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Projet de loi no 109
(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Laplante): La commission du travail et de
la main-d'oeuvre se réunit aujourd'hui pour l'étude article par
article du projet de loi no 109, Loi modifiant la Loi sur les relations du
travail dans l'industrie de la construction et concernant la
représentativité de certaines associations
représentatives.
Les membres de cette commission sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie)
remplacé par M. Dussault (Châteauguay); M. Brochu (Richmond) sera
là jusqu'à 13 heures, puis sera remplacé par M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska).
M. Johnson: II est remplacé dès maintenant.
Le Président (M. Laplante): II est remplacé
dès maintenant. M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Johnson (Anjou), M.
Lavigne (Beauharnois) est remplacé par M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata); M. Lefebvre (Viau), M. Mailloux (Charlevoix),
M. Pagé (Portneuf), M. Paquette (Rosemont).
Les intervenants sont: M. Boucher (Rivière-du-Loup), M. Dussault
(Châteauguay), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Forget (Saint-Laurent),
M. Gosselin (Sherbrooke)...
M. Pagé: M. le Président, M. Forget est
remplacé par M. Mathieu (Beauce-Sud).
M. Chevrette: Formidable!
Le Président (M. Laplante): M. Forget (Saint-Laurent) est
remplacé par M. Mathieu (Beauce-Sud), M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska) est remplacé par M. Goulet (Bellechasse); Mme
LeBlanc-Bantey (Iles-de-la-Madeleine), M. Springate (Westmount), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Avant de procéder à l'étude article par article, M.
le député de Portneuf me fait remarquer qu'il aurait une motion
à présenter.
M. Pagé: M. le Président, je dois vous dire que
c'est à votre invitation. Je vais présenter une motion
unanime.
Audition des représentants des groupements
intéressés
M. Johnson: Si vous me permettez, M. le Président, comme
la tradition - je suis sûr que c'est un lapsus de votre part - veut que
ce soit le côté gouvernemental qui puisse ouvrir la commission, je
pense que, d'un commun accord avec le député de Portneuf et le
député de Nicolet, nous pourrions entendre mes collègues
ministériels, c'est entendu. Quant au député de
Rouyn-Noranda, on ne sait pas exactement si le consentement du
député de Portneuf vaut pour le député de
Rouyn-Noranda ou s'il vaut pour le Crédit sociall
Nous pourrions entendre les représentants, de chacun des cinq
groupements de la construction qui n'ont pas été convoqués
formellement au sens où cette commission parlementaire, à
l'origine, n'était pas convoquée pour les entendre, mais bel et
bien pour étudier un projet de loi. Nous avons cru, par courtoisie
à l'égard de ces groupes, qu'il serait peut-être une bonne
idée de leur faire part du fait que nous serions en commission
aujourd'hui et de leur dire, en même temps, de rester disponibles au cas
où les membres de la commission jugeraient utile qu'ils le soient.
Dans les circonstances, peut-être pourrait-on entendre un
représentant pour chacun des groupes, c'est-à-dire le conseil
provincial, la FTQ, la CSN, la CSD, le Syndicat de la Côte-Nord, pendant
à peu près dix minutes, ce qui pourrait s'étendre
peut-être, au maximum, à un quart d'heure par groupe, et il n'y
aurait pas de période de questions après chacun des
exposés, mais, une fois que les cinq exposés seraient
terminés, peut-être pourrions-nous faire un tour de piste, chacun
des partis politiques et chacun des membres de la commission qui sont
intéressés à exprimer une opinion là-dessus.
Alors, si les membres de la commission sont d'accord avec...
M. Pagé: A cet égard, du côté de
l'Opposition, on vous pardonne le lapsus, si lapsus il y a eu,
évidemment, auquel faisait allusion le ministre. Pour aider le
gouvernement comme d'habitude, M. le Président, je vais déposer
la motion - le libellé et le texte sont prêts - afin que les cinq
groupes puissent être entendus dans les limites de temps établies
par le ministre de vive voix, soit de dix à quinze minutes.
Le Président (M. Laplante): Je vais lire la motion: "Que
les représentants des cinq organismes invités par le
secrétariat des commissions parlementaires à assister aux travaux
de la commission du travail et de la main-d'oeuvre puissent également se
faire entendre avant que ne débute l'étude article par article du
projet de loi no 109, Loi modifiant la Loi sur les relations du travail dans
l'industrie de la construction et concernant la représentativité
de certaines associations représentatives." C'est une motion recevable,
débattable aussi, mais, vu que je crois qu'elle est débattue et
acceptée, motion adoptée?
M. Pagé: Merci, M. le Président. Merci, chers
collègues.
M. Johnson: M. Mailloux? M. Goulet?
Le Président (M. Laplante): Je vais maintenant appeler les
organismes. C'est entendu que ce sera dix minutes pour chacun de vous. Je vais
procéder selon l'ordre de convocation à assister à cette
étude du projet de loi no 109. M. Paul-Émile Dalpé.
M. Johnson: Je pense que chacun des organismes devrait choisir le
nom de son porte-parole. Vous pourriez peut-être simplement identifier
chacun des organismes.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Je
n'ai pas d'objection. Je vais identifier l'organisme.
M. Carey (Reynald): Reynald Carey à la place de Paul-Emile
Dalpé.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez avancer
à la barre, s'il vous plaît, M. Carey.
M. Johnson: Reynald Carey.
Le Président (M. Laplante): M. Carey, si vous voulez bien
vous identifier et identifier le groupe que vous représentez.
Centrale des syndicats démocratiques
M. Carey: Je suis Reynald Carey, président du secteur
construction à la CSD.
M. le Président, comme vous le mentionniez tout à l'heure,
nous n'étions pas informés que nous devions comparaître
devant la commission parlementaire. Nous n'avons pas préparé de
document. Vous savez que nous ne sommes pas les personnes ou le groupe le plus
visé par ce projet de loi.
J'aimerais quand même faire connaître quelques points qui
nous apparaissent un peu fondamentaux. Je pense que l'économie de la loi
veut que ce soit un vote individuel, alors que le projet de loi tel que
présenté nous dit que ce n'est pas de façon individuelle
que cela doit se faire, mais bien en assemblée générale.
Cela nous apparaît inacceptable dans ce sens. Par contre, qu'on
reconnaisse une nouvelle association syndicale, cela fait partie de la
philosophie de la CSD. Qu'il y ait plusieurs associations syndicales, nous
n'avons pas d'objection à ce principe.
Il aurait pu y avoir cette reconnaissance de la FTQ-Construction
où celle-ci pourrait, au même titre que les autres associations
syndicales reconnues, participer lors de la prochaine campagne de maraudage et
les travailleurs, individuellement, auraient pu choisir entre cinq, six ou sept
associations représentatives, quelles qu'elles soient, à ce
moment-la.
Pour nous, c'est un point qui nous semble important et, la
négociation étant terminée, je pense qu'il n'y a pas
d'urgence, à ce moment-ci, à reconnaître une nouvelle
association qui représenterait des métiers plutôt que de
représenter, dans une forme de pourcentage, un ensemble de travailleurs.
Avec le projet de loi tel qu'il est, les travailleurs sont appelés par
métier à faire un choix en assemblée
générale, ce qui veut dire que le degré de
représentativité pourrait être quand même
faussé avec une décision comme celle-là. Je pense que ce
que la loi veut, c'est qu'une association syndicale représentative
puisse parler au nom de l'ensemble des travailleurs, peu importe le
métier qu'ils exercent, alors qu'à ce niveau, ce serait
complètement fausser les règles du jeu. (10 h 15)
II est bien sûr que, la CSD n'étant pas touchée
directement par ce processus, c'est plutôt sur des principes à
l'intérieur de ce projet de loi que nous voulons attirer l'attention de
la commission et, comme nous le mentionnons, nous n'avons pas d'objections
à cette reconnaissance de la FTQ-Construction, mais elle devrait
être au même titre que celle des autres associations syndicales
lors de la prochaine campagne de maraudage dans la course pour faire valoir
leur point de vue et laisser les travailleurs libres d'appartenir ou de choisir
l'association de leur choix.
Je le répète encore, l'urgence ne nous apparaît pas
si grande que cela et, la négociation étant terminée, nous
n'avons qu'à vivre la convention collective. Nous croyons que la
publication du décret serait plus urgente maintenant que la
reconnaissance d'une nouvelle association syndicale. N'oublions quand
même pas que ces travailleurs ont fait un choix et ils ont choisi ou
appartiennent à des syndicats de métiers qui continuent à
les représenter. Évidemment, il est peut-être question de
pouvoirs dans tout cela, mais, quand même, les travailleurs sont
représentés et ils pourraient l'être jusqu'à la
prochaine période.
Une remarque en passant, et la dernière que je veux faire. Il
m'apparaît drôle de vouloir régler un problème de
conflits de cette nature de cette façon, au moment même où
d'autres travailleurs ne se sentent pas heureux dans d'autres locaux et,
immédiatement, on les met en tutelle, alors qu'on les empêche de
faire des choix ou de sortir de ce qu'eux ne veulent pas ou n'acceptent pas.
Par contre, au même moment, on veut permettre à d'autres
travailleurs de dire: Vous n'êtes pas heureux où vous êtes,
on va vous accorder la possibilité de choisir.
M. le Président, c'étaient les quelques remarques que je
voulais faire et nous serons présents lors de la discussion. S'il y a
des questions qui nous sont posées, il me fera plaisir d'y
répondre.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. J'appelle
maintenant le Conseil provincial des métiers.
Conseil provincial du Québec des métiers
de la construction
M. Pouliot (Maurice): Maurice Pouliot, directeur
général du Conseil provincial du Québec des métiers
de la construction.
M. le Président, MM. les membres de la commission il est
évident pour le conseil provincial que le projet de loi no 109 nous
apparaît tout à fait inacceptable. On peut sûrement se
rappeler que le problème ne remonte pas à la dernière
année, mais à plusieurs années, même avant
l'adoption de la loi 290, ce qui a donné une reconnaissance
légale à la Fédération des travailleurs du
Québec en 1968. Par la suite, en 1975, à la suite de la
commission Cliche, il avait été entendu que les associations
devaient demander d'être reconnues à l'Office de la
construction.
À l'époque, le conseil provincial était sous la
tutelle de M. Fernand Daoust, secrétaire général, et il
avait été demandé que soit inscrite sur le bulletin de
vote la FTQ-Construction. De là, le conseil provincial, les agents
d'affaires se sont opposés énergiquement à l'inscription
de la FTQ-Construction sur le bulletin de vote et ont demandé que soit
inscrit le Conseil provincial du Québec des métiers de la
construction (FTQ), ce qui a été effectivement accepté de
la part de l'Office de la construction.
Le même phénomène s'est produit en 1978, lors de
l'adoption de la loi 52. Pour nous, il est
clair que, dans l'industrie de la construction, déjà avec
le pluralisme syndical qui existe, soit quatre associations
représentatives, il devient à l'encontre des pensées du
conseil provincial d'en créer une autre, parce qu'on a affaire, comme
vous le savez, à un monstre qui est l'AEQ.
On sait fort bien qu'un problème existe. Bien malin serait celui
qui pourrait me dire combien de travailleurs de la construction ont voté
pour le conseil provincial ou les 40 locaux affiliés ou la FTQ. Il faut
le reconnaître, la publicité a été faite dans un
très large pourcentage sous le nom de FTQ-Construction. Cette
publicité a toujours été payée à même
les sommes - une grosse partie de ces sommes - qui venaient des Building Trades
américains, comme on le mentionne assez fréquemment.
Il est sûr que l'expulsion des électriciens et des monteurs
de lignes en octobre 1979 n'a pas été sans créer de
problèmes et ça continue d'en créer. Mais, pour nous, il y
a trois associations qui sont typiquement québécoises, qui ne
relèvent d'aucun diktat du Building Trades, comme il y en a qui se
vantent de mentionner qu'on est sous les diktats. Ce que je voudrais mentionner
aux membres de la commission, c'est qu'on a des constitutions, tant au Conseil
provincial du Québec ... qui est celle du Building Trades. Lors des
différents congrès, il y a des délégations du
Québec et des autres provinces. Il reste aux travailleurs de l'industrie
de la construction de décider.
On sait que, dans la loi actuelle, au mois d'août de
l'année prochaine, les associations devront demander d'être
reconnues par l'Office de la construction. Ce n'est tout de même pas une
période qui est très longue et, à cette
époque-là, je pense qu'il devrait y avoir possiblement une
modification à la Loi sur les relations du travail. Mais, pour
l'instant, nous ne voyons aucune urgence à tenter d'adopter le projet de
loi no 109, tel qu'on a tenté de le faire, à la vapeur.
La question du projet de loi no 109, qui veut que ce soient les
assemblées des membres qui vont décider de leur choix tant
à une union internationale qu'à la FTQ-Construction, nous
apparaît totalement inacceptable. Il faudrait penser aux milliers de
travailleurs de la construction qui vont travailler et qui travaillent
actuellement dans des chantiers soit aux Etats-Unis, en Alberta ou en
Colombie-Britannique. Ces travailleurs ne pourront pas assister aux
assemblées pour décider de leur choix d'une union internationale
ou d'une union québécoise.
Donc, pour ces raisons, on pense qu'on devrait retarder l'adoption du
projet de loi no 109, si on veut respecter la volonté des travailleurs
de l'industrie de la construction. On a vu récemment trois nouveaux
locaux qui ont été mis en tutelle. Je pense que l'Union
internationale des opérateurs, local 905... Il y a eu des injonctions de
demandées en cour par le local 791, censé être encore
international, et le juge Delongchamp a donné raison, disant que le
conseil provincial pouvait affilier des locaux internationaux
indépendamment de leur affiliation à la FTQ ou non. Le conseil
provincial a une constitution et on a la ferme intention de respecter les
constitutions.
Lors du congrès qui s'est terminé vendredi dernier, il a
été clair pour nous autres que, pour être affiliés
au Conseil provincial du Québec des métiers de la construction,
union internationale, il faut détenir une charte des Building Trades et
des unions américaines. On voudrait que ce soit très clair. On
n'aime pas du tout l'appellation de FTQ-Construction, parce que c'est un nom
qu'on peut mentionner, cela a coûté au conseil provincial et au
Building Trades plusieurs centaines de milliers de dollars pour faire une
publicité à la FTQ. C'est en gros ce que j'avais à
mentionner.
Le Président (M. Laplante): Merci, M.
Pouliot. J'appelle maintenant le Syndicat de la construction
Côte-Nord. Est-ce qu'il y a un représentant? Oui, monsieur.
Syndicat de la construction Côte-Nord de
Sept-Iles Inc.
M. Picard (Ambroise): M. le Président, à titre de
président du Syndicat de la construction Côte-Nord de Sept-Iles
Inc, et à titre de représentant de la Confédération
des syndicats québécois, j'ai été invité
comme observateur et je m'en tiens strictement au...
Le Président (M. Laplante): Votre nom, monsieur?
M. Picard: Mon nom est Ambroise Picard. Le Président
(M. Laplante): Merci, monsieur.
M. Picard: Je m'en tiens strictement à mon râle
d'observateur, si vous voulez, parce que je juge que c'est un problème
syndical et pas plus.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. Picard. J'appelle
maintenant la Fédération du bois et du bâtiment (CSN).
Monsieur?
Confédération des syndicats
nationaux
M. Rodrigue (Norbert): Norbert Rodrigue, président de la
CSN. Je m'exprimerai au nom de la CSN et des travailleurs de la construction
représentés par la fédération. Je tenterai de
respecter les quinze minutes dont le ministre a parlé.
MM. les membres de la commission, M. le ministre, la constance, pour ne
pas dire l'acharnement, de la CSN-Construction à défendre
l'intérêt de ses membres et les principes que sont le pluralisme
syndical, la liberté syndicale et la non-ingérence de
l'État dans les affaires syndicales est connue de tous les travailleurs
et observateurs de l'industrie. En soutenant ces principes, la CSN a toujours
réclamé du législateur qu'il élabore des
règles claires non rétroactives, cohérentes et
démocratiques. C'est au nom de ces mêmes principes que nous nous
opposons aujourd'hui à l'adoption du projet de loi no 109 dont on aurait
pu choisir le titre parmi les suivants: Un étage de plus à la
tour de Babel; Du "patchwork" comme technique législative, ou encore
"Christmas is around the Corner" comme nouvelle version.
