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Étude des crédits du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre
(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! Il s'agit de la commission du travail et de la
main-d'oeuvre qui est convoquée pour étudier les crédits
du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Les membres de la
commission pour la présente séance sont: M. Bellemare (Johnson),
M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Gravel
(Limoilou), M. Johnson (Anjou), M. Lavigne (Beauharnois), M. Mailloux
(Charlevoix), M. Pagé (Portneuf); M. Vaillancourt (Jonquière),
remplacé par M. Lefebvre (Viau).
Les intervenants sont: M. Brochu (Richmond), M. Forget (Saint-Laurent),
M. Gosselin (Sherbrooke), M. Jolivet (Laviolette), M. Laplante (Bourassa), M.
Lefebvre (Viau)...
M. Chevrette: Remplacé par M. Paquette (Rosemont).
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
...remplacé par M. Paquette (Rosemont). M. Paquette était
déjà intervenant. M. Springate (Westmount), M. Samson
(Rouyn-Noranda). Il y aurait peut-être lieu à ce stade-ci de
nommer un rapporteur pour la commission.
M. Johnson: Puis-je suggérer M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. le Président? Non?
M. Chevrette: Pas de problème.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Motion adoptée. M. le député de Joliette-Montcalm sera le
rapporteur de la commission.
Conformément à une tradition bien établie, je vais
d'abord permettre à chacun des représentants des partis de faire
une petite allocution d'ouverture s'il y a lieu et, par la suite, nous
étudierons les programmes du ministère du Travail. Je vous
cède la parole, M. le ministre.
Remarques générales
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson: M. le Président, il me fait plaisir de
participer pour la deuxième fois à l'étude des
crédits du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Il y en
aura probablement une troisième. Pardon?
M. Bellemare: Ou la dernière.
Une voix: Ne commencez pas la bataille.
M. Bellemare: Je ne veux pas de bataille. Je fais simplement
constater un fait.
M. Johnson: Je vais essayer ce matin d'être bref, si vous
me le permettez, M. le Président, dans mes commentaires. On verra
à l'étude des crédits que le budget du ministère
est augmenté de 45%, ce qui est imputable essentiellement à cinq
choses. D'abord, une augmentation de l'ordre de 12% de notre budget qui est due
aux ajustements prévus dans les conventions collectives, aux ajustements
de traitement aux fonctionnaires. Deuxièmement, une série de
paiements de transfert dans lesquels on retrouve quatre éléments.
D'une part, $20 millions pour les programmes de création d'emplois aux
jeunes. Deuxièmement, $4 300 000 d'augmentation, c'est-à-dire
qu'on est passé de $1 700 000 à $6 millions pour les
congés de maternité. Troisièmement, augmentation de $1 600
000 puisqu'on est passé de $3 400 000 à $5 millions pour les
subventions de l'Office de la construction et, finalement, $1 500 000
d'augmentation dans les programmes d'aide au travail puisqu'on est passé
de $3 500 000 à $5 000 000 dans les PAT. (10 h 15)
En gros, à part les salaires, on pourra constater que le budget
du ministère n'est pas augmenté au chapitre de l'administration
proprement dite, mais que cette augmentation du budget du ministère est
essentiellement attribuable à ce qu'on pourrait appeler d'une certaine
façon des paiements de transfert aux citoyens par des programmes de
subvention, que ce soient emplois des jeunes, maternité, office de
construction pour les fins de sécurité et placement ou programmes
d'aide au travail.
De façon générale, on peut dire que l'année
au ministère a été marquée par des changements
importants dans la direction du ministère, la venue d'un nouveau
sous-ministre en titre, la nomination de nouveaux sous-ministres adjoints; un
sous-ministre adjoint aux relations de travail, un sous-ministre adjoint
à la main-d'oeuvre et un sous-ministre adjoint au centre de
données du ministère. Je pense qu'à ce titre ils auront
évidemment des travaux importants et que c'est significatif de certains
changements qui se faisaient attendre depuis passablement de temps au
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Je vais brièvement noter, pour l'Opposition, qu'on remarquera que
la programmation budgétaire cette année n'est pas la même
que l'an dernier puisque certains éléments ont été
transférés d'un poste à un autre. Je prends, par exemple,
tout le secteur de la recherche; il tombe maintenant dans le programme 2 qui
est, en fait, la section du centre de données, si on veut, dont le
sous-ministre responsable est celui du centre de données.
De façon générale, on peut dire, pour le travail,
les relations de travail proprement dites, qu'il y a un changement au niveau de
la structuration, un sous-ministre adjoint, un nouveau directeur
général; un directeur du service de conciliation est à
venir, un directeur administratif des comités paritaires est
également à venir, les concours sont ouverts, un attaché
d'administration également est à venir, ainsi que...
M. Bellemare: ...
M. Johnson: Non, je ne parle pas de la Commission des normes de
travail; je parle du ministère.
M. Bellemare: La Commission du salaire minimum, cela va quand
même exister.
M. Johnson: Oui, mais c'est... M. Bellemare: Cela va
être...
M. Johnson: Pour le moment, on parle du ministère de
façon générale, aux relations de travail. Il y a une
augmentation des effectifs de la conciliation, la création de nouveaux
postes de spécialistes en relation de travail et le perfectionnement de
nos fonctionnaires dans le secteur des relations de travail. Je pense que c'est
une initiative intéressante qui a été prise par le
ministère cette année, certains cours que nos conciliateurs
commencent à suivre aux Hautes études commerciales ou
ailleurs.
Du côté de la conciliation, il est intéressant de
noter que les suites de la loi 45 nous ont donné à peu
près le même nombre de dossiers que la moyenne. La moyenne voulait
qu'il y ait 1387 dossiers traités annuellement, si je me souviens bien,
par le service de conciliation. Dans l'année qui vient de
s'écouler, on en a eu 1360 et quelques. Donc, malgré la loi 45 et
la conciliation volontaire, on a le même nombre de dossiers, mais ce qui
est significatif, cependant, c'est que ces dossiers exigent en
général plus de nos services qu'auparavant puisque la
conciliation est effectivement volontaire. Donc, de ces 1300 dossiers, il n'y
en a pas qui sont des conciliations automatiques comme dans le passé.
Cela présuppose un travail concret qui est fait par les services.
Du côté de l'arbitrage et des dispositions antibriseurs de
grève, on aura l'occasion d'y revenir programme par programme. Du
côté de la recherche ou du centre des données, un
sous-ministre adjoint, M. Réjean Parent, est en poste depuis quelques
mois; création du centre; les analyses de conventions collectives qui
continuent en collaboration avec certaines universités; le soutien,
évidemment, au service de conciliation, le cas échéant,
dans l'analyse de quelques dossiers; l'encadrement juridique et les
études autour de la loi 126. Les choses à venir: du
côté du centre de données, les suites du sommet de
Montebello sur les politiques de main-d'oeuvre, les perspectives d'emploi
1979-1981, le support à la médiation préventive; les
évaluations de plans et carrières qui intéressent à
l'occasion le député de Johnson; recherche sur le fonds
d'indemnité pour les licenciements collectifs; recherche sur
l'éventuelle accréditation multipatronale; une recherche sur les
arbitrages, les délais dans les arbitrages de griefs. Bref, un ensemble
d'activités qui sont marquées essentiellement par un resserrement
des politiques de recherche et une orientation pour ne pas dire une
philosophie avec des objectifs précis en termes de recherche pour
l'année en cours.
Du côté de l'administration, on verra en analysant les
postes budgétaires que cela a été un peu aminci
étant donné que certains des postes ont été
transférés, par exemple, à la recherche. Création
du bureau de la main-d'oeuvre féminine au niveau du bureau du
sous-ministre. Du côté de la main-d'oeuvre, une augmentation de
$40 à $68 millions.
M. Bellemare: Est-ce que c'est $40 ou $37 millions?
M. Johnson: Je dis $40 millions.
M. Bellemare: Oui, mais c'est $37 millions.
M. Johnson: C'est environ $40 millions. Je ne veux pas prendre
tout de suite la parole du député de Johnson, non pas que je la
mette en doute, mais cela lui arrive comme cela de semer le doute dans l'esprit
de celui qui parle.
M. Bellemare: $37 millions et cela monte à $42
millions.
M. Johnson: Incluant les allocations familiales, cela fait $40
millions.
M. Bellemare: Ah! incluant, cela va faire le reste du budget.
Cela va faire $200 millions.
M. Johnson: De ce côté, essentiellement imputable
à une augmentation des effectifs, ce qui est une exception à
d'autres endroits du ministère ou dans d'autres endroits dans le
gouvernement, 25 postes nouveaux dans quatre centres de main-d'oeuvre nouveaux
à prévoir. 20 employés permanents et une trentaine
d'occasionnels pour le recrutement des occasionnels dans le gouvernement parce
que vous savez qu'on en a placé 25 000, l'an dernier, dans le
gouvernement, non pas au moyen d'un système de préférence
par bureau du député, mais par le système de la
main-d'oeuvre.
M. Bellemare: Avec Rosalie.
M. Johnson: Et Rosalie. Deuxièmement, imputable à
l'augmentation des programmes d'aide au travail de $3 500 000 à $5 000
000. Évidemment, le programme de $20 millions de création
d'emploi des jeunes, sans compter le programme d'allocation de
maternité. On pourra revenir sur certaines
choses un peu plus spécifiques. Quant à l'inspection, une
augmentation de 10,8% du budget, ce sont essentiellement des ajustements des
conventions collectives et l'augmentation normale du coût des voyages,
évidemment, parce que les transporteurs ont augmenté leurs
coûts depuis un an. Nouvelle réglementation, cependant, dans le
cas des installations électriques, des machines fixes. Ce sont des
réglementations qui sont ou en vigueur ou en cours, au moment où
on se parle, ou en préparation, ainsi que les mécaniciens en
tuyauterie. Étude très avancée, sur le point d'aboutir,
sur la question de changement dans la Loi des édifices publics pour les
fins de conservation énergétique. Évidemment, la
participation du ministère aux travaux du comité du ministre
Marois au développement social sur la santé et la
sécurité.
C'est à peu près ce à quoi on assiste au
ministère pour un budget qui, sans être terne, est un budget qui
n'est pas nécessairement pétant de feu, mais il y a des choses
qui se font avec, je pense, de plus en plus d'assurance, de plus en plus
d'efficacité, avec méthode et avec à l'esprit des
objectifs à remplir, ce qu'on essaie de surveiller. C'est ce que j'avais
à dire, M. le Président, pour le début de nos commentaires
de cette journée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Nous sommes
évidemment bien heureux de pouvoir aborder, ce matin, l'étude des
crédits du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre afin de
scruter ensemble les actions, les orientations et les objectifs que le
gouvernement du Québec, par le biais de son ministère du Travail
et de son ministre du Travail, tentera de rechercher. On nous demande ce matin,
M. le Président, de procéder à l'adoption de
crédits de $109 millions, ce qui constitue une augmentation de $34
millions par rapport au budget de l'année 1978, et c'est quand
même assez appréciable. Je m'attendais à une
déclaration, de la part du ministre, qui soit beaucoup plus
substantielle, beaucoup plus élaborée à l'égard de
ce qui s'est fait depuis un an au ministère du Travail, à
l'égard de ce que le gouvernement entend faire...
M. Johnson: Cela va tenir au cours de l'étude programme
par programme.
M. Pagé: On aura l'occasion de le scruter à la
loupe...
M. Johnson: Vous ne perdez rien pour attendre.
M. Pagé: ... soyez-en certain. M. Bellemare: Vous non
plus.
M. Pagé: D'ailleurs, M. le Président, vous voyez
qu'on a tôt vite fait de constater une pointe d'agressivité chez
le ministre en disant: Vous ne perdez rien pour attendre. Je pense que cela
reflète très bien la faiblesse du dossier du ministre du Travail
à ce moment-ci.
M. le Président, l'étude des crédits d'un
ministère constitue le moyen peut-être le plus ouvert, le plus
adéquat pour vraiment juger de la performance d'un ministère.
À cet égard, vous savez que la performance du ministère du
Travail, depuis un an, entre autres, sous certains aspects, semble être
assez intéressante; on aura l'occasion d'y revenir et on donnera
à César ce qui appartient à César. Sous d'autres
aspects, on a de sérieux motifs pour s'interroger. Au chapitre des
relations de travail, on se rappellera que le parti politique qui forme le
gouvernement du Québec avait formulé des engagements bien
précis au cours de la campagne électorale de 1976. On est encore
là pour les chercher, pour chercher le résultat de ces
engagements. Qu'on se rappelle l'engagement du Parti québécois de
voir à ce que les relations de travail au Québec
s'améliorent de façon sensible. On parlait, à ce moment,
de préjugés favorables, de climat de confiance. Or, M. le
Président, vous aurez constaté tout comme moi qu'on a encore de
nombreux conflits de travail au Québec, que les conflits qu'on a
vécus depuis un an, dans certains secteurs, ont ceci de particulier: Ils
semblent se poser avec beaucoup d'acuité, ils semblent perdurer dans
plusieurs cas. Il me suffit de référer à l'attention du
ministre le conflit qui occupe les gens de Murdochville dans le moment, les
conflits dans le domaine des transports; c'était d'ailleurs requis dans
le rapport annuel du ministère que le ministère avait eu à
faire face à des conflits assez aigus, entre autres dans le secteur du
transport public et du transport scolaire.
On a un conflit important ici, dans la région de Québec,
avec la grève à la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Québec; vous avez un conflit dans le
secteur du Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans le secteur de Chicoutimi, dans le
transport public là aussi. On pourra en parler plus en détail; on
pourrait aborder l'aspect des négociations dans les secteurs public et
parapublic où cela devait aller pour le mieux dans le meilleur des
mondes. Vous aurez constaté ce matin à Québec, M. le
Président, qu'on a cinq hôpitaux où cela ne va pas trop
bien. Vous aurez constaté qu'à l'intérieur des
négociations avec le Syndicat des fonctionnaires de la fonction
publique, cela semble être rompu dans le moment, et ce même si le
ministre des Finances nous disait d'ailleurs, le ministre du Travail
était à l'écoute ce vendredi matin où on a eu une
question avec débat posée par mon collègue de Johnson sur
la négociation dans les secteurs public et parapublic en tant
qu'interlocuteur du gouvernement dans ce dossier, que cela allait bien, qu'on
n'avait pas lieu de présumer des affrontements graves, qu'encore
là le climat de confiance régnait.
Je pense qu'à ce moment-ci, au 23 mai, on commence
déjà à constater que cela ne va pas
bien dans les négociations dans le secteur public.
Malheureusement, on peut présumer qu'on aura des conflits qui
séviront dans certains secteurs du réseau des Affaires sociales,
du secteur de l'Éducation ou encore au sein de la fonction publique. Un
autre élément où le gouvernement devait faire en sorte que
la performance soit meilleure, c'est le secteur de la construction, et c'est la
même chose. On se rappellera qu'on a eu des débats assez vifs ici,
à l'Assemblée nationale, depuis un an, sur le secteur de la
construction. Cela devait bien aller, dans le secteur de la construction; il
devait y avoir des améliorations sensibles dans le secteur de la
construction.
Une voix: Avez-vous écouté les nouvelles ce
matin?
M. Pagé: Oui, oui. À l'ordre! M. le
Président, le ministre pourra intervenir en réplique et je
l'invite à le faire.
M. Bellemare: Ce n'est pas trop tôt!
M. Pagé: Je l'invite à le faire. D'ailleurs, on a
probablement été averti de cela avant vous, ne soyez pas inquiet.
Dans le secteur de la construction, on a adopté la loi 110 ici, à
l'Assemblée nationale; si ma mémoire est fidèle,
c'était le 16 février qu'on l'a adoptée en
troisième lecture. On aura des questions spécifiques à
poser sous cet aspect au ministre du Travail. Entre autres, il y a toute la
question des artisans. Vous savez que le ministre du Travail, au début
de l'année 1979, reconnaissant l'échec de son règlement de
placement, s'est senti obligé, pour ne pas perdre la face devant
l'électorat et devant les travailleurs du Québec,
d'élargir la notion des artisans en vertu de la loi 110. (10 h 30)
M. le Président, dans une communication de récente date
avec la Régie des entreprises de construction, on disait et le
ministre pourra infirmer ou confirmer cette affirmation que les
règlements de la Régie des entreprises de construction eu
égard aux artisans n'étaient pas encore adoptés et que,
somme toute, c'était encore l'ancien régime qui
prévalait.
La même chose pour le règlement de placement, sujet sur
lequel on est revenu souvent, nous de l'Opposition parce que c'est une
préoccupation dans le milieu. Nous disons qu'au Québec nous avons
des gens qui possèdent un certificat de qualification émis par le
ministère du Travail, dont la compétence est reconnue par le
ministère du Travail, qui auraient un emploi disponible et qui
voudraient travailler plutôt que de vivre avec des prestations
d'assurance-chômage ou encore des prestations d'aide sociale, ces gens ne
peuvent pas travailler en raison d'un règlement de placement qui
s'applique, qui impose une classification en A, B et C pour avoir accès
au travail. Cela cause des embêtements aux travailleurs, cela cause des
embêtements aux entrepreneurs et aux employeurs. On aura l'occasion
évidemment d'abor- der, sous cet aspect, toute la question de l'Office
de la construction, de l'OCQ.
La performance du gouvernement, M. le Président, est-ce qu'elle a
été bonne au chapitre de la santé et de la
sécurité? On peut se poser la question. Le gouvernement avait et
a encore une responsabilité à ce chapitre. On n'a qu'à
prendre connaissance du rapport annuel de la Commission des accidents du
travail où on aura constaté une augmentation très
appréciable des demandes d'indemnisation. Cela fait longtemps qu'on
attend une intervention radicale du gouvernement dans le secteur de la
santé et de la sécurité au travail. On a eu droit à
un livre blanc qui a été déposé l'année
dernière; on a eu une consultation qui a suivi le dépôt de
ce livre blanc. Lors d'échanges ici à l'Assemblée
nationale, on avait reçu l'assurance du ministre d'État au
développement social que le projet de loi serait déposé
avant Pâques pour adoption avant la fin de la session. Nous sommes rendus
au 23 mai et il n'y a rien de fait encore; il n'y a pas de projet de loi
déposé. J'aimerais bien que le ministre me dise si c'est bien le
cas encore là, il infirmera ou confirmera; peut-être
n'osera-t-il pas le confirmer, mais c'est une autre affaire, ce sera son
problème que, dans le dossier de la santé et de la
sécurité au travail, si le projet de loi n'est pas
déposé encore, c'est que vous ne vous entendez pas au sein du
cabinet sur votre part de juridiction entre le ministère du Travail, le
ministre des Affaires sociales et le ministre d'État au
développement social. Le moment serait mieux choisi ce matin.
Je pense, M. le Président, que si le ministre du Travail nous
donnait seulement cette réponse sur le dossier de la santé et de
la sécurité au travail, à quel moment le projet de loi
sera déposé, ce serait déjà une contribution utile
du ministre à nos travaux ce matin plutôt que d'avoir des
réponses vagues, générales. Quand le projet de loi
sera-t-il déposé et quelles sont les intentions du gouvernement
relativement à son adoption? Cela devait venir au printemps. On est
à 28 jours de l'ajournement de la session pour l'été. On a
tous les motifs de croire que ce projet de loi ne pourra être
adopté avant l'ajournement. Encore une fois, c'était un
engagement du gouvernement. C'était un engagement ferme. C'était
d'ailleurs un des éléments importants du discours inaugural du
premier ministre, l'aspect de la santé et de la sécurité
au travail.
Cela nous amènera évidemment, M. le Président,
à parler de la Commission des accidents du travail, de l'application de
la nouvelle loi, loi qui a été adoptée en décembre
dernier et qui apportait des modifications profondes au régime de la
Commission des accidents du travail. On pourra parler de l'application de cette
loi, la loi 114, si ma mémoire est fidèle. On devra aussi parler
des bureaux de révision, comme cela va. Je ne suis pas convaincu, pour
ma part, avec les consultations que j'ai dans le milieu, que les
accidentés du travail sont satisfaits de la nouvelle loi. Je ne suis pas
convaincu non plus, M. le Président, que le mécanisme de
révision comme tel est une amélio-
ration à ce qu'on avait antérieurement.
Vous aurez présumé aussi, M. le Président, que nous
aborderons la question de la main-d'oeuvre comme telle. Ici, je dois faire part
de ma satisfaction au ministre à l'égard du programme que le
gouvernement entend mettre de l'avant pour les jeunes travailleurs du
Québec et aussi pour les assistés sociaux. On reviendra sur la
loi 126 très brièvement. J'ose croire que le gouvernement pourra
déposer un projet de loi, les amendements, ou encore un nouveau projet
de loi pour qu'on puisse procéder à son étude article par
article dans les plus brefs délais et que ce projet de loi, même
si on avait quelques réserves à certains égards, entre
autres au niveau du financement de la nouvelle commission, nous osons croire
que ce projet de loi pourra être adopté avant l'ajournement
d'été. On parlera évidemment de centres de main-d'oeuvre.
Comment cela va dans les centres de main-d'oeuvre, comment il se fait que les
gens reviennent dans nos comtés et je pense que je ne serai pas
le seul député à évoquer ce fait en nous
disant: On n'est pas très bien reçu, vous savez, dans les centres
de main-d'oeuvre. Ou encore: On nous a indiqué un emploi, on est
arrivé chez l'employeur en question et l'emploi était
comblé depuis une semaine.
Il y a des questions bien spécifiques comme celles-là qui
seront soulevées. Elles seront peut-être jugées bien
pratiques, un peu trop particulières, de la part du ministre.
J'espère que non parce que ce sont des aspects comme ceux-là qui
font que l'appréciation des contribuables du Québec est bonne ou
pas bonne à l'égard d'un service public. On pourra parler aussi
des références d'embauche. Le ministre, tout à l'heure,
nous a dit: Vous savez, 25 000 occasionnels ont été placés
au Québec l'année dernière par le Centre de main-d'oeuvre
du Québec au sein du gouvernement. C'est bien beau, cela. Cela
paraît bien dans une déclaration à l'ouverture des
crédits. Cela a l'air chaste, pur et vertueux. Mais comment se fait-il
que des gens et vous aurez à répondre à ces
questions qui vont au Centre de main-d'oeuvre du Québec postuler
un emploi gouvernemental se font dire par les gens du Centre de main-d'oeuvre
du Québec: Ce n'est pas nous qui choisissons. C'est le bureau local ou
régional du ministère qui nous réfère des noms.
Vous aurez à répondre à ces questions. Et dans votre
système...
M. Johnson: Ce n'est pas la même chose.
M. Pagé: On pourra regarder cela cas par cas, mon cher,
vous savez. C'est facile pour le ministre de dire: Ah! Ce sont les
libéraux. Vous allez être conséquents avec vous-mêmes
et, si vous avez voulu implanter une structure ou faire en sorte que le Centre
de main-d'oeuvre du Québec procède aux références
d'embauche pour les occasionnels au sein du gouvernement du Québec, vous
allez suivre le principe jusqu'au bout et vous allez le réaliser.
M. le Président, ce sont de nombreux aspects qu'on veut aborder.
J'espère que le ministre est en bonne forme. J'espère qu'il est
de bonne humeur ce matin et qu'il est décidé à contribuer
à nos travaux, à collaborer et à répondre aux
questions. Vous savez que c'est un ministre qui ne répond pas souvent
aux questions ou encore, s'il y répond, il y répond à sa
façon. Même si on est au lendemain d'une élection
fédérale où le PQ a mangé la claque avec son appui
au Crédit social... Vous savez que ces gens-là étaient au
nombre de onze avant de recevoir l'appui du PQ et, depuis que le PQ s'est
mêlé de les appuyer, ils sont rendus seulement six.
J'espère que, malgré ce fait, le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre est quand même en bonne forme, qu'il est de bonne humeur et
qu'il pourra répondre à nos questions. On ne cherche pas de
débat prolongé; ce n'est pas cela qu'on cherche ici ce matin. On
cherche des réponses à nos questions purement et simplement.
M. le Président, c'était là l'essentiel de mes
commentaires. Une fois que mon collègue de Johnson aura terminé
sa déclaration préliminaire, nous serons disposés à
commencer l'étude du programme 1. Merci, M. le Président.
M. Johnson: Avant que vous ne passiez la parole au
député de Johnson, je voudrais simplement m'assurer que j'aurai
un droit de réplique.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
vous aurez un droit de réplique avant l'appel du programme 1.
M. Bellemare: Pas seulement lui...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Johnson.
M. Bellemare: ... mais moi aussi.
M. Pagé: M. le Président, avant de continuer,
est-ce qu'on a convenu qu'on ajournait les travaux à 12 h 30?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En vertu
du règlement, le mercredi, c'est 12 h 30.
M. Pagé: D'accord. Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, je vous offre d'abord nos
voeux les meilleurs, puisque l'occasion ne m'a pas été
personnellement donnée de le faire en Chambre, pour votre
dernière nomination. Je suis très heureux qu'un homme aussi
compétent que vous puisse diriger, comme vice-président de
l'Assemblée nationale, nos débats. Je me réjouis ce matin
de vous voir ici comme président de cette commission.
Mes premiers mots sont pour le ministre. Il n'y a pas seulement du mal
qui s'est fait au ministère,
il y a du bien. Même, on a attaqué la santé du
ministre qui, pour une fois, s'est trouvé ébranlé lors
d'un caucus, lors d'une réunion qui était fort importante
à l'occasion de laquelle une décision était attendue
j'en reparlerai plus tard tout à l'heure et qui a
donné comme raison sa maladie. C'est vrai qu'il était
véritablement malade. Mais cela a eu un éclat un peu
différent.
Je voudrais aussi saluer les sous-ministres qui sont ici. M. Blain, que
je connais depuis longtemps, le nouveau sous-ministre, M. Lachance, et son
sous-ministre adjoint, Paul-Émile pas Paul-Émile, M.
Bergeron...
M. Johnson: C'est Paul-Émile.
M. Bellemare: C'est Paul-Émile; c'est bien sûr. M.
Yvan Blain, qui a tant de mérite, qui a eu tant de mérite dans le
passé, qui a réglé tant de problèmes, que je salue,
également M. Lapointe que je connais, M. Parent avec qui on a
croisé le fer déjà avec pas mal d'acerbité. Puis,
M. Archambault, le nouveau qui arrive; je suis très heureux de le saluer
ainsi que Paul-Émile, notre trésorier du temps. Les autres, je
les connais un peu moins. Il faut dire, M. le ministre, que ces gens-là
vous sont très utiles et que, comme conseillers, je pense que souvent
ils passent inaperçus dans le travail extrêmement difficile que
chacun accomplit pour vous aider à mieux exécuter votre
tâche comme ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Dieu sait combien
votre tâche est lourde. J'ai dit tout à l'heure au début
que même votre santé avait été mise à
l'épreuve; c'est vrai. Un ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre,
c'est un bourreau de travail qui n'arrête pas. Je l'ai été
et je sais comment ma santé a été
hypothéquée lors de ce passage au ministère.
Le fait le plus frappant dans l'étude des crédits du
ministère du Travail et de la Main d'Oeuvre, M. le Président, au
cours de l'année 1979, est sans doute une augmentation extraordinaire de
45,6% du budget. Lorsqu'on analyse les programmes touchés par ces
augmentations, force est de constater qu'elles se limitent en définitive
à deux secteurs bien précis: environ $21 millions pour le
programme d'aide à l'emploi pour assistés sociaux, les jeunes
chômeurs et le placement étudiants; deuxièmement, environ
$4 300 000 en prestations de congés de maternité.
Sur ce dernier point, par exemple, je voudrais que le ministre
réponde à certaines questions que je me suis posées l'an
passé. Il faut se rappeler que l'an passé, le gouvernement avait
prévu des crédits de $5 800 000 et qu'en réalité,
tel que l'indique d'ailleurs le livre des crédits de cette année,
ce même gouvernement n'a dépensé au cours de l'exercice
financier 1978/79, qu'un montant de $1 700 000 sur les crédits de $5 800
000 qui avaient été votés à cette fin. Où
sont-ils allés? Il y a eu des transferts, c'est sûr, mais le
ministre ne nous l'a pas dit. Je suis curieux et j'aimerais le savoir. Je
conclus donc que le montant de $6 millions prévus cette année ne
constitue pas une augmentation de $4 300 000, tel que nous le laisse entendre
le livre des crédits, mais bien une légère et très
infime augmentation de $200 000, si on le compare au montant des crédits
qui avait été réservés à cette fin. Mais
où sont allés les $5 800 000? Il y a eu $1 700 000
dépensés.
Tout le monde est d'accord pour affirmer qu'au cours de 1978 le
ministère du Travail a carrément consacré le gros de ses
énergies au secteur de la construction, tel qu'en témoigne
très éloquemment le débat houleux qui a entouré
l'étude de la loi 110 le ministre s'en souvient ainsi que
les nombreuses motions et questions en Chambre concernant le fameux
règlement de placement qui continue de nous inquiéter fortement
et qui continue de pressurer les gens de chez nous, particulièrement
dans nos bureaux de comté. Il a fait des ravages et a causé des
ennuis majeurs à de nombreux travailleurs québécois dans
toutes les régions. Tout laisse croire qu'en 1979 l'industrie de la
construction continuera à occuper une place majeure dans les
préoccupations quotidiennes du ministère, cela étant
dû en grande partie au fait que nous sommes présentement en pleine
négociation pour une nouvelle convention collective dans ce secteur
névralgique de l'économie québécoise.
Relativement à ces négociations, le moins qu'on puisse
dire à l'heure actuelle est que le dossier n'avance pas très
rapidement. Cela ressemble un peu à la torpeur et à l'impasse qui
caractérisent de plus en plus les négociations dans les secteurs
public et parapublic, qui risquent d'être reportées au mois de
novembre prochain pour célébrer le troisième anniversaire
de l'arrivée au pouvoir du PQuiou.
Malgré le fait que le ministre ait imposé aux parties une
prolongation sans consultation du décret et nonobstant les
difficultés qui opposent à l'heure actuelle l'AECQ et la FTQ, le
ministre est-il en mesure aujourd'hui de nous dire si on peut s'attendre au
règlement de ce dossier par la voie de la négociation d'ici la
fin de juin? Qu'entend faire le ministre pour accélérer ce
processus afin de rapprocher les parties pour qu'on en arrive à une
entente globale? (10 h 45)
Dans ce conflit, M. le Président, les employeurs de l'industrie
de la construction, l'AECQ, disent que la FTQ emploie seulement un alibi pour
refuser de poursuivre plus avant les discussions et rompre les
négociations qui sont très minces actuellement. La
FTQ-Construction ne veut que dix clauses communes à une seule table.
L'AECQ veut que 18 des sections du décret actuel soient reconduites
parmi les clauses communes au nom d'une uniformité nécessaire
dans une industrie qui se veut un tout. Mais l'AECQ croit que ce conflit de
principe qui est à la base de toute la stratégie de la
FTQ-Construction, c'est de négocier métier par métier,
tandis que l'AECQ prétend que la question pécuniaire ne constitue
aucun obstacle de taille. D'ailleurs, l'AECQ a offert $0.40 et $0.30 de plus
à la signature du protocole d'entente et $0.30 à la signature de
la convention et je pense
que la CSN, qui est un observateur actuellement à la table des
négociations, demande $1 l'heure. Je pense que l'entente globale qui
permettrait au moins le versement de $0.40 l'heure immédiatement
à tous les ouvriers de la construction serait réalisable dans les
prochains jours pourvu que la FTQ révise ses positions. Dans ce domaine,
je n'irai pas tellement plus loin parce qu'il va falloir absolument que le
ministre nous donne des informations quant aux cartes de compétence.
Je veux revenir aujourd'hui sur ce sujet qui nous occupe
énormément, qui est devenu presque une obsession chez moi, compte
tenu de l'importance du dossier. Je fais allusion, bien sûr, au
règlement de placement dans l'industrie de la construction. La semaine
dernière, le ministre m'a dit en Chambre qu'on pouvait s'attendre, d'ici
peu, à des modifications majeures. Quelles modifications majeures?
Où sont-elles et où les prend-il pour tenir compte des effets
dévastateurs et très souvent discriminatoires que ces
règlements de placement ont pour un grand nombre d'ouvriers qui
n'arrivent pas à se qualifier selon les normes arbitraires
imposées maintenant par le gouvernement "PQuiou"? Je voudrais que le
ministre profite des crédits de son ministère et du cours laps de
temps consacré aux remarques préliminaires pour expliquer
davantage sa pensée à ce sujet. Où sont les
véritables amendements majeurs que nous avons tous hâte, mon
collègue de Portneuf et moi-même, de connaître, qui
apporteront de l'air frais dans les négociations présentement en
cours?
M. le Président, maintenant, je voudrais simplement dire un mot
sur les grèves. Nous n'avons jamais connu autant de grèves depuis
que le "PQuiou" est là et je cite les années et le nombre de
jours-homme perdus. La plus grosse année, c'est en 1976, il y a eu 260
grèves. Il y a eu 131 000 ouvriers en cause. Là, il va me dire:
Ce n'est que la fin, mais il y a eu 3 000 444 jours-homme perdus. En 1978, M.
le Président, ce n'était pas le Parti libéral, il y a eu,
savez-vous combien de grèves? Vous allez faire le saut, vous allez dire
non, non, mais on peut facilement retrouver les grèves. On a des
documents qu'il nous donne tous les matins. Pardon? Transparent à peine.
Il faut avoir l'habitude pour voir cela. Le laïc qui lit cela ne voit pas
l'ampleur du désastre. Mais, en 1978, il y a eu dans la province de
Québec 354 grèves ou lock-out. Écoutez, j'ai ici devant
moi, le nombre de grèves et de lock-out au Québec par
année.
M. Johnson: La source?
M. Bellemare: La source, c'est mon bureau de recherche.
M. Johnson: Cela va. C'est parce que j'ai Statistique Canada et
Statistique Québec; on en parlera tout à l'heure.
M. Bellemare: J'ai 354 grèves avec 126 000 travailleurs
qui sont des salariés et 1 000 869 jours-homme perdus. 1979, on a dit,
cela va être mieux. On a mis en place des structures nouvelles qui vont
empêcher bien des gens de "grever" ou bien d'avoir des lock-out.
Savez-vous que, pour les quatre premiers mois de l'année, on a fait un
calcul? Il y a 120 grèves actuellement qui touchent 17 288 hommes et il
y a 666 000 jours-homme perdus.
M. le Président, je n'ai pas besoin de vous dire, non plus, que
les négociations dans le secteur public ne sont pas terminées;
cela pourra peut-être être une différence énorme.
Il existe un autre sujet qui me tient beaucoup à coeur et sur
lequel j'ai insisté énormément depuis que le gouvernement
péquiste a pris le pouvoir en 1976. Je fais allusion à la
nécessité pour le Québec, à un moment de son
histoire où le chômage atteint plus que 10%, où
l'économie semble souffrir de stagnation, de se doter enfin d'une
véritable politique de main-d'oeuvre. Au sommet de Montebello,
l'ensemble des participants, y compris le ministre du Travail, se sont mis
d'accord pour réclamer du gouvernement qu'il se mette dès
aujourd'hui à la tâche et accouche d'une politique qui
répondra, premièrement, à la création d'emplois
pour tenir compte de l'arrivée massive des jeunes travailleurs sur le
marché du travail on estime que d'ici 1990 il faudra créer
au moins 70 000 à 75 000 nouveaux emplois par année pour tenir
compte uniquement des nouveaux venus sur le marché du travail
deuxièmement, au recyclage des travailleurs parce que, aujourd'hui,
l'économie est basée sur une programmation plus rituelle des
nouvelles formules, problème qui touche la formation professionnelle;
troisièmement, l'accès des femmes au marché du
travail.
Au-delà des problèmes constitutionnels
évoqués constamment par le ministre comme excuse pour sa
léthargie dans ce domaine depuis maintenant deux ans, qu'est-ce que le
gouvernement entend faire, concrètement, pour mettre un peu d'ordre
enfin dans son propre jardin puisque pas moins d'une douzaine de
ministères interviennent aujourd'hui dans son ministère? Je n'ai
pas besoin de vous dire non plus que le ministre disait: Voilà pourquoi
tous les participants à cette rencontre ont réclamé hier
du gouvernement qu'il se mette dès à présent à la
tâche et accouche enfin d'une politique qui réponde à
toutes ces questions. Pour sa part le ministre responsable de ce secteur,
Pierre-Marc Johnson, s'est dit en parfait accord avec cette demande, mais a
souligné qu'il était particulièrement difficile
d'établir pareille politique alors qu'une bonne partie des instruments
dont, notamment, l'assurance-chômage, est contrôlée par le
gouvernement fédéral. Cette affirmation n'a guère
été approuvée par l'ensemble de l'assemblée, sinon
que M. Jean Sexton, invité à la conférence à titre
de personne ressource, a tout de même souligné au ministre que le
gouvernement aurait peut-être intérêt à mettre un peu
d'ordre dans son propre jardin puisque pas moins d'une dizaine de
ministères interviennent dans ce secteur. C'était simplement une
citation que je voulais faire en passant, M. le Président, parce que
je la trouvais très intéressante, au sujet de la
réunion de Montebello.
Un autre point qui m'est très cher et pour lequel j'ai vivement
combattu depuis des années, l'an dernier, à cette même
époque, j'avais demandé au ministre ce qu'il entendait faire pour
remettre à jour le Code du travail. À ce moment-là, on
parlait beaucoup de la possibilité d'une révision globale de ce
code qui aurait pu prendre l'allure d'une commission Parent, par exemple. Peu
après l'étude des crédits de l'an dernier, le ministre a
fait connaître la position du gouvernement qui favorise plutôt la
création de comités particuliers d'étude pour
réviser en général le Code du travail, au lieu d'une
grande commission générale telle que demandée, entre
autres, par tout le monde patronal.
Or, voici qu'il y a à peine trois semaines, au cours du 34e
congrès des relations industrielles de Laval, ce sujet a rebondi
à la surface grâce, entre autres, à des interventions
très remarquées de personnes telles que M. Fernand Morin,
président du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre.
À cette occasion, M. Morin a fait état très largement,
avec beaucoup de détermination, de l'urgence de refaire
complètement notre Code du travail afin que celui-ci redevienne la
pièce législative maîtresse dans tout le domaine des
relations de travail entre patrons et ouvriers. Il a insisté sur cela
très fortement. Je retrouve, dans un article du Soleil du 25 avril 1979:
"Après l'historique qu'on a fait des 70 autres projets de loi depuis
1964 et des 11 lois spéciales, après avoir modifié neuf
fois, de façon directe, la Loi du Code du travail, après 11
autres fois par le biais de lois qui ont pour effet d'affecter la portée
initiale du travail, en 1968, encore, les gouvernements qui se sont
succédés ont légiféré seize fois dans le
secteur de la construction, sauf en 1976/77 où les interventions ont
été nulles.
Finalement, les secteurs public et parapublic, où les
employés sont syndiqués depuis 1964, a fait l'objet de treize
lois distinctes. Cette avalanche de données, livrées par le
président du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre,
Fernand Morin, suffit en elle-même à démontrer le fouillis
juridique qui existe actuellement au Québec en matière de
législation du travail.
Johnson absent. Ces commentaires auraient pu avoir une réponse
immédiate si le ministre du Travail, Pierre-Marc Johnson, avait pu
répondre à l'invitation qui lui a été
formulée par les responsables du congrès. Là, je l'excuse
moi-même parce qu'il a eu une mauvaise grippe. Il aurait pu, par exemple,
répondre qu'un Code du travail nouveau serait établi, refait au
complet afin de permettre bien des changements. Il y en a un, en particulier,
qui est très intéressant, ce sont les injonctions.
En terminant, toujours sur cette révision complète du Code
du travail, le ministre nous a fait part, au cours de l'automne dernier, de sa
volonté de repenser complètement le recours à l'injonction
dans le domaine des relations de travail. Si je ne me trompe pas, je crois
qu'il a également mis sur pied un comité d'étude pour
analyser la situation et lui faire rapport, avec des recommandations, sur
l'utilité de changer le mode d'injonctions. Le ministre peut-il nous
dire si ce rapport est complété et si, au cours de la
présente session, le gouvernement entend légiférer sur
cette question extrêmement importante qui oppose le monde patronal et le
monde ouvrier depuis maintenant plus d'un quart de siècle?
Je termine par deux allusions un peu spéciales auxquelles je
voudrais avoir des réponses. C'est sur le rapport du Vérificateur
général, à la page 118; d'ailleurs, on reviendra sur ce
point-là, en particulier, sur les tutelles. "Nous avons remarqué
qu'en plus des émoluments versés à des membres des
honoraires de $29 511 d'un administrateur délégué ont
été acquittés à même des crédits
votés. Des honoraires de $7050 d'un conseiller ont été
payés indûment à même les crédits permanents."
C'est écrit textuellement dans le rapport.
En deuxième partie, je demande au ministre de vérifier ce
qui suit. Le Vérificateur général dit: "Postes en
détachement à l'intérieur du ministère. Le
traitement de certains employés n'est pas imputé au programme
budgétaire". Wo! "En vérité, en effet, 23 employés
oeuvrant à la gestion interne et de soutien sont
rémunérés à même des crédits d'autres
programmes." Je voudrais bien savoir comment on peut expliquer cela
vis-à-vis du vérificateur. Cette pratique a pour effet d'affecter
des crédits budgétaires à des fins autres que celles
autorisées lors du vote de ces crédits à
l'Assemblée nationale et aussi de fausser les comptes rendus relatifs au
coût des programmes. Ce sujet a déjà fait l'objet de
commentaires dans le rapport l'an dernier, mais je serais heureux de savoir, en
plus des $109 millions qu'on est appelé à voter, combien le
ministère reçoit d'autres organismes pour budgétiser, par
exemple, son service de conciliation. Il y a là des entrées qui
sont faites et qui viennent du salaire minimum pour payer les employés
de la conciliation.
Ayant fait part au ministre de ces quelques commentaires, M. le
Président, nous reviendrons là-dessus. Si le ministre veut nous
donner de plus amples détails, nous les écouterons.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Johnson. M. le ministre.
M. Johnson: Merci, M. le Président. Je ne suis pas
sûr que je veuille remercier les membres de l'Opposition pour le genre de
critiques qu'ils ont faites. Ils font leur boulot, je suppose. Je voudrais
simplement assurer le député de Johnson que je ne suis pas
moribond. Même s'il a beaucoup insisté, au début de son
exposé, pour dire que ma santé allait y passer au
ministère, je dois lui dire que j'y passe plus de bonne humeur que de
santé.
M. Bellemare: Votre teint est bien changé, faites
attention!
M. Johnson: Le problème est qu'on sort de l'hiver.
M. Bellemare: J'en ai connu un qui m'a déjà dit
qu'il était en excellente santé et il est mort au bout de trois
jours!
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson: Plutôt que prendre les allusions du
député de Johnson comme des souhaits de sa part, je vais
plutôt les ignorer.
Quant au critique de l'Opposition officielle qui reproche, en vertu de
je ne sais quelles raisons, à toutes fins utiles à
l'équipe des sous-ministres qui sont ici et à celui qui vous
parle d'être faibles au niveau des crédits, je lui dirai que cela
reflète sans doute ses propres appréhensions, compte tenu du fait
que le nouveau critique en matière budgétaire de l'Opposition
officielle, puisqu'il n'était pas là l'an dernier,
évidemment, est obligé de travailler dans l'ombre du
député de Saint-Laurent, qui était quelqu'un qui savait
fouiller les crédits avec expérience et compétence, ce
dont je ne suis pas sûr de la part du député de Portneuf.
Sur la question générale qui touche... (11 heures)
M. Bellemare: II est pas mal moins ennuyant que l'autre.
M. Johnson: Ah! cela, pour manipuler des phrases ronflantes et
des affaires comme cela! Mais aller fouiller les choses concrètement et
les analyser, c'est une autre affaire.
M. Bellemare: Vous allez voir, il est aussi bon.
M. Johnson: Le député de Saint-Laurent avait une
espèce de qualité d'analyse...
M. Bellemare: Le somnifère.
M. Johnson: ... qu'on ne retrouve pas nécessairement
partout dans l'Opposition.
M. Bellemare: Le somnifère.
M. Johnson: D'abord, sur la question des secteurs public et
parapublic dont on a parlé brièvement...
M. Pagé: On lui fait mal, M. le Président, et il
n'aime pas cela.
M. Johnson: ... et qui, en fait, comme on le sait, ne
relèvent du ministère que dans la mesure où le
ministère a vu à piloter la ou les lois qui touchaient le secteur
public et le secteur parapublic, je regrette encore une fois d'entendre, non
pas de la part du député de Johnson, qui a une sagesse que lui a
apportée sans doute son passage au ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre... Je reproche, dis-je, particulièrement au
représentant de l'Opposition officielle, l'Opposition rouge,
d'être un oiseau de malheur et, à toutes fins utiles, dans son
exposé, de presque souhaiter qu'il y ait quelque chose comme du sang qui
coule dans les rues ou du monde qui meure dans les hôpitaux. Et cela
ressort, M. le Président...
M. Pagé: J'invoque le règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf, sur une question de règlement.
M. Pagé: M. le Président...
M. Bellemare: J'ajouterai personnellement, M. le
Président...
M. Pagé: ... le député d'Anjou...
M. Paquette: II n'était pas là.
M. Bellemare: Jamais il n'a dit cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé: Oui, rappelez donc le député de
Rosemont... C'est Rosemont votre comté?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! Votre question de règlement, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Oui, M. le Président. M. Paquette:
Vous n'êtes pas sûr?
M. Pagé: Non, de toute façon, on vous voit
tellement peu souvent ici et votre contribution est tellement inutile et futile
qu'on a raison de se demander d'où vous venez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! Votre question de règlement, s'il vous plaît.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Paquette: M. le Président, si le député
s'apprête à faire une question de privilège, je vais en
faire une moi aussi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé: II n'y a pas de question de privilège en
commission. Regardez votre règlement, apprenez-le et vous interviendrez
après.
M. Paquette: Allez-y avec votre question de règlement, on
va voir.
M. Johnson: Alors, taisez-vous. M. Pagé: M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé: ... sur la question de règlement, je
voudrais rétablir les faits. Ce que j'ai évoqué ce
matin...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
monsieur...
M. Pagé: Oui, M. le Président, il m'est permis, par
une question de règlement, de rétablir les faits...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sauf que
l'article 96 ne s'applique...
M. Pagé: ... immédiatement lorsqu'ils sont dits, et
le ministre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
non!
M. Pagé: ... du Travail et de la Main-d'Oeuvre ne peut pas
m'imputer de motifs aussi odieux. C'est bien caractéristique du ministre
du Travail et de la Main-d'Oeuvre depuis quelque temps. Vous savez comme
moi...
M. Johnson: M. le Président, je vous en prie...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Pagé: ... qu'il n'est pas heureux depuis quelques mois
et qu'on lui rentre dans le corps.
M. Johnson: ... sur quelle question de règlement?... Je
pense que le député de Portneuf aura l'occasion de
répliquer à son tour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Effectivement...
M. Pagé: Oui, mais, M. le Président, est-ce que
l'étude des crédits permet au ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre de dire n'importe quoi?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce que
j'ai tout simplement l'intention de dire...
M. Johnson: ... par le député de Portneuf.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
c'est de rappeler l'article 96 du règlement.
M. Bellernare: Pas le sang dans les rues, écoutez un peu,
laissez-moi tranquille!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bellemare: II y a toujours une "crisse" de limite!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce que
j'allais dire, c'est que l'article... S'il vous plaît! ... 96 du
règlement permet effectivement à un député de
rectifier les faits s'il estime qu'il a mal été cité ou
interprété, mais cela n'est possible qu'à la fin de
l'intervention de celui qui a la parole, à moins que celui-ci ne donne
son consentement pour que cela se fasse dès que les paroles sont
prononcées. M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président... M. Pagé: Je
reviendrai à la fin.
M. Johnson: ... pour revenir sur la question des secteurs public
et parapublic, je persiste à affirmer que je pense que l'Opposition
libérale ces mêmes personnes qui parlent de l'Ouganda et de
choses comme celles-là dans les campagnes ou devant les chambres de
commerce de Trois-Rivières dans le fond est composée d'une
bande d'oiseaux de malheur qui devraient peut-être s'inspirer de la
retenue et de la réserve d'un homme comme le député de
Johnson qui sait qu'on ne badine pas et qu'on ne joue pas avec des choses comme
celles-là.
Ce qui se passe dans le public et le parapublic, en ce moment, c'est que
cela se fait jusqu'à maintenant Dieu merci pour l'ensemble des
citoyens du Québec de façon civilisée et de
façon correcte, d'une façon qui ne met pas en péril la
santé, la vie des gens. Cela se fait dans un contexte de libre
négociation, cela se fait dans un contexte de droit de grève qui
est respecté et cela se fait dans un contexte jusqu'à
maintenant, en tout cas à ce que je sache où les services
essentiels sont assurés. N'est-ce pas ce qui compte pour les
citoyens?
Je comprends que le critique de l'Opposition libérale voudra
absolument décrire aux citoyens du Québec la situation comme
étant catastrophique. D'abord, parce que cela fait l'affaire de
l'Opposition libérale qui, de façon systématique, du fait
que ce soit sur le plan économique, sur le plan des relations de
travail, sur le plan des secteurs public et parapublic spécifiquement,
sur le plan des investissements, sur le plan de l'état
général de notre société, décrit la
situation d'une façon morbide, morose, qui en fait, quand ce ne sont pas
des sépulcres blanchis ou des pharisiens, des gens qui, au fond, aiment
rabaisser les Québécois eux-mêmes en leur disant qu'ils
sont des pas bons et cela ressemble effectivement à l'Opposition
libérale.
Quant au secteur de la construction, je voudrais souligner que le
député de Johnson avait des commentaires intéressants,
sauf que, depuis ce matin, une bonne partie de ses commentaires datent. Je suis
sûr qu'il a préparé son étude des crédits
puisque je le voyais manipuler certains documents. Il avait
préparé une partie de son intervention par écrit, je le
sais; donc, cela a dû être antérieur à ce matin. Or,
ce matin, comme on l'a sans doute entendu à la radio, effectivement, la
FTQ et l'AECQ sont parvenues à une entente quant au règlement en
termes d'augmentation sur la période suivant la période de
prolongement du
décret et se sont également entendues sur le partage des
matières à négocier quant à la technique de la
séparation au niveau des tables. Cela ne veut pas dire,
évidemment, que tout soit pour le mieux dans le meilleur des mondes,
mais on est très loin de ce qu'on a appelé, la semaine
dernière, l'impasse, le blocage. Cela correspond, d'ailleurs, à
une vision un peu morbide, encore une fois, qu'on a à l'occasion des
relations de travail où il faut absolument que tout le monde grimpe
toujours dans les rideaux chaque fois qu'il y a quelqu'un qui dit qu'il n'est
pas content ou chaque fois que quelqu'un convoque une conférence de
presse. Cela va m'amener à discuter un peu plus spécifiquement de
l'état des relations de travail au Québec.
M. Bellemare: Le décret, l'aviez-vous soumis avant de le
prolonger?
M. Johnson: Non. Il a été prolongé en
commission parlementaire. On s'en souviendra.
M. Bellemare: Oui, je me souviens de cela.
M. Johnson: D'ailleurs, le député de Johnson
était en faveur à ce moment-là. Il avait voté
pour.
M. Bellemare: Écoutez, avec ce qui arrive!
M. Johnson: C'est cela. Sauf qu'au bout de la ligne cela n'a rien
donné des catastrophes, entre autres, qu'anticipait l'Opposition
libérale. On va s'en souvenir. C'était la fin du monde avec la
loi 110. C'était épouvantable. Là, c'était: Tous
les chantiers allaient fermer au Québec et...
M. Bellemare: Vous en avez plusieurs qui ont fermé
aussi.
M. Johnson: ... cela allait être la grève, la
violence, le spectre de l'horreur des relations de travail au
Québec.
M. Bellemare: La baie James.
M. Johnson: En ce moment, là, ils sont à table. Ils
négocient dur. Ils négocient fort parce que ce ne sont pas des
enfants de choeur ni d'un côté, ni de l'autre. Ce sont des gars
durs. C'est vrai. En ce moment, il y a une grève des métallos,
mais cela n'implique pas la construction proprement dite. C'est une
accréditation séparée.
M. Bellemare: Tout est fermé.
M. Johnson: Non. Tout n'est pas fermé à la baie
James. C'est inexact.
M. Bellemare: II n'y a que les cadres.
M. Johnson: Ce qu'il y a, c'est que les postes qui ne sont pas
occupés par personne sont les postes de ceux qui ont été
en grève dans un premier temps et qui subissent un lock-out depuis.
Mais, de façon générale, il faut bien comprendre
le député de Johnson va bien me comprendre
là-dessus que l'atmosphère un peu hystérique dont
on a toujours entouré le climat des relations de travail au
Québec est probablement une composante que j'appellerais culturelle, si
on me passe l'expression, de notre façon de voir les relations de
travail au Québec. C'est ce qu'on essaie de changer depuis deux ans. Les
relations de travail au Québec doivent, je pense, se définir
comme étant le rapport parfois inégal, souvent inégal, de
forces qui existent entre des parties qui négocient librement. Le
rôle du gouvernement est de fournir des lois qui permettent
l'accès à la syndicalisation aux travailleurs;
deuxièmement, de fixer le cadre ou les règles du jeu qui vont
faire en sorte que des parties vont négocier librement;
troisièmement, de faire en sorte qu'à travers des lois
d'application générale, comme la loi des conditions minimales,
comme l'ensemble de ces politiques sociales, on améliore la condition de
ceux qui forment la vaste majorité des Québécois,
c'est-à-dire des travailleurs qui sont des salariés.
Je pense que c'est le rôle du gouvernement et c'est largement le
rôle du ministère du Travail. Ce n'est pas de se mettre à
grimper dans les rideaux. Je ne reviendrai pas sur le "pompiérisme"
qu'on a essayé de mettre de côté depuis deux ans et qu'on
a, à toutes fins utiles, mis de côté. Mais c'est
essentiellement d'avoir une vision cohérente du développement des
relations dans notre société entre les travailleurs
organisés en vertu des lois et ce qui est le patronat, fût-il le
patronat au niveau du secteur public, c'est-à-dire la "gestion", entre
guillemets, et d'essayer de réaliser, entre autres, dans un
développement continuel, dans un progrès constant, le type de
relations qui existent entre le monde syndical et le monde patronal, y compris
des expériences du type de l'autogestion, comme Tricofil, y compris
d'autres expériences qui existent dans d'autres entreprises ailleurs, y
compris des expériences comme celle qu'on amorce au mois de juin, de
médiation préventive dans certains secteurs industriels.
Je pense que c'est cela, le rôle d'un gouvernement au niveau des
relations de travail. Ce n'est pas de s'énerver parce qu'il y a 1200
travailleurs à une place qui sont en grève. Les gars de
Murdochville ont choisi, par vote secret, d'être en grève. Les
métallos, quand ils ont décidé cela à Murdochville,
savaient ce qu'ils faisaient. Ce qu'ils font en ce moment, c'est qu'ils
exercent un authentique rapport de force économique avec une compagnie
qui s'occupe de cuivre alors que les prix du cuivre ont monté sur les
marchés internationaux. On pourra toujours me décrire une
situation. On vit dans une démocratie, que je sache, au Québec.
On vit à un endroit où les gens sont libres, où les
travailleurs sont également libres de s'organiser même si,
à certains égards, ils ont de la difficulté à
s'organiser dans certains secteurs. On y verra par des lois à venir. On
pourra toujours, le député rouge pourra toujours me citer un
exemple d'un conflit qui dure depuis un mois, deux mois, trois mois ou sept
mois. Mais quand il
m'aura cité ce conflit, il ne m'aura pas décrit l'ensemble
de la situation sociale dans laquelle on vit.
M. Pagé: Ne vous fâchez pas. Ce ne serait pas bon
pour votre coeur.
M. Johnson: Quand il n'aura pas... M. Pagé: Ne vous
fâchez pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bellemare: Ce n'est pas cela qui va...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Johnson: M. le Président... M. Bellemare: ...
pour le ministre.
M. Pagé: M. le Président, demandez-lui de ne pas se
fâcher.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé: Sa pression ne sera pas bonne. Il faut qu'il soit
calme, serein.
M. Johnson: M. le Président, en ce moment, j'essaie de
faire un portrait au député de Portneuf...
M. Pagé: Oui.
M. Johnson: ... qui ne comprend ni par un bout ni par
l'autre.
M. Bellemare: ... avec le début dans vos remarques.
Pourquoi ne pas l'avoir fait au début plutôt que de vous servir de
nous autres comme cobayes par la suite?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Johnson: Non, je ne me sers pas du député de
Johnson comme cobaye.
M. Bellemare: Non.
M. Johnson: II le sait très bien.
M. Bellemare: Mais vous vous servez de tous les arguments...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Bellemare: ... qu'on vous a apportés pour vous
reprocher ce qui n'a pas été fait.
M. Johnson: Si je comprends bien...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Johnson: ... vous me reprochez de répondre aux
arguments que vous avez apportés.
M. Bellemare: Non, mais seulement vous avez droit à...
M. Johnson: Je pense que c'est cela le rôle d'une
commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Bellemare: Vous avez un droit de réplique
limité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Johnson, s'il vous plaît!
M. Pagé: Parce qu'il n'avait pas de déclaration au
début. Est-ce que c'est cela?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Effectivement, regardez! En commission...
M. Bellemare: Oui, c'est cela.
M. Pagé: Purement et simplement.
M. Bellemare: II se sert de nous autres comme cobayes pour ne pas
répondre à nos questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! J'aimerais vous rappeler que,
traditionnellement, lors de l'étude des crédits, même si
l'article 160 s'applique et que chaque député a un droit de
parole de 20 minutes, on est très large et la présidence permet
de...
M. Pagé: Très libéral.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
dépasser ces 20 minutes. Le ministre a un droit de réplique
également qui est limité par le temps. Mais de tradition
également...
M. Pagé: Est-ce qu'il a le droit de s'énerver comme
cela?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'y a
aucun article sur le ton, M. le député de Portneuf.
M. Bellemare: Oui, il y en a un. Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'y a
aucun article sur le ton...
M. Bellemare: Oui, il y en a un.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... sur
la tonalité.
M. Pagé: Ce n'est pas bon pour son image, vous savez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Pagé: Le ministre commence à paniquer.
Probablement qu'il est dans le remaniement; probablement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Johnson: M. le Président, si le député de
Portneuf me permet de continuer, on va essayer de lui faire un portrait qui
déborde un petit peu de l'arbre sur lequel son nez de relations de
travail est collé en ce moment afin qu'il essaie de voir l'ensemble,
où le conflit de Murdochville se situe dans notre société.
Le conflit de Murdochville, dans notre société, il se situe dans
un contexte général de liberté des parties, de rapports de
force économique, de gens qui ont choisi volontairement, par un vote
secret, de faire une chose. Je respecte cela. Évidemment, les gens qui
sont en face de nous ne respectent peut-être pas cela parce qu'ils ont
peut-être une vision autoritaire du développement des relations de
travail dans notre société. Ils voudraient que le gouvernement
intervienne tout le temps et décide qu'on va mettre fin à telle
grève. Allez-vous obliger certaines usines à ouvrir quand elles
sont en lock-out? Finalement, ils voudraient prendre la place des parties,
prendre la place des citoyens ou prendre la place d'une partie. En
général, cette partie, dans le cas de l'Opposition
libérale, c'est le patronat.
Je pense donc qu'il faut regarder l'ensemble. Encore une fois,
même si des conflits méritent effectivement l'attention de la
Chambre à la période des questions, comme, par exemple, le
conflit de la CTCUQ, il n'est pas anormal qu'en Chambre on se préoccupe
de ce qui se passe dans le transport public à Québec. C'est
normal qu'un député de la région de la Gaspésie
soit préoccupé par le fait que l'économie de la ville de
Murdochville est à peu près à plat à cause d'une
grève qui dure depuis sept mois. Mais entre cela et faire un portrait
catastrophique de ce qui se passe dans les relations de travail au
Québec, il y a une marge.
Cette marge-là, il y a moyen de l'analyser et de la regarder un
peu scientifiquement. Cela s'appelle les statistiques. À cet
égard, les statistiques vont nous démontrer que le Québec,
en 1977/78, a connu moins de jours-homme perdus que dans les trois ou quatre
années qui ont précédé. On va me dire: Oui, mais il
y a les secteurs public et parapublic; on ne l'a pas compté. Quand les
gens sont sortis des hôpitaux en 1976, évidemment c'était
à coup de 50 000 par jour qu'on inscrivait sur la liste de jours-homme
perdus à cause des grèves ou des lock-out, selon le cas, mais
oublions cela et regardons seulement le secteur privé. (11 h 15)
Seulement dans le secteur privé, ce qui s'est passé au
Québec en 1977 et 1978, c'est une amé- lioration du simple au
double à toutes fins pratiques dans les relations de travail dans la
mesure où le nombre de jours-homme perdus est un instrument d'analyse
adéquat. La légère augmentation, celle de 1979, qu'on va
connaître par rapport à 1977 et non pas par rapport à 1976,
ni à 1975, ni à 1974, est due entre autres d'abord au
phénomène des contrôles, c'est bien évident. Quand
je regarde les titres des journaux où je vois que les compagnie font 58%
de profits au premier trimestre de plus que dans toute l'année
dernière, je me dis qu'il y a des négociations qui vont
être dures dans certains secteurs mais il ne faut pas tomber des nues et
il ne faut pas tomber par terre et s'imaginer que la société est
paralysée en entier à cause de cela.
Si on regarde quand même les chiffres objectivement, il y a eu une
amélioration depuis deux ans, depuis que ce gouvernement est au pouvoir.
Ce n'est pas seulement dû à lui; on n'ira pas prétendre
cela non plus. La situation économique y a été pour
quelque chose, c'est bien évident. Il y a le fait que quand on est
menacé dans son emploi dans certains secteurs qui ont eu des
difficultés, on le sait, on est peut-être plus hésitant
à faire une grève. Mais il demeure que, si on prend l'ensemble
des secteurs, on voit qu'il y a cinq fois moins de grèves
illégales qu'il y en avait, dans la mesure où cela est un indice
d'une certaine paix sociale, mais encore là cet indice ne veut rien dire
tout seul en soi. Regardons l'ensemble de façon générale.
Dans tous les colloques auxquels j'ai assisté, que ce soient ceux des
chambres de commerce, du Conseil du patronat ou des syndicats ou des
universitaires, les gens admettent que de façon générale,
à l'exception d'une couple de conflits qui fatiguent encore du monde, le
climat des relations de travail au Québec s'est amélioré
considérablement depuis deux ans. Je pense qu'il faut être
borné ou aveugle pour ne pas le voir, ou il faut faire exprès ou
il faut être aveuglément partisan, pour ne pas dire
carrément, et vouloir induire la population presque en erreur sur ce
qu'est la situation objective. Je pense que de ce côté le Parti
libéral a beaucoup à faire. C'est ce que j'avais à dire en
réplique, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
J'appelle...
M. Pagé: En vertu de l'article 96.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur
l'article 96, M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Ce que j'ai dit tout à l'heure et ce qui a
été repris avec une teinte partisane et politique par le ministre
concerne les négociations dans les secteurs public et parapublic. Alors
que le ministre des Finances nous disait le 27 avril que cela allait bien, nous
nous devons aujourd'hui comme parlementaires qui voyons les faits et qui sommes
en mesure de voir ce qui se passe dans les comtés du Québec dans
le moment de dire que ce n'est pas réjouissant la situation qui
prévaut dans les négociations...
M. Johnson: ...96.
M. Pagé: Je rétablis les faits purement et
simplement.
M. Johnson: Je n'ai pas d'objection. Je peux consentir à
un débat là-dessus, cela me ferait plaisir.
M. Pagé: Rappelez-le donc à l'ordre, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, l'article 96 dit...
M. Pagé: Soyez calme et serein.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...qu'un
député peut brièvement rectifier les faits qui auraient
été mal interprétés dans les propos que
lui-même aurait tenus.
M. Bellemare: ...ni du débat, ni de rétablir les
faits.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Par la
suite, j'appellerai le programme 1. Très brièvement, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: J'en étais à vous dire que la
situation était inquiétante actuellement dans les hôpitaux.
Le ministre nous dit qu'il n'y a pas de péril et que la santé des
gens n'est aucunement en danger. Il nous accuse de décrire la situation
comme étant catastrophique, morbide, etc. Je dois vous exprimer ma
surprise à l'égard de cette déclaration; le ministre
devrait être plus au fait de ce qui se passe dans les hôpitaux,
particulièrement dans la région de Québec ce matin. La
situation, ce n'est pas moi qui la décris, ce n'est pas mon
collègue de Johnson qui la décrit, ce sont les gens qui la
vivent, les gens à l'égard de qui vous avez une
responsabilité. Je tenais à rétablir ces faits de
façon aussi calme, aussi sereine que possible. Je dois aussi vous
exprimer ma surprise. Il ne faut pas dire surprise parce que l'attitude du
ministre ce matin, qui est tout à fait énervé,
témoigne de sa panique et de son anxiété, parce que cela
ne va pas bien pour le ministre du Travail depuis quelque temps. Il perd des
points, il le sait et il n'aime pas cela. On va continuer à faire notre
boulot, ne soyez pas inquiets. Ce ne sont pas vos grandes déclarations
qui vont...
M. Johnson: Cela ne m'inquiète pas.
M. Pagé: Ce ne sont pas vos grandes déclarations
arrogantes qui vont nous...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé:... empêcher de faire notre travail.
M. Johnson: Continuez à faire votre boulot comme cela, ce
n'est pas inquiétant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé: Tu te diriges vers l'Opposition, mon homme, et tu
le sais à part cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! J'appelle donc le programme 1.
M. Pagé: M. le Président, le ministre n'a pas
répondu...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé: ... aux questions du député de
Johnson sur lesquelles je voulais intervenir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant, la tradition veut qu'une fois que les porte-parole des
différents partis ont adressé un message d'ouverture on appelle
le programme 1 et qu'à l'occasion de l'étude de ce programme, une
fois appelé, on puisse aborder des problèmes d'ordre
général. Il n'est pas question habituellement de procéder
élément par élément parce que c'est trop
serré comme discussion.
M. Pagé: Est-ce à dire, M. le Président, que
dès que nous aurons abordé l'étude du programme 1, le
ministre entend répondre aux questions qui lui ont été
posées par le député de Johnson?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On peut
organiser nos travaux de différentes façons.
M. Pagé: Sur le règlement de placement, entre
autres, il n'a pas répondu.
M. Bellemare: II y a deux questions particulières que j'ai
posées. J'en ai posé dix, sur le rapport du Code du travail, la
révision du Code du travail, la loi sur les injonctions, etc. Que sont
devenus les $5 800 000 pour les congés de maternité? Vous n'avez
pas répondu à cela. Il y a une foule de questions que j'ai
posées.
M. Johnson: C'est cela, mais j'avais offert au
député de Johnson de...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce que
je pourrais dire également aux membres de la commission, c'est qu'il y a
deux façons de procéder. Il y a certaines des questions qui ont
été posées qui pourraient recevoir réponse à
l'un ou l'autre des programmes. Je laisse la liberté aux membres de la
commission de décider s'ils entendent avoir les réponses
immédiatement ou s'ils préfèrent que les réponses
soient données lors de l'appel des programmes en question.
M. Bellemare: Quand la réponse est donnée par le
ministre, on a fini, on n'y revient plus. C'est final. Dans nos notes
explicatives du début, j'ai posé une dizaine de questions. Cela
aurait été fini. J'aurais laissé tomber. Je n'ai pas de
réponse.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela
sera réglé lorsqu'on arrivera au programme en question, d'accord.
M. le ministre.
M. Johnson: Effectivement, j'en ai relevé, M. le
Président, rapidement. Dans le cas de la question du budget des
congés de maternité, d'une part, on se rappellera que ce poste
budgétaire figurait, dans le dernier budget, au ministère des
Affaires sociales.
M. Bellemare: $5 800 000.
M. Johnson: C'est cela. C'était au ministère des
Affaires sociale. Essentiellement, c'est un jeu de livres. D'autre part, si
c'est seulement $1 700 000, ce n'est pas que l'argent s'est volatilisé,
c'est que cela a été appliqué pour une période,
à toutes fins utiles, d'un trimestre, trois mois. La différence,
c'est ou des crédits périmés ou essentiellement un jeu
d'écritures entre les deux ministères. Je veux dire qu'il n'y a
pas $5 millions qui sont dans un compte de banque quelque part. C'est juste
qu'ils n'ont pas été dépensés, dans la mesure
où c'était sur trois mois. Les projections budgétaires que
le député de Johnson avait vues, c'était sur douze mois.
Ne vous en faites pas, je suis sûr qu'ils vont se dépenser sur une
base de douze mois. D'ailleurs, au rythme où vont les choses en ce
moment, cela va sûrement se dépenser sur une base de douze mois.
Je pense que le député de Johnson avait également une
question...
M. Bellemare: Le ministère des Affaires sociales aurait
fait des transferts de budget parce que si je remarque bien, dans le budget,
vous avez fait voter l'année passée un budget au mois de
décembre, des crédits supplémentaires en décembre
1978.
M. Johnson: C'est cela.
M. Bellemare: Pour les $5 800 000 du ministère des
Affaires sociales, vous allez me répondre: Demandez-le au
ministère.
M. Johnson: Non, mais c'était $5 800 000 sur une base
annuelle, d'accord. Ce qui a été dépensé, c'est $1
700 000 sur une base de trois mois, du 1er janvier au 31 mars. D'accord? Donc,
ces montants ne sont pas disparus. C'est cela, ils sont restés aux
Affaires sociales pour les fins des jeux d'écritures. Cela ne change
rien dans la réalité. Si on dépense $5 800 000 ou $6
millions, je veux dire, cela va être là.
M. Bellemare: Mais les $5100 000 qui sont restés au budget
des Affaires sociales, vous n'avez pas d'indication où cela a pu
être transféré?
M. Johnson: Cela est peut-être tombé dans les
crédits périmés.
M. Bellemare: Oh non.
M. Johnson: Je pense que le député de Johnson
comprendra que je ne peux pas lui donner la réponse parce que
c'était aux Affaires sociales. Je peux lui donner une réponse sur
la partie, les $1 700 000...
M. Bellemare: On est ici pour informer le peuple de ce qu'on a
voté...
M. Johnson: Cela me fera plaisir de demander au ministre des
Affaires sociales de donner les détails au député de
Johnson, sauf que le député de Johnson comprendra que je ne sais
pas ce qui est arrivé des crédits périmés des
Affaires sociales. Je peux vous parler des crédits périmés
de mon ministère, pas de ceux des Affaires sociales.
M. Bellemare: L'année passée, vous aviez, au
même article, $5 800 000, donc, il y a une augmentation de $200 000
seulement.
M. Johnson: C'est cela, sur une base annuelle.
M. Bellemare: Sur une base annuelle.
M. Johnson: C'est cela. En gros, c'est $240 par maternité
pour une femme au travail. C'est un calcul à partir du nombre de
naissances qu'on peut projeter raisonnablement il y a toujours des
erreurs, évidemment, là-dedans qui se glissent et des
femmes au travail, plus les augmentations évidemment normales dans le
processus administratif, qui vont avec cela. Les augmentations de salaire.
M. Bellemare: Je vous ai posé des questions, de temps
à autre, sur des femmes qui travaillent et qui ne peuvent pas
bénéficier des congés de maternité parce qu'elles
font une fausse couche.
M. Johnson: Oui, effectivement, ce que notre règlement
prévoit, pour des raisons que j'ai déjà expliquées
en Chambre, c'est que les $240... Cela ne les empêche pas d'avoir une
partie du congé de maternité. Qu'on se comprenne bien.
D'après l'ordonnance du- salaire minimum, elles ont droit au
congé, même si elles font une fausse couche, mais,
évidemment, c'est un congé qui est réduit. Cela revient
à trois semaines au lieu de la pleine période de 18 semaines qui
est prévue autrement. Quant à l'allocation de maternité,
elles ne l'ont pas parce que c'est une allocation qui présuppose qu'on
est qualifié en vertu de la Loi sur l'assurance-chômage. La raison
pour laquelle on demande cela, ce n'est pas tellement parce qu'on est en amour
avec la Loi sur l'assurance-chômage ou avec les bureaux de main-d'oeuvre
du Canada. C'est seulement parce qu'on voulait éviter de mettre sur pied
une bureaucratie énorme au Québec pour essayer de retracer toutes
les femmes du
Québec qui sont peut-être au travail et susceptibles
d'avoir un enfant. Cela n'avait pas de sens; il y a déjà une
machine administrative qui fait cela; c'est le bureau d'Emploi et Immigration
Canada. Ce qu'on fait, c'est qu'on procède par bandes informatiques.
Pour avoir les données d'Emploi et Immigration Canada, sur lesquelles je
reviendrai peut-être plus tard cela nous prend du temps, parfois,
à obtenir les bobines; cela explique souvent des délais,
d'ailleurs, pour que les femmes obtiennent leur chèque il faut
évidemment qu'on ait recours à des femmes dans la qualification
de celles qui ont droit aux $240, à celles qui sont qualifiées en
vertu de la Loi sur l'assurance-chômage. Si elles ne sont pas
qualifiées parce qu'elles font une fausse couche, en vertu de la Loi sur
l'assurance-chômage, elles ne sont pas qualifiées à notre
programme.
Ce n'est pas tellement qu'on est contre, en principe; c'est seulement
faute de mieux, sur le plan administratif, en attendant que, à un moment
donné, on ait un système général en matière
de congé de maternité avec peut-être une caisse de
compensation répartie entre les employeurs ou...
M. Bellemare: C'est que les employées qui ont des
congés de maternité pensent, par le fait même, être
autorisées à recevoir les $240, plus tous les autres avantages
qui leur sont donnés par l'assurance-chômage.
M. Johnson: En général, elles ont raison.
M. Bellemare: Elles arrivent à nos bureaux et disent:
Comment expliquez-vous, M. le député, qu'il y a des congés
de maternité et que nous, on vient d'avoir un malheur et on n'est pas
couvertes?
M. Johnson: En général...
M. Bellemare: On s'adresse à nos bureaux et on nous dit:
Non, il n'y a rien à faire.
M. Johnson: Je comprends cela, mais le député de
Johnson va très bien comprendre parce que c'est une expression que je
l'ai déjà entendu utiliser, que, quand il y a un
règlement, il faut qu'il trace une ligne quelque part. Pour la pension,
la Régie des rentes du Québec ne paie pas les gens à 64
ans; elle paie à 65 ans. Ce n'est pas parce que quelqu'un a 64 ans et 9
mois qu'il va recevoir la Régie des rentes.
M. Bellemare: Onze mois.
M. Johnson: C'est à 65 ans. Il y a un règlement en
matière d'allocations de maternité et il a tiré la ligne
quelque part; c'est là pour le moment.
M. Bellemare: Est-ce que vous avez les autres
réponses?
M. Johnson: Tant qu'il y aura des règlements, d'ailleurs,
il y aura une raison pour laquelle on devra avoir des
députés.
M. Bellemare: Pouvez-vous me donner les autres
réponses?
M. Johnson: L'autre notion qu'on me rappelle sur les
congés de maternité, c'est qu'habituellement, quand il y a une
fausse couche, en pratique, cela ne représente pas une perte de revenu
considérable, dans la mesure où la fausse couche entraîne
rarement une immobilisation de plusieurs semaines. Or, la philosophie ou les
principes derrière la notion d'allocations de maternité, c'est
une notion de début de remplacement de revenus. En pratique, celle qui
fait une fausse couche et qui bénéficie d'un régime n'a
pas une perte de revenus qu'on pourrait considérer comme devant
proportionnellement, au moins, être remplie par le Québec par
rapport à l'assurance-chômage. Je pense que cela heurte moins sur
le plan des principes.
M. Bellemare: Est-ce que vous avez, dans ma série de
questions, une réponse concernant les modifications majeures pour tenir
compte des effets dévastateurs sur les bureaux de placement des cartes
de compétence?
M. Johnson: C'est-à-dire du programme du règlement
de placement en général?
M. Bellemare: Non, les cartes de compétence qui font
actuellement fureur dans la province. Je vous ai demandé, tout à
l'heure, si le règlement de placement dans l'industrie de la
construction... Vous nous avez dit, la semaine dernière, qu'on pouvait
s'attendre d'ici peu à des modifications majeures pour tenir compte des
effets dévastateurs et très souvent discriminatoires de ce
règlement de placement pour un grand nombre d'ouvriers qui n'arrivent
pas à se qualifier selon les normes arbitraires imposées par le
gouvernement.
M. Johnson: C'est-à-dire que ce n'est pas moi qui ai dit
cela. Si je comprends bien, vous vous citez là-dedans. Ce n'est pas moi
qui ai parlé des effets dévastateurs des normes arbitraires du
gouvernement.
M. Bellemare: Vous m'avez dit... Le reste, c'est moi, mais les
modifications majeures, c'est vous.
M. Pagé: Vous avez peut-être pensé tout
haut.
M. Johnson: Au journal des Débats, on va dire: "M.
Bellemare: Comme vous disiez la semaine dernière: "...
M. Bellemare: Une modification majeure, cela c'est vous.
M. Johnson: Oui, mais pas le reste.
M. Bellemare: Non, mais j'ai le droit d'y penser.
M. Johnson: Je connais le député de Johnson depuis
assez longtemps pour voir qu'il a bien feint cela.
M. Bellemare: Le vieux est pas pire encore. Je vous attire dans
de bons guets-apens.
M. Johnson: Oui.
M. Bellemare: Qu'est-ce qu'on a comme modifications majeures? (11
h 30)
M. Johnson: Effectivement, j'ai évoqué... On est
aux crédits et chaque fois qu'on parle du travail, l'Opposition
s'arrange pour parler de cela d'une façon ou d'une autre. Je ne voudrais
pas qu'on étire cela plus longtemps qu'il le faut ici, je ne suis pas
sûr que ce soit le bon forum. J'ai effectivement évoqué le
fait qu'il y aurait des amendements apportés au règlement de
placement.
M. Bellemare: Des modifications majeures?
M. Johnson: Incessamment.
M. Bellemare: Cela veut dire quoi?
M. Johnson: J'ai reçu, la semaine dernière,
l'opinion du comité mixte sur le projet de règlement...
M. Bellemare: Vous nous avez dit cela.
M. Johnson: ... et l'Office de la construction devrait, si ce
n'est pas fait, cette semaine nous acheminer ses propositions de modifications.
J'ai l'impression que ce sera cette semaine, ce qui veut dire que cela va
passer à travers l'évaluation au ministère, chez
nous...
M. Bellemare: M. Lapointe ne dira jamais rien contre son
ministre. Il dit toujours: Oui, oui, oui.
M. Johnson: ... au comité de développement social
et au Conseil des ministres.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet, M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Oui, M. le Président. Le ministre vient de
nous dire que ce n'était pas le forum pour parler du règlement de
placement. C'est la place pour en parler!
M. Bellemare: Ce n'est pas en Chambre, le règlement va
nous arrêter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, M. le député de Johnson!
M. Pagé: Si on vous pose des questions en Chambre, vous
allez nous dire M. le Président, vous connaissez le ministre du
Travail aussi bien que moi qu'on étudie les crédits du
ministère dans le moment en commission et qu'on doit poser nos questions
là.
M. Bellemare: "Side line".
M. Pagé: On va aborder la question du règlement de
placement. Le gouvernement a adopté ce règlement le 1er juillet
1978 avec tous les problèmes que cela a entraîné l'automne
dernier. Nous avons présenté des motions à
l'Assemblée nationale pour porter à la connaissance du
gouvernement les effets de ce règlement de placement qui étaient
négatifs dans des centaines et des milliers de cas pour les travailleurs
du Québec. On a présenté des amendements, on a
suggéré des modifications. Une commission parlementaire a
siégé en février dernier et nous étions en droit de
présumer que le gouvernement procéderait, en collaboration
évidemment avec l'OCQ, parce que l'OCQ était quand même
présent lors de la commission parlementaire, à des modifications
profondes à ce règlement de placement dès le printemps de
1979. On sait qu'il y a eu un premier projet d'amendement; un deuxième
projet d'amendement aurait été déposé au
comité mixte le 2 mai 1979. Le ministre nous apprend ce matin qu'on aura
des amendements incessamment, des modifications éventuelles, etc.
On est à l'aube du mois de juin et la construction, pour ce qu'il
y a de la construction au Québec, a subi des baisses très
sensibles. Le dernier bulletin de l'OCQ du mois de mars, si ma mémoire
est fidèle, prévoyait une autre diminution de près de 17%
de la construction en 1979 par rapport à ce qu'elle était en
1978, laquelle construction de 1978 avait diminué, évidemment,
par rapport à 1977, laquelle, en 1977, avait diminué par rapport
à 1976. Je n'ose pas trop évoquer cela parce que le ministre du
Travail va me dire: Ce sont des oiseaux de malheur, etc. C'est la
réalité, la construction a baissé au Québec et vous
avez des milliers de personnes qui sont sans emploi dans le secteur de la
construction et qui travaillaient avant.
M. Johnson: Ne vous fâchez pas!
M. Pagé: Vous me direz: II n'y a pas de problème
là, ça va bien! Il y a des problèmes. Le contexte
politique... Avec la venue du gouvernement du Parti québécois, on
sait ce que cela a entraîné. J'aimerais demander au ministre du
Travail à quel moment le travailleur du Québec pourra prendre
connaissance des modifications au règlement de placement.
Deuxième question. Quelle est la teneur des modifications
envisagées? Le ministre nous répondra: C'est au comité
mixte, c'est à l'Office de la construction à présenter son
projet de règlement au lieutenant-gouverneur en conseil. M. le
Président, vous n'êtes pas sans savoir que le ministre du Travail
et l'OCQ, ce sont deux paliers qui doivent être assez près, assez
proches, qui doivent collaborer étroitement. Le ministre peut nous faire
part de la teneur des amendements qui seront adoptés incessamment, pour
reprendre son expression.
Troisième question. Est-ce que le ministre, dans tout ce
débat... Je pense que l'Opposition, de façon unanime, a mis en
relief le fait que l'OCQ
devait avoir une approche différente à l'égard des
comtés ou des régions rurales du Québec et des
régions urbaines du Québec. On a eu l'occasion d'en discuter,
lors de la commission parlementaire, de façon assez étendue, en
prenant des cas bien spécifiques, des cas comme Charlevoix, des cas
comme Portneuf, des cas comme la Beauce, etc.
Est-ce que, dans ses modifications au règlement, le ministre du
Travail prévoit que nous pourrons avoir cette distinction entre les
milieux ruraux et les milieux urbains?
Nous avons eu l'occasion de mettre en relief des problèmes bien
particuliers, comme le passage d'une classe C à une classe A, qui
était impossible. Le ministre nous a annoncé que cela deviendrait
possible avec les modifications; si celui-ci peut nous dire que cela deviendra
possible de passer de la classe C à la classe A, cela veut donc dire
on peut le présumer qu'il a pris connaissance des
modifications. S'il en a pris connaissance, je ne vois pas en quoi il ne serait
pas habilité aujourd'hui à nous faire part de ces amendements
comme tels.
Notion de l'employeur, le rôle que peut jouer l'employeur dans
l'application de ce règlement de placement. Ce sont des dizaines de cas
qu'on a à chaque semaine; si le ministre du Travail faisait du bureau de
comté un peu plus souvent, s'il était plus accessible
auprès de ses électeurs, peut-être serait-il à
même de constater lui aussi...
M. Johnson: N'importe quoi mais pas cela.
M. Pagé:... que le tiers des gens qui viennent nous voir
dans le moment dans tous les bureaux de comté de député,
surtout à cette période-ci de l'année, ce sont des gens
qui connaissent des problèmes avec le règlement de placement. Jos
Bleau a déjà travaillé pour la compagnie X; si la
compagnie X veut embaucher à nouveau ce travailleur, même si cet
employeur garantit à l'OCQ un nombre d'heures minimum exigées
selon le règlement de placement, l'Office de la construction du
Québec répond et de façon régulière: Dans le
secteur où vous postulez, il y a des personnes qui sont sans emploi dans
le moment. C'est, entre autres, le cas des journaliers; il y a des personnes
qui sont sans emploi dans le moment. Allez voir ailleurs purement et simplement
et appelez-nous, on va vous référer du personnel, avec tout ce
que cela peut impliquer, des gens qui viennent d'autres coins assez
éloignés du lieu de travail, avec ce que cela implique comme
déboursés pour frais de subsistance et de logement, frais de
transport, tout cela.
M. le Président, le moment est le mieux choisi, selon nous, pour
que le ministre donne toutes les informations pertinentes sur ce qui s'en vient
dans le règlement de placement. Il avait reçu certains appuis,
entre autres de certains groupes syndicaux, lors de la présentation et
de l'adoption de ce règlement par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Ce sera là le sens de ma dernière question: J'aimerais savoir
s'il a encore ces appuis. On m'in- forme que des groupes qui avaient
appuyé le gouvernement dans cette démarche en viendraient
à la conclusion que la seule solution possible dans le moment serait de
procéder à l'abolition pure et simple de ce règlement et
d'y aller par d'autres mécanismes et, entre autres, de se fonder sur la
qualification; c'est ce qui est important pour nous, pour les
libéraux.
M. le Président, c'était là l'essentiel de mes
questions et j'aimerais bien qu'on ait des réponses.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Johnson: M. le Président, pour essayer de
répondre à l'essentiel des multiples volets du critique
libéral, d'abord je vais lui dire qu'il ne faudrait pas qu'il mette les
pieds dans mon comté parce que le monde ne l'aime pas. Il devrait...
M. Pagé: M. le Président, j'y suis allé et
j'ai été très bien reçu.
M. Johnson: ... sortir de mon bureau de comté, cela ne le
regarde pas. Il n'aimerait pas cela que je m'occupe du sien.
M. Pagé: Je ne suis pas là pour me faire aimer par
le ministre du Travail; je suis là pour représenter les
intérêts des travailleurs du Québec et c'est ce que je
fais.
M. Johnson: M. le Président, la question...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé: Et je vais continuer à me battre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Bellemare: C'est une bataille de coqs, ce matin.
M. Johnson: II est placoteux ce matin, c'est
épouvantable.
M. Bellemare: Des coqs bandy. M. Johnson: M. le
Président...
M. Bellemare: On veut avoir des réponses sur les
amendements, surtout.
M. Johnson: ... sur les modifications, d'abord l'office ne m'a
pas encore transmis un projet. Et c'est peut-être l'occasion, encore une
fois, de répéter pour la quatrième fois aux membres de
l'Opposition libérale, en espérant qu'ils comprennent, que le
processus d'adoption des règlements est le suivant: L'office adopte un
règlement, en vertu de la loi 110 que nous avons fait adopter, et il
doit soumettre ses projets de règlement pendant
une période d'au moins 30 jours au comité mixte qui,
ensuite, donne un avis à l'office; à partir de là,
l'office choisit de transmettre, après avoir obtenu cet avis du
comité mixte, son projet de modification ou son règlement.
M. Bellemare: Quand vous aurez fini de jouer avec les mots,
allez-vous nous dire ce que cela va contenir?
M. Johnson: Non, non. En pratique...
M. Bellemare: Plutôt directement ce que cela va continuer.
Je vous écoute.
M. Johnson: ... au moment où on se parle, l'office n'a pas
encore transmis ce projet. Je sais cependant que certaines des choses qu'il
comprend sont la priorité régionale. L'exemple que j'ai
donné à quelques reprises en Chambre, disons qu'on a affaire
à une localité où il y a des gens de la localité
qui ont des A et des gens qui ont des B, et les gens des B voient des gens de
l'extérieur de la localité venir prendre des emplois parce qu'ils
ont un A et qu'ils appartiennent à la région.
Je pense qu'une des modifications que nous suggérera l'office ou,
en tout cas, qui était parmi celles qu'il voulait soumettre au
comité mixte, c'est de faire en sorte que le B puisse être
considéré sur un pied d'égalité avec le A au niveau
d'une localité donnée, ce qui déjà...
M. Pagé: Sur une base de comté.
M. Johnson: Oh non! ce n'est pas sur une base de comté. Je
pense que le député de Portneuf devrait savoir cela s'il a
étudié un peu le règlement de placement. Cela n'a rien
à voir avec les comtés.
M. Pagé: Vous parlez des modifications...
M. Johnson: Les régions...
M. Pagé: Vous parlez de la localité...
M. Johnson: C'est cela.
M. Pagé: C'est un nouvel élément.
M. Johnson: Les régions du décret et les
comtés, ce sont deux affaires. Voyons donc! Deuxièmement, il y
aura des choses sur les apprentis qui touchent le règlement avec
l'Ontario. Pour le moment, pour répondre à la dernière
question, au-delà des appuis qu'on aurait ou qu'on n'aurait on
verra si on les a ou si on ne les a pas il n'y a pas de distinction au
niveau de l'office entre comme je l'ai dit en Chambre les
régions rurales et les régions urbaines, en étant
cependant conscient des difficultés que cela peut créer.
M. Bellemare: Est-ce que le ministre du Travail...
M. Johnson: Ceci dit, cela veut dire que cela vaut chez nous, que
cela arrivera chez nous dans le détail...
M. Bellemare: ...de l'Ontario a répondu à vos
demandes?
M. Johnson: C'est-à-dire que j'ai répondu aux
siennes...
M. Bellemare: Oui, mais...
M. Johnson: ...qu'il a dû recevoir d'ailleurs.
M. Bellemare: Le Dr Elgie?
M. Johnson: II a dû recevoir ma réponse hier ou ce
matin. Le temps de réaction dans ces relations très sectorielles
dure un peu de temps.
M. Bellemare: Intergouvernementales.
M. Johnson: Oui, mais dans le cas des relations
intergouvernementales sur de petits dossiers comme cela, parfois, cela prend un
peu de temps.
M. Bellemare: Cela fait des petits.
M. Johnson: Non, non, mais c'est perçu par l'ensemble du
gouvernement comme étant un dossier... Ce n'est pas comme quand on va
négocier la souveraineté-association. C'est un dossier global. On
va s'asseoir et on va se parler pour de vrai, mais là, ce sont des
dossiers sectoriels...
M. Bellemare: Vous aurez de mauvaises nouvelles.
M. Johnson: ...et je ne sais pas quand il réagira. Il a
obtenu ma réponse hier ou aujourd'hui.
M. Bellemare: Dans les amendements, la modification majeure dont
vous nous avez parlé en Chambre, prévoyez-vous qu'il y aura un
adoucissement dans la participation de ceux qui sont des apprentis qui veulent
véritablement travailler ou si ce sera le statu quo comme c'est le cas
actuellement?
M. Johnson: Au niveau général, au niveau global, le
règlement n'essaie pas de faciliter l'accession aux métiers de la
construction aux apprentis, parce qu'on le sait, le problème
n'importe quel gars qui a quinze ou vingt ans d'ancienneté vous
l'expliquera c'est que les gars qui ont quinze ou vingt ans de
métier, qui ne sont pas exactement des vieux quand on a 40 ans,
cela peut faire 20 ans qu'on est charpentier-menuisier et on a encore de bonnes
années à donner dans ce métier à cet âge
se sentent très menacés par les apprentis. Donc, il y a
toujours eu une réaction des gars de métier d'une certaine
ancienneté,
d'une certaine séniorité, comme on le dit parfois, et des
syndicats qui représentent ces gens, de très grande
appréhension envers les apprentis. D'accord? Dans le fond, si on les
écoutait, il n'y aurait plus d'apprentis. Cela arrêterait à
peu près. Bon!
M. Bellemare: Est-ce vrai qu'il y a 8% des gens de métier
par année qui s'en vont à cause de l'âge ou à cause
de toutes sortes d'autres raisons, que 8% des gens de métier de la
construction s'en vont? Cela créerait donc 8%...
M. Johnson: Le taux d'attrition? M. Bellemare: Oui, qui
s'en vont.
M. Johnson: Je pensais que c'était plus que cela, mais il
faudrait peut-être que je vérifie.
M. Bellemare: S'il y a 8% qui sortent de la construction, il y en
a sûrement au moins 8% qui doivent rentrer...
M. Johnson: Ah oui! mais ce ne sont pas
nécessairement...
M. Bellemare: ...et ce n'est pas cela... M. Johnson:
...des apprentis.
M. Bellemare: Oui, ce sont des classes B qui vont à A.
M. Johnson: C'est cela. Surtout si on regarde cela. C'est bien
beau, ces statistiques.
M. Bellemare: Mais d'apprentis qui vont à l'autre, c'est
zéro actuellement. C'est cela.
M. Johnson: C'est cela, mais il y a aussi...
M. Bellemare: Parce qu'il n'y en a pas qui entrent. C'est ce
qu'on voudrait avoir, une certaine souplesse...
M. Johnson: Oui, oui.
M. Bellemare: ...pour qu'on puisse véritablement aider les
gens qui s'en vont à l'aide sociale prendre l'argent du peuple du
Québec...
M. Johnson: Oui, d'accord, mais...
M. Bellemare: ...parce qu'ils n'ont pas eu la chance de... Ils
veulent travailler.
M. Johnson: Je comprends cela, mais il faut changer... Il faut
bien se comprendre. Il y a une différence entre la qualification
professionnelle et la classification. Ce sont deux choses. Le
député de Johnson emploie souvent ces mots-là
indistinctement. La qualification, c'était, à l'époque
où le député de Johnson était ministre du Travail,
le fameux règlement no 1, etc. La qualification, c'est ce qui permet
à un individu de dire: Je suis un charpentier-menuisier. Que ce
gars-là travaille dans la construction, qu'il travaile dans la
maintenance ou qu'il travaille ailleurs, cela n'a pas de rapport.
M. Bellemare: Non. (11 h 45)
M. Johnson: II est charpentier-menuisier, ce qui permet,
d'ailleurs, à l'Opposition de dire: Si un gars est un gars de
métier, on devrait le laisser travailler dans la construction, s'il le
veut. La réponse qu'on a toujours donnée à cela, c'est que
le gars qui a choisi pendant douze ans, comme charpentier-menuisier, de
travailler pour la ville de Montréal avec la sécurité
d'emploi, on pense que ce n'est pas lui qui a une priorité sur le
marché de la construction à Montréal quand il y a du
chômage. On pense que ce sont les gars qui travaillent dans la
construction. Ce ne sont pas des gars qui sont des réguliers dans
des...
M. Bellemare: Dans la "maintenance".
M. Johnson:... entreprises de "maintenance", d'usinage ou
d'autres choses.
M. Bellemare: Oui. C'est cela.
M. Johnson: II faut bien comprendre la distinction.
M. Bellemare: Seulement, il y a une chose certaine: on a toujours
fait la différence, nous autres aussi. Mais ce qu'on n'est pas capable
de faire, c'est arriver à trouver la solution dans nos bureaux...
M. Johnson: Oui.
M. Bellemare: ... quand des gens arrivent et disent: Moi, je suis
pénalisé de $300 et de $500 parce que Boisjoli m'a employé
pour faire un poulailler. J'en ai toujours fait et maintenant je ne peux plus
en faire. Vous le plaquez là.
M. Johnson: Ce sont des travaux de ferme.
M. Bellemare: Ce ne sont pas des travaux de ferme. C'est
Boisjoli. C'est un gars qui est archi-rnillionnaire qui bâtit des
poulaillers partout dans la province. Voyons donc! Il travaille pour un
employeur.
M. Johnson: Ce n'est pas sur une ferme.
M. Bellemare: Pardon?
M. Johnson: II travaille pour un commerce.
M. Bellemare: II travaille pour un commerce. Il bâtit
depuis des années et là il n'est plus capable.
M. Johnson: Je dois dire, M. le Président... M.
Bellemare: II n'est plus capable de bâtir.
M. Johnson: ... pour rectifier les choses, que je ne connais pas
M. Boisjoli et que je ne pense pas que ce soit une nécessité, en
vertu de l'article 3 de la loi du ministère, que je connaisse M.
Bois-joli.
M. Bellemare: Non, on ne vous a pas demandé cela, non
plus.
M. Johnson: Effectivement...
M. Bellemare: N'allez pas nous envoyer sur un "side line".
M. Johnson: Mais je voulais simplement qu'on se comprenne sur le
type de travaux.
Une voix: La bagarre.
M. Bellemare: Je vous vois venir. Vous "kickez" le char pour
l'envoyer sur le "side line" et dire: J'ai répondu. Le char est sur le
"side line" et il reste là. Alors, on n'a pas la réponse. C'est
cela qu'il faudrait avoir pour que, dans nos bureaux, on puisse dire: Tu n'as
pas raison d'être pénalisé de $500.
M. Johnson: D'accord. Je suis prêt à admettre, quand
j'écoute le député de Johnson dont l'expérience
nous éclaire tous et qui ressemble d'ailleurs, dans ses
réactions, à plusieurs des réactions de mes
collègues du côté de la majorité gouvernementale sur
les difficultés. Ils l'ont dit, ils ne sont pas gênés en
commission parlementaire. La dissidence ne nous gêne pas, vous avez vu
cela. Cela ne nous gêne pas du tout, nous autres.
M. Bellemare: M. Burns.
M. Johnson: On est capable de vivre avec cela, nous autres.
M. Bellemare: Oui.
M. Johnson: On n'est pas fragiles. On n'est pas des colosses aux
pieds d'argile.
M. Pagé: Votre bateau est en train de couler. M.
Bellemare: Vous allez en avoir d'autres.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bellemare: II va y en avoir d'autres qui vont s'en aller.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Johnson: M. le Président...
M. Pagé: Votre bateau est en train de couler.
M. Bellemare: Oui.
M. Pagé: On s'en reparlera après votre
congrès.
M. Bellemare: Je peux vous en nommer un autre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bellemare: Je peux vous en nommer un autre.
M. Johnson: M. le Président, je peux, à partir de
ce que nous décrit...
M. Pagé: Comment cela va-t-il dans le PQ?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous ne
me donnez pas hâte de monter à l'Assemblée nationale
actuellement.
M. Johnson: Je peux, à partir de ce que... M.
Pagé: Comment cela va-t-il dans le PQ?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Johnson: Je peux, M. le Président, à partir de
ce que nous dit...
Une voix: Vous allez perdre le comté. M. Bellemare:
Cela va être encore pire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Johnson: À partir de ce que nous dit le
député de Johnson...
M. Pagé: M. le Président, est-ce que je peux lui
demander comment cela va dans le PQ?
M. Johnson: Ah!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bellemare: ... mais Harel ne sera pas élu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît. Revenons au sujet.
Une voix: Ou dans les crédits.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Je demande votre collaboration.
M. Johnson: M. le Président, pour essayer de m'en tenir
à l'essentiel de ce que le député de Johnson demande et
pour ne pas essayer comme le député de Portneuf de faire passer
la vacuité de mes connaissances par des formules creuses, je vais
revenir à ce que je comprends. Je comprends
que des députés soient ennuyés par l'application du
règlement de placement, particulièrement dans des régions
rurales comme celle qu'habite le député de Johnson. C'est clair
que le règlement dans son état actuel est insatisfaisant. Dans
quelle mesure les modifications, cependant, vont-elles permettre de conserver
le principe qu'il y a une certaine ancienneté pour les gars de la
construction qu'il faut respecter quand il y a des "jobs"? C'est la
difficulté à laquelle fait face l'Office de la construction et
à laquelle font face, d'ailleurs, les syndicats dans ce
secteur-là et les travailleurs eux-mêmes parce que même
si...
M. Bellemare: On ne vous demande pas d'être draconien.
M. Johnson: Non, mais qu'on se comprenne.
M. Bellemare: On vous demande simplement d'être plus
souple.
M. Johnson: C'est cela.
M. Bellemare: Plus souple un peu...
M. Johnson: C'est cela. Les amendements...
M. Bellemare: ... pour ne pas arriver avec des amendes
épouvantables.
M. Johnson: ... vont aller dans le sens de la souplesse,
effectivement.
M. Bellemare: J'espère.
M. Johnson: Ils vont aller dans le sens de la souplesse. Mais il
faut bien se rappeler une chose: s'il y a au Québec, au moment où
on se parle, environ 60 000 travailleurs qui trouvent de l'emploi, parce qu'il
y a du travail pour en occuper 60 000, et qu'il y a 120 000 travailleurs qui
sont des travailleurs dits de la construction, règlement de placement ou
pas règlement de placement, cela ne donne pas une "job" de plus à
qui que ce soit.
M. Bellemare: Par régions, oui.
M. Johnson: II faut qu'on se comprenne là-dessus...
M. Bellemare: Par régions, oui.
M. Johnson: ... parce que souvent j'entends l'Opposition
libérale faire comme si, en abolissant le règlement de placement,
il va y avoir plus de travail au Québec. Cela ne change rien. Il y a 60
000 "jobs" ouvertes. Il s'agit de savoir combien il y a de personnes qui vont
avoir accès à ce marché d'emploi là. La question
est là. Le critère qui est dans le règlement de placement,
j'en conviens, est sans doute trop sévère pour les régions
rurales, entre autres. Sans doute, dans son application, il y a des gens que
cela menace au point où cela peut créer concrètement, dans
certains cas, des injus- tices, mais je dirais que cela ne crée pas
d'injustices dans le quart des cas dont nous parle l'Opposition en
général, aussi de bonne foi que soit le député de
Johnson parce qu'il y a bien des cas qui, malgré tous les
assouplissements du monde, vont encore se présenter. Le gars qui
travaille dans une commission scolaire et qui faisait des "jobines" sur la
construction, il ne pourra plus en faire et il va se plaindre qu'il lui manque
$500 à $600 par année. Mais c'est comme cela parce que nous
autres, on dit que le gars qui est dans la construction, ces $500 ou $600
devraient aller à lui parce qu'il fait sa vie là-dedans.
M. Bellemare: C'est pareil dans le cas des policiers qui font de
la peinture.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):... et
par la suite, le député de Joliette-Montcalm sur le même
sujet.
M. Pagé: On n'a jamais dit qu'il n'y aurait plus
d'emplois; ce sont les remarques tout à fait farfelues du ministre. Ce
qu'on a dit, ce qu'on invoque et ce qu'on demande, ce n'est pas
compliqué, c'est plus de souplesse, ce sont des améliorations,
des modifications au règlement de placement qui permettent que ce soit
plus souple entre autres, en milieu rural, et que cela empêche les faits
qu'on vit dans le moment en milieu rural où des gens qui auraient un
travail à côté de chez eux, dans leur localité, dans
leur comté, soient privés d'effectuer un tel travail, alors que
c'est une personne venant de peut-être 100 milles de là qui est
désignée par l'OCQ, ce qui implique des coûts additionnels
pour l'employeur. C'est purement et simplement cela qu'on a mis en relief lors
de la commission parlementaire; c'est ce pourquoi on vous a demandé des
modifications au règlement, tenant compte des régions rurales et
des régions urbaines du Québec. Est-ce que le ministre du Travail
prévoit une réforme globle au règlement de placement ou
s'il prévoit des modifications bien particulières dans certains
cas seulement? Première question.
M. Johnson: Au moment où on se parle, je peux vous dire
qu'il ne m'appartient pas de décider que ce sera une réforme
globale ou non; il appartient à l'office de le faire puisque le
règlement lui appartient. Deuxièmement...
M. Pagé: On le sait.
M. Johnson: La loi, c'est la loi.
M. Pagé: On le sait.
M. Johnson: Nous avons amendé, en commission
parlementaire, dans le cadre de la loi 110, le projet de loi que j'avais
déposé et dans lequel je disais que le gouvernement pouvait
modifier les règlements de l'office. C'est à la demande de
l'Opposition elle-même que j'ai modifié l'article. L'opposition ne
voulait pas que le gouvernement
ait le pouvoir discrétionnaire de modifier les règlements
de l'office. Donc, le gouvernement est dans une situation où il peut
faire deux choses: il peut carrément abolir le règlement, ou il
attend que l'office lui fournisse des propositions. Le ministre va essayer de
"négocier" avec l'office un contenu qui soit le plus accessible, le plus
acceptable possible, en étant conscient cependant que cet office, en
vertu de la loi que les gens qui sont en face de moi ont votée, est
responsable du règlement de placement.
M. Pagé: Le ministre vient de nous dire qu'il allait
"négocier" avec l'office sur les amendements. Plus tôt, le
ministre a dit, en réponse à une question du député
de Johnson: Le règlement est sans doute trop sévère pour
les régions rurales. Est-ce que cela fera partie des objets de
négociation que vous aurez avec l'office, cette distinction entre le
milieu rural et le milieu urbain? Si vous convenez, comme ministre du Travail
et comme membre du gouvernement, que ce règlement de placement est sans
doute trop sévère pour les régions rurales du
Québec, est-ce qu'on doit s'attendre que ce sera un des objets de
négociation avec l'OCQ?
M. Johnson: Pour répondre, dans la mesure où il
s'agit là d'une question, cela ne fonctionne pas avec la pensée
magique, les amendements au règlement. La pensée magique est
probablement la chose dans laquelle se garrochent habituellement les hommes
politiques quand ils ne savent pas quoi dire. Quand on dit que dans les
secteurs ruraux, c'est l'endroit où, effectivement, on peut se rendre
compte sans doute ou c'est plus manifeste, en tout cas que ce
règlement cause des problèmes, cela tombe un peu sous le sens
commun. Quand on regarde le développement, sauf dans des régions
comme la Beauce, l'Abitibi et le Saguenay-Lac-Saint-Jean où le taux de
construction est très élevé, dans le milieu rural, cela ne
veut pas dire que le règlement va dire: II y a des coins ruraux et il y
a des coins non ruraux. Il décycle. Cela ne se manifestera pas
nécessairement par l'introduction d'une notion de ruralité dans
le règlement de placement mais on va tenir compte de cette dimension.
Cela peut être, par exemple, le placement sous-régional qui
correspond en pratique à cela; cela peut être l'incidence du taux
de chômage par région; cela peut être un tas de techniques.
Le député de Portneuf devrait le savoir.
M. Pagé: On le sait, mais cela va être quoi, dans
cela?
M. Johnson: On va voir; tout ce qu'on sait, c'est qu'il faut que
cela réponde à la préoccupation rurale.
M. Pagé: Quand?
M. Johnson: On va le voir. J'ai dit tout à l'heure que
l'office va m'acheminer cela proba- blement cette semaine, avant la fin du
mois. On est le 23.
M. Pagé: Si c'est acheminé à la fin du mois
de mai...
M. Johnson: Chez nous, c'est cela. Vous en parlerez, vous poserez
une question le 3 juin.
M. Bellemare: On va avoir encore la même
réponse.
M. Pagé: Le 3 juin est un dimanche, le 4 juin, on
siège, vous ne serez peut-être pas là comme ministre du
Travail, après le congrès du PQ de la fin de semaine parce que
cela va barder.
M. Johnson: Une chance que vous n'avez pas de convention dans
votre comté, d'après ce que j'entends.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre.
M. Pagé: Cela sera en application quand, M. le
Président? Si c'était déposé le 30 mai, cela
pourrait être en application dans quel délai avec les
mécanismes d'adoption?
M. Johnson: Je ne pourrais pas vous le dire en pratique, mais il
y a sûrement une partie qui va pouvoir se faire de façon
très rapide. Si quelqu'un qui a fait 1000 heures, qui avait un C en 1978
et qui devait avoir un A en 1979 au lieu d'avoir un B selon l'effet du
règlement, ce n'est pas compliqué. Je veux dire, on pèse
sur un piton d'ordinateur et les gens reçoivent leur carte. Quand ils
marchent, c'est vrai. Les ordinateurs ne marchent pas tout le temps.
D'ailleurs, on sait qui les a mis sur pied. Le député qui est en
face de moi devrait le savoir. On est pris avec. On essaie de les faire
fonctionner et éventuellement ils vont l'avoir.
M. Pagé: C'est tout le temps notre faute. Si ce n'est pas
la nôtre, c'est celle d'Ottawa.
M. Johnson: Vous regarderez les affaires qu'on va publier dans
les mois qui viennent. Deuxièmement, il y a des dispositions qui, elles,
vont être plus compliquées sur le plan de règlement de
placement. Quand on parle, par exemple, des sous-régions, traduire cela
sur le plan informatique, cela ne se fait pas dans l'espace de deux secondes.
C'est très complexe comme opération sur le plan informatique.
Cela va dépendre de la complexité des amendements auxquels on en
arrivera une fois que l'office les aura soumis. Deuxièmement, de la mise
en vigueur de cela. Elle est en fonction de la complexité et on
verra.
M. Pagé: Dernière question là-dessus, M. le
Président, avant que mon collègue de Joliette-Montcalm puisse
intervenir. Une des possibilités pour le travailleur pour lequel il y a
un emploi de disponible et qui ne peut l'avoir en raison du rè-
glement de placement, une des possibilités c'est que celui-ci
devienne un artisan en vertu de la loi 110. Celui-ci a, à ce moment,
à se rendre à la Régie des entreprises en construction du
Québec, à démontrer qu'il possède un certificat de
qualification et préparer une requête pour avoir le statut de
travailleur artisan. M. le Président, c'est une échappatoire,
c'est une porte ouverte qui permet au travailleur du Québec, une fois
qu'il a le statut d'artisan en vertu de la Régie des entreprises en
construction du Québec, d'aller travailler pour un employeur
professionnel. Il serait évidemment soumis au décret, et je vous
rappellerai qu'on a eu un débat assez prolongé là-dessus
sur le projet de loi 110. Les règlements que la régie des
entreprises peut adopter en vertu de la loi 110, est-ce qu'ils ont
été présentés au lieutenant-gouverneur en conseil,
est-ce qu'on peut présumer qu'ils seront en application bientôt?
M. le Président, c'était une question que je formulais dans ma
déclaration d'ouverture, mes informations sont qu'il n'y a pas de
modification d'apportée dans le moment. La personne qui se
présente pour avoir le statut d'artisan doit entre autres avoir une
déclaration de raison sociale, les bilans, etc. En fait, c'est tout
comme s'il était entrepreneur.
M. Johnson: On se souviendra que, lors de la commission
parlementaire sur la loi 110, j'avais dit que, quelle que soit la
réglementation qui découlerait des articles de loi au sujet de
l'artisan, elle ne pourrait pas être en vigueur avant le mois de
juin.
M. Pagé: On est à l'aube du mois de juin.
M. Johnson: On vérifiera le journal des Débats et
on va se rendre compte que c'est cela que j'ai dit. Deuxièmement, le
Conseil exécutif et mon ministère ont effectivement reçu
le projet de règlement qui doit, en vertu de la loi, être
prépublié, et le projet de règlement sera
prépublié incessamment.
M. Pagé: Sur le même sujet, une dernière
question. Est-ce que le ministre pourrait me dire le nombre de requêtes
que la Régie des entreprises en construction a reçues depuis le
début de l'année 1979 de la part de travailleurs du Québec
qui voudraient devenir ou qui voulaient ou qui veulent devenir artisans?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
pouvez répondre, si vous voulez.
M. Johnson: Au niveau des artisans, à peu près
450.
M. Pagé: 450 depuis février.
M. Johnson: Le tout s'intégrait dans le contexte d'une
campagne de publicité.
M. Pagé: Cela va de soi.
M. Johnson: Une autre méchanceté, de
publicité.
M. Pagé: Cela va de soi, M. le Président. Il y en a
partout, de la publicité.
M. Chevrette: M. le Président, je ne voudrais pas allonger
le sujet, mais j'ai des choses à dire quand même sur le
règlement de placement. Je suis très heureux d'abord d'apprendre
que cette semaine ou la semaine prochaine on aura de la souplesse au niveau du
règlement en ce qui regarde en particulier, peut-être, le nombre
d'heures et que dans les milieux ruraux on apportera certaines modifications,
en tout cas, quant au placement régional. À part ceci, ce qui me
fâche un peu dans l'argumentation du critique libéral, c'est que
tout en voulant maintenir le règlement, il parle complètement
contre. (12 heures)
M. Johnson: La cohérence.
M. Chevrette: Je ne comprends pas grand-chose dans son attitude
puisqu'il faut un certain courage, dans un bureau de comté, pour
expliquer au gars, faire un peu d'histoire au bonhomme qui vient se plaindre.
C'est peut-être facile, dans l'Opposition, de dire que c'est la faute du
gouvernement, mais il n'en demeure pas moins que c'est le même
gouvernement qui avait demandé...
M. Pagé: Ce n'est pas votre faute?
M. Chevrette: ... ce règlement de placement. Je crois que
cela a été déposé par un M. Harvey, et cela a
dormi.
M. Pagé: Continuez. Cela a été
refusé, aussi.
M. Chevrette: Probablement justement par le manque de courage et
aussi peut-être parce qu'on voulait maintenir le système qui
existait antérieurement. Avec le peu d'emplois qu'il y a dans
l'industrie de la construction...
M. Pagé: Depuis 1976, notamment.
M. Chevrette: Est-ce que je pourrais continuer? Je ne vous ai pas
dérangé une fois, M. le député de Portneuf. Vrai ou
faux?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Chevrette: Je ne vous ai pas dérangé une seule
fois.
M. Pagé: Continuez, vous êtes bien parti.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
avez la parole, M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Vous pouvez bien parler d'arrogance.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé: Je ne suis pas arrogant, je vous dis que vous
pouvez continuer.
M. Chevrette: Le prototype de l'arrogance.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Bellemare: Une bataille de coqs.
M. Pagé: Ils ne sont pas de bonne humeur ce matin.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! M. le député de Joliette-Montcalm, vous avez la
parole.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. C'est
peut-être parce qu'on voulait maintenir le système qu'il y avait
avant. Quand on dit qu'il y a peu d'emplois, c'est tout à fait normal.
Il y a eu un ralentissement après l'Expo 67 comme il y a un
ralentissement après les Olympiques. Cela, je pense bien qu'on ne peut
pas le nier, personne, autour de cette table...
M. Johnson: ... à cause des séparatistes...
M. Chevrette:... à moins d'être dupe, à moins
d'être délibérément malhonnête. À
partir de là, s'il y avait seulement 70 000 emplois avec aucun
contingentement au moment où il y a 250 000 inscrits à l'Office
de la construction, qui travaillerait? Quand même tu aurais une carte
A... il faut le comprendre. Ce serait plus que cela parce que vous savez qu'il
y avait des monopoles de chantier. Je ne veux pas réveiller de vieux
souvenirs de 1974, mais vous saviez très bien que c'était le
contremaître qui relevait d'une centrale qui faisait rentrer tout le
monde d'une même centrale. Cela ne donnerait pas plus d'emplois sur le
plan régional. Quand le député de Portneuf parle de
coûts additionnels pour l'employeur, comment se fait-il qu'avec un
règlement de placement et avec un décret qui prévoit des
coûts de déplacement et des coûts pour la nourriture et le
gîte durant la semaine, des entrepreneurs de l'extérieur viennent
réaliser un contrat dans une petite ville avec uniquement du personnel
de l'extérieur? Si cela coûte si cher, comment se fait-il qu'ils
n'engagent pas la main-d'oeuvre locale, qu'on soit obligé, par
règlement de placement, d'introduire un pourcentage ou quelque chose du
genre pour permettre à la main-d'oeuvre locale de travailler, si cela
coûte si cher, comme le dit le député de Portneuf?
Je ne comprends rien dans son argumentation. À Joliette, on a
construit Domtar et il y a un gars de Joliette qui y a travaillé. Pour
le reste, c'était entièrement de la main-d'oeuvre
extérieure. Cela coûte cher! Coûts additionnels! Ce n'est
pas cela, c'est parce qu'il y a encore des employeurs qui marchent "sur le
bras" de certains groupes de syndiqués et, via des contremaîtres,
ils s'organisent pour faire venir la main-d'oeuvre, les "chums", c'est comme
cela que ça marche encore, avec un règlement de placement, et il
voudrait revenir un peu à ce mode. Ce sont eux-mêmes qui ont
créé une commission pour venir à bout de se
débarrasser de l'épine qui les piquait trop à
l'époque et, par la suite, ils ont eu des regrets de l'avoir
créée.
Je voudrais aussi, M. le Président j'achève, ce ne
sera pas long souligner un autre aspect. Le comité mixte dans
l'industrie de la construction, je voudrais souligner un aspect
là-dedans. Il y a des gens qui dénoncent le règlement de
placement à tour de bras et qui ont la chance de l'amender au
comité mixte; qu'ils le fassent. Ils disent à leurs membres, dans
bien des cas et j'ai pu le vérifier que c'est le
gouvernement qui ne voulait pas modifier le règlement de placement, que
c'est le gouvernement qui ne voulait pas réduire les régions, que
c'est le gouvernement qui ne voulait pas abaisser le nombre d'heures. Pourtant,
actuellement, la responsabilité le ministre l'a dit à
trois ou quatre reprises, cela n'a pas été compris, mais il l'a
dit... appartient aux gens impliqués dans le milieu qui ont la chance de
modifier ce règlement et de l'adapter. C'est à eux de faire
diligence, maintenant; qu'ils le fassent. Qu'il n'y ait pas deux versions: une
devant les membres disant que c'est le gouvernement, après quoi ils sont
heureux qu'il y ait un règlement de placement parce que cela leur
enlève des problèmes.
Je ne suis pas en parfait accord avec tout le règlement de
placement, je l'ai déjà dit, mais une chose est certaine, entre
un règlement de placement et le bordel qui existait
antérieurement, j'aime encore mieux le règlement de placement.
Là, c'est aux gens impliqués de le modifier dans les meilleurs
délais. C'est différent. Il faut le faire savoir à la
population et non pas essayer de faire courir, comme notre ami de Portneuf, que
le gouvernement est responsable du règlement de placement. Actuellement,
ce sont les gens impliqués; les syndicats peuvent s'entendre et le
modifier dans les meilleurs délais, le règlement. En ce qui me
concerne, dès qu'il sera déposé au Conseil des ministres,
je vous jure que je dirai à M. Johnson: Cela presse, grouillez-vous
parce que, dans nos milieux, c'est vrai que c'est difficile. Mais il faut avoir
le courage politique d'expliquer que la situation actuelle est encore moins
pire, au point de vue de la discrimination, que celle qui existait
antérieurement, avant le règlement de placement. Ce ne sont pas
seulement les petis amis du système, les petits amis du gouvernement qui
sont placés, ce ne sont pas seulement les petits amis des
contremaîtres ou des "stewards", comme ils le disent sur les chantiers,
qui rentrent maintenant. C'est la reconnaissance no 1 du syndicalisme. Il faut
être capable de l'admettre, car ceux qui nient cela nient le
syndicalisme, ils nient le pouvoir de se donner des règles du jeu.
Deuxièmement, ceux qui crient fort, qui crient à
l'injustice dans le contexte actuel, j'aimerais
bien leur voir faire une suggestion, à savoir ce qu'ils proposent
concrètement pour changer cela. Le principe même du syndicalisme
est basé sur l'ancienneté. Si vous niez cela, vous niez toute
l'approche syndicale dans le règlement. De là à dire qu'il
n'y ait pas trop d'exigences de base, c'est un pensez-y bien. Du C au A, par
exemple, je suis d'accord avec ce genre de formule. Si on peut les introduire
le plus vite possible, tant mieux, mais qu'on ait le courage politique, par
exemple, de remplir sa "job", son emploi correctement en tant que
député en n'essayant pas de faire dévier le
débat.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
même sujet, M. le député de Johnson.
M. Bellemare: Je comprends que le député a aussi un
rôle de conciliateur et surtout de propagandiste, mais l'OCQ aussi doit
en avoir un. Les officiers qui reçoivent mal nos électeurs en
leur disant: Vous n'avez pas le droit, sacrez votre camp, vous n'aurez pas
votre carte ou qui leur imposent $300 ou $500, cela fait mal. Si l'OCQ pouvait
avoir des officiers qui sont souples, cela pourrait peut-être nous aider
dans notre position comme conciliateurs ou intermédiaires auprès
des électeurs quant aux nouveaux règlements.
Il reste un fait certain: le comité mixte joue son rôle.
Est-ce que, dans l'application de ce règlement nouveau du mois de juin,
il n'y a pas eu de nombreux cas particuliers qui ont été
signalés à l'OCQ, qui ne sont pas tellement contre la loi, contre
le règlement, mais qui sont contre l'application d'une donnée
spécifique qui n'avait jamais été prévue? Je vous
en ai donné des exemples et je pourrais vous en citer quatre ou cinq.
Pourquoi l'OCQ, qui fait pour le mieux, j'espère, maintenant qu'il a une
nouvelle organisation, ne nous envoie-t-il pas une lettre circulaire à
nous, les députés, nous demandant: Avez-vous des suggestions
à nous faire? Je pourrais leur citer deux ou trois cas qui sont
arrivés chez nous et qui peuvent s'appliquer régionalement, dans
bien des parties rurales. Eux ne vivent pas ce qu'on vit, nous, chez nous.
Comme Boisjoli, je le répète, car c'était un ami de
Daniel depuis longtemps. Votre père le connaissait. Boisjoli
était un gros gars. Le gars qui travaille à faire des
poulaillers, il a toujours fait cela toute sa vie pour vivre. Là, il
vient de recevoir une pénalité de $300 parce qu'il a
continué de faire ce qu'il avait toujours fait. Cela fait des
années qu'il bâtit des poulaillers, Boisjoli! C'est un cas que le
comité mixte pourrait peut-être étudier de nouveau. Il n'y
a rien à faire, il va falloir qu'il paie, c'est ça! Il n'y a pas
de souplesse dans cela, la loi est la loi. C'est final bâton! Je
comprends que celui qui a 64 ans et onze mois ne peut pas avoir sa pension de
vieillesse.
M. Johnson: C'est pour cela qu'il y a des batailles de coqs dans
votre comté, parce qu'il y a des poulaillers?
M. Bellemare: Non, on ne manque pas à la loi chez nous, de
ce côté-là. Le gars qui vend la farine et les
moulées, il est bien heureux de voir se battre les coqs, s'ils se
battent, mais je ne le pense pas. Mais il y a de bonnes poules!
Une voix: Pondeuses?
M. Bellemare: Des poules pondeuses!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant de
changer de sujet, y a-t-il d'autres questions sur ce sujet?
M. Bellemare: On avait posé une autre question.
M. Johnson: Peut-être à l'élément
1.
M. Pagé: Non, non, toujours au programme 1.
M. Johnson: Elément 1, non? Général.
M. Pagé: Oui. J'avais posé des questions au
ministre sur le dossier de la santé et de la sécurité des
travailleurs.
M. Johnson: Le dossier santé et sécurité est
en ce moment au comité de développement social. Il est exact de
dire que c'est très complexe sur le plan administratif, dans la mesure
où la mission de santé et de sécurité recoupe
plusieurs missions gouvernementales qu'on retrouve dans différents
ministères. C'est essentiellement une question d'ajustement de cet
ensemble. Sur le plan technique, c'est très, très
compliqué, effectivement.
M. Pagé: Je n'en doute pas, M. le Président, mais
j'avais quand même formulé des questions. Le ministre
d'État au développement social avait laissé entrevoir que
le projet de loi pourrait être déposé avant Pâques,
dans un premier temps, avant la fin mars et, par la suite, avant Pâques.
La déclaration est restée là; on est au 23 mai. Nous
sommes à 28 jours de l'ajournement de la session. Mes informations sont
que le projet de loi et le ministre vient de le confirmer ce matin
est au comité du conseil des ministres. À quel moment
prévoyez-vous que le projet de loi pourra être
déposé?
M. Johnson: Je ne pourrais pas dire. Je sais que le ministre
d'État au développement social a travaillé
là-dessus, comme si c'était pour hier, tout le temps. Maintenant,
je ne peux pas dire si cela va être déposé la semaine
prochaine ou dans trois semaines.
M. Pagé: Est-ce que ce sera déposé avant la
fin de la présente session?
M. Johnson: C'est dans les objectifs que de le faire, oui.
M. Pagé: Avant l'ajournement de la session? M. Johnson:
Cela devrait, je présume.
M. Chevrette: Si on se base sur les études en
comité de travail, cela devrait.
M. Johnson: C'est possible, mais je pense que je n'ai pas,
évidemment, à donner... Je vois tout de suite le
député de Portneuf se lever en Chambre, brandissant les bleus du
journal des Débats: Le ministre du Travail a dit que ce serait
déposé avant le 22 juin. Alors, je pense qu'il ne m'appartient
pas de dire que ce sera déposé avant le 21 juin. À ce que
je sache, on travaille comme si ce devait l'être du côté du
développement social.
M. Pagé: D'accord. Je conviens que cela impliquera des
rajustements administratifs assez importants, entre autres. Je sais, je suis
informé qu'un des éléments du problème, dans le
moment, et ce à quoi le Conseil des ministres est convié comme
décision, c'est sous quelle juridiction seront logés les services
d'inspection comme tels. Est-ce que c'est bien le cas que c'est un des
éléments du problème dans le moment? Le ministre pourrait
certainement nous dire à quoi on peut imputer le motif du retard dans ce
dossier. C'est beau d'invoquer la complexité...
M. Johnson: Bien, c'est cela.
M. Pagé: ... mais si le premier ministre
était...
M. Johnson: La réponse, c'est essentiellement cela. C'est
un dossier, entre autres, l'inspection, c'est une des parties très
complexes.
M. Pagé: Les parties contentieuses.
M. Johnson: Le dossier aussi. Dans la notion de santé,
dans notre société, il y a la santé des travailleurs et il
y a l'ensemble de la santé de la population. Quand vous êtes
à la maison et que vous vous faites mal, vous faites une crise d'asthme,
est-ce que vous tombez sous la juridiction du travail, au travail, ou si vous
tombez sous la juridiction du MAS? C'est très compliqué sur le
plan concret. On parle de dizaines de millions de dollars qui sont
impliqués et de centaines de millions de dollars si on inclut l'ensemble
du réseau des affaires sociales. C'est clair que ces problèmes ne
sont pas simples. L'inspection en est un, entre autres.
M. Pagé: Alors, le gouvernement a parlé un peu trop
tôt lorsqu'il a annoncé que le projet de loi, dans le discours
inaugural du premier ministre, serait déposé et adopté
dans la présente session?
M. Johnson: Non, le gouvernement a simplement fort bien
fouillé le dossier, et quand il sera déposé, cela veut
dire qu'il sera complet.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Johnson.
M. Bellemare: J'avais posé une question dans mon
intervention du début à savoir si le Code du travail sera refait
au complet ou seulement en partie par des comités d'étude sur
l'injonction ou sur les différents...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Dois-je
présumer qu'il n'y a plus de questions sur la santé et la
sécurité au travail? Je remarque qu'on s'en va sur le Code du
travail.
M. Pagé: II n'y a pas de réponse, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
non, je parle des questions. Y a-t-il d'autres questions? Non? D'accord. M. le
député de Johnson.
M. Pagé: Quand il n'y a pas de réponse, il n'y a
pas de question.
M. Bellemare: Ma question reste.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. M. le ministre.
M. Johnson: En fait, d'abord, il y a certaines choses qui vont
être faites c'est sûr auxquelles on travaille en ce
moment. Il y a deux dossiers. Il y a l'injonction ou, enfin, le
mécanisme, point d'interrogation. Il y a, deuxièmement, un groupe
de travail sur l'accréditation multipatronale... (12 h 15)
M. Bellemare: L'accréditation...?
M. Johnson: Multipatronale. Ce que certains appellent sectorielle
ou pluripatronale.
M. Bellemare: Oui, oui.
M. Johnson: II semble que sur le plan théorique les
experts s'entendent pour dire que l'expression la plus exacte, c'est
multipatronale. On a aussi un groupe de travail sur les licenciements
collectifs en ce moment.
M. Bellemare: 45.
M. Johnson: Oui, mais plus loin que cela encore. C'est cela, la
notion qu'on retrouve, finalement, dans la fameuse Loi de qualification
professionnelle, l'article qui prévoit l'avis de congédiement.
Mais comment on pourrait aller un peu plus loin là-dedans. Pour le
reste, force m'est de constater que les experts au moins universitaires du
domaine qui sont réunis avec les experts de la pratique également
et, dans certains cas, ce sont des gens qui appartiennent aux deux
milieux à l'Université Laval, au congrès des
relations industrielles, auquel je n'ai malheureusement pas pu assister
à cause de la maladie que vous connaissez... J'aurais bien aimé y
être, d'ailleurs, ne serait-ce que pour dire à M. Marc Lapointe du
gouvernement fédéral qu'avec les succès qu'il a connus
à CJMS et à Bell Canada, je pense qu'il n'avait pas de
leçon à donner au Québec sur la loi 45. Mais il semble,
d'après ce que j'ai lu dans les journaux,
même si je n'ai pas lu l'ensemble des textes qui vont être
publiés bientôt, ce que je vais faire, qu'il y a de plus en plus
de gens dans ce milieu, tant du côté syndical que patronal, qui
pensent qu'il faut faire une révision du code au complet par opposition
à une refonte, c'est-à-dire un nouveau Code du travail, et par
opposition au type de travail qu'on a fait jusqu'à maintenant qui
était, d'une part, une première révision qui a
été la loi 45. Il faut se rappeler qu'à part 81 a), 97 b)
c'était une première convention collective antiscab et quelques
affaires; il y avait essentiellement des améliorations des textes. Le
groupe semble penser qu'il faut aller plus loin que cela, conciliation
volontaire, évidemment...
M. Bellemare: Conciliation volontaire...
M. Johnson: ... qui était le coeur de tout cela.
M. Bellemare: ... mais c'est ce qui a amené tout
l'échafaudage qu'il y a dans votre rapport annuel. Vous dites en toutes
lettres que le domaine de la conciliation a diminué
énormément. "À la lecture des statistiques de 1977-1978,
une diminution des activités du service quant au nombre de dossiers
reçus a été constatée principalement en ce qui a
trait aux demandes de conciliation." Les demandes de conciliation dans le
programme no 1 on le verra tout à l'heure on va revenir
sur cela. Ma question primordiale, de principe, c'est: Le Code du travail
sera-t-il refait ou amélioré au lieu de le faire par bribes comme
on le fait actuellement? En 1964, on l'avait fait, mais depuis ce temps il y a
eu seize lois adoptées et des dizaines d'autres qui ont amendé le
code.
M. Johnson: C'est cela.
M. Bellemare: C'est tout un paquet de jurisprudence qui est
établie.
M. Johnson: Depuis 19 mois, au ministère du Travail, on a
déposé et ou fait adopter quinze lois. C'est d'ailleurs la saison
la plus prolifique au ministère depuis la dernière qui
était celle du député de Johnson...
M. Bellemare: En 1968, on a...
M. Johnson: ... mais c'est un peu plus qu'à
l'époque du député de Johnson.
M. Bellemare: Je ne sais pas. On avait eu...
M. Johnson: D'ailleurs je m'enorgueillis du fait qu'on en a fait
un peu plus que lui, parce qu'il avait fait beaucoup de choses, à
l'époque.
On est pris, comme vous le savez, avec une vision de cela. On se
rappellera le rapport Thibo-deau qui, lui, avait recommandé: Faites donc
des réformes dans des secteurs précis et laissez donc faire la
révision globale pour le moment. Je ne suis pas sûr que ce
consensus-là, dix-huit mois après, c'est celui qu'on retrouverait
dans le milieu de l'expertise syndicale et patronale. On va regarder cela. Moi
je suis ouvert à l'idée qu'il faudrait peut-être envisager
une révision générale...
M. Bellemare: Pas pour détruire...
M. Johnson: Non, non, non, simplement carrément
améliorer...
M. Bellemare: Pour entendre des témoignages de gens
compétents qui ont oeuvré au ministère du Travail ou qui
ont enseigné le droit du travail pour les améliorations de 1880
et 1890, parce qu'on s'en va vers des changements si rapides qu'ils ne sont
presque pas "suivables", si le mot m'est permis. Au Code du travail qu'on a
bâti, en 1964, on a immédiatement, l'année suivante, en
1966, apporté des amendements et, en 1968, je sais le nombre
d'amendements qu'on a apportés. On a changé complètement
le conseil de conciliation en nommant des commissaires-enquêteurs, et il
y avait le tribunal, n'oubliez-pas cela. C'était un effectif
c'est grâce à nous qui l'avons fait qui est bon
aujourd'hui, qui sert bien. Peut-être va-t-on avoir avant longtemps un
nouveau juge bien compétent qui va venir du "PQuiou", je pense bien. On
s'attend à cela, le ministre...
Une voix: ... compétent...
M. Bellemare: Je lui fais... Non, je lui fais le voeu parce que
s'il y a véritablement un homme qui est compétent dans les
relations de travail, c'est bien M. Burns qui vient de la CSN, qui a
pratiqué véritablement la conciliation. Je pense que cela
serait...
M. Johnson: Je voudrais faire un tour de table. Est-ce que le
député de Portneuf est d'accord avec cela?
M. Bellemare: Ah! En tout cas...
M. Pagé: M. le Président, est-ce que le ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre vient d'annoncer, au nom de son collègue
de Chicoutimi qui n'est pas ici ce matin...
M. Johnson: Je n'ai rien annoncé.
M. Pagé: Je comprends que le député de
Chicoutimi ne soit pas ici avec la défaite que ce comté a subie
hier avec...
M. Johnson: M. le Président, je n'ai rien
annoncé.
M. Pagé:... le permanent du PQ dans le comté.
M. Johnson: On pourrait peut-être répondre à
la question du député de Johnson.
M. Pagé: Est-ce que vous...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, à l'ordre!
M. Pagé: ... annoncez, par le fait même, que
l'Opposition sera consultée sur la nomination des juges? C'est cela que
vous venez d'annoncer?
M. Johnson: Oh! Non. Mais non, parce que vous recommanderiez
toujours les mêmes et on les connaît.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé: C'est cela.
M. Bellemare: Ce n'est pas tout à fait ce qui est
arrivé au ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Quand on a
nommé les juges au ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bellemare: ...c'est moi qui étais là et je n'ai
nommé que des gens contre moi...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bellemare: ...à cause de leur expérience.
Regardez Beauregard et regardez le président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Pas de personnalité. Revenons à la
révision du Code du travail.
M. Bellemare: Non, pas de personnalité, mais je ne
permettrai pas qu'on vienne insinuer que les juges...
M. Johnson: Ce n'est pas de vous dont je parlais.
M. Bellemare: ...du travail...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Johnson: Non, je parlais à l'Opposition officielle.
M. Bellemare: Je défends mon point de vue. Une voix:
Bataille de coqs!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Johnson: Je parlais aux rouges, pas à vous. Voyons
donc!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Bellemare: Lors de la nomination des juges au ministère
du Travail et de la Main-d'Oeuvre, ils ont été choisis à
cause de leur expérience en droit du travail et parce qu'ils avaient
participé... Beau-regard en est un exemple; c'est un libéral
reconnu. Mélançon. Je vais vous en nommer d'autres.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Johnson.
M. Bellemare: Même le président, même M.
Geoffroy.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bellemare: M. Geoffroy...
M. Johnson: ...le droit de vote au...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Nous ne
sommes pas à l'étude des crédits du ministère de la
Justice.
M. Bellemare: Je voudrais dire que le ministère du Travail
et de la Main-d'Oeuvre a véritablement évolué et on lui a
donné une grosse partance. Mais actuellement, à cause de la
rapidité avec laquelle on vit aujourd'hui, les clauses qui, il y a cinq
ans, étaient bonnes ne sont plus bonnes.
M. Johnson: M. le Président...
M. Bellemare: Elles ne s'appliquent plus.
M. Johnson: ...si le député de Johnson me permet de
répondre...
M. Bellemare: Si on voulait...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Johnson, s'il vous plaît!
M. Bellemare: ...faire entendre ceux qui veulent
véritablement bâtir pour l'avenir, ce serait bon.
M. Johnson: M. le Président, il y a deux choses dans ce
qu'évoque le député de Johnson sur lesquelles je voudrais
revenir. D'une part, est-ce que oui ou non on s'achemine vers une
révision, une refonte, ou vers des réformes parcellaires? Il y a
trois possibilités et c'est cela.
M. Bellemare: Des options.
M. Johnson: Je ne veux pas préjuger de la décision,
mais je suis prêt à reconsidérer les conclusions du rapport
Thibodeau 12 mois après l'avoir eu. Je pense qu'il y a des choses qui
ont changé depuis un an, entre autres, l'application de la loi 45. Il y
a un tas de choses qui ont changé dans le milieu des relations de
travail et beaucoup dans un sens très positif. Deuxièmement, il y
a la question générale des changements qui ont lieu dans notre
société et dans le milieu des relations de tra-
vail. D'abord, on pourrait dire qu'il y a des changements dans les
structures de notre société à cause des syndicats. Si on
va vers le multipatronal, il va peut-être y avoir une plus grande
diversité syndicale, il va peut-être y avoir des choses comme la
négociation multipatronale ou sectorielle dans certains secteurs; cela
change des choses. Il y a les changements technologiques. C'est important; les
mises à pied, c'est devenu une affaire bien importante dans...
M. Bellemare: Les conventions collectives qui ont
amélioré le Code du travail dans bien des cas.
M. Johnson: C'est cela. Pour cela, concrètement, je fonde
beaucoup d'espoir sur le travail qui se fait en ce moment au niveau des
relations de travail au ministère à deux endroits; d'une part,
à la direction chez Yvan Blain qui est sous-ministre adjoint aux
relations de travail proprement dites où, entre autres, on a des
programmes de médiation préventive qui commencent au mois de
juin; deuxièmement, on a cinq conciliateurs de plus, on a des
spécialistes en relations de travail. On forme le monde, on envoie les
gens dans le champ, on en entraîne de nouveaux. On a eu d'excellents
candidats en conciliation récemment à part cela. Sur cinq postes
ouverts, on a eu une quarantaine de candidats dont des gens vraiment
remarquables; on a fait un bon recrutement. C'est vrai pour les conciliateurs,
c'est vrai pour les gens de la médiation préventive
éventuellement ou des spécialistes. Deuxièmement, ce qui
va se passer chez M. Parent, le sous-ministre adjoint au centre de recherche,
m'apparaît également très important; c'est l'analyse des
données du marché du travail. Cela inclut, évidemment,
l'analyse des conventions collectives, les conditions, l'analyse des
perspectives d'emploi dans certains secteurs; cela implique donc des analyses
au niveau des changements technologiques et de ce que cela produit. De ce
côté, je pense que le ministère du Travail, dans deux ans,
quand on sera rendu à notre deuxième mandat...
M. Bellemare: Jamais dans 100 ans; vous rêvez en
couleur!
M. Johnson: ... aura connu des changements
extrêmement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé: Vous savez que vous n'aurez pas de
deuxième mandat.
M. Johnson: ... importants et cela aura fait de ce
ministère un instrument efficace pour les parties et,
deuxièmement, pour la société de façon
générale.
M. Bellemare: Et les injonctions?
M. Johnson: Sur les injonctions, je disais qu'on a un
comité d'étude qui est au travail con- jointement avec la
Justice; c'est à peu près fini; tout le monde a fini ses rapports
chacun de son côté. Des orientations assez fondamentales vont
devoir être prises là-dessus. Est-ce qu'on se contente de changer
le mécanisme ou est-ce qu'on change également ceux qui doivent
l'entendre, le contenu, etc?
M. Bellemare: Les deux, oui.
M. Johnson: Tribunal du travail, commissaire du travail, Cour
supérieure, de gros problèmes. Des affaires d'orientation et,
deuxièmement, des problèmes aussi sur le plan constitutionnel,
comme on le sait, à cause de la Cour supérieure. Chaque fois
qu'on touche à cela, c'est un peu compliqué.
M. Pagé: M. le Président, le ministre a cité
le rapport Thibodeau qui a été déposé il y a
bientôt un an. Nous avions eu l'occasion de formuler des questions au
ministre du Travail à ce moment, et celui-ci n'envisageait même
pas de commission qui pourrait éventuellement siéger pour
étudier la possibilité de procéder à une
réforme globale ou non. Quand le ministre nous dit qu'il est ouvert,
qu'il songe, qu'on s'interroge là-dessus, est-ce à dire
qu'éventuellement on pourra avoir une décision de la part du
ministre du Travail qui pourra enclencher un processus à ce niveau ou si
cela va rester latent comme c'est là?
M. Johnson: Je peux dire au député de Portneuf
qu'il n'est pas obligé de faire faire de gros efforts par ses
recherchistes pour poser une nouvelle question d'ici le 21 juin sur ce sujet.
D'ici le 21 juin, donc, en d'autres termes, je n'anticipe pas de
décision importante d'orientation là-dessus, mais je pense que la
période du début de l'été va être propice
à la réflexion. Pour le moment, je ne peux pas annoncer où
est-ce qu'on s'en va. Je ne peux pas vous annoncer si oui ou non on va
simplement finir ce qui est en cours sur le multipatronal, l'injonction et le
licenciement collectif parce qu'en fait, c'est cela qu'on vise. Quand on dit
à la pièce, ce n'est quand même pas méprisant de
dire à la pièce quand on parle de blocs comme ceux-là. Ce
sont des réformes majeures. Mais irons-nous dans quelque chose de
global, et dans quelle mesure va-t-on arrêter ces choses, si on va dans
quelque chose de global? Je pense que ces décisions, on les prendra
quelque part dans le courant de l'année.
M. Bellemare: Même des commissaires-enquêteurs, vous
avez eu des recommandations pour améliorer certaines décisions
avant que cela arrive devant le tribunal. M. Plourde, un des promoteurs
était un libéral, et c'est moi qui l'ai nommé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont ajournés sine die.
Fin de la séance à 12 h 27