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Commission permanente du travail,
de la main-d'oeuvre et de l'immigration
Conflit de travail
à la Commission de transport
de la Communauté urbaine
de Montréal
Séance du 12 septembre 1975
(Dix heures dix-neuf minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail et de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
La commission du travail et de la main-d'oeuvre et de l'immigration,
première séance. Les membres de la commission sont les suivants:
MM. Bellemare (Johnson); Marchand (Laurier); Bou-dreault (Bourget); Burns
(Maisonneuve); Léger (Lafontaine); Bourassa (Mercier); Harvey
(Jonquière); Perreault (L'Assomption); Harvey (Charlesbourg); Lachance
(Mille-Iles); Pagé (Portneuf); Malépart (Sainte-Marie); Roy
(Beauce-Sud); Faucher (Nicolet-Yamaska). Le rapporteur pour la séance
serait, avec le consentement de la commission toujours, M. Malépart
(Sainte-Marie).
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Je demanderais aussi que,
dans la salle au cours de notre séance, il n'y ait pas d'expression pour
ou contre le débat en question ou pour l'interlocuteur.
M. Burns: A l'extérieur aussi, M. le Président.
Pouvez-vous demander qu'à l'extérieur aussi, il n'y est pas
d'expression?
Le Président (M. Séguin): Malheureusement, je n'ai
pas cette autorité. De toute façon, nous voulons procéder
avec toute la dextérité possible. Comme notre coutume a toujours
été que nous n'ayons pas de démonstration quelconque pour
ou contre, soit par applaudissements ou autre manière, nous allons
procéder. Je cède immédiatement la parole au premier
ministre, M. Bourassa.
Remarques préliminaires
M. Bourassa: M. le Président, très
brièvement, pour expliquer les raisons d'être de la convocation de
cette commission, je remercie les deux parties d'être
représentées et d'avoir retardé, si possible
définitivement c'est ce que la commission aura l'occasion de
constater soit la grève ou soit le lock-out. A la demande du
ministre du Travail et après discussion avec le conseil des ministres,
si j'ai décidé de demander la convocation de la commission
parlementaire, c'est parce que je considérais que ce geste pouvait
peut-être éviter une autre grève importante dans les
services publics de Montréal. On se souvient que, l'année
dernière, il y avait eu une grève de sept semaines où, je
pense bien, il n'y a eu aucun gagnant, y compris les syndiqués, à
mon sens, puisqu'ils ont fait des pertes importantes; il y a eu des pertes
également à la CTCUM et surtout des centaines de milliers de
travailleurs qui en ont été sérieusement
affectés.
Le gouvernement conçoit difficilement qu'il se fasse des
grèves régulièrement sur le dos de centaines de milliers
de travailleurs. Evidemment, le droit de grève existe, il a
été adopté par le Parlement. Si nous voulons qu'il
demeure, il faut respecter la volonté de la population. Il faut qu'on en
tienne compte.
Il y a eu, il y a quelques semaines, une autre grève de deux
semaines, incommodant encore une fois la population montréalaise. Si ces
grèves dans le secteur public se multiplient avec des
inconvénients considérables comme ceux que nous avons connus,
c'est le syndicalisme lui-même qui risque éventuellement d'en
souffrir.
La commission parlementaire d'aujourd'hui va nous permettre de
connaître les points de vue différents des deux parties. Elle va
permettre aux membres de la commission parlementaire de voir ce qui peut
rapprocher les parties et quelle formule, autre qu'une grève
générale ou une grève des employés couvrant le
secteur montréalais, pourrait arriver à la solution du
conflit.
Nous l'avons convoquée, finalement, parce que nous avons
été informés qu'il y avait impasse totale dans les
négociations, et espérons qu'à la suite de la
réunion d'aujourd'hui, il pourra y avoir déblocage ou
rapprochement des parties.
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: Je dois dire d'abord, au nom de l'Opposition
officielle, que je suis heureux que le gouvernement ait pris l'initiative de
convoquer la commission parlementaire.
Je pense que, d'autre part, il ne faudra pas non plus partir pour la
gloire et s'imaginer que le conflit, si conflit il doit y avoir, sera
nécessairement réglé par la commission parlementaire. Si
on regarde, dans le passé, les commissions parlementaires qui ont
siégé à l'occasion de conflits, je pense que notre record,
si on peut dire, n'est pas extraordinaire à ce niveau. On n'a
qu'à penser à United Aircraft entre autres et au cas
d'HydroQuébec qui, éventuellement, a été
réglé, mais non pas directement par les soins de la commission
parlementaire.
Tout ce que je peux souhaiter cependant, c'est que, peut-être,
comme le premier ministre le disait, la commission parlementaire soit
l'occasion d'un renouveau d'atmosphère dans ces négociations,
puisque éventuellement, si on en est rendu à parler, d'une part,
de grève et, d'autre part, de lock-out, c'est que l'atmosphère ne
doit pas être au mieux à la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal.
Comme tous les autres membres de la commission, j'imagine, je vais
écouter avec attention les deux parties qui sans doute vont nous exposer
l'objet du litige, les points contentieux entre
elles. Par la suite, évidemment, je pense que la population
aussi, puisque c'est un service public important, aura peut-être
l'occasion de connaître davantage le fond et le mérite de chacune
des questions qui sont soulevées entre les parties.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je souscris entièrement
à l'initiative qu'a prise le gouvernement de convoquer cette commission
parlementaire. Cependant, il y a un point que je tiendrais à souligner
ici. Il ne faudrait pas, non plus, que cela devienne une habitude, même
si c'est une bonne chose dans ce cas-ci, de façon que tous les conflits
ouvriers, patronaux-ouvriers, débouchent sur une commission
parlementaire.
En effet, si c'est une habitude qu'on est en train de créer, il
va certainement falloir avoir deux commissions parlementaires du travail et de
la main-d'oeuvre. Alors, j'espère bien, à mon tour, que cette
commission parlementaire pourra favoriser en quelque sorte l'expression
d'opinions de part et d'autre, de façon que chacune des deux parties
puisse nous exposer franchement je dis bien le plus franchement possible
son point de vue à ce sujet. Je pense bien que le travail des
membres de la commission sera d'écouter avec toute l'attention possible
les recommandations qui seront faites de part et d'autre. S'il y a lieu, je
suis prêt à apporter toute ma collaboration, pour que, si nous
devons déboucher vers des recommandations, ces recommandations
reflètent en toute justice les droits des travailleurs, comme les droits
des citoyens de Montréal.
Il ne faut pas oublier que les travailleurs actuellement en
négociation avec les patrons sont indirectement les patrons
eux-mêmes, puisque ce sont les mêmes citoyens de Montréal
d'un côté comme de l'autre. Alors, je pense que de ce
côté-là, M. le Président, en ce qui me concerne, je
suis prêt à écouter les parties.
Le Président (M. Séguin): Le ministre du Travail,
le député de Jonquière.
M. Harvey: M. le Président, je n'ai rien à ajouter
aux paroles du premier ministre et à celle du leader de l'Opposition
officielle, si ce n'est que reprendre tout simplement une allusion du
député de Beauce-Sud à l'effet que la commission
parlementaire a toujours été un outil, non pas pour
négocier, mais pour écouter les parties. On appelle cela
communément "a fact finding committee". C'est une commission pour
écouter les parties dont le but l'objectif principal est de ramener les
parties à la table de négociations. Cela me permettra
également de recommander les mesures nécessaires, advenant
l'impossibilité de ramener les parties à la table, à mes
collègues du cabinet. Je pense qu'on peut commencer
immédiatement, pour le bénéfice des membres et
moi-même à écouter les parties, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. le minis- tre.
J'appellerais donc le ou les représentants de la partie syndicale,
présentement, dans le conflit qui existe à la CTCUM. C'est dire
que je voudrais que ceux qui s'adresseront à la commission, soient de la
partie et non pas d'un autre syndicat qui n'est pas directement ou
indirectement relié à la difficulté présente.
C'est M. Pepin, je pense, qui représente le ou les syndicats.
Pourriez-vous expliquer votre rôle, M. Pepin?
Partie syndicale
M. Pepin: Marcel Pépin, pour les fins
d'interprétation. Je représente le front commun des
employés, donc les trois syndicats. Maintenant, je désire
indiquer qu'au cours des explications, je ne serai pas le seul, sans doute,
à m'exprimer. Je n'ai pas, personnellement, suivi le dossier depuis le
point de départ, dès que la commission a été
convoquée. J'ai pris la peine de passer les heures qu'il fallait pour
examiner le dossier, mais il reste des points qui seront expliqués soit
par l'un ou l'autre des représentants qui sont aussi des
représentants du front commun. Ils pourront se nommer à cette
occasion; si cela vous convient, nous pourrions procéder ainsi.
Le Président (M. Séguin): Certainement. C'est
d'ailleurs dans le contexte de ce que j'ai voulu dire.
M. Pepin: M. le Président, MM. les députés
et ministres, d'abord, je voudrais faire quelques commentaires d'une
portée générale. J'ai écouté deux
députés de l'Opposition qui ont dit qu'ils souscrivaient, ou
qu'ils étaient heureux de voir que la présente commission
était convoquée. Je peux vous dire que j'y souscris parce que je
suis à peu près obligé d'y être, tout comme les
syndicats. Je ne voudrais pas que vous preniez en mauvaise part, au point de
départ, ce que je mentionne. Comme le député de
Maisonneuve l'a mentionné, les commissions parlementaires ne nous ont
pas habitués à entraîner des règlements du fait de
la commission parlementaire.
On a mentionné United Aircraft, on a mentionné
Hydro-Québec. Je pense que du côté des salariés et
des travailleurs, pour certains, c'est peut-être très heureux,
parce que ne connaissant pas toujours tous les méandres du Parlement ou
du parlementarisme, de voir qu'enfin les députés s'occupent
d'eux. Ceux qui ont un peu d'entraînement et d'expérience savent
que la commission comme telle n'a pas beaucoup de pouvoir. C'est un peu
fastidieux. Ce n'est pas mal, il y a un éclairage public qui peut se
faire, mais parfois on se demande s'il n'y a pas un délai qui nous est
imposé et qui pourrait être mieux utilisé ailleurs.
Cela étant dit, j'espère que vous le prendrez comme je le
dis, en toute sérénité. C'était pour essayer de
bien situer notre position. Puisque j'ai mentionné la question du
pouvoir de la commission, il me semble que le ministre du Travail a
répondu, jusqu'à un certain point, à mon interrogation
première. Vous avez convoqué cette commis-
sion, dites-vous, surtout comme "fact finding board", uniquement pour
que nous puissions dire: Voilà l'objet du litige et voilà
pourquoi les uns demandent ceci, les autres refusent cela.
On peut le faire, c'est une opération qui est quand même un
peu longue parce qu'il s'agit d'un dossier qui n'a pas été
"screené" qui n'a pas été tamisé en cours de route
parce qu'il n'y a pas eu, d'après les informations que j'ai, de
négociations. Cela ne s'est pas encore fait.
Cela étant, je comprends que le pouvoir de la commission va
être d'écouter. Si vous avez une décision à prendre,
vous la prendrez ailleurs qu'à la commission et on verra ce qui en
est.
Je voudrais aussi, M. le Président, dire quelques mots sur les
paroles du premier ministre à l'ouverture. Je pense que c'est important
ce qu'il mentionne, à son point de vue, et c'est important pour
l'ensemble de la collectivité, mais il faut le voir aussi dans d'autres
perspectives. Le premier ministre nous dit: Attention, le syndicalisme, si vous
faites trop de grèves dans le secteur public, vous vous nuisez
vous-mêmes, comme organisme, comme appareil aussi, comme conception
syndicale. Je ne vous dis pas qu'il a complètement tort en disant cela,
mais je voudrais quand même que l'on examine la situation. Si j'ai
à accepter cette thèse, je n'ai plus besoin de faire du
syndicalisme dans le secteur public; on sait fort bien qu'une grève ou
un lock-out, cela frappe toujours adversement une partie de population ou un
ensemble de population, mais il serait peut-être plus important pour vous
et pour nous de regarder les causes, les motifs qui sous-tendent une telle
opération.
Il me semble que, d'un côté, vous dites, et vous allez
probablement le dire s'il y a grève: Vous gardez la population en otage.
De l'autre côté, je peux vous dire: Vous gardez 2,000
employés en otage, si nous n'avons pas le droit d'exercer notre recours,
parce que nous considérons que les conditions offertes ne sont pas
satisfaisantes et que nous n'avons pas les mêmes droits que les autres.
Je pense que ce débat sur l'avenir du syndicalisme dans le secteur
public doit se faire. Je rappelle d'ailleurs au premier ministre que, dans tout
l'épisode du front commun, lorsque nous étions en certains
endroits pas loin d'ici, il avait fait lui-même une déclaration en
changeant des membres de son cabinet, en disant: Nous formons un comité
d'étude pour savoir ce qu'on va faire dans le secteur public à la
prochaine ronde. Vous aviez nommé un président à ce
comité, c'était le ministre L'Allier, au meilleur de mon
souvenir. A ma connaissance, il n'y a eu aucune réunion d'un tel
comité; à ma connaissance, je ne vous dis pas qu'il n'y en a pas
eu, mais il me semble que, publiquement, il n'y a rien eu. On attend les
périodes de crise pour se réunir. On attend uniquement que les
parties soient très tendues et que la situation soit
détériorée, mais quand est-ce qu'on prend la peine de
s'asseoir valablement pour regarder comment on va agir dans ces cas?
Quand est-ce que le gouvernement a examiné la possibilité
qu'il y ait, à tout le moins, une indexation prévue dans la loi,
lorsqu'on est dans une période où l'inflation est aussi
considérable? Il me semble que ces choses, on pourrait au moins les
examiner en dehors parfois des difficultés que l'on éprouve quand
tout le monde est à chaud avec un conflit.
Je suis prêt à commencer sur le dossier lui-même.
M. Bourassa: M. le Président, juste un point sur une
question de fait plutôt qu'une question de débat. C'est que le
gouvernement a déposé un projet de loi à la fin de la
dernière session sur les services essentiels, projet de loi qui faisait
suite à beaucoup de discussions au sein d'organismes du ministère
du Travail auxquelles participent la partie patronale et la partie syndicale.
Ce n'est pas...
M. Pepin: Et ce projet de loi qui a été
déposé, M. le premier ministre, ne recoupe en rien ce dont nous
avons discuté, ne recoupe en rien les conclusions et c'est votre
responsabilité. Je n'ai pas à vous disputer parce que vous ne
suivez pas les avis qu'on donne.
M. Bourassa: II y avait impasse; donc, s'il y avait impasse, le
gouvernement a arbitré avec le projet de loi qui est
déposé.
M. Pepin: Si vous regardez le projet de loi 31 auquel vous vous
référez, déposé par M. Forget, il ne s'applique que
dans le domaine hospitalier primo; secundo, les choses sur lesquelles les deux
parties s'étaient entendues au CCTM, partie patronale et partie
syndicale, parce qu'il y avait tout un mécanisme d'entente entre les
parties, il n'y a rien de cela dans le projet de loi qui ne comporte, me
semble-t-il, que trois ou quatre articles. Il n'y a aucun mécanisme
nouveau prévu, sauf que vous êtes allé vous promener au
tribunal du travail pour faire définir les services essentiels.
Evidemment, je critiquerai à l'époque, dans le temps, la nature
de ce projet que je trouve irréaliste, mais c'est tout simplement pour
vous dire qu'en dépit de tous les efforts que nous avons mis de part et
d'autre, quand on arrive à la conclusion, il y avait un point de
différence qui est très important entre les patrons et nous; ce
point de différence était la limite, comment ça devait
fonctionner. Mais dans tout le reste, la partie intermédiaire, il y
avait eu un accord entre les parties et le gouvernement a décidé,
il a le droit de le décider, de déposer un tout autre projet de
loi. Il me semble qu'il devrait être plus précautionneux
là-dessus. Il l'est peut-être suffisamment aux yeux du premier
ministre et du cabinet et des députés. Il me semble qu'on devrait
faire plus attention si on veut avoir un climat social qui se tient au
Québec.
Cela étant, je suis...
Le Président (M. Séguin): Je n'ai pas voulu vous
interrompre, M. Pepin, mais nous nous sommes éloignés quelque peu
de la question mise en cause aujourd'hui. Alors, je vous demanderais de suivre
votre suggestion d'il y a quelques minutes; vous devriez entreprendre
immédiatement votre dossier.
M. Pepin: Je regrette si j'ai été un peu en dehors
du débat, mais...
Le Président (M. Séguin): Non, allez-y.
M. Pepin: ... il me semblait que le premier ministre devait
l'être lui aussi.
Le Président (M. Séguin): Oui. M. Pepin: II
l'était lui aussi.
Le Président (M. Séguin): Mes remarques s'adressent
aux membres de la commission...
M. Pepin: A lui, vous n'avez pas fait ce grief; à moi,
vous le faites.
Le Président (M. Séguin): J'ai eu la
délicatesse de ne pas vous interrompre, alors, voulez-vous, s'il vous
plaît, continuer.
M. Pepin: C'est bien gentil, je vous remercie.
Je vous rappelle, d'abord, que le projet des clauses communes des
syndicats impliqués a été déposé par le
front commun le 13 mai 1975. Je crois que c'est important que vous sachiez
cela. Il s'agit de la section garage et entretien, ce qui compte autour de
1,700 membres; section des bureaux, à peu près 350; section des
caissiers, autour de 100 membres.
D'après le rapport que j'ai, cinq rencontres de
négociation ont eu lieu sur le projet, et la seule entente possible,
cela a été de maintenir, dans certains cas le statu quo. Quand il
y a eu des ententes, sauf exception, cela a été de maintenir la
situation en cours.
Le 17 juin dernier, les trois syndicats impliqués ont
déposé les projets d'amendements sur leurs clauses
particulières. Parce que, quand il y a un front commun, c'est un peu
comme dans le secteur public, d'abord nous négocions à la table
centrale certains sujets, et, après, certains autres sujets
particuliers, s'adressant plus spécialement aux gars d'entretien,
caissiers et bureaux. Ces clauses ont été déposées
le 17 juin.
Quelques jours plus tard, il y a eu une première rencontre de
négociation sur ces documents. L'employeur nous a informés qu'il
demandait, immédiatement, la conciliation, jugeant, disait-il, sans
doute, les demandes trop élevées ou les parties trop
éloignées.
Ici, M. le Président, je pense que c'est bon de le souligner, par
rapport aux remarques qui ont été faites en début de
séance, la conciliation, qui déclenche le mécanisme du
droit à la grève ou au lock-out, a été
demandée par la partie patronale dans le cas de deux des trois
unités, l'entretien et les bureaux, isolant ainsi les caissiers, et le
syndicat lui-même a décidé de recourir à la
même procédure, puisque, dans les deux premiers cas, la commission
avait ainsi agi.
Je vous rappelle donc que dans ce cas nous ne sommes pas les initiateurs
du processus, c'est la commission. Et ceux qui, demain ou dans les autres
jours, voudraient nous faire porter un poids, ils devraient examiner aussi qui
a demandé la conciliation. Je ne vous dis pas que nous n'aurions pas
demandé la conciliation. Ce n'est pas l'intention que j'ai, en
développant ce point, mais je vous dis, tout simplement, que dans le cas
précis c'est la commission qui a décidé de placer la
population de Montréal en face d'un arrêt de travail, à
cette date-ci.
Après cette demande de conciliation, cela a pris à peu
près quatre semaines avant que les conciliateurs puissent intervenir,
sans doute parce que c'était en période de vacances aussi et que
c'est toujours un peu long de réunir toutes les parties. C'était
le 24 et le 25 juillet. Mais le gouvernement, le ministère du Travail,
à l'époque, avait décidé de nommer deux
conciliateurs. Cela nous a paru un peu surprenant, comme il s'agissait d'un
dossier commun, d'avoir deux personnes différentes; pour l'entretien,
c'était M. Fortin, et pour les bureaux et les caissiers, c'était
M. Desilets.
On a demandé, en cours de route, qu'il n'y ait qu'un seul
conciliateur, mais les deux ont participé à des réunions.
Nous ne faisons pas un grief formel de cela, mais nous disons que, dans un
dossier, lorsque les choses sont communes, il vaut encore mieux n'avoir qu'un
seul conciliateur que d'en avoir deux, généralement, à
moins que les deux agissent ensemble au même moment.
Les conciliateurs se sont rendu compte qu'il n'y avait eu aucun
déblayage. Généralement, pour ceux qui connaissent un peu
la façon de procéder d'une négociation, les parties
tentent d'épurer leur projet, tentent de s'entendre au moins sur les
clauses qu'on va appeler normatives, qui sont plus secondaires par rapport
à d'autres clauses normatives. Dans ce cas, nous avons ce qu'on pourrait
appeler un dossier vierge, quand on se présente devant vous, parce qu'il
n'y a personne qui y a touché, qu'il n'y a personne qui a raturé
un bout de phrase et ajouté un autre bout de phrase. C'est
complètement vierge, tel que vous l'avez devant vous.
On a refusé, du côté patronal, de négocier,
quant à nous, d'une manière acceptable. Il nous a semblé
aussi là-dessus c'est peut-être discutable que les
représentants de la commission, à la table, quand il y avait des
tables, avaient très peu de pouvoir, très peu de mandat. Je sais
qu'on ne peut pas toujours donner un très large mandat à un
négociateur. Il faut tout de même qu'il ait le droit de revenir
voir sa partie et discuter, etc., mais quand le mandat est très
restreint, qu'il n'y a presque pas moyen de bouger sur un point sans que le
négociateur ait à revenir devant sa partie, cela rend les choses
plus complexes et plus difficiles pour en arriver à un accord.
Le 5 septembre, les conciliateurs ont tenté d'amorcer entre les
parties ce qu'on pourrait appeler la vraie négociation. Cependant, on
s'est buté de part et d'autre au même phénomène,
c'est qu'il n'y avait pas de possibilité de négocier.
Je voudrais aussi vous dire comment les projets de négociation,
les projets de convention ont été préparés, parce
que souvent, on a tendance à
accuser les organismes syndicaux de ne pas consulter, de ne pas voir
leur monde et de préparer eux-mêmes bureaucratiquement les
demandes et de les produire après.
Je voudrais vous dire que dans ce cas cela me paraît
important il y a eu ce qu'on peut appeler un minicongrès des
trois syndicats au printemps dernier, un minicongrès qui servait
à regarder toutes les conditions et à voir les points sur
lesquels il devrait y avoir amélioration. Je pense qu'il y avait autour
de 500 personnes qui participaient à cette rencontre. Cela a
donné les résultats que vous connaissez ou que je vais vous
dévoiler quant aux demandes syndicales. Je voudrais donc vous signaler
que ce n'était pas uniquement le fait d'une assemblée syndicale
qui aurait duré deux ou trois heures et qui aurait décidé:
Voilà, on fait telle demande, etc. C'est plutôt le fait d'une
réflexion commune pendant au moins une journée, mais
précédée par de nombreuses assemblées de
département, de groupe pour voir exactement la nature des
problèmes qui doivent être réglés par cette
convention collective.
Cela étant dit, je vais maintenant procéder de la
façon suivante. Il y a, comme je l'ai mentionné, eu
dépôt des demandes syndicales quant aux clauses communes de
portée universelle pour les trois groupes et il y a eu, par la suite,
dépôt des demandes particulières. Premier point, je vais
donner succinctement explication des clauses communes qui sont en litige et
pour lesquelles nous ne voyons pas à l'heure actuelle de
règlement à l'horizon. Parmi les clauses communes, aussi
surprenant que cela puisse paraître, la première qui est
litigieuse porte sur le but de la convention. Cela me paraît difficile de
s'entendre sur le reste de la convention quand on ne s'est pas entendu sur le
pourquoi on signe une convention collective. La clause actuelle qui est dans la
convention collective expirée est une clause qui, quant à la
partie syndicale, mérite d'être reformulée pour que ce soit
un peu plus réaliste. Nous ne sommes plus au temps du moyen âge
où nous devons écrire que cela est fait pour la meilleure entente
entre les parties, etc. On pense que l'objet de la convention collective est de
régler les conditions de travail des salariés qui sont couverts
par les unités de négociation et que, dans le but de la
convention, on doit dire cela tout simplement et ne pas s'empêtrer dans
des mots ronflants qui, bien souvent, peuvent exprimer une intention
généreuse, mais qui ne dépassent pas uniquement le domaine
de l'intention. Disons donc uniquement pourquoi nous faisons une convention
collective: C'est vraiment pour régler les conditions de travail des
salariés.
Deuxième article, régime syndical. Nous avons
demandé qu'il y ait distribution sur les lieux de travail des documents
syndicaux. Bien sûr que cette demande peut être
interprétée comme voulant dire que cela pourrait nuire à
la production ou à la productivité des membres. Je pense tout de
même que, dans notre société, les travailleurs, les
salariés, les membres des organisations syndicales doivent, le mieux
possible, être informés. Il me semble que pouvoir, en vertu de la
convention col- lective, non pas comme un privilège, mais comme un
droit, distribuer les documents qui sont des documents syndicaux, devrait
être accepté assez facilement.
La partie patronale, d'après le dossier que j'ai devant moi, nous
fait certaines revendications de ce côté. Ainsi, s'il y a des
modifications à la cotisation syndicale, elle demande un délai de
45 jours, ce qui nous apparaît exorbitant. Avec la mécanographie
aujourd'hui, c'est réglable beaucoup plus facilement. Vous allez
peut-être me dire: Est-ce que ce sont des sujets à grève ou
à lock-out? Je ne peux pas vous répondre sur chacun des points.
La seule chose que je peux vous dire, c'est que c'est cela qui est le litige
entre les parties. C'est la somme de toutes ces choses qui fait qu'il y a un
litige.
La partie patronale aussi demande un avis de 24 heures avant tout
affichage, pour lui permettre de censurer nos affichages. Je présume
que, là comme ailleurs, il y a des tableaux d'affichage. Nous, nous
n'avons pas l'intention d'être censurés. Nous avons le droit de
dire, sur ces tableaux, ce que nous voulons dire. Si, par hasard, il y a du
libelle qui était marqué sur les tableaux, il y a des lois pour y
pourvoir. Si on faisait des libelles diffamatoires contre l'employeur ou contre
un de ses représentants, parce que l'employeur n'aurait pas eu la chance
de censurer nos avis, nos affichages, si vraiment il y a cela, tout ce qu'ils
ont à faire, c'est de prendre les autres procédures qui
s'imposent en vertu des législations existantes.
Je pense que le temps est passé où il nous fallait
demander des autorisations et des permissions à tout moment à
l'employeur. Je pense que nous vivons dans un monde un peu plus
évolué, et j'ose croire que la commission des transports, elle
aussi, acceptera de se mettre à la page.
Troisième article: Les vacances payées. Je pense qu'ici il
y a eu un peu d'amélioration offerte par l'employeur, mais ces
améliorations, quant à nous, ne sont pas suffisantes et ne sont
pas satisfaisantes. Ainsi, nous demandons que, lorsqu'on part en vacances, nous
puissions recevoir soit un pourcentage du salaire gagné l'année
précédente ou, encore, le salaire hebdomadaire régulier,
le plus avantageux des deux. Bien sûr, vous allez dire: Vous demandez
toujours ce qu'il y a de meilleur. C'est évident! Mais nous ne voulons
pas partir en vacances avec une paie moindre que ce que nous gagnons lorsque
nous travaillons. Ce qui peut arriver, c'est que ton ajustement de salaire,
pour donner un exemple, va se produire dans les deux ou trois mois qui
précèdent la prise des vacances, et à ce moment tu pourras
recevoir, si on garde uniquement le pourcentage, un taux inférieur
à ton "take home pay" que tu reçois pour cette période de
vacances.
Il est sûr aussi qu'il peut arriver que quelqu'un, dans cette
industrie, fasse passablement de temps supplémentaire. A ce moment, je
pense que ses vacances doivent être basées sur son salaire
gagné au pourcentage ou son salaire hebdomadaire régulier.
Nous demandons aussi des améliorations pour la durée des
vacances. C'est ainsi que nous
demandons trois semaines de vacances après deux ans. Je pense
bien que ce n'est pas totalement exagéré de demander ainsi. Nous
demandons quatre semaines après huit ans. La commission offre quatre
semaines après douze ans. Nous demandons cinq semaines après
quinze ans.
La commission nous offre cela après vingt-deux ans et,
après vingt ans, nous demandons six semaines de vacances. La commission
ne bouge pas sur cette dernière partie, toujours d'après mes
informations. Après vingt-cinq ans de services, nous croyons qu'une
journée additionnelle par année de services peut s'ajouter.
Dans beaucoup d'industries, comme vous le savez, M. le Président,
MM. les députés et ministres, il existe des périodes
prolongées de vacances. Dans certaines industries, cela peut aller,
suivant des périodes, de treize semaines ou quinze semaines de vacances,
une fois les deux, trois ou quatre ans. Dans d'autres, on a
préféré ne pas avoir ce système d'une prolongation
dans un bloc, plutôt que d'avoir des vacances annuelles plus longues. On
peut toujours choisir, semble-t-il, l'une ou l'autre des formules.
Alors, dans le cas que nous avons ici, les employés
préfèrent avoir, chaque année, des périodes de
vacances plus longues, plutôt que d'avoir, tous les cinq ans ou tous les
trois ans, une période beaucoup plus allongée.
On demande aussi la possibilité, pour l'employé, de
prendre ses vacances au retour d'une maladie ou d'un accident de travail. Si
vous tombez malade, si vous avez un accident de travail, ce ne sont pas des
vacances pendant ce temps. Au retour, cependant, vous devriez être
qualifié pour prendre vos vacances. L'employeur, sur cette question,
nous a répondu que c'était là une clause
particulière qui devrait être examinée dans les sujets
particuliers.
On demande aussi que, si un jour de fête coincide avec les
vacances, l'employé ait le choix d'ajouter ce jour à sa
période de vacances ou encore de se faire rembourser. Encore ici,
l'employeur nous dit que c'est là une clause particulière.
Quatrième point, les congés sociaux. Modification au
nombre de jours accordés pour décès. Vous savez ce que
c'est, ces congés sociaux: décès, mariage, naissance, etc.
L'employeur ici voudrait maintenir le statu quo. Il a fait une petite ouverture
pour que, si son frère meurt, l'employé ait droit à une
journée de plus; je pense que c'est très, très mineur,
comme modification verbale qui a été faite.
On demande aussi qu'il y ait cinq jours de congés personnels que
l'employé peut prendre, en prévenant d'avance son
contremaître ou son supérieur immédiat. Je pense que,
d'ailleurs, déjà dans un des trois syndicats, cela existe, pas
quant au nombre, mais quant aux jours de congés personnels; je pense que
c'est pour les bureaux. On refuse totalement d'élargir ces principes aux
syndicats de garage et à l'entretien.
Cinquième point, comparution en cour ou à une
enquête. Alors, si vous êtes appelé comme juré ou
comme témoin, dans n'importe quelle cause, que ce soit la vôtre ou
celle de votre famille, on demande d'être payé et l'employeur
considère que c'est une demande plutôt particulière.
Nous demandons aussi que, si un ou des employés sont poursuivis
devant les tribunaux du fait de leur travail, leur défense soit
assumée par l'employeur et que la CTCUM prenne la responsabilité
de ce côté. Je pense que, d'ailleurs, dans le milieu
journalistique, ils connaissent bien de telles dispositions et je crois qu'il
ne faut pas oublier que ces gens travaillent avec des instruments un peu
dangereux, je veux dire des autobus. Si vous réparez mal un frein, cela
peut être votre faute ou pas votre faute s'il y a un accident.
Si un recours est fait, on pense que la CTCUM doit assumer la
défense et réparer s'il y a condamnation. Il est sûr que,
s'il y a une faute lourde et si la commission décide de poursuivre
quelqu'un parce qu'il y a eu une faute lourde, cela ne couvre pas ce terrain
parce que la faute lourde est prévue dans une autre disposition du code,
ce peut être le code criminel ou un autre. Je pense que c'est à
défaut de faute lourde, mais je n'ai pas besoin de l'indiquer,
nullement, dans le texte parce que c'est déjà convenu, je pense,
dans les lois actuelles.
Un autre point, les accidents de travail. Comme demande syndicale
et du côté patronal on entend maintenir le statu quo on
veut maintenir le salaire de l'employé accidenté jusqu'à
la décision de la CAT. On a déjà vu ici, en même
commission parlementaire, quels étaient les délais de paiement de
la part de la CAT, on sait un peu à quoi s'en tenir. Je pense que
plusieurs d'entre vous étiez présents. Il est absolument normal
que nous maintenions notre salaire jusqu'à la décision de la CAT.
