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Commission permanente du travail, de la main-d'oeuvre
et de l'immigration
Etude des recommandations du rapport Cliche
Séance du mardi 27 mai 1975
(Seize heures vingt-neuf minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
La commission élue du travail, de la main-d'oeuvre et de
l'immigration siège le mardi 27 mai I975 pour examiner les
recommandations du rapport Cliche. La commission a cette responsabilité
et je m'en tiendrai à ce mandat jusqu'au moment où la Chambre
voudra le changer ou que la commission aura terminé ses travaux.
Les membres de la commission, pour la séance d'aujourd'hui, sont:
MM. Bellemare (Johnson), Bérard (Saint-Maurice), Boudreault (Bourget),
Burns (Maisonneuve), Charron (Saint-Jacques), Ciaccia (Mont-Royal), Cournoyer
(Robert Baldwin), Bourassa (Mercier), Harvey (Charlesbourg), Bédard
(Montmorency), Lecours (Frontenac), Malépart (Sainte-Marie), Roy
(Beauce-Sud), Verreault (Shefford). Comme rapporteur, faites-moi une
suggestion.
M. Harvey (Charlesbourg): M. Boudreault (Bourget).
Le Président (M. Séguin): M. Boudreault (Bourget).
Agréé?
M. Burns: Moi, je préférerais M. Malépart
(Sainte-Marie). Je propose M. Malépart (Sainte-Marie). Il est
très assidu. De toute façon, je n'ai pas de chicane; ce sont mes
deux voisins, au point de vue du comté. Je retire ma proposition.
M. Boudreault: Avec un de chaque côté, vous pouvez
disparaître.
M. Burns: Vous allez vous apercevoir que je suis dur à
serrer.
M. Boudreault: On est pas mal pesant, nous autres.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: Ce n'est pas la grosseur qui compte; c'est la longueur,
moi, je regarde pardessus tout le monde d'habitude.
M. Bourassa: Vous allez avoir la gang de Dédé dans
votre comté aux prochaines élections?
M. Burns: Non, il travaille pour vous.
M. Bourassa: De la manière dont vous avez agi, les votes
contre là.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Pour régler ces problèmes, on n'aura pas besoin de
commission.
M. Burns: Est-ce que le premier ministre est membre, M. le
Président? Oui, j'ai bien compris.
Le Président (M. Séguin): C'est ça. M.
Charron: Enfin, il suit le règlement.
Le Président (M. Séguin): La parole est au ministre
du Travail. Première recommandation.
Préliminaires
M. Cournoyer: Un instant, avant la première
recommandation, il me semble qu'il faudrait établir avec la commission
parlementaire les procédures de l'étude d'un tel document.
Or, je n'ai pas de proposition formelle à faire à ce
moment-ci, sauf qu'étant donné qu'il y a des personnes qui
seraient susceptibles de vouloir dire quelque chose à la commission
parlementaire il serait peut-être décent d'établir un
programme des travaux sur ce sujet avec la commission parlementaire. Ainsi, on
pourrait convoquer ces personnes non pas pour tous les moments où nous
siégerons, mais à des dates précises qui pourraient leur
être communiquées avant le temps pour qu'elles puissent venir et
de ne pas perdre leur temps ici si elles jugeaient non utile d'être ici
tout le temps.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, j'ai compris, moi aussi, que
nous étions, à toutes fins pratiques, à une séance
préliminaire des travaux selon le mandat qui nous a été
donné par l'Assemblée nationale par la motion qui a
été adoptée la semaine dernière ou la semaine
avant, je ne m'en souviens pas tellement.
Je serai prêt, M. le Président, à vous faire une
recommandation quant à un certain nombre de personnes à entendre.
Je suis même prêt à faire des motions à ce sujet.
Je ne peux, d'autre part, m'empêcher le ministre du Travail
va penser que je me réveille la nuit pour le haïr parce que je
reviens constamment sur ce sujet de déplorer que nous commencions
l'étude des recommandations de la commission Cliche avec l'actuel
ministre du Travail en poste.
M. Bourassa: C'est une cassette, ça.
M. Burns: Ce n'est pas une cassette; je suis obligé, comme
préliminaires, de dire ça. En ce qui me concerne, il est
particulièrement important et je le dis au risque de me
répéter que, pour en arriver à une solution
définitive, l'interlocuteur valable, le ministre du Travail, soit la
bonne personne. Je ne dis pas et je ne recommande pas ce n'est pas mon
rôle de le faire, d'ailleurs, et je n'ai aucune raison de le faire
au premier ministre d'exclure de son cabinet le ministre actuel du Travail. Je
lui demande simplement, si possible il a jugé que ce
n'était pas possible de mettre à la place du ministre du
Travail la personne qui pourrait présider à la réforme
globale que recommande la commission Cliche.
J'ajoute simplement à ceci notre grande déception d'en
être à commencer l'examen des recommandations de la commission
Cliche, desquelles on a extrait un certain nombre, très restreint, de
propositions pour adopter des projets de loi très précis, les
projets de loi nos 29 et 30.
On nous disait alors qu'il y avait urgence d'adopter ces projets de loi
pour mettre en tutelle un certain nombre de syndicats, pour imposer une
présomption qui est contraire au droit commun, pour exclure de toute
fonction syndicale éventuelle des salariés de la construction qui
auraient été condamnés pour des actes criminels
mentionnés dans la loi et d'abord mentionnés, de façon
plus restreinte, dans le rapport de la commission Cliche. On nous a fait valoir
l'urgence d'adopter ces projets de loi. Or, les projets de loi sont
adoptés, les projets de loi sont en vigueur; les tuteurs, par hasard, ne
sont pas en poste. La tutelle, semble-t-il, était une raison urgente
d'agir. Il fallait absolument qu'on retrouve une espèce de santé
syndicale dans le domaine de la construction grâce à une tutelle.
C'était tellement urgent de le faire qu'on nous a fait siéger,
à certaines occasions, jusqu'à deux heures et demie et trois
heures du matin.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Le député doit terminer immédiatement parce
qu'il est, je pense, complètement hors d'ordre à ce
moment-ci.
M. Bums: M. le Président, je suis...
Le Président (M. Séguin): Vous n'êtes pas
dans l'ordre puisque vous avez, à l'ordre du jour, une motion qui
reflétera sans doute vos commentaires. Je ne voudrais pas entamer ce
débat ici parce qu'on ne peut pas faire, par l'entremise d'une
commission, ce qui est déjà prévu être fait en
Chambre.
M. Burns: C'est le contraire, M. le Président, que dit
notre règlement.
Le Président (M. Séguin): Ce n'est pas le
contraire.
M. Burns: Notre règlement dit exactement le contraire.
Le Président (M. Séguin): Absolument pas.
M. Burns: On ne peut pas arriver en Chambre et parler de choses
qui sont devant une commission...
Le Président (M. Séguin): C'est cela.
M. Burns: ...mais il n'y a rien qui nous dit qu'en commission on
ne...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: ...peut pas parler de quelque chose qui est devant la
Chambre.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: En tout cas, M. le Président, voulez-vous
vérifier votre règlement?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Je n'ai pas
à le vérifier.
M. Burns: Bien, voyons donc!
Le Président (M. Séguin): Non.
M. Burns: Ce serait peut-être bon parce que vous dites
exactement le contraire de ce que le règlement dit.
Le Président (M. Séguin): Je ne dis pas le
contraire du règlement en l'occurrence ou dans le débat du
moment. Dans le débat du moment, il ne s'agit pas du tout du point de
règlement que vous soulevez. Je soulève tout simplement le fait
que nous sommes ici réunis pour une chose. Si la commission ne doit pas
ou ne veut pas siéger, qu'on me l'indique par voix.
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): C'est la seule
façon dont je puisse procéder. Que vous fassiez votre discussion
sur votre motion privilégiée en Chambre et, ensuite, nous
verrons.
M. Burns: M. le Président, vous n'êtes pas pour me
dire comment travailler à cette commission-ci et vous n'êtes
pas...
Le Président (M. Séguin): Je ne vous dis pas
comment travailler. Je vous dis comment, comme président, je conduis
cette assemblée.
M. Burns: Vous allez me faire respecter les règlements, M.
le Président, et je vais me plier à tout ce que vous allez me
dire en vue de respecter le règlement. Je vous le dis d'avance, je vais
m'y plier. Mais je ne veux pas que vous me disiez le contraire de ce que le
règlement dit, par exemple.
Je ne veux pas que vous me disiez que je ne peux pas parler d'un certain
blâme que je peux avoir à l'endroit du ministre du Travail, parce
que ma motion est déjà en Chambre. Je vais vous dire, M. le
Président, que c'est exactement l'inverse que dit notre
règlement.
Notre règlement nous dit qu'on ne peut pas, en Chambre, parler de
quelque chose qui est déjà soumis à une commission, mais
l'inverse n'est pas vrai. Il n'y a rien qui dit que je ne peux pas, en
commission, parler de quelque chose qui est devant la Chambre. C'est vrai que
j'ai une motion de blâme devant la Chambre. D'ailleurs, vous vous
énervez pour rien, M. le Président. Comme on le dit d'une
façon familière vous "prenez le boeuf" pour rien.
Le Président (M. Séguin): Je ne suis pas
énervé du tout.
M. Burns: Bien oui, M. le Président, vous vous
énervez.
Le Président (M. Séguin): Non...
M. Burns: Moi, il me semble que je n'étais pas nerveux,
j'étais tranquille.
Le Président (M. Séguin): ... je ne suis pas
énervé du tout.
M. Burns: Je vous dis...
Le Président (M. Séguin): Vous étiez trop
tranquille. C'est pour cela que je vous ai arrêté avant que vous
vous emportiez.
M. Burns: Ah! C'est ça qui vous énerve. Bon!
D'accord!
M. le Président, j'ai l'intention de continuer à rester
tranquille et à respecter le règlement, sans aucune espèce
de doute...
Le Président (M. Séguin): J'ai l'intention...
M. Burns:... et sans aucune restriction. Je vous dis tout
simplement que, comme introduction aux travaux de la commission Cliche, je ne
pouvais pas m'empêcher de dire qu'une discussion valable sur les
recommandations qui paraissent dans le rapport Cliche me semble
défaillante, au départ, parce que nous sommes en présence
du ministre actuel du Travail. C'est rien que cela, et dans le but de
l'expliciter...
M. Bourassa: M. le Président...
M. Burns: Oui, si vous voulez me poser une question, vous
êtes membre de la commission maintenant. Je vous félicite de cette
promotion.
M. Bourassa: Je voudrais poser une question au
député de Maisonneuve. Le fait que dans le rapport Cliche
c'est dans le mandat de la commission on ait recommandé une
présomption de culpabilité, c'est-à-dire le renversement
du fardeau de la preuve c'est une recommandation, quand même,
très importante, qui change notre système de droit dans le cas de
certains individus est-ce que ceci n'est pas la confirmation que le
ministre du Travail et le gouvernement n'avaient pas en main, étant
donné que la commission fait cette recommandation, les outils efficaces
pour corriger la situation? Si on fait une recommandation aussi radicale...
M. Burns: J'irais plus loin que cela, M. le premier ministre.
Vous me posez une question...
M. Bourassa: Non, mais je n'ai pas terminé.
M. Burns: Vous avez, cet après-midi je vous
arrête là confirmé une chose, soit que, même
aujourd'hui, même au moment où on se parle, même au moment
où on examine...
M. Bourassa: Je peux terminer ma question?
M. Burns:... le rapport Cliche, vous n'avez pas tous les outils
en main. Vous n'avez pas les annexes...
M. Bourassa: On a...
M. Burns: Vous n'avez même pas les annexes du rapport
Cliche.
M. Bourassa: Est-ce que je peux terminer ma question?
M. Burns: Bien oui. M. Bourassa: Un mot.
M. Burns: J'ai bien dit que j'acceptais une question...
M. Bourassa: D'accord!
M. Burns: ... mais, si le premier ministre veut argumenter, moi,
je suis bien prêt à attendre.
M. Bourassa: Je pose la question. Est-ce que le fait que la
commission a fait une recommandation aussi radicale... Il y avait deux
syndicalistes à la commission; alors, je pense bien qu'ils ont
évalué cela en fonction des situations de fait.
M. Burns: Deux syndicalistes?
M. Bourassa: Oui. M. Chevrette et le juge Cliche, un ancien
syndicaliste et un syndicaliste.
M. Burns: Ah bon! En tout cas... D'accord!
M. Bourassa: II y en a un autre qui était respecté
des milieux syndicaux. Ce que je dis, c'est si la commission...
M. Burns: Je ne critique pas la valeur, mais cela
m'étonnait d'entendre parler de deux syndicalistes à la
commission Cliche.
Je veux dire que c'est peut-être un "bag" que le premier ministre
veut passer à ses émissions: Une majorité de syndicalistes
ont décidé que...
M. Bourassa: Non.
M. Burns: II ne faudrait pas charrier.
M. Bourassa: Ce que je dis, ce sont des gens...
M. Burns: II y a un juge, il y a un représentant patronal,
il y a un représentant syndical, c'est-à-dire tout à fait
l'équilibre qu'on reconnaît dans les commissions d'enquête
ou, si vous voulez, dans les conseils d'arbitrage à trois.
M. Bourassa: Je comprends que le député de
Maisonneuve n'est pas trop heureux de la page 133 du rapport et il essaie de...
J'ai dit que les membres de la commission Cliche...
M. Burns: Je ne m'embarquerai pas là-dedans.
M. Bourassa: ... étaient respectés des milieux
syndicaux. Ils sont venus à une recommandation radicale: changer notre
système de droit. N'est-ce pas la preuve que le ministre du Travail,
étant donné qu'on fait des recommandations aussi importantes, ne
pouvait pas avoir en main les outils pour faire son travail? Il semble que la
commission Cliche confirme la compétence du ministre du Travail.
M. Burns: J'ai dit au président que je veux absolument
respecter les règles et ce n'est pas parce que vous êtes membre de
la commission maintenant que vous devez abuser des règles. Je pense que
vous devez tout simplement...
M. Bourassa: Répondez à ma question.
M. Burns: Je vais répondre à votre question,
certainement. Quand je vous demande de ne pas abuser des règles, c'est,
entre autres, de ne pas tenter, pendant que j'expose mon point de vue,
d'argumenter et de m'interrompra. Moi, je ne vous interromprai pas pendant
votre exposé.
M. Bourassa: Répondez donc à ma question.
M. Burns: Oui, je vais répondre à votre question.
C'est la commission Cliche elle-même, le juge Cliche, dès son
retour de vacances, qui a donné une réponse à votre
question, confirmée au préalable, a priori par M. Chevrette,
confirmée a posteriori par M. Mulroney: La commission Cliche doit
être envisagée, quant à ses recommandations, comme quelque
chose de global, comme une volonté de changer quelque chose
globalement.
M. Bourassa: Un projet de loi...
M. Burns: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Bourassa: Cela fait mal.
M. Burns: Non, ça ne fait pas mal. Les sondages vous font
bien plus mal, à vous, de ce temps-ci.
M. Bourassa: On peut parler de vos sondages. M. Burns:
Parlez de votre sondage.
M. Bourassa: Vous avez perdu cinq points en six mois.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: Parlez de tout ça, vous avez été
obligé de vous dépêcher de faire sortir un sondage qui
n'était même pas prêt. Voyons donc!
M. Bourassa: On était prêt. On l'avait
reçu.
M. Burns: Ah, mon Dieu Seigneur! Vous vous êtes
dépêché, il fallait avoir une réponse
rapidement.
M. Boudreault: Vous ne nous ferez pas croire que René
Lévesque...
M. Burns: M. le Président, c'est drôle que nous
n'ayons pas commandé de sondage là-dedans. C'est juste
ça.
M. Bourassa: Vous faites aussi des sondages, mais ils sont
mauvais et vous ne les sortez pas.
M. Burns: Ouah! Ouah! Petouf! Envoie donc!
M. Bourassa: Voulez-vous répondre à ma
question?
M. Burns: M. le Président, je réponds à
votre question, mais je dis simplement qu'à compter de maintenant, si le
premier ministre veut me poser des questions intelligentes ce qui n'est
pas son habitude, je l'admets je vais y répondre, je vais
accepter d'être interrompu, mais pas par de l'argumentation, pas plus
d'ailleurs qu'il ne devrait, lui, normalement accepter que je l'interrompe si
jamais il est en train d'argumenter.
D'accord? Cela ne me fait rien, mais ma petite remarque était
prévue pour cinq minutes et là vous êtes en train de m'en
faire faire une d'une demi-heure. Ce n'est pas ma faute, mais, si vous voulez
attendre et si vous voulez que toutes les choses se passent dans les
règles, normalement, cela va se passer rapidement et sans
difficulté de parcours.
M. le Président, je reviens donc à ce que je disais et la
réponse que j'ai faite au premier ministre est valable. Les commissaires
de la commission Cliche considèrent globalement la somme de leurs
recommandations et je considère que c'est trahir ces recommandations
d'en extraire quelques-unes et de faire adopter rapidement, à la vapeur,
par des lois spéciales, un certain nombre de dispositions dont la mise
en tutelle, dont l'in-versement du fardeau de la preuve, qui est la fameuse
présomption, dont les actes criminels qui empêchent des
travailleurs de la construction de devenir des cadres syndicaux. Je
m'arrête là, M. le Président, tout simplement. Je
mentionnais, au départ, que je regrettais la présence du ministre
du Travail. J'ajoutais tout simplement que les tuteurs ne sont même pas
nommés actuellement, de sorte que la tutelle n'est pas en vigueur.
M. Bourassa: C'est faux.
M. Burns: La tutelle n'est même pas en vigueur, M. le
Président, et je vous invite à demander au premier ministre de
retirer ses paroles, parce qu'il vient de dire que c'est faux, ce que je viens
de dire. Je ne veux pas partir de débats inutiles, mais la tutelle n'est
pas en vigueur. Comment voulez-vous qu'elle soit en vigueur quand vous n'avez
pas le conseil d'administration ou le conseil des tuteurs mis en place? Non. Je
n'accepte pas, M. le Président, d'entreprendre un débat avec le
premier ministre. S'il veut le faire, il me dira ce qu'il pense. Je vais
prendre des petites notes et je vais attendre qu'il ait fini. Je vais
être plus poli que lui et je ne l'interromprai pas.
Je veux tout simplement dire, M. le Président, qu'au
départ...
Y a-t-il quelque chose qui vous dérange, M. le
député de Montmorency?
M. Bédard (Montmorency): Non. Je parlais avec le premier
ministre.
Le Président (M. Séguin): Procédez donc.
Continuez.
M. Bédard (Montmorency): J'étais en train de lui
dire qu'on va continuer.
M. Burns: S'il y a quelque chose qui vous dérange, il y a
une façon de le dire.
Le Président (M. Séguin): S'il vous
plaît.
M. Bédard (Montmorency): Par respect pour vous, M. le
Président, je ne dis plus un mot.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: C'est cela. Ne dites donc plus un mot par respect pour
l'ensemble de la population.
M. Bédard (Montmorency): Ne vous en faites
pas. Les mots que j'ai déjà placés vous ont fait
mal.
Le Président (M. Séguin): Je vais commencer
à m'en faire encore. Je demanderais au député de
Maisonneuve de continuer et au député de Montmorency de garder sa
question pour plus tard.
M. Burns: D'accord. M. le Président, tout ceci pour vous
dire que, malgré les réserves que je viens d'exprimer,
malgré les difficultés d'approche mentionnées
préalablement à cette commission, dans l'ensemble et globalement,
le rapport de la commission Cliche nous paraît un travail valable.
Il s'agit d'un document sur lequel on peut se fonder dans le concret
pour en arriver à des réformes globales, celles-là.
N'oubliez pas cela, M. le premier ministre, des réformes globales.
M. Bourassa: Une chance que...
M. Burns: Ce n'est pas moi qui vais contredire la commission
Cliche là-dessus. Moi, cela fait exactement cinq ans que je le dis
à l'Assemblée nationale. Cela fait exactement cinq ans que je dis
que l'industrie de la construction, au point de vue des relations
patronales-syndicales est malade, qu'on a affaire à un système
qui a besoin d'être révisé de fond en comble. J'ai
même utilisé l'expression que l'industrie de la construction, au
point de vue des relations du travail, a besoin d'un habit fait sur mesure. Ce
n'est sûrement pas en collant une manche sur un habit et en ajoutant des
fioritures ou des galons à un pantalon qu'on va refaire cet habit sur
mesure à la construction.
Là-dessus, je partage l'opinion de la commission Cliche, ce qui
ne veut pas nécessairement dire que je doive accepter aveuglément
toutes et chacune des 134 recommandations de la commission Cliche. Il y en a
quelques-unes qui me paraissent discutables. Malgré ce que je viens de
dire, celles qui me paraissent peut-être parmi les plus discutables, ce
sont celles qui ont déjà été l'objet d'un projet de
loi. J'ai quand même droit à mon opinion. Sans critiquer le projet
de loi, je suis obligé de m'y soumettre comme tout le monde, il est
adopté et il est en vigueur, même si la tutelle ne l'est pas.
J'aimerais vous rappeler, à ce stade-ci, un autre cas de
commission parlementaire où nous avons examiné un rapport. C'est
celui qui concerne la Loi sur les assurances, le rapport Gauvin. Il est
absolument c'est peut-être bon de le rappeler exceptionnel,
dans notre façon de fonctionner au point de vue parlementaire, qu'une
commission d'enquête fasse l'objet, quant à ses recommandations,
d'une étude d'une commission parlementaire. Ce n'est pas que je sois
contre cette demande...
M. Bourassa: ... demandé.
M. Burns: M. le Président! Moi, je suis de bonne humeur.
J'espère que le premier ministre va me permettre de continuer à
être de bonne humeur. J'essaie d'être le plus constructif possible,
j'essaie de trouver des solutions parce que c'est un peu cela que le ministre
du Travail nous a indiqué tout à l'heure, qu'il attendait des
suggestions. Je m'apprête à en faire.
Je dis tout simplement cela me choque, je suis obligé de
répéter ce que j'ai dit avant l'interruption que le premier
ministre a faite qu'il n'y a pas, à ma connaissance, outre le
rapport Gauvin, de commissions parlementaires qui ont siégé
d'abord sur un rapport, avant de connaître la position gouvernementale.
Nous sommes, je pense, à quelque six mois de distance près,
appelés à faire la même chose, relativement au rapport de
la commission Cliche, que ce qu'on a été appelé à
faire concernant le rapport Gauvin.
Nous n'avons pas tout le monde va l'admettre, je pense qu'il n'y
a personne qui peut contredire cela actuellement, de position globale,
même si le mot échappe au premier ministre et lui
déplaît, de politique globale du gouvernement en matière de
réforme des relations du travail dans l'industrie de la construction.
Nous avons un travail global qui s'appelle le rapport Cliche concernant cette
affaire-là. Encore une fois, il y a des choses valables, peut-être
qu'il y a des choses qui ne le sont pas. On verra au cours de l'étude.
Je pense qu'on devrait, M. le Président, utiliser, relativement à
la commission Cliche, la même méthode que celle qu'on a
utilisée relativement au rapport Gauvin sur l'assurance-automobile.
D'abord et avant tout, avant d'entendre qui que ce soit, avant même de
discuter de quelque politique que ce soit, puisque le gouvernement n'a pas
décidé de soumettre sa politique globalement, nous pensons qu'il
serait essentiel d'inviter les commissaires de la commission Cliche à
une séance pour venir, soit préciser, ajouter, donner des
détails relativement à leur rapport, peut-être même
interpréter, puisqu'eux-mêmes par la voie des journaux, à
deux reprises, ont été obligés d'interpréter
certaines de leurs recommandations. Par exemple, vous ne trouvez nulle part
dans les recommandations de la commission Cliche le fait qu'au moins un
syndicaliste doit faire partie de la tutelle qu'ils avaient recommandée.
