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Commission permanente du travail,
de la main-d'oeuvre et de l'immigration
Conflit de travail à la Commission de transport
de la Communauté
urbaine de Montréal
Séance du 24 septembre 1975
(Quinze heures onze minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
Quatrième séance de la commission parlementaire du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration, en ce qui concerne le conflit
ou le problème de la CTCUM.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont
les suivants: MM. Bellemare (Johnson), Bérard (Saint-Maurice),
Boudreault (Bourget), Burns (Maisonneuve), Léger (Lafontaine), Bourassa
(Mercier), Harvey (Jonquière), Mercier (Bellechasse), Harvey
(Charlesbourg), Faucher (Nicolet-Yamaska), Pagé (Portneuf),
Malépart (Sainte-Marie), Roy (Beauce-Sud), Tremblay (Iberville).
Toujours avec le consentement de la commission, M. Malépart
(Sainte-Marie) sera le rapporteur.
M. Burns: Pas besoin d'être appuyé.
Le Président (M. Séguin): Non, à moins qu'il
y ait des objections. Continuant en quelque sorte la séance d'hier, je
cède la parole au ministre du Travail.
Rapport de la médiation
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, à
l'ajournement, hier, il avait été convenu d'une nouvelle
réunion cet après-midi où les parties
intéressées n'étaient pas convoquées
nécessairement pour prendre connaissance de ce qui s'était
produit depuis l'ajournement d'hier, et trois heures cet après-midi. A
deux heures quarante-cinq ce matin, il y a eu effectivement une première
réunion, réunion convoquée par M. Pilotte qui a pris les
dispositions pour entrer en contact avec les parties avant son départ de
Québec et, à la réunion de deux heures quarante-cinq ce
matin, il y avait M. Bernard Tessier des caissiers, président du
syndicat, Jacques Beaudoin, entretien, Serge Ménard, bureau, et deux
représentants du front commun CSN, M. André Cayer et M. Guy
Beaudoin. La partie patronale était représentée à
cette rencontre par M. Guilbault et Me Michel Sainte-Marie. Il y a eu, de la
part du médiateur, des explications données sur le sens de la
proposition adoptée par la commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvre et de l'immigration hier après-midi. Comme il n'y avait
pas de reprise du service de transport, il a convoqué une nouvelle
réunion pour huit heures ce matin. Il y a eu le départ de la
partie patronale, après quoi les prési- dents ont demandé
au président d'expliquer pourquoi on n'avait pas pu autoriser le retour
au travail des travailleurs sans avoir obtenu l'autorisation de leurs syndicats
respectifs.
Ce matin, à huit heures, il devait y avoir une réunion. A
la demande du syndicat, elle a été reportée à huit
heures trente minutes. Même question. Cependant, M. Tessier du syndicat
des caissiers s'est dit prêt à recommander le retour au
travail.
Il y a eu de nouveau ajournement parce que le service n'était pas
repris à midi trente minutes. Même question, même
réponse. Le médiateur a convoqué une nouvelle rencontre
pour cinq heures ce soir, attendant d'autres instructions de la part de son
sous-ministre.
C'est le rapport que je dois faire à la commission. Donc, il n'y
a pas de reprise du transport, ni de reprise des discussions en
médiation.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, j'aimerais d'abord savoir
c'est une question qui est relative au rapport du ministre
comment il se fait que le médiateur spécial, M. Pilotte, ait pu
interpréter le fait que, s'il n'y avait pas de retour au travail, il ne
devait pas y avoir de médiation.
Je m'explique. La commission parlementaire, hier, a exprimé un
voeu. Je pense que c'est clair aux yeux de tout le monde, que ce voeu
était à deux volets. L'un, que la médiation reprenne le
plus rapidement possible, je pense même que la résolution disait
"immédiatement", et que tout le monde souhaitait le retour à la
normale du transport à Montréal, chose que personne ne pouvait
décemment reprocher à une commission de demander, en ce qui
concerne le transport à Montréal.
Cependant, je pense qu'il a été clair, dans les
discussions qui ont eu lieu hier, qu'il n'était pas de la juridiction de
la commission parlementaire d'imposer quelque mandat que ce soit au
médiateur. De sorte que si le médiateur a refusé de faire
de la médiation parce qu'il n'y avait pas retour au travail, je
présume qu'il avait reçu des instructions d'ailleurs. Je
présume aussi que ces instructions, puisqu'il relève du ministre
en question, viennent du ministre du Travail.
J'aimerais avoir des détails sur ce point de vue. En ce qui me
concerne, je vous le dis tout de suite. La façon en vertu de laquelle
j'ai manifesté mon appui à la résolution hier était
assez claire à cet égard.
Je n'étais pas contre la reprise du transport de façon
normale, à Montréal, mais je ne faisais pas du retour au travail
qui ne paraît pas, soit dit en passant, dans la résolution
des employés d'entretien, des caissiers et des employés de
bureau une condition sine qua non de la reprise de la médiation.
J'aimerais que le ministre du Travail nous donne son point de vue
à ce sujet. Je pense que cela devrait éclairer le débat.
Moi, en ce qui me
concerne, cela m'a étonné d'apprendre, même avant la
commission parlementaire, qu'au moins à une reprise je ne
connaissais pas la deuxième le médiateur avait
refusé de faire toute médiation ou de participer à toute
médiation puisqu'il n'y avait pas de retour au travail.
M. Harvey (Jonquière): La...
M. Roy: M. le Président, avant que le...
M. Harvey (Jonquière): Un instant, je vais
répondre.
M. Roy: ... ministre ne réponde...
M. Harvey (Jonquière): Je vais répondre au
député de Maisonneuve.
M. Roy: ... j'aurais tout simplement quelque chose à
ajouter à la question posée par le député de
Maisonneuve.
M. Harvey (Jonquière): Vous la poserez après.
M. Roy: Vous pourriez répondre en même temps.
M. Harvey (Jonquière): J'aime mieux répondre.
M. Roy: C'est parce qu'habituellement, à une commission
parlementaire, on permet à chacun des...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Dans le contexte de la question du député de
Maisonneuve, je reconnais le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci beaucoup.
Le Président (M. Séguin): Faisant suite ou question
additionnelle à celle qu'il a posée.
M. Roy: Additionnelle à la question du
député de Maisonneuve.
Si j'ai bien compris le ministre tout à l'heure, il nous a dit
qu'à huit heures trente, ce matin, M. Tessier c'est M. Tessier
était prêt à recommander un retour au travail.
J'aimerais que le ministre nous explique quelles sont les démarches que
M. Tessier aurait faites. Est-ce qu'il a eu le temps de pouvoir faire ses
recommandations et est-ce que ses recommandations ont pu être
étudiées dans un délai raisonnable, avant qu'une
décision soit prise?
Le Président (M. Séguin): Le ministre du
Travail.
M. Harvey (Jonquière): Je vais commencer par
répondre au député de Beauce-Sud. Il n'y a pas de doute
que M. Tessier, s'il a donné une réponse semblable au
médiateur ce matin, comme il est président du syndicat des
caissiers, il avait probablement le mandat de son assemblée, ce que les
autres présidents, en l'occurrence MM. Jacques Beaudoin et Serge
Ménard, n'avaient probablement pas puisqu'ils ont clairement
indiqué, à la première réunion de cette nuit, qu'il
fallait qu'ils consultent leur assemblée générale pour
autoriser ou recommander un retour immédiat au travail.
Alors il est bien sûr que cette réponse, c'est M. Tessier
qui pourrait la fournir mais je pense que, s'il a pris sur lui de dire qu'il
était prêt à recommander le retour au travail, il doit
être en mesure de porter les conséquences des gestes qu'il pose,
M. Tessier. Je ne le connais pas personnellement.
En ce qui concerne la question posée par le député
de Maisonneuve, hier après-midi, à la fin de la séance, il
y a certains journalistes qui m'ont posé la question. J'ai dit: Je ne
suis pas le médiateur mais, si j'étais le médiateur, voici
l'interprétation que je donnerais au voeu de la commission.
Je n'ai d'aucune façon donné d'instruction au
médiateur, M. Pilotte, et je parle également au nom de mon
sous-ministre, M. Laporte. Nous l'avons laissé libre
d'interpréter le voeu formulé par la commission parlementaire
hier, puisqu'il a été mis au courant par mon sous-ministre des
discussions qui ont eu lieu hier après-midi. Il était
entièrement libre dans l'interprétation qu'il devait donner
à ce voeu et j'en aurai la copie tout à l'heure qui
demandait un retour à la table de médiation dès hier soir
et simultanément le service à la population.
C'est le voeu exprimé par la proposition du député
d'Iberville.
Ce matin, j'ai fait rapport au conseil des ministres. Je devrais ajouter
à mon rapport initial qu'il est bien sûr que le médiateur
spécial, M. Pilotte, ne s'est pas sauvé quand les groupes lui ont
parlé, soit dans le lobby, soit après les réunions qui ont
eu lieu, très brèves réunions, et il a
écouté. Il n'a pas négocié et il attend. Si
à cinq heures, à la nouvelle réunion, il y a un autre voeu
qui a été formulé, il y a des décisions de prises,
il suivra les instructions que lui donnera le sous-chef du ministère, M.
Laporte.
J'ai devant moi le texte de la motion qui a été
adoptée hier: "Que la commission formule le voeu que la médiation
spéciale se poursuive dès ce soir, que simultanément le
service de transport en commun reprenne normalement". Alors, je n'ai pas
à me prononcer sur l'interprétation qu'a pu donner le
médiateur. J'ai donné mon opinion. Avoir été
médiateur, j'aurais recommencé la médiation, si on m'avait
assuré devant une partie ou les deux parties présentes que le
voeu était rempli à 100%, c'est-à-dire
simultanément le service de transport en commun...
Et, comme il était 2 h 45 minutes au moment de la première
réunion, cela aurait été relativement facile et j'aurais
dû, comme lui, ajourner à 8 heures ou suspendre jusqu'à 8
heures.
Alors, il a adopté un rythme de réunion à toutes
les quatre heures, advenant le cas où le voeu de la commission serait
accompli.
M. Burns: M. le Président, je veux bien clarifier cette
question.
M. Harvey (Jonquière): Le député de
Maisonneuve me permettrait-il de dire qu'à la suite du rapport que j'ai
présenté au conseil des ministres, ce matin, le premier
ministre...
M. Burns: Dois-je le permettre? Je suis déjà
interrompu.
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît! Je permets, si vous voulez. Je reconnais le ministre, qui continue
une explication...
M. Burns: Ah! C'est une autre affaire.
Le Président (M. Séguin): ... qu'il avait
déjà commencé à donner d'ailleurs.
M. Harvey (Jonquière): Dans quelques minutes, au moment
où le premier ministre prendra la parole à la commission, il vous
informera, au nom du gouvernement du Québec, de la prise de position du
gouvernement à la suite du rapport que j'ai présenté au
cabinet à 12 h 30.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: Je voudrais savoir quand même
c'était le but de ma question, mais je n'ai pas reçu une
réponse satisfaisante, en ce qui me concerne, à ce sujet
si des instructions ont été données à M. Pilotte
relativement à son mandat ou au refus d'exécuter son mandat dans
les circonstances décrites par le ministre hier.
M. Harvey (Jonquière): La réponse est non, aucune
instruction, ni de ma part, ni de la part du sous-ministre.
M. Burns: Bon. Est-ce qu'on a dit à M. Pilotte, entre
autres, que la résolution qui avait été adoptée par
la commission hier n'était qu'un voeu et que, comme tel, ce voeu ne le
liait pas du tout? Est-ce qu'on a dit cela à M. Pilotte?
M. Harvey (Jonquière): M. Pilotte a eu une copie du texte
de la résolution adoptée, qui lui a été remise par
le sous-ministre et nous avons pris les dispositions pour l'envoyer
immédiatement à Montréal. Je dois ajouter, cependant,
qu'une des deux parties tentait de le rejoindre et il a quand même
quitté pour Montréal, pour la rappeler une demi-heure plus tard.
Je dois également rappeler au député de Maisonneuve que
j'ai été moi-même surpris de voir que la Presse canadienne
était en mesure d'annoncer, dès onze heures hier soir, la reprise
de la médiation vers deux heures du matin. Alors, il y a eu une
tentative.
M. Burns: Ce n'est pas ce que je vous demande. Ce que je vous
demande, c'est: Vous qui êtes l'autorité en matière
de...
M. Harvey (Jonquière): La réponse, c'est non.
M. Burns: Voulez-vous, s'il vous plaît, attendre? Vous ne
répondez même pas à la question quand je la pose. Et, quand
je la pose de nouveau parce que vous avez mal répondu ou parce que vous
avez répondu à côté, vous m'interrompez. Voulez-vous
écouter ma question, M. le ministre? Je vous demande simplement ceci:
Est-ce qu'il y a eu, en autorité, quelqu'un qui a dit à M.
Pilotte que la résolution qui avait été adoptée par
la commission parlementaire hier après-midi ne liait pas M. Pilotte,
mais que son mandat lui venait du ministre du Travail? Est-ce qu'il y a
quelqu'un qui lui a dit cela?
M. Harvey (Jonquière): Non, M. le Président.
M. Burns: II n'y a personne qui lui a dit cela. Devant cela, M.
Pilotte a jugé, si je comprends bien, qu'il était de son devoir
de ne pas agir comme médiateur tant et aussi longtemps qu'il n'y avait
pas de retour au travail?
M. Harvey (Jonquière): Oui, M. le Président. M.
Burns: C'est M. Pilotte qui a jugé de cela? M. Harvey
(Jonquière): Oui, M. le Président.
M. Burns: II n'y a pas eu d'instructions venant du ministre?
M. Harvey (Jonquière): Non, M. le Président.
M. Burns: Ni du sous-ministre?
M. Harvey (Jonquière): Non, M. le Président.
M. Roy: Du premier ministre?
M. Burns: Bon. En ce qui me concerne...
M. Harvey (Jonquière): Vous lui poserez la question, il
est assez vieux pour répondre.
M. Roy: Je ne l'ai pas posée à vous; je m'adresse
au président.
M. Burns: Est-ce qu'il est exact...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Il y a une
question à l'intérieur de la question du député de
Maisonneuve; est-ce qu'il accepte...
M. Roy: Je ne voudrais pas interrompre mon collègue, je
reviendrai.
M. Burns: Non, mais...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: Est-ce qu'il est exact, M. le Président, selon
les rapports qui vous ont été faits par
M. Pilotte parce que je présume que M. Pilotte vous a fait
des rapports que M. Pilotte aurait dit, hier soir, ou cette nuit, si
vous voulez: Je ne suis qu'un fonctionnaire, j'obéis aux ordres qu'on
m'a donnés.
M. Harvey (Jonquière): Dans toutes les tractations que
j'ai eues avec M. Pilotte, il a pris bien soin de les faire passer par l'ordre
hiérarchique, c'est-à-dire par le sous-ministre. Lorsqu'il m'a
appelé pour des choses, il m'a demandé si j'étais capable
de rejoindre M. Laporte plus facilement que lui, parce qu'il a eu à
l'appeler à plusieurs occasions, durant toute sa médiation, et
à aucun moment je n'ai, ni moi ni M. Laporte, donné
d'instructions pour l'interprétation du voeu de la commission,
spécialement depuis hier après-midi.
M. Burns: M. le Président, étant donné qu'il
n'y a pas moyen, apparemment, de poser des questions à M. Pilotte
lui-même, cela me déplaît beaucoup, depuis hier
après-midi on a tenté de faire entendre M. Pilotte soit
dit en passant, il était à Québec, je l'ai appris par la
suite; alors qu'on nous disait qu'il était parti se reposer chez lui, il
était à Québec j'aimerais bien cela que quelqu'un
me dise que ça n'a pas de bon sens. Il n'y avait pas moyen de le
rejoindre.
M. Harvey (Jonquière): II était à
Québec hier.
M. Burns: Bien c'est cela, il était à Québec
hier.
M. Harvey (Jonquière): On n'a jamais dit qu'il
n'était pas à Québec.
M. Burns: II était parti se reposer, à ce qu'on
nous a dit, que c'était impossible de le voir. Voyons donc, il...
M. Harvey (Jonquière): Voulez-vous savoir où il est
allé dormir...
M. Burns: II était dans un bureau du parlement.
M. Harvey (Jonquière): Non.
M. Burns: Bien, voyons donc! Il était dans un des bureaux
du parlement.
M. Harvey (Jonquière): II était parti, par la
suite...
M. Burns: Bien oui, c'est cela. Je ne charrie rien, cher
collègue...
M. Harvey (Jonquière): Non, non, il était parti se
reposer, puis on peut vous donner l'endroit où il s'est reposé,
puis l'heure où on l'a réveillé pour l'informer du voeu,
par l'entremise du sous-ministre, son patron.
Une Voix: Cela n'a aucune importance.
M. Burns: Cela a beaucoup d'importance, parce qu'hier
après-midi on nous a refusé des informations, a mon avis
importantes, que je suis en train d'essayer d'obtenir du ministre qui,
apparemment, ne les a pas.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, est-ce que
le député de Maisonneuve me permettrait d'ajouter un mot? Hier,
il s'agissait de M. Roger Pilotte, qui a agi comme médiateur. Quand les
commissions parlementaires siégeront et aussi longtemps que je serai
ministre du Travail, est-ce que je pourrais demander aux membres de la
commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre, en raison de la
rareté des ressources disponibles, autant au Québec qu'ailleurs
au Canada, en matière de spécialistes de relations de travail, de
ne pas insister, comme membres d'une commission, pour faire témoigner
des gens qui pourraient, par la suite, à la suite de certaines
réponses données à des questions qui ne seraient pas
pertinentes, ou qui auraient un caractère politique, briser leur
carrière.
Il ne s'agit pas de monsieur Pilotte; il s'agit du principe fondamental
de respecter le travail difficile qu'a à faire un médiateur quand
il agit dans des occasions ou des contextes extrêmement difficiles, comme
dans le cas qui nous intéresse.
M. Burns: J'avais pensé, M. le Président, qu'on
était venu ici pour prendre connaissance du conflit qui oppose les
parties. On nous a, d'abord, refusé la possibilité d'entendre M.
