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Commission permanente du Travail
de la Main-d 'Oeuvre et de l'Immigration
Conflit de travail à l'Hvdro-Ouébec
Séance du mercredi 17 janvier 1973
(Seize heures huit minutes)
M. GIASSON (président de la commission permanente du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
Lorsque la commission avait ajourné sa dernière
séance de travail, elle avait suspendu ses travaux à la
suggestion des représentants syndicaux. Ces gens avaient motivé
la raison pour laquelle ils demandaient à la commission de reporter ses
travaux à une autre séance. Il semblait que les discussions de la
négociation avaient pris une allure nouvelle et on
préférait oublier la commission parlementaire,
c'est-à-dire ne pas la faire siéger, et laisser les parties
tenter de trouver la solution au problème.
On avait reporté les travaux de la commission à la semaine
suivante et, comme le président, je pense que le secrétariat des
commissions a été avisé qu'on retardait encore d'une
semaine les travaux de la commission. Donc, nous sommes réunis et je
pense que nous devons partir du point où nous en étions lors de
la suspension. La partie syndicale avait demandé l'arrêt des
travaux. Je présume qu'aujourd'hui elle serait intéressée
à nous faire part de la situation telle qu'elle existe dans le conflit
de l'Hydro-Québec et de ses employés.
Est-ce que la partie syndicale veut prendre la parole au
départ?
Etat de la négociation Point de vue
syndical
M. BRULE: Certainement. Jacques Brûlé, directeur du
Syndicat canadien de la fonction publique.
Depuis la dernière rencontre de la commission parlementaire, nous
savions qu'il y avait un nombre de points en suspens qui ont été
déposés devant cette commission, qu'il y avait aussi le
problème du quartier général qui, lui, donnait un sens au
document monolithique où tous les points redevenaient en suspens.
Depuis cette dernière rencontre à la commission
parlementaire, il y a eu de nombreuses discussions de négociation, de
rencontres non officielles avec des dirigeants de l'Hydro-Québec, des
dirigeants du syndicat pour tenter de trouver un joint dans le conflit, dans le
différend qu'il y a entre l'Hydro-Québec et le Syndicat
canadien.
Depuis au-delà de deux ou trois mois, nous nous étions
entendus sur l'article 26 de la convention qui précisait le temps de
transport à temps supplémentaire en dehors des heures
régulières de travail. Depuis les deux ou trois dernières
semaines, nous avons discuté des points majeurs en suspens, y compris le
quartier général.
Je tiens à faire remarquer à la commission parlementaire
qu'il y a eu au-delà de quinze jours de discussions pour faire
définir le temps supplémentaire sur le temps de transport, en
dehors des heures régulières de travail, si ça avait une
portée pour les travailleurs de la Côte-Nord. Cela a abouti cette
nuit puisque nous avons négocié jusqu'à six heures ce
matin.
L'Hydro-Québec nous a accordé le quartier
général cette nuit ou ce matin. Donc, le document monolithique
prend un sens dans son entier et nous avons abandonné les clauses en
suspens. Tenant compte de l'engagement du syndicat, advenant que nous avions le
quartier général de la Côte-Nord, les points en suspens
devenaient les suivants.
L'Hydro-Québec annonce depuis ce matin, par le
téléphone vert ou une autre ligne téléphonique
"information au peuple", que, cette nuit, il y a eu au-delà de 50
clauses paraphées, des ententes entre les parties. Ces ententes
étaient déjà décidées à partir du
moment où on s'entendait sur le document monolithique.
Les concessions de la part du syndicat, là où elles
étaient en demande, tenant compte du quartier général de
la Côte-Nord, c'était quelque chose qui était
déjà entendu entre le syndicat et l'Hydro-Québec à
compter de la deuxième séance de cette commission parlementaire.
Donc, le cas du quartier général étant réglé
les points en suspens sont les suivants:
Exigences normales: le plan de carrière des techniciens et le
mécanisme et les échelles de salaires pour tout le monde en ce
qui concerne les techniciens, métiers et cols blancs.
Durée et renouvellement de la convention collective de travail,
contrats forfaitaires. Sur le plan d'évaluation des tâches des
opérateurs, ce qu'on a toujours appelé le CPPC, il reste les
modalités d'application qui ne sont pas encore réglées et
il reste à modifier la rétroactivité de façon
à couvrir les promotions, les mutations et les
rétrogradations.
Il reste le problème d'indemnité non sédentaire
pour ceux dont nous avions parlé, les employés de 18 mois et
plus, $8 et $6.
Il reste la rétroactivité sur les heures
rémunérées, plus les clauses que nous n'avons pas à
discuter, je pense, devant la commission parlementaire, à moins qu'on
nous pose des questions là-dessus. Il y a ce qu'on appelle des clauses
accessoires, qui s'accompagnent d'un grand tout, comme les lettres d'entente
Mauri-cie, surplus de personnel. Il y a beaucoup de choses qui sont des clauses
mécaniques et, advenant un surplus de personnel, on s'entend pour ne pas
afficher des promotions, pour qu'elles puissent absorber les surplus de
personnel. Nous voulons savoir si on accepte de ne pas afficher les promotions
lors du surplus de
personnel. On veut savoir qui va être en surplus, combien vont
être en surplus et dans quelle catégorie. On veut savoir si on
accepte une lettre d'entente dans le cas de surplus de personnel, alors qu'on
ne sait pas les catégories et le nombre d'employés
concernés, si on accepte une lettre d'entente, pour une durée
indéfinie ou une durée définie, et de dire qu'il n'y
aurait plus de promotions dans les régions, advenant qu'il y aurait
surplus de personnel. Si l'Hydro-Québec nous demande une lettre
d'entente pour qu'on puisse réintégrer les surplus, on veut
savoir si elle préconise qui va être en surplus, combien de
travailleurs vont être en surplus et qui sera affecté par
ça. Je pense que c'est légitime de la part du syndicat. Il est
sûr qu'il y a eu des efforts de tentés à différents
niveaux pour résoudre cette négociation qui dure depuis
au-delà de quatorze mois.
Je n'ai à prêter de procès d'intention à
personne, mais il y a tout de même des discussions qui ont eu lieu
à certains endroits, qui ne sont pas des rencontres officielles, et
elles n'ont jamais donné les résultats auxquels on
s'attendait.
Il y a aussi toutes les échelles de salaires qui sont en suspens.
Je pense qu'en ce qui concerne le syndicat, nous avons tout de même un
dossier à défendre. Les travailleurs de l'Hydro-Québec ont
tout de même un travail spécialisé, et hautement
spécialisé. Si on regarde les exigences de recrutement qu'il y a
à l'HydroQuébec et avec quel scrupule celle-ci veut
sélectionner ses gens à des promotions, je pense que si elle veut
être cohérente avec ses positions, elle doit reconnaître que
ce sont des travailleurs hautement spécialisés dans l'ensemble,
soit techniciens, soit travailleurs de bureau ou soit travailleurs de
métiers. Nous sommes d'avis que des hydros ça se compare avec des
hydros, tout en tenant compte de certaines réalités.
C'est drôle que chaque fois qu'on veut développer cette
thèse, il y a toutes sortes d'obstructions qui nous arrivent. Il y a eu
des négociations qui se sont passées dernièrement au
Québec. Les gars de l'Hydro-Québec étaient des gars d'une
catégorie très particulière. C'était une entreprise
qui avait une histoire et une administration particulières. Nous, comme
représentants du syndicat canadien, nous voulons négocier pour
ces mêmes gars qui ont une histoire et une entreprise
particulières et tenter de leur donner justice et
équité.
Sur chacun des points que nous avons tenté de développer
devant la commission parlementaire, nous ne nous sommes pas fait accuser une
seule vois de vouloir vivre au-delà du réel ou au-delà de
certaines réalités. Il y a une chose qui est sûre, c'est
que plus ce dossier pourrit, plus les délais s'accumulent, plus il y a
un mécontentement et une frustration qui se développent chez ces
mêmes travailleurs, une frustration et un mécontentement qui,
à mon sens, sont légitimes. Ces gens ont droit à une
convention collective de travail. Tant et aussi longtemps qu'on ne nous
démontrera pas que nous sommes irréalistes ou que nous voulons
aller au-delà du réel dans nos revendications, je pense que notre
responsabilité est de revendiquer au maximum pour ces gars.
Je demande à la commission parlementaire de se pencher
sérieusement sur le conflit, sur le dossier de l'Hydro-Québec,
dossier qui est de taille. C'est un dossier qui est en train de prendre une
dimension qui va être désagréable pour tout le monde. Il me
semble qu'après quatorze mois de discussions et ce n'est pas une
première convention collective de travail, depuis 1960 que nous
renouvelons des conventions collectives de travail avec l'Hydro-Québec
il me semble que si nous voulions tous et chacun y mettre un peu de
bonne foi, il y aurait moyen de régler ce problème.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que cela clôt les remarques que
vous vouliez formuler au début des travaux?
M. BRULE: Cela clôt les remarques de la nuit que nous venons de
passer surtout !
LE PRESIDENT (M. Giasson): Merci. Est-ce que, du côté de
l'Hydro-Québec, à ce stade, on voudrait faire des commentaires?
Du côté des membres de la commission, face à
l'exposé que vient de nous faire le représentant du syndicat,
est-ce que vous avez des demandes de renseignements? M. le député
de Dubuc.
M. BOIVIN: Vous nous avez dit que les tâches de
l'Hydro-Québec se comparaient à celles de l'Hydro-Ontario.
Pourriez-nous vous dire en pourcentage les comparaisons que vous pouvez
établir avec l'Hydro-Ontario? J'aimerais avoir aussi des comparaisons
avec l'industrie privée et la fonction publique en pourcentage
seulement. Je comprends que nous ne sommes pas ici pour négocier, mais
il me semble qu'il y a certaines données qu'il faut avoir et qui peuvent
apporter une discussion fructueuse.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que vous faites allusion à
l'échelle salariale ou...
M. BOIVIN: L'échelle salariale. S'il y a une possibilité
de monnayer tous les bénéfices marginaux, cela serait encore
préférable.
M. BRULE: Je pense que nous sommes en mesure de vous fournir des
comparaisons tenant compte de l'Hydro-Québec par rapport à des
hydros. Mon confrère Michel Grant vous fera des représentations
dans ce sens. Je me souviens d'une commission parlementaire où il y
avait des membres qui avaient demandé des chiffres à
l'Hydro-Québec sur des comparaisons sur le plan administratif entre
l'Hydro-Ontario et l'Hydro-Québec. Nous devions les avoir mais nous ne
les avons pas eues. Nous sommes prêts à faire nos
comparaisons.
M. BOIVIN : Faites vos comparaisons et nous poserons à
l'Hydro-Québec la même question.
M. GRANT: Je voudrais faire un dépôt de chiffres. Vous y
retrouverez des comparaisons avec l'Hydro-Ontario. En plus, étant
donné que cette dernière a récemment négocié
et que la dernière offre de l'employeur à l'Hydro-Ontario...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Excusez-moi, monsieur.
M. GRANT: Oui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Pour les fins d'enregistrement au journal des
Débats, est-ce que vous pourriez préciser vos nom et
prénom?
M. GRANT: Michel Grant, Syndicat canadien de la fonction publique.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Merci.
M. GRANT: La dernière offre de l'employeur aux employés de
métiers de l'Hydro-Ontario était de 8 p.c, 7 p.c, 7 p.c. et
l'offre de l'employeur aux employés salariés payés
à la semaine était de 6.5 p.c. et pour les autres années
était de 5 p.c. à 7 p.c. et de 5 p.c. à 7 p.c. Vous verrez
dans les documents que nous vous déposons, que pour les deuxième
et troisième années, nous avons appliqué les 5 p.c, ce qui
peut être faux dans la plupart des cas puisque les 5 p.c. sont un
minimum. Mais nous avons voulu déposer les chiffres les plus
conservateurs possible.
Pour montrer que la question de la parité avec l'Ontario ne
constitue pas un précédent, vous verrez aussi des comparaisons;
pour la fonction publique, dans le secteur municipal. Nous n'avons pas
jugé opportun de parler du cas des policiers parce que nous
considérons que le ministre actuel de la Fonction publique est
suffisamment au courant du sujet. Nous déposons ces documents.
Pour résumer le sens de l'argumentation syndicale que vous
retrouverez en détail dans le mémoire que nous avons
déjà déposé à la commission parlementaire,
je voudrais vous donner les quatre principes de base sur lesquels le syndicat
s'est appuyé pour fonder ses demandes salariales. Ce sont des principes
qui justifiaient notre position originale et qui, évidemment,
après les nombreuses contrepropositions salariales que la partie
syndicale a faites à l'employeur, justifient d'autant plus notre
position.
Il y a donc quatre critères sur lesquels le syndicat s'est
basé. Il y a l'augmentation du coût de la vie, la question de la
productivité et l'évolution générale des salaires,
cela pour répondre aussi à la demande d'un membre de la
commission concernant la question: Est-ce que vous avez fait des études
pour savoir ce qui se paie dans l'entreprise privée? Pour avoir une
crédibilité plus grande, nous n'avons pas fait une enquête
maison, mais nous avons pris des données qui viennent du
ministère fédéral du Travail, qui portent sur 723
conventions collectives à partir de 1965 et qui couvrent 1,500,000
travailleurs. Nous pensons que c'est un échantillon assez
représentatif.
Concernant le coût de la vie, en décembre 1971,
c'est-à-dire la dernière année de la convention collective
couvrant les employés de l'Hydro-Québec, le coût de la vie
avait augmenté au Canada de 5 p.c. Alors, tout de suite on pense
à la première offre de l'Hydro-Québec sur la
première année, qui était de 5.5 p.c. Le coût de la
vie est uniquement pour maintenir le pouvoir d'achat de votre salaire,
c'est-à-dire pouvoir acheter la même chose que ce que votre dollar
achetait il y a un an, 5 p.c, et cette tendance s'est maintenue puisqu'en
novembre 1972 le coût de la vie avait augmenté de 5 p.c par
rapport à novembre 1971.
Sur la question de la productivité, évidemment, nous ne
pouvons nous lancer avec l'Hydro-Québec dans une étude de la
productivité de l'entreprise, parce que cela présumerait que
l'employeur nous fournit des données de production, et cela
présume un tas de questions que l'on peut retrouver dans le
mémoire. Est-ce qu'on va calculer la productivité du travail, la
productivité du capital physique, la productivité globale? Enfin,
il y a toute une série d'articles sur lesquels il faut s'entendre et
jamais à l'Hydro on n'a pu se lancer dans de telles discussions.
Cependant, on peut considérer le minimum de productivité,
c'est-à-dire de quelle façon le produit national brut augmente,
et enlever ce qui est dû au coût de la vie, enlever aussi ce qui
est dû à l'augmentation de population que l'on présume d'au
moins 1 p.c. par année, et on arrive à des chiffres de 3 p.c. ou
4 p.c. d'augmentation de productivité réelle. Ajoutez cela
à l'augmentation du coût de la vie, parce que la
productivité correspond à l'augmentation de la richesse
collective.
Le troisième article est l'évolution
générale des salaires.
Prenons l'étude du gouvernement fédéral qui
s'appelle Wage Development. Comme je le disais tout à l'heure, elle
s'applique à 1,500,000 personnes et recouvre jusqu'à 723
conventions collectives. On s'aperçoit qu'en 1969, les salaires ont
varié de 6.4 p.c. à 7.3 p.c. en 1970 de 7.3 p.c. à 7.9
p.c; en 1971, de 6.9 p.c à 8.6 p.c; en 1972, pour janvier,
février et mars, de 7.7 p.c. à 8.1 p.c Ce n'est pas une
enquête maison, ce n'est pas une enquête que le syndicat ou
l'employeur a faite, c'est une personne neutre dans le conflit qui l'a faite.
Ce sont des chiffres qui vont être inscrits au procès-verbal. On
n'a qu'à comparer ça avec les dernières offres de
l'Hydro-Québec et vous tirez vous-mêmes vos propres
conclusions.
Passons à la question de la comparaison avec l'Hydro-Ontario. Je
vous réfère au procès-
verbal des 17 et 18 mars 1972, de la séance qui avait lieu au
Holiday Inn au moment des discussions entre le gouvernement et le front commun
du secteur public et parapublic. A ce moment, les trois syndicats ont
déposé leurs demandes salariales officielles, puisqu'on pensait
encore que nous étions couverts par la politique salariale. Vous verrez
dans ledit procès-verbal des déclarations dans le genre suivant
de la part de M. Bolduc, qui était alors le représentant
accrédité du gouvernement à la table des
négociations et qui nous parlait de la politique salariale. Un des
principes de la politique salariale, c'est la parité des salaires dans
les secteurs public et parapublic, c'est-à-dire à travail
égal, salaire égal. Une sténo dans un hôpital doit
gagner le même salaire qu'une sténo dans une commission scolaire
et ainsi de suite. D'ailleurs, c'est un principe qu'on retrouvait dans le
document qui nous avait été déposé le 30 mars 1971
pour une politique de rémunération où le gouvernement
définissait publiquement et officiellement les énoncés de
sa politique salariale. Lorsque, les 17 et 18 mars, nous discutions avec le
gouvernement sur les fameux appariements les appariements sont des
comparaisons de tâches, de salaires pour un même emploi il y
avait une série de colonnes: hôpitaux, hôpitaux
privés, fonction publique, et il y avait toujours une colonne absente,
celle de l'Hydro-Québec. Nous demandions alors comment il se faisait que
l'Hydro-Québec n'était pas là-dedans, que les salaires de
l'Hydro-Québec n'étaient pas là. On nous disait: Ils ne
sont pas là parce que c'est une entreprise particulière. Et
même lorsque le gouvernement, à la dernière ronde de
négociations des secteurs public et parapublic, a déposé
ses offres, il faisait des études de marché et examinait les
différents salaires qu'on remarque sur le marché. Il avait pris
les salaires de CIL, Bell Canada; il avait pris aussi les salaires de
l'Hydro-Québec, parce qu'il la considérait comme une entreprise
au même titre, comme employeur, que CIL, Bell Canada et d'autres
entreprises.
A partir de cela, pour nous, cela devenait de plus en plus une
indication, quant aux salaires qu'on retrouvait à l'Hydro-Québec,
que celle-ci comme entreprise n'était pas une entreprise comme une
autre. D'ailleurs, lorsqu'on amenait le sujet, M. Bolduc nous
répétait que l'Hydro-Québec avait une histoire
particulière et qu'on ne pouvait la considérer dans les
appariements d'emplois, comme faisant partie des apparriements de la politique
salariale. C'est à partir de ces indications publiques que les gens de
l'Hydro-Québec ont dit: II semble que nous ne sommes pas couverts par
cette histoire. Nous avons considéré que n'étant qu'une
hydro, on devant se comparer à des hydros et nous nous sommes
comparés à l'Hydro-Ontario.
C'est pour cela que la comparaison avec l'Hydro-Ontario demeure pour
nous un objectif même si, en fait, dans les contrepropositions que nous
avons faites, même les dernières, l'écart salarial entre
l'Hydro-Ontario et l'Hydro-Québec augmente en faveur de l'Hydro-Ontario
évidemment, parce que vous verrez dans notre mémoire que pour les
employés de métiers, par exemple, vous avez des écarts
approximatifs minimaux de $0.68 l'heure. On ne s'est pas uniquement fié
à des comparaisons de titres de fonctions pour faire ces appariements
quand on a fait nos comparaisons. Les employés de l'Hydro-Ontario sont
syndiqués dans le Syndicat canadien de la fonction publique. Nous avons
donc pu obtenir les descriptions des tâches. C'est à partir de ces
descriptions des tâches, en les comparant à celles qu'on retrouve
à l'Hydro-Québec, que nous avons pu savoir si vraiment le travail
était égal, et nous avons alors osé essayer d'appliquer le
principe de salaire égal, même si je vous ai dit que cela demeure
encore un objectif et qu'en fait nos dernières demandes ne
s'éloignent pas au fond, dans leur application, du principe de
comparaison avec l'Hydro-Ontario, mais cela demeure pour nous un objectif
valable et que nous voulons atteindre. C'est peut-être sur une
période d'un an ou deux, mais c'est une sorte de discussion sur le
principe de la comparaison avec l'Hydro-Ontario que nous n'avons jamais eue
avec l'Hydro-Québec puisque les discussions se résumaient
à un dépôt des hommes.
En gros, c'est l'argumentation générale que nous avons
à faire sur les salaires, sur nos demandes salariales. Pour nous, vous
allez retrouver cela dans le mémoire, elles se sont faites sur des
considérations que nous ne croyons pas extraordinairement complexes.
Nous avons pris des documents publics publiés par le
ministère fédéral du Travail et, aussi, à partir de
discussions que nous avions eues, dès le début de 1972, et des
déclarations du sous-ministre de la Fonction publique, M. Bolduc.
M. BOIVIN: Quant aux bénéfices marginaux, est-ce que vous
avez aussi établi des comparaisons?
M. GRANT: La question de la comparaison avec l'Hydro-Ontario, nous
l'avons prise uniquement pour l'aspect salarial, non pas pour les
bénéfices marginaux.
M. VEILLEUX: Tout à l'heure, en parlant de salaires, vers la fin
de votre intervention, vous avez dit: Malgré ça, nous avons fait
des offres. Est-ce que vous pourriez nous dire quelle sorte d'offres vous avez
faites?
M. GRANT: La dernière position syndicale a été
d'appliquer 6 p.c, 6 p.c, 6.5 p.c, 6.5 p.c, plus les
réaménagements dans les échelles des métiers, par
exemple un cent l'échelon, et les réaménagements dans le
plan de carrière des techniciens. Tout à l'heure, je vous citais
des chiffres de l'Hydro-Ontario.
M. VEILLEUX: Si je comprends bien, vous dites: Nous avons fait une offre
de 6 p.c, 6 p.c, 6.5 p.c. 6.5 p.c. Je regarde les points en litige que vous
avez mentionnés tout à l'heure. Vous avez dit salaire et
durée. Dans votre esprit, la durée serait de quatre ans.
M. BRULE: A la dernière séance de la commission
parlementaire, il y a eu tout de même des déclarations de la part
du syndicat à l'effet que l'Hydro-Québec avait fait part à
chacun des travailleurs syndiqués d'une négociation nouvelle,
où l'Hydro-Québec faisait une offre de quatre ans: 5 p.c, 6 p.c,
6 p.c. et 6 p.c. Nous avions d'abord établi que nous ne pensions pas que
c'était de cette façon qu'on pouvait régler notre
négociation avec l'Hydro-Québec. Je pense que vous vous en
souvenez, vous étiez là. Nous avions fait une proposition de 7
p.c, 7 p.c. et 7 p.c. pour les trois unités de négociations.
Il est évident qu'il y avait des clauses parapécuniaires
qui s'ajoutent à une échelle de salaires, dont on doit tenir
compte dans une négociation, comme le temps de transport à temps
supplémentaire, la rétroactivité sur les heures
travaillées. En ce qui concerne les techniciens, on sait qu'il y a un
plan de carrière on veut le modifier à dix ans et
réaménagement dans les échelles. Et dans les bureaux, la
dernière contreproposition était de 6 p.c, 6.5 p.c, 6.5 p.c. et
6.5 p.c. sur quatre ans, puisqu'il n'y avait pas de réaménagement
dans les échelles.
Il est sûr qu'à la suite de discussions avec des
représentants du ministère du Travail, avec des
représentants de l'Hydro-Québec, on nous disait que, si on
voulait en venir à une base de règlements dans les plus brefs
délais possible, il était préférable de revenir
à une contreproposition pour quatre ans.
Cela démontre le désir du syndicat de vouloir
régler sa convention collective de travail.
M. VEILLEUX: Si je comprends bien, M. Brûlé, nous, comme
parlementaires, ne sommes pas ici pour négocier les salaires. Je prends
les points. Vous en aviez dix en tout, je crois, que vous avez
énumérés tout à l'heure. Si l'Hydro-Québec a
fait une offre de 5 p.c, vous dites 6 p.c...
M. BRULE: De 6 p.c. et 6 p.c.
M. VEILLEUX: ... 6 p.c. et 6 p.c; vous en avez fait une de 6 p.c, 6 p.c,
6.5 p.c. 6.5 p.c.
Cela veut dire qu'en fait, pour la durée je ne parle pas
des salaires de la convention, vous vous entendez implicitement.
M. BRULE: Nous nous entendons sur la durée de la convention si
nous nous entendons sur le quantum des pourcentages de rajustement des
échelles de traitements. Il est évident qu'à partir du
moment où l'un ne va pas, l'autre ne va plus.
Il est sûr que le syndicat ne s'oppose pas d'une façon
catégorique, au moment où nous nous parlons, à une
durée de quatre ans, mais cela tient compte de nos échelles de
salaires.
M. VEILLEUX: Ce que j'essaie de comprendre, c'est dans quel secteur
réel se trouve l'impasse dans laquelle nous nous trouvons. J'essaie
d'éliminer certains points. Si d'autres régleraient certains
points automatiquement. C'est ce que j'essaie de voir dans tout cela.
M. BRULE: Nous manquons de gars qui veulent nous aider à
éliminer certains points. Peut-être que nous en viendrions
à un règlement négocié.
M. VEILLEUX: Disons que nous allons essayer.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, je voudrais d'abord remercier M.
Grant des documents qu'il nous a fait parvenir. Pourrait-il nous dire si
l'Hydro-Québec a contesté la véracité de ces
chiffres?
M. GRANT: Nous n'avons jamais eu de discussion sur le principe
même de la comparaison avec 1'Hydro-Ontario et l'Hydro-Québec. Ce
sont les chiffres sur lesquels nous nous sommes basés pour faire nos
demandes salariales.
M. DEMERS: L'Hydro-Québec a-t-elle ces chiffres? Vous ne le savez
pas?
M. GRANT: Nous l'avons fait nous-mêmes. Nous n'avons pas
déposé ces chiffres comme tels à l'Hydro-Québec,
mais elle a eu nos demandes syndicales.
M. DEMERS: Vous n'auriez pas d'objection â ce que nous le leur
demandions. Je voudrais savoir si vous savez quel est le coût du
kilowatt-heure en Ontario et au Québec, comparativement.
M. GRANT: Je vous ferai remarquer que la question a déjà
été posée à l'Hydro-Québec et nous attendons
encore la réponse.
M. DEMERS: Alors, je vais poser des questions aux représentants
de l'Hydro-Québec. M. le Président, quelqu'un de
l'Hydro-Québec pourrait-il venir au microphone pour que nous puissions
poser quelques petites questions?
M. VEILLEUX: Devons-nous chevaucher l'un et l'autre?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Comme président, je me pose la
question si nous devons alterner tout le long du débat d'une partie
à l'autre.
M. DEMERS: Nous pouvons retenir les questions.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Nous pouvons retenir les questions et, quand
les représentants de l'Hydro-Québec viendront au micro, tous ceux
qui auront retenu des questions s'adressant à l'Hydro-Québec
pourront les poser à ce moment-là.
M. DEMERS: La partie syndicale a-t-elle en main les chiffres
précis des revenus de l'Hydro-Québec et de l'Hydro-Ontario?