Pourtant, il y a déjà deux commissaires qui ont dit cela par la
suite. Ils ont dit: Cela est une chose qu'on aurait dû mettre. On y
pensait, tout le monde, mais c'était tellement évident à
nos yeux qu'on ne l'a pas écrit.
M. Cournoyer: M. le Président, est-ce que le commentaire
que vous faites ne concerne pas l'office de l'industrie de la construction?
M. Burns: C'est concernant l'office et concernant la tutelle. Je
vous parlais de deux attitudes additionnelles. Concernant les deux, je pense
qu'entre autres le commissaire Chevrette a mentionné que
c'étaient des choses qui leur paraissaient évidentes. La
participation quasi paritaire à l'office de la construction est aussi un
élément nouveau qui ne paraît pas clairement au
rapport.
M. Cournoyer: Mais celle-là a fait partie d'un amendement
au rapport, qui a été remis au premier ministre dans une lettre
postérieure.
Motion pour faire comparaître les membres de la
commission Cliche
M. Burns: Oui, mais cela vous montre jusqu'à quel point,
à un moment donné, on devrait peut-être se poser des
questions. Je ne parle pas de la valeur du rapport; encore une fois, qu'il soit
bien
clair qu'à mes yeux le rapport et surtout les travaux de la
commission ont une grande valeur. Mais ce sont des choses qu'on devra faire
préciser, si nécessaire. Donc, je pense que d'abord et avant
tout, M. le Président, on devra c'est ma suggestion puisque le
ministre du Travail nous a invité à faire des suggestions
inviter les commissaires à venir nous donner des précisions,
selon les questions qui seront posées par les membres de la
commission.
Je pense également que les membres ou, si vous voulez, les
parties représentatives ou les parties au décret de la
construction ont tout intérêt à venir commenter les
recommandations du rapport Cliche, à venir nous dire ce qu'elles en
pensent, à nous guider en vue d'une éventuelle
législation.
Encore une fois, je fais le parallèle avec la commission
parlementaire des institutions financières qui a étudié le
rapport Gauvin; nous avons exactement procédé de cette
façon. Nous avons d'abord demandé aux commissaires de venir nous
exposer un certain nombre de précisions que les parlementaires pouvaient
exiger relativement à leur rapport et, ensuite, toutes les parties
concernées.
En ce qui me concerne, je limite les parties concernées à
ce qu'on appelle les parties présentes au décret,
c'est-à-dire les parties représentatives: les trois centrales
syndicales et les cinq parties patronales. Je terminerai donc mon exposé
en vous faisant une première motion et en vous annonçant une
seconde motion, tout en vous assurant que nous croyons que la marche de nos
travaux ici, à la commission parlementaire, doit se signaler par la
rapidité avec laquelle nous les entreprendrons, rapidité pas dans
le sens de bousculer les solutions, mais ayant en vue c'est d'ailleurs,
je pense, un des éléments qui ont pressé la commission
Cliche à déposer son rapport le plus rapidement possible
le fait que, des l'automne prochain, nous serons possiblement dans une
situation où de nombreuses recommandations qui paraissent dans le
rapport de la commission Cliche devront être mises en application.
C'est toute l'approche à la Loi des relations du travail dans
l'industrie de la construction qui doit, à mon avis, être
révisée avant l'automne prochain, à moins qu'on ne
veuille, encore une fois, de façon très passive, laisser pourrir
un certain conflit, laisser arriver des problèmes qui, en apparence,
sont insolubles, ce qui nous permettra ensuite de légiférer de
façon extraordinaire, de façon spéciale avec des
règles qui outrepassent les règlements de l'Assemblée
nationale.
Alors, notre point de vue, c'est qu'il devra y avoir, dès jeudi
prochain, jeudi qui vient, reprise de la commission parlementaire du travail,
de la main-d'oeuvre et de l'immigration pour entendre la commission Cliche.
Dès mardi prochain, reprendre les travaux de la commission parlementaire
pour entendre les parties représentatives au décret, et ainsi de
suite, avec toute la célérité possible, passer au travers
des travaux qui ont été confiés à cette
commission.
Quand je dis qu'il est particulièrement important qu'on fasse
ça rapidement, c'est qu'à mon avis il faut que, dès et
même peut-être avant l'ajournement d'été, le choix
des solutions pour régler l'ensemble du problème de la
construction soit arrêté.
Pour ce faire, il faut que la marche de nos travaux soit
accélérée. En ce qui me concerne, je suis prêt
à collaborer entièrement avec la commission parlementaire, de
sorte que, dans un premier geste, je propose que la commission invite les trois
commissaires qui ont étudié l'exercice de la liberté
syndicale dans le domaine de la construction à venir présenter
leur rapport lors de la prochaine réunion de la commission et à
revenir commenter, avant la fin des travaux de la commission, les
représentations qui seront faites au cours de ces travaux.
Encore une fois, la fin de ma proposition est tout à fait
conforme à l'attitude que nous avons adoptée relativement
à la commission Gauvin, laquelle, M. le Président, si je me le
rappelle bien, avait été invitée, au départ et
à la fin de la commission c'est-à-dire qu'entre les deux
interventions de M. Gauvin en particulier, on avait entendu les
représentations de toutes les parties qui étaient
intéressées à venir discuter du rapport Gauvin.
M. Bourassa: Les procureurs et les recher-chistes, vous ne les
mettez pas dans la motion?
M. Burns: Voulez-vous faire des folies? Moi, je n'ai pas
l'intention de faire des folies.
M. Bourassa: Non, non. Ils peuvent avoir des choses à dire
selon votre point de vue.
M. Burns: Non. A ce moment-là, si vous voulez, on va
recommencer et on va demander M. Desrochers, M. Saindon, M. Joyal et on va
demander à nouveau le ministre du Travail, parce que...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, à
l'ordre!
M. Burns: Et puis on va demander le ministre de la Justice...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: ... et puis on va demander tous les travailleurs
libéraux d'élections qui ont témoigné devant la
commission Cliche.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: Ce n'est pas ce que je veux. Je veux tout simplement...
Si vous voulez faire des farces, je peux continuer les farces jusqu'à ce
bout-là.
M. Bourassa: Bien non. Soyez donc calme!
M. Burns: Moi, je ne fais pas de farces. Je vous dis tout
simplement que je considère comme essentielle la venue des commissaires
qui ont été appelés à étudier l'exercice de
la liberté syndicale dans l'industrie de la construction. Si vous voulez
faire des farces...
M. Bourassa: Non, d'accord, cela va, cela va.
M. Burns: ... je vais vous proposer une nouvelle commission
Cliche qu'on va faire ici. Ce n'est pas du tout mon intention.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Bourassa: A l'ordre, à l'ordre! Calmez-vous un peu.
Calmez-vous.
M. Burns: Je suis très calme.
M. Bourassa: Cela n'en a pas l'air.
M. Burns: Ce n'est pas moi qui suis mêlé par les
sondages, ce n'est pas moi qui suis nerveux à cause des sondages.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Ce n'est pas moi que cela énerve. Au contraire,
cela me calme.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Bourassa: Vous avez perdu cinq points.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bourassa: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): M. le
député, continuez votre explication. Vous avez
présenté votre motion. Est-ce que je pourrais en avoir une copie
s'il vous plaît?
M. Burns: Oui. Vous allez prendre la mienne parce que c'est ma
dernière.
Le Président (M. Séguin): Nous allons la
partager.
M. Burns: D'accord. On est tellement près, M. le
Président, au moins du point de vue du lieu de travail.
Le Président (M. Séguin): Vous n'êtes pas
obligé de donner toutes les explications au monde...
M. Burns: Non mais, M. le Président, parce que
j'insiste...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: .. sur le fait qu'on est près au point de vue du
lieu de travail, cela ne veut pas dire nécessairement au point de vue de
la conception.
Le Président (M. Séguin): Non, parce que je ne suis
pas avocat. Ce serait impossible.
M. Burns: C'est, d'ailleurs, une de vos qualités, M. le
Président. Vous ne devriez pas vous en cacher.
Le Président (M. Séguin): Justement, c'est pour
cela que vous devez vous en tenir à mon opinion et à mon
jugement.
M. Burns: C'est cela, M. le Président.
J'ajoute simplement relativement à cette première motion,
que nous avons nettement l'impression que, dans ce précédent
j'insiste sur ce fait qui est le fait de convoquer une commission
parlementaire avant que la position gouvernementale ne soit exprimée
publiquement, il est normal de suivre le seul autre cas que nous connaissions,
c'est-à-dire le cas de la commission Gauvin. Il est normal que,
dès le départ, avant de commencer l'étude des
recommandations, nous fassions venir les commissaires, nous les invitions
à se présenter, et qu'à la suite des
représentations des parties au décret nous invitions à
nouveau les commissaires.
J'ouvre une dernière parenthèse, M. le Président,
et je terminerai là-dessus, quant à cette motion. J'ouvre la
dernière parenthèse suivante: J'ai lu je ne sais pas si Me
Brian Mulroney l'a effectivement dit dans des journaux de fin de semaine
que M. Mulroney, au nom de la commission, exprimait son intention de ne pas
venir devant la commission parlementaire...
M. Bourassa: Le juge Cliche...
M. Burns: Voulez-vous me laisser terminer, s'il vous plaît?
Ce n'est pas moi qui suis nerveux. Voyez-vous que c'est vous qui êtes
nerveux? Bien oui. C'est cela. C'est le résultat des sondages. Que
voulez-vous?
M. Bourassa: Bon! Arrêtez!
M. Burns: Bien oui. Que voulez-vous? Moi, cela ne m'énerve
pas. Cela va bien.
M. Bourassa: Vous êtes comme un verbomoteur.
M. Burns: Bien oui, je suis un verbomoteur, à votre avis,
mais en tout cas j'essaie d'exposer mon point de vue, sans trop d'interruption
et sans trop de provocation.
Je dis simplement ceci. Après avoir entendu Me Brian Mulroney, du
moins ce qu'on rapportait de ses paroles, dire qu'il n'avait pas l'intention,
et les membres de la commission Cliche non plus, de comparaître devant la
commission, je tiens à rappeler simplement que ce n'est pas à MM.
Cliche, Mulroney et Chevrette de décider qu'ils viendront ou ne
viendront pas devant la commission parlementaire. Je le soumets
respectueusement à l'endroit de la commission. Nous avons en vertu de
nos règlements, comme commission parlementaire, des pouvoirs d'assigner
des personnes si ces personnes, sur simple invitation, ne veulent pas venir. Ce
que j'ai compris d'ailleurs, des remarques de M. Mulroney, c'était
qu'ils n'acceptaient pas, d'eux-mêmes, les commissaires, de se proposer
comme d'éventuels participants à cette commission. Cela ne veut
pas dire qu'étant invitées ces personnes ne viendraient pas
témoigner devant la commission. Ce n'est pas pour soulever un
problème politique. Je vous dis d'avance que je ne vois pas comment on
se mettrait à discuter politiquement avec des commissaires qui ont fait
tout leur possible pour que leur mandat soit bien exécuté. Je ne
pense pas qu'il serait décent, de la part d'une commission
parlementaire, de provoquer politiquement un juge et les deux autres
commis-
saires. Je pense, d'autre part, que la commission parlementaire n'a pas
à se poser la question, à savoir si on va choquer les
susceptibilités de M. Un-tel, M. Untel ou M. Untel, en les invitant
à venir à une commission parlementaire.
Au contraire, si on veut faire oeuvre utile à cette commission,
on doit se dire, d'une part: A-t-on ou n'a-t-on pas besoin du témoignage
de ces commissaires? Si la réponse est que oui, nous avons besoin du
témoignage de ces commissaires, invitons-les à venir ici. Mon
humble impression, je peux peut-être avoir tort, mon impression, c'est
que malgré les déclarations rapportées et mises dans la
bouche de M. Mulroney qui, sans doute, sont exactes sur
invitation, peut-être que ces commissaires se feraient un plaisir de
venir devant nous. C'est tout simplement le fait qu'ils ne voulaient pas lancer
ou avoir l'air de lancer une certaine polémique en s'inyitant,
eux-mêmes, à une commission parlementaire. Une fois, M. le
Président, qu'on aura disposé et, j'espère, adopté
la présente motion, j'aurai l'intention de proposer que la commission
invite les parties au décret.
M. Bourassa: M. le Président, le député a
pris 30 minutes pour dire ce qu'il aurait pu dire, probablement, en quatre ou
cinq minutes.
M. Burns: M. le Président, j'invoque le règlement.
Je vous demande simplement de faire remarquer au premier ministre que j'ai dit,
moi-même, que j'aurais pu, fort probablement, dire, en peu de minutes, ce
que j'ai dit là, sauf que j'ai été l'objet
d'interruptions, illégales d'ailleurs, du premier ministre. C'est cela.
On fait une faveur au député de Mercier, et là il en
profite. Maintenant qu'il a droit de parole, il exagère. Il essaie
d'interrompre tout le monde.
M. Bourassa: Est-ce que j'ai le droit de parole, M. le
Président?
M. Burns: Je n'ai plus le goût, M. le Président, au
point de vue règlement...
M. Bourassa: Règlement. C'est mon tour.
M. Burns: ... je n'ai plus le goût de faire de faveur au
premier ministre.
M. Bourassa: Franchement, pour les faveurs que je reçois
du député de Maisonneuve.
Le Président (M. Séguin): Le premier ministre.
M. Bourassa: J'ai posé une question, M. le
Président, au député de Maisonneuve et le
député de Maisonneuve, comme je le considère, ne m'a pas
répondu. J'ai dit que, quand le député de Maisonneuve
critique la compétence du ministre du Travail, il devrait se
référer à la recommandation de la commission Cliche qui se
trouve, d'une certaine façon, à justifier l'action du ministre du
Travail, parce qu'elle fait une recommandation radicale sur la
présomption d'illégalité: un renversement du fardeau de la
preuve, comme je le disais tantôt, qui est un changement
extrêmement important à notre système de droit.
Si la commission Cliche, qui est formée de commissaires qui s'y
connaissent dans ce secteur, en arrive à des recommandations aussi
radicales, c'est donc qu'elle reconnaît que le ministre du Travail, alors
qu'il faisait son travail, n'avait pas les outils pour agir. A cela, le
député de Maisonneuve répond: C'est un rapport global. Il
n'a pas du tout répondu à mon objection ou à ma question,
comment interprète-t-il que la commission Cliche fasse une telle
recommandation?
Nous l'interprétons en disant que cette recommandation se trouve
à prouver que la commission Cliche était d'abord justifiée
d'être formée, et le ministre du Travail en a été le
proposeur, et que, deuxièmement, le fait qu'elle fasse de telles
recommandations justifie d'une certaine façon, son action ou ses
problèmes.
M. Burns: Est-ce que je peux poser une question au premier
ministre?
M. Bourassa: A la fin, est-ce qu'il peut attendre? Cela va
être très court.
M. Burns: Comme j'ai accepté avec beaucoup de... Oui, cela
va être très court.
M. Bourassa: Dans quelques secondes, dans quelques secondes.
M. Burns: Je veux poser des questions sur
l'interprétation...
M. Bourassa: Cela fait trois minutes que je parle; M. le
Président.
M. Burns: M. le Président, je vous demande la permission
d'être aussi gentil à votre égard que vous l'avez
été à mon endroit.
M. Bourassa: A la suite... non.
M. Burns: Je vous demande simplement comment vous
interprétez que toutes les parties demandent la démission du
ministre du Travail.
M. Bédard (Montmorency): Ce n'est pas accepté, ce
n'est pas accepté la question.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bourassa: M. le Président.
M. Burns: Comment interprétez-vous ça, la demande
totale...
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, ce n'est
pas accepté la question, est-ce qu'il y a de l'ordre? Oui, M. le
Président, j'ai confiance en vous.
Le Président (M. Séguin): J'ai appelé
à l'ordre. Je demande au premier ministre de continuer.
M. Bourassa: D'accord. Le député de Maisonneuve
sait fort bien que tant du côté syndical que patronal, on est
extrêmement divisé.
M. Burns: Pas là-dessus.
M. Bourassa: C'est facile de chercher un bouc
émissaire.
M. Burns: Pas là-dessus.
M. Bourassa: On voit la complexité du problème de
la construction. Quand on n'a rien d'autre à proposer c'est ce
qui a été reproché au député de Maisonneuve,
c'est ce qui était également reproché à M.
René Lévesque il y a quelques semaines c'est tellement
facile de demander la démission d'un ministre quand on n'a pas de
solution de rechange ou qu'on ne peut pas proposer des solutions pour
régler le problème.
M. le Président, en ce qui a trait à l'argument du
député de Maisonneuve que le rapport est global, tout rapport est
global. Mais [e ne vois pas comment le gouvernement peut être
blâmé de commencer à appliquer certaines parties du
rapport. Il ne pouvait tout de même pas appliquer dans une
première loi les 134 recommandations. Je trouve qu'on est vraiment
à court d'arguments contre l'attitude du gouvernement quand on dit que
le gouvernement n'a pas appliqué le rapport d'une façon globale,
alors que ça crève les yeux d'un enfant de cinq ans qu'on ne peut
pas appliquer un rapport dans une seule loi. Nous avons commencé par
quatre lois, on ne peut pas dire que le gouvernement a été passif
vis-à-vis du rapport, quatre lois qui nous paraissaient
nécessaires, deux touchant les employeurs, la sécurité des
travailleurs sur les chantiers de construction, la qualification des
entrepreneurs, et deux touchant les syndicats. Entre autres, pour permettre aux
travailleurs du Québec de travailler librement sur les chantiers.
Si nous avons adopté les lois 29 et 30, ce n'est pas parce que
nous voulions frapper les syndicats, c'est parce que nous voulions que les
travailleurs de la construction ne soient pas empêchés d'accomplir
Jeur travail. J'ai été étonné de l'attitude du
Parti québécois supposant à des projets de loi qui
visaient à permettre aux gens de travailler. Donc, M. le
Président, nous nous éloignons un peu de la motion du
député de Maisonneuve, mais je voulais quand même...
M. Burns: Je ne vous le fais pas dire.
M. Bourassa:... faire ces mises au point. Non, je l'admets.
M. Burns: II parle de ma motion.
M. Bourassa: Je voulais quand même, M. le
Président...
M. Burns: Je ne le rappelle même pas à l'ordre, M.
le Président; je veux seulement montrer qu'il parle sur ma motion.
M. Bourassa: Je voulais quand même faire ces mises au
point, parce que le député de Maisonneuve a fait des affirmations
gratuites. Je crois que l'immense majorité de la population va
être d'accord pour dire que le gouvernement a procédé avec
diligence et rapidité dans la réalisation de recommandations
importantes. Pour ce qui a trait...
M. Burns: Pas possible.
M. Bourassa: M. le Président, est-ce que j'ai droit de
parole?
M. Burns: Je pense tout haut, tout simplement.
M. Bourassa: Allez donc vous reposer si vous n'êtes pas
capable de penser tout bas.
M. Burns: Je pense tout haut, tout simplement.
M. Bourassa: M. le Président, nous avons ...
M. Burns: Ce n'est pas moi qui suis nerveux là, vous
voyez.
Le Président (M. Séguin): Les mêmes
commentaires que j'ai adressés au député de Montmorency
tout à l'heure s'adressent au député de Maisonneuve. M. le
premier ministre, s'il vous plaît.
M. Bourassa: Bon, d'accord. J'ai le droit de parole, M. le
Président?
Le Président (M. Séguin): Oui.
M. Bourassa: Je crois qu'on peut certainement dire que le
gouvernement a appliqué des recommandations qui paraissaient
essentielles et importantes. Et ce n'est pas parce qu'il n'a pas
appliqué les 134 recommandations dans les dix jours qui ont suivi la
publication du rapport que le gouvernement peut être blâmé
sérieusement. Il a décidé d'appliquer les recommandations
qui étaient les plus pertinentes, étant donné je contexte
où nous étions. Des milliers de travailleurs, dont des centaines
dans le comté du député de Maisonneuve, ne pouvaient pas
travailler sur les chantiers olympiques à cause des fiers-à-bras
et je crois qu'il était normal que le gouvernement assume ses
responsabilités. Il est drôlement étonnant que le
député de Maisonneuve ait entraîné son parti dans
l'opposition à des lois qui favorisaient les travailleurs d'une
façon aussi concrète.
M. le Président, pour d'autres recommandations, nous avons
jugé bon, à la suite de plusieurs demandes qui ont
été faites, de convoquer la commission parlementaire pour
entendre le point de vue des partis.
M. Burns: M. le Président, j'invoque le règlement.
Je voudrais...
Le Président (M. Séguin): Sur un point de
règlement.
M. Burns: ... tout simplement rappeler au premier ministre le
texte de la motion sur laquelle il est censé parler actuellement,
c'est-à-dire la commission doit-elle ou ne doit-elle pas inviter les
trois commissaires, qui ont étudié l'exercice de la
liberté syndicale dans le domaine de la construction, à venir
présenter leurs commentaires ici? C'est cela la motion et je vous invite
simplement, M. le Président, à demander au premier ministre s'il
croit qu'il est véritablement dans l'ordre de soulever tout l'ensemble
du problème. Quand la motion sera réglée, il pourra parler
de tout ce qu'il voudra.
Le Président (M. Séguin): Avec la même
latitude, M. le député, que je vous ai reconnue tout à
l'heure, c'est-à-dire non pas la première interruption que
j'ai faite à vos commentaires où c'était tout à
fait sur un autre sujet, mais, lorsque vous êtes revenu à discuter
de vos raisons motivant une proposition d'amendement, que vous l'avez
annoncé à ce moment, vous vous êtes écarté
quelque peu. Je vous ai donné une certaine latitude. Dans
l'intérêt du bon progrès de la commission, de nos travaux,
je reconnais cette même latitude au premier ministre qui, sans doute,
reviendra à la motion. Je ne vois pas...
M. Bourassa: Je comprends les interruptions du
député de Maisonneuve.
M. Burns: Non, ce n'est pas cela.
M. Bourassa: II regrette le geste qu'il a posé, la semaine
dernière.
M. Burns: M. le Président, toujours sur la question de
règlement, c'est dans le but c'est cela, d'ailleurs, le but de
nos règlements là-dessus de limiter nos travaux, les uns
après les autres, aux problèmes qui sont en discussion. Je vous
signale que, lorsque j'ai fait des remarques à caractère
général ce qui pourra être permis, je pense, au
député de Beauce-Sud, au député de Johnson, au
premier ministre, au ministre du Travail, à tous les autres
députés, lorsqu'on aura disposé de cette motion je
les ai faites avant de déposer ma motion. Maintenant que la motion est
déposée, c'est cela qui est en discussion actuellement. Vous
avez, à ma connaissance, reçu ma proposition. Donc, vous n'avez
pas dit qu'elle était irrecevable et, de ce fait, la discussion
actuellement, que le premier ministre aime cela ou pas, se limite au
bien-fondé de la motion, à savoir si on doit ou pas inviter les
trois commissaires.
M. Bourassa: Mais le député a fait toutes sortes
d'accusations sur le gouvernement comme quoi...
M. Burns: Oui, mais vous y reviendrez après qu'on aura
disposé de la motion.
M. Bourassa: Non, je crois...
M. Burns: C'est cela, le règlement.
M. Bourassa: ... M. le Président, qu'on peut avoir
latitude. C'est relié à la motion.
M. Burns: M. le Président, je vous demande de rappeler le
premier ministre à l'ordre.
M. Bourassa: Le président a rendu sa décision.
Alors, M. le Président, j'en arrive au texte de la motion.
