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Commission permanente du travail,
de la main-d'oeuvre et
de l'immigration
Etude du projet de loi no 29
Loi sur la mise en tutelle de certains syndicats
ouvriers
Séance du jeudi 15 mai 1975
(Dix heures dix minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
Pour la séance de ce matin, laquelle suspendrait ses travaux
à midi moins cinq, les membres de la commission sont: MM. Bellemare
(Johnson), Bérard (Saint-Maurice), Boudreault (Bourget), Burns
(Maisonneuve), Charron (Saint-Jacques), Bédard (Montmorency), Cournoyer
(Robert-Baldwin), Déziel (Saint-François), Harvey (Charlesbourg),
Lachance (Mille-Iles), Lecours (Frontenac), Brown (Brome-Missisquoi), Roy
(Beauce-Sud), Verreault (Shefford). Je suggérerais, comme, rapporteur,
M. Déziel (Saint-François). Est-ce qu'il y a consentement?
M. Burns: Consenti, M. le Président.
M. Roy: Oui.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, sans plus de
préambule, le député de Maisonneuve.
Discussion préliminaire
M. Burns: M. le Président, nous abordons l'étude,
article par article, du projet de loi no 29, Loi sur la mise en tutelle de
certains syndicats ouvriers, plus particulièrement le local 144 de la
FTQ, qui concerne, comme tout le monde le sait, les plombiers; le local 791 de
la FTQ, qui concerne les opérateurs de machinerie lourde; le local 1677
de la FTQ, qui concerne les électriciens et, par voie de remise en
vigueur d'une certaine tutelle qui existait déjà, les locaux 101
et 89 de l'Union internationale des constructeurs
d'élévateurs.
Ces quatre syndicats, à toutes fins pratiques, sont, par ce
projet de loi no 29, mis en tutelle.
Il y a actuellement, comme tout le monde le sait, également, un
certain nombre de débrayages au Québec qui affectent les
travailleurs visés par ces différents locaux.
Parallèlement à tout cela, la semaine dernière, je
demandais au premier ministre si, sur l'ensemble du rapport Cliche, il y aurait
des auditions publiques où les parties intéressées
pourraient venir faire valoir leur point de vue eu égard aux diverses
recommandations que le rapport Cliche soumet.
La réponse du premier ministre a été que oui,
effectivement, il y aurait une commission parlementaire qui siégerait
pour entendre les parties relativement à la commission Cliche.
J'ai été porté à croire que l'intelligence,
au sens large du mot, du gouvernement devait s'exprimer de façon
à ce que, dans le cours de nos travaux relativement aux projets de loi
nos 29 et 30, on trouve moyen d'insérer des séances de la
commission parlementaire. Ainsi, même si les parties
intéressées n'avaient pas la chance de venir devant nous en
commission parlementaire à l'occasion de l'adoption de ces projets de
loi, elles pourraient quand même, via leur réaction à
l'endroit du rapport Cliche en général, venir nous dire à
toutes fins pratiques, au moins sur deux des points principaux sortis de leur
contexte par les deux projets de loi, leur point de vue.
Or, M. le Président, il arrive que nous en sommes rendus au jeudi
15 mai, que la commission parlementaire n'a pas siégé, qu'il n'y
a pas à l'horizon de signe que cette commission va siéger avant
que les projets de loi ne soient adoptés. De la sorte, je me demande
très sérieusement si nous n'aurions pas intérêt
à inviter les parties intéressées à venir nous
rencontrer, nous, à cette commission-ci, la commission du travail et de
la main-d'oeuvre, qui examine les projets de loi 29 et 30. C'est dans ce sens
que je fais une motion. J'ai l'intention de demander à la commission de
se pencher sur ce problème. Je n'ai pas à élaborer sur le
fait qu'on change la vie syndicale par ces deux projets de loi. En tous cas,
surtout par le projet de loi no 29, on décide qu'il n'y a plus
d'exécutif dans les divers locaux qui sont mentionnés dans la
loi, dans les diverses unions mentionnées dans la loi.
Alors, il me semble que, décemment, nous devrions, avant
d'adopter le projet de loi de façon définitive, au moins inviter
les personnes qui peuvent être visées par cela ou qui se sentent
visées par cela à venir nous donner leur point de vue. Il me
semble qu'on pourrait les entendre, si c'est leur désirje
l'ignore. Les représentants des plombiers et des électriciens,
des travailleurs de la machinerie lourde, des ascenseurs, si on leur offre la
possibilité de venir se faire entendre au cours de nos travaux, il me
semble qu'à ce moment-là on sera peut-être à
même de prendre des décisions plus sages et peut-être
même d'éviter de poser des questions qui peuvent s'avérer
inutiles.
Alors, pour ces raisons, M. le Président, je propose qu'avant
d'entreprendre l'étude du projet de loi no 29, article par article, la
commission entende en auditions publiques les parties au décret de la
construction qui voudront se faire entendre au sujet de ce projet de loi.
Quand je dis dans ma motion que je limite ma demande, je la limite aux
parties au décret. Je n'ai pas du tout l'intention de faire perdre le
temps de la commission, puis d'entendre, par exemple, je ne sais pas, la
Chambre de commerce ou qui que ce soit; pas parce que la Chambre de commerce
n'aurait pas des réactions qui pourraient nous servir, mais je veux
délibérément limiter les auditions que nous pourrions
faire.
Je n'ai pas l'intention, non plus, que le Conseil du patronat, que tel
ou tel autre organisme, qui n'est pas une partie directement affectée au
dé-
cret, viennent nous parler. Dans ce sens-là, M. le
Président, c'est de moi-même que je limite l'ampleur d'une telle
motion. Je ne demande pas que toute partie ou tout groupement
intéressé à venir nous parler viennent nous parler. Je
demande simplement que les parties au décret de la construction puissent
venir, si elles sont intéressées. Si elles ne le sont pas, le
problème va être réglé rapidement,
c'est-à-dire qu'on passera directement à l'étude du projet
de loi, article par article, mais qu'au moins on leur offre la
possibilité de se faire entendre avant qu'on examine le projet de loi no
29. Alors, j'en fais motion, M. le Président.
Motion pour faire entendre les parties
Le Président (M. Séguin): Merci. La motion se lit
comme suit: Qu'avant d'entreprendre l'étude du projet de loi no 29,
article par article, la commission entende en auditions publiques les parties
au décret de la construction, qui voudront se faire entendre au sujet de
ce projet de loi.
M. Roy: Est-ce que la motion est reçue, M. le
Président, ou si nous pouvons parler sur la recevabilité?
Le Président (M. Séguin): Encore ici, je ne
voudrais pas tomber dans un débat de procédure, certainement pas
à l'ouverture de la séance. Je me posais la question sur la
recevabilité, étant donné que le mandat de la commission
est d'étudier le projet de loi article par article. Si je m'en tiens
strictement au mandat, je me pose une question: A ce moment-ci, peut-on
présenter une motion du genre?
M. Cournoyer: On va aller en chercher un autre que moi. Les gars,
discutez de cela; moi, je ne peux pas vous dire si elle est recevable.
Le Président (M. Séguin): De toute façon, je
suis prêt, pour le moment, à entendre les discussions sur la
recevabilité de la motion à ce moment-ci.
M. Roy: M. le Président, sur la recevabilité de la
motion, je vais faire abstraction de la procédure et du légalisme
qui peuvent entourer la procédure parlementaire pour me
référer tout simplement au gros bon sens.
Nous avons devant nous un projet de loi sur lequel nous devons faire un
examen article par article; nous devons adopter, modifier ou rejeter chacun de
ses articles. Avant de nous engager de façon sérieuse et de
façon positive pour faire un travail vraiment efficace, compte tenu du
mandat que la commission a reçu de l'Assemblée nationale, en ce
qui me concerne, je tiendrais énormément à ce que les
parties impliquées par le projet de loi no 29...
Le Président (M. Séguin): Vous pouvez
continuer...
M. Roy: C'est parce que je veux vous convaincre, M. le
Président...
Le Président (M. Séguin): Ah, oui!
M. Roy: ... et si vous faites autre chose, je ne pourrai pas vous
convaincre.
Le Président (M. Séguin): Ma déformation
professionnelle me permet d'entendre d'un côté et de l'autre sans
confondre les deux commentaires.
M. Roy: Je ne ferai pas tout haut le commentaire que j'aurais
à vous faire. Je disais donc qu'il serait de la plus haute importance,
pour éclairer les membres de la commission, y compris nos amis d'en
face, de mesurer la portée réelle du projet de loi actuellement
à l'étude. Je ne veux pas toucher le fond du projet de loi, mais
je veux bien vous dire pour quelles raisons j'appuie la motion du
député de Maisonneuve et pourquoi j'insiste sur le fait qu'il y
aurait lieu, en nous basant uniquement sur la grosse logique, le gros bon sens,
de demander aux parties impliquées de comparaître devant la
commission parlementaire.
Je me permettrai de citer un exemple. Il y a un article, dans le projet
de loi, qui veut mettre en tutelle le local 1677 de la FTQ-Construction, la
Fraternité internationale des ouvriers en électricité.
J'ai fait des recherches pour découvrir que la Fraternité
internationale des ouvriers en électricité vous me direz
peut-être que ce n'est pas tellement légal, mais c'est quand
même un indice assez sérieux a le numéro de local
568, dans le bot-tin téléphonique, au 3637
Métropolitain-Est, Saint-Michel, Montréal. Après avoir
vérifié les feuillets de membres de la fraternité du local
1677, il ne s'agit pas de la Fraternité internationale mais plutôt
de la Fraternité interprovinciale des ouvriers en
électricité.
Nous constatons de plus que le local 1676, qui est situé à
3333, boulevard Métropolitain-Est, il s'agit de la Fraternité
provinciale des ouvriers en électricité.
M. le Président, je me demande réellement ce que peut
être la portée réelle de l'article no 3. Combien y a-t-il
de membres dans chacune de ces fraternités? Quels sont les dirigeants de
chacune de ces fraternités? Quels sont les possibilités de
transférer les membres d'une fraternité à l'autre, de
façon à rendre nulles et sans effet complet les dispositions de
l'article 3 du projet de loi? Qui pourrait nous donner les renseignements dont
nous avons besoin, sinon les dirigeants de ce local et les dirigeants de la
FTQ-Construction? Est-ce qu'on veut tout simplement nous amuser en nous
présentant ce projet de loi? Le ministre dit qu'ils veulent nous amuser.
Je suis en train de me demander s'ils n'ont pas voulu se payer sa
tête.
M. Cournoyer: M. le Président, ce que je viens de vous
dire, c'est qu'ils vont vous le dire en courant à quelle place ils sont.
Vous allez demander aux gens s'ils sont de la FIOE, ils vont vous dire: On est
dans la FIOE. La FIOE, cela veut dire la Fraternité internationale des
ouvriers en électricité et
cela veut dire la fraternité interprovinciale. Puis, comme le
député de Maisonneuve me le montre, on peut changer le P pour
faire un I, puis le I pour faire un P.
M. Roy: Alors cela veut dire quoi tout ça? Vers quoi
est-ce que nous nous dirigeons? Est-ce que cela veut dire que le local 1677 de
la FTQ, une fois qu'il sera en tutelle, il en restera cinq membres et que tous
les membres seront dans la fraternité interprovinciale et dans la
fraternité provinciale? M. le Président, ce sont des questions
que nous avons le droit de nous poser, à ce moment-ci.
Qui est en mesure de nous éclairer là-dessus?
M. Harvey (Charlesbourg): Le rapport Cliche. Il en est question
dans le rapport Cliche.
M. Roy: Le rapport Cliche ne nous éclaire pas
là-dessus.
M. Harvey (Charlesbourg): Absolument.
M. Cournoyer: M. le Président sur cette question en
particulier, je pense bien que c'est pour l'éclairage, vous ne
demanderez pas aux parties contractantes, surtout à la FTQ, de vous
éclairer sur qui devrait être mis en tutelle à ce
moment-ci.
M. Roy: Non, non. M. le Président, je m'excuse, le
ministre...
M. Cournoyer: II s'agirait seulement de leur demander,
écoutez une minute, je ne suis pas un enfant d'école, moi non
plus.
M. Roy: Je ne demande pas, et je n'ai pas l'intention de demander
aux dirigeants de la FTQ qui devrait être mis en tutelle, mais je veux
savoir s'il y a réellement quelqu'un qui doit être mis en tutelle.
C'est cela que je veux savoir. Je pense que le ministre est au courant du
problème.
M. Cournoyer: Je suis au courant du problème, mais en
particulier à la FIOE...
M. Roy: Je pense que le ministre, actuellement, est en train de
se payer notre tête.
M. Cournoyer: M. le Président, je n'aime pas qu'on me
prête des intentions comme cela.
M. Roy: Un instant, je n'ai pas terminé, M. le
Président...
M. Cournoyer: Ne me prêtez pas d'intentions, M. Roy...
M. Roy: Je n'ai pas donné l'autorisation au ministre de me
poser des questions à ce moment-ci. Je suis en train de parler de la
recevabilité de la motion...
M. Cournoyer: ... parlez-en.
M. Roy: ... pour vous dire qu'il serait impor- tant,
actuellement, que nous puissions confronter les parties en cause de
façon que nous sachions si, réellement, ce projet de loi veut
dire quelque chose ou si ce projet de loi ne veut rien dire.
En ce qui me concerne, j'ai la nette impression que ce projet de loi ne
veut absolument rien dire, qu'il s'agit d'un gros "frame-up" organisé
pour tâcher de faire énormément de fumée dans le
Québec. En prenant comme prétexe la mise en tutelle des
syndicats, qui me semble avoir beaucoup plus de fiction que de réalisme,
ils sont en train, actuellement, d'essayer de faire croire au Québec et
aux Québécois que justement nous allons retrouver la paix
publique en procédant de cette façon.
Si le ministre est en mesure de nous donner tous les détails ce
matin, je serais heureux de l'entendre, tout à l'heure, sur les
questions que j'ai posées. Le ministère du Travail devrait, quand
même, être au courant des effectifs qu'il peut y avoir dans telle
fraternité ou dans telle autre fraternité. Le ministère du
Travail devrait, quand même, connaître quelles sont les
possibilités de transférer un membre d'un local à un autre
local, puisqu'ils sont tous les deux situés à un coin de rue
près.
Le ministre du Travail devrait être, quand, même en mesure
de nous dire combien d'autres que ceux que nous avons découverts
existent dans ce domaine. Là, je parle des locaux de la
Fraternité des ouvriers en électricité; je ne dis pas
internationale, parce qu'il y a internationale, interprovinciale et
provinciale. Il y a peut-être régionale aussi, je ne le sais pas.
Mais je sais qu'il y a d'autres locaux à Québec.
On se rappelllera que, lorsqu'il s'est agi de la mise en tutelle des
locaux concernant les élévateurs, nous avons eu des informations
à l'effet qu'il y avait eu justement des transferts de membres dans un
autre et qu'il y en avait qui n'avaient pas été concernés.
Ce sont des choses qui ont été dites. Je ne suis pas en mesure de
prouver toutes ces choses.
Des Voix: Ah!
M. Roy: Mais il y a une chose, quand même, que je suis en
mesure de prouver, ce matin, parce que j'ai fait les recherches
nécessaires: c'est qu'il y a trois fraternités qui sont connues.
Actuellement, on dit: Le local I677 de la FTQ-Construction, Fraternité
internationale des ouvriers en électricité, et la
fraternité internationale, c'est le local 568. Le local I677, ce n'est
pas la fraternité internationale; c'est la fraternité
interprovinciale.
Alors, est-ce qu'il y a une erreur dans la rédaction du projet de
loi? C'est une question que nous pouvons nous poser. Mais, avant de nous
engager à étudier un projet de loi, je pense qu'il est quand
même important que nous prenions tous les moyens pour avoir toutes les
informations requises pour être en mesure d'adopter une
législation qui est conforme à l'esprit de la loi et qui aura les
portées que le législateur voudra bien lui donner.
C'est la raison pour laquelle j'estime que la motion du
député de Maisonneuve devrait être re-
çue. On devrait permettre à ces gens de venir devant la
commission parlementaire.
On devrait permettre aux membres de la commission de les interroger, et
le ministre pourrait, lui aussi, nous donner les informations dont nous avons
besoin, les informations dont on ne dispose pas ce matin, au moment même
où on entreprend l'étude d'une loi exceptionnelle.
M. Burns: Si je comprends bien, M. le Président, la
recevabilité est acquise.
Le Président (M. Séguin): J'écoute encore
les discussions là-dessus. De toute façon, je voudrais dire au
député de Beauce-Sud qu'il a bien fait de dire sa dernière
phrase, parce que c'était la première fois, en
réalité, qu'il touchait, de fait, à la motion.
Le député de Johnson.
M. Roy: Je n'étais pas pour répéter la
même phrase pendant tout le temps de mon intervention.
Le Président (M. Séguin): Cela veut dire un peu
cela quand on discute une motion...
Une Voix: C'est très brillant.
M. Bellemare (Johnson): Je serais favorable...
Le Président (M. Séguin): Non, c'est... A
l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): ... à la motion de l'honorable
député de Maisonneuve, pourvu que l'on puisse ajouter, à
la fin de cet amendement, avec la permission du député de
Maisonneuve, une limitation dans le temps...
M. Burns: Je suis entièrement d'accord.
M. Bellemare (Johnson): ... avec un temps limite de deux
séances publiques. Je vais dire maintenant pourquoi je serais favorable.
Je serais heureux d'entendre les gens qui vont être mis sous tutelle et
qui vont perdre des droits acquis. C'est, je pense, un privilège et un
droit que de reconnaître ceux qui ont des droits acquis,
particulièrement pour le gouvernement. On va les mettre sous tutelle,
c'est-à-dire, les empêcher d'agir pendant une période de
trois ans. Il y a peut-être des raisons qui pourraient nous être
données, que la commission Cliche n'a pas reçues. A la commission
Cliche, il n'est pas question, lors de la comparution des témoins, qu'il
y aurait une tutelle. Il y a peut-être des points de vue qui n'ont pas
été, à ce moment, soulignés d'une manière
particulière quant aux droits acquis, et qui lèsent, dans
l'application de cette tutelle, certains droits prioritaires de certaines
personnes en place. Ce serait peut-être bon qu'on les entende.
Mon deuxième point, M. le Président, il y a à peu
près un an cela fera un an seulement le 17 juillet 1975
que le gouvernement a mis en tutelle la International Union of Elevator
Constructors, local 89 et puis 101 et ce local, M. le Président, qui a
subi la tutelle, a eu comme président de cette tutelle, M. Yves
Dubé...
Une Voix: Le beau lapsus, quel lapsus! M. Bellemare (Johnson):
M. le Président...
M. Cournoyer: II est resté là jusqu'au 4
décembre. Le 4 décembre, il a été foutu dehors.
Après cela, il a formé sa petite patente à
côté, dans une cave. Mais le local que le gouvernement met en
tutelle, c'est le local 89 et puis 101. Les associations de bienfaisance
peuvent toujours exister dans la province de Québec, que je sache, en
s'incorporant. Il y a une association de bienfaisance à
côté, pour la bienfaisance des opérateurs...
M. Bellemare (Johnson): Mais, M. le Président, est-ce que
le tuteur a été M. Yves Dubé?
M. Cournoyer: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que M. Dubé s'est dit
satisfait de la tutelle après l'avoir exercée? Il y a ici un
article où il dénonce la tutelle, et je suis très surpris.
Dans le Soleil du vendredi 9 mai, il est dit: "Après avoir
eux-mêmes constaté la faillite monumentale de la tutelle
gouvernementale sur le syndicat des mécaniciens d'ascenseurs, cette
faillite a été reconnue par le tuteur lui-même, Yves
Dubé."
Je n'ai pas inventé cela.
M. Cournoyer: C'est aussi écrit dans le rapport
Cliche.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, que le ministre
ne s'impatiente pas ce matin.
M. Harvey (Charlesbourg): ... éclairer.
M. Bellemare (Johnson): Laissez faire pour l'éclairage. Le
Saint-Esprit n'est pas dans la tête de tout le monde, excepté
peut-être chez vous. Moi, je l'implore, chaque matin, de me donner tout
l'esprit nécessaire pour tâcher de ne pas me tromper plus souvent
qu'à mon tour. Alors, je pense...
M. Burns: D'ailleurs cela fait partie de la prière, au
début de nos travaux, tous les jours; on lui demande de nous
éclairer.
M. Bellemare (Johnson): Eclairez-nous.
M. le Président, j'aimerais entendre justement ces gens qui ont
été mis en tutelle depuis un an pour connaître les effets
bénéfiques que recherche le gouvernement. Ces gens-là
viendraient nous dire si c'est bon une tutelle, nous en avons
déjà une. C'est un fait extraordinaire que nous puissions, ce
matin, dire au ministre: Vous en avez mis un en tutelle le 17 juillet 1974, eux
vont nous dire à nous s'ils sont contents de la tutelle et comment
ça fonctionne. Nous allons leur poser certaines questions et nous allons
savoir si la tutelle est bonne et si ça a donné des
résultats tan-
gibles. Avant d'en embarquer trois autres, pourquoi ne ferions-nous pas
cette expérience-là qui me semble bien logique et raisonnable?
Vous avez imposé une tutelle le 17 juillet, la faillite de cette tutelle
a été reconnue par le tuteur lui-même, Yves
Dubé.
Nous sommes en présence d'un bill très contentieux qui va
en ajouter trois autres. Nous devrions entendre les déclarations que
vont probablement nous faire ces gens qui sont en tutelle depuis un an. Si
c'est bon, comme dit le gouvernement, et qu'il faut absolument en faire une,
pourquoi ne pas prendre l'expérience de ceux qui sont déjà
en tutelle? Je pense que c'est logique. On ne demande pas d'entendre tous les
corps patronaux, syndicaux, tous ceux qui s'occupent de relations de travail.
Ce n'est pas ça. Nous avons des gens qui seront directement
impliqués par une loi qui va leur imposer une tutelle. Nous en avons
déjà une qui a été imposée, elle ne semble
pas avoir bien fonctionné, alors pourquoi ne nous
référons-nous pas à cette expérience-là pour
prévenir d'autres abus ou d'autres malentendus qui pourraient
résulter de l'application de cette nouvelle tutelle dans trois autres
syndicats?
Je pense qu'en limitant le nombre des séances publiques à
deux, on sera:t raisonnablement informés et là le
gouvernement n'agirait pas en faisant le sourd et ne dirait pas: Ecoutez, je ne
veux rien savoir, le rapport Cliche me dit de mettre en tutelle les quatre
syndicats, je marche. Le rapport Cliche dit aussi d'avoir soin des
entrepreneurs. Aux articles que je citerai cet après-midi, en
troisième lecture, si c'est terminé ou quand j'aurai à
reparler, je dirai pourquoi on a fait des indiscrétions. Il y a eu du
coulage, pourquoi? Pour créer une atmosphère de haine contre les
syndicalistes. Je ne prête pas d'intentions, j'affirme. Et pour
détourner ça on a laissé aller certains renseignements
dans le peuple et tout le monde a dit: C'est encore les maudits
syndicalistes.
Pourquoi n'a-t-on pas laissé partir dans le peuple que ce sont
les entrepreneurs qui, dans bien des circonstances, ont manipulé tout ce
désordre qui arrive? Et cela, c'est condamné par le rapport
Cliche; cela, on n'y a pas touché encore, on n'en a pas parlé. On
devrait en parler, M. le Président, parce qu'on est en train de
créer une psychose mentale chez les gens en disant que ce sont les
syndicats qui sont dans le trouble, que ce sont eux qui ont été
les fauteurs de trouble et c'est mauvais pour le syndicalisme, le vrai
syndicalisme, celui qui doit exister. Là, on a laissé faire des
fuites et ces fuites étaient surtout pour attirer l'attention du
côté des syndicalistes.
M. le Président, j'en suis un syndicaliste et je suis fier de
l'être. Je vais les défendre, moi, c'est sûr. Mais je vais
les défendre dans l'ordre et dans le respect des lois. Quand ils vont
être là-dedans, M. le Président, ils vont m'avoir. Quand
ils iront à côté, quand ils feront de la violence et des
retards illégaux sur les travaux et qu'ils se serviront de la force pour
imposer leur loi, là ils ne m'auront pas.
Par exemple, à côté de cela, il y a les
entrepreneurs qui devraient être aujourd'hui sur la place publique aussi,
cités comme le sont les syndicalistes. Cela me ramème à la
motion, M. le Président, c'est sûr que cela me ramène
à la motion.
Le Président (M. Saindon): C'est cela.
M. Bellemare (Johnson): C'est sûr, M. le Président.
Je pense que si j'ai fait une démonstration des fuites qui ont
été occasionnées pour avilir les syndicats, les
considérer plutôt comme des boucs émissaires pour ramasser
tous les péchés d'Israël derrière, les gros, eux
autres, les propriétaires, les entrepreneurs qui ont participé
illégalement à des ententes inégales, avec la sainte
bénédiction du ministre et du gouvernement, il serait temps de
les entendre. Ce serait le temps de les entendre ici pour leur poser certaines
questions.
M. Cournoyer: Les entrepreneurs, vous voulez dire?
M. Bellemare (Johnson): Les entrepreneurs en temps et lieu.
M. Cournoyer: Les associations ou les entrepreneurs?
M. Bellemare (Johnson): Non.
M. Cournoyer: Les entrepreneurs ne sont pas partis, cela n'ira
pas avant.
M. Burns: Pas les entrepreneurs individuellement mais ils ont
quelqu'un qui parle en leur nom au décret.
Le Président (M. Saindon): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, ici, vous avez
une loi qui a été adoptée le 17 juillet et qui a
amené une tutelle. Si on lit au complet cette loi, on va s'apercevoir
qu'elle n'a pas rendu justice et qu'elle n'a pas rempli la mission pour
laquelle elle avait été faite. Je peux vous dire cela. Je l'ai I
ue, moi, et je pense que ce n'est pas la sorte de loi qui va ramener la paix
sociale parmi les travailleurs dans le domaine de la construction.
Je voudrais plus que jamais que la vérité sorte. Je serais
heureux de les entendre et de les questionner à la barre, leur dire:
Vous avez une loi de tutelle depuis un an, est-ce que cela a rapporté?
Eh! bien, M. le Président, cela a coûté $45,000 à la
province un jour pour faire respecter cette loi, et vous savez de qui je parle.
Cela, M. le Président, c'est en pleine tutelle. Si on les avait devant
nous, on leur ferait dire cela; on leur dirait que la tutelle n'a servi
à personne, sauf à certains individus pour s'en faire un capital.
Il serait peut-être temps, M. le Président, que les visages de
ceux qu'on ne voit pas sortent. Il y a parmi eux des gens qui sont plutôt
des "front" et je pense que le gouvernement, s'il veut bien agir, devrait
permettre ce matin qu'on les entende devant une commission parlementaire. Nous
qui sommes appelés à faire la loi, on ne cherche pas gribouille
au
gouvernement ni au ministre, on veut savoir si véritablement une
tutelle, c'est bon.
Vous en avez imposé une il y a un an, cela n'a rien donné.
Même M. Yves Dubé dit que cela a été une faillite
monumentale. Et là, on s'apprête, parce que le rapport Cliche dit:
II faut en mettre trois autres en tutelle, à légiférer
dans ce domaine sans entendre ceux qui le sont déjà. Pourquoi ne
prendrions-nous pas un après-midi, si vous voulez, ou même une
séance particulière pour les entendre? Je serais prêt
à une seule et unique séance. Vous savez les questions qu'on va
poser, ce sont des questions d'intérêt public. On ne cherchera pas
la bibite noire, on l'a trouvée, la bibite noire, on sait qui est
responsable. Celle-là, par exemple, a été faite le 17
juillet 1974, il n'y a pas un an et elle n'a rien donné. Là, vous
allez en mettre trois autres sans faire l'éclairage nécessaire?
Je dis, M. le Président, que c'est extrêmement malheureux de
légiférer dans ce sens.
Je suis en faveur de la motion si on peut ajouter, à la fin de la
motion du député de Maisonneuve, "avec un temps limité
à deux séances publiques."
M. Burns: Je suis d'accord, M. le Président, pour modifier
ma motion là-dessus.
Le Président (M. Saindon): la motion sera modifiée
dans le sens précisé par le député de Johnson et
reconnu par celui qui a présenté la motion, le
député de Maisonneuve.
Me basant sur l'article 154 du règlement qui se lit comme suit:
En commission plénière ou élue nous sommes une
commission élue et nous siégeons en commission
plénière pour étudier une loi article par article.
On ne peut discuter que les détails d'un projet de loi. Il ne
peut y avoir audition publique que devant une commission élue, pourvu
que celle-ci y consente, soit la commission. Alors la seule façon,
à mon point de vue, d'apporter une demande semblable ou de faire
accepter ou de rejeter le consentement unanime, ce serait de procéder
tel que nous avons fait par voie de motion.
Alors je continue: "La commission peut amender un projet de loi, pourvu
que l'amendement ne soit pas étranger à l'objet du projet
tel n'est pas le cas dans le moment et qu'il ne s'oppose pas au principe
affirmé en deuxième lecture et encore là tel n'est
pas le cas." Aussi il n'est pas nécessaire qu'une motion du genre en
commission soit annoncée puisque selon 155, en commission, aucune motion
n'est annoncée. Alors, me basant là-dessus et sans plus de
préambule ni commentaires, la motion est recevable. Après avoir
reçu les commentaires sur la recevabilité qui se rapportent de
fait à la raison de la motion, je me demande si nous ne serions pas
prêts, à ce moment-ci, à la mettre aux voix.
A moins que le ministre ait ses commentaires, oui.
M. Cournoyer: Avant de la mettre aux voix, je peux quand
même faire...
Le Président (M. Séguin): Ah oui, oui, vous avez
demandé, alors c'est très bien. Maintenant, c'est sur la
motion.
M. Cournoyer: Du côté du leader parlementaire de
l'Opposition, l'intention recherchée est de faire entendre les gens qui
seraient susceptibles d'avoir des objections, non pas au texte...
M. Burns: Pas nécessairement des objections; je m'excuse,
M. le ministre, je ne veux pas vous interrompre, ce n'est pas du tout dans ce
sens. Je vous arrête tout de suite, parce que je ne veux pas que vous
partiez sur une mauvaise "track". C'est dans le but de recevoir les
commentaires des gens qui sont immédiatement concernés, qui sont
les parties au décret. C'est uniquement cela. Possiblement, du
côté patronal, ils vont nous dire: Vous faites bien, passez-la,
votre loi, puis mettez-les en tutelle. Comme c'est possible que, du
côté syndical, on vienne nous dire le contraire, du moins si je
comprends les interventions qui ont été rendues publiques depuis
quelque temps. Mais ce que je veux c'est qu'on aille plus loin que de nous
dire: Je suis pour ou je suis contre la tutelle. Qu'on vienne nous dire
pourquoi on pense que cela ne devrait pas se faire ou pourquoi cela devrait se
faire.
M. Cournoyer: Justement, l'article que vient de citer le
président...
M. Burns: Article 154.
M. Cournoyer: ... dit qu'on ne peut...
M. Burns: II n'y a pas d'audition, à moins qu'on y
consente.
M. Cournoyer: ... discuter que les détails d'un projet de
loi. Il ne peut y avoir d'audition publique que devant une commission
élue, pourvu que celle-ci y consente.
M. Burns: C'est cela.
M. Cournoyer: ... la recevabilité de la motion est
là. La commission peut amender, qu'est-ce que vous lisiez tantôt,
qu'effectivement on ne pouvait pas aller au-delà?
M. Burns: C'est le deuxième paragraphe de 154.
M. Cournoyer: La commission peut amender un projet de loi, pourvu
que l'amendement ne soit pas étranger à l'objet du projet et
qu'il ne s'oppose pas au principe affirmé en deuxième lecture.
Alors si toutes les parties sont invitées ici, il est bien clair
qu'elles vont parler d'abord du principe de la loi et ce que vous recherchez
c'est qu'elles discutent du principe de la loi.
M. Burns: J'ai bien dit, M. le Président, je m'excuse
encore, j'ai bien dit que j'étais sûr qu'il y
en a qui nous diraient qu'ils étaient pour, puis il y en a qui
nous diraient peut-être qu'ils étaient contre. Mais ce n'est pas
cela qui est mon but, M. le Président, de les faire entendre. Mon but,
c'est qu'ils nous disent pourquoi ils pensent qu'elle est faisable, pourquoi
ils pensent qu'elle n'est pas faisable. Cela va nous guider dans l'examen
article par article, maintenant que le principe de la loi est
adoptée.
Si j'arrive avec une proposition, dès l'article 1 ou probablement
à l'article 2, qui dit qu'on met de côté la tutelle, je
suis convaincu que le député de Pointe-Claire va juger, comme il
le fait si bien habituellement, que cette motion est irrecevable. Je serais le
premier à admettre qu'il a raison en jugeant une telle motion
irrecevable.
Ce n'est pas cela notre but. Le principe de la loi est adopté
maintenant. Mais si on doit s'attaquer au projet de loi, article par article,
il me semble qu'on devrait au moins prendre la peine de voir les gens
concernés dans le milieu, de les voir eu égard à
l'application de la loi. C'est cela qui m'inquiète, c'est cela qui me
concerne particulièrement.
M. Coumoyer: Je réfère la commission à la
lecture du rapport Cliche sur ce sujet en particulier, la recommandation de
mettre en tutelle et d'améliorer la tutelle des locaux 89 et 101. La
commission Cliche a constaté que cette tutelle n'avait pas
été efficace, selon les affirmations faites par M. Dubé
lui-même devant la commission et qui ont sans doute été
reproduites par le Soleil aujourd'hui, à la lecture, bien sûr, du
rapport Cliche.
Cela a déjà été examiné par la
commission Cliche. Encore une fois, si on veut savoir pourquoi la tutelle n'a
pas marché, je vous réfère au rapport Cliche proprement
dit. Entendre les parties, à ce moment-ci, sur le pourquoi la tutelle
n'a pas marché, surtout dans le cas des locaux 89 et 101. Je pense qu'il
y a lieu que je vous dise tout de suite que je vais déposer le rapport
annuel, de 1974, de M. Dubé, le président de la tutelle, et vous
verrez pourquoi elle n'a pas marché. Il a demandé des pouvoirs
accrus, M. Dubé, et vous le savez, il l'a déclaré devant
la commission Cliche. Ces pouvoirs accrus ont été jugés,
par les chefs du contentieux du ministère de la Justice et ceux du
ministère du Travail, pas par le ministre, comme étant
déjà inclus dans sa loi, mais pas exercés par lui.
Quand la commission Cliche recommande la mise en tutelle du 89 en
particulier, il est clair qu'ils sont déjà en tutelle. Il
recommande, en même temps, une série de pouvoirs additionnels qui
doivent être inclus dans les nouveaux projets de loi et dans la loi
mettant en tutelle le 89, ce qui est prévu par ce bill-ci pour justement
rendre plus efficace cette tutelle tout en rendant plus efficaces les autres,
compte tenu de l'expérience de la tutelle du 89. L'observation
générale de la commission Cliche c'est que les tutelles,
d'après toutes celles qui sont mentionnées, n'ont pas
fonctionné. Il dit: Voici, je vous suggère une autre forme de
tutelle, à la lumière de ce que moi, comme commission, j'ai
entendu, soit en témoignages publics, soit en témoignages
privés.
Entendre les parties aujourd'hui ou demain ou après-demain ne
ferait que retarder davantage une solution possible au problème de
l'utilisation, par des individus qui n'ont rien à voir avec le
syndicalisme proprement dit, des structures syndicales à leurs fins
personnelles. Je ne pense pas, quand on parle des parties... On
s'éloigne, mais j'imagine qu'à aucun moment les parties en
question ne comportent les trois instances devant être mises en tutelle
par les projets de loi. Les parties c'est, en fait, le Conseil des
métiers de la construction du Québec; il y a ces trois locaux
"devant être mis en tutelle", plus ceux qui sont déjà en
tutelle mais qui ne sont pas affiliés au Conseil des métiers de
la construction de Québec, FTQ. Ils ne sont pas là; ils ont
toujours été un peu à part des autres, ces
gens-là.
A toutes fins utiles, si j'étais pour accepter qu'on entende des
parties au décret, les seules choses qu'on pourrait me dire c'est qu'on
s'oppose à la tutelle ou qu'on est heureux de la tutelle. Quant aux
détails de la loi, il nous appartient à nous de les examiner
à la lumière de ce que la commission Cliche me recommande pour
améliorer la loi de tutelle 89, compte tenu de l'expérience que
M. Dubé a décrite devant la commission Cliche. Si on est pour
recommencer, sur les détails de la loi, une audition pour savoir si tel
article, additionné à la loi 89, va être efficace, je dis
qu'on saura après encore une fois, si cela a été efficace,
on ne le saura pas avant. Il n'y a pas une seule personne, dans cette salle et
même ceux qui viendraient ici, qui pourrait nous dire que telle loi sera
efficace du seul fait qu'elle a été recommandée par la
commission Cliche ou qu'elle était décidée par le
gouvernement. Le point de vue efficacité, on va le connaître
après.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Charlesbourg.
M. Harvey (Charlesbourg): Je me demande si je pourrais
renchérir. Je pense que le rapport Cliche lui-même évoque,
aux pages 149, 150 et 151, le fait que cet organisme constitué, qui
représentait la première tutelle, était voué
à l'échec et je ne pense que c'est un secret de Polichinelle.
C'était donc manifeste que le gouvernement lui-même devait inclure
les deux nouvelles centrales à l'intérieur de cette mise en
tutelle. Nous avons, hier, discuté assez longuement de l'urgence, nous
avons disposé de cette question et avons évoqué le fait
qu'il y avait des mises à pied ainsi que des arrêts de travail
nombreux maintenant, ici, dans la région métropolitaine de
Québec, qui, au fond, sont au détriment des travailleurs.
Ils le sont même du bien du syndicalisme lui-même et de la
collectivité québécoise. Ce sont des raisons
supplémentaires à celles du règlement qui prévaut
à cette commission qui, en fait, a comme mandat d'étudier le
projet de loi, article par article. Alors, je voterai contre cette
proposition.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Montmorency.
M. Bédard: (Montmorency): M. le Président, à
la lumière de l'argumentation qui vient d'être
présentée concernant cette motion, on a parlé de droits
acquis, on a parlé de libertés de la personne, on a fait,
à certains égards, preuve de sentimentalité. Moi, en ce
qui me concerne, M. le Président, j'ai été élu par
une population du comté de Montmorency pour prendre mes
responsabilités. A ce que je sache, à l'heure actuelle, cela va
mal dans l'industrie de la construction, cela va mal dans la province dans ce
secteur et j'ai l'intention de prendre mes responsabilités.
On a eu le dépôt du rapport de la commission Cliche qui a
travaillé au-delà d'un an dans ce dossier, avec une armée
d'hommes et des enquêtes, dont nous n'avons pas tous les
résultats, pour en arriver parce que je juge que ce sont
certainement des hommes responsables qui ont écrit ce rapport
à nous faire une recommandation à l'effet de mettre en tutelle
les trois sections dont on parle.
Quant à l'argumentation présentée pour la tutelle
des locaux 89 et 101, la loi avait besoin de nouvelles dents ou
d'améliorations. M. le député de Johnson, je suis
peut-être d'accord avec vous que la tutelle pour ces deux locaux n'a pas
donné les résultats escomptés. Cependant, on voit à
l'article 16 que nous avons au-delà de six ou sept recommandations pour
donner encore des dents nouvelles à cette loi. Cela nous prouve, encore
une fois, que peut-être les lois ne sont pas assez
sévères.
M. le Président, suivant cette dernière intervention, je
viens d'expliquer que je m'opposerai par mon vote à cette motion
présentée par le leader de l'Opposition officielle.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Johnson.
M. Béllemare (Johnson): M. le Président, c'est
sûr que les erreurs sont humaines chez les individus, mais aussi dans
tous les gouvernements. La preuve en est faite d'une manière bien
concrète dans le projet de loi no 43, quand vous avez fait une tutelle
en 1974, pour les ascenceurs. Quand bien même en ententant dans une seule
séance ces gens, on améliorerait le projet de loi aujourd'hui
d'une seule virgule, cela aurait été énorme encore. Je
suis convaincu, M. le Président, et je le répète, que, si
on ne les entend pas aujourd'hui, on va les entendre autrement et c'est mauvais
que cela se fasse dans la rue. On va les entendre dans la rue et c'est
archimauvais pour un gouvernement.
Pourquoi ne pas agir démocratiquement et leur donner, au moins,
l'avantage de se faire entendre pendant une séance? Là, tout le
monde serait d'accord. En effet si vous ne les entendez pas aujourd'hui, vous
risquez que votre tutelle soit inefficace encore, parce qu'il y a des
légalistes, il y a des gens qui vont l'étudier, cette tutelle, et
je ne dis pas que je le souhaite il va y avoir des instances
devant les tribunaux pour la faire déclarer ultra vires. Cela peut
arriver, M. le Président, et tout le processus sera "jammé",
comme on dit en bon canadien. Si, par la séance que nous tiendrions,
séance publique pour les entendre, on évitait tout cela, je pense
que ce serait peut-être dégonfler, comme le disait hier le
ministre de la Justice, certains esprits et certains individus.
M. Cournoyer: M. le Président, je comprends
l'argumentation du député de Johnson, mais tout ce que je peux
vous dire, c'est que ce n'est pas une séance avec les
intéressés qui va les empêcher de mettre en doute la
constitutionnalité ou la légalité ou le droit du Parlement
de mettre en tutelle. Dans le cas des ascenseurs, c'est une action
déjà. On est poursuivi, on a deux actions. Il y en a une qui est
pour mettre en doute la mise en tutelle, le pouvoir du Parlement de le faire,
puis l'autre, ce sont des individus, M. Baxter, etc., qui auraient subi des
dommages parce qu'on les a mis en tutelle.
M. Bellemare (Johnson): Ce sont deux actions quand même;
elles ne sont pas plaidées.
M. Cournoyer: Elles ne sont pas plaidées, mais cela
n'empêche pas la tutelle d'être là. Elle est là, la
tutelle.
M. Bellemare (Johnson): Mais, M. le Président...
M. Cournoyer: Cela c'est ce que vous pensez. Vous regardez les
choses comme étant inefficaces parce que M. Dubé a dit que la
tutelle était inefficace, au mois de décembre.
M. Charron: Parce que la commission Cliche a dit qu'elle
était inefficace.
M. Cournoyer: Alors, si c'est vrai... Elle a dit, la commission
Cliche, qu'elle était inefficace. En conséquence, elle nous a
suggéré, à nous, comment la rendre plus efficace. Elle n'a
pas mis beaucoup de grosses dents de plus dedans, mais elle a dit: Les pouvoirs
devraient inclure ça, ce qui n'était pas clair peut-être
dans l'autre loi. Mais cela n'a pas empêché la Commission de
tutelle des mécaniciens d'ascenseurs, le 4 décembre, de mettre
dehors tout l'exécutif. Cela a demandé un amendement à la
constitution de l'Union des mécaniciens d'ascenseurs. L'amendement a
été autorisé par le lieutenant-gouverneur en conseil, tel
que prévu dans la loi. Dès que l'amendement a été
fait, les tuteurs ont mis dehors l'exécutif contrôlé par M.
Baxter.
Mais cela n'a pas empêché M. Baxter de continuer de vivre
et d'exister. Il n'y a pas de loi encore, ou qu'on va adopter, que je sache,
à moins que ce soit écrit ici, où on va dire aux gens:
Quand on vous met en tutelle, on vous sacre dehors de la province de
Québec. Vous n'êtes plus là. On vous a occis. Ce n'est pas
ça qui va arriver. Il va y avoir encore des réactions.
Pour ma part, je vous dis: Vous pouvez avoir l'opinion que vous voulez,
surtout l'opinion que la commission Cliche nous suggère d'avoir sur la
tutelle des ascenseurs. Je la prends, cette opinion. Je la prends non pas comme
un blâme au gouvernement, ni comme un blâme au Parlement d'avoir
adopté la loi de tutelle mais à la suite d'une expérience,
par exemple. Il n'y en a pas gros d'expériences de tutelle au
Québec et au Canada. On a eu la chance, avec les Seafarers International
Union, celle dont on se souvient le plus facilement, de voir M. Banks, qui
devait être expulsé, forfaire un cautionnement de $25,000, rester
aux Etats-Unis et ne plus jamais revenir ici.
On a eu la chance aussi je pense bien que c'est d'autre chose qui
va arriver dans la discussion tantôt, sur d'autres parties du projet de
loi qu'un syndicaliste, comme M. McLaughlin, participe effectivement
à la tutelle. Cela a été convenu comme ça, dans le
temps, entre le gouvernement fédéral, qui était à
l'origine de la tutelle. On a choisi M. McLaughlin, avec M. Lippé et
l'autre, je ne me souviens pas du nom, le président, il venait de la
Colombie-Britannique.
Tout ça...
M. Burns: Dawson, je pense.
M. Cournoyer: II me semble que c'est quelque chose comme
ça.
M. Burns: Dawson, Davies, un nom comme ça.
M. Cournoyer: Keith Davies, non pas Keith Davies. Le nom
m'échappe pour le moment. Mais c'est un type qui venait de loin, de
l'autre bord des montagnes.
Tout ça pour vous dire que la loi de tutelle...
M. Burns: II venait du Canada.
M. Cournoyer: ... que nous avons faite, nous, celle des
élévateurs, était une copie adaptée de la loi
mettant en tutelle les marins ou les unions de marins du Canada. C'était
une copie. On l'a traduite en français, par exemple, ici. C'est
peut-être dans la traduction qu'on a oublié des pouvoirs parce
que, le langage n'étant pas le même, les pouvoirs
énumérés, ce n'est habituellement pas notre méthode
de fonctionner.
M. Burns: II est impayable, le ministre. M. Bellemare (Johnson):
M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Johnson, ensuite le député de Montmorency.
M. Bellemare (Johnson): ... ce que je trouve extraordinaire,
c'est que le ministre du Travail soit entouré d'une équipe
d'hommes qui sont les sous-ministres, des hommes extrêmement bien
préparés à jouer le rôle de conseillers
auprès du ministre.
Sur la tutelle, il y a même un de ses sous-ministres, Guy
Lapointe, qui a dit immédiatement, presque, après l'adoption de
la loi: Je n'appliquerai jamais ce décret.
M. Cournoyer: Ce n'est pas vrai.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, c'est textuel, je
lis le...
M. Cournoyer: Lisez-le donc, pour une fois, M. le
Président.
M. Bellemare (Johnson): ... 150, 149... M. Cournoyer: Lisez ce
qui est écrit.
M. Bellemare (Johnson): "L'autre membre de la tutelle
était Guy Lapointe, sous-ministre adjoint au...
M. Cournoyer: Oui.
M. Bellemare (Johnson): ... ministère du Travail."
M. Cournoyer: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Je vire la page.
M. Cournoyer: Oui.
M. Bellemare (Johnson): "II avait ceci de particulier, qu'il
refusait d'appliquer le décret."
M. Cournoyer: Qui a dit ça?
M. Bellemare (Johnson): M. Lapointe.
M. Cournoyer: Non, non!
M. Bellemare (Johnson): "A preuve ce propos...
M. Cournoyer: Qui a dit ça?
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
M. Harvey (Charlesbourg): C'est M. Cliche qui a dit
ça.
M. Cournoyer: "A preuve ce propos...
M. Bellemare (Johnson): "A preuve ce propos, rapporté par
le président, Yves Dubé...
M. Cournoyer: Voilà.
M. Bellemare (Johnson): ... il m'a répondu: "Si on est
pour appliquer le décret, moi, je démissionne."
M. Cournoyer: Quand est-ce que la commission Cliche...
Le Président (M. Séguin): Le ministre du
Travail.
M. Burns: Est-ce que c'est sur les conseils de l'ancien ministre
du Travail que vous avez quitté l'Union Nationale?
M. Bellemare (Johnson): Non, non, non!
M. Cournoyer: Cela, je ne sais pas quelles étaient...
M. Charron: Non, c'est sur mes conseils, à moi.
M. Cournoyer:... à ce moment-là...
M. Charron: C'est sur mes conseils, à moi.
M. Burns: Sur les conseils de la population de Saint-Jacques?
M. Cournoyer: C'est sur les décisions de la population de
Saint-Jacques d'élire ce jeune homme aux cheveux frisés.
Ce que je veux répondre, immédiatement, au
député de Johnson sur ce sujet particulier de l'attitude du
sous-ministre Lapointe, c'est .que cela a été rapporté par
M. Dubé, sans que M. Lapointe ait une seule chance d'expliquer dans quel
milieu il avait donné cette réponse. Quand M. Dubé a
été interrogé, j'ai été abasourdi d'entendre
ou de voir dans les journaux comment il avait traité sa propre tutelle,
et de constater, par exemple, que le tuteur se prenne pour d'autre et dis:
Ecoute, on ne fera pas de médiation, on est le gouvernement. Regardez
comme il faut, et vous allez vous poser la question: Est-ce que effectivement,
les administrateurs ne sont pas le syndicat, et, comme syndicat, n'ont pas
autre chose à faire qu'être une partie représentant les
ouvriers? A ce moment, ils n'ont pas à donner des coups de pied au cul
à leurs membres. Excusez l'expression. Ce n'est pas parlementaire, je
suppose.
M. Harvey (Charlesbourg): C'est clair, par exemple.
Le Président (M. Séguin): II y a déjà
eu un...
M. Cournoyer: II y a la Commission de l'industrie de la
construction qui est censée faire respecter le décret. Il y a les
patrons qui sont organisés dans des associations patronales, et nous,
comme tuteurs, nous sommes une association syndicale. L'intervention
gouvernementale n'a pas pour but d'abolir le syndicat, mais d'aider le syndicat
à mieux remplir ses obligations vis-à-vis de ses membres.
M. Bellemare (Johnson): C'est de le remplacer par un organisme
étatique.
M. Cournoyer: D'assurer... Non...
M. Bellemare (Johnson): Oui, c'est ça.
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez, M. le Président...
M. Cournoyer: Mais quand...
M. Bellemare (Johnson):... ces gens, qui sont dans votre bureau,
sont vos principaux conseillers...
M. Cournoyer: M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): ... ils représentent quelque chose
pour le ministre.
M. Cournoyer: M. le Président, je m'oppose.
M. Bellemare (Johnson): II se fait dire immédiatement
après l'adoption de son décret c'est rapporté
officiellement dans...
M. Cournoyer: Ce n'est pas ça.
M. Bellemare (Johnson): ... le rapport...
M. Cournoyer: Ne mêlez pas les affaires, M. le
Président.
M. Bellemare (Johnson): ... en fait M. Lapointe ne voulait pas
que ses deux collègues et lui agissent comme tuteurs mais bien
plutôt comme médiateurs.
Une Voix: C'est ça.
M. Cournoyer: M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): C'est un éventail de ce avec quoi,
le ministre essaie, ce matin, de nous bourrer le crâne.
M. Cournoyer: II n'y a pas de danger, M. le Président.
M. Bellemare (Johnson): Oui, parce que vous ne nous mettrez pas
dans l'idée...
M. Cournoyer: Le député de Johnson, ne faites pas
exprès.
M. Bellemare (Johnson):... qu'une tutelle, actuellement, sans
entendre les individus, ce n'est pas bon. Je vous le dis comme ancien ministre,
ce n'est pas bon. Vous devriez prendre mon conseil. Vous l'avez pris en
certaines circonstances et cela vous a bien servi.
M. Cournoyer: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Bon! C'est vrai ça.
Le Président (M. Séguin): Le ministre du
Travail.
M. Bellemare (Johnson): J'ai pris le vôtre aussi en
certaines circonstances, mais avant que vous passiez de l'autre bord.
M. Cournoyer: Ah!... Regardez. Si le type dit: Je vais agir comme
médiateur, vous le blâmez d'agir comme médiateur. Je ne
comprends plus rien.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Montmorency.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas moi qui vous dit... C'est
Lapointe qui a dit cela.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Montmorency.
M. Cournoyer: M. Lapointe n'a pas dit cela. C'est ce que M.
Dubé a dit. Je vais vous donner, cet après-midi, si vous le
voulez, la lettre adressée au juge Cliche par M. Lapointe qui n'a pas
été entendu par la commission Cliche, jamais, et qui aurait pu
donner, peut-être, les explications sur le contexte dans lequel la
discussion s'est déroulée entre M. Dubé et lui.
Quand il s'est agi de prendre une décision d'expulser,
après bien des tentatives, l'exécutif au complet, la
décision a été prise. Elle a été prise parce
que ces gens empêchaient non seulement la réalisation des buts de
la tutelle, mais empêchaient un syndicalisme véritable d'exister
dans le local 89. On essaie encore aujourd'hui de restaurer le syndicalisme
dans le local 89. Il y a d'autres choses que vous avez lues, dans le rapport
Cliche, que moi, j'ai lues dans le rapport Cliche et que nous allons tous
relire dans le rapport Cliche. Pour autant que moi, je suis concerné, la
tutelle des constructeurs d'ascenseurs a été
considérée, par la commission Cliche, comme n'ayant pas rempli
ses buts. Mais il reste que cette tutelle a été instituée
au mois de juillet et que le rapport que vous avez ici date du mois de janvier.
S'il y a des gens qui s'imaginent des miracles pour intervenir dans cela, vous
n'avez qu'à regarder l'attitude du député de Beauce-Sud
tantôt. Il a seulement regardé comment définir... Seulement
trouver qui est qui là-dedans, cela prend déjà un bout de
temps, je vous assure. Il faut que les tuteurs soient là pour aller
faire la recherche. On est obligé de décrire ces locaux d'une
façon différente de celle que vous avez vue dans le projet de
loi, M. le député de Beauce-Sud, parce que, justement, quel que
soient les noms qu'on y mettrait, il va toujours nous en manquer un.
M. Roy: Alors, ça veut dire quoi, tout ça?
M. Cournoyer: Cela veut dire que j'ai un projet, ici, qui va vous
donner satisfaction tantôt, sur la description.
M. Roy: Et sur quoi pourrait-on se baser pour...
Le Président (M. Séguin): ... dire que le
député de Montmorency a la parole.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Oui, si vous avez...
M. Roy:... M. le ministre m'a cité sur ce que je lui avais
dit, il m'a interpellé...
M. Bédard (Montmorency): Prends des notes.
M. Roy: ... et j'avais justement une question à lui poser
à ce sujet.
Le Président (M. Séguin): Mais là,
votre...
M. Roy: Quelle est la garantie que nous avons, justement, pour
dire que cela va donner quelque chose?
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, question
de règlement.
Le Président (M. Séguin): Non, voici! Non, ce ne
sera pas nécessaire pour le règlement. Ce sera une question
très courte. Si le ministre veut répondre, ensuite de cela, le
député de Montmorency.
M. Cournoyer: Des garanties... Je peux l'écrire, la loi,
le mieux possible, c'est tout. C'est pour cela qu'on est ici, en commission
plénière. Je vais l'écrire le mieux possible pour qu'elle
nous assure, à tous, les garanties que les buts poursuivis seront
atteints.
M. Roy: On y reviendra.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, dans
cette histoire de discussion de tutelle, on se réfère à la
page 150. J'aimerais bien qu'on donne la lecture de deux paragraphes de la
pages 151. Après cela, je ferai une proposition. Il me semble que c'est
assez clair. C'est écrit en bon français: "II est donc manifeste
qu'il n'y a jamais eu de véritable tutelle imposée à qui
que ce soit". Et l'on dit, au paragraphe suivant: "II est temps que cela se
fasse, pour le plus grand bien du syndicalisme et de la collectivité, et
non pas pour le plus grand bien du gouvernement". Là-dessus, M. le
Président, je pense que j'en ai assez dit.
Je demanderais qu'on prenne le vote sur la motion, parce que nous
perdons des minutes très importantes dans cette semaine du mois de mai
I975.
Le Président (M. Séguin): En toute justice, le
député de Beauce-Sud a demandé la parole.
M. Roy: Je veux dire à l'endroit de mes collègues
comme à l'endroit du ministre, que voter une loi, c'est une chose, la
faire appliquer, c'en est une autre. C'est la raison pour laquelle la loi doit
être faite de façon claire, nette pour qu'elle puisse donner les
résultats escomptés; c'est la première des choses.
Deuxièmement, il faut que des méca-
nismes et des moyens soient prévus de façon que cette loi
soit appliquée. Nous en avons adopté des lois en Chambre, je le
dis à l'endroit de mes collègues. Nous nous sommes toujours fait
reprocher de faire perdre le temps de la Chambre, lorsque nous avons voulu
discuter. Le bill no 38 en 1970; le bill no 68, le 19 décembre 1970; le
bill no 15 le 24 mars 1972; le bill no 58, le 8 juillet 1972...
M. Harvey (Charlesbourg): Oui, mais, M. le
Président...
M. Roy:... le bill no 9, le 22 juin 1973; le bill no 14, le 22
décembre 1973.
M. Boudreault: A l'ordre!
M. Roy: Nous avons eu un autre bill en 1974 et ce fut facile de
faire adopter toutes ces lois-là. J'écoutais mes collègues
tout à l'heure, le député de Montmorency, entre autres,
qui disait: Cela va mal dans la province, dans l'industrie de la construction.
Mais qu'a-t-on fait à la suite de toutes ces lois qui ont
été adoptées, qui devaient régler le
problème?
M. Bédard (Montmorency): Nous les améliorons.
M. Burns: Quand on nous a présenté ces projets de
loi-là, c'était la solution à ces problèmes.
M. Roy: C'est cela.
M. Burns: Le député de Beauce-Sud a parfaitement
raison de le dire.
M. Roy: Ce matin, nous étudions un projet de loi et nous
n'avons pas le droit d'en parler. Nous faisons perdre un temps précieux.
La vérité, la lumière, elle est d'un côté de
la table; il ne faut même pas en discuter, parce que nous
dépensons les deniers de la province en faisant perdre du temps. C'est
le climat qui prévaut actuellement du côté
ministériel, alors que notre souci, à nous, ce n'est pas
seulement d'adopter une loi, mais que cette loi que nous adopterons apporte des
améliorations véritables et que le gouvernement prenne les
mesures pour que sa loi soit respectée.
Quand on regarde le rapport de la commission Cliche, on voit les
reproches qui ont été faits aux sous-ministres et aux hauts
fonctionnaires du ministère du Travail eux-mêmes. Qu'est-ce qui
nous dit aujourd'hui que la loi que nous étudierons tout à
l'heure, article par article, sera respectée et qu'elle donnera les
fruits que le ministre, le député de Montmorency, le
député de Charlesbourg veulent obtenir? C'est là la
question que nous nous posons. Adopter une loi, c'est facile.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, je vais ajouter aux propos
très fermes et, en même temps, très réalistes que
vient de tenir le député de Beauce-Sud; je le dis à
l'intention du député de Montmorency au cas où il se
préparerait à faire à nouveau ce genre d'intervention
lorsque nous procéderons à l'étude article par
article.
La bousculade, je ne marche plus là-dedans. Le
député de Montmorency n'était pas de cette Chambre
lorsqu'en mai 1973 nous avons étudié la loi 9. Si nous sommes ici
aujourd'hui, avec le bordel dans toute l'industrie de la construction qui nous
entoure, je peux vous dire, de même que le député de
Maisonneuve et le ministre du Travail que c'est peut-être pas mal,
beaucoup à cause du bill 9 et de la façon dont il a
été appliqué ou pas appliqué à d'autres
endroits.
Savez-vous comment nous avons étudié ce projet de loi 9
dans ce temps-là? Avec une pression invraisemblable. Il y avait tous les
bandits à Dédé Desjardins qui étaient dans les
galeries, tout le tour de la Chambre. C'était le conseiller du ministre.
Entre les repas, le ministre allait le rencontrer.
A la porte du parlement, nous nous faisions bousculer par la "gang" de
fiers-à-bras de la FTQ, qui nous menaçaient chaque fois, parce
que nous intervenions. Ils nous disaient que nous travaillions pour la CSN,
contre la FTQ. On nous disait que nous retardions les travailleurs; parce qu'il
y avait une convention collective de signée depuis le 1er mai, nous
empêchions les gars de gagner l'augmentation de salaire qui
s'était négociée.
Nous avons quand même travaillé avec cette
pression-là sur les épaules et avec tous ceux qui nous disaient
que nous faisions perdre le temps de la Chambre, les deniers publics et tout le
tralala que vous vous apprêtez à nous refaire. Je ne regrette pas
d'avoir pris tout ce temps-lâ. Pourquoi? Parce que je me rappelle
très bien les positions que nous défendions dans ce
temps-là. Plusieurs des positions que nous défendions dans ce
temps-là, la commission Cliche vient nous dire que c'est ça qu'il
aurait fallu faire en 1973.
Je ne regrette pas du tout d'avoir soutenu les positions que j'ai
soutenues, d'avoir présenté des amendements. J'ai même
présenté des amendements, à ce moment-là, qui ont
été battus par le gouvernement et que le gouvernement, quelques
mois après, a été obligé de faire revenir. Le
ministre du Travail l'avait lui-même reconnu, parce qu'il avait dit: Nous
aurions peut-être dû l'inclure, l'amendement, au moment où
vous l'avez présenté.
Dans ce sens, M. le Président, nous allons prendre ici tout le
temps que nous allons avoir à prendre parce que c'est la seule
possibilité que nous, nous ayons. Après, cela devient l'affaire
du ministre. S'il continue avec cette loi à faire ce qu'il a fait avec
toutes les autres lois, c'est-à-dire fermer ses yeux quand il voyait
très manifestement que l'application de la loi n'était pas faite,
ce sera son problème. Et, comme dit la commission Cliche, ce sera aux
électeurs de le juger et de juger le gouvernement.
Mais nous, notre responsabilité fondamentale va s'achever le jour
où, en haut, on dira: La troi-
sième lecture de cette loi est adoptée. Cela deviendra son
affaire. Mais, tant que c'est encore notre affaire, nous autres on va la faire
dans tout le temps et avec toute la disponibilité qu'on peut y mettre.
C'est clair? Et on va procéder comme cela. Et une des choses qu'il
faudrait qu'on prenne le temps de faire, ce serait d'adopter la motion du
député de Maisonneuve, sur laquelle j'interviens, et de prendre
le temps de consulter les gens. Que cela prenne deux séances publiques,
comme le suggère le député de Johnson, c'est parfaitement
légitimé.
On n'a plus de chance à prendre avec le ministre en face. On lui
a donné des lois sous pression en nous faisant dire: Allez vite, allez
vite, cela presse, il y a urgence, bill 9, bill 38; il fallait toujours qu'on
se bouscule, les règlements de la Chambre suspendus, les droits de
l'Opposition supprimés; il fallait toujours qu'on y aille avec le plus
de rapidité. D'accord, on lui vote une loi, il ne l'appliquait pas. Il
ne la faisait pas respecter. Il était entouré de conseillers qui
s'entendaient avec les fiers-à-bras de la FTQ pour déjouer cette
loi.
