aux étapes suivantes, mais il faut aussi faire les
efforts nécessaires pour augmenter le pourcentage global, et on travaille sur
les deux aspects avec des... et ce
n'est pas que des objectifs, là. On a des résultats très concrets en la
matière, là, qui demeurent encourageants.
M.
Leduc : Qu'est-ce que vous pouvez faire, concrètement et
rapidement, pour augmenter cette proportion-là de territoires protégés de
manière complète et non provisoire? Qu'est-ce qui est... Quels outils sont à
vos dispositions?
M.
Charette : ...les étapes légales et réglementaires qui nous
permettent de passer d'un statut à l'autre. Donc, on ne peut pas aller plus
rapidement que ces étapes-là qui sont prévues. Dans certains cas, ça peut
nécessiter des BAPE. Dans certains cas, ça nécessite des consultations,
aussi, publiques de différentes formes. Donc, ça, c'est des étapes qui se
poursuivent en parallèle des efforts qui, eux, visent à augmenter le
pourcentage global de protection, mais j'invite le collègue à prendre connaissance des règles qui sont établies pas par
le gouvernement du Québec, par l'UICN elle-même, et la procédure, et nos
aires protégées, parce qu'on a différentes catégories d'aires protégées. Tout
est en parfaite cohérence avec les directives qui nous sont données par
l'instance qui est responsable de ces questions-là.
M. Leduc : Ce
n'est pas nécessairement le bout le plus troublant du rapport, M. le ministre,
parce que... de plus troublant de cette section-là, parce que la Commissaire au
développement durable nous explique aussi que le ministère n'a pas mené avec
toute la rigueur nécessaire la sélection des aires protégées : «Lors des
consultations ministérielles — donc, un processus normal, là, quand il y
a quelque chose qui se passe au gouvernement, on essaie de parler aux autres ministres — un
projet de protection d'un territoire est rejeté dès qu'un autre ministère s'y
oppose.» Puis moi, dans la discussion avec la VG, j'ai demandé :
C'est-tu comme systématique? Elle a dit : presque.
M. Charette :
Oui, bien, peut-être corriger certaines informations, mais, en même temps,
préciser la façon dont on travaille au gouvernement actuel. Si d'autres
gouvernements veulent travailler différemment, ça leur revient, mais il y a un travail qui se fait avec les autres
ministères. Moi, j'aime mieux aller chercher des consensus forts. Moi, je ne
veux pas imposer de veto à personne, et inversement les autres ministères ont
intérêt à collaborer avec nous. Chaque ministère a sa mission.
Donc, pour arriver à
ce chiffre, que je vais qualifier d'exceptionnel... On était à moins de
11 %, et il fallait passer à 17 %
en quelques mois. Généralement, là, si on se fie à la moyenne des années
précédentes, ça nous aurait pris des décennies, vraisemblablement, pour
y arriver, tant il n'y avait pas d'avancée. Donc, on s'est assis, à l'époque,
je me souviens très bien, et, à travers
plusieurs rencontres avec le ministère responsable des Forêts, qui a changé de
nom entre-temps, avec le ministère
des Ressources naturelles... et on a identifié ensemble les avancées que l'on
pouvait faire de façon la plus rapide.
M. Leduc : Ce
n'est pas ça, ma question, M. le ministre.
M. Charette : Donc, ce n'est pas un
veto, c'est une collaboration, et ça, c'est pleinement, pleinement assumé.
M. Leduc : Mais ce n'est pas ça, ma question. La VG, elle
dit : À la seconde, là, qu'un autre ministère dit : On n'est
pas d'accord, c'est la fin des haricots, c'est terminé.
M. Charette :
Bien, je peux confirmer...
M.
Leduc : Alors, elle dit
même : «Elle n'obtient pas toutes les informations essentielles pour
justifier les décisions prises,
notamment celles à l'appui des refus ou des approbations de la part des
ministères.» Ça fait que c'est comme si... Vous vous faites dire
non : O.K., c'est beau, on passe au prochain point.
M. Charette :
Bien, je peux vous confirmer que c'est faux, et pas parce qu'on me l'a
rapporté, parce que j'étais personnellement de ces rencontres-là. Ce sont des
rencontres avec les différents ministères impliqués, et on travaille ensemble à
identifier les territoires à protéger. Dans certains cas, et je peux dire que
c'est le cas de plusieurs des milliers de kilomètres carrés qui ont été
protégés, au départ, la première réponse d'un ministère plutôt qu'un autre était : Non, non, on ne touche pas à
ça. Puis, au final, on s'est entendus pour dire oui. Donc, je suis obligé d'être
en désaccord avec la prémisse de...
M. Leduc : Avez-vous
des statistiques là-dessus?
M. Charette :
Pardon?
M. Leduc : Avez-vous
des statistiques? Parce qu'elle, elle dit qu'elle a épluché beaucoup de
dossiers, là.
M. Charette :
Bien, c'est-à-dire, la statistique est qu'on était à moins de 11 % et
qu'on est passé à 17 %. Petite question, sans que ce soit une question
piège : 1 %, c'est combien de milliers de kilomètres carrés?
M. Leduc : C'est
moi qui pose les questions, ici, M. le ministre.
M. Charette :
Bien, je vais donner la réponse à ma propre question, dans mon temps de
réponse.
La Présidente (Mme
Maccarone) : S'il vous plaît!
M. Leduc : C'est
quoi, les ministères qui s'opposent le plus?
M. Charette :
1%...
M.
Leduc : C'est moi qui pose les questions, M. le ministre.
C'est quoi, les ministères qui s'opposent le plus?
M. Charette : Ça
fait partie de ma réponse, M. le député. 1 %, c'est
17 000 kilomètres carrés.
M. Leduc : Ce n'est pas ça, ma
question.
M. Charette : On est passé de
11 % à 17 %. Ce sont des dizaines de milliers de kilomètres carrés
qui ont été protégés avec la collaboration des différents ministères impliqués.
La Présidente (Mme Maccarone) : On
va le laisser répondre.
M.
Charette : Donc, il n'y a pas
de ministère qui s'oppose de façon systématique. Si c'était un refus systématique, on n'aurait pas réussi ces avancées
remarquables. Donc, c'est une collaboration qui se fait entre ministères,
qui est à souligner, et ça correspond à 34 fois l'île de Montréal, ce qui
n'est pas banal.
La Présidente (Mme Maccarone) :
Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Leduc : Ma question est très
simple. Quels sont les ministères qui s'opposent le plus souvent aux projets
auxquels vous écoutez...
M. Charette : Ma réponse, elle était
tout aussi simple, il n'y a aucun ministère qui refuse systématiquement. Chaque ministère a sa mission, le ministère de
l'Environnement a la sienne, et on collabore ensemble pour arriver aux
meilleurs résultats possibles.
M. Leduc : Bien, j'ai posé la
question à la VG, elle m'a dit : Ressources naturelles et Énergie.
M. Charette : Bien, elle n'était pas
de nos rencontres, donc c'est peut-être sa perception. Moi, je peux dire que
j'y suis, je suis autour de la table, donc ce n'est pas par délégation, et mes
collègues ministres sont souvent eux aussi,
personnellement, autour de la table, et on arrive à faire ces avancées-là. S'il
y avait des refus systématiques, on n'aurait pas gagné plusieurs
dizaines de milliers de kilomètres carrés de protection au cours des dernières
années.
M.
Leduc : J'ai de la misère à comprendre. Dans le fond, vous
êtes en train de nous dire que, la VG, elle a mal travaillé?
M. Charette : Je ne dis pas qu'elle
a mal travaillé...
M. Leduc : Parce que, là, vous dites
exactement une version 100 % contraire de ce qu'elle nous soumet dans un
rapport, là.
M.
Charette : Je ne dis pas qu'elle a mal travaillé. Je dis
qu'elle n'a pas, malheureusement, relaté avec exactitude la réalité par
rapport à cette question-là. Elle n'est pas de nos rencontres.
M.
Leduc : Elle, elle a dit qu'elle a épluché des dossiers,
qu'elle a fouillé dans beaucoup d'instances puis que c'est ça qu'elle a
constaté. C'est son travail.
M. Charette : Elle n'est pas non
plus, à ma connaissance, au Conseil des ministres, là où les décisions se prennent, ultimement. Et je me souviens qu'à la
base il y avait plusieurs dizaines de projets d'aires protégées et plusieurs
dizaines... Tous n'ont pas été acceptés, pour différentes raisons. Dans
certains cas, on n'avait plus les consensus locaux pour adopter des projets.
Parce que, je ne sais pas quelle est la vision de Québec solidaire, mais nous,
lorsque les acteurs locaux, notamment les
maires et mairesses, se refusent à aller de l'avant avec un projet, bien, nous,
on respecte ça aussi. Donc, on est à
la recherche des plus grands consensus possibles. Donc, on parle de ministères,
oui, mais on parle d'élus municipaux également. Et, lorsqu'on a cette
adéquation-là, c'est-à-dire...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Ceci met fin à ce bloc. Merci, M. le ministre. Nous allons passer maintenant au
député des Îles-de-la-Madeleine. La parole est à vous.
• (11 h 40) •
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. Sur le même thème, il y a 80 % de la superficie du réseau québécois d'aires protégées qui est actuellement
sous statut provisoire et, dans plusieurs cas, depuis plusieurs années. On
ne parle pas de consolidation définitive,
selon le rapport de la Commissaire au développement durable, pour la plupart
de ces aires-là. Ce que ça pose comme problème, M. le ministre, vous semblez le
négliger, c'est qu'il n'y a pas de plan de
conservation qui est obligatoire pour ces aires protégées là, pas d'obligation
de suivi rigoureux, pas de mécanisme de
mise en valeur durable. Je crois comprendre, des réponses que vous avez données
à mon collègue, que c'est le même... la même protection pour les aires
consolidées et les aires provisoires.
M. Charette : Ce que j'ai mentionné,
c'est qu'il y a des obligations, il y a des restrictions. On ne peut pas
développer ces territoires-là comme on pourrait développer des territoires, là,
qui n'ont pas de statut de protection. Ce que je disais et mentionnais, et il faut s'y
référer, on peut inventer nos propres règles, rien ne nous empêche de le faire,
mais, si on veut être crédible en la matière, il faut suivre les règles de
l'instance internationale qui est responsable de ces dossiers-là. Cette
instance-là s'appelle l'UICN. Je me suis pratiqué, à travers le projet de loi
n° 102, à prononcer l'acronyme et
j'arrive à le faire sans trop hésiter dorénavant, mais c'est l'instance
internationale qui est responsable de ces questions-là, et cette instance
reconnaît non seulement les statuts provisoires, parce que ça fait partie du
processus de protection, mais cette instance-là, surtout, souligne le
leadership du Québec. Il y a très peu d'États dans le monde qui ont atteint les
cibles de 2020.
M. Arseneau : Est-ce que, M. le
ministre, vous reconnaissez qu'un statut provisoire n'est pas aussi exigeant qu'un statut permanent, en matière de suivi, en
matière d'obligation, en matière de plan de conservation, en matière de
mesures mises en place pour la protection définitive? Est-ce que vous
reconnaissez que ce... Je sais que vous dites que
c'est reconnu par l'UICN. Est-ce que vous reconnaissez, minimalement, qu'on n'a
pas la même protection, pas les mêmes suivis, pas les mêmes plans?
M.
Charette : Ce n'est pas la
même chose. Et il y a un plan de conservation qui est élaboré, là, au moment de
l'attribution d'un statut, oui, permanent, mais il se prépare, dans
l'intervalle, ce plan de conservation là. Et, dans l'intervalle, les activités qui auraient eu cours normalement, que ce
soit l'exploitation, l'exploitation forestière, que ce soit l'industrie
minière, ces activités-là ne sont...
M. Arseneau : ...
M.
Charette : Bien, c'est le minimum. En même temps, c'est le
développement qui aurait eu cours normalement sur ces territoires-là, s'il n'y
avait pas eu de statut de protection. Donc, c'est un minimum qui contraint...
qui empêche la menace principale qui aurait visé le territoire. Donc, on est
réellement, réellement dans une démarche, et le collègue, je suis convaincu,
connaît la démarche...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Merci, M. le ministre.
M. Arseneau : Bien, dans l'esprit,
dans l'esprit de la réglementation et des lois, est-ce que l'objectif du provisoire n'est pas, à vos yeux, de le
transformer en statut permanent? Et, si oui, y a-t-il aujourd'hui, M. le
ministre, des processus, actuellement, de consolidation en place ou en
cours?
M. Charette : Comme je le
mentionnais, et on a... Je pense que c'était le 102, hein? Je me fie à ma
collègue d'Argenteuil, qui avait brièvement
travaillé le dossier également. C'est une loi qu'on a adoptée, là, il n'y a pas
si longtemps, qui est venue
moderniser la Loi sur la conservation du patrimoine naturel, et on assure ces garanties-là
pour les territoires provisoires aussi. Il y a des protections qui
s'appliquent, même si le territoire n'est pas permanent. Ultimement, on
rappelle que c'est en 2021, donc le temps file plus rapidement que je
pensais...
M. Arseneau : Le temps file,
effectivement...
La Présidente (Mme Maccarone) : Il
vous reste quatre minutes.
M. Charette : Ce sont des
territoires protégés et inscrits au registre, comme les aires protégées
permanentes.
M. Arseneau : Est-ce que, oui ou
non, vous voyez dans le statut de provisoire un statut permanent? Parce que
c'est ce que je comprends de ce que vous me dites : le statut provisoire,
il est permanent, on ne veut pas aller plus loin dans la consolidation.
M. Charette : Non, ce n'est pas ce
que je dis. Les statuts provisoires vont devenir permanents, mais, même
lorsqu'ils sont provisoires, ça garantit une protection du territoire qui est
intéressante...
M. Arseneau : Ça, on a compris ça.
Est-ce que vous avez un échéancier pour pouvoir transformer les statuts
provisoires en permanents?
M. Charette : Il y a des étapes qui
se poursuivent, notamment l'élaboration d'un plan de conservation dans certains
cas, on retourne en consultation aussi. Donc, ces étapes-là se poursuivent, et
ça nous permet, parce que la protection est assurée... ça nous permet aussi de
travailler sur de nouveaux territoires à protéger, ultimement, pour espérer
atteindre le 30 % pour 2030, et c'est l'objectif qu'on s'est donné.
M. Arseneau : Mais comment le
ministre, Mme la Présidente, peut-il affirmer que la protection provisoire
garantit la protection et la conservation de l'aire en question, alors qu'il
n'y a pas de suivi, il n'y a pas de mécanisme de mise en valeur, il n'y a pas,
dans la majorité des cas, de plan de conservation? On ne sait pas ce qui se
passe dans les régions provisoires. Il s'agit d'un stationnement pour des aires
où on va peut-être empêcher la coupe du bois ou le développement de nouvelles mines, mais, sinon, quelles sont les mesures
appliquées par le gouvernement, par le ministère?
M. Charette : C'est là où je suis obligé d'être en désaccord
avec le collègue. Lorsqu'il y a un statut provisoire, les menaces, à ces territoires-là, qui étaient les
plus probables au niveau de la foresterie, au niveau du minier notamment,
ces menaces-là sont écartées. Donc, c'est
une menace qui n'existe plus. On parle d'un territoire protégé, mais,
comme je le mentionnais, il y a des étapes à franchir, une fois le
statut provisoire obtenu.
Et, là où la modification législative apportée
en 2021 a fait une grande différence, c'est justement... Même avec un statut provisoire, on vient garantir des
protections, on vient garantir une inscription au registre. Donc, c'est un territoire protégé qui franchit d'autres étapes.
Et, pendant que ces étapes-là se franchissent, on travaille à développer aussi,
en parallèle, de nouvelles aires protégées ou de nouveaux territoires protégés.
La Présidente (Mme Maccarone) :
Merci. Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Arseneau : La Commissaire au
développement durable ne semble pas voir, du point de vue du ministère, de vision intégrée de conservation des différentes
aires protégées, qu'elles soient permanentes ou, en fait, surtout pour
les aires protégées avec un statut temporaire. Est-ce qu'il y a, au sein du
ministère, actuellement, un tableau de bord sur l'évolution des aires protégées
qui ont un statut temporaire, qui les mènerait vers un statut permanent?
M. Charette : Oui, on connaît
très bien les étapes qu'il reste à franchir. Et, là où la modification
législative de 2021 prend toute son importance, c'est qu'avant, le statut
provisoire, un, était beaucoup plus long à obtenir; deux, n'offrait pas les
garanties de protection dans l'intervalle; et, trois, ce n'était pas
systématiquement inscrit au registre des
aires protégées. Donc, à... Maintenant, on peut procéder, un, plus rapidement,
c'est plus transparent, et, trois, dans l'intervalle, il y a une protection qui s'applique dès ce statut
confirmé, ce qui n'était pas le cas auparavant. Donc, c'est une avancée qui est significative et qui nous
permet de protéger encore plus rapidement et encore plus de territoire que
par le passé.
M. Arseneau : Dans
l'élaboration du plan pour l'atteinte de l'objectif de 17 % d'aires
protégées en 2020, on comprend, du rapport de la Vérificatrice générale... de
la Commissaire au développement durable, que les superficies n'ont pas été
identifiées de façon à pouvoir véritablement représenter les différents
secteurs écologiques du Québec à protéger,
assurer la connectivité. Les critères, donc, étaient essentiellement de
superficie. Est-ce que ce que vous reconnaissez cette conclusion de la
commissaire?
M. Charette : Oui. Oui et non. Un, on a eu un rattrapage
important à faire, je vous le mentionnais, les gouvernements précédents
avaient comme évacué cet engagement-là qui nous concernait, pourtant, pour
2020. Dans les années qui ont précédé notre arrivée au gouvernement, il n'y a
pas d'avancée véritable qui s'était faite au niveau de la protection du
territoire. Donc, on avait un rattrapage. Donc, oui, il y avait une volonté de
couvrir de grandes étendues, mais, non, je ne minimise pas les avancées qui ont
été faites, parce que ça a impliqué une superbe collaboration avec les
différentes communautés autochtones qui nous demandaient de protéger leurs
territoires. Donc, oui, dans certains cas,
c'est davantage au Nord, mais je trouve très, très insultant, notamment pour
les communautés cries, lorsque j'entends que les territoires qu'ils nous
réclamaient pour protection ne seraient pas des territoires d'importance ou de
valeur digne de mention.
M. Arseneau : Mais lorsqu'on dit que «le réseau n'a pas été
conçu pour assurer une représentation adéquate des écosystèmes et que la
connectivité écologique entre territoires protégés a été largement négligée»,
c'est un constat qui est brutal. Est-ce que vous le reconnaissez?
M. Charette : Négligée, je...
M. Arseneau : Parce que la
Commissaire au développement durable le dit, dans ses communications avec le ministère, on reconnaît les conclusions comme
étant valides et qu'on va les corriger. Vous semblez dire qu'on a fait le travail
de façon parfaite et adéquate.
• (11 h 50) •
M.
Charette : Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit : Il y
avait un rattrapage à faire. Ce que je dis, c'est que je ne minimise pas l'importance des territoires, au
Nord, qui ont été protégés. Autrement, pour moi, c'est mépriser les territoires
qui sont chers aux Cris. Mais on a... Les Cris, notamment, ce ne sont pas les
seules communautés qui ont été partie prenante
de cet... de ces échanges-là. Mais, au Sud, on a multiplié les initiatives
aussi pour aller chercher des territoires d'importance à protéger. J'évoquais,
il y a quelques minutes à peine, un appel à projets qui s'est terminé il y a
quelques semaines, tout juste, qui
vise justement à multiplier les initiatives au Sud également. Mais ce qui est
cher au gouvernement, puis encore là c'est une question d'approche, on
peut nous le reprocher, mais nous, c'est pleinement assumé, c'est une
collaboration qui se fait avec les milieux. Nous, s'il n'y a pas d'adhésion au
niveau local, on n'imposera pas une démarche...
La Présidente (Mme Maccarone) :
Merci. Merci, M. le ministre. Poursuivez, oui.
M.
Arseneau : Vous avez parlé tout à l'heure, M. le ministre,
des changements législatifs de 2021, le statut, là, de territoire mis en
réserve, notamment. Bon, il y en a quelques-uns qui ont été identifiés, je
pense qu'il y en a cinq, là, depuis quelques années, qui
sont essentiellement en attente indéfinie. J'aimerais savoir combien de ces
territoires-là, là, peuvent espérer être véritablement convertis en
aires protégées permanentes et dans quels délais.
M. Charette :
Bien, en fait, c'est le but, que les temporaires deviennent permanents.
C'est le but, on travaille dans ce sens-là.
Mais, lorsqu'il est question de connectivité, là aussi, ça fait partie du coeur
de nos démarches. Mais pour réellement
réussir, et c'est là où je me portais en faux avec l'interprétation, là, du
collègue de la deuxième opposition, on ne peut pas faire cavalier seul, dans
ces dossiers-là, le ministère de l'Environnement ne peut pas partir seul de son
côté sans prendre en considération l'impact
des décisions qu'il pourrait prendre. C'est la raison pour laquelle on travaille
avec d'autres ministères, mais c'est la
raison pour laquelle on travaille aussi avec les communautés autochtones et le
milieu municipal pour aller chercher...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. M. le député...
M. Charette :
...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci, M. le ministre.
M. Arseneau :
La Commissaire au développement
durable semble essentiellement dire que le ministère navigue à vue, sans cadre
de gestion formel. Ça a été repoussé à 2028. Elle semble dire essentiellement
que cela compromet la planification stratégique nécessaire pour
l'atteinte du 30 % de conservation d'ici 2030. Qu'est-ce que vous répondez
à ces conclusions-là?
M. Charette :
Que je suis en total désaccord
avec cette lecture de la Commissaire au développement durable. Je pense que les résultats obtenus au cours des
dernières années démontrent l'importance que l'on accorde aux dossiers,
démontrent aussi nos chances de réussite. Si on n'avait pas atteint notre cible
de 2020, malgré les retards importants accumulés, on ne serait
vraisemblablement pas crédibles pour l'atteinte...
M. Arseneau :
Mais on parle d'une cible
quantitative, alors que, sur le plan de la qualité, de la protection et de
la pérennité, c'est...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Ceci met fin à ce bloc. Nous allons passer
maintenant à la députée de Vaudreuil. La parole est à vous.
Mme Nichols :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre. Bonjour à votre équipe.
Des questions en lien, entre autres, avec le
projet de modernisation des règles pour les zones inondables, évidemment, dans
le comté de Vaudreuil, ça continue de
soulever un bon nombre de questionnements, autant chez les citoyens que chez
les municipalités. Le comté de
Vaudreuil est grandement affecté, vous le savez, là, on en a déjà parlé, là,
par la cartographie. C'est 2 400 résidences, là, qui sont affectées,
puis ça, c'est juste à Vaudreuil-Dorion.
Je n'ai pas besoin
d'expliquer au ministre qu'une maison, c'est l'investissement d'une vie, puis
que de se retrouver en zone inondable, là, il y a des préjudices, des
préjudices importants, des préjudices énormes. Certains citoyens ont soulevé
qu'ils ne sont pas capables de s'assurer. Évidemment, si tu n'as pas
d'assurance, tu ne peux pas renouveler ton hypothèque, donc des problèmes, des
problèmes de refinancement.
Moi, M. le ministre,
je n'ai pas grand temps, ça fait que je vous demande : Est-ce que vous
avez pensé à des méthodes, entre autres?
Parce qu'ailleurs au Canada il y a une possibilité de regarder pour des
certificats de résilience ou des mesures d'atténuation. Donc, je
voudrais savoir votre position.
M. Charette :
C'est un dossier très important. Merci pour la collègue... à la collègue
pour la question posée. D'ailleurs, on a rencontré ensemble chacun des élus
municipaux, là, de sa circonscription. Peut-être réitérer un principe très important, le ministère, à travers
cet exercice-là, n'invente pas de zones inondables, il les identifie. Donc,
c'est important aussi pour les citoyens de
savoir à quels risques ils font face en habitant à telle ou telle enseigne.
Donc, on ne les invente pas, on les
identifie. Et, dans certains cas, c'est un travail de mise à jour des cartes
des zones inondables qui n'avait pas
été fait depuis 30 ans. Et on sait que la connaissance a évolué, on sait
que les changements climatiques vont provoquer aussi des changements
importants. Donc, c'est réellement un exercice de transparence. Ceci dit...
Mme Nichols :
Vous avez quand même le contrôle sur le cadre réglementaire qui s'en vient,
là. Pour les zones, ça va, tout le monde est
d'accord, mais, sur le cadre réglementaire, qui va avoir définitivement un
impact sur les citoyens, est-ce qu'il
y a une ouverture à regarder, justement, pour des certificats de résilience,
comme il se fait ailleurs, pour justement, là, atténuer les impacts du
cadre réglementaire sur nos citoyens?
M. Charette :
Le cadre réglementaire va aider, justement, à cette transparence, et les
citoyens vont savoir quel est le niveau de risque. C'est ce qui est nouveau, et
l'impact ne sera pas le même. Ce n'est pas parce qu'on est en zone inondable que la situation, elle est
catastrophique pour autant, parce qu'on va venir déterminer le niveau de risque.
C'est un régime qui existe depuis plusieurs
années. Il y a des milliers de maisons au Québec, depuis ces années-là, qui se
retrouvent en zones inondables, qui ont été achetées, qui ont été revendues,
qui ont été construites. Donc là, on vient identifier le niveau de risque et
déterminer qu'est-ce qu'il est possible de faire selon tels risques.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Mme la députée.
Mme Nichols :
Oui, mais c'est quand même... Tu sais, je ne veux pas reprendre vos
citations, mais vous avez dit que ce n'était pas dramatique, là. Mais
mettez-vous à la place des citoyens, c'est dramatique pour plusieurs,
présentement, qui sont dans des situations insoutenables. Est-ce qu'il y aura
une procédure de contestation qui sera prévue
dans le cadre réglementaire? C'est une demande sur laquelle les citoyens et les
municipalités n'ont pas de réponse.
M. Charette :
Ce qui est dramatique, c'est...
Au cours des derniers mois, il y a des acteurs qui ont pris position
dans le dossier, qui sont...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Je suis désolée, ceci met fin à cet échange. Nous allons poursuivre,
encore une fois, avec l'opposition officielle. Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, Mme la Présidente. Je continuerai en
après-midi sur le dossier des zones inondables, mais je vais revenir sur
une catastrophe qui a eu lieu, d'inondation, mais qui a été plutôt faite par
des pluies diluviennes, la tempête Debby, et là je vais revenir sur mon thème
des déchets que je parlais plus tôt.
Debby a évidemment
provoqué énormément d'inondations, mais aussi généré une tonne de déchets
souvent contaminés, et ça, ça a augmenté, de
façon substantielle, la quantité de déchets qui ont été envoyés à
l'enfouissement en une période très,
très, très courte. D'abord, est-ce qu'on a fait un bilan de la situation? Et je
parle vraiment spécifiquement, là, de la quantité de déchets qui s'est
retrouvée dans les sites suite à la tempête.
M. Charette :
...à Debby, en fait, c'est une question très, très spécifique. La collègue
va me permettre, là, de solliciter
l'expertise du ministère. Donc, si la collègue a d'autres questions, peut aller
de l'avant. Donc, on nous fournira peut-être un élément de réponse à ce
niveau-là sous peu.
Mme Dufour : O.K.
Bien, pour une municipalité seulement, ville de Laval, on était à
9 000 tonnes, après trois semaines
seulement de ramassage, donc c'était énormément... Parfois, on nous disait
qu'en une journée on ramassait l'équivalent d'une année de déchets.
Est-ce qu'on sait, à ce stade-ci, si ça a touché la capacité résiduelle des
sites d'enfouissement?
M. Charette :
On a eu l'échange, précédemment, le ministère a un bon portrait de la
situation des lieux d'enfouissement
technique. Donc, on est quand même agiles à déterminer, justement, leur durée
de vie par rapport aux cellules
actuelles. Donc, c'est constamment évalué. Et, si cette matière-là se
retrouvait au niveau des lieux d'enfouissement technique, c'est pris en
compte, et ultimement, oui, ça peut affecter l'espace disponible. Et c'est là
où on s'ajuste et qu'on fait des projections sur le potentiel à venir, là, de
chacun de ces lieux d'enfouissement technique là.
Mme Dufour : Donc,
c'est possible que la durée de vie soit raccourcie, si le tonnage était très
important, là, suite à une situation comme
ça? Est-ce que, dans le futur, on va... on pourrait se doter de capacités
résiduelles, un genre de... excusez
le terme, là, «buffer» pour des événements climatiques comme ça, qui pourrait
servir ou pas, mais pour ne pas, justement, avoir à réagir en catastrophe,
là, s'il y avait trop de déchets?
M. Charette :
Pour ce qui est de la durée de
vie des autorisations en cours, là, on m'indique que ça a très peu...
ou, en fait, ça n'a pas affecté la capacité, là, des lieux d'enfouissement
technique. Naturellement, c'est un suivi qui continue de se faire, et on a, je
pense, cette agilité-là de pouvoir prévoir, justement, la durée des
autorisations et leur capacité de matière en
conséquence. Et autant, dans certains cas, certains lieux d'enfouissement se remplissent
plus vite que prévu, d'autres se remplissent moins rapidement que prévu.
Donc, il n'y a pas de menace, là, à ce niveau-ci, à ce moment-ci. Mais, pour ce qui est de Debby, il n'y a pas eu de... ça n'a
pas porté atteinte, là, à la durée de vie des lieux d'enfouissement
technique.
• (12 heures) •
Mme Dufour : O.K. Donc, on sait... Pardon, j'attends le micro.
Donc, on sait la quantité qui a été envoyée aux sites d'enfouissement?
M. Charette : On est en mesure de confirmer, là, que ça n'a pas
affecté, là, la capacité, là, de ces lieux d'enfouissement technique là.
Mme
Dufour : On est lendemain
d'élection, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de pancartes électorales qui seront
à sortir de nos rues. Actuellement, est-ce qu'elles sont recyclables, les
pancartes électorales?
M. Charette :
Elles sont valorisées, je vais le dire comme ça. La collègue a connu des
élections, tant au municipal qu'au provincial, elle sait comme moi que c'est un
matériau qui est très convoité. Moi, je... Bien, je vais vous raconter une petite expérience personnelle,
je ne m'éterniserai pas, mais à chaque élection, j'attribue des rues pour ceux
qui veulent les récupérer. Le soir même, il n'en reste plus, de ces
pancartes-là, parce qu'elles sont valorisées à différentes fins.
Mme Dufour :
La question est : Est-ce qu'elles sont recyclables? La réponse est oui,
elles le sont, elles sont valorisées. Par
contre, sur l'application Ça va où? de RECYC-QUÉBEC, on recommande aux citoyens plutôt de les mettre
à la poubelle. Donc, il y aurait peut-être une mise à jour à faire, compte
tenu... et rapide, compte tenu du nombre de pancartes qui seront à recycler
dans les prochains jours.
M. Charette : ...de la gestion de la matière résiduelle, la
collègue sait fort bien que la valorisation est toujours préférée au
simple recyclage. Pour ce qui est des pancartes électorales, elles
disparaissent très, très rapidement, parce qu'il
y a des usages qui sont possibles et qui sont recherchés, sans avoir à traiter
cette matière-là. Et c'est très varié, là, et c'est même étonnant, et
c'est gênant par moment. La collègue a peut-être vécu l'expérience d'aller dans
une école et d'avoir une de ses pancartes
électorales qui a été recyclée pour des bricolages x. Donc, moi, mon visage, je
peux vous confirmer qu'il s'est retrouvé dans des situations parfois
amusantes.
Mme Dufour : Mais c'est gênant qu'on dise aux citoyens que ça
va à la poubelle, alors qu'il y a d'autres moyens de les valoriser,
comme vous l'avez mentionné, et elles sont recyclables.
Je
vais aller sur un autre sujet :
AgriRÉCUP. La récupération des
plastiques agricoles, peut-être pas dans la région de Montréal, mais dans certaines régions, ça a fait beaucoup les
manchettes, notamment dans le secteur de Kamouraska. Peut-être nous faire un état de situation, on en
est où avec AgriRÉCUP. Il semble qu'il y ait des enjeux de... le montant
qu'ils reçoivent versus le montant que ça
leur coûte, finalement, pour opérer la responsabilité, la REP, là,
responsabilité élargie des producteurs, qui leur incombe.
M. Charette :
Encore là, bien, en fait, la collègue vient de le mentionner, la gestion des
plastiques agricoles est soumise à une autre
responsabilité élargie des producteurs. Donc, ce sont les producteurs, là, qui
sont responsables de mettre en place un système et de le gérer. Il y a
des ajustements à faire. D'ailleurs, on devait élargir certains aspects pour certains types de plastiques
agricoles, au cours des prochaines semaines, des prochains mois. On a convenu
d'un report parce que, justement, là, le
marché n'était pas en mesure, là, d'accueillir ou de répondre à ces
obligations-là. Mais, à la base, la gestion du système et son
financement reviennent aux producteurs eux-mêmes, en étant conscients qu'il y a
des ajustements réglementaires qui peuvent être faits. Et on travaille,
justement, avec l'organisme de gestion désigné, mais également les producteurs
agricoles, là, pour être le plus en phase possible avec la réalité agricole.
Mme Dufour :
Mais l'écofrais, qui l'établit?
M. Charette :
Bien, le financement...
Mme Dufour :
Non, l'écofrais.
M. Charette : Comme toute REP, le financement est assuré par
les producteurs. Donc, les producteurs peuvent imposer des frais supplémentaires à leurs clients. C'est une
responsabilité élargie des producteurs. On le mentionnait tout à l'heure pour
les contenants à boire, bien que ce ne soit pas la même matière, c'est le même
principe qui s'applique.
Mme Dufour :
Ça fait que le 40 $ la tonne qui est imposé présentement, ce n'est pas par
règlement. C'est les producteurs qui décident de ce montant-là?
M. Charette :
On ne détermine pas les montants.
Effectivement, ce sont les producteurs, à travers leur organisme de
gestion désigné, là, qui déterminent les coûts d'opérationnalisation du
système.
