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Etude des crédits du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre
(Onze heures vingt-sept minutes)
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du travail et de la main-d'oeuvre reprend ses travaux
concernant les crédits budgétaires 1980-1981 du ministère
du même nom.
Les membres de la commission sont: M. Bi-saillon (Sainte-Marie), M.
Brochu (Richmond), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Johnson (Anjou), M.
Lavigne (Beauharnois); M. Lefebvre (Viau) remplacé par M. Marquis
(Matapédia); M. Mailloux (Charlevoix) remplacé par M. Lalande
(Maisonneuve); M. Pagé (Portneuf) remplacé par M. Mathieu
(Beauce-Sud) pour la séance de ce matin; M. Paquet (Rosemont).
Peuvent intervenir: M. Boucher (Rivière-du-Loup), M. Dussault
(Châteauguay), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Forget (Saint-Laurent),
M. Gosselin (Sherbrooke), Mme LeBlanc-Bantey (Iles-de-la-Madeleine), M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Springate (Westmount), M.
Samson (Rouyn-Noranda).
Le rapporteur de cette commission a été
désigné hier et c'est M. Lavigne (Beauharnois). Lorsque nous
avons suspendu les travaux hier soir, les discussions préliminaires
concernant l'ensemble des programmes étaient terminées. J'appelle
maintenant le programme 1.
M. Johnson: L'élément 1.
M. Lalande: M. le Président, avant de commencer
l'étude de façon plus précise, j'aurais quelques
commentaires à ajouter, si le ministre est d'accord là-dessus; il
n'y a rien d'incisif et rien de dramatique à ce niveau-là.
M. Johnson: Je sais cela, je connais la politesse du
député. M. le Président, le problème, c'est la
création du précédent dans les circonstances. Hier, tous
les députés de la commission ont été invités
à participer à un tour de table sur l'ensemble des
activités du ministère, les opinions que les
députés pouvaient émettre...
Le Président (M. Laberge): Ce qui a été
fait.
M. Johnson: ... ce qui me semblait fait étant donné
que vous avions décidé que nous ajournerions nos travaux sine die
dès que cela serait conclu. Effectivement, nous avons ajourné nos
travaux à 23 h 30; j'avais présumé que nos
collègues d'en face avaient décidé de remettre leurs
remarques dans le cadre précis de l'étude de la programmation et
des éléments. Ce que je pourrais peut-être suggérer
au député de Maisonneuve, pour faire durer le plaisir, ce serait
de nous servir ses propos en pièces détachées lors de
l'étude de chacun des éléments.
M. Lalande: Je vous ferai remarquer que c'était une
présomption, comme vous l'avez dit, de penser que c'était
terminé hier. L'impression que nous avions, en tout cas de ce
côté-ci de la table, était qu'on pouvait peut-être
déblayer certains aspects. C'est évident qu'on y reviendra par la
suite on pourra y revenir mais à ce stade-ci, ce serait
simplement pour faire le lien avec les propos du député de
Sainte-Marie et du député de Joliette-Montcalm qui, on le sait,
ont parlé après le ministre hier. C'est simplement dans le but de
déblayer le sujet. Je ne crois pas que ce soit véritablement un
précédent parce qu'il n'a pas été convenu de
façon formelle que toutes les déclarations et répliques
préliminaires étaient finies hier soir, si je ne m'abuse.
D'ailleurs, je voulais vous informer aussi que ce matin M. le
député de Portneuf est absent à cause d'une question
urgente pour le reste de la matinée. Il sera évidemment ici cet
après-midi pour continuer, je pense, à rediscuter du tableau qui
a été déposé hier, et il aura d'autres questions,
j'imagine, à poser au ministre du Travail. (11 h 30)
Voyez-vous, hier, à la suite des remarques du
député de Joliette-Montcalm et de celui de Sainte-Marie, il
m'apparaissait évident, en particulier dans le cas du
député de Joliette-Montcalm il a prouvé hier,
à mon avis en tout cas et de l'avis de ce côté-ci de la
table que le fait de parler avec modération de sa part devenait
même très intéressant pour ceux de l'Opposition. Il y a eu
des suggestions qui ont été faites, fort intéressantes, et
c'est à ce niveau que je voudrais exercer une certaine constatation sans
être dans l'esprit de réplique.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que cela pourrait se
placer dans le cadre du programme 1 : Relations et normes de travail?
M. Johnson: M. le Président, étant donné que
je tiens absolument à ce qu'on ne crée pas de
précédent qui permettrait à nos amis d'en face, dans un
autre cadre, de sauter à pieds joints dedans, je veux bien, quant
à moi, donner l'assurance au député de Maisonneuve que je
ne l'interromprai pas avec intempestivité s'il adresse ses remarques
dans la mesure où elles touchent le programme 1, élément
1, la notion de relations de travail étant assez vaste. Je
présume que comme le député de Joliette-Montcalm a surtout
parlé de cela hier, c'est de cela dont il veut nous entretenir. Est-ce
qu'on pourrait commencer l'étude du programme 1, élément
1, M. le Président?
Relations et normes de travail
Le Président (M. Laberge): Alors, programme 1,
élément 1. Au programme 1: Relations et normes de travail;
à l'élément 1 : Protection des droits d'association et
d'accréditation.
M. Johnson: M. le Président, le programme 1 couvre
l'ensemble de la section des relations et
des normes de travail au ministère, ce qui, en pratique, si on se
réfère aux organigrammes connus du ministère qui sont
rendus publics et qui n'ont pas été modifiés depuis le
dernier rapport annuel, il s'agit essentiellement d'une direction
générale du travail dont le responsable ultime est un
sous-ministre adjoint, M. Yvan Blain. De lui dépendent deux services ou
à lui sont rattachés deux services, un qui est celui de la
médiation préventive et l'autre qui est celui des décrets,
chacun possédant un responsable ou coordonnateur ou directeur selon le
cas. Evidemment, toute la section des relations de travail elle-même est
sous la direction générale de M. Raymond Desilets, avec à
côté le soutien administratif évidemment. Les trois
secteurs qui dépendent de M. Desilets sont la conciliation, l'arbitrage
et les enquêtes spéciales, chacun encore une fois étant
dirigé, dans le cas de la conciliation par M. Sainte-Marie qui est un
nouveau venu au ministère depuis quelques mois, l'arbitrage et les
enquêtes spéciales ayant également à leur tête
un directeur ou une directrice.
Essentiellement, sur la question de la protection du droit d'association
et d'accréditation, on se réfère au commissariat du
travail qui, lui, il faut bien se le rappeler, se situe un petit peu en
parallèle du ministère et de sa section de relation de travail
parce que le commissaire général du travail est doté de
pouvoirs quasi judiciaires, comme le sait sans doute le député de
Maisonneuve qui est familier avec ces questions. En ce sens-là, son
imbrication auprès des autorités du ministère est
reliée d'abord à la fourniture de services sur le plan
administratif par le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et,
deuxièmement, aux commentaires qui nous sont formulés de temps
à autre par l'accréditation quant aux dispositions du Code du
travail et à l'élaboration de la réglementation qui en
découle, par exemple, en matière d'accréditation.
A ce titre-là, je peux vous annoncer aujourd'hui la nomination
qui a été concrétisée hier par la signature de
l'engagement d'un nouveau commissaire général du travail; il
s'agit de M. Robert Levac qui était, jusqu'à tout
récemment, à la direction d'un service de grande importance au
gouvernement fédéral, au Conseil du trésor, dans le
secteur des relations de travail. Je pense que la venue d'un nouveau
commissaire général du travail, après des années
fructueuses, nombreuses, mais au cours desquelles M. Plourde,
démissionnaire, y a laissé une bonne partie de ses
énergies et de sa santé, je pense que la venue d'un nouveau
commissaire du travail nous permettra de nous assurer d'un regain
d'efficacité auquel, je suis sûr, l'ensemble des commissaires sont
prêts à collaborer, et à mettre particulièrement en
oeuvre certaines des dispositions que le commissaire démissionnaire, M.
Plourde, avait déjà évoquées.
Alors, c'est ce qui a trait à la protection du droit
d'association et d'accréditation. C'est un secteur entre autres
où on a vu apparaître récemment de nombreuses causes devant
le tribunal du travail en ce qui touche, par exemple, la
réintégration des femmes dans leur emploi après un
congé de maternité. On pourra fournir des chiffres en cours de
route si on le désire, mais sur au-delà de 80 causes entendues,
dans 95% des cas, je crois, il y a eu des ordonnances de
réintégration, ce qui rend très efficace l'application de
l'ordonnance en matière de congé de maternité.
Il en est de même également quant à la
discrimination dont un travailleur se plaint à l'égard de son
propre syndicat et de nombreuses causes entendues par le tribunal du travail
font l'objet d'études en ce moment. Déjà, certains
jugements ont été rendus en imposant aux structures syndicales de
réparer des torts qu'elles auraient pu avoir à l'égard
d'un de leurs membres.
Je pense que tout ce secteur est un secteur de notre droit du travail
qui est en pleine évolution et qui mérite une attention, ce qui
fait qu'on va constater que le budget est consolidé. Malgré des
coupures, qu'on connaît, ailleurs, le budget est consolidé et
même légèrement augmenté.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: M. le Président, j'ai deux questions d'ordre
technique au départ. A l'élément 4 du programme 1, dans
les prévisions budgétaires de 1979-1980 par rapport à
1980-1981, on constate une diminution substantielle. Est-ce que le ministre
peut expliquer cela?
M. Johnson: Oui, il s'agit des conseils d'information. C'est le
poste administratif sur lequel on avait rattaché les budgets du conseil
d'information et du conseil des services essentiels pour la période de
négociations dans le secteur public et parapublic. Donc, on voit la
différence qui est de l'ordre d'environ $1 000 000. C'est ce qu'ont
coûté ces deux conseils. Evidemment, ce sont des dépenses
qui ne sont pas reportées.
M. Lalande: Une autre question d'ordre technique encore une fois.
Quand on observe de façon particulière le programme 1, et aussi
de façon générale les effectifs du ministère, on
s'aperçoit que, contrairement à une directive... En tout cas, une
directive de juillet 1978 du Conseil du trésor, du 1er juillet 1978,
avait été donnée, concernant une réduction de 2,5%
des effectifs de tous les ministères. On constate que, cette
année, non seulement il n'y a pas de diminution qui devrait être
de l'ordre de plus ou moins 70 postes, mais on observe plutôt une
augmentation de 18 postes, ce qui fait que, conformément à une
directive du Conseil du trésor, on n'a pas suivi cette direction, mais
qu'on est plutôt allé dans l'autre sens et on est si je
peux dire dans le rouge de 78 postes à l'heure actuelle. Il ne
s'agit pas d'en faire une question de fond. Loin de moi l'idée de penser
qu'au niveau du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, il ne faut
pas mettre tous les efforts et tous les effectifs raisonnables à
l'appui. C'est simplement pour essayer de concilier cette directive du Conseil
du trésor avec la réalité.
M. Johnson: La directive du Conseil du trésor, en
général, s'applique dans le contexte de ce que les
économiste appellent: "et toutes choses étant égales par
ailleurs". Effectivement, nous avons procédé à une
réduction de 64 postes au ministère dans certains services, ce
qui fait qu'on a réduit l'effectif de certains services. Cependant, il y
a une augmentation réelle de deux postes. De 2416 que nous avions en
1979-1980, nous sommes passés à 2418 en 1980-1981, ce qui
évidemment n'est pas une réduction, j'en conviens, mais il y a eu
une réduction de 64 postes dans certains services et, cependant,
l'addition de postes au nombre de 66 dans d'autres services essentiellement au
profit du centre de recherche qui a été créé l'an
dernier et qui avait besoin d'employés. Il y a 25 personnes
rattachées au centre de recherche sur le marché du travail; les
services de main-d'oeuvre, étant donné que nous avons une
programmation qui nous a permis d'ouvrir quatre nouveaux centres de
main-d'oeuvre, il y a 28 postes qui sont rattachés à des
activités additionnelles dans les services de main-d'oeuvre.
M. Lalande: Ce qui prouve, M. le ministre, que bien souvent les
déclarations, les indications ou les politiques, dans la
réalité, résistent assez mal à l'épreuve du
temps. Hier soir, j'ai eu l'occasion et avec plaisir, je vous l'assure
d'écouter le député de Joliette-Montcalm; je l'ai
écouté longuement et avec attention. Il m'a prouvé hier
ce qu'il n'a pas fait depuis que je suis ici à l'Assemblée
nationale qu'il pouvait parler avec modération, et je vous assure
qu'il est beaucoup plus intéressant dans ces conditions. Il participe
d'une façon beaucoup plus positive à la vie parlementaire
et cela vient toucher les relations de travail évidemment
contrairement à ce qu'il a fait lors de l'étude des
crédits de la fonction publique. On se rappellera à ce
moment-là que le député de Joliette-Montcalm avait
porté des accusations que je qualifie de démagogiques et je ne
crois pas que, depuis ce temps, il ait eu le courage de déposer les
affidavits qu'il voulait déposer.
Juste pour nous replacer dans le contexte, M. Chevrette disait: "Je
voudrais demander au ministre de la Fonction publique s'il est au courant qu'il
se fait un chantage éhonté auprès des fonctionnaires
fédéraux qui se voient menacés de transfert et de
congédiement et qui se voient menacés dans bien des cas de
non-signature de contrat." Le député disait qu'il y avait du
tordage de bras là-dedans et il ajoutait: "Je pourrais peut-être
fournir, au moment approprié, les affidavits avançant ces faits."
Evidemment, c'était avant le référendum, cela avait plus
d'éclat à ce niveau. Ce serait peut-être intéressant
pour le ministre du Travail et pour tout le monde que ces affidavits soient
déposés tel que promis par le député de
Joliette-Montcalm.
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez... Le
Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Johnson:... je n'ai pas d'objection à ce que mon
collègue de Joliette-Montcalm puisse répondre. Cependant, je
voudrais dire qu'on est bien loin du programme 1, élément 1.
M. Lalande: De toute façon...
M. Chevrette: Ce n'était même pas dans l'ordre, mais
de toute façon, il mériterait peut-être un point d'ordre
lui aussi. J'ai effectivement rencontré des fonctionnaires
fédéraux, et je le maintiens, qui se sont vu menacer et je le
maintiens. Surtout de jeunes militaires à qui on faisait sentir qu'ils
seraient déménagés dans des bases hors du Québec,
et je le maintiens. Je peux vous dire que si ce n'était pas de nuire
à quelqu'un qui m'est très proche, je vous donnerais un nom,
carrément à part cela; par alliance, il se trouve mon
demi-frère.
M. Lalande: De toute façon, M. le Président, je
n'ai pas l'intention d'en faire un plat, loin de là. Comme le dit le
ministre, c'est un peu loin du programme 1. Quand même, le
député de Joliette-Montcalm a constaté, c'est ce que j'ai
pu comprendre hier dans son allocution, tout comme son collègue de
Sainte-Marie, qu'il n'était pas toujours facile d'avoir et de conserver
un climat serein en relations de travail. On sait que le député
de Sainte-Marie, avec beaucoup de brio à part cela, a dit hier que le
climat d'affrontement à son avis s'était déplacé
vers les niveaux de contestation locaux. Il est heureux qu'au moins un membre
du côté ministériel ait reconnu ce fait que l'on observe
toujours, soit beaucoup de méfiance et d'affrontement dans les relations
de travail, notamment au niveau public et parapublic. Je pense qu'il s'agit
d'avoir visité des hôpitaux au cours des derniers conflits qu'il y
a eus pour savoir avec quelle tension et dans quel climat difficile on pouvait
accéder dans certains cas aux mesures d'urgence qu'il pouvait y avoir
à l'intérieur des hôpitaux.
Ce climat d'affrontement qui était essentiellement mauvais, tout
le monde l'a constaté en 1976, il ne s'agit pas de dire que
c'était mieux, mais cela ne s'est pas amélioré depuis le
temps et c'est cela qui est le problème de fond. Il y a eu des
"shiftages", il y a eu des mouvements d'affrontement, mais il n'en demeure pas
moins que le citoyen au bout du bâton, le simple salarié ou le
simple travailleur, continue toujours de s'opposer. Il n'y a pas eu ce climat
de conciliation ou de "partnership" dans le projet collectif que l'on
annonçait en 1976. A ce projet collectif, on n'a pas associé
véritablement les travailleurs à ce travail de fond. Je voudrais
aussi dire que le député de Sainte-Marie a parlé avec
beaucoup de brio encore une fois de projets comme PUE et PAT, ces projets qui
sont temporaires. Je pense qu'il connaît très bien son milieu, le
comté dans lequel il vit, qui est adjacent au mien. (11 h 45)
De toute façon, je pense qu'il est extrêmement important,
ne serait-ce que temporairement, que
les gens puissent participer à certains programmes, que les
assistés sociaux puissent reprendre contact avec le milieu du travail et
jouir de toute la considération que les gens donnent à ceux qui
font partie de la population active au travail.
Le Président (M. Laberge): Je donnerai l'occasion au
député de faire ses remarques au programme 4.
M. Lalande: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): II y a deux
éléments spécialement pour cela.
M. Lalande: II me paraissait simplement important de souligner
ceci et de comparer les commentaires du ministre du Travail qui, lui, dans des
cas similaires de Perspective-Jeunesse au fédéral, disait: Ce
n'est pas bon parce que c'est le fédéral, c'est temporaire, c'est
circonstancié, et si c'est énoncé par le gouvernement
provincial, c'est bon et c'est circonstancié pour tout le monde.
Je pense que, de part et d'autre, c'est ce qu'il faudrait apprendre dans
le climat des relations de travail, essayer de dégager et ne pas
toujours essayer de faire de la politique sur le dos des travailleurs.
Le ministre a été fort intéressant et moi, j'ai
appris beaucoup. Je ne suis pas un spécialiste du travail, loin de
là. Mais, avec beaucoup d'attention quand même, j'ai
écouté le ministre. Outre sa diatribe à l'égard du
gouvernement fédéral, à un moment donné, j'ai
pensé en juriste, à cause de ma formation juridique, qu'il
faudrait peut-être faire une requête pour exception
déclinatoire de compétence. J'ai eu l'impression qu'on faisait la
défense des crédits de la Chambre des communes, au lieu de ceux
de l'Assemblée nationale. Quoi qu'il en soit, le ministre est revenu
à un moment donné à l'Assemblée nationale.
J'espère finalement qu'il ne pense pas vraiment tout ce qu'il a
dit hier. J'espère qu'il ne pense pas vraiment qu'on va améliorer
le climat de travail, qu'on va améliorer les relations de travail et les
problèmes du ministère du Travail et de la population active au
travail ici au Québec, en pourfendant un autre gouvernement. On ne
défend pas son gouvernement en accusant un autre gouvernement. Ce n'est
sûrement pas la façon positive...
M. Johnson: ... en défendant le Canada comme vous le
faites.
M. Lalande: Quoi qu'il en soit, c'est la responsabilité du
ministre à l'exécutif d'essayer de régler les
problèmes de son ministère et je ne pense pas qu'il puisse le
faire en accusant continuellement un autre niveau de gouvernement ou un autre
gouvernement.
On sait qu'il y a loin de la coupe aux lèvres et il y avait eu de
bonnes intentions en 1976. Mon collègue de Portneuf a souligné
hier qu'il s'était quasiment fait prendre au piège, qu'il avait
cru que le programme du Parti québécois était
vérita- blement valable au niveau des relations de travail. Moi, je dois
vous ajouter que non seulement j'ai passé près, moi, j'ai cru
carrément en 1976 que le programme du Parti québécois
était susceptible d'apporter de profondes modifications au niveau du
climat, parce que, là-dedans finalement, comme l'a souligné le
ministre avec justesse, ce n'est pas qu'une question de règle de droit,
ce n'est pas seulement une question de relations ou de législation,
plutôt, qui amène le règlement de conflits de travail, mais
c'est le climat dans lequel on baigne et c'est, de part et d'autre, l'absence
de méfiance qui peut arriver bien souvent à des
règlements.
Je me demande pourquoi le ministre n'a pas réagi fortement
à l'action que vient de prendre le ministère de l'Education dans
la mise en tutelle de la CECM. Je me demande comment c'est ce que je
voudrais aussi que le ministre m'explique et en toute bonne foi il se
fait qu'on se soit servi d'un article qu'on est allé déterrer
à l'intérieur de la Loi de l'instruction publique, l'article 13,
je crois, pour imposer la tutelle à la CECM.
Me semble-t-il, le Code du travail et tout le domaine des relations de
travail sûrement que le ministre peut me rassurer là-dessus
est fait justement pour essayer d'unifier autant que possible le mode de
règlement et la façon de procéder en relations et en droit
du travail pour que justement tous les intervenants, tous ceux qui ont à
travailler à l'intérieur de cela, puissent se reconnaître
et qu'on n'essaie pas, dans tous les cas, de prévoir dans chaque loi un
mode spécial de règlement de conflits de travail. C'est ce qui me
paraît difficile à comprendre et je vous assure que les simples
citoyens aussi ont du mal à comprendre pourquoi on est sorti, encore une
fois, du cadre habituel des relations de travail qu'ils connaissent de plus en
plus mais, hélas, peut-être pas assez pour se
prévaloir d'un article de loi. Je comprends que c'est tout à fait
légal, mais est-ce que ce n'est pas justement un exemple de
l'échec et une preuve que les relations de travail et le Code du travail
ne fonctionnent pas très bien au Québec à l'heure
actuelle?
Je pense bien que le rôle du ministre du Travail est de viser
à unifier justement ce mode de règlement des conflits et la
façon de procéder. J'ai connu, étant de l'est de
Montréal, le conflit des raffineries de l'est de Montréal. C'est
un problème que je pose, encore une fois de façon très
ouverte et très objective, en essayant de comprendre comment on peut en
arriver à résoudre des situations qui me paraissent
complètement aberrantes en relations de travail. Le droit au travail
pour les gens, le monde dans lequel les travailleurs vivent et baignent chaque
jour, ce n'est pas simplement un problème qui doit être vu de
façon sectorielle et relié seulement au ministère du
Travail, cela doit être global... Me semble-t-il, le Conseil des
ministres aurait intérêt à essayer de concilier certaines
politiques qui visent véritablement à aider le travailleur et la
famille du travailleur.
Dans ces conflits de Petrofina et autres, les raffineries de l'est de
Montréal, ceux qui ont été pendant de longues semaines en
grève, j'ai vu leur
évolution parce qu'il y avait une parade régulière
qui passait à mon bureau de comté et je suis convaincu que dans
Sainte-Marie, c'était la même chose et dans Bourget aussi, enfin,
dans tous les comtés de l'est de Montréal. J'ai donc vu
l'évolution des gens, des travailleurs qui étaient à ce
moment-là en grève. On est passé de l'esprit conflictuel
de bataille de dire qu'on ne veut rien comprendre au niveau de la partie
patronale qui était leur prétention à ce
moment-là ensuite, on est passé à cet esprit de
résignaton, une espèce de colère contenue, sentiment qui
oscille entre l'espoir et le désespoir de dire: Qu'est-ce que je fais
dans cette société-là? Les gens ne me comprennent pas dans
mon milieu; j'ai des moments pénibles à vivre, le gouvernement ne
me comprend pas et les gens ne me comprennent pas.
Je m'expliquerai par un exemple qui est revenu plusieurs fois de la
façon suivante: prenez le cas d'un travailleur de Petrofina, qui
m'intéresse ici. Il a un fonds de grève de $25 par semaine. Je
pense que le ministre doit le savoir aussi, je n'essaie pas de charrier
là-dedans, en aucune façon, vous avez le problème d'un
père de famille qui a une femme et deux enfants, qui est le seul soutien
de famille, qui a un fonds de grève de $25 par semaine. Ce gars n'a pas
droit au bien-être social parce que, effectivement, il est au travail, il
est un salarié; il n'a pas droit non plus à
l'assu-rance-chômage parce qu'il est toujours au travail, et,
après un certain temps, il n'a même plus accès aux
institutions bancaires ni aux caisses populaires, parce que son crédit
devient de moins en moins bon.
La situation dans laquelle on est est aberrante, on demande l'impossible
à des gens, dans la société, à un travailleur qui
veut travailler, qui essaie de faire tout ce qu'il peut, qui essaie même
de faire du taxi. A un moment donné, c'est en essayant de frauder autant
que possible qu'il va essayer de se débrouiller, de chercher des
miettes, et bien heureux, quand il n'est pas attrapé par les agents du
bien-être social ou d'autres personnes; il essaie autant que possible de
vivre et de survivre pendant ce temps, mais on n'a pas véritablement de
solution à cela.
La solution pour ces gens qui vivent ces moments pénibles, c'est
pour le mari paraît-il de se séparer
légalement de sa femme, ou de la quitter; à ce moment-là,
elle serait admissible au bien-être social, ainsi que les enfants, et lui
pourrait vivre avec Pierre, Jean, Jacques, en attendant que le conflit se
règle. Il me semble que c'est complètement sauvage; c'est le
climat dans lequel on vit; il me semble qu'il faudrait plus de conciliation au
niveau du Conseil des ministres.
Je ne blâme pas le ministre du Travail, mais il est le principal
intéressé à l'intérieur de cela, il me semble qu'il
pourrait être un catalyseur pour essayer de régler ces
problèmes véritables avec lesquels les simples travailleurs ont
à se battre régulièrement. Ce n'est pas qu'un affrontement
patrons-ouvriers, patronal-syndical, c'est plus que cela, c'est un affrontement
pour ces gens avec leur société, avec le monde où ils
vivent, pour être acceptés et être compris. Je pense que le
gouvernement a un rôle et le ministre du Travail, de façon
particulière, a un rôle de fond à l'intérieur de
cela. C'étaient mes observations de nouveau député qui
arrive à l'étude des crédits du Travail. Je ne
prétends pas corriger quoi que ce soit, mais ces observations me sont
venues après vous avoir entendu, M. le ministre, avoir entendu vos
collègues et aussi mon collègue de Portneuf. J'ai constaté
qu'à l'heure actuelle, il n'y avait pas eu véritablement
d'amélioration à partir de 1976. Je sais que les voeux du
gouvernement en 1976, enfin les voeux du Parti québécois en 1976
étaient pieux, bons, sains. Plusieurs y ont cru, dont beaucoup dans
Maisonneuve, et moi aussi. Hélas, depuis ce temps, on a constaté
encore une fois, pour reprendre la comparaison que je donnais tout
à l'heure qu'il y a loin de la coupe aux lèvres. Mon
collègue de Beauce-Sud aura sûrement à parler tout à
l'heure des problèmes que nous avons à vivre dans la
construction, dans les milieux ouvriers, ceux dans lesquels nous vivons. Ce
sont ces observations que je voulais soumettre au ministre de façon
générale; peut-être pourra-t-il nous informer de certaines
actions qui ont déjà été prises à l'heure
actuelle, cela nous aiderait à comprendre.
M. Johnson: M. le Président, pour répondre au
député de Maisonneuve, d'abord sur la CECM, il est vrai que nous
avons procédé à la mise en tutelle de cette commission
scolaire réfractaire aux changements, entêtée, une
commission scolaire qui a fait montre d'irresponsabilité. Ce n'est pas
moi qui le dis, c'est un des spécialistes en relations de travail les
plus respectés au Québec, qui s'appelle Lucien Bouchard, qui a
constaté que la Commission des écoles catholiques de
Montréal avait agi de façon irresponsable.