Allez-vous nous reprocher.maintenant qu'on a un document qui vient de
nous donner raison, de refuser de bousculer et de marcher encore? Et quand
même les fiers-à-bras de la FTQ, travailleurs du Parti
libéral, seraient assis dans la salle, là je vais prendre tout
mon temps pour étudier cette loi article par article.
Et il n'y a personne qui va me bousculer sur cette loi. Cela va prendre
le temps que cela va prendre, d'autant plus qu'on sait que c'est le même
ministre, encore une fois, qui va avoir à l'appliquer puisque le premier
ministre refuse de prendre ses responsabilités. Raison de plus pour lui
faire une loi claire, parce qu'on sait qu'il n'est pas le plus fort à
appliquer ses lois. Cela ne lui prend pas une grosse, grosse force en face pour
qu'il les contourne et qu'il se ferme les deux yeux. Et ce n'est pas le
ministre de la Justice non plus qui s'est fermé les deux yeux sur
les fiers-à-bras dans Taillon et dans Laporte à la
dernière élection sur qui on peut compter pour appliquer
les lois. Tous le monde le sait. Quand ce sont les amis du Parti
libéral, ce n'est pas pressé de les attaquer et de les amener
devant les tribunaux comme les gars de la United Aircraft.
Devant ce contexte clair, déposé et resignalé par
la commission Cliche, je n'ai pas l'intention de me faire baver et je n'ai pas
l'intention de me faire bousculer dans l'étude de ce projet de loi. Cela
va prendre le temps que cela va prendre. On devrait surtout prendre le temps,
comme le dit le député de Maisonneuve, d'entendre les gens qu'on
a à entendre sur cette question.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): Je vais répondre, M. le
président...
Le Président (M. Séguin): Maintenant, j'aimerais
bien...
M. Bédard (Montmorency): Ce sera court, ce sera court.
Le Président (M. Séguin): ...sans intervenir...
M. Bédard (Montmorency): Je ne parlerai pas longtemps.
Le Président (M. Séguin): ... je demanderais aux
députés, à l'occasion de leurs questions et de leurs
commentaires, d'abord de s'intéresser à la motion et, plus tard,
aux articles de la loi, sans faire de procès. Je pense qu'on n'est pas
ici pour faire le procès, ni d'un ministre, ni d'un autre. Alors, je
vous demanderais tout simplement un peu de calme dans tous ces faits. Je ne
parle pas pour le député de Saint-Jacques, je le dis en
général, pour tout le monde. Le député de
Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): M. le président, je suis
très calme, reposé, je veux simplement répondre d'une
façon assez courte au député de Saint-Jacques que
quand...
Le Président (M. Séguin): Ce n'est pas le
procès du député de Saint-Jacques.
M. Bédard (Montmorency): Non, non! Jamais je ne ferai
je ne suis pas de cette catégorie, M. le Président
le procès des autres. Je sais que j'ai des responsabilités, j'ai
été élu pour prendre des responsabilités et je
pense que je vais les prendre aussi. Le député de Saint-Jacques
avait de bons arguments, il nous a parlé spécialement du bill 9.
Je n'ai pas eu la chance d'assister en Chambre et je remercie le bon Dieu de
n'avoir pas été là. Mais toute son argumentation est
basée sur cette fameuse présentation du bill 9 qui a
été bousculée. Il n'y avait pas de rapport Cliche comme on
en a un dans les mains aujourd'hui. C'est là...
M. Burns: Toutes les autres lois ont été
adoptées à la vapeur.
M. Bédard (Montmorency): M. le député de
Maisonneuve, j'ai très bien écouté, je ne suis pas
intervenu dans les explications du député de Saint-Jacques;
voulez-vous être poli le moindrement? Prenez-en des notes, faites comme
moi et vous demanderez la parole au président après.
M. le Président, je reviens en disant qu'aujourd'hui j'ai des
décisions à prendre, suite à une étude faite
pendant un an de temps par des gens qui connaissaient cela. Mais, lors du bill
9, il n'y avait pas de rapport de 600 pages de déposé. Par
surcroît, j'ai été dix ans dans la construction; ma petite
expérience peut m'aider à prendre des décisions. J'ai
l'intention de faire bénéficier quelques membres de la commission
et de faire bénéficier une partie de la population de la province
de cette expérience.
Soyez assurés que je serai capable de parler aussi ouvertement et
si les gars de la FTQ n'ont pas fait peur au député de
Saint-Jacques, soyez
assurés qu'il y en a encore bien moins qui vont faire peur au
député de Montmorency.
Le Président (M. Séguin): Le vote. Le
député de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, un dernier mot. Je pense que
c'est suffisamment important, cette motion, pour qu'on prenne le temps d'y
songer avant de s'apprêter à la battre, comme je crois en
déceler l'intention exprimée par le ministre, le
député de Charlesbourg et le député de Montmorency
en particulier.
Le ministre, tout à l'heure, a dit quelque chose qu'on devrait
retenir, je pense, dans ce débat. Il s'est référé
je vais en reparler un peu plus loin, comme il s'en doute bien, lors de
l'étude en particulier de l'article 2 à un cas de tutelle
que tout le monde connaît et qui a eu le succès qu'on
connaît. Bien sûr, il y a eu le départ de M. Banks qui a
énormément aidé à la tutelle des marins, cela tout
le monde l'admet. Mais le ministre a mentionné que
l'élément le plus important qui a fait que la tutelle des marins
a été un succès je dois dire que j'étais
très près de la situation à ce moment-là, parce que
je faisais partie de l'étude qui a été choisie par les
tuteurs pour s'occuper, si vous voulez, des problèmes juridiques de
l'union des marins mise en tutelle le ministre a mentionné,
dis-je, que l'un des éléments importants du succès de
cette tutelle a été la collaboration de M. Leonard McLaughlin,
mieux connu sous le nom de Red McLaughlin, à cause de la couleur de ses
cheveux, et, du président actuel, M. Roman Gra-lowics qui, à
l'époque, était agent d'affaires.
Ces deux personnages en particulier, plus un certain nombre d'autres
personnes qui travaillaient avec eux, ont accepté de travailler dans le
sens de la tutelle, la raison principale évidemment, le
départ de M. Banks a aidé aussi du succès a
été que, de l'intérieur, on a collaboré avec les
tuteurs, avec le juge Lippé, entre autres, et les deux autres
personnes.
Ce qu'on demande, simplement, par notre motion, c'est d'entendre les
gens qui pourraient venir nous dire dans quel cadre il pourrait y avoir
collaboration avec la tutelle, pour qu'elle soit efficace. Ce n'est que cela.
Comme le disait le député de Saint-Jacques, le
député de Beauce-Sud et le député de Johnson, on
peut en voter des lois, on peut en faire tant qu'on veut, mais je trouve cela
particulièrement dommageable d'adopter des lois sans s'assurer d'avance
qu'elles vont être mises en application.
Le ministre a beau dire: On verra après coup, si elle est mise en
application, cette tutelle, moi, je préférerais m'assurer avant
qu'on a en main tous les moyens, toute la collaboration requise pour que la
tutelle soit efficace, si c'est cela qui doit être fait. Le principe, on
ne reviendra pas dessus, on s'est prononcé hier sur le principe, on a
voté contre le principe de la tutelle. Maintenant qu'il est
adopté moi, personnellement, je suis obligé, de façon bien
démocratique, d'accepter que le projet de loi a été en
principe adopté.
Mais maintenant que le principe contre lequel j'en ai personnellement a
été adopté, je suis prêt à jouer le jeu.
Je suis prêt à essayer de rendre cette loi efficace. Ce
n'est que cela qu'on vous demande en priant les gens concernés, les
parties intéressées au décret de venir nous parler. C'est
sûr qu'il y en a qui vont nous dire qu'ils sont contre la tutelle. Il y
en a qui vont nous dire qu'ils sont pour. Mais, fiez-vous sur nous, on
n'arrêtera pas là. Je veux dire qu'on va poser des questions
à ces gens. Une fois qu'ils auront eu la chance de dire qu'ils sont pour
ou qu'ils sont contre, on va rentrer dans d'autres détails.
C'est cela qui est le but de la motion: pas plus, pas moins. On veut
tout simplement savoir, avec les gens concernés immédiatement,
s'il y a des moyens pour améliorer cette loi, pour la rendre efficace.
Je demande donc, M. le Président, que le ministre reconsidère
très sérieusement son attitude désinvolte qui consiste
à dire: On n'est pas intéressé, on a toutes les solutions.
Le député de Montmorency a beau dire qu'on amène une loi
avec des dents, ce n'est pas vrai. Elle n'a pas plus de dents que la loi qui a
mis en tutelle les locaux 89 et 101 concernant les constructeurs d'ascenseurs.
Elle n'en a pas plus. Il y a des pouvoirs qui sont précisés,
c'est tout. Elle n'a pas plus de dents. On n'est pas plus sûr que dans le
cas des locaux 89 et 101 que cette tutelle va être appliquée.
Je ne suis pas plus convaincu. Tout ce qu'on a fait, on a
élaboré davantage sur les pouvoirs des tuteurs selon les
suggestions, dans les grandes lignes, de la commission Cliche. Je ne suis pas
convaincu que cette loi va avoir une meilleure application que celle qu'on a
adoptée l'été dernier relativement aux locaux 89 et I0I.
Mais pour qu'on ne fasse pas seulement des motions, des mouvements, qu'on fasse
semblant d'agir, je voudrais m'assurer que cette tutelle sera efficace, qu'elle
sera mise en application. La meilleure façon de s'en assurer c'est
peut-être avec la collaboration des gens du milieu.
Le Président (M. Séguin): Messieurs...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, la
dernière intervention est celle-ci. Si la motion de l'honorable
député de Maisonneuve est battue, j'ai l'intention d'en
présenter une seconde, celle d'entendre les commissaires eux-mêmes
nous expliciter leurs recommandations quant à la tutelle. La commission
a le droit de les entendre pour, particulièrement, nous expliciter
certaines recommandations qu'ils font dans leur rapport.
Je pense que c'est notre devoir, après la proclamation de leur
rapport, de les entendre pour les questionner. Nous sommes les
législateurs, ceux qui vont maintenant faire la loi. Je pense qu'il est
de notre devoir de les entendre et de les questionner sur les recommandations
de la tutelle. Si cette motion du député de Maisonneuve est
battue, je ferai une autre motion pour entendre les membres de la commission
Cliche nous expliciter la tutelle.
Le Président (M. Séguin): Vote sur la motion du
député de Maisonneuve. Je ne demanderai pas de vote sur le
sous-amendement proposé...
M. Burns: Non, j'ai déjà accepté de
l'incorporer.
Le Président (M. Séguin): II a déjà
été accepté par le proposeur. Pour ou contre cette motion?
Bellemare (Johnson).
M. Bellemare (Johnson): Pour.
Le Président M. Séguin): Bérard
(Saint-Maurice). Boudreault (Bourget).
M. Boudreault: Contre.
Le Président (M. Séguin): Burns (Maisonneuve).
M. Burns: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Charron
(Saint-Jacques).
M. Charron: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Bédard
(Montmorency).
M. Bédard (Montmorency): Contre.
Le Président (M. Séguin): Cournoyer
(Robert-Baldwin).
M. Cournoyer: Contre.
Le Président (M. Séguin): Déziel
(Saint-François).
M. Déziel: Contre.
Le Président (M. Séguin): Harvey
(Charlesbourg).
M. Harvey (Charlesbourg): Contre.
Le Président (M. Séguin): Lachance (Mille-Iles).
Lecours (Frontenac).
M. Lecours: Contre.
Le Président (M. Séguin): Brown
(Brome-Missisquoi).
M. Brown: Contre.
Le Président (M. Séguin): Roy (Beauce-Sud).
M. Roy: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Verreault (Shefford).
M. Verreault: Contre.
M. Burns: Arrêtez, on est battu.
Le Président (M. Séguin): Contre: 4.
M. Burns: Quatre en faveur.
Le Président (M. Séguin): Pour: 4.
M. Roy: Non, non, on aurait pu le laisser faire comme cela,
quatre contre.
M. Burns: Oui, c'était bien cela, M. le Président,
c'est vrai que vous aviez bien commencé.
Le Président (M. Séguin): Je vous permets de me
corriger.
M. Roy: Le député de Maisonneuve a trop
parlé.
M. Burns: J'ai trop parlé.
Le Président (M. Séguin): Pour: 4 Contre:
8
La motion est rejetée. Article I.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): ... une nouvelle motion.
Motion pour entendre les membres de la commission
Cliche.
Elle se lirait comme ceci, c'est la première phrase de la motion
du député de Maisonneuve: Qu'avant d'entreprendre l'étude
du projet de loi 29, article par article, la commission entende en audition
publique les commissaires Cliche, Mulro-ney et Chevrette qui voudront se
présenter pour fournira la commission les explications
nécessaires au sujet de la recommandation de la tutelle.
Des Voix: Qui devront?
M. Harvey (Charlesbourg): Qui devront ou qui voudront?
M. Bellemare (Johnson): Devront.
M. Harvey (Charlesbourg): De toute façon, elle va
être battue.
M. Bellemare (Johnson): C'est déjà... M. Roy:
C'est déjà réglé.
Le Président (M. Séguin): Avez-vous des copies de
votre motion?
Une Voix: Même vote pour cela.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je vais vous
l'écrire dans un instant, durant que d'autres vont
peut-être...
M. Harvey (Charlesbourg): On va réfléchir mais pas
fléchir.
M. Bellemare (Johnson): Soyez donc plus optimiste. Il n'y a rien
dans cela.
M. Harvey (Charlesbourg): On va passer l'été
là-dessus, sur le rapport Cliche.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais cela vaut la peine.
M. Harvey (Charlesbourg): On va passer l'été en
commission élue.
M. Beilemare (Johnson): ... au lieu de reprocher un autre projet
de loi.
M. Harvey (Charlesbourg): Tout l'été en commission
élue.
M. Bellemare (Johnson): Cela en vaut la peine, au lieu d'adopter
un autre projet de loi.
M. Bédard (Montmorency): On est optimiste, c'est vous qui
êtes pessimiste.
Une Voix: On tient à une étude complète du
rapport.
M. Burns: Est-ce qu'on peut dire, M. le député de
Johnson, qu'on prendrait la première motion et, au lieu de parler des
parties intéressées, on parlerait des commissaires?
M. Bellemare (Johnson): C'est cela.
M. Burns: Je pense qu'à ce moment, ce serait plus
simple.
M. Bellemare (Johnson): Je suis en train de l'écrire
exactement.
M. Burns: Cela va vous éviter de l'écrire,
moi...
M. Harvey (Charlesbourg): C'est le même principe que votre
motion.
M. Burns: Non, pas le même principe, c'est un autre.
M. Bellemare (Johnson): Non, non. C'est totalement
différent.
M. Burns: On n'a même pas discuté de cet aspect,
tout à l'heure.
M. Harvey (Charlesbourg): On est allé à hue
tantôt, puis là on va à dia.
Le Président (M. Séguin): Pour les mêmes
raisons que j'ai utilisées, tout à l'heure, je dois aussi dire
que cette motion est recevable.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, devant le refus
majoritaire des membres de la commission d'entendre les parties au
décret de la construction, je crois que ce serait très utile et
surtout nécessaire que les membres de la commission Cliche soient
convoqués pour nous donner leur véritable pensée,
après cette expérience qu'ils ont vécue, eux, beaucoup
plus que nous, pendant toute l'année qui s'est déroulée,
pour entendre et approfondir le grave problème qui existe dans le
domaine de la construction, cette recommandation particulière qui dit:
En conséquence, nous recommandons la mise sous tutelle par loi
spéciale pour une période de trois ans et il cite
là tous les locaux.
Ces hommes ne sont peut-être pas des hommes qui se sont fait
éiire, mais ils ont été nommés par le gouvernement
en place pour fonctionner dans un domaine extrêmement complexe. Ils
méritent, M. le Président, qu'on leur dise qu'ils ont fait un
travail extraordinairement constructif. Mais pour nous, les
législateurs, qui prenons la responsabilité, au point de vue de
la loi, de la faire adopter dans notre code du travail, je pense qu'il serait
peut-être bon de les entendre. Ils ont des éléments
beaucoup plus rationnels que les nôtres, peut-être, parce qu'ils
ont vécu dans ce climat, ils ont présidé à toutes
les séances de cette commission, ils pourraient nous fournir des
arguments qui militent en faveur d'une tutelle.
Je pense que les recommandations qui sont !à sont des expressions
d'individus qui, eux, ont eu un mandat bien particulier, mais nous aussi avons
un mandat, celui de légiférer pour un avenir assez long. Partant
de là, on ne devrait plus être obligé de revenir avec des
lois spéciales pour améliorer soit la loi 290 ou le
décret, et aussi prévenir ces recommandations de la commission
Cliche qui vont jusqu'à la mise en tutelle.
C'est pourquoi je crois que tous les membres de la commission
souhaiteraient ardemment je le pense et je suis très
sérieux, quand on voit que ces hommes ont travaillé
énormément entendre ces membres de la commission
d'enquête. Particulièrement quand il s'agit de l'exercice de la
liberté syndicale, c'est très important qu'on les entende, avant
de brimer, par une loi qui devient autocratique, plusieurs individus et de
nombreux syndicalistes, pour connaître les opinions et les
recommandations de cette commission d'enquête, relativement à
certains syndicats. M. le Président, vous seriez
intéressé, comme tous les membres, quand bien même
ça durerait une séance. On a eu l'autre jour ici une demande, qui
a été faite à la commission parlementaire sur les
transports, d'entendre le juge qui s'occupe particulièrement des
transports, de l'émission des permis et par une loi spéciale de
toute la question des transports. L'honorable juge Prévost est venu avec
tous les officiers. Après une heure ou deux de discussion, la commission
était éclairée. On savait le pourquoi et
nous avons été heureux de cette expérience que nous
a accordée le ministre. Vous voulez en faire une loi qui soit la
meilleure possible, je crois que ce serait bien que les membres de la
commission Cliche soient convoqués et entendus, avant l'étude
article par article de ce bill 29.
M. Burns: M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît. Là, il y avait l'ordre, mais j'ai déjà eu une
demande du député de Charlesbourg.
M. Harvey (Charlesbourg): Non, je préfère donner
préséance au député de Maisonneuve...
Le Président (M. Séguin): D'accord.
M. Harvey (Charlesbourg): ... avec plaisir.
M. Burns: Alors, M. le Président, je serai en faveur de la
motion du député de Johnson. Je pense qu'elle est
particulièrement importante, vu la réaction que nous connaissons
déjà de la part de deux commissaires au moins.
J'ai entendu, jusqu'à maintenant, le commissaire Chevrette et le
commissaire Mulroney, tous les deux, par des déclarations publiques,
venir expliciter, à toutes fins pratiques, certaines recommandations
concernant la mise en tutelle.
Entre autres, le commissaire Chevrette a mentionné, au cours
d'entrevues qu'il a accordées aux différents media, que
c'était l'intention de la commission de faire participer des gens du
mouvement syndical à la tutelle, ce que l'on ne voit pas dans les
recommandations. Jusqu'à maintenant, en tout cas, je n'ai pas lu, dans
le rapport, de textes qui pouvaient me laisser croire que la commission Cliche
recommandait non seulement une mise en tutelle étatique, mais une mise
en tutelle avec la participation d'au moins un représentant du milieu
syndical.
Par exemple, à la page 139 où la commission laisse
entendre qu'il faut qu'il y ait un contrôle de l'Etat sur ça, on
lit ceci: "C'est le contrôle de la base et l'épanouissement des
libertés syndicales qui seules pourront faire, dans ces locaux, le
ménage qui s'impose. Une intervention extérieure, celle de
l'Etat, est nécessaire pour réunir à nouveau les
conditions propres à cette renaissance. C'est la mise en tutelle".
Si on lit ça dans cette forme et si on regarde les
recommandations elles-mêmes, qui paraissent aux pages suivantes et
à la fin dans les diverses recommandations, on est porté à
croire que ce que la commission Cliche veut, c'est une mise en tutelle par
l'Etat, sans qu'il y ait participation de la part du mouvement syndical.
Déjà, le commissaire Chevrette a dit: Ce n'est pas
ça qu'on voulait dire. Déjà, le commissaire Mulroney a
laissé entendre que, lui aussi, partageait cette opinion qu'il fallait
nécessairement que, dans la tutelle, ou dans le bureau, ou dans le
conseil d'administration qui sera, si vous voulez, l'élément de
mise en tutelle, il y ait participation syndicale.
J'aimerais, moi, si la motion du député de Johnson
était adoptée le juge Cliche ne s'est pas prononcé
jncore sur ça que ces trois commissaires viennent nous expliciter
leurs points de vue là-dessus et, entre autres, justement, sur,
peut-être, un certain nombre d'autres recommandations qu'ils avaient
à l'esprit ou que sous-tendent leurs recommandations actuelles en vue
d'une meilleure efficacité de cette mise en tutelle. C'est pourquoi,
sans élaborer davantage, je serai favorable à la motion qui vient
de nous être présentée par le député de
Johnson.
M. Roy: M. le Président, j'appuierai également la
motion de l'honorable député de Johnson, pour les raisons qu'il a
lui-même mentionnées et, également, pour les raisons
mentionnées par le député de Maisonneuve.
Je pense qu'avant d'entreprendre même l'étude d'une
législation, d'une seule législation, il n'aurait
été que normal qu'on puisse entendre les membres de la
commission. On l'a fait dans le cas du rapport Gauvin. On a demandé aux
gens qui ont préparé le rapport Gauvin de venir devant une
commission parlementaire afin que les membres de la commission puissent les
interroger. On a invité d'autres personnes qui étaient
impliquées par les recommandations de la commission Gauvin à
venir devant la commission parlementaire pour s'expliquer. On a demandé,
par la suite, à M. Gauvin de revenir, à la dernière
minute, devant la commission parlementaire, de façon que les
parlementaires et lui-même puissent tirer des conclusions sur toutes ces
séances d'étude.
Je me souviens, entre autres, des arguments que le gouvernement
invoquait à l'époque: un grand souci de participation, un grand
souci de démocratie, un grand souci de vouloir améliorer ce qui
devait être amélioré.
Alors, le gouvernement a adopté une attitude tout à fait
contraire à celle qu'il adopte dans le cas de la commission de
l'industrie de la construction par rapport au problème de
l'assurance-automobile. On sait que le problème de l'industrie de la
construction est important, un problème qui a déjà fait
l'objet d'une série de législations.
Je ne voudrais pas les renommer, M. le Président, mais il s'agit
d'une série de lois. Et aujourd'hui, comme le disait le
député de Maisonneuve et comme l'a dit le député de
Johnson, il y a deux commissaires qui ont fait connaître leur point de
vue. Le juge Cliche n'a pas fait connaître son point de vue,
c'est-à-dire qu'il ne s'est pas exprimé, n'a pas fait de
déclaration publique après que le rapport eut été
publié. On s'apprête, M. le Président, aujourd'hui,
à appliquer les médicaments au patient qui est malade, qui est
atteint d'un cancer généralisé. Le patient, c'est
l'industrie de la construction. Ceux qui ont fait le diagnostic sont ceux qui
sont le mieux préparés, le mieux informés pour
éclairer les membres de la commission. Pour quelle raison logique ne
permettrait-on pas aux membres de la commission de les interroger si,
réellement, on a l'intention de faire adopter les meilleures lois, d'une
part, et deuxièmement, si on a réellement l'intention de faire
appliquer ces lois par la suite?
Si on ne veut pas entendre les commissaires devant une commission
parlementaire, si on ne veut pas permettre aux députés de les
interroger, moi, je m'interroge sur les intentions véritables du
gouvernement, et je me demande si, réellement, on n'est pas encore en
train de vouloir se servir des membres de la commission parlementaire, se
servir du Parlement pour tâcher de faire de la petite législation,
de la législation à la petite semaine, comme on l'a
déjà dit à plusieurs reprises, pour tâcher
d'éloigner les problèmes, gagner du temps, s'approcher le plus
rapidement possible je dis bien le plus rapidement possible d'une
prochaine campagne électorale, de façon à pouvoir noyer
tout cela au plus vite, parce que cela commence à faire mal, cela
commence à être assez fatigant.
L'image du gouvernement est sérieusement compromise, et l'image
du premier ministre, même s'il fait suivre son coiffeur, continue
à se détériorer continuellement.
M. le Président, je vois que vous voulez que je revienne à
la motion...
Le Président (M. Séguin): J'aimerais cela. M.
Roy: Je suis sur la motion, M. le Président.
M. Harvey (Charlesbourg): ...pour nous parler de votre propre
parti ou votre partie de parti.
M. Roy: Cela a rapport en quoi avec la commission Cliche?
M. Harvey (Charlesbourg): Dans le domaine de l'image... En
parlant d'image.
M. Roy: Pardon?
M. Harvey (Charlesbourg): En parlant d'image.
M. Roy: Moi, je n'ai jamais travaillé pour l'image.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre!
M. Roy: D'abord, je ne me...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre!
M. Harvey (Charlesbourg): Vous feriez mieux de commencer à
travailler pour votre propre image.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre!
M. Roy: Non.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: ... je voudrais dire... Je comprends que le
député de Charlesbourg aime bien son image...
M. Harvey (Charlesbourg): Oui, je la soigne, monsieur.
M. Roy: Cela paraît...
M. Harvey (Charlesbourg): C'est important.
Le Président (M. Séguin): S'il vous plaît,
messieurs, à l'ordre!
M. Roy: Cela paraît...
Le Président (M. Séguin): Je serai obligé de
passer la parole à d'autres...
M. Harvey (Charlesbourg): Vous avez amassé 123 votes
dernièrement aux élections dans mon comté.
M. Roy: M. le Président, est-ce qu'on continue ou bien si
vous mettez un terme...?
Le Président (M. Séguin): Je vous demande de
continuer. Vous avez la parole.
M. Roy: Parce que je vais lui dire, M. le Président...
M. Burns: ... parfois il se met une moustache postiche...
M. Roy:... que ça fait longtemps qu'il se prend pour un
autre. On le sait... Or, je disais donc, M. le Président, que selon la
motion qui a été présentée par l'honorable
député de Johnson, on devrait, en toute logique, et je dis en
toute honnêteté, dans l'intérêt du Québec et
des Québécois, dans l'intérêt de tout le monde,
permettre aux membres de la commission de venir comparaître devant la
commission parlementaire, si le gouvernement n'a rien à cacher, ou si le
gouvernement n'a pas établi une stratégie particulière
qu'il refuse, actuellement, de dévoiler, pour les circonstances, ou
encore en vue d'être en mesure de nous organiser toute autre chose pour
plus tard.
Le Président (M. Séguin): Le député
de...
Une Voix: Ainsi soit-il!
Le Président (M. Séguin): ... Charlesbourg.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, la proposition
qui a été amenée par le député de Johnson,
je pense qu'elle n'est pas condamnable en soi et qu'elle mérite un
certain respect. Je pense qu'il serait injuste d'entendre, d'une part, certains
commissaires et, d'autre part, de balancer, comme on vient de le faire il y a
quelques instants, l'audition d'organismes syndicaux. Ce serait le même
jugement, je pense, qu'on pourrait porter dans le cas d'organismes patronaux.
Puisque la
commission Cliche a déposé son rapport et que, tout
à l'heure, à la proposition du député de
Maisonneuve, pour ma part, j'ai évoqué, en m'ap-puyant sur
l'article 154, que notre commission élue siège actuellement en
commission plénière, et, d'autre part, l'urgence de
procéder à certaines mesures, que je qualifie de draconiennes,
recommandées par la commission Cliche, je pense qu'à cet
égard, puisque syndicats et patrons ont été entendus par
les commissaires que nous avons tout à l'heure nommés, Chevrette,
Mulroney et Cliche, le souci du gouvernement, c'est de passer à l'action
immédiatement. En effet, nous avons non seulement évoqué
l'état d'urgence, mais nous avons aussi retenu, à
l'intérieur des 134 recommandations du rapport, les mesures les plus
urgentes sur lesquelles nous devons nous attarder.
C'est pourquoi, M. le Président, encore là, je
réitère que j'ai beaucoup de respect pour cette motion qui est
présentée et amenée, qui nous permettra peut-être,
au cours des prochains mois, une étude plus exhaustive du rapport
Cliche.
Je vous dis entre parenthèses que je voterai contre cette motion.
Si on se base sur les arguments qui viennent d'être évoqués
par mon prédécesseur, le député de Beauce-Sud, je
pense que ça lui donnera peut-être le temps de lire le rapport
Cliche.
M. Roy: M. le Président, je voudrais dire au
député de Charlesbourg que s'il veut jouer à la petite
politique, dans le but de parfaire son image...
M. Harvey (Charlesbourg): C'est vous qui avez commencé
tout à l'heure.
M. Roy: Je ne l'ai pas accusé de ne pas avoir lu le
rapport Cliche; le rapport Cliche a été lu et relu, et je n'ai
pas de compte à lui rendre là-dessus. D'ailleurs, je lui ai
cité suffisamment de passages pour qu'il se rende compte qu'il a
été lu et relu.
M. Harvey (Charlesbourg): Je ne vous demanderai surtout pas de
comptes, parce que j'aurais peur de vos comptes. Nous sommes prêts
à voter, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Je constate que les
comptes sont avancés.
Je pense que le proposeur de la motion...
M. Bellemare (Johnson): J'ai le droit de dire un mot.
Le Président (M. Séguin): Bien oui.
M. Bellemare (Johnson): Je viens d'entendre le
député de Charlesbourg dire: II serait mieux de relire le rapport
sinon il y aura de tristes conséquences. Ecoutez, M. le
Président, ce n'est pour faire chanter personne que nous intervenons ce
matin. Ce n'est pas pour bloquer le gouvernement dans sa législation.
Nous nous cherchons à être un peu plus éclairés dans
une décision que nous autres législateurs serons appelés
à prendre. Si nous votons contre, nous voterons contre; si nous votons
pour, nous voterons pour. Mais je pense que l'éclairage que nous
sollicitons ce matin est un éclairage réellement
nécessaire. Nous ne voulons pas être contre le rapport Cliche,
nous ne voulons pas que les gens commencent à dire: Vous étiez
contre le rapport Cliche. Nous sommes en faveur du rapport Cliche parce que,
dans le domaine de la construction, c'est un des documents les plus
révélateurs. Tous les hommes qui ont la responsabilité
d'un mandat dans cette Législature doivent comprendre que c'est un
rapport extrêmement bien fait. On veut que l'ordre soit rétabli
mais nous voudrions que les membres de la commission viennent nous donner
certaines explications concernant cette recommandation de la tutelle.
Si on fait cette demande, je ne crois pas que nous devrions être
accusés par qui que ce soit d'être contre le rapport Cliche: au
contraire. C'est pour mettre en évidence que les membres de cette
commission sont poussés, sont devant un "must" de présenter deux
motions ce matin; c'est simplement pour avoir un meilleur éclairage.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, ce sera très bref et
c'est ma dernière intervention là-dessus. Je demande simplement
au ministre du Travail, à ses collègues ministériels qui
sont à la table d'y songer avant de battre la motion du
député de Johnson. Dans le fond, ce que le député
de Johnson fait par sa motion, comme j'ai tenté de le faire par la
mienne, qui a été défaite tout à l'heure, c'est
qu'on mette toutes les chances de notre côté pour que cette loi de
mise en tutelle ait des chances de succès. Ce n'est pas plus ni moins
que ça que nous voulons.
Nous trouvons parfaitement inutiles d'adopter une loi qui a des chances
de ne pas être mise en application, d'être un "flop" total. Nous
vous demandons simplement d'avance de prendre toutes les chances et de les
mettre du côté de la possible mise en application de cette loi.
C'est ce pourquoi je pense qu'il est essentiel que les commissaires viennent
expliciter devant nous leurs recommandations sur les points particuliers.
Peut-être, avec la période de temps qui s'est passée depuis
la remise de leur rapport, auront-ils des solutions additionnelles à
nous suggérer.
C'est dans ce sens-là qu'on demande qu'on entende les
commissaires; avant de rejeter cette motion, pensez-y donc deux secondes, M. le
ministre, et messieurs les députés ministériels.
M. Cournoyer: M. le Président...
M. Burns: Je pense que vous vous privez
délibérément d'appuis qui peuvent être très
utiles, à mon avis, lors de la mise en application de cette loi. Si on
doit tout simplement adopter une loi parce qu'il faut en adopter une et parce
que le gouvernement doit faire semblant qu'il agit, je dis qu'on perd notre
temps complètement. Ce qui est important dans tout cela et il ne
faudra jamais,
tout au long de ce débat, l'oublier c'est que d'abord et
avant tout, la personne concernée par toute motion ou toute loi qu'on
veut faire, c'est le travailleur de la construction. C'est à lui qu'on
veut remettre un cadre normal de travail. C'est pour lui qu'on est ici, qu'on
légifère en matière de construction.
Il me semble qu'on se prive d'atouts sérieux à partir du
moment où on rejette du revers de la main, comme si ce n'était
pas important, le recours, si vous voulez, à la commission Cliche, aux
commissaires eux-mêmes qui peuvent peut-être je le dis
encore venir expliciter, comme ils semblent avoir l'intention de le
faire, leurs recommandations en cette matière.
M. Bellemare (Johnson): Avant que le ministre...
Le Président (M. Saindon): Sur la motion?
M. Bellemare (Johnson): Oui, sur la motion. Juste un mot, M. le
Président, et ce sera le dernier aussi. Il faut tâcher de faire un
lien entre la commission Cliche et les travailleurs. Dans les recommandations,
à la page 152, on dit: "d'apporter à la constitution et au statut
administrrtif du syndicat des changements propres à assurer une
direction plus efficace." Mais, par exemple, on ajoute ceci: "de favoriser le
progrès général du syndicat en s'assurant de la
participation des travailleurs". Je pense que ce serait un bon moyen que la
commission vienne dire pourquoi s'assurer de la participation des travailleur.
Si on n'a pas cette participation, M. le Président, on va avoir encore
une bouillabaisse.
M. Cournoyer: M. le Président, sur la motion qui est
présentée par le député de Johnson, il va de soi
qu'elle pourrait nous paraître totalement raisonnable. Cependant, le juge
Cliche, dès le dépôt de son rapport, a dit: J'ai tout
écrit ce que j'avais à écrire, trois commissaires ont
été unanimes et ont signé un document qui est assez
volumineux, je vous en prie. D'autre part, là-dedans, le juge Cliche, et
la commission Cliche, les trois commissaires, ont dit: Voici ce que nous vous
recommandons. Ils l'ont écrit, très bien écrit.
Reste que s'il y a difficultés ou affrontements possibles avec
les parties syndicales et ce ne sont peut-être pas les
travailleurs du tout c'est la responsabilité du gouvernement de
le faire. Amener les trois commissaires ici, devant la commission
parlementaire, pour expliquer ce qu'ils ont déjà écrit
clairement, ce serait peut-être placer les membres de la commission
Cliche dans une position de débat, débat dans lequel ils ne
peuvent pas être parties. Ils ont recommandé, ils ont
écrit.
Qu'à un moment donné, le commissaire Chevrette, par
exemple, qui a exprimé l'unanimité en même temps que les
deux autres ici, soit placé dans une situation publique
différente du juge Cliche, qu'il dise: Voici, le gouvernement ne fait
pas cela comme il faut, il n'est plus jusqu'à preuve du contraire
impliqué autrement, maintenant, que pour expliquer pourquoi ils
en sont venus à cette conclusion. Ils l'expliquent sur la place publique
et je n'ai pas d'objection à cela.
Et si nous mettons en contradiction les commissaires ici... Non, non, ce
n'est pas cela, je dis que ce n'est pas le but...
M. Burns: On ne veut pas les mettre en contradiction.
M. Cournoyer: Le but, c'est bien sûr d'éclairer ou
de faire expliciter par les commissaires leurs recommandations. Dès le
point de départ, le juge Cliche a dit: J'ai tout écrit.
Messieurs, tout a été dit, nous l'avons écrit.
M. Burns: II y a deux commissaires qui veulent expliciter leur
point de vue apparemment.
M. Cournoyer: C'est drôle, les commissaires n'ont pas
demandé de venir en commission parlementaire.
M. Burns: Non, mais nous on a le droit de leur demander par
exemple.
M. Cournoyer: Moi je m'oppose tout simplement.
M. Bellemare (Johnson): Vous lirez aujourd'hui dans les journaux
ce qu'a dit hier, à Shawinigan, le commissaire Chevrette, au sujet du
gouvernement, ce qu'il en pense de ce gouvernement. Il a employé des
expressions que je n'em-ployerai pas moi et cela...
M. Cournoyer: M. Chevrette n'est plus commissaire au moment
où on se parle.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais cela vaudrait la peine
d'être entendu.
M. Cournoyer: Je savais ce qu'il pensait du gouvernement avant,
le commissaire Chevrette.
M. Bellemare (Johnson): Oui, c'est sûr, mais le dire
après et en employant des expressions...
M. Cournoyer: Je ne l'empêcherai pas de parler. Il n'est
pas commissaire au moment où il parle.
M. Bellemare (Johnson): Certainement pas. Non, mais...
M. Cournoyer: II parle comme un homme public qui a une stature
publique et qui s'oppose à ce gouvernement.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais qu'après six jours il
ait des expressions...
M. Harvey (Charlesbourg): ... partisan de toute façon.
M. Cournoyer: Je ne veux pas mettre le commissaire Chevrette dans
une situation...
M. Bellemare (Johnson): Non, non! ce n'est la question de
discuter de partisanerie, mais on pourrait les entendre pour les questionner
sur la validité, sur l'opportunité, sur la
nécessité, sur le processus normal. La commission Cliche a
recommandé au gouvernement une tutelle, mais peut-être
après un mois, peut-être après six semaines,
peut-être après avoir entendu certains autres
témoignages.
M. Cournoyer: M. le Président, non, je ne crois pas.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, si le
gouvernement, particulièrement le ministre ne croient pas en cela, ils
refusent véritablement le dialogue...
M. Cournoyer: Je n'ai pas la prétention de lui
donner...
M. Bellemare (Johnson): ... et ils s'exposent à de
terribles représailles dans l'opinion publique. Cela, d'accord, vous
allez prendre les responsabilités, comme vous les avez prises dans le 9,
dans le 201. On vous a voté le 201, en vitesse, le 24 de
décembre.
M. Cournoyer: Ce n'est pas cela. Pas en vitesse.
M. Bellemare (Johnson): Oui, oui, en vitesse. En vitesse,
j'étais ici, M. le Président, pour celui-là...
M. Burns: Avec les veilies de fin de session, quatorze heures par
jour.
M. Bellemare (Johnson): J'étais ici pour le 201, on vous a
donné un blanc-seing; pour vous c'est devenu un seing noir.
M. Cournoyer: Cela nous a permis quand même de donner une
augmentation de salaire, compte tenu du coût de la vie, aux gens. Non, on
n'a pas permis cela au Parlement quand on a fait cela cette fois?
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais ceux qui sont venus nous dire
à ce moment-là qu'il n'y aurait plus de grève avec le 201,
vous voyez où on est rendu, quatre ou cinq mois après? Qu'est-ce
qui va se produire après, M. le Président? Ce n'est pas fini.
M. Cournoyer: Les relations de travail, si c'était fini,
ce serait simple; ce n'est pas fini, les relations de travail.
M. Bellemare (Johnson): Non, non! mais pourquoi est-ce qu'on
n'essaie pas de faire une autre loi, une bonne?
M. Cournoyer: II y a encore du monde qui va demander des choses,
puis ils vont tout simplement aller en grève quand ils ne les
obtiendront pas. Il y en a qui vont le faire légalement, puis il y en a
encore qui vont le faire illégalement.
On va tout simplement prendre nos responsabilités dans les cas de
grèves illégales. Mais, dans les cas de grèves
légales, qu'est-ce que vous voulez? Il va toujours y en avoir tant qu'on
ne dira pas: II n'y a plus de grève dans la province de Québec,
parce que le monde est beau, que c'est parfait, l'histoire. Si tout le monde
était parfait, on n'aurait pas besoin de syndicalisme. Si tout le monde
était parfait, on n'aurait pas besoin d'association patronale. Puis
l'évolution veut...
M. Bellemare (Johnson): On n'aurait pas besoin de ministre non
plus.
M. Cournoyer: Surtout pas. On n'aurait pas besoin de cela, un
ministre du Travail.
Le Président (M. Séguin): Messieurs,
êtes-vous prêts pour le vote?
M. Bédard (Montmorency): Je propose le vote.
Le Président (M. Séguin): Alors, pour ou contre,
vous avez devant vous, je pense, copie de la motion de M. Bellemare (Johnson).
Alors ceux qui sont pour ou contre la motion. M. Bellemare (Johnson)?
M. Bellemare (Johnson): En faveur.
Le Président (M. Séguin): Bérard
(Saint-Maurice)? Boudreault (Bourget)?
M. Boudreault: Contre.
Le Président (M. Séguin): Burns (Maisonneuve)?
M. Burns: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Charron
(Saint-Jacques)?
M. Charron: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Bédard
(Montmorency)?
M. Bédard (Montmorency): Contre.
Le Président (M. Séguin): Cournoyer
(Robert-Baldwin)? Pouvez-vous hésitez juste un instant à dire
pour ou contre?
M. Cournoyer: Sans hésitation, je vote contre.
Le Président (M. Séguin): Déziel
(Saint-François)?
M. Déziel: Contre.
Le Président (M. Séguin): Harvey
(Charlesbourg)?
M. Harvey (Charlesbourg): Contre.
Le Président (M. Séguin): Lachance (Mille-Iles)?
Lecours (Frontenac)?
M. Lecours: Contre.
Le Président (M. Séguin): Brown (Brome-Missisquoi)?
Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Verreault (Shefford)?
M. Verreault: Contre.
Le Président (M. Séguin): Quatre en faveur, sept
contre. La motion est rejetée. J'appelle l'article I du projet de
loi.
M. Bellemare (Johnson): Avant d'appeler l'article, l'honorable
ministre pourrait-il déposer en Chambre, cet après-midi, le
rapport du tuteur, Yves Dubé pour le bénéfice de ceux qui
participent à la commission particulièrement et pour tous les
autres membres de la Chambre?
M. Cournoyer: Je vais le déposer cet après-midi, au
dépôt de documents.
Le Président (M. Séguin): Article 1. Nous
suspendons nos travaux pour une période indéterminée,
puisque je ne sais pas au juste...
M. Bellemare (Johnson): Ce sera un ordre de la Chambre.
Le Président (M. Séguin): Ce ne sera pas un ordre
de la Chambre.
Une Voix: Sine die.
Le Président (M. Séguin): Non, ce ne sera pas sine
die, c'est suspendu pour reprendre cet après-midi, car je ne sais pas
s'il y en a une période des questions.
(Suspension de la séance à 11 h 55)
Reprise de la séance à 16 h 18
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail et de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
Les membres de la commission, pour la séance de cet
après-midi, seront les suivants...
A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns:... c'est un vote qu'on s'est fait offrir la veille,
oui, dans Sainte-Marie.
M. Malépart: Ce n'est pas nous qui...
M. Burns: Oui, sauf que ce n'est pas nous qui les avons
achetés.
M. Malépart: ...
M. Burns: Oui, monsieur.
M. Bourassa: Ne jouez pas aux purs, c'est...
M. Malépart: ... les a trouvés sur ton bord.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: Non, je ne les ai pas trouvés de mon bord. Pas
du tout!
Le Président (M. Séguin): Les membres de la
commission, pour la séance de cet après-midi, seront les
suivants: MM. Bellemare (Johnson), Bé-rard (Saint-Maurice), Boudreault
(Bourget), Burns (Maisonneuve), Charron (Saint-Jacques), Bédard
(Montmorency), Cournoyer (Robert-Baldwin), Carpentier (Laviolette), Harvey
(Charlesbourg), Lachance (Mille-Iles), Lecours (Frontenac), Malépart
(Sainte-Marie), Roy (Beauce-Sud), Verreault (Shefford).
Article I, du projet de loi no 29.
M. Cournoyer: Les modifications, en fait, que j'ai soumises ce
midi, décrivent plus techniquement ce que le rapport de la commission
Cliche avait décrit d'une façon très
générale, et permettent, du moins, c'est l'opinion de nos
juristes, de mieux cerner ceux qui doivent être cernés par
l'intention qu'on retrouve dans la recommandation de la commission Cliche, au
numéro... Quel est le numéro de cette recommandation? Je marche
seulement par numéro maintenant. La Bible, c'est le verset 36...
M. Bourassa: ... compte le rapport Cliche...
M. Cournoyer: Ah bon! L'article 25, ou enfin, la recommandation
no 25, comme vous pouvez le constater, est très générale
dans son application. L'écriture en projet de loi, si on veut être
ennuyeux, on va l'écrire: Les locaux des électriciens I67I. Je ne
pense pas qu'on accroche grand monde avec cela.
M. Burns: Vous avez, M. le ministre, actuelle-
ment, à ma connaissance, si on parle des électriciens, le
local 1677. Vous avez également le local 1676. Vous avez le local
2091...
M. Cournoyer: Le local 2091? M. Burns: Le local 2091...
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns: La Fraternité internationale des ouvriers en
électricité. Vous avez le 568, et le 1676 que j'ai
mentionné, la Fédération provinciale des ouvriers en
électricité. Le 1677, c'est le chiffre habituel de ces
locaux-là. Qu'est-ce qui empêche...
M. Cournoyer: Non, je pense qu'il y a, non pas une
légère erreur, mais une erreur de perspective. Par exemple j'ai
eu connaissance, dans ma petite expérience, d'une série de locaux
de la Fraternité internationale des ouvriers en
électricité, qui n'avaient rien à voir avec la
construction. Par exemple vous vous en souviendrez certainement, le
député de Maisonneuve en particulier la Quebec Power,
c'était la Fraternité internationale des ouvriers en
électricité, mais avec un tout autre numéro de local qui
représentait les hommes de ligne de la Quebec Power. Il y a aussi, dans
l'entreprise, très souvent... Je ne dis pas très souvent pour
être sûr que ma réminiscence ne me trompe pas. Il y a la
Fraternité internationale des ouvriers en électricité qui
a d'autres locaux que le 568. C'est peut-être là le terme que vous
avez utilisé. Le 2091, par exemple, est peut-être
représentant accrédité d'un syndicat, mais n'a rien
à voir dans la construction; ça peut aussi bien être dans
les télécommunications ou d'autres choses comme ça.
M. Burns: Ce que je pose comme question, dans le fond, c'est:
Comment peut-on s'assurer que, selon la nomenclature établie à
l'article 1 on parle de l'association, du groupement, du syndicat
généralement connu sous la dénomination numéro
untel et on continue en disant aussi connu sous la nomination etc, cela s'appli
que aux 2e et 3e paragraphes il n'y aura pas un transfert de membres
à d'autres organisations?
M. Cournoyer: La seule façon de s'en assurer, M. le
Président, c'est que la loi actuelle ne permet pas le "raiding" entre
les unions et on a toujours pris, techniquement, CSN, FTQ et CSD. Mais, dans le
fond, ces changements d'affiliations... Je prendrai, par exemple, le 144; il y
a le 804 à Sorel. C'est l'Union internationale des plombiers, le 804. Il
ne semble pas que le 804 fasse l'objet d'une recommandation de la commission
Cliche. Je ne veux pas accrocher autre chose que ce que la commission Cliche
nous recommande de mettre en tutelle. On ne m'a pas recommandé de mettre
en tutelle le 804, j'imagine, parce que le 804 est peut-être plus
indépendant de ce qu'on veut viser par la recommandation et c'est pour
cela qu'on ne l'a pas mis dedans.
Je ne vais pas accrocher tous les locaux de l'Union internationale des
plombiers, par exemple.
M. Burns: Ce n'est pas ce que je vous demande. Je ne vous demande
pas d'accrocher tout le monde qui est plombier, électricien, etc.
M. Cournoyer: Je comprends, c'est une précision que vous
voulez.
M. Burns: Bon, ce sont des précisions que je veux,
exactement. Par exemple, sachant qu'il y a, ce que je mentionnais et ce que le
député de Beauce-Sud a mentionné ce matin... J'ai ici une
formule de révocation qui est adressée officiellement à la
FIOE, qui est la Fédération internationale des ouvriers de
l'électricité. J'ai mentionné au ministre que dans le cas
que j'ai devant moi on a pris le FIOE et on a fait un P avec le I, ce qui donne
la Fédération provinciale des ouvriers de
l'électricité et change toute l'affaire. Le local 2142 est
rayé et on met un timbre par-dessus, qui se lit: Fraternité
provinciale des ouvriers en électricité, local 1676,
Montréal, affiliée directement au Congrès du travail. Non
pas affiliée à la Fédération des travailleurs du
Québec, soit dit en passant.
Je veux dire...
M. Cournoyer: ...par le conseil...
M. Burns: Directement, ce qu'on appelle directement
"chartré" par le Congrès du travail du Canada. Ce que je veux
dire, tout simplement, c'est que toujours nous posant la question de
l'"applicabilité" de cette loi, dans le fond ce qu'on fait par l'article
et même par les amendements ou les modifications que le ministre nous
propose, c'est ne viser qu'un organisme, et...
M. Cournoyer: Un local.
M. Burns: Toujours dans le cadre de ('"applicabilité" de
la loi, je me pose de sérieuses questions sur le fait qu'à un
moment donné on puisse former, à côté, la
fédération de je ne sais trop quoi, de je ne sais pas trop qui,
qui n'a rien à faire avec les gens mis sous tutelle. Actuellement,
d'après la législation présente, ce sont les unions qui
peuvent, à toutes fins pratiques, témoigner de qui est membre ou
pas membre de cette union.
Je ne veux pas lancer une fausse rumeur mais je vois, par exemple, dans
la Gazette officielle du 25 mai 1974, volume 106, no 21 : L'Association de la
main-d'oeuvre mécanique du Québec Incorporée.
Le ministre des institutions financières donne l'avis que, le 25
avril 1974, il a autorisé la constitution d'un syndicat professionnel
sous le nom de l'Association de la main-d'oeuvre mécanique du
Québec Inc., avec siège social situé à
Montréal, district judiciaire de Montréal. C'est qui cela? Est-ce
que c'est du monde qu'on veut viser par le projet de loi?
M. Cournoyer: Je ne sais pas.
M. Burns: Bien je veux dire...
M. Cournoyer: ...ce n'est pas la nature de cette association mais
il n'y a pas une loi qui peut empêcher...
M. Burns: C'est comme cela qu'il se pose le problème.
M. Cournoyer: ...si imposante soit-elle, quelqu'un de s'associer
pour les buts prévus dans la Loi des syndicats professionnels. La seule
chose qui va arriver par exemple, c'est que pour être reconnu aux fins de
la loi no 290, amendée par le bill 9, il faut passer devant le
commissaire-enquêteur. La loi dit bien qu'il faut avoir un certain
caractère pour être reconnu. Tant que ces associations ne seront
pas reconnues, on ne peut pas penser que l'affiliation à ces
associations est une affiliation valide au sens du décret ou au sens de
la Loi des relations du travail dans l'industrie de la construction.
Il faut être membre d'un syndicat affilié, soit à la
FTQ, soit à la CSN, soit à la CSD, les parties
représentatives telles que décrites actuellement. Alors je
comprends que les difficultés vont toujours être là, que ce
soit aujourd'hui ou demain; pour éviter l'effet d'une tutelle, il est
possible qu'on forme une autre association à côté.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, c'est ce qui peut
se produire et qui s'est déjà produit, parce que la loi
n'était pas étanche. Et là, justement, elle est remplie de
trous possibles. Demain quelle va être l'attitude du ministre?
M. Cournoyer: II ne faudrait pas prêter ensemble de la
mauvaise foi à la FTQ, mais il semble qua pour s'affilier à la
FTQ il ne faut pas faire exprès...
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez... Une Voix: Là ils
vont être coincés.
M. Cournoyer: Non, je parle de la FTQ proprement dite.
M. Burns: Non, non, il va falloir qu'on le dise. On l'a dit en
deuxième lecture, puis on va le répéter: Ce n'est pas le
problème de la FTQ qu'on discute ici actuellement, c'est d'un certain
nombre de syndicats. Puis, même à l'intérieur de cela on
dirait, peut-être que c'est le problème qu'un certain nombre
d'individus ont causé à la FTQ-Construction. Je pense qu'on
s'entend là-dessus.
M. Cournoyer: On s'entend, vous et moi là-dessus, il n'y a
pas de problème. Mais, quand je dis cela, je dois présumer. Ce
qui est reconnu par nos lois, c'est une affiliation à la FTQ, ce n'est
pas n'importe quoi. Si la FTQ est sérieuse, comme je pense qu'elle l'est
elle fait ses efforts d'épuration, sans trop réussir selon
la commission Cliche, mais de toute façon elle fait ses efforts
d'épura- tion si la FTQ fait ces efforts, je suis convaincu
qu'elle ne fera pas exprès pour créer d'autres associations pour
les individus dont elle voudrait sans doute se débarrasser. J'imagine
qu'elle veut se débarrasser de ceux dont on parlait. Si elle veut s'en
débarrasser, elle ne leur permettra pas d'organiser une association et
de la reconnaître aux fins de la Loi des relations du travail dans
l'industrie de la construction.
Ce serait nettement de la mauvaise foi de sa part.
M. Burns: Vous en avez qui sont déjà là. Je
m'excuse auprès du député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): D'accord.
M. Cournoyer: Appuyés et reconnus par la FTQ?
M. Burns: Bien oui.
M. Cournoyer: Lesquels?
M. Burns: 1676.
M. Cournoyer: Oui, mais 1676 a peut-être une juridiction
totalement étrangère à l'industrie de la construction.
M. Burns: La Fédération provinciale des ouvriers en
électricité.
M. Bellemare (Johnson): Bien oui.
M. Cournoyer: Elle est reconnue par la FTQ?
M. Burns: Bien oui, ils sont déjà là. Vous
avez l'Association unie des plombiers du Québec...
M. Cournoyer: Un instant, je ne veux pas faire de preuve
juridique mais je veux savoir où la Fédération provinciale
des ouvriers en électricité est reconnue par la FTQ.
M. Burns: Ils existent.
M. Cournoyer: Oui, mais l'existence...
M. Burns: Ils existent et ils sont affiliés à la
FTQ.
M. Cournoyer: II y a quand même une différence entre
exister et être reconnu.
M. Bellemare (Johnson): Et demain, ils prendront ce canal pour
s'en aller en dehors de la tutelle. Ils existent. Ils prendront ce canal.
M. Cournoyer: C'est-à-dire que le canal... Je tiens
à répéter...
M. Bellemare (Johnson): Bien oui. Le canal a été
établi pourquoi?
M. Cournoyer: II a été établi en
réaction à la tutelle du 568.
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Cournoyer: Parce que le 568 a été mis ei.
tutelle par l'association internationale.
M. Burns: II y a des cartes qui se signent au nom de la FTQ dans
ces locaux.
M. Cournoyer: Pas FP. FI mais pas FP.
M. Bellemare (Johnson): FP. Le danger est là.
M. Cournoyer: Pas au nom de la FTQ.
M. Bellemare (Johnson): La loi n'est pas étanche, la loi
va certainement créer des problèmes, à côté
de toutes les bonnes volontés et surtout à côté de
toutes les bonnes dispositions que je prévois possibles de la FTQ et
d'autres, comme du ministre lui-même. Il reste que le
commissaire-enquêteur va être, un jour, aussi pris dans un dilemme.
C'est cela que nous reprochons à la loi, de n'être pas assez
étanche pour que la tutelle atteigne véritablement son but. Vous
allez voir le tricotage qui va se faire; vous le savez, vous
particulièrement qui avez été mêlé à
tous ces cas d'affiliation.
M. Cournoyer: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Surtout depuis que la loi est
changée et qu'on a établi la loi des
commissaires-enquêteurs, c'est du tortillage à l'année. Il
faut une surveillance de tout instant, particulièrement là
où on va appliquer une tutelle, une vraie tutelle, avec toutes les
recommandations de la commission Cliche, hormis qu'il y ait une disposition
spéciale. Le ministre peut mettre dans sa loi une clause conditionnelle
lui laissant le droit de décider s'il doit y avoir, oui ou non, une
reconnaissance. Même ies gens de la FTQ, de bonne foi... La clause
conditionnelle serait utile, un jour, au ministre, dans sa loi pour qu'elle
soit étanche et pour qu'il puisse intervenir sans avoir recours à
une nouvelle loi ou à un nouvel amendement à la loi.
M. Cournoyer: Dès que nous aurons fini cette
particularité de la mise en tutelle, je conviens qu'il faille être
plus précis s'il y a lieu de l'être et si on est capable de
l'être tout en n'atteignant pas ce que nous ne voulons pas atteindre.
Il va falloir appliquer un certain nombre d'autres recommandations de la
commission Cliche qui présentent aussi un caractère d'urgence. Il
s'agit, bien sûr de la fameuse campagne de maraudage et de l'organisation
du vote des individus, à savoir s'ils veulent être membres de
telle association déclarée représentative par le
commissaire-enquêteur et, à la fin, établir la
représentativité de ces associations.
M. Bellemare (Johnson): Si, demain matin, la
FTQ, ceux particulièrement du local 1677, décidaient, en
contrepartie, de faire partie de l'union de Sorel qui n'est pas actuellement
sous tutelle, qu'est-ce que le ministre me répondrait?
M. Cournoyer: Qu'est-ce que je vous répondrais?
M. Bellemare (Johnson): Cela se fait continuellement dans tous
les syndicats.
M. Cournoyer: Je vous répondrais...
M. Bellemare (Johnson): Particulièrement quand il y a des
accrochages.
M. Cournoyer: M. le Président, ce serait encore une
liberté que les individus auraient eux-mêmes de choisir un autre
syndicat que celui...
M. Bellemare (Johnson): Pour contourner la loi.
M. Cournoyer: Pas nécessairement.
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez, ce serait évident.
M. Cournoyer: II y a des individus qui pourraient faire partie du
local 804. Le local 804 n'est pas sous tutelle et je n'ai pas une
recommandation de le mettre sous tutelle. Il n'y a rien qui les
empêcherait, aujourd'hui, s'ils n'aiment pas l'affiliation à une
union comme celle qu'on vient de dire, de changer d'union et de s'en aller
à la CSN ou à la CSD. Sauf que la loi dit: Vous êtes
censés ne pas changer d'union quand vous avez
décidé...
M. Bellemare (Johnson): Le point de vue du député
de Maisonneuve et le mien, c'est le gouvernement devrait se garder une clause
étanche, une disposition spéciale pour répondre à
tout cela. Il n'y a rien dans la loi qui prévoit cela, rien qui dit
qu'il ne faudra pas le faire un jour et vous n'avez pas de pouvoir pour
l'empêcher.
M. Cournoyer: M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): Sauf le commissaire-enquêteur qui
ne le délivrera pas et la FTQ va le talonner. Ils vont s'en aller, par
un commissaire-enquêteur, ailleurs.
M. Cournoyer: M. le Président, vous avez les locaux 1676,
1675 et 1677.
M. Bellemare (Johnson): Et 808.
M. Cournoyer: Le 1675 représente les hommes de ligne de
Montréal, puis le 1675 représente les hommes de ligne de
Québec. Ce sont des hommes de ligne. Ils sont aussi affiliés au
Conseil des métiers de la construction de la province de Québec,
à la FTQ, et ils ont comme juridiction celle qui leur a
été octroyée par le numéro du local 1676 et 1675.
J'imagine que, quand le Conseil ca-
nadien du travail émet une charte, il délimite le champ de
juridiction de cette charte et dit à qui doit appartenir telle ou telle
personne qui fait tel ou tel genre d'opération.
Le local 1676, maintenant que vous avez posé le problème
tantôt, et le local 1675, ce sont des hommes de ligne. Il y en a un de
Québec et un de Montréal. Les hommes de ligne, eux, sont
apparemment dans la fraternité provinciale.
Et le local 1677, est la fraternité interprovinciale. Il s'agit
donc de trois chartes différentes, émises ou sur le point
d'être émises parce que ma dernière information, c'est
que...
M. Burns: Le local 2091, c'est la fraternité
internationale.
M. Cournoyer: Le local 2091, cela doit être un local de
l'IBAW. Lui, il est de la fraternité internationale, l'IBAW.
M. Burns: Ils ne sont pas visés, eux.
M. Cournoyer: Non, ils ne sont pas visés.
M. Burns: D'accord.
M. Cournoyer: La loi ne les vise pas, ni la recommandation...
M. Burns: Je ne vous demande pas d'augmenter...
M. Cournoyer: Je comprends.
M. Burns: ... la juridiction d'une loi contre laquelle je me
suis...
M. Cournoyer: Je comprends.
M. Burns: ... déclaré. Je vous dis simplement, au
départ, que si on définit les gens qu'on veut viser, j'aimerais
savoir exactement qui est-ce que l'on vise. Je ne veux pas qu'on se trouve
avec: Visa le noir et tua le blanc.
M. Cournoyer: Oui. M. Burns: Bon.
M. Bellemare (Johnson): Particulièrement, M. le
Président, que ceux qui vont être visés restent sous la
tutelle.
M. Cournoyer: Là, je ne peux enfermer, à ce
moment-ci des gens dans une union à laquelle ils pourraient
décider de ne pas continuer à se joindre.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, c'est une
loi...
M. Cournoyer: On arrive, dans peu de temps, à une campagne
de maraudage...
M. Bellemare (Johnson): Bien oui.
M. Cournoyer: ... la tutelle est prévue pour trois ans
et...
M. Bellemare (Johnson): Cela a été remis à
trois ans?
M. Cournoyer: ... le changement d'union arrive dans peu de
temps.
M. Bellemare (Johnson): II y a les 30 jours de maraudage.
M. Cournoyer: On peut se joindre à une autre union...
Pardon?
M. Bellemare (Johnson): Cela est une loi de trois ans qui va
s'appliquer. Mais durant ce temps, il va y avoir la réouverture...
M. Cournoyer: Bien oui.
M. Bellemare (Johnson): ... des conventions collectives.
M. Cournoyer: Cela commence en juillet.
M. Bellemare (Johnson): II va y avoir, en vertu de l'article du
maraudage, les 30 jours réguliers. Puis, Dieu sait qu'on va en
sortir.
M. Cournoyer: Tout ceci va se faire d'ici à septembre.
M. Bellemare (Johnson): Et on va en sortir, M. le
Président.
M. Cournoyer: Bien oui.
M. Bellemare (Johnson): On va en sortir.
M. Cournoyer: Je ne veux pas encarcaner des gens dans...
M. Bellemare (Johnson): Non, non. M. Cournoyer:... ces
unions-là.
M. Bellemare (Johnson): Non, non. Mais pour ces gens qu'on veut,
actuellement, mettre sous tutelle, je dis que la loi n'est pas étanche.