En théorie, ce projet de loi, M. le Président et M. le
ministre, ne s'appliquerait qu'aux associations et salariés liés
par le dernier vote d'allégeance au Conseil provincial du Québec
des
métiers de la construction (FTQ). Mais étant donné
que, d'une part, le projet affecte les principes déjà
énoncés et que, d'autre part, il affecterait nos membres et notre
organisation dans son application, la CSN croit qu'il est non seulement
important, mais qu'elle a un intérêt certain à faire
connaître sa position à ce stade-ci.
Le projet de loi a comme but principal la reconnaissance d'une nouvelle
association représentative dans l'industrie de la construction. Quant
à nous, le premier article du projet de loi règle cette question;
il reconnaît l'association en question et réalise l'objectif qu'on
nous dit rechercher. Le parrain du projet de loi a cependant prévu 20
articles de mesures transitoires pour arriver au but déjà atteint
par l'article 1. Ces mesures transitoires prévoient la tenue d'un
scrutin spécial, un genre de préliminaires syndicales
préalables au vote général d'allégeance syndicale,
que l'application de la loi générale, c'est-à-dire la Loi
sur les relations du travail dans l'industrie de la construction, aurait
situé à l'automne 1981. Ce vote préalable ou transitoire
se fait selon des règles qui nient un des principes fondamentaux de la
loi générale sur la construction, celui de la liberté
syndicale par l'adhésion individuelle à une association
représentative. L'ensemble de ces mesures donne au projet de loi no 109
le caractère d'une loi spéciale dont l'aboutissement est de
mettre en péril le pluralisme syndical, un autre principe fondamental
que le projet prétend soutenir. En effet, le projet semble
établir que tout salarié peut choisir le conseil ou la
fédération. Cet énoncé est conforme à
l'économie de la loi générale qui reconnaît à
tout salarié le droit d'appartenir à une association de
salariés de son choix.
La suite du projet vient cependant, quant à nous, nier
complètement ce principe. L'article 10, par un détour assez
tortueux, nous apprend que si, lors du vote, il y avait égalité
des voix parmi les votants d'une association, son président aurait cinq
jours pour faire connaître à l'OCQ son choix. Ce choix est
décisif. Voilà une façon lapidaire de dire que le
salarié n'a pas le choix entre le conseil ou la
fédération, mais qu'une simple majorité de votants d'une
association peut décider que l'association, et avec elle tous ses
membres en règle ou pas, sera affiliée au conseil ou à la
fédération. Les mécanismes d'établissement du taux
de représentativité et l'émission à chaque
salarié d'une nouvelle carte d'allégeance faisant mention du nom
du conseil ou de la fédération, selon le choix exprimé par
la majorité des votants dans son association, viennent confirmer la
dérogation au principe de liberté syndicale pour ceux à
qui l'astuce de l'article 10 aurait échappé, celle par laquelle
on rend possible, en fait, que le vote d'un homme conditionne
l'allégeance de jusqu'à 10% des travailleurs de l'industrie. Ce
vote viendrait nier carrément le sens des votes exprimés en vertu
de la loi générale lors desquels les travailleurs auraient
adhéré individuellement au Conseil provincial FTQ à
l'époque. Si c'est le vote que l'on veut départager, pourquoi ne
pas offrir aux mêmes travailleurs l'occasion de spécifier leur
choix puisque c'est souvent parce qu'ils étaient d'un métier X
qu'ils se sont retrouvés dans l'association X. Sinon, serait-ce que le
proposeur du projet préfère qu'un travailleur soit, contre son
gré, dans une association, plutôt qu'une association mal à
son aise, dans une association représentative?
On aura beau prétendre qu'il s'agit d'un vote d'affiliation, ce
vote aura quand même comme effet de changer ou de maintenir
l'allégeance de travailleurs contre leur consentement. On peut
d'ailleurs se demander ce qu'il adviendra de part et d'autre à ceux qui
auront fait connaître leur sympathie pour les perdants ou qui auront
décliné une invitation polie à faire connaître en
temps opportun leur sympathie pour les gagnants.
L'esprit de la loi générale - là, on voit, nous,
dans le projet de loi, une menace au pluralisme syndical - veut qu'une
association représentative prétende à une
compétence provinciale dans tous les métiers. (10 h 30)
C'est le cas actuellement, mais si un vote par association devait avoir
lieu, comme dans la majorité des cas il n'y a qu'une association par
métier, il est probable qu'à la fin du vote, ni le conseil, ni la
fédération n'auront cette compétence dans tous les
métiers. Ils pourront continuer d'y prétendre, mais le vote aura
quand même pour effet d'avoir pratiquement donné une
accréditation au conseil ou à la fédération par
métier.
C'est ici que le proposeur du projet s'engage, sous le couvert de
mesures dilatoires, sur la pente des monopoles syndicaux par métier pour
l'instant. Si, par hypothèse, le conseil ou la fédération
réunissait les 50% de représentativité lui donnant le
monopole de la négociation dans l'industrie avec, en
réalité, une majorité dans une minorité de
métiers les plus populeux, de quoi auront l'air les prochaines
négociations et quel cas fera-t-on des droits des travailleurs gui, eux,
ont choisi des structures de regroupement syndical qui ne sont pas
basées sur le métier, mais sur la région de travail? La
logique du projet de loi contient des ferments de nouvelles difficultés,
donc de nouveaux amendements à la loi générale qui
menacent directement le principe du pluralisme syndical.
À court terme même, on remarque que le projet de
décret, entre autres, contient des dispositions s'appliquant à
une association de plus de 15%, c'est-à-dire, par exemple, à la
CSN quand on se place au moment où ces textes furent
négociés. Qu'adviendra-t-il de ces droits si
l'établissement de nouveaux taux de représentativité
produit une autre association représentative à plus de 15%?
Qu'adviendra-t-il des notions d'association majoritaire dans ce projet de
décret? Y a-t-on seulement pensé? A-t-on pensé aussi
à l'iniquité qui découle de l'application uniforme des
lois selon des taux de représentativité qui n'ont pas
été acquis et calculés sur la même base? Sur la base
réelle de l'allégeance syndicale individuelle pour nous et sur la
base artificielle de l'affiliation à l'association par vote majoritaire
pour d'autres?
A-t-on pensé également à l'immanquable
période de flottement, d'incertitude et de confusion chez les
travailleurs qui accompagne ce genre de vote au moment où les nouvelles
conditions de travail, péniblement négociées, ne sont
même pas encore assurées? Et on parle du décret. Nous avons
déjà vécu l'expérience de
l'introduction de règles du jeu ad hoc dans l'allégeance
syndicale, lors de la scission CSD. Il leur a fallu plus de cinq années
d'énergies précieuses pour régler ce contentieux. La loi
générale a été changée pour parer à
ces éventualités en prévoyant un vote
général à intervalles réguliers et voilà
maintenant qu'on recommence à tripoter les règles auxquelles tous
s'étaient adaptés et qu'ils avaient même fait modifier par
consensus. Ces règles avaient assaini les relations entre les centrales
et procuré une plus grande sécurité chez les
travailleurs.
L'ingérence étatique dans les affaires syndicales. Le
carcan législatif sur les activités syndicales a
été unanimement et fréquemment dénoncé. Il
est consternant de constater que ceux à qui le projet de loi veut venir
en aide, du moins en apparence, auraient pu permettre que l'escalade de
l'ingérence se poursuive. Les votes se tiendront selon les statuts et
règlements des associations sous la surveillance de l'OCQ, nous dit le
projet. N'oublions pas que certaines associations sont déjà sous
tutelle soit gouvernementale, soit syndicale. Il reviendra donc aux tribunaux
d'interpréter des constitutions syndicales en regard de la loi puisque
ce n'est plus la constitution syndicale, mais la loi qui dit ce qu'est une
association et qui a droit de vote. C'est à chaque association de
fournir à l'OCQ sa liste de membres, mais c'est à l'OCQ qu'il
appartient de dresser une liste incontestable qu'elle remet à chaque
association, un salarié ne pouvant figurer que sur une seule liste.
Comment peut-on concilier la tenue d'un scrutin en conformité
avec des constitutions syndicales, tout en laissant aux fonctionnaires de
l'office le soin de déterminer qui des membres a le droit de vote? En
maintenant des listes séparées pour chaque association, sans les
remettre aux autres associations impliquées, ne donne-t-on pas à
l'office des pouvoirs que la loi générale ne lui reconnaît
pas, c'est-à-dire le pouvoir de trancher, par exemple, sur
l'appartenance réelle à une association et le pouvoir de trancher
des conflits de juridictions de métiers? De plus, si les salariés
sont appelés à voter, fédération ou conseil,
comment se fait-il que ces deux organisations ne reçoivent pas les
listes? Si, par une inadvertance qui se produit régulièrement
encore, on mettait sur une liste le nom d'un membre CSN, quel serait le moyen
de faire corriger cette erreur?
Enfin, toujours sur la préparation du vote, il est
étonnant de constater que le proposeur prévoit un vote
étalé sur une certaine période pour une association. Cela
nous paraît raisonnable et pratique, mais pourquoi la loi
générale prévoit-elle toujours, malgré des demandes
de modification répétées, que l'élection des
personnes occupant une fonction de direction, la grève, l'acceptation ou
le rejet d'un projet de convention, la fixation de la cotisation ne peuvent
être décidés qu'au scrutin secret par la majorité
des membres présents à une assemblée dûment
convoquée? Pourquoi imposer des normes à des constitutions
syndicales, dire qu'un vote doit se tenir selon la constitution et
prévoir une modalité qui s'écarte de la norme, puisque le
proposeur reconnaît que la norme ne tient pas? Pourquoi n'amende-t-il pas
la loi générale en conséquence?
Sur le déroulement du vote, on remarque que la surveillance de
l'office prend des proportions assez exceptionnelles. Comment concilier le
pouvoir du représentant de l'OCQ de trancher sur l'attitude d'un
salarié à voter et sur le dépouillement d'un scrutin avec
les pouvoirs normalement dévolus à un président
d'élection en vertu d'une constitution syndicale? Comment concilier que
sa décision soit sans appel avec les droits d'appel en vertu d'une
constitution dont le projet de loi prévoit par ailleurs l'application?
Comment concilier que l'on ne reconnaît que la majorité de votants
alors que les constitutions syndicales les plus démocratiques
prévoient que, sur une question vitale comme l'affiliation, il faut les
deux tiers des membres en règle pour qu'un changement ait lieu?
Comment expliquer que l'OCQ peut déclencher
unilatéralement un vote selon une constitution syndicale? L'OCQ
surveillant devient administrateur et juge de la constitution syndicale quand
il n'exerce pas carrément une tutelle en exerçant des pouvoirs
dévolus aux exécutifs syndicaux. Prétendre faire ces
ingérences au nom de la démocratie relèverait du pur
cynisme d'autant plus que le projet donne à des fonctionnaires des
pouvoirs administratifs incontestables sur des droits démocratiques
fondamentaux.
Quant à la liberté d'opinion syndicale, nous voulons
soumettre que depuis que des tensions internes existent au sein du conseil, la
CSN n'a pas attendu les directives du ministre du Travail pour donner une ligne
de conduite syndicale de non-intervention dans des problèmes syndicaux
internes. Ainsi, lorsque le projet suspend l'application de l'article 31 de la
loi générale sur la publicité syndicale, mais
prévoit qu'une confédération peut commettre des
infractions à la loi, la CSN croit opportun de rappeler sa ligne de
conduite.
Le vote, M. le ministre et M. le Président, MM. les
députés, donnera lieu à de la publicité qui
touchera tous les travailleurs de la construction et éventuellement
impliquera par erreur certains de nos membres dans la mesure où les
associations, et particulièrement la fédération et le
conseil, traiteront de sujets d'intérêt général,
particulièrement sur le type de syndicalisation
préconisée, sur ce que furent les dernières
négociations; la CSN ne restera pas assise dans les gradins pour
regarder ses rivales en termes de vote d'allégeance l'année
prochaine, pour se payer une manche de publicité en toute
immunité sans droit de réplique. Il y va, quant à nous, du
droit à l'information et à l'opinion dont jouissent tous les
travailleurs et leur organisation. Il est arrivé et il arrive encore que
des syndicats se retrouvent devant des tribunaux pour avoir publié des
journaux ou tenu des assemblées accessibles à tous les
travailleurs. C'est ce qui explique notre vigilance face à de telles
dispositions du projet qui donnent lieu à des interprétations a
posteriori et qui font que l'on poursuit au cas où la loi aurait
été violée. La CSN maintiendra donc sa ligne de
non-ingérence, parce qu'elle est syndicale, mais elle se retrouve dans
une situation où, techniquement, elle ne pourrait faire autrement que
violer la loi. Au nom de la même ligne syndicale, nous protégerons
nos membres éventuellement impliqués dans ce vote et nous
exercerons publiquement nos droits d'information et d'opinion à
l'encontre de toute publicité fausse ou tendancieuse.
En conclusion, je voudrais rappeler les propos du ministre du Travail
à l'occasion de l'adoption de la loi 110 où le ministre disait:
"C'est un milieu qui a toujours été marqué par cette
espèce de violence des mots, des phrases souvent un peu creuses, des
verbiages et surtout une moyenne de deux lois par année dans les dix
dernières années. Quand on pense qu'il y a au Québec 50
secteurs où il y a des décrets, où il y a des
comités paritaires! La construction n'a pas su s'en satisfaire: il aura
fallu une commission de l'industrie de la construction, il aura fallu une
commission Cliche, il a fallu la formation de l'OCQ et, en plus de cela, il a
fallu leur faire une loi à eux qui les soustrait complètement,
employeurs et syndicats, au Code du travail du Québec. Il a fallu cela,
finalement, pour obtenir "la paix industrielle", encore qu'elle soit à
l'occasion assez éphémère même si je pense, depuis
le dernier décret, qu'il y a un calme relatif dans la construction."
Le ministre poursuivait, en disant:"H faut être bien conscient que
s'il avait fallu faire la même chose dans les 50 autres secteurs
où il y a des décrets au Québec, il faudrait que ce
Parlement adopte chaque année 100 lois, c'est-à-dire, dans
l'espace de dix ans, 1000 lois pour rendre le monde content et pour avoir la
paix industrielle au Québec. "On pourra peut-être s'apercevoir
qu'on a affaire avec un milieu qui est un peu plus susceptible que d'autres
milieux, disait-il, dans les relations de travail au Québec. Il ne faut
surtout pas s'étonner du fait que ce soit un milieu où l'on parle
fort quand, carrément, on n'essaie pas de jouer du bras."
Nous voici maintenant, sans l'avoir demandé, devant le projet de
loi no 109. Le but principal de la loi est, selon nous, atteint dans
l'intérêt de tous et en conformité avec la loi
générale dans son premier article, encore une fois. La suite du
projet ne fait pas exception au jugement que portait par anticipation le
ministre en février 1979, et je cite: "D'ailleurs, c'est comme tout le
reste de ces lois de la construction qui sont des espèces de ciment
difficile à déterminer, de pensées qui sont souvent assez
incohérentes." Nous ne voyons pas l'utilité des dispositions
dites transitoires, M. le ministre. La confusion, l'ingérence, les
dérogations et les dangereux précédents que le projet
comporte l'emportent sur son utilité réelle et prennent la place
et le temps qui seraient requis par des applications et des modifications
urgentes dans la loi générale dont l'intérêt est
reconnu de tous.
Nous avons beaucoup à dire sur le projet de décret et les
travailleurs en ont besoin. Si vous avez encore deux minutes de
démocratie, je vais m'exprimer. Ce ne sera pas long...
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. Rodrigue:
... deux minutes.
Le Président (M. Laplante): Non, non, c'est juste...
M. Rodrigue: Deux minutes.
Les lois générales comportent toujours des
incohérences graves qui empêchent les travailleurs et les
associations d'exercer leurs droits. Chaque jour, on expulse sans recours des
travailleurs de la baie James. Chaque jour, des délégués
syndicaux sont empêchés d'agir. Chaque jour, les travailleurs sont
soumis davantage au chantage patronal sur leur sécurité d'emploi
et, chaque jour, l'OCQ exproprie un peu plus les syndicats de leur champ
d'activité, qui est la défense des droits des travailleurs et
chaque jour - on n'a pas besoin de le rappeler - les travailleurs sont victimes
d'accidents de travail et même certains perdent la vie. Chaque jour, des
travailleurs sont empêchés d'exercer librement leurs droits ou
lorsqu'ils les exercent, ils font face à une série de vexations
tant juridiques que patronales et la liste pourrait être longue. Mais il
n'y a pas de lieu pour discuter de ces réalités. On n'en trouve
que pour tenter d'empêcher que la situation des travailleurs, de nos
membres et de leurs organisations ne soit détériorée.