Mme Dufour : O.K.,
mais est-ce qu'il peut y avoir un enjeu que certains ne le paient pas? Par
exemple, s'ils achètent leur plastique à l'extérieur de la province, ils ne le
paieront pas?
M. Charette :
C'est là où la mise en marché se
fait. Au Québec, le prix est payé par le détaillant et facturé par le producteur, et, encore là, c'est un système qui
est mis en place par les producteurs eux-mêmes. Ce n'est pas le gouvernement du
Québec qui le gère ou qui l'opérationnalise, mais c'est une démarche qui est
relativement nouvelle, on l'admet d'emblée, qui est issue d'une réglementation québécoise. Donc, on est en train de
travailler, là, avec autant l'organisme de gestion désigné que les
producteurs agricoles pour voir, là, si on peut leur faciliter la tâche, là, à
ce niveau-là.
Mme Dufour : Oui, bien, définitivement, il faudrait trouver une
façon que tout le monde soit couvert, incluant ceux qui achètent à l'extérieur,
parce que ça devient une... Pour les producteurs, le plastique québécois, ils
deviennent défavorisés parce qu'eux sont... ils doivent payer... Dans le
fond, ils sont soumis à cet écofrais-là et les autres ne le sont pas. Donc, il
y a une iniquité. Ils deviennent non concurrentiels, et ça encourage finalement
les agriculteurs de s'approvisionner à l'extérieur du Québec. Donc, il faudrait
revoir cet élément-là.
M. Charette :
Juste rassurer la collègue, c'est
là où la mise en marché au Québec se fait que le montant peut être
facturé. Donc, que le plastique soit produit ou non au Québec, s'il est vendu
au Québec, c'est la même... les mêmes obligations qui s'appliquent.
Mme Dufour : Même s'il est importé,
parce que ce n'est pas ce qu'ils nous disent, les producteurs.
M. Charette : C'est
le lieu de mise en marché. Donc, si c'est mis en marche au Québec, ça
s'applique, que ce soit produit au Québec ou ailleurs sur la planète.
Mme Dufour : Donc, si j'achète sur
Amazon, je le fais livrer directement, je vais payer l'écofrais?
M. Charette : Oui. Les achats sur le
Web sont couverts également.
Mme Dufour : O.K. Bien, les
producteurs nous disent quelque chose de différent, mais je vais aller sur un
autre élément des plastiques. Il y a des plastiques qui sont autorisés, qui
sont dits biodégradables, mais, en fait qui se dégradent plutôt en fines
particules de plastique qui restent dans le sol. Les agriculteurs demandent de
les interdire. On en est où?
M.
Charette : Comme je le mentionnais tout à l'heure, il devait
y avoir un élargissement de certaines modalités à travers des
changements réglementaires, et on a convenu, là, c'est relativement récent, au
cours des derniers jours, des dernières
semaines, de revoir notre calendrier à ce niveau-là. Et, s'il n'y a pas de
capacité de valorisation, c'est là où l'approche prendra
vraisemblablement plus de temps à se mettre en opération pour s'assurer, là,
qu'on n'impose pas une contrainte qui n'apporte pas son bénéfice d'un point de
vue de recyclage ou de valorisation.
Mme Dufour : Oui. Ce n'était pas ma
question, M. le ministre. Les paillis de plastique qui sont utilisés, mais qui se... qu'on dit biodégradables, mais que, dans
les faits, c'est juste une... les plastiques se réduisent en petits morceaux,
mais on les retrouve dans le sol des... très
longtemps, d'ailleurs, il y avait un bel article, dans La Terre de chez nous,
qui disait Un festin de plastique!, et c'était une terre
agricole, est-ce qu'on va les interdire?
M. Charette : Je ne voudrais surtout
pas mal interpréter la question de la collègue ou donner une réponse qui ne
soit pas exacte. Donc, ce serait d'interdire certains types de plastiques en
particulier...
Mme
Dufour : Ceux qu'on dit biodégradables, mais qui ne sont
pas biodégradables dans les faits. Écoutez, on pourra s'en reparler.
M.
Charette : La collègue va me permettre de prendre la question
en délibéré pour lui revenir... Je veux juste voir si je n'aurais pas un
élément de réponse à ce sujet-là.
Mme Dufour : C'est bon. Je vais vous
amener ailleurs. Avez-vous lu le livre Ordures!?
M. Charette : Si...
Mme
Dufour : ...lu le livre Ordures! de Simon Poupart...
C'est Simon Poupart-Paré, je pense, son nom? Oui.
M. Charette : Non.
Mme Dufour : Je vous le recommande.
M.
Charette : J'ai beaucoup, beaucoup de propositions de
lecture. J'arrive à peine... En fait, je ne suis pas à jour par rapport
à tout ce qui m'est proposé. Est-ce que c'est une recommandation de la
collègue?
Mme Dufour : Définitivement.
M. Charette : Je vais l'ajouter.
Mme
Dufour : On y découvre le
monde des vidangeurs, qui est fascinant. Et on peut lire qu'il y a quand même
des enjeux avec le traitement que nos
vidangeurs peuvent subir, notamment qu'il y a... Il y aurait, semble-t-il, des
fois, une façon de type usurier de
traiter les employés, c'est-à-dire d'aller chercher des employés qui sortent de
prison, payer la caution puis ensuite
les garder un peu comme des esclaves. Et ça, ça m'a énormément étonnée, et je
pense qu'il faudrait s'y pencher, et s'assurer que, compte tenu de la
difficulté, là, de retenir de la main-d'oeuvre dans le domaine et de l'importance de la collecte des déchets...
peut-être de voir à ce qu'on ait des meilleurs contrôles sur la façon qu'on
traite ces employés. Donc, oui, c'est une lecture que je vous recommande
fortement.
• (12 h 10) •
On peut aussi y lire qu'il y a énormément de
téléviseurs... puis c'est un exemple, hein? C'est un exemple, parce qu'il parle de toutes les matières, mais les
téléviseurs à tubes cathodiques, il dit, c'est des... en tout cas, eux, à tous les
jours, en ramassent des centaines, voire des milliers, au Québec, à tous les
jours. Alors, ça m'a fait demander si notre système de responsabilité élargie
des producteurs pour les matières électroniques, là, les électroniques, si on
les couvrait bien. Les téléviseurs, je vous avoue que, des fois, je les trouve,
des fois, je ne les trouve pas. Des fois, on fait
de la publicité pour les téléviseurs, des fois, non. Donc, comment on fait le
suivi de ça, et s'assurer que ce qui peut être récupéré l'est, et qu'on
n'envoie pas trop de matières, justement, aux rebuts?
M. Charette : Deux
choses. D'abord, merci pour la suggestion de lecture. J'ai Laurence, au
cabinet, qui me dit : Moi, je l'ai lu. Donc, déjà, j'ai quelqu'un au
cabinet qui me confirme l'avoir lu. Elle pourra m'en faire un résumé. Merci
à l'avance, Laurence.
Et,
pour ce qui est des téléviseurs, ils sont, oui, visés, avec pourcentage de
retour et pénalités, s'ils n'atteignent pas les objectifs en question, mais je
ne suis pas surpris. Je ne pourrais pas qualifier, là, à savoir si ce sont des
milliers à tous les jours, mais je ne serais pas... En fait, je ne suis pas surpris
qu'on en retrouve. On en voit malheureusement à l'occasion sur le bord du
chemin. Il faut réitérer que c'est le pire endroit où laisser un téléviseur ou
les appareils électroniques.
Il y a beaucoup
d'efforts qui se font depuis quelques années. On a tous vu, je pense, les
campagnes sur les Serpuariens qui mettent de
l'avant des alternatives par rapport à ce que l'on doit faire lorsqu'on se
retrouve en présence d'un appareil qui n'est plus bon ou pour lequel on
veut se départir. Donc, dernière chose à faire, c'est le mettre aux poubelles, accentuer les efforts de communication,
mais, pour rassurer la collègue, il y a des obligations de taux de retour, là,
pour les producteurs à ce niveau-là.
Mme Dufour : Oui, mais elles ne sont pas atteintes du tout, ces
obligations. Alors, qu'est-ce qu'on va mettre en place pour qu'ils les
atteignent réellement, ces taux-là?
M. Charette :
C'est une autre bonne question. Pas plus tard que la semaine dernière ou il
y a deux semaines, nous étions avec RECYC-QUÉBEC à ce niveau-là. Donc, RECYC-QUÉBEC
va élaborer une réflexion sur la
question et voir quels outils
supplémentaires on pourrait se donner pour s'assurer que les taux ou les
pourcentages de retour soient plus scrupuleusement respectés, aussi s'assurer des
suivis possibles. Donc, c'est un travail, là, qui se fait actuellement
chez RECYC-QUÉBEC, et c'était l'objet d'une de nos récentes rencontres.
Mme Dufour : Un
des appareils qu'on utilise le plus ces temps-ci, c'est le cellulaire. On en a
parlé, je crois, même l'an dernier puis on voit que, dans une réponse de RECYC-QUÉBEC,
malheureusement, seulement 13 % est récupéré.
C'est extrêmement... c'est vraiment très, très peu. Il y a quand même des
métaux rares dans ces appareils-là. Qu'est-ce qu'on va faire pour
corriger le tir? Parce que 13 %, c'est famélique, là.
M. Charette :
Tout à fait, ça fait partie de la
réflexion de RECYC-QUÉBEC, mais il faut quand même prendre les
cellulaires de façon isolée. Les cellulaires ont plusieurs vies. Moi, je regarde...
Mes enfants, par exemple, vont... Lorsque vient le temps de changer de
téléphone, bien, ils s'en trouvent sur Internet, des téléphones usagés. Donc,
ce n'est pas parce qu'un téléphone n'est pas
retourné qu'il n'est plus utilisé. Donc, de façon générale, j'en conviens, il
faut augmenter les pourcentages de retour, mais, dans le cas des
téléphones cellulaires, il y a réellement un marché secondaire, voire
tertiaire. Et ce qu'on nous dit dans le cas des téléphones cellulaires,
souvent, ils peuvent être aussi vendus à
l'étranger, donc mis en ligne dans un autre pays. Et là on s'entend, là, que ça
devient difficile à suivre en termes de pourcentage. Il y a
des efforts à faire, oui, mais les cellulaires, là, il y a une petite
particularité, là, sur le nombre de vies qu'ils peuvent avoir à travers
plusieurs consommateurs ou consommatrices, finalement.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Mme la députée.
Mme Dufour : Définitivement,
il faudra peut-être mieux suivre ce dossier-là. Le verre, ça, c'est un dossier qui a fait beaucoup jaser, puis, avec le report de
la consigne, bien, le verre doit continuer à être traité dans le bac bleu. Principalement, ce qu'on constate dans les
réponses qu'on a reçues, c'est qu'il n'y a eu aucune somme, en 2023... bien,
en fait, non, aucune somme, en 2024, qui n'a
été versée pour le verre par RECYC-QUÉBEC. Le programme qu'il y avait, de
valorisation, est terminé en 2023. Considérant le report à 2027, est-ce qu'on
va travailler à nouveau sur le verre ou on l'abandonne jusqu'à 2027?
M. Charette :
Pas du tout. En fait, le verre, on le capte de différentes façons. C'est
une bonne chose de le mettre dans le bac
bleu. C'est encore la meilleure alternative. Lorsqu'il s'y trouve, il y a deux
finalités. Oui, il peut être capté à travers un centre de tri pour
valorisation. On sait cependant que, pour le verre, malheureusement, le taux de
contamination est élevé. C'est la raison pour laquelle ça va devenir une
matière consignée, là, à partir de 2027. Et, lorsqu'on se trouve en présence de
verre trop contaminé, le centre de tri va quand même l'utiliser, et ça peut
servir à d'autres fins. Ce n'est pas
l'idéal, mais c'est mieux que l'enfouissement traditionnel. Ça peut être
concassé pour différents usages,
notamment de la matière recouvrante. À terme, on va vouloir qu'il soit
revalorisé pour en refaire du verre. Dans l'intervalle, il y a
différents usages, et, lorsque ça se retrouve en lien d'enfouissement...
La Présidente (Mme Maccarone) : ...ministre.
Ceci complète l'échange avec l'opposition officielle. Puis nous allons terminer
le matin avec la banquette du gouvernement. M. le député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, la parole est à vous.
M. Bernard : Merci,
Mme la Présidente. Salutations à vous, M. le ministre, les gens qui
l'accompagnent, les collègues députés de ce
côté-ci, les gens de l'opposition, ainsi que tous les gens qui accompagnent le
ministre, qui sont autour de nous pour l'accompagner dans les travaux.
Petite
anecdote pour commencer, la députée parlait... de Mille-Îles parlait des
pancartes électorales. En région, je
ne sais pas si c'est partout pareil, mais chez nous, on est sur la limite entre
du vol de pancartes et de les ôter parce que, pour la valorisation, avec les camps de chasse,
chez nous, les gens les récupèrent rapidement pour tapisser leurs camps
de chasse, les panneaux.
Puis une autre petite anecdote, ma première
campagne électorale, 2003, il y avait la grève de Radio Nord, et les grévistes avaient récupéré mes pancartes pour
se faire leurs abris, puis, à l'intérieur, on en avait une sur deux qu'on
voyait mon visage et l'autre non, puis je
suis allé les visiter, puis, je peux vous dire, c'était assez étourdissant de
se voir le visage partout dans leur... Ils m'agaçaient beaucoup, les
grévistes. Je les connaissais bien.
Ceci étant dit, la collègue de Mille-Îles m'a
ouvert la porte, justement, à ma présentation puis à la demande que je veux
faire. Vous savez, Mme la Présidente, c'est ma première présence aux crédits,
ici, de l'Environnement parce que je n'étais pas sur la commission. On m'a
joint précédemment. Donc, ça me donne l'opportunité de parler d'un dossier vraiment important, c'est celui de la
Fonderie Horne, à Rouyn-Noranda, et de l'autorisation ministérielle que
le ministre et le gouvernement ont mis en place, une excellente, je vous
dirais, autorisation ministérielle, la plus importante
et la plus sévère qui n'avait jamais été mise en place par n'importe quel autre
gouvernement prédécesseur. Puis, si on a le temps, après ça, je vais
parler du comité de vigie.
Puis, encore
une fois, je remercie la collègue de Mille-Îles, parce que la Fonderie Horne,
elle va fêter ses 100 ans. Quand
elle a été mise en place à l'époque, c'était à la découverte de la fonderie, et
c'était donc essentiellement du cuivre qu'elle traitait, O.K., mais avec les
années, subséquemment, c'est maintenant un des grands volets de la fonderie,
c'est le centre de recyclage le plus
important en Amérique du Nord pour les matériaux électroniques. Et ça, les gens
ont tout le temps tendance à l'oublier, ce volet-là important, parce que
le 13 % qui est récupéré, une grande partie, ça revient... Puis là je vous
parle des ordinateurs, les cellulaires, les appareils photographiques et
autres. Ça, c'était... et, s'ils ne vont pas là, c'est l'enfouissement.
Puis la statistique de la collègue, de dire... à
l'ensemble de la planète, tous métaux confondus, on parle de 14 % des
métaux qui sont récupérés. Alors, si on pouvait récupérer l'ensemble des
métaux, on aurait besoin peut-être de moins de mines, puis on aurait le
recyclage complet, puis ça serait bénéfique pour l'ensemble de la planète. Elle
parlait de la récupération des équipements. Dans plusieurs régions du Québec...
puis chez nous, il y avait les CFER, O.K., les centres de formation en
entreprise et recyclage, puis moi, j'y allais souvent. C'est un volet de
formation, entre autres, pour réinsertion, pour des jeunes et autres, vraiment
important. Et les ordinateurs étaient envoyés là-bas pour être tous démantelés,
pour séparer le plastique et n'envoyer que les métaux à valeur à la fonderie,
parce qu'un des volets, c'est... Et, c'est là tout le dilemme, à un moment
donné, on consomme beaucoup, mais ça nous prend des lieux et autres pour
pouvoir recycler les métaux puis les remettre en valorisation, et la fonderie
joue ce rôle-là.
• (12 h 20) •
Ceci étant
dit, rien n'est parfait, Mme la Présidente. Comme je vous disais, la fonderie a
100 ans, et, à l'époque, tout ce qui était, je vous dirais, de manière
générale, l'environnement, qu'est-ce qu'on ne voyait pas ne polluait
pas, et les règles environnementales n'étaient pas là, en place, à l'époque.
Les méconnaissances, malheureusement, c'était ça, et, à l'époque, la compagnie
Noranda a mis la ville à côté. Maintenant, on ne ferait plus ça, O.K., les
villes... Puis il y a eu des exemples plus
récents de mines découvertes avec des fonderies, et sont à l'extérieur, loin de
la population et autres.
Au cours de
ces années-là, la fonderie, effectivement, elle a eu des effets vraiment
néfastes sur l'environnement en
Abitibi-Témiscamingue puis ailleurs. Autour de Rouyn-Noranda, les fumées... Il
y a eu des dépôts de matériaux et un panache de contamination qui a été mis en
place. Des améliorations ont été... ont eu lieu, la première dans les années
80, quand moi, je suis arrivé là à l'époque, et là ils ont mis en place
l'usine d'acide sulfurique, qui fait que ça a récupéré plus de 90 % des émanations de soufre qui étaient dans l'air. Et
c'était vrai, j'ai vécu les dernières, comme on dit, «puffs» dans... qui retombaient à la ville, à cause, des
fois, de la pression de l'air. Ça retombait carrément dans la municipalité.
Et donc les
avancées se sont faites et les... puis peut-être... qui a retardé des choses,
c'est que, pendant une période, de 2005 à 2013, la fonderie a changé
trois fois de propriétaire, ce qui fait que ceux qui étaient acquéreurs n'ont
pas nécessairement mis les efforts en place pour améliorer la situation.
Noranda, qui était là à l'époque, eux, quand j'étais
là, je venais d'être élu député, ils avaient la volonté... mais ça a changé de
propriétaire, et le contrôle canadien, qui était de Noranda, est passé à un contrôle européen et la Suisse. Est-ce
que ça a retardé, possiblement, l'ajout d'améliorations?
Alors, est arrivée, en 2018, une étude sur la
santé publique, qui a été faite par la santé publique régionale, qui a porté
sur les enfants, et autres, et les zones, et le rapport qui est sorti de là a
vraiment soulevé des problèmes qui étaient présents. Et à l'époque, donc,
c'était la période de renouvellement de l'autorisation ministérielle. Le ministre
était en place, et le gouvernement a pris
vraiment les mesures, puis je vais... le ministre va en parler, mais, avant ça,
je veux vous revenir sur toute la cabale, puis ça, c'est important, puis
je profite de la tribune pour le dire, toute la cabale médiatique autour de la
qualité de l'air... oui, il le fallait, mais également de la santé de la
population. Puis il y a eu des informations
que je vous dirais vraiment disproportionnées, et inexactes, et incomplètes qui
ont été dites sur la santé publique de la population.
À titre
d'exemple, puis je vais les... puis ça, ce que je vous conte là, c'est réel,
Festival de musique émergente, à Rouyn-Noranda, qui a lieu au mois de
septembre à tous les ans, plusieurs visiteurs viennent de l'Europe, en 2023,
les gens appelaient puis ils demandaient aux
organisateurs s'ils devaient s'amener un masque à gaz pour venir au festival
à Rouyn-Noranda, puis là on parle de Belges qui sont venus à Rouyn-Noranda pour
ça.
Puis, par la suite, il y a, voyons, l'autre
point, l'espérance de vie à Rouyn-Noranda, O.K., l'espérance de vie, quand on la regarde à Rouyn-Noranda, puis les taux
de cancer. L'espérance de vie à Rouyn-Noranda, quand on regarde, est effectivement inférieure... que celle du
Québec, O.K., est de 81,3 ans. Comme par hasard, la MRC du Témiscamingue est
à 80 ans, Vallée-de-l'Or est à 79 ans. On parle beaucoup de Rouyn-Noranda, mais
il y a d'autres secteurs en Abitibi-Témiscamingue que l'espérance de vie est
plus faible. Et effectivement, il ne faut pas négliger... Toutefois, il y a un quartier à
Rouyn-Noranda que l'espérance de vie est cinq ans inférieure, mais ce n'est
même pas le quartier qui est accolé à
la fonderie. Il est plus loin. Et j'ai été conseiller municipal. Les études ont
été faites. Ce quartier-là, en même temps,
c'est où est-ce que le niveau de scolarité est plus faible, le taux de chômage,
le taux d'alcoolisme plus élevé. Donc, c'est multifactoriel et ce n'est
pas exclusivement relié à la fonderie. C'est important de le dire.
Les
données de santé publique... Tendance à la baisse — l'article
de 2023 — du
cancer du poumon et des maladies pulmonaires
à Rouyn-Noranda, O.K.? En 2000...
La période 2021, pour les maladies pulmonaires obstructives chroniques, le
taux était de 12,4 % 12,3 % 11,4 %, Vallée-de-l'Or, 12,4 %.
On était effectivement plus haut que la moyenne québécoise, à
8,7 %. Ça, c'étaient les prévalences. Toutefois, quand on regarde le taux
d'incidence, le taux d'incidence, lui, c'est les nouveaux cas qui apparaissent,
on était, à ce moment-là, en 2021, à 5,9 % à Rouyn-Noranda, exactement le
même taux que la population du Québec en
général. Et puis, ça, je vous dis ça parce qu'on entend encore des groupes
dire : Tu viens à Rouyn-Noranda trois jours, tu as un risque
d'attraper le cancer, O.K., et c'est ça qui est véhiculé par tous les médias. C'est intellectuellement, excusez-moi de
le dire comme ça, malhonnête, O.K., puis les autres... La Vallée-de-l'Or, il
est à 11,8 %, deux fois la valeur de la moyenne provinciale. Alors...
Puis là je pourrais
vous parler des taux, aussi, de cancers pulmonaires, du poumon, qui était, de
2015 à 2019, à 121 pour
100 000 personnes. La moyenne du Québec était à 110. Vallée-de-l'Or,
c'est plate de le dire, excusez-moi, Vallée-de-l'Or, mais il était à
134. Et maintenant, les dernières statistiques, 2017‑2021, de la santé
publique régionale, le taux de cancer du poumon, il était à 109. On est le plus
faible dans toute l'Abitibi-Témiscamingue et on est trois... la moyenne du Québec est 106. Alors, c'est pour ça que
c'est important de le dire parce qu'il y a encore des propos... On peut venir,
Mme la Présidente, s'établir à Rouyn-Noranda. On peut y vivre puis on peut
avoir... être en santé.
Toutefois, je dis ça,
mais il fallait faire des améliorations. C'est inconcevable au niveau,
effectivement, des émissions qu'il y avait à l'époque, et autres. En termes de
particules, en termes de poussières, et autres, il y avait du travail à faire,
et le ministre est arrivé, le gouvernement est arrivé. Donc, en 2023, le
16 mars, on a annoncé la nouvelle
autorisation ministérielle, avec des paramètres que j'aimerais que... Le
ministre peut parler des obligations de l'entreprise, et autres. Et le
dernier communiqué de la fonderie, dans la foulée, ils ont donné... il faut
qu'ils donnent leur rapport annuel des
émissions des particules et des contaminants, il y a une avancée majeure, et
j'aimerais entendre le ministre sur ces aspects-là.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Il vous reste 2 min 15 s, M. le ministre.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Merci au collègue pour la question. C'est
effectivement un dossier qui a accaparé beaucoup de notre temps, là, au cours
des dernières années, avec une inquiétude réelle, je dirais, dans la
population, mais qu'il faut relativiser et distinguer. Et, encore là, je ne
porte pas de jugement, mais c'était assez flagrant de voir la couverture
médiatique très distincte, par exemple, à Montréal, de chroniqueurs ou de
journalistes qui commentaient le dossier en laissant entendre qu'ils le
maîtrisaient, qu'ils connaissaient la réalité de la région, et entendre la même
couverture au niveau de la région concernée elle-même. Et, je vais le dire
comme ça, et j'assume mon propos, souvent, les grands centres ont tendance à
regarder peut-être un petit peu de haut les régions ou veulent penser à leur
place, et ça, ça crée ce type de dissonance là.
Moi, lorsque j'étais
et je suis allé à plusieurs reprises dans la région, la région était en mode
solution et non pas en mode jugement, comme on pouvait percevoir à travers les
grands médias montréalais, qui jugeaient de façon très négative et péremptoire,
là, ce qui se vivait sur le terrain. Moi, j'ai senti une population qui a voulu
améliorer sa situation. J'ai senti une mairesse et un conseil de ville très
mobilisés pour protéger adéquatement sa situation, tout en reconnaissant
l'importance de la fonderie comme employeur et comme développeur économique
dans le secteur. Et, je le disais tout à
l'heure, en environnement, on travaille avec des mauvais élèves, et je n'ai
jamais... Et je ne veux pas vanter à outrance une entreprise, mais je
n'ai jamais perçu la fonderie comme étant un mauvais élève. Je ne dis pas qu'il n'y a pas place à l'amélioration. Je ne dis
pas qu'il n'y a pas eu de manquement au fil des années, mais je les ai sentis,
au cours des dernières années, intéressés à se moderniser et à faire des...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci, M. le ministre.
Et, compte tenu de
l'heure, je suspends les travaux jusqu'à 15 h 30. Merci, collègues.
(Suspension de la séance à
12 h 30)
(Reprise à 15 h 30)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
bon après-midi à tous et à toutes. Nous allons reprendre nos travaux.
Je vous rappelle que
la commission est réunie afin de poursuivre l'étude du volet Environnement et
Lutte contre les changements climatiques,
des crédits budgétaires du portefeuille Environnement, Lutte contre les
changements climatiques, Faune et Parcs pour l'exercice financier 2025‑2026.
Document déposé
Avant
de débuter les échanges, je dépose le document Quantités de matières
dangereuses importées au Québec, transmis
par le ministre en réponse à la question posée ce matin par le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Le document est maintenant disponible sur
le Greffier.
Et
nous sommes maintenant à un bloc d'intervention de l'opposition officielle.
Alors, je vous cède la parole, Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci,
Mme la Présidente. Alors, en décembre 2024, on pouvait lire que ce serait
difficile de trouver de l'essence,
éventuellement, parce que le ministre avait bien l'intention de maintenir son
échéancier. En janvier, on pouvait lire que, bien, le ministre
envisageait de repousser l'échéance de fin de vente des voitures à essence.
Alors, ma question
est simple. Aujourd'hui, c'est laquelle version du ministre de l'Environnement
qu'on a?
M. Charette :
Je vous avoue avoir aussi
sursauté en lisant le titre. À l'époque, il fallait lire la déclaration en
entier. La difficulté...
(Interruption)
M. Charette :
Pas de blessé? Non. Tout est sous contrôle. C'est le principal.
Ce
qu'on... Ce que je disais, il faut voir la déclaration dans son entièreté.
C'est à partir du moment où il n'y a plus de véhicules électriques... thermiques, plutôt, qui se vendent en 2035,
dans les années qui allaient suivre, donc 2040, 2045, ce sera effectivement un défi de se trouver des
stations-services, une simple question d'offre et de demande. Naturellement, c'était dans une perspective...
et, avec la réalité, là, qui s'appliquait à l'automne dernier, on a pu, à
travers le projet de loi n° 81,
mentionner que la conjoncture, elle est changeante, que le gouvernement du
Québec va naturellement s'ajuster à cette nouvelle conjoncture là. Ça
peut prendre différentes formes à terme, et il n'est pas dit que ce sera le cas. Mais on a pris l'engagement
d'évaluer les impacts des nouvelles pressions qui se font à partir du marché
américain, sinon des décisions qui pourraient être prises au niveau du
gouvernement canadien.
Donc, présentement,
on regarde l'échéancier 2035...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci, M. le ministre. Merci. Mme la députée, la parole
est à vous.
Mme Dufour : Donc, on pourrait avoir reporté... voir reporter
l'échéance de 2035 pour s'adapter aux marchés, oui ou non?
M. Charette :
Bien, c'est-à-dire, ce que l'on a mentionné, c'est qu'il allait y avoir une
évaluation de faite pour, au plus tard, le
début de l'année 2026 et qu'à ce moment-là une décision allait être prise.
C'est des débats qu'on a eus
largement à travers l'étude du projet de loi n° 81, notamment, donc rien
de nouveau, et surtout une approche, là, qui est très pragmatique et non
pas dogmatique, là, sur cette question-là.
Mme Dufour : Oui.
On a commencé à voir les impacts des tarifs. Tesla a sorti ses... les nouveaux
prix qu'il y aurait une fois les tarifs...
bien, en fait, les voitures qui vont rentrer prochainement. On parle de
15 000 $ de plus pour une Y, 11 000 $ pour un
Model 3. D'autres véhicules électriques pourraient aussi voir des
majorations importantes. Est-ce qu'on est
vraiment confiants qu'on va pouvoir continuer à voir ces véhicules-là se
vendre? Puis est-ce qu'on va assouplir... particulièrement pour les compagnies
qui vendent de l'électrique et du thermique, assouplir les critères, là, pour
cette année?
M. Charette :
Le cas de Tesla est particulier. D'ailleurs, je peux confirmer certains
chiffres intéressants. L'année dernière,
Tesla était le premier vendeur de véhicules électriques au Québec. Avec la
conjoncture nouvelle, et ça, ce
sont des données qui sont toutes fraîches, ils sont passés du premier
au 12e rang au Québec au niveau de la vente des véhicules
électriques.
Mme Dufour : Ma
question, c'est : Est-ce qu'on va assouplir les critères?
M. Charette :
Oui. Bien, si la collègue me
laisse répondre, je vais y arriver. Donc, il y a d'autres compagnies. Ce qui
est intéressant de voir, dans cette nouvelle donne là, c'est qu'il y a d'autres
compagnies qui arrivent maintenant à
se positionner de façon très avantageuse. Et la hausse de prix n'est pas
observée chez tous les constructeurs, mais chez certains constructeurs.
Pour
ce qui est d'une évaluation, je l'ai mentionné à la réponse précédente, au plus
tard début 2026, on sera en mesure de confirmer si l'échéancier de 2035
tient toujours, si la courbe d'adoption est maintenue, si les
contraintes qui sont imposées aux
constructeurs sont maintenues. Donc, c'est une évaluation d'un marché qui est
en évolution actuellement.
Mme Dufour : Un
des éléments qui permet de soutenir l'électrification des transports, c'est
évidemment la recharge. On a vu des annonces
de bornes qui seraient déployées. Aujourd'hui, il manque quand même
substantiellement de bornes pour atteindre l'objectif de 2030 qu'on s'était
donné, qui était... Et là je parle des bornes de recharge rapide. On s'était
donné un objectif de 6 700 bornes d'ici cinq ans, donc 2030. Il en
manque au moins 4 500 sur ce nombre.
Il y a eu un appel
d'offres récent de 394 bornes. Le coût de la borne, on est à entre
127 000 $ et 160 000 $ la borne. Quand on multiplie par le
nombre de bornes restantes, on est dans des montants assez faramineux,
au-dessus de 600 millions pour les bornes de recharge rapide. Et, si on
fait le même calcul pour les bornes publiques, on est à 1,5 milliard de
plus, donc, plus de 2 milliards de dollars pour des bornes d'ici cinq
ans. Avec le budget actuel du gouvernement, est-ce que c'est réaliste?
M. Charette : En
fait, il faut... on ne peut pas y aller d'une simple règle de trois à ce
niveau-là. Ce qu'il faut réitérer, c'est que
le Québec a de loin le réseau de bornes de recharge le plus développé au Canada
et sans doute un des plus développés en Amérique du Nord. On a
annoncé, d'ailleurs, si je me souviens bien, au début de l'automne 2023,
une stratégie de recharge qui est très bien
financée, de plusieurs centaines de millions de dollars, là, pour justement
accroître cette position de leadership là.
Quelques
données qui peuvent être intéressantes à partager. Actuellement, on a, et
c'était, en fait, au 31 décembre
2024, plus de 2 000 bornes de recharge rapide publiques, donc
2 000, et plus de 10 500 bornes de recharge publiques de niveau 2. Et ça, c'est sans compter
que la recharge, au Québec, se fait essentiellement au niveau résidentiel, et
les propriétaires de véhicules électriques ont pour la plupart la capacité,
justement, de se recharger à la maison. Et, avec le kilométrage qui est
fait par ces automobilistes-là, la plupart ont des besoins qui sont 100 %
couverts par leur recharge à domicile. Donc,
un réseau qui fait l'envie des autres juridictions et qui continue, là, de se
développer à vitesse grand V, là, pour ne pas retenir une fausse...
Mme Dufour : Je vais reposer ma
question. Et les chiffres, ils viennent de la Stratégie québécoise sur la
recharge de véhicules électriques du gouvernement du Québec. Avec ces
chiffres-là, a-t-on les moyens de dépenser 2 milliards de dollars,
minimum, d'ici cinq ans en bornes de recharge pour atteindre les objectifs
qu'on s'est donnés?
M. Charette : En fait, la... et j'y
ai répondu, à la question, actuellement, le budget qui est prévu est de plus de
500 millions de dollars, avec les résultats qui sont annoncés. Le ratio,
la règle de trois, là, retenue par la collègue est difficilement applicable. Et, avec ces sommes-là, on arrive au
résultat que je présentais. Donc, on a un réseau qui est bien développé,
qui est bien pourvu et un financement, là, qui accompagne le développement de
ce réseau-là.
Mme
Dufour : O.K. Donc, pour bien comprendre, avec
500 millions, le gouvernement pense qu'il peut acquérir
100 000 bornes publiques et 4 500 bornes
de recharge publique à 160 000 $ chacune.
M.
Charette : Ce que je mentionnais, c'est qu'on est déjà à
2 000 bornes rapides et à plus de 10 000 au niveau de la... du niveau 2. Et ce que je mentionnais aussi,
c'est que la plupart des besoins de recharge sont comblés à domicile pour les
propriétaires de véhicules électriques. Je comprends un repositionnement du
Parti libéral au niveau de l'électrification des voitures passagers, on l'a vu à travers l'étude du projet de loi
n° 81, mais ne boudons pas notre plaisir. Ça va bien. Ça va bien.