Nous ajoutons qu'il ne devrait y avoir aucune perte de salaire ni mise à
pied suite à un accident de travail. Cela est maintenant assez
fréquent. La Loi des accidents du travail, non amendée encore,
prévoit qu'en cas d'accident ou de maladie de travail tu reçois
75% de ton salaire plafonné à $9,000.
Par hypothèse, je gagne $9,000 et j'aurais droit à 75% de
ces $9,000, mais la différence, la CAT ne la paie pas. On pense que
l'employeur a une... Je pense que cela existe déjà, Jean. C'est
déjà prévu, c'est le statu quo; donc, je ne fais plus de
débat là-dessus, sur des choses qu'on a obtenues
déjà. C'est parce que c'était marqué. Nous voulons
le droit aussi de racheter les jours de maladie utilisés pour accident
subi en dehors des heures de travail. Il y a des accidents qui ne sont pas des
accidents de travail et on voudrait pouvoir, avec cela, racheter les jours de
maladie ou avoir le droit de les utiliser.
Les examens médicaux. Si la CTCUM veut avoir une attestation
justifiant que je suis vraiment ou que j'étais vraiment malade, on pense
qu'elle devrait payer pour, parce qu'à l'heure actuelle on me rapporte
que si on va voir un médecin pour requérir un tel certificat
ce n'est pas couvert par la Régie de l'assurance-maladie
il peut charger autour de $5, c'est apparemment le prix. Si l'employeur veut
que l'on établisse la preuve médicale,
on pense que c'est l'employeur qui devrait payer en
conséquence.
Autre point, un cas de disqualification pour raisons médicales.
On voudrait avoir le droit de remplacer si je ne peux pas faire mon
opération, il faut que j'en fasse une autre celui qui a moins
d'ancienneté. A l'heure actuelle, la convention dit "celui qui a le
moins d'ancienneté", ce qui est pas mal différent. Je crois que
celui qui a une maladie devrait avoir ce droit, non pas pour s'en aller au bas
de la liste, mais pour faire jouer son droit d'ancienneté aux fonctions
qu'il peut remplir lorsque les employés ont moins
d'ancienneté.
Quant aux mesures disciplinaires, on voudrait la présence des
délégués syndicaux obligatoire lorsque l'employeur ou son
représentant avise l'employé ou discute avec lui. On me rapporte
que dans certains cas, comme il y a une police à la CTCUM, si on pense
avoir pris quelqu'un en défaut, peu importe le motif, vol ou autre
chose, l'enquêteur de la CTCUM va prendre l'individu seul. Il peut, non
pas le passer à tabac dans le sens physique du terme, mais il peut
l'interroger, le contre-interroger. Si on est poursuivi, si on est
arrêté sur la rue ou ailleurs par la police, on a toujours le
droit de faire venir un avocat. Dans ce cas-ci, dans le domaine des relations
industrielles, il nous semble que les délégués syndicaux
sont essentiels.
Si l'individu, étant accusé par l'enquêteur d'une
affaire très grave, désire faire venir un avocat de
l'extérieur, cela le regardera quand même; mais, d'abord et avant
tout, les mécanismes usuels, ce sont les délégués
syndicaux qui doivent être là.
On voudrait aussi éviter que l'employeur, devant un arbitre, dans
le cas d'arbitrage sur des mesures disciplinaires, puisse évoquer ou
invoquer des faits, si l'employé et le syndicat n'en ont pas
été avisés à l'avance. Il peut arriver que
l'employeur oublie d'aviser l'employé et le syndicat d'une mesure
disciplinaire ou d'un avertissement mis dans son dossier. Il lui fait un grief
de ce côté juste devant l'arbitre alors que nous ne pouvons pas
aisément nous défendre sur ce point parce que nous
n'étions pas avisés avant. Nous demandons aussi que soit
rayée du dossier la mesure disciplinaire lorsque se sont
épuisés six mois pour que le gars ne traîne pas un dossier
trop longtemps. Nous demandons aussi qu'on ait une clause que l'on pourrait
appeler le statu quo ante, ce qui signifie que, si vous êtes susceptible
de suspension, l'employeur estime que vous avez fait faute, il voudrait vous
suspendre pendant quatre semaines. L'employé estime, lui, qu'il n'y a
pas eu de faute. Il fait son grief suivant la procédure de la convention
collective. Je pense que, dans un cas comme celui-là, l'employeur ne
devrait pas exécuter sa décision et attendre que l'arbitre ait
rendu la sienne. Cela est vrai dans le cas des suspensions temporaires et cela
me paraît aussi valable dans le cas des congédiements pour cause
et, ici, je vais ouvrir une parenthèse. Il y a certaines causes,
cependant, qui pourraient être admissibles à renvoi
immédiat quitte à correction par l'arbitrage si les faits n'ont
pas été admis.
Je crois donc que cette clause, qui est un peu nouvelle dans le domaine
des relations industrielles, tend à se répandre et que cela
crée un meilleur climat dans les entreprises. Cela existe
déjà, entre autres, je pense, dans un certain nombre
d'institutions hospitalières et un peu ailleurs aussi. Je pense que la
commission parlementaire doit examiner ce point, parce que c'est bon
d'évoluer et de voir à ce que les relations industrielles soient
de plus en plus convenables. Autre point, la procédure de grief. Nous
demandons qu'il n'y ait aucun délai pour présenter un grief
à la première étape.
Je sais bien que cette demande peut paraître, pour des praticiens
des relations industrielles, un peu exorbitante. Certains vont dire: Si vous ne
l'avez pas fait valoir dans six mois ou dans trois mois, votre grief est
prescrit. Je pense que ce qui est le plus important pour l'administration d'une
convention collective, c'est de régler les problèmes. Comment les
régler si le gars a oublié ou n'a pas pu, pour des raisons qui
sont siennes, faire son grief dans le délai qui serait prévu
à la convention collective? Le problème n'est pas résolu.
Il vaut mieux avoir quelques ennuis, quelques embarras en raison de l'absence
de délai plutôt que d'éviter de régler les
problèmes.
D'autre part, sur ce point, nous avons une demande patronale qui
voudrait avoir droit à la procédure de grief. Je pense qu'il y a
certaines conventions qui le prévoient d'une manière, me
semble-t-il, assez inefficace. La convention, qu'est-ce que c'est? Ce sont des
droits que nous arrachons à l'employeur parce que, les droits, il les a
en vertu du code civil. Les lois statutaires sont arrivées, dont le code
du travail, pour nous donner certains droits dont celui de négocier, de
signer une convention collective pour lui arracher ce qui lui appartenait de
toute autorité divine sans doute avant que nous extrayions
certains de ces droits. Voilà maintenant que l'employeur se dit: Sur ces
droits qui me sont arrachés, je voudrais avoir le droit de faire un
grief. Il a signé sa convention collective, je ne pense pas qu'il soit
très pratique d'avoir un mécanisme qui lui donnerait ce droit ou
ce privilège.
Sur le même point, nous pourrons revenir un peu plus tard, parce
qu'il s'agit de causes particulières. Comme c'est relié, et
directement, dans le cas de l'entretien, l'employeur voudrait inscrire une
clause qui dirait que, dans le cas de grève, de ralentissement de
travail, le syndicat serait immédiatement tenu responsable et les
employés, les officiers devraient prendre tous les moyens, n'importe
lesquels, pour redresser la situation. Je m'excuse.
A première vue, c'est une disposition qui a l'air tentante pour
un employeur et peut-être aussi pour quelqu'un qui examine, de
l'extérieur, la situation. Mais si on accepte ça, on pourrait
envoyer des officiers à la boucherie tout simplement; je dis: "On
pourrait", je ne dis pas que ça arrivera, mais on pourrait.
Vous savez comme moi que, dans la vie d'une entreprise, il y a souvent
des frictions entre le contremaître ou le surintendant et les
employés.
Parfois, c'est la faute des employés; plus souvent, c'est la
faute du contremaître ou du surintendant. Il peut arriver aussi que le
contremaître ou le surintendant ait un tel comportement qu'à
certains moments, il provoque, même sans le vouloir, inconsciemment, les
employés à arrêter de travailler. S'il les traite en les
injuriant, s'il procède de diverses manières pour leur montrer
leur non-qualification, leur incompétence, je pense que, dans certains
cas, cela peut arriver. Alors, nous deviendrions les officiers syndicaux
comme des espèces de "polices" et nous ferions la "job" des
autres, ce que nous n'avons pas à faire. Je désire dire à
la commission parlementaire ici qu'une telle demande sera refusée par le
syndicat et par les membres, parce qu'ils ont eu l'occasion d'en discuter d'une
manière particulière dans leur assemblée.
L'arbitrage. Vous connaissez les procédures usuelles. Lorsque
nous avons épuisé le niveau interne de l'administration de la
convention, s'il n'y a pas encore sur l'interprétation d'une clause ou
si les faits ne sont pas admis de part et d'autre, on s'en va à une
autre procédure extérieure à la convention collective et
c'est ce qu'on appelle l'arbitrage. La décision de l'arbitre ce
que nous demandons devrait être rendue dans les trente jours,
sinon, il perdrait sa juridiction et ses honoraires. Bien sûr, il serait
rayé de la liste prévue à la convention collective.
Du côté patronal, j'ai l'impression qu'on est un peu
conscient du problème que nous soulevons parce que les patrons
voudraient avoir une décision trente jours après la nomination de
l'arbitre, mais avec une obligation d'effectuer l'arbitrage, et si nous ne
pouvons pas procéder, à un certain moment, nous serions
susceptibles de perdre le grief. Je pense que cette mesure est exorbitante en
soi, mais il faut vraiment trouver les mécanismes pour que les
arbitrages se fassent et soient beaucoup moins longs que ce que nous avons
connu dans le passé et dans certains cas.
Il y a discussion entre les parties sur une nouvelle liste d'arbitres,
je ne pense pas que cela soit un litige qui ne puisse pas se résoudre
assez aisément.
Activités syndicales, comme autre point. Nous avons
demandé en commun que l'employeur défraie le salaire des
délégués syndicaux au congrès selon le nombre
prévu aux constitutions, soit du syndicat, soit de l'organisme qui
convoque le congrès. L'employeur considère cela comme
étant une clause particulière, mais nous croyons vraiment que
c'est d'application commune pour tout le monde. Peut-être, me direz-vous,
si vous faites des congrès, si vous avez des réunions de cette
nature, si vous avez des délégués, payez-les. C'est une
façon de voir.
Mais je vous rappelle que, lorsqu'il y a un congrès de relations
industrielles, du management, les représentants de l'employeur qui y
vont sont payés par l'entreprise; dans le cas présent, c'est par
les taxes des employés et du public en général.
Dans notre cas, il nous semble, pour avoir de saines relations, que
l'employeur doit aussi assumer tel paiement, lorsqu'il y a des congrès.
Ce n'est pas une innovation dans le secteur public. L'Assemblée
nationale a été saisie, d'ailleurs, de tous ces documents, les
députés sont sans doute très bien au courant que, dans
tout le secteur hospitalier, lorsqu'il y a congrès c'est entendu,
le nombre est prévu, suivant la convention et la constitution les
salaires des délégués sont assumés par
l'entreprise. Il nous semble que c'est ainsi que l'on devrait procéder,
dans le cas de la CTCUM.
Dans le cas des assurances, maintenant, à l'heure actuelle, je
pense qu'il y a un système ou c'est payé à parts
égales, 50-50, mais nous croyons que les assurances devraient être
à la charge intégrale de la CTCUM. Nous ajoutons aussi que ces
mêmes assurances devraient être applicables aux employés
retraités. On n'a pas beaucoup de politique pour le troisième
âge au Québec et au Canada, mais il nous semble que, quand on a
une occasion de le faire pour les employés retraités, soit de
leur laisser les mêmes privilèges que lorsqu'ils travaillent,
lorsqu'ils sont en activité, cela peut être une bonne
opération, pour eux et pour la société.
Nous demandons aussi un fonds de pension. Il y a un fonds de pension qui
existe, à l'heure actuelle. Je pense que l'employeur paie, grosso modo,
12% et les salariés paient, je pense, 8%. Nous demandons de revoir quand
même toute la portée de ce fonds de pension. Mais nous ne croyons
pas d'ailleurs réaliste de régler ce problème au cours de
la présente ronde de négociations si jamais il y en a. Ce sera
après la signature de la convention que nous prévoirions des
négociations entre les parties, avec les droits usuels que nous avons,
lorsque nous négocions une convention collective.
Nous demandons aussi, dans une clause concernant les changements
techniques ou les changements technologiques, une sécurité totale
d'emploi. Nous ne croyons pas que les employés puissent être mis
à pied du fait d'un changement technique ou d'un changement
technologique. Cette clause se recoupe avec une autre dont je parlerai un peu
plus loin, parce que nous demandons, dans le cas de la CTCUM, la
sécurité totale d'emploi.
Il y a certains problèmes aussi relatifs au travail à
forfait, le travail donné à l'extérieur, qui n'est pas
exécuté par l'employeur lui-même, et nous croyons que le
texte devrait être amélioré. Cela, nous serons prêts
à temps à donner un certain cas d'espèce qui nous semble
s'être produit, entre autres, les travaux effectués par le BTM, le
Bureau da transport métropolitain.
Les charges de travail, il y a déjà dispositions quant
à la définition ou à l'indication de ce qu'est la charge
de travail d'un employé dans le cas de l'entretien, mais on refuse une
disposition semblable ou analogue dans le cas des employés de
bureau.
Nous demandons aussi une amélioration du texte, quant à la
question des droits acquis. Cela
fait suite à une décision arbitrale qui est intervenue en
cours de convention. Comme les députés doivent bien le savoir,
lorsqu'il y a un arbitrage en cours de convention, en accord avec la
décision de l'arbitre, on essaie de faire des corrections et
d'améliorer la convention par la suite.
Quant aux rapports d'accident, on nous oblige à produire les
rapports d'accident dont nous pouvons avoir été les
témoins visuels en dehors des heures de travail. On pense que notre
salaire est pour la durée où on est à l'entreprise. Si je
suis en vacances, si je suis chez moi, je n'ai pas à faire de tels
rapports d'accident.
On demande d'étendre la question du transport gratuit, parce que
dans le métro et les autobus, à Montréal, ce personnel a
un laissez-passer pour circuler gratuitement, mais ce laissez-passer exclut la
promenade, l'express. Quand c'est l'autobus express, ils sont obligés
d'ajouter un billet parce que leur laissez-passer n'est pas valide
intégralement dans ce cas. Et éventuellement, nous allons
connaître probablement Mirabel où ce sera la CTCUM qui va donner
le service de transport, et on demande que le transport gratuit soit
prévu dans ces cas.
On a aussi une disposition concernant les certificats et les lettres de
service; pour les certificats de cessation d'emploi au départ, on
devrait les avoir, et on devrait obtenir aussi les dus, ce qui nous est
dû financièrement et pécuniairement, au plus tard dans un
délai de deux semaines.
Il y a une autre disposition qui prévoit, lorsque vous avez
décidé de cesser votre emploi, une préférence
d'embauche à la commission dans un délai donné. Je pense
que le délai, à l'heure actuelle, est de six mois, un an
même. Nous demandons simplement d'élargir cette
préférence, plutôt que de la relier à l'unité
de négociation et que ce soit un peu plus large.
Il y a des congés pour affaires publiques. Je pense que, quand
vous êtes en congé, si votre poste a été aboli, vous
devriez avoir le droit de revenir à un autre poste, s'il en existe en
plus, pour que vous ne perdiez pas votre emploi.
Si vous êtes élu, entre autres à la CTCUM, on ne
croit pas que l'on doive démissionner de notre poste, parce qu'on sera
élu même président de la CTCUM, ce qui ne serait pas une
aberration, à un moment donné. Ce n'est pas parce que je veux que
M. Hanigan n'y soit pas, ce n'est pas du tout cela. Des élections
pourraient intervenir. On ne voudrait pas être obligé de
démissionner de notre poste pour cela, parce que, dans
l'hypothèse où on se fait battre, on voudrait revenir à
notre "job".
On demande une disposition qui peut s'appeler ainsi, la situation
conflictuelle; c'est que vous ne soyez pas obligé, comme
syndiqué, de traverser un piquet de grève et que cela soit
inscrit comme un droit dans la convention collective. Il me semble que c'est le
minimum qu'on peut obtenir, si on n'a pas le droit de faire de grève en
vertu de la loi, peut-être même en vertu de certaines conventions
collectives, que s'il y a un piquet de grève, je ne sois pas
obligé d'aller m'exposer et de traverser le piquet et que je ne sois pas
obligé de renier mes frères qui décident de prendre ce
moyen d'action.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, cette demande
raisonnable a été refusée jusqu'à maintenant par la
commission.
Je vous ai déjà mentionné le problème de la
sécurité d'emploi. Nous l'avions relié, en premier lieu,
en un premier temps, à des changements techniques et technologiques,
mais je ne crois pas que la clause puisse être limitative; elle doit donc
être de portée plus générale pour avoir une
sécurité totale d'emploi.
Il y a un certain problème chez les employés qui sont
mutés au sein de la Communauté urbaine. Je pense que,
déjà, l'employeur, à la table de négociation, avait
dit: Oui, il y a un certain problème, une amélioration de textes
à voir; mais, dans les propositions qu'ils nous a faites, il a tout
simplement maintenu le statu quo sans contre-proposition. Je présume
tout simplement que c'est un oubli de sa part et qui se corrigera
rapidement.
On parle aussi, comme disposition, des retards occasionnés par
des cas d'éléments naturels ou de force majeure. Je sais bien
qu'ailleurs cela n'existe pas, mais, à Montréal, il arrive
parfois de fortes tempêtes de neige. A Québec ici, on est exempt
de tout cela, mais il arrive aussi que ces tempêtes de neige font que les
salariés ne peuvent pas se rendre au travail. Il me semble que, dans ce
cas, il devraient être payés quand même. C'est là la
demande syndicale.
On a une série de dispositions concernant les congés
payés en cas de maladie. A retenir, comme point difficile pour nous et
très sensible, que l'employeur voudrait, maintenant et à
l'avenir, payer l'employé malade uniquement à partir de la
deuxième journée. Je ne sais pas si vous pouvez vous imaginer
notre réaction. Déjà, la convention collective
prévoit depuis longtemps que, dès que l'on est malade, la
première journée est payée. Maintenant, on essaierait de
le payer à la deuxième journée seulement. Je comprends que
l'employeur va vous dire: Nous autres, on a de l'absentéisme, c'est
à cause de cela. Il y a peut-être des gens qui exagèrent,
je n'en sais rien, mais il y a aussi des gens qui n'exagèrent pas et qui
seraient pénalisés par cela. Cela existe, je ne sais pas depuis
combien d'années.
En tout cas on pourra vous le préciser, mais maintenant, changer
ce régime, je pense que vous pouvez imaginer aisément que c'est
loin d'être accepté par les salariés. J'ai
déjà mentionné le fait que l'employeur doit payer,
défrayer les coûts des certificats, lorsqu'il exige des
certificats médicaux, je n'y reviens pas.
S'il arrive aussi qu'il y a des frais médicaux et d'arbitrage,
que cela soit payé par l'employeur s'il y a des arbitrages de
portée médicale. S'il y a des expertises qui doivent être
faites, les frais des expertises sont à la charge de l'employeur; je
pense aussi que, pour le paiement des jours des congés de maladie, on
doit payer ces jours au dernier salaire en vigueur. Maintenant, ici il y a
quelques points techniques que je ne touche pas, ils sont encore plus
techniques que ceux que j'ai soule-
vés. On me dit, entre autres, qu'il y avait un système qui
existait avant l'époque 1966. Maintenant, nous vivons dans un autre
système. Je pense que si vous voulez avoir plus de détails
là-dessus, nous pourrons y voir éventuellement. Cela
complète pour l'instant, en gros, ce que nous pouvions dire sur les
clauses communes. Je suis presque tenté de vous suggérer que nous
passions aux demandes salariales, quitte par la suite à revenir sur
chacune des clauses particulières pour éclairer le débat.
Si le président est d'accord, je suis prêt à passer aux
demandes salariales immédiatement.
J'ai déjà mentionné certaines demandes salariales
comme vacances et certains autres points. Je vais parler ici des taux de
salaire et ce que nous demandons pour la prochaine année de la
convention collective. Nous estimons d'abord que, pour chacun des groupes
impliqués, il y a un rattrapage à effectuer, parce que le
coût de la vie a augmenté pour eux comme pour les autres. Ce
rattrapage aussi est dû au décalage par rapport aux
salariés des entreprises comparables. Je tiens aussi à ouvrir une
parenthèse, toujours sur le même sujet, pour vous signaler que,
à ce qu'on me dit, l'employeur aurait estimé la totalité
des demandes salariales comme voulant dire 91% d'augmentation pour la
première année. J'ose croire que, quand il s'expliquera, il vous
expliquera aussi sa façon de calculer. Certains d'entre nous connaissent
suffisamment la commission pour connaître ses méthodes de calcul.
Ce qu'on me dit, et cela sera à vérifier avec ses propres
documents à l'époque ou dans le temps, c'est qu'on tient compte
de choses... Par exemple, on demande cinq minutes de plus de repos le matin et
l'après-midi, c'est la période de pause-café ou
pause-thé; mais l'employeur aurait calculé ces cinq minutes
ajoutées en se disant: Voilà, j'ai une perte de production pour
cinq minutes. Je vais tenir compte que du temps supplémentaire doit se
faire ou que des remplaçants doivent être embauchés. Je
tiens compte de toutes ces choses dans les demandes salariales pour me rendre
le plus haut possible pour éclabousser le mieux possible le syndicat ou
les syndicats qui font la demande.
Je tenais à vous le dire tout de suite. Si, par hasard, mes
informations n'étaient pas correctes, soutenues, d'avance je me
rétracte, mais j'ai lieu de croire que cela est correct. Mon
deuxième point. On pense que le rythme de croisière pour chacun
des groupes, chacun des membres, doit être au moins équivalent
à l'augmentation de la richesse collective au Québec. Nous aurons
des données précises sur quoi nous nous basons et sur le taux du
rythme de croisière que nous avons à proposer. On croit aussi, en
troisième lieu, qu'à l'époque où nous vivons, nous
ne pouvons pas nous permettre de ne pas prévoir l'augmentation du
coût de la vie. Que cela se fasse sous une forme d'indexation comme
beaucoup de contrats le prévoient, ou encore que cela se fasse en tenant
compte, dans l'augmentation de salaire accordée, la projection
d'augmentation du coût de la vie. On pense aussi qu'avec les chiffres que
nous connaissons, on devrait prévoir une forme de ré-
troactivité depuis le début de la présente année,
parce que le coût de la vie a monté beaucoup plus vite que l'on
peut imaginer.
Voilà les demandes que nous formulons, maintenant, les demandes
d'augmentation. Je procéderai, par la suite, au moins à des
tentatives de justification, et j'essaierai aussi de toucher les propositions
qui ont été faites par la commission et les justifications que la
commission a mises de l'avant.
Pour les employés de garage et entretien, une augmentation de
$2.65 l'heure. Pour les bureaux, nous croyons que le salaire minimum devrait
être de $165 par semaine. Tout le monde va comprendre que ce taux
minimum, pour vivre en 1975, est loin d'être déraisonnable. Il y
en a qui peuvent se plaindre en disant: Cela va coûter trop cher. Mais
entre vous et moi, il est important que les individus et les familles puissent
au moins entrevoir de boucler leur budget.
Cette demande, les $165, d'abord c'est le minimum. Cela conduit à
une demande de 44.6% pour ceux qui ont plus de $114.11. Si vous voulez avoir
plus d'explications éventuellement sur cette donnée, je
demanderai à M. Cayer ou M. Dagenais de le faire. Nous serions
prêts à vous donner toute l'explication que vous avez le droit
d'avoir.
Les caissiers: II y a un rattrapage spécial qui varie
jusqu'à 15%, et nous croyons aussi qu'il y a une augmentation
nécessaire de 45%.
De là, vous allez me dire: Bon! Comment justifiez-vous cela? On
peut faire des démonstrations. D'abord, je vais vous dire ceci: II y en
a beaucoup qui se demandent comment se détermine un salaire. Il y a des
"smattes", des économistes qui trouvent des moyens de
détermination de salaires. Finalement, il n'y a plus rien qui tient,
parce que quand on a la réponse des économistes, les parties
négocient autre chose. Moi, il me semble que la meilleure réponse
à celui qui pose la question: Comment se déterminent les
salaires? c'est un économiste français qui l'a donnée, un
dénommé Marchai. Il a dit: Le seul critère de
détermination des salaires, c'est la force. Ce n'est pas moi qui
l'invente. C'est vrai. Vous verrez d'ailleurs, dans le dossier qui vous est
soumis aujourd'hui, que ceux qui font des justifications de leur position,
généralement, ils le font après coup, pas avant. C'est
ainsi qu'il est bien important de s'asseoir sur une base d'une année de
référence. Le gars qui prépare sa cause, qu'il soit
économiste, statisticien, va dire à son employeur: Je suis bien
convaincu. Combien vas-tu offrir? Je vais offrir 12%. D'accord! Je vais
t'arranger une justification. Là, il s'essaie. Si je pars en 1970, cela
arrive-t-il à 12%? Non. En 1970, je serais obligé d'offrir 15% ou
18%. Je vais essayer une autre date. Si je pars en 1965, est-ce que là
cela va arriver? Oui. Cela arrive, donc ma base de référence est
1965. Très naïvement, je vais vous le dire: Du côté
syndical aussi, cela se fait un peu comme cela. C'est bien normal.
Vous souvenez-vous dans le temps des tribunaux d'arbitrage dans les
chemins de fer canadiens? Une année, le CN et le CP sont allés
voir le
tribunal d'arbitrage et ont dit: Tu vas baser nos salaires sur les
salaires payés pour les employés des biens durables. Le tribunal,
qui a écouté, comme cela arrive parfois, l'employeur, a dit: Cela
a du bon sens, les biens durables.
L'année suivante, les économistes du CN et du CP font une
étude et ils se rendent compte qu'ils se sont fait organiser. Les biens
durables ont trop augmenté. Maintenant, ce sont les biens non durables.
Ils sont retournés devant un autre tribunal et ont dit: L'an
passé, on s'était trompé. Ce sont les biens non durables
qu'il nous faut. Cela coïncidait avec leur thèse.
Alors, il ne faut pas trop s'emballer avec des données
statistiques; il y a des faits objectifs qu'il faut voir. Quand même,
lorsqu'on parlera des justifications, il faut tenir compte, je pense, de la
force des parties, parce que c'est cela qui va être la meilleure
détermination des salaires.
Dans le cas qui nous concerne, je ne commencerai pas par Toronto; je
pourrais en parler éventuellement. Je sais qu'il y a certains
députés qui n'aiment pas qu'on leur parle de Toronto. C'est bon
pour la police, parce qu'ils ont un revolver sur la fesse, puis il y a du monde
qui a peur d'eux, puis, là, la parité avec Toronto, cela peut
aller.
Quand on arrive, nous, sans fusil, pour vous autres, il y a des
considérations économiques où cela devrait être une
parité relative. Ce n'est pas tout le monde qui est traité
également dans la société et on se prépare des durs
lendemains avec de tels comportements. Puis, quand même, je n'en parle
pas pour l'instant. Je vais vous dire que le salaire moyen, avant le
début de la dernière convention collective, était
évalué à $4 l'heure.
Bien sûr, les gens de la commission pourront me dire: Tu te
trompes, c'est $4.02 ou c'est $3.98. S'il n'y a pas un ordre de grandeur trop
flagrant, j'espère qu'on ne se chicanera pas sur les cents en plus ou en
moins.
En décembre 1972, l'IPC, l'indice des prix à la
consommation, pour la région de Montréal, puisque nous sommes
à Montréal, était de 133.6. En juin 1975, l'IPC
était de 172.1; augmentation, donc, de décembre 1972 à
juin 1975, de 28.8%. En juin 1975, le salaire nécessaire pour maintenir
le pouvoir d'achat de $4 était de $5.15. En juin 1975, le salaire
nécessaire pour non seulement maintenir le pouvoir d'achat de $4 mais
l'augmenter de 5% par année pour prévoir qu'il y ait une
répartition équitable de la richesse collective... Comme nous
considérons qu'il y a eu augmentation autour de 5% de la richesse
collective, depuis un certain nombre d'années même si
récemment l'augmentation a été beaucoup plus faible, elle
tend à croître à l'heure actuelle cela veut dire que
nous aurions besoin de 13% en deux ans et demi, soit pour se rendre à
$5.82.
Etant donné que le salaire moyen était, d'après nos
chiffres, nos estimations, de $4.87 en juin 1975, il faut en conclure qu'il y a
un rattrapage nécessaire de $0.95, de $5.82 par rapport à $4.87.
Il nous paraît logique aussi de demander une augmentation de 15% la
première année, en de- hors des $0.95 de rattrapage, parce que
nous le décomposons de la façon suivante.
Nous estimons une hausse des prix, une hausse de l'IPC, pour
l'année qui vient, à 10%. Nous croyons que c'est là ce
qu'à peu près tous les économistes estiment et les hommes
de gouvernement. Cela ne sert à rien de rattraper $0.95, puis de les
perdre la même année. On pense donc que $0.95, c'est vraiment du
rattrapage et que les premiers 10%, c'est pour tenir compte de l'augmentation
du coût de la vie qui s'en vient. On le sait, tous les mois cela
augmente; on n'a pas besoin de se faire de dessins mutuellement. Nous demandons
5% pour tenir compte de cela et pour obtenir réellement un pouvoir
d'achat amélioré, accru de 5%. Je pense que je pourrais vous
donner un tableau.
C'est juste pour vous démontrer, d'après les chiffres
depuis 1970 à peu près, comment a varié l'augmentation de
la richesse collective. Cela, je pourrai vous le donner plus tard.
Cela veut dire que 15% équivalent à $0.87. Si, par hasard,
nous négocions pour plus d'un an il n'y a pas de proposition,
à l'heure actuelle, de notre part si nous prévoyons encore
15% l'an prochain et 10% pour l'augmentation du coût de la vie, 5% pour
le taux annuel d'accroissement de la richesse collective au Québec, nous
pensons que cela justifie pleinement les demandes que nous formulons.
Je vous rappelle que j'ai ici un tableau assez simple, qui parle de
l'année 1970/71, qui nous démontre que, pour cette
année-là, l'enrichissement collectif a été de 4.3%,
en 1971/72 de 6%, en 1972/73 de 5.8%, en 1973/74, c'est un peu plus faible,
2.9%. La moyenne de ces années équivaut à 4.9%. Cela, vous
allez me dire, est une justification. Très bien. Du côté
patronal, on nous a offert 12% la première année et 11% la
deuxième année pour un contrat de deux ans. On nous a fourni ce
qu'on pourrait appeler des tentatives de justifications.
J'en prends une, d'abord. On nous compare aux employés de la
ville de Montréal, les cols bleus. Ce n'est pas un mauvais point de
comparaison, on peut le prendre. Là, on regarde les taux qui sont
payés aux cols bleus actuellement alors que leur convention collective
se termine à la fin de décembre. On dit, pour
l'électricien ou le machiniste, "notre offre fait qu'on paiera $0.004 de
l'heure de plus que pour les cols bleus; donc, on est au-dessus des cols
bleus". Bien bonne affaire. Mais ils ne veulent pas tenir compte que les cols
bleus je l'imagine bien vont négocier une augmentation de
salaire, eux aussi, à la fin de l'année. A ce moment-là,
ils auront de l'avance. Il semble que la commission répond: Ah! Ils
peuvent aussi bien renouveler leur convention collective sans augmentation.
C'est surprenant. Ce n'est que pour vous dire que, dans le temps, cette
comparaison pouvait se faire, mais, quand on regarde la situation, on se dit
que cela ne tient pas.
Comme je vous le disais, la commission a imaginé une façon
de procéder pour montrer la générosité des offres
qu'elle faisait, vues par elle.
Ceci dit, je vais essayer de regarder le rythme de croissance des
salaires. Homme de métier, première classe; je vais regarder
l'évolution de l'indice des prix à la consommation. Là,
ils ont dû avoir un peu de problèmes pour se trouver une base,
comme je l'expliquais tantôt. Il a dû y avoir un économiste
embauché pour faire cela. La base qu'ils ont trouvée, sans doute
parce qu'elle faisait leur affaire, était la base de 1965. Sans doute,
ils se sont dit: Dix ans, ce n'est pas long. Ce n'est qu'un dixième de
siècle, on va prendre cette base-là. Sur cette base, on est
correct. Il y a eu, d'après leur tableau, des salaires augmentés
pour cette occupation de 101.1% et le coût de la vie, bien raisonnable,
n'a augmenté que de 60.5%. Donc, quand on offre 11% et 12%, on fait une
offre généreuse. Bien sûr, les gens se souviennent de ce
qu'ils gagnaient en 1965 et cela les influence beaucoup pour leurs
dépenses de 1975, mais cela, c'est une justification technocratique de
la même façon que j'ai essayé d'en faire une
précédemment.