Pilotte. Moi, il me semblait que cela aurait été normal que M.
Pilotte vienne nous dire comment il se fait que, selon lui, les positions sont
tellement divergentes entre les deux parties qu'il n'y a aucun moyen par les
méthodes habituelles de régler ce conflit. C'est quand même
dans son rapport d'hier. J'aurais pensé qu'on aurait pu entendre
d'autres personnes. Maintenant, si on est ici simplement pour servir de caution
à des gestes éventuels du gouvernement, je vous dis tout
simplement écoutez je le fais en toute bonne foi que je
n'accepterai pas cela, d'être caution de gestes et de stratégie
déjà déterminés par le gouvernement.
Cela fait exactement deux fois que je pose des questions au ministre
relativement au rapport de M. Pilotte. Je n'ai pas l'intention de mettre M.
Pilotte en boîte, comme on dit habituellement. Je veux tout simplement
obtenir, comme on dit en anglais ""directly from the horse's mouth", de la
personne directement impliquée, un certain nombre de réponses.
Par exemple, est-ce que M. Pilotte, hier... Je n'ai pas eu cette réponse
encore et le ministre a bien de la difficulté à me le dire; je le
comprends, il ne peut pas le faire, il n'était pas là. Est-ce que
M. Pilotte a dit hier: Je ne suis qu'un fonctionnaire; j'obéis aux
ordres qu'on m'a données? Ecoutez, cela est important par rapport
à la première réponse qui a été faite par le
ministre, à savoir que le ministre n'a donné aucune
interprétation à M. Pilotte, que M. Pilotte a, à toutes
fins pratiques, interprété le souhait qui avait été
émis par la commission hier. C'est cela le problème et
moi, je vous dis et je maintiens que, lorsqu'on est dans une commission
parlementaire, en train de faire un souhait et qu'il y a deux
éléments de ce souhait, il me semble qu'il n'y a aucun
fonctionnaire au monde qui est lié par cela.
Cela me paraît comme cela, surtout lorsqu'on sait que la
commission parlementaire n'a aucun pouvoir. En tout cas, c'est pour cela que je
vous dis je reviens sur cette question que je trouve cela
étonnant que M. Pilotte n'ait pas été ici hier, ne soit
pas ici aujourd'hui. Je trouve cela étonnant que M. Pilotte ait
interprété un soi-disant mandat, qui n'en est pas un,
donné par la commission parlementaire comme posant une condition sine
qua non, c'est-à-dire le retour au travail ou bien il n'y a pas de
médiation.
Je vous dis, à ce moment-là, qu'il y a du monde quelque
part et j'aimerais bien savoir qui ayant tout
intérêt que la grève à Montréal ne se
règle pas, que la médiation ne se poursuive pas et
qu'éventuellement il y ait une loi spéciale.
J'aimerais bien savoir exactement qui sont les responsables de cela. Je
ne blâme pas M. Pilotte, je suis convaincu que M. Pilotte est
actuellement assis entre deux chaises, qu'il est obligé de prendre des
ordres du ministre, du sous-ministre et de tout le monde aux alentours.
M. Harvey (Jonquière): C'est faux.
M. Burns: Bien oui, c'est faux. Le ministre me dit que c'est
faux.
M. Harvey (Jonquière): Vous êtes obligé de
prendre ma parole. Je viens de nier, je viens de dire que je n'ai pas
donné d'instructions, ni mon sous-ministre.
M. Burns: Est-ce que, à votre connaissance, M. Pilotte a
dit: Je ne suis qu'un fonctionnaire, j'obéis aux ordres qu'on m'a
donnés?
M. Harvey (Jonquière): Je ne peux pas dire ce que M.
Pilotte a dit ou n'a pas dit. Je ne suis pas le Saint-Esprit.
M. Burns: Cela ne serait pas le "fun" que M. Pilotte soit ici.
C'est cela, la question.
M. Harvey (Jonquière): Non, cela ne serait pas le "fun"
parce que, tant que je serai ministre du Travail, les médiateurs, si on
veut les voir disparaître...
M. Burns: De la façon que vous êtes parti, cela ne
durera pas longtemps.
M. Harvey (Jonquière): ... et enlever les outils
indispensables pour des relations patronales-ouvrières au Québec,
le député de Maisonneuve en portera la responsabilité.
M. Burns: Ah, c'est cela!
M. Bourassa: M. le Président, pour ajouter aux
explications du ministre...
M. Burns: Je n'ai pas fini, M. le Président. M. Bourassa:
D'accord.
Motion pour entendre les représentants
patronaux et syndicaux
M. Burns: Je n'ai pas fini. Je veux tout simplement vous demander
s'il y aurait cette possibilité et j'en ferais motion
puisque la partie syndicale me paraît présente. La partie
patronale n'est pas dans la salle, mais elle n'est peut-être pas loin, je
ne le sais pas. Je fais donc motion pour qu'on entende les représentants
syndicaux relativement aux communications qui ont eu lieu puisqu'on ne
peut pas avoir M. Pilotte entre M. Pilotte et les représentants
ou les parties à la table de négociations.
Je propose, M. le Président, qu'on entende les
représentants syndicaux et, si possible, les représentants
patronaux relativement à la rencontre de cette nuit, qui, sauf erreur, a
eu lieu à deux heures du matin. J'en fais motion, M. le
Président.
M. Bourassa: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Sur la motion.
M. Bourassa: ... je me demande si cela avancerait tellement le
débat. Le député de Maisonneuve invoque les incidents
d'hier soir. Si on interprète la motion, si M. Pilotte avait entrepris
la médiation, on aurait pu l'accuser. Peut-être qu'il pouvait y
avoir un doute dans la motion. On aurait pu l'accuser de ne pas respecter la
volonté de la commission. Si on lit la motion comme telle, on peut
certainement interpréter le député de Maisonneuve
l'a interprétée d'une autre façon la motion comme
ne permettant pas une médiation réelle tant qu'il n'y a pas
retour au travail.
Nous verrons parce que j'ai à faire part de la
décision du conseil des ministres sur la convocation de
l'Assemblée nationale après cette séance ou à
l'occasion de cette séance à donner des instructions
à M. Pilotte pour qu'il entreprenne la médiation jusqu'à
la convocation de l'Assemblée nationale pour vendredi matin.
Mais je ne vois pas en quoi cela servirait. Je pense qu'il serait utile
d'entendre la partie syndicale sur ses intentions, d'ici la convocation ou
d'ici l'adoption de la loi, mais je ne vois pas pourquoi ce serait utile de
reprendre toute la discussion sur les incidents. Que M. Pilotte, en pleine
nuit, hier, ait décidé de ne pas entreprendre sa médiation
s'il y a une des conditions de la résolution qui n'était pas
respectée... Je crois qu'on ne peut pas le blâmer
là-dessus.
J'aurais interprété la résolution comme ne
demandant pas d'intervenir immédiatement dans la médiation.
Alors, la position du gouvernement sur cette motion, je pense que ce serait une
perte de temps. Je suis bien prêt à entendre la partie syndicale
sur ce qui peut arriver d'ici à vendredi, sur ce qui aurait pu arriver
au cours de la nuit dernière. Dans cette question, le gouvernement a
tout simplement pour objet de mettre fin à la grève,
d'éviter une loi spéciale.
Je ne vois pas comment on peut accuser le gouvernement, comme l'a dit,
tantôt, le député de Maisonneuve, de s'orienter vers une
loi spéciale. On a tout fait pour l'éviter, la loi
spéciale.
M. Burns: C'est ce que vous faites depuis une semaine.
M. Bourassa: M. le Président, j'ai demandé à
plusieurs reprises au député de Maisonneuve: Est-ce qu'il a une
autre solution?
M. Burns: Bien oui!
M. Bourassa: Laquelle? Donner les 45%.
M. Burns: Je vais vous en donner des solutions.
M. Bourassa: Donner les 45% pour cette année et avec tous
les effets d'entraînement pour 300,000 fonctionnaires?
M. Burns: Savez-vous, M. le premier ministre, qu'hier soir, la
partie syndicale était prête à aller faire une
contreproposition?...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: Saviez-vous cela?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: Puisqu'on a refusé carrément du
côté du médiateur de la faire.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: Saviez-vous cela.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Bourassa: Elle pourra la faire...
M. Burns: Et si M. Pilotte...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: ... avait décidé autrement
d'interpréter son texte...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: ... ou les ordres qui lui avaient été
donnés...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre!
M. Burns: ... savez-vous qu'aujourd'hui on aurait une tout autre
situation? Savez-vous cela, M. le premier ministre?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre!
M. Burns: Vous ne le savez pas, vous. Bien non, on a
refusé d'entendre tout le monde.
Le Président (M. Séguin): A Tordre!
M. Burns: On a dit: Non, il n'y a pas de retour au travail.
Alors, il n'y a pas de contreproposition.
M. Bourassa: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre!
M. Burns: Saviez-vous que la partie syndicale était
prête...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Burns: ... à faire une proposition sur une base de deux
ans...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: Saviez-vous cela? Bien non.
M. Bourassa: Ils pourront faire une contre-proposition.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A
l'ordre!...
M. Burns: Bien non, imaginez-vous donc! Bien non, mais là
on bloque tout le monde!
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, messieurs,
s'il vous plaît!
M. Burns: Là, après ça, ce sont les
méchants grévistes...
Le Président (M. Séguin): Je ne veux pas appeler
personnellement... A l'ordre! s'il vous plaît, à l'ordre!
M. Bourassa: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Je demanderais tout
simplement qu'on revienne à la motion qui est ici devant la
commission.
M. Roy: Sur la motion...
Le Président (M. Séguin): Le premier ministre, au
moment de mon interruption, avait la parole.
M. Roy: II est parti.
M. Léger: II est parti, il vient de perdre la parole.
M. Burns: II s'en va vérifier si c'est vrai ce que je
viens de dire. C'est cela.
M. le Président, je demande la suspension des travaux
jusqu'à ce que le premier ministre revienne, d'accord?
M. Harvey (Jonquière): Jusqu'au retour du premier
ministre, d'accord.
Le Président (M. Séguin): Mais en
considérant que, ou en reconnaissant qu'il y a une motion devant cette
commission.
(Suspension de la séance à 15 h 39)
Reprise de la séance à 15 h 42
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
Ayant quorum, je ne maintiendrai pas la suspension plus longtemps. Je
cède la parole au député de Beauce-Sud.
M. Burns: M. le Président, sur la question de
règlement...
Le Président (M. Séguin): Je cède la parole
au député de Beauce-Sud.
M. Burns: Question de règlement, M. le Président.
Est-ce que j'ai le droit de parole quand je dis cela?
Le Président (M. Séguin): C'est cela.
M. Burns: Bon. Alors, M. le Président, je m'excuse
auprès du député de Beauce-Sud. On a demandé la
suspension des travaux jusqu'à ce que le premier ministre revienne. Le
premier ministre nous a annoncé tout à l'heure qu'il livrerait
à la commission un certain nombre de dispositions qui ont
été prises par le conseil des ministres.
Si tel est le cas, je pense qu'il est essentiel, ou la commission est
une immense farce, je pense que le premier ministre devrait être au moins
ici pour entendre le député de Beauce-Sud et les autres
députés, même ministériels, qui pourraient
peut-être avoir des opinions différentes là-dessus.
Imaginez-vous que j'accorde aux députés ministériels
suffisamment d'indépendance de pensée pour peut-être avoir
des idées qui ne sont pas tout à fait exactement celles du
conseil des ministres.
A ce que je sache, ici, à part le ministre du Travail, il n'y a
pas grand monde qui a participé au conseil des ministres ce matin.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: M. le Président, il y a peut-être lieu que
le premier ministre, au moins, prenne connaissance des attitudes de la
commission parlementaire et des réticences de la commission
parlementaire avant qu'on nous annonce une so- lution bidon qui sera
décidée de toutes pièces au conseil des ministres.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: Je demande qu'on maintienne la suspension des travaux,
ce qui semblait être unanime tout à l'heure.
M. Harvey (Charlesbourg): II y a quorum.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: II n'était pas question de quorum tout à
l'heure. Il était question tout simplement de suspendre les travaux
jusqu'à ce que le premier ministre ait fini d'obtenir les informations
dont il a besoin...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Burns: ... pour faire compléter sa résolution,
sa proposition ou sa remarque.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Il y a quorum. La commission a quorum et je n'ai pas entendu
d'opinion de la part de la commission. Donc, je demande à ce moment-ci
que ceux qui sont pour la suspension le disent, ou ceux qui sont contre,
naturellement.
M. Roy: M. le Président, étant donné...
Le Président (M. Séguin): S'il vous plaît!
NI. Roy: M. le Président, je m'excuse, mais j'avais la
parole.
Le Président (M. Séguin): C'est pour la
suspension...
M. Roy: J'avais la parole. Il y a eu une question de
règlement et, sur la question de règlement, j'aurais quelque
chose à ajouter également avant qu'on prenne le vote.
Le Président (M. Séguin): Oui, du moment que ce
sera...
M. Roy: Sur le point de règlement. J'ai manifesté
tout à l'heure mon intention, je l'ai dit ici, devant la commission.
J'avais des questions à poser à l'honorable premier ministre.
A partir du moment où vous me donnez la parole pour que je puisse
interroger le premier ministre, il se sauve. Le premier ministre n'est pas
à la commission parlementaire et vous me donnez la parole. Alors, je
vais interroger qui? La chaise?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Roy: Alors, je dis que votre demande de suspension de la
commission, je voterai pour.
Le Président (M. Séguin): Vous voterez pour.
M. Roy: Je vais certainement voter pour. M. Pagé:
Question de règlement.
Le Président (M. Séguin): Sur un point de
règlement, le député de Portneuf.
M. Pagé: Oui, M. le Président.
M. Roy: Vous m'invitez à interroger les chaises!
Le Président (M. Séguin): Le député
de Portneuf, sur un point de règlement.
M. Pagé: M. le Président, vous appelez le vote sur
quoi? Sur une motion?
Le Président (M. Séguin): Je l'appelle sur une
suggestion, puisque cela n'a pas été présenté comme
motion, mais on a dit: Que la commission suspende ses travaux. C'est de la part
du député de Maisonneuve, qui était dans son droit de le
suggérer.
M. Pagé: A l'intérieur de sa question de
règlement.
Le Président (M. Séguin): Peu importent les
raisons, ce n'est pas de ce côté que j'envisage les choses. Je dis
tout simplement que je veux une expression de la part des membres de la
commission sur la suspension, puisque j'ai déjà rappelé
à l'ordre et que j'ai voulu, à l'intérieur d'un quorum de
commission, continuer nos travaux.
M. Pagé: M. le Président, j'ai le droit, sur la
question de règlement soulevée...
Le Président (M. Séguin): Allez.
M. Pagé: ... par le député de
Maisonneuve...
Le Président (M. Séguin): Oui.
M. Pagé: Si on relève le journal des Débats,
lorsque vous avez suspendu les travaux tantôt, vous avez soulevé
que la commission suspendait ses travaux à loisir.
Le Président (M. Séguin): C'est cela.
M. Pagé: La suspension n'était nullement
rattachée à la présence de qui que ce soit à la
table de la commission.
Le Président (M. Séguin):... exprimer au vote, M.
le député.
Tout ce que j'ai dit c'est: A loisir! A un moment donné,
lorsqu'il y a eu quorum, j'ai rappelé la commission à
l'ordre.
On reprend avec le vote.
Bellemare (Johnson), pour ou contre?
Bérard (Saint-Maurice)?
M. Bérard: Contre.
Le Président (M. Séguin): Boudreault (Bourget)?
M. Boudreault: Contre.
Le Président (M. Séguin): Burns (Maisonneuve)?
M. Burns: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Léger
(Lafontaine)?
M. Léger: En faveur.
Le Président (M. Séguin): Bourassa (Mercier)?
Une Voix: Absent.
Le Président (M. Séguin): Harvey
(Jonquière)?
M. Harvey (Jonquière: Contre.
Le Président (M. Séguin): Mercier
(Bellechasse)?
M. Mercier: Contre.
Le Président (M. Séguin): Harvey
(Charlesbourg)?
M. Harvey (Charlesbourg): Contre.
Le Président (M. Séguin): Faucher
(Nicolet-Yamaska)?
M. Faucher: Contre.
Le Président (M. Séguin): Pagé
(Portneuf)?
M. Pagé: Contre.
Le Président (M. Séguin): Malépart
(Sainte-Marie)?
M. Malépart: Contre.
Le Président (M. Séguin): Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: En faveur.
M. Burns: Ils ne veulent pas entendre leur chef parler!
Le Président (M. Séguin): Tremblay (Iberville)?
M. Tremblay: Contre.
Le Président (M. Séguin): Le vote décide en
faveur de reprendre. C'est dire que la suggestion qui a été faite
pour la suspension n'existe plus. Je
cède la parole immédiatement au député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'invoque une question de
règlement puisque je ne peux pas, évidemment, en commission
parlementaire, invoquer une question de privilège. Mais ma question de
règlement en serait une de privilège parce qu'on me cède
la parole, évidemment, après avoir manifesté mon intention
d'interroger le premier ministre, qui est le premier ministre du
Québec.
Nous sommes dans une circonstance un peu particulière. C'est la
quatrième séance de la commission parlementaire qui a lieu,
à la suite de l'initiative du gouvernement qui a décidé de
prendre une mesure tout à fait spéciale, d'innover, encore une
fois, pour tâcher que la situation du conflit qui prévaut
actuellement à Montréal soit discutée et débattue
devant une commission parlementaire.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, à
l'ordre!
M. Roy: M. le Président, je regrette. Je regrette, M. le
Président, mais il y a quand même une limite.
Le Président (M. Séguin): Je ne regrette pas, je
vous rappelle à l'ordre. Je vous dis tout simplement que la parole vous
a été cédée sur votre demande. Ayant exprimé
le désir de parler à la commission ou de vous exprimer ou de
questionner, je vous ai cédé la parole. Si vous ne voulez pas
employer votre droit de parole, dites-le tout simplement. Il ne s'agit pas,
ici, ni de privilège, ni de règlement.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Roy: M. le Président, j'ai le droit d'interroger...