Mais, en même
temps, ce que j'ai eu l'occasion de mentionner, de réitérer, il n'y a pas
d'approche dogmatique. Si,
éventuellement, la conjoncture ou le marché devait changer à ce point où les
cibles que l'on s'est données deviennent irréalistes, on va
naturellement s'adapter.
Mme
Dufour : Pour soutenir deux millions de véhicules en
2030, les objectifs du gouvernement, le gouvernement a estimé qu'il
avait au moins besoin de 110 000 bornes. Donc, ce n'est pas des
chiffres que j'invente. C'est dans la Stratégie québécoise sur la recharge de
véhicules électriques. Et il y a des coûts à mettre en place ces bornes-là. Et
là je ne parle pas des bornes privées, je ne
parle pas des bornes des citoyens, on parle juste des banques publiques, ici,
et c'est au minimum 2 milliards
qui devraient être dépensés pour atteindre ces cibles-là. Je comprends qu'on a
provisionné 500 millions. Comment on va combler la différence?
• (15 h 40) •
M.
Charette : Et la collègue connaît très bien la façon de faire
du gouvernement. À chaque année, il y a une mise à jour du plan de mise
en oeuvre. Donc, à l'automne 2023, on a annoncé une première enveloppe qui
correspondait à des investissements
historiques en la matière. Si des ajustements doivent se faire au cours des
prochaines années, ça se fait au niveau des PMO. Et d'ailleurs, au cours des
prochaines semaines, on présentera la cinquième version du plan de mise
en oeuvre, et les subséquentes pourront, au besoin, ajouter des budgets, si
nécessaire.
Mais actuellement, c'est ce qu'il faut retenir,
on a le réseau de bornes de recharge le plus développé au pays, avec une croissance qui est plus soutenue que
partout ailleurs au pays, mais qui est certainement enviable aussi par rapport à
d'autres États qui exercent un certain leadership aux États-Unis. Bref, on est
sur la bonne voie sur ces questions.
Mme
Dufour : Donc, on pourrait voir des sommes substantielles
s'ajouter. Est-ce qu'elles viendraient du fonds d'électrification des
changements climatiques?
M. Charette : Et, là aussi, la
collègue connaît la réponse. Les PMO sont financés à travers, essentiellement, le FECC, le fonds d'électrification des
changements climatiques, fonds qui n'a cessé de croître au fil des ans. La
dernière... bien, en fait, la
dernière confirmation a été faite lors du dernier budget, et le détail, lui,
sera présenté lors du PMO 5. On parle
de 10,2 milliards de dollars, donc des sommes aussi historiques.
Donc, jamais autant d'argent n'aura été investi, là, au niveau de la
lutte aux changements climatiques.
Mme Dufour : Les objectifs qu'on
s'est établis et la façon qu'on mesure les GES, ça a été soulevé, qu'on utilisait, finalement, une... c'est dans un
article du Devoir de
janvier, que le gouvernement, quand il mesure le chemin parcouru, il
considère aussi les échanges sur le marché du carbone. Et donc, en fait, on
utilise les réductions faites en Californie
pour calculer le bilan du Québec, mais le bilan réel du Québec, finalement, est
moins reluisant que ce qu'on transmet. On a moins réduit nos GES que ce
qu'on dit qu'on fait... qu'on a fait.
M.
Charette : La question me surprend, spécialement du Parti libéral, qui
a mis en place ce système-là. Dès le départ, c'est une reconnaissance des
réductions à travers le marché du carbone. Et d'ailleurs, ce qui est amusant de
constater au niveau du Parti libéral. lorsqu'il a mis en place ce système-là,
il estimait un pourcentage x de réduction au
niveau californien, et nous, avec l'expérience des dernières années, avec les
mesures qu'on a mises en place, on produit davantage de réductions en
sol québécois que le Parti libéral anticipait à l'époque.
Donc,
ce n'est pas nous qui avons inventé cette possibilité d'échange. C'est un
marché commun d'émissions de gaz à effet de serre, avec des réductions qui sont
comptabilisées de part et d'autre sans qu'il y ait double comptabilité.
Mme Dufour : Mais
il reste qu'il y a un risque actuellement que toute cette bourse-là, du
carbone, tombe. Et, si c'était le cas, bien,
nos réductions réelles, on ne pourrait plus les comptabiliser avec les crédits
en Californie. Et donc il faudrait
rendre des comptes sur nos propres réductions, et elles sont moindres que ce
qu'on communique actuellement.
M. Charette :
Les réductions qui ont été comptabilisées, ce sont des réductions qui ont
été réalisées. Donc, on ne reculerait pas sur les avancées faites.
Cependant, la
collègue touche un bon point. Lorsqu'on dit : Il n'y a pas d'approche
dogmatique, et on doit s'ajuster à la
nouvelle conjoncture, c'est le cas pour les voitures électriques, c'est aussi
le cas pour le marché du carbone. On défend ce marché du carbone. On est
convaincus que c'est un outil très efficace pour non seulement réduire nos
émissions de gaz à effet de serre, mais
également financer nos mesures de lutte aux changements climatiques et
d'adaptation aux changements climatiques. Mais, si ultimement... et il y
a une tentative actuellement qui a cours, de la part du président américain,
d'invalider la contribution californienne, on évaluera si...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Merci, M. le ministre. Principe de proportionnalité, je passe la parole
à la députée.
Mme Dufour : Merci.
Quand on regarde l'objectif, on a établi, on a identifié environ, là, 67 %
des cibles pour 2030, mais, là-dessus, il y
en a 53 % qui vient des transports. Et, dans cette portion-là des
transports, bien, c'est basé principalement sur les deux millions
de véhicules qu'on vise, qu'on sait pertinemment aujourd'hui que ce n'est pas
fait du tout. On vise aussi sur des programmes écocamionnage qui ont été
abolis, on vise aussi sur l'électrification des
autobus électriques, les compagnies de transport nous ont clairement dit que ça
ne fonctionne plus actuellement, et on
vise aussi sur l'électrification des autobus scolaires, un autre programme qui,
actuellement, vacille particulièrement avec la faillite de Lion
Électrique.
Alors, est-ce que, vraiment, on va pouvoir
atteindre nos objectifs, considérant qu'on met beaucoup de nos oeufs
dans le transport, et le transport, actuellement, électrique, il ne va pas
bien?
M. Charette :
C'est normal que l'on investisse
autant d'efforts au niveau des transports, compte tenu que c'est notre principale source d'émissions de gaz à effet de
serre, à hauteur, là, de plus ou moins 43 %. Donc, c'est normal et
justifié.
Cependant, au niveau
des cibles et des résultats, je rappellerai à la collègue, en juin... en mai,
juin, c'est la mise à jour du plan de mise
en oeuvre, mais, en décembre, à chaque année, on l'a fait en décembre dernier
et on le fera en décembre prochain, c'est aussi le bilan de l'action climatique
qui est rendu public. Donc, il y a un effort de transparence comme ça ne s'est jamais fait par le passé. Donc,
on vient confirmer le résultat de chaque mesure avec des mesures qui, dans certains cas, performent mieux qu'anticipé
et, dans d'autres cas, qui performent moins bien qu'anticipé. Et, de façon
très transparente, on met cette information à la disposition du public et on
ajuste l'état d'avancée de notre quête vers l'atteinte de nos objectifs.
Donc,
dans certains cas, ça va moins bien, on s'ajuste et on le dit, et, dans
d'autres cas, ça performe mieux. Mais c'est
un exercice qui est de la plus haute transparence, à travers un tableau de
bord, notamment, qui est rendu public, là, et facilement accessible à
travers le site Internet du ministère.
Mme Dufour : Merci.
Votre ministère a mis des objectifs. Il vise l'électrification des transports,
on l'a vu. La ministre du Transport a mis aussi des règles comme quoi,
dorénavant, les autobus électriques urbains doivent seulement... les
subventions sont seulement pour des autobus électriques. Mais, d'un autre côté,
le ministre de l'Infrastructure, lui, a annulé un garage, Newton, qui aurait
permis à la RTC, à Québec, de pouvoir avoir des autobus électriques. Et donc, là, actuellement, c'est un contrat de 113 autobus
électriques urbains qui est à risque. Donc, est-ce que les ministres se
parlent? Parce qu'ils semblent manquer de cohérence dans les orientations
gouvernementales.
M. Charette :
Non seulement on se parle, mais on est aussi soucieux de bien utiliser les
fonds publics. Je vais le dire comme ça, sans méchanceté, encore une fois, il y
a certaines sociétés de transport qui ont eu des idées de grandeur phénoménales. Un garage à plusieurs
centaines de millions de dollars, c'est sans doute injustifié pour obtenir
les mêmes résultats. Je rappellerai...
La Présidente (Mme Maccarone) : Désolée
de vous couper, M. le ministre. Ceci met fin au premier bloc. Alors, nous
allons poursuivre avec la deuxième opposition. M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, la parole est à vous.
M. Leduc : Merci,
Mme la Présidente. Rebonjour. Bonjour à tout le monde. Je ne sais pas si c'est
les mêmes équipes que ce matin ou ça a bougé un peu. Grosso modo, vous êtes
tous salués.
Dernier budget, pas de bonification pour le ministère
de l'Environnement, 0 %. Avez-vous été déçu?
M. Charette : En
fait, je ne suis pas d'accord avec l'affirmation du collègue. Une bonification
au niveau du futur PMO, là, qui sera présenté, on passe de 10 milliards à
10,2 milliards. On parle donc de 200 millions de dollars supplémentaires. Et, au niveau des budgets globaux
du ministère, des budgets de programme, notamment, on est à une
augmentation, là, de plus ou moins 2 %.
M. Leduc : C'est en deçà des coûts
de services. Donc...
M.
Charette : Oui, mais, en même temps, il faut voir la
croissance au cours des dernières années. C'est un ministère qui a vu
ses budgets augmenter, là, de façon considérable. Il y a peu de ministères,
bien honnêtement, là, qui ont eu l'augmentation... ou les augmentations
auxquelles le ministère de l'Environnement a pu compter au cours des dernières années. Mais là on suit une courbe et
surtout des efforts, et c'est pleinement, pleinement assumé de la part du
gouvernement, d'efforts budgétaires pour s'assurer de reprendre le contrôle sur
les dépenses gouvernementales. Mais il n'est pas...
M. Leduc : L'an dernier...
M. Charette : On était à 2 %
d'augmentation.
M.
Leduc : Oui, c'est largement insuffisant. L'an dernier, ma
collègue de Verdun vous avait demandé de chiffrer les coûts de l'adaptation aux changements
climatiques. Vous vous étiez engagé à le faire. À ma connaissance, je n'ai pas
vu la couleur de cette étude-là. Est-ce que ça approche, la conclusion?
M. Charette : Pour
l'adaptation, ce que l'on a fait, lors du dernier PMO, c'était d'augmenter
significativement les budgets en matière d'adaptation. Je ne peux pas
vous révéler quels seront les tenants et aboutissants du projet du prochain plan de mise en oeuvre, mais l'adaptation
est encore mieux financée que n'importe quel autre gouvernement, par le passé, a pu le faire. Mais ce que je me...
En fait, ce que je me suis promis de dire et de répéter à la collègue de Verdun
l'année dernière, et je le fais avec le collègue cette année, c'est qu'il y a
des impacts des changements climatiques qui
ne sont pas budgétés parce qu'imprévisibles, mais le gouvernement est toujours
au rendez-vous pour répondre à ces urgences-là au niveau des...
• (15 h 50) •
M.
Leduc : Donc, il n'y aura pas de coût... d'études sur le
coût de l'adaptation aux changements climatiques?
M.
Charette : C'est-à-dire, on continue ces évaluations-là. On
travaille notamment avec le comité consultatif, qui a son propre volet
au niveau de l'adaptation. Donc, on travaille, et il y a eu rencontre encore...
M. Leduc : Oui, mais est-ce que je
vais vous reposer la même question l'année prochaine? Puis...
M. Charette : Ah! c'est-à-dire,
c'est...
La Présidente (Mme Maccarone) : ...répondre
à la question après.
M.
Charette : C'est des évaluations qui se poursuivent, mais
c'est sans doute impossible de dire, de façon précise, en 2025‑2026,
par exemple, quels seront les coûts de l'adaptation au changement climatique.
Donc, on a des programmes qui sont normés, qui sont prévus, notamment au plan
de mise en oeuvre, et, lorsqu'une catastrophe survient malheureusement, le
gouvernement demeure présent pour répondre aux impératifs, notamment appuyer
les citoyens, citoyennes, là, qui sont touchés par ces événements-là.
M.
Leduc : Parce que les municipalités ont fait une partie du
travail, puis, sauf erreur de ma part, ils ont calculé que ça coûtait
autour de 2 milliards, l'adaptation.
M. Charette : Ce qui est faux. Ce
qui est faux.
M. Leduc : C'est faux.
M. Charette : Bien, c'est-à-dire...
M. Leduc : Mais, vous, c'est quoi,
votre chiffre, alors?
M. Charette : C'est-à-dire, les municipalités, on a eu l'occasion, à de
nombreuses occasions et sur différentes tribunes, de contredire, en fait, cette
affirmation-là. C'est que, dans le chiffre de 2 milliards, on inclut
également les travaux qui devaient, de toutes les façons, se faire.
Donc, c'est faux de dire que ce sont 2 milliards de dollars de plus à
chaque année.
Donc, dans les infrastructures municipales,
notamment, il y a des travaux qui doivent se faire de toutes les façons, qu'il
y ait adaptation ou impact au niveau des changements climatiques ou pas, et le
2 milliards reprend les coûts d'entretien courant. Donc, c'est une information qui... je vais la
qualifier, là, de... il faut lire entre les lignes pour comprendre que
ce ne sont pas 2 milliards de dollars supplémentaires par année qui
sont nécessaires.
Mais le milieu municipal est très bien appuyé au
niveau de l'adaptation. On a eu le programme OASIS qui a été dévoilé. L'année dernière, on a aussi dévoilé
l'ATCL à hauteur de plusieurs centaines de millions de dollars, qui aide le
milieu municipal à préparer...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Merci, M. le ministre. Merci, M. le ministre. M. le député.
M.
Leduc : Tantôt, on a compris que la VG, elle n'avait pas
des bons chiffres. Là, on comprend que les villes n'ont pas les bons
chiffres. Mais vous ne nous fournissez pas, vous, votre chiffre. Ça coûte
combien, l'adaptation aux changements climatiques? Si 2 milliards, c'est
trop, c'est combien, le chiffre du ministère?
M. Charette : Bien, pour ce qui est
du 2 milliards, j'invite le collègue, si ce n'est pas déjà fait, à lire
l'étude d'Ouranos, qui précise justement la
nuance à ce niveau-là. Et c'est bien correct, les villes ont voulu faire...
marquer un petit peu l'opinion
publique en réitérant ce chiffre-là, mais il faut lire l'étude dans son entier
pour ne pas l'interpréter, là, de façon erronée. Ce que nous, on mentionne, le
PMO finance très bien l'adaptation aux changements climatiques. Et, lorsqu'il y a des situations imprévues, que ce
soit inondations, que ce soit feux de forêt, les sommes qui sont souvent
difficiles à prévoir ou à anticiper au niveau des événements, le gouvernement
est au rendez-vous.
M. Leduc : ...
M. Charette : Bien, comme... Bien,
je peux dire, la question est semblable, donc la réponse sera la même.
M.
Leduc : Mais vous
dites : Le chiffre évolue, mais, au moment où je vous parle, aujourd'hui,
vous ne pouvez pas nous dire un chiffre.
M. Charette : C'est impossible.
C'est impossible de dire : 2025-2026, ce sera tant.
M. Leduc : C'est beau. J'ai compris.
M. Charette : Et, si jamais les
mesures en place ne sont pas suffisantes, c'est là où je dis et que je
répète : Le gouvernement a toujours été au rendez-vous...
M. Leduc : C'est correct.
M.
Charette : ...et qu'il sera
au rendez-vous pour aider, justement, que ce soit les
municipalités, que ce soit les citoyens, citoyennes.
M. Leduc : Parlons d'un autre sujet,
M. le ministre, le système de... le SPEDE. Vous avez fait un avis de marché
l'an dernier pour combler l'écart de 17,5 millions de droits d'émission.
Si je comprends bien, ça veut dire qu'il y a plus d'émissions qui ont été
achetées et émises, donc, que ce qui était prévu?
M.
Charette : C'est-à-dire, c'est un marché du carbone. Donc,
les entreprises ont des obligations à rencontrer et, selon leurs
obligations, ils achètent ou pas des crédits au moment où la vente se produit.
Ce que l'on s'est engagés à faire, c'est de
revoir tout le système, par exemple, des allocations gratuites qui pouvaient
poser problème à une certaine époque. Il y a d'ailleurs une évaluation qui se
fait conjointement du côté californien et du
côté québécois. On devait mettre en place, vraisemblablement, de nouvelles
modalités à ce niveau-là. Et là on est un petit peu, comment dire, on
est un petit peu dans l'expectative, je vais le dire comme ça. On attend de voir comment ce marché peut continuer à évoluer
avec les contraintes qui sont imposées, je vais le dire comme ça, par l'administration
américaine, et, par la suite, on va s'adapter.
M. Leduc : Je comprends.
M.
Charette : Mais c'est un marché qui a subi certaines
transformations, déjà, au niveau de la réglementation. On a abordé la
question des allocations gratuites aussi...
La Présidente (Mme Maccarone) : ...M.
le député.
M.
Leduc : Mais concrètement, là, quand vous dites «combler
un écart de 17,5 millions», c'est que vous allez mettre sur le
marché... vous allez donner 17,5 millions de plus de permis de polluer.
Combler l'écart, c'est ça que ça veut dire. Il y aura plus de permis de
polluer, dans les faits.
M.
Charette : Il ne faut pas le voir comme étant des permis de
polluer. Je vais juste regarder ici... En fait, dans certains cas, c'est
que les entreprises ont tout simplement réduit leurs émissions davantage que la
trajectoire qui était prévue, ce qui vient affecter,
justement, les crédits disponibles. Mais ça, c'est des correctifs qui sont
normaux. Et ce qu'on prévoit faire, c'est publier un projet de règlement prochainement,
c'est le souhait, pour justement continuer de bonifier cette façon de faire qui
fonctionne.
On a eu un
problème avec trop d'allocations gratuites de disponibles. C'est corrigé. Le
marché lui-même apporte aussi des correctifs, compte tenu des
obligations qui sont faites aux entreprises, qui ont des obligations à
rencontrer. Mais, au final, c'est un
système, là, qui a démontré son efficacité et c'est la raison, là, pour
laquelle on continue à le soutenir. Et la question des allocations
gratuites, c'était beaucoup et ça demeure une question, une problématique du
passé, et non pas une problématique, là, qui
est susceptible, là, de perdurer dans le temps.
M.
Leduc : Dans votre vision, là, M. le ministre, est-ce
qu'on s'en va plus vers une baisse du prix du carbone ou plus comme une
augmentation, dans le fond, du plafond d'émissions?
M. Charette : Et ça, c'est
formidable, la différence entre la taxe qui prévalait au niveau fédéral versus
le marché du carbone. Le prix du carbone, au Québec, il n'est pas déterminé par
la Californie ou n'est pas déterminé par le
gouvernement du Québec, il est déterminé par le marché. Donc, plus les besoins
d'achats sont grands, on peut deviner, plus les prix vont augmenter,
mais, à l'inverse, ça nous aide à maintenir un prix carbone qui est beaucoup
plus bas.
On a lu
différents articles qui laissaient entendre que le prix carbone au Québec est
trop bas. Il ne faut pas s'arrêter au prix carbone au Québec versus
celui qui était imposé par la taxe fédérale. Ce sont deux systèmes complètement
différents. Donc, avec un prix beaucoup plus
bas au Québec, on arrivait à de meilleurs résultats tout simplement parce que ce n'est pas seulement fixer un prix, c'est
aussi mettre un plafond sur les émissions, donc une obligation de plafonnement des émissions, plafond qui diminue
avec les années. Et ça a une incidence sur les prix au marché, là, selon les
ventes qui se déroulent, là, périodiquement à chaque année.
Donc, un prix
carbone plus bas ne veut pas dire de moins bons résultats. Au contraire, ça
peut être de meilleurs résultats, étant donné que le prix est accompagné
d'un plafonnement des émissions également. Donc, on ne peut pas comparer le
prix qui prévalait au fédéral versus celui qui prévaut au Québec.
M.
Leduc : Vous parlez d'un règlement à déposer et à adopter
bientôt. On peut attendre quelque chose avant la fin de la session?
M. Charette : C'est prévu pour la
fin de l'année, c'est-à-dire la présentation possible du règlement avant la fin de la session, une édiction, éventuellement,
avant la fin de l'année. Mais ça, je ne nie pas qu'on est encore un petit
peu dans l'expectative. Il y a des
contraintes qu'on voulait ajouter au secteur industriel suite à cette
transformation qui est en cours avec notre partenaire californien. Mais,
si on devait viser des industries qui sont déjà largement touchées par l'imprévisibilité des décisions américaines,
avec des tarifs américains, il se pourrait qu'on revoie nos ambitions à ce
niveau-là pour ne pas pénaliser ou pour ne pas demander encore davantage à ces
industries, qui peinent à composer avec un marché qui est très instable. Donc,
il y a des évaluations qui se poursuivent à ce niveau-là.
M.
Leduc : En quelques mots, qu'est-ce que l'élection
canadienne d'hier change ou ne change pas sur ce plan-là?
M. Charette : On va le voir au cours
des prochaines semaines, des prochains mois. Il y a un gouvernement qui sera
formé, de nouveaux ministres qui seront nommés. Je vais vouloir collaborer, en
toute bonne foi et de façon constructive,
avec le ou la future ministre de l'Environnement au niveau canadien, et on va
espérer trouver un peu plus d'espace d'entente possible. Mais je ne peux pas
présumer, à ce moment-ci, sinon que l'intention de collaborer est présente.
• (16 heures) •
M. Leduc : Merci. On suivra ça avec
beaucoup d'intérêt.
Passons sur le dossier un peu du transport
collectif. Vous le savez bien, M. le ministre, que c'est un des gros morceaux du... des GES au Québec, le transport. Et
évidemment, la solution, on n'en a pas 150, hein, c'est de favoriser le
plus possible le transport collectif. On a eu beaucoup d'échanges, dans les
derniers mois, sur les surplus, là, du Fonds d'électrification
et des changements climatiques, le FECC, qui, selon plusieurs, est géré un peu
comme un CELI, là : on laisse l'argent s'accumuler, s'accumuler,
s'accumuler.
Pourquoi on
ne met pas plus de cet argent-là dans les transports collectifs, notamment
auprès des municipalités, qui, comme
vous le dites, à travers toutes sortes de rapports... vous n'êtes pas d'accord
avec les conclusions, mais qui demandent de l'aide supplémentaire?
M. Charette : La question se pose.
Elle a été posée, plusieurs réponses ont été données. On parle d'un petit peu moins de 2 milliards, là, de surplus
accumulés. Il faut savoir que c'est un surplus accumulé il y a un certain nombre
d'années, parce que, depuis qu'on a mis en
place les plans de mise en oeuvre, depuis qu'on a mis en place la reddition en
fin d'année, on arrive à équilibrer nos budgets, ce qui n'était pas le cas il y
a un certain nombre d'années. Cependant, d'un point de vue strictement budgétaire, si on devait sortir cette
somme-là, elle viendrait creuser le déficit parce que ça devient une
dépense supplémentaire et ce sont des règles comptables au gouvernement. Donc,
si on devait décaisser cette somme-là, le déficit serait d'autant plus grand.
En même temps, si on parle de transport
collectif, ce sont des projets qui sont extrêmement, extrêmement dispendieux. On le voit avec la ligne bleue, on le
voit avec le tramway. Ce sont des investissements qui se font comme jamais ils n'ont été faits par le passé. Mais, avec cette
somme là, bien honnêtement, on n'arriverait même pas à compléter un projet de
ligne bleue ou un projet de tramway.
M. Leduc : Oui,
mais, de manière générale, les...
M. Charette :
Et ce ne sont pas des sommes qui sont récurrentes par la suite. Dès
qu'elles sont dépensées, elles ne sont plus là.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Leduc : De manière générale, les municipalités et les
sociétés de transport municipales sont efficaces, demandent à être encore plus efficaces. Il y a de
l'argent qui dort, là, comme un CELI, là, dans le fond, dans le FECC, puis il ne se passe rien avec ça. Nous, on vous
dit : Mettez-en un peu, ne serait-ce qu'un peu. Même si vous dites «des
règles comptables, décaissements, des
surplus, des déficits», des déficits pour des bonnes raisons... aujourd'hui
même, au salon rouge, votre collègue
le leader disait que c'était une bonne raison, de faire des déficits pour
pouvoir embaucher des préposés aux
bénéficiaires. Bien, c'est peut-être une bonne raison, de faire
artificiellement un déficit en décaissant de l'argent du FECC vers le
transport collectif des municipalités.
M. Charette :
Ce n'est pas artificiel du tout. Toute somme qui serait dépensée viendrait
creuser le déficit.
Je respecte la
position de chaque formation politique. Pour la vôtre, la notion de déficit est
peut-être moins importante, et ce n'est pas un jugement, mais, pour nous, c'est
un souci constant, notamment d'équilibrer un budget. Et, pour arriver à
équilibrer le budget, il ne faut pas creuser davantage le déficit.
Mais,
si on regarde, le FECC lui-même a déjà investi 1,5 milliard au niveau des transports
collectifs. Ça, c'est sans compter
les sommes que met naturellement le ministère des Transports dans le
financement du transport collectif. Donc, il est bien financé, le
transport collectif...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Leduc : Un
dossier qui nous anime, vous et moi, M. le ministre, bien avant que je devienne
responsable du dossier de l'environnement,
c'est Ray-Mont Logistiques, Assomption Sud, dans ma circonscription. On le sait
que vous êtes, depuis des semaines,
des mois maintenant, en train de réviser soi-disant une demande des heures
d'opération de Ray-Mont Logistiques,
qui étaient limitées, qui était un des rares gains qu'on avait obtenus la
dernière fois. Quand est-ce qu'on attend cette décision-là, des heures
d'opération, de la part du ministère?
M. Charette :
C'est une évaluation qui se poursuit. Je suis convaincu que le collègue est
heureux que le ministère prenne tout le
temps nécessaire, là, avant de trancher, ce qu'on a eu l'occasion de discuter
ensemble à quelques reprises. Il faut justifier une décision lorsque
vient le temps d'autoriser ou de refuser une demande d'autorisation. On l'a vu
spécialement dans ce cas-là. Il y a quelques poursuites judiciaires, là, qui ont
été, dans certains cas, réglées hors cour,
mais il faut pouvoir... et peu importe le dossier, que ce soit Ray-Mont
Logistiques ou un autre, il faut pouvoir justifier une décision, qu'elle soit favorable ou défavorable, sans quoi
on s'expose à une poursuite, donc, une évaluation qui est faite, une
évaluation qui est rigoureuse, avec des échanges avec le promoteur.
M. Leduc : Combien
de temps encore on va attendre, M. le ministre?
M. Charette :
Pardon?
M. Leduc : Combien
de temps on va attendre encore?
M. Charette :
Ah! bien, ça, je ne serais pas en
mesure de dire : Est-ce que c'est demain, dans quelques jours, dans
quelques semaines? C'est un dossier qui chemine et pour lequel le ministère
accorde toute l'importance nécessaire.
M. Leduc : Tantôt,
vous avez été ouvert à un BAPE générique sur les déchets dangereux, à notre
grande surprise, ça s'est même ramassé dans
les journaux. Seriez-vous ouvert à un BAPE sur Assomption Sud? Vous aviez fermé
la porte auparavant. Peut-être qu'aujourd'hui serait une bonne journée pour
réouvrir cette porte-là aussi.
M. Charette :
Et ça, ma réponse est la même depuis le début, on ne déclenche pas un BAPE
sur un projet spécifique sans que les
déclencheurs ne soient pas rencontrés. C'est à la base du système d'évaluation
environnementale au Québec. Si on devait, de façon aléatoire,
dire : Ah! bien, ce projet-là, même s'il n'y a pas de déclencheur, on y va
avec un...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci, M. le ministre. Ceci met fin au deuxième
bloc. Alors, nous poursuivons les échanges, encore une fois, avec l'opposition
officielle. Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Je vais revenir sur les cartographies de zones inondables, suite à
la... les échanges que vous avez eus avec la députée de Vaudreuil. Il y a
quelques mois, je vous avais fait... en fait, en novembre,
j'avais déposé une pétition, et, en réponse à cette pétition où on demandait,
en fait, qu'un mécanisme de contestation des cartographies soit mis en place,
vous me répondiez que ce serait vu, éventuellement, mais qu'il était d'ores et
déjà certain que nous resterons à l'écoute des municipalités.
Mais la question, ce n'était pas les
municipalités, mais bien les citoyens, parce que ce n'est pas toujours facile, et ce ne sont pas toutes les municipalités
qui sont en mesure de mettre en place un mécanisme de communication d'information aux citoyens. Dans le passé, ça
existait, un processus pour que les citoyens puissent faire part d'aberrations
dans les cartes. Il existe... Il y a eu une
simulation, là, de la CMM, il y a des gens qui se sont retrouvés dans ces
zones, des zones très à risque qui n'ont jamais été inondées.
Alors, est-ce qu'on va mettre en place, et
c'était d'ailleurs, je le rappelle, une recommandation du Protecteur du
citoyen... mettre en place un processus de contestation pour les citoyens?
M. Charette : Vous allez me
permettre, là, de parler davantage du dossier, là, dans son ensemble. Je le mentionnais tout à l'heure, on n'invente pas ou on
ne crée pas de zones inondables, on vient les identifier. La CMM a, à mon sens, et ça a été dit à plusieurs reprises,
commis une erreur en publiant des cartes avant même que la réglementation
soit adoptée. C'est venu inquiéter inutilement des citoyens. Maintenant, on est
à quelques semaines de présenter un nouveau cadre réglementaire qui a été
développé largement avec le milieu municipal, et les villes doivent adopter leurs cartes, et c'est le gouvernement, par la
suite, qui les sanctionne. Donc, les villes ont cet espace de dialogue avec le
gouvernement et les citoyens peuvent
questionner leur municipalité par rapport aux cartes qui seront publiées. Donc,
ce n'est pas un mécanisme formel de contestation, mais il y a cet
espace-là entre le citoyen et sa municipalité et entre la municipalité et le gouvernement du Québec pour
s'assurer que la carte qui est sur le point d'être adoptée soit conforme
à la réalité.
Mme Dufour : La CMM a très bien
fait de publier. C'était la seule façon que les citoyens pouvaient commenter les règlements, c'était de pouvoir voir
l'impact que ces règlements-là pourraient avoir. Et ça s'est fait comme ça dans le passé aussi. Mais ce que je comprends,
puis corrigez-moi si je me trompe, là, mais, à ce moment-là, il y aura un délai entre le moment que les cartes seront
produites et le moment qu'elles seront soumises au ministère et donc que
les municipalités vont les soumettre à l'approbation de leurs citoyens?
M. Charette : La collègue dit : La CMM a très bien fait. C'est une
opinion qui est la sienne, que je ne partage pas. Et la preuve est... la Communauté métropolitaine de Québec n'a pas
publié de carte. La communauté métropolitaine, du côté de l'Outaouais,
n'en a pas publié non plus, parce que la réglementation n'est pas encore
adoptée. Donc, oui, c'est venu inquiéter
indûment des citoyens qui n'avaient pas la possibilité de se fier sur des
informations, là, qui étaient applicables. Mais c'est une question
d'opinion, et on n'est pas obligés d'avoir la même à ce niveau-là.
Donc, à partir du moment où la réglementation
sera édictée, ensuite, il y a un certain nombre de mois qui sont attendus
avant, justement, la publication et l'acceptation de ces cartes-là. On pense
que, d'ici le printemps 2026, donc
d'ici un an, on a l'essentiel du territoire du Québec, en termes de
population... En fait, je vais reformuler. L'essentiel de la population
québécoise va habiter sur des territoires dont les cartes auront été mises à
jour, et, dans certains cas, certaines
cartes, donc, n'ont pas été mises à jour depuis une trentaine d'années, donc
c'est clair qu'il y a des changements qui sont attendus à ce niveau-là.
La Présidente (Mme Maccarone) :
Merci.
Mme Dufour : La CMM avait les moyens technologiques et
financiers de publier les cartes. D'autres régions n'ont pas eu les mêmes moyens et, d'ailleurs,
dénoncent et demandent des subventions de la part du ministère pour mettre à
jour leurs cartes. Serez-vous favorable à leurs demandes?
• (16 h 10) •
M. Charette : Encore là, je me dois
de corriger l'affirmation faite par la collègue. Ce n'est pas parce que la CMM a des moyens... On finance la réalisation des
cartes. Donc, ce n'est pas parce que la CMM a des moyens qu'elle a
publié des cartes et que Québec, par exemple, n'a pas publié de carte. C'est
que Québec a décidé de procéder dans l'ordre,
c'est-à-dire d'attendre une réglementation édictée avant de produire des
cartes. Donc, ce n'est pas une question de moyens. Mais, oui, pour produire des
cartes, il faut des moyens, et, oui, nous finançons et nous appuyons le milieu
municipal, là, pour qu'il puisse réaliser cette tâche de mise à jour de leurs
cartes du...
Mme
Dufour : Allez-vous répondre favorablement aux demandes des
municipalités qui demandent d'avoir le financement à la même hauteur que
la CMM a reçu?
M.
Charette : Je pense avoir répondu. On finance cette
opération-là. Actuellement, c'est 30 millions, là, qui a déjà été versé,
là, à travers le MAMH, à ce niveau-là. Et ce sont des budgets conséquents, on
ne peut pas prétendre le contraire.