Je conclus. Si cela était - parce qu'on ne connaît pas les
amendements qui vont venir -l'intention du gouvernement, du ministre, de
devancer le vote général pour placer l'ensemble de l'industrie
dans l'obligation de voter à l'avance, je dirais que, quant à
nous, il s'agit d'un problème interne, d'un problème à
l'intérieur de la FTQ dans lequel on ne veut pas s'ingérer, mais,
si on a voulu s'exprimer, c'est parce que, quant à nous, cela a des
effets sur l'ensemble de la loi générale quant aux principes
fondamentaux. La solution devrait être trouvée pour régler
le problème interne et non pas toucher à l'ensemble de la loi
générale et affecter les autres associations par le fait
même à ce moment-ci. Merci.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. Rodrigue.
J'appelle maintenant la Fédération des travailleurs du
Québec.
Fédération des travailleurs du
Québec
M. Laberge: M. le Président, membres de la commission,
Louis Laberge, FTQ. Comme nous ne savions pas si, ce matin, on aurait
l'occasion de se faire entendre ou non, on avait préparé une
très courte lettre à l'attention des membres de la commission. Je
vais vous la lire et, ensuite, on vous la donnera.
À tous les membres de la commission permanente du travail et de
la main-d'oeuvre. Le projet de loi no 109 que vous avez devant vous en est un
qui vient tout simplement clarifier une situation devenue confuse par le fait
que le Conseil provincial du Québec des métiers de la
construction, CPQMC, a décidé de se dissocier de la FTQ, bien que
plusieurs locaux affiliés au CPQMC et représentant 76,5% des
membres affiliés au CPQMC aient décidé, eux, de maintenir
leur affiliation avec la FTQ. Le projet de loi no 109 veut aussi permettre
à tous les locaux affiliés au CPQMC de se prononcer par scrutin
secret lors d'assemblées tenues par les locaux a savoir s'ils veulent
demeurer affiliés à la FTQ ou au CPQMC sans pour cela changer
quoi que ce soit à l'économie de la loi 290, qui prévoit
une autre période d'ouverture pour le mois de novembre 1981, alors que
les travailleurs de la construction devront décider individuellement de
leur appartenance syndicale.
Le CPQMC (FTQ) est un organisme qui regroupait une quarantaine de
sections locales
représentant 23 métiers et occupations dans l'industrie de
la construction. Lors des deux dernières périodes d'ouverture,
les travailleurs de la construction sur une base individuelle ont eu à
choisir entre, d'un côté, le Syndicat de la construction de la
Côte-Nord, la CSD, la CSN et le CPQMC (FTQ). Ce dernier prétend
que les travailleurs qui lui ont signifié leur allégeance ont
voté pour le CPQMC plutôt que pour la FTQ, mais, d'autre part, les
syndicats qui sont décidés à demeurer à la FTQ et
qui représentent 76,5% des membres qui appartenaient au CPQMC
prétendent, au contraire, que la majorité de ces travailleurs ont
voté FTQ.
Nous ne voulons pas essayer ici de convaincre qui que ce soit de la
justesse de l'une ou l'autre prétention, mais tout simplement attirer
votre attention sur le fait que ces membres, quelque 76,000, ont voté
pour le CPQMC qui faisait alors partie de la FTQ et qui n'en fait plus
maintenant partie. (10 h 45)
Donc, les règles du jeu ont été changées.
Nous devons aussi noter que, bien que le nom qui apparaissait sur le bulletin
de vote était le CPQMC (FTQ), les travailleurs de la construction
appartenaient à des sections locales bien identifiées, telles que
la FIPOE, les locaux 1675, 1676 des monteurs de ligne, le local 791 des
opérateurs de machinerie lourde, plusieurs locaux de
charpentiers-menuisiers dont le local 134 - qui est peut-être plus connu
que les autres - quatre locaux de plombiers, dont le local 144, quatre locaux
de journaliers, dont le local 62, etc. Donc, à peu près 76,000
travailleurs de la construction qui sont membres de ces quelque 40 sections
locales affiliées au CPQMC et à la FTQ se retrouvent aujourd'hui
dans une situation où leur conseil, le CPQMC, a dû tenir un
simulacre de congrès avec les locaux qui ne représentaient que
23,4% des 76,000 membres de la FTQ-Construction.
En effet, quand on prend les locaux expulsés, soit la FIPOE, les
locaux 1675 et 1676 des monteurs de lignes, ainsi que le local 791 des
opérateurs de machinerie lourde et qu'on y ajoute les locaux qui, devant
cette expulsion, ont décidé de quitter ce semblant de
congrès, parmi lesquels on trouve des locaux de briqueteurs, des
journaliers, des plombiers, des charpentiers-menuisiers, on en arrive au total
impressionnant de 76,5% des membres. Si on aime mieux, 57,730 membres ayant
payé au CPQMC, en 1979, la somme de $543,783 en taxe per capita, alors
que les 18,607 membres qui étaient représentés à ce
mini-congrès n'avaient payé que $166,946 au même CPQMC.
Soit dit en passant, ce sont des chiffres qui ont été
donnés par l'Office de la construction au CPQMC, donc des chiffres que
vous pouvez vérifier assez facilement.
Le projet de loi no 109 vient donc permettre à ces sections
locales de clarifier cette situation confuse. J'espère que tous les
membres de la commission permanente du travail et de la main-d'oeuvre seront
convaincus que le CPQMC, ayant changé son appartenance syndicale depuis
le dernier scrutin des travailleurs de la construction, la plus
élémentaire justice exige que cette situation soit
clarifiée avant la tenue du prochain scrutin prévue pour le mois
de novembre 1981. Car si la FTQ, avec ses 335,000 membres, désire
ardemment l'adoption de la loi 109, elle ne désire pas pour autant
changer l'économie de la loi 290 qui prévoit qu'au mois de
novembre 1981 les travailleurs de la construction, au Québec, auront
à se prononcer individuellement sur leur appartenance syndicale.
Nous espérons avoir réussi à vous démontrer
qu'il ne s'agit en rien, comme certains le proclament, de bouleverser
l'économie de la loi 290, mais bien au contraire de clarifier une
situation qui a nettement besoin de l'être, afin que lors de la prochaine
période d'ouverture, les travailleurs de la construction du
Québec puissent, en toute conscience et en connaissance de cause, se
prononcer clairement pour l'une ou l'autre des associations
représentatives qui seraient alors reconnues dans la loi.
En terminant, nous désirons vous souligner que le mouvement
syndical existe au Québec depuis au-delà de 100 ans et que
jamais, depuis ses tout début, un vote d'affiliation à une
centrale syndicale, que ce soit à la CSD, à la CSN, à la
FTQ ou à n'importe quelle autre association syndicale, ne s'est jamais
pris sur une base individuelle, puisque les membres, individuellement, sont
membres d'une section locale d'un syndicat et non d'une centrale et que ces
affiliations ont toujours été prises et ne peuvent être
prises que par une décision d'une section locale ou d'un syndicat.
La FTQ n'a pas de membres comme tels, la FTQ a des affiliés, des
syndicats, des sections locales affiliées qui, elles, ont des membres.
Bien sûr que, pour devenir membre d'une section locale, ça doit se
faire sur une base individuelle, mais une fois qu'une section locale est mise
sur pied, il appartient a la majorité des membres dans une section
locale de décider si, oui ou non, elle va s'affilier à une
centrale, si elle va demeurer indépendante, si elle va changer son
affiliation à une centrale.
Cela ne peut pas se faire sur une base individuelle. Je ne comprends
absolument pas que des représentants de la CSN et de la CSD viennent
prétendre le contraire alors que ces derniers ne l'ont jamais fait;
ça ne se fait pas. C'est une section locale qui doit décider de
s'affilier à une centrale syndicale et non pas des membres
individuellement.
Ambroise Picard, le président du syndicat de la Côte-Nord,
a résumé les pensées de la FTQ à ce sujet. Il dit:
Je suis ici comme observateur, ça ne me regarde pas. Évidemment
que ça regarde de beaucoup plus près le Conseil provincial du
Québec des métiers de la construction, puisque c'est lui et la
FTQ qui sont directement impliqués. Il n'est pas question de savoir si
les travailleurs de la construction appartiendront, l'année prochaine,
à des syndicats québécois ou a des syndicats
internationaux. Cela n'a absolument rien à y voir. La seule chose qu'il
s'agit de faire, c'est de permettre que la FTQ soit reconnue comme association
représentative, afin que lors du prochain scrutin, la prochaine
période d'ouverture, les membres aient l'occasion de s'exprimer
librement et nettement à savoir s'ils veulent appartenir à des
syndicats qui auraient décidé d'être affiliés
à la FTQ. C'est ça la question et rien d'autre.
Vous aurez remarqué qu'on n'a pas parlé de la surveillance
du vote par l'OCQ ou autre. Si le gouvernement veut s'assurer que tout va se
faire
dans l'ordre, on n'a aucune objection. Ce n'est pas nous qui avons
choisi la FTQ pour surveiller le vote ou quoi que ce soit.
Quant à la CSD, je suis vraiment surpris. C'est vrai que son
apparition a été brève. Cette centrale a été
reconnue par une loi identique, adoptée par le Parti libéral du
temps, qui l'a reconnue comme association représentative. C'était
la seule façon pour la CSD de permettre aux travailleurs de la
construction qui voulaient être membres de la CSD de pouvoir voter pour
la CSD lors de la période d'ouverture, c'est en étant dans la loi
et en étant reconnue comme une association représentative. Il
serait impossible pour la FTQ et ses locaux qui veulent lui demeurer
affiliés de pouvoir recevoir l'allégeance individuelle des
travailleurs l'an prochain, à moins que la FTQ soit elle aussi reconnue
comme association représentative.
Je vous remercie du temps que vous nous avez accordé. Je pense
que vous avez déjà reçu des lettres. Évidemment,
s'il y a des questions, nous sommes disposés à y répondre
toutes.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. Laberge. Avant les
répliques, M. le ministre, je voudrais qu'on me propose un rapporteur
pour l'étude article par article du projet de loi no 109.
M. Johnson: Le député de Joliette-Montcalm.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Joliette-Montcalm. Merci, M. le ministre.
Commentaires des membres de la commission
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson: M. le Président, je suis sûr, en ayant
écouté chacun des intervenants, en s'étant
renseigné dans les journaux, que l'on va se rendre compte qu'on a
peut-être tous besoin d'un dictionnaire latin, parce qu'on y perd un peu
son latin.
S'il est difficile de trouver, à travers les lois de la
construction et les différentes interventions de l'État dans ce
secteur-là, depuis une quinzaine d'années, une cohérence
parfaite, c'est-à-dire le même type de cohérence qu'on
tente d'appliquer quand il s'agit du Code du travail, s'il est difficile d'y
trouver une cohérence, dis-je, qui soit satisfaisante pour l'esprit, je
pense qu'il faut au moins tenter d'approcher ce problème avec franchise.
S'il est difficile de trouver là la simplicité dans les
explications, je pense qu'il faut également approcher ce problème
avec une certaine modestie à l'égard de ce qui se passe dans un
secteur industriel très complexe.
Revenons donc à l'essentiel, dans la mesure du possible.
L'essentiel, c'est qu'au Québec, la construction, quant à son
régime de relations du travail, est sous l'empire d'une loi.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre. M. Johnson:
Oui.
Le Président (M. Laplante): Les gens qui se trouvent en
arrière, il y a des chaises en avant, si vous voulez venir vous asseoir
ici.
M. Johnson: II y a d'autres chaises à côté
des journalistes pour ceux que ça pourrait intéresser.
M. Pagé: Est-ce que le ministre est inquiet de voir que
les gens viennent s'asseoir du côté de l'Opposition?
M. Johnson: C'est pour mieux vous surveillerl
M. Chevrette: ... il n'aurait pas fallu qu'il les invite...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, le domaine de la construction
au Québec, il faut se le rappeler, les relations de travail qu'on y
retrouve sont sous l'empire d'une loi qui est la loi 290, qu'on connaît,
qui a été amendée à plusieurs reprises depuis 1969.
Le président de la CSN citait tout à l'heure l'extrait d'un
propos que je tenais lors de l'étude du projet de loi no 110, dans
lequel je trouvais regrettable que depuis l'existence de cette loi on ait
dû l'amender deux fois par année. Je lui ferais remarquer
aujourd'hui que, sous ce gouvernement, elle aura été
amendée trois fois en trois ans, ce qui est déjà 100%
d'amélioration dans les circonstances.
C'est donc un domaine complexe et je ne parlerai ici que de la vie
syndicale dans la construction qui a été marquée, on le
sait, par une histoire où parfois la réalité et la
mythologie se confondaient à travers la perception qu'on pouvait en
avoir dans les media, où on prête souvent beaucoup plus de force a
des groupes ou à des individus qu'ils n'en ont peut-être dans la
réalité et où certains individus, par le seul fait de la
"publicisation" de leur puissance, en acquièrent à
l'occasion.
C'est un domaine aussi où les gens travaillent fort; ce sont des
gens qui sont dans un coin vital de notre économie et qui ont -
ça, il faut le retenir - une tradition syndicale profondément
ancrée. C'est une des réalités du secteur de la
construction qu'il faut reconnaître. Que ce syndicalisme soit aussi
imparfait qu'on puisse le décrire, qu'il ne corresponde peut-être
pas quotidiennement à tous les canons qu'on se fait de la vie qu'on
souhaiterait dans une société démocratique constamment, il
demeure quand même que le syndicalisme est une chose qui est
profondément vécue dans le secteur de la construction.
Malgré, encore une fois, ses imperfections, ses défauts,
malgré une histoire qui, c'est vrai, a déjà
été marquée par la violence, je pense que les
difficultés internes qu'on voit aujourd'hui dans le Conseil provincial
du Québec des métiers de la construction et de la
FTQ-Construction sont en train, heureusement, de se solder dans un contexte
correct, dans un contexte civilisé, dans un contexte
démocratique. Déjà, ça, c'est un progrès
considérable par rapport à ce qui a déjà
existé sur certains chantiers au Québec, il n'y a pas si
longtemps.
Le problème que connaît en ce moment le conseil des
métiers en est un qui ne vient pas seulement de la question de
l'affiliation des syndicats individuels à des internationales ou au
Building Trades. C'est un problème qui découle de
l'obligation que fait la loi de la construction, la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie, aux individus comme à leurs
syndicats, à toutes fins pratiques, d'appartenir à un
regroupement reconnu par la loi. Or, un de ces regroupements, le conseil
provincial, entre parenthèses, "FTQ", qui a été reconnu
lors de l'adoption de la loi 290 pour des raisons qui regardent ceux qui s'en
occupent, comme ceux qui s'en plaignent, a décidé de faire en
sorte qu'une partie considérable de l'effectif des travailleurs de la
construction soit exclue des centres de décision d'une association
représentative que, par ailleurs, la loi impose à ce
milieu-là pour les fins de la négociation et de l'administration
d'une convention collective et d'un décret. (11 heures)
C'était donc ce que nous avions constaté il y a plusieurs
mois et c'est pourquoi nous avions formulé le projet de loi no 109.
C'est ce que nous devons constater aujourd'hui avec beaucoup plus
d'acuité, compte tenu de ce congrès qui s'est tenu
récemment et qu'a évoqué tout à l'heure le
directeur général du conseil provincial.
En pratique, revenons à l'essentiel. L'essentiel, c'est que le
torchon brûle à l'intérieur du conseil provincial (FTQ). Il
s'agit de faire en sorte qu'il ne s'agisse plus du conseil provincial (FTQ),
mais qu'il y ait bel et bien deux organisations qui émanent de cette
structure et que la loi reconnaisse ces deux organisations avant que ces
problèmes, dans la mesure du possible, ne se règlent dans les
contextes qu'on a déjà connus dans le passé, dans des
contextes d'intimidation ou de violence. Heureusement, jusqu'à
maintenant, cela n'a pas été le cas.
Cette querelle a été marquée, évidemment,
par des divergences de vues au sujet du rôle des "Building Trades". A ce
titre, je dirai, en toute déférence, au directeur
général du conseil provincial qu'il est, à mes yeux, comme
responsable des relations de travail au sein de ce gouvernement, inadmissible
qu'un organisme, quel qu'il soit, sur le territoire québécois,
décide de façon unilatérale d'exclure des gens d'une
association représentative qui a des droits en vertu de la loi 290,
quelle que soit l'excuse, encore une fois, et quels que soient les principes de
non-ingérence invoqués même par le président de la
CSN.
