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Commission permanente du travail,
de la main-d'oeuvre et de l'immigration
Projet de loi no 30
Loi modifiant la Loi sur les relations
de travail dans l'industrie
de la construction
Séance du vendredi 16 mai 1975
(Onze heure cinquante-trois minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
L'étude en commission, article par article, du projet de loi no
30. Les membres de la commission, pour la séance d'aujourd'hui, sont les
suivants: MM. Bellemare (Johnson), Bérard (Saint-Maurice), Bonnier
(Taschereau), Morin (Sauvé), Charron (Saint-Jacques), Bédard
(Montmorency), Cournoyer (Robert-Baldwin), Carpentier (Laviolette), Harvey
(Charlesbourg), Lachance (Mille-Iles), Lecours (Frontenac), Malépart
(Sainte-Marie), Roy (Beauce-Sud), Verreault (Shefford).
Remarques préliminaires
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy:... comme je vois le premier ministre à notre
table, j'aimerais savoir s'il a l'intention de participer aux
délibérations. Je pense que ce serait le temps, s'il
désire être membre et je n'ai pas d'objection de la
commission parlementaire, qu'il en fasse la demande et qu'on l'accepte tout de
suite. En effet, je tiens à l'avertir d'avance qu'il sera trop tard
lorsque nous aurons commencé nos délibérations.
Le Président (M. Séguin): Ce ne sera pas votre
décision, d'abord, à moins que...
M. Roy: Un instant, M. le Président, il faut qu'il demande
la permission à la commission parlementaire. Je ne veux pas être
désagréable au premier ministre.
Le Président (M. Séguin): C'est une décision
de la commission.
M. Roy: II veut participer à nos travaux. Nous avons un
règlement et ce règlement, ce n'est pas moi qui l'ai
écrit; j'ai participé aux discussions...
Le Président (M. Séguin): Cela prend le
consentement de la commission et non pas d'un député.
M. Roy: ... qui ont eu lieu. Et ça prend le consentement
unanime. Je tiens à dire que je n'accorderai pas mon consentement, si on
ne règle pas la question au début.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président...
M. Harvey (Charlesbourg): Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Voici, il n'y a pas eu de
demande du premier ministre encore.
M. Roy: Les poussins ne sont pas tous dans les basses-cours.
Le Président (M. Séguin): Je ne vois pas la raison
du débat.
M. Morin: M. le Président, le premier ministre pourrait
peut-être mettre fin à cette discussion, en nous disant si, oui ou
non, il a l'intention de participer au débat et d'être membre de
la commission, ce matin.
M. Harvey (Charlesbourg): C'est à lui de régler
cette question.
M. Bourassa: J'aurai peut-être quelques phrases, à
un moment donné.
M. Morin: Non, parce qu'alors, là, nous allons nous
trouver devant des situations aussi désastreuses qu'hier soir...
M. Harvey (Charlesbourg): C'est rendu que c'est l'Opposition qui
met le bâillon.
M. Morin: ... ou encore dans des situations que j'ai connues
moi-même dans d'autres commissions à l'occasion, alors que le
premier ministre venait porter sa confiture au milieu des débats.
J'aimerais que ce soit réglé, comme le député de
Beauce-Sud, dès le départ.
M. Bourassa: M. le Président, je crois qu'on devrait
peut-être amender le règlement pour que le chef du gouvernement et
le chef de l'Opposition puissent participer aux différentes
commissions.
M. Morin: II faudrait d'abord amender le règlement pour
qu'il en soit ainsi. Si le premier ministre veut prendre l'initiative de
modifier le règlement, je l'appuierai peut-être. Mais, en
attendant, y aurait-il moyen de savoir quelles sont les intentions
précises du premier ministre?
M. Harvey (Charlesbourg): Sur la question de règlement, M.
le Président.
Le Président (M. Séguin): Question de
règlement, le député de Charlesbourg.
M. Harvey (Charlesbourg): J'aurais certaines réserves,
parce que vous voyez cela, s'il fallait que le chef de l'Opposition soit membre
de toutes les commissions.
Le Président (M. Séguin): II n'est pas question de
cela.
M. Harvey (Charlesbourg): Vous voyez cela un peu?
Le Président (M. Séguin): Non. Mais il n'est pas
question de cela.
M. Harvey (Charlesbourg): D'accord.
M. Morin: Vous voyez cela, M. le Président. Il y aurait de
l'Opposition dans toutes les commissions. Cela pourrait gêner le
gouvernement!
M. Bourassa: Le problème c'est que...
M. Harvey (Charlesbourg): Vous venez d'avoir votre "briefing",
vous, là, sur le sujet à discuter aujourd'hui.
M. Bourassa: Je peux suivre cela à mon bureau, à
côté. Je ne voudrais pas priver un membre de la commission de
participer au débat, mais je n'ai pas l'intention de participer,
peut-être très très peu, si je m'apercevais que cela
pouvait être utile.
M. Morin: Je préférerais que le premier ministre
n'intervienne pas.
M. Bédard (Montmorency): Pourrais-je faire une suggestion
au chef de l'Opposition? Etant donné les circonstances d'abord,
on parle de siéger jusqu'à 2 h 30 et comme le premier
ministre a certainement des occupations pas mal plus nombreuses que les
nôtres, ne pourrait-on pas lui permettre, a certains intervalles, de
venir, parfois, faire une intervention? D'un autre côté, qu'est-ce
que cela peut changer? Cela va vous permettre d'adresser la parole. Nous, du
côté ministériel, nous sommes prêts à
l'accepter. D'un autre côté, je suis certain qu'en y pensant comme
il faut... Réglons les problèmes jour par jour. Aujourd'hui,
c'est jusqu'à 2 h 30. Je vous demanderais votre collaboration.
M. Harvey (Charlesbourg): Je demanderais à Camille Samson
de parler, même s'il est dissident avec le député de
Beauce-Sud.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, c'est le
député de Montmorency qui a la parole.
M. Roy: Commencez par vous entendre.
M. Bédard (Montmorency): Non. Je demanderais votre bonne
collaboration. Je suis certain que le député de Beauce-Sud est
capable de donner cette collaboration pour aujourd'hui. Mardi sera une autre
journée. "Other days, other ways".
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je pense
qu'indépendamment du débat qui se livre actuellement, dans tous
les Parlements, c'est reconnu qu'un chef de gouvernement, comme le chef de
l'Opposition ont des droits acquis. On a voulu, personnellement, comme chef
intérimaire, me donner l'accès à toutes les commissions
parlementaires...
M. Harvey (Charlesbourg): C'est notre
social-démocratie.
M. Bellemare (Johnson): Je me dois de dire, ce matin, vu que j'ai
été un privilégié parce que ce n'est pas
dans la constitution, ce n'est pas dans les règlements
qu'étant donné le poste qu'occupe actuellement le premier
ministre et celui qu'occupe le chef de l'Opposition, cela devrait être
tacitement reconnu, avant que la loi soit changée, qu'ils ont le droit
d'appartenir à toutes les commissions. Le chef de l'Opposition comme le
premier ministre ont peut-être un éclairage différent que
nous avons personnellement comme députés. Je pense que, sans en
faire un cas de principe, le premier ministre, qui est le premier citoyen du
Québec, et le chef de l'Opposition, qui est probablement le second,
méritent...
M. Harvey (Charlesbourg): Très loin en arrière.
M. Bellemare (Johnson): Au point de vue du parlementarisme, c'est
cela. Dans les soirées à Westminnor, Westmin...
M. Harvey (Charlesbourg): II n'est pas méchant.
M. Cournoyer: Westminster.
M. Bellemare (Johnson): Westminster ou... Il a
préséance sur tous les ministres. Alors je pense, pour ce matin,
que l'honorable député, je ne veux pas l'embêter, mais que
le premier ministre n'est pas un personnage ordinaire. Il faut le
considérer comme il est.
Le chef de l'Opposition, ce n'est pas non plus un personnage ordinaire.
Il est dans un cadre différent, du point de vue du parlementarisme.
M. Harvey (Charlesbourg): ...entre deux chaises, entre les
partis...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, j'ai trop de
respect pour ce qu'a dit ce matin l'honorable député de
Beauce-Sud pour le contredire.
Une Voix: Vote!
M. Bellemare (Johnson): Non, M. le Président, il n'est pas
question d'un vote, il est tout simplement question d'une remarque qui a
été faite parce que, hier, l'honorable député de
Beauce-Sud s'est aperçu qu'il y avait eu un conflit, à un moment
donné, avec le premier ministre. Pour éviter ça,
l'honorable député de Beauce-Sud a dit, ce matin: Avant qu'on
entre dans le débat, bien, le premier ministre devrait demander à
être accepté par...
M. Roy: M. le Président, si vous me permettez, si j'ai
fait cette proposition tout à l'heure, c'est en vue de
régulariser une situation. Je ne l'ai pas faite dans le but d'être
désagréable au premier ministre. Au contraire, je l'ai faite
parce que j'estime qu'il serait normal que le chef du gouvernement puisse
participer aux travaux d'une commission parlementaire.
Là-dessus, je suis entièrement d'accord avec le
député de Johnson. Seulement, il en est arrivé autrement
parfois, pendant nos délibérations. Je me souviens, entre autres,
que le chef de l'Opposition, on lui a interdit de prendre la parole à
des commissions parlementaires parce qu'il n'était pas membre. La
même chose m'est arrivée grâce a la collaboration de nos
collègues d'en face. On m'a empêché de parler à
certaines commissions parlementaires parce que je n'en étais pas membre.
On s'est retranché à ce moment-là derrière le
règlement.
J'estime ce matin qu'il est normal quo, si le premier ministre veut
intervenir à la commission parlementaire, il en soit membre, puisque
notre règlement le veut ainsi. Si on veut ce matin régler une
question et en faire une question de jurisprudence pour l'avenir, pour que le
premier ministre et le chef de l'Opposition aient droit de faire partie des
commissions parlementaires, je n'ai aucune objection; mais je veux que ce soit
réglé de façon que ce ne soit pas une procédure
à une commission parlementaire et une autre procédure à
une autre commission parlementaire, compte tenu des circonstances du temps, du
moment et de l'humeur de nos collègues.
Je pense qu'il y a une question de logique là-dedans et
réglons donc cette question une fois pour toutes.
M. Charron: Créons un précédent.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, je vous
remercie. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
M. Morin: M. le Président, j'allais simplement ajouter que
je suis d'accord avec mon collègue de Beauce-Sud mais que ce
problème ne peut pas être réglé séance
tenante.