Et, si jamais il y avait des besoins supplémentaires, il y a des évaluations
qui sont faites selon les représentations qui sont faites. Mais le gouvernement du Québec appuie largement le
milieu municipal, là, dans la réalisation de leurs cartes.
Mme Dufour : Parfait. Donc, on
comprend qu'il pourrait y avoir des sommes supplémentaires.
Il y a actuellement des bâtiments municipaux qui
pourraient se retrouver aussi en zones inondables, même en zones très à risque. Il y a des écoles, CHSLD, il
y a une usine d'eau potable où je réside, aussi. C'est le cas notamment,
là, à Vaudreuil pour
l'école, l'usine et le CHSLD. Qu'est-ce qui... Comment on va appuyer la
municipalité là-dedans? Puis est-ce qu'il va y avoir des contraintes
pour ce type de bâtiments là?
M. Charette :
On ne demande pas la démolition d'aucun bâtiment. Donc, ce qui est bâti est
bâti. En fonction des règlements qui seront éventuellement édictés, on vient
préciser quelles sont les règles de reconstruction ou de construction. Donc, ce
qui est existant n'est pas démoli, donc, déjà on peut rassurer certaines
personnes qui peuvent s'inquiéter à ce
niveau-là. Mais j'espère que la collègue est d'accord avec le gouvernement,
lorsqu'on connaît le niveau de risque, lorsqu'on sait... parce qu'encore
une fois on n'invente pas des zones inondables, on les identifie. J'espère que la collègue est d'accord pour dire : Si
on est dans une zone à risque élevé, on ne construira plus dans ces zones-là,
pour éviter d'exposer la population à des...
Mme Dufour : L'enjeu,
ce n'est pas les futures constructions, c'est plutôt celles qui sont déjà là.
C'est vrai qu'elles... on ne devra pas les
démolir. Mais par contre, s'il y a un sinistre qui fait en sorte que... par
exemple, un incendie, elles ne
pourront pas être reconstruites. Ici, je parle d'une usine d'eaux usées, une
usine d'eau potable. Ça ne peut pas se reconstruire n'importe où, ça. Donc,
est-ce qu'on va empêcher la reconstruction, s'il y a des sinistres majeurs de
ce type de bâtiments?
M. Charette :
On a très certainement, j'espère, la même vision à ce niveau-là. Donc, on
ne demande pas la démolition. À partir du moment où il y a un sinistre et que
le bâtiment n'est plus utilisable par la suite, il faudra voir à le relocaliser
dans une zone qui est davantage sécuritaire pour les usagers du bâtiment en
question. Mais j'insiste pour dire :
autant au niveau du résidentiel, commercial et industriel, on ne demande pas la
démolition de quelque bâtiment que ce soit. Cependant, si le bâtiment
est affecté, soyons intelligents, ne reproduisons pas les erreurs du passé,
parce qu'au final c'est l'État québécois, donc ce sont les Québécois,
Québécoises qui finissent par payer. Ne reconstruisons pas dans une zone que
l'on sait très exposée à des risques d'inondation.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci.
Mme Dufour : Les digues... Dans le projet qui a été présenté
l'été dernier, l'impact des digues n'était pas reconnu. Sainte-Marthe-sur-le-Lac, une digue de
55 millions qui est construite par le gouvernement du Québec, est-ce qu'on
va reconnaître l'impact de telles digues dans la prochaine version?
M. Charette :
C'est une des raisons pourquoi la
CMM n'aurait pas dû publier ces cartes. On a très clairement mentionné au milieu municipal qu'il allait y avoir
une reconnaissance de ces ouvrages de protection contre les inondations, et la CMM a publié des cartes qui laissaient entendre
qu'il n'allait y avoir aucune reconnaissance. Et nous sommes, la collègue et moi, dans des secteurs qui ont été
très affectés, en 2017 et 2019. Il n'y a pas de compétition mais sans doute que le mien l'a été encore davantage que la
collègue. Et l'importance des digues, dans ces secteurs-là, est fondamentale.
Donc, publier une carte, alors qu'il a clairement été dit que ces ouvrages de
protection contre les inondations allaient être reconnus et que la carte n'en
fait pas mention, pour moi, c'est une mauvaise décision, pour moi, c'est donc
une décision qui est irresponsable.
La Présidente (Mme
Maccarone) : ...c'est terminé.
M.
Charette : Mais, oui, les
ouvrages de protection contre les inondations auront un statut dans la
réglementation qui est sur le point d'être présentée.
Mme Dufour : Ce
n'est pas le procès de la CMM qu'on fait ici. Je demandais si la digue allait
être reconnue et je comprends, par vos
propos, qu'elle le sera. L'impact de telle digue sera reconnu dans la version
finale du règlement?
M. Charette :
Et ça a été mentionné dès le début de la procédure.
Mme Dufour : Oui,
mais ce n'était pas dans le règlement.
M. Charette :
Bien, justement, le règlement n'a pas été édicté.
Mme Dufour : Celui
qui était en consultation.
M. Charette :
C'est ça, en consultation. Effectivement, c'est très différent.
Mme Dufour : Il ne le prévoyait pas. Je vais vous amener
complètement ailleurs. L'azote ammoniacal, il y a eu des nouvelles normes qui
ont été... qui ont été soumises aux municipalités, dans les dernières semaines,
derniers mois, c'est tout récent, et beaucoup de municipalités qu'on a
rencontrées sont très inquiètes parce que ça impliquerait, pour respecter ces
normes, des mises à jour substantielles des usines d'eau potable. Et je ne
mentionnerai pas la ville, mais une usine
seulement, la mise à jour est estimée à 2 milliards de dollars. Si on
fait la multiplication des municipalités du Québec, c'est ça, on n'a pas les moyens, ni les municipalités ni le
gouvernement, de soutenir une telle transformation. Est-ce qu'on peut
s'attendre à ce qu'il y ait de la flexibilité dans l'atteinte de ces nouvelles
normes d'azote ammoniacal?
M.
Charette : ...par le passé, sur notre capacité d'ajuster
notre réglementation, notamment au niveau des PFAS, et elle a tout à
fait raison de se questionner là-dessus. Le gouvernement du Québec travaille en
collaboration avec les municipalités, les appuie au niveau du financement de
leurs usines de filtration. Donc, sans entrer... ou sans préciser un contaminant ou une problématique particulière,
je vais résumer mon propos en disant que le gouvernement du Québec travaille en collaboration, à ce niveau-là, pour
s'assurer que les normes soient respectées et que les normes soient justifiées.
Lorsqu'il y a des investissements qui sont nécessaires, il y a des sommes aussi
qui sont disponibles.
Et, pour ce
qui est du 2 milliards en question, j'ai une information qui rentre à
l'instant, c'est un coût de construction pour une usine en entier. Donc,
ce n'est pas une modernisation du site. Et, pour ce qui est du coût
supplémentaire, là, par rapport au niveau,
là, de... et là c'est un défi de prononciation, pour l'azote
ammoniacal, on parle que ça représente moins de 10 %, là, du coût
de construction de l'usine en question.
Mme Dufour : Moi, ce n'est pas du
tout les chiffres qu'on a eus. Et vraiment, les gens qui opèrent ces usines-là
nous ont dit que c'étaient des mises à niveau majeures. D'ailleurs, la dernière
usine qui a été inaugurée, celle de la ville
de Montréal, n'est pas... ne peut pas respecter cette nouvelle norme là. Donc,
ça implique que cette nouvelle usine toute neuve devra déjà être
modifiée, si on l'oblige à respecter ces normes-là.
M. Charette : On parle, dans le cas
de cet élément-là, de 10 %.
Mme Dufour : Et je ne parlerai pas
de Montréal.
M.
Charette : Et je suis convaincu, je le crois sincèrement, que
la collègue va toujours être d'accord pour que l'on protège les citoyens
et citoyennes et qu'on s'assure qu'ils boivent une eau de qualité. Donc, ça
peut représenter des investissements importants.
Mme
Dufour : C'est des rejets, ce n'est pas de l'eau potable.
Je m'excuse, on parle de rejets, pas d'eau potable ici, et c'est...
M. Charette : Bien, au niveau des
rejets, c'est la même chose.
Mme
Dufour : Reste que... est-ce qu'on a les moyens de payer
des milliards, et des milliards, et des milliards pour... Tu sais, est-ce qu'on peut les investir
autrement? Je vais aller ailleurs poser une dernière question. Je suis à...
C'est à 17, hein, que je me rends?
La Présidente (Mme Maccarone) : Il
vous reste 3 min 37 s.
Mme Dufour : O.K. J'ai quand même du
temps. Donc, l'enjeu ici, c'est de savoir si tous ces milliards-là que ça
prendrait pourraient être investis autrement, peut-être, pour atteindre les
mêmes normes, mais sans les mettre dans de telles usines.
M.
Charette : Et, si jamais on devait conclure qu'il faut aussi
des sommes importantes pour traiter les PFAS, est-ce que la collègue me dit qu'il ne faudrait pas investir ces
sommes-là? Donc, le ministère de l'Environnement est là pour justement
mesurer le risque et voir comment midiguer ce risque-là. Dans certains cas, il
y a des investissements qui sont nécessaires, que ce soit pour le type d'azote
en question ou les PFAS. Et la collègue me pose régulièrement des questions sur les PFAS. Donc, éventuellement,
il y a peut-être une réglementation qui sera développée, qui va nécessiter
des investissements, mais, si c'est pour préserver la qualité de notre eau,
pour assurer la santé de nos populations, on conviendra que c'est important de
les faire, ces investissements-là.
Mme Dufour : J'y
viendrai, sur les PFAS, ultérieurement, pas aujourd'hui, à un autre moment, et
je vous ferai une proposition bien constructive à ce sujet.
M. Charette : Ce sera un plaisir.
Mme Dufour : Je vais vous poser une
question plutôt philosophique pour terminer. Bien, il me reste encore
quelques... deux minutes...
La Présidente (Mme Maccarone) : 2 min 30 s.
• (16 h 20) •
Mme Dufour : 2 min 30 s.
On a tous vu, dans les médias, Olivier Primeau qui est venu faire une tournée à
l'Assemblée nationale, parler de l'eau
potable. Mais, de façon générale, vous pensez quoi, de votre côté, qu'un privé
puisse prendre possession de sources d'eau douce au Québec, comme ça, de
façon aussi importante?
M.
Charette : Il y a malheureusement beaucoup, beaucoup
d'inexactitudes dans les propos tenus par M. Primeau, et je vois qu'il a, avec
le temps, adapté un petit peu son discours. Dans les premières publications sur
les réseaux sociaux, il disait
détenir 30 % de l'eau douce au Québec. Un, c'est faux. L'eau est un bien
collectif, donc il n'y a aucun individu ou entreprise qui
est propriétaire de l'eau. C'est important de le mentionner. Ça, je crois qu'il
ne le dit plus parce que je crois
qu'il a été averti que les affirmations étaient erronées. Ce que l'on peut
détenir, ce sont des permis pour capter de l'eau, mais ces permis-là ne sont
pas accordés automatiquement, ils ne sont pas éternels. D'ailleurs, un certain
nombre des permis détenus par l'entreprise de M. Primeau sont expirés,
donc il ne peut pas prendre pour acquis qu'ils seront renouvelés ou qu'ils sont
valides. C'est complètement, complètement faux. Donc, il y a des autorisations
qui sont nécessaires, des autorisations qui
sont accompagnées de conditions précises. Mais je réitère, l'eau est un bien
public, et personne...
La
Présidente (Mme Maccarone) : ...ministre. Il vous reste une minute, Mme la
députée, pour une dernière... 48 secondes pour une dernière
question.
Mme
Dufour : Donc, c'est... il parlait de droits,
effectivement, d'accès. Et, parlant de ces droits, les redevances de l'eau, on a, selon les réponses particulières,
reçu 8 millions, seulement, de... pour 1,1 milliard de litres puisés.
Est-ce qu'on atteint les objectifs qu'on s'était donnés pour le fonds de
l'eau?
M.
Charette : On se souvient d'une transformation majeure à ce
niveau-là. Les redevances sur l'eau n'avaient pas été ajustées depuis de
nombreuses années. À travers notre projet de loi, qui a été adopté, là, il y a
un an et un peu plus, peut-être, on est venus augmenter ces
redevances-là de 900 %, un calcul savant qui... auquel le collègue a
participé, d'ailleurs. Donc, 900 % d'augmentation...
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci beaucoup, M. le ministre. Je suis désolée de
vous couper, ceci met fin au bloc avec l'opposition officielle. On passe
maintenant à M. le député des Îles-de-la-Madeleine. La parole est à vous.
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. J'aimerais revenir rapidement, M. le ministre, sur la question de
la gestion des déchets dangereux et sous l'angle des sols contaminés aux PFAS.
Il y a un collègue qui vous a posé la question,
mais j'aimerais que vous m'évoquiez un peu, de votre point de vue ou du point
de vue du ministère, quelle est la chronologie des événements qui ont
mené à ce que tout ça se fasse un peu, je dirais, à l'insu de la population
puis de la ville de Mascouche.
M.
Charette : En fait, je ne dirais pas «à l'insu de la
population». On a le gouvernement fédéral qui a fait un appel à projets
pour traiter ou disposer de sols contaminés avec PFAS. Il y a quelques
entreprises qui ont été...
M. Arseneau : À quel moment,
justement, là, si on veut parler de chronologie?
La Présidente
(Mme Maccarone) : ...le ministre répondre à votre question, puis
après vous pourrez continuer.
M. Charette : Vous voulez la date de
l'appel à projets comme telle? Je pourrai demander.
M.
Arseneau : Bien, en fait, je vais préciser ma question.
C'est, en réalité... Quelle est la séquence des événements qui font en
sorte que... Je vais y aller de façon très précise. Le ministère, selon notre
compréhension, dit : On devrait privilégier un traitement primaire sur le
site, mais on n'exige rien. Quelle est l'implication ou la non-implication du
gouvernement du Québec, qui, essentiellement, assiste comme témoin impuissant à
ce que l'armée canadienne transporte des déchets qui sont contaminés, qu'on
pourrait traiter sur les lieux, pour lesquels une technologie existe et une
entreprise existe, et pourtant, parce que... Il n'y a pas de cadre
réglementaire, ça, on le comprend, mais aussi pourquoi
il n'y a pas d'intervention ou de négociation auprès du gouvernement fédéral
pour éviter la situation à laquelle on assiste?
M. Charette : Il faut savoir que
toute cette opération-là s'est faite en conformité avec la réglementation
actuelle, réglementation qui peut évoluer. On l'a mentionné, les PFAS, c'est
une science qui est en développement. C'est
une connaissance qui est relativement nouvelle, qui est beaucoup étudiée,
notamment au Québec, et qui va amener, forcément,
un ajustement réglementaire au cours des prochaines années. Mais c'est
relativement nouveau comme science. Donc, ce qui s'est fait s'est fait selon
les connaissances d'aujourd'hui, avec la réglementation qui est présente
sur le territoire québécois. Et Signaterre
est une entreprise qui est présente sur le territoire de Mascouche depuis de
nombreuses années, là, ce n'est pas nouveau.
Donc, il y a eu un appel à projets de la part du
gouvernement fédéral, auquel on n'était pas partie prenante. Notre rôle, à
nous, c'est de s'assurer qu'une fois où un traitement se fait sur le sol
québécois que ça se fasse selon la réglementation, et ça se fait selon la
réglementation actuelle. Pour ce qui est du projet retenu, c'était à la
discrétion du gouvernement fédéral. C'est la solution Signaterre, là, qui a été
retenue, dans le cas présent.
M. Arseneau : Est-ce que, oui ou
non, le gouvernement fédéral vous a informé de son intention d'aller en appel
d'offres?
M. Charette : En fait, au niveau de
la connaissance sur la contamination PFAS, c'est plutôt le gouvernement du
Québec qui a... On s'en souvient, là, il y a eu quelques reportages à ce
niveau-là, on a pu lever la main pour dire : Écoutez, il y a un enjeu de contamination dans ce
secteur-là, il faut trouver une solution. La solution était de s'assurer,
là, que les sols en question ne restent pas
sur place. Et la solution elle-même, retenue, c'est celle du gouvernement
fédéral, ce n'est pas celle du gouvernement du Québec.
M. Arseneau : Est-ce
qu'officiellement le ministère ou le ministre a signifié au gouvernement
fédéral qu'il préférerait qu'un traitement
préliminaire soit effectué sur les lieux avant le transport des matières, des
sols contaminés vers Mascouche?
M. Charette : À ma connaissance, il
n'y a que deux seuls sites, au Québec, qui traitent de cette matière-là, donc le rôle du gouvernement du Québec, c'est que
ça se fasse selon la réglementation en place, et c'est le cas. Donc, c'est le
rôle qu'a pu jouer le gouvernement du Québec. Et Signaterre est présente dans
le secteur, là, de Mascouche-Terrebonne depuis de nombreuses années et a l'expertise, justement, là, pour
s'assurer de l'enfouissement, avec les règles actuelles. Est-ce que ces
règles-là vont évoluer dans le temps? C'est très possible, et notre
réglementation permet justement des ajustements à ce niveau-là.
M. Arseneau : Vous avez parlé, tout
à l'heure, du fait qu'il y avait l'absence d'un cadre réglementaire, que ça pourrait être appelé à évoluer. Là, vous venez
de dire que, forcément, ça va évoluer. Est-ce qu'actuellement il y a des
gens au ministère qui sont mandatés pour travailler sur le développement d'un
nouveau cadre réglementaire pour ces polluants éternels?
M.
Charette : Pour les PFAS, oui. Il y a déjà des mesures,
d'ailleurs, qui sont en vigueur. Tout le dossier PFAS n'est pas encore
en application à travers la réglementation, mais, au niveau des baux et de
l'épandage, on a de la réglementation qui est déjà en développement, sinon en
application, lorsqu'il est question de PFAS. Donc, c'est une réglementation qui
se développe au gré de l'évolution de la connaissance sur cette nouvelle
réalité, de façon, je vous dirais, heureuse.
Des PFAS, il
y en a partout, je veux dire, même sur nous, là, on a tous des PFAS, selon ce
que l'on porte ou selon ce qu'on
utilise. Donc, c'est une présence qui est réellement, réellement répandue. La
connaissance sur les méfaits ou les dangers potentiels de ces produits-là se
développe, elle est relativement nouvelle. La chance que nous avons, au Québec,
et je le dis comme ça, contrairement à plusieurs États, que ce soient européens
ou même américains, on ne produit pas de
PFAS, au Québec, donc, on a moins d'enjeux de contamination suite à la
production de PFAS. Mais, étant donné...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le ministre...
M. Charette : ...qu'on produit de la
matière résiduelle...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le ministre. M. le député.
M. Arseneau : Oui. Bien, moi, juste
en terminant sur ce dossier-là qui est quand même important, mais qui prend
beaucoup de notre temps aujourd'hui, je veux savoir, si on se projette dans
l'avenir, est-ce que c'est une bonne idée qu'on transporte des sols contaminés
avec des PFAS, ou le gouvernement, ou le ministère envisage-t-il de réglementer
cette question-là? Je le rappelle, ce qu'on nous dit, ce que la presse
rapporte, c'est qu'il était tout à fait possible,
avec la technologie qu'on connaît et avec la présence d'une entreprise dans la
région, de traiter ces sols contaminés là avant le transport et
l'enfouissement.
M. Charette : C'était une nécessité
de déplacer les sols pour éviter que la contamination des sources d'eau du
secteur s'étende, donc il y avait une certaine urgence d'agir à ce niveau-là.
Pour ce qui est de la solution retenue, le
gouvernement fédéral a agi en conformité avec la réglementation québécoise,
mais, oui, il fallait endiguer et répondre à cette situation-là qui
risquait de compromettre les approvisionnements en eau dans le secteur. Donc,
il fallait agir, et on ne pouvait pas tout
simplement attendre qu'il y ait de nouvelles technologies qui se développent ou
qui puissent être accessibles, là, sur le territoire même.
• (16 h 30) •
M. Arseneau : D'accord. Autres
déchets dangereux ou, du moins, qui représentent une certaine menace : les
déchets nucléaires. Vous avez fait référence
au fait qu'on avait cette opportunité-là de transférer nos déchets nucléaires
ailleurs pour les faire traiter là où on a des capacités de le faire. Est-ce
que, M. le ministre, vous pouvez nous dire si aujourd'hui,
dans la dernière année, disons, sur le territoire du Québec... s'il y a des
déchets nucléaires qui transitent par le Québec?
M.
Charette : En fait, le Québec est producteur de déchets
nucléaires, ne serait-ce qu'au niveau médical. Cependant, on ne traite pas ces
déchets-là. C'est là où, tout à l'heure, je disais : Dans la
spécialisation qui s'est opérée au fil des ans, au niveau des types de
matières dangereuses et des types de déchets dangereux à disposer, c'est une
spécialisation qui ne s'est pas effectuée au Québec. Donc, on exporte nos
déchets nucléaires, notamment médicaux.
M.
Arseneau : Pour ce qui est des déchets nucléaires, selon une
demande d'accès à l'information qu'on a faite, on nous dit qu'en 2045 on
prévoit que les déchets du Canada vont transiter par le Québec, par les routes,
sur le fleuve Saint-Laurent, en provenance de Point
Lepreau, notamment, donc, au Nouveau-Brunswick. Est-ce que vous êtes au fait de cette situation-là? Et qu'est-ce
que vous pouvez nous en dire sur les mesures qui peuvent être mises en place pour éviter, évidemment, des contaminations, des
déversements, que ce soit sur le fleuve ou sur les routes du Québec?
M. Charette :
Lorsqu'il est question de transport de déchets nucléaires, il y a des
protocoles établis. Si, notamment, c'est à travers le fleuve, le gouvernement
fédéral a une responsabilité, mais ce sont des protocoles qui sont très bien
établis. On connaît tous les risques afférents au nucléaire, donc ce ne sont
pas des dossiers qui sont pris à la légère. Donc, à partir du moment où il y a
ou il y aurait transport, c'est effectivement balisé.
Dans le cas
d'instances québécoises, et Transports Québec, et la Sécurité publique du
Québec participent, là, justement, au groupe
interjuridictionnel, là, de planification du transport du combustible
nucléaire. Donc, c'est balisé, et, oui, c'est anticipé, et, oui, on joue
pleinement notre rôle à ce niveau-là.
Tout à l'heure, je
parlais des déchets nucléaires d'origine médicale, mais n'oublions pas qu'on a
Gentilly aussi, sur le territoire québécois,
et là aussi il y a une gestion, là, qui est nécessaire au niveau des déchets,
là, que ça peut produire.
M. Arseneau :
Mais, compte tenu de ce dont on a
déjà discuté depuis le début de l'étude des crédits, sur Stablex, où on
a dû agir en urgence, où il fallait développer de nouvelles cellules parce
qu'on avait une urgence nationale, selon les
termes du gouvernement, compte tenu de ce que vous venez de dire sur la
question des PFAS, du transport des sols contaminés, on a dû agir en urgence,
on n'avait pas de cadre législatif, est-ce que, pour ce qui est des déchets
nucléaires, on peut nous garantir
aujourd'hui qu'en 2040, 2045, là où des déchets nucléaires de Gentilly ou de
Point Lepreau vont circuler sur le
fleuve Saint-Laurent, que le cadre législatif et réglementaire et que les
mesures seront en place pour garantir la sécurité de nos sources
d'approvisionnement en eau potable et la sécurité des Québécois?
M. Charette :
Ah! tout à fait. Comme je le
mentionnais, à travers deux instances, là, le Québec est déjà impliqué dans ces
démarches-là de cadre réglementaire. Donc, ce n'est pas improvisé, ce n'est pas
une question qui risque de nous surprendre,
là. Il y a déjà une implication active du gouvernement du Québec à travers ces
différentes organisations, là, dans le dossier.
M. Arseneau :
Puisqu'on parle de la question des déchets nucléaires, vous n'êtes pas sans
savoir que le projet de Chalk River est
fortement contesté. Nous avons d'ailleurs déposé des motions à répétition. Le
gouvernement a refusé de se prononcer sur cette question-là. Pourtant,
le 19 février dernier, la cour a jugé que les Premières Nations de
Kebaowek n'avaient pas été consultées de façon appropriée. Le 14 mars
dernier, on a également appris qu'on n'avait
pas regardé toutes les alternatives raisonnables, selon un deuxième jugement,
le juge Zinn, qui a dit que Laboratoires nucléaires canadiens n'avait
pas regardé toutes les options.
Est-ce
que, oui ou non, le gouvernement, le ministre va se prononcer sur cette question-à?
Est-ce qu'il est préoccupé par la question du traitement ou de l'enfouissement de déchets
nucléaires à proximité de la source d'approvisionnement en eau potable
d'une grande partie des Québécois?
M. Charette :
Oui, déjà, peut-être rappeler
certains faits. On a pris position. Il y a eu des questions en Chambre
là-dessus. On a invité le gouvernement fédéral à être nettement plus
transparent dans ses communications avec la population.
Il y a effectivement eu ce jugement-là au niveau, notamment, des communautés
autochtones, et notre collègue aux
Relations avec les Premières Nations le répète aussi depuis un certain temps,
le gouvernement fédéral se doit d'être plus proactif qu'il ne l'est
actuellement dans le dossier. C'est à lui à défendre son projet.
Cependant, si on
parle du site lui-même, il faut savoir que c'est un site qui existe depuis de
nombreuses années. Il y a, sur place, déjà...
on ne parle pas du futur, déjà, sur place, des déchets nucléaires qui, à mon
sens, d'un point de vue environnemental,
sont mal protégés parce qu'il y a des infrastructures qui sont désuètes. Donc,
il faut protéger ce site-là de façon adéquate parce que, oui, ça pourrait avoir
une incidence sur le Québec à travers ses affluents, notamment, mais
c'est au gouvernement fédéral d'expliquer son projet, de faire valoir ses
mérites et sa nécessité, mais c'est clair qu'il faut renforcer la sécurité qui
est sur le site de Chalk River actuel.
M. Arseneau :
Donc, sachant que c'est la responsabilité du fédéral et que le ministre de
l'Environnement a aussi la responsabilité de la protection de l'environnement,
et évidemment, par effet collatéral, la protection des Québécoises et des
Québécois et leur santé, quelles sont les interventions que vous avez faites ou
que vous entendez faire auprès du gouvernement fédéral pour qu'il fasse le
meilleur des projets à cet égard?
M. Charette :
J'ai eu des communications. Je
vous parlais de notre collègue aux Relations avec les Premières Nations. Il y a eu des démarches conjointes,
autant d'une perspective autochtone que d'une perspective environnementale, pour
demander au fédéral d'être plus présent dans ce dossier. C'est à lui de
défendre ce projet-là.
Donc, il y a des
actions. J'ai eu l'occasion de parler aussi de vive voix avec les autorités
fédérales concernées et je sens un certain
ajustement de la part du gouvernement fédéral, ajustement qui était
souhaitable. Cependant, il ne faut pas encore une fois retenir... Je ne dis pas
que c'est le cas du collègue, mais il ne faut retenir la pensée magique, là. On
a un site qui est en opération depuis un certain nombre d'années, sinon des
décennies. Il faut sécuriser ce site-là pour s'assurer qu'il n'y ait pas
d'impacts environnementaux.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci, M. le ministre.
M.
Arseneau : Deux petits sujets pour terminer. Il y a un bureau de
projet, pour contrer l'érosion côtière, qui a été créé en 2023, mis en oeuvre
en 2024. Que savez-vous, aujourd'hui, là, des projets qui émanent de ce bureau
de projet qui est situé dans ma circonscription?
M. Charette :
C'est financé par le Plan pour une économie verte. Effectivement, c'est une
annonce qui avait été faite notamment aux côtés de notre collègue aux affaires
municipales. Nous, on a, naturellement, des sommes à travers le FECC. C'est transféré ensuite au MAMH et c'est le ministère,
là, des Affaires municipales qui est responsable du suivi à travers les
bureaux de projet comme tels. Je me souviens de l'annonce qui avait été bien
reçue dans les milieux, parce que c'est une problématique bien réelle, là, dans
l'Est du Québec, vraiment.
M. Arseneau :
Tout à fait. Ma question :
Est-ce que vous avez, en votre possession, une liste des projets du bureau de projet sur lesquels on travaille? Et dans
quelle séquence on entend les déployer, les réaliser? Parce que faire un
bureau, c'est bien, faire des projets, c'est mieux.
M. Charette :
Sans vouloir me défiler, c'est réellement
une question qui devrait être posée à notre collègue au niveau des
Affaires municipales.
M. Arseneau :
Affaires municipales? Parfait.
M. Charette :
L'engagement qu'on a pris, par
contre, c'est une somme de 100 millions de dollars, là, pour contrer
l'érosion, mais, pour ce qui est du suivi comme tel, c'est le ministère des
Affaires municipales, là, qui en a la responsabilité. On confirme qu'il y a quelques projets qui ont été
autorisés, mais, pour le fin détail, ce serait de s'adresser à notre collègue.
M. Arseneau :
D'accord. Je pense que j'ai quelques secondes encore. 10 secondes?
Bien, alors, je vais vous remercier de votre
collaboration aujourd'hui, M. le ministre, parce qu'on n'aura pas le temps
d'aborder un autre sujet. Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le député. Nous revenons au dernier bloc de l'opposition officielle.
Mme la députée de Mille-Îles.
• (16 h 40) •
Mme Dufour : Merci,
Mme la Présidente. Alors, je vais poser des questions en lien avec les réponses
qu'on a reçues du gouvernement. Donc, ça va aller un peu dans tous les sens, ce
dernier bloc, pour moi, du moins.
On
a demandé les publicités... On demande ça à chaque année, les publicités qui
ont été faites, et là il y en a une qui a été attribuée à l'entreprise
Tam-Tam, 863 000 $. C'est quand même beaucoup de sous, et le premier
objectif de la publicité, on nous dit que
c'est pour augmenter le pourcentage de gens qui sont confiants que le
gouvernement mettra en place les mesures nécessaires pour répondre aux
besoins de la recharge d'ici 2030. C'est quand même surprenant qu'on veuille
augmenter le pourcentage de gens qui sont confiants envers le gouvernement puis
qu'on investisse 863 000 $ là-dedans.
M. Charette :
Ce n'est pas... Des fois, on peut toujours questionner la formulation
retenue, mais c'est réellement pour informer
la population sur les services ou les options à leur disposition en matière
de... Il y a beaucoup de mesures
budgétaires, là, qui sont disponibles aux citoyens, là, pour justement... que
ce soit développer une infrastructure de recharge à la maison ou autre.
Donc, je devine que c'est dans cette perspective-là.
Mme Dufour : Bien, ce serait intéressant de voir la publicité,
mais c'est quand même particulier. La réponse, là, je ne l'ai pas inventée.
Elle vient du ministère, là. Donc, c'est quand même particulier qu'on
investisse autant d'argent pour rendre... c'est ça, que les gens aient
confiance envers le gouvernement.
M. Charette :
À partir du moment où on rend des programmes disponibles, il faut les faire
connaître, ces programmes-là, et c'est dans
cette... et c'est dans cette perspective, et on m'indique aussi... Dans le cas
de la publicité, si on regarde les éléments, là, qui rebutent
actuellement la population par rapport à l'électrification, on a largement
parlé de l'autonomie, on a parlé des coûts, mais un facteur qui revient souvent
dans l'hésitation des gens pour passer à l'électrique, c'est la disponibilité
de la recharge. Donc, c'est une publicité, là, qui visait à informer le public
sur, justement, les possibilités de recharge à leur disposition pour atténuer
cette méfiance-là pour adopter le passage à l'électrification.
Mme Dufour : Définitivement, la meilleure option, c'est de
fournir des bornes de recharge fonctionnelles, et partout au Québec, plutôt qu'une publicité. Croyez-moi,
pour avoir fait le tour du Québec en voiture électrique, c'est beaucoup plus rassurant quand il y a des bornes puis elles
fonctionnent, parce que, quand on arrive, puis elles ne fonctionnent pas, c'est
assez angoissant.
Une
autre question particulière, 76, celle-ci. On dit qu'il y a
565 autorisations ministérielles qui ont été données pour des
milieux humides et hydriques, mais seulement la moitié avec une contribution
financière. Alors, pourquoi la moitié des demandes n'auraient pas eu à fournir
de compensation financière? C'est beaucoup, là, la moitié.
M. Charette : Et là c'est
intéressant, les données. Je ne sais pas si je peux les retrouver assez
rapidement. Ce n'est pas parce qu'il y a une autorisation qui est donnée qu'il
y a une atteinte ou que l'atteinte est celle qui avait été envisagée au départ. On a des données. Je vais
espérer pouvoir les retrouver rapidement. C'est un petit, petit pourcentage,
par rapport à ce qui était initialement
prévu, qui s'est avéré comme perte. Et là peut-être aux équipes... me la
remettre dans un meilleur ordre pour
que je puisse trouver l'information rapidement, mais le souvenir que j'ai,
c'est qu'on est à 14 % de ce qui avait été demandé au départ comme
atteinte.
Donc, ça
affecte effectivement beaucoup les pourcentages. Donc, si on regarde, là, les
demandes, là, des... qu'on a pu
comptabiliser, on avait des demandes pour 705 hectares, d'atteintes sur
les milieux humides, et, avec le travail dont on a souvent parlé lors de
l'étude du projet de loi n° 81, au final, on en a accepté pour
102 hectares. Donc, c'est à peine 14 %
de ce qui avait été demandé au départ qui a été confirmé comme atteinte. Donc,
ça affecte effectivement le pourcentage ou les montants en...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée.
Mme
Dufour : Donc, quand on lit que la moitié des demandes
n'ont pas fait l'objet de compensations malgré qu'il y avait une atteinte aux milieux humides, comment on l'explique?
Je comprends, là, qu'on a réduit, là, mais ça reste qu'il y a eu quand
même des atteintes, là, dans les montants... les demandes, là.
M.
Charette : On a aussi discuté de cette question-là. Il peut y
avoir une compensation sous forme de restauration également.
Mme Dufour : Mais on a vu que ce
n'était pas beaucoup.