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'il y a d'autres
membres...
M. Roy: M. le Président, je m'excuse, j'ai la parole.
M. Burns: Est-ce que c'est antiparlementaire?
M. Roy: Est-ce que c'est antiparlementaire, M. le
Président?
Le Président (M. Séguin): C'est beaucoup moins
antiparlementaire que les commentaires que vous avez faits hier.
M. Roy: M. le Président, vous m'avez donné la
parole. Je veux vous dire ceci. Vous m'avez donné la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! M. Roy:
Vous m'avez donné la parole.
Le Président (M. Séguin): Utilisez-là!
M. Roy: Je l'utilise, mon droit de parole. Mais je ne vous
demanderai pas d'avance quoi dire. Je veux que ce soit compris.
Le Président (M. Séguin): Je ne vous le
suggère pas non plus.
M. Roy: Bon! M. le Président, je suis en train de vous
dire que vous m'avez cédé la parole à la suite d'une
demande que j'ai faite, alors que le premier ministre était devant la
commission parlementaire, qu'il était présent. Le premier
ministre n'est pas ici, M. le Président. Alors je suis ici, à une
commission parlementaire, pour perdre mon temps, pour jouer le jeu du
gouvernement.
M. Boudreault: ...
M. Roy: Si vous prenez cela de cette façon et si on ne
peut pas interroger les gens en autorité dans le Québec, tel que
le premier ministre de la province de Québec, je dis que je n'ai
absolument rien à faire à cette commission parlementaire. C'est
une perte de temps. Je m'en vais.
M. Burns: Je suis d'accord avec le député de
Beauce-Sud. Je ne vois pas pourquoi on perdrait davantage notre temps à
cette commission parlementaire.
M. Harvey (Charlesbourg): Un autre scénario!
M. Burns: On nous fait littéralement perdre notre temps,
on se sert de la commission uniquement en vue de préparer un
scénario; je ne suis pas d'accord pour participer à cela.
M. Malépart: M. le Président, une question de
règlement. Contrairement au député de Beauce-Sud et au
député de Maisonneuve, n'étions-nous pas en train de
discuter de la motion du député de Maisonneuve, à savoir
si on devait entendre les parties?
Le député de Beauce-Sud s'en va. Son droit de parole
était pour discuter si on devait entendre les parties ou non, alors
qu'il veut interroger le premier ministre. Peut-être a-t-il besoin des
conseils du premier ministre j'en suis persuadé pour
savoir s'il doit voter pour ou contre le fait d'entendre les parties, mais je
ne pense pas que nous étions ici... On devait prendre la parole sur la
motion du député de Maisonneuve.
Le Président (M. Séguin): II y a quorum. Y a-t-il
des questions sur la motion ou des commentaires à faire sur la
motion?
M. Harvey (Charlesbourg): Hier soir, à l'ajournement,
à la suite de l'adoption de la motion qui a été
proposée par le député d'Iberville, nous avons convenu
d'une rencontre et d'ailleurs, le vote a été
nécessaire à quinze heures cet après-midi, aux fins
de recevoir le rapport, ou enfin, le consensus du conseil des ministres suite
au
rapport que devait présenter le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre. Je pense qu'à quinze heures cet après-midi,
c'était le but de la rencontre.
Le premier ministre est avec nous. Malgré l'absence de
l'Opposition, nous allons, je crois, permettre au premier ministre...
Le Président (M. Séguin): A la motion.
M. Harvey (Charlesbourg): Toujours sur la même
question...
M. Harvey (Jonquière): Pour répondre au
député de Charlesbourg, il est bien sûr que d'abord,
à quinze heures cet après-midi, je devais faire rapport sur les
choses qui s'étaient passées entre le moment de l'adoption du
voeu unanime de la commission parlementaire, y compris la partie de mon rapport
au conseil des ministres. Et j'ai indiqué, tout à l'heure, que
j'avais fait rapport, ce matin, et que le premier ministre du Québec
ferait rapport au nom de son gouvernement, au cours de la séance de cet
après-midi. J'ai d'abord indiqué à la commission que le
voeu formulé hier, unanimement, n'avait pas donné de
résultat positif jusqu'à quinze heures cet après-midi.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Bellechasse.
M. Mercier: Pourrions-nous demander au premier ministre la
décision du gouvernement face au conflit actuel?
M. Bourassa: D'accord.
Le Président (M. Séguin): Vous pourrez
débattre la motion, sans quoi il nous faudrait disposer de la motion
d'abord, et ensuite, les questions que vous auriez à poser, vous pourrez
les poser.
M. Mercier: Pourrait-on suspendre?
M. Harvey (Charlesbourg): Qu'on prenne le vote. On est prêt
à s'exprimer.
Le Président (M. Séguin): D'autres questions ou
commentaires... Non. Je ne suspends pas.
M. Mercier: Pourrait-on suspendre l'étude de la motion
pour demander au premier ministre d'abord...
M. Malépart: Est-ce que le proposeur...
Le Président (M. Séguin): D'après le
règlement, il est tout à fait irrégulier de suspendre les
débats en cours sur la motion et je vous demanderais de disposer de la
motion.
M. Malépart: Est-ce que le fait que le proposeur de la
motion a bien voulu s'en aller est un aveu qu'il ne veut pas débattre sa
motion ou...?
Le Président (M. Séguin): ... de la part de
quelqu'un ou de quelques-uns un certain mépris de la commission, ce
n'est pas à moi d'y voir.
M. Mercier: Je propose le vote sur la motion.
Le Président (M. Séguin): Je dis tout simplement
qu'il y a encore une motion devant cette commission qui continue à
siéger avec quorum. Alors, il faut disposer de cette motion tout
d'abord.
M. Mercier: Vote, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Le vote sur la
motion?
M. Harvey (Charlesbourg): ... proposé d'entendre la partie
syndicale.
M. Mercier: C'était d'entendre la partie syndicale et, si
possible, la partie patronale.
Le Président (M. Séguin): Oui, et M. Pilotte, je
pense.
M. Mercier: C'est cela.
Le Président (M. Séguin): Et d'entendre M.
Pi-lotte, le médiateur.
Le député d'Iberville.
M. Tremblay: J'ai l'impression qu'on ne devrait pas
procéder à un vote sur une motion dont on ignore la teneur.
Où en est le texte et où est le proposeur de cette motion? Il a
bien voulu disparaître avec les journalistes dans la salle de
conférence. Pardon?
M. Harvey (Jonquière): Disposons de sa motion et la
commission pourra être pressentie de revenir à d'autres sujets. Il
faut en disposer.
Une Voix: Ne complique pas les affaires!
Le Président (M. Séguin): Je n'ai pas le choix de
dire oui ou non.
Des Voix: Vote! Vote!
Le Président (M. Séguin): II s'agit d'une motion
qui est devant la commission et la loi ne dit pas qu'il faudrait
nécessairement que celui qui a proposé cette motion soit
présent. Il n'y a rien qui...
Des Voix: Vote! Vote!
Le Président (M. Séguin):... permet de passer
outre.
M. Bourassa: M. le Président, je proposerais que la motion
d'entendre immédiatement... Je trouve qu'on devrait entendre mon
exposé d'abord et, s'il y a lieu après...
Le Président (M. Séguin): Si c'est sur la motion,
M. le premier ministre...
M. Bourassa: D'accord.
Le Président (M. Séguin): ... il n'y a pas
d'objection.
M. Bourassa: Sur la motion, je trouve qu'il serait
prématuré d'entendre d'abord la partie syndicale.
M. Mercier: M. le Président, je voudrais proposer de
suspendre l'étude de la motion pour entendre le premier ministre.
Le Président (M. Séguin): Non, non, il parle sur la
motion.
M. Harvey (Jonquière): Sur la motion.
M. Bourassa: Pour cela, je propose qu'on devrait voter contre,
quitte, après, à demander à la partie syndicale de donner
son point de vue, mais que je puisse faire part de la décision du
gouvernement avant que la partie syndicale soit appelée à
témoigner. Cela me paraît plus logique.
Le Président (M. Séguin): Alors, sur la
motion...
M. Bourassa: On voterait contre et on ferait un amendement
après.
Vote sur la motion
Le Président (M. Séguin): ... telle que lue ou
dictée, ou énoncée par le député de
Maisonneuve, que ceux qui sont pour ou contre cette motion veuillent bien se
prononcer. M. Bellemare (Johnson)? M. Bérard (Saint-Maurice)?
M. Bérard: Contre.
Le Président (M. Séguin): Contre la motion? M.
Boudreault (Bourget)?
M. Boudreault: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Burns (Maisonneuve)?
M. Léger (Lafontaine)? M. Bourassa (Mercier)?
M. Bourassa: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey
(Jonquière)?
M. Harvey (Jonquière): Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Mercier
(Bellechasse)?
M. Mercier: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey
(Charlesbourg)?
M. Harvey (Charlesbourg): Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Faucher
(Nicolet-Yamaska)?
M. Faucher: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Pagé
(Portneuf)?
M. Pagé: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Malépart
(Sainte-Marie)? M. Roy (Beauce-Sud)? M. Tremblay (Iberville)?
M. Tremblay: Contre.
Le Président (M. Séguin): Dix membres étant
présents et ayant voté unanimement contre la motion, la motion
est rejetée.
Le premier ministre.
Convocation du parlement
M. Bourassa: M. le Président, je m'excuse d'avoir
été absent parce que la grève du transport en commun
à Montréal est certainement un problème très grave,
mais, comme premier ministre du Québec, ce n'est pas le seul
problème auquel j'ai à faire face. J'ai une conférence des
premiers ministres qui est annoncée pour demain après-midi et
j'ai dû m'absenter pour donner certaines autorisations aux fins de la
tenue de cette conférence.
Les députés qui sont partis, je ne sais pas pourquoi,
c'est une attitude assez infantile de leur part et assez étonnante en
face de problèmes aussi sérieux, mais ce n'est pas la
première fois qu'ils agissent ainsi.
Quelle que soit cette attitude de l'Opposition, le gouvernement, comme
il est élu par la population, doit prendre ses responsabilités
vis-à-vis des problèmes qui existent. Nous avons essayé
d'éviter la convocation du Parlement et l'adoption d'une loi, mais je
crois que nous ne pouvions pas permettre que la grève se poursuive la
semaine prochaine.
L'an dernier, quand le Parlement avait été
convoqué, il n'y avait eu que quatre jours... La partie syndicale pourra
me corriger. Il y a eu évidemment plusieurs semaines de grève,
mais il y avait le service des autobus, sauf les fins de semaine. Mais, au mois
de septembre, du 16 au 19 septembre, je crois, il y avait eu quatre jours
où il n'y avait eu aucun service ni d'autobus, ni de métro. C'est
pourquoi le gouvernement était intervenu en convoquant
l'Assemblée nationale. A la toute dernière minute, il y avait eu
entente.
Lundi, il y aurait eu six jours si on enlève les fins de
semaine sans service pour les Montréalais. Donc, le gouvernement,
dans l'intérêt public,
je n'ai pas à le dire, les chefs syndicaux eux-mêmes vont
être d'accord sur les inconvénients énormes,
économiques, sociaux, pour la population de Montréal. Non
seulement c'est extrêmement ennuyeux et cela pénalise des
centaines de milliers de travailleurs de Montréal et parmi les plus
démunis, mais également des dizaines de milliers
d'écoliers et d'étudiants, sans compter les effets sur
l'économie de Montréal.
Donc, le gouvernement est certainement justifié, après
avoir utilisé tous les moyens possibles pour éviter la
grève, d'essayer d'y mettre fin. Alors, le conseil des ministres, sur la
recommandation du ministre du Travail, a décidé de convoquer,
pour vendredi, à dix heures, l'Assemblée nationale aux fins de
faire adopter une loi pour mettre fin à la grève.
Si, d'ici vendredi, à dix heures... Le député de
Maisonneuve disait tantôt que la partie syndicale était
prête à faire des contrepropositions. Je ne crois pas que, s'il y
avait eu deux, trois heures de médiation cette nuit, cela aurait
tellement changé la situation.
Je crois bien que le médiateur va être prêt à
recevoir les deux parties, les contrepropositions, si les deux parties sont
prêtes et je pense bien qu'elles devraient être prêtes
à rencontrer le médiateur. S'il y a règlement à
toutes fins pratiques vendredi matin et que la grève prend fin, il ne
sera pas utile pour le gouvernement d'adopter la loi, exactement comme l'an
dernier où il y avait eu convocation du Parlement, les
députés finalement n'avaient pas eu à
délibérer, même s'ils étaient sur les lieux.
Si vendredi matin, à dix heures, la grève se poursuit, les
députés devront assumer leurs responsabilités. Alors, je
crois que, quelles que soient les accusations plutôt enfantines qui sont
faites, le gouvernement agit tout simplement dans le sens de
l'intérêt public. Malheureusement l'Opposition brille par son
absence, je lui ai demandé, à plusieurs reprises, s'il y a
d'autres solutions qui paraissent préférables à
celle-là, on serait heureux de les entendre.
Alors, comme elle a décidé d'opter pour l'abstention,
l'opinion publique montréalaise pourra tirer ses conclusions, mais nous
croyons que c'est la seule façon de mettre fin à une grève
qui cause des préjudices considérables à la population de
Montréal.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. le premier
ministre. Le député de Bellechasse.
M. Mercier: A la suite de ce que nous venons d'entendre, ma
question s'adressera au ministre du Travail. Est-ce que d'ici vendredi, dix
heures, le ministre du Travail a l'intention de demander à M. Pilotte de
continuer sa médiation?
M. Harvey (Jonquière): Je suis persuadé... On va
entendre d'abord la partie syndicale, comme le veut le premier ministre. Par la
suite, la commission parlementaire devra, avant d'ajourner ses travaux,
formuler je l'espère, un voeu final, pour met- tre fin à nos
travaux de la commission parlementaire. Alors, je ferai les déclarations
immédiatement après le dernier voeu formulé par cette
commission parlementaire. J'aime mieux réserver mes commentaires,
après avoir pris connaissance du dernier voeu soumis à cette
commission, avant son ajournement sine die, cet après-midi.
M. Mercier: A toutes fins pratiques, M. le Président,
actuellement il n'y a pas de médiation.
M. Harvey (Jonquière): Présentement non, il n'y en
a pas eu. A cinq heures les deux parties sont reconvoquées, au
même endroit, et tout dépendra du voeu adopté par cette
commission, avant de faire donner au médiateur des instructions par le
sous-ministre.
M. Bourassa: C'est le souhait du gouvernement que la
médiation reprenne à cinq heures, dans un ultime effort pour
éviter la...
M. Harvey (Jonquière): La commission connaît
maintenant la décision prise au cabinet et c'est à la commission
de délibérer en fonction de ce qu'on regarde depuis le
début.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Portneuf.
M. Pagé: Je ne sais pas si les membres de toute
façon seront appelés à se prononcer là-dessus. Je
pense qu'il serait peut-être opportun, dans les circonstances, qu'on
puisse entendre, si celle-ci le désire, la partie syndicale sur
l'état des délibérations actuelles de la commission.
Le Président (M. Séguin): II y a cette question
d'ordre technique. Avant de demander à M. Pepin de venir en avant, je ne
crois pas qu'il y ait eu convocation. Donc, la commission n'a pas à
exiger la présence de M. Pepin, s'il juge à propos de ne rien
dire à ce moment-ci.
Si M. Pepin toutefois voulait témoigner devant la commission, je
l'invite à prendre sa place en avant.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, si vous
permettez, je n'ai pas droit de parole sur cette commission. Je veux vous
donner...
Le Président (M. Séguin): Non, il faut le
consentement unanime de la commission.
M. Bellemare (Rosemont): Avec le consentement unanime, vu que
vous donnez un privilège à M. Pepin, est-ce que j'aurais le droit
de poser certaines questions?
Le Président (M. Séguin): Je ne donne pas de
privilège à M. Pepin. Je dis à M. Pepin que volontairement
il peut s'exprimer devant la commission, à la suite d'un désir
exprimé par la commission de l'entendre, mais, n'ayant pas eu de
convocation, il serait inopportun, de la part de la commission,
d'exiger sa présence à ce moment-ci, à moins qu'il
ne le veuille. C'est dans ce contexte qu'il a été
demandé.
M. Bellemare (Rosemont): D'accord. Est-ce que je peux demander
aussi à cette commission, si elle m'accorderait le droit de poser
quelques questions à M. Pepin?
Le Président (M. Séguin): Cela est une
décision que la commission a à prendre. L'article 148 de votre
règlement.
M. Harvey (Charlesbourg): ... en commun puis, voyant tout
l'intérêt que vous avez pour régler le conflit dans votre
région, alors on sera d'accord, je suis sûr.
M. Pagé: M. le Président, on va déterminer
avant si on veut entendre M. Pepin.
Le Président (M. Séguin): C'est cela. Le voeu a
été exprimé de l'entendre, il a consenti, il est devant
nous, alors je lui cède la parole.
Partie syndicale
M. Pepin: Merci, M. le Président. Je me pensais un peu
comme devant un tribunal de justice. Quand on n'a pas reçu de...
Le Président (M. Séguin): Excusez-moi, non. Il ne
faut pas considérer la commission comme un tribunal de justice, loin de
là.
M. Pepin (Marcel): Je pense que vous n'avez pas bien saisi mon
intervention, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Je m'en excuse.
M. Pepin (Marcel): "Un peu comme". Je pense que quand on est
devant un tribunal civil, même si on n'a pas de subpoena, quand le juge
nous reconnaît dans la salle, il a le droit de nous appeler. Ici, je sais
que cela n'est pas pareil; d'ailleurs vous venez d'en témoigner.
Maintenant, je voudrais vous dire ce que je connais des
événements qui se sont passés depuis hier soir, ce que je
connais et ce que d'autres connaissent, qui sont avec moi au cas où vous
auriez besoin de corrobora-tion de ce que je vais dire.