M. Burns: II n'a pas rendu sa décision, pas du tout.
M. Bourassa: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Oui. Je ne
répéterai pas ce que j'ai dit. J'accorde au premier
ministre...
M. Burns: La latitude, M. le Président, que vous m'avez
accordée, vous l'avez accordée avant que je fasse ma motion.
C'est bien différent .
Avec l'expérience que vous avez pour présider des
commissions, je considère qu'il ne faut pas que vous vous mettiez
à genoux devant quelque député que ce soit, pas plus le
premier ministre qu'un autre.
Le Président (M. Séguin): Je ne crois pas...
M. Burns: Non, mais vous êtes en train de nous
démontrer que vous vous mettez à genoux devant le premier
ministre.
M. Bourassa: Démagogue. Qu'il est donc
démagogue!
M. Burns: II n'y a pas de démagogie là-dedans.
M. Bourassa: II fait reculer les frontières de la
démagogie.
Le Président (M. Séguin): Je puis aussi regarder
avec une certaine largesse l'article 160.
M. Burns: Lisez-le donc!
Le Président (M. Séguin): Je ne le lirai pas au
complet parce qu'il y a une partie...
M. Burns: Bien oui, ce serait bon que vous lisiez cela.
Le Président (M. Séguin): ... qui parle de projet
de loi et ici, il ne s'agit pas d'un projet de loi, il s'agit d'une motion.
M. Burns: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Séguin): "... à condition
de ne parler plus de vingt minutes, en tout, sur un même article, un
même paragraphe, une même motion ou même question d'ordre ou
de règlement."
M. Burns: C'est cela. Alors, on a une motion, là, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Oui, il y a une motion,
justement.
M. Burns: D'accord? C'est cela?
Le Président (M. Séguin): Oui.
M. Burns: Sur une même motion, d'accord?
Le Président (M. Séguin): II ne faudrait pas
toujours...
M. Bourassa: Quelle insolence vis-à-vis de la
présidence!
Le Président (M. Séguin): Je ne suis
intimidé aucunement par ces choses-là. Je dis tout simplement que
j'accorde au premier ministre la même latitude, comme préambule
à ses commen-
taires, que celle que j'ai accordée au leader parlementaire en
Chambre.
M. Roy: C'est épouvantable!
Le Président (M. Séguin): C'est
épouvantable.
M. Bourassa: La décision est rendue.
M. Roy: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Alors, je permets au
premier ministre de continuer ses commentaires.
M. Roy: Sur le point de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Sur un point de
règlement, le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Je me réfère aux propos que vous avez tenus
parce que vous m'avez rappelé à l'ordre à maintes
occasions et j'ai été limité...
Le Président (M. Séguin): Je continuerai à
le faire chaque fois que vous ne le serez pas.
M. Roy: C'est rendu que c'est le président qui nous
interrompt ! Je veux vous dire qu'à plusieurs occasions, vous vous
êtes référé au règlement et vous vous en
êtes toujours fait un devoir strict... Surtout vous, M. le
Président, et nous ne vous en faisons pas reproche, mais je suis quand
même surpris, aujourd'hui, de constater que vous voulez donner au premier
ministre une latitude qui n'est pas prévue par notre
règlement.
Le député de Maisonneuve a entièrement raison
lorsqu'il dit que tout à l'heure il a fait des commentaires
généraux avant de présenter sa motion. Actuellement, c'est
une motion qui est en discussion et n'importe quel membre de la commission
parlementaire pourra revenir, après que nous aurons disposé de la
motion, pour discuter et faire des commentaires généraux.
Actuellement, la latitude que vous accordez au premier ministre risque de faire
tourner cette commission parlementaire en un autre capharnaum. Nous en avons
déjà eu, cela a été regrettable, et je ne voudrais
pas que cela se reproduise aujourd'hui parce que nous avons un sujet
extrêmement sérieux à discuter. La motion du
député de Maisonneuve est fort pertinente. Le premier ministre
lui-même lui a reproché tout à l'heure d'avoir
été trop long dans ses propos, alors, qu'il se limite à
nous dire s'il est d'accord avec la motion du député de
Maisonneuve et qu'il nous dise pourquoi, s'il n'est pas d'accord. C'est cela
qui nous intéresse. Les commentaires généraux, on pourra y
revenir.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre. D'accord.
M. Bourassa: Pour continuer, M. le Président, et en tenant
compte de votre décision, j'ai dit qu'il était tout à fait
inacceptable pour le député de Maisonneuve de reprocher au
gouvernement son attitude vis-à-vis de l'application du rapport
Cliche.
M. Burns: J'invoque le règlement, M. le Président.
J'invoque le règlement à nouveau. Je vous demande simplement de
vous en tenir aux dispositions de l'article I60 de notre règlement.
M. Boudreault: Quel article?
M. Burns: L'article I60, le connaissez-vous? Voulez-vous qu'il le
relise
M. Boudreault: Non, mais on va l'apprendre.
M. Burns: Oui, apprenez-le donc. Moi, je suis libre de onze
heures à minuit pour vous donner des cours.
M. Boudreault: Vous l'interprétez à votre
façon.
M. Burns: Cela ne me dérange pas du tout.
Le Président (M. Séguin): Je demanderais, s'il vous
plaît...
M. Boudreault: Vous n'avez pas de cours à donner à
personne.
M. Burns: Je pense que j'en ai, des cours à donner, de ce
temps-là. D'accord?
Le Président (M. Séguin): M. le premier ministre,
étant donné les circonstances, pour le bon ordre et afin de ne
pas mépriser d'aucune façon, ni d'un côté ni de
l'autre, la procédure et puisque je pense que vous aviez à peu
près complété les commentaires que vous aviez à
faire, je vous demanderais de revenir à la motion qui est devant nous.
C'est un rappel à l'ordre que je verrai à faire en d'autres
circonstances, lorsque les rôles seront peut-être renversés.
J'ai pensé...
Je ne continuerai pas, parce que, à ce moment-ci...
M. Bourassa: On fait toutes sortes d'accusations...
Le Président (M. Séguin):... je semble me
mêler au débat.
M. Bourassa: Je suis bien d'accord pour raccourcir les
débats. D'ailleurs, je dois mabsenter quelques minutes à cause de
rendez-vous, mais je trouve qu'on a fait toutes sortes d'accusations,
tantôt. On demande simplement le droit d'y répliquer.
M. Burns: C'est cela, vous voulez passer votre "bag" avant de
partir, mais ce n'est pas cela à ce moment-ci. Vous reviendrez plus tard
pour passer votre "bag". Là, vous avez une motion sur la table...
M. Bourassa: A l'ordre!
M. Burns: ... discutez donc de la motion.
M. Bourassa: Adressez-vous à la présidence. Vous
n'avez pas le droit de parler aux députés comme cela. Vous
n'êtes même pas capable de respecter le règlement
vous-même.
M. Burns: Vous, vous êtes fort en procédure!
M. Bourassa: C'est une règle évidente,
élémentaire du règlement.
M. Burns: Je n'ai pas de leçon à tirer de vous.
M. Bourassa: Respectez le règlement.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Voyez-vous à quoi cela conduit? On vous demande tout
simplement...
M. Burns: Je vous inscris à mes cours de onze heures
à minuit, vous aussi.
M. Bourassa: Un professeur qui se trompe comme ça...
Le Président (M. Séguin): Je demanderais à
tous et à chacun de s'en tenir le plus possible...
M. Bourassa: Le professeur n'est même pas capable de suivre
ses règlements.
Le Président (M. Séguin): ... au
règlement.
M. Bourassa: Pour ce qui a trait à la motion, après
avoir répondu aux accusations relativement au rapport global, j'aurai
probablement l'occasion d'y revenir, M. le Président, mais tout ce qu'on
peut dire, c'est que la population n'est pas d'accord avec le
député de Maisonneuve.
Pour la motion, nous ne croyons pas qu'il soit opportun de faire
témoigner les trois commissaires. Nous l'avons dit à
l'Assemblée nationale, le ministre du Travail et le ministre de la
Justice ont déjà donné leur point de vue là-dessus.
Comme eux-mêmes l'ont dit, nous croyons que ce qu'ils avaient à
dire ils l'ont dit dans le rapport et qu'ils n'ont pas à
interpréter leur propre rapport. Publiquement, un ou deux commissaires
ont dit et le juge Cliche l'a dit également publiquement, j'ai
vérifié avec lui, au cours de l'après-midi quelle
était leur attitude sur cette question. Evidemment le
député de Maisonneuve va me répliquer que ce n'est pas une
raison, parce qu'eux ne sont pas intéressés à venir, que
la commission parlementaire ne devrait pas les forcer à le faire, mais
c'est certainement un élément de la situation. Ils
considèrent, eux je pense qu'on peut considérer leur
jugement que ce qu'ils avaient à dire ils l'ont dit dans le
rapport et ils ne veulent pas intervenir dans un débat politique. M. le
Président, nous sommes ici pour examiner les recommandations du rapport,
les justifications des recommandations du rapport, celles qui n'ont pas encore
été appliquées. Il y en a plusieurs dizaines qui ont
déjà été appliquées, mais celles qui n'ont
pas encore été appliquées, nous sommes ici pour les
évaluer et connaître le point de vue des partis. Pour ces raisons,
M. le Président, nous sommes contre la motion du député de
Maisonneuve.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
Je vous permets un court préambule.
M. Roy: Merci, M. le Président, je reviendrai tout
à l'heure pour faire mes commentaires de portée
générale. Je voudrais simplement me limiter, même avec
votre permission, à la motion qui est présentement devant
nous.
Cette motion demande que les trois commissaires comparaissent devant la
commission parlementaire. J'ai été surpris, pour ne pas dire
déçu, de l'attitude du premier ministre lorsqu'il nous a dit tout
à l'heure que les commissaires n'avaient pas à intervenir dans un
débat politique.
Il est évident que c'est rendu, le rapport de la commission
Cliche, un débat politique; mais il faudrait bien se rappeler à
qui la faute si c'est devenu un débat politique.
M. Bourassa: A l'ordre!
M. Roy: Le premier ministre n'a pas à me rappeler à
l'ordre. A qui la faute si c'est devenu un débat politique? C'est
justement à cause de l'attitude du gouvernement et du premier ministre
lui-même.
M. Bourassa: J'invoque le règlement.
M. Roy: L'attitude du gouvernement, et vous n'avez pas à
invoquer le règlement, parce que je n'ai pas violé le
règlement.
Le Président (M. Séguin): Sur un point de
règlement.
M. Roy: M. le Président, je n'ai pas violé le
règlement en disant ces choses.
Le Président (M. Séguin): Vous me laisserez la
décision, s'il vous plaît. Question de règlement, le
premier ministre.
M. Bourassa: Est-ce que je peux me faire votre interlocuteur en
demandant au député de Beauce-Sud d'essayer d'éviter
d'envenimer le débat en portant des accusations et de discuter du fond
de la motion? Parce qu'il y a des gens qui attendent pour comparaître.
Quand même, si on veut que le système parlementaire soit bien
accepté par ceux qui en dépendent, il faudrait que le
député de Beauce-Sud contribue également.
M. Roy: M. le Président, le règlement ne me le
permet pas, mais, si le règlement me le permettait, je dirais que le
premier ministre a du culot...
Le Président (M. Séguin): Vous ne pouvez pas
faire indirectement ce qu'on ne vous permet pas de faire
directement.
M. Roy: ... de venir nous demander à nous de ne pas
envenimer le débat. Décidément, M. le Président,
notre premier ministre a du front.
Le Président (M. Séguin): Je vous demanderais, M.
le député...
M. Roy: M. le Président, je disais tout simplement
je veux revenir sur la question de la motion, malgré l'interruption
coutumière du premier ministre que les membres de la commission
Cliche devraient comparaître devant la commission parlementaire. Ce ne
serait qu'élémentaire, et je pense que cela permettrait de
dépolitiser cette fameuse question. Il ne faudrait pas oublier que
depuis 1970 l'Assemblée nationale a voté deux lois en moyenne par
année, deux lois d'urgence dans l'industrie de la construction. A chaque
fois, il a fallu siéger à des heures irrégulières.
Le bill 38, le premier bill qui a été amené par le
gouvernement, nous avons dû faire une session spéciale, au cours
de l'été. A chaque fois, c'était pour régler le
problème de l'industrie de la construction.
Le premier ministre a dit tout à l'heure que la commission Cliche
avait donné raison au ministre. Je trouve que le premier ministre va
passablement loin parce que si la question de la présomption, le
renversement de la présomption, tel que recommandé par la
commission Cliche, le premier ministre lui donne raison, à ce moment,
c'est une preuve évidente que les lois que nous avons votées,
devant l'Assemblée nationale, n'étaient d'aucune valeur, d'aucune
utilité.
M. Bourassa: On a formé une commission, pour les
améliorer.
M. Roy: Les lois n'avaient aucune valeur, que les lois
étaient inapplicables, les lois n'étaient d'aucune
utilité. Donc, nous avons perdu notre temps.
M. Bourassa: On a voulu améliorer...
M. Roy: Nous avons perdu notre temps. On a fait perdre le temps
de la Chambre. On a dépensé des dizaines et des dizaines de
milliers de dollars, pris dans les goussets des contribuables du
Québec...
M. Bourassa: On n'a pas...
M. Roy: ... justement pour légiférer sur des
parcelles de législation qui n'ont absolument rien réglé,
qui n'ont fait...
M. Bourassa: Cela s'est amélioré.
M. Roy: ... que retarder et reporter le problème à
plus tard. C'est encore ça que nous sommes en train de faire et c'est ce
que nous avons fait la semaine dernière lorsqu'on a adopté le
bill 29 et le bill 30.
M. Bourassa: On n'a pas le droit d'améliorer les lois?
M. Roy: II ne s'agit pas d'améliorer les lois, il s'agit
de l'attitude que le gouvernement a prise, non pas d'améliorer les lois
mais de faire semblant d'améliorer les lois, en faisant croire à
la population du Québec qu'on améliorait les lois alors qu'en
réalité on ne faisait que retarder le problème.
Comme le premier ministre a la mémoire courte, j'aimerais attirer
son attention sur les projets de loi que nous avons votés et les dates
auxquelles ces projets de loi ont été sanctionnés.
Le bill 38, sanctionné le 8 août 1970 ...
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, une
question,..
M. Roy: ... sur la motion pour dire...
M. Bédard (Montmorency): ... de règlement.
M. Roy: ... justement que c'est important...
M. Bédard (Montmorency): Question de règlement.
M. Roy: ... il est important...
M. Bédard (Montmorency): Question de règlement.
M. Roy:... qu'on permette aux commissaires...
Le Président (M. Séguin): Sur un point de
règlement.
M. Bédard (Montmorency): Question de règlement.
Le Président (M. Séguin): Sur un point de
règlement.
M. Bédard (Montmorency): C'est bien beau de toujours
mentionner qu'on veut permettre aux commissaires de venir se présenter.
Mais qu'est-ce que les projets de loi, qui ont déjà
été adoptés à l'Assemblée nationale ont
à voir avec ça? Je demanderais que vous demandiez au
député de Beauce-Sud de revenir à la motion.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Vous comprendrez,
messieurs...
M. Roy: ... justement si le député de Montmorency
avait pris la peine d'écouter et s'il était moins nerveux...
M. Bédard (Montmorency): Je suis certainement moins
nerveux que vous pouvez l'être.
M. Roy:... d'attendre un peu...
M. Bédard (Montmorency): D'accord et je sais de quoi je
parle à part ça.
M. Roy: ... d'attendre qu'on termine nos interventions... Est-ce
que j'ai la parole, M. le Président?
Le Président (M. Séguin): Vous avez la parole. Un
instant, s'il vous plaît, avant de reprendre, cela va vous donner
l'occasion de reprendre votre souffle...
M. Roy: Je n'ai pas besoin de reprendre mon souffle, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Non, non, je ne veux pas
dire ça mais...
M. Roy: Est-ce que vous faites partie du débat, M. le
Président?
M. Bourassa: Non, non.
Le Président (M. Séguin): Je voudrais tout
simplement signaler aux membres de la commission que lorsque la parole a
été accordée à un membre de la commission, c'est
cette personne qui doit utiliser exclusivement ce droit de parole. Je
demanderais donc aux membres de la commission, à qui je n'ai pas
donné la parole, d'au moins, avant d'interrompre ou s'il y avait raison
de poser une question, de demander à celui qui a la parole si la
question est autorisée. Si vous le faites de cette façon, nous
allons retrouver un peu d'ordre.
Mais, des interruptions, j'aimerais mieux, messieurs, que nous puissions
nous en dispenser le plus rapidement possible et cela veut dire tout de
suite.
M. le député de Beauce-Sud, mon interruption n'a pas
été pour vous rappeler à l'ordre. Cela a été
plutôt pour faire une mise au point.
M. Roy: Je vous remercie, M. le Président. Alors, je
disais donc que si nous insistons pour que les commissaires viennent devant la
commission parlementaire, c'est justement pour éviter les
répétitions et éviter les pertes de temps comme celles que
nous avons eues dans le passé.
Je pense que la demande de l'Opposition est très légitime,
elle est sensée. Je pense qu'on peut en déduire que nous faisons
et que nous appuyons cette motion parce que nous voulons apporter notre
contribution, apporter notre collaboration à corriger ce qui doit
être corrigé dans le domaine de la construction.
Je voulais signaler et rappeler au premier ministre que, depuis 1970,
nous avons adopté une série de lois à l'Assemblée
nationale et que toutes ces lois ont toujours été des lois
à la pièce. Elles n'ont jamais réglé les
problèmes.
M. Bourassa: ...67...
M. Roy: Or, le gouvermenent je veux faire un historique
...
M. Bourassa: 1966 ou 1967?
M. Roy: 1970.
M. Bourassa: Ah!
M. Roy: Si le premier ministre écoutait, voyez-vous, il
n'aurait pas été obligé encore de m'interrompra. C'est
cela que je voulais dire. Lorsque le gouvernement a décidé de
créer la commission Cliche, il faudrait quand même se rappeler les
propos que le premier ministre a tenus à ce moment-là. Il y avait
eu les événements au chantier LG-2; il y avait eu
différents problèmes dans d'autres domaines. Le premier ministre
lui-même nous a dit qu'il fallait, de toute urgence, en venir à
une solution globale, en venir à trouver le moyen, par des lois, de
corriger la situation, de régler les problèmes.
Or, la commission Cliche a été formée. La
commission Cliche a fait enquête. La commission Cliche a fait un rapport.
Et il est bon de dire, à l'endroit de la commission Cliche, parce que
c'est une justice qu'on doit leur rendre, que jamais une commission
d'enquête n'a procédé avec autant de
célérité. C'est la première fois, je pense, dans
l'histoire du Québec, qu'une commission d'enquête publie un
rapport de façon aussi expéditive qu'elle l'a fait. Les
commissaires ont donné la preuve de leur bonne foi, de leur
sincérité pour tâcher de faire en sorte que cette question
puisse se régler au plus tôt.
M. Bourassa: C'est vrai, ça.
M. Roy: Alors, nous avons en main le rapport Cliche.
M. Bourassa: Et là il vote contre les lois.
M. Roy: Nous avons en main le rapport Cliche. Nous avons ici une
commission parlementaire qui a été convoquée aujourd'hui.
Est-ce qu'on veut limiter les travaux de la commission parlementaire
exclusivement pour nous permettre de discuter de la recommandation no I, de la
recommandation no 2 et de la recommandation no 3 et pour que nous soyons
limités à interroger le premier ministre et le ministre du
Travail sur les recommandations de la commission Cliche? Je pense que ce serait
complètement illogique, ce serait perdre notre temps. A moins que le
premier ministre veuille nous expliquer si c'est par pur hasard que les
commissaires ont été obligés de remettre leur rapport au
premier ministre un vendredi, une fin de semaine, après la fermeture des
travaux de l'Assemblée nationale, pour qu'il y ait des fuites durant la
fin de semaine...
M. Bourassa: M. le Président, une question de
privilège.
M. Roy: ... de façon que nous puissions revenir...
M. Bourassa: Une question de privilège.
M. Roy: ... à l'Assemblée nationale le mardi
suivant...
M. Bourassa: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Roy: II n'y a pas de question de privilège, M. le
Président.
M. Bourassa: J'ai le droit de rétablir les faits.
Le Président (M. Séguin): Une question de
règlement.
M. Bourassa: Je crois que les commissaires ont dit
eux-mêmes qu'ils voulaient remettre le rapport en-deça d'un an.
Or, ils avaient été assermentés le 3 mai. Ils voulaient
remettre le rapport avant le 3 mai. C'est pourquoi ils l'ont remis le vendredi
2 mai.
Deuxièmement, le Devoir a admis lui-même que les...
M. Burns: Ce n'est pas une question de règlement, M. le
Président.
M. Bourassa:... fuites...
M. Burns: Qu'est-ce que c'est que cette affaire?
Une Voix: C'est pour rétablir les faits. M. Bourassa:
Je rétablis les faits.
M. Burns: M. le Président, c'est une mise au point en
vertu de l'article 96 , et en vertu de l'article 96, cela se fait après
que le député a fini de parler.
M. Bourassa: Mais là, il m'a donné la
permission.
M. Burns: Bien non, il n'a pas donné la permission. Pas du
tout. Vous avez soulevé une question de privilège qui n'existe
pas en commission. Ensuite, vous avez soulevé une question de
règlement pour l'interrompre. Si vous voulez l'interrompre...
M. Bourassa: Retournez donc à vos cours.
M. Burns: C'est cela. Vous êtes les bienvenus à mes
cours, n'importe quand. Je vais vous en donner. Cela va améliorer votre
performance.
Le Président (M. Séguin): Puisque c'est moi le
professeur, entre temps, continuez donc, M. le député.
M. Roy: Oui, M. le Président. Le premier ministre est
revenu pour nous dire: En-deça d'un an. Nous sommes d'accord. Ce n'est
pas de cela que j'ai parlé. La question que j'ai posée et que je
poserai au premier ministre en temps et lieu est celle-ci: Pourquoi le premier
ministre a-t-il fait en sorte que le rapport lui soit remis un vendredi
après que les travaux de l'Assemblée nationale eurent
été ajournés?
M. Bourassa: Je peux répondre, M. le Président.
M. Roy: Oui, nous sommes intéressés à le
savoir. Je vais donner la permission au premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, les commissaires m'ont
demandé de remettre le rapport le vendredi. D'ailleurs, ils ont
terminé le rapport à peine quelques heures avant de le remettre
parce qu'ils voulaient le remettre en-deça d'un an. Donc, ils voulaient
le remettre avant le 3 mai. Le 2 mai aurait pu être un lundi ou un
mercredi. Il se trouve que le 2 mai était un vendredi, cette
année. Bon. Je crois qu'il ne faut quand même pas voir toutes
sortes d'arrières-pensées qui n'existent d'aucune façon et
qui ont été contredites par des affirmations de journalistes
eux-mêmes qui ont dit que les fuites provenaient, au moins en partie, de
l'entourage de la commission. Vous lirez le Devoir dans les jours qui ont suivi
la publication du rapport. Exceptionnellement, le journal a dit qu'il
était injuste et inexact de dire que les fuites ne provenaient que de
source gouvernementale.
M. Roy: M. le Président, le premier ministre dit que c'est
à la demande des commissaires que le rapport a été
déposé un vendredi après les travaux de l'Assemblée
nationale. Evidemment, en vertu de notre règlement, je dois prendre la
parole du premier ministre. Mais on peut quand même se poser une question
à savoir que c'est une curieuse coïncidence.
Sur la motion, je dis que le gouvernement n'a pas le choix. On l'a fait
dans le cas du rapport Gauvin, on a permis aux membres de la commission Gauvin
de venir s'expliquer devant une commission parlementaire, on a permis aux
membres de la commission parlementaire d'interroger les gens du rapport
Gauvin.