A la rigueur, qu'une commission scolaire se conduise de façon
irresponsable, tant que ça ne touche pas le monde, elle peut bien vivre
avec son irresponsabilité et même s'y complaire. Mais, quand il y
a 100 000 étudiants, par exemple, qui sont touchés par ça,
il faut trouver une solution. Il y avait deux solutions possibles, tout avait
été étudié, mis en branle, tenté: le
rapprochement dans la négociation, la conciliation, la médiation
et, malgré tout ça, la CECM s'entêtait de façon
bornée. Je n'ose pas ajouter d'autres qualificatifs parce que c'est ce
que j'ai eu l'occasion de vivre pendant une vingtaine de jours avec ces gens
qui faisaient sur le dos des enfants de Montréal l'apprentissage
irresponsable de ce que c'est qu'être un employeur dans le secteur public
et parapublic, et, deuxièmement, des gens qui ne connaissaient pas ce
que c'est que la parole donnée dans les relations de travail. C'est
fondamental dans les relations de travail, de savoir ce que c'est une parole
donnée. Une parole donnée, on respecte ça dans les
relations de travail et quand on ne la respecte pas, il se passe ce qui se
passe à la CECM.
Alors, conclusion, la CECM s'est conduite en irresponsable. Le
gouvernement, parce qu'il y
avait des tiers qui étaient touchés, parce qu'il y avait
des enfants qui étaient touchés, devait agir. Il y avait deux
façons possibles d'agir, une fois qu'on avait tout épuisé
les mécanismes pensables et imaginables, y compris les mécanismes
extraordinaires, c'était une loi spéciale ou la tutelle. Il nous
est apparu que la tutelle avait l'avantage de se faire plus rapidement.
J'entends déjà l'opposition d'ici, si on avait attendu trois
jours de plus pour faire une loi spéciale, venir nous expliquer qu'on
avait attendu trop longtemps. Il faut quand même être
cohérent, il faudrait savoir ce que vous voulez.
Deuxièmement, le conflit des raffineries dure. C'est un des
conflits les plus durs que j'aie vus au ministère depuis trois ans. Ma
première remarque, je pense que le député de Maisonneuve
pourra me décrire et me trouver un exemple dans la mesure où nous
demeurerons une société libre, qui choisit que le rapport de
forces qui s'exerce entre les travailleurs qui ont décidé de
collectiviser leurs revendications et un employeur donné, peut produire
des effets difficiles dans la vie des individus. Mais, tant qu'on vivra dans
une société libre, ça pourra arriver. Se servir de
l'exemple des raffineries pour dire que toutes les relations de travail au
Québec ne sont pas améliorées, c'est jouer à
l'autruche. C'est ne pas se rendre compte qu'il y a beaucoup moins de violence
qu'il y en avait. C'est ne pas se rendre compte que le climat d'affrontement
auquel on s'est référé hier est beaucoup moins
présent. Il s'agit de s'ouvrir les yeux un peu, vous savez. Il n'y a
personne qui a peur de se promener dans la rue aujourd'hui, même pas les
députés de l'Opposition. J'ai déjà vécu une
époque où il n'était pas drôle de se promener dans
la rue quand on était membre d'un gouvernement. Vous demanderez
ça à M. Bourassa et à d'autres. C'est fini, cette
époque-là. Les gens ont appris de ce côté-là
et grâce, je pense, à certaines mesures qui ont été
prises par le ministère, en dépolitisant un conflit de travail et
en mettant ça où cela doit l'être. C'est un rapport entre
des parties. Mais c'est clair que, dans le cas des raffineries, des individus
peuvent vivre des situations pénibles. Je dois dire que les raffineries
et je répète ce que j'ai eu l'occasion de dire en Chambre
de façon générale, se sont conduites comme des
brutes et particulièrement ces raffineries dont la direction des
relations de travail est à l'extérieur du territoire
québécois. Ces gens se sont conduits comme des ignorants de la
réalité québécoise et, en plus de ça, ils
n'ont pas respecté les lois du Québec. (12 heures)
Cela s'appelle "bad corporate citizenship" et cela s'applique à
Shell Company, cela s'applique à Texaco Limited et cela s'applique
à une autre compagnie effectivement. Je pense que ces gens-là ont
traité les travailleurs et les Québécois avec
mépris. J'ai été heureux de constater qu'enfin le Tribunal
du travail, après avoir entendu une cause, avait décidé,
dans un des cas, de condamner une de ces compagnies à une amende. S'il y
a 200 cas possibles, j'espère qu'il y en aura 200 pour que les gens
apprennent à se conduire de façon civilisée même
quand ce sont des multinationales sur le territoire québécois.
Dans ce sens-là, je ne peux pas faire autrement que de compatir avec les
travailleurs des raffineries qui ont subi cela.
Sauf qu'il y a aussi eu un problème qui s'est posé au
niveau du syndicat. Il y a eu une évaluation qui n'était pas la
bonne: un hiver qui n'a pas été dur, une crise de
l'énergie qui n'avait pas produit de pénurie dans ces
entreprises, puis des tuyaux qui n'ont pas cassé et la
possibilité pour l'entreprise de faire venir des cadres, ce que le code
n'interdisait pas. Cependant, le code interdisait et interdit toujours
d'employer d'autres personnes que des cadres. C'est pour cette raison qu'une
compagnie a été trouvée coupable. Il y en aura
peut-être d'autres qui seront trouvées coupables, on ne sait
jamais; c'est le tribunal qui décidera si, carrément, il y avait
des "scabs". Mettez tout cela ensemble et cela fait un conflit qui dure, qui
pourrit. Alliez cela aussi au fait qu'il y avait un "pattern" qui était
en train de se faire dans des raffineries américaines qui impliquaient
60 000 travailleurs et que c'est bien évident que les multinationales
aiment mieux régler avec le "pattern", avec 60 000 personnes au Texas,
au Missouri, au Mississipi et dans le reste du sud des Etats-Unis, sur le bord
du golfe du Mexique; elles aiment mieux régler là que
régler avec les 1500 personnes de l'est de Montréal. C'est la
notion des "patterns" dans ces syndicats.
Si on met tout cela ensemble, c'est une situation difficile et
pénible, entre autres, à cause de l'attitude d'un employeur,
à cause d'une évaluation peut-être pas très bien
faite, de la part des autorités syndicales, du rapport de forces,
à cause de la difficulté que représentaient,
paradoxalement, les conditions climatiques dans l'exercice de ce rapport de
forces et à cause de l'existence d'un conflit dans le sud des
Etats-Unis. Mettez tout cela ensemble et cela fait un conflit qui dure. Cela
n'enlève rien à la compassion qu'on doit avoir à
l'égard de ceux qui ont eu à en souffrir pendant si longtemps.
Dieu merci, ce sont des situations exceptionnelles au Québec.
M. Lalande: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Je voudrais quand même que le ministre
comprenne qu'il ne s'agit pas de se servir de l'exemple des raffineries pour
condamner entièrement le gouvernement du Québec dans le travail
qu'il a pu faire au cours des dernières années. Cependant, je
voudrais quand même soumettre au ministre que ce mécanisme
c'est l'exemple des raffineries, mais ce pourrait être n'importe quel
exemple... On se retrouve avec des gens qui ont des fonds de grèves qui
sont très faibles et qui sont très peu élevés. Ils
permettent difficilement aux gens de joindre les deux bouts. Ce que je
suggère à l'heure actuelle, je ne sais pas... Ce genre de
mécanisme, avec le ministre
des Affaires sociales ou d'autres... Est-ce qu'on peut autant que
possible essayer de s'asseoir autour d'une table pour essayer de régler
ces problèmes qui sont véritablement de fond à
l'intérieur des comtés où beaucoup de gens sont
démunis?
Le ministre a parlé du climat des relations de travail qui
n'était pas drôle avant 1976. Il a même cité le
premier ministre d'alors, M. Bourassa, qui devait se faire escorter dans la
rue. Je pose la question au ministre il faut bien y penser avant de
lancer des accusations comme celle-là: Est-ce que ce climat de violence
dans lequel on vit n'a pas d'abord été créé par des
députés de l'Opposition qui lançaient, qui
garrochaient...
M. Johnson: Franchement.
M. Lalande: ... tout à l'emporte-pièce, qui
criaient sur les...
M. Johnson: Soyez sérieux, mon vieux! Voyons donc!
M. Lalande: ... problèmes du...
M. Johnson: Vous êtes dans le parlement ici, vous
n'êtes pas dans une brasserie.
M. Lalande:... projet de la Baie James. Ils ont traité
tout le monde de menteurs et de bandits. Vous avez vu ce qui s'est passé
avec le rapport Malouf ; ce n'est pas tout à fait cela qu'on a dit, ce
n'est pas cela qu'on a dit.
M. Johnson: Aux innocents les mains pleines.
M. Lalande: Oui, mais qu'est-ce que vous voulez? Après
l'étude et le travail de fond qu'on a faits là-dessus,
après qu'une commission d'enquête eut analysé tout cela, on
arrive à une conclusion qui n'est pas la vôtre.
M. Johnson: ... pertinente.
M. Lalande: Oui, mais c'est vous qui l'avez invoquée tout
à l'heure.
M. Johnson: Je n'ai pas parlé de la commission Malouf.
Voyons donc!
M. Lalande: Est-ce que vous vous rendez compte qu'à
l'heure actuelle le comportement justement des députés de
l'Opposition est beaucoup plus empreint de civilité que vous n'en
faisiez preuve dans l'Opposition avant 1976? Cela peut aider
véritablement à un climat qui soit plus serein et plus acceptable
au niveau des relations de travail.
Le député de Portneuf, hier, dans son exposé et
dans le tableau qu'il a déposé, ce n'est pas simplement une
idée vague, il a prouvé hors de tout doute en tout cas,
c'est ce qui m'apparaît dans ce tableau que non seulement il n'y a
pas eu d'amélioration véritable, mais, à certains
égards, les dommages prennent de plus en plus d'ampleur,
particulièrement au niveau de la perte des jours-homme de travail au
cours des dernières années.
Le Président (M. Laberge): Je ne voudrais pas que vous
entriez dans une Tongue diatribe, mais l'article 160 du règlement dit
que sur un sujet on peut parler pendant vingt minutes et vous avez
déjà parlé pendant dix-neuf minutes. Je vous rappelle que
l'article 160 du règlement vous donne vingt minutes pour parler d'un
sujet et vous avez déjà parlé pendant dix-neuf minutes.
Donc, vous pourriez conclure, si vous n'avez pas terminé.
M. Lalande: M. le Président, c'est là la conclusion
à laquelle j'arrivais. L'exemple que j'ai servi au ministre, l'a
été d'une façon tout à fait positive, tout à
fait ouverte pour lui démontrer que dans les relations de travail, dans
bien des cas, il y a des problèmes parce que ce n'est pas seulement une
question de droit, une question de loi, c'est une question de climat dans
lequel on vit. Tant et aussi longtemps que les travailleurs ne se sentiront pas
rassurés... et je pense que ce que peut faire le gouvernement à
l'heure actuelle, c'est de corriger dans l'ensemble et non pas d'une
façon sectorielle.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je voudrais réviser au moins deux choses; je
comprends qu'on est à l'étude des crédits, mais il ne faut
pas laisser dire n'importe quoi pour donner l'illusion aux gens que rien ne
fonctionne. Dans un premier temps, je voudrais démontrer une certaine
forme d'incohérence dans les propos du député de
Maisonneuve en ce qui regarde l'aide apportée à des
grévistes. C'est extrêmement délicat, et c'est un
problème qui ne sera probablement pas réglé avant
plusieurs années pour les motifs suivants. Aussitôt qu'un
gréviste deviendrait bénéficiaire de l'aide sociale, vous
êtes-vous imaginé que ce serait l'Etat qui subventionnerait les
grèves? Je pense bien que le député de Maisonneuve n'ira
pas pousser le raisonnement jusqu'à demander à un gouvernement de
subventionner les grèves même dans le secteur privé. Il me
semble que ce serait un peu incompatible avec les attitudes que votre parti a
toujours eues; au contraire, vous iriez plutôt vers des mesures radicales
comme enlever le droit de grève à tout le monde.
C'est un droit inaliénable, ce droit de faire la grève, et
je pense que le travailleur est assez adulte, quand il pose un geste, quand il
vote en faveur d'une grève, il est conscient des répercussions
que cela peut avoir pour lu-, sa famille, etc. C'est heureux que ce soit ainsi
dans un sens parce que tu acceptes délibérément de poser
un geste pour améliorer ton sort.
Cependant, je n'irai pas aussi loin que vous le dites. Quand vous dites
qu'ils sont démunis de toute aide possible et que seul le divorce serait
la
solution, je peux vous dire que, dans des cas exceptionnels, c'est la
Commission des affaires sociales qui a le droit d'arbitrer une demande. Dans un
premier temps, dans tout bureau d'aide sociale, il a un refus
catégorique. Là, vous avez raison. Mais la Commission des
affaires sociales a un droit de veto ultime, une forme d'arbitrage ultime pour
venir en aide à une femme et à des enfants qui seraient dans le
besoin.
Deuxièmement, vous dites: Rien n'a été fait depuis
1976; vous avez été loin dans vos affirmations. Ou bien vous ne
lisiez pas les journaux, ou bien vous faites fi de toute la
réalité. Je pense que les amendements au Code du travail par la
loi 45, cela a pris passablement de courage politique pour l'adopter parce que
cela vous a été demandé, particulièrement à
votre formation politique, pendant des années et des années.
Même votre prédécesseur, dans le comté de
Maisonneuve, avait déposé un type de projet de loi sur la formule
Rand du temps des libéraux et vous l'avez laissé mourir au
feuilleton purement et simplement.
Vous avez toute la loi du précompte syndical, vous avez la loi
sur la démocratie syndicale. Je suis un peu surpris que vous n'ayez
même pas compris le discours de votre collègue de Portneuf qui a
fait un des plus beaux résumés positifs que j'aie entendus dans
le domaine des relations de travail depuis plusieurs années. C'est lui
qui a réussi à faire une synthèse des
éléments positifs. Si vous vous étiez attaqué ce
matin aux éléments négatifs, j'aurais dit: II trouve qu'on
a fait quelque chose, mais il y a des petits points sur lesquels il accroche.
Bon! voyons ensemble comment on peut corriger ces points qui accrochent, mais
ce n'est pas cela; votre affirmation est très catégorique: Ils
n'ont rien fait de bon depuis 1976. Ce n'est pas parce que nous avons
affirmé, le député de Sainte-Marie et moi-même,
hier, que c'était difficile, les relations de travail, je pense que
c'est être réaliste que d'affirmer cela. Cela ne veut pas dire
qu'il n'y a rien de fait, on dit: II y a beaucoup à faire parce que
c'est mouvant et il faut se réadapter quotidiennement aux situations
dans le domaine des relations de travail. Les conjonctures économiques
changent, les rapports de forces se diversifient automatiquement.
Il me semble que votre formation de juriste peut vous permettre de
comprendre cela et surtout de comprendre qu'il y a eu quelque chose de fait et
je vous réfère purement et simplement au brillant exposé
de notre collègue de Portneuf qui, lui, le reconnaissait à
l'intérieur même de son exposé. Je pense que si vous
relisez le relevé de son discours, vous allez comprendre que votre
affirmation est plus quo gratuite et que vous devriez vous rétracter au
plus vite pour que les gens qui vous écoutent, les journalistes,
puissent rapporter... Parce que là, comme c'est là, si
j'étais journaliste je titrerais: "Lalande en désaccord avec
Pagé"; parce que Pagé disait qu'il y avait du bon et vous qu'il
n'y a rien de bon. Dans la même formation politique, je pense que vous
pourriez vous réajuster avant qu'ils ne titrent, je vous donne une
chance.
M. Lalande: M. le Président, tout de même, fort
heureusement ce n'est pas le député de Joliette-Montcalm qui
rapporte tout ce qui se passe au journal des Débats de façon
beaucoup plus... j'imagine... mais tout de même, je voudrais quand
même relever le fait que je n'ai jamais suggéré aux gens
pour régler des problèmes de travail de se séparer ou
d'aller en divorce. Il ne faudrait quand même pas penser cela. C'est ce
que le député de Joliette-Montcalm veut insinuer à ce
moment-ci. Il est évident que c'est loin de ma question. Je trouve
même complètement aberrant de nous dire que les gens puissent
penser à ce moyen pour régler leurs problèmes. Quand je
pense au mécanisme, il me semble que c'est là un creuset ou un
problème véritable sur lequel, pas seulement le ministre du
Travail doit s'astreindre à y travailler, mais également, tous
ses confrères pour régler un problème qui est beaucoup
plus global que simplement un règlement de conflit de relations de
travail. C'est cela que je voulais dire.
M. Johnson: M. le Président, avant de demander si
l'élément 1, programme 1, est adopté, je veux tout
simplement souligner que le "week-end " rouge, la grève des policiers,
le saccage de la Baie James, et United Aircraft, ce n'est pas l'Opposition qui
a inventé cela au Québec, et les chefs syndicaux
emprisonnés, ce n'est pas l'Opposition qui a inventé cela au
Québec. Je parle de l'Opposition à l'époque où le
Parti québécois était dans l'Opposition. C'est cela qui
s'est passé au Québec de 1970 à 1976 et cela s'est
amélioré. Ce n'est pas parfait, mais cela s'est
amélioré. C'est moins sauvage que c'était comme
atmosphère entre autres parce qu'un gouvernement ici, au départ,
considère que ce n'est pas vrai que c'est seulement avec une lorgnette
qu'on va régler l'ensemble des problèmes de la
société. C'est peut-être en essayant d'impliquer l'ensemble
des personnes et l'ensemble des intervenants et l'ensemble de ceux qui sont
touchés par le partage de la richesse dans notre société.
M. le Président, est-ce que le programme 1...
Le Président (M. Laberge): J'allais vous le demander. J'ai
ordre de le demander moi-même. L'élément 1 du programme 1
est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Elément
2: Conciliation et arbitrage, cela va?
M. Johnson: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Elément
3: Normes de travail, adopté? Elément 4? Adopté. Donc,
programme 1, adopté.
Connaissance du marché du travail
Programme 2: Connaissance du marché du travail. Est-ce que vous
avez des questions spéciales?
M. Johnson: Peut-être répondre à vos
questions, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Programme 2.
M. Johnson: Programme 2: Connaissance du marché du
travail. Le centre de recherche.
Le Président (M. Laberge): On peut regarder les trois
éléments en même temps. Est-ce qu'il y a des questions
spéciales?
M. Lalande: En ce qui a trait au centre de recherche, M. le
Président, évidemment, les remarques du député de
Portneuf sont assez concluantes face à ce niveau.
Le Président (M. Laberge): Le programme 2 est
adopté. Programme 3: Gestion interne et soutien, est-ce que ce programme
est adopté?
M. Johnson: M. le Président, si on me permet un retour
rapide sur le programme 2, pour répondre entre autres à une
question du député de Sainte-Marie qui demandait si des
recherches avaient été faites sur la question des services
essentiels. Oui, effectivement, il y a une recherche qui a été
entreprise au ministère depuis il y a maintenant quelques mois sur toute
la question des services essentiels par le centre de recherche.
Deuxièmement, on demandait les suites du conflit de la CTCUM:
S'il n'y a pas eu d'enquête au sens d'une commission d'enquête ou
une commission royale d'enquête comme on le disait à une certaine
époque, il y a eu cependant, et en ce moment c'est en plein
fonctionnement, un programme de médiation préventive qui est en
cours en ce moment à la CTCUM. Sur la négociation permanente dans
le cadre général du multipatronal et dans le cadre
général des questions qui touchent le public et parapublic, cela
fait partie d'un ensemble; cependant, il serait inexact de dire qu'il y a une
recherche sur la négociation permanente proprement dite qui se fait;
c'est que cela s'inscrit dans le cadre de travaux plus larges que cela, entre
autres, l'évaluation de tout le secteur public et parapublic. (12 h
15)
M. Lalande: Au niveau du travail de la recherche, au niveau des
services essentiels, le ministre peut-il donner le mandat précis? Est-ce
que ce sont les services essentiels simplement en milieu hospitalier? Je pense
qu'il y a une distinction qui a été faite par le
député de Sainte-Marie hier entre les services essentiels de
façon générale et ceux dans le milieu hospitalier qui a
lieu.
M. Johnson: Essentiellement, le travail qui a été
demandé à la recherche et j'ai demandé au
sous-ministre de me confirmer si c'était bel et bien cela le mandat
c'est l'évaluation finalement, comme on le fait d'ailleurs dans
plusieurs autres sortes de programmes au ministère, l'évaluation
de programmes en cours ou l'évaluation d'action, et c'est une
évaluation du conseil d'information sur les services essentiels, de son
fonctionnement, de son efficacité relative.
Peut-être que les conclusions nous amèneront à
déborder la question des services essentiels dans le secteur
hospitalier. On verra, mais pour le moment, c'est centré sur le
comité qui était présidé par M. Picard.
M. Lalande: Par qui ce travail est-il fait et quand
espérez-vous qu'il y aura dépôt de rapport?
M. Johnson: II est fait par les fonctionnaires du service de la
recherche, du centre de recherche sur le marché du travail qui est
dirigé par M. Parent, le sous-ministre adjoint. Quant à
l'échéancier, en général on fonctionne sur des
échéanciers assez courts; il ne s'agit pas d'une affaire de deux
ans. J'ai bien dit qu'à l'automne nous devrions nous diriger vers un
forum élargi sur toute cette question. Je m'attends à avoir ces
évaluations pour cette époque.
M. Mathieu: Est-ce que vous allez déposer, M. le ministre,
cette étude?
M. Johnson: Tous les documents qui seront pertinents à une
évaluation de la question des services essentiels dans les secteurs
public et parapublic, et plus spécifiquement dans le secteur
hospitalier, puisqu'ils feront l'objet d'un forum, feront sans doute l'objet de
publications diverses sur la question.
M. Lalande: Le forum ou le sommet, j'imagine, qui va avoir lieu
à l'automne, est-ce que le ministre peut nous indiquer, grosso modo,
à quelle date cela devrait se tenir?
M. Johnson: Je préfère ne pas donner de date pour
le moment.
M. Lalande: Est-ce qu'à l'occasion de ce forum, vous
toucherez seulement les services essentiels ou tout le domaine? Qu'est-ce qui
sera touché, parce que vous avez parlé du forum ou du sommet qui
aura lieu à l'automne, qu'est-ce que vous avez l'intention d'introduire
et de toucher à l'intérieur?
M. Johnson: C'est la problématique générale
des effets sur la population des grèves qui touchent la population.
C'est assez vaste. Le député de Maisonneuve qui, c'est vrai, est
arrivé dans notre enceinte un peu plus tard que les autres, est sans
doute conscient que les ordres du jour de forums comme ceux-là ne sont
pas élaborés sur un coin de table. Cela présuppose des
consultations, des hypothèses, etc., selon le temps dont on dispose, les
intervenants, etc. Je ne peux quand même pas spéculer sur le
contenu précis en ce moment de ce que sera cet ordre du jour, mais
simplement qu'il touchera de façon générale les questions
du public et du parapublic et plus particulièrement en ce qui a trait
aux problèmes reliés à l'exercice de ce moyen de pression
qu'est la
grève et qui a des effets sur les tiers dans le cas du public et
du parapublic.
M. Lalande: Dans le même ordre d'idées,
l'étude qui a été faite par Me Robert Burns concernant les
injonctions, est-ce que ceci doit être déposé ou bien non,
si j'ai bien compris... Vous en avez parlé hier soir.
M. Johnson: L'étude a été
présentée aux parties membres du conseil consultatif du travail
et de la main-d'oeuvre, c'est-à-dire les représentants de deux
centrales syndicales et du Conseil du patronat. J'aurai l'occasion de permettre
la publication de différentes études bientôt dont,
assurément, celle sur l'injonction.
M. Lalande: Cela veut dire quand, avant l'automne?
M. Johnson: Oui, à l'automne au plus tard.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que cela complète
le programme 2 qui était déjà adopté? Donc il
demeure adopté.
Gestion interne et soutien
Programme 3, y a-t-il des questions ou ce programme est-il
adopté?
M. Lalande: C'est: Gestion interne et soutien.
M. Johnson: Oui.
M. Lalande: Je reprends un peu ce qui a été dit
tout à l'heure, c'est au niveau toujours... Pour avoir été
fonctionnaire pendant un certain temps, j'ai eu à me battre contre la
réduction d'effectifs de façon pénible et lancinante dans
bien des cas, et je m'aperçois ici qu'on y va beaucoup plus
allègrement. Cela ne semble pas être une volonté
véritable du ministre d'essayer, à tout le moins, de stabiliser
les effectifs.
Encore une fois, sur le fond, le ministre sait mieux que n'importe qui
et il peut l'expliquer mieux que quiconque, étant le principal
interlocuteur à savoir qu'il y a peut-être une
nécessité, que c'est peut-être véritable, et c'est
là-dessus que je voudrais revenir. C'est tout de même notre
rôle de poser des questions à ce niveau. La directive du ministre
des Finances, enfin, du président du Conseil du trésor
était intempestive à ce moment-là, on en a fait tout un
plat dans les media d'information. Là, je me demande, alors que la
livraison de la marchandise n'est pas faite, si on n'essaie pas de passer
ça en douce.
M. Johnson: M. le Président, rapidement, là-dessus,
d'une part, il y a la question de base qui constitue la notion d'une diminution
des effectifs, entre autres, par l'application de l'attrition. Je ferai
remarquer au député que déjà de conserver des
effectifs au niveau où ils étaient l'année
précé- dente, c'est une performance remarquable sur le plan
administratif dans l'Etat québécois, d'autant plus qu'il a connu
des périodes d'expansion absolument incroyables à compter de 1964
marqués par des pics au milieu des années soixante et autour de
1974.
Au ministère, nous sommes passés dans différents
services; par exemple, dans le cas du soutien et de la gestion, nous avions,
l'an dernier, 289 employés, nous en avons 288 cette année et
pourtant, on traite plus de programmes, on a plus de centres de main-d'oeuvre,
on a plus d'activités et on a un budget qui est passé de $35 000
000 à $76 000 000 en matière de main-d'oeuvre seulement, on a un
budget qui, globalement, pour le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, a doublé depuis deux ans, a presque doublé et
pourtant, on le fait à peu près avec les mêmes effectifs.
Il est bien évident que si le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre avait conservé le dynamisme qui le caractérisait
sous l'administration précédente, c'est-à-dire s'il avait
vécu dans un certain état de stagnation, je présume qu'on
aurait pu remplir, dans des conditions comme celles-là, une compression
d'effectifs très facilement.
M. Lalande: Je voudrais simplement rappeler au ministre que les
explications, au fond, sont très plausibles, se comprennent très
bien, sauf qu'il serait peut-être bon de rappeler à son
collègue des Finances, avant de faire de grandes déclarations
à l'effet qu'on va faire cela et que ce sera réalisé,
qu'il se fixe des objectifs plus réalistes, plus réalisables. On
aura alors moins de déclarations à l'emporte-pièce, elles
colleront davantage à la réalité avec l'expérience
que vous avez à l'heure actuelle. Je voulais simplement rappeler
cela.
