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Commission permanente du Travail
de la Main-d'Oeuvre et de l'Immigration
Conflit de travail à l'Hydro-Québec
Séance du mercredi 3 janvier 1973
(Quinze heures quarante deux minutes)
M. GIASSON (président de la commission permanente du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
Lorsque nous avions suspendu les travaux de la commission avant
Noël, il avait été convenu que tous ces gens, des deux
côtés de la barre, se rencontreraient le 3 janvier. Nous
voilà réunis. J'ignore totalement s'il y a eu progrès
pendant la période d'ajournement. Sans doute, pour débuter,
pourrions-nous inviter l'une ou l'autre des parties, au choix de chacune,
à nous faire ses commentaires.
M. LAURIN: Pour rapport. Rapport de la conciliation et de la
médiation
M. GUAY: Four prendre connaissance du rapport déposé par
M. Dansereau.
M.COURNOYER: C'est le rapport de la conciliation et de la
médiation qui ont eu cours depuis que cette chose est en
négociation, c'est-à-dire depuis la première fois
où on a demandé au conciliateur d'intervenir. J'ai ici le rapport
de M. Dansereau et de M. Blain. Les deux ont travaillé au dossier, M.
Blain comme premier conciliateur et M. Dansereau qui a été
appelé comme médiateur à la suite de la commission
d'enquête. Au milieu de l'été, lorsqu'il y a eu un
arrêt de travail de deux jours, M. Dansereau a été
nommé médiateur. Les deux ont signé ensemble le rapport,
qui traitait des problèmes surtout d'une façon
générale; ils ne sont pas allés dans les détails
complets pour éviter de choquer l'une ou l'autre des deux parties quant
à des opinions qui auraient pu être énoncées devant
le conciliateur. Le rôle du conciliateur se bornait, ici au moins,
à indiquer qu'il y a eu des rencontres, que ces rencontres ont
porté sur tel ou tel sujets et qu'à la fin il restait tel et tel
sujets en litige encore entre les parties avant que la commission parlementaire
ne soit convoquée. Je le dépose et j'en remets un certain nombre
de copies aux leaders.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Pendant qu'on distribue les copies du
rapport, je signale que M. Tremblay (Sainte-Marie) remplace M. Burns, que M.
Harvey (Chauveau) remplace M. Picard et que M. Veilleux remplace M. Shanks. Je
présume que la commission utilise toujours les services du même
rapporteur, soit le député de Laurier, M. Marchand.
M. MARCHAND: Comme d'habitude.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Je crois que M. Morrisseau était
prêt à engager le débat. Si vous voulez
procéder.
Demande d'ajournement
M. MORRISSEAU: Claude Morrisseau, Syndicat canadien de la fonction
publique. J'aimerais savoir s'il y a possibilité d'avoir une couple
d'exemplaires du rapport. M. le Président, il y a eu, cet
après-midi, une rencontre entre M. Roland Giroux, président de
l'Hydro-Québec, M. Jacques Brûlé, directeur du Syndicat
canadien de la fonction publique au Québec, ainsi que M. Louis Laberge,
président de la Fédération des travailleurs du
Québec.
Cette rencontre nous fait entrevoir de nouveaux développements et
probablement aussi de nouvelles rencontres. Pour ces raisons, nous demandons
l'ajournement de la commission au mardi 9 janvier.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que les représentants de
l'Hydoro-Québec auraient des commentaires? Aucun commentaire. Nous avons
donc, devant la commission, une motion d'ajournement...
UNE VOIX: Une demande.
LE PRESIDENT (M. Giasson): ... une demande de suspension des travaux
jusqu'au 9 janvier. Est-ce que, du côte des membres de la commission, des
députés qui participent à nos travaux, il y aurait des
commentaires?
M. LAURIN: Qu'est-ce que le ministre en pense?
M. COURNOYER: Le ministre pense toujours la même chose de la
commission parlementaire. C'est-à-dire que tant que les parties sont en
voie de négocier une convention collective, il me semble que la
commission n'est pas là pour les empêcher de le faire. C'est
seulement une opinion que je donne; remarquez que nous pourrions les aider
davantage. Mais il semble que nous pourrions peut-être le faire lors
d'une prochaine séance, étant donné qu'on ne met pas de
côte la commission parlementaire. On ne fait qu'en ajourner les travaux
à la semaine prochaine. S'il n'y avait pas de règlement la
semaine prochaine, nous serions de nouveau ici pour entendre, encore une fois,
les parties.
Il y a un certain nombre de points dont nous avons parlé aux deux
ou trois premières séances de la commission parlementaire, celles
qui ont eu lieu et non pas celles qui ont été ajournées.
Je reste convaincu que cette méthode est une méthode
intéressante, pour le moment du moins. Si les parties veulent
régler leurs problèmes ou si elles peuvent les régler, je
pense que tous les membres de la commission parlementaire seraient très
heureux qu'elles trouvent elles-mêmes les solutions.
A ce moment-ci, à cause des développements
nouveaux, étant donné que la commission parlementaire est
susceptible de siéger, qu'il n'y aurait peut-être pas
d'événements nouveaux si nous ne siégions, gardons en
réserve une autre séance de la commission puisqu'il y a une
possibilité de développements nouveaux, comme le disait M.
Morrisseau.
Il est possible que ces développements ne satisfassent ni la
partie syndicale, ni la partie patronale, mais il y aura au moins cet effort de
fait par les parties, à cause de l'existence de la commission
parlementaire.
M. LAURIN: II y a eu au moins quelques progrès depuis la
dernière séance.
M. COURNOYER: Seules les parties pourraient le dire, parce qu'elles sont
toutes les deux dans une position stratégique. Moi, je n'ai pas à
dire s'il y a eu progrès, parce que c'est une des parties qui pourrait
me dire qu'à son sens à elle il y a eu progrès. Si elle
disait qu'il y a eu progrès, ce serait parfait. Mais la réunion
ayant eu lieu ce midi entre M. Giroux et M. Brûlé, je suis
convaincu que les rapports entre M. Brûlé et ceux qui sont ici
aujourd'hui ne sont pas de nature à indiquer un progrès
incommensurable qui pourrait faire dire aux gens: C'est d'accord, on n'a plus
besoin de commission parlementaire; notre affaire est réglée.
Cela n'a pas l'air d'être réglé, mais il y a
peut-être une possibilité de développements nouveaux. S'il
en est ainsi, je laisse cela à l'appréciation de chacune des
parties. Ce serait impossible pour moi de l'apprécier.
M. GUAY: Si la partie à la table aujourd'hui demande
l'ajournement de la séance de la commission, c'est quand même un
signe, parce que c'est cette même partie qui avait demandé la
convocation de la commission. Si j'interprète cette demande, c'est au
moins un signe qu'il y a une possibilité d'avancement. Il y a
peut-être eu avancement, ça avance peut-être encore dans le
moment; c'est un signe que les parties ont la volonté de régler
leurs problèmes.
Je répète ce que j'ai toujours dit à cette
commission: C'est ce que nous souhaitons. Il y a eu, bien sûr, la
période des Fêtes, mais il y a eu aussi cette rencontre qui avait
été demandée et qui était souhaitable. C'est une
autre rencontre, en fait, à cette commission parlementaire. Cette
demande d'ajournement me semble un progrès et je souhaite,
évidemment, qu'on en arrive à une solution à la suite de
cette demande, avant que la commission ait à siéger de
nouveau.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On a répondu tantôt à
une question que j'avais à poser.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Dorion.
M. BOSSE: Je pense bien que les parties n'ont pas de
représentations à faire à la commission et il me
paraît de plus en plus, que ces commissions parlementaires ont des
effets, même si j'étais sceptique au départ.
Si la partie syndicale, qui a des griefs et se plaint du retard des
négociations et du fait que le conflit ne se règle pas, a
demandé de continuer à négocier et de siéger
à nouveau le 9 janvier si le conflit n'est pas réglé, s'il
n'y a pas signature ou entente, je pense que la commission serait mal venue de
refuser, elle qui n'est pas spécialisée dans le domaine. Pour ma
part, je commence à avoir un peu plus confiance dans les commissions
parlementaires en ce qui a trait aux conflits de relations de travail.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous vous sentez revalorisé.
M. BOSSE: Oui, évidemment!
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, j'aurais une question à poser.
C'est la partie syndicale qui avait demandé la convocation de la
commission parlementaire remarquez que je ne veux rien envenimer mais
m'y connaissant quelque peu dans ce genre de choses, il manque
évidemment parfois un petit rien pour pouvoir, des deux
côtés, "s'accrocher" comme on dit dans ce langage et
à la dernière séance on a constaté qu'il restait
certains points qui semblaient ne pas avoir été touchés de
part et d'autre. Ont-ils été touchés depuis, soit ce matin
ou après que la séance eut ajourné ses travaux avant
Noël, à la suite de l'appel téléphonique que devait
faire le ministre, et de divers échanges? Est-ce que tous les points ont
été touchés?
M. MORRISSEAU: Nous serons plus en mesure de répondre à
cela demain parce que nous allons alors rencontrer M. Brûlé et M.
Laberge qui ont eu des entretiens cet après-midi. Nous allons avoir un
rapport plus précis sous peu. Nous serons alors en mesure de vous
répondre, mais pas pour le moment.
M. BELAND: D'accord!
M. GUAY: Avant l'ajournement, M. le ministre, j'aurais une question
à vous poser. Est-ce qu'il sera nécessaire de changer le mandat
de la commission advenant le cas, par exemple, où on serait
obligé de travailler d'une autre façon à la
commission?
M. COURNOYER: Je pense que le mandat de la commission est assez large
pour lui permettre de l'interpréter comme elle l'entend. Il me semble
que nous sommes ici pour entendre les parties et les aider à trouver une
solution à leur problème.
La méthode de travail que nous avons suivie jusqu'ici a
été de les entendre. Nous avons posé des questions et il
est possible lors de la prochaine séance, si le problème n'est
pas réglé, que les questions deviennent des suggestions et que
les suggestions deviennent des choses à être
interprétées par les parties et par la commission
elle-même. Remarquez que comme commission, nous n'avons pas eu à
nous prononcer encore sur le fond du litige. Le plus grand nombre de points,
que les parties auront réglés entre elles, c'est encore mieux
qu'une discussion de notre part sur des choses dont nous ne connaissons pas
toutes les implications.
Il est très possible, lorsqu'il s'agira d'un point ou d'un groupe
de points identifiables, que nous prenions une autre façon d'aborder le
problème. Jusqu'ici, je pense que la façon est bonne. Je ne vois
pas pourquoi on la changerait aujourd'hui. Mais je ne pense pas que le mandat
que nous ayons soit tellement restreint qu'il nous empêche de nous
enquérir de la façon que nous jugeons appropriée de nous
enquérir du fond du litige.
M. GUAY: Si je comprends bien, le 9 janvier, la commission se
réunira de nouveau, probablement pour entendre le résultat des
négociations comme cela devait être le cas cet
après-midi.
M. COURNOYER: C'est cela. M. GUAY: Merci.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Etant donné la déclaration de
M. Morrisseau, après la rencontre de midi, au moins, il semblerait qu'on
envisage un genre de déblocage, si on peut appeler cela ainsi. Alors, il
faut les laisser négocier et, comme membre de la commission M.
Morrisseau ne pourrait pas le proposer je propose que nous ajournions
nos travaux à mardi prochain, 3 heures et qu'on laisse les parties faire
leur travail.
Cela convient-il â tout le monde? J'en fais une proposition.
M. LAURIN: En espérant que cela sera le dernier ajournement.
M. BOSSE: M. le Président, si les parties en étaient
venues à un accord entre-temps, y aurait-il vraiment lieu que la
commission siège?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pas nécessairement.
M. COURNOYER: La séance est ajournée à mardi
prochain compte tenu du fait qu'il y aurait encore conflit à ce
moment-là.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Sainte-Marie vient
de présenter une motion d'ajournement de la séance de la
commission. Est-ce qu'elle fait l'unanimité?
UNE VOIX: Oui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission ajourne ses travaux au mardi 9
janvier, 15 heures.
(Suspension de la séance à 15 h 57)
Note de l'éditeur
A la demande des parties, la séance devant avoir lieu le 9
janvier a été annulée. Au moment d'aller sous presse, une
nouvelle séance de la commission du travail et de la main-d'oeuvre a
été convoquée pour le mercredi 17 janvier, à 15
heures, relativement au conflit de travail à l'Hydro-Québec.