Ah! le premier ministre pourra me dire: C'est un juge, ce n'est pas un
juge. Nous savons tout cela, M. le Président.
M. Bourassa: Le comité d'étude...
M. Roy: II s'agit de quelque chose d'extrêmement important
qui concerne un problème qui préoccupe tous les
Québécois, qui préoccupe tout le monde et qui a
causé et cause encore des torts extrêmement sérieux
à toute l'économie de la province. C'est la raison pour laquelle
je dis, M. le Président, qu'on ne doit pas se limiter à ce
moment-ci à contre-interroger les membres de la commission parlementaire
et à nous questionner entre nous, parce que nous avons eu le temps de
lire chacun, en ce qui nous concerne, le rapport. Ce qui serait important pour
les membres de la commission, ce serait d'interroger les membres de la
commission Cliche, d'interroger les trois commissaires eux-mêmes parce
que nous avons des questions à leur poser. Nous n'avons pas eu encore
le premier ministre nous l'a dit lui-même aujourd'hui les
annexes qui nous seront remises. Il y a certainement des points, dans les
annexes, qui devraient être portés devant l'opinion publique et
devant, surtout, les membres de l'Assemblée nationale avant que nous
soyons appelés
à voter d'autres lois que le gouvernement se propose de nous
présenter, voire même les lois que le gouvernement a actuellement
déposées.
M. le Président, je déplore que le gouvernement
procède, en quelque sorte, à un genre de galvaudage du rapport
Cliche. J'emploie le terme, M. le Président. Je pense que c'est le terme
qui convient le mieux...
M. Bourassa: Quatre lois ont été adoptées.
M. Roy: ...à l'attitude du gouvernement... M. Bourassa:
Ah!
M. Roy: Le gouvernement galvaude le rapport Cliche. J'accuse le
gouvernement de galvauder le rapport Cliche...
M. Bourassa: Démagogue!
M. Roy: ...à ce moment-ci. Le premier ministre pourra
employer les termes qu'il voudra. Je pense que c'est le terme qui convient le
mieux, actuellement. C'est un galvaudage qu'on fait du rapport Cliche
actuellement, dans le fait que le gouvernement se propose, justement, par les
législations...
M. Bourassa: Menteur!
M. Roy: M. le Président, le premier ministre emploie des
mots antiparlementaires. Il vient jusqu'à nous traiter de menteurs.
M. Bourassa: Oui, mais, M. le Président...
M. Roy: Je pourrais demander au premier ministre de retirer ces
propos, mais je me demande si cela vaut réellement la peine.
M. Bourassa: D'accord!
M. Roy: M. le Président, je dis que si nous continuons, et
j'avertis le gouvernement j'en profite également pour attirer
là-dessus l'attention des membres de la commission parlementaire
ce qu'on est en train de faire, c'est que le gouvernement est en train de se
placer en opposition directe avec le milieu syndical. Oui, en opposition
directe avec le milieu syndical, de façon que, justement, le
gouvernement...
M. Bourassa: L"'establishment"...
M. Roy: Je ne parle pas de l'establishment ' syndical. Je parle
du milieu syndical...
M. Bourassa: Ah!
M. Roy: ...et à ce moment, je parle des travailleurs
eux-mêmes. Je parle de tout le monde. Pour ce qui a trait à...
M. Boudreault: ...pour dire ce que vous dites là,
vous.
M. Roy: ... l'establishment ' syndical, nous sommes d'accord, M.
le Président, et nous avons été les premiers, à
l'Assemblée nationale. Qu'on relise les propos que nous avons tenus,
ici, dans cette Chambre, lors de l'étude du projet de loi no 38, sur
certains dirigeants et sur certains pachas des milieux syndicaux, alors que
vous autres, du côté du gouvernement, vous nous avez
accusés d'être des antisyndicaux. Nous avons été les
premiers, à l'Assemblée nationale, à dénoncer cet
"establishment" et cette exploitation injuste qu'on faisait des travailleurs.
Mais le gouvernement procède d'une façon qui fait en sorte de
créer, d'accélérer ou de renforcer la pyramide...
M. Bourassa: La motion...
M. Roy: ...d'opposition contre le gouvernement...
M. Bourassa: La motion...
M. Roy: ...et le gouvernement, lui, se renforce ou fait semblant
de se renforcer d'un autre côté, de façon que le milieu du
travail et le gouvernement du Québec se retrouvent en constante
opposition et en conflit continuel, alors que le gouvernement du Québec
est là, également, pour légiférer dans le meilleur
intérêt des travailleurs de la province; est là,
également, pour légiférer dans les meilleurs
intérêts de toute la population du Québec.
M. Bourassa: La motion...
M. Roy: II ne faudrait pas oublier, M. le Président...
M. Bourassa: La motion...
M. Roy: Le premier ministre est nerveux.
M. Bourassa: La motion... J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. Roy: M. le Président, il ne faudrait pas oublier
que...
M. Bourassa: J'invoque le règlement.
M. Roy: C'est le premier ministre, lui-même...
M. Bourassa: Je me suis abstenu de poursuivre mes commentaires
quand vous m'avez demandé, M. le Président, de revenir à
la motion, même si j'avais été accusé gratuitement
par le député de Maisonneuve. Je me suis abstenu de le faire,
pour le bon ordre de la réunion et là, le député de
Beauce-Sud fait des accusations purement partisanes et politiques, sans traiter
de la motion. Je le rappelle à l'ordre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud voudrait-il revenir à l'ordre?
M. Roy: M. le Président, nonobstant les petits rappels
à l'ordre du premier ministre qui, lui, se permet de me donner des
leçons à ce moment-ci...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: ...lui qui a continuellement interrompu, en dehors du
règlement...
Le Président (M. Séguin): Je vous demande...
M. Roy: ...M. le Président...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Roy: ...qui a passé son temps à interrompre le
député de Maisonneuve tout à l'heure et qui a passé
son temps à m'interrompre, il vient, aujourd'hui, à ce moment-ci,
à six heures moins vingt, nous donner des leçons de
règlement.
M. le Président, si, quand même, cette commission
parlementaire avait permis au premier ministre d'apprendre un peu son
règlement...
Le Président (M. Séguin): La motion...
M. Roy: ...nous aurions gagné quelque chose.
Le Président (M. Séguin): La motion.
M. Roy: Je dis, M. le Président, que cette motion devrait
être acceptée, telle que présentée par le
député de Maisonneuve, de façon que les membres de la
commission Cliche viennent devant la commission parlementaire, que nous
puissions les interroger, qu'on examine ce rapport dans son ensemble. Nous
avons des questions à leur poser sur des domaines qu'ils ont
touchés, mais pour lesquels il n'y a rien dans le rapport. Ils ont dit
eux-mêmes, qu'il y aurait d'autres choses qui pourraient être
ajoutées. Nous sommes intéressés à le savoir et je
pense que c'est dans l'intérêt de tous les parlementaires de le
savoir, comme c'est dans l'intérêt du Québec, de
façon que la législation que nous serons appelés à
adopter, au cours des prochains jours, ne soit pas une législation qui
aura la même portée et les mêmes conséquences que
celle que nous adoptons depuis 1970.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je voudrais
essayer de sortir de cette foire qu'on connaît au point de vue
parlementaire. Je me retrouve difficilement dans ces débats, où
chacun devrait s'exprimer librement, donner sa version, sans être
continuellement sujet à des remarques disgracieuses. On a le droit, je
pense, alentour de cette table, si on veut véritablement respecter notre
parlementarisme, de pouvoir s'exprimer librement. Il y a des choses qui ne font
pas l'affaire du gouvernement, c'est sûr, mais qui ont, pour nous, un
aspect différent.
On voit cela sous un autre éclairage et je pense que les
suggestions qu'on a faites déjà et qu'on pourrait faire seraient
positives pour l'amélioration et surtout pour la préparation des
nouvelles lois qui doivent venir.
Quant à la motion qui est devant nous, M. le Président,
sur laquelle je vais parler, me réservant mon privilège, tout
à l'heure, de parier sur l'ensemble de l'enquête Cliche, je
voudrais simplement la lire et en retenir un passage que personne, je crois,
n'a saisi véritablement.
Nous voulons que les trois commissaires soient convoqués devant
cette commission parlementaire pour un sujet bien particulier et c'est dans la
motion. Il s'agit pour eux de venir commenter devant nous leur rapport et c'est
extrêmement important à cause de ce qu'on retrouve dans leurs
recommandations. La justice ne doit pas seulement être faite, je pense;
elle doit être perçue comme si elle avait été faite
aussi. C'est bien beau de dire: On va rendre justice et on va rétablir
l'ordre. Mais est-ce qu'en rétablissant cet ordre et en prônant
cette justice on applique véritablement des principes qui ont
motivé les commissaires à faire certaines recommandations? Je me
pose certaines questions et je pense que cette motion présentée
par le député de Maisonneuve serait à propos pour
protéger justement le gouvernement et ceux qui vont être
appelés à légiférer, pour avoir un nouvel
éclairage sur certains points d'interrogation que le gouvernement se
pose et que nous nous posons nous-mêmes.
Par exemple, à la recommandation 14, quand il est question que le
pluralisme syndical soit maintenu dans l'industrie de la construction, j'en
suis à 200% pour le pluralisme. Je voudrais que la commission vienne
elle-même nous certifier que c'est bien son intention qui est
manifestée dans la recommandation 14 et que ce pluralisme va pouvoir
s'exercer librement. Ce n'est pas tout de dire dans une recommandation, dans un
rapport, qu'il faut que le pluralisme syndical demeure. Il faudrait que la
commission vienne nous dire, par des gens qui ont fait enquête et qui
sont véritablement bien postés, comment ce pluralisme va
s'effectuer. Qu'il s'agisse de maraudage, de griefs ou d'arbitrage, il y a bien
des éléments qui sont nécessaires dans cette
recommandation.
Si je m'en vais à la recommandation que fait la commission au
sujet des associations patronales, nous allons entendre l'association patronale
qui va venir dire non à la recommandation 34. Nous allons entendre le
bureau de l'association patronale nous dire non à une loi
recommandée en vertu de l'article 37. Mais j'aimerais bien mieux, avant
d'entendre dire le non de l'association patronale, que la commission
elle-même vienne me dire pourquoi on dit, à l'article 34, que soit
formée une association patronale unique qui pourrait même
ils ont trouvé le nom s'appeller Association des entrepreneurs en
construction du Québec. Ils ont même défini le nom que
porterait cette association.
Je me dis que, pour être bien éclairé,
particulièrement quand la commission va jusqu'à recommander au
gouvernement qu'une loi constitue l'association patronale de la construction en
agent
négociateur unique. Là, on va léser certains droits
acquis. Je suis sûr qu'on va entendre à la commission
parlementaire des gens qui vont venir s'opposer vertement du côté
patronal à cette recommandation 37.
Ce n'est pas tout. Nous avons assisté, ces jours derniers,
à l'étude du bill 30 et, là encore, l'Opposition a fait
valoir au ministre de la Justice que la commission n'avait pas erré, que
la commission avait pris sur elle de recommander un tribunal de la
construction.
Ce tribunal, émanant du tribunal du travail, serait l'outil pour
exercer, mais pas devant les cours de justice de la province, la
présomption de culpabilité. C'est justement cette commission qui
établit, dans un chapitre particulier, qu'il devrait y avoir un tribunal
de la construction, émanant du tribunal du travail, qui jugerait de la
présomption de culpabilité. Elle a même trouvé
là aussi le nom du tribunal, qui devrait porter, selon la recommandation
51, le nom de tribunal de la construction. Ce serait utile que la commission
vienne nous expliciter pourquoi eux ont pensé que toutes les
présomptions de culpabilité, au lieu d'aller devant les tribunaux
de la province, devraient être dirigés d'une manière plus
spécifique vers le tribunal de la construction. Ils disent, plus loin
dans leurs recommandations, que cela serait plus rapide et plus adéquat.
On a fait ces remarques au ministère de la Justice et on s'est
trouvé en face d'un non catégorique.
M. le Président, ce serait utile aussi que la commission vienne
devant nous et nous explicite pourquoi, à l'article 48, on recommande
que l'office de la construction maintienne et dirige le service de placement
des travailleurs de la construction et tous les services de la main-d'oeuvre.
C'est une remarque qui devrait être explicitée par ces gens.
Pourquoi fait-on disparaître tous les autres bureaux de placement et que
ce soit l'office qui d'une manière particulière maintienne et
dirige le service de placement? On pourait leur demander cela. Je pense que ce
serait dans l'ordre. Quel est celui qui est assez savant, celui qui est assez
perspicace pour trouver toutes les réponses à cela? Nous allons
ergoter, nous allons nous dire que sur telle chose le gouvernement a fait des
fuites. C'est vrai d'ailleurs, le gouvernement ne peut pas dire que ce n'est
pas vrai. On a d'abord voulu passer le syndicalisme le premier au lieu de
passer les entrepreneurs. Pourquoi cela? On va discuter cela longuement, mais
les principes mêmes de leurs recommandations, vous ne les comprenez pas
et moi non plus. J'ai été ministre du Travail et je me demande
véritablement, sans explication, comment je vais faire pour
légiférer. Je dis, M. le Président, que ce serait
nécessaire, la motion du député de Maisonneuve, quand il
demande que les commissions viennent commenter, avant la fin des travaux de la
commission, les représentations qu'ils ont faites dans leurs
recommandations.
Je pense, M. le Président, que je me suis maintenu dans l'ordre.
Je n'ai pas été interrompu une seule fois. Je remercie mes
collègues, mais je pense qu'il ne faudrait pas faire un "frame-up" et
dire: On a siégé en commission parlementaire, on a
étudié le rapport Cliche et cela a donné comme
résultat que c'était bon. Le gouvernement est impeccable. Non. Le
gouvernement n'est pas impeccable. Le gouvernement a été durement
accusé par la commission. On aura beau dire et beau faire, se cacher
derrière un écran de fumée, les gens sur la rue et les
travailleurs en général savent que le gouvernement n'est pas sans
reproche. Des reproches lui ont été vertement adressés, en
particulier à son ministre du travail, quand ils ont dit, à la
page 491, qu'il y avait des ententes tacites qui avaient été
régularisées par une loi de la Législature.
Je pense que la motion devrait être acceptée de bonne foi.
Ce serait rendre service aux parlementaires, rendre service à la
commission Cliche elle-même mais rendre service surtout aux travailleurs
et, particulièrement, à ce monde de la construction qui est un
monde difficile à pénétrer. C'est un monde
extrêmement difficile. Il est venu s'ajouter à cela, dans toutes
ces relations patronales-ouvrières, des éléments qui ont
corrompu les relations patronales-ouvrières. Et cela, c'est vertement
reproché par la commission.
Je pense que la motion du député de Maisonneuve
mérite une attention particulière. Quels sont ceux qui vont venir
devant la commission? Ce sont ceux qui ont été attaqués
par la commission, ce sont ceux qui ne sont pas contents de certaines
recommandations? Qu'est-ce que cela va nous donner au point de vue de la
législation? Si la commission ne vient pas nous expliquer pourquoi le
pluralisme dans le syndicalisme, pourquoi une association patronale unique,
voyez-vous le tollé demain matin? Il a déjà
commencé dans la province, du côté patronal. Ils vont venir
nous dire qu'ils sont contre cela. Mais que la commission vienne, avant, nous
expliciter pourquoi, après avoir entendu tous les témoignages,
elle est favorable à la recommandation qui nous est faite, aux bureaux
de placement dirigés par l'office? Cela, c'est important.
Dans ces circonstances, je voterai avec plaisir. D'ailleurs, j'en avais
fait la demande lors de l'étude du projet de loi no 29; j'avais
demandé que la commission Cliche vienne comparaître devant nous
pour nous fournir certains éléments essentiels dans les
discussions qu'on avait vis-à-vis du bill sur la tutelle. C'est avec
beaucoup de plaisir que je voterai en faveur de la motion qui invite les trois
commissaires à venir devant cette commission. J'espère qu'un
certain décorum régnera pendant nos discussions, qu'on n'en fera
pas une foire pour s'y jeter des insultes. Il y a quelque chose qui est
extrêmement déplaisant, c'est l'attitude de l'honorable premier
ministre, qui interrompt à tout instant parce que ça ne fait pas
son affaire. Qu'il ait donc de la patience! J'en ai écouté, des
sornettes, pendant des jours et des jours contre moi. Je suis resté bien
calme.
Des Voix: Oh.
M. Tetley: Aujourd'hui?
M. Bellemare (Johnson): Non, mais je vous donne un exemple.
M. Burns: Le député de Johnson remarque qu'il n'est
pas interrompu actuellement parce que le premier ministre n'est pas
là.
M. Bellemare (Johnson): Oui, je bénéficie de son
absence.
M. Boudreault: Ce sont des farces plates.
M. Bellemare (Johnson): Non, vous n'êtes pas capable d'en
faire autant.
M. Boudreault: ... trois fois, cet après-midi.
M. Bellemare (Johnson): Vous n'avez seulement pas lu le rapport
Cliche. Qu'est-ce que dit l'article 53?
M. Boudreault: Lisez-nous le. Une Voix:
Présomption...
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais le député ne le
sait pas, par exemple.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare (Johnson): C'est celui qui m'interrompt actuellement
qui dit...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Bellemare Johnson): Je veux essayer de donner un petit exemple
de ce que devrait être notre commission parlementaire. Ces honorables
messieurs, qui sont devant nous ont le pouvoir... Ils ne l'auront pas toujours,
cela, je vous le dis: Un jour, un jour, ce sera ton tour. Tu y passeras. Tous
ces éléments que j'ai apportés ne sont que de petits
articles; il y en a une foule d'autres où je pourrais argumenter,
où la commission serait, devant nous, l'élément
nécessaire à la réponse à certaines questions. Je
pense que ce serait faire oeuvre de justice et de bons parlementaires que
d'accepter une motion comme celle-là même si la commission a
déclaré qu'elle n'était pas intéressée
à venir comparaître devant nous.
Je pense que, malgré tout l'excellent travail qu'ils ont fait,
ils ne sont pas supérieurs à ceux qui les ont nommés et
à ceux qui sont appelés à légiférer. Leur
travail est fait, d'accord. Ils ont fait des recommandations, ils ont
explicité d'une manière assez populaire les recommandations. Mais
nous, les législateurs, on a besoin de plus de renseignements. Je
demanderai à la commission Cliche: Pourquoi avoir demandé un
tribunal de la construction? Est-ce pour empêcher les tribunaux de la
province de Québec de juger de la présomption de
culpabilité? Je suis convaincu, M. le Président, que le ministre
le sait qu'ils vont me répondre: Oui. C'est pour empêcher ces
causes d'aller devant les tribunaux où cela traîne pendant des
heures, des heures, des semaines et des mois tandis que devant le tribunal du
travail spécifiquement émanant du tribunal du travail, la
réponse serait plus adéquate et plus expéditive.
M. le Président, je voterai en faveur de la motion.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, juste avant la suspension
pour le dîner, j'aimerais, puisque la position gouvernementale est
connue, inviter les membres de la commission à réfléchir
sur l'importance capitale de la motion du député de Maisonneuve,
pour le reste de nos travaux. Si, avec sa grosse majorité, le
gouvernement devait défaire la proposition du député de
Maisonneuve, quelles sortes de travaux aurions-nous pour la suite de la
commission? Je pense que le député de Johnson, dont je n'ai saisi
que la fin de l'intervention, l'a quand même faite de façon
très claire. Le scénario auquel nous assistons, depuis le
dépôt du rapport Cliche, continuerait. Aux fuites des premiers
jours où le premier ministre a été détenteur du
rapport entre les mains, ajoutée à cela la façon qu'ont
eue les ministériels de présenter le rapport Cliche,
ajoutés à cela les deux premiers actes législatifs que le
gouvernement a faits à la suite du dépôt du rapport de la
commission Cliche, s'ajouterait maintenant la stratégie Cournoyer dans
une commission parlementaire.
Le ministre et c'est dit dans le rapport Cliche lui-même
est un spécialiste de l'anguille entre les problèmes. Il
s'en est bien sorti, mais cela a été aussi comme le dit le
rapport Cliche au détriment de l'intérêt public et
de l'industrie de la construction en particulier. Fin négociateur, ce
qui lui est reconnu, il est également très peu fidèle aux
lois qu'il fait voter lui-même par l'Assemblée. Cela est aussi dit
dans le rapport Cliche.
Peureux uand il s'agit d'affronter les véritables
problèmes, habile à les démanteler, nous assisterions
probablement, encore une fois, dans une commission décapitée du
témoignage des commissaires, au scénario traditionnel des
relations du travail dans l'industrie de la construction, auxquelles cette
Assemblée a été soumise depuis que le député
de Robert Baldwin occupe le poste du ministre du Travail.
Or, nous voulons éviter cette scène non seulement
pénible, mais extrêmement coûteuse pour les
Québécois. Cela va faire, des scénarios comme ça!
Si on n'entend pas la commission Cliche, ce que l'on va avoir, ce seront
seulement des gens qui sont contre le rapport Cliche. Ils vont tous s'aligner,
comme le disait le député de Johnson. Là, l'anguille
Cournoyer va se mettre à l'oeuvre. Nous allons assister, pendant
quelques séances, à des démonstrations d'impuissance
justifiées.
Voyez-vous pourquoi je n'ai pas agi? C'est pour ça. Voyez-vous
pourquoi je n'agirai pas? C'est pour ça. Voulez-vous savoir,
saisissez-vous comment c'est difficile de légiférer dans le
domaine de la construction? C'est pour ça. Mais jamais celui qui se
prépare déjà à se laver les mains et, encore une
fois, à faire un monument de son impuissance, ne nous
aura permis d'entendre des gens qui pourraient nous dire: Oui, vous
pourriez agir, si vous faisiez ça. Oui, vous avez le pouvoir
d'intervenir, si vous acceptez cette recommandation. Oui, vous pouvez appliquer
cette recommandation, même si tous les gens, vos alliés
traditionnels, soit équipiers d'élections ou financiers à
temps partiel de candidats libéraux, viennent vous dire qu'il n'est pas
loisible et souhaitable d'appliquer le rapport Cliche.
La motion du député de Maisonneuve nous permet
d'éviter cette scène qui ne devrait plus jamais s'inscrire
il me semble que c'est clair dans l'histoire des relations
patronales-ouvrières dans l'industrie de la construction. J'ai presque
envie de dire que, si la motion devait être défaite, je me demande
à quoi nous servirions ici. Etre le décor du théâtre
Cournoyer? Etre ses acolytes de scène, les figurants, pour lui
permettre, encore une fois, de nous faire son trémolo, pour lui
permettre, encore une fois, de faire l'anguille contre l'intérêt
public des Québécois. Autrement dit, les députés de
l'Opposition q ui assisteraient à cette farce que deviendrait la
commission parlementaire auraient servi, encore une fois, à un homme
à sauver sa peau, au moment où tout le monde, à commencer
par la commission Cliche entre les lignes, réclame sa disparition la
plus immédiate possible.
J'ai presque envie, à l'heure du souper, puisque nous sommes
maintenant prévenus de la décision gouvernementale qui
s'appliquera par le vote de sa majorité, de recommandera mon parti de
nous abstenir d'assister aux prochaines séances de la commission, quoi
qu'il advienne.
Le "show" Cournoyer, je l'ai vu, je l'ai revu, puis je n'ai pas envie de
le revoir. La commission Cliche, ici, nous a dit que cela avait
coûté tellement cher, que cela avait donné lieu à
tellement d'actes illégaux, que cela avait permis des actes tellement
frauduleux, que cela avait permis à des bandits de s'installer dans des
domaines aussi fondamentalement sains dans une société que le
syndicalisme que je n'ai pas envie encore une fois, de me faire faire un
exposé sur l'impuissance, que nous serions appelés à
admirer par la suite, parce que le ministre me dirait: Vous voyez toutes les
difficultés que j'ai rencontrées.