M. GRANT: Non. Nous avons les rapports annuels.
M. DEMERS: Oui, mais vous n'avez pas les détails.
M. GRANT: Les détails, non.
M. DEMERS: Parce qu'en ayant le détail des écarts de prix,
des salaires et toutes ces choses, je pensais que vous pouviez avoir, au moins,
l'écart de revenus dans les deux hydros. Vous n'avez pas ça. Dans
ce cas, nous allons attendre à tantôt. Lorsque les
représentants de l'Hydro-Québec viendront au micro, nous pourrons
les questionner. Je vous remercie, M. Grant.
M. GRANT: Si vous le permettez, je voudrais ajouter que, pour nous
permettre d'évaluer nos demandes, nous devrions aussi avoir, de la part
de la partie patronale, surtout dans le cas des employés de bureau, par
exemple, la répartition de la population dans les échelles
salariales. Ce que nous n'avons pas. Nous avons été
obligés de faire nous-mêmes une sorte d'enquête maison par
un questionnaire. Evidemment, les réponses à un questionnaire,
quand c'est sur une base volontaire, ne sont jamais à 100 p.c. Alors,
nous avons des réponses dans une proportion de 70 p.c. et nous ne
pouvons que faire des projections.
M. DEMERS: M. le Président, je demanderais à M. Grant s'il
peut nous donner les revenus de l'Hydro-Ontario. Il n'a pas ceux de
l'Hydro-Québec.
M. GRANT: Je ne les ai pas.
M. DEMERS: Vous n'avez pas ceux de l'Hydro-Ontario non plus. Parce que,
si nous voulons comparer les deux choses, il va falloir aller voir les revenus
des deux entreprises.
M. GRANT: On comparait des taux de salaire.
M. DEMERS: Je comprends. Merci.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: M. le Président, je me demande si, dans un premier
temps, on doit aller directement aux comparaisons dans les moindres
détails. Je ne veux pas dire qu'on ne devrait pas y revenir
incessamment.
M. DEMERS: Je me demande quand nous allons y aller!
M. VEILLEUX: Vous avez mentionné des points tout à
l'heure. J'en ai noté dix. Je pense en avoir oublié un entre le
7e et le 8e. Il serait peut-être bon de savoir exactement... Nous avons
une image, du moins assez générale, dans les salaires et dans la
durée, de la situation, à l'heure où nous nous parlons. On
pourrait peut-être demander la même chose sur les autres points,
comme les exigences normales, le plan de carrière des techniciens et des
mécaniciens. Dans le cas des exigences normales, quelle est la
dernière position syndicale et la dernière' position
patronale?
M. BRULE: En fait, écoutez bien. Si vous me posez la question
comme cela: Où est-ce rendu aujourd'hui... Au niveau d'une
stratégie de négociation, il y a eu tout de même certaines
considérations qui ont été faites par les
représentants du ministère du Travail. Entre parenthèses,
je ne les tiens pas responsables de l'échec de la négociation
comme telle. Il y a des jeux de négociations. A un moment donné,
on nous fait sentir, à la partie syndicale que si tu peux abandonner
là, tu peux obtenir davantage là. Je ne sais pas ce qui se dit
à l'Hydro-Québec.
Vous me demandez de dire devant une commission parlementaire, en
présence de la partie patronale, quels sont les mouvements que le
médiateur juge bon de faire là où il peut rapprocher les
parties. Je pense qu'il serait préférable, pour la commission
parlementaire, qu'il y ait un rapport du médiateur et que vous puissiez
l'étudier, plutôt que de demander au syndicat jusqu'où il
est prêt à lâcher, sans savoir jusqu'où
l'Hydro-Québec est prête à bouger. C'est une question
drôlement délicate.
Vous me demandez d'établir devant les parties, devant une
commission parlementaire... Vous poserez la question à
l'Hydro-Québec, à quelle place l'Hydro-Québec est
prête à faire des concessions et je vous dirai à quelle
place je suis prêt à bouger.
M. VEILLEUX: M. Brûlé, je pense que vous m'avez mal
compris. Je ne veux quand même pas savoir, dans les détails, si je
fais telle proposition dans les exigences normales, s'il y a possibilité
que je règle tel ou tel autre point. Ce n'est pas cela dans mon esprit.
Mais, je voudrais faire avec les autres points ce qu'on a fait avec
les salaires et la durée. Tout à l'heure, dans les
réponses, vous avez dit: Notre dernière position dans les
salaires, si j'ai bien compris, c'est 6 p.c, 6 p.c, 6.5 p.c, 6.5 p.c.
M. BRULE: Pour les métiers.
M. VEILLEUX: L'Hydro: 5, p.c, 6 p.c, 6 p.c, 6 p.c. Je vous accorde
qu'autour de cela, il y a certaines implications indirectes dans certains
secteurs particuliers. Je ne veux pas avoir tous les détails. Je n'ai
pas demandé, tout à l'heure, tous les détails à
l'intérieur de cela. J'aimerais avoir une image globale. Face à
ces réponses que vous m'avez données, je suis capable de dire: la
durée, 6, p.c, 6 p.c, 6.5 p.c, 6.5 p.c, 5 p.c, 6 p.c, 6 p.c, 6 p.c.
égalent 4. Si j'additionne un plus un, cela égale 4. Globalement,
c'est ce que je voudrais savoir.
M. BRULE: A exigences normales, il est évident que cela n'a pas
la même portée. D'abord, les techniciens ne sont pas en demande
dans les exigences normales. On sait cela. Les techniciens se sont entendus sur
les mécanismes de promotion et d'examen.
Au niveau des exigences normales, on sait que le problème que
nous voulons redresser, tenant compte des problèmes que nous avons
vécus avec les dernières conventions collectives de travail, fut
plus crucial chez les cols blancs que chez les employés de
métiers. On ne peut pas dire que nous avons eu les mêmes
difficultés chez les employés de métiers que chez les cols
blancs. Dans les échelles de traitements, on sait que les
mécanismes sont différents dans les bureaux par rapport aux
métiers puisque les métiers ont un plan d'évaluation de
tâches avec, dans certains cas, des progressions automatiques et avec une
différence de $0.12 ou $0.13 d'échelon selon le cas. Dans les
bureaux, c'est une différence entre les échelons, puisqu'ils
n'ont pas le taux unique. Donc, ils ont un minimum et un maximum dans une
échelle et il y a une différence pour atteindre le maximum dans
une même classe et cela devient un mécanisme comme tel. On ne peut
pas faire les mêmes réaménagements chez les employés
de bureau que chez les employés de métiers.
Ce qui met en cause les techniciens, c'est l'échelle des
traitements comme telle plus le réaménagement de leur plan
hiérarchique de la fonction, qu'on appelle un plan de carrière de
techniciens, qu'on veut ramener à dix ans et qui, je pense,
était, de quatorze ans dans le passé. Il est évident
qu'à partir du moment où on s'entend sur le quantum, sur le
pourcentage en augmentation, il faut faire tout le réaménagement
dans les échelles tenant compte que, si on avait un plan de quatorze ans
pour atteindre le maximum et qu'il est réduit à dix ans, la
différence va bouger d'autant. En termes de pourcentage, on peut dire 6
p.c, 6 p.c, 6.5 p.c, 6.5 p.c. Pour les employés de bureau, on peut dire
6 p.c, 6.5 p.c, 6.5 p.c. et pour les techniciens, il faut tenir compte du
réaménagement du plan et du plan de carrière, qui sera
réduit d'autant, de quatre ans, dans sa progression ou dans ses
échelons pour atteindre le maximum.
M. VEILLEUX: Si je comprends bien, dans le plan de carrière,
votre position serait de dix ans au lieu de quatorze ans.
M. BRULE: Nous avons démontré devant la commission
parlementaire que les ingénieurs de l'Hydro-Québec ont un plan de
dix ans. Nous présumons que cela devrait être justifiable pour les
techniciens d'avoir un plan de dix ans.
M. VEILLEUX: Je ne veux pas contester votre position. Vous dites: Nous
trouverions logique de descendre de quatorze ans à dix ans.
M. BRULE: Oui.
M. VEILLEUX: Qu'est-ce que l'Hydro-Québec donne comme
réponse?
M. BRULE: Elle nous a offert un plan qui partait à dix ans et qui
finissait à 11 ans, ce qui était douze ans, à toutes fins
pratiques. Et nous avons répondu non.
M. VEILLEUX: D'accord. Je comprends que vous ayez dit non. Vous
êtes ici aujourd'hui.
M. BRULE: C'est cela.
M. VEILLEUX: Cela signifie qu'il y a un écart de deux ans.
M. BRULE: C'est cela.
M. VEILLEUX: Approximativement. 1.8 ou 2 ans. C'est cela?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que le député de
Saint-Jean a terminé?
M. VEILLEUX: Y en a-t-il d'autres qui ont des questions à
poser?
M. BRULE: Si vous voulez que nous parlions de chacun des points.
M. VEILLEUX: Nous le voulons. Si les membres de la commission...
M. BRULE: II y a les contrats forfaitaires. Je pense que quelque chose a
été établi à la dernière commission. On
pourra se référer au journal des Débats. On peut dire du
plan d'évaluation des opérateurs qu'il y a eu nettement
amélioration par rapport à la dernière commission
parlementaire puisqu'il a été établi tout à l'heure
qu'il restait les modalités, à s'entendre sur la
rétroactivité et à couvrir les promotions et les
mutations.
Pour les indemnités des non-sédentaires, les gens qui,
après 18 mois, devenaient sédentaires, et à qui on avait
bâti un solage sour leurs roulottes, ce n'est pas encore
réglé.
M. VEILLEUX: Je me souviens de cela. M. COURNOYER : C'est $8 et $6. M.
BRULE: Oui.
M. COURNOYER: Votre proposition était de descendre à
$6.
M. BRULE: Pour les premiers 18 mois, $8, et après 18 mois,
$6.
M. COURNOYER: C'est cela.
M. BRULE: Parce qu'après 18 mois il paraît que le gars
devient sédentaire, même s'il se promène encore. Le
protocole d'entente pour le retour au travail est pour les choses qui se sont
passées, les événements que nous avons connus, y compris
le bill 73 et certaines suspensions. Je pense que nous en avons discuté
devant cette commission parlementaire. Entre parenthèses, c'est toujours
pareil. Nous demandons la rétroactivité sv les heures
rémunérées. Ce sont les gros points en suspens.
Si je peux utiliser le langage de la partie patronale, pour le reste,
c'est de la concordance ou de la dentelle.
M. VEILLEUX: Quand vous dites rétroactivité sur les heures
rémunérés, cela veut dire quelqu'un qui a fait...
M. BRULE: Du temps supplémentaire.
M. VEILLEUX: ... vous jugez approprié qu'il puisse toucher
l'augmentation dont on parlait tout à l'heure.
M. BRULE: Oui, et cela veut dire autre chose aussi. Cela veut dire que
le gars qui a travaillé neuf mois pour l'Hydro-Québec, si cela a
pris 14 mois pour négocier, ce gars-là n'aura pas
grand-chose.
M. VEILLEUX: Vous voulez dire toute personne qui a travaillé
depuis la fin de la convention collective.
M. BRULE: Qui a travaillé à l'Hydro-Québec. S'il a
fait 100 heures supplémentaires, la rétroactivité
s'appliquera sur les heures qu'il a faites en temps supplémentaire,
parce que, si on avait signé la première journée, il est
évident que ce gars-là en aurait bénéficié
durant la convention. Nous sommes généreux, nous laissons tomber
l'intérêt.
M. VEILLEUX: Quelle est l'offre de l'Hydro-Québec sur cette
demande de rétroactivité?
M. BRULE: Ce sont les heures régulières, et il faut
être à son emploi. Cela veut dire que le gars qui a
travaillé pendant treize mois et demi, on ne lui doit rien.
M. VEILLEUX: Vous avez mentionné que le gars qui a
travaillé neuf mois ne serait pas touché par cela. Mais pour
celui qui est encore à l'emploi, l'Hydro-Québec est
prête...
M. BRULE: Pour les heures régulières. M. VEILLEUX:
Régulières seulement?
M. BRULE: C'est régulières et à l'emploi de... les
deux, monsieur.
M. GUAY: Cette demande pourrait toucher combien d'heures
travaillées?
M. BRULE: Je ne le sais pas. Les gars de l'Hydro-Québec sont
travaillants, mais je ne peux pas vous dire jusqu'où cela peut
aller.
M. GUAY: Je ne doute pas que les gars de l'Hydro-Québec soient
des gars travaillants, mais si on veut établir un ordre de grandeur,
cela est impossible?
M. BRULE: L'Hydro-Québec a des machines IBM. Quand elle veut
sortir quelque chose, elle est expéditive.
M. VEILLEUX: Je vous remercie, M. Brûlé, d'avoir
répondu de la façon que je l'ai demandé, parce que vous
m'avez fait l'énumération. Dans mon esprit, c'est beaucoup plus
clair, parce qu'on a quand même des choses. J'ai pris note de certains
détails que vous avez mentionnés.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. Brûlé, votre conseiller nous a dit qu'en
novembre 1972, comparativement à novembre 1971, il y a eu une
augmentation de 5 p.c. du coût de la vie. Il nous a dit également
qu'en 1972, selon l'étude fédérale intitulée "Wages
Development", il y a eu un accroissement des salaires qui a varié entre
7.7 et 8.1. Vous nous avez dit également que votre demande initiale
était, pour les trois années, de 7 p.c, 7 p.c, 7 p.c. Je vois que
vous baissez, pour les deux premières années, à 6 p.c, ce
qui est 1 p.c. de moins, et à 6.5 p.c. pour les deux dernières
années, ce qui est .5 p.c. de moins. Qu'est-ce qui vous a amenés,
étant donné cette augmentation de 5 p.c. du coût de la vie,
pour une seule année, et l'évolution des salaires partout au
Canada, à baisser votre demande à ce point-là?
M. BRULE: A toutes fins pratiques, la demande n'est pas baissée.
C'est qu'il y a eu des réaménagements à l'intérieur
des échelles. Quand on parle de 6 p.c, 6 p.c, 6.5 p.c. et 6.5 p.c, c'est
sur le salaire minimum de l'échel-
le. Il est évident que, si l'on augmente la différence de
$0.01 l'échelon, que cette différence, au groupe 18, peut valoir
$0.16 l'heure. Il est évident que, lorsqu'on veut faire des comparaisons
et de la négociation, on tient compte d'un marché donné.
Il y a beaucoup de facteurs dans des demandes salariales, des rajustements de
salaires. Il y a tous les accesssoires qui entourent les échelles de
traitements. Comme on sait que, maintenant, on a le temps de transport en temps
supplémentaire... On sait qu'à l'Hydro-Québec, il y a
énormément d'employés qui ont à se transporter, en
dehors des heures normales de travail. En fait, je ne veux pas dire qu'on a
été bon et qu'on a concédé d'une façon... On
a tenu compte aussi de certains rattrapages pour des employés
temporaires de la construction; on a tenu compte aussi de la
rétroactivité sur les heures rémunérées; on
tient compte d'une foule de facteurs; on tient compte aussi du plan de
carrière des techniciens qui est réduit sur dix ans, qui part de
quatorze ans et qui est réduit à dix ans. On sait ce qui va se
produire, par voie de conséquence, ce sera un mécanisme
complètement différent dans le réaménagement des
échelles. Il y a des choses qu'on a pu discuter avec
l'Hydro-Québec depuis deux ou trois mois, qu'on n'avait pas pu discuter
antérieurement. Vous n'étiez pas aux séances des
commissions parlementaires antérieures, mais on a établi
clairement à la commission parlementaire que, dans certains cas, dans
les offres que l'Hydro-Québec faisait, nos membres recevaient les offres
de l'Hydro-Québec avant que les négociateurs de la partie
syndicale aient les offres à la table de négociation.
Je pense qu'on négocie dans des conditions qui ne sont pas tout
à fait normales, en ce qui me concerne moi. Ce n'est pas tout à
fait normal. Je n'ai pas à faire de procès d'intention, mais il
est évident que les relations patronales-syndicales entre le syndicat et
l'Hydro-Québec ne sont pas des plus excellentes. Ce n'est pas dans ce
milieu que la confiance règne le plus. Il y a de la méfiance qui
existe au syndicat vis-à-vis de l'Hydro-Québec et à
l'Hydro-Québec vis-à-vis du syndicat. Donc, il faut toujours
négocier par un médiateur, une personne interposée, qui
devient le porte-parole des parties. Il y a eu très peu de rencontres
directes entre le syndicat et l'Hydro-Québec.
Chaque fois qu'on veut établir des comparaisons, on dit:
Indépendamment de ce que tu dis, on pense que c'est ça. Il me
semble qu'en négociation, ça peut se faire autour de
comparaisons. A partir du moment où on pense qu'on possède la
vérité, c'est autre chose. Je pense que, si on reconnaît
qu'on vit dans un monde ordinaire, on doit tenir de ce monde pour
préparer les renouvellements, tenir compte des problèmes qu'on a
vécus durant les conventions collectives de travail. C'est à
compter de ça qu'on peut apporter des redressements équitables
pour le travailleur et ne pas abuser des droits de gérance d'un
employeur. Il est sûr que les modifications qui ont été
apportées dans les échelles, dans les augmentations, en termes de
pourcentage, ont, par voie de conséquence, apporté des
modifications dans les échelles comme telles, comme différence
entre les échelons.
M. LAURIN: M. Grant a dit tout à l'heure que, si on compare ce
que donnerait votre contrat de travail négocié selon vos demandes
et ce que les ouvriers de l'Hydro-Ontario ont à l'heure actuelle, il
persisterait un écart assez grand, particulièrement en ce qui
concerne certains métiers. Il a donné un exemple de $0.68 l'heure
pour un certain type. Ce serait général ça?
M. GRANT: C'est au minimum.
M. LAURIN: C'est minimal. Est-ce qu'il y a beaucoup d'exemples de ce
genre et est-ce qu'on pourrait qualifier la différence de pourcentage
qui existe entre ce que seraient les salaires avec votre demande et les
salaires actuellement versés en Ontario? Est-ce que ce serait de l'ordre
de 3 p.c, 4 p.c, 5 p.c, 6 p.c. par rapport à ce que gagnent les ouvriers
des mêmes catégories en Ontario?
M. BRULE: C'est de l'ordre de 20 p.c. M. GRANT: C'est 20 p.c.
facilement.
M. LAURIN: Si on acceptait vos demandes, il y aurait encore un
écart de 20 p.c. entre ce que gagnerait un employé à
l'Hydro-Québec et un employé qui a une tâche identique
à l'Hydro-Ontario?
M. BRULE: Oui.
M. LAURIN: En général, ce serait 20 p.c?
M. GRANT: On peut dire qu'avec les dernières contrepropositions
syndicales, l'écart existant continue à se maintenir.
M. LAURIN: Une autre question. Dans la dernière
négociation qui a eu lieu en Ontario entre l'Hydro-Ontario et le
syndicat des employés, quel a été le pourcentage
d'augmentation que les employés ont obtenu en Ontario?
M. BRULE: C'est 8 p.c, 7 p.c. et 7 p.c. pour les employés de
métiers.
M. LAURIN: Pourriez-vous aller plus doucement?
M. BRULE: C'est 8 p.c. la première année, 7 p.c. la
deuxième et 7 p.c. la troisième. Pour les employés cols
blancs...
M. GRANT: Les employés salariés payés à
la
semaine, ça couvre, à ce moment, les cols blancs et les
techniciens, 6.5 p.c, 5 p.c. à 7 p.c. et 5 p.c. à 7 p.c.
M. LAURIN: Pour les cols blancs?
M. GRANT: Vous verrez que, dans le document qui a été
déposé, nous avons appliqué les 5 p.c. C'est pour
ça que, dans mon exposé, j'ai dit que c'était un peu faux
puisque nous avions appliqué le minimum.
M. BRULE: Je pense qu'on doit préciser que, dans les offres de
l'Hydro-Ontario... Nous avions un plan de 14 ans pour les techniciens; nous
demandons dix ans. A l'Hydro-Ontario, c'est de 5 ans.
M. LAURIN: Dernière question. A la fin de votre exposé,
vous avez fait état d'une impasse, à toutes fins pratiques, et
vous avez évalué l'effet que cette impasse avait sur vous, en
tant que représentant des syndiqués.
Vous avez employé des mots assez forts, comme: pourrissement,
frustration, mécontentement. Ce n'est pas la première fois que
vous négociez une convention collective avec l'Hydro-Québec.
Est-ce qu'il y a des différences entre le style de cette
négociation et celui des autres négociations? Est-ce que cela a
été tellement plus difficile? Est-ce qu'il y a eu des
caractéristiques spéciales que vous avez notées pour
justifier des expressions aussi fortes que celles que vous avez
employées?
M. BRULE: En 1967, ce fut la première convention provinciale.
C'était à la suite de la nationalisation de
l'électricité. Il y avait eu un vote d'allégeance
syndicale où les gens se retrouvaient à l'intérieur d'une
même centrale syndicale.
Il est certain que la négociation de 1966-1967 qui demandait
d'intégrer onze conventions dans une, pour les métiers, pour les
bureaux et pour les techniciens, fut laborieuse. Je pense que cela s'explique,
parce qu'on tentait d'améliorer les conventions, travaillant à
des variances d'une convention par rapport à l'autre, on tentait d'en
enlever le moins possible à chacun et que tous puissent profiter au
moins de ses droits acquis.
Pour celle de 1969, disons que la première étape d'une
négociation provinciale avait été faite. Elle a
duré douze mois. A la suite de celle-ci, il y avait une entente entre
les parties, il y avait un plan d'évaluation des tâches qui serait
mis sur pied durant la vie de la convention, à compter du mois de juin
1971, pour les employés de métiers, local 1500. On se donnait
comme échéancier le 1er juin ou le 30 juin 1971 pour mettre en
application ce même plan d'évaluation des tâches.
Au mois de juin 1971, il n'y avait absolument rien de
réglé, de sorte que cela dégénérait en
arrêt de travail chez les gars de l'Hydro-Qué- bec. C'est au mois
de novembre 1971 que nous avons conclu le plan d'évaluation des
tâches.
Cette année, les négociations ont duré quatorze
mois. Il y a eu une injonction que les gars ont respectée. Il y a eu
reprise de la grève au mois de juillet. Au mois de juin, à la
suite de la nomination des médiateurs, les gens sont retournés au
travail.
On connaît les événements du mois d'octobre
où il y a eu le bill 73 par rapport aux pannes
d'électricité qu'il y avait à la grandeur de la province
et les gens ont respecté la loi.
On peut dire que, dans chacune de ces phases de négociation, il y
a des mécanismes prévus par la loi où, lors d'une
injonction, il y a une enquête dans les 90 jours, et on tente de faire
reprendre les négociations et de régler les problèmes
à la suite de la loi. Je ne vous dis pas que je déborde
d'objectivité. Je suis le représentant syndical et je veux tout
de même défendre les intérêts des travailleurs,
enfin, ce que j'ai à faire par ma centrale syndicale.
Toutes ces étapes ont été respectées par les
travailleurs de l'Hydro-Québec. Je ne peux pas dire que cela a
sensibilisé l'Hydro-Québec à vouloir
accélérer sa négociation, à démontrer une
ouverture d'esprit pour vouloir régler les problèmes de fond.
C'est de l'indifférence la plus totale, où eux disent: Nous, nous
sommes de l'Hydro-Québec. Nous sommes au-dessus de tout cela. Ce que
nous offrons, c'est normal, c'est valable. Ne venez pas argumenter, ne venez
pas faire des comparaisons. C'est complètement autre chose.
Il n'y a pas eu de dialogue et il n'y a pas eu de vraies
négociations, chose qu'on ne peut pas dire ailleurs. Ailleurs, on peut
s'asseoir et tenter de discuter. On ne possède pas toujours la
vérité, on n'a pas toujours raison et on n'a pas toujours gain de
cause. On finit par conclure une convention collective de travail. Même,
durant la nuit que nous avons passée, de 2 heures, hier
après-midi, à 6 heures ce matin, c'est le représentant du
ministère du Travail qui nous faisait part des concessions que
l'Hydro-Québec était prête à faire et il faisait
part à l'Hydro-Québec des revendications que le syndicat pouvait
laisser aller. Il y a quinze jours, nous avons tenté d'avoir une
négociation. Cela n'a absolument rien donné dans un face à
face. Je ne dis pas que je ne suis pas prêt à faire un examen de
conscience, mais il me semble que ce pourrait être un examen de
conscience collectif.
M. LAURIN: Mais tout ceci, évidemment, dans une situation
où le droit de grève vous est interdit, où votre seule
arme est en dehors...
M. BRULE: Non. Nous avons encore le droit de grève en vertu du
bill 73. Nous avons le droit de grève avec tout le monde au travail,
sauf ceux qui ne dérangent pas du tout!
Nous avons le droit de grève mais il faut que tous les monteurs
soient là, que tous les dépanneurs soient là, que les
préposés au
magasin et les filles de bureau soient là. Je pense que, si le
plancher était un peu sale, on ferait entrer les gens de l'entretien
ménager.
Nous avons droit de grève pour autant que ça ne
dérange personne. Cela peut durer longtemps. Il est évident que,
à la suite de l'adoption du bill 73, on a pensé au bien collectif
de la population québécoise. Je pense qu'il serait temps qu'on
pense au bien collectif des travailleurs de l'Hydro-Québec. Il y a une
deuxième phase là-dedans.
M. LAURIN: A toutes fins pratiques, vous avez voulu dire par cette
phrase, mécontentement, frustration, pourrissement, que vous avez tout
à donner ou tout à perdre, mais que l'autre partie n'a rien
à perdre. Au fond, c'est ça que vous voulez dire.
M. BRULE : II y a des bouts où on ne le sait pas. C'est une
partie de balle, nous allons au bâton chacun notre tour. Peut-être
que nous allons venir à bout d'attraper la balle pour aller au
bâton. Je ne sais pas. Nous sommes respectueux des lois, nous l'avons
d'ailleurs démontré dans le passé. Les épreuves de
force que nous faisions, c'est parce que les offres de l'Hydro ne
correspondaient pas à nos demandes, à nos besoins et à des
réalités.
Il est évident que l'Assemblée nationale a une
responsabilité, c'est de voir au bien-être d'une population. Je le
reconnais. Etre assis à la place de n'importe quel député,
peut-être que j'aurais pris la même position. Remarquez bien que je
n'ai pas d'ambition dans ce sens, mais peut-être que j'aurais pris la
même décision. Mais ça ne règle pas les
problèmes des gars que je représente comme directeur du syndicat
canadien. C'est inacceptable, dans la situation dans laquelle nous nous
trouvons, de laisser tramer une chose plus longtemps. Il me semble que c'est
plus que de la patience, ce qui a été manifesté. Cela
devient presque bonasse et la "bonasserie", parfois, ça joue des
tours.
Un bon gars qui se tanne, c'est bien plus violent qu'un gars qui est
toujours en maudit.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Dubuc qui sera
suivi du député de Dorchester.
M. BOIVIN: J'aurais deux questions à poser à M.
Brûlé. Sachant que vous avez négocié jusqu'à
six heures ce matin, est-ce qu'on peut considérer que les
négociations sont totalement rompues actuellement?
M. BRULE: II n'y a rien qui m'indique qu'elles sont rompues et il n'y a
rien qui m'indique non plus que nous allons conclure.
M. BOIVIN: Maintenant, que pouvez-vous attendre encore du
ministère du Travail pour favoriser de bonnes relations avec
l'employeur?
M. BRULE: Nous prendrons un lunch après et je vous conterai
ça.
M. VEILLEUX: ... de venir au ministère du Travail, si je
comprends bien.
