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Commission permanente du travail,
de la main-d'oeuvre et de l'immigration
Conflit de travail à la Commission
de transport de la Communauté
urbaine de Montréal
Séance du 23 septembre 1975
(Quinze heures dix minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
La troisième séance de la commission parlementaire du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration sur le problème du
transport à Montréal ou de la CTCUM...
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont
les suivants: M. Bellemare (Johnson); M. Bérard (Saint-Maurice); M.
Boudreault (Bourget); M. Burns (Maisonneuve); M. Léger (Lafontaine); M.
Bourassa (Mercier); M. Harvey (Jonquière); M. Mercier (Bellechasse); M.
Harvey (Charlesbourg); M. Faucher (Nicolet-Yamaska); M. Pagé (Portneuf);
M. Malépart (Sainte-Marie); M. Roy (Beauce-Sud); M. Tremblay
(Iberville).
A moins qu'il n'y ait objection de la part des membres de la commission,
le rapporteur de la commission pour la séance sera M. Malépart,
député de Sainte-Marie.
Sans autre préambule, puisqu'il s'agit de recevoir un rapport du
ministre du Travail et de la Main-d'oeuvre, je lui cède la parole
immédiatement.
Rapport final du médiateur
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, messieurs
les membres de la commission, tel qu'il a été convenu à
l'ajournement de la séance de la commission parlementaire du travail et
de la main-d'oeuvre et de l'immigration, jeudi dernier, j'ai devant moi le
rapport final du médiateur, M. Roger Pilotte.
J'ai également des copies disponibles qui seront remises aux
membres de la commission immédiatement après que j'en aurai fait
lecture ici à la commission, rendant ainsi public le rapport final du
médiateur spécial, M. Roger Pilotte.
M. Burns: M. le ministre, n'y aurait-il pas moyen d'en avoir des
copies avant?
M. Harvey (Jonquière): Immédiatement après
que je l'aurai rendu public parce que le document est ma
propriété présentement et j'en livre, en primeur, le
contenu aux membres de la commission parlementaire... Il n'y aura pas de
conflit pour les copies. Elles sont prêtes.
M. Burns: Ce n'est pas cela, M. le ministre. Je pourrais vous
suivre davantage si je pouvais lire.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! J'ai cru comprendre que le ministre avait l'intention de finir sa
lecture auparavant, alors...
M. Roy: Un point de règlement.
Le Président (M. Séguin): Un point de
règlement.
M. Roy: J'aimerais quand même vous signaler qu'on ne
demande pas un précédent à l'heure actuelle. Il est
coutume, dans une commission parlementaire, lorsque le ministre lit un
document, le rend public, d'en remettre une copie aux membres de la commission
parlementaire afin qu'ils puissent suivre le ministre d'abord, prendre les
notes, de façon à pouvoir poser des questions.
Il n'est pas question de jouer à la politique. C'est une question
sérieuse, on veut travailler sérieusement, mais avec des outils
qui nous permettent de travailler et d'apporter notre contribution.
J'espère qu'on ne nous a pas simplement convoqués à la
commission parlementaire pour nous amuser ou comme spectateurs. C'est pour cela
que j'ai soulevé le point de règlement.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, sur un
point de règlement.
Le Président (M. Séguin): ... sur le point de
règlement.
M. Harvey (Jonquière): Je voudrais dire ceci. Il serait
fort possible que je rende public, à la commission parlementaire, le
rapport final, non dans son entier, mais en partie seulement, étant
donné qu'il contient des points que connaissent les parties en cause. Il
s'agit d'un document officiel dont j'aime mieux donner la teneur par la voie du
journal des Débats. Il est sûr que les partis d'Opposition, avant
de répliquer, au moment où je terminerai, recevront
automatiquement une copie de ce rapport.
M. Burns: M. le Président, sur la question de
règlement. Je trouve cela absolument aberrant qu'on fasse des petites
cachettes en catimini actuellement...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: Non, M. le Président, il n'y a pas d'à
l'ordre. Il n'y a rien d'antiparlementaire dans ce que je dis là.
Le Président (M. Séguin): Non, excepté que
vous prêtez des intentions.
M. Burns: Je prête une intention, M. le Président,
qui est claire dans ce que vient de dire le ministre. Il est prêt
à nous donner sa déclaration...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: Je vous écoute, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Le minis-
tre a voulu, d'après son énoncé au début,
prendre le soin de dire qu'il ne distribuait pas sa copie avant qu'il ait fini
ou terminé sa lecture. Alors, je dois m'en tenir à cette
décision de la part du ministre. Je comprends qu'il peut y avoir des
membres de la commission qui n'aiment pas cela, mais, malheureusement, le
ministre a utilisé son droit en disant: Je distribuerai, à la fin
de la lecture du texte, une copie de ce que je viens de lire. Alors, je dois
demander au ministre de reprendre là où il avait laissé il
y a quelques instants.
M. Burns: M. le Président, sur...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Séguin): A quel propos?
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, sur le même
propos.
Le Président (M. Séguin): Sur le même propos,
je pense que je viens de rendre une décision.
M. Bellemare (Johnson): Un instant, M. le Président. En
vertu de nos règlements, en Chambre, quand une déclaration
ministérielle est faite, elle doit être distribuée avant la
séance pour qu'on puisse en prendre connaissance.
M. Harvey (Jonquière): Ce n'est pas une
déclaration.
M. Bellemare (Johnson): Voici une déclaration qui est
très importante pour tous les membres de la commission. Le ministre a
tort de vouloir s'obstiner pour rien sur une bagatelle. C'est vouloir gagner un
poil de chameau. Cela n'a pas de bon sens. Le ministre est plus parlementaire
que cela. Il est ici depuis très longtemps. Il sait bien qu'il n'y a pas
de mal à ce qu'on la lise en même temps que lui. Dans un geste de
courtoisie pour les membres de la commission, vous devriez nous la donner. On
ne fera pas la critique tout de suite. On va la lire et cela nous aidera, je
pense. Dans un geste de courtoisie, vous devriez, je pense, ne pas vouloir
gagner un poil de chameau.
Je pense que le ministre a tort, M. le Président, de vouloir
s'obstiner pour rien, il engage le débat sur une route acerbe et qui ne
sera pas bonne.
M. Harvey (Jonquière): Pourquoi vous obstiner sur un poil
de chameau?
M. Bellemare (Johnson): Je ne m'obstine pas sur un poil de
chameau, je dis que le ministre a tort de ne pas vouloir être gentilhomme
pour nous.
M. Harvey (Jonquière): Je veux que vous m'écoutiez,
je veux que vous m'écoutiez.
M. Bellemare (Johnson): Je suis bien content de vous
écouter, mais j'aimerais mieux vous comprendre en lisant le
document.
M. Harvey (Jonquière): Ecoutez-moi, vous allez me
comprendre.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas correct, ça, M. le
Président.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président,
voici...
M. Bellemare (Johnson): Je dis que ce n'est pas parlementaire du
tout, c'est antiparlementaire.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Harvey (Jonquière): J'ai reçu aujourd'hui, en
date du 23 septembre, le rapport suivant. "M. Gérald Harvey, ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre, 600, St-Amable, Québec. M. le ministre,
tel que souhaité par la commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvre...
M. Burns: J'invoque le règlement, M. le
Président...
M. Harvey (Jonquière): ... je vous remets mon rapport
final...
M. Burns: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Sur un point de
règlement, le député de Maisonneuve.
M. Burns: Je vous réfère à l'article 177 de
notre règlement qui se lit comme suit: "Quand un ministre cite, ne
serait-ce qu'en partie, un document, il peut être requis sans autre
formalité de le déposer immédiatement, à moins
qu'il ne déclare qu'il est contraire à l'intérêt
public de le faire."
M. le Président, je vous demande de voir à l'application
de l'article 177, il y a déjà citation d'un document et je vous
demande qu'il soit déposé immédiatement comme dit
l'article 177. Les farfinages et les folichonneries que vous êtes en
train de nous faire, je ne les prends pas. Au moins, vous allez respecter le
règlement qui nous dit, que vous venez de citer... Je pense que vous
avez vous-même dit que vous citiez un document; bien là, on va le
déposer. D'accord? Vous avez une phrase de dite, je vous arrête
tout de suite et je vous demande, M. le Président, non pas au ministre
ce n'est pas une question de discrétion de la part du ministre
je vous demande de voir à l'application de l'article 177 de notre
règlement qui dit: Lorsqu'il cite, ne serait-ce qu'en partie un
document, il peut être exigé de lui de le déposer
immédiatement, à moins qu'il nous dise que c'est contre l'ordre
public.
J'aimerais bien entendre le "boutte" du ministre qui nous dirait que
c'est contre l'ordre public de ne pas déposer ce document, surtout
lorsqu'il nous a dit qu'il le déposerait après avoir
parlé.
M. le Président, je vous demande de mettre en application
l'article 177 du règlement.
M. Harvey (Jonquière): Sur le point de règlement,
M. le Président, justement, à la fin de la dernière
séance de la commission, on voit avec quel souci du respect du
règlement le député de Maisonneuve...
M. Burns: J'invoque le règlement, j'invoque le
règlement...
M. Harvey (Jonquière): ... a fait rejeter...
M. Burns: Si vous voulez absolument vous amuser comme ça,
on va s'amuser follement cet après-midi.
M. Harvey (Jonquière): Un instant, un instant, M. le
Président, j'ai la parole sur le point de règlement.
M. Burns: Vous vous apprêtez à faire une très
belle entrée comme ministre du Travail, c'est de toute beauté. Le
premier geste que vous allez poser, ça va être de passer une loi
spéciale.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, le
député de Maisonneuve ne me fera pas peur.
M. Burns: De toute beauté! Vous allez être
parfait.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, sur le
point de règlement, j'ai mentionné que, soucieux du
règlement, le député de Maisonneuve avait insisté,
à la dernière séance de la commission, pour que le
règlement soit respecté.
M. Burns: Oui.
M. Harvey (Jonquière): A ce moment-là, deux de nos
collègues, membres de la commission, ont dû s'y conformer...
M. Burns: Bien oui.
M. Harvey (Jonquière):... le député
d'Iberville et le député de Bourget.
M. Burns: Le député de Maisonneuve
également.
M. Harvey (Jonquière): On a ajourné
immédiatement la commission.
M. Burns: Tous les membres de la commission.
M. Harvey (Jonquière): Voulez-vous, M. le
Président, rappeler le député de Maisonneuve à
l'ordre. Pendant que je parle, je ne veux pas me faire interrompre par lui,
même s'il est un supposé expert en relations
patronales-ouvrières. Les règlements sont pour tout le monde, y
compris le ministre du Travail, et j'entends respecter le règlement.
Comme l'article 177 a été invoqué et que c'est le
règlement qui prévaut pour le bon ordre de la Chambre et de la
commission, avec plaisir, je demande d'en remettre puisque j'ai
commencé à citer le rapport une copie aux membres de la
commission parlementaire.
M. Burns: C'est seulement cela que nous voulons.
M. Harvey (Jonquière): Je vous ai fait jouer avec votre
petit règlement. Alors, tel que souhaité.
M. Burns: Pouvez-vous attendre au moins que la distribution soit
faite, quand même?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Harvey (Jonquière): Tel que souhaité par la
commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre...
M. Burns: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: J'invoque le règlement. Il est donc bien
nerveux, ce ministre du Travail! Il n'est pas cassé encore. On va le
casser un peu.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! M. Burns:
Bon!
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: On va le mettre dans sa "job" tranquillement. M.
Cournoyer était bien moins nerveux que cela.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Harvey (Jonquière): Je ne suis pas nerveux du tout.
M. Burns: Alors, du calme, un peu!
Le Président (M. Séguin): On va terminer, dans la
paix, la distribution du document en question. Puisque le ministre a
réglé lui-même le problème, je n'aurai pas à
me prononcer sur l'article 177. Tout de même, cet article pourrait
soulever un débat sur l'interprétation de ce qu'on veut dire
là-dedans, puisqu'il s'agit, je crois, de quelqu'un, d'un ministre qui
cite un document à l'appui de ce qu'il dit.
Le règlement n'est certainement pas clair de ce
côté-là, puisque déjà, au début, le
ministre avait fait l'énoncé qu'il distribuerait une copie du
texte, mais qu'auparavant il voulait en faire lecture.
Même si on a apporté l'article 177 à l'appui du
contraire, je ne crois pas que ce règlement ou cet article
s'appliquerait... A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le ministre, je vous prie de continuer et j'espère qu'il n'y
aura pas d'interruptions durant cette lecture.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je
m'exécute. La lettre est la suivante: "M. le ministre, tel que
souhaité par la commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvre, je vous remets mon rapport final sur la médiation
spéciale dans le conflit opposant la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal et ses syndicats d'entretien, de
bureaux et caissiers. "Cette médiation a débuté le 13
septembre 1975 et a duré neuf jours. Les représentants des
parties ont travaillé une moyenne de seize heures par jour et ont
coopéré en tout temps avec le soussigné. "Vous
constaterez, monsieur le ministre, que le volume de travail
nécessité par la multiplicité des clauses litigieuses est
considérable. "Toutes les clauses réglées sont
paraphées par les parties et annexées à ce rapport. Les
clauses qui demeurent en suspens ont toutes été discutées
à plus d'une reprise en présence du médiateur. C'est donc
dire que certaines positions sont irréductibles et que, selon moi,
à moins de circonstances tout à fait spéciales, il y a peu
de chance de pouvoir régler ce conflit selon la méthode
habituelle. "Respectueusement soumis, Roger Pilotte, médiateur
spécial."
Comme les membres de la commission ont une copie, les clauses communes
en suspens sont au nombre de 56; les clauses particulières en suspens
pour le secteur des employés de bureaux sont au nombre de 38; au niveau
de l'entretien, elles sont au nombre de 50.
Les clauses communes réglées, total: 31, les clauses
particulières réglées au niveau des caissiers: 45; les
employés de bureau: 51, et au niveau du secteur entretien: 46.
Vous avez en dernière page le total des clauses
réglées: communes: 31; caissiers: 45; bureaux: 51 ; entretien:
46; pour un total de 173.
Le total des clauses en suspens: 147 réparties comme suit:
communes: 56; bureaux: 38; secteur entretien: 50 et caissiers: 3.
Vous aviez remarqué, M. le Président, que, dans un
document de la CTCUM, on avait, à la première séance de la
commission, identifié 152 clauses en suspens, mais vous comprendrez
qu'aux tables particulières il se peut qu'une clause
considérée comme un point en suspens revienne plusieurs fois aux
différentes tables. C'est donc dire qu'il y a en tout 173 clauses
réglées et 147 en suspens.
J'inviterais les membres de la commission à donner leurs
commentaires sur le rapport Pilotte.
M. Burns: M. le Président, je demanderais... J'ai la
parole, M. le Président?
Le Président (M. Séguin): Oui, si vous la
demandez.
M. Burns: Je la demande, M. le Président. Le
Président (M. Séguin): D'accord.
Motion pour entendre M. Pilotte
M. Burns: Je me demande s'il n'y aurait pas lieu d'entendre M.
Pilotte; je ne l'ai pas vu encore ici, je ne sais pas s'il y est. J'aimerais,
si c'était possible, que la commission entende M. Pilotte, pas pour
tenter de le tasser dans le coin, ni quoi que ce soit, mais il y a quand
même dans sa lettre du 23 septembre une expression d'opinion. J'aurais
aimé, en ce qui me concerne, lui poser quelques questions pour
préciser un certain nombre d'opinions qui sont émises dans cette
lettre du 23 septembre qui constitue le rapport au ministre. Si M. Pilotte est
disponible, je pense que ce serait la chose la plus désirable pour la
commission, étant donné que c'est son rapport final, selon la
motion qui a été adoptée la semaine dernière.
Maintenant, est-ce que je dois, dès maintenant, faire une telle
proposition à la commission? Je ne le sais pas; je ne veux pas brimer le
droit de parole de qui que ce soit, mais, voyant que mes deux autres
collègues de l'Opposition semblent acquiescer au fait qu'une telle
motion soit faite sans bloquer leur droit de parole, je proposerais que la
commission entende immédiatement M. Roger Pilotte, médiateur
spécial nommé dans le conflit des employés
sédentaires de la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, sur le voeu
exprimé par le député de Maisonneuve...
M. Burns: Un instant, M. le Président, ce n'est pas un
voeu; c'est une motion. Si jamais la commission parlementaire adopte ma motion,
c'est un ordre qui est fait à M. Roger Pilotte de venir se faire
entendre ici.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je voudrais
faire remarquer que la commission parlementaire, depuis le début, n'a
donné d'ordres à personne; elle a exprimé des voeux. C'est
avec plaisir que je l'ai réunie, comme ministre du Travail, nonobstant
le fait que j'aurais pu prendre des dispositions sans avoir recours à
une commission parlementaire qui a été convoquée
uniquement pour rapprocher les parties à une table de
négociations et ce résultat a été obtenu. Je ne
crois pas que la commission ait eu à se prononcer depuis le début
et elle n'aura pas à le faire, pour autant que je suis concerné,
sur des ordres à donner. Tous ceux qui ont eu à travailler avec
le médiateur spécial depuis le voeu exprimé par la
commission jeudi dernier ont été conscients de réaliser
cette disponibilité. M. Pilotte a terminé son travail de
médiation ce matin à bonne heure. Il n'a pas eu le temps de se
reposer. Il est venu rédiger son rapport, a eu une longue conversation
de deux heures et demie avec moi-même et mon sous-ministre, et je lui ai
donné la permission de se reposer cet après-midi. Il a
été vu il y a quelques moments,
bien sûr, parce qu'il avait à me montrer certaines clauses
qu'on pensait ne pas avoir été paraphées. Je lui ai dit,
quelques minutes avant le début de cette commission, qu'il pouvait
disposer, à la suite des réponses qu'il nous a données
à toutes les questions qu'on a pu poser sur son rapport lors de sa
remise à midi exactement. Toute question concernant le médiateur
peut être adressée à celui qui vous parle, M. le
Président, et avec l'aide de mon sous-ministre, qui était
présent à la longue entrevue que nous avons eue avec M. Pilotte,
cela a largement suffi à donner les réponses adéquates sur
son rapport.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: ... je pense que le ministre, au début de sa
dernière intervention, a mêlé deux choses. Il y a d'abord
le fait que la commission parlementaire n'avait pas d'ordre à donner,
parce qu'elle n'a pas le pouvoir de légiférer. Sur cela, je suis
entièrement d'accord avec lui. Mais il n'en demeure pas moins qu'une
commission parlementaire est maîtresse de ses travaux, et c'est en vertu
de ce principe que le député de Maisonneuve vient de faire sa
motion. La commission parlementaire demeure toujours libre, et peu importent
les raisons pour lesquelles une commission parlementaire est convoquée,
une commission parlementaire demeure entièrement libre, si une motion
est présentée par un des membres de la commission, d'accepter. A
ce moment, cela devient un ordre.
M. le Président, je trouve tout simplement normal que le
médiateur spécial, M. Roger Pilotte, puisse être entendu
par les membres de la commission, et je dois dire que je suis extrêmement
déçu d'entendre le ministre nous dire qu'il a envoyé M.
Pilotte se reposer. Je comprends que M. Pilotte a eu un énorme travail
à faire.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'ai
suivi...
M. Roy: Mais, M. le Président... A l'ordre, M. le
Président!
M. Harvey (Jonquière): ... j'ai suivi... Le
Président (M. Séguin): A l'ordre! Une Voix: Le ministre
est...
M. Burns: ... c'est la première fois que vous faites face
à des problèmes importants. Ne vous énervez pas!
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre! M.
Burns: Prenez votre temps!
M. Harvey (Jonquière): Vous, ne vous énervez
pas!
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Roy: M. le Président...
M. Harvey (Jonquière): Un instant! J'invoque le
règlement, M. le Président. J'invoque le règlement.
Vendredi dernier, la commission a conclu...
M. Burns: Non, non! A l'ordre!
M. Roy: Ce n'est pas un point de règlement.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'invoque
le règlement.
M. Burns: Ce n'est pas un point de règlement. M. Roy: Ce
n'est pas un point de règlement.
M. Harvey (Jonquière): J'invoque le règlement.
M. Burns: Ce n'est pas un point de règlement.
L'article 96...... de répliquer au député de
Beauce-Sud.
M. Harvey (Jonquière): J'invoque le règlement.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Roy: II est en train de répliquer, M. le
Président, alors que je n'ai même pas fini mon intervention.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'invoque
le règlement.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Sur un point
de règlement, le ministre du Travail.
M. Harvey (Jonquière): Je voudrais vous signaler, M. le
Président, que le...
M. Burns: J'invoque le règlement, M. le Président.
En vertu de quel article le ministre intervient-il actuellement?
M. Harvey (Jonquière): J'invoque le règlement. Il y
a...
M. Burns: Bien oui, mais lequel? Quel bout?
M. Harvey (Jonquière): Vous allez être assez
intelligent pour le découvrir.
M. Burns: Ah non, non! Quel article?
M. Harvey (Jonquière): Le député de
Beauce-Sud n'a pas le droit...
M. Burns: Non, non! J'invoque le règlement, M. le
Président. Vous...
M. Harvey (Jonquière): ... M. le Président...
M. Burns: ... n'avez pas le droit de laisser le
député de Beauce-Sud...
M. Harvey (Jonquière): ... de sortir du voeu... Le
Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Harvey (Jonquière): ... exprimé par la
commission parlementaire...
M. Burns: ... se faire interrompre...
M. Harvey (Jonquière): ... qui exigeait le rapport final
de M. Pilotte et non sa présence.
M. Burns: ... par une supposée question de
règlement...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: ... sans que le ministre nous dise en vertu de quoi il
interrompt le député de Beauce-Sud.
M. Harvey (Jonquière): De quoi il parle, lui, M. le
Président?
M. Burns: Sur une question de règlement. M. Harvey
(Jonquière): Quel numéro? M. Burns: Numéro 96.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! M. Harvey
(Jonquière): Numéro 96.
M. Burns: Oui. Voulez-vous me donner un chiffre comme
celui-là, vous?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! M. Harvey
(Jonquière): Numéro 96.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Harvey (Jonquière): En vertu de la logique.
Le Président (M. Séguin): Ni d'un
côté, ni de l'autre, je trouve un point de règlement et je
demanderai au député de Beauce-Sud de bien vouloir continuer sur
la motion.
M. Roy: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Séguin):... excusez-moi et je
demanderais au public présent dans la salle de s'abstenir de toute
expression qui pourrait nuire ou avancer les travaux de cette commission.
M. Roy: Vous demandez des grandes choses au public!
M. Bellemare (Johnson): C'est le grand guignol!
M. Roy: Je disais donc que le gouvernement n'avait aucunement
besoin de convoquer une commission parlementaire spéciale pour nommer un
médiateur dans ce conflit qui oppose la CTCUM et les syndicats
d'employés d'entretien.
Le gouvernement a voulu convoquer la commission parlementaire de
façon à pouvoir permettre aux représentants de
l'Opposition d'assister et de prendre part aux délibérations,
afin que des solutions puissent être trouvées de façon
objective et, j'oserais ajouter, sans trop de parti-sanerie politique, de
façon à en venir a un règlement du conflit.
Or, nous avons collaboré avec le gouvernement. Nous avons
collaboré avec la commission parlementaire et nous avons accepté
de venir devant cette commission qui, elle, à la suite d'une motion
annoncée par le ministre lui-même et à la suite d'une
annonce que le ministre lui-même a faite devant la commission
parlementaire pour que M. Roger Pilotte soit nommé...
Il n'est que normal, étant donné qu'il s'agit d'une
médiation qui a été faite...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Harvey (Jonquière): On n'a pas fait nommer le
médiateur...
M. Burns: A l'ordre, M. le Président!
M. Harvey (Jonquière): ... par la commission
parlementaire.
M. Burns: A l'ordre, M. le Président! Le ministre
reviendra tout à l'heure.
M. Harvey (Jonquière): C'est moi qui l'ai nommé
après.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: II est bien énervé ce ministre!
M. Harvey (Jonquière): Tu viendras faire un tour dans mon
comté!
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s il vous
plaît!
M. Harvey (Jonquière): Je ne suis pas nerveux! J'en ai vu
des affaires comme toi!
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: Tu vas en avoir. Il y en a pas mal d'affaires comme
moi.
Le Président (M. Séguin): Je suggère aux
membres de la commission de bien vouloir s'abstenir...
M. Burns: Prépare-toi. Tu vas me voir longtemps.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Harvey (Jonquière): J'en ai des plus capables que
toi.
Le Président (M. Séguin): Je vous demanderais,
messieurs, membres de la commission, de bien vouloir vous abstenir de faire des
commentaires pendant qu'un membre a la parole.
S'il vous plaît.
M. Roy: C'est extrêmement difficile de pouvoir continuer.
Le ministre passe son temps à nous interrompre comme si nous
étions ici pour mettre des bois dans les roues...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Roy: ... de la commission. Ce n'est pas là mon point.
Je disais tout simplement que c'est à l'occasion d'une séance de
la commission parlementaire que le ministre a nommé le médiateur
spécial, alors que nous étions ici, à l'issue d'une
séance de la commission parlementaire. J'en conviens. Mais, à
partir de ce fait, les membres de la commission parlementaire ont donné
leur approbation, tous les membres. Cela a été unanime. Pour les
résolutions qui ont été adoptées, sauf la
dernière, sur laquelle je me suis abstenu de voter et j'aurai l'occasion
de revenir sur cette question avant longtemps, je dirai qu'il y a eu de la
collaboration de la part des membres de la commission parlementaire et,
aujourd'hui, il ne serait que normal, puisque c'est la troisième fois
que la commission parlementaire siège sur cette question, que le
médiateur spécial soit ici.
J'appuierai la motion du député de Maisonneuve.
M. Bourassa: Pourquoi ne lavez-vous pas demandé jeudi
dernier?
M. Roy: Pour répondre au premier ministre, je m'en excuse,
mais je suis obligé de violer le règlement. J'avais pris la peine
de dire que j'étais d'accord sur la motion originale du
député de Maisonneuve. C'est à la suite des amendements
qui ont été proposés et qui ont raccourci le temps. C'est
une distinction que je tenais à faire.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve. Excusez-moi.
Le député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, je pense qu'il est
normal, au stade où nous sommes rendus dans ce conflit qui oppose les
employés et la commission de transport, d'entendre ceux qui sont, depuis
plusieurs jours neuf jours d'après le rapport qui nous est
donné concernés, c'est-à-dire autant la partie
patronale que la partie des employés.
M. le Président, je pense que la motion du dé- puté
de Maisonneuve est d'autant plus à point que la personne centrale dans
ce problème, c'est le médiateur qui a pu rencontrer les deux
groupes à tour de rôle et ensemble et qui nous donne aujourd'hui
un document, présenté de peine et de misère par le
ministre, qui nous dit avec une série de chiffres l'ensemble de la
situation avec 147 clauses en suspens. Jusqu'à quel point ces clauses en
suspens sont loin où proches d'un règlement. Qui peut mieux que
le médiateur nous dire cela?
M. Harvey (Jonquière): Lisez le dernier paragraphe.
M. Léger: M. le Président, en ce qui nous concerne,
ce n'est pas uniquement une série de chiffres qu'on veut avoir
aujourd'hui avant que le premier ministre se lance dans une loi
spéciale. Avant qu'on arrive à ce point ultime, il serait
important d'avoir non pas uniquement une lettre et une série de
chiffres, mais aussi des impressions et des réponses à des
préoccupations que nous, législateurs, avons besoin d'obtenir
comme renseignements avant qu'une décision soit prise. Si la commission
parlementaire est sérieuse, M. le Président, et si le ministre du
Travail est le moindrement sérieux, il ne peut pas, je pense, refuser
que la commission parlementaire entende le médiateur. Je trouve
réellement étrange qu'avant même de connaître la
réaction de la commission parlementaire il ait décidé,
lui, de donner congé au médiateur, personnage central devant un
problème aussi important que celui sur lequel nous sommes forcés
de nous pencher aujourd'hui.
M. le Président, nous avons un document dans les mains, nous
avons les deux groupes concernés devant nous et le personnage central
devrait être aussi parmi nous pour répondre aux questions de la
commission parlementaire. C'est la raison pour laquelle je pense qu'avant de
poser un geste trop draconien nous devrions avoir la possibilité
d'entendre le médiateur et j'appuie la motion du député de
Maisonneuve là-dessus.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, j'appuierai la
motion du député de Maisonneuve parce qu'elle est remplie de
logique et de bon sens. A part le rapport numéroté que nous a
donné l'honorable ministre il y a quelques instants, à part tous
ces textes qu'il va falloir relire, pendant les négociations, il se
développe un certain climat, un climat qui peut peut-être aller
à l'extrême dans certains cas ou, dans d'autres cas, peut aller
même jusqu'à la violence. Le médiateur est là
surtout pour essayer de faire comprendre aux parties l'intérêt
commun qu'elles ont de s'entendre sur certaines clauses.
Il s'est développé, tout au long de ce processus, comme
dans toutes les médiations, un climat particulier. Le verdict que rend
présentement le médiateur qui dit que ces positions sont
irréducti-
bles, qu'il y a peu de chances de voir régler ce conflit selon la
méthode habituelle, dépend sûrement de certains
critères de base dans les relations au point de vue psychologique, au
point de vue des relations humaines et au point de vue de la mentalité
qui ont existé pendant cette médiation.