Je voudrais vous suggérer autre chose. Je voudrais vous
suggérer de faire un peu comme dans votre cas, les
députés, ce que vous avez fait avec la loi.
Notez bien que je ne traiterai nullement de vos salaires absolus. On a
critiqué cela dans le temps, d'autres l'ont fait. C'est fait, c'est
fait. Je pense que vous méritez tout ce que vous avez. J'en suis bien
convaincu. Cela étant dit, comment avez-vous procédé? Vous
avez dit, avec le rapport que j'ai apporté ici, le rapport Bonenfant,
cela vous a inspiré: Nous autres, nous ne sommes pas bien payés
et on n'augmente pas souvent. La dernière fois qu'on a augmenté
cela a été, je pense, en 1972 je vais le vérifier
et là on a eu $600 par année. On avait $15,000, on est
monté à $15,600. Mais on voudrait faire quelque chose pour
l'avenir. Comme députés, on est "tannés" d'avoir toujours
des déclarations dans les journaux: Ils veulent encore augmenter leurs
salaires. Cela n'a pas de bon sens. Alors, on va prévoir un
mécanisme d'augmentations statutaires avec des indices. Remarquez que
vous avez tout prévu. Parce que vous, vous tenez compte, dans votre
indexation, pas seulement du coût de la vie, vous n'êtes pas assez
malades pour cela, au contraire, vous avez tenu compte de l'enrichissement
collectif, parce que votre indexation s'en va sur la courbe des salaires. Ce
n'est donc pas uniquement relié à l'augmentation du coût de
la vie. Donc, avant de commencer à être indexés, vous avez
dit: D'abord il faut que je me rattrape parce que là, cela n'a pas de
bon sens. $15,600, pas augmenté depuis 1972, il faut que je me rattrape.
Là, vous avez calculé votre mode de rattrapage et le rattrapage
équivalait peut-être à 25% ou 30%, je ne me souviens pas
exactement, sauf que je pense que vous êtes montés de $15,600
à $21,100 sur votre indemnité. De là, vous êtes
indexés.
Ce que je vous propose, par voie comparative avec les gens qui nous
concernent, à la CTCUM, c'est de reprendre le même tableau. Moi
aussi je vais jouer avec les années. Je ne suis pas plus fou qu'eux, je
suis capable de regarder cela. Dans no- tre cas, en 1967, pour ceux qui
étaient vivants à ce moment-là, il y a eu une grève
du transport. Je pense que le député de Maisonneuve s'en souvient
comme moi. Cela a conduit à un rattrapage de telle manière que le
tableau indique qu'il y a eu 25.1% d'augmentation cette année pour cette
catégorie, pour cette occupation. Par voie comparative, vous avez
indexé après rattrapage. Je me dis: Je vais prendre ma base de
référence en 1967, lorsque mon rattrapage a été
fait. Parce que si j'ai eu 25% d'un coup sec, c'est que j'avais besoin de
rattrapage, comme vous autres. Si vous avez eu l'indexation après, c'est
que vous aviez d'abord besoin d'un rattrapage et, par la suite, cela
s'appliquait. Je pense que si vous tenez compte de cette façon d'aborder
le problème, vous verrez rapidement que les demandes syndicales sont
fort justifiables.
Dans votre cas d'ailleurs, et j'en suis content pour vous, sans que vous
n'ayez aucun effort à faire, je pense que l'indexation a fait que vos
indemnités parlementaires ont augmenté de 10% très
récemment. C'est prévu dans la loi et cela n'a qu'à
s'appliquer. Je pense que c'est bon qu'on se le dise. Mais vous, les
parlementaires, je sais bien qu'en commission vous n'avez pas à nous
juger encore. Vous n'avez pas le pouvoir de dire: Cela est blanc, cela est
noir. Ce n'est pas le forum, mais au moins, ce qui est bon pour vous, vous
devez nous dire que cela devrait être bon pour nous. On ne jouera pas sur
les deux tableaux. Quand cela vous concerne, on fait telle affaire, et quand
cela concerne les autres, on fait telle autre affaire. Encore une fois, je ne
critique pas la hauteur de vos indemnités. Je n'en dis rien, c'est un
autre débat. Mais le vrai débat, c'est que vous avez
décidé de vous indexer, vous autres uniquement. La classe
ouvrière au Québec n'est pas indexée. Nous sommes dans un
cas particulier que vous examinez et il me semble que l'indexation doit
être prévue automatiquement. Je crois que cela doit être
acceptable.
Je n'ai pas encore dit un mot de Toronto. J'ai parlé uniquement
et brièvement du cas des policiers. Il me semble que vous ne pouvez pas
considérer qu'il va y avoir des citoyens de première classe et
des citoyens de deuxième classe au Québec.
Si vous prenez l'ajustement avec Toronto, la différence actuelle
peut s'établir en moyenne. La structure de salaire y est
différente de la nôtre. Pas plus qu'eux seraient
intéressés à prendre notre structure, pas plus nous ne
serions intéressés à prendre la leur. Mais si on recoupe
en faisant des moyennes, en comparant les occupations, il nous apparaît
qu'il y a autour de $1.70 l'heure de plus à Toronto par rapport à
nos membres ici. Je crois donc que la commission doit examiner cette affaire.
La demande pour les employés de bureau est de $165; j'ai des documents
ici qui vont sûrement être importants pour vous et dans le futur,
pour justifier un salaire minimum de $165, uniquement au plan
économique. Souvenez-vous de la dure lutte que nous avons dû
mener, bien souvent, contre certains d'entre vous, pour obtenir quoi? $100 de
base dans le secteur public.
Les années ont passé, le coût de la vie a
augmenté. Depuis cette demande ce salaire minimum du temps
était de $100 que l'on soit rendu à $165, ce n'est pas
tellement exagéré, bien au contraire. Qu'est-ce que ça
peut coûter pour vivre normalement? L'augmentation demandée est de
44.6%, mais il faut d'abord atteindre les $165, et il faut se garder une
certaine structure de salaire; je pense que cela aussi se justifie sur des
bases identiques à celles que j'ai mentionnées
précédemment.
Il me semble que nous pourrions vous faire plus longuement la
démonstration, pour les employés de bureau, d'une étude
sur le coût de la vie, sur l'augmentation réelle du pouvoir
d'achat. On pourra déposer, si vous le jugez à propos et si vous
avez le temps de les lire, certains documents là-dessus. Lorsque nous
parlons des caissiers, nous pouvons aussi appliquer les mêmes
méthodes et, mutatis mutandis, pour employer une expression anglaise,
nous aurons exactement ou à peu près les mêmes
résultats.
Je présume bien que, lorsque nos amis de la CTCUM auront fait
connaître leur point de vue sur ces choses, la commission n'entendra pas
se limiter uniquement à de la contradiction entre deux exposés
mais nous permettra aussi d'échanger entre nous, si on veut que la
lumière se fasse, et pour que nous puissions avoir la plus grande
vérité.
J'ai parlé assez longuement; je pense que je pourrais ne pas
traiter, pour l'instant, à moins que vous n'insistiez, des clauses
normatives de chacun des groupes, mais attendre l'exposé
général de la commission, pour que tout le monde soit
traité sur la même base. Par la suite, je pourrai continuer sur
les clauses particulières de chacun des groupes. J'en fais la
suggestion.
Le Président (M. Séguin): Je vais consulter les
membres ici.
M. Burns: Je partagerais l'avis de M. Pepin là-dessus, je
pense que le gros bloc qui s'applique aux trois unités de
négociation vient de nous être livré. Il me semble qu'avant
de nous lancer dans des détails, parce que j'imagine que les clauses
particulières, c'est habituellement ça, des précisions
détaillées de chacun des groupes et...
M. Pepin: II y a des points, M. le député, qui ont
une plus grande importance que d'autres. Il reste encore des points normatifs
qui sont très sérieux.
M. Burns: Je ne parlais pas de l'importance des clauses quand je
disais des détails, je voulais dire que ce sont des choses
précises qui s'appliquent à chaque groupe.
M. Pepin: C'est cela.
M. Burns: II m'apparaît très logique, avant qu'on se
perde, parce que ça risque de nous arriver, dans la technique de chacune
des unités, qu'on puisse avoir une vue d'ensemble sur les points
globaux. En tout cas, c'est la réaction que j'aurais à la
suggestion de M. Pepin. En somme, je serais d'accord.
M. Roy: Moi aussi, je suis d'accord sur cette proposition.
Le Président (M. Séguin): M. Pepin, vous l'avez
suggéré, nous sommes consentants à accepter votre
proposition de différer les parties bien spécifiques que nous
avons mentionnées. Je voudrais porter à l'attention de la
commission que si nous procédons de cette façon du
côté syndical, je devrai procéder de la même
façon du côté patronal, soit que le côté
patronal traite d'abord des généralités et, ensuite nous
entendrons le côté patronal nous parler de ses sections
particulières.
Nous allons entendre le côté patronal à l'instant.
Auparavant, je voudrais, pour l'information du public ici présent...
Nous allons continuer cette séance jusqu'à une heure; dans une
heure d'ici, nous suspendrons nos travaux jusqu'à trois heures cet
après-midi. Il y en a qui me corrigent, qui me disent treize heures.
Il n'y a rien comme un bon arrangement qu'on peut briser facilement. On
me dit que ce sera midi et demi, je n'ai pas d'objection.
M. Burns: Pour reprendre à trois heures. Voulez-vous
régler pour une heure moins vingt, M. Pépin? Midi et demi.
Le Président (M. Séguin): Alors, midi et trente, il
semble y avoir un meilleur consensus là-dessus, et, à trois
heures, la reprise.
On convertira cela à quinze heures.
J'inviterais le côté syndical à céder sa
place pour que nous entendions... Pardon?
M. Pepin: On va céder notre place.
Le Président (M. Séguin): C'est cela.
Il est bien évident, messieurs, que le côté
patronal, puisque déjà il est midi et que nous devons suspendre
nos travaux à midi et trente, sans doute, continuera son exposé
à la reprise à trois heures, si nécessaire.
M. Pepin: Cela me permettrait d'arriver en retard, puisqu'on
connaît déjà sa position.
M. Burns: Vous ne pensez pas que ces gens vont vous apprendre
quelque chose de nouveau?
Le Président (M. Séguin): M. Hanigan, voulez-vous,
s'il vous plaît, vous nommer, donner votre titre et, en même temps,
profiter de l'occasion pour nous présenter ceux qui, peut-être,
auront à prendre part, à la discussion?
Partie patronale Exposé
général
M. Hanigan (Lawrence): M. le Président, M. le ministre,
MM. les députés, tout d'abord, je tiens à signaler que mon
nom est Lawrence Hanigan, pré-
sident, directeur général de la Commission de transport de
la communauté urbaine de Montréal. Je suis accompagné,
aujourd'hui, de mes deux collègues, membres de la commission, et qui
sont dans cette salle, le major Robert Hénault, commissaire à la
commission de transport, et M. Armand Lambert, C.A., qui est également
membre de la commission de transport.
Nous avons amené avec nous des collaborateurs qui ont
travaillé à ce dossier depuis déjà plusieurs mois.
J'ai, à ma droite, M. Jacques Guilbault, directeur du service des
relations industrielles, et qui est également le négociateur en
chef de la commission. Je lui demanderai, à certains moments,
d'intervenir. J'ai, à ma gauche, M. Jacques Bouvrette, qui est
trésorier de la commission de transport et qui a également
participé aux négociations.
Nous avons également avec nous M. Michel Sainte-Marie, M.
Philippe Couture qui ont également participé aux
négociations avec les syndicats concernés.
Comme le premier ministre l'a indiqué ainsi que le ministre du
Travail et le président de cette commission, nous sommes ici pour
informer les membres de la commission parlementaire. Nous n'avons pas
l'intention d'engager un débat avec la partie syndicale. Nous n'avons
pas l'intention non plus de porter d'accusations, même si certaines
paroles ont été prononcées contre l'employeur il y a
quelques minutes.
Je voudrais tout simplement en relever une. On a dit que la CTCUM
était responsable de la situation actuelle. Je démontrerai, dans
quelques instants, que ce n'est pas le cas.
Pour le renseignement des membres de cette commission, nous avons
préparé certains documents-tableaux ainsi que des photocopies des
échanges de lettres, de la correspondance qu'il y a eu avec les
syndicats. Nous les ferons distribuer immédiatement. Pour utiliser tout
le temps, je vais commencer immédiatement.
Je voudrais tout d'abord faire l'historique des négociations
entre le Syndicat du transport de Montréal, employés du service
d'entretien, le Syndicat des employés de bureau et le Syndicat du
transport de Montréal, section des caissiers, et la Commission de
transport. Un historique a été fait tantôt, mais je pense
qu'il y a quelques éléments à y ajouter.
La commission me permettra, si elle le veut bien, que je lise un texte
que vous retrouverez dans le document que nous distribuons présentement.
Comme il y a quelques explications qui doivent s'ajouter, je les ajouterai tout
en me référant au texte.
Le 9 décembre 1974, la commission écrivait à M.
Jacques Beaudoin, président du Syndicat du transport de Montréal,
employés des services d'entretien, l'invitant à produire les
demandes syndicales pour que les négociations débutent en mars
1975 et, ceci, dans le but de renouveler la convention collective avant la date
d'expiration, le 11 juillet 1975. C'est l'annexe 1 que vous trouverez dans le
document que nous avons distribué.
Notre philosophie, à la commission de transport, est de tenter de
régler les conventions collectives aussi près que possible de la
date d'expiration de la convention collective. Nous croyons malheureux que des
employés aient à travailler durant des périodes de six ou
huit mois et même plus longtemps sans savoir pour quel salaire ils
travaillent. C'est dans cet état d'esprit que, sept mois avant la fin de
la convention collective, nous avons invité les dirigeants des divers
syndicats à nous présenter, dès le début de 1975,
les demandes quant au renouvellement des conventions collectives, afin de
commencer les négociations en mars, en vue d'arriver à un
règlement pour le 11 juillet ou une date aussi rapprochée que
possible du 11 juillet.
On verra tantôt, avec les documents que nous soumettons, que le
blâme qu'on a fait porter à la commission de transport
tantôt n'était nullement justifié.
Je fais lecture de l'annexe 1, parce qu'il y a sûrement des
personnes dans cette salle qui n'ont pas ce document. C'est une lettre
datée du 9 décembre, adressée à M. Jacques
Beaudoin, président du Syndicat du transport de Montréal, section
garages et entretien. "Suite aux différentes conversations que nous
avons eues sur le sujet mentionné en rubrique, c'est-à-dire les
négociations pour le renouvellement de la convention collective 1975,
nous vous avisons qu'il serait souhaitable que les négociations pour le
renouvellement de la convention collective échéant le 11 juillet
1975 débutent vers le début de mars 1975. A cette fin,
auriez-vous l'obligeance de nous faire parvenir les amendements et les demandes
que vous avez à proposer dans les meilleurs délais, afin que nous
puissions les évaluer et débuter les négociations à
la date susdite ".
N'ayant reçu aucune réponse de la partie syndicale en date
du 15 avril 1975, la commission lui écrivait à nouveau afin de
lui réitérer les mêmes demandes.
Soit dit en passant, il y a un autre syndicat, avec lequel nous en
sommes venus à une entente récemment, qui s'est rendu à
notre invitation et a soumis ses demandes au mois de février. Les
négociations se sont poursuivies et le règlement est intervenu il
y a quelques semaines. Je fais lecture de l'annexe 2 qui était un rappel
à ce même syndicat, en date du 15 avril, toujours adressée
à M. Jacques Beaudoin, président de ce syndicat, qui se lit comme
suit: "Le 9 décembre 1974, je vous faisais part que la commission
était désireuse que les négociations pour le
renouvellement de la prochaine convention collective débutent vers le
début de mars 1975 afin de tenter à en arriver à une
entente pour la date de terminaison de la convention collective, soit le 11
juillet 1975. Nous n'avons reçu aucune suite à cette lettre et la
présente a pour but de vous demander quand vous entendez commencer les
prochaines négociations."
Le 17 avril 1975, M. Beaudoin fit part à la commission que le
projet syndical serait terminé et déposé vers la fin
d'avril. Le 12 mai 1975, nous avons reçu la partie du projet syndical
portant sur
les clauses générales. A l'annexe 3 se trouve la lettre de
couverture qui est signée par la Fédération des
employés du service public Inc. (CSN). "Re: renouvellement des
conventions collectives entre le Syndicat du transport de Montréal
(section garages et entretien) (CSN), Syndicat des employés de bureau et
Syndicat des employés du Transport de Montréal (section
caissiers) versus
CTCUM. expirant le 12 juillet 1975. "Monsieur, les conventions
collectives citées en rubrique se terminent le 12 juillet 1975 et nous
vous informons de notre intention de négocier leur renouvellement en y
apportant des modifications.
D'abord, les trois unités de négociation affiliées
à la CSN entendent négocier les clauses communes à une
table unique dans le but évident d'accélérer la
négociation desdites clauses et de retrouver une certaine
uniformité dans les textes applicables à tous les employés
par la présente convention collective. "Dans le cas des clauses
particulières à chacune des unités de négociation,
le document des demandes de modifications sera déposé d'ici dix
jours environ ou lors de l'étude de ces chapitres.
Nous sommes disponibles pour une première séance de
négociations à l'une des dates suivantes, soit le 28 ou 29 mai,
2, 3 ou 6 juin 1975. L'ordre du jour serait de fixer un calendrier de
négociation et d'échanger nos points de vue sur le document des
clauses communes." C'est signé par MM. Beaudoin, Maynard, Tessier et
Cayer.
Les clauses particulières ne nous furent soumises que le 17 juin
1975. C'est l'annexe 4 qui était la lettre de couverture. Alors, je
tiens à signaler que, pour une convention collective qui expirait le 11
juillet nous avions, depuis le mois de décembre, demandé
les exigences syndicales finalement, nous avons reçu les clauses
particulières le 17 juin dans une lettre adressée par M. Cayer
qui se lit comme suit: "Pour faire suite à la dernière rencontre
de négociation à la table commune, veuillez trouver sous pli deux
copies de projets de clauses particulières au nom de chacune des
unités de négociation citées en rubrique. Nous
apprécierions recevoir la confirmation de la prochaine date de
négociation pour la table commune dont la date proposée
était le 4 juillet 1975."
Alors, je pense que les membres de cette commission voient par ces
documents que la commission a fait preuve d'un désir assez marqué
de procéder rapidement à ces négociations. Je n'accepte
pas facilement, pour ma part, qu'on se fasse dire que si nous sommes rendus
aujourd'hui près du dénouement, c'est à cause de nous.
Même si le projet syndical de convention était incomplet,
la commission entama les négociations directes dès le 12 mai 1975
dans le but d'accélérer le processus des négociations. Au
cours des négociations directes, les représentants syndicaux
déclarèrent n'être mandatés pour modifier aucune des
demandes votées en minicongrès par le front commun.
Devant une telle attitude et, après étude des demandes
syndicales, la commission de transport, n'entrevoyant aucun terrain d'entente
possible, demanda, le 23 juin 1975, les services d'un conciliateur. C'est
l'annexe 5, et tantôt j'inviterai le directeur des relations
industrielles, M. Jacques Guilbault, à dire quelques mots quant à
cette demande, qui se lisait comme suit, en date du 23 juin, adressée au
ministre du Travail: "La présente a pour but de vous faire part que les
négociations en vue du renouvellement de la présente convention
collective liant les parties précitées ont été
entamées le 12 mai 1975. Jusqu'à cette date, les
négociations se sont poursuivies sans succès, et nous ne croyons
pas qu'elles puissent être complétées dans un délai
raisonnable. En conséquence, conformément à l'article 42
du code du travail, la CTCUM vous prie de nommer un conciliateur pour
rencontrer les parties, afin d'effectuer une entente dans les plus brefs
délais possible."
Vu que la majorité des clauses normatives maintenues par le
syndicat aurait pour effet d'entraver sérieusement la bonne marche des
opérations, la commission considère les amendements
inacceptables. Pendant la période de conciliation, la partie syndicale a
toujours maintenu ses positions en invoquant que le mandat des
négociateurs syndicaux les empêchait de modifier quelque demande
que ce soit. Quant aux clauses pécuniaires qui ont pu être
évaluées, le pourcentage d'augmentation du coût des
demandes syndicales s'élève à 91%, et ce, pour un contrat
d'un an, ce qui équivaudrait à une augmentation de coûts de
$9,500 par employé, et ce, pour une période d'un an. C'est
l'annexe 6 que vous avez dans le cahier, sans jeu de mot, et je demanderai
tantôt au trésorier, M. Bouvrette, d'expliquer ce tableau.
Les clauses évaluées ne représentent que le tiers
de ces demandes syndicales à incidence pécuniaire, et
l'énumération des clauses non évaluées
apparaît à l'annexe 6 également, c'est-à-dire les
clauses à incidence pécuniaire évaluées
apparaissent à l'annexe A et, à l'annexe B, vous avez une longue
kyrielle de clauses à incidence pécuniaire qu'il ne nous est pas
possible d'évaluer, pour des raisons assez évidentes.
Depuis 1964, ce syndicat et la commission de transport ont toujours
comparé les taux de salaires payés aux employés de la
commission à ceux payés aux employés de la ville de
Montréal qui ont des fonctions comparables. Vous retrouvez ces
comparaisons à l'annexe 7.
De plus, la commission a toujours tenu compte du contenu des conventions
et des salaires payés dans les entreprises qui ont une certaine
affinité avec la commission de transport. Référence,
annexe 8.
Sur cette base de comparaison, la commission a fait une offre le 20
août 1975, dans le but de renouveler la convention collective avec cette
unité de négociation, et vous trouverez cette offre à
l'annexe 9. Je voudrais vous la lire au complet. Elle est datée du 20
août, adressée au syndicat du transport, division de l'entretien:
"Pour faire suite aux réunions tenues soit en négociation
directe, soit au stade de la conciliation, la commission
nous a mandatés pour faire une offre globale, qui doit être
envisagée comme une tentative extrêmement sérieuse, dans le
but de renouveler la présente convention collective de travail. La
commission, en faisant ces offres globales, a pris en considération le
contenu et les salaires payés des entreprises qui ont une
affinité avec la commission de transport. L'étude du contenu de
ces conventions révèle que les avantages sociaux et les
conditions de travail dont bénéficient les membres de votre
unité de négociation se comparent très avantageusement
avec n'importe quel corps de l'entreprise publique ou privée.
Quant aux salaires, nous avons noté que depuis 1964, votre
syndicat a toujours réclamé la parité de salaires avec les
employés de la ville de Montréal qui exercent des fonctions
comparables.
L'étude des salaires payés à la ville de
Montréal révèle que l'écart moyen pour des
employés qui ont une occupation comparable est d'environ 10%. Pour ne
citer que deux exemples, mentionnons le taux de salaire payé à un
manoeuvre qui est de $4.22 à la commission et de $4.65.5 à la
ville de Montréal; le taux d'un mécanicien d'appareil
motorisé à la ville de Montréal est de $5.79 l'heure,
tandis que le taux moyen payé pour une occupation semblable à la
commission est de $5.37 l'heure.
Nous avons fait aussi l'étude des salaires payés dans les
autres corps publics et nous pouvons affirmer que nos taux de salaires sont,
dans la majorité des cas, supérieurs. Un échantillonnage
des taux de salaires payés actuellement dans certaines entreprises
privées importantes révèle que nos salaires sont
légèrement inférieurs à la moyenne, mais que cette
situation cesserait d'exister, si l'on tient compte de la présente
offre.
D'autre part, nous notons que dans ces entreprises, les avantages
sociaux sont de beaucoup inférieurs à ceux dont les
employés de votre unité bénéficient actuellement.
En dernier lieu, nous notons que votre syndicat a formulé de nombreux
amendements sur le contenu des clauses normatives. Nous vous avons fourni les
raisons qui motivent la commission à ne pas accepter ces amendements et
d'autre part, nous espérons que les explications que nous vous avons
fournies, concernant les amendements patronaux, se sont avérées
satisfaisantes.
C'est pourquoi la commission considère comme final le projet de
convention collective qu'elle vous a transmis le 24 juillet 1975. Clauses
à incidence pécuniaire. A ce chapitre, nous notons que votre
syndicat demande, pour les clauses qui peuvent être
évaluées, une augmentation de salaire et des augmentations
d'avantages sociaux ou de conditions de travail qui équivalent environ
à une augmentation de coût de 91% soit une somme de $9,500 par
employé et ce, pour une convention collective d'une durée d'un
an.
Nous avons aussi noté que les seuls arguments que vous avez
invoqués pour justifier vos demandes, ont été les besoins
des travailleurs, ainsi que la hausse du coûi de la vie. Comme nous le
mentionnons, au début de cette lettre, la commission a pris en
considération les avantages sociaux et les salaires payés dans
les entreprises qui ont une affinité avec la commission de transport
ainsi que celles du secteur public et privé.
En fonction de ce qui précède, et comme nous le
mentionnons au début de cette lettre, la commission nous a
mandatés, pour faire une offre globale. Offre qui doit être
envisagée comme une tentative extrêmement sérieuse, dans le
but de renouveler la présente convention collective de travail. Cette
offre est la suivante: Premièrement, augmentation générale
de 12%, et ce, à compter du 12 juillet 1975. Deuxièmement,
augmentation générale de 11%, et ce, à compter du 12
juillet 1976. Troisièmement, l'octroi d'un jour chômé et
payé additionnel, soit le lundi de Pâques. Quatrièmement,
quatre semaines de vacances après douze ans, cinq semaines de vacances
après vingt-deux ans. Cinquièmement, durée de la
convention, deux ans, à compter du 12 juillet 1975.
Cette offre représente une augmentation de salaire
générale de 24.3% en excluant les améliorations consenties
au chapitre des vacances et la journée de fête additionnelle. Ces
augmentations de bénéfice représentent environ 1%. Le taux
de journalier et de l'homme de métier qui est actuellement de $4.22 et
$5.37 respectivement l'heure, sera porté, à compter du 12
juillet, à $4.73 et $6.01 respectivement.
Le salaire horaire moyen passera, le 12 juillet 1975, de $4.83 à
$5.41 et, le 12 juillet 1976, de $5.41 à $6. Le coût global que
représentent ces augmentations pour la commission de transport est de
$7,125,000 pour environ 1,780 employés, ce qui équivaut à
une augmentation de coût moyen de $4,003 par employé et ce, pour
une période de 24 mois.
D'autre part, l'analyse des avantages sociaux nous révèle
que ces derniers coûtent actuellement à la commission de transport
environ 50% du salaire moyen d'un employé de l'unité de
négociation pour laquelle nous négocions présentement. Si
l'on considère les salaires payés pour des postes comparables, en
incluant les avantages sociaux, le coût à l'heure de travail se
compare très avantageusement pour l'employé de la commission de
transport avec celui de l'entreprise publique et du secteur public. C'est
pourquoi la commission de transport ne croit pas qu'il soit justifié
d'améliorer d'autres avantages sociaux à l'exception de
l'amélioration du système de vacances et l'addition d'un jour
chômé et payé.
Ces offres furent rejetées le même soir et, lors de
réunions de conciliation subséquentes, le syndicat s'en est
toujours tenu à ses demandes originelles tant du côté
pécuniaire que du côté normatif. Le nombre des clauses
encore en suspens s'élève à 152. Je tiens à le
répéter: Le nombre des clauses encore en suspens
s'élève à 152. Devant une telle attitude, la commission ne
croit pas à la possibilité de règlement, à moins
que le syndicat ne fasse une contreproposition raisonnable qui pourrait servir
de base à un règlement. Il est à remarquer que les
employés de la commission bénéficient de taux de salaire
nettement supérieurs à la
moyenne de ceux de l'industrie manufacturière de la région
de Montréal (voir annexe 10) et jouissent d'avantages sociaux plus
élevés.
Les négociations avec le syndicat des employés de bureau
ne sont pas plus avancées que celles avec les employés des
services d'entretien en ce qui concerne les clauses particulières. La
commission s'est entendue avec le syndicat du transport de Montréal,
section caissiers, sur la presque totalité des clauses propres à
cette unité. Quant aux demandes pécuniaires de ces deux syndicats
(annexes 11 et 12), elles sont tellement extravagantes que la commission doit
maintenir une position semblable à celle adoptée à
l'égard du syndicat du transport de Montréal, employés des
services d'entretien, et s'en tenir aux offres faites le 19 août 1975 au
syndicat des employés de bureau (annexe 13) et, le 27 août 1975,
au syndicat du transport, section caissiers, offres qui étaient
verbales.
Les membres de la commission de transport sont bien conscients de leurs
responsabilités envers leurs employés, mais également
envers les contribuables. Ils savent qu'ils administrent des fonds publics
jusqu'à un certain point. Il n'y a qu'une partie des revenus ou des
dépenses de la commission de transport qui sont couverts à
même les revenus de cette commission. Alors, la commission de transport
doit puiser chez les contribuables une partie très importante de ses
revenus. En tant qu'administrateurs ayant à utiliser l'argent public,
nous croyons que nous avons deux responsabilités: la première de
traiter nos employés de façon juste et équitable en tenant
compte de la situation économique, de la situation de la région
de Montréal et également de la province de Québec. D'autre
part, nous devons utiliser l'argent du public à bon escient. C'est dans
cet esprit que nous avons fait les propositions au mois d'août
dernier.
A ce moment-ci, je demande la permission à cette commission
d'entendre M. Guilbault qui commentera l'annexe 5 et la demande que nous avons
adressée au ministère du Travail le 23 juin pour qu'un
conciliateur soit nommé, demande qu'on a semblé nous reprocher il
y a quelques minutes. Messieurs, si la commission le permet, M. Jacques
Guilbault prendra maintenant la parole.
Le Président (M. Séguin): Oui, M. Guilbault.
Particularités
M. Guilbault (Jacques): M. Pepin a fait un résumé,
il y a quelques instants, qui est assez fidèle, des clauses qui sont en
suspens. Au cours des négociations directes, le comité de
négociation syndical a toujours maintenu ses demandes en affirmant que
ces dernières étaient votées en minicongrès et
qu'il n'avait pas le pouvoir de les modifier de quelque nature que ce soit.
Nous avons soumis certains amendements et nous avons eu exactement la
même réception, à l'effet que les amendements n'ont pas
été acceptés et ont été rejetés du
revers de la main. Ce n'est pas de gaieté de coeur qu'on a
demandé la conciliation, mais simplement parce qu'on réalisait
qu'en négociation directe il ne pouvait y avoir aucun terrain
d'entente.
M. Pepin a expliqué les demandes syndicales, a expliqué
les motifs de ces demandes syndicales, la réception qu'avait ces
demandes syndicales. J'aimerais, à ce moment-ci, faire une nomenclature
et expliquer le contenu et le pourquoi des demandes patronales.
A l'article 5, nous demandons une modification du régime
syndical. Il est vrai que nous demandons 45 jours pour changer le régime
syndical, pour changer la cotisation syndicale. Il est arrivé, au cours
de la dernière convention, certains changements. Nous n'avons pas eu de
copie de résolution de la partie syndicale et les changements
étaient censés être faits pour la semaine suivante.
Devant le nombre considérable d'employés que nous avons,
c'est pratiquement impossible de changer du jour au lendemain la cotisation
syndicale sur réception d'un avis seulement. De plus, lorsque cette
cotisation syndicale a été changée, on a eu certaines
contestations d'un groupe d'employés alléguant que le changement
dans la cotisation syndicale n'était pas fait selon la constitution du
syndicat. Pour pallier à cet état de choses, nous demandons au
syndicat de nous envoyer une résolution de leur assemblée
générale qui leur permet de changer les cotisations. Ce sont les
deux choses que nous demandons à changer dans la question de
régime syndical.
A l'article 6, nous demandons qu'un avis de 24 heures nous soit
donné pour libérer les employés pour activités
syndicales. Dans le passé la situation est un peu meilleure
aujourd'hui nous avions un appel téléphonique.
Libère tel gars pour cet après-midi, par exemple. Nous
étions obligés de remplacer cet employé, souvent à
temps et demi et souvent, dans certains cas, l'ouvrage ne se faisait pas parce
que nous n'avions pas d'employé pour combler ce poste.
Au sujet des congés payés, nous demandons que
l'employé se présente au travail la veille, la journée et
le lendemain de la fête. Nous avons noté que 75% ou 76% de nos
absences, d'une durée d'une journée ou moins, étaient le
jour précédant une fête ou le jour suivant une
fête.