M. BRULE: Non, mais quand un député pose une question,
c'est un représentant du peuple. Je ne voulais pas faire de
discrimination.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Dorchester.
M. GUAY : Je pourrais poser cette question à M.
Brûlé ou à l'Hydro-Québec. Depuis la dernière
séance des travaux de la commission parlementaire, il y a quand
même un certain nombre de points qui ont été
négociés. Est-ce que les travaux de la commission parlementaire
ont aidé à quelque chose? Disons dans le travail de
déblayage ou même dans les discussions qui ont eu lieu, est-ce que
ç'a quand même participé au règlement de certains
points?
M. BRULE: Je pense que...
M. GUAY: Je vous demande ça, mais vous n'êtes pas
obligé de répondre.
M. BRULE : Oui, je vais vous répondre. Il y a une chose qui est
sûre, c'est que, dans les circonstances, il n'y a rien qui peut nuire.
Cela, c'est sûr.
M. GUAY: Est-ce que c'a aidé?
M. BRULE: Cela a tout de même sensibilisé des gens à
des problèmes de fond. Il y a encore une chose que je veux dire
aujourd'hui. Avec les années, les lois du travail, le droit
d'association, le droit d'invoquer une partie de statut d'une entreprise en vue
d'une convention collective de travail il ne s'agit pas de cogestion
si nous disions: Nous avons des droits que nous allons faire
reconnaître par une convention collective de travail, si c'était
reconnu, et par des besoins sociaux et des législations... Si vous
voulez avoir mon opinion très profonde, je pense que le pire service que
l'on pourrait rendre aux travailleurs de l'Hydro-Québec, ce serait de se
faire imposer une convention collective de travail par une commission
parlementaire.
On démontre clairement que ce n'est pas possible de pouvoir
négocier et les buts du syndicalisme et des lois du travail, c'est qu'on
puisse s'asseoir et conclure des conventions collectives de travail entre les
parties.
C'est tout de même quelque chose de reconnu par notre
société et par nos gouvernants qui sont ceux de
l'Assemblée nationale.
Venir "garrocher" nos problèmes devant une commission
parlementaire, c'est étaler des choses que nous devrions avoir la
maturité de régler entre nous, à partir du moment
où nous aurions un échéancier qui serait valable et que
nous puissions nous dire au lendemain de la signature de la convention: Nous
avons pu discuter ensemble, nous avons pu négocier ensemble et
nous avons conclu une convention collective de travail. Il est sûr
que la commission parlementaire, même si elle a des pouvoirs
limités, disait: Vous allez régler de cette façon... Nous
sommes conscients de tout ça, mais les 8,500 travailleurs de
l'Hydro-Québec, qui ont eu une injonction, une loi et qui ont
respecté la loi, qui sont retournés au travail, si nous leur
disons en même temps qu'une commission parlementaire siégera, je
suis sûr qu'eux, les travailleurs qui ne connaissent pas toutes les lois
du travail, toutes les lois d'une négociation, s'attendent à
beaucoup plus que moi d'une commission parlementaire. Eux, c'est leur
bouée de sauvetage pour avoir une convention collective de travail.
Si on me demande de négocier en présence du ministre du
Travail, pour qui j'ai énormément de respect, du Parti
libéral et des partis de l'Opposition, je négocierai chacun des
articles des conventions collectives de travail. Nous avons même fait des
commentaires lors de séances antérieures pour préciser le
but, les objectifs que nous visions pour chacune de nos demandes. Mais, il y a
certainement des gens à l'Assemblée nationale pour exercer des
pressions quelque part. Quand je dis exercer des pressions, c'est autour de la
justice et de l'équité. Si nous nous asseyons à une table
pour conclure une convention collective de travail, que nous ayons tout de
même un minimum de garantie que nous allons conclure une convention
collective de travail autour de certaines réalités.
Si la commission parlementaire me demande de vouloir négocier ce
soir ou demain matin devant cette belle assemblée, je vais le faire;
mais ce que je veux, ce que je m'attends de la commission parlementaire, c'est
qu'il y ait les pressions nécessaires pour que nous puissions
régler ce maudit conflit.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Dorchester.
M. GUAY: Etant donné qu'il y a eu un travail de fait, cela
démontre que, des deux côtés ou au moins d'un
côté, il y a eu de la bonne volonté parce que...
M. BRULE: Je m'excuse, mais là vous dites quelque chose qui, je
pense, déplace le problème un peu. Il y a un travail de fait. Si,
à la suite de la dernière séance, nous avions eu un
dossier de 32 pages avec toutes des choses nouvelles dedans et que nous ayons
pu dire que 23 cas étaient déjà réglés, je
pourrais dire qu'un travail a été fait. Mais quand ça fait
14 mois que nous en parlons et que nous nous répétons, il vient
un temps où le gars a peur de bégayer.
M. GUAY: Remarquez que je vous comprends sur ça. Mais ce que je
veux vous demander... Je suis personnellement prêt à donner mon
consentement pour multiplier les séances de la commission parlementaire
si ça peut aider. Si c'est un élément de règlement,
la commission parlementaire peut siéger des semaines, à la
journée longue, si ça peut aider à en venir à une
entente. Je suis bien d'accord sur ce que vous avez dit tantôt, mais rien
n'empêche que tôt ou tard et vous le dites aussi il
faudra en arriver à un règlement.
M. BRULE: II y a une chose qui est certaine, qu'il faut que l'on
comprenne: du côté de l'Hydro-Québec, que ça prenne
cinq mois de plus pour régler le conflit, ça ne la dérange
pas beaucoup, pour ce qui est du transport de l'électricité dans
les édifices, tout l'aménagement du territoire
hydro-électrique dans la province. Qu'on prenne un autre douze mois pour
négocier et je ne pense pas que personne du côté patronal
fera une dépression nerveuse.
Mais, chez nous, par exemple, c'est pas mal plus fatigant parce que ce
sont des travailleurs pour qui c'est le sel et le pain et qui ont hâte de
l'avoir, parce que ça leur revient de droit. Ce n'est pas vrai qu'au
moment où nous nous parlons les deux côtés sont dans la
même position ou dans des positions identiques. L'un n'a rien à
perdre à étirer ça mais l'autre, les gars qu'il
représente y perdent énormément. Je pense que nous devons
faire une distinction et ce n'est pas vrai que moi, je vais continuer encore
pendant une autre période de six mois; il y aura certainement un autre
gars à ma place. Je serai je ne sais pas où.
M. LAURIN: C'est une question que je voulais vous poser.
Est-ce que vous avez évalué la différence qui
existe entre le montant global de votre demande finale et le montant global de
l'offre finale de l'Hydro-Québec? A supposer que votre demande finale
soit acceptée, à quel quantum arriverait-on? Et si l'offre finale
de l'Hydro-Québec était acceptée, à quel quantum
final arriverait-on et quelle différence y a-t-il entre ces deux
montants?
M. BRULE: Si on prend l'offre de l'Hydro-Québec qui était
de 5 p.c, 6 p.c, 6 p.c. et 6 p.c. et nous qui demandons 6 p.c, 6.5 p.c, 6.5
p.c. plus un réaménagement dans les échelles, cela peut
être de l'ordre de 3 p.c. à 3.5 p.c. ce qui nous sépare, en
ce qui concerne les métiers.
M. LAURIN: En d'autres termes, à chaque année si votre
offre était acceptée, combien de dollars de plus
l'Hydro-Québec devrait-elle débourser par rapport à ce
qu'elle entend débourser en vertu de son offre?
M. BRULE: Je n'ai pas les chiffres de l'Hydro. Je n'ai pas fait de
calcul sur la masse salariale.
M. COURNOYER: Est-ce que le député voudrait poser cette
question à l'Hydro-Québec? J'imagine qu'elle a
évalué les deux.
M. LAURIN: Cela intéresse les deux parties au fond.
M. COURNOYER: Je pense qu'ils ne l'ont peut-être pas eux, ce que
ça coûte. M. Grant disait tantôt qu'ils peuvent
procéder seulement par projection.
M. LAURIN: En somme, eux, ils l'ont en pourcentage. Je voudrais l'avoir
en somme nette, absolue.
M. COURNOYER: La question pourrait être mieux posée
à l'Hydro-Québec vu l'absence de renseignements que M. Grant a
mentionnée tantôt au point de vue du coût global.
M. BRULE: Nos demandes sont faites en tenant compte de certaines
comparaisons. Je ne vous dis pas qu'on n'a pas à s'inquiéter de
la masse salariale qui va être injectée là-dedans. Nous
représentons les travailleurs qui font un travail donné à
l'Hydro-Québec. Tenant compte des réalités que nous
prétendons être des réalités, nous disons: Une
augmentation de tel montant s'impose avec des clauses normatives qui
l'accompagnent.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce qu'il y a d'autres questions de la
part des parlementaires à l'endroit des représentants du
syndicat?
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela vous situerait à quelle
différence par rapport à l'Ontario, la dernière
contreproposition que vous avez faite?
M. BRULE: A 20 p.c.
M. CLOUTIER (Montmagny): De décalage?
M. BRULE: Environ 20 p.c. On l'arrondit là, sur une
échelle donnée; environ 20 p.c.
M. GRANT: Nous avons dit aussi que, essentiellement, la dernière
position ou même contrepro position syndicale, en fait, ne diminuait pas
l'écart qui existait entre l'Hydro-Ontario et l'Hydro-Québec.
Nous avons dit qu'en principe nous conservions la comparaison avec
l'Hydro-Ontario comme objectif valable, mais qu'en pratique notre
dernière contreproposition correspondait à peine au minimum
d'augmentation du coût de la vie, d'augmentation de la
productivité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si vous teniez compte des
bénéfices marginaux, ceux de l'Hydro-Ontario et ceux de
l'Hydro-Québec, est-ce que l'écart serait aussi
considérable?
M. BRULE: En gros, je pense qu'en ce qui concerne les
bénéfices marginaux c'est pas mal une équivalence entre
l'Hydro-Ontario et l'Hydro-Québec. C'est une équivalence.
M. GRANT: Comme les bénéfices sociaux de l'Hydro-Ontario
s'appliquent sur des salaires plus forts, vous avez la résultante avec
ça.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Je pense que nous pourrions inviter les
représentants de l'Hydro-Québec à s'approcher des micros
et à utiliser la barre. Les parlementaires auraient sans doute quelques
questions à vous poser.
Avant le commencement de la séance, j'ai oublié de
mentionner les changements apportés aux membres de la commission
parlementaire. Je le ferai immédiatement. M. Bienvenue est
remplacé par M. Veilleux. M. Blank est remplacé par M. Ostiguy.
M. Bossé est remplacé par M. Faucher. M. Burns est
remplacé par M. Laurin. M. Croisetière est remplacé par M.
Boivin. M. Marchand est remplacé par M. Vaillancourt. M. Picard est
remplacé par M. Lamontagne. D'ailleurs, le rapporteur de la commission
sera M. Marcel Ostiguy, qui remplace M. André Marchand, qui avait
été nommé rapporteur à la première
séance.
Avant de permettre aux membres de la commission d'adresser leurs
questions aux représentants de l'Hydro-Québec, est-ce que les
gens de l'Hydro-Québec auraient une déclaration à faire ou
préfèrent-ils recevoir immédiatement les questions des
parlementaires?
Point de vue patronal
M. DUROCHER: J'ai un seul point à souligner. Lors de la
dernière réunion de la commission parlementaire du mois de
décembre, il y avait eu de la part de certains membres de la commission
des questions auxquelles nous n'étions pas en mesure de répondre,
mais dont les réponses devaient être présentées
à une séance subséquente de la commission parlementaire.
La séance qui a suivi celle des questions était celle du 3
janvier et, à toutes fins pratiques, cette séance a
été ajournée immédiatement après son
ouverture de sorte qu'à ce moment-là il nous avait
été impossible de déposer les documents en réponse
aux dites questions.
Aujourd'hui, avant la période des questions, je voudrais
déposer ces documents. Il y avait, d'une part, un certain nombre de
questions qui concernaient l'Hydro-Ontario et en ce qui concerne cette
dernière, je dépose le rapport annuel de l'Hydro-Ontario pour
1971 et aussi un volume de statistiques pour l'Hydro-Ontario pour
l'année 1971 également.
D'autres questions concernaient directement l'Hydro-Québec; en
particulier, une question avait pour but d'obtenir des informations en ce qui
avait trait à la répartition des contrats d'achat de
matériel, d'équipement, d'appareillage et de services divers pour
l'année 1971. J'ai ici un document que je dépose et qui fait
état des réponses de l'Hydro-Québec sur ces questions.
II y avait également des questions qui portaient sur la
répartition des employés de l'exploitation pour l'année
1971, en ce qui a trait aux coûts, en termes de salaires et de
bénéfices marginaux. Une autre question traitait des effectifs
permanents de l'Hydro-Québec et de la masse salariale et la
dernière concernait les employés temporaires que nous avons
à nos chantiers de construction. Dans un même document qui
contient trois pages, nous avons tenté de répondre à ces
questions.
Ceci étant déposé, s'il y a des points particuliers
sur les documents déposés, nous essaierons de répondre aux
questions; pour le reste, nous sommes disponibles pour répondre aux
questions de la commission parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Je crois que c'est le député de
Saint-Maurice qui le premier a posé des questions auxquelles il a
semblé que les gens de l'Hydro étaient le plus en mesure de
répondre. Je lui redonne la parole.
M. DEMERS: M. Durocher, les documents que vous venez de déposer,
vous admettrez avec nous que nous n'avons pu en prendre connaissance.
Tantôt, j'ai demandé à la partie syndicale, à M.
Grant en particulier, s'il avait en sa possession quelques données
relativement aux revenus de l'Hydro-Ontario en comparaison des revenus de
l'Hydro-Québec. Je voudrais savoir si vous êtes en possession de
ces chiffres et, si vous les avez, seriez-vous assez bon de nous les
communiquer? Ils sont probablement dans le volume qui est déposé
mais vous devez certainement les avoir de mémoire et cela nous
permettrait de dresser un dossier à même les informations que vous
fournissez verbalement.
M. DUROCHER: Je n'ai pas, M. le Président, ces réponses de
mémoire. Le rapport annuel de l'Hydro-Ontario étant
déposé, je crois que les membres de la commission pourraient s'y
référer pour obtenir les informations de cet ordre. Je ferai
remarquer qu'il est extrêmement difficile de comparer deux entreprises,
même si elles oeuvrent dans le même secteur. Si on veut faire des
comparaisons entre l'Hydro-Québec et l'Hydro-Ontario, il faudrait avoir
recours à un groupe de spécialistes qui s'enquerraient
auprès de l'Hydro-Ontario de ses procédures d'exploitation,
d'administration, etc.
M. DEMERS: Dans ce cas, vous pouvez difficilement me donner la
différence entre le coût du kilowatt-heure dépensé
en Ontario et dépensé ici par l'Hydro-Québec?
M. DUROCHER: Les questions de cette nature peuvent apparaître dans
les documents que j'ai déposés, en ce qui a trait à
l'Hydro-Ontario.
M. DEMERS: Jusqu'à maintenant, ces volumes, M. Durocher, nous
aurions pu nous les faires envoyer par l'Hydro-Ontario. Vous êtes ici
aujourd'hui, si vous ne possédez pas de mémoire et de
connaissance des chiffres, je n'ai aucune question à vous poser, mais je
me demande comment nous pourrons établir des comparaisons entre les
chiffres qui nous ont été données par la partie syndicale,
si nous n'avons pas les revenus de la partie patronale qui est la partie
Ontario et la partie Québec.
Je crois que nous sommes placés dans une situation dont nous ne
sortirons pas et je me demande ce que vient faire une commission parlementaire
ici si on ne peut pas avoir d'information.
LE PRESIDENT (M. Giasson): A l'ordre, messieurs !
M. DUROCHER: M. le Président, comme je le mentionnais
antérieurement, il est très difficile de faire des comparaisons
entre deux entreprises ayant des procédés administratifs
différents. Je crois que comparer l'Hydro-Québec à
l'Hydro-Ontario peut paraître fort simple à première vue.
Les experts en la matière qui tentent de faire des comparaisons passent
énormément de temps à étudier chaque chose à
l'intérieur de chaque entreprise. Si la commission parlementaire juge
à propos de faire des comparaisons entre les deux institutions
onta-rienne et québécoise, la commission pourrait charger un
groupe de faire des études auprès des deux entreprises.
M. DEMERS: Est-ce que vous contestez les chiffres qui nous ont
été fournis, par exemple, dans certaines fonctions, comme la
fonction de machiniste? L'Hydro-Québec donnerait $4.38 l'heure et
l'Hydro-Ontario $5.06 en 1971? Est-ce que ces données sont exactes,
d'après vous?
M. DUROCHER: Nous avons, tout au cours des négociations, lorsque
nous avons parlé de salaires avec les syndicats, orienté nos
discussions sur des propositions faites dans un contexte
québécois. Nous nous sommes régulièrement et
constamment limités à faire des offres qui tenaient compte de la
situation québécoise, ignorant ce qui se passe en Ontario, comme
nous ignorions ce qui se passait au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Ecosse ou
à l'lle-du-Prince-Edouard. Nous sommes une entreprise, un agent de la
couronne, nous avons des liens très étroits avec le gouvernement.
Nous oeuvrons dans la province de Québec; nous sommes, par ailleurs, une
institution de haute technologie et dans les offres présentées au
syndicat, nous avons pris en considération les facteurs que je viens de
mentionner. Si vous faites référence à des documents que
nous avions déposés lors de la première commission
parlementaire, nous faisions état des propositions salariales de
l'Hydro-Québec. Il est possible que les membres de la commission
n'aient
pas en main ces documents mais nous avons des copies que nous pouvons
vous remettre et qui font état des dernières propositions de
l'Hydro-Québec. Nous pouvons analyser ces propositions pour chacun des
groupes et pour chacune des années concernées pour la
durée de la convention collective.
M. VEILLEUX: Le député de Saint-Maurice me permet-il une
question?
M. DEMERS: Je vous permets tout, monsieur.
M. VEILLEUX: Très aimable à lui. Globalement je
crois qu'il y a un député d'Opposition qui a posé la
question tout à l'heure quelle est la différence entre
l'offre patronale et la dernière demande syndicale relative aux
salaires, en chiffres absolus?
M. DUROCHER: La proposition de l'Hydro-Québec du 8
décembre est la suivante: une convention collective d'une durée
de quatre ans pour les employés de métiers. Nous offrons pour
1971, 5 p.c. d'augmentation à la classe I et par la suite, nous
établissons des écarts de $0.10 d'une classe à l'autre.
Pour l'année 1972, toujours pour les métiers, 6 p.c. à la
classe I et par la suite, des écarts de $0.11 d'une classe à
l'autre. Pour l'année 1973, 6 p.c. à la classe I et des
écarts de $10.12.
Enfin, la dernière année, 6 p.c. à la classe I,
avec des écarts variant de $0.12 à $0.13 d'une classe à
l'autre.
M. VEILLEUX: Ma question est la suivante, M. Durocher: Qu'est-ce que
cela coûte globalement à l'Hydro-Québec? Si elle prend tout
le groupe d'employés que vous nous avez donné tout à
l'heure comme statistique, vous additionnez 5 p.c, 6 p.c, 6 p.c, 6 p.c, avec
des $0.10 d'écart, globalement, qu'est-ce que cela coûte à
l'Hydro-Québec?
M. DUROCHER: L'offre de l'Hydro-Québec du 8 décembre 1972
aux employés coûte $45,400,000 environ, soit une augmentation
cumulative aux employés de 29.48 p.c. Pour le syndicat, la
dernière demande syndicale en date du 5 janvier 1973 coûte
$50,939,000, soit en pourcentage aux employés 32.10 p.c.
M. VEILLEUX: Si je comprends bien, la différence se trouve entre
$50.9 millions et $45.4 millions, soit $5.5 millions.
UNE VOIX: Cela fait $5,539,000.
M. VEILLEUX: Tout à l'heure, M. Durocher, j'ai posé des
questions à M. Brûlé. Il nous a dit qu'il y avait dix ou
onze points encore en suspens, qui n'étaient pas réglés.
Est-ce que ce sont ces onze points qui en réalité, d'après
vous, ne sont pas réglés? Je lui ai posé des questions sur
les exigences normales, le plan de carrière. Or, vous venez de
répondre sur les salaires. Par exemple, sur le plan de carrière,
il disait: Nous voulons avoir cela à dix ans et l'Hydro-Québec
dit 11.2. Est-ce réellement la position de l'Hydro-Québec? Est-ce
réellement la demande syndicale, 10 ans?
M. DUROCHER: Ce que nous avons fait pour les techniciens, pour 650
employés environ, représente des coûts additionnels pour
l'Hydro-Québec de $5,555,000.
M. VEILLEUX: Je ne suis pas dans les coûts, je suis dans les
années. Je veux savoir si c'est exact ou non, pour les
années.
M. DUROCHER: M. le Président, il y a un lien entre l'offre que
nous avons faite aux techniciens et le plan de carrière. On ne peut pas
dissocier totalement ces deux choses, parce que entre dix ans et 11.2 ans cela
représente de l'argent. Ce que nous avons offert représente donc
des coûts de $5,550,000 environ et une augmentation en pourcentage de
37.74 p.c. Le plan de carrière des techniciens dans la présente
convention collective est un plan qui s'étale sur plusieurs
années, 14 ou 16 ans, soit quinze ans.
Nous avons présenté un plan qui comporte trois niveaux de
rémunération. Pour le premier niveau de
rémunération, nous avons, entre le minimum de ce niveau et le
maximum, 11.2 années. Pour les ingénieurs, nous avons 10.8 ans
entre le minimum et le maximum.
M. VEILLEUX: La position syndicale était 10 ans pour tout le
monde ou y avait-il des différences?
M. DUROCHER: Pour le niveau I, c'est un plan de 10 ans entre le minimum
et le maximum. C'est la position syndicale.
M. VEILLEUX: Si je remarque bien, c'est 10 ans versus 10.8 ans, c'est 10
ans versus 11.2 ans. Cela revient à cela.
M. DUROCHER: Si vous le réduisez à la plus simple
expression, cela revient à cela mais il faut, prendre en
considération la situation que nous connaissons actuellement dans les
conventions collectives et le chemin que nous avons parcouru entre la situation
actuelle et la proposition que nous présentons au syndicat.
M. VEILLEUX: Je suis rendu au point où je pense qu'il y en a
d'autres à la commission parlementaire qui pensent la même chose.
Ce qu'on a regardé, c'est la différence qu'il y a encore entre
les deux. C'est ce qui est important pour nous.
Nous voulons qu'il y ait une convention collective de l'autre
côté, de la part de l'Hydro-Québec et de la part du
syndicat.
Personnellement, je ne veux en rien savoir
d'où vous êtes partis, comment vous êtes
arrivés là. Je ne veux en rien savoir d'où le syndicat est
parti, où il en est. Ce que je veux savoir, c'est la différence
qu'il y a réellement entre le syndicat et l'Hydro-Québec à
l'heure où on se parle, le 17 janvier 1973, à 17 h 35. Pour ma
part, c'est ce qui est important à l'heure actuelle. C'est vrai que je
ne suis pas commissaire à l"Hydro-Québec, je suis simple
député du comté de Saint-Jean. Mais je suis devant un
problème et il faut réellement que je vois l'écart qui
existe entre les deux.
M. DUROCHER: Je comprends très bien, M. le Président, la
position des membres de la commission et en particulier celle du
député qui soulève le présent point, mais pour une
entreprise qui est dans un processus de négociation, un processus de
négociation fort long, on le reconnaît, il y a quand même
plusieurs éléments que l'entreprise doit prendre en
considération dans l'évaluation de ses coûts.
Ce que nous avons présenté le 8 décembre 1972 sur
les salaires et le plan de carrière des techniciens représente
des coûts assez considérables. Evidemment, l'écart s'est
rétréci entre la position syndicale et la position patronale, de
sorte que, aujourd'hui, cet écart est beaucoup moins grand que celui que
nous avons connu.
M. VEILLEUX: Notre rôle est encore de le rétrécir
pour en arriver à une entente. Que voulez-vous! C'est notre affaire
aussi. Il faut que, entre les deux, vous rétrécissiez
l'écart à un tel point que vous puissiez en arriver à une
entente écrite et négociée. C'est notre problème,
nous sommes poignés avec ça.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Roberval.
M. LAMONTAGNE: M. le Président, la tâche des membres de la
commission parlementaire n'est pas de s'instituer tout à coup comme
spécialistes négociateurs à 4 heures de
l'après-midi mais bien, comme le député de Saint-Jean
vient de le mentionner, après quatorze mois de rencontres officieuses et
officielles, tout simplement de se servir de leur tête et de leur bon
sens.
Comme membre de l'Assemblée nationale, je suis fort conscient que
les pressions qui peuvent être faites par une commission parlementaire
vont presque obligatoirement se diriger vers l'Hydro-Québec. Egalement,
je suis fort conscient que l'Hydro-Québec devrait analyser avec nous le
travail que, comme membres de l'Assemblée nationale, nous avons dû
faire au cours de l'été et de l'automne dernier pour
l'Hydro-Québec.
En fait, à un moment donné, nous avons presque
été vos employés lorsque nous avons voté une loi
obligeant les membres de l'Hydro à respecter certains services
essentiels, comme M. Brûlé le mentionnait tout à l'heure
avec un peu de justesse. Ce qui me frappe dans l'argumentation, et ce que je me
demande, c'est comment il se fait que, après quatorze mois, on en soit
encore dans un article en suspens, à se demander si un employé
qui était en service il y a quatorze mois, lors de la fin d'une
convention collective, aura droit à une rétroactivité.
Quant à moi, je ne suis pas spécialiste, je
l'établis en partant, il s'agit d'un principe de grande justice.
Lorsqu'une convention collective se termine, tout employé au
travail, à ce moment-là, a droit à sa
rétroactivité. Sans aucun doute gardez-vous cet article dans vos
propres négociations pour la fin. Je l'espère, du moins.
Nous sommes fort conscients, également, comme membres de
l'Assemblée nationale, que toute hausse subséquente à ce
que vous jugez peut-être normatif dans un tel cas sera peut-être
répartie dans une hausse globale de l'électricité dans
tout le Québec. C'est un danger que vous faites peser sur nous et que
nous avons bien senti au cours des derniers mois de l'année 1972.
Tout cela pour dire que, si nous nous sommes rendus ici un peu
malgré ce mauvais temps, tout comme vous, d'ailleurs, c'est que les
membres de l'Assemblée nationale sont fort conscients de l'importance
assez extraordinaire de l'Hydro-Québec dans toute la province de
Québec. Egalement, nous sommes fort conscients que les membres de
l'Assemblée nationale et de ses commissions parlementaires doivent, de
plus en plus, jouer un rôle prépondérant pour amener des
règlements hâtifs à des conflits qui, malheureusement,
durent trop. M. Brûlé, tout à l'heure, a répondu
d'une façon très objective, je trouve, à toutes les
questions qui lui ont été posées.
M. DUROCHER: Je suis d'accord.
M. LAMONTAGNE: Mais vous, pourtant, qui disposez de tous les moyens
techniques à votre disposition, vous n'êtes pas capable de
répondre à la première question que vous pose un membre de
la commission parlementaire.
UNE VOIX : Cela fait quatorze mois que c'est comme cela !