On va les amener...
M. Cournoyer: M. le Président...
M. Burns: On pourrait, M. le Président, vous citer le cas
du local 791 et du local 791-B...
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns: ... qui est exactement la même patente que...
M. Cournoyer: Oui. Et dans ce cas en particulier, vous allez
découvrir que les locaux 791-A et le 791-B je n'ai pas le
certificat d'accréditation représentent exclusivement les
employés
de Miron dans le domaine industriel, qui n'est même pas assujetti
à l'industrie de la construction.
M. Burns: Bon. Si c'est le cas, si vous êtes
assuré...
M. Cournoyer: Ce sont les informations que je possède.
M. Burns: Est-ce que vous savez qui est propriétaire, par
exemple, des édifices...
M. Cournoyer: Non.
M. Burns: ... de toutes les possessions de l'un ou l'autre de ces
locaux?
M. Cournoyer: Non. Ils sont au 3333, enfin, je connais la place
où sont les électriciens, sur le boulevard Crémazie, les
grands édifices qu'il y a là. Le propriétaire des
édifices, c'est peu probable que ce soit les fraternités Elles
sont locataires. Ni l'une ni l'autre des fraternités... Enfin, je n'ai
pas posé de question. Je n'ai pas été saisir les gens.
M. Burns: Les comptes en banque, par exemple...
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns: ... ils sont au nom de qui? Est-ce que vous le
savez?
M. Cournoyer: Normalement, les comptes en banque sont au nom de
la Fraternité interprovinciale des ouvriers en
électricité. Je vous donne un exemple de lettres que j'ai
reçues il y a deux semaines, simplement pour clarifier un peu la
situation.
La compagnie Canadian Comstock, qui fait affaires,
généralement, avec des électriciens, a envoyé
à la Fraternité interprovinciale des ouvriers en
électricité la déduction des cotisations pour le local
568, de la Fraternité internationale des ouvriers en
électricité. La Fraternité interprovinciale des ouvriers
en électricité a retourné ces cotisations en disant: Cela
ne nous regarde pas. C'était avant la proposition de mise en tutelle.
Envoyez cela à la Fraternité internationale des ouvriers en
électricité. Nous, on ne veut rien avoir à faire avec
cette fraternité. On le comprend facilement, parce que la
Fraternité internationale avait mis en tutelle le local 568, ce qui a
causé la formation de la Fraternité interprovinciale. Cela fait
déjà un an et demi ou deux ans.
M. Roy: Combien y a-t-il de membres dans chacune de ces
fraternités?
M. Cournoyer: Cela varie entre 7,000 et 8,000, mais il n'y a pas
un syndicat qui vous dit le nombre de ses membres, monsieur.
M. Roy: Dans chacune?
M. Cournoyer: Dans la Fraternité internationale des
ouvriers en électricité?
M. Roy: II y a la Fraternité internationale...
M. Coumoyer: II n'y a pas un chat qui va vous le dire,
monsieur.
M. Roy:... il y a la Fraternité interprovinciale...
M. Cournoyer: Vous allez découvrir cela quand vous allez
avoir saisi les livres.
Il y a des membres pour le CTC, il y a des membres pour l'union
internationale, il y a des membres pour la FTQ et il y a des membres pour
l'affiliation au congrès mondial. Il y a des nombres variables, selon ce
qu'ils ont décidé de payer comme cotisation mensuelle.
M. Roy: Quelles sont les modalités pour qu'une personne
puisse partir de la Fraternité internationale pour aller à la
Fraternité interprovinciale?
M. Bellemare (Johnson): C'est la loi du maraudage.
M. Cournoyer: C'est la loi.
M. Roy: Cela veut dire qu'une personne, à la fin de
l'année, lorsque sa cotisation devient échue, peut signer un
simple transfert...
M. Cournoyer: Non, monsieur. La loi dit qu'on ne peut pas changer
d'union en plein milieu de la convention collective.
M. Roy: Cela suit le maraudage. Il n'y a pas d'autres
dispositions...
M. Cournoyer: Normalement. Ce n'est pas permis.
M. Roy: II n'y a pas d'autres moyens, à un moment
donné, qui font qu'une personne...
M. Cournoyer: Si cela avait été observé, on
n'aurait pas eu le problème de la liberté syndicale sur les
chantiers de construction. L'une des principales remarques qui ont
été faites, c'est qu'on force un individu, qui est membre de la
CSN... On n'en parlait jamais, de ces relations entre la Fraternité
internationale et la Fraternité interprovinciale. On ne disait pas un
mot là-dessus, mais c'était surtout la CSN, la CSD et la FTQ qui
se chamaillaient officiellement. Là, on forçait des gens à
se joindre à une union, en plein milieu de convention, alors qu'ils
avaient décidé, au début de la convention, de faire partie
d'une autre centrale syndicale. C'est le problème que nous avions
à régler. C'est parce que des gens en forcent d'autres à
ne pas observer la loi.
M. Bellemare (Johnson): Mais au mois de mai, M. le
Président, la convention étant terminée, il va y avoir
sûrement la période du maraudage qui va commencer.
M. Cournoyer: C'est-à-dire que cela se fait, M. le
député de Johnson, d'ici à octobre...
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais la convention collective qui
régit...
M. Cournoyer: Elle n'expire qu'en mai de l'an prochain.
M. Bellemare (Johnson): En 1976? M. Cournoyer: En mai
1976.
M. Bellemare (Johnson): Mais la période de maraudage va
être permise à 30 jours...
M. Cournoyer: En octobre.
M. Bellemare (Johnson): En octobre.
M. Cournoyer: En octobre de cette année.
M. Bellemare (Johnson): Pour continuer ma question, si la
période de maraudage se produit en octobre et que la grande
majorité de ces membres qui vont devenir en tutelle décidait ou
était incitée à rejoindre le local de Sorel, cela pourrait
se faire.
M. Cournoyer: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Qu'est-ce que vaudrait la loi, à
ce moment?
M. Cournoyer: Peut-être qu'on s'évadrait de ces
locaux, qui sont peut-être contrôlés par les gens...
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais tout à coup que c'est
eux qui manoeuvrent?
M. Cournoyer: Bien, écoutez...
M. Bellemare (Johnson): Non, mais c'est une hypothèse.
M. Cournoyer: C'est-à-dire que...
M. Bellemare (Johnson): C'est une hypothèse possible.
M. Cournoyer: Oui, elle est possible cette
hypothèse-là qu'un membre a le droit de changer de syndicat. Je
parle bien du membre !à, je ne parle pas d'une affiliation
décidée par le syndicat proprement dit qui dirait, par exemple:
Nous autres, nous ne sommes plus affiliés à la FTQ. Ce n'est pas
ce qu'ils vont faire.
M. Bellemare (Johnson): Non, ils ne feront pas ça comme
ça.
M. Cournoyer: Ce qui va arriver c'est que ce sont les individus
qui vont changer.
M. Bellemare (Johnson): C'est ce qu'ils vont faire et la loi
n'aura pas d'effet.
M. Cournoyer: Oui, mais je ne peux pas empêcher les
individus de changer de syndicat, à moins de leur dire: Vous allez
être encarcanés pour la prochaine décennie dans ce
syndicat-là en particulier. Le choix qu'ils ont de changer de local est
un choix qu'ils ont de changer de centrale aussi. Nous ne pouvons pas leur
dire: Vous allez rester dans la FTQ même si vous ne le voulez pas.
M. Bellemare (Johnson): Mais où est la stipulation, dans
la loi, si ça se produisait, pour rendre la tutelle effective
vis-à-vis de ces gens que l'on condamne et que l'on met en tutelle pour
trois ans?
Le ministre va revenir en janvier ou en février prochain et va
dire: Ils nous ont échappé, nous ne les avons plus, ils sont
ailleurs et ils font les mêmes troubles. La tutelle n'aura aucune
valeur.
M. Cournoyer: J'espère que vous n'êtes pas en train
de me suggérer de mettre tous les syndicats de la province en
tutelle?
M. Bellemare (Johnson): Non, écoutez, nous serions
dépassés.
M. Roy: Nous n'avons pas demandé que tous les syndicats
soient en tutelle, nous disons que nous n'y croyons pas à la
tutelle.
M. Cournoyer: Vous vous opposez à ce qu'il y en ait en
tutelle.
M. Roy: Actuellement, on met une structure en tutelle, on est en
train de mettre des papiers en tutelle, des documents; c'est ce que nous
faisons.
M. Bellemare (Johnson): C'est pour ceux qui vont rester lorsque
la tutelle...
M. Cournoyer: Vous oubliez la partie d'avantages que comportent
ces papiers-là. C'est-à-dire que toute la déduction des
cotisations syndicales faite par ies employeurs doit être versée,
conformément à l'autorisation faite par l'individu, et il ne peut
pas changer d'autorisation avant la période de maraudage.
M. Roy: Le député de Maisonneuve a parlé des
comptes de banque tout à l'heure.
M. Cournoyer: II a parlé des comptes de banque. Qu'est-ce
qu'ils ont les comptes de banque? Nous allons les saisir? Ils vont être
sous l'administration des tutelles?
M. Bellemare (Johnson): Vous n'arriverez pas trop tard?
M. Cournoyer: Si nous continuons comme ça nous allons
être tard en désespoir, mais ça c'est une autre
histoire.
M. Bellemare (Johnson): C'est déjà fait.
Le Président (M. Séguin): Article 1,
sous-paragraphes 1, 2, 3, adoptés?
M. Cournoyer: Ecoutez, c'est clair, il faut y voir comme il le
faut parce que si vous avez des objections...
M. Burns: Ce que nous voulons savoir c'est si vous êtes
satisfait, si vous visez bien les bonnes personnes, les bons instruments, les
bons véhicules. C'est seulement ça que nous vous demandons.
M. Cournoyer: Moi, je suis satisfait que les conseillers
juridiques du gouvernement m'aient donné l'instrument pour rejoindre les
bonnes personnes. Je ne mets pas en doute les conseillers juridiques du
gouvernement qui ont décrit ce que nous devions atteindre.
Je ne pense pas que nous atteignions d'autres groupements que ceux qui
devaient être atteints conformément à la recommandation no
25. C'était généralement décrit dans la
recommandation no 25. On a dit: Les locaux des électriciens I677. Je me
suis posé la question s'il s'agissait de tous les locaux des
électriciens et de tous les locaux des plombiers. C'étaient
plutôt les locaux applicables à électriciens, plombiers,
etc. Cela aurait pu être les deux, mais le local des électriciens,
c'est I677; celui des plombiers, c'est 644; celui des opérateurs de
machinerie lourde, c'est 79I; les mécaniciens d'ascenseurs, 89. Je n'ai
pas décidé d'enlever la tutelle du I0I, on n'a recommandé
d'enlever la tutelle du I0I, on a dit: Le 89 en particulier. C'est
peut-être un oubli de la part de la commission que le I0I était
aussi en tutelle, mais comme on ne m'a pas dit d'enlever la tutelle du 101, je
n'ai pas l'intention de l'enlever.
On m'a dit de remettre le local 89 en tutelle; j'ai compris qu'il
s'agissait d'amender la loi de tutelle du local 89 en conformité des
additions qu'on me demande de faire à la loi générale, car
on dit, en plus des pouvoirs d'usage ou des attributions d'usage. Or, les
usages, il n'y en a pas gros; il y a la Seafarers International Union et les
élévateurs. On avait copié l'une sur l'autre. On dit:
Ajoutez ces pouvoirs-là. C'est ce que nous faisons dans la loi de
tutelle pour les locaux 89 et IOI et nous faisons la même chose, bien
sûr, dans le cas des autres.
La description, bien, dès que je touche aux locaux des
électriciens 1677, je dois vous avouer que je me suis posé la
question: C'est quoi, le 1677?
M. Roy: C'est ce qu'on se pose.
M. Bellemare ( Johnson): C'est là qu'il aurait
été utile de les entendre.
M. Cournoyer: Ils vous l'auraient probablement dit...
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Roy: Oui.
M. Cournoyer: ...qu'est-ce que c'était le I677.
M. Bellemare (Johnson): Oui, c'est ça.
M. Cournoyer: Après cela, vous auriez dû poser la
question, comme le député de Maisonneuve tantôt: Qu'est-ce
que c'est I675, qu'est-ce que c'est I674?
M. Bellemare (Johnson): C'est une question qui s'en vient.
M. Cournoyer: Vous auriez dû aussi vous poser la question:
Qu'est-ce que cela pourrait être, demain, I690? Et, tout à coup
qu'il y en a un 1691 après. Remarquez bien que ce sont des questions
auxquelles ils ne vous auraient pas répondu nécessairement, parce
que vous auriez posé la question: Qu'est-ce que c'est, le I677? C'est la
Fraternité interprovinciale des ouvriers en électricité,
tel que c'est écrit dans le bottin téléphonique, avec les
adresses qui nous sont données. Mais le mot I677 vient d'où? Nous
nous sommes renseignés; c'est le numéro de la charte émise
ou devant être émise, parce qu'on a mis un doute même sur
l'émission possible de cette charte; elle était en voie
d'être émise par le Congrès du travail du Canada.
M. Bellemare (Johnson): Et si elle ne l'était pas?
M. Cournoyer: Si elle n'était pas émise? M.
Bellemare (Johnson): Oui.
M. Cournoyer: Ils se présentent encore, eux autres, sans
charte du Congrès du travail du Canada, avec le mot I677 accroché
après.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais cela ne confirme pas la
légalité ni...
M. Cournoyer: II n'y a pas de légalité
là-dedans, M. le député de Johnson; il y a des traditions.
Ce n'est pas incorporé en vertu de nos lois, ces syndicats-là, et
vous le savez.
M. Bellemare (Johnson): M. le ministre, c'est parce que,
là, cela va devenir bien plus qu'une tradition; il va y avoir une loi
qui va imposer quelque chose qui est extraordianaire. Les gens vont prendre
tout les moyens, toutes les sorties au monde pour se défaire de la
tutelle. Je vous dis que, d'ici à six mois, il va y en avoir des gens de
sortis de la tutelle; vous ne pourrez pas les rejoindre.
M. Cournoyer: Je vais faire confiance à la FTQ pour faire
en sorte que, même s'ils sont en tutelle, dans la tutelle qu'elle a du
Conseil provincial des métiers de la construction qui n'est pas
suspendue pour autant, ils n'acceptent pas des affiliés qu'ils
jugeraient normalement comme non recevables.
M. Burns: Moi, M. le ministre, cela me satisfait, cela me fait
même plaisir de vous entendre dire: Je vais faire confiance à la
FTQ.
M. Cournoyer: En ce domaine-là.
M. Burns: Tout ce que je vous demande, c'est de vous rappeler,
à l'article suivant, que vous venez de dire: Je fais confiance à
la FTQ. On s'en reparlera après.
M. Cournoyer: Oui, et j'espère que vous allez...
M. Burns: Quant à moi, je suis entièrement
d'accord.
M. Cournoyer: ...rester dans le contexte où on est.
M. Burns: Moi aussi, je suis prêt à faire confiance
à la FTQ.
Je suis entièrement d'accord là-dessus. Et je veux que
vous vous rappeliez ce que vous venez de dire là...
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns: ...quand on discutera l'article 2.
M. Cournoyer: Très, très contesté.
M. Roy: M. le Président, j'ai cru comprendre... Si vous
avez du travail à faire dans votre bureau, vous pouvez y aller.
M. Bédard (Montmorency): Non, non, je n'ai pas besoin de
vous pour m'en aller au bureau.
M. Roy: Moi, non plus, je n'ai pas besoin de vous, au cas
où vous ne le sauriez pas. J'ai une question à poser.
M. Harvey (Charlesbourg): Qu'est-ce qu'il lui prend au petit coq
de Beauce-Sud, donc?
M. Bédard (Montmorency): Vous avez toujours des
interventions...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Ah! non, je ne me laisserai pas marcher sur les pieds, M.
le Président.
M. Burns: Vous n'êtes pas pour décider combien de
temps on va intervenir.
M. Roy: Non, non, c'est nous qui allons décider cela.
M. Burns: Ce n'est pas votre grosseur ici qui va venir nous
expliquer qu'on doit cesser d'intervenir, ce n'est pas vrai.
M. Roy: On ne se laissera pas marcher sur les pieds.
M. Bédard (Montmorency): On va en décider une
partie.
M. Burns: Non, non, cela ne marche pas au poids cela,
imaginez-vous donc, une commission. Vous n'avez pas plus de poids que moi ici,
n'oubliez pas cela.
M. Bédard (Montmorency): Non, non, c'est un vote, un
vote.
M. Burns: C'est ça. Alors prenez votre temps et ne vous
énervez pas. Ce n'est pas votre grosseur qui va nous énerver, non
plus.
M. Roy: Non.
M. Bédard (Montmorency): La journée où je
voudrai me servir de la grosseur, je saurai quoi faire.
M. Roy: On en a déjà vu d'autres avant vous.
Le Président (M. Séguin): Continuez donc. Le
député de Beauce-Sud.
M. Burns: J'ai déjà vu pas mal plus gros que
toi.
M. Roy: M. le Président, j'ai cru comprendre, tout
à l'heure, que le ministre nous a déclaré qu'il
n'était pas sûr que le local 1677 avait une charte. Est-ce que
j'ai bien compris?
M. Cournoyer: Vous avez bien compris.
M. Roy: Mais vous allez faire quoi avec cela? Quelle est la
valeur légale de votre affaire? S'il n'y a pas de charte d'émise,
cela n'a pas d'existence légale, le local 1677.
M. Cournoyer: Je ne suis toujours pas pour faire un cours de
droit cet après-midi.
M. Harvey (Charlesbourg): II est masochiste.
M. Cournoyer: Cela s'appelle 1677, c'est son nom
enregistré, c'est le nom qu'il a. Il est affilié au CTC. Est-ce
que le CTC a émis une charte, puis est-ce que la charte du CTC
présente un caractère légal dans la province de
Québec? Elle n'en présente pas de caractère légal
dans la province de Québec.
M. Roy: Je ne vous ai pas demandé de me donner un cours de
droit. Je vous remercie des réponses que vous venez de me donner...
M. Cournoyer: Elle n'en présente pas de caractère
légal.
M. Roy: ...je n'ai pas l'intention de faire un débat sur
le plan légal, parce que je pense que le gros bon sens là-dedans
crève les yeux.
M. Cournoyer: Je ne voudrais pas vous insulter ni surtout aller
trop vite. Je ne veux pas aller vite. Vous savez, ce n'est pas pressé,
mais ce qui arrive...
M. Burns: Pas pressé, vous avez fait une motion d'urgence.
Il faut suivre les règles, voyons donc!
M. Cournoyer: Je ne suis pas pressé, mais il faut qu'il
comprenne.
M. Burns: On se retrouve en fin de session comme si ce
n'était pas possible.
M. Cournoyer: Voyons donc! M. Burns: Bien voyons donc!
M. Cournoyer: Même si vous me permettez d'expliquer
à M. le député de Beauce-Sud...
M. Burns: Non, non, mais pas de menteries quand même,
écoutez!
M. Cournoyer: Voyons donc!
M. Bellemare (Johnson): Un peu d'indulgence.
M. Burns: Vous avez passé la moitié de votre vie
à vous convaincre que...
M. Bellemare (Johnson): Voyons donc!
M. Roy: Le député de Charlesbourg s'occupe de son
image, il nous en a parlé cet après-midi...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud, avez-vous terminé?
M. Roy: J'avais une question au ministre, tout à
l'heure.
Le Président (M. Séguin): Le ministre a
répondu.
M. Cournoyer: Je vous explique, je vous explique...
M. Bellemare (Johnson): C'est la même réponse. C'est
la même question qu'il a posée.
M. Cournoyer: Je vous explique, c'est la même chose. Il n'y
a pas de reconnaissance légale par la loi no 290, par les lois
québécoises, d'une décision du Congrès du travail
du Canada, d'émettre une charte avec un numéro ou de ne pas en
émettre une charte avec un numéro. Les personnes qui se
présentent avec ce numéro, ce sont des personnes qui pourraient,
demain matin, déclarer, par le simple enregistrement de leur nom au
bureau du protonotaire ou à la cour Supérieure ou au bureau
d'enregistrement de leur district: On existe demain matin puis on s'appelle
1790.
M. Bellemare (Johnson): Ils ne sont pas couverts par la loi.
M. Cournoyer: Mais 791 l'a fait.
M. Roy: Ils ne sont pas couverts par la loi.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que le ministre peut nous dire
s'ils ont une adresse légale? Une adresse, un siège social, un
bureau d'affaires dans la province de Québec?
M. Cournoyer: Oui, ils ont un bureau d'affaires dans la province
de Québec.
M. Bellemare (Johnson): Deuxièmement, M. le
Président, est-ce que le ministre peut nous dire s'ils font affaires
avec des banques, s'ils ont des fonds?
M. Cournoyer: Ils ont des fonds.
M. Bellemare (Johnson): Troisièmement, M. le
Président...
M. Cournoyer: Ce n'est pas sûr qu'ils font tous affaires
avec des banques, par exemple.
M. Bellemare (Johnson): Non, non ils ont des fonds.
Troisièmement, est-ce que les institutions financières leur ont
délivré un permis ou une autorisation de ramasser les fonds de
leur centrale?
M. Cournoyer: S'ils ont des caisses d'économie, oui.
M. Bellemare (Johnson): S'ils ont des caisses d'économie.
Parce qu'ils sont attachés au "fringe benefit"?
M. Cournoyer: Oui, mais ils n'ont pas...
M. Bellemare (Johnson): Cela existe dans le 290, parce qu'il est
relié à la FTQ. Ils ont droit à tous les "fringe
benefits".
M. Cournoyer: Oui, mais des fois il arrive que les syndicats
créent des petites "caissettes".
M. Bellemare (Johnson): Pour finir, ils ont une adresse, ils ont
des comptes de banque, ils opèrent légalement en vertu de la loi.
Ces gens, parce qu'ils ne sont pas reconnus par la centrale, demain matin ils
changent leur numéro, ils deviennent 1678, ils ne sont pas couverts par
la loi de la tutelle. C'est cela?
M. Cournoyer: Une des possibilités, c'est cela.
M. Bellemare (Johnson): II y a des possibilités que ce
soit cela.
M. Roy: M. le Président, j'aurais une dernière
question à poser là-dessus.
M. Cournoyer: II ne faudrait pas les inspirer à le faire,
par exemple.
M. Bellemare (Johnson): Non, je ne le leur recommande pas. Je
cherche à bonifier la loi s'il y a lieu pour que vous atteigniez
véritablement le but
que la commission Cliche spécifie. Si la loi est remplie de
trous.. Ces gens-là ont des avocats qui vont étudier la loi.
M. Cournoyer: Ce que j'indiquais tantôt au
député de Beauce-Sud, en réponse aussi aux remarques du
député de Maisonneuve et aux vôtres, c'est que pour pouvoir
être reconnu dans l'industrie de la construction il faut être
affilié à la FTQ.
M. Bellemare (Johnson): C'est cela.
M. Cournoyer: Si la FTQ est de bonne foi et veut se
débarrasser d'un certain nombre d'éléments; elle ne va pas
reconnaître une union à côté de celle qui est en
tutelle rien quue pour le plaisir de garder les mêmes
éléments sous sa tutelle. Si elle le fait...
M. Bellemare (Johnson): Vous forcez la vertu. M. Cournoyer:
C'est-à-dire...
M. Bellemare (Johnson): Vous forcez la vertu de certaines
gens.
M. Roy: La vertu, ça ne s'impose pas.
M. Cournoyer: Non, mais on peut espérer que les
déclarations de bonne foi de la FTQ veulent dire quelque chose. Moi, je
lui parle encore et elles m'ont l'air de bonne foi.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez vu une expérience qui
dure depuis quelque temps, trois mois et demi, celle de la tutelle que la FTQ
s'est imposée avec Fernand Daoust.
M. Cournoyer: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Qu'est-ce qui se produit?
M. Cournoyer: La commission Cliche a porté un jugement
extrêmement sévère sur cette tutelle en particulier.
M. Bellemare (Johnson): Comme sur celle de M. Saulnier.
M. Burns: Elle n'a pas de pouvoirs.
M. Cournoyer: Pardon? Ce n'est pas tout à fait...
M. Burns: Elle n'a pas les pouvoirs qu'on s'apprête
à donner à une tutelle.
M. Cournoyer: Elle n'a pas de pouvoirs? La
Fédération des travailleurs du Québec avait un certain
nombre de pouvoirs.
M. Burns: Voulez-vous dire que les pouvoirs qu'on s'apprête
à donner à un conseil d'administration qui va agir comme tuteur,
M. Daoust les avait comme tuteur?
M. Cournoyer: Non.
M. Burns: Est-ce cela?
M. Cournoyer: Non.
M. Burns: Vous ne dites pas cela?
M. Cournoyer: Ce n'est pas ce que je veux dire.
M. Burns: D'accord.
M. Cournoyer: Je veux dire qu'il avait les pouvoirs que la FTQ
avait sur ses affiliés. Cela, je n'ai pas à le mettre en
question.
M. Burns: C'est-à-dire, dans le cadre où cela s'est
présenté, aucun pouvoir véritable, sauf ceux qui
étaient acceptés, qui étaient, à toutes fins
pratiques, soumis par les affiliés en question. C'est tout. Ne nous
leurrons pas.
M. Cournoyer: Oui, j'en conviens. Je connais la FTQ et ses
structures, je connais la CSN et ses structures.
M. Burns: Alors, ne blâmez pas M. Daoust de ne pas
avoir...
M. Coumoyer: Je n'ai pas dit cela. Ne me prêtez pas des
choses. J'ai dit que la commission Cliche a porté un jugement
très sévère sur la tutelle de la FTQ. Ce n'est pas moi qui
l'ai porté.
M. Burns: Peut-être que la commission Cliche aurait
dû prendre connaissance des pouvoirs que M. Daoust avait.
M. Cournoyer: Elle a pris connaissance, si je lis bien le
même rapport que vous, des déclarations de M. Daoust qui disait
qu'il avait tous les pouvoirs.
M. Burns: Je ne pense pas que ce soit ce que M. Daoust a dit
devant la commission Cliche. C'est pour cela que ç'aurait
été bien le "fun", pas pour les contredire, mais ç'aurait
été bien le "fun" que les commissaires viennent expliciter
certains aspects de leur rapport.
M. Cournoyer: Cela aurait été un débat.
M. Burns: Vous avez malheureusement refusé de les
entendre.
M. Cournoyer: Cela aurait été un débat.
C'est fait.
M. Burns: C'est votre problème.
M. Roy: J'ai une autre question, M. le Président.
Là, on sait quoi? Quels sont les organismes qui sont visés par la
loi. J'aimerais savoir, puisqu'il se cache des individus derrière cela,
quels personnages le gouvernement
vise d'une façon particulière par sa loi. Je pense que
c'est aussi bien de mettre les cartes sur la table, clairement, qu'on
arrête de se raconter des histoires, de faire des détours...
M. Cournoyer: Vous poserez la question au ministre de la
Justice.
M. Roy: ... d'essayer "d'abrier", de dorer, de décorer la
situation.
M. Cournoyer: II s'agit de personnages d'une certaine
catégorie, qui ont été jugés par la commission
Cliche comme ne devant plus faire partie des mouvements syndicaux.
M. Roy: Mais le gouvernement n'est pas en mesure,
actuellement...
M. Cournoyer: Le ministre du Travail n'est pas en mesure...
M. Roy: ... de nous dire qui, de façon
particulière?
M. Cournoyer: Le ministre du Travail...
M. Roy: Le ministre n est pas intéressé à
nous le dire?
M. Cournoyer: II n'est pas en mesure de vous le dire. Même
s'il était intéressé à vous le dire, il n'est pas
en mesure de vous le dire.
M. Roy: On vient de vous dire que la structure que vous nous
proposez, c'est un panier qui est déjà percé d'avance.
M. Cournoyer: C'est vous qui dites cela.
M. Roy: Non, il est percé, votre panier, d'avance.
M. Cournoyer: II est percé d'avance?
M. Roy: Tout le monde l'admet, votre panier est percé.
Cela veut dire que les poissons que vous allez tenter de recueillir, vous
pouvez les retrouver ailleurs. J'aimerais savoir qui sont ces poissons.
M. Cournoyer: Je ne sais pas les noms des poissons qu'il s'agit
de faire prendre ailleurs. Il peut y en avoir un qui s'appelle Labonté,
quelque part, parce qu'il est encore là.
M. Burns: M. le ministre, est-ce que je peux vous dire quelque
chose, bien honnêtement? C'est quelque chose que je retiens depuis deux
jours. Je vais vous le dire bien franchement à ce stade-ci de nos
procédures. Vous avez l'air du gars qui ne veut pas que sa loi
réussisse.
Vous avez l'air de la personne qui n'est pas du tout d'accord, comme
nous autres, d'ailleurs, on n'est pas d'accord sur la tutelle, puis vous avez
l'air de dire: On va mettre cela au pire possible, pour que cela ne marche pas,
puis que j'aie raison d'avoir dit au cabinet: Cela n'a pas de sens d'imposer la
tutelle, tel que le recommande la commission Cliche. Vous avez l'air exactement
de cela. Si c'est cela, j'aime autant le savoir tout de suite pour savoir avec
quelle sorte de ministre je jase.
M. Roy: Puis on va arrêter de perdre notre temps.
M. Burns: On va arrêter de perdre notre temps et on va dire
à tout le monde: D'accord, on prend la politique du pire; on va mettre
une tutelle en place qui va être tellement stupide et tellement grave
qu'elle ne réussira pas.
M. Bellemare (Johnson): Vous n'aimeriez pas ça...
M. Burns: C'est cela. Moi, je vous avoue honnêtement que
c'est mon avis.
M. Bellemare (Johnson): Vous n'aimeriez pas ça avoir la
paix de temps en temps?
M. Cournoyer: Vous m'avez donné un vrai moyen pour avoir
la paix réellement, vous.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais vous n'aimeriez pas cela...
M. Charron: Moi aussi, je vous en avais donné un.
M. Burns: Moi, j'en ai un autre.
M. Cournoyer: Vous, si vous me le donniez; c'est parce que vous
le demandez, là.
M. Burns: J'en ai une autre solution, M. le ministre.
M. Bellemare (Johnson): Le 9, ce n'est pas moi qui vous l'ai
donné.
M. Burns: Moi, cela fait longtemps que je propose que vous
quittiez cela, ce ministère-là.
M. Cournoyer: C'est la même solution que...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Il y a eu une motion en Chambre sur cette question et je voudrais
que vous reveniez au débat, s'il vous plaît.
M. Charron: C'est la population de Saint-Jacques qui me l'a
demandé.
Le Président (M. Séguin): Article I,
sous-paragraphes I, 2, 3.
M. Bellemare (Johnson): II y a une décision du
président, le 14 novembre, à ce sujet, quand il y a quelque chose
d'inscrit au feuilleton, qui donne raison...
Le Président (M. Séguin): La motion est au
feuilleton, elle n'est pas encore discutée. Alors, nous n'avons pas
à en discuter ici.
Continuez, le député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): C'est parce qu'on voudrait dire au
ministre qu'il doit être terriblement fatigué de revenir devant la
Chambre toujours avec le même problème. Il ne veut pas qu'on
l'aide quand on cherche à l'aider. On voudrait se montrer gentil et
coopérateur. On voudrait soulager le ministre de ses problèmes,
de son manteau de plomb qui l'écrase. Il ne veut pas du tout. On dit, M.
le Président: Pauvre ministre, cela fait des mois, cela fait cinq ans
qu'on le torture de tout bord et de tout côté. Il s'en sauve;
à force de faire des petites négociations illégales
parfois ce n'est pas moi qui dis cela, c'est le rapport Cliche il
vient à bout de faire adopter uni loi qui lui donne raison et, pour un
petit bout de temps, il souffle.
Vous devez être fatigué de cela, M. le ministre. Vous
n'aimeriez pas cela faire une bonre loi qui vous mettrait à l'abri pour
un certain temps. On voudrait la bonifier, parce qu'on vous dit que c'est plein
de trous, votre loi. Vous allez avoir, demain, des problèmes
épouvantables. Le maraudage, au mois d'octobre, je n'ai pas besoin de
demander à la FTQ d'être gentille, ni de coopérer; ils vont
le faire avec toute la spontanéité qu'on connaît à
la FTQ dans les dispositions qu'ils ont aujourd'hui. C'est loin du rapport
Cliche, quand ils disent: Le progrès général du syndicat
en s'assurant de la participation des travailleurs. Je vous dis que votre loi,
ils l'attendent. Ils l'ont lue et relue et ils savent déjà
où sont les trous. Vous allez avoir d'autres troubles, on voudrait vous
en éviter, M. le Président.
M. Cournoyer: Dites-moi la manière.
M. Bellemare (Johnson): La manière, c'est qu'il faudrait
que la couverture que vous mettez sur la tutelle soit étanche, qu'elle
ne puisse pas se défaire. Je comprends que vous allez me
répondre: La liberté syndicale, le pluralisme...
M. Cournoyer: Ce n'est pas la liberté syndicale, que je
vais vous répondre. Je dis: J'ai demandé aux conseillers
juridiques de rendre étanche la description de ce que le rapport Cliche
nous recommandait de prendre.
M. Bellemare (Johnson): Puis, vous, vous venez de nous admettre
qu'elle ne l'est pas.
M. Cournoyer: Je n'ai pas dit cela, moi.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez dit cela tout à
l'heure.
M. Cournoyer: Non. Vous m'avez posé la question.
M. Bellemare (Johnson): J'ai posé quatre questions; vous
m'avez répondu comme il faut.
M. Cournoyer: Ne me faites pas dire des affaires que je n'ai pas
dites.
M. Bellemare (Johnson): Les quatre réponses sont que cela
peut arriver.
M. Cournoyer: Bien, puis?
M. Bellemare (Johnson): Cela prouve que ce n'est pas
étanche. Si elle n'est pas étanche, elle n'est pas bonne. C'est
vrai.
M. Cournoyer: Est-ce que vous êtes en train de
suggérer...
M. Bellemare (Johnson): De mettre une disposition spéciale
pour que le ministre soit protégé en tout temps, pour
protéger la tutelle.
M. Cournoyer: Oubliez le ministre. Cela veut dire que vous
êtes en train de suggérer de mettre sous tutelle
immédiatement et sous séquestre, puis fini, pas de "bougeage",
tous les syndicats qui représentent les ouvriers de
l'électricité...
M. Bellemare (Johnson): Non, non, vous en avez assez de
quatre.
M. Cournoyer: ...puis tous les syndicats qui représentent
les gens de la machinerie?
M. Bellemare (Johnson): On n'est pas d'accord.
M. Burns: On n'est même pas d'accord sur les quatre.
M. Bellemare (Johnson): Le cas de la FTQ a prouvé que ce
n'est pas bon.
M. Burns: Maintenant que le principe est adopté, on vous
pose des questions sur ce que vous voulez faire avec cette loi, toujours en
désaccord sur le principe, mais on ne peut pas y revenir, car le
président me rappelerait à l'ordre si je vous parlais contre le
principe de ce projet de loi. Mais là on est obligé de jouer le
jeu ou bien on sacre notre camp chacun chez nous, puis on vous laisse adopter
les lois que vous voudrez. On essaie, malgré que ce soit une mauvaise
loi, de la rendre moins pire que vous êtes en train de le faire. C'est
seulement cela qu'on essaie de faire.
M. Cournoyer: La définition de l'article I est mauvaise,
selon vous.
M. Burns: C'est au moins une définition à partir de
laquelle vous ne savez pas quelles vont être les conséquences de
la mise en application de cette loi.
C'est la conclusion à laquelle je dois en arriver.
M. Cournoyer: C'est votre conclusion et pas la mienne.
M. Burns: Bien oui, je suis obligé d'en arriver à
ça.
M. Cournoyer: C'est votre conclusion. M. Burns: Bien
oui.
M. Bellemare (Johnson): Bien oui, c'est celle de plusieurs.
M. Cournoyer: Bien, la vôtre aussi. Et c'est celle du
député de Saint-Jacques probablement.
M. Bellemare (Johnson): Et, à part ça, le vox
populi qui vous attend, demain matin...
M. Cournoyer: Oui.
M. Bellemare (Johnson): ...vous allez avoir le sicut eras. Vous
allez voir.
M. Cournoyer: C'est quoi?
M. Bellemare (Johnson): Sicut eras in princi-pio, comme tu as
été au commencement, comme tu seras à la fin!
M. Burns: Après cette intervention en intrigue, M. le
Président...
M. Bellemare (Johnson): II va falloir arrêter de dramatiser
ça.
M. Bédard (Montmorency): Vous allez en voir arriver avec
une tablette tantôt pour vous demander justement quels sont les mots que
vous avez prononcés. Je n'ai rien compris. Non, non, le vox populi,
ça va.
M. Bellemare (Johnson): ...en particulier.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, il y a une affirmation du
ministre, tout à l'heure, que le député de Maisonneuve a
relevée et qu'il vaut la peine de reprendre.
Au moment où les députés de la commission
constatent que l'étanchéité de la description faite
à l'article 1 de la loi n'est pas aussi solide que nous l'aurions
souhaité ou que le gouvernement dit le souhaiter en agissant aussi
promptement là-dessus, le ministre est obligé d'affirmer que, de
toute façon, quel que soit le résultat qu'il veut
présenter à la population, il va être obligé de
compter, dans l'application de sa tutelle, sur la collaboration et la
coopération de la FTQ, où qu'elle soit. Parce que les
phénomènes qu'ont signalés l'ancien ministre du Travail et
le député de Beauce-Sud, quand ils disaient que, demain matin,
n'importe quel, disons-le, des bandits ou des travailleurs honnêtes
manipulés par les bandits de ces syndicats peuvent se retrouver dans un
autre local, peuvent se retrouver dans une autre union, échappant ainsi
à la tutelle, la seule façon de les empêcher, ce serait,
pour la FTQ, de refuser d'accréditer, disons, une union fantôme
qui se créerait le lendemain pour fuir la tutelle. Autrement dit, ceux
qui vont vraiment et je fais cette intervention pour rejoindre certaines
affirmations faites en deuxième lecture faire la tutelle, ceux qui vont
vraiment la maintenir, ceux qui vont donner son caractère
d'étanchéité à la tutelle gouvernementale, ce sont
les syndiqués eux-mêmes. C'est la centrale syndicale de la FTQ
elle-même.
Nous soutenions, lors du débat de deuxième lecture, que,
de toute façon, vouloir faire croire que la tutelle gouvernementale est
une solution on n'en est qu'au premier article de ce projet de loi et je
vous avise qu'il y en a d'autres encore plus importants pour nous rappeler
cette réalité or, la tutelle gouvernementale, le ministre
lui-même vient de l'affirmer, n'aura de réussite que s'il y a, du
côté syndical, une même volonté de faire un
nettoyage.
Demain matin, le ministre ou son chef de gouvernement iront se
péter les bretelles sur toutes les tribunes politiques en disant qu'ils
ont réglé le problème de la construction parce qu'ils ont
imposé une tutelle sur certains syndicats. Il faudra s'ils
étaient honnêtes, ils le feraient eux-mêmes que ceux
qui sont chargés de rétablir les faits souvent dans des
visées politiques le fassent et disent que ces mêmes
personnages, à l'origine de cette loi, ont eux-mêmes
affirmé que leur geste, leur intention, leur volonté d'action,
aussi urgente qu'elle ait été présentée à la
population, repose quand même sur une hypothèse fondamentale, qui
n'a pas été détruite au cours du débat, qui est que
ce sont les travailleurs eux-mêmes qui doivent organiser la conduite de
leurs propres affaires. Personne ne peut le faire à leur place. On peut
leur faciliter la tâche... Je pense que le projet de loi no 30 contient
on en parlera plus tard un certain nombre de mesures qui vont
faciliter, pour les travailleurs eux-mêmes, la tâche de
procéder à l'amélioration de leurs conditions. Mais on en
revient toujours à ce cas, ce n'est pas le gouvernement qui va
régler ces problèmes, ce n'est pas le poids de sa tutelle, ce ne
sont pas les définitions artificielles qu'il peut donner qui vont
contourner un certain nombre de traditions le ministre a raison
là-dessus et aussi un certain nombre de trous qu'il y a dans le
projet de loi, purement et simplement.
Dans ce sens, je soutiens également, comme le
député de Maisonneuve, qu'il faut remarquer cette affirmation du
ministre, faite lors de l'étude de l'article 1, parce qu'elle deviendra
extrêmement importante lorsque nous passerons à d'autres
articles.
Le Président (M. Séguin): Alors, messieurs, article
1, sous-paragraphes 1, 2 et 3, adoptés sur division?
M. Roy: Sur division.
M. Burns: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Sur division. Article
5.
M. Burns: Pardon, M. le Président? Article 2, je
pense.
A l'article 2, M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Un instant! C'est parce
que j'ai la feuille d'amendement.
M. Burns: Ah oui! Ne sautez pas si vite que cela, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Un instant!
M. Burns: Vous allez me faire sursauter. Ce n'est pas bon pour
mon coeur.
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît! Laissez-moi trouver la place.
M. Bédard (Montmorency): Sur l'article 1... M. Burns:
...l'adopter.
M. Bédard (Montmorency): Non, attendez ma question.
M. Burns: Arrêtez de retarder l'adoption de ce projet de
loi.
M. Bédard (Montmorency): Non. Je ne veux pas retarder. Je
veux seulement poser une question. On vient de...
M. Burns: Est-ce que vous faites un filibuster?
M. Bédard (Montmorency): Les sous-paragraphes 1, 2, 3;
est-ce que b), c) et d), c'est accepté aussi?
M. Burns: On a les mêmes remarques, à l'endroit de
tous les autres paragraphes, qu'on a dites...
M. Bédard (Montmorency): Non, mais c'est parce que b),
c'est la définition de président, définition de conseil
d'administration, définition de ministre.
M. Burns: Ah oui! Quant à cela, oui.
M. Bédard (Montmorency): Cela fait partie du projet de
loi.
Le Président (M. Séguin): Oui. A la suite du
sous-paragraphe 3...
M. Bédard (Montmorency): C'est pertinent.
M. Charron: On pourrait proposer un amendement à
"ministre".
Le Président (M. Séguin): Nous sommes à
l'article 2, si vous voulez bien procéder.
M. Veilleux: On veut vérifier pour que vous ne reveniez
pas.
M. Burns: A l'article 2, M. le Président...
M. Charron: A la place du ministre du Travail, je mettrais:
Député de Rosemont.
Le Président (M. Séguin): A la place de tout cela,
je demanderais au député de Maisonneuve de continuer.
M. Burns: Merci, M. le Président.
A l'article 2, je pense, qui est l'article de la mise en tutelle
lui-même, est-il besoin, M. le Président, de lire cette phrase,
qui est le premier alinéa? "Est institué un conseil
d'administration pour chacun des syndicats; ce conseil est composé d'un
président et de deux autres membres nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil."
M. le Président, c'est à cet article, selon l'attitude du
gouvernement, par son ministre du Travail actuel, c'est à ce moment-ci
qu'on va vérifier la volonté du gouvernement de
véritablement faire une tutelle qui sera efficace, qui s'appliquera dans
les faits. Nous avons exposé, en deuxième lecture, notre opinion,
selon laquelle on n'a pas le monopole de la vérité; on
peut avoir tort là-dessus il est absolument impensable qu'une
tutelle, quelle qu'elle soit, puisse avoir un effet quelconque, valable,
efficace, sans la participation des gens intéressés, sans la
participation, tout au moins, de la centrale syndicale à laquelle sont
affiliés les syndicats visés.
Ce matin, M. le Président, le ministre du Travail nous a
cité le cas de la tutelle de la SIU, Seafarers International Union, ou,
si vous aimez mieux, le Syndicat international des gens de mer, qui, à
l'époque, était dirigée par un certain Hal Banks. Celui-ci
a été poursuivi et, effectivement, a aidé
énormément à la mise en application, comme le disait le
ministre, en quittant le Canada. Mais le ministre nous a dit, également
et j'en suis, M. le Président, je partage entièrement
l'avis du ministre là-dessus qu'un des éléments
importants du succès de cette tutelle du Syndicat international des gens
de mer a été la participation de personnages tels que M. Leonard
McLaughlin et M. Roman Gralowics, qui est actuellement le président de
la SIU, et, au moins, leur acceptation de fonctionner dans ce cadre.
J'ai, avec beaucoup de plaisir, et le député de
Saint-Jacques l'a noté également, souligné le fait que le
ministre, tout à l'heure, disait qu'il faisait confiance à la
FTQ, la Fédération des travailleurs du Québec. Moi aussi,
M. le Président, je fais confiance à la Fédération
des travailleurs du Québec. Les quelques indésirables qui ont
fait les manchettes, que ce soit du côté gouvernemental ou du
côté de la FTQ, dans le cas du rapport Cliche, ce n'est pas cela,
M. le Président, l'histoire du syndicalisme, pas plus à la FTQ
que dans la construction. La commission Cliche encore une fois, avec
beaucoup de plaisir, j'ai lu cette affirmation nous dit: II y a un tas
de gens, et c'est la majorité, qui sont des honnêtes travailleurs
dans le domaine de la construction.
II ne faudrrait pas commencer à jouer avec l'image à un
tel point qu'on laisse entendre que, d'abord, tous les travailleurs de la
construction sont corrompus, que tous les dirigeants syndicaux de la
construction sont corrompus et surtout que tous les travailleurs
affiliés à la FTQ ou tous les dirigeants syndicaux de la FTQ sont
corrompus. Je pense qu'il va falloir, une fois pour toutes, se le dire: La FTQ,
la Fédération des travailleurs c'est en grande majorité,
je dirais dans la presque totalité, des gens qui sont
dévoués aux intérêts des travailleurs. Il ne
faudrait pas que nous commencions à faire de la démagogie avec
ça. Parce que quelques indésirables ont fait des écarts
à je dirais même l'éthique syndicale, qui ont
négocié de façon un peu bizarre avec certains patrons ou
qui sont tombés dans les filets que certains patrons leur tendaient, il
ne faudrait quand même pas en tirer la conclusion que tout le mouvement
syndical, FTQ, CSN, CSD, c'est du monde à qui on ne peut plus se
fier.
C'est pour cela que tout à l'heure j'étais bien heureux
d'entendre le ministre du Travail dire: Je me fie au bon sens de la FTQ.
C'est quoi, la FTQ, dans le fond? C'est un grand nombre de syndicats qui
n'ont aucunement intérêt à ce que l'opinion, mal
véhiculée à mon avis, de la commission Cliche serve de
prétexte pour laisser croire qu'il n'y a plus rien à faire avec
les représentants syndicaux. La FTQ c'est quand même le Syndicat
canadien de la fonction publique, syndicat tout à fait respectable,
très militant. On a vu à de nombreux endroits ce que ce syndicat
et ses représentants syndicaux étaient capables de faire.
La FTQ, c'est quand même l'Union internationale des
métallos, les métallurgistes unis d'Amérique comme on les
appelle. La FTQ ce sont quand même les travailleurs de l'industrie
chimique; ce sont les gens des pâtes et papiers; ce sont les ouvriers
unis des textiles d'Amérique; ce sont les Travailleurs unis de
l'automobile.
Ces syndicats ont déjà derrière eux un historique
syndical irréprochable, ils ont fait leur travail, ils continuent
d'ailleurs à le faire à la United Aircraft. Je ne pense pas que
les Travailleurs unis d'Amérique, on peut leur reprocher d'avoir
laissé tomber les travailleurs de la United Aircraft; c'en est un des
cas. Je ne pense pas qu'on puisse dire aux Travailleurs unis de l'automobile
qu'ils ont laissé tomber les gars de Sainte-Thérèse quand
ils se sont battus, il y a quelques années, contre la GM. Les
métallos, je ne pense pas qu'on puisse dire d'eux qu'ils sont en train
de laisser tomber les travailleurs de l'amiante qui se battent actuellement
pour vous savez quoi; vous êtes même prêt à mettre
votre démission sur la table là-dessus, apparemment. En tout cas,
je dis que non seulement j'accepte l'opinion du ministre à l'effet qu'il
se fie à la Fédération des travailleurs du Québec
mais qu'on devrait aussi tenir compte du fait que la Fédération
des travailleurs du Québec ce sont ces syndicats-là je ne
peux pas tous les nommer plus un certain nombre d'autres qui n'ont
aucunement intérêt à ce que la situation dans la
construction se perpétue de la façon actuelle.
C'est pourquoi, si on parle de choses, franchement entre nous autres, il
faut que nous nous disions qu'il faut absolument, s'il doit y avoir tutelle,
qu'il y ait participation du côté syndical. Nous ne
ménagerons pas nos mots, il faut peut-être même dire qu'il
faut que ce soit une tutelle syndicale.
Bien sûr, on a fait des gorges chaudes sur le fait que M. Daoust a
avoué devant la commission Cliche que, malgré tout ce qu'il a
essayé, il n'avait pas pu encore, à ce moment-là, amener
un changement fondamental, malgré sa tutelle. Les pouvoirs qu'on
s'apprête à accorder à un conseil d'administration
pourraient valablement être des pouvoirs qu'on accorderait à une
tutelle à laquelle participerait la FTQ, comme organisme. Et comment
peut-on lui demander de participer à cette tutelle? Je pense que c'est
en lui demandant de désigner ou, tout au moins, de recommander au
lieutenant-gouverneur en conseil les personnes qui seront nommées
à ce conseil d'administration.
Je pense, M. le Président, comme vous le disiez tout à
l'heure, comme le ministre le disait, que ce minimum de confiance doit
être fait à l'endroit de la Fédération des
travailleurs du Québec qui est probablement, au point de vue du nombre,
la centrale la plus importante actuellement, qui a rendu et je n'essaie
pas de faire du pathos avec cela et qui continue de jour en jour, je
pense, à rendre de nombreux services aux travailleurs globalement. Et ce
n'est pas à cause du fait qu'un certain nombre d'individus ont
entaché le nom de certains syndicats... Encore une fois, il y a 18
syndicats dans le domaine de la construction. Il y en a seulement quatre, du
côté de la FTQ-Construction, qu'on veut apparemment mettre en
tutelle. Cela veut dire qu'il y en a quand même d'autres, comme l'Union
internationale des journaliers qui rend de maudits bons services aux
travailleurs et qui n'est pas visée du tout par le rapport Cliche, et
bien d'autres qui ne sont pas visées du tout par le rapport Cliche.
C'est à cette FTQ-là, je pense, qu'il faut faire confiance
en lui demandant de participera la mise en tutelle des quatre syndicats
mentionnés. C'est à cette FTQ-là, M. le Président,
qu'on s'adresse parce qu'elle-même a décidé qu'assez
c'était assez, selon une expression bien connue, et qu'elle a même
tenté de faire son propre nettoyage à l'intérieur en
nommant M. Daoust comme tuteur. M. Daoust n'avait pas, eu égard aux
circonstances, tous les pouvoirs pour agir; je ne dis pas que le tuteur devrait
être M. Daoust, je pense que c'est lui d'abord qui devrait être
consulté pour savoir si c'est lui qui serait nommé; d'ailleurs,
cela n'écarte pas la possibilité que la FTQ nomme quelqu'un
d'autre de l'extérieur de la FTQ. Mon amendement.
Mon amendement vise simplement à ce que le contrôle de la
nomination passe d'abord et avant tout par la FTQ; que ce soit le
lieutenant-gouverneur qui nomme les tuteurs, pas de problèmes
là-dessus, mais que le lieutenant-gouverneur nomme les tuteurs sur
recommandation de la Fédération des travailleurs du
Québec.
Ici, j'ouvre une petite parenthèse. On me dira peut-être
que la FTQ ne voudra pas que cette tu-
telle ait lieu. Ma motion ne le prévoit pas mais je veux
simplement prévenir une objection. Ma motion ne le prévoit pas
mais je serais prêt à accepter que la recommandation de la FTQ
doive intervenir dans un délai fixe. Je penserais, par exemple,
qu'à l'intérieur d'une semaine cette recommandation devrait
parvenir au lieutenant-gouverneur. Si jamais la FTQ, dans un but de bloquer
l'affaire ce que je ne crois pas personnellement; je n'ai pas de choses
tangibles qui puissent me permettre de vous assurer que la FTQ fonctionnerait
dans un tel scheme; malheureusement, je ne suis pas en mesure de vous le dire
si jamais la FTQ voulait, par abstention, bloquer la tutelle, je pense
qu'à ce moment-là on peut imposer un délai dans lequel
cette recommandation pourrait s'imposer. Et si jamais la FTQ ne
réagissait pas dans ce délai, à ce moment-là le
lieutenant-gouverneur en conseil prendra ses responsabilités et le
nommera.
Je souhaite plutôt le contraire. Je souhaite plutôt la
participation de la Fédération des travailleurs du Québec
à cette mise en tutelle puisque déjà elle-même a
posé un geste, croyant qu'il était nécessaire de ramener
un certain ordre chez certain syndicat de l'industrie de la construction qui
est affilié avec elle.
De sorte que, M. le Président, je propose que l'article 2 soit
amendé en ajoutant, à la fin du premier alinéa, les mots
"sur la recommandation de la Fédération des travailleurs du
Québec". Ce qui voudrait dire, M. le Président, que si on lit le
texte tel que j'en propose l'amendement, on se retrouve avec un article 2,
premier alinéa, qui se lit comme suit: "Est institué un conseil
d'administration pour chacun des syndicats; ce conseil est composé d'un
président et de deux autres membres nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil, sur la recommandation de la
Fédération des travailleurs du Québec" et c'est là
que je serais prêt à ajouter que cette recommandation doit
intervenir dans un délai précis que je suis prêt à
discuter avec la commission.
En ce qui me concerne, ce serait, encore une fois, faire confiance
à l'une des grandes centrales de travailleurs au Québec. Ce
serait dire, une fois pour toutes, de la part de l'Assemblée nationale,
à l'ensemble de la population: On ne jouera pas de façon
bassement démagogique avec certaines conclusions du rapport Cliche. On
en tentera pas de laisser croire à l'ensemble de la population qu'il n'y
a plus de personnes fiables dans le domaine syndical en général
et, en particulier, à la FTQ. On ne tentera pas de manipuler l'opinion
publique de façon à laisser passer le message, comme
malheureusement certains se plaisent à le faire du côté
ministériel depuis un certain temps, qu'on ne peut plus se fier aux
représentants syndicaux.
C'est un défi, dans le fond, que nous avons à relever.
C'est une espèce de confiance ouverte que nous devons faire au
syndicalisme organisé au Québec et, en particulier à la
FTQ en leur disant: Vous allez participer à cette tutelle. On vous croit
suffisamment crédibles encore, malgré les écarts d'un
certain nombre d'individus et, comme le dit même la commission Cliche,
une minorité d'individus, pour vous faire participer à cette
opération de nettoyage. On va vous donner, pour ce faire, des pouvoirs,
des pouvoirs que vous n'aviez peut-être pas auparavant ou qui
étaient difficilement utilisables auparavant.
C'est pourquoi, M. le Président, je fais cette proposition
d'amender l'article 2 de la façon que j'ai mentionnée.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, pendant qu'on
prend quelques instants pour regarder l'amendement, avant qu'il y ait
débat ou commentaires additionnels, je voudrais simplement, pour le
journal des Débats, faire une mise au point je pense que c'est
tout à fait normal que je n'ai pas faite tout à l'heure.
C'est qu'en ayant adopté, sur division, l'article I, sous-paragraphe I,
2, 3, j'ai présumé que nous avions adopté cet article avec
les modifications prévues et que c'étaient et l'article et les
modifications qui avaient été adoptés, naturellement, sur
division.
M. Burns: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Maintenant, il y a aussi
adoption, comme l'a mentionné le député de Montmorency, de
ce qui n'était pas dans le texte des modifications, soit les
sous-paragraphes a), b), c) et d) se rapportant à l'article 1.
Maintenant, la motion, je la déclare recevable et
commençons le débat.
Le député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, le rapport Cliche
a certainement été, dans l'opinion de tous les syndicalistes,
très sévère à l'endroit de la FTQ. Si on veut
véritablement garder un plurialisme viable dans cette province avec les
autres centrales, il faudra prendre aussi des dispositions pour ne pas le tuer
dans l'opinion publique, chez ceux qui liront le rapport Cliche, via la
FTQ.
Il faut vivre dans ce monde du syndicalisme pour savoir à quel
point chaque écart de langage, chaque geste qui est posé par les
commissaires-enquêteurs, chaque décision sont scrutés
à la loupe pour savoir les raisons qui ont motivé souvent un
changement d'allégeance syndicale. C'est sûr qu'on a donné
dans le passé à la CSN des avantages marqués, des
avantages qui ont fait que, dans la province, la CSN a pris une force que je ne
lui reproche pas.
J'ai assisté personnellement à son évolution, mais
lorsque le gouvernement de la province a décidé un jour, dans une
loi, que la CSN serait le seul négociateur auprès de tous les
employés de la Fonction publique, à ce moment, on a donné
un avantage marqué à un groupement syndical qui s'appelle CSN.
Pour les fonctionnaires de la province, en vertu de cet amendement qui a
été apporté à la loi, elle a été
reconnue la seule centrale qui pouvaient négocier une convention
collective avec le gouvernement. Cela a été sûrement un
coup dur pour l'autre centrale dans le temps, parce que la CSD n'existait pas.
Elle a encaissé ce coup de ne pouvoir négocier un contrat de
travail pour les fonctionnaires, mais les jours ont passé et
presque personne ne sait, aujourd'hui, que c'est la CSN seule qui a le
droit de transiger un contrat de travail avec le gouvernement.
Avec le coup qu'on porte, par le rapport Cliche, à la FTQ, je
crois que si on veut véritablement garder le pluralisme dans les
relations de travail, il faudra penser très sérieusement à
la motion que présente l'honorable député de Maisonneuve.
Je ne serais pas d'accord pour que la recommandation porte sur les trois
membres qui agiront comme tuteurs, mais qu'au moins il y ait un membre de cette
fédération qui est accusée plus que toute autre
d'avoir commis des méfaits publics par certains de ses
représentants qui puisse s'accréditer dans le public.
C'est difficile d'exclure complètement de la consultation, à ce
moment-ci, la Fédération des travailleurs du Québec, parce
qu'elle compte dans ses différents syndicats, des hommes dont la
renommée n'est plus à faire.
J'ai eu l'avantage de connaître plusieurs d'entre eux. J'ai eu
particulièrement l'avantage d'en connaître d'excellents. J'ai,
pendant de longs mois M. le Président, vous le savez plus que
tout autre négocié avec les métallos pour un fonds
minier. Cela m'a mis en contact avec des gens d'une extrême
probité. Je ne veux pas nommer un nom en particulier, mais j'en ai
plusieurs qui me viennent à l'idée. J'ai eu l'occasion aussi,
dès mon arrivée au pouvoir en I966, de négocier avec des
représentants de la FTQ au sujet des textiles de
l'Association des textiles d'Amérique. Là encore, j'ai connu des
hommes d'une grande probité et d'un grand dévouement, qui sont
encore en poste.
Je pourrais nommer, comme l'a fait l'honorable député de
Maisonneuve, plusieurs syndicats affiliés à la FTQ qui,
aujourd'hui, se voient dans des difficultés et qui vont avoir à
subir un maraudage extrêmement difficile pour remonter la côte. Il
y a eu des erreurs de commises, c'est sûr. Mais est-ce que le
gouvernement ne devrait pas au moins, comme le dit le rapport Cliche, essayer
de faire participer tous ces gens à la tutelle, de bonne foi? Pour que
ces gens puissent y croire sincèrement et aider sincèrement la
tutelle à se débaras-ser de certains agents provocateurs, de
certaines gens qui sont au sein de leur organisation et qui sont nommés
dans le rapport Cliche; ceux qui ont entravé la bonne réputation
du mouvement syndical.
Je pense que la motion du député de Maisonneuve est
excellente, sauf que la recommandation de la Fédération des
travailleurs du Québec devrait, à mon sens, se faire sur un des
membres, non pas sur les trois membres.
Vous allez me dire: Comment allez-vous nommer les autres? Je pense qu'il
n'y en a pas un plus que la FTQ qui mérite aujourd'hui d'être
consulté, au moins pour lui donner l'avantage d'avoir au bureau de la
tutelle des gens qui vont pouvoir exercer ce nettoyage et,
particulièrement, arrêter la perte de prestige qu'on est en train
de coller à la FTQ.
La FTQ, elle a fait du bien dans la province. Le travailleur qui est un
simple travailleur n'a jamais su tout ce qui s'est passé dans la
direction. Dans le rapport Cliche je lisais, hier soir, sur l'armée des
2,000 fiers-à-bras qui a été constituée par la
rencontre du Holiday Inn en 1970. L'organisation des officiers de chantier
quant à leur nomination et à leurs fonctions, jamais cette
armée de 2,000 fiers-à-bras, telle que décrite dans le
rapport Cliche, n'a été approuvée par la base.
Mon intervention, je ne sais pas, je serais prêt à voter
cette motion pour amender le premier alinéa de l'article 2 sur la
recommandation de la Fédération des travailleurs quant à
la nomination d'un membre. Les trois, je pense que le gouvernement doit prendre
ses responsabilités; mais au moins un pour qu'ils aient une
participation à cette tutelle qu'ils ont voulue, eux, avant le
gouvernement, établir en nommant M. Fernand Daoust comme tuteur. Ils ont
voulu faire véritablement un effort, mais ses pouvoirs étaient
bien limités, comme l'a dit le ministre, à la suite de la
question du député de Maisonneuve. Ils ont voulu faire quelque
chose pour se nettoyer. On doit l'admettre. Bien avant le rapport, constatant
les faits reprochés à la FTQ, connaissant des faits nouveaux que
plusieurs ignoraient, ils ont voulu véritablement essayer de faire une
tutelle, une réforme. Je pense qu'on doit tenir compte de cette bonne
foi. A partir de là, qu'un tuteur au moins parmi les trois soit
suggéré ou recommandé par la FTQ. Je pense que cela serait
un amendement qu'on ajouterait. Je ne veux pas forcer le député
à l'accepter mais qu'au moins un membre soit nommé sur la
recommandation de la Fédération des travailleurs du
Québec.
Quel mal y aurait-il puisqu'il n'aurait sûrement pas la
majorité? Mais il y aurait participation à la tutelle. Ce serait
bon, ce serait sain pour le syndicalisme qu'une centrale comme la FTQ, qui
possède un nombre considérable de membres, puisse voir faire le
ménage par en dedans, comme régie interne, mais qu'elle y
participe.
Je ne pense pas qu'on puisse s'opposer à ce désir
d'améliorer la tutelle, puisque le gouvernement a décidé
de l'imposer. Mais, en l'imposant, essayons donc aussi de protéger le
pluralisme pour ne pas que demain certains adversaires de certaines centrales
syndicales puissent se servir de plusieurs déclarations du rapport
Cliche pour chanter victoire.