Nos opérations sont assez continues et sont souvent faites en
équipes. Pour la bonne marche des opérations, lorsqu'un
employé ou deux employés sont absents, l'équipe ne peut
pas travailler parce qu'elle ne peut pas se rendre sur les lieux de travail. Ou
encore vous remplacez l'employé qui ne se présente pas au travail
au taux de temps supplémentaire. C'est une clause qui est assez
courante, tant dans les services publics que dans l'entreprise privée,
et qui a été consentie ailleurs. La raison est fondamentale,
c'est pour assurer la bonne marche des opérations.
M. Pepin a déclaré aussi que la commission demandait que
les congés en maladie soient accordés après la
deuxième journée de travail. Il n'avait pas la date exacte de la
modification de
l'article. La date exacte était 1973. Alors, depuis 1973, nous
avons noté que les absences d'une journée ou moins avaient
augmenté de 45% à 78%, que le taux d'absentéisme avait
grimpé de 5% et 6% à 8% et 9%. Encore là, dans les usines
comme pour les chauffeurs d'autobus, ce sont des assignations continues. Ce
sont des gars qui doivent se rendre au travail et, s'ils ne sont pas au
travail, il faut dans la majorité des cas, les remplacer. L'employeur
est alors pénalisé pour les remplacer au taux de temps
supplémentaire ou l'ouvrage ne se fait pas.
Dans la procédure de grief, la commission ne demande pas ou
pratiquement pas de modifications, à l'exception des arbitres, comme a
dit M. Pépin, et on pourrait s'entendre là-dessus. Ce n'est pas
une difficulté majeure.
Dans les accidents de travail, la commission paie 100% du salaire,
lorsqu'il y a incapacité totale. La Commission des accidents de travail
paie 75% du salaire, jusqu'à un maximum de $9,000 par année. Tout
ce qu'on demande, c'est que, lorsqu'un employé a un accident, la
commission statue si c'est un accident de travail ou non; ensuite, nous lui
paierons son salaire rétroactivement à la date de son
accident.
Je pense que l'autorité compétente pour décider si
c'est un accident de travail ou non, c'est bien la commission qui est
créée pour ça, c'est-à-dire la Commission des
accidents de travail.
En gros, ce sont les modifications que la commission voulait apporter
à la présente convention collective. Je pense que ce serait assez
onéreux pour les membres de cette commission d'exposer le motif du refus
des demandes syndicales, tant générales que particulières,
mais on n'est pas ici pour cela, ce n'est pas une séance de
négociation.
Mais, si la commission insiste, nous sommes à sa disposition pour
lui expliquer les raisons ou les motifs qui nous ont amenés à
refuser les clauses normatives tant du côté particulier que du
côté général. Merci.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je constate qu'il est midi trente. Nous avions convenu de
suspendre nos travaux à midi trente. Je vous demanderais, M. Hanigan et
vos adjoints, de vous représenter à trois heures. Nous
continuerons nos travaux là où nous les avons laissés
à ce moment-ci.
M. Hanigan: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): En ce qui concerne
l'offre qu'a faite M. Guilbault de donner des éclaircissements sur
certaines raisons, je vous informerai à trois heures si la commission
désire ou non entendre d'une façon plus approfondie ces raisons
ou ces commentaires.
A trois heures, je vous indiquerai, tel que je viens de le dire, si M.
Guilbault doit y aller plus profondément pour certaines choses.
M. Hanigan: M. le Président, puisqu'il y a d'autres
parties de mon exposé que je voudrais voir approfondir, tantôt par
M. Bouvrette, tantôt par M. Guilbault, j'aimerais bien que la partie
patronale puisse continuer son exposé à quinze heures.
Le Président (M. Séguin): Bien sûr. La
commission suspend ses travaux jusqu'à quinze heures.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
Reprise de la séance à 15 h 15
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
Au moment de la suspension de nos travaux, vous aviez la parole. A ce
moment, il était question à savoir si vous deviez ajouter quelque
chose tel que vous l'aviez suggéré vous-même à un
moment donné dans votre exposé, disant que vous auriez
peut-être des précisions à faire, mais que vous ne trouviez
pas que c'était nécessaire à moins que la commission ne le
demande. Alors, je laisse ces questions à votre discrétion,
à vous d'en parler ou de ne pas en parler. Vous m'avez indiqué,
lorsque je vous ai parlé tout à l'heure, que vous aviez d'autres
points à faire sur votre exposé général ou d'ordre
général. Alors, faites à votre guise. Entrez dans certains
détails que vous voudriez toucher ou bien continuez dans votre
exposé d'ordre général ou encore faites les deux. Vous
êtes complètement libre.
M. Guilbault (Jacques): Ce matin, je faisais état des
demandes patronales. J'en ai omis deux, premièrement celle de la
grève et de la contre-grève qu'on demande dans le contrat des
caissiers et de l'entretien. Depuis l'arrêt de travail d'août
dernier, nous avons eu trois arrêts de travail illégaux dans
l'entretien. Nous croyons qu'une convention collective, lorsqu'elle est
signée, lie les parties et que tout arrêt de travail ou lock-out
est illégal. Nous savons qu'un tel article se retrouve dans le code du
travail, mais simplement nous voulons et nous dirons que les officiers
syndicaux qui signent la convention ou les officiers syndicaux qui sont
élus après la signature de la convention reconnaissent ce
principe.
Concernant le droit au grief dont on a parlé ce matin, nous
croyons fermement qu'une convention collective lie deux parties, qu'une
convention collective comporte des droits et des obligations pour les deux
parties. Nous ne voyons pas pourquoi le syndicat refuserait un tel article. Au
lieu de prendre une décision unilatérale, la partie patronale
pourrait formuler un grief, grief qui pourrait être entendu devant un
tribunal d'arbitrage comme n'importe quel grief. Ce droit qu'on
considère comme le nôtre a été refusé
à la partie patronale en juin 1974, si ma mémoire est
fidèle, juillet 1974.
Nous avions la prétention qu'un tel article voulait dire quelque
chose, le syndicat niait notre prétention, avec le résultat que
nous avons formulé un grief. Le syndicat a contesté notre droit
au grief, ce qui veut dire que nous aurions été obligés,
dans les circonstances, d'aller devant la cour Supérieure pour faire
reconnaître notre droit au grief, ce qui aurait retardé l'audition
de ce différend de deux ou trois ans.
Comme nous le disons, au lieu de prendre une décision
unilatérale qui, selon les prétentions du syndicat, amène
des difficultés, nous croyons que ce serait plus simple et dans les
intérêts des deux parties de formuler un grief qui serait
reçu en bonne et due forme et étudié selon la
procédure prévue à la convention.
On a parlé ce matin des employés qui ne seraient pas tenus
de traverser les piquets de grève. La prétention qu'on a fait
valoir était que, par solidarité pour des confrères, le
droit aux employés de ne pas traverser les piquets de grève leur
soit reconnu. Ce qu'on a oublié d'ajouter, c'est que la demande
syndicale est de toucher le plein salaire dans ces cas. Deuxièmement,
nous avons sept syndicats, sept conventions collectives à
l'intérieur de la commission. Il suffirait d'un syndicat pour bloquer
l'activité de la commission dans son entier. Si ce principe était
reconnu, il s'agirait qu'il y ait un piquet de grève, à une
porte, pour immobiliser tout l'entretien, les caissiers, le bureau. En plus de
cela, on demande que ces employés touchent leur plein salaire.
En plus du montant ou de l'incidence pécuniaire qui est
attachée à cette demande, qu'on ne peut évaluer, cela
apporte un préjudice sérieux à la bonne marche de
l'entreprise. On a fait valoir aussi, ce matin, la sécurité
d'emploi. A ce chapitre, le syndicat ne demande aucune mise à pied pour
manque de travail. On vient de traverser quelques journées
d'étude faites par les chauffeurs d'autobus et opérateurs de
métro. Si cet arrêt de travail s'était prolongé,
c'était évident qu'il y aurait eu un groupe d'employés
dont les services ne seraient plus requis.
On a beau nettoyer le métro, après douze jours de
nettoyage, le métro est assez propre pour que, franchement, on se
demande pourquoi on garde les nettoyeurs. Cela s'applique à toutes les
classifications.
L'autre sujet dont on a parlé, c'est aucune perte de salaire, si
certains circuits de métro ou d'autobus sont paralysés par force
majeure. Quelle est la définition de force majeure? Une tempête de
neige, n'importe quoi peut être considéré comme force
majeure. Cela donne lieu à de l'interprétation. Si un circuit
d'autobus est paralysé par force majeure, vous voyez les
conséquences encore sous opération et, encore là, nous
sommes obligés de payer, la demande syndicale est à l'effet de
payer les employés. Or, ce n'est pas évaluable, parce qu'on ne
sait pas combien il y a de tempêtes de neige dans un an qui pourraient
paralyser certains circuits d'autobus.
Voici en quelques mots les demandes que nous avons faites au syndicat et
quelques réflexions sur certaines clauses dont a fait mention M. Pepin
ce matin. Je sais que M. Bouvrette doit faire certains commentaires sur les
coûts que nous avons à évaluer. Par après, je serai
à la disposition de la commission pour répondre aux questions sur
les offres que nous avons faites au syndicat.
Merci.
Le Président (M. Séguin): M. Lawrence Hani-gan.
M. Hanigan: M. le Président, je voudrais maintenant que la
commission donne la parole à M. Jacques Bouvrette, trésorier, qui
a participé acti-
vement aux négociations, pour expliquer à la commission
les chiffres qui apparaissent à l'annexe 6, c'est que, dans certains
milieux, on met en doute le montant ou le pourcentage de 91% de coûts
à la Commission de transport, si les demandes syndicales étaient
acceptées. Ce montant de 91% représenterait à la
commission un coût par employé de $9,500 pour une année. Il
y a également le fait qu'il y a beaucoup de clauses, environ les deux
tiers des clauses, des demandes syndicales qui ne peuvent pas être
évaluées. Je demande donc que M. Bouvrette soit entendu, afin de
nous démontrer et j'espère à la satisfaction de tous, que
ces chiffres sont bien fondés.
Le Président (M. Séguin): M. Bouvrette.
M. Bouvrette: M. le Président, M. le premier ministre, M.
le ministre, messieurs les députés, messieurs. Comme l'a
mentionné M. Hanigan, il est arrivé à maintes reprises que
la partie syndicale mette en doute la méthode de calcul qui est
utilisée.
Je veux vous donner certains exemples je vais passer la liste
mais, pour faire ces calculs, nous avons toujours pris la position que
nous étions conservateurs dans l'évaluation des demandes
syndicales.
Par exemple, le premier article: l'augmentation générale
de 55%. Les résultats que donnent ces calculs sont basés sur les
résultats de l'année 1974. En 1976, le nombre d'employés
d'entretien augmentera d'au moins 300 personnes. Ces chiffres ne
reflètent aucunement cette augmentation, parce qu'au moment où
nous avons fait ces calculs ce n'était qu'une évaluation des
besoins de 1976. En 1974, la masse salariale et ceci se confirme dans
les états financiers a été de $18,450,000 pour le
personnel d'entretien, dont $17,987,000 varient avec le salaire de base. Par
exemple, la prime de nuit, qui est un montant fixe de $0.15 l'heure
actuellement, n'est pas reliée à l'augmentation de salaire telle
que demandée. Il y a eu une demande subséquente qui fait varier
la prime de nuit, mais le calcul de 55% ne se fait pas sur la prime de nuit. Si
on multiplie $17,987,000 par 55%, on arrive à $9,892,000.
Les vacances payées additionnelles, c'est un sujet qui est
extrêmement litigieux. La partie syndicale nous fait remarquer que des
vacances, cela ne coûte rien.
Si on poursuivait ce raisonnement, on pourrait donner trois mois, quatre
mois, cinq mois de vacances à tout le monde. Mais l'opération de
la commission est quand même une opération continue. Même si
nous pouvons utiliser moins de personnel en été, nous en sommes
rendus à un point que toute augmentation de vacances signifierait une
augmentation de personnel. Cette philosophie de vacances payées
additionnelles qui ne coûtent rien existait il y a plusieurs
années lorsque, dans certaines fonctions publiques, on avait
probablement plus de personnel que requis. Mais au coût de la
main-d'oeuvre que nous avons à payer, la commission est consciente que
les employés à ne rien faire sont un luxe que la population ne
peut se permettre.
Les crédits de jours de maladie augmentés à 21
jours. Le système de banque de congés de maladie qui existe
à la commission est actuellement de 15 jours cumulatifs par
année. Les jours qui s'accumulent depuis 1967 sont payables au
départ de l'employé, si, non pris durant la carrière, au
taux de départ de sorte que, si nous augmentions l'accumulation de
quinze jours à 21 jours, il en coûterait six jours de plus par
année par employé.
Le calcul de plans d'assurance-vie et de maladie payés à
100% par la commission pour les employés actifs est extrêmement
facile à faire. Il s'agit d'ajouter le même coût
qu'actuellement pour la commission pour trouver ce que serait le coût
additionnel. Je veux aussi faire remarquer à la commission que toutes
les demandes, sauf l'augmentation générale, sont
évaluées en fonction du salaire demandé. A l'article 3801,
deux employés libérés en permanence sans retenue de
salaire et chaque directeur syndical quatre heures par semaine, cela aussi est
extrêmement facile à calculer.
L'article 41.01 où la journée de travail de 8 heures,
moins les pauses-café, moins les périodes de repos, serait
amputée d'une demi-heure pour la période de repas, obligerait la
commission à augmenter son personnel afin de garder la même
productivité.
J'en arrive aux cinq minutes et d'autres cinq minutes que M. Pepin a
mentionnées ce matin qui se trouvent des périodes de repos
additionnelles, mais M. Pepin a aussi mentionné que dans le contrat
d'entretien, il y a une clause de charge de travail et, à ma
connaissance, lorsqu'on invoque une clause de charge de travail, on invoque
aussi les périodes de repos qui sont prévues aux conventions
collectives. Si la commission peut se permettre de donner des cinq, dix ou
quinze minutes de repos additionnelles sans affecter sa productivité,
c'est que la productivité n'est pas ce qu'elle devrait être. Mais
je suis certain que les employés d'entretien croient que leur
productivité est ce qu'elle devrait être.
L'article 44.01, la prime de 25% pour le travail effectué le
samedi. Je pourrais vous donner les détails du calcul. Nous savons
combien il y a d'heures de travail effectuées le samedi, surtout dans
les garages de service et le coût est de $155,000. La prime de 50% pour
le travail effectué le dimanche, actuellement la commission paye 25%, ce
serait donc un autre 25% additionnel aux 25% actuels, les cédules de
travail étant les mêmes le dimanche que le samedi dans les garages
de service, le coût en est le même. La prime de nuit de $0.50
l'heure est aussi facile à évaluer, nous savons ce qu'en
coûte $0.15 l'heure. Nous faisons la règle de trois en divisant le
coût actuel par 15, en multipliant par les $0.25 additionnels pour en
arriver aux $353,000.
L'article 46.05, une prime de $150 pour utilisation d'outils personnels.
Il y a actuellement 1,115 employés à la commission qui
fournissent leurs outils, comme cela existe dans la plupart des en-
droits dans le secteur public et privé; à $150, cela
représente $167,000.
La prime de $0.50 l'heure pour le nettoyage de pièces à la
vapeur et autres, il y a 34 employés, actuellement, qui font ce travail,
ce qui représenterait $35,000 par année.
L'article 51.01, aucun salarié ne peut être classé
apprenti durant plus de deux ans. Actuellement, les taux d'apprentissage vont
jusqu'à quatre ans, je crois, et à ce moment-là, si cette
clause était acceptée, l'employé atteindrait la
classification d'homme de métier dès la fin de sa deuxième
année.
L'article 53.01, dépanneur en tunnel, journée de huit
heures, avec une demi-heure de repas comprise à taux double, ceci
représente une somme de $5,400.
Si vous permettez, maintenant, nous allons passer aux clauses non
évaluées. J'essaierai de vous fournir les raisons pour lesquelles
nous n'avons pas évalué ces clauses.
Les congés sociaux payés par la commission, vous
comprendrez qu'il est extrêmement difficile d'estimer le nombre de
décès, mariages, ordination ordination est probablement
plus facile qu'il peut y avoir dans une année.
L'article 4.05...
M. Burns: Cela coûte moins cher qu'avant.
M. Bouvrette: Mais les décès coûtent plus
cher qu'avant.
M. Burns: Les naissances, cela coûte moins cher
qu'avant.
M. Bouvrette: L'article suivant aussi coûte moins cher.
L'article 4.05, à l'occasion de maternité
équivalant au salaire de la septième et huitième semaines
après l'accouchement.
L'article 5.01, comparution en cour ou à une enquête, taux
et demi en dehors des heures régulières, minimum huit heures,
journée de congé taux et demi, minimum, journée
complète. On ne sait pas combien il y aura de comparutions dans une
année et nous n'avons pas de statistiques sur les années
précédentes.
C'est la même chose pour l'article 5.03 ainsi que pour l'article
5.05. Selon l'article 6.02, actuellement, la banque en maladie est
créditée d'une journée et quart par mois pour chaque mois
complet de service. Lorsqu'il y a grève, la journée correspondant
au mois de grève est amputée de la banque en maladie. Vous
comprendrez qu'il est extrêmement difficile, même quand il y a une
convention collective en vigueur d'estimer ce que sera le coût
l'année suivante. Tous les coûts reliés à des
visites médicales commandées par la commission sont à ses
frais. Si la commission acceptait une telle clause, il y aurait des risques
d'épidémie chez les employés. Les honoraires d'un
troisième médecin sont payés par la commission si
l'employé obtient gain de cause. Jusqu'ici, les honoraires sont
payés à 50%. S'il y avait ab- sence de maladie dans la famille,
ce serait à la commission de payer le certificat médical
démontrant que la femme ou les enfants sont malades pour une ou deux
journées. Jusqu'ici, on n'exige un certificat médical que
lorsqu'il y a vraiment une certaine période de maladie qui existe.
Quant à l'abolition de la limite de 230 jours dans l'accumulation
des jours en maladie, les employés ont atteint maintenant un maximum de
210 jours. Ce que coûteraient ces 230 jours, on ne peut l'évaluer
parce que nous ne savons pas comment continueront à s'accumuler ces
jours en maladie.
L'article 702 auquel M. Pepin s'est référé ce matin
dit que nous payons les accidentés du travail avant le jugement de la
Commission des accidents du travail, mais si l'employé n'est pas reconnu
par la CAT, comme ayant eu un accident de travail, la commission ne sera pas
autorisée à aller récupérer les sommes que
l'employé aurait reçues durant la période
présumée d'accident de travail.
L'article 707. L'employé ne pourra être
dé-classifié, mis à pied ou subir une diminution de
salaire à la suite d'un accident de travail. Il arrive que la CAT
décrète une incapacité permanente partielle qui peut aller
de 1% ou de 5% à 70%. A ce moment, de la façon que la clause est
rédigée, la commission devrait conserver le même salaire
à l'employé, plus l'incapacité payée par la CAT. La
disqualification pour raisons médicales. Il y a un comité qui
siège actuellement...
M. Burns: M. Bouvrette, je m'excuse. M. le Président, si
vous me permettez, ce n'est pas une question que je veux poser à M.
Bouvrette. Je veux seulement savoir si j'ai bien compris ce qu'il vient de
dire. La demande syndicale serait, à votre avis, de maintenir le
pourcentage, l'incapacité telle qu'allouée par la Commission des
accidents du travail plus le plein salaire à part. C'est comme cela que
je l'ai compris. Ce que j'ai compris de la demande syndicale, je m'excuse et je
ne veux pas entreprendre de débat ni ouvrir une période de
questions, parce que le président aime mieux qu'on attende à la
fin, mais c'est parce que cela me semble très ambigu ce que vous venez
de dire. Ce que j'ai compris de la demande syndicale, c'est qu'avant que la
décision de la CAT ne soit rendue, à savoir si c'est, oui ou non,
un accident de travail, le plein salaire soit maintenu, que, par la suite, s'il
y a incapacité totale temporaire, dans la plupart des cas d'accidents le
moindrement graves, les 25% soient comblés ou ce qui manque parce
que la commission donne 75% du salaire réel des douze derniers mois
que les 25% qui manquent soient comblés par la commission et
qu'en plus, si cela excédait les $9,000 de maximum comme gains
admissibles aux fins de la Commission des accidents du travail, cela aussi soit
également comblé par la commission. C'est comme cela que j'ai
compris la demande syndicale. Est-ce que je me trompe?
M. Bouvrette: M. Burns, discuter avec vous de textes syndicaux...
Je pense que je vous ai assez
connu pour savoir que je n'ai pas votre habileté pour
interpréter les textes syndicaux, mais je veux quand même...
M. Burns: II n'est pas question de votre habileté, ni de
la mienne. Il est question d'essayer de se comprendre tout simplement.
M. Bouvrette: D'accord.
M. Burns: Je veux savoir si vous avez bien compris la demande
syndicale ou si je l'ai mal comprise. Ce n'est que cela que je veux savoir.
M. Bouvrette: Tout d'abord, en ce qui concerne... On va parler
des conditions qui existent actuellement. Actuellement, la commission, dans une
clause acceptée en 1965 et qui n'a pas été modifiée
depuis, dit que le salaire de l'employé continue à lui être
versé pendant une incapacité temporaire totale.
Lorsque la CAT change l'incapacité temporaire totale à une
incapacité permanente partielle, à ce moment la CAT
décrète un pourcentage, un montant ou une rente à
être versée à cet employé durant cette
incapacité permanente partielle, quantum qui peut être
modifié par la CAT sur appel de l'employé ou sur appel de
l'employeur. Quant à l'autre interprétation, quelle que soit
l'interprétation que je lui ai donnée là-dedans, elle n'a
pas beaucoup de conséquence parce qu'on ne l'a pas
évaluée.
M. Burns: M. le Président, je m'excuse encore une fois. Je
veux seulement savoir comment vous évaluez pas au sens de dollars
et de cents mais comment vous estimez, vous, la demande syndicale qui
vous est faite en matière de Commission des accidents du travail.
M. Bouvrette: M. Burns...
M. Burns: C'est parce que je n'ai pas compris...
M. Bouvrette: Oui.
M. Burns: ... c'est peut-être mon erreur. Si c'est cela, je
l'admets. Mais je n'ai pas compris que M. Pepin, ce matin, quand il a
expliqué la demande syndicale en matière de Commission des
accidents du travail, disait la même chose que ce que vous venez de nous
dire, ou bien, je vous ai peut-être mal compris.
M. Hanigan: M. le Président, Lawrence Hani-gan. M.
Bouvrette explique les raisons pour lesquelles il ne lui est pas possible de
faire l'évaluation. Si, pour quelques instants, on veut faire clarifier
la position de la partie patronale sur cet article, je demanderais à M.
Guilbault de l'expliquer.
M. Guilbault: C'est un...
M. Burns: Non, écoutez! Je ne veux pas... Je veux
respecter les règles que notre président de commission nous a
imposées. Il a parfaitement raison. Je veux les suivre. Je ne veux pas
que M. Guilbault nous réponde tout de suite. C'est parce que j'avais mal
compris. Je me disais: Si vraiment on passe dans un tout autre sens... M.
Guilbault, j'avais d'ailleurs une question à lui poser plus tard, mais
pour le moment, en ce qui me concerne, je suis satisfait qu'on ne
réponde pas à ma question et je la poserai à M.
Guilbault.
M. Guilbault: Si cela peut éclaircir votre question, je
l'ai ici.
Le Président (M. Séguin): Non, mais nous arrivons
aux questions par la suite. Si vous voulez continuer.
M. Bouvrette: Je suis d'accord avec M. le député de
Maisonneuve. Mon explication a été des plus obscures, et si on
peut l'effacer, on peut l'effacer.
M. Burns: Elle est quand même inscrite au journal des
Débats.
M. Bouvrette: D'accord! M. Hanigan: Par chance.
M. Bouvrette: Elle est corrigée par la suite,
j'espère.
M. Burns: On verra.
M. Bouvrette: L'article 9.02: Disqualification pour raison
médicale. Le comité actuel est augmenté de deux membres.
Nous ne connaissons pas le nombre de séances que ce comité
devrait tenir.
Erreur de paie de plus de $12 bruts, remboursés le jour
même, sinon un minimum de trois heures au taux régulier. Dans le
moment, lorsqu'il y a une erreur, je crois que c'est $20. L'employé nous
avise et il doit être payé dans les 24 heures qui suivent. Nous
croyons que, comme les employés ne sont pas tous dans le même
édifice à la CTCUM, quant à l'erreur de paie, le
système actuel ne pénalise pas les gens, parce que la paie est
distribuée le jeudi, et il y a possibilité de corriger avant la
fin de la semaine. 13.05: Arbitrage. Si le grief du syndicat est accueilli, la
commission paye tous les frais. Il est extrêmement difficile de savoir
combien il y aura de griefs qui iront à l'arbitrage et combien seraient
soumis à cette clause. Activités syndicales, salaires des
employés qui participent à des congrès syndicaux
payés par la commission; je crois qu'ils sont reliés aux
constitutions de chacun des syndicats; nous ne pouvons l'évaluer.
Le plan d'assurance-vie et de maladie payé à 100% par la
commission pour les employés retraités. Dans le moment, les
employés de la CTCUM retraités payent 100% du plan
d'assurance-vie, mais ils bénéficient du taux de groupe. Pour
pou-
voir évaluer une telle clause, il aurait fallu recourir aux
services d'un actuaire. Les améliorations techniques ne peuvent
entraîner de mises à pied même si cela affecte plus de 50%
de l'unité administrative; nous ne savons pas ce qui peut se passer dans
l'avenir en ce qui concerne les améliorations techniques.
L'article 22.01, transport gratuit pour services express, autobus de
promenade et services spéciaux. La politique de la commission a
été, en ce qui concerne ces services, d'avoir une
rentabilité. Si on prend, par exemple, les services espress où
nous devons ajouter des autobus lorsqu'il y a un certain nombre de personnes
qui utilisent ces services, le fait de permettre aux employés de voyager
gratuitement à bord de ces véhicules pourrait obliger la
commission à ajouter d'autres autobus.
Dans le moment, les employés payent la prime qu'on exige des
usagers réguliers pour voyager à bord de ces services express,
soit un double tarif. Nous demandons aux employés, à ce
moment-là, de verser la différence entre le tarif régulier
et le double tarif, le laissez-passer servant de base au tarif
régulier.
L'article 26.01: Les employés ne seront pas tenus de traverser
les piquets de grève pour toucher leur plein salaire. M. Guilbault a
donné les raisons il y a quelques instants et je n'ai rien à
ajouter là-dessus.
L'article 27: Augmentation automatique des salaires selon l'indice des
prix, ainsi que le montant forfaitaire inclus au taux horaire du 12 juillet
1975.
Cet article est extrêmement difficile à évaluer, les
économistes ne s'entendant même pas sur les projections
d'augmentation du coût de la vie qui existent. D'ailleurs, ces
économistes les révisent assez régulièrement.
L'article 30.01: La pleine sécurité d'emploi, avec aucune
mise à pied, a des implications que je préférerais laisser
à M. Guilbault. Je préférerais que M. Guilbault fournisse
les explications parce qu'il est absolument impossible d'en évaluer le
coût.
Aucune perte de salaire si certaines lignes d'autobus ou de métro
sont paralysées par force majeure; ceci veut dire qu'il pourrait y avoir
un incident, ou un accident, qui pourrait nous empêcher de fonctionner de
la façon habituelle et nous serions obligés de continuer à
payer ces employés.
La facturation au syndicat dans les 60 jours de la date de
libération, sinon un compte serait considéré comme
payé; il est très rare que les factures ne soient pas
envoyées dans les 60 jours mais il pourrait arriver qu'il y ait erreur
et, en conséquence, nous ne voyons pas la raison pour laquelle le
syndicat serait libéré d'une dette qu'il a acceptée au
moment de la libération.
Le comité de sécurité est composé de huit
représentants de la commission. Cela non plus n'est pas évaluable
parce qu'on ne connaît pas le nombre de séances qu'il y aurait de
ce comité de sécurité.
Une assignation temporaire de plus d'une heure d'affilée à
une fonction supérieure, on paierait à ce moment-là un
minimum de trois heures. Là non plus on n'a pas les statistiques qui
nous permettraient d'évaluer cette clause.
L'article 41.09: Garantie minimum de huit heures par jour, même si
l'employé n'exécute pas de travail assigné. C'est
absolument impossible d'évaluer cette clause.
L'article 43.02: Rappel au travail. Je pense que c'est dans le cas de
temps supplémentaire. Or, lorsqu'il y a tempête de neige ou
quelque avarie, il arrive qu'on doive rappeler occasionnellement des
employés pour effectuer des réparations ou certains travaux et,
à ce moment-là, on devrait payer ces employés cinq heures
minimum, temps et demi.
L'article 43.03: Appel d'urgence au travail immédiatement ou
avant ou après ses heures régulières, un minimum de deux
heures, ce qui veut dire qu'il pourrait y avoir deux heures payées pour
un travail qui en demande peut-être dix ou quinze minutes seulement.
S'il y a une erreur dans l'attribution du temps supplémentaire,
le paiement du temps sera effectué aux deux employés.
Actuellement tout fonctionne d'après les numéros matricules. Si
quelqu'un des garages fait une erreur dans le report du numéro matricule
du temps supplémentaire, la commission, à ce moment-là,
devrait payer celui qui a reçu l'argent par erreur et celui qui ne l'a
pas reçu. Ce que nous faisons actuellement, c'est que, lorsque cette
erreur est découverte, nous allons récupérer l'argent de
celui qui ne devait pas l'avoir, nous le lui déduisons de ses paies
subséquentes. Il y a une allocation d'une demi-heure au taux de temps et
demi s'il y a plus de deux heures et demie de temps supplémentaire. Ce
sont les employés d'entretien qui ont souvent à faire des travaux
lorsqu'il y a des tempêtes de neige, par exemple, ou d'autres travaux
d'urgence et nous ne pouvons évaluer cette clause.
Employés promus et rémunérés aux taux de
leur nouvelle classification dès la fin de la période de 30
jours. La convention actuelle prévoit une période d'affichage et
il arrive que la nomination soit retardée. A ce moment-là, il
faudrait que la nomination soit considérée rétroactive,
même si l'employé ne faisait pas le travail au moment où
les 30 jours se sont terminés.
Prime de $0.20 l'heure aux préposés et instructeurs
à l'entraînement. Ceci est extrêmement difficile à
évaluer, surtout lorsqu'on ne connaît pas les implications
d'entraînement que les prolongements de métro devront exiger. A
l'article 46.04, une prime de travail effectué sur des échafauds
ou des échelles de plus de huit pieds. Cela prendrait peut-être un
type pour mesurer les échelles en plus de la prime. C'est
extrêmement difficile à évaluer.
M. Burns: Qu'est-ce que font vos contremaîtres? Ils se
prennent le derrière?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! M. Bouvrette,
continuez.
M. Bouvrette: L'enlèvement de la neige. Il y a des
périodes de repos et de temps supplémentaire qui sont
exigées.
A l'article 48.01, on demande des vêtements de travail
additionnels, selon les besoins. Les besoins varient suivant la
disponibilité, probablement.
A l'article 48.15, on demande des bottines ou des souliers de
sécurité pour tous ies employés, mais on ne
spécifie par le nombre de fois par année.
L'article 50.06: Tout employé appelé à conduire ou
à opérer régulièrement un véhicule moteur de
la commission recevra le taux de salaire du conducteur du véhicule.
Régulièrement, cela peut être une fois par semaine, cela
peut être une fois par mois, mais lorsqu'un employé agit comme
conducteur de véhicule, on lui paie la différence de salaire
lorsqu'il n'est pas question seulement de déplacer un
véhicule.
L'article 54.00: La cafétéria à l'usine
Crémazie; prix inchangés durant toute la durée de la
convention. Nous n'avons pas modifié les prix de la
cafétéria de beaucoup depuis plusieurs années, mais nous
engager à une telle clause, dans une période comme celle que nous
connaissons actuellement, c'est extrêmement difficile d'en évaluer
le coût.
M. Hanigan: Lawrence Hanigan. M. le Président, il y a deux
autres annexes qui sont extrêmement importantes et qui démontrent
la justification des offres que la Commission de transport a faites, ce sont
les annexes 7 et 8. Je demande la permission à cette commission que M.
Guilbault explique ces annexes 7 et 8.
Le Président (M. Séguin): M. Guilbault. Merci, M.
Hanigan.
M. Guilbault: Pour ces groupes d'employés, la commission
s'est toujours servie, comme un de ses principaux points de repère, des
contrats signés avec les syndicats de la ville de Montréal ayant
des occupations similaires. C'était le principal point de
repère.
Depuis que je suis à la commission, en 1966, le syndicat et la
commission ont réclamé tour à tour la parité de
salaires avec la ville de Montréal. En 1967, les 25% dont parlait M.