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, comme président, je
comprends fort bien votre exubérance, mais les coutumes et la tradition
de nos commissions parlementaires nous empêchent, habituellement, de nous
livrer à toute démonstration, favorable ou défavorable. Il
peut être extrêmement difficile de retenir à
l'intérieur une marque d'approbation ou de désapprobation, mais
si vous voulez m'aider comme président, j'ai des règles à
suivre et vous invite à une collaboration très
étroite.
UNE VOIX: II est rare que l'Hydro-Québec se fasse mettre au
pas.
M. LAMONTAGNE: Ce n'est pas une question de mettre qui que ce soit au
pas, quant à moi. C'est tout simplement, comme j'ai dit, une question de
se servir de sa tête, de son bon sens, à un certain moment, dans
la vie. Au cours de l'année 1972, j'ai eu le plaisir de participer aux
travaux de plusieurs commissions parlementaires sur le travail, et toutes les
fois que des discussions arrivaient, le nom de l'Ontario revenait dans toutes
les comparaisons qui étaient faites. C'est normal, en fait, qu'on se
compare à la province voisine dans toute la marche de notre propre
économie. Je suis un peu surpris que, par différents moyens sans
doute bien appropriés et sans doute légaux dont vous vous servez,
vous refusiez d'établir des comparaisons. Il reste que, grosso modo, je
pense que vous admettrez avec moi à moins que vous les
contredisiez, qu'un écart global de 20 p.c. entre les deux
employés des deux provinces est un écart tout de même assez
important, qui mérite une attention très attentive, et qui
frappe, j'en suis conscient, tous les membres de la commission
parlementaire.
Les employés de l'Hydro-Québec sont en fait ceux dont
dépend une grande partie de l'économie du Québec et
l'Hydro-Québec, également, comme organisme est celui dont
dépendent en grande partie la bonne marche d'un gouvernement et surtout
l'avenir de son économie.
Je pense que les dirigeants de l'Hydro-Québec doivent faire la
part des choses et accepter de bon coeur certaines comparaisons.
Vous faites ça à l'intérieur du Québec, je
l'avoue, mais moi, comme membre des commissions parlementaires, en 1972, tout
le long de l'année, on m'a habitué à faire des
comparaisons avec d'autres provinces, que ce soit avec les agents de la
conservation de la faune dont M. Lacas, qui est venu ici; je pense que les
membres des commissions parlementaires ont accepté des comparaisons avec
Ottawa, Toronto, Montréal et partout. Je pense qu'il est normal
d'établir des chiffres de base.
Le député de Saint-Jean, par ses questions, au tout
début de la séance, a bien souligné le fait que nous, 14
mois après différents conflits que nous avons connu en 1972, nous
trouvons déjà le temps beaucoup trop long et nous
espérons, tant du côté du syndicat et nous prenons
la parole de M. Brûlé, sa manière de présenter son
exposé tout à l'heure et de répondre à nos
questions que l'Hydro-Québec, considérant l'écart
assez minime qui vous sépare, compte tenu de l'importance de
l'Hydro-Québec et également du nombre de ses employés,
voudra considérer que dans les plus brefs délais et pour
moi les plus brefs délais, c'est cette semaine...
UNE VOIX: Bien d'accord.
M. LAMONTAGNE: ... Compte tenu que tous les membres de la commission
parlementaire, comme le mentionnait le député de Dorches- ter,
séance tenante, sont prêts à participer, si c'est le voeu
du président, à toute rencontre entre les parties pour que d'ici
quelques jours, enfin, la bonne humeur, la bonne entente et la
cordialité règnent entre cette grande entreprise du Québec
et ses employés...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: Je sais que l'Hydro-Québec relève du
ministère des Richesses naturelles; M. Durocher, pourriez-vous me dire
si vous avez des responsabilités vis-à-vis du ministère de
la Fonction publique?
En un mot, par exemple, pour préciser ma question, devez-vous
tenir compte, dans l'établissement de vos tâches, de vos normes
salariales, des normes et des évaluations de tâches que peut faire
la fonction publique de la province?
M. DUROCHER: M. le Président, j'ai mentionné
précédemment que l'Hydro-Québec étant un agent de
la couronne, avait pour mandat de fournir de l'électricité aux
citoyens du Québec aux taux les plus compatibles avec une saine
administration. Il y a des relations qui existent entre l'Hydro-Québec
et le gouvernement. A titre d'exemple, lorsqu'il s'agit pour
l'Hydro-Québec de faire des emprunts, elle doit faire approuver ces
emprunts par le gouvernement.
Lorsque les négociations du front commun ont
débuté, celles de l'Hydro-Québec ont commencé
quelques mois plus tard. Nous avons eu des négociations directes
à l'Hydro-Québec, quelques séances, seulement cinq
séances. Le syndicat de l'Hydro-Québec, à ce moment, a
adhéré au front commun et les négociations qui se
déroulaient à l'Hydro-Québec se faisaient dans un contexte
d'une négociation du front commun.
Nos employés étaient membres du front commun et certaines
dispositions de la convention collective ne pouvaient pas être
négociées, le syndicat refusant de les négocier à
la table de négociation de l'Hydro-Québec. Vers le mois de mars
ou d'avril, les trois syndicats de l'Hydro-Québec impliqués dans
la présente négociation se sont retirés du front
commun.
Cependant, encore une fois, certaines dispositions de la convention
collective ne pouvaient être négociées, le syndicat
refusant de le faire tant que le règlement du front commun
n'était pas intervenu.
Etant placé dans le contexte de la négociation du front
commun, il y a eu une politique salariale établie par le gouvernement
qui, sans s'appliquer d'une façon impérative à
l'Hydro-Québec, était une norme importante que
l'Hydro-Québec considérait.
Par ailleurs, l'Hydro-Québec étant particulière,
c'est une entreprise de haute technologie, on évolue dans la grande
entreprise du Québec, on a retenu cette norme également. Comme
résul-
tat pratique, il y avait une politique salariale du gouvernement. Il y
avait aussi la situation particulière de l'Hydro-Québec qui,
à plusieurs égards, se compare à la grande entreprise
privée du Québec.
Nous avons pris en considération ces deux facteurs et c'est suite
à ces facteurs que nous avons présenté au syndicat les
offres que vous connaissez.
D'une part, une politique salariale du gouvernement qui ne s'appliquait
pas d'une façon impérative à l'Hydro, mais l'Hydro, dans
son processus de négociation a pris en considération cette chose
et a pris en considération également la situation des grandes
entreprises au Québec. Les salaires payés à
l'Hydro-Québec, comparativement à ceux payés dans la
fonction publique, sont supérieurs pour les employés de
métiers, pour les techniciens et pour les employés de bureau.
M. LAURIN: Avez-vous le pourcentage?
M. DUROCHER: Je vais vous donner cela. Pour les employés de
métiers, c'est environ de 12 p.c. supérieur, à
l'Hydro-Québec, pour les bureaux, environ 5.5 p.c. sur les maximums des
échelles de salaires et les techniciens, aux environs de 15 p.c. sur les
maximums des échelles.
Le règlement intervenu dans la fonction publique, de
mémoire, je crois, s'évalue à environ 23.99 p.c, en
pourcentage cumulé sur les échelles. Ce que nous avons
présenté au syndicat, la proposition du 8 décembre 1972,
sur les échelles encore une fois, représente des augmentations
cumulatives de 26.15 p.c. Compte tenu des facteurs que j'ai mentionnés
précédemment, de la situation de l'Hydro-Québec par
rapport à la fonction publique, nous sommes en avance des pourcentages
que je vous ai indiqués; de la situation de l'Hydro-Québec par
rapport aux grandes entreprises du Québec, nous avons formulé des
offres qui, nous croyons, représentent des augmentations de salaire
raisonnables, justes. Evidemment, lorsqu'on est dans la situation où on
reçoit les salaires, on n'est pas dans la même situation que celui
qui les donne. Mais nous devons prendre en considération un certain
nombre de facteurs.
Le coût que je vous mentionnais tantôt de la proposition de
l'Hydro-Québec, $45 millions, je crois, c'est sur un "payroll", pour
employer le terme français, de $64 millions, près de $65
millions. Cela représente des augmentations assez
considérables.
M. BOIVIN: On peut dire que dans l'établissement de vos
tâches et des normes salariales, vous avez fait des comparaisons avec la
fonction publique. Mais est-ce qu'on peut dire qu'un journalier de
l'Hydro-Québec a la même tâche qu'un journalier dans la
fonction publique? Non pas une tâche plus spécialisée,
même le journalier de l'Hydro-Québec?
M. DUROCHER: Pour répondre à cette question, lorsque les
spécialistes en enquêtes sur les salaires font des comparaisons
entre différentes entreprises, l'une des tâches plus facilement
comparables est justement l'emploi de journalier. Les spécialistes en
enquêtes sur les salaires comparent régulièrement l'emploi
de journalier. Il peut y avoir quelques différences, c'est
peut-être l'emploi le plus facile à comparer.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il n'y a pas des normes différentes de
sécurité?
M. DUROCHER: Si on compare le salaire...
M. BOIVIN: Ce que je voudrais savoir, c'est si vous avez établi
des comparaisons avec des tâches absolument identiques, avec une autre
hydro. Vous nous avez dit que vous aviez comparé ça à la
fonction publique, vous avez comparé ça à l'industrie
privée, la comparaison est peut-être encore moins juste. Est-ce
que, réellement, vous avez fait une étude spécifique pour
faire des comparaisons avec l'Hydro-Ontario?
M. DUROCHER: Nous n'avons fait aucune comparaison avec l'Hydro-Ontario.
Avec la fonction publique et l'entreprise du Québec, pour ce qui est du
journalier, nous avons pris le taux de salaire du journalier de la fonction
publique, le taux de salaire qui se paie dans les grandes entreprises et nous
l'avons comparé au salaire de l'Hydro-Québec. Quant aux
pourcentages que je vous donnais tantôt, ce sont des pourcentages globaux
pour les métiers, les bureaux, les techniciens. Il y a d'autres facteurs
qui peuvent être pris en considération, il y a la question des
bénéfices sociaux.
C'est un facteur qui a un effet considérable sur la liste de paie
d'un employeur. En ce qui a trait à l'Hydro-Québec, le
pourcentage des coûts s'évalue à environ 20 p.c. quant aux
bénéfices sociaux.
M. VEILLEUX: M. le Président, relativement aux exigences
normales, est-ce qu'il y a une grosse différence entre votre position et
ce qui existe dans la fonction publique et la position syndicale et ce qui
existe dans la fonction publique? Vous avez parlé des différences
qui pouvaient exister entre la fonction publique et l'Hydro-Québec au
point de vue des salaires, mais au point de vue des exigences normales, est-ce
qu'il y a une bien grosse différence?
M. DUROCHER: II y a des mécanismes qui sont propres très
souvent à chaque entreprise sur les mouvements de personnel et les
critères pour accéder à des fonctions à
l'intérieur des emplois d'une unité de négociation. La
question des exigences raisonnables, l'écart qui existe
entre le syndicat et l'Hydro, a encore fait l'objet de pourparlers cette
nuit. Si on veut comparer la situation de l'Hydro-Québec avec celle de
la fonction publique, ce sont deux mécanismes totalement
différents qui existent. Je vais essayer de vous donner certaines
différences qui existent entre les deux.
Du côté de l'Hydro-Québec, la procédure est
la suivante: Lorsqu'un poste est vacant, le poste est affiché pendant un
certain délai dans une circonscription géographique donnée
et l'avis de poste vacant indique les exigences pour remplir cet emploi. Les
employés se portent candidats et une décision est prise à
l'égard d'un employé. A l'Hydro-Québec, si un
employé choisi n'est pas satisfait, il peut contester par voie de grief
et, à l'arbitrage, l'Hydro-Québec doit prouver, puisqu'elle a le
fardeau de la preuve reconnu dans la convention collective, pourquoi elle a
choisi M. X au lieu de M. Y. Ce n'est pas au réclamant à le
prouver, c'est à l'entreprise de prouver pourquoi elle a pris cette
décision.
En ce qui a trait à la fonction publique, les mécanismes
sont fort différents et les connaissances que j'en ai sont les
suivantes: II y a un plan de classification de la fonction publique.
Ce plan a été établi par la Commission de la
fonction publique. L'employé qui veut remplir une fonction doit se
présenter à un concours, subir un examen. S'il réussit cet
examen, il est inscrit à une liste d'admissibilité. Lorsque le
poste devient vacant, l'employé en tête de liste, qui a eu de
meilleurs résultats que d'autres, est approché et se voit offrir
le poste en question.
Ce sont deux régimes totalement différents. Dans un cas,
les employés postulent des emplois, même s'ils ne sont pas
vacants. Il y a un concours, un examen, une liste d'admissibilité et une
nomination.
M. VEILLEUX: Vous nous avez parlé des mécanismes pour
gravir les échelons dans la fonction publique. Nous avons l'occasion, en
tant que députés, de vivre ce problème chaque jour.
Admettons que vous demandez, comme critère de base, une dixième
année pour avoir le droit d'être admissible à un poste,
pour que l'individu ait le droit qu'on étudie son dossier et puisse
gravir les échelons.
Si le gars a neuf ans de scolarité et vingt ans
d'expérience, n'y a-t-il pas certaines années qui pourraient
compenser? En d'autres mots, est-ce que, dans la fonction publique, ça
ne peut pas compenser à certains moments? Et est-ce que, à
l'Hydro-Québec, ça ne peut pas aussi compenser à certains
moments? C'est la question que je me pose. C'est un exemple qui me vient; on
pourrait en sortir une foule. Dans l'enseignement, du moins, quand
j'étais enseignant et président de syndicat et qu'il y avait des
postes ouverts comme principal adjoint ou principal d'école, je vous
garantis que, si on avait toujours pris des gens avec 17 ans de
scolarité pour le poste de principal ou principal adjoint, il y aurait
un ménage à faire dans le personnel de direction des
écoles. Cela ne veut pas dire que parce que le gars a 17 ans de
scolarité, il soit nécessairement meilleur principal
d'école que l'autre qui peut avoir 13, 14 ou 15 ans mais qui a beaucoup
plus d'expérience.
C'est pour ça que cet exemple me vient à la tête et
que je vous pose cette question.
M. DUROCHER: Le mécanisme que je décrivais tantôt
pour la fonction publique est celui qui s'applique, non seulement à
l'occasion du passage d'une classe à une autre, à une classe
supérieure, mais également dans le cas où un
employé postule une nouvelle fonction.
Et dans le document de classification de la fonction publique, document
préparé par la Commission de la fonction publique, pour chaque
emploi, on indique les exigences et, dans certains cas, on indique qu'il y a
des équivalences qui peuvent être... Si un employé n'a pas
telle scolarité mais par ailleurs a tant d'années
d'expérience dans un domaine qui est connexe au poste qu'il veut
remplir, les règlements de la fonction publique prennent en
considération ces éléments.
Du côté de l'Hydro-Québec, nous avons, dans des
postes vacants mais encore une fois le processus est très
différent sur des avis de postes vacants, dans des cas, certaines
exigences scolaires avec des indications qu'un employé avec plus
d'expérience mais moins d'années scolaires peut être
considéré pour se porter candidat à ce poste.
M. VEILLEUX: Si je comprends bien, à ce point de vue, il n'y a
pas beaucoup de différence qui sépare tout le monde
là-dedans.
M. DUROCHER: Dans un cas, à la fonction publique, il y a tout un
système de classification avec, pour chaque emploi, des exigences qui
sont déterminées avec des équivalences. Nous n'avons pas
ce système à l'Hydro-Québec.
M. VEILLEUX: Mais, est-ce possible de le faire?
M. DUROCHER: Je ne dis pas que ce n'est pas possible de le faire...
M. VEILLEUX: C'est ce que je voulais savoir.
M. DUROCHER: ... mais à ce moment-ci, nous ne sommes pas en
mesure de dire que pour chaque emploi nous avons des équivalences
établies. Dans certains cas, nous en avons et, dans d'autres, nous n'en
n'avons pas.
M. VEILLEUX: Si je comprends bien, hypo-thétiquement parlant,
ça peut se faire. C'est faisable.
M. DUROCHER: C'est faisable.
M. LAURIN: M. le Président, je vous signale qu'il est six
heures.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission suspend ses travaux pour le
dîner et nous reviendrons siéger à vingt heures quinze,
huit heures quinze.
UNE VOIX: Huit heures trente.
LE PRESIDENT (M. Giasson): On me demande huit heures trente.
(Suspension de la séance à 18 h 10).
Reprise de la séance à 20 h 45
M. GIASSON (président de la commission permanente du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
Nous allons reprendre le débat où nous l'avons
laissé pour le dfner. Je laisse la parole au député de
Saint-Jean qui avait une question à l'endroit des gens de l'Hydro.
M. VEILLEUX: M. le Président, quand nous nous sommes
quittés, nous essayions de trouver une différence, s'il en
existait une entre, par exemple, la position patronale et ce qui existait
normalement dans la fonction publique relativement aux exigences normales et
aux plans de carrière. J'aimerais revenir à la question des
salaires pour bien comprendre la distinction qui existe. Quand vous avez
mentionné, M. Duro-cher, que l'offre de l'Hydro-Québec
représentait au 8 décembre $45.4 millions, est-ce que c'est
l'offre qu'on pourrait chiffrer en disant 5 p.c, 6 p.c, 6 p.c, 6 p.c. pendant
quatre ans?
M. DUROCHER: Exactement!
M. VEILLEUX: Quand on parle de $50.9 millions pour la position
syndicale, c'est la position syndicale à 6 p.c, 6 p.c, 6.5 p.c, 6.5
p.c.
M. DUROCHER: C'est un peu plus que ça. En ce qui a trait au
bureau, la demande syndicale du 5 janvier 1973 est de 6 p.c. la première
année, 6.5 p.c. la deuxième année, 6.5 p.c. la
troisième et la quatrième année, alors que pour les
métiers, c'était 6 p.c, 6 p.c, 6.5 p.c, 6.5 p.c.
M. VEILLEUX: Ce sont ces deux demandes syndicales qui font $50.9
millions et quelque chose.
M. DUROCHER: En y ajoutant le groupe des techniciens qui
représente plus que 6 p.c, 6 p.c., 6.5 p.c, 6.5 p.c. C'est de l'ordre de
8 p.c la première année, 7 p.c. la deuxième année,
7 p.c. la troisième année et 7 p.c la quatrième
année.
M. VEILLEUX: Pour vous, c'est la masse salariale globale incluant tous
les employés et ce sont les chiffres que vous nous avez donnés
tout à l'heure, le nombre d'employés...
M. DUROCHER: Oui. Ce sont tous les employés inclus dans les trois
unités de négociation, y incluant le groupe PLTCL, projet de
lignes de transport et construction de lignes.
M. VEILLEUX: Si je regarde à la page 2 de ce document, le premier
qu'on nous a remis et qui s'appelle: Répartition des coûts
imputables aux employés de l'exploitation pour l'année 1971, on
parle des syndiqués: métiers, bureau,
techniciens, ce qui faisait une masse salariale globale de $64,887,700.
Quand vous m'avez donné les autres chiffres tout à l'heure,
est-ce que le montant de $45 millions implique tous ces métiers, bureau
et techniciens?
M. DUROCHER: Oui.
M. VEILLEUX: Cela veut dire qu'on trouve $64 millions ici et l'offre
équivaut à $45 millions.
M. DUROCHER: A $45,400,000. Les $45,400,000...
M. VEILLEUX: Pour la formation...
M. DUROCHER: ... sont les déboursés additionnels pour la
durée de la convention collective.
M. VEILLEUX: Sur quatre ans. M. DUROCHER: Exactement!
M. VEILLEUX: Les autres points qu'avait soulevés, M.
Brûlé: contrats forfaitaires, CPCC, modalités
d'application, comités non sédentaires, protocole de retour au
travail... Il y a un autre point qui est peut-être important:
rétroactivité sur heures rémunérées. Si j'ai
bien compris, M. Brûlé nous disait que la position syndicale
revenait à dire ceci: La rétroactivité sur toutes les
heures régulières et supplémentaires de tous les
employés qui ont été à l'emploi de
l'Hydro-Québec depuis la fin de la convention jusqu'à aujourd'hui
et que la position de l'Hydro-Québec était:
Rétroactivité sur toutes les heures régulières des
employés encore à l'emploi. C'est bien la position de
l'Hydro-Québec relativement à la rétroactivité.
M. DUROCHER: Notre rétroactivité porte sur les heures
régulières rémunérées,
rétroactivité qui va jusqu'au 1er janvier 1972.
M. VEILLEUX: Auriez-vous des chiffres qui indiqueraient... Si on
additionnait les heures supplémentaires, non seulement des
employés encore à votre emploi mais de ceux qui ont
été à l'emploi durant la période que je
mentionnais, est-ce que vous avez fait une évaluation de coûts
supplémentaires à votre dernière offre?
M. DUROCHER: Par rapport à notre dernière offre pour les
employés qui sont à notre emploi actuellement, c'est de l'ordre
de $400,000.
M. VEILLEUX: Pour les heures régulières de vos
employés?
M. DUROCHER: Pour le surtemps. Uniquement pour le surtemps. Si on
accorde une rétroactivité pour le surtemps, cela
représente un déboursé additionnel de l'ordre de $400,000,
basé sur nos offres du 8 décembre 1972. Evidemment, si on calcule
cette rétroactivité pour le surtemps en prenant en
considération les demandes syndicales, le montant est
supérieur.
M. VEILLEUX: J'ai l'impression que vous faites le calcul en partant
de... Les $400,000 sont-ils pour les employés qui sont encore à
votre emploi ou si cela englobe ceux qui ont été, durant cet
intervalle, à votre emploi?
M. DUROCHER: Cela a été calculé pour les
employés en service à la fin de l'année 1972.
M. VEILLEUX: Le 31 décembre. Vous n'avez pas calculé pour
les autres?
M. DUROCHER: Non. Je n'ai pas de chiffres pour cela.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais revenir sur
la question des comparaisons entre l'Hydro-Ontario et l'Hydro-Québec. M.
Durocher, vous avez dit, cet après-midi, que vous aviez surtout
négocié dans le contexte du Québec et que vos
études ont porté surtout sur la négociation à
l'intérieur du Québec. Ayant négocié
moi-même, ou m'étant penché souvent sur des dossiers de
négociation au gouvernement, notamment dans le domaine de la
santé, des médecins, des hôpitaux, nous avions toujours des
dossiers assez élaborés sur les comparaisons entre l'Ontario et
le Québec. Je prends à témoin le ministre actuel du
Travail avec qui nous avions regardé ces dossiers.
Ma première question est celle-ci: Est-ce que vous êtes
d'accord sur le chiffre qu'on a avancé cet après-midi? M.
Brûlé nous a dit qu'il y avait 20 p.c. d'écart entre les
salaires de l'Hydro-Ontario et ceux de l'Hydro-Québec. Est-ce que, sans
avoir fait des études poussées, cela vous apparaît un
chiffre acceptable comme base de discussion? M. Brûlé a
ajouté, cet après-midi, que les bénéfices sociaux
ou les bénéfices marginaux étaient à peu
près égaux. C'est ma deuxième question.
M. DUROCHER: En ce qui a trait à l'écart entre les
salaires de l'Hydro-Québec et ceux de l'Hydro-Ontario, avec les
réserves que je mentionnais, à savoir qu'il est très
difficile de comparer des modes de rémunération
différents, dans un contexte différent, dans une entreprise
différente, les 20 p.c. m'apparaissent un peu forts. Je dirais
entré 15 p.c. et 20 p.c. pour l'écart qui existe avec
l'Hydro-Ontario.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, je retiens...
M. DUROCHER: En ce qui a trait à ces questions de comparaisons
avec l'Hydro-Onta-rio, je passerais la parole à Me Jean Bernier qui
pourrait apporter des précisions.
M. BERNIER: M. le Président, il a été fait
état par M. Durocher des motifs pour lesquels l'entreprise
Hydro-Québec ne s'est pas orientée du côté de
l'alignement salarial sur l'Hydro-Ontario.
Je n'ai pas l'intention de reprendre ces raisons.
Il a été produit, par les syndicats, des chiffres quant
à 1'Hydro-Ontario. A ces chiffres, M. Durocher vient de faire une
réponse et nous pouvons retenir que, globalement, 15 p.c, 16 p.c, 17
p.c. seraient des chiffres que nous serions prêts à
reconnaître comme étant réels.
Maintenant, le but de mon intervention est d'illustrer par des exemples
aux membres de cette commission pourquoi l'Hydro-Québec n'est pas en
état, n'est pas en mesure de faire tourner le débat sur une
comparaison avec l'Hydro-Ontario, et je vais vous donner des exemples. Il faut
savoir que l'Hydro-Ontario est principalement une entreprise de production et
de transmission d'électricité dans la province de l'Ontario. Sa
distribution ou la distribution de cette énergie se fait par le biais,
par l'entremise de 350 entités distinctes qui sont des compagnies
privées, des compagnies publiques, des compagnies qui sont publiques et
privées et des corporations municipales. Dans le document porduit par
l'Hydro-Québec relativement aux statistiques de l'Hydro-Ontario, vous
allez voir dans l'énumération de chacune de ces corporations, de
ces entités, le nombre d'abonnés qu'elles ont. Vous comprendrez,
dès lors, que si nous voulons comparer des salaires, des coûts,
des prix, il nous faudrait connaître non seulement la structure
financière de l'Hydro-Ontario, il nous faut également
connaître les 350 compagnies qui ne sont pas toutes assujetties aux
mêmes normes comptables, qui, dans certains cas, et je vous le dis parce
qu'on me l'a dit, on me l'a rapporté, subventionnent ce service qu'elles
fournissent, de l'électricité, pour créer des emplois.
Vous voyez dès lors une image bien différente.
L'Hydro-Québec, elle, produit, transporte et distribue avec ses
employés. Elle est à même de présenter devant cette
commission parlementaire, dans ses bilans, une image globale de toute la
situation. Je ne me cacherai pas d'avoir tenté pendant trois jours de
comprendre quelque chose dans l'Hydro-Ontario, je n'ai rien compris. Quand,
aujourd'hui, on nous présente des thèmes de comparaison, je suis
d'accord qu'on les présente, mais je veux qu'on comprenne, qu'on
compare, en fait, deux choses bien distinctes. Il est vrai que l'Hydro-Ontario
fait de la distribution. Ses abonnés en distribution sont de l'ordre de
500,000, mais ce sont des abonnés ruraux dont la grosse majorité
est dans le nord de l'Ontario. Vous êtes immédiatement dans un
contexte de distribution bien distinct de ce qu'est l'Hydro-Québec dans
ces grands centres. La distribution à des abonnés au nombre d'un
ou deux par cinq milles n'a aucune commune mesure avec la distribution
où vous avez une densité de population de 1,000 abonnés
par coin de rue. Encore là, il faut faire attention. Est-ce qu'on sait
que l'Hydro-Ontario produit 55 p.c. de son énergie par des usines
thermiques? On m'a informé et je vous le rapporte sous la
même réserve que dans le domaine thermique, on peut aller
jusqu'à quatre, cinq et six employés pour produire ce que dans
l'hydraulique on produit par un employé. Voilà un autre point
où il faut faire attention aux comparaisons.
Est-ce qu'on sait que l'Hydro-Ontario est subventionnée pour la
distribution rurale? Et est-ce qu'on sait que l'Hydro-Ontario ne paie pas de
taxes municipales et scolaires et que le gouvernement de la province d'Ontario
verse des subventions pour la stabilisation des taux?