Je prends acte de la bonne volonté du premier ministre pour que
les règlements soient éventuellement modifiés pour nous
permettre à tous deux d'avoir accès aux commissions, je pense
qu'il faudra que ce soit débattu probablement à la commission de
l'Assemblée nationale, donc, ce n'est pas le lieu de régler cela.
D'autre part, je remarque que le premier ministre a l'air d'avoir d'assez
bonnes dispositions ce matin.
M. Charron: On ne sait jamais.
M. Morin: C'est vrai qu'on ne sait jamais, ça change
très vite, mais je veux bien croire en sa bonne conduite pour le peu de
temps qui nous reste. Pour accélérer les travaux, je suis
prêt, avec le consentement de mon collègue de Beauce-Sud et de mon
collègue de Johnson, à prendre un ris- que, pour ce matin. Mais
c'est un risque calculé et j'ajouterais que, si, par hasard, le
député de Maisonneuve devait se joindre à nous un peu plus
tard, j'attendrais de la commission qu'elle manifeste la même ouverture
d'esprit pour qu'il puisse participer également.
M. Bédard (Montmorency): Je suis prêt à
donner mon consentement, M. le député de Sauvé.
Le Président (M .Séguin): Je vous remercie,
messieurs, de tous les renseignements, de tous les bons conseils que vous
donnez, mais rien n'empêche que je dois, par nécessité,
observer ou faire observer autant que possible et cela, avec un gros "A"
à autant et un grand "P" à possible...
M. Harvey (Charlesbourg): Otan, O-t-a-n.
Le Président (M. Séguin): ...aussi possible que
possible.
M. Roy: Ce n'est pas h-a-u-t-a-i-n.
M. Bellemare (Johnson): ...grammaire.
Le Président (M. Séguin): Je dis ceci, c'est la
façon dont nous pourrions procéder à l'intérieur de
la loi, parce qu'il est toujours dangereux de prendre une décision ou
créer une jurisprudence avec un certain groupe, pour être ensuite
captif à l'intérieur de cette jurisprudence, ce qui serait
très difficile à observer. Tout d'abord, pour être
très bref, il faut reconnaître qu'il y a une situation ici qui
n'est peut-être pas la même que dans tous les cas où nous
étudions des lois, surtout après la première lecture et
là, après la deuxième, nous sommes une commission
élue, agissant comme commission plénière. Normalement, nos
travaux se passeraient en Chambre. A ce moment-là, tous les
députés ont voix au chapitre. Puisque nous siégeons en
commission, comme commission plénière de la Chambre,
malheureusement, notre règlement dit ceci: "Tous les
députés ont accès aux commissions", aucun problème,
le premier ministre comme les autres, mais ceux qui n'en sont pas membres et
les autres personnes doivent obtenir la permission de la commission pour s'y
faire entendre.
Il s'agit tout simplement, à mon humble avis, que si le premier
ministre a un commentaire à faire ou si un membre de la commission lui
pose une question parce que, à cause de sa présence, on trouve
peut-être que c'est plus facile d'obtenir une réponse directe ou
immédiate, il s'agit à ce moment que les membres consentent que
le premier ministre soit entendu.
A ce moment-là, nous ne violons d'aucune façon le
règlement. Je souhaiterais aussi, et je le recommande, qu'il y ait des
changements à notre règlement afin de permettre que le premier
ministre, le chef de l'Opposition, ceux que les leaders parlementaires
décideront de mettre dans une certaine catégorie soient ex
officio, qu'on le dise,
qu'ils soient ex officio de toutes les commissions ou
comités.
C'est dire qu'on ne sera pas pris dans cette espèce de carcan
réglementaire. J'en ai assez dit là-dessus. Donc, voici. Le
premier ministre a exprimé son intention, peut-être, de vouloir
dire certaines choses. Lorsqu'il sera prêt à s'exprimer, à
expliquer ou à répondre, qu'on consente à ce qu'il parle
et on ne change absolument rien.
Je ne dis rien. Je pense que c'est assez débattu comme sujet.
Donc, nous nous en tiendrons au règlement, en ce qui concerne cette
séance.
Le député de Charlesbourg.
Amendements
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, juste une
question. Je voudrais demander au ministre s'il a à déposer, ce
matin, des modifications au projet de loi no 30 que nous avons à
étudier. Vous vous souvenez, à la première étude
sur la loi 29, que le ministre a déposée, dès l'ouverture
de l'étude article par article, plusieurs modifications qui ont
été ensuite débattues à cette commission.
Je voudrais demander au ministre s'il a l'intention de déposer
des modifications au projet de loi no 30 et peut-être nous en faire
connaître la teneur.
M. Morin: M. le Président, si le ministre veut
présenter des amendements, qu'il le fasse maintenant parce que je
m'apprêtais à en faire moi-même.
M. Cournoyer: Disons qu'il y en aura probablement. Je vais
déposer celui qui concerne l'article 2 g) et qui a été
préparé par les officiers légistes.
Je suis en mesure de vous dire qu'il serait peut-être
préférable, pour la discussion de chacun des mots, d'attendre le
ministre de la Justice.
M. Morin: J'espère que vous allez...
M. Bellemare (Johnson): Je n'entends pas.
M. Morin: J'espère que le ministre va supprimer
l'inhabilité à perpétuité. J'espère que
c'est cela qu'il va nous proposer.
M. Cournoyer: On confond ici le 2 g) et le 2 h). C'est le 2 h)
qu'on avait après...
M. Morin: J'espère que vous allez le supprimer de
l'article h).
M. Cournoyer: C'est-à-dire que nous ne supprimons pas
l'article 2 h). Ce que nous faisons, c'est que nous introduisons l'article 2 h)
dans l'article 2 g), en enlevant les limites de cinq ans. Cela revient au
même. C'est parce qu'à l'article 2 h), il y avait une série
de crimes qui se trouvaient là. On les réintroduit dans l'article
2 g)...
M. Morin: Oui.
M. Cournoyer: ... en remettant la limite de cinq ans.
M. Morin: Donc, il n'y a plus de perpétuité. M.
Cournoyer: La perpétuité est partie.
M. Morin: C'est cela, c'est ce qu'on avait suggéré.
J'ai hâte de voir si le texte est à la hauteur.
M. Cournoyer: Le texte que vous avez ici, par exemple, comporte
plus de crimes que ceux qui sont énumérés dans le projet
original. C'est sur cela que j'attire votre attention. Il comporte plus de
crimes qui mettraient une inhabilité de cinq ans. On comprend?
M. Morin: Est-ce que vous avez vidé le code pénal
dans l'article 2 b)?
M. Cournoyer: A la lecture, tantôt, j'ai eu cette
impression assez nette, mais comme je ne suis pas un spécialiste des
actes criminels, ne connaissant la nature ni de l'un ni de l'autre, je vous
suggérais et je voulais suggérer de discuter de cette chose avec
ceux qui connaissent cela, c'est-à-dire les gens du ministère de
la Justice. Le code criminel, je n'ai pas relu cela depuis que je suis sorti de
l'université et je ne me souviens pas de l'avoir lu quand j'étais
à l'université.
M. Bourassa: Comment avez-vous passé votre examen?
M. Cournoyer: On avait le droit de l'avoir. J'utilisais les
questions.
M. Charron: Va-t-on l'attendre longtemps, le ministre de la
Justice?
M. Bourassa: C'est parce que le ministre est occupé
à Montréal avec les rencontres avec les forces policières.
J'ai pensé que, mardi matin on peut aborder la discussion
on pourrait adopter les articles.
M. Charron: Mais, on a eu l'information, tantôt, de votre
côté, que le ministre de la Justice ne sera pas là mardi
matin.
M. Bourassa: Oui, je le lui ai demandé. Il a annulé
son voyage en Colombie-Britannique.
M. Morin: Si je comprends bien, vous proposez de suspendre
l'article I, aujourd'hui, d'y revenir?
M. Bourassa: Non, ce n'est pas ce que je dis, que l'adoption
définitive, pour l'information du chef de l'Opposition, en soit remise
à mardi.
M. Charron: On peut le suspendre. M. Morin: Oui, mais
écoutez...
M. Bourassa: On peut en parler, mais je veux dire...
M. Morin: Je veux dire que si, vraiment, c'est le ministre de la
Justice qui doit nous expliquer la portée du nouvel article et si c'est
avec lui qu'on doit discuter de la portée des mots et des phrases, il
vaudrait peut-être mieux le suspendre alors jusqu'à mardi et
passer à l'article 2, ce matin. Je n'ai pas d'objection à ce
qu'on fasse cela, M. le Président.
M. Cournoyer: Etant donné que nous voulons faire cette
discusion dans le plus grand ordre possible, je dépose aussi en
même temps, vu qu'on est ensemble, un amendement à l'article 2 qui
se trouve à compléter, conformément au voeu de la
commission Cliche, la présomption, pour l'employeur aussi, et qui
restreint le pouvoir de l'utilisation de cette présomption au procureur
général.
M. Morin: Vous voulez dire le renversement du fardeau de la
preuve?
M. Cournoyer: Oui. M. Charron: D'accord.
M. Morin: Cela, est-ce que vous voulez en discuter, ce matin ou
mardi?
M. Cournoyer: Pour cette partie, j'aimerais mieux que le
ministrede la Justice soit ici, parce que l'article 24 b), qui est là,
dit: Toute poursuite pour contravention à l'article 24 ou à
l'article 24 a) ne peut être intentée que par le procureur
général. Alors, comme c'est en fait le pouvoirdu procureur
général que nous voulons discuter ici, j'imagine qu'il devrait
être ici pour en discuter. Je ne voudrais pas lui en donner plus qu'il
n'en faut, ni lui en enlever plus qu'il ne faut.
M. Morin: Au rythme où nous progressons, j'ai l'impression
qu'on va remettre toute la discussion à mardi.
M. Bourassa: Non, il y a toute la question des
délégués de chantier. Evidemment, là c'est le
député de Maisonneuve qui pourrait être utile. Où
est-il, le député de Maisonneuve? Est-ce que le
député de Maisonneuve ne pourrait pas être présent
pour discuter de la question des délégués de chantier?
M.Morin: Non, nous pouvons en discuter aussi.
M. Bourassa: Le chef de l'Opposition admettra que ce sont des
questions très spécialisées, que ce soit la question
juridique ou la question syndicale. Vous avez vos spécialistes; nous
avons nos spécialistes. C'est pourquoi, si nous pouvions régler
la question des délégués de chantier aujourd'hui...
M. Morin: Remettons tout à mardi, si j'interprète
correctement le premier ministre.
M. Bourassa: Est-ce que le député de Maisonneuve
est parti?