Si vous me le permettez, parce que vous avez parlé des centres de
main-d'oeuvre, vous dites qu'il y a eu huit nouvelles ouvertures de centres de
main-d'oeuvre, est-ce que le ministre peut nous dire où?
M. Johnson: Pardon?
M. Lalande: Où sont les huit nouveaux centres de
main-d'oeuvre?
M. Johnson: Dans la planification pour cette année, il y a
LaSarre, Maniwaki, Magog et la ville de Québec où il y a, en ce
moment, le centre Saint-Vallier, c'est tout. Alors il va y en avoir un second.
Dans les trois derniers, il y a Laval, que nous avons ouvert récemment,
Saint-Jean, qui est sur le point d'ouvrir et le sud-est de Montréal.
Le Président (M. Laberge): Le programme 3 sera-t-il
adopté?
M. Chevrette: Adopté. M. Lalande:
Adopté.
Services de main-d'oeuvre
Le Président (M. Laberge): Adopté. Programme 4.
Vous avez déjà posé une question qui le concerne. Services
de main-d'oeuvre. Y a-t-il d'autres questions sur les services de
main-d'oeuvre?
M. le député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je ne pense pas surprendre le ministre en lui parlant
de problèmes de qualification et de classement dans la construction.
M. Johnson: Non!
M. Mathieu: Je m'attends qu'il va me dire que c'est parce que je
ne connais rien là-dedans, probablement.
M. Johnson: Non, non, au contraire.
M. Mathieu: Non?
M. Johnson: C'est une affaire d'opinion.
M. Mathieu: C'est parce que vous avez l'habitude de me dire cela,
M. le ministre!
M. Johnson: Vous faites de mauvais rêves!
M. Mathieu: Pardon? Je peux relire le journal des Débats,
si vous voulez. D'ailleurs, j'ai été assermenté le 22 et
le 23 vous m'avez reçu aux débats en me disant que j'avais fait
de la démagogie pendant ma campagne, etc. et que je ne connaissais rien
dans ce domaine-là. En tout cas...
M. Johnson: Je n'ai pas dit cela. M. Mathieu: Je m'en
souviens, moi!
M. Johnson: J'ai dit que vous aviez fait de la démagogie,
je n'ai pas dit que vous ne connaissiez rien. Il faut connaître les
choses pour faire de la démagogie!
M. Mathieu: C'est déjà...
M. Chevrette: Sinon, c'est de l'innocence.
M. Mathieu: ... une évolution. Je vous dis
sincèrement, M. le ministre, quel que soit votre sentiment
là-dessus et celui des autres membres de la commission, c'est un
problème qui m'a toujours très fortement préoccupé.
Je m'en suis occupé, j'ai fait beaucoup de bénévolat; vous
savez, quand on est notaire dans une petite campagne, on fait du
bénévolat. Depuis quatre ou cinq ans, beaucoup de gens qui
avaient des problèmes venaient me voir et finalement, le tarif
n'était pas compliqué, c'était bénévole. Je
trouve qu'on a l'obligation d'aider une personne qui veut travailler et non pas
de lui mettre l'éteignoir sur la tête.
Je vais scinder mes remarques. D'abord, sur le certificat de
qualification qui est imposé. On dit d'habitude que c'est une loi des
rouges, quoique cela ait été fait par l'Union Nationale au
début, en 1969, si je ne me trompe pas.
M. Johnson: La loi, mais le règlement a été
fait sous les rouges.
M. Mathieu: En tout cas, commençons par la base, la
qualification de la loi. Je vous dis au départ que je n'ai absolument
pas de préjugé contre cette loi. Dans une optique de protection
du citoyen et de l'individu, c'est normal que si je fais venir un
électricien ou un peintre, il soit compétent et qu'il ait
passé certains examens. Quand je vais chez un barbier, un coiffeur,
c'est la même chose.
Maintenant, j'ai eu beaucoup de plaintes à ce sujet, relativement
au fait que les questions posées aux examens n'aient pas de rapport,
dans plusieurs cas, avec le but de l'examen lui-même.
C'est-à-dire, d'abord il faut comprendre que les individus qui subissent
ces examens, dans bien des cas, cela fait 10, 15, 20, 25 ans qu'ils ne vont
plus à l'école. Vous leur arrivez avec un examen objectif et,
semble-t-il, d'après ce qu'on m'a dit dans plusieurs cas, cela va assez
vite. M y a peut-être 100 ou 150 questions et le type a répondu
seulement à 40 quand l'examen est fini, le temps est
écoulé. Par exemple, on m'a dit je n'ai pas vu l'examen
que les jointoyeurs, les tireurs de joints, subissent l'examen de
peintre. Quand on leur parle du mixage de couleurs, imaginez-vous que vous les
perdez, ce n'est pas long, parce qu'ils n'ont jamais peinturé de leur
vie et ne le feront jamais non plus.
Il me semble que les examens je ne les ai pas vus, remarquez
bien, mais je le dis d'après les témoignages assez nombreux que
j'ai eus qui conduisent à l'obtention d'un certificat de
qualification devraient être plus réalistes, devraient être
faits dans le but de s'adresser à des personnes qui ont quitté
l'école depuis longtemps, qui n'ont pas beaucoup d'instruction dans
plusieurs cas et, également, avoir une relation avec ce que l'individu
va faire plus tard. C'est ma première remarque.
Maintenant, pour ce qui est de cette loi sur la qualification, je disais
tout à l'heure que dans une optique de protection du consommateur,
c'était défendable; également, dans une optique de
protection des droits acquis de l'individu lui-même qui est
détenteur de sa carte. On me disait que je voulais suggérer
l'abolition du certificat de qualification. Je n'ai jamais dit cela nulle part.
Je crois que ce ne serait pas réaliste et ce ne serait pas sain non plus
pour l'économie, pour les citoyens, pour ceux qui ont déjà
des droits acquis et pour la protection du public, d'en arriver à cette
solution.
L'autre volet de mon interrogation porte sur le règlement relatif
au placement de salariés dans l'industrie de la construction.
Evidemment, c'est le règlement qui a imposé le certificat de
classification et, si je ne me trompe pas, ce ne sont pas les rouges qui ont
fait cela, il me semble que c'est en 1978.
M. Johnson: La loi, ce sont les rouges et le règlement,
c'est nous autres.
M. Mathieu: M. le ministre, vous faites preuve de beaucoup de
condescendance envers les rouges parce qu'il y a certaines lois des rouges qui
ne faisaient pas tellement l'affaire de votre parti et que vous n'avez pas
tardé à modifier. La loi 22, cela n'a pas pris bien du temps
avant que vous ne la modifiiez. Je ne me prononce pas sur le fond mais... (12 h
30)
M. Johnson: II est indépendant.
M. Mathieu: Je vois tout de suite le président nous
rappeler à la pertinence.
M. Chevrette: Nous, on est prêt à vous donner un
consentement.
M. Mathieu: Ne me faites pas d'invitation semblable, M. le
député de Joliette, je vous en prie. Mais, tout de même,
j'en conclus donc que cette loi des rouges, comme le ministre se plaît
à dire: "C'est une loi des rouges"... Il faut croire qu'elle fait votre
affaire. Vous avez l'air de coucher avec, et vous vous en accommodez
très facilement et êtes très confortable. Je conclus donc
qu'elle doit faire votre affaire. Mais, là où je veux en venir,
c'est parce que ce fameux règlement en vient à aliéner
à l'individu un droit absolument fondamental et inaliénable.
Là, vous avez l'habitude de me dire: S'il y a 3000 emplois et qu'il y a
1000 offres d'emploi, qu'est-ce qu'on va faire? Mais, c'est comme ça
dans tous les domaines. Les plus qualifiés ou ceux qui donnent le
meilleur rendement auront l'emploi, c'est tout.
Il me semble que le droit du travail est un droit, je l'ai dit
tantôt, fondamental, inaltérable, inaliénable. Le travail
est un instrument de dignité pour l'homme, en plus d'être un
instrument de liberté. Si on enlève ce droit à notre
travailleur, on en fait un esclave tout simplement. On remet sur pied un
système d'esclavage qui a été aboli il y a à peu
près une couple de centaines d'années et qui n'est plus
adéquat du tout. Ce qu'il y a comme conséquence, avec
l'application de ce fameux règlement, c'est que le Québec devient
une terre absolument inhospitalière. Quand je traite de cette
question-là, j'entends souvent les quolibets des députés
d'arrière-ban qui n'ont pas l'air, eux dans leur comté respectif,
à avoir des problèmes comme ça. Ils n'ont pas l'air
à en avoir. Mais je vous dirai, moi, que j'en ai à tous les
jours. Je ne sais pas si c'est spécial dans le comté de
Beauce-Sud, c'est à tous les jours que la question se pose. Il me semble
qu'il y a moyen de civiliser ce fameux règlement. Quand on entend le
ministre nous dire: "II n'y a pas de problème, tout va bien".
Peut-être que tout va bien pour le ministre et pour ses proches, mais je
vous dis que pour le citoyen qui vit avec ça, tout ne va pas tellement
très bien.
Alors, j'y reviens: quelle est la conséquence de cette loi? Je le
disais tantôt: Le Québec et ça, c'est dramatique
devient une terre inhospi- talière pour la relève, pour
les éléments les plus vitaux de sa société. Le
Québec devient une terre inhospitalière. Alors, on dit à
nos jeunes qui vont dans les centres de main-d'oeuvre pour avoir de l'emploi
et plusieurs me le rapportent on leur dit ceci: "Tu as fait un
cours dans la construction, de menuisier ou d'électricien. On n'a pas
d'emploi, va-t-en à l'aide sociale". Je trouve que c'est un peu se
débarasser vite du problème.
Pendant la campagne sur le débat référendaire, le
ministre nous disait ceci: Ottawa nous offre de l'assurance-chômage. Ce
n'est pas ça qu'on veut, ce sont des jobs. Je suis d'accord. Mais, M. le
ministre, les jeunes ne vous demandent pas de l'aide sociale, ils veulent
garder leur dignité et ils veulent se développer, ils veulent
atteindre leur idéal, développer leur ambition. Et, les jobs, ils
ne vous en demandent même pas. Ils en ont, dans bien des cas, ils sont
placés ces jeunes. Et, on leur dit: Non, on ne veut pas. Va-t'en
à l'aide sociale. Est-ce qu'il y a de quoi de plus aberrant que cela! Et
sans compter que dans bien des cas, dans les centres de main-d'oeuvre, ils se
font traiter avec assez d'arrogance merci..., dans bien des cas!
M. Johnson: Des exemples.
M. Mathieu: Je ne sortirai pas de noms ce matin, mais je suis en
train de me faire un dossier.
M. Johnson: Vous allez m'envoyer ça. M. Mathieu:
Bien, on peut s'en reparler.
M. Lalande: Vous enverrez ça en même temps que le
député de Joliette-Montcalm qui va déposer des affidavits.
Vous allez tout faire ça en même temps.
M. Chevrette: C'est ça, vous ferez ça en même
temps. On regardera lequel a le meilleur dossier.
M. Mathieu: II y a aussi le cas des gens qui sont en quête
d'un emploi qui sont reçus avec assez d'arrogance, qui viennent porter
des plaintes à nos bureaux. Je ne vous ai pas encore saisi de ce
problème-là. J'attends d'avoir un dossier; parce qu'il y a des
personnes, des fois, qui ne veulent pas que leur nom apparaisse en public. En
temps utile, M. le ministre, je vous remettrai ces documents-là
probablement. Alors, nos jeunes, on leur dit: Va-t'en à l'aide
sociale.
Y a-t-il quelque chose de plus aberrant que cela dans la
société? Vous voyez le drame de l'individu qui a 18, 20 ou 21
ans, le drame de ses parents qui en voient d'autres de 20 ans accrochés
à l'aide sociale depuis deux ou trois ans. Malheureusement, avec la
désincitation au travail et les risques que cela comporte, les parents
ne sont pas très heureux de cette solution. Ce qu'on reproche au
fédéral en disant: Ce n'est pas de l'assurance-chômage
qu'on veut, ce sont des jobs, vous avez le même reproche. Ce n'est pas de
l'aide sociale qu'on veut et je voudrais que vous soyez conscients de ce
problème.
Maintenant, une autre chose. Les jeunes qui ont un peu plus d'initiative
que d'autres prennent le chemin de l'exil. Je pourrais vous donner une
vingtaine de noms de mes proches, dans ma paroisse, des jeunes qui sont
à Calgary ou dans les environs. Le Québec ne peut pas les
absorber comme travailleurs dans le domaine où ils sont
compétents et où ils veulent oeuvrer. Alors, on prend l'avion et
on s'en va à Calgary. En descendant de l'avion, le lendemain matin, les
gars gagnent $125 et $150 par jour. Savez-vous que c'est commode le Canada
à ce moment-là? C'est commode de vivre dans un pays qui a une
économie de $26 000 000.
M. Johnson: Un peuple.
M. Lavigne: Ils pourraient le faire quand même. Il y en a
qui s'en vont aux Etats-Unis.
M. Mathieu: Oui, ils pourraient le faire quand même, mais
en tout cas on ne sait pas s'ils pourraient le faire quand même.
M. Chevrette: On va s'en parler tantôt. M. Mathieu:
On sait que, dans le moment... M. Johnson: On y va aux
Etats-Unis.
M. Mathieu: Quels problèmes ont-ils quand ils reviennent
par exemple?
Une Voix: Pas de problème.
M. Mathieu: Pas de problème quand ils reviennent?
M. Johnson: ...
M. Mathieu: M. le ministre, ce que je constate, c'est qu'entre
vos intentions qui sont tout à fait dignes et avec lesquelles je suis
d'accord, et entre ce qui se passe dans la réalité, il y a une
différence énorme. Vous me le dites, on compte les heures,
parfait. Mais vos fonctionnaires, eux autres, ne veulent pas les compter par
exemple. Cela prend des affidavits, des lettres d'employeur. On a tout cela,
puis ça ne suffit pas.
M. Johnson: Vous me présenterez un cas.
M. Mathieu: Je pourrais vous le présenter certainement. Je
pourrais vous en présenter, c'est certain. Je reviens pour ne pas perdre
le fil de mon idée. On invite les jeunes à l'exil, mais
savez-vous que ces jeunes de 20, 21, 22 et 23 ans m'écrivent et me
disent: On voudrait s'en aller chez nous, mais on n'est pas capables de
travailler. Qu'est-ce qu'on va en faire? Tantôt, on disait: S'il y avait
10 000 emplois d'ouverts et 3000 personnes... Est-ce que cela veut dire qu'on a
trop de Québécois? Qu'est-ce qui se passe? C'est comme cela dans
tous les domaines.
M. Chevrette: On n'a pas assez d'emplois.
M. Johnson: Pas assez d'emplois. Le problème est
là.
M. Mathieu: Est-ce que c'est en les humiliant par l'aide sociale
ou en leur montrant le chemin de l'exil qu'on va régler le
problème?
M. Johnson: C'est cela. C'est pour cette raison qu'on veut
contrôler...
M. Mathieu: Est-ce que c'est votre solution? Il reste une autre
solution: la clandestinité. On les invite directement à
travailler dans la clandestinité. Alors qu'est-ce qui se passe pour les
personnes qui travaillent clandestinement? J'ai entendu dire, lorsque
j'étais jeune, que certains se cachaient pour commettre des crimes. Ils
se cachaient pour voler. Ils se cachaient pour tuer. Aujourd'hui, ce n'est plus
cela.
M. Chevrette: Finalement, ils ne font pas cela au grand jour.
M. Mathieu: Ils se cachent pour travailler, pour gagner leur vie.
C'est pas mal différent. Vous riez, hein?
M. Johnson: Mais non.
M. Mathieu: Si ce n'était pas de les dénoncer
publiquement et que vos "tontons" partent en arrière, je vous donnerais
des noms. Les gens sont obligés de se cacher. Ils ne se cachent plus
pour tuer et pour voler. Ecoutez! J'ai été coroner pendant six
ans. J'ai fait 664 enquêtes.
M. Chevrette: Vous avez été coroner? M. Mathieu:
Oui, j'ai fait 664 enquêtes. M. Chevrette: C'est gros.
M. Mathieu: Des personnes qui tuent, qui se retrouvent en prison
pour huit ou neuf mois et cela continue. J'ai des choses ici dans mes
documents.
M. Johnson: Vous auriez aimé être juge.
M. Mathieu: Un autre gars a eu cinq mois de prison parce qu'il a
voulu travailler.
M. Johnson: 20 ans.
M. Mathieu: Non, j'ai le respect des tribunaux.
Une Voix: Moi aussi.
M. Mathieu: Mais voyez-vous cette invitation à la
clandestinité. Quand une personne vous dit: Je veux gagner ma vie, je
suis compétent pour le faire et il n'y a pas moyen d'avoir ces
cartes-là,
donc je vais travailler quand même. Ils sont obligés de
travailler les fenêtres fermées, des journaux dans les
fenêtres, les portes barrées, etc. Quand on en poigne un, on
arrive... Combien ai-je de temps de fait, M. le Président?
Le Président (M. Laberge): Vous avez encore beaucoup de
temps.
M. Mathieu: C'est parce que j'ai changé de sujet.
M. Johnson: II vous reste cinq minutes.
Le Président (M. Laberge): Non, vous avez encore...
M. Mathieu: Je suis sûr d'avoir...
M. Johnson: C'est cela, midi et demi à moins 10.
M. Mathieu: ... votre consentement devant...
M. Lalande: M. le Président a dit que vous pouviez
continuer.
M. Mathieu: Une chance que c'est lui qui est
président.
Le Président (M. Laberge): Vous avez le droit d'utiliser
tout le temps qui vous est alloué.
M. Mathieu: La clandestinité... Je vais vous soumettre un
cas, mais je ne nommerai personne. Une dame, mère de famille vivant
seule avec ses enfants une famille monoparentale décide
d'engager quelqu'un de son village pour refaire le perron de sa maison. C'est
un contrat d'à peu près $1500 ou $1800. Un type était
réputé comme entrepreneur dans le village. Elle le fait venir et
lui demande: Combien exiges-tu pour refaire mon perron? C'était un
entrepreneur de construction, M. le député de Joliette-Montcalm,
parce que je vous vois rire. Je ne veux pas que vous ayez de mauvaises
pensées.
M. Chevrette: Vous pouvez m'empêcher de parler, mais vous
ne pouvez pas m'empêcher de rire.
M. Mathieu: Et pas de penser non plus. Je reviens à ce
cas. La personne en question ne fait pas enquête pour savoir si cette
personne ou cet entrepreneur de construction avait toutes les qualifications
nécessaires; elle l'engage et elle fait faire le travail. Pendant qu'il
travaillait, arrive un inspecteur de l'OCQ, et l'employé n'avait pas ses
cartes. La voici traduite devant les tribunaux comme une criminelle. Elle vient
me voir avec cela et me demande quoi faire. Tu as un ordre de la cour:
présente-toi, c'est tout ce que tu as à faire. Elle est traduite
en cour, puis c'est l'amende, sinon la prison. Est-ce que vous trouvez que
c'est normal? Et je ne parle pas des autres personnes qui sont traitées
avec arrogance devant les tribunaux par des procureurs de la couronne. Quand un
individu arrive et dit: Je veux gagner la vie de ma femme et de mes quatre
enfants. Votre femme et vos enfants, cela ne nous intéresse pas.
M. Lavigne: Les juges disent cela?
M. Mathieu: Non, vous n'avez pas suivi, ce sont les procureurs de
la couronne.
M. Chevrette: Les hommes de droit.
M. Mathieu: Ce ne sont pas des juges. Le sous-ministre, Me
Dussault, avait dit l'année passée que les procureurs ou tous les
représentants devant les tribunaux étaient au service du citoyen.
Savez-vous que ce n'est pas une belle façon de servir le citoyen. Votre
femme et vos enfants, cela ne nous intéresse pas. Je trouve cela tout
à fait aberrant. Alors, M. le ministre, dans un esprit de
liberté, vous n'avez pas le droit selon moi... Je crois que si votre loi
était attaquée en vertu de la Charte des droits et
libertés de la personne qui dit, à un moment donné, qu'il
n'y aura pas de discrimination dans l'emploi, je ne crois pas que votre
règlement soit légal. Une bonne fois, on en arrivera à une
opinion là-dessus. La Charte des droits et libertés de la
personne stipule qu'il n'y aura pas de discrimination dans l'emploi. Là,
avec vos fameuses cartes de classement, de classification, on impose un
contingentement...
Une Voix: II y a discrimination par rapport à quoi?
M. Mathieu: Par rapport au gars qui a une carte et à celui
qui n'en a pas. Pourquoi moi, qui suis notaire... Vous, M. le ministre, qui
êtes médecin et avocat, vous avez votre certificat de
qualification comme j'ai le mien et comme le député de
Joliette-Montcalm qui est dans l'enseignement, nous possédons notre
certificat de qualification qui est défendable.
M. Johnson: Mais je ne pourrais pas pratiquer n'importe où
demain matin, si je retournais à la pratique de la médecine.
M. Mathieu: Si vous cessez de pratiquer pendant deux ans, vous
pouvez revenir à la pratique.
M. Johnson: Pas n'importe où et pas n'importe comment. Je
suis obligé de subir un recyclage, d'une part, et deuxièmement,
je ne peux pas aller où je veux. S'il ne veulent pas me prendre à
l'hôpital Saint-Luc, je ne pratiquerai pas à l'hôpital
Saint-Luc. Il y a un contingentement qui se fait des effectifs médicaux,
maintenant, dans les hôpitaux. Ils ne me prendront pas.
M. Mathieu: Pourquoi l'individu qui a voulu imposer cela... c'est
contraire à...
M. Johnson: C'est parce qu'on vit en société.
M. Mathieu: Justement. Tantôt vous parliez d'une
société libre. Est-ce que ce sont les prémices de votre
société libre?
M. Johnson: Je vais y revenir tout à l'heure. Je vais
revenir là-dessus; j'ai quelque chose à vous dire.
M. Mathieu: Actuellement, je trouve que ce règlement est
absolument inacceptable. C'est intolérable dans une
société civilisée. Il y a eu des hémorragies de
notre population dans les années 1890, les gens s'en allaient aux
Etats-Unis. Là l'hémorragie, ce n'est plus pareil, ils s'en vont
à Calgary. Le gouvernement tolère cela et le gouvernement semble
encourager cela. Laissez-moi vous dire, vous allez être jugé
sévèrement. Le gouvernement va être jugé
sévèrement et il mérite d'être jugé
sévèrement dans ce contingentement tout à fait arbitraire
qui arrive, et qu'il impose en fermant la porte sur le marché du travail
à nos éléments les plus dynamiques, surtout à nos
jeunes. Si j'avais une suggestion à faire un peu dans le but de
civiliser la situation, il me semble qu'au lieu d'avoir des dents aussi
sévères, votre règlement devrait prévoir au moins
que pour une première infraction on se contente d'un avertissement. (12
h 45)
Prenez la personne tout à fait inoffensive dont je parlais tout
à l'heure, une personne de sexe féminin et tout cela qui est
condamnée parce qu'elle a employé quelqu'un qui n'avait pas son
certificat de classification. Elle ne le savait pas qu'il fallait faire une
enquête avant de l'engager. Il me semble que pour des catégories
de personnes semblables, vous devriez au moins, avant d'arriver avec
l'emprisonnement et l'amende immédiatement, avoir un avis et s'il y a
récidive, je ne dis pas que la sanction soit plus considérable,
mais il me semble que vous devriez au moins avoir un premier avis parce que ce
genre de personne, ce ne sont pas des personnes qui généralement
vont récidiver. Vous allez me dire: II y a un principe, c'est qu'on doit
connaître tous les droits et toutes les réglementations. Oui,
c'est beau en principe, mais vous savez que dans la pratique toute personne
sait bien que c'est absolument impossible de connaître cela.
M. le ministre, je voudrais vous sensibiliser à ce
problème. Je disais et je le redis, je regrette infiniment de vous
être désagréable. Je sais que cela ne vous fait rien parce
que vous avez fait preuve de mentalité hautaine devant moi.
M. Johnson: Arrêtez donc de jouer au martyr.
M. Mathieu: A tout événement, je regrette de vous
être désagréable, mais j'aimerais, par exemple, vous
sensibiliser parce que vous m'avez toujours semblé insensible,
c'est-à-dire, ne pas voir ces problèmes. Est-ce que vous les
voyez? Est-ce que vous reconnaissez qu'il y a des problèmes ou bien si
vous ne les reconnaissez pas? Si vous me disiez: Oui, je reconnais qu'il y a un
problème, on va tâcher de l'amenuiser ou de civiliser notre
règlement pour qu'il soit moins barbare, tout de suite, il me semble que
ce serait un pas dans la bonne direction.
A tout événement, M. le ministre, je vous fais ces
commentaires d'une manière respectueuse et civilisée et
j'espère qu'ils seront acceptés dans le même esprit. Je ne
viens ici débâtir personne au ministère, mais je dirais
seulement que la situation qui existe dans nos campagnes je ne dis pas
en ville, je ne connais pas le milieu ambiant dans nos régions
rurales est absolument inacceptable et je répète en concluant que
vous serez jugés clairement. Vous l'avez été le 14
novembre.
C'est effrayant comme le gouvernement a l'air d'avoir de la
misère à tirer les leçons qui s'imposent. Il était
sûr en novembre, il voulait gager dix contre un que le PQ prenait le
comté de Beauce-Sud. Demandez-vous donc pour quelles raisons vous ne
l'avez pas pris.
M. Johnson: Ne vous en faites pas.
M. Mathieu: Demandez-vous donc pour quelles raisons.
M. Lalande: ... par Fabien.
M. Mathieu: Oui, à part cela. Vous avez eu ensuite le 20
mai un autre échantillonnage, demandez-vous donc pour quelles raisons.
C'est parce que vous ne voulez pas voir les problèmes, ou si vous voulez
les voir vous ne voulez pas les admettre.
M. Johnson: La pertinence.
M. Mathieu: Bien, la pertinence, je pense que je suis pas mal
moins pertinent que d'autres l'ont été tout à l'heure.
M. Chevrette: C'était votre collègue de Maisonneuve
qui parlait.
Le Président (M. Laberge): Vous êtes à la fin
de votre temps.
Vous l'avez dit, je vous remercie, M. le ministre.
M. Johnson: Je veux répondre. Si je comprends bien. Il y a
beaucoup de choses dans ce que le député de Beauce-Sud dit.
D'abord, je voudrais faire une remarque préliminaire. Le
député de Beauce-Sud, malheureusement, c'est son problème,
ce n'est pas le mien. Il confond parfois nos sourires que je croirais pouvoir
être entendus comme si on riait de lui. C'est son problème. S'il
n'y a plus moyen de sourire ici et ne pas avoir l'air d'un air bête, sans
passer pour un arrogant, c'est lui qui a un problème, ce n'est pas nous
autres, d'une part.