Il y a des hommes ils sont trois qui ont dit que, dans le
domaine de la construction, on peut faire preuve d'imagination, on peut faire
preuve de puissance, on peut avoir des solutions et que, quelles que soient les
voix des ténors qui refusent et qui se plaignent de ce que l'application
de certaines résolutions impliquerait dans leur vie antérieure,
qu'a toujours cautionnée le ministre du Travail actuel, il est possible
de changer des choses dans la construction.
Qu'on permette à ces gens de venir nous le dire, d'abord.
Après cela, on entendra les gars qui se plaindront des applications du
rapport sur la construction et on assistera aux atermoiements du ministre qui
nous dira: Voyez, je ne suis pas capable. Voyez, je suis mal pris. Voyez
comment c'est dur. Ce "show" viendra après. Mais qu'on permette à
des hommes qui ont de la volonté, qu'on permette à des hommes qui
ont étudié le problème, qu'on permette à des hommes
qui ont du cran d'affirmer d'abord ce qu'ils ont à nous
présenter. Ensuite, les impuissants habituels, ensuite, les cautionneux
habituels, ceux qui ont fermé les yeux pendant cinq ans sur toute la
fraude de l'industrie de la construction se permettront de revenir avec leur
scénario, puisque le premier ministre juge son comédien encore
excellent. Sauf que le comédien commence à coûter cher au
Québec. Il ne devrait surtout pas coûter cher en temps aux
parlementaires de cette Assemblée. On n'a pas envie de voir ce "show",
faire comme on l'a fait lors de la crise de l'indexation, au mois de janvier
dernier, M. le Président. Encore une fois, c'est le témoignage de
gens qui, manifestement, ne s'entendent pas Dieu sait que la commission
Cliche l'a très bien signalé et encore une fois, viennent
faire la preuve de leur désarroi et permettre au ministre du Travail de
partir de ce désarroi et partir de cette non-entente pour justifier son
impuissance.
M. le Président, je soutiens encore que si nous n'adoptons pas
cette motion, les travaux de cette commission deviennent ridicules, caducs et
déjà à peu près sans porter de fruits parce que ce
sera simplement permettre à des gens directement nommés...
J'aimerais bien poser des questions aux commissaires, à la suite des
questions très pertinentes que, déjà, le
député de Johnson a, en tête, à leur adresser,
celles qui concernent directement l'administration gouvernementale.
On s'en est bien sorti, de l'autre côté, avec le lot de
serpents et d'anguilles qu'on a, quand il s'est agi de présenter le
rapport de la commission. Mais que les commissaires eux-mêmes, qui ont
l'habitude d'un langage cru et franc, viennent nous le dire, M. le
Président. Je dis que c'est d'intérêt public et obligatoire
pour cette commission. Sinon, ces travaux sont par avance condamnés
à être simplement le décor de Jean Cournoyer.
Le Président (M. Séguin): II est six heures,
messieurs. Nous suspendons nos travaux jusqu'à huit heures quinze
minutes, ici, ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 26
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
Le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, il me semble que les raisons
qui ont été données pour faire comparaître les
commissaires sont exactement celles pour lesquelles les commissaires ne
devraient pas être appelés par cette commission parlementaire au
sujet de leur rapport.
M. le Président, on semble oublier le rôle que la
commission d'enquête a exercé et les pouvoirs qui lui ont
été donnés. On ne peut pas la comparer à la
commission Gauvin. La commission d'enquête sur l'industrie de la
construction a reçu des pouvoirs qu'on pourrait dire quasi judiciaires.
C'était un quasi-tribunal. Ils ont agi comme trois juges, ces gens. Ces
commissaires ont rempli ce rôle. Il ne serait pas approprié, pour
nous, aujourd'hui, de demander aux gens à qui on a confié ce
pouvoir quasi judiciaire de venir expliquer les raisons qu'ont motivé
leurs recommandations ou les raisons pour lesquelles ils ont trouvé
certains faits résultant de leur enquête. Ce serait la même
chose qu'essayer de demander à un juge de venir expliquer les raisons de
son jugement. Si on invitait les commissaires, on affecterait l'avenir d'autres
commissions du même genre, sur d'autres sujets. On affecterait leur
impartialité.
M. le Président, ce ne serait pas approprié, aujourd'hui,
d'inviter les commissaires. Pourquoi? Qu'est-ce qui arriverait? Est-on ici pour
refaire la commission Cliche? Pouvez-vous vous imaginer ce qui arriverait si
les commissaires étaient appelés devant la commission? Quel
spectacle donnerait-on à la population, en plus du spectacle qu'on
semble lui donner ici aujourd'hui? Est-on ici pour examiner les commissaires ou
est-ce que nous sommes ici pour examiner les recommandations de la commission?
Il y a une différence. Je ne veux pas faire de leçon à
l'Opposition, croyez-moi, M. le Président.
Mais il me semble que sur la motion du député de
Maisonneuve, il y a certains sujets où c'est inévitable de faire
de la partisanerie, mais il y a aussi d'autres sujets qui sont d'un ordre un
peu trop important pour essayer de faire de la parti sanerie. Je crois que le
gagne-pain d'un ouvrier est un tel sujet. On devrait démontrer de la
bonne volonté et un peu de sagesse, pourrais-je dire, au sujet des
ouvriers et de leurs droits.
On n'est pas ici pour adopter toutes les recommandations de la
commission Cliche, mais si on veut démontrer un peu de bonne foi, allons
au coeur du sujet. Au lieu de passer tout ce temps pour voir si on devrait
inviter des commissaires, savoir quelle est la personnalité d'un
commissaire ou l'autre, allons donc au coeur du sujet sur les recommandations
que la commission Cliche nous a faites. De cette façon, on
démontrerait de la bonne foi, on démontrerait qu'on veut vraiment
aborder le sujet et trouver une solution. Peut-être notre solution ne
serait pas la même, M. le Président, que la solution de
l'Opposition, c'est clair. Mais, au moins, on devrait arrêter de perdre
du temps, dans cette situation particulière, qui est importante pour la
masse de la population, on devrait cesser de parler de choses qui ne sont pas
importantes et on devrait aborder le sujet immédiatement et commencer
à discuter les recommandations de la commission Cliche. Pour ces motifs,
je vais voter contre la motion du député de Maisonneuve.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. le
député. Le ministre du Travail.
M. Cournoyer: Les argumentations que vient de faire le
député de Mont-Royal sont, à mon sens, extrêmement
importantes pour l'avenir des commissions d'enquête. Il y a une autre
commission d'enquête qui est en cours actuellement, comme vous le savez.
Il s'agit de commissions royales d'enquête qui avaient des pouvoirs
judiciaires et quasi judiciaires et qui sont placées aujourd'hui dans la
situation de venir expliquer des décisions judiciaires ou quasi
judiciaires ou des recommandations faisant suite à des enquêtes
judiciaires ou quasi judiciaires; de venir les expliquer devant les hommes
politiques que nous sommes tous, même si certains ont des opinions un peu
différentes, quant à moi.
Je considère que la commission est formée d'individus qui
ont été élus par la population de leur comté
respectif et qu'en conséquence, ils ont la capacité de porter des
jugements de valeur sur des textes écrits.
Je ne veux pas recommencer l'argumentation que M. Bellemare, le
député de Johnson, a faite cet après-midi. Je pense bien
que la lecture totale du rapport et peut-être aussi la lecture des
différentes études qui ont accompagné le rapport, mais qui
n'ont malheureusement pas été remises par la commission Cliche au
gouvernement encore, pourraient éclairer, dans les jours qui viennent,
un certain nombre de décisions que la commission Cliche a
recommandé au gouvernement et au Parlement de prendre.
Loin de moi l'idée de dire que la commission Cliche n'a pas fait
un travail utile. Je pense que la commission Cliche a fait un travail
extrêmement utile, quoi qu'en dise le député de
Saint-Jacques. Le jugement qu'elle a porté vis-à-vis de moi en
particulier c'est un jugement qu'elle peut porter et que je reconnais à
la commission Cliche le devoir et l'obligation d'avoir porté. Il reste
que je suis encore ministre du Travail et qu'en conséquence je dois me
conduire comme tel. Je suis placé et nous sommes placés devant un
jeu de recommandations que nous voudrions tous voir étudiées
d'une façon globale, comme la commission Cliche le recommande, et mises
en vigueur d'une façon globale également. Reste à savoir
quelles sont les clefs de ce rapport en particulier. Si nous posons la question
à la commission, c'est lui faire un reproche marqué d'un manque
de clarté dans son rapport. Le rapport est très clair pour autant
que le
ministre du Travail soit concerné. Après la
cinquième lecture, ce que j'ai eu l'obligation de faire, on en vient
à la conclusion très rapide que c'est une solution globale et un
certain nombre de clefs s'y retrouvent. Si nous prenons des décisions
quant aux clefs, je doute fort que la commission puisse s'être
enfargée dans des questions de détail où on pourrait
l'accrocher, tous et chacun d'entre nous. Je pense bien que l'autre soir,
lorsque nous étudiions le bill 30, lorsqu'est arrivé la question
des délégués de chantier et leur élection, nous
n'avons pas corrigé la commission. Nous avons pris une décision
d'ordre politique qui est différente d'une décision d'ordre de
recommandant, c'est-à-dire d'ordre de commission d'enquête. Sans
bonifier pour autant les recommandations de la commission Cliche, nous avons
fait l'effort que la population attend de nous.
Nous avons fait en sorte que la décision que nous prenons n'en
soit plus une de recommandation et, en conséquence, nous avons agi, dans
le cas des délégués de chantier, d'une façon
peut-être un peu choquante pour la commission. Nous avons, sans le
vouloir, corrigé le rapport de la commission. Je dis bien
"corrigé" dans le sens que nous l'avons ajusté à des
préoccupations parlementaires, si c'est vrai que nous avions ce genre de
préoccupations, dans le cas des délégués de
chantier.
Si nous étions pour faire venir ici la commission ou les membres
de la commission, je reste certain que nous nous trouverions à
assujettir d'une façon peut-être indirecte mais très
certaine le judiciaire et son indépendance au politique et à ses
diverses dépendances. Je pense bien que la décision du
gouvernement est à l'effet que ce qui a été fait l'a
été en conformité d'un certain nombre de règles
normales qui sont suivies par les commissions d'enquête, que la bonne foi
des membres de la commission ne peut être mise en doute, que la
façon dont ils ont écrit leur rapport est une façon bien
à eux et que, l'ayant écrit, il serait onéreux et odieux
pour une commission parlementaire de poser non seulement des questions
additionnelles mais de poser des points d'interrogation sur la valeur
même du rapport.
C'est notre devoir, à nous, d'être en désaccord ou
en accord sur le rapport. C'est ma fonction, comme ministre du Travail, de
proposer les lois qui rassortent du rapport, tant que je serai ministre du
Travail. A moins, bien sûr, que la motion du député de
Maisonneuve ne réussisse à renverser le gouvernement, je serai
encore ministre du Travail et, en conséquence, je me propose bien de
présenter des lois qui rassortent au moins de l'interprétation
que le gouvernement doit faire du rapport de la commission Cliche sans que la
commission Cliche n'ait à m'expliquer ou à expliquer au
gouvernement ce qu'elle voulait dire ou ce qu'elle aurait voulu dire,
l'eût-elle écrit différemment.
Je voterai donc contre la motion du député de
Maisonneuve.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: Ce sera très bref relativement à mon
droit de réplique. D'une part, je pense que l'attitude exprimée
et par le premier ministre et par le ministre du Travail nous indique on
me passera l'expression une peur de rencontrer la commission Cliche
directement, les yeux dans les yeux.
Depuis que les premières fuites du rapport Cliche ont
été publiées, grâce à la connivence
évidente du gouvernement puisqu'il était le seul à
détenir le rapport et, je pense, avec la réprobation
peut-être pas exprimée publiquement, mais qu'on peut sentir par
une certaine interprétation des réactions de certains
commissaires jusqu'à maintenant, on s'est aperçu qu'on a
tenté de changer, à toutes fins pratiques, comme on le dit en
langage populaire, le sujet de conversation. On a tenté de dire, du
côté du premier ministre en particulier, que la commission Cliche
ne faisait aucun reproche au gouvernement, que le gouvernement était
irréprochable à ses propres yeux, toujours selon le vocabulaire
habituellement utilisé par le premier ministre, que le gouvernement
sortait complètement blanchi de cette expérience d'examen de sa
situation. Nous pensons très sérieusement, M. le
Président, sans vouloir, en invitant la commission Cliche à
être présente, les commissaires eux-mêmes à
être présents, embarquer ou faire une bifurcation du
côté politique, que les commissaires, qui ont été
appelés à examiner l'exercice de la liberté syndicale au
Québec, à la suite, il ne faudra jamais l'oublier, du
phénomène LG-2, auraient pu nous donner un certain
éclairage relativement à certaines de leurs connaissances,
à certaines de leurs remarques.
Selon nous, M. le Président, cette première attitude du
gouvernement est une attitude de peur, une attitude qui veut éviter de
discuter du fond du problème. Mais ce que nous ne voulons pas
j'espère me faire le porte-parole de toute l'Opposition en le disant,
parce que j'ai détecté dans les remarques du député
de Johnson et dans celles du député de Beauce-Sud des
éléments qui peuvent me permettre de conclure de la façon
suivante c'est qu'en refusant la motion que nous avons proposée
on assiste à une opération de démolissage de la commission
Cliche.
Cette commission, à nos yeux, a fait un travail valable, comme le
député de Saint-Jacques l'a dit avant la suspension de six
heures; un travail qui a été ardu, un travail qui pourrait
normalement apporter des fruits très concrets pour une éventuelle
législation encore une fois le premier ministre n'aime pas le mot
globale pour régler le problème dans le domaine de la
construction. Cette opération de démollissage, M. le
Président, permettez-moi de le dire très brièvement, va se
faire de la façon suivante, je vous fais une prédiction: Elle va
se faire de la même façon qu'on aurait tenté de
démollir le rapport Gauvin si la commission Gauvin n'avait pas, au
départ, été invitée à témoigner, et
si la commission Gauvin n'avait pas été, à la fin,
appelée à témoigner.
C'est-à-dire qu'on va tout simplement, en l'absence de la
commission Cliche, sans aucune référence au caractère
politique de certains aspects
de son rapport, tout simplement dire, du côté des patrons,
par exemple, qu'il est absolument aberrant, incompréhensible,
inacceptable, comme le disait le député de Johnson, qu'on
réunifie en une seule association les associations existantes.
Il est fort possible que du côté de la FTQ on fasse des
recommandations de mettre de côté certaines dispositions qui ont
déjà été mises dans les lois, ou encore qui
concernent le placement. Il est fort possible que la CSN vienne dire que
globalement, comme M. Marcel Pepin l'a dit il y a quelque temps, le rapport est
inacceptable, parce qu'il est placé dans une approche qui ne peut pas se
situer dans le contexte actuel du syndicalisme dans la construction.
Il est fort possible que la CSD parce qu'actuellement je n'ai pas
de critique particulière qui puisse relier cette centrale au rapport
avec des recommandations très constructives, puisse venir nous
dire aussi que tel et tel aspect du rapport Cliche doit être mis de
côté.
De sorte que je me demande si on n'est pas en train de mettre sur pied
une trame, une espèce de scénario qui va permettre au
gouvernement de dire, avec toute cette mosaïque, toutes ces pièces
qui viennent en haut, à gauche, à droite, en bas, si on n'est en
train de bâtir un organisme, parlementaire en plus, qui va contribuer
à diminuer, dans l'esprit de la population, un rapport qui,
jusqu'à maintenant, a été, je pense, très bien
considéré par l'ensemble de l'opinion publique.
Ce qu'on s'apprête à faire si on ne veut pas entendre les
commissaires, si on ne veut pas inviter je n'ai pas dit ordonner aux
commissaires de venir, dans ma motion les commissaires à venir
parler de leur rapport, c'est tout simplement enterrer le rapport Cliche, qui a
été fait avec, je n'ai pas besoin d'élaborer
là-dessus, quelles difficultés et quels efforts.
M. le Président, quand j'entends le ministre du Travail nous dire
que le judiciaire, selon lui, serait soumis à l'aspect politique si on
donnait suite à ma motion, je lui rappelle d'abord le rapport Gau-vin,
où c'était exactement la même situation,
c'est-à-dire une commission qui avait obtenu son pouvoir du
lieutenant-gouverneur en conseil. On est trop porté à confondre
le fait que, dans le cas de M. Gauvin, il ne s'agissait pas d'un juge qui
présidait et que, dans le cas Cliche, il s'agit d'un juge. Mais si M.
Robert Cliche, juge de la cour Provinciale, a accepté de siéger
comme président de cette commission, il a accepté aussi le fait
qu'il n'était pas là comme tribunal je m'excuse
auprès du ministre du Travail de ne pas partager son opinion il
n'agissait pas comme tribunal, il n'agissait pas comme organisme quasi
judiciaire. Il agissait tout simplement comme enquêteur. A ce titre, il a
fait un travail. Je pense qu'il a très bien fait son travail comme
enquêteur.
Maintenant, l'aspect politique est entre nos mains et nous devons
l'examiner. Nous devons penser sérieusement à ce que nous allons
faire avec il ne faudrait pas l'oublier cet instrument de
travail; pas une bible, un instrument de travail, qui s'appelle la commission
Cliche. Cet instrument de travail doit être examiné avec les
personnes qui l'ont façonné. Ce n'est pas plus que cela que nous
vous demandons. Nous vous demandons simplement de réexaminer cette
espèce de réaction de vierges offensées que vous pouvez
avoir parce qu'à certains endroits le premier ministre se
plaît à citer des paragraphes et des pages, etc. à
pleines pages, c'est le gouvernement qui est attaqué. Est-ce que c'est
cela, M. le Président, qu'on craint? Est-ce que c'est ce pourquoi on
trouve une peur du côté gouvernemental? En tout cas, j'ai le droit
de tirer mes propres conclusions parce que je n'ai pas entendu de raisons
valables pour lesquelles la commission Cliche, les commissaires ne viendraient
pas, de façon tout à fait détendue, comme dans le cas,
encore une fois, de M. Gauvin et de ses commissaires, nous parler de leur
rapport.
Je dois dire, à ce stade-ci, que l'opinion déjà
exprimée de la part du gouvernement justifie, c'est le point de vue qui
est énoncé successivement par le député de Johnson,
par le député de Beauce-Sud, par le député de
Saint-Jacques et par moi-même, justifie le fait que nous ne voyons pas
pourquoi, à partir du moment où nous déciderions
quand je dis nous, je parle de la commission de ne pas entendre les
représentants de la commission Cliche, je ne vois vraiment pas pourquoi
nous viendrions, du côté de l'Opposition, à être des
espèces de caution de cette opération maquillage que le
gouvernement s'apprête à faire du rapport Cliche.
Je vous dis tout de suite, en ce qui me concerne et mes
collègues de l'Opposition pourront confirmer ou infirmer ce que je suis
en train de dire je vous dis tout simplement et ce n'est pas une
menace; c'est tout simplement une question de réalisme que
même s'il pourrait être utile, dans d'autres circonstances,
d'entendre les parties intéressées au décret, ce que je
m'apprêtais à formuler comme motion, quant à leur
présence, si jamais cette première motion était
acceptée, je ne vois pas, M. le Président, l'utilité de
notre présence ici, à compter du moment où on
déclare, du côté gouvernemental, notre peur de recevoir des
commentaires de la commission Cliche, surtout répondre à des
questions des parlementaires qui sont ici, tant du côté
ministériel que du côté de l'Opposition. Nous ne voyons
surtout pas, M. le Président, en quoi il serait utile, pour
l'Opposition, de faire perdre le temps non pas au gouvernement, non pas
à l'Opposition, mais à une législation que la population
est en droit de s'attendre de voir réagir rapidement, mais globalement,
à la suite du rapport Cliche.
Ce que je vous annonce, M. le Président, c'est tout simplement
notre abstention à cette commission, notre départ de cette
commission, dès qu'on nous aura indiqué qu'on ne veut pas
utiliser tous les moyens qui sont à notre disposition,
c'est-à-dire le premier, en ce qui nous concerne, celui de convoquer les
commissaires qui ont été appelés à examiner le
problème de l'exercice de la liberté syndicale dans l'industrie
de la construction.
Je ne veux pas, M. le Président, personnelle-
ment, et mon collègue de Saint-Jacques ne veut pas participer
à cette bouffonnerie de commission parlementaire, à partir du
moment où on décide, comme le disait le député de
Saint-Jacques cet après-midi, qu'on va refaire l'image du ministre du
Travail. Je ne suis pas ici pour cela. Je ne suis pas ici pour tenter
d'expliquer pourquoi le ministre du Travail n'a pas fait son boulot dans le
passé. Je suis ici, M. le Président, pour essayer de trouver,
avec les autres parlementaires de l'Opposition et du côté
ministériel, et surtout, avec l'éclairage que pourrait nous
fournir la commission Cliche, les raisons pour lesquelles on n'a jamais, de
façon fondamentale, trouvé des solutions aux problèmes de
l'industrie de la construction, et, en particulier, des relations de travail
dans l'industrie de la construction.
M. le Président, je termine ici mon intervention. Je ne vois pas
pourquoi je continuerais.
Je vous dis tout de suite que je m'attends qu'un vote soit pris et que
ce vote soit négatif relativement à notre proposition. Devant ce
vote négatif, et je ne pense même pas pouvoir le changer en vous
disant ça, j'ai l'intention de quitter immédiatement avec mon
collègue de Saint-Jacques, possiblement, on me fait signe de ce
côté , le député de Beauce-Sud et peut-être le
député de Johnson. C'est entre vos mains, faites votre propre
"kangaroo court", ce sera votre problème à vous par la suite.
Le Président (M. Séguin): C'était la
réplique.
Une Voix: Vote.
Le Président (M. Séguin): Vote.
M. Bédard (Montmorency): Vous demandez le vote?
Vote sur la motion
Le Président (M. Séguin): Une copie de la
motion?
Voici la motion que je vous présente pour le vote: "Que la
commission invite les trois commissaires qui ont étudié
l'exercice de la liberté syndicale dans le domaine de la construction,
à venir présenter leur rapport lors de la prochaine
réunion de la commission et à revenir commenter, avant la fin des
travaux de la commission, les représentations qui seront faites au cours
de ces travaux." Pour ou contre la motion. M. Bellemare (Johnson)?
M. Bellemare (Johnson): En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Bérard
(Saint-Maurice)? M. Boudreault (Bourget) ?
M. Boudreault: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Burns
(Maisonneuve)?
M. Burns: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Charron
(Saint-Jacques)?
M. Charron: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Ciaccia
(Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Cournoyer
(Robert-Baldwin)?
M. Cournoyer: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Bourassa (Mercier)? M.
Harvey (Charlesbourg)?
M. Harvey (Charlesbourg): Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Bédard
(Montmorency)?
M. Bédard (Montmorency): Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Lecours
(Frontenac)?
M. Lecours: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Malépart
(Sainte-Marie)?
M. Malépart: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Verreault
(Shefford)?
M. Verreault: Contre.
M. Bellemare (Johnson): Bonsoir, messieurs!
Une Voix: Bon voyage.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre s'il vous
plaît! Le résultat du vote: 4 en faveur, 8 contre.
Je vous rappelle, messieurs, que la commission siège cet
après-midi et ce soir sur un ordre de la Chambre. Je vous rappelle le
texte: Mardi, le 27 mai 1975, la commission élue permanente du travail,
de la main-d'oeuvre et de l'immigration siégera au salon rouge à
16 heures pour examiner les recommandations du rapport Cliche.