C'est pénible, dans les circonstances, pour la FTQ de passer par
cette vallée d'humiliations, à cause des nombreuses accusations
qui sont portées à l'endroit de plusieurs de leurs membres de
l'establishment. Mais nous ne guérirons pas ce mal en éloignant
la FTQ comme participante, comme devant apporter son assurance et sa
collaboration dans cette réforme que tout le monde souhaite.
Alors, l'amendement, que je désirerais proposer serait le
suivant: Sur la recommandation de la Fédération des travailleurs
du Québec et qu'au moins un membre soit nommé sur la
recommandation de la Fédération des travailleurs du
Québec.
M. Roy: Si vous l'acceptez, on n'a pas besoin d'intervenir.
M. Cournoyer: Je n'accepte pas les amendements qui me sont
proposés par M. Bellemare, à ce moment-ci.
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Cournoyer: Je veux connaître vos arguments, si vous en
avez, vous, le député de Beauce-Sud. Si vous n'en avez pas, cela
ne vaut pas la peine de décider avant.
M. Roy: Non, je suis d'accord sur la motion d'amendement.
Mais...
M. Burns: ... de l'ensemble du problème.
M. Roy: Pour éviter de prolonger les débats
inutilement, pour éviter à vos collègues de me le
rappeler, si le ministre est d'accord sur la motion d'amendement, moi, je suis
d'accord. Si je n'étais pas d'accord, je le dirais. Alors, que le
ministre me dise ce qu'il en pense.
Le Président (M. Cornellier): Le sous-amendement. M. le
ministre.
M. Cournoyer: Disons que, pour ma part, je pars avec le souci de
l'équité la plus totale. Je constate que le sous-amendement
réduit la portée de l'amendement proposé par le
député de Maisonneuve. Même s'il en réduit la
portée, il nous paraît évident que la FTQ refuse la
tutelle. Je n'ai pas à faire des déclarations au nom de la FTQ
mais il est clair qu'elle refuse la tutelle.
M. Bellemare (Johnson): Je n'ai pas compris la
dernière.
M. Cournoyer: La FTQ refuse la tutelle.
M. Bellemare (Johnson): Elle refuse la tutelle. Est-ce qu'elle
refuse...
M. Cournoyer: Elle la refuse totalement.
M. Bellemare (Johnson): Oui, d'accord. Mais est-ce que ce
sous-amendement, avec l'amendement proposé, ne ferait pas plutôt
ouvrir...
M. Cournoyer: Non, c'est le principe même...
M. Bellemare (Johnson): ... l'esprit, les coeurs et la bonne
volonté de toutes ces gens?
M. Cournoyer: Nous sommes dans une guerre, M. le
Président, une guerre de principe et non pas une guerre de
détail. Je ne pense pas qu'il faille espérer vendre à la
FTQ, face au monde syndical canadien, une acceptation quelconque d'une
décision gouvernementale de cette nature, qui veut imposer la
tutelle.
M. Bellemare (Johnson): Vous étiez pour la bonne foi de la
FTQ tout à l'heure.
M. Cournoyer: Elle reste de bonne foi, mais je ne peux pas lui
demander d'accepter, à un moment donné, officiellement, par un
texte de loi, le principe d'une tutelle gouvernementale, qui reste
gouvernementale. Je n'ai pas l'intention de changer la tutelle, elle restera
gouvernementale.
Et si je plaçais la FTQ dans cette situation, je pense bien que
la FTQ aurait beau jeu de rire de moi royalement, peut-être en me nommant
André Desjardins comme tuteur.
Je m'astreindrais, comme gouvernement, à attendre et à
prendre la recommandation de la FTQ. Comme je sais peut-être que
vous le savez aussi par les déclarations publiques, que la FTQ,
techniquement, ne peut pas accepter la tutelle. Il ne faudrait pas que je pense
à autre chose à ce moment-ci, mais je dis que leur collaboration
peut probablement nous être assurée, d'une certaine
manière, sur les effets secondaires de la tutelle. En effet, comme je le
disais tantôt dans mes remarques, la FTQ ne voudra pas recréer
à côté la situation qu'elle exècre, elle aussi, dans
le monde de la construction en particulier. Elle ne voudra pas la
recréer à côté. Quand je dis que je suis prêt
à faire confiance à la FTQ dans ce domaine, je fais confiance
à la FTQ qu'elle ne nous jouera pas le tour de prendre des syndicats qui
seraient formés par ceux qui étaient sous tutelle et de les
reconnaître officiellement, lorsqu'ils seraient formés par les
mêmes individus qui faisaient partie des syndicats qui étaient mis
sous tutelle. Demander à la FTQ de participer, par la loi,
officiellement au processus de nomination des tuteurs implique que la FTQ
accepte la tutelle. La FTQ n'a pas, dès que la loi est votée,
à déclarer qu'elle accepte la tutelle. Elle n'a qu'à
observer la loi. Mais dès que je lui demande un geste positif, elle est
tenue d'accepter la tutelle avant de faire une recommandation au gouvernement,
parce qu'elle accepte de participer officiellement, de par la loi, à la
tutelle.
Je pense. M. le Président, que le sous-amendement et l'amendement
nous placeraient, comme gouvernement, dans un état d'assujettissement
à une recommandation, qui pourrait avoir un caractère totalement
ridicule, si jamais la FTQ ne voulait pas jouer dedans. Même si je lui
prête de la bonne foi, cela ne veut pas dire qu'elle part avec
l'idée d'accepter la tutelle.
M. Burns: M. le ministre, me permettez-vous une question? Est-ce
que vous tenez compte de ce que j'ai dit tout à l'heure? Pour chasser,
justement, votre inquiétude à l'effet que la FTQ ne veuille pas
participer à cela, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu je suis
ouvert à cela de mettre un délai à l'amendement que
j'ai proposé?
M. Cournoyer: Ce que je refuse... M. Burns: Je n'ai aucune
objection.
M. Cournoyer: ...M. le Président, c'est beaucoup plus de
placer la FTQ dans une position d'accepter la loi ou de la rejeter.
M. Burns: Si elle ne l'accepte pas, la loi...
M. Cournoyer: La loi n'a pas à être acceptée
par la FTQ...
M. Burns: Ce n'est pas...
M. Cournoyer: ...que ce soit techniquement ou indirectement.
M. Burns: Ce n'est pas la loi...
M. Cournoyer: La loi n'a pas à être acceptée
par la FTQ.
M. Burns: Vous vous placez dans une position où votre loi
va avoir beaucoup de difficulté à être appliquée de
façon efficace. Ce n'est que cela qu'on vous pose comme
problème.
M. Cournoyer: M. le Président, je dis que je ne veux pas
placer la FTQ dans la situation d'accepter ou de rejeter cette loi
formellement. Si j'accepte les amendements que vous me suggérez, je
place la FTQ dans la situation d'accepter ou de rejeter cette loi
formellement.
Que la FTQ observe la loi, c'est le voeu le plus sincère que le
gouvernement et le Parlement peuvent espérer faire à ce
moment-ci. On peut dire: Cette loi s'applique. C'est une loi qui émane
du Parlement. Vous devez l'accepter. Elle doit accepter, mais sans, pour
autant, qu'elle déclare qu'elle l'accepte, qu'elle déclare
qu'elle reconnaît le principe de cette loi.
Lorsque je dis: Vous allez me faire une recommandation pour un membre ou
pour les trois, c'est non seulement la placer dans l'obligation d'accepter,
mais dans l'obligation peut-être de rejeter officiellement la tutelle
comme telle. Officiellement, alors que le texte comprendrait cette
participation imposée dans la loi à la FTQ.
Or, la FTQ n'est pas sous tutelle, elle est libre de ses mouvements. Il
s'agit de trois syndicats qui sont affiliés, bien sûr, au Conseil
des métiers de la construction FTQ, et je pense bien que faire porter
l'odieux de l'acceptation ou du rejet sur la FTQ, à ce moment-ci, serait
susceptible de lui causer plus d'ennui que de bien.
Je n'ai pas, cependant, à juger des gestes que pourrait poser la
FTQ.
Je ne cacherai pas au Parlement que nous avons des conversations
téléphoniques avec ces personnes fiables qui sont de la FTQ, qui
ne sont pas des enfants d'école et qui ont la réputation que vous
avez décrite, tout le monde ici. Ces conversations nous indiquent
clairement qu'il n'est pas question pour la FTQ de participer d'une
façon quelconque à cette décision gouvernementale de
tutelle.
Je m'en voudrais de mettre son nom dans cette loi officiellement comme
participant possible à la décision concernant les tuteurs.
M. Burns: Ella est déjà dans la loi, M. le
ministre, vous les nommez à quatre endroits différents...
M. Cournoyer: Vous n'avez pas entendu ce que j'ai dit.
M. Burns: ...à l'article 1. C'est sûr que ce n'est
pas la Fédération des travailleurs du Québec qui est en
tutelle. Et c'est loin de mon esprit de penser que c'est elle qui doit
l'être. Loin de là mais, au moins, "bon-yenne", quand on nomme la
Fédération des travailleurs du Québec à l'article
1-a), paragraphes 1, 2 et 3.
M. Cournoyer: Nous ne lui demandons pas cependant le geste
officiel d'accepter ou de rejeter une participation à la tutelle.
M. Burns: M. le Président, vous ne voulez pas qu'elle
marche, c'est ça.
M. Cournoyer: Je ne veux pas la placer dans la situation de dire
officiellement qu'elle marche ou qu'elle ne marche pas dans la tutelle.
M. Burns: Contrairement à celle des marins que vous
vantiez ce matin.
M. Cournoyer: Trouvez-moi dans la loi des marins si,
effectivement, on a dit qu'on devait avoir une participation et que l'un des
tuteurs devait être nommé sur recommandation du SIU:
M. Burns: Vous ne le verrez nulle part.
M. Cournoyer: Je ne le verrai nulle part. Le résultat peut
peut-être être le même.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Un instant, messieurs.
Tout à l'heure j'ai dû m'absenter pour quelques instants.
On a présenté un amendement que l'on discute présentement
et un sous-amendement à sa suite. Si je lis bien l'amendement
suggéré ou proposé par le député de
Maisonneuve, il dit: "Est constitué un conseil d'administration pour
chacun des syndicats; ce conseil est composé d'un président et de
deux autres membres nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil
et je continue, d'après l'amendement suggéré
sur la recommandation de la Fédération des travailleurs du
Québec." Cette partie-là, je l'ai déclarée
recevable et il n'y a pas à revenir dessus.
Quant au sous-amendement tel que rédigé, je suis
forcé de ne pas l'accepter. Là nous devons débattre le
sous-amendement, c'est pour cela que j'interviens à ce moment-ci.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, au lieu de faire
un sous-amendement...
Le Président (M. Séguin): C'est qu'il y a
contradiction, M. le député, non pas contradiction mais
ambiguïté. On dit d'abord, dans l'amendement: Sur la recommandation
de la Fédération des travailleurs du Québec.
C'est-à-dire que le lieutenant-gouverneur en conseil formera ce conseil
d'administration composé d'un président et de deux conseillers.
On a suggéré à la suite, par l'amendement principal, le
premier amendement:
Sur la recommandation de la Fédération des travailleurs du
Québec. C'est une partie ou une phrase que je peux reconnaître
comme faisant, en réalité, une possible partie intégrale
de l'article. Mais si j'ajoute, à la suite de cela, "dont au moins un
membre soit nommé par la Fédération des travailleurs du
Québec", je suis en contradiction avec l'article, qui dit: Le
lieutenant-gouverneur en conseil nommera. Alors, je ne sais pas de quelle
façon vous pourriez reformuler votre sous-amendement. Mais, tel que
présenté, je ne puis pas l'accepter.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je n'ai pas
d'objection à le retirer et à présenter un nouvel
amendement...
Le Président (M. Séguin): Bien...
M. Bellemare (Johnson): ... après que celui-là sera
défait. D'ailleurs...
Le Président (M. Séguin): Après qu'il sera
défait, on peut prendre le vote immédiatement, cela vous
prendrait...
M. Bellemare (Johnson): Une minute, on va toujours finir
là. Je dis que si...
Le Président (M. Séguin): Alors, je
préférerais, messieurs, que vous vous en teniez...
M. Bellemare (Johnson): Celui qui a présenté
l'amendement, M. le Président, verrait mieux qu'il y ait un autre
amendement après. Je n'ai pas d'objection à consentir. Il avait
demandé d'abord la permission; je crois qu'il a parfaitement raison de
présenter son amendement d'abord et, ensuite, je présenterai le
mien.
Le Président (M. Séguin): C'est pour cela que je
vous demande...
M. Bellemare (Johnson): Simplement, M. le Président...
Le Président (M. Séguin): ... de revenir...
M. Bellemare (Johnson): Oui, je suis après
l'écrire.
Le Président (M. Séguin): ... sur le débat,
sur l'amendement du député de Maisonneuve. On verra ce qui sera
présenté à la suite. Etes-vous prêts à
voter?
M. Roy: Non.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud, je m'excuse, vous m'aviez demandé la parole.
M. Roy: Oui, j'ai écouté le ministre, suite aux
propos qui ont été tenus par le député de Johnson,
et je suis obligé de lui dire qu'il est en train de nous donner raison,
lorsqu'il dit que jamais la FTQ n'acceptera la tutelle, d'aucune façon.
Je suis à me demander, après une déclaration aussi
catégorique du ministre, vers quoi le gouvernement est en train de nous
diriger. Le gouvernement a la ferme intention de faire adopter sa loi, il l'a
déclaré, cela presse, c'est urgent, il faut mettre de l'ordre
dans la province.
Le ministre a des informations, lui, selon lesquelles jamais la FTQ
n'acceptera la tutelle. Qu'est-ce qui va arriver, M. le Président?
Question qu'on est en droit de se poser: Est-ce que le gouvernement est en
train de s'organiser pour avoir un affrontement genre octobre 1970? Il peut se
poser cette question à ce moment-ci.
Pour quelles raisons ça louche tant d'un côté? Ou
bien il y a des élections générales dans l'air,
étant donné que l'image du gouvernement a été
considérablement égratignée depuis un certain temps. M. le
Président, je me pose une question à ce moment-ci puis c'est
suite au propos du ministre.
Le Président (M. Séguin): Posez-vous vos questions
à l'intérieur.
M. Roy: Non, je ve.ux revenir sur la motion, si vous me le
permettez, mais à condition qu'on me donne le temps...
Le Président (M. Séguin): Oui, mais le temps. M.
Roy: A condition qu'on me donne le temps,
Le Président (M. Séguin): On doit parler de
l'amendement.
M. Roy: Oui, de parler de l'amendement. On propose un amendement.
Il y a un amendement du député de Maisonneuve, un amendement tout
à fait logique puis c'est en parfaite conformité avec les
recommandations du rapport Cliche qui dit, et je cite la page 152 du rapport:
"en plus des attributions d'usage des pouvoirs, d'apporter à la
constitution et au statut administratif du syndicat des changements propres
à assurer une direction plus efficace et à favoriser le
progrès général du syndicat, en s'assurant de la
participation des travailleurs."
M. le Président, la motion du député de Maisonneuve
est très souple: "Sur la recommandation de la Fédération
des travailleurs du Québec", et cela répond aux objections du
ministre. Si les recommandations que fait la FTQ ne sont pas acceptables pour
le gouvernement, il n'est aucunement lié. Sur la recommandation...
M. Cournoyer: Demandez donc cela au député de
Maisonneuve, parce que vous pourriez lui poser une question.
M. Roy: C'est la Fédération des travailleurs du
Québec.
M. le Président, nous allons relire: Les deux autres membres
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil sur la recommandation de
la Fédération des travailleurs du Québec. Et je
continue. Il a ajouté et c'est là que je dis que le
gouvernement n'est pas lié. Il est prêt, le député
de Maisonneuve, à ajouter un délai raisonnable si la FTQ refuse,
mais au moins, qu'on permette à la FTQ de prouver sa bonne foi.
Un instant, un instant, M. le Président. Je ne parte pas de ceux
qu'on a nommés et de ceux qui sont cités par la commission
Cliche.
M. Cournoyer: Je le sais.
M. Roy: ...ce n'est pas de ceux-là que je parle. Mais s'il
y en a encore, prenons-le comme question hypothétique, parce que je
pense que la FTQ n'aura pas le choix, lorsque la loi sera votée. La loi
c'est la loi, et le gouvernement, le ministre de la Justice a été
très clair hier. Nous allons faire respecter la loi et l'ordre dans le
Québec.
Le ministre nous a dit, tout à l'heure, que la FTQ n'accepterait
jamais, ni de près ni de loin, la tutelle. Cela, c'est suite aux
conversations que le ministre a avec les dirigeants de la FTQ. Oui, mais cela
nous conduit où? Dans quelle direction nous dirigeons-nous? Où
allons-nous? Je me pose la question et je ne suis pas le seul à me poser
la question.
Si la FTQ ne se prévaut pas de cette recommandation dans les
délais qui pourraient être ajoutés à la motion, le
gouvernement n'est aucunement lié; il pourra nommer des personnes. Il
pourra nommer ces personnes après.
M. le Président, je vous fais remarquer qu'il est six heures. On
pourra continuer ce soir.
Le Président (M. Séguin): La commission suspend ses
travaux jusqu'à vingt heures quinze.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
Reprise de la séance à 20 h 22
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail et de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
MM. Bellemare (Johnson), Bérard (Saint-Maurice), Boudreault
(Bourget), Burns (Maisonneuve), Charron (Saint-Jacques), Bédard
(Montmorency), Cournoyer (Robert-Baldwin), Carpentier (Laviolette), Harvey
(Charlesbourg), Lachance (Mille-Iles), Lecours (Frontenac), Malépart
(Sainte-Marie), Roy (Beauce-Sud), Verreault (Shefford).
Au moment de la suspension des travaux, nous étions à
discuter une motion présentée par le député de
Maisonneuve.
M. Roy: C'est moi qui avais la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, pour continuer ce que j'avais
entrepris, avant l'heure du souper, je disais que l'amendement du
député de Maisonneuve permettrait de mettre à
l'épreuve les gens du milieu puisque, dans le rapport de la commission
Cliche, on dit clairement qu'on doit s'assurer de la participation des
travailleurs. Les travailleurs, ce sont les gens du milieu. Lorsque le ministre
nous dit que jamais la FTQ n'acceptera la tutelle j'ai pris note de ses
propos avant le souper pensez-vous que je vais placer la FTQ devant
l'odieux d'appuyer la tutelle, éventuellement? Je suis en train de me
demander sérieusement, moi, qui le ministre veut protéger.
M. Cournoyer: Posez-vous la question que vous voulez, je ne veux
protéger personne.
M. Roy: Oui, je me pose la question: Qui le ministre veut-il
protéger?
M. Cournoyer: Personne.
M. Roy: II a admis, cet après-midi, que sa loi
était pleine de trous.
M. Cournoyer: Ce n'est pas vrai.
M. Roy: Vous l'avez admis plusieurs fois.
M. Cournoyer: Voyons donc!
M. Roy: Vous avez dit qu'elle n'était pas étan-che
et qu'elle ne pouvait pas être étanche, à cause de la
liberté syndicale.
M. Cournoyer: Le député de Beauce-Sud me
permettra...
M. Roy: Chose que nous ne nions pas, la liberté syndicale,
on ne nie pas le principe de la liberté syndicale. On ne l'a jamais
nié.
M. Cournoyer: Le député de Beauce-Sud me permettra
de lui prêter plus d'intelligence que ça. Vous faites des
interprétations.
M. Roy: C'est ce que vous avez dit ou si c'est ce que vous n'avez
pas dit. Vous avez dit qu'il n'était pas possible de présenter
une loi étancne.
Une Voix: II n'a rien compris.
M. Cournoyer: En tout cas, je vais le laisser parler.
M. Roy: M. le Président, est-ce que j'ai la parole?
M. le Président, il serait temps, je pense, à moins qu'on
ait décidé tout simplement, du côté gouvernemental,
de nous faire perdre notre temps complètement, que le gouvernement fasse
son lit. Il n'y a pas une virgule, pas un point, pas une syllable, pas un mot,
pas une lettre, pas une phrase qui peut être changé ou
ajouté à ce projet de loi de façon à le
bonifier.
Une Voix: C'est ça.
M. Roy: Bon, on vient de l'avoir, la réponse, le
député de Saint-Jean vient de parler. Je comprends que ç'a
pu le déranger dans la lecture de son journal. C'est sa participation
aux travaux de la commission. Mais je dis...
M. Harvey (Charlesbourg): C'est malhonnête, ça, il
n'est pas membre de la commission. C'est malhonnête.
M. Veilleux: Je ne suis pas membre de la commission.
M. Roy: Quand on n'est pas membre, on se tait.
M. Veilleux: Cela ne fait rien, je dis ce que j'ai à
dire.
M. Roy: Bon, vous avez parlé. M. Veilleux: Oui.
M. Roy: C'est ce que j'ai dit, que vous aviez parlé.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: Je dis que le seul moyen de donner une valeur
véritable à ce projet de loi, si on veut réellement
régler le problème, améliorer la situation dans le secteur
de la construction... On n'a pas à se prononcer sur le principe du
projet de loi, le député de Maisonneuve l'a dit clairement, la
Chambre en a décidé. Nous sommes en face d'un fait, la Chambre a
décidé d'accepter le principe de la tutelle.
Mais à partir du moment où elle a été
acceptée, nous voulons que les travailleurs puissent, eux, participer
à la direction de leur syndicat et travailler justement à
corriger ce qui doit être corrigé. C'est ça que nous
demandons, rien de plus, rien de moins. D'ailleurs, nous ne sommes pas les
seuls à dire ces choses. Nous n'avons qu'à regarder les
éditoriaux des journaux, qu'à regarder ce qui se dit un peu
partout actuellement: il est évident qu'il faut absolument éviter
comme le gouvernement l'a dit lui-même un affrontement
total.
Mais je suis obligé de dire au ministre, ce soir, qu'à
moins qu'il cherche à cacher quelqu'un d'autre, à moins qu'il
soit le porte-parole d'autres personnes, il semble vouloir tout faire pour que
ça rate et provoquer une situation de désordre au Québec.
C'est la raison pour laquelle je dis que si la recommandation du
député de Maisonneuve était acceptée, à
condition toutefois qu'on y ajoute une limite de temps, et je pense que quinze
jours serait le maximum qu'on devrait accorder... S'ils ne s'étaient pas
prévalus de ces dispositions dans un délai de quinze jours, il y
aurait lieu pour le gouvernement d'agir par la suite.
Je voterai en faveur de cette motion. Je demanderai par exemple au
député de Maisonneuve d'y apporter un amendement avant que le
vote soit pris, étant donné que c'est sa motion, pour que nous
prenions le vote de façon globale, mais je suggère, en ce qui me
concerne, un délai de quinze jours sur la recommandation de la
Fédération des travailleurs du Québec, pourvu que celle-ci
en avise le gouvernement dans les quinze jours de l'acceptation de la loi.
M. Burns: M. le Président, je suis prêt à
modifier ma motion, dans le sens que le député de Beauce-Sud
vient de mentionner, sans aucune restriction.
Le Président (M. Séguin): On ajouterait, simplement
pour prendre connaissance du texte même, vous avez dit... Voulez-vous,
s'il vous plaît, répéter?
M. Roy: Pourvu que celle-ci, c'est-à-dire la
fédération, en fasse parvenir un avis à cet effet dans les
quinze jours qui suivent l'adoption de la loi.
Le Président (M. Séguin): Dans les quinze jours
qui...
M. Roy: Suivent l'adoption de la loi.
Le Président (M. Séguin): Voici, messieurs, pour
ceux qui n'ont pas saisi le sens de la motion proposée à la suite
de celle du député de Maisonneuve. C'est un amendement
suggéré, que le député de Maisonneuve a
accepté ou reconnu. Maintenant, la seule motion qui est devant nous
à ce moment-ci: Que l'article 2 soit amendé en ajoutant, à
la fin du premier alinéa, les mots, et je cite: "Sur la recommandation
de la Fédération des travailleurs du Québec, pourvu que
celle-ci fasse parvenir un avis à cet effet, dans les quinze jours de
l'adoption de la loi."
Je reçois la motion, telle que modifiée.
Le député de Charlesbourg.
M. Harvey (Charlesbourg): Je pense qu'on serait prêt
à exprimer notre point de vue.
Le Président (M. Séguin): Oui, vous avez la
parole.
M. Harvey (Charlesbourg): On est prêt à voter, je
crois.
M. Cournoyer: J'ai dit tout ce que j'avais à dire. C'est
la même sorte de motion; ce n'est pas parce qu'il y a quinze jours de
différence entre les deux. La même chose pour l'autre motion qui
va venir après. J'ai dit ce que j'avais à dire.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, quand je suis intervenu
lorsque nous avons débattu l'article I, je l'ai fait simplement pour
signaler une affirmation que le ministre avait glissée dans le
débat que nous avions sur cet article. Il disait qu'aussi
étan-che qu'il puisse la faire, sa loi mettant en tutelle quatre
syndicats de travailleurs, il est bien évident que, quelle que soit sa
volonté ferme, quel que soit le texte, virgules, paragraphes
multipliés que nous pourrions faire, cette loi n'a des chances d'aboutir
à ce que le législateur, lui, souhaite comme aboutissement,
c'est-à-dire l'assainissement du syndicalisme et des travailleurs dans
la construction, que s'il y a collaboration, coopération du mouvement
syndical lui-même.
M. le Président, l'Opposition, une fois que le principe d'une loi
a été adopté, même si elle s'est prononcée
contre ce principe, doit respecter la volonté de l'Assemblée et
travailler à faire maintenant qu'une loi, si elle n'est pas exactement
le reflet du voeu de l'Opposition, soit à tout le moins, à son
sens, efficace et saine pour les Québécois.
Prenons, d'abord, cet aspect de l'efficacité de la loi. Ouvrons
d'abord cette parenthèse pour dire que les lois dans le domaine de la
construction, depuis que le député de Robert Baldwin est ministre
du Travail, n'ont pas péché par excès d'efficacité.
Ce n'est pas uniquement un gars qui a participé au débat du bill
9, au débat du bill 38, au débat du bill 15, au débat de
toutes les mesures du règlement 4119 et de toutes les autres qui nous
ont été amenées à cette même table de la
commission et qui, chaque fois, nous étaient présentées
comme une solution aux problèmes de la construction. C'est avec mon
expérience de parlementaire que je parle. Je pourrais largement m'en
servir pour dire que les lois du ministre du Travail ont été
inefficaces dans le domaine de la construction. Mais c'est du rapport Cliche
que je tire mon affirmation. Car les trois commissaires, en même temps
qu'ils affirmaient et qu'ils découvraient l'état de corruption
dans l'industrie, ont affirmé, de la même façon, qu'il y a
eu complicité 'et laisser-aller, à tout le moins, du
côté gouvernemental, si ce n'est pas complicité
carrément incluse dans la loi.
Je ne cite, M. le Président, que les Bergeron, je ne cite que les
Joyal, je ne cite que tous ces bandits de la même espèce qui ont
été énumérés au même titre que
Dédé Desjardins dans le rapport de la commission.
M. Boudreault: ... Lemieux.
M. Charron: M. le Président, Michel Guay, du bureau du
premier ministre, Paul Desrochers, du bureau du premier ministre, qui non
seulement... Je remercie le député de Bourget de son injure, cela
me permet de faire ces interventions et de dire que non seulement les lois que
nous votions n'étaient pas efficaces, mais qu'on travaillait, au bureau
du premier ministre, pour les rendre inefficaces. On avait voté la loi
9, on avait voté la loi 210, M. le Président je ne fais que
cet aparté on avait voté les lois de la construction sous
appel de la responsabilité ministérielle quand, en même
temps c'est dans le rapport Cliche également on
travaillait pour défaire ces lois, en consultation secrète avec
la FTQ-Construction, avec Dédé qui est devenu la brebis galeuse
du Parti libéral.
M. le Président, une loi doit être efficace. Si elle n'est
pas efficace, elle est faite pour rien. Au contraire, M. le Président,
je dirais même que si elle n'est pas efficace pour atteindre le but que
nous voulons lui voir assumer, elle est efficace à produire le
contraire. Et le contraire de l'assainissement dans l'industrie de la
construction, le contraire de la liberté syndicale dans l'industrie de
la construction, ce serait l'anarchie, la corruption et la fraude qui y
règnent actuellement...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! M. Charron:
... et qui y gagnent.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Charron: Pour que la loi soit efficace...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre! Le député de Saint-Jacques, depuis
quelques instants déjà, s'éloigne de la motion et
d'après ce que je comprends, d'après ce qu'il nous dit, cela
pourrait bien être un discours présenté en deuxième
lecture ou peut-être même en troisième lecture, s'il en
avait l'occasion. Je demande donc, tout gentiment, qu'on observe notre pratique
et notre méthode de procéder. Puisque nous avons devant nous une
motion dûment présentée, qu'on discute du fait qu'on
demande que ce comité soit formé par le lieutenant-gouverneur en
conseil, sur la recommandation de la Fédération des travailleurs
du Québec, etc., et qua le député essaie de nous prouver
que c'est cette thèse, cette hypothèse, cette approche qu'il
reconnaît.
Le député de Saint-Jacques.
M. Burns: M. le Président, sur la question de
règlement. Je pense que le député de Saint-Jacques,
actuellement, est en train de nous décrire un certain nombre de
choses.
Ces propos peuvent ne pas être partagés par
vous, M. le Président, ne pas être partagés par le
ministre, peuvent même être contestés par tous les membres
de l'Assemblée et, en particulier, de la commission, mais nous sommes
à l'article que je qualifierais de central. C'est l'article où,
effectivement, on a le droit de légiférer de façon
stupide, inintelligente, absolument incompréhensible quant à
l'ensemble du problème de la construction. Ou bien, on se rend compte
que l'article 2, c'est l'article qui dit qu'est institué un conseil
d'administration pour chacun des syndicats mentionnés à l'article
1.
M. le Président, c'est l'article qui est le coeur de ce projet de
loi, qui décide qu'il y aura tutelle et dans quelle forme cette tutelle
s'installera. Ce que le député de Saint-Jacques est en train de
dire et je ne veux pas interpréter ses paroles je pense
que c'est tout simplement que cette tutelle n'a aucune chance de succès
si on ne se rend pas compte qu'on pose, premièrement, un geste
exceptionnel en votant une loi d'exception; je m'excuse de me
répéter là-dessus. Mais qu'est-ce que vous voulez? c'est
un geste exceptionnel que d'imposer une tutelle à trois syndicats, que
de maintenir, à l'endroit d'un autre syndicat, une tutelle qui existe
déjà depuis près d'un an.
Le principe contre lequel nous sommes a été voté.
Une fois que ce principe est voté, je sais fort bien, M. le
Président, que je ne peux pas y revenir. On demande simplement aux
membres de la commission de se pencher sur la possibilité de rendre
cette tutelle efficace, de la rendre applicable, de voir à ce qu'elle
puisse s'exercer dans les faits.
Ce que le député de Saint-Jacques est en train de vous
expliquer et peu importent les termes qu'il utilise sauf erreur,
c'est qu'on n'a pas le droit de voter une loi qui d'avance, nous le savons,
n'aura aucune application dans les faits.
Le Président (M. Séguin): Je remercie le
député de Maisonneuve, je ne m'ingérerai pas davantage
dans le débat. Je suis heureux qu'il ait confirmé
précisément ce que j'ai demandé au député de
Saint-Jacques, s'en tenir à l'article 2. Alors, si le
député de Saint-Jacques veut s'en tenir à l'article 2 et
à la motion, pas à l'article proprement dit, mais à la
motion d'amendement de cet article, ils sont tous d'accord pour vous
entendre.
M. Charron: M. le Président, l'interruption que vous venez
de faire au beau milieu de mon intervention m'a permis de me donner le temps de
prendre le problème sous un autre angle et, ainsi, de respecter votre
rappel au règlement et peut-être d'être plus clair envers
les membres de la commission. Vous me permettrez quand même de puiser,
dans les premières parties de mon information, le fil de ce que j'ai
à affirmer à cette commission.
Je disais qu'une fois que le principe d'une loi a été
adopté, l'Opposition, lorsqu'elle l'a combattu, n'a qu'un autre
rôle, celui de la rendre efficace, au moins, afin qu'elle ne
détruise pas plus que ce qu'elle veut détruire et que ce qu'elle
est appelée à détruire, et aussi de la rendre saine pour
l'ensemble des Québécois. On est ici pour cela. Je pense que
l'Opposition remplit son rôle par la proposition du député
de Maisonneuve.
L'installation de la tutelle dans ces trois syndicats ne sera pas une
affaire facile. Le député de Robert-Baldwin, ministre du Travail,
l'a affirmé lui-même et dans son discours de deuxième
lecture et dans le discours sur le projet de loi no 30 et dans les remarques
qu'il faisait lorsque nous étudiions l'article I.
Ce ne sera pas une affaire facile, et il en est en partie responsable
parce qu'il a laissé pourrir cela pendant cinq ans la commission
Cliche l'a dit n'a pas agi pendant cinq ans, a fermé les yeux
pendant cinq ans. Autrement dit, qu'il ne vienne pas brailler ce soir et nous
dire que ce ne sera pas facile. Il a une grande partie de la
responsabilité. Ce n'est pas le député de Saint-Jacques
qui vous le dit, c'est le rapport Cliche. Il a laissé faire Bergeron, il
a laissé faire Dansereau, il a cautionné Bergeron, il a
cautionné Dansereau, il a laissé aller Desrochers; tout cela, on
paie pour.
Le député de Maisonneuve dit: Après avoir
laissé aller cette situation pendant un certain temps, maintenant que
vous vous décidez à agir, abandonnez l'espèce de coup bas
de politicien qu'on essaie de faire sur le dos du syndicalisme actuellement et
reprenez vos responsabilités de ministre du Travail. Sachez très
bien, puisque vous nous l'avez vous-même affirmé le
ministre du Travail nous l'a lui-même affirmé qu'on n'a des
chances de le réaliser que s'il y a une collaboration des travailleurs.
Le député de Maisonneuve nous propose que lorsque le gouvernement
nommera les trois administrateurs en tutelle à chacun des syndicats, il
procède à partir d'une liste que la centrale syndicale
impliquée, qui contient de 98% à 99% de travailleurs
honnêtes, tel que le dit le rapport de la commission Cliche, qui vivent
dans votre comté, qui vivent dans le comté du
député de Maisonneuve et qui vivent dans le mien, j'en conviens,
et leur faire confiance.
On propose de faire confiance aux métallos, de faire confiance
à tous ces travailleurs réunis déjà dans la
Fédération des travailleurs du Québec, parce que ça
va la prendre, la collaboration syndicale. Si on ne l'a pas, la collaboration
syndicale, si le gouvernement s'entête à nommer trois personnes
à partir de son propre choix et qu'il les impose à un milieu
déjà très difficile à convaincre c'est le
ministre lui-même qui l'a dit on ne réglera rien.
M. le Président, la commission Cliche savait que pour que les
tutelles soient efficaces elle le dit dans sa recommandation, mais
ça n'a pas été retenu dans les intentions gouvernementales
je cite la commission: Elle doit s'assurer la participation des
travailleurs. Or la participation des travailleurs, M. le Président,
ça ne s'assure pas uniquement en ouvrant des postes. Cela ne se fait pas
uniquement en mettant des structures disponibles. Tous les membres de
l'Assemblée savent très bien qu'il y a, au Québec,
multitude d'organismes où théoriquement la population est
toujours invitée à participer, mais dont elle se
désintéresse. Elle se désintéresse parce qu'il faut
plus que des structu-
res pour que les gens participent. Il faut qu'ils aient la conviction
qu'en embarquant dans une structure, ils changent quelque chose. Personne n'a
le goût, pas plus celui qui vous parle, que n'importe quel citoyen,
d'être une bebelle dans une structure.
Les parents qui ne vont pas dans les comités d'école
permettez-moi cet aparté, mais c'est une comparaison qui va se
tenir ce n'est pas parce qu'ils se désintéressent de
l'éducation, c'est parce qu'ils se désintéressent des
comités d'école, parce qu'il n'y a rien là.
Ils vont là, mais ça n'avance pas. Cela veut-il dire
qu'ils ne s'intéressent pas à l'éducation de leurs
enfants? Pas du tout.
Quand même on ferait aujourd'hui une structure, que les trois
tuteurs nommés par le ministre établiraient une structure, un
organigramme sur papier, si les travailleurs ne sentent pas que ce sont leurs
affaires qu'ils vont aller régler là-dedans, mais qu'ils sont en
fin de compte simplement le jouet de leurs employeurs, parce que les tuteurs
vont être nommés par leurs employeurs, cela n'attirera pas bien
gros de syndiqués, aller travailler dans une machine montée par
des employeurs, gérée par des employeurs, à partir d'une
liste que les employeurs ont faite et que les employeurs contrôlent. Il
ne faut pas se faire d'illusion. Quand le ministre dit que ce ne sera pas
facile, il sait très bien ce qu'il est en train d'imposer. Il est en
train de dire à des syndiqués: Ce sont vos employeurs qui vont
gérer vos cotisations syndicales, à partir de maintenant.
Le moins qu'on puisse dire, si l'employeur se permet d'intervenir
parce qu'il est aussi le garant de l'ordre public, j'en conviens dans
ces choses, c'est qu'il ne fasse pas payer à 98% de travailleurs ce que
2% de criminels, qu'il aurait pu chasser, qu'il a cautionnés qu'il a
laissé faire pendant cinq ans, ont fait de ce syndicalisme.
M. Burns: Avec qui il a été complice.
M. Charron: Dont il a été complice, c'est reconnu
et c'est écrit dans toutes les pages du rapport de la commission Cliche,
d'une part à l'autre. Il y a une partie des responsabilités qui
doit s'assumer ici à cette table aussi, et les cinq ans de laisser-faire
doivent avoir une correspondance contraire aujourd'hui, ou bien on s'enfonce
encore dans le même marasme. Il faut permettre à ces travailleurs,
qui ont subi l'assaut des criminels dans leurs institutions syndicales et la
complicité de leur gouvernement avec les criminels dans leurs
institutions syndicales, de reprendre leurs affaires en main. Nous ne proposons
pas quelque chose qui soit contraire, M. le Président, au principe de la
loi. C'est encore une tutelle gouvernementale. Ce que nous demandons, c'est
seulement que le gouvernement, se gardant le choix des tuteurs, les choisisse
à partir d'une liste que les syndiqués eux-mêmes, que les
travailleurs eux-mêmes auront fournie, parce que ce sont leurs affaires
et ils ont ce droit. Personne n'accepterait...
Connaissez-vous une classe de professionnels qui accepteraient
aujourd'hui de se faire mettre en tutelle sans qu'ils aient l'occasion de
choisir qui va assumer la tutelle? Connaissez-vous un autre groupe de
travailleurs professionnels qui sont en danger de se faire mettre en tutelle
aujourd'hui ils sont à cent lieues d'être mis en tutelle
même si dans des régions du Québec ils paralysent
les services de santé publique? Par contre, quand on intervient contre
les travailleurs et les ouvriers, non seulement on ne se gêne pas d'y
aller avec la masse de tutelle gouvernementale, mais on refuse même
si j'en prends l'opinion du ministre telle qu'il l'a exprimée
de les consulter et de les impliquer. Deux poids, deux mesures, quand on
s'adresse à deux classes sociales. Toujours la même
vérité.
Une structure n'a de chances de fonctionner que si l'esprit qui est en
arrière l'anime. Une structure, sans ça, c'est une carapace
morte, inefficace et qui aboutit au contraire de ce pourquoi elle est
placée, si les gens qui participent à cette structure n'ont pas
l'esprit.
Or, nous disons, dans la motion du député de Maisonneuve,
telle que modifiée à la suggestion du député de
Beauce-Sud, que cet amendement donnerait l'esprit de la structure. On dit
dès le départ qu'on implique les travailleurs. Les tuteurs qui
seront là auront été nommés à partir d'une
liste que des travailleurs comme eux auront fourni à travers les
institutions qu'ils se sont données. Et donc les gars qui seront
là proviendront d'une liste qui n'est pas faite pour les fourrer.
S'ils s'aperçoivent que leurs dirigeants de centrale syndicale
je l'ai dit hier soir et je n'ai pas peur de le redire de celle
dont on parle, la FTQ, n'ont pas l'intention de procéder à son
nettoyage, ou recommanderont au ministre du Travail des gens qui ne
procéderont pas véritablement au nettoyage, qu'ils changent de
dirigeants. Il n'y a pas une personne qui n'a pas d'affaire à être
changée. Mais la motion du député de Maisonneuve nous
permet d'avoir ce choix et cette occasion de rendre la loi efficace.
Quand ils vont voir arriver les trois gendarmes du ministre du Travail,
employeur, qui pendant cinq ans, comme l'a dit la commission Cliche, a
fermé les yeux sur tous les abus patronaux, pensez-vous que les gars
vont avoir le goût d'embarquer et de collaborer avec la tutelle? Ils vont
se faire traiter comme jamais une classe professionnelle ne s'est fait traiter;
je ne parle pas des bandits, je parle des 98% de travailleurs que ces bandits
manipulaient. Il ne faut pas toujours les confondre.
Et c'est pour ça, M. le Président, que j'en viens à
mon deuxième point. Non seulement une loi doit-elle être efficace
si on adoptait la motion du député de Maisonneuve, je
crois qu'elle aurait beaucoup plus de chances de le devenir mais elle
doit être saine également. Nous connaissons depuis le
dépôt du rapport Cliche, ou plutôt depuis que le premier
ministre a le rapport Cliche entre les mains car depuis son
dépôt il y a eu des correctifs de faits une vaste machine
antisyndi-
cale émanant du Parti libéral, essayant de se
débarrasser de gens qui l'embêtent et qui l'embarrassent, parce
qu'ils ont été poignés, qu'ils ont été
démasqués.
Une loi doit être saine et celui qui est responsable et parrain de
ce projet de loi, vous le savez, je n'ai pas confiance en lui. Comme
l'Opposition, je répète depuis longtemps, la commission Cliche ne
fait que me confirmer dans cette opinion, qu'il n'est pas l'homme à
tenir le balai solidement. Mais, peu importe, il s'agit d'un autre
débat.
Tant que le député de Robert-Baldwin sera ministre du
Travail, il sera ministre du Travail. Aussi silencieux qu'il ait
été pendant cinq ans, aussi cautionneux, aussi mal entouré
qu'il ait été, aussi large d'esprit qu'il ait été
à l'égard des criminels, peu importe le premier ministre
nous a encore affirmé aujourd'hui son choix il est le ministre du
Travail.
Comme ministre du Travail, il a cette responsabilité il en
conviendra avec moi, j'en suis sûr d'être un porte-parole
différent à l'intérieur du cabinet, à
l'intérieur du conseil des ministres. Il doit être le porte-parole
des institutions syndicales dont il se dit, d'ailleurs, en parrainant cette
loi, le protecteur et le défenseur.
Il fait cette loi, M. le Président, a-t-il dit pour
rétablir l'exercice de la liberté syndicale dans l'industrie de
la construction. Je prends sa parole et je crois à son
honnêteté, s'il l'affirme de cette façon. Je dis qu'il ne
prend pas les moyens efficaces pour l'obtenir, mais ie dis aussi qu'il est en
train de confondre sa tâche de politicien, membre d'un cabinet dont la
crédibilité est à la baisse et qui sent là, dans la
vague antisyndicale, l'occasion de remonter une cote et c'est
probablement le prix qu'il a à payer pour garder son poste avec
le rôle normal de ministre du Travail tel qu'il doit être.
Or, un ministre du Travail, M. le Président, lorsqu'il y a une
charge violente, même si elle est menée par le premier ministre du
cabinet dont il est membre, contre les syndicats, même si la meute
ministérielle à laquelle il appartient est
déchaînée contre les syndicats, lui, doit garder son
sang-froid. Lui doit, à l'intérieur d'une telle vague,
réaffirmer clairement que l'institution syndicale, même si elle
compte, comme à l'intérieur d'un parti politique, un certain
nombre de membres corrompus, demeure quand même une institution
fondamentale dans la vie d'une collectivité.
L'occasion que lui donne le député de Maisonneuve, par sa
motion, en est une pour lui de réaffirmer, M. le Président, sa
confiance dans le syndicalisme québécois, sa confiance, comme
porte-parole au niveau du conseil des ministres des syndiqués
québécois, que la Fédération des travailleurs du
Québec, dans ses structures qu'il dit connaître et qu'il
connaît, a les moyens de soumettre au gouvernement une liste de gens
responsables qui peuvent devenir, demain, les fidèles et efficaces
exécutants de la loi que lui a parrainée à
l'Assemblée nationale et, en même temps, les défenseurs de
98% des travailleurs qui ont été manipulés par les bandits
que nous voulons chasser de cette industrie.
M. le Président, le ministre a l'occasion, ici, dans cette
motion, de rendre un service au syndicalisme québécois dont il a
la responsabilité d'être le protecteur. S'il laisse, par le refus
de cette motion, la propagande émanant de son chef et de tous les
milieux qui soutiennent le parti auquel il appartient jouer contre les
organisations de travailleurs, il manque à sa responsabilité. Je
ne crois plus, depuis longtemps, que le député de Robert Balwin
est homme à assumer cette tâche, mais c'est lui qui est le parrain
de la loi, ce soir, au moment où nous en discutons. Quelles que soient
ses faiblesses, quel qu'ait été son silence dans le passé,
même s'il a compté sur ses fiers-à-bras pour réussir
des assemblées électorales à Saint-Jérôme,
peu importe. Oublions cela pour le moment. Il est le ministre du Travail ce
soir et, comme ministre du Travail ce soir, qu'il ait été
élu par les moyens dont il a voulu disposer, c'est une autre
affaire.
Ce n'est pas le sujet de la motion, M. le Président, j'en
conviens. Mais qu'il ait aujourd'hui la responsabilité d'être le
protecteur du syndicalisme dans son propre parti. Car quelles sont les
résolutions les plus sonores qui sortent des congrès
libéraux sinon celles qui s'attaquent aux fonctionnaires et aux
travailleurs? Il a la responsabilité de maintenir et d'affirmer, en
adoptant la motion du député de Maisonneuve, qu'il est non
seulement possible mais souhaitable et que lui, comme ministre du
Travail, a pris cet engagement et cette position de considérer
les organisations de travailleurs et la plus visée directement
elle-même comme susceptibles de collaborer au geste que la
société québécoise attend d'elles, j'en suis
convaincu, et qu'elles sont prêtes à offrir au gouvernement si on
leur en fait la demande et si on les y invite. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Merci M. le
député. Que ceux qui sont pour ou contre la motion...
M. Burns: M. le Président, j'aurais simplement quelques
brèves remarques, pour terminer le débat, à soumettre
à la commission.
Cet après-midi, j'ai entendu le ministre du Travail nous dire,
après qu'il eut utilisé l'exemple de la tutelle relative aux gens
de mer, aux Seafarers International Union, je l'ai entendu dire: Nous ne sommes
pas dans la même situation. D'ailleurs, la loi fédérale qui
imposait la tutelle concernant le Syndicat international des gens de mer ne
faisait pas légalement participer soit le CTC, le ministre
là-dessus n'a pas été précis, en tout cas je
présume que c'était le CTC ou le syndicat participer
à la nomination des tuteurs qui, tout le monde l'admet autour de la
table, en tout cas tous ceux qui ont vu cette tutelle-là agir, tout le
monde admet que cette tutelle a été un succès.
Mais, je pense qu'il est bien important de se rendre compte d'une
certaine situation relativement à la tutelle que le gouvernement
s'apprête à imposer à l'endroit de quatre syndicats de la
construction qui, soit dit en passant, sont peut-être les quatre plus
importants au point de vue mécanique de la construction: les
électriciens, les plombiers,
les gens de machinerie lourde et les gens d'ascenseurs.
Ce qui est important d'accepter comme prémisse à toute
cette discussion-ci c'est qu'on n'est pas en train de voter une loi de retour
au travail. Et j'espère que les députés
ministériels qui sont autour de la table se rendent bien compte de
ça. Je sais fort bien que le ministre le sait. J'accorde au ministre
plus d'intelligence que de laisser croire que le ministre s'imagine que la loi
de mise en tutelle va nécessairement régler un certain nombre de
problèmes qui concernent davantage les absences au travail, disons-le de
façon large. Actuellement, ce qui semble traumatiser beaucoup de gens
c'est le fait qu'entre autres, sur les chantiers olympiques, il n'y a pas de
travail qui se fait. Ce qui semble laisser croire, du côté
desdéputés ministériels, qu'on règle la situation
en adoptant ce projet de loi-là, c'est laisser imaginer que le jour
où le projet de loi no 29 est adopté, il n'y a plus de
problème relativement aux chantiers olympiques, que tout le monde va
retourner au travail.
Mais ce n'est pas vrai, et je pense que le ministre du Travail sera en
mesure de le confirmer. Ce n'est pas une loi de retour au travail que nous
sommes en train de voter. C'est une loi qui se veut une réorganisation
d'un aspect des syndicats de la construction, d'un groupe, et vraiment un
groupe restreint de syndicats de la construction. Et s'imaginer que cette loi
sera la solution avec un grand L et un grand S, c'est, à mon avis, se
leurrer de façon absolument inacceptable, surtout pour un ministre du
Travail qui prétend savoir ce qui se passe en matière de
relations du travail au Québec.
Ce que je voudrais laisser comme élément de
réflexion au ministre, aux députés ministériels,
c'est qu'avant l'annonce, pas avant la loi, avant l'annonce même d'une
loi, avant les fuites stupi-des, ridicules, du premier ministre relativement au
projet de loi, avant les fuites, je pense, délibérément
provocantes de la part du premier ministre concernant certaines recommandations
de la commission Cliche que lui-même a soutirées de l'ensemble des
134 recommandations, avant cela, M. le Président, il n'y en avait pas de
grèves, il n'y avait pas d'arrêts de travail sur les chantiers
olympiques à Montréal. C'est-y bizarre que, tout à coup,
on se mette à croire qu'on a une loi qui va régler tout le
problème, qui n'est pas, comme je le disais tout à l'heure, une
loi d'entente ou de retour au travail; que, tout à coup, on s'imagine
que la solution est dans le projet de loi no 29.
Bien non, M. le Président, elle n'est pas dans ce projet de loi.
Elle est tout simplement dans le fait qu'il y aura éventuellement une
fédération de travailleurs, très importante au
Québec, qui s'appelle la Fédération des travailleurs du
Québec, qui participera ou non à une certaine réforme. Si
on ne veut pas qu'elle y participe, qu'on continue à adopter l'article 2
comme on s'apprête à le faire, qu'on continue à se cacher,
qu'on se mette la tête dans le sable, qu'on n'examine pas les
véritables problèmes et qu'on adopte l'article 2 tel qu'il est,
qu'on rejette l'amendement que j'ai proposé.
Qu'on dise tout simplement qu'il n'y a rien à changer à la
situation de la construction; qu'on dise que le premier ministre n'a pas
provoqué les arrêts de travail que nous connaissons actuellement
sur les chantiers olympiques et à la Place Desjardins en particulier.
Qu'on continue à croire cela; qu'on continue à s'encenser
mutuellement et qu'on dise: On a réglé tout le problème
à partir du moment où l'article 2 et, en particulier, la loi 29 a
été adoptée. Qu'on continue à croire cela, M. le
Président, et qu'on continue à nous représenter
successivement d'autres lois d'exception, d'autres lois-matraques.
A un moment donné, dans deux semaines, le ministre du Travail,
avec la main sur le coeur, va venir nous dire que cela n'a pas de bon sens, que
ce qu'il y a d'important au Québec, c'est de voir à ce que les
Jeux olympiques soient terminés à temps pour recevoir nos
frères des autres pays. On va nous faire brailler là-dessus. On
va nous dire tranquillement, pas vite, que des travailleurs, qui se font
fourrer tous les jours par le régime de relations du travail dans le
domaine de la construction, n'ont pas le droit de se choquer, surtout qu'ils
sont les personnes peut-être les plus choyées par le gouvernement
par des lois spéciales.
Il n'y a pas de domaine en matière de relations du travail qui a
été aussi choyé que celui des gens de la construction
depuis cinq ans. Il n'y a pas de gens qui ont eu cette espèce de
bénédiction gouvernementale de se faire péter une loi
spéciale par année, à part les gens de la construction. Et
que ces gens ne soient pas tannés et que ces gens ne se rebellent pas?
Bien, voyons donc, M. le Président; il me semble que c'est tout à
fait normal. Moi, je me serais choqué bien avant eux autres. Je me
serais choqué pas mal plus souvent que les gens de la construction.
Surtout que, dans un rapport comme celui qui est soumis par la commission
Cliche, on sélectionne délibérément, d'une
façon provocante, quelques articles. On sort de 134 recommandations
quelques recommandations qui, à toutes fins pratiques, disons-le M. le
Président, veulent faire passer le syndicalisme pour le gros
méchant dans la société.
Le syndicalisme, à toutes fins pratiques, de par
l'interprétation que le gouvernement fait des recommandations de la
commission Cliche, devrait même être une chose à abolir dans
la société.
Il faudrait véritablement mettre cela de côté. Si
j'ai proposé, justement, une espèce de possibilité de
croire que c'est faux, ce qu'on s'imagine comme attitude diabolique de la part
du gouvernement, c'est que c'est peut-être l'occasion de le faire. C'est
peut-être l'occasion de dire, comme le ministre l'a fait en dehors de la
motion, qu'on a véritablement confiance aux représentants des
travailleurs au Québec. Et si on a confiance aux représentants
des travailleurs, on va leur faire confiance jusqu'à accepter, lorsque
tutelle il y aura, leurs recommandations quant à la nomination des
tuteurs.
M. le Président, c'est un peu cela. C'est un test de
vérité qu'on demande au ministre. Ce n'est pas à la FTQ
qu'il appartient de prouver qu'elle est
de bonne foi; c'est au ministre qu'on demande actuellement s'il est de
bonne foi. C'est au ministre qu'on demande si... Pardon?
M. Veilleux: Ce n'est pas à vous, je parle au
ministre.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: Non, on aimerait bien comprendre ce que le
député de Saint-Jean a à dire.
Le Président (M. Séguin): II faudrait autoriser
le...
M. Veilleux: J'ai le droit de parler au ministre.
M. Burns: Vous parlez au ministre un peu fort...
M. Veilleux: Comme vous faites en Chambre quand vous parlez entre
vous d'un autre député ou d'un ministre.
M. Burns: ...à un point tel que je comprends ce que vous
dites au ministre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Veilleux: J'ai le droit de parler au ministre, je vais
continuer.
M. Burns: Si vous voulez me poser une question, M. le
député de Saint-Jean, je n'ai pas d'objection.
M. Veilleux: Je parle au ministre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: Voulez-vous aller parler au ministre en
arrière?
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve s'il vous plaît.
M. Burns: Ne parlez pas au ministre de façon à me
déranger pendant que je suis en train de parler.
M. Veilleux: Je vais parler au ministre.
M. Burns: Parlez au ministre, je ne vous empêcherai pas de
parler au ministre. De toute façon, il y a assez de monde qui a
parlé au ministre. Il y a des gens qui ont parlé au ministre dans
les années passées et Dieu sait ce que ç'a donné.
Le ministre, justement, ne fait que cela...
M. Charron: Le ministre aime cela parler pendant que...
M. Burns: Le ministre justement ne fait que cela...
M. Cournoyer: Même vous, vous m'avez parlé.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre,
s'il vous plaît! A l'ordre!
M. Burns: Même moi, je vous ai parlé, je suis en
train de vous parler, d'ailleurs.
Le Président (M. Séguin): S'il vous plaît,
cela ne devient ni dialogue ni monologue. Le député de
Maisonneuve a la parole sur une motion, je le prierais de reprendre sa
motion.
M. Lachance: Revenir à la motion.
M. Burns: M. le Président, je pense au contraire que je
suis tout à fait dans l'ordre, relativement à ma motion.
Le Président (M. Séguin): Non, je ne parlais pas de
cela. Je parlais des interventions qui se faisaient de part et d'autre ici et
je vous demande de revenir à l'ordre. A l'ordre!
M. Burns: Ce n'est pas moi qui ordonne, c'est le
président.
Le Président (M. Séguin): S'il vous
plaît.
M. Burns: Est-ce que c'est moi qui suis hors d'ordre?
Le Président (M. Séguin): Vous êtes un
excellent procédurier et vous savez fort bien ce que je veux dire. Je
demande au député de Maisonneuve de bien vouloir continuer
d'exprimer sa pensée, comme avant l'interruption.
M. Burns: M. le Président, j'accepte vos compliments, mais
je ne pense pas que je doive changer de ligne de pensée quand je dis
à l'ensemble des membres de la commission sauf les
représentants de l'Opposition qui, semble-t-il, comprennent qu'il
faut absolument faire participer la centrale syndicale concernée
à toute tentative de réforme dans ce domaine.
Ce n'est pas compliqué que de s'imaginer qu'il y aura des
travailleurs, qu'il y aura des représentants syndicaux, s'ils ne sentent
pas qu'ils sont partie à cette réforme que, de
l'extérieur, d'en haut, le gouvernement veut imposer au syndicalisme
dans la construction, ce n'est pas de faire le prophète de malheur,
dis-je, que de croire qu'une telle attitude va simplement continuer à
être provocante à l'endroit des travailleurs de la construction et
des représentants syndicaux; je dirais même non pas de la FTQ,
mais des centrales syndicales qui ont une représentation importante dans
le domaine de la construction.
Je pense, M. le Président, que c'est, dans le fond, ce que je
disais cet après-midi au ministre.
Si notre amendement n'est pas reçu, je devrai accorder une
certaine crédibilité à l'opinion que c'est "over and
above" l'opinion du ministre du Travail que la loi 29 est
présentée comme, par exemple, c'était "over and above"
l'opinion du ministre du Travail que la commission Cliche a été
créée, comme c'était "over and above"... Non? Je suis
obligé de tirer ces conclusions. Le ministre du Travail dit: Des
affirmations.
Vous êtes en train d'adopter une loi où on vous donne un
élément de solution que vous vous refusez d'utiliser. Je suis
obligé de conclure que le ministre du Travail ne veut pas que la loi 29
soit possiblement appliquée. Je suis obligé de tirer la
conclusion, à moins que le ministre me convainque du contraire, je suis
obligé de me convaincre que le ministre lui-même, comme chant du
cygne, peut-être comme dernier geste en tant que ministre du Travail,
veut mettre le bordel total dans le domaine de la construction, veut être
celui qui aura posé, pour une fois, un geste dans le domaine de la
construction.
Oui, le ministre a beau rire, je pense que le ministre ne rira pas
quand, à un moment donné, sa loi 29 va se retrouver absolument
caduque. Et il viendra nous voir, encore une fois, pour dire: Je l'ai,
maintenant, la solution. Comme il nous l'a dit dans 62 autres cas,
possiblement, dans le passé.
M. Coumoyer: Jamais je ne vous ai dit qu'on avait les
solutions.
M. Burns: Vous nous avez toujours dit que vous aviez la solution.
La loi 201, c'était la solution. Le bill 9, c'était la
solution.
M. Cournoyer: Cela a été la solution au
problème de l'indexation, la loi 201, et vous le savez, à part
cela.
M. Burns: Pardon?
M. Coumoyer: Cela a été la solution au
problème de l'indexation.
M. Burns: Mais dans le moment, au moment où on se
parle...
M. Cournoyer: II y a un autre problème.
M. Burns:... y a-t-il du monde qui travaille au chantier
olympique, à Montréal?
M. Cournoyer: Pourriez-vous m'expliquer, vous qui connaissez les
chantiers olympiques, comment ils sont sortis des chantiers olympiques, ces
gars-là?
M. Burns: Oui, c'est dans mon comté. Pardon?
M. Cournoyer: Expliquez-moi donc comment ils sont sortis des
chantiers olympiques?
M. Burns: Cela m'aurait tenté.
M. Cournoyer: Combien y en a-t-il qui étaient heureux d'en
sortir?
M. Burns: Cela m'aurait tenté.
M. Cournoyer: Vous allez me dire qu'ils sont sortis
spontanément, vous?
M. Burns: Cela m'aurait tenté de poser...
M. Cournoyer: Expliquez-moi la spontanéité des gars
de partir des chantiers. Expliquez-moi ça.
M. Burns: Vous qui avez la connaissance de tout cela, si vous
aviez accepté la motion du député de Johnson, ma motion de
cet après-midi, peut-être qu'on le saurait ce soir.
M. Cournoyer: Ah!
M. Burns: Bien oui. Peut-être qu'on aurait demandé
à du monde.
M. Cournoyer: On aurait fait venir les gars qui sont sortis, les
2,000 gars, pour leur demander comment ils sont sortis...
M. Burns: Peut-être...
M. Cournoyer: ... ou bien on aurait fait venir les gars qui les
ont fait sortir pour leur demander comment ils les ont fait sortir?
M. Burns: ... qu'on aurait demandé à du monde de
venir nous parler de cela. S'il y a des actes criminels qui sont posés,
s'il y a de l'intimidation qui est faite, il y a un ministre de la Justice. La
commission Cliche dit que c'est le seul ministre qui a réussi à
se brasser les fesses dans ce gouvernement-là depuis quelque temps.
Là-dessus, je suis en total désaccord avec la commission Cliche.
Je pense que lui comme les autres a réussi à ne rien brasser.
M. Cournoyer: Ce n'est pas la première fois où je
comprends que vous êtes en désaccord avec la commission Cliche,
ça fait plusieurs fois.
M. Burns: Bien, une commission d'enquête... Est-ce que, par
exemple, la commission Gen-dron...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Cournoyer: Vous êtes cent fois pire que l'autre. Vous
prenez ce qui fait votre affaire dans le rapport Cliche.
Le Président (M. Séguin): A Tordre!
M. Burns: Est-ce que vous avez appliqué la commission
Gendron dans son intégrité?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: Est-ce que le bill 22 est une émanation de la
commission Gendron?
Le Président (M. Séguin): Est-ce que le
député de Maisonneuve parle de la motion?
M. Cournoyer: Ecoeurez-moi!
M. Burns: Oui, M. le Président, je parle de la motion. Je
vais vous dire que parlant de cette motion, je trouve désastreuse cette
attitude du gouvernement qui semble faire tout simplement des gestes pour nous
laisser croire qu'il agit. C'est cela, le projet de loi no 29. C'est cela,
l'attitude du ministre relativement à l'article 2. Il nous laisse croire
qu'il agit et il n'y a rien qui se fait. Il ne met surtout pas de son
côté toutes les chances de succès de l'application de sa
loi. Et c'est pourquoi je trouve que la motion d'amendement que j'ai
formulée à propos de l'article 2 devrait être
adoptée.
M. Charron: M. le Président, je voudrais répondre,
en une seconde, à la question que le ministre du Travail posait au
député de Maisonneuve. Il a demandé si le
député de Maisonneuve savait comment les gars étaient
sortis du chantier olympique.