La motion de l'honorable député de Maisonneuve est
justement à l'effet de connaître cette mentalité, de nous
donner, à nous parlementaires, plus qu'à d'autres, le
véritable esprit qui a animé les parties. Est-ce qu'il y a eu
obstruction systématique dans certains cas? Est-ce qu'il y a eu prise de
position définitive de part et d'autre? Est-ce qu'il n'y a pas un
consensus medium qu'on pourrait rencontrer? Si le médiateur
spécial venait nous dire: Messieurs, j'ai fait, dans telle, telle
circonstance, à cause du climat, telle ou telle concession et, dans
d'autres, j'ai dû mettre le frein et obliger les parties à
s'entendre. Nous ne pouvons pas retrouver ce climat dans le rapport de dix
lignes. C'est impossible, M. le Président...
M. Harvey (Jonquière): Dans le dernier article, vous
l'avez.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, à
l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je pense que j'ai
été poli pour tout le monde, mais, j'ai droit à mon
opinion... j'ai cité le dernier article, "en présence du
médiateur, les positions sont irréductibles". Je parle du climat
qui existe dans ces relations de grève qui existe présentement,
dans ce conflit ouvrier. C'est seulement le médiateur en place qui peut
nous donner ce climat, qui peut nous dire: La partie syndicale ou la partie
patronale est à l'extrême pour telle ou telle raison. J'ai
déjà connu des problèmes de grève. J'ai entendu des
médiateurs et j'ai surtout compris l'esprit qui animait les parties,
c'est là qu'intervient, quand on veut véritablement les
régler, le ministre. Quand le climat se désagrège, quand
surtout les parties s'éloignent, c'est le rôle du médiateur
de vouloir les rapprocher. La motion du député de Maisonneuve est
parfaitement logique aujourd'hui, soit d'entendre ce personnage, comme disait
le député de Lafontaine, qui a eu toutes les impressions.
Pourquoi pas? Il nous dit, dans une déclaration qui a
été citée par M. Bernard Descoteaux dans le Devoir de ce
matin, que le sous-ministre lui-même donne des commentaires qui vont
très loin et qui disent qu'une loi spéciale n'est pas
nécessaire, ce n'est pas le moyen pour régler le problème.
C'est dans le Devoir de ce matin. C'est le sous-ministre en titre qui l'a
déclaré à M. Bernard Descoteaux.
M. le Président, devant ces faits, devant ces allusions qui ont
été faites par son sous-ministre en titre, je pense qu'il serait
très utile d'entendre le médiateur lui-même nous dire la
mentalité des parties. Et ça, c'est logique, avant d'imposer, de
force, une loi pour ramener les parties à la bonne raison. Je pense que
je suis pleinement d'accord avec mes collègues de l'Opposition pour
demander que le médiateur spécial puisse être entendu,
questionné en rapport avec ce conflit, aujourd'hui.
Le Président (M. Séguin): Le ministre du
Travail.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je ne veux
pas blâmer le député de Johnson de ne pas avoir
été présent à la dernière commission
parlementaire...
M. Burns: C'est bas, c'est de la bassesse.
M. Harvey (Jonquière): Ce que je veux lui dire...
M. Burns: C'est de la bassesse la plus absolue.
M. Harvey (Jonquière): ... un instant, ce que je veux lui
dire, c'est ceci...
M. Burns: En bas de la ceinture.
M. Harvey (Jonquière): ... ce matin, la première
question que j'ai posée au médiateur, M. Pi-lotte, a
été celle concernant le climat qui a prévalu durant sa
deuxième phase de la médiation spéciale...
M. Bellemare (Johnson): ... absence à la dernière
commission parlementaire.
M. Harvey (Jonquière): Je veux vous dire que le premier
rapport...
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas gentilhomme du tout.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, un
instant...
M. Bellemare (Johnson): C'est manquer à l'esprit de
conciliation...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Harvey (Jonquière): J'ai devant moi, M. le
Président...
M. Burns: Ce n'est pas grave, c'est un ministre qui n'a pas
d'expérience.
M. Harvey (Jonquière): J'ai devant moi, M. le
Président, nonobstant les paroles injurieuses ou les commentaires que
fait le député de Maisonneuve, le rapport...
M. Burns: Ce n'est pas injurieux, c'est un fait, vous n'avez pas
d'expérience.
M. Harvey (Jonquière): ... le rapport du médiateur
daté du 17 septembre et dans le...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Je prierais le
ministre de s'en tenir à la motion.
M. Harvey (Jonquière): D'accord.
Le Président (M. Séguin): Je fais la même
demande à tous les membres de la commission.
M. Harvey (Jonquière): Parlant du climat, M. le
Président, dans son premier rapport, le médiateur mentionnait au
deuxième paragraphe que le climat était relativement serein et
que les gens ont coopéré avec le soussigné, M. Pilotte,
dans la poursuite diligente des négociations à partir de samedi,
le 13 septembre 1975, jusqu'au 17 septembre inclusivement. Dans son rapport du
23 septembre, il nous signale au deuxième paragraphe, il nous a
déclaré ce matin que le climat n'a pas changé, les
représentants des parties ont travaillé une moyenne de 16 heures
par jour et ont coopéré en tout temps avec le soussigné,
c'est-à-dire avec lui.
M. le Président, considérant également le dernier
paragraphe de son rapport qui dit qu'avec toute son expérience, je ne me
souviens pas que le député de Johnson, qui a été
ministre du Travail au gouvernement du Québec, ait fait témoigner
à une commission parlementaire ce qui constitue un "fact finding"
ici pour aider à retourner des gens à une table de
négociations, un médiateur alors qu'on n'est pas sûr des
voeux qui peuvent être exprimés par les membres de cette
même commission, y compris lui-même.
M. Bellemare (Johnson): ... ça fait
différent...
M. Harvey (Jonquière): C'est après avoir lu
attentivement...
M. Bourassa: En 1967, cela a été
réglé après un mois, oui?
M. Harvey (Jonquière): ... le rapport du
médiateur...
M. Bellemare (Johnson): J'ai d'autres cas que je pourrais vous
montrer qui ont été réglés sans commission
parlementaire.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Bourassa: Un mois de grève en 1967, ça n'a pas
été réglé...
M. Harvey (Jonquière): ... et le voeu...
M. Bellemare (Johnson): Qui a nommé M. Pi-lotte au
ministère du Travail?
Le Président (M. Séguin): Messieurs, je vous
demanderais un peu de coopération. Le seul qui a la parole à ce
moment-ci, c'est le ministre du Travail.
M. Bellemare (Johnson): ... le premier ministre...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Harvey (Jonquière): Et partant du voeu exprimé
par la commission parce qu'à ce moment-là, si on avait
mentionné la nécessité d'amener le médiateur,
étant donné qu'on mentionnait dans le voeu que c'était son
rapport final je n'ai pas à vous dire quelle aurait
été mon attitude.
Ce matin, devant un rapport aussi précis, confirmant que le
climat avait été serein, et sa conclusion suivant laquelle, avec
toute son expérience, à moins de circonstances tout à fait
spéciales, il y avait peu de chances de voir se régler ce conflit
selon la méthode habituelle, j'ai pris mes responsabilités en
disant à M. Pilotte qu'il pouvait disposer.
M. Bourassa: M. le Président, simplement pour ajouter
quelques mots à ce que dit le ministre du Travail. Il y a la question du
précédent également; comme je le disais au ministre tout
à l'heure, je ne rne souviens pas que, lorsque le député
de Johnson était ministre du Travail, il ait demandé qu'un
médiateur comparaisse. C'est quand même un précédent
important.
Il y a aussi la possibilité que M. Pilotte ait à
continuer, à poursuivre son travail, peut-être une dernière
tentative avant que l'échéance finale fixée par le
gouvernement, arrive d'une façon ou d'une autre. S'il était
invité à témoigner, il pourrait faire des commentaires qui
pourraient nuire à son travail de médiation dans les prochaines
heures.
Comme il a lui-même résumé d'une façon
très concise, mais, à mon sens, suffisante pour la commission
le climat qui existait et les points qui étaient
réglés de même que ceux qui étaient en suspens,
comme, à toutes fins pratiques, M. Pilotte prend présentement
quelques heures de repos après presque trois jours de travail sans
interruption, je ne vois pas pourquoi on insisterait davantage sur cette
question.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve utilisant son droit de réplique à l'occasion de sa
motion.
M. Burns: M. le Président, cela termine le débat;
je le dis tout de suite. S'il y en a d'autres qui veulent parler, je suis
prêt à attendre.
Le Président (M. Séguin): II n'y en a pas d'autres
qui en ont exprimé le voeu.
M. Harvey (Jonquière): Juste pour...
M. Burns: J'aime mieux qu'il parle tout de suite plutôt que
de me faire interrompre.
M. Harvey (Jonquière): Juste pour ajouter, pour
répondre à la dernière partie des interroga-
tions du député de Johnson... Les parties qui sont ici et
que nous entendrons tout à l'heure peuvent répondre à
toutes questions concernant le climat puisque le rapport Pilotte mentionne
qu'il était serein.
On pourra poser les questions concernant le climat de même que vos
inquiétudes aux parties intéressées lorsqu'elles
comparaîtront tout à l'heure.
M. Bellemare (Johnson): C'est pour cela qu'il a marqué
irréductible.
Le Président (M. Séguin): C'est pour cela que c'est
le député de Maisonneuve qui a la parole.
M. Burns: II n'y en a pas d'autres?
Cela va être très bref. D'abord, je suis
étonné de voir le premier ministre nous annoncer que M. Pilotte
va continuer son travail. C'est possible qu'il le fasse. Remarquez qu'il n'y a
rien d'incompatible avec cela, mais jusqu'à maintenant on n'avait pas
appris que M. Pilotte continuerait son travail.
Le député de Mercier, M. le premier ministre, nous annonce
tout simplement que la résolution que j'ai formulée est inutile
à cause de cela.
M. le Président, je ne pense pas qu'elle soit inutile parce que,
en ce qui concerne la connaissance que la commission a du conflit, c'est qu'il
y a un rapport final.
D'ailleurs, M. Pilotte insiste sur cela dans le premier paragraphe de
son rapport. Voyez-vous comment c'est utile que des documents comme
ceux-là soient déposés! On l'a en main; on est en mesure
de voir, au premier paragraphe, la phrase suivante: "Tel que souhaité
par la commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre, je vous
remets mon rapport final sur la médiation spéciale".
On n'a pas, au cours de la séance antérieure, posé
de questions à M. Pilotte de façon bien évidente, parce
que son travail n'était pas terminé. Il n'y avait pas le mot
"final" en arrière de son rapport.
Moi, j'étais de ceux-là qui, participant à la
commission, qui, adoptant, votant en faveur d'une résolution qui avait
été amendée par le député de Portneuf,
disaient qu'il n'était pas utile de lui poser des questions, à
savoir comment il se fait qu'il n'y ait que 31 clauses réglées,
que, parmi ces 31 clauses, il y en ait 29 qui aient été
cédées, à toutes fins pratiques, par le côté
syndical, il y en ait une qui a été modifiée par la partie
syndicale et une autre modifiée par la partie patronale.
Je ne trouvais pas, à ce moment-là, utile de le faire
parce que je n'avais pas l'impression que le tour du problème avait
été fait, que l'ensemble de la discussion avait été
fait.
Mais je pense qu'à ce stade-ci, en ce qui concerne les travaux de
la commission parlementaire, j'ouvre délibérément une
parenthèse en redisant ce que j'ai dit lors de la dernière
séance, ce que j'ai dit lors d'une séance
précédente, qu'on n'a pas besoin de commission parlementaire pour
accorder un mandat à M. Pilotte. D'accord, c'est admis, tout le monde
admet cela. C'est un pouvoir que le ministre du Travail peut exercer sans
même nous consulter. Mais, il nous a consultés. Il nous a
tellement consultés qu'il a suivi, à deux reprises, un souhait
que la commission a émis. Dans les deux cas, M. le Président,
nous avons eu, d'une part, un mandat, d'autre part, une continuation du mandat
de M. Pilotte. Il me semble qu'il n'y a rien de plus normal, à ce
stade-ci, que de demander la présence de M. Pilotte, lors de son rapport
final, peu importe ce que le ministre du Travail ou ce que le premier ministre
ou encore le cabinet des ministres décidera de faire avec le mandat de
M. Pilotte, cela ne me concerne pas. Ce qui me concerne, actuellement, ce sont
les travaux de la commission.
Qu'est-ce qu'on nous oppose actuellement, au refus d'entendre M.
Pilotte? On nous oppose, du côté du ministre du Travail, la
fatigue de M. Pilotte. M. Pilotte est, je le comprends très bien,
fatigué. Pourtant, je vois M. Jacques Beaudoin, qui est sans doute un
des gars qui a quitté la table de négociations, ce matin,
très tôt. Il est ici. Il n'est pas mort. Il n'a pas l'air si
magané que cela. Il est prêt, j'imagine, lui aussi, à
témoigner, si jamais la commission a besoin de son opinion. Je vois M.
Pepin, ici, qui a été probablement en constante relation avec la
table de négociations même s'il n'a pas été
là. Je vois M. Hanigan du côté patronal. Je vois M.
Guilbault ici, du côté patronal. Ce sont des gens qui, même
si... En tout cas, je ne sais pas quelle a été leur
présence à la table de négociations, mais, comme personnes
concernées, je suis convaincu qu'ils n'étaient pas loin de la
table de négociations. Je suis convaincu qu'ils se sont fait
déranger régulièrement.
M. Pilotte je comprends comme toutes ces autres personnes,
est sans doute fatigué. Mais je ne pense pas, surtout que la commission
parlementaire devait, aujourd'hui, recevoir le rapport de M. Pilotte, qu'il
revenait au ministre du Travail de dire à M. Pilotte: Laisse faire: on
n'a pas besoin de toi. Je vais expliquer ton rapport. On a vu, la semaine
dernière, comment le ministre du Travail est capable d'expliquer le
rapport de M. Pilotte. En tout cas, la semaine dernière, on n'a pas
relevé le cas, mais, aujourd'hui, cela nous sert beaucoup à
l'appui d'une demande de la présence de M. Pilotte lors de cette
dernière, officielle commission parlementaire.
Pourquoi, M. le Président, n'avons-nous pas soulevé cette
question la semaine dernière? Je l'ai mentionné au début.
C'est bien simple. C'est qu'on se disait qu'on était en plein milieu du
mandat. Si on en est rendu à la fin du mandat de M. Pilotte, je ne vois
pas pourquoi il ne serait pas ici. Mais, de plus, cela me renverse
complètement de voir le ministre du Travail nous dire: Ce n'est pas
nécessaire d'entendre M. Pilotte. Le document qu'il nous a d'abord lu et
qu'il a déposé, au dernier paragraphe, fait état d'une
opinion. S'il y a une opinion bien claire, c'est bien celle de M. Pilotte.
J'aurais certaines questions à poser à M. Pilotte,
relativement à son opinion. Je vous cite la
dernière phrase. "C'est donc dire que certaines positions sont
irréductibles et que, selon moi..." ce n'est pas selon le ministre
du Travail; c'est quand même lui qui a vécu cette semaine et demie
à peu près de médiation "... à moins de
circonstances tout à fait spéciales, il y a peu de chance..."
deux expressions d'opinion très claires "... de pouvoir
régler ce conflit selon la méthode habituelle."
Le ministre du Travail peut-il me laisser terminer mon intervention?
M. Harvey (Jonquière): Terminez-la. Vu que ce sont les
parties qui lui ont dit, vous questionnerez les parties.
M. Burns: Vous voulez m'interrompre, allez-y donc!
M. Roy: M. le Président, rappelez le ministre du Travail
à l'ordre. Il y a quand même des limites.
Le Président (M. Séguin): Cela ne sert à
rien, messieurs, je demanderais au député de Maisonneuve de
continuer.
M. Harvey (Jonquière): Ce sont les parties qui lui ont
dit.
M. Burns: En tout cas, M. le Président, il va falloir
habituer ce ministre. Il n'est pas habitué à se faire parler de
vraies choses dans ses ministères.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: On va lui en parler.
Le Président (M. Séguin): Sur la motion.
M. Burns: II ne savait peut-être pas dans quoi il
s'embarquait...
Le Président (M. Séguin): Sur la motion.
M. Burns: ... lorsqu'il a accepté d'être ministre du
Travail...
Le Président (M. Séguin): Sur la motion, M. le
député.
M. Burns: C'est cela, M. le Président.
M. Harvey (Jonquière): Je savais tout cela.
M. Burns: Je suis prêt à continuer sur la motion et
je suis prêt à continuer à ne pas me faire interrompre.
M. Harvey (Jonquière): Continuez.
M. Burns: C'est vous ou le ministre du Travail qui m'a dit de
continuer, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Je vous ai invité
à continuer sur la motion.
M. Burns: De vous, je l'accepte. Je dis tout simplement qu'il n'y
a rien de plus clair dans l'opinion, dans la lettre donnée, dans le
rapport donné par M. Pilotte, qu'il s'agit d'un domaine où le
subjectif est particulièrement important. Ce n'est pas d'essayer
d'allonger les travaux de la commission parlementaire. Si la commission
parlementaire n'a rien à faire dans ce conflit, qu'on nous le dise tout
de suite. On aurait dû nous le dire il y a une semaine et demie. On
n'avait pas d'affaire à se réunir si on avait je le
mentionne entretenu un certain nombre de doutes sur l'utilité de
la commission parlementaire. Là, ce qu'on est en train de nous prouver,
c'est qu'on a perdu notre temps, tout le monde ici, tant du côté
ministériel que du côté de l'Opposition en venant à
une commission parlementaire.
Le rapport qui nous est soumis selon le souhait que nous avons
émis, vous vous en souviendrez, la semaine dernière, le rapport
contient une opinion. Cette opinion, on voudrait tenter d'obtenir un peu plus
de chair autour. Il me semble que ce n'est pas exagéré de dire
que la motion que j'ai proposée est une chose essentielle aux travaux de
la commission. J'ose émettre avec tout ce que cela comporte,
l'espèce de question qui se pose à moi depuis le début des
travaux, le député de Beauce-Sud se l'est posée
ouvertement dès le début de la première séance,
mais là, à la troisième séance, je fais
complètement un parallèle avec cette question, ou bien on ne
faisait tout simplement que nous monter un scénario en vue de se
préparer une loi spéciale. Si tel est le cas, je regrette
infiniment, je suis profondément blessé comme parlementaire
d'avoir participé à cela, d'avoir participé à un
scénario; parce que, je suis peut-être naïf, mais j'ai
même félicité le gouvernement lors de la première
séance d'avoir, pour une fois, pris les devants, pour une fois, d'avoir
convoqué une commission parlementaire avant que le conflit ne se soit
véritablement concrétisé. Je vais retirer mes
félicitations si de plus en plus je suis convaincu que je participais de
bonne foi je le dis bien clairement à ce qui devient un
scénario du gouvernement et fort probablement du bureau du premier
ministre, parce que le ministre du Travail manque assez d'expérience
pour pouvoir en bâtir un de cette nature.
M. le Président, si on est sérieux, si on ne veut pas, et
je m'adresse véritablement aux membres de la commission qui sont du
côté ministériel, me faire croire que ces trois
séances de commission parlementaire que nous avons eues jusqu'à
maintenant n'ont été que des éléments d'un
scénario très bien préparé du bureau du premier
ministre pour amener à une loi spéciale, la loi qui consacrera,
imaginez-vous, la rentrée parlementaire du ministre du Travail, la
première loi qu'il parrainera, sera une loi matraque de retour au
travail... Imaginez-vous si cela fait une belle jambe à un ministre du
Travail.
M. Bourassa: A cause de qui?
M. Burns: Cela va être de toute beauté.
M. Bourassa: A cause de qui?
M. Burns: Je dis tout de suite au premier ministre qui
m'interrompt, que je ne participerai pas à ce scénario. J'y ai
participé depuis le début, parce que j'ai dit: Ecoute, il y a une
chose qui existe, c'est de prêter la bonne foi à tout le monde.
J'ai tenté de croire, malgré qu'on pourra me dire que je suis
naïf, probablement que les jours qui viennent me diront que j'ai
été naïf, mais j'ai tenté de croire que
c'était quand même un essai loyal de la part du gouvernement. Dans
ce sens, j'y ai participé, j'ai même souscrit à la
convocation de la commission parlementaire. Là, je m'aperçois,
par l'opinion gouvernementale qui a été exprimée
jusqu'à maintenant, par le premier ministre et par le ministre du
Travail, je me rends compte qu'on est rendu à fermer la boucle de ce
scénario. On est rendu à nous dire: Non, il ne faudrait pas poser
à M. Pilotte un certain nombre de questions, parce que M. Pilotte
pourrait peut-être nous livrer, à nous, à la commission
parlementaire d'abord, mais surtout via la commission parlementaire, à
l'opinion publique, l'essence même, la façon dont les
négociations se tiennent.
Messieurs les parlementaires, ne portez pas de jugement sur cette
atmosphère de négociations. Surtout, vous autres, messieurs les
parlementaires, n'essayez pas d'aller chercher, au dire même de M.
Pilotte, les raisons de ces positions irréductibles, selon moi, comme
dit M. Pilotte, et il ajoute qu'à moins de circonstances tout à
fait spéciales il n'y a pas de chances, il n'y a pas de
possibilités de régler ce conflit selon la méthode
habituelle.
N'est-ce pas, M. le Président et messieurs les membres de la
commission, une annonce faite... Je trouve cela extraordinaire qu'elle soit
faite par un fonctionnaire. En tout cas, cela dépendra... Ce n'est pas
moi...
M. Bourassa: C'est quoi, votre solution?
M. Burns: Je trouve cela extraordinaire qu'une annonce d'une loi
spéciale...
M. Bourassa: Non. M. Roy: Bien oui.
M. Bourassa: Ah! Arrêtez donc! Ne faites pas l'enfant!
M. Harvey (Jonquière): II n'a pas annoncé une loi
spéciale.
M. Roy: Ha!
M. Harvey (Jonquière): II a préparé une
déclaration du 23 septembre.
M. Burns: ... M. le Président, soit faite par un
fonctionnaire. Si ce n'est pas cela qu'il nous annonçait, j'aimerais
bien que M. Pilotte vienne nous le dire. J'aimerais bien, également, que
M. Pilotte vienne nous dire comment, selon son opinion, les positions des
parties sont actuellement irréductibles. C'est tout ce que j'avais
à dire, M. le Président, mais je tiens à vous dire que, si
la motion que l'Opposition, de façon unanime, vient d'appuyer est
défaite, je pense qu'à ce moment on pourra faire des
procès d'intention du côté du gouvernement et on saura
exactement que la boucle est bouclée, si vous me passez l'expression,
cette boucle qui nous amène éventuellement à une loi
spéciale que se prépare le premier ministre, dans son bureau,
depuis déjà quelques semaines.
M. Bourassa: M. le Président, comme on m'a impliqué
personnellement, je ne sais pas si le député de Maisonneuve
pourra me permettre de répondre à ses attaques.
M. Burns: M. le Président, techniquement, en vertu du
règlement cela ferait partie des cours que je pourrais donner au
premier ministre là-dessus le premier ministre n'aurait pas le
droit de répondre. Mais, en tout cas moi, je n'ai pas d'objection
à ce qu'il réponde. Je n'ai pas l'intention de bâillonner
le premier ministre qu'il fasse toute la démagogie qu'il voudra.
M. Bourassa: Non, M. le Président, je ne sais pas, mais il
y a une certaine tension chez le député de Maisonneuve. Je ne
sais pas si c'est dû à...
M. Harvey (Jonquière): Une indigestion de
diplômes.
M. Bourassa: ... des divisions internes. De toute manière,
comme...
M. Roy: II passe son message.
M. Bourassa: ... il m'a... Vous voulez prendre la défense
des péquistes encore?
M. Roy: Non. Vous avez passé votre message, c'est cela que
je voulais dire.
M. Bourassa: Soyez donc franc et allez donc tout de suite au
Parti québécois, au lieu de patiner comme vous le faites.
M. Roy: Ah!
M. Bourassa: M. le Président, le député de
Maisonneuve a dit que le gouvernement...
M. Roy: Pauvre premier ministre!
M. Bourassa: ... préparait un scénario. Je pense
bien que le député de Maisonneuve a eu raison de féliciter
le gouvernement il y a dix jours, parce que, pour ceux qui restent à
Montréal le député de Maisonneuve en est un: il est
député de Montréal il faut qu'il se rende compte
jusque quel point une grève du transport en commun est extrêmement
sérieuse. Je n'ai pas à répéter tout ce que j'ai
dit à l'occasion des deux séances pré-
cédentes, de la commission parlementaire. Donc, le gouvernement a
pris cette initiative en essayant d'éviter la grève. Même
s'il y a eu une résolution unanime de la commission, on a
décidé de déclencher la grève. A la dernière
séance de la commission parlementaire, le député de
Maisonneuve n'a pas voulu qu'on puisse présenter la résolution
demandant aux deux parties de retourner au travail. Je pense qu'il...
M. Burns: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Séguin): Sur un point de
règlement.
M. Burns: J'invoque le règlement. Je demande au premier
ministre de retirer ses paroles.
M. Bourassa: M. le Président, le député de
Maisonneuve a invoqué...
M. Burns: Je demande, M. le Président, au premier ministre
de retirer ses paroles, sur une base bien simple. Je demande au premier
ministre d'appuyer, ce qu'il vient de dire par un geste concret que j'aurais
posé qui endosserait exactement ce qu'il est en train d'avancer. Ou
bien, encore une fois, il va se payer le luxe d'interprétation
absolument farfelue. Moi, imaginez-vous je vais vous le dire encore une
fois, M. le premier ministre même si je n'ai pas voté pour
vous, cela me choque de voir un premier ministre aussi bas que cela...
M. Bourassa: Calmez-vous!
M. Burns: ... parce que vous êtes mon premier ministre.
M. Bourassa: Calmez-vous donc! M. Burns: Cela me
gêne en maudit!
M. Bourassa: Calmez-vous donc!
M. le Président, j'ai annoncé... S'il vous plaît, un
peu de calme! J'ai annoncé, à l'occasion de la dernière
séance de la commission parlementaire, qu'il y aurait des
résolutions pour le retour au travail. Or, le député de
Maisonneuve a refusé de permettre le dépôt d'une telle
résolution, en invoquant la motion d'ajournement.
M. Burns: Ce n'est pas moi; c'est le règlement qui dit
cela.
M. Bourassa: Bien, M. le Président...
M. Burns: C'est bien dommage, mais apprenez le
règlement.
M. Bourassa: ... le député de Maisonneuve aurait pu
consentir à ce qu'il y ait un dépôt d'une résolution
pour mettre fin à la grève. Il n'a pas voulu consentir, alors
qu'il avait été prévenu. Ce sont des faits que l'on peut
constater à la lecture du journal des Débats. On peut faire la
démagogie qu'on veut, mais les faits sont là.
M. Burns: Restez à la hauteur.
M. Bourassa: M. le Président... Restez donc à la
hauteur vous-même...
M. Burns: Restez à votre hauteur.
M. Bourassa: ... au lieu de vous emporter.
M. Burns: C'est de toute beauté de vous voir.
M. Bourassa: Bien! La hauteur actuelle du gouvernement, c'est de
mettre fin à une grève qui pénalise 500,000 travailleurs,
et vous ne voulez pas collaborer à cela avec l'obstruction que vous
faites.
M. le Président, je crois que le gouvernement était tout
à fait justifié de prendre toutes les mesures qu'il a prises pour
essayer de mettre fin à cette grève, et nous allons continuer
à poursuivre ces gestes.
L'an dernier, malgré la convocation de l'Assemblée
nationale, on était arrivé à un résultat, quelques
minutes avant la convocation de l'Assemblée nationale ou le début
de la séance de l'Assemblée nationale.
Nous discuterons tantôt des mesures qui peuvent être prises,
qui restent à prendre de la part du gouvernement pour mettre fin
à cette grève. Nous demandons la collaboration de l'Opposition,
comme nous l'avons fait depuis le début et, si nous avons cette
collaboration de l'Opposition, je pense qu'on pourra arriver à un
règlement plus rapide de cette grève.
Si l'Opposition veut faire de la démagogie sur le dos des
travailleurs de Montréal, c'est à elle d'en assumer la
responsabilité.
Le Président (M. Séguin): Messieurs,
êtes-vous prêts à vous prononcer?
M. Burns: Simplement un mot, un seul mot. Je dis tout simplement
parce qu'on vient juste... Je pense qu'en vertu de l'article 96, je dois
relever un certain nombre d'interprétations que le premier ministre voit
dans l'attitude que j'ai prise et que les autres membres de l'Opposition ont
prise.
L'Opposition, que cela soit bien clair, a tellement l'intention de voir
ce conflit se régler qu'on ne veut pas qu'on abrie tout cela en nous
disant: II y a un rapport d'une page, avec une série de chiffres, sur
81/2 par 14, en quatre ou cinq pages, qu'on s'imagine tout simplement qu'on a
compris. Je m'excuse de l'avouer ouvertement, mais je ne me trouve pas plus
brillant qu'il ne le faut pour comprendre le conflit des travailleurs
sédentaires de la Commission de transport de la communauté
urbaine de Montréal, sans entendre le médiateur
spécial.