Si vous regardez, messieurs, les bilans financiers que nous vous avons
présentés, vous avez déjà eu l'occasion, dans
d'autres commissions parlementaires, de prendre connaissance des bilans
financiers de l'Hydro, vous vous apercevez, et c'est de toute évidence,
que ces bilans ne sont pas faits suivant les mêmes principes comptables
et suivant les mêmes normes. Comment ensuite, faire des recroisements,
faire des recoupements et arriver avec des choses qui se comparent? Ce n'est
pas par mauvaise volonté. Ce n'est pas par incompétence, c'est
à cause des difficultés des problèmes. Nous ne connaissons
pas de gens, dans notre entreprise ou ailleurs, qui sont en état de nous
établir avec certitude des données précises qui nous
réfèrent à des termes de comparaisons similaires.
C'est pour cette raison, M. le Président, que nous nous sommes
abstenus de faire des commentaires sur l'Hydro-Ontario. C'est pour cette raison
que nous avons déposé les documents que nous pouvions obtenir
comme documents officiels de l'Hydro-Ontario. Tout le reste, M. le
Président, c'est de l'interprétation. Nous ne sommes pas en
état de comparer et nous ne connaissons pas chez nous des gens qui sont
en état de le faire.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Je vous inviterais à nous donner la comparaison
entre l'Ontario et le Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai écouté avec grande attention
M. Bernier. Je suis heureux qu'on parle enfin d'une comparaison avec l'Ontario
parce que cet après-midi, on n'avait pas beaucoup de...
M. BERNIER: Me permettez-vous d'intervenir avant même que vous
formuliez votre
question? Les remarques que je viens de faire ne sont pas pour comparer
1'Hydro-Ontario à l'Hydro-Québec. Ce sont des remarques que nous
avons tenté de faire de la façon la plus simple possible pour
vous montrer que nous ne sommes pas en mesure d'étaler devant vous des
séries de chiffres comparables qui vous permettraient d'avoir des
mesures précises. C'est pour cela, c'est pour expliquer pourquoi nous ne
le faisons pas, M. le Président. C'est pour cette raison que j'ai fait
les remarques.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ma question précise est la suivante:
Est-ce que, à la table des négociations, vous avez eu l'occasion
de faire cet exposé et est-ce que la discussion de la comparaison
possible entre l'Hydro-Ontario et l'Hydro-Québec a été
abandonnée ou si maintenant on discute des salaires dans une autre
optique que celle-là?
M. BERNIER: M. le Président, malheureusement je n'étais
pas présent aux négociations de la présente convention
collective. Mon intérêt dans le problème a
été de négocier d'autres genres d'ententes et je vais
laisser à M. Durocher le soin de répondre spécifiquement
à ce qui s'est passé à la table de négociation
à ce sujet.
M. DUROCHER: Pour répondre à votre question, M. le
Président, sur la comparaison de salaires entre l'Hydro-Québec et
PHydro-Onta-rio, à la table de négociation l'Hydro-Québec
s'est refusée de faire des comparaisons de cette nature pour les raisons
qu'on vient de vous mentionner et pour celles que j'ai mentionnées
précédemment, à savoir qu'à l'Hydro-Québec,
entreprise de la couronne dans la province de Québec, nos points de
comparaison se situaient à l'intérieur de la province de
Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour en revenir à la question
précise que j'ai posée, est-ce que, maintenant, on discute des
salaires dans une autre optique? Est-ce que les syndicats acceptent de discuter
des salaires en oubliant la question de l'écart entre l'Hydro-Ontario et
l'Hydro-Québec, de discuter des salaires dans le contexte de
l'Hydro-Québec, entreprise québécoise?
M. DUROCHER: Je crois que les syndicats seraient beaucoup mieux
placés que moi pour y répondre. Ce que je peux vous dire, c'est
que la dernière proposition syndicale qui nous a été
transmise n'était pas accompagnée de remarques ayant trait
à l'Hydro-Ontario.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, je comprends qu'il n'est pas facile de
comparer des coûts et tout comparer. Vous avez admis qu'il y a un
écart entre les salaires payés à l'Hydro-Québec et
ceux payés à l'Hydro-Ontario. Je pense qu'il est quand même
possible de vérifier si le travail de l'employé de
l'Hydro-Ontario est comparable à celui de l'Hydro-Québec. J'ai
l'impression que les travailleurs que ce soit de l'Hydro-Québec ou de
l'Hydro-Ontario, doivent se ressembler. Si j'interprète bien les choses
je suis déjà allé en Ontario couper du bois
en Ontario ou au Québec, c'est couper du bois. Est-ce qu'un
employé de l'Hydro-Québec fait un travail sensiblement comparable
à celui de l'Hydro-Ontario?
M. DUROCHER: Evidemment, il y a beaucoup d'emplois à
l'Hydro-Ontario qui se comparent aux emplois de l'Hydro-Québec. Un
opérateur de centrale hydraulique à l'Hydro-Ontario peut se
comparer, à bien des égards, à l'opérateur de nos
centrales hydro-électriques au Québec.
Mais nous considérons qu'il s'agit d'entreprises très
différentes, dans un contexte très différent, et que ces
comparaisons, même si elles peuvent se faire à l'égard de
certains emplois, ne doivent pas être retenues pour les motifs que je
vous ai mentionnés précédemment. L'Hydro-Québec se
situe dans le contexte de la province de Québec et se compare à
de grandes entreprises du Québec, tenant compte également que
c'est une entreprise agent de la couronne.
M. GUAY: Maintenant, si on admet que ce qui compte d'abord et avant
tout, c'est le résultat, le syndicat nous a dit, à cette
même commission parlementaire, que l'Hydro-Ontario produisait,
transportait et distribuait du courant électrique à meilleur prix
qu'à l'Hydro-Québec, et ce que je comprends mal, vous avez
donné une certaine partie de l'explication, mais il existe quand
même un écart entre les salariés travailleurs de
l'Hydro-Ontario et de l'Hydro-Québec et il semblerait que le salaire
entre quand même assez peu en ligne de compte, puisque l'Hydro-Ontario
produit à meilleur prix. Est-ce qu'il y a une autre explication facile
à comprendre et logique que l'on puisse donner à cela?
M. BERNIER: M. le Président, je voudrais m'inscrire en faux
contre une affirmation à l'effet que l'Hydro-Ontario produit à
meilleur compte que l'Hydro-Québec. C'est de commune renommée
qu'une entreprise qui produit par des usines thermiques va produire à un
coût nécessairement plus élevé que par des usines
hydrauliques. Alors, je ne peux pas accepter cette chose comme principe. C'est
de là que vient toute la difficulté de l'analyse des coûts
de production, du moment que vous introduisez un élément
étranger, à savoir une subvention, à savoir un
non-paiement de taxe, à savoir seulement le fait, par exemple, que
l'Hydro-Ontario et j'ai oublié de le mentionner tantôt
ne va pas sur les marchés étrangers pour financer ses
activités elle obtient ses fonds du gouvernement de la province
d'Onta-
rio seulement ces deux facteurs au départ m'apparaissent
suffisants pour nécessiter une analyse en profondeur, très
complexe, des coûts et des équivalences.
Qu'est-ce que vaut une subvention gouvernementale dans une entreprise
comme l'Hydro-Ontario, sur le plan des coûts? Le plan comptable peut
transporter des coûts sur des choses et ne pas transporter tous ses
coûts sur autre chose. Alors, nous n'avons plus de thème de
comparaison. Mais nous savons par expérience que l'énergie
thermique est plus chère que l'énergie hydraulique. C'est
évident. Que voulez-vous? Il faut acheter du pétrole, il faut
acheter de l'huile brute pour faire fonctionner les turbines, alors qu'une
centrale hydraulique fonctionne avec l'eau qui passe. Cela coûte plus
cher. C'est pour cela que je ne peux pas accepter cette prémisse de
départ, qui ne m'apparaft pas exacte.
M. GUAY: Remarquez bien que ce n'est pas moi qui l'ai inventé,
c'est parce que cela a été dit à cette commission
parlementaire, et c'est à partir des propos qui n'ont pas
été refutés, d'ailleurs, à cette commission
parlementaire avant aujourd'hui. Alors, partant de ce qui avait
été dit, vous m'apportez la confirmation qu'il n'y a pas de
comparaison possible.
UNE VOIX: Le gouvernement du Québec vient d'être
coulé dans la baie James!
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: J'aimerais revenir aux exigences normales. Avant le
dîner, nous avons su ce qui existait dans la fonction publique. Nous
avons su comment cela fonctionnerait à l'Hydro-Québec;
maintenant, dans tout ce mécanisme de négociation, à un
certain moment, il y a eu un conciliateur. Est-ce que vous pourriez nous
expliquer, toujours en regard des exigences normales, à quoi cette
position équivalait, s'il y en a eu une, du conciliateur relativement
aux exigences normales?
M. DUROCHER: Le médiateur, sur les exigences normales, a
présenté une formule qu'il disait s'inspirer de la fonction
publique et qui voulait que les exigences normales tiennent compte de
l'équivalence, compte tenu de l'expérience acquise par un
employé au cours de ses années de service dans l'entreprise.
Au cours de la nuit dernière, nous avons eu des pourparlers avec
le conciliateur sur ce sujet. Nous avons indiqué au conciliateur une
formule qui n'est pas celle qu'il avait présentée
antérieurement. Mais là où nous n'étions pas
d'accord sur la formule, c'est lorsqu'on dit que ça existe à la
fonction publique. Nous disons: Ce qui existe à la fonction publique
est, encore une fois, dans un système différent de ce qui existe
à l'Hydro-Québec. Sur la question des équiva- lences,
à compter du moment où on pourrait faire passer des examens aux
employés de l'Hydro-Québec pour obtenir des postes, celle-ci
serait beaucoup plus favorable à une formule d'équivalence dans
un contexte d'examens comme celui qu'on retrouve à la fonction publique.
Actuellement, il n'y a pas d'examen. En plus de ça,
l'Hydro-Québec a le fardeau de la preuve à l'arbitrage. La
proposition de l'Hydro-Québec sur les exigences normales
représente, par rapport au texte actuel de la convention collective, une
amélioration qui est considérable. Nous pensons qu'avec la
formule proposée les problèmes que le syndicat dit avoir
affrontés peuvent être évités dans une très
large mesure.
M. VEILLEUX: J'ai trouvé un document qu'on nous avait remis
à une réunion précédente. Je pense que c'est le 3
janvier 1973 ou avant Noël. On disait: Les termes "exigences normales de
l'emploi" signifient les exigences raisonnables et objectives liées
directement à la nature même du poste vacant. C'était la
position patronale. J'avais noté à l'époque que la partie
syndicale voulait changer "exigences raisonnables et objectives" par
"minimales, non maximales, raisonnables, non idéales, indispensables,
essentielles, etc., liées à la nature même du poste
vacant". ESt-ce que vous en êtes encore rendus, dans vos discussions,
à discuter ce qui est raisonnable, objectif, minimal ou non minimal, ou
si la position de part et d'autre a évolué?
M. DUROCHER: La situation actuelle est la suivante. Du côté
syndical, on accepte le texte de l'Hydro-Québec en y ajoutant,
cependant, ce que je mentionnais tantôt, en ce qui a trait aux
équivalences, compte tenu de l'expérience.
M. VEILLEUX: En d'autres mots, l'expérience est ce qu'on appelle,
dans la fonction publique, l'expérience pertinente. Est-ce que c'est
ça?
M. DUROCHER: Dans le texte syndical, je crois qu'on parle
d'expérience acquise au cours des années de service à
l'Hydro-Québec.
M. VEILLEUX: A moins que j'aie mal compris, la position ou la formule
proposée par le conciliateur me semble, selon les explications que vous
avez données, avoir été acceptée par la position
syndicale, mais ne semble pas avoir été acceptée par
l'Hydro-Québec. J'aurais eu une question subsidiaire ou secondaire
à poser, mais vous m'avez indiqué, je pense bien, votre refus en
disant : Parce que notre système, à nous, est différent de
celui de la fonction publique, on ne peut pas accepter la position du
conciliateur. Est-ce que c'est ça, en gros?
M. DUROCHER: Je pense que la question des exigences normales, tout le
mécanisme qui existe dans notre convention collective, le fait
de remplir des postes vacants, lorsqu'on fait entrer des
équivalences dans cela, on amène un élément nouveau
qui est difficile à contrôler. Il faudrait établir des
équivalences pour chaque emploi et, dans un contexte d'examen qu'on
ferait passer aux employés pour les postes vacants, les
équivalences seraient pour nous un élément, dans ce
contexte, beaucoup plus acceptable que dans le contexte que nous avons
actuellement.
M. VEILLEUX: M. Durocher, vous avez mentionné, avant l'heure du
dfner, que cela arrivait parfois à l'Hydro-Québec, lorsqu'on
parlait des exigences pour accéder à un emploi ou faire une
demande d'emploi pour tel poste, cela arrivait parfois, vous aussi, que vous
indiquiez: "ou expérience pertinente", que cela arrivait à
quelques postes, pas à tous les postes, mais que cela arrivait
quelquefois. Il vous a fallu, à l'Hydro-Québec, évaluer,
pour ce poste, ce que ça voulait dire "expérience pertinente",
comment se concrétisait cette expérience pertinente.
Sincèrement, croyez-vous que l'Hydro-Québec ne pourrait pas, pour
en arriver à la position du conciliateur au moins, dire: On va faire un
effort, peut-être qu'on pourrait faire la même étude pour
les autres qui restent? Au moins, au fur et à mesure que cela se
présente. Il me semble que la différence n'est pas très
grande.
M. DUROCHER: II y a une grosse différence. Ce sont les examens.
Je pense que c'est une différence fondamentale dans les deux
systèmes. Nous procédons actuellement à une étude
en vue de normaliser les exigences d'emploi. Une fois ce travail
terminé, il sera beaucoup plus facile de généraliser les
équivalences qu'on retrouve actuellement dans certains emplois. Mais la
situation actuelle ne nous permet pas, du jour au lendemain, de passer à
des équivalences. Nous évoluons vers une normalisation des
emplois, c'est-à-dire qu'un même emploi dans toute la province
aurait des exigences identiques. Ce n'est pas encore fait. Au fur et à
mesure que ce travail s'accomplit, il nous sera beaucoup plus facile de parler
en termes d'équivalences.
M. VEILLEUX: Si je me souviens bien, quand je signais des conventions
collectives un temps de regrettée mémoire avec les
commissions scolaires dans ma région, et que je ne pouvais pas... Quand
même, quand on savait que cela pouvait apporter une certaine
réforme à l'intérieur, je savais bien qu'au moment
où je signais la convention collective, automatiquement, le lendemain
matin, certains points pouvaient ne pas s'appliquer immédiatement. Il me
semble que si c'est ce qui existe, peut-être que le syndicat pourrait, si
on le lui demandait, dire : On pourrait vous donner un laps de temps pour faire
ce travail, un laps de temps raisonnable, si c'était juste ce qui
accrochait, par exemple. Si on pouvait régler le problème des
exigences normales, on pourrait peut-être passer aux plans de
carrière et, après ça, les salaires. Vous iriez en
arrière signer la convention collective et tout le monde serait heureux.
C'est ce que j'essaie de trouver.
M. DUROCHER: Aux petites heures ce matin, nous avons parlé, avec
le médiateur, d'une formule. Nous essayons de trouver une formule
là-dessus encore. Ce n'est pas terminé. Dans la fonction
publique, la normalisation est faite.
M. VEILLEUX: Cela n'a pas l'air d'être... Je vous regarde, et il
me semble que c'est un point qui peut se régler bien facilement
UNE VOIX: On sait que vous êtes bien bons, vous autres!
M. VEILLEUX: Je regarde le plan de carrière, M. Durocher, de 14
ans; le syndicat dit 10 ans. Vous autres, vous dites: On pourrait aller entre
10.8 pour certains et 11.2 pour d'autres. Il me semble, je vous regarde, et
vous avez l'air convaincu de ça autant que moi; là aussi, il ne
manque pas grand-chose pour pouvoir dire: Nous sommes capables de nous entendre
et de régler ce deuxième point.
Ce sont des réflexions que je passe sur des points. Je suis rendu
à me demander s'il n'y aurait pas moyen de... De 14 à 10, disons
que c'est pas mal un gros saut qu'on essaie de faire dans le plan. Par contre,
vous êtes prêts à faire vous aussi un gros saut
là-dedans. Vous êtes rendus quasiment à 10 quand vous
parlez de 10.8. Vous êtes rendu, M. Durocher...
M. DUROCHER: M. le Président, on confond présentement.
J'ai mentionné que, concernant le plan de carrière des
techniciens, notre proposition était pour le niveau 1 de 11.2 et que
pour les ingénieurs, pour le même niveau, c'était 10.8
années. La question du nombre d'années entre le minimum et le
maximum du niveau 1 est une question des salaires qui touchent des coûts.
Notre proposition aux techniciens représente 37.74 p.c. La proposition
que nous avons faite aux techniciens représente 37.74 p.c., en
pourcentage cumulatif, pour la durée de la convention collective, pour
643 employés. La masse salariale est augmentée de $5,555,000. Le
pourcentage d'augmentation des techniciens est plus élevé que ce
que nous accordons aux employés de métiers et aux employés
de bureau. Ce sont des choses qu'il faut prendre en considération
aussi.
M. VEILLEUX: J'ai dit avant la période du dîner que nous
étions rendus... Je veux voir la différence exacte entre les
deux. Vous venez de me faire penser de vous demander quelque chose que j'avais
oublié cet après-midi. Combien vous coûterait de plus la
différence entre
10 et 10.8 pour les ingénieurs? Si je regarde, il y en a 468.
Vous me direz si je fais erreur sur les personnes ou les métiers ou les
professions, mais la position syndicale est 10 ans et la vôtre serait
10.8, pour les techniciens.
M. DUROCHER: Pour les techniciens notre offre du 8 décembre est
11.2 ans et la demande syndicale est 10 ans. Les ingénieurs ne sont pas
dans le présent dossier des négociations. J'ai avancé le
chiffre des ingénieurs, 10.8, parce que la partie syndicale avait fait
état que pour les ingénieurs c'était 10 ans.
M. VEILLEUX: Cela diminue mon problème parce que c'est 11.2 et
10. Combien cela coûte-t-il de plus à l'Hydro-Québec, cette
différence de seulement 1.2?
M. DUROCHER: Je n'ai pas les chiffres présentement.
M. VEILLEUX: Pour la durée de la convention.
M. DUROCHER: Je n'ai pas les chiffres présentement.
M. VEILLEUX: Pour moi, ce serait important de le savoir. Je ne sais pas
s'il y aurait possibilité qu'un calcul se fasse quelque part. La
différence d'un 1.2 an serait peut-être intéressante
à évaluer. Vous avez évalué avant le souper ce que
cela coûterait, au niveau des salaires, de plus que l'offre de
l'Hydro-Québec si la position syndicale était acceptée.
C'est le seul point qui nous manquerait dans les chiffres et, après
cela, on pourrait les mettre un sur l'autre et on pourrait avoir un calcul
global. Quelle différence globalement existe-t-il entre les deux
à l'heure où l'on se parle? Je vais devenir exigeant car je
trouve que ce sont trois points qui se touchent de très près; ils
ont des répercussions l'un sur l'autre et j'ai la nette impression que,
si ces trois points étaient réglés, la convention se
signerait. C'était la seule chose qui manquerait au règlement, ce
sont des exigences normales.
D'après vous, est-ce que l'Hydro-Québec serait prête
à accepter la position du médiateur, s'il restait seulement cela
à régler?
M. DUROCHER: Vous me posez une question hypothétique. Si
c'était la seule chose, il faudrait pour vous répondre, prendre
en considération tous les termes du règlement de la convention
collective.
En négociation votre expérience de
négociateur vous l'a sans doute appris les choses se tiennent les
unes aux autres.
Je comprends très bien la position du député, qui
est intéressé à savoir ce qui reste afin de tenter de
rapprocher les parties. Pour un employeur en cours de négociation, il
doit évidemment prendre en considération ce qui a
été offert et les sommes d'argent qu'il a
présentées au syndicat. On ne peut pas isoler totalement, pour un
employeur, les coûts qui ont déjà été
impliqués dans cette négociation.
M. VEILLEUX: Le plus gros patron avec qui j'ai négocié est
la régionale Honoré-Mercier où il y avait 1,200
enseignants, mais là, nous avons les chiffres, ce sont $5.9 millions qui
séparent l'Hydro-Québec du syndicat, au niveau de la masse
salariale. Vous avez dit que cela coûtait $400,000 relativement à
la rétroactivité et les $400,000 ne sonc pas l'évaluation
exacte j'essaie de faire le bilan entre les deux c'est une partie
de la demande syndicale, il faudrait ajouter à cela des employés
qui sont partis et qui ont été à l'emploi...
M. DUROCHER: Les $400,000 représentent le coût de la
proposition de l'Hydro-Québec et non pas de la demande syndicale.
M. VEILLEUX: Et le seul chiffre, pour ainsi dire, qui nous manque pour
faire le bilan de tout cela, c'est la différence entre 10 ans et 11.2
ans, c'est $180,000. Est-ce que cela se peut?
UNE VOIX: C'est $10,000 au maximum, pour la durée de quatre ans.
Il s'agit tout simplement d'augmenter les échelons de $0.75 par semaine
pour les employés qui sont à ce niveau, point final. Il ne s'agit
pas de charrier !
M. VEILLEUX: Là, nous avons des chiffres extrêmes. D'un
côté, vous avez des gens qui nous disent $10,000 et un autre nous
dit $180,000.
UNE VOIX: II n'est pas dans le dossier.
M. VEILLEUX: C'est pour cela, si vous avez remarqué, dans toutes
mes questions depuis le début de la présente séance, que
je n'ai jamais voulu faire de parallèle avec l'Hydro-Ontario, parce que
nous en sommes rendus à une phase finale. S'il y avait eu un
parallèle à faire avec l'Hydro-Québec, il aurait dû
être fait il y a quatorze et quinze mois, quand cela a commencé.
Il faut faire abstraction de tout cela. Il faut voir exactement, aujourd'hui ce
que cela implique comme argent, la différence entre la position de
l'Hydro-Québec et la position syndicale. Je suis persuadé que, si
nous commençons à faire tous ces chiffres, et que vous retournez
et que vous essayez il y a des échanges qui se font quand on
arrive à la fin, on laisse tomber une petite affaire parfois pour en
garder une autre vous pouvez peut-être bien vous arranger pour la
moitié. On ne sait jamais. C'est vous qui êtes au micro, mais si
la partie syndicale était là, je lui dirais la même chose.
En réalité, pécuniairement parlant, il ne manque pas
grand-chose. Il me semble que les deux parties on peut dire qu'il y a eu
des efforts ultimes de
faits, à venir jusqu'ici, il peut sans doute y avoir un effort
très ultime pour régler le problème cette nuit, comme
dirait mon collègue de Rouville. Il n'y a rien que j'aimerais mieux,
demain matin, si, à dix heures, nous revenions ici et que vous diriez,
souriants, et l'Hydro-Québec et le syndicat: Finalement, M. le
Président, après quatorze, quinze ou seize mois de
négociation, nous nous sommes entendus. C'est réglé.
Partez la tête reposée, et nous aussi, nous nous en allons
travailler. Il doit y avoir moyen.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, je voudrais d'abord que M. Durocher
éclaire ma lanterne sur quelques statistiques qu'il nous a
données avant le souper.
Il a dit que, si les syndiqués acceptaient les offres de
l'Hydro-Québec, ils se trouveraient dans une position beaucoup plus
avantageuse que les employés d'occupation analogue à la fonction
publique, ce dont nous nous doutions fortement puisque les salaires des
syndiqués sont déjà pas mal plus élevés que
ceux de la fonction publique avant que commence toute négociation. Il a
été plus loin. Il a donné des chiffres. Il a dit, par
exemple, que les gens de métiers auraient 12 p.c. de plus, que les
employés de bureau auraient 5.5 p.c. de plus que le maximum que
possèdent les employés analogues à la fonction publique,
et même que les techniciens auraient 15 p.c. de plus que le maximum
qu'auraient les employés analogues à la fonction publique. Il
conclut en disant que les syndiqués, en acceptant l'offre de
l'Hydro-Québec, auraient 23.98 p.c. de plus que ce qu'ont obtenu les
gens de la fonction publique. Je dois avouer qu'il est beaucoup plus
avancé que nous puisqu'on ne sait pas, nous, même les
parlementaires, ce qu'ont obtenu les employés de la fonction publique,
puisque le décret n'a pas été publié. Au fond,
c'est seulement le ministre qui pourrait nous renseigner exactement sur les
chiffres...
M. COURNOYER: Quels chiffres?
M. LAURIN: ... qui sont exacts en l'occurrence. M. Durocher disait tout
à l'heure que les employés de l'Hydro-Québec, en signant
la proposition patronale, auraient 23.98 p.c. de plus que ce que les
employés oeuvrant à des tâches analogues dans la fonction
publique ont obtenu. C'est ce que j'ai entendu.
M. COURNOYER: Ai-je entendu une chose semblable de votre bouche, M.
Durocher?
M. LAURIN: Est-ce qu'on peut demander à M. Durocher ce qu'il
voulait dire?
M. COURNOYER: C'est entendu que les 23.98 p.c. étaient notre
règlement par rapport à un règlement de 29 p.c. ou 27 p.c.
dont a parlé M. Durocher. Mais il y a une différence entre 23.98
p.c. et 12 p.c. J'ai entendu dire 12 p.c. et 5 p.c, moi.
M. LAURIN: II a dit que les employés de l'Hydro-Québec
auraient 26.15 p.c. à la suite de l'entente, si l'offre était
acceptée, et que les gens de la fonction publique ont obtenu 23.98
p.c.
M. COURNOYER: Cela est exact!
M. LAURIN: Comment peut-il le savoir puisque les chiffres n'ont pas
été publiés?
M. COURNOYER: C'est incompréhensible. J'imagine qu'il a dû
prendre ça à la même place que vous pourriez le prendre
vous-même. Ce sont des conventions collectives négociées.
Vous parlez de décrets, parce qu'il y a eu un certain nombre de
décrets, M. le député de mes amis.
M. VEILLEUX: De Bourget.
M. COURNOYER: Mais il y a eu des conventions collectives de
signées aussi. Celles-ci sont publiées, semble-t-il, pour les
employés qui ont signé. Le syndicat des fonctionnaires a
signé sa convention collective. Ce n'est pas un décret,
ça.
M. LAURIN: Mais est-ce que le chiffre n'est pas plus élevé
que 23.98 p.c?
M. COURNOYER: Au total? M. LAURIN: Oui.
M. COURNOYER: S'il s'agit strictement de la multiplication de quatre
pourcentages et de dire: Voici, le pondéré, ça donne 23.98
p.c; oui, d'accord. Cela donne 23.98 p.c. Mais si on prend aussi le rajustement
de salaires, les échelles au début...
M. LAURIN: Cela donne combien?
M. COURNOYER: Cela coûtait $30 millions. Le pourcentage, je ne
peux pas vous le dire immédiatement.
M. LAURIN: Cela ne donnerait pas 29 p.c, par hasard?
M. COURNOYER: Cela me surprendrait beaucoup.
UNE VOIX: Peut-être 30 p.c.
M. LAURIN: Je pense qu'il serait important d'avoir le chiffre, y inclus
les rajustements, et non pas simplement le total.