J'ai écouté, au début de la séance de cette
commission, les propos échangés entre le député de
Maisonneuve, le ministre du Travail et le premier ministre. On verra tout
simplement s'il y a corroboration ou non. Hier soir, vers sept heures ou
à peu près, vous avez adopté une proposition unanime, deux
volets de la proposition. La première, reprise dès ce soir de la
médiation. La deuxième je n'ai pas le texte devant moi
parce que, évidemment, on ne l'a pas nous autres, c'est-à-dire je
n'ai pas les notes qui ont été relevées par le journal des
Débats simultanément reprise du service. Il est sept
heures hier soir, nous sommes à Québec; moi j'y suis aussi, j'y
suis resté d'ail- leurs toute la nuit et les officiers du syndical sont
aussi ici à Québec. Vous dites: Reprise dès ce soir des
pourparlers, de la médiation, et vous dites au même moment:
Simultanément reprise du service. Bien sûr que nous avons le droit
de nous réunir sur ces propos adoptés. Ce que nous faisons, nous
nous réunissons, ici, pas loin et nous essayons d'examiner la situation.
Je veux vous dire que j'ai demandé aux représentants directs du
syndicat parce que moi je suis président de la centrale, je ne
suis pas les officiers des syndicats qu'ils devaient faire une
contreproposition. Mais, pour faire une contreproposition, il faut voir du
monde, il faut rencontrer du monde, on ne peut pas le faire dans l'air.
On avait appris que M. Pilotte pouvait nous rejoindre et, effectivement,
il nous a rejoints à l'endroit où nous étions. Nous lui
avons demandé une demi-heure pour essayer de compléter notre
affaire, parce que c'est tout de même grave ce qui se passe à
Montréal, ce qui se passe à la commission parlementaire. M.
Pilotte nous a atteints à peu près une demi-heure plus tard, il
était en route comme le ministre l'a mentionné. Sur ce point, je
confirme; du moins M. Pilotte a dit: Je suis à Lau-rierville ou à
Laurier-Station, au moment où il nous parlait. Alors nous lui avons
demandé de nous convoquer pour cette nuit, et je peux vous dire que cela
n'a pas été commode. Ce n'est pas moi qui parlais au
téléphone mais, comme j'étais dans la même
pièce que celui qui parlait au téléphone, je peux vous
dire que cela n'a pas été commode. M. Pilotte s'en allait
ailleurs, il ne s'en allait pas à une médiation. Je ne dis pas
qu'il s'en allait ailleurs dans un endroit malfamé, ce n'est pas du tout
cela, il s'en allait se coucher chez lui.
Finalement, il a dit: Oui, très bien, à deux heures cette
nuit il y aura séance de médiation à Montréal. Cela
est du ouï-dire jusqu'à maintenant et j'espère que les
députés ne m'en voudront pas de rapporter du ouï-dire, parce
que j'étais témoin d'une partie de la conversation, pas de celui
qui parlait au téléphone. De là, nous nous sommes dit:
L'Assemblée nationale ou la commission parlementaire, qui
représente jusqu'à un certain point l'Assemblée, voudrait
avoir un règlement négocié, ce que nous avons tenu pour
acquis. Et nous avons pensé qu'il était approprié
d'essayer de débloquer les négociations. Quelle ne fut pas la
surprise du monde qui s'est rendu à Montréal et moi je ne
me suis pas rendu de ceux qui négocient, une fois rendus à
l'endroit où cela négocie je pense que tout le monde le
connaît, c'est l'hôtel Sheraton, sur l'île Charron
près de Montréal où vers trois heures moins quart,
trois heures moins vingt, il y a eu des réunions des conseils syndicaux,
et je pense que, quand on agit sur la base la plus démocratique
possible, ces réunions doivent se faire. Surprise, donc, de se faire
réunir par le médiateur pour se faire dire ceci: Le service
est-il repris, M. Guilbault? M. Guilbault a dit: Je ne pense pas. M. Guilbault
est un gars de la partie patronale. Vous l'avez connu ici, il était ici.
Le service est-il repris, messieurs du syndicat? Non, il n'est pas repris. Pas
de médiation, rien.
Quand vous nous avez dit précédemment... Je crois que le
ministre du Travail, si je l'ai bien entendu, a dit qu'il n'y avait eu aucune
instruction au médiateur. Je n'ai pas à dire que les gens ne
disent pas la vérité; j'ai à dire que les choses qui sont
rapportées ici ne sont pas les mêmes choses qui me furent
rapportées.
Le médiateur a dit: "Les instructions que j'ai, c'est de ne pas
faire de médiation à moins que le service soit repris." C'est une
position qui peut être celle du gouvernement; vous avez le droit de la
prendre, mais qu'on ne vienne pas me dire que le médiateur n'a pas eu
d'instructions. C'est ce que j'ai compris précédemment. Si j'ai
mal compris, mes propos ne tiennent pas. On verra le journal des Débats,
mais c'est bien, moi, ce que j'ai compris.
Si vous voulez avoir un témoin auriculaire de ce que je rapporte
des propos du médiateur, puisqu'il n'est pas ici, j'en ai un dans cette
salle qui, étant présent, a entendu: Je suis un fonctionnaire,
j'ai des instructions et mes instructions sont de ne procéder à
aucune médiation.
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que, M. Pepin, vous me
permettrez une question?
M. Pepin (Marcel): Certainement.
M. Harvey (Jonquière): Est-il possible que M. Pilotte,
étant un technicien et n'étant pas un homme politique, puisse
avoir interprété, uniquement au niveau technique, sur la base
technique, le voeu de la commission parlementaire qui lui a été
remis, en ma présence, par le sous-ministre sans lui donner
d'instructions, d'interprétation? Est-il possible qu'il vous ait dit: Je
ne suis qu'un fonctionnaire et les instructions que j'ai, je les ai dans les
mains, c'est le voeu de la commission?
M. Pepin (Marcel): Ce n'est pas ce qu'il a dit, M. le
ministre.
M. Harvey (Jonquière): D'accord.
M. Pepin (Marcel): Je ne vous dis pas que techniquement ce n'est
pas possible, ce n'est pas ce que je vous dis.
M. Pagé: M. le Président...
M. Pepin (Marcel): Ce n'est pas cela qu'il a dit. "Mes
instructions sont les suivantes, tant qu'il n'y a pas de service, il n'y a pas
de médiation." Maintenant, je vais aller un peu plus loin.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Il y a un
commentaire ou une question.
M. Pepin (Marcel): Oui, il n'y a pas de problème du moment
que je pourrai aussi terminer, parce que j'ai une information à passer
aux membres de la commission que je pense importante.
Le Président (M. Séguin): Oui, oui. M. Pepin
(Marcel): Allez-y.
M. Pagé: Je ne veux pas, M. Pepin, vous enlever votre
droit, loin de là.
M. Pepin (Marcel): Merci.
M. Pagé: C'est tout simplement une question que j'ai
à vous poser, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): A moi?
M. Pagé: Oui. Croyez-vous que nous soyons
habilités, en tant que membres de la commission, à discuter de
faits qui se sont déroulés à l'intérieur d'une
médiation? Moi, je me pose de sérieuses questions. D'une part,
si, tout au moins, la proposition ou le voeu formulé par la commission
hier avait contenu une disposition à l'effet qu'un rapport devait
être déposé cet après-midi, sous la signature de M.
Pilotte, je crois que la commission, à ce moment-là, aurait
été en droit de traiter et de discuter du rapport comme tel.
Là, on discute de faits qui sont arrivés hier; le seul rapport
qu'on a eu et qui était en droit d'être déposé
devant la commission, c'était par le ministre du Travail. M. Pilotte n'a
déposé aucun rapport puisque ce n'était pas le voeu de la
commission. Alors, je me demande en quoi la commission est habilitée
à discuter et à parler sur les faits qui ont pu se
dérouler depuis le voeu exprimé par la commission.
Là-dessus, je vous demande votre opinion.
Le Président (M. Séguin): L'opinion ne compte pas
tellement. J'essaie de suivre un peu le débat, étant, pour les
circonstances, désintéressé, si ce n'est d'entendre et
d'essayer de comprendre ce qui se dit de part et d'autre. Je sais que le
ministre...
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît! Je lis le texte de la motion pour une troisième ou une
quatrième fois, elle est très simple: "Que la commission formule
le voeu que la médiation spéciale se poursuive dès ce
soir, que simultanément le service du transport en commun reprenne
normalement." C'est le texte intégral, tel qu'enregistré au
journal des Débats, page 1162.
Voici, pour revenir un peu à vos commentaires, M. le
député, c'est que, tout à l'heure, à
l'intérieur de nos débats, le ministre a fait une
déclaration disant qu'il n'y avait pas eu d'instructions données
au médiateur autres que les instructions contenues dans cette formule de
motion, laquelle motion a été adoptée unanimement par la
commission. M. Pepin, en sa qualité de président de la centrale
et grand représentant, si vous voulez, du front commun, naturellement,
je le pense, et certainement porte-parole pour lui, nous exprime que ce
n'était pas tellement juste. Le ministre nous a avisés, je pense,
à notre première ou
deuxième séance, que la commission siégeait comme
"fact finding commission" et non pas une commission qui prenait part dans les
négociations. Je crois et je considère que les commentaires qui
se font, à ce moment-ci, ce sont des faits. Si nous étions en
cour, peut-être que nous n'accepterions pas le ouï-dire. Mais, je
pense, il y a eu affirmation de la part du ministre sur le point qu'il n'y a
pas eu d'instructions; il y a eu, d'autre part, une offre de la part de M.
Pepin de nous faire entendre je suppose que c'était son
idée une bande magnétique ou quelque chose qui serait d'un
avis contraire.
Je pense que dans le contexte de "fact finding", c'est un fait qui
serait peut-être intéressant pour la commission ou pour les
membres à entendre ou à considérer. C'est dans ce contexte
que je reconnais la pertinence des commentaires qui se font présentement
devant la commission.
M. Pepin.
M. Pepin (Marcel): Merci, M. le Président.
Je voudrais continuer sur une autre information, parce que cela me
paraîtrait très important, et pour les membres de cette commission
et éventuellement, pour le Parlement, puisqu'il est convoqué pour
vendredi à dix heures, le matin. Nous avions indiqué, avant la
réunion de trois heures moins vingt ou trois heures moins quart, cette
nuit, à M. Pilotte que nous étions disposés à faire
une contreproposition salariale, sans lui donner le détail de la
contreproposition pour que vraiment, M. Pilotte sache que nous étions
là, suite à la commission parlementaire, en train de vouloir
négocier. Or, à la réunion, comme il nous l'a dit, comme
il l'a dit à nos représentants: II n'y avait aucun moyen de
parler de contreproposition, puisque, d'après lui, selon les
instructions qu'il avait, il ne pouvait rien entendre, si le service
n'était pas repris normalement. Il me semble que c'est très
important, et pour le gouvernement, et pour les membres de la commission, de
connaître ces faits. Je n'ai pas de raison de les mettre en doute. Je
pense que j'ai suffisamment de témoins pour corroborer ce que je mets de
l'avant ici.
Mais je pense que c'est important, parce que tantôt, quand
l'Assemblée nationale sera réunie et que le premier ministre fera
son discours d'ouverture ou le ministre du Travail, il est bien possible que
certains points soient mis de côté, s'il n'y a pas une information
complète qui est donnée ici. Moi, cela me paraît grave, une
telle situation.
M. Bourassa: Je m'excuse...
M. Pepin: Pardon?
M. Bourassa: Je m'excuse, M. Pepin.
M. Pepin: Allez-y.
M. Bourassa: Pour tout le monde qui lit la résolution,
cela semble assez clair. Ce qui est important, c'est d'essayer d'éviter,
s'il y a moyen, la loi spéciale vendredi. Si la commission est d'accord
sur un ultime effort de la médiation, comme on l'avait fait l'an
dernier, avant l'adoption de la loi, est-ce que vous allez représenter
ces contrepro-positions dans les heures qui viennent?
M. Pepin: On est absolument disposé, M. le premier
ministre.
Maintenant, si vous me permettez d'ajouter un commentaire. Quand vous
avez la menace d'une loi spéciale, dont on ne connaît pas les
termes je ne suis pas intéressé à vous les
demander, vous n'auriez même pas le droit de me les dire, parce que c'est
le Parlement qui en est informé le premier quand vous êtes
devant cette éventualité, la CTCUM jusqu'à maintenant, je
vais vous le dire, doit se sentir bien bien protégée par vous et
par le gouvernement ou les députés qui sont ici.
M. Bourassa: L'an dernier, on avait réussi.
M. Pepin: Oui, mais M. le premier ministre, l'an dernier, nous
avions réussi et on se l'est expliqué hier, je vous l'ai dit: On
avait raison, d'après vous. On a perdu de l'argent. Imaginez-vous, si
vous considérez qu'on a tort. Où cela nous mène?
M. Bourassa: Je ne dis pas que vous avez tort, je dis que 45%
d'augmentation dans une année, c'est difficile de demander à la
CTCUM par ses contribuables de Montréal qui, finalement, font les
frais...
M. Pepin: M. le premier ministre, combien ont eu les chauffeurs?
C'est 45%, vous le savez.
M. Bourassa: II y a toutes les conditions de travail qui ont
été "monnayées".
M. Pepin (Marcel): Peu importe. La masse salariale, est-ce que
c'est correct...
M. Bourrassa: Pour un an, 45%?
M. Pepin (Marcel): Non, pour deux ans. Est-ce que c'est correct
ce que je dis?
M. Bourassa: Ce n'est pas tout à fait exact.
M. Pepin (Marcel): 44.9%?
M. Bourassa: II y a une partie salariale et une partie qui ne
l'est pas.
M. Pepin (Marcel): Tout est salariale dans le fond. Tout s'ajoute
à la masse salariale. En termes de coût.
M. Malépart: M. Pepin, si la grève continue,
là, les gars vont perdre de l'argent. Plus elle va s'éterniser,
plus les gars vont perdre de l'argent.
M. Pepin (Marcel): M. Malépart, si la grève
continue et si finalement nous obtenons un bon règlement, il est
peut-être possible que cela ne leur coûte pas tellement cher.
Vous savez comme moi comment cela se passe dans une grève. Je
pense que vous connaissez un peu le monde ouvrier, le monde syndical. Lorsqu'on
fait la grève, il y a des questions financières et il y a des
questions de principe aussi.
Mais quand vous obtenez un règlement de conflit,
généralement, c'est rétroactif. N'oubliez pas que cela
n'est pas uniquement pour la durée du contrat que vous avez des sommes
d'argent gagnées. C'est pour plus longtemps que cela.
Il me semble que, si on est prêt à faire reprendre les
négociations, je dis bien faire reprendre, mais sur une base
sérieuse, à ce moment-là, je pense que cela prend
l'intervention du premier ministre auprès de la CTCUM.
Pour parler bien ouvertement, je pense que, si le premier ministre dit
à M. Hanigan: Hier, tu as déclaré à la commission
que tu ne voulais pas négocier avec les représentants syndicaux,
ce n'est pas correct, en vertu du code du travail j'en ai fait une
démonstration hier, vous pouvez me croire oui ou non, mais moi, je
trouve cela important et si vous dites: Ecoute, la loi spéciale,
on n'est pas intéressé, comme gouvernement. Ce qu'on veut, c'est
la reprise du service. Mais comment veux-tu faire pour reprendre le service? Si
tu ne négocies pas avec les représentants syndicaux, avec qui
vas-tu négocier?
Si le premier ministre accepte d'intervenir et s'il fait cette partie de
l'opération... Je l'ai déjà vu faire. Je vais vous le
rappeler. L'an passé... Pourquoi ne le fait-il pas cette année?
Est-il intéressé à avoir une loi pour une loi? Je ne pense
pas. C'est mauvais pour tout le monde.
M. Bourassa: D'accord, il y a eu la moitié des clauses...
On va voir les contrepropositions qui vont être faites par le syndicat.
Je ne peux pas me substituer au médiateur. Je ne vois pas pourquoi la
commission...
M. Pepin (Marcel): Non, mais attention aux instructions qu'il va
recevoir, par exemple.
M. Bourassa: Je ne vois pas pourquoi la CTCUM refuserait de
considérer sérieusement, avec le médiateur en
présence, les contrepropositions du syndicat.
M. Pepin (Marcel): Ils peuvent les considérer, mais s'ils
ont la quasi-assurance que vous arrivez avec une loi lundi matin, en disant: Ce
que vous avez offert, je suis d'accord, mais possibilité d'arbitrage,
comme certains journaux d'aujourd'hui le mentionnent.
Qu'est-ce qu'ils ont comme intérêt pour négocier
avec nous autres, M. le premier ministre?
M. Bourassa: L'arbitrage peut leur coûter plus cher qu'ils
le voient. A mon sens, ils ont autant intérêt à signer sans
loi spéciale ou sans arbitrage.
M. Pepin (Marcel): Ils n'ont pas démontré cela
jusqu'à maintenant. Vous le savez, vous les avez vus ici comme moi.
M. Bourassa: On me dit qu'ils ont réussi avec les
chauffeurs.
M. Pepin (Marcel): Ils n'ont pas encore signé, mais ils
ont réussi.
M. Bourassa: D'accord. Mais il n'y a pas un des trois syndicats
également où c'est sur le point d'être signé?
M. Pepin (Marcel): Les caissiers sont prêts à
marcher, mais les clauses salariales ne sont pas réglées, M. le
premier ministre.
M. Bourassa: J'ai des informations...
M. Pepin (Marcel): Les clauses normatives cela a
été dit hier à la commission à 95% sont
réglées pour ce groupe. Pour les autres groupes, ce n'est pas
aussi avancé.
Mais il me semble que, si vous dites: Je convoque le Parlement et je
mets de la pression uniquement du côté syndical, je vous dirai:
Vous êtes un gouvernement qui est pour l'employeur. Vous n'êtes pas
un gouvernement pour les salariés.
Maintenant, vous pouvez me dire: Je protège les salariés,
parce que je leur permets de prendre l'autobus, le métro, etc. C'est
joli, mais moses...
M. Harvey (Charlesbourg): Ce sont les effets
d'entraînement.
M. Pepin (Marcel): Bien sûr et il faut tenir compte des
effets d'entraînement. Le premier ministre, je pense qu'il l'a dit
précédemment...
M. Bourassa: Vous devriez voir le courrier que je reçois,
les représentations que je reçois de la population de
Montréal.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, est-ce que M.