C'est la question que je pose. Il n'est pas question et je ne vois pas
pourquoi le premier mi-
nistre est venu avec: On est contre ci, on est contre cela. On
n'appuiera pas ci, on n'appuiera pas cela. Je pose la question bien simple, par
ma motion: Tous les membres de la commission se sentent-ils suffisamment
éclairés par le rapport de M. Pilotte pour pouvoir
éventuellement même faire face je ne le souhaite pas
à une loi spéciale, avec un rapport d'une page, avec une
série de chiffres qui nous apparaissent en annexe? Je prétends
que non.
Et c'est pour cela que j'ai fait ma motion. Je demande donc le vote sur
ma motion.
Vote sur la motion
Le Président (M. Séguin): Cette motion se lirait
comme suit: "Que la commission entende immédiatement le
médiateur, M. Roger Pilotte, relativement à son rapport. ' Si
j'ai bien compris, cela a été l'énoncé de la
motion?
M. Burns: C'est cela, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Alors, pour ou contre la
motion:
M. Bellemare (Johnson)?
M. Bellemare (Johnson): Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Bérard
(Saint-Maurice)?
M. Bérard (Saint-Maurice): Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Boudreault
(Bourget)?
M. Boudreault: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Burns
(Maisonneuve)?
M. Burns: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Léger
(Lafontaine)?
M. Léger: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Bourassa
(Mercier)?
M. Bourassa: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey
(Jonquière)?
M. Harvey (Jonquière): Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Mercier
(Bellechasse)?
M. Mercier: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey
(Charlesbourg)?
M. Harvey (Charlesbourg): Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Faucher
(Nicolet-Yamaska)?
M. Faucher: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Pagé
(Portneuf)?
M. Pagé: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Malépart
(Sainte-Marie)?
M. Malépart: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Tremblay
(Iberville)?
M. Tremblay: Contre.
Le Président (M. Séguin): La motion est
rejetée.
M. Burns: A combien, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Contre: 10 Pour: 4
M. Burns: Je m'excuse, M. le Président, mais puis-je vous
demander, sur le résultat du vote, combien y a-t-il de
députés de la région de Montréal qui ont
voté?
Le Président (M. Séguin): C'est une question tout
à fait irrégulière, mais pour être gentil...
M. Burns: Non.
Le Président (M. Séguin): ... à
l'intérieur du débat, je vais vous les donner. De
Montréal, M. Boudreault (Bourget) a voté contre; M. Burns
(Maisonneuve) a voté pour; M. Léger (Lafontaine) a voté
pour; M. Bourassa (Mercier) a voté contre; M. Malépart
(Sainte-Marie) a voté contre.
M. Burns: Merci, M. le Président. Je suis très
intéressé à connaître ces statistiques.
Le Président (M. Séguin): Pour revenir à
l'ordre...
M. Boudreault: ... les statistiques, vous allez voir.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Boudreault: On représente une population...
Une Voix: Ici on ne représente pas des...
Le Président (M. Séguin): Je reconnais chaque
membre de la commission comme étant membre plénipotentiaire. Je
ne vois pas qu'on ait à discuter de la distinction qui peut exister
quant à l'endroit de résidence des membres.
M. Harvey (Charlesbourg): Ce sont des crédi-tistes de
ville, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Demande d'audition de M. Cliche
Le Président (M. Séguin): Nous allons revenir,
messieurs, si vous le voulez, à l'ordre que nous avons suivi à
l'occasion de notre dernière séance. J'inviterais le
représentant de la CSN à bien vouloir s'avancer à la table
et les membres de la commission pourront lui poser des questions.
J'avais, auparavant reçu une demande de la part d'un membre de
l'opposition du conseil municipal de Montréal exprimant le désir
de se faire entendre devant la commission. Je dois vous dire, messieurs, M.
Cliche, qu'en ce qui me concerne je ne dois pas accéder à votre
demande, pour plusieurs raisons, dont une serait qu'il n'y a pas
représentation de la part de Montréal, c'est-à-dire de la
partie majoritaire. Ce n'est pas un conflit entre la section des transports de
la CUM et Montréal proprement dit, mais une difficulté ou un
conflit qui existe entre tous les membres contribuant à la CUM, d'une
part, et, d'autre part, des représentants ou des ouvriers ou des
travailleurs de ce secteur. Donc, il y a eu invitation aux représentants
de la CSN, qui représente les employés et une invitation au
président de la CTCUM, M. Hanigan. Dans le premier cas c'était M.
Pepin, dans le deuxième cas, M. Hanigan et tous deux, depuis les deux
dernières séances, ont bien voulu se faire entendre à la
commission. Je dois donc, pour les raisons énoncées et pour
d'autres encore, ne pas recevoir cette demande.
M. Cliche (Paul): Est-ce qu'on pourrait la formuler
officiellement?
Le Président (M. Séguin): Vous pouvez la formuler
officiellement, si vous le voulez.
M. Cliche (Paul): Mon nom est Paul Cliche, je suis conseiller
municipal de la ville de Montréal, ainsi qu'à ce titre membre du
conseil de la Communauté urbaine de Montréal. Je suis
accompagné de mon collègue Marcel Morin, qui remplit les
mêmes fonctions que moi. Je suis représentant du parti
d'opposition à l'hôtel de ville de Montréal, qui s'appelle
le Rassemblement des citoyens de Montréal et qui, à la
dernière élection municipale, a reçu l'appui de 44% de
l'électorat de
Montréal. Nous sommes 18 conseillers à Montréal qui
représentons le tiers du conseil de ville de Montréal. Or, dans
le but et dans l'objectif poursuivi par les membres de la commission, messieurs
les députés, nous voudrions faire connaître les
constatations des représentants d'une importante partie de la population
devant le conflit actuel et nous voudrions... Si vous permettez, il y a eu le
précédent...
M. Boudreault: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Boudreault: Est-ce que je peux avoir la parole? A la demande
de la dernière commission, à la demande même de M. Burns,
le député de Maisonneuve, il avait été
réclamé de ne pas politiser les débats; je pense que c'est
en plein ce qu'on est en train de faire. On est en train de politiser les
débats. Si on étudie la question des usagers du transport en
commun, je pense que c'est antiréglementaire d'accepter même un
préambule d'un représentant du RCM.
M. Burns: Vu que nous sommes sur une question de
règlement, sur la même question de règlement je vous
demanderais de relire l'avis de convocation de la commission parlementaire,
s'il vous plaît, avant de prendre une décision relativement
à la participation de M. Cliche ou non. Est-ce que vous avez devant
vous, M. le Président, l'avis de convocation?
Le Président (M. Séguin): Je n'ai pas devant moi
l'avis de convocation.
M. Burns: Est-ce qu'on peut suspendre une demi-minute? Il est
ici, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): C'est si peu long. C'est
cela. Je maintiens ma décision, M. le député, puisqu'il
s'agit d'entendre les principales parties...
M. Burns: M. le Président, c'est justement...
Le Président (M. Séguin): ...
intéressées... à l'ordre, s'il vous plaît! Dans mon
humble jugement ou opinion, les parties...
M. Burns: M. le Président, je vous demande de ne pas
rendre de décision tout de suite...
Le Président (M. Séguin): Ma décision a
été rendue, je permettrai à M. Cliche tout
simplement...
M. Burns: Je vous demande, M. le Président, de lire la
dernière phrase avant de prendre votre décision.
Le Président (M. Séguin): Je l'ai lue. A l'ordre!
M. Burns: Voulez-vous la lire, M. le Président?
Je ne veux pas vous interrompre, voulez-vous la lire?
Le Président (M. Séguin): ... et d'entendre les
principales parties intéressées.
M. Burns: C'est ça. C'est qui, les principales parties
intéressées M. le Président?
Le Président (M. Séguin): Je n'ai pas à
répondre à un interrogatoire à ce moment-ci.
M. Burns: Vous rendez une décision, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Je rends une
décision et j'autorise ou je permets à M. Cliche de faire un
énoncé, non pas de ses principes, mais de s'enregistrer au
journal des Débats comme ayant fait une demande, ni plus ni moins. Je
vous mets en garde d'aborder le sujet plus loin que vous êtes allé
jusqu'à présent.
M. Cliche: II y a eu le précédent de la commission
parlementaire des affaires municipales, en janvier, sur les Jeux olympiques
où on nous a permis le statut de participants...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, à
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Cliche: Je regrette que les petits citoyens montréalais
dont vous voulez défendre les intérêts ne puissent pas
être entendus ici.
Le Président (M. Séguin): Je regrette, à
l'ordre!
Motion pour entendre M. Cliche
M. Léger: M. le Président, je voudrais faire la
motion pour que la commission parlementaire du travail entende M. Paul Cliche
pour connaître le point de vue d'une partie importante de la ville de
Montréal qui a élu des conseillers qui sont directement
impliqués dans des solutions que nous, à Québec, sommes
prêts à prendre. Je fais motion pour que nous puissions au moins
entendre M. Cliche pour savoir le point de vue de ce groupe qui
représente les citoyens de Montréal qui auront à subir les
conséquences de la décision du gouvernement concernant ce
conflit. J'en fais motion.
M. Boudreault: Ils subissent dans le moment les
conséquences de la grève de ces gars, à
Montréal.
Le Président (M. Séguin): M. le
député, je vous donne quelques instants, prenez le temps qu'il
vous faut pour reformuler votre motion. Je ne saurais l'accepter dans le
contexte que vous m'avez donné, c'est-à-dire que vous avez
exprimé l'opinion que la commission se refuse à entendre les
représentants d'une partie ou d'un secteur important de la ville. Cette
même résolution s'appli- querait donc aux autres parties
concernées ainsi qu'à toutes les villes de banlieue qui sont
membres, comme on dit communément M. Hanigan me pardonnera
du club de la CTM.
Je vous demanderais, si vous voulez, de réviser votre motion, et
prenez le temps qu'il vous faut, à l'intérieur d'un temps normal,
pour bien l'exprimer.
M. Léger: Ecoutez, M. le Président, c'est bien
simple, le plus légalement possible et le plus possible selon le
règlement...
Le Président (M. Séguin): Ce n'est pas sur le plan
légal, c'est sur le point de la formulation puisque dans vos
commentaires vous avez parlé de cette motion et vous avez inclus
là-dedans tout un texte.
M. Léger: Pour résumer la motion, elle se lirait
comme suit: Que la commission parlementaire entende M. Paul Cliche, membre du
conseil municipal de Montréal.
Le Président (M. Séguin): C'est ça. Je
reconnais cette motion comme recevable dans le contexte suggéré
ou mentionné par le député de Beauce-Sud qui disait que la
commission est maîtresse de ses travaux. La commission peut certainement
entendre toute motion de la part des membres de la commission, pour autant
qu'elle soit reliée au problème qui est discuté par cette
commission à l'occasion de sa rencontre. Vous avez entendu la motion,
messieurs, je vous demanderais, s'il n'y a pas de discours ou de débat
autour de ça, de mettre tout de suite cette résolution aux voix.
Le député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Je voudrais donner mon opinion quant
à la motion du député de Lafontaine. Je ne sais pas
pourquoi la commission parlementaire refuserait d'entendre M. Cliche qui
pourrait peut-être nous apporter, lui, puisqu'on ne peut pas entendre le
médiateur, certaines nouvelles facettes de ce débat.
Il représente une grande partie de l'opinion publique de
Montréal et je pense qu'il est bien en lieu, lui,
particulièrement, puisqu'il fait partie des principales parties
intéressées, de nous renseigner.
Pourquoi le gouvernement ne voudrait-il pas entendre... Est-ce que le
gouvernement va se choisir lui-même les gens qui vont venir donner leur
opinion? Pourquoi ne pas l'accepter? C'est un conseiller élu, dans un
quartier de Montréal. Il fait partie de la CTCUM. Je pense que le
gouvernement a tort de vouloir limiter le débat seulement à ceux
qu'il veut entendre.
Parmi les parties intéressées à Montréal, ce
groupe de citoyens de Montréal pourrait peut-être nous donner
certains aspects de la question qui remplaceraient, pour tout de suite,
l'opinion qu'a le médiateur, M. Pilotte.
Je pense que je serai sûrement en faveur de l'entendre, au moins,
nous donner certaines expli-
cations sur ce que lui, personnellement, a vécu dans
Montréal. C'est pourquoi je voterai pour.
Le Président (M. Séguin): Je pense que, pour le
journal des Débats, vous avez mentionné M. Pi-lotte. Est-ce que
c'était M. Pilotte que vous vouliez dire?
M. Bellemare (Johnson): M. Pilotte, le conciliateur, le
médiateur.
Le Président (M. Séguin): II y a eu une motion
précédente, alors...
M. Bellemare (Johnson): Cela ne fait rien. Je dis que, puisqu'on
ne peut pas l'entendre, on devrait plutôt entendre un conseiller
municipal autorisé. C'est cela.
Le Président (M. Séguin): Très bien. Je
voulais cette explication pour le journal des Débats.
M. Bellemare (Johnson): Oui, c'est sûr.
Le Président (M. Séguin): Alors que ceux qui
sont...
M. Léger: J'aurai mon droit de réplique quand
même à la fin, M. le Président?
Le Président (M. Séguin): Si vous voulez. Je
pensais qu'il n'y avait pas d'autres personnes.
M. Léger: Au cas où il y aurait d'autres
personnes...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve avait demandé la parole.
M. Burns: M. le Président, je serai favorable à la
motion du député de Lafontaine. Il me semble qu'à cause du
mandat même qui a été confié à cette
commission parlementaire, celui d'entendre les parties
intéressées, cela veut dire toute partie qui est suffisamment
représentative dans le conflit actuel de la Commission de transport de
la Communauté urbaine de Montréal.
Il me semble que des conseillers municipaux, quelle que soit leur
allégeance... Si on avait eu une pareille demande de la part du Parti
civique, j'imagine, M. le Président, qu'on aurait eu la même
attitude à son endroit. On aurait entendu ces personnes, sauf qu'on ne
l'a pas eue, cette demande.
Je n'ai pas à interpréter l'absence de demandes du
côté du Parti civique, mais il y a un groupe qui siège au
conseil municipal de Montréal et qui, comme le disait M. Cliche tout
à l'heure, a quand même l'importance d'avoir recueilli tout
près de 45% du vote. Il me semble que cela veut dire quelque chose. Ils
se sentent intéressés à un point tel qu'ils veulent
être entendus par la commission.
A ce moment-là, il me semble qu'on doit, nous, se plier à
cette demande-là. Si, du côté de l'administration
municipale, on nous avait fait la même demande, je suis convaincu, M. le
Prési- dent, et ce n'est probablement pas du côté de
l'Opposition que serait venue la proposition, elle serait probablement venue du
côté ministériel... C'est un autre problème et je
n'ai pas l'intention d'en discuter.
En tout cas, je vous dis que, si elle était venue du
côté ministériel, cette proposition, j'aurais voté
pour. Il me semble qu'on devrait avoir, à la commission, la
décence minimale de dire: Les gens qui sont des élus, à
Montréal, qui semblent être suffisamment au courant du
problème pas qui semblent, mais qui sont suffisamment
concernés par le problème et qui veulent venir nous dire
quelque chose relativement à ce conflit, nous n'avons pas le droit de
nous priver de ce témoignage.
Dans ce sens, il me semble que la motion qui est faite par le
député de Lafontaine doit être adoptée, à
moins qu'on ne veuille pas, encore une fois, véritablement faire faire
à la commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre qui est
présentement convoquée les travaux pour lesquels elle avait
été, à l'origine, convoquée, c'est-à-dire
prendre connaissance du conflit, prendre connaissance de l'opinion des parties
intéressées.
En tout cas, en ce qui me concerne, le RCM m'apparaît comme une
des parties drôlement concernées par ce qui peut se passer
à Montréal actuellement, surtout que M. Cliche nous dit qu'il
siège comme délégué du conseil municipal de
Montréal à celui de la Communauté urbaine de
Montréal. Il me semble qu'il est là à titre de conseiller
municipal de Montréal et à titre de délégué
de ce même conseil municipal à la communauté urbaine.
Je ne vois pas en vertu de quelle logique on se priverait de ce
témoignage, de sorte que je voterai pour la résolution
proposée par le député de Lafontaine.
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires?
M. Boudreault: Je serai contre cette résolution.
Premièrement, je m'excuse auprès de M. Cliche, que je comprends.
Je suis très sympathique à sa cause, mais vous comprendrez que
nous ne pouvons pas recevoir ici votre demande, étant donné que
vous dites que vous représentez, comme vous l'avez énoncé
tout à l'heure, 44% de la population, ce qui est faux, parce que vous
avez été élu par une majorité peut-être, mais
il y a eu seulement 35% d'électeurs qui se sont prévalus de leur
droit de vote. Vous représentez 44% de 35%, ce qui est très
minime, comparé à certains députés ici qui sont
assis à cette table.
M. Burns: M. Drapeau représente la même proportion,
remarquez.
M. Boudreault: Est-ce vrai, ce que je dis ou pas?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre,
s'il vous plaît! A l'ordre, M. le député! Je vous prierais
de revenir à la motion tout simplement.
M. Burns: Voulez-vous commenter le pourcentage de M. Hanigan?
M. Boudreault: Ce que je voudrais dire, M. le
Président...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Boudreault: ... c'est que, à cette table-ci, vous avez
des députés représentatifs de la ville de Montréal,
qui sont capables de représenter leur population. Justement, il y a une
urgence. On doit se plier à cette urgence. M. Cliche, nous saurons
sûrement très bien représenter, en tant que
députés, la population de Montréal et, surtout, la classe
des travailleurs dont je suis. Merci.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je suis encore un peu surpris,
pour ne pas dire très surpris, de constater l'attitude du gouvernement
en face des membres de la commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvre, puisqu'il s'agit de motions qui sont présentées
par les membres de la commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvre.
On nous a convoqués c'est à la troisième
séance, aujourd'hui dans le but d'examiner la situation du
transport en commun sur le territoire desservi par la CTCUM de Montréal
et d'entendre M. le Président, il est bien dit ici, dans l'avis
que j'ai reçu, daté du 10 septembre les principales
parties intéressées. Parmi les principales parties
intéressées, il y a une personne, tout à l'heure, qui
était intéressée, puisqu'elle avait été
mandatée par le ministre du Travail. Le gouvernement l'a refusé.
Nous avons une demande de la part d'un membre du Conseil municipal de la ville
de Montréal qui siège à la CTCUM. Les propos du
député de Bourget, en ce qui a trait au pourcentage; on aurait
énormément de choses à dire sur le pourcentage de certains
députés libéraux qui ont été élus. Je
ne jouerai pas...
M. Harvey (Charlesbourg): ... M. le Président, sur une
question de règlement. Sur une question de règlement, M. le
Président.
M. Roy: M. le Président, je ne jouerai pas ce petit jeu,
il s'agit de politicaillerie.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre,
s'il vous plaît! Sur une question de règlement, à l'ordre!
A l'ordre!
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, sur une
question de règlement. Si un député crédi-tiste
siégeant en commission évoquait le fait d'entendre Gilberte
Côté-Mercier, M. le Président, que ferait-on? On
l'entendrait. Voyons donc!
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre, M. le député! A l'ordre!
M. Burns: Vos arguments commencent à être
faibles.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Harvey (Charlesbourg): II va vouloir entendre Gilberte
Côté-Mercier tantôt. Attendez, il va vous présenter
cela.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! M. Roy:
Est-ce qu'elle vous inquiète?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: Est-ce qu'elle inquiète le député de
Charlesbourg?
M. Harvey (Charlesbourg): Si elle ne vous inquiète pas,
gardez-la.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Roy: M. le Président, je disais donc que, dans l'avis
de convocation je comprends que cela dérange ou énerve le
côté gouvernemental; ils sont très nerveux, cela
paraît on voit "et d'entendre les principales parties
intéressées". S'il y a quelqu'un qui est intéressé,
actuellement, ce sont bien ceux qui ont des postes de responsabilité
à Montréal. M. Cliche en est un. M. Cliche a dit qu'il avait
quelque chose à nous dire à la commission parlementaire. M.
Cliche a dit qu'il était intéressé par les travaux de la
commission parlementaire et qu'il avait quelque chose, un point de vue à
émettre aux membres de la commission parlementaire.
Je pense que la grosse logique, le gros bon sens, le premier principe de
la démocratie, c'est de permettre quand même à ceux qui ont
des responsabilités, à ceux qui ont reçu des mandats de la
population, d'être en mesure de se faire entendre, puisqu'on a voulu que
cette commission parlementaire en soit une qui respecte la démocratie.
Si la démocratie n'est pas une farce pour les membres du gouvernement,
si la démocratie n'est pas une farce pour nos collègues du
côté ministériel, je dis qu'il est temps qu'ils
révisent leur position, parce que la commission parlementaire n'en est
pas une de démocratie; c'est une farce et on est en train de me donner
raison sur les points que j'avais évoqués à la
dernière séance de la commission parlementaire. Comme l'a si bien
dit tout à l'heure le député de Maisonneuve, on est en
train de se servir de nous pour préparer un scénario, parce que
le gouvernement a intérêt c'est le gouvernement qui y a
intérêt à avoir une petite loi spéciale.
M. le Président, je voterai donc en faveur de la motion du
député de Lafontaine pour permettre à M. Cliche de se
faire entendre devant la commission parlementaire.
Je dirai plus: s'il y a d'autres conseillers de la ville de
Montréal, s'il y a d'autres personnes auto-
risées de la ville de Montréal qui expriment le
désir de se faire entendre par la commission parlementaire, j'appuierai
également leur demande.
M. le Président, nous voulons savoir exactement ce qui en est.
Nous nous posons des questions sur le jeu réel et la sorte d'hypocrisie
ou de manigance hypocrite que le gouvernement est en train d'utiliser en
matière de stratégie de façon à vouloir nous faire
avaler des couleuvres.
M. Boudreault: Au préalable, nous présenter un
mandat de son conseil de ville...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Il faudrait tout de même qu'on reste à
l'intérieur du décent et du bon sens dans nos
énoncés. Je n'ai pas voulu interrompre depuis quelques instants,
mais je suis certain que dans la chaleur du débat en cours, on a
dépassé un peu sa pensée en s'exprimant.
M. Roy: Je n'ai pas dépassé ma pensée, M. le
Président. Disons que je l'ai peut-être exprimée de
façon brutale. C'est la différence.
Le Président (M. Séguin): II y a d'autres endroits
peut-être pour le faire, M. le député. De toute
façon, je n'entre pas dans ce débat aucunement. S'il n'y a pas
d'autre commentaire... Oui, le député de Sainte-Marie.
M. Malépart: M. le Président, cela va être
très bref. Il me semble que l'avis de convocation était pour
entendre les personnes intéressées. C'est la troisième
fois que la commission parlementaire se réunit. Je pense qu'il y a ici
dans la salle deux groupes qui sont plus impliqués, qui sont plus
intéressés, il y a la partie syndicale et la partie patronale.
Pour prendre un terme que souvent le député de Beauce-Sud
emploie, je me pose de sérieuses questions. Est-ce qu'on craint de les
rencontrer ces deux parties, parce que cela fait deux séances où
on entend d'autres personnes interposées. Ces personnes, on les a fait
venir. Je préférerais, pour ma part, qu'on ait une motion pour
entendre non seulement M. Marcel Pepin, mais qu'on entende les
véritables personnes qui sont impliquées dans le conflit. Depuis
le début de la commission, du côté syndical, on a entendu
un représentant qui ne siégeait pas à la commission. Je
pense qu'on devrait libérer au plus tôt cette motion et je
serai contre la motion du député de Lafontaine pour qu'on
entende les parties impliquées et pour que les travailleurs sachent
à quoi s'en tenir, au lieu de voir les débats qu'on vient de
faire.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Lafontaine dans sa réplique.
M. Léger: M. le Président, je me demande à
quoi sert une commission parlementaire si on ne peut pas se pencher sur le
conflit en ayant la possibilité d'entendre tous ceux qui directement
sont impliqués dans ce conflit. Il n'y a pas que la partie syndicale et
la partie patronale d'impliquées là-dedans. C'est un conflit qui
existe dans la ville de Montréal et sur l'île de Montréal
pour la Communauté urbaine de Montréal.
Le représentant du Rassemblement des citoyens de Montréal,
M. Cliche, représente à juste titre trois groupes très
intéressés dans le conflit. D'abord, il représente les
citoyens, les ouvriers en majorité de sa circonscription,
c'est-à-dire les travailleurs, c'est-à-dire aussi les citoyens
qui subissent cette grève actuellement provenant d'un conflit qui n'est
pas réglé entre la partie patronale et la partie syndicale. Il
représente aussi le conseil de ville, ainsi que la Communauté
urbaine de Montréal.
Quand il y a un conflit provincial, on entend les membres du
gouvernement s'exprimer et on entend aussi les membres de l'Opposition
s'exprimer, parce que, dans un Parlement, il y a aussi des gens de l'Opposition
comme il y a les gens du gouvernement. Pour la ville de Montréal et pour
la Communauté urbaine de Montréal, il y a aussi les gens qui sont
en majorité, c'est-à-dire le conseil de la ville de
Montréal, qui ont été élus sous la bannière
du parti civique. Il y a aussi les gens de l'opposition qui ont
été élus sous la bannière du Rassemblement des
citoyens de Montréal. La ville de Montréal n'a pas demandé
à être entendue. C'est son droit. Cela ne veut pas dire, parce que
Montréal n'a pas demandé à être entendue dans ce
conflit, que nous n'avons pas le devoir d'entendre les gens qui se sont
dérangés pour venir ici nous donner leur point de vue. Ils
peuvent nous donner le point de vue du travailleur qui est lui-même
impliqué dans la partie du travail. Nous avons le citoyen qui subit la
grève actuellement. Il y a aussi les conseillers de la ville de
Montréal qui, eux aussi, comme partie patronale, sont responsables d'une
solution à trouver dans ce conflit.
M. le Président, je pense qu'il est très important,
puisque la commission parlementaire se dirige, selon les visées du
premier ministre, vers une loi spéciale que nous aurons à voter
très prochainement, que la commission parlementaire et la population
soient informées, non pas uniquement par des renseignements de coulisse,
mais directement à la tribune de la commission parlementaire pour que
tous les citoyens sachent quels sont les réels problèmes qui sont
cachés derrière ce conflit.
M. le Président, quand cette loi va nous être
présentée, nous, de l'Opposition, comme les députés
du gouvernement, aurons à nous prononcer sur le contenu de cette loi. Ce
contenu va souvent dépendre des renseignements que nous aurons, et
publiquement et d'une façon personnelle aussi, pour déterminer de
quelle façon nous allons soit approuver, soit refuser, soit amender
cette loi.
M. le Président, je trouve étrange que les
députés de l'île de Montréal, comme le
député de Sainte-Marie, le député de Mercier et le
député de Saint-Jacques le député de
Saint-Jacques n'est pas ici mais que les députés de
Montréal actuellement, le député de Bourget, je voulais
dire, qui, eux-mêmes, sont des représentants provin-
ciaux, refusent à des représentants municipaux de leur
territoire de venir s'exprimer et donner le point de vue d'autres personnes qui
ont été élues. N'oublions pas une chose, M. le
Président. C'est que les députés libéraux et du
Parti québécois de l'île de Montréal qui ont
été élus l'ont été sous la bannière
provinciale, et il y a aussi d'autres personnes qui ont été
élues. Quand on compare les citoyens qui ont élu des personnes du
Parti libéral, d'un côté, et des personnes du Rassemblement
des citoyens de Montréal, d'un autre côté, sur le
même territoire, c'est donc dire qu'il y a des divergences d'opinions,
qu'il y a des gens qui ont des choses différentes à dire. Et
nous...
M. Boudreault: ... problème à Montréal au
conseil municipal de Montréal.
M. Léger: ... de la commission parlementaire, M. le
Président...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Léger: Je ne voudrais pas que le député
de Bourget se mélange encore dans ses chiffres.
M. Boudreault: Non, non!
M. Léger: La façon dont il était en train de
l'exprimer tantôt, 35% du vote, cela ne veut rien dire, M. le
Président. C'est la majorité des gens qui ont élu M.
Drapeau sur les 35%, comme 45% ont élu les gens du Rassemblement des
citoyens de Montréal. Ils ont le droit de se faire entendre. Que les
députés libéraux empêchent ces citoyens, ces
représentants du peuple de venir s'exprimer, M. le Président,
c'est une aberration.
M. le Président, je ne veux pas prolonger davantage le
débat. Il y a un problème à Montréal. Il est
important, puisqu'on s'en va vers une loi spéciale qui peut être
une loi matraque, qu'on obtienne les renseignements provenant de M. Cliche, qui
représente autant les citoyens, les travailleurs que le conseil de ville
et la Communauté urbaine de Montréal. C'est pour cela, M. le
Président, que je demanderais aux députés de
Montréal, spécialement du parti gouvernemental, qu'ils y pensent
deux fois avant de bâillonner un représentant élu du peuple
dans un conflit qui touche la ville de Montréal, la Communauté
urbaine de Montréal.
M. Harvey (Charlesbourg): ... trois oppositions d'une
clientèle opposionniste.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, à
l'ordre!
Pour ou contre la motion?
M. Bourassa: Le député de Maisonneuve n'a pas l'air
trop en faveur de la motion.
M. Burns: Ah! Vous allez voir comment je vais voter.
Le Président (M. Séguin): M. Bellemare
(Johnson)?
M. Bellemare (Johnson): En faveur. Le Président (M.
Séguin): En faveur. M. Burns: Je suis bien enthousiaste.
Le Président (M. Séguin): M. Bérard
(Saint-Maurice)?
M. Bérard: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Boudreault
(Bourget)?
M. Boudreault: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Burns
(Maisonneuve)?