M. Charette : Bien, en fait, je veux
y aller, là, avec la correspondance des délais, mais c'est toutes des questions qu'on a largement abordées, là, au
moment de l'étude du projet de loi n° 81. Je vous lis un
petit passage, si la collègue le permet. Donc, parmi ces pertes
permanentes, il y a 53 hectares, donc 54 %, qui seront compensés par
la restauration. Donc, ça correspond aux chiffres de la collègue...
Mme Dufour : O.K., c'est bon, j'ai
la réponse.
M.
Charette : ...où la création de milieux humides qui sont
autorisés et reconnus par le ministère de l'Environnement... Donc, lorsqu'il y a une compensation en travaux, il
n'y a pas de compensation monétaire, là, qui...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée.
Mme
Dufour : Merci. C'est qu'il n'y avait pas autant de
compensation en restauration quand on en avait discuté. Donc, tant mieux
si on a... on atteint ces pourcentages-là. Petite question...
Ah! peut-être
une correction, là, j'ai dit plus tôt 1 000... 1 milliard de litres,
c'étaient 1 000 milliards de litres, tout à l'heure, quand je parlais
de la redevance de l'eau, 1 000 milliards de litres. Donc, je voulais
juste corriger le chiffre.
L'objectif que le gouvernement s'est donné,
d'installer des bornes dans les édifices gouvernementaux, est-ce qu'il y en a
un? Est-ce qu'on s'est donné un objectif?
M.
Charette : On a des objectifs pour la flotte de véhicules
gouvernementale, et, à partir du moment où il y a des véhicules
électriques dans les différents ministères, il y a aussi des bornes de
recharge. Je ne sais pas si on a des statistiques précises à ce niveau-là.
Mme Dufour : Bien, je peux vous en
donner. Moi, je vous demandais si vous aviez un objectif, parce que je peux vous dire combien il y en a, et on est dans
les 0,6 %, 0,1 %, 1,45 % pour les gros stationnements ici, là,
autour, à Québec, là. Donc, il n'y en a pas beaucoup actuellement. Donc,
ma question, c'est : Est-ce qu'il y a un objectif?
M.
Charette : Oui, bien, c'est-à-dire, comme je vous mentionnais,
là, la flotte de véhicules électriques gouvernementale...
En fait, la flotte de véhicules est assujettie à une réglementation pour leur
électrification. On devrait, pour les véhicules légers, être à
100 % d'ici 2030, 25 % pour ce qui est des véhicules plus lourds. Et
naturellement, il y a une adéquation, là,
qui se fait au niveau des bornes qui sont disponibles pour ces véhicules-là.
Donc, oui, on s'assure, là, qu'ils
aient... que ces véhicules aient la possibilité de se charger, là, sans
difficulté. On n'indique pas de problématique à ce niveau-là et, actuellement, pour ce qui est des véhicules légers
relevant du gouvernement du Québec, on est à 30 %, là, au niveau de
l'électrification. Donc, ça chemine bien.
Mme Dufour : Mais je comprends qu'on
ne s'est pas encore donné... doté d'un objectif dans les bâtiments municipaux
pour obtenir des bornes, avoir des bornes.
M. Charette : Bien, ce n'est pas
tant... c'est-à-dire, municipaux ou gouvernementaux?
Mme Dufour : Non, pas municipaux,
pardon, gouvernementaux.
M. Charette : Parce qu'au niveau
municipal les municipalités peuvent répondre aux appels à projets, là.
Mme Dufour : Non,
non, pas municipal, gouvernemental.
M.
Charette : Et, au niveau du gouvernement, il y a une
adéquation qui se fait entre les véhicules électriques et leur capacité
de recharge. C'est le CGER, là, qui s'occupe de ça au niveau du gouvernement du
Québec.
Mme Dufour : O.K., une autre
question complètement ailleurs, il y a un programme d'accréditation des laboratoires d'analyse qui existe, le PALA, et il
a récemment avisé... En fait, c'est... On a récemment avisé qu'il y avait... la
fin, en fait, de l'accréditation des domaines en microbiologie de l'air. Donc,
pour expliquer, là, il y avait des laboratoires qui étaient certifiés par le Centre
d'expertise en analyse environnementale du Québec pour dénombrer des bactéries,
des moisissures, des spores, et les identifier, mais le programme
d'accréditation de ces laboratoires-là terminerait
le 30 juin 2025. Les laboratoires ont été avisés le 6 mars dernier.
Est-ce que c'est... Est-ce qu'on ne met pas à risque la population?
M. Charette : Il faut savoir qu'on
s'appuie aussi, là, sur un réseau de laboratoires privés à ce niveau-là. Donc,
on souhaite éviter les dédoublements, si on peut avoir un service comparable
qui répond à nos besoins. Donc, il n'y a pas
de... Il n'y a pas de mal à ce niveau-là, mais c'est clair, là, qu'on se
concentre sur notre mission. Et on vient optimiser, là, par la même
occasion, notre centre... On a un centre d'expertise d'analyse
environnementale, et c'est là où on optimise
sa capacité, et c'est un centre, d'ailleurs, qui est fascinant. On peut, avec
certaines demandes, visiter au besoin, là... Si la collègue est intéressée, je
serais très heureux à faire la visite avec elle. On a une belle, belle expertise
à ce niveau-là.
• (16 h 50) •
Mme Dufour : C'est vraiment gentil,
mais moi, de ce que je comprends, c'est que des laboratoires... c'est qu'on ne
certifiera plus personne dans ce domaine-là, tout simplement. Ce n'est pas
qu'on va permettre que d'autres refassent
ces analyses-là, c'est que les... tout ce qui est bactérie, moisissure et spore
ne sera plus certifié. Donc, n'importe quel
laboratoire pourrait faire ces analyses-là puisque le centre d'expertise ne
reconnaîtra plus aucun laboratoire privé pour ces domaines-là.
M. Charette : Bien, en fait, la
façon... On vient optimiser le fameux centre d'expertise pour se concentrer sur notre mission, mais il y a des... un réseau de
laboratoires privés, là, bien établis au Québec, qui sont reconnus, qui sont en
mesure de faire ce travail-là, et le but... le centre...
Mme Dufour : Mais ils ne seront plus
certifiés.
La Présidente (Mme Maccarone) : On
va le laisser répondre.
M.
Charette : Oui, et le but du centre d'expertise n'est
certainement pas de dédoubler un réseau qui est reconnu et qui permet,
là, de collaborer avec le gouvernement du Québec.
Mme Dufour : Non. Bien, l'enjeu,
c'est qu'ils ne sont plus... juste plus certifiés. Ils vont... C'est les mêmes
laboratoires qui vont continuer à opérer, mais ils ne seront juste plus
certifiés.
Il y a une
réponse particulière concernant les inspecteurs en environnement. On constate
qu'entre... la dernière année, là...
dans la dernière année, on a 19 inspecteurs de moins. C'est quand même une
baisse substantielle. Comment on l'explique?
M. Charette : Ce qu'il faut regarder
sur la question des... C'est réellement au niveau des enquêteurs ou au niveau
des inspecteurs?
Mme Dufour : Les inspecteurs en
environnement.
M.
Charette : Oui, cette question-là, elle est intéressante. Il
faut regarder, par contre, le nombre d'évaluations et d'inspections qui se fait, et, bien qu'on ait
peut-être un nombre d'inspecteurs, là, qui varie au fil des années, le nombre d'inspections, lui, il n'est pas en diminution. Et
ce qu'on a eu l'occasion de répéter, là, au cours des précédentes études
de crédits, parce que la question revient,
et c'est bien, bien, bien correct, c'est qu'on a une meilleure capacité de
déterminer les niveaux de risque ou les potentielles problématiques.
Donc, il y a une concentration des inspections
qui se font là où c'est plus problématique. Il y a certaines inspections ou
certains contrôles qui se font sans que ce soit toujours lié à un déplacement
physique sur le terrain parce qu'on a de
nouveaux outils à notre disposition. Ce qu'il faut regarder, c'est le nombre
d'inspections, et, au niveau du nombre d'inspections, on n'est pas en
diminution, au contraire, et on a même plus de sanctions administratives
pécuniaires que par le passé. Donc, le ministère s'acquitte parfaitement bien
de sa tâche à ce niveau-là.
Mme Dufour : O.K. Donc, on ne compte
pas retrouver ce niveau d'inspecteurs dans le futur?
M.
Charette : Moi, c'est certain que ce n'est pas... En fait, ce
n'est pas la seule variable qu'il faut considérer. On veut avoir un
nombre d'inspecteurs adéquat, mais on veut s'assurer aussi que le contrôle
puisse faire son travail. On est à 700 sanctions administratives pécuniaires. On est à plus
de 3 millions de dollars en valeur de sanctions et on a, naturellement,
là, différentes... On le mentionnait, là, je le mentionnais, les méthodes
d'enquête se sont passablement peaufinées aussi avec les années.
Donc, il ne
faut pas voir, parce qu'il y aurait moins d'inspecteurs une année, un
désengagement du ministère, là, à faire respecter sa réglementation, là,
bien au contraire. On a des chiffres qui sont assez probants à ce niveau-là et
on a aussi plus d'ordonnances et de...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée.
Mme
Dufour : Merci, Mme la Présidente. En janvier dernier, on
soulignait que les demandes d'accès à l'information traitées par le
ministère de l'Environnement, les délais avaient augmenté substantiellement,
là, dans les dernières années et que même certains avaient reçu des documents
avec sept mois de retard. Est-ce qu'on compte corriger la situation?
M. Charette : Je suis très, très,
très heureux de cette question-là. Ça permet d'expliquer peut-être certaines
frustrations vécues que ce soit par des journalistes ou des citoyens. Il faut
savoir que le ministère de l'Environnement est
de loin le ministère qui reçoit le plus de demandes d'accès à l'information. Si
je ne me trompe pas, on reçoit 70 % de l'ensemble des demandes
adressées au gouvernement du Québec. Donc, le seul ministère de l'Environnement
reçoit 70 % des demandes de la fonction publique. On parle de
15 000 demandes par année, c'est énorme. Donc, oui, il faut comprendre qu'il y a des délais. Si on en avait
comme les autres ministères, on aurait vraisemblablement des réponses plus rapides. Donc, oui, on travaille à optimiser
nos processus, mais il faut réaliser que le ministère de l'Environnement
génère 70 % des demandes d'accès à l'information de l'ensemble de la
fonction publique.
Mme
Dufour : Donc, est-ce qu'on doit comprendre que les délais
vont continuer à augmenter, si le nombre de demandes continue à
augmenter?
M. Charette : Non. Ce que j'ai
mentionné, c'est qu'on travaille à optimiser nos processus, mais je demande à
ses collègues journalistes mécontents et à tout citoyen, citoyenne qui fait ou
qui font une demande de comprendre qu'on est
littéralement inondés de demandes, bien plus que n'importe quelle autre
instance gouvernementale, et que, oui, ça joue sur les délais de
réponse.
Mme
Dufour : Peut-être une... Il me reste une minute, une
dernière question. Est-ce qu'on octroie encore des subventions à des municipalités lorsque... en
fait, lorsqu'elles déversent dans... les égouts directement dans les cours d'eau?
Ça avait été une pratique qui avait arrêté, mais qui a repris à partir de l'an
dernier. On a dit : Québec renonce à exiger des municipalités qu'elles corrigent les branchements
d'égouts sanitaires défectueux en échange d'une aide financière pour la
réfection de leurs réseaux. Est-ce que ça, c'est encore la situation
aujourd'hui?
M. Charette : Pour ce qui est des
surverses, il faut comprendre qu'elles sont souvent nécessaires. C'est un mal
nécessaire. Donc, pour qu'elles puissent effectuer leurs travaux, les
municipalités, pendant un laps de temps qui est autorisé... ont la possibilité
de faire des surverses, mais c'est aussi très bien encadré par le ministère.
Là, je vois la collègue hocher de la tête, peut-être que je ne réponds pas à la
question.
Mme Dufour : On ne parle pas de
surverses.
M. Charette : Peut-être la préciser
dans ce cas-là.
Mme Dufour : Mais on ne parlait pas
de surverses, des municipalités qui...
La Présidente (Mme Maccarone) : Et
ce serait quelque chose dont on va pouvoir poursuivre à un autre moment... Alors, merci beaucoup. Nous poursuivons
avec la banquette du gouvernement, et je cède la parole à la députée
d'Argenteuil.
Mme
Grondin : Bonjour, M. le ministre. Avant de vous poser
quelques questions, je suis un peu surprise de la question de la députée
des Mille-Îles, là, sur la question de l'azote ammoniacal, en fait, parce qu'on
se rappelle que c'est un élément toxique,
là, hautement toxique pour la vie aquatique. Donc, je pense que c'est beaucoup
plus complexe que juste de dire : Avons-nous les moyens de demander
aux municipalités de moderniser leurs systèmes, là?, parce qu'en fait ça nous coûte déjà beaucoup. On
investit déjà beaucoup pour protéger nos cours d'eau, hein? Et donc, ce n'est
pas si simple. Ce n'est pas noir ou blanc
comme ça. Et je rappelle que l'azote ammoniacal, là, c'est issu, là, des eaux
usées qui s'en vont directement dans nos plans d'eau.
Donc, moi,
j'ai deux questions sur l'agriculture, M. le ministre, et peut-être, si on a le
temps, parce qu'on verra les échanges qu'on a, une question sur le
rapport de la Commissaire au développement durable, qui a été déposé tout
récemment.
Donc,
concernant l'agriculture, vous savez, chez nous, le territoire d'Argenteuil, il
y a quand même... le quart, là, de ce
territoire-là est agricole. Il y a 168 entreprises agricoles, mais il y a plus
de la moitié d'entre elles qui sont des petites
entreprises, des fermes familiales. Et donc, là, depuis, je dirais, l'été dernier,
on a annoncé l'importance de faire des
allègements auprès du milieu agricole. Donc, moi, je voulais savoir qu'est-ce
qu'on entend par allègement. Je comprends
que, pour soutenir nos agriculteurs et agricultrices, ce n'est pas tant de
réduire les normes environnementales, mais de réduire ce qu'on appelle
tout le processus administratif.
Donc, est-ce
que vous pourriez me dire... Je sais que, dans le Plan national de l'eau, il y
a la notion de pesticide, la notion
de prélèvement d'eau, le bilan phosphore. Où en sommes-nous rendus, là, dans
cette démarche-là d'allègement?
• (17 heures) •
M.
Charette : C'est une question importante. On se souvient,
l'année dernière, au printemps, le milieu agricole était très mobilisé,
que ce soit au Québec, mais aussi en Europe, un milieu agricole qui se disait
étouffé littéralement par les contraintes,
par les obligations qui leur étaient faites, aussi par la concurrence de
certains pays qui exportent leurs produits
et qui viennent concurrencer la production locale. Donc, le premier ministre et notre collègue à l'Agriculture, avec le président de l'UPA, avaient convenu d'une feuille de route, en
quelque sorte, pour aider le milieu agricole, et, à travers cette feuille de route, il y a des
engagements qui ont été pris au niveau de la réglementation environnementale.
Ce qui a été dit à l'époque, ce qui est répété aujourd'hui, c'est au niveau, je
vais le dire comme ça, du fardeau administratif. On ne vient pas revoir les
normes elles-mêmes, normes qui sont nécessaires pour protéger nos cours d'eau
et autres, mais on vient faire un travail pour alléger le fardeau
administratif, qui peut être parfois assez lourd.
Et
d'ailleurs, dans les dernières semaines, on a confirmé des avancées à ce
niveau-là. Il y a différents omnibus réglementaires,
là, qui ont soit été développés ou qui le seront dans un avenir qui est
déterminé. Un qui a été confirmé, là, tout récemment et qui a été salué
vise certains objectifs. Par exemple, c'est de retirer les obligations liées à
la justification agronomique, c'est d'alléger le registre d'utilisation des
pesticides. Les règles sur les pesticides demeurent
les mêmes, mais ce qui était attendu comme justification ou comme ajout au
registre pouvait être lourd pour les
producteurs. Ça pouvait aussi engendrer des dédoublements importants. C'est
d'autoriser, par exemple, l'utilisation d'un outil d'estimation pour le calcul du volume d'eau prélevé lors des
prélèvements d'eau plutôt que par un professionnel qualifié. Donc, ce
sont plusieurs ajustements, là, qui ont été confirmés il y a quelques semaines.
On a un autre
omnibus réglementaire qui, lui, est prévu, là, pour les prochaines semaines,
pour les prochains mois, au niveau du lavage des fruits et légumes, mais
également au niveau de... bien, en fait, différentes conditions, là, qui
étaient liées au lavage des fruits et légumes.
On a un chantier aussi très important sur le
fameux REA, qui est attendu dans le milieu agricole depuis des années. Ça, c'est un chantier qui va se
développer, là, davantage à partir de l'automne 2025, et, dans tous les cas, il
y a une collaboration étroite avec
l'UPA, mais aussi le MAPAQ et le ministère de l'Environnement, et on se rejoint
sur les objectifs. On ne veut pas compromettre la santé de nos cours d'eau, la
santé de nos terres, mais il y a certainement possibilité, et on arrive
à des résultats intéressants, d'arriver à ces mêmes objectifs là en allégeant
le fardeau qui est imposé aux producteurs.
Ce qui a été annoncé en avril dernier, je ne me
souviens plus des chiffres, mais je pense que ça représentait un allègement global, là, d'une trentaine de
millions de dollars pour les producteurs, au total, sans compromettre pour
autant, encore une fois, santé des cours d'eau ou de nos terres agricoles.
Donc, les producteurs y voient rapidement un impact positif sur leur
quotidien.
Et on réitère, là, qu'il y a d'autres chantiers
en développement à ce niveau-là. Et c'est un engagement, là, formel qui a été
pris, là, par le premier ministre et notre collègue à l'Agriculture pour
s'assurer qu'on puisse être plus efficaces et soulager un petit peu le fardeau
qui est exigé à nos producteurs.
Mme Grondin : Vous disiez, donc, une
collaboration étroite avec l'UPA et le MAPAQ, c'est quand même intéressant, 30
millions de dollars, en termes d'efficacité ou de gains, hein, pour les
entreprises.
M.
Charette : Effectivement. On me parle même de
36 millions de dollars, là, les dernières mesures qui ont été
annoncées.
Mme
Grondin : Vous avez mentionné, justement, c'était mon autre
question, le chantier, le grand chantier du Règlement sur les
exploitations agricoles. Effectivement, je pense que ça fait 20 ans que
j'entends les agriculteurs, chez moi, crier, là. On se rappelle, hein, ce
règlement-là, il est né, en fait, pour, en partie, protéger nos rivières. On a identifié les territoires où il y a interdiction
de coupe. C'était un des moyens, là, de coupe dans des rivières qui étaient...
qui avaient un bilan négatif en matière de phosphore. Parfois, comme chez moi,
ça ne touche pas juste un bassin versant,
ça touche aussi des municipalités qui ont à peu près 0,01 % de territoire
dans le bassin versant. Et donc, là, c'est la municipalité complète qui
est couverte, par ce règlement-là, d'interdiction.
Quand on regarde le suivi... parce qu'il y a des
organismes de bassin versant qui font un échantillonnage de la qualité de nos
rivières, et, quand on regarde le suivi depuis plusieurs années, on voit qu'il
n'y a pas vraiment de différence en termes
d'une meilleure santé de nos rivières dans certains secteurs du Québec. En tout
cas, chez nous, on le voit, La Rivière-du-Nord, là, il n'y a pas une évolution
positive dans la section agricole.
Donc, je pense que c'est justement intéressant
de revoir ce chantier-là, de REA. Je le sais, moi, parce que c'est une mesure, hein, dans le Plan national de
l'eau, de révision du chantier du REA. J'ai participé à une des rencontres,
qui avait été au tout début avec différents
intervenants, tant du monde agricole mais aussi municipal. Et donc, là, vous
me dites que les échanges se poursuivent, ça va bien.
Puis on
prévoit cette modernisation-là, du règlement, assez rapidement? Ou avez-vous...
Pouvez-vous m'indiquer à un moment...
M.
Charette : Une très, très belle collaboration, d'ailleurs, à
souligner, là, entre MAPAQ, UPA et le ministère de l'Environnement.
Pour ce qui
est du calendrier lui-même, là, je regarde mes notes, normalement, là, on
parlerait d'une édiction, là, quelque part au printemps 2026, donc d'ici
un an. Ça, ça veut dire qu'il va d'abord y avoir, d'abord et avant tout, y avoir
prépublication, des objectifs particuliers, là, au niveau des installations
d'élevage et de stockage, au niveau de la gestion
de la fertilisation, au niveau, la collègue le mentionnait, de la... une
réflexion, là, sur les bassins versants eux-mêmes et l'introduction de
nouvelles activités. Et, au final, ce que ça devrait permettre, c'est
d'agrandir les superficies de culture. Et ça, c'est très, très important pour
les agriculteurs qui... Il y a un moratoire qui s'applique, et beaucoup de gens
l'ignorent, là, mais il y a un moratoire sur les superficies de culture qui
s'applique depuis des années, une vingtaine d'années, sans que ce moratoire-là
ait été requestionné. Donc, on va, à terme, donner plus de superficies de
culture aux agriculteurs là où la situation le permet, là où les bassins
versants, justement, ne sont pas trop dégradés, et c'est une réflexion qui se fait de façon coordonnée. Et, au final, on
va bien faire les choses, mais, oui, c'est attendu de façon assez
pressante par le milieu agricole.
Mme Grondin : Bien, je pense que
c'est aussi... en tout cas, chez moi, c'est attendu, pas juste par le milieu agricole, parce qu'un effet pervers de ça, c'est
que... Vous parliez du moratoire. Un des effets pervers, c'est qu'en fait,
quand il y a des coupes forestières dans des zones agricoles pour agrandir la
superficie... il y a certaines entreprises agricoles qui ne remettent pas en
culture. Donc là, juste... Ils ne sont pas en... dans le fond, ils ne sont pas
en infraction. Ils n'ont pas remis en culture, mais ils ont quand même coupé la
zone forestière tampon qui était un des objectifs
de protéger ou de filtrer, tu sais, le relargage de phosphore. Donc là, on est
comme en... il n'y a rien qui se passe, puis on continue à couper nos zones forestières ou nos milieux humides
arborescents. Donc, je trouve ça intéressant, là, que ce chantier-là,
vivement, qu'il soit réalisé le plus rapidement possible.
• (17 h 10) •
Je vous amène ailleurs. La Commissaire au
développement durable a déposé un rapport sur la biodiversité. Je vous avoue que je l'ai lu dans la nuit rapidement
pour voir, assez curieuse de voir quelles étaient ses recommandations, en fait,
ou ses critiques. Je vais vous amener surtout sur la question des îlots de
chaleur, en fait, du verdissement, dans le fond. Les critiques, c'est qu'en fait les meilleurs projets de
verdissement ne sont pas assurés, ce n'est pas le meilleur choix aux
endroits. Il y a d'autres critiques. Quand on parle d'essayer de trouver une
solution aux îlots de chaleur et de rendre ça plus efficace, ça, c'est l'une
des critiques. L'autre critique, l'information exigée par le ministère et pour
mesurer les résultats des projets de verdissement est insuffisante. Le
ministère ne coordonne pas efficacement la réalisation de projets de
verdissement. Qu'est-ce que vous répondez à ça, M. le ministre?
M. Charette : De façon très, très
simple, que l'on se donne, comme ministère et moi, comme ministre, le droit
d'être en désaccord avec certaines conclusions de la Commissaire au
développement durable, notamment sur la question des îlots de chaleur. Il faut
savoir que c'est un beau partenariat qui a été développé avec le milieu
municipal à ce niveau-là, et je réitère notre confiance à l'égard de nos
partenaires.
Au niveau des îlots de chaleur, ce qui est un
petit peu surprenant dans l'interprétation, les îlots de chaleur, lorsqu'on veut les combattre, c'est pour aider les
populations qui en sont les premières victimes ou qui sont les premières
pénalisées par la présence d'îlots de
chaleur. Donc, dans certains cas, dans une ville, le principal îlot de chaleur
peut être dans un milieu de parc
industriel. C'est possible, mais ce qu'on va souhaiter, de notre côté, c'est
que ce sont les populations qui en bénéficient. Donc, si on vient développer
des projets pour atténuer les milieux de... les îlots de chaleur dans
des quartiers résidentiels pauvres en canopée, par exemple, même si c'est un
îlot de chaleur moins important que celui qu'on retrouve au coeur d'un secteur
industriel, je comprends que la ville va vouloir atténuer l'impact des îlots de
chaleur là où habitent les gens.
Et, dans le découpage qui est fait, par moments,
on... Ce sont des cartes, essentiellement. Donc, on peut avoir une délimitation
d'un îlot de chaleur sur une rue. La carte va dire que c'est le côté gauche qui
est victime de l'îlot de chaleur. Bien, on
ne reprochera pas à la ville de planter des arbres du côté gauche et du côté
droit. Donc, ce sont... je ne vous parlerai pas d'incohérence, mais c'est une
lecture probablement trop rigoriste de ce qu'est un îlot de chaleur et ce
que l'on vise à travers ces projets-là.
Et la Commissaire au développement durable et...
encore là, en tout respect, va parler beaucoup des îlots de chaleur, mais
l'adaptation au niveau des changements climatiques, c'est de faire en sorte que
les villes soient plus résilientes. Ici, on parle de plantation d'arbres. Oui,
les arbres peuvent servir à réduire des îlots de chaleur, mais les arbres peuvent aussi servir et doivent servir à
atténuer les impacts des changements climatiques et de faire en sorte que les
villes soient plus résilientes. S'il est question, par exemple, de contrôler davantage
les risques d'inondation, les problématiques
de coups d'eau, bien, les arbres ont un rôle à jouer à ce niveau-là. Donc, ce
n'est pas combattre un îlot de chaleur comme tel, c'est aussi s'assurer
que nos villes soient plus résilientes.
Et c'est la raison
pour laquelle on a développé des programmes et des projets spécifiques, OASIS,
notamment, pour le milieu municipal, mais également l'ATCL, pour le
milieu municipal également. Ça veut dire... En fait, c'est atténuer les A-T...
la transition...
Une voix : ...
M. Charette : Voilà, la transition
climatique locale. On a tellement d'acronymes qu'on finit par s'y perdre. Mais, pour moi, un projet qui vient atténuer et
qui permet aux villes d'être plus résilientes au niveau des changements climatiques, c'est droit
dans la mission du programme qui a été développé. Et la plantation d'arbres, si
elle permet ça, c'est aussi droit dans la mission et ce n'est pas
uniquement...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Merci beaucoup, M. le ministre. Ceci met fin
à vos échanges.
Adoption des crédits
Le temps alloué à
l'étude du volet Environnement et Lutte contre les changements climatiques des
crédits budgétaires du portefeuille Environnement, Lutte contre les changements
climatiques, Faune et Parcs étant presque écoulé, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix des crédits.
Le programme 2,
intitulé Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix :
Sur division.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Adopté, sur division.
Documents déposés
Alors, en terminant,
je dépose les réponses aux demandes de renseignements de l'opposition.
Et,
compte tenu de l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à
17 h 20, alors une petite pause pour tout le monde, où elle entreprendra l'étude du volet
Transition énergétique des crédits budgétaires du portefeuille Environnement,
Lutte contre les changements climatiques, Faune et Parcs. Merci.
(Suspension de la séance à
17 h 15)
(Reprise à 17 h 20)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance
de la Commission des transports et de l'environnement ouverte.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude du volet Transition
énergétique des crédits budgétaires du portefeuille
Environnement, Lutte contre les changements climatiques, Faune et Parcs pour
l'exercice financier 2025‑2026. Une enveloppe d'une heure a été allouée
pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, il
y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Derraji (Nelligan) est
remplacé par M. Kelley (Jacques-Cartier); M. Grandmont (Taschereau)
est remplacé par M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve); et M. St-Pierre Plamondon (Camille-Laurin)
est remplacé par M. Paradis (Jean-Talon).
Transition énergétique
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci beaucoup. Alors, nous allons procéder à une
discussion d'ordre général par blocs d'environ 15 minutes, alors incluant
les questions et réponses. Et, M. le député de Jacques-Cartier, je vous cède la
parole.
Discussion générale
M. Kelley : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, chers
collègues. Bonjour, M. le ministre, et bonjour à votre équipe. Aujourd'hui, pendant la période des questions, M. le
ministre, le député et leader de la deuxième opposition officielle a posé une question sur les oléoducs
puis les pipelines. C'est sûr que je pense que c'est important, en transition
énergétique et, quand même, votre rôle comme
ministre responsable pour la Lutte contre les changements climatiques et l'Environnement, qu'on aborde cette discussion
un peu philosophique, mais quand même importante sur des projets
potentiels d'un autre pipeline ou oléoduc, gazoduc, là. On peut en discuter,
ça. Le premier ministre a parlé de l'acceptabilité sociale.
Alors, M. le
ministre, je vais commencer quand même avec une question un peu simple, mais,
je pense, quand même fondamentale, parce que, comme je dis, c'était discuté pas
mal par tous les différents leaders, des chefs des partis fédéraux. Alors, pour Québec, selon vous, c'est quoi,
l'acceptabilité sociale? Est-ce que, présentement, il y a eu des... différentes entreprises qui, peut-être, ont
commencé à présenter des idées de projet? Alors, je vous laisse, M. le
ministre, nous guider dans cette discussion importante.
M.
Charette : Merci pour la question et salutations au collègue.
Bienvenue dans la commission. C'est peut-être important de préciser
qu'il n'y a aucun projet à l'étude. Donc, on est réellement, là, dans une...
dans des scénarios hypothétiques à ce moment-là. On voit que la donne ou la
réceptivité semble changer, au fil du temps, sur cette question-là, et la situation géopolitique nord-américaine ne semble pas
étrangère à ça. Il semble y avoir un souci de devenir de plus en plus indépendant par rapport aux
Américains sur l'approvisionnement et la sécurisation du réseau énergétique
canadien. Mais, encore là, il n'y a pas de projet sur la table.
Ce que le premier ministre a dit ce matin et ce
que je pourrais répéter dans les mêmes mots, à partir du moment où il y a un projet, certains nous demandent
de le refuser avant même qu'il soit étudié. Ce n'est pas l'approche que
nous avons. C'est de dire : S'il y a un projet, analysons-le, et, parmi
l'évaluation qui sera faite, ce sera de déterminer
s'il y a une ouverture, au niveau de la population, pour accueillir ces
projets-là. À mon sens, c'est une mauvaise chose de refuser un projet
avant même de l'avoir analysé, donc c'est dans cette perspective-là que l'on se
positionne.
Mais clairement, la donne au niveau de la
géopolitique nord-américaine, sinon canadienne, semble avoir changé au cours des derniers mois, et il semble y
avoir une ouverture nouvelle. Elle est théorique, cette ouverture-là, étant
donné qu'il n'y a pas de projet sur la
table, mais, s'il y a un projet, on sera en mesure, là, d'évaluer la réception
qui est faite pour ce projet ou ces projets-là.
M. Kelley : Merci beaucoup, M. le
ministre. Et, quand même, pour des projets peut-être potentiels un jour, est-ce
qu'il y a certaines conditions qui sont incontournables pour le Québec? On peut
imaginer comme un BAPE, quelque chose comme
ça, mais est-ce qu'il y a d'autres choses que le gouvernement peut, peut-être
dans l'avenir, analyser, cadre
réglementaire, des trucs comme ça, que... pour le gouvernement, sont, comme je
dis, des incontournables, si une entreprise un jour arrive avec un
projet : Bien, voici certaines conditions qui sont hyperimportantes pour
le Québec?
M. Charette : La procédure
d'évaluation, elle est assez claire à ce niveau-là. On en a discuté à travers
des questions précédemment. Il y a des déclencheurs qui font en sorte qu'il y a
ou non, par exemple, un BAPE. Et, pour des
projets de cette nature-là, il y a assurément un BAPE, ou il y aurait
assurément un BAPE. C'est ce que nous dit la réglementation et la législation actuelles. Et le BAPE est une
excellente façon d'informer la population sur les tenants et
aboutissants... aboutissements d'un projet, mais c'est également une excellente
façon de mesurer un petit peu là où se situe la population par rapport au
projet qui est à l'étude. Mais c'est clair que, pour des projets d'envergure de
cette nature-là, encore là, c'est théorique, on n'a pas de projet sur la table,
mais il y aurait une procédure d'évaluation environnementale à respecter.
M. Kelley : Merci beaucoup, M. le
ministre. Et je suis d'accord avec vous, il n'y a aucun projet. Et, quand même, dans le passé, avec Énergie Est, ce concept
que c'était rejeté par le Québec est inexact. On a mis des conditions
sur la table pour l'entreprise, à l'époque, puis c'est l'entreprise elle-même
qui a trouvé que le «business case», comme on
dit en anglais, n'était pas bon. Alors, je pense que l'approche qui est plus pragmatique
est la bonne pour le Québec, et on
peut quand même penser qu'un jour certains pipelines vont être utilisés pour
transporter des hydrogènes, peut-être, envers
l'ouest du Canada, le contexte énergétique peut quand même changer. Alors,
merci pour certaines précisions puis clarifications.
M. Charette : Et peut-être une
petite précision qui est digne de mention, et ce sera un plaisir, là, de
travailler avec l'opposition sur ces questions-là si elles devaient se
présenter, mais peut-être mentionner, et c'est méconnu de plusieurs, ce qui
fait qu'on a une vision un petit peu idyllique de ce qu'est ou ce que sont les
oléoducs, mais le Québec est traversé, littéralement, par des réseaux de
transport. Donc, ce serait une utopie de dire : On n'en veut pas. Nous
sommes déjà littéralement traversés par plusieurs de ces réseaux de transport
là. Naturellement, si de nouveaux devaient
se développer, ce sera avec la rigueur de la réglementation environnementale et
avec les différentes étapes, là, qui
seront nécessaires avant d'autoriser un projet, mais c'est utopique de
dire : On n'en veut pas, alors qu'il y en a déjà plusieurs sur le
territoire et que c'est un secteur, là, qui est quand même bien encadré.
M.