Pepin me permettrait juste une question?
Le Président (M. Séguin): II était en train
de faire un commentaire. Un instant. Je vous cède la parole, à
condition que...
M. Bellemare (Rosemont): Justement, cela concerne son
commentaire.
M. Pepin (Marcel): Je le lui permets, si vous voulez. Cela fait
longtemps, il est impatient.
M. Bellemare (Rosemont): Je voudrais simplement savoir de M.
Pepin...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Rosemont.
M. Bellemare (Rosemont): Merci, M. le Président.
Je voudrais simplement savoir de M. Pepin quelle a été
l'augmentation de pourcentage des employés du syndicat de la CSN, pour
1974/75?
M. Pepin (Marcel): Je ne le sais pas.
M. Bellemare (Rosemont): C'est vous qui êtes le
président de la centrale et vous ne le savez pas?
M. Pepin (Marcel): Bien oui!
M. Bellemare (Rosemont): Est-ce que vous savez la
vôtre?
M. Pepin (Marcel): La mienne? Moi, c'est $20,000 par
année. Vous? Combien gagnez-vous, vous?
M. Bellemare (Rosemont): Pas le diable plus que vous lorsqu'ils
ont enlevé... Ce n'est pas cela que je vous demande. Ma question est
celle-ci: Quel est le pourcentage des employés de la CSN, pour 1974/75,
indexé? C'est ce que je vous demande.
M. Pepin (Marcel): Je ne le sais pas. Si vous voulez avoir
l'information, je vous l'enverrai par écrit. Au moment où vous me
posez...
M. Bellemare (Rosemont): Je demanderais que vous puissiez...
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, sur un point de
règlement. Cela a toujours priorité. Pour les mêmes
raisons, M. le Président, qu'hier, j'ai failli enfreindre le
règlement parce que j'avais évoqué le fait du salaire
touchant particulièrement les députés, pour les
mêmes raisons, je pense qu'on n'est pas ici pour discuter non plus du
salaire du président, surtout qu'il oublie très volontairement
son "expense account", comme on dit en français.
M. Pepin (Marcel): Non, moi, je ne l'oublie pas.
M. Harvey (Charlesbourg): Mais, d'un autre côté, je
pense qu'on pourrait continuer.
M. Bellemare (Rosemont): Une question de règlement, M. le
Président. Je m'excuse, je ne veux pas faire de réglementation
avec cela. Je voulais simplement demander à M. Pepin...
Le Président (M. Séguin): Je demanderais aux
membres de la commission, lorsqu'ils demandent un arrêt de nos travaux
sur un point de règlement, qu'ils me donnent l'article parce que je n'ai
pas la...
M. Harvey (Charlesbourg): 96.
M. Bellemare (Rosemont): L'article de 1 à 177.
Le Président (M. Séguin): Oui.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, ma question
était celle-ci...
Le Président (M. Séguin): Qui perd gagne.
M. Bellemare (Rosemont): ... tout simplement pour éclairer
les membres de cette commission. Les demandes du syndicat à la ville de
Montréal, à la commission de transport, sont de 45%, quel est le
pourcentage que la CSN a donné à ses employés, de 1974
à 1975? C'est la question que je pose et je demande aussi, M. le
Président ils ont un bilan, c'est ouvert que
l'augmentation de salaire de ces employés de la CSN soit
déposée devant cette commission.
Le Président (M. Séguin): M. le
député, M. Pepin vous a avisé tout à l'heure, je
pense qu'il a exprimé le bon vouloir de vous faire parvenir ces
informations.
M. Bellemare (Rosemont): Je ne doute pas de sa bonne foi,
d'ailleurs.
Le Président (M. Séguin): Bon, alors, je pense que,
M. Pepin, vous pourrez... Le député d'Iberville.
M. Pepin (Marcel): Si c'est très pertinent au
débat, comme...
Le Président (M. Séguin): Oui, oui.
M. Pepin (Marcel): ... je pense que le député de
Rosemont pense que c'est très pertinent, je suis prêt à
fournir toutes les informations. Nos bilans à nous, ils sont
publics.
M. Bellemare (Rosemont): Ce n'est pas une question de pertinence,
c'est tout simplement un renseignement personnel.
M. Pepin (Marcel): Bon, c'est cela. Comme vous êtes membre
de la commission... Ce n'est pas pertinent, mais il veut l'avoir
personnellement!
Le Président (M. Séguin): On lui permettra cette
personnalité.
M. Pepin (Marcel): On est venu pour s'amuser, dans le fond, si je
comprends bien.
M. Bellemare (Rosemont): Je m'excuse, je m'excuse.
Le Président (M. Séguin): Là, par
exemple...
M. Bellemare (Rosemont): Je m'excuse, par exemple.
M. Pepin (Marcel): Avec une telle question, si on n'est pas venu
pour rigoler un peu... Parce qu'il n'y a rien qui l'empêche de venir me
trouver, de communiquer avec moi et dire: C'est quoi, les augmentations de
salaire? Je vais lui donner tout cela.
Une Voix: II va le faire.
M. Pepin (Marcel): Là, je ne les ai pas ici. Je n'ai pas
la convention des permanents.
M. Bellemare (Rosemont): Est-ce que vous accepteriez aussi de
distribuer l'augmentation de salaire de vos employés aux media
d'information?
M. Pepin (Marcel): Mais ils l'ont déjà. Ils sont
à nos congrès et, quand on discute de cela, ils le publient dans
les journaux.
Une Voix: A l'ordre, M. le Président. A l'ordre! Le
Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Pepin (Marcel): Demandez aux journalistes qui sont ici.
Demandez-le aux journalistes.
M. Bellemare (Rosemont): Faites-les-moi parvenir, en tout
cas.
Une Voix: La pertinence du débat.
Le Président (M. Séguin): M. le premier
ministre.
M. Bourassa: Si je vous entends bien, M. Pepin, en tenant compte
de la résolution de la commission, c'est le souhait du gouvernement, et,
si la commission est d'accord avec le gouvernement, elle va recommander qu'il y
ait un ultime effort de médiation pour éviter la loi
spéciale. Vous avez une assemblée, ce soir, des employés
d'entretien?
M. Pepin (Marcel): Oui. Les employés d'entretien et de
bureau tiennent une assemblée ce soir, M. le premier ministre.
M. Bourassa: Est-ce que vous avez l'intention, comme l'a
demandé unanimement la commission hier, de leur recommander de retourner
au travail?
M. Pepin (Marcel): Je vais vous répondre très
franchement. Je ne pense pas qu'il y ait une telle recommandation, M. le
premier ministre. Je n'ai pas l'intention, ici, de jouer au chat et à la
souris. Je pense que, si nous faisons cela, M. le premier ministre, toute
pression que nous pouvons avoir, en dépit de l'opinion que vous pourriez
me donner éventuellement, toute pression vient de disparaître.
A part cela, M. le premier ministre, je vais vous dire. Dans notre
résolution, avez-vous garanti que le monde qui va retourner au travail,
tout le monde, va être repris, qu'il n'y aura pas de discrimination? Je
pense que, là-dessus, il faut être pratique, aussi, nous autres.
Il n'y a aucune garantie de ce côté, n'est-ce pas?
M. Bourassa: Mais vous devez admettre que, s'ils ne retournent
pas au travail demain et s'il n'y a pas de déblocage et d'entente,
à toutes fins pratiques, vendredi matin, le gouvernement n'a pas le
choix, s'il tient compte de l'ensemble de la popula- tion. C'est le voeu que la
commission, unanimement... Les trois partis politiques...
M. Pepin (Marcel): Oui.
M. Bourassa:... c'est cela qu'ils ont voté hier.
M. Pepin (Marcel): Voudriez-vous que je donne mon avis
là-dessus?
M. Bourassa: Oui, oui.
M. Pepin (Marcel): Moi, je pense que vous avez un choix. C'est
vous qui l'avez. C'est vous. Si vous dites à M. Hanigan: Là,
c'est assez, les folies. Les fois que vous nous avez dit, à nous autres:
Assez, vous avez adopté des lois. Là, maintenant, si vous dites
à M. Hanigan: Assez, les folies. Là, vous allez négocier.
M vous a dit, hier, devant vous, M. le premier ministre: Je ne
négocierai pas avec les représentants syndicaux. Moi,
malheureusement, je n'étais pas ici, lorsqu'il a prononcé ces
paroles. J'étais à une interview, en arrière, mais on me
les a rapportées. Je...
M. Bourassa: Non, ce qu'il a voulu dire, c'est que lui,
personnellement... Je pense que là, on interprète. De la
même façon que vous, vous n'êtes pas à la table de
négociation, lui, il dit que ce n'est pas lui qui... C'est dans ce sens
qu'il a...
M. Pepin (Marcel): Mais regardez ce qu'il a fait en fin de
semaine, M. le premier ministre, le samedi après-midi.
Je l'ai rapporté hier devant la commission vous
étiez absent aussi à ce moment-là lorsque j'ai dit
qu'il passait par-dessus la tête de tout le monde. Le médiateur
nous a dit qu'il ne savait même pas que M. Hanigan ferait une telle
proposition sur les ondes.
Je pense que vous avez un rôle à jouer à l'heure
actuelle...
M. Bourassa: Bien...
M. Pepin (Marcel): ... qui est pas mal plus grand que ne pouvez
l'imaginer.
M. Bourassa: Oui, mais je ne peux pas me substituer à tout
le monde.
M. Pepin (Marcel): Non, mais vous pouvez décider, par
exemple, que M. Hanigan va négocier. Si ce n'est pas lui, cela sera par
personne interposée, parce que vous paierez l'an prochain $57 millions
annoncés à la CTCUM. Cette année, c'est un montant de $17
millions ou de $19 millions je ne me souviens pas exactement des
chiffres mais pour 1975 il me semble... En tout cas, c'est pas mal de
millions.
M. Bourassa: C'est un montant de $57 millions pour 1975 et, pour
1976, c'est encore plus.
M. Pepin (Marcel): C'est un montant de $57 millions pour
1975.
M. Bourassa: Oui.
M. Pepin (Marcel): Si vous me dites que vous n'avez aucun
pouvoir...
M. Bourassa: Ce n'est pas moi qui paie. Ce sont les contribuables
du Québec.
M. Pepin (Marcel): Je sais bien que ce n'est pas vous qui
payez.
M. Bourassa: Et le pouvoir que j'ai...
M. Pepin (Marcel): Mais vous êtes le chef du
gouvernement.
M. Bourassa: ... est circonscrit par la volonté des
contribuables du Québec. Autrement, cela serait facile d'imprimer de
l'argent et d'accepter 45% partout. Mais, si on ne veut pas que le syndic
remplace le ministre des Finances, il faut tenir compte de la capacité
globale de payer des Québécois.
M. Pepin (Marcel): Mais peut-on faire aussi des relations avec
d'autres groupes? Dans les relations industrielles, dans le marché du
travail, qu'est-ce qu'on fait? On fait des comparaisons avec d'autres groupes,
quand ils nous disent, par exemple: Je vais me comparer avec les cols bleus de
la ville de Montréal. Vous le savez qu'ils nous ont dit cela. Ils nous
l'ont dit à la première commission parlementaire ici, mais en
assumant qu'à la fin de leur contrat ils n'auront pas d'augmentation de
salaire. Ils nous l'ont dit ici. Tout le monde était présent. Je
ne l'invente pas. Ecoutez. Personne ne peut imaginer que les cols bleus de la
ville de Montréal, qui demandent 62% d'augmentation
peut-être que vous me direz encore: Cela n'a pas de bon sens; en tout
cas, ce n'est pas nous qui les représentons n'auront rien au 31
décembre.
Et je vous ai parlé des policiers. Je sais bien que ce n'est pas
toujours très agréable ce qu'on dit. Mais imaginez-vous, les
policiers, avant de négocier l'an prochain, on leur garantit 10% de
minimum, de plancher. Un député m'a dit hier: 15% plus 10%, cela
fait 25%. Evidemment, on pourrait discuter un peu si on additionne les
chiffres. C'est un peu plus que cela.
M. Harvey (Charlesbourg): Je vous l'ai dit hier.
M. Pepin (Marcel): Je suis content que vous ayez appris depuis
hier.
M. Harvey (Charlesbourg): Oui.
M. Pepin (Marcel): Mais ce n'est pas cela mon
problème.
M. Harvey (Charlesbourg): C'était écrit hier.
M. Pepin (Marcel): Les salaires, par exemple, avec Toronto, je
n'ai pas voulu l'invoquer ici d'une manière abondante devant la
commission parlementaire. Il y a $1.70 je parle des employés
d'entretien en moyenne, entre Toronto et Montréal. La commission
n'offre pas de combler cela.
Vous allez me dire: Ce n'est pas possible. Notre économie ne peut
absorber cela. Mais regardez au niveau d'autres salariés au
Québec. C'est possible.
Moi, M. le premier ministre, au lieu de convoquer vous avez pris
la décision, je ne peux rien y faire a commission parlementaire,
en dépit de toutes vos occupations, puisque c'est un problème
très grave, vous êtes député d'un comté de
Montréal, je sais que vous devez avoir à coeur tout ce monde,
à votre place j'interviendrais et je dirais à M. Hanigan: C'est
le temps. N'attends plus. Une loi spéciale, vous n'aimez pas cela. Je
n'aime pas cela. Les salariés n'aiment pas cela et, un jour ou l'autre,
à force de lois spéciales, cela va mal aller au Québec
davantage. C'est là-dessus que je voudrais attirer votre attention.
Peut-être que vous allez tous voter pour, quand même, quand
elle sera présentée, mais il me semble que vous devriez prendre
plus de précaution que cela. Et on a eu l'impression qu'on vivait
à l'heure actuelle dans une espèce de tunnel où il n'y
avait pas de fin, sauf que le gouvernement nous annoncerait cela.
Peut-être que cela n'était pas votre chemin initial. Nous
avons eu cette impression. Pouvez-vous nous démontrer qu'on a tort et
vraiment faire reprendre les négociations?
Je m'arrête là. Je n'ai pas de supplication à faire,
mais j'ai en tout cas exprimé ce que je pense, ce que j'ai dans le coeur
à l'heure actuelle.
Le Président (M. Séguin): Le député
d'Iberville; par la suite, le député de Rosemont.
M. Tremblay: M. le Président, M. Pepin, je vous ai
écouté et je vous avoue que je suis pas mal ému,
sérieusement. Est-ce qu'à cinq heures cet après-midi il y
a une réunion convoquée par M. Pilotte? Si j'ai bien entendu,
tout à l'heure, le ministre nous a dit qu'à cinq heures cet
après-midi il y avait possibilité de réunion entre...
M. Harvey (Jonquière): C'est-à-dire qu'il y a une
réunion prévue à cinq heures, dans le cadre des
réunions qui sont tenues, depuis 2 h 45 ce matin, toutes les quatre
heures.
M. Tremblay: Bon, est-ce qu'il y a quelque chose de prévu
concrètement de la part des deux parties et du médiateur?
M. Harvey (Jonquière): Les mêmes questions qui ont
été posées aux réunions de 2 h 45, 8 h 30, 12 h 30
seront posées de nouveau à 5 heures à moins que la
commission parlementaire n'ait terminé ses travaux, n'ait exprimé
un autre voeu et que le sous-ministre n'ait eu l'occasion de parler au
médiateur pour lui dire que le cabinet a adopté une attitude,
annonce qui a été faite par le chef du gouvernement, et que la
commission parlemen-
taire du travail et de la main-d'oeuvre a également
exprimé tel voeu avant d'ajourner sine die.
C'est pour cela que, je pense, avant de continuer à poser des
questions à M. Pepin, il faudrait savoir si les membres de la commission
parlementaire ont l'intention, de proposer une recommandation ou de formuler un
voeu, pour discussion à la commission.
Pour moi, à moins que vous n'ayez terminé avec M. Pepin,
je demanderais au président de continuer à faire le tour des
membres de la commission.
Le Président (M. Séguin): La parole était au
député d'Iberville.
M. Tremblay: Je posais une question à M. Pepin; elle s'est
adressée indirectement au ministre du Travail. Je parle toujours du voeu
exprimé hier par la commission et qui a été
présenté aux deux parties, ainsi qu'au médiateur. Est-ce
que le fait que ce voeu ait été exprimé par la commission,
dont le premier ministre est membre, n'est pas de nature à vous donner
confiance suffisamment pour que vous puissiez recommander, si la
médiation reprend, que le service revienne à Montréal?
Dans mon préambule, je vous demandais si cela ne vous donnait pas
confiance assez, le fait que cette commission, unanimement, l'a demandé,
les membres de l'Opposition; le premier ministre lui-même est membre de
la commission. N'est-ce pas suffisant pour vous donner confiance que votre cas
sera entre bonnes mains?
M. Pepin (Marcel): Puis-je répondre, M. le
Président?
Le Président (M. Séguin): Bien sûr.
M. Pepin (Marcel): Alors, sur la première partie, à
laquelle le ministre du Travail a donné une partie de la réponse,
nous sommes convoqués à cinq heures, à l'endroit que je
vous ai cité précédemment. Nous avions tenu pour acquis
que nous étions convoqués, comme nous l'avons été
à huit heures et à midi trente, uniquement pour nous faire poser
les mêmes questions. Bon.
S'il y a changement, si le médiateur est prêt à nous
écouter, nous sommes disposés à présenter une
contreproposition salariale.
M. Tremblay: A cinq heures?
M. Pepin (Marcel): A cinq heures, oui. Nous serions
disposés immédiatement, mais c'est convoqué pour cinq
heures, tout simplement. Cette nuit, à 2 h 45 ou à 2 h 40, nous
n'avons pas eu l'occasion de le faire.
M. Tremblay: M. Pepin, en lui présentant, cet
après-midi, cette contreproposition, ne pouvez-vous pas également
lui dire que, dès ce moment, tout est en oeuvre pour la reprise du
transport à Montréal?
M. Pepin (Marcel): Non. Là-dessus, j'ai ré- pondu,
je pense, le plus directement possible, sans jouer, au premier ministre,
précédemment. Si nous n'avons pas de solution alors que nous
sommes dans une période où il y a grève, ne vous imaginez
pas que vous allez prendre beaucoup de temps ici, à la commission
parlementaire, pour régler ce problème.