M. Burns: En faveur!
M. Bourassa: Cela ne paraissait pas tantôt.
M. Burns: C'est bien de valeur mais pendant que vous faisiez de
la petite politique je parlais à ce sujet.
Le Président (M. Séguin): M. Léger... Un
instant, s'il vous plaît! Il est tout à fait irrégulier de
continuer le débat. A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre!
Mon appel à l'ordre s'adresse à tous les membres de la
commission.
M. Léger (Lafontaine)?
M. Léger: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Bourassa
(Mercier)?
M. Bourassa: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey
(Jonquière)?
M. Harvey (Jonquière): Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Mercier
(Bellechasse)?
M. Mercier: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey
(Charlesbourg)?
M. Harvey (Charlesbourg): Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Faucher
(Nicolet-Yamaska)?
M. Faucher: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Pagé
(Portneuf)?
M. Pagé: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Malépart
(Sainte-Marie)?
M. Malépart: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: En faveur.
Le Président (M. Séguin): M. Tremblay
(Iberville)?
M. Tremblay: Contre.
Le Président (M. Séguin): La motion est
rejetée, le même compte que tout à l'heure, 10 contre, 4 en
faveur.
Non, messieurs, je n'aime pas... Non, je ne le dirai pas.
M. Harvey (Charlesbourg): C'est un parti régional, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Un instant!
M. Harvey (Charlesbourg): Que voulez-vous?
M. Léger: C'est trois députés de
Montréal contre deux...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Harvey (Charlesbourg): C'est un problème de la province
de Québec. Vous ne dépasserez jamais le cadre de la
région.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Il faudrait que les théories de représentation
soient débattues ailleurs qu'ici.
M. Pepin, avant de céder la parole aux membres de la commission,
je vous invite donc, s'il y a lieu, à faire des commentaires, toujours
dans le contexte que nous sommes en négociation, naturellement.
Je ne vous conseille pas, mais je suggère tout simplement qu'on
s'en tienne à de l'information, comme d'ailleurs aux deux autres
séances, autant que possible.
Lorsque vous serez prêt...
Partie syndicale
M. Pepin (Marcel): M. le Président, je suis disposé
à intervenir. Avant, comme vous le dites, que des membres de la
commission puissent nous interroger, je comprends qu'il y a un
député précédemment qui a indiqué qu'il
était préférable d'entendre les représentants qui
sont directement en grève, dont mon collègue, M. Jacques
Beaudoin, à mes côtés... Il n'y a rien qui
n'empêchera un député de poser des questions à ceux
qui sont là.
Mais vous comprendrez, dans l'ordre des mandats, rependant, que je suis
président de la CSN et que j'ai le mandat, devant la commission
parlementaire, de parler au nom des trois groupes intéressés.
Je ne pense pas qu'il soit opportun que nous puissions nier la question
de mandat à moins que vous médisiez que je n'ai pas ce mandat. Je
pourrai le faire confirmer par écrit, si cela vous intéresse.
Toutefois, je pense que cela est un incident de parcours. Ce n'est pas
ce qu'il y a de plus grave.
M. le Président, la situation à Montréal, pour ceux
qui y demeurent, et pour ceux qui voient cela de l'extérieur, est
quelque chose tout de même d'assez sérieux et d'assez grave.
Il n'y a personne qui puisse imaginer qu'il y a du monde, fussent-ils
des employés d'entretien, de garage, de bureau ou des caissiers qui
acceptent de faire une grève pour le plaisir de la faire.
Au point de départ de mon intervention, je dois, pendant quelques
minutes, essayer de faire un très bref historique pour en arriver
à une conclusion au cours de cet exposé et, par la suite, je
serai bien prêt que nous subissions, s'il y a un feu ou s'il n'y a rien,
toutes les questions que vous voudrez bien nous adresser.
Il faut dire que le rapport du médiateur que j'ai
écouté lire et dont maintenant je possède une copie m'a
personnellement un peu surpris parce qu'il est rare que l'on puisse entendre
quelqu'un qui est mêlé aux relations ouvrières dire qu'un
conflit ne peut se régler suivant la méthode habituelle.
C'est un commentaire que je ne qualifie pas pour l'instant, mais je vous
dis que c'est assez rare.
Je voudrais, cependant, aussi parce qu'il s'agit du cas de la CTCUM,
dire, brièvement, pour les membres de cette commission, ce qui s'est
passé depuis quelques années au niveau des relations
ouvrières.
On nous accuse dans beaucoup de milieux peut-être que des
députés le font aussi et des ministres d'être les
responsables d'à peu près tous les maux d'Israël. C'est
clair que la grève a été déclenchée par nos
membres, déclenchée, comme ils en avaient le droit
légalement. Personne ici ne l'a nié. Ce déclenchement de
grève, cependant, fait suite à une assez longue perturbation des
relations ouvrières dans ce milieu.
Est-il utile pour vous de savoir que, depuis janvier 1974, il y a eu au
moins cinq conflits dans ce milieu? Puis-je me permettre de vous rappeler qu'en
janvier 1974, il y a eu quatre jours de grève, à cause, quant
à nous, du non-respect de la convention collective sur les jours de
congé? L'arbitre appelé à décider de cette
matière a d'ailleurs maintenu la justesse de nos positions.
En juin 1974, un mois de grève de la part du service de la
sécurité de la CTCUM et cela, pour le renouvellement de sa
convention collective.
Je suis convaincu que je ne convaincrai pas le président en
parlant... Je vais attendre un peu.
M. Burns: Attendez à la fin du caucus!
M. Pepin (Marcel): D'accord. Excusez-moi. C'est parce que je
voulais aussi convaincre le président. Merci.
En août-septembre 1974, comme le premier ministre l'a
rappelé à quelques reprises aux deux réunions
précédentes de la commission parlementaire, il y a eu 44 jours de
grève pour l'indexation. Vous vous souviendrez que le premier ministre
même nous a dit qu'il pensait, sur la question de l'indexation, que nous
avions raison. Si, alors, nous avions raison pour lui et que nous avons perdu
de l'argent, si, maintenant, on pense qu'on a tort, je ne sais pas ce qui va
nous arriver.
En août 1975, les chauffeurs et opérateurs ont fait douze
jours de grève pour le renouvellement de la convention collective, ce
qui a été rapporté devant votre commission. Maintenant, en
septembre 1975, vous avez la situation actuelle où il y a une
grève depuis la semaine dernière. Je pense aussi devoir rappeler,
même si dans certains milieux on n'aime pas que je le rappelle, que la
conciliation a été demandée non pas par deux des trois
syndicats, entretien et garage et bureaux, mais a été
demandée par la CTCUM elle-même. Certains trouvent cela un peu
technique. Je pense bien que les députés, ici qui sont
tous au courant du code du travail que j'ai entre les mains savent que
le droit de grève ou le droit de lock-out arrive après qu'une des
parties a demandé, dans l'état du code actuel, la conciliation et
c'est 60 jours plus tard que nous avons le droit, pour l'un, de recourir au
lock-out, pour l'autre, de recourir à la grève.
Dans le cas qui nous occupe, c'est la CTCUM je présume
bien appuyée par son président, M. Hanigan qui a
demandé la conciliation. Puis-je me permettre aussi d'ajouter qu'une
fois que le droit est acquis il n'y a pas beaucoup de protection légale
pour les travailleurs? Que vous preniez l'article 47 du code, qui est un
article encore ambigu que la loi 24 aurait dû modifier, mais elle n'est
pas encore adoptée, il n'y a pas beaucoup de protection légale.
Cela veut dire que, si vous n'avez pas de contrat, il est possible,
théoriquement à tout le moins, pour l'employeur de modifier les
conditions de travail sans que vous ayez aucun recours. A joindre à cet
article le fait que la conciliation a été demandée par la
CTCUM. Ceux qui parmi vous, que vous soyez de Montréal ou de
l'extérieur, viendront nous dire que nous sommes les responsables de la
situation actuelle, je pense qu'il y a un morceau qui ne fonctionne pas dans
cet avancé. Je pense, effectivement, que la CTCUM doit porter le
fardeau, à l'heure actuelle, du conflit qui subsiste malheureusement
à Montréal.
Je ne pense pas inutile, non plus, de rappeler aux membres de cette
commission l'article 41 du code du travail que, sans doute, vous connaissez
tous aussi bien que moi. Mais, juste pour que ce soit enregistré au
journal des Débats, je me permets de le lire. Article 41: "Après
un avis prévu à l'article précédent, les
négociations doivent commencer et se poursuivre avec diligence et bonne
foi." La définition des mots "bonne foi" n'a jamais été
indiquée dans aucune de nos pièces législatives
québécoises. J'irai même plus loin; je dirai que, dans le
code fédéral du travail, il n'y a pas de définition des
mots "bonne foi".
Cependant, aux Etats-Unis, suite à des amendements à la
loi Taft-Hartley, il y a eu certaines approches de définition des mots
"bonne foi". Peut-être me direz-vous: Qu'est-ce que cela vient faire dans
notre débat?
J'ai l'intention de vous le dire immédiatement. Sachons donc que
c'est après quatre séances, ou à peu près, de
négociation qu'une des deux parties, comme c'était son droit, je
ne le nie pas, demande la conciliation, donc nous donne ouverture à la
grève et se donne ouverture au lock-out. Ajoutons donc qu'en vertu de
l'article 47, ma protection légale est très très faible
lorsque j'ai ce droit de grève et que mes conditions de travail, en
vertu des lois actuelles, sont loin d'être protégées. Quand
il arrive qu'une partie, à la table de négociation, refuse toutes
les demandes de l'autre partie, je ne pourrais pas conclure que fatalement
cette partie est de mauvaise foi ou donc, pour employer les mêmes
expressions que le code, que cette partie n'est pas de bonne foi. Parce que
cette partie pourrait constamment dire: J'ai de bonnes raisons pour refuser ce
qui est demandé.
Je pense que, dans ce cas, j'ai essayé de vous décrire un
peu un tableau qui s'est produit antérieurement. Il me semble que la
négociation collective ne s'est jamais déroulée d'une
façon adéquate depuis quelques années dans ce dossier. Si
jamais l'on se prépare à nous passer des affaires à
l'Assemblée nationale, peut-être qu'on réussira, mais je
demande quand même qu'on examine tout le portrait.
Je voudrais aussi vous dire que la dernière goutte qui, quant
à moi, a fait renverser le vase, c'est la déclaration du
président de la CTCUM qui, cette fois, ne peut pas être
niée en commission parlementaire. Samedi après-midi, les parties
étaient encore en pourparlers, le médiateur était
là qui, je suppose, essayait par tous les moyens de régler ce
conflit. Voilà qu'une conférence de presse est convoquée.
C'est leur droit d'en convoquer une. Je ne discute pas ce point. Mais
voilà qu'à la conférence de presse on fait des
propositions au-dessus de la tête des syndicats, sans doute au-dessus de
la tête du médiateur et peut-être je dis bien
"peut-être", parce que je n'en sais rien au-dessus de la
tête des représentants patronaux à la table de
médiation. On dit au public: Voici maintenant ce que nous proposons aux
grévistes, aux méchants grévistes qui sont là, 12%
plus l'arbitrage. Jamais on n'a fait une telle proposition à la table de
négociation.
Maintenant, je reprends le code. Si on veut refuser à une table
de négociation ce que l'on demande toujours de la place à
de l'interprétation on peut être de bonne foi pareil,
théoriquement, légalement. Dans un cas comme celui-là, M.
le Président, je vous le dis peut-être avec un peu d'indignation
parce que vraiment c'est un procédé qui m'apparaît trop
clair. Je pense que votre commission parlementaire, et c'est la suggestion
parce que je ne ferai pas de proposition ici, bien sûr, ce n'est pas mon
rôle, mais je vous fais une suggestion... et je vous réfère
à l'article 123 du code du travail qui dit: "Tout employeur qui, ayant
reçu l'avis prescrit, fait défaut de recon-
naître comme représentants de salariés à son
emploi les représentants d'une association de salariés
accrédités ou de négocier de bonne foi avec eux une
convention collective de travail, commet une infraction et est passible d'une
amende de $100 à $1,000 pour chaque jour ou fraction de jour que dure
l'infraction."
Je n'ai pas à juger moi-même s'il y a bonne ou mauvaise
foi. Les faits, quant à moi, je les apprécie, mais il y a une
présomption suffisante pour me permettre de dire que, quand un employeur
est à la table de négociations, qu'il refuse tout et qu'à
une autre table, devant le public, il fait une autre proposition, au-dessus de
la tête des syndicats, au-dessus de la tête du gouvernement,
au-dessus de la tête du médiateur, si vous ne pouvez pas
déceler un soupçon de mauvaise foi ou d'absence de bonne foi, je
ne comprends rien.
Je vous réfère maintenant à l'article 131 du code:
"Toute poursuite pénale en vertu du présent code peut être
intentée par le commissaire-enquêteur en chef ou une partie
intéressée."
M. Burns: M. Pepin, je soulève seulement une question dans
l'intérêt de la commission. Je m'excuse de vous interrompre. Ni le
ministre du Travail, ni le premier ministre ne sont présents. Est-ce
qu'il est utile qu'on continue les travaux de la commission puisque,
apparemment, ils auront...
M. Boudreault: Nous avons quorum à cette commission.
M. Burns: Nous avons quorum, M. le Président. Je pose la
question à la commission: Etant donné qu'il y aura des
décisions ministérielles, sans aucun doute, qui se prendront,
bien entendu, bien au-delà et bien au-dessus des décisions de
cette commission parlementaire, je me demande si on ne devrait pas suspendre la
séance. Si les autres membres de la commission croient que ce n'est pas
nécessaire, à ce moment-là, M. Pepin comprendra exactement
quelle est l'importance que la commission parlementaire accorde à ses
propos.
M. Boudreault: Le sous-ministre est ici et il représente
très bien le ministre. Il fera certainement rapport à son
ministre.
M. Roy. Le sous-ministre n'a pas droit de parole.
M. Boudreault: II n'a pas le droit de parole, mais il a le droit
d'écouter.
M. Roy: II a le droit d'écouter comme n'importe qui a le
droit d'écouter.
M. Boudreault: II fera rapport à son ministre.
M. Roy: Ce ne sont pas les sous-ministres qui ont
été convoqués, ce sont les députés, le
ministre, le premier ministre, qui sont membres de la commission
parlementaire.
M. Burns: Je ne voulais pas commencer un débat, mais c'est
tellement important d'entendre les parties que je me demandais pourquoi, au
moins, un des deux, du premier ministre ou du ministre du Travail, ne serait
pas présent pendant que la partie syndicale s'exprime.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, ils sont
sûrement tout oreilles puisque, l'électronique étant ce
qu'elle est, je sais qu'il y a des systèmes d'écoute dans le
cabinet du premier ministre et, actuellement, le premier ministre est en
discussion. Je ne pense pas que ça puisse être un
inconvénient. Le journal des Débats est toujours là comme
référence; alors, je ne vois pas pourquoi on suspendrait la
séance.
Le Président (M. Séguin): Excusez-moi de vous
interrompre. Je ne crois pas qu'il soit de l'autorité du
président... A moins qu'il y ait consentement unanime de la part de la
commission, je dois m'en tenir strictement au règlement dans un cas
comme celui-ci. Il dit que le quorum est de 8. Alors, nous avons ce quorum et
j'invite M. Pepin à continuer.
M. Burns: M. le Président, je m'excuse, je propose la
suspension des travaux jusqu'au retour du premier ministre ou du ministre du
Travail.
M. Harvey (Charlesbourg): Nous avons quorum M. le
Président et que le président continue son plaidoyer.
Le Président (M. Séguin): Heureusement.
M. Harvey (Jonquière): Je l'écoutais d'en
arrière en prenant un café.
M. Burns: Venez donc prendre votre café avec nous
autres.
M. Harvey (Jonquière): C'est ce que j'ai fait.
Le Président (M. Séguin): J'espère que vous
allez trouver la ligne dans votre texte, M. Pepin, où nous vous avons
interrompu.
M. Pepin (Marcel): Je n'ai pas de texte, M. le
Président...
M. Harvey (Jonquière): Je vous suivais, je vous
écoutais attentivement d'en arrière.
M. Pepin (Marcel): Vous étiez d'accord avec moi comme
d'habitude. Je suis bien d'accord moi aussi.
Le Président (M. Séguin): Allez-y, s'il vous
plaît.
M. Pepin (Marcel): Je relis l'article 131, parce que
j'étais justement à lire l'article 131. Encore une fois, c'est
uniquement pour le journal des Débats, je sais que tous les
députés connaissent bien
l'article 131. "Toute poursuite pénale en vertu du présent
code peut être intentée par le commissaire-enquêteur en chef
ou une partie intéressée. Les amendes prévues à la
présente loi sont versées au fonds consolidé du revenu."
De là, on pourrait facilement me dire: Si vous croyez, comme partie
syndicale, qu'il y a une présomption d'absence de bonne foi, prenez la
procédure, nous pourrions l'examiner. Mais à vous, membres de la
commission parlementaire, si vous n'êtes pas une partie
intéressée, je me demande ce qu'on fait ici. Cela fait trois
séances qu'on y est, il n'y a pas d'objection à y être, je
vous l'ai déjà dit. Mais je pense que c'est votre commission
parlementaire qui devrait demander au ministre de la Justice, avec cette
présomption qui m'apparaît... Je ne vous dis pas que je le
condamne à l'avance, mais la présomption est là. Au lieu
de regarder les poux que nous pourrions avoir dans notre tête à
nous, au lieu de s'en venir, comme semblent l'indiquer certains propos
échangés cet après-midi, avec quelque chose qui pourrait
davantage perturber l'ordre social plutôt que de le
réhabiliter...
Il me semble que, dans le cas de certains dirigeants qui
n'étaient pas patronaux, le ministre de la Justice a agi. Pourquoi n'en
serait-il pas ainsi avec tout ce qu'on rapporte? Vous n'avez qu'à lire
les journaux, écouter la télévision. Il m'apparaît
évident moi, je ne juge pas à l'avance qu'il y a
une présomption que l'article 41 a été violé. Je
crois que le Parlement ou la commission parlementaire doit intervenir.
Ce n'est pas bien agréable ce que je dis. Vous savez, il n'y a
pas longtemps, il y a eu un conflit dans une partie des Etats-Unis. Il y a un
juge qui a été appelé à se prononcer. Il a dit:
"Malheureusement, je suis obligé de condamner les représentants
syndicaux".
Mais l'administrateur ou les administrateurs, par exemple, qui ont tout
fait pour que cela en arrive là, je ne peux rien faire contre eux.
Dans le cas qui nous occupe, il me semble que nous sommes exactement
dans cette situation. Voilà comme première déclaration. Si
vous avez des questions à poser, je suis prêt à y
répondre, de même que mes collègues qui sont ici avec
moi.
Le Président (M. Séguin): Merci M. Pepin. Est-ce
qu'il y a des questions de la part des membres de la commission?
M. Burns: Oui.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: Merci, M. le Président. M. Pepin, est-ce que, au
niveau du conflit lui-même, il y a des offres particulières qui
vous ont été faites en matière économique, en
matière salariale, si on peut dire? Est-ce qu'on vous a proposé
de nouvelles offres d'augmentation?
M. Pepin (Marcel): A la table de négociations.
d'après mes informations, aucune nouvelle offre. La seule offre connue
publiquement vient de M. Hanigan; 12%, plus l'arbitrage. Quant au reste, il n'y
a pas d'offre sur la question salariale. M. Beaudoin et M. Cayer qui sont ici
peuvent ajouter là-dessus. Il n'y a aucun problème. Jacques.
M. Beaudoin (Jacques): Jacques Beaudoin, porte-parole du Front
commun des employés de la CTCUM. Cette offre de 12% nous a
été faite au cours du mois d'août. Le 20 août
dernier, en assemblée générale du front commun, où
il y avait près de 1,000 personnes, on s'est prononcé sur cette
offre qu'on avait eue à ce moment-là, à la table des
négociations. Elle a été refusée.
L'autre offre qui est arrivée samedi dernier, c'était
exactement la même offre, mais avec un truc d'arbitrage, à ce
moment-là.
M. Burns: Elle ne vous a pas été faite à
vous autres directement?
M. Beaudoin: Celle de samedi dernier ne nous a pas
été faite à la table de négociations.
M. Roy: Est-ce qu'elle a été faite depuis à
la table des négociations? Est-ce qu'elle vous a été
communiquée depuis qu'elle a été faite publiquement,
samedi dernier?
M. Beaudoin: Elle ne nous a pas été
communiquée à la table des négociations depuis, à
ma connaissance.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que la première offre de
12%, du mois d'août, était écrite?
M. Beaudoin: La première offre était écrite,
je crois, oui.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'elle comprenait aussi la
section de l'arbitrage?
M. Beaudoin: Non.
M. Bellemare (Johnson): Pas du tout?
M. Beaudoin: Non, c'était une offre qui comportait une
augmentation de salaire de 12% pour la première année et de 11%
pour la seconde année.
M. Burns: Est-ce qu'au cours de vos séances de
médiation, depuis la dernière séance de la commission
parlementaire la semaine dernière, il a été question de
principes d'augmentation?
Par exemple, la semaine dernière, la question est venue. Est-ce
qu'on s'est référé au règlement des chauffeurs,
à un moment donné ou à un autre, globalement?
Partiellement? Totalement? Ou pas?
Est-ce qu'au cours de vos discussions, cet aspect a été
discuté?
M. Pepin: M. André Cayer pourrait ajouter quelque chose
là-dessus, je pense.
M. Cayer (André): Au cours de la table de
négociations, il y a eu des discussions sur des aspects
pécuniaires en ce qui concerne, par exemple, les vacances.
On nous a offert, à ce qu'on nous a dit, ce que les chauffeurs
ont présentement: Trois semaines après trois ans; quatre semaines
après douze ans et cinq semaines après 22 ans.
Mais au niveau des salaires, strictement salaires, il n'y a eu aucune
offre.
M. Burns: Au niveau global, au niveau de l'ensemble du
règlement des chauffeurs, est-ce qu'il y a une offre qui vous a
été faite?
M. Cayer: A la table des négociations, aucune offre ne
nous a été faite en ce sens-là.
M. Burns: Donc, on n'a pas discuté de la
possibilité de vous offrir ce que comporte le règlement des
chauffeurs.
M. Cayer: Absolument aucune discussion à ce
sujet-là.
M. Bellemare (Johnson): Quelle était votre demande
à vous autres, vis-à-vis des chauffeurs?
M. Pepin (Marcel): Si vous me le permettez, à une
réunion pour les chauffeurs, j'ai expliqué la demande et les
motifs. Je pense que cela vaut la peine de reprendre, sans être bien
long, la demande formelle des gars de l'entretien. Elle est de $2.65
d'augmentation l'heure pour un an de contrat. J'ai expliqué que
c'était la demande, mais que nous étions prêts à
discuter pour voir comment on pourrait s'accommoder de ce
côté.
En ce qui concerne les bureaux je vous rappelle que, dans le
dossier des bureaux, il y a des personnes qui ne gagnent encore que strictement
le salaire minimum de $84 par semaine nous demandons un minimum qui nous
paraîtrait un peu décent à l'heure actuelle, de $165 par
semaine. Pour ce qui est des caissiers, des employés caissiers, nous
demandons 45% d'augmentation pour une durée de contrat d'un an, sachant
quand même que nous sommes prêts, comme je l'ai indiqué, je
pense, assez ouvertement à cette présente commission, lors de la
première séance, à voir comment nous pourrions les
répartir.
Je voudrais vous dire, M. le député, que nous pensons
être justifiés de faire de telles demandes. Nous avons d'abord eu
un document de la part de la CTCUM, que j'ai ici dans ma serviette, que je
pourrai vous montrer, essayant de démontrer que, depuis 1965 à
aujourd'hui, nous avions eu beaucoup plus de gains que le coût de la vie
avait augmenté. Evidemment, vous savez, M. le député,
qu'on peut toujours choisir sa base de références comme on
l'entend. Si l'année 1965 ne fait pas notre affaire, on peut choisir
l'année 1964 ou l'année 1963 ou, si cela fait mieux notre
affaire, l'année 1970. Nous avons essayé de prendre exactement la
même base que les députés ont utilisée pour leur
rémunération. Comme je l'ai dit la dernière fois et la
fois précédente, je ne discute pas ici du chiffre absolu du
salaire du député, je n'en tiens pas compte; tout ce que je fais,
je dis: Vous, quand vous étiez en 1974, vous vous êtes dit: Depuis
1972, je n'ai eu que $600 d'augmentation il y avait eu $600
d'augmentation comme salaire de député j'ai d'abord le
droit à un rattrapage. Ce rattrapage vous portait à $21,000. De
là, vous vous êtes dit: Je ne toucherai plus, par loi, à
mon salaire de député. Je vais m'en aller sur une forme
d'indexation, mais vous n'avez pas pris votre indexation sur la base de
l'indice des prix à la consommation. Vous saviez bien qu'en la prenant
de même, vous ne pouviez jamais vous enrichir. Vous vous êtes dit:
Je vais prendre mon indexation sur l'indice des salaires moyens et, avec cet
indice, récemment, vous comme les autres, vous avez dû toucher 10%
d'augmentation, sans que personne ne le dise, mais c'est la loi qui est
là. Vous avez touché 10%.
Nous, quand nous regardons le problème du transport, on se dit:
Les députés qui ont adopté une loi pour eux ne
pourraient-ils pas l'appliquer à nous autres aussi? Si c'est juste pour
vous autres, cela va être juste aussi pour ceux qui vivent dans la
population, qui sont des producteurs. Je ne vous dis pas que vous n'êtes
pas des producteurs. Vous êtes des producteurs de lois, vous autres, mais
ce n'est pas le même genre de production que nous faisons. Mais, la
même base peut-elle s'appliquer pour nous? Si je l'applique pour nous, M.
le député, voici ce que cela peut donner: Regardez la courbe
offerte par la CTCUM déjà. Vous vous rendrez compte que, lors du
conflit que nous avons vécu ensemble alors que vous étiez
ministre, de 1967, après le conflit...
M. Bellemare (Johnson): A l'occasion de l'Expo universelle?
M. Pepin (Marcel): Oui.
M. Bellemare (Johnson): Ce qui causait un préjudice
extraordinaire...
M. Pepin (Marcel): C'est votre déclaration à vous.
Je n'entrerai pas dans le mérite de cela.
M. Bellemare (Johnson): D'accord.
M. Pepin (Marcel): Je ne suis pas pour faire ressortir de vieux
débats. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'en 1967 nous avons
obtenu le rattrapage dont nous pensions avoir besoin; 25.1% d'augmentation. Si
je regarde maintenant de 1967 à aujourd'hui, le salaire a
augmenté de 51.7%. Le coût de la vie, pour la même
période, a augmenté de 50%. Donc, nos gars, nos membres de garage
et d'entretien se sont enrichis de combien? De 1.7% depuis 1967. Si je
prévois au moins une augmentation annuelle d'enrichissement collectif,
suivant les statistiques, sauf pour la dernière année, mais
même en en tenant compte et en faisant une moyenne, j'en arrive à
4.9% d'enrichissement collectif par année.
C'est une moyenne que je vous offre. Si je reproduis cette moyenne
depuis 1967 à aujourd'hui, et je prends exactement la même chose
que vous avez prise vous autres, les députés, j'ai droit à
42% d'augmentation cette année. Peut-être que vous allez me dire,
pas vous, j'en doute, certains vont me dire: C'est farfelu, votre demande,
c'est trop cher. Si c'est trop cher pour moi, comment cela se fait-il que ce
n'est pas trop cher pour vous autres? Encore une fois, je ne discute pas du
chiffre absolu de votre rémunération et du rôle que vous
avez à jouer dans la société. Je ne fais pas intervenir
cela. Je ne fais pas cette comparaison. La seule comparaison que je fais, c'est
sur le mécanisme pour en arriver à la fixation de mon salaire. Ce
qui est bon pour celui qui peut le faire par voie autoritaire, parce qu'il est
le pouvoir, il ne peut pas le refuser aux autres, à moins, à mon
avis en tout cas, d'être complètement illogique. Voilà la
réponse que je voulais vous donner.
M. Boudreault: M. le Président, j'aurais une question
à poser pour l'information de cette commission. J'ai pris connaissance
par les journaux et par la radio que la CTCUM était prête à
aller en arbitrage. Vous, les syndicats, est-ce que vous êtes prêts
à aller en arbitrage?
M. Pepin (Marcel): Non. Je vais être bien clair, il n'y a
pas un membre ici qui aurait fait arbitrer son salaire par un arbitre. En tout
cas, vous ne l'avez pas fait. Deuxièmement, regardez le rapport
Lalancette, qui a causé tellement de perturbation à
Montréal. C'est un arbitrage. Regardez le rapport Gold, ce n'est pas de
la juridiction provinciale, c'est de la juridiction fédérale,
où il y a eu un arbitrage. Je ne mets pas en cause la capacité
d'honnêteté et du juge Gold et de l'arbitre Lalancette. Je vous
dis que les arbitrages dans le domaine syndical, dans le domaine des relations
patronales-ouvrières, cela n'a jamais été populaire. Je
peux vous dire même que vous autres, comme parti, en tout cas comme
députés je ne veux pas intervenir, parti ou non
vous n'avez jamais accepté même qu'il y ait de la médiation
dans les cas qui concernaient le gouvernement provincial. Cela a
été vrai sous votre régime à vous autres et cela a
été vrai sous le régime de l'Union Nationale avant. Je
n'entends pas vous dire que vous avez tort ou raison, mais vous me demandiez si
on est prêt à l'arbitrage; les assemblées syndicales se
sont prononcées. Là, mon collègue, Jacques Beaudoin, peut
vous donner une réponse là-dessus.