M. Cournoyer: Expliquez-moi donc cela, vous; vous venez
peut-être de ce bout, vous.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Charron: Ils se sont fait sortir exactement...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Je ne voudrais
pas vous interrompre...
Une Voix: De la même manière que vous êtes
sortis l'an passé.
Une Voix: Ils se sont fait sortir par le premier ministre.
M. Charron: Ils se sont fait sortir exactement de la même
façon que des électeurs se sont fait sortir des bureaux de
scrutin dans Laporte et dans Taillon, par la même "gang", en 1973.
M. Burns: Puis ils se sont fait sortir par les fuites du premier
ministre qui a fait exprès, M. le Président, de provoquer un
milieu particulier du travail en disant; Vous savez, il y a I34 recommandations
dans le commission. Cliche, il y en a une bien importante, c'est la mise en
tutelle d'un certain nombre de syndicats. C'est la meilleure façon de
faire sortir le monde. Cela est vraiment la meilleure façon.
M. Cournoyer: ...les gens qui ne veulent pas en entendre
parler.
M. Burns: Voyons donc, il n'y avait pas de grève avant les
fuites du premier ministre, avant les fuites délibérées du
premier ministre, décidées par lui, choisies par lui, dans des
domaines particuliers.
M. Bourassa: M. le Président, si je peux répondre
au député de Maisonneuve qui semble un peu moins calme.
M. Burns: Est-ce que le député de Mercier est
membre de la commission?
M. Bourassa: Est-ce que je peux lui répondre?
M. Burns: M. le Président, est-ce que le
député de Mercier est membre de la commission?
M. Bourassa: M. le Président est-ce que je peux lui
répondre?
M. Burns: M. le Président, est-ce que le
député de Mercier est membre de la commission?
M. Bourassa: Le député de Maisonneuve a peur que je
réponde.
M. Burns: M. le Président, question de
règlement.
M. Boudreault: II n'y a pas de question de règlement.
M. Burns: Question de règlement.
M. Bourassa: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: M. le Président, même si c'est votre
"boss", répondez-moi. Je soulève une question de
règlement.
M. Bourassa: Est-ce qu'il perd la tête?
M. Burns: M. le Président...
M. Bourassa: Qu'est-ce qu'il a?
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Oui, oui, parlez.
M. Burns: Sur une question de règlement.
M. Bourassa: Allez vous coucher un petit peu si ça ne va
pas.
M. Burns: M. le Président, est-ce que vous voulez
expliquer au premier ministre ce que ça veut dire, une question de
règlement, c'est-à-dire qu'il doit se fermer la boîte,
à partir de ce moment-là.
Le Président (M. Séguin): Je l'ai dit dans le
passé à d'autres, je le dis encore ce soir, je n'ai pas
d'explication à donner, si ce n'est ceci: A la commission...
M. Burns: Je vous pose une question.
Le Président (M. Séguin): .... en ce qui concerne
les membres de cette commission, le député de Mercier, premier
ministre de la province
de Québec, n'étant pas membre, doit obtenir de la
commission l'autorisation de parler.
M. Burns: M. le Président, je refuse mon
autorisation...
Le Président (M. Séguin): D'accord.
M. Burns: ...au député de Mercier de parler
à cette commission-ci.
Le Président (M. Séguin): D'accord.
M. Bourassa: Je m'en souviendrai, M. le Président.
M. Burns: Vous allez vous souvenir de bien des affaires.
Rappelez-vous de moi, vous allez me voir souvent puis longtemps.
M. Bourassa: On va le changer le règlement, puis vous
allez prendre votre trou.
M. Burns: Bien oui, c'est ça, bien oui, faites donc
ça. C'est de toute beauté! Vous allez faire comme vous faites
à l'endroit de la FTQ. Vous allez faire comme à toutes les fois
que cela ne fait pas votre affaire: vous allez changer les règles du
jeu, en plein milieu de la partie de hockey. Allez-y, choisissez.
M. Roy: ...en perspective.
M. Cournoyer: Bien oui, parce que pour vous, c'est une partie de
hockey, cette histoire-là?
M. Burns: Non, Monsieur.
M. Cournoyer: Cela a l'air de cela.
M. Burns: Non, Monsieur.
M. Cournoyer: ...des règles du jeu.
M. Burns: Non, non, les règles du jeu, ça s'appelle
être capable de soutenir les règles jusqu'à la fin.
M. Bourassa: Vous m'attaquez et vous ne voulez même pas que
je réponde. Vous êtes un lâche.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! M.
Bourassa: Vous êtes un lâche.
M. Burns: Vous êtes un maudit menteur, vous, ça
c'est une autre affaire.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: Je vais y aller, si vous voulez, tranquillement pas
vite.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre! Je
ne présiderai pas dans cette atmosphère.
M. Burns: Non, on va le répéter, je vais le redire,
M. le Président: m-e-n-t-e-u-r.
M. Bourassa: Allez donc vous coucher, vous avez besoin de
sommeil.
M. Burns: C'est ça, mais allez donc, vous aussi, jaser
avec vos gens et pensez ce que vous allez faire aux prochaines
élections. Faites donc ça.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre!
M. Burns: Faites donc ça, amusez-vous, jouez au baseball,
d'accord?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Le député de Maisonneuve a-t-il terminé son
intervention?
M. Burns: J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Je vous remercie.
M. Bédard (Montmorency): Sur la motion, M. le
Président, est-ce que c'est dans l'ordre?
Le Président (M. Séguin): Vous demandez la
parole.
M. Bédard (Montmorency): Oui, j'aimerais bien.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, avant que le vote
se prenne, je tiendrais à expliquer le vote que je vais donner.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Johnson, qui n'a pas encore employé son temps dans ce débat, a
la parole.
M. Bellemare (Johnson): J'ai, cet après-midi, donné
des raisons qui militent en faveur d'une représentation, mais j'ai dit
aussi que j'apporterais, immédiatement après cette motion, une
autre motion. Je vais, dans quelques minutes, après le vote, donner les
raisons qui militent en faveur de la motion que je présenterai.
M. le Président, dans le cas de cette présente motion, je
m'abstiendrai de voter pour les raisons que j'ai données cet
après-midi, pendant mon exposé. Immédiatement après
que le vote sera pris, je proposerai la motion que vous connaissez et je
donnerai, à ce moment-là, les explications qui conviennent.
Le Président (M. Séguin): J'enregistre votre
abstention au vote, si vous ne votez pas, tout simplement.
Qu'on dise si on est contre la motion du député de
Maisonneuve.
M. Bellemare (Johnson).
M. Bellemare (Johnson): Abstention.
Le Président (M. Séguin): Abstention. M.
Bé-rard (Saint-Maurice). Pour ou contre? Pas ici. M. Boudreault
(Bourget).
M. Boudreault: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Burns
(Maisonneuve).
M. Burns: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Charron
(Saint-Jacques).
M. Charron: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Bédard
(Montmorency).
M. Bédard (Montmorency): Je suis contre, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): M. Cournoyer
(Robert-Baldwin).
M. Cournoyer: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Carpentier
(Laviolette).
M. Carpentier: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey (Charlesbourg).
M. Lachance (Mille-Iles).
M. Lachance: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Lecours
(Frontenac).
M. Lecours: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Malépart
(Sainte-Marie).
M. Malépart: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Roy (Beauce-Sud). M.
Verreault (Shefford).
M. Verreault: Contre.
Le Président (M. Séguin): Et je constate qu'il y a
deux votes en faveur de la motion, huit contre et une abstention.
J'espère que quand ils décerneront les médailles aux
Olympiques...
M. Bédard (Montmorency): Un disparu.
Le Président (M. Séguin): Non, je n'enregistre pas
les disparus ou les disparitions. Alors, article 2.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je voudrais
maintenant procéder à une nouvelle motion, que l'article 2 soit
modifié en ajoutant, à la fin du premier alinéa, les mots
suivants: "dont au moins un membre est nommé sur recommandation de la
Fédération des travailleurs du Québec."
Comme j'ai dit cet après-midi dans mon intervention, on est en
faveur, dans le mouvement syndical, du pluralisme. Mais le gouvernement a
déjà accordé des avantages considérables à
une centrale qui est reconnue dans la province pour être le seul agent
négociateur avec la province. A ce moment, il y a eu
énormément, dans le mouvement syndical en général
et toutes les centrales, une animosité profonde qui s'est
créée. A la suite de ces gestes, ce qu'on a appelé le
maraudage s'est établi en maître et a fait un tort
considérable à la centrale qui est actuellement accusée
dans le rapport Cliche, la FTQ.
Je verrais mal que le gouvernement qui s'apprête à adopter
le projet de loi no 29 nomme comme membres de cette tutelle des gens qui ont
touché au patronat, des gens qui viendraient exclusivement des sources
mêmes du patronat. On cherche à rétablir l'ordre, on
s'attaque aux travailleurs, on organise, je pense,
délibérément des fuites pour créer des
réactions de panique dans le grand public en exploitant
particulièrement les abus d'une poignée de syndicalistes
corrompus. Je n'accuse personne, mais je sais pertinemment que ces fuites ont
été délibérément voulues pour créer
cet état de panique en faisant des syndicalistes des cobayes, les seuls
qu'on pouvait rejoindre.
On accusera peut-être l'Opposition, on dit que les Olympiques sont
en danger, on dit qu'il faut mettre de l'ordre. On fera probablement avant
longtemps un remaniement ministériel, à la suite de toute cette
panique qui est créée dans l'opinion publique. On verra à
un moment donné le jeu véritable du gouvernement sortir au grand
jour. Là on voit seulement des agissements nébuleux. On se
demande où vont porter tous ces gestes que pose le gouvernement.
Je me dis, M. le Président, que c'est simple. On affole le
peuple, on fait sortir les gens presque exprès des chantiers olympiques,
on met ces jeux en danger et, pour paraître devant le peuple comme des
gens qui voudraient établir l'ordre et la paix, on fera des
élections générales et on accusera l'Opposition, en
disant: Vous avez vu l'Opposition dans le rapport Cliche? ils se sont faits les
défenseurs de ces bandits. On prendra des extraits, M. le
Président, de nos déclarations et on nous citera. Vous avez vu le
député de Johnson appuyer les corrompus, les bandits. Cela, M. le
Président, sous l'aspect de vouloir donner un peu plus de force aux
élections qu'on voudra, demain, lancer dans le peuple, en faisant un
remaniement ministériel, on dira: C'est dans l'intention de mettre de
l'ordre et on paraîtra comme des purs, on se sentira des hommes d'une
grande valeur.
M. le Président, regardons donc si on n'a pas certaines raisons
d'être inquiet si ces trois membres du comité d'administration
responsable de la tutelle venaient exclusivement du patronat, ou, par exemple,
des universitaires, éloignant tout syndicaliste de ce bureau. Est-ce
que, dans le rapport de la commission Cliche, il n'y a pas, à l'endroit
des en-
trepreneurs, des accusations extraordinaires? Est-ce qu'eux ne
mériteraient pas aussi une tutelle? Est-ce qu'ils n'en
mériteraient pas une à cause des gestes aussi corrupteurs que
font certains bandits de la FTQ? Mais on n'en parle pas. On se garde cela comme
arrière-scène, mais on dit: Les maudits syndicalistes!
M. le Président, j'en suis un, syndicaliste, et, à 98%,
ils sont honnêtes, les syndicalistes. Il peut y avoir et il y en a
aussi des agents corrupteurs. Mais le rapport Cliche dit, M. le
Président, en toutes lettres: "S'il se trouve quelqu'un pour vendre les
intérêts des travailleurs ou aliéner sa propre
dignité, il y a aussi preneur. L'éventail des
responsabilités patronales, en ce domaine, va de l'allègre
complicité à la participation forcée."
M. le Président, on ajoute: "II est souvent beaucoup moins
onéreux de verser un pot-de-vin que de se donner la peine de rencontrer
les travailleurs, de dialoguer avec eux, de tenter de comprendre leurs
difficultés et d'y remédier. Ce n'est pas tout: "Au lieu de se
pencher sur une solution honnête et collective, beaucoup d'entrepreneurs
e1 d'employeurs ont prodigué leurs attentions à leurs
délégués de chantiers et à un certain nombre
d'officiers de la FTQ-Construction."
M. le Président, allons voir un peu plus loin de quoi il est
question. "On a souvent parlé d'entrepreneurs extorqués,
menacés, victimes de sabotages et de ralentissements de travail. Il est
malheureusement vrai que de semblables abus ont été
érigés en système. Dans un très grand nombre de
cas, les employeurs n'ont eu d'autre choix que de se soumettre ou de subir de
lourds dommages". Mais, immédiatement, la commission ajoute: "Plusieurs
autres entrepreneurs suscitent cependant beaucoup moins de sympathie. On doit
même leur adresser de sévères reproches".
M. le Président, "elle savait qu'en faisant remettre tout cet
argent à Robert Meloche, elle encourageait la vénalité
d'un haut dirigeant syndical".
M. Boudreault: M. le Président, je pense qu'on devrait
revenir à la pertinence du débat, sur la motion.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président j'ai pris, au
départ, des précautions pour ne pas être en dehors de la
motion que je présente, en disant que, s'il fallait que ce soit
simplement des gens du monde patronal ou des universitaires qui soient
nommés comme des membres tuteurs, ce serait, pour le syndicalisme, un
dur coup. Si on veut, M. le Président, véritablement faire oeuvre
de bien et donner, pas seulement à la FTQ, mais à tout le
syndicalisme en général un exemple de coopération et leur
demander de participer à cette tutelle pour faire un ménage, avec
un balai, qui est nécessaire, je pense, M. le Président, que
l'exposé que je fais là veut vous prouver qu'il y a danger en la
matière de faire oeuvrer, dans ce domaine, seulement des gens du monde
patronal ou universitaire.
M. le Président, pour la pertinence du débat, j'ai pris au
début la précaution d'établir d'une manière bien
sensée et raisonnable...
Le Président (M. Séguin): Vous admettrez, M. le
député, qu'à certains moments il y a des écarts
mais...
M. Bellemare (Johnson): ... de voix, M. le Président; que
je monte le ton, c'est possible.
Le Président (M. Séguin): II y a des écarts
et je vous demande de vous en tenir le plus loin possible.
M. Bellemare (Johnson): Je ne voudrais pas que ce que vous me
reprochez, M. le Président, soit en regard de la commission Cliche, qui
a statué elle. Ce n'est pas autre chose, ce n'est pas mes paroles que je
voudrais que vous preniez. Ce sont plutôt ses déclarations qui
sont d'une verdeur et d'une pertinence vis-à-vis des entrepreneurs qui
ont causé du tort, pour une grande partie, en coopérant avec les
bandits de la FTQ et qui ont étabi cette espèce de pègre
aujourd'hui.
Je continue donc:... de même que les officiers patronaux qui ont
trempé dans le coup sont des complices purs et simples. Ils ne sont pas
descendus moins bas les uns que les autres, motivés qu'ils
étaient tous par l'appât d'un gain illicite. On peut discerner
chez plusieurs entrepreneurs une sorte de cloisonnement moral. Ce qu'on
s'interdirait dans sa vie privée devient normal dans les relations
patronales-ouvrières. Les pots-de-vin sont versés par plusieurs
de la même façon qu'on traite d'affaires.
Voici la déclaration que fait, à la page 206, la
commission: Tout cela se fait, semble-t-il, de la façon la plus
naturelle au monde, dans le cours ordinaire des choses et du monde des
affaires. C'est dans leurs relations avec les délégués de
chantiers que de nombreux employeurs ont vraiment donné libre cours
à leur mercantilisme.
Cela doit être clair. Si le chancre des
délégués de chantier a pu s'établir...
M. Boudreault: Nous l'avons lu le rapport Cliche.
M. Bellemare (Johnson): Laissez-moi vous le citer en cas
où vous l'auriez oublié. Est-ce que cela vous fatigue, M. le
Président?
M. Bédard (Montmorency): Oui, ça nous fatigue.
M. Bellemare (Johnson): Oui, c'est peut-être un peu
fort.
M. Bédard (Montmorency): Cela n'a pas de rapport
avec...
M. Bellemare (Johnson): Moi je trouve que l'argument que
j'apporte est bon. C'est mon droit, j'ai le droit de vous expliquer...
M. Bédard (Montmorency): Question de règlement, M.
le Président.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Question de
règlement.
M. Bédard (Montmorency): Nous sommes sur un amendement aux
fins de nommer au moins un membre sur la recommandation de la
Fédération des travailleurs du Québec. J'écoute
depuis une dizaine de minutes le député de Johnson, qui lit les
pages 205, 206, le chapitre 10, les comportements patronaux. Nous en parlerons
dans le bill des entrepreneurs tout à l'heure. Je lui demanderais de
revenir...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, c'est ma
motion...
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, j'ai
encore la parole. Je demanderais de revenir à la pertinence du
débat pour qu'on avance un peu. De toute façon ce qu'ils vont
dire ne changera pas grand-chose.
M. Bellemare (Johnson): Ce que nous avons à faire ce soir
c'est d'accepter un article d'une loi qui va prévoir la nomination de
tuteurs. Si demain le gouvernement qui s'apprête à mettre sa loi
en vigueur, nommait des patroneux, des patronaux,...
M. Charron: Les deux.
M. Bellemare (Johnson): ...ou des gens d'une certaine formation
universitaire et oubliait le monde syndical, ce serait mauvais quant à
la recommandation que faisait la commission Cliche, à savoir de
s'efforcer de demander au monde syndical de participer activement. C'est
simplement le sujet de ma motion, qu'au moins il y ait une consultation pour un
des membres de cette commission de tutelle. Je termine mes citations pour
revenir à mon sujet.
Le Président (M. Séguin): Justement, je voulais
vous le dire à ce moment-ci, un des rôles que je me reconnais
comme président d'une commission, n'importe quelle commission, c'est
surtout de s'assurer que la minorité à cette commission-là
ait toute la liberté possible de s'exprimer. N'empêche qu'il y a
l'article 160 du règlement, que vous connaissez très bien, qui
restreint votre temps a 20 minutes. Si vous avez des choses très
intéressantes à nous dire, vous avez 20 minutes pour nous les
dire.
M. Bellemare (Johnson): Le "time-keeper" m'a dit que j'avais dix
minutes de prises, tout à l'heure...
M. Bédard (Montmorency): Non, non, dix minutes seulement
sur la page 205.
Le Président (M. Séguin): Non, vous
êtes...
M. Bédard (Montmorency): Vous avez commencé
avant.
M. Bellemare (Johnson): C'est combien mon temps?
Le Président (M. Séguin): Vous êtes à
quatorze minutes.
M. Bédard (Montmorency): Vingt.
M. Bellemare (Johnson): Non, non, mais de prises
actuellement?
Le Président (M. Séguin): Quatorze minutes.
M. Bédard (Montmorency): Vous avez 18 minutes de
prises.
M. Bellemare (Johnson): Cela fatigue donc... M. le
Président...
Le Président (M. Séguin): Non, vous avez quatorze
minutes.
M. Bellemare (Johnson): Le président me dit que j'en ai
quatorze; je vais essayer de finir sagement dans mes six autres minutes.
M. Bédard (Montmorency): Je vous en donne six, M. le
député de Johnson, reprenez la pertinence.
M. Bellemare (Johnson): Taisez-vous, toujours, laissez-moi
parler. Autrement on perd du temps.
M. Bédard (Montmorency): Taisez-vous? On ne dit pas un
mot, nous autres, il n'y a que vous autres qui parlez.
M. Bellemare (Johnson): Bien oui, prenez-le, le temps.
M. Bédard (Montmorency): Taisez-vous! Non, tant
qu'à dire des niaiseries, on n'en parle pas.
M. Bellemare (Johnson): Vous n'avez rien à dire.
M. Bédard (Montmorency): On veut avancer, c'est tout.
M. Bellemare (Johnson): II appelle cela des niaiseries.
M. Bédard (Montmorency): Vous êtes-vous
écoutés? Relisez le journal des Débats un peu, depuis
deux, trois jours, vous allez voir que vous n'avez pas dit grand-chose.
M. Burns: Vous défendez les ingénieurs qui ont des
petits contrats par en-dessous de la table? C'est cela votre
problème?
M. Bédard (Montmorency): Les ingénieurs, on en
parlera dans un autre bill, on en parlera ensemble des ingénieurs.
M. Burns: Voyons donc!
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre!
M. Bédard (Montmorency): Dans un autre, on parlera des
avocats après cela.
M. Burns: Oui, la petite liste.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: On va parler de la petite liste des avocats aussi.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! M. Burns:
Bien oui.
M. Bédard (Montmorency): On en parlera. Mais là on
parle ce soir d'un amendement...
M. Burns: Ils sont aussi baveux que les autres. Ne vous en faites
pas.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: Ils ne sont pas plus aveugles que les
ingénieurs.
M. Bédard (Montmorency): Je n'ai pas peur d'en parler.
Chaque fois que je vais parler, je vais en assommer quelques-uns, par
exemple.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Johnson.
M. Bédard (Montmorency): Ecoutez-vous là! Vous
dites toujours la même chose, et on ne règle rien.
M. Burns: Pardon? Vous dites quoi?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: Vous dites quoi là, le député de
Montmorency?
M. Bédard (Montmorency): Je dis: A chaque fois que je vais
parler sur un dossier, je vais assommer quelqu'un.
M. Burns: Oui.
M. Bédard (Montmorency): Parce que je ne parle pas pour
rien dire.
M. Burns: Comment allez-vous faire cela?
M. Bédard (Montmorency): Mais avec des mots, c'est
rare...
M. Burns: Ah! bon.
M. Bédard (Montmorency): ... c'est pour...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Bédard (Montmorency): Je n'aurai pas le coeur de vous
toucher.
M. Burns: Non, non.
La Président (M. Séguin): Le député
de Johnson.
M. Bédard (Montmorency): Je n'ai jamais frappé
personne.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je cite: "Nous
avons dû porter des jugements négatifs sur des témoignages
syndicaux, en ce qui concerne leur crédibilité. Certains patrons
ne nous ont pas davantage impressionnés par leur franchise." Je pense,
M. le Président, que ces quelques petites citations, qui ont
été trouvées longues, font que, dans les circonstances, on
ne veut certainement pas faire le jeu du gouvernement mais remplir notre mandat
qui est de demander aujourd'hui au gouvernement d'avoir au moins, sur ces
représentations de tuteur à la commission qui sera
organisée, un représentant syndical pour que le pluralisme
syndical soit protégé, pour que ce ne soient pas les
entrepreneurs, qui sont largement condamnés et on n'a pas voulu
commencer par eux, M. le Président. On commence...
M. Bourassa: Démagogie. M. Bellemare (Johnson):
Pardon? M. Boudreault: Démagogie. M. Bourassa:
Démagogie.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, l'honorable
premier ministre ne devrait pas s'attirer des répliques
désagréables. Je ne voudrais pas, ce soir, être
méchant pour lui et, habituellement, M. le Président, il est
assez gentilhomme pour supporter la critique. Qu'il se fasse donc à
cela. Il est le premier ministre de la province, il doit avoir une
écorce pour la porter...
M. Boudreault: Vous charroyez.
M. Bellemare (Johnson): ... et cela, M. le Président, je
ne reconnais pas le droit au premier ministre de me traiter de
démagogue.
M. Bédard (Montmorency): Vos minutes, vos minutes!
M. Bellemare (Johnson): Cela, M. le Président, je
le...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): Oui, c'est correct. Alors, M. le
Président, je dis donc que, dans les circonstances, ma motion est faite
dans un but certainement loyal et bien désintéressé,
particuliè-
rement quand on considère les nominations qui vont être
faites. Si, au moins, il y avait dans ces nominations le représentant de
la FTQ qui est largement accusé. D'abord, je suis convaincu qu'elle a
commencé, bien avant la sortie du rapport Cliche, à faire une
tutelle pour réprimer les abus graves qui ont été
mentionnés pendant la-commission Cliche.
La tutelle Daoust n'a peut-être pas apporté tous les effets
bénéfiques que recherchait probablement la FTQ. La commission
Cliche est venue renforcer, par quelques paragraphes, la tutelle qui devrait
être instaurée. Eh bien! je dis, M. le Président, que nous
ne devrions pas aujourd'hui sacrifier le syndicalisme à ce point. Je
prétends que le gouvernement qui a nommé des personnes non
politiques dans la commission Cliche, pourrait accepter de nommer aussi un
membre, après consultation des autorités de la FTQ, comme tuteur.
Et je suis sûr que cela bonifierait énormément
l'atmosphère dans bien des circonstances.
M. le Président, si le premier ministre, le gouvernement continue
à vouloir imposer de force à ces quatre syndicats de la FTQ son
diktat, il ne fera pas mieux qu'il n'a fait le 17 juillet 1974 par son projet
de loi no 43, quand il a mis en tutelle, il y a à peine un an,
l'International Union of Elevator Constructors, locaux 89 et 101. Qu'est-ce que
cela a donné, il y a à peine un an, cette tutelle qui a
été vivement dénoncée par M. Yves Dubé?
M. Cournoyer: Est-ce que le député de Johnson
pourrait me permettre une petite question? Est-ce qu'il sait d'où
venaient les trois tuteurs des ascenseurs?
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Cournoyer: Le premier, M. Dubé, est un ancien de la
Gendarmerie royale. Le deuxième, M. Lapointe, est un sous-ministre
adjoint au ministère du Travail. Vous le connaissez sans doute, puisque,
lorsque vous étiez là, il était directeur
général de l'inspection technique, chargé des ascenseurs.
Et le troisième est le vice-président international de l'Union
des élévateurs. L'une des remarques de M. Dubé, juste
comme commentaire, c'est que, si cela n'a pas marché, c'est parce qu'il
y en avait un qui venait de l'union. C'est le même M. Dubé qui a
témoigné devant la commission Cliche. Il a affirmé
là d'autres choses, que l'autre aussi n'était pas bon. Alors, il
n'y avait personne de bon.
M. Bellemare (Johnson): Je remarque que le ministre est
prêt à nommer des patronaux. M. le Président, vous allez
régler le problème de la construction par ces nominations qui
vont être mal reçues.
M. Cournoyer: II n'est pas question du tout, M. le
Président, pour le gouvernement de permettre qu'il y ait un patron sur
les tutelles.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, une fois le bill
29 adopté et les nominations faites, est-ce que le ministre croit que
les gens vont retourner au travail?
M. Cournoyer: Ecoutez, ne changez pas de sujet, vous me proposez
de mettre un vote...
M. Bellemare (Johnson): La nomination des hommes va avoir une
grande influence dans le domaine syndical.
M. Cournoyer: M. le Président, disons que je croyais, et
je crois encore fermement, que nous devrions recourir, avec toute la diligence
possible, à des discussions avec la FTQ, pour savoir si la tutelle, une
fois acceptée, pourra être plus acceptable avec telle ou telle
nomination. Ce que je refuse de faire, c'est de m'astreindre, dans la loi,
à un choix de la FTQ, de l'un ou l'autre des commissaires.
M. Bellemare (Johnson): Cet après-midi, vous nous avez dit
que vous aviez eu de nombreux téléphones avec la FTQ, parmi les
hommes les plus respectables. Vous nous avez dit qu'après consultation
ça ne marchait pas, la tutelle, et ça ne marchera pas.
M. Cournoyer: Ce n'est pas ce que...
M. Bellemare (Johnson): On va vous citer au texte, M. le
Président.
M. Cournoyer: Citez-moi au texte.
M. Bellemare (Johnson): On a ici vos déclarations devant
nous. C'est cela que vous nous avez dit.
M. Cournoyer: J'ai dit que la tutelle n'était pas
acceptée par la FTQ.
M. Bellemare (Johnson): Bon, c'est cela.
M. Cournoyer: Je n'ai pas dit qu'elle ne marcherait pas.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais, M. le Président, qui
vous assure, après les informations qui vous sont venues par
téléphone de gens très haut placés dans la FTQ, qui
vous ont dit que ça ne marcherait pas...
M. Bourassa: Non, non, mais qui décide? C'est la FTQ ou
bien les syndicats? C'est le gouvernement qui décide.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, le premier
ministre, je pense...
M. Bourassa: On n'est pas pour se soumettre à une
centrale.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, qu'il
y ait un membre de la commission qui démissionne pour permettre
au premier ministre de siéger dans la commission.
M. Bédard (Montmorency): Non, non, vous ne l'acceptez pas.
Quand c'est trop tard, c'est trop tard.
Le Président (M. Séguin): M. le
député, continuez donc. J'ai donné un crédit de
trois minutes.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
M. Burns: Qu'il remplace un des "backbenchers".
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Le député de Johnson, avec un crédit de trois
minutes pour les interruptions.
M. Bellemare (Johnson): Vous êtes bien gentil, M. le
Président...
Le Président (M. Séguin): Bien, allez-y. On va
voir. On va voir.
M. Bellemare (Johnson): Je pensais que j'en avais
mérité cinq. Si dans un rapport qu'a soumis M. Dubé, il
est question que ça ne fonctionnait pas, est-ce que M. Lapointe à
qui je rends un témoignage particulier, celui d'être un
honnête homme... Je l'ai connu; c'est moi qui l'ai nommé comme
directeur du service et j'étais très heureux de dire que M.
Lapointe était encore un ingénieur qui a rendu de grands services
au ministère. Je ne le blâme pas, pas du tout, mais je dis que M.
Yves Dubé, lui, a prétendu que M. Lapointe avait dit que cela ne
marcherait pas, la tutelle. Ce matin, vous nous avez dit le contraire. Je n'ai
pas vu la lettre de M. Lapointe à la commission Cliche; j'aimerais bien
la voir cette lettre.
J'aimerais bien voir ce qu'elle dit. Si l'affirmation de M. Dubé
est erronée, je suis prêt à prendre le témoignage de
M. Lapointe. Mais M. Dubé a dit, sous serment, que M. Lapointe lui avait
relaté les faits suivants: que la tutelle ne fonctionnerait pas et qu'il
démissionnerait. Maintenant, s'il y a eu correction, je ne l'ai vue
nulle part, cette correction. J'en suis assuré: autant la tutelle que
vous avez imposée le 17 juillet dernier n'a pas fonction-née,
autant on va trouver, de la part de tous ceux qui seront demain en tutelle, des
failles qui seront plaidées par des juristes compétents et qui
vont empêcher la tutelle de fonctionner. Qu'est-ce que vous ferez? Les
gens seront encore là à ne rien faire, à protester dans la
rue. Tout ce qu'on dira à ce moment-là, sera: On va faire un
changement ministériel, on va rétablir l'ordre, on va faire des
élections.
Le premier ministre rit, mais je sais où il va. Certainement.
M. Bourassa: Pour en avoir HO. M. Bellemare (Johnson):
Pardon?
M. Bourassa: Pour avoir MO au lieu de I08
députés.
M. Bellemare (Johnson): Je ne pense pas que vous puissiez
récupérer certains comtés de Montréal.
M. Bourassa: On verra.
M. Boudreault: On verra cela.
M. Bellemare (Johnson): Vous verrez cela avec beaucoup de
déception.
M. Boudreault:... députés de Montréal.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez perdu un élément
important à Montréal, que vous ne récupérerez
jamais comme, d'ailleurs, ailleurs. Les 30% de l'Union Nationale qui ont
voté pour vous autres, ils ne voteront plus jamais, je leur ai dit de ne
plus voter pour vous autres. Ils vous ont fait une maudite faveur...
M. Boudreault: C'est le député...
M. Bellemare (Johnson):... cette fois-là. C'est fini, ils
ne voteront plus avec vous autres. Vous allez les perdre, ceux-là,
toujours. Au moins, ceux-là, vous ne les aurez plus.
M. Veilleux: Ce n'est pas cela que vous vous êtes fait dire
à Saint-Jean.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez besoin de graisser vos bottes
pour nous suivre.
M. Veilleux: Ce n'est pas cela que vous vous êtes fait dire
à Saint-Jean.
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Veilleux: Ce n'est pas ce qu'on vous a dit à
Saint-Jean.
M. Bellemare (Johnson): Je vais y aller, à Saint-Jean, le
8.
M. Veilleux: Vous êtes venu et ils ont dit: On ne veut rien
savoir de l'Union Nationale. C'est ce qu'ils ont dit.
M. Bellemare (Johnson): Le 8. Une minute, là, vous!
M. Veilleux: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Je vais y aller le 8, vous viendrez
vérifier.
M. Veilleux: Venez.
M. Bellemare (Johnson): Vous viendrez m'écouter le 8.
M. Veilleux: Vous avez essayé de vendre des billets
à $50 et ils n'en ont pas voulu.
M. Bellemare (Johnson): Un instant, un instant!
M. Veilleux: Vous deviez organiser un souper et ils n'en ont pas
voulu.
M. Bellemare (Johnson): On n'a pas de compagnies pour payer nos
billets, nous autres.
M. Veilleux: Saint-Jean ne veut rien savoir de l'Union
Nationale.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, d'abord, ce n'est
pas un membre de la commission.
M. Bédard (Montmorency): Vous les avez déjà
eues, les compagnies.
M. Bellemare (Johnson): Vous autres aussi, vous les avez eues au
dernier banquet. On pensait en avoir 1,000 et on a été
obligé d'ouvrir les portes, on en a eu 1,721. On gagne, n'est-ce pas? On
gagne du terrain. On ne s'en fait pas. On n'est pas heureux, c'est vrai, on
monte tranquillement. On commence à faire peur à plusieurs,
laissez-nous faire. Les 30%, je vous avertis que vous ne les aurez plus jamais.
Ne comptez plus sur cela. Ne faites pas vos chiffres pour les avoir.
M. Veilleux: C'est pour cela que le député de
Beauce-Sud s'en va avec vous.
M. Bellemare (Johnson): Je termine, je vous remercie, M. le
Président, de la sympathie que vous m'avez accordée. J'ai
réussi à faire rire le premier ministre.
M. Carpentier: M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): ... dans une circonstance...
M. Carpentier: ... question de règlement. Est-ce que cette
discussion fait partie de la motion?
M. Bellemare (Johnson): Non, non, j'ai été
attiré, M. le député de Laviolette, par les honorables
messieurs en face de moi. Je ne pouvais pas laisser dire que les prochaines
élections vont être gagnées facilement avec MO
députés.
M. Carpentier: Tâchez donc de garder votre contrôle
comme vous nous le prêchez tout le temps.
M. Bellemare (Johnson): Je vous remercie, M. le Président,
j'ai terminé et ma motion est prête pour discussion.
Le Président (M. Séguin): C'est cela, je vous
remercie. J'avais le choix, à un moment donné, de suspendre la
séance ou d'entendre le dialogue très intéressant qui
s'est passé. J'ai pensé que cela pourrait
bénéficier à beaucoup de gens d'entendre cet excellent
exposé de la part du député de Johnson. Dans ces
circonstances, je n'ai pas voulu suspendre la séance pour quelques
minutes.
M. Bellemare (Johnson): Vous étiez intéressé
de savoir comment les Anglais avaient voté chez vous.
M. Carpentier: Encore!
M. Bellemare (Johnson): J'ai fini. Allez. Un jour, ce sera votre
tour.
Une Voix: La soupape est peut-être partie, là.
M. Carpentier: On réglera cela en temps opportun.
M. Bellemare (Johnson): Oui, il y a des importuns aussi qu'il va
falloir...
Le Président (M. Séguin): Le vote sur l'amendement
du député de Johnson. Pour ou contre, veuillez l'indiquer s'il
vous plaît? Est-ce que le député de Johnson s'abstient?
M. Bellemare (Johnson): En faveur. Un instant! Other days, other
ways.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saint-Maurice .
M. Charron: II n'est toujours pas là.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Bourget .
M. Boudreault: Contre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve .
M. Burns: J'aurais bien le goût de m'abstenir, mais je vais
voter pour quand même.
Le Président (M. Séguin): Pour. M. Charron
(Saint-Jacques)?
M. Charron: En faveur, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): M. Bédard
(Montmorency)?
M. Bédard (Montmorency): Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Cournoyer
(Robert-Baldwin)?
M. Cournoyer: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Carpentier
(Laviolette)?
M. Carpentier: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey
(Charlesbourg)?
M. Lachance (Mille-Iles)?
M. Lachance: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Lecours
(Frontenac)?
M. Lecours: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Malépart
(Sainte-Marie)?
M. Malépart: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Verreault
(Shefford)?
Quatre en faveur. Huit contre. La motion est rejetée.
Article 2, adopté.
M. Roy: A l'article 2, M. le Président. Avant son
adoption, M. le Président, je pense qu'il y a un deuxième
paragraphe, à l'article 2.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: II y a un paragraphe qui dit: Le lieutenant-gouverneur en
conseil peut adjoindre au conseil d'administration le personnel qu'il juge
nécessaire.
Je me demande comment il se fait qu'on ait rédigé de cette
façon ce deuxième paragraphe. Est-ce qu'on voudrait mettre les
tuteurs en tutelle? C'est la question qu'on peut se poser. Le ministre nous a
déclaré que les tuteurs avaient besoin de pouvoirs. A l'heure
actuelle, ce serait le lieutenant-gouverneur en conseil, c'est-à-dire le
gouvernement, pour employer les termes du député de
Saint-Jacques, je pourrais ajouter influencé par ceux qui ont
été les complices de la situation, qui ferait en sorte de nommer
le personnel dont ces gens auraient besoin. Je pense, M. le Président,
que cette disposition je vois que le député de Johnson a
préparé un amendement, je n'en avais pas de
préparé, je voulais en suggérer un au gouvernement. Qu'on
remplace le deuxième alinéa par le suivant: Que le conseil
d'administration puisse s'adjoindre le personnel qu'il juge nécessaire,
pour remplacer le paragraphe qui dit: Le lieutenant-gouverneur en conseil peut
adjoindre au conseil d'administration le personnel qu'il juge
nécessaire. Le paragraphe serait remplacé par le suivant: Le
conseil d'administration peut s'adjoindre le personnel qu'il juge
nécessaire.
Je ne veux pas en faire une proposition personnelle, je la
suggère. Je sais que le député de Johnson l'avait
rédigée, mais c'est parce que je voulais absolument intervenir
sur l'article 2 avant qu'il soit adopté, pour ne pas laisser adopter cet
article de la façon qu'il est rédigé, à l'heure
actuelle.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, si on veut
véritablement donner toute la latitude à ces tuteurs, je ne crois
pas qu'il soit nécessaire que le lieutenant-gouverneur en conseil puisse
nommer, adjoindre au conseil d'administration le personnel qu'il juge
nécessaire.
Je pense que le conseil d'administration, si ce sont des hommes d'un
haut calibre, est capable de faire les nominations qui s'imposent pour le choix
du personnel qui peut travailler avec lui. Je pense que le
lieutenant-gouverneur ne subit aucun préjudice en laissant au conseil
d'administration le choix de s'adjoindre le personnel voulu, nécessaire
pour la liberté particulière de ses activités.
Ce ne serait pas drôle, demain matin, que le conseil
d'administration soit obligé de téléphoner au premier
ministre ou bien au ministre pour leur dire: Ecoutez, j'ai besoin de deux
secrétaires, j'ai besoin d'un autre recherchiste, j'ai besoin de faire
faire une recherche, j'ai besoin de ci et ça. Je vais être
obligé de demander au ministre de me nommer président. On
commence par devoir attendre un mois avant d'obtenir des fonctionnaires et une
chaise pour s'asseoir, et trois mois additionnels avant de pouvoir s'installer
dans des bureaux convenables.
Je n'ai pas besoin de dire que tout ce "red tape", le
lieutenant-gouverneur n'aurait certainement pas de préjudice à
laisser au conseil d'administration le soin de voir à l'organisation de
ses bureaux et particulièrement aux hommes qui doivent travailler avec
eux.
M. Cournoyer: M. le Président, dans le même ordre
d'idées, je veux juste donner un éclaircissement au
député de Johnson et au député de Beauce-Sud. La
commission Cliche a étudié et a obtenu des sièges
très rapidement. Mais ça, je n'ai pas compris pourquoi, parce que
c'est en vertu du même système, étant donné que les
dépenses sortent du budget de la province.
Quand on se pose des questions à savoir si un gars n'est pas
capable de se trouver une chaise, il faut se poser des questions sur la
validité du choix de l'individu, non pas sur la façon dont il
agit. En ce qui concerne le ministre, il n'a jamais refusé quoi que ce
soit à la commission Cliche, ça c'est clair.
La commission Cliche a cependant préparé un budget
d'opération. Elle en a discuté normalement avec le conseil du
Trésor. Comme il s'agit de sommes d'argent qui sortaient des fonds de la
province, seul, dans mes livres à moi, le lieutenant-gouverneur en
conseil est responsable des sommes d'argent qui sortent des fonds de la
province et il ne nous appartient pas de déléguer à
quiconque, que ce soit une tutelle ou une commission d'enquête, le soin
de décider quelles sont les sommes d'argent qu'elles prendront à
même les fonds de la province.
Je prends deux exemples presque simultanés où la
commission Cliche a trouvé tout ce dont elle avait besoin, avec
l'autorité qu'elle avait en vertu d'un arrêté en conseil,
et a obtenu, du moins c'est la réminiscence que j'ai des relations avec
le juge
Cliche, tout ce qu'elle a demandé. Mais ça restait un
jugement qui doit être l'objet de réponse par le gouvernement face
à ceux qui examineront les crédits du ministère du
Travail, si jamais ils posent des questions quant aux dépenses
effectuées par la commission Cliche.
M. Bellemare (Johnson): Ma seule objection c'est que ce n'est pas
une commission qui va siéger durant un an, mais c'est un mandat de trois
ans.
M. Cournoyer: Les crédits sont là.
M. Bellemare (Johnson): Et il est question dans cet article du
personnel.
M. Cournoyer: II y a pas mal de crédits pour le
personnel.
M. Bellemare (Johnson): Le choix du personnel va être
astreint à la recommandation du lieutenant-gouverneur en conseil. Je
crois qu'on peut causer certains préjudices à certains membres
qui vont être nommés, les trois tuteurs des quatre associations
syndicales qui vont être en tutelle.
Je pense que le gouvernement n'est pas justifié de
répondre que les budgets... D'abord, première question,
d'où va provenir le budget?
M. Cournoyer: Vous regardez à l'article 12. M.
Bellemare (Johnson): Oui, oui.
M. Cournoyer: "Les émoluments du conseil d'administration
sont prélevés à même le fonds consolidé du
revenu." C'est un article qui n'est pas encore approuvé.
M. Bellemare (Johnson): Bon.
M. Cournoyer: II n'est pas approuvé cet article, que je
sache.
M. Burns: Nous présumons qu'il va l'être.
M. Cournoyer: Peut-être que oui, peut-être que non.
D'autre part... Pardon?
M. Burns: Comme tous les autres, nous présumons qu'il va
l'être.
M. Boudreault: J'espère.
M. Cournoyer: II faut penser qu'un Parlement est formé de
députés qui décident.
M. Burns: Sauf que vous n'avez même pas accepté
aucun de nos amendements, ni celui du député de Johnson, ni celui
du député de Beauce-Sud...
M. Cournoyer: Voyons donc.
M. Burns: ...ni le mien, ni celui du député de
Saint-Jacques. Voyons donc, on présume, ne nous racontons pas de
peur, que ça va être adopté.
M. Cournoyer: Si vous présumez, c'est...
intéressant.
M. Burns: Bien oui, nous présumons.
M. Bellemare (Johnson): Savez-vous que ça nous donne le
goût de partir, des fois...
M. Bourassa: Allez-y.
M. Bellemare (Johnson): ... de vous laisser
légiférer tout seul. Nous sommes ici tout simplement pour monter
votre "show".
M. Cournoyer: Je vous donne une objection, vous la prenez ou vous
ne la prenez pas.
Une Voix: C'est votre "show" que vous voulez qu'on monte?
M. Bourassa: Si vous voulez partir, partez, vous êtes
libre.
M. Burns: Nous vous servons de caution en étant ici.
M. Bellemare (Johnson): C'est une belle notion de...
M. Roy: La commission parlementaire en tutelle.
M. Bellemare (Johnson): Vous me faites penser à quelqu'un
que vous avez haï.
M. Bourassa: Vous n'êtes pas enchaînés.
M. Bellemare (Johnson): Vous me faites penser à quelqu'un
que vous détestez.
M. Roy: M. le Président, sur la proposition qui est
actuellement à l'étude, je pense qu'il est quand même
important de clarifier une situation. Il ne s'agit pas, en proposant cela,
d'approuver le principe de la tutelle, puisqu'on n'a pas le droit de le
remettre en cause, ç'a été décidé. Bon. Nous
ne sommes pas plus d'accord ce soir que nous l'étions hier parce qu'il
s'agit d'une mascarade.
M. Cournoyer: Voyons!
M. Roy: On le sait. Toutes les questions que nous vous avons
posées aujourd'hui, on connaît les réponses. On les a ici.
Si on prenait le temps, on pourrait vous mettre en contradiction avec vos
propres propos, à quelques reprises. On perd notre temps. Ce que je
voudrais dire, au moins, à ce moment-ci, c'est que les tuteurs devraient
avoir la liberté de prendre leur personnel sur place, de le choisir
eux-mêmes à l'intérieur du milieu, plutôt que de se
le faire imposer par le gouvernement. La' seule raison pour laquelle on a fait
cette proposition, c'est pour qu'ils ne se fassent pas imposer le personnel par
le gouvernement, mais pour qu'ils
aient au moins la liberté de choisir leur personnel et de prendre
les gens du milieu, des gens qui sont dans le domaine de la construction. C'est
pour leur donner un peu plus de latitude et être un peu plus humains que
le gouvernement. C'est ça. Ce n'est pas plus que ça.
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: ... j'appuierai la motion du député de
Johnson. On pourrait dire, globalement, qu'à toutes fins pratiques
l'alinéa 2 de l'article 2 impose une tutelle aux tuteurs.
M. Roy: C'est ça.
M. Burns: On doit, au moins, leur donner les coudées
franches, on doit, au moins, leur permettre de travailler librement.
Je ne voudrais pas, M. le Président, que le conseil
d'administration, qui devra avoir la tâche délicate d'exercer une
tutelle dans les circonstances qu'on connaît, soit soumis aux pressions
de tous les chefs de cabinet qui ont du monde à placer dans la fonction
publique. Je ne voudrais pas, par exemple, qu'à un moment donné
des collaborateurs aussi immédiats du premier ministre que M. Michel
Guay ou M. Paul Desrochers se retrouvent comme recherchistes tout à fait
spéciaux de cet organisme, nommés par le lieutenant-gouverneur en
conseil. Je ne voudrais pas, M. le Président, que M. Yvon Saindon, dont
ne sait plus quoi faire depuis qu'il est écarté de la fonction
publique, du moins du poste qu'il occupait dans la fonction publique, se
retrouve dans ce bureau, qu'on l'impose au bureau de tutelle ou au conseil
d'administration. Je ne voudrais pas, par exemple, que M. Bergeron, je ne
voudrais pas que M. Joyal se retrouvent dans ce bureau.
Je pense qu'il n'est que normal... Mon collègue de Saint-Jacques
me dit: Peut-être que ce serait une place où installer M. Leduc,
bien connu, député de Taillon, du moins pour le moment.
M. le Président, il y aurait un tas d'exemples comme
ceux-là qu'on pourrait s'imaginer...
M. Bourassa: On peut vous en nommer.
M. Burns: M. le Président, est-ce que j'ai la parole?
M. Boudreault: Paul Rose et Robert Lemieux.
M. Burns: Paul Rose n'est pas disponible, actuellement, au cas
où vous ne le sauriez pas.
M. Boudreault: On espère qu'ils vont le garder
longtemps.
M. Bourassa: Robert Lemieux?
M. Lachance: Robert Lemieux, peut-être, ennuyé de
servir du gaz.
M. Veilleux: René Lévesque serait-il
disponible?
M. Burns: Remarquez que je ne me réserve pas, à
moi, le droit de nommer les gens.
M. Veilleux: II est toujours disponible.
M. Burns: C'est le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Lachance: Ce seraient mieux des vieux.
M. Burns: M. le Président, je demande tout simplement,
blagues à part, s'il ne serait pas normal que cette commission, qu'on
veut tout à fait indépendante, qu'on veut voir exercer des
pouvoirs qui, à un moment donné, seront dans l'application... Si
cette commission agit selon le mandat qu'on lui donne, elle sera appelée
à être en conflit même avec le lieutenant-gouverneur en
conseil. Je pense qu'il faut lui donner les coudées franches. C'est
pourquoi je pense que le député de Johnson a parfaitement raison
de proposer cet amendement. Je pense qu'il faut clarifier le fait que le
conseil d'administration peut s'adjoindre, lui-même, le personnel qu'il
juge nécessaire et non pas être obligé de quémander
au gouvernement, par l'entremise du lieutenant-gouverneur en conseil,
c'est-à-dire du conseil des ministres, le personnel qu'il juge.
On a vu, M. le Président, au cours de la commission Cliche, qu'il
a été nécessaire d'adjoindre à la commission un
certain nombre d'experts comptables. Même au moment où on se
parle, je ne suis pas certain cela aurait été
intéressant si les représentants ou les membres de la commission
Cliche étaient venus nous en parler; cela aurait été,
peut-être, une des questions qu'on aurait pu leur poser si la
commission Cliche a eu à sa disposition toutes les facilités
auxquelles, normalement, elle était en droit de s'attendre.
M. Bourassa: Elle l'a écrit.
M. Burns: M. le Président, je ne dis pas que la commission
Cliche n'a pas eu tous les experts dont elle avait besoin, mais, au moins,
à un certain moment de ses travaux, on a été obligé
de soulever la question en Chambre pour voir à ce que des experts
comptables soient adjoints à la commission Cliche...
M. Bourassa: ... du parti Québécois.
M. Burns: M. le Président, le député de
Mercier a-t-il le droit de parole à cette commission-ci?
M. Bourassa: Je le prends, M. le Président.
M. Burns: M. le Président, vous allez prendre bien des
choses, mais vous ne prendrez pas ce à quoi vous n'avez pas droit
à cette commission-ci et vous allez me marcher sur le corps avant
ça. Oui, monsieur...
M. Bourassa: Oh!...
M. Burns: M. le Président, c'est à vous que je
m'adresse. Je vous demande si le député de Mercier a le droit de
parole à cette commission-ci.
M. Bourassa: II a déjà répondu à
ça.
M. Burns: M. le Président, non seulement n'ai-je pas le
droit de me faire interrompre par n'importe quel député à
la commission lorsque vous m'avez accordé la parole, mais encore moins
par quelqu'un qui n'a même pas droit de parole à cette
commission-ci. Si le premier ministre veut avoir le droit de parole, qu'il se
plie bien humblement, bien modestement à prendre la place d'un de ses
"back-benchers" qui siègent à la commission...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: ... et qu'il fasse comme n'importe quel autre
"back-bencher", les interruptions qu'il juge à propos de faire. Avant
ça je n'accepterai pas d'être interrompu par le premier
ministre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve a la parole maintenant, et ce serait surtout au sujet de la
motion que je voudrais l'entendre.
M. Burns: M. le Président, je suis bien d'accord: Vous
voulez m'entendre sur certains points, mais j'aimerais bien ça, par
exemple, que vous entendiez les interruptions que le député de
Mercier fait à mon endroit, comme celles qu'il a faites d'ailleurs
à l'endroit des députés de Johnson et de Beauce-Sud.
M. Bourassa: Vous me posez des questions.
M. Burns: J'aimerais que vous ayez la même acuité
auditive de ce côté. D'accord, M. le Président? Que vous
compreniez autant les interruptions que fait le premier ministre que ce que
vous croyez être des écarts au règlement.
Le Président (M. Séguin): Je demande au
député de Maisonneuve de continuer.
M. Burns: D'accord, M. le Président.
Pour toutes ces raisons je n'ai pas l'inten- tion d'intervenir
plus longtemps il me semble que la motion du député de
Johnson est tellement claire qu'on doit voter en faveur de ça en vue de
donner à cette tutelle un conseil d'administration qui soit libre
d'agir, qui ne soit pas obligé de quémander du personnel au
conseil des ministres, qui n'ait pas constamment à dire: J'ai besoin de
tel ou telle secrétaire de plus. Egalement, je voudrais je le disais un
peu avec un certain sourire tout à l'heure, mais j'en suis
profondément convaincu, que cette commission, ce conseil
d'administration soit à l'abri de toute intervention politique si on
veut qu'elle soit efficace. Je ne voudrais pas voir ce conseil d'administration
obligé de faire d'abord des demandes à tel ou tel chef de cabinet
pour avoir des chances que sa demande soit bien entendue auprès du
conseil des ministres. Je ne voudrais pas, comme cela s'est fait dans les cas
que j'ai mentionnés tout à l'heure, qu'on soit
véritablement à genoux devant le cabinet.
Pour ces raisons, M. le Président, je voterai en faveur de la
motion du député de Johnson.
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur la motion?
A nouveau, messieurs, pour ou contre la motion.
Le député de Johnson?
M. Bellemare (Johnson): En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saint-Maurice?
Le député de Bourget?
M. Boudreault: Contre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve?
M. Burns: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saint-Jacques?
M. Charron: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Montmorency?
M. Bédard (Montmorency): Contre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Robert-Baldwin.
M. Cournoyer: Contre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Laviolette.
M. Carpentier: Contre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Charlesbourg.
Le député des Mille-Iles.
Le député de Frontenac. Le député de
Sainte-Marie. Le député de Beauce-Sud.
M. Roy: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Shefford.
Le compte, messieurs... A l'ordre, s'il vous plaît! ... A l'ordre!
A l'ordre! ... 4 en faveur, 6 contre. La motion est rejetée. Article 2,
adopté?
M. Burns: Sur division, M. le Président.
M. Roy: Sur division.
Le Président (M. Séguin): Article 3.
M. Burns: A l'article 3, M. le Président... M. le
Président, j'invoque le règlement. Il parle de Ba-beux et cette
"gang"-là.
M. Roy: Je sais qu'il les connaît. M. Bourassa:
Babeux.
M. Roy: Je sais cela que vous les connaissez. Cela vous a
donné combien de comtés d'ailleurs? Cela a été un
investissement pour vous autres qui a été assez payant, hein?
M. Bourassa: Le bras droit d'Yvon Dupuis.
M. Roy: Non, non, cela a été un investissement pour
vous autres qui a été assez payant, hein?
M. Burns: M. le Président, je me demande
sérieusement, à cette époque troublée au
Québec, comment il se fait que le premier ministre ait le temps de venir
passer ses quolibets ici. Il me semble que M. Rivest et M. Denis devraient
être capables de trouver quelque chose à faire au premier ministre
ce soir. Est-ce que vous avez quelque chose sur son ordre du jour pour nous
l'enlever...
Le Président (M. Séguin): Bon.
M. Burns: ... trouvez-lui donc...
Le Président (M. Séguin): Bon, c'est cela.
M. Burns: ... un appel téléphonique à faire
à New York pour demander...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: ... aux Américains...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: M. Rivest, je vous demande à genoux...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: ... M. Denis, je vous demande à genoux...
M. Veilleux: A genoux!
M. Burns: ... de trouver des choses à faire au premier
ministre...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: ... qu'est-ce qu'il fait ici? Le Président
(M. Séguin): A l'ordre!
M. Boudreault: ... que ça finisse cette
affaire-là.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: Vraiment, vraiment! Moi, personnellement, je trouve que
mes taxes...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: ... sont mal utilisées quant au salaire du
premier ministre.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! M. Burns:
A l'article 3, M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Article 3, le
député de Maisonneuve.
M. Burns:... c'est une question qui est un peu semblable à
celle qui a été soulevée par le député de
Johnson mais qui peut avoir, je pense, son aspect caractéristique assez
spécial dans le sens qu'on y retrouve, à cet article 3, le droit
du lieutenant-gouverneur en conseil, encore une fois le cabinet, de fixer la
rémunération, les allocations, les indemnités, le
traitement ou, s'il y a lieu, le traitement supplémentaire du
président et des autres membres du conseil d'administration.
Jusque là, M. le Président, je suis entièrement
d'accord. Sauf que l'article continue en disant: Ainsi que ceux de son
personnel. Or, il y a des règles, M. le Président, dans la
fonction publique qui existent déjà. Je connais le nouveau
règlement concernant les employés occasionnels qui a
été défendu par le ministre de la Fonction publique et,
entre autres, on prévoit dans ce règlement la possibilité
qu'il y ait des employés occasionnels qui soient engagés en vue
d'un travail spécifique. Je pense que cette commission est un travail
spécifique qui aura une durée de trois ans au moins.
Je me demande s'il ne devrait pas y avoir une entente ici ou au cabinet
au sujet du personnel. Je ne parle pas du président et des autres
membres du conseil d'administration, je parle du personnel employé, des
secrétaires, des chefs de bureau, des personnes qu'on embauchera. Est-ce
qu'on ne devrait pas appliquer à ces gens les mêmes règles
que celles qui s'appliquent à la fonction publique? En particulier
si c'est le désir du lieutenant-
gouverneur en conseil, puisque c'est lui qui va décider de cela
est-ce qu'on ne devrait pas établir, selon le règlement
des occasionnels, les rémunérations qui s'appliquent au personnel
autre que le président et les autres membres de la commission?
Personnellement, je crois que oui. C'est pourquoi je propose que
l'article 3 soit amendé en retranchant les mots "ainsi que ceux de son
personnel".
M. Cournoyer: Avez-vous des copies? Qui est-ce qui va les fixer,
selon le député de Maisonneuve?
M. Burns: C'est cela que je vous dis: Vous avez
déjà une réglementation qui dit que les employés
occasionnels et je pense que cela va en être des employés
occasionnels sont rémunérés de la même
façon et selon les mêmes critères que les employés
de la fonction publique qui ont un emploi permanent. Le ministre du Travail
devrait connaître cette nouvelle réglementation qui est assez
récente, qui date du 21 mars 1975. Elle a été
annoncée à grand renfort de publicité par le ministre de
la Fonction publique, elle a été discutée, d'ailleurs,
lors de l'examen des crédits de la Fonction publique et elle
prévoit que des employés occasionnels peuvent être
engagés par les différents ministères, pour une
période maximum de six mois, en ce qui concerne le principe
général, qui peut aller jusqu'à huit mois, en ce qui
concerne les ouvriers de la fonction publique qui sont embauchés durant
la période prévue entre le 1er novembre et le 1er avril. Il y a
également une disposition à l'effet que, lorsque c'est pour un
travail spécifique, il peut y avoir des employés occasionnels
d'engagés pour la durée de ce travail spécifique.
Alors, il y a déjà des règles qui s'appliquent. Je
présume... Remarquez que je devance peut-être la réponse du
ministre là-dessus. Peut-être que, là-dessus, le ministre
devrait nous dire exactement quelle est l'intention du gouvernement quant au
personnel autre que le président et les commissaires, mais je
présume que ce seront des gens qu'on embauchera en vertu de ces
dispositions. Si oui, moi, je pense que les règles qui s'appliquent
à ces employés, avec une réglementation toute
fraîche qui a été adoptée au mois de mars dernier
vous devriez vous en souvenir, M. le ministre ...
M. Cournoyer: Oui, oui, oui, pas de problème.
M. Burns:... devraient au moins s'appliquer et que ce ne soit pas
le lieutenant-gouverneur en conseil qui décide de la
rémunération de ces gens.
M. Cournoyer: Je serais prêt à accepter l'amendement
tel qu'écrit, sous la réserve suivante: que nous inscrivions,
dans le texte de loi, l'article que M. Rioux va nous proposer demain pour dire
qu'effectivement le règlement des occasionnels s'applique là.
M. Burns: Si c'est votre intention; vous voulez les
considérer comme des occasionnels?
M. Cournoyer: C'est-à-dire que vous les considérez
comme des occasionnels.
M. Burns: Moi, je présume que c'est ce que vous allez
faire.
M. Cournoyer: J'imagine que cela peut en être des
occasionnels ou des gens qui deviennent des permanents du syndicat.
M. Burns: A moins que vous n'utilisiez du personnel
permanent.
M. Cournoyer: Remarquez bien que cela peut être des gens
qui deviennent des membres du personnel du syndicat par la suite.
M. Burns: C'est ce pourquoi, M. le Président, je vous
posaié la question: Est-ce que vous avez l'intention d'utiliser un
personnel nouveau, qui aura un caractère d'occasionnel, ou bien,
peut-être, voudrez-vous utiliser du personnel permanent?
M. Cournoyer: Je ne veux pas prendre sur moi de décider ce
que la commission de tutelle va avoir à décider elle-même.
Elle va nous demander des choses.
M. Burns: C'est le lieutenant-gouverneur qui décide
cela.
M. Cournoyer: Non, non, le lieutenant-gouverneur en conseil fixe
la rémunération, mais, en définitive, le
lieutenant-gouverneur en conseil peut adjoindre au conseil d'administration le
personnel qu'il juge nécessaire, mais ça ne parle jamais...
M. Burns: C'est le cabinet des ministres, cela.
M. Cournoyer: Oui, mais je pense bien que, quand vous serez au
cabinet des ministres, si vous y arrivez un jour, vous saurez que le ministre a
le droit de faire un paquet de choses, à condition qu'il ait la
bénédiction du lieutenant-gouverneur en conseil, que cela soit
passé par le Conseil du trésor et que la commission des
engagements financiers n'ait pas trop rouspété.
M. Burns: Joyal, puis toutes ces histoires.
M. Cournoyer: Cela a été décidé par
le conseil des ministres. J'ai bien l'impression que, si vous voulez qu'on
parle de ces choses, on peut en parler.
M. Burns: Je n'ai pas d'objection. Est-ce que cela vous tente
d'en parler?
M. Cournoyer: Mais elles sont sub judice. Est-ce qu'on ne croyait
pas que M. Joyal était poursuivi maintenant devant la cour?
M. Burns: Je ne le sais pas.
M. Cournoyer: Est-ce que M. Joyal n'a pas été
poursuivi?
M. Burns: Oui, j'ai entendu parler de cela, mais...
M. Cournoyer: Moi, je n'en ai pas entendu vaguement parler; je
sais qu'il l'a été.
M. Burns: Ceux qui l'ont nommé, eux, n'ont pas
été poursuivis, par exemple.
M. Cournoyer: Je ne vois pas en quoi on pourrait poursuivre ceux
qui l'ont nommé.
M. Burns: II y aurait peut-être moyen.
M. Cournoyer: Oui, quand vous serez de retour à la vie
privée, vous conseillerez sans doute un gouvernement et vous pourrez lui
dire comment poursuivre ceux qui nomment.
M. Burns: C'est possible. C'est possible.
M. Cournoyer: Pour le moment, moi, je m'en tiens à ceci.
Vous me proposez d'enlever cela. Je vous dis tout simplement: D'accord, si vous
avez fait une analyse et que vous en arrivez à la conclusion qu'ils
doivent être des occasionnels...