Kelley : Parfait. Merci beaucoup, M. le ministre. Je
veux... reviens un petit peu sur notre marché du carbone puis le lien
avec le prix du gaz à la pompe pour les citoyens. Moi, je crois dans notre
marché du carbone. On a lancé ça bien avant
qu'il y ait quand même eu une discussion à un niveau fédéral de mettre un prix
sur le carbone partout dans notre
pays. La Colombie-Britannique était là avec nous. Eux autres ont préféré de
faire une taxe à l'époque, nous avons décidé de faire un marché du
carbone.
Mais quand
même, M. le ministre, je pense encore... parce que c'est dans l'actualité, des
gens posent des questions, ils traversent la frontière avec l'Ontario
puis ils disent : Oh boboy, là! C'est impressionnant, les différences
entre les prix. Et, quand même, je sais que
le prix au Québec varie d'une région à l'autre. Mais peut-être un message pour
ceux qui nous écoutent présentement, sur l'importance de le marché du
carbone, mais aussi de la réalité qu'il y a un prix sur le gaz, mais ce n'est pas juste à cause de le marché du carbone.
Alors, c'est d'avoir vos pensées là-dessus, parce que je pense que c'est
hyperimportant. Je sais que, dans le projet de loi qu'on étudie, le 69, on va
parler d'un prix de plancher, mais plus ce
lien-là, entre notre marché de carbone puis le prix du gaz, je pense que c'est
important d'en discuter maintenant, M. le ministre. Merci.
M. Charette : Bien, merci d'offrir
l'opportunité, parce qu'il y a eu, sans adresser de reproche, au niveau de
l'actualité, à travers les médias, souvent, des chroniqueurs... il y a eu
quelques raccourcis ces dernières semaines. Le prix réel du marché du carbone sur le litre, il
est estimé 0,087 $. On a entendu parler, au cours des dernières
semaines, là, 0,20 $, 0,25 $. Il y a un écart de prix, qu'on
ne nie pas, et je ne dis pas qu'on aime qu'il y ait ce type d'écart là, parce
qu'effectivement ça peut affecter la compétitivité et ça pèse plus lourd sur le
portefeuille des consommateurs, mais, si on parle, purement et simplement, du
marché du carbone, on n'est pas à 0,20 $, on n'est pas à 0,25 $, on
est plus de l'ordre de 0,087 $.
Ce qu'il faut
savoir, c'est qu'historiquement, au Québec, le prix de l'essence est plus
dispendieux parce qu'il y a d'autres taxes qui, au fil des ans... et
qui sont complètement, complètement étrangères au marché du carbone, notamment
pour entretenir notre réseau routier, il y a des taxes qui se sont ajoutées ou
des frais qui se sont ajoutés. Donc, oui, ce n'est
pas le fun de voir cet écart-là à la pompe, mais il faut réellement reconnaître
l'impact réel du marché du carbone. Il est beaucoup moins important que
le poids d'autres tarifs, là, qui sont inclus à la pompe.
• (17 h 30) •
Mais, ceci
dit, je comprends la frustration, et c'est là où il faut redoubler d'efforts au
niveau de la communication et dire qu'est-ce que le marché du carbone,
qu'est-ce que l'on fait et quels sont les outils qu'il procure, ce marché du carbone là. Et ce sont plusieurs programmes qui... et on est à une époque, là, où la reddition de comptes, la
transparence n'est plus du tout comparable à ce qui se faisait il y a
quelques années, parce que nos pratiques se sont améliorées et il y a des initiatives concrètes qui bénéficient
aux citoyens et aux entreprises directement grâce à ces programmes mis en place
par le marché du carbone.
M. Kelley : Excellent, M. le
ministre, et c'est une bonne transition vers la prochaine question qui est
notre Fonds vert. Moi, j'ai certaines inquiétudes que peut-être
pas toute la population voit les bénéfices de notre Fonds vert. C'est
certain que, quand on voit les dépenses, une bonne partie est dédiée puis
accordée pour le Roulez vert, pour les subventions des autos électriques. Ça,
ça fait du sens. Mais est-ce que vous êtes en train peut-être aussi de
réfléchir à ce qu'il y ait une façon peut-être d'ajuster comment on dépense le
Fonds vert, de s'assurer que toute la population voie les bénéfices de ce fonds qui existe, que nous avons un marché du
carbone qui est vraiment là pour aider, oui, dans la transition
énergétique, mais aussi pour la lutte contre les changements climatiques? Je ne
sais pas encore si vous avez des pensées là-dessus, de façon à peut-être
expliquer à la population l'importance de le marché du carbone avec notre Fonds vert et certains changements qui
pourraient être apportés à le Fonds vert pour s'assurer... la population
voit que ça marche.
M. Charette : Et, juste à titre
pédagogique, c'est sans doute important de retenir le bon nom.
M. Kelley : Excusez-moi, M. le
ministre, vous avez raison.
M. Charette : Le Fonds vert n'existe
plus depuis quelques années maintenant, donc on parle du Fonds d'électrification
et de changements climatiques, mais je le dis uniquement à des fins
pédagogiques. Mais sinon, oui, il faut
garder ce niveau de confiance et il y a des changements très concrets qui ont
été apportés au cours des dernières années,
dont une mise à jour annuelle de notre plan de mise en oeuvre. D'ailleurs, on
est à quelques semaines de notre prochaine mise à jour, on sera à notre
cinquième version. Pour s'assurer qu'on ne perdure pas dans le temps avec
des programmes qui ne sont pas efficaces, donc, à chaque année, on revoit, en
quelque sorte, les mesures qui sont admissibles à du financement. Ça, c'est
généralement, là, en juin, sinon début juillet.
Mais il y a un autre exercice de reddition de
comptes qui est important, qui se fait à chaque mois de décembre aussi depuis
quelques années, où on présente à travers un tableau de bord, qui est
disponible en ligne, une information qui est d'ailleurs disponible à l'année,
et c'est le bilan des initiatives qui sont financées, justement, par le PMO. C'est un tableau de bord qui est sans
complaisance. On voit clairement qu'il y a des programmes qui performent
très bien, dans certains cas à la hauteur
des attentes, dans certains cas au-delà des attentes, mais on n'est pas
complaisant, ce qui fait que, lorsqu'une initiative ne produit pas les
résultats escomptés, on le voit clairement aussi à travers le tableau de bord.
Et cette démarche de gouvernance a été saluée à
travers une étude indépendante qui est venue, après avoir évalué plusieurs démarches gouvernementales à
travers le monde, confirmer que le Québec, sans dire qu'on est parfait, on a sans doute une des meilleures gouvernances en
matière de lutte aux changements climatiques au monde. Et notre but est
de continuer à s'améliorer.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le ministre. Je passe maintenant la parole au député.
M.
Kelley : Merci, Mme la Présidente. Et c'est ça, M. le
ministre, je pense qu'on va continuer cette discussion-là parce que je sais que la VG a eu certaines
craintes avec la gestion de le fonds, mais plus aussi de s'assurer qu'il y a un
suivi. Vous venez juste de mentionner que
c'est en train d'être fait, mais aussi de cette question de l'atteinte de
certains objectifs dans le Plan pour une économie verte. Alors, quel
type de correction est-ce que vous êtes en train de faire pour s'assurer que
vous... réponde à certains enjeux que la VG a soulevés?
M.
Charette : Tout à fait, et ça, c'est aussi fondamental. Et, lorsqu'on
a introduit le Plan pour une économie verte, lorsqu'on a introduit notre
premier plan de mise en oeuvre et ses mises à jour par la suite, lorsqu'on a
adopté, si je me souviens bien, à
l'époque, c'était le projet de loi n° 44, si ma mémoire est
exacte, ce sont tous des outils supplémentaires qu'on s'est donnés pour justement s'assurer d'une meilleure gouvernance,
s'assurer qu'on ne perdure pas dans le temps avec des initiatives qui ne produisent pas les
résultats escomptés. Et donc à chaque année... Bien, en fait, un programme
qui ne fonctionne pas... Par le passé, ce
n'est pas un jugement, là, on apprenait, comme gouvernement... et, quand je
dis, on apprenait, avec les gouvernements précédents, comment développer notre
action en matière de lutte aux changements climatiques, souvent, on gardait pendant des années un programme qui ne
produisait pas les résultats escomptés. Et c'est la raison pour laquelle
maintenant...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci, M. le ministre. M. le député, vous disposez de
30 secondes.
M. Kelley : Merci beaucoup, M. le ministre. Dans
30 secondes, je n'ai pas vraiment une autre question, là, à poser, mais on va... revient un petit peu sur la question
de certains enjeux que la VG a soulevés, sur la transparence, et tout ça.
Mais merci beaucoup, Mme la Présidente, et merci, M. le ministre.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Alors, nous poursuivons maintenant avec le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Bonjour. M. le ministre, est-ce que vous savez, au
moment où on se parle, il y a combien de camions, au Québec, qui roulent
à l'hydrogène sur nos routes?
M. Charette :
Pour des questions spécifiques,
le collègue va me permettre d'attendre certaines réponses de la part des équipes. Si jamais vous avez d'autres
questions, n'hésitez pas, comme ça, vous ne perdrez pas votre temps, et je vous
reviendrai avec la réponse précise.
M. Paradis : Très
bien. Donc là, je comprends qu'il y a quelqu'un qui cherche la réponse. Je la
pose parce qu'il y a un projet qui est actuellement en développement, c'est
celui de TES Canada, et je voudrais en parler parce que c'est un projet que votre gouvernement a mis
de l'avant comme le modèle de l'avenir, notamment pour la transition
énergétique, et il a été qualifié, par l'ancien ministre de l'Économie, de
projet magique. Je le cite, entre guillemets, c'est
un projet magique. Une partie de la production d'hydrogène est supposée, donc,
servir au transport lourd. C'est pour ça que je pose la question.
Donc,
dans le document de projet de TES Canada, celui qui a servi à
l'approbation du projet, on prévoit que, dans un horizon à fort court terme, il va y avoir 2 000 camions qui
vont être propulsés par l'hydrogène fourni par TES Canada. C'est
pour ça que je voudrais savoir il y a combien de camions qui roulent à
l'hydrogène actuellement au Québec.
M. Charette :
En fait, il faut savoir que le projet de TES va se développer sur un
certain nombre d'années, donc ce n'est pas
maintenant. D'ailleurs, il y a plusieurs autorisations, là, qui sont à venir au
niveau de ce projet-là. Donc, sur les 70 000 tonnes
d'hydrogène produites, on estime, là, qu'il y aurait 30 000 tonnes
qui seraient vendues telles quelles, alors
qu'il y aurait 40 000 tonnes, là, qui seraient transformées en gaz
naturel renouvelable de troisième génération qui pourrait notamment
alimenter le réseau Énergir. Donc, ce n'est pas que pour le transport lourd.
M. Paradis : Oui, bien, je serais vraiment curieux d'avoir
votre réponse, parce que c'est 2028, 2 000 camions en 2028. Ça
s'en vient vite.
M. Charette :
Ça, c'est... en fait, c'est le souhait de l'entreprise, mais il n'est pas
dit que l'entreprise va avoir les autorisations
nécessaires pour débuter sa production pour 2028. Mais pour ce qui est du
camionnage lourd, ça, on peut en
parler abondamment. Le dossier de l'hydrogène est un dossier que j'ai
personnellement suivi, là, au cours des dernières années, et on a revu,
en quelque sorte, le potentiel de cette forme d'énergie là. On sait que les
véhicules passagers ne seront...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci.
M. Charette :
...vraisemblablement pas alimentés au Québec par l'hydrogène, mais...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci, M. le ministre. Merci. M. le député, poursuivez.
M. Paradis : Vous avez fait référence, donc, au reste de la
production qui serait utilisée par Énergir. Ça, c'est pour des industries
lourdes. Aux dernières nouvelles, il n'y avait toujours pas d'entente
contraignante de signée avec Énergir pour ce projet-là, et Énergir
s'était fait fort de le dire qu'il y avait une lettre d'entente mais pas
d'entente contraignante.
Est-ce
que vous avez des nouvelles pour nous? Est-ce que ça a avancé? Est-ce que...
parce que, là, s'il n'y a pas de débouché pour ce projet-là, s'il n'y a
pas de camion, puis s'il n'y a pas de contrat avec Énergir pour fournir des
industries lourdes, bien, on se demande : On va faire quoi avec l'énergie,
hein?
M. Charette :
De l'énergie renouvelable, les
besoins sont immenses, donc il n'y a pas d'inquiétude à y avoir à ce niveau-là,
mais il faut y aller par étapes. Le collègue parle de 2028. Moi, je peux vous
confirmer qu'il n'y a aucune étude d'impact qui est encore déposée, donc
le calendrier de l'entreprise n'est pas forcément le calendrier qui va se concrétiser. Donc, la prochaine étape, avant
d'évaluer le potentiel, c'est de déposer une étude d'impact, et elle n'est pas encore
déposée, cette étude d'impact là.
Mais
l'hydrogène vert, pour le transport lourd, offre un réel potentiel. Alors qu'il
y a quelques années on pensait qu'on viendrait répondre aux besoins, notamment,
des véhicules passagers, on n'est plus là. Donc, l'hydrogène vert va
certainement servir pour le transport lourd, mais également pour des usages
proprement industriels.
M. Paradis : Vous me répondez sur
des généralités, puis je les comprends, mais je vous pose des questions sur le projet TES. Donc, actuellement, on n'a
toujours pas de réponse ni sur l'un ni sur l'autre, donc, des deux débouchés,
il n'y a pas d'entente avec Énergir, puis je ne sais pas combien de camions qui
roulent, parce qu'il est supposé y en avoir 2 000 de fournis.
Bon, maintenant, il y a un autre aspect...
• (17 h 40) •
M. Charette : Bien, c'est-à-dire, je
pense, sans offense, je pense avoir répondu.
M. Paradis : Je voudrais juste...
vous pourrez réagir, je voudrais juste finir.
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
le ministre, on va lui laisser poser la question. Allez-y, M. le député.
M.
Paradis : Donc, il y a un autre aspect, parce que vous êtes
quand même le ministre responsable de la transition énergétique... et là, actuellement, TES va avoir
accès à 150 précieux mégawatts d'électricité fournie par Hydro-Québec
au bas tarif industriel et va produire soi-disant 200 mégawatts avec un
parc éolien pour produire, donc, de l'hydrogène qui va nécessiter une conversion, qui va nécessiter de l'ajout de CO2 puis des gaz synthétiques. Et il y en a qui estiment, des experts qui ont produit un rapport, qui
estiment que la chaleur requise dans les fours et les chaudières va occasionner
des pertes d'énergie estimées de 62 % à 73 %.
Est-ce que vous avez évalué ces risques? Et moi,
j'aimerais savoir, comme ministre, si vous trouvez que c'est le bon projet modèle, pour vous, de prendre de
l'éolien puis des précieux blocs d'énergie pour produire de l'hydrogène
avec des pertes potentielles très
importantes sans connaître des débouchés actuellement ni dans l'industrie
lourde ni dans le camionnage.
M. Charette : Je fournis des
réponses au collègue, reste à savoir s'il veut les recevoir, ces réponses-là.
Il y a une séquence, il y a un ordre qu'il
faut respecter. Si le collègue ne connaît pas la séquence, ça va me faire
plaisir de la résumer. Il faut d'abord déposer une étude d'impact, et
cette étude d'impact là n'a pas été déposée par le promoteur. Donc, il est
normal qu'on n'ait pas certaines des réponses posées. Il faut y aller dans
l'ordre, et il y a un calendrier qui est
souhaité par l'entreprise, mais il n'est pas dit que c'est le calendrier qui va
se réaliser. Il faut déposer une étude d'impact. Ensuite, il y a des
autorisations qui sont données, et, par la suite, on peut parler de réponses
plus précises.
Mais de façon
générale, si on parle de généralités, ce que le collègue me reproche de faire,
elles sont pertinentes ces
généralités-là. Sur papier, c'est un projet qui est intéressant. Maintenant,
c'est au promoteur de faire la démonstration que ses perspectives sont
réalisables. Mais, oui, on a besoin d'une plus grande production d'hydrogène au
Québec, oui, il y a des débouchés qui sont
souhaités par Énergir, qui sont développés par le secteur du transport également,
mais il faut y aller par étapes. La
prochaine étape serait le dépôt par le promoteur, et non pas par le ministère
de l'Environnement, d'une étude d'impact de son projet.
M. Paradis : Avec égards, M. le
ministre, c'est votre gouvernement qui avez fait du projet TES votre projet modèle. L'ancien ministre de l'Économie, qui en
parlait tout le temps et qui disait que c'était la réponse à tous les enjeux
de transition énergétique, a même reproché aux partis d'opposition de poser des
questions sur le projet TES. Et nous, quand on vient ici pour vous poser des
questions, vous n'avez pas de réponse sur le projet TES, parce que je n'ai
toujours aucune réponse sur les camions lourds, je n'ai pas de réponse sur une
entente avec Énergir, je n'ai pas de réponse sur votre analyse de risque que ce
ne soit pas un projet de transition énergétique, que ce soit un projet de gaspillage d'énergie pour produire de l'énergie où
il n'y a pas de débouché. Puis vous ne répondez pas à ces questions-là. Je n'ai pas besoin d'un cours sur le
processus d'approbation des projets qu'on connaît. C'est votre projet,
c'est votre projet modèle, c'est vous qui l'avez mis en vitrine.
M. Charette : Qui doit obtenir des
autorisations. Ce n'est pas un reproche que je fais au collègue, mais la
procédure d'évaluation, elle a largement été expliquée, au cours des dernières
semaines, à travers l'étude détaillée du projet de loi n° 81, et le Parti
québécois était systématiquement absent de chacune de ces séances de travail
là. Donc, si le Parti québécois avait participé aux travaux, sans doute qu'il
aurait un certain nombre de réponses.
M. Paradis : ...l'absence d'un
député.
La
Présidente (Mme Maccarone) : C'est vrai, on n'a pas le droit de citer l'absence
d'un député, M. le ministre.
M.
Charette : Parfait. Bien, je vais le dire autrement, j'aurais
aimé que le Parti québécois participe à ces travaux.
M. Paradis : Vous ne pouvez pas le
faire ni directement ni indirectement.
La Présidente (Mme Maccarone) : Nous
allons laisser le ministre répondre à la question, s'il vous plaît.
M. Charette : Ce
serait gentil, effectivement. Mais ces questions ont été largement... largement
été abordées lors de l'étude détaillée du
projet de loi n° 81. Il y a un projet qui peut être présenté, qui mérite
d'être analysé, mais, avant de mesurer ses impacts, encore faut-il que le
promoteur dépose une analyse d'impact. Et, dans le cas de TES Canada en particulier,
cette étape-là revient au promoteur et cette étape-là n'a pas été franchie.
Donc, lorsqu'elle le sera, le fin détail... Les questions, je ne dis pas
qu'elles ne sont pas pertinentes, mais c'est difficile de répondre à des
questions lorsque l'étude d'impact n'a pas été...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le ministre. Vous disposez de 25 secondes.
M.
Paradis : Vous aviez une cible de gaz de source renouvelable
dans le réseau à 5 % en 2025. Elle est à 1 %. Pourquoi? Et vous aviez 100 % de grands
émetteurs qui avaient produit une étude de réduction de GES en 2025 et vous
êtes à 5,6 %. Ça, c'est votre tableau de bord. Pourquoi?
M. Charette : Pour en revenir à la
question, mais je veux répondre...
La Présidente (Mme Maccarone) : ...des
questions qui seront répondues à... peut-être dans un autre bloc de crédits. Alors, nous poursuivons maintenant avec
la deuxième opposition. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, je vous passe la parole.
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.
Rebonjour. Tantôt, on a eu un échange sur les matières dangereuses, puis vous nous avez dit : Bien, on a
l'obligation des... d'avoir des chiffres précis pour ce que les entreprises
importent mais pas pour ce qu'elles
exportent. Puis j'ai dit : Peut-être qu'on devrait corriger ça. Puis j'ai
eu une idée. Aujourd'hui, c'est le dépôt du rapport de commission sur le
projet de loi n° 81. Qu'est-ce qu'on peut faire dans un rapport de
commission? On peut rajouter des amendements. Ça fait qu'on va déposer deux
amendements, M. le ministre, pour proposer qu'on oblige, en effet, la
divulgation de ces informations-là. Comme ça, vous aurez le portrait complet
puis peut-être que l'année prochaine vous aurez l'occasion d'avoir des chiffres
vraiment plus exacts.
Ça fait que ma question est très simple.
Allez-vous regarder et, si c'est bien fait, ces amendements-là, comme c'est
fait toujours par mes attachés ici, allez-vous accepter de les intégrer dans le
projet de loi n° 81?
M. Charette : Le collègue sait fort
bien qu'au moment de l'étude détaillée il y a des amendements de l'opposition
qui ont été acceptés. Il sait fort bien qu'on a aussi collaboré à la rédaction
de ces amendements-là pour s'assurer de leur
portée réelle. Les étapes qu'il nous reste à franchir, avant l'adoption finale
du projet de loi, permettent le dépôt
du projet de loi. Est-ce que ce sera une occasion de répondre à cette
question-là? Moi, j'ai tendance à penser que c'est peut-être prématuré,
parce que ça nécessite une réflexion. Mais pour ce qui est de la réflexion
elle-même, je l'ai mentionné ce matin, on y travaille et on n'est pas du tout
fermés à améliorer nos pratiques.
M.
Leduc : Vous avez du temps pour réfléchir, M. le ministre,
parce qu'on ne les traite pas demain. Vu qu'on siège en crédits, on a
trois semaines devant nous pour y réfléchir.
M. Charette : On aura l'occasion de
s'en reparler.
M. Leduc : Merveilleux. La porte est
ouverte. Je suis content d'entendre ça.
Sur les pétrolières, l'argent, les subventions
aux pétrolières, c'est un débat qu'on a eu quand même assez souvent dans les
derniers mois, soit à travers ma collègue de Verdun ou ma collègue la cheffe
parlementaire, avec le premier ministre.
Dans le débat en français de l'élection fédérale qui vient d'avoir lieu hier,
le premier ministre Mark Carney s'est
dit, à une question de Patrice Roy, si je ne me trompe pas... qu'il allait
mettre fin aux subventions des pétrolières. Vous avez sûrement vu ça ou
on vous a certainement breffé là-dessus. Étiez-vous content de cette
nouvelle-là?
M. Charette : Il faut... comment
dire, il faut considérer ce qui s'applique au Québec et ce qui ne s'applique pas au Québec. Dans notre cas, il n'y a pas... au
niveau des subventions, ce n'est pas un secteur, là, qui est financé par le
gouvernement du Québec.
M. Leduc : Non, je sais, là... parle
du gouvernement fédéral ici.
La Présidente (Mme Maccarone) : ...laisser
le ministre terminer, s'il vous plaît.
M. Leduc : Parfait.
M. Charette : Donc, si le
gouvernement fédéral... Bien, je vais le dire autrement. Moi, j'aime bien quand
le gouvernement fédéral ne s'immisce pas dans les dossiers québécois. Et
j'essaie d'être cohérent, j'essaie de ne pas m'immiscer dans les décisions
fédérales, lorsque ça n'affecte pas directement le Québec. Étant donné qu'il
n'y a pas de subventions qui sont données
par le gouvernement québécois, si le gouvernement fédéral veut revoir sa propre
politique d'investissement, c'est libre à lui. Mais je ne me vois pas de
rôle à dire au fédéral : Vous devriez faire ceci ou ne pas faire cela,
dans une responsabilité qu'on n'assume pas, là, du côté du gouvernement du
Québec.
M. Leduc : Bien,
en tout respect, M. le ministre, on fait ça à chaque semaine, adopter des
motions ici, au Parlement, qui demandent des
choses au fédéral sur toutes sortes d'affaires. Puis là, en plus, on avait
calculé que c'étaient 15 milliards de dollars de subventions qui
étaient donnés par Ottawa annuellement aux pétrolières puis on estimait qu'à
peu près 3 milliards de ce 15 milliards là étaient de l'argent des
Québécois. Ça fait que, bien sûr, j'espère qu'on a une opinion, comme élus du
peuple québécois, sur comment est dépensé notre argent à Ottawa.
Est-ce que...
Dans le fond, ma question est très simple. Qu'est-ce que vous allez faire, dans
les prochains jours, prochaines semaines, pour vous engager à ce que
cette promesse-là de Mark Carney se réalise?
M.
Charette : Il faut savoir aussi quels sont les rôles de
chacun. J'ai l'environnement, j'ai la lutte aux changements climatiques,
j'ai la transition énergétique, mais je n'ai pas le dossier de l'énergie. Donc,
ce n'est pas avec le titulaire ou la
titulaire de l'Environnement que ces questions-là vont se discuter, mais bien
avec le ou la titulaire de l'Énergie du côté fédéral. Confiant et
certain qu'il y a plusieurs sujets qui seront abordés, lors des prochaines
semaines, avec nos nouveaux homologues. Moi, il y a des dossiers que je vais
vouloir parler avec le ou la titulaire de l'Environnement. Parce que le
collègue parlait des engagements pris notamment par les libéraux... il y a
l'engagement qu'il n'y ait plus deux évaluations pour un même projet. Donc, il
y a l'évaluation québécoise, il y a l'évaluation fédérale. Ça, je peux vous
assurer que c'est un des premiers sujets qui sera discuté avec mon ou... en
fait, mon homologue fédéral pour s'assurer que...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le ministre. M. le député.
• (17 h 50) •
M. Leduc : Je suis curieux de vous
entendre dire : Ah! bien, je ne peux pas trop m'immiscer là-dessus, c'est
le dossier de l'énergie, le pétrole. Mais, mon Dieu, le pétrole, c'est
directement relié au dossier de l'environnement. Les gaz à effet de serre, ce
n'est pas plus... ça ne peut pas être plus connecté que ça, là. Ça fait que
vous êtes... nous sommes, en fait,
coprésidents, là, de la coalition... Beyond Oil and Gas Coalition. Ne serait-ce
pas là un dossier particulièrement brûlant,
pour prendre un mauvais jeu de mots avec le pétrole, de dire : Bien, je
pense que je pourrais avoir une influence, moi, comme ministre de l'Environnement, je pourrais avoir une influence
importante, entre autres, dans cette coalition-là, en mettant de la
pression rapidement pour que le nouveau premier ministre Mark Carney
assume cet engagement-là d'arrêter les subventions aux pétrolières?
M. Charette : Bien, comme je
mentionnais, un gouvernement, ça implique différents ministères, différentes missions, différentes responsabilités. Je ne dis
pas que l'échange n'aura pas lieu, mais ça va se faire au niveau de l'Énergie.
Dans mon cas, il y a des engagements qui ont
été pris par les libéraux, en matière d'environnement, pendant la campagne
électorale, et je vais m'assurer de ces suivis-là. La priorité, je le dis de
façon très ouverte et transparente, je veux qu'il y ait une suite donnée à cet engagement de ne pas
dédoubler les procédures d'évaluation environnementale. Donc, si le collègue
me demande ma priorité avec mon futur homologue, ce sera celle-ci.
M. Leduc : Revenons sur le dossier
des pipelines, des oléoducs. On a fait... il y a eu des échanges précédemment,
Énergie Est, GNL Québec. Vous avez, en tout respect, soufflé un peu
le chaud et le froid en disant : Bien,
il n'y a pas de projet sur la table, mais, s'il y en a un, on va l'évaluer au
mérite. Mais j'aimerais ça bien comprendre qu'est-ce qui, selon vous,
serait des éléments nouveaux ou supplémentaires que devrait contenir une
version 2.0 pour qu'elle ait un intérêt pour votre gouvernement.
M. Charette : Je pense qu'il n'y a
pas... en fait, il n'y a pas de changement d'orientation à ce niveau-là. Si on parle de GNL Québec à l'époque, parce que
c'est un projet qui n'existe plus, il n'est plus sur la table, les promoteurs
ne sont plus porteurs d'un projet au Québec, ce qui avait été dit à l'époque...
On se souvient, il y a eu un rapport du BAPE. On l'a dit encore ce matin, un
rapport du BAPE, ce n'est pas décisionnel, c'est une étape dans la procédure
d'évaluation. Suite au rapport du BAPE, il y a une évaluation qui revient au
ministère, et, à ce moment-là, on a posé des
conditions précises au promoteur, conditions qui n'ont pas été rencontrées,
d'où le refus du projet par la suite. Si on avait un projet nouveau... celui-là n'existe plus, mais, si on avait un
projet nouveau qui répondait aux conditions de la réglementation
environnementale, c'est un projet qui pourrait être accepté.
La logique,
et c'est bien correct qu'on ne soit pas d'accord sur tout, la logique du
gouvernement veut qu'avant de refuser un projet on laisse la possibilité au
promoteur de le présenter et on se donne la possibilité de l'évaluer et
de l'étudier. S'il est conforme à notre
réglementation, à notre législation, c'est un projet qui est accepté et, s'il
ne l'est pas, bien, c'est un projet qui est tout simplement refusé,
comme l'a été le projet GNL Québec à l'époque.
M. Leduc : Parce que, là, dans le
fond, il y a un... il y a des partis politiques qui ont fait campagne
là-dessus, sur GNL Québec. Le Parti
conservateur du Canada, pour ne pas le nommer, ils ont fait élire des députés
dans la région, notamment, où c'était
originalement prévu. Là, ils n'ont peut-être pas gagné le gouvernement hier,
mais c'est toujours bien un
gouvernement minoritaire. Ça fait que, dans un horizon de 18 mois, deux
ans, on pourrait se retrouver de nouveau en élection puis peut-être avec
un nouveau gouvernement.
Ça fait que je pense qu'il faut être un peu plus
précis, là. Quand vous dites : Il faudrait que ça respecte les enjeux environnementaux, d'accord, mais lesquels
exactement? Vous aviez aussi refusé ce projet-là, à l'origine, en raison
de l'absence d'acceptabilité sociale. Est-ce que c'est encore quelque chose qui
est important pour vous dans le futur? Comment vous allez jongler avec ça?
Parce que vous avez un rôle important à jouer dans ce dossier-là.
M.
Charette : Vous allez me permettre une certaine prudence. Je
veux parler de l'évaluation environnementale en particulier, parce qu'il
y a encore des recours judiciaires, là, dans le cas précis de GNL Québec.
Mais, pour tout projet, il y a une procédure d'évaluation environnementale qui
est connue, qui a été largement discutée pendant le projet de loi n° 81.
Et je souligne la présence assidue du collègue, et sa collaboration, et son
apport constructif au... Ça, on peut dire,
hein, qu'un collègue était présent? Donc, je souligne que le collègue était
présent tout au long de l'étude détaillée du projet de loi n° 81.
Bien, ça a été... ça a été mentionné, il y a des étapes, il y a des critères à
respecter. Le ministère est en droit de
poser des questions à un promoteur. Il est en droit d'exiger des réponses, et,
lorsque les réponses sont données et qu'elles sont conformes à la
réglementation...
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Merci, M. le ministre. Je suis désolée de
vous couper. Nous allons poursuivre
avec le deuxième bloc de l'opposition officielle. M. le député de Jacques-Cartier, vous disposez de 14 min 45 s.
M. Kelley : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. M. le ministre, je veux poser juste une question
sur les crédits, parce que je sais que vos fonctionnaires travaillent
pas mal fort de produire tous ces documents et des réponses à nos questions. Alors, c'est la réponse à l'opposition
officielle, la question particulière n° 5, où on a certaines dépenses pour le plan... bien, entre autres le plan d'action, et
il y a un volet qui... excusez-moi, le plan d'action pour une économie verte,
puis il y a une section qui est intéressante
parce que ça... avec mon dossier et rôle comme critique en énergie, c'est
certains fonds qui étaient dépensés... excusez-moi, certains montants
qui étaient dépensés pour certains projets en lien avec le ministère de
l'Innovation et de l'Énergie. Et c'est peut-être juste bien comprendre ces
dépenses-là.
Par exemple, le gouvernement a dépensé
2,5 millions de dollars pour appuyer la réalisation des projets
collaboratifs industrie-milieu de la recherche en électrification des
transports. Après ça, la prochaine ligne, ça dit : «InnovÉÉ Innovation en énergie électrique», je cite... Est-ce que vous
avez une idée c'est quoi exactement ce programme-là?
Et je vais continuer de poser les mêmes choses
dans ce bloc-là, parce qu'après ça il y a 2 millions de dollars qui ont
été dépensés pour l'amélioration de gestion de la pointe électrique pour
Hydro-Québec. Superintéressant. On sait que la meilleure façon pour s'assurer
qu'on... la meilleure façon de protéger et conserver notre énergie, c'est de...
un kilowatt, mégawatt qui n'est jamais utilisé.
Il y a aussi
une autre qui... 6 millions de dollars, environ, qui a été dépensé pour
accompagner les communautés hors réseau dans la planification et la mise
en oeuvre des projets d'énergie renouvelable, nom d'une entreprise du Québec,
puis, après ça, un programme de soutien à la production de gaz naturel
renouvelable.
Alors, je ne
sais pas, M. le ministre, si vous voulez une à la fois, mais je veux bien
comprendre qu'est-ce que nous avons dépensé cet argent sur exactement.
M. Charette : Ce sont des questions
pertinentes. Avec les équipes, on regarde à trouver les réponses les plus précises, mais déjà qu'il y a un petit défi
supplémentaire, là, ce sont des actions du MEIE. Donc, si le collègue nous
laisse un petit peu de temps, j'aurai
davantage de précisions à apporter. Peut-être qu'il y a d'autres questions qui
pourraient être posées dans l'intervalle, là, pour ne pas perdre du
précieux temps, là, au collègue.
M.
Kelley : Oui, parfait. Merci beaucoup, M. le ministre.
C'est en lien avec un article dans Le
Journal de Montréal et c'est certains acériculteurs qui sont
inquiets avec les pylônes d'Hydro-Québec. Alors, eux autres ont une crainte de perdre des milliers de dollars de revenus dans les
prochaines années à cause de le fait qu'Hydro-Québec va arriver pour
installer des pylônes sur leur terrain ou proche de leur terrain.