M. Morin: Nous sommes prêts à procéder sur
l'ensemble du projet, ce matin.
M. Bourassa: Non, d'accord. Est-ce que le député de
Maisonneuve...
M. Charron: Le député de Maisonneuve m'a
assuré qu'il serait ici à 10 heures mardi matin, à ma
place.
M. Bourassa: Là, il est parti? M. Charron: Je pense
que oui.
M. Morin: II a d'autres activités. Il sera certainement
là, mardi matin. Il remplacera le député de
Saint-Jacques.
M. Bourassa: Disons qu'on va discuter la question des
délégués de chantier, quitte, peut-être, à
attendre le député de Maisonneuve pour son adoption finale. Je
sais qu'il y a des membres du Parti libéral...
M. Morin: On verra. Le député de Maisonneuve m'a
fait part de ses observations sur les articles qui ont trait aux
délégués de chantier. Nous sommes prêts à en
discuter.
M. Bourassa: D'accord. Alors, procédons.
M. Cournoyer: M. le Président, est-ce que je peux
continuer à déposer les papillons?
M. Charron: Allez-y donc, vous êtes bien parti. M.
Morin: Est-ce que l'article 2 a été distribué?
M. Cournoyer: L'article 2, je l'ai ici. Est-ce que vous l'avez,
l'article 2?
M. Morin: Non, je ne l'ai pas encore.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, avez-vous
l'article 2?
M. Harvey (Charlesbourg): Ce matin, vous êtes
réajusté? Vous êtes bien ce matin.
M. Bellemare (Johnson): Je me suis couché tard.
M. Morin: Article 3.
Le Président (M. Séguin): Avez-vous une copie des
amendements?
M. Morin: Vous avez également un amendement à cet
article.
M. Cournoyer: Ce sont des corrections mineures sur ces
points.
Le Président (M. Séguin): Article 3.
M. Cournoyer: Article 5.
M. Charron: Vous en avez à l'article 5?
M. Cournoyer: Oui, et à l'article 54c) quant à 2
h).
M. Roy: On passe à l'article 5? M. Charron: Ils
s'en viennent.
M. Cournoyer: C'est seulement retrancher, dans la deuxième
ligne de l'article 54 c) ce qui suit "ou 2 h)."
M. Roy: Est-ce que c'est le dernier, à l'article 5, ou si
vous en avez d'autres amendements?
M. Cournoyer: Article 7.
M. Roy: Bon, vous allez les déposer tous.
M. Cournoyer: Je vous les donne tout de suite.
M. Roy: D'accord.
Le Président (M. Séguin): Article 7.
M. Charron: C'est tout. Il n'y en a pas d'autres?
M. Cournoyer: Moi, je n'en ai pas d'autres. M. Charron:
...qu'il n'en reste qu'un. M. Cournoyer: ...le 1... les 7.M. Charron: C'est l'entrée en vigueur.
M. Morin: Est-ce qu'on pourrait vous distribuer aussi nos projets
d'amendements, M. le Président, pour que le tableau soit complet?
M. Cournoyer: Oui, j'aimerais cela, certain.
M. Roy: Je pense que ce serait normal que l'Opposition
présente ses amendements, de façon que nous puissions les
étudier, les examiner.
Le Président (M. Séguin): Certainement.
M. Roy: Cela va éviter... Je m'excuse, M. le
Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: Cela va éviter à d'autres peut-être
de préparer des amendements similaires.
M. Bourassa: On avait demandé cela au bill 22, puis ils
n'avaient pas voulu.
M. Bellemare (Johnson): On en avait préparé
une...
M. Charron: ...intervention. C'est disgracieux.
M. Bédard (Montmorency): II s'en fait des deux
côtés.
Le Président (M. Séguin): Jusqu'à
maintenant, tous les commentaires du premier ministre... Le
député de Johnson.
M. Morin: II ne faudrait pas qu'il abuse de notre bonne
volonté.
M. Bellemare (Johnson): Voici, on nous distribue, ce matin,
quelques amendements. Justement, on avait préparé nous aussi des
amendements presque similaires à l'article 2 g). Dans d'autres
amendements qui nous sont parvenus, on n'a pas eu le temps de faire
l'ajustement, parce qu'il y a deux personnes qui devraient être ici pour
participer à la discussion. Moi, je pense qu'on va plutôt
préparer, comme il se convient, avec les amendements de l'Opposition et
ceux du gouvernement, notre schéma et je pense que la discussion ne sera
pas longue. Mardi matin, on pourrait facilement, je pense, dans une couple de
séances, terminer le bill. Tandis que cet après-midi, on va
répéter et répéter la même chose devant les
autres.
M. Bourassa: Mais sur la question des
délégués de chantier...
M. Bellemare (Johnson): II n'y aura pas de problème, M.
le Président.
M. Bourassa: J'ai des représentations du caucus et je
voudrais que cela puisse être discuté...
M. Bellemare (Johnson): Cela va l'être, mardi matin.
M. Bourassa: Mais mardi il y a les questions juridiques,
où le chef de l'Opposition et le ministre de la Justice sont
spécialisés. Le ministre de la Justice a décidé
d'annuler son voyage en Colombie Britannique...
M. Bellemare (Johnson): C'est vous, M. le Président, qui
avez demandé au député de Maisonneuve...
M. Bourassa: Sur la question des délégués de
chantier, je pensais qu'il pourrait apporter, pour une fois, des...
M. Bellemare (Johnson): II va y être mardi matin, on fera
la même discussion...
M. Bourassa: II est bien parti de bonne heure.
M. Bellemare (Johnson): ...les membree du caucus vont le faire.
Je trouve qu'on va répéter,
répéter, c'est ce qui fait qu'à deux heures et
demie de la nuit on est encore ici.
M. Bourassa: Le chef de l'Opposition a dit qu'il était
prêt à parler au nom du député de Maisonneuve
on constate la solidarité qu'il était prêt à
faire les représentations sur les délégués de
chantier et que le député de Maisonneuve lui avait fait part de
ses représentations.
M. Morin: Oui, maintenant si cela peut simplifier la
procédure, moi, je suis tout aussi prêt à accepter la
suggestion du délégué de Johnson...
M. Lecours: Délégué de quoi?
Une Voix: C'est pour ça qu'on me disait qu'il avait une
matraque à son bureau hier.
M. Lecours: C'est ce qui est normal un peu.
M. Morin: Je sais que le député ferait un excellent
délégué de chantier.
M. Bourassa: Sur les chantiers olympiques, cela en prendrait
quelques-uns comme lui.
M. Bédard Montmorency): Est-ce qu'on peut prendre cela
pour un compliment, M. le Président.
M. Bellemare (Johnson): Le chef de l'Opposition avait la
parole.
M. Morin: Je me demande quelle est la façon la plus
expéditive de passer à travers tous ces problèmes et, au
fond, c'est au gouvernement de nous dire sa conception de la chose et on
essaiera de s'ajuster. S'il veut procéder tout de suite,
procédons tout de suite. Ce que je veux dire, c'est que je suis à
la disposition de la commission.
M. Bellemare (Johnson): Je peux bien céder au premier
ministre le pas parce que j'ai beaucoup de respect pour le poste qu'il occupe.
Je vais laisser parler le premier ministre. Mais, actuellement, nous faisons un
travail inutile. On va reprendre tout cela mardi matin. Si on le prend dans
l'ensemble avec toutes les modifications qui seront apportées, on va
être véritablement prêt à suivre et, en ce qui a
trait à ce projet de loi, je suis entièrement en faveur, sauf
pour certaines modifications qui sont très mineures. Mais dans
l'ensemble, je pense que c'est un bill qui s'impose et je suis prêt
à collaborer pour qu'il soit étudié le plus vite possible
par la commission, avec les procédures normales, le droit de parole de
tous et chacun, mais cela ne devrait pas être comme hier. Le bill
était extrêmement contentieux et il y avait là quatre ou
cinq principes de base.
Dans celui-là, vous aurez de moi une unanimité presque
totale et cela, on pourrait le faire seulement mardi matin avec tous ceux qui
devraient y être. Je pense que l'expérience du
député de Maisonneuve y est pour quelque chose.
M. Bourassa: Sauf que le chef de l'Opposition a dit qu'il pouvait
le remplacer pour cette discussion, si j'ai bien compris.
M. Bellemare (Johnson): Mais qu'est-ce que cela va nous donner de
répéter les mêmes choses? Il y sera mardi matin.
M. Bourassa: Non. Ce que je suggère, si on adopte les
amendements qu'on a proposés... Je suppose que le chef de l'Opposition
ne le fera pas. Il a probablement des contrepropositions. Donc, pour discuter
des contrepropositions du chef de l'Opposition, on peut attendre, étant
donné que c'est de nature strictement juridique, cela touche les
pouvoirs du procureur général; on peut retarder l'adoption
définitive des articles sur ces questions.
Pour les autres questions, dans la mesure où le chef de
l'Opposition peut parler au nom du député de Maisonneuve... Sur
la question des délégués de chantier, je crois qu'on avait
dit qu'on ajournerait vers 2 heures, cela permettrait aux députés
de la commission de faire valoir leur point de vue sur cette question des
délégués de chantier et, peut-être, de raccourcir la
discussion de mardi.
M. Bellemare (Johnson): Je dis ceci au premier ministre: Si on
adopte ces articles aujourd'hui et que le député de Maisonneuve
n'a pas le droit de parole pour revenir sur ces articles, on se priverait
peut-être d'une expérience qui serait fort heureuse. Vous avez vu
hier, dans les amendements qu'il a apportés et que nous avons
suggérés, qu'il y avait énormément de
matière sérieuse à étudier et je pense que nous, de
la commission parlementaire, se priver de l'expérience... Malgré
que j'aie beaucoup de respect pour le chef de l'Opposition qui est bien
préparé, mais je pense que celui qui a vécu dans le
milieu, qui a véritablement été...
M. Bourassa: ...soit ici ce matin?
M. Bellemare (Johnson): Bien, il a peut-être
travaillé fort...
M. Bourassa: D'accord. Il a travaillé très fort
hier.
M. Bellemare (Johnson): A 2 h 30 ce matin...
M. Bourassa: Oui, mais nous aussi. De toute façon...
M. Charron: ...pas plus que le ministre de la Justice ne pouvait
être avec nous ce matin pour entamer l'article 1. C'est la même
chose.
M. Bellemare (Johnson): Reportons cela à mardi matin.
M. Bourassa: On peut commencer la discussion sur les
délégués de chantier. Je suis curieux d'entendre le point
de vue qui peut être exprimé là-dessus.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais si on les accepte, le
député de Maisonneuve ne pourra pas parler.