Je vous invite donc, à ce moment-ci, à moins d'une
décision contraire de la commission, à poursuivre l'étude
des recommandations, tel que la Chambre ordonne à la commission
élue de le faire. J'appelle donc, dans les recommandations, la
première recommandation.
Annexes du rapport Cliche
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, si vous me le
permettez, avant d'entamer la première recommandation du rapport, cet
après-midi le premier ministre a indiqué en Chambre sa
volonté de déposer également les annexes du rapport et,
à cette fin, il a indiqué que l'échéancier avait
été proposé pour la fin ou le début du mois de
juin. Est-ce qu'à ce moment-là la commission sera appelée
à prendre connaissance, d'une part, bien sûr, mais
également à discuter des annexes de ce même rapport?
Le Président (M. Séguin): Le ministre sera
probablement en meilleure position que moi pour répondre.
M. Harvey (Charlesbourg): En fait, M. le Président, je
passe par vous, mais c'est au ministre que s'adresse ma question.
M. Cournoyer: Disons que les annexes du rapport sont probablement
extrêmement importantes, mais elles ne devraient pas nous empêcher
d'agir sur les recommandations de la commission qui a étudié ces
annexes. A la fin du rapport de la commission, vous avez le nom de ceux qui ont
participé aux annexes et le genre d'études qu'ils ont faites.
Pour ma parti je pense bien que la commission a tiré des conclusions.
Les annexes sont importantes, j'en conviens aussi, mais, la commission les
ayant étudiées, elle a tiré des conclusions qui sont
peut-être différentes des annexes. Si nous nous embrouillons trop
avec les annexes, une fois que la commission les a étudiées, on
sera peut-être un peu mal pris, tout le monde, pour voter des lois
rapidement.
Je pense bien que, selon ce que l'on peut constater, la commission a
porté des jugements sur les annexes qu'elle avait elle-même
commandées, sur les études qu'elle avait elle-même
commandées. Nous n'avons pas à partager nécessairement le
jugement de la commission, mais c'est à partir du rapport de la
commission et des jugements qu'elle a portés que nous devons porter le
nôtre comme législateur. Dans ce sens, je pense bien que nous
devons, à partir d'aujourd'hui, peut-être nous éclairer
réciproquement avec les annexes, mais surtout étudier le contenu
des recommandations telles qu'elles ont été faites par la
commission.
Audition des parties intéressées
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, toujours dans
le même sens, puisque, au tout début, il s'agira d'établir
un ordre de travail de cette commission. Je pense également que le
ministre, par vous, pourrait peut-être répondre à mon
interrogation, à savoir s'il a l'intention ou non d'entendre les parties
qui sont concernées dans le présent rapport de la commission
Cliche. Nous avons déjà ce qu'on présente sous forme de
communiqué et ce que moi j'interprète comme étant beau-
coup plus un mémoire, la position de la Confédération des
syndicats nationaux face à ce que nous avons déjà
adopté comme lois, 29 et 30, qui sont quand même, dès le
départ, des résolutions ou des recommandations du rapport
Cliche.
M. Cournoyer: Je conviens que chacune des parties a
peut-être déjà exprimé son avis
général sur les recommandations de la commission Cliche, mais
cela reste un avis général. Alors, je pense bien que même
la CSN, lorsqu'elle prépare son communiqué de presse, qui en soi
peut être un mémoire, indique ce qu'elle pense des orientations
possibles du gouvernement face à des représentations possibles
qui ont été faites ou qui devraient être faites par
d'autres personnes dans l'industrie de la construction. Je le prends comme cela
et je pense bien que la présence de la CSN ici indique que la CSN, tout
en pensant ce qu'elle pense, voit beaucoup plus une possibilité par le
gouvernement de passer à côté du rapport Cliche. Elle
prévient les coups en disant: S'ils passent à côté
du rapport Cliche dans le cas du placement, on veut savoir ou on présume
qu'il y a eu entente entre la FTQ et le gouvernement, ce qui n'est pas le cas.
D'un autre côté, je peux permettre à la CSN, dans son
attitude habituelle, de penser qu'il y a eu un arrangement possible entre la
FTQ et le gouvernement.
Je les rassure, s'ils veulent être rassurés, même
s'ils ne croient pas qu'il n'y a pas eu d'entente.
Par ailleurs, si la CSN ou les autres centrales syndicales ont des
représentations à faire, elles peuvent les faire ici, si elles le
veulent, ou elles peuvent les faire par communiqué de presse, si elles
le veulent également. Je ne crois pas qu'il soit dans notre
procédure d'obliger quelqu'un à parler devant la commission
parlementaire, s'il ne veut pas parler. On pourrait peut-être le forcer,
mais, d'un autre côté, je ne voudrais forcer personne qui a lu le
rapport à faire des commentaires qu'il ne veut pas faire à la
commission parlementaire. Dans ce sens-là, il y a des gens qui sont
ici je reconnais des figures qui ont peut-être quelque chose
à dire ou encore ce qu'ils ont à dire n'est peut-être pas,
à ce moment-ci, tout à fait à point. Il est possible
qu'eux-mêmes puissent désirer un délai additionnel de la
commission, ne fût-ce que pour voir les annexes, eux aussi.
Personnellement, j'ai fait une séance de la commission
parlementaire aujourd'hui. Mais il me manque, à moi comme à ceux
qui ont étudié le rapport Cliche dans sa texture actuelle et
à vous-mêmes, les membres de la commission parlementaire, la
dimension des annexes qui pourraient servir à expliquer certaines
recommandations du rapport. Si les gens ont quelque chose à dire, la
séance de la commission parlementaire a lieu aujourd'hui; cela pourrait
être sur le contenu, comme cela pourrait être sur la
procédure. Pour autant que le ministre est concerné, je
préférerais, et de beaucoup, ne priver personne du droit de
comparaître, tout en n'imposant à personne l'obligation de ne dire
qu'ici ce qu'ils ont à dire.
M. Harvey (Charlesbourg): C'est être invité sans
être ordonné de...
M. Cournoyer: Je ne veux pas ordonner à des gens qui ont
des intérêts particuliers là-dedans de venir
comparaître ici. La chose à faire, actuellement, a
été cela. On a voulu faire une commission parlementaire qui
étudiait les recommandations du rapport Cliche, de façon à
nous permettre de faire une loi à partir du rapport Cliche, mais ayant
entendu tout le monde. Il n'a pas été question, jamais, dans
notre esprit de montrer l'imbroglio ou les difficultés de l'industrie de
la construction. Il n'a été question que d'une chose; c'est que,
pendant tout le temps des études publiques de la commission Cliche, ces
études publiques ont porté presque essentiellement sur un certain
nombre d'individus ou un système de banditisme qui existait dans
l'industrie de la construction. Quant aux solutions proposées, elles
n'ont pas fait, à mon sens, l'objet de discussions, que ce soit
publiques ou privées. Avant de devenir loi, elles n'ont pas fait l'objet
de discussions par les gens qui seront les premiers impliqués.
D'une façon générale, la plupart sont d'accord sur
les recommandations, c'est-à-dire sur l'esprit du rapport Cliche, mais
c'est quand on vient dans les détails qu'on a peut-être des points
de divergence. Je pourrais, comme ministre, oublier ces points de divergence et
exécuter intégralement toutes les recommandations de la
commission Cliche avec, bien sûr, la participation du caucus. Mais il me
semble que, pour le bien public encore là, je sais que cela peut
causer des traumatismes dans le public il est bon que certaines
solutions qui sont avancées par la commission soient, sinon dans les
détails, du moins dans leur esprit, discutées par ceux et celles
qui auront à vivre avec pendant une période de vingt ans, si
jamais le gouvernement décidait de les appliquer intégralement.
Je pense à l'office de l'industrie de la construction, qui remplace la
CIC; c'est peut-être très bon, c'est peut-être
excellent.
M. Bédard (Montmorency): Le tribunal.
M. Cournoyer: II y a le tribunal de la construction, qui est une
conséquence directe de certaines autres dispositions du rapport de la
commission Cliche, que l'on doit, comme la commission le dit, prendre d'une
façon globale. Mais la commission est là ne fût-ce que pour
discuter les clefs qu'il y a dans le rapport, c'est-à-dire un certain
nombre de points généraux desquels partent un certain nombre de
points un peu inférieurs dans la hiérarchie de l'importance,
à moins que les parties impliquées n'aient rien à dire et
disent: Que le gouvernement fasse son lit. C'est un privilègeque les
parties ont et je leur reconnais ce privilège. Si elles n'ont rien
à dire, remarquez bien que nous serons, comme gouvernement, tenus d'agir
comme parlementaires et nous discuterons de ces choses en caucus. C'est aussi
simple que cela.
M. Choquette: Mon cher collègue, vous ne pensez pas...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, à
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Choquette: Je n'ai pas le droit de prendre la parole?
M. Cournoyer: Je peux être interrompu par le ministre de la
Justice.
Le Président (M. Séguin): Oui, c'est ça,
interrompu, excepté que, encore une fois, je me tiens assez près
du règlement. D'ailleurs, on l'a constaté cet après-midi.
Je lis exactement l'article 1484 "Tous les députés ont
accès aux commissions, mais ceux qui n'en sont pas membres..."
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, je serais
prêt à donner mon consentement, consentement unanime.
Le Président (M. Séguin): "...mais ceux qui ne sont
pas membres..."
M. Harvey (Charlesbourg): Je vous vois venir.
Le Président (M. Séguin): Je demande au
député de me permettre de lui lire l'article qui est très
bref, d'ailleurs..." mais ceux qui n'en sont pas membres et les autres
personnes doivent obtenir la permission de la commission pour s'y faire
entendre." Jusqu'à ce jour...
M. Boudreault: Consentement.
M. Harvey (Charlesbourg): Consentement unanime.
M. Bédard (Montmorency): Question de règlement.
M. Boudreault: Tout le monde consent.
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'il y a
consentement de la part des membres de la commission?
M. Harvey (Charlesbourg): Sur la question de règlement, le
député de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): Sur la question de
règlement, M. le Président, étant donné que c'est
une nouvelle séance, ce soir, parce que la question n'a pas
été posée à huit heures quinze, cela me fait
plaisir que vous la posiez et je demanderais l'unanimité des membres de
cette commission pour donner la permission à tout député
qui veut adresser la parole à cette commission de pouvoir le faire. J'en
fais une proposition.
M. Harvey (Charlesbourg): Faute d'opposition, il faut la
créer.
Le Président (M. Séguin): De consentement unanime,
le ministre de la Justice.
M. Choquette: C'est laborieux, mais c'est venu, M. le
Président. Je vous remercie.
M. le Président, étant donné que l'Opposition ou
les oppositions nous ont désertés à ce moment
extrêmement important de nos travaux, sous prétexte de convoquer
les membres d'une commission qui, aujourd'hui, n'existe plus, et qu'elles ont
adopté la stratégie, en somme, de nous laisser la place libre, je
pense qu'il faut en tirer les conclusions qui s'imposent. D'abord, les
oppositions ont décidé de ne pas contribuer aux travaux de cette
commission. Deuxièmement, les réactions ou beaucoup de
réactions qui sont provenues de certains milieux, syndicaux entre
autres, m'ont semblé étonnantes. Je parle en particulier des
réactions qui sont provenues de la CSN. La CSN s'est plainte, pendant
longtemps et à certaines occasions, des difficultés qu'elle avait
dans le domaine de la construction. M. Michel Bourdon, ici présent, a
même fait des déclarations fracassantes à l'égard
des casiers judiciaires des personnes qui dirigeaient les syndicats de la
construction de la FTQ. Il a même appelé la police à sa
rescousse. C'est assez spécial, quand ces demandes nous viennent du
côté syndical. Je n'ai pas d'autre conclusion à tirer qu'il
y avait une situation tout à fait anormale dans le domaine de la
construction et j'en tire cette conclusion des attitudes prises par cette
centrale syndicale. Je ne le lui reproche pas d'ailleurs, parce que je pense
que c'est à juste titre qu'on avait raison d'attirer l'attention des
autorités publiques sur la situation qui existait.
Par contre, aussitôt le rapport de la commission sur l'exercice de
la liberté syndicale déposé, les réactions du
côté de la CSN ont été empreintes de réserve.
J'emploie ces euphémismes délibérément. Je me
demande si M. Bourdon aurait un point de vue à nous exprimer ce soir.
Voilà une première question sur laquelle je m'interroge,
étant donné que la CSN est présente et que je voudrais
savoir de cette centrale pourquoi, après avoir désiré
ardemment une commission Cliche, on a si rapidement mis de côté
ses conclusions. C'est une interrogation que j'ai et on pourrait
peut-être demander à M. Bourdon, soit ce soir ou à une
autre occasion, une réponse à ces questions.
Une deuxième question très générale que je
me pose est: Qu'est-ce que le ministre du Travail retient comme
fondamentalement important et valable du rapport de la commission Cliche? Quel
est le problème prioritaire à son sens pour remédier aux
difficultés que nous avons connues dans la construction et dans
l'exercice, justement, de cette liberté syndicale pour les
travailleurs?
Qu'est-ce que le ministre du Travail voit comme essentiel pour le
gouvernement de s'attaquer? Enfin, quels sont les points principaux sur
lesquels il considère qu'il y aurait lieu de s'intéresser,
admettant au départ que le rapport de la commission Cliche était
extrêmement vaste et qu'on ne peut pas tout faire en même temps? Je
pense que ça saute aux yeux qu'un gouvernement ne pourrait pas, d'un
seul coup ou même très rapidement, légiférer dans
tous les domaines qui ont été recommandés par la
commission Cliche.
Mais quels seraient, d'après mon collègue, les points sur
lesquels il faudrait s'intéresser, de façon à faire en
sorte que le sort du travailleur dans l'industrie de la construction soit un
sort convenable, compte tenu de notre société et de l'industrie
de la construction elle-même? Voilà deux questions qui me viennent
à l'esprit.
Etude des recommandations
M. Cournoyer: Je pense bien que je vais répondre avant M.
Bourdon, étant donné que c'est dans ce parlement, et surtout
à cause du fait qu'on ne m'a jamais donné la chance de dire,
d'une façon ordinaire, quelles intentions le ministère du Travail
avaient face aux recommandations de la commission Cliche, et surtout quelles
étaient les priorités qu'il avait.
Nous avons, M. le Président, réglé des
priorités dans le sens de la loi de mise en tutelle et aussi l'autre
priorité, dans le sens de débarrasser ou de mettre en branle ce
qu'il fallait pour débarrasser l'industrie de la construction, en
particulier, d'un certain nombre d'éléments qui sont
indésirables et qui sont certainement jugés comme étant
indésirables par la société québécoise et
par le gouvernement en particulier, surtout par les ouvriers
eux-mêmes.
Une fois ceci dit et ayant fait cette première opération,
ceci me paraît comme ministre du Travail comme étant le plus
important, réside à deux endroits dans le rapport Cliche. Il
s'agit, bien sûr, d'une décision quant à la liberté
syndicale, une fois le pluralisme syndical accepté. Donc, une
décision d'importance et surtout qui doit être prise rapidement
par le gouvernement. Quelle est la façon et surtout il y en a une
façon de suggérée ici de faire en sorte que le
choix des travailleurs, lors de la période de choix prévue, selon
la loi actuelle, soit un choix librement fait, et surtout conformément
à des règles de démocratie qui n'ont pas eu cours avant
1973? Donc, vous avez tout un jeu de recommandations qu'on retrouve ici qui
implique cependant la décision de créer ou de ne pas créer
un office de l'industrie de la construction avec le genre de pouvoirs
identiques ou différents que ceux qui sont prévus par la
commission Cliche ici.
Donc, la question première, qui est la plus urgente, après
avoir mis en tutelle et après avoir réglé la
qualité des agents d'affaires si on peut parler de
qualité, dans le sens qu'on exclut un certain nombre de personnes
c'est qu'il nous faut maintenant procéder, et de retourner aux
travailleurs proprement dits, et leur permettre, dans un contexte de pluralisme
syndical déjà accepté, le choix libre pendant la
période de maraudage, qui normalement devrait arriver au mois d'octobre,
en vertu de la loi actuelle.
Donc, ce premier ensemble de recommandations doit être
décidé avant la fin de la présente période
parlementaire que nous vivons, parce qu'il implique presque des choses qui
doivent être faites ou devraient avoir été faites au mois
de juillet 1975.
Si ça implique la création d'un office de la
construction, cet office, il faut le regarder dans son ensemble aussi.
Cela, c'est un pouvoir de surveiller le vote, à l'office. Mais, en plus
de ça, l'office de la construction, dans les recommandations de la
commission Cliche, remplace, à toutes fins utiles, tout le
système de participation syndicale et patronale dans l'administration du
décret tel que nous l'avons connu depuis 1934 ou 1935 à peu
près, dans l'industrie de la construction au Québec.
C'est une tradition d'à peu près 40 ans que nous devons
renverser en créant l'office de la construction et en donnant à
des arbitres le soin de régler ce qui maintenant appartient aux
tribunaux ordinaires sur l'initiative de la CIC, et en enlevant les parties
contractantes de l'administration de leur convention collective. Cela venait
là.
M. Choquette: En somme, on évoluerait d'un système
d'administration paritaire et conjointe d'un décret, on
évoluerait, a partir de ce système, vers un système
gouvernemental imposé d'administration d'un tel décret.
M. Cournoyer: Ce n'est pas comme cela que je lis le rapport
Cliche. Le rapport Cliche évolue dans un système
mi-indépendant, par l'office, et mi-industriel, par la participation
accrue des syndicats à l'administration de ce qu'on appelle la
convention collective, qui est un décret, mais à l'administration
journalière de toutes les conditions qui sont maintenant dans le
décret mais dont la plupart, sinon la majorité d'entre elles,
relèvent de l'administration de la Commission de l'industrie de la
construction, qui est elle-même un organisme paritaire.
Je pense bien que ce qu'il y a de plus fondamental comme
recommandations, c'est que, décidant d'enlever le placement au syndicat,
la commission Cliche recommande de réutiliser les mouvements syndicaux
à d'autres fins que le placement, ce qui n'est pas mauvais, mais en
disant: Maintenant, ce sont les syndicats qui vont faire les
représentations utiles ou jugées utiles pour faire en sorte que
les travailleurs qu'ils représentent aient les salaires et les
conditions de travail qui sont inscrits dans le décret, obligation qui
appartient, actuellement, à la Commission de l'industrie de la
construction.
D'un côté, la commission Cliche recommande que le
placement, tout le placement de l'industrie de la construction, suivant des
bases préférentielles bien inscrites, soit confié à
l'Office de l'industrie de la construction, donc organisme indépendant,
organisme totalement indépendant des parties, si ce n'est par ce
triumvirat le président, qui est un juge de la cour Provinciale
et, d'après la correction qu'on a donnée, un autre membre
nommé sur désignation des syndicats, j'imagine, et un autre
membre nommé sur désignation des employeurs ce qui fait un
organisme semi-paritaire mais totalement indépendant des parties, ce qui
n'est pas le cas actuellement.
Quand la commission Cliche recommande cette structure d'office de
l'industrie de la cons- truction, en même temps qu'elle le fait, elle
change totalement les obligations de ce qu'on appelle aujourd'hui la Commission
de l'industrie de la construction, tout en changeant le mode de participation
des parties à leurs affaires. On dit: L'office a un certain nombre
d'obligations qui sont actuellement assumées par le comité des
avantages sociaux de l'industrie de la construction. Un certain nombre
seulement est assumé par la Commission de l'industrie de la
construction. Cet office, en fait, c'est une chose totalement nouvelle qui,
sans remplacer les parties, fait que les parties doivent maintenant jouer un
rôle nouveau. C'est la partie que je considère au point de vue
strictement administratif comme étant la plus importante. C'est le
rôle nouveau des parties contractantes à la convention collective
ou au décret de l'industrie de la construction.
Cet office, qui est une créature nouvelle, ne remplace pas
toujours la CIC mais remplace la CIC seulement dans certaines de ses
opérations strictement administratives. Les opérations de
surveillance du décret de l'industrie de la construction ou de
surveillance des conditions de travail des travailleurs de la construction
appartiendraient, suivant les recommandations de la commission, aux parties
contractantes, c'est-à-dire aux différentes centrales syndicales
plus, du côté patronal, l'association unique.
Or, dans l'ordre des priorités, M. le Président, ce qu'il
y a d'important à décider, et rapidement, c'est: Allons-nous
créer cet office avec le mandat qui lui est donné? En même
temps, allons-nous enlever à la CIC, l'obligation qu'elle a maintenant,
et le droit, de faire respecter les conditions de travail des travailleurs,
avec cette méthode de participation qui existe depuis 40 ans?
Une fois que nous avons décidé de cette clé, les
mandats confiés à l'office, en matière de placements, par
exemple, dans les détails, peuvent être différents de ce
qui est recommandé par la commission. Mais, normalement, on doit
s'attendre que, l'office étant un organisme totalement
indépendant des parties, tout ce qui doit être indépendant
des parties, par la nature même des choses, devrait relever de l'office.
Donc, il s'agit tout simplement de la composition d'un mandat, article par
article, d'un office qui est indépendant des parties.
Si je considère cela comme extrêmement important, c'est que
plusieurs des recommandations que nous retrouvons font que certaines choses,
dans les recommandations originales, relèvent de l'office de l'industrie
de la construction. L'arbitrage relève de l'office de l'industrie de la
construction. CASIC, par exemple, vous avez le bill 20, sur la table du
Parlement actuellement. C'est un bill qui devient désuet, même
s'il n'est qu'en première lecture, parce que la forme de pouvoirs dans
le cas du comité des avantages sociaux, est maintenant confiée,
de façon totalement différente, à l'office, avec une
consultation, obligatoire, j'en conviens, du Comité des avantages
sociaux de l'industrie de la construction, sans que pour autant, il soit aboli.
Ce qui est important, c'est que
l'office, c'est une clé. Le placement, je suis obligé de
le conjuguer immédiatement avec les autres décisions que nous
avons eues à prendre sur la liberté syndicale et la
consécration du principe du pluralisme syndical. Comme la commission
Cliche recommande le pluralisme syndical, que le placement a été
utilisé comme étant un instrument d'absence de pluralisme
syndical sur certains chantiers de construction, l'une des façons de
régler le pluralisme syndical, comme le disait le député
de Johnson, cet après-midi, c'est probablement d'organiser
différemment le placement de ce qu'il est actuellement. D'autre part, il
y a eu un certain nombre de problèmes que nous avons
éprouvés dans l'industrie de la construction, pendant les quatre
ou cinq dernières années. Le bill 201, selon ce qui est
recommandé par la commission Cliche, doit être retiré. En
même temps que nous retirerions le bill 201, il y a d'autres
recommandations qui portent sur l'absolutisme des conditions de travail
négociées. Donc, personne ne peut payer plus cher que ce qui est
inscrit dans le décret. En prenant une décision de cette nature,
il nous faut penser immédiatement à la conséquence que la
commission a considérée logique, de prolongation du décret
dans le temps, sans modification, l'année prochaine. Mais cette
décision n'est pas aussi urgente à prendre que celle de mettre en
marche la structure qui est proposée par la commission, qui,
elle-même, a un certain nombre d'obligations qui découlent
d'autres recommandations de la commission.
Je prends simplement le contrôle, par exemple, du vote, si on peut
appeler cela un vote, de la décision des travailleurs d'appartenir
à telle ou telle association représentative. La première
chose qu'on dit, c'est que ce vote doit être organisé et
être sous le contrôle de l'office. Si je n'ai pas
créé l'office, je ne peux pas avoir le contrôle de
l'office. Ce vote doit venir dans le courant de l'année présente.