Je peux vous dire là que ce n'est pas une question de vous faire
confiance ou de ne pas vous faire confiance. Je peux vous dire que vous
êtes pris avec des problèmes, vous autres. Quand le
problème est urgent, vous vous réunissez. Quand il y a un autre
problème urgent, vous allez voir l'autre problème urgent. Si le
problème ne devient pas urgent ailleurs, bien vous ne serez pas ici.
Vous y serez, mais ce sera uniquement pour gagner du temps.
Je ne pense pas vous faire injure en vous disant que vous vous occupez
des problèmes lorsque la situation est grave. Lorsque la situation n'est
pas grave, bien, il n'y a pas de commission parlementaire; il n'y a à
peu près rien qui se passe.
M. Tremblay: II n'y a peut-être pas de commission
parlementaire, mais vous pouvez toujours dire que le gouvernement s'occupe des
problèmes au Québec.
M. Pepin (Marcel): Bien, il doit s'occuper des problèmes
au Québec.
M. Tremblay: Peut-être qu'on s'écarte un peu.
M. Pepin (Marcel): Ce n'est pas tellement là-dessus, ce
que je veux dire...
M. Tremblay: On s'égare un petit peu là.
M. Pepin (Marcel): M. le député Tremblay, je pense
bien que vous me comprendrez. Si j'ai une situation d'urgence quelque part,
vous allez donner attention à l'urgence avant un problème qui n'a
pas la même urgence dans votre esprit.
Enlevez l'urgence à Montréal, je serais surpris si on
était ici cet après-midi.
M. Tremblay: D'accord, c'est hypothétique ce que vous
dites.
M. Pepin (Marcel): C'est très pratique, mais seulement
pour les membres...
M. Tremblay: C'est hypothétique, parce que dans le moment
c'est urgent.
M. Pepin (Marcel): Oui, dans le moment, mais quand l'urgence sera
enlevée...
M.Tremblay: II ne reste plus grand choix, là.
M. Pepin (Marcel): Non, quand l'urgence sera enlevée,
où est-ce que nous serons? Moi je pense aussi qu'il y a des membres qui
seront là-dedans.
M. Tremblay: C'est toujours urgent, vous le savez, dans tous les
domaines.
M. Pepin (Marcel): Ce n'est pas la même urgence, cela vous
le savez vous aussi, vous avez assez d'expérience syndicale pour me
suivre sur ce terrain. Cela bouge quand on a un peu de force. Quand on n'a pas
de force, même si on a raison, quand on n'a pas la force d'avoir raison,
cela ne bouge pas.
M. Tremblay: Mais, si c'est une tentative que vous feriez
vous-même, peut-être que demain, vous seriez heureux de votre
geste.
M. Pepin (Marcel): Oui, mais...
M. Tremblay: En voyant la circulation normale à
Montréal, demain, une médiation intensive, pas de loi
spéciale, c'est tout à l'honneur du gouvernement et de la
CSN.
M. Pepin (Marcel): Ce serait tout à l'honneur de tout le
monde, si le règlement se faisait.
M. Tremblay: Alors, pourquoi ne prenez-vous pas...
M. Pepin (Marcel): Pourquoi vous ne le régleriez pas?
M. Tremblay:... ce risque-là vous? M. Pepin (Marcel):
J'ai indiqué...
M. Tremblay: On ne peut pas régler le problème de
la façon que vous le voulez, vous, parce qu'il va se régler
à deux, c'est une négociation.
M. Pepin (Marcel): A deux, c'est qui la deuxième partie?
Là-dessus, je suis intervenu auprès du premier ministre. C'est
qui la deuxième partie?
M. Tremblay: Bien oui, mais...
M. Pepin (Marcel): Pensez-vous, là...
M. Tremblay: On vous ouvre une porte, ouvrez-en une vous
aussi.
M. Pepin (Marcel): J'en ouvre une, parce que je suis prêt
à faire une proposition salariale, dès ce soir.
M. Tremblay: C'est cela, la médiation va reprendre et le
transport en commun va reprendre.
M. Pepin (Marcel): Oui, ils vont reprendre, moi je vais faire une
proposition, ils ne me répondront pas.
M. Tremblay: Mais je ne suis pas inquiet pour vous, pour les
moyens de pression; il y en aura d'autres à quatre heures demain
après-midi, si ce n'est pas prêt.
M. Pepin (Marcel): Là il y en a un, moi je vous dis: la
CTCUM...
M. Tremblay: Ecoutez, on va avoir des discussions, je pense
bien.
M. Pepin (Marcel): ... ce n'est pas indépendant de vous.
Quand vous payez, dans le trésor québécois, $57 millions,
à même les taxes...
M. Tremblay: M. Pepin, vous lui avez demandé au premier
ministre tout à l'heure...
M. Burns: A l'ordre, laissez-le donc répondre. Voyons
donc!
Une Voix: Tiens, ils sont revenus, eux. Une Voix:De la visite.
M. Pepin (Marcel): Quand j'ai dit au premier ministre qu'il
pouvait intervenir à ce moment-ci, moi je pense que c'est la
période la plus chaude où il peut le faire. La seule chose que je
lui dis, c'est que s'il maintient sa menace de loi spéciale,
lui-même se trouve à bloquer les négociations,
lui-même, le Parlement. Cela c'est mon interprétation. Vous
souviendrez-vous, lorsque vous avez adopté la loi 38, ici au Parlement,
un soir je pense que, M. Bourassa, vous étiez premier ministre
à ce moment-là sur la construction. Vous avez dit, dans
cette loi: Je vous oblige à retourner au travail, et si vous ne vous
entendez pas, je passe un décret.
Vous avez été obligé de décréter,
parce que la partie patronale pense toujours que vous êtes près
des employeurs...
M. Bourassa: La loi 19 cela n'a pas été le cas.
Vous avez signé une douzaine de conventions collectives, même si
le gouvernement avait le pouvoir de l'imposer par décret.
M. Pepin (Marcel): Oui, il s'est passé d'autres
événements entre le mois d'avril et le mois d'octobre. Je vous
les ai déjà rappelés, ici même à la
commission parlementaire, et vous savez à quels événements
je me réfère. Dans le cas de la loi 38, moi je vous avais dit,
à la commission parlementaire: Si vous faites cela, vous empêchez
toute négociation. Vous serez obligé de décréter.
Vous avez été obligé de décréter.
Là, vous avez une Assemblée nationale de convoquée,
une loi spéciale que vous annoncez. Bien sûr que l'employeur va
dire: Je vais attendre la loi spéciale, elle va me donner satisfaction
à moi, pas aux travailleurs. Et c'est ce que je déplore. Je
trouve que vous n'avez pas assez examiné notre dossier à nous,
lorsque j'ai essayé de vous expliquer qu'il n'y avait pas eu de
négociation de bonne foi, à mon avis en tout cas. J'ai
essayé de mettre des faits devant vous.
Mais on balaye cela du revers de la main et on dit: Ils ne s'entendent
pas, donc les ouvriers sont responsables, donc les syndicats sont responsables,
on va les assommer avec une loi spéciale. Mais il me semble que vous
êtes dans un mauvais chemin. Peut-être que personne ne me croit,
ici,
moi je vous dis: II me semble qu'on est dans un très mauvais
chemin au Québec en faisant une telle procédure. Que M. Bourassa
dise à M. Hani-gan: II est temps, tu vas négocier. L'an
passé, M. Hanigan avait l'air d'avoir une tête aussi dure que
cette année. Ce n'est pas qu'elle se soit renforcée,
diminuée, rien, je ne suis pas dans les coulisses, mais je pense que M.
Bourassa est intervenu pour lui dire: Tu vas négocier. Cette
année c'est pareil, sauf que M. Bourassa, cette année, n'a pas
l'air de vouloir faire ce "move" là. Il me semble qu'il devrait le
faire, à moins qu'il tienne à adopter une loi spéciale.
J'espère bien que non. Essayez-vous donc un peu, M. Bourassa. Dites-lui
donc...
M. Bourassa: Est-ce que vous demandiez 45% d'augmentation l'an
dernier?
M. Pepin (Marcel): L'an passé, on demandait une
indexation. On demandait assez, mais vous m'avez dit qu'on avait eu raison et
qu'on avait perdu de l'argent. Je vous rappelle toujours cela.
M. Bourassa: Oui, c'est vrai.
M. Pepin (Marcel): Je le sais bien, moi aussi.
M. Bourassa: Vous avez fait une grève de sept semaines et,
au total...
M. Pepin (Marcel): Oui, et je suis inquiet, cette année.
Là, je suis en grève légale et, d'après vous, j'ai
tort. Imaginez-vous ce que cela va me coûter? J'étais en
grève illégale, j'avais raison et j'ai perdu de l'argent. Cela
veut-il dire qu'il faudrait des grèves illégales?
M. Bourassa: II ne faudrait pas que le président
interprète, d'une façon abusive, les propos que j'ai pu tenir. Le
problème de l'indexation était général, à ce
moment-là, il y a des conventions collectives qui avaient
été signées à des taux inférieurs au taux
d'inflation, donc, empiétant considérablement sur le pouvoir
d'achat des travailleurs. Mais là, avec 45% d'augmentation, c'est un
autre problème.
M. Pepin (Marcel): Ce n'est pas ce qu'ils nous offrent, M. le
premier ministre. Ils nous offrent 12% et 11% l'an prochain. On peut
prévoir...
M. Bourassa: Plus ce qui avait été
décidé par la négociation.
M. Pepin (Marcel): Plus? Qu'est-ce qui va avoir été
négocié alors qu'il dit qu'il est irréductible? Il l'a dit
devant vous autres, ici.
M. Bourassa: En tout cas, la négociation va reprendre
à cinq heures.
Le Président (M. Séguin): J'avais dit...
M. Boudreault: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Oui, un instant.
J'avais dit, auparavant, que je reconnaissais le droit de parole au
député d'Iberville et, ensuite, au député de
Rosemont. Malheureusement, M. le député, je dois m'excuser, mais
le député de Bourget m'avait demandé la parole avant
même le député d'Iberville. Je vais lui donner le droit de
parole, vous suivrez et le député de Maisonneuve a demandé
la parole. Dans cet ordre.
Motion pour le dépôt du rapport du
médiateur à l'Assemblée nationale
M. Boudreault: Après avoir entendu M. Pepin, rendu
à ce stade, je serais peut-être en mesure de présenter une
résolution qui se lirait comme suit: Compte tenu de
l'impossibilité qui semble exister de redonner au public
montréalais le service de transport en commun auquel il est en droit de
s'attendre, je propose qu'en ce qui concerne la présente commission
parlementaire, rapport soit fait à l'Assemblée nationale dans des
délais utiles et que la commission parlementaire formule le voeu que les
parties prennent conscience de leurs responsabilités respectives
à l'endroit des travailleurs montréalais et tente un ultime
effort pour régler le conflit par voie de médiation.
Je demanderais le vote sur cette motion, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'il y a des
commentaires sur la motion?
M. Burns: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: J'ai beau lire et relire cette proposition, je n'ai
pas, jusqu'à maintenant, de délai imposé. Je ne sais pas
exactement quelle est l'intention première du député de
Bourget en proposant cette résolution. Je regrette même que dans
une résolution de cette nature on trouve un préambule de cette
nature, c'est-à-dire celui qui dit: Compte tenu de
l'impossibilité qui semble exister de redonner au public
montréalais le service de transport en commun auquel il est en droit de
s'attendre.
Je conviens cependant, à l'intention du député de
Bourget, que le rapport du médiateur nous paraissait devoir conclure de
cette façon. D'autre part, comme on n'a pas été dans la
possibilité d'entendre M. Cliche, il me semble qu'il y a peut-être
d'autres efforts qui doivent être faits. Sans doute on ne se
leurrera pas éventuellement il y aura rapport à
l'Assemblée nationale, mais ce n'est peut-être pas la
méthode selon laquelle on devrait agir.
En ce qui me concerne, je me demande même si je devrais tenter
d'amender la motion du député. Je me demande si je ne devrais pas
plutôt convaincre le député de suspendre sa motion et de
permettre que l'Opposition propose une autre motion qui est préliminaire
à la sienne. Si le député n'accepte pas, je vais tenter
d'amender sa motion.
M. Boudreault: Est-ce que je pourrais prendre la parole, M. le
Président, et poser une question?
M. Burns: Oui.
M. Boudreault: Le préambule exprimé ici,
c'était le voeu exprimé par la commission parlementaire, hier,
qui n'a pas été respecté. Voilà pourquoi le
préambule dit que nous sommes dans l'impossibilité de redonner le
transport en commun à la ville de Montréal. C'était le
voeu de la commission hier.
M. Burns: Non, la commission, hier, a exprimé le voeu que
le transport en commun à Montréal revienne de façon
normale. Je ne pense pas qu'hier, on ait déclaré qu'il
était impossible de redonner au public montréalais le service du
transport. En tout cas, je ne pense pas que c'est cela que disait, hier, la
motion, parce que j'étais là...
M. Malépart: Le voeu n'a pas été
respecté. M. Burns: Le voeu n'a pas été
respecté. M. Malépart: ... de la commission.
M. Bourassa: Si le député pouvait présenter
l'amendement. Je m'excuse, tantôt, je l'ai dit, vous étiez absent,
c'est que j'ai une conférence des premiers ministres de l'Est, demain,
il a fallu que je m'absente quelques minutes, pour aller préparer
ça.
M. Burns: M. le premier ministre, je vais être très
juste à votre égard. Je sais que vous avez de nombreuses
occupations, je serais absolument impardonnable de ne pas reconnaître
cela. Je re-conpais cela. Mais, M. le Président, je pense que le premier
ministre, à cette occasion-ci, surtout au moment où on discutait
du coeur du problème, devait être présent.
M. Bourassa: J'entends quand...
M. Burns: Moi aussi, j'entends de mon bureau. Moi aussi,
j'entends. Moi aussi, j'ai le perroquet dans mon bureau. Mais ce n'est pas la
même chose et le premier ministre va l'admettre lorsqu'on
discute d'un problème aussi central que celui-ci, eu égard
à des décisions qui vont nous être livrées, qui ont
été effectivement livrées, par rapport à l'attitude
prise par le gouvernement. Je trouve que c'est important que le premier
ministre, qui est membre de la commission, qui a le droit total de participer
à la commission...
Non, je suis en train de dire pourquoi on a quitté tout à
l'heure et pourquoi on est revenu. Si, à un moment donné, on se
rend compte que le premier ministre fait autre chose qu'un va-et-vient entre la
commission et son bureau, et que, lorsque des choses principales se discutent,
il est ici, à ce moment, malgré que je maintienne le fait que la
commission est là pour d'autres fins, je maintiens cela, je ne change
pas d'avis là-dessus, elle est là pour d'autres fins. Mais quand
le premier ministre est là... La question m'a été
posée par le premier ministre.
M. Malépart: Non, mais est-ce que je pourrais poser une
question? Au moment du départ des membres de l'Opposition,
c'était la motion du député de Maisonneuve qui
était à débattre, à savoir si on devait entendre
les parties.
M. Burns: Non, ce n'est pas cela. M. Malépart: Je
ne pense pas que...
M. Léger: C'était une suspension pendant que le
premier ministre...
M. Burns: C'était une motion de suspension, pendant que le
premier ministre était absent. Je ne demandais pas qu'on arrête
complètement les travaux, je demandais qu'on les suspende.
M. Malépart: Oui, mais le sujet...
M. Burns: Parce que je reconnais le fait que le premier ministre
a actuellement un certain nombre de problèmes...
M. Malépart: Le sujet en discus'sion...
M. Burns: ... qui sont d'autres que ceux-là.
M. Malépart: Oui, mais le sujet en discussion, avant la
demande de la suspension, était la motion du député de
Maisonneuve à savoir si on devait entendre les parties. Je suis d'accord
avec l'Opposition que, sur des points fondamentaux, il est important que le
premier ministre soit là. Mais je ne pense pas que le sujet qu'on
discutait soit un point fondamental.
M. Burns: Moi, je pense que c'est un point fondamental.
M. Malépart: Cela prenait la présence du premier
ministre pour voir si on devait attendre.
M. Burns: En tout cas...
M. Boudreault: Vous avez vu le règlement qui-nous oblige
que le premier ministre soit ici présent pour
délibérer?
M. Burns: Moi non plus, je n'ai pas vu cela.
M. Boudreault: Quand on a quorum, on peut
délibérer. Vous connaissez très bien votre
règlement.
M. Burns: Moi non plus, je n'ai pas vu cela.
M. Bourassa: Vous êtes allé voir les journalistes.
Je n'ai même pas pris le temps d'aller voir les journalistes pour
annoncer la chose, c'est donc que je considère la commission...
M. Burns: D'habitude, vous y allez pendant une commission, vous
perdez vos bonnes habitudes.
M. Bourassa: Non, mais aujourd'hui vous êtes mal
placé pour me faire des reproches. Je reçois constamment des
demandes des journalistes. J'ai dit: II fallait que je reste à la
table.
M. Burns: D'accord.
M. Bourassa: Alors que vous, vous êtes allé.
M. Burns: M. le Président, devant la proposition du
député de Bourget, qui essentiellement propose que la commission
parlementaire fasse rapport à l'Assemblée nationale, dans les
délais utiles je ne sais pas ce que cela veut dire que la
commission parlementaire formule le voeu que les parties prennent conscience de
leurs responsabilités respectives à l'endroit des travailleurs de
Montréal et tentent un ultime effort de régler le conflit. Je
suis obligé de vous rappeler ce que je disais avant que je quitte la
commission. C'est que les parties, je pense, ont tenté cet ultime
effort. Il y a des parties qui se sont déplacées de Québec
à Montréal, cette nuit, pour essayer de rencontrer le
médiateur en question, M. Pilotte. Il y a des parties qui ont compris,
comme moi j'avais compris également cette résolution, que la
proposition de la commission parlementaire disait: On souhaite deux choses: la
première, une reprise de la médiation. La deuxième...