Pepin étaient un rattrapage pour des fonctions similaires de la ville de
Montréal. Vous noterez dans vos tableaux qu'en 1970 les taux de salaires
étaient identiques, cent pour cent; c'est l'annexe 7-C. Le contrat
à la ville de Montréal était en vigueur du 31
décembre 1970 au 31 décembre 1971 et la Commission de transport a
signé une convention le 12 juillet 1970 et avec des taux de salaires
identiques a la ville de Montréal.
L'annexe 7-B. En signant des taux de salaires identiques avec la ville
de Montréal, on payait, pour la même classification, les
mêmes salaires. C'était un changement avec la structure salariale
qui existait à la Commission de transport. Avant 1970, les hommes de
métier recevaient un taux de salaire pour quelque classification de
métier que ce soit. En 1970, il y a eu un règlement. Le
règlement a été que les taux de classification seraient
exactement les mêmes que ceux de la ville de Montréal, avec le
résultat que les hommes de métier à la commission de
transport avaient une certaine différentielle dans leur salaire, ce qui
a amené une insatisfaction de la part de certaines gens de métier
et, à la dernière convention, vous allez noter cela à
l'annexe 7-B, le taux du manoeuvre était de $3.75 et, à la ville
de Montréal, c'était $3.745. Par contre, il y a certaines
différences dans les gens de métier et cette différence
s'explique par le fait que le syndicat avait demandé que la même
augmentation soit donnée, quel que soit le métier. Alors, si ma
mémoire est fidèle, c'était 40, 30 et 17. Mais 40
s'appliquait à toutes les classifications.
J'ai dit tout à l'heure que la ville de Montréal
était un des principaux points de comparaison et j'arrive aux bases de
l'offre que nous avons faites au syndicat cette année. Cette
année, nous avons examiné les salaires de certaines entreprises
privées et certaines entreprises publiques qui ont une affinité
avec la CTCUM.
C'est ainsi qu'à l'annexe 8 a) vous allez trouver les entreprises
Bonaventure. Que sont les entreprises Bonaventure? Ce sont celles qui
réparent les autobus de Provincial Transport ou Le Voyageur
métropolitain. Vous allez noter que les salaires de la CTCUM sont
supérieurs à ceux des entreprises Bonaventure, même si
cette convention expire en 1976. Nous avons aussi étudié les
salaires payés dans certains services publics, comme Hydro-Québec
et les employés de la fonction provinciale. A Hydro-Québec,
veuillez noter, à l'annexe 8-B), que le taux du journalier est de 10%
inférieur à celui de la CTCUM avant les offres de 12% qu'on a
faites, et que l'homme de métier a sensiblement le même salaire
avant les offres que nous avons faites.
Dans la fonction publique, la différence va de 22% à 28%,
avant encore, les offres, ne tenant pas compte des 12%. Nous avons fait aussi
une comparaison salariale avec certaines villes de banlieue qui entourent la
ville de Montréal, mais qui sont des contribuables de la CTCUM. L'annexe
C) est une de ces villes, Montréal-Nord, et quant au taux de salaire
la convention est en vigueur du 1er janvier 1975 au 12 janvier 1975
et la différence est de 5% à 9 1/2%. Nous avons fait aussi
un échantillonnage des salaires payés dans certaines entreprises
privées. C'est sûr que ce ne sont pas toutes les entreprises
privées mais, là encore, notre prétention est à
l'effet que nos salaires, avec les 12% qu'on offre, équivalent aux taux
payés dans certaines grosses entreprises privées où on a
fait un échantillonnage.
Vous allez voir, à l'annexe 7-A), la résultante de nos
études. Les salaires que nous offrons, pour l'année 1975/76
quand M. Pepin a parlé de 12% tout à l'heure, il a bien
évité de dire qu'il y avait 11% aussi pour l'année
suivante le salaire du manoeuvre, qui est de $4.655 à la ville de
Montréal, est de $4.73 à la CTCUM. Chez les gens de
métier, le taux varie, mais prenons un soudeur, le soudeur a $5.795
à la ville de Montréal en compa-
raison de $6.01 à la CTCUM; et pour un autre métier assez
typique, $5.985 pour l'électricien, comparé à $6.01
l'heure.
Ce sont les bases de l'offre que nous avons faites au point de vue
salaire. Si on regarde les avantages sociaux, on se compare avantageusement
avec tous ces corps publics, incluant Montréal.
Vous avez la caisse de retraite dont le coût, à la CTCUM,
est de 12% contre 8% à la ville de Montréal. Vous avez
l'assurance-vie. En d'autres mots, les avantages sociaux à la CTCUM avec
l'offre que nous avons faite au syndicat, le coût à l'heure de
travail est supérieur chez nous à tous les autres endroits
où nous avons comparé. Le coût à l'heure
reflète les primes, le salaire payé, le salaire de base et les
avantages sociaux.
C'est la base de l'offre que nous avons faite au syndicat.
Le Président (M. Séguin): M. Lawrence Hani-gan.
M. Hanigan: M. le Président, cela résume ou cela
complète la présentation à ce moment-ci.
Le Président (M. Séguin): Je vous remercie, M.
Hanigan. Je pense, avant que vous ne quittiez la table, qu'on pourrait
peut-être commencer, s'il y a des membres de la commission qui ont des
questions à poser sur votre exposé. Comme convenu, nous
entendrons M. Pepin ensuite, lorsqu'il abordera lui-même les commentaires
qu'il voudrait peut-être apporter sur ce que vous avez dit ou encore sur
les sections particulières du contrat ou de la discussion.
Parmi les membres de la commission... M. le premier ministre.
Questions des députés
M. Bourassa: M. Hanigan, je ne sais pas si c'est vous ou un de
vos collaborateurs qui avez dit, en employant une expression
générale, que les conditions de travail étaient plus
favorables que celles dans le secteur manufacturier, si je me souviens bien.
Avez-vous dit cela?
M. Hanigan: Je pense, M. le Président, que j'ai
effectivement dit cela dans mes remarques générales. Nous ne
l'avons pas expliqué, mais vous le retrouverez à l'annexe 10 qui
démontre, par exemple, qu'en 1973, les salaires moyens des hommes
d'entretien de la CTCUM comparés au taux moyen de l'industrie
manufacturière de la région de Montréal, à
l'entretien à la CTCUM, étaient de $4.41 alors que ceux de
l'industrie manufacturière étaient de $3.40. En 1974, le taux
moyen, le salaire moyen était de $4.71 à la commission de
transport et de $3.89 dans l'industrie manufacturière.
L'offre de la commission de transport du 20 août comporte un taux
moyen de $4.83 au 11 juillet 1975, de $5.41 du 12 juillet 1975 au 11 juillet
1976 et de $6.01 du 12 juillet 1976 au 11 juillet 1977.
M. Bourassa: Comment expliquer cette différence, que la
CTCUM donne presque $1 de plus que l'industrie manufacturière à
Montréal? Pour les mêmes travaux?
M. Hanigan: C'est la moyenne payée dans l'industrie
manufacturière, tirée des statistiques du bureau
fédéral. Ce n'est pas une comparaison avec des employeurs de
même nature ou de même affinité, mais c'est une comparaison
avec l'industrie manufacturière dans l'ensemble.
M. Bourassa: Le député de Maisonneuve me souffle...
Est-ce que cela couvre les syndiqués et les non-syndiqués?
M. Hanigan: Oui, pour les entreprises de plus de vingt
personnes.
M. Burns: Cela change les chiffres.
M. Bourassa: C'est pour la région de Montréal.
M. Hanigan: C'est pour la région de Montréal. Je
pense que cela tend tout de même à démontrer que les
contribuables, en grande partie, viennent de ce groupe de personnes qui
gagnaient $3.89, en moyenne, en 1974.
M. Bourassa: Quel est le taux de syndicalisa-tion à
Montréal, à peu près? Moitié, moitié, je
suppose? C'est un peu plus élevé qu'en province.
M. Hanigan: Oui, c'est plus élevé qu'en province,
mais il me semble avoir déjà entendu dire qu'il était de
30% en province. C'est peut-être un peu plus élevé à
Montréal.
M. Burns: Cela ne se rend pas à 40%? M. Harvey
(Jonquière): Globalement, 37%. M. Bourassa: C'est une moyenne
de 37%. M. Harvey (Jonquière): 37%, globalement.
M. Bourassa: II y a des chiffres que j'avais mentionnés
privément au président de la CSN, que j'ai entendus... Je n'ai
pas pu suivre toute la discussion en détail. Vous parlez d'un chiffre
qui est frappant, celui de 91%. C'est une demande. Est-ce seulement sur le plan
salarial ou si cela comprend les "fringes" ou les avantages?
M. Hanigan: Les 91%, je pense que le premier ministre
était peut-être absent lorsqu'ils ont été
expliqués en détail par M. Bouvrette.
Les clauses que nous avons pu évaluer représentent
$16,968,000 sur la masse salariale payable à l'entretien. Ce sont les
clauses qui ont été éva-
luées. Il y a $9,892,000 qui sont du salaire. Les autres sont
soit des primes ou des vacances payées additionnelles ou des
crédits de jours de maladie. Vous le retrouverez dans le document
à l'annexe 6 A. Ce sont ces $16,968,000 qui représentent une
augmentation de la masse salariale de 91.92% ou de $9,500 par employé
pour une période d'une année.
M. Bourassa: D'accord. L'augmentation du salaire pour 1975,
qu'est-ce que c'est, si on peut essayer de comparer cela?
M. Hanigan: La masse, $9,892,000.
M. Bourassa: Je veux dire en pourcentage.
M. Hanigan: Un pourcentage de 55% pour une période de un
an.
M. Bourassa: Pourquoi? Je pourrai le demander au syndicat
tantôt. M n'y a pas de rattrapage là-dedans?
M. Hanigan: Non.
M. Bourassa: II doit y avoir du rattrapage, il y a le coût
de la vie.
M. Bouvrette: M. Pepin a expliqué ce matin qu'il y avait
une somme de $0.95 qui servait de rattrapage sur les $2.65.
M. Bourassa: Cela veut dire combien dans les 55%, $0.95?
M. Bouvrette: $0.95 représenteraient environ 20%.
M. Bourassa: Cela serait du rattrapage, selon l'avis de M.
Pepin.
M. Bouvrette: Là, je transpose les paroles de M. Pepin.
J'espère que...
M. Bourassa: D'après vous, il y a combien de rattrapage
dans les 55%?
M. Bouvrette: C'est d'après M. Pépin qu'il y a 20%
de rattrapage.
M. Bourassa: Oui, mais d'après vous?
M. Bouvrette: Ce n'est pas moi qui ai fixé les 55%.
M. Bourassa: Non, mais je vous le demande, parce que tantôt
il y a des chiffres que vous avez donnés. Vous dites que, sur le plan
salarial, il y a une augmentation de 55%.
M. Bouvrette: Permettez, M. le premier ministre, l'explication du
rattrapage a été fournie ce matin. Elle n'apparaît pas
telle quelle dans les demandes salariales. La demande de la partie syndi- cale
est une augmentation de $2.65 l'heure sur le salaire moyen de $4.83, ce qui
représente 55% d'augmentation.
M. Bourassa: Si on assume que M. Pepin a raison en disant que,
sur les 55%, il y a 20% de rattrapage vous semblez mettre cela en doute,
mais supposons qu'on assume cela il reste 35%. Si on enlève
l'inflation, il reste 23%. Il y a un enrichissement de 23%.
M. Bouvrette: M. Pepin a donné des explications ce matin
qui, je crois, ne concordent pas avec les $2.65. Il a expliqué qu'il y
avait $0.95 de rattrapage, 15% d'augmentation la première année,
dans sa justification du $2.65, qui représentaient $0.87. Il a aussi
invoqué une augmentation de 15% pour la deuxième année,
qu'on peut évaluer à $0.90. Il n'a pas mentionné le
montant, mais ceci justifie $2.72 pour deux ans, alors que les demandes
syndicales sont $2.65 pour une année. Ce sont les explications que j'ai
comprises ce matin.
M. Bourassa: M. Pepin va répondre tantôt. Si je vous
comprends bien, vous dites que M. Pepin n'a pas repris mot à mot les
demandes que vous avez connues de la part du syndicat.
M. Bouvrette: C'est cela.
M. Hanigan: Maintenant, pour répondre à la question
du premier ministre, nous considérons que nous n'avons pas de rattrapage
à payer, puisque, lorsque nous faisons la comparaison avec des
entreprises similaires, des employeurs équivalents dans la
région, pour des postes de même nature, nos salaires sont à
peu près sur le même pied. Alors, nous calculons que nous n'avons
pas de rattrapage à faire par rapport aux autres entreprises.
M. Bourassa: Cela voudrait dire, au total, des demandes... Le
coût additionnel pour la CTCUM, cela serait de combien?
M. Hanigan: La demande syndicale?
M. Bourassa: Oui. Vous avez dit $9,500 par...
M. Hanigan: Par employé pour l'entretien seulement, ce qui
représenterait $17 millions, mais, encore une fois, pour un an et
basé sur le nombre d'employés de 1974 et non pas sur celui de
1976.
M. Bourassa: $17 millions d'augmentation pour un an?
M. Hanigan: Sans compter toutes les clauses qui ont
été énumérées, qu'il ne nous est pas
possible à ce moment d'évaluer. Ces clauses représentent
les deux tiers des demandes.
M. Bourassa: D'accord. Pour l'instant, je n'ai pas d'autre
question.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. le ministre. Le
député de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, vous me permettrez, je pense
bien, de poser une question d'abord à M. Hanigan, ensuite à M.
Guilbault et à M. Bou-vrette.
M. Hanigan, on n'en a pas discuté jusqu'à maintenant
c'est un élément, je pense, important dans le débat
j'aimerais que vous nous donniez la ligne d'autorité, si on peut
dire, dans l'établissement d'une éventuelle acceptation de la
convention collective des employés de la CTCUM. Je sais que vous
êtes président de la CTCUM. Je sais également que les
municipalités de la CUM sont drôlement intéressées
depuis quelques années à ce qui se passe à la CTCUM, si
jamais il y a déficit. Je pense que cette entente continue à
exister depuis, à ma connaissance, 1965. J'aimerais savoir quelle
importance, au point de vue des décisions, des politiques de relations
de travail, tout l'appareil qui entoure la CTCUM peut avoir. Je précise.
Est-ce qu'il y a sur vous je vous pose la question aussi franchement que
j'attends une réponse à la CTCUM, des pressions qui sont
faites par des municipalités environnantes ou encore par la ville de
Montréal? Parce qu'on ne se leurrera pas. C'est évident que toute
négociation, surtout sur le plan salarial, à la CTCUM, organisme
important entre autres dans la région de Montréal, a
évidemment une importance quant aux autres négociations qui s'en
viennent.
M. Pepin a mentionné ce matin je pense que c'est un
facteur important du débat que, d'ici quelques mois, le local 301
du Syndicat canadien de la fonction publique à la ville de
Montréal sera en négociation pour ses cols bleus je me
demande même s'il n'est pas en train de s'apprêter à le
faire à la ville de Montréal.
Ce que j'aimerais, c'est que, M. Hanigan, vous nous traciez le portrait
politique, au sens beau du mot, de toutes les pressions dont vous pouvez
être l'objet à la CTCUM, parce que, moi, j'ai l'impression que
c'est un élément important du portrait.
M. Hanigan: M. le Président, le mot de politique n'a
jamais un sens péjoratif en ce qui me concerne. En réponse au
député de Maisonneuve, je tiens à l'assurer et à
assurer également tous les membres de cette commission que la commission
de transport, soit mes deux collègues, MM. Lambert et Hénault,
sont les seuls responsables des décisions qui sont prises en cette
matière quant au mandat qui a été confié et
également quant aux négociations et quant au règlement,
lorsqu'il y en a. Ni la ville de Montréal, ni aucune municipalité
de la commission de transport, ni également le gouvernement du
Québec ne sont intervenus pour faire pression, pour tenir une ligne ou
pour nous conseiller une ligne de conduite. C'est entièrement et
complètement la responsabilité de la commission de transport.
Nous n'avons pas reçu de conseils et nous n'avons pas reçu de
félicitations non plus, lorsque nous avons signé une convention
collective ou lorsque nous sommes ar- rivés à un accord avec la
fraternité des chauffeurs récemment, mais nous avons
été et nous sommes encore entièrement libres. Nous ne
recevons aucune démarche, aucune représentation, et je pense que
je peux même dire qu'à ce moment-ci, les membres de la commission
parlementaire sont beaucoup plus renseignés que les conseils municipaux
du territoire de la communauté sur les offres patronales. Nous avons
pris nos responsabilités.
M. Burns: Bon! Alors, en somme, ce que je prends comme
réponse de vous, c'est que vous avez complète autonomie quant au
règlement éventuel de quelque convention collective de votre
juridiction à la CTCUM.
M. Hanigan: C'est exact que je ne reçois, et mes
collègues sont dans la même position, aucune intervention ou
aucune pression. Je connais très bien le président de la
communauté urbaine qui aura à présenter le budget de la
commission de transport également et je me charge de présenter le
budget et de le défendre. Ce budget incluera les...
M. Burns: Dans l'éventualité où la CTCUM
aurait un déficit opérationnel quelconque, pouvez-vous nous dire
comment cela se règle?
M. Hanigan: M. le Président, ce n'est pas une
éventualité, la commission de transport, comme tout organisme de
transport collectif, opère à déficit. Et ce
déficit, lorsqu'il est connu, après la fin de l'année
financière, est réparti parmi les municipalités qui sont
servies par la commission de transport au prorata de leur évaluation
foncière. Et ce, conformément à la loi.
M. Bourassa: En 1974, le déficit est de combien?
M. Hanigan: Le déficit 1974 qui était payé
par les municipalités en 1975, était de l'ordre de $37 millions.
Celui de 1975 qui sera payé par les contribuables en 1976, est
évalué à $57 millions.
M. Bourassa: Sans compter cette convention, les montants
additionnels qui devront être ajoutés.
M. Hanigan: C'est exact, malgré que, dans le budget 1975,
nous avons fait des prévisions pour renouvellement de conventions
collectives. Le budget 1976 est en préparation et je ne suis pas en
mesure de dire à ce moment-ci quel pourrait être le montant qui
serait le déficit d'exploitation prévu.
M. Burns: Je vous remercie de ces réponses. En tout cas,
cela nous situe et on ne sait pas où on s'en va, à partir de
là. Ma deuxième question est la suivante. Je n'ai pas entendu le
mot ni l'expression encore, dans le présent débat, depuis ce
matin, mais je vais le lancer, moi, puis vous allez me dire, oui ou non, en
tout cas, je ne vous demande pas juste de vous restreindre à un oui ou
à un non,
mais il ne faut pas se gêner pour parler des choses qui
déplaisent.
Est-ce que fondamentalement, là je vous parle uniquement sur le
plan pécuniaire, est-ce que, fondamentalement, l'attitude de la CTCUM,
je ne vous demande pas de qualifier les demandes syndicales, ni encore moins,
de qualifier vos offres... Est-ce qu'actuellement, le facteur capacité
de payer de la CTCUM est un élément dans votre refus des demandes
syndicales ou dans l'érection de vos offres, dans la construction de vos
offres?
M. Hanigan: Je pense, M. le Président, que j'ai
peut-être répondu à cette question ce matin, par
anticipation. Nous considérons que nous avons, comme
responsabilité première, de payer et de traiter de façon
juste et équitable, non employés; première
préoccupation. La deuxième est d'ordre administratif: bien
administrer les deniers des contribuables. Première
préoccupation, voir à ce que nos employés soient
traités de façon juste et équitable.
M. Burns: C'est beau ce que vous venez de... Pardon, M. le
premier ministre, je pense que j'ai encore la parole, n'est-ce pas, M. le
Président?
M. Bourassa: C'est juste pour une petite question sur le
même sujet.
M. Burns: C'est parce que vous ferez... vous reviendrez, M. le
Président. Je ne veux pas perdre cette affaire-là. Je m'excuse
auprès du premier ministre, mais...
M. Bourassa: Non, non, très bien.
M. Burns: ... il me semble que j'ai la "pole" dans le moment, je
ne lui ai pas ôtée tout à l'heure.
M. Bourassa: Très bien, gardez-la.
Le Président (M. Séguin): Vous ne voulez pas que
j'intervienne.
M. Bourassa: Non, non.
M. Burns: Non, on est en train de régler cela à
l'amiable...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: ... le premier ministre et moi. Comme j'espère,
la CTCUM acceptera de régler à l'amiable avec ses
employés.
Je trouve cela beau ce que vous venez de dire, mais pas satisfaisant.
Est-ce qu'à un moment donné ou à un autre, je vais rendre
ma question plus claire, vous avez allégué à l'endroit des
syndicats qui négocient avec vous actuellement, l'incapacité de
payer de la commission, eu égard aux propositions qui vous sont faites
par les syndicats? C'est ce que je veux dire.
Est-ce que dans tout ce débat, vous êtes arrivé
à dire: Ecoutez, vous nous demandez quelque chose qui n'a pas de bon
sens, on ne peut pas le payer. C'est ce que je veux savoir; quand je vous parle
de capacité de payer, c'est dans ce sens.
M. Hanigan: M. le Président, en réponse au
député de Maisonneuve, je n'ai pas participé aux
négociations. Je ne peux pas dire ce qui a été
mentionné à la table des négociations.
M. Burns: M. Hanigan, je vous demanderai de ne pas rire de moi,
là.
M. Hanigan: Je me souviens très bien, par exemple...
M. Burns: Vous êtes quand même l'autorité
là-dedans.
M. Hanigan: ... de ce que j'ai dit depuis le début, de la
position que j'ai toujours tenue. C'est que la capacité de payer de la
commission n'est pas à la base de l'offre ou des offres que la
commission a faites.
M. Burns: C'est-à-dire que peu importe la capacité
de payer de la CTCUM, vous avez fait les offres qui sont devant nous
actuellement?
M. Hanigan: Que nous calculons justes et équitables, en
tenant compte de la région de Montréal, des salaires qui sont
payés pour des occupations similaires.
M. Burns: Comme vous n'avez pas...
M. Hanigan: Je pense qu'il serait injuste et je ne me
gêne pas pour le dire de payer des salaires inférieurs
à la commission de transport parce que c'est une opération
déficitaire et dont le déficit doit être comblé par
le trésor public.
M. Burns: Alors, est-ce que je dois comprendre je vais inverser
ma question qu'à aucun moment, au cours des négociations,
pour peu qu'elles aient pu avoir lieu, il n'a été question de la
part de la CTCUM de la capacité de payer de la CTCUM?
M. Hanigan: Cela n'a jamais été mentionné
par celui qui vous parle.
M. Burns: Est-ce que je peux demander à M. Guilbault, le
chef négociateur, ou à M. Bouvrette, le grand argentier, si cet
aspect a été mis sur la table entre les parties?
M. Hanigan: Dans les négociations, il se dit beaucoup de
choses de part et d'autre. A ce moment-là, il faudrait peut-être
nous donner également le privilège de poser la même
question...
M. Burns: M. Hanigan, je ne veux pas discuter avec vous. Je ne
veux pas faire une joute à celui
qui pose la meilleure question et l'autre qui donne la meilleure
réponse pour "fourrer" l'autre. Ce n'est pas à cela que je joue.
Je veux avoir des faits. J'ai une autre question, imaginez-vous, celle-ci est
juste préliminaire. J'en ai une autre.
M. Hanigan: Je sais.
M. Burns: Bon! L'autre, pour moi, est plus importante mais j'ai
besoin d'avoir une réponse à celle-ci avant de poser l'autre.
Alors, je demanderais à M. Guilbault ou à M. Bouvrette de me
répondre. Et cela, peu importe, je ne vous demande pas de
dévoiler vos stratégies de négociation; M. Guilbault, je
sais que vous êtes fort là-dedans, on a déjà
croisé le fer là-dessus.
M. Guilbault: J'ai appris de vous, M. Burns.
M. Burns: Ne me dites pas que vous avez... Moi, je pensais avoir
appris de vous. Mais là-dessus, est-il possible de me
répondre?
M. Guilbault: Cette question m'a été posée
par un autre syndicat que celui-ci et la réponse a été
qu'en faisant les offres, la commission n'a jamais tenu compte de sa
capacité de payer.
M. Burns: Bon. Dans le débat actuel, il n'est pas
question...
M. Guilbault: Elle m'a été posée à
plusieurs reprises.
M. Burns: Non.
M. Hanigan: C'est-à-dire, M. le Président, qu'elle
m'a été posée à plusieurs reprises aussi par les
media d'information. On m'a souvent demandé si c'était un moyen
de pression auprès du gouvernement pour obtenir des subventions
additionnelles et la réponse a toujours été: Non.
M. Burns: Bon, d'accord.
M. Bourassa: A preuve le déficit de $57 millions.
M. Burns: Pardon?
M. Bourassa: A preuve le déficit de $57 millions.
M. Burns: Oh! oui, bon. Là, je vais arriver à
l'aspect philosophique des transports en commun. Peut-être que M. le
Président, qui est un ancien maire de la Communauté urbaine de
Montréal, va me dire que je déborde un peu le problème
mais, au contraire, je trouve que c'est fondamental. J'espère, M. le
Président, que vous ne trouvez pas que cela...
Le Président (M. Séguin): Vous êtes bien
parti, allez-y.
M. Burns: Bon. Je veux savoir, M. le Président, de M.
Hanigan, s'il y a, du côté de la CTCUM, une philosophie du
transport en commun qui est clairement établie. Pour m'expliquer,
là, pour ne pas vous lancer dans un long débat qui pourrait durer
trois heures et qui n'est pas l'objet de ma question, je me
réfère simplement à la difficulté relative, si on
veut la qualifier doucement, qui a été éprouvée par
les organismes qui voulaient, entre autres, que les personnes
âgées bénéficient d'un transport en commun, sinon
gratuit, du moins réduit.
C'est déjà en vigueur, il y a une réduction pour
les personnes âgées, etc. Tant mieux. Je pense bien que, sur le
plan philosophique, il y a des gens qui trouvent que ce n'est pas encore assez
et je je suis de ceux-là. De toute façon, on n'est pas là
pour discuter de ma philosophie ou de quoi que ce soit, mais plutôt de la
vôtre. J'aimerais savoir si la commission de transport se voit comme
étant un service public, comme étant même
éventuellement un service gratuit à l'endroit de la population.
Je pense que cela a beaucoup d'importance dans l'actuel débat et sur
l'aspect, la capacité de payer, oui ou non, de la commission de
transport, le déficit, oui ou non, de la commission de transport. Vous
comprenez dans quel cadre je vous pose la question? Vous êtes-vous
déjà, en somme, penchés sur cette question, à
savoir: Est-ce que cela serait normal qu'un service de transport en commun
comme celui de la CTCUM soit un transport gratuit à l'endroit des
usagers?
M. Hanigan: M. le Président, à cela, ma
réponse est non.
Tout en considérant que le transport public, le transport
collectif est un service nécessaire, je ne crois pas qu'il doive devenir
gratuit. Je vais aller chercher un exemple assez loin, mais, tout de
même, qui illustre bien ma pensée. Le service postal est un
service nécessaire, peut-être pas essentiel, parce qu'on peut
vivre sans service postal, mais c'est un service nécessaire. Le
transport en commun est également un service nécessaire et je
pense qu'il est normal et tout le monde accepte de payer $0.08 pour envoyer une
lettre, mais on a déjà entendu le ministre des Postes dire que,
si on demandait le coût réel, cela coûterait peut-être
$0.50 pour envoyer une lettre. Alors, ma philosophie et celle qui est
partagée par mes deux collègues de la commission, c'est
qu'étant un service public, il est normal que le trésor public
assume une partie du coût d'exploitation, mais également que
l'usager paie et défraie une partie du coût de l'exploitation.
M. Burns: Mais, de toute façon, il y a, à la CTCUM,
une philosophie à cet endroit, c'est-à-dire que vous vous
êtes déjà penchés là-dessus et les
conclusions que vous venez de me livrer, c'est votre philosophie.
M. Hanigan: Oui, c'est la philosophie des administrateurs et nous
croyons que c'est là le mandat de la commission en tant
qu'administrateurs et si, un jour, les autorités supérieures, que
ce soit la communauté urbaine, que ce soit le gouverne-
ment de la province, indiquent que le transport devrait être
gratuit, nous n'hésiterons pas à suivre cette recommandation,
mais vous m'avez demandé mon opinion personnelle...
M. Burns: Pas la vôtre. Je parlais... J'ai bien dit: M. le
Président de la CTCUM.
M. Hanigan: Celle de la commission. Le président de la
CTCUM estime que l'usager doit payer pour une partie du coût du transport
collectif.
M. Burns: Vous me livrez cette pensée au nom de la
CTCUM.
M. Hanigan: Mes deux collègues me font signe que oui.
M. Burns: Vous venez de faire une séance
spéciale.
M. Hanigan: II n'y a pas de minutes, il n'y a pas de
résolution de votée.
M. Burns: D'accord. C'est le dernier point pour faire le tour de
cette question avec vous avant de m'adresser à vos deux
collègues. J'ajoute que cette façon de voir, cette façon
de penser de la CTCUM n'a strictement rien à voir avec la
capacité ou l'incapacité de payer de la CTCUM.
M. Hanigan: N'a rien à voir avec les offres que nous avons
faites au syndicat.
M. Burns: Mais n'a rien à voir avec la capacité ou
l'incapacité de payer de la CTCUM.
M. Hanigan: C'est exact.
M. Burns: D'accord. J'aimerais, si possible, M. le
Président, poser maintenant un certain nombre de questions à M.
Guilbault.
M. Guilbault, il a été question ce matin je pense
que, dans la réplique des autorités de la CTCUM, il n'en a pas
été question de la part de M. Pepin en particulier, de
l'absence d'autorité ou de l'absence de pouvoir décisionnel
à la table de négociation.
Sans vouloir m'embarquer dans des choses auxquelles j'ai
déjà été mêlé personnellement, je sais
que c'est la chose la plus frustrante qui puisse exister du côté
syndical que de se voir dire: Voici la proposition que nous avons, et, du
côté patronal, qu'on se fasse répondre: C'est bien dommage,
on est contre, et que toute la possibilité de négocier à
moyen terme entre la proposition syndicale et le refus patronal devienne
quelque chose d'absolument impossible. Cela arrive habituellement lorsque la
personne qui a autorité dans le domaine des relations
patronales-ouvrières dirige, je dirais, à distance les
négociations. Vous, M. Guilbault, qui êtes le directeur du service
des relations industrielles à la CTCUM, jusqu'à maintenant
avez-vous participé aux négociations entre les syndicats qui nous
concernent actuellement et la CTCUM? Si oui, dans quelle mesure?
M. Guilbault: J'ai participé à trois
réunions de conciliation, mais je suis content que vous posiez cette
question, parce qu'à la toute première réunion de
conciliation, j'ai souligné au négociateur syndical que le
comité de négociation de la CTCUM avait le mandat de
régler, avait un mandat, non pas en blanc, c'est sûr, mais avait
un mandat pour régler ce qu'il croyait raisonnable. Si on parle de
mandat, je ne veux pas relancer la balle, vous avez parlé d'une
déclaration faite ce matin, mais chaque fois que ce comité
demandait s'il y avait un amendement possible ou un retrait possible d'une
clause, on se faisait répondre que c'était voté par un
minicongrès et c'était ça.
M. Burns: C'est justement parce que vous semblez y attacher
beaucoup d'importance que je vous posais cette question.
M. Guilbault: J'ai déclaré...
M. Burns: Par exemple, comme directeur du service des relations
industrielles, je -pense que vous n'avez pas, en principe, sur les clauses
normatives, les clauses de fonctionnement mécanique de la convention
collective, à vous en reporter constamment, vous, comme directeur du
service, à l'autorité suprême de la CTCUM que sont les
commissaires. Je pense que vous avez, corrigez-moi, si j'ai tort, les
coudées assez franches de ce côté.
M. Guilbault: Je m'en reporte généralement à
la commission, surtout lorsque les demandes syndicales peuvent affecter
sérieusement la bonne marche de l'usine.
M. Burns: Je vais vous donner quelques exemples qui ont
été cités par M. Pepin.
M. Guilbault: Lesquels?
M. Burns: Vous avez mentionné, par exemple, que le rapport
de M. Pepin était fidèle des cas qui vous séparaient
actuellement. Dans le cas de la rédaction finale du but de la
convention, vous ne vous en reportez pas aux commissaires; dans le cas du
régime syndical, du problème de modification de la cotisation
syndicale, de l'exigence que vous faites d'avoir une résolution de
l'assemblée générale dans le cas de la procédure de
grief qui sont des clauses par excellence normative, c'est-à-dire qui ne
coûtent rien à qui que ce soit, en principe, ni non plus dans les
cas d'arbitrage, dans les cas de droits acquis, dans les cas... il y en a un
autre que j'avais noté au départ, dans les cas de
réembauchage préférentiel, etc. Ce sont des questions de
politique de relations industrielles, est-ce que, en principe, ça ne
relève pas de vous?