Il doit être non seulement le vote, mais les structures doivent
être mises en place par l'office pour recevoir le vote, et le recevoir
sur un procédé mécanographique, de façon à
ce qu'on prenne soin de l'une ou l'autre des recommandations qui dit que quand
un type a choisi, c'est fini. Son choix est enregistré et il ne
reviendra pas choisir trois fois, comme c'est arrivé au dernier voyage.
Les gars avaient trois cartes d'union dans leur poche. Ce n'était pas de
leur faute. C'est parce qu'ils parlait au dernier et ils achetaient la
dernière. Il y en a qui ont acheté la dernière,
c'est-à-dire qu'elle était vendue à II heures, par
exemple, la dernière journée du maraudage. Je ne sais pas combien
ils avaient de cartes datées de la dernière heure de la
journée du maraudage. Aussitôt que quelqu'un a découvert
que le système existait, c'était comme cela. L'une des
recommandations, ici, c'est de mettre cela sur procédé
mécanographique et empêcher le type d'aller changer d'union ou
d'allégeance trois fois dans la période de 30 jours qui y est
prévue.
La clé première, je vais convenir qu'il s'agit de
créer ou de ne pas créer d'office de l'industrie de la
construction. On pourrait théoriquement créer l'office de
l'industrie de la construction, tel qu'il est, sans pour autant abolir la CIC,
sans pour autant abolir CASIC et sans pour autant abolir d'autres
préoccupations que nous avions dans le cas de l'apprentissage des
métiers de la construction. On pourrait créer l'office de
l'industrie de la construction et lui donner un certain nombre de rôles
qui sont inscrits dans le rapport de la commission Cliche, sans les donner
tous, à ce moment-ci. Et dans la question du maraudage, il faut que ce
soit l'office, alors créons l'office pour les fins du maraudage. Vous
comprenez ce que je veux dire, on pourrait créer l'office seulement pour
les fins du maraudage.
Une fois créée la structure, il faut que je lui donne un
certain nombre de pouvoirs. C'est là que la commission Cliche dit que
c'est un rapport global; sa clé, c'est l'office. Un certain nombre de
choses ne pourraient pas être mises en vigueur à moins que
l'office n'ait été créé. Découlant de
l'office, vous avez l'organisation du système de placement qui peut
être décidé par le Parlement, c'est le Parlement qui doit
le décider, et vous avez, en plus, l'organisation d'un système de
sécurité de revenu qui est inclus dans un certain nombre de
recommandations qui sont à la toute fin du rapport de la commission. Ce
sont deux éléments extrêmement importants de l'avenir de
l'industrie de la construction et des travailleurs de l'industrie de la
construction.
Mais l'office est encore la clé. Il existe ou il n'existe pas. Si
nous créons l'office, nous pouvons ajouter ces choses
immédiatement, si on le veut. Et les deux principales pour l'avenir du
travailleur de la construction, à bon ou mauvais escient, ça
reste la question du placement et la question de la sécurité du
revenu.
L'office, on pourrait aussi, comme c'est inscrit ici, lui donner la
totale responsabilité de la sécurité sur les chantiers de
la construction. C'est une recommandation de la commission. Mais encore
là, il faut avoir créé l'office pour décider de lui
donner ou de ne pas lui donner tel ou tel système.
On pourrait discuter longuement du bien-fondé de la
recommandation de la commission Cliche aux fins de savoir s'il faut changer le
système d'arbitrage, tel qu'on le conçoit actuellement, au
détriment d'une tradition qui dure depuis 40 ans ou c'est la commission
qui fait l'inspection des livres et c'est la commission qui surveille
l'application du décret. C'est un des éléments de
l'office, ce n'est probablement pas l'élément essentiel,
même s'il est très important dans l'idée de la commission
Cliche. Mais un certain nombre de mandats pourraient être donnés
à l'office.
La première décision que je considère importante de
prendre, c'est d'arriver à la conclusion: allons-nous créer
l'office de l'industrie de la construction. Et si nous créons l'office,
les mandats que nous pouvons lui donner, conformément à la
commission Cliche, peuvent, un après l'autre, être
discutés.
Si on ne crée pas l'office de l'industrie de la construction, il
serait illusoire de penser aux mandats. C'est une clé importante. Les
mandats
comportent le placement, la sécurité du revenu, la
sécurité sur les chantiers de construction, toute
l'administration du système de sécurité sociale, à
toutes fins utiles, l'administration d'un système d'arbitrage qui
remplace les tribunaux ordinaires, sur initiative de la commission de
l'industrie de la construction. Ils comportent aussi, jusqu'à un certain
point, un contrôle quantitatif et qualitatif de la main-d'oeuvre, comme
office, qui est, en fait, en charge de tout ce qui se passe dans l'industrie de
la construction. Il remplace le comité conjoint.
C'est une décision que je considère comme fondamentale. On
aura beau penser à toutes les autres considérations, si nous ne
décidons pas de créer l'office, ça ne sert à rien
de regarder les autres choses, à moins de confier aux organismes
existants, les mandats que la commission Cliche recommande de confier à
l'office. C'est comme ça que je vois ça pour le moment. Les
amendes, tout ça, ce n'est pas l'essentiel de mes préoccupations
à ce moment-ci, ce sont surtout les structures qui vont nous permettre
d'arriver à des conclusions.
L'autre question, qui n'est pas incidente parce qu'on parle d'un
terminus c'est qu'on a un décret et qu'on l'a à
administrer. La question incidente est: Est-ce que la proposition
d'unité patronale ou d'association patronale unique peut nous permettre
de penser à une convention collective ordinaire dans l'industrie de la
construction en 1976 ou dans les années qui suivront?
C'est une recommandation de la commission qui dit qu'il doit y avoir une
seule association et elle peut avoir des "sous-tables" de négociation
qui, elles-mêmes, reflètent les quatre secteurs d'activités
dans l'industrie de la construction. C'est une chose et...
M. Choquette: Pourquoi la commission Cliche a-t-elle
proposé l'unité patronale, le cartel patronal, tandis qu'elle ne
propose pas le même cartel pour le côté syndical?
M. Cournoyer: Disons que ce n'est pas une interprétation
que je ferai, mais, à la lecture du rapport Cliche, le rapport Cliche
comporte, à mon sens, des choses qui ne se ressemblent pas, mais qui, en
fait, si vous allez plus profondément, se ressemblent drôlement.
L'unification de l'association patronale est nettement, intimement
reliée non seulement à la multiplication, mais au fait que le
travailleur de la construction, lui, est unique. Il peut avoir des
représentants différents, mais il est unique. C'est toujours un
travailleur de la construction. Parce qu'il est toujours un travailleur de la
construction, si on lui dit: Vous allez être membre d'une centrale
syndicale en particulier, pour la durée du décret, cela ne
l'empêche pas de travailler comme travailleur de la construction pour
quelque nature que ce soit d'employeurs de la construction. L'unité
patronale, drôlement ou autrement dans l'interprétation de la
commission Cliche, vient de l'unité du travailleur lui-même.
C'est-à-dire qu'il est un travailleur de la construction
indépendamment du chantier pour lequel il travaille et
indépendamment de la centrale syndicale à laquelle il appartient.
On lui permet d'être membre de. l'une ou l'autre des centrales
syndicales, mais on dit: Lui, étant unitaire comme travailleur de la
construction, on ne veut pas qu'il lui arrive que certains employeurs, à
cause du fait que les employeurs détermineraient la nature de la
négociation... Je ne sais pas si vous me saisissez? Admettons qu'on
diviserait l'industrie en quatre secteurs, comme cela a souvent
été mon idée, mais que, dans un secteur en particulier, on
dise: Ici, c'est la FTQ. La FTQ, c'est la FTQ, mais l'individu, lui, on lui a
reconnu la liberté de choix et il est unitaire. C'est un travailleur de
la construction. Qu'il aille travailler pour n'importe quel employeur, il va
toujours rester un travailleur de la construction et ses conditions de travail
à lui doivent se ressembler pour lui.
Comme on parle d'une loi des relations du travail, on ne parle pas d'une
loi des relations d'employeurs entre eux. On parle d'une loi qui fait que le
travailleur est respecté par tous les employeurs d'une façon
identique. Qu'on arrive à des conditions différentes dans la
convention collective maîtresse, ce ne seront pas des conditions
différentes parce que le type est membre de la CSN, de la FTQ ou de la
CSD. Ce seront des conditions différentes à cause de la nature de
l'industrie de la construction.
Comme la commission Cliche a été formée pour
étudier comment on arrive à protéger les libertés
de l'individu d'appartenir ou de ne pas appartenir à tel ou tel syndicat
de son choix, la conclusion logique de la commission Cliche me semble
être que les facteurs qui peuvent empêcher cet exercice de la
liberté sont doubles. Du côté syndical, en reconnaissant le
pluralisme syndical, il faut l'assurer que, vis-à-vis de ses
confrères qui ne sont pas du même syndicat que lui, il va toujours
avoir cette liberté. On a donc dit: Pour la négociation de la
convention collective, les trois syndicats existent.
Par ailleurs, du côté patronal, il est possible, compte
tenu de l'expérience et telle qu'elle a été décrite
devant la commission Cliche, que ce soit les employeurs qui participent avec
telle centrale syndicale à exclure tel employé qui est dans telle
autre centrale syndicale. Certains employeurs, pas tous, pourraient participer
à exclure cet individu. En conséquence, il est libre de faire
partie du syndicat qu'il veut, mais il n'est pas libre de travailler où
il veut, quand il ne fait pas partie du bon syndicat.
En unifiant le côté patronal, la commission Cliche se
trouve à avoir évité qu'il n'y ait des régimes
différents, comme ceux dont on a pu constater l'existence malgré
la loi 290. On disait: II n'y a qu'une association; donc, il n'y a plus un
employeur qui peut dire par telle ou telle voix, que ce soit la Corporation des
électriciens ou la Corporation des plombiers, ou par telle association
d'entrepreneurs industriels: Nous nous sommes entendus et, ici, c'est seulement
ceux de la FTQ qui travaillent.
On évite, par l'unification patronale, la possibilité que
les patrons, par petits groupes...
M. Choquette: Recréent les monopoles.
M. Cournoyer: ...recréent la disparité pour les
travailleurs.
M. Choquette: Les monopoles syndicaux.
M. Cournoyer: Qui sont toujours basés sur cette
entité patronale et qui empêchent l'individu d'exercer librement
le droit qui lui est déjà reconnu par la loi. Je sais bien que
cela a l'air d'une antithèse de dire que pour régler un
problème de relations entre les différents individus membres de
différents syndicats on dise, du côté patronal: Vous avez
une association unique. C'est très certainement, à la lecture du
rapport Cliche et après avoir entendu ce que nous avons entendu, l'une
des causes de cette absence d'exercice du droit de l'individu d'appartenir
à la centrale de son choix. C'est plutôt du côté des
employeurs qu'on les retrouve. En unifiant les employeurs, il n'y aurait plus
un employeur qui pourrait entrer dans quelque convention que ce soit par groupe
ils n'avaient pas le droit de le faire individuellement avant et
arriver à la conclusion que l'exercice de la liberté syndicale
devienne un vain mot.
Probablement, la commission Cliche aurait pu, si son mandat avait
été différent, dire: M ne doit y avoir qu'une centrale
syndicale. Cela aurait pu être, mais le mandat de la commission Cliche
était une enquête sur l'exercice de la liberté syndicale.
On n'a pas demandé à la commission Cliche de dire que la
liberté syndicale ne doit plus exister ou qu'elle devrait exister. Elle
a été obligée de débuter avec, comme point de
départ, le fait que la liberté syndicale, telle qu'établie
dans la loi 290, devait continuer d'exister. Mais comment faire pour qu'elle
existe, vu que même si elle existait dans la loi, il semble que dans les
faits elle ne se soit pas retrouvée?
La commission Cliche a donc conclu au pluralisme syndical, ce qui
était tout à fait normal qu'elle fasse, compte tenu du mandat
qu'elle avait, mais pour corriger les effets d'un pluralisme syndical qui n'a
pas été, de toute évidence, respecté, elle a dit:
II y a deux façons de le faire respecter. Les centrales syndicales qui
ne veulent pas entendre parler de l'autre, vous le faites par rapport au bureau
de placement, et nous concluons que le bureau de placement doit être
aboli du côté syndical. Du côté patronal, comme il y
a certains groupes d'employeurs qui pouvaient le faire sans que personne le
sache, nous abolissons ces possibilités en disant: II n'y a qu'une
association d'employeurs. D'autres moyens qui viennent se greffer à
cela, c'est que vous ne pouvez plus obtenir de conditions supérieures au
décret. Donc, les marchandages possibles et impossibles qui se faisaient
avant, à cause du fait qu'on était dans telle union ou sur tel
chantier de construction et qu'on obtenait plus, cela ne sera plus possible,
maintenant. Il y a un certain nombre d'illégalités qui viennent
s'introduire ici.
Je ne veux pas parler pour la commission Cliche, ce ne sont pas de mes
affaires... Je lis le rapport Cliche comme vous et tel que je le lis, les clefs
dont je viens de vous parler, c'est la création de l'office et les
mandats d'objectivité qu'on devrait reconnaître normalement
à l'office et qui lui seraient confiés l'un après l'autre.
Cela peut être dans la même loi, mais ils sont confiés l'un
après l'autre et chacun à son mérite à l'office de
la construction.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): Au tout début, vous
faisiez la suggestion d'étudier le rapport Cliche article par article ou
recommandation par recommandation. Dans le même ordre d'idées que
le ministre de la Justice, qui vient de prendre la parole, je pense qu'il
serait très bon d'étudier la marche à suivre des
prochaines heures que nous aurons à discuter sur le rapport de la
commission Cliche.
Il me fait plaisir d'entendre les deux premières priorités
du ministre du Travail, à savoir, premièrement, de décider
si on crée un office ou si on n'en crée pas; deuxièmement,
si on retire le bill 201, ou si on ne le retire pas. Suite à cette
décision de créer l'office, comme nous l'avons fait pour les deux
lois numéros 29 et 30, nous avons déjà une douzaine de
recommandations qui disparaissent parce qu'elles sont déjà
discutées et prises en considération. Nous avons, à
l'heure actuelle, deux projets de loi déposés à
l'Assemblée nationale, les projets de loi no 27 et 33. Encore là,
une fois ces projets de loi adoptés, ce seront une quinzaine de
recommandations qui disparaîtront aussi parce qu'elles seront prises en
considération. Suite à la décision de créer un
office, étant donné tous les mandats qui se rattachent à
cet office, c'est peut-être encore 50 ou 60 recommandations c'est
un chiffre que j'avance du rapport Cliche qui sont
épluchées.
Donc, à toutes fins pratiques, on aura peut-être
épluché une centaine 100 ou 110 de recommandations.
Je pense que ce serait peut-être trop de vouloir prendre les
recommandations une par une.
Cette marche à suivre des travaux de la commission pourrait
être acceptée par les différents membres de la commission;
du moins en ce qui me concerne, on entendrait les parties qui voudraient faire
valoir leur point de vue. Je pense spécialement à la CSN, qui a
déjà son représentant, M. Bourdon, qui est ici depuis
trois heures cet après-midi; peut-être qu'on pourrait faire la
recommandation de l'entendre. Il y a M. Carey, de la CSD, si on en a le temps.
Et on pourrait peut-être faire une demande par écrit, M. le
ministre, aux parties impliquées, soit les cinq associations patronales
et les trois syndicales, à savoir si elles ont des recommandations
à nous faire suite au rapport Cliche. Nous, suite à cela, on
pourrait additionner le pour et le contre et procéder à
l'adoption de nos lois le plus vite possible, pour le bien des travailleurs,
pour le bien de la construction et pour le bien de toute la province de
Québec.
Le Président (M. Séguin): J'ai eu une demande de la
part du ministre de la Justice, afin d'entendre un représentant de la
CSN qui se trouve ici présent dans notre salle. Nous savons que la
commission est maîtresse de ses travaux. D'après notre
règlement, une personne peut être entendue pourvu qu'il y ait
consentement de la commission. Par contre, nous savons aussi qu'une commission
ne peut pas modifier une chose déjà approuvée par
l'Assemblée nationale. La motion qui a donné la
possibilité ou qui a donné l'ordre à cette commission de
siéger est une motion sur laquelle on a voté. L'Assemblée
nationale s'est prononcée sur le texte que nous avons aux
procès-verbaux. Il y a aussi toute une série de raisons que je ne
voudrais pas énumérer. Mais dans nos règlements, lorsqu'il
s'agit d'une chose urgente, nos règles de pratique nous disent à
l'article 2, deuxième paragraphe: L'Assemblée nationale peut, par
une motion, raccourcir le temps nécessaire pour les avis qui sont
donnés aux personnes qui veulent ou qui peuvent paraître devant la
commission. Je trouve aussi qu'il y a une question de justice. Tout d'abord
qu'il y ait un ou deux ou trois représentants de syndicats ici
présents et qu'ils soient consentants d'être questionnés,
je trouve encore là qu'il y a injustice, puisqu'on m'avise qu'il n'y a
pas eu, de fait, convocation. N'ayant pas eu convocation, en permettant qu'on
questionne M. Bourdon, on créerait ou on poserait un geste injuste
envers d'autres qui n'ont pas été convoqués naturellement.
Il y a encore une autre raison. Même si nous siégeons avec quorum,
c'est sans la présence des partis de l'Opposition; eux aussi ont ce
droit, ce privilège de poser des questions.
M. Choquette: Oui, mais ils sont partis.
Le Président (M. Séguin): Ils sont partis mais il
n'y a pas eu de convocation, M. le ministre. Dans le cas où il y aurait
eu convocation, je prétends qu'à ce moment, si on s'absente de la
commission, naturellement il n'y a pas d'injustice pour qui que ce soit comme
membre puisque déjà les gens sont convoqués.
M. Choquette: Continuez...
Le Président (M. Séguin): II y a d'autres raisons
encore pour lesquelles je ne dois pas reconnaître qu'on pose des
questions, ce soir. Sans refuser la parole à la CSN ou à son
représentant ou à d'autres syndicats, je voudrais que ces
questions soient posées selon notre ordre de procédure.
Et comme je tiens à observer le règlement d'aussi
près que possible, surtout lorsqu'il s'agit d'une commission élue
qui n'étudie pas un règlement mais un rapport où beaucoup
de gens sont concernés, je pense qu'il y a ce droit de chacun de se
faire entendre, si la commission désire les entendre.
Mais toutes ces conditions n'ont pas été remplies. C'est
pour ça, à moins que la commission n'accepte pas ma
décision, pour une raison ou une autre que je ne reconnais pas
réellement la nécessité de poser une question ce soir.
Quant à la question, peut-être très pertinente
je ne dirai pas personnellement sur quelque chose qui aurait
été dit par M. Bourdon, puisqu'on l'a déjà
nommé, et ce commentaire a été fait par le ministre de la
Justice, je pense qu'il y a toutes sortes d'occasions autres qu'ici
publiquement à la commission, au journal des Débats surtout, de
poser cette question. Et je lui suggérerais tout simplement qu'il pose
la question à l'extérieur, ou une fois que nous aurons
ajourné, et vous aurez certainement votre réponse. Ce qui
n'empêchera pas M. Bourdon de répéter sa même
réponse lorsqu'il sera convoqué d'une façon
ordonnée.
Je m'en tiens donc, messieurs, sans me mêler d'aucune façon
au débat, à l'ordre de la Chambre qui nous dit d'étudier
les recommandations du rapport Cliche. Et si vous avez besoin d'assistance, il
y a une façon, d'après notre règlement, de voir à
ce que ces personnes soient présentes à une séance de la
commission ou à d'autres séances.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, sur la question
de règlement.
Le Président (M. Séguin): Question de
règlement, le député de Charlesbourg.
M. Harvey (Charlesbourg): Evidemment, il y a la présence
du représentant de la Confédération des syndicats
nationaux. Il est clair que nos questions pourraient davantage être
axées sur le rapport Cliche comme tel, mais pourraient extrapoler, comme
leur dernier communiqué qui se voulait beaucoup plus une tête de
pont pour sauver les Olympiques: le gouvernement échange le placement
contre la restriction des libertés syndicales. Cela devrait normalement
nous attirer davantage sur ce communiqué, lequel se sert, en paravent,
de la commission Cliche pour lancer, en fait, les flèches qu'il a bien
voulu lancer au gouvernement.
Cependant, je pense, M. le Président, sans vouloir manquer de
respect à votre autorité, puisque vous vous appuyez sur la
réglementation, personnellement en tout cas, je sais que vous êtes
là pour animer et laisser la commission libre de ses décisions,
je verrais d'un bon oeil la possibilité d'entendre le
représentant, M. Bourdon. Personnellement.
M. Veilleux: J'aurais des questions à poser
là-dessus si c'est réglé. M. le Président...
Le Président (M. Séguin): II me faut l'autorisation
unanime...
Une Voix: Des questions à poser à qui?
M. Veilleux: D'éclaircissement, oui.
Le Président (M. Séguin):... pour le
député de Saint-Jean, il n'est pas membre de la commission.
M. Veilleux: Oui, mais on a passé tout à l'heure
une résolution qui me donne le droit. On l'a dit tout à
l'heure.
Le Président (M. Séguin): Je vous demande tout
simplement de me dire s'il a le droit. Consentement unanime?
M. Harvey (Charlesbourg): Consentement unanime.
M. Bédard (Montmorency): Consentement unanime pour tous
les députés libéraux.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saint-Jean. Je n'ai pas répondu à votre question de
règlement, M. le député de Charlesbourg, j'avais
déjà fait une longue harangue sur ma position.
M. Veilleux: M. le Président, au point de vue de la
procédure, on pourrait commencer à prendre chacun des chapitres:
la démocratie syndicale, et du moins avoir l'interprétation de
certains mots. Dans mon esprit, ça peut porter à confusion quant
à l'explication, ou ça pourrait l'éclairer avec les
explications.
Si on prend, par exemple, le domaine de la démocratie syndicale,
on dit à la recommandation no 8: "que le syndiqué jouisse du
droit de dissidence sans encourir aucune sanction". Dans l'esprit du ministre,
que voulaient signifier exactement les commissaires avec ce droit de dissidence
que les syndiqués de la construction ne semblent pas avoir
présentement et qu'il y aurait lieu de leur donner? Cela pourrait servir
à quoi?
M. Cournoyer: Je pense bien que, dans le cas de certains
syndicats de la construction, l'expulsion du syndicat voulait dire tout
simplement perte d'emploi. Vous avez dans les témoignages, et vous les
retrouvez dans le corps du rapport, sans que ce soit le résumé
des recommandations, certains syndicats qui, quand une personne n'était
pas d'accord avec le syndicat et qu'on n'avait pas réussi autrement
à la convaincre, on l'expulsait purement et simplement du syndicat, avec
d'énormes amendes.
Quand la commission dit "droit à la dissidence", ce qu'elle veut
dire, c'est que, lorsqu'un individu n'est pas d'accord, il conserve ce droit et
tous les droits qui sont attachés au statut de travailleur et au statut
de syndiqué.
Remarquez bien que, lui aussi, ce droit, se lit en conjonction avec
d'autres recommandations de la commission Cliche, dans le sens suivant: c'est
qu'il semble que, dans la recommandation de la commission Cliche, une fois que
le choix d'un individu a été fait... Il doit faire ce choix
à toute époque, mais, quand il le fait dans la période de
maraudage, il est pris avec ce choix pour une période de trois ans. Il
ne peut pas changer de centrale syndicale au milieu du chemin. Comme il ne peut
pas changer de centrale syndicale au milieu du chemin et que, par ailleurs, il
y a obligation pour lui d'être membre d'une centrale syndicale pour
travailler sur les chantiers de construction, dans le décret de la
construction, la commission Cliche dit que le droit à la dissidence, en
définitive, ne peut pas être de tel ordre qu'il empêche un
individu de gagner sa vie. C'est tout ce que cela veut dire. Dans les livres
que j'ai et dans le rapport que j'ai lu, cela ne veut pas dire autre chose que
cela.