M. Bourassa: Simultanément.
M. Burns: Oui, simultanément, mais sous forme de voeu.
C'est bien important. Il ne faudra jamais l'oublier. Le premier ministre, qui
est avocat, est sûrement capable d'interpréter un texte. Quand ce
texte est un voeu, un souhait, c'est bien sûr que personne n'est
lié par cela.
A moins que le premier ministre me dise qu'il y a quelque chose de
changé dans la législation, qu'il a changé cela.
Mais je pense que si vous regardez la Loi d'interprétation, toute
la jurisprudence...
M. Bourassa: Un voeu unanime.
M. Burns: Oui, aussi unanime qu'il puisse être.
M. Bourassa: Vous auriez pu, théoriquement, vous
déclarer insulté si M. Pilotte avait fait de la...
M. Burns: Pas du tout, j'aurais été très
content si M. Pilotte...
M. Bourassa: Théoriquement, vous auriez pu dire que M.
Pilotte n'a pas respecté...
M. Burns: Si M. Pilotte... Théoriquement. Mais moi je vous
dis que pratiquement j'avais même prévu cette insulte possible que
vous voyez chez moi. Je l'avais prévue en disant: II est possible que le
travail ne reprenne pas, que le transport normal comme le dit la
résolution ne reprenne pas. A ce moment-là, je n'aurais
pas été insulté du tout.
Cependant si on voulait...
M. Bourassa: Vous auriez pu faire clarifier cela hier soir.
M. Burns: II n'y a pas de clarification. Hier, c'était
très clair.
M. Bourassa: C'est la commission qui a donné des
instructions. C'était clair.
M. Burns: La commission n'a même pas le droit de donner
d'instructions à M. Pilotte. Elle n'en a tellement pas le droit et elle
ne se trouve tellement pas capable de lui en donner qu'elle ne l'a même
pas convoqué pour l'entendre.
M. Bourassa: Vous avez voté pour une résolution
ambiguë?
M. Burns: On a voté pour une résolution qui disait
ce qu'elle voulait dire. Moi je vous dis carrément qu'elle disait deux
choses, cette résolution: Elle disait que la médiation reprenne
et que, simultanément, toujours en le souhaitant...
M. Bourassa: Oui, mais...
M. Burns: Ce n'est pas cela un souhait?
M. Bourassa: L'un va avec l'autre.
M. Burns: Toujours en le souhaitant, l'un avec l'autre. On
souhaite les deux, c'est cela? On a souhaité les deux nous autres
aussi.
Moi, j'ai souhaité que, simultanément, le transport
à Montréal reprenne.
M. Bourassa: ... que vous arrêtiez.
M. Burns: Oui. Maintenant, il y a du monde, du côté
gouvernemental, qui, de façon obtuse je maintiens que c'est du
côté gouvernemental ont imposé cette
interprétation à M. Pilotte. Je suis convaincu, connaissant M.
Pilotte, qu'il n'aurait pas pris une position aussi obtuse que celle-là,
lui qui est quand même quelqu'un qui est mêlé aux
problèmes des relations de travail.
S'il n'y avait pas sur la table la motion du député de
Bourget, j'en ferais une autre. Je ne peux pas la faire. Je vous le dis bien
honnêtement. Je n'essaierai même pas d'amender la proposition du
député de Bourget. Je vais même voter contre la proposition
du député de Bourget. A mon avis, elle n'est pas réaliste;
à mon avis, elle ne tient pas compte de la situation.
Si on veut tenir compte de la situation, à mon avis, il est
important tout de suite que la commission puisque apparemment c'est
très important les voeux qui sont exprimés par la commis-
sion exprime clairement son opinion que la médiation de M.
Pilotte doit reprendre immédiatement afin d'aider à la
négociation d'une convention collective. Et en conséquence, on ne
fera pas de farce, de la reprise de cette médiation on ne dira
pas c'est une condition sine qua non je vous dis qu'en
conséquence de la reprise de cette médiation il y a deux
conditions. Donc, les conditions ne sont pas une conséquence de la
reprise de la médiation dans mon esprit.
En conséquence de cela, il y a deux choses qui se passent:
Premièrement, que la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal accepte d'offrir à ses employés en
grève un règlement équivalent à celui
négocié avec ses chauffeurs et opérateurs de métro,
c'est-à-dire une augmentation moyenne de la masse salariale de 45%.
Deuxièmement, que les employés en grève
toujours en conséquence de la reprise de cette négociation et en
conséquence de cette offre acceptent de reprendre le travail.
Là, je suis prêt à voter avec les deux mains en
faveur d'une telle proposition. Si vous voulez avoir une résolution
unanime à la commission, je demande au député de Bourget
de retirer, n'en déplaise à son prestige, sa proposition. En ce
qui me concerne, sa proposition n'a absolument rien à faire avec le
conflit actuel. Ce qu'il y a d'important dans le conflit actuel, c'est que
d'une part on cesse de faire du juridisme avec un domaine qui n'est absolument
pas juridique.
Au cas où on ne le saurait pas, le domaine des relations du
travail est d'abord une question de relations humaines. Qu'on vienne nous dire,
aujourd'hui, après les efforts, je pense, sincères, des membres
de la commission, qu'on a interprété la motion de la commission,
hier, comme bannissant toute possibilité de médiation parce qu'on
y avait attaché, soi-disant, un ordre de retour au travail, là,
moi, je dis que c'est de l'enculage de mouches que nous faisons ici depuis
quatre séances.
C'est pourquoi, M. le Président, je trouve que, si on veut
véritablement se poser la question en termes clairs, tant du
côté de la CUM, de la CTCUM, du gouvernement que des
employés qui sont actuellement en grève, il est temps qu'on se
pose la vraie question: Qui mène cette négociation? D'où
viennent les ordres du côté patronal? Comment se fait-il que le
côté patronal manifeste une telle mauvaise foi? Est-ce qu'il y a
un blocage systématique du côté patronal? Est-ce qu'il n'y
a pas lieu que, comme base de négociation comme base de
négociation, j'insiste sur ces mots il y ait une offre ou une
disponibilité, tout au moins, du côté de la CTCUM d'offrir
l'équivalent d'un règlement de 45% d'augmentation de la masse
salariale, tel que le cas s'est présenté du côté des
chauffeurs?
Après cela et uniquement après cela, moi, cela me fait
plaisir de dire aux gens: Vous voyez, il y a de la bonne foi. Il y a une
acceptation de ce côté. Cela me fait plaisir de dire aux
employés d'entretien, aux caissiers et aux employés de bureau: II
me semble que, devant cela, la bonne foi qui n'existait pas vient juste de
réapparaître dans les négociations. A ce moment-là,
il y a possibilité, comme le dit l'article 41, d'une négociation
avec diligence et bonne foi.
C'est le code du travail qui dit cela, qu'il faut que les
négociations s'entreprennent avec diligence et bonne foi. Je suis
absolument convaincu qu'il n'y a aucune bonne foi du côté de la
Commission de transport de la communauté urbaine et je ne blâme
pas les employés sédentaires de la CTCUM d'être en
grève actuellement parce qu'ils ont l'impression moi, je la
partage, en tout cas; je ne suis même pas concerné par ce contrat,
mais je partage leur appréhension qu'actuellement ils sont tout
simplement les otages non seulement de l'impression qu'on a des employés
de services publics, non seulement des gens à qui ont dit: II ne faut
pas que vous fassiez la grève parce que cela va déranger du
monde, mais je pense qu'ils sont les otages aussi d'autres échelons de
négociation et, en particulier, je pense à la ronde de
négociations qui s'entreprend, actuellement, dans le domaine de la
fonction publique, des employés des secteurs public et parapublic. Je
pense également qu'ils sont les otages on a eu une preuve de cela
à une réponse qui m'a été donnée par M.
Guilbault de la ronde de négociations qui s'apprête
à commencer ou qu'on commencera bientôt à la ville de
Montréal.
Ainsi, moi, M. le Président, j'aurais pensé que, d'abord
et avant tout comme hier, normalement, il semblait évident que la
commission souhaitait deux éléments, dont un des deux
était la reprise de la médiation la commission devrait
clairement exprimer que la médiation devrait reprendre. Si cette
médiation ne nous apporte pas des solutions très claires, au
moins on aura tenté de faire l'impossible avant qu'une loi soit
présentée, mais que cette médiation reparte sur un
principe très clair, c'est-à-dire celui que la CTCUM accepte
d'offrir l'équivalent de ce qu'elle a offert à ses chauffeurs et
opérateurs de métro. Jusqu'à preuve du contraire, parce
qu'hier il n'y a personne qui m'a contredit là-dessus, cela veut dire
45% d'augmentation de la masse salariale.
M. Bourassa: Pour deux ans.
M. Burns: Pour deux ans. Je vous ai annoncé, tout à
l'heure, que mes renseignements et je ne sais pas si je suis en mesure... Non
seulement, je ne suis pas en mesure de vous dire: C'est vrai, c'est exact,
etc., mais mes renseignements sont qu'on est en train de parler en termes, non
pas de 45% sur deux ans, mais qu'on est en train de parler, possiblement, du
côté syndical, chose qu'on a même empêchée, par
un juridisme stupide hier soir, cette nuit, on est en train de parler de la
possibilité de s'approcher de deux ans. C'est une ouverture de
négociation.
Je ne vous dis pas que la proposition que je vous fais est une
proposition syndicale, surtout pas. Et je ne veux surtout pas que cela soit
considéré ainsi. Les syndicats ont des responsabilités
comme moi j'en ai et ils prendront leurs responsa-
bilités comme je prendrai les miennes. Mais je vous dis quelque
chose qui m'apparaît comme bien clair, que l'augmentation, jusqu'à
maintenant, de la masse salariale pour les chauffeurs de la ville de
Montréal est de 45%. J'attends qu'on me contredise avec des chiffres.
J'attends qu'on me dise autre chose que ceci: Cela fait $31,500,000
d'augmentation et on n'a pas calculé.
Imaginez-vous! Des gens qui viennent après une négociation
qui est en marche depuis quand même un certain nombre de mois je
dirais même quatre mois il y a des gens qui viennent ici avec des
valises de chaque bord et disent: Je n'ai pas la bonne valise.
Hier, j'entendais M. Bouvrette me dire que la valise en question
n'était pas ici, parce que lui savait que c'était $31,500,000
à peu près d'augmentation, mais il ne pouvait pas chiffrer cette
augmentation comme augmentation en pourcentage.
Si on me prouve que je me trompe, je suis prêt à parler de
43% si c'est 43%, ou je suis prêt à dire 47%, si je me trompe et
si c'est 47%, mais ma connaissance, actuellement, jusqu'à preuve du
contraire, est que cette augmentation de la masse salariale du
côté des chauffeurs est de 45%. Tant qu'on n'aura pas offert cela
comme base de négociation aux employés d'entretien, je ne vois
pas de possibilité qu'on puisse poser le deuxième
problème, c'est-à-dire suggérer à ces gens de
retourner au travail en attendant que leur contrat se négocie. Parce
qu'il ne faudra jamais oublier, tout au long de tout cela, que,
premièrement, c'est la CTCUM elle-même qui a provoqué la
date de cette grève, avec l'aide complice de la commission parlementaire
je vous l'ai dit, d'ailleurs, quand on a adopté cette motion
en fixant le délai de M. Pilotte à une date qui
était la semaine dernière. En fixant cette date au 15 septembre,
nous avons tout simplement décidé que c'était là la
date où la grève commençait en fixant également, du
côté patronal, une attitude qui dit: On ne fait pas de
contre-offre et, chez nous, ce n'est pas l'habitude d'en faire parce que nous
ne pensons pas qu'on doive changer quoi que ce soit à cela.
Tout cela pour dire que je ne pourrai pas voter pour la motion du
député de Bourget. Je pense qu'elle est incomplète et ne
tient pas compte de la situation. Et je pense que c'est encore une fois une
espèce d'élément, de poudre aux yeux qui ne règle
rien au problème et qui n'est pas concrète. Encore une fois,
demain, on va s'obstiner pour savoir si la résolution voulait dire cela
ou voulait dire autre chose.
Je vous proposerais, je vous aurais proposé, s'il n'y avait pas
eu d'autres motions sur la table, une motion qui se voulait pas mal plus
claire, qui était pas mal plus directe et qui reconnaissait, d'une part
et avant tout et peu importent les autres conditions, que la médiation
reprenne. Ce n'est pas cela qui m'apparaît comme étant clair dans
la proposition du député.
M. Bourassa: Seulement deux mots. M faut que je prévienne
le député de Maisonneuve que je devrai m'absenter.
Je crois que la motion du député de Bourget permet la
reprise immédiate de la médiation avec les contrepropositions qui
seront faites par le syndicat.
Dans ce qu'il a dit, je trouve, d'abord, qu'on demande à la
commission parlementaire de se substituer à la table de
négociations et, deuxièmement, je me demande si on ne fait pas ce
que le député de Maisonneuve a reproché à M.
Hanigan de faire samedi dernier, en arrivant avec des propositions
précises sur des chiffres. Je crois que, de ce côté, il ne
peut pas enguirlander M. Hanigan sur sa conférence de presse de
samedi...
M. Burns: Sauf que moi, je ne suis pas partie aux
négociations, imaginez-vous donc!
M. Bourassa: Non, mais je veux dire qu'il est passé
par-dessus la tête...
M. Burns: Je ne m'appelle pas M. Hanigan et je ne m'appelle pas
M. Pepin et je ne m'appelle pas M. Beaudoin et je ne m'appelle pas M.
Tes-sier...
M. Bourassa: Vous semblez le conseiller du syndicat.
M. Burns: C'est cela.
M. Bourassa: On n'a pas d'objection.
M. Burns: C'est une tentative que je fais d'aider à amener
un règlement. Si vous pensez que c'est inutile, bien, j'aurai perdu
quelques quinze ou vingt minutes de ma vie à venir vous jaser de cela.
Ce n'est pas plus grave que cela.
M. Bourassa: La plus loin qu'on peut aller, à mon point de
vue, c'est de poser les questions que j'ai posées aux parties sur cette
question: s'ils étaient prêts à offrir la même chose
qu'aux chauffeurs. Je pense que j'ai posé ces questions aux deux
parties. Elles m'ont dit qu'une convention collective se négociait comme
un tout.
Alors, actuellement il y a 175 clauses qui ont été
paraphées pour les trois parties; la négociation va reprendre
dans quelques minutes; il v a y avoir des contrepropositions syndicales. Comme
on a eu une nuit un peu moins agitée, parce qu'on a respecté le
voeu de la commission, cette nuit-ci on pourra peut-être faire des
efforts pour arriver à une entente avant qu'il soit nécessaire
d'adopter une loi spéciale.
Mais s'il n'y a pas entente, je crois que le député de
Maisonneuve va admettre qu'il n'y a pas d'autres solutions qu'une loi
spéciale si on ne veut pas que le chaos actuel à Montréal
se poursuive la semaine prochaine. Je ne vois pas comment le gouvernement
pourrait être responsable, et l'Opposition aussi, s'il ne prenait pas des
moyens pour empêcher que se poursuive le chaos actuel à
Montréal.
C'est ce qu'on fait en présentant une loi, vendredi. Tant mieux
si la situation de l'an dernier se répète, en ce sens qu'il ne
soit pas nécessaire de
voter une loi spéciale. Ce n'est pas intéressant, pour le
gouvernement, de voter des lois spéciales. Je suis entièrement
d'accord. Mais ce n'est pas intéressant non plus, pour le gouvernement,
de voir un million de Montréalais sérieusement ennuyés par
la grève qui existe actuellement et ce n'est pas intéressant,
pour le gouvernement et pour la population, de voir des dizaines de milliers
d'enfants empêchés d'aller à l'école.
M. Burns: Cela fait quatre réunions, M. le premier
ministre, que vous me demandez ce que je ferais. Je viens de vous dire ce que
je ferais. Je viens juste de vous le dire là!
M. Bourassa: Oui mais là, vous...
M. Burns: Vous me dites que ce n'est pas réaliste. Vous
venez de me dire...
M. Bourassa: Bien, l'esprit peut être retenu.
M. Burns: ... que c'est inacceptable, d'accord. Mais je viens de
vous dire ce que je ferais.
M. Bourassa: L'esprit peut être retenu. Mais demander
à la commission parlementaire de se substituer à la table des
négociations, je crois que, pour un négociateur aussi averti,
vous me reprochez de le faire et là vous faites exactement ce que vous
me reprochez de faire.
M. Léger: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Le député
de Lafontaine.
M. Léger:... avant que le premier ministre s'en
aille...
Le Président (M. Séguin): Toujours sur la
motion...
M. Léger: Toujours sur la motion.
Le Président (M. Séguin): ... il y a eu des
tolérances depuis quelques minutes mais je vous demanderais de parler
sur la motion.
M. Léger: Sur la motion, M. le Président, et pour
dire la raison pour laquelle je voterai contre. J'en profite pour dire ceci au
premier ministre: S'il y a eu une convocation de la commission parlementaire,
c'était nécessairement, je pense ou cela aurait dû
être l'objectif pour rapprocher les parties qui ne semblaient pas
pouvoir s'entendre.
Donc, M. le Président, il faut hâter un règlement
qui satisferait le plus possible de personnes. Je pense que ce que le
député de Maisonneuve exprimait comme solution possible
permettait justement à la commission parlementaire de jouer son
rôle réel, non pas d'ajouter un poids, une épée de
Damoclès supplémentaire sur une des parties, qui est la partie
des travailleurs, mais de permettre aux deux parties de retourner en
négociations avec une médiation et, en même temps,
d'assurer d'une part que les travailleurs auront un minimum qu'on a
déjà accordé à un autre groupe de travailleurs dans
le même domaine et, en même temps, de redonner aux citoyens de
Montréal l'utilisation de leurs services d'autobus.
M. le Président, au lieu de cela, si la commission parlementaire
n'a été qu'une occasion de confirmer qu'on s'en venait avec une
loi spéciale, je pense que le premier ministre devrait admettre qu'un
règlement négocié est toujours préférable
à une loi matraque.
La proposition que le député de Maisonneuve a mise de
l'avant éviterait justement cette loi matraque puisque cela redonnerait
aux citoyens l'utilisation des services de transport en commun, cela
permettrait à la Commission de transport...