M. Beaudoin: Oui, effectivement, hier on a présenté
à l'assemblée générale la proposition,
entourée du truc d'un arbitrage. L'assemblée des employés
d'entretien a rejeté cette proposition à 96.8% et les
employés de bureau, eux, l'ont rejetée à 98%, et à
vote secret.
Le Président (M. Séguin): Le ministre du
Travail.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'aurais
trois petites questions à poser à M. Pepin.
Cela concerne le rapport final du médiateur. Est-ce que dans le
rapport du médiateur, lorsqu'il parle du climat qui a été
serein, les parties ont coopéré en tout temps avec lui?
Deuxièmement, est-ce que le rapport Pilotte reflète exactement
les faits tels qu'ils se sont passés aux tables sectorielles et à
la table commune? En dernier lieu. Etes-vous satisfait, en tant que
président du front commun du côté syndical, du travail du
médiateur, M. Pilotte, jusqu'à maintenant?
M. Pepin (Marcel): M. le Président, je dois
répondre d'une manière un peu hachée aux questions du
ministre du Travail. D'ailleurs, les collègues qui sont avec moi, sur
certains points, ajouteront des commentaires, parce que ce sont eux qui
étaient à la table de négociations. Sur le climat serein,
M. Cayer, M. Beaudoin pourront là-dessus parler. Sur la
coopération des parties, je n'étais pas à la table. Le
médiateur l'indique, je le crois sur parole, mais je ne peux pas
comprendre qu'il y ait une véritable coopération lorsqu'une des
parties fait une déclaration de proposition publique sans la faire au
moins, même pas après, à la table de négociations.
C'est un cas où j'ai un point d'interrogation.
M. Harvey (Jonquière): Si vous me permettez, je voudrais
vous dire que je n'ai pas mentionné ce matin. Nous avons remarqué
que le médiateur ne mentionnait rien sur la déclaration de M.
Hanigan. Il a lui-même qualifié le geste comme une action
politique et il n'avait pas à en faire mention, n'étant
aucunement lié de près ou de loin aux actions politiques d'une
partie ou l'autre.
M. Pepin (Marcel): Alors, cela confirme pas mal ce que je dis. Le
médiateur dit: On a eu la coopération, mais il y a une partie qui
a agi sur une base politique, alors que vous nous demandez depuis le point de
départ de ne pas politiser le conflit. C'est cela que vous nous demandez
ici.
Quant à cette proposition publique, qui n'a pas été
communiquée au médiateur, parce que selon mes renseignements,
c'est du ouï-dire je ne suis pas devant un tribunal de justice ici
le médiateur n'était pas au courant avant que la
proposition ne soit faite publiquement par M. Hanigan. C'est pour cela, M. le
ministre, que je vous ai bien référé aux articles 41, 123,
131 du code du travail. J'espère que vous agirez... Maintenant, je ne
sais pas si mes collègues ont quelque chose à dire sur les autres
questions du ministre.
M. Beaudoin (Jacques): M. le Président, concernant la
coopération. Evidemment, je ne sais pas ce que vous entendez par
coopération, mais lorsque le médiateur nous convoquait à
des séances de médiation, nous étions présents.
Concernant le climat serein, ce qu'on faisait? On présentait nos
demandes, on les expliquait et on les justifiait. Si c'est cela que vous
qualifiez de climat serein, c'est ce que nous faisions.
M. Pepin (Marcel): M. Cayer voudrait ajouter un mot, M. le
ministre.
M. Cayer: Sur le rapport du médiateur, je pense qu'il est
conforme, en ce qui concerne, par exemple, la numérotation des clauses
et les articles qui ont été discutés. Quant à
l'attitude à la table de négociation, je pense que le climat...
On n'a pas sorti de gants de boxe encore. On s'est parlé d'homme
à homme. C'est sûrement cela que le médiateur veut
souligner, je présume.
M. Harvey (Jonquière): D'accord! M. Cayer, pour terminer,
sur la qualité du travail effectué par M. Pilotte, vous n'avez
rien à dire?
M. Cayer: Absolument pas. M. Harvey (Jonquière):
Merci!
Le Président (M. Séguin): Un instant! A l'ordre,
s'il vous plaît!
Le député d'Iberville.
M. Tremblay: Lorsque M. Beaudoin a parlé de climat
favorable, ainsi que M. Cayer, croyez-vous qu'il en vaudrait le coût que,
dans un délai assez rapproché, vous puissiez continuer à
oeuvrer en médiation, le plus tôt possible, dans un même
climat, mais cette fois, avec une décision bien arrêtée
d'en finir avec ces négociations? Est-ce que cela peut se poursuivre
avec un but précisément objectif?
M. Pepin (Marcel): Si vous me permettez de répondre
à cette question, M. le député, c'est que, quant à
nous, notre intention arrêtée, c'est de régler ce
problème à la table de négociations. Nous sommes
disposés, en tout temps, à une heure d'avis, le temps de se
rendre à Montréal, si les négociations doivent se
poursuivre là, à reprendre les négociations, et que M.
Pilotte soit le médiateur. Nous sommes prêts à être
là. Vraiment, c'est que nous voulons régler le problème
à la table de négociations, pas ailleurs, et c'est, je pense,
l'intention des membres de la commission, avouée au point de
départ.
M. Harvey (Charlesbourg): Sur le même sujet, si vous
permettez.
M. Tremblay: Croyez-vous qu'il serait opportun également
qu'en même temps que les négociations reprennent avec la
médiation, que le système de transport de la CTCUM puisse
reprendre simultanément ses activités, sur la bonne foi
précisément des deux parties...
M. Pepin (Marcel): Avec la démocratie...
M. Tremblay: ... en tenant pour acquis que, pas seulement
à Montréal, cela commence à se répercuter un peu
partout au Québec sur le plan économique, ce serait
peut-être à l'avantage de tout le monde que, sur la bonne foi
exprimée par M. Pepin, et sur la bonne foi que j'espère,
exprimera le président de la CTCUM, ces négociations puissent
reprendre le plus tôt possible, avec médiation, mais en même
temps, que les services re- prennent aussi, que la population soit consciente
que l'effort de bonne foi est réellement accompli de part et
d'autre?
M. Pepin (Marcel): Vous savez, M. le député,
à la première réunion de cette commission parlementaire,
la question a été posée, et à M. Hanigan et
à moi, pour la négociation de bonne foi. Relevez le texte du
journal des Débats; vous allez le retrouver.
La réponse que nous avons eue de M. Hanigan: Bien sûr, il
est prêt à négocier de bonne foi. Je vous ai décrit
ce qui s'est passé, et même si je ne vous l'avais pas
décrit, vous l'aviez vous-même vu.
Quant à la reprise du service, je vous assure que si nous pouvons
vraiment négocier de bonne foi, le service peut reprendre rapidement. Si
vous dites: Enlève ton arme, toi. On est sûr que l'autre va
négocier de bonne foi, alors que le service est suspendu, qu'il pose de
tels gestes, il faudrait être un peu naïf de notre part pour croire
qu'il y aurait une meilleure bonne foi, lorsque tout le monde serait au
travail, plutôt que dans les circonstances présentes. On n'aime
pas cela plus que personne d'arrêter le service en commun.
J'espère que vous le comprendrez.
Mais on ne voudrait pas non plus être pris en otages comme
salariés parce que nous sommes dans un secteur public, et à ce
moment, on peut les traiter un peu comme on veut parce qu'on ne voudrait pas
qu'ils perturbent rien de la société.
Quand il s'agit de certains groupes de salariés, j'ai
déjà mentionné devant vous la question de la police. Le
revolver, ça aide à faire réfléchir du monde. On
leur promet, l'an prochain, avant de commencer à négocier, 10% de
hausse, cette année 15%, d'autres accommodements. Je ne veux rien de
cela. Mais si on le fait pour un groupe, qu'on n'ait pas d'illusions. On va le
faire aussi pour d'autres. Autrement, on s'en va dans un chaos social
considérable.
M. Tremblay: Alors, vous n'avez pas réellement confiance
que la partie patronale manifeste une bonne foi suffisante pour vous permettre
de continuer, ce soir, par exemple, la médiation et, en même
temps, reprendre les services à Montréal?
M. Pepin (Marcel): J'ose croire que la médiation pourrait
reprendre dès ce soir et qu'un accord peut intervenir rapidement. Mais
avec les événements que j'ai connus ces derniers jours, je pense
que vous pouvez conclure, comme moi je ne vous demande pas d'avoir la
même conclusion que la mienne qu'on n'est pas engagé depuis
le début de la médiation dans ce qu'on peut appeler selon
mon interprétation une négociation de bonne foi. Il y a
présomption d'un côté qu'on n'est pas de bonne foi.
M. Tremblay: Après avoir reçu de vous ces
affirmations, M. Pepin, il y aura certainement une conclusion logique parce que
c'est un service public. Je fais absolument abstraction de M. Hanigan et
peut-être de sa politique au-dessus de la tête de
tout le monde, mais je peux peut-être me permettre de l'inciter
lui aussi à la bonne foi. Il viendra tout à l'heure...
M. Pepin (Marcel): Oui.
M. Tremblay: ... mais il faut réaliser aussi que cela
devient presque tragique et que chaque minute qui passe devient très
lourde à porter pour les citoyens de la CTCUM et de cette province. Plus
on sort de Montréal, plus on s'aperçoit que cela devient
préjudiciable à tout le monde.
Alors, je me demande quelle question je pourrais vous poser maintenant
pour essayer de vous faire dire ce que réellement vous pensez, à
quel moment arriverons-nous à nous dire: Nous nous accordons ou nous
procédons à vouloir nous accorder?
M. Pepin (Marcel): Quant à nous, je le
répète...
M. Tremblay: Parce que si vous vous refusez à croire
à toute bonne foi de la part de la partie patronale...
M. Pepin (Marcel): Lorsqu'il y a un conflit de cette nature,
important comme celui-là et vous le soulignez et vous n'en direz
jamais assez là-dessus pour donner de l'importance et qu'une
partie, la partie patronale qui, elle, ne perd pas de salaire, rien, subisse
cela et dise: On ne négocie pas, elle est dans le trèfle
jusqu'aux genoux.
De notre côté...
M. Tremblay: Elle devrait... Cela leur ferait peut-être du
bien.
M. Pepin (Marcel): Non. D'ailleurs, je ne leur demande pas du
tout cela, mais je voudrais qu'on regarde au moins les faits tels qu'ils sont.
Pendant ce conflit, pendant que vous êtes ici en commission
parlementaire, pendant que vous nous avez convoqués, ils donnent une
conférence de presse et disent: Maintenant, nous autres, on se sacre de
la table de négociations. On se sacre du Parlement, de la commission
parlementaire, du médiateur, sans doute du premier ministre, sans doute
du ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, sans doute du sous-ministre, et
voici le règlement: 12% plus l'arbitrage. Et vous voulez me demander de
croire à la bonne foi? J'ai un petit problème!
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de règlement, mais cela
veut dire, par exemple, que ce qu'on dit ici, si vous êtes prêts
à nous appuyer un peu, pas seulement de nous faire porter le blâme
d'une situation dont nous ne sommes pas les seuls responsables...
M. Tremblay: Je ne crois pas, M. Pepin, que l'on vous fasse
porter le blâme.
M. Pepin (Marcel): Merci.
M. Tremblay: Je pense bien que cela n'a pas été mon
propos.
M. Pepin (Marcel): Non.
M. Tremblay: Et vous l'avez bien compris à part cela.
M. Pepin (Marcel): Ce n'est pas le vôtre et je le
reconnais, mais je ne voudrais pas que d'autres le fassent. Ils font encore
passer des messages indirects par la bande.
M. Roy: La question que j'aimerais poser à M. Pepin est
que nous avons été informés que les chauffeurs auraient
déclaré, publiquement, qu'ils étaient prêts à
sortir leur autobus et ouvrir le métro de Montréal.
A votre connaissance, comme président de la CSN, êtes-vous
au courant de ces faits? Est-ce exact?
M. Pepin (Marcel): J'ai lu dans les journaux que les chauffeurs
voulaient être payés pendant le conflit et je les comprends fort
bien.
M. Roy: Etre payés... Ce n'est pas la question que je vous
ai posée. J'ai bien posé ma question en disant que selon les
renseignements que nous avions, les chauffeurs d'autobus étaient
prêts à sortir leurs autobus et ouvrir le métro.
M. Pepin (Marcel): Les explications techniques qui nous ont
été fournies par M. Hani-gan j'espère qu'elles sont
vraies c'est que, pour le métro, cela ne peut pas ouvrir de cette
façon-là. Je pense que vous vous en souviendrez.
M. Roy: Je me souviens, oui.
M. Pepin (Marcel): Pour les autobus...
M. Roy: C'est différent.
M. Pepin (Marcel): ... il fallait aussi l'entretien des autobus.
L'entretien se fait par les gars d'entretien et de garage. En 1974, les autobus
ont roulé un certain nombre de semaines pendant le conflit. C'est
possible que M. Hanigan décide d'en faire autant, je n'en sais rien. Je
ne suis pas pour les inciter à faire cela, j'espère que vous me
comprendrez.
M. Roy: Est-ce qu'il y a eu, de la part des syndiqués, des
employés de garage et d'entretien, des mesures prises pour
empêcher les chauffeurs d'autobus de prendre leur autobus?
M. Pepin (Marcel): M. Beaudoin va répondre.
M. Beaudoin: J'ai eu des rapports de Montréal, cet
après-midi. Semble-t-il, les chauffeurs d'autobus se sont
présentés au travail. Les employés en grève, les
piqueteurs ne les ont pas empêchés d'entrer. C'est, d'ailleurs, le
mandat qu'ils se sont donné hier en assemblée
générale.
M. Roy: Ils ont pu entrer sur les lieux. Mais entrer sur les
lieux, c'est une chose et prendre les
véhicules et procéder au service, c'en est une autre.
Est-ce que les employés du syndicat de garage et d'entretien ont
empêché les chauffeurs d'autobus de prendre leur autobus?
M. Beaudoin: II faudrait savoir s'ils ont pris les autobus; au
départ, moi, je ne le sais pas. Ils ne devaient pas les
empêcher.
M. Roy: Ils ne devaient pas les empêcher, dites-vous?
M. Beaudoin: C'est cela, c'est exact. C'est le mandat qu'ils se
sont donné hier en assemblée.
M. Roy: La semaine dernière, lorsque la grève a
éclaté, à trois heures de l'après-midi, au moment
où on entrait en commission parlementaire, ici, pouvez-vous nous donner
des renseignements à ce sujet? Qui a empêché les chauffeurs
de prendre les autobus jeudi dernier?
M. Beaudoin: A mon avis, de par les rapports que j'ai eus,
personne n'a empêché personne de prendre les autobus.
M. Roy: C'est un peu curieux quand même de par les
informations que nous avons. Des choses ont été
déclarées dans les journaux de fin de semaine. Je cite l'article,
il n'est pas de moi. "Les chauffeurs d'autobus et de métro
prétendent que la CTCUM et le Syndicat des employés de garage et
d'entretien les utilisent comme victimes dans le but d'obtenir gain de cause."
On continue l'article: "Selon eux, le public blâme les chauffeurs pour la
situation qui prévaut actuellement, alors qu'ils n'ont rien à
voir avec la présente absence de transport en commun". C'est la raison
pour laquelle j'ai posé des questions, parce que le public se pose ces
questions. La population de Montréal se les pose drôlement, ces
questions.
C'est pour cela que je pense important, à ce moment-ci, que nous
ayons un peu plus de lumière à la commission parlementaire
à ce sujet-là. Le gouvernement a un rôle à jouer,
les membres de la commission parlementaire et les membres de l'Opposition ont
également un rôle à jouer. Il est possible et vous
avez été témoins, cet après-midi, des propos qui
ont été tenus qu'il y ait une loi spéciale
présentée éventuellement devant la Chambre et que nous
soyons appelés à voter sur cette loi spéciale, à
nous prononcer sur cette loi spéciale. Je ne dirai pas à voter en
faveur, mais à nous prononcer sur la loi spéciale qui nous sera
présentée par le gouvernement.
En ce qui me concerne, je suis très intéressé
à avoir plus de lumière de ce côté, de façon
à avoir une idée plus exacte de la situation.
M. Beaudoin: Tout à l'heure, je vous ai répondu
dans ce sens, M. le député parce qu'à ma connaissance, en
tout cas, au moment où la grève a été
déclenchée, les employés du front commun n'ont pas
empêché les autobus de sortir et cet après-midi non plus.
Ce sont les rapports que j'ai au moment où on se parle.
M. Roy: II demeure un fait, les autobus ne sont pas sortis.
J'aimerais bien savoir qui a empêché les autobus de sortir. Il y a
quelqu'un, quelque part, qui a empêché les autobus de sortir,
puisque les chauffeurs déclarent ici je continue à lire la
déclaration qui a été faite par les chauffeurs
eux-mêmes "on ne lâche pas le volant au beau milieu de
l'heure de pointe, laissant les passagers sur le coin des rues". On
connaît la réaction du public montréalais; il suffisait
d'écouter les émissions de radio, de lignes ouvertes de fin de
semaine. Il a suffi d'écouter les conversations, les
déclarations, les entrevues qui ont été faites de part et
d'autre pour voir jusqu'à quel point la réaction de la population
de Montréal a été assez violente à ce sujet.
Il y a quelqu'un, quelque part, qui, jeudi dernier à trois heures
de l'après-midi, a empêché les chauffeurs de prendre leur
autobus. Pour la question du métro, on a eu la réponse, comme
vous l'avez signalé tout à l'heure; je me souviens de la
réponse qui nous a été donnée en commission
parlementaire la semaine dernière. Pour la question du métro, je
ne suis pas technicien, je ne peux pas entrer dans les détails, mais la
question des autobus, c'est différent. On nous a dit, en commission
parlementaire, que, lorsqu'une grève similaire avait eu lieu au cours
des mois d'été, il y avait un certain nombre d'autobus en
réserve et qu'à cause de l'absence de transport écolier,
il avait été possible de mettre ces autobus à la
disposition du public montréalais de façon à assurer une
continuité de service.
Or, cela veut dire, même si les employés d'entretien et les
employés de garage ne sont pas là tout le temps, qu'il y a quand
même des autobus qui sont en bon état et qui peuvent rouler
pendant un certain temps. J'aimerais savoir qui a décidé, jeudi
dernier, à trois heures précises, que les autobus ne
circuleraient pas dans la ville de Montréal.
M. Beaudoin: Si je me souviens bien, M. le Président,
c'est M. Hanigan lui-même qui avait annoncé que les autobus ne
circuleraient pas.
M. Roy: D'après vous, ce serait M. Hanigan et la CTCUM qui
auraient décidé que les autobus ne circuleraient pas. Est-ce que
j'ai bien compris?
M. Beaudoin: II me semble que c'est ce qu'on a vu et ce qu'on a
entendu dans ses déclarations.
M. Roy: Mais, de par ce que vous savez de la situation, c'est un
point de vue que vous partagez.
M. Beaudoin: Je n'ai pas compris votre question.
M. Roy: Est-ce que, de la situation que vous connaissez, des
faits que vous connaissez, ce serait votre point de vue? Ce serait la CTCUM qui
aurait empêché les autobus de circuler.
M. Beaudoin: C'est une déclaration, à mon avis, de
M. Hanigan. Maintenant, l'autre problème c'est que...
Une Voix: II l'a dit ici.
M. Beaudoin: Ah! alors cela confirme.
M. Roy: Pour le métro. Les autobus...
M. Pepin (Marcel): Pourriez-vous me permettre, M. le
Président et M. le député, d'ajouter un mot? Dans les
déclarations qui ont été faites par M. Hanigan
j'étais présent, je l'ai écouté comme vous
il a dit: Cette année, je n'ai pas de caissiers. Je ne peux pas
percevoir d'argent. Relevez le journal des Débats et vous allez le voir.
Alors, ce n'est pas tellement le transport en commun qui l'intéresse,
c'est de percevoir l'argent.
M. Roy: J'ai posé une question à M. Hanigan
là-dessus. On pourrait revenir tout à l'heure.
M. Pepin (Marcel): Cela peut être important, mais il s'agit
de savoir ce qui est important.
M. Roy: Je comprends que c'est important et c'est la raison pour
laquelle je pose ces questions. Je veux savoir qui est à l'origine de la
grève de jeudi dernier. Quels sont ceux qui ont empêché les
autobus de circuler dans la ville de Montréal? Je pense que les
Montréalais, en premier lieu, ont le droit de le savoir, la population
du Québec a le droit de le savoir et nous, comme parlementaires, nous
avons besoin d'être éclairés sur cette question pour que,
lorsque des lois ou des décisions nous seront présentées,
nous puissions savoir quelle direction ou quelle décision prendre.
M. Pepin (Marcel): Ce que je peux reprendre, M. le
Président, M. le député, c'est que la grève
était légale, elle a été déclarée
à trois heures et la grève se faisait au niveau du front commun
des trois groupes concernés. Ce n'est pas nous qui avons
arrêté le système d'autobus de rouler.
M. Roy: C'est une décision du front commun... M. Pepin
(Marcel): D'arrêter, de faire la grève.
M. Roy: ... d'arrêter à trois heures de
l'après-midi.
M. Pepin (Marcel): Mais pour les groupes que nous
représentons: entretien, garage, caissiers et bureaux.
M. Roy: Que ceux-là décident la grève.
M. Pepin (Marcel): Ils ont le droit légalement et ils
l'ont fait.
M. Roy: Selon vous, il n'y a pas eu de décision de prise
pour faire en sorte que les chauffeurs ne puissent pas continuer à
donner un service d'autobus aux Montréalais.
M. Pepin (Marcel): M. Beaudoin vient d'ailleurs de dire que de
son côté la grève se faisait uniquement au niveau des trois
groupes concernés, et ce n'était pas pour les chauffeurs.
M. Roy: D'accord, merci.
M. Pepin (Marcel): Vous pourrez vous adresser ailleurs. Je vous
comprends d'ailleurs dans votre question.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, j'ai simplement
quelques questions. On a dit tout à l'heure que le climat était
serein pendant les discussions. Cela me surprend un peu et cela a duré
longtemps puisqu'il y a à peu près 147 clauses qui ne sont pas
entérinées. Particulièrement on dit que sur ces clauses
les positions sont irréductibles et même on va plus loin, on dit
que ce n'est pas par les moyens ordinaires que cela pourra se régler.
Quels seront les moyens extraordinaires? Je ne suis pas très bien
renseigné. Je voudrais bien que le président nous dise d'abord si
cela a été serein tant que cela puisqu'il y en a 147 sur 350 qui
n'ont pas été acceptés. Quelles sont les principales
demandes qui font le sujet du litige et sur lesquelles, dit M. Pilotte, les
positions sont irréductibles? Il n'y a pas seulement l'affaire
salariale, c'est sûr. Il y en a 147, il doit y en avoir beaucoup
d'autres. Mais parmi les principales, je voudrais entendre...
M. Pepin (Marcel): M. le député, comme vous, il y a
une certaine surprise et, j'imagine bien, comme tous les membres de cette
commission. A la première séance de la commission, M. Hanigan
dit: 152 points sont en suspens. A la deuxième séance, la semaine
passée, rapport progrès, 31 clauses de réglées. On
confirme. Troisième séance de la commission, 147 points en
suspens. C'est un peu surprenant.
Je comprends qu'à l'intérieur du même article
si vous me permettez de répondre à l'intérieur du
même article, si on considère qu'il y a un point litigieux ou si
on le subdivise en trois points litigieux, ça peut donner des
résultats différents.
Sur l'allure de la négociation comme telle, d'après mes
informations, il n'y a eu aucun coup de poing échangé, rien;
ça s'est parlé quand même mais ça n'aboutit pas,
ça ne conclut pas. En tout cas, ça ne s'engueule probablement
pas, je ne sais pas si mes collègues...
M. Bellemare (Johnson): C'est serein, mais ça n'avance
point.
M. Pepin (Marcel): Cela n'avance pas.
M. Cayer: C'est-à-dire qu'on s'explique beaucoup au niveau
technique, sauf que les décisions sont très difficiles à
faire prendre. C'est quand on fait une demande syndicale qu'on l'explique
techniquement, qu'on précise notre demande, et on maintient toujours des
réponses négatives, des fins de non-recevoir.
M. Bellemare (Johnson): M. Cayer, quels sont les grands points
qui restent, sur les 147? Il doit y en avoir des principaux.
M. Cayer: Je ne voudrais quand même pas trop m'aventurer
sur 147 clauses en disant qu'elles sont toutes irréductibles. Je pense
que ce n'est pas la réalité.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas moi qui ai écrit
ça, c'est M. Pilotte.
M. Cayer: Sauf que je ne voudrais pas non plus m'engager dans une
négociation à la table de la commission parlementaire en disant
que ces points sont fondamentaux et qu'on laisse tomber les autres. Je peux
vous soulever un point qui nous semble, en tout cas au syndicat, comme un peu
farfelu de la part de la partie patronale, c'est le droit au grief pour le
patron. Cela nous semble, présentement, une demande qui n'est pas
recevable au niveau syndical. Il y en a quelques-unes, comme cela, dans les
147, c'est évident. Je présume que le patron va vous dire la
même chose tout à l'heure de son côté.
M. Bellemare (Johnson): M. Pepin, s'il n'y a pas de chance de
pouvoir régler ce conflit selon les méthodes habituelles,
qu'est-ce que vous pressentez, personnellement?
M. Pepin (Marcel): Personnellement, selon la méthode
habituelle, c'est la négociation collective. Moi, je pense qu'il y a
moyen de régler suivant cette méthode.
M. Bellemare (Johnson): En combien de temps pensez-vous
régler sans l'intervention du gouvernement?
M. Pepin (Marcel): De quelle sorte d'intervention voulez-vous
parler?
M. Bellemare (Johnson): Tout le monde a cela pendu à la
bouche cet après-midi: loi spéciale pour vendredi. Elle va
être annoncée à 6 heures, ils sont en train de
préparer la conférence de presse, on pose des questions pour les
aider à préparer le communiqué.
M. Pepin (Marcel): C'est pour ça qu'on prend un peu de
temps. En tout cas, vous donner un délai, je pense que vous avez
déjà assez participé, comme médiateur
vous-même, en tant que ministre du Travail, dans certains conflits, il
n'est pas possible de dire à l'avance que ça va prendre deux
heures ou deux jours. Je crois qu'en dépit du fait qu'on montre un
dossier très haut, beaucoup plus élevé qu'à la
première séance et qu'à la deuxième séance,
il y a moyen de régler ce problème par une négociation. Si
j'allais m'aventurer à vous dire: à telle heure, telle date, je
pense que ce sera terminé, je crois que je serais très
irréaliste. Ce n'est pas possible de faire une telle prédiction,
je n'ai pas de boule de cristal. Il reste que, si on veut régler le
problème d'autorité, on va se faire beau- coup plus mal les uns
les autres que si on dit aux parties: Le problème est grave, vous allez
vraiment négocier.
M. Bellemare (Johnson): M. Pepin, dans le conflit des cols bleus,
il y a un certain nombre d'années, il n'y avait pas eu entente entre
vous, le ministère et le syndicat, un certain compromis pour accepter un
arbitrage devant...
M. Pepin (Marcel): Les cols bleus de la ville de
Montréal?
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Pepin (Marcel): Nous ne les représentons pas, M. le
député.
M. Bellemare (Johnson): Non, il y avait eu... c'étaient
les cols bleus, les travailleurs manuels de la ville de Montréal?
M. Pepin (Marcel): Nous ne représentons pas les
travailleurs manuels.
M. Bellemare (Johnson): M. Pepin, vous vous souvenez des
rencontres qu'on avait eues au Windsor concernant...
M. Pepin (Marcel): Les cols blancs.
M. Bellemare (Johnson): les cols blancs, c'est ça. A ce
moment-là, on avait, par une commune entente, accepté un
compromis pour que l'arbitrage puisse définir certaines clauses.
M. Pepin (Marcel): Cela n'avait pas été
accepté finalement, je pense, par la partie patronale, à
l'époque.
M. Bellemare (Johnson): Cela a été accepté,
cela est allé jusqu'à l'arbitrage et l'arbitrage vous avait
donné raison.
M. Pepin (Marcel): Peut-être, je me fie à votre
mémoire.
M. Bellemare (Johnson): Vous dites que vous êtes
complètement contre l'arbitrage, même si ça vous
était imposé par une loi?
M. Pepin (Marcel): Je suis contre quand même. Je ne peux
pas dire que je suis pour un arbitrage, M. le député. Cela n'a
pas de sens de régler un problème comme ça, par voie
d'arbitrage. Il y a des choses qui peuvent être décidées
par arbitrage. Disons que ça regarde l'interprétation d'une
clause ou encore qu'il y a une clause d'ancienneté qu'on voudrait
améliorer. Sur un point ou l'autre, on dit: On va se faire
éclairer par une autre personne. Cela peut arriver.