Il m'apparaît inadmissible, encore une fois,
qu'unilatéralement des organismes, qu'ils soient québécois
ou étrangers, décident sur notre territoire quel genre de vie
syndicale les gens auront. Que les gens ici choisissent, s'ils le
désirent, une appartenance qui déborde le cadre
québécois, c'est, à mon avis, leur choix et c'est, dans
certains cas, une excellente chose. Je pourrais même exprimer une opinion
à cet égard. Même certains syndicats
québécois qu'on connaît ont choisi d'aller syndiquer des
travailleurs dans d'autres provinces, entre autres en Ontario et à
Terre-Neuve dans le cas de la CSN.
Mais il m'apparaît essentiel que, quant aux décisions qui
doivent être prises dans l'intérêt de l'ensemble des
travailleurs du Québec dans le secteur de la construction, les
organismes qui prennent ces décisions en vertu des droits qui leur sont
conférés par les lois de ce Parlement puissent le faire au moins
avec un minimum de contrôle sur ces institutions qui doivent, en
principe, leur appartenir.
Deuxièmement, cette querelle a été marquée,
évidemment, par des regroupements qui ont des vues différentes de
ce qu'est le syndicalisme, de ce qu'il faut faire avec les cotisations
syndicales, par un style de syndicalisme. Ce qui distingue, par exemple, la CSN
de la FTQ ou de la CSD, dans certains cas, c'est peut-être une vision,
une activité dans un secteur industriel donné. C'est
peut-être une façon de concevoir ce qu'est le syndicalisme. C'est
vrai pour d'autres. Ce qui distingue maintenant le conseil provincial de la
FTQ, c'est également une vision de ce qu'est le syndicalisme. Je ne
porte pas jugement, encore une fois, sur cette vision.
Je constate, cependant, qu'une majorité, semble-t-il, des
travailleurs, qui, normalement, devraient voir leurs intérêts
défendus par une association représentative, sont dans une
situation où ils ne peuvent pas obtenir leur défense ou la
défense de leurs intérêts à partir ou à
travers cette association parce qu'ils ont choisi, possiblement, de s'en
retirer ou de ne pas respecter certaines des réglementations internes.
Je dois cependant constater le fait qu'il y a un clivage profond dans le
domaine de la construction eu égard au conseil provincial FTQ. Et
ça, c'est une guestion de fait. Ce n'est pas une question d'idée,
ce n'est pas une question d'idéoloqie, ce n'est pas une question de
principe; c'est une question de fait: les structures syndicales sont
divisées. Comme on ne vit pas encore dans la république de
Platon, on ne peut pas s'attendre que ces problèmes se règlent
ailleurs qu'au niveau des structures, au moins temporairement.
Et on en vient à cette loi. C'est beau de reconnaître dans
l'article 1 de la loi 109 l'existence d'un nouveau regroupement. Mais quand on
fait affaire au syndicalisme, il faut bien voir qu'on peut reconnaîtra
sur papier l'existence d'un syndicat, mais s'il n'a aucun moyen de vivre, il ne
peut pas vivre. Or, cette loi vise à lui donner une
égalité de chances à vivre dans ce secteur à partir
de la constatation de fait que nous devons faire qu'il y a division à
l'intérieur de l'association principale syndicale dans la construction.
C'est ce que cette loi permet, elle lui donne une égalité de
chances.
On viendra nous dire que cette loi favorise l'association. J'ai
déjà eu l'occasion d'entendre des représentants du conseil
des métiers ou des gens qui sont près du conseil des
métiers le dire ou même de lire certains articles qui voudraient
voir là des considérations politiques qui n'y sont pas.
S'il est vrai qu'à l'occasion, des représentants de
différentes centrales syndicales, sur des dossiers donnés,
peuvent paraître plus près de cette Assemblée ou d'un parti
politique qu'un autre, il est, je pense, du devoir de cette Assemblée et
du devoir du gouvernement de faire en sorte qu'on tranche dans le sens de
l'intérêt et de la continuité, indépendamment de qui
occupe les fonctions ou de députés ou de ministre responsable
d'un dossier.
C'est ce que ce projet de loi veut faire. Il constate un état de
crise. Avant que cette crise ne prenne une ampleur que personne ne souhaite, il
veut permettre sa résolution par des voies normales. Ces voies normales
reconnaissent, d'ici la prochaine période ouverte normale qui doit
avoir lieu à l'automne 1981, la validité des structures
syndicales, ce qui m'apparaît un postulat normal dans une
société démocratique. Ce que cette loi dit
essentiellement, c'est que les structures syndicales, à
l'intérieur du Conseil provincial du Québec des métiers de
la construction (FTQ), décideront individuellement, toutes et chacune
dans leur affiliation individuelle, si elles optent pour le conseil provincial
ou si elles optent pour la FTQ. Ensuite, il y aura une période ouverte
ou une période où les individus pourront se prononcer, comme
normalement la loi 290 le prévoit, un an avant l'expiration du
décret, c'est-à-dire à l'automne 1980.
Il ne faut donc pas chercher anguille sous roche, il ne faut pas
chercher des grains de sable là où il n'y en a pas, ce que nous
voulons faire avec ce projet, c'est réqler un problème qui a
assez duré. D'ailleurs, ce problème aurait pu être
réglé au mois de juin si nous avions eu à cet égard
une collaboration un peu plus empressée de l'Opposition, mais, si je
comprends bien, nous risquons de l'avoir aujourd'hui, même si nous ne
l'avons pas eue au mois de juin. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président, on se retrouve,
aujourd'hui le 30 septembre, à étudier article par article un
projet de loi déposé au mois de juin, à la toute fin de la
session, par le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, un projet de loi
qu'il faut qualifier d'exception, un projet de loi qui vient encore une fois,
comme certains intervenants l'ont signalé à juste titre
d'ailleurs, modifier les règles du jeu dans le monde de la
constructdion, un genre de projet de loi d'urgence, comme le législateur
est souventefois appelé à en étudier et à en
adopter, unanimement ou non, au rythme des humeurs et au rythme des
périodes, et ce depuis quelques années.
M. le Président, je vais tenter d'être bref, mais vous me
permettrez un bref historique pour expliquer le pourquoi de notre
réunion d'aujourd'hui. Le Conseil provincial des métiers de la
construction du Québec (FTQ) représentait ou représente
une majorité de travailleurs dans le monde de la construction pour la
négociation du décret et pour défendre les
intérêts des travailleurs de la construction.
Dans ce conseil, il y a des locaux, certains locaux sont
affiliés, d'autres ne le sont pas. Il s'est dégagé au
cours des années et plus particulièrement depuis quelques
années certains problèmes assez aigus d'affrontement en termes de
philosophie d'action ou d'action comme telle entre certains locaux. Tout cela
nous a amenés à l'automne 1979, où un local important, la
Fédération interprovinciale des électriciens, la FIPOE, et
un autre local, les monteurs de lignes étaient exclus.
Evidemment, le législateur qui s'intéresse aux questions
de relations de travail ne peut demeurer insensible à l'évolution
d'une situation comme celle-là. Cependant, tout ce que le
législateur devait souhaiter, quant à nous, de notre
côté, c'est que le problème, peu importe son envergure,
puisse se régler de façon interne. On se rappellera qu'il y a eu
un brasse-camarade assez constant entre le mois d'octobre 1979 et le mois de
juin 1980. J'entends par brasse-camarade demandes pour la tenue d'un
congrès, demandes d'injonctions, poursuites à gauche et à
droite, assez pour en perdre son latin, comme dirait le ministre du Travail et
de la Main-d'Oeuvre - et, là-dessus, je suis d'accord avec lui,
exceptionnellement.
Tant et si bien qu'au mois de juin 1980, le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, à la toute fin de la session - je reprendrai un peu son
intervention ou ce qu'il a dit à la fin de son intervention sur la
question de la collaboration entre les partis politiques ici - après la
date limite du 1er juin évidemment, a déposé le projet de
loi 109. Ce projet de loi était appelé par le leader du
gouvernement, le député de Saint-Jacgues, la veille ou
l'avant-veille de la fin ou la dernière journée de la session, et
on a dit au législateur: C'est la façon dont le gouvernement
croit que le problème peut se régler et on vous demande de
l'adopter. Nous, de l'Opposition officielle, on est intervenu en
deuxième lecture. On s'est montré favorable au principe du projet
de loi parce que, pour nous, il nous apparaissait à ce moment-là
qu'il y avait très très peu de façons de régler le
problème du côté interne, entre les travailleurs, sans
qu'on soit obligé d'intervenir. Quand même, il y avait des
possibilités. On a dit, essentiellement, qu'on était d'accord
avec le principe du projet de loi si cela ne pouvait pas se régler entre
les travailleurs et leurs représentants eux-mêmes; par contre, on
avait certaines réserves que j'ai d'ailleurs eu l'occasion de formuler
auprès du ministre et sur lesquelles je pourrai revenir tantôt, en
particulier en ce qui concerne la loi 52, l'impact sur la loi 52, la
façon dont le vote va se dérouler, ce qui guide l'essentiel du
projet de loi au niveau des mesures transitoires, comme le disaient les gens de
la CSN tantôt.
Le ministre nous a demandé - il ne faut pas s'en cacher, c'est
public, c'est su, c'est connu -d'adopter le projet de loi, de mettre de
côté les règlements de l'Assemblée nationale et de
dire: On permet que le projet de loi soit adopté en trois lectures dans
une même journée, à la vapeur. Le vote se serait d'ailleurs
tenu entre le 6 et le 21 septembre. Je ne sais quand il va se tenir selon le
projet de loi, le ministre va certainement déposer des amendements
tantôt lorsgu'on procédera article par article.
Nous, on a dit: II n'y a pas de feu. Il y a peut-être une
façon que cela puisse se régler à l'interne si le
congrès du Conseil provincial du Québec des métiers de la
construction (FTQ) se tient et ce, tel que demandé par certains locaux
depuis le mois de février ou mars, ou à peu près.
Peut-être que cela pouvait se régler là. On savait que cela
n'avait peut-être pas beaucoup de chances de se réqler là,
mais il n'était pas impossible que cela se règle là. Et
tant que ce n'était pas devenu impossible que cela puisse se
réqler à l'interne, je dois vous dire que, guant à nous,
de notre côté, on ne voyait pas l'obligation pour le
législateur d'intervenir, encore une fois, par une loi d'exception.
Les travailleurs eux-mêmes et leurs représentants sont les
premiers, à juste titre, je pense,
aussi, à signaler la défaillance de tout le système
de lois qui obligent les Parlements à adopter des lois d'exception au
rythme de quelques-unes par année, particulièrement pour le monde
de la constructdion. C'est ce qui explique que, le 18 juin, nous ayons fait
part au ministre, nous de l'Opposition officielle, que celui-ci n'aurait pas
l'occasion de faire adopter son projet de loi en trois lectures.
Pendant les vacances parlementaires, où les députés
sont occupés à travailler à autre chose, par contre, il
n'est pas arrivé ce que le ministre prévoyait. On se rappellera,
dans son discours de deuxième lecture, à la fin de son
intervention, il nous a dit: S'il y a des problèmes, on saura qui
pointer du doigt - c'est essentiellement ce qu'il voulait dire - voulant par
là nous imputer la responsabilité d'avoir refusé
l'adoption en troisième lecture du projet de loi. On a dit non. Il y a
trop d'impact dans ce projet de loi-là, on va l'étudier en
commission parlementaire et on va vous signaler nos réserves, en
espérant qu'elles seront retenues et que ça pourra conduire
éventuellement à des modifications du projet.
Aujourd'hui, le congrès est intervenu. Il s'est tenu la semaine
dernière. Des procédures judiciaires ont été
entreprises; ce n'est pas mon intention de les commenter. Il y a eu des
expulsions, des gens ont demandé de participer au congrès et,
selon les informations que j'en ai, ils n'ont pas pu y participer.
Des gens ont quitté par solidarité et il faut constater ce
qu'il en est. Aujourd'hui, on peut dire que pas mal tout a été
dit au niveau du problème interne qui concerne et la FTQ et le Conseil
provincial du Québec des métiers de la construction; la relation
semble, quant à moi, être assez consommée, merci!
Que faire? C'est évident que le législateur pourrait dire:
Je ne touche pas à ça et j'attends. Ou encore: Je crée une
cinquième association et j'attends le vote qui devrait normalement se
tenir à l'automne 1981.
Je dois cependant constater que ce serait peut-être une solution
possible ou défendable, mais ça pourrait risquer de mettre en
cause certains droits tout à fait fondamentaux et légitimes pour
plusieurs travailleurs du Québec. Il faut voir la situation telle
qu'elle est dans le moment. Dans le moment, dans la cinquième
association, ou l'association à laquelle possiblement adhéreront
certains locaux, certains groupes, certains travailleurs, il y a des droits qui
ne peuvent pas être exercés.
Je vais donner quelques exemples ce matin qui, entre parenthèses,
justifient par là l'action du gouvernement, mais pas n'importe quelle
action. Dans le moment, il n'y a pas de possibilité de
représentation de l'association pour un membre qui n'est pas dans le
conseil provincial, qui est soit exclu ou qui en est sorti de son propre chef,
par exemple, pour griefs. A l'égard de certains locaux, les porte-parole
ne sont plus nécessairement des porte-parole représentatifs au
sein du conseil par rapport aux groupes dans le milieu. Qu'on prenne l'exemple
de la FIPOE. La FIPOE, d'après les informations que j'en ai,
représente 95% des électriciens. Le local 568, qui, lui, est
toujours affilié au conseil, selon les informations que j'en ai,
représente environ 5% ou 6% des membres. Donc, un problème de
manque de porte-parole représentatif et l'interlocuteur pour ces
gens-là serait représentatif de 500 ou 600 travailleurs.
Possiblement, en droit, il serait possible dans le moment que le Conseil
provincial du Québec des métiers de la construction enlève
le droit à certains travailleurs ou à certains
représentants d'être membres du comité mixte. En droit,
cela pourrait se faire. Pour le commissariat de la construction aussi et
ça pourrait présenter un problème de
représentativité au sein de l'association représentative
qui est créée en vertu de la loi 17 pour représenter le
monde de la construction parce que l'interlocuteur, c'est le conseil
provincial.
La question de la fameuse affiliation au conseil et du $0.01 de l'heure
que chacun des travailleurs envoie au conseil et qui est dans le moment
prélevé par le conseil sans affiliation, donc, sans
représentativité, est un problème additionnel.
Un autre problème qu'il deviendra aussi assez impérieux de
régler, et j'espère que le projet de loi va le régler - on
verra tantôt, selon les amendements - c'est la question du décret.
Le décret est signé, l'entente est signée, le
décret n'est pas prolongé encore et, dans le décret, il
faut être affilié pour être représentatif, car dans
les définitions, pour qu'une union soit représentée, il
faut être affilié au Conseil provincial du Québec des
métiers de la construction (FTQ) ou encore à la CSN et avec les
quatre associations qui sont là dans le moment.
Il y a aussi toute la question du décret et j'espère que
le ministre pourra profiter de la réplique, avant qu'on passe à
l'étude article par article, pour nous dire ce matin, non seulement aux
membres de la commission, mais aussi aux membres présents, son intention
à l'égard du décret. Le décret n'est pas en
application, il n'est pas prolongé et il y a certains avantages qui vont
aux travailleurs qui risquent de ne pas être réalisés dans
le moment. J'aimerais que le ministre nous dise s'il y a eu des plaintes
portées, tel que c'est prévu dans le délai de 30 jours
après la publication. La publication était vers la mi-juillet, si
ma mémoire est fidèle. On me dit d'ailleurs qu'il y aurait eu des
ententes sur des sujets qui ont préalablement fait l'objet de plaintes
lors de la période prévue. Alors le ministre pourrait nous donner
le tableau de ce qu'est le décret.
Autant il n'était pas urgent, selon moi et selon nous de
l'Opposition officielle, d'agir à la vapeur au mois de juin, autant je
crois, et ce, bien ouvertement, malheureusement, que le législateur est
obligé d'intervenir aujourd'hui.
Le législateur nous propose un texte qui sera amendé tout
à l'heure, qui sera amendé peut-être par des modifications
de dates tout simplement ou qui sera peut-être amendé avec un peu
plus de substance. Un peu plus de substance à l'égard du droit
individuel pour le travailleur de voter et de se prononcer par ce vote, par ce
mécanisme. Il faudra que le projet de loi donne de meilleures garanties
sur la possibilité pour tout travailleur concerné de se rendre
voter et de se prononcer. Il faudra que le gouvernement réponde à
la question de l'impact du projet de loi no 109 sur la loi 52.