M. Burns: Non, je n'ai pas dit cela. M. Cournoyer: Bien
oui, mais... M. Burns: Je veux savoir...
M. Cournoyer: ... il faudrait le décider pour la
commission.
M. Burns: Non, non, cela faisait partie de ma question
préliminaire. Je veux savoir, d'une part, si ce ne seront que des
occasionnels et, peu importent que ce soient des occasionnels ou pas, vous
devrez appliquer à ces gens les règles qui s'appliquent
actuellement dans la fonction publique, qu'ils soient occasionnels ou qu'ils
soient permanents.
S'ils sont permanents, c'est la convention collective qui va
s'appliquer; s'ils sont occasionnels, c'est le règlement qui a
été adopté il y a à peine un mois et demi. C'est
cela que je vous demande. Je ne vois pas comment le lieutenant-gouverneur en
conseil peut décider que la rémunération, les allocations,
les indemnités, le traitement ou le traitement supplémentaire,
s'il y a lieu, du personnel je ne parle pas du président et des
autres membres je ne vois pas comment cela devrait être
décidé par le lieutenant-gouverneur en conseil si, d'une part, il
y a une convention collective qui s'applique aux permanents et si, d'autre
part, il y a un règlement qui s'applique aux occasionnels.
Je ne vous force pas, je ne vous demande pas de me dire, ce soir, que ce
sera exclusivement des permanents. Je ne vous demande pas de me dire que ce
sera exclusivement des occasionnels. Je vous demande tout simplement de
reconnaître que, déjà, il y a des règles qui
s'appliquent...
M. Cournoyer: Que j'appliquerai.,
M. Burns: ... tant aux permanents qu'aux occasionnels et que ces
règles, il me semble, devraient s'appliquer, plutôt que la
discrétion absolue du lieutenant-gouverneur en conseil,
c'est-à-dire du cabinet des ministres.
M. Cournoyer: II est clair que le raisonnement du
député de Maisonneuve est juste quand il dit que, la tutelle ne
devant durer que trois ans, c'est un emploi qui a un caractère
occasionnel; ce n'est pas un emploi permanent, on n'a pas une tutelle
permanente, du moins l'espérons-nous. En conséquence, ces
employés seront des employés occasionnels. S'ils doivent
être des occasionnels, je conviens avec le député de
Maisonneuve de décider qu'ils seront des occasionnels et qu'ils seront
rémunérés conformément aux autres règles
applicables au gouvernement pour les occasionnels.
M. Burns: Mais ce peut être aussi des permanents.
M. Cournoyer: Non, je dis qu'ils seront des occasionnels.
M. Burns: Ce peut être des permanents que vous
déciderez de transférer de tel organisme à ce conseil
d'administration pour la période prévue ou, comme le dit le
règlement, pour la fonction spécifique qui est à
caractère temporaire. Il est fort possible que ce soit cela comme il est
possible que vous alliez en chercher ailleurs.
M. Cournoyer: Comme c'est arrivé dans le cas de la
commission Cliche.
M. Burns: Pardon?
M. Cournoyer: C'est arrivé dans le cas de la commission
Cliche.
M. Burns: Comme c'est arrivé dans le cas de la commission
Cliche.
M. Cournoyer: Le personnel est sorti de nos bureaux.
M. Burns: C'est cela. Alors, je ne vois pas pourquoi la
rémunération serait fixée par le lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. Cournoyer: Elle est toujours fixée par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Burns: Bien non, vous avez déjà des
règles...
M. Cournoyer: Et il ne peut fixer...
M. Burns: ... vous avez déjà des normes.
M. Cournoyer: Le lieutenant-gouverneur en conseil ne peut pas la
fixer au-delà des règles.
M. Burns: Bien oui, il peut les changer.
M. Cournoyer: Ah oui! Les règles de conventions
collectives...
M. Burns: Bien oui, parce que votre règlement,
imaginez-vous donc que c'est justement une décision du
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Cournoyer: C'est qu'ils ne sont pas assujettis à des
conventions collectives et le règlement ne peut pas...
M. Burns: Donc, le lieutenant-gouverneur en conseil peut changer
ses propres règles.
M. Cournoyer: Celles-là, pour les occasionnels, oui.
M. Burns: Bien...
M. Cournoyer: Mais s'ils étaient assujettis comme
permanents...
M. Burns: Je vous demande simplement d'être logique avec
vous-même.
M. Cournoyer: ... à une convention collective, des
fonctionnaires, par exemple, le lieutenant-gouverneur en conseil ne pourrait
pas fixer différemment les conditions de travail de ces gens. Il est
lié par la même convention collective avec le Syndicat des
fonctionnaires.
M. Burns: Ce n'est pas drôle, c'est certain.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que la suggestion, que vous avez
faite tout à l'heure au sujet de l'avocat, M. Rioux, demeure?
M. Cournoyer: Moi, je n'ai pas d'objection à dire que tout
le monde qui va aller là seront des occasionnels, s'ils sont des
occasionnels...
M. Burns: Ce n'est pas ce qu'on dit. On dit que là-dedans
il est possible que la majorité soit des occasionnels comme il est
possible que vous utilisiez des employés permanents que vous aurez
transférés là. Ils sont, eux, déjà
régis par une convention collective.
M. Cournoyer: La rémunération est fixée
comment?
M. Burns: Elle est fixée par la convention collective.
M. Cournoyer: Donc, par le lieutenant-gouverneur en conseil qui a
signé la convention collective.
M. Burns: Non, ce n'est pas vrai. C'est faux, M. le ministre.
M. Cournoyer: C'est effrayant!
M. Burns: Bien voyons donc, M. le ministre, vous connaissez cela
bien plus que ça. Ne faites pas votre niaiseux, là, on sait que
vous êtes plus intelligent que cela. On sait que vous connaissez
davantage la situation.
M. Cournoyer: Vous en doutez tellement souvent.
M. Burns: Non, écoutez. Je louange le ministre, je suis en
train de lui dire...
M. Cournoyer: Oui, niaiseux...
M. Burns: ... de ne pas faire son niaiseux.
M. Cournoyer: Une louange venant de vous, c'est comme un
blâme venant de vous.
M. Burns: Je lui dis de ne pas faire son niaiseux parce que je
sais qu'il est plus intelligent que cela.
Le Président (M. Séguin): Bien oui, c'est louanger
le monde, j'en suis convaincu.
M. Burns: Bien oui, c'est louanger le monde. Le
Président (M. Séguin): Absolument. M. Burns: Bien
oui.
M. Cournoyer: Pour couper court à une discussion qui
mérite quand même une certaine attention et qui vient de
l'Opposition d'une façon raisonnable, si nous suspendions cet article en
particulier pour regarder jusqu'à quel point le personnel sera permanent
ou occasionnel.
M. Burns: Voyez-vous qu'on n'est pas "obsti-neux" et voyez-vous
qu'on vous trouve...
M. Bellemare (Johnson): ... intelligent...
M. Burns: ... plus intelligent que vous pensez qu'on vous trouve
intelligent.
M. Bellemare (Johnson): II y a des bouts que c'est bon.
M. Roy: On a peut-être fait une erreur de lui dire qu'il
est intelligent à chaque fois qu'on a proposé des
amendements.
M. Cournoyer: Quand les amendements sont intelligents, on les
juge d'une façon intelligente.
M. Bellemare (Johnson): On a gagné une virgule
jusqu'à demain matin.
Le Président (M. Séguin): Article 4.
M. Cournoyer: Encore une concession à l'Opposition!
M. Burns: Je vous avoue que je n'en ai pas vu beaucoup de
concessions encore. Je n'en ai pas vu le diable, je vous avertis de cela.
M. Bellemare (Johnson): Une virgule.
M. Burns: Actuellement, on n'a même pas une concession, on
a ce que le ministre aurait dû faire depuis le début de l'examen
du projet de loi. On a tout simplement une assurance qu'il va écouter,
examiner, soupeser nos recommandations. C'est la première fois qu'il
nous dit cela. II. aurait dû nous le dire dans un article pas mal plus
important, qui s'appelle l'article 2, quand unanimement les
représentants de l'Opposition...
M. Bourassa: Cela veut dire quelque chose.
M. Burns: ...quand unanimement, M. le Président, les
représentants de l'Opposition ont réclamé la participation
de la FTQ...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, en système
démocratique cela ne vous dit rien?
M. Burns: ...à la nomination.
M. Roy: II ne connaît pas cela la démocratie, il
connaît juste la social-démocratie.
M. Burns: Cela aurait été pas mal plus important
qu'on se penche sur nos recommandations à ce moment-là.
Le Président (M. Séguin): ... à l'article 4,
s'il vous plaît.
M. Burns: L'article 4, M. le Président, adopté. Le
Président (M. Séguin): Adopté. M. Burns: A
l'article 5, j'ai...
Le Président (M. Séguin): II y a une modification
proposée, si vous voulez en prendre connaissance.
M. Burns: Oui.
L'amendement à l'article 5, à mon avis, je suis prêt
à l'accepter, de la façon qu'il est proposé par le
ministre du Travail. En ce qui me concerne, je ne crois pas que cela change
beaucoup de choses, sinon une question de style, que d'enlever le mot "eux" au
paragraphe i) de l'alinéa 2. Mais avant cela, M. le Président,
j'aimerais simplement proposer un amendement au paragraphe a) de l'article
5.
Le Président (M. Séguin): Un instant, on accepte
donc, à l'article 5, la suggestion...
M. Burns: Pourquoi, M. le Président, on ne passerait pas
d'abord au paragraphe a)?
Le Président (M. Séguin): Je n'ai pas d'objec-
tion, c'est simplement pour corriger mon texte; si c'est déjà
accepté, on repassera ensuite. C'est simplement pour corriger le
texte.
M. Burns: Pardon, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): C'est simplement pour
transporter la suggestion, à l'article 5, proposée par le
ministre dans le texte. Je recommence au paragraphe a), naturellement, s'il y a
des commentaires.
M. Burns: il me semble...
Le Président (M. Séguin): Je ne débattrai
pas longtemps, article 5, 2, a).
M. Burns: M. le Président, on arrive, à l'article
5, à toutes fins pratiques, aux pouvoirs que le conseil d'administration
doit exercer. Je pense que c'est un article particulièrement important.
Je pense que dans cette loi, en plus de l'article 2, dont nous avons
discuté tout à l'heure, l'article 5, alinéa 2, est un de
ceux qui ont ce caractère d'importance quant à la
possibilité que cette tutelle soit efficace ou ne le soit pas.
Ce qui m'a frappé dans le rapport de la commission Cliche c'est
d'abord une recommandation qu'on retrouve au début du rapport, à
la page 152, qu'on retrouve également sous la même forme, à
la page 510, et qui nous ditje vous cite celle, en tout cas, que j'ai
sous les yeux, à la page 152: "L'octroi aux tuteurs, en plus des
attributions d'usage, des pouvoirs: a) d'apporter à la constitution ou
aux statuts administratifs du syndicat des changements propres à assurer
une direction plus efficace ou à favoriser le progrès
général du syndicat, en s'assurant de ta participation des
travailleurs."
M. le Président, je pense que le projet de loi, de la
manière qu'il aborde cette façon de s'assurer du progrès
général du syndicat à avoir une direction efficace,
utilise de façon assez bizarre le mot "notamment". Je ne veux pas
être plus technique qu'il le faut, M. le Président. Mais la
commission Cliche dit qu'il faut absolument qu'on apporte à la
constitution et aux statuts administratifs des changements propres à
assurer une direction plus efficace ou à favoriser un progrès
général en s'assurant de la participation des travailleurs.
On ne dit pas, comme on trouve dans le projet de loi, "de façon
notamment, à assurer éventuellement la participation des
travailleurs", ce qui est tout à fait différent. On est
déjà dans un domaine d'exception, dans un domaine où on
outrepasse les règles normales de la régie de syndicats. Tout le
monde sait qu'un syndicat, habituellement, ses constitutions, ses
règlements sont amendés par la volonté exprimée par
les travailleurs. Normalement, c'est comme ça que ça se fait.
Or, la commission Cliche se rend très bien compte de ça
parce que, tout en accordant ce pouvoir au conseil d'administration d'apporter
aux statuts et règlements un certain nombre de changements propres
à pourvoir le syndicat d'une di-
rection plus efficace et à en favoriser le progrès, la
commission Cliche dit que ça doit se faire, non pas "notamment", mais
ça doit se faire "en s'as-surant", comme on voit à la
recommandation no 28, à la page 152, et la recommandation no 28 à
la page 510, "de la participation des travailleurs."
L'exemple que le ministre nous a soumis cet après-midi
était celui de la tutelle qui a été exercée
à l'endroit du Syndicat international des gens de mer. Et à
toutes les occasions où il y a eu des changements majeurs qui ont
été apportés, soit à la constitution de ce syndicat
ou soit encore à l'orientation même de ce syndicat, je me'rappelle
que le juge Lippé et les deux autres commissaires prenaient la peine
je m'excuse de le dire, je ne le dis pas de façon
péjorative s'abaissaient, si on peut dire, à rencontrer
l'Assemblée nationale et à faire participer les travailleurs
à ces changements.
De la façon dont on rédige le texte de la loi, j'ai
nettement l'impression qu'on veut laisser au conseil d'administration un
pouvoir absolument discrétionnaire de consulter les travailleurs ou pas,
si le conseil de tutelle le veut bien.
Et ce qui m'inquiète davantage, non seulement on ajoute "de
façon notamment", parce que ça veut dire: une des façons
qu'on pourrait utiliser, ce serait de consulter ou de voir à la
participation des membres, mais "à assurer éventuellement", ce
qui n'est pas du tout dans l'esprit de la recommandation no 28 du rapport
Cliche. Et à mon avis, on fausse l'approche que le rapport Cliche nous
avait soumis dans son argumentation.
Je serais porté à croire qu'il faudrait, dans ce cas,
comme dans un autre cas où le ministre a prévu de revenir plus
tard, se pencher sur, d'une part, l'intention de la commission Cliche, d'autre
part, sur le désir normal que n'importe quel législateur, en
l'occurrence, aurait de conserver au travailleur son droit de se prononcer sur
au moins des choses aussi importantes que l'amendement de sa constitution et de
ses règlements.
Je propose donc, quitte à ce qu'on laisse en suspens cette
discussion pour y repenser, que l'article 5 soit modifié en
remplaçant le paragraphe a) par le suivant: "Apporter aux statuts et
règlements du syndicat les changements propres à pourvoir le
syndicat d'une direction plus efficace et à en favoriser le
progrès en s'assurant de la participation des travailleurs
exprimée par un vote majoritaire."
J'ajoute à la recommandation Cliche une précision qui, je
pense, se trouve dans l'esprit de la recommandation, celle qui n'apparaît
pas à la recommandation no 28 a), mais qui, dans mon texte à moi,
mentionne l'expression de cette opinion des travailleurs par voie d'un vote
majoritaire.
Je n'ai pas d'objection si le ministre veut y penser, veut songer
à la possibilité d'amender son texte de cette façon, mais
je considère cet amendement comme très important, parce que dans
toute l'approche que nous avons à cet éventuel conseil
d'administration, c'est, à toutes fins pratiques, dans le but de
remettre entre les mains des travailleurs leur possibilité d'administrer
leurs syndicats.
C'est dans le but de refaire une certaine forme de démocratie
à l'intérieur de syndicats où, dit la commission Cliche,
il n'en existe plus. Comment, M. le Président, peut-on s'imaginer que,
par un projet de loi comme le projet de loi no 29, nous allons remettre entre
les mains des travailleurs de la construction l'administration de leurs
syndicats? Comment peut-on s'imaginer qu'on va, je le dis, encore une fois,
sans arrière-pensée, réhabituer un certain nombre de gens
à agir démocratiquement dans le domaine de la construction si on
dit, "de façon notamment", c'est-à-dire que ce serait une des
façons, donc pas exclusivement, "à assurer
éventuellement", donc, pas immédiatement", la participation des
travailleurs".
Je pense que la seule et unique bonne chose, si jamais on en trouvait
une à une tutelle, ce serait, sans aucun doute, qu'on fasse à
nouveau participer les travailleurs à l'administration de leurs
syndicats, ceux qui sont mis en tutelle. En dehors de cela, M. le
Président, je pense qu'on manque complètement le bateau si on ne
prend pas la peine d'être très stricts et de suivre la
recommandation 28 de la commission Cliche, et même d'aller
au-delà, aller un peu plus loin que cette recommandation. Il n'y a rien
qui nous empêche de l'expliciter. Je vous demande de l'expliciter en
disant: La volonté ou la participation des travailleurs exprimée
par un vote majoritaire. C'est ce pourquoi, M. le Président, je fais
l'amendement que j'ai soumis à l'article 5.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): ... je voterai en faveur de l'amendement,
parce que je crois sincèrement que c'est un amendement qui suit la
recommandation Cliche. Mais je voudrais dire au ministre que la commission
Cliche n'a pas mis dans son rapport la première ligne; "après
approbation du lieutenant-gouverneur en conseil." Cela, M. le Président,
cette participation de l'exécutif, je pense que cela n'atteint pas les
objectifs qui peuvent être perçus d'une manière fort
différente suivant l'idéologie des gens, des groupes et des
individus. Je pense que, comme l'a dit le député de Maisonneuve,
les travailleurs seront consultés. Je pense que les conseils
d'administration de chaque syndicat sous tutelle se concerteront. Je pense que
dans le rapport Cliche, il n'est pas question... "que soient octroyés
aux tuteurs en plus des attributions d'usage, les pouvoirs:" et là, on
commence la récitation de tout ce qui est dans la loi, M. le
Président, sans inclure la première ligne de l'article 5,
où il est dit: "Après approbation du lieutenant-gouverneur." Je
pense, M. le Président, que cela peut causer des préjudices.
Si on veut véritablement que la loi puisse apporter des
changements propres à promouvoir un syndicat, surtout qu'on ne veut pas
le politiser, je pense que l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil ne
devrait pas apparaître. Le rapport
Cliche ne suggère pas que l'approbation du lieutenant-gouverneur
soit requise pour l'exercice de ses pouvoirs. Et je pense que l'exécutif
ne devrait pas se mêler des responsabilités et des pouvoirs que
leur donne la loi. Je ne vois pas pourquoi on a voulu qu'il y ait approbation
du lieutenant-gouverneur en conseil, dans toutes ces recommandations. La
responsabilité qu'auront ces conseils d'administration "d'apporter aux
statuts et règlements, de révoquer ou suspendre, de poursuivre ou
être poursuivis, d'instituer des programmes, de recourir," enfin, toute
l'énumération qu'a faite le rapport Cliche, pourquoi a-t-on
commencé l'alinéa par: "après approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil?
M. Cournoyer: C'est-à-dire que l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil, M. le Président, ne s'applique qu'au
paragraphe a), c'est-à-dire à un changement de la constitution,
et ne s'applique pas aux autres buts poursuivis.
Si le début du paragraphe a) avait été
attaché au premier paragraphe du 2, je comprendrais votre intervention
pour toutes les autres choses, mais il s'agit d'un geste assez grave de
conséquences, c'est-à-dire de changer la constitution d'un
syndicat qui, dans la plupart des cas, vient d'un autre endroit que ceux qui
sont actuellement au Québec. Si vous regardez la logique de la
commission Cliche, elle a établi, au point de départ, un certain
nombre de règles qui ne sont pas encore en vigueur, mais il s'agit de
constitutions qu'on doit reconnaître actuellement comme telles. Il reste
qu'au point de départ, dans les articles premiers des
représentations de la commission Cliche, on est clair en indiquant que
les statuts d'un syndicat doivent être approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
Je prends les paragraphes 4 et 5 des premières recommandations de
la commission Cliche, par exemple, on dit d'abord, à 4): "Que les
statuts et règlements des locaux soient subordonnés aux lois du
Québec et du Canada." Ensuite, à 5) "Que ces statuts ne
s'appliquent qu'après ratification par le lieutenant-gouverneur en
conseil." Dans la logique des choses, une modification aux statuts, si vous
avez approuvé la première partie, comporte l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil pour les modifier, si l'essence même des
statuts doit être approuvée par le lieutenant-gouverneur en
conseil. Je comprends fort bien que la loi n'indique pas maintenant que les
statuts doivent être approuvés par le lieutenant-gouverneur en
conseil. Je prends, cependant, comme attitude que, lorsqu'il s'agit d'une loi
d'exception comme celle-là, le gouvernement prend une précaution
additionnelle comme étant participant à une décision de la
commission de tutelle de les changer, en disant: On les change ou on ne les
change pas comme lieutenant-gouverneur en conseil.
Je prétends que nous nommons les tuteurs avec la constitution
actuelle de ces syndicats. Si les tuteurs veulent faire changer la constitution
actuelle, l'autorité qui les nomme doit avoir l'autorité de dire:
On va vous permettre de la changer. Strictement, encore une fois, ça ne
veut pas dire que je vais approuver ou que le Parlement va approuver à
ma suite les différentes remarques sur les articles I, 2, 3, 4, 5 du
rapport de la commission Cliche. Ce n'est pas le cas, mais, compte tenu du
caractère exceptionnel de la loi et du fait...
L'amendement du député de Maisonneuve est à cet
effet-là aussi. C'est-à-dire que vous en avez parlé, mais
l'amendement du député de Maisonneuve est à double effet.
En plus d'enlever le lieutenant-gouverneur en conseil, il y a une autre
section, c'est-à-dire l'approbation antérieure de la
majorité des travailleurs assujettis.
M. Bellemare (Johnson): Mais je pense que la motion du
député de Maisonneuve est de mise, surtout quand le rapport
Cliche n'avait nullement fait mention des mots "éventuellement" ou
"notamment" et ça change complètement la perspective.
M. Cournoyer: Sur cette partie-là, nous allons la
regarder, mais c'est sur la première partie que je vous répondais
immédiatement, sur la question de l'approbation par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Bellemare (Johnson): Parce que l'article commence par:
"Nonobstant toute loi ou règlement contraire, le conseil
d'administration peut mais là on met une restriction
après l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil, apporter des
changements aux statuts et aux règlements des syndicats."
M. Cournoyer: C'est une garantie.
M. Bellemare (Johnson): Le but visé, c'est de pourvoir le
syndicat d'une direction plus efficace, mais je me pose des questions justement
sur cette première ligne: "...après l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil." Le conseil d'administration se sent
lié dans l'exercice et il y a là un danger de politisation
reconnu. Je pense que le ministre va concevoir que, s'il veut donner une force
véritable à sa loi, le conseil d'administration devrait avoir le
pouvoir que lui recommande la commission Cliche quant a l'exercice de ses
fonctions.
Je ne vois pas pourquoi le lieutenant-gouverneur viendrait, à un
moment donné politiser le débat.
M. Cournoyer: II n'est pas question de politiser le débat
parce que le lieutenant-gouverneur en conseil prend ses responsabilités.
Toutes les décisions que je prends, ça ne veut pas dire qu'elles
sont politiques ou politisées.
M. Bellemare (Johnson): Les objectifs que nous pouvons avoir sont
sûrement perçus de manière différente suivant
l'idéologie des individus, des groupes ou des syndicats en
présence.
M. le Président, il est dangereux, je pense, pour le conseil
d'administration d'avoir sur sa tête une épée de
Damoclès qui...
M. Cournoyer: On ne peut pas modifier indûment une
constitution au nom du gouvernement.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais un instant, M. le
Président.
M. Cournoyer: Vous savez, il faut se souvenir de cela, M. le
Président, on modifie la constitution d'autorité. La commission
de tutelle a l'autorité de changer la constitution du syndicat, et elle
est nommée aujourd'hui avec une certaine constitution par le
lieutenant-gouverneur en conseil, suite à l'adoption de la loi.
C'est la constitution que nous connaissons aujourd'hui. Quand nous les
nommons, en vertu de la loi, bien sûr, nous les nommons en fonction de la
constitution actuelle. Lorsqu'ils veulent changer cette constitution, il ne me
paraît que normal qu'ils la changent après l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Bellemare (Johnson): Cela veut dire que si...
M. Cournoyer: Cela ne me paraît que normal; ce n'est pas
politisé du tout. Ils veulent la changer.
M. Bellemare (Johnson): Maintenant, un instant. Le ministre est
en train de se choquer.
M. Cournoyer: Je ne fais que vous parler plus fort, parce qu'il
est onze heures.
M. Bellemare (Johnson): Le dialogue est assez serein, depuis que
le premier ministre est parti, pour qu'on puisse revenir à des
discussions sérieuses.
M. le Président, justement, là, si la commission de
contrôle, si le conseil d'administration décide qu'il y a dans les
statuts ou les règlements de certains syndicats certaines choses qui
empêchent véritablement de propager un sain syndicalisme et
puisqu'on est obligé de s'astreindre à l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil, vous privez le conseil d'administration d'un
pouvoir d'amélioration qui devrait être laissé à sa
seule discrétion.
M. Cournoyer: C'est une garantie.
M. Bellemare (Johnson): Je ne pense pas que ces
gens-là...
M. Cournoyer: C'est une garantie que nous leur donnons que
quelqu'un va être responsable devant quelqu'un.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais, M. le Président, les
hommes que vous voulez nommer doivent être des hommes garantis...
M. Cournoyer: Qui vont être extrêmement responsables
devant eux-mêmes.
M. Bellemare (Johnson): Alors, pourquoi le lieutenant-gouverneur
en conseil doit-il donner son approbation pour ces sortes de pouvoirs
additionnels qu'on leur donne?
M. Cournoyer: Nous leur donnons le pouvoir d'agir en vertu d'une
constitution existante.
M. Bellemare (Johnson): Alors, vous ne voulez pas changer
cela?
M. Cournoyer: Regardez, M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): On ne s'obstinera pas si vous ne le
voulez pas.
M. Cournoyer: La partie "après approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil", j'essaie de vous l'expliquer; ce n'est pas
parce que je ne veux pas la changer. J'essaie de vous l'expliquer, de dire:
Bien, écoutez...
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais on n'a pas la même
compréhension.
M. Cournoyer: ... on les nomme...
M. Bellemare (Johnson): On n'a pas la même
compréhension.
M. Cournoyer: Bien non, même si on n'a pas la même
compréhension on conviendra, M. le député de Johnson, que
ce n'est pas par entêtement que je vous dis cela.
M. Bellemare (Johnson): Alors, M. le Président...
M. Cournoyer: Vous me parlez toujours d'une façon
intelligente habituellement et je vous écoute d'une façon
intelligente, j'espère, et j'essaie de vous répondre. C'est
tout.
Ces constitutions ont déjà en elles-mêmes un
processus de changement.
M. Bellemare.(Johnson): On donne au conseil d'administration un
pouvoir. Pourquoi est-ce qu'on le lui donne?
M. Cournoyer: On lui donne le pouvoir après approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil. C'est une garantie additionnelle, c'est
tout.
M. Roy: M. le Président...
M. Cournoyer: Pour le conseil d'administration, monsieur.
M. Bellemare (Johnson): Ils n'ont pas besoin de cela du tout.
M. Roy: M. le Président...
M. Cournoyer: II y a quelqu'un qui en répondra devant
vous. S'il y a un changement à la constitution qui est mal foutu,
à qui allez-vous poser la question au Parlement, vous?
M. Charron: Pourquoi est-ce devant nous? C'est plutôt aux
travailleurs qu'il faut offrir la garantie qu'ils ne se feront pas bousiller
leur syndicat.
M. Cournoyer: Un instant, on n'est pas rendu à la partie
dont le député de Maisonneuve parle. On parle, après
l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil, de la modification aux
statuts. N'est-il pas vrai que dans le rapport Cliche on dit que ces statuts ne
s'appliquent qu'après ratification par le lieutenant-gouverneur en
conseil?
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Cournoyer: C'est le premier article.
M. Roy: M. le Président...
M. Cournoyer: Ici, je ne suis pas prêt à accepter
cela parce qu'il s'agit de tous les statuts des syndicats. Mais je dis: Dans le
cas où nous ordonnons une tutelle, est-ce que nous allons donner un
pouvoir à une commission de tutelle de modifier les statuts
d'autorité? Je comprends que la méthode que vous choisissez,
vous, du Parti québécois, c'est de faire approuver la
modification par l'assemblée générale au vote majoritaire.
La méthode que nous avons choisie, étant donné qu'il
s'agit d'une tutelle gouvernementale, c'est de la faire approuver au
préalable par le lieutenant-gouverneur en conseil qui, lui,
répondra de ce geste devant le Parlement.
Mais si nous discutons strictement de méthodes de garantie, la
méthode choisie par le Parti québécois c'est de s'adresser
aux membres. Nous, nous disons: étant donné que les membres,
c'est l'assemblée générale, ils sont placés dans
une situation un peu ambiguë ici et c'est celle-là qu'on a
choisie.
Maintenant, quand on discute avec le Parti québécois de
l'autre section, je ne vais pas vous dire oui tout de suite à cela, si
je n'accepte pas l'autre section après discussion sur l'amendement du
Parti québécois, qui comporte une autre méthode de
contrôle. Elle comporte une autre méthode de contrôle,
assurément, la section qui est proposée par le Parti
québécois.
M. Bellemare (Johnson): C'est-à-dire le vote
majoritaire.
M. Cournoyer: Oui, le vote majoritaire.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, il y a une autre formule. Il y a
une autre formule. Quel est le plus grand reproche, actuellement, qu'on fait
aux syn- dicats dans le domaine de la construction, sinon celui d'être
dominés par un petit groupe? C'est le plus grand reproche qu'on a
à leur faire, d'être dominés par un petit groupe, une
petite clique qu'on veut mettre à la raison, par la tutelle.
C'est cela le fondement, c'est ce qui a été
dénoncé dans le rapport de la commission Cliche. Il est dit de
plus, dans le rapport Cliche, qu'on doit favoriser la participation des
travailleurs. La constitution d'un syndicat, la constitution d'une
coopérative, la constitution d'une caisse d'épargne, la
constitution d'un organisme qui régit les règles d'un groupe qui
s'est associé, que ce soit pour des questions sociales, des questions
économiques, des questions de travail ou autres, la constitution c'est
une chose que la propriété des sociétaires, la
propriété des membres. Cela est un principe qui est admis, qui
est reconnu dans tout le mouvement coopératif, dans tous les secteurs
des coopératives. Si on veut enfin faire en sorte que les travailleurs
puissent participer, puissent être intéressés aux
activités de leur syndicat, je pense que nous aurions là le
premier élément pour leur permettre de s'intéresser
davantage à leur syndicat. Ce serait d'être consulté et
d'être amené à se prononcer sur les changements qu'on peut
apporter, qui doivent être apportés dans leur constitution.
Je pense qu'il y a une question de principe. C'est pourquoi j'appuie
actuellement la motion du Parti québécois lorsqu'on dit: En
s'assurant de la participation des travailleurs exprimée par un vote
majoritaire. Comme il s'agit d'une tutelle je pense bien que je ne
pourrai pas convaincre le ministre, il n'est pas là.
M. Cournoyer: ...avoir de la misère.
M. Roy: Non, parce qu'on perd notre temps, ici, on le sait. Quand
même il y a des principes. Au ministre, je vais rappeler ceci. La
constitution d'un groupe doit être la propriété du groupe.
Le ministre l'a dit lui-même, la commission Cliche l'a dit
elle-même, tout le monde l'a dit, les syndiqués se plaignent
d'avoir laissé les syndicats entre les mains d'une petite clique qui a
gouverné pour elle-même, comme bon lui a semblé, selon ses
intérêts.
C'est cela qu'on leur reproche. Actuellement on remplace la petite
clique par un groupe qui est nommé par le lieutenant-gouverneur en
conseil, puis on dit: Vous autres vous allez avoir le droit de modifier la
constitution du syndicat, mais à condition que ce soit accepté,
approuvé par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Moi je dis que, dans la formule proposée par le Parti
québécois, également dans celle proposée par le
gouvernement, cela doit faire partie d'un tout. Que le conseil
d'administration, que ceux qui exercent la responsabilité de la tutelle
d'un syndicat décident qu'il est dans l'intérêt du
syndicat, dans le mandat qui leur a été confié, d'apporter
des modifications à la constitution. Il serait peut-être temps de
songer à intéresser les syndiqués, les travailleurs, et de
les amener à par-
ticiper, à étudier les réformes qu'on leur
propose.
Qu'on les fasse voter là-dessus. Cela n'empêche pas, par la
suite, le gouvernement de se garder une réserve au cas où il se
produirait des choses que tout le monde déplorerait ou des choses qui
risqueraient, à un moment donné, de compliquer la situation. Le
gouvernement se réserve le droit d'approuver, par le
lieutenant-gouverneur en conseil II y a une différence entre dicter les
modifications d'une constitution et les ratifier.
Je pense qu'en acceptant la proposition du Parti québécois
puis, moi, en ce qui me concerne, je n'ai aucune espèce
d'objection que ce soit ratifié par le lieutenant-gouverneur en conseil,
puisqu'il s'agit d'une tutelle, qu'il s'agit d'une mesure particulière.
Mais ce qu'il faut éviter là-dedans, je le dis sincèrement
et sérieusement c'est que ceux qui seront nommés tuteurs du
syndicat soient les seuls maîtres de la constitution du syndicat. Ces
gens-là, au bout de trois ans, auront la responsabilité de
transférer leur autorité à une autorité
démocratiquement élue à l'intérieur du syndicat.
C'est ce que la loi dit.
Pour quelles raisons ne pas commencer maintenant à
intéresser les travailleurs à l'avenir de leur syndicat? Le
syndicat n'existe pas pour d'autres personnes que pour eux-mêmes. Les
syndicats existent pour les syndiqués.
Ils n'existent pas pour autre chose que pour les syndiqués, pour
leur permettre d'avoir un outil, d'avoir les moyens nécessaires pour
négocier des conditions de travail, pour négocier des salaires,
pour être en mesure de discuter avec l'employeur. La construction, ce
sont les règles qui régissent le syndicat, comme ce sont les
règles qui régissent n'importe quelle coopérative,
association coopérative, caisse d'épargne, c'est la même
chose.
Je trouve que la proposition du Parti québécois ne va pas
à l'encontre, au contraire, de la commission Cliche, elle
s'intègre dans l'esprit des recommandations de la commission Cliche. Le
ministre veut garder la question du lieutenant-gouverneur en conseil? Si on
demandait aux travailleurs de se prononcer sur les modifications qu'on veut
apporter à la constitution, je pense bien que le député de
Johnson n'aurait pas objection que le lieutenant-gouverneur en conseil puisse
les ratifier, pour se garder une réserve. Ce serait le temps, pour le
gouvernement, sérieusement et sincèrement, d'intéresser
les travailleurs, de les amener à participer aux activités de
leur syndicat et à tout ce qui regarde leur syndicat puisque c'est leur
affaire à eux, le syndicat.
M. Cournoyer: Je pense que tout ce que cette discussion apporte,
cela part d'un excellent naturel. Je me suis pris, à un moment
donné, à approuver les modifications à la constitution de
l'Union internationale des constructeurs d'élévateur qui
étaient devenues nécessaires après la décision des
autorités, c'est-à-dire la commission de tutelle, M. Dubé,
M. Lapointe et M. Moore, qui a démissionné à ce
moment-là parce qu'il ne pouvait pas comprendre ou accepter une
modification à une constitution d'une union internationale à
moins que cela n'ait passé par le congrès général
de l'Union internationale des opérateurs ou des constructeurs
d'élévateurs, qui est de Pittsburg, je pense, ou de ce
coin-là, de Cleveland.
Dans ce sens, et en prenant l'exemple de l'Union des
élévateurs, celle-là seulement, s'il eût fallu que
nous soumettions au vote de la majorité des constructeurs
d'élévateur les modifications dont il est question, nous
n'aurions jamais amendé la constitution et, officiellement, M. Baxter
serait encore là. Je comprends que j'ai un îlot très
identifié de 600 constructeurs d'élévateur au
Québec qui ont une foule de raisons de devoir quelque chose à M.
Baxter. Une foule de raisons. Je pense bien que je n'ai pas à relire
pour vous... J'en avais déjà parlé lors de l'étude,
l'an passé au mois de juillet, de la loi mettant en tutelle l'Union des
constructeurs d'élévateur. Je pense bien qu'aucune modification
à la constitution de l'Union internationale des élévateurs
n'aurait été possible à moins que cela ait
été un geste d'autorité. Et s'il eût fallu la
bénédiction de la majorité des constructeurs
d'élévateur, nous n'aurions jamais eu cette majorité et
nous n'aurions pas pu nous débarrasser des éléments
indésirables au moins dans l'Union des élévateurs telle
que sous tutelle.
L'autre patente à côté, cela se réglera,
j'imagine, avec le temps. Mais pour le moment, l'Union des
élévateurs est sous tutelle et la façon dont nous avons pu
nous en sortir, c'est-à-dire administrer cette tutelle, cela a
été par un amendement décidé par la commission de
tutelle. Il n'était pas écrit, dans la loi des
élévateurs, que l'on ait l'approbation du lieutenant-gouverneur
en conseil. Non, pas dans la loi des élévateurs. Non, pas pour le
changement.
M. Bellemare (Johnson): A l'article 2, il était dit... Un
instant. Je vais trouver cela, continuez.
M. Cournoyer: Vous allez le trouver dans l'article 5. Il
ressemble un peu à l'article 2 ici, au paragraphe a). Ici, c'est le
paragraphe 2 de l'article 5. Il n'y a pas d'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil, comme vous pouvez le noter. Mais les tuteurs
eux-mêmes ont décidé...
M. Bellemare (Johnson): ... "après approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil, apporter à la constitution, aux
statuts et règlements administratifs du syndicat des changements propres
à assurer une direction plus efficace, et à favoriser le
progrès général du syndicat. Article 5, 2-a).
M. Cournoyer: On n'a pas la même loi, M. le
Président.
M. Bellemare (Johnson): 43.
M. Cournoyer: Je remercie le député de Johnson,
c'est un amendement qui avait été accepté en Chambre. Il a
été proposé en Chambre, mais je pense que vous
n'étiez pas là à cette époque.
M. Bellemare: Non, je n'étais pas là, c'est
sûr.
M. Cournoyer: Vous l'avez dans le texte de loi, vous avez
raison.
De toute façon, les deux tuteurs qui restaient ont
été très heureux à l'époque, de faire
approuver leur règlement par le lieutenant-gouverneur en conseil ce qui
leur donnait une assurance particulière, compte tenu de l'état du
syndicat et d'un cer-tein assujettissement des syndiqués à la
férule de ceux dont nous parlons dans le rapport Cliche et de ceux dont
nous parlions à l'époque.
Prendre le même risque avec les autres centrales syndicales, les
autres syndicats que nous mettons en tutelle, c'est-à-dire assujettir
une décision rendue nécessaire, selon le jugement des tuteurs,
à un vote de la majorité des travailleurs membres de ces
syndicats, ce serait prendre le risque de ne jamais modifier la constitution et
de ne jamais remplir, n définitive, ce que, moi, j'interprète
comme le but décrit dans la recommandation de la commission Cliche:
s'assurer la participation des travailleurs.
Le député de Maisonneuve interprète cette
section-ci, probablement avec raison son interprétation se tient
aussi un peu différemment du ministre. C'est que le ministre
l'interprète de la façon suivante: "d'apporter à la
constitution ou aux statuts administratifs du syndicat des changements propres
à assurer une direction plus efficace ou à favoriser le
progrès général du syndicat, en s'assu-rant de la
participation des travailleurs". La virgule qui est là est une virgule
française. Elle ne rattache pas "en s'assurant de la participation des
travailleurs" à la phrase "apportera la constitution ou aux statuts
administratifs du syndicat", mais à "favoriser le progrès
général du syndicat, en s'assurant la participation des
travailleurs".
Je ne peux mettre en doute l'interprétation de bonne foi que
donne le député de Maisonneuve. Je ne voudrais pas qu'on mette en
doute l'interprétation de bonne fois que je donne. Il s'agira de
s'entendre sur l'interprétation à donner.
M. Burns: M. le ministre, permettez-moi de vous
référer à la recommandation elle-même de la
commission Cliche.
M. Cournoyer: Laquelle? M. Burns: La recommandation 28. M.
Cournoyer: C'est celle-là que je lis. M. Burns: Bien oui, en
tout cas...
M. Cournoyer: Le texte que vous avez dans le projet, M. le
Président, n'est pas identique à la recommandation.
M. Burns: Non, mais j'ai les deux textes de la commission Cliche,
c'est-à-dire l'un à la page 152, la recommandation 28 a), l'autre
à la page 510. Les deux textes, sauf erreur, sont identiques, la virgule
se place au même endroit. Je ne veux pas faire un débat de
virgules, loin de là, ce n'est pas le genre du ministre et ce n'est pas
mon genre non plus. Mais quand vous interprétez le texte de la
façon dont vous venez de le faire, je vous soumets bien respectueusement
qu'il me semble que ce n'est pas ça que la commission Cliche veut dire.
"D'apporter à la constitution ou aux statuts administratifs du syndicat
des changements propres à assurer une direction plus efficace dit
la commission Cliche ou à favoriser le progrès
général du syndicat, c'est là que la virgule
s'installe en s'assurant de la participation des travailleurs. Donc le
"ou", à mon avis, est un ou conjonctif et non pas un "ou"
disjonctif...
M. Cournoyer: A ce moment...
M. Burns: ...et l'assurance qu'on doit donner de la participation
des travailleurs, c'est pour les deux membres de phrase, c'est-à-dire
tant pour les amendements que pour favoriser le progrès
général du syndicat. Cela est mon humble opinion.
M. Cournoyer: Je respecte cette opinion à la
lumière du texte de la commission Cliche. Mais je ne peux pas
m'empêcher de ramener ce texte dans le contexte dans lequel il se situe,
c'est-à-dire une remarque assez générale sur la
participation ou l'absence de participation, l'absence de liberté
aujourd'hui constatée et surout le fait qu'un certain nombre de membres
se trouvent sous la férule des gens qui profitent peut-être des
constitutions dont on parle et qui les ont peut-être arrangées
à leur manière.
Remarquez bien que je ne veux pas accuser les syndicats locaux, mais ces
constitutions, dans les trois cas, sauf pour la Fédération
interprovinciale des ouvriers en électricité, qui est nettement
locale, sont des constitutions du type nettement des unions qui émanent
d'autres pays qu'ici.
M. Bellemare (Johnson): Oui. Dirigées par d'autres.
M. Cournoyer: C'est-à-dire qu'il y a plusieurs unions
américaines qui sont affiliées à la FTQ et qui ont un
degré d'autonomie aujourd'hui qui les rend presque indépendantes
de la maison mère. Les Métallos unis d'Amérique, que je
sache, sont indépendants de la maison mère américaine de
Pittsburgh.
M. Bellemare (Johnson): Nous avons vu ça qu'ils
étaient indépendants au dernier congrès qu'ils ont
tenu.
M. Cournoyer: Les métallos? M. Bellemare (Johnson):
Oui.
M. Cournoyer: Dans un congrès, ils sont dans un
congrès, mais, chez nous, ils sont chez nous. Je les ai toujours vus
chez nous agir...
M. Burns: Le district des métallos qui s'applique au
Québec a une autonomie...
M. Cournoyer: Oui, le district des métallos de
l'Est. Quand ils participent à l'autre congrès, ils
peuvent être blâmés parce qu'ils n'ont pas les mêmes
idées que l'ensemble. Je trouve ça bien normal dans la
démocratie. Mais, quand ils sont ici, ce n'est pas Pittsburgh qui
mène les Métallos unis d'Amérique, pas que je sache
toujours. En tout cas, ça m'est rarement arrivé de recevoir des
téléphones de Washington.
M. Bellemare (Johnson): Pas avec Gérin, certain.
M. Cournoyer: Non, Gérin n'accepterait pas ça
facilement. De toute façon, il a procédé lui-même
à faire approuver les changements à la constitution de
Pittsburgh, qui était différente avant que ces gens s'occupent de
leurs affaires.
M. Bellemare (Johnson): Cela en est un que j'aurais voulu nommer
cet après-midi.
M. Cournoyer: Moi, je peux le nommer n'importe quand, Jean
Gérin-Lajoie.
M. Bellemare (Johnson): Je suis content de le nommer parce que
c'est un homme qui exerce un véritable syndicalisme.
M. Cournoyer: Et un leadership assez considérable dans la
FTQ.
M. Burns: Arrêtez de le vanter, vous êtes
après le caler.
M. Cournoyer: C'est ça qui est problématique, il ne
faut pas le dire.
Le Président (M. Séguin): La commission suspend ses
travaux pour dix minutes.
M. Cournoyer: Nous avions, bien sûr, après beaucoup
de considération, et en déployant un certain degré
d'intelligence, demandé au lieutenant-gouverneur d'approuver les
règlements. Nous croyons que c'est cela la meilleure façon d'en
arriver à protéger, au moins à permettre que des abus
toujours possibles ne possèdent pas de réponse face à
quelqu'un d'autre que le seul lieutenant-gouverneur en conseil. Bien sûr
que le député de Maisonneuve peut penser que la meilleure
méthode, c'est l'approbation par la majorité. Mais je pense bien
qu'il ne m'en voudra pas de demander l'approbation du
lieutenant-gouverneur.
M. Bums: Mais il me semble que si vous voulez remettre entre les
mains des syndiqués, le plus vite possible, je pense, M. le ministre,
que c'est cela, votre but...
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns: Vous voulez rétablir une situation de fait qui
ferait que les travailleurs de la construc- tion aient, dans leurs mains,
l'administration de leurs syndicats. Il me semble qu'à ce moment, vous
n'avez pas besoin du lieutenant-gouverneur en conseil. Déjà, on
l'utilise, ce pauvre lieutenant-gouverneur, passablement fort sur la mise en
place de la tutelle...
M. Cournoyer: Vous ne trouvez pas ridicule, quand même,
qu'on utilise le lieutenant-gouverneur en conseil?
M. Burns: Non, je ne trouve pas cela ridicule, M. le
Président.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas nécessaire.
M. Burns: Je ne trouve pas cela nécessaire, comme dit le
député de Johnson. Je trouve que le conseil de tutelle ou le
conseil d'administration devrait avoir le pouvoir d'apporter des amendements
à la constitution et au règlement, tout en s'assurant de la
participation des travailleurs, en leur demandant, possiblement en
Assemblée nationale, si véritablement... Je vais vous faire un
compromis; la partie qui vous fatigue le plus, c'est: Par un vote majoritaire
exprimé par les travailleurs. Moi, je suis prêt à enlever
les mots...
M. Bellemare (Johnson): Le mot majoritaire?
M. Burns: Non. Je suis prêt à enlever les mots:
Exprimé par un vote majoritaire. Moi, je suis prêt à dire:
En s'assurant de la participation des travailleurs. Point. Si c'est cela...
M. Cournoyer: Mais est-ce qu'on accepterait, pour le moment, le
texte intégral de la recommandation de la commission Cliche, en
ajoutant: Après approbation du lieutenant-gouverneur en conseil?
M. Burns: La commission Cliche ne parle pas de cela. La
commission Cliche donne des attributions d'usage, dit-elle...
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns: ... aux tuteurs...
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns: ... et elle ne parle pas de l'attribution qui doit
être soumise au...
M. Cournoyer: Non, c'est seulement un complément que j'ai
trouvé intelligent à cette recommandation de la commission
Cliche.
M. Burns: Bien oui...
M. Cournoyer: Je l'ai trouvé tellement intelligent que je
l'ai fait, mais je me suis inspiré de l'intelligence d'autres avant, qui
m'avaient suggéré la même chose l'an dernier.
M. Burns: Qui vous avait suggéré ça, M. le
ministre?
M. Cournoyer: C'est vous amendez l'article, M. le
Président M. Burns. Article 5, paragraphe 2, alinéa 1: En
insérant, après le mot apporter, les mots suivants: Après
l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Burns: Va donc chez le diable! Mais ce n'était pas
pareil.
M. Bellemare (Johnson): ... pendant les dix minutes, M. le
Président.
M. Burns: Est-ce votre contractuel qui vous a dit cela?
M. Cournoyer: Mon contractuel? C'est mon sous-ministre.
M. Burns: C'est encore pire.
M. Bellemare (Johnson): II est reconnu.
M. Cournoyer: Non, mais dans le fond je pense bien que tout cela
part d'un bon naturel.
M. Burns: M. le Président, est-ce ça, votre
problème?
M. Cournoyer: Mon problème, c'est qu'en
définitive...
M. Burns: Oui peut plus peut moins.
M. Cournoyer: Je pense qu'il serait bon, mais pas pour couper
court à cette discussion, d'ajouter tout simplement à la
recommandation Cliche, telle qu'écrite, pas le texte que vous avez
devant vous, comme projet de loi, mais la recommandation de la commission
Cliche, telle qu'écrite. Au moins on pourra, plus tard, faire des
interprétations, s'il y a lieu. Pour le moment, je m'en tiendrais au
texte de la commission Cliche, en pensant quand même à cette
approbation, qui m'avait été suggérée d'une
façon tellement intelligente, vu que le texte du projet de l'an
passé ne le comportait pas.
M. Burns: D'accord, M. le Présidentl Vous m'avez
défoncé.
M. Cournoyer: Je ne voulais faire cela.
M. Burns: M. le Président, blague à part, si le
ministre y tient absolument, moi, personnellement, je ne trouvais pas qu'il
était absolument nécessaire de le mettre.
M. Cournoyer: C'est une garantie.
M. Burns: Je ne pense pas que ce soit absolument
nécessaire.
M. Bellemare (Johnson): Je serais prêt, moi, maintenant que
le ministre... Mais est-ce qu'on ne conserverait pas les mots: Après un
vote majoritaire?
M. Cournoyer: Non.
M. Burns: Vous enlèveriez cela?
M. Cournoyer: Disons que moi, je prends le texte...
M. Bellemare (Johnson): Faites-nous une concession toujours. Cela
ne change rien.
M. Cournoyer: M. le Président, je vous fais une heureuse
concession, c'est en m'asseoyant sur le texte du rapport Cliche et en y
ajoutant...
M. Bellemare (Johnson): ... le lieutenant-gouverneur en
conseil...
M. Cournoyer: Non, en y ajoutant l'intelligence du
député de Maisonneuve qui m'avait rappelé, l'an
passé, à l'ordre en disant: Ecoute, il y a quelqu'un qui doit
répondre au Parlement de quelque chose lorsqu'il s'agit d'un changement
à la constitution d'un syndicat. Cela a été
considéré, par le député de Maisonneuve, comme une
chose très grave et, en conséquence, objet de questions à
l'Assemblée nationale, au ministre responsable. Donc...
M. Burns: Cela ne paraît pas au journal des
Débats.
M. Cournoyer: Non, ce n'est pas écrit mais on peut voir
l'argument.
M. Bellemare (Johnson): D'accord, M. le Président, nous
allons procéder.
Le Président (M. Séguin): Pour m'éclairer un
peu vous allez me dire où vous en êtes.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas facile, M. le
Président.
M. Cournoyer: D'abord, nous étions au paragraphe a).
M. Burns: ... je la prends.
M. Cournoyer: Je n'aurais voulu te faire ça, Robert.
Le Président (M. Séguin): Nous étions au
sous-article a). Alors, qu'est-ce qui remplace le sous-article a)?
On semble retirer...
M. Bellemare (Johnson): ...la commission Cliche...
M. Cournoyer: En commençant par "après approbation
du lieutenant-gouverneur en conseil..."
M. Bellemare (Johnson): ...intégrer à l'article 28
a).
Le Président (M. Séguin): "...apporter aux statuts
et règlements du syndicat des changements propres à fournir le
syndicat d'une... fournir, je ne le sais pas là...
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): "...à pourvoir le
syndicat... "
M. Burns: Est-ce que c'est écrit ailleurs, M. le
Président?
Le Président (Séguin): "...d'une direction plus
efficace et à favoriser le progrès général du
syndicat en s'assurant de la participation des travailleurs.
M. Cournoyer: Tel quel. M. Charron: 28 a) tel quel?
M. Cournoyer: En ajoutant, au début: " après
approbation du lieutenant-gouverneur en conseil."
Le Président (Séguin): ... apporter. M. Burns:
D'accord, M. le Président.
M. Bellemare (Johnson): Le conseiller juridique ne semble pas
vouloir...
Le Président (M. Séguin): M. le ministre, c'est ce
qui est marqué. C'est marqué "après approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil."
M. Burns: Mais c'est le reste que ...
M. Cournoyer: ... nous voulons identique au rapport de la
commission Cliche.
M. Roy: Au lieu de dire "de façon notamment à
assurer éventuellement," la phrase est remplacée par: "En
s'assurant de la participation des travailleurs."
M. Burns: C'est ça. M. Charron: C'est
ça.
M. Burns: C'est ça, M. le Président.
Ce que je voudrais savoir, maintenant, M. le ministre, que ça
nous paraît accepté, de façon unanime, à la
commission, c'est dans le cas concret d'un amendement à la constitution,
disons du local 791 des travailleurs de machinerie lourde. Comment va-t-on
procéder, eu égard à ce texte-là?
Est-ce que les tuteurs, si jamais vous en trouvez, vont faire leurs
recommandations et, par la suite, vont se présenter devant une
assemblée générale, ou bien, encore une fois, vont
simplement décider d'eux-mêmes, après un sondage ou quelque
autre méthode de participation des travailleurs? Je veux que le ministre
nous dise quelle est, dans son esprit, la façon de faire participer les
travailleurs à ces amendements-là?
M. Cournoyer: II s'agit ici pour moi d'interpréter le
rapport Cliche tel qu'il est écrit. Je vous ai donné mon
interprétation, tantôt, qui différait sensiblement de la
vôtre.
Pour couper court à cette sorte de discussion entre vous et moi,
nous allons l'écrire tel quel.
M. Burns: Excusez, M. le ministre, je ne vous demande pas votre
interprétation du rapport Cliche, je vous demande, maintenant qu'il y
aura un article de la loi qui va s'appeler l'article 5, paragraphe 2,
alinéa a) et qui va être rédigé comme vous venez de
le suggérer, je veux savoir quelle est votre interprétation
à vous, le ministre du Travail, qui va voir à l'application
de...
M. Cournoyer: Je vais vous donner un exemple assez simple.
M. Charron: ... des ascenseurs.
M. Cournoyer: Non, je vais prendre les opérateurs de
machinerie lourde ou encore le local I44 en particulier. Une clause de la
constitution dit: Aucun membre du local I44 ne peut travailler à
côté d'une personne qui n'est pas membre du local I44.
Vous comprenez ce que je veux dire par là?
M. Burns: Oui, oui, d'accord.
M. Charron: Supposons qu'ils veulent...
M. Cournoyer: Je n'irai certainement pas ou je ne pense pas que
les tuteurs puissent demander la permission à une assemblée
générale d'accepter de modifier cette affaire. Pourtant, c'est un
amendement à la constitution du syndicat, qui est rendu
nécessaire par l'existence même de la loi qui veut qu'on soit
libre d'appartenir à un syndicat pour travailler sur un chantier de
construction. C'est l'une des remarques qu'on retrouve dans le corps de la
commission Cliche. C'est cette incompatibilité entre des constitutions
et des lois du Québec, en particulier, ou même, parfois, des lois
canadiennes, qui fait que le membre lui-même en retire très
souvent un certain avantage, parce qu'il est assujetti à cette
constitution qui en exclut d'autres.
Aller demander à ces membres d'approuver un changement à
la constitution, qui, lui-même, a toute la nature de
l'illégalité, c'est leur demander tout simplement ce qu'ils
peuvent être appelés à considérer comme un geste
suicidaire, compte tenu de la philosophie continuellement
développée par ces syndicats.
Si j'assujettissais cela je donne un exemple en particulier
à une décision d'une assemblée
générale, il est possible, pour les plombiers en particulier qui
ont une tradition assez ancrée dans leur esprit du moins, surtout dans
les raffineries, que leur demander juste cela, ce soit assez pour qu'on dise
non à un changement rendu, par ailleurs, nécessaire à
cause de l'application de nos lois. J'ai donné l'exemple le pire dans
les circons-
tances, mais leur demander cela en assemblée
générale, cela ne marcherait pas.
M. Charron: Bon, alors...
M. Cournoyer: Si j'interprète cependant le texte qui est
écrit ici à la façon dont je l'ai interprété
tantôt, c'est-à-dire favoriser le progrès
général du syndicat en s'assurant de la participation des
travailleurs et que j'attache ces membres de phrases à favoriser le
progrès général du syndicat, il reste que ce sont les
changements à la constitution qui devraient viser à favoriser le
progrès général du syndicat en permettant de s'assurer de
la participation des travailleurs, découverte qui a été
inscrite ici, dans tout le rapport.
Alors, pour le moment, j'aime mieux interpréter cela comme je
l'ai interprété. Ce n'est pas en contradiction avec ce que vous
suggériez, mais cette interprétation, compte tenu des
circonstances, me paraît tellement plus conforme à l'esprit des
recommandations de la commission Cliche qu'on retrouve aux articles I, 2, 3 et
4 qui disent "que les statuts et règlements des locaux soient
subordonnés aux lois du Québec et du Canada".
M. Burns: Tout ce que je veux j'accepte les remarques du
ministre là-dessus c'est que les futurs tuteurs, si jamais,
encore une fois, le ministre en trouve... Je lui souhaite bonne chance, parce
qu'il n'a pas voulu accepter la participation de la FTQ. On ne reviendra pas
là-dessus, M. le Président, avant que vous me rappeliez à
l'ordre.
Le Président (M. Séguin): C'est déjà
fait.
M. Bums: Je me suis rappelé à l'ordre
moi-même, vous l'avez remarqué M. le Président. Si jamais
il y a des tuteurs qui sont prêts à faire le boulot qu'on leur
propose dans le projet de loi no 29, je voudrais qu'ils comprennent très
bien l'opinion qui vient d'être exprimée par le ministre et
également qu'ils tiennent compte aussi de l'opinion de l'Opposition qui
voudrait que, peut-être, ils aillent un peu plus loin que ne semble
l'indiquer le ministre, même si la loi leur permettra d'utiliser l'une ou
l'autre de ces deux attitudes.
Fondamentalement, si les tuteurs éventuels doivent
rétablir des conditions normales de reprise en main de leurs syndicats
de façon que le travailleur de la construction, dans ces quatre
syndicats, agisse avec tous les pouvoirs que l'on reconnaît normalement
à un travailleur syndiqué, il me semble qu'on devrait, si c'est
nécessaire, réhabituer des gens à agir
démocratiquement à l'intérieur de ces syndicats, si le
problème se pose.
C'était uniquement dans ce sens que je proposais qu'on se colle
à la recommandation de la commission Cliche là-dessus. Je suis
satisfait, M. le Président. Même si je ne trouve pas
nécessaire, en l'occurrence, qu'on ramène la supervision du
lieutenant-gouverneur en conseil sur les amendements aux règlements et
à la constitution, je suis quand même satisfait de l'amendement
que le ministre accepte d'adopter à l'article 5.2 a).
Le Président (M. Séguin): Ce paragraphe, il faut
être bien certain, se lira donc comme suit: Après approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil, apporter aux statuts et règlements du
syndicat des changements propres à pourvoir le syndicat d'une direction
plus efficace...
M. Burns: Non, M. le Président, à assurer une
direction plus efficace.
M. Charron: C'est ce texte-là, M. le Président.
M. Burns: C'est le texte de la commission Cliche qu'on
incorpore.
Le Président (M. Séguin): A assurer au
syndicat...
M. Burns: Après approbation... Est-ce que je peux, M. le
Président, me permettez-vous?
Le Président (M. Séguin): Oui, allez-y.
M. Burns: Après approbation du lieutenant-gouverneur en
conseil, apporter à la constitution ou aux statuts administratifs du
syndicat des changements propres à assurer une direction plus
efficace... Je prends le rapport Cliche et j'ajoute tout simplement la
première phrase: Après approbation du lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. Roy: C'est cela.
M. Burns: Je reprends donc en disant: Après approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil, apporter à la constitution ou aux
statuts administratifs du syndicat des changements propres à assurer une
direction plus efficace...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je pense que le
légiste va le rédiger tel que...
M. Burns: ... ou à favoriser le progrès
général du syndicat, en s'assurant de la participation des
travailleurs.
Le Président (M. Séguin): C'est cela, je ne fais
que simplement transporter à cet endroit, la recommandation 28 a) du
rapport Cliche.
M. Burns: D'accord, M. le ministre? M. Cournoyer: C'est cela.
Le Président (M. Séguin): Article 5.2 a),
adopté?
M. Burns: Adopté, oui.
Le Président (M. Séguin): Adopté. Article
5.2 b).
M. Burns: Au paragraphe b), M. le Président, j'aurais une
remarque. C'est évident que s'il y a une tutelle et que si cette tutelle
doit être efficace,
il faut que le conseil d'administration ou le bureau de tutelle,
appelons-le comme on voudra, ait un certain nombre de pouvoirs à
l'endroit des employés. Le texte actuel permet au conseil
d'administration "de révoquer ou suspendre tout administrateur,
dirigeant ou membre du personnel du syndicat et, s'il y a lieu, leur nommer des
remplaçants et fixer leur traitement".
Bien sûr qu'on est obligé de donner à ce conseil
d'administration des possibilités qui sont assez grandes, mais c'est
beaucoup plus au niveau d'une question que je soulève le problème
qu'au niveau d'un amendement. Si jamais ce n'est pas assez clair, je ferai un
amendement, mais il y a, je pense, des employés qui, dans ces syndicats,
sont régis par des conventions collectives.
Je ne voudrais pas, M. le Président, que le projet de loi semble
nous laisser croire que toute convention collective qui régit les
rapports entre les employés des syndicats actuels et le patron actuel,
qui est le Conseil exécutif et non pas le conseil d'administration qu'on
s'apprête à mettre en place, se voie privée de ses recours
normaux. S'il y a des conventions collectives, ces employés pourront
normalement faire des griefs si jamais ils sont révoqués,
suspendus d'une façon qui ne tient pas compte de leurs droits. Je me
demande si, sans se plier en quatorze, on ne devrait pas au moins
prévoir la protection des droits existants, par exemple de la
secrétaire de bureau, parce que remarquez que quand on parle de
"révoquer ou suspendre tout administrateur, dirigeant..." jusque
là, il y a peut-être moins de problèmes, mais quand on
continue par "ou membre du personnel du syndicat, cela veut dire la dactylo,
cela veut dire le recherchiste, cela veut dire tout employé qui est
actuellement couvert par une convention collective.
Est-ce que cela veut dire que le conseil d'administration pourra, de
façon illimitée, comme le dit le député de Johnson,
utiliser, de façon discrétionnaire, au-delà et
en-deçà même, des droits acquis prévus par une
convention collective?
Est-ce qu'on ne devrait pas prévoir cette réserve dans le
texte? Si jamais le ministre pense qu'on doive le faire, j'ai un amendement qui
est préparé et qui pourrait être soumis là-dessus.