Mais, lorsque la politique salariale est en cause, je vous assure que se
faire arbitrer... L'expérience a été tellement mauvaise
dans la ville de Montréal. Pour les gens de Montréal qui sont
députés ici, pensez au cas des pompiers. Cela a
conduit à quoi, le cas des pompiers? Cela a été
décidé par arbitrage, par exemple. L'arbitre a
décidé qu'il y avait 4.3% d'augmentation la deuxième
année. Regardez le nombre de feux que cela a entraîné. Je
ne porte pas de jugement de valeur: Ont-ils bien ou mal fait? Mais la situation
est là.
Pensez au cas des débardeurs à Montréal. Ce n'est
pas votre juridiction, mais il reste quand même que c'est un enseignement
pour tout le monde. Pensez que, pendant 20 ans, on a été astreint
à un arbitrage à décision exécutoire dans les
secteurs public et parapublic au Québec. Regardez le retard que ce monde
a pris pendant ces 20 ans.
Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de gens, du côté syndical
à tout le moins, qui peuvent dire que c'est bon. Puis-je me permettre
d'ajouter un autre élément? Les arbitres qu'on a,
généralement, ne sont pas tellement de mentalité
ouvrière. Généralement, on choisit un juge et c'est rare
les juges qui sont issus...
M. Bellemare (Johnson): Je ne veux pas les défendre, mais
je pense que ceux qu'on a nommés au tribunal du travail sont des gens
qui ont fait leurs preuves de ce côté-là.
M. Pepin (Marcel): Cela ne vous fait rien que je n'introduise pas
ce débat, M. le député?
M. Bellemare (Johnson): Non, mais...
M. Pepin (Marcel): Parce qu'il y en a qui ont été
nommés à la suite de recommandations du conseil consultatif.
Depuis que vous n'êtes plus ministre, il y en a qui ont été
nommés, en dépit de l'avis défavorable du conseil.
Regardez cela dans les rapports.
M. Bellemare (Johnson): Parmi ceux que je connais, j'ai des noms
qui me viennent à la mémoire, ils sont excellents comme juges au
tribunal du travail. Ils ont rendu des "moses" de bonnes décisions que
j'ai lues dernièrement... comme commissaires enquêteurs.
M. Pepin (Marcel): Est-ce qu'ils voudraient maintenant agir dans
des conflits d'intérêts? Là, ils interprètent le
droit. Quand il s'agit de créer le droit parce qu'un arbitrage
dans cette matière, c'est créer le droit ce n'est pas du
tout la même chose.
M. Bellemare (Johnson): Le juge Geoffroy était quasiment
parent avec vous autres.
M. Pepin (Marcel): Quasiment parent avec moi.
M. Bellemare (Johnson): Ha! Ha! Ha!
M. Pepin (Marcel): C'est un bon gars.
M. Bellemare (Johnson): C'est sûr. Il y en a d'autres
aussi.
Le Président (M. Séguin): M. le
député vous avez terminé?
M. Bellemare (Johnson): Moi? Certainement.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Charlesbourg.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, tout à
l'heure, dans votre exposé, vous avez rapidement mentionné les
différentes requêtes, même si, au départ, vous avez
avoué qu'il n'avait pas été question encore de la question
salariale.
Parmi ces demandes, ce qui m'apparaît assez onéreux,
même si, au départ, je tiens à vous avouer que je n'admets
pas du tout la comparaison que vous avez faite concernant le salaire des
députés... Vous savez pourquoi je ne suis pas d'accord.
M. Pepin (Marcel): Je ne sais pas.
M. Harvey (Charlesbourg): Vous ne le savez pas?
M. Pepin (Marcel): Non.
M. Harvey (Charlesbourg): Je pourrais tout simplement vous poser
la question: Combien il en coûte à un chauffeur d'autobus ou
à un homme d'entretien pour faire sa "job" quotidiennement,
comparativement à ce qu'il en coûte à un
député, mais je pense que poser la question, c'est y
répondre et on s'embarquerait dans un débat qui ne
mènerait à rien. Ce n'est pas là qu'est la question. M. le
Président...
M. Pepin (Marcel): Ce n'est pas votre question, mais si vous me
donnez un commentaire, je pense que j'ai le droit d'y répondre.
M. Harvey (Charlesbourg): Ce n'est pas un commentaire, c'est une
question.
M. Pepin (Marcel): Si c'est une question, je vais y
répondre dans ce cas-là.
M. Harvey (Charlesbourg): Allez-y!
M. Pepin (Marcel): Tout ce que j'ai voulu vous dire, c'est que je
ne compare pas aux chiffres absolus de votre salaire. J'ai déjà
mentionné et cela avait été une affaire
discutée, je n'ai pas l'intention d'y revenir tout ce que je vous
dis. Je prends le même mécanisme, la même mécanique,
si vous voulez, que vous autres, vous avez utilisée pour vous,
indépendamment de vos salaires en chiffres absolus.
Pour déterminer votre salaire, vous avez eu une mécanique.
Je vous demande de nous l'appliquer à nous autres. C'est bien
différent que de comparer le salaire du gars au vôtre quant aux
chiffres absolus. Je pense qu'il y a une large différence entre les
deux.
M. Harvey (Charlesbourg): Lorsque vous parlez, par exemple, d'une
augmentation de $2.65 l'heure pour les hommes d'entretien, cela
représente combien, au regard du salaire qu'ils gagnent
présentement, en termes de pourcentage?
M. Pepin (Marcel): 55%.
M. Harvey (Charlesbourg): 55%. Lorsqu'on parle...
M. Pepin (Marcel): Autour de cela. Si je me trompe de quelques
pourcentages...
M. Harvey (Charlesbourg): Oui. Disons que cela peut être
59%, mais disons que c'est autour de 55%.
M. Pepin (Marcel): Cela peut être 52% aussi. Je ne voudrais
pas que vous soyez trop biaisé.
M. Harvey (Charlesbourg): Cela peut être de 52%. Enfin,
c'est dans 50%, ce qui est le double.
M. Pepin (Marcel): 50%, ce n'est pas le double.
M. Harvey (Charlesbourg): Entre cela. M. le Président,
c'est le double, lorsque je vous donne comme proposition, à l'article
suivant, les employés de bureau, alors que la demande d'augmentation de
salaire est même de plus de 115%, alors que vous dites que c'est $80
à $165 qui sont proposés comme salaire de base aux
employés de bureaux. Vous êtes d'accord là-dessus, c'est
115% et 55% à peu près dans le premier cas.
M. Pepin (Marcel): Ils sont au salaire minimum à l'heure
actuelle. Le minimum, c'est le salaire minimum à l'heure actuelle.
Etes-vous d'accord pour qu'ils aient le salaire minimum? Non, je ne le pense
pas.
M. Harvey (Charlesbourg): Ne considérez pas, non plus, que
la demande qui excède le salaire minimum, de $2.60, pour une
augmentation seulement aux hommes d'entretien de $2.65 ne créera pas ce
qu'on peut justement appeler au Québec cet écart de plus en plus
grandissant dans le domaine du travail?
M. Pepin (Marcel): Je me fie à vous.
M. Harvey (Charlesbourg): En êtes-vous conscient?
M. Pepin (Marcel): Je me fie à vous. Vous êtes
député.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Pepin (Marcel): Je n'ai pas le droit de répondre.
Pourquoi n'en ai-je pas le droit?
Le Président (M. Séguin): Je demanderais au
député de bien surveiller ses questions, puisque nous touchons
à ce moment-ci, des points de négociation.
M. Harvey (Charlesbourg): Cela m'a frappé, M. le
Président. Ce sont les points qui ont été
nommés...
Le Président (M. Séguin): Cela m'a frappé de
la même façon aussi. Cela touchait joliment à la
négociation, à ce moment.
M. Burns: M. le Président, si vous permettez que la
question soit posée...
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, sur la
même...
M. Burns: ... je pense qu'on devrait permettre à M. Pepin
de répondre.
Le Président (M. Séguin): Dans le moment, je...
M. Harvey (Charlesbourg): C'est de la négociation.
M. Burns: Oui.
Le Président (M. Séguin): J'arrête, si vous
voulez, ou je termine le débat là-dessus. Je demanderais au
député de reprendre, s'il a d'autres questions.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, lorsque vous
dites vous-même que le point est très sérieux, le point en
litige, et que la situation est grave, il nous paraît utile, en tout cas,
comme membres de cette commission parlementaire, de faire quand même
ressortir les solutions les plus pratiques pour répondre le plus
rapidement possible aux besoins d'une population qui est elle-même
victime d'une situation de conflit. Vous aviez donné tout à
l'heure une réponse qui ne me satisfait pas, à savoir que ce ne
sont pas les chauffeurs d'autobus qui sont impliqués, mais bien les
hommes d'entretien. Si, demain, ce sont les chauffeurs d'autobus, pour les
mêmes raisons, les hommes d'entretien n'auront rien à entretenir,
si ce n'est que des voitures garées dans des cours. A ce moment, le
front commun n'est-il pas lui-même conscient que c'est contre le
syndicalisme même qu'il s'attaque et que, à court terme, c'est la
population...
M. Burns: Je m'excuse, M. le Président; j'invoque le
règlement. Si vous laissez cette question se poser, je n'y ai aucune
espèce d'objection, mais je vais avoir une drôle d'objection si
vous empêchez M. Pepin de répondre. Vous embarquez dans le domaine
de l'opinion. Je pense que M. Pepin, avec le poste qu'il détient...
M. Pepin (Marcel): J'ai beaucoup à répondre
à cela, parce que la question est posée, à ce
moment-ci.
M. Burns: ... a, à mon avis, autant le droit de
répondre à une question comme celle-là.
M. Harvey (Charlesbourg): Autant j'ai le droit de la poser, M. le
Président.
M. Burns: Je suis parfaitement d'accord, mais je veux seulement
vous avertir que M. Pepin devrait répondre à cela.
M. Harvey (Charlesbourg): II devrait répondre, mais il
devrait surtout attendre que j'aie terminé ma question.
M. Burns: D'accord.
Le Président (M. Séguin): Je demanderais au
député de Charlesbourg de bien surveiller ses questions pour ne
pas entrer sur des points déjà en litige qui font partie de la
négociation.
M. Harvey (Charlesbourg): Ma question est très
générale, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): C'est entendu que si vous
posez la question, M. Pepin doit avoir le droit d'y répondre. C'est
à ce moment que nous sommes en négociation, aussitôt que M.
Pepin répond à votre question.
M. Burns: Aussitôt que la question est posée.
Le Président (M. Séguin): C'est très bien.
Reculez jusqu'à la question, si vous voulez. Ce n'est pas
là-dessus que j'argumente, mais vous me rendez la tâche
très difficile. Je n'ai pas le droit de prendre part au
débat.
J'essaie de ne pas intervenir, ou du moins le moins possible. S'il vous
plaît, messieurs, essayez de poser les questions qui ne tombent pas
nécessairement dans le contexte de la négociation.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, suite à
l'intervention du député de Maisonneuve, j'en fais non pas une
interrogation mais une affirmation personnelle et j'ai terminé et mes
affirmations et ma période des questions.
M. Pepin (Marcel): Est-ce que je peux dire quelques mots
là-dessus?
M. Harvey (Charlesbourg): Je me réserve le droit de vous
répondre, s'il y a lieu.
M. Pepin (Marcel): Ne me demandez pas le droit de réserver
votre droit. Pensez-vous que j'ai quelque chose à voir ici?
M. Harvey (Charlesbourg): Non, mais écoutez, le
député de Maisonneuve s'est opposé à ce que vous
répondiez.
M. Pepin (Marcel): Non, il faut bien se comprendre.
M. Burns: Ce n'est pas cela que j'ai dit.
M. Harvey (Charlesbourg): Vous avez dit: S'il s'agit là
d'une question, je m'opposerai, et je pèse bien mes paroles, à ce
que le président y réponde. Si vous persistez à vouloir
que le député de Charlesbourg pose d'autres questions, je veux
qu'il y réponde.
M. Burns: Je pense, au contraire, que M. Pepin doit
répondre à cela.
M. Harvey (Charlesbourg): Ce n'est pas une question, j'en ai fait
une affirmation très personnelle.
M. Burns: II aimerait faire, je pense, une réponse...
Le Président (M. Séguin): Alors, il y a eu une
affirmation de la part d'un membre de la commission. Dans le cas d'une
affirmation, à moins que je ne fasse erreur, il n'est pas question de
preuve à l'appui, c'est une affirmation comme d'autres qui se sont
faites. Alors, je vous demande, M. Pepin, de faire votre déclaration,
sans que cela ne soit une réponse.
M. Burns: Oui, parce qu'autrement, je vais lui poser la question:
Qu'est-ce qu'il pense de l'opinion du député de Charlesbourg?
M. Pepin (Marcel): Je pense que le député de
Chauveau, si je comprends bien, c'est le nom du comté.
M. Harvey (Charlesbourg): Maintenant Charlesbourg.
M. Pepin (Marcel): Charlesbourg?
M. Harvey (Charlesbourg): Maintenant, oui.
M. Pepin (Marcel): L'affirmation qu'il vient de faire, c'est une
affirmation qui a été colportée par d'autres
jusqu'à maintenant. Ce n'est pas lui qui l'a inventée. Je pense
que nous ne sommes pas contre le syndicalisme lorsque nous défendons des
membres, lorsque nous défendons le droit à la négociation,
lorsque nous défendons le droit strict que nous avons, que les
travailleurs soient traités un peu convenablement dans la
société. Si je voulais maintenant faire des affirmations, je
pourrais me demander comment lui et les autres tolèrent le pourcentage
de sans-travail dans la province de Québec et qu'eux ne seraient pas
antisociaux, et que nous autres, parce que nous faisons une grève
légale pour réclamer des avantages, nous deviendrions tout
simplement et contre le syndicalisme et contre la société. Je
pense bien que ce droit que nous avons, nous pouvons l'exercer. Je pense
qu'avec les démonstrations qui ont été faites devant le
député il doit se rendre compte que la CTCUM est loin d'avoir agi
de bonne foi, à moins que vous ne soyez prêt à dire que
tout ce que fait la partie patronale, c'est toujours bien et, le mauvais, c'est
toujours du même côté.
M. Harvey (Charlesbourg): Je m'en tiendrais, pour terminer,
à dire que je retiens tout de même 55% et 115%. Vous ne
m'enlèverez tout de même pas cela.
M. Pepin (Marcel): Retenez donc ce que vous voudrez de ce
côté. Si vous voulez qu'on négocie ici, on va
négocier. Quand vous faites les comparaisons, regardez, je les ai faites
devant la commission parlementaire depuis 1972. Où est-ce que nous en
sommes situés? Je vous les fais depuis 1967. Est-ce que nous avons droit
à un enrichissement plus grand que 1.7% sur une période de huit
ans? Je pense que vous-même, si vous le négociez le conflit,
regardez le débat, vous allez devenir d'accord bien plus facilement avec
moi qu'avec d'autres.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, tout à
l'heure, il reste qu'en terminant, vous aviez parlé de 12% qui ont
été proposés plus 11% dans un an, ce qui fait à mon
point de vue 23% mathématiquement. Vous avez à ce moment
établi la comparaison des gens qui portaient un revolver, qui avaient eu
10% et 15% dans un an.
M. Pepin (Marcel): 15% d'abord, 6% en...
M. Harvey (Charlesbourg): Cela fait 25% avec 2% d'écart,
quand même.
M. Pepin (Marcel): II n'y a pas que cela. Vous biaisez.
M. Harvey (Charlesbourg): Vous avez biaisé aussi.
M. Pepin (Marcel): Non, monsieur, je n'ai pas biaisé, j'ai
dit les chiffres.
M. Harvey (Charlesbourg): 11% et 12%, cela fait 23% qui sont
proposés.
M. Pepin (Marcel): Cela fait plus que 23%. Si vous saviez
compter, cela fait plus que cela.
M. Harvey (Charlesbourg): ... 11% plus 12%, c'est 23%.
M. Pepin (Marcel): C'est parce que les 11% se prennent sur les
12% aussi.
M. Burns: C'est ça!
M. Harvey (Charlesbourg): C'est encore plus, M. le
Président.
M. Pepin (Marcel): C'est encore plus? Vous me scandalisez encore
davantage.
M. Harvey (Charlesbourg): Très bien!
Le Président (M. Séguin): Le député
d'Iberville.
M. Burns: Les 15% plus les 10%, cela fait plus que 25%?
Le Président (M. Séguin): Le député
d'Iberville.
M. Tremblay: M. le Président, je constate que chaque
minute que nous passons ici, après avoir discuté depuis 15 h 10
cet après-midi, retarde indûment le service de transport en commun
pour les citoyens de la ville de Montréal, des banlieues, et
naturellement cela rejoint nos comtés.
J'aurais, M. le Président, une motion à déposer, et
si vous me permettez d'en donner la teneur, cela sera illico.
Le Président (M. Séguin): Faites-nous part de votre
motion.
Motion pour poursuivre la médiation et
reprendre le transport en commun
M. Tremblay: Alors: "Que la commission formule le voeu que la
médiation spéciale se poursuivre dès ce soir, et que
simultanément le service de transport en commun reprenne normalement
à Montréal."
C'est la teneur de ma résolution.
Le Président (M. Séguin): Sur la motion.
M. Burns: Sur la motion, M. le Président, je pose
simplement la question au député d'Iberville: N'a-t-il pas
l'intention, avant qu'on dispose de sa motion, d'entendre la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal?
M. Tremblay: Moi, pour autant que je suis concerné, si M.
le Président me permet de mettre aux voix ma motion...
Le Président (M. Séguin): Oui, on peut toujours
mettre la motion aux voix. Je pense que ce que le député de
Maisonneuve demande ou suggère, à ce moment-ci, c'est
précisément un peu ce qu'il a fait vendredi, lorsqu'il a suspendu
sa motion, avec l'assurance qu'on revienne à vous immédiatement
après que nous aurons entendu M. Hanigan. Il y a aussi le
problème d'ajournement ou de suspension. Je ne propose pas
d'ajournement, mais je devrai, je pense, proposer, très prochainement,
la suspension, c'est-à-dire dans quelques minutes. Nous arrivons
à 6 heures.
Maintenant, si la commission le désire, il y a certainement moyen
de continuer, si on pense, à l'intérieur d'une demi-heure,
pouvoir terminer nos travaux. On peut continuer une heure si nécessaire.
Mais puisqu'il faut sortir pour le dîner, le café étant
fermé ici, il faut quand même permettre une période
suffisamment longue pour que les gens qui doivent sortir du Parlement puissent
le faire et revenir pour une séance ce soir, si elle devait avoir
lieu.
M. Bourassa: ... faites une proposition, M. le Président,
selon laquelle on pourrait prolonger jusqu'à vers 7 heures, au lieu de
revenir à 8 heures.
Le Président (M. Séguin): Je n'ai pas d'objection
à cela, M. le premier ministre, mais je préviens, si vous voulez,
les membres de la commission, de la situation qui existerait. Naturellement,
vous êtes maîtres de ce que vous voulez faire ici. Nous n'avons pas
d'heure fixe.
Quelle a été, sur la suggestion faite par le
député de Maisonneuve, votre décision en ce qui concerne
votre motion?
M. Tremblay: Si je vous comprends bien, M. le Président,
vous consentez à ce qu'après que M. Hanigan aura
été entendu, je revienne avec ma proposition?
Le Président (M. Séguin): Si vous êtes
toujours désireux de la poursuivre à ce moment.
M. Tremblay: Je suis désireux, certainement... Le
Président (M. Séguin): C'est ça.
M. Tremblay: ... d'y revenir dès que nous aurons
terminé... Pardon?
M. Burns: Même avant que vous l'entendiez, vous êtes
toujours désireux...
NI. Bourassa: Le député a dit qu'il y avait des
centaines d'électeurs dans son comté qui étaient
affectés par la grève et qu'il voulait mettre fin à la
grève aujourd'hui. Alors, le député a le droit de faire
une proposition pour mettre fin à la grève aujourd'hui.
M. Tremblay: Le député de Maisonneuve semble
très peu soucieux des tracas des Montréalais dans le moment.
Le Président (M. Séguin): Je pense que la
suggestion faite par le député n'était pas dans ce sens.
Est-ce que, de fait, vous suspendez votre motion?
M. Tremblay: Je suspends la motion quitte à la
reprendre...
Le Président (M. Séguin): ... lorsque nous aurons
entendu M. Hanigan.
M. Tremblay: Très bien.
Le Président (M. Séguin): C'est cela?
M. Tremblay: Illico.
Le Président (M. Séguin): La commission convient de
cet arrangement?
M. Bellemare (Johnson): Sa motion est un voeu pieux
qu'émettrait la commission parlementaire et, si cela n'est pas suivi,
qu'est-ce que cela donnera?
Le Président (M. Séguin): Voici, M. le
député...
M. Bellemare (Johnson): J'aime mieux entendre M. Hanigan
avant...
Le Président (M. Séguin): Oui.
M. Bellemare (Johnson): ... et, s'il persiste quand même
après, on verra parce que là, c'est un voeu pieux bien
organisé au point de vue stratégique.
Le Président (M. Séguin): Ah! Je n'en suis pas.
M. Bellemare (Johnson): Cela ne serait pas M. Bourassa qui ne
serait pas sorti cinq minutes tout à l'heure?
Le Président (M. Séguin): Pas du tout. Non. Je ne
suis pas sorti. Un instant, s'il vous plaît et à l'ordre! Je ne
voudrais pas passer plus de temps sur un débat de procédure.
Pourriez-vous faire part à la commission, à ce moment-ci, du
contenu de votre motion? Nous suspendrons le débat et nous inviterons
entre-temps M. Hanigan à venir, s'il le veut, en avant, à la
table, pour que les membres de la commission puissent lui poser des questions,
à la suite de quelque énoncé qu'il pourrait avoir à
faire auparavant, tel que fait par M. Pepin.
Alors, voulez-vous nous énoncer votre motion? Il n'y aura pas de
débat à ce moment-ci.
M. Tremblay: Alors, j'énonce le texte de ma motion. "Que
la commission formule le voeu que la médiation spéciale se
poursuive dès ce soir, que simultanément le service de transport
en commun reprenne normalement."
Le Président (M. Séguin): Merci. M. Hanigan, si
vous voulez.
Partie patronale
M. Hanigan (Lawrence): M. le Président, messieurs les
ministres, messieurs les membres de la commission parlementaire, puisque le
temps est précieux, je vais, à ce moment-ci, me limiter à
dire que le rapport du médiateur, M. Pilotte, d'après ce qu'on me
rapporte est exact et conforme à la vérité.
M. Bourassa: M. Hanigan, vous... C'est seulement une
question...
M. Burns: Question de règlement. M. Bourassa:
Oui.
M. Burns: C'est parce que nous n'avons pas théoriquement
le droit de continuer, après 18 heures. Je consens de toute façon
à ce qu'on continue.
Si on pouvait essayer de penser en termes de six heures et demie et si,
d'autre part, cela devait continuer, moi, je n'ai pas d'objection à
revenir après huit heures.
M. Bourassa: Disons dans une heure et quart, à peu
près, au maximum.
M. Burns: Vous avez commencé par parler de sept heures et
là, vous êtes rendu à sept heures et quart. Moi, j'avais
pensé à six heures et demie.
M. Bourassa: Non, non, sept heures. Entendons-nous pour sept
heures. Si on n'a pas fini pour sept heures, on reviendra demain.
M. Burns: Là, on va nous dire: II reste cinq minutes. Et
on va... On reviendra demain.
M. Bourassa: Non, non, à sept heures.
M. Burns: Moi, je dirais plutôt... Je vous fais la
suggestion. Ecoutez, je n'ai pas d'ordre à donner à la
commission, mais il me semble qu'il y a acceptation, semble-t-il. Je n'ai pas
consulté mes trois autres collègues de l'Opposition, mais il me
semble que six heures et demie pourrait être une ligne qu'on se fixerait.
Si on n'est pas capable de finir... En tout cas, essayons donc jusqu'à
six heures et demie. Je donne mon consentement.
M. Bourassa: On verra à ce moment-là. M. Hanigan,
est-ce que vous avez terminé?
M. Hanigan: Oui, j'ai terminé. J'allais dire que, pour
gagner du temps, je répondrai aux questions.
M. Bourassa: Le gouvernement, par tous les moyens à sa
disposition, a essayé d'éviter la grève et essaie d'y
mettre fin. Votre opinion est que ce qui est écrit dans le rapport de M.
Laporte, c'est que les positions, sur certains points, sont
irréductibles.
Une Voix: M. Pilotte.
M. Bourassa: M. Pilotte, oui. Donc, si les positions sont
irréductibles, vous ne croyez pas que... M. Pilotte.
M. Burns: M. Laporte, c'est le sous-ministre.
M. Bourassa: Oui, oui.
M. Burns: Est-ce lui qui l'a rédigé?
M. Bourassa: Non. Tout l'après-midi, vous avez fait des
motions dilatoires. Pensez donc aux Montréalais, cinq minutes de temps,
au moins.
Donc, dans le rapport de M. Pilotte, il est mentionné que les
positions sont irréductibles. Cela veut dire que, pour vous, la
poursuite de la médiation pourrait être difficile, mais elle
pourrait quand même être poursuivie dans un dernier effort, avant
que le gouvernement n'intervienne par une loi spéciale, parce qu'il y a
trois options: Ou il y a la poursuite de la médiation... S'il y a
d'autres solutions, si le député de Beauce-Sud a d'autres
solutions brillantes à proposer, on est prêt à
l'entendre.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'on vous a
dérangé, parce que...
M. Bourassa: Non, c'est parce qu'il a murmuré, il a
sursauté quand j'ai parlé...
M. Bellemare (Johnson): Non, non, il m'a parlé à
moi. Voyons!
M. Roy: Le premier ministre...
M. Bourassa: Je dis qu'il y a trois solutions: Ou il y a la
poursuite...
M. Bellemare (Johnson): Vous êtes après...
M. Bourassa: ... de la médiation, ou il y a le recours
à l'arbitrage, ou il y a une loi spéciale qui imposera
l'arbitrage. On ne peut pas demander au gouvernement, je pense bien du
moins, on peut y réfléchir quelques heures mais je ne vois
pas comment on peut demander au gouvernement de se substituer aux parties dans
le détail des négociations. Je ne crois pas qu'il y ait de
précédent là-dessussi le député de
Johnson peut m'en citer où le gouvernement ou il y en a
très peu inclurait dans la loi spéciale le
règlement lui-même.
Ou on poursuit la médiation, ou on accepte l'arbitrage, ou on a
une loi spéciale. Il y a une chose qui est absolument sûre pour le
gouvernement, c'est que la grève ne peut pas se poursuivre tellement
longtemps encore parce que les Montréalais sont profondément
dégoûtés de la grève du transport actuellement. J'en
ai été témoin moi-même et j'ai eu des milliers de
représentations là-dessus, de la part des citoyens de
Montréal, et il est normal que le gouvernement assume ses
responsabilités.
M. Hanigan: M. le Président, en réponse au premier
ministre, nous partageons l'opinion du médiateur, M. Pilotte, que les
positions sont tellement irréductibles qu'il semble qu'il serait
difficile ou très laborieux, de tenter de régler par la
médiation. Cependant, si nous sommes invités à retourner
à la table de médiation, il est bien évident que nous y
serons. Mais les positions sur les clauses majeures sont encore... Il y a
plusieurs clauses communes majeures, incluant les clauses salariales, où
l'écart est très grand.
M. Bourassa: II n'y a pas eu de progrès sur les clauses
salariales du tout? Est-ce qu'il y a eu des contre-offres du syndicat, des
contre-propositions du syndicat sur les clauses salariales?
M. Hanigan: Non, M. le Président.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que c'est vrai ce que les journaux
rapportent au sujet de la conférence de presse, que vous n'avez pas
prévenu l'autre partie de l'offre qui avait été faite
publiquement? Je lis comme tout le monde et j'ai entendu tout à l'heure
certaines autres personnes la commenter en vertu des articles 41, 43, 123 et
131.
Je pense que le code du travail est ià, mais est-ce qu'il y a
quelque chose de fondé dans cette offre que vous auriez faite de 12%,
plus l'arbitrage pour les clauses restées en suspens?
M. Hanigan: M. le Président. En réponse au
député de Johnson, j'ai entendu moi aussi les affirmations des
deux personnes qui ont parlé et elles se sont contredites. Il y a une
des personnes, M. Pepin, je pense, qui a dit que j'avais fait une nouvelle
offre; et M. Beaudoin, je crois, qui est président du syndicat commun, a
dit que je n'avais rien offert de nouveau. Même eux ne s'entendent pas.
Ce que j'ai fait, ce que j'ai déclaré samedi après-midi
lors d'une conférence de presse, c'était que devant la situation
extrêmement pénible pour les usagers du transport en commun
à Montréal, la Commission de transport était prête,
pour autant que les travailleurs reviendraient à leur emploi, dès
lundi matin, à verser immédiatement les 12% que nous avions
offerts lors de notre offre du mois d'août. J'ai bien dit que, si la
médiation devait apporter des résultats au point de vue
pécuniaire supérieure aux 12% que nous aurions déjà
commencé à payer, les syndiqués recevraient la
différence. Deuxièmement, j'ai dit également que, si la
médiation devenait un échec, la Commission de transport
s'engageait à l'avance à accepter les décisions si un
arbitre était nommé. J'ai expliqué à la fin que
cette prise de position de la Commission de transport, d'une part, donnerait
aux usagers le service; d'autre part elle ne priverait pas les syndiqués
de leur salaire, ils recevraient 12% d'augmentation de salaire et ce sans
préjudice aux conditions possiblement plus avantageuses qu'ils
retireraient de la négociation ou d'un arbitrage possible.