M. COURNOYER: Je peux probablement vous obtenir le chiffre de la
fonction publique.
M. LAURIN: Si on est rendu dans des chiffres comme ça, autant
avoir des chiffres exacts.
M. COURNOYER: Cela dépend. On compare quoi avec quoi.
M. LAURIN: On voudrait comparer des choses identiques.
M. COURNOYER: Si je prends strictement des échelles, il est
entendu que nos échelles, c'est 23.98 p.c. Il est entendu aussi que
l'offre salariale de l'Hydro-Québec c'est 5 p.c, 5 p.c, 6 p.c, 6 p.c.
Multipliez et ça va vous donner une augmentation de combien, 25 p.c?
M. LAURIN: Cela ne donne pas 26.15 p.c. M. COURNOYER: Combien?
M. LAURIN: On peut additionner ça tout de suite. Cela donne 23
p.c. Cela ne donne pas 26 p.c.
M. COURNOYER: Mais, augmentez-les, les 6 p.c, l'autre augmenté de
5 p.c, l'autre, 6 p.c...
M. LAURIN: Est-ce que les 26 p.c. comprennent le rattrapage et le
rajustement, d'une part, et les 23.98 p.c. ne comprennent pas le rajustement,
de l'autre? A ce moment-là, on ne compare pas des choses semblables.
M. COURNOYER: II faudrait qu'il vous explique l'affirmation qu'il a
faite. Pour ma part, je...
M. LAURIN: C'est pour ça que je vous demandais d'éclairer
ma lanterne là-dessus.
M. DUROCHER: II y a deux choses qui sont très différentes.
D'une part, si on prend la situation des salaires à
l'Hydro-Québec en 1971 et qu'on essaie d'évaluer l'écart
qui existe en 1971, entre les salaires de l'Hydro-Québec et ceux de la
fonction publique, je dis que l'écart, en 1971, pour les métiers,
est de l'ordre de 12 p.c; pour les bureaux, 5.4 p.c. sur le maximum, et, pour
les techniciens, 15.4 p.c. sur le maximum. C'est l'écart qui existe en
faveur de l'Hydro-Québec Nos salaires sont de 15.4 p.c. plus
élevés, à l'Hydro-Québec que dans la fonction
publique.
Deuxièmement, en ce qui a trait à nos offres salariales,
nous venons de dire que nous avons un écart en faveur de
l'Hydro-Québec, qui existe déjà.
Le règlement de la fonction publique s'est fait à 4.8 p.c,
5.3 p.c, 6 p.c, 6 p.c, sur les échelles des employés. Ces
pourcentages accu- mulés donnent 23.99 p.c. L'Hydro-Québec offre,
en pourcentages accumulés sur les échelles, 26.15 p.c.
Si on prend la comparaison, à la fin de la convention collective,
des écarts entre l'Hydro-Québec et la fonction publique, comme,
sur les échelles, nous offrons plus que le règlement de la
fonction publique. L'écart, à la fin de la convention collective,
augmentera par rapport à celui qu'il était en 1971.
L'écart qu'on avait de 11.9 p.c. pour les métiers passera,
en 1975, à 14.6 p.c, parce que nous accordons un pourcentage
supérieur sur une échelle qui est déjà
supérieure.
M. LAURIN : Avant la convention de la fonction publique, de même
qu'avant celle-ci, parce qu'elle n'est pas encore signée, quel
était cet écart?
M. DUROCHER: En 1971, je vous l'ai mentionné, l'écart
était de 12 p.c., 5.4 p.c. et 15.4 p.c. sur les échelles. A ce
moment-là, nous prenons uniquement des échelles de salaires.
M. LAURIN : Vous avez dit aussi que l'écart, à l'avantage
des syndiqués de l'Hydro-Québec, en ce qui concerne les
bénéfices marginaux, correspondait à 29 p.c. du
chèque de paye. C'est ce que vous avez dit?
M. DUROCHER: Je ne parlais pas d'écart, à ce
moment-là. Ce que je mentionnais, c'était que les
bénéfices sociaux à l'Hydro-Québec lui
coûtent environ 29 p.c. A la masse salariale que nous avons viennent se
greffer certains coûts pour les bénéfices sociaux.
M. LAURIN : Est-ce que ceci correspond exactement à ce qu'il y a
dans le tableau que vous nous avez distribué? Lorsque vous dites que le
coût des avantages sociaux, déjà compris dans le salaire de
base, est d'environ $15 millions et le total du salaire de base est de $121
millions, est-ce que $15 millions sur $121 millions, c'est 29 p.c?
M. DUROCHER: Je peux vous le ventiler. Le coût des avantages
sociaux, non compris dans le salaire de base, pour les employés de
bureau, est de 14.77 p.c; pour les métiers, 14.19 p.c, et pour les
techniciens, 14.1 p.c. Il y a également des avantages sociaux
déjà inclus dans le salaire de base et, lorsque nous ajoutons aux
avantages sociaux non compris ceux déjà compris, nous arrivons
à un coût, en pourcentage, pour les employés de bureau, de
29.56 p.c; pour les métiers, 29.68 p.c, et pour les techniciens, 27.90
p.c.
Ce n'est pas un écart qui existe entre les coûts des
avantages sociaux à l'Hydro-Québec et ceux de la fonction
publique. Ce sont les pourcentages en ce qui a trait à
l'Hydro-Québec
M. LAURIN: Est-ce que vous avez aussi fait la comparaison avec la
fonction publique?
M. DUROCHER: Non. Je n'ai pas les chiffres.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a eu des suggestions faites par le cabinet ou
le ministre de la Fonction publique pour un certain alignement de la politique
salariale de l'Hydro-Québec par rapport à la politique salariale
de la fonction publique, étant donné que nous sommes quand
même dans un secteur qui touche de près l'Etat et que les
relations de l'Etat avec la compagnie de la couronne que vous
représentez vous l'avez dit vous-même au début
sont très étroites.
M. DUROCHER : Comme je l'ai mentionné précédemment,
lorsque nous avons commencé nos négociations à
l'Hydro-Québec, il y avait le front commun. Nos employés ont
adhéré au front commun et nos syndicats refusaient de
négocier à la table de négociation de
l'Hydro-Québec certaines dispositions, dont les salaires. Il y a eu des
pourparlers entre les représentants de l'Hydro-Québec et ceux de
la fonction publique en ce qui a trait aux salaires.
M. LAURIN: Vous nous l'avez déjà dit. Je le sais
déjà. Mais est-ce qu'il y a eu des contacts, qui sont plus que
d'information, entre ces deux unités de négociations patronales,
étant donné, justement, ces liaisons étroites entre
l'Hydro-Québec, compagnie de la couronne, et le gouvernement,
étant donné qu'une bonne partie de ce que fait
l'Hydro-Québec a des conséquences sur la situation
financière du gouvernement, est-ce qu'il y a, sinon des directives, du
moins des orientations qui ont été suggérées
à l'unité patronale de négociations pour qu'il y ait un
certain alignement entre les deux politiques?
M. DUROCHER: II y a eu des efforts de faits pour avoir des alignements
ou des orientations entre l'Hydro-Québec et la fonction publique.
M. LAURIN: De quel type?
M. DUROCHER: Dans le contexte du front commun et au moment où nos
syndicats étaient dans le front commun. Il y avait, à ce moment,
des entreprises, entre le front commun...
M. VEILLEUX: Après...
M. DUROCHER: ... qui étaient en avance sur d'autres entreprises
et on prenait en considération les entreprises qui étaient plus
avancées, au point de vue salarial, que d'autres.
M. LAURIN: Est-ce qu'on peut savoir, justement, jusqu'à quel
point vous avez tenu compte de ces demandes, suggestions, orientations qui vous
ont été suggérées?
M. DUROCHER: Je vous ai mentionné tantôt qu'une fois le
syndicat retiré du front commun, le règlement de la fonction
publique avait été de 23.98 p.c. sur les échelles de
salaires, que les salaires de l'Hydro-Québec étaient en avance
par rapport à ceux de la fonction publique et que, ce que nous avons
offert sur les échelles de salaires, était de 26.15 p.c. Or, il y
a eu un éloignement de l'Hydro-Québec par rapport aux politiques
salariales du gouvernement.
M. LAURIN: Mais vous ne pouvez pas nous dire jusqu'à quel point
ces suggestions qui vous ont été faites ont été
considérées comme contraignantes par l'unité de
négociation patronale?
M. DUROCHER: Je peux parler de ce que je sais.
M. LAURIN: D'accord.
M. DUROCHER: Parce qu'il a pu y avoir des communications à un
niveau autre que le mien. Ce que je sais, c'est que, lorsque le syndicat
était dans le front commun, les contraintes étaient beaucoup plus
fortes et que, depuis que le syndicat est sorti du front commun, les offres
présentées par l'Hydro-Québec traduisent des augmentations
de salaires différentes de celles présentées dans la
fonction publique.
M. LAURIN: Maintenant, si je regarde la différence en chiffres
absolus entre la demande syndicale et l'offre patronale, on constate qu'il y a
une différence de $5,539,000 pour quatre ans, ce qui correspond, en
somme, à environ $1.1 million par année. N'est-ce pas?
M. DUROCHER: II y a $5 millions d'écart, à peu
près.
M. LAURIN : Si on répartit cela sur une base annuelle, cela fait
une différence annuelle d'à peu près $1 million et quelque
cent mille dollars?
M. DUROCHER: Ce sont des coûts accumulés que je vous donne,
à la fin de la convention collective.
M. LAURIN : Donc, on peut dire qu'en moyenne ce serait à peu
près $1 million et quelque cent mille dollars par année.
M. DUROCHER: Sous toutes réserves, je vous dirais oui.
M. LAURIN: D'accord. Sur une masse salariale globale, selon le tableau
que vous nous avez présenté, de $143 millions, y compris les
avantages sociaux, ou $129 millions, sans les avantages sociaux... La
première page de votre tableau. Total de la masse salariale: $129.6
millions.
M. DUROCHER: Sur la deuxième feuille du document, nous indiquons
que la masse salariale, pour l'année 1971, des employés de
métiers, bureau et techniciens est de $64 millions.
M. LAURIN: Ce qui séparerait les deux parties actuellement est
une différence de l'ordre de l/65e.
M. DUROCHER: Notre masse salariale actuelle, qui est de $65 millions,
avec la proposition que nous faisons, à la fin de la convention
collective, cela nous aura coûté $45 millions de plus.
M. LAURIN: Oui, mais je veux dire, entre la demande syndicale et ce que
vous êtes prêts à donner, c'est quand même,
réparti sur un an, un million, et si, annuellement, cela vous
coûte $65 millions pour payer vos employés syndiqués, cette
somme d'un million par année de plus, que vous auriez à
débourser, correspond à l/65e de votre masse salariale globale.
On ne peut pas dire que c'est énorme. On peut donc dire que
l'écart qui persiste est minime entre les deux parties, du point de vue
des salaires en tout cas.
M. DUROCHER: Si on dit que l'écart est de $5 millions pour la
durée de la convention collective et que $5 millions sont un
écart qui n'est pas...
M. LAURIN: C'est en chiffres absolus.
M. DUROCHER: Les $5 millions sont des débourses pour
l'Hydro-Québec.
M. LAURIN: Voyez-vous, c'est commode parfois de citer des pourcentages,
quand on en arrive à 29 p.c. ou 30 p.c...
M. DUROCHER: Cinq millions dans quatre ans.
M. LAURIN: ... mais cela peut prendre un autre caractère quand on
utilise aussi les pourcentages quand il s'agit de chiffres absolus, qui peuvent
avoir l'air énormes; mais quand on compare ces chiffres absolus, qui ont
l'air énormes de $6 millions, à la masse salariale de $65
millions, le pourcentage peut nous aider à comprendre la situation de la
partie patronale. Si on veut utiliser les pourcentages, il faut les utiliser
dans les deux sens. En ce qui concerne la rétroactivité, vous
avez dit que, s'il fallait obtempérer aux demandes syndicales, ce serait
$400,000 de plus que l'Hydro-Québec aurait à débourser.
Est-ce que c'est uniquement sur le surtemps, ou est-ce que cela touche aussi la
demande syndicale en ce qui concerne les employés qui ont
été à l'emploi de l'Hydro-Québec, par rapport
à votre proposition que ceci ne toucherait que les employés qui
sont à l'emploi de l'Hydro-Québec?
M. DUROCHER: C'est un déboursé additionnel de $400,000
pour les employés...
M. LAURIN: Pour les deux catégories?
M. DUROCHER: ... qui sont à l'emploi de
l'Hydro-Québec.
M. COURNOYER: Qui le sont?
M. DUROCHER: Qui sont à l'emploi de l'Hydro-Québec, qui
sont en service au 31 décembre 1972.
M. COURNOYER: Ceux qui sont partis ne sont pas compris. Avez-vous
évalué la demande du syndicat?
M. DUROCHER: La demande du syndicat pour les employés qui sont en
service actif à la fin de l'année a été
évaluée et se chiffre par $480,000.
M. COURNOYER: Et la vôtre? M. DUROCHER: A $400,000.
M. COURNOYER: II y a $80,000 qui vous séparent.
M. DUROCHER: II y aurait donc une différence... Les $80,000 sont
pour... Je compare deux choses identiques. Ce sont des employés en
service actif au 31 décembre 1972.
M. VEILLEUX: J'avais, tout à l'heure, la nette impression que
j'avais parlé des $400,000. C'étaient $400,000 de
différence qui existaient. J'avais demandé la différence
entre les deux.
M. DUROCHER: La proposition de l'Hydro-Québec est de
$400,000...
M. VEILLEUX: II y a $80,000 de différence.
M. DUROCHER: ... pour le surtemps des employés actifs au 31
décembre, et $480,000, c'est le coût de la demande syndicale si on
l'applique aux employés actifs au 31 décembre.
M. LAURIN: Donc, à ce titre de la rétroactivité, il
subsiste une différence de $80,000 entre l'offre de
l'Hydro-Québec et la demande syndicale.
M. DUROCHER: Non. Ce n'est pas exact de dire cela, puisque nous
appliquons les $480,000
aux employés en service actif au 31 décembre 1972 et la
demande syndicale, c'est d'accorder la rétroactivité sur toutes
les heures travaillées, ce qui inclut le surtemps, aux employés
qui sont en service actif au 31 décembre 1972 et à ceux qui ont
quitté l'Hydro-Québec. Le syndicat demande que l'employé
qui, en 1972, aurait travaillé du mois de janvier au mois de mars, donc
qui n'est plus en service actif au 31 décembre 1972,
bénéficie de la rétroactivité.
M. VEILLEUX: Est-ce qu'il y a possibilité, pour vous, de compter
cela en plus, pour avoir la vraie différence qui existe entre les deux
positions?
M. DUROCHER: Je n'ai pas les chiffres présentement pour le cas
des employés qui ont quitté l'Hydro-Québec entre le 1er
janvier 1972 et le 31 décembre 1972.
M. VEILLEUX: En d'autres mots, il vous manquerait seulement deux
chiffres pour avoir le coût global, parce qu'en salaires, c'est
$5,500,000 pour quatre ans; c'est $80,000 pour la rétroactivité
pour l'année qu'on vient de passer; en plus, il faudrait ajouter,
peut-être, quelques milliers de dollars. L'autre chiffre qui nous manque,
c'est la différence entre 10 et 11.2. Si nous avions cela, nous
pourrions tirer un grand trait et voir, globalement, ce qui existe comme
différence. Après cela, ne serait-ce pas beau de partir et de
dire: Nous allons régler cette différence?
M. LAURENT : M. le Président, j'en suis arrivé, tout
à l'heure, à ce chiffre de $180,000. Je m'excuse de mes calculs
rapides. C'est parce que M. Durocher nous avait dit que, pour réduire le
plan de carrière de 14 à 11.2 ans, c'est-à-dire sur une
durée de 3.8 années, il en coûterait $550,000 à
l'Hydro par année. Si on réduit de 14 à 10,
c'est-à-dire 1.2 an de plus, évidemment cela coûterait
à peu près le tiers de ce que cela coûterait, $550,000,
soit $180,000. Mais j'ai entendu $10,000, ici, de la part des
syndiqués.
M. COURNOYER: Oui, moi aussi.
M. VEILLEUX: II ne faut pas calculer la différence entre 14 et
11.2 et 14 et 10, il faut calculer la différence entre 10 et 11.2.
Qu'est-ce que coûte 1.2 année?
M. LAURIN: Avant d'aller dans des explications techniques, je voudrais
demander à M. Durocher s'il est vrai que la demande syndicale et l'offre
patronale ne sont séparées, dans ce cas précis, que par
une différence de $10,000 par année.
UNE VOIX: II ne le sait pas encore. Il n'est pas sûr.
M. DUROCHER: En ce qui a trait à la différence pour les
techniciens, nous avons offert aux techniciens 5 p.c, 6 p.c. et 6 p.c. Nous
avons également l'introduction d'un nouveau plan de carrière. Les
pourcentages accordés aux employés, plus l'introduction du
nouveau plan de carrière, représentent $5,555,000, ou, en
pourcentage, 37.74 p.c. Ce pourcentage de 37.74 p.c, c'est ce que les
employés reçoivent pour la durée de la convention
collective. La demande syndicale qui est d'accorder aux employés 6 p.c,
6 p.c, 6.5 p.c. et 6.5 p.c. et la demande syndicale, en ce qui a trait au plan
de carrière, représentent des coûts évalués
à $6,237,000 pour la durée de la convention collective. En
pourcentage: 41.95 p.c. Nous comparons et les pourcentages accordés aux
employés et l'implantation du plan de carrière des techniciens.
Lorsque nous comparons ces deux choses, nous retrouvons une différence,
pour la durée de la convention collective, de $1,300,000, grosso
modo.
M. LAURIN: Donc, vous arrivez au chiffre que je disais, à peu
près $180,000, la différence entre la demande syndicale et
l'offre patronale. Vous arrivez à peu près à ce chiffre de
$180,000.
M. DUROCHER: Pour les techniciens, nous le prenons d'une façon
spécifique. Tantôt, nous avons parlé d'une façon
générale pour les trois unités de négociation.
M. VEILLEUX: Je m'excuse auprès du député de
Bourget. Il y a quelque chose qui n'est pas clair dans mon esprit. Vous avez
dit: Au point de vue des salaires exclusivement, cela coûterait
$5,500,000 de différence, pour les quatre ans.
M. DUROCHER: Et pour les trois unités de négociation.
M. VEILLEUX: Oui. Vous venez de nous dire que le salaire, plus le plan
de carrière, qui est la différence entre 10 et 11.2 qui vous
sépare, les deux ensemble coûteraient $6,237,000. Si je comprends
bien, vous avez fait le calcul entre 10 et 11.2; votre calcul arrive à
$737,000.
M. DUROCHER : Dans les chiffres que je vous donne, soit $5,5000,000 et
$6,200,000, dans le premier cas, nous calculons l'offre de
l'Hydro-Québec à 5 p.c. et 6 p.c, 6 p.c, 6 p.c, plus
l'implantation du plan, dont 11.2 ans pour le niveau 1, et dans les chiffres
que je vous donne pour la demande syndicale, soit $6,200,000, je prends en
considération la demande syndicale accordée aux employés
et l'implantation du plan. Si nous regardons, en termes de pourcentage, la
demande syndicale pour les techniciens, nous avons 8 p.c. en 1972, 7 p.c. en
1973, 7 p.c. en 1974 et en 1975.
M. VEILLEUX: Pour ma part, je suis perdu.
Vous nous avez dit: Notre offre, au 8 décembre, c'est $45.4
millions, ou $45.4 millions, cela dépend de la langue qu'on parle! La
demande syndicale, au 5 janvier, est de $50.93 millions. La différence
entre les deux est de $5.53 millions. Si je viens de vous comprendre, vous avez
dit: Cela veut dire que c'est la différence entre notre position qui est
à 5 p.c., 6 p.c, 6 p.c, 6 p.c., plus le plan de carrière. Cela
équivaut à $45.4 millions.
M. DUROCHER: Plus ce que nous offrons aux employés de
métiers. Lorsque je vous ai mentionné que nous donnions aux
employés de métiers 5 p.c. sur la classe 1, et que, par la suite,
nous donnions un écart de $0.10 entre les classes, 6 p.c. l'année
suivante et un écart de $0.11, et après: 6 p.c, de $0.12, et 6
p.c, de $0.12 et $0.13, les $5.53 millions indiquent la différence qui
existe pour la durée de la convention collective, pour les trois
unités de négociations.
M. VEILLEUX: Cela coûte $45.4 millions de plus que
présentement à l'Hydro-Québec.
M. DUROCHER: Notre proposition est de $45.4 millions.
M. VEILLEUX: Quand on parle de $50.93 millions, qui est la position
syndicale, qu'est-ce que vous englobez dans votre calcul?
M. DUROCHER: En ce qui a trait aux employés de métiers,
nous prenons les 6 p.c. pour 1972, avec un écart de $0.10; les 6 p.c.
pour 1973, avec un écart de $0.11; les 6.5 p.c. en 1974, avec un
écart de $0.12 et les 6.5 p.c. en 1975, avec un écart de $0.13
fixe, non pas de $0.12 et $0.13, ce qui, en termes de coûts, est
supérieur à un écart fixe de $0.13 en 1975.
Pour les employés de bureau, nous prenons en considération
les 6 p.c, 6.5 p.c. en 1973, 6.5 p.c. et 6.5 p.c. Pour les bureaux, la
première année, c'est 6 p.c, et les trois autres années,
c'est 6.5 p.c
Et pour les bureaux, la demande syndicale est d'accorder 6 p.c. dans les
bureaux où nous avons un système d'échelle de salaires. Le
syndicat demande d'accorder 6 p.c. sur le maximum de l'échelle.
L'augmentation du maximum, en valeur absolue, il demande de l'accorder au
minimum, ce qui représente, pour le minimum, une augmentation
supérieure à 6 p.c. Nous prenons cela en considération,
parce que nous ne procédons pas de cette façon lorsque nous
parlons de 5 p.c et de trois fois 6 p.c. pour les bureaux. Ce que nous faisons
pour les bureaux, c'est que nous accordons 5 p.c. sur l'échelle et nous
accordons 5 p.c, également, sur l'échelon. Nous augmentons
l'échelon de 5 p.c, de sorte que le minimum et le maximum se trouvent
haussés du même ordre de grandeur en pourcentage, alors que, du
côté de la demande syndicale, les 6 p.c. sur le maximum peuvent
représenter 6.5 p.c, 7 p.c, 7.5 p.c. sur le minimum. Il y a des
coûts qui sont différents.
M. VEILLEUX: Si je regarde, sur les $45.4 millions, vous nous avez
donné votre position, tout ce qui touche les salaires et le plan de
carrière. Est-ce qu'il manque quelque chose aux $50.93 millions?
M. DUROCHER: Je vous ai donné l'explication de la demande
syndicale pour les métiers et les bureaux. En ce qui a trait aux
techniciens, 6p.c, 6 p.c., 6.5 p.c., 6.5 p.c, aux employés, la demande
syndicale, sur le plan de carrière ou sur les échelles, se situe
à 8 p.c, 7 p.c, 7 p.c et 7 p.c. Lorsqu'on parle de ce que
l'employé reçoit et de la structure de l'échelle, il y a
une différence entre les deux. Et sur les $5.53 millions, la
différence entre la demande syndicale et l'offre patronale comprend ce
que je viens de vous mentionner.
M. VEILLEUX: Alors, dans les $50.93 millions, que faites-vous du plan de
carrière que vous avez englobé dans les $45.4 millions, soit
votre offre de 11.2? Que faites-vous du plan de carrière de la position
syndicale qui était de 10 ans? Est-ce que vous l'ajoutez pour faire les
$50.93 millions ou si vous ne le mettez pas là-dedans?
M. DUROCHER: Nous avons pris la demande syndicale en
considération, qui était de dix ans.
M. VEILLEUX: Alors, si je comprends bien, il y a $5.5 millions pour deux
des trois points importants qui sont: le plan de carrière et ce qui
touche les salaires. Tout ce que vous venez de me dire...
M. DUROCHER: L'écart entre la demande et l'offre pour les trois
unités de négociation.
M. VEILLEUX: Sur ces deux points que je viens de mentionner,
l'écart est de $5.53 millions.
M. DUROCHER: C'est l'ensemble des unités de négociation.
Ce n'est pas uniquement le plan de carrière. Dans l'ensemble de la
demande syndicale et de l'offre patronale, il y a une différence
de...
M. VEILLEUX: Si je comprends bien, tout cet ensemble comprend le plan de
carrière et ce qui touche purement le salaire. C'est $5.53 millions pour
quatre ans.
M. LAURIN: Est-ce que je peux passer à une autre question? Je
voudrais vous poser une question plus générale. Tout à
l'heure, M. Brûlé, des syndicats, a dit que les deux parties ne se
trouvent plus dans une position égale, actuellement, pour
négocier, étant donné que le syndi-
cat a quelque chose à perdre en ne signant pas sa convention
collective, en étant obligé d'attendre indéfiniment pour
la signer, alors que l'Hydro-Québec ne perd rien en faisant durer les
négociations. On pouvait même penser que, inclus dans cet
énoncé, était également le fait que, non seulement
l'Hydro-Québec ne perdait rien en faisant durer les négociations,
mais qu'elle pouvait même y gagner. Est-ce que je pourrais vous demander
si cette opinion correspond aux faits en ce qui concerne l'Hydro-Québec?
Est-ce que cette opinion est contredite par l'Hydro-Québec?
M. DUROCHER: M. le Président, l'Hydro-Québec veut avoir
une convention collective et le désire aussi ardemment que le
syndicat.
UNE VOIX: Cela ne parait pas beaucoup! M. LAURIN: Mais, admettez-vous
que...
M. DUROCHER: Nous ne retardons pas les négociations pour le
plaisir de les retarder.
M. LAURIN: Mais admettez-vous que vous n'êtes pas...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Aviez-vous terminé, monsieur?
M. LAURIN: Non. Admettez-vous quand même que l'unité
patronale ne se trouve pas exactement dans la même situation que
l'unité syndicale, du point de vue des armes, disons, que chacune des
unités peut faire valoir?
M. DUROCHER: Nous sommes dans un contexte bien particulier. La province
de Québec a connu, en 1971 et en 1972, un contexte bien particulier dans
les relations de travail. La situation que nous connaissons à
l'Hydro-Québec est, dans un certain sens, un reflet de ce que nous avons
connu au Québec en 1971 et en 1972.
M. LAURIN: Est-ce qu'il n'existe pas une différence de motivation
entre une partie qui ne perd rien à attendre et une autre partie qui
perd énormément à attendre?
M. DUROCHER: Nous avons négocié cette convention-ci
il y a eu plus de rencontres que dans n'importe quelle autre négociation
il y a eu des offres faites de part et d'autre, très nombreuses,
et l'Hydro-Québec cherchait et cherche encore à obtenir un
règlement, compte tenu des facteurs que je vous ai mentionnés
précédemment. Je crois, pour les membres de la commission
parlementaire, qui sont habitués très souvent à voir des
millions devant eux, que les coûts que ça représente
à l'Hydro-Québec, évidemment, pour 8,500 employés
environ, si on les compare aux coûts impliqués dans les
négociations du front commun, c'est moindre. Lorsque nous
présentons des propositions qui sont de l'ordre de $45 millions et des
pourcentages qui sont supérieurs aux règlements qu'il y a eus
dans la fonction publique, nous considérons que nous avons fait des
efforts pour tâcher d'arriver à un règlement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Montmagny.