M. Guilbault: Comme je vous dis, M. le député, j'ai
étudié tous ces points à de nombreuses reprises avec le
comité de négociation qui était chargé de
négocier cette ou ces conventions. Nous sommes arrivés à
certaines conclusions et il est évident que j'agis à
l'intérieur d'un mandat qui
m'est donné par la commission. Lorsque les articles contentieux
comme le but de la convention, qui peuvent affecter quand même... c'est
une déclaration de principe, je suis d'accord, mais vous parlez des
droits acquis.
Les droits acquis peuvent, on le sait, avoir une répercussion
assez grande sur la bonne marche de l'usine ou sur la bonne marche de
l'entreprise, comme sur la bonne marche du syndicat ou des employés. Ce
sont des clauses qui sont assez innocentes au départ, mais qui peuvent
avoir des répercussions, et sur le syndicat et sur la commission.
M. Burns: C'est justement cela. La convention,
éventuellement, que vous allez signer, comme celles que vous avez
signées au cours dés années passées, depuis que
vous êtes là, en 1966, toutes ces conventions dans le fond, leur
administration dans la vie de tous les jours, ça relève de vous.
Vous ne vous référez pas à la commission, à chaque
fois que vous décidez qu'un grief va être rejeté ou qu'un
grief va être accepté, à moins que la dépense soit
énorme à l'endroit de la commission, auquel cas je comprendrais
que vous avez besoin de l'autorisation finale, en matière
financière. C'est ça que je veux dire.
M. Guilbault: L'administration...
M. Burns: La philosophie de la convention collective, dans le
fond, c'est vous...
M. Guilbault: ... relève du service, c'est sûr.
M. Burns: Vous n'avez pas été là souvent aux
négociations?
M. Guilbault: D'accord...
M. Burns: Je ne vous dis pas cela comme reproche.
M. Guilbault: Non, non, mais j'ai été là
trois ou quatre fois, mais quand même après chaque, ou avant
chaque réunion, nous avions une rencontre sur les clauses qui
étaient pour être discutées et sur la philosophie ou la
ligne de conduite à prendre.
M. Burns: Est-ce que vous ne croyez pas, M. Guilbault, que des
négociations téléguidées par le directeur du
service des relations industrielles, ne sont pas en mesure de faire croire au
syndicat qu'il y a de la flexibilité possible, au niveau patronal et ne
peuvent pas, par exemple, provoquer une réponse comme celle que vous
reprochez au syndicat qui dit: On n'est pas autorisé à changer
quoi que ce soit? Est-ce que vous ne croyez pas cela, M. Guilbault?
M. Guilbault: Ecoutez, M. Burns, tout dépend de l'attitude
de la partie syndicale. Même si j'avais été là, je
pense que l'attitude aurait été la même.
M. Burns: Moi, je vous connais comme pas mal plus flexible que
cela. En tout cas, je sais que les mots c'est une question d'application.
M. Guilbault: Sur certains points j'ai été
inflexible, M. Burns.
M. Burns: Oui, c'est vrai, mais par contre, sur d'autres points
vous l'avez été bien gros.
De toute façon, je vous signale cela en passant. Si jamais il y
avait reprise de négociation, je fais le voeu ouvertement que le
directeur je n'ai pas à dicter à la CTCUM, M. Hanigan,
comment vous allez fonctionner, je ne suis qu'un simple contribuable de
Montréal, comme tout le monde l'autorité, du moins en
matière de pensée de relations patronales-ouvrières, soit
à la table de négociation. Il me semble que c'est meilleur pour
la confiance que le vis-à-vis syndical peut avoir dans les
réponses qu'il se fait faire. Non pas que je blâme non plus la
capacité ni la compétence des personnes qui sont à la
table de négociation quand vous n'y êtes pas, M. Guilbault; c'est
une remarque que je voulais faire.
Deuxième question, M. Guilbault: Etes-vous prêt à
admettre qu'à la CTCUM, particulièrement en ce qui concerne les
caissiers, particulièrement en ce qui concerne les employés de
garage et entretien, il s'agit d'une situation assez unique pour des
employés qui ont à travailler pour une même entreprise, en
ce sens qu'ils travaillent dans plusieurs endroits de travail?
C'est-à-dire, à moins que cela ait changé beaucoup,
récemment, si je me souviens bien, à la commission de transport
il y a je ne sais pas combien de divisions, sept ou huit divisions, et il y a
toujours des garages qui sont attachés à ces divisions; ce qui
fait qu'il n'y a pas, évidemment, comme approche, le même cadre de
travail qu'une usine, qu'elle s'appelle Que-bec Iron & Titanium ou la
British Aluminum, que vous avez tellement bien connues, M. Guilbault; cela n'a
pas l'unité de travail dans un lieu précis, c'est-à-dire
que cela se répartit dans plusieurs endroits. Il y a des gens qui
travaillent à Bonaventure, il y a des gens qui travaillent à la
division Mont-Royal, d'autres à la division Saint-Denis, etc. Quand je
vous dis sept divisions, six ou sept divisions, c'est probablement plus que
cela, il y a aussi des endroits autres. Est-ce que cela ne crée pas
et là je parle à l'expert du côté patronal,
en matière de relations patronales-ouvrières une situation
assez spéciale de relations de travail, dans ce sens qu'il y a des
autorités qui sont diverses, en ce sens qu'il y a aussi des
représentations syndicales qui sont diverses, même si aux deux
niveaux, il y a unité?
M. Guilbault: Non, je ne le crois pas, M. Burns. Prenez les
chauffeurs. Ils sont répartis entre 3,400 postes de travail dans toute
la ville de Montréal, 24 heures par jour. Si vous parlez des caissiers
cela fait longtemps que vous êtes venu à la commission
ils sont plus stables, parce qu'ils travaillent à des endroits
stables. L'entretien, Crémazie...
M. Burns: Ils ne travaillent pas tous au même endroit.
M. Guilbault: II y a neuf divisions, il y a neuf endroits de
travail, dix endroits de travail, je m'excuse. A Crémazie, vous avez
l'entretien; vous avez 500 employés qui sont passablement stables
à Crémazie. Vous avez, c'est évident, neuf garages de
service, mais ils sont passablement stables dans les garages de services. Vous
avez l'usine du métro. Encore là, les employés sont assez
stables dans leur endroit de travail.
M. Burns: Je ne parle pas de stabilité. Je ne vous dis pas
que vous les changez constamment d'une usine à l'autre, bien entendu,
d'un secteur à l'autre.
M. Guilbault: Je m'excuse, je ne comprends pas le sens de votre
question.
M. Burns: Je vous dis: N'est-il pas un peu spécial, pour
une entreprise, au point de vue des relations patronales-ouvrières,
d'avoir des gens qui travaillent à plusieurs endroits et souvent
à des milles de distance, alors que c'est sous la même
autorité au point de vue patronal et dans la même unité de
négociation? En connaissez-vous beaucoup, soit dit en passant, des
unités syndicales qui se répartissent comme cela? Est-ce que cela
ne crée pas une situation un peu spéciale?
M. Guilbault: Hydro-Québec a la même chose que nous,
la ville de Montréal a la même chose que nous. Cela peut
créer, c'est sûr, un climat spécial; cela peut le
créer, mais cela ne crée pas nécessairement un climat
spécial.
M. Burns: Je ne vous parle pas de climat, je vous dis: N'est-ce
pas une situation un peu spéciale? A part Hydro-Québec et la
ville, y en a-t-il beaucoup d'autres que vous connaissez comme cela?
M. Guilbault: II y a Bell Canada, Canada Steamship Lines,
Voyageur Inc.
M. Burns: A Voyageur Inc, je m'excuse, mais ils se rapportent
tous à une même autorité.
M. Guilbault: Voyageur Inc., voyage à Joliette, à
Montréal, à Québec.
M. Burns: Je le sais, mais ils se rapportent tous à une
même autorité qui se trouve à une même place. Si vous
vous mettez à faire la distinction avec toutes les autres compagnies,
avec Voyageur-Sud ou je ne sais trop quoi, en tout cas, toutes les compagnies
qui relèvent de cela...
M. Guilbault: Un autre endroit, ce sont les banques, par
exemple.
M. Burns: Oui, où il n'y a pas de convention collective,
soit dit en passant. En tout cas, ce n'est pas
généralisé.
M. Guilbault: Naturellement, cela peut créer, dans le bon
comme dans le mauvais sens, un climat.
M. Burns: D'accord. Avez-vous, M. Guilbault, récemment
quand je dis récemment, je parle depuis la signature de la
dernière convention collective fait ou fait faire une
étude de productivité de vos employés de garage et
d'entretien?
M. Guilbault: Sur la productivité? M. Burns:
Oui.
M. Guilbault: Je m'excuse, ce n'est pas mon domaine.
M. Burns: C'est le domaine de qui?
M. Guilbault: Du directeur de l'entretien des
véhicules.
M. Burns: M. Tremblay?
M. Guilbault: Pardon?
M. Burns: Est-ce encore M. Tremblay?
M. Guilbault: M. Beauchamp.
M. Burns: M. Beauchamp. Il n'est pas ici?
M. Guilbault: Non.
M. Burns: A votre connaissance, est-ce qu'une telle étude
a été faite?
M. Guilbault: Une étude scientifique, non.
M. Burns: La raison pour laquelle je vous pose la question, c'est
qu'à plusieurs reprises vous avez parlé d'absence de
productivité, de difficultés de rendement, etc.
M. Guilbault: Par le biais des conventions collectives.
M. Burns: Oui, mais je voulais savoir sur quelle base
effectivement vous vous étiez fondé, sinon sur un pur et simple
rapport d'absences ou de présences au travail.
M. Guilbault: Non, c'est par le biais des conventions
collectives.
M. Burns: C'est-à-dire tout simplement les absences, les
congés de maladie, etc. Mais, il n'y a pas eu, à strictement
parler, d'étude de productivité.
M. Guilbault: Pas scientifique, à ce que je sache.
M. Burns: A l'annexe 7-A, M. Guilbault, vous faites une
comparaison entre les salaires actuels de la CTCUM, tels qu'offerts par vous le
20 août
1975, qui porteraient le salaire de manoeuvre à $4.73,
d'électricien à $6.01, etc.
Vous comparez cela au taux de salaire de la ville de Montréal
1975, c'est-à-dire par rapport aux $4.73 du journalier à la
CTCUM, vous parlez de $4.655 à la ville de Montréal. N'est-il pas
exact, à votre connaissance, M. Guilbault, que les employés de la
ville de Montréal s'apprêtent à renégocier leur
convention collective et que ce sont les taux d'expiration de la convention
collective des employés manuels de la ville de Montréal?
M. Guilbault: Mitoyens de la convention collective.
M. Burns: Pardon? M. Guilbault: Mitoyens. M. Burns:
Mitoyens.
M. Guilbault: C'est au moins de juillet et la convention expire
au mois de décembre.
M. Burns: Au mois de décembre, c'est cela. Je vous dis, ce
sont les taux auxquels vous vous référez comme point de
comparaison, c'est-à-dire ceux qui vont être
renégociés d'ici leur expiration ou après leur expiration
au mois de décembre 1975.
M. Guilbault: C'est-à-dire que c'est toujours c'est
cela que j'ai essayé d'expliquer, je me suis peut-être mal
expliqué sur cette base que nous avons négocié nos
conventions. C'est pour cela que nous avons offert une autre augmentation, l'an
prochain, de 11%. C'est toujours, si vous vous référez à
1973 et à 1970, la même situation qui a prévalu.
M. Burns: Vous admettez que les taux de $4.655, $5.985, $5.795
que vous citez pour la ville de Montréal vont être d'ici
très peu soumis à la négociation
patronale-ouvrière, pour la ville de Montréal et le local 301
?
M. Guilbault: J'admets que pour la convention collective de
Montréal, les taux vont être majorés le 31 décembre
1975.
M. Burns: Je vous demande une opinion professionnelle, de
spécialiste en matière de relations patronales-ouvrières,
croyez-vous décemment que la ville de Montréal va réussir
à obtenir une augmentation de $0.065 l'heure chez le manoeuvre, de $0.03
chez l'électricien, et de quelque $0.30 l'heure ou à peu
près chez les réparateurs de chassis, etc? Pensez-vous que...
M. Guilbault: Je crois sincèrement qu'ils vont obtenir
plus.
M. Burns: Plus que cela?
M. Guilbault: Maintenant, c'est cela que j'es- saie de dire,
j'essaie de dire que nos taux ont toujours été ajustés en
milieu de convention par la ville de Montréal. Si ma mémoire est
fidèle, en 1968, lorsque nous avions réglé à 6%,
nos employés avaient eu 6% pendant six mois, et la ville avait conclu un
taux de 6% pour l'année 1968-69, parce que le principe a
été, en tout cas, jusqu'en 1973, que ce sont les mêmes
contribuables, les mêmes employés avec des classifications
semblables. Qu'est-ce que je veux dire? Je veux donc dire qu'en 1973, c'est
sûr que nous avons renouvelé notre convention. Il y avait six mois
d'expirés à la ville de Montréal. On a rattrapé la
ville de Montréal. En 1970, encore là, notre date d'expiration
est au mois de juillet. On a rattrapé la ville de Montréal. En
1968, la ville de Montréal nous a rattrapés, parce qu'on avait
conclu une convention de trois ans.
M. Burns: Là, M. Guilbault, je vous relis une question que
je posais à M. Hanigan tout à l'heure. J'étais heureux
d'apprendre qu'il n'y avait pas de pression extérieure qui était
faite sur vous, ni par la CUM, ni par quelque autorité que ce soit de la
CUM, donc ni par la ville de Montréal. Est-ce que, dans votre esprit, la
future négociation de la ville de Montréal est un
élément important? Je ne vous parle pas de pression, parce que M.
Hanigan m'a dit je prends sa parole là-dessus qu'il n'y
avait pas de pression. Est-ce que, selon votre façon d'envisager les
relations de travail à la CTCUM, il est important de ne pas trop
distancer la ville de Montréal avant qu'elle négocie? Je pense,
sauf erreur, et j'espère que je ne suis pas le seul à penser
cela...
M. Guilbault: C'est sûr.
M. Burns: ... je pense que c'est un élément
important.
M. Guilbault: C'est un élément extrêmement
important. C'est certain que, pour des occupations semblables... La
réponse est oui à votre question.
M. Burns: Bon. En somme, je ne me trompe pas en pensant que vous
êtes presque j'insiste sur le mot "presque" ceux qui vont
sur le champ de bataille avant la ville de Montréal pour que la ville de
Montréal n'y goûte pas trop après dans les
négociations.
M. Guilbault: Cela, je m'excuse.
M. Burns: J'ai dit "presque". J'insiste sur le mot "presque".
M. Guilbault: Qu'on aille au champ de bataille, comme je l'ai lu
dans un journal, ce matin. On disait qu'on allait au champ de bataille pour
quelqu'un d'autre. On est loin d'aimer le champ de bataille à ce
point.
M. Burns: Remarquez que cela a toujours été ce que
je pensais de la CTCUM avant, et autrefois de la CTM.
M. Guilbault: Chacun a le droit...
M. Burns: Parce que dans le temps de la CTM, c'était
encore plus vrai. La signature de la convention collective devait être
autorisée par le président du Conseil exécutif de la ville
de Montréal.
En tout cas, je... Mais je me trompe sérieusement quand je pense
qu'il y a de nombreuses restrictions dans vos négociations avec les
employés, particulièrement à l'entretien? Je vous prie de
me croire que ce n'est pas de peu d'importance, les employés de bureaux
et les caissiers, mais...
M. Guilbault: Non, on agit sur la même base.
M. Burns: ... à cause de la proximité de la
négociation des employés cols bleus de Montréal, je fais
plus la relation à cause de cela.
Vous dites que je me trompe très sérieusement en pensant
cela.
M. Guilbault: Je comprends donc bien!
M. Burns: Je me trompe! Cela n'a aucune relation. Vous êtes
prêts à négocier une convention collective...
M. Guilbault: Pour...
M. Burns: ... pour les employés.
M. Guilbault: ... la CTCUM.
M. Burns: ...de la CTCUM, sans tenir compte d'un éventuel
règlement ou même d'un éventuel enchevêtrement des
négociations...
M. Guilbault: Exact!
M. Burns: ... entre la ville de Montréal et ses cols
bleus. Vous m'affirmez cela et je suis bien content de l'entendre. Cela veut
dire que vous êtes prêts à reprendre les négociations
avec vos employés d'ici peu.
M. Guilbault: On a toujours été prêt à
négocier, M. Burns.
M. Burns: Bon! Une dernière question, M. Guilbault. Je
parle encore une fois au spécialiste des relations industrielles que
vous êtes. Vous demandez un grief pour la partie patronale. Voulez-vous
m'expliquer l'efficacité je parle à l'expert d'un
grief de la partie patronale gagné à l'arbitrage? Admettons que
vous faites un grief, M. Guilbault?
M. Guilbault: Si vous n'avez pas ce droit, M. Burns... Je vais
retourner la question. D'accord! Si on gagne à l'arbitrage, on applique
la décision, mais cette décision a été au moins
prise par un tiers, a été prise par un juge qui va trancher le
différend. Si nous n'avons pas le droit de faire un grief, quelles
ressources avons-nous pour interpréter une convention et appliquer une
décision, ou contester une décision ou une interprétation
du syndicat?
M. Burns: M. Guilbault, vous en avez pris, et très
souvent, lorsque vous décidez qu'une certaine politique du syndicat ou
une façon de voir ou une façon d'interpréter la convention
du côté syndical ne vous plaît pas, vous n'avez pas
été à court de moyens. Vous avez tout simplement
refusé de répondre à l'opinion syndicale, et qu'est-ce qui
arrivait par la suite? C'est évident qu'un syndicat qui se tient le
moindrement debout comme les syndicats que vous avez à la CTCUM, se
retrouve, à un moment donné, à soumettre le cas à
l'arbitrage et vous avez votre occasion de le plaider. C'est cela. C'est une
question d'interprétation.
Savez-vous ce que je crains, dans votre demande? Je vous le dis bien
franchement. Je crains que vous essayiez d'aller chercher, par voie
d'arbitrage, des choses que vous avez été obligé de donner
au point de vue du texte, mais que vous avez données de façon
suffisamment ambiguë pour aller le rechercher à l'arbitrage.
M. Guilbault: Ce n'est pas du tout l'intention...
M. Burns: Je vous le dis bien honnêtement. Quels sont les
autres cas où cela vous intéresserait de faire un grief?
M. Guilbault: Je vais vous dire. Je vais vous donner un exemple
concret...
M. Burns: Là, je vous parle d'une expérience, M.
Guilbault, qui n'a pas...
M. Guilbault: Je vais vous donner un exemple concret.
M. Burns: ... une expérience à laquelle vous n'avez
pas participé, mais je vais vous dire une chose. La convention
collective de 1965 a été réglée entre les parties
sur le plan des idéologies et des principes, et cela a pris quelque
chose comme deux semaines pour rédiger le texte, à ce point qu'on
ne s'était pas compris sur la pensée qu'on se transmettait;
pourtant on était du monde qui parlait du bon français, de part
et d'autre de la table de négociations.
M. Guilbault: Cela ne me surprend pas, à la
dernière convention, cela nous a pris pratiquement un mois. Mais je vais
vous donner un exemple concret parce que discuter au niveau des principes,
c'est facile. Mettons qu'on n'a pas de clause dans la convention qui oblige ou
qui n'oblige pas l'employé à travailler en temps
supplémentaire. Alors, on peut dire que, s'il n'y a pas de clause dans
la convention pour travailler en temps supplémentaire, c'est un droit de
dire que le temps supplémentaire est obligatoire.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: Vous savez ce que vous allez faire dans ce cas. Le
premier gars qui va refuser de faire du temps supplémentaire, alors que
vous, vous êtes convaincu que le gars est obligé de le faire, vous
allez lui imposer une mesure disciplinaire, peut-être même
légère, peut-être même juste une réprimande,
et ce gars-là, s'il se tient debout, va aller à l'arbitrage et
vous allez avoir l'occasion de plaider votre cas.
M. Guilbault: Alors, justement, je l'attendais. Au lieu d'imposer
une, dix, trente, quarante mesures disciplinaires dans le cas du travail
supplémentaire, cela peut commencer par un, puis cela peut finir par
cinquante. On le soumet à un arbitre.
M. Burns: Vous le soumettez dans les termes que vous voulez bien
et c'est à ce moment-là que...
M. Guilbault: Est-ce que le travail supplémentaire est
obligatoire, oui ou non?
M. Burns: Non, non, c'est parce que c'est bien différent
d'un cas concret, c'est cela qui est la grosse différence.
M. Guilbault: Bien, c'est un cas concret que je cite.
M. Burns: Le cas concret, c'est que vous allez imposer la mesure
disciplinaire puis cela va se rendre à l'arbitrage, ne vous
inquiétez pas.
M. Guilbault: Alors, mettez que si...
M. Burns: Est-ce qu'il y a quelqu'un, M. Guilbault, en arbitrage,
lorsque vous avez discuté d'une question de fond, que ce soit un arbitre
ou un procureur syndical, qui a tenté de vous empêcher de faire
valoir votre point de vue sur votre pensée? Voyons donc! Entre vous et
moi.
M. Guilbault: On l'a vécu, le cas, je vous dirai...
M. Burns: Vous l'avez vécu dans quel cas? Dans quel cas,
vous avez vécu cela?
M. Guilbault: Dans l'obligation de faire du temps
supplémentaire, oui ou non.
M. Burns: Oui, mais vous avez décidé de faire un
grief vous-même.
M. Guilbault: Oui.
M. Burns: Oui, c'est cela, c'est bien différent.
M. Guilbault: Ah! Avant cela, on avait imposé des mesures
disciplinaires qui ne se sont pas révélées tellement une
décision heureuse pour les deux parties.
M. Burns: En tout cas, personnellement...
M. Guilbault: ... et on s'est retrouvé avec ce qu'on a
connu l'an dernier.
M. Burns: En tout cas, je ne veux pas négocier avec vous,
M. Guilbault...
M. Guilbault: Non, non...
M. Burns: ... ni quoi que ce soit, mais moi, je trouve que,
vraiment, mon opinion... Je prends les points qui m'ont sauté le plus
dans le visage, parce que je prends connaissance comme tout le monde,
aujourd'hui, du conflit, du mérite du conflit, mais je vous avoue que
cela m'étonne, de la part d'un spécialiste des relations
industrielles, de penser qu'il va régler tous ses problèmes en
donnant puis en accordant le droit au patron de faire un grief et d'aller
à l'arbitrage...
M. Guilbault: Je n'ai pas dit régler tous les
problèmes.
M. Burns: ... surtout quand on a eu l'expérience de
Canadian British Aluminum, de tout ce que vous voulez du genre. Alors...
M. Guilbault: Je n'ai pas dit régler tous les
problèmes, j'ai dit régler certains problèmes.
M. Burns: Sauf que cela fait partie de certains problèmes
que vous ne voulez même pas discuter avec le syndicat.
M. Guilbault: Je veux en discuter.
M. Burns: Très bien, M. Guilbault. En tout cas, je vous
remercie de vos réponses. Je veux quand même donner l'occasion
à d'autres membres de la commission de poser des questions, puisque
l'heure avance. J'ai simplement une couple de questions à poser à
M. Bouvrette. J'aimerais savoir, puisque vous avez évalué, pour
les employés d'entretien et les caissiers, je pense que ce sont surtout
les employés d'entretien que vous avez évalués, le
coût des demandes... Excusez-moi, je vais...
M. Bouvrette: Annexe 6.
M. Burns: A l'annexe 6-A, vous avez évalué à
$16,968,400 les clauses pécuniaires que vous pouviez évaluer,
selon ce que vous nous avez expliqué, pour les employés de
garages et d'entretien. Est-ce que vous avez évalué... Vous venez
de signer, je pense, sinon signer, du moins, vous venez de vous entendre avec
les chauffeurs d'autobus et les opérateurs de métro, les
changeurs, est-ce que vous avez évalué le coût de cette
convention de la même façon, est-ce que vous avez
évalué, en plus de l'augmentation générale, les
autres éléments que vous mettez dans les clauses
pécuniaires et qui vous permettent d'en arriver à un coût
de $16 millions ou près de $17 millions, arrondissons le chiffre,
c'est-à-dire les vacances payées, crédits, jours de
maladie, etc., est-ce que vous avez évalué cela pour les
chauffeurs?
M. Bouvrette: Oui, je l'ai évalué. Je n'ai pas les
documents avec moi ici. Si ma mémoire est fidèle, le coût
de la convention de deux ans pour 3,400 employés entre 3,400 et
3,500 est de $31,500,000.
M. Burns: $31 millions? M. Bouvrette: $31 millions.
M. Burns: Ce qui revient à combien par employé?
M. Bouvrette: Ce qui revient à peu près à
$9,000 par employé...
M. Burns: C'est-à-dire que les gens... M.
Bouvrette:... pour deux ans.
M. Burns: Pour deux ans. Alors, les gens d'entretien, eux autres,
demandent $9,500...
M. Bouvrette: Pour la première année.
M. Burns: ... pour la première année; vous, vous
avez évalué que la convention que vous venez de signer est de
$9,000, à peu près la même chose, mais pour deux ans?
M. Bouvrette: Pour deux ans. Or, si les demandes étaient
acceptées, il en coûterait au moins une autre tranche de $17
millions pour la deuxième année, plus X que l'on ne peut
évaluer actuellement. Mais cela ferait $34 millions avant l'augmentation
de la deuxième année, pour quelque 1,600 employés, moins
que la moitié. On est rendu que cela coûte au moins deux fois
plus, si ce n'est pas trois fois plus.
M. Burns: Dans l'évaluation que vous faites pour les
chauffeurs, M. Bouvrette, tenez-vous compte des améliorations que vous
avez faites au niveau des clauses d'amplitude?
M. Bouvrette: Oui.
M. Burns: On en tient compte? M. Bouvrette: Oui.
M. Burns: Est-ce que vous avez fait une évaluation au
niveau de la clause d'amélioration de temps et demi, je crois?
M. Bouvrette: Oui. M. Burns: C'est fait? M. Bouvrette:
Oui.
M. Burns: Y aurait-il moyen que vous fassiez parvenir à la
commission, parce que je présume quand même que les travaux de la
commission ne se termineront pas aujourd'hui, en tout cas, je ne sais pas
quelle est l'intention de la commission là-dessus, mais advenant le fait
que la commission ne termine pas ses travaux aujourd'hui, tel que vous l'avez
fait dans l'annexe 6-A pour les employés d'entretien, le détail
du coût pour les chauffeurs, les employés de métro?
M. Bouvrette: II y a certainement moyen de le faire. Je peux vous
dire, de mémoire, qu'il y a $25 millions qui s'appliquent à
l'augmentation de salaires et $6 millions qui s'appliquent aux autres clauses,
dont l'amplitude, l'assignation continue, le système de vacances, les
jours fériés, le temps supplémentaire et...
M. Burns: Je ne vous blâme pas, je ne veux pas que vous
reveniez aux chauffeurs et que vous disiez: On va diminuer cela, cela nous
coûte trop cher. Ce n'est pas cela que je vous dis.
M. Bouvrette: Non, mais...
M. Burns: Je veux juste avoir un ordre de grandeur pour
savoir...
M. Bouvrette: Je vois que vous avez une certaine nostalgie des
négociations de la CTCUM.
M. Burns: Bon, passons. Je vous réfère à
l'annexe 6-C, M. Bouvrette, c'est-à-dire les clauses non
évaluées. Les améliorations techniques, vous ne les avez
pas évaluées là, je parle à l'administration
mais n'est-il pas exact que les améliorations techniques, les
changements technologiques, etc., lorsqu'ils sont planifiés ne se
font pas du jour au lendemain? Quand je dis planifiés, je parle de cas
où on sait d'avance. Or, une administration responsable, habituellement,
ne change pas sa façon de procéder sur le plan technique, sur le
plan technologique, du jour au lendemain, c'est-à-dire ne remplace pas
par une machine, qui coûte souvent des millions de dollars, une
vingtaine, une trentaine ou une cinquantaine d'employés; habituellement,
ces choses-là sont planifiées, n'est-ce pas? Bon.
Comme je vous considère comme une administration responsable,
n'est-il pas exact que si, à l'avance, vous preniez les
précautions nécessaires, cela arriverait à ne vous
coûter absolument rien ou presque rien que de faire des changements
technologiques tout en assurant aux employés visés une
sécurité totale d'emploi. En ce sens, si vous faites un
investissement sur le plan de la machinerie, sur le plan de nouvelles
méthodes, etc., vous allez quand même y penser avant. Y pensant
avant, il est fort possible à ce moment-là que vous preniez les
dispositions requises dans ce secteur pour ne plus faire d'embauchage ou pour
ne pas remplacer progressivement et de façon permanente les
employés qui partent naturellement, soit pour cause de
décès, soit pour cause de départ volontaire, soit pour
cause de retraite, soit pour cause de congédiement.
N'est-il pas exact que cela peut se faire comme cela pour quelqu'un qui
veut véritablement planifier ces changements technologiques?
M. Bouvrette: Si on inscrivait une clause dans une convention
collective pour une convention, la planification serait extrêmement
facile à faire, mais les progrès technologiques qui peuvent
survenir dans les cinq ou dix prochaines années, on ne les connaît
pas. Si cette clause est inscrite dans la convention collective, je pense que
le député de Maisonneuve a assez d'expérience pour savoir
que les clauses sont très difficiles à retrancher des conventions
collectives. Or, la planification à court terme est possible; la
planification à long terme est beaucoup plus difficile. D'ailleurs, on
les a mises dans les clauses non évaluées, les jugeant
impossibles à évaluer.
M. Burns: Vous ne pensez pas que mon affirmation a un peu de sens
et que, si vous planifiez le moindrement quand je vous dis le
moindrement, je ne vous demande pas de planifier pour dix ans à venir,
à moins que vous ne transformiez complètement le système
du transport à Montréal disons un an d'avance, vous
êtes en mesure de voir à ce que cela ne coûte rien ou
à peu près rien à la commission.
M. Bouvrette: On pourrait inscrire un chiffre nominal de $1, mais
cela ne changerait rien.
M. Burns: Vous en avez une page et demie de cela. Comme on dit,
cela grossit le dossier de négociation. Je pourrais prendre presque tous
et chacun des articles. Je ne le ferai pas parce que je pense aux autres
collègues qui ont probablement des questions à poser, mais je
pourrais dire probablement la même chose à 22.01, lorsque les gens
des trois syndicats demandent le transport gratuit pour l'express, l'autobus
promenade et les services spéciaux. Je pense que cela ne vous
coûte rien. Cela ne vous coûte rien, parce que ce n'est pas
possible qu'à un moment donné tout votre service d'express soit
occupé par des employés de la CTCUM. Ce n'est pas possible que
cela provoque une augmentation du service dans ce domaine, à moins que
vous n'ayez des chiffres tellement précis que cela me convainque. Ce
n'est pas possible prenons l'autre cas qui me frappait tout à
l'heure que, par exemple, l'article 38.02 vous coûte quelque
chose, que la facturation au syndicat dans les 60 jours de la date de
libération doive être la chose qui résoud votre
problème, sinon que le compte est considéré comme
payé.
M. Bouvrette: Cela peut coûter quelque chose si on oublie
d'envoyer la facture et qu'on s'aperçoit, trois ou quatre mois
après, qu'on devait envoyer la facture et qu'on l'envoie.
M. Burns: Oui, c'est cela, mais est-ce que c'est possible de
penser que vous vous attachez à ce genre de problème si je
considère la CTCUM comme bien administrée qu'à
l'intérieur de 60 jours vous ne soyez pas capables de considérer
que vous allez être en mesure de faire la facturation requise?
M. Bouvrette: Je vais vous donner un exemple. S'il y a une
grève, qui dure 60 jours, des employés de bureau, comment vais-je
facturer les libérations syndicales du mois d'août?
M. Burns: Vous pensez que par le passé vous n'avez pas
utilisé vos cadres pour ce genre de choses?
M. Bouvrette: Je pense que, par le passé, il n'y a eu une
grève des employés de bureau qu'en 1967.
M. Burns: Oui, mais est-il arrivé que, pendant qu'il y
avait des travailleurs syndiqués qui étaient en grève,
vous avez fait travailler vos cadres pour les choses urgentes, selon vous?
M. Bouvrette: Je me demande si l'envoi d'un compte au syndicat
devient une chose urgente.