M. Bellemare (Johnson): A ce moment-là, les
négociations se continuaient à la table et vos
représentants à la table n'avaient pas l'autorité de le
leur offrir directement, par voie de négociation.
M. Hanigan: C'était une prise de position de la Commission
de transport. Les représentants...
M. Bellemare (Johnson): Et hors de la table.
M. Hanigan: C'est exact. Nous ne changions pas effectivement,
comme l'a dit M. Jacques Beaudoin, l'offre que nous avions déjà
faite. C'étaient toujours les 12%.
M. Bellemare (Johnson): Ce que je voudrais savoir de vous, M.
Hanigan, c'est si vous aviez véritablement autorisé une autre
personne à la table des négociations représentant la
partie patronale à la faire, cette offre, devant la table de
négociations ou est-ce que vous ne l'avez pas faite
précédemment à M. Pilotte, qui était le
médiateur spécial?
M. Hanigan: La conférence de presse eut lieu à 4
heures et, au même moment, les textes de ma conférence de presse
étaient en route pour l'hôtel Sheraton où ils ont
été remis à notre négociateur.
Je crois que le médiateur en a pris connaissance au même
moment ou quelques minutes après.
Mais ce n'était pas de la négociation comme telle puisque
c'était clair dans le texte ou dans mon énoncé que les
négociations se poursuivaient puisque je disais bien, bel et bien, que
si la médiation devait apporter un règlement plus avantageux, au
point de vue salarial, que l'offre du mois d'août de la commission de
transport, la différence serait payée, les syndiqués
n'auraient rien perdu.
M. Bellemare (Johnson): Vous n'aviez pas informé
précédemment le médiateur spécial, quatre ou trois
heures auparavant?
Le médiateur qui avait été nommé, M.
Pilotte, n'en a pas pris connaissance, sauf par votre communiqué qui lui
est parvenu quelques minutes avant?
M. Hanigan: Notre négociateur, M. Guilbault, qui est
à ma gauche, était au courant du contenu de ma conférence
de presse. Il a été mis au courant environ 1 heure avant. Je n'ai
jamais été en communication avec M, Pilotte. Est-ce qu'il a
informé M. Pilotte? Je n'en sais rien.
M. Bourassa: M. Hanigan, pour revenir à un problème
d'actualité aujourd'hui, on me dit...
M. Bellemare (Johnson): M. Hanigan a demandé à son
conciliateur de nous donner la réponse, s'il avait oui ou non
informé M. Pilotte au préalable.
M. Guilbault (Jacques): Non, je n'ai pas informé M.
Pilotte, parce qu'à ce moment-là nous étions à la
table particulière. Deuxièmement, je crois... Non, je n'ai pas
informé M. Pilotte.
M. Roy: Pourquoi?
M. Burns: Quand lavez-vous informé?
M. Guilbault: Je l'ai informé quelques minutes avant, vers
4 heures moins cinq ou 4 heures.
M. Roy: Mais pourquoi n'avez-vous pas informé M. Pilotte
à partir du moment où vous avez été informé
de la...
M. Guilbault: Pourquoi, parce que ça n'était pas
une prise de négociations. Nous étions à négocier
des clauses particulières. Nous n'avions pas attaqué la question
salariale. J'avais informé M. Hanigan la veille au soir que je
n'entrevoyais aucun progrès sur les clauses salariales et les clauses
importantes. Je ne voyais pas l'utilité d'informer M. Pilotte parce que
ça n'était pas une contre...
M. Bellemare (Johnson): Cela fait longtemps que vous faites des
relations patronales-ouvrières?
M. Guilbault: Cela fait assez longtemps?
M. Bellemare (Johnson): Combien d'années? M.
Guilbault: 25 ans.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez pendant 25 ans oublié
que la négooiation et la médiation étaient des sujets
très délicats dans des négociations comme
celles-là?
M. Guilbault: Ecoutez, s'il y avait eu à avoir des
progrès au point de vue pécuniaire, c'est sûr que j'aurais
informé le président de la commission de transport. Ce
n'était pas une position de négociations, en d'autres mots, ce
n'était pas une proposition patronale de 15%, 16%, 17% ou 18%, 19%.
M. Hanigan: M. Beaudoin a dit tantôt que le pourcentage qui
était offert est le même. Maintenant, on a faussé la
vérité tantôt quand on a dit que j'avais offert 12% plus
l'arbitrage ou 12% et l'arbitrage.
Ce n'est pas à moi d'offrir l'arbitrage, c'est bien
évident. Je l'ai dit clairement tantôt. Je vais éviter de
me répéter.
Maintenant, ce que j'ai offert, c'est sensiblement la même
proposition que le député d'Iberville a faite tantôt, sauf
que, samedi dernier, j'ai offert, de plus, de commencer à payer 12%,
même s'il n'y avait pas de convention collective de signée.
M. Burns: L'arbitrage, vous ne l'avez pas offert, M. Hanigan,
dans votre affaire?
M. Hanigan: Non, je ne l'ai pas offert et je ne peux pas
l'offrir, non plus.
M. Roy: Dans la conférence de presse que vous avez
donnée, il était effectivement question des 12%?
M. Hanigan: Oui, M. le Président, ce sont les 12% qui ont
été offerts à la table de négociations. Je pense
que c'est le 20 août.
M. Roy: Mais avez-vous également parlé d'arbitrage
obligatoire dans votre conférence de presse?
M. Hanigan: J'ai dit que, si la médiation devait
s'avérer un échec, la commission de transport serait prête,
serait disposée à accepter un arbitrage, pourvu qu'il lie les
deux parties.
Advenant ce cas-là, les syndiqués n'auraient rien perdu,
puisqu'ils auraient retiré les 12% d'augmentation de salaire
rétroactivement au 12 juillet. L'arbitrage, qui prend plusieurs
semaines, se serait poursuivi et les conclusions de l'arbitrage auraient
été suivies.
M. Roy: Si on me le permet, M. le Président, cela veut
dire que, si j'ai bien compris, selon votre interprétation, la
dernière phrase qui est dans le dernier paragraphe de la lettre et du
rapport de M. Roger Pilotte: "C'est donc dire que certaines pro- positions sont
irréductibles", cela veut dire que, selon vous, toutes les propositions
ne sont pas irréductibles? Est-ce que c'est cela que vous voulez dire
par le fait que vous êtes prêt à en discuter, par le fait
que vous êtes prêt à continuer les négociations, par
le fait que vous êtes prêt à étudier pas certaines
clauses en particulier, mais toutes les clauses, soit particulièrement,
par groupe ou dans leur ensemble. Je ne suis pas un spécialiste dans les
négociations, mais, quand M. Pilotte nous dit dans son rapport que
certaines positions sont irréductibles, est-ce que vous êtes de la
même opinion que M. Pilotte?
Je ne vous questionne pas par rapport au côté syndical. Je
vous pose la question du point de vue patronal. Est-ce que les positions sont
irréductibles, les vôtres?
M. Hanigan: J'ai dit tantôt que nous étions
prêts à retourner à la table de négociations.
Lorsque nous sommes à la table de négociations et que nous
tentons d'arriver à une entente, ce qui se traduit par une convention
collective est généralement le fruit d'un compromis de part et
d'autre.
M. Roy: Pour la bâtir, cette convention collective, il faut
qu'il y ait préalablement une entente entre les deux parties. Au point
de vue de la discussion de l'entente, quelles sont vos positions actuellement?
Est-ce que dans l'attitude que la CTCUM adopte pendant les présentes
négociations, certaines propositions que vous avez faites sont
irréductibles? Est-ce qu'elles sont définitives?
M. Hanigan: Certaines.
M. Roy: Alors, c'est irréductible?
M. Hanigan: Certaines, j'ai dit.
M. Roy: Certaines. J'ai posé la question.
M. Bourassa: M. Hanigan, sur la question des chauffeurs
d'autobus...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Bourassa: Juste un point sur les chauffeurs d'autobus, si on
me le permet. Il y en a 3,500 qui sont empêchés de travailler et
qui sont pénalisés par cette grève. Qu'est-ce qui vous
empêche de faire circuler les autobus à Montréal?
M. Hanigan: Plus d'une raison, M. le Président, en
réponse au premier ministre. Tantôt, on a dit que c'était
parce que les caissiers n'étaient pas au travail. Il y a plusieurs
raisons.
D'abord, il y a des lignes de piquetage établies à tous
les garages.
M. Bourassa: N'a-t-on pas dit, du côté syndical,
qu'on était prêt à enlever les lignes de piquetage?
M. Hanigan: Si j'ai bien compris, on a dit qu'on était
prêt à laisser entrer les chauffeurs,
mais je n'ai pas compris qu'on était prêt... Je pense
qu'ils ont dit également qu'ils étaient prêts à
laisser, peut-être, travailler les chauffeurs, pourvu qu'ils n'effectuent
pas de travail qui est généralement fait par les gens de
l'entretien.
M. Hanigan: II y a une foule de travaux qui sont faits uniquement
par les gens de l'entretien, qui ne pourraient pas être faits par les
chauffeurs sans amener un conflit. Je crois qu'il y a plus d'une raison pour
laquelle nous ne pouvons pas maintenir le service. Je pense que la
première, c'est une question de sécurité. Lorsqu'il y a
des lignes de piquetage et que des véhicules tentent de traverser les
lignes de piquetage, il y a, assez souvent, de l'intimidation, des menaces ou
même des éléments de violence qui surviennent. C'est la
première raison et c'est la principale raison pour laquelle nous ne
pouvons pas mettre les autobus en circulation. Il y en a d'autres à part
cela, mais c'est la principale.
M. Roy: En somme, cela veut dire que la CTCUM s'oppose à
ce que les autobus sortent des garages et donnent le service aux
Montréalais.
M. Hanigan: M. le Président, je ne peux pas laisser passer
cette affirmation aussi facilement, parce que, tantôt...
M. Bourassa: II ne comprend jamais rien, M. Hanigan.
M. Roy: M. le Président, j'ai été poli
envers le premier ministre.
M. Bourassa: Oui...
M. Roy: Je pense, M. le Président, qu'on n'a pas
été convoqué ici pour s'amuser.
Une Voix: ... lui donner raison.
M. Roy: Je comprends. M. le Président, j'ai posé la
question à M. Pepin tout à l'heure. Je la pose à M.
Hanigan. On a parlé d'une grève. Il y a toutes sortes de choses
qui se disent dans les journaux, qui s'écrivent. On entend toutes sortes
de versions. Je veux savoir, étant donné que ce sont les deux
organismes impliqués actuellement, quels sont ceux qui ont
empêché les autobus de circuler à partir de trois heures,
jeudi dernier? C'est ma question.
M. Hanigan: M. le Président, à trois heures,
lorsqu'il y a eu le déclenchement de la grève, dans les quinze ou
vingt minutes qui ont suivi, nous avons arrêté le métro
pour des raisons qui sont faciles à expliquer. C'est que nous n'avions
pas d'électriciens.
Quant aux autobus, les instructions que j'avais données à
ce moment ou que nous avions données au service du transport
étaient que tous les autobus qui étaient déjà sur
la route devaient continuer jusqu'à la fin de leur journée de
travail. S'il n'y avait pas de ligne de piquetage qui empê- chait les
autobus de sortir, ils devaient sortir le nombre d'autobus requis pour servir
le public à l'heure de pointe. Mais, dès que les lignes de
piquetage ont été dressées, nous avions à sortir
plusieurs centaines d'autobus et nos représentants, à ce moment,
ont dû plaider et prier les piqueteurs de laisser sortir environ 200
autobus, uniquement pour aller chercher les écoliers des
différentes commissions scolaires qui nolisent nos autobus. Nous leur
avons dit: C'est presque inhumain de laisser des enfants, à plusieurs
milles de leur résidence, dans des écoles.
Les piqueteurs nous ont permis de laisser sortir 200 autobus, à
la condition que ce soit uniquement pour le transport scolaire. Pendant la
commission parlementaire, la semaine dernière, j'ai reçu un appel
de toute urgence du directeur du transport me disant: Nous avons des autobus
qui sont présentement en circulation et les chauffeurs ont reçu
des menaces d'entrer leur autobus au garage. C'est à la suite de ces
menaces ou de l'intimidation envers certains chauffeurs que la décision
a été prise d'entrer tous les autobus déjà sur la
route à compter de sept heures le soir.
M. Roy: A la suite des menaces, y a-t-il eu du vandalisme,
quelque chose de ce genre, des véhicules qui ont été
brisés?
M. Hanigan: II y a eu du vandalisme dans certains garages au
cours de la journée de jeudi ou mardi ou à peu près au
moment du débrayage.
M. Roy: Est-ce qu'à la suite de ce vandalisme
d'ailleurs vous l'aviez déclaré à la commission
parlementaire, je regarde votre déclaration ici, à la page 1105
est-ce que des enquêtes ont été faites à la
suite de ce vandalisme? Est-ce qu'il y a eu des accusations de
portées?
M. Hanigan: II n'y a pas eu d'accusation portée, car il ne
nous était pas possible de découvrir qui avait commis ces actes
de vandalisme. Maintenant...
M. Roy: De quelle nature étaient ces actes de
vandalisme?
M. Hanigan: II y a un cas où le tuyau d'un
réservoir à l'huile a été sectionné et, je
pense, quelques centaines de gallons d'huile se sont échappés
dans un garage ou dans une fosse qui est généralement
occupée par des mécaniciens lorsqu'ils travaillent en-dessous des
autobus. Il y a eu des réservoirs, je crois, d'autobus qui ont
été enlevés. Il y a eu des boyaux à air
coupés. Il y a eu également des légumes de jetés
dans les réservoirs de carburant.
M. Burns: Au total, M. Hanigan, vous avez eu combien d'autobus
avariés de cette façon? J'utilise le mot "avarié", parce
que c'est un mot populaire.
M. Hanigan: M. le Président, je n'ai pas le chiffre, mais
il faut bien comprendre qu'à 15 heures il
y a eu débrayage. La presque totalité des employés
de l'entretien sont partis immédiatement.
M. Burns: Ce n'était pas sur les lignes de piquetage.
M. Hanigan: Cela s'est fait, nous croyons, quelques minutes avant
le débrayage de 15 heures.
M. Burns: Vous n'avez pas d'idée combien d'autobus ont
été endommagés?
M. Hanigan: Je n'ai pas de chiffres précis. Je sais
combien d'autobus ont été endommagés l'an dernier, par
exemple.
M. Burns: Non, je ne vous parle pas de l'an dernier, je vous
parle de cette année.
M. Bourassa: Combien l'an dernier? M. Hanigan: 150.
M. Burns: Cette année, vous ne le savez pas. Est-ce que
c'est du même ordre?
M. Hanigan: Non, ce n'est sûrement pas du même ordre.
Je parle de l'an dernier pendant la grève qui a duré 44 jours.
Nous avons maintenu le service d'autobus durant une bonne partie de ces 44
jours. Alors, il y avait de ces dommages qui étaient causés
durant différentes journées et surtout presque toujours lorsque
les autobus étaient en circulation.
M. Burns: M. Hanigan, je vous avais posé la question,
c'est peut-être à M. Guilbault que je l'avais posée, mais
je n'ai pas pu avoir de réponse la dernière fois, relativement
aux règlements auxquels vous avez participé avec votre syndicat
des chauffeurs. Est-ce que vous avez maintenant des chiffres sur le coût
total, l'augmentation de la masse salariale, en pourcentage? Je me suis
laissé dire, je ne sais pas si c'est une rumeur, mais j'ai entendu dire
à travers les branches que cela pouvait être de l'ordre d'une
augmentation de 45% dans le cas des chauffeurs. Est-ce que vous êtes en
mesure de dire que c'est inexact?
M. Hanigan: M. le Président, la masse salariale va
être augmentée, par ce règlement, de $31,500,000 sur une
période de deux ans, pour 3,400 chauffeurs. En termes de pourcentage, je
n'ai pas le document ici en main.
M. Burns: Mais cela, est-ce que cela comprend, par exemple, la
prime d'amplitude, la nouvelle façon de compter le temps et demi, etc.?
Tous les bénéfices...
M. Hanigan: Oui, M. le Président.
M. Burns: ... sont inscrits là-dedans. Cela donne combien
de pourcentage, M. Bouvrette, peut-être?
M. Bouvrette (Jacques): M. Burns, à la dernière
convocation de la commission parlementaire, j'avais apporté avec moi les
chiffres que vous m'aviez demandés à la première
assemblée. Malheureusement, je ne les ai pas avec moi à cause des
négociations que nous avons eues depuis la dernière
assemblée. Nous sommes à l'extérieur de nos bureaux;
à ce moment, vous comprenez que les valises se vident, se remplissent
et, malheureusement, je ne l'ai pas avec moi. Mais, lors de la première
réunion de la commission parlementaire, je vous avais cité, de
mémoire, des chiffres que j'ai vérifiés par la suite. Les
augmentations de salaire pour les chauffeurs d'autobus représentent
$25.5 millions et les autres conditions de travail, dont spécialement
l'amplitude, qui est une condition propre aux chauffeurs d'autobus,
représentait $3.5 millions et environ $2.5 millions pour les autres
bénéfices, dont les jours de fête additionnels, qui est le
temps supplémentaire payé les jours de fête.
M. Hanigan: Monsieur...
M. Burns: Je m'excuse, M. Hanigan. Pour terminer là-dessus
avec M. Bouvrette, est-ce que vous avez une idée du pourcentage?
Même si je vous ai lancé le chiffre de 45% d'augmentation de la
masse salariale, c'est une rumeur et je ne suis pas en mesure de dire que c'est
cela. Mais est-ce que vous êtes en mesure de dire que l'augmentation de
la masse salariale est beaucoup inférieure à cela ou beaucoup
supérieure à cela dans le cas des chauffeurs?
M. Bouvrette: Je sais que de la façon qu'on la calcule, la
masse salariale, $31,500,000, en moyenne ne représente pas 45%. La
dernière année, l'augmentation du salaire des chauffeurs
d'autobus est de l'ordre d'un peu plus de 36%. Quant aux autres avantages
sociaux ou aux autres conditions de travail, telles que l'amplitude, je n'ai
pas fait le calcul spécifiquement. Je ne peux ni nier, ni confirmer le
pourcentage que vous avancez.
M. Burns: Est-ce qu'à un moment donné ou un autre
je ne le demande pas nécessairement à vous, M. Bouvrette,
mais peut-être à M. Hanigan ou à M. Guilbault plus
particulièrement au cours de la médiation, il y a des
chiffres de cette nature qui ont été discutés avec le
médiateur?
M. Guilbault: Non, aucun.
M. Burns: On n'a pas parlé de cela du tout du tout?
M. Guilbault: Non.
M. Burns: On ne s'est pas penché, du côté de
la Commission de transport, sur le fait de bâtir une offre salariale qui
ressemblerait à celle des chauffeurs?
M. Guilbault: C'est-à-dire que, du côté de
l'en-
tretien, les positions étaient assez finales. D'ailleurs, on l'a
entendu tout à l'heure. L'augmentation de salaire qu'ils demandent est
d'environ 55% et, vous l'avez entendu tout à l'heure comme moi, c'est
une position qui est finale.
M. Burns: Mais entre-temps, pendant que la médiation
fonctionnait, vous n'avez pas, vous c'est ce que je comprends du
côté de la CTCUM, tenté de bâtir une
équivalence entre la proposition qui a été signée
avec les chauffeurs et la proposition qu'éventuellement vous vous
apprêteriez à faire à la section des sédentaires, si
on peut dire, de la CTCUQ?
M. Guilbault: Comme vous le savez, M. Burns, une convention
collective, c'est un tout. Le coût à l'heure de travail comprend
énormément d'avantages sociaux et de conditions de travail. Nous,
jusqu'à hier soir ou tard cette nuit, nous avons discuté certains
avantages sociaux comme les jours de maladie, par exemple, et d'autres
avantages sociaux où le syndicat est en demande et dont les demandes
sont supérieures à celles des chauffeurs d'autobus. Les
négociations, aussi, c'est un jeu de propositions et de
contre-propositions. Alors nous avons fait une offre en améliorant
certains avantages sociaux comme les vacances, comme les jours de fête
chômés et payés, qui augmentent graduellement le coût
à l'heure de travail.
Les avantages sociaux et les conditions de travail ont été
discutés, ou les clauses générales qui sont contenues ont
été discutées, si ma mémoire est fidèle,
environ à deux heures ce matin où on a achevé de les
discuter.
Toute la semaine a été consacrée surtout aux
clauses particulières avec les résultats que nous sommes
arrivés avec pratiquement 95% des clauses particulières
réglées dans la section des caissiers et le pourcentage que vous
avez dans les deux autres unités de négociation. Concernant les
chauffeurs, nous avions fait des offres. Il faut comprendre que les points en
litige étaient uniquement les clauses salariales, les quelques
conditions de travail.
Il faut comprendre aussi que le règlement est l'aboutissement
d'une contreproposition syndicale. Nous avions fait des offres, on a fait
d'autres offres, le syndicat a fait des contrepropositions et nous sommes venus
à un règlement sur une contreproposition syndicale. Dans ce
cas-ci, la proposition syndicale, au moins pour le secteur de l'entretien
M. Beaudoin l'a mentionné tout à l'heure ou M. Pepin
est de 55% d'augmentation, plus un nombre assez considérable
d'avantages sociaux, d'améliorations des conditions de travail.
M. Burns: De toute façon, l'aspect pécuniaire, si
je comprends bien, depuis le début de la médiation de M. Pilotte,
n'a pas été discuté.
M. Guilbault: Je m'excuse, les salaires.
M. Burns: Les salaires, oui; excusez-moi. L'aspect du salaire n'a
pas été discuté. Vous avez touché à d'autres
éléments pécuniaires de votre proposition ou de la demande
syndicale.
M. Guilbault: On y a touché, oui. C'est assez
compliqué. Il y a des demandes pécuniaires qui sont contenues
dans les clauses particulières et dans les clauses
générales. On a touché, on a discuté la presque
totalité des demandes pécuniaires, mais pas nécessairement
le salaire.
M. Burns: Dernière question, M. Hanigan. Je veux juste me
faire préciser quelque chose sur votre offre de 12%, faite lors d'une
conférence de nouvelles. Est-ce que la première fois que vous
aviez fait cette offre de 12% au syndicat? Vous aviez, de près ou de
loin, fait référence à une possibilité d'arbitrer
le conflit éventuellement.
M. Hanigan: Non, M. le Président.
M. Burns: L'élément nouveau qu'il y avait dans cela
était cette référence à un arbitrage.
M. Hanigan: Je regrette, j'ai dit que, si la médiation
devait aboutir à un échec, nous faisions part à l'avance
que nous serions disposés à accepter un arbitrage.
M. Burns: Cela, l'aviez-vous dit au syndicat? M. Hanigan:
Ce n'était pas une proposition.
M. Burns: Pour clarifier l'affaire, M. Hanigan. avez-vous une
copie de votre conférence de nouvelles? Y a-t-il moyen que vous en
remettiez une copie aux membres de la commission?
Votre réponse me semble oui.
M. Hanigan: C'est exact, pour le journal des Débats.
M. Burns: Véritablement ma dernière question, M.
Hanigan. Quand M. Pilotte, dans son rapport, qualifie d'irréductibles
certaines positions entre les parties, est-ce que vous pensez, ou vos
conseillers spécialisés en matière de relations
patronales-ouvrières pensent-ils que le fait que vous fassiez une
proposition, même si elle était la même que celle qui avait
déjà été faite, serait de nature à
améliorer ces positions irréductibles entre les parties?
M. Hanigan: Nous étions d'avis, M. le Président,
que cela ne nuisait nullement aux négociations qui étaient en
cours par voie de la médiation et que cela pouvait contribuer à
redonner le transport en commun et, également, assainir le climat
puisque les syndiqués auraient immédiatement touché
l'augmentation de salaire de 12%.
M. Burns: Mais si vous pensez que cela pouvait assainir le
climat, pourquoi n'avez-vous pas pensé à passer par l'entremise
des gens avec qui vous négociiez déjà depuis un certain
temps? Cela n'aurait-il pas été une meilleure façon
d'assainir le climat?
M. Hanigan: C'est une question d'opinion. Nous avons
procédé de cette façon; alors, nous avons informé
le public et, par le fait même, toutes les parties
intéressées, à peu près en même temps que le
texte était transmis à nos représentants patronaux.
M. Burns: Ne pensez-vous pas, M. Hanigan, qu'en faisant cela,
ça ne faisait que rendre encore plus irréductibles certaines
positions qui sont qualifiées comme telles par le médiateur?
M. Hanigan: C'est surprenant que cela aurait eu...
M. Burns: Cela vous surprend? M. Hanigan: Oui,
monsieur.
M. Burns: Je ne vous ai pas entendu commenter l'accusation de
mauvaise foi que faisait M. Pepin de votre attitude. Avez-vous des commentaires
à nous livrer là-dessus?
M. Hanigan: Si je commençais à passer des
commentaires sur toutes les allusions...
M. Burns: Sur celle-là en particulier?
M. Hanigan: ... qu'a faites M. Pepin, je pense qu'on pourrait
siéger encore quelques heures.
M. Burns: Sur celle-là, cela ne vous tente pas d'en
faire?
M. Hanigan: Parce qu'il y en a beaucoup. Il y a certaines
affirmations, d'autres faussetés que M. Pepin a mises de l'avant
tantôt que je n'ai pas relevées parce que je ne voulais pas
prolonger la séance.
Si on parle de mauvaise foi, M. Pepin a droit à son opinion en ce
qui me concerne. Moi, j'ai la conscience en paix.
M. Burns: Bon. M. Hanigan, dans une ligne ouverte à
laquelle vous avez participé cette semaine, à Montréal, et
dans laquelle on relevait, justement, cette attitude de la part de la CTCUM qui
était, semble-t-il, aux dires de l'auditeur en question,
irrégulière, vous avez qualifié les représentants
syndicaux de personnages en qui vous n'aviez plus confiance. Pouvez-vous parler
là-dessus?
M. Hanigan: On pourrait peut-être citer un exemple, M. le
Président. On a dit tantôt qu'on n'empêcherait pas les
chauffeurs d'autobus, tout en gardant certaines réserves,
d'exécuter leur travail. Mais au moment où nous nous parlons, les
lignes de piquetage empêchent notre personnel-cadre d'entrer au bureau
des ateliers Crémazie et ce, pour aller chercher des documents. Le
personnel-cadre des ateliers Crémazie a tout de même le droit
d'entrer dans l'édifice, ces gens ne sont pas en grève, eux. Les
lignes de piquetage les empêchent de traverser pour aller chercher des
documents dont ils ont besoin. Je pense qu'en voici un exemple.
M. Burns: Est-ce que vous avez discuté de ça avec
les représentants syndicaux?
M. Hanigan: Je ne négocie pas avec les
représentants syndicaux, ce sont nos...
M. Burns: Hanigan, je viens de tout comprendre.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: Vous négociez avec le public, avec les lignes
ouvertes, c'est ça.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Hanigan: Je ne négocie pas par ligne ouverte, j'ai fait
part de la position de la commission de transport lors d'une conférence
de nouvelles. Si on parle de lignes ouvertes, je ne suis pas le seul à y
aller, aux lignes ouvertes. Parce que pendant que les négociations se
poursuivaient, c'était tellement important de régler la
convention collective, il y avait le président du front commun qui se
promenait dans les lignes ouvertes au lieu d'être à la table des
négociations alors qu'il m'accusait de ne pas être à la
table des négociations.
Maintenant, je demanderais que M. Bouvrette réponde à
votre question de tantôt.
M. Bouvrette: En ce qui concerne les ateliers Crémazie,
nous avons demandé au directeur de grève, des services
essentiels. Nous l'avons demandé à d'autres personnes qu'au
directeur de grève, mais on nous a référés au
directeur de grève qui a accepté qu'un certain nombre de
personnes puissent entrer dans les bureaux de la commission de transport afin
qu'on prépare la paye des employés d'entretien et des chauffeurs
d'autobus de jeudi prochain et du jeudi suivant. Or, les documents auxquels on
fait allusion actuellement sont les feuilles de temps de la journée de
jeudi dernier qu'on ne peut pas aller chercher, même s'il y a eu entente
avec le directeur de grève.
M. Harvey (Jonquière): Deux questions, M. Hanigan, parce
que vous avez répondu aux deux premières que j'avais
posées à M. Pepin sur le rapport final du médiateur, M.
Pilotte; je vous pose la dernière, est-ce que vous considérez la
qualité du travail du médiateur comme satisfaisante ou
médiocre ou insatisfaisante?
M. Hanigan: M. le Président, en réponse au ministre
du Travail, je crois que M. Pilotte a fait un excellent travail. Il a fait tout
ce qui était humainement possible dans des circonstances
extrêmement difficiles, si l'on tient compte de la courte période
de temps et du dossier très volumineux qu'il avait en main.
M. Harvey (Jonquière): Merci.
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? S'il n'y a pas d'autres questions, je vous remercie M. Hanigan et je
cède la parole au député d'Iberville, sur son point de
motion.
Motion de M. Tremblay (suite)
M. Tremblay: M. le Président, je dépose ma motion
à laquelle nous avons référé tout à l'heure
et en voici le texte: "Que la commission formule le voeu que la
médiation spéciale se poursuive dès ce soir, que
simultanément, le service de transport en commun reprenne
normalement".
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'il y a
débat sur la motion? Le député de Maisonneuve.