Retour à la négociation
M.CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'aurais une remarque
à ce stade-ci des travaux. Comme tous les membres de la commission, je
viens d'entendre, suite aux nombreuses questions des membres de la commission,
la déclaration du principal porte-parole de l'Hydro-Québec, M.
Durocher, à l'effet que l'Hydro-Québec est désireuse de
signer une convention collective. Nous avons d'abord, cet après-midi,
pris connaissance également de la position des syndicats. Je pense que,
à la suite des échanges qui se font depuis quatre heures et demie
devant la commission, il y a des réponses qui sont de nature à
faciliter certains autres échanges à la table des
négociations. Nous avons constaté qu'il y a certaines positions
qui ne sont pas aussi éloignées qu'on l'aurait cru d'abord. C'est
le désir des membres de la commission que les parties retournent
à la table des négociations dès maintenant. Il est dix
heures et cinq. Je pense qu'il peut y avoir de bonnes heures de
négociation et la commission pourrait se réunir de nouveau demain
soir pour en connaître le résultat. On pourrait entendre le
conciliateur. Il y a un conciliateur qui est nommé. On pourrait entendre
le conciliateur. On pourrait de nouveau entendre les parties. Je pense que
c'est le premier échange qui se fait devant la commission, un
échange aussi élaboré, qui donne l'occasion aux deux
parties de renseigner les membres de la commission parlementaire. C'est une
suggestion que je fais au nom des membres de la commission. J'espère
qu'elle sera reçue dans le même esprit que nous, nous la faisons.
Nous désirons, je pense bien que tout le monde le désire, qu'il y
ait une convention négociée. C'est la façon la plus
normale. Je fais cette suggestion dans l'espérance qu'elle soit
agréée.
M. LAURIN: Etant donné, M. le Président, l'impasse qui
semble exister entre les deux parties, même si la différence est
réduite à $1 million par année, est-ce qu'on ne pourrait
pas ajouter que la négociation devrait peut-être se poursuivre
dans des conditions différentes, c'est-à-dire en introduisant le
gouvernement d'une façon plus organique, officielle entre les deux
parties?
Est-ce que, par exemple, la négociation pourrait se poursuivre en
présence d'un médiateur gouvernemental, au lieu d'un
médiateur...
M. COURNOYER: Cela fait longtemps que je suis là.
M. LAURIN: ... qui fait la navette entre les deux parties?
M. COURNOYER: C'est-à-dire que les parties s'assoient une en face
de l'autre. C'est ce que vous suggérez.
M. LAURIN: II y a peut-être quelque chose de plus.
M. COURNOYER: Disons que cela va casser plus vite. Elles ne parlent pas
tellement le même langage ce temps-ci. Je ne sais pas si les parties
aiment se parler. Remarquez que ce que je souhaiterais, comme ministre du
Travail, c'est que mon conciliateur soit assis, comme le président
actuellement, et que les parties se parlent.
UNE VOIX: Face à face avec vous?
M. COURNOYER: Avec moi? Je vous prendrai à un autre voyage. Cette
fois-ci, c'est celui-là que j'ai.
M. BOIVIN: C'est peut-être le ministre de la Fonction publique qui
les dérange.
M. COURNOYER: Peut-être que oui. C'est peut-être le ministre
de la Fonction publique qui les dérange. C'est peut-être le
gouvernement qui les dérange aussi, mais mon médiateur n'est pas
pris dans le gouvernement. Il ne semble pas l'être. M. Laporte est
là.
M. le Président, si le député de Bourget
suggère que la réunion se fasse de cette façon, les
parties étant l'une en face de l'autre, je transmettrai très
certainement ce voeu au conciliateur, M. Dansereau. Mais je doute fort que les
parties puissent se regarder facilement en face puisque, maintenant, elles sont
placées de biais.
M. LAURIN: Est-ce qu'on pourrait avoir leurs commentaires
là-dessus?
M. COURNOYER: Je ne suis pas psychiatre, remarquez bien.
M. GUAY: M. le Président...
M. COURNOYER: Cela ne me fait rien. Remarquez que la tentative peut
être faite, à la condition qu'à chaque fois qu'une partie
engueule l'autre, l'autre partie ne "sacre" pas le camp tout de suite.
M. LAURIN: Comme de raison, je comprends bien qu'auparavant, il faudrait
qu'on ait des réponses qu'on n'a pas obtenues des commissaires. Par
exemple, jusqu'à quel point le mandat qu'on a donné aux
négociateurs est restrictif. Jusqu'à quel point il tient compte
de la nécessité de diminuer les coûts des travaux de la
baie James, jusqu'à quel point il tient compte de la
nécessité de faire avaler des tarifs à la population, et
le reste. On n'a pas pu poser ces questions parce que les commissaires ne sont
pas ici. On sait très bien que M. Durocher a reçu un mandat, et
ce n'est pas lui qui donne les mandats. Il les reçoit et les
exécute. Evidemment, il y a une coordonnée qui nous manque, mais
on ne peut pas éclairer cet aspect du problème ce soir.
M. COURNOYER: Peut-être que vous l'auriez demain soir.
M. GUAY: M. le Président, j'aurais encore quelques questions
à poser à M. Durocher. Evidemment, elles sont peut-être
moins dans le contexte, mais je cours le risque de les poser quand
même.
Si la convention collective qui est en discussion actuellement avait
été signée il y a quatorze mois c'est la question
sur le principe de la rétroactivité est-ce que les heures
supplémentaires faites par des travailleurs de l'Hydro-Québec
auraient été rémunérées aux taux
majorés?
M. DUROCHER: Evidemment, M. le Président, selon les taux en
vigueur.
M. GUAY: Les personnes qui étaient également à
l'emploi de l'Hydro-Québec, qui l'ont quittée ensuite,
auraient-elles été également payées aux taux
majorés?
M. DUROCHER: Elles auraient été payées aux taux en
vigueur.
M. GUAY: Je me pose encore cette éternelle question: Pourquoi ne
le seraient-elles pas, disons à la signature de cette convention, de la
même façon qu'elles l'auraient été si la convention
avait été signée? C'est une question de principe.
M. DUROCHER: Dans les conventions collectives, nous avons offert,
généralement, des montants forfaitaires. Nous accordions des
montants forfaitaires pour le laps de temps écoulé entre
l'expiration de la convention collective et la date de la signature de la
nouvelle convention. Il est arrivé d'accorder de la
rétroactivité plus souvent sur des heures
régulières travaillées et, ce qui est en cause, c'est une
question d'argent. C'est $400,000 ou $480,000, selon qu'on se base sur l'offre
patronale ou la demande syndicale.
M. GUAY: Si la convention avait été signée il y a
quatorze mois, est-ce que cela aurait été également une
question d'argent?
M. DUROCHER: Les taux en vigueur auraient été
appliqués.
M. GUAY: Pourquoi cela ne se ferait-il pas? Disons que c'est une
question de principe.
Même pour le travailleur qui a quitté
l'Hydro-Québec, si lui avait eu la chance de travailler selon la
nouvelle convention, les taux majorés s'appliqueraient alors que
là, il n'est pas touché par cela. Pour moi, cela me semble une
question de principe. Je sais aussi que c'est une question d'argent, mais
c'est, d'abord et avant tout, une grande question de principe. A partir de
là, ce n'est pas facile de dire que les syndiqués n'ont pas
raison là-dessus. Je peux ajouter ceci: Plus un employeur retarde la
signature d'une convention collective, plus il épargne des piastres.
Cela revient à cela, en fait.
Si on ne veut pas que les conventions collectives soient
retardées indûment à cause d'un point comme
celui-là, il va falloir se dire: Bien, si c'est une question de
principe, cela ne se discute pas, cela s'applique. C'est ce que je pense.
M. VEILLEUX: M. le Président, je voudrais parler de la suggestion
du député de Montmagny. J'ai été un de ceux qui ont
posé pas mal de questions et au syndicat et à la partie
patronale. J'ai vu dans les yeux des représentants du syndicat et des
représentants de l'Hydro-Qué-bec un véritable désir
de tenter un très ultime effort pour régler, d'une façon
négociée, la convention collective. A un certain moment, cela a
été la commission qui a demandé aux parties de retourner
négocier. A un autre moment, le 3 janvier, cela a été la
partie syndicale qui a demandé de suspendre les travaux pour retourner
négocier. Cela a quand même rapporté quelque chose, parce
qu'il y a un document qui est extrêmement important, un document
monolithique qui a été réglé. On a
été à même de faire ensemble, les
représentants de l'Hydro-Québec, les représentants des
syndiqués et les parlementaires ici, ont a été à
même de voir, de connaître l'écart exact qui existe entre
les deux parties. Je suis persuadé qu'une bonne journée de
négociation, jusqu'à huit heures demain soir, peut apporter un
règlement. J'en suis sûr.
M. LAURIN : A moins que ce ne soit pas une bonne politique de le faire
avant que l'augmentation ait été décidée.
M. VEILLEUX: Je dirais au député de Bourget qu'on a voulu,
en tout cas pour ce qui me concerne, enlever tout caractère politique,
de quelque nature que ce soit, aux discussions. Je ne voudrais pour aucune
considération que ce soient les députés de
Saint-Jacques, de Saint-Henri, de Rouville, de Bourget ou de Montmagny
qu'on commence à ce niveau-là. Ce n'est pas le temps.
L'écart est trop petit entre les positions des deux parties pour qu'on
commence à glisser sur ce terrain. L'autopsie de tout ça se fera
quand les deux parties auront signé. Je suis persuadé qu'un
ultime effort peut amener un règlement demain.
M. LAURIN: J'aimerais ça si vous aviez raison.
M. VEILLEUX: C'est ma conviction profonde. Si j'étais
représentant de l'Hydro-Québec ou représentant des
syndicats, je tenterais le très ultime effort. C'est ce que la
commission demande selon la proposition, la suggestion du député
de Montmagny.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Dorchester.
M. GUAY: A la suggestion du député de Montmagny, qui n'a
pas été présentée comme proposition formelle
à la commission, de deux choses l'une: ou les parties retournent
négocier parce qu'ici, en fait, je pense bien que ce n'est pas la
commission qui va négocier... Est-ce qu'il y a d'autres moyens à
employer entre les deux parties? Est-ce que le gouvernement peut être
plus présent? Il y a peut-être d'autres moyens à employer.
J'ai quand même l'impression que si, à cette commission
parlementaire, on siège pendant 24 heures, bien sûr, on va
éclaircir un bon nombre de points et peut-être davantage. On va
peut-être entrer plus en profondeur dans les points discutés. Le
mandat de la commission, on l'a dit au début, je pense que ce n'est pas
de négocier à cette table, c'est de favoriser et d'aider les
négociations. Je me demande s'il y a d'autres moyens à prendre
pour favoriser davantage les négociations. Je l'ai dit cet
après-midi, si c'est préférable que la commission continue
de tenir des séances pour favoriser cette négociation, je suis
d'accord pour ça. Je suis même d'accord pour siéger toute
la nuit, si ça peut aboutir à quelque chose. Si ce n'est pas la
commission qui négocie, ce sont quand même les deux parties
ensemble qui vont négocier. A partir de là, je me demande si ce
n'est pas ce qui manque.
M. DUROCHER: M. le Président, nous avons toujours cru et toujours
souhaité un règlement qui serait le fruit d'une
négociation. Nous continuons de le croire.
L'Hydro-Québec est favorable à tenter l'ultime effort pour
arriver à un règlement au cours de la journée, de
très ultimes efforts...
M. VEILLEUX: De très ultimes.
M. GUAY: M. le Président, j'aimerais demander aux parties si
elles sont prêtes à nous dire maintenant quand la commission doit
être convoquée de nouveau. Si cela peut aider, je suis encore
prêt...
DES VOIX: A huit heures demain matin.
M. VEILLEUX: De très ultimes efforts, cela ne veut pas dire
quinze jours, c'est un minimum de temps, soit une journée!
M. GUAY: II reste à s'entendre sur l'heure.
M.CLOUTIER (Montmagny): Quant à l'heure de la séance, j'ai
suggéré huit heures ou huit heures et quart demain soir, l'heure
où la commission se réunit ordinairement en soirée.
M. DUROCHER: M. le Président, l'Hydro-Québec serait
prête à rencontrer le syndicat demain matin. Nous croyons que,
dans le courant de la journée de demain, si les deux parties font
l'ultime effort, demain soir, nous pourrions faire la part et nous
espérons ardemment que cette négociation sera
réglée.
M. GUAY: Est-ce qu'on peut demander à la partie syndicale si elle
est prête aussi? Il s'agit quand même de deux parties.
M. BRULE: Nous allons continuer à négocier.
M. VEILLEUX: Vous êtes prêts vous aussi. La même chose
pour les autres, de très ultimes efforts.
M. BRULE: On va continuer nous aussi. M. GUAY: Tout le monde est
prêt.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si je comprends bien, face à la
demande qui a été formulée, les deux parties s'engagent
formellement â tenter cet effort. Quand on dit l'ultime effort, on ne
badine pas, on présume qu'on fait quasi l'impossible pour le faire, cet
effort, pour arriver à la solution négociée. Sur ce, si
c'est là la possibilité ou la capacité des deux parties de
tenter cet ultime effort, on va ajourner les travaux de la commission à
demain soir, huit heures et quart, vingt heures quinze minutes.
M. COURNOYER: La suggestion comportait également que, dans
l'éventualité où il n'y aurait pas de règlement, le
conciliateur ferait rapport ici pour s'assurer que l'on sache exactement de la
part d'un tiers ce qui ne va pas entre les parties. Cette suggestion est
agréée aussi, en même temps.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission ajourne donc ses travaux
à demain, vingt heures quinze minutes, dans cette même salle.
(Fin de la séance à 22 h 23)
Séance du jeudi 18 janvier 1973
(Vingt heures trente-trois minutes)
M. GIASSON (président de la commission permanente du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
Tel qu'accepté par la commission parlementaire hier soir, nous
nous réunissons afin que la commission soit informée du
résultat du travail qui a été fait aujourd'hui au niveau
des deux parties en cause. Je crois que le ministre du Travail pourrait nous
faire part de la situation telle qu'elle se présente ce soir à 8
h 30.
Règlement des clauses normatives
M. COURNOYER: M. le Président, les négociations qui
devaient avoir lieu ont effectivement eu lieu pendant cette journée et
le directeur des relations de travail du ministère du Travail, M.
Laporte, m'a informé, vers 6 heures, que les clauses normatives dont il
avait été question hier ont été
réglées entre les parties, et il m'a aussi fait part du
désir des parties d'aborder la question salariale avant de se
représenter devant la commission parlementaire. J'ai convenu avec lui de
vous faire part de cela et, comme vous le voyez, les représentants des
deux parties ne sont pas ici; ce n'est pas leur faute, c'est parce qu'elles
sont au motel Aristocrate, si j'ai bien compris, et elles sont en très
grande négociation.
J'ai convenu cependant avec M. Laporte qu'avec l'assentiment de la
commission parlementaire nous n'ajournerions pas nos travaux à demain;
mais nous allons les suspendre jusqu'à 9 heures, parce que nous voulons
être informés, comme il se doit, du résultat de ces
négociations; même si c'est pour nous aviser qu'il y a eu
règlement entre les parties, nous serons là pour les
entendre.
Je demanderais la remise à 9 heures, dans une demi-heure en fait,
pour éviter d'être tous ici à attendre tout simplement,
mais j'espérerais qu'à 9 heures les parties puissent nous faire
rapport elles-mêmes. Dans l'intervalle, si mon conciliateur me rappelait,
je préférerais vous informer comme membres de la commission
parlementaire de la poursuite des négociations; je
préférerais donc vous rencontrer de nouveau à 9 heures
pour vous dire: Voici où les parties en sont rendues, selon le coup de
téléphone que j'ai.
M. LAURIN: Les dix points qu'on mentionnait, qui restaient non
réglés, est-ce qu'ils seraient tous réglés sauf en
ce qui concerne les échelles?
M. COURNOYER: Les cas du local 2000 et du local 1500 seraient
complètement réglés au point de vue normatif; je parle des
problèmes qui étaient particuliers au local 2000 et au local
1500, indépendamment du salaire, c'est-à-dire
que je parle des problèmes particuliers à ces deux locaux;
qui seraient totalement réglés. Il y aurait eu, vers 5 h 30,
quelques petits problèmes encore à résoudre pour le local
957 qui ne l'étaient pas à ce moment précis.
Alors, sauf la question des salaires, les autres points en litige
seraient réglés avec cette réserve que je porte sur le
local 957. Mais à 9 heures, je pourrais vous dire davantage où on
en est rendu.
LE PRESIDENT (M. Giasson): D'accord. D'autres questions? La commission
suspend ses travaux jusqu'à neuf heures, ce soir.
(Suspension à 20 h 37)
Reprise à 21 h 24
LE PRESIDENT (M. Giasson): Les changements, pour les membres de la
commission, sont les suivants: M. Jean-Marie Pelletier remplace M. Bienvenue;
M. Lamontagne remplace M. Blank; M. Veilleux remplace M. Bossé; M. Burns
est remplacé par M. Laurin; M. Croise-tière est remplacé
par M. Boivin; M. Demers, par M. Vincent; M. Marchand, par M. Faucher, et le
rapporteur de la commission est le même qu'hier soir, M. Ostiguy.
Est-ce que le ministre peut nous donner les informations qu'il a eues
depuis la suspension?
Autres points réglés
M. COURNOYER: Oui, j'ai des informations, presque comme les rapporteurs
de parties de hockey. Je pense que, pour le bénéfice de la
commission parlementaire, je vais aller un peu plus dans le détail sur
les choses qui ont été réglées depuis le matin et
conclure qu'il va falloir suspendre encore la séance jusqu'à dix
heures et demie.
Les exigences normales dont il a été question hier, c'est
une des clauses qui ont été réglées aujourd'hui.
Pour le surtemps, je ne sais pas quelle était la difficulté. Il y
a deux choses dans le surtemps...
M. LAURIN: Pour les heures supplémentaires, d'une part, et,
deuxièmement, c'était pour les employés qui ont
été ou qui sont à l'emploi. Ce sont les deux
différences.
M. COURNOYER: Non, ce n'est pas la même chose. C'est un autre
point. Vous parlez de la rétroactivité.
M. LAURIN : Oui, la rétroactivité.
M. COURNOYER : Pour le surtemps, il y avait un problème.
J'imagine qu'il n'a peut-être pas été...
M. LAURIN: On ne l'avait pas mentionné hier.
M. COURNOYER: ... dans la liste; mais dans les mots de concordance, il
faut toujours trouver un certain nombre de choses. Le surtemps, c'est un
article, le numéro 23 dans l'une des conventions. Ceci serait
réglé.
Il y a un certain nombre de lettres d'entente qui sont toujours
ajoutées aux conventions collectives, pour régler des
problèmes particuliers à certaines régions. On me dit que
la lettre d'entente concernant Gentilly est réglée, que la
rétroactivité est réglée, celle dont on a
parlé hier est réglée. Le travail à forfait serait
réglé. La lettre d'entente concernant les postes vacants en
Mauricie est réglée. La lettre d'entente concernant
Arnault-Montagnais est réglée. Le CPPC est finalement totalement
réglé. Si vous vous souvenez des postes centraux... Les
appendices A et B je ne le sais pas ce que c'est mais ces
appendices, qui étaient dans la liste des concordances, seraient
également réglés, de même que, pour les
employés de métiers permanents, la lettre d'entente serait
également réglée. Le plan de carrière des
techniciens est réglé à dix ans. Mais je ne sais pas. Il y
avait deux points, dans le cas des techniciens, qui opposaient encore les
parties hier. Il y avait d'abord la durée de dix ans. Après cela,
je pense que c'était le jeu dans les échelons.
M. LAURIN: Le montant.
M. COURNOYER: II y avait deux choses, plus, bien sûr, la partie
salariale, qui n'est pas réglée dans le contexte dans lequel je
vous parle à ce moment-ci. On me parle de l'article 2109, il faudrait le
mettre dans la bonne convention. Pour le moment, cet article 2109 concerne les
échelons dans le plan de carrière. Cela serait
réglé également.
Il y a la lettre 22 qui concerne les faux chefs. Je ne sais pas ce que
c'est, des faux chefs; quand j'ai posé la question, on m'a dit: Ce sont
des étoiles. Je suis mêlé, je me suis dit : Je vais le dire
comme ça, les faux chefs étoiles. Cela, c'est une lettre
d'entente no 22, qui serait réglée.
Quant au protocole de retour au travail, et ça, c'est, bien
sûr, le cas de notre ami Dufour qui n'est pas réglé,
j'imagine que les parties attendent pour régler ce protocole que les
autres clauses soient réglées.
Lorsque j'ai parlé avec M. Laporte il y a quelques minutes,
l'Hydro-Québec était en train de faire aux conciliateurs
parce qu'ils ne se rencontrent pas directement l'offre ou la nouvelle
approchée s'il y en a une sur la confection des salaires.
On m'a dit que ça prendrait à peu près vingt minutes pour
faire le tour de cette question. Vous savez qu'il y a trois conventions
collectives et qu'il y a différentes choses là-dedans.
Cela prendrait encore vingt minutes à l'Hydro-Québec pour
finir cette question. Mes conciliateurs analyseraient cette chose et iraient en
faire part au syndicat. On m'a donc demandé, si c'était possible,
de suspendre nos travaux jusqu'à dix heures et demie.
Je veux noter pour ceux qui ne le savent pas que c'est
à dix heures ce matin que nous avons commencé les
négociations et que nous n'avons pas arrêté de la
journée, même pas pour dfner ou souper.
M. LAURIN: D'accord pour la suspension des travaux de la commission.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission suspend ses travaux
jusqu'à dix heures trente.
(Suspension à 21 h 30)
Reprise de la séance à 22 h 53
LE PRESIDENT (M. Giasson): A l'ordre! Est-ce que vous avez des nouvelles
toutes fraîches à nous transmettre, M. le ministre?
Salaires et protocole d'entente
M. COURNOYER: Les nouvelles toutes fraîches, M. le
Président, sont les suivantes. Il y a quelques minutes, l'Hydro-
Québec et mes conciliateurs se sont séparés et mes
conciliateurs étaient à examiner la procédure sur la
façon de présenter les offres au syndicat. Mes conciliateurs me
suggèrent et j'en ai convenu avec eux qu'il est
préférable, pour le moment, que les parties se rencontrent face
à face, qu'elles se fassent directement les offres qu'elles ont à
se faire et que les discussions se fassent entre elles, en présence,
bien sûr, de mon conciliateur.
Toute la journée, des discussions se sont faites de la même
manière qu'auparavant. Il reste maintenant deux points, comme je vous
l'ai dit auparavant. Ce sont les augmentations des échelles de salaires
et le protocole d'entente. Mes conciliateurs m'avisent qu'il y a lieu que les
parties se voient directement, qu'elles épousent quelque
stratégie que ce soit, mais qu'elles se fassent elles-mêmes les
messages qu'elles ont à se faire.
En conséquence, mon conciliateur m'indique qu'il est peu
probable, vu les attitudes des parties, que la chose se règle d'ici 11 h
30 ou minuit et demi. Il serait préférable d'ajourner les travaux
de la commission à 10 heures demain matin.
UNE VOIX: C'est ridicule, c'est rire de nous autres.
M. LAURIN: M. le Président, j'avais fait une suggestion hier
à l'effet que les deux parties siègent face à face, ou
avec un arbitre entre les deux, pour qu'elles ne se tapochent pas trop. Je vois
qu'on n'a pas adopté cette ligne de conduite, ce qui n'a pas
empêché de faire certains progrès quant aux clauses
normatives, mais ce qui n'a pas permis de faire le progrès que nous
souhaitions, pour ne pas dire que nous exigions tous à cette commission
parlementaire. On peut le regretter. J'espère que cette procédure
qui permet un contact plus direct et plus rapide entre les deux parties sera
maintenant adoptée et je l'espère pourra mener
à un résultat rapide, cette nuit même, parce
qu'après un échange qui a duré quatorze mois, après
une opinion publique qui commence à être de plus en plus
sensibilisée à la menace que la perpétuation de ce conflit
pose pour le maintien du bien commun, j'imagine qu'autant les membres de la
commission parlementaire qui représente le public que le gouvernement
lui-même ne pourront pas tolérer que ce conflit ne soit pas
réglé dans les quelques heures qui viennent.
Je pense aussi que chacune des parties doit prendre conscience des
responsabilités très lourdes qu'elle assume, non pas seulement
pour les intérêts qu'elle représente mais également
pour le bien commun. J'ai l'impression qu'il était très clair que
chacune des parties en cause devait prendre ses responsabilités. Pour le
syndicat, cela ne semble pas faire de difficulté, étant
donné qu'il a des comptes à rendre à ses commettants et
qu'il a été très clair, très direct dans ses
énoncés, dans ses prises de position.
En ce qui concerne l'Hydro-Québec, on nous a dit hier qu'elle
était dans une situation particulière, que c'était une
entreprise privée sans en être une, que c'était une
entreprise gouvernementale sans en être une. Il y a là un champ
ouvert à l'ambiguïté. On peut, selon les circonstances,
vouloir faire état de ses liens avec le gouvernement, de la
nécessité d'une cohésion, d'une cohérence avec les
autres politiques gouvernementales, lorsque cela peut être utile pour les
fins de la négociation. Par ailleurs, à d'autres moments, on peut
faire valoir l'importance de son autonomie administrative, de l'autonomie de sa
gestion administrative, on peut faire valoir l'importance des liens qu'elle
peut avoir avec l'entreprise privée du fait qu'elle agit quand
même d'une certaine façon avec l'entreprise privée, d'une
façon plus fréquente que ne le fait le gouvernement. H ne
faudrait quand même pas que l'on joue sur les deux tableaux, tantôt
invoquer le fait qu'on est indépendant du gouvernement, tantôt
invoquer le fait qu'on dépend du gouvernement. Je pense qu'il faudrait
que l'Hydro-Québec également prenne ses responsabilités,
la responsabilité de ses décisions, quelque difficiles qu'elles
soient à faire accepter par quelque partie intéressée en
l'occu-rence. Il me paraîtrait inconvenant qu'on veuille se
décharger d'une responsabilité qui est la sienne, si on
prétend qu'on est une entreprise autonome,
Ceci étant dit, j'espère encore une fois que, dans ce
climat de responsabilisation et ce climat de discussion franche qui se
déroule sous le signe de l'urgence, on pourra en arriver à une
décision rapide, quitte encore une fois à ce que nous imposions
aux deux parties en cause le
sacrifice de rester à cette même table tout le temps qu'il
faudra.
UNE VOIX: On est écoeuré!
M. COURNOYER: Ne soyez pas trop écoeu-rés, les gars, c'est
pas mal mieux que vous pensez; je ne veux pas trop trop m'adresser à
vous mais, entre hier matin et aujourd'hui, énormément de
progrès a été réalisé. Je pense que le
député de Bourget vient de le signaler.
UNE VOIX: Quel progrès?