M. Burns: A ce moment-là, cela n'a pas d'importance. Ne
bloquez pas les négociations avec des affaires semblables, c'est ce que
je vous dis.
M. Hanigan: Ce n'est pas nous qui bloquons les
négociations.
M. Burns: Je veux dire que le syndicat a aussi besoin de
s'administrer et c'est pour cela qu'il pose des questions comme
celles-là. Je vais vous en poser une autre. La sécurité
d'emploi, aucune mise à pied. Il y a eu combien de mises à pied
chez vous depuis quelque temps?
M. Gullbault: II y aurait pu y en avoir 600.
M. Burns: II y aurait pu y en avoir 600. Temporaires ou de
façon permanente?
M. Gullbault: Temporaires. Une mise à pied est toujours
temporaire; ce n'est pas un licenciement.
M. Burns: Oui, mais de façon permanente, je veux dire un
an, deux ans.
M. Gullbault: La semaine dernière ou il y a deux semaines,
il y aurait pu y en avoir 600.
M. Burns: Dans les cas de l'autre conflit, à l'occasion de
l'autre conflit.
M. Guilbault: Bien tiens!
M. Burns: Et ça, vous pensez vraiment que c'est quelque
chose qui vous coûterait bien de l'argent, si jamais vous
l'accordiez?
M. Guilbault: Ce sont 600 employés, si la grève
avait duré trois semaines, un mois, deux mois.
M. Hanigan: M. le Président, si vous me permettez, je
pense que ce qu'on dit, c'est que ces
clauses ne sont pas évaluables en termes financiers, à ce
chapitre-là. On ne discute pas...
M. Burns: Je comprends...
M. Hanigan:... la raison pour laquelle nous les avons ici...
M. Burns: Je comprends très bien cela, M. Hanigan, mais
justement, on nous en met plein la gueule pendant deux pages et demie de ces
clauses. Je vous dis tout de suite, je pense que c'est une approche
démagogique, c'est mon opinion. J'ai peut-être tort, je pense que
c'est une approche démagogique, parce qu'à une page...
M. Hanigan: Est-ce que le député de Maisonneuve
veut dire...
M. Burns: Laissez-moi finir, c'est moi qui ai la parole. Ici,
c'est nous. $16 millions à une page et, à la page suivante, on
donne une série et la moitié d'une autre page. On nous parle de
vacances où c'est un problème sérieux. Je vous dis que
vous ne remplacez pas vos gens quand il y a des vancan-ces. Ecoutez, qu'est-ce
que vous voulez, je le sais, à moins que cela ait bien changé. Je
sais que vous ne remplacez pas vos gens, vous réduisez tout simplement
votre travail durant l'été et vous vous satisfaites, tant bien
que mal, des gens qui restent au travail. C'est ce que vous faites. Ne venez
pas nous conter d'histoires, à l'article 4.01, que les congés
spéciaux vous coûtent bien de l'argent à cause des
remplacements et tout ça. Voyons donc, les vacances, c'est la même
chose. Pourquoi pensez-vous que vos gars sont en train de vous demander des
clauses de charge de travail et demandent de les durcir? C'est à cause
de ça, entre autres. Ne venez pas nous dire qu'actuellement cela vous
coûte, je ne sais pas combien, que cela vous coûte tellement cher
que vous ne pouvez pas l'évaluer. Voyons donc! Il y en a une
série comme Ça.
Pour moi, vos trois pages, 6-B, 6-C et 6-D, si vous êtes capable
de négocier de bonne foi, je pense que le syndicat va s'en rendre compte
le jour où vous allez négocier de bonne foi et qu'il va faire ses
efforts. Je pense que ce sont des bebelles qui peuvent se régler assez
rapidement. Après ça, on ne viendra pas ameuter la population de
Montréal avec les 152 clauses qui ne sont pas encore
réglées et les quelque $10 millions qui vous séparent.
En tout cas, l'approche que j'ai à ce dossier, c'est ça.
Je ne vous parle pas comme ancien syndicaliste, je vous parle comme gars qui
est élu par une population de Montréal qui va sûrement
souffrir d'une éventuelle grève ou d'un éventuel lockout,
mais qui n'acceptera pas, j'espère, de mettre sur le dos des
travailleurs uniquement des choses qu'on nous soumet comme celle-ci et qui
pourraient se régler lorsque des gens se rencontrent et disent:
Logiquement, c'est ce dont on a besoin. Vous avez tellement de misère
à évaluer ce coût, et, à toutes fins pratiques,
ça ne vous coûte rien, ou si ça coûte quelque chose,
ce sont des bebelles.
Ne venez pas grossir le dossier avec ça, c'est mon humble
opinion. Je pense que j'ai assez posé de questions, je vais laisser
l'occasion à d'autres collègues.
M. Hanigan: M. le Président, juste une remarque. Je tiens
à mentionner au député de Maisonneuve que je suis moi
aussi élu à Montréal, et de plus, je pense que la
commission de transport n'aurait pas été honnête envers
cette commission parlementaire si elle n'avait pas présenté les
clauses que nous ne sommes pas en mesure d'évaluer. Celles que nous
sommes en mesure d'évaluer, nous l'avons fait et si le
député de Maisonneuve ou un autre membre de la commission
décide d'ignorer les annexes 6-B et 6-C et 6-D, eh bien, c'est leur
affaire.
Mais je pense que cela n'aurait pas été honnête de
notre part de se présenter ici et d'apporter seulement une partie du
dossier. Nous apportons le dossier. Nous disons à l'annexe 6-A: Voici
les clauses que nous avons été en mesure d'évaluer, les
autres sont là et nous n'avons pas d'évaluation.
M. Burns: Je ne vous dis pas que je n'ai pas l'intention de les
considérer, je vous dis qu'actuellement je trouve étonnant que
vous soyez au stade d'une commission parlementaire et que ces problèmes
ne soient pas réglés. Je vous dis: Personnellement, ça
m'étonne.
J'ai peut-être tort de m'étonner là-dessus, puis moi
aussi je suis élu à Montréal, puis moi aussi, M. Hanigan,
si jamais je tente d'intervenir à la CTCUM comme simple citoyen, comme
vous le faites ici, moi aussi, vous allez me dire à un moment
donné, c'est moi qui ai la parole. C'est pour cela que je vous l'ai dit
tout à l'heure, pas parce que je n'ai pas de respect pour votre
fonction, loin de là.
M. Hanigan: Je m'excuse, M. le Président, si dans un
moment d'impulsion, j'ai voulu interrompre le député de
Maisonneuve.
M. Bourassa: M. le Président, je pense bien que l'objet de
la...
Le Président (M. Séguin): M. le premier
ministre.
M. Bourassa: ... de la commission c'est d'éviter une
grève et c'est de démontrer pourquoi cette grève n'est pas
justifiée, ou un lock-out. Juste une première question pour voir
l'impact d'une telle grève. Combien de personnes utilisent le
métro et les autobus par jour, approximativement?
M. Hanigan: A peu près 1 million de voyageurs, M. le
Président.
M. Bourassa: Par jour?
M. Hanigan: Un million de voyageurs, ce qui veut dire un million
de voyages, c'est-à-dire à peu près 500,000 personnes par
jour.
M. Bourassa: Une grève du métro et d'autobus
affecte 500,000 personnes et essentiellement des travailleurs, et un lock-out
évidemment, cela s'applique aux deux.
M. Burns: Un lock-out.
M. Bourassa: La grève et le lock-out s'appliquent, il
s'agit de voir qui va déclencher le lockout ou qui va déclencher
la grève.
M. Hanigan, est-ce que vous êtes prêt à offrir aux
employés qui veulent se mettre en grève, ce que vous avez offert
aux chauffeurs d'autobus il y a trois semaines, mutatis mutandis?
M. Hanigan: M. le premier ministre, une convention collective,
c'est global. C'est le fruit, d'après moi, de gestes posés de
part et d'autre; et finalement, les deux parties qui sont à des
pôles extrêmes se rejoignent et la convention qui en ressort,
incluant les clauses pécuniaires, est le résultat d'une
négociation où les deux parties changent leur position pour
finalement trouver un terrain d'entente. La commission, à ce moment-ci,
n'est certainement pas prête, vu l'état du dossier ou
l'état de projet de convention collective, de faire une offre qui serait
équivalente à celle qui a été faite aux chauffeurs.
D'ailleurs, cela me permet de mentionner que nous n'avons pas fait d'offre aux
chauffeurs. Nous avons fait des offres aux chauffeurs, je dois me corriger ici,
mais le règlement qui est intervenu, l'a été à la
suite d'une contre-proposition énoncée initialement par la partie
syndicale qui, ensuite, a fait l'objet de négociation entre les deux
unités et elle a été acceptée par la commission de
transport.
M. Bourassa: Je comprends que les points de comparaison peuvent
être difficiles, parce que le travail n'est pas nécessairement
identique. Quel a été le taux de croissance qui a
été offert aux chauffeurs d'autobus dans les salaires et qui a
été accepté?
M. Hanigan: Je n'ai pas les chiffres exacts, mais on me signale
que c'est 17%, 6% et 10% environ.
M. Bourassa: 17%, 6% et 10%. Evidemment, tout cela...
M. Hanigan: 17% les premiers six mois, et après six mois
une augmentation de 6% et d'environ 10% après douze mois; et ce, pour
une convention de 24 mois.
M. Bourassa: Cela en incluant l'intégration des sommes
pour combattre l'inflation, si vous avez 17% c'est parce que...
M. Hanigan: II y a une clause concernant l'augmentation du
coût de la vie.
M. Bourassa: D'accord.
M. Hanigan: Mais encore là, cela a été le
ré- sultat... Permettez-moi de mentionner que, lorsque l'arrêt de
travail est survenu avec les chauffeurs, la plupart des clauses normatives
étaient déjà réglées ou avaient fait le
sujet d'une entente. Les deux unités de négociation avaient
cerné le problème autour de cinq ou six clauses qui restaient en
suspens. A ce moment, c'est autour de ces clauses qui demeuraient en suspens
que les négociations se sont poursuivies, alors que, dans le cas que
nous avons devant nous, M. Pepin l'a dit ce matin également, toute la
convention, ou tout le projet de convention reste vierge, comme il l'a dit.
M. Bourassa: Ce que je veux dire, c'est que vous êtes venu
à une entente avec les chauffeurs d'autobus et avec les autres groupes,
à ce moment, et je ne vois pas je veux dire l'objet de la
commission parlementaire, je pense bien que les autres parties vont être
d'accord pourquoi vous ne pourriez pas arriver à une même
entente en tenant compte des écarts et tout. Je ne vois pas pourquoi
vous ne seriez pas d'accord pour accepter les choses qui sont acceptables comme
vous l'avez fait dans les autres cas. En d'autres termes, vous n'avez pas de
discrimination contre le syndicat qui est ici cet après-midi. Vous ne
venez pas faire de discrimination contre ce syndicat?
M. Guilbault: Absolument pas. Nous ne faisons pas de
discrimination. D'ailleurs, une des preuves que nous ne faisons pas de
discrimination, c'est que, lorsqu'il y a eu arrêt de travail chez les
chauffeurs d'autobus, nous aurions pu procéder à des mises
à pied rapidement. L'arrêt de travail a duré douze jours et
il n'y a pas eu de mise à pied contre ce groupe d'employés. Nous
voulons en venir à une entente, mais nous ne croyons pas qu'il soit
opportun, devant la position de la partie syndicale, de modifier la position de
la commission, à l'heure actuelle.
M. Bourassa: Sur cette question, vous dites... Puis-je poser des
questions à M. Pepin?
Le Président (M. Séguin): Nous n'en sommes pas
encore là. S'il y avait consentement de la commission, on pourrait
peut-être poser nos questions aux quatre qui sont à l'avant.
M. Bourassa: M. le Président, ce que j'essaie
d'établir... Je comprends qu'il y a une mer de chiffres. M. Pepin a dit,
ce matin, qu'il avait modifié, si j'ai bien compris, les demandes faites
par le syndicat. Il a été impliqué dans le dossier hier,
comme je l'ai été moi aussi. Je ne veux pas lui demander tous les
détails, mais dans quelle mesure ces offres ont-elles été
modifiées sur une base annuelle quant au taux d'augmentation de
salaire?
M. Pepin (Marcel): Je pense, M. le premier ministre que, n'y
étant pas ce matin... J'ai essayé de faire certaines nuances,
mais je n'ai rien modifié. J'ai dit tout simplement que notre demande
est de $2.65 l'heure. Je parle uniquement du groupe de l'entretien, parce que,
comme on l'a dit ce matin, mutatis mutandis pour les autres groupes, on va
essayer de s'en tenir à l'essentiel.
Cependant, je peux vous dire que nous sommes prêts à
examiner autre chose, mais notre demande, à l'heure actuelle, est de
$2.65 l'heure pour un an. Quand j'ai fourni une explication technique, vous
n'étiez pas présent à ce moment, j'ai commencé mon
débat par le salaire moyen qui existait en décembre 1972 et j'ai
relevé les données jusqu'à maintenant. En faisant de la
projection pour deux années, pour reprendre ce que M. Bouvrette
mentionnait précédemment, j'ai mentionné qu'il y avait,
sur cette base, $0.95 de rattrapage. Il y avait, pour la première
année, 15% de hausse en dehors du rattrapage, parce que 10%, c'est pour
tenir compte de l'inflation. Vous êtes économiste et sur les 10%
qui doivent courir pour l'année qui vient, cela m'a l'air que tout le
monde s'entend... Cela peut être un peu inférieur, cela peut
être un peu supérieur, mais, 10%, je ne pense pas que ce soit
exagéré, et il s'y ajoute 5% d'augmentation réelle du
pouvoir d'achat. J'ai donné une statistique de 1970 sur l'enrichissement
collectif de 1970/71 jusqu'à la dernière période. Avec une
moyenne là-dedans, nous en arrivons là, sauf pour la
dernière partie, où l'enrichissement collectif est plus faible,
comme tout le monde le sait. Mais si je prends une moyenne, parce qu'on
espère bien que cela va augmenter, je fais de la projection, je ne suis
pas uniquement dans le passé, il faut que je sois dans l'avenir, on l'a
évalué cette moyenne autour de 5%.
Pour la deuxième année, si cela était
présenté, je vous dis que mon mandat est de $2.65 pour un an,
j'essaie de voir comment, techniquement, les chiffres peuvent être devant
nous, pour la deuxième année si j'applique encore les mêmes
10% pour la hausse possible ou même probable du coût de la vie,
parce que, à mon bureau, les économistes nous disent que,
même pour l'autre année, il est difficile de prévoir moins
de 10%, est-ce qu'ils se trompent dans ce domaine, je pense que vous me
fourniriez une autre réponse en me disant: Non, ce sera 9.9%, il n'y a
pas beaucoup de personnes, je pense, qui peuvent avoir cette boule de cristal,
si, donc on applique les 10% plus les 5% d'enrichissement collectif, cela donne
$1.01. Effectivement, ce n'est pas $0.90. Vous n'aviez pas fait le calcul, M.
Bouvrette, je ne vous en veux pas, cela peut pouvoir dire, pour une
période de deux ans, $2.82 l'heure.
A ce moment, si le règlement se faisait sur cette base, ce serait
un peu différent du chiffre fourni par M. Bouvrette, mais je vous
répète que mon mandat est de vous dire que ce serait $2.65 pour
un an. Cependant, j'essaie de voir comment comme je le fais
généralement quand je suis mêlé à un dossier,
on peut trouver des solutions.
Je ne sais pas si cela répond à votre question, mais,
d'une manière précise, c'est cela.
Si vous voulez maintenant que je refasse en partie ce que j'ai fait ce
matin ou ce que j'ai tenté de faire, je n'ai pas comparé les
salaires des députés ou des ministres, pas du tout. Quant aux
chiffres absolus, j'ai essayé de me replacer exactement dans la
même situation...
M. Bourassa:... net, ce n'est que le rattrapage dans le cas du
salaire des députés. La dernière...
M. Pepin (Marcel): Justement. C'est là-dessus d'ailleurs
que j'ai argumenté ce matin, M. le premier ministre. J'ai
expliqué que, si on voulait remonter dans le passé comme vous
aviez fait pour ajuster les salaires, d'abord, vous vous étiez
rajusté et qu'après cela, vous aviez dit: On va être
indexé avec un indice que l'on choisit. Ce sont les salaires moyens qui
sont payés. Encore une fois, je n'ai pas discuté de la valeur ou
du montant absolu de i'indemnité parlementaire, ce n'est pas du tout
l'objet de mon propos. Comme la CTCUM nous avait fourni un chiffre je ne
sais pas s'il apparaît ici ou un tableau pour nous
démontrer que, depuis 1965, nous avions amélioré notre
sort vous ne l'avez pas fourni ce tableau? Evidemment, je le comprends
bien depuis 1965 jusqu'à maintenant, le coût de la vie
avait augmenté de 60%, les salaires de 101% 101.1%, on va
arrondir les chiffres de là, elle en tirait la conclusion: On les
traite bien depuis 1965. Seulement, en 1967, M. le premier ministre, les
salaires ont augmenté de 25.1%. Vous vous souvenez, cela a
été une période de grève. A ce moment, vous avez
adopté à l'Assemblée nationale le bill 1, etc., sans doute
parce qu'il y avait du rattrapage à faire. Comme dans le cas des
députés, lorsque vous avez adopté, je pense que c'est la
loi 87 que j'ai ici, vous avez dit: D'abord, je procède par voie de
rattrapage. Je n'ai pas été augmenté depuis 1972
vous autres, c'était votre terme de référence...
M. Bourassa: La référence au rattrapage
était précise, c'est-à-dire que le coût de la vie
avait augmenté de 29% en trois ans.
M. Pepin (Marcel): Laissez-moi finir, si vous voulez me
comprendre, parce qu'autrement, jamais on ne se comprendra. Vous avez
décidé que votre rattrapage commençait en 1972, parce que
c'était la dernière augmentation que vous aviez eue, de $15,000
à $15,600. Au moment où vous adoptez votre loi, vous dites: Cela
me prend 25% ou 30%, peu m'importe le chiffre exact, pour me monter à
$21,000; très bien. A ce moment, vous dites: Mon rattrapage étant
fait, je m'en vais maintenant avec mon indexation.
Je me dis qu'en appliquant exactement, me semble-t-il, la même
thèse que vous avez suivie, vous et l'Assemblée nationale, je
partirai donc de 1967 parce que mon rattrapage, je l'ai fait en 1967, puisque
là, j'ai eu 25.1%. Maintenant, je n'ai pas donné les chiffres ce
matin parce que je ne savais pas si cela intéresserait la commission.
Mais puisque le débat s'ouvre là-dessus, si je fais ce calcul, de
1967 à maintenant, les salaires ont augmenté de 51.7% sur la
même base que leurs métiers choisis et le coût de la vie de
50%. Donc, j'ai amélioré mon sort depuis 1967. Savez-vous de
combien? De 1.7%. Il me semble que je n'ai donc pas profité de
l'enrichissement collectif parce que,
même si vous me disiez: La dernière année, ou
peut-être un peu plus, il n'y a pas eu beaucoup d'enrichissement
collectif... Cela a été vrai pour cette période, mais pas
pour la période antérieure. Voilà pourquoi je vous dis: En
appliquant exactement votre thèse... Je suis obligé de prendre
une base de référence, une année de
référence différente parce que mon rattrapage est
arrivé en 1967. Pour vous, elle est arrivée en 1974. Il me semble
que j'aurais le droit à un ajustement assez substantiel parce que mon
salaire réel n'a augmenté que de 1.7% pendant cette
période. Vous êtes économiste, vous connaissez bien cela,
vous ne l'accepteriez pas facilement.
M. Bourassa: M. Pepin, comment expliquer les chiffres que vous
avez soumis vous-mêmes et qui vous sont favorables? Comment expliquer
qu'il reste quand même qu'en 1973, les salaires étaient de 30%
supérieurs à ce qui se payait à Montréal dans
l'industrie manufacturière et 20% en 1974?
M. Pepin (Marcel): M. le premier ministre, vous allez toujours
trouver des différences. Le salaire minimum, vous l'avez augmenté
assez récemment à $2.60. Si on tient pour acquis, même si
on n'aime cela ni l'un ni l'autre, qu'il n'y a que 40% de la population
ouvrière qui est syndicalisée...
Vous allez prendre tous les employés qui travaillent dans le
vêtement, dans l'habillement, et combien il y en a qui ne sont pas
syndiqués, membres d'un syndicat. Vous allez peut-être me dire: Va
les organiser. C'est ta faute! D'accord. Je suis prêt à prendre ma
responsabilité, et je suis prêt, par exemple, à vous
demander de changer un peu les lois pour nous aider un peu de ce
côté, parce que ce n'est pas tellement drôle parfois.
Oublions... Oui...
M. Bourassa: Si vous faites des grèves qui affectent un
million de travailleurs, cela n'aide pas.
M. Pepin (Marcel): C'est bien sûr que cela n'aide pas, mais
est-ce que cela va aider de ne pas faire les grèves? Alors, on veut les
maintenir à 1.7% de l'enrichissement, sur une période de 1967
à 1975. Je pense qu'il faut regarder les choses. Donc, je tente de
répondre à votre question. Pourquoi est-ce 30% ou 40%
supérieur? Si on prend toute la masse des entreprises, il y en a combien
qui ont quinze employés et moins au Québec? Vous connaissez la
structure industrielle du Québec encore mieux que moi...
M. Bourassa: A Montréal...
M. Pepin (Marcel): Oui. Prenez-la à Montréal quand
même, parce que le nombre de petites entreprises à Montréal
est très considérable. S'il est vrai de dire qu'au Québec
c'était autour de 70%, l'entreprise industrielle de quinze
employés et moins je ne parle pas du nombre d'employés
couverts le nombre d'entreprises à Montréal, cela peut
être un peu inférieur ou je ne pense pas que ce soit
supérieur, mais vous comprendrez facilement qu'à ce moment il y
ait une différence.
Nous sommes dans un secteur public, et vous devez avoir, vous, nous, un
peu de cohérence. J'ai eu l'occasion, déjà, de discuter
avec vous, par exemple, du cas des policiers. Je pense que la
société peut accepter... Je ne sais pas ce qui se passe à
Montréal, et ce n'est pas sur les conditions de travail qu'ils ont
à discuter présentement que j'interviens, mais je pense que notre
société ne peut pas dire, pour un groupe de citoyens, eux, vont
être payés comme à Toronto, pour prendre cet exemple. Les
autres, non, ils n'ont pas la même force. Je sais bien que l'argument de
la force, en négociation je pense que je connais cela un peu, pas
énormément, mais un peu cela compte beaucoup. Mais
attention au lendemain, au Québec, si on traite les employés
d'une manière différente. Je m'excuse, mais c'est de cette
façon qu'on constate cela.
M. Bourassa: Dans le cas des policiers, il n'y a pas simplement
la question salariale. Dieu sait comment on en entend parler ces jours-ci,
et...
M. Pepin (Marcel): C'est à peu près
réglé, la question salariale, si j'ai compris les journaux. Je
n'ai pas de contacts.
M. Bourassa: Oui, mais les congés, les jours de vacances,
tout cela a des implications sur l'ensemble des conditions de travail. Le
salaire n'est pas le seul élément des conditions...
M. Pepin (Marcel): Dans le dossier que nous avons M.
Hanigan ne cesse pas de vous le répéter c'est lui qui a
demandé la conciliation pour déclencher le processus de
grève. Il nous dit qu'il y a 152 clauses. Tantôt, on se parlait un
peu privément, je pense qu'on en a trouvé une 153e.
M. Bourassa: M. le Président, je pense que le syndicat,
comme la partie patronale, doit comprendre... J'entendais les commentaires ce
matin, de part et d'autre, sur le fait qu'ils n'avaient pas tellement confiance
dans la commission parlementaire. Vous avez droit à votre point de vue,
et vous vous référiez à des expériences
passées. Comme parlementaires et comme députés de
Montréal, nous trouvons difficilement admissible qu'il y ait un
demi-million de travailleurs qui soient très sérieusement
affectés pour régler des conditions de travail qui... Est-ce
qu'on demande 35% ou 50% ou des choses comme celles-là? Je trouve qu'il
devrait y avoir moyen d'éviter de pénaliser... Ce sont les
travailleurs les plus démunis, en fin de compte, qui sont les plus
frappés par une grève du métro et des autobus, parce
qu'eux n'ont pas d'automobiles. Cela peut être interprété
comme une grève antisociale, et c'est cela qu'on veut éviter, en
se réunissant ici, aujourd'hui, de manière à rapprocher
les parties et à essayer de débloquer les
négociations.
M. Pepin (Marcel): Bien, si vous me permettez de dire un mot
là-dessus, si vous saviez combien j'ai personnellement, et je pense que
toute l'équipe qui est ici avec moi a exactement la même
préoccupation. Je ne voudrais quand même pas que des
employés qui sont affectés à l'entretien, aux bureaux, aux
caisses, soient aussi des otages des autres.
Il me semble qu'il doit y avoir un règlement équitable,
juste, à trouver, mais quand il n'y a pas de négociation... et je
sais bien que s'il y a grève, vous allez nous dire: C'est votre faute,
c'est vous qui avez déclenché. Mais le premier
déclenchement, c'est M. Hanigan qui l'a fait, en demandant la
conciliation, pas d'autres.
M. Bourassa: Non, non, je pense que c'est peut-être jouer
un peu sur les mots, parce que...
M. Pepin (Marcel): Non, je ne joue pas sur les mots, ce sont les
faits.
M. Bourassa: Non, c'est d'accord qu'il a pu demander la
conciliation, mais la conciliation...
M. Pepin (Marcel): II était pressé, il était
pressé, M. le premier ministre.
M. Bourassa: Mais la conciliation ce n'est pas une
grève.
M. Pepin (Marcel): ... il devait nous provoquer rapidement.
M. Bourassa: Non, non, je crois que, là-dessus, je sais
que vous pouvez faire un bon homme politique à l'occasion, mais essayons
de ne pas en faire aujourd'hui.
M. Pepin (Marcel): Je ne pourrais pas vous égaler.
M. Bourassa: Est-ce un compliment ou un reproche?
M. Burns: Vous allez admettre que le délai de grève
part de la demande de conciliation, que la demande de conciliation a
été faite...
M. Bourassa: Oui, mais c'est...
M. Burns: ... moi, de la façon que j'ai compris M. Pepin,
ce matin, c'est qu'il ne disait pas qu'actuellement il ne l'aurait pas
demandée à cette époque. Il disait d'autre part que le
fait que la CTCUM ait demandé la conciliation, cela a des grosses
chances, c'est la raison principale pour laquelle, actuellement, il y a droit
de grève légale du côté syndical, comme il y a droit
de lock-out.
M. Bourassa: La grève légale serait venue un jour
ou l'autre, je pense, le droit à la grève légale.
M. Burns: Ce n'est pas sûr.
M. Bourassa: Je blâmerais sévèrement la
CTCUM, si elle faisait un lock-out. Je pense que notre
crédibilité dans ce dossier est quand même assez forte.
L'an dernier, à toutes fins pratiques, nous avons toléré
une grève illégale de sept semaines et nous avons imposé
un règlement à la partie patronale, qui a été
accepté par la partie syndicale, et là, nous voulons essayer
d'éviter de répéter ce qui est arrivé l'an dernier,
ce qui est arrivé il y a quelques semaines. Je dis que si la CTCUM
je ne vois pas pourquoi elle ne serait pas prête à
manifester la même attitude qu'elle a manifestée vis-à-vis
des chauffeurs d'autobus est prête à manifester la
même disponibilité vis-à-vis de la partie syndicale et si
la partie syndicale admet que ce serait peut-être un peu
exagéré de faire une grève qui affecte 500,000
travailleurs, et parmi les plus démunis, pour des questions de 30% ou de
40%, je ne dis pas si c'était le syndicalisme qui était en cause,
qui était l'enjeu, mais, moi je dirais...
M. Pepin (Marcel): Ne me faites pas dire des choses que je n'ai
pas dites par exemple. Je n'ai pas dit que ce ne serait pas correct de faire
une grève pour réclamer ce que nous réclamons.
M. Bourassa: D'accord. Tant mieux si vous ne l'avez pas dit.
M. Pepin (Marcel): Non, je ne l'ai pas dit, M. le premier
ministre; puis cela, jamais vous ne me ferez dire cela, parce que vraiment on
est dans un rapport de négociation puis vous connaissez cela quand vous
négociez avec Ottawa, vous ne pouvez pas faire de grève; mais
ici, il faut négocier un contrat de travail et puis il me semble qu'on
ne peut pas se lancer des affaires comme celles-là en se disant: Ils
sont irresponsables, parce qu'ils font une grève en demandant 25% ou
30%. Bouclez le budget d'une famille à l'heure actuelle avec
l'augmentation des prix, payez l'huile à chauffage $0.42 le gallon, cela
augmente toutes ces affaires-là. Ce ne sont pas de gros salariés,
ce monde-là.
Quand vous recevez 10% d'amélioration, c'est basé sur
$21,000. Quand ils reçoivent 10%, c'est basé sur $9,000; c'est un
peu différent.
M. Bourassa: D'accord, mais ce n'est pas en faisant des
grèves sur le dos des travailleurs à revenu modeste...
M. Pepin (Marcel): C'est en faisant quoi, en ne faisant rien?
M. Bourassa: En négociant et en essayant de faire des
propositions.
M. Pepin (Marcel): Quand ils ne veulent pas négocier,
qu'ils demandent la conciliation.
M. Bourassa: M. le Président, nous sommes ici, pour
rapprocher les parties...
M. Pepin (Marcel): Je suis prêt à être
rapproché, je ne suis pas loin.
M. Bourassa: ... je pense bien que les deux parties doivent
être prêtes à retourner à la table de
négociation.
M. Pepin (Marcel): Je suis prêt.
M. Bourassa: Alors, si les parties sont prêtes à
retourner à la table de négociation, avec une médiation,
je ne vois pas pourquoi on aurait une grève ou un lock-out.
M. Hanigan: M. le Président, quant à la partie
patronale, si elle est invitée par le gouvernement de la province
à retourner à la table de négociation en présence
d'un médiateur, elle est prête à s'y rendre, et avec bonne
foi comme toujours.
M. Pepin (Marcel): Au nom de la partie syndicale, si nous sommes
convoqués, même s'il n'y a pas de médiateur nous
sommes beaucoup plus souples que cela nous sommes prêts à
nous y rendre, non pas avec bonne foi, mais avec une très grande bonne
foi.
M. Bourassa: Dois-je comprendre que les deux parties s'engagent
à ne pas faire de grève ou à ne pas faire de lock-out et
que la médiation pourrait commencer demain?
M. Pepin (Marcel): La médiation, à mon avis en tout
cas, pourrait commencer demain.
M. Bourassa: Est-ce que les deux parties s'engagent à ne
pas faire de lock-out ou à ne pas faire de grève, en attendant
que la médiation nous fasse rapport?
M. Pepin (Marcel): M. le premier ministre, je pense que prendre
de tels engagements, c'est un peu aléatoire. Je pense que, si on doit
reprendre les négociations, nous sommes prêts à les
reprendre; j'estime que nous sommes tous des gens responsables. Prendre de tels
engagements alors que l'on ne connaît pas les aboutissements, que l'on ne
connaît pas la signification d'un mot "bonne foi", je pense que vous en
demandez un peu trop, alors que le code du travail est tellement clair.
Je vois que si vous convoquez les parties...
M. Burns: Simplement, relativement à ce point...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: ... je pense bien que le premier ministre va être
d'accord que je lui dise cela; je sais, M. le Président, que c'est vous
qui menez cela, mais vous menez cela avec tellement de flexibilité que
je me sens capable de dire cela.
Le Président (M. Séguin): Depuis quinze minutes, je
suis moins flexible.
M. Burns: Disons ceci, M. le Président: Peut-être la
meilleure garantie qu'il n'y ait pas de grève ou qu'il n'y ait pas de
débrayage dans les jours qui viennent, c'est que, s'il y a des
négociations qui ont lieu et qu'on a l'impression qu'il y a des efforts
qui se font du côté patronal, nécessairement, cela risque
de déboucher sur bien des affaires, c'est peut-être cela la
meilleure garantie.
Mais je ne pense pas que le premier ministre puisse demander à M.
Pepin, ou même à tout autre officier qui est ici, une garantie au
nom d'un groupe de syndiqués qui ont, démocratiquement, de
façon générale, le droit de se prononcer sur
l'éventualité. Je pense que c'est cela qui...
M. Bourassa: Je demande d'abord à la partie patronale:
Est-ce que la CTCUM s'engage, jusqu'au rapport du médiateur qui pourrait
être jeudi, à ne pas faire de lock-out d'ici jeudi prochain?
M. Hanigan: Oui, M. le premier ministre.
M. Bourassa: La partie syndicale ne peut ou ne veut pas s'engager
sur le même sujet?