M. Burns: C'est simplement une question que j'ai à poser.
Ce n'est sûrement pas au député d'Iberville que je devrais
poser la question, c'est probablement au premier ministre ou encore au ministre
du Travail. Mais, si on procède par voie hiérarchique, je vais
demander au premier ministre, en admettant qu'une telle motion soit
adoptée par la commission, est-ce qu'ily a un délai imposé
à la médiation de M. Pilotte?
M. Bourassa: M. le Président, je pense que, s'il y a
retour au travail et si nous pouvons facilement convoquer la commission
parlementaire la semaine prochaine pour avoir un autre rapport du
médiateur, comme on avait procédé il y a deux semaines, je
crois que cela va de soi. Pas besoin de l'inscrire dans la motion.
Ce que veut le député et je pense bien que les
députés ministériels et probablement les
députés de l'Opposition sont également d'accord
c'est d'essayer de régler le conflit sans que la grève se
poursuive. Il y a eu des accrochages sérieux aujourd'hui à
Montréal, en plus des centaines de milliers de travailleurs qui sont
pénalisés et qui deviennent de plus en plus
dégoûtés de la situation.
Je pense que tous les députés doivent être unanimes
pour trouver une solution autre que la poursuite de la grève.
M. Burns: II n'y a pas, si je comprends bien, de délai
fixe prévu à la médiation de M. Pilotte?
M. Bourassa: M. Pilotte pourrait faire rapport. Si la motion
était acceptée par les deux parties, M. Pilotte pourrait faire
rapport dans une semaine.
M. Roy: Quand vous dites dans une semaine, est-ce que ce serait
mardi ou jeudi prochain?
M. Bourassa: Mardi.
M. Roy: Mardi. Est-ce que c'est votre intention de reconvoquer la
commission parlementaire mardi prochain?
M. Bourassa: On verra.
M. Bellemare (Johnson): Ce qui me surprend le plus, M. le
Président, c'est que, dans sa lettre, il dit: "Je vous remets mon
rapport final et définitif sur la médiation spéciale".
Une Voix: C'est le mandat qu'on lui a donné.
M. Harvey (Jonquière): II a suivi le voeu de la commission
parlementaire de vendredi dernier.
Une Voix: La motion était comme cela.
M. Harvey (Jonquière): La commission va conclure, ce soir,
par un voeu également, au moment de la motion d'ajournement, qui va
venir immédiatement après la motion du député
d'Iberville, celle que nous avons sur la table.
Le Président (M. Séguin): Y a-t-il d'autres
commentaires sur la motion?
M. Burns: M. le Président, je pense que, même si
cela m'est difficile de formuler une opinion sur la proposition qui est faite,
je n'ai pas de difficulté à voter en faveur d'une telle
proposition. C'est encore une fois insistons sur ce point un voeu
de la commission. La proposition du député d'Iberville est
à deux volets, c'est-à-dire que la médiation continue,
chose qui ne relève absolument pas de notre pouvoir. On a le droit
d'exprimer ce voeu.
Le deuxième volet, c'est la reprise normale du service du
transport, à Montréal, chose que personne n'est en mesure de ne
pas souhaiter. Je souhaite cette reprise comme tout le monde; mais, encore une
fois, c'est quelque chose qui ne relève pas de notre point de vue, qui
ne relève pas de notre juridiction, qui relève d'un tas de
facteurs, soit du désir de la commission de sortir ses autobus, soit
encore cela peut être un autre élément le
désir des travailleurs concernés de retourner au travail, soit
dit en passant, de travailleurs qui ont le droit d'être en grève,
qui sont légalement en grève.
Je n'ai aucune espèce d'objection, M. le Président,
à voter en faveur de cette résolution, tout en vous disant que,
comme le disait un peu le député de Johnson tout à
l'heure, il s'agit d'un voeu pieux. Je n'ai pas de tendance à être
contre les voeux pieux, mais, par contre...
M. Bourassa: C'est un voeu unanime.
M. Burns: Non, le voeu unanime, je sais d ailleurs que le premier
ministre s'apprête à l'exploiter de façon extraordinaire.
Je ne suis pas dupe, mais je sais qu'il va exploiter cela et, si jamais
l'arrêt de travail dure encore en fin de semaine, il va l'exploiter quand
il va enregistrer son émission de fin de semaine.
M. Bourassa: Ah non! M. Burns: Ah oui!
M. Bourassa: Ce que je veux, c'est la fin de la grève.
M. Burns: Moi aussi, tout le monde veut cela, voyons donc! Les
travailleurs eux-mêmes veulent la fin de la grève.
M. Bourassa: Quelle est votre solution?
M. Burns: Je vous dis actuellement: Remettez M. Pilotte au
travail, je suis entièrement d'accord. Si les parties peuvent se
rapprocher, on va peut-être être en mesure de juger s'il est
possible, qu'à plus ou moins court terme, il y ait une entente entre les
parties là-bas. Ne pensez pas qu'une commission parlementaire qui
exprime un voeu vienne découvrir une solution miracle. Il y a
énormément de négociations à faire. Je pense que
les trois séances de la commission parlementaire que nous avons eues
jusqu'à maintenant nous ont confirmé cela. Il y a
énormément de travail qui aurait dû être fait,
même avant qu'il y ait une commission parlementaire. Cela n'a pas
été fait.
On s'est dit et on s'en est bien gardé depuis le
début, le plus possible, malgré certains écarts de quelque
côté que ce soit qu'il fallait le moins possible politiser
ce conflit. Je souhaite, encore une fois, que le premier ministre ne se mettra
pas à jouer dans les oreilles des travailleurs, si jamais ils
décident de ne pas retourner au travail, ce qui est parfaitement leur
droit, je tiens à le dire, qu'il ne se mette pas à jouer dans
leurs oreilles en les traitant de faire une grève injustifiée,
barbare et tous les qualificatifs qu'il pourrait imaginer pour son
émission de fin de semaine.
M. Bourassa: On se croise les bras, on ne fait rien.
M. Burns: Je dis, M. le Président, que je suis d'accord
sur ce voeu exprimé par la commission. J'espère que le travail de
M. Pilotte comme médiateur continuera à porter des fruits, si
tant est qu'il en a porté jusqu'à maintenant. Dans ces
circonstances, je n'ai pas de réticence à voter en faveur du voeu
de la commission.
M. Roy: M. le Président, en ce qui me concerne, je n'ai
pas de réticence moi non plus à voter pour la motion qui est
actuellement présentée. Je n'oublie pas moi non plus que la
motion n'est qu'un voeu. C'est un voeu que les membres de la commission
parlementaire expriment. Je dis que ce voeu peut être valable à la
seule condition qu'il y ait de la bonne foi des deux côtés. S'il
n'y a pas de bonne foi dans un seul des deux côtés, il est
évident que notre motion, notre voeu unanime n'a aucune valeur. Je pense
et je fais une suggestion, une demande à l'endroit des deux parties en
cause actuellement. Dans des conflits de ce genre, si on regarde le
passé, les accusations, les erreurs, les embêtements ou en quelque
sorte les bois dans les roues qui ont pu être mis de part et d'autre
je dis bien de part et d'autre si on regarde le passé et
qu'on passe son temps à analyser le passé, il est évident
qu'on n'avance pas.
Je pense qu'il y a une situation qui est importante. Il y a bien des
principes qui sont en cause à l'heure actuelle. Il ne faudrait pas
être dupe non plus. Je m'adresse encore aux deux parties. Il ne faudrait
pas être dupe non plus et faire le jeu de certains autres. Je pense qu'on
me comprend quand je parle du jeu de certains autres. Il ne faut pas oublier
qu'il y a d'autres négociations dans d'autres secteurs à l'heure
actuelle. Je pense que si chacune des deux parties peut faire preuve
suffisamment de bonne volonté, mais en oubliant le passé... Qu'on
oublie le passé et qu'on regarde l'avenir, qu'on oublie les erreurs de
part et d'autre et qu'on s'assoie en toute bonne foi devant une table de
négociations, qu'on accepte de négocier et qu'on ne dise pas
avant de partir qu'il y a des positions ou qu'il y a des questions sur
lesquelles nous avons une position irréductible. Je pense qu'on me
comprend. Si on part avec cette intention d'un côté comme de
l'autre, il est évident que notre motion va demeurer un voeu pieux et
j'ai la crainte qu'elle ne devienne un vieux pieu.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, la motion de
l'honorable député d'Iberville se lit comme suit: "Que la
commission formule le voeu que la médiation spéciale se poursuive
dès ce soir. " Mais il y a une condition: "Que simultanément le
service de transport en commun reprenne normalement." Il faudrait savoir de ces
gens s'ils sont prêts à reprendre les négociations, mais
aussi le service. On n'est pas ici pour rien, nous. On voudrait le savoir.
Seriez-vous prêts à reprendre les négociations dès
ce soir, de bonne foi, mais à reprendre aussi normalement le service? Ce
serait très important pour la commission de le savoir. En
définitive, voulez-vous véritablement coopérer avec nous
pour régler le conflit d'une part, le patronat, d'autre part, le
syndicat? Là, il y a un voeu qui nous demande de voter en faveur d'une
médiation spéciale dès ce soir, mais aussi de reprendre
immédiatement normalement le service. Il faut que vous nous disiez si on
a travaillé pour rien pour vous aider, oui ou non, ou si on doit tout
laisser tomber, ou bien s'il faut aller à une loi spéciale.
Il faut que vous fassiez votre part, comme le patron. Le patron doit
donner l'exemple, c'est sûr, mais vous aussi, il faut que vous
collaboriez. Sinon, la commission parlementaire équivaudra à
zéro.
M. Bourassa: Vote, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Alors, est-ce...
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'on va reprendre le service ce
soir ou demain, normalement?
Le Président (M. Séguin): C'est une
impossibilité en ce qui... On ne peut pas décider cela ici.
M. Bourassa: Nous verrons demain.
M. Bellemare (Johnson): Ils sont assez nombreux pour...
Le Président (M. Séguin): Je devrais consulter les
membres. Je ne sais pas. Je n'ai pas d'autre choix que de demander le vote
à ce moment-ci. Si vous n'êtes pas d'accord, M. le
député, vous savez, vous votez contre la motion. Cela, c'est
votre droit.
M. Bellemare (Johnson): Ne me donnez pas d'indication, je suis en
faveur.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que je dois
considérer la motion comme étant adoptée unanimement par
les membres de la commission?
M. Burns: C'est clair, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Motion unanime. Alors, on
ne désire pas un vote à main levée là-dessus.
Vous aviez quelque chose à dire, M. le ministre?
M. Harvey (Jonquière): Le vote. Je parlerai
après.
Le Président (M. Séguin): C'est adopté
unanimement.
Motion d'ajournement
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, à
moins que quelques autres membres de la commission n'aient quelque chose
à dire, je voudrais présenter une motion d'ajournement, mais je
pense qu'il y en a un qui a demandé la parole.
M. Bourassa: M. le Président, juste pour répondre
à la préoccupation extrêmement légitime du
député de Johnson, qui a passé à travers le
même conflit il y a sept ou huit ans et qui veut savoir s'il y aura
retour au travail. Nous le saurons demain matin et c'est pourquoi nous voulons
ajourner à demain après-midi.
Nous aurons un conseil des ministres demain matin. Nous verrons si la
motion unanime de la commission parlementaire est acceptée de part et
d'autre. Je le répète, elle est unanime, ce sont tous les
partis... et je ne crois pas qu'on ait intérêt à poursuivre
la grève.
Je ne vois pas en quoi cette grève peut être poursuivie
à l'avantage de quelque partie que ce soit. Donc, si on en est
conscient, on va retourner au travail et, demain après-midi, nous
prendrons note de cette situation pour ajourner une nouvelle fois pour le
rapport du médiateur. Si on ne retourne pas au travail, le gouvernement,
demain matin, aura à envisager des hypothèses comme
celles-là. Espérons que ce ne sera pas le cas. Il pourra aviser
demain après-midi de ses intentions.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, messieurs! Le
député de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, je veux tout simplement, avant
la motion d'ajournement, dire simplement ceci, pour ajouter à ce que
vient de dire le premier ministre, c'est que, s'il y a retour au travail, ce ne
sera sûrement pas le voeu unanime de la commission parlementaire qui
arrivera. Quant à moi, cela me paraît très clair que ce
sera l'atmosphère des négociations via les bons services du
médiateur qui incitera les travailleurs à retourner au travail.
Ce n'est pas autre chose que cela qui va les inciter.
Avant cela, c'est de la foutaise que de s'imaginer que parce qu'on
émet un voeu, cela va être automatique.
M. Harvey (Jonquière): On verra.
M. Burns: Je vous dis, cela c'est mon opinion, en tout cas je
veux que vous sachiez bien, quand vous ferez vos commentaires, demain, M. le
premier ministre...
M. Bourassa: Pourquoi êtes-vous ici d'abord?
M. Burns: Je suis ici pour tenter d'aider à la solution du
conflit, si je peux.
M. Bourassa: Vous sous-évaluez votre rôle par ce que
vous venez de dire.
M. Burns: Non, je vous dis tout simplement, que je ne pense pas
que ce soit l'expression d'un voeu qui va faire faire un retour au travail. Ce
sera plutôt l'atmosphère de la médiation qui va reprendre
dès ce soir, je l'espère.
M. Bourassa: Vous auriez dû vous abstenir.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, avant de
proposer la motion d'ajournement, devant le voeu unanime exprimé par la
commission, comme il y aura une réunion du cabinet, demain, je ferai
rapport de la situation, à l'heure où la séance du cabinet
aura lieu, en présentant tous les choix possibles. Entre-temps, je
propose que la commission parlementaire ajourne ses travaux, à demain
après-midi, trois heures.
Commission parlementaire, demain après-midi à trois
heures. Cette commission demain après-midi à trois heures, c'est
une motion d'ajournement.
Le Président (M. Séguin): Alors, voici, un instant
s'il vous plaît.
M. Burns: Bien, il a le droit de parler lui. M. Roy: J'ai
le droit de parler sur la motion.
Le Président (M. Séguin): La motion
d'ajournement...
M. Roy: Motion d'ajournement, on a le droit de parler. Dix
minutes.
Le Président (M. Séguin): Un représentant
par parti reconnu pour dix minutes.
M. Roy: M. le Président, je suis un peu surpris
de la proposition du ministre et j'ai mon droit d'être surpris
à ce moment-ci. On a discuté cet après-midi, on a
parlé de bonne foi de part et d'autres, on a parlé du rôle
que les parlementaires devraient apporter, on vient devant une commission
parlementaire, moi je m'interroge encore plus sur les intentions réelles
du gouvernement à voir ses intentions cachées.
M. Bourassa: Mais pourquoi, vous n'avez pas...
M. Roy: M. le Président, je m'excuse mais je fais des
commentaires sur la motion qui est actuellement à venir.
M. Bourassa: Vous êtes le seul à n'avoir rien
compris.
M. Roy: M. le Président, cela me regarde et je n'ai pas de
permission à demander au premier ministre et j'ai hâte qu'il
comprenne que je ne suis pas un "yes man" au service du gouvernement
libéral. J'ai hâte que le premier ministre comprenne. On a
discuté...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre,
s'il vous plaît! Je demanderais au public ici présent, si ces gens
sont désireux de continuer avec nous pendant les quelques minutes qui
vont suivre, de bien vouloir prendre leur place et de s'abstenir de toute
expression pour ou contre les propositions ou les commentaires faits ici
à la table.
M. Harvey (Jonquière): Chaque parti a dix minutes.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: Je viens d'entendre le ministre du Travail dire que j'ai
dix minutes. Je ne prendrai pas dix minutes, je vais en prendre une, tout
simplement, pour dire ceci. Cet après-midi, j'ai posé des
questions. Il y a eu des discussions autour de cette table et on a parlé
d'une séance de commission parlementaire dans une semaine, mardi
prochain. J'ai pris la peine d'interroger moi-même le premier ministre
à ce sujet.
On nous arrive à la toute dernière minute, à sept
heures moins six minutes, avec l'ajournement de la commission à demain
après-midi. La question que je me pose...
M. Bourassa: Question de règlement. M. Roy: La
question que je me pose...
M. Bourassa: Question de règlement. Juste pour
expliquer.
M. Roy: Non, non, je ne demande pas d'explication au premier
ministre. Je dis ceci.
M. Bourassa: Le député de Maisonneuve a compris,
lui.
M. Roy: Je dis ceci. On demande, en toute bonne foi et en toute
sincérité et le premier ministre a obtenu
l'unanimité des membres de la commission que le médiateur
spécial, M. Roger Pilotte, soit nommé à nouveau.
Justement, le ministre vient de nous l'annoncer. On a demandé, chacun de
son côté, aux parties en cause de négocier en toute bonne
foi. En ce qui me concerne, je leur ai demandé d'oublier le passé
et de regarder l'avenir.
Est-ce qu'on peut logiquement demander à un médiateur
d'aller rencontrer les deux parties en cause en leur demandant la bonne foi et
en leur disant que c'est demain après-midi à trois heures que la
commission parlementaire reprend?
M. Harvey (Charlesbourg): II n'a rien compris!
M. Roy: Tout le monde va se demander pourquoi la commission
parlementaire va siéger, quelles seront les résolutions ou les
motions qui pourront être faites devant la commission parlementaire. On
n'en sait rien, à ce moment-ci, alors la porte est ouverte à
toutes les spéculations. Je dis que cette façon de
procéder rend tout simplement le voeu pieux, que nous avons émis
tout à l'heure, caduc.
M. Bourassa: Le député de Johnson... M. Roy:
C'est mon opinion et j'y ai droit.
M. Bourassa: ... pour répondre au député de
Beauce-Sud, a soulevé une question très légitime je
ne sais pas s'il m'écoutait quand j'ai répliqué
là-dessus en disant: C'est beau, on demande au médiateur
de reprendre son travail, mais qu'est-ce qui arrive pour le retour au travail?
J'ai répondu, à la demande du député de Johnson,
que le député de Beauce-Sud connaît bien, en disant que la
façon de répondre à sa question c'est, demain, de se
réunir de nouveau pour voir si, de fait, la question posée par le
député de Johnson aura une réponse. C'est tout.
Si la réponse est négative, on verra les choix qui
s'offrent au gouvernement et à la commission. Si la réponse est
positive, on ajournera la séance, comme je l'ai dit tantôt,
à mardi prochain. Ce n'est pas plus compliqué que cela.
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: ... sur la motion, très brièvement,
j'aurais infiniment préféré que la motion ajourne ses
travaux sine die.
Le Président (M. Séguin): Que la commission. M.
Burns: Pardon?
Le Président (M. Séguin): Que la commission. M.
Burns: J'ai dit quoi?
Le Président (M. Séguin): La motion.
M. Burns: Excusez. Que la commission ajourne ses travaux sine die
pour une raison bien simple. C'est que si on pense, comme je le disais tout
à l'heure, que l'atmosphère qui va présider à ces
négociations remises à nouveau entre les mains de M. Pilotte peut
aider à une reprise normale, comme dit la motion, du transport de
Montréal, je ne pense pas que c'est en ramenant la commission
parlementaire demain, qu'on va garder cette épée de
Damoclès au-dessus des parties.
D'autre part et là-dessus je partage le point de vue du
député de Beauce-Sud qui se pose des questions à haute
voix, puis je m'en pose également j'ai parlé, au cours de
cette séance de la commission, d'une espèce de scénario.
Je craindrais...
M. Bourassa: Faites voter contre la motion. Le
Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: Je craindrais qu'il s'agisse là du dernier
élément du scénario qu'on nous présente,
après que le conseil des ministres se sera penché sur la
situation, demain matin. On va, encore une fois, M. le Président,
probablement, se servir de la commission pour des fins politiques, pour
justifier un geste qui se prépare de longue main. Je blâme le
gouvernement de ne pas avoir le courage de dire, une fois pour toutes, ce qui
s'en vient, puis que sa loi est prête, puis que sa loi est dans sa
poche...
M. Bourassa: Avez-vous une autre solution?
M. Burns: ... puis qu'on nous amène...
Je ne vous parle pas de cela, je dis d'arrêter de jouer au farfelu
avec les gens du transport de Montréal, que ce soit la CTCUM ou que ce
soit les travailleurs. Vous jouez avec le monde. Ce qu'il y a de pire, vous
jouez sous le couvert d'une commission parlementaire qui fait partie de
l'institution démocratique au Québec. Moi, personnellement, cela
m'inquiète bien gros, votre cheminement là-dessus.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président...
M. Burns: C'est pourquoi, M. le Président, je vais voter
contre la motion. J'aurais voté en faveur d'une motion d'ajournement
sine die, parce que, comme tout le monde le sait, cette commission aurait pu
être rappelée n'importe quand, si le besoin s'en était fait
sentir. Là, on se sert de la commission comme d'un instrument politique,
à l'intérieur du scénario gouvernemental. Et
là-dessus, je ne suis pas d'accord.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, d'abord
dès le départ, lorsqu'on a convoqué une commission
parlementaire, il n'y avait qu'un but dans l'esprit de ceux qui en ont
formulé la demande, c'était d'amener les parties à la
table de négociation, table qui ne marchait pas. L'objectif a
été atteint à un rythme très lent.
A la deuxième séance, le voeu a été
exprimé de poursuivre la médiation. Je pense que le rapport
final, tel que contenu dans le voeu de la commission, a tout de même
présenté un dossier assez positif.
A la troisième séance, on peut conclure, à moins de
ne pas comprendre le sens des débats de cet après-midi, qu'il a
été question de bonne foi de part et d'autre.
Je pense qu'en ajournant à demain après-midi, à
trois heures, nous avons devant nous 20 heures qui vont nous permettre de
répondre à la question posée par le député
de Johnson. Entretemps, j'ai des responsabilités, j'aurai pu analyser la
situation. On ne demande pas aux parties de revenir demain après-midi
à trois heures, on n'a pas formulé de demande semblable, on n'a
pas demandé dans la proposition du député d'Iberville
d'avoir un rapport écrit du médiateur.
Je prendrai mes responsabilités aux deux endroits, demain au
conseil des ministres et, à trois heures, devant les rapports que
j'obtiendrai constamment de la part des officiers supérieurs de mon
ministère, spécialement mon sous-ministre.
M. le Président, je demande l'ajournement du débat
à demain, trois heures.
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît, il reste un droit de parole au député de
Johnson.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je trouve
singulier le processus de parvenir à un règlement de la
grève; le premier ministre disait il y a à peu près cinq
minutes: Nous aurons un conseil des ministres et nous aviserons. A ce
moment-là, s'il y a une commission parlementaire, c'est pourquoi? Alors
que le conseil des ministres, informé par le ministre du Travail, aura
pris sa décision? Parce qu'à ce moment-là, c'est le
conseil des ministres qui devra décider, la décision sera prise.
Pourquoi rappeler la commission parlementaire pour nous dire: Voici, il a
été décidé telle chose. Là, M. le
Président, joue maintenant le rôle du gouvernement plein et
entier...
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que le député
de Johnson me permettrait une question?
M. Bellemare (Johnson): ... celui de décider, après
le voeu que la commission vient d'émettre, si oui ou non, il doit y
avoir un autre geste qui doit être posé. C'est la
responsabilité...
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que le député
de Johnson me permettrait une question?
M. Bellemare (Johnson): Non, je ne vous ai pas interrompu, non,
non, non.
M. Harvey (Jonquière): Parfait.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président,
est-ce que ce n'est pas le rôle du gouvernement qui a la
responsabilité, après trois commissions parlementaires et
après un voeu qui vient d'être émis ce soir, si demain on
ne se rend pas à ce dernier voeu de la commission, de ne pas
décider quoi faire. A partir de là, pourquoi redemander la
commission parlementaire à trois heures quand la décision prise
par le gouvernement va être connue?
Je prétends que là se termine probablement la mise en
place de tout ce schéma qui fait qu'on s'en va directement vers une loi
spéciale. Si c'est une loi spéciale, que le gouvernement prenne
le problème et le règle comme il le veut, parce que je pense que
c'est le cheminement qui va aboutir demain matin. La commission parlementaire
demain après-midi pourra nous dire: Nous avons décidé. Et
l'on recommencera le débat? S'il y a une loi spéciale, nous
ferons la lutte de l'autre côté, dans la Chambre, vis-à-vis
de la loi spéciale.
M. Bourassa: Mais il n'y aura pas de loi spéciale si la
motion pour laquelle le député a voté est
respectée.
M. Bellemare (Johnson): Mais si elle ne l'est pas, le
gouvernement va prendre sa décision demain matin.
M. Bourassa: On le verra demain après-midi.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais le conseil des ministres...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Ecoutez! Un
instant!
M. Bellemare (Johnson): C'est le premier ministre qui a
sauté dans mon argument.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Mes
commentaires s'adressent à tout le monde. Vous le savez, dans votre
règlement, deuxième paragraphe de l'article 157, une motion
d'ajournement n'est pas débattable.
Toutefois un représentant de chaque parti a droit à dix
minutes pour ses observations et commentaires. Nous devons prendre le vote sur
la motion, sans qu'il y ait de débat.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je n'ai
absolument pas manqué au règlement. C'est quelqu'un qui est
entré, malgré moi, dans le débat et qui est venu
interrompre...
Le Président (M. Séguin): Je vous prie de
continuer.
M. Bellemare (Johnson): ... le peu de minutes que j'emploie pour
donner mon impression.
Je pense, en terminant, que maintenant que tous les moyens ont
été usés, si celui que l'on a fait tout à l'heure
par un voeu pieux ne se réalise pas, le gouvernement est en possession
de tous les renseignements, a en main tous les éléments pour
résoudre le problème, qu'il le fasse, c'est sa
responsabilité.
S'il y a une loi spéciale, c'est en Chambre que nous donnerons
notre opinion. Qu'est-ce que cela va nous donner demain après-midi,
à trois heures, de venir apprendre, par la bouche du premier ministre ou
du ministre du Travail, qu'une loi spéciale est convoquée et
qu'il y aura une session vendredi et samedi?
M. le Président, s'il n'y a pas de négociation ce soir,
s'il n'y a pas reprise du travail demain matin, notre voeu pieux n'est pas
réalisé. Donc, la commission qui a siégé trois
fois, en trois commissions parlementaires, n'est pas écoutée, le
gouvernement prendra ses responsabilités. A ce moment-là, le
premier ministre annoncera ses mesures.
Je pense bien que nous n'avons aucunement raison de revenir demain
après-midi pour entendre seulement cela. Sinon, cela va être un
débat acrimonieux qui va changer l'endroit de la Chambre pour venir en
commission parlementaire. Ce n'est pas ici que cela doit se faire.
Vote sur la motion
Le Président M. Séguin): Sur la motion du ministre
du Travail d'ajourner nos travaux à demain mercredi quinze heures, soit
à trois heures de l'après-midi, je voudrais enregistrer le vote
et je suivrai le tour de la table.
Le Président (M. Séguin): Le député
d'Iberville?
M. Tremblay: Pour.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saint-Maurice?
M. Bérard: Pour.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Charlesbourg?
M. Harvey (Charlesbourg): Pour.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Bellechasse?
M. Mercier: Pour.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Johnson?
M. Bellemare (Johnson): Contre. Venir faire des singeries pour
rien au...
Le Président (M. Séguin): Un instant s'il vous
plaît.
M. Bellemare (Johnson): Des singeries. Donnez-moi des commissions
parlementaires, je vais venir. Ne me donnez pas des choses comme
celles-là.
Le Président (M. Séguin): Vous avez voté
pour la motion.
M. Bellemare (Johnson): Oui, j'ai voté pour une motion
raisonnable, parce que vous aviez dit, cinq minutes avant que c'était
vous qui étiez pour la régler.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, à
l'ordre!
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare (Johnson): Oui, c'est correct. Je n'ai pas
parlé.
Le Président (M. Séguin): Vos années
d'expérience.
M. Bellemare (Johnson): Ah non!
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: Le député de Beauce-Sud vote contre. Pour
que le premier ministre ait bien compris, je répète, je vote
contre. Je veux que le premier ministre comprenne.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve?
M. Burns: Je vote contre, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Le
député... S'il vous plaît, messieurs, je vous en prie.
M. Harvey (Charlesbourg): A part cela, cela va bien, les
gars?
Le Président (M. Séguin): Le député
de Charlesbourg, s'il vous plaît! Le député de
Nicolet-Yamaska?
M. Faucher: Contre.
Le Président (M. Séguin): Contre la motion. Le
député de Bourget?
M. Boudreault: Contre. Pour. C'est pour avoir des
applaudissements.
M. Burns: M. le Président, on va être obligé
de demander un recomptage.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, je reprends le
vote. Le député d'Iberville? Je reprends le vote.
M. Tremblay: Pour.
Le Président (M. Séguin): Pour. Le
député de Saint-Maurice?
M. Bérard: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Pour. Le
déouté de Charlesbourg?
M. Harvey (Charlesbourg): En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Bellechasse?
M. Mercier: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Johnson?
M. Bellemare (Johnson): Contre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Beauce-Sud?
M. Roy: Contre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve?
M. Burns: Contre.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Nicolet-Yamaska?
M. Faucher: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Bourget?
M. Boudreault: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Sainte-Marie?
M. Malépart: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Portneuf?
M. Pagé: Pour.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Mercier?
M. Bourassa: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Jonquière.
M. Harvey (Jonquière): Pour.
Le Président (M. Séguin): La motion est
adoptée. Contre: 3; pour: 10. La commission ajourne ses travaux à
demain, quinze heures.
(Fin de la séance à 19 h 8)