Mais je pose, à ce stade-ci, la question tout simplement à savoir
si on ne devrait pas se préoccuper des gens qui ont des droits
actuellement et qui risqueraient de voir ces droits mis de côté
par une loi qui donne des pouvoirs absolus à un conseil d'administration
qui, à toutes fins pratiques, est un conseil de tutelle.
M. Cournoyer: J'aurais une certaine crainte. D'abord, je ne sais
pas s'il y a des conventions collectives en existence dans les trois syndicats
en question. Je sais que, dans le cas des ascenseurs, il n'y en a pas. Dans le
cas des trois autres syndicats, le personnel est peut-être assez
considérable, étant donné l'ampleur des syndicats. Il y a
un personnel assez considérable, il y a peut-être une convention
collective, ce qui me surprendrait beaucoup, connaissant la nature de ceux qui
dirigent; les conventions collectives, ils ne s'enfar-gent pas là-dedans
souvent. Vous ne vous enfar-gez pas là-dedans, vous autres.
Il n'y a pas de convention collective, que je sache. Le personnel est
quand même relativement petit dans ces milieux, ce n'est pas un gros
personnel. Ce qui m'embêterait, à ce moment-ci, c'est que, si je
touche aux conventions collectives, je suis peut-être tenu de toucher
aussi à des contrats particuliers.
M. Bellemare (Johnson): Les ententes.
M. Cournoyer: Pas des ententes collectives mais des contrats.
M. Bellemare (Johnson): Des ententes contractuelles.
M. Cournoyer: II peut arriver que ces contrats donnent des droits
qui pourraient être jugés excessifs par certaines commissions
d'enquête postérieures.
M. Bellemare (Johnson): Vous ne laisserez pas cela.
M. Cournoyer: Là, je me réfère à
certaines autres situations. Cela m'embêterait de dire aujourd'hui
qu'inconsidérément je doive reconnaître toute entente
collective. Si je vais dans l'entente collective, je vais être
obligé de reconnaître les contrats; ces contrats, ils sont
peut-être d'une certaine nature dont je n'ai pas à parler, qu'il
serait peut-être dangereux de reconnaître implicitement dans la
loi.
M. Burns: Je me limite aux ententes collectives qui peuvent
exister, si jamais elles existent.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que le ministre peut suspendre
pour s'informer?
M. Cournoyer: S'il y a des ententes collectives?
M. Bellemare (Johnson): Oui, s'il y a des conventions
collectives. Pas des ententes, des conventions.
M. Cournoyer: II n'y a pas de convention là.
M. Burns: II semble qu il n'y en ait pas. S'il n'y en a pas, je
suis bien prêt à retirer mes remarques. D'autre part, j'aimerais,
quitte à adopter sous réserve cet article, que le ministre, par
l'entremise de ses conseillers, s'informe s'il y a une entente ou l'autre
concernant l'un ou l'autre des locaux visés par la tutelle.
M. Cournoyer: Collective?
M. Burns: Pardon?
M. Cournoyer: Collective.
M. Burns: Collectives, pas des ententes individuelles. Je suis
d'accord avec vous. Ce n'est pas cela que je veux protéger. Je veux
protéger tout simplement les droits collectifs reconnus par des
conventions collectives, s'il y en a; entre autres je pense, en particulier,
à l'aspect révocation, suspension, etc., où normalement,
s'il y a un droit de faire un grief par un individu, qu'il puisse continuer,
malgré la tutelle, à faire ce grief.
Ce n'est pas à l'endroit des dirigeants. Vous avez
remarqué que j'étais plus ou moins préoccupé par
les administrateurs dirigeants de ces syndicats qu'on vise à mettre en
tutelle. J'étais beaucoup plus préoccupé par des gens qui,
eux, n'ont pas eu à prendre des décisions politiques, si je puis
dire au sens large du mot, quant à l'administration de leur syndicat et
qui devront peut-être éventuellement subir ou ne pas subir ou
écoper, comme dit le député de Saint-Jacques, des
conséquences de la mise en tutelle. C'est uniquement cela que je veux
protéger.
Si le ministre me dit qu'il n'y a pas de problèmes et que
personne n'a de convention collective, d'abord, je m'en inquiète.
Je souhaiterais davantage voir ces gens protégés par une
convention collective, mais s'il n'y en a pas...
M. Cournoyer: Si on réglait tout de suite, on ne sait
jamais. Etant donné que la tutelle peut durer trois ans, je ne voudrais
pas que, si jamais il y avait un syndicat qui s'organisait, les tuteurs
invoquent ceci, en disant: On ne peut pas négocier la procédure
de grief. Admettons que cela arrive comme ça...
M. Burns: D'accord.
M. Cournoyer: ...et qu'on dise, comme dans le cas de la Loi des
établissements scolaires, de la Loi de l'instruction publique: On ne
peut pas négocier une procédure de grief sur le
congédiement des enseignants, c'est prévu dans la loi. Il y a une
procédure d'arbritrage après trois ans seulement: donc, il ne
peut pas y avoir une procédure d'arbitrage après un an, ce que
j'ai vu d'ailleurs.
Moi, je dis qu'on pourrait régler le problème
immédiatement en disant, au début du paragraphe b): Sous
réserve des droits à la procédure de grief prévus
dans une convention collective, s'il y a lieu.
M. Burns: J'ai un amendement, M. le Président, qui dit
à peu près cela, je vous le suggère. Donnez-moi une
chance.
M. Cournoyer: Passez-moi votre amendement.
M. Burns: Je vous propose, M. le Président, que l'article
5 soit amendé en remplaçant le paragraphe b) par le suivant:
Révoquer ou suspendre tout administrateur ou dirigeant du syndicat ou,
sous réserve des recours prévus par une convention collective,
tout employé du syndicat, et, s'il y a lieu, leur nommer des
remplaçants et fixer le traitement des personnes nommées.
M. Cournoyer: Parfait.
M. Burns: Cela vous va?
M. Cournoyer: Oui. Le "s'il y a lieu", puis le...
M. Burns: Oui il est tout là.
M. Cournoyer: Tout est là.
Le Président (M. Séguin): L'article 5 b)
adopté?
M. Cournoyer: L'amendement.
Le Président (M. Séguin): L'amendement
adopté.
A l'article 5.2 b), l'amendement est adopté. L'article 5.2 b) tel
qu'amendé, adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Séguin): C'est cela. L'article 5.2
c)?
M. Burns: L'article 5.2 c), ça va.
Le Président (M. Séguin): L'article 5.2 c),
adopté.
M. Burns: D'ailleurs, je ne sais pas si les légistes
préfèrent cette formule. Il me semble que ce serait bien plus
simple si on disait "ester" en justice: c'est un vieux mot qui est compris
partout le monde. Poursuivre et être pourvuivi, ça veut dire,
ester en justice.
M. Bellemare (Johnson): Ester en justice, c'est un droit
normal.
M. Burns: Je ne sais pas si on ne devrait pas, mais, en tout cas,
je n'en fais pas une bataille, je vous mentionne cela.
M.Bellemare(Johnson):Exercice du droit d'ester en justice.
M. Burns: Parcequ'un peu partout je pense que c'est l'expression
qu'on utilise dans notre législation.
M. Bellemare (Johnson): Je pense que c'est l'exercice du droit
d'ester en justice.
M. Burns: Ester en justice, ça veut dire poursuivre et
être poursuivi en justice.
M. Bellemare (Johnson): Ce sont les deux. M. Burns: Oui,
les deux, ester en justice.
M. Roy: Le député de Saint-Jean vient d'avoir une
leçon de droit.
M. Burns: Je ne ferai pas une grande chicane là-dessus,
mais...
M. Veilleux: Le député de Montmorency aussi vient
d'en avoir une leçon.
M. Burns: Est-ce que j'ai tort? Les légistes sont
là.
M. Veilleux: Le mot ester, je ne savais pas que ça voulait
dire être poursuivi; je savais que ça voulait dire poursuivre.
M. Burns: Ester en justice c'est poursuivre et être
poursuivi.
M. Morin: Cela veut dire pouvoir se présenter. M.
Burns: Etre présent.
M. Cournoyer: Vous reformulez c) de quelle façon?
M. Burns: M. le Président...
M. Roy: Ecoutez, là, il faut dire que le texte de
l'article est tel que celui qui est indiqué dans le rapport de la
commission Cliche.
M. Burns: La commission a suggéréje suis
d'accord avec le député d'utiliser les mots poursuivre et
être poursuivi. Mais là, on est au stade où, sur le plan
technique, on a le droit quand même de garder une certaine unité
à notre façon de légiférer. Peut-être qu'on
pourrait remplacer les mots poursuivre et être poursuivi par le simple
mot ester en justice. En tout cas, comme je vous dis, je n'en fais pas une
bataille, je ne ferai pas une chipane là-dessus.
M. Bédard (Montmorency): Si, dans le rapport Cliche, il y
a un s à poursuivis, on va l'enlever.
M. Burns: On ne parlera pas des fautes de frappe dans le rapport,
j'espère.
M. Roy: Je suis bien d'accord sur les propos du
député de Maisonneuve, mais on a tenté de suivre un
principe depuis le début, soit de s'en tenir à la formulation du
rapport de la commission Cliche. Je pense que c'est beaucoup plus simple. On a
eu un exemple, tout à l'heure: deux députés ici ne
savaient pas il a fallu qu'ils se le fassent expliquer ce que
voulait dire le mot "ester". Ici, c'est clair, poursuivre et être
poursuivi.
M. Bédard (Montmorency): Le député savait
cela, lui?
M. Roy: Oui, je le savais.
M. Bédard (Montmorency): Je suis bien content pour
toi.
M. Roy: Je ne sais pas grand-chose, mais... Ester...
M. Bédard (Montmorency): Tu vas aller loin.
M. Cournoyer:... des gens de la Beauce, nous allons garder
ça comme c'est écrit. Poursuivre ou être poursuivi..
M. Roy: Je préfère.
M. Cournoyer: Gardons donc ça comme ça.
Le Président (M. Séguin): Article 5.2. d).
M. Bellemare (Johnson): Je ne sais pas si le leader de
l'Opposition a quelque chose sur ça.
M. Burns: Concernant l'institution de programmes
d'éducation syndicale destinés aux membres du syndicat, je suis,
en ce qui me concerne, entièrement d'accord. Je voudrais savoir
cependant ce qu'entend parce que je sais que ça fait partie des
recommandations de la commission Cliche le ministre, maintenant qu'il
endosse le paragraphe d), par instituer des programmes d'éducation
syndicale destinés aux membres du syndicat.
Est-ce que, dans l'esprit du ministre, il devrait y avoir des
restrictions quant à l'étendue des programmes d'éducation
syndicale? Et je pense que je ne pose pas de façon inutile cette
question quand on sait que le ministre de l'Education, par exemple, il y a
quelque temps, s'est interrogé quant à l'orientation des
enseignants qui, au niveau syndical, voulaient poser un certain nombre de
problèmes, d'ailleurs à la suggestion du député de
Saint-Jean, à de nombreuses reprises. Je pense qu'on n'est pas dans le
même domaine que celui de l'éducation qui vise les enfants de six
ans et plus.
Je veux tout simplement savoir je n'ai pas l'intention du tout de
proposer des amendements comment le ministre du Travail envisage la
liberté qu'aura le conseil d'administration d'instituer des programmes
d'éducation syndicale destinés aux membres du syndicat. Et je
veux savoir aussi quelle sera, dans l'esprit du ministre, la possibilité
d'intervention du lieutenant-gouverneur en conseil dans la mise en application
de ces programmes d'éducation syndicale.
Une Voix: ... tutelle.
M. Burns: Ils auront complète liberté
là-dessus?
M. Cournoyer: II est clair que quand, dans le paragraphe a), on
demande l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil, et que dans les
autres paragraphes qui suivent nous ne demandons pas l'approbation, que le
lieutenant-gouverneur en conseil n'a rien à voir dans l'activité
des tuteurs à ce sujet.
M. Burns: Très bien, je voulais que nous nous comprenions
là-dessus. C'est parfait.
M. Bellemare (Johnson): Si vous permettez, juste une sur
ce...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): D'abord le d) et le e), je pense que le
e) complète le d), à mon sens.
Tout est compris dans le e). Mais mon objection c'est le pouvoir
accordé aux tuteurs, ça dépasse de beaucoup une tutelle,
parce que ceux qui vont avoir à organiser des cours théoriques,
ce n'est pas tout à fait leur genre. Il faut avoir vécu dans le
milieu syndical pour organiser des cours pratiques. Et ça, ça
dépasse de beaucoup la responsabilité des tuteurs.
Je pense que dans les circonstances, celles de' préparer des
programmes de cette nature, c'est outrepasser largement la
responsabilité d'un tuteur. Parce que ceux qui vont être
nommés, ça leur prend une certaine formation pour préparer
des cours, pas théoriques, mais pratiques. Cela, c'est extrêmement
difficile.
M. Cournoyer: M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): Je pense que le mandat ne devrait pas
aller jusque-là
M. Cournoyer:... là-dessus, je pense bien que la
commission Cliche, dans ses recommandations, voulait beaucoup plus inciter le
syndicat comme tel, qui sera sous tutelle, à faire en sorte d'instituer
ce genre de programmes d'éducation syndicale.
M. Bellemare (Johnson): Nous sommes dans les
responsabilités, dans les pouvoirs qu'on accorde aux tuteurs.
M. Cournoyer: Si la commission Cliche a voulu les prévoir
ces pouvoirs, c'est probablement parce que, de toute façon, ils sont
inclus dans les pouvoirs généraux d'un syndicat proprement dit.
Je pense que c'est indicatif beaucoup plus qu'autre chose, d'une
précision que la commission Cliche, compte tenu de ses observations, a
voulu dire dans la loi.
Moi-même, comme d'habitude, je ne vois pas la
nécessité légale de mettre ça là. Cela
n'empêche pas le conseil d'administration de le faire,
c'est-à-dire que le conseil d'administration a le pouvoir de donner des
cours d'éducation syndicale.
Le syndicat peut donner des cours, et la gestion et la direction du
syndicat sont confiées au conseil d'administration qui en exerce tous
les pouvoirs. C'est le paragraphe 5.1. Dans le reste,
l'énumération qui est là, un certain nombre de choses me
semblent particulières et doivent être notées, comme par
exemple, le contenu du paragraphe a). Dans le reste, les paragraphes d) et e),
je rejoins parfaitement le député de Johnson, qu'à toutes
fins utiles, le texte lui-même ne donne pas de pouvoir additionnel.
M. Bellemare (Johnson): Cela dépasse...
M. Cournoyer: Non.
M. Bellemare (Johnson):... je pense...
M. Cournoyer: Cela ne dépasse pas tous les pouvoirs.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais...
M. Cournoyer: Le syndicat a tous les pouvoirs, mais il me semble
que c'est, en soi, ici, une indication que la commission Cliche a voulu
préciser: cela devrait être un pouvoir exercé par les
tuteurs.
M. Bellemare (Johnson): Au moins, on pourrait en faire seulement
un paragraphe.
M. Cournoyer: C'est même déjà compris dans le
premier. Remarquez bien, M. le Président, que nous avons voulu nous
coller sur le texte soumis par la commission Cliche, parce que ce texte,
lui-même, si nous le reproduisons dans la loi, pourra être
interprété à la lumière de tout le rapport de la
commission Cliche, c'est-à-dire les endroits qui ont amené ces
conclusions de la commission Cliche. Tandis que si je le modifiais, je n'aurais
pas la même lumière interprétative plus tard, en plus, bien
sûr, des discussions que nous avons ici. Je n'aurais pas la même
lumière interprétative si j'enlevais ce texte.
M. Bellemare (Johnson): Trop fort ne casse pas!
M. Cournoyer: Dans le cas actuel, il ne semble pas que trop fort
"cassasse".
M. Bellemare (Johnson): "Cassasse". Sacrement!
M. Cournoyer: Vous comprendrez que ce n'est pas français,
ce que je viens de dire là.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, c'était
simplement pour dire que le pouvoir de recourir à tous les moyens
nécessaires pour promouvoir l'épanouissement syndical
véritable, était simplement compris dans l'institution, s'il y a
lieu, des programmes d'éducation syndicale. Mais je pense que c'est de
la redondance, particulièrement quand les membres de la commission de
tutelle qui vont être nommés, n'ont pas la préparation de
programmer ou n'ont pas l'expérience de ce que peut être un
enseignement pratique, bien plus que théorique, du milieu syndical.
Là on leur met une responsabilité dans les droits qu'on leur
accorde, les privilèges qu'on leur accorde, ce qui est absolument...
M. Cournoyer: Mais si on avait la chance de trouver quelqu'un qui
est un syndicaliste assez intéressant.
M. Bellemare (Johnson): Un professeur, je suppose?
M. Cournoyer: Non. Il y a des syndicalistes chez les
professeurs.
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Cournoyer: II n'y a pas d'opposition entre les deux
termes.
M. Bellemare (Johnson): En tout cas, M. le Président, ma
remarque est faite. Vous l'avez quasiment nommé. Il ne s'agit que de le
consacrer. On a vu son nom, M. le Président.
M. Cournoyer: Le nom de qui? M. Bellemare (Johnson):
Pardon? M. Cournoyer: On voit le nom de qui?
M. Bellemare (Johnson): Un gros prospect.
M. Bédard (Montmorency): Imaginez son nom.
M. Bellemare (Johnson): Alors, M. le Président, je vais me
contenter des explications qu'a données le ministre au
député de Maisonneuve.
Le Président (M. Séguin): Le paragraphe d) est-il
adopté?
M. Roy: Ce sont des voeux... Une Voix: Pieux.
M. Roy: ... pieux. Cela fait chic, cela paraît bien, c'est
de la belle dentelle.
M. Bellemare (Johnson): Comme je le disais tout à l'heure,
c'est dans le rapport Cliche.
M. Roy: Oui, je comprends. Mais j'aimerais savoir comment...
M. Cournoyer: ... le rapport Cliche...
M. Burns: Dans les faits, ce serait cela. Cependant, je pense que
c'est une bonne chose.
M. Bellemare (Johnson): C'est une bonne chose...
M. Roy: Cela, c'est une bonne chose...
M. Bellemare (Johnson): Vous savez plus que moi comment cela va
se produire.
M. Roy: Je suis entièrement d'accord.
M. Burns: Mais comme vous le dites, c'est possiblement des voeux
pieux.
M. Roy: Oui. Je suis entièrement d'accord pour que cela
s'exerce. Mais actuellement, j'ai des doutes.
Le Président (M. Séguin): Paragraphe d)
adopté?
M. Roy: Cela fait de la belle dentelle, comme je le disais
tantôt.
Le Président (M. Séguin): Paragraphe d)
adopté?
Une Voix: Adopté, oui.
Le Président (M. Séguin): Paragraphe e)
adopté?
M. Bellemare (Johnson): Quels sont les moyens, M. le
Président, qui sont nécessaires pour promouvoir cet
épanouissement d'une véritable vie syndicale? J'aimerais cela que
vous me disiez cela, à moi. Je serais bien intéressé de
savoir cela, particulièrement après une vie syyndicale.
Le Président (M. Séguin): C'est une très
bonne question. Une excellente question.
M. Bellemare (Johnson): ... une... M. Burns: ...
fort...
M. Bellemare (Johnson): Je serais bien heureux, parce que je
cherche cela depuis longtemps, et j'ai pratiqué, pourtant,
énormément de syndicalisme. Quand j'ai lu cela dans le rapport
Cliche, j'ai dit: C'est la question que je vais poser au ministre,
certainement.
M. Cournoyer: Vous l'avez posée.
M. Bellemare (Johnson): Oui, et la réponse?
M. Cournoyer: Vous l'avez eue. J'ai dit que c'était une
excellente question.
M. Veilleux: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de...
M. Veilleux: Saint-Jean. M. le Président, si je pouvais
parler, je dirais au député de...
M. Burns: Parce que vous le faites gentiment, il me semble que la
commission va accepter que vous parliez.
M. Veilleux:... que je tiens...
M. Burns: Pas comme le premier ministre l'a fait tout à
l'heure.
M. Veilleux: ... à dire que le député de
Maisonneuve, malheureusement, tout à l'heure, a fait une erreur, en
disant que "ester" pouvait signifier "être poursuivi".
Ester signifie intenter, suivre une action en justice donc signifie
poursuivre en justice.
M. Burns: Cela veut dire être présent à une
action en justice.
M. Veilleux: Cela vient du latin ...
M. Burns: Cela veut dire poursuivre et être poursuivi,
ester.
M. Veilleux: Cela vient du latin stare qui veut dire se tenir
debout.
M. Burns: C'est exactement ça, ça veut dire
recevoir une poursuite et en exercer une.
M. Bédard (Montmorency):...
M. Roy: De toute façon, M. le Président, le mot
ester n'a pas été retenu ce soir dans le texte de la loi.
M. Bellemare:
(Johnson): Est-ce que le ministre pourrait
m'écrire...
M. Burns: Se tenir debout devant une procédure ça
veut dire être capable de poursuivre et de la recevoir.
Bien voyons donc...
M. Bédard (Montmorency):... être bon
libéral.
M. Burns: ... on va changer notre code de procédure
civile, si c'est ça. Il faudrait peut-être que vous disiez
ça au ministre de la Justice.
M. Bellemare (Johnson): ... nous aurions joui d'entendre la
commission Cliche nous fournir les moyens nécessaires à
l'épanouissement d'un véritable syndicalisme. J'aurais
été heureux de les entendre, surtout un particulièrement,
me donner ces renseignements chaque fois, depuis des années.
Le Président (Séguin): Pendant la même
jouissance, M. le député, est-ce que e) est adopté?
M. Bellemare (Johnson): C'est la seule que je puisse avoir.
Ah oui, je ne regrette pas mon âge.
M. Burns: ... qu'on parlait de tentatives ou de tentations.
M. Bellemare (Johnson): Oui.
Le Président (M. Séguin): e) adopté?
M. Bellemare (Johnson): A f), la formation des nouveaux agents
d'affaires, est-ce que c'est le conseil lui-même qui va assurer la
formation de ces agents et de ces délégués-là?
Est-ce qu'il va y avoir émission de certificat, de diplôme
d'honneur en grande parade? Est-ce que ceux qui vont les voir passer avec des
diplômes... Non, non. Est-ce qu'il va y avoir des gens qui vont dire:
Nous avons des droits acquis et vous n'avez pas le droit de passer, nous avons
des médailles? Je trouve ça bien beau dans le rapport Cliche
quand on dit: Assurer la formation de nouveaux agents d'affaires et
délégués de chantiers et le perfectionnement de ceux qui
vont rester en place.
M. Roy: Est-ce que le ministère actuellement a des
documents, des instructions, des directives, en préparation ou
prêts, à remettre entre les mains des syndicats qui seront sous
tutelle, de véritables documents qui permettraient la formation de nou-
veaux agents d'affaires et de délégués de chantiers et le
perfectionnement...
M. Cournoyer: II y a un excellent document qui a
été préparé...
M. Bellemare (Johnson): Avant que le ministre aille trop
loin...
M. Cournoyer: II y a un excellent document qui a
été préparé par le Conseil des métiers de la
construction ...
M. Bellemare (Johnson): Oui, il y a le bill 30 aussi.
Mais le ministre peut-il me dire si cette formation-là de ces
gens sous tutelle va être aussi appliquée à tous les autres
qui ne sont pas sous tutelle?
M. Cournoyer: Le Conseil des métiers de la construction a
justement un programme de formation des agents d'affaires et surtout des
délégués de chantiers.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez confiance à
ça?
Le programme de formation?
M. Cournoyer: Oui.
M. Roy: Avez-vous pris connaissance du document?
M. Cournoyer: On nous l'a montré, oui. Nous n'avions pas
autorité dessus mais on nous l'a montré.
M. Roy: Mais l'avez-vous examiné?
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que c'est M. Morin qui l'a
préparé?
M. Cournoyer: Je n'ai pas à juger de la validité
d'un document qui vient d'un syndicat.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce M. Morin qui l'a
préparé?
M. Cournoyer: M. Fernand Morin?
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Cournoyer: Non, ç'a été
préparé par...
M. Bellemare (Johnson): Ah! Un instant, le ministre dit non que
ce n'est pas M. Fernand Morin?
M. Cournoyer: Qui a préparé le programme de
formation des délégués de chantiers?
M. Bellemare (Johnson): Oui en collaboration.
M. Cournoyer: C'est la première nouvelle que j'en ai. La
formation des délégués de chantier?
M. Bellemare (Johnson): Oui, des délégués de
chantiers, la CIC. Le programme instauré dernièrement.
M. Cournoyer: II n'y a pas de programme de formation des
délégués de chantiers à la CIC.
M. Bellemare (Johnson): Non? M. Cournoyer: Non, non.
M. Bellemare (Johnson): Qui fait la formation de..
M. Cournoyer: C'est le Conseil des métiers de la
construction qui faisait la formation des délégués de
chantiers.
M. Bellemare (Johnson): Qui dépend du CIC. M.
Cournoyer: Non.
M. Bellemare (Johnson): Qui dépend de la convention du
décret.
M. Cournoyer: C'est la partie contractante au décret du
côté de la Fédération des travailleurs du
Québec. Il y avait peut-être un programme de formation des
inspecteurs de la CIC.
M. Bellemare (Johnson): Oui, oui!
M. Cournoyer: Ce n'est pas de ceux-là que je parle. Ici on
parle des délégués de chantiers et des agents d'affaires
syndicaux.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que ce programme-là va
être applicable à tous les délégués de
chantiers ? Si c'est fait, la tutelle n'aura pas à s'en occuper?
M. Cournoyer: C'est la tutelle qui va se trouver à faire
un programme de formation si elle veut bien en faire un; elle a le pouvoir d'en
faire. S'il y en a un déjà de fait, elle va l'appliquer. Comme
actuellement, je pense bien, dans les autres syndicats qui sont affiliés
à la FTQ et qui ne seront pas mis sous tutelle. Ils ont leur cours de
formation d'agents d'affaires et de délégués de chantiers
inspiré du cours général qui a été
préparé par le Conseil des métiers de la construction.
M. Bellemare (Johnson): Ceux qui ont été
condamnés, où est-ce qu'ils ont pris cette formation-là,
eux autres?
M. Cournoyer: Bien, disons que moi j'ai su il y a un an qu'on
préparait le cours, qui a été préparé par
une entreprise privée; cela ne veut pas dire que tout le monde suit les
cours.
M. Bellemare (Johnson): Sur les 2,000 qui sont rapportés
dans le rapport Cliche, ils disent que c'est une armée de 2,000,
à la suite de l'entente qui est arrivée au Holiday Inn, pour la
nomination et les fonctions de ces délégués de chantier.
Le rapport Cliche dit qu'il y a eu une armée de 2,000
fiers-à-bras. C'est là qu'ils ont pris leur formation?
M. Cournoyer: M. le Président, je ne voudrais pas prendre
ici la défense pour rien d'un groupe de 2,000 personnes qui sont des
délégués de chantier. Il y a certainement, je pense bien,
comme vous... Voyez, il y a 2,000 personnes qui sont des
délégués de chantier dans la province de Québec,
cela ne veut pas dire que ce sont tous des bandits.
M. Bellemare (Johnson): Du jour au lendemain, sans que les
simples travailleurs eussent été le moindrement consultés,
quelque 2,000 individus furent sacrés "maîtres" de la construction
et instaurèrent le terrorisme dans les chantiers. Ce n'est pas Maurice
Bellemare qui dit cela.
M. Cournoyer: Non, non.
M. Bellemare (Johnson): C'est dans le rapport Cliche, à la
page 39.
M. Cournoyer: Oui, M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): A la page 37, on parle, à
l'article 10.01, des délégués de chantier, la
manière dont ils sont nommés et leur fonction. On tourne la page,
M. le Président, et on arrive à: Du jour au lendemain, sans que
les simples travailleurs eussent été le moindrement
consultés, quelque 2,000 individus furent sacrés "maîtres"
de la construction et instaurèrent le terrorisme dans les chantiers.
Si vous êtes capable de me répondre à cela, je suis
bien prêt à vous entendre.
M. Cournoyer: Je ne peux pas répondre à une
affirmation de la commission Cliche qui dit qu'il y en a 2,000 qui sont des
gens qui, effectivement, ont un pouvoir qui n'a pas été consenti
par les membres des unions impliquées.
M. Bellemare (Johnson): II va plus loin que cela, il dit...
M. Cournoyer: La méthode de nomination a
été...
M. Bellemare (Johnson): ... que c'est une armée. D'abord,
la création, ensuite l'entretien d'une armée privée de
fiars-à-bras sans pareille dans l'histoire des relations
ouvrières du Québec, composée de 2,000 individus. Ecoutez,
ils les qualifient et ils les mettent dans une armée de
fiers-à-bras. Ensuite l'entretien d'une armée privée sans
pareille dans l'histoire des relations ouvrières du Québec.
Ecoutez, ils spécifient qui et ils spécifient où et ils
spécifient comment ils ont été nommés. Il y en a
2,000.
M. Cournoyer: Dans les deux projets de loi que vous avez devant
vous...
M. Bellemare (Johnson): Qu'est-ce que vous allez faire de ces
2,000 individus qui ont été nommés?
M. Cournoyer: Regardez ce qui va arriver, M. le
député de Johnson. Lorsque nous arriverons à
l'étude du bill 30, celui qui suit immédiatement celui-là,
vous verrez que nous avons dans cela une procédure de nomination des
délégués de chantier qui est totalement différente
de celle qui se trouve actuellement dans le décret. Dans le
décret, vous avez ceux qui sont nommés directement par l'union.
Dans les chantiers industriels, il y a une sorte; dans les autres chantiers, il
y a une autre sorte.
La commission Cliche a recommandé une nouvelle formule, que nous
discuterons sans doute après que nous aurons fini de discuter le bill
29, sur la nomination et sur les pouvoirs des délégués de
chantier. Je pense bien que votre remarque, qui survient ici parce qu'on parle
pour la première fois des délégués de chantier dans
le programme de formation, même si elle est au point quand il s'agit des
délégués de chantier, aura beaucoup plus de valeur demain
ou à une séance ultérieure lorsqu'on prendra la
procédure de nomination des délégués de
chantier.
M. Bellemare (Johnson): Dans les pouvoirs qu'on donne aux
tuteurs, on leur donne un pouvoir particulier: Assurer la formation.
M. Cournoyer: Oui.
M. Bellemare (Johnson): On leur donne le pouvoir d'assurer, eux,
la formation des nouveaux agents d'affaires et surtout,
particulièrement, des délégués de chantier, le
perfectionnement de ceux qui resteront en place. C'est un pouvoir qu'on leur
donne. Alors, cela va être le conseil de tutelle qui va avoir d'abord la
responsabilité, vis-à-vis des quatre syndicats qui vont rester
sous la tutelle pendant trois ans, d'assurer la formation de ces gens.
M. Cournoyer: Oui, oui. Le programme de formation, ils le feront,
je ne l'ai pas fait.
M. Bellemare (Johnson): Cela, j'étais bien sûr.
Le Président (M. Séguin): Paragraphe f),
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Paragraphe g).
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, c'est un pouvoir
normal.
Le Président (M. Séguin): Adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Bellemare (Johnson): Pour autant qu'ils vont le faire, c'est
sûr.
M. Burns: Simplement une question à l'endroit du ministre.
Dans le raport de la commission Cliche, il y a une chose qui m'a paru comme
n'étant pas claire. C'était de savoir si le futur office de la
construction, qui aura un certain nombre de pouvoirs...
Evidemment, cela ne vise pas le projet de loi actuel, je l'admets, mais
le futur office de la construction se voit confier, selon la suggestion des
commissaires, toute l'administration, à toutes fins pratiques, de
l'aspect hygiène, de l'aspect sécurité des travailleurs de
la construction. Je n'ai pas vu, de façon bien précise, de
recommandation quant à l'administration du décret ou à
l'application du décret lui-même. Non, pas là-dessus.
M. Cournoyer: Oui, implicitement.
M. Burns: C'est-à-dire implicitement. Je vais vous dire ce
que j'ai compris. La commission dit: Déjà, il y a la Commission
de l'industrie de la construction qui s'occupe de l'application du
décret. L'office de la construction, dans l'esprit de la commission,
remplace dans ses obligations et dans ses devoirs la CIC. Est-ce que cela veut
dire que l'office de la construction, dans l'esprit du ministre, s'occuperait
de l'administration du décret? Si oui...
M. Cournoyer: C'est une grande différence.
M. Burns: ... dans l'optique d'une réforme globale, donc
d'une mise en place d'un office de la construction, jusqu'à quel point
le paragraphe g) ne viendrait-il pas en contravention avec ces recommandations?
Est-ce que je précède trop?
M. Cournoyer: Je pense bien, M. le Président, que je peux
vous expliquer comment j'ai compris, moi aussi, le rapport Cliche. Le rapport
Cliche donne après la création de l'office, une plus grande
responsabilité aux syndicats pour la surveillance des conditions de
travail, parce qu'il réfère à l'arbitrage des choses qui
sont maintenant sous l'autorité de la Commission de l'industrie de la
construction; la sécurité, les salaires et les conditions de
travail. J'imagine que c'est une sorte de poste de supervision qu'on a
créé, mais il semble que la responsabilité
première, maintenant, viendra plutôt aux syndicats de poursuivre
devant les arbitres, même pour les salaires ou encore les conditions de
travail; on les énumère d'ailleurs et on dit: cela ce seront les
arbitres qui vont faire cela.
M. Burns: M. le Président, ma question est la suivante.
Quand on dit que l'office de la construction remplace la CIC dans ses
obligations, dans ses devoirs, et qu'on ne dit pas de façon
précise ailleurs dans le rapport Cliche... Remarquez que je
vous demande un peu d'interpréter le rapport Cliche. Si le
député de Johnson avait réussi je ne veux pas
revenir là-dessus à nous convaincre tous d'accepter sa
motion pour entendre les commissaires, cela aurait été
probablement une très bonne question à poser aux
commissaires.
Quoi qu'il en soit, la commission a décidé que les
commissaires ne devaient pas venir devant nous. Dans le moment, je suis
placé devant la situation suivante où on dit: Les obligations et
les devoirs de la CIC seront assumés, à l'avenir, par l'office de
la construction et on ne traite pas, dans les pouvoirs précis de
l'office de la construction, de l'application des décrets ou des
conventions collectives.
Alors, c'est un peu ce que je me demande. Est-ce que ce n'est pas ce
futur office qui aura la responsabilité d'appliquer les conventions
collectives et les décrets? Si oui, actuellement, on est
complètement en accord sur une certaine cohérence en donnant ce
pouvoir de surveiller l'application des décrets ou des conventions
collectives applicables au conseil d'administration, à toutes fins
pratiques aux syndicats.
M. Cournoyer: II n'y a pas de correspondance, parce qu'il me
semble, moi, que techniquement, c'est l'obligation d'un syndicat de surveiller
l'application des décrets et des conventions collectives. Il les a
signés soit par le truchement de ses représentants dans des
conseils, soit ailleurs. Je comprends cependant la préoccupation du
député de Maisonneuve, face à d'autre chose qui n'est pas
encore décidé et qui me semble peut-être pas clair
maintenant.
M. Burns: Oui, oui.
M. Cournoyer: Mais disons qu'il n'y aurait rien de nouveau dans
ce pouvoir donné aux tuteurs de faire respecter les conventions
collectives ou les décrets, comme obligation vis-à-vis les
membres.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que vous l'aviez donné dans
le bill 43 sur les ascenseurs?
M. Cournoyer: On n'a pas dû le donner. Ce sont des pouvoirs
qui découlent directement de ce qui est inscrit ici; on n'a pas dû
les donner.
M. Bellemare (Johnson): II n'est pas dans la loi, non plus.
M. Cournoyer: Non, mais c'est là-dessus, je pense, qu'il y
avait eu une chicane avec le président de la commission de tutelle.
Le vice-président, ou mon sous-ministre adjoint aurait
répondu, selon le témoignage de M. Dubé: Si on est pour
faire appliquer le décret, je démissionne.
M. Bellemare (Johnson): II démissionne.
M. Cournoyer: C'est probablement à la suite de cette
remarque de M. Dubé que les commissai- res ont inscrit qu'il fallait
faire surveiller ou surveiller l'application des décrets ou des
conventions collectives applicables.
M. Bellemare (Johnson): Profitant de cet incident, est-ce que le
ministre pourrait nous faire parvenir la lettre dont il a été
question ce matin?
M. Cournoyer: Si vous la voulez, je vais vous la donner tout de
suite.
M. Burns: Oui, ce serait bon.
M. Bellemare (Johnson): Cet après-midi, le ministre a
déposé des documents au sujet du rapport Dubé, mais on n'a
pas eu de copie parce qu'il n'y en avait pas de prête.
M. Cournoyer: Oui, mais je vous ai dit cela ce matin, les
gars.
M. Bellemare (Johnson): Oui, c'est cela.
M. Cournoyer: Je les ai déposés après-midi;
des copies, on va vous en donner.
M. Bellemare (Johnson): Oui, bien sûr, mais cela aurait
été utile de les lire. Vous, vous les connaissez.
M. Cournoyer: Ce n'est pas parce que je les connais, mais le
rapport Cliche...
M. Bellemare (Johnson): On est studieux, on est curieux.
M. Cournoyer: Oui, oui, je sais. Des piles de documents qui
s'accumulent...
M. Bédard (Montmorency): En déjeunant, demain
matin, on les lirait.
M. Bellemare (Johnson): N'ayez pas peur, celui-là, je vais
le lire.
Une Voix: Avant de dormir, ce soir.
M. Bellemare (Johnson): Alors, il n'y a pas de conflit entre la
CIC et l'office et ces tuteurs quant à la surveillance de l'application
des décrets.
M. Cournoyer: Non, pas à mon sens. C'est une
responsabilité d'un syndicat de faire en sorte que les gens remplissent
leurs obligations vis-à-vis des syndiqués et on dit: Faites
cela.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que les membres de la commission
Cliche pourraient nous expliquer véritablement la portée de cette
disposition spéciale?
M. Bédard (Montmorency): Est-ce que le
député de Johnson a des visions?
M. Bellemare (Johnson): Ah, ils ne sont pas là!
Excusez-moi, M. le Président.
M. Bédard (Montmorency): II a des visions. Une Voix:
II a des visées.
M. Burns: II a parfaitement raison d'avoir des visées
comme celle-là. Ce ne sont pas des visions, cela.
M. Bellemare (Johnson): Cela aurait été utile.
M. Burns: Cela aurait été très utile.
M. Bédard (Montmorency): C'est parce qu'il les regardait,
je pensais qu'il avait des visions.
Le Président (M. Séguin): Paragraphe g),
adopté?
M. Roy: Non, M. le Président.
M. Bellemare (Johnson): J'ai d'autres objections.
M. Roy: J'ai une réserve, M. le Président. Il y a
un mot qui a été ajouté ici. Conventions collectives
applicables. Lorsqu'une convention collective est signée, on n'a pas
à se poser des questions, je pense, à savoir si elle est
applicable ou non, puisqu'il s'agit d'un contrat entre deux parties qui ont
convenu tels arrangements. Si la convention collective n'est pas signée
par l'une ou l'autre des parties, cela demeure un projet de convention
collective; je pense que le ministre me donne raison là-dessus.
Pour quelle raison ajouter le mot "applicables" puisqu'il s'agit de
conventions collectives signées? Si on ajoute le mot "applicables" qui
n'est pas, d'ailleurs, dans le rapport de la commission Cliche, qui va
décider si c'est applicable ou non?
M. Bellemare (Johnson): La raison pour laquelle vous avez mis le
mot "applicables", c'est cela qu'on veut savoir.
M. Cournoyer: C'est parce que...
M. Bellemare (Johnson): La commission Cliche va nous le dire,
M. Cournoyer:... quand on arrive... Je vais essayer de
répondre. Là, ce n'est pas la commission Cliche parce
qu'apparemment, c'est nous qui l'avons mis. Je peux répondre au
moins...
M. Bellemare (Johnson): II y a une raison pour avoir mis le mot
"applicables".
M. Cournoyer: La raison...
M. Roy: On pourrait leur demander, à eux, pourquoi ils ne
l'ont pas mis.
M. Cournoyer: Parce qu'il allait de soi, dans leur texte à
eux, qu'il s'agissait de surveiller les conventions collectives qui
étaient applicables. Quand on a écrit la loi, des légistes
ont suggéré de mettre le mot "applicables" au bout. C'est
très simple, c'est conforme à l'esprit de nos lois que la
tutelle, ici, n'a pas à surveiller l'application des conventions non
applicables.
M. Burns: C'est quoi, les conventions non applicables?
M. Roy: Oui, mais un instant!
M. Cournoyer: Regardez bien. Un instant! Ce n'est pas l'affaire
du syndicat des électriciens de surveiller l'application de la
convention collective des plombiers.
M. Roy: C'est élémentaire.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas applicable.
M. Cournoyer: Elémentaire, aurait dit l'autre qui
cherchait.
M. Roy: C'est élémentaire, oui.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce la commission Cliche qui a
téléphoné pour mettre le mot "applicables"?
M. Roy: A partir du moment où on dit "conventions
collectives applicables", cela veut dire qu'il y a dans l'esprit du ministre
des conventions collectives qui ne s'appliquent pas et des conventions
collectives qui s'appliquent. Je veux savoir en vertu de quels critères
on va déterminer quelle est la convention collective qui est applicable
et quelle est la convention collective qui n'est pas applicable.
Deuxièmement, qui va trancher la question?
M. Veilleux: On va aller chercher le petit Robert.
M. Roy: Vous pouvez aller chercher le grand Robert si vous
voulez, le moyen Robert, puis pas Robert du tout.
M. Veilleux: Allez chercher le dictionnaire.
Une Voix: Allez donc chercher la commission plutôt.
M. Roy: Je pense que nous avons là quand même
quelque chose d'important. Moi, j'ai posé ma question d'une façon
sérieuse.
M. Cournoyer: Je vous ai répondu d'une façon
très sérieuse qu'il s'agit de faire observer des conventions
collectives applicables.
M. Roy: Est-ce que cela veut dire qu'il y a des conventions
collectives qui sont non applicables? Je vais reposer ma question
autrement.
M. Cournoyer: Oui, il y a des conventions collectives qui sont
assujetties ici qui doivent être sélectionnées comme
étant applicables aux plombiers, d'autres applicables aux
électriciens et d'autres applicables à l'autre syndicat.
M. Roy: Conventions collectives?
M. Cournoyer: Ils n'ont qu'à se préoccuper de
celles qui sont applicables. Ceux qui disent: C'est celle-là, on n'a pas
à aller voir toutes les conventions collectives de l'industrie de la
construction, on n'a qu'à s'occuper de celles qui sont applicables.
M. Roy: En somme, le mot "applicables " a été
ajouté ici, uniquement dans le but de déterminer qu'il s'agit de
questions qui touchent l'intérieur de ce syndicat.
M. Cournoyer: L'intérieur de ce syndicat.
M. Veilleux: Non, ce n'est pas cela.
Dans le dictionnaire en droit cela veut dire susceptibles d'être
mises en pratique et cela indique exactement ce que le ministre a dit au
début. C'est que quand ce sont les opérateurs de machinerie
lourde, ce syndicat-là voit à l'application de la convention
collective des opérateurs de machinerie lourde, les électriciens,
celle des électriciens, etc. mais ce ne sont pas les électriciens
qui surveillent l'application de l'autre convention collective. C'est cela que
ça veut dire: susceptibles d'être mises en pratique.
En droit dans le dictionnaire et l'auteur, c'est qui?
Une Voix: Le petit Robert. M. Veilleux: Le petit
Robert.
M. Roy: Ce n'est pas un critère qui est bien
sûr.
M. Bellemare (Johnson): Je ne l'ai pas cherché non
plus.
M. Bédard (Montmorency): C'est le grand Robert.
M. Burns: Vous parlez du petit Robert...
M. Bédard (Montmorency): Je pense que ça va bien,
M. le Président.
M. Burns: Vous avez bien raison, ça va bien.
M. Roy: Parce que je pense que c'est quand même une
question de logique, surveiller l'application des décrets ou conventions
collectives. Je pense que le mot "applicables" est complètement
superficiel à ce moment-ci.
M. Bédard (Montmorency): On va prendre le vote.
M. Roy: L'application des décrets ou conventions
collectives. Point, c'est tout.
M. Cournoyer: J'aurais envie de vous mettre avec les juristes
pour que vous arrangiez ça ensemble.
M. Roy: Trouvez-vous qu'il est tard?
M. Cournoyer: Non, moi, je ne trouve pas.
M. Roy: Est-ce que le ministre commence à trouver qu'il
est tard?
M. Cournoyer: Non, ce n'est pas cela. C'est parce que les
juristes ont mis ça. Ils doivent avoir une bonne raison puis ça
va me prendre une dissertation de juge de 36 pages pour expliquer pourquoi le
mot "applicables" est important.
M. Roy: Bien oui, on veut quand même le savoir.
M. Cournoyer: J'imagine aussi qu'il y a une sorte de
conformité à d'autres lois qui ont été
votées par ce gouvernement ou un autre gouvernement, enfin l'institution
qu'on appelle le Parlement. Quand on parle d'une expression comme
celle-là, "conventions collectives applicables", on aurait pu dire "lois
applicables". Quand on dit: Les lois qui sont applicables, à telle ou
telle situation, ce n'est pas de faire observer toutes les lois, mais les lois
qui sont applicables.
M. Bédard (Montmorency): C'est clair.
M. Cournoyer: Quand on a ajouté le mot "applicables" ici,
on référait à ce qui est approprié à la
situation donnée. Et comme la loi qui est ici cornporte au moins trois
tutelles, les trois tutelles peuvent avoir trois sortes de conventions
collectives dans l'éventualité, par exemple, où il y
aurait des conventions collectives avant décret. On sait fort bien qu'il
n'y a que le décret qui fonctionne dans cette industrie, mais le
décret est habituellement précédé d'une convention
collective. On dit pourquoi un décret ou une convention collective et ce
qui est applicable. Parfois vous pouvez poser la question même si le mot
"applicables" qualifie décret ou convention, ça pourrait
être la convention qu'on a ou le décret qu'on a. Quand on
continue, vous savez, c'est une question de terminologie
législative.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que le ministre peut nous dire
s'il a une heure pour arrêter? Parce qu'écoutez...
M. Cournoyer: Moi, je le comprends, c'est fatiguant à ce
moment-ci.
M. Bellemare (Johnson): Cela fait des journées qui sont
assez longues.
M. Cournoyer: J'ai une grosse journée dans le corps.
M. Bellemare (Johnson):... plus rapidement.
M. Cournoyer: Cela dépend des intentions de l'Opposition.
Quant à moi, je suis prêt à arrêter lorsque
l'Opposition sera fatiguée.
M. Bellemare (Johnson): Si on faisait la même phrase: Je
serais prêt à arrêter quand le ministre sera
fatigué.
M. Cournoyer: Connaissant votre énergie...
M. Bédard (Montmorency): On n'est pas prêt
d'arrêter.
M. Veilleux: On est en pleine forme. On a la carapace dure.
M. Bellemare (Johnson): On a déjà veillé
longtemps, jusqu'à cinq heures et six heures du matin.
M. Cournoyer: Avez-vous beaucoup d'autres amendements? J'aimerais
avancer plus rapidement dans la discussion de ces projets de loi.
M. Burns: J'ai trois autres amendements et ils sont, sauf un,
surtout techniques. Alors, vous allez dire que vous êtes d'accord ou
contre et ça va aller bien vite, en ce qui me concerne. Je peux vous les
annoncer. Il y a un amendement à l'article 13...
M. Cournoyer: Quels seraient vos plans?
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît.
M. Cournoyer: Nous sommes loin de l'article 13.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que le paragraphe
g) est adopté?
M. Roy: Le paragraphe g) est adopté.
Le Président (M. Séguin): II est adopté.
Paragraphe h).
M. Roy: Ici, j'aimerais avoir une explication. "Faciliter le
retour d'une administration démocratiquement élue", et, dans le
rapport de la commission Cliche on dit "faciliter la reprise des
activités de nouveaux exécutifs démocratiquement
élus". En ce qui me concerne, je ferais la suggestion qu'on en revienne
au texte original du rapport de la commission Cliche, puisque je pense que
c'est beaucoup plus précis et que c'est beaucoup plus conforme à
l'esprit qui semble guider le gouvernement ou qu'on semble vouloir ici,
à la commission, se donner, de façon à favoriser davantage
la participation des travailleurs.
M. Cournoyer: Voici...
M. Roy: Alors, si on prenait le texte intégral de la
commission Cliche, "faciliter la reprise des acti- vités de nouveaux
exécutifs démocratiquement élus", plutôt que de
laisser des termes très vagues, soit "faciliter le retour d'une
administration démocratiquement élue..."
M. Cournoyer: J'aurais une objection. C'est-à-dire que ce
n'est pas une objection; admettons que c'est une réponse à cette
remarque qui est faite par le député de Beauce-Sud. Si nous nous
limitons à l'exécutif, nous n'avons pas nécessairement une
administration démocratiquement élue, parce qu'il est possible
que l'exécutif soit nommé par le conseil d'administration.
Cela veut dire que vous avez une façon démocratique qui
veut que ceux qui élisent l'exécutif ne sont pas élus
démocratiquement. Voilà pourquoi les légistes ont
suggéré d'être plus général et de se
référer à une administration démocratiquement
élue plutôt qu'à ce seul exécutif, qui est
très souvent brassé à plusieurs sauces.
Je voudrais demander au député de Beauce-Sud non pas
d'accepter ce que je viens de lui dire, mais de comprendre qu'ici il y a plus
de possibilités de démocratie dans "administration
démocratiquement élue" que dans une interprétation
restrictive qui sera toujours possible par la suite dans un corps de loi,
interprétation qu'on pourrait donner à la suggestion de la
commission Cliche au paragraphe h).
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, j'aurais un
amendement qui est très bénin après l'article 11. C'est le
seul que j'ai. On va l'entendre...
M. Bédard (Montmorency): C'est constructif.
M. Cournoyer: C'est d'accord pour le paragraphe h), M. le
député de Beauce-Sud.
Une Voix: Paragraphe h), adopté.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que je pourrais
avoir signe de vie ici? Est-ce que le paragraphe h) est adopté?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Séguin): Paragraphe i).
M. Roy: Au paragraphe i), je pense que le gouvernement
lui-même a apporté un amendement.
Le Président (M. Séguin): Oui, c'est ça, le
mot "conseil" remplace le mot "eux" à la troisième ligne.
M. Roy: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Tel qu'amendé,
adopté?
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Paragraphe j).
M. Roy: L'amendement du gouvernement.
M. Burns: Vous vous attaquez aux "eux".
M. Bédard (Montmorency): Pour une fois, oui, pour vous
montrer...
Le Président (M. Séguin): J'appelle j)...
M. Bédard (Montmorency): M. le Président...
M. Burns: Un instant, voici la lumière.
M. Bédard (Montmorency): Paragraphe i). Pas
nécessairement la lumière, mais on va en discuter ensemble, vous
allez m'éclairer, vous aussi.
M. Burns: Cela va me faire plaisir, si je peux vous aider.
M. Bédard (Montmorency): C'est parce que dans ce
paragraphe i), on parle d'un scrutin secret contrôlé par le
conseil, et je suis d'accord, mais il n'y a pas de mode électif de
présenté. De quelle façon les élections vont-elles
se faire? Parce que vous savez qu'il y a un gros reproche dans le rapport
Cliche sur la façon dont les élections se présentaient et
se faisaient. C'est là qu'on voit les portes barrées avec des 2 x
4. Si on revient aux mêmes méthodes de votation que l'on a connues
et qu'on connaît présentement, je pense qu'on n'améliore
pas cette situation. D'après mon analyse, ça serait là
qu'il faudrait en parler.
M. Roy: C'est la constitution qui détermine le mode de
votation.
M. Bédard (Montmorency): Ah! non. Pas dans ça.
M. Roy: Et ils ont le pouvoir.
M. Bédard (Montmorency): Pas dans ce nouveau projet de
loi.
M. Roy: Oui, le mode de votation est toujours
déterminé par une constitution, voyons.
M. Bédard (Montmorency): Non, mais pas pour cette nouvelle
loi, je dis.
M. Roy: La même chose.
M. Burns: On vient d'adopter, M. le Président, au
paragraphe a) de ce même article, la possibilité, après
approbation du lieutenant-gouverneur en conseil, d'apporter aux statuts des
changements. Si jamais les statuts actuels et les règlements actuels
n'étaient pas démocratiques, je présume que le conseil
d'administration va y apporter des amendements...
M. Veilleux: Par exemple...
M. Burns: ...et, là, vous auriez votre réponse, M.
le député de Montmorency.
M. Veilleux: Si je comprends bien le député de
Maisonneuve, à titre d'exemple, si les statuts disaient: Les membres
présents constituent quorum et sont habilités à
procéder démocratiquement à l'élection des membres
du conseil d'administration et si les tuteurs disaient: Cela prend au moins 50%
des membres présents pour voter, à ce moment, l'amendement serait
apporté.
M. Burns: Ils ont les pouvoir d'apporter ces amendements.
M. Cournoyer: On parle de la participation des travailleurs dans
le paragraphe a).
M. Burns: Pour autant que la participation des
travailleurs...
M. Cournoyer: Favoriser le progrès général
du syndicat, en s'assurant de la participation des travailleurs.
M. Bellemare (Johnson): On procède par scrutin, mais par
scrutin secret et on détermine les conditions dans lesquelles la tutelle
doit s'exercer et sous la surveillance de qui.
M. Bédard (Montmorency): Exactement.
M. Bellemare (Johnson): Ce sont des pouvoirs qui sont
donnés...
M. Bédard (Montmorency): Ce sont toutes des questions que
j'ai.
M. Bellemare (Johnson: ...par ordre en conseil.
M. Bédard (Montmorency): Ce sont exactement, M. le
député de Johnson, les questions que j'avais. Quel pourcentage
des syndiqués? Contrôlé par qui? C'est beau le secret, mais
cela prend un contrôle.
M. Bellemare (Johnson): II y en a un.
M. Bédard (Montmorency): Mais je vois que, de par
l'article a), parce qu'on l'a changé...
M. Cournoyer: Ah oui.
M. Bédard (Montmorency):... c'est applicable.
M. Cournoyer: A mon sens, à moi, la décision de
démocratiser vient de la constitution, comme le disait si bien le
député de Beauce-Sud, dans un cours de droit magistral.
M. Roy: Merci, M. le ministre. Pour une fois, je vais avoir une
fleur.
M. Boudreault: Cela lui a pris deux congrès
créditistes pour l'apprendre.
M. Roy: Cela a l'air de vous tracasser passablement, vous, ce
congrès. C'est une marotte. On dirait que vous pensez seulement à
cela. C'est épouvantable.
M. Lachance: II est complexé.
M. Roy: Vous êtes complexé. Vous êtes
"poi-gné", comme on dit.
M. Lachance: Le député de Beauce-Sud est
complexé.
M. Roy: II ne lâche pas la patate jamais lui.
Le Président (M. Séguin): Cela allait bien? Est-ce
qu'on peut revenir?
M. Lachance: Paragraphe i) adopté tel
qu'amendé.
Le Président (M. Séguin): Paragraphe i)
adopté, tel qu'amendé, c'est déjà fait. Paragraphe
j)?
M. Bédard (Montmorency): Adopté.
Le Président (M. Séguin): Adopté. Paragraphe
k), adopté?
M. Burns: Oui.
M. Bédard (Montmorency): Article 5 paragraphe 3.
Le Président (M. Séguin): Article 5...
M. Bédard (Montmorency): ...paragraphe 3.
Le Président (M. Séguin): Merci, messieurs, de
votre coopération.
M. Bédard (Montmorency): Quand on peut être
utile.
Le Président (M. Séguin): Cela me permet de suivre
en double, M. le député. Article 5, paragraphe 3?
M. Bédard (Montmorency): Quand il n'a pas de lunettes, il
n'est plus reconnaissable. Mais là, vous avez la voix
fatiguée.
M. Burns: M. le Président, je crois que nous avons
examiné les pouvoirs encore une fois, que j'aurais voulu voir confier
à une tutelle syndicale, mais qui malheureusement, ne l'ont pas
été. Une fois qu'on a accepté les pouvoirs prévus
à l'alinéa 2, il me semble que les autres, qui sont de tirer,
d'accepter, de faire ou d'endosser des lettres de change, etc. " en somme
d'agir au point de vue de la technique administrative pour le syndicat, sont
bien normaux. Les paragraphes a), b) et c) parlent d'emprunter, de tirer des
chèques, d'aliéner les biens du syndicat. Il me semble qu'il n'y
a pas, en ce qui me concerne, de remarques particulières à faire
là-dessus.
M. Roy: Moi, non plus.
Le Président (M. Séguin): Vous n'avez pas de
remarques, de commentaires?
M. Roy: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Paragraphes a), b),
c)...
M. Bellemare (Johnson): Une minute! Simplement une remarque parce
que je pense que cet article est relié à l'article 8 aussi,
où il est question de tous les biens du syndicat. Dans le bill no 43, M.
le Président, en ce qui concerne les biens, il y avait une
définition, dès le début, qui était peut-être
très intéressante à conserver. "Biens désigne les
biens, meubles ou immeubles, corporels ou incorporels ou comportant des droits
réels ou personnels et sans restreindre la
généralité de ce qui précède, comprend
l'argent, les droits de toutes sortes, y compris les droits incorporels."
M. le Président, c'était consigné dans la loi no 43
sur la tutelle exercée sur les locaux 89 et I0I. Je pense que cet
article pourrait être conservé, et mis après l'article I,
quant aux biens, là on retrouve "aliéner les biens du syndicat".
Mais il n'y a aucune description, au début de la loi, qui devrait
définir ce qu'on entend par les biens.
Comme il a été défini dans l'article 1, section 2,
paragraphe c) des biens de la mise en tutelle des locaux 89 et 101. Je pense
que ça vaudrait la pêne de l'inclure comme définition
après 1, comme on l'avait fait dans l'autre bill. On pourrait prendre le
texte intégral, je pense, et l'ajouter au no 1, parce qu'ici on parle
d'aliéner les biens du syndicat et, à 8, on dit: "Tous les biens
du syndicat, y compris les biens détenus pour lui par autrui, sont
attribués au conseil d'administration." Alors, je pense qu'il ne devrait
pas y avoir d'objection à ce qu'on définisse ce terme.
M. Cournoyer: D'après les conseillers juridiques, les
biens ne peuvent pas être définis différemment chaque fois
qu'on fait une loi. Je ne sais pas si c'est une politique nouvelle, on l'a
écrit dans l'autre loi.
Parce qu'elle avait été copiée de la loi d'Ottawa
mais ici les biens ont la même définition partout,
c'est-à-dire qu'on ne peut pas...
M. Burns: C'est bien mauvais de copier Ottawa.
M. Cournoyer: Quand on copie Ottawa bêtement, il n'y a rien
de pire qui nous arrive.
M. Burns: Quand on copie Ottawa on agit bêtement, de toute
façon. Pouvons-nous inviter le député à venir
parler avec nous, M. Prud'homme?
M. Boudreault: ... certainement de grandes tentations de le
faire.
M. Cournoyer: II est préférable de...
M. Burns: J'aime autant qu'il ne soit pas là, les biens
c'est les biens.
M. Cournoyer: Quand vous définissez vous oubliez.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Johnson...
M. Burns: Ah bon. Bienvenue...
M. Cournoyer: On peut en oublier quand on définit; Ottawa
en oublie tout le temps. Ils font de grandes énumérations et ils
disent au bout que ce n'était pas dans l'énumération. Ils
énumèrent: Articles 91, 92, 93, 94. S'ils ne t'ont pas
poigné dans 95, ils disent: On va te poigner dans 96.
M. Bellemare (Johnson): Cela ne fait pas sérieux de jouer
avec Ottawa, M. le Président. Pour revenir à ma question, si vous
ne voulez pas définir, après l'article 1, quels sont ces biens,
je vois dans l'article 3 une définition qui pourra peut-être
apporter des difficultés d'application.
C'est bien général, attribuer les biens du syndicat.
M. Cournoyer: En les définissant on se restreint. En
disant les biens du syndicat c'est tout d'abord les biens qui appartiennent au
syndicat, et qu'est-ce que c'est les biens? C'est la définition
générale des biens dans la province de Québec en vertu de
l'économie des autres lois que nous adoptons régulièrement
au Parlement et de celles qui s'appellent, par exemple, le code civil en
particulier et les autres lois qui sont applicables.
M. Bellemare (Johnson): Je n'insiste pas, M. le Président.
Je sais que je ne gagnerai pas.
M. Cournoyer: Merci. Adopté, 4.
Le Président (M. Séguin): Alors, article 5, 4.
M. Burns: M. le Président, au paragraphe 4, je n'ai pas
d'amendement mais je ne peux pas m'empêcher de souligner cet accroc
à l'idéologie de la délégation. Le vieil adage dit:
Delegatus non potest delegare, c'est-à-dire que celui qui reçoit
un pouvoir de mandataire ne peut pas déléguer ses propres
pouvoirs.
Evidemment, je ne suis pas en train de vous dire que le paragraphe 4
serait jugé, d'ailleurs ce n'est pas mon rôle de le faire, ultra
vires par un tribunal éventuellement. Cependant, je suis obligé
de constater qu'on fait un accroc très sérieux à ce
principe de droit qui est généralement reconnu, que celui qui
reçoit un mandat ne peut pas lui-même donner en totalité ou
en partie, comme dit le paragraphe 4, à d'autres les attributions qu'on
lui confie.
Alors, je demande tout simplement au ministre s'il s'est penché
même si c'est une recommandation de la commission Cliche, je
l'admets; oui, je pense que c'est une recommandation.
Pardon?
M. Cournoyer: Ce serait dans l'économie
générale de la recommandation, on ne la retrouve pas
précisément, M. le Président.
M. Burns: Pas de façon précise. Raison de plus. Le
conseil d'administration, qui déjà est un
délégué de l'Assemblée nationale, en particulier du
lieutenant-gouverneur en conseil, pourquoi a-t-on décidé de lui
donner à lui, le pouvoir de déléguer par écrit, en
totalité ou en partie, et aux conditions qu'il détermine
...
M. Bellemare (Johnson): ...C'est l'endroit...
M. Burns: ... il est encore assez fantastique que c'est
lui-même qui détermine les conditions de la
délégation ses attributions aux personnes qu'il
désigne? Alors je demande simplement au ministre si...
M. Cournoyer: II n'y a pas d'autres raisons.
M. Burns: Vous ne voyez pas d'autres raisons, sinon une certaine
concordance avec la loi qu'on a votée l'année passée?
M. Cournoyer: En vertu de l'économie
générale...
M. Burns: II n'y a pas de but précis? M. Cournoyer:
Non, je ne pense pas...
M. Bellemare (Johnson): L'autre c'est l'autre loi...
M. Cournoyer: ...en fait disons que des fois il peut arriver
qu'on donne des pouvoirs à des avocats.