M. Pepin (Marcel): M. le premier ministre, je regrette de ne pas
vous donner une réponse qui va vous satisfaire; nous sommes prêts
à négocier, je pense que vous nous connaissez assez bien; en tout
cas, on a déjà eu des contacts ensemble sur ce problème et
sur d'autres problèmes et on essaie de faire ce qu'on peut. Mais je
pense que demander à la commission d'abolir temporairement son droit de
lock-out, ce n'est pas l'équivalent. Je pense que vous le comprenez.
Maintenant, nous sommes prêts à reprendre demain matin;
j'espère que cela se passerait à Montréal et non pas
à Québec parce que tout le monde est de Montréal, ce
serait mieux à Montréal.
M. Bourassa: Si je me permets d'insister là-dessus, je ne
demande pas que la partie syndicale renonce à son droit de grève.
Je crois que dans une assemblée, le 20 août, les syndiqués
eux-mêmes avaient demandé aux dirigeants syndicaux de retarder
jusqu'au 20 septembre le droit de grève. Or, jeudi ce n'est même
pas le 20 septembre.
M. Pepin (Marcel): II y a eu d'autres assemblées.
M. Bourassa: Laissez moi terminer. Je ne demande pas quelque
chose d'exorbitant. Je dis qu'il y a 500,000 travailleurs qui sont en cause. Il
y a des demandes qui ne me paraissent pas mettre en jeu des conditions
fondamentales de travail, des demandes qui se chiffrent entre 30% et 50%, selon
les interprétations, cela va même jusqu'à 90% si on ajoute
tout ce qui a été dit du côté patronal, mais disons
entre 30% et 50%.
Ce que le gouvernement demande et il a l'intention de
présenter une résolution là-dessus c'est que les
deux parties acceptent une médiation spéciale qui pourrait
commencer demain, qui ferait rapport à la commission parlementaire qui
se substitue un peu à la pression d'une grève. La pression d'une
commission parlementaire où toutes les parties sont présentes se
trouve
à se substituer à une grève comme pression sur les
parties en cause. C'est pourquoi il nous paraît que la grève
serait inutile en plus d'être extrêmement ennuyeuse pour un nombre
considérable de personnes. Nous demandons aux deux parties s'il
était possible de retarder leur droit à une grève ou
à un lock-out au moins d'une semaine. Parce que du moment qu'une partie
va se mettre en grève, j'ai assez d'expérience depuis cinq ans
pour savoir que cela va être beaucoup plus difficile d'arriver à
une entente. Les positions vont se durcir et les chances d'une solution rapide
et normale peuvent être beaucoup plus éloignées. C'est cela
que nous voulons éviter comme gouvernement responsable avec l'appui, je
l'espère, de l'Opposition.
M. Pepin (Marcel): S'il y a résolution de la commission
parlementaire, nous en ferons part à ceux que nous représentons.
De toute façon, nous sommes prêts à être
présents demain matin à la table de négociation ou de
médiation, puisque M. Hanigan aime mieux la médiation.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Bourget.
Résolution demandant la nomination d'un
médiateur
M. Boudreault: Etant le représentant de cette commission,
M. le Président et en plus représentant d'un district
électoral de Montréal, plus particulièrement le district
de Bourget, district qui est surtout composé en grande majorité
de la classe ouvrière encore une fois, c'est elle qui devra en
subir les effets dans le cas d'une grève je dois, à ce
stade-ci, présenter une résolution qui, sans doute, sera
appuyée par les parties en cause. Au terme de cette première
séance de la commission parlementaire du travail qui vous a permis de
prendre connaissance des positions respectives des parties, je voudrais faire
la proposition suivante.
Les membres de cette commission ne peuvent évidemment pas se
substituer aux parties en cause, non plus que d'agir ici comme
médiateurs. Notre législation du travail précise
d'ailleurs la façon dont ces choses doivent être
menées.
Me plaçant ici dans la perspective du public montréalais,
de ce public qui a élu la plupart des membres de cette commission, je
voudrais qu'elle adopte une résolution demandant à la partie
patronale et à la partie syndicale de consentir à suspendre leur
droit au lock-out ou à la grève jusqu'à ce qu'un
médiateur spécial soit nommé, qu'il ait eu l'occasion de
tenter de rapprocher les parties et qu'il fasse rapport jeudi prochain, afin de
nous dire si ces efforts peuvent aboutir au règlement du litige.
Je pense me faire l'interprète de tous les membres de cette
commission en faisant cette proposition. J'ai, en tout cas, la conviction de me
faire le porte-parole de tous les Montréalais et particulièrement
de ces centaines de milliers de travailleurs, souvent les plus démunis,
pour qui toute grève ou tout lock-out dans le transport en commun
entraîne des inconvénients et des difficultés
considérables et souvent irréparables. Chacune des parties en
cause dans le conflit a sans doute des intérêts légitimes
à faire valoir. Les membres de cette commission doivent, d'une part,
donner la chance aux parties de faire valoir leurs droits et, d'autre part, de
défendre et promouvoir les intérêts généraux
et le bien-être de la population de Montréal.
C'est là l'objet de ma proposition et je propose donc qu'un
médiateur spécial soit nommé et que, d'ici jeudi prochain,
il s'emploie à rapprocher les parties. Le ministre du Travail devra
alors faire rapport de la situation à cette commission. D'ici là,
je propose que cette commission demande aux parties de s'abstenir de faire tout
lock-out ou toute grève qui serait susceptible de causer des torts
irréparables aux travailleurs montréalais.
M. Bourassa: Qui veut "seconder" la motion?
M. Burns: Pas besoin de "secondeur" en commission, M. le premier
ministre.
M. Bourassa: Vous auriez pu le faire quand même.
M. Burns: Je vous ai offert mes cours du soir en matière
de procédure, si ça vous tente, c'est toujours ouvert.
M. Bourassa: En attendant vos cours, je vous écoute sur la
résolution.
M. Burns: Est-ce que je peux voir la résolution avant, M.
le Président?
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): La commission suspend ses
travaux à loisir, c'est-à-dire à peu près cinq
minutes, le temps de reproduire des copies de la résolution.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
Reprise de la séance à 18 h 12
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
La motion devant la commission, à ce moment-ci, proposée
par le député de Bourget: Qu'un médiateur spécial
soit nommé et que, d'ici jeudi prochain, il s'emploie à
rapprocher les parties. Le ministre du Travail devra alors faire rapport de la
situation à cette commission. D'ici là, je propose que cette
commission demande aux parties de s'abstenir de faire tout lock-out ou toute
grève qui serait susceptible de causer des torts irréparables aux
travailleurs montréalais.
Est-ce que les membres sont en faveur?
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: ... quant à l'esprit même de la
résolution, je n'ai aucune espèce d'objection, je voterai en
faveur de la proposition; je la voudrais peut-être un peu plus
précise. D'abord, il n'y a pas de délai quant à la
nomination du médiateur. Je suggérerais qu'on ajoute après
le mot "nommé", les mots "sans délai". Je vois le ministre du
Travail qui me dit que cela va être nommé immédiatement
après, de sorte que mon amendement est peut-être sans
conséquence, mais il précise le sens qu'on veut y donner.
J'infère également de la résolution, la proposition telle
que faite, que la commission parlementaire du travail, de la main-d'oeuvre et
de l'immigration devra se réunir jeudi prochain. Egalement, je pense que
cela devrait faire partie clairement de la motion.
M. Harvey (Jonquière): La motion d'ajournement ira dans ce
sens.
M. Burns: Si on le prévoit à l'ajournement, je ne
pense pas que ce soit nécessaire de l'inscrire dans la motion.
Quant au fond, M. le Président, j'ai ceci à dire: "Qu'un
médiateur spécial soit nommé", je n'ai aucune
espèce d'objection.
Je crois même que c'est désirable, tout en disant
encore une fois, ce n'est pas pour faire mon "critiqueux" qu'il
n'était pas nécessaire qu'une commission parlementaire
siège pour qu'un médiateur spécial soit nommé par
le ministre. Le ministre a déjà ce pouvoir. Tant mieux si on a
permis, comme je le disais ce matin, d'ouvrir des portes, de mettre le dossier
devant l'opinion publique. Que, par cette voie, à l'occasion de la
commission parlementaire, le ministre du Travail annonce la nomination d'un
médiateur, tant mieux.
Quant à la deuxième phrase: "D'ici là, je propose
que cette commission demande aux parties de s'abstenir de faire tout lock-out
et toute grève", disons que je suis aussi d'accord avec cette
proposition. Je suis d'accord pour énoncer que je suis en faveur de ceux
qui font le bien et contre ceux qui font le mal. C'est bien sûr que
personne ne souhaite une grève, n'associant pas, soit dit en passant, le
mal à une grève. Je veux dire que c'est un énoncé
de principe, c'est un voeu que la commission exprime. Par contre, je vous
signale qu'il est peut-être beaucoup plus facile pour M. Hanigan, au nom
de la commission, de dire qu'il n'y aura pas de lock-out, puisque, quand
même, son autorité est là.
M. Pepin, lorsqu'il vient nous parler, est un représentant d'une
assemblée générale qui a ce pouvoir. Je ne pense pas faire
erreur là-dessus.
M. Bourassa: Je m'excuse. Je ne demandais pas à M. Pepin
de se prononcer au nom des 2,000 personnes, je lui demandais s'il était
prêt à recommander à nouveau...
M. Burns: Ce n'est pas cela que la proposition fait.
M. Bourassa: Je veux dire...
M. Burns: Je vous dis simplement qu'il est normal que la
commission exprime ce voeu. Dans ce sens, je vais voter pour cette
résolution. D'autre part, si jamais les assemblées
générales concernées décident d'agir autrement, je
ne pense pas qu'il faudra leur en tenir rigueur. C'est un de leurs droits les
plus stricts de décider de leur propre stratégie. Je ne pense pas
qu'une commission...
M. Bourassa: II y a un voeu unanime de la commission.
M. Burns: C'est cela.
M. Bourassa: Ne patinez pas des deux bords.
M. Burns: Non, je ne patine pas des deux bords, mais je vais vous
dire 'quelque chose, par exemple, M. le premier ministre. Vous émettez
ce voeu et je suis également d'accord sur le voeu émis par la
commission parlementaire. Je vous dis cependant ceci: Qu'on impose, à
toutes fins pratiques, un délai où les gens seront en mesure, du
côté syndical, de juger s'il y a eu progrès ou non. Il ne
faudra pas vous plaindre, à ce moment, qu'il y ait un arrêt de
travail s'il n'y a véritablement pas eu de progrès dans les
négociations, parce que c'est peut-être aussi cela qui va
arriver.
Peut-être que vous êtes en train de leur dire: On vous
demande de ne pas sortir d'ici jeudi prochain et jeudi prochain, on
espère pouvoir faire rapport à la commission parlementaire du
travail et de la main-d'oeuvre d'une amélioration de la situation. Si
cette amélioration, ce que je ne souhaite pas, n'intervenait pas, il ne
faudra pas se surprendre que les gens disent: Bon, c'est cela, on nous a
donné le feu vert et on nous a fait signe que la tentative avait
été faite. Maintenant qu'elle a été faite, bonjour
Luc, ce sont les règlements qui apparaissent dans la loi qui
s'appliquent et, entre autres, du côté syndical, cela veut dire un
arrêt de travail. C'est avec toutes ces réserves que je vote quand
même pour la proposition faite par le député de
Bourget.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, sur la motion qui a
été proposée avec les amendements proposés par le
député de Maisonneuve ainsi qu'avec les précisions
apportées par le ministre du Travail selon lesquelles il allait faire
connaître le nom du médiateur, je pense, avant l'ajournement de la
commission, je pense que la seule chose que la commission parlementaire pouvait
faire aujourd'hui de façon positive, c'était d'en venir à
une recommandation de ce genre. Je dis bien le mot "recommandation" parce que
la commission parlementaire ne peut pas imposer un délai aux parties en
cause. Alors, c'est une motion qui m'apparaît raisonnable
en ce qui me concerne, une semaine de délai pour permettre aux
parties de se réunir. Cela m'apparaît comme une mesure qui
pourrait faciliter les négociations entre les parties en cause. Alors,
je voterai donc pour cette motion.
Le Président (M. Séguin): Le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, seulement pour
répondre, je m'excuse. Quand on parle de délai d'ici jeudi, c'est
parce que ce n'est même pas le 20 septembre. Mais j'ai dit que les
syndiqués s'étaient donné jusqu'au 20 septembre. Je ne
crois pas qu'en pratique on les prive d'un droit. Ils le possèdent
actuellement. Eux-mêmes l'avaient dit à leurs dirigeants
syndicaux. Ce que je demande, je n'ai peut-être pas été
clair tantôt, à M. Pepin ou aux autres dirigeants syndicaux,
devant la position unanime de tous les partis à l'Assemblée
nationale et devant les effets extrêmement sérieux d'une telle
grève, c'est: Est-ce que les dirigeants syndicaux sont prêts
à recommander à leurs syndiqués de retarder le recours
à la grève jusqu'après la prochaine réunion de la
commission parlementaire jeudi prochain?
Le Président (M. Séguin): Voici, nous sommes au
milieu d'un débat sur une motion.
M. Pepin (Marcel): Ce n'était pas pour
répondre.
M. Bourassa: Je comprends, mais on reviendra après.
Le Président (M. Séguin): Le ministre du
Travail.
M. Harvey (Jonquière): Je veux tout simplement dire, en
réponse au député de Maisonneuve, que, dans le premier
arrêt de travail qui a eu lieu et a été réglé
par voie de médiation, vous vous souvenez que c'était quelques
jours après mon as-sermentation comme ministre du Travail. J'ai eu une
demande de médiation, pouvoir que j'avais, dans le cas qui nous
intéresse, avec les trois autres syndicats.
J'ai, tout de même, devant la preuve qui m'a été
faite par la partie syndicale, exigé d'eux d'attendre 48 heures
après moi, pour bien analyser les arguments qui m'avaient
été présentés. Ces arguments m'ont certes
donné la preuve qu'il y avait lieu d'espérer que le retour
à la table de négociation avec un médiateur spécial
soit de nature à régler le conflit. Dans le cas qui nous
intéresse, je n'ai reçu, ni de la part du côté
patronal, ni de la part de la partie syndicale, le moindre indice d'une demande
de médiation. La commission parlementaire d'aujourd'hui aura
certainement permis d'abord de bien renseigner les parlementaires sur les faits
de chaque côté. Elle aura aussi abouti à une
médiation spéciale, acceptée tout à l'heure,
préalablement à la résolution du député de
Bourget, par la partie patronale et par la partie syndi- cale avec quelques
réserves sur le fond, mais en se basant également sur la
décision prise par l'assemblée générale des
membres, donnant à leur comité de négociation jusqu'au 20
septembre pour essayer de régler le conflit à une table de
négociation. Je ne pense pas personnellement les priver en ajournant
cette séance d'aujourd'hui et en fixant la prochaine séance
à jeudi, 3 heures, pour y présenter le rapport du
médiateur à cette séance.
Le Président (M. Séguin): Merci, messieurs! Est-ce
qu'il y a d'autres commentaires?
M. Bourassa: Est-ce que je peux poser la question maintenant?
M. Burns: M. le Président, sur une question de
règlement...
M. Bourassa: Non, mais je pense qu'il est important de savoir ce
que va recommander le syndicat.
M. Burns: Je pense qu'il est important, M. le premier ministre,
et vous avez l'air de faire semblant... Vous avez l'air à...
M. Bourassa: Votre jupon commence à dépasser.
M. Burns: Le vôtre dépasse dangereusement.
M. Bourassa: Non, moi, je veux sauver une grève aux
travailleurs de votre comté...
M. Burns: Non...
M. Bourassa: ... et aux travailleurs de Montréal.
M. Burns: ... vous allez tranquillement vous calmer, parce que je
viens de soulever une question de règlement.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: C'est correct? Bon!
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: Je soulève une question de règlement.
Premièrement, on en est à l'étude d'une résolution
de la commission. Cela, c'est correct. Si c'est le voeu de la commission de
mettre M. Pepin dans une situation... Je ne parle pas pour lui. je ne veux pas
le défendre, non plus, mais M. Pepin, actuellement, vous êtes en
train de lui demander s'il est prêt, lui, à recommander, au nom
d'une centrale de 200,000 travailleurs et plus, à ces gens qui ont une
autonomie complète à l'intérieur de leur centrale, qui ont
démocratiquement des droits à faire valoir à
l'intérieur de leurs trois syndicats... vous êtes en train
d'essayer de biaiser des décisions qui appartiennent
véritablement aux travailleurs de la CTCUM.
M. Bourassa: II était prêt à répondre
tantôt.
M. Burns: Bien, s'il veut répondre, il répondra.
Mais, personnellement, en tout cas, je préférerais,
actuellement... M. Pepin a été bien gentil à l'endroit de
la commission. Il est venu témoigner ici. Je ne vois pas pourquoi on le
mettrait... Non, non!
M. Bourassa: Le gouvernement, c'est la population. Je vous en
prie.
M. Burns: Je ne vois pas pourquoi on le mettrait dans une
situation qui risque de l'embêter après. De toute façon, il
n'a peut-être même pas été capable de consulter
d'autres représentants syndicaux.
M. Bourassa: Non, il en a vu d'autres.
M. Burns: En tout cas, vous ferez ce que vous voudrez. Si vous
voulez que votre jupon, à vous, dépasse continuez dans ce
sens-là, cela va bien.
M. Bourassa: Je veux épargner une grève à
500,000 travailleurs montréalais.
M. Burns: Moi aussi, je veux cela. M. Bourassa: Cela n'a
pas l'air.
M. Burns: Comme je suis en faveur du bien, imaginez-vous. Je suis
en faveur du bien, imaginez-vous donc cela.
M. Roy: M. le Président, si on veut se
référer au règlement, on doit d'abord disposer de la
motion avant d'entreprendre une autre discussion ou un autre sujet. Alors qu'on
dispose de la motion pour commencer; on pourra revenir là-dessus
après.
Le Président (M. Séguin): Alors, comme je l'avais
annoncé ou plutôt décidé tout à l'heure,
lorsqu'il y a eu la première question à M. Pepin, à
l'intérieur du débat de la motion, j'ai dû empêcher
M. Pepin de répondre, je maintiens cette décision. Il y a une
résolution qui se discute sous forme de motion. Une fois que ce
débat est entrepris par les membres de la commission, il n'est pas selon
notre procédure, ni nos règlements, de recevoir des commentaires
en dehors du secteur ou du groupe qui forme la commission ou des membres de la
commission.
M. Bourassa: II va suivre des cours du soir.
Le Président (M. Séguin): Non, il n'est pas
question de cours ou autre chose; c'est tout simplement une
décision.
M. Burns: L'offre est maintenue, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Alors, je demande: Est-ce
que cette motion est reçue unanimement?
Vote sur la résolution
M. Burns: Adopté.
M. Bourassa: Un vote enregistré.
Le Président (M. Séguin): Un vote
enregistré.
M. Burns: On pourrait se référer, M. le
Président, à une de vos décisions antérieures,
à l'effet que le vote enregistré n'existe pas en commission, mais
je ne le ferai pas.
Le Président (M. Séguin): Voici, M. Bellemare
(Johnson), M. Marchand (Laurier), M. Boudreault (Bourget)?
M. Boudreault: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Burns
(Maisonneuve)?
M. Burns: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Bourassa
(Mercier)?
M. Bourassa: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey
(Jonquière)?
M. Harvey (Jonquière): En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Perreault
(L'Assomption)?
M. Perreault: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey (Charlesbourg).
M. Lachance (Mille-Iles)?
M. Lachance: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Pagé
(Portneuf)?
M. Pagé: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Malépart
(Sainte-Marie)?
M. Malépart: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Roy, Beauce-Sud?
M. Roy: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Faucher, Yamaska?
M. Faucher: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Pour: 10. Contre: aucun.
La motion est adoptée. Nous ajournons nos...
M. Bourassa: Est-ce que je peux reprendre après la motion?
J'ai...
Le Président (M. Séguin): M. le premier
ministre.
M. Bourassa: M. Pepin était sur le point de
répondre. Je comprends qu'il n'a pas eu le temps de consulter tous les
membres du conseil de la centrale, mais je pense que je peux lui demander,
personnellement, s'il est d'accord pour recommander à ses
collègues de retarder ou de ne pas appliquer le recours au droit de
grève avant la prochaine réunion de la commission parlementaire,
jeudi.
J'ai demandé à M. Hanigan; je comprends que M. Hanigan,
étant donné que son autorité est détenue d'une
façon plus circonscrite, peut répondre de façon
immédiate et totale. Je ne demande pas une réponse
immédiate et complète, mais je peux demander le point de vue de
M. Pepin sur cette question.
M. Pepin (Marcel): M. le Président, je suis prêt
à faire un peu de commentaires là-dessus. J'ai noté qu'il
y avait un peu d'absentéisme à la commission, ce n'est pas
très grave. Je ne pense pas que ce soit en raison des congés de
maladie, comme l'a suggéré M. Guilbault, ce matin. Cependant,
pour répondre à votre question, c'est une question très
sérieuse et je comprends très bien dans quelle situation nous
sommes placés, du côté syndical. Comme vous l'avez dit
vous-même, ce n'est pas du tout semblable la suspension du droit au
lock-out et la suspension du droit de grève. Je pense qu'on ne peut pas
mettre cela sur le même pied.
De plus, la structure est évidemment bien différente. M.
Hanigan, c'est lui et deux autres pour régler cette affaire. Alors,
comme ils sont tous les deux ici, ils regardent et font signe que oui et M.
Hanigan dit oui. On n'est pas du tout dans le même cas.
Ce que je peux vous dire, c'est que si la médiation reprend
demain, on est prêt à examiner de très près la
proposition qui est là je ne veux pas vous donner d'engagement
seulement l'examiner de très près. Je ne pense pas pouvoir
aller plus loin que cela. Il y a tellement d'événements.
Qu'est-ce qui va se passer, M. le premier ministre, à la commission?
Comment est-ce que cela va agir à l'intérieur de la commission?
On ne le sait pas! Quelle sorte de provocation, même s'ils sont de bonne
foi, peuvent-ils faire?
Faire des engagements théoriques, là... Mais je peux vous
dire, nous ne sommes pas des enfants, personne. On est prêt à
examiner de près la proposition qui est faite et qui a été
adoptée unanimement par la commission parlementaire.
M. Bourassa: M. Pepin, je ne peux pas dire que je suis satisfait
de votre réponse. Je ne vous demande pas de renoncer au droit de
grève.
Ce que je demande, au nom de tous les partis, c'est un voeu unanime
vous avez quand même assez d'expérience c'est de
dire si vous, avec votre expérience et l'autorité que vous avez,
en face d'une grève qui va affecter des centaines de milliers de
travailleurs et probablement des dizaines de milliers de syndiqués de la
CSN, très personnellement, si, en face d'une grève, alors que
l'enjeu n'est quand même pas la survie du syndicalisme, l'enjeu est une
question de conditions de travail qui est importante, mais ce n'est pas l'enjeu
du syndicalisme qui est la cause de la grève... On demande que vous
soyez prêt à dire, devant le voeu unanime des parlementaires, nous
sommes les représentants de la population, c'est unanime, chez tous les
partis, que vous, comme président de la CSN, vous êtes prêt
à recommander à vos collègues de surseoir d'une semaine.
Si j'insiste là-dessus, c'est en raison de votre autorité morale,
d'abord, et, deuxièmement, en raison du fait que, si une grève
est déclenchée, il va être beaucoup plus difficile d'y
mettre un terme ou d'arriver à une solution acceptable. Cela, vous en
êtes tout à fait conscient. C'est cela qu'on a voulu éviter
aujourd'hui. C'est cela que le gouvernement a voulu éviter au nom du
bien commun en convoquant cette commission parlementaire. Que vous essayiez
très finement, selon votre habitude, de ne pas vous engager
personnellement, je ne peux pas vous forcer, parce qu'on est en pays libre,
mais ce que j'aurais souhaité que vous disiez clairement, c'est que,
comme président de la CSN, vous êtes prêt à
recommander à vos collègues d'accepter un moratoire d'une semaine
qu'ils étaient eux-mêmes prêts à accepter il y a deux
semaines.
M. Pepin (Marcel): M. le premier ministre, si vous me permettez,
à moins que vous ayez des choses bien urgentes à dire, je pense
que je dois faire une correction aux affirmations que vous avez faites pendant
le débat. Je ne pouvais pas intervenir, mais il y a eu effectivement une
résolution adoptée par l'ensemble du front commun pour dire:
Remettez au 20 septembre. Mais les assemblées syndicales de chacun des
groupes, au moins les assemblées qui se sont tenues, n'ont pas dit la
même chose, M. le premier ministre. Je ne dis pas cela pour
défaire votre scénario et défaire votre thèse. Si
vous me demandez à moi, dans la condition, ce soir: Etes-vous prêt
à faire une telle recommandation, je réponds que je veux examiner
les choses. Ce n'est pas une question d'habileté ou de finesse. Il n'y a
rien de fin ou d'habile en disant: Je veux examiner les affaires. Mais je pense
que ce n'est pas déraisonnable qu'on examine la situation. Le ministre
dit qu'il va nommer sans délai le médiateur, peut-être
même avant la fin de la commission parlementaire, je n'en sais rien.
Demain matin, je présume que les parties vont se rencontrer. Je ne suis
pas moi-même à la table de négociation, c'est
évident, comme M. Hanigan n'est pas à la table de
négociation généralement, mais on pourra regarder les
événements et je pense qu'on peut recommuniquer ensemble et que
je peux vous dire ce qui en est, comment cela se déroule.
Donner une garantie morale comme celle que
vous réclamez, je vous répète que, dans le domaine
des relations industrielles, du côté syndical, l'année
où nous vivons et ce n'est pas uniquement la première
année ce n'est pas aussi simple que cela en a l'air.
Peut-être que MM. Hanigan, Guilbault, Bouvrette et les deux autres
commissaires ne font rien pour provoquer. Mais il n'y a rien qui me dit qu'il
n'y a pas un contremaître ou un surintendant qui va le faire. Même
si vous prenez la parole et leur dites: Dites-leur d'être tranquilles.
Vous ne savez pas ce qui se passe dans la vie quotidienne.
Alors, M. le premier ministre, je vous dis que je suis prêt
à examiner ça. Le médiateur sera nommé, on est
prêt à être là et on pourra communiquer ensemble et
se dire les choses comme on les perçoit au moment où cela arrive.
Ce n'est pas une question d'habileté ou de finesse, mais je ne peux pas
aller plus loin que ça.
M. Bourassa: Je m'excuse d'insister, c'est parce qu'il y a
beaucoup en jeu, il faut s'en rendre compte, mais je ne vois pas la
correspondance entre l'attitude temporaire d'un contremaître et le
déclenchement d'une grève avant terme. Vous dites que si un
contremaître prend une attitude rigide, ça pourrait mener à
une grève avant jeudi prochain. Comment peut-on justifier une
grève à aussi brève échéance pour un
incident comme celui-là?
M. Pepin (Marcel): M. le premier ministre, je pense que c'est
parce qu'on n'a pas tout à fait la même expérience dans les
relations de travail. Je ne vous dis pas que j'ai de l'expérience et que
vous n'en avez pas, ou l'inverse, pas du tout. C'est mon expérience
à moi. Quand les esprits sont échauffés et à
l'heure actuelle, d'après ce qu'on m'informe, je n'en sais rien,
ça bouillonne beaucoup, particulièrement dans certains
départements de la CTCUM, peut-être suis-je mal informé
quand il y a un climat un peu survolté, surchauffé, il
arrive une étincelle qui n'a pas l'air importante pour quelqu'un qui
siège en commission parlementaire, mais pour moi, dans mon bureau,
vraiment, ça prend une autre allure. Je vous ai donné cela
à titre d'exemple. Si on se présente à la médiation
demain, la CTCUM dit: J'ai demandé la conciliation, j'ai des
propositions, c'est tout. Vous comprendrez qu'à ce moment-là, le
jeu sera beau. On est collé, il faut attendre. Il y a tous ces aspects.
Mais faire les fous pour rien...
M. Bourassa: Je ne vous demande pas ça, c'est au nom des
travailleurs qu'on vous demande ça.
M. Pepin (Marcel): Oui, mais moi aussi, c'est au nom des
travailleurs que je vous réponds comme je vous réponds, M. le
premier ministre.
M. Bourassa: C'est de la démagogie, informez-vous à
Montréal, qui est affecté.
M. Burns: Le seul temps où vous vous occu- pez des
travailleurs, c'est quand quelqu'un n'est pas de votre avis.
M. Bourassa: C'est vous qui faites de la démagogie.
M. Burns: Voyons donc! M. le Président, j'aimerais parler
sur cette affaire. Vous devriez, s'il vous plaît, vous contenter de
l'énoncé de M. Pepin qui est un énoncé très
honnête; il se rend compte de la limite. Je pense qu'on devrait l'en
féliciter.
Il y a également une question de crédibilité pour
un président de centrale. S'il vous donne sa propre recommandation et
qu'un élément extérieur à son propre désir
provoque une grève... Contrairement à ce que vous pouvez penser,
M. le premier ministre, cela arrive. C'est arrivé d'ailleurs dans le
passé. Je pourrais vous citer le cas de 1967 où il y a eu un
débrayage à une date où même les dirigeants
syndicaux ne le prévoyaient pas, pour un incident de parcours qui
s'appelait des négociations depuis près d'un an avec deux
syndicats de cadre et une décision unilatérale du
côté patronal, à ce moment, de refuser de les
reconnaître à l'avenir. Ce que cela a fait, cela a
déclenché, à l'intérieur de douze heures, une
grève générale à la commission de transport,
laquelle a mené, éventuellement, à la fameuse loi no 1
alors que le gouvernement de l'Union Nationale était au pouvoir.
M. Bourassa: C'est ce qu'on veut éviter.
M. Burns: On veut tous éviter cela, mais je pense qu'on
doit même féliciter M. Pepin, parce qu'il se rend compte qu'il ne
peut pas aller plus loin que cela actuellement. Il me semble que vous devez
être capable de lire entre les lignes quand il dit: On va la regarder de
très près. Qu'est-ce que vous voulez de plus? Il y a quand
même une structure qui est bien différente, vous le reconnaissez,
M. Pepin l'a mentionné, entre une commission de transport où
l'autorité, non seulement morale, mais l'autorité légale
repose entre les mains de trois personnes qui sont ici et l'autorité
morale de M. Pepin.
Moi, personnellement, en tout cas, cela me choquerait de voir les gorges
chaudes qu'on pourrait faire après que M. Pepin aura donné sa
garantie morale et que, malgré sa garantie morale, une telle
grève ait lieu. Je n'aimerais pas les gorges chaudes, je n'aimerais pas
voir comment la crédibilité de M. Pepin serait affectée
par la suite.
M. Bourassa: M. le Président, je veux que ce soit clair.
Je pense qu'il était normal que le chef du gouvernement pose la
question. Qu'on lui demande de lire entre les lignes, je suis bien prêt
à le faire, mais je veux bien dire quand même, en terminant,
à moins qu'il y ait d'autres points qui soient soulevés, que
l'année dernière, il faut quand même se souvenir de
l'attitude du gouvernement dans une grève analogue avec les mêmes
parties en cause. Je pense que, l'année dernière, le gouvernement
avait clairement opté pour la par-
tie syndicale et il va faire la même chose, cette année,
s'il s'aperçoit que la situation...
M. Burns: Avec l'aide de l'Opposition.
M. Bourassa: Avec l'aide de l'Opposition, oui, d'accord, parfait.
Je peux le signaler d'une façon encore plus précise en disant:
Avec l'aide du député de Maisonneuve.
M. Burns: Merci, j'attendais cela.
M. Bourassa: Je dis que le gouvernement est prêt à
prendre la même attitude que l'an dernier si les choses se
répètent comme l'an dernier. Mais nous ne pouvons pas, nous
devons attendre l'évolution des événements. Avec
l'expérience qu'on a eue l'an dernier, il y a un mois également,
il était normal que le gouvernement essaie de faire des efforts un peu
exceptionnels comme ceux qu'il fait aujourd'hui pour éviter que la
situation à Montréal ne s'empire avec une grève du
métro.
Le Président (M. Séguin): M. le ministre.
Nomination d'un médiateur
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, avant de
demander l'ajournement de la commission au jeudi 18 septembre, quinze heures,
j'informe les parties en cause aue M. Roger Pilotte est nommé
médiateur spécial dans le conflit. Il entrera en contact avec les
deux parties demain, le plus rapidement possible.
Le Président (M. Séguin): La commission ajourne ses
travaux au jeudi 18 septembre, quinze heures.
(Fin de la séance à 18 h 39)