Alors, je ne sais pas si le ministre peut nous
guider un petit peu dans le rôle que vous avez dans ce dossier. Je sais qu'on a parlé, dans le projet de loi n° 81,
de l'accélération de certains projets d'Hydro-Québec, mais comment on va
bien jumeler ça quand il y a des cas qui
arrivent sur le terrain où les citoyens, des groupes sont inquiets avec
l'installation de certains pylônes, lignes de transmission
d'Hydro-Québec? Alors, je vous laisse, M. le ministre, à répondre.
• (18 heures) •
M. Charette : C'est une question
aussi intéressante, peut-être parler effectivement du projet de loi n° 81
où, justement, certains types de projets, là, pourront faire l'objet de... on a
parlé de travaux préalables beaucoup, mais il faut
parler aussi des espaces de consultation avec les milieux qui ont été intégrés
dans la loi pour s'assurer que les citoyens concernés ou potentiellement concernés par un projet puissent avoir
l'information, là, de la part du ou des promoteurs.
Donc, ces
espaces-là de concertation, ou de consultation, ou de communication avec le
public sont maintenant intégrés dans
la loi, là, pour ce qui est de ces nouvelles opportunités que nous avons. Mais
aussi il faut souligner le nouveau leadership d'Hydro-Québec. On a
rencontré, à plusieurs reprises, là, ces derniers mois, la nouvelle direction
sous Michael Sabia, et je sens, et c'est une perception personnelle, là, mais
je pense qu'il peut être démontré un réel souci de travailler avec les
communautés, notamment les communautés autochtones. Hydro-Québec a beaucoup,
beaucoup cheminé, ces dernières années, au niveau de ses relations avec les
communautés, avec les communautés autochtones. Et on est sans doute dans deux
mondes complètement, complètement différents par rapport à ce qui se vivait,
là, ces dernières années ou décennies.
Donc, pour ces projets-là, je devine et je vais
souhaiter qu'Hydro-Québec se donne aussi la peine de bien communiquer ses intentions aux populations
concernées pour minimiser les impacts et établir le dialogue nécessaire, là, pour
s'assurer qu'il n'y ait pas de choc avec le public.
Et, au niveau des pylônes en secteur agricole,
il y a un rôle aussi qui revient à la CPTAQ... et convaincu, là, que la CPTAQ
va se prémunir, là, de cette responsabilité qui lui revient. Et il y a aussi,
dans le cas des pylônes, une procédure
d'évaluation environnementale, là, qui s'applique, si la ligne fait deux
kilomètres et plus. Bref, il y a des espaces prévus pour, justement, informer le milieu et permettre
au milieu, là, de partager des inquiétudes, si jamais des inquiétudes devaient
se manifester.
M. Kelley : Parfait. Merci beaucoup,
M. le ministre. Et le projet en question, c'est des gens dans la MRC de Portneuf qui ont soulevé leurs préoccupations.
C'est une ligne... nouvelle ligne de haute tension, je crois. Alors, je ne sais
pas si c'est un projet qui est sur votre radar, que vous avez regardé,
ou, quand même, si une étude environnementale est
nécessaire. Alors, c'est juste... encore, c'est une question qu'on a reçue d'un
groupe qui a envoyé à nous un courriel pour dire si c'est possible de
poser une question. Alors, je ne sais pas si vous avez une réponse, M. le
ministre.
M. Charette : Je dois vous avouer,
là, bien, bien candidement, le projet en question, je ne le connais pas, mais ce que je mentionnais, à partir du moment où
la ligne fait deux kilomètres et plus, il y a un déclencheur, là, qui fait
en sorte, là, qu'il y a une consultation en
bonne et due forme qui se tient. J'essaie de voir... parce que j'essaie de
trouver des réponses aux questions
précédentes du collègue, ça viendra, et, si jamais je ne les ai pas dans le
temps de l'échange, bien, ce sont des informations qu'on pourra
transmettre à la commission, là, sans problème.
M. Kelley : Parfait. Merci beaucoup.
C'est apprécié et, encore, je pense, c'était juste une question de mieux savoir c'est quoi, l'objectif du gouvernement.
Est-ce que ça paie pour les rapports, les études? Particulièrement, la question
sur la gestion, le point, j'ai trouvé ça
intéressant. Si on a déboursé 2 millions de dollars, est-ce que c'était
pour un projet pilote, pour un type d'analyse? Je ne sais pas, mais
merci beaucoup, M. le ministre.
Et je reviens
un petit peu... c'est certain que c'est en lien avec, oui, le Fonds vert, mais
avec l'efficacité énergétique en
général, comment... Je sais que vous avez adopté un projet de loi, mais en
termes de financer... Si c'est des industries, quand même, des bâtiments un petit peu plus vieux, qui ont besoin de
l'amour, rénovation des fenêtres... excusez-moi, remplacement des fenêtres,
isolation, tout ça, on sait que ça, c'est hyperimportant, mais quand même, au
domicile, on sait que ça coûte beaucoup d'argent pour faire le
changement d'une porte, des fenêtres, tous des travaux qui sont nécessaires, mais c'est également une opportunité
pour rénover des maisons et ça crée de la... un petit peu de stimulation de
l'économie locale.
Alors, est-ce
que le gouvernement a l'intention d'aller plus loin? Je sais qu'il y a
certaines cibles, mais peut-être une extension de certains programmes...
C'est parce que c'est un élément hyperclé dans la transition énergétique.
M. Charette : Peut-être deux
éléments ou, sinon, trois éléments de réponse.
Le programme Rénoclimat est là, notamment, dans
cette perspective-là. Mais le collègue avait aussi, je l'en remercie, là,
travaillé avec nous le projet de loi sur la cotation des bâtiments, projet de
loi qu'on nommait le projet de loi
n° 41 à l'époque. Tout le travail qui est en préparation au niveau de la
réglementation va aider à ce niveau-là. À partir du moment où on a un
portrait de la santé d'un bâtiment, c'est plus facile de prévoir un plan
d'entretien et s'assurer d'augmenter, par la suite, là, son efficacité
énergétique. Donc, c'est un projet de loi qui va nous aider, là, de façon
importante à ce niveau-là. On parlait de Rénoclimat. Dans le PMO4, c'est quand
même 322 millions de dollars, là, qui sont prévus pour le supporter.
Il y a un projet dont on parle moins, mais qui
est aussi tout à fait pertinent, lorsqu'on est locataire ou pour aider, là, des investissements au niveau locatif,
c'est le programme Éconologis, qui, lui aussi, est quand même bien pourvu,
tout près de 42 millions de
dollars. Enfin, il y a un 12 millions aussi qui est octroyé, là, pour
appuyer LogisVert pour le financement d'accumulation de chaleur.
Bref, il y a plusieurs mesures qui sont déjà
disponibles et qui sont bien financées pour aider à l'efficacité énergétique
des bâtiments. Ultimement, même pour le locataire ou l'occupant des lieux, s'il
est propriétaire, les avantages sont
nombreux, là. Ça peut signifier, à terme, des réductions de facture
d'électricité qui sont conséquentes. Donc, ce sont des programmes pertinents. Hydro-Québec le répète souvent,
l'énergie la moins chère est celle qu'on n'utilise pas. Donc, plutôt que
de développer continuellement de nouvelles centrales, et il faudra
manifestement en développer de nouvelles à terme, bien, si on peut économiser
au niveau d'une énergie non dépensée, c'est de l'énergie qui peut être
utilisée, là, à d'autres fins certainement utiles pour décarboner, notamment,
notre économie.
M.
Kelley : Parfait. Puis, M. le ministre, sur la question des
cibles et aussi des indicateurs pour, comme, évaluer l'atteinte de
certaines cibles, je suis d'accord, il y a des sommes qui sont disponibles pour
les citoyens, pour les entreprises, etc., mais, sur la question des cibles,
comment on veut s'assurer que l'argent qu'on dépense est en train d'atteindre quelque chose qui est en lien avec ce
que vous venez juste de mentionner sur la conservation de l'énergie?
M. Charette : Au niveau de nos
émissions de gaz à effet de serre?
M. Kelley : Oui, bien, plus en
général, moins de consommation de l'énergie en général, comme de créer des
cibles qui sont plus précises, je pense, ça, c'est un élément qui est important
aussi.
M. Charette : Ah! effectivement. On
estime que la cotation, le système de cotation, là, qui est en développement
actuellement, devrait permettre des économies d'électricité qui sont tout de
même significatives, là. On parle de 10,3 térawattheures d'ici 2050 pour
Hydro-Québec. C'est majeur. C'est majeur. Donc, c'est un projet de loi qui a été étudié ici, à l'Assemblée nationale,
et ce qui est drôlement encourageant, c'est de mesurer sa portée à terme,
et, si on arrivait à mettre en place ces objectifs-là avec une telle économie
d'énergie, c'est drôlement significatif.
Donc,
c'est un projet de loi... Je me souviens, à l'époque, il y avait eu des
échanges là-dessus. On peut toujours questionner le délai entre
l'adoption d'une loi et sa pleine mise en application. Il faut savoir qu'il y a
beaucoup de règlements développés derrière
tout ça, mais on s'en va dans la bonne direction. On se souvient... et je ne le
reprendrai pas en entier aujourd'hui, mais il y a un calendrier, là,
assez précis qui avait été déterminé, mais, à terme, ce sont des économies
d'énergie, là, qui sont significatives. Et Hydro-Québec a une cible aussi
précise, là, de 21 térawattheures, cinq térawattheures uniquement avec la
feuille de route du dernier PMO. Donc, c'est une contribution directe du ministère de l'Environnement, à travers son volet
de transition énergétique, à l'atteinte des objectifs, oui, d'Hydro-Québec,
mais de décarbonation de l'économie québécoise également.
M. Kelley : Merci, M. le ministre.
Il n'y a pas beaucoup de temps qui reste, alors, je vais terminer avec une
suggestion, une proposition.
Je crois beaucoup dans les panneaux solaires. Je
parle beaucoup de ça, mais aussi les systèmes de stockage. Alors, peut-être, un jour, M. le ministre, on va
voir certains bâtiments, je pense, en région, quand même, les centres-villes
de Montréal, Québec, des bâtiments du gouvernement
du Québec, qui ont des panneaux solaires sur le toit, qui sont, oui, en face d'où on a beaucoup de soleil, mais des
systèmes de stockage aussi... Je pense que je veux réussir à, au minimum, mettre les panneaux solaires... pas juste moi,
mais la société civile aussi a mis les panneaux solaires comme une option
intéressante, pour le Québec, sur la table, mais la prochaine étape, c'est le
système de stockage, parce que, c'est vrai, il
n'y a pas de soleil tout le temps. Des fois, pendant la nuit, il n'y a pas de
soleil, mais, avec un système de stockage, on peut stocker l'énergie puis
utiliser ça plus tard. Alors, peut-être, un jour, M. le ministre, on va avoir
un programme, oui, pour les citoyens, mais aussi des projets pilotes pour les
bâtiments qui appartiennent... le gouvernement du Québec. Alors, je vous
laisse ça pour réflexion, M. le ministre.
M. Charette : Je salue l'implication
du collègue dans le dossier, parce que c'est un dossier qu'il porte avec
beaucoup d'intérêt depuis quelques années, et j'en suis un témoin, là, direct.
Donc, bravo pour cette implication-là. Et je
regarde un petit peu le discours d'Hydro-Québec évoluer depuis quelques années,
et c'est de plus en plus intégré dans le discours d'Hydro-Québec. Donc,
je suis tout à fait confiant que, oui, on verra des programmes, à terme, dans ce sens-là. Vous avez Hydro-Québec... on s'éloigne
un petit peu des panneaux solaires, mais Hydro-Québec, cette semaine,
qui confirmait que les thermostats intelligents, là, seront disponibles pour l'ensemble
des citoyens du Québec qui en font la demande, sous certaines conditions,
naturellement, mais c'est signe qu'Hydro-Québec développe aussi une programmation en cohérence...
• (18 h 10) •
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le ministre. Nous allons poursuivre maintenant avec la partie
gouvernementale, et je passe la parole au député de Masson pour une période de
10 minutes.
M.
Lemay : Merci, Mme la Présidente. Salutations à M. le
ministre ainsi que vos équipes, Mme la sous-ministre et vos équipes
respectives. Bien heureux d'intervenir aujourd'hui.
Je vais poursuivre sur les questions du député
de Jacques-Cartier avec l'efficacité énergétique, parce que, justement, vous
l'avez mentionné, M. le ministre, tout à l'heure, là, qu'on a fait la sanction,
à l'Assemblée nationale, le 27 mars
2024, donc l'année dernière, de la Loi
édictant la Loi sur la performance environnementale des bâtiments et modifiant
diverses dispositions en matière de transition énergétique, qu'on appelle, avec
nos acronymes préférés, la LPEP, et puis,
ça, bien, il y a des implications de l'entrée en vigueur de cette loi sur la
contribution du gouvernement du Québec dans la gouvernance de l'Accord
de conciliation sur les codes de construction.
Puis on vient confirmer, avec cette loi-là,
justement, qu'on confie au ministère de l'Environnement que c'est le ministère de l'Environnement qui va pouvoir
coordonner, à partir de maintenant, l'action gouvernementale en matière
de transition énergétique dans le cadre de la lutte contre les changements
climatiques. Puis elle confère également au ministère de nouveaux pouvoirs, là,
dont celui d'établir des normes en matière d'efficacité énergétique pour tous
les types de bâtiments, puis ce, tout au
long de leur cycle de vie. Puis la loi... le projet de loi n° 41, la LPEP, dans le fond, elle vise aussi à maximiser les
chances d'atteindre les deux principales cibles que le gouvernement du Québec
s'est fixées en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour
le secteur des bâtiments à l'horizon 2030, là, soit la réduction de 50 % des émissions liées au chauffage par
rapport à leurs émissions de leur niveau de 1990 ainsi que de 60 %
des émissions liées au chauffage du parc immobilier gouvernemental par rapport
à leur niveau de 1990.
Bon, ceci étant dit, là, peut-être que vous ne
l'avez pas vu passer, mais, tout de suite après qu'on a fait l'adoption puis la sanction du projet de loi n° 41, bien, dans le dernier PMO, le plan de mise en oeuvre du Plan pour une
économie verte 2030, bien, on est venus à intégrer la stratégie d'efficacité
énergétique du gouvernement. Donc, ça, on a
fait ça au printemps dernier. Avant ça, le gouvernement, il avait un plan de
lutte aux changements climatiques qui visait notamment la réduction des
GES et il avait un plan directeur en efficacité énergétique dont plusieurs
mesures se recoupaient.
Bon,
maintenant, le gouvernement a tout intégré ça dans son PMO4, puis je vais vous
lire un extrait du ministre, là, dans
le mot d'introduction du PMO4. Donc, ça dit : «Cette quatrième édition
intègre de manière encore plus étroite les actions gouvernementales en
matière de transition énergétique. Dans un contexte énergétique et économique
en évolution, marqué par une électrification croissante de notre économie et de
nos transports ainsi que par une offre d'électricité limitée, il est impératif
de donner la priorité à l'optimisation de l'énergie renouvelable disponible. En
étant plus efficaces dans notre utilisation
de l'énergie, nous pouvons libérer des quantités significatives d'énergie pour
soutenir la décarbonation de notre économie, et ce, à moindre coût.
«Afin
de renforcer la coordination et d'accroître les synergies entre la transition
climatique et la transition énergétique, le gouvernement
a décidé d'intégrer le Plan directeur en transition, innovation et efficacité
énergétiques — le
PDTIEE — dans
le PMO 2024‑2029. En combinant les investissements de près de
900 millions de dollars affectés à la sobriété et à l'efficacité
énergétique au cours des cinq prochaines années avec des nouvelles mesures
concrètes du PMO [...] nous visons à doubler nos économies annuelles
d'électricité d'ici 2030.»
Ça, c'était... c'est
de la mise en contexte, Mme la Présidente, mais, quand on parle d'efficacité
énergétique, c'est sûr qu'on pense à Hydro-Québec, parce qu'Hydro-Québec,
évidemment, c'est un acteur clé, et la collaboration entre le ministère de
l'Environnement et Hydro-Québec est vraiment essentielle. Je vous dirais que ça
va de mieux en mieux, Mme la Présidente.
Puis, M. le ministre l'a mentionné tout à l'heure, il y a des programmes, là,
comme, par exemple, le programme
Rénoclimat et le programme LogisVert, bien, qui se sont ajustés pour éviter des
dédoublements puis aussi de tenter de couvrir l'ensemble des actions
nécessaires en efficacité énergétique des bâtiments.
Puis là, dans le
PMO4, bien, on se donne la cible de doubler nos économies annuelles d'énergie,
puis on peut lire, là, dans le fond, là, je
vais vous relire un dernier extrait, là, c'est : «Hydro-Québec estime
qu'il serait possible de réaliser des
économies d'électricité totalisant 21 térawattheures d'ici 2035», ce qui
représente l'équivalent de la consommation annuelle d'environ 1,2 million de ménages, Mme la Présidente. Et puis,
afin de réaliser un premier pas pour contribuer à l'actualisation de ce
potentiel, le gouvernement, en collaboration étroite avec Hydro-Québec, mettra
en oeuvre, de façon progressive, des mesures
visant des économies d'énergie de l'ordre de cinq térawattheures d'ici 2035 et
qui fera en sorte de doubler les économies annuelles d'électricité.
Donc, le potentiel de 21 térawattheures est réparti à parts égales entre les secteurs industriel, résidentiel
et commercial. Les mesures du gouvernement visent, de façon cohérente, à
répartir proportionnellement l'effort de ces secteurs. Bon, ça, c'est la fin de
la citation. Merci, Mme la Présidente.
Puis
d'ailleurs Hydro-Québec, bien, il a présenté récemment son plan d'efficacité
énergétique, puis on y retrouve une cohérence
avec le plan de mise en oeuvre du gouvernement, Hydro-Québec qui vient
rappeler, là, en trois items, là, que,
si on adopte des gestes simples puis on choisit des équipements performants,
bien, les clients vont pouvoir économiser sur leur facture d'électricité. Hydro-Québec nous mentionne aussi que
l'efficacité énergétique est l'avenue la plus rapide pour accélérer... l'électricité qui coûte trois
fois moins cher que celle que procurent les autres sources d'approvisionnement
disponibles, et l'énergie économisée sera mise à profit pour soutenir la
croissance et la décarbonation de l'économie pour le bien-être collectif du
Québec.
Puis là, du plan
d'Hydro-Québec, il y a certaines mesures qui retiennent l'attention puis vont
nécessiter l'appui du gouvernement, dont rehausser les exigences liées à la
performance des bâtiments neufs et existants. Puis, en effet, là, quand on regarde les bâtiments, on peut voir que c'est à
l'origine d'au moins 40... excusez-moi, à l'origine de 14 % des pertes
énergétiques au Québec, puis le Québec, il doit s'inspirer des meilleures
pratiques qui sont faites à l'international. C'est essentiel de faire
ça. Donc, c'est pour ça qu'on adopte une réglementation moderne, essentielle à
l'atteinte de nos objectifs énergétiques, puis ça, il faudrait qu'on fasse ça
sans tarder.
Sinon,
moi, je vous dirais que, depuis qu'on a adopté le projet de loi n° 41,
bien, le gouvernement travaille à mettre en place l'obligation de divulguer la
consommation énergétique des bâtiments, l'attribution d'une cote de performance
et la fixation d'une cible d'amélioration, puis ainsi, là, si on regarde tout
ça, puis qu'Hydro-Québec continue de faire la collaboration
avec le gouvernement pour que cette initiative puisse être appliquée à
l'ensemble des bâtiments, notamment en informant les occupants et les
occupantes de la performance énergétique de leur habitation, et qu'on a des
normes rehaussées en matière de construction et de rénovation... sont également
prévues et puis qui vont être développées conjointement avec Hydro-Québec en
vue de leur adoption dans les meilleurs délais.
Alors, Mme la
Présidente, avec tout ce long préambule, j'aimerais demander à M. le ministre
c'est quoi, les prochaines étapes gouvernementales pour l'efficacité
énergétique.
M. Charette :
Merci. Bien, en fait, c'était un
préambule que je qualifierais de nécessaire, parce qu'effectivement ce
sont de belles avancées, là, qui ont été réalisées, là, au cours des dernières
années, avec, notamment, l'adoption du projet
de loi auquel réfère le collègue. C'est un très, très vaste chantier
réglementaire qui nous attend. D'ailleurs, heureux de confirmer, là, que
le collègue de Masson aura un rôle important à jouer au niveau des étapes à
venir. Donc, je l'en remercie pour sa collaboration.
Sinon,
un rappel, dans un premier temps, et on l'oublie, lorsqu'on parle de réduire
nos émissions de gaz à effet de serre, on oublie trop souvent que le secteur du
bâtiment est un de nos principaux secteurs d'émissions. Donc, il faut aussi s'y attaquer, effectivement. Donc, le
premier chantier, c'en est un réglementaire, je le mentionnais, concernant la cotation énergétique pour les grands bâtiments. On
se souvient, au moment de l'étude du projet de loi, on avait bien défini les
étapes, là, qui nous attendent, mais, d'abord et avant tout, il faut développer
la réglementation en conséquence.
Et le deuxième
chantier, je dirais, c'est celui d'établir une norme du bâtiment durable pour
les bâtiments neufs. Donc, la cotation, ça
va être pour les bâtiments existants, mais on veut se doter également d'une
norme pour le bâtiment durable au moment de sa construction, et, là aussi, il y
a un potentiel de réduction de consommation d'énergie, tout à fait, et,
je pense, ce n'est même pas un superlatif exagéré, exceptionnel, là. Si on peut
effectivement avoir des bâtiments écoperformants dès, donc, leur conception, ça
peut représenter... Le collègue chiffrait à juste titre ce que la cotation peut apporter en termes de réduction en
termes de térawattheures, mais, pour ce qui est du nouveau bâtiment, il
y a là aussi un potentiel intéressant.
Donc,
naturellement, il y a un travail réglementaire qui est en cours, qui va se
développer sur quelques années, parce
que c'est un chantier qui est ambitieux, mais Hydro-Québec est aussi un
partenaire de premier plan à ce niveau-là. Et Hydro-Québec est le premier à avoir besoin de ces réductions-là de
consommation énergétique parce que la demande est forte pour soutenir
des projets au niveau de la décarbonation de notre économie. Donc,
réglementaire, législatif, partenariat avec Hydro-Québec, et, au final, des
projets drôlement intéressants, là, qui nous attendent à ce niveau-là.
M.
Lemay : Bien, merci, M. le ministre. Je crois qu'on est arrivés au
bout de notre...
La Présidente (Mme
Maccarone) : 25 secondes, 24 secondes...
M. Lemay : Je
comprends. Ça marche, Mme la Présidente. Merci à vous et vos équipes.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Alors, merci beaucoup.
Compte tenu de
l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 18 h 25, où elle
entreprendra l'étude du volet Faune et Parcs
des crédits budgétaires du portefeuille Environnement, Lutte contre les
changements climatiques, Faune et Parcs. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
18 h 20)
(Reprise à 18 h 25)
La Présidente (Mme
Maccarone) : Alors, rebonjour. À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des transports et de l'environnement
ouverte.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude du volet Faune et Parcs des
crédits budgétaires du portefeuille Environnement, Lutte contre les
changements climatiques, Faunes et Parcs pour l'exercice financier 2025‑2026.
Une enveloppe de 45 minutes a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Grandmont (Taschereau)
est remplacé par M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)
et M. St-Pierre Plamondon (Camille-Laurin) est remplacé par M. Bérubé
(Matane-Matapédia).
Faune et Parcs
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci beaucoup. Alors, je suis maintenant prête à
reconnaître une première intervention de l'opposition officielle pour un
premier bloc d'échange. Je vous rappelle que la longueur des réponses doit être
généralement proportionnelle à la longueur des questions. Mme la députée de
Mille-Îles, la parole est à vous.
Discussion générale
Mme Dufour : Oui.
Je pense que je suis décalée. Je suis désolée, Mme la Présidente.
Donc,
écoutez, je vais parler des agents de la faune. L'an dernier, on a eu plusieurs
échanges à ce sujet. On constate qu'il y a eu quelques ajouts d'agents,
mais on est encore en deçà, quand même, de façon importante, des chiffres qu'il
y avait dans le passé. On est rendus à 350 agents, selon les données qu'on
nous a transmises. Là, il y a eu un gel des embauches qui, heureusement, a
été... n'a pas été appliqué aux agents de la faune. On a eu un article comme quoi
il y aurait une cohorte qui serait ouverte, celle de février, mais qu'en est-il
des cohortes... des autres cohortes du reste de l'année?
M. Charette :
Bonjour aux nouveaux collègues, là, qui se joignent à nous. Très heureux
que la collègue le mentionne, effectivement, il y a un effort qui est demandé,
au niveau de l'administration publique, au niveau des embauches, mais cet effort-là ne vise pas les agents de protection de la
faune. C'est dans la convention collective qui a été signée, là, depuis
la dernière étude de crédits.
Donc, oui, on pourra
avoir du renfort. Donc, actuellement, je peux confirmer, là, qu'il y a
32 agents qui sont en formation. Ce
sont des agents, là, qui vont pouvoir intégrer leurs fonctions, là, une fois la
formation complétée. Et ce qu'il faut savoir, c'est qu'il y a aussi des
affichages, là, qui ont été faits récemment pour deux autres cohortes. Donc,
on parle du printemps, mais il y a également l'été prochain, et ce sont des
renforts, là, qui sont attendus, qui feront une différence. Et moi, l'élément, là, qui me rend le plus confiant pour la
suite des choses... il y avait un défi, ces dernières années, pour remplir nos cohortes. Il y a beaucoup
d'efforts qui ont été faits, à travers différents salons, à travers différentes
initiatives, et on sent maintenant un
engouement plus important pour le métier, qui est une superbe profession,
d'ailleurs, et très confiant que les prochaines cohortes seront
complètes et permettront, là, de renflouer les rangs au niveau de nos
effectifs.
Mme Dufour : Dans
une cohorte de 32 potentiels agents, combien terminent réellement et
décident, là, de poursuivre et faire le métier d'agent de la faune?
M. Charette : Au niveau du taux de
rétention, là, la réponse me sera vraisemblablement fournie, là... bon, on
m'indique que c'est... Il y a une petite variation, mais souvent c'est
presque l'ensemble des étudiants, là, qui complètent leur formation. Il faut
savoir qu'il y avait des affichages de postes également.
Mme
Dufour : Et, pour ce qui est de... tu sais, parce que, dans
le fond, l'année passée, ce qu'on discutait, c'est qu'il y avait quand même beaucoup de départs à la
retraite. On sait... Déjà, on a une idée... Le ministère a déjà une idée
des départs qui s'en viennent. Est-ce que la
cohorte actuellement en formation sera suffisante pour couvrir les départs
à la retraite, mais aussi le rattrapage qu'elle doit faire pour...
M. Charette : Sur les données, là,
que j'évoquais, oui, effectivement, on sera en mesure non seulement de compenser les départs à la retraite, mais
d'accélérer le rattrapage, et une belle donnée, je pense, qui vaut la peine
d'être communiquée, il y a 820 personnes qui ont appliqué sur les
différents postes des prochaines cohortes. Donc, on a beaucoup plus de
candidats que de places disponibles, et c'est un renversement de tendance
complet par rapport à ce qui se vivait, il y a quelques mois ou quelques années
à peine. Donc, c'est très, très encourageant pour le ministère.
• (18 h 30) •
Mme Dufour : Donc, juste pour être
certaine, là, que j'ai bien saisi, il y a une cohorte en février, il y en aura
deux autres cette année, comme à l'habitude?
M. Charette : Une au printempset
une à l'été.
Mme Dufour : Parfait. Donc, trois
cohortes de 32 qui devraient s'ouvrir?
M. Charette : Et pour les cohortes
en question, 820 applications, ce qui est drôlement intéressant. Donc, à
travers le processus de sélection, on pourra s'assurer de la motivation réelle
de ces candidatures-là. Et plus le degré de motivation est élevé, plus les
chances de succès le sont aussi. Donc, je le dis sans fausse modestie, là,
beaucoup d'efforts de la part du ministère, mais avec des signaux très
encourageants pour la suite des choses.
Mme
Dufour : Oui, effectivement. Je rappelle qu'il y a quand
même encore... on a quand même un rattrapage important à faire par rapport au
chiffre de 2018 qui était de 440 agents. Là, on est à 350, il y en aura
peut-être 32 qui vont s'ajouter, mais on sait qu'il y a des départs
aussi qui s'en viennent. Donc, dans certains ministères, là, c'est quasiment 10 %, là, ou 20 % de la
main-d'oeuvre qui vont prendre leur retraite... plutôt 20 % dans les
10 prochaines années. Donc, on peut imaginer que ça va être
semblable dans... parmi les agents de la faune.
M. Charette : Si la collègue me le
permet, peut-être des données intéressantes... En 2018, on avait beaucoup de
saisonniers. Maintenant, il y a une professionnalisation, là, de la profession
qui s'est opérée. Aujourd'hui, on parle de temps complet, donc non pas des gens
qui sont présents uniquement pour des saisons données, mais réellement à temps
complet. Et pour justifier ou expliquer — j'aime mieux le mot
«expliquer» que «justifier» — les difficultés qu'on a eues de
recrutement, au cours des dernières années, il faut savoir que, pendant les
pics de la pandémie, ce sont des formations qui ne pouvaient pas avoir lieu. Ce
n'est pas une formation qui peut se donner à distance, on le comprend bien, ce sont des techniques bien
pratiques qui doivent être développées. Donc, il y a eu un retard, au moment
de la pandémie, pour la formation, retard, là, qui est maintenant rattrapé avec
cet intérêt renouvelé pour la profession, et c'est une excellente nouvelle, là,
pour nos régions.
Mme Dufour : On en parlait beaucoup
l'an dernier. Il y a, par contre, des aires protégées qui s'ajoutent, et on le
sait, là, les agents de la faune couvrent, évidemment, tout le territoire, mais
c'est évident que, dans les aires protégées, il doit y avoir une présence
accrue. Donc, j'avais fait un exercice avec vous, l'an dernier, pour montrer que le territoire à couvrir par agents avait
augmenté substantiellement. Donc, le chiffre de 2018, de 440, ne serait même
pas suffisant, là, par rapport au pourcentage d'aires protégées qui sont
ajoutées au territoire, là.
M. Charette : Et ce que je
mentionnais tout à l'heure, 2018 est une année, là, que l'on peut évoquer, là,
sans difficulté, mais avec un changement d'approche de la part du ministère. On
ne parle plus de saisonniers, mais d'agents,
là, qui sont présents sur le territoire à l'année longue. Donc, ça fait une
différence aussi sur le territoire qui est à couvrir. Mais on est conscients qu'il y a des besoins à combler et on se
donne des moyens, là, pour y parvenir. Et il y a un pouvoir
d'attraction, là, qui est nettement plus important et qui est perceptible sur
le terrain, depuis que le ministère redouble d'efforts, là, à ce niveau-là.
Mme
Dufour : Entre-temps, il y a des secteurs qui semblent
actuellement plutôt délaissés. On parle de Sept-Îles, où il n'y avait qu'un seul agent, le bureau
d'Anticosti n'en avait aucun en fonction. Mingamie, Minganie, excusez-moi,
je... Matagami, pardon, je ne veux pas me tromper, Matagami, il n'y a
pas d'agent sur le territoire. D'ailleurs, là-bas, ils ont eux-mêmes voulu faire des signalements et, quand ils ont
contacté le ministère, on leur a dit : Bien, on est sensibles à ce que vous dites, mais on a des problèmes de
recrutement. Donc, en attendant, comment on s'assure de couvrir tous les
territoires de façon équitable?
M. Charette : C'est une bonne
question, et on ne s'en cache pas, là, il y a des réflexions sur la présence
des bureaux sur le territoire. Il y a des bureaux qui ne sont pas ouverts,
faute d'agents en nombre suffisant. On sait qu'ils doivent être trois. Donc, à
partir du moment où on a une équipe de trois agents et qu'un est absent pour
faute... pour cause de maladie, ou autres,
c'est l'équipe entière, là, qui devient limitée dans sa capacité de sortir du
bureau. Donc, oui, il y a des bureaux qui sont, par la force des choses,
fermés.
Donc, deux éléments de réponse à ce
niveau-là : c'est de favoriser, d'augmenter le recrutement, naturellement,
mais c'est aussi regrouper des effectifs pour être plus agiles sur le terrain.
À partir du moment où on a un bureau avec une concentration plus importante
d'agents, possiblement une spécialisation plus... en fait, différentes
spécialisations présentes au sein de ces
bureaux-là, on a des équipes qui sont beaucoup plus agiles, qui sont beaucoup
plus fonctionnelles et qui peuvent occuper le territoire de façon
beaucoup plus efficace.
Tout à l'heure, on
parlait du contrôle et des inspections, là, au sein du ministère, à quel point
les techniques se sont améliorées au fil des années, modernisées. C'est
exactement la même chose avec la profession d'agent de protection de la faune.
Les techniques d'enquête, les techniques utilisées, là, pour s'acquitter de
leur mandat se sont aussi peaufinées. Donc, on n'a plus la définition classique
du poste qui couvre un secteur bien, bien précis. On est avec une agilité
beaucoup plus grande, un petit peu comme...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci, M. le ministre. Merci. Mme la députée.
Mme Dufour :
Merci, Mme la Présidente. L'exemple de Matagami est parlant, là, on a choisi...
le ministère a choisi de fermer ce bureau et
plutôt être desservi par le bureau de Lebel-sur-Quévillon. Mais ce qu'on
constate, c'est qu'à cet endroit-là il y a six agents, là-dessus, il y
en avait qui étaient des... un poste de gestion, d'autres en congé de... maladie, pardon, et donc, finalement, c'est
bien peu de gens pour couvrir un immense territoire. Il semble... Les choix physiques,
là, quand on regarde au niveau géographique, ne semblent... en tout cas, les
gens qui sont concernés se demandent si on fait les choix les plus optimaux
aussi.