M. COURNOYER: C'est une question d'opinion. C'est votre
privilège, monsieur, d'avoir une opinion sur quel progrès. Quand
nous avons commencé l'assemblée ce soir, vous n'y étiez
pas quand j'ai énoncé les choses qui ont été
réglées dans la journée. Ce n'est pas moi qui ai
manqué à mon devoir de vous informer sur les progrès de la
journée. J'ai informé la commission parlementaire sur les
progrès de la journée, mais il reste les salaires et le protocole
d'entente à régler. C'est un peu mieux que ce qu'il restait hier
quand a commencé la commission parlementaire, c'est pas mal mieux. Cela
peut être considéré.
Actuellement, nous savons quelle est la proposition de
l'Hydro-Québec. Nous croyons opportun que l'Hydro-Québec
négocie elle-même avec le syndicat, suite à la suggestion
du député de Bourget hier, que nous n'avons pas suivie, j'en
conviens, parce que peut-être que mes conciliateurs jugeaient opportun de
ne pas le faire quand il y avait trop de problèmes en suspens entre les
parties.
J'ai donné la liste. C'était un peu plus
considérable que ce que l'on croyait hier. Il y avait des termes qui
comportaient plusieurs choses; ainsi par exemple, la concordance com- portait
un certain nombre de choses qui méritent d'être signalées.
Cela a été fait dans la journée d'aujourd'hui. S'il ne
reste que les salaires et le protocole d'entente à régler,
admettons tous qu'il y a eu progrès dans la journée et
espérons que, demain matin, à dix heures et là je n'ai pas
été très tendre avec mon conciliateur, les parties devront
être ici pour nous dire qu'elles ont réglé ou qu'elles
n'ont pas réglé et pourquoi. Le conciliateur sera ici pour
remplir le voeu de l'assemblée d'hier, pour nous dire pourquoi les
parties ne s'entendent pas.
Admettons qu'il ne reste quand même que les salaires et le
protocole d'entente de retour au travail à régler, et si vous
croyez que ce n'est pas du progrès, c'est votre privilège. Quant
à moi, je dois apprécier ce progrès comme il est, par
rapport à ce que nous avions comme situation hier et nous sommes quand
même à une nuit.
Si la commission parlementaire décidait d'ajourner ses travaux
à quatre heures du matin, je suis convaincu que les
députés diraient: D'accord, nous serons ici à quatre
heures. Mais si on empêche les parties de s'entendre parce qu'on leur met
des limites comme celle-là, on va peut-être faire patate et
demain, à dix heures, ce ne sera peut-être pas encore
réglé, il n'y aura pas de progrès.
On ajourne les travaux à dix heures demain matin et, si les
parties se sont entendues, elles viendront dire ici qu'elles se sont entendues;
si elles ne se sont pas entendues, elles viendront dire ici pourquoi elles ne
s'entendent pas. Mon conciliateur fera le rapport. C'est tout.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, tel que convenu, la commission
ajourne ses travaux à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 23 h 3 )
Séance du vendredi 19 janvier 1973
(Dix heures vingt-cinq minutes)
M. GIASSON (président de la commission permanente du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs! Tel que convenu au
moment d'ajourner, hier soir, nous espérions avoir devant nous, ce
matin, les deux parties. Il semble bien que ces gens soient encore au travail,
puisqu'ils ne sont pas avec nous. Tout de même, je pense qu'il faudrait
savoir, sans doute par l'intermédiaire du ministre ou de son
médiateur, quelle est la situation présente.
M. COURNOYER: Rien qu'un mot. C'est ce matin qu'on ma informé que
la négociation se poursuivait encore à dix heures. On m'a
pratiquement supplié de ne pas permettre aux parties de quitter le motel
L'Aristocrate à cette heure. C'est peut-être une question de
psychologie, mais si les gens partent du motel L'Aristocrate, ils perdront
encore deux heures. Il n'est pas sûr qu'on n'ait pas le règlement
dans les mains. Il n'est pas sûr que nous ne l'ayons pas.
Il est clair, cependant, que les négociations se sont poursuivies
toute la nuit. Mais les négociations, cela ne veut pas dire que les gens
sont l'un en face de l'autre. Remarquez que, du côté syndical
comme du côté patronal, les mandats se donnent et s'acceptent par
des comités de négociation qui auront bientôt la
responsabilité, devant leurs commettants, d'aller dire: Voici ce que
nous avons convenu avec les représentants de la partie adverse. Ce n'est
pas aussi facile que cela peut le sembler pour des gens qui n'ont jamais
assisté à une négociation de cet ordre. Parce que ce n'est
pas aussi facile que cela, les choses qui peuvent nous paraître longues,
à nous, sont courtes pour les individus qui sont impliqués.
A la demande de mon conciliateur et pour vous satisfaire, pour ne pas
trop vous insulter, j'ai demandé au conciliateur de laisser les parties
et de venir vous dire, lui-même, au moins, ce qui se passe là-bas.
Je ne voudrais pas, effectivement, qu'on dise: Demain matin, les parties et le
conciliateur seront ici et que, le lendemain, elles ne soient pas là et
le conciliateur non plus. Je veux au moins donner au conciliateur la chance de
vous dire ce qui s'est passé cette nuit.
Rapport du conciliateur
M. DANSEREAU (Yvon): En fait, tout simplement, nous avons
étudié le parapécuniaire toute la nuit. A toutes fins
pratiques, c'est réglé. Le point crucial des salaires a
été abordé vers cinq heures, ce matin. Nous sommes en
train de terminer, en fait, le règlement sur les salaires. Il y a
peut-être quelques petits points très minimes qui peuvent
accrocher, comme, par exemple, les opérateurs de tableaux versus les
opérateurs de centrales, à Beauharnois et aux Cèdres, mais
ce sont des points très minimes. Ils sont quand même importants
pour l'entreprise et aussi pour la partie syndicale.
Nous autres, quand même, sur le plan de la prudence, nous voulons
que tout soit bien orchestré et que, lorsque le règlement, sur le
plan pécuniaire, sur le plan salarial, pourra se faire, tout soit
réglé à peu près en même temps, de
façon que nous n'ayons pas à recommencer la négociation
sur des points mineurs.
Je pense que, dans les heures qui viennent ou d'ici une heure, nous
aurons probablement terminé cette phase cruciale.
M. COURNOYER: Est-ce que vous pourriez expliquer ce qu'est le
parapécuniaire, parce que, hier soir, j'ai expliqué qu'il y avait
un grand nombre de choses qui avaient été réglées
dans la journée et j'avais l'impression je crois que
c'était au téléphone qu'on m'informait que le
parapécuniaire se trouvait réglé à toutes fins
utiles? Qu'est-ce que le parapécuniaire?
M. DANSEREAU: Vous avez, par exemple, le système
d'évaluation des emplois d'opérateurs de postes et de centrales.
C'est un nouveau plan. Il s'agit de prévoir une
rétroactivité sur sa mise en application. C'est quand même
du pécuniaire, mais du parapécuniaire, qui n'est pas directement
relié au salaire. Il s'agissait de le régler et ça ne se
règle pas aussi facilement que cela en a l'air. Il y avait aussi toute
la question des promotions, des mutations qui avaient eu lieu pendant la
durée de la convention et qui, à cause d'un nouveau plan, devait
être prévue sur le plan de la rétroactivité. Il y
avait aussi Gentilly, où on demande $0.10 de plus parce que les gens
sont exposés à la radiation ou à la radioactivité.
En fait, tous ces problèmes ont été réglés
de façon générale et je peux dire que c'est un
progrès considérable. J'ai été mêlé au
dossier depuis à peu près deux mois et demi et c'est la
première fois que je vois de la part des deux parties une volonté
très évidente de régler.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, ces gens siègent maintenant
depuis plus de 24 heures. On se rend compte que c'est un travail presque
inhumain de faire travailler des gens de cette façon. D'un autre
côté, si cette convention collective est en litige depuis aussi
longtemps, il serait dommage d'essayer de précipiter les choses. De
toute façon, nous n'avons pas les deux parties devant nous ce matin.
C'est quand même le signe qu'elles sont encore à l'ouvrage. Je
suis bien prêt, M. le Président, à attendre encore un bout
de temps, comme vous le proposez, jusqu'à une heure, mais qu'on revienne
à une heure. Cependant, au cas où, après ce temps, il n'y
aurait pas d'entente finale
conclue, je pense qu'à une heure j'aurai des propositions
à faire devant cette commission. Peut-être que ces propositions
pourront aider à conclure une entente négociée. De toute
façon, je réserve ma ou mes propositions pour le moment où
nous nous réunirons à une heure, à moins que les parties
nous disent que la convention a été signée, tel que le
désirent les parties.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Saint-Maurice.
M. LAURIN: Est-ce que vous me permettez une question, M. Dansereau?
M. DEMERS: Allez!
M. LAURIN: Est-ce que le plan de carrière a été
réglé? Est-ce que les discussions sur le plan de carrière
ont abouti à un règlement définitif?
M. DANSEREAU: Le plan de carrière a été
réaménagé de façon à avoir dix ans du
minimum au maximum mais il y a apparemment une erreur de calcul à la
toute fin; pour la quatrième année, c'est 10.4, sur les autres
années, c'est 10 ans. Il s'agit tout simplement de réviser cela
et on est en train de le faire, de façon à satisfaire la partie
syndicale là-dessus.
M. LAURIN: Tout à l'heure, vous avez dit dans votre
déclaration qu'on se dirigeait vers une mise au point finale du
règlement total de salaires. Qu'est-ce que cela veut dire en pratique?
Est-ce que les écarts entre les positions initiales des deux parties se
sont rapprochés et dans quelle direction? Pourriez-vous être un
peu plus précis?
M. DANSEREAU: La proposition qui est sur la table et qui est
étudiée par la partie syndicale, c'est quatre fois 6 p.c. Il y a
encore un écart mais un très léger écart. C'est ce
à quoi nous sommes en train de travailler.
M. LAURIN: Donc, l'Hydro-Québec c'était 5 p.c, 5 p.c.
M. DANSEREAU: C'était 5 p.c. 6 p.c, 6p.c. 6 p.c.
M. LAURIN: C'était 5 p.c, 6 p.c, 6 p.c, 6 p.c
M. DANSEREAU: Elle est maintenant rendue à 6 p.c, 6 p.c, 6 p.c, 6
p.c.
M. LAURIN: Quand vous dites que c'est à la veille d'être
réglé sur quelle année porte la discussion?
M. DANSEREAU: Les deux dernières années.
M. LAURIN: Les deux dernières années. Selon vous, on se
dirige vers un accord.
M. DANSEREAU: J'en ai l'impression très nette.
M. LAURIN: C'est votre impression très nette.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. Dansereau, vous avez dit que le parapécuniaire
semblait réglé. Il resterait d'après vous... Quel est le
point exact qui accroche, sans accrocher, quelle est la pierre d'achoppement?
Est-ce qu'il en reste une?
M. DANSEREAU: La pierre d'achoppement. La plus importante?
M. DEMERS: Oui.
M. DANSEREAU: C'est la question salariale.
M. DEMERS: C'est la question salariale.
M. DANSEREAU: L'écart est très minime.
M. DEMERS: Vous êtes donc d'avis que, dans le courant de la
journée, d'après l'expérience que vous en avez et
d'après les progrès qui se font, on pourrait, en fin
d'après-midi peut-être, déboucher en un
règlement?
M. DANSEREAU: Depuis que je suis au dossier, c'est la première
fois que je suis optimiste.
M. DEMERS: Vous n'étiez pas habitué à cela. La
rétroactivité est acceptée?
M. DANSEREAU: Oui, au complet.
M. DEMERS: Alors, nous sommes prêts à jouer notre
rôle de catalyseur et à attendre...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: En m'en venant ce matin, j'ai vu le soleil paraître.
J'espère qu'il va arriver aussi pour la commission parlementaire
à 1 heure.
M. COURNOYER: Est-ce que nous ne pourrions pas faire cela à deux
heures, les gars?
M. VEILLEUX: Le soleil?
M. COURNOYER: C'est parce qu'il s'en vient avec une proposition. Je
serai poigné avec cette histoire. On ne pourrait pas arriver à
deux heures?
M. GUAY: J'en ai deux.
M. COURNOYER: Deux propositions à part cela.
M. GUAY: Si c'est réglé, il n'y a pas de
problème.
M. COURNOYER: Si cela n'était pas réglé et que vous
arriviez avec une proposition, je serais "poigné" avec cela.
M. GUAY: Ce sont deux propositions qui sont connexes. Le ministre a dit
hier que, cette nuit, les deux parties devaient se rencontrer face à
face. Est-ce que cela fut le cas? Cela m'intéresse quand même
parce que...
M. COURNOYER: Ce fut le cas. M. GUAY: Les deux parties...
M. DANSEREAU: Pour toute la question salariale, les deux parties ont
été face à face.
M. GUAY: Dans les deux points qui restaient hier soir, il y avait les
salaires et le protocole d'entente. Quant au protocole d'entente, est-ce que
cela est terminé?
M. DANSEREAU: Ce n'est pas encore terminé, c'est la toute
fin.
M. GUAY: II y a du travail de fait sur ces deux points.
M. DANSEREAU: Je ne prévois aucune difficulté sur le
protocole d'entente, le retour au travail.
M. LAURIN : Pour notre part, nous sommes...
M. DEMERS: Est-ce que nous pourrions poser une autre question à
M. Dansereau? D'après vous, quel est le facteur qui a fait
déclencher un progrès dans cette négociation? Je voudrais
que nous sachions...
UNE VOIX: Le temps.
M. DEMERS: Non. A part le temps. Est-ce que vous prétendez que le
rôle de la commission parlementaire y a été pour quelque
chose? Nous ne voudrions pas tenir de commission parlementaire si cela est
inefficace. Si nous nous faisions dire par vous, qui êtes un conciliateur
compétent, que cela vaut la peine, dorénavant, on pourrait
peut-être se servir de cet outil qui est vraisemblablement valable.
M. DANSEREAU: De façon très réaliste, on peut dire
que la commission parlementaire est un instrument de pression assez
extraordinaire.
M. DEMERS: Cela vaut le temps.
M. GUAY: Cela vaut quand même la peine de convoquer une commission
si cela aide, comme je l'ai dit l'autre jour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Avant d'annoncer la suspension des
travaux...
M. LAURIN: Dans ces conditions, nous tenons nous aussi à
souligner notre accord tout en mentionnant quand même que nous gardons
notre poudre sèche.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Nous n'en doutons pas.
Avant d'annoncer la suspension des travaux, je voudrais signaler des
remplacements à la commission. M. Veilleux remplace M. Bienvenue. M.
Ostiguy remplace M. Blank. M. Lamontagne remplace M. Bossé. M. Burns est
remplacé par M. Laurin. M. Croisetière est remplacé par M.
Boivin. M. Harvey (Chauveau) est remplacé par M. Faucher. M. Marchand
est remplacé par M. Carpentier. Il s'agissait des remplacements à
notre commission ce matin.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 2 heures cet
après-midi.
M. LAURIN: Un dernière question, M. le Président. Si, par
inadvertance ou un heureux hasard, l'entente était conclue beaucoup plus
tôt, est-ce que...
UNE VOIX: A 11 heures 30, par exemple!
M. DEMERS: II ne serait peut-être pas nécessaire de nous
réunir pour nous le dire.
M. LAURIN: H ne serait même pas nécessaire de nous
réunir, à ce moment-là. Pourrions-nous demander au
président de la commission d'en informer, par téléphone,
les membres de la commission et les journalistes, évidemment?
M. DEMERS: Un accident peut arriver.
M. COURNOYER: Si un accident comme cela arrivait, messieurs, je serais
heureux de faire du temps supplémentaire.
M. DEMERS: O felix culpa!
LE PRESIDENT (M. Giasson): Disons que la commission suspend ses travaux
à loisir. Nous donnerons suite aux demandes formulées par le
député de Bourget.
(Suspension de la séance à 10 h 35 )
Reprise de la séance à 14 h 17
M. CARPENTIER (président de la commission permanente du travail,
de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre, messieurs!
L'honorable ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Nouvelle suspension de la séance
M. COURNOYER: C'est une routine qui commence à être un peu
fatigante pour le système nerveux du ministre, mais les rapports que
j'ai maintenant sont plus qu'encourageants. A la demande de la partie
syndicale, je suggérerais à la commission de suspendre ses
travaux jusqu'à 3 heures.
M.VINCENT: C'est un très bon jogging, parce que l'ascenseur ne
fonctionne pas, on monte, on descend. M. le ministre, vous allez être
certainement agréable au ministre de la santé.
M. VEILLEUX: Si je comprends bien, le soleil commence à
briller.
M. COURNOYER: Le soleil est réellement sans nuage, mais il y a
des grenailles qui se promènent dans les airs. Pour éviter qu'une
entente réalisable à ce moment-ci soit ennuagée de
grenailles, il semble qu'il serait préférable de reprendre nos
travaux à 3 heures. Je vous suggère de descendre avec votre
paletot. Vous n'aurez pas besoin de remonter.
M. VINCENT: Je pense que sans plus de discussion, M. le
Président, il s'agit simplement de remettre nos travaux à trois
heures.
M. COURNOYER: Le député de Taillon veut poser une
question.
M. LEDUC: C'est simplement une question de procédure, ce serait
mieux de suspendre. C'est une petite modalité peut-être
insignifiante mais plus valable. Je pense que tout le monde est d'accord, nous
suspendons nos travaux jusqu'à 3 heures. Merci, M. le
Président.
M. GUAY: Si j'ai bien compris le ministre, c'est à la demande de
la partie syndicale?
M. COURNOYER: Je n'ai parlé qu'à M. Brûlé et
à mon conciliateur. M. Brûlé m'a demandé de
suspendre la séance jusqu'à 3 heures.
M. GUAY: D'accord.
M. COURNOYER: Je n'ai pas parlé à la partie patronale.
C'est M. Brûlé qui dit qu'il reste encore des grenailles, mais de
grosses grenailles. On va laisser le temps faire évoluer l'affaire
encore.
M. CARPENTIER: La commission suspend ses travaux jusqu'à cet
après-midi, 3 heures.
(Suspension de la séance à 14 h 20)
Reprise de la séance à 15 h 54
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. le ministre, vos commentaires.
Règlement de la question salariale
M. COURNOYER: Cela a pris un peu de temps, je m'excuse, mais il y avait
encore une chose qui tramait, semble-t-il, dans le cas des techniciens, sur le
plan de carrière des techniciens, que je vous avais annoncé comme
réglée ce matin. Je pense que M. Dansereau vous avait
expliqué qu'il y avait peut-être encore une difficulté sur
la quatrième année, la quatrième période. On
m'avise que, du côté syndical je ne sais pas si la partie
patronale a été avisée les dernières
propositions, celles qui ont été communiquées au syndicat
du moins, sont jugées recommandables aux membres, parce qu'il ne faut
pas présumer de ce que décideront les membres de ces syndicats.
Nous verrons ce qu'ils feront. Mais les représentants syndicaux ont
accepté et la question des salaires serait définitivement
réglée.
Il reste encore le protocole d'entente sur lequel il ne semble pas y
avoir de problème majeur et peut-être encore d'autres
"grenaillet-tes" dont je ne connais pas la nature et dont je ne me suis pas
enquis.
Compte tenu de cela, je suggérerais que la commission ajourne ses
travaux sine die, et si les parties ont encore besoin de la commission qui a du
moins servi comme catalyseur, elles feront comme la dernière fois
lorsque nous avons dit: On ajourne la séance sine die; à la
demande de l'une ou de l'autre des deux parties ou à la demande du
ministre, la commission parlementaire peut toujours se repencher sur le
problème si jamais les choses allaient mal.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Bourget.
M. LAURIN: Je serais porté à accéder à la
demande du ministre, mais avec un amendement. Je serais plutôt enclin
à ajourner les travaux de la commission à mardi sans savoir
d'avance, de toute façon, si l'une ou l'autre des parties est d'accord.
Je pense qu'il y a un processus qui a été commencé dans la
journée de mercredi, un processus qui a montré son
utilité. La commission parlementaire n'a pas fait abus de son pouvoir en
ce sens qu'elle n'est pas intervenue en tant que telle dans les
négociations. Elle s'est simplement comportée comme un bon voisin
ou un agent de bons offices, utilisant la pression qu'elle pouvait utiliser
pour accélérer les négociations, pour catalyser aussi les
échanges. Je pense que c'est un rôle qui s'est avéré
utile, et je ne vois pas pourquoi on changerait de rôle au dernier
moment, jusqu'à la conclusion du processus que nous avons voulu voir se
terminer le plus tôt possible.
C'est la raison pour laquelle, tout en me reliant à une partie de
la suggestion du ministre, je préférerais, pour ma part, que, de
toute façon, on ajourne les travaux à mardi.
M. VINCENT: Est-ce que le ministre voit des objections à ce que
l'ajournement se fasse à mardi au lieu de dire sine die?
M. COURNOYER: Non, non, cela aurait pu être lundi ou mardi.
M. VINCENT: Cela pourrait permettre aux...
M. COURNOYER: Cela ne me fait rien. Quand on dit à mardi, cela
veut dire que si jamais il y a un règlement, je vous fais appeler pour
vous informer qu'on ne siégera pas. Je ne veux pas siéger pour le
plaisir de siéger mardi.
M. VINCENT: D'accord!
M. LAURIN: C'est simplement pour dire que la commission est encore
présente à l'extérieur...
M. COURNOYER: D'accord!
M. LAURIN: ... mais très présente.
M. COURNOYER: Mais je croyais qu'elle était plus présente
en l'ajournant sine die. C'est juste pour ça.
M. LEDUC: II n'y a rien qui empêche le président de
convoquer la commission si on ajourne sine die et qu'à la demande d'une
des deux parties on puisse siéger lundi. Tandis que si on ajourne la
séance à mardi on est limité à mardi.
M. COURNOYER: C'est juste pour assurer cette disponibilité...
M. LEDUC: On ne suspend pas la séance à ce moment-ci, on
l'ajourne et il y a une différence. S'il arrive des
développements, demain ou dimanche, on ne peut pas siéger lundi,
on est obligé d'attendre à mardi.
M. LAURIN: A ce moment-là, on pourrait ajourner la séance
sine die simplement.
M. COURNOYER: C'est pour cela que je suggérais sine die.
M. LEDUC: La suggestion du ministre était, je pense, très
sage.
M. COURNOYER: C'est à cause de ça.
M. LAURIN: Mais non pas à la demande de l'une ou l'autre des deux
parties.
M. COURNOYER: Remarquez que cela ne prend pas de temps à
téléphoner pour demander que la commission soit convoquée,
mais le sine die, c'était juste pour nous permettre d'être plus
présents, je vous assure. Cela pourrait être demain, quoique nous
ne siégerons pas le samedi mais lundi ou mardi. C'était pour
ça. Si vous aviez préféré lundi ou mardi...
M. LEDUC: Je m'excuse, M. le Président, je ne veux pas contredire
mon ministre, mais il n'y a rien qui nous empêche de siéger
demain. En ajournant la séance sine die, on pourrait toujours
siéger demain après-midi. On pourrait aussi bien siéger
lundi, tandis qu'en ajournant à mardi, on est bloqué
jusqu'à mardi.
M. LAURIN: Je favorise la procédure qui maintient la
présence morale de la commission parlementaire pour
délibération.
M. COURNOYER: Alors, c'est dine die.
M. GUAY: M. le Président...
M. COURNOYER: J'avais compris qu'on...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Sine die, c'est-à-dire sans jour
défini.
M. VINCENT: Sans jour défini, c'est ça.
M. COURNOYER: C'est sans jour défini. Toute la matière est
encore présente. C'est à cette condition que je dis sine die.
Elle est présente tant qu'on n'a pas fini.
M. GUAY: Des derniers propos du ministre sur l'état des
négociations, à toutes fins pratiques, cela veut dire que c'est
réglé sauf qu'il reste encore les petits points que le ministre
souligne.
M. VINCENT: Ce matin, il y avait des grenailles et là il reste
des "grenaillettes".
M. GUAY: Justement. On rapetisse, en fait, constamment ce qui reste. Ce
matin, j'avais annoncé que j'avais une ou même deux propositions
à faire.
Que le député de Nicolet garde le calme. C'était au
cas où on nous annonçait que cela n'avançait plus. Il faut
quand même se comprendre là-dessus, sauf que les propositions que
je ne ferai pas à cette commission cet après-midi, je les
retiens, parce que j'ai quand même l'intention, même si le conflit
se réglait d'ici ce temps, d'avoir d'autres éclaircissements sur
d'autres points plus tard.
Je ne voudrais pas aborder ici des points disons sur lesquels on n'est
pas allé en profondeur, ce n'est pas le moment. Les deux parties ne sont
quand même pas ici à cette table.
M. COURNOYER: On comprend.
M. GUAY: Si on nous apprend, lundi ou mardi, qu'il n'y a pas eu de
règlement et qu'on n'entrevoit pas dans quelques heures toutes proches
un règlement définitif pour cette convention collecitve, il est
sûr que mes propositions vont se faire et rapidement.
J'aime mieux qu'on conserve l'esprit de la commission constamment ouvert
même le samedi, et j'ajoute dimanche, lundi, au cas où cela irait
jusque là, mais que la commission soit prête à intervenir
et qu'on ne la soumette pas à siéger avant mardi. Cela veut dire
que je suis prêt à venir demain et, si vous nous dites de venir
dimanche, je suis prêt à venir dimanche aussi.
M. LEDUC: C'est impossible. Il faudrait que le député de
Dorchester connaisse un peu ses règlements.
M. GUAY: Je voulais vous le faire préciser.
M. LEDUC: C'est possible demain et lundi. Alors sine die, c'est à
la discrétion du ministre. C'est excellent.
M. GUAY: Je le savais aussi. Si c'est possible samedi, c'est possible
lundi.
M. LEDUC: La proposition est positive.
M. GUAY: Je savais aussi que c'était impossible dimanche.
M. LEDUC: Cela ne paraît pas dans ce que vous venez de nous dire
il y a quelques minutes.
M. GUAY: Je suis content que vous l'ajoutiez, M. le
député.
M. LEDUC: Je suis heureux de vous rendre content.
M. GUAY: La commission peut donc intervenir n'importe quand.
M. COURNOYER: Ne vous chicanez pas, les "boys".
M. GUAY: Cela veut dire qu'on fait patienter encore quelques heures
à toutes fins pratiques et on espère apprendre, peu importe le
moyen, que le conflit est réglé, c'est ce qu'on souhaite.
M. COURNOYER: Le conflit sera définitivement réglé
dans mes livres lorsque les employés auront accepté, parce qu'il
s'agit de comité de négociation. Alors, quand les employés
auront accepté, le conflit sera réglé. Il n'est pas
réglé tant et aussi longtemps que les négociateurs
syndicaux et les représentants de l'Hydro-Québec, aussi, mais les
négociateurs syndicaux, ne se sont pas présentés devant
leurs membres pour leur dire: Voici ce qu'on a convenu à votre place.
Etes-vous d'accord avec nous? Parce qu'il y a la procédure syndicale qui
est extrêmement imposante. Messieurs, je pense qu'il n'y a pas lieu de
s'éterniser. En ajournant la séance sine die, nous serons heureux
de siéger à nouveau, ou plutôt, on ne serait pas heureux,
car on n'aimerait pas cela, mais, admettons qu'on est encore là.
M. GUAY: On est prêt à être là n'importe
quand.
M. COURNOYER: On est prêt. UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, j'inviterais au moins les
députés qui siègent à la commission à se
garder en disponibilité au cas où lundi...
M. LEDUC: Nous le sommes.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 16 h 3)