On sait qu'avec la loi 52, le gouvernement a créé une
façon de voter un peu bizarre,
c'est-à-dire le vote par présomption ou le vote par
abstention, en disant: Si tu veux voter, ne va pas voter. C'est essentiellement
ce que le projet de loi no 52 dit. Le projet de loi no 52 dit: Si tu es
d'accord - tu es membre de telle association -pour demeurer dans cette
association, tu n'as tout simplement qu'à ne pas te rendre voter.
C'est évident qu'un tel usage ne peut pas se
répéter ici, parce que qui pourrait dire que le travailleur qui a
voté pour le conseil provincial à la dernière
élection a voté pour la FTQ ou encore pour le conseil provincial?
Mais, est-ce que, par l'introduction du projet de loi no 109, le gouvernement
nous annonce qu'il entend modifier le projet de loi no 52 pour qu'à
l'avenir, avec les cinq associations en place, lorsque les travailleurs de la
construction iront voter, d'abord, ils soient obligés d'aller voter pour
se prononcer et non pas le vote par abstention ou par présomption?
Quand je regarde tout ça, avec les craintes, les
appréhensions qui ont été énoncées
tantôt, tant par les travailleurs de la CSD que par les travailleurs de
la CSN, ne serait-il pas plus opportun, M. le ministre - là, je pose la
question, quitte à ce qu'on puisse en débattre tantôt -
pour une meilleure garantie de démocratie syndicale, pour éviter
que notre projet de loi no 109 ne devienne strictement une loi temporaire
d'exception - je ne reprendrai pas les qualificatifs de M. Rodrigue, le
président de la CSN, qui reflétaient un état d'esprit
certain - ne serait-il pas plus opportun, dis-je, de dire: D'accord, dans le
projet de loi no 109, on crée une cinquième centrale, une
cinquième association représentative, mais on devance le vote qui
doit se tenir en novembre 1981?
Vous me direz: Peut-être que les gens de la FTQ-Construction
n'auront pas le temps de s'organiser pour prévoir un vote universel,
peut-être que le Conseil provincial du Québec des métiers
de la construction n'aura pas le temps de se tourner de bord pour faire face
à un vote universel. On peut très bien prolonger la
période pour ce vote. Je me demande si la meilleure avenue de solution
ne serait pas d'amender, par le projet de loi no 109, nos lois et de dire: II y
a une cinquième association représentative. On se dirige vers un
vote universel et alors, tous les travailleurs ont fait sauter la
présomption dans le projet de loi no 52, le travailleur devra se rendre
voter pour exercer son choix démocratique de l'association à
laquelle il veut appartenir et il choisira entre la CSN, le syndicat de la
Côte-Nord, la CSD, la FTQ-Construction et le Conseil provincial du
Québec des métiers de la construction.
C'est tout ça. C'est la question que je me pose en fin de course.
J'ai lancé plusieurs questions. J'espère, M. le Président,
d'une part, que le débat sera très serein. J'espère qu'il
sera bref, pour qu'on puisse avoir, dans les meilleurs délais, les
amendements que prévoit le ministre.
Je dois, M. le Président, peut-être vous poser une
question, à la fin de mon intervention, qui serait à peu
près la suivante, ou encore peut-être que les conseillers ou les
adjoints du ministre, qui font un bon travail, pourraient nous dire de quelle
façon la CSD a été créée. Cela, c'est
strictement pour reprendre une phrase incidente que M. Laberge nous a dite tout
à l'heure, à savoir que le Parti libéral du Québec
avait créé la CSD. Je n'étais pas député
à l'époque. C'était en 1972, si ma mémoire est
fidèle. Mais, si je me rappelle bien, la CSD avait été
créée, mais il n'y avait pas eu de mécanisme de vote
à caractère urgent comme celui-là...
Une Voix: C'est vrai.
M. Pagé: ... pour provoquer un vote et lui donner des
membres.
M. Johnson: ... avec les locaux.
M. Pagé: Elle est partie avec ses locaux. En tout cas, on
pourra revoir ça...
M. Johnson: Même pas d'assemblée.
M. Pagé: Même pas d'assemblée. Cela s'est
fait. Il faudrait le revoir, M. le Président. Il faudrait le revoir.
De toute façon, une chose est certaine, vous savez, c'est qu'on
tire toujours des leçons du côté du pouvoir. On tire des
leçons dans l'Opposition; cela, c'est évident et c'est normal. On
en a tiré de bonne depuis 1976. Mais, au moins, le gouvernement, ce
matin - je termine là-dessus -doit faire preuve d'humilité, parce
que lui aussi est obligé de revenir, comme d'autres gouvernements, que
soit celui de la formation politique à laquelle j'appartiens, le Parti
libéral ou l'Union Nationale, afin de présenter des lois
d'exception. C'est une bonne leçon d'humilité.
Je terminerai, en disant... Mon bon ami, le ministre du Travail, mon ami
d'en face aura l'occasion lui aussi de tirer des leçons de l'Opposition,
parce qu'on peut se poser une grande question avant de terminer...
J'espère que la journée d'aujourd'hui ne sera pas un effort - on
ne peut le qualifier d'inutile, l'effort est certainement utile - qui n'aboutit
pas, parce que ce serait certainement malvenu et non avenu que la commission
ait été convoquée par le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre strictement pour donner bonne bouche à tout le monde.
Vous savez, même si on siège une journée, deux
jours, le rapporteur, le député de Joliette, va faire rapport
à l'Assemblée, mais encore faut-il que l'Assemblée soit
convoquée. Si les élections sont déclenchées, comme
on peut le prévoir et comme certains journalistes le soutiennent - nous
aussi, on le croit - tout cela risque de devenir caduc. La prochaine
Législature devra recommencer et probablement que le Parti
libéral du Québec devra régler le problème
après les élections. Merci, M. le Président,
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: M. le Président, très
brièvement. C'est le député de Richmond, gui a
été notre porte-parole à l'Assemblée nationale lors
du discours de deuxième lecture, qui s'occupe surtout des dossiers du
domaine des relations de travail. Il avait, à ce moment, donné
son accord quant au principe du projet de loi que nous avons à
étudier article par article aujourd'hui. Cependant, après avoir
suivi un petit peu le dossier par les journaux et après les explications
qu'on nous donne ce matin, je pense qu'il faut se
poser de réelles questions.
Bien sûr, tout le monde semble d'accord avec le principe de la
reconnaissance d'une nouvelle association représentative, qui serait la
FTQ-Construction. Je pense que les intervenants qui ont fait part de leurs
opinions tantôt ont manifesté leur accord dans ce sens. Il y a
toujours la question du vote. C'est là-dessus que devraient surtout
porter nos efforts de travail aujourd'hui et demain, à savoir comment on
devrait régler cette situation. Je me pose des questions à savoir
s'il ne serait pas plus démocratique et plus avantageux également
pour les travailleurs de la construction, comme l'a suggéré le
député de Portneuf tout à l'heure, de faire un vote
universel où, à ce moment, tous les travailleurs de la
construction pourraient, une fois pour toutes - je pense que cela ne s'est
jamais fait de façon réelle - indiquer leur allégeance
syndicale. Cela permettrait en même temps à toutes ces
associations d'expliquer, au cours d'une campagne électorale qui aurait
lieu, pourquoi elles veulent, par exemple, continuer à appartenir ou non
à des associations internationales et quels sont les avantages ou les
désavantages d'appartenir ou de ne pas appartenir à ces
associations. Si on procède avec ce qui est prévu dans le projet
de loi, on va un peu à l'encontre de la démocratie syndicale. On
devrait examiner cette possibilité.
D'autre part, il y a d'autres problèmes qui peuvent être
soulevés, concernant la façon de voter, l'établissement
des listes des personnes qui sont habilitées à voter et tout
cela. On peut regarder cela dans un deuxième temps. On donne à
l'OCQ le pouvoir de faire les listes. Quand on connaît les
problèmes d'administration auxquels a à faire face l'OCQ, on se
demande jusqu'à quel point il est en mesure de faire tout ce
travail.
Ce sont les remarques que j'avais à faire là-dessus.
J'insiste sur le fait que le ministre examine la possibilité de faire
des amendements, des propositions pour que le vote, en fin de compte, soit un
vote universel.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre. M.
Pierre-Marc Jonhson
M. Johnson: M. le Président, d'abord quelques questions de
détail pour rafraîchir la mémoire du député
de Portneuf. La loi 109 n'a pas été présentée pour
la première, deuxième et troisième lecture dans une seule
journée, puisque le 16, on l'adoptait en première lecture, le 18
en deuxième. Je présume donc qu'il s'est passé deux jours
entre les deux et, la nuit portant conseil...
M. Pagé: Qu'il est fort, qu'il est bon!
M. Johnson: ... je suis sûr que le député de
Portneuf y avait bien réfléchi.
M. Pagé: Cela change bien de quoi!
M. Johnson: II y a une différence entre adopter un projet
en première, deuxième et troisième lecture en une seule
jounée et, dans un contexte de fin de session, se donner 48 heures pour
faire le tour. (11 h 3D)
Deuxièmement, on me demande: Est-ce que le décret a
été publié? Oui, le décret a été
publié. Comme on le sait, le projet de décret a été
publié le 16 juillet dernier dans les journaux du Québec,
conformément à la loi, et nous avons reçu, depuis lors,
l'équivalent d'à peu près trois pouces et demi
d'objections. Je ne parle pas de la longueur des paragraphes, mais de
l'épaisseur des feuilles. A peu près tout le monde nous a
écrit pour nous faire connaître des objections à un mot en
particulier, à une phrase, à une disposition; c'est la loi qui le
veut ainsi. Beaucoup des avocats du service du contentieux du ministère
ont travaillé une bonne partie du mois d'août et continuent
toujours de travailler sur ces objections. Nous devrions, j'espère,
d'ici quinze jours, arriver à un produit fini qui fera l'objet
lui-même, comme on le sait, du décret, c'est-à-dire
l'extension de la convention collective. Quant au texte, ce qu'on souhaitera,
à ce moment-là, c'est le consentement des parties pour modifier
certaines choses, au départ, qui apparaissent évidentes.
L'analyse et la recherche nous permettent de constater que les parties
pourraient s'entendre, surtout pour des choses d'ordre public, pour qu'on les
modifie le plus rapidement possible sans être obligé d'attendre le
processus de la commission parlementaire prévu par la loi.
Quant à la question précise de ce qui arriverait, dans le
cadre du décret, aux associations représentatives dont la
configuration risquerait d'être modifiée par les
conséquences et l'application de la loi 109, il y aura effectivement des
problèmes puisque, dans la convention collective négociée,
il y a, par exemple, la création de différents comités. Il
s'agira de savoir qui siège à ces comités et je pense
qu'on pourra trouver des solutions. Encore une fois, c'est une question de
fait. Ce n'est pas une question de droit ou de théorie; c'est une
question de fait.
Ceux qui se sont faits les propagateurs de la démocratie et de la
liberté syndicale particulièrement, je pense aux propos du
président de la CSN - savent très bien qu'au nom de ces
mêmes principes de la liberté et de la démocratie
syndicale, il faudra trouver une solution honnête, juste et raisonnable
pour que tout le monde soit représenté là où tout
le monde doit l'être.
Maintenant, quant à cette question du vote dans la loi, principe
auquel ne s'est pas opposé le député de Portneuf, en tout
cas, en deuxième lecture, même s'il nous dit... Je ne mets pas en
doute le fait que son vote n'était pas nécessairement un vote
article par article en deuxième lecture, mais le principe retenu par le
projet de loi c'est la responsabilisation des structures syndicales telles
qu'elles existent et le fait qu'on dit que, d'une façon transitoire, on
accepte que ces structures syndicales, à l'intérieur d'un
contentieux dans le groupe FTQ conseil provincial où il se joue un
rapport de forces entre des gens qui ont une vision différente de bien
des problèmes, peuvent trancher.
Maintenant, on vient baliser ça en disant: Elles devront trancher
à l'intérieur d'un délai déterminé, elles
devront tenir des assemblées. L'Office de la construction non seulement
pourra dresser des listes à partir des listes fournies... Et je retiens
peut-être la suggestion du président de la CSN que la liste
terminée pourrait être
transmise éventuellement aux associations pour être
sûr qu'il n'y a pas d'erreurs, qu'on ne se retrouve pas avec les gens des
mauvais syndicats ou du syndicat dans la mauvaise colonne. Non seulement
l'office verra-t-il à la confection des listes, non seulement l'office
fera-t-il en sorte que les travailleurs soient avisés qu'il y aura ces
assemblées générales, mais également l'Office de la
construction supervisera le vote et tranchera les questions
d'interprétation qui pourraient se poser quant à
l'habilité de quelqu'un à voter.
Je dirai, même si je sais qu'ils n'ont pas l'occasion de
répliquer, au président de la CSN, qui s'est adonné, dans
la langue de Shakespeare, à des comparaisons et a suggéré
des titres au projet de loi, que "you can't have your cake and eat it too."
Vous ne pouvez pas demander de dire: II faut s'assurer la liberté
maximale d'expression, etc. et, en même temps, dire: On ne veut pas que
vous interveniez. Il faudrait s'entendre. La liberté d'expression, j'y
crois...
Une Voix: On n'a pas demandé ça, M. le
ministre.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Johnson: ... au départ, M. le Président, comme
étant une chose assez courante dans notre société.
Malgré notre façon de monter en épingle des situations
qui... J'espère que je ne déranqe pas trop le représentant
de la CSN, M. le Président...
M. Laberge (Louis): Deux minutes pour la démocratie.
Une voix: Ti-Louis, tu n'as pas de leçon à nous
donner, ta démocratie...
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît:
M. Johnson: Alors, M. le Président, le choix qui est fait,
parce qu'il s'agit d'un problème qui touche de façon interne,
comme le reconnaissent tous les intervenants, le groupe conseil provincial FTQ,
c'est de dire que c'est à ce groupe-là de régler ce
problème de structure et, à partir de ça va émaner,
selon toute probabilité, un sixième organisme qui, lui, figurera
sur le bulletin. Normalement, les travailleurs, au Québec ne devraient
pas être appelés à se prononcer sur leur appartenance
à une association représentative avant l'automne 1981 et c'est ce
qui arrivera, sauf qu'au lieu d'avoir cinq associations sur le bulletin, il y
en aura, selon toute probabilité... Je m'excuse, au lieu d'y en avoir
quatre, il y en aura cinq; je m'excuse, j'ai fait le lapsus, au lieu d'y avoir
quatre associations, il y en aura cinq.
Ce qu'on dit, c'est que la naissance de cette cinquième
association va se faire à partir du choix que se donneront les
structures représentatives des travailleurs dans un contexte, c'est
vrai, exceptionnel de surveillance de l'office, parce qu'on sait que, sur le
plan des listes, certains de ces syndicats, entre autres, ont des membres qui
ne sont pas dans la construction. Il faut bien se le rappeler. Il y a des
membres, par exemple, de la FIPOE, qui ne sont pas des travailleurs de la
construction, des électriciens qui oeuvrent dans d'autres secteurs: dans
la maintenance, dans le secteur industriel, etc. En vertu de la loi, ils ne
seront pas appelés à se prononcer parce que ça touche la
construction. Il faut donc qu'un minimum de procédure soit
respecté dans ce contexte-là, et c'est ce que la loi vise
à faire. Encore une fois, elle présuppose une attitude
responsable des structures. Elle présuppose également, avec
peut-être un grain de sel, que cette attitude responsable a avantage
à être cautionnée par une certaine surveillance et une
certaine incitation à la plus grande ouverture possible, et c'est ce que
la loi fait.
Par ailleurs, quand viendra la période d'ouverture
générale, c'est-à-dire du choix individuel, cette fois,
des travailleurs, qu'ils soient à la CSN, à la CSD, au syndicat
de la Côte-Nord, à la FTQ ou au conseil provincial, la notion de
choix individuel, là, reprendra; elle est présente dans la loi et
elle reprendra.