M. Mathieu: Excusez, M. le ministre. Souriez.
M. Johnson: Deuxièmement, je comprends qu'ils ont de quoi
être tristes en face. Ils n'ont pas
de quoi se réjouir, vous demanderez cela à
l'ex-député d'Outremont. Je comprends que vous avez des
problèmes dans l'Opposition...
M. Mathieu: Je suppose que vous aurez encore votre victoire
morale le prochain coup.
M. Lalande: ... dans Outremont, quoi, êtes-vous au
courant?
M. Johnson: ... en ce moment, mais ce n'est pas une raison pour
être... Alors, M. le Président...
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Johnson: Essentiellement, il y a des sujets qui touchent la
qualification, la classification, le chômage, la construction, le
placement et à l'intérieur de tout cela j'irai le plus
brièvement possible pour que ce soit quand même consigné au
journal des Débats compte tenu des propos qu'a tenus le
député de Beauce-Sud, c'est vrai qu'en matière de
qualification, il y a des règlements de qualification. Il va continuer
d'y en avoir; c'est normal qu'il y en ait dans une société libre.
Comme ancien coroner, il devrait savoir effectivement qu'il y a du monde dont
il a investigué la mort parce qu'elle était due à des gens
qui n'étaient pas qualifiés et qui ont fait des choses parce
qu'ils n'étaient pas qualifiés. Donc, la notion de qualification
dans notre société c'est une notion importante...
M. Mathieu: Je l'admets.
M. Johnson: ... parce qu'elle touche deux aspects de la vie en
société, d'une part la sécurité à
l'égard des tiers et, deuxièmement, la notion ou des notions qui
touchent l'amélioration des conditions de la main-d'oeuvre de
façon générale.
M. Mathieu: On est d'accord.
M. Johnson: Ceci dit, il est peut-être exact, qu'à
l'occasion et on trouvera toujours un avocat de la couronne qui ait un
air bête il y a un examen mal fait, un individu tout croche, mais
la société est faite comme cela. La perfection n'est pas de ce
monde et pas plus au ministère du Travail que devant les tribunaux et
surtout pas dans l'Opposition officielle. C'est clair, on pourra
peut-être me citer le problème dans l'examen de la qualification
des jointeurs quant au mixage des couleurs. Bien oui. Qu'est-ce que vous
voulez? C'est comme cela; ce n'est pas parfait.
Moi, je connais des gens dans votre métier, quand vous vous
êtes présenté à l'examen du notariat, ils vous ont
peut-être posé une question sur le droit romain. Vous vous en
êtes servi beaucoup comme coroner du droit romain? Vous avez dû
trouver que cela n'avait pas grand-chose à voir avec le notariat, le
droit romain. Vous avez quand même eu des questions là-dessus
à votre examen. Il y a des affaires comme cela dans une
société, et dans les qualifications il va continuer d'y en avoir.
Il faut arrêter de se fermer les yeux.
Ceci dit, cependant, il faut s'arranger pour que les examens de
qualification portent le plus possible et soient le plus près des
exigences au niveau de la main-d'oeuvre. C'est en s'entendant avec les parties,
tout en faisant en sorte que le monde syndical comme le monde patronal et les
spécialistes en pédagogie, à travers les réseaux de
formation professionnelle, puissent mettre au point des dispositifs comme
ceux-là. C'est un travail qui se fait de façon assidue au
ministère du Travail, qui se fait de plus en plus. C'est un domaine dans
lequel il reste beaucoup à faire parce qu'il y a beaucoup de domaines
où il faut faire des examens de qualification.
Deuxièmement, prenons toute la question de la construction et du
règlement de placement, encore une fois. En ce qui a trait au
règlement de placement, je comprends les problèmes
qu'évoque le député de Beauce-Sud. D'ailleurs, il semble
que ce soit rattaché au comté, puisque son
prédécesseur, dont on a évoqué, en face de nous, un
peu ironiquement et un peu méchamment le nom tout à l'heure, se
faisait également le défenseur de ceux qui, dans Beauce-Sud,
considèrent qu'ils sont injustement traités à
l'égard de ce règlement. Je ferai remarquer que, quant au
placement, le règlement est beaucoup plus souple qu'il ne
l'était. Il n'interdit pas le travail, il donne une priorité au
travail. Dans une société où il y a 10% de chômeurs
et dans une société où il n'est pas vrai qu'on puisse
absorber 200 000 travailleurs dans la construction quand on sait qu'il y a de
la "job" pour à peu près 80 000 quand les années sont
bonnes, ce n'est pas vrai qu'on puisse laisser faire cela.
Ce que voudrait le député de Beauce-Sud, c'est qu'on fasse
des travailleurs de la construction du monde de "cheap labour" en disant:
Laissons jouer les mécanismes du marché entièrement, alors
qu'on a forcé la syndicalisation par des lois, alors qu'on a
forcé l'association patronale par des lois, alors qu'on a
créé un organisme qui administre les fonds, alors qu'on a mis un
ensemble de contraintes et de balises dans la construction, on voudrait laisser
jouer la loi du marché quant à ceux qui y travaillent. Je ne sais
pas s'il trouve que c'est beaucoup d'argent, mais, en 1977, savez-vous combien
gagnait un travailleur manuel non qualifié dans la construction par
année? $7 900 en moyenne. Quand tu as une femme et deux enfants et que
tu es le seul soutien de famille, ça ne fait pas beaucoup. Le
règlement de placement a permis une chose, cela a permis de dire: On va
établir un ordre de priorités pour ceux qui travaillent dans la
construction, ce qui fait que le salarié non qualifié dans la
construction en 1979 a comme salaire moyen, malgré le fait qu'il y ait
eu une diminution des activités dans la construction, de $11 268, soit
une augmentation de 24% en deux ans. Cela commence à être un
salaire qui ressemble à quelque chose qui a du bon sens. Pourquoi? Parce
qu'il y a une mesure de priorisation de la main-d'oeuvre dans le secteur
de la construction, parce qu'effectivement on trouve que ces
travailleurs, comme d'autres dans notre société, ont le droit de
gagner un revenu décent.
Ce n'est pas parce qu'ils sont dans la construction qu'on devrait les
traiter comme du "cheap labour". On va me dire: Oui, mais les salaires
prévus dans les décrets sont de $12 l'heure. Mais il faut voir
combien ils travaillent d'heures dans une année, par exemple. En fin de
compte, c'est quoi? C'est une politique visant à assurer un revenu
minimum décent aux travailleurs dans un secteur donné.
Maintenant, quand on est électricien, on peut choisir d'aller dans la
construction. Si on veut y aller, on est pris à aller dans une
région où on peut faire son apprentissage dans un bassin
sous-régional où il n'y a plus d'apprentis électriciens.
Si on décide de prendre le risque de faire sa vie dans ce domaine, alors
qu'on ne sait plus quoi faire avec eux, pas plus qu'on ne sait quoi faire avec
les anthropologues au Pôle Nord parce qu'on a autant d'anthropologues
qu'on a d'Esquimaux, c'est un choix qu'on fait dans sa vie quand on est un
grand garçon et une grande fille.
Il y a de la place dans l'industrie, par exemple, et là on tombe
sur un autre problème qui est celui de notre société du
chômage, de façon générale. Le problème,
c'est que les transferts de fonds fédéraux je le dis et je
le répète, référendum ou pas
référendum on nous a financé
l'assurance-chôrnage plutôt que de nous transférer des
emplois. Le gouvernement central a toujours eu, à l'égard du
Québec et de l'Est du Canada, une attitude comme à l'égard
des pays sous-dévelop-pés. Il crée les industries en
Ontario et l'assu-rance-chômage au Québec. Est-ce qu'on va
s'ouvrir les yeux une fois pour toutes? $1 500 000 000
d'assurance-chômage ne donne pas de jobs aux jeunes dont vous parlez.
Est-ce qu'on va accepter, une fois pour toutes, que ce qui compte, c'est que
les Québécois, dans le cadre d'une politique de main-d'oeuvre,
puissent décider de créer des emplois chez eux en fonction de
leurs besoins et de cette jeunesse dont vous parlez et dont je partage
effectivement la préoccupation que vous avez. Mais il y a une question
de moyens, par exemple.
M. Mathieu: Je suis content que vous disiez cela.
M. Johnson: II y a une question de moyens, par exemple. On le
partage tellement, qu'on a mis sur pied des programmes de création
d'emplois au ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et dans
l'ensemble du gouvernement. Dans l'ensemble du gouvernement, l'opération
OSE et les programmes de création d'emplois, spécifiquement du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, ont donné lieu,
cette année, au plus haut taux de création d'emplois à
travers tout le Canada. Et on nous dit que le Québec est une terre
inhospitalière? Non, le Québec vit une situation de chômage
chronique, dans un régime où effectivement il est difficile
d'établir intelligemment des politiques de main- d'oeuvre parce que nos
pouvoirs sont tronqués, parce que nos ressources se divisent entre deux
paliers de gouvernement qui ont de la difficulté à s'entendre
parce que les objectifs et les besoins ne sont pas les mêmes, selon qu'on
est à Ottawa ou à Québec. Pas parce qu'il y a des
politiciens entêtés, c'est parce que la vision de ce que doit
être le développement de cette société sur le plan
de l'emploi est différente.
Moi, je pense qu'il y a une vision au Québec de ce que devraient
être les politiques d'emploi et elle est partagée largement par le
monde syndical, le monde patronal et l'ensemble des partis politiques. Le
problème, c'est qu'on n'a pas ce qu'il faut en ce moment pour
l'articuler concrètement. C'est pour cela qu'on a des problèmes.
Ce n'est pas parce qu'on essaie de faire de la politicaillerie avec cela; c'est
parce que moi aussi je trouve que c'est important que 17% des jeunes au
Québec, entre 15 et 24 ans, qui sont des chômeurs, qu'on leur
trouve des emplois. Pour faire cela, ça nous prend des ressources, par
exemple. Avec le peu de ressources qu'on a, on a quand même
réussi, à travers des programmes québécois,
à créer plus d'emplois que dans n'importe quelle province au
Canada l'an dernier. Et c'est ce qu'on va continuer de faire.
Quand on aura plus de ressources, on sera encore meilleur et il y aura
moins de problèmes dans Beauce-Sud et ailleurs, quand on aura
réglé le problème de base, qui n'est pas celui de
l'accès au marché de la construction. Cela ne crée pas un
emploi de plus, donner une carte d'apprenti; on n'a pas créé
d'emploi, on a juste décidé qui occuperait l'emploi. Le
problème, c'est de créer des emplois dans ce secteur comme dans
d'autres secteurs de la société. Ce n'est pas de savoir qui va
avoir accès aux emplois. Quand on aura des ressources et quand on pourra
contrôler certaines de ces politiques, peut-être qu'au
Québec on connaîtra encore de plus grands succès comme ceux
qu'on a connus cette année.
Le Président (M. Laberge): Sur ce, M. le ministre, la
commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 12 h 58
Reprise de la séance à 15 h 14
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du travail et de la main-d'oeuvre reprend ses travaux au
point où elle les a laissés ce matin. Nous en étions au
programme 4: Services de main-d'oeuvre. S'étaient déjà
exprimé sur le sujet le député de Beauce-Sud et le
ministre; le député de Joliette-Montcalm avait demandé la
parole.
M. Chevrette: Oui, M. le Président, j'avais demandé
la parole, parce que je voulais dire au député de Beauce-Sud que,
régulièrement, et également à mon bureau de
comté, il y a des travailleurs de la construction qui viennent
s'informer comment obtenir une carte de certification ou de classification
ainsi que pour les examens de classification. Je me dois, comme tout
député, je crois, de leur expliquer pourquoi cela existe. Je
voudrais donner certains exemples au député de Beauce-Sud, parce
que cela peut aider parfois dans un bureau de comté. J'ai
été personnellement enseignant et il y a des centaines de
diplômés dans l'enseignement qui sortent de l'Université du
Québec ou de l'Université de Montréal annuellement et ils
n'ont pas de place dans l'enseignement, parce que les contrats collectifs de
traval prévoient que la commission scolaire doit rappeler par liste
d'ancienneté. Elle doit rappeler également ceux qu'elle a mis
à pied pour manque de travail, ce qu'on appelle dans l'enseignement le
surplus de personnel. Je leur explique que, eux aussi, malgré les
diplômes qu'ils ont, ils ne peuvent pas entrer dans l'éducation,
purement et simplement parce qu'il n'y a pas d'emploi. (15 h 15)
Si je me base sur le domaine hospitalier, il y a les listes de rappel
qui existent dans ce domaine hospitalier et on doit y aller dans la liste de
rappel par ordre d'ancienneté. C'est un réseau provincial,
l'éducation, c'est provincial. La construction, c'est provincial, le
domaine hospitalier, c'est provincial également, de sorte qu'on se
retrouve exactement comme dans d'autres secteurs comparables du travail au
niveau provincial. Mais ce que je voudrais aussi lui dire, c'est qu'au niveau
industriel en particulier et ce n'est pas jeune de dix ans, comme dans
le domaine du public et celui du parapublic; dans le domaine industriel, c'est
vieux de plusieurs dizaines d'années les mises à pied se
font par ancienneté, le réembauchage se fait par ordre
d'ancienneté et personne ne crie au meurtre à ce
moment-là. On accepte cela comme une mesure normale, on accepte cela
même comme une mesure rendue traditionnelle. Quand on est arrivé
dans le domaine de la construction, c'est peut-être parce qu'il y a eu un
changement radical, à un moment donné, mais tout le monde a
paniqué.
Cette mesure se retrouve dans le domaine industriel privé; dans
les domaines public et parapublic, on vit régulièrement ce
phénomène, ce processus, mais, à vous écouter ce
matin je suis bien sûr que ce n'est pas cela que vous vouliez
dire, j'en ai même la conviction un profane aurait pu conclure que
vous prêchiez un peu l'anarchie dans ce domaine, de sorte qu'un
travailleur qui aurait de cinq à dix ans d'expérience dans
l'industrie de la construction pourrait être mis de côté
pour un cousin, si un oncle ou une tante voulait faire embaucher son neveu, il
faudrait lui donner immédiatement une carte de classification,
indépendamment du fait que cela mettrait à pied un gars de dix ou
quinze ans de travail dans le domaine de la construction. Je suis sûr que
ce n est pas cela que vous vouliez dire. J'en suis certain. J'en ai la
conviction, sauf que cela sentait cela. Quelqu'un qui vous aurait entendu sans
connaître le secteur aurait conclu que le député de
Beauce-Sud veut que tout le monde ait accès au marché du travail,
sans protection pour le véritable travailleur de la construction qui a
fait des années et des années.
Donc, je suis convaincu que ce n'est pas cela que vous voulez dire, mais
mon argumentation va permettre à ceux qui auraient pu comprendre cela,
je l'espère, de dire: Le député de Beauce-Sud n'a pas
voulu dire cela, sans doute il voulait tout simplement dire qu'il faut adoucir
certaines normes à l'intérieur du règlement de placement,
ce avec quoi je suis d'accord sur un point. Je voudrais vous dire qu'il y a une
suggestion que vous avez faite à laquelle j'adhère, c'est le
fameux avertissement dans le cas d'une première infraction. Je dois vous
dire que si on n'était pas pris il faudra l'amender, mais c'est
une loi des "rouges", comme vous le disiez si bien ce matin, ou comme le
ministre le disait avec votre loi qui se rapporte au pénal, je
pense qu'on pourait introduire dans le règlement cette notion
d'avertissement. Personnellement, ce processus me sourit. Tu donnes la chance
à l'individu de s'amender. Je demande au ministre s'il n'y a pas lieu
là-dessus j'interviens dans votre sens d'amender cette loi
qui a été adoptée sous le régime libéral
dans les années 1975, pour voir s'il n'y aurait pas lieu de ne pas
rapporter cela immédiatement au pénal et faire en sorte qu'on
puisse donner un avertissement. Pour ce faire, soyez conscient qu'il faudra
amender la loi que vous avez votée vous-mêmes en 1975. Cela me
paraît quelque chose de positif. J'adhère à cela, parce que
cela existe déjà.
Je voudrais vous donner un exemple; cela existe dans le domaine de
l'éducation. Dans le dossier du personnel, par exemple, avant d'inscrire
une réprimande au dossier, ce doit être
précédé d'un avertissement. Je pense qu'on doit tenter de
traiter les salariés québécois le plus possible, en termes
minimaux, sur un pied d'égalité. Cela me paraît une des
suggestions passablement heureuses que vous avez faites.
Il y a un autre petit aspect que je voudrais souligner. Dans votre
exposé et, en particulier, au début de votre exposé
je sais que le ministre y a répondu en partie vous donniez
l'impression que nous étions des créateurs de chômeurs.
Alors, je voudrais vous donner de petits exemples concrets. Si un employeur a
besoin de cinq employés, il y en a dix dans son milieu qui sont
prêts à travailler. Ce n'est pas parce qu'il y a cinq
chômeurs et cinq travailleurs potentiels avec des emplois à la
portée de la main que tu crées des chômeurs parce qu'il
doit prendre les cinq plus âgés pour travailler. C'est normal, en
relations de travail, que des groupes de syndiqués, avec le groupe
patronal, établissent des critères d'embauche, mais tu n'as pas
créé de chômage parce qu'il y en a cinq qui n'ont pas
été engagés; tu as respecté un ordre de
priorités dans l'embauche.
Des gens de mon comté étaient ici et ils avaient
l'impression que vous vouliez dire que le gouvernement était responsable
du chômage dans l'industrie de la construction. Le gouvernement, qui a
édicté le règlement de placement, a dicté des
priorités, mais il n'a pas dit, même si on voulait avoir 100 000
jobs dans la construction: Nous, on décide qu'il y en a 80 000. Ce n'est
pas vrai. S'il y a 80 000, 85 000 ou 100 000 jobs dans l'industrie de la
construction, soyez assurés d'une chose, c'est que ça ne baisse
pas le nombre de travailleurs, mais il y a une sélection qui se fait
parmi les travailleurs pour qu'ils puissent travailler. C'est ça qui est
la différence fondamentale.
Il ne faudrait pas donner l'impression au public que le règlement
de placement crée du chômage. Le règlement de placement
crée des priorités dans l'embauche des travailleurs et ce n'est
pas uniquement dans le secteur de la construction que ça se fait. Cela
se fait dans le domaine de l'éducation, dans le domaine hospitalier et
dans le domaine industriel, dans toute industrie. Je pense qu'il n'y a pas une
convention qui n'a pas des mises à pied par ancienneté et qui n'a
pas un réembauchage par ancienneté. Donc, c'est ce que fait le
règlement de placement. Est-ce qu'il faudrait adoucir le
règlement de placement? On pourrait peut-être discuter de
ça.
Pour la classification, c'est la même chose. Faudrait-il rendre
plus doux les examens pour un gars qui a 15 ou 20 ans de métier par
rapport à celui qui y entre? Possiblement. Je sais qu'un avocat qui a
passé son Barreau et le médecin qui a passé ses examens au
Collège des médecins n'a pas à les repasser. Face à
certaines exigences pour l'artisan, je sais qu'il y a trois types d'examens
à passer: connaissance du métier, sécurité et
santé au travail, et administration. Il est bien évident qu'un
gars qui veut être artisan peut ne pas avoir tellement de connaissances
administratives. On me dit qu'on a beaucoup radouci les exigences; on peut
envoyer son comptable passer l'examen en administration ou sa femme, si c'est
elle qui fait l'administration. Pour la sécurité-santé,
ordinairement un gars qui connaît son métier sait un peu comment
se protéger, par instinct naturel à part ça. Quant
à la connaissance de son métier, ce qu'il y a de plus emmerdant
pour le travailleur, c'est la conversion au système métrique.
Quand on est obligé de convertir les mesures qu'on a connues à
l'ancienne pour les servir à la moderne, c'est peut-être plus
embêtant, mais je pense que même on tolère actuellement. Les
deux systèmes sont admissibles.
Donc, ce n'est pas si tragique que vous avez semblé le dire et je
suis convaincu qu'à la manière dont vous approuviez le ministre
dans sa réponse, en disant que vous étiez heureux de voir que
vous l'aviez sensibilisé, vous allez sortir d'ici en disant que le
règlement de placement, c'est quelque chose d'indispensable, sauf qu'il
faudrait l'améliorer.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Avec votre permission, juste un mot.
J'apprécie les propos du député de Joliette-Montcalm, mais
ce que je veux dire, c'est que si la suggestion que j'ai faite ce matin
était appliquée, si elle était concrétisée
en droit, je crois qu'entre un tiers et la moitié des revendications qui
me sont faites n'existeraient plus.
M. Johnson: La notion d'un avertissement?
M. Mathieu: Oui, servir un avis, un avertissement.
M. Johnson: Je dois dire qu'en principe, je pense que c'est le
genre d'avenue qu'il faut effectivement fouiller et je trouve que la suggestion
du député de Beauce-Sud à ce sujet était
très intéressante ce matin. D'autant plus que plusieurs
règlements municipaux procèdent de cette façon; pour une
première infraction, on avise. D'autre part, il semble que l'office,
dans certaines régions, soit plus particulièrement musclé
que dans d'autres. Mais la loi est là et les fonctionnaires sont dans
une situation un peu difficile: il faut qu'ils appliquent la loi. Alors, je
pense qu'effectivement, l'occasion s'y prêtant, il faudra penser à
un autre genre de chose.
M. Mathieu: Je prends le cas que je vous ai soumis ce matin. Si
une personne, une femme embauche quelqu'un pour faire son perron est
"poignée", si elle avait un avertissement, elle ne fera pas son perron
tous les ans; une autre fois, dès qu'elle aura affaire avec le monde de
la construction, elle va prendre ses précautions.
M. Johnson: Cependant, il faudrait que vous me montriez le
dossier de la dame en question. Il n'y a pas d'infraction pour le consommateur
qui utilise les services de quelqu'un, à moins qu'elle ait, cependant,
acquis un permis en tant que constructeur-propriétaire; c'est autre
chose.
M. Mathieu: II faut s'inscrire à l'office, quand on engage
quelqu'un à la construction?
M. Pagé: Là-dessus, le ministre devrait ajouter un
peu plus de lumière, parce que ce que rapporte le député
de Beauce-Sud a été vécu dans mon comté, dans
Portneuf, où des gens, entre autres à Saint-Casimir, ont
embauché des travailleurs qui ne possédaient pas de certificats
de classification.
M. Johnson: Est-ce que c'étaient des entrepreneurs ou des
consommateurs?
M. Pagé: Des consommateurs. Une veuve a embauché un
menuisier du village qui avait son certificat de qualification, mais n'avait
pas de certificat de classification. L'OCQ est arrivé et a poursuivi le
travailleur parce qu'il ne possédait pas son certificat de
classification, et a poursuivi le consommateur.
M. Johnson: Le consommateur?
M. Pagé: Oui. C'est ce qui explique qu'à certains
moments, M. le ministre, on ait un degré d'agressivité.
M. Johnson: II s'agit probablement que les travaux que faisait
exécuter le consommateur dont vous me parlez en faisait faire par un
propriétaire-entrepreneur. C'est-à-dire quelqu'un fait
bâtir toute sa maison on ne parle pas de réparer quelque
chose...
M. Mathieu:... $1800 en tout et partout. Elle a fait
réparer son perron.
M. Johnson: Je comprends. J'apprécierais qu'on me
fournisse les dossiers ou enfin les références et on va voir,
à fouiller, quelles étaient les infractions qu'on leur
reprochait. C'est un petit peu étonnant, parce que normalement le
consommateur est à l'abri de ça.
M. Pagé: Ce que je veux bien préciser: N'est-il pas
vrai, lorsque l'OCQ constate qu'un travailleur de la construction qui
travaille, qui loue ses services, qui a passé un contrat avec une
personne donnée, dès le moment ou l'inspection est faite par
l'OCQ, la personne qui a ainsi engagé le menuisier est
considérée comme un entrepreneur pour sa propre maison et que
c'est comme ça qu'elle est poursuivie. Il y en a des dizaines par
semaine.
M. Mathieu: Si jamais c'était un peu
amélioré, on aurait beaucoup de récriminations qui
seraient inexistantes.
M. Pagé: Même que l'amende est de...
M. Johnson: Peut-être qu'il est considéré
comme un artisan, et qu'il ne répond pas aux exigences, par ailleurs, de
l'office.
M. Pagé: Le problème n'est pas que la poursuite
soit dirigée vers le menuisier, mais vers le consommateur.
M. Johnson: C'est ça que je vous dis. Cela
m'étonne; il va falloir qu'on me montre des dossiers. Je trouve
ça extrêmement étonnant et les gens de l'office me disent
qu'ils comprennent mal le genre de situation que vous décrivez, à
moins que le propriétaire soit considéré comme un
propriétaire-entrepreneur. C'est normal qu'il soit poursuivi, parce que
c'est à titre d'entrepreneur qu'il est embauché. Mais à
titre de consommateur, c'est extrêmement étonnant.
M. Pagé: Ce serait beaucoup moins compliqué si les
services de l'OCQ vérifiaient auprès de votre procureur et
celui-ci pourrait vous le confirmer sur un simple appel
téléphonique. Vous allez voir.
M. Johnson: II faudrait avoir un cas précis. Donnez-moi un
cas, comme disait quelqu'un qu'on connaît bien.
M. Mathieu: On va vous en soumettre un, M. le ministre.
M. Pagé: On va vous le donner, contrairement à
votre réplique de l'époque.
M. Johnson: Je ne mets pas en doute le fait que ça peut
exister. J'ai dit que je voulais le voir.
Le Président (M. Laberge): Y a-t-il d'autres questions sur
le programme 4?
M. Pagé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Nous en étions à
l'étude générale des éléments?
M. Pagé: Oui. Très brièvement, M. le
Président. M. le ministre et moi avons eu un échange, hier, sur
toute la grande question de la politique de la main-d'oeuvre au Québec.
J'ai fait part au ministre que le gouvernement avait l'obligation
ça témoigne de la volonté, entre autres, de notre
formation politique, notamment de proposer éventuellement
à la population une politique de main-d'oeuvre qui sera mieux
intégrée, une politique de main-d'oeuvre qui sera plus
complète. Je ne veux pas reprendre les différents
éléments sur lesquels on a discuté hier en ce qui concerne
notamment la redistribution des revenus provenant de différentes
sources, tant du fédéral que du provincial, le ministre va
peut-être interpréter mes commentaires comme étant une
critique sévère à l'endroit des programmes que son
ministère a mis de l'avant, comme le programme PAT, le programme PIJE
et, entre autres, l'Opération solidarité économique. (15 h
30)
J'aimerais que le ministre réponde, cet après-midi,
à la grande question qui sous-tendait tout cela. Pour nous, même
si les programmes PAT et PUE, dans certains cas, peuvent atteindre des
objectifs, en termes de réalisation, en termes de projets ou de ce qui
est élaboré par le biais de ces programmes, même si
plusieurs de ces projets sont tout à fait louables, tout à fait
justifiés et répondent à des besoins dans la population,
il va de soi que la grande inquiétude que nous avons, et ce à
l'égard de quoi nous ne sommes pas d'accord, c'est que ce ne sont que
des programmes temporaires.
J'aimerais que le ministre nous fasse part des intentions du
gouvernement, à la lumière de l'expérience des programmes
temporaires; est-ce l'intention du gouvernement d'en arriver,
éventuellement, à des programmes qui pourront être mis sur
pied sur une base permanente? La grande question de la redistribution des
revenus, la grande question des politiques de soutien au revenu, est-ce qu'on
peut présumer qu'en l'année 1980, avant les élections, le
gouvernement pourra amorcer une telle politique? Comment tout cela se
fera-t-il?
M. Johnson: Bon, alors, vaste programme! M. le Président,
comme disait un certain général qui s'était fait dire
"Mort aux imbéciles!"
Essentiellement, il faut bien voir que le programme d'aide au travail,
PAT, est, en général, un programme qui se caractérise par
le fait que c'est une clientèle du bien-être social,
majoritairement, 90%, d'une part. Enfin, des bénéficiaires d'aide
sociale.
Deuxièmement, ce sont des travaux qui, a priori, ne doivent pas
être considérés comme des travaux permanents.
Troisièmement, ce sont des travaux auxquels on veut donner une
dimension de retombée dans la communauté. Par exemple,
l'aménagement d'un parc, les loisirs, les infrastructures de loisirs,
etc. Donc des choses qui ont des retombées, finalement, pour les
citoyens qui sont ceux qui paient des taxes afin de créer ces emplois.
Nous faisons beaucoup affaires, dans ce cadre très spécifique,
avec des organismes publics ou parapublics, les municipalités
évidemment.
En 1977-1978, $3 000 000 dans les programmes d'aide au travail. En
1978-1979, $4 000 000. En 1979-1980, $11 500 000. Le nombre de participants est
passé de 820, en 1977, à 2633 en 1979-1980.
M. Pagé: Donc, 2633 personnes qui ont pu trouver un
travail dans le cadre du programme d'aide au travail.
M. Johnson: C'est ça.
M. Pagé: Pour combien de semaines, en moyenne?
M. Johnson: Les programmes varient de 27 à 28 semaines,
parfois 30 semaines.
M. Pagé: En moyenne?
M. Johnson: En moyenne, ce sont 27 semaines. Dans certains cas,
c'est un an, mais la moyenne est de 27 ou 28 semaines. Effectivement, dans
certains cas, cela a fait qu'il y a eu du monde qui se qualifiait pour
l'assurance-chômage. C'est bien évident.
Le nombre de bénéficiaires d'aide sociale, pour la
dernière année, sur 2633 emplois ainsi créés, 2194
étaient des bénéficiaires d'aide sociale. Le nombre de
projets, l'an dernier était de 289. Ce sont les programmes d'aide au
travail.
Dans certains cas le député de Sainte-Marie a eu
l'occasion de le citer dans le cas de son comté il y a de ces
projets qui se transforment en emplois permanents, à cause des
ressources du milieu et à cause de l'importance qu'on accordait à
cela. Ils sont d'un ordre d'à peu près 25%, ce qui est quand
même considérable, compte tenu, encore une fois, du contexte dans
lequel ces projets sont présentés.
PUE, cependant, est un programme, lui, qui est beaucoup plus près
d'un objectif qui vise à satisfaire des besoins de création
d'emplois chez les jeunes, ce que nous évoquions, ce matin, avec le
député de Beauce-Sud. D'abord, c'est un programme nouveau et qui
a fait que, entre le mois de novembre 1979 et le 1er juin de cette
année, donc sur une période de sept ou huit mois, nous avons
engagé $22 000 000 de crédits, 5250 participants, des jeunes de
moins de 29 ans on dit moins de 29 ans plutôt que moins de 25,
dans nos séries statistiques dont un peu plus de 3200 sont des
emplois permanents.
Le nombre de projets a été de 5900 mais il faut bien
comprendre qu'un projet peut représenter un stage de trois mois, etc. La
notion de nombre de projets n'est pas pertinente, dans le cas
présent.
Le pourcentage de bénéficiaires d'aide sociale, parmi ces
jeunes qui ont été dirigés, cette fois, vers des emplois
permanents, est de 44%, dans les quatre volets principaux de ce programme,
c'est-à-dire: Qualité de vie au travail, qui est en phase
expérimentale. Il s'agit de subventionner un parc industriel, une
compagnie, etc., qui aménage des locaux, par exemple, pour que ça
profite aux travailleurs. Cela peut être même un professeur
d'éducation physique qui est engagé, pour une certaine
période de temps, pour favoriser la qualité de vie des
employés. Le...
Deuxièmement, le partage d'emplois. Cela est un programme, encore
une fois, qui, lui aussi, est expérimental dans les quinze
régions du Québec. Le jour où ça va
débloquer, ça va peut-être être intéressant,
par exemple. En somme, c'est la notion de "time sharing" qu'on retrouve dans la
littérature anglophone ou anglaise, devrais-je dire, et
américaine. Il s'agit simplement de prendre la somme des heures
libérées par une réduction de la semaine d'heures
régulières et de transformer cette somme d'heures
libérées en un emploi régulier, à temps plein ou
à temps partiel, dans certains cas. C'est cela qui est
subventionné. Et cela, ça commence. Le jour, cependant, où
ça va connaître une certaine importance, ça risque
d'être passablement intéressant, parce que ça peut
impliquer de grosses entreprises.
Les deux programmes qui ont eu le plus de succès, a
été le programme des stages où on paie un stage de trois
ans d'un jeune qui vient d'être formé ça peut faire
un bout de temps qu'il est sorti de l'école dans une entreprise,
dans un domaine donné où il fait une espèce
d'apprentissage, mais ce n'est pas dans les livres, ce n'est pas dans les devis
de main-d'oeuvre, ce n'est pas dans les devis du ministère de
l'Education. Il va dans l'usine apprendre à manipuler tel type de
machinerie, précisément.
Cela a connu un succès assez extraordinaire. Ça a
été la partie du programme qui a le mieux fonctionné
depuis six mois. Ce qui m'amène au dernier qui est ce qu'on appelle les
PPE, les petites, petites entreprises. Pour se qualifier, il s'agit d'un
chiffre d'affaires inférieur à $1 000 000, à $1 500 000,
pardon.
Il y a un exemple qui me vient en tête. Dans le Bas-du-Fleuve,
à un moment donné, il s'agissait d'aider un petit commerce de
distribution de lait à s'équiper d'un appareil de
réfrigération sur un de ses camions, ce qui coûte $4500 et
permet de créer un emploi permanent en créant passez-moi
l'expression une "run de lait" grâce à cet
appareil-là. Cela peut être un appareil à soudure
dans une entreprise comme celle que j'ai visitée en Abitibi, il y a
quelques semaines. C'est une entreprise qui fabrique des poêles à
bois qui deviennent de plus en plus répandus, d'ailleurs, comme on le
sait, à cause de la crise énergétique. Les gens qui ont
des résidences secondaires et tout cela, ou des chalets ou des camps,
ont tendance à s'acheter cela. Il y en a beaucoup qui sont faits au
Québec.
Il y a une entreprise, entre autres, en Abitibi, qui avait besoin de
deux appareils à soudure qui coûtent $4000 et ça a permis
de créer deux emplois permanents. C'est relativement pas cher et
ça permet de créer des emplois. Ça vient souvent en aide
à des entreprises d'une très petite dimension et ça aussi,
encore une fois, ça connaît un certain succès.
Fait intéressant à noter dans le cas de ces
programmes-là également: la moitié des
bénéficiaires des programmes de PIJE sont des femmes. De cela, je
suis très heureux parce que ça correspond d'ailleurs au type de
sensibilisation qu'a amené la création du bureau de la condition
féminine à l'intérieur des structures du ministère
où, indépendamment des grands projets, des grandes lancées
et des grandes législations, il s'agit simplement que la dimension
féminine, on en tienne compte dans différentes activités
du ministère. Dans le cas de PUE, on s'était fixé un
objectif, c'est-à-dire 50% et on l'a atteint.
Voilà, c'est ce que j'avais à dire sur les PAT et le PUE,
je pense que je les ai décrits. En gros, PUE vise beaucoup plus les
emplois permanents que PAT, bien que ce ne soit pas exclu dans le cas des
PAT.
Les perspectives, ce sont évidemment deux choses: le traitement
de l'ensemble des clientèles de main-d'oeuvre au Québec par les
centres de main-d'oeuvre du Québec et en ce qui a trait au
problème chronique des jeunes chômeurs. On le sait, une
intervention particulière par PIJE et qui, encore une fois, je pense qui
a connu une certaine efficacité et qui va augmenter... Les derniers
chiffres que je peux vous dire, on a dépensé, en deux mois, $15
000 000 dans le cadre de PIJE. Si on avait des ressources illimitées, je
pense qu'on pourrait en créer beaucoup d'emplois dans ce
secteur-là.
M. Pagé: Le programme est-il complété?
M. Johnson: C'est ça, on est en phase de crédits
additionnels. Ecoutez, c'est régulier, quand un programme fonctionne
bien, on s'en va voir les gens du Trésor.
M. Pagé: Quelles sont vos prévisions? Quelle est
votre demande au Trésor?
M. Johnson: Non, évidemment, je pense que le
député de l'Opposition connaît trop bien...
M. Pagé: Je voulais la passer vite, mais elle n'a pas
passé.
M. Johnson: II essaie. Disons que le ministère du Travail
et le Conseil du trésor sont en discussion depuis plusieurs semaines sur
les perspectives, mais il est très clair qu'on va injecter de l'argent
nouveau là-dedans et possiblement dans d'autres types de programmes.
Maintenant, encore une fois, un des objectifs, c'est de remplir des besoins
ressentis dans cette clientèle que sont les jeunes, dans cette partie de
la main-d'oeuvre extrêmement importante pour l'avenir du Québec
que sont les jeunes, de trouver en même temps une adéquation entre
les exigences du marché du travail et la difficulté d'entrer en
emploi par ce phénomène de la subvention du stage qui a
été très efficace.
Un autre aspect qui, celui-là, est une vocation bien
particulière, c'est ce que j'appellerais le travail dur, "la job"
je n'ose pas employer l'expression qu'on emploierait peut-être dans
d'autres circonstances difficile que doivent faire les centres de
main-d'oeuvre qui est, dans la mesure du possible, de placer en priorité
les bénéficiaires d'aide sociale. Mais, il est bien
évident qu'on ne peut pas avoir une politique de main-d'oeuvre qui n'est
basée que là-dessus. Mais c'est clair que le gouvernement
fédéral, dans ses centres d'emploi et d'immigration-Canada, a
tendance à favoriser sa clientèle de chômeurs pour baisser
le déficit de la caisse fédérale
d'assurance-chômage. Tandis que le Québec est aux prises avec tous
ceux qui, au bout d'un certain temps durant lequel ils reçoivent des
prestations, deviennent bénéficiaires du bien-être social.
On n'a pas les moyens que les fédéraux ont dans ce
secteur-là.
M. Pagé: C'est votre clientèle cible?
M. Johnson: Pardon.
M. Pagé: C'est votre clientèle cible?
M. Johnson: Quoi? Les bénéficiaires d'aide sociale,
c'est, entre autres... D'abord, cesser l'augmentation des
bénéficiaires d'aide sociale serait déjà un
succès. Le taux d'augmentation des bénéficiaires d'aide
sociale au Québec est absolument bouleversant. Je ne peux pas le donner
en pourcentage, mais je l'ai vu en chiffres absolus tout récemment. Cela
augmente à coups de dizaines de milliers de nouveaux inscrits sur les
listes du bien-être social. Ce n'est pas parce qu'on veut, c'est parce
qu'il y a un problème de chômage chronique et qu'une fois que tu
as passé tes prestations du fédéral, tu t'en vas
où? Tu t'en vas sur le bien-être. Il faut essayer de faire quelque
chose dans ce domaine-là. C'est ce qu'on fait par des programmes comme
ceux-là.
Finalement, le service de placement étudiant, toujours dans le
placement, le secteur privé, on aura placé cet été
facilement 10 000 étudiants au coût de $5 000 000
approximativement et dans le secteur public, c'est-à-dire les
différents réseaux, les programmes spéciaux
gouvernementaux, à peu près 8000, mais à un coût
beaucoup plus élevé cette fois-ci parce que la participation
est
entière, évidemment. Dans le secteur privé, on paie
une partie, dans le secteur public on le paie en entier, alors c'est deux fois
plus, $10 000 000. alors, $15 000 000 dans le placement étudiant pour
l'été.
Est-ce qu'on pourrait suspendre deux minutes?
Le Président (M. Laberge): Alors la séance est
suspendue pour quelques minutes.
Suspension de la séance à 15 h 45
Reprise de la séance à 15 h 52
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Mesdames, messieurs, nous allons reprendre les travaux de la commission
parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre ayant le mandat de faire
l'étude des crédits du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
Je pense que c'est le député de Portneuf qui... M. le
ministre, vous aviez terminé votre commentaire, je pense.
M. Johnson: Je pense que j'ai fait le tour: PUE, PAT et
Perspective.
M. Mathieu: On était rendu à Placement
étudiant.
M. Johnson: Oui.
Le Président (M. Laberge): Une question, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Dans le Placement étudiant, le fait que
l'employeur ne puisse pas choisir le stagiaire, voici la conséquence. A
mon bureau, chaque année, j'emploie un stagiaire, un type qui a deux
ans, trois ans de droit et, évidemment, ils sont très
désireux de venir faire un stage qui n'est pas obligatoire, remarquez
bien. La loi ne prévoit nulle part un stage obligatoire, mais on sait
que c'est bénéfique. Je suis bien prêt à en prendre
un par année, mais pas prendre n'importe qui. Par exemple, un jeune
d'une paroisse voisine m'a fait une demande au mois de décembre, janvier
et si je suis le processus du ministère, je ne sais pas trop ce qui se
passe, mais l'employeur n'a pas le droit de choisir son stagiaire. Est-ce que
je suis dans l'erreur?
M. Johnson: Oui et non. Il y a un choix qui peut être
exercé; cependant, ce n'est pas le choix absolu de l'employeur. Le
Centre de la main-d'oeuvre du Québec réfère trois
candidats et c'est parmi ces candidats que doit choisir l'employeur, s'il veut
être admissible aux subventions. Cela provient de la conception suivante
du Placement étudiant: le Placement étudiant n'a pas vraiment
comme objectif de permettre à des entreprises de réaliser des
gains insoupçonnés en se faisant subventionner des emplois
qu'elles auraient accordés de toute façon parce qu'elles ont
besoin de travailleurs temporaires l'été. Le programme de
Placement étudiant est là pour permettre à des
étudiants de se faire un revenu pendant l'été par
l'emploi. Or, on a attaché la subvention non pas à l'employeur,
mais au travailleur, ou à l'étudiant. On dit aux
étudiants: Vous venez donner votre nom au Centre de main-d'oeuvre. On
fait une répartition en fonction de différentes unités
géographiques, tant de distance d'un village à un autre, etc., et
on a morcelé le territoire. Les étudiants s'inscrivent au fichier
central informatique et, quand un employeur demande un étudiant, on pige
dans la banque et on donne une chance égale. Il y a 100 000
étudiants inscrits et on sait qu'il y a de la place pour à peu
près 20 000 dans nos programmes. On a une chance sur cinq. Avant, le
système n'était pas comme cela. L'employeur trouvait un
étudiant qui pouvait être son fils, son frère, qui pouvait
être un jeune homme du coin, une jeune fille du coin qu'il connaissait,
et il allait au Service de placement étudiant et disait: Pourriez-vous
subventionner son stage? Ce n'est pas cela qu'on fait maintenant. On dit:
L'employeur va prendre les candidats qu'on lui réfère, mais on va
lui donner un choix quand même. On lui réfère trois
candidats et il va prendre le meilleur des trois candidats qu'il
reçoit.
Sans compter qu'il a un droit de rappel, je m'excuse, j'oubliais et on
me le souligne, pour la deuxième année. Si un employeur a fait
affaires avec le Service de placement étudiant l'an dernier et qu'il a
engagé un étudiant de secondaire V, l'année suivante,
alors que l'étudiant est à l'été de son CEGEP 1, il
peut le rappeler et il va être subventionné même si c'est le
même candidat. C'est quelque part entre les deux, au fond.
M. Mathieu: Une personne qui a un stagiaire dans une étude
de notaire, s'il arrive un jeune qui est peintre ou autre chose, ça n'a
aucune utilité.
M. Johnson: Disons que l'exemple du notariat bien que je
comprenne qu'il s'applique particulièrement au député
n'est peut-être pas un bien bon exemple; le stage de notariat est
considéré comme un complément intéressant,
même s'il n'est pas une exigence de la corporation, si je ne me trompe,
pour ce dont vous parlez. Mais, dans le fond, j'aurais presque le goût de
vous dire: Vous, comme notaire, est-ce que vous avez besoin d'un stagiaire,
l'été, pour faire je ne dirais pas le "court run"
ce qui se fait dans les bureaux de notaire?
M. Mathieu: II me retarde plus qu'il ne m'aide en
réalité.
M. Johnson: Pour tenir un plumitif quelconque ou je ne sais
trop?
M. Mathieu: II me retarde plus qu'il ne m'aide, mais il y a une
certaine responsabilité sociale.
M. Johnson: Ma réponse à ça est qu'il vous
appartient peut-être, comme membre d'une corporation professionnelle de
longue date et qui a acquis ses notes de noblesse il y a bien longtemps, de
faire votre part pour la perpétuation de la profession en aidant un
jeune et de continuer de le faire, sans compter sur les deniers de l'Etat pour
le faire.
Ce qu'on veut surtout, c'est aider l'étudiant, en gros le
non-spécialiste parce qu'il y a ce problème aussi
et, dans le cas des spécialisés, de dire: On va en trouver un
spécialisé. Si quelqu'un nous demande un étudiant en
informatique, deuxième année, on peut le lui fournir; on va lui
référer un seul candidat et on va lui donner une subvention de
$200 ce qui n'est pas énorme c'est l'équivalent
d'une semaine de salaire, à toutes fins utiles. Mais s'il nous demande
un étudiant et dit: n'importe lequel, le travail que j'ai à
faire, je peux le lui apprendre rapidement; s'il en a besoin de trois, il peut
avoir une subvention qui va jusqu'à $400 par étudiant et si, en
plus de ça, l'année précédente, il avait
déjà créé un emploi et qu'il crée un emploi
additionnel, il va avoir $600 pour l'emploi additionnel qu'il crée.
C'est toute une série de mesures incitatives auprès des
employeurs; ça nous a pris deux ans à les habituer à la
notion de référence de candidats spécifiques, mais ils
peuvent vivre avec, la preuve c'est que, cette année, on va en placer 10
000 dans le secteur privé. C'est assez extraordinaire comme
succès, je pense.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Avant de compléter ces programmes,
j'aurais presque envie de poser une question au député de
Beauce-Sud. Je ne sais pas si le règlement me le permet.
M. Johnson: Non!
M. Pagé: Si le règlement me l'avait permis, M. le
Président, je lui aurais demandé s'il avait stipulé comme
critère, pour son stagiaire à son bureau, qu'il faille être
de même allégeance politique que lui. Peut-être que
l'ordinateur en aurait sorti, parce que je présume que l'ordinateur a
peut-être ça comme critère, possiblement, à savoir
ceux qui sont d'un côté, ceux qui ne le sont pas!
M. Johnson: Vous parlez du côté de la
rivière? M. Pagé: Non!
M. Johnson: De quel côté parlez-vous? M.
Pagé: Du côté de la table ici.
M. Johnson: Est-ce qu'on parlait de couleur politique comme
critère de référence?
M. Pagé: Non, je demandais si, lui, il avait mis ça
dans ses critères.
M. Johnson: Bon, disons que ce n'est pas dans nos critères
à nous.
M. Pagé: Non, bon!
M. Johnson: Cela l'a déjà été,
à l'époque des libéraux, on le sait, c'est comme ça
que marchait le placement étudiant, il y avait un ministre d'Etat au
placement étudiant; imaginez-vous ce que ça faisait, un ministre
d'Etat au placement étudiant...
M. Pagé: II s'occupait de la main-d'oeuvre, il faisait un
bon travail.
M. Johnson: II administre $3 000 000 par année et il
faisait du patronage dans les bureaux de comté.
M. Pagé: Combien d'emplois étudiants ont
été créés en 1976, par rapport à 1980?
M. Johnson: Cette année, ça va être
supérieur à 1976.
M. Pagé: L'année 1979, par rapport à cette
année?
M. Johnson: En 1979...
M. Pagé: Pourriez-vous sortir un tableau avant la fin de
la séance, oui?
M. Johnson: Oui, je les ai, je vais vous faire ça avec
plaisir à part ça.
En 1979, les emplois gouvernementaux: 6600; les emplois dans le secteur
privé: environ 7000.
M. Pagé: Pour 1979. Pour 1976?
M. Johnson: Pour 1976: 7233.
M. Pagé: Ce qui fait un peu plus de 13 000?
M. Johnson: C'est ça et, cette année, on s'achemine
allègrement vers 18 000.
Excusez-moi; pour 1976, je ne l'ai malheureusement pas ici, mais j'ai eu
l'occasion de faire des comparaisons, lors des derniers crédits, et ce
n'était pas défavorable au service actuel. (16 heures)
M. Pagé: Vous croyez?
M. Johnson: A moins que je me fie sur vous pour nous produire un
tableau...
M. Pagé: On pourra vous en produire un. M. le
Président, ma dernière question concernant tous ces programmes.
Le ministre a fait allusion au programme PUE et au programme PAT. Est-ce que
celui-ci pourrait s'engager à déposer la ventilation des
programmes, c'est-à-dire le nombre de programmes qui ont
été acceptés par région, le nombre d'emplois
créés par région?...
A ma connaissance, il serait peut-être possible d'avoir la
même ventilation par comté.
M. Johnson: Par quoi?
M. Pagé: Par comté. Donc, le nombre de demandes par
comté et le nombre d'acceptations, les projets acceptés, le
nombre d'emplois créés, les périodes, les budgets,
etc.
M. Johnson: Le budget dans le cas du programme PAT est
attribué sur une base régionale, alors, les régions
administratives que l'on connaît et qui sont celles du ministère
et du gouvernement, de façon générale.
Deuxièmement, les décisions sont prises au niveau
régional et c'est une des marques, soit dit en passant, de ces
programmes. C'est un système décentralisé de
décisions. Il est très rare qu'un projet fasse l'objet d'une
considération au niveau de la direction du ministère, les deux
exceptions étant, de temps en temps, un député qui
manifeste un intérêt particulier pour quelque chose, et cela
oblige celui qui vous parle à faire le tour de cela. C'est
déjà arrivé et c'est parfaitement légitime.
M. Pagé: Ce qui est légitime.
M. Johnson: D'autre part, les projets de plus de $75 000 sont
approuvés centralement. Pour tous les autres, la décision est
prise dans les régions, c'est-à-dire qu'on veut que ce soient les
gens près du monde. Encore une fois, c'est l'appareil gouvernemental qui
les prend, avec ses consultations, ses connaissances, etc.
Dans le cas de PUE, la ventilation n'est pas régionale;
c'est-à-dire que l'attribution du budget ne se fait
nécessairement sur une base régionale, dans les différents
volets de PIJE, parce que cela varie d'une entreprise à l'autre,
évidemment.
Par exemple, si je prends le secteur de la Beauce, où on sait
qu'il y a beaucoup de moyennes et de petites entreprises, il y en a beaucoup
qui, normalement, devraient se qualifier pour le volet IV. Si je prends une
région essentiellement agricole, il y en a très peu qui vont se
qualifier pour le volet IV. En termes budgétaires, on ne le fait
pas.
Après coup, cependant, les bilans, nous pourrons sûrement,
éventuellement, les faire sur une base, par comté. Ce n'est pas
impossible. Une fois que l'argent a été octroyé et
dépensé, on n'a qu'à prendre les adresses. Maintenant,
comme compilation, je ne sais pas exactement ce que cela représente. Je
pourrai voir ce qu'on peut faire de ce côté-là.
M. Pagé: Sans que ce soit distribué à tous
les membres de l'Assemblée nationale, est-ce que, au moins, cela
pourrait être distribué aux membres de la commission parlementaire
du travail et de la main-d'oeuvre?
M. Johnson: Oui, et peut-être à ceux qui en feront
la demande, individuellement, selon leur comté, si on peut leur
accorder.
D'ailleurs, normalement, le député devrait le savoir,
parce que je me fais toujours un devoir et un plaisir de faire parvenir
à tous mes collègues, de part et d'autre de la Chambre, une
petite note qui est une photocopie de l'arrêté en conseil du
Conseil du trésor, qui avise le député du comté
qu'une subvention a été accordée dans son
comté.
Normalement, vous les avez toutes. Le bilan, théoriquement, vous
pourriez tous le faire dans vos comtés.
M. Pagé: Oui, mais cela n'exclut pas la possibilité
que vous déposiez la liste quand même?
M. Johnson: De faire, éventuellement, un bilan complet. Je
ne l'exclus pas.
M. Pagé: Cela nous permettrait de comparer.
A la lumière des représentations qui ont été
faites, d'ailleurs le ministre semble indiquer que le programme PUE et le
programme PAT ont été bien reçus de la part des
intervenants du milieu. Selon les demandes recueillies, les estimations du
ministère, est-ce qu'il sera possible de répondre
adéquatement, avec les budgets qu'on a? A quel pourcentage des demandes
ainsi formulées?
M. Johnson: Le pourcentage avec le budget actuel?
M. Pagé:... des demandes formulées ou de ce
que...
M. Johnson: Oui, mais cela dépend, si on prend... C'est
bien difficile, parce que cela dépend si on prend la dernière
année financière ou si on prend le chevauchement de la
dernière année financière jusqu'au 1er juin. Cela
dépend si on prend PIJE ou PAT.
Dans le cas de PAT, par exemple, je peux vous dire qu'on a eu pour $17
000 000 de demandes, alors qu'on avait $10 000 000 de crédits
disponibles. Ce qui ne veut pas dire que, dans les $17 000 000, tout
était admissible. Disons qu'on peut présumer, au départ,
qu'il y en avait sûrement pour $13 000 000 ou $14 000 000 d'admissibles.
Nous avions $10 000 000 de budget.
Dans le cas de PUE, on n'a pas de chiffre. Tout ce qu'on sait, c'est
qu'en trois mois, on a dépensé notre budget annuel. Alors, cela
nous donne un bon indice qu'il y avait vraiment un besoin de ce
côté-là. Mais il faut trouver les ressources.
M. Pagé: II faudrait sûrement $15 000 000
additionnels pour les deux programmes.
M. Johnson: II faudrait quelques millions additionnels pour les
programmes.
Le Président (M. Laberge): Le programme 4?
M. Pagé: Formation professionnelle des adultes, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Alors, l'élément
4.
M. Pagé: Nous avons parlé, M. le ministre, en
dehors des travaux de la commission, pendant que vous étiez au
téléphone, du problème particulier soulevé à
l'égard des comités paritaires, à l'égard de la
formation, à l'égard du contrôle de la qualification dans
ces comités paritaires. Est-ce que le ministère entend adopter
des mesures particulières cette année, entre autres, à
l'égard des comités paritaires qui évoluent dans le
domaine de l'automobile et qui ont le contrôle de la qualification par
les examens qu'ils font passer pour les mécaniciens et tout? Quelles
sont vos intentions là-dessus?
M. Johnson: D'accord. Alors, deux choses dans le secteur des
comités paritaires quant à la qualification. D'abord,
l'avènement d'énergie d'orientation et une impulsion assez
nouvelle au secteur des décrets au ministère, entre autres, avec
la venue de M. Morisset comme directeur. Un premier bilan nous a permis de
constater que, pour beaucoup de comités paritaires, il y a des
problèmes d'administration et de gestion, même, dans certains cas,
peut-être, carrément d'incompréhension de certains des
règlements du ministère. C'est complexe. Je pense qu'on a 3000
pages de règlements au ministère du Travail et de la
Mam-d'Oeuvre. Cela comprend les inspections diverses, etc.
Il y a d'abord un travail de formation à faire au niveau des
comités paritaires carrément qui, historiquement, finalement, ont
parfois joué des rôles essentiellement de percepteur de taxes et
d'application de conventions collectives. Or, si on veut dynamiser cela, il
faut, sur le plan administratif, resserrer un peu tout cela. C'est ce qui est
en train de se faire avec la collaboration, je l'espère, de l'immense
majorité des comités paritaires.
Deuxièmement, dans le cas du secteur automobile, il y a, depuis
maintenant à peu près six mois, à ma demande, suite
à des demandes qui nous ont été adressées par
plusieurs députés et suite à des pressions du milieu, un
comité conjoint patronal-syndical qui siège et qui étudie
spécifiquement les problèmes de formation dans le secteur
automobile. Je pense que c'est cela l'avenir dans tous les secteurs
d'activités et de main-d'oeuvre, que les intervenants s'assoient et en
discutent.
M. Pagé: Est-ce qu'il demeure dans les intentions du
gouvernement de laisser le contrôle de la qualification sous la
juridiction des comités paritaires eux-mêmes en ce qui concerne,
notamment les promotions de classe?
M. Johnson: Dans la mesure où le gouvernement sera
assuré, dans le cadre d'une politique de main-d'oeuvre qui devra
s'étendre à l'ensemble des secteurs d'activités, qu'il n'y
a pas de discrimination et dans la mesure où on pourra s'assurer que la
qualification ne sert pas à des intérêts
individualisés. Je pense qu'on se comprend très bien
là-dessus. Particulièrement, comme les deux députés
d'en face sont membres de corporations professionnelles, ils comprennent que,
dans certains cas, les comités paritaires ont tendance à jouer
à l'égard des travailleurs un peu le rôle que certaines
corporations professionnelles jouent à l'égard de leur propre
secteur par une forme de contingentement indirect dans les examens où on
limite l'accès à la profession.
De ce côté-là, il faut avoir des mécanismes.
Il y aura toujours une forme de contingentement par la qualification dans une
société normale, mais il ne faut pas que cela devienne un outil,
finalement, de contingentement, pour strictement protéger les
intérêts économiques d'un petit groupe. Il faut qu'il y ait
des principes généraux qui s'appliquent à cela. Et si
difficile que cela ait été dans le secteur de la construction
d'en trouver, il faudra, au fur et à mesure du développement
d'une politique de main-d'oeuvre au Québec, trouver des moyens, des
références, des balises de principes dans le secteur du
contrôle de la qualification.
M. Pagé: Le comité conjoint dont fait état
le ministre en ce qui concerne l'automobile va rendre son rapport vers quelle
date? Est-ce qu'il y avait un délai? Est-ce qu'il y avait un
échéancier? Qu'est-ce qu'il y avait?
M. Johnson: II n'y avait pas d'échéancier
particulier. Je ne me souviens pas de leur avoir donné un
échéancier particulier. Je n'avais pas d'échéancier
particulier qui avait été accordé au comité. Dans
le fond, si les parties sont assises à une même table et ont un
intérêt commun, elles vont trouver leur rythme et tant mieux, leur
rythme sera le nôtre. Il n'y a rien comme une entente entre les parties
à ce niveau. C'est parfait. Alors, si elles pensent qu'elles peuvent
faire le tour de ces problèmes en l'espace de quelques semaines, tant
mieux. Si elles pensent qu'il faut prendre quatre, six, sept ou huit mois,
elles prendront quatre, sept, huit mois.
M. Pagé: Je voudrais porter à votre attention,
avant qu'on passe à un autre sujet, le fait que j'ai reçu des
plaintes de mécaniciens qui, dans la région de Montréal,
se sont présentés à des examens de promotion de classe et
qui m'ont signalé que les examens portaient sur des réparations
de véhicules qui, bien souvent, ne sont plus en circulation.
M. Johnson: Des Edsel.
M. Pagé: Des Edsel ou des Studebaker 1957 ou 1958. Alors,
imaginez-vous le pauvre étudiant ou le gars qui travaille comme
mécanicien sur des catalyseurs, sur des climatiseurs ou des choses du
genre, qui arrive à un examen du comité paritaire comme promotion
de classe et que l'examen porte sur le moteur à gaz d'une Studebaker
1957. Imaginez-vous qu'il ne passe pas. Ce que j'ai fait, comme
député, je me suis adressé au directeur du comité
paritaire. J'ai envoyé une lettre, qui avait peut-être un ton
sévère, mais commandait nécessairement une réponse.
Je me suis dit que si je
m'étais trompé et si les allégations des
étudiants parce qu'il n'y en avait pas qu'un seul
n'avaient pas été complètement fondées, je
recevrais probablement une réponse. Je n'en ai même pas eue.
Alors, je voudrais porter ça à votre attention.
Je me permets de signaler le cas ici autour de la table ce matin. Je
voudrais que le ministre, si possible, par le biais de ses services voie
à la possibilité de s'enquérir auprès du
comité paritaire de l'automobile de Montréal pour s'assurer que
les examens portent effectivement sur le genre de véhicules sur lesquels
ces mécaniciens qui se présentent pour une promotion de classe
sont susceptibles de travailler. C'est une façon tout à fait
subtile de contingenter et de bloquer. Si c'est fondé je ne vous
dis pas que c'est fondé; je n'ai pas passé l'examen c'est
discriminatoire, subtil et inacceptable.
M. Johnson: II se peut aussi qu'il n'y avait pas de budget pour
acheter une Mercury.
M. Pagé: Non, ce sont des examens sur des textes.
M. Johnson: Sur des textes. Je pensais que c'était sur un
moteur.
M. Pagé: Par surcroît.
M. Johnson: D'accord, je peux sûrement prendre l'engagement
d'essayer de vérifier, auprès du comité paritaire de
l'automobile de Montréal, ce qui se passe dans le cas de ces examens
concernant des voitures qui ne sont plus en service. Si c'est vrai...
M. Pagé: ... limiteraient l'accès.
M. Johnson: Qui limiteraient de ce fait, l'accès. C'est
peut-être un vieux mécanicien qui faît l'examen... Une
Packard.
M. Pagé: A l'élément 6, M. le ministre, on
demande l'adoption de $28 000 000 pour le programme PAT?
M. Johnson: PUE et PAT; c'est l'accumulation des deux.
M. Pagé: D'accord. En quoi l'élément 7
diffè-re-t-il du 6?
M. Johnson: L'élément 6, c'est l'approbation du
Conseil du trésor pour crédits pour la réalisation de
projets favorisant l'emploi des jeunes et des bénéficiaires
d'aide sociale. C'est PAT et PIJE. Provisions pour augmenter, avec
l'approbation du CT, tout crédit pour la réalisation des projets
favorisant l'emploi d'étudiants. Alors c'est le programme de placement
étudiant qui figure ici à $3 000 300, mais on est rendu à
$5 000 500, déjà. Le ministre des Finances a annoncé la
semaine dernière qu'on avait $2 000 000 de plus sur ce projet, parce que
c'est un succès.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que ça
répond à toutes les questions sur le programme 4? Le programme 4
est adopté dans ses six éléments.
Allocations de maternité
Je passe au programme 5: Allocations de maternité. Est-ce que ce
programme est adopté ou s'il y a des questions? (16 h 15)
M. Pagé: Très brièvement, M. le
Président, en quoi le ministre peut-il expliquer la diminution du
budget, d'une part? D'autre part, on se rappellera qu'en février on
avait été obligé d'adopter un projet de loi particulier
pour régulariser une situation qui n'avait pas été
prévue dans une loi précédente si ma mémoire
est fidèle et j'aimerais que le ministre nous informe si les
objectifs recherchés par la loi qu'on a adoptée en février
ont été atteints et si cela est réglé.
M. Johnson: C'est-à-dire deux choses: sur le plan de la
location, oui, on a eu des problèmes administratifs au début avec
des retards qui pouvaient aller jusqu'à trois mois pour l'envoi du
chèque qui étaient reliés à deux choses; d'une
part, le rodage du système dans la première année, et,
deuxièmement, la difficulté d'obtenir les données je
ne veux pas dire que c'est à cause du fédéral, mais
ça l'est des centres de main-d'oeuvre du Canada. Pour savoir si
quelqu'un est en emploi, et si quelqu'un est admissible au programme
d'assurance-chômage fédéral qui est une des conditions de
l'ordonnance 17, il s'agit de savoir si, effectivement, il
bénéficie du programme fédéral. Or, le programme
fédéral est classé sur bandes informatiques et cela peut
prendre jusqu'à littéralement des semaines, pour ne pas dire des
mois, avant qu'on obtienne les données du fédéral. La
moyenne, c'était huit semaines, malgré mes appels
répétés auprès de mes collègues. Il faut
dire qu'il y a eu deux élections au fédéral dans l'espace
de neuf mois, ce qui n'a pas aidé. Il y a eu trois ministres
différents dans l'espace d'un an et demi, cela a fait que, malgré
les interventions que j'ai pu faire auprès de mon collègue
fédéral, cela ne s'est pas amélioré beaucoup
pendant un bout de temps. Maintenant, cela va un peu mieux. La moyenne de temps
est moins longue.
Les prévisions que nous avons pour 1980-1981, c'est 35 000
bénéficiaires, c'est-à-dire 35 000 femmes au travail
comparativement à 37 500. Ce sont des prévisions... S'il y a une
chose qu'on ne contrôle pas, c'est bien la natalité.
Le Président (M. Laberge): Pas de question. Programme 5,
adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Pagé: M. le Président, avant d'amorcer
l'étude du programme 6, est-ce qu'on pourrait suspende trois ou quatre
minutes?
Le Président (M. Laberge): Parfait. La commission suspend
ses travaux pour quelques minutes.
Suspension de la séance à 16 h 18
Reprise de la séance à 16 h 24
Sécurité au travail et dans les lieux
publics
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons nos travaux et nous attaquons le programme no 6:
Sécurité au travail et dans les lieux publics, qui concerne les
services d'inspection, je crois.
M. Pagé: M. le Président, je demanderais au
ministre immédiatement s'il a eu l'occasion, ce matin, de
répondre aux questions relatives à l'Office de la construction du
Québec et des 620 employés de là-bas qui sont en
grève. Est-ce qu'il a eu l'occasion de faire le point sur le conflit?
Est-ce qu'on peut espérer que les inspecteurs et que ceux qui ont la
responsabilité de voir à la sécurité sur les
chantiers de construction reviendront au travail pour faire leur boulot et ce,
dans quel délai? Je crois bien que le délai souhaité est
le plus bref délai possible. Est-ce que le ministre pourrait nous donner
une indication de ce qu'il prévoit? On se rappellera que le ministre des
Finances, la semaine dernière, nous avait indiqué qu'il y aurait
peut-être encore un petit bout de chemin à faire de la part du
Conseil du trésor. Est-ce que le bout de chemin a été
fait? Est-ce que l'honorable ministre des Finances entend défaire le
noeud qu'il a fait dans le cordon de sa bourse? Ce sont toutes des questions
qu'on se pose aujourd'hui.
M. Johnson: M. le Président,...
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Johnson: ... il y a en effet une grève à
l'Office de la construction qui affecte l'ensemble de ses employés
à l'exception des cadres, c'est-à-dire ses employés
syndiqués. Elle affecte, entre autre, les inspecteurs qui sont
chargés de la sécurité sur les chantiers,
c'est-à-dire des constats. Essentiellement, ils ne sont pas
chargés de la sécurité telle quelle. Ils sont
chargés des constats. C'est cela et du contrôle des dispositions
de sécurité, les infractions. Cette grève tourne autour
d'une réouverture de la convention collective sur la question des
salaires et c'est le seul objet en litige. Le syndicat a décidé
de faire la grève dans un contexte où il a adopté une
position qui démontrait un écart important avec la position
patronale, tant sur le montant que sur la forme du versement de ce montant. Le
ministère du Travail, au niveau de ses services de conciliation, est
évidemment à la disposition des parties, mais il ne faut pas
quand même... C'est toujours une situation un peu délicate quand
il s'agit d'un organisme du secteur parapublic, d'autant plus que cet
organisme, en vertu de la loi, relève du ministre du Travail.
Juste pour simplifier les choses, en tant que ministre tuteur de
l'office, je dois être sensible aux revendications de la direction de
l'office et du syndicat comme ultime courroie de transmission de l'employeur
auprès du Trésor. En même temps, nos services de
conciliation essaient de faire ce qu'ils peuvent dans les circonstances
où il n'y a pas vraiment beaucoup d'objets qui sont en litige, mais
essentiellement un objet quf est une question salariale.
Je sais que le Trésor a eu l'occasion d'être saisi des
analyses faites par les représentants de l'office à la table
quant à leur mandat, mais qu'on est dans une situation, à ce
jour, où il n'y a pas eu d'autres rencontres.
M. Pagé: Depuis la grève du lundi 2 juin, il n'y a
pas eu d'autres rencontres?
M. Johnson: Non, il y a eu rencontre la dernière fois le
30 mai ou quelque chose comme cela.
M. Pagé: Est-ce que d'autres sont prévues? Est-ce
que les conciliateurs ont rencontré les parties? Est-ce qu'ils ont
rappelé les parties?
M. Johnson: II y a un conciliateur au dossier. Il tentera de
naviguer à travers tout cela. Vous savez que ce n'est pas un
problème de poire en deux, exactement, ce serait trop simple. D'autre
part, il faut bien comprendre que, sous-jacent à cela, il y a une autre
question qui, elle, n'est pas tranchée et qui le sera, je
présume, dans les mois à venir, qui est la question du statut des
inspecteurs, compte tenu de l'intégration possible ou
hypothétique de ceux-ci à la Commission de la santé et de
la sécurité. Mais disons que cela ne devrait pas être en
litige en ce moment; c'est une question de salaire, de savoir quel est le
pourcentage de salaire et combien va être versé ou pas en
forfaitaire. C'est cela le fond du litige. Ce n'est pas bien
compliqué.
M. Pagé: Quels sont les services qui sont donnés
par l'OCQ dans le moment?
M. Johnson: En matière de sécurité, on
répond effectivement aux appels avec les cadres. Jusqu'à
maintenant, rien de majeur ne s'est produit, encore une fois. Les contrats
d'infractions se font à mesure qu'ils peuvent se faire dans les
circonstances. Pour le placement, l'informatique fonctionne. Il y a des cadres
encore une fois qui répondent aux appels. Les avantages sociaux, de
toute façon c'est essentiellement des analyses sur papier et des
décisions qui impliquent l'informatique également, qui sont
prises également par les cadres.
M. Pagé: Les paies de vacances.
M. Johnson: Au niveau de la paie de vacances, la première
étape de l'émission des chèques devrait être
terminée... Bien, c'est terminé depuis midi, aujourd'hui, 11
juin. (16 h 30)
M. Pagé: D'accord, à l'égard de l'OCQ.
Le Président (M. Laberge): Cela va. Pas d'autres questions
sur l'OCQ?
M. Pagé: II y en a d'autres sur les services d'inspection
du ministère. Ce n'est pas juste l'OCQ, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Parfait, on continue.
M. Pagé: Le ministre a quasiment répondu à
ma deuxième question: Quelles sont les prévisions du ministre du
Travail à l'égard de l'intégration possible des services
d'inspection du ministère du Travail, les services d'inspection
généraux qui seront mis sur pied en vertu de la Commission de
santé et de sécurité au travail? J'aimerais que celui-ci
nous fasse part du degré d'évolution du dossier, des
recommandations qu'il a faites en tant que ministre du Travail et à quel
moment on peut prévoir que cette question-là sera
considérée comme réglée ou, tout au moins,
aura-t-on une réponse définitive? Je constate que les
crédits à voter sont de $23 000 000 dont $20194 000 pour
l'application des règles de sécurité; est-ce à dire
qu'on prévoit, d'ici au 31 mars 1981, que les services d'inspection
seront toujours sous la juridiction du ministère du Travail?
Voilà l'ensemble de mes questions.
M. Johnson: Effectivement, le dossier est, à cette date,
là où il était il y a environ trois semaines. Le dernier
rapport que j'avais remonte à trois semaines. Nous avons 136 effectifs
à l'inspection du travail au ministère. La commission
nouvellement créée veut se les accaparer, postes et personnes
inclus dans certains cas. Le ministère, cependant, devra continuer, quoi
qu'il advienne, à faire certains types d'inspection qui sont
reliés à d'autres lois qui n'ont rien à voir avec la
santé et la sécurité...
M. Pagé: Oui.
M. Johnson: ... ce peut être, par exemple...
M. Pagé: Le tourisme.
M. Johnson: ... les monte-pentes, les installations
électriques, etc. Il y a un problème très concret de
transfert d'effectifs quant au nombre qui est souhaitable; encore une fois,
quand on parle des effectifs, il y a des inspecteurs, mais il y a aussi tout le
personnel de soutien avec cela, les secrétaires, les
réceptionnistes, les agents de bureau, etc. Ce sont des choses qui sont
en cours et qui sont discutées, entre autres, au Conseil du
trésor, où les experts en gestion du ministère, de la
commission, du Conseil exécutif et du Trésor essaient de trouver
des solutions à tout cela, l'objectif étant de permettre à
la CSST d'être la mieux équipée possible à plus
court terme possible. Mon collègue du Développement social pourra
vous en entretenir durant ses crédits, probablement. D'autre part, le
ministère doit continuer de répondre à certains types
d'inspection en vertu des autres lois, tout cela dans le cadre d'une politique
qui fait qu'on ne dépense pas, qu'on ne lance pas l'argent par les
fenêtres parce que, après tout, ce n'est pas notre argent, c'est
l'argent du monde.
M. Pagé: Sur les effectifs de 136 personnes, qui sont
directement responsables des inspections...
M. Johnson: Au ministère du Travail.
M. Pagé:... au ministère du Travail, j'aimerais
connaître le pourcentage... J'accepte qu'un inspecteur ne couvre pas
toujours nécessairement les questions d'hôtellerie, des questions
de monte-pentes et des questions d'hôtel, mais quel est le pourcentage de
ces employés qui demeureraient sous la juridiction du ministère
du Travail une fois que l'intégration à la Commission de
santé et de sécurité aura été faite?
M. Johnson: C'est l'arbitrage qu'il faut faire. M.
Pagé: II n'est pas fait?
M. Johnson: C'est ce qui est en discussion au Trésor.
M. Pagé: Est-ce à dire que vous avez
accepté?
M. Johnson: C'est la réconciliation des positions
administratives des deux organismes.
M. Pagé: D'accord. C'est donc dire que vous avez
accepté le principe de l'intégration à la Commission de
santé et de sécurité?
M. Johnson: Oui, c'est fait...
M. Pagé: C'est fait?
M. Johnson: ... depuis le mois de décembre.
M. Pagé: II reste à savoir comment cela va se
faire.
M. Johnson: Les services d'inspection du travail seront
centralisés à la CSST. Il reste à savoir dans quelle
mesure le ministère du Travail, lui, va conserver des effectifs pour les
fins de l'application des autres lois.
M. Pagé: Strictement pour ma gouverne, est-ce qu'un
service comme celui qui était chargé de faire des inspections sur
les travaux électriques ira
à la Commission de la santé et de la
sécurité ou si cela restera au ministère?
M. Johnson: Normalement, cela devrait rester au ministère.
En fait, pour les fins du journal, c'est peut-être évident pour
nous autres, parce que c'est la loi des installations électriques qui,
elle, n'est pas la Loi sur la santé et la sécurité du
travail. Il va falloir que quelqu'un applique la loi des installations
électriques.
Le but de la loi des installations électriques, ultimement, c'est
un but de sécurité publique. Mais son objet, cependant, c'est le
contrôle quant à l'installation...
M. Pagé: Plus immédiat.
M. Johnson: ... même en dehors des lieux de travail. Cela
peut être dans des lieux publics, ainsi de suite. En ce sens, la loi des
installations électriques, il faut que quelqu'un s'en occupe, il faut
que ce soit le ministère responsable, le ministère du Travail;
donc, on va avoir besoin d'inspecteurs.
Alors, perdant leur polyvalence, compte tenu du rattachement à la
Commission de la santé et de la sécurité pour des
objectifs, par ailleurs, qui sont tout à fait défendables,
évidemment, cela pose très concrètement le problème
de l'assignation d'effectifs nouveaux aux deux endroits.
M. Pagé: Est-ce qu'on peut, d'ores et déjà,
avoir la garantie du gouvernement qu'aucun de ces inspecteurs, quel que soit
leur statut, quel que soit leur poste, entre le transfert du ministère
du Travail à la Commission de la santé et de la
sécurité, ne perdra son emploi en cours de route ou que des
postes seront abolis?
M. Johnson: II n'y a pas de problème de ce
côté. Ce n'est pas seulement la volonté gouvernementale, ce
sont les lois. La Loi sur la fonction publique les protège.
M. Pagé: Je conviens que la Loi sur la fonction publique,
la loi 50, protège, a des dispositions qui prévoient une
meilleure protection pour les travailleurs, mais vous savez que ces
dispositions, parfois, amènent des griefs et des problèmes.
M. Johnson: En plus de cela, par-dessus la ceinture, il y a les
bretelles, c'est la convention collective. Puis, en plus de cela, vous avez
notre parole qu'il n'est pas question de mettre qui que ce soit en dehors au
moment du transfert.
M. Pagé: D'accord.
M. Johnson: Je pense qu'une fois que vous avez cela, on ne peut
vraiment pas vous donner plus, à part les clés du
ministère.
M. Pagé: Non, ce n'est pas la question. Cela viendra en
temps et lieu, vous savez. Cela peut venir plus vite que vous ne pensez.
M. Johnson: Pensez-y bien, pensez-y bien!
M. Pagé: Cela peut venir plus vite que vous ne pensez.
Est-ce que la Commission de la santé et de la
sécurité est disposée à garantir comme travail
effectif à ces gens un travail d'inspection? C'est beau dire: Mon vieux,
tu t'en vas à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, mais je veux avoir la garantie que ces gens
d'ailleurs, je le demande à vous, je présume que vous vous
en êtes enquis auprès du ministre d'Etat au Développement
social et je vais la reformuler vendredi ou lorsqu'on siégera avec le
ministre d'Etat au Développement social feront du travail
d'inspection rendus là-bas et ne seront pas affectés à
d'autres tâches.
M. Johnson: Je pense que le député de l'Opposition
semble présumer de ce qui va arriver, semble présumer que les
fonctions vont être identiques du ministère du Travail à la
Commission de la santé et de la sécurité. La fonction
d'inspection à la Commission de la santé et de la
sécurité risque de différer considérablement,
intrinsèquement de ce qu'est la fonction d'inspection actuellement au
ministère du Travail. Il va y avoir des hiérarchies
différentes, sans doute...
M. Pagé: C'est ce qui explique ma question.
M. Johnson: Bien oui, mais, en ce sens, je peux dire que les gens
ne seront pas transférés pour s'occuper de remplacer les
pochettes au plafond; ils vont être transférés pour
travailler dans un service d'inspection de la Commission de la santé et
de la sécurité. A quel titre et à quelle fonction, je peux
vous dire que leur emploi, leurs conditions de travail, leurs conditions
salariales, ainsi de suite, sont assurés par les lois, par les
conventions collectives et par les principes généraux qu'on
applique dans les transferts. Je ne peux quand même pas donner la
description des tâches qu'ils vont faire; c'est à la commission de
décider de la description de tâches. Cela va dépendre;
l'ampleur des services d'inspection de la Commission de la santé et de
la sécurité, il faut voir ce que cela va être. C'est une
commission qui s'applique à l'ensemble du territoire, qui applique une
loi nouvelle à l'ensemble des secteurs industriels, bien qu'il y ait une
progression dans le temps quant aux secteurs industriels, et qui touche
également à l'environnement, au secteur des mines parce que, en
pratique, il y a la fusion de différents secteurs d'inspection.
Je pense que si c'est transféré et s'ils sont pour
décider de ce qui va arriver, ils décideront ce qui va arriver.
Je dis juste que les individus vont être protégés par la
loi, par leur convention collective et par les principes normaux qui
régissent de tels transferts.
Le Président (M. Laberge): Est-ce tout pour
l'élément 1?
M. Pagé: En ce qui concerne l'élément
touchant l'éducation...
Le Président (M. Laberge): Elément 1,
adopté. Elément 2: Education.
M. Pagé: ... ce sont les cours en sécurité
qui sont dispensés par le ministère, je présume?
M. Johnson: C'est le vocable général sous lequel on
regroupe les montants affectés à la formation du personnel et
dans le cas... Vous savez que l'on administre quelques lois assez complexes et
spécialisées dans le secteur de l'électricité, des
machines fixes, des paratonnerres, etc. Comme on a fait beaucoup de lois dans
ce domaine, parce qu'on est un bon gouvernement, et comme on a
épousseté des lois qui en avaient besoin, il s'agit de remettre
dans le coup les entreprises et les syndicats qui sont touchés par cela.
Par exemple, si je considère seulement la Loi des mécaniciens de
machines fixes, on a fait parvenir un dépliant, si je ne me trompe,
à l'ensemble des travailleurs qui sont susceptibles d'être
touchés par cette loi. Il y a des entreprises qui ont également
été convoquées dans des réunions, des
séminaires pour expliquer l'application de la nouvelle loi, etc. C'est
pas mal à part ça, cela coûte un demi-million. Quand on
pense au nombre d'individus qui sont impliqués là-dedans, ce
n'est pas cher et c'est bien fait.
M. Pagé: Combien d'individus?
M. Johnson: Ah! mon Dieu! Des dizaines de milliers. Vous demandez
les effectifs affectés à ce service.
M. Pagé: Oui.
M. Johnson: J'ai 19 personnes.
M. Pagé: Non, non.
M. Johnson: Ah! Les citoyens affectés à ça?
Tous les entrepreneurs électriciens, toutes les entreprises qui
s'occupent... les chaudronneries, les tuyauteurs. Combien y a-t-il de
tuyauteurs? 2500. Combien y a-t-il d'électriciens? A peu près le
même nombre. Je parle seulement des entreprises. Je ne vous ai pas
parlé des travailleurs impliqués là-dedans, les
propriétaires d'édifices publics. Il y en a beaucoup, merci.
M. Pagé: D'accord. C'est bon!
M. Johnson: Oui? Bon! On vous remercie bien.
Le Président (M. Laberge): Elément 2,
adopté. L'élément 3, pas de question? Programme 6,
adopté.
M. Pagé: M. le Président, avant de passer au
programme 7, j'aimerais demander au ministre s'il a eu l'occasion ce
matin, je m'excuse, je n'étais pas ici, mais j'étais très
bien représenté par mes collègues de Maisonneuve et de
Beauce-Sud de répondre aux questions que j'ai formulées
hier soir qui visent évidemment des programmes déjà
adoptés et qui concernent notamment le secteur de la construction.
A-t-il eu l'occasion de répondre ce matin? Vous n'avez pas eu l'occasion
de répondre?
M. Johnson: Non. Je n'ai pas parlé de construction ce
matin, sauf dans le cadre du règlement de placement...
M. Pagé: Vous parlez du règlement de placement?
M. Johnson: ... évidemment, mais on n'a pas parlé
des autres aspects. Le député veut-il qu'on en parle un peu?
M. Pagé: Oui, on est disposé à en
parler.
M. Johnson: Le gouvernement sera appelé à
déposer un projet de loi bientôt pour régler un
problème...
M. Pagé: A la reprise de la session?
M. Johnson: Non, d'ici la fin de la session.
M. Pagé: Mais pas pour adoption?
M. Johnson: Je le souhaite, si l'Opposition veut bien
considérer que ça va régler des problèmes; qu'elle
nous prête sa collaboration, j'espère, pour régler ces
problèmes.
M. Pagé: M. le Président, est-ce à dire que
le ministre, cet après-midi, nous indique d'ores et déjà
qu'il fera fi des dispositions réglementaires de l'Assemblée
nationale qui prévoient qu'un projet de loi ne peut être
adopté s'il n'a pas été déposé avant le 1er
juin ou le 1er décembre?
M. Johnson: Non, mais il y a deux exceptions à cela. Il y
a le consentement de l'Opposition, et on va voir si vous consentez à
nous aider à régler les problèmes dans la construction, et
il y a évidemment moyen de décider de procéder par voie
d'urgence, s'il y a urgence. Le gouvernement va déposer un projet de loi
bientôt, demain ou après-demain, quelque chose comme ça,
qui va tenter de régler le problème qui est larvé depuis
quelque temps et qui fait que la loi actuelle empêche les travailleurs
québécois qui veulent se former en association de le faire en
marge de ce qui est déjà prévu dans la loi. Evidemment,
c'est un accroc extrêmement important. On comprend qu'au moment où
la loi a été faite sous le gouvernement précédent
et au moment où elle a été amendée par le
gouvernement actuel, l'intention, ce n'était pas ça, mais le
mécanisme d'application de cette loi empêche, à toutes fins
utiles, la naissance dans le secteur de la construction d'un
regroupement syndical qui représenterait des
intérêts différents de ceux qui y sont déjà.
Or, la réalité nous a amenés à considérer
qu'il y avait objectivement un clivage très profond à
l'intérieur du Conseil des métiers de la construction du
Québec. De nombreux travailleurs et de nombreuses associations qui les
représentent donc, les syndicats qui les représentent
nous ont fait savoir très clairement qu'ils voulaient avoir leur
place au soleil. (16 h 45)
Alors, ce projet de loi visera à permettre la reconnaissance d'un
regroupement et à faire en sorte que les travailleurs
québécois soient représentés par les institutions
qu'ils veulent se donner dans la mesure où ils respectent un minimum de
règles démocratiques, etc. Il faut en arriver là, c'est
essentiel parce que, encore une fois, la loi est quelque chose d'assez injuste
à l'égard de la volonté des travailleurs de se regrouper
dans les associations qu'ils désirent.
D'autre part, je ne voudrais pas qu'on termine là-dessus sans
mentionner que évidemment, cela n'a pas fait les nouvelles parce
que c'est une bonne nouvelle pour la première fois en 17 ans au
Québec, les parties ont réglé dans la construction sans
intervention législative ou sans crise de nerfs, parce qu'en 1976 il y
avait une crise de nerfs. Pour la première fois en 17 ans, les parties,
malgré le clivage profond à l'intérieur du Conseil
provincial des métiers de la construction...
M. Bisaillon: Vous n'avez pas de tableau là-dessus?
M. Johnson: Vous n'avez pas de tableau là-dessus? Alors,
la seule intervention gouvernementale là-dedans a été la
présence d'un conciliateur qui a fait un boulot assez remarquable...
M. Pagé: Cela a été tellement bien...
M. Johnson: ... assez extraordinaire.
M. Pagé:... que vous changez les asociations.
M. Johnson: Et cela a permis...
M. Pagé: Vous allez changer la loi.
M. Johnson: Non, cela a été tellement bien que cela
a permis le règlement des conditions de travail des travailleurs de la
construction dans une paix relative, des mouvements de débrayage
très parcellaires sur une période assez limitée. Quand on
compare cela au genre de catastrophe à laquelle on a assisté dans
les quinze précédentes années, je pense qu'encore une fois
c'est un indice intéressant d'une amélioration du climat social.
Maintenant que c'est terminé parce qu'il le fallait, il
n'était pas question de changer les règles du jeu en cours de
route, absolument pas maintenant que la convention collective est
signée, maintenant qu'on est sur le point de devoir en
décréter l'extension juridique en vertu de la loi, il
apparaît opportun de trancher cette question du problème du choix
de l'agent négociateur par les travailleurs et par les institutions
syndicales qui les représentent.
M. Pagé: Compte tenu, M. le Président...
M. Johnson: II fallait le faire à froid, cependant. Il y a
un règlement...
M. Pagé: ... que la négociation à
l'égard du décret est terminée, compte tenu que la
période d'application du décret est maintenant
réglée et que le décret ne viendra pas à
échéance avant le mois d'octobre, évidemment, compte tenu
aussi qu'il y aura un vote sur l'allégeance syndicale dans le domaine de
la construction qui se fera en septembre ou octobre 1981, quel est le
caractère urgent de présenter une loi en catastrophe, de toute
urgence, à la fin de la session, alors que le projet de loi n'a pas
été présenté avant le 1er juin, tel que
prévu au règlement, quel est le caractère urgent pour
modifier les règles du jeu en ce qui concerne les associations
représentatives? Le ministre vient d'annoncer le dépôt
éventuel d'un projet de loi aujourd'hui, un projet de loi d'urgence; par
surcroît, il l'a lui-même qualifié d'urgent.
M. Johnson: Je conversais avec le sous-ministre pour m'assurer de
la date ou, en tout cas, de la semaine. On se souviendra que le
règlement dans la construction est intervenu quelque part dans la
dernière semaine du mois de mai, le 23, si je ne me trompe pas. Il
était bien évident on n'était pas en session
à ce moment-là; le Parlement avait été
convoqué pour le 3 juin qu'on ne pouvait pas déposer le
projet de loi avant le 1er juin. D'autre part, comme je l'ai dit, il
n'était pas question et il n'a jamais été question de
faire en sorte qu'on règle ce problème en plein milieu d'une
négociation, bien que je vous avoue qu'il y avait des arguments
intéressants à entendre quant à la nécessité
de trancher cette question malgré le fait qu'on était en
négociation. Mais le ministère, dans ce dossier comme dans tous
les autres, depuis trois ans, a choisi de faire en sorte que les choses suivent
leur cours normal. Suivre le cours normal voulait dire que les parties
étaient engagées dans un processus de négociation,
qu'elles négocient et qu'elles règlent la convention. Le
ministère est là pour les aider avec un conciliateur, c'est ce
que nous avons fait. Maintenant, ce problème est
réglé.
Maintenant que c'est réglé, il faut regarder ce qui se
passe dans la construction, à tête reposée, en dehors d'un
contexte de négociation.
Qu'est-ce qui se passe? Il se passe que la plus grosse centrale
syndicale dans la construction est profondément divisée au niveau
de son membership quant à qui devrait représenter qui, etc. Il
faut trancher cela parce que ça n'a pas de sens. C'est un secteur vital
de notre vie industrielle, on le sait, la construction; c'est important. Il
faut que la démocratie, le bon sens et l'atmosphère permettent
aux travailleurs de se retrouver dans tout cela. Il
faut que cela puisse s'exprimer. C'est un problème d'une
très grande complexité. On aura sûrement l'occasion, si
l'Opposition nous accorde son consentement là-dessus, en particulier,
dans le cadre d'un débat serein, je l'espère, de discuter de
toute la dimension et de toute la complexité de l'échafaudage
juridique que cela représente. Mais en gros, pour faire une longue
histoire courte, le Conseil provincial des métiers de la construction
(FTQ) représente 68% des travailleurs du Québec pour les fins de
négociations dans le secteur de la construction.
Or, il y a, semble-t-il, a priori, en tout cas, à sa face
même, au-delà de la moitié des travailleurs qui auraient
choisi, à travers leurs institutions syndicales, de se regrouper dans
une autre institution que le conseil provincial. On sait que le conseil
provincial a, entre autres, expulsé un syndicat important qui s'appelle
la FIPOE.
M. Pagé: Excusez, M. le Président,
là-dessus, par exemple...
M. Johnson: On sait, d'autre part, que la FTQ, elle, a
répondu...
M. Pagé: Le ministre...
M. Johnson: M. le Président, si vous le permettez...
M. Pagé: Est-ce que le ministre peut dire que la FIPOE n'a
pas collaboré étroitement à la négociation avec le
conseil provincial?
M. Johnson: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): Continuez, M. le ministre.
M. Johnson: Donc, il y a un organisme qui est habilité
à négocier au nom des parties et il a décidé
d'expulser un syndicat important. Cela a produit le clivage. Probablement qu'il
y a d'autres raisons, qu'il n'y a pas seulement cela derrière ça.
Mais il y a une situation de fait: les gros syndicats dans la construction sont
profondément divisés. Il faut régler cela pour la paix
industrielle, pour la démocratie aussi. Dans ce sens, c'est important.
Je pense que c'est le temps, il y a eu un règlement. Avant qu'on se
lance dans d'autres problèmes, réglons ce problème, encore
une fois, à tête reposée, heureusement, pas pendant une
négociation.
Par ailleurs, pour finir ce que je disais et juste pour vous donner un
morceau de l'iceberg historique, la FTQ, qui est la plus grosse centrale
syndicale du Québec, construction ou pas construction, a
décidé d'expulser de ses rangs le conseil provincial qui,
pourtant, porte le nom FTQ. Il faut clarifier cela. Il y a un problème,
il faut y faire face.
M. Pagé: Avant le vote. M. Johnson: Pardon?
M. Pagé: II faut clarifier cela avant le vote
d'allégeance syndicale.
M. Johnson: Sûrement. M. Pagé: II est en
1981.
M. Johnson: Sûrement, c'est dans un bon bout de temps.
M. Pagé: Cela presse.
M. Johnson: Justement, il y a une nécessité de
clarifier cela.
M. Pagé: Avant le vote.
M. Johnson: Je comprends qu'il y a une nécessité de
clarifier cela.
M. Pagé: Oui, mais le vote sera en 1981.
M. Johnson: Oui, mais, justement, c'est dans un an et demi.
M. Pagé: Là, vous avez fait allusion à la
paix syndicale.
M. Johnson: Oui, oui.
M. Pagé: Quelques minutes avant, vous disiez que cela
avait très bien été en négociation. Par
contre» vous soutenez que la FIPOE a été expulsée du
Conseil provincial des métiers de la construction. Le ministre est
certainement au fait il pourra l'infirmer ou le confirmer que,
dans la négociation pour le renouvellement du décret avec l'AECQ,
la FIPOE a collaboré plus qu'étroitement avec le Conseil
provincial des métiers de la construction. Ce beau monde-là
marchait main dans la main pour sa propre négociation.
M. Johnson: Mais il faut bien comprendre que c'est, entre autres,
à la demande du ministère du Travail.
M. Pagé: Non, M. le président. Où est
l'absence de paix syndicale dans le moment? Quel est le caractère
d'urgence? C'est ce que je veux demander.
M. Johnson: En ce moment, il y a le fait que près de la
moitié des effectifs syndicaux du bloc majoritaire dans la construction
est dans une situation absolument échevelée où une
majorité de métiers avaient réglé avec l'AECQ, mais
une minorité de métiers, qui n'avaient pas réglé,
mais qui représentent une majorité de travailleurs, ont
accepté parce que le ministère du Travail est intervenu dans le
contexte en disant: Allez au fond, lâchez les problèmes de
querelles intersyndicales, allez négocier des conditions de travail pour
les travailleurs de la construction. C'est ce qui a été fait.
Maintenant que ça a été fait, maintenant qu'il y a
eu la conclusion d'une convention collective,
réglons la situation des structures syndicales parce que la loi
impose toutes sortes de choses et parce que la loi met finalement certains
groupes québécois dans un entonnoir en permettant, entre autres,
qu'une constitution élaborée à l'extérieur du
Québec prive des gens du droit légitime d'avoir leur vie
syndicale. Il faut trancher ce problème. Il faut le trancher pour les
travailleurs, pour la démocratie syndicale comme pour la paix
industrielle dans la construction.
M. Pagé: N'était-ce pas l'intention du ministre
d'attendre le congrès auquel participera le Conseil provincial des
métiers de la construction?
M. Johnson: Non, étant donné que j'ai
déjà eu l'occasion de m'entretenir avec les représentants
des différents groupes dans ce secteur, je pense qu'il est bien
évident que ce à quoi on fait face, c'est un clivage profond,
mais une loi qui empêche ce clivage de s'exprimer d'une façon
démocratique. Il ne faut pas que la loi empêche la
démocratie d'exister. C'est à cause de la loi. Je ne fais pas le
reproche au député qui était là au moment de
l'adoption de cette loi, du côté du gouvernement, mais les
événements se sont déroulés d'une façon
telle dans la construction que la loi ne colle plus à la
réalité syndicale. Il faut faire face à la loi. Comme
parlementaires, il va falloir envisager des modifications et vous verrez,
à l'occasion du dépôt du projet de loi, normalement dans le
courant de la semaine, ce que nous entendons faire dans ce secteur.
Le Président (M. Laberge): Cela répond à vos
questions là-dessus? Programme 7...
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): Avant le programme 7.
M. Pagé: Hier, j'avais posé des questions au
ministre sur le rapport à déposer concernant les études
qui ont été faites sur l'injonction. Est-ce que le ministre peut
les déposer aujourd'hui?
M. Johnson: Non. M. Pagé: Pourquoi?
M. Johnson: Je ne peux pas les déposer aujourd'hui,
d'abord parce que je ne m'y étais pas préparé.
Deuxièmement, parce que je dois bientôt participer à des
réunions de travail avec le conseil consultatif qui regroupe, comme on
le sait, les représentants syndicaux et patronaux du Québec. Ces
documents sont disponibles maintenant depuis quelques semaines. Je leur
demandais de ne pas les rendre publics, mais de les considérer comme
documents d'étude, jusqu'à ce qu'on les rende publics, ce qui
devrait se faire bientôt, probablement au cours de l'été,
à l'occasion de la réflexion qu'on fera autour de cela. Cela nous
fera plaisir, dès que ce sera fait, d'en envoyer une copie au
député.
M. Pagé: J'apprécierais. Une Voix: Aux
députés au pluriel. M. Johnson: Aux députés
au pluriel. M. Pagé: Membres de la commission.
M. Johnson: Aux députés qui en feront la
demande.
M. Pagé: Interprétez ma question comme étant
une demande.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que cela
complète...
M. Pagé: II va s'abstenir.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que cela
complète, avant de passer au dernier programme?
M. Pagé: M. le Président, est-ce que le ministre a
eu l'occasion de répondre ce matin aux questions relatives aux
poursuites en vertu de la loi 62, ce que j'ai porté à son
attention hier?
M. Johnson: Non, mais je dois croiser le ministre de la Justice
cet après-midi, après les crédits, alors je lui ferai part
de votre question. Je présume que si vous voulez la reposer en Chambre,
vous pourrez avoir une réponse.
M. Pagé: Vous pourriez donner un complément de
réponse à l'Assemblée, il n'y a rien qui exclut cela.
M. Johnson: Je pense qu'il appartient au ministre de la Justice
de répondre des dispositions d'une loi qui relève du ministre de
la Justice. Je lui donnerai avis de votre question.
M. Pagé: On veillera au grain, ne soyez pas inquiet.
Est-ce que le ministre peut nous informer de ce qu'il est advenu des plaintes
portées par le syndicat et les employés de la
Société des alcools du Québec concernant l'application de
mesures antiscabs prévues dans le projet de loi 45?
M. Johnson: Le syndicat avait porté à la
connaissance du ministre, au sens de la loi, une plainte en invoquant que les
articles 97a à d inclusivement étaient violés par la
partie patronale. Il y a eu enquête et le rapport a été
remis aux parties, il a même été rendu public, je crois,
par le syndicat. Cette enquête, si je me souviens bien, conclut qu'il y
aurait eu des briseurs de grève ou enfin des gens qu'on pouvait
qualifier comme ne devant pas être à l'emploi de la
société à ce moment. Le syndicat, à ma
connaissance, n'a pas entamé de poursuites. Maintenant, je me trompe
peut-être, je dois avouer que je ne lis pas la Gazette du tribunal du
travail tous les matins, mais je présume que si le syndicat pensait
qu'il y avait des causes intéressantes à partir de ce rapport, il
aurait pris des poursuites.
M. Pagé: A partir d'un rapport des services du
ministère, le gouvernement non seulement devrait, mais a dû
sursauter lorsque celui-ci a constaté qu'une société
d'Etat, sous la juridiction du gouvernement, procédait à
l'embauche de travailleurs et de briseurs de grève pendant une
grève légale. On a des principes ou on n'en a pas.
M. Johnson: En effet, vous demanderez cela à M.
Loranger.
M. Pagé: Qu'est-ce que vous avez fait? Quels sont les
moyens que vous entendez prendre pour vous assurer que de tels...
M. Johnson: Sursauter, le mot est un peu fort.
M. Pagé: Que de tels faits ne se reproduisent plus? (17
heures)
M. Johnson: On est très déçu. La loi va
suivre son cours; quant aux décisions administratives qui devraient
s'ensuivre, cela appartient au responsable de la Société des
alcools.
M. Pagé: Qui est le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Johnson: De l'Industrie et du Commerce, comme vous le
savez.
M. Pagé: Est-ce qu'en tant que ministre du Travail vous
avez envoyé une note au ministre de l'Industrie et du Commerce?
M. Johnson: Je pense avoir fait parvenir à son attention
une copie d'une question qui avait été posée en Chambre
par le député de Portneuf, si je ne m'abuse, ou un
député de l'Opposition de l'Union Nationale, un des deux.
C'est d'autant plus simple pour lui qu'il était en Chambre au
moment où cette question avait été posée.
M. Pagé: Parce qu'il ne faudra pas que cela se
répète.
Un gouvernement qui contrevient à ses propres lois, c'est ce que
vous appelez un bon et vrai gouvernement?
M. Johnson: Une société.
M. Pagé: En tout cas c'est une sérieuse
brèche.
M. Johnson: Une société de la couronne.
M. Pagé: Continuez de vous renvoyer la balle entre le
ministre de l'Industrie et du Commerce, le ministre de la Justice, le ministre
du Travail et les lois seront ainsi violées.
M. Johnson: On est ordonné nous autres.
Qualification professionnelle des entrepreneurs en
construction
Le Président (M. Laberge): Programme 7: Qualification
professionnelle.
M. Pagé: C'est inacceptable, vous serez jugés pour
vos actes.
M. Johnson: Quand les gens ne se mêlent pas de ce qui les
regarde, cela produit des affaires comme le départ du
député d'Outremont. Alors il faut se mêler de ce qui nous
regarde.
M. Pagé: M. le Président, on pourrait en parler
quelques minutes. Le député d'Outremont a donné de bonnes
raisons.
M. Johnson: Oui, c'est vrai. Programme 7, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): J'accepterais...
M. Johnson: Est-ce que le programme 6 a été
adopté, M. le Président?
Le Président (M. Laberge): Le programme 6 est
adopté.
M. Pagé: M. le Président, je conviens que le
ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre est particulièrement
intéressé par les candidatures qui s'annoncent à la
convention libérale dans Outremont.
M. Johnson: Vous pouvez être sûr de cela.
M. Pagé: Je conviens que vous en êtes
particulièrement intéressé et on aura un bon
député, on aura un député qui...
M. Johnson: Revoir Robert Bourassa, je trouverais cela absolument
drôle. Il ne manquerait plus que ça!
M. Pagé: On aura un bon député dans
Outremont qui sera en mesure de faire rougir le député d'Anjou,
j'en suis convaincu. J'en suis certain.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Portneuf, nous revenons au programme 7, qualification professionnelle des
entrepreneurs en construction.
M. Pagé: M. le Président, une porte est faite pour
être ouverte ou fermée. Lui l'a ouverte, moi je viens de la
fermer.
Le Président (M. Laberge): Je la considère
fermée.
Je vous demande si vous avez des questions sur ce programme 7.
M. Pagé: Plusieurs.
Le Président (M. Laberge): Allez-y, M. le
député.
M. Pagé: M. le Président, sur la qualification
professionnelle des entrepreneurs en construction, la Régie des
entreprises de construction qui, notamment, est un programme qui nous
intéresse.
Ma première question au ministre, j'aimerais que celui-ci nous
indique où en est rendue l'application des règlements
adoptés en vertu de la loi 110, notamment en ce qui touche les artisans.
On se rappellera qu'à l'époque l'intention du législateur
était de permettre à des travailleurs qui possèdent un
certificat de qualification de contourner le règlement de placement. On
se rappellera qu'à ce moment le gouvernement du Québec du Parti
québécois avait constaté l'échec cuisant du
règlement de placement qui avait été adopté au mois
de juillet 1978. Le gouvernement, pas suffisamment humble pour abolir purement
et simplement ce fameux règlement de placement qui causait
préjudice, non seulement aux employés, mais aux employeurs,
à peu près à tout le monde dans le secteur de la
construction, a choisi une voie d'évitement par le projet de loi no
110.
On se rappellera que... Bien oui! Vous devriez venir plus souvent, vous
seriez plus familier avec ce dossier et vous seriez d'accord avec moi.
M. Johnson: Je vais suivre cela de très près.
M. Pagé: Continuez. Ajoutez votre voix à la mienne,
vous pourriez, parce que mon dossier est bon.
M. Johnson: Est-ce qu'on peut revenir à
l'intérêt sans texte du député?
M. Pagé: On se rappellera qu'à ce moment vous avez
prévu des dispositions qui permettent à une personne
possédant un certificat de qualification de se rendre à la
Régie des entreprises, d'avoir le statut d'artisan à la suite
d'un contrôle et de se retourner ensuite pour travailler comme artisan,
sans avoir à être sous la juridiction du règlement de
placement prévoyant la classification, travailler pour un entrepreneur,
mais là être couvert par le décret et être soumis aux
normes du décret en ce qui concerne les versements à l'OCQ, etc.,
le taux de salaire payé par l'entrepreneur, etc.
Il y a aussi l'autre volet qui permet à ce travailleur de
travailler pour toute personne, tout individu et ce, à un taux qui n'est
pas celui du décret, avec participation ou non, selon l'intention dudit
travailleur artisan, aux bénéfices de l'OCQ.
Evidemment, non seulement il y a plusieurs, mais il y a quelques
milliers de travailleurs au Québec possédant un certificat de
qualification émis par le ministère, par la Direction
générale de la main-d'oeuvre et, d'un autre côté, ne
possédant pas un certificat de classification de l'OCQ parce qu'ils
n'avaient pas travaillé 1000 heures et qu'ils désiraient
travailler dans leur région, qui ont attendu ce règlement.
J'aimerais donc savoir où en est rendu le règlement,
qu'est-ce qui a été fait. Quels sont les mécanismes
prévus à la Régie des entreprises de construction du
Québec pour l'application dudit règlement, quel est le type de
contrôle, en quoi ce contrôle peut-il se comparer au contrôle
requis et exigé de la part d'un entrepreneur comme tel? En quoi le
contrôle d'aujourd'hui diffère-t-il du contrôle qui
s'appliquait à l'égard d'un artisan sous l'ancien vocable par la
même Régie des entreprises de construction du Québec avant
l'adoption de la loi 110? Les autres questions viendront après les
réponses.
M. Johnson: Si on me le permet, je vais faire la lecture de trois
paragraphes qui touchent certains des éléments qu'a
soulevés le député de Portneuf et d'autres qu'il n'a pas
mentionnés, mais comme c'est complet... Ce sont des statistiques de la
Régie des entreprises de construction. Celle-ci a reçu 15 443
demandes de tout genre, soit 4790 nouvelles demandes de licence, 9801 demandes
de renouvellement, 812 demandes de modification...
M. Pagé: Pardon? Pourriezvous recommencer? Il y avait
quelqu'un à côté de moi.
M. Bisaillon: On va se faire un tableau!
M. Johnson: On va se faire un tableau, peut-être?
D'accord!
M. Pagé: Vous le contredirez, mon tableau!
M. Johnson: Selon les statistiques de la Régie des
entreprises de construction, celle-ci a reçu, pour 1979-1980, 15 443
demandes de tout genre, soit 4790 nouvelles demandes de licence, 9801 demandes
de renouvellement, 812 demandes de modification de licence et 40 demandes pour
une licence de constructeur-propriétaire. De ce nombre, la régie
a émis 2310 nouvelles licences d'entrepreneurs en construction, en a
renouvelé 9358 et en a modifié 522 pour finalement émettre
34 licences de constructeurs-propriétaires.
Sur le plan de la perception des droits, les recettes brutes de la
régie se chiffrent à $3 700 000, c'est-à-dire $1 326 000
j'oublie les cents de droits pour l'émission d'une
première licence, $2 352 240 pour le renouvellement, $40 600 pour les
modifications, $7850 pour les licences de
constructeurs-propriétaires.
D'autre part, la régie a dû rembourser un montant de $502
000 à la suite d'un refus d'accorder une licence renouvelée, de
désistement, d'annulation, etc.
En ce qui concerne l'assujettissement à la loi des
électriciens et des mécaniciens de tuyauterie, on se souviendra
qu'il y avait des dispositions à cet effet dans la loi 110. La
régie a reçu, le 30 mai 1980, 4314 demandes de licence, en a
émis 3542; d'une façon détaillée, 2360
électriciens ont fait parvenir une demande de licence à la
régie qui a répondu favorablement dans 2056 cas. Pour ce qui est
des mécaniciens en tuyauterie, la régie a reçu
1950 cartes de membres et a émis 1323 licences. De plus, 577
dossiers sont actuellement en suspens parce que les demandeurs ont omis de
faire parvenir certains documents demandés.
On peut donc considérer que le programme est
complété à 80%. Dans l'accomplissement de la seconde
partie du mandat, à savoir assurer le respect de la loi, les
réalisations ont été les suivantes. En 1979-1980, les
inspecteurs de la régie se sont rendus sur 5903 chantiers de
construction afin de vérifier si les constructeurs impliqués
étaient licenciés; à partir de ces visites et grâce
à la collaboration de la Direction générale de
l'énergie, des associations patronales et des entrepreneurs
eux-mêmes, 2243 rapports d'infraction ont été
rédigés et ont donné lieu à 1157 poursuites et
à 481 condamnations.
Pour ce qui est de la protection du public, la régie a
reçu 1052 plaintes de consommateurs; ces plaintes ont fait l'objet de
vérifications par des inspecteurs et elles étaient fondées
a priori, semblait-il, à 90% des cas pour être
réglées à la satisfaction claire des plaignants dans 70%
des cas. D'autre part, la régie a répondu à une moyenne de
45 demandes d'information par semaine de gens qui voulaient vérifier la
licence d'un entrepreneur avant de lui confier des travaux. Soulignons enfin
que la régie a suspendu 24 licences et en a annulé 14 autres
à la suite de faillites, de refus de fournir des cautionnements ou de
plaintes de consommateurs.
Essentiellement, cela donne un portrait général.
Maintenant, pour la question des artisans, on se rappellera...
M. Pagé: Avant de toucher la question des artisans, dans
vos chiffres, est-ce que j'ai bien compris combien avez-vous de demandes
de renouvellement, 9000? Environ?
M. Johnson: De demandes de renouvellement, 9800.
M. Pagé: D'accord. Et de nouveaux permis? Le chiffre
précédent.
M. Johnson: Demandes de nouveaux permis, 4700.
M. Pagé: 4700.
M. Johnson: De tout genre, encore une fois.
M. Pagé: Vous avez dit 14 000 environ, dont 15 000...
M. Johnson: C'est-à-dire 15 443 demandes de tout genre,
dont 4700 de nouvelles demandes, 9800 de renouvellement...
M. Pagé: D'accord. Sur les 4700 de nouvelles demandes,
2000...
M. Johnson: Combien d'accordées?
M. Pagé: Environ 2000.
M. Johnson: 2300.
M. Pagé: Comment expliquez-vous cela?
M. Johnson: II faut l'expliquer essentiellement à
partir...
M. Pagé: C'est 44% seulement. M. Johnson: Oui.
M. Pagé: Cela va faire l'objet de questions plus
particulières.
M. Johnson: Oui, sûrement. M. Pagé: C'est
beaucoup.
M. Johnson: D'une part, pourquoi on n'en a pas accordé
plus ou est-ce qu'on en a accordé tant?
M. Pagé: Non, qu'est-ce qui explique... M. Johnson:
Tant de demandes?
M. Pagé: ... qu'autant demandes ont été
refusées?
M. Johnson: Ont été refusées. M.
Pagé: Le fameux examen?
M. Johnson: Les examens sur le plan technique, administratif et
de la sécurité.
M. Pagé: D'accord.
M. Johnson: Le total des candidats aux examens de 1979-1980 a
été de 5597, comparé à 3500 l'année
précédente; 3808, soit 68% ont réussi aux examens et 1789,
soit 32% ont connu un échec aux examens. Ce qui ressemble à une
moyenne et une courbe mathématique normales. Je pense que le
député de Rosemont serait à peu près d'accord avec
moi.
Les examens sur le plan administratif ont donné lieu à des
réussites dans 1543 cas, des échecs, 661 ; sur le plan de la
sécurité, 1438 contre 585; au plan technique, 827 contre 543.
Essentiellement, c'est le portrait.
Maintenant, il faut distinguer cela de la question de l'artisan qui est
en vigueur, comme on le sait, depuis...
M. Pagé: L'artisan, on va y revenir.
M. Johnson: Ah! on va revenir là-dessus; d'accord.
M. Pagé: Les examens de la régie qui portent sur la
technique, la sécurité et l'administration.
Vous savez, il y a différents types d'entreprises; le ministre
parlait tantôt des PPE et des PME. Vous avez des entrepreneurs qui ont
peut-être 50 véhicules, 50 unités ou 50 équipements;
vous en avez d'autres dont le gars a sa rétrochargeuse, qu'on appelle,
une pépine. Ce qu'on décèle ce sont des
députés des différents côtés de la table qui
ont eu ce genre de plainte c'est que, bien souvent, l'entrepreneur qui
n'a qu'un ou deux véhicules, c'est-à-dire qui a peut-être
son propre camion et sa rétrochargeuse pour creuser des solages de
maison et le camion pour le sable, un autre équipement pour
épandre le sable, ce type, passer un examen d'administration, ce n'est
pas facile. Bien souvent, ce type, c'est un individu qui a cessé de
suivre des cours, il a quitté l'étude depuis 20 ou 25 ans et qui
n'est pas familier avec le type d'examen objectif, les questions de cette
nature. Bien souvent, ce n'est pas lui qui fait l'administration dans son
entreprise; c'est souvent quelqu'un dans la municipalité, dans la ville,
qui s'occupe de faire les prélèvements d'impôt sur
l'employé qu'il a peut-être, qui s'occupe de faire les
contributions à la Régie des rentes. On oblige cette personne
à passer le fameux examen d'administration.
On sait qu'en ce qui concerne l'examen en technique, si l'entrepreneur a
un opérateur, ce dernier peut venir accréditer l'entreprise
devant la régie et c'est ce bonhomme qui passe l'examen. Pourriez-vous
voir à la possibilité que l'entrepreneur ou l'entreprise puisse
être accréditée à tous les niveaux, tant au niveau
administratif que sécurité, par d'autres personnes que le
propriétaire de l'entreprise?
M. Johnson: C'est possible, seulement dans le cas des
corporations.
M. Pagé: Bien oui mais, vous savez, Jos Bleau
Enregistré, lui, peut avoir la même structure
opérationnelle qu'une corporation, mais il n'a pas le statut juridique
d'une corporation. L'examen d'administration, même s'il se
présente dix fois, pauvre gars, s'il n'est pas habitué à
travailler là-dedans, le gars est habitué de courir des clients
et de trouver des clients, et voir à ce que le consommateur ait un bon
service. Vous lui demandez de passer un examen en administration et il n'est
pas capable. On fait quoi? On dit au gars: Tu liquides, tu vends, tu
arrêtes et va-t-en dans les PUE ou les PAT, ou sur le bien-être.
C'est ce que je n'accepte pas.
M. Johnson: II ne faut pas exagérer, là.
M. Pagé: Non, non, je n'exagère pas; j'en ai vu
dans mon comté.
M. Johnson: Cette loi, à l'origine, a été
adoptée par le gouvernement auquel vous appartenez, alors! (17 h 15)
M. Pagé: Oui et c'est une très bonne loi... M. le
Président, la Loi de la Régie des entreprises en construction, on
y souscrit. Le ministre dit que c'est bon et c'est vrai que c'est bon.
D'ailleurs, c'est nous qui l'avons faite, mais je ne demande pas d'abolir la
régie parce qu'il y a des problèmes sur la qualification des
entreprises. Je demande de modifier purement et simplement.
M. Johnson: Dans le fond, concrètement, ce qui se passe,
ce que vous dites, à toutes fins utiles, c'est qu'on pourrait supprimer
l'examen administratif.
M. Pagé: Ce n'est pas ce que je dis, non.
M. Johnson: Oui, oui, je sais que ce n'est pas ce que vous dites,
mais vous dites, à toutes fins utiles et le député
de Portneuf qui est avocat devrait pourtant, surtout que ce matin il devait
plaider...
M. Pagé: Oui, ne vous inquiétez pas.
M. Johnson:... devrait pourtant savoir cela. Si l'on dit: II y a
une corporation. Le travailleur qui a sa pépine, comme on dit, s'est
fait une corporation, s'est fait une compagnie en vertu de la première
partie de la Loi des compagnies et il peut même l'avoir maintenant par
numéro, si je ne me trompe pas c'est un service relativement
rapide et ça ne coûte pas aussi cher que ça, c'est
maintenant... Je pense que les droits, c'est $300 au total.
M. Pagé: Oui, mais il faut qu'il démontre...
M. Johnson: Dans l'hypothèse qu'il fait ça au
départ...
M. Pagé: Attendez un peu. Oui, oui. M. le
Président, le ministre...
M. Johnson: Si vous permettez, M. le Président...
M. Pagé: ... acceptera que je lui signale que c'est beau
de dire: Incorpore-toi. Va te chercher une incorporation, mon vieux,
strictement par numéro, ce n'est pas grave. Si le gars ne détient
pas 98% des actions, il est obligé de payer la taxe de vente sur
l'équipement, sur la rétrochargeuse, sur le camion.
M. Johnson: C'est cela. M. Pagé: Mais oui.
M. Johnson: La différence entre l'enregistrement et la
détention à 98%, c'est quoi? A toutes fins utiles, pour
l'individu, c'est la même chose, d'une part. Deuxièmement, si on
permet, la seule façon de le faire serait par voie législative,
si on décidait de le faire, de dire que n'importe qui ayant une
pépine peut demander à quelqu'un de venir passer l'examen
d'administration. S'il y a un cousin qui est aux HEC, on va l'assermenter pour
dire que c'est lui qui envoie les factures? Tandis que si on fait affaires avec
une corporation, on dit
à l'individu qui a sa pépine qu'il peut, en tant que
corporation, déléguer quelqu'un, mais il y a une personne morale
qui est responsable de ça, tandis que si on permet à l'individu
d'envoyer son voisin qui est en bons termes avec lui, mais qui est aux Hautes
Etudes Commerciales, on n'a pas réglé le problème de la
sécurité administrative de l'opération.
M. Pagé: Une société enregistrée qui
n'est pas une corporation peut répondre et prendre sous sa
responsabilité l'administration. Elle a l'administration.
Précisez-le. Il faudrait que la loi le précise. Présentez
un projet de loi. Il y a des milliers de personnes qui ont des problèmes
avec ça dans le moment.
M. Johnson: Non, pas des milliers. D'abord, les chiffres que je
vous ai donnés démontrent que...
M. Pagé: Mais, écoutez! Combien de personnes...
M. Johnson: D'accord, il y en a eu 557.
M. Pagé: ... ont manqué l'examen en
administration?
M. Johnson: C'est ça, au pire. Je vais vous le donner pour
ceux que vous visez sur le plan administratif, 661. Des milliers...
M. Pagé: Est-ce que ça inclut le nombre de
personnes qui ont été obligées de changer le statut
juridique de leur entreprise?
M. Johnson: Je présuma Je ne sais pas. On n'a pas
le...
M. Pagé: Non, non. Cela ne doit pas l'inclure. Vos
tableaux...
M. Johnson: En fait, on est aussi conscient que le
député de Portneuf du problème. D'ailleurs, ça fait
six mois qu'on est en pleine période de réévaluation des
examens, dont les examens d'administration. Il faut bien comprendre que
l'examen d'administration vise à évaluer les obligations d'un
individu, qu'il soit... S'il est en société ou en compagnie,
c'est un peu différent que s'il est sous son nom personnel. En
société, il travaille avec sa femme. On est conscient de cela.
Mais il a quand même, comme personne qui opère, sur le plan
juridique des obligations minimales qu'il doit connaître et l'examen est
fait à ce niveau. Je pense qu'on peut, des deux côtés,
exagérer la difficulté, mais il ne faudrait quand même pas
réussir à faire un examen qui ne veuille plus rien dire non plus.
On doit quand même, comme régie, s'assurer que la personne
connaisse au minimum ses obligations surtout sur le plan légal sans
entrer dans les privilèges, quand on parle des gars de pépine et
tout cela. On est obligé d'adapter les examens à ce niveau. On
peut vous assurer que d'ici six mois bien avant cela parce que
l'opération est déjà commencée depuis six mois
tout cet examen, surtout en administration, sera complètement
révisé. On essaie même d'avoir un examen pour le gars de
pépine et un examen pour le gars qui va construire cinq unités de
logement comparativement au gars qui en construit 200. Je pense que c'est du
sain réalisme qu'il faut avoir, sauf que la régie est un
organisme qui a pris une grande clientèle rapidement, n'a pas eu le
temps de se doter dans le temps aussi rapidement qu'elle aurait dû le
faire des techniques nécessaires pour en arriver à ce
résultat, mais, actuellement, c'est en train de se faire.
D'ailleurs, on pourrait même, si le ministre était
d'accord, vous déposer, quand on aura fini la consultation avec les
parties, la méthodologie qui préside aux examens de la
régie. C'est un document d'ordre public et cela clarifierait beaucoup de
questions chez de nombreuses personnes. Il faut dire qu'actuellement tous ces
examens sont révisés à partir des entrepreneurs en
pratique, ceux qui pratiquent, pour déterminer des
éléments essentiels. On ne va pas simplement chercher des
compagnies qui ont 200 employés. On fait un éventail, en gros,
des compagnies qui ont de trois à dix employés. C'est la moyenne
des gens qui viennent prendre leur première licence à la
régie. Pour la plupart, c'est un ou deux.
M. Pagé: Quelles sont les informations qui sont
données au petit entrepreneur qui se présente chez vous? Est-ce
qu'on lui donne des informations, des documents relatifs à l'examen
qu'il aura à passer?
M. Johnson: C'est-à-dire qu'on lui donne un document
d'information qui précise qu'il va être interrogé sur tel
et tel aspect, tel que prévu dans la loi. Il y a un dépliant
d'information qui prévoit cela. De plus, on lui donne des sources de
référence, soit au moyen de manuels, de cours ou d'examens qui
sont dispensés par les associations patronales à ce
niveau-là.
M. Pagé: D'accord. Quant à nous, nous
apprécierons avoir le document auquel vous avez fait allusion sur
l'examen administratif.
M. Johnson: Vous voulez dire la méthodologie
générale? Si vous permettez qu'on finisse notre consultation avec
les associations...
M. Pagé: Oui.
M. Johnson: Après cela.
M. Pagé: Quand ce sera prêt.
M. Lavigne: M. le Président.
M. Pagé: Oui, allez, avant de revenir aux autres
questions.
M. Lavigne: J'ai la parole. Je ne voudrais pas tourner le fer
dans la plaie des fonctionnaires qui sont en train d'articuler ce travail, mais
je pense
effectivement, en toute honnêteté, qu'il y a un
problème à ce niveau-là. Je le dis parce que j'ai
vécu aussi, comme député, des expériences dans mon
comté. Des gens sont venus me voir à mon bureau pour se plaindre
des examens qu'ils rataient, au niveau de la sécurité; je ne
tolère pas cela. Si un gars rate son examen au niveau de la
sécurité, qu'il reprenne son examen. Tant qu'il ne sera pas un
gars "sécure" sur un chantier de construction, il doit être
sécurisant, parce qu'il n'est pas tout seul sur le chantier; il
travaille avec d'autres compagnons de travail et il n'a pas le droit de
menacer, par pénurie de connaissances des règles de la
sécurité sur un chantier, ses compagnons de travail. Je ne suis
pas sympathique au gars qui rate son examen de sécurité et qui
vient se plaindre chez moi. Par contre, sur le plan de l'administration, d'une
part, selon l'ampleur de l'entrepreneur, comme vous l'avez mentionné,
vous allez faire une distinction, à l'avenir, entre celui qui
bâtit cinq bungalows par année et celui qui bâtit des
"buildings". Je pense que ce n'est pas le même budget à
administrer. S'il y a des distinctions qui se font à ce moment-là
et que vous corrigez la situation, tant mieux.
Il y a aussi un autre problème, c'est qu'on bloque des candidats.
Je ne sais pas, je ne veux pas être présomptueux dans mon
évaluation, mais je me demande si, au niveau de la Corporation des
électriciens ou des plombiers, on ne se sert pas de ces examens pour
contingenter. Je vous dis et je vous répète que je ne veux pas
être présomptueux, mais cela m'apparaît être le cas,
cela a l'air de cela. Je connais des bonshommes qui travaillent dans le
métier depuis fort longtemps et, tant et aussi longtemps qu'ils ont
été employés, ils étaient bons menuisiers ou bons
électriciens. Mais quand ils arrivent pour obtenir un permis
d'entrepreneur, ils ne passent plus leurs examens. Le gars est parti de
Valleyfield deux ou trois fois. Il a raté ses examens. Il a repris et
repris. Cela lui coûte des sous et des déplacements. Il veut
gagner sa vie comme petit entrepreneur en plomberie ou en
électricité, mais il ne passe pas et on sent une espèce de
blocage systématique et cela ressemble à un contingentement.
M. Johnson: C'est d'ailleurs pour cela que, lors de la
dernière loi, la loi no 94, qui était la 18e adoptée au
ministère, on a effectivement...
M. Pagé: En quatre ans.
M. Johnson: ... parce que c'est un fait qu'il a été
porté à notre attention qu'il y avait des examens de la part des
corporations professionnelles, c'est-à-dire les électriciens et
les tuyau-teurs, qui semblaient être un moyen de contingentement.
Maintenant, je ne peux pas, encore une fois, comme le dit si bien le
député de Beauharnois, présumer que c'est vrai, mais c'est
vrai qu'on a entendu cela souvent. C'est pour cela que, dans la loi no 94, on a
fait en sorte qu'il puisse y avoir un appel à la Régie des
entreprises en construction, car ce sont les corporations qui administrent les
examens.
D'une part, la régie va pouvoir réviser la
méthodologie des examens pour s'assurer que de telles choses, si jamais
elles survenaient, ne se passent pas et, deuxièmement, il va y avoir un
droit d'appel quand quelqu'un considère qu'il a été
personnellement lésé, une espèce de révision,
à toutes fins utiles. Cela ne veut pas dire que le candidat dont vous me
parlez va passer, encore une fois, parce qu'il a peut-être un
problème chronique aussi, mais si jamais il ne passe pas, après
s'être assuré que la régie avait vérifié la
méthodologie des examens imposés par les corporations et qu'elle
pouvait entendre les causes en appel, au moins il sera assuré que, s'il
a coulé, c'est vraiment parce qu'il a coulé et non pas pour
d'autres raisons.
M. Lavigne: II y a un dernier point que je veux soulever aussi.
Je me demande si, au niveau du type d'examen pour se qualifier dans son
métier... Il y a des personnes d'un certain âge qui ont
pratiqué un métier pendant fort longtemps et, sur le terrain,
elles sont efficaces, elles sont bonnes. Quand vient le temps de passer par
écrit ou dans un bureau... ce ne sont pas des bureaucrates, c'est un
gars, par exemple, qui a opéré une pelle mécanique pendant
plusieurs années. Quand vient le temps d'aller se qualifier et de passer
un examen, il n'arrive pas à se qualifier, mais, pourtant, cela fait
longtemps qu'il pratique ce métier, il peut aller chercher une aiguille
sur le bord du trou avec sa pelle mécanique. J'ai de ces cas.
Je souhaiterais qu'on puisse permette au candidat de se présenter
à un examen pratique. Si vous n'avez pas une carrière, un banc de
sable ou une tranchée quelque part...
M. Bisaillon: Dans la rue Dorchester, il y a un grand trou.
M. Lavigne: Je comprends que cela comporte des contraintes
d'ordre pratique. Je ne vois pas les fonctionnaires, en plein mois de janvier,
demander aux candidats de s'exécuter pratiquement; ce n'est pas une
pratique, effectivement. Il n'en reste pas moins que cela risque de causer des
préjudices à certains candidats. J'ai eu quelques cas semblables
à mon bureau et je me fais un devoir de le souligner ici; je ne sais pas
ce que vous en pensez.
M. Johnson: Pour reprendre la remarque du député de
Sainte-Marie, on pourrait construire la place Guy-Favreau par étapes
comme cela, ce serait peut-être une bonne façon. Etant
donné qu'il semble qu'on va attendre longtemps après le
fédéral...
En fait, dans les questions d'équipement, les seuls examens qui
existent, ce sont des gens qui demandent la catégorie d'excavation,
c'est-à-dire de creuser une cave, de connaître son sol, de
connaître son étanchéité parce qu'il y a des
questions de sécurité; c'est le seul. Pour les gars de
pépine qui font de l'irrigation ou d'autres, l'examen est superminimal.
A ce niveau, on s'oriente beaucoup plus vers l'expérience passée,
les antécédents des entrepreneurs.
Je dois ajouter, concernant la première question du
député de Portneuf, qu'il y a un droit d'appel ou de
révision on peut l'appeler ainsi qu'on utilise de plus en
plus à la régie avec mes deux régisseurs permanents pour
voir si vraiment la personne a eu un examen adapté à ce qu'elle
fait, au niveau de l'administration. Dans la plupart des cas, dans 90%, lors de
la révision des examens, la plupart de ces gens passent en fonction de
ce qu'ils font réellement. Quand c'est un examen général
pour un groupe et que, en pratique, le gars fait seulement cela et qu'il n'a
pas besoin d'en connaître 75%, normalement, la loi dit que tu dois le
juger en fonction des 25% qu'il connaît. A ce moment-là, en
révisant ses notes d'examens et les questions afférentes à
ce qu'il va faire exactement, la plupart du temps il passe.
Au niveau des crédits, on a un peu plus d'argent en
publicité cette année, on va insister davantage pour renseigner
les entrepreneurs sur ces droits d'appel que souvent ils ignorent.
M. Lavigne: M. le Président, si vous me permettez, juste
un dernier point que je voudrais soulever. Ce n'est peut-être pas
à cet élément que j'aurais dû le soulever, mais
c'est par association d'idées, cela me fait penser à un autre
problème. Au niveau des travailleurs en excavation qui travaillent pour
le ministère de l'Agriculture, vous avez des conducteurs de
béliers mécaniques qui travaillent à l'irrigation ou au
drainage des terres agricoles. Ils peuvent travailler un été
là-dessus, mais, l'hiver, les travaux arrêtent et leur temps ne
compte pas au niveau des métiers de la construction. Pendant l'hiver,
ils pourraient être placés sur une pelle mécanique dans le
monde de la construction, mais on ne leur reconnaît pas les heures faites
pour le ministère de l'Agriculture; pourtant, ils étaient sur une
pelle mécanique au même titre...
M. Pagé: C'est le règlement de placement, cela.
M. Lavigne: C'est le règlement de placement. C'est pour
cela que je disais tout à l'heure que... (17 h 30)
M. Johnson: Effectivement, c'est un règlement de
placement, sauf que, le jour où on le fera pour les travailleurs
agricoles, il faudra le faire pour les travailleurs des pâtes et papiers,
il faudra le faire pour les travailleurs d'entretien dans le secteur forestier,
il faudra le faire pour tant de catégories de travailleurs que l'effet,
encore une fois, de la notion de plus grande partie ou de presque
exclusivité de travail dans la construction sera modifié. Dans
des circonstances comme celles-là, on est aussi bien d'oublier toute
forme de réglementation de ce type. Maintenant, s'il y en a qui
s'imaginent que cela réglerait le problème de revenir à
l'ancien système, je leur suggère de consulter quelques
travailleurs de la construction.
M. Pagé: II me suggère de consulter les
travailleurs de la construction.
M. Johnson: Mais non, je m'adressais au député de
Portneuf en disant cela, devant ses exclamations habituelles.
Le Président (M. Laberge): Sur le programme 7, est-ce que
cela complète vos questions?
M. Pagé: Non, il y avait d'autres réponses, M. le
Président, la réponse relative aux artisans.
M. Johnson: Sur l'artisan, bien oui. D'abord, je me souviens que,
lors du "passage" de la loi 110 et de la loi 94...
M. Bisaillon: "Passation".
M. Johnson: De la "passation", oui. Je m'excuse du lapsus, c'est
"l'anglicification", "just because we are one people". Essentiellement, je me
souviens d'une des critiques de l'Opposition. Je me souviens du
député de Charlevoix, entre autres, à qui vous ferez mes
meilleures salutations et qui nous manque aujourd'hui à cette commission
des crédits. Le député de Charlevoix prévoyait le
raz de marée des travailleurs devenant des artisans. On les voyait
entrer par les fenêtres comme un flot géant. Les chiffres sont les
suivants après trois mois d'application: 293 demandes.
M. Pagé: Trois mois.
M. Johnson: C'est cela, oui. Il était censé y en
avoir à peu près 10 000. J'ai entendu le chiffre 10 000 de la
bouche des gens de l'Opposition.
M. Pagé: Quelle est la publicité qui a
été faite autour de cette possibilité?
M. Johnson: Publicité: trois fois une page dans tous les
hebdos régionaux du Québec et trois fois une demi-page, non,
trois fois trois quarts de page dans les grands quotidiens de la région
de Montréal. Evidemment, l'Opposition trouvait qu'on faisait trop de
publicité.
M. Pagé: Pas à cet égard, soyez
honnête; pas à cet égard.
M. Johnson: Cela dépend. M. Pagé: Soyez
honnête.
M. Johnson: On l'est toujours, nous autres; on n'a pas besoin de
le dire. Essentiellement, 293 demandes en trois mois. Les demandes continuent
d'entrer, évidemment. 118 ont été accordées
jusqu'à maintenant, ont été émises; les autres sont
en instance de traitement de dossier. Est-ce qu'on peut dire que c'est
significatif? Je ne le sais pas, mais, sûrement, on ne se dirige pas vers
10 000. Cela est sûr. Même à ce rythme, même en
présumant un accroissement de rythme, on se dirige vers une couple de
mille au maximum.
M. Pagé: Le type d'examens?
M. Johnson: II y avait deux façons de régler le
problème des examens en ce qui concerne les artisans. Inventer de toutes
pièces un examen pour une clientèle qu'on ne connaissait pas ou
leur faire passer l'examen dans les spécialités données
qu'on faisait passer pour l'entrepreneur de trois personnes, excepté
qu'on prenait pour prérequis qu'on le faisait passer et qu'en même
temps cela nous donnait une indication de la différence entre le type
qui vient comme artisan, à moins que le gars n'ait 5%... On
n'exagérait pas, mais on s'est mis une marge; sur le plan technique, on
a enlevé des questions d'ordre de plan, ces choses-là, mais on a
adapté le même examen à l'artisan. Actuellement, l'ordre de
passage est de 100% et la note de passage, d'après les premières
indications que j'ai... Mais, avec une clientèle de 118 répartie
en quatre ou cinq métiers, ce n'est pas encore assez
révélateur statistiquement. Cela nous donne quand même une
bonne idée que le degré de connaissances sur le plan technique
est assez bon. Sur le plan administratif, c'est vraiment un examen, de ce
côté, minimal, adapté. Pour la sécurité, on
ne peut pas y échapper. Ils ont le code quand ils passent l'examen et
c'est en même temps un exercice d'apprendre les normes de la
sécurité.
Le Président (M. La berge): M. le ministre.
M. Johnson: Est-ce que le programme 7 sera adopté, M. le
Président?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Programme 7 adopté.
M. Johnson: M. le Président, on conclut. Le
Président (M. Laberge): Oui.
M. Johnson: M. le Président, je pourrais peut-être
laisser au député de Portneuf le soin de faire les derniers
commentaires, quelques commentaires. Je vais faire les miens. Je vous remercie.
Je remercie les membres de la commission. Je remercie le député
de Beauce-Sud qui a participé pour la première fois à une
séance d'étude de nos crédits. Evidemment, je remercie mes
collègues qui s'étaient tous préparés, même
s'ils ne sont pas tous intervenus de la même façon, et je veux
vous assurer, M. le Président, que je pense que ce sera une bonne
année pour la main-d'oeuvre et le travail au Québec, comme dans
bien d'autres choses.
Le Président (M. Laberge): Messieurs, je vous remercie.
Cela a été très agréable pour moi de
présider cette commission. J'ai appris beaucoup de choses, cela a
été très serein et je veux en faire la remarque. Sur ce,
la commission du travail et de la main-d'oeuvre ajourne ses travaux sine
die.
Fin de la séance à 17 h 36