M. Charette :
Oui, bien, comme je le mentionnais, comme j'allais le dire dans ma réponse
précédente, il y a une réflexion qui s'opère, actuellement, sur l'efficacité
des différents postes en région. Ce n'est plus nécessaire d'en avoir systématiquement autant, mais il faut
s'assurer que les postes qui sont ouverts le soient de façon à permettre à être
plus agiles au niveau des équipes. Ça veut dire plus d'agents dans un même
poste, avec une capacité de mobilisation plus grande, une collaboration entre
les agents de différents postes également.
Et ce que j'allais
mentionner, c'est que la Sûreté du Québec, il y a quelques années, a fait un
exercice semblable au niveau de ses postes.
Donc, ce n'est plus tant le nombre de postes qu'il est important de compter ou
de calculer, mais bien l'agilité de chacun de ces postes-là à occuper un vaste
territoire. Et, comme les techniques d'enquête pour le contrôle, ce
n'est plus nécessaire qu'il y ait un déplacement à chaque signalement. Il y a
d'autres techniques qui sont utilisées, avec d'autres outils technologiques,
pour s'acquitter de notre travail. Bref, c'est une profession qui s'est
passablement modernisée, au cours des dernières années, et qui continue de le
faire en accéléré.
Mme Dufour : Mais
il reste qu'il y a eu des baisses de signalements, l'an dernier, de 30 %.
C'était quand même significatif. Donc, même si on dit : Il y a d'autres
techniques, les agents eux-mêmes nous disent : Bien, il nous manque de
bras, et visiblement on n'est pas capables de tout couvrir. Donc, il y a un
enjeu à ce niveau-là.
Il y a aussi eu un
incident quand même inquiétant, très récemment, là, en mars, fin mars, des
agents de protection de la faune qui ont été, d'une certaine façon, menacés,
là, par des braconniers ou, en tout cas, braconniers potentiels. Bref, je
voulais savoir, peut-être, s'il y avait eu, c'est ça, du renforcement de la
sécurité pour ces agents-là qui sont... qui opèrent sur la Côte-Nord.
M. Charette :
Naturellement, l'enjeu de la sécurité de nos agents demeure une priorité.
On veut s'assurer, là, qu'ils puissent oeuvrer, là, dans un environnement qui
soit sécuritaire. Donc, les agents eux-mêmes sont... ont des pouvoirs qui leur sont reconnus en bonne et due
forme. Il y a une collaboration aussi qui s'opère avec les corps policiers
régionaux, souvent la Sûreté du Québec, pour
s'assurer de cet environnement sécuritaire. Mais tout à l'heure, quand je
parlais de modernisation de la profession,
la formation est beaucoup plus complète, aujourd'hui, sur les enjeux de
sécurité. On a des outils qu'on
n'avait pas il y a quelques années, là, dans ce service. On parle de
maîtres-chiens, on parle d'utilisation non pas généralisée, mais beaucoup plus
fréquente de drones, notamment. Donc, c'est une pratique qui s'est passablement
transformée pour répondre à ces nouvelles
réalités. Mais je le réitère, l'enjeu de la sécurité, là, demeure une priorité,
là, pour le ministère et pour le gouvernement.
• (18 h 40) •
Mme Dufour : Il
y en a plusieurs aussi qui opèrent à la frontière avec les États-Unis qui... En
tout cas, on mentionnait, là, qu'il y a des
agents, ça fait que, considérant les différents passages clandestins, c'est
aussi de ce côté-là qu'il faut regarder pour leur sécurité aussi.
M. Charette :
Ah! tout à fait. Et je le mentionnais, là, il y a une collaboration
renforcée avec la Sûreté du Québec, il y a
une mutualisation aussi des effectifs au sein du ministère. Il faut savoir
qu'on a rapatrié Faune et Parcs, il y a
quelques années, ce qui permet une collaboration plus étroite entre les
inspecteurs au contrôle et les agents de protection. Est-ce qu'il aurait sans
doute été plus difficile, il y a quelques années à peine... Bien, ce sont des
éléments qui visent à assurer, justement, la sécurité de nos agents.
Mme Dufour : Les
caribous forestiers, la chasse est interdite depuis 2001, mais il y a une
entente avec les chasseurs innus de Natashquan pour chasser cinq caribous
forestiers par hiver à des fins de subsistance. De telles ententes n'existent
pas avec d'autres communautés? Est-ce qu'il y en a actuellement qui se
négocient?
M. Charette : Il
y a des ententes entre communautés, que ce soit entre les Cris et les Innus,
notamment. On sait que la situation du
caribou, davantage au Nord-du-Québec, n'est pas la même que plus au sud. Donc, en
territoire cri, la chasse au caribou par les communautés cries est permise,
étant donné qu'il y a un lien particulier, un lien de tradition, il y a un lien culturel au niveau du
caribou et de sa chasse. Il y a une très belle entente qui doit être, d'ailleurs,
saluée et soulignée entre Cris et Innus pour permettre aux Innus, justement, de
perpétuer cette chasse traditionnelle, transmettre cette connaissance-là aux
plus jeunes générations. Et on parle, par contre, là, du...
Juste parce
que la collègue parlait du caribou forestier, on est réellement en présence du
caribou migrateur, là, par contre, en
territoire plus au nord, du côté cri. Mais, oui, c'est une entente qui est
digne de mention entre communautés, mais, à bien d'autres endroits où le
caribou se trouve, la chasse est tout simplement interdite parce que,
justement, le recensement du nombre de têtes est insuffisant, là, pour assurer
la subsistance de l'espèce.
Mme Dufour : Et justement, en
février dernier, sept communautés innues de la Côte-Nord et du Saguenay—Lac-Saint-Jean
ainsi que les Cris se sont alliés pour dénoncer la chasse non autorisée du
caribou, ils parlent bien forestier, là, et que ce qui se passe actuellement,
ça compromet les efforts de conservation. Donc, compte tenu que le Québec a déjà signé une entente avec une
communauté, est-ce que c'est une avenue qu'on pourrait envisager pour protéger
le caribou forestier ou migrateur de la
chasse illégale ou sans permis ou, du moins, pour éviter que ça se fasse jusqu'à
l'extinction?
M.
Charette : Bien, le forestier, la chasse, elle est interdite.
C'est là où la nuance est importante, à la faveur du migrateur, là. Donc, l'entente Innus-Cris est pour
le caribou migrateur, donc davantage au nord, et il n'y a pas de projet de permettre la chasse pour les autres, que ce
soit le caribou forestier, notamment, parce que la situation de l'espèce est
trop précaire.
Ceci dit, il
y a malheureusement du braconnage. Ce braconnage-là, il est dénoncé par les
communautés autochtones elles-mêmes, par le ministère aussi. Cependant,
des délinquants, il s'en retrouve dans toutes les communautés. Donc, c'est intéressant de voir les communautés
elles-mêmes se mobiliser pour s'assurer que ces gestes-là ne soient pas impunis
et ne soient pas passés sous silence. Il y a une mobilisation au sein même des
communautés à ce niveau-là.
Mme
Dufour : Est-ce que des agents de la faune pourraient
provenir de ces communautés-là et agir sur... avoir un impact sur leur
territoire pour sensibiliser, c'est ça, ceux qui ne respectent pas, peut-être,
les règles?
M. Charette : Au niveau de la
protection de la faune, il y a des ententes avec certaines communautés. On a
effectivement, là, de ces agents de liaison ou des agents communautaires, là,
issus de ces communautés. Mais je le mentionne, là, dans le cas du braconnage
de caribous, les premiers à s'offenser sont les autochtones eux-mêmes. Ils sont très conscients de la précarité de l'espèce.
Ils sont les premiers à dénoncer ce braconnage-là, et c'est toujours difficile
de déterminer qui est à l'origine de ce braconnage. Mais on peut s'assurer de
leur collaboration. Il y a des rencontres avec,
notamment, les communautés concernées, les conseils de bande sont aussi
mobilisés. Donc, c'est une situation, là, qui est dénoncée par plusieurs
communautés.
Mme Dufour : Il n'y a pas que le
caribou. Semble-t-il que l'orignal également... et dans certaines régions, a une situation, là, préoccupante, là. On nous
parle, notamment, dans la ZEC de la Mauricie, où on demande que la chasse
sans bois ne soit plus permise, c'est-à-dire
que, finalement... qu'on ne chasse pas les femelles et les veaux. Est-ce que
c'est une avenue envisagée par le ministère?
M.
Charette : Bien, pour des espèces qui font l'objet de
chasse... de prélèvements, dit autrement, il y a des plans de gestion qui sont
publiés de façon périodique, et ces plans de gestion là sont déterminés selon
les recensements qui sont faits sur les territoires donnés. Donc, ce
n'est pas la même réalité, d'une région à l'autre, dans certains cas.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci beaucoup. Désolée, M. le ministre. Nous
allons poursuivre avec la deuxième opposition, et je cède la parole au
député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.
C'est un bloc beaucoup plus court, parce que nous terminons notre belle journée d'échange, M. le ministre, puis nous
allons la terminer sur un thème que nous avons déjà abordé, à savoir les
aires protégées, parce qu'il y a un bout qu'on n'a pas eu le temps d'aborder
puis que je trouve assez essentiel.
On parle souvent des inégalités nord-sud sur la
planète, mais on a aussi des inégalités nord-sud à l'intérieur du Québec. Et ce
que la Commissaire au développement durable soulignait dans son rapport, c'est
que l'essentiel des nouveaux kilomètres
carrés protégés sont au nord du Québec et non au sud. Le chiffre est assez
éloquent, là. Entre 2023 et 2024, le
nord et le sud du Québec ont vu une croissance respective de
1 556 kilomètres carrés et 119 kilomètres carrés dans la protection du territoire. N'y a-t-il pas
un déséquilibre sur lequel vous devriez travailler de manière prioritaire?
M. Charette : Ce que je mentionnais
précédemment, en 2019‑2020, il y avait un rattrapage important à faire, étant donné que, dans les années précédentes, il
n'y avait pas eu de véritable avancée à ce niveau-là. Ceci dit, il ne faut
pas dénigrer... et j'insiste beaucoup là-dessus, sur les territoires qui ont
été protégés. Lorsqu'on parle de plus grandes étendues, c'est souvent au nord,
effectivement, mais c'est des revendications historiques de différentes
communautés autochtones, les Cris,
notamment, qui étaient les premières soucieuses à vouloir protéger de leurs...
de leurs territoires traditionnels. Donc, ce n'est pas
parce que c'est plus au nord que c'est de moins grande valeur, encore moins
pour les communautés concernées. Et, lorsque l'on nous reproche d'avoir
protégé ces territoires-là, j'invite tout le temps les gens à la prudence, parce que cette critique-là peut être perçue comme
étant une forme de mépris pour les territoires qui sont chers aux
communautés concernées.
Ceci dit, il faut
établir un équilibre avec les territoires à protéger, davantage au sud. C'est
la raison pour laquelle il y a eu cet appel à projets, pour lequel on a reçu
énormément de belles propositions, des territoires qui sont davantage au sud.
Cependant, ce que je mentionnais ce matin, je peux le réitérer, pour garantir
le succès de cette opération-là, il faut qu'il y ait une communauté... pas une
communauté mais une acceptabilité locale. C'est très, très difficile d'imposer
une aire protégée à un milieu qui...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Leduc : Parce
qu'on parle quand même d'une proportion de 13 fois moins. Puis c'est
important, des territoires protégés, partout, hein? Faites-moi pas dire qu'on
n'en veut pas dans le nord. On est en train de dire qu'il y a un déséquilibre, ici. Puis c'est sûr que les
territoires au sud sont des endroits où est-ce qu'il y a des espèces protégées
peut-être plus en danger, des territoires
habités, les zones humides. Donc, est-ce que vous avez l'ambition, quand même, là,
de travailler plus à rééquilibrer ça, dans le futur?
M. Charette :
Bien, c'est ce que je mentionnais, l'appel à projets va permettre la
réalisation de projets davantage dans le sud. Et la façon dont on a procédé,
c'est qu'on exigeait une... des résolutions des communautés locales, à travers leur MRC, pour s'assurer que le
projet qui est évoqué ou qui est réfléchi suscite une adhésion locale. Encore une fois, très difficile d'imposer un
projet à une localité qui n'en veut pas. Donc là, on a ces résolutions-là dans
un grand nombre de projets. Ça va nous permettre d'aller plus rapidement dans
l'acceptation de ces projets, et ce sont des projets, là, qui sont dans
toutes les régions du Québec, sauf au nord. Donc, ça va permettre cette
connectivité-là. Ça va permettre les
corridors écologiques auxquels faisait référence, à juste titre, là, le
collègue un petit peu plus tôt. Et, au sud, ce n'est pas nécessaire
d'avoir des étendues aussi grandes pour avoir une variété ou une richesse du...
• (18 h 50) •
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci, M. le ministre. Je suis désolée. M. le député.
M. Leduc : Bien,
merci pour votre réponse. Ça fait que j'assume que l'année prochaine, au même
moment, on aura des statistiques plus équilibrées et on pourra faire le suivi.
Je
voudrais conclure cette belle discussion aujourd'hui avec M. le ministre par la
question de la responsabilité. Il y a
une belle phrase, là, de François Delisle, dans Le temps, qui dit :
«Il y a toujours plus urgent que l'urgence climatique.» Puis on ne peut pas s'empêcher de penser, quand on
lit le rapport de la VG, à la phrase qu'elle mentionne en ouverture.
Elle dit : «Dans le contexte actuel, particulièrement en raison de l'incertitude
commerciale, je crains — toujours
la commissaire — que
les efforts consacrés à la préservation de la biodiversité et à la lutte contre
les changements climatiques soient limités ou repoussés afin de laisser place à
d'autres priorités, ce qui ne serait pas sans conséquence pour les années
futures.»
Puis vous aviez
évoqué, en rentrée parlementaire, que l'arrivée de Donald Trump, ça venait
peut-être mettre la pression pour réduire les normes environnementales. Bien,
justement, il me semble que, quand la dystopie devient réalité, qu'elle est à
nos portes, on doit faire mieux, on ne doit pas faire moins. Parce que notre
défense de dire que c'est pire ailleurs, ce
n'est pas suffisant pour la planète. Les gaz à effet de serre ne connaissent
pas les frontières. C'est une
conception humaine que nous avons mise par nécessité, mais les gaz à effet de
serre voyagent, la pollution voyage, puis je n'ai pas l'impression qu'on
a envie de, comme société, collaborer, je dirais, avec le déni, l'autre bord de
la frontière, le déni de la science, où on
renvoie des scientifiques. Il y a des professeurs d'université qui veulent
venir quasiment trouver refuge ici, au Québec, et ailleurs.
Donc, j'ai la crainte
d'un relâchement, d'un affaiblissement inéluctable, inexorable de l'action
climatique puis je n'ai pas l'envie qu'on devienne, au Québec, l'ombre passive
de nos propres ambitions environnementales. Je sais qu'on est dignes de mieux,
qu'on est capables de mieux. Je sais qu'on peut faire mieux, je sais qu'on doit
faire mieux. Ça fait que, dans le fond, ma
question est très simple pour vous, puis le temps qui vous restera, vous... ça
vous appartient. Avez-vous soif de mieux, M. le ministre?
M. Charette :
Je peux rassurer aisément le
collègue avec des données très probantes. Le PMO qu'on va présenter dans les prochaines semaines,
10,2 milliards de dollars, il n'y a jamais eu autant
d'investissements au niveau de la lutte aux changements climatiques et à
son adaptation. Le Plan nature, on parle de centaines de millions au niveau du
plan d'action. Sur les questions de l'eau,
on parle aussi de centaines de millions. Donc, le Québec est un leader
nord-américain, sinon mondial, sur ces questions-là et il entend le
demeurer.
Ce que j'ai eu
l'occasion de mentionner, c'est qu'on ne peut pas faire fi de la conjoncture
géopolitique qui nous affecte. C'est très, très difficile de resserrer des
exigences et de contraindre des exigences à des entreprises qui sont déjà mises à mal par l'incertitude qui
prévaut. Donc, le Québec est un leader, le Québec veut le demeurer, mais le Québec
ne changera pas à lui seul la lutte aux changements climatiques. Donc, c'est là
où il faut prendre acte aussi des contraintes qui nous sont imposées par la
géopolitique. Mais, en termes de moyens, on n'aura jamais eu autant de moyens
que nous en avons actuellement pour faire une différence.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Il reste 34 secondes.
M. Leduc : Merci à l'équipe qui vous
accompagne aujourd'hui. Très apprécié.
M. Charette : Merci de le souligner.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci beaucoup. Nous allons poursuivre avec le
député de Matane-Matapédia. La parole est à vous.
M.
Bérubé : Merci, Mme la Présidente. On va parler de chasse.
Après tout, je suis le député de Matane-Matapédia, et c'est quelque
chose que je connais bien, et j'espère que c'est le même cas pour vous aussi.
En décembre
dernier, le bureau d'enquête du Journal de Montréal dévoilait un réseau
de braconneurs mohawks sur la réserve
faunique de Matane. Ça a fait grand bruit. C'est une situation qui nous était
connue. On a des témoignages de premier plan. Il y a une grande
inquiétude. Il en va de ce sport, ce loisir qui est très apprécié par la
population. On parle ici de chasse qui se fait de nuit, avec un camion, avec
des phares qui vont venir aveugler. On parle d'orignaux qui sont dépecés sur place, où les viscères sont laissés. On parle de
camions réfrigérés qui suivent les camions. On parle de viande qui est envoyée dans une boucherie dans
un territoire mohawk, près de Montréal, et qui est vendue à prix d'or.
Alors, on se
dit : Une fois qu'on le connaît, est-ce qu'on peut mettre fin à ça? Bien,
or, il se trouve que vos agents de la
faune, ceux qui protègent la ressource, nous indiquent qu'ils ne peuvent pas
seulement procéder aux vérifications puis à l'identification. Et j'ai un
témoignage du président des agents de la faune qui dit que tout ce qu'ils
peuvent faire... ils ne peuvent pas
intervenir sous ordre du gouvernement, qu'ils ont une consigne très claire.
Pouvez-vous indiquer quel est cet
ordre du gouvernement? Et est-ce qu'une consigne existe, leur disant : Si
vous identifiez quelqu'un qui est membre d'une première nation, arrêtez
là?
M. Charette : Bien, en fait, c'est
faux, d'une part. Il y a des techniques d'enquête, d'ailleurs. Je ne révélerai
pas le détail sur les enquêtes qui sont en cours. En même temps, je vais
rappeler ce que j'ai mentionné il y a quelques minutes à peine. Il y a un enjeu
de sécurité important, et, pour nous, la sécurité de nos agents demeure une
condition sine qua non.
Donc, oui, il y a des enjeux réels de sécurité,
mais, en même temps, je rassure le collègue, il n'y a pas de passe-droit, il
n'y a pas de droits acquis. Les pratiques qui ont été évoquées par le collègue
demeurent des pratiques hautement illégales, peu importe qui les met en scène.
Ce sont des pratiques qui sont tout simplement illégales. Mais je rassure le collègue, il y a des enquêtes qui
sont en cours, avec des défis de sécurité, avec des défis, aussi, propres au
territoire. Mais ce n'est pas un dossier, là, qui est laissé lettre morte, là,
du côté du ministère.
M. Bérubé : Les versions diffèrent.
La version de Martin Perreault va dans l'autre sens. On nous indique qu'on ne peut pas intervenir, que c'est un dossier
qui est délicat. Même le collègue responsable des Affaires autochtones a
dit dans une publication qu'il ne pouvait pas intervenir parce qu'il s'agissait
de braconniers autochtones. Je vous soumets bien humblement que ce n'est pas de
la chasse ancestrale, ce n'est pas un droit ancestral, de faire tout ce que j'ai évoqué tout à l'heure sur le territoire de la
réserve faunique de Matane et que ce territoire-là est un territoire non cédé de la nation mohawk. Donc, si c'est des
braconniers et si on a la preuve, qu'on les arrête, qu'on les traduise en
justice.
Et j'aimerais
que vous puissiez m'indiquer, par l'entremise de la présidente, combien
d'arrestations ont été faites, de braconniers membres des Premières
Nations, au cours des deux dernières années.
M. Charette : Je le mentionnais, ce
ne sont pas des pratiques ancestrales, ce sont des pratiques qui sont illégales, peu importe qui les pratique, ces
activités-là. J'ai mentionné aussi des enquêtes, une collaboration avec notre
collègue responsable des dossiers autochtones, une collaboration avec la Sûreté
du Québec également. Pour plein de raisons,
je ne donnerai pas de détails sur les enquêtes en cours, mais je rassure le
collègue, il y a des amendes qui sont données. Et je suis obligé de me
porter en faux par rapport à la version qui est donnée par le président du
syndicat.
M.
Bérubé : D'accord. Ce serait embêtant que j'aie la consigne
avec moi puis que je la brandisse, mais on n'a pas fini.
Dans ma région, au Bas-Saint-Laurent, la
zone 2, vous savez, j'ai interpelé le ministre là-dessus, à peu près tous
les intervenants sont unanimes, y compris les commerçants qui vendent du
matériel, c'est une année pivot, si on n'intervient
pas pour... sur la chasse sélective, on va payer un prix très cher. Or, il se
trouve qu'on a mis la main sur les directives de votre propre direction
de la Faune du Bas-Saint-Laurent qui indique exactement ce que je dis, que, si
on n'intervient pas cette année, on se met en péril pour l'avenir.
Alors, on a déjà discuté ensemble, le ministre
et moi, je comprenais qu'il avait des données. J'ai maintenant les données
qu'il a. Alors, si ce n'est pas sur la base de la science qu'il a pris sa
décision, où réside son intérêt, comme gouvernement, à laisser aller les
choses, cette année, dans le domaine faunique?
M. Charette : En fait, c'est sur la
base proprement de la science. Le recensement nous parle, dans la zone 2, de 11 orignaux aux 10 kilomètres carrés.
C'est l'unité de mesure qui est retenue au ministère. Dans les autres zones, on
est davantage, et là où la chasse se
pratique, entre deux et quatre orignaux aux 10 kilomètres carrés. Donc, la
zone 2 est la zone où il y a... parmi les plus populeuses en
matière d'orignaux.
Donc,
la directive qui a été autorisée, de ne pas imposer une année restrictive,
c'est compte tenu de données probantes. On a
beaucoup plus d'orignaux dans la zone 2 que dans plusieurs autres régions
où la chasse se pratique, et c'est la raison pour laquelle, de façon très,
très objective, cette décision a été prise.
M. Bérubé : Mme
la Présidente, l'ensemble des ZEC, des bénévoles, des commerçants, des
scientifiques, de tous ceux qui connaissent
ça, là, unanimement, au Bas-Saint-Laurent, nous indiquent qu'il faut, pour une
année seulement, ne pas aller de
l'avant. Puis il n'est pas trop tard. J'invite le ministre à changer sa
décision. C'est vraiment très particulier, parce que je vais avoir, pour la première fois en 18 ans de vie
politique, à déposer à un ministre les propres données de son ministère, que
j'ai en ma possession, que je vais rendre disponibles au secrétariat. Le
ministre me parle de chiffres. S'il veut les déposer, je les ajoute à ma
compréhension, mais les tableaux que j'ai ici, c'est les tableaux de directions
régionales du Bas-Saint-Laurent, qui vont dans le sens de mes affirmations.
M. Charette :
Nous sommes... Bien, en fait, on peut faire dire bien des choses aux
chiffres...
• (19 heures) •
M. Bérubé : Mais
c'est votre document.
M.
Charette : ...mais, en même
temps, ils sont têtus. La zone 2 est la parmi la zone la plus populeuse en
orignaux au Québec, là où la chasse se pratique. Je le mentionnais, là où la
chasse se pratique, en moyenne, dans d'autres régions, nous sommes à
deux... entre deux et quatre orignaux aux 10 kilomètres carrés. Dans la
zone 2, on est à 11 orignaux au kilomètre carré. Donc, la population
justifie cette réglementation qui est en place.
M.
Bérubé :
Je vais manquer de temps.
M. Charette :
Et le premier critère du ministère, c'est de s'assurer de la survie et de
la santé de l'espèce.
M.
Bérubé :
Très bien. Je vais manquer de temps, Mme la Présidente.
M. Charette :
Et là on a les données nécessaires pour permettre la chasse.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui. Il vous reste 42 secondes.
M. Bérubé : À mes compatriotes du Bas-Saint-Laurent, qui sont tous unanimes, dans les zecs, dans le système faunique, les analystes et scientifiques, ils sont
tous du même côté, il y a une exception, c'est le ministre. Alors, si le
ministre se sent en bonne compagnie dans ce dossier-là...
M. Charette :
...on peut... Mme la Présidente, question de règlement, on...
M. Bérubé : ...je
l'invite à venir présenter son plan.
M. Charette :
Une question de règlement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui, collègue, s'il vous plaît, décorum.
M. Charette :
...on ne doit pas, malheureusement, donner des informations qui sont
inexactes.
Une voix :
...
M.
Bérubé :
C'est quoi que je viens d'entendre, là?
La Présidente (Mme Maccarone) : Bien
là, excusez-moi, M. le ministre. Là, je suis désolée, là, je ne vous ai
pas entendu, mais on a un décorum à suivre ici.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Non,
ils n'ont pas le droit de parole, c'est vous qui a la parole. Je vous cède la
parole, et vous disposez de 17 secondes, s'il vous plaît.
M. Charette :
...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Non, M. le ministre, c'était M. le député qui avait la
parole.
M. Charette :
...c'est important, on ne peut pas insinuer des informations qui sont
inexactes, et les tableaux auxquels réfère le collègue ne sont plus valables.
Je l'invite à consulter la mise à...
La
Présidente (Mme Maccarone) : M. le ministre, c'est vrai, il faut prendre la
parole... M. le député, il faut prendre la parole du ministre. Alors, il
faut prendre sa parole, mais, merci, vous disposez de 17 secondes pour
terminer votre échange.
M.
Charette : Ces données peuvent être représentées à la
commission, mais ce sont les données mises à jour, et nous sommes
effectivement... 11 orignaux aux 10 kilomètres carrés.
M. Bérubé : Alors, Mme la
Présidente, sur le temps qu'il reste, j'invite le ministre à venir déposer son
plan et le présenter aux chasseurs du Bas-Saint-Laurent.
M.
Charette : Nous sommes en communication avec les fédérations
de chasseurs, avec les zecs. Encore faut-il prendre les données mises à
jour, et nous sommes dans une région...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Ceci met fin à cet échange. Alors, nous allons poursuivre avec la partie
gouvernementale, et je cède la parole à Mme la députée d'Argenteuil pour une
période de sept minutes.
Mme Grondin : Merci, Mme la
Présidente. M. le ministre, soyez assuré que je vais être beaucoup plus
respectueuse dans mes questions. Donc, j'ai envie de vous parler du réseau des
parcs nationaux, M. le ministre, hein? C'est une fierté qu'on a, au Québec, le
réseau des parcs nationaux. Il y a 28 territoires qui sont protégés, c'est
à peu près 3 %, 3,6 % du Québec. Je vous rappelle que c'est des aires
protégées, hein? Nos parcs nationaux, c'est... ils ont un statut d'aire protégée. Donc, ça, ça veut dire quoi? Ça veut dire
qu'ils participent, là, au pourcentage... nos objectifs de 30 %, là, le
17 %, en fait, de territoires qui sont protégés, il y a des parcs
nationaux. Ils ont un statut d'aire protégée parce qu'il y a des usages
qui sont interdits.
Ce que je trouvais intéressant, c'est qu'en 2020‑2021,
la SEPAQ a fait des études, une forme d'enquête, dans le fond, la participation, ou l'accessibilité, ou la... les gens qui
vont visiter les parcs nationaux, c'est à peu près... ça rapporte à peu près 831 millions de dollars. Ça,
c'était... Il y avait 10 millions de jours-visites. Ça, c'était juste
l'année 2020‑2021, et il y avait une... Dans l'enquête, ils
disaient que 95 % des visiteurs considéraient que leur séjour dans un parc
national avait contribué grandement à
préserver leur santé mentale et physique. Ça fait que, là, on n'est pas juste
dans un objectif écologique de
biodiversité, on est aussi dans un objectif économique et social. Donc, c'est
pour ça que je vous dis que notre réseau de parcs nationaux est vraiment
intéressant en ce sens-là.
Donc, en 2022, on avait pris des engagements de
créer trois nouveaux parcs nationaux, d'en agrandir cinq. Je sais qu'il existe
des étapes, hein, quand on parle de création ou d'agrandissement de parcs
nationaux puis que ça ne se fait pas du jour
au lendemain. Tu sais, on a une étape de démarrage du projet, on a une étape...
c'est là qu'on analyse le potentiel
de mise en valeur. Il y a une étape d'acquisition de connaissances. Évidemment,
c'est des campagnes terrain, ce n'est pas tout théorique, on fait du
terrain pour aller voir. Il y a une... toute une étape d'acquisition ou de
cession de terrains, au besoin, il y a toute
une étape de concept. C'est un peu comme en aménagement du territoire, là, le
concept d'aménagement. Il y a la rédaction d'un plan directeur. Après
ça, il y a une étape de consultations publiques. Après ça, il y a une décision des autorités du ministère. Puis finalement, il
y a la création, l'agrandissement du parc national.
Moi,
j'aimerais ça savoir... tu sais, je comprends qu'il y a des étapes qui peuvent
être longues, mais, depuis 2022, où en sommes-nous rendus dans cette
création-là de parcs et d'agrandissement de parcs?
M.
Charette : De belles avancées. Avant, peut-être juste me
permettre une réponse concernant le sujet précédent, là. Ça va intéresser notre
collègue de la troisième opposition. Les données auxquelles il réfère datent de
2021, alors que les données que moi,
j'ai présentées, par rapport au nombre de têtes sur 10 kilomètres carrés,
datent de 2024, donc des données qui sont plus probantes et qui ont
justifié la décision qui a été communiquée à la région.
Sinon, pour
les parcs nationaux, belles avancées, et l'attachement des Québécois à l'égard
de ces parcs-là a crû pendant la pandémie. Tout le volet accès à la
nature ou le sentiment d'importance lié à l'accès à la nature s'est passablement développé, et ça rendait encore plus
intéressants les engagements qu'on avait pris à ce niveau-là. On a pris des
engagements précis au niveau de la création de trois parcs. La collègue le
mentionnait, ce ne sont pas des efforts théoriques,
parce qu'on a déjà procédé à des signatures d'ententes d'exploitation pour
celui de Nibiischii, superbe initiative avec nos partenaires autochtones du secteur qui vont devenir opérateurs
de ce parc national qui est d'une beauté inouïe, là. J'ai eu le plaisir de me rendre sur le territoire. Donc, c'est chose
faite, c'est créé, l'entente d'exploitation, donc, qui a été signée le 12 février dernier. Il y a
également une entente qui a été signée pour la construction, notamment, du
bâtiment d'accueil, plus récemment, en mars dernier. Donc, un de ces
trois nouveaux parcs là a pris vie.
Pour les deux
autres, Côte-de-Charlevoix, ça avance bien aussi. On parle de la création
possible en 2027‑2028. Ça
peut sembler long, mais la collègue l'a bien mentionné, il y a plusieurs étapes
préalables à travers, notamment, des consultations publiques, mais on a
un échéancier précis. Dunes-de-Tadoussac, petit parc national, on parle à peine
de 6,5 kilomètres carrés, mais dans un environnement complètement
magnifique, stratégique. Et là on parle d'une année plus tôt, vraisemblablement
2026‑2027, mais, là aussi, les différentes étapes avancent bien.
Des engagements
précis au niveau de l'agrandissement de parcs existants, et là aussi, ça va
bien. Le parc du Bic, on parle de 2026‑2027,
donc possiblement l'année prochaine; le parc des Îles-de-Boucherville, qui a
été passablement médiatisé, mais en
milieu plus près, là, des zones urbaines, donc qui a son importance véritable,
aussi 2026‑2027. Donc...
La Présidente (Mme Maccarone) : ...M.
le ministre, je suis désolée de vous interrompre.
Adoption
des crédits
Le temps
alloué à l'étude du volet Faune et Parcs des crédits budgétaires du
portefeuille Environnement, Lutte contre
les changements climatiques, Faune et Parcs étant presque écoulé, nous allons
maintenant procéder à la mise aux voix des crédits.
Le programme 1, intitulé Protection de
l'environnement et de la faune, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Présidente (Mme Maccarone) : Adopté,
sur division.
Adoption de l'ensemble
des crédits
Finalement, l'ensemble des crédits budgétaires
du portefeuille Environnement, Lutte contre les changements climatiques, Faune
et Parcs pour l'exercice financier 2025‑2026 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Présidente (Mme Maccarone) : Adopté,
sur division. Oui, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Quand le vote sera
terminé, je veux expliquer ce que j'ai déposé.
La Présidente (Mme Maccarone) : Ça
fait qu'alors...
Des voix : ...
M. Bérubé : Je sais que le temps est
écoulé.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Documents déposés
Mais, en terminant, je dépose les réponses aux
demandes des renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Non,
on n'ajourne pas nos travaux. M. le député.
M.
Bérubé : Si on me le permet, une phrase : scénarios de
la population d'orignaux de la zone de chasse 2 de 2022 à 2026.
M. Charette : Mme la Présidente,
c'est très délicat de permettre ceci...
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui,
je comprends.
M. Charette : ...parce qu'il y a un
droit de réplique qui vient avec. Nos données datent de 2024. Les données
auxquelles le collègue fait référence datent...
La Présidente (Mme Maccarone) : Et,
pour ceci, nous allons... Je suis désolée de vous interrompre encore. Je veux juste savoir si on a le consentement des
collègues pour le dépôt des documents du député de Matane... Matane. Consentement?
Des voix : Consentement.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Alors, compte tenu de l'heure, la
commission ajourne ses travaux au
mercredi 7 mai, dès 11 h 15, où elle entreprendra l'étude du
volet Transports des crédits budgétaires du portefeuille Transports et
Mobilité durable.
(Fin de la séance à 19 h 10)