M. Bourassa: Cela en fait un bon candidat pour être
arbitre.
M. Léger: II faut comprendre une chose, M. le
Président, dans les négociations actuelles,
patron-employés, le patron, actuellement, comme dans un conflit dans le
domaine privé, n'a pas la même souffrance qu'un patron qui a une
perte de revenus. Le patron actuel, c est un organisme public; pour lui, la
grève ne le dérange pas dans ses revenus personnels; il peut
prendre des revenus ailleurs. Tandis qu'un patron dans le domaine privé
a une perte d'argent énorme et c'est une pression sur lui.
Actuellement, la pression n'existe pas du côté patronal. Du
côté ouvrier, la seule urgence-pression qu'il met de l'avant,
c'est le conflit qu'il y a actuellement, la perte de l'usage du transport en
commun qui existe actuellement.
Or, M. le Président, si, en plus de cela, une loi-matraque s'en
vient comme épée de Damoclès sur une des parties, celle
des travailleurs, cela démontrerait que le gouvernement veut
réellement donner aux citoyens le service de transport en commun auquel
ils ont droit, mais au détriment des travailleurs, tandis que la
proposition que le député de Maisonneuve met de l'avant
ramènerait une solution possible pour les deux groupes en
présence.
On ramène le médiateur pour régler les conflits
secondaires et on assure aux travailleurs que, s'ils retournent au travail, ils
auront au moins, en justice, un règlement équivalant à ce
que les autres chauffeurs d'autobus ont eu. Or, M. le Président, je
pense que ce serait correspondre aux réels objectifs de la commission
parlementaire qui vise non pas à suspendre une épée de
Damoclès au-dessus d'une des parties, mais à permettre tout
simplement que la solution se rapproche et que les deux parties se sentent
rapprochées par une proposition mettant justement fin au conflit le plus
tôt possible. A ce moment-là, et les travailleurs et les
responsables publics, patrons dans le domaine du transport en commun, et les
citoyens auraient l'occasion d'être satisfaits et le premier ministre,
à ce moment-là, atteindrait les trois objectifs.
S'il nous arrive avec la motion du député de Bourget, il
démontre à toute la population du Québec, qu'il n'a aucun
intérêt à protéger le tra-
vailleur, mais qu'il ne veut que régler rapidement le conflit au
détriment des travailleurs. C'est un mauvais exemple pour les prochaines
négociations qui auront lieu.
M. Bourassa: D'accord. Alors, je suppose que le médiateur
va être informé de cela. Je crois que ce serait un
précédent que ce soit sous forme de résolution.
M. Burns: Mais, juste avant le vote, est-ce que je pourrais
demander, M. le Président, avec votre permission... Je suis toujours
soumis à vos décisions.
Le Président (M. Séguin): Sur la motion.
M. Burns: Sur la motion, mais relativement à certaines
remarques que le premier ministre faisait, tant pendant que le
député de Lafontaine parlait que pendant que je parlais. Est-ce
que j'ai bien compris que la suggestion que je faisais était une
suggestion qui risquait d'être retenue par le gouvernement?
M. Bourassa: M. le Président, ce n'est pas là la
question.
M. Burns: Bien, voulez-vous laisser les grands garçons
répondre; les petits gars, après. D'accord?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Harvey (Charlesbourg): Vous avez mal compris.
M. Burns: Non, non, laissez faire; ne vous mêlez pas de
cela, c'est trop grand pour vous cela.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Bourassa: M. le Président, je crois qu'à
l'occasion des débats que nous avons posé des questions aux
parties. Je peux difficilement, alors qu'il y a des négociations qui
vont reprendre dans quelques minutes, dire la solution du gouvernement, parce
qu'à part cela il y a des implications techniques; le
député n'était même pas sûr si c'était
45, 43 ou 47 ou 42.
M. Burns: On n'a pas contredit le 45, M. le premier ministre;
c'est pour cela que j'ai mis 45. J'ai demandé, j'ai essayé...
M. Léger: II parle de différence.
M. Burns: Non, non j'ai même demandé... Je m'excuse
de vous interrompre, M. le premier ministre, je veux avoir un dialogue avec
vous. D'accord? On est dans les dernières minutes de la séance et
je veux qu'elle soit la plus constructive possible, n'est-ce pas?
Le Président (M. Séguin): II n'est peut-être
pas à la bonne place, le dialogue.
M. Burns: Bien, le dialogue, c'est sûrement pas nous qui
allons régler cela.
Le Président (M. Séguin): Non, si on n'arrête
pas de parler.
M. Burns: Non, non, mais si on veut aider...
Le Président (M. Séguin): C'est un peu loin de la
motion.
M. Burns: ... un petit peu; je pense que ma question peut risquer
d'aider un petit peu à régler le problème. Peu importe que
la motion du député de Bourget soit adoptée ou
retirée et que la mienne soit adoptée ou retirée ou
battue, moi, je pense qu'à ce stade-ci on est rendu au moment de se
poser les vraies questions. Je vous ai entendu et cela m'a
intéressé de vous entendre dire cela dire que la
suggestion que nous faisions actuellement... Ce n'est pas du tout à
caractère partisan; c'est uniquement dans le but d'en arriver, comme
vous le voulez apparemment, puisque vous le dites depuis déjà
deux semaines, à ramener le transport en commun à Montréal
à sa situation normale.
Je pense qu'il n'y a personne ici, autour de la table, de quelque
côté qu'il soit, qui soit en mesure de dire qu'il est contre cela.
Il n'y a personne qui est contre cela. On a même voté pour cet
élément de la résolution hier. Mais je vous ai compris
tout à l'heure et j'aimerais vous entendre le redire. En tout cas, je
précise, là-dessus, que ce que je suggérais,
c'est-à-dire une médiation d'abord, une offre claire du
côté de la CTCUM d'une négociation sur la base de 45%
d'augmentation et d'un retour au travail à la suite de cette
offre-là, cela pouvait être un élément de solution
dans l'esprit du gouvernement.
Si c'est le cas, j'aimerais vous l'entendre dire.
M. Bourassa: Si les contrepropositions qui vont être faites
tantôt par le syndicat disaient: On veut avoir ce qui a été
donné aux chauffeurs, je pense qu'à mon sens... Je ne suis pas
partie au dossier, puis je ne veux pas intervenir dans la médiation,
parce qu'il y a les contribuables de Montréal qui sont impliqués
là-dedans.
Le gouvernement est impliqué, je suis d'accord, mais il y a les
contribuables de Montréal également. Je trouve que, si les
contrepropositions syndicales demandaient ce qui a été
accordé à une autre catégorie de travailleurs avec
lesquels ils travaillent, je pense que cela pourrait certainement faire avancer
le dossier considérablement, mais je ne peux pas aller plus loin que
cela.
M. Burns: Mais vous retenez cela quand même, je pense,
comme une solution possible.
M. Bourassa: Je pourrais poser la question moi-même. Je
pense qu'il ne s'agit pas de savoir qui a raison, l'un sur l'autre. J'admets
que, dans les relations patronales-ouvrières, il a une expérience
plus grande que je peux en avoir et qu'il a
des contacts qui me semblent assez précieux, habituellement, pour
lui. J'avais posé cette question à la CTCUM mais, comme je vous
dis, on ne peut pas, le gouvernement ne peut pas, actuellement, imposer
d'autorité, étant donné que les contribuables de
Montréal sont également en cause, dont le député de
Maisonneuve.
M. Burns: Mais vous retenez cette possibilité à la
suite des consultations que vous ferez.
M. Bourassa: A travers les canaux réguliers.
M. Burns: Oui, d'accord. Mais sans doute qu'avec le poste que
vous détenez, vous allez peut-être avoir des réponses plus
précises que j'en ai obtenues, comme simple député de
l'Opposition, quand j'ai posé cette question aux représentants de
la CTCUM hier.
M. Bourassa: Attendons les résultats d'aujourd'hui et de
demain. Je pense qu'on va pouvoir suivre cela de très près.
M. Burns: Bon. Mais vous retenez... C'est cela que je veux vous
entendre dire...
M. Bourassa: Je retiens tout ce que tous les
députés...
M. Burns: Vous retenez cette suggestion comme étant une
suggestion qui est quelque chose qui peut vous aider pas un
règlement à régler le problème.
M. Bourassa: Ce n'est certainement pas la pire suggestion du
député de Maisonneuve.
M. Burns: Bon, c'est déjà pas mal. Une Voix:
Vote!
Vote sur la motion
Le Président (M. Séguin): Nous pourrions
procéder, s'il n'y a pas d'autres commentaires sur la motion. Pour ou
contre la motion.
M. Bellemare (Johnson): M. Bérard (Saint-Maurice).
M. Bérard: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Boudreault
(Bourget).
M. Boudreault: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Burns
(Maisonneuve).
M. Burns: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Léger
(Lafontaine).
M. Léger: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Bourassa
(Mercier).
M. Bourassa: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey
(Jonquière).
M. Harvey (Jonquière): Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Mercier
(Bellechasse).
M. Mercier: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey
(Charlesbourg).
M. Harvey (Charlesbourg): Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Faucher
(Nicolet-Yamaska).
M. Faucher: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Pagé
(Portneuf).
M. Pagé: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Malépart
(Sainte-Marie).
M. Malépart: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Roy (Beauce-Sud). M.
Tremblay (Iberville).
M. Tremblay: Pour.
Le Président (M. Séguin): La motion est
adoptée.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je propose
l'ajournement.
M. Burns: M. le Président, avant la proposition
d'ajournement, je voudrais, si vous me permettez est-ce que le ministre
me permet soumettre un dernier problème. Cela va être
très court; à part cela, je vous garantis qu'on ne sera pas ici
longtemps.
Je voudrais, eu égard à un certain nombre de choses et
puisque c'est peut-être la dernière fois qu'on va se voir en
commission parlementaire je pense qu'il est logique de présumer
cela...
Le Président (M. Séguin): Pour ce coup-ci.
Motion pour vérifier les accusations du
président de la CSN
M. Burns: Oui, sur ce problème-là. Le
Président a bien raison de me dire que c'est relative-
ment à ce problème. Il y a sans doute d'autres occasions
où on pourra se rencontrer. Entre autres, ce qui m'a
véritablement frappé hier: D'une part, un certain nombre
d'accusations qui ont été formulées par M. Pepin au nom du
groupe syndical et, d'autre part, certaines réactions de M. Hanigan. Je
me souviens et cela, je pense que c'est consigné au journal des
Débats d'avoir entendu M. Hanigan nous dire qu'il n'était
pas intéressé à négocier avec les
représentants syndicaux.
Remarquez qu'encore là on peut se lancer dans toutes sortes
d'interprétations. Je ne pense pas que ce soit mon rôle de le
faire à ce stade-ci. Tout au moins, une commission parlementaire qui a
pris connaissance de cette attitude, d'une part, du côté syndical,
une accusation de mauvaise foi, un certain nombre de faits, qui ont
été énumérés à la commission
parlementaire, de la mauvaise foi du côté patronal et, d'autre
part encore, une admission presque en tout cas, on la prendra comme on
voudra du côté patronal qu'on n'était pas
intéressé à rencontrer les représentants
syndicaux.
Parce qu'à ce moment, j'alléguais à M. Hanigan, le
fait je l'ai entendu de mes propres oreilles à l'occasion d'une
émission de ligne ouverte qu'il n'avait plus aucune confiance aux
représentants syndicaux et, en conclusion, il me disait: Je n'ai pas
l'intention de rencontrer les représentants syndicaux.
Dans ce sens, M. le Président, avant qu'on termine nos travaux,
et je vais cesser tout de suite mes remarques, je fais simplement cette
proposition: Que la commission recommande au commissaire-enquêteur en
chef de vérifier les accusations formulées par le
président de la CSN quant au refus de la CTCUM de négocier de
bonne foi, et, s'il y a lieu, d'entreprendre les poursuites
appropriées.
Encore une fois, c'est une recommandation. Bien sûr, qu'on n'a pas
le pouvoir d'imposer cela à qui que ce soit, mais en vertu du code du
travail, comme vous le savez, c'est le commissaire-enquêteur en chef qui
a la possibilité de faire ces enquêtes et de porter ces plaintes.
Il me semble que cela nettoierait le dossier en ce qui nous concerne et que
tout au moins, on sache, du côté de l'appareil gouvernemental
approprié, c'est-à-dire le commissaire-enquêteur en chef
qui relève du ministre du Travail, qu'enquête est faite sur les
accusations formulées par le président de la CSN qui n'ont pas,
à ma connaissance, été contredites. Bien au contraire, qui
ont été appuyées par la réponse qui m'a
été donnée par M. Hanigan; mais il me semble qu'au moins,
enquête devrait être faite et que, s'il y a lieu, par la suite, les
poursuites appropriées soient prises.
J'en fais la proposition, M. le Président.
M. Harvey (Jonquière): En réponse à la
demande du député de Maisonneuve, M. le Président, bien
sûr, je n'ai pas à mettre en doute l'impression qu'il a eue, hier,
à la suite des affirmations faites par le président du front
commun, devant cette commission. Mais, à mon sens, quand
M. Hanigan est revenu, il n'a pas voulu aller sur ce terrain et il a
terminé ses représentations ou ses déclarations en disant
qu'il était prêt à retourner à la table avec toute
la bonne foi nécessaire, mentionnant cependant que certaines
affirmations de M. Pepin avaient été contraires à la
vérité, et cela, depuis plusieurs fois, depuis le début du
conflit.
Moi, M. le Président, je prétends que la personne la plus
compétente pour juger de la bonne foi des parties, c'est, à mon
sens, celui à qui on a confié la tâche d'agir comme
médiateur.
M. Burns: Que vous ne voulez même pas qu'on entende.
M. Harvey (Jonquière): Un instant, M. le Président,
j'ai laissé parler le député de Maisonneuve, il est
nerveux pour rien.
M. Burns: Non, non.
M. Harvey (Jonquière): Je prétends que la personne
la plus compétente, qui n'est ni intéressée plus d'un
côté que de l'autre, c'est la personne qui a mentionné,
dans deux rapports successifs, ici à cette commission, le climat qui a
prévalu aux négociations, la collaboration qu'il a reçue
de part et d'autre, et il sera, dans quelques minutes, disponible pour
respecter le voeu adopté, encore une fois, avant l'ajournement par cette
commission parlementaire. Si le médiateur, M. Roger Pilotte, a
détecté d'une part ou de l'autre, de la mauvaise foi qui vient en
contravention avec le code du travail, sur un rapport précis de sa part,
je ferai en sorte de prendre mes responsabilités. En demandant au
commissaire-enquêteur, au moment où on se parle, d'aller
vérifier des affirmations qui sont contredites par une autre partie, je
pense que ce serait faire dévier, amener une mesure de diversion au
moment, ou de façon non pas unanime, mais avec les deux réserves
du vote de l'Opposition, une des oppositions ici, sur l'adoption d'un voeu,
encore une fois, qui termine les travaux de cette commission parlementaire, une
mesure de diversion de nature à empêcher vraiment l'effort ultime
de règlement par voie de médiation.
Je serais très heureux si, vendredi matin, dix heures,
malgré la convocation et le dérangement que cela pourra apporter
pour certaines personnes qui, comme vous, M. le Président, avez pu
accepter d'autres engagements antérieurs, soit dans votre comté
ou ailleurs, la commission n'avait pas à siéger, ce qui s'est
produit l'an dernier.
Je répète que sur rapport du médiateur, la personne
la plus compétente pour juger de la mauvaise foi en fonction des
articles précis du code du travail à cette fin, c'est avec
plaisir que je demanderai à la personne chargée de faire
enquête; dans le code du travail, de le faire. Je ne peux pas m'engager,
sans avoir de la part de l'unique personne qui a représenté le
ministère, au moment où ces gestes de mauvaises foi auraient
été posée, de déterminer si oui ou non on fait une
enquête immédiatement.
M. Burns: M. le Président, utilisant mon droit de
réplique, à moins qu'il y ait quelqu'un d'autre qui veuille
parler.
Le Président (M. Séguin): Un instant. C'est
justement ce que j'allais demander. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
M. Pagé: M. le Président, sur la motion
présentée par le député de Maisonneuve, si on se
rappelle la nomenclature prévue à l'article 131 du code du
travail qui prévoit ce recours auprès du
commissaire-enquêteur en chef, il est possible, pour une des parties qui
découvre ou qui allègue la mauvaise foi, d'elle-même
présenter une requête auprès du commissaire-enquêteur
en chef.
Dans ces circonstances, je m'explique mal comment il se fait que le
représentant de la CSN nous ait dit hier qu'il n'était pas dans
ses intentions de présenter une telle requête auprès du
commissaire-enquêteur.
M. Burns: Cela est très normal à ce stade-ci. Une
des parties intéressées qui veut aider à maintenir le plus
possible et avec toutes les difficultés que cela comporte une certaine
atmosphère de négociations, c'est bien possible que la partie
syndicale qui reconnaît un bris à l'article 41 ne porte pas de
plainte. Cela ne serait pas de nature à aider à améliorer
l'atmosphère des négociations, pas plus que c'était en
mesure d'aider à l'atmosphère des négociations que de
faire des offres sur les ondes radiophoniques, de la part du président
de la CTCUM.
Je pense que du côté syndical on est sage, à ce
stade-ci, de ne pas porter de plainte, parce que c'est la meilleure
façon de détériorer encore davantage
l'atmosphère.
Si je vous réfère à l'article 131 du code du
travail, on y lit ceci: "Toute poursuite pénale en vertu du
présent code peut être intentée par le
commissaire-enquêteur en chef ou une partie
intéressée".
La partie intéressée, actuellement, serait normalement la
partie syndicale. La partie syndicale ne m'a jamais dit que c'était pour
cela qu'elle ne faisait pas de poursuite, mais je présume, à
cause d'une certaine expérience que je peux avoir, qu'elle n'a pas
l'intention d'envenimer les choses.
Mais nous, qui sommes conscients de ce problème ici, à la
commission parlementaire, il me semble qu'on devrait prendre connaissance des
dispositions de l'article 41 du code du travail...
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que le député
de Maisonneuve me permettrait simplement, pour ne pas déranger dans son
droit de réