Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Question avec débat
(Neuf heures treize minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
La commission permanente du travail et de la main-d'oeuvre se
réunit, ce matin, pour discuter de la question avec débat du
député de Portneuf au ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
sur le sujet suivant: l'application du règlement de placement dans
l'industrie de la construction et les règlements de qualification
appliqués par la Régie des entreprises de construction.
J'aimerais rappeler aux membres de la commission qu'en vertu de
l'article 162-A de notre règlement celui qui pose la question avec
débat et le ministre ont un droit de parole privilégié, ce
qui ne signifie pas exclusif et que, d'autre part, tous les autres
députés, évidemment, de la commission ont
également, eux aussi, un droit de parole.
M. le député de Portneuf, je vous cède, puisque
vous avez vous-même posé la question, le droit de parole. M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. M. le
Président, mes collègues, M. le député de
Beauce-Sud qui est avec nous ce matin, M. le ministre...
M. Johnson: II faudrait peut-être faire état
immédiatement du fait que le député de Portneuf et
moi-même, nous nous sommes entendus, compte tenu du fait que j'ai une
rencontre avec mon collègue fédéral, pour terminer nos
débats quelques minutes avant 11 heures ce matin.
M. Pagé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très bien.
M. Pagé: D'ailleurs, je suis pleinement conscient que le
ministre avait à rencontrer à Montréal, sur l'heure du
lunch, vers midi, le ministre du Travail du Canada. Il va de soi que j'ai
accepté de bon gré qu'on commence nos travaux ce matin un peu
plus tôt et qu'on les finisse vers 11 heures.
M. le Président, je suis bien heureux ce matin qu'on ait encore
une fois l'occasion d'échanger des propos avec le ministre du Travail,
ses fonctionnaires, ses collaborateurs, ceux qui ont à travailler
très étroitement avec lui. Je suis heureux aussi de signaler la
présence du directeur général de l'Office de la
construction.
M. Johnson: Permettez que je fasse les présentations,
peut-être?
M. Pagé: Oui, oui.
M. Johnson: Alors, il y a M. le président...
M. Pagé: Je ne voudrais pas faire votre job Je vous en
prie.
M. Johnson: ... de l'Office de la construction, M. Jean-Yves
Gagnon, qui est accompagné de ses collaborateurs des services de
recherche, M. Dupré et M. Goyette. Il y a également le nouveau
président de la Régie des entreprises de construction du
Québec, M. Dufour, accompagné de M. Joanis qui est conseiller
juridique, de M. Boily et de M. Boivin. (9 h 15)
Exposé du sujet
M. Michel Pagé
M. Pagé: M. le Président, on va souhaiter la
bienvenue aux gens de la Régie des entreprises de construction du
Québec et aux représentants de l'Office de la construction.
M. le Président, le règlement sur le placement des
salariés dans l'industrie de la construction sera vraisemblablement
modifié prochainement et de façon substantielle, selon les
indications que le ministre nous a données en Chambre, il y a quelques
jours. Il s'agit de la cinquième modification en un peu plus de deux
ans, ce qui dénote, quand même, le caractère très
furtif des normes qui, jusqu'à maintenant, ont été
appliquées.
À plusieurs reprises, nous avons démontré, avec
exemples à l'appui, nous du côté de l'Opposition
officielle, notamment l'incompatibilité des critères
utilisés avec la réalité de ce milieu. Lors de
l'approbation de ce règlement, le 26 octobre 1977, le gouvernement a
voulu démontrer qu'il entendait mettre de l'ordre dans cette industrie,
et il a plié sur des hypothèses de travail qui se sont
avérées inhabiles, inefficaces et impossibles à faire
respecter.
Pourtant, le ministre du Travail aurait dû savoir que des
tentatives semblables avaient déjà échoué
auparavant. La régularisation du marché du travail dans
l'industrie de la construction ne peut s'effectuer que sur la seule base de
mesures isolées qui ne tiennent pas compte de plusieurs autres facteurs
inhérents à cette industrie, c'est-à-dire la formation
professionnelle, la planification des travaux d'apprentissage et des mesures
législatives cohérentes. C'est avec beaucoup de scepticisme que
nous avons assisté à la naissance de cette mesure qui est
devenue, à la suite de l'expérience des faits, un monstre
administratif colmaté tant bien que mal par diverses mesures
législatives et réglementaires. Pensons à la loi 52
adoptée en septembre 1978 par le gouvernement et prévoyant un
droit de révision et d'appel en faveur des salariés insatisfaits
des décisions de l'Office de la construction du Québec. Pensons
au fameux projet de loi no 110 qu'on a débattu à la fin de
l'année 1978, qui prévoit l'application de conditions
particulières aux artisans, aux conditions de la Régie des
entreprises de construction du Québec qui sont imposées aux
artisans voulant obtenir une licence aux fins d'entreprendre des travaux et,
enfin, de nombreuses modifications au règlement sur le placement comme
tel.
Dès l'entrée en vigueur du règlement, les bureaux
de placement syndicaux furent soumis à un code d'éthique, on se
le rappellera. À compter du 1er mars 1978, toute agence de placement
devait détenir une licence émise par l'administrateur du
régime pour oeuvrer dans cette industrie. Le 1er juin 1978, tous les
employeurs de l'industrie de la construction furent obligés d'informer
l'Office de la construction de toute embauche ou de toute mise à pied.
Le 1er juillet 1978, les salariés de la construction reçurent
leur certificat de classification A, B et C, et, le 1er août 1978, l'OCQ
a référé aux employeurs qui en faisaient la demande le nom
des salariés qui étaient disponibles.
Le système a connu, au départ, des difficultés
d'application; on se le rappellera, tout le monde en a convenu à ce
moment-là. Le ministre du Travail invoquait le caractère nouveau
de ces mesures et il alléguait, à l'époque, qu'une
période de rodage était nécessaire et qu'à la
longue les employés et les employeurs bénéficieraient des
avantages du règlement de placement et des différentes mesures
qui venaient d'être adoptées par le gouvernement ou par
l'Assemblée nationale.
Le 23 août 1978, soit moins de deux mois après la
délivrance des certificats aux salariés on se le
rappellera, les fameux certificats A et B et tout le tollé de
protestations que ça avait soulevé dans certains cas le
Conseil des ministres modifiait déjà le règlement en
élargissant les conditions d'un certificat de classification A. On se
rappellera les mesures particulières pour les personnes qui, à ce
moment-là, avaient plus de 50 ans en âge et X années
d'expérience. Le 14 février 1979, les certificats de
classification A et B ou les certificats d'apprenti étaient reconduits
d'une année supplémentaire pourvu que les détenteurs en
fassent la demande. Pour l'année 1979, pour la prochaine émission
des permis, on a dit à ceux qui avaient une classification A
l'année dernière, peu importe le nombre d'heures qu'ils ont
effectuées dans le secteur de la construction cette année: Votre
certificat est reconduit intégralement, pour autant que vous en fassiez
la demande.
Le 28 février de la même année, deux semaines
après, les articles 3.04, 4.02 et 4.03, 5.08, 10.01 et 10.02 sont soit
abrogés, modifiés ou remplacés afin de tenir compte des
nombreux préjudices subis par les salariés qui ne pouvaient se
qualifier.
Le 20 juin 1979, le règlement est de nouveau modifié,- pas
moins de quinze articles sont de nouveau touchés et on redéfinit
les régions de travail en référence avec la description du
décret de la construction. Les amendements qui ont été
apportés le 20 juin 1979 on se le rappellera faisaient
suite à la commission parlementaire qu'on a tenue en février
dernier sur le sujet. Le ministre, d'ores et déjà, nous
annonçait, à ce moment-là, que des amendements
substantiels seraient de nouveau apportés une nième fois et que
ces amendements seraient de nature à régler ou, tout au moins,
à contribuer à régler une part importante du
problème dans les régions.
Le même jour, le 20 juin 1979, on abroge l'article 4.02 et voici
que, sous peu, on s'apprête à nouveau à substituer de
nouvelles normes aux critères de classification originaux, encore une
fois. Ces normes, selon ce qu'on en sait, seraient de nature à prolonger
la durée du certificat, à allonger la période de
référence aux fins du calcul des heures, c'est-à-dire ne
pas se limiter seulement à un an, à réduire le nombre
d'heures exigibles pour fin d'obtention d'un certificat.
La première version du règlement prévoyait la
délivrance on se le rappellera, M. le Président; c'est
peut-être opportun, ce matin, de faire une petite révision de ce
qu'il y avait au début d'un certificat A à toute personne
qui avait travaillé mille heures au cours d'une période de
référence de douze mois, ou 1500 heures durant 24 mois de
référence et 500 au cours des douze derniers mois de cette
période.
Les modifications proposées prévoient l'émission
d'un certificat A à tout salarié titulaire d'un certificat de
classification, pourvu qu'il ait travaillé mille heures au cours d'une
période de 24 mois: c'est la proposition que le comité mixte est
à étudier dans le moment et ce serait, somme toute, la
proposition d'un règlement qui aurait été
présentée aux parties par l'Office de la construction du
Québec: cinq mille heures en cinq ans ou encore avoir travaillé
au moins une heure durant une période de cinq ans, avoir
déclaré au moins une heure par année à l'Office de
la construction du Québec, pour obtenir son certificat de classification
A.
En conséquence, ou bien le règlement sur le placement des
salariés n'est pas efficace dans son objectif, ou bien un tel
règlement se révèle futile, inapplicable et inutile. Nous
ne pouvons plus compter les torts qu'a soulevés ce règlement. M.
le Président, je ne voudrais pas reprendre ici ce que j'ai eu l'occasion
de porter, à plusieurs reprises, régulièrement,
constamment à l'attention de l'Assemblée, c'est-à-dire les
problèmes particuliers, les problèmes spécifiques qu'ont
eu à vivre, qu'avaient à vivre des gens qui étaient
qualifiés, qui possédaient un certificat de classification, qui
avaient de l'expérience, dans la très grande majorité des
cas, et qui voulaient, purement et simplement, travailler pour gagner leur
pain, gagner leur boulot et faire vivre leur famille convenablement, et qui ne
pouvaient le faire, compte tenu des mesures restrictives de ce fameux
règlement de placement adopté par le gouvernement du
Québec.
Dès le début du fonctionnement du règlement,
l'Opposition officielle à l'Assemblée nationale s'est faite le
porte-parole des salariés et des employeurs à qui les
mécanismes de ce règlement causaient préjudice. On se
rappellera cela et on va en faire une petite rétrospective, M. le
Président. Le 10 mai 1978, on évoquait les problèmes de
mobilité de main-d'oeuvre suscités par ce règlement. Le 26
mai 1978, à la commission permanente du travail et de la main-d'oeuvre,
j'ai demandé moi-même, au ministre du Travail à
l'époque, d'analyser l'hypothèse d'appliquer des mesures
différentes, selon les secteurs de cette industrie, et de faire montre
de plus de réalisme en faveur des salariés oeuvrant hors des
grands centres. Le ministre se
rappellera que je lui avais demandé s'il était possible,
pour l'Office de la construction, le gouvernement, de faire une distinction,
entre autres, entre le volume des travaux et des ouvrages, c'est-à-dire
une distinction entre ce qui était domiciliaire et ce qui n'était
pas domiciliaire, ou encore une distinction entre les milieux urbains et les
milieux ruraux.
J'ai soulevé, à ce moment-là, on se le rappellera,
le problème des petits entrepreneurs, le problème des artisans,
face aux examens qu'ils doivent subir afin d'obtenir leur licence
d'entrepreneur émise par la Régie des entreprises de construction
du Québec. Et j'aurai l'occasion, dans les questions que je formulerai
à la fin, de revenir sur le sujet spécifique de l'obligation que
fait la Régie des entreprises de construction du Québec à
un entrepreneur, à une personne qui possède un certificat de
qualification et qui veut obtenir une licence de la régie, au chapitre
des examens à la fois administratifs, examens de compétence sur
le métier donné ou la profession donnée et examens sur la
sécurité.
C'était le 26 mai. Le 31 mai, le ministre du Travail était
à nouveau interrogé à propos des lourdeurs du
système à l'égard des avis d'embauche des employeurs.
Le 3 octobre, nous soumettions au ministre les incohérences de
l'application de ce règlement empêchant les salariés de la
construction en chômage de travailler, à cause d'un nombre
d'heures insuffisant.
Le 8 octobre, cinq jours après, le ministre n'avait pas encore
réglé le problème des salariés domiciliés
dans les provinces limitrophes. On se rappellera qu'on a eu l'occasion ici,
à l'Assemblée, de soulever le problème qu'engendrait ce
règlement pour ce qui est des travailleurs québécois qui
se rendaient travailler en Ontario ou encore des travailleurs de
l'extérieur qui venaient travailler ici au Québec.
Le 22 novembre, à la suite de l'évidence des faits que
nous lui montrions, le ministre annonçait déjà des
modifications au règlement. Le 29 novembre, devant l'ampleur des
problèmes, nous avons demandé au ministre de convoquer à
nouveau la commission parlementaire, afin de discuter du placement dans
l'industrie. On se rappellera que le gouvernement avait alors
présenté son règlement. On l'avait discuté. On
l'avait critiqué. On avait présenté motion par-dessus
motion. On avait même déposé une motion de blâme que
j'ai personnellement présentée le 3 ou le 4 octobre, dès
l'ouverture de la session, l'année dernière, et même si le
ministre du Travail avait présenté des amendements, on sentait
alors l'obligation que nous avions comme législateurs d'aller de l'autre
côté, au salon rouge de l'Assemblée nationale, pour
vraiment discuter à fond, à l'intérieur d'une commission
parlementaire, de ce problème. Le ministre a accepté et on verra,
un peu plus loin, que la commission a siégé en
février.
C'est ainsi, M. le Président, qu'on a continué à
travailler d'arrache-pied sur cette question du fameux règlement de
placement. Les 4 et 5 avril 1979, les 9, 15 et 16 mai 1979, et le 4 juin 1979,
encore une fois, on revenait sur le sujet ici à l'Assemblée.
Qu'en est-il maintenant de ce règlement? À toutes fins
utiles, il s'agit d'un retour aux cadres factuels existant avant l'adoption de
ce règlement, si ce qui est maintenant proposé par l'OCQ est
adopté, ce que j'ai dit tantôt, c'est-à-dire un seul
certificat de classification A, compte tenu de certaines conditions.
L'élargissement des normes dilue la force du règlement au
point de le rendre inapproprié, vu l'objectif qui visait à
régulariser la main-d'oeuvre dans cette industrie. Il s'agit dès
lors d'un échec et c'était prévisible, sauf que, M. le
Président, vous en conviendrez avec moi, vous connaissez mon
collègue d'Anjou, jamais, au grand jamais, il ne reconnaître
l'échec dans ce domaine, sauf que la mesure il n'osera pas le
dire, parce que c'est un règlement qui a été
présenté par eux qu'ils entendent adopter, que le Conseil
des ministres entend adopter sur la proposition de l'Office de la construction,
c'est, à toutes fins utiles, reconnaître l'échec du
règlement de placement, en ce qu'à l'avenir, il n'y aura plus de
classes A, B et C, en ce qu'à l'avenir, il n'y aura qu'une seule classe
qui sera A. Je me demande, d'ailleurs, d'où vient l'obligation de
qualifier ce nouveau certificat de A, puisqu'il n'y en aura qu'un seul.
M. le Président, se baser sur un nombre d'heures aux fins de
permettre à des salariés qualifiés de travailler, ce
serait l'équivalent d'empêcher un avocat, un médecin, un
comptable ou tout autre professionnel de travailler ou encore d'effectuer un
retour à sa profession, à sa pratique professionnelle, s'il ne
l'a pas exercée durant une période de référence
donnée.
Le ministre sait certainement ce dont je parle. Le ministre est avocat
lui-même. Il est médecin, et je me demande jusqu'où
celui-ci, comme d'autres, accepterait, parce que le citoyen Pierre-Marc Johnson
a été député pendant trois ou quatre ans, parce
qu'il a été ministre pendant trois ou quatre ans, de pouvoir,
comme citoyen,pratiquer sa médecine au lendemain de la prochaine
élection. Peut-être qu'il ne sera plus ici. On ne sait jamais ce
que la politique peut faire. Je pense, M. le Président, qu'il ne
l'accepterait pas. Je pense que, d'ailleurs, ce serait inacceptable et, en tant
que législateur, il va de soi que c'est inacceptable que de telles
mesures viennent limiter le champ professionnel et le droit à la
pratique pour un individu, pour un citoyen, qui, d'une part, est
qualifié, qui, d'une part, possède un certificat de qualification
émis par le ministère du Travail et la Direction
générale de la main-d'oeuvre ou encore, par une corporation
professionnelle, dans l'exemple que je donnais tout à l'heure.
M. le Président, il y a une discordance entre les exigences de la
tâche et son exécution. Un salarié, ayant satisfait aux
exigences de la Loi sur la qualification professionnelle de la main-d'oeuvre,
ne se préoccupe pas de savoir s'il exerce son métier dans le
champ d'application profession-
nelle de la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la
construction. Tout ce que ce salarié veut, c'est travailler. Il
travaille là où il y a de l'ouvrage. En plus, ses qualifications,
se dit-il, sont sa meilleure garantie pour gagner sa vie et son pain. (9 h
30)
Cependant, il se bute souvent à des décisions
ministérielles, gouvernementales et administratives qui limitent son
accès aux activités de l'industrie. Les heures de travail
accomplies hors du champ d'application de la loi 290 seront entre autres
ignorées pour fins du calcul du règlement sur le placement, mais
on pourra y revenir tout à l'heure. Ce champ d'application est
modifié tant par le commissaire au placement que par des modifications
à la loi 290 et au règlement no 1 concernant le champ
d'application de cette loi. Nous ne mettons pas en doute ici l'à-propos
des décisions du commissaire au placement; je veux tout simplement
sensibiliser le ministre aux anachronismes découlant d'un système
qui vise à régir les relations du travail, ces rapports
collectifs de travail alors que ces décisions ont une conséquence
directe sur le gagne-pain des salariés.
D'autre part, l'Office de la construction réfère aux
employeurs des salariés et ce, sans tenir compte des règlements
de qualification qui découlent de la Loi sur la formation
professionnelle de la main-d'oeuvre. En effet, lorsqu'un employeur je ne
vais donner qu'un seul exemple ici demande un poseur de revêtement
intérieur, métier reconnu auquel s'appliquent un ratio et un
apprentissage, on lu! réfère des salariés qui font partie
du bassin des charpentiers-menuisiers qui regroupe le corps des poseurs de
revêtement intérieur. Ainsi, il y a risque que les apprentis ne
puissent jamais parvenir au compagnonnage et au débalancement du bassin.
Nous pouvons soumettre au ministre des cas précis de cette nature
couvrant non seulement ce corps de métier, mais plusieurs autres. Le
moins qu'on puisse dire, c'est que le système de référence
de l'OCQ ne respecte pas les critères du règlement sur la
qualification qu'il a, par contre, la charge de surveiller. Encore une fois,
nous voyons donc qu'il y a incompatibilité dans les finalités des
mandats exercés par l'Office de la construction du Québec.
Selon les prévisions budgétaires de 1980, l'Office de la
construction du Québec sera déficitaire d'environ $10 millions et
l'analyse du texte nous fait conclure que si l'OCQ avait pour seul mandat de
s'occuper de la mise à exécution du décret et de
l'administration des régimes complémentaires d'avantages sociaux,
il s'autofinancerait probablement. Ce sont les données que nous avons et
qui nous permettent d'en arriver à cette conclusion.
Compte tenu des modifications apportées sur l'opportunité
d'engouffrer près de $6 millions dans le programme de la main-d'oeuvre,
nous voulons que le ministre réponde à plusieurs questions.
Autant la procédure de la question avec débat du vendredi matin
permet à un membre de l'Assemblée ou à des membres de
l'Assemblée de poser des questions à un ministre, autant je crois
que celui-ci se doit de profiter de cette procédure et de cette
période qui nous est allouée pour répondre à des
questions et donner de l'information. C'est d'ailleurs ce pourquoi je lui
demandais, ce matin, d'avoir l'obligeance de prier M. le président de la
Régie des entreprises de construction et M. le directeur
général de l'Office de la construction de venir ici, en
espérant que cette procédure ne se limitera pas strictement
à un débat que je voudrais le moins partisan possible, M. le
Président d'ailleurs, vous me connaissez à ce chapitre
mais je voudrais aussi que cette période en devienne une
d'échange d'information. Le ministre et ses collaborateurs
immédiats, tant à la régie qu'à l'office, doivent
profiter de ce moment, somme toute, pour donner de l'information parce que de
l'information, à ce chapitre, il n'y en aura jamais trop, compte tenu
des inquiétudes qui persistent dans le milieu, compte tenu des
interrogations qui sont régulièrement soulevées par ceux
qui sont touchés par ces règlements. J'espère, M. le
Président, que le ministre et ses compagnons pourront répondre
clairement.
J'ai posé plusieurs questions; j'en ai une bonne vingtaine et on
va quand même pouvoir faire le tour de tout cela très
brièvement. Le ministre me permettra évidemment d'ajouter
quelques questions, deux questions bien spécifiques qui
déborderont peut-être un peu le cadre de la question de ce matin,
mais qui sont certainement nécessaires dans le présent
débat.
Première question: Est-ce que le gouvernement, est-ce que le
ministre du Travail a l'intention de tenir en haleine le groupe des artisans en
retardant la promulgation des articles du projet de loi no 110 portant
notamment sur les règlements que peut adopter l'Office de la
construction visant les règles régissant le placement des
artisans? Le ministre entend-il voir à ce que l'OCQ crée des
bassins de salariés correspondant aux normes du règlement no 1
sur la qualification et la formation professionnelle de la main-d'oeuvre? Le
ministre peut-il assurer les salariés, à qui on a refusé
un certificat antérieurement aux modifications prochaines, mais qui
rencontrent les nouveaux critères, qu'ils se verront décerner un
certificat de classification à l'avenir, au lendemain de l'adoption de
ce nouveau règlement? Combien de salariés ont obtenu cette
année un certificat de classification A, B et C? C'est-à-dire les
1er mars 1978, 1er mars 1979 et ceux qui en recevront le 1er mars 1980, compte
tenu de l'inventaire ou de l'étude qu'a dû faire l'OCQ sur les
effets de l'application de l'éventuel règlement.
Le ministre entend-il modifier la loi 52 permettant à tous les
détenteurs d'un certificat de classification de voter lors de la
prochaine adhésion syndicale, sans tenir compte du critère des
300 heures?
La régie des entreprises considérera-t-elle le
caractère particulier des artisans aux fins d'obtention d'une licence?
Ici, M. le Président, vous me permettrez, avant de passer à la
question sept, de formuler un bref commentaire.
II y a plusieurs sortes d'entrepreneurs. Il y a plusieurs
catégories d'entrepreneurs. C'est évident que la Régie des
entreprises de construction a été créée par une
loi. Je me le rappelle, j'étais membre du Parlement à
l'époque, j'étais membre de la majorité qui a
présenté cette loi et qui l'a adoptée. Cette loi, cette
nouvelle structure a été constituée dans le but de
protéger les intervenants dans le milieu de la construction, de
protéger les entrepreneurs eux-mêmes et de protéger le
public en général aussi. Il y avait vraiment une faille, il y
avait un manque. Il était inacceptable comme législateurs qu'on
laisse aller une couple de milliers d'entrepreneurs qui naissaient par
année et une couple de milliers d'entrepreneurs qui s'en allaient par
année, ce qui pouvait aller jusqu'à 4000 certaines
années.
Les mesures qui ont été adoptées sont
légitimes et elles étaient justifiées. Cependant, il y a
des entrepreneurs au Québec qui ont 200, 300, 400 employés. Il y
a des entrepreneurs qui vont soumissionner sur des contrats de plusieurs
millions et même quelques milliards de dollars, mais il y a aussi une
catégorie d'entrepreneurs qui ont des équipes plus modestes, plus
restreintes, plus limitées, qui vont réaliser des travaux de
moins grande envergure. Tout ce beau monde est obligé de passer un
examen. Je dois porter à l'attention du président de la
régie des entreprises, ce matin,les problèmes qu'on a. Je suis
convaincu que c'est certainement le cas pour la très grande
majorité des députés de l'Assemblée nationale de
recevoir régulièrement, à leur bureau de comté, des
gens qui ont des problèmes avec la Régie des entreprises de
construction du Québec, des gens qui, même s'ils sont
compétents dans le secteur d'activité qu'ils occupent, même
s'ils fournissent de bons services, même si les consommateurs dans leur
municipalité, dans leur milieu sont satisfaits d'eux parce qu'ils sont
compétents, ne sont pas capables de passer vos fameux examens.
J'ai constaté que vous aviez trois examens. Qu'on prenne un
exemple bien spécifique. L'entrepreneur Jos. Bleau, qui fait du travail
d'excavation, qui a ce qu'on appelle, en bon canadien, une pépine ou, en
vrai langage, une rétrochargeuse, qui a un camion, qui a un "loader",
deux ou trois machines, celui-ci est obligé de détenir une
licence de la régie. Aucun problème, lui-même est
d'ailleurs disposé à posséder cette licence, à la
détenir, parce qu'il la demande et il envoie le chèque. Mais le
problème qu'on rencontre j'aimerais que le président en
prenne note pour pouvoir y répondre tantôt c'est que
lorsqu'on lui demande un examen, lorsqu'on lui fait passer un examen... Tout
d'abord, bien souvent, cette personne, cela fait déjà un bon bout
de temps qu'elle a arrêté d'aller à l'école; cela
fait déjà un bon bout de temps qu'elle n'en passe pas d'examen.
En partant, c'est le premier handicap. Puis moi, je comprends que le type qui
est rendu à 40, 45 ans ou 50 ans, qui a arrêté d'aller
à l'école il y a peut-être 30 ans ou 35 ans, ait une
certaine difficulté et beaucoup d'hésitation à passer un
examen objectif dans un délai très limité. On lui demande
de pas- ser un examen sur l'objet de son métier, de sa profession comme
telle, c'est-à-dire que si c'est avec une rétrochargeuse qu'il
travaille, c'est sur l'équipement en question. Là il n'y a pas de
problème. Mais les problèmes arrivent lorsqu'on lui demande un
examen sur la sécurité. On me dit le président
pourra répondre que les examens, les questions portant sur la
sécurité débordent le cadre spécifique ou l'objet
spécifique de l'équipement avec lequel il travaille.
Moi, je comprends qu'un type qui conduit une rétrochargeuse, une
pépine, comme on dit, ne soit pas capable de passer un examen sur la
sécurité sur le chantier. Si c'est cela, je me demande en quoi
vous êtes justifiés de faire porter vos questions sur des sujets
comme ceux-là.
Troisième élément, on lui demande un examen sur
l'administration. M. le Président, je termine là-dessus, il ne me
reste que quelques questions. D'ailleurs, il y a tellement une bonne
collaboration ce matin entre le ministre du Travail et moi-même... La
collaboration que je lui ai offerte, on constate déjà qu'elle est
en train de l'inspirer. C'est bien, j'espère que cela pourra
continuer.
Troisième type d'examen, l'examen sur l'administration. Bien
souvent, le petit propriétaire, le petit entrepreneur, c'est souvent une
autre personne peut-être son épouse dans la
municipalité, qui fait de la comptabilité, qui va s'occuper de
l'administration de sa petite entreprise, c'est-à-dire les
prélèvements, l'impôt, la Régie des rentes,
l'assurance-chômage, etc. Dieu sait s'il y en a des
prélèvements et plus cela va avec ce gouvernement, plus il y en a
évidemment. Bien souvent, cette personne n'est pas capable de passer
elle-même le fameux examen sur l'administration.
Je vous demande strictement ceci ce matin: Est-ce qu'il est possible
pour la Régie des entreprises de construction de faire porter l'examen
davantage sur l'objet, le métier ou l'équipement
possédé par le requérant? Est-ce qu'il serait possible,
même lorsqu'il s'agit d'une personne physique, Jos. Bleau Enr., ce qui
n'est pas une compagnie par exemple, que ce soit la véritable personne
qui s'occupe de l'administration qui aille passer l'examen? Si, c'est son
épouse, qu'elle puisse y aller; si c'est une personne qui travaille pour
lui dans la municipalité, que cette personne puisse y aller.
Je reviens à la septième question. Qu'advient-il du
programme de stabilisation de l'emploi dans la construction qui devait
accompagner la mise en vigueur du règlement sur le placement? Où
en est le dossier de la formation professionnelle de la main-d'oeuvre? C'est un
dossier important, qu'on attendait. Je voudrais demander, ce matin, au ministre
où ce dossier est rendu. Pourquoi la délivrance de permis
est-elle assujettie à une demande formulée par le salarié
plutôt que lui en délivrer un automatiquement? Quelles sont les
méthodes utilisées par l'OCQ aux fins de s'assurer que le code
d'éthique est respecté par les agences de placement syndicales?
Cette question ne portait pas spécifiquement sur le règlement de
placement, mais étant donné qu'on a le privilège d'avoir
avec nous M. le directeur général de l'office, qu'on
n'a pas l'occasion de rencontrer souvent ici sur le parquet de la
Chambre, il y a quelques petites questions qui ne sont peut-être pas
reliées directement au règlement de placement qu'il aura le
plaisir de recevoir ce matin.
L'OCQ a-t-il constaté des manquements graves et quelles sont les
mesures correctives apportées, selon le cas, aux agences de placement
syndicales? Quel est le nombre de dossiers en révision à l'Office
de la construction du Québec et quelle est la proportion des rejets et
des acceptations, si possible? Quel est le nombre de dossiers en appel devant
le commissaire au placement et ses adjoints et est-ce que le ministre peut en
divulguer les résultats? Comment et par qui se donne l'information
relative au placement? Combien de personnes sont affectées à
l'administration du règlement sur le placement et ce, en fonction des
secteurs du programme de placement, c'est-à-dire la recherche, la
main-d'oeuvre et l'information? Quelle est la durée de fonctionnement du
système informatique? On me dit que, dernièrement, c'était
en moyenne environ six mois.
Le réaménagement administratif de l'OCQ touche quels
secteurs en particulier? Là-dessus, M. le Président, vous me
permettrez une question à M. le président. Je suis informé
qu'il y a des réaménagements profonds à l'OCQ dans le
moment, qu'il y a des déplacements, que pour certains secteurs, pour
certaines tâches, vous avez déjà donné des
préavis de cessation d'emploi à plusieurs personnes travaillant
à l'OCQ. Je voudrais demander au ministre et au président dans
quel cadre cette approche s'inscrit. J'aimerais demander au ministre,
peut-être d'abord au président, comment vous envisagez
l'intégration de tous les effectifs des nombreuses personnes qui
travaillent à l'OCQ et qui s'occupent actuellement de
sécurité. Qu'est-ce qu'il adviendra de ces gens lorsque la loi 17
sera adoptée? On peut présumer qu'elle sera adoptée avant
les Fêtes. Qu'est-ce qu'il adviendra de ces gens? Sous quel chapeau
juridictionnel auront-ils à oeuvrer? Est-ce que le ministre ou le
président peut nous confirmer, ce matin, que ces gens seront
intégrés de facto, de plein droit dans le nouveau système
qui prévaudra une fois la loi 17 adoptée? Qu'est-ce qui arrive de
la sécurité d'emploi chez vous? On sait que le premier ministre,
chef du gouvernement, annonçait avec beaucoup de satisfaction, lundi
soir dernier dans une émission de télévision, qu'il venait
d'offrir la sécurité d'emploi totale, à certaines
conditions, aux travailleurs des secteurs public et parapublic et, entre
autres, au secteur de l'éducation.
L'Office de la construction, ce n'est peut-être pas le
gouvernement du Québec, ce n'est peut-être pas la fonction
publique, mais c'est quand même paragouvernemental dans le sens que le
président-directeur général est nommé par le
gouvernement, que les commissaires ou les régisseurs sont là
à temps partiel seulement.
M. le président, je suis convaincu que vous avez constaté
dès votre arrivée que vous aviez des gens compétents chez
vous, que vous aviez une équipe pluridisciplinaire habituée
à plusieurs fonc- tions, une équipe qui s'était
spécialisée avec les années, une équipe dont les
membres n'avaient peut-être pas des diplômes universitaires dans
certains cas, mais qui, avec les années, par son travail, par
l'acharnement qu'elle a déployé à travailler dans son
milieu, à s'adapter aux lois et règlements et aussi s'adapter aux
administrations et aux gouvernements ce n'est pas toujours facile non
plus avait acquis une expérience et une compétence. (9 h
45)
J'ai été informé, il y a quelques jours, que vous
aviez donné des préavis de licenciement, entre autres, à
certains travailleurs à compter du 6 décembre prochain. Je dois
non seulement vous exprimer ma surprise, mais vous exprimer les grandes
hésitations que je peux avoir à ce qu'un organisme comme l'Office
de la construction du Québec, alors qu'on distribue la
sécurité d'emploi à gauche et à droite au
gouvernement... je dois déplorer le fait que ces gens ne soient pas
protégés par les lois de la fonction publique et qu'on dise, par
une décision purement arbitraire et administrative, sans appel:
Monsieur, même si vous avez oeuvré pendant 20 ans dans un secteur
donné qui est celui de l'industrie de la construction, ses
contrôles et tout cela, même si vous avez plus d'une dizaine ou
d'une quinzaine d'années d'expérience, ici dans la boîte,
du temps de la Commission de l'industrie de la construction, etc., c'est
regrettable, mais le 6 décembre prochain, vous êtes
remercié purement et simplement de vos services.
J'aimerais, entre autres, connaître le motif du
congédiement des agents de liaison. J'aimerais savoir de plus si les
gens qui seront remerciés de l'OCQ bénéficient de
compensation quelconque de départ. J'aimerais aussi connaître
leurs droits au régime supplémentaire de rentes, si ce droit est
préservé.
Avant de terminer, M. le Président, je voudrais aussi porter
à l'attention du ministre, très brièvement, le cas
particulier d'une municipalité de mon comté. Le ministre aura
constaté, depuis trois ans que nous siégeons tous les deux, que
les questions que je lui ai adressées étaient beaucoup plus
souvent des questions d'envergure générale qui portaient sur
l'ensemble de la législation et des règlements et qui
s'appliquaient à tout le Québec. Il me permettra certainement, ce
matin, de porter à son attention, un cas spécifique, celui de la
municipalité de Deschambault, dans le comté de Portneuf. C'est
une municipalité où des gens ont déployé beaucoup
d'efforts au chapitre de la conservation du patrimoine, au chapitre du
développement de la prise de conscience et de l'intérêt des
gens pour leur patrimoine, ce qu'ils possèdent, au chapitre des affaires
culturelles, notamment. Je m'y suis associé tant que j'ai pu, comme
député, et c'est ainsi que la corporation du vieux moulin de la
Chevrotière présentait un mémoire au gouvernement du
Québec, il y a quelques années, requête et projet qui
étaient acceptés et qui impliquent aujourd'hui la restauration du
moulin de la
Chevrotière.
Ces travaux, M. le Président, ce sont des travaux beaucoup plus
d'artisanat et de véritable artisanat que des travaux de construction au
sens propre. Le ministère des Affaires culturelles s'est associé
à la municipalité pour restaurer - ce sont véritablement
des travaux de restauration ce moulin qui sera une fierté non
seulement pour les gens de Deschambault ou les gens du comté de
Portneuf, mais pour l'ensemble des gens du Québec, une fois que ce
projet sera terminé, avec les phases finales qui suivront. On a eu un
problème, le ministre est au fait du problème. Je voudrais
connaître la position du gouvernement, ce matin. Le gouvernement, par le
biais du ministère des Affaires culturelles, a donné une
subvention à la municipalité de Deschambault laquelle est la
maîtresse d'oeuvre des travaux de restauration du vieux moulin. La
corporation du vieux moulin et la municipalité ont procédé
à l'embauche d'artisans, de personnes qui ont l'expérience, et la
compétence voulues pour faire de la véritable restauration.
M. le Président, cela ne faisait pas quelques jours que l'on
travaillait qu'on avait, à Deschambault, l'Office de la construction et
ses inspecteurs dans le décor. L'Office de la construction est venu.
L'office a indiqué que ces travaux étaient sous la juridiction du
décret, et que la corporation du vieux moulin et la municipalité
devaient embaucher des gens qui avaient telle ou telle carte, certificat de
qualification, classification, etc. Le problème ce n'est pas le salaire.
Les gens qui travaillent là-bas sont payés selon le
décret. Il n'y a pas de problème à cet égard. Mais
le problème, c'est le suivant. Cela met en relief le problème des
travaux faits par une municipalité, cela met en relief le
caractère particulier de certains travaux, entre autres, de la
restauration dans des cas comme ceux-là.
Je voudrais, comme c'est ma seizième ou dix-septième
question, que le ministre puisse y répondre.
M. le Président, je termine là-dessus. Je vous remercie,
vous avez été bien obligeant de me donner autant de temps.
Maintenant, j'espère que le ministre passera à une période
de réponses qui sera aussi longue.
M. Johnson: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
Réponse du ministre M. Pierre-Marc
Johnson
M. Johnson: D'abord, je voudrais remercier le
député de Portneuf de nous donner l'occasion de faire le tour de
ces questions, puis de m'avoir remis, trois minutes avant de commencer son
exposé, la liste des 21 questions. On va tout de même tenter d'y
répondre.
Le député de Portneuf, M. le Président, a fait une
espèce de grande introduction et un histori- que. Il n'est pas ,lui non
plus,à l'abri des accusa- tions de tronquer l'histoire. Je me
permettrai, dans un préambule, de faire le tour de certains des grands
principes qu'il a lui-même évoqués. Ensuite, je passerai
spécifiquement aux considérations précises, ses dix-neuf
questions de Deschambault.
D'abord, il faut se rappeler une chose le nouveau
député de Beauce-Sud en sera bien conscient il faut
vraiment distinguer la qualification et la classification. Dans les deux cas,
d'ailleurs, ce sont deux mesures qui ont été inventées par
les rouges qui semblent dire, aujourd'hui, que, s'ils avaient été
là, ils ne les auraient pas faites. Ce sont eux qui ont inventé
le règlement no 1 sur la qualification professionnelle. C'est,
d'ailleurs, ce qui a permis à un individu dans le comté de
Beauce-Sud, il n'y a pas très longtemps, de se plaindre du fait qu'on
utilisait son problème de qualification professionnelle pour des fins
politiques.
Deuxièmement, le règlement de placement découle
d'une loi adoptée sous le gouvernement libéral. Il fallait bien,
je pense, adopter ce règlement. Il fallait d'autant plus l'adopter qu'on
avait assisté à une attitude d'incurie de la part de ceux qui
auraient dû l'adopter bien auparavant. Quand le gouvernement
libéral a fait adopter la loi évoquant la nécessité
d'un règlement de placement pour amener une régularisation et une
stabilisation de la main-d'oeuvre dans le secteur de la construction au
Québec, avec les conséquences positives que ça peut avoir,
je pense qu'en face on a manqué du courage que ça prenait pour
finir par en décider. Il fallait donc, quand nous avons pris le pouvoir,
respecter la loi et adopter le règlement. Deuxièmement, il
fallait effectivement faire quelque chose pour stabiliser la main-d'oeuvre dans
le secteur de la construction. Pourquoi? Parce qu'il y avait plus de 250 000
inscriptions à l'office de gens qui, un jour ou un autre, étaient
passés dans l'industrie de la construction dans les années qui
avaient précédé et qui avaient le même accès
aux emplois que des hommes parce qu'en général on parle
d'hommes, dans ce secteur qui y gagneraient leur vie. Les
conséquences d'une politique de stabilisation des emplois, c'est
essentiellement de diminuer l'insécurité, de diminuer la
violence, de diminuer les situations d'illégalité qu'on a
déjà connues à cause de ce type de violence ou de
confrontation entre certains groupes de travailleurs.
L'attitude de l'Opposition, si je reprends le contenu des débats
auxquels a participé le député de Portneuf le 5 octobre
1978, le 20 février 1979... Par exemple, le 5 octobre, le
député de Portneuf nous disait qu'il fallait abolir ce
règlement, qu'il était cause de chômage. C'est une
aberration: la cause du chômage, c'est la diminution de l'activité
dans la construction. C'est juste de savoir qui va subir le chômage; ce
n'est pas la cause, en soi. Par contre, le 20 février 1979, quelques
mois après, le député de Portneuf disait, devant cette
Chambre, à l'occasion d'une autre motion: C'est une bonne chose, en
gros, le règlement de placement, mais il y a des problèmes
administratifs. Il y a des problèmes de mécanique -- je pourrais
le
citer, d'ailleurs mais, c'est un règlement qui va trop
loin. Il a fait le charriage habituel, comme ça revient souvent à
l'Opposition de le faire.
À travers tout cela, on a reconnu, nous, que le règlement
de placement pouvait affecter de façon assez radicale l'industrie et les
individus qui y oeuvrent. On a dit qu'on serait ferme sur les principes et
qu'on serait souple sur l'application. C'est pour cela que la deuxième
série de modifications majeures, qui est en cours, finalement, va nous
permettre et va permettre aux travailleurs de la construction de s'assurer que
la politique de main-d'oeuvre dans ce secteur vise à favoriser les
travailleurs de la construction en bout de ligne et, cependant, qu'on va
adopter une série de mesures qui permettent la souplesse dans son
application pour tenir compte, entre autres, de la réalité des
régions.
Il en va de même du statut de l'artisan que les gouvernements
antérieurs ont toujours laissé dans un état d'ambivalence
qui mettait, d'ailleurs, les organismes administratifs dépendant du
gouvernement dans des situations intenables. Je ne pense pas qu'il appartienne
à des hauts fonctionnaires de sociétés d'Etat ou
d'organismes de types public et parapublic, ou assimilables au secteur public
comme l'office, dans la mesure où il y a une loi qui l'a
créé, de prendre des décisions politiques.
Il y a des décisions dont les conséquences dans la
population doivent être assumées par les hommes politiques. Je
pense que la question de l'artisan en est une. Une fois qu'elle est
tranchée par le Parlement, c'est aux organismes à mettre en
branle et appliquer cette loi.
Je pense que les gouvernements antérieurs n'ont pas eu le courage
de régler le problème de l'artisan, puisqu'ils savaient que cela
soulèverait de la poussière dans quelques coins. Cela en a
soulevé, c'est exact. Mais je pense que là on approche d'un
règlement de ce problème, d'une solution au problème de
l'artisan. On va lui donner sa place au soleil comme il le mérite et on
va arrêter de l'envoyer de Charybde en Scylla entre l'Office de la
construction et la Régie des entreprises. On va lui trouver son coin
à lui.
L'exemple qui est toujours utilisé par l'Opposition pour
expliquer comment est odieuse cette espèce de stabilisation par
contingentement de la main-d'oeuvre, c'est l'exemple de l'avocat. On dit: Le
député de Portneuf qui aurait été
député pendant cinq ou six ans, qui retournerait sur le
marché du travail après avoir été battu, on ne
l'empêchera pas de travailler comme avocat.
Ce dont on me parle, c'est la qualification. La question, c'est
peut-être de savoir si le député de Portneuf va retourner
dans le même bureau, par exemple. Un avocat qui s'est absenté d'un
secteur d'activité et qui décide d'y retourner, cela ne veut pas
dire qu'il va retourner dans la même étude. S'il était
secrétaire juridique ou directeur du contentieux de Bell Canada et qu'il
est parti pendant sept ans, il n'y a pas de garantie qu'il va retourner
à Bell Canada. La construction, c'est la Bell Canada de
l'industrie,c'est la Bell Canada des métiers.
C'est la grosse compagnie. Il y en a d'autres. Il y a tout le secteur de
l'entretien et il y a tout le secteur des artisans qui font affaires
directement avec les consommateurs.
Je pense que la forme de contingentement qu'on impose, non pas au niveau
de la qualification, c'est-à-dire de la reconnaissance de la
compétence du travailleur, mais bel et bien du secteur dans lequel il
peut ou il doit oeuvrer, c'est bien plus assimilable au phénomène
de l'ancienneté; à l'enseignant, par exemple, qui aurait
décidé de s'adonner pendant quelques années à
l'enseignement auprès des cadres du Canadien National qui veulent
apprendre le français; c'est le charpentier-menuisier qui est sorti de
la construction et qui est allé travailler dans l'industrie au niveau de
l'entretien, qui s'est assuré d'un revenu fixe, qui s'est assuré
de la protection d'une convention collective, qui s'est assuré
peut-être de bénéfices de fonds de pension, etc., qui s'est
assuré surtout de pouvoir travailler cinq jours par semaine, en
principe, douze mois par année, sans compter ses vacances.
Celui qui reste dans l'industrie de la construction est soumis aux
fluctuations économiques qu'on vit dans notre société dans
ce secteur et qu'on vit dans toutes les sociétés modernes.
Ce qu'on accorde, nous, au travailleur de la construction qui est pris
pour travailler six mois et qui, à un moment, est "slaqué" six
mois, c'est de dire qu'il a une garantie, lui, qu'il va passer avant les autres
quand il va y avoir des emplois qui vont s'ouvrir. C'est cela qu'on lui
garantit.
La preuve de cela, M. le Président... Je vais déposer un
document qui pourra peut-être être utile pour l'Opposition, deux
documents qui démontrent que si c'est vrai que la construction a
baissé au niveau de l'activité, entre le premier semestre de 1979
et le premier semestre de 1978, la dernière année, de 11% au
Québec, comme c'est le cas, d'ailleurs, en Ontario et dans l'ensemble de
l'Amérique du Nord, il est cependant vrai que le nombre d'heures
accomplies par les travailleurs oeuvrant dans la construction au Québec
a augmenté de 5,2%. Cela veut dire qu'il y a moins de travailleurs qui
accomplissent plus d'heures, même si l'activité totale a
baissé.
Ils sont moins à se partager le gâteau du travail dans la
construction. Savez-vous ce que cela donne? Cela donne, pour un manoeuvre dans
la construction au Québec pour cette période, un salaire qui est
inférieur à $10 000 par année. Cela donne, pour un
métier spécialisé, un salaire inférieur à
$13 000 par année.
Si cela n'avait été des mesures du règlement de
placement, les travailleurs dans le secteur de la construction au Québec
qui auraient été obligés de se partager les emplois qui
restaient, parce qu'il y a eu une diminution d'activité, cela veut dire
qu'ils se seraient fait des salaires encore de beaucoup inférieurs
à ceux-là.
II s'agit de savoir si oui ou non on va reconnaître qu'il y a des
hommes au Québec qui oeuvrent essentiellement dans la construction. Il y
aura toujours des cas limites et des cas marginaux et, à un moment
donné, quand on trace une ligne
dans la société, c'est une ligne qui est difficile
à tracer.
(10 heures)
On me dit que ce n'est pas le cas des professions libérales. Je
ne suis pas sûr. N'entre pas à la faculté de droit qui
veut, ne passe pas son examen du Barreau qui veut et ne pratique pas chez Bell
Canada qui veut. Il y a des contraintes: les contraintes des examens, les
contraintes de la réalité, les contraintes de la capacité
de faire sa place, les contraintes du respect, aussi, des règles du jeu.
Tous ceux qui ont oeuvré dans le secteur de la construction sans jamais
déclarer leurs heures, c'est un peu dur, ce qui leur arrive, c'est
évident.
Par contre, au niveau de l'artisanat, au niveau de la reconnaissance
pour un travailleur, surtout dans certaines régions, d'avoir le droit de
pratiquer son métier en dehors du secteur industriel et commercial, par
exemple, pour les résidences, etc., pour les particuliers, on est en
train de le régler et le règlement va être adopté
par le Conseil des ministres incessamment.
M. le Président, je vais déposer ces tableaux qui
démontrent que l'effet du règlement de placement au Québec
a été, malgré l'inflation, malgré la diminution
d'activité dans le secteur de la construction, de garantir un revenu
minimum décent, en moyenne, aux travailleurs de la construction au
Québec.
Deuxièmement, prenons les questions plus ou moins précises
posées par l'Opposition et qu'on retrouve dans le document du
député de Portneuf. Sur la question des artisans, oui, le
règlement sera adopté incessamment; la prépublication a eu
lieu, les consultations ont été faites. Le Conseil des ministres
adoptera le projet qui était normalement à l'ordre du jour la
semaine dernière, mais qui, pour les circonstances qu'on connaît,
n'y sera peut-être pas.
M. Pagé: II sera appliqué quand?
M. Johnson: II pourra être en vigueur dès qu'il sera
adopté, à toutes fins utiles.
M. Pagé: C'est ce que je vous demande: Vers quelle date?
Le 15 décembre, à peu près?
M. Johnson: Ah bon! Il risque d'aller au Conseil des ministres la
semaine prochaine ou la semaine suivante, selon l'horaire du Conseil des
ministres, qui, comme on le sait, est assez chargé depuis un bout de
temps.
M. Pagé: C'est normal.
M. Johnson: "Le ministre entend-il voir à ce que l'OCQ
crée des bassins de salariés correspondant aux normes du
règlement no 1 sur la qualification et la formation professionnelle de
la main-d'oeuvre?" En gros, la question, c'est: Est-ce que, dans le fond, le
seul fait d'être charpentier-menuisier ou d'être qualifié
dans bien des métiers, en vertu du règlement no 1, par exemple,
ne devrait pas être suffisant pour dire qu'on a le droit de travailler
dans la construction? La réponse, c'est non. La réponse, c'est
que ce serait injuste pour les travailleurs de la construction. Ce n'est pas
seulement moi qui le dis; ce sont ceux qui oeuvrent dans la construction ou qui
y ont déjà oeuvré qui le disent. Ils l'ont dit en
commission parlementaire, en cours de route: Écoutez, s'il fallait que
ce soit tout ça, le bassin de main-d'oeuvre de la construction,
ça n'a pas de bon sens, l'insécurité que vous allez
générer pour ce monde-là!
Comment peut-on accepter qu'on va donner le privilège pas
le droit, le privilège pour celui qui travaille en usine d'aller
également faire des travaux de construction et de menacer les emplois de
ceux qui font seulement de la construction? C'est une affaire de justice. On
pourra toujours me citer des cas limites, encore une fois. Il y a toujours des
cas limites dans la société, dans tout ce qu'on fait. Il y en a
à peu près 180 000 qui sont qualifiés. La construction, en
fait, en requiert à peu près 55 000 par année. Et
l'absence de mesures telles que le règlement de placement dans le
secteur de la construction au Québec, au cours des années qui ont
précédé le règlement, on a été
témoin de l'insécurité des gens qui se battaient sur des
chantiers de construction. Cela a amené une industrie émotive -
elle l'est déjà assez ainsi et cela a amené des
affrontements épouvantables entre des travailleurs. C'est la loi et le
règlement qui tranchent aujourd'hui, avec les risques que cela implique
et avec les difficultés que cela implique pour ceux qui ont fait cette
réforme, on le reconnaît. Je pense que, pour l'avenir, on aura
réglé des problèmes pour beaucoup de travailleurs et pour
cette industrie.
La troisième question: Les modifications vont-elles avoir un
effet rétroactif? Non. De façon générale, non.
Quant aux modifications qui sont proposées, qui sont devant le
comité mixte en ce moment, on part du bassin actuel et on dit: Tous ceux
qui sont aujourd'hui détenteurs d'un certificat de classification de
l'office, pour s'assurer de continuer à détenir ce certificat,
ils devront faire une heure par année dans la construction.
M. Pagé: On met de côté tout ce que vous avez
plaidé depuis le début du règlement, bien oui.
M. Johnson: Absolument pas. On part d'un bassin de 107 000
personnes, alors qu'il y en avait au-delà de 200 000.
M. Pagé: Je reviendrai, M. le Président.
M. Johnson: On part de ceux qui, effectivement, sont
rentrés et sont sortis de la construction. J'aimerais, M. le
Président, que le député de Portneuf me permette de
terminer. Je n'ai pas objection à ce qu'il revienne. Il a parlé
pendant exactement 36 minutes et cela fait à peine 20 minutes que je
parle.
On part du bassin actuel. Il y aura, dans certains cas, des amendements
qui pourront avoir cet effet, mais c'est assez marginal. Ce serait
malhonnête de prétendre le contraire. Et pour l'avenir, ce qu'on
dit, c'est que ceux qui ont réussi à passer à travers
cette période, qui sont qualifiés et dont on a tenté de
stabiliser un peu le revenu, en plus, eux sont assurés, parce qu'on sait
que c'est une industrie cyclique, qu'à partir du moment où ils
oeuvrent dans l'industrie une heure par année, ils vont pouvoir
conserver cette possibilité. Ceci n'augmentera pas le bassin, mais va le
maintenir. Ceci veut dire que s'il devait y avoir une dépression
importante, encore plus importante que celle qu'on a connue depuis quatre, cinq
années au Québec, depuis la fin des Olympiques, effectivement, on
aurait un bassin de 107 000 pour peut-être 40 000 emplois à
certaines époques, mais c'est bien mieux qu'avoir un bassin de 250 000
pour 40 000 emplois.
Cela assure un minimum de mobilité. Cela assure un minimum de
stabilité. Cela assure également un entraînement, des
habitudes et une main-d'oeuvre qui est de plus en plus qualifiée, parce
que c'est en général la même qui oeuvre dans ce
secteur-là.
Combien de salariés ont obtenu des certificats de classification?
En 1978, il y en avait 110 000; en 1979, 107 000. Pour l'année 1980, on
prévoit plus ou moins 105 000, selon le cas, encore une fois parce qu'il
y a eu une dépression dans le secteur de la construction, au
Québec comme partout ailleurs. Les chiffres de 1972 à 1979 de
ceux qui étaient passés dans la construction, en termes de nombre
d'heures, en termes de millions d'heures de construction, en 1972, 129 millions
d'heures ont été travaillées; en 1973, 143 millions; en
1974, 147 millions là, on approche des Jeux olympiques 155
millions, en 1975 c'est pour la grande soucoupe volante en béton;
136 millions, en 1976; 138 millions, en 1977; 124 millions, en 1978 et, en
1979, ce qui est prévu, c'est autour de 115 millions ou 116 millions, ce
qui représente une diminution d'à peu près 10% à
11%. C'est à peu près le même phénomène
encore une fois qu'on vit dans l'ensemble du Canada, à l'exception de
l'Alberta, mais le jour où on se mettra à construire d'autres
"Baie James" peut-être que l'Alberta, si elle n'a plus de pétrole,
va avoir le même problème qu'on a aujourd'hui.
Entend-on modifier la loi 52 quant au vote? On verra quand on sera rendu
là. Pour le moment, il y a une négociation dans le secteur qui
implique l'Association des entrepreneurs en construction, le Conseil des
métiers, la CSN. Il y a également la CSD qui fait partie du
bulletin, même si elle n'est pas à la table de négociation
en ce moment. On verra à ce moment-là. Je ne pense pas que c'est
une question criante, ni urgente. Ce qui compte, c'est qu'il y ait un
règlement.
La régie considérera-t-elle le caractère
particulier des artisans aux fins de l'obtention d'une licence? Oui, c'est cela
que l'avant-projet prévoit effectivement. Les examens qu'on va imposer
à l'artisan ne seront pas du tout des examens du même ordre que
ceux qu'on impose à la grosse entreprise, par exemple. À partir
de la loi 110 et du règlement qui sont proposés, l'artisan
défini comme une personne physique effectue seul et sans l'aide de
salariés les travaux de construction.
Il est soumis seulement à la Régie des entreprises de
construction, non pas à l'office, sauf, évidemment, s'il va sur
un chantier industriel et commercial où il doit respecter les
critères du décret. L'artisan va pouvoir faire la preuve à
la régie, si cette preuve est satisfaisante, qu'il a effectué des
travaux à titre d'artisan. Il obtiendra sa licence sans examen si la
régie juge qu'il a une expérience équivalente. Il faut
avoir de l'expérience. Ce n'est pas n'importe qui, demain matin, qui
peut s'improviser artisan. Celui qui voudrait arriver va être
obligé de passer des examens. Celui qui aura l'expérience
adéquate suffisante et qui pourra le démontrer, on va le
reconnaître. Le candidat au statut d'artisan qui n'a jamais oeuvré
à ce titre devra passer des examens prouvant ses capacités
techniques et administratives. Toutefois, la régie a prévu que
les examens pour l'artisan ne comporteraient pas nécessairement les
mêmes difficultés que pour les personnes "habilitantes" des
entreprises.
La Régie prévoit des examens de sécurité sur
les chantiers. C'est vrai que les examens de sécurité vont
peut-être au-delà de ce que signifie prendre sa pépine et
lever cinq verges cubes de terre. Quand on travaille avec une pépine,
qu'on travaille dans un environnement où il y a d'autres travailleurs et
qu'on impose à tous les travailleurs de la construction au Québec
une connaissance du Code de sécurité, je pense qu'on devrait
l'imposer aussi aux artisans. C'est une affaire de sécurité pour
les gens. C'est une affaire pleine de bon sens, c'est une affaire de protection
des personnes.
Ensuite, il y a le fait que la régie va restreindre les exigences
financières auprès de ces gens qui vont être obligés
de donner un bon de garantie de $5000 un bon de garantie, comme cela
coûte $75, ce n'est pas très cher et devront donner une
preuve d'avoir net de $2000. Si on a une auto et un coffre à outils,
c'est à peu près ce que cela représente comme avoir net.
Le coût de la licence sera de $240; en gros, l'équivalent d'une
cotisation syndicale.
Qu'advient-il du programme de stabilisation de l'emploi? Mon
collègue, le ministre d'Etat au développement économique,
a déjà fait état de ce rapport conjoint qui lui a
été soumis par l'office et l'OPDQ. Il a annoncé la
concentration des programmes d'investissements gouvernementaux, qui
étaient sur une base de deux ans, c'est-à-dire que le
gouvernement, parce qu'il y a une forme de dépression dans le secteur de
la construction... Entre autres, quand on regarde les taux
d'intérêt à 15%, on n'est pas surpris que dans le
domiciliaire, cela va être dur, parce que l'entrepreneur, pour construire
une maison, il faut qu'il finance ses inventaires; à 15%, c'est dur.
S'il est au taux préférentiel, au "prime rate" plus un, c'est 16%
à la banque. S'il traîne cela pendant huit mois sur
ses inventaires, c'est dur. Le jeune couple qui veut s'acheter une
maison, un bungalow, une maison unifamiliale et financer cela avec une
hypothèque, quand on arrive à 13% et 14%, c'est dur. Il ne faut
pas s'attendre que ce soit rose nécessairement, dans le secteur
domiciliaire. Soit dit en passant, ce n'est ni le ministère du Travail,
ni le gouvernement du Québec qui a décidé des taux
d'intérêt. Ceci dit...
M. Pagé: Mais...
M. Johnson: ... le gouvernement, parce qu'il se rend compte qu'il
y a une diminution de l'activité dans le secteur de la construction,
tente d'accélérer ses propres programmes d'investissements. Des
exemples de ça, prenons, soit dans la région de Sherbrooke, le
nouveau centre de détention, à Québec, le palais de
justice, à Montréal, le centre des congrès, soit d'autres
choses qui sont accélérées dans la machine administrative
aux fins de concentrer les programmes d'investissements.
Prenez le dossier de la formation professionnelle de la main-d'oeuvre.
Il avance plus qu'il n'a jamais avancé depuis une dizaine
d'années. Il est en train d'être révisé,
d'être refondu. Les parties sont consultées. D'ailleurs, je
rencontre mon collègue fédéral aujourd'hui même, au
sujet de certaines des choses qui touchent la formation professionnelle et de
la main-d'oeuvre.
Simplement pour faire une parenthèse rapide là-dessus,
puis-je dire que je suis heureux de constater que l'Opposition, par la voix de
son chef, comme le Conseil du patronat, comme l'ensemble du monde syndical au
Québec, bref que tous les agents au Québec qui sont
préoccupés par la main-d'oeuvre considèrent que la
main-d'oeuvre devrait être de juridiction essentiellement
québécoise. C'est ce que je vais essayer d'expliquer à M.
Atkey cet après-midi. Ce n'est pas seulement parce qu'on est des
méchants qui sont pour la souveraineté-association, c'est parce
que je pense que les gens se sont aperçu que c'était plein de bon
sens que les politiques de main-d'oeuvre relèvent du Québec. On
connaît mieux le marché. On connaît mieux le monde. On est
plus près des citoyens.
M. Pagé: Cela a plus de bon sens que la
souveraineté-association, d'ailleurs.
M. Johnson: Dans le cas de la délivrance des permis, les
articles 3.03, 3.04, etc., la réponse, c'est que c'est automatique dans
80% des cas. On ne demande pas aux gens de connaître le règlement
de placement par coeur et, d'ailleurs, les articles 3.03 et suivants, quant
à moi, c'est encore moins exigeant que le catalogue des exigences pour
être candidat libéral. On ne leur demande pas de connaître
ça par coeur. C'est automatique dans 80% des cas. Et c'est tellement
vrai que, l'année dernière et cette année, des
travailleurs qui avaient oeuvré dans la construction, qui avaient eu un
A, un B ou un C, et qui avaient droit au renouvellement automatique en vertu de
la décision qu'on a prise l'an dernier, il y en a 7000,
c'est-à-dire 7%, à toutes fins utiles, qui n'ont même pas
retourné la carte pour avoir le renouvellement, 7000. Tout ce qu'ils
avaient à faire, c'était de signer leur nom. Ce n'était
même pas de remplir une formule. Parfois, on dit: C'est parce que c'est
une formule, c'est long, et les gens ne le font pas. Les citoyens n'ont pas le
goût de se faire agacer avec ça. (10 h 15)
C'est vrai en général que les citoyens n'aiment pas
remplir des formules, mais la seule chose qu'on leur imposait, c'était
de signer en bas d'une lettre. Il y en a 7000 qui n'ont pas répondu.
Donc ce sont des gens qui ont oeuvré dans la construction c'en
est un bel exemple qui n'ont aucune intention de continuer à y
oeuvrer. Ce sont effectivement 7000 personnes de moins dans le bassin de
main-d'oeuvre de la construction au Québec; on peut présumer que,
dans la plupart des cas, ce sont des gens qui travaillaient dans l'industrie ou
ailleurs. Donc, la formule n'est pas compliquée, on leur demande de
signer dans 80% des cas, dans les autres cas, ils font une demande
spécifique.
Les méthodes pour assurer le respect du code d'éthique et
aussi les constats au manquement. D'abord, il y a une inspection qui se fait,
des documents, des livres, des registres, l'approbation des critères des
bureaux de placement et il y a, d'autre part, un bureau d'enquête qui
fonctionne sur la base de plaintes. Il y a plusieurs enquêtes qui ont eu
lieu, il y en a même une qui a lieu en ce moment et je vais taire les
noms, pour l'instant, parce que tant et aussi longtemps que ce ne sera pas
devant les tribunaux, je pense qu'il faut faire la présomption
d'innocence habituelle. Mais il y a déjà là un bureau de
placement syndical qui va faire face à des accusations devant les
tribunaux. Le travail se fait normalement et je pense que le constat qu'on peut
faire c'est que, de façon générale, ils respectent la loi;
parce que, là comme ailleurs, dans la majorité des cas, les
citoyens respectent les lois.
Le nombre de dossiers en révision? Des demandes de
révision, il y en a eu 20 000, dont 26% ont été
refusées, 74% acceptées. Dans le cas des appels devant le
commissaire au placement, il y en a eu 5500, 5000 dossiers ont
déjà été traités, il en reste à peu
près 500; ce sont des ordres de grandeur, c'est peut-être 5530,
mais, en gros, disons 5500 dossiers, 5000 jugements rendus, 52% des appels ont
donné lieu à une décision favorable à celui qui
allait en appel et 48% contre. Cela fait d'ailleurs un peu penser à ce
qui se produit en général dans le secteur de l'arbitrage, ce sont
des statistiques qui ne sont pas étonnantes à ce titre.
L'information relative au placement se fait d'abord par l'entremise des
envois généraux qui ont été faits à
certaines occasions; par exemple, l'envoi à tous les travailleurs de la
construction, à partir des listes de l'office, de la possibilité
du renouvellement automatique; elle se fait évidemment à travers
les seize bureaux régionaux de
l'Office de la construction. À l'occasion, j'ai vu
également des annonces dans les journaux, des dépliants
spécialisés qui sont distribués à certains endroits
et disponibles dans les bureaux de syndicats qui veulent s'en servir.
Combien y a-t-il de personnes affectées par l'administration du
règlement de placement? Je vais permettre à M. Gagnon, le
président de l'office, de répondre à cette question,
à la question 16 sur l'utilisation du temps informatique ainsi
qu'à la question 17 sur le réaménagement des
différents secteurs de l'office. Quant à cette question
générale de l'office, je dois dire que je suis personnellement
passablement satisfait et même très satisfait du travail accompli
par le nouveau conseil d'administration. Ce que ces gens font, c'est de
s'arranger pour gérer l'argent des travailleurs de façon
adéquate, parce que l'office, il faut se le rappeler, est
géré par des cotisations auprès des travailleurs et
auprès des entreprises et aussi maintenant, malheureusement, parce qu'on
n'a pas le choix, par des subventions gouvernementales, parce qu'il faut
permettre à l'office de survivre à travers la diminution des
rentrées, parce qu'il y a une diminution de la construction.
Donc, c'est de l'argent qu'on peut appeler de l'argent public. Ce n'est
pas de l'argent souscrit volontairement par qui que ce soit. Il faut
administrer l'office: 1)de façon efficace pour donner un bon service aux
travailleurs et aux entreprises et 2) en respectant les principes
généraux qu'à l'égard de l'argent public, on agit
de façon un peu spéciale. Je peux vous donner un exemple. Les
agents de liaison dont on a parlé peut-être que le
président voudra parler davantage là-dessus ont
été avisés, dans six cas, qu'ils seraient mis à
pied, mais il y a trois possibilités de réintégration dans
d'autres postes; c'est que, dans le fond, ce poste n'a plus de signification.
Il y a 52 personnes qui sont maintenant préposées à
l'information à l'office. Or, les agents de liaison faisaient de
l'information, à toutes fins utiles, auprès de certains
syndicats, provenant de certains syndicats la plupart du temps. C'est le
travailleur qui paie pour ces salaires-là.
J'en suis qu'il faut faire attention et qu'il ne faut pas traiter les
gens brutalement, j'en suis et, effectivement, dans trois cas, il y a des
possibilités de réintégration à d'autres postes.
Celui qui a le plus d'ancienneté, soit dit en passant, a huit ans
d'ancienneté; il n'en a pas 15 ou 28, mais il faut aussi respecter
l'argent des travailleurs. C'est comme les autos à l'Office de la
construction. Tout le monde a son automobile à l'office, fournie par
l'office, payée par les travailleurs et les subventions de
l'État. Ces gens ont des huit cylindres et le président de
l'office pense que des six cylindres, ce serait peut-être correct, ce
serait peut-être respecter la crise énergétique et cela
permettrait aussi de sauver un demi-million. Si on entend des gens se plaindre
et si des employés de l'office veulent des autos à huit cylindres
au lieu de six cylindres, je pense qu'il va falloir qu'ils se justifient comme
il faut, parce que c'est administrer adéquatement l'argent des
travailleurs que d'économiser un demi-million.
M. Pagé: Je n'ai pas mis ce problème en relief. Ce
matin, ce que j'ai mis en relief, c'est le fait que des personnes, qui
travaillent chez vous depuis plusieurs années, sont remerciées
cavalièrement de leurs services à compter du 6 décembre.
Je n'ai pas mis en relief le problème des cylindres. Enlevez-leur les
autos...
M. Johnson: M. le Président...
M. Pagé:... mettez-leur des quatre, des six, ce n'est pas
ma préoccupation, ce matin, c'est le droit, pour le gars, de
travailler.
M. Johnson: ... je n'ai jamais prétendu que le
député de Portneuf parlait de ça.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Johnson: Simplement, M. le Président, je donne
ça dans le cadre de l'activité générale et dans le
cadre des contraintes du président de l'office et de ses
collègues du conseil d'administration. C'est une industrie un peu
volatile, un peu sentimentale, les gens ont tendance à argumenter
peut-être plus fort qu'ailleurs. En plus de ça, ils gèrent
des fonds publics et ils les gèrent dans un contexte qui n'est pas
facile sur le plan économique. Il faut qu'ils soient efficaces pour
donner des services aux travailleurs. Il faut, en même temps, qu'ils
respectent les dispositions de conventions collectives et de conditions
générales qui, à l'office, soit dit en passant, sont
encore meilleures que celles que l'on retrouve dans la fonction publique. C'est
sans doute le seul secteur qui restait au Québec qui n'avait pas ce type
de disposition.
Le ministre des Finances a démontré que, de façon
générale, dans le domaine public et parapublic, les gens ont de
meilleures conditions de travail que dans le secteur privé. Il y a
peut-être une exception à ça, c'est à l'Office de la
construction du Québec, où c'est encore mieux que dans la
fonction publique. Il faut s'en rendre compte, il faut que les travailleurs qui
payent des cotisations le sachent. Il faut qu'ils sachent que le
président de l'Office essaie d'administrer l'argent pour épargner
de l'argent aux travailleurs, aux entreprises et à l'État.
M. le Président, c'est le tour que je voulais faire de l'ensemble
de ces problèmes, en réponse à l'essentiel des questions
du député de Portneuf. Je laisserais peut-être au
président de l'office, M. Gagnon, le soin de répondre à
quelques questions spécifiques.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
M. Gagnon.
M. Gagnon (Jean-Yves): Pour ce qui est de la question 15, pour ce
qui concerne le nombre de personnes qui sont affectées à
l'administration du règlement de placement, les réponses sont les
suivantes, je parle de personnes affectées exclusivement au placement.
À la recherche, nous avons une personne; au service de la
main-d'oeuvre,
vingt personnes; et dans des services d'information répartis
à travers les bureaux régionaux, quinze personnes.
À la question 16, la durée de fonctionnement du
système informatique, effectivement, depuis un an, à l'Office de
la construction, il y a eu des problèmes avec le service informatique.
À l'automne 1978, il y a eu 22 personnes qui ont
démissionné en dedans de deux ou trois semaines du service
d'informatique, ce qui a amené de grosses difficultés
d'administration. Alors, à compter de mars-avril, on a commencé
à reconstruire nos équipes. À ce moment-là, on
avait un accès à l'informatique d'environ 60% à 70%, alors
qu'aujourd'hui, on est rendu à 92% d'efficacité à
l'informatique à l'OCQ. Alors, il y a eu une amélioration
considérable.
La question 17, les réaménagements administratifs à
l'OCQ, je dois dire que dans l'ensemble, c'est un réaménagement
complet qu'on essaie de faire à l'office. Il y a évidemment des
secteurs plus affectés que d'autres, en particulier le secteur des
avantages sociaux où on est en train de faire une réorganisation
complète de toute l'administration des avantages sociaux des
travailleurs de la construction, à la suite d'une étude d'une
firme spécialisée qui nous a été
déposée il y a deux mois. On est en train, comme je le disais, de
faire une réorganisation également du service de l'informatique
qui avait été amoché passablement l'an dernier. On est
aussi en train de faire une réorganisation de notre réseau des
bureaux régionaux. À compter du mois de mai prochain, à
l'office, nous aurons, au lieu de seize bureaux régionaux, treize
bureaux, en plus de deux bureaux d'information, alors que nous avions,
jusqu'à présent, seize bureaux.
Egalement, nous avons entrepris, dernièrement, une
révision de toutes les politiques administratives de l'office, l'une
après l'autre, et nous comptons, pour le mois d'avril ou mai, avoir
terminé cette étude et avoir mis en pratique toute une foule de
politiques qui, dans certains cas, n'existaient pas, dans d'autres cas
existaient mais n'avaient pas été respectées par les
employés de l'office. Donc, nous allons nous assurer que nous avons de
bonnes politiques et qu'elles sont respectées.
Pour continuer au sujet des agents de liaison qui, effectivement, ont
reçu un avis de mise à pied, nous avions sept personnes
impliquées, et la raison pour laquelle nous en sommes venus à
cette conclusion, c'est, d'une part, une raison historique. Les agents de
liaison étaient des employés, à l'office, qui avaient
été embauchés au moment où le CASIC, qui
était l'ancien Comité des avantages sociaux de l'industrie de la
construction, était séparé de la CIC, qui devait, elle,
administrer le décret.
À ce moment-là, le CASIC devait avoir son propre personnel
pour faire de l'information aux travailleurs de la construction. Et au moment
où tout cela a été fusionné, en 1972, 1973, 1974 et
finalement en 1975, avec l'OCQ, tous les services de l'office ont
été fusionnés pour n'avoir qu'un seul organisme qui
s'appelle l'office. À ce moment-là, on s'est rendu compte
graduellement qu'il y avait un dédoublement d'efforts. Alors qu'on avait
52 personnes préposées à l'information dans nos bureaux
régionaux, on avait, au siège social, sept personnes qui,
étant situées au siège social cinq d'entre elles et
deux autres à Québec devaient parcourir la province pour
aller donner des informations qui étaient déjà disponibles
dans nos bureaux régionaux.
On s'est dit: C'est un dédoublement d'efforts, ce sont des
dépenses inutiles. On peut cesser ce service sans affecter du tout le
service aux travailleurs. C'est la décision qu'on a prise. À ce
moment-là, comme notre convention collective le prévoyait, on a
donné aux individus concernés un préavis de quatre mois,
qu'on leur a donné au mois d'août dernier. À ces
gens-là, en leur donnant le préavis, on a dit: Vous avez le droit
et on vous exhorte à faire des demandes d'emploi à tous les
postes affichés à l'office. Et encore aujourd'hui, nous avons 65
postes affichés à l'office, qui sont disponibles pour tous les
employés qui veulent les prendre. On a même mis un moratoire sur
tout recrutement extérieur, dans le but de donner la chance aux
travailleurs qui sont déjà à l'intérieur de se
replacer.
Parmi les sept en question qui ont reçu un avis, il y en a un qui
s'est déjà replacé. Il en reste six. Et on pense, dans les
prochaines semaines, être en mesure d'en replacer deux ou trois autres.
Quant aux autres, malheureusement, il y en a quelques-uns qui ne se sont
même pas donné la peine de s'inscrire à d'autres postes
disponibles à l'office. Peut-être que ces gens-là
préfèrent quitter l'office, c'est leur droit.
M. Pagé: Si vous le permettez, sur le même sujet,
très brièvement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
parce que le député de Richmond avait demandé la
parole.
M. Pagé: Très brièvement, sur le même
sujet. À l'article 21.02 de la convention collective entre l'office et
ses employés, il est prévu la formation d'un comité en cas
de réorganisation, afin d'analyser les conséquences sur les
tâches et les effectifs. Je suis informé qu'une lettre de
congédiement aurait été envoyée aux agents de
liaison, comme vous le confirmez, sans qu'un comité ait
été constitué, premièrement.
Deuxièmement, lorsque vous soutenez que les personnes ainsi
congédiées et remerciées ont le droit de postuler d'autres
postes, ne serait-ce pas parce que les obligations pour les postes nouveaux
imposent que le postulant détienne un diplôme d'études
collégiales et que plusieurs de ceux-là n'ont pas le
diplôme d'études collégiales, même s'ils ont six,
sept ou huit ans d'expérience?
M. Gagnon (Jean-Yves): En ce qui concerne le comité
prévu à la convention collective, nous avons avisé le
syndicat simultanément et nous lui avons demandé j'avais
rencontré les gens moi-même deux fois à l'avance pour les
aviser de
créer le comité en question. On l'a formé, mais
malheureusement les représentants du syndicat ont choisi de ne pas nous
rencontrer là-dessus. D'ailleurs, il y avait justement une discussion
là-dessus hier et on en rediscutait encore.
Pour ce qui est des gens qui font des demandes à d'autres postes,
effectivement, nous avons dans nos critères d'embauche,
présentement, un critère qui prévoit une école
secondaire. Nous les avons tous avisés que nous étions
prêts à reconnaître des équivalences pour leur
permettre de faire des demandes à d'autres postes. C'était
justement le but de la rencontre d'hier, d'offrir cela au syndicat, par mesure
d'exception. À ces gens-là, on a dit: Même si vous n'avez
pas la onzième année parce que la plupart ont quatre,
cinq, six ou sept ans de scolarité on va reconnaître vos
années d'expérience à l'office comme l'équivalence
d'une onzième année. On va vous considérer aux autres
postes. C'est une mesure d'exception, parce que cela ne fait pas partie de nos
critères normaux d'embauche.
M. Pagé:... en espérant que ce problème
particulier pourra se régler et que ces gens-là pourront
être réaffectés à d'autres fonctions à
l'intérieur de l'OCQ. (10 h 30)
M. Gagnon (Jean-Yves): Evidemment, nous le souhaitons.
M. Pagé: II y avait la dernière question, M. le
Président, concernant Deschambault, à laquelle le ministre n'a
pas répondu.
M. Johnson: Le droit au Régime de rentes! Ah!
Deschambault, je m'excuse, oui.
M. Pagé: Deschambault.
M. Johnson: Le droit au Régime de rentes, vous avez eu la
réponse, cela vous satisfait?
M. Gagnon (Jean-Yves): S'il demeure employé de l'OCQ,
évidemment, il va continuer à avoir le fonds de retraite des
employés de l'OCQ. Par contre, s'il quitte l'office, on doit appliquer
les règles du régime, à ce moment-là, et lui
rembourser sa contribution.
M. Johnson: La question de Deschambault, c'est une question qui
n'est pas particulière à Deschambault, mais qui est
évidemment beaucoup plus importante pour le député de
Portneuf. C'est dans son comté, c'est normal. Dans la mesure où
on parle de gens qui exercent un métier ou qui ont une activité
très spécialisée dans la rénovation, par exemple,
des vieux murs ou des choses comme celle-là et dans la mesure où
le ministre des Affaires culturelles m'a sensibilisé à la
question de Deschambault tout autant que le député de Portneuf,
les artisans, non pas au sens de ceux qui travaillent seuls, les artisans au
sens historique ou quasiment culturel du terme, ceux qui ont une connaissance
du maniement de la truelle dans certains secteurs bien précis de la
maçonnerie, dans la restauration des pierres des années 1700, il
est bien évident qu'il n'est pas de l'intention, par l'application de la
réglementation de l'office, d'empêcher cela. Il y a une
façon non pas de passer à côté du règlement,
mais de permettre que le règlement soit respecté en permettant
à ces personnes d'y travailler, même si elles n'ont pas fait 1000
heures, pourvu qu'elles fassent application auprès du bureau du
commissaire de la construction, M. Évariste Bernier, qui siège au
ministère du Travail, pour demander le certificat de travailleur
occasionnel et qui, dans la mesure où on peut démontrer que ce
type d'artisan n'existe pas ailleurs et qu'on ne peut pas se le procurer sur la
base des listes régulières de l'office, va émettre
effectivement un certificat de travailleur occasionnel dans ce
secteur-là.
Je pense, par ailleurs, qu'il faudra trouver éventuellement des
solutions plus permanentes à cela, surtout quant aux apprentis. Ce qui
inquiète le ministre des Affaires culturelles, et je le comprends, c'est
que beaucoup de ces grands spécialistes de la restauration des monuments
québécois ou des constructions québécoises des
siècles derniers ont atteint un âge où, finalement, on peut
se dire que cela ne durera peut-être pas indéfiniment et il faut
qu'ils réentraînent une génération qui connaisse ces
techniques-là. La façon de le faire, ce sera par des exceptions
qu'on va tenter de prévoir, peut-être quant à la question
de l'apprentissage. Je ne suis pas assuré qu'on pourra régler
simplement ce problème-là, mais, dans le cas de ceux qui
travaillent à Deschambault, comme pour tous les autres, si leur travail
est un travail ultra-spécialisé, l'office ne poursuivra pas les
personnes, quitte à les retirer, si elles obtiennent des certificats de
travailleurs occasionnels qu'elles pourront par ailleurs obtenir du bureau du
commissaire de la construction ou des commissions d'arbitrage, dans la mesure
où c'est un travail spécialisé et qu'il n'y a pas d'autre
main-d'oeuvre pour le faire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Merci. Avant de céder la parole au député de
Richmond, j'aimerais dire qu'à l'heure actuelle, l'Opposition officielle
a eu 35 minutes, que le parti ministériel répondant aux questions
de l'Opposition officielle a eu 45 minutes et, compte tenu de notre
règlement et compte tenu surtout des ententes qui sont intervenues, je
vais céder...
M. Pagé: Ma conclusion. Ah oui! S'il a deux ou trois
minutes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
C'est ce que j'allais dire, M. le député de Portneuf.
J'allais dire que je vais donner la parole au député de Richmond,
tout en l'informant qu'il y a eu une entente préalable à son
arrivée, qu'il y a une heure qui a été consentie
volontairement pour la fin de nos travaux et que, d'autre part, la
présidence se doit, pour respecter l'esprit de notre règlement,
de laisser de façon égale un temps et à l'Opposi-
tion officielle et au parti ministériel pour conclure, puisque
c'est elle qui a posé la question avec débat et elle s'adresse au
parti gouvernemental. Je vous cède la parole, tout en vous disant que
vous devez me laisser des minutes que je pourrai partager entre l'Opposition
officielle et le parti ministériel par la suite.
M. Brochu: Je vous remercie, M. le Président.
M. Johnson: Pour simplifier la vie de mes collègues de
l'Opposition, on m'avise que je peux étirer sans difficulté un
peu au-delà de 11 heures, peut-être 11 h 15. Il n'y a pas de
problème. Si l'Opposition a besoin d'une dizaine de minutes de plus, je
pense qu'on peut les lui donner.
Discussion générale
M. Brochu: Je vous remercie, M. le ministre. M. le
Président, j'essaierai de me tenir à l'intérieur du cadre
que vous nous avez fixé. Je l'accepte de bon gré. Je m'excuse du
retard ce matin. J'avais vraiment l'impression que la commission devait
commencer ses travaux à 10 heures. J'irai donc, si vous le permettez, M.
le Président, directement aux quelques questions d'ordre pratique que
j'avais l'intention de poser plutôt que de procéder par un
préambule. D'ailleurs, le ministre a déjà donné
certaines indications, à la suite des questions que nous nous posions
également de ce côté.
Dans les dernières réponses aux questions du
député de Portneuf, le ministre a touché un point que
j'avais l'intention de souligner, concernant cette classe spéciale de
journaliers spécialisés, ceux, en fait, qui n'ont pas de
qualification, mais qui font quand même un travail
spécialisé et qui se retrouveraient actuellement plus ou moins
sans statut, parce qu'ils ne sont pas toujours sur place, dans la région
pour effectuer le travail. À notre sens, il devrait y avoir une
différence entre ces journaliers spécialisés et les
journaliers dits non spécialisés. Je pense qu'il devrait y avoir
une catégorisation à ce niveau pour permettre la
démarcation nécessaire. Ces ouvriers, dans le fond, sont des gens
qui effectuent le même travail depuis des années, qui n'ont pas
nécessairement un diplôme ou une compétence reconnue par
une institution d'enseignement, mais qui sont compétents dans leur
domaine tout à fait précis, domaine qu'un ouvrier nouvellement
arrivé ne connaîtrait pas. C'est dans la foulée de ce que
le ministre a indiqué tout à l'heure, peut-être qu'il
pourra nous apporter davantage de précisions en ce qui concerne cette
catégorie plus particulière dite des journaliers
spécialisés.
Il y a un autre problème également sur le plan pratique,
c'est celui qui concerne les travailleurs qui ont déjà fait de la
prison. En effet, tous les travailleurs de la construction qui ont fait de la
prison, quelle qu'en soit la raison, ne peuvent plus revenir travailler dans le
domaine de la construction, sauf s'il manque de main-d'oeuvre. Comme on le
sait, cela n'arrivera probablement jamais. Cette modification est assez
récente. C'est une modification au règlement 3.12, paragraphe c),
qui date, si mes renseignements sont exacts, de juin 1979. Il convient de
souligner que ces travailleurs conservent toujours leur carte de
compétence, évidemment, mais on ne leur accorde plus le droit de
travailler dans le secteur de la construction.
Ma question est bien simple, le ministre la comprend déjà:
Qu'est-ce qu'il advient, à ce moment, de l'idée de
réhabilitation des travailleurs si, par les dispositions du
règlement, à toutes fins utiles, on ne permet plus à ces
gens, qui conservent quand même leur carte de compétence,
après avoir fait un stage dans une institution pénitentiaire, de
réintégrer les rangs du marché du travail?
M. Johnson: Sur cette question des gens qui ont
déjà fait de la prison, cela peut arriver à n'importe qui
pour d'autres raisons, cela ne veut pas dire nécessairement qu'on est un
meurtrier, ce n'est pas nécessairement pour des crimes violents. Vous
vous souviendrez que dans la version originale du règlement de
placement, celle qui a été appliquée pendant de nombreux
mois, on avait prévu que celui qui n'a pas fait ses heures parce qu'il a
été malade peut aller en révision à l'office et
dire que c'est parce qu'il a été hospitalisé. S'il
n'obtient pas satisfaction là, comme cela peut arriver, à
l'occasion, qu'on n'obtienne pas satisfaction à la révision, il
peut aller en appel devant le commissaire au placement.
On avait prévu que parmi les exceptions, en plus de la maladie,
il y avait celui qui n'a pas oeuvré dans la construction, qui n'a pas
fait ses heures parce qu'il était en prison. La commission des droits de
la personne a fait parvenir un avis à l'office, disant qu'elle
considérait que c'était faire de la discrimination positive que
de faire cela, et à toutes fins pratiques, dans la mesure où on
tente de respecter les avis de la commission. La Commission des droits de la
personne nous dit que c'est donner un privilège à ceux qui ont
déjà fait de la prison par rapport aux autres. Devant cela,
l'office a été obligé de cesser d'appliquer les
dispositions qui permettaient de reconnaître que le temps passé en
prison, pour certains, c'était l'équivalent d'être
allés à l'hôpital.
M. Brochu: Je transmets simplement pour l'information du
ministre, pour la bonne marche de ce dossier, que d'après les cas qu'on
a pu avoir, il semblerait que les gens de l'OCQ ont tenté justement,
dans les cas qui leur ont été soumis, de réhabiliter ces
gens, mais que ce soit au niveau de l'appel ou de la révision, on n'a
pas pu trouver le canal pour permettre à ceux qui en ont fait la demande
de réintégrer le marché du travail. Dans les faits, c'est
ce qui est arrivé, malgré les différents échelons
d'appel, de révision. C'est pour cela que je veux le soumettre au
ministre.
M. Johnson: Tous ceux qui ont fait de la prison vont maintenant
être traités sur un pied
d'égalité avec n'importe quelle nouvelle personne. Par
exemple, un individu qui a travaillé dans l'entretien dans une
compagnie... Prenez, par exemple, un fonctionnaire, un fonctionnaire-ouvrier
qui s'occupe de l'entretien de l'édifice du parlement. Il ne peut pas
aller oeuvrer pour une compagnie de construction sur les chantiers industriels,
demain matin, parce que, comme fonctionnaire ici, il avait un régime
particulier qui n'était pas celui de la construction et il ne subissait
pas la fluctuation de l'insécurité, etc. On dit: Celui qui est en
prison, c'est la même chose. Si le métier qu'il a est un
métier pour lequel, à un moment donné, il y a une demande
bien spéciale et qu'on n'a pas suffisamment de main-d'oeuvre dans ce
secteur, il pourra, comme tout citoyen venant d'ailleurs, postuler pour aller
dans la construction. Je trouve personnellement ça extrêmement
sévère comme conséquence, mais je pense qu'à la
Commission des droits de la personne il n'est pas question qu'on intervienne.
C'est un organisme indépendant et c'est ça qui fait d'ailleurs sa
force dans notre société. D'ailleurs, j'entends souvent
l'Opposition invoquer les arguments de la Commission des droits de la personne.
La commission juge que c'est discriminatoire à l'égard des autres
citoyens que de privilégier celui qui a fait de la prison, comme s'il
avait été malade, par exemple. Je regrette, mais c'est
réglé.
M. Brochu: Je reçois la réponse du ministre, M. le
Président. Maintenant, sur un autre point concernant les gens de
métier classés A ou B. Ceux-ci peuvent devenir polyvalents en
devenant apprentis dans n'importe quel métier. En fin de compte, si j'ai
bien compris le sens de la nouvelle réglementation, il faut souligner
qu'ils ont déjà leur compétence reconnue quand même
dans un métier. Cela, c'est l'article 5.02, je pense.
Toutefois, un journalier classé A ne pourra jamais devenir
apprenti et, par le fait même, se trouve à être
condamné à toujours demeurer journalier, sauf s'il se produit un
manque de main-d'oeuvre. Toutefois, on sait que, comme dans le cas que j'ai
cité avant, ce manque de main-d'oeuvre est à peu près
illusoire; donc, ce cas-là ne se présentera à peu
près jamais.
Si on accorde le pouvoir de devenir polyvalent aux gens de
métier, pourquoi, dans la même foulée ou par la même
occasion, n'accorde-t-on pas le même pouvoir aux journaliers de classe A,
dans le fond? En fait, il s'agirait simplement d'une modification à cet
article 5.02 auquel je faisais référence et de biffer le mot,
dans le deuxième paragraphe, "qualifié", pour le mot "ouvrier" et
ça permettrait cette polyvalence qu'on accorde à une classe de
ces travailleurs.
M. Johnson: II y a deux choses. Il y a ceux qui ont
déjà une compétence particulière, une
compétence au sens d'une spécialisation reconnue par
qualification. Exemple, le mécanicien d'ascenseur. Or, la polyvalence
dont on parle, c'est de permettre au mécanicien d'ascenseur de faire de
l'électricité pour les fins de faire les raccordements. Or, c'est
de ça qu'on parle comme polyvalence. On ne veut pas en faire un
électricien "at large", qui va exercer deux métiers.
Quant aux journaliers, ils sont prioritaires. Ils peuvent s'inscrire sur
une liste d'apprentissage. Si, de fait, un journalier, qu'on appelle plus ou
moins spécialisé, dans ses travaux, depuis de nombreuses
années, a toujours été près du travail accompli par
un homme de métier particulier, il pourra s'inscrire sur les listes
d'apprentissage et il aura priorité. Je pense qu'à moyen ou long
terme, si on peut me permettre d'en parler en ces termes, ça veut dire
que, pour l'avenir, on va se garantir une main-d'oeuvre remarquable, à
long terme, au Québec, dans le secteur de la construction, dans la
mesure où on aura une certaine sécurité, une certaine
polyvalence et une présence plus ou moins constante dans
l'industrie.
M. Brochu: M. le Président, un autre aspect maintenant que
j'aimerais toucher avec le ministre, c'est qu'actuellement, dans le secteur de
la construction, comme ça se vit dans le moment, quand il n'y a plus
d'ouvriers de classe A, on pige évidemment dans le réservoir de
ceux qui sont classés B.
Avec la nouvelle modification, il n'y aura qu'une classe, la classe A,
et les autres ouvriers seront classés temporairement; ils devront faire
1000 heures en deux ans, pour le même employeur, comme on l'a vu dans
l'annonce du règlement nouveau. En pratique, les ouvriers temporaires
sont mis à pied assez souvent. Si l'employeur a de nouveau besoin de
main-d'oeuvre, généralement, il doit prendre de nouveaux
employés temporaires, car il n'y a aucune liste de disponibilité
dont il pourrait se servir dans le but de retracer les employés
temporaires qui ont déjà travaillé pour lui et qui se
trouvent sans travail. (10 h 45)
Est-ce qu'il serait possible, pour faciliter la tâche au niveau
des entreprises et également au niveau de ces travailleurs temporaires,
que l'OCQ se voie confier la responsabilité de tenir à jour une
telle liste de disponibilité qui aurait peut-être pour effet de
faciliter de beaucoup les opérations dans ce domaine? Ainsi, l'ouvrier
temporaire verrait son nom apparaître sur une liste de
disponibilité, lorsque frappé par une mise à pied. Cette
liste serait fournie par l'OCQ et rien n'obligerait un employeur à
reprendre à son service un ouvrier temporaire qui aurait
travaillé pour lui, mais, s'il le désire, il pourrait quand
même faire appel à ce réservoir qui serait connu et auquel
il pourrait faire référence à volonté.
M. Johnson: D'abord, je voudrais simplement corriger une
impression; c'est d'ailleurs une impression généralisée,
qu'il n'y a pas de pénurie de main-d'oeuvre. C'est pour ça qu'on
a fait un règlement de placement, mais, encore une fois, il faut
toujours raisonner en termes de métier par métier. Or,
l'année dernière, malgré la diminution dans
l'activité de construction, il y a eu de nouveaux peintres, de nouveaux
couvreurs et de nouveaux
ferblantiers; trois métiers où il y avait des
pénuries de main-d'oeuvre. C'est également vrai pour les
cimentiers apprentis et je pense, si je ne m'abuse, que c'est aussi vrai pour
les opérateurs, à cause de la Baie James, certaines
catégories d'opérateurs.
Donc, on peut dire que, l'an dernier, il y a à peu près 3%
de l'effectif, dans le secteur de la construction, qui était nouveau,
à cause de la pénurie de main-d'oeuvre dans les métiers
dans lesquels ils travaillaient. Il y en a 3009, pour être plus
précis, qui, dans 836 cas cependant, étaient les fils d'un
employeur et 201 finissaient depuis mars 1979.
M. Brochu: Je comprends les nuances que le ministre indique en
disant qu'il faut quand même classer par métier, mais il faut
peut-être voir aussi la remarque que je vous fais en termes de
régions où, parfois, il va y avoir plus de mobilité dans
une région, plus de gens qui vont être engagés sur une base
temporaire et qui vont retourner dans un bassin de disponibilité, quitte
à y revenir. C'est dans ce sens que ça favoriserait une meilleure
démarche employeur-employé vis-à-vis d'un réservoir
de personnes qui sont employées souventefois sur une base temporaire,
pour pallier un besoin qui n'est pas sur une constante de toute une
année. C'est simplement dans ce sens que j'ai posé ma
question.
M. Johnson: Le président de l'office m'avise que, oui,
effectivement on garde ce type de liste; dans la mesure où les
permanents sont tous pris, ces listes de disponibilité sont à la
disposition de ceux qui en font la demande.
M. Brochu: M. le Président, une dernière question,
si vous me permettez, en respectant votre directive, simplement pour faire une
remarque en ce qui concerne les examens pour les permis à l'OCQ. Il y
aurait peut-être lieu, dans certains cas, de réviser le type
d'examens qu'on fait passer aux gens qui ont à subir ces examens. Il
semblerait que, dans certains secteurs du moins, les examens datent de quelques
années, ce qui fait que c'est plus ou moins à date, de sorte que
les gens qui ont à se présenter à ces examens ont à
répondre à des questions qui ne sont pas du tout
d'actualité et pour lesquelles ils ne sont pas habilités.
Il faut prendre les gens dans le contexte où ils sont; souvent,
ce sont des travailleurs ou de petits entrepreneurs qui n'ont pas eu toute la
formation nécessaire pour apprendre rapidement ou pour garder en note
les anciennes classifications ou les anciennes définitions pour
être capables de passer un examen qui n'est plus à jour. Je vous
donne simplement un exemple là-dedans: les "opérateurs" de
pelles. J'ai un petit entrepreneur chez moi qui travaille depuis plusieurs
années avec des pelles hydrauliques, car des pelles à
câbles, il n'y en a à peu près plus. Cela n'existe plus.
Les examens à l'OCQ pour l'obtention de ces permis sont encore
basée sur le travail fait avec des pelles à câbles. La
personne qui se présente pour passer son examen n'est pas du tout dans
le coup parce que cela ne se fait plus actuellement. Les questions sont
basées sur les opérations avec des pelles à câbles,
alors qu'ils se servent déjà depuis plusieurs années d'une
pelle hydraulique. La personne en question n'a pas passé cet examen
spécifique et ne peut même pas utiliser sa propre machinerie, en
partie, parce que l'examen n'est même pas à jour et, pourtant,
c'est à cet examen pratique qu'elle doit se soumettre.
M. Johnson: D'abord, je voudrais corriger ce qui était
sans doute un lapsus du député de Richmond. Ce n'est pas l'Office
de la construction qui administre cela. Ce n'est même pas la Régie
des entreprises; c'est le service de qualification de la main-d'oeuvre du
ministère. Quand on parle d'attestation, quand on parle de
l'expérience réelle de ce petit entrepreneur dont vous parlez, il
peut venir à l'arbitrage de la qualification du ministère et
obtenir une attestation d'expérience. Quand on me parle des examens qui
portent sur des pelles à câbles par opposition aux pelles
hydrauliques, j'avoue que je n'ai pas la réponse à vous donner
immédiatement. Si tel est le cas, on va aller souffler sur la
poussière.
M. Brochu: Une dernière question, M. le Président,
en ce qui concerne les étudiants.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très rapidement.
M. Brochu: Je sais que ce problème nous est soumis
souvent. Les étudiants qui sortent du domaine de l'enseignement et qui
arrivent sur le marché du travail se voient automatiquement refuser
l'accès au marché du travail parce qu'ils n'ont pas les heures
suffisantes, même s'ils ont, dans certains cas, un employeur qui est
prêt à les engager. Je pense que les autres députés
ont pu vivre, au niveau de leur bureau, les mêmes expériences. Un
jeune électricien, un employeur est prêt à l'embaucher, il
a même une attestation, mais il est refusé parce qu'on dit:
Écoutez, selon les statistiques de la région, il n'y a pas
d'emploi. Alors, est-ce qu'il y a quelque chose de prévu
là-dedans, un mécanisme quelconque pour ne pas décourager
ceux qui sortent des écoles et qui se retrouvent devant un mur où
il semble assez difficile d'entrer sur le marché du travail?
M. Johnson: Encore une fois, les métiers que ces hommes
ces femmes à l'occasion, mais surtout ces hommes
apprennent sont pratiqués dans la construction, par exemple, le
charpentier-menuisier, même le ferblantier, mais ce n'est pas uniquement
dans la construction qu'on pratique ces métiers. On peut dire que, de
façon générale, à ces 3% d'exceptions près,
on a affaire à une saturation et même à une sursaturation
du marché en termes d'offres d'emplois. Il y en a en masse, des gens de
métier dans la plupart des métiers, sauf les exceptions que j'ai
mentionnées tout à
l'heure et quelques autres, selon les années, selon
l'activité économique, selon le nombre de ces personnes qui
sortent de l'industrie, qui meurent ou qui, pour une raison ou pour une autre,
ne sont plus dans l'industrie.
Le principe qu'on essaie de sauvegarder dans le règlement est le
suivant. Quand tu entres dans le système comme apprenti et qu'il faut
que tu fasses 8000 heures dans un métier pour devenir compagnon, on sait
très bien que la tendance normale de l'employeur, c'est de prendre des
étudiants de première et de deuxième année,
c'est-à-dire des apprentis en première et deuxième
année qui lui coûtent moins cher. Par contre, cela fait un tas de
diplômés qui ont passé deux ans dans la construction, qui
ont besoin de leur troisième ou de leur quatrième année
pour devenir compagnons et qui ne sont pas capables de se trouver d'emploi.
Ce que le règlement de placement va avoir comme effet au niveau
des apprentis, c'est de permettre à ceux qui ont déjà un
statut d'apprenti, qui ne sont pas capables de finir leurs heures, de les finir
et de devenir compagnons. Ensuite, on rouvrira tranquillement les vannes dans
la construction, ce qui n'empêche pas, par ailleurs, qu'on a des efforts
particuliers à faire au niveau du circuit du secondaire et du CEGEP
professionnel pour diriger les jeunes diplômés dans le secteur
industriel, par opposition au secteur de la construction où il y a de la
place dans certaines industries.
C'est pour ça, entre autres, que j'ai annoncé hier
ça va affecter le secteur de la construction un programme
d'intégration des jeunes à l'emploi de $40 millions sur deux ans.
Il y a cinq sous-programmes, mais il y en a un qui est extrêmement
important, ce sont des stages en industrie. On va essayer, dans la mesure du
possible, d'accorder certaines priorités là où il y a des
employeurs qui ont besoin de jeunes, de préférence dans les
métiers qui, pour bien des jeunes, ont la construction comme
débouché. On va essayer de les diriger dans d'autres
secteurs.
Encore une fois, vous pouvez toujours me citer des cas qui ont l'air
difficile ou pénible, mais au bout de la ligne, si ce n'est pas
difficile ou pénible pour celui auquel vous faites face, c'est difficile
ou pénible pour un autre qui n'est pas dans votre bureau. Si lui
n'était pas dans votre bureau, ce serait un autre qui y serait. Il faut
essayer, en gros, d'administrer le programme avec justice pour tout le monde,
essayer de voir à ce que les effets soient les plus efficaces possible
pour que les gens se trouvent du travail le plus rapidement possible et que les
apprentis deviennent compagnons.
M. Brochu: Je vous remercie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
M. le député de Beauce-Sud, par la suite M. le
député de Portneuf et le ministre. M. le député de
Beauce-Sud.
M.Mathieu: M. le président, merci. Mon inter- vention sera
brève. Je suis ici parce que je suis fortement préoccupé
par ces problèmes de qualification, de classification, d'accès
à la main-d'oeuvre des jeunes sur le marché du travail.
Maintenant, vous comprendrez que je suis entré hier dans cette Chambre,
je n'ai pas l'intention de venir faire de débat ici. Le ministre a
parlé tout à l'heure de question partisane, je ne parlerai pas
là-dessus. Je pourrais simplement dire que j'ai trouvé bizarre
qu'il circule des certificats de travailleurs occasionnels dans le temps de la
campagne électorale dans Beauce-Sud; énormément.
M. Johnson: Ah!
M. Mathieu: Passons. Je veux dire une chose, que je suis
d'accord, comme la ligne du parti, sur la qualification, sur une meilleure
manière de passer les examens. La classification, selon moi, est un
contingentement qui n'est pas justifié. Voici de quelle
manière.
Tout à l'heure, le ministre disait: Un avocat
spécialisé en droit commercial est élu
député et, au bout de quatre ans, il perd, etc. Peut-être
qu'il ne trouvera pas un poste en droit commercial à Bell Canada. C'est
possible. Mais, au moins, on ne lui enlève pas son droit de
pratique.
Une des conséquences de la classification, c'est que par le
contingentement que l'on impose, indirectement, on enlève l'accès
à la qualification. Alors, nos jeunes qui voudraient avoir accès
au marché du travail ne sont pas capables. Et le choix pour un jeune qui
a comme idéal, comme ambition, de devenir menuisier, infirmier, notaire
ou autre cela est sacré on n'a aucun contingentement aussi
direct dans aucune autre profession. S'il y a 20 personnes de mon petit village
qui désirent devenir infirmiers, pour autant qu'elles suivent le cours
et qu'elles subissent l'examen avec succès, elles ont le droit
d'être infirmiers et de pratiquer. Je ne vois pas pourquoi, s'il y en a
20 qui ont comme ambition de travailler comme menuisiers, on leur enlève
arbitrairement ce droit, par le contingentement. Ce faisant, on leur
enlève l'ambition, on leur ferme la porte au travail, on cause une
hémorragie considérable.
Je connais des centaines de jeunes travailleurs dans Beauce-Sud qui ont
dû quitter le Québec, qui devient une terre inhospitalière,
pour s'en aller en Alberta. C'est commode un grand pays, M. le
Président, on s'en rend compte. Mais ces jeunes, s'ils n'ont pas assez
d'initiative et de santé, à ce moment-là, on leur ouvre la
porte de l'aide sociale. Je n'ai rien contre l'aide sociale, je vous le dis
tout de suite, mais je crois qu'on est mieux de s'arranger pour que les jeunes
puissent réaliser leur idéal, leur ambition, cette force qu'on a
en nous, qui nous porte à nous dépasser, à travailler
plus, à travailler mieux, à créer, en vue d'en tirer un
avantage.
Je ne m'allonge pas plus longtemps pour ce matin. C'est ma
première présence dans une commission parlementaire, mais je veux
mentionner que je suis fortement préoccupé par ces
problèmes. Je suis prêt et tout à fait disposé
à appuyer le ministre dans tout ce que je jugerai positif dans cette
démarche.
Je crois que ce qui a toujours manqué dans ce domaine, cela a
été d'apporter des solutions réalistes. On a voulu bien
souvent remédier à un mal et le remède est souvent devenu
un mal plus grand que le mal initial. Je vous remercie, M. le
Président.
M. Johnson: L'électricien, oui. M. le Président,
pour conclure...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Vous pourrez peut-être revenir, M. le ministre, en conclusion
peut-être, comme vous préférez.
M. Johnson: En fait, c'était peut-être des...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
M. Johnson: Je n'ai pas d'objection à fournir quelques
réponses.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Oui.
M. Johnson: II y a trois sujets, mais il y a d'abord
l'intervention de "baptême de débat" c'est comme un
baptême de l'air du député de Beauce-Sud. Il y a
deuxièmement la question du projet de loi 17 et des inspecteurs de
l'office. Il y a troisièmement des choses qui touchent la Régie
des entreprises en construction.
M. Mathieu: Oui.
M. Johnson: Dans le cas de la Régie des entreprises, je
permettrai à M. Dufour peut-être de dire deux mots tout à
l'heure. Les amendements au projet de loi 17, le ministre Marois les a
annoncés pour bientôt. Je pense qu'on aura l'occasion de voir en
gros où tout cela s'en va. La décision, c'est de savoir où
va aller l'inspection à toutes fins utiles, une fois que cela, c'est
pris comme décision pour voir ce qui arrive aux inspecteurs de l'office,
c'est-à-dire ce sera rendu public en temps opportun. C'est au ministre
d'Etat au Développement social de le rendre public.
Deuxièmement...
M. Pagé: Transparence.
M. Johnson: ... quant aux dispositions touchant les jeunes, le
député de Beauce-Sud nous dit: II n'y a pas d'autre profession
où il y a du contingentement. C'est inexact, je pense que le notaire de
Beauce-Sud sait très bien de quoi je parle quand je dis qu'il y a du
contingentement dans les autres professions, mais il ne se fait pas de la
même façon peut-être. Le contingentement, c'est une
façon pour une profession de limiter l'accès à la
profession ou au métier pour les fins de sauvegarder l'offre au niveau
du marché pour être sûr que les conditions d'emploi ne
tombent pas. Demandez cela aux éleveurs de porcs ce qu'ils pensent de
cela de ce temps-ci.
(11heures)
Dans le cas des gens, on s'imagine et on a l'air de se
représenter qu'être charpentier-menuisier, si on limite
l'accès à la construction à ces jeunes-là, c'est
limiter la qualification. C'est inexact. Je comprends quelle est l'impression
du député de Beauce-Sud, mais il y a 49 000
charpentiers-menuisiers au Québec, diplômés, avec un
certificat, une carte de qualification du ministère du travail. Il y en
a seulement 20 000 qui sont dans la construction. Les autres 29 000, donc la
majorité, sont dans l'industrie, sont dans d'autres secteurs de
l'activité. Ils ne sont pas dans l'industrie de la construction. On
s'imagine toujours qu'un charpentier-menuisier, c'est quelqu'un de la
construction au sens de nos lois. La construction au sens de nos lois, ce n'est
pas seulement de tenir un marteau, ou de faire des toits, ou d'être
ferblantier, ou d'être électricien. C'est assimilable, dans le
vocabulaire général, à construction, mais la construction
telle que définie dans la loi, c'est les chantiers industriels, les
chantiers commerciaux, le chantier domiciliaire, tels que régis par un
décret décrit dans des annexes.
C'est plein de papiers, mais cela ne couvre pas l'ensemble de la
réalité de la construction, au sens large, ce qui fait qu'il y a
29 000 charpentiers-menuisiers qui sont des gens qui ne sont pas en
chômage, qui travaillent, mais qui ne sont pourtant pas dans la
construction. Il y a au Québec 28 000 électriciens, et il y en a
9000 dans la construction. Cela veut dire qu'il y a au Québec 19 000
électriciens c'est un métier de la construction qui
ne sont pas en chômage et qui ne sont pas non plus dans la construction.
C'est pour cela que c'est important de faire la distinction entre la
qualification et la classification. Ce qu'il faut dire aux jeunes qui finissent
dans les écoles techniques et qui veulent travailler comme
électriciens, c'est: Dites-vous que les chances sont, dans l'avenir,
pour le Québec, dans les cinq ou les dix prochaines années, que,
dans la plupart des métiers que vous êtes en train d'apprendre
à ces écoles et je pense que les gouvernements, depuis dix
ans, ont des responsabilités lourdes à supporter au niveau de
l'orientation - vous devez vous préparer à faire du travail en
industrie, vous devez vous préparer à faire du travail dans ces
métiers, mais en dehors des champs qui sont couverts par la loi 290,
c'est-à-dire en dehors des chantiers de construction proprement
dits.
Cela n'empêche pas que ce sont les métiers qui sont les
mêmes sur le plan de la qualification. C'est encore une fois, si on
prenait l'exemple, le cas de l'infirmière qui travaille pour la
Croix-Rouge et de l'infirmière qui travaille dans le secteur
hospitalier. Dans les deux cas, c'est une infirmière, mais, dans un cas,
elle travaille pour la Croix-Rouge, et, dans l'autre, elle travaille pour le
secteur hospitalier. C'est ce qu'il faut dire à nos jeunes, et là
où il faut les orienter dans ces métiers, c'est vers les secteurs
industriels, vers les secteurs d'entretien ou vers les secteurs de recherche ou
de machinerie, par exemple, par opposition aux secteurs de la construction,
parce qu'il y a une espèce d'héroïsme autour de la
construction. Il y a toutes sortes d'images autour
de cela, mais il ne faut pas poursuivre un rêve qui est devenu un
mirage, à cause de la quantité de main-oeuvre qu'on a dans ce
secteur.
Il reste maintenant les questions auxquelles pourrait peut-être
répondre le président de la Régie des entreprises en
construction, M. Dufour, brièvement sur la question des examens des
artisans.
M. Dufour (Gaétan): Je pense qu'une des questions
auxquelles le député de Portneuf voulait avoir une
réponse, c'est si un entrepreneur peut se faire aider de sa femme ou de
son comptable pour passer l'examen d'administration. Il y a deux cas, comme
vous le savez, qui peuvent se présenter. Dans le cas des corporations ou
des compagnies enregistrées, la femme peut habiliter la compagnie. Le
problème peut se poser dans les entreprises où c'est une
propriétaire unique.
Dans ces cas-là, on est obligé quand même, pour
respecter la finalité de notre loi et le sens des lois corporatives,
d'habiliter ou de vérifier la compétence de la personne qui va
être responsable de son entreprise. Par ailleurs, on se montre quand
même assez souple, pour ne pas aller plus dans les détails, au
niveau de la révision. Mes deux régisseurs permanents ont un
travail d'évaluation humaine à faire de ce
côté-là.
M. Pagé: On va se fier sur votre souplesse.
M. Dufour: En ce qui concerne les comptables, vous comprendrez
que quand c'est une corporation, s'ils n'ont pas d'intérêts dans
la compagnie, ils ne peuvent pas, au sens de notre loi, être
qualifiés.
M. Pagé: Le problème ne se pose pas lorsque
l'entreprise a le statut de compagnie, parce que, bien souvent, le comptable va
être membre du conseil d'administration même s'il ne détient
qu'une seule action. Le problème se pose surtout pour les entreprises de
type familial qui ne sont pas enregistrées.
M. Dufour: Cela sera clarifié avec le nouveau
règlement. Cette chose va être clarifiée
énormément au niveau des nouveaux règlements. Mais si la
personne ne vit pas vraiment de cette entreprise, même si elle est
comptable, elle ne peut pas, parce que c'est un contractant pour la compagnie.
Il faut qu'elle participe à la gestion, qu'elle en ait la
responsabilité non seulement par une action. De toute façon, avec
les nouveaux règlements, les obligations de ce type de personnes vont
être précisées.
M. Pagé: Merci, M. le Président. De toute
façon, j'espère et je présume que la régie va
continuer à offrir un bon service; j'en suis convaincu, mais
j'espère qu'elle pourra continuer à apporter des attentions
toutes particulières, parce qu'il y a beaucoup de cas particuliers. Le
pro- priétaire d'une rétrochargeuse,d'une pépine,ce n'est
pas l'entrepreneur qui, lui, a 150 employés, et ça n'exige
pas...
M. Dufour: À ce niveau-là, je pense...
M. Pagé: ... je pense, les mêmes contrôles
administratifs.
M. Dufour: ... que je peux rassurer le député de
Portneuf et bien des députés de cette Chambre parce qu'avec les
nouveaux règlements et les nouveaux formulaires, tels que nous les
faisons, nous demandons maintenant à l'entrepreneur de décrire
exactement ce qu'il veut faire. Quand vous prenez une grande catégorie
et que l'entrepreneur demande une catégorie où il y a... Cela
nous permet de juger exactement ce qu'une personne peut faire. Le
propriétaire d'une pépine qui fait seulement de la canalisation,
vous ne demanderez pas à la régie d'ouvrir un terrain en
arrière de la régie pour faire un examen pratique. On va se
servir de notre jugement et faire l'évaluation de l'expérience de
la personne en conséquence. Je pense que maintenant qu'on a un peu plus
d'années d'expérience, on peut se permettre d'avoir un petit peu
plus de jugement.
M. Pagé: Très bien! Continuez!
Le Président (M. Richard): M. le député de
Beauce-Sud...
M. Pagé: Non, c'est correct, M. le Président...
M. Mathieu: C'est correct pour le moment, merci.
M. Pagé: II y avait la réponse à la loi
17.
M. le Président, en conclusion, c'est au ministre à
conclure et c'est moi qui ai la réplique ou quoi?
M. Johnson: Non, habituellement... M. le Président, si je
ne me trompe pas, c'est habituellement du côté du gouvernement, la
conclusion.
M. Pagé: Ah oui? Ah! vous répliquerez, pas de
problème.
Le Président (M. Richard): Vous pouvez conclure l'un et
l'autre, à condition de ne pas le faire en même temps. M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je dois d'abord remercier
le ministre et ses collaborateurs de s'être rendus à la
convocation de ce matin. Je dois cependant relever certaines des affirmations
que le ministre a formulées au début de son intervention. Vous
savez, le ministre nous a dit: C'est une loi qui a été
adoptée par l'ancien gouvernement et qui permettait au gouvernement, au
ministre et à l'Office de la construction d'adopter un règlement
sur le placement. L'ancien gouvernement n'a pas été suffisamment
courageux et il n'a pas osé aller jusqu'au bout de ses convictions.
M. le Président, je dirai tout simplement au ministre
qu'effectivement, pendant l'année 1976, avant le 15 novembre,
évidemment, on nous a proposé, l'Office de la construction a
proposé au ministre du Travail, à l'époque, d'adopter un
règlement de placement comme celui qui a été adopté
par le gouvernement récemment. Le même règlement, à
quelques iotas près ou à quelques dispositions près. Ce
règlement a purement et simplement été refusé par
la formation politique qui formait le gouvernement à ce moment, le Parti
libéral, par le caucus des députés dont je faisais
partie à l'époque parce que ce règlement, selon
nous, nous apparaissait comme étant discriminatoire et brimant les
libertés, le droit pour un travailleur de gagner sa vie et de faire
vivre sa famille convenablement, plutôt que d'être accroché
obligatoirement aux mesures sociales et gouvernementales.
M. le Président, je comprends toutefois j'en fais
là l'essentiel de ma conclusion que le nouveau gouvernement ait
accepté d'emblée, de façon expéditive, d'adopter ce
règlement. Cela dépend des philosophies politiques qui guident
chacun des partis. Le parti qui est au pouvoir, le Parti
québécois, le PQ, le "PQuiou", comme diraient nos
collègues de l'Union Nationale, vous savez, c'est un parti qui a comme
priorité d'intervention, qui a comme base d'intervention, une
intervention en fonction de groupes, en fonction du collectivisme, en fonction
de systèmes collectifs. Pour le gouvernement, pour le Parti
québécois, une intervention sur la base de systèmes
collectifs, de collectivité et de collectivisme, prime par rapport
à des interventions sur le droit individuel.
On n'a qu'à regarder la loi 101 et deux ou trois autres exemples.
La loi 101, par exemple, où le gouvernement a
légiféré en fonction d'un groupe, de la
collectivité, remet quand même en cause les droits individuels.
Pour l'assurance automobile, le gouvernement a dit: On intervient en fonction
d'un groupe de la société en général, mais qu'on
aille voir le droit pour l'individu d'aller plaider sa cause et de se
défendre à l'intérieur de ce régime, compte tenu
des dommages qu'il a encourus. C'est non, c'est une structure de tarification
basée sur tels et tels critères. Le principe de la
collectivité, c'est beau; mais on peut conclure que le droit pour
l'individu est laissé pour compte à plusieurs égards.
C'est la même chose dans le cas du zonage agricole où le
gouvernement vient légiférer pour l'agriculture en
général, mais allez donc voir les droits qui appartiennent
à l'individu à l'intérieur de ce système collectif
qui a été imposé. C'est la même chose, M. le
Président, pour le règlement de placement dans l'industrie de la
construction. Le principe qui a sous-tendu l'adoption et l'application de ce
règlement, c'était de donner un droit aux véritables
travailleurs de la construction. Entre parenthèses, M. le
Président, le ministre a tenté de démontrer, a
tenté de signaler une certaine contradiction dans l'approche que j'ai
moi-même adoptée, comme député de l'Opposition
officielle ici depuis 1976, entre autres à l'égard de ce
règlement. C'est vrai qu'en février 1979, j'ai dit qu'en
principe, le principe, jusque dans une certaine mesure, pouvait être
défendable. Somme toute, ce que j'ai dit en février à la
commission parlementaire et ce que je dis encore ce matin, c'est que vous avez
choisi d'agir en fonction d'un principe de collectivisme. Vous avez voulu
protéger les véritables travailleurs de la construction, mais
allez donc voir le droit pour le travailleur de la construction de se retrouver
à l'intérieur de ces normes, de ces critères, de ces
règlements et de ces structures administratives. Le travailleur de la
construction est à plusieurs égards, encore là comme dans
d'autres systèmes qui ont été imposés par le Parti
québécois, brimé dans le droit individuel qu'il a à
l'égard de la loi ou à l'égard de son travail, de son
champ professionnel ou autrement.
M. le Président, le ministre nous a parlé de la diminution
de la construction. J'inviterais le ministre du Travail... Je suis satisfait
d'une certaine sagesse qu'il a démontrée depuis un an. On se
rappelle et on constate, M. le Président, que le ministre est plus
prudent, il est plus sage, il est plus judicieux. Il prend son
expérience lui aussi et c'est normal. Le ministre nous parlait tout
à l'heure de la baisse dans la construction. La baisse est sensible dans
la construction et c'est un des problèmes majeurs pour lesquels on a des
commissions et pour lesquels le gouvernement se sent obligé de voter des
lois et des règlements. J'inviterais le ministre à mettre de
côté la dizaine d'heures par semaine qu'il passe probablement
à travailler sur des règlements et des lois qui, somme toute, ont
comme ultime résultat d'embêter tout le monde, de modifier les
structures et de mettre des gens à la porte etc., pour sensibiliser son
collègue, le ministre d'Etat au Développement économique,
de l'obligation que le gouvernement a de développer l'économie du
Québec, de prendre en main l'économie du Québec et de
faire en sorte que la construction au Québec soit aussi vivante qu'elle
l'était dans les années 1973, 1974, 1975, 1976, période,
M. le Président, vous vous le rappelez, où il y avait un groupe
qui formait le gouvernement, qui a fait bouger l'économie, qui l'a
activée et qui a développé le Québec. Humblement,
je vous le dis, M. le Président, ce sont les libéraux. Entre
autres, le ministre nous dit ce matin qu'il y a plus de 100 millions d'heures
en 1978...
M. Johnson: M. le Président...
M. Pagé: ... je termine là-dessus, sur la
construction. Il y a 122 millions d'heures. Le gouvernement doit savoir que 14%
des heures sont pour la Baie James, notamment, là-dessus; c'est dans le
rapport de l'Office de la construction; heureusement qu'on a la Baie
James...
M. Johnson: Très bien, c'est une bonne chose.
M. Pagé: Profitez de l'expérience qu'on a eue,
profitez des interventions qu'on a faites dans le
développement économique et développez
l'économie.
En terminant sur le sujet des artisans, le ministre nous dit que les
problèmes de droits individuels des travailleurs de la construction
seront réglés par le statut d'artisan. C'est vrai qu'il pourra
aller travailler comme artisan, mais je ne suis pas convaincu qu'on rend
service à ce travailleur parce qu'il n'aura pas à travailler au
taux du décret. Selon la disponibilité, un employeur qui aura
à faire faire sa maison pourra dire à un artisan: C'est "just too
bad", il n'est pas question de te payer au taux du décret, mon vieux; je
te paie $6 l'heure. Est-ce que l'artisan aura droit à
l'assurance-chômage? Non, M. le Président. Est-ce que l'artisan
aura droit aux services de l'Office de la construction? Une autre question
qu'on a eu l'occasion de traiter lors de l'étude de la loi 100.
M. le Président, il ne faudrait pas croire que, par le
règlement qui est adopté en vertu de la loi 110, le nouveau
statut donné à l'artisan sera la solution aux problèmes
que rencontre le travailleur de la construction du Québec. Ce n'est pas
le cas. Cela paraît beau, mais je vous dis que, quand les gens vont
manger le gâteau, ils s'apercevront que non seulement il est sec, mais il
n'est même pas "crémé".
M. le Président, je termine là-dessus. Que le ministre
soit certain que l'Opposition officielle, comme mon collègue de
Beauce-Sud l'a dit, va collaborer de façon constructive, positive
à toute mesure qui aura du sens et qui représentera, vraiment, la
possibilité par des lois et des règlements de défendre le
droit pour un individu de gagner son pain et sa vie au Québec. C'est
strictement ça qu'on veut, purement et simplement.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci. M. le ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre. (11 h 15)
M. Johnson: M. le Président, je pense que la conclusion du
député de Portneuf soulève quelque chose d'essentiel.
C'est tout le débat des droits collectifs et individuels qu'il vient
mêler ici à la sauce construction. Je pense qu'il faut sortir
aussi du kolkhoz idéologique des libertés individuelles. Le droit
collectif, tel qu'exprimé dans le règlement de placement, c'est
vrai, a eu l'effet, dans certains cas, de limiter l'accès pour certaines
personnes à un travail dans le secteur de la construction. Cependant, il
faut être conscient que nombre d'emplois dans la construction, quel que
soit le nombre de salariés qui se déclarent disponibles pour les
occuper, ce n'est pas le règlement de placement qui va changer
ça. S'il y a de la place pour 60 000 personnes dans la construction,
parce que c'est ça, l'activité économique dans la
construction, et qu'il y a 62 000 personnes qui sont inscrites sur les listes
de l'office, et que ça tombe parfait et "flush" dans chacun des
métiers, tant mieux. S'il y en a 300 000 qui sont inscrites dans les
fiches de l'office, il n'y aura pas plus de travail pour 300 000.
L'effet du règlement de placement, c'est de savoir, pour
reprendre les comparaisons "pâtissiè- res" du député
de Portneuf, qui va se partager le gâteau de la construction, les
critères qui ont été employés, la philosophie qui a
inspiré le règlement de placement et surtout la très
grande souplesse que le gouvernement adopte depuis plusieurs mois à
l'égard de cela. La preuve, c'est que les types de changements qu'on
fait vont être d'une très grande souplesse. C'est dire qu'on veut
donner une priorité à certaines personnes, parce qu'elles sont
300 000 à avoir prétendu, un jour ou l'autre, avoir accès
à cela. Et cela a créé beaucoup d'antagonisme, cela a
créé même de la violence sur les chantiers, cela a
créé des situations d'insécurité.
Et l'effet du règlement a été de dire: En vertu de
ces critères, qu'on a modifiés, qu'on a assouplis et qu'on
assouplit encore, il y a un certain nombre, autour de 100 000 environ, qui ont
le droit de se partager les emplois qui sont au nombre d'à peu
près 55 000. Cela fait quand même du deux pour un dans cette
industrie. Et il reste toutes les autres industries, les 125 000 autres
entreprises au Québec.
Mais dans l'industrie de la construction, ils sont à peu
près à du deux pour un pour se partager les emplois, selon les
métiers. Il y a des métiers où il n'y en a pas assez, on
en nomme des nouveaux, et il y a des métiers où "il y en a
beaucoup trop". Cela dépend de leur disponibilité, cela
dépend de leur spécialisation, cela dépend de
l'efficacité du bureau de placement syndical, cela dépend d'un
tas de critères.
Et on assiste à une diminution, par exemple dans la grande
région de Québec, où est situé le comté du
député de Portneuf, de l'activité dans la construction de
5,8% au cours de la dernière année. Et pourtant le nombre
d'heures travaillées par les travailleurs de la construction dans le
comté de Portneuf a augmenté de 6%. Il y a moins
d'activité de la construction et pourtant le nombre d'heures qu'un
individu a faites a augmenté de 6%. Cela veut dire qu'on a limité
le nombre de travailleurs qui allaient se partager cette activité
économique. Savez-vous ce que cela a donné comme effet? Cela a
donné qu'un manoeuvre ne gagne pas $10 000 dans la construction. Cela a
donné qu'un gars de métier ne gagne pas $13 000 dans la
construction. S'il avait fallu qu'ils soient quatre fois plus nombreux, ils
seraient allés se chercher un $3000, un $4000 peut-être. Cela fait
quoi? Et en plus de cela, travailler sur la "slide". Et en plus de cela, aller
se battre à la porte d'un employeur pour savoir qui va travailler.
Admettons, une fois pour toutes au Québec, qu'il y a un groupe
autour duquel on va partir. On va essayer avec souplesse de permettre un
minimum d'intégration ou d'accès. Mais qu'il y en a une bande, un
groupe, un segment de la population qui, dans ces métiers, va pouvoir
gagner honnêtement et honorablement sa vie. C'est cela, l'objectif du
règlement.
Quant aux autres, les débouchés pour eux, il y en a trois.
Il y a, premièrement, dans certains cas, la possibilité de
devenir artisan, mais pas dans tous les cas. Ceux qui sont passés
à côté de l'office pendant des années, c'est clair
qu'ils
n'avaient pas leurs heures déclarées et qu'ils avaient des
problèmes, mais ils ont peut-être la chance de régulariser
leur statut et d'être des artisans, peut-être soumis à un
minimum de contraintes, mais vraiment à un minimum de contraintes.
Deuxièmement, il y a les autres secteurs, les autres secteurs
industriels, là où est la majorité de la main-d'oeuvre de
ces métiers-là au Québec. Elle n'est pas dans la
construction la majorité des électriciens, elle est dans
l'industrie. La majorité des charpentiers-menuisiers ce n'est pas dans
la construction qu'elle travaille, c'est dans l'industrie, dans l'entretien ou
ailleurs. C'est le deuxième débouché.
Le troisième débouché, c'est qu'il va falloir
qu'à un moment donné, du côté même de la
formation, de l'incitation et des politiques d'apprentissage c'est cela
qu'on a commencé à faire on s'arrange pour tenir compte en
gros de ce que vont être les demandes dans l'avenir pour arrêter de
créer des espoirs aux jeunes dans des secteurs où il n'y a pas de
place pour eux.
En terminant, M. le Président, je veux simplement évoquer
que le député de Portneuf, en nous parlant des vertus du
régime libéral... Regardons les statistiques: 155 millions
d'heures travaillées en 1975, juste avant les Jeux olympiques, alors
qu'aujourd'hui, on est à 124 millions, en 1978. Cela a
coûté $1 milliard, votre soucoupe volante, monsieur. Je comprends
que cela a permis d'avoir de belles statistiques, mais elle a
coûté $1 milliard aux contribuables. Si vous voulez qu'on fasse
des soucoupes volantes en béton un peu partout à travers le
Québec et que...
M. Pagé: La Baie James.
M. Johnson: Ah! la Baie James, c'est très bien, je suis
d'accord avec cela.
M. Pagé: Vous avez tellement parlé contre, à
part cela.
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez, je n'ai
pas interrompu le député de Portneuf. C'est vrai, la Baie James,
aujourd'hui, on se rend compte que c'est une bonne chose pour deux raisons. M.
Bourassa ne les avait pas nécessairement vues à ce
moment-là. D'abord, cela donne des "jobs" au secteur de la construction,
c'est une bonne raison, tout le monde avait vu cela, 14% des heures
travaillées étaient à la Baie James. L'autre raison, quand
M. Bourassa a pris sa décision de faire la Baie James, M. le
Président, il n'y avait pas de crise de l'énergie. Les $15
milliards qu'on s'apprêtait à investir à la Baie James,
quand le baril de pétrole était à $6, c'était une
décision de fou. Mais à un moment donné, il y a des
émirats arabes qui ont décidé d'augmenter le baril de
pétrole et, soudainement, ces $15 milliards sont devenus rentables,
parce que l'électricité concurrence le prix du
pétrole.
M. Pagé: Ah!
M. Johnson: Cela, M. le Président, le premier ministre du
Québec, à l'époque, Robert Bourassa...
M. Pagé: Un prévoyant.
M. Johnson: ... quand il a pris sa décision, il ne le
savait pas, à moins peut-être qu'on m'annonce qu'il était
directement connecté avec les pays arabes et que M. Bourassa soit
à l'origine de la hausse du pétrole.
M. Pagé: Non, c'était un prévoyant.
M. Johnson: À ce moment-là, j'aurai d'autres
reproches à lui faire.
M. Pagé: C'était un prévoyant. Vous allez
manquer votre avion. Cela démontre qu'on est prévoyant encore.
Merci de votre témoignage.
M. Johnson: Je veux simplement vous assurer et confirmer que nous
allons continuer. Je suis sûr que les fonctionnaires, les
représentants, les officiers, les directeurs, présidents d'office
et de régie, et les gens du ministère vont continuer à
travailler pour le bien-être de l'ensemble des travailleurs
québécois dans l'ensemble des métiers, plus
particulièrement ceux qui sont à côté de moi, encore
une fois, avec une très grande efficacité. Ils sont en train de
donner à ces services, à la Régie des entreprises et
à l'office, leur vrai rôle. Ce rôle, c'est un rôle de
disponibilité à l'égard des citoyens. Je les remercie
d'avoir été avec nous. Je remercie le député de
Portneuf et le député de Richmond de nous avoir donné
l'occasion de faire le bilan de tout cela, en disant qu'on peut admettre, en
cours de route, que la rigidité dans l'approche, que je suis prêt
à reconnaître, que j'ai eue il y a deux ans, c'est une chose qui
est terminée, puisque les aménagements sont faits, que les gens
ont un minimum de stabilité de revenu, ont moins
d'insécurité quant à leur avenir, et qu'on réglera
les problèmes individuels à partir de certaines mesures du
côté de l'artisan. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Je vous remercie, messieurs,
d'avoir...
M. Pagé: Je remercie le ministre de nous avoir
donné, entre autres, partiellement raison dans tout ce débat par
les modifications...
Le Président (M. Richard):... tenu des propos sereins et
humbles. La commission permanente du travail et de la main-d'oeuvre ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 23)