M. Bourassa: On réservera l'acceptation
définitive.
M. Roy: En réservant, on va reprendre tout ça.
M. Bellemare (Johnson): On va recommencer tous les
débats.
Articles suspendus
M. Cournoyer: Si on commençait avec l'article 1. C'est ce
que nous sommes censés faire ce matin. L'article 1 est l'article qui
traite justement des dossiers ou des actes criminels. On peut au moins le
regarder et ne pas l'approuver s'il le faut, parce que, effectivement, je ne
pourrai pas, probablement, accepter certains amendements de la part de
l'Opposition sur le projet tel qu'amendé.
Si on m'arrive avec une discussion sur tel acte criminel,
peut-être que vous avez déjà vos opinions, je suis bien
prêt à entendre les opinions, et le ministre de la Justice, qui
n'est pas ici, les lira dans le journal des Débats.
Des Voix: Ah!
M. Charron: On va être obligé de les refaire mardi,
voyons donc!
M. Morin: M. le Président, il serait plus réaliste,
si le ministre de la Justice est à la source de ces changements, qu'on
les débatte avec lui.
M. Cournoyer: Bon. Alors, passons à l'article 2.
M. Morin: D'ailleurs, cela nous donnera... M. Cournoyer:
L'article I est suspendu.
M. Morin: ... la fin de semaine pour réfléchir
à la portée de chaque mot, parce que chaque mot compte dans ces
articles.
M. Bourassa: Alors, procédons à l'article 3.
Le Président (M. Séguin): Je vous suggère,
messieurs... J'ai déjà appelé l'article I. Est-ce qu'on me
dit qu'il est suspendu?
M. Cournoyer: Oui.
M. Morin: Suspendu.
M. Bourassa: Suspendu, oui.
M. Roy: L'article 2 également est suspendu.
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît! Tout l'article I vous parlez de 2 g)...
M. Cournoyer: Les deux paragraphes.
Le Président (M. Séguin): ... 2 h) ...
Une Voix: 2 h).
Le Président (M. Séguin): ... est suspendu.
Voici, messieurs. En ce qui concerne la procédure, nous allons...
Si vous adoptez un article aujourd'hui et qu'on voulait y revenir mardi, il y
aura une condition. La condition c'est que, mardi il y aurait quelque chose de
nouveau à apporter au débat et la commission consentirait
à rouvrir un article déjà adopté.
Si vous ne voulez pas vous emboîter dans une situation du genre,
afin de ne pas pouvoir rouvrir l'article, je vous conseillerais ou je vous
suggérerais fortement de simplement le suspendre. A ce moment-là,
vous n'êtes pas empêchés, mardi, et, à plus forte
raison, vous devez revenir pour les décisions. Mais si l'article est
adopté, nous n'y reviendrons pas à moins d'un consentement total
des membres de la commission et à condition qu'il y ait quelque chose de
nouveau dont la commission n'a pas été saisie. Ce serait un cas
bien spécial.
M. Morin: Alors, M. le Président, je propose que nous
utilisions la suspension parce que, effectivement, je ne voudrais pas que nous
nous trouvions dans la situation d'avoir adopté des articles purement
pour la forme.
M. Charron: Suspension de l'article I, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): L'article I, avec ses
sous-articles, est suspendu. Article 2?
M. Roy: Suspendu également.
M. Charron: Suspendu, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Suspendu ainsi que les
sous-articles, que le sous-article 24. Article 3?
Article 3
M. Morin: A l'article 3, M. le Président, j'aimerais que
le ministre nous explique la portée exacte de la suppression du mot
"représentative". Je pense que je peux la deviner mais je voudrais qu'il
nous donne toute sa pensée sur la question. Est-ce que, par exemple,
pour les fins du décret, la CSD est représentative? Il y a un
sens technique à ce mot "représentatif" ou
"représentative". J'attendrais du ministre, avant que nous passions
à l'adoption de cet amendement, qu'il nous donne des explications.
M. Cournoyer: Vous dites la supression de l'association
représentative?
M. Morin: Non, le mot "représentative" est supprimé
d'après l'amendement que vous avez déposé ce matin.
M. Bellemare (Johnson): Ce serait peut-être
utile de demander à la commission Cliche de nous dire comment
elle a interprété ce mot "représentative" pour le mettre
dans le rapport? La commission Cliche pourrait-elle répondre?
Le Président (M. Séguin): L'amendement a
déjà été débattu par la commission et je
prierais le député de Johnson de ne plus revenir sur cette
question.
M. Bellemare (Johnson): C'est parce que, dans le rapport de la
commission, il est spécifiquement marqué "représentative",
on l'a mis là pour certaines raisons particulières. Cela a un
sens...
M. Morin: Cela a un sens technique.
M. Bellemare (Johnson): Je le sais que cela a un sens
technique.
M. Cournoyer: II n'y a pas de raison d'enlever le mot
"représentative", je vous ai soumis le texte qui m'avait
été soumis par les juristes...
M. Bellemare (Johnson): J'aimerais bien...
M. Cournoyer: Je dis que cet amendement, pour autant que je suis
concerné, selon mon interprétation très rapide des avis de
mes conseillers juridiques, ne tient pas pour le moment.
M. Bellemare (Johnson): Cela ne tient pas.
M. Cournoyer: C'est-à-dire que je ne vois pas pourquoi
j'enlèverais le mot "représentative" pour permettre à tout
le monde d'avoir des représentants. Ce sont des associations qui ont
été déclarées "représentatives" et dont le
degré de représentativité a été
établi par le commissaire enquêteur en chef, mais d'abord et avant
tout pour avoir un représentant, pour être
représentative...
M. Bellemare (Johnson): Qui élimine toutes les
associations de boutique.
M. Morin: Vous retirez l'amendement.
M. Bellemare (Johnson): Toutes les associations de boutique. Cela
élimine...
M. Morin: Attention. Il y a, dans le troisième
alinéa de votre amendement, une modification de concordance avec les
modifications que vous apportez aux articles 2g) et 2h). Il ne faudrait pas
laisser tomber ça en cours de route. Le troisième paragraphe se
lit comme ceci: "Remplacer dans la première ligne de l'article 32r) les
mots "aux articles 2g) et 2h)" par les mots "à l'article 2g)". Cela sera
une conséquence des modifications que nous apporterons mardi à
l'article premier, il faudrait donc suspendre ce troisième alinéa
de votre amendement.
M. Cournoyer: C'est vrai.
M. Bellemare (Johnson): Oui, l'article 2h) disparaît
complètement. C'est ça?
M. Morin: D'après ce qu'il nous propose. Le paragraphe 2h)
est supprimé littéralement, il est fondu dans 2g). Comme nous
l'avons suggéré, je tiens à souligner au ministre que je
le remercie d'avoir tenu compte de nos propositions. Je vois le premier
ministre qui va venir nous dire...
M. Bellemare (Johnson): Laissez-nous donc quelque chose de temps
en temps, M. le premier ministre, qu'on en prenne un peu le mérite. Oui,
c'est vrai, je dois le dire.
M. Bourassa: Est-ce que ça vient du député
de Johnson ou du chef de l'Opposition?
M. Bellemare (Johnson): Non, c'est le chef de l'Opposition, mais
je collabore, M. le Président, parce que je l'avais vu, je l'avais
noté.
M. Morin: J'ai eu l'appui du député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Cela, M. le Président, c'est
beaucoup mieux que le premier ministre qui fait des gestes qui sont parfois
compromettants. Nous, on ne dit pas: Ah! Il donne une subvention que j'avais
sollicitée pendant des mois et des mois pour le centenaire de Windsor;
le maire est ici et c'est lui qui a reçu la lettre et qui a reçu
la subvention. Je ne sais pas pourquoi.
M. Bourassa: Vous avez eu une copie de la lettre?
M. Bellemare (Johnson): Oui, c'est lui qui a pris le
chèque et qui l'a donné publiquement. Le premier ministre sait
combien j'ai fait d'interventions à son bureau, il sait combien de fois.
Mais il a pris la lettre et après que j'ai eu obtenu la subvention, il
l'a donnée au maire Noël de Windsor pour qu'il la remette
publiquement.
Je n'ai pas dit: Ah! Je me suis fermé, je n'en parle pas.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, à
l'ordre!
M. Bourassa: Qu'est-ce que vous faisiez quand vous étiez
au pouvoir?
M. Bellemare (Johnson): Comment?
M. Bourassa: Est-ce que vous donniez ça au
député...
M. Bellemare (Johnson): Vous avez été élu
pour faire mieux que moi, mais vous faites pire.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Une Voix:
C'est à prouver.
M. Bellemare (Johnson): C'est une occasion fortuite.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! L'amendement
à l'article 3, troisième paragraphe, suspendu.
M. Morin: Suspendu, et les deux premiers paragraphes
supprimés, le ministre ayant admis qu'il ne savait pas pourquoi il nous
avait présenté un tel amendement.
M. Cournoyer: Ah non! Je ne jouerai plus du tout et je ne
collaborerai plus. Je vais vous donner les amendements quand vous les aurez
approuvés.
M. Charron: Quand vous les aurez approuvés, oui.
M. Bourassa: Vous ne connaissez pas le sens de l'humour du
ministre encore.
M. Cournoyer: En définitive, ce qui arrive... M. Morin: On
peut se demander s'il en a un, là,
M. Cournoyer: Oui, oui, mais c'est parce que vous jouez à
cela depuis tout à l'heure. Je vous regarde aller et vous avez un "fun"
noir. Je ne sais pas ce qui va arriver dans les débats.
M. Charron: Cela a commencé avec l'arrivée de votre
voisin de droite.
M. Cournoyer: Ah bon!
M. Bédard (Montmorency): C'est toujours nous autres qui
avons la responsabilité.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Amendement à l'article 3, premier paragraphe. Vous le
retirez?
M. Cournoyer: Je retire l'amendement, je ne retire pas le premier
paragraphe.
Le Président (M. Séguin): Le premier et le
deuxième. L'autre est suspendu; donc il faut qu'il soit là.
M. Cournoyer: Voilà.
Le Président (M. Séguin): Premier et
deuxième paragraphe retirés, en ce qui concerne l'amendement.
M. Roy: Le troisième paragraphe est suspendu.
Le Président (M. Séguin): II est suspendu; c'est
cela. Je reviens à l'article 3 de la loi.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, si les
membres de l'Opposition n'ont pas d'objection...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Montmorency.
M. Morin: J'ai des amendements.
M. Bédard (Montmorency): Si vous avez des amendements, je
vous laisse la parole; après quoi, j'apporterai les miens.
M. Morin: Est-ce que vous pouvez distribuer cela? M. le
Président, je ne sais si on a distribué nos amendements à
l'article 3, mais nous en avons deux.
Le premier se lit comme ceci, si les députés veulent bien
prendre le texte de l'article 32 m): m) comme dans Maurice ou dans Michel ou
dans Morin, si vous voulez, M. le Président.
A l'article 32 m), nous proposons: Que l'article 3 soit modifié
en retranchant, dans le paragraphe 4 de l'article 32 m), les mots
"embauchés après lui", qui se trouvent à la
troisième ligne dudit paragraphe.
En d'autres termes, tel que modifié, le paragraphe 4 de l'article
32 m) se lirait comme ceci: "Le délégué de chantier jouit
de la préférence d'emploi sur son chantier à
l'égard de tous les salariés, s'il remplit les deux conditions
suivantes."
Le sens de cette proposition d'amendement est le suivant, M. le
Président. Comme le ministre le sait, en vertu de l'article 32 n) qui
suit n) comme dans Nathaniel, comme dans Nicole nous sortons de
la convention collective, de la procédure de grief, donc. Si, par
hasard, il y avait des infractions à la préférence
d'emploi ou au préavis de mise à pied, etc., il n'y aurait plus
de possibilités de soumettre cette infraction à une
procédure de grief.
Tout ce que cela coûterait au patron qui aurait agi de la sorte,
à l'encontre de la préférence d'emploi ou du
préavis de mise à pied, ce serait une amende. La seule sanction
qui reste, étant donné que vous avez sorti le tout de la
convention collective ou du décret, c'est la possibilité d'une
amende de $500.
En conséquence, nous aimerions protéger le
délégué de chantier un peu mieux qu'il ne l'est dans votre
projet de loi, tel qu'il nous a été présenté. Nous
supprimerions l'expression "embauché après lui" dans la
préférence d'emploi. Si je-peux me permettre de prendre un
exemple, supposons que le délégué de chantier ait
été engagé le 24e sur un groupe de 28. Ce serait facile de
l'exclure avec le texte actuel.
S'il est trop bon délégué, s'il est trop
revendicatif, s'il défend trop bien ses collègues sur le
chantier, le patron pourrait le mettre à la porte, tout simplement en
mettant dehors ceux qui se trouvent après lui, le 28e, le 27e, le 26e,
le 25e, ce qui lui permettrait de se débarrasser d'un
délégué de chantier trop encombrant et de le faire
à peu de frais.
M. le Président, pour accorder, donc, une meilleure protection
aux délégués de chantier, nous proposons de supprimer
cette expression "embauchés après lui". Nous pensons que,
étant donné que, par ailleurs, il n'y a plus la protection de la
procédure des griefs, le délégué de chantier est
trop vulnérable, tel que vous l'avez protégé dans sa
préférence d'emploi. Il devient beaucoup
trop vulnérable. Au lieu de pouvoir se prévaloir de la
procédure de grief et, éventuellement, de se faire
rétablir, il va se trouver exclu et, en vertu de l'article 56 de la Loi
sur les relations du travail dans la construction, la seule amende qui puisse
lui être imposée sera de $500 ou, en cas de récidive, cela
pourrait être plus, mais, enfin, je m'en tiens à l'amende de base
qui sera de $200, la récidive ne jouant, d'ailleurs, que lorsqu'elle a
lieu dans les deux ans.
Je le propose, M. le Président, et j'espère que le
ministre va comprendre que nous faisons cela dans le seul but
d'améliorer son projet et de permettre que la fonction du
délégué de chantier soit mieux protégée,
mieux garantie que ce qui est prévu actuellement.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, avant de
prendre une décision sur cet amendement sur lequel, soit dit en passant,
je pense que je serais d'accord, ne serait-on pas mieux d'avoir une certaine
politique d'ordre pour discuter de ce troisième article,
c'est-à-dire commencer à... J'aimerais finir mon explication,
parce que je viens de constater les amendements apportés par le chef de
l'Opposition. L'article 3 comporte cinq pages. Ne pourrait-on pas s'entendre
sur la procédure à suivre? A la première page, y a-t-il
des députés qui veulent apporter des amendements? Sinon, on
pourrait les adopter. L'article 32 m), paragraphe 1, le mode électif est
accepté. Pour ne pas être obligés de courir de la page 4
à la page 5, de la page 1 à la page 2. Je proposerais cette
marche à suivre.
Le Président (M. Séguin): On a suivi l'ordre, de
toute façon.
M. Morin: M. le Président, on a suivi l'ordre.
Le Président (M. Séguin): J'ai
vérifié tout à l'heure dans les amendements
présentés par le ministre à l'article 3. Il s'agissait de
l'article 2 m). Cet article a été retiré. L'Opposition en
a présenté un à l'article 32 m), c'est la même
chose: retiré dans le cas de l'article 32 o), et suspendu dans le cas de
l'article 32 r). C'est dire que, jusqu'à l'article 32 m), je dois
présumer que nous allons adopter ces articles.
M. Morin: Oui.
Le Président (M. Séguin): Jusqu'à l'article
32 m)?
M. Morin: Oui, sujets aux amendements; nous allons
vraisemblablement les adopter puisque nous ne présentons pas
d'amendement.
Le Président (M. Séguin): C'est cela.
M. Bédard (Montmorency): Non, mais c'est parce que je veux
dire...
M. Morin: Ou voter contre, carrément, si on...
Le Président (M. Séguin): Oui, je veux dire qu'il
n'y aura pas de...
M. Bédard (Montmorency): ...que l'article 32 m), premier
paragraphe, deuxième paragraphe, troisième paragraphe, suivant ce
qui est déposé par le chef de l'Opposition, à l'article 32
m), aux premier, deuxième, troisième et quatrième
paragraphes, vous n'avez pas d'amendement à apporter. Pourrait-on
commencer par régler ceux-là et on arrivera au quatrième
paragraphe qui est votre amendement? Nous pourrions avoir... C'est pour avoir
de l'ordre, parce que je suis certain que, si le député de
Johnson arrive avec un amendement au deuxième paragraphe... On est
à la deuxième page et, tantôt, on était dans la
quatrième. Moi, j'en ai un dans la cinquième. Quand est-ce que je
vais intercaler ma demande? C'est seulement pour avoir de l'ordre, cela ne
change rien, M. le Président. Mais on montre qu'on a de l'ordre,
simplement.
M. Morin: Cela peut changer quelque chose, M. le
Président. Par exemple, toutes les parties de cet article 3 se tiennent.
Supposons que vous acceptez ou que vous n'acceptez pas l'amendement que je
viens de proposer.
Je peux vouloir revenir sur le reste de l'article 3 pour proposer autre
chose par la suite, selon que vous avez accepté ou n'avez pas
accepté mon amendement, parce que tout se tient. C'est parce que le
délégué de chantier est élu cela se trouve
au début de l'article 3 que nous voulons le protéger mieux
qu'il ne l'a été dans le passé. C'est beaucoup plus loin,
c'est au paragraphe 4. Vous voyez, tout est imbriqué là-dedans.
C'est pour cela que je pense, quitte à se promener d'une page à
l'autre, ce qui après tout, n'est pas un exercice bien difficile, qu'on
devrait procéder selon la présentation des amendements.
M. Bédard (Montmorency): Ce n'est pas pour l'exercice.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je pense que le
député de Montmorency ne devrait pas se faire de leurre non plus.
C'est une étude sur un principe qui est nouveau, c'est du droit nouveau.
Parce que c'est du droit nouveau, particulièrement en relations de
travail, il y a un ensemble de choses qui peuvent être
améliorées. Je pense que l'amendement du chef de l'Opposition,
dès l'amendement qui est porté là, peut nous aider
à régler le no I, le no 2 et le no 3.
L'amendement qu'il apporte est parfaitement bien logique et bien
placé, parce que c'est sa politique de griefs, et je pense que s'il
représente au moins sept membres de son association de salariés,
il n'y a pas de péril à demeure de dire qu'on aura fait cela pour
préparer, mon cher monsieur, les paragraphes a), b), c), parce que le
délégué de chantier, c'est du droit nouveau ce matin et
cela devrait être dans l'ensemble que se fait cette proposition.
Le Président (M. Séguin): Je ne suis pas prêt
à retenir ce que le député de Montmorency a dit. Je
comprends bien les commentaires du député de Johnson, mais je
pense qu'il est de bonne procédure de traiter des amendements ou de
l'amendement auparavant. Nous devons revenir sur l'article tel qu'amendé
si nous adoptons les amendements qui sont présentés. Alors, c'est
dans ce contexte que je suis la procédure.
M. Bellemare (Johnson): Procédons.
M. Bédard (Montmorency): Allons-y. Revenons au paragraphe
4.
Le Président (M. Séguin): La parole est au
ministre.
M. Cournoyer: Je vais couper court à tout cela. La
suggestion du chef de l'Opposition me va parfaitement. Il n'y a pas de
problème du tout. C'est parce que je l'ai pris tel quel dans le rapport
Cliche. Je dis que "embauché après lui", on va enlever cela. On
accepte donc cette proposition.
M. Morin: On remercie le ministre, parce qu'il voyait tout de
suite la situation qui pouvait se présenter. Le
délégué de chantier élu qui prend vraiment à
coeur ses fonctions et qui va dire au patron un peu trop souvent: Votre
échaffaudage là-bas est chambranlant, cela ne marche pas. Le
patron qui commence à en avoir plein le dos et qui, par ailleurs, n'est
pas soucieux de la sécurité, peut très bien dire: Mon
gars, tu vas sortir.
M. Cournoyer: II y a surtout le problème qui est plus
constant que celui-là, c'est celui des autres employés qui sont
embauchés avant lui et qui vont dire: C'est à lui de sortir. La
chicane prend avec ceux qui sont après, et c'est une chicane interne. Je
l'ai pris tel qu'écrit par la commission Cliche. Je l'accepte donc,
c'est fini, on n'en parlera plus.
M. Bonnier: M. le Président, est-ce que je pourrais quand
même poser un point d'interrogation quant au principe même de
l'ancienneté qui est reconnu, évidemment, dans les conventions
collectives? Jusqu'à quel point affecte-t-on ce principe?
M. Cournoyer: Dans le domaine de la construction, il n'y a jamais
d'ancienneté.
M. Bonnier: II n'y en a jamais, ni au niveau des chantiers.
M. Cournoyer: II y a bien des gens qui ont voulu... Non.
Regardez...
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est jamais couvert dans les
conventions collectives.
M. Cournoyer: Cela ne dure pas suffisamment longtemps. Il y a de
gros chantiers, mais ils sont tellement rares, les gros chantiers. Ils sont
identifiables et les mises à pied se font d'une façon...
M. Bellemare (Johnson): Quand on a fini de préparer la
convention collective, le chantier est fini.
M. Cournoyer: Actuellement, de toute façon, je pense qu'il
est plus plausible de dire au délégué de chantier: Tu vas
rester jusqu'à la fin. Remarquez bien qu'il y a deux autres conditions
à côté. Il doit continuer de les remplir. Il doit y avoir
du travail dans son métier, il doit représenter sept
salariés.
M. Bédard (Montmorency): C'est à 32 m)...
Le Président (M. Séguin): Maintenant,
messieurs...
M. Cournoyer: L'article 32 m) n'est pas tout accepté, il y
a des discussions sur le reste aussi.
M. Morin: M. le Président, je tiens pour acquis que mon
amendement est accepté par le ministre, ce n'est donc pas
nécessaire que cela fasse l'objet d'un vote. D'un commun accord.
M. Bédard (Montmorency): A l'unanimité
M. Morin: Bon, très bien. Toujours sur l'article 3, j'en
ai un autre, mais je ne sais pas, le ministre avait-il l'intention... Ce serait
sur n) comme dans Nicole, cette fois.
M. Bédard (Montmorency): Nono.
M. Cournoyer: Disons que c'est encore une clause que je suis
prêt à accepter telle qu'écrite. On n'aura pas de longues
discussions pour rien. Vous avez raison de dire que ces gens doivent être
protégés. L'intention première que nous avons en mettant
la fonction de délégué de chantier dans la loi, c'est
qu'elle ne soit plus négociable par les parties en arrière qui
vont faire autre chose après.
Au point de départ, les légistes nous avaient
recommandé d'amender le décret d'autorité. Cela voulait
dire qu'ils vont recommencer les négociations sur cette chose,
dès le commencement des négociations pour la prochaine convention
collective. C'est pourquoi nous avons voulu le mettre dans la loi. Mais il
n'était pas dans nos intentions, cependant, d'enlever les autres
privilèges de la loi que vous réintroduisez par l'amendement que
vous apportez et sur lequel je suis d'accord.
M. Morin: Alors, nous rétablissons la procédure de
grief, autrement dit, applicable aux délégués de chantier.
Je remercie le ministre, je trouve qu'il coopère très bien, ce
matin.
Le Président (M. Séguin): L'amendement à
l'article 32 n), adopté.
M. Cournoyer: Tel qu'amendé.
Le Président (M. Séguin): Je recommencerai ensuite,
en disant tel qu'amendé.
M. Cournoyer: Là, on discute maintenant les autres
paragraphes.
Le Président (M. Séguin): Maintenant, 32 n) il y
avait... Dans ce cas, puisque nous semblons être rendus à
l'article 3...
M. Cournoyer: Nous sommes toujours à 32 n).
M. Morin: J'ai encore des questions à l'article 3, M. Le
président. J'ai des modifications à proposer. Mais j'ai des
questions sur 32 r). Je ne voudrais pas enlever la parole au
député de Montmorency; je sais qu'il avait des choses à
dire sur le même article. Alors, s'il veut procéder maintenant, je
reviendrai après.
M. Bédard (Montmorency): J'aurais un amendement à
proposer, M. le Président, il est assez lourd de conséquences;
ajouter après le premier paragraphe de l'article 32 m)...
Le Président (M. Séguin): 32 m)?
M. Bédard (Montmorency): M comme dans Marcel. "La fonction
de délégué de chantier est régie par les
dispositions suivantes:" j'ajouterais un paragraphe
supplémentaire qui se lirait comme suit L'élection ne peut
avoir lieu que si au moins 90% des salariés membres de l'association
sont présents. L'élection doit avoir lieu au scrutin secret sous
la surveillance d'un représentant du ministère du Travail et de
la Main-d'oeuvre. La personne élue doit l'être par la
majorité des membres présents. C'est pour compléter un peu
le mode électif, parce que vous savez que, dans le rapport Cliche, une
des grosses recommandations est la suivante. On a entendu parlé de la
façon dont les votes se faisaient; on barricadait avec des deux par
quatre. Quand on voulait élire, disons, Marcel Bédard, comme
délégué de chantier, on prenait quatre ou cinq de ses bons
amis, on les faisait entrer dans une certaine chambre; après quoi, les
autres n'avaient plus le droit d'y pénétrer et l'on disait: 100%
des travailleurs ont voté pour le délégué Marcel
Bédard. Donc, avec cet amendement que je veux proposer, j'espère
que j'aurai l'assentiment de la commission pour que cette nouvelle loi sur les
délégués de chantier soit de mieux en mieux
applicable.
Je n'ai pas de copie, parce que vous comprenez que mon
secrétariat autour de moi c'est uniquement une secrétaire qui
travaille pour mes besoins personnels.
M. Bellemare (Johnson): Comment vos besoins personnels?
M. Bédard (Montmorency): Mes besoins personnels comme
député. Excusez, ça prend les points sur les i ce matin.
C'est compréhensible, on a siégé assez tard hier.
M. Bellemare (Johnson): Je trouvais qu'elle avait une drôle
de fonction.
M. Bédard (Montmorency): 90% des salariés membres
de l'association sont présents.
M. Bellemare (Johnson): 95% ou 90%? M. Bédard
(Montmorency): 90%.
M. Bellemare (Johnson): Deuxième condition, c'est un vote
secret.
M. Bédard (Montmorency): Oui.
M. Bellemare (Johnson): Troisième condition?
M. Bédard (Montmorency): Majorité absolue.
M. Bellemare (Johnson): Majorité absolue des
syndiqués, présents.
M. Bédard (Montmorency): II est obligé d'y avoir
90% des employés du chantier présents au vote;
deuxièmement, le tout au vote secret; troisièmement, en
présence d'un officier du ministère et, quatrièmement,
majorité absolue. La proposition est la suivante...
M. Cournoyer: Cela va en prendre des officiers du
ministère.
M. Bédard (Montmorency): En tout cas, on en discutera.
Le Président (M. Séguin): 90% des salariés
membres de l'association sont présents.
M. Bédard (Montmorency): L'élection doit avoir lieu
au scrutin secret sous la surveillance d'un représentant du ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre. La personne élue doit l'être par
la majorité, des membres présents.
M. Morin: M. le Président, pourrait-on demander au
ministre de nous faire part de sa réaction avant que nous ne passions
trop de temps à tenter d'expliquer à quel point cette proposition
n'est pas réaliste.
M. Cournoyer: Sur la question des 90%, je ne peux me quereller
avec cela à ce moment-ci, étant donné qu'on a
déjà procédé à l'élection, mais il ne
faudrait pas retourner en arrière. Déjà, l'élection
est difficile, mais la présence du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre dans toutes les élections de délégués
de chantiers, c'est-à-dire être présent dans toute tranche
de sept, il y a beaucoup de chantiers qui sont petits... Si je l'applique, par
exemple, à un projet de construction de route, c'est simple. Un projet
de construction de route, c'est assez simple. Maintenant, les projets sont
identifiés, mais, dans l'habitation, dans la construction ordinaire, par
devis et marchés, le nombre
de projets de construction qui existent dans la province de
Québec rendrait la présence du ministère du Travail et de
la Main-d'Oeuvre presque impossible sur tous les chantiers. On reçoit
les plans pour l'approbation, mais de là à être
présent à chaque élection, ce n'est pas ordinaire, le
nombre de personnes de plus qui seraient requises. Je pense bien que le voeu
exprimé est que l'élection se fasse d'une façon objective.
C'est surtout cela que vous cherchez. La méthode que vous proposez,
cependant, est une méthode extrêmement onéreuse pour le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Je ne crois pas que je
puisse avoir facilement le personnel requis pour pouvoir faire face à ce
genre d'obligation dans la province de Québec, surtout que nous allons,
peut-être, dans d'autres législations, être placés
devant des votes que je considère importants. Le vote de grève,
par exemple, est un peu plus impliquant, pour l'avenir des individus, que le
seul vote pour savoir qui va les représenter comme
délégué de chantier. Je ne dis pas que ce n'est pas
important, le délégué de chantier, mais cette
élection faite en présence du ministère est
extrêmement difficile.
Cela serait l'équivalent de dire: Sur certains chantiers, il n'y
aura pas de délégués de chantier.
M. Bédard (Montmorency): Mais comme contre-argument
à la présentation du ministre je comprends très
bien son argumentation ne pourrait-on pas établir... parce que
l'idée... J'ai mon expérience sur les chantiers de construction.
Il est vrai que cela n'est pas sur les chantiers de dix ou de douze
employés où les problèmes sont les plus graves. Ne
pourrait-on pas mettre une norme pour des chantiers de plus de 300 ouvriers? A
ce moment, on aurait la clause du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre. On va certainement diminuer les chantiers de beaucoup, parce que
notre contrôle...
M. Cournoyer: Oui, mais le problème est que nous ne savons
pas quand il y a 300 ouvriers. Il y a une progression dans les mises en
chantier que les ingénieurs...
M. Bellemare (Johnson): Cela commence à quatre. Cela
commence à sept. Le lendemain matin...
M. Bédard (Montmorency): Oui, mais vous allez le
savoir.
M. Bellemare (Johnson): Si vous prenez la fonction d'un
délégué de chantier, pour être nommé, il faut
qu'il y en ait au moins sept. Et un petit chantier existe partout.
M. Bédard (Montmorency): C'est cela.
M. Bellemare (Johnson): Et là, si vous exigez 90% des sept
et que je suis bien d'accord que cela soit au vote secret, que la proportion
des 90% y soit, mais que le vote se prenne en présence d'un officier du
ministère, vous allez prendre 1,000 personnes en l'espace d'un mois. Ce
n'est pas pensable.
M. Bédard (Montmorency): J'ai très bien compris.
D'ailleurs, j'ai dit que j'avais compris l'argumentation
présentée par le ministre...
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Bédard (Montmorency): ... mais vous comprenez que le
but visé pour moi, ce ne sont pas les chantiers de sept et de dix. Quand
on me dit qu'on ne peut pas contrôler les chantiers, avec la loi qu'on a,
concernant le délégué de chantier, pour chaque 50 hommes
supplémentaires, il y aura droit à un
délégué de chantier, ils vont s'en occuper pour savoir
combien il y a d'employés sur le chantier pour pouvoir avoir leur
délégué de chantier.
Je dirais que cela n'est peut-être pas applicable pour un chantier
de 50 hommes. Mais on peut commencer à en discuter pour voir si c'est
applicable dans les meilleures normes...
M. Bellemare (Johnson): Quand est-ce que ce sont 50 hommes?
M. Bédard (Montmorency): Cela est facile. M. Bellemare
(Johnson): Non.
M. Bédard (Montmorency): Oui parce que vous aurez à
le déclarer. Vous avez droit à un délégué de
chantier de par la loi pour 7, et, après ça, rendu à 57,
vous avez le droit d'en avoir un autre et c'est là que vous allez le
savoir quand vous allez en avoir 57, 107 ou 157, parce que ce sont eux, les
syndicats, qui voudront avoir un délégué de chantier. Ce
sont eux qui seront obligés de faire la preuve qu'ils ont bel et bien
162 employés...
M. Bellemare (Johnson): Le député, qui est
ingénieur, qui connaît les phases préliminaires des
travaux, sait que ça commence avec 10, le lendemain, c'est 12, et, le
surlendemain, il y en a 27. Pour avoir un délégué de
chantier, il faut avoir 7 employés.
M. Bédard (Montmorency): Non, à 7, mais à
39, c'est encore le même. Cela prend 57 pour en avoir un
deuxième.
M. Bellemare (Johnson): Rendu là, en vertu de la loi, vous
aurez une progression très rapide et, le lendemain matin, il n'y en aura
peut-être pas 57, il n'y en aura peut-être que 41.
M. Bédard (Montmorency): S'il n'y en a que 41, l'employeur
ne voudra pas qu'il y ait un deuxième délégué de
chantier sur les travaux.
M. Bellemare (Johnson): Oui, parce que c'est lui qui est
obligé de payer pour lui. Je pense que la proposition...
M. Morin: Excusez-moi, je m'en remets aux
explications du ministre, ça ne me paraissait pas réaliste
et le ministre a confirmé mes craintes, mais je comprends l'esprit dans
lequel le député de Montmorency l'a fait.
M. Bédard (Montmorency): II faut être
réaliste. L'amendement au complet est-il réaliste? Non, mais le
contrôle par le ministère du Travail l'est?
M. Morin: Non, 90%, je ne trouve pas cela réaliste non
plus, très franchement, ce n'est quasiment pas possible.
M. Cournoyer: Je pense que si on lit comme il le faut, M. le chef
de l'Opposition, c'est 90% des salariés qui sont sur le chantier; au
début, j'avais compris qu'il s'agissait d'avoir 90% des salariés
qui vont venir sur le chantier. C'est une autre façon de dire: II n'y
aura pas de délégué de chantier, parce que les 90%, c'est,
s'il y en a 8, par exemple, qu'il faut qu'ils soient au moins 90% des huit pour
voter, mais ils sont sur le chantier quand ils votent, ce n'est pas une chose
organisée.
M. Bédard (Montmorency): C'est pour s'assurer que ce n'est
pas organisé par quatre ou cinq gars.
M. Morin: Je comprends, encore une fois, l'esprit de la
proposition du député de Montmorency. Mais je me dis que 90%,
c'est une exigence qu'on ne trouve nulle part, dans la législation, pour
la validation d'élections ou de réunions, et je pense que si le
ministre tient à imposer une condition, une sauvegarde de cet ordre,
ça devrait être moins que 90%.
M. Cournoyer: Vous savez, on pourrait arriver en discutant de
l'amendement du député, et dire: II faut qu'il soit élu
par la majorité des salariés sur le chantier. Le
député a voulu tout simplement réduire cette
chose-là.
M. Morin: Je pense que ce serait déjà...
M. Cournoyer: Oui mais il a réduit ça en disant 90%
et ça vous donne encore la majorité des salariés, mais la
majorité de 90% et non pas de la totalité.
J'ai compris l'amendement en voulant dire que 100%, c'est
peut-être difficile; si je prends 50% des employés sur le
chantier, je rends la chose difficile. Je dis: Je vais réduire ça
à 90%, c'est ce que j'ai compris de l'attitude du député,
mais ce sera la majorité de 90% au moins, tandis que l'autre formule,
c'est la majorité de 100%.
M. Morin: Si j'ai bien compris la proposition, c'est une sorte de
quorum qui est exigé. C'est une proposition de quorum et c'est ce que je
ne crois pas réaliste.
M. Cournoyer: Si on dit...
M. Bédard (Montmorency): C'est important que le
délégué de chantier soit... C'est la source des ennuis que
nous avons aujourd'hui.
M. Morin: Je prie le député de croire que nous y
accordons toute l'importance que ça appelle, mais nous voulons que la
façon dont il est élu soit réaliste, juste, qu'il y ait
des garanties, nous sommes d'accord, mais que ça n'impose pas des
contraintes telles que, pour élire un délégué de
chantier, il faudra suivre des procédures compliquées, essayer
d'ameuter tout le monde à des moments où c'est peut-être
difficile de le faire.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que M. le Président, la
commission Cliche ne suggère pas dans un de ses articles, lors de
l'acceptation des conventions collectives, au moins 75%.
M. Bédard (Montmorency): Non, ça demande un fort
pourcentage.
M. Cournoyer: Oui, mais elle conclut à 75%, c'est ce
qu'elle interprète par la suite comme étant un fort
pourcentage.
M. Bellemare (Johnson): C'était la base, le maximum.
M. Bédard (Montmorency): Mais, quand on dit 75%, il faut
s'entendre sur 75%, est-ce 75% des employés présents ou que 75%
vont voter.
M. Bellemare (Johnson): C'est 75% des salariés.
M. Bédard (Montmorency): Est-ce que vous parlez du
résultat du vote ou de la présence des employés au vote?
Ce sont deux choses complètement différentes.
M. Bellemare (Johnson): C'est-à-dire que tous ceux qui
sont couverts par une convention collective devraient être au moins 75%
pour l'approuver.
M. Bédard (Montmorency): Ce n'est pas pareil. Si, pour
tous ceux qui font partie d'une convention collective, on doit avoir un
pourcentage de 75%, vous savez que c'est pas mal plus difficile que ce que je
recommande, parce que ce que je recommande, c'est 45%, n'oubliez pas
ça.
M. Bellemare (Johnson): 46%.
M. Morin: M. le Président, j'aimerais demander au ministre
de m'éclairer. La façon dont je l'ai interprété
jusqu'ici, c'était la majorité: le délégué
de chantier est élu à la majorité des membres
présents et votants. C'était mon interprétation. Le
ministre a semblé dire il y a un instant que c'était la
majorité de tous ceux qui forment l'unité.
M. Cournoyer: C'est comme ça que je lis le texte ici.
M. Morin: II faudrait le clarifier. Deuxièmement, je
préfère, à tout prendre, la majorité de tou-
tes les personnes qui font partie de l'unité électorale
à la formule de 90% de présence. Cela me paraît une
meilleure garantie, en fin de compte.
M. Bédard (Montmorency): Je vais vous donner le
problème pratique. C'est que sur un chantier de 100 hommes, avec mon
application de 90%, je permettais que 10 hommes ne puissent être
contactés, étant peut-être obligés de partir avant
d'autres. Même si c'est un vote prépondérant, très
nécessaire, je permettais qu'une dizaine d'hommes sur une centaine
puissent s'en aller. Tandis que ce que vous dites, c'est que s'il y a 101
employés sur un chantier, on est obligé d'avoir 101 bulletins de
vote et 101 représentants.
M. Morin: Non, ce n'est pas ça du tout. Cela veut dire que
ça prend 51 gars pour l'élire. Vous voyez, ce n'est pas la
même chose.
M. Bédard (Montmorency): Vous voyez, le danger de
ça. Le rapport Cliche a formulé des recommandations
là-dessus. C'est que sur un chantier de 100, je n'ai qu'à trouver
51 personnes qui soient d'accord avec moi. C'est vite réglé.
M. Morin: C'est beaucoup, surtout dans une situation où la
loi aura eu pour effet d'éliminer les indésirables. Il faut se
mettre dans le nouveau contexte où le ministre veut nous amener,
où, par définition, il n'y aura plus d'indésirables. A ce
moment-là, je ne vois pas quelles sont les craintes qu'on pourrait
avoir.
M. Bédard (Montmorency): Autrement dit, vous voulez
être plus sévère que moi.
M. Morin: Non.
M. Bédard (Montmorency): J'en demande 45 sur 100 et vous
en demandez 51 sur 100. C'est plus sévère.
M. Morin: C'est pour ça que je dis que la garantie que
nous exigeons est meilleure et plus réaliste que la vôtre.
M. Bédard (Montmorency): Plus réaliste!
M. Morin: M. le Président, je pense que le
député n'aurait pas les mêmes exigences à
l'égard de l'Assemblée nationale et peut-être que le
parallèle, même s'il est un peu boiteux, peut lui indiquer la
difficulté qu'il peut y avoir, par moments, à trouver 90% des
gars pour procéder à l'élection. A part ça, il y a
autre chose. Supposons que les gars ne veulent pas, ne sont pas d'accord avec
le choix de la majorité, le choix qui semble être indiqué
par la majorité avant le vote, 10% des travailleurs ne vont pas à
l'assemblée et elle ne peut pas avoir lieu. Voyons donc! Il y a toutes
sortes d'aspects à ce qu'on propose et auxquels il faudrait songer.
M. Bédard (Montmorency): Ils vont certainement essayer
de...
M. Bellemare (Johnson): La commission Cliche a d'abord une
réserve de 5% minimum à la table des négociations pour la
représentativité, mais quand elle arrive à la convention
collective, pour qu'elle soit en vigueur, on dit que la convention collective
signée par les associations dont la représentativité
atteint 75% devrait pouvoir être entérinée et s'appliquer
à tous. C'est le barème des 75% qui joue. C'est l'argumentation
no 71 de la commission Cliche.
M. Bédard (Montmorency): En fait, le principe n'est pas
mauvais. On parle de 75%, on parle de 90%, 45%, 51%. Mais d'après la
rédaction actuelle, tout délégué de chantier doit
être élu par les salariés membres de l'association de
salariés représentatifs déjà à l'emploi de
l'employeur.
Vous comprenez que, sur un chantier de 100, avec un article comme
celui-là, dix hommes, cinq hommes peuvent élire un
délégué de chantier. Bien non! Au moins 7... C'est
qu'à 7, on a droit à un délégué de chantier.
Ce n'est pas au moins 7. Il peut y en avoir cinq qui vont élire un
délégué de chantier. C'est pour compléter le mode
électif. C'est simplement pour cela. Je pense que le principe a l'air
assez bon, parce que même le chef de l'Opposition est encore plus
sévère que moi. Il exige 51%, alors que moi, je parlais de
46%.
M. Morin: C'est le projet.
M. Bonnier: Excepté que vous ne parlez pas de la
même chose. Le député de Montmorency insiste sur la
présence réelle...
Une Voix: Un quorum...
M. Bonnier:...c'est cela... pour enregistrer le vote. Tandis que
le chef de l'Opposition parle d'un pourcentage pour être élu, ce
qui est fort différent. Ce sont deux choses différentes. Moi, je
pense que les deux choses sont importantes, c'est bien sûr. Il y a deux
idées fort différentes.
M. Cournoyer: M. le Président, je prête beaucoup de
bonne foi à la commission Cliche et trouve très heureuses les
intentions qu'elle a eues de nous dire qu'il fallait, à toutes fins
utiles, remplacer la clause des délégués de chantier, qui
avait été négociée par les parties, par une seule
clause qui éliminerait les possibilités d'intervention de ceux
qu'on veut éliminer de l'industrie de la construction, ceux qui
possèdent des dossiers judiciaires et qui utilisent, plus souvent
qu'à leur tour, la violence contre les travailleurs eux-mêmes.
L'étude article par article de cette chose particulière,
avec l'amendement qui est suggéré par le confrère de
Montmorency, m'indique que pour arriver, article par article, il faut faire
énormément attention.
Le but recherché par le confrère de Montmorency, le but
recherché par le chef de l'Opposition et l'Opposition, et le
gouvernement, ne doit pas être mis de côté.
Même si la commission Cliche nous en fait la
recommandation exacte, il ne faut quand même pas embêter
tout le monde pour rien. Je voudrais suggérer qu'on suspende
l'étude de cet article pour qu'on réfléchisse pendant un
bout de temps à la proposition de M. Bédard et aux autres
suggestions qu'on pourrait peut-être faire d'ici la semaine
prochaine.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, juste une
solution. Dans l'article 32 m), l'élection, vous avez l'endroit
désigné pour dire: Tout délégué de chantier
doit être élu à la majorité, au bulletin secret, par
majorité des membres de l'Association des salariés.
Vous l'avez à l'article 1. Vous l'avez. Je pense que...
M. Bédard (Montmorency): C'est là que je veux
l'insérer, M. le député de Johnson; j'ai parlé du
dernier paragraphe.
M. Bellemare (Johnson): Mais conservez le numéro 1 et
faites un amendement dans les mots.
M. Bédard (Montmorency): C'est exactement ce que je dis.
Je conserve le numéro 1 et j'ajoute le paragraphe.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez dit: après le
numéro 1, j'ajoute votre amendement.
M. Bédard (Montmorency): C'est cela.
M. Bellemare (Johnson): On pourrait le mettre dans le texte du
paragraphe 1 où il est question d'élection.
M. Bédard (Montmorency): C'est ce que j'ai
recommandé. L'article 32 m), paragraphe 1, élection. Vous avez
trois paragraphes, j'ajoute un quatrième paragraphe qui parle du mode
électif...
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas nécessaire. En
amendant le paragraphe 1 de l'article 32 m), quand il s'agit d'élection,
vous pouvez le mettre là sans amendement: "Tout
délégué de chantier doit être élu au scrutin
secret parmi et par les salariés majoritaires membres de l'association
des salariés représentative ah cela, le mot
représentative déjà à l'emploi de
l'employeur".
M. Bédard (Montmorency): Après cela, il y a le
chantier même.
M. Bellemare (Johnson): Là, vous ajoutez deux autres
choses, vous ajoutez...
M. Bédard (Montmorency): 90% des employés
présents.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Sauvé.
M. Morin: M. le Président, je pense que la suggestion du
ministre de suspendre l'étude de la proposition du député
de Montmorency n'est pas mauvaise. Je lui suggérerais peut-être,
et je le suggère au député de Montmorency, de nous
présenter mardi matin une proposition peut-être un peu plus
réaliste. Je comprends l'esprit dans lequel il l'a fait et je suis
ouvert à l'idée qu'il faille établir un meilleur
contrôle de ce qui va se passer lors de l'élection des
délégués de chantier. Mais les 90%, je lui dis tout de
suite, ce n'est pas réel, cela n'a pas de sens, cela ne fonctionnera
pas, cela va mettre des bâtons dans les roues partout. Peut-être
qu'il peut songer à un pourcentage plus réaliste et
peut-être que le ministre, lui aussi, pourra consulter ses conseillers du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et, mardi, on pourrait
réexaminer le tout. Je pense que ce serait peut-être la meilleure
façon quant à cela.
M. Bédard (Montmorency): D'accord.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, j'attire
l'attention de la commission. On est en train de faire du bien bon ouvrage,
mais qui va être tout à recommencer mardi matin. Moi, je sais que
mardi matin on va reprendre tout cela. Il est une heure et quart, on a
travaillé toute la nuit, je pense qu'on devrait s'en aller et revenir
mardi matin et reprendre le tout. On fait du barbouillage pour rien.
M. Cournoyer: II y a d'autres clauses qui sont à peu
près...
M. Bellemare (Johnson): C'est certain. A chaque article...
M. Morin: M. le Président, on va être obligé
de suspendre l'article 5 aussi puisqu'il découle des autres. Il ne
resterait que l'article 6 et je suis prêt à l'accepter
séance tenante parce que c'est une simple erreur d'impression ou de
frappe.
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Morin: Donc, l'amendement à l'article 7...
M. Bellemare (Johnson): A l'article 5, formation professionnelle,
là aussi...
M. Morin: On peut peut-être déjà convenir
d'inscrire que l'amendement à l'article 7 est accepté?
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Messieurs, je comprends
bien ce que vous voulez dire. Je vous demande quand même de
considérer ceci: L'article 3 je prends le titre 3, au bas de la
page, commençant par: Le chapitre et les articles suivants sont
insérés... adopté?
M. Bellemare (Johnson): Non, suspendu. Tout cela est
suspendu.
Le Président (M. Séguin): Article 3, suspendu.
M. Morin: C'est suspendu.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, le ministre nous
a dit, je pense... Dans ses gestes, il m'a fait voir que nous pourrions
suspendre la séance et la reprendre mardi matin avec beaucoup plus
d'efficacité.
M. Cournoyer: Cela me permettrait de chercher des tuteurs pour le
courant de l'après-midi.
M. Bellemare (Johnson): J'ai des noms à vous
suggérer, M. le Président, si cela peut vous aider.
M. Morin: Je souhaite bonne chance au ministre.
M. Bédard (Montmorency): Bonne chance au
sous-ministre.
M. Bellemare (Johnson): J'en ai un qui ferait peut-être
votre affaire.
Le Président (M. Séguin): D'un autre
côté, par exemple, au sous-article 4, préférence
d'emploi.
M. Bellemare (Johnson): Suspendons l'article 3.
Le Président (M. Séguin): Un instant! J'ai
déjà eu un amendement qui a été adopté.
M. Bellemare (Johnson): Oui.
Le Président (M. Séguin): L'amendement, c'est
à l'article 4, la préférence d'emploi, premier paragraphe.
Cela reste, ce n'est pas suspendu.
M. Bellemare (Johnson): Non, comme l'article 32 n). A l'article
32 n), il y a eu un amendement accepté, il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Séguin): Article 32 n), un
instant!
M. Bellemare (Johnson): Oui, à l'article 32 n), il y a un
amendement adopté.
Le Président (M. Séguin): A l'article 32 n), il y a
un amendement qui a été adopté.
M. Bellemare (Johnson): D'accord.
Le Président (M. Séguin): Donc, l'article 32 n),
amendement adopté. Est-ce que l'article 32 n), premier paragraphe tel
qu'amendé, est adopté?
M. Bellemare (Johnson): Oui. Pour moi oui.
M. Morin: M. le Président, on peut adopter l'article 3
d'un seul bloc, mardi. On n'est pas obligé d'adopter paragraphe par
paragraphe, une fois qu'on a adopté les amendements.
Le Président (M. Séguin): C'est ce que j'es- sayais
de faire. D'abord, faire adopter les amendements et, ensuite de cela, les
appliquer.
M. Morin: Ils sont adoptés, M. le Président. Je
crois qu'il était accepté... Vous voulez, autrement dit, un vote
formel. C'est cela que vous voulez?
Le Président (M. Séguin): J'aurais aimé un
vote formel là-dessus.
M. Morin: Est-ce que le ministre voudrait nous donner son
attention?
Le Président (M. Séguin): Un instant!
M. Morin: Avec l'attention du ministre du Travail, l'article 3
est suspendu, mais nous avons déjà adopté, à
l'unanimité, les deux propositions que j'ai présentées
à l'article 32 n), comme dans Nicole...
M. Cournoyer: C'est cela et l'article 32 m), aussi, sur la
première.
M. Morin: ...et dans l'article 32 m), comme dans Maurice. C'est
à partir de cela qu'on pourra adopter l'article 3, dans son ensemble,
mardi, une fois que nous aurons eu les propositions du député de
Montmorency.
Le Président (M. Séguin): L'article 3 est suspendu,
excepté ou exception faite des deux amendements adoptés et
appliqués aux paragraphes concernés.
M. Morin: C'est cela, exactement.
Le Président (M. Séguin): C'est adopté, il
n'y a pas de difficulté là-dessus. Je ne sais pas quelle est
l'intention de la commission à ce moment-ci.
M. Bellemare (Johnson): Le ministre nous a...
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît! Je vais essayer d'avoir une petite consultation pour savoir si
nous devons tout simplement suspendre à mardi.
M. Morin: Je pense qu'il ne reste que cela à faire, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Aussitôt que je
pourrai avoir l'oreille du ministre du Travail...
M. Lachance: Un amendement?
Le Président (M. Séguin): ... on aura
peut-être une surprise. Est-ce qu'il s'agit maintenant de suspendre nos
travaux jusqu'à mardi, 10 h 15?
M. Cournoyer: II s'agit de suspendre nos travaux d'ici à
mardi, 10 h 30.
Le Président (M. Séguin): La commission suspend ses
travaux...
M. Cournoyer: 10 h 15 pour 10 h 30.
M. Morin: I0 h 15 pour 10 h 30.
Le Président (M. Séguin): 10 h 30? La commission
suspend ses travaux jusqu'à 10 h 30, mardi le 20 mai. Un instant, s'il
vous plaît, si je peux rouvrir le débat; je voudrais plutôt
faire une mise au point ou une précision. Le rapporteur pour ces
séances du projet de loi no 30 sera le député de
Mille-Iles.
M. Lachance: Le député de Mille-Iles accepte.
(Fin de la séance à 13 h 16)