Par ailleurs, je suis prêt à concevoir, dans les
circonstances - j'ai écouté l'argumentation que m'ont faite les
représentants de l'Opposition, y compris une argumentation qui n'a pas
été faite ici à cette table, mais lors de conversations
récentes - que, dans ce contexte, il faudrait peut-être permettre
l'accessibilité et un vote qui ne soit pas un vote par
présomption, compte tenu du fait qu'une des associations qui sera
née, la cinquième association, pourra être née de la
volonté majoritaire des travailleurs d'un local, mais pas
nécessairement de la volonté unanime. Donc, inférer la
présomption pour une période au-delà de la période
transitoire, c'est peut-être une chose qu'il faut remettre en question et
je suis prêt à écouter un peu les commentaires de
l'Opposition sur cette question. Cela m'apparaîtrait peut-être
juste dans les circonstances.
C'est essentiellement ce que j'ai à dire sur ce contexte dans
lequel nous adopterons la loi et ce qu'elle contient. Cela m'apparaît
encore une fois s'inspirer de la franchise sinon de la cohérence
parfaite, puisque je ne suis pas sûr qu'il y en ait vraiment dans
l'ensemble de ces lois de la construction, mais de certains principes de base:
la responsabilité des institutions syndicales, le caractère
public de l'Office de la construction dans la surveillance, la
nécessité de ce caractère public et la possibilité
pour les travailleurs, éventuellement, d'en revenir au statu quo,
c'est-à-dire le choix entre différentes associations, tel que
prévu dans la loi originalement, c'est-à-dire à l'automne
1981.
Le Président (M. Laplante): Pas d'autres commentaires?
M. Pagé: Un très bref commentaire, M. le
Président. Le député de Nicolet-Yamaska et moi-même
avons particulièrement insisté sur la possibilité de
tenir, par la suite de la création de la cinquième association,
un vote universel. Sans vouloir déroger aux règles
d'activité de la commission, est-ce que les membres de la commission
seraient disposés à ce qu'on entende une minute chacun des
groupes pour qu'ils nous donnent leur position sur la tenue d'un vote universel
qui, au lieu de se tenir en novembre 1981, pourrait se tenir plus tôt et
qui remplacerait, somme toute, le vote d'alléqeance prévu comme
devant se tenir en novembre 1981? Est-ce que vous y voyez objection ou si
c'est
possible...
M. Johnson: Je n'ai pas d'objection en soi, mais j'ai compris, M.
le Président, que le représentant du conseil provincial ne voyait
pas l'utilité de ça. J'ai compris que le président de la
FTQ ne voyait pas pourquoi ça se ferait et j'ai compris aussi que le
président de la CSN nous a bien expliqué que, s'il s'agissait de
devancer la période dite ouverte de l'automne, il ne voit pas pourquoi
elle serait devancée pour tout le monde, étant donné que
c'est un problème interne a des structures syndicales qui sont le
conseil provincial et la FTQ. Il me semble que ça paraît
évident. Je ne pense pas caricaturer les propos de qui que ce soit. J'ai
compris, moi, que les trois considéraient qu'il ne devait pas y avoir de
période ouverte universelle devancée, j'entends. C'est entendu
qu'il y en aura une.
Le Président (M. Laplante): Je fais appel maintenant au
projet de loi no 109, article 1.
M. Pagé: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait nous indiquer, avant d'amorcer l'étude du projet de loi article
par article, les dispositions du projet de loi qui devront être
amendées? Peut-il déposer l'ensemble des amendements tout de
suite?
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, les amendements, de
façon générale, pour qu'on se retrouve dans l'ensemble,
portent essentiellement sur l'échéancier. Evidemment, comme la
loi n'a pas été adoptée au mois de juin... On remarquera
que les amendements que nous apportons présument que la loi sera
adoptée quelque part d'ici à la fin du mois de novembre, en
présumant qu'il y a une session le 11 novembre et que ce projet
reçoit une considération, à l'intérieur des travaux
de la Chambre, qui soit une espèce de priorité pour les fins de
déclencher les délais. Nous avons déplacé le
calendrier et ça, c'est une première série d'amendements;
donc ça touche au départ, si je me souviens bien, huit ou neuf
articles.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, est-ce que
vous les déposez tous ensemble ou article par article?
M. Johnson: On pourrait peut-être les déposer tous a
ce stade-ci, dans ce cas. Je sais que le député de Portneuf va
peut-être nous parler de l'article 2 sur la question de la
présomption. Je ne sais pas s'il avait des suggestions ou s'il voulait
formuler quelque chose de précis. Mais je voudrais voir ce
qu'était le projet du député de Portneuf
là-dessus.
M. Pagé: J'attendais votre amendement.
M. Johnson: Essentiellement, il s'agirait d'introduire une
disposition qui vise essentiellement à abroger une autre disposition du
projet de loi original qui créait la présomption, pour faire en
sorte, à l'article 2 que, la présomption ne s'appliquant plus, on
ait affaire à une période ouverte normale, comme cela a
déjà été le cas antérieurement. Les autres,
encore une fois, sont essentiellement des articles qui touchent les dates,
à peu près sans exception...
Le Président (M. Laplante): C'est suspendu une minute.
Suspension de la séance à 11 h 44
Reprise de la séance à 11 h 45
M. Johnson: M. le Président, si tous les membres de la
commission étaient d'accord avec moi, ce qu'on pourrait faire serait de
déposer l'ensemble des amendements pour que les membres de la commission
puissent en prendre connaissance, suspendre la séance et reprendre
à 14 h 15 précisément pour procéder à
l'étude article par article.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont suspendus
jusqu'à 14 h 15.
Suspension de la séance à 11 h 47
Reprise de la séance à 14 h 20
Le Président (M. Laplante): Tout le monde assis, s'il vous
plaît! À l'ordre!
Etude article par article
Reprise des travaux de la commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvre pour l'étude article par article du projet de loi no 109,
Loi modifiant la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la
construction et concernant la représentativité de certaines
associations représentatives.
J'appelle maintenant l'article 1. M. le ministre. Avant de lire
l'article 1, considérez-vous que les amendements font partie du projet
de loi sans faire de motion à chaque...
M. Johnson: Oui.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Pagé: Oui.
M. Johnson: C'est ça.
M. Pagé: On va lire...
Le Président (M. Laplante): Non, mais je vous le
demande.
M. Pagé: ... le nouveau cahier comme si on lisait l'ancien
projet.
Le Président (M. Laplante): D'accord, M. le
député. Merci.
M. Johnson: M. le Président, l'article 1 se lirait tel
qu'il se lit au projet de loi no 109, c'est-à-dire qu'on y inscrit les
noms de toutes les associations faisant partie ou devant figurer sur
le bulletin pour un vote qui se tiendrait dans les huit mois
précédant la date d'expiration du décret,
c'est-à-dire en pratique à l'automne 1981. En d'autres termes, ce
que cet article fait, c'est de reconnaître l'existence d'un organisme
s'appelant la FTQ-Construction; deuxièmement, il reconfirme l'existence
de la CSD, de la CSN et du conseil provincial ainsi que du Syndicat de la
construction de la Côte-Nord de Sept-Iles Inc., comme étant les
associations représentatives.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: ... l'article 1 crée la cinquième
association. Tel que j'avais l'occasion de l'indiquer ce matin, nous nous
montrons favorables à ce que le vote universel soit devancé,
celui qui est normalement prévu comme devant se tenir huit mois avant
l'échéance du prochain décret lorsqu'il sera
prolongé, lorsque la prochaine convention collective deviendra le
décret, ce qui fixerait le vote en novembre 1981.
J'ai un amendement ici qui se lit comme suit: "L'article 1 du projet de
loi no 109 modifiant l'article 28 de la Loi sur les relations du travail dans
l'industrie de la construction est de nouveau modifié en substituant,
à la septième ligne, le mot "huitième" par les mots
"seizième mois", de façon à tenir le vote universel plus
tôt que prévu, c'est-à-dire le tenir en janvier 1981
plutôt qu'en novembre 1981.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Amendement
accepté?
M. Johnson: Quelqu'un appuie-t-il l'amendement du
député?
M. le Président, il s'agit essentiellement -je serai bref - de la
notion de devancer la période ouverte de huit mois, c'est-à-dire
de faire en sorte que l'ensemble des travailleurs de la construction au
Québec se prononcent non pas sur leur allégeance syndicale, mais
sur l'adhésion à une des associations représentatives en
janvier 1981 plutôt qu'à l'automne 1981 comme le prévoirait
normalement la loi.
Je m'oppose donc à cet amendement pour deux raisons, M. le
Président. La première, c'est que faire cela au mois de janvier -
c'est une raison bien technique - ne semble pas tenir compte de quelque chose
qui s'appelle Noël et le jour de l'an au Québec.
Deuxièmement - une raison un peu plus sérieuse - les associations
représentatives, soit la CSN, la CSD et le syndicat de la
Côte-Nord, quand elles ont participé à la dernière
période ouverte, quand elles ont participé à des
assemblées, fait des dépenses, fait de la publicité et,
à un moment donné, ont été fixées sur leur
"membership", il était normal, parce que la loi le prévoyait, que
ces associations, qui ne sont pas impliquées dans le problème de
querelles de structures internes au conseil provincial, puissent s'attendre
à planifier leur activité syndicale, leur budget, leur action,
etc., sur une période qui était celle prévue dans la loi,
et cette période-là, normalement, s'étend jusqu'à
l'automne 1981. Dans ce sens, ce serait, je pense, à leur égard,
modifier injustement les règles du jeu.
Dans le fond, ce serait dire: II y a un problème au conseil
provincial FTQ, alors on va déranger tout le monde y compris la CSN, la
CSD et le syndicat de la Côte-Nord qui n'ont rien à voir avec ce
problème. Ceci m'apparattrait incorrect à l'égard des
tiers encore une fois, à l'égard également des
entreprises, bien que ce soit de façon bien secondaire, qui, maintenant
que la convention collective a été négociée,
s'attendent elles aussi que ce soit tranquille à ce
niveau-là.
C'est pour ces raisons, M. le Président, que je m'opposerai
à l'amendement proposé par le député de
Portneuf.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse, vous n'avez pas de commentaires?
M. Goulet: Non, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Très brièvement, je dois vous dire
que j'ai préparé l'amendement sans être convaincu,
évidemment, qu'il serait accueilli favorablement par le ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre, mais la proposition reflète la position
qu'on a adoptée ce matin et qui visait essentiellement à accepter
en principe la reconnaissance de la cinquième association pour les
motifs que j'ai eu l'occasion d'exposer ce matin. Ce qu'on voulait par
là, c'était devancer purement et simplement la période,
c'est-à-dire qu'à l'article 1, on accepte l'existence
légale de la cinquième association, mais de façon à
régler dans les meilleurs délais les problèmes tels que
celui que j'ai eu l'occasion d'exposer, entre autres pour les travailleurs,
dans le droit qu'ils ont d'être représentés à
certains niveaux et à l'égard de certains droits qu'ils peuvent
exercer en vertu du décret ou en vertu d'autres lois. L'esprit de
l'amendement était de devancer tout cela. Il sera défait. Cela
aurait impliqué évidemment d'autres amendements, des
modifications à la loi 38 - si ma mémoire est fidèle - des
Lois de 1978. De toute façon, M. le Président, on peut juger que
ce sera défait, alors on peut passer à la mise aux voix tout
simplement.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, je m'oppose donc à
l'amendement qui suggérait de devancer la période ouverte.
M. Pagé: Vote enregistré, M. le
Président.
M. Johnson: Est-ce que le vote enregistré peut attendre,
M. le Président? Le whip adjoint vient de me dire qu'il est allé
chercher son collègue, le whip, pour que les principes de la
démocratie triomphent, c'est-à-dire que la majorité puisse
s'exercer.
M. Pagé: M. le Président, on est obligé de
suspendre parce que le gouvernement se ferait battre. Vous voyez ce que cela
va...
M. Johnson: Cela dépend. Le député de
Bellechasse n'y a peut-être pas intérêt.
M. Goulet: II faudrait que je demande le consentement pour avoir
le droit de vote.
M. Johnson: Alors, vous n'avez pas le droit de vote? Vous avez le
droit de vote, M. Lé-vesque? M. le Président, on est prêt
à procéder au vote.
Le Président (M. Laplante): Sur l'amendement du
député de Portneuf qui se lit comme suit: "L'article 1 du projet
de loi 109 modifiant l'article 28 de la Loi sur les relations du travail dans
l'industrie de la construction est de nouveau modifié en substituant,
à la septième ligne, le mot "huitième" par le mot
"seizième".
M. Dussault.
M. Dussault: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Brochu (Richmond), M.
Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Johnson (Anjou).
M. Johnson: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Léonard
Lé-vesque (Kamouraska-Témiscouata).
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Lefebvre (Viau), M.
Mailloux (Charlevoix), M. Pagé (Portneuf).
M. Pagé: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Paquette (Rosemont).
Trois contre, un pour. Motion rejetée. Je rappelle l'article
1.
M. Johnson: M. le Président, est-ce que l'article 1 est
adopté?
Le Président (M. Laplante): Adopté? M. Pagé:
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): L'article 1 est adopté
suivant l'amendement. J'appelle l'article 2.
M. Johnson: II s'agirait ici de changer la numérotation du
projet de loi 109 tel qu'il apparaît devant nous et d'insérer,
après l'article 1 du projet loi, un deuxième article qui se
lirait comme suit: "2. L'article 32 de cette loi remplacé par l'article
4 du chapitre 58 des Lois de 1978 est modifié par l'addition de
l'alinéa suivant: "Le troisième alinéa ne s'applique pas
pour le premier scrutin tenu après le (insérer ici la date
d'entrée en vigueur du projet de loi no 109) en vertu du premier
alinéa." (14 h 30)
En pratique, les dispositions de cet amendement que je dépose, M.
le Président, visent à faire en sorte que, l'automne prochain,
l'automne 1981, quand il y aura la période ouverte, la notion de
présomption d'appartenance à un groupe ne s'applique pas
automatiquement, étant donné qu'à l'intérieur d'un
de ces deux groupes-là, le plus important, dans le cas du conseil
provincial FTQ, aura lui-même été subdivisé et que
les travailleurs auront eu l'occasion de se prononcer non pas individuellement,
mais à travers leurs structures syndicales en tant qu'association ou en
tant qu'union qui décideront d'une affiliation à une association
représentative. Il faudrait donc rétablir dans ce contexte la
possibilité pour chacun des travailleurs d'aller exprimer
individuellement son opinion et son vote lors de la période ouverte de
l'automne 1981.
M. Pagé: M. le ministre, est-ce que vous voulez dire par
là que les dispositions du nouvel article 2, à la prochaine
période ouverte au vote, qui se tiendra le huitième mois avant
l'échéance du prochain décret, viendront modifier les
dispositions de l'article 4 de la loi 52?
M. Johnson: C'est cela.
M. Pagé: Plutôt que de dire que la
présomption ne s'appliquera pas au scrutin ouvert qui suivra la date
d'entrée en vigueur de la loi 109, pourquoi n'avez-vous pas
modifié la loi 52?
M. Johnson: En pratique, cela modifie l'article 32, l'article 4
du chapitre 58 des Lois de 1978; donc, c'est bel et bien la loi 52 qu'on
modifie. Les chiffres ne semblent pas être les mêmes, mais c'est
parce que le projet de loi 52 s'intitule le chapitre 58 des Lois de 1978.
M. Pagé: D'accord.
M. Johnson: Alors, on modifie la loi 52.
M. Pagé: Alors, on revient à l'article 1 de cette
loi qui prévoit l'obligation d'aller voter.
M. Johnson: C'est cela. M. Pagé: C'est cela.
M. Johnson: C'est-à-dire qu'il ne prévoit pas
l'obligation d'aller voter; il prévoit que la
représentativité sera calculée à l'automne 1981
à partir du nombre de votes exprimés...
M. Pagé: D'accord.
M. Johnson: ... et non pas du nombre de votes
présumés exprimés. Une fois que cela sera fait, on sait
que les travailleurs qui entrent dans l'industrie ou qui, d'une façon ou
d'une autre, y oeuvrent subséquemment doivent exprimer une affiliation
syndicale au départ.
M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le nouvel article 2
est adopté?
M. Pagé: Adopté. Une voix:
Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 2 du projet de loi qui devient l'article 3. Il n'y a pas
d'amendement à celui-là, je crois.
M. Pagé: M. le Président, je n'ai pas d'amendement.
D'ailleurs, je tiens à vous dire tout de suite que je n'aurai pas
d'amendements d'ici à la fin. Le ministre a choisi de dire non S
l'amendement qu'on proposait, qui avait un caractère
général et qui venait, somme toute, mettre de côté
toutes les dispositions transitoires, s'il avait été
accepté. On n'aura pas à présenter des amendements
à chacun des articles; on va les adopter sur division, purement et
simplement.