M. Veilleux: En d'autres mots, quelqu'un qui, par exemple, au
moment d'un vote, exprimerait un vote négatif à une
assemblée ne pourrait pas, comme vous le dites, être
expulsé. Si la personne, pour prendre un exemple concret, qui est dans
la construction, qui est syndiquée et qui a un congé sans solde
pour occuper une charge publique, avait à se prononcer, en Chambre,
à savoir si les ouvriers doivent réintégrer ou pas le
travail et recevait un appel téléphonique du syndicat disant: Si
tu votes pour la loi, on t'expulse du syndicat, cela empêcherait
l'expulsion de la personne comme membre du syndicat, sous prétexte
qu'elle pose tel geste pour l'ensemble du monde ouvrier ou l'ensemble de la
population.
Si on avait, par exemple, dans les relations du travail, M. le ministre,
le droit de dissidence à tous les syndiqués du Québec,
quel que soit leur syndicat, cela voudrait dire, dans les faits, qu'en 1972,
l'Association des enseignants d'Honoré-Mercier n'aurait pas pu expulser
le député de Saint-Jean, parce qu'il avait voté la loi qui
demandait aux enseignants de réintégrer le syndicat. C'est cela
que ça veut dire.
M. Cournoyer: C'est cela que ça veut dire.
M. Veilleux: Ce serait peut-être un bon point à
intercaler dans les relations du travail pour laisser pleine et entière
liberté à un syndiqué, qu'il soit sur le marché du
travail ou en congé sans solde, d'exercer son droit de dissidence.
M. Cournoyer: Bien sûr que j'ai le problème de la
construction sur les bras ce soir, mais il va de soi que, lorsque la commission
Cliche reconnaît des droits comme ceux-là aux travailleurs de la
construction, la conséquence directe, c'est que la reconnaissance d'un
tel droit parce qu'il s'agit d'une enquête sur la construction peut
difficilement être rejetée lorsqu'il s'agit de syndicats qui se
conduiraient de la même manière vis-à-vis de leurs membres
et qui ne sont pas du tout dans l'industrie de la construction.
M. Veilleux: Cela m'amène à vous poser, dans votre
esprit à vous, la question suivante. S'il y a d'autres recommandations
de cette nature à l'intérieur des recommandations de la
commission Cliche, qui permettront à l'ensemble des syndiqués du
Québec d'acquérir une plus grande liberté d'action,
à ce moment-là, je crois qu'il est juste et approprié
qu'on envisage sérieusement, après que le travail que vous avez
à faire et que nous avons à faire en tant que législateurs
dans le domaine de la construction, qu'elles puissent se répercuter dans
d'autres secteurs et dans l'ensemble du monde syndical. Comme l'occasion m'est
donnée pour la première fois, depuis 1972, de l'exprimer
publiquement, je pense que de telles recomman-
dations qui touchent le droit de dissidence seraient très bien
vues par l'ensemble des syndiqués au Québec, qu'ils soient dans
le secteur de l'enseignement, dans le secteur des hôpitaux, dans la
construction ou autres. Le ministre de la Justice est là peut-être
pour le confirmer; je ne connais pas exactement la Loi du Barreau, mais, si le
Barreau avait dit au ministre de la Justice: On vous expulse du Barreau parce
que vous présentez, par exemple, la loi des petites créances, le
fait pour le ministre d'être expulsé du Barreau aurait pu
l'exempter, après cela, de retourner à la pratique de son
droit.
M. Choquette: D'abord, je n'ai pas besoin d'être avocat
pour être ministre de la Justice.
M. Veilleux: Non.
M. Malépart: M. le Président... M. le ministre, je
pense que...
M. Harvey (Charlesbourg): Cela aide.
M. Choquette: Mais, en fait, techniquement, non, pour
répondre à la question du député de Saint-Jean.
Deuxièmement, il a été jugé par les tribunaux
qu'une corporation professionnelle ne peut jamais exercer de sanction à
l'égard d'un membre pour un acte qu'il a posé comme ministre de
la couronne. Ceci a été jugé dans la cause de l'honorable
Claude Wagner, où le Barreau avait pris certaines sanctions contre M.
Wagner à l'occasion d'un discours qu'il avait prononcé. Il a
été déclaré, par la cour d'Appel, que le Barreau
n'avait aucune compétence professionnelle sur les actes d'un de ses
membres, alors qu'il agissait comme ministre.
M. Veilleux: II y aurait lieu, M. le ministre... M. Choquette:
Pardon?
M. Veilleux: Je m'adresse au ministre du Travail. Il y aurait
lieu de l'intercaler dans les relations de travail, pour laisser cette
entière liberté aux autres qui font partie d'autres corporations,
soit syndicales ou professionnelles.
M. Choquette: Le principe est bon, oui. M. Malépart:
M. le ministre, je pense...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Sainte-Marie.
M. Malépart: ... qu'une des principales
préoccupations des travailleurs de la construction, aux autres endroits,
c'est la question de la sécurité d'emploi. Quand
prévoyez-vous qu'il va y avoir un mécanisme qui va assurer
à ces gens, qu'il va y avoir une sécurité d'emploi, la
plus complète possible?
M. Cournoyer: Les recommandations de la commission Cliche,
surtout sur la sécurité du reve- nu, impliquent que les
véritables travailleurs de la construction auraient, si ce n'est une
sécurité d'emploi, une sécurité de revenu en se
classant dans A, B, C, tel que je le lis, et ces gens, bien sûr, sont le
noyau de l'industrie de la construction. Parmi les autres travailleurs de la
construction, il y en a un certain nombre, un très grand nombre
pas nécessairement à Montréal, il y en a partout
qui ne sont que de passage. L'un des règlements qui ont
été proposés dans le cas de la qualification
professionnelle dans l'industrie de la construction, réinstaure
l'obligation et cette obligation se retrouve à l'une des
recommandations de la commission Cliche en matière de
sécurité, pas d'emploi, mais de sécurité purement
et simplement, en disant qu'on doit donner des cours de sécurité
aux travailleurs de la construction. Dans ce sens, nous nous trouverions,
dès que nous mettrions ce règlement en vigueur, à
restreindre l'accès à l'industrie de la construction, donc,
à restreindre le nombre de travailleurs, pour le même nombre
d'emplois, aux seules personnes qui auraient suivi des cours de
sécurité, qu'elles fussent journaliers ou qu'elles fussent
charpentiers-menuisiers. Vous savez, en plus de cela, que le règlement
no 1 est applicable strictement dans l'industrie de la construction et que ceux
qui sont qualifiés dans les mêmes métiers, mais dans le
règlement no 2, sur le site industriel, ne peuvent pas venir prendre la
place de personnes qui sont en chômage, dans le cas de ceux qui sont
qualifiés en fonction du règlement no 1, à moins d'avoir
subi les apprentissages du règlement no 1.
En fait, le contrôle quantitatif et qualitatif des travailleurs
dans l'industrie de la construction vise, presque essentiellement, une
sécurité d'emploi, tout en donnant une qualité de
travailleurs plus forte. C'était la règle générale,
avant même que le rapport Cliche ne soit sorti. Il reste que le
règlement qui a été soumis aux parties, même si on a
eu un certain nombre de protestations, avait comme fondement une meilleure
qualité. Vous avez aussi le rapport apprentis-compagnons, qui est dedans
et qui dit: Apprentis-compagnons, on ne peut pas avoir plus d'apprentis qu'on
n'a de compagnons.
La question que je me pose ici, dans le cas de la commission Cliche
c'est une chose que nous devrons décider d'interpréter
c'est la préférence d'emploi qu'elle donne aux ouvriers
qualifiés dans la question du placement. Les ouvriers qualifiés,
pour moi, cela veut dire un type qui a un certificat de qualification. Si c'est
cela que cela veut dire, je réduis, par cette formulation, le nombre
d'apprentis, qui pourraient travailler lorsqu'il y a des ouvriers
qualifiés qui sont en chômage. Donc en partant de là, vous
venez de restreindre les possibilités d'apprentissage. Ce n'est
peut-être pas cela que la commission Cliche visait, mais si j'appliquais
restrictivement cette recommandation de la commission Cliche on se retrouverait
peut-être, demain matin, avec très peu d'apprentis et une
très petite relève.
Du côté des employeurs comme du côté des
syndicats, on voit venir avec une certaine anxiété
l'absence de relève dans l'industrie de la construction.
La sécurité d'emploi des travailleurs de la construction
peut être assurée probablement par un système de placement
totalement intégré à un système de qualification
qui réduit l'accès des travailleurs à l'industrie de la
construction en la rendant plus difficile. Donc, cela rend possible que le
nombre d'emplois, qui n'augmente pas au rythme où on voudrait qu'il
augmente, mais qui est restreint, soit partagé par un plus petit nombre
de personnes qui sont dans l'industrie de la construction et qui ont
décidé, depuis un certain temps, d'y gagner leur vie.
Mêlé à ça ou s'ajoutant à ça,
vous avez la proposition de la commission Cliche sur la sécurité
du revenu, qui elle-même est un complément au placement et
à la restriction de l'entrée dans l'industrie de la construction.
Cette discussion, je pense que les députés doivent la
considérer dans le sens suivant. Il est bien clair qu'un système
comme celui-là, il va falloir l'expliquer à vos commettants,
parce que ça ne sera plus vrai qu'on puisse entrer dans l'industrie de
la construction comme on veut. Cela n'est plus vrai.
M. Choquette: Question de règlement. Est-ce que le
ministre avait terminé sa réponse?
M. Cournoyer: Oui.
M. Choquette: Tout à l'heure, j'avais fait une
proposition, M. le Président. Vous avez fait un long discours pour
m'opposer une fin de non-recevoir prétendument basée sur un
règlement. Je ne reconnais pas la valeur de votre raisonnement, vous
n'avez pas soumis ma proposition aux voix, vous n'avez pas demandé
l'avis de la commission. Vous avez tranché le litige, vous avez
laissé la discussion vagabonder à droite et à gauche
depuis ce temps, sans qu'on ait eu un avis de la commission. Pendant ce temps,
celui que je voulais inviter à venir nous parler à
délaissé la commission. Il ne s'agissait pas de ma part d'une
proposition monopolistique, je ne voulais pas monopoliser la commission en
faveur de la CSN. On dit que des représentants de la CSD sont ici
présents; j'aurais été également heureux de les
entendre, comme on aurait été heureux d'entendre les
représentants de la FTQ. De toute façon, l'heure avance. Vous
vous êtes embrouillé, il me semble, dans votre procédure,
à tel point qu'une décision de la commission, à ce
moment-ci, deviendrait inefficace, je vous le dis sincèrement. Je
voudrais quand même que la commission statue sur l'opportunité
d'inviter les centrales et groupements intéressés, qu'ils soient
syndicaux ou patronaux, à venir nous exposer leurs points de vue
à une prochaine séance.
Je réitère ma proposition, M. le Président,
peut-être plus clairement que je ne l'avais fait au début, alors
que vous m'avez bloqué en vous fondant sur un règlement...
Le Président (M. Séguin): Plusieurs
règlements...
M. Choquette: Plusieurs règlements que vous m'avez
opposés.
Le Président (M. Séguin): Règles de pratique
aussi.
M. Choquette: Vous m'avez opposé des règles de
pratique en plus de ça. J'ai été submergé...
Le Président (.. Séguin): ... inscrits au livre de
règlements.
M. Choquette: ... M. le Président, par votre science du
règlement D'ailleurs, j'attirerais votre attention sur le fait que le
président de la Chambre était assis ici, je ne sais pas s'il
l'est encore, il vous observait. Je ne sais pas ce qu'il pense de votre
façon...
M. Harvey (Charlesbourg):... de sa chaise.
M. Choquette: II approuvait. Quoiqu'il en soit, farce à
part parce que je blaguais un peu, je pense qu'il serait utile que la
commission statue au moins ce soir sur les personnes qu'il serait opportun
d'inviter à exposer leurs points de vue devant cette commission à
une séance ultérieure, si on juge que ce serait
prématuré ce soir.
Le Président (M. Séguin): Maintenant, M. le
ministre, je reconnais votre grande sagesse.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président...
Le Président (M. Séguin): II y a une question qui a
été posée au ministre.
M. Bédard (Montmorency): C'est pour compléter
l'idée du ministre, parce qu'il avait déjà un
deuxième point mentionné tout à l'heure. Il l'a
oublié; il a tellement bien parlé qu'il l'a oublié. Il
avait mentionné aussi la marche à suivre des prochaines
séances de la commission, donc ce serait un peu ça.
M. Cournoyer: M. le Président, je suggère, pour
faire suite à la proposition du ministre de la Justice, que nous
lancions formellement l'invitation aux associations représentatives qui
ont quelque chose à dire sur le rapport proprement dit de
comparaître devant cette commission à compter de mardi
prochain.
M. Bédard (Montmorency): Sans être une obligation,
c'est une invitation.
M. Cournoyer: Non. Nous leur demandons, tout simplement.
M. Veilleux: M. le Président le ministre dit: Les
associations représentatives. Je veux quand même rappeler
l'expérience de l'été passé, dans cet auguste salon
rouge. Lorsqu'on avait envoyé une invitation aux associations
représentatives, il y en a eu 185 qui avaient demandé à
comparaître devant
la commission. Dans votre esprit, ce sont les associations
représentatives de la construction?
M. Cournoyer: Je pense que c'est un terme qui est peut-être
un peu galvaudé, en ce qui me concerne, mais les associations
représentatives sont les associations qui ont été
reconnues par la loi 290 et amendements.
M. Bédard (Montmorency): Cinq patronales et trois
syndicales.
M. Cournoyer: Six patronales et trois syndicales.
M. Bédard (Montmorency): Donc, moins de 143.
M. Cournoyer: II faut bien penser, par exemple, qu'il y a d'autre
monde qui a quelque chose à dire, mais si vous vous restreignez à
ces associations, parfait, c'est une décision de la commission.
M. Veilleux: M. le Président, est-ce qu'on se fixe un
temps maximum pour chacune des associations? Sinon, on peut fort bien demeurer
une semaine avec une association, une semaine avec l'autre. On va être
bons pour une couple de mois.
M. Cournoyer: M. le Président, j'ai dit tantôt que
nous devions comme gouvernement prendre une décision clé, je
parlais de l'office. Il faut prendre cette décision avant que la session
actuelle ne se termine. Il faut aussi, et je pense bien que le premier ministre
m'en a parlé, avoir fait la législation qui permette que la
période de maraudage du côté syndical, au moins, se fasse
selon l'ordre établi par la commission Cliche.
M. Veilleux: Est-ce que les bureaux de placement...
M. Cournoyer: Alors, c'est clair dans notre esprit... Les bureaux
de placement ne sont pas nécessairement là, mais il y a au moins
une législation que nous devons faire. C'est ou bien nous allons
appliquer le bill 9 tel qu'il est écrit et appliquer des
règlements nouveaux pour le commissaire-enquêteur, ou nous allons
le faire appliquer par un office qu'on appelle l'Office de l'industrie de la
construction. La création de l'Office de l'industrie de la construction
en soi n'implique pas des précisions totales quant au mandat qu'il dit
avoir, mais pour la fin du maraudage, pour la fin de cette période que
nous allons vivre. Notre intention à nous du gouvernement c'est de
mettre en vigueur toutes les recommandations de la commission Cliche quant
à la façon dont les gens vont enregistrer leur vote. La seule
question que nous nous posons c'est la création de l'office. Et nous
avons nettement l'intention également de faire en sorte, avant la fin de
cette session, que lorsqu'un individu a choisi un syndicat, cela dure pour la
durée du prochain décret et qu'il ne puisse pas avoir la
possibilité de changer de syndicat pendant la durée du
décret. Le moyen suggéré par la commission pourra
probablement être discuté, mais nous, comme gouvernement, nous
devrons prendre une décision avant la fin de juin.
M. Veilleux: Un autre des points majeurs sur lesquels, en tant
que membres de l'Assemblée nationale, vous allez nous suggérer de
nous prononcer, c'est sur les bureaux de placement.
M. Cournoyer: Oui. Probablement qu'on va arriver là et
j'espère bien qu'on va arriver là un jour. Je remarquerai
cependant que l'urgence quant au bureaux de placement, même si elle est
très importante et qu'on doive prendre une décision dessus, je
rappellerai que les principaux syndicats impliqués sont maintenant sous
tutelle. Le placement dans ces syndicats est maintenant sous l'autorité
des tuteurs et, normalement, les tuteurs seraient plus habilités
à suivre la loi et son esprit que n'importe qui d'autre. Je ne vois pas,
à ce moment-ci du moins, une telle urgence et je ne vois pas toutes les
implications du placement tel que suggéré par la commission
Cliche avant la prochaine campagne de maraudage. Mais cela ne veut pas dire que
si nous en arrivions à des décisions... Remarquez, que pendant
deux heures cet après-midi, j'ai entendu un paquet d'affaires mais il
n'y avait rien qui touchait effectivement au problème que j'avais
à régler comme ministre du Travail ou à proposer à
l'Assemblée nationale. Si je ne perdais pas mon temps, j'arriverais. Du
moins, j'essaierais d'arriver.
Dans le cas du placement, il est clair que l'urgence est là, si
on veut assurer le pluralisme syndical, de prendre une décision.
Il ne s'agit pas pour moi, cependant, d'annoncer que nous allons prendre
la décision telle qu'écrite dans le rapport Cliche. Je ne suis
pas rendu là. Là où je suis rendu, c'est que nous devons
prendre une décision, comme gouvernement, sur l'application des
recommandations de la commission Cliche quant à la période de
maraudage que nous allons vivre bientôt et quant aux effets de la
décision d'un individu d'appartenir à telle ou telle centrale
pour la durée du prochain décret et, s'il faut aller là,
quant à la déduction des cotisations syndicales, qui devra
toujours être conforme au choix exprimé par l'individu.
J'ai un certain nombre de questions à me poser aux fins de savoir
qui émet la carte d'union. Je peux bien enregistrer un choix; il peut
arriver qu'un choix, pour la représentativité, soit
différent du choix réel de l'individu quant à sa carte
d'union. Cela n'est pas bien déterminé dans les recommandations
de la commission Cliche. Il faudra régler cela. Nous avons pensé,
au ministère du Travail, que la carte d'union proprement dite devrait
c'est juste pensé, ce n'est pas fait, ne vous énervez pas
personne être émise par la personne qui reçoit le
choix de l'individu, en définitive, de façon qu'on ne joue pas
sur les cartes après avoir évité qu'on joue sur le choix.
On peut jouer sur les cartes, n'importe quand, le lendemain du choix; on peut
choisir la FTQ ou on peut choi-
sir la CSD aujourd'hui aux fins de la représentativité
telle qu'écrite et changer d'union le lendemain matin. Là, la
carte d'union que l'individu a dans ses poches ne reflète pas le choix
qu'il a exprimé devant un commissaire enquêteur ou devant
l'office. Il faudra se garantir de cela si on veut effectivement atteindre le
but visé.
Le but visé par la commission Cliche, qui a toujours
été notre but à nous, a été le respect de ce
choix de l'individu. On a eu de la difficulté avec, j'en conviendrai
toujours et ce n'est pas pour rien qu'on a formé la commission Cliche.Je
ne dirai pas qu'on était impuissants, on était rendus là,
face à une situation donnée, face à toutes sortes de
passages à côté de la loi et on s'est dit: II faut
procéder autrement. Or, le ministre de la Justice a vu très
rapidement que le nombre de plaintes qu'il avait et le nombre de plaintes qu'il
pouvait amener jusqu'à leur point terminal, c'est-à-dire une
décision du tribunal, ce n'était pas tout à fait dans les
normes ordinaires de l'administration normale de la justice. Ce n'était
pas de la faute du ministre de la Justice, je le dis, et ce n'était pas
non plus de la faute du ministre du Travail. Les présomptions que l'on
vient d'introduire vont probablement nous aider à faire en sorte que les
difficultés qu'on avait auparavant, au moins un certain nombre, sinon
toutes, vont disparaître un peu, et on va faire respecter les lois telles
qu'elles sont écrites.
M. Veilleux: Quand le ministre s'exprime comme cela, je ne peux
pas faire autrement que me rappeler le ministre doit s'en souvenir aussi
la construction de la polyvalente à Marie-ville.
M. (tournoyer: Oui.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Juste un instant. Pour
répondre à un commentaire ou à une question qui m'avait
été posée par le député de Saint-Jean, en ce
qui concerne le temps alloué je pense que c'était le
début de sa question me référant encore à
notre règle de pratique, au numéro 8 pour être bien
précis, la période est de vingt minutes par groupe ou personne
faisant la présentation ou la lecture d'un mémoire ou donnant des
explications. Pour la période de questions pour les membres de la
commission, le temps total est de 40 minutes. Maintenant, cela est
réparti entre les partis membres de la commission.
Toutefois, si la commission le veut, elle peut prolonger ces
périodes.
M. Veilleux: Cette règle de pratique avait
été mise en application lors de la loi 22.
Le Président (.. Séguin): C'est cela.
M. Veilleux: Sur les 40 minutes, je me souviens qu'il y avait dix
minutes à l'Opposition...
Le Président (M. Séguin): La commission en
décide...
M. Veilleux: ...cinq minutes à l'Opposition, cinq minutes
au parti au pouvoir.
Une Voix: Soixante minutes à nous autres.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Charlesbourg.
M. Veilleux: Alors, comme elle n'est pas là, on aura les
soixante minutes.
M. Harvey (Charlesbourg): J'ai l'impression que le ministre du
Travail a quelque chose à faire encore. C'est le ministre qui travaille,
alors je pense bien qu'on devrait proposer l'ajournement. On s'entend quant au
règlement et au mandat ou à l'invitation qui est lancée
pour des auditions mardi prochain. Je pense que tout le monde est d'accord
là-dessus. Alors, je propose l'ajournement...
Le Président (M. Séguin): Si j'ai bien compris,
sans vouloir vous interrompre, nous ajournons sine die et la commission fait
rapport à la Chambre en exprimant le désir de siéger
à nouveau, soit mardi prochain, pour entendre... C'est bien
ça?
M. Harvey (Charlesbourg): Oui.
Le Président (M. Séguin): Parce qu'il y a une
période de temps; il faudrait adopter une motion en Chambre pour changer
la période de temps pour les avis ou les convocations.
M. Harvey (Charlesbourg): Vous avez bien compris.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, sur une
question de règlement.
Une Voix: On va entendre les parties syndicales et patronales de
la construction.
M. Cournoyer: On ne les force pas à y être.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, sur une
question de règlement.
M. Cournoyer: Je ne voudrais pas retarder mes travaux plus
longtemps qu'il ne faut. Moi, ce que je pense, c'est que nous allons leur
demander, étant donné qu'il s'agit des associations
représentatives, donc identifiées, d'indiquer au
secrétaire des commissions, d'ici à vendredi, si elles ont
l'intention de venir comparaître mardi prochain. Je pense bien qu'on veut
le savoir, nous aussi. Si elles n'ont pas l'intention de venir
comparaître, je ne vois pas pourquoi on siégerait mardi prochain,
puisqu'on ferait un autre débat en Chambre. C'est leur privilège;
on ne les forcera pas à venir comparaître.
D'un autre côté, le rapport Cliche étant ce qu'il
est, le ministre du Travail a l'intention de faire son travail comme
d'habitude. Ceux qui ne sont pas contents le diront après.
Le Président (M. Séguin): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 16)