M. Bellemare (Johnson): Mais dans l'autre loi vous aviez
ajouté ces mots: Ces personnes peuvent remplir les fonctions, exercer
les pouvoirs qui leur sont ainsi délégués sous
réserve, des conditions, s'il en est, que le conseil d'administration
peut prévoir dans l'instrument de la délégation.
M. Cournoyer: Des mots, beaucoup de mots pour rien.
M. Bellemare (Johnson): Les lois sont-elles faites d'autres
choses?
M. Cournoyer: Non, mais dans cette partie-là, ici, il y a
un paquet de redondances. On dit qu'on peut donner, on peut
déléguer par écrit la totalité...
M. Burns: II reste toute la nuit.
M. Cournoyer: ...ou quelque partie de ses attributions. La minute
que je n'en délègue qu'une partie, je ne vois pas pourquoi
j'écris à la place que je peux en garder.
M. Bellemare (Johnson): Vous auriez pu mettre le reste de
l'article de l'année passée et ç'aurait été
encore très bon.
M. Cournoyer: Désespoir, pourquoi est-ce qu'on formulerait
l'article de l'année passée?
M. Bellemare (Johnson): La commission Cliche va vous le dire.
M. Cournoyer: M. le député de Johnson, pour vous
plaire, afin d'être consistant aussi avec les autres lois que nous
n'amendons pas, je vais demander de mettre l'article tel qu'il était
écrit l'an passé dans la loi de tutelle des ascenseurs. Nous
avons, à ce moment-là, une consistance dans notre
législation
M. Bellemare (Johnson): Arrêtez un peu qu'on applaudisse.
Une virgule qu'il ajoute.
M. Cournoyer: Après cela vous direz que je ne vous ai
jamais rien donné.
M. Burns: Serait-il possible, M. le Président, qu'on
améliore la loi?
M. Cournoyer: Non, mais moi non plus, mais cela ne fait rien,
elle est consistante.
M. Veilleux: II n'y a que le député de Beauce-Sud
qui n'a pas gagné encore.
M. Bellemare (Johnson): Oui, il a gagné quelque chose tout
à l'heure; oui, oui, le ministre l'a félicité.
M. Vellleux: Le député de Maisonneuve a
gagné, le député de Johnson a gagné, il n'y a que
le député de Beauce-Sud. Vous n'êtes pas chanceux.
M. Boudreault: II n'a rien gagné.
M. Vellleux: II n'a pas gagné le congrès à
la chefferie dimanche passé puis il ne gagne pas aujourd'hui. Il est
malchanceux.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, il est une
heure.
M. Cournoyer: Si les membres de l'Assemblée nationale sont
fatigués et je comprends qu'ils le soient, nous pouvons ajourner.
J'avais des bonnes nouvelles pour M. Burns, mais je les lui donnerai
demain.
M. Burns: M. le Président, avant d'ajourner, je pense que,
je parle peut-être pour beaucoup de membres autour de cette table,
j'aimerais savoir à peu près quels sont les projets du
gouvernement relativement à l'administration de ces projets de loi,
quant à leur adoption. C'est-à-dire comment s'apprête-t-on
à adopter ces projets de loi?
Moi, je vous dis tout de suite... J'ai remis d'ailleurs, au ministre, au
président de la commission, à mes collègues de Johnson et
de Beauce-Sud malheureusement je n'avais pas assez de copies pour faire
tout le tour de la table mes trois autres amendements. J'aurai un
quatrième amendement qui est uniquement une question de concordance et
que, je pense, le ministre acceptera puisqu'il a déjà
accepté un autre amendement. Moi, je serais prêt à terminer
l'étude du projet de loi no 29 en ce qui me concerne. D'autre part, je
pense qu'il est important de savoir à peu près comment on veut
continuer l'étude des projets de loi nos 29 et 30. A partir de ce
moment, je serais prêt à collaborer avec le gouvernement, mais il
ne faudrait pas quand même nous imposer un régime de vie
absolument pas possible alors que beaucoup de députés autour de
cette table ont déjà un certain nombre d'engagements vendredi
soir, samedi et dimanche, même lundi.
M. Cournoyer: Voici, j'avais l'intention de vous en parler de
toute façon avant de finir notre séance de ce soir.
Je croyais possible de procéder en troisième lecture
demain matin et de commencer l'étude du bill 30 dans la journée
de demain. Disons que je le considère comme essentiel: je ne voudrais
quand même pas qu'on imagine un seul instant que je ne suis pas
pressé d'adopter le bill 30. Je sais qu'il y a un certain nombre de
choses qui sont beaucoup plus de principe dans le bill 30, qui vont
peut-être être beaucoup plus difficiles que la mécanique.
Une fois, ici, le principe adopté, c'est de la mécanique
jusqu'à un certain point.
J'aurais espéré qu'on aille plus vite, mais, d'un autre
côté, je veux laisser toute la liberté à la
commission parlementaire élue pour étudier les choses telles
qu'elles doivent l'être, comme d'ailleurs je l'ai fait ce soir.
Je dis qu'on devrait commencer demain le bill 30 et, d'un commun accord,
si nous avançons plus vite que prévu, qu'on en finisse le plus
vite possible avec les deux projets de loi.
M. Burns: M. le Président, je voudrais avoir votre opinion
d'une façon plus précise.
Si jamais le projet de loi no 30 était adopté en
commission parlementaire, tout le monde sait qu'il faudra reconvoquer la
Chambre, si la Chambre n'est pas en séance, pour adopter la
troisième lecture du projet de loi, recevoir, d'abord,
évidemment, le rapport de la commission mais surtout adopter le projet
de loi en troisième lecture. C'est là-dessus, M. le
Président, que j'aimerais avoir les intentions du gouvernement.
J'aimerais savoir si vous envisagez, par exemple, ce qui n'est pas
impossible, de faire siéger l'Assemblée nationale samedi pour
faire adopter la troisième lecture de ces deux projets de loi, en tout
cas, en ce qui concerne, le projet de loi no 29 que je serais prêt
à continuer d'examiner cette nuit aussi longtemps que cela prendra pour
l'adopter. J'ai déjà remis au ministre et à mes autres
collègues de l'Opposition, ainsi qu'au président, les trois
amendements qu'il me reste à soumettre. Remarquez que je ne suis pas le
seul à faire des amendements. Peut-être que nos autres
collègues de l'Opposition ou encore nos collègues du
côté ministériel ont peut-être des amendements
à formuler. Là-dessus, je ne peux pas juger qu'à
l'intérieur d'une heure on puisse régler le projet de loi no
29.
J'aimerais savoir, globalement, quelles sont les intentions du
gouvernement quant aux méthodes et quant à la durée, quant
aux dates d'adoption des projets de loi 29 et 30.
M. Cournoyer: Disons que nous visons essentiellement à
faire adopter, avant l'ajournement de vendredi, l'ajournement ordinaire, le
projet de loi 29 en troisième lecture. C'est donc qu'on voudrait
disposer du projet de loi no 29.
M. Burns: Ce qui est très possible.
M. Cournoyer: Si nous avons le temps, après que nous
aurons disposé en troisième lecture du projet de loi no 29, nous
pourrions nous aventurer en commission plénière sur le projet de
loi no 30.
M. Bellemare (Johnson): Combien de temps? Toute la journée
du samedi?
M. Cournoyer: Non, nous n'avons pas l'intention de venir
samedi.
M. Roy: A cinq heures demain après-midi?
M. Cournoyer: Jusqu'à à peu près cinq heures
ou cinq heures et demie, demain après-midi.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que ma suggestion pourrait
être agréée? Au lieu de travailler dans des conditions dans
lesquelles on travaille, demain matin à huit heures et demie,
plutôt, qu'on se revoie ici et qu'on le finisse avant dix heures. A dix
heures, on revient à la Chambre, la troisième lecture pourrait se
faire, et à midi, midi trente.. D'abord, les arguments qu'on va apporter
l'ont été. Comme la limite du temps en troisième lecture
est très restreinte et qu'on n'a qu'un orateur par parti, je
pense...
M. Cournoyer: J'aimerais mieux finir ce soir, parce que huit
heures et demie demain matin, il est une heure et cinq.
M. Burns: Vous n'aurez pas le rapport en temps.
M. Cournoyer: Je n'aurai pas le rapport en temps.
M. Bellemare (Johnson): Combien pensez-vous que cela va prendre
de temps...
M. Cournoyer: Moi je suis prêt à adopter le bill tel
qu'écrit, mais il y a eu trois amendements qui m'ont été
suggérés par le député de Maisonneuve. Je suis
prêt à les considérer avec lui dès qu'on y sera
arrivé. On arrive presque à l'article 7, le premier amendement
est là. Il y a un petit qualificatif que le député de
Maisonneuve suggère, qui ne présente pas d'objection majeure de
notre part, il n'est pas question d'empêcher le monde de parler dans la
rue. Donc ce qu'il qualifie, ça ne me fait rien de le qualifier dans ce
sens.
J'aurai à accepter en conséquence l'article 7 et l'article
6. Après ça, les autres amendements sont de même nature,
ceux qui me sont proposés, sauf le dernier qui est de concordance
seulement. Mais si vous aviez des amendements, vous autres...
M. Bellemare (Johnson): C'est très très minime.
M. Cournoyer: Si on y allait, moi je suis convaincu que, dans les
circonstances actuelles, compte tenu des amendements, on pourrait finir.
M. Roy: Si on s'entend pour terminer le bill 29 ici ce soir, cela
veut dire que demain on procède à l'adoption en troisième
lecture à l'Assemblée nationale.
M. Cournoyer: Oui, c'est ça.
M. Roy: Pardon? Est-ce que je vous dérange.
M. Vellleux: Non, c'est très intéressant.
M. Roy: Le député de Saint-Jean n'a même pas
d'affaire là-dedans.
Je commence à être fatigué de passer mon temps
à me faire interrompre chaque fois que j'ouvre la bouche. Je posais une
question ici et je veux qu'on se comprenne. Si vous voulez prendre du temps et
veiller on peut veiller.
M. Bédard (Montmorency): Allez-vous vous tenir
tranquille.
M. Cournoyer: S'il vous plaît.
M. Roy: II y a tout de même des limites.
J'ai des engagements de pris. Je ne veux pas imposer des engagements au
gouvernement. Ce sont des engagements qui étaient pris de longue date.
J'aimerais quand même pouvoir, demain matin, avant l'ouverture de la
Chambre, m'organiser en conséquence. C'est la raison pour laquelle je
pose la question ici. Si c'est adopté en troisième lecture
demain, à la séance qui va commencer à dix heures, avant
son ajournement à une heure, on pourra être libéré
pour la fin de semaine. Je voudrais demander, c'est l'objet de ma question, si
on reprendrait l'étude du projet de loi no 30 à partir de dix
heures mardi matin, ou bien si vous avez l'intention de nous faire
siéger lundi. Je veux savoir ça.
M. Bellemare (Johnson): II y a une fête légale
lundi.
M. Cournoyer: Dans la deuxième partie de votre question,
la question de lundi, je dois discuter avec le leader parlementaire. Je ne peux
pas prendre de décision au nom du leader parlementaire à ce
sujet.
J'aimerais en prendre, mais je ne peux pas prendre cette orientation
à ce moment.
M. Roy: Moi, de toute façon lundi, je n'y serai
certainement pas
M. Bellemare (Johnson): Moi non plus, je serai à mes
bureaux lundi. Impossible d'être ici lundi.
M. Cournoyer: Pour ma part, j'aimerais bien que la
démocratie suive son cours et qu'on continue ce projet de loi, qu'on le
finisse ce soir.
M. Bellemare (Johnson): Finissons-le.
M. Cournoyer: Nous laisserons les leaders parlementaires discuter
du problème après.
Une Voix: Articles 6, 7, 8, 9 correct?
Des Voix: Adopté.
Une Voix: Non.
M. Bédard (Montmorency): C'est pour le
député de Johnson que je dis ça.
Le Président (M. Séguin): Article 5.4.
adopté?
M. Cournoyer: Tel que modifié.
M. Burns: Adopté tel que modifié.
M. Bellemare (Johnson): Oui, avec la modification qu'on a faite.
Très bien.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que cette
modification...
M. Cournoyer: Elle sera fournie par le légiste. Le
Président (M. Séguin): Article 6.
M. Bellemare (Johnson): II n'y a pas d'article 5?
M. Burns: Alinéa 4.
Le Président (M. Séguin): Sous-article 4. Nous
sommes rendus à 6.
M. Roy: Avant 3 il y avait 2 et avant 2 il y avait 5.
Le Président (M. Séguin): Fiez-vous sur moi, nous
sommes rendus à 6.
M. Bellemare (Johnson): Où est-il le 5 dans ça?
Une Voix: Cela fait deux heures qu'on discute du 5, M. le
député.
Le Président (M. Séguin): Plus d'amendement?
M. Bellemare (Johnson): Correct. Non, un instant.
Le Président (M. Séguin): Article 6,
adopté?
M. Burns: M. le Président, à l'article 6 c'est
beaucoup plus une question que je pose au ministre et c'est peut-être
beaucoup plus aux officiers légistes que je pose cette question. Il est
habituel que dans les lois à caractère administratif on mette de
côté la possibilité de procédures exceptionnelles ou
ce qu'on peut appeler les procédures du style injonction, du style bref
d'évocation, etc. Est-ce que c'est ce à quoi on vise dans
l'article 6 et si oui, comment se fait-il qu'on n'utilise pas les mêmes
termes qu'on retrouve dans d'autres lois où il y a des recours
administratifs? Est-ce que c'est ça qu'on veut viser d'abord? Si ce
n'est pas ça, j'aimerais savoir ce qu'on veut viser.
M. Cournoyer: Cette recommandation, nous l'avons prise
directement dans la recommandation no 29, mais selon les légistes si
nous voulons couper les recours extraordinaires, il faudrait effectivement le
mentionner.
M. Burns: Mais de toute façon, les recours
extraordinaires, comme tout le monde le sait et comme la jurisprudence l'a
établi depuis bien longtemps, même si on mentionne dans une loi
qu'ils ne sont pas des recours utilisables, la cour d'Appel, que ce soit la
cour Suprême en descendant, a toujours décidé que s'il y
avait excès de juridiction, même une disposition légale de
cette nature ne valait pas.
Ce que je voulais savoir, c'est ce qu'on veut viser exactement par une
disposition du style de l'article 6.
M. Cournoyer: On veut viser, bien sûr, la protection
ordinaire des individus qui sont installés là, pour des actes
qu'ils posent de bonne foi dans l'exercice de leurs fonctions et pas autre
chose.
M. Burns: Pas autre chose. Il n'y a pas de...
M. Cournoyer: Non, les grossières négligences,
etc., sont condamnables, ordinairement, qu'elles viennent de n'importe quel
serviteur public.
M. Burns: D'accord!
M. Cournoyer: On ne veut pas aller plus loin que cela.
Le Président (M. Séguin): Adopté? M.
Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): II y a un amendement
à l'article 7.
M. Burns: A l'article 7, M. le Président, j'ai soumis
à nos collègues l'amendement que je veux proposer. Je vais,
très brièvement, expliquer la raison pour laquelle j'ai
l'intention de faire ajouter, après le mot "quiconque", les mots "par
usage de violence, intimidation ou menaces". C'est qu'il y aura,
nécessairement, dans l'exercice de cette tutelle, des gestes syndicaux
qui seront posés. Ces gestes syndicaux peuvent, à un moment
donné,
vouloir dire qu'une assemblée syndicale pourrait très bien
s'opposer, et cela de façon très ferme,. par voie
démocratique à des attitudes prises par les tuteurs.
Je pense simplement, M. le Président sûrement, le
ministre du Travail et le député de Johnson dans le passé,
ont eu connaissance de tels cas à des recommandations syndicales
qui étaient violemment décriées par les membres du
syndicat, ce qui est parfaitement leur droit. Moi, je l'ai vécu. J'ai
participé à des arrêts de travail, comme
négociateur, où j'amenais une recommandation, en tant que leur
porte-parole, et je me suis fait chahuter de façon fantastique, à
certains moments. C'était parfaitement le droit des syndiqués de
le faire, parce que ce n'est pas ma convention collective, ce n'étaient
pas mes conditions de travail que je réglais. C'étaient les leurs
et, à ce moment, ils ont parfaitement le droit de ne pas croire leur
représentant syndical. Ils ont parfaitement le droit de se plaindre,
même, de la façon dont le représentant svndical leur
amène un certain nombre de recommandations. Si on envisage la tutelle
comme étant, à toutes fins pratiques, la substitution du
représentant syndical ou de l'organisme syndical, il est fort possible
qu'à un moment donné les syndiqués fassent obstacle
à des recommandations...
M. Bellemare (Johnson): C'est unanime même.
M. Burns:... de façon unanime...
M. Bellemare (Johnson): Ah oui! Cela s'est déjà
vu.
M. Burns: ... fassent obstacle à des gestes qui sont
posés.
Alors, je pense que la commission Cliche et le ministre veulent tout
simplement protéger la tutelle, dans le sens que ni le ministre, ni la
commission ne veulent qu'on fasse obstacle au conseil d'administration par des
moyens illégaux. Les moyens illégaux que je vois dans ce domaine
sont l'usage de la violence, de l'intimidation ou de menaces. Dans ce sens, M.
le Président, je pense qu'on aurait intérêt à
préciser l'article 7. Je propose donc que l'article soit amendé
en insérant, à la première ligne, après le mot
"quiconque", les mots "par usage de violence, intimidation ou menaces".
Je pense qu'on couvrirait ce qu'on veut viser par cet article 7. On ne
permettrait pas qu'on donne à cet article une extension que personne ne
veut lui donner, c'est-à-dire l'exercice normal, même de
façon verbale très violente à l'occasion, et c'est
parfaitement normal qu'à un moment donné il y ait des gens qui
s'engueulent dans le milieu syndical.
M. Cournoyer: D'accord.
Le Président (M. Séguin): Amendement
adopté?
Un instant, s'il vous plaît.
M. Bellemare (Johnson):... dont le témoin est occulaire,
le sous-ministre du travail, convention dont les discussions avaient
duré toute une nuit, signée par les deux parties le lendemain
après-midi sous la présidence d'un sous-ministre.
L'assemblée l'avait chahuté, l'avait mis dehors et l'avait
menacé. Pourtant la convention collective était acceptée
par les deux parties. Il y a eu des dommages considérables. Il n'y a pas
à dire, les parties étaient d'accord, elles avaient signé
tous les articles.
Le Président (M. Séguin): Article 7 amendé,
adopté tel qu'amendé?
M. Burns: Oui.
Le Président (M. Séguin): Article 8.
Adopté?
M. Burns: Adopté en ce qui me concerne.
M. Bellemare (Johnson): Simplement la même réflexion
que j'ai faite.
Une Voix: Sur les biens.
M. Bellemare (Johnson): Sur les biens.
Le Président (M. Séguin): Article 9,
adopté?
M. Bellemare (Johnson): Un instant, un petit moment.
M. Bédard (Montmorency): 9-1, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): 9-1, oui.
M. Bédard (Montmorency): C'est parce qu'il avait dit 9 et
c'est 9-1. Adopté.
M. Bellemare (Johnson): C'est une conséquence
logique...
Le Président (M. Séguin): 9-1, adopté; 9-2?
9-3?
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas cher, M. le
Président, pour un délit comme celui-là. Pour chaque jour
que dure cette omission.
Le Président (M. Séguin): Adopté?
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Roy: Oui.
Le Président (M. Séguin): Article 10?
M. Roy: A 10, j'ai un amendement. Au paragraphe a) changer le mot
paiement par le mot versement; c'est plus français.
M. Bédard (Montmorency): C'est l'amendement du
gouvernement?
M. Roy: Nous avons un amendement identique.
M. Cournoyer: Les grands esprits se rencontrent
habituellement.
Le Président (M. Séguin): Le mot se trouve à
10 a).
M. Bellemare (Johnson): ... un autre mandement à 10.
Insérer, après la première ligne du paragraphe b),
aliénation...
M. Roy: ...les mots prêt et avance.
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît, messieurs; 10-1 -a), adopté tel qu'amendé.
M. Bellemare (Johnson): Tâchez de coopérer, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): 10-b). Amendement
suggéré, 1-b).
M. Roy: 1-b), c'est: Toute aliénation, prêt et
avance, bail, privilège ou sûreté visant des biens du
syndicat.
M. Vellleux: ... amendement que le parti propose?
M. Roy: Oui, la même chose à c). Le
Président (M. Séguin): Adopté b),
M. Burns: Je veux, M. le ministre, relativement à tout
l'article 10-1, poser la question générale parce qu'elle me
préoccupe. On peut en prendre plus que ce qu'on veut par un texte comme
celui-ci. Si on a décidé de mettre une tutelle en application, il
y a sans doute besoin d'éviter que des gens passent avant la loi et
à côté de la loi. Je pense que c'est le but de l'article
10. Mais vous savez que, si on lit le texte de façon absolument stricte,
ça veut même dire que les chèques de paie des
employés de ces syndicats-là, qui ont été
versés la semaine dernière ou qui seront versés avant que
la loi soit adoptée, depuis le 9 mai, seront considérés
comme des choses illégales. Je ne pense pas que ce soit le but du
ministre.
Si ce n'est pas son but, en faisant adopter l'article 10, comment, dans
les faits, veut-il tenir compte du fait que des employés de
secrétariat de ces syndicats, qui ont honnêtement gagné
leur salaire, ne se feront pas embêter par le fait qu'ils ont reçu
des chèques de ces différents locaux depuis le dépôt
de la loi, soit dit en passant depuis le 9 mai? C'est, je pense, dans la
deuxième ligne de l'article 10 qu'on voit "insérer ici la date du
dépôt du présent projet de loi." Or, celui-ci a
été déposé le 9 mai, sauf erreur.
M. Cournoyer: C'est cela.
M. Burns: Alors, c'est ce que je demande au ministre.
M. Cournoyer: Disons que, lorsqu'il s'agit de salaires, enfin des
effets dont on parle ici, ce sont des choses qui sont annulables. Cela ne veut
pas dire qu'elles sont nulles de plein droit.
M. Burns: D'accord.
M. Cournoyer: Cela veut dire que, s'il y en a qui ont
été employés...
M. Burns: Cela me satisfait.
M. Cournoyer: ...comme par hasard, trop rapidement pour faire des
choses...
M. Burns: C'est-à-dire que vous espérez que les
tuteurs...
M. Cournoyer: Les tuteurs vont...
M. Bums: ...si jamais vous en trouvez, vont être
suffisamment intelligents pour se rendre compte que c'étaient des
salaires honnêtement gagnés...
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns: ...et qu'on n'est pas pour commencer à annuler,
parce que l'on parle de tout versement d'un montant d'argent, des salaires qui
étaient normalement versés aux employés. D'accord.
Le Président (M. Séguin): L'article 10, paragraphe
I c), tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Bellemare (Johnson): S'il y avait une traite qui était
due, par exemple, entre les deux dates et qui n'aurait pas été
payée.
M. Cournoyer: Elle n'est qu'annulable.
M. Bellemare (Johnson): Elle n'est qu'annulable.
M. Cournoyer: Elle n'est pas annulée; elle est annulable,
dépendant de la fraude, j'imagine, puis de la possibilité...
M. Burns: A ce moment-là, on s'adresse à un juge de
la cour Supérieure pour la faire annuler et je fais confiance à
l'ensemble, peut-être pas à tous...
M. Cournoyer: A tous les juges.
M. Burns: ...mais, en tout cas, à un bon nombre de juges
de la cour Supérieure pour se rendre compte que ce serait parfaitement
stupide de lire la loi de façon aberrante et de ne pas tenir compte de
cela. Remarquez que, de la façon dont ils distribuent les injonctions,
il y a certains doutes qu'on peut entretenir à l'endroit de juges de la
cour Supérieure.
M. Cournoyer: II y en a qui n'en distribuent pas.
M. Burns: Heureusement qu'il y a un juge en chef qui semble
comprendre d'autres affaires que ce que bien des juges comprennent.
Le Président (M. Séguin): L'article 10, paragraphe
I c), adopté tel qu'amendé?
M. Bellemare (Johnson): Adopté tel qu'amendé.
Le Président (M. Séguin): Article 10, paragraphe 2?
Adopté. Article 10, paragraphe 3?
M. Cournoyer: Adopté.
Le Président (M. Séguin): L'article 10, paragraphe
3, adopté.
M. Bellemare (Johnson): A l'article II, il y a un petit
amendement, je vous le lis: A la fin de l'article, ajouter le paragraphe
suivant: "Tout rapport transmis au lieutenant-gouverneur en conseil
conformément aux dispositions du premier alinéa doit être
déposé devant l'Assemblée nationale dans les quinze jours
qui suivent, si le Parlement est en session, ou au début de la session
qui suit, si le Parlement ne siège pas."
C'est une prudence simplement parlementaire pour qu'on puisse avoir le
document.
M. Burns: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Vous venez de le faire pour M.
Dubé; je pense bien que c'est normal.
M. Cournoyer: C'est une tutelle publique, j'accepterais cela.
M. Burns: Je trouve que cela a bien du sens.
M. Bellemare (Johnson): Je pense qu'il est normal qu'on le
fasse.
M. Cournoyer: Oui, oui, je l'ai fait cet après-midi.
Le Président (M. Séguin): Alors, quel est votre
amendement?
M. Bellemare (Johnson): Voici, M. le Président. Cela fait
deux que je compte, je suis bon en "moses".
Le Président (M. Séguin): On ajouterait...
M. Bellemare (Johnson): C'est peut-être l'heure...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre!
M. Roy: J'ai perdu au hockey l'autre jour. Quand je vais gagner,
vous allez voir comme cela va bien aller. Vous ne perdez rien.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lecours: II va se faire un congrès.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! On ajouterait à l'article 11...
M. Lecours: II perd encore.
M. Bellemare (Johnson): Amendé.
Le Président (M. Séguin): ...un amendement
proposé par le député de Johnson. Il faut ajouter,
à la fin de l'article, le paragraphe suivant: "Tout rapport transmis au
lieutenant-gouverneur en conseil conformément aux dispositions du
premier alinéa doit être déposé devant
l'Assemblée nationale dans les quinze jours qui suivent, si le Parlement
est en session, ou au début de la session qui suit, si le Parlement ne
siège pas".
M. Bellemare (Johnson): Quatre à un pour Philadelphie.
Le Président (M. Séguin): Article 11, adopté
tel qu'amendé?
Le Président (M. Séguin): Article 11, adopté
tel qu'amendé. A l'article 12, un amendement est
suggéré.
M. Burns: ... les membres du conseil, c'est bien normal.
Le Président (M. Séguin): Adopté.
M. Burns: II n'y a pas de conseil qui reçoive des
émoluments. C'est bien normal, et je félicite les officiers
légistes qui ont compris des choses que peut-être le ministre ne
comprend pas, parce qu'on ne paye pas un conseil, on paye des individus.
M. Bellemars (Johnson): Les autres dépenses.
Une Voix: Adopté.
M. Burns: J'ai le droit de vous barber un peu, M. le
ministre.
M. Cournoyer: J'ai compris. J'ai le droit de vous baver. Vous
avez toujours le droit de me barber, voyons!
M. Burns: Non, non, je voulais dire vous baver, mais j'ai dit
vous barber.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, dans "les autres
dépenses qui sont assumées par le syndicat", qui ne sont pas
définies, le mot syndicat n'est pas défini dans la loi.
M. Cournoyer: Le syndicat?
M. Bellemare (Johnson): Le syndicat, c'est quoi?
M. Cournoyer: C'est l'un des... On a assez eu de mal à les
définir cet après-midi...
M. Bellemare (Johnson): C'est un des quatre. M. Cournoyer:
Oui.
Le Président (M. Cournoyer): A l'article 13, un amendement
est suggéré par le député de Maisonneuve.
M. Burns: Oui, M. le Président, je pense que c'est un
amendement que...
M. Bellemare (Johnson): Nous avons passé un amendement, M.
le Président, que le ministre avait suggéré à
l'article 12, dans la première ligne du premier alinéa,
après le mot "émoluments", ajouter les mots "des membres".
M. Cournoyer: On l'a accepté. M. Bédard
(Montmorency): C'est fait, cela. M. Bellemare (Johnson): Je suis en
retard. M. Veilleux: Ce n'est pas grave.
M. Burns: On est rendu à l'article 13. Je ne pense pas que
je doive discuter longtemps de mon amendement, il me semble qu'on pourrait
très facilement l'accepter.
M. Cournoyer: Oui, d'accord.
M. Burns: S'il y a des règlements qui doivent entrer en
vigueur, il me semble qu'on devrait les publier dans la Gazette officielle.
C'est dans ce sens que je propose que l'article 13 soit amendé, en
ajoutant à la fin la phrase suivante: Que ces règlements entrent
en vigueur à la date de leur publication dans la Gazette officielle du
Québec ou à toute date ultérieure qui est
fixée.
M. Cournoyer: Adopté.
M. Roy: Avant de l'adopter, j'ai une question...
M. Bellemare (Johnson): Je voudrais dire un mot...
M. Roy: J'ai une question à poser. Allez-y.
M. Bellemare (Johnson): C'est que, d'abord, le principe que le
lieutenant-gouverneur en conseil peut adopter des règlements est
extrêmement dangereux, parce qu'ils peuvent rendre la présente loi
beaucoup plus sévère et beaucoup plus contraignante pour les
parties en dehors de l'assentiment du Parlement.
M. Cournoyer: Bien non, on ne peut pas aller au-delà de la
loi.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, la loi ne
précise pas les matières qui peuvent entrer en ligne de compte
dans cette réglementation.
M. Cournoyer: Bien, c'est-à-dire l'application de la
présente loi.
M. Bellemare (Johnson): Je vous fais confiance, mais c'est
dangereux. Je vous dis que la réglementation, sans définir
quelles sont les matières qui sont assujetties, peut rendre la loi
beaucoup plus contraignante.
M. Lecours: C'est la présente loi.
M. Cournoyer: Cela pourrait peut-être placer le ministre
dans la position de dire: Je suis maintenant puissant, parce que la loi me
donne la puissance qu'elle devait me donner.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais cela ne sera pas dans le
règlement.
M. Cournoyer: J'aurai le pouvoir de faire des règlements,
comme le lieutenant-gouverneur en conseil, d'en proposer d'excellents.
M. Bellemare (Johnson): Mais le ministre ne sera pas longtemps
là.
M. Cournoyer: Cela, c'est vous qui le dites. Vous me souhaitez du
bien tout le temps. Je comprends.
M. Bellemare (Johnson): Je sympathise beaucoup, M. le
Président.
M. Cournoyer: Je suis content, vous avez connu cela, vous, avant
moi.
M. Bellemare (Johnson): Oui, j'ai connu cela, ce n'était
pas facile. C'est simplement pour vous dire, M. le Président, que j'ai
fait mon observation et que j'ai dit que c'était dangereux de ne pas
spécifier les matières qui seront peut-être plus
contraignantes que la loi elle-même et qui pourront peut-être aussi
rendre plus difficile l'application même de la tutelle.
M. Cournoyer: Parfait, je prends bonne note de cette mise en
garde.
M. Bellemare (Johnson): D'eutant plus que vous étiez bien
disposé à prendre...
M. Roy: M. le Président, j'avais demandé la parole
pour faire des réserves similaires, étant donné que nous
avons eu l'occasion à plusieurs reprises de soulever ce point lorsque
les lois sont présentées devant la Chambre. Nous avons
déploré à plusieurs reprises que lorsque nous adoptons des
lois c'est devenu une marque de
commerce générale on se fait donner des pouvoirs
quasi absolus en matière de réglementation, pour élargir
ou pour restreindre la portée de la loi. J'aimerais que le ministre nous
donne une idée je comprends qu'il est tard du genre de
réglementation qu'il prévoit nécessaire à
l'application de cette loi. Non, c'est dans la loi même.
M. Veilleux: En donnant les noms?
M. Roy: Je n'ai pas interrogé le député de
Saint-Jean, j'ai demandé au ministre...
M. Bellemare (Johnson): Je pense que c'est une très bonne
question.
M. Cournoyer: Excellente question. Une excellente question.
M. Burns: C'est une très bonne question qu'a posée
le député de Beauce-Sud. Je pense que cela vaut la peine qu'on
attende la réponse du ministre là-dessus.
M. Bellemare (Johnson): Faites-lui gagner quelque chose,
toujours.
M. Roy: Oui. J'en ai, des petites choses, à demander.
M. Cournoyer: A qui, à lui? Au député de
Beauce-Sud?
M. Bellemare (Johnson): Répondez-lui au moins quelque
chose de consolant.
M. Cournoyer: Si nous avions une connaissance, actuellement, de
ce qui sera nécessaire pour l'application de cette loi, nous le
mettrions dans la loi. Ce serait simple de le mettre dans la loi parce qu'il y
a tellement de choses, déjà, qui sont dans la loi.
M. Bellemare (Johnson): Dans le discours inaugural, cette
année, il y a un article spécifique où on dit que toutes
les réglementations de toutes les lois seront améliorées
afin qu'on en donne tous les éléments avant qu'elles soient
produites. C'est dans le discours inaugural.
M. Roy: Ce serait, en quelque sorte, un code
général pour limiter la portée du pouvoir de
réglementation. Là, c'est "at large".
M. Cournoyer: Disons que le code général qu'on
adoptera en vertu du discours inaugural que vous avez entendu, je me
conformerez à cela pour adopter les règlements en vertu de la loi
qui est devant vous.
M. Bellemare (Johnson): Oh, M. le Président, c'est
bien.
M. Roy: Je m'aperçois que le ministre se fait donner un
pouvoir très large.
M. Cournoyer: Ce n'est pas vous qui allez me critiquer pour
demander des pouvoirs. N'est-ce pas? Cela prend des pouvoirs larges pour entrer
là-dedans.
M. Roy: On vous donne, à ce moment-ci...
M. Bellemare (Johnson): Vous, on vous donne surtout l'application
des pouvoirs.
M. Cournoyer: Oui, c'est cela. Cela prend des pouvoirs larges
pour entrer là-dedans, messieurs. Ils ne sont pas plus larges que la
loi. On prend cette réserve et on dit que le lieutenant-gouverneur en
conseil peut adopter les règlements qu'il juge nécessaires pour
l'application de la présente loi. On ne passera pas à
côté de l'application de la présente loi.
M. Roy: Je suis bien d'accord là-dessus. Ce n'est pas
là l'objet de la question. J'ai demandé...
M. Cournoyer: Pour l'application de la présente loi...
M. Roy:... au ministre s'il avait une idée...
M. Cournoyer: Non.
M. Roy: Vous n'en avez pas?
M. Cournoyer: Non.
M. Roy: C'est l'article 13, par-dessus le marché. Ce n'est
pas de très bon augure.
M. Cournoyer: C'est un article très mauvais pour moi. De
toute façon, c'est très mauvais pour moi.
M. Roy: Vous avez raison.
M. Cournoyer: Je voudrais m'en passer...
M. Bellemare (Johnson): Vous êtes resté au 13
longtemps...
M. Cournoyer: ... mais je ne peux pas m'en passer.
M. Bellemare (Johnson):... au Delta.
M. Roy: Moi, je trouve qu'une loi de mise en tutelle...
M. Bellemare (Johnson): Appartement no 13.
M. Roy:... devrait être la plus complète possible.
Il y a un principe là-dedans. C'est une loi exceptionnelle et on se fait
donner des pouvoirs de réglementation absolus en plus.
M. Cournoyer: Comme cela, vous allez pouvoir me dire que je n'ai
pas utilisé les pouvoirs que j'avais, pas présumer que j'ai les
pouvoirs et m'accuser de ne pas m'en servir.
M. Burns: C'est bien pire que cela, ce que le
député de Beauce-Sud dit, et je trouve sa question absolument
pertinente.
M. Cournoyer: Je n'ai jamais déclaré qu'elle
n'était pas pertinente.
M. Burns: Non, mais je vous avoue, et je le dis en toute
humilité, que je n'avais pas pensé à cela. Je ne trouvais
pas...
M. Cournoyer: On va avoir un cours de droit, maintenant, de la
part du député de Beauce-Sud.
M. Burns: Je trouve cela important qu'à la fin de la
discussion du projet de loi on se demande ce que le lieutenant-gouverneur en
conseil veut adopter par voie de règlement alors que déjà
il s'est réservé un maudit paquet de pouvoirs, que
déjà il passe à côté du droit commun, que
déjà il met de côté toutes les règles
normales de l'administration des relations de travail. Il me semble que c'est
une des "moses" de bonnes questions qu'on devrait se poser: Qu'est-ce que le
lieutenant-gouverneur veut se donner en plus des pouvoirs exceptionnels qu'il
se donne par cette loi? Il n'y a pas pensé et il dit tout simplement: Le
lieutenant-gouverneur en conseil... Là, on s'en met un paquet mais on
n'est pas sûr si on n'en aurait pas besoin de plus.
M. Bellemare (Johnson): Comme dans la loi no 201, d'ailleurs, il
a tout mis.
M. Burns: C'est assez fantastique.
M. Burns: II me semble que le ministre du Travail devrait nous
donner au moins des assurances quant à la ligne dans laquelle il va
s'orienter par rapport à une réglementation éventuelle.
Tout le monde sait que c'est le ministre du Travail qui va faire les
suggestions comme dans le cas, par exemple, de la nomination de M. Joyal,
où c'est le ministre du Travail qui a fait la proposition.
M. Charron: Bergeron.
M. Bums: Dans le cas de Bergeron aussi.
M. Cournoyer: Oui, certainement.
M. Charron: II l'a imposé à Mérineau.
M. Cournoyer: J'ai nommé Mérineau aussi.
M. Charron: Vous avez imposé Bergeron. M. Cournoyer:
Sous-ministre adjoint.
M. Bellemare (Johnson): C'est exact, mais celui qui est
allé le chercher, ce n'est pas vous?
M. Cournoyer: Non, ce n'est pas moi qui suis allé le
chercher. Vous, vous avez fait le "deal" entre la CSN et la FTQ en même
temps.
M. Bellemare (Johnson): Non, non! Quelle habileté!
M. Burns: M. le Président, je plaide auprès du
député de Johnson, je ne voudrais pas qu'on change de sujet;
c'est un "moses" de bon sujet que le député de Beauce-Sud a mis
sur la table.
M. Bellemare (Johnson): J'ai commencé, d'ailleurs...
M. Burns: J'aimerais cela que le ministre nous dise exactement ce
qu'il pense de cette réaction que nous avons de façon unanime du
côté de l'Opposition, relativement à ces pouvoirs
additionnels vagues, ambigus, inattendus même, par rapport à une
tutelle qui, déjà, est pas mal forte. J'aimerais savoir ce que le
ministre envisage comme possibilité pour le lieutenant-gouverneur en
conseil d'adopter des règlements qu'il juge nécessaires à
l'application de la loi.
M. Bellemare (Johnson): D'ailleurs, j'ai été
l'instigateur et je suis bien content que mon collègue puisse me
seconder et je vais le seconder. J'ai dit, dès le début, dans mes
remarques que c'était un pouvoir extrêmement dangereux qui pouvait
astreindre même les tuteurs à certaines obligations qui ne sont
pas dans la loi, et rendre difficile l'application elle-même de la
loi.
M. Roy: Exemple, d'organiser une tutelle pour les tuteurs, par la
réglementation.
M. Cournoyer: M. le Président, j'ai accepté de vous
aviser de ces décisions dans la Gazette officielle. J'ai accepté
la proposition du député de Maisonneuve...
M. Bellemare (Johnson): Quand le verre de lait est
renversé...
M. Cournoyer: ...de vous en aviser dans la Gazette
officielle.
M. Bellemare (Johnson): ...et qu'on n'est plus capable de le
mettre dans la pinte, on dit: II est là. Arranger vous avec.
M. Cournoyer: Non, non, je vous aviserai par la voix de mes
canons, la Gazette officielle.
M. Roy: En tout cas, on va attendre la réponse.
M. Cournoyer: Quelle réponse?
M. Roy: On va attendre la réponse. Le ministre ne nous a
pas répondu.
Le Président (M. Séguin): Article 14. Il y a un
amendement...
M. Bums: M. le Président, avant qu'on quitte l'article 13,
je voudrais que tout le monde se rap-
pelle bien la question du député de Beauce-Sud, qui,
à mon avis, a une valeur incroyable. Je m'excuse, je ne veux pas flatter
le député de Beauce-Sud plus qu'il faut, mais je vous dis qu'il a
posé peut-être "la" question relativement à ce projet de
loi. Non seulement on se donne des pouvoirs exceptionnels par voie absolument
exceptionnelle, mais, en plus de cela, on ne prend pas de chance, on s'en garde
d'autres. C'est absolument fantastique.
M. le Président, je n'avais pas vu cet aspect de l'article 13. Je
trouve, M. le ministre, que vous devriez repenser à votre image, puisque
vous êtes un gouvernement qui fonctionne par images. Puisque vous
êtes un gouvernement qui a besoin de redorer son blason, puisque vous
êtes un gouvernement qui, actuellement, est en train de laisser croire
à la population qu'il agit en matière de construction, moi
j'aimerais que ce gouvernement nous explique jusqu'à quel point il agit
en se donnant toutes ses coudées franches qui paraissent à
l'article 13 de la loi. En tout cas, je ne veux pas qu'on l'oublie cette
question, parce qu'elle va être utile dans un an, dans six mois,
peut-être avant.
M. Roy: Peut-être avant.
M. Bellemare (Johnson): J'ajouterais ceci, M. le
Président, si le député de Maisonneuve me le permettait;
ces règlements entrent en vigueur 30 jours après leur
publication.
Tiens, il l'a trouvé que le peuple puisse l'avoir avant.
M. Cournoyer: ... chaque fois que j'en ai publié un de 30
jours, il n'a jamais passé...
M. Bellemare (Johnson): Votre remarque était fort
appropriée; en y mettant 30 jours, on lui a vu sortir la tête.
C'est là qu'on vient de le prendre, 30 jours après. Là, on
verrait le ministre comme il est, si c'est vrai qu'il a des cachettes. Est-ce
vrai?
M. Cournoyer: Des quoi, des cachettes? Je n'ai aucune
cachette.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais 30 jours après leur
publication dans la Gazette officielle. C'est bon.
M. Cournoyer: Je n'ai pas de cachette.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'on l'accepte 30 jours? Non?
Bien.
M. Cournoyer: Cela donne une amélioration, cependant, au
texte de la Loi sur la mise en tutelle de "International Union of Elevator
Constructors" de la publier au moins dans la Gazette officielle.
M. Bellemare (Johnson): Oui. M. Cournoyer: Pardon?
M. Bellemare (Johnson): Cela ne m'impressionne pas beaucoup.
M. Cournoyer: On a tellement abusé du premier pouvoir dans
le cas des élévateurs, que je ne pense pas qu'on fasse
exprès pour en abuser la deuxième fois.
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Burns: Mais vous restez avec des pouvoirs absolument
extraordinaires, déjà, dans une loi extraordinaire.
M. Cournoyer: Oui, mais on s'est inspiré d'une loi
fédérale...
M. Burns: C'est assez fantastique.
M. Cournoyer: On n'est toujours pas pour laisser pleins pouvoirs
au fédéral pour...
M. Burns: C'est un autre aveu d'impuissance de la part du
ministre.
M. Bellemare (Johnson): C'est un autre roman-feuilleton d'Elie
Dubé, qu'on va lire avec...
M. Cournoyer: Jamais!
M. Burns: Je plains votre femme, M. le ministre.
Le Président (M. Séguin): Article 14.
M. Roy: Avant l'article 14, M. le Président, l'article 13,
moi, je mets une réserve là-dessus. Je vais dire: Adopté
sur division.
Le Président (M. Séguin): II est déjà
adopté.
M. Roy: Sur division. Je m'excuse, M. le Président, je
n'avais pas compris tout à l'heure. On n'avait pas appelé
l'article 14 encore. Je m'excuse. Il y a eu du bruit un peu, dans la salle.
L'article 13, c'est un article qu'on va surveiller.
Le Président (M. Séguin): Article 14. Il est
suggéré qu'on le remplace par le suivant: "Rien dans la
présente loi n'affecte les obligations du syndicat, ni les instances
pendantes, non plus que les droits du syndicat, à moins que dans ce
dernier cas, le conseil d'administration en décide autrement." Il y a,
à la suite de cela, un amendement proposé par le
député de Maisonneuve, qui se lirait: "A moins que le conseil
d'administration que l'article 14 soit amendé en retranchant les
mots...
M. Burns: M. le Président, je laisse tomber cet
amendement, étant donné l'amendement que...
Le Président (M. Séguin): Qui a été
présenté par le ministre.
Alors, l'amendement de l'article à remplacer, tel que
suggéré, adopté?
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): L'article 15.
M. Burns: M. le Président, en ce qui me concerne,
l'article 15 est adopté.
Le Président (M. Séguin): Article 15,
adopté.
M. Burns: Article 16. M. le Président, je demanderais
simplement qu'on fasse la concordance avec l'amendement qu'on a accepté
à l'article 5, 2a), et 2b) également où il y a eu un
amendement.
Le Président (M. Séguin): Avez-vous consulté
l'article 16? Remplacer, dans le sous-paragraphe...
M. Burns: M. le Président, ce qu'on fait à
l'article 16, dans le fond, c'est qu'on applique les pouvoirs qui sont
visés pour les électriciens, les plombiers et...
Le Président (M. Séguin): La même chose.
M. Burns: ... les opérateurs de machinerie lourde, on les
applique aux travailleurs d'ascen-ceurs. Je demande tout simplement qu'on soit
logique et qu'on applique...
M. Cournoyer: ...concordance.
M. Burns: ...les mêmes termes, qu'on fasse une
concordance.
M. Cournoyer: Les mêmes termes.
M. Burns: Au paragraphe a). D'accord?
Le Président (M. Séguin): Article 16 a)
adopté tel qu'amendé.
M. Roy: Cela veut dire que l'amendement proposé dans les
amendements du ministre sont mis de côté pour revenir à
l'article qui avait été adopté antérieurement.
M. Cournoyer: Identique au 1er article.
M. Roy: D'accord.
Le Président (M. Séguin): Article 16-b).
M. Cournoyer: Identique encore avec le même amendement
qu'on avait...
Le Président (M. Séguin): 16-c), adopté?
M. Charron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): d).
M. Cournoyer: Adopté.
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): e).
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): f).
M. Charron: Adopté.
M. Roy: C'est en somme la même chose.
M. Cournoyer: C'est la même chose.
M. Roy: Nous avons déjà discuté de tout
ça.
Une Voix: C'est ça.
Le Président (M. Séguin): II faut quand même
que je les passe.
M. Burns: Vous avez raison, nous ne vous blâmons pas, loin
de là.
Le Président (M. Séguin): g).
M. Charron: Adopté.
M. Roy: Je n'ai pas de réserve.
Le Président (M. Séguin): h).
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): i).
M. Bellemare (Johnson): II y a un amendement... par le
conseil.
M. Cournoyer: Concordance avec l'autre. Au lieu du mot "eux" on
met "par le conseil."
Le Président (M. Séguin): Je cherche où.
M. Burns: A la troisième ligne, M. le Président, le
troisième mot.
Le Président (M. Séguin): i) amendé,
adopté?
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): j).
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): k).
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Article 17.
M. Burns: A l'article 17, M. le Président, j'ai seulement
une question à l'endroit du ministre. Est-ce que la date des trois ans a
été servilement acceptée selon la recommandation de la
commission Cliche ou bien si, du côté gouvernemental, on a
pensé que les trois ans étaient nécessaires pour faire les
réformes qui étaient envisagées par le projet de loi no
29.
M. Cournoyer: Elle a été...
M. Burns: Est-ce qu'on s'est penché entre autres...
Pardon? Je m'excuse, vous n'aviez pas terminé?
M. Cournoyer: Elle a été effectivement
copiée de la recommandation du...
M. Burns: Est-ce que, du côté gouvernemental, on
s'est penché sur la possibilité de mettre en application une
tutelle qui aurait une durée moindre? Je comprends très bien
qu'à la fin de l'article on dise: "Ou à toute date
antérieure que le lieutenant-gouverneur en conseil déterminera".
Il est évident que le conseil des ministres peut décider que la
tutelle...
M. Veilleux: ...article avant.
M. Cournoyer: Non, c'est l'article 17.
M. Veilleux: L'article 17 est devenu l'article 19, il y a deux
autres articles.
M. Burns: Oui, mais actuellement on parle de l'article 17 du
projet de loi.
Le Président (M. Séguin): Voici, si vous remarquez
les modifications, après l'article 16, il y a deux nouveaux articles
numérotés 17 et 18, les articles 17 et 18 du projet devenant les
articles 19 et 20.
M. Lachance: II devient l'article 19.
M. Burns: D'accord. En tout cas, ma question vaut encore...
Le Président (M. Séguin): Vos remarques
s'adressaient quand même à l'article 17.
M. Burns: On peut peut-être répondre à cela
immédiatement. Je ne fais pas d'amendement, je demande tout simplement
si on a envisagé la possibilité de garder la tutelle pour une
durée moindre que celle qui est prévue dans le projet de loi
original, c'est-à-dire trois ans.
M. Cournoyer: On l'a envisagé à cause du fait qu'on
a inscrit: Ou à toute date antérieure que le
lieutenant-gouverneur en conseil déterminera". Ce que nous avons comme
intention, c'est à l'effet qu'en formant quatre tutelles, il soit
possible qu'une tutelle, par exemple, ou les tuteurs nous indiquent que les
dispositions, conformément aux recommandations générales
de la commission Cliche, sont maintenant remplies. Cela pourrait être
dans les six mois qui s'en viennent ou dans les trois mois qui s'en viennent. A
ce moment, nous mettrions fin à la tutelle, sur l'avis des tuteurs.
C'est un peu le pouvoir qu'on a voulu se garder dans la dernière ligne,
de mettre fin d'une façon antérieure à la tutelle sur
l'avis des tuteurs.
M. Burns: D'accord. M. Charron: D'accord.
Le Président (M. Séguin): Je ne sais pas si vous
avez l'intention de regarder l'article 17, paragraphes I, 2 et 3.
M. Burns: C'est, encore une fois, une concordance avec le reste
du projet de loi, on est entièrement d'accord sur cela.
C'est-à-dire qu'on n'est pas d'accord parce que nous sommes contre la
tutelle.
Je veux dire que, si on a adopté cela ailleurs, on est aussi bien
de l'adopter ici.
M. Cournoyer: Si vous me le permettiez... Est-ce qu'on a
fini?
M. Charron: C'est vous qui le savez.
M. Cournoyer: Non, mais c'est parce que je voudrais revenir au
deuxième alinéa de l'article 3 que nous avons tenu en suspens sur
le personnel des tutelles.
M. Veilleux: II en reste d'autres.
Le Président (M. Séguin): Non! il n'en reste pas
d'autres.
M. Veilleux: L'article 18, vous ne l'avez pas adopté.
Le Président (M. Séguin): Article 18, oui, c'est
pris là-dedans.
M. Veilleux: Articles 19 et 20.
M. Roy: On revient à l'article 3.
Le Président (M. Séguin): Alors, l'article qui
avait été suspendu, l'article 3.
M. Bellemare (Johnson): C'était pour savoir s'il y avait
des conventions collectives qui existaient, s'il y avait des droits acquis.
M. Cournoyer: II n'y en a pas.
M. Bellemare (Johnson): II n'y en a aucune.
M. Cournoyer: Aucune, mais...
M. Bellemare (Johnson): M. Burns, il est à nous donner une
réponse au sujet des droits acquis dans l'article 3, ceux qui auraient
peut-être eu des conventions collectives qui étaient en vigueur et
qui auraient été lésés, à un moment
donné, par les tuteurs.
M. Charron: Le personnel du syndicat.
M. Burns: Est-ce que le premier ministre veut intervenir à
ce sujet?
M. Cournoyer: Ecoutez, cela allait bien; ne vous chicanez
pas.
M. Bourassa: Je respecte les règlements, M. le
Président.
M. Cournoyer: L'endroit où je voulais revenir,
ce n'était pas nécessairement sur l'existence de
conventions collectives. Nous n'avons pas approuvé l'article 3
tantôt, parce que le député de Maisonneuve suggérait
que nous rémunérions ces gens soit sur une base d'occasionnels,
soit conformément aux conventions collectives du gouvernement, si
c'étaient des fonctionnaires.
M. Burns: C'est-à-dire que je voulais le savoir.
M. Cournoyer: Oui, mais, pour plus de clarté, on dit: Le
personnel du conseil est rémunéré suivant les normes
applicables au personnel de la fonction publique, c'est-à-dire que,
s'ils sont des occasionnels, cela fait partie du personnel de la fonction
publique.
M. Burns: Parfait!
M. Cournoyer: Alors, ce serait l'amendement qu'on ajouterait
à l'article 3, ce qui nous permettrait d'adopter l'article 3.
Le Président (M. Séguin): Alors, qu'est-ce qu'on
ajoute?
M. Cournoyer: Tout de suite après, un paragraphe nouveau
qui se lirait comme ceci: "Le personnel du conseil est
rémunéré suivant les normes applicables au personnel de la
fonction publique". Le mot applicable voulant dire, bien sûr, que, si ce
sont des occasionnels, ce sont les normes des occasionnels et, si ce sont des
permanents, ce sont les normes des permanents.
M. Burns: Entièrement d'accord.
Le Président (M. Séguin): Après le mot
rémunéré?
M. Cournoyer: Suivant les normes applicables...
M. Cournoyer: Au personnel de la fonction publique.
Le Président (M. Séguin): Article 3, messieurs. Le
lieutenant-gouverneur en conseil fixe la rémunération, les
allocations, les indemnités, les traitements ou, s'il y a lieu, le
traitement supplémentaire du président et des autres membres du
conseil d'administration ainsi que ceux de son personnel. Le personnel du
conseil est rémunéré suivant les normes applicables au
personnel de la fonction publique.
Adopté?
M. Roy: Adopté. M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Le projet de loi no 29
est adopté avec amendements.
M. Burns: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Dans tous les cas? M.
Burns: Dans tous les cas. M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Burns: C'est-à-dire dans tous les cas... On va
être logique, il y a un certain nombre d'amendements...
M. Cournoyer: Que vous avez proposés.
M. Burns: ... qui ont été adoptés à
la suggestion de l'Opposition.
M. Coumoyer: M. le Président, juste avant qu'on
parte...
M. Burns: Est-ce que je peux expliquer la nature de mon vote?
M. Cournoyer: Avant la nature de votre vote, on me dit qu'il est
préférable, pour éviter toute ambiguïté, qu'au
lieu de mettre "au personnel de la fonction publique" qu'on mette "au personnel
du gouvernement" pour couvrir les occasionnels.
M. Burns: Est-ce qu'on peut avoir des explications
là-dessus?
M. Bellemare (Johnson): En vertu de ceci, les membres de
l'Assemblée nationale ne sont pas couverts. Est-ce pour rejoindre les
mêmes privilèges qu'ont ceux de l'Assemblée nationale ou
que ceux de la fonction publique? Ce doit être pour cela.
M. Cournoyer: C'est juste la question des occasionnels.
M. Bellemare (Johnson): Ce doit être pour cela. C'est parce
que les occasionnels ne comptent pas à l'Assemblée nationale; ce
doit être pour cela qu'ils veulent l'inscrire ainsi.
M. Cournoyer: C'est cela.
M. Burns: Remarquez que cela repose le problème que je
vous suggère de réexaminer. Je ne voudrais pas repartir un autre
débat qui a été soulevé à la commission de
la fonction publique, mais ce gouvernement-ci ne considère pas ses
occasionnels comme des membres de la Fonction publique et cela pose le
problème de savoir ce qu'on fait avec ces gens qu'on manipule, qu'on
transfère, qu'on utilise comme bon il semble au gouvernement de s'en
servir.
Je ne veux pas repartir le débat qui a déjà
été soulevé à la commission de la fonction
publique, mais c'est peut-être une autre occasion que nous avons de nous
poser la question de savoir comment il se fait que vous avez une
catégorie de travailleurs, d'employés du gouvernement qui sont,
à mon avis, du "cheap labour", que le gouvernement utilise comme tel et
ne se gêne aucu-
nement d'utiliser comme tel. Entre autres, il y a le fait que ces gens,
par exemple, ne reçoivent même pas le montant forfaitaire qui doit
être payé dans le cas de rajustement des salaires au coût de
la vie. Comme je l'ai dit à la commission de la fonction publique, je
trouve cela tout à fait étonnant que le gouvernement prenne cette
position alors que tout le monde sait que la livre de beurre augmente autant
pour un employé occasionnel que pour un employé permanent. En
tout cas, c'est peut-être une autre occasion où on est capable de
se rendre compte de l'illogisme de l'attitude du gouvernement
là-dessus.
Le Président (M. Séguin): Projet de loi no 30,
article 1.
M. Burns: J'aimerais connaître les intentions du
gouvernement là-dessus si c'est possible au premier ministre de le dire,
même s'il n'est pas membre de la commission.
M. Bourassa: II me semble que le ministre de la Fonction publique
avait dit que des rajustements périodiques étaient faits pour
tenir compte, dans leur cas, des augmentations du coût de la vie, si ma
mémoire est bonne. Votre recherchiste est sceptique, mais il faudrait
que je vérifie les déclarations.
M. Burns: Je pense que le ministre de la Fonction publique nous a
dit qu'il avait accordé, par la réglementation concernant les
employés temporaires, un certain statut permanent au niveau du salaire,
un caractère de permanence au niveau du salaire, dans le sens qu'on ne
pouvait plus jouer avec le salaire des employés occasionnels et que,
pour tenir lieu d'un certain nombre de bénéfices marginaux qui
sont estimés dans la fonction publique aux environs de 30% du salaire,
on donnait 10% de bénéfices additionnels aux employés
occasionnels. Ce qui m'inquiétait particulièrement,
c'était qu'une fois qu'on avait reconnu qu'un employé occasionnel
travaillant au ministère du Revenu durant la période de surcharge
qu'on connaît, lors des rapports d'impôt, recevait exactement le
salaire de son homologue permanent, il ne recevait quand même pas cette
espèce de rajustement au coût de la vie, de montant
forfaitaire.
C'est uniquement à ce niveau-là que je me suis plaint. Je
continue à me plaindre de cela parce que je considère qu'il y a
beaucoup d'employés occasionnels qui sont lésés par
ça. Le gouvernement est absolument illogique en tenant cette
position-là parce qu'il accorde le montant forfaitaire aux
employés temporaires, occasionnels qui sont là pour un travail
spécifique, c'est-à-dire si la durée de ce travail
excède ou même est moindre que la durée normale de six mois
qui est visée pour les employés occasionnels ou encore huit mois
dans certains cas, pour les ouvriers.
Je ne veux pas lancer un débat là-dessus, M. le
Président, je veux tout simplement que vous révisiez votre
position, que vous réexaminiez l'utilité de faire ça. Je
suis convaincu, je le dis sans au- cune arrière-pensée, qu'il y a
beaucoup de députés ministériels qui aimeraient voir le
gouvernement rajuster sa position là-dessus. Comme nous, de
l'Opposition, ils ont régulièrement des plaintes qui sont faites
par certains de leurs commettants qui se croient lésés par cette
attitude du gouvernement.
M. Bourassa: M. le Président, j'avais déjà
entendu le député de Maisonneuve là-dessus. Disons
qu'à première vue j'avais été
intéressé par ses arguments. La discussion que j'avais eue avec
le ministère de la Fonction publique était que, pour compenser ce
forfaitaire, on rajustait à la hausse périodiquement les
salaires. Mais je suis prêt à vérifier à
nouveau.
M. Burns: M. le Président, je suis satisfait de cette
réponse du premier ministre, je suis content. Il commence à
écouter l'Opposition quand elle fait des propositions constructives. Je
ne suis pas là pour essayer de jeter du discrédit sur l'attitude
du premier ministre, je demande tout simplement que vous révisiez votre
position. Vous admettez qu'il y a possibilité de la réviser, moi
ça me satisfait.
M. Bourassa: Nous sommes sociaux-démocrates tous les deux
sauf que, plus tôt dans la soirée, vous m'attaquiez et je n'avais
pas eu la chance de répliquer. Mais si on parle de
social-démocratie on va s'entendre.
M. Burns: Avez-vous remarqué que je n'ai jamais
empêché quelqu'un de parler lorsqu'il arrive à une
commission et qu'il parle dignement comme vous le faites ou qu'il tente de
donner des réponses normales aux gens de l'Opposition. Je n'ai jamais
empêché quelqu'un de nous dire ça.
M. Bourassa: Est-ce que je puis dire la réciproque?
M. Burns: Oui, vous pouvez dire la réciproque.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que nous pouvons connaître
le menu pour demain?
M. Bourassa: Demain, disons que nous allons, avec la
collaboration de l'Opposition, adopter le rapport...
M. Bellemare (Johnson): Avant la...
M. Bourassa: La troisième lecture. La période des
questions, la troisième lecture du bill 29, pour nous permettre, au
cours des prochains jours, de convaincre des personnes d'être tuteurs.
Après cela, on pourra commencer la commission élue pour le bill
30, mais sans aller trop loin, étant donné que ce qui
était important, c'était le bill 29. Cela permettra aux
députés de rejoindre leurs familles en fin de semaine, d'aller
sur leurs fermes, ceux qui ont des fermes, et tout cela...
Est-ce que le député de Maisonneuve... De toute
façon, on va...
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que le premier ministre peut nous
assurer que lundi, qui est fête légale on pourra faire du bureau
dans nos comtés?
M. Bourassa: Etant donné que le bill 29 devrait être
adopté en troisième lecture demain...
M. Bellemare (Johnson): Oui, d'accord!
M. Bourassa: ... c'était une priorité du
gouvernement, que la tutelle puisse être adoptée...
M. Bellemare (Johnson): Que le lundi, par exemple, on ait la
liberté de...
M. Bourassa: Oui.
M. Bellemare (Johnson): ... faire du bureau, même si c'est
fête légale, dans nos comtés.
M. Bourassa: Oui, disons...
M. Roy: Nous pourrions continuer l'étude des articles de
la loi 30, mardi matin, à partir de 10 heures.
M. Bourassa: Oui. Disons que si les députés sont
d'accord pour faire un effort particulier demain matin et mardi matin...
M. Bellemare (Johnson): II n'y aura pas de problème, en
vertu du règlement.
M. Bourassa:... on peut leur laisser la chance d'aider leurs
électeurs lundi. Avec le peu d'Opposition qu'on a, il faut quand
même donner une chance.
M. Roy: II faut que vous pensiez aussi que vous en avez, des
députés, vous autres aussi, qui ont des obligations envers leurs
électeurs.
Le Président (M. Séguin): La commission, messieurs,
a terminé ses travaux sur le projet de loi 29.
La commission ajourne sine die.
(Fin de la séance à 2 h 04)