Le Président (M. Laplante): Ce n'est pas ce que je voulais
dire, M. le député.
M. Pagé: Vous vouliez dire quoi?
Le Président (M. Laplante): C'est que...
M. Pagé: Vous ne vous le rappelez plus?
Le Président (M. Laplante): ... sur l'article 2, qui
devient l'article 3, j'ai demandé s'il y avait un amendement et on m'a
dit non. Donc, il sera adopté tel quel?
M. Pagé: Là, vous lisez les nouveaux articles.
M. Johnson: Tels qu'ils figurent au projet de loi no 109. C'est
cela. En gros, le député de Portneuf nous annonce que
l'étude article par article devrait se dérouler assez rapidement,
si je comprends bien.
M. Pagé: Cela n'écartera pas la possibilité
de poser des questions.
M. Johnson: On sait que vous êtes habitué à
poser des questions.
M. Pagé: On est moins habitué à recevoir des
réponses, par exemple, et cela, vous le savez.
M. Johnson: Si je comprends bien, c'est cela, les questions, de
façon générale, ne mèneront pas vers une action
précise qui sera celle d'amender le projet de loi.
M. Pagé: Exactement; pour une fois, le ministre me
comprend bien.
M. Johnson: Bon.
Le Président (M. Laplante): Je vous ramène à
l'article 2 qui devient l'article 3. M. le ministre.
M. Johnson: L'article 2 qui devient l'article 3 est
modifié... Le Président (M. Laplante): II n'est pas
modifié.
M. Johnson: Oui, vous avez devant vous des projets.
Le Président (M. Laplante): Ecoutez, il va falloir
s'entendre sur une bonne procédure pour ne pas embrouiller le
secrétaire de la commission.
M. Johnson: M. le Président, si vous me le permettez, je
suggérerais que nous partions du texte du projet de loi no 109 tel
qu'imprimé par l'imprimeur de Sa Majesté ou par l'Editeur
officiel, pardon; deuxièmement, que nous ayons, à droite ou
à gauche de nous, des feuilles qui sont des papillons et qu'on
procède par papillons, comme d'habitude.
Le papillon intitulé article 2 se lit comme suit: "L'article 2 du
projet de loi devient l'article 3 et est remplacé par le suivant."
M. Pagé: Adopté.
M. Johnson: Est-ce que vous désirez que j'en fasse la
lecture?
Le Président (M. Laplante): Cela est adopté, M. le
ministre.
M. Johnson: Je n'ai pas d'objection, si vous voulez l'adopter
sans qu'on le lise.
M. Pagé: Le ministre et moi, on semblait bien se
comprendre. Est-ce à dire... Tantôt, vous nous avez demandé
si le ministre devait faire une motion pour chacun des articles amendés,
parce que cela va changer de numéro. On a dit: Non, que les amendement
étaient acceptés en tout.
M. Johnson: Pour fins de considération.
M. Pagé: M. le Président, il nous reste tout
simplement, selon moi, à vous guider sur le document qui a
été déposé par le ministre et qui est celui-ci.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le ministre.
M. Johnson: Donc, l'article 2 du projet de loi devient l'article
3 et est remplacé par le suivant: "3. Aux fins de la présente
loi, on entend par "association": un groupement de salariés qui est
constitué en syndicat professionnel, union, fraternité, ou
autrement et qui est affilié au Conseil provincial du Québec des
métiers de la construction, le 26 septembre 1980, ou qui à cette
date n'est pas affilié à ce conseil, mais l'était au 1er
janvier 1979; "Office": l'Office de la construction du Québec;
"salarié": un salarié au sens de la Loi sur les relations du
travail dans l'industrie de la construction qui, le 26 septembre 1980, est
représenté par une association et détient la carte
visée dans l'article 36 de cette loi ainsi que le certificat de
classification délivré en vertu du règlement relatif au
placement des salariés dans l'industrie de la construction."
M. le Président, essentiellement, il s'agit de dire, à un
moment donné: Dans le temps, nous allons déterminer quelles sont
les unions qui décideront d'adhérer ou au groupe FTQ ou au groupe
provincial par la procédure qui est décrite plus tard. A
l'origine, le projet de loi no 109 prévoyait que cela se ferait à
la date du dépôt du projet de loi no 109. Cependant, depuis lors,
deux locaux ont été formés émanant du 144. L'objet
de la loi n'est pas d'interdire à qui que ce soit de choisir un local.
On m'informe qu'à la connaissance de personnes bien informées, il
n'y a pas de membres de ces deux nouveaux locaux encore, mais tout à
coup il y en aurait eu hier! Il faut permettre à ces gens de
décider
également de l'adhésion de leur local, si ce local existe
dans un groupe ou l'autre. On peut évidemment être bien conscient
que cela ne pèsera pas lourd dans le pourcentage de la
représentativité globale, c'est bien évident.
Il s'agissait de fixer cela au 26 septembre, qui est une date gui a
été choisie en fonction de l'annonce officielle de la tenue de
cette commission parlementaire.
Le Président (M. Laplante): Adopté?
M. Pagé: Sur division, M. le Président, comme tout
le reste.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 3.
M. Johnson: L'article 3, M. le Président, du projet de loi
devient l'article 4 et est remplacé par le suivant: "4. Dans le but
d'établir, aux fins de la Loi sur les relations du travail dans
l'industrie de la construction, la représentativité du Conseil
provincial du Québec des métiers de la construction,
ci-après désigné "le Conseil", et celle de la
Fédération des travailleurs du Québec (FTQ-Construction),
ci-après désignée "la Fédération", chaque
association doit, conformément à ses statuts et ses
règlements, tenir un scrutin secret parmi les salariés qu'elle
représente lors d'une ou de plusieurs assemblées
convoquées à cette fin au cours de la période allant du 19
janvier au 1er février 1981. "L'Office surveille le déroulement
de ce scrutin. "Une association doit, avant le 8 décembre 1980, aviser
par écrit le président de l'Office de l'heure, de la date, du
lieu de la tenue d'une assemblée; l'Office prend alors les mesures
nécessaires pour informer les salariés de la tenue de cette
assemblée. "Dans le cas où il est impossible de tenir une
assemblée conformément à l'avis transmis au
président de l'Office, une association peut, au plus tard le 1er
février 1981, tenir une assemblée à l'heure, a la date et
au lieu autorisés par le président de l'Office."
M. Pagé: J'aurais une très brève question.
Dans le projet initial, l'avis devait être de cinq jours.
M. Johnson: Oui.
M. Pagé: Qu'est-ce qui vous a motivé à
prolonger le délai?
M. Johnson: Essentiellement, il s'agit d'une période qui
est allongée pour permettre de diffuser l'information de la tenue des
assemblées. Non seulement les unions, individuellement, aviseront leurs
membres - comme dans la majorité des cas, je présume, de
façon générale, c'est la pratique dans ces unions -
également, l'Office pourra prendre les moyens nécessaires pour
annoncer la tenue de telles assemblées pour s'assurer que le plus grand
nombre possible de personnes sont avisées de la tenue des
assemblées.
M. Pagé: D'accord. Même chose.
Le Président (M. Laplante): Adopté? Sur division.
J'appelle l'article 4.
M. Johnson: L'article 4 du projet de loi devient l'article 5 et
est remplacé par le suivant: "5. Une association doit, avant le 1er
décembre 1980, transmettre au président de l'Office les nom,
prénom et adresse de tous les salariés qu'elle prétend
représenter."
Il y a ici, dans la mesure où on présume l'entrée
en vigueur du projet de loi autour du 18 novembre, qui est une
hypothèse, à peu près une douzaine de jours qui
permettraient à toutes les associations de faire connaître
à l'office la liste de leurs salariés.
Il faut lire cet article, évidemment, avec l'article suivant pour
y retrouver la cohérence. Dans l'étape suivante, l'office va
dresser, pour chacune des associations, après les avoir
consultées, la liste considérée comme "finale" - entre
guillemets - pour les fins du vote.
Le Président (M. Laplante): Des questions, M. le
député de Portneuf?
M. Pagé: Non.
Le Président (M. Laplante): Adopté? Sur division.
J'appelle l'article 5.
M. Johnson: L'article 5 est-il adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): Non, l'article 4 est
adopté.
M. Johnson: L'article 4 est adopté. Alors, l'article 5 du
projet de loi...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Johnson: Un instant, s'il vous plaît, M. le
Président, est-ce qu'on peut suspendre deux secondes?
Le Président (M. Laplante): Suspension pour deux
minutes.
M. Johnson: Vous avez mentionné ce matin, à
l'occasion de discussions préliminaires qu'on avait eues à nos
débats, après l'exposé, entre autres, des
présidents des différentes associations, qu'il y aurait
peut-être intérêt à ce que les listes soient
transmises, mais peut-être qu'à sa face même, la suggestion
du président de la CSN semblait intéressante. J'ai relu un peu
les notes du président de la CSN qui conclut qu'à ses yeux, il
s'agit essentiellement d'un problème interne d'un groupe qui s'appelle
le conseil provincial et qu'à cet égard, compte tenu de cela, je
ne vois pas pourquoi les listes du conseil provincial et de la FTQ seraient
remises entre les mains de la CSN ou de la CSD puisqu'il s'agit de
régler les problèmes à l'intérieur du groupe FTQ,
conseil provincial.
Cependant, les listes de chacun des groupes à l'intérieur
de la FTQ et à l'intérieur du conseil provincial seront
communiquées aux autres dans les circonstances, d'une part.
Deuxièmement...
Une voix: ...
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît, monsieur!
Une voix: ...
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît,
monsieur! À l'ordre, s'il vous plaît!
Une voix: ...
Le Président (M. Laplante): Je demande votre
collaboration, monsieur. S'il vous plaît, monsieur!
Une voix: ...
Le Président (M. Laplante): Je vous la demande encore une
fois. M. le ministre.
M. Johnson: Dans les circonstances, je ne vois pas pourquoi,
effectivement, les listes, à l'intérieur des syndicats, des gens
qui appartiennent à un syndicat circuleraient auprès des autres,
premièrement.
Cependant, il est bien évident qu'au moment de la période
ouverte de l'automne, ces listes de l'ensemble des travailleurs ayant droit de
décider entre les associations représentatives seront disponibles
pour toutes les associations, ce qui est le cas. Mais on ne voit pas pourquoi,
dans le cadre d'un problème de règlement interne entre les
structures du conseil provincial et de la FTQ, la CSN, la CSD ou le syndicat de
la Côte-Nord interviendrait. (14 h 45)
Maintenant, on a évoqué la possibilité - si je me
souviens bien - ce matin, qu'on pourrait retrouver sur les listes de la FTQ,
pour les fins de ce vote interne, des noms appartenant à la CSN. Cela ne
change rien pour la CSN dans l'hypothèse où cela se produit.
C'est le problème de la FTQ s'il y a des gens de la CSN qui viennent
voter à ses assemblées. Je vous jure que c'est mon
problème et probablement comme l'inverse le serait d'ailleurs. Dans ce
sens-là, je ne vois pas l'intérêt manifeste de la CSN
à avoir ces listes pour les fins de l'application de cette loi qui veut
régler le problème entre deux syndicats qui n'ont rien à
voir avec la CSN, la CSD et le syndicat de la Côte-Nord. C'est pourquoi
je reviens un peu sur ce que je disais ce matin. On l'a étudié ce
midi et on l'a relu en revoyant le texte du président de la CSN.
Finalement, on est arrivé à la conclusion que c'était sans
doute inapproprié.
Une voix: Ton cadeau est fait, Pierre-Marc. Tu l'as bien
emballé.
M. Johnson: Pour l'amour du ciel, va-t-il s'arrêter?
Le Président (M. Laplante: S'il vous plaît,
monsieur! Je veux être d'une patience exemplaire, mais je ne voudrais pas
qu'on nous nuise non plus, monsieur, en faisant le travail qu'on fait
actuellement, soit étudier le projet de loi article par article.
Une voix: Un cadeau d'élections, vous voulez dire.
Le Président (M. Laplante): Monsieur, je vous
demande...
Une voix: Cela va faire.
M. Johnson: M. le Président, je comprends que les
alliés du Parti libéral dans la salle...
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse. M.
Johnson: ... sentent le besoin de... M. Pagé: M. le
Président.
Une voix: Pierre-Marc... n'importe quoi. Je sais quelque chose,
c'est que tu te fais un cadeau...
Le Président (M. Laplante): Monsieur, c'est la
dernière fois...
Une voix: ... au détriment des travailleurs de la
construction.
Le Président (M. Laplante): ... que je fais appel à
votre coopération. Vous avez présenté cet
amendement-là, monsieur.
M. Johnson: M. le Président, on est à l'article
5.
M. Pagé: M. le Président, je vais soulever une
question de rèqlement ici tout de suite. Je dois vous dire que j'ai
toujours été un député qui ai, par mes propos,
tenté de faire en sorte que le règlement s'applique et le
ministre ne pourra pas nier cela. Que le ministre associe à l'Opposition
officielle des gens qui sont dans la salle, il faudrait, s'il veut les nommer,
qu'il en nomme plusieurs, parce que plus cela va, plus des gens nous appuient,
vous savez. Alors, je tiens à vous dire...
M. Johnson: M. le Président, c'est justement ce qui
m'inquiète. C'est de voir que certains représentants d'un groupe
syndical s'associent au Parti libéral.
M. Pagé: Mais il n'y a jamais eu de représentants
de mouvements syndicaux qui vous ont appuyés, vous.
Le Président (M. Laplante): On va retourner, si vous
voulez, au projet de loi no 109.
M. Pagé: II n'y en a jamais eu qui vous ont
appuyés. Cela vous a donné un coup de main dans la campagne
référendaire.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, qu'est-ce que
vous faites avec l'amendement?
M. Pagé: Cela vous a donné un coup de main dans la
campagne référendaire.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Johnson: M. le Président, l'article 5 du projet de
loi... Est-ce que... Non, cela va.
Une voix: Cela n'est pas bon.
M. Johnson: Non, c'est fait. M. Pagé: II change de
sujet. M. Johnson: L'article 5...
Le Président (M. Laplante): Je rappelle l'article 5.
M. Johnson: Je pense que vous avez pris cela dans ma pile, M. le
Président, plutôt que dans la vôtre.
Le Président (M. Laplante): Non, c'est à moi.
M. Johnson: Ce n'est pas moi... Je n'ai pas distribué
cela.
Le Président (M. Laplante): Oui, je l'ai
distribué.
M. Johnson: Je ne l'ai pas distribué; il était ici
dans mes affaires. M. le Président, l'article 5 du projet de loi devient
l'article 6 qui est remplacé par le suivant: "6. L'Office dresse, pour
chacune des associations, après l'avoir consultée, la liste des
salariés qu'elle représente et il peut, à cette fin, tenir
compte des renseignements transmis en vertu de l'article 5. Un salarié
ne peut être inscrit que sur une seule liste. "Chaque liste
établit de façon incontestable le nom des seuls salariés
aptes à voter lors du scrutin prévu À l'article 4 et, pour
des fins des articles 12 et 13, le nom de l'association à laquelle ils
appartiennent."
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Sur division. M. Pagé:
Une question, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Pagé: S'il y a la moindre erreur, l'erreur étant
humaine - une erreur d'ordinateur, peu importe le motif de l'erreur - la liste
est incontestable et il n'y a rien à y faire.
M. Johnson: C'est cela. Comme c'est le cas d'ailleurs de la liste
électorale. Comme c'est le cas de n'importe quel processus qui est le
moindrement encadré par règlement ou par législation. On
vit encore dans une société où il y a des êtres
humains et il y a des erreurs humaines possibles, mais, en gros, on pense que
le double tamisage non seulement par les syndicats qui sont
intéressés évidemment à y avoir le nom de tous
leurs membres et de leurs affiliés, mais également le tamisage
fait à partir de l'informatique de l'office devrait, au bout du compte,
produire une liste qui est adéquate.
Le Président (M. Laplante): Adopté? M. Pagé:
Même chose, sur division.
Le Président (M. Laplante): Sur division. J'appelle
l'article 6 du projet de loi.
M. Johnson: L'article 6 du projet de loi, M. le Président,
devient donc l'article 7 et est remplacé par le suivant: "7. L'Office
doit, avant le 20 décembre 1980, transmettre: premièrement
à chaque association, la liste visée à l'article 6;
deuxièmement à chaque salarié dont le nom apparaît
sur une liste visée dans l'article 6, une carte qui l'identifie comme
votant aux fins du scrutin prévu à l'article 4 et qui mentionne
ses nom et prénom, son numéro d'assurance sociale et, pour les
fins des articles 12 et 13, le nom de l'association qui le
représente."
M. Pagé: Une très brève question. Est-ce que
le ministre pourrait nous dire combien ça va coûter à peu
près?
M. Johnson: L'évaluation est un peu difficile à
faire.
M. Pagé: L'opération... En général...
M. Johnson: Oui.
M. Pagé: C'est une question qui aurait peut-être
dû être posée au début.
M. Johnson: L'opération d'un vote non pas
d'alléqeance, mais d'affiliation à une association
représentative quand elle est "ouverte", dans l'avant-dernier cas,
c'est-à-dire là où il n'y avait pas de présomption
et là où l'immense majorité des travailleurs s'est
prévalue de son droit de vote, a coûté près de $
1,000,000. Il faut bien tenir compte du fait qu'il y a 85 000 travailleurs qui
sont impliqués.
Dans le cas du vote plus limité qui était intervenu
à cause de l'existence de la présomption, le coût
était plus près de $250,000, à peu près quatre fois
moins. On peut présumer, comme il s'agit ici d'une partie de l'effectif
dans le monde syndical, qu'il n'y aura pas nécessairement des bottes de
scrutin à 36 endroits et qu'on ne devra pas déployer le genre de
truc qui s'est déployé la dernière fois, que ce seront des
coûts un peu moindres.
M» Pagé: Vous n'avez pas d'évaluation de ce
que cela coûtera à l'office.
M. Johnson: Encore une fois, l'évaluation
d'expérience qu'on peut faire, c'est qu'au maximum, ça va
coûter $300,000; c'est ce que cela a coûté la
dernière fois, lors du scrutin où s'appliquait la notion de
présomption.
Le Président (M. Laplante): L'article 6, adopté sur
division.
M. Pagé: Même chose.
Le Président (M. Laplante: J'appelle l'article 7. M. le
ministre.
M. Johnson: L'article 7 du projet de loi devient l'article 8 et
est remplacé par le suivant: "8. Les prohibitions édictées
par le premier alinéa de l'article 31 de la Loi sur les relations du
travail dans l'industrie de la construction ne s'appliquent pas, au cours de la
période allant du 5 au 18 janvier 1981, pour les fins du scrutin
prévu à l'article 4."
En d'autres termes, ce que dit cette disposition, c'est qu'il s'agit de
la période de publicité qui est une période qui pourra
durer quatorze jours.
Le Président (M. Laplante): L'article 7, adopté sur
division.
M. Pagé: Même chose.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 8 du
projet de loi 109.
M. Johnson: M. le Président, l'article 8 du projet de loi
devient l'article 9 et est remplacé par le suivant: "9. Tout
salarié peut, par son vote lors du scrutin tenu en vertu de l'article 4,
choisir le Conseil ou la Fédération.
Un représentant de l'Office assiste au scrutin. Il tranche toute
difficulté relative au déroulement de ce scrutin notamment quant
à l'aptitude d'un salarié À voter et au
dépouillement du scrutin; sa décision est sans appel."
Adopté, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): L'article 8,
adopté...
M. Pagé: Même chose.
Le Président (M. Laplante): ... sur division. J'appelle
l'article 9.
M. Johnson: L'article 9, M. le Président, devient
l'article 10, simplement.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 10 du
projet de loi 109.
M. Johnson: Qui devient l'article 11, M. le Président.
M. Pagé: Même chose.
M. Johnson: Adopté aussi?
Le Président (M. Laplante): Adopté...
M. Pagé: Toujours sur division.
Le Président (M. Laplante): ... toujours sur division.
J'appelle l'article 11 du projet de loi.
M. Johnson: L'article 11 du projet de loi devient l'article 12 et
est remplacé par le suivant: "12. L'Office constate le degré de
représentativité du Conseil en multipliant les pourcentages
suivants - ensuite, je donnerai peut-être un exemple -
premièrement le degré de représentativité
établi dans le certificat délivré au Conseil provincial du
Québec des métiers de la construction (FTQ) en vertu de l'article
34 de la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la construction;
deuxièmement le pourcentage que représente l'addition de tous les
salariés inscrits sur la liste de chacune des associations,
établies en vertu de l'article 6, dans lesquelles la majorité des
votants a exprimé son choix en faveur du Conseil par rapport au nombre
total des salariés inscrits sur les listes établies par l'Office
en vertu de l'article 6."
Je suis sûr que tout le monde a compris qu'il s'agissait
essentiellement de multiplier 68,325 par le total des salariés des
associations qui ont voté majoritairement pour le conseil, divisé
par 100 et multiplié par le total des salariés inscrits.
En d'autres termes, on fractionne les 68% des travailleurs de la
construction qui appartiennent au conseil provincial et on dit: Ces 68% du
total vont eux-mêmes se diviser et, ensuite, on va reprojeter ce nombre.
Si cela se divise 50-50, en pratique cela va faire à peu près
34%-34% du total des ouvriers de la construction. Voilà! Vous comprenez,
M. le Président? Alors, c'est l'objet de l'article 11.
Le Président (M. Laplante): L'article 11 est adopté
sur division.
J'appelle l'article 12.
M. Johnson: L'article 12 du projet de loi devient l'article 13 et
est remplacé par le suivant: "13. L'Office constate le degré de
représentativité de la Fédération en multipliant
les pourcentages suivants: premièrement le degré de
représentativité établi dans le certificat
délivré au Conseil provincial du Québec des métiers
de la construction (FTQ) en vertu de l'article 34 de la Loi sur les relations
du travail dans l'industrie de la construction; deuxièmement le
pourcentage que représente l'addition de tous les salariés
inscrits sur la liste de chacune des associations, établie en vertu de
l'article 6, dans lesquelles la majorité des votants a exprimé
son choix en faveur de la Fédération par rapport au nombre total
des salariés inscrits sur les listes établies par l'Office en
vertu de l'article 6."
C'est, en fait, le pourcentage, cette fois-ci, de la FTQ plutôt
que du conseil.
Est-ce que l'article 12 est adopté, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): L'article 12 est adopté
sur division.
J'appelle l'article 13.
M. Johnson: L'article 13 du projet de loi devient l'article 14 et
est remplacé par le suivant: "14. L'Office délivre au Conseil et
à la Fédération un certificat établissant son
degré de représentativité et une liste de tous les
salariés de chaque association dont la majorité des votants a
exprimé son choix en sa faveur.
Ce certificat est réputé avoir été
délivré en vertu de l'article 34 de la Loi sur les relations du
travail dans l'industrie de la construction et prend effet le 15 février
1981."
Est-ce que l'article est adopté, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): L'article 13 est adopté
sur division.
J'appelle l'article 14.
M. Johnson: M. le Président, l'article 14 du projet de loi
devient l'article 15 et est remplacé par le suivant: "15. L'Office fait
parvenir à chaque salarié
inscrit sur les listes qu'il a dressées en vertu de l'article 6,
une carte portant mention notamment: premièrement de ses nom et
prénom; deuxièmement de son numéro d'assurance sociale;
troisièmement du nom du Conseil ou de la Fédération, selon
le choix exprimé par la majorité des votants dans son
association. "Cette carte est réputée avoir été
délivrée en vertu de l'article 36 de la Loi sur les relations du
travail dans l'industrie de la construction et prend effet le 15 février
1981."
En fait, il s'agit de la carte d'appartenance à une association
qui existe pour tous les salariés.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Même chose.
Le Président (M. Laplante): L'article 14 est adopté
sur division.
J'appelle l'article 15.
M. Johnson: M. le Président, l'article 15 du projet de loi
devient l'article 16 et est remplacé par le suivant: "16. Lorsqu'un
scrutin n'a pas eu lieu à l'expiration du délai prévu
à l'article 4 pour une association, l'Office: premièrement
délivre, conformément à l'article 15, une carte aux
salariés représentés par une association qui a tenu un
scrutin; deuxièmement délivre, conformément à
l'article 14, un certificat provisoire au Conseil et à la
Fédération; troisièmement tient aux dates, de la
manière et dans la forme prévues par règlement de l'Office
avant le 28 février 1981, un scrutin secret parmi les salariés
représentés par une association pour laquelle un scrutin n'a pas
été tenu. "Un règlement visé dans le paragraphe 3
entre en vigueur le jour de son approbation par le gouvernement et doit
être publié dans la Gazette officielle du Québec."
Y a-t-il des questions Ia-dessus, M. le Président?
M. Pagé: Le certificat provisoire est strictement pour
déterminer la représentativité provisoire qu'a
l'association indépendamment de sa densité ou du nombre de ses
membres?
M. Johnson: Ce qu'il s'agit de faire, c'est de permettre à
ceux qui se sont prononcés de savoir quelle est leur appartenance. Il
est provisoire dans la mesure où, si une des associations ne tenait pas
de vote, ce serait l'office qui le tiendrait à sa place, ce qui, a
priori, ne devrait pas arriver.
M. Pagé: Même chose.
Le Président (M. Laplante): L'article 15 est adopté
sur division.
J'appelle l'article 16.
M. Johnson: M. le Président, l'article 16 du projet de loi
devient l'article 17 et est remplacé par le suivant: "17. Lorsqu'un
scrutin a été tenu en vertu du paragraphe 3 de l'article 16,
l'Office délivre au Conseil et à la Fédération,
conformément à l'article 14, un nouveau certificat et, confor-
mément à l'article 15, une carte aux salariés
représentés par une association pour laquelle un scrutin n'a pas
été tenu. "Un certificat ou une carte délivré en
vertu du premier alinéa prend effet à compter du 8 mars
1981."
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Même chose.
Le Président (M. Laplante): L'article 16 est adopté
sur division.
J'appelle l'article 17. (l 5 heures)
M. Johnson: L'article 17 du projet de loi, M. le
Président, devient l'article 18. Est-il adopté?
Une voix: Concordance.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur
division.
M. Johnson: Concordance, oui.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 18.
M. Johnson: L'article 18 devient l'article 19, M. le
Président. Concordance.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur division.
J'appelle l'article...
M. Pagé: Les infractions. Pas trop vite, M. le
Président. Les infractions.
Le Président (M. Laplante): On revient à l'article
18.
M. Johnson: On revient à l'article 18, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): C'est cela. M. Pagé:
Même chose, sur division.
M. Johnson: "Nul ne doit..." C'est cela? Cela va?
Le Président (M. Laplante): Adopté sur division.
J'appelle l'article 19.
M. Johnson: L'article 19 du projet de loi, M. le
Président, devient l'article 20. Il est remplacé par le suivant:
"20. Quiconque commet une infraction visée dans les articles 18 et 19
est passible, sur poursuite sommaire, en outre du paiement des frais, pour
chaque jour ou partie de jour pendant laquelle dure l'infraction: 1° dans
le cas d'une union, d'une fédération, d'une
confédération, d'une association ou d'un dirigeant,
administrateur, agent ou conseiller d'un de ces organismes, d'une amende d'au
moins cinq cents dollars et d'au plus trois mille dollars; 2 dans le cas d'un
employeur ou d'une association d'employeurs ou d'une personne qui agit pour cet
employeur ou cette association, d'une amende d'au moins cinQ cents dollars et
d'au plus trois mille dollars; 3 dans les autres cas, d'une amende d'au moins
cent
dollars et d'au plus trois mille dollars; 3 dans les autres cas, d'une
amende d'au moins cent dollars et d'au plus six cents dollars."
Le Président (M. Laplante): L'article 19 sera-t-il
adopté?
M. Pagé: Même chose, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Sur division. J'appelle
l'article 20.
M. Johnson: L'article 20, M. le Président, devient
l'article 21.
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Laplante): Article 20 adopté sur
division. J'appelle l'article 21.
M. Johnson: L'article 21, M. le Président, devient
l'article 22.
Le Président (M. Laplante): Article 21 adopté sur
division. Je propose d'adopter le projet de loi no 109 qui a été
étudié article par article, avec amendements. Adopté?
M. Pagé: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur
division.
M. Pagé: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Je prierais le rapporteur de
faire rapport à l'Assemblée nationale que le projet de loi no 109
a été adopté, avec amendements, sur division. M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, très
brièvement. Comme j'ai eu l'occasion de le signaler ce matin au
ministre, le projet de loi no 109 a été déposé, si
ma mémoire est fidèle, le 16 juin, a été
étudié en deuxième lecture le 18 juin et a
été étudié article par article aujourd'hui le 30
septembre; cela a été une journée utile,
nécessaire, fructueuse dans le sens d'échanges d'informations de
part et d'autre. On a eu la participation des intervenants, que je remercie.
J'avais une grande question ce matin. Il ne faudrait pas, M. le
Président, que tout cela ait été fait, aujourd'hui, pour
donner bonne bouche ou bonne saveur préélectorale. J'aimerais
demander, en terminant, au ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre quelles
sont les chances que ce projet de loi soit adopté en troisième
lecture pendant la présente Législature.
M. Johnson: M. le Président, je voudrais d'abord remercier
les participants, mes collègues d'en face, pour la
célérité avec laquelle nous avons pu procéder
à l'adoption article par article de ce projet de loi qui comme on le
sait, avait été adopté en deuxième lecture par
l'Assemblée, au mois de juin.
Je voudrais simplement rappeler à cet égard
également que l'objet de ce projet de loi, c'est de permettre que, dans
le calme, dans un contexte le plus ouvert possible, le plus démocratique
possible et également dans le respect de ce que sont les structures
syndicales, la sérénité sur les chantiers de construction
au Québec demeure, ce qui existe déjà, d'ailleurs, depuis
quelque temps, qu'elle ne soit pas perturbée.
Encore une fois, je pense que, comme membre de l'Assemblée
nationale nous pouvons tous ncus féliciter de ce que ce problème,
à l'intérieur de structures syndicales, qui met en cause des
intérêts importants d'une façon de voir le
développement du syndicalisme, des intérêts aussi parce que
ce sont des appareils administratifs importants que les syndicats dans ce
secteur, je pense qu'on peut tous se réjouir de ce que cela peut se
régler de cette façon plutôt que d'une façon qui a
été celle du passé, trop souvent, dans le domaine de la
construction. Si, encore une fois, il ne s'agit pas de la perfection, il s'agit
sûrement d'un très grand progrès pour la vie syndicale dans
la construction au Québec et, de façon générale,
pour notre société à l'égard de ces questions.
Je rappelle que ce projet de loi, s'il reconnaît
l'émergence et l'existence d'un nouveau groupement dans la construction
dont il doit prendre acte par la force des choses, comme l'a reconnu le
député de Portneuf, n'empêchera pas, cependant, et ce n'est
aucunement son intention, de permettre à chacun des travailleurs
impliqués, lors de la période normale de l'ouverture de
l'affiliation à une association représentative, d'exprimer
individuellement son vote, l'automne prochain. Il s'agit d'une loi transitoire
qui veut donner l'égalité de chances dans une course ou dans
une... je ne dirai pas une bataille, mais sûrement une forme
d'affrontement, qui, heureusement, n'est pas violente, entre deux groupes
syndicaux. C'est comme cela qu'il faut voir le projet de loi qui est, encore
une fois, adopté sans considération et, en tout cas,
sûrement au-delà des considérations de politique
partisane.
Quant aux élections éventuelles - j'en viens ici à
ce que demande le député de Portneuf, je peux souhaiter
simplement qu'elles n'empêchent pas - qu'elles se tiennent à
l'automne ou au printemps - ce problème de se régler. Quel que
soit le contexte dans lequel nous fassions ces élections au
Québec, quels que soient d'ailleurs les appuis divers que
différents partis politiques pourront recevoir de différents
groupes - on en a peut-être eu des exemples tout à l'heure - et
quel que soit le gouvernement, quel que soit celui qui aura le rôle de
piloter et de parrainer ce projet de loi, si ce devait être autrement
à l'automne, pour ma part, je travaille exactement comme si nous devions
procéder à l'étude en troisième lecture de ce
projet de loi, au mois de novembre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Je voudrais soulever une question de
privilège.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de question de
privilège ici, M. le député.
M. Dussault: Oui, mais je crois que vous allez comprendre en
m'écoutant, M. le Président. Au moment du vote enregistré
sur la motion d'amendement du député de Portneuf, des
événements se sont produits qui peuvent porter à
confusion dans leur interprétation. Je dois dire tout simplement
que c'était mon travail de whip qui était en cause à ce
moment-là, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Laplante): Les travaux de cette
commission sont ajournés sine die.
Fin de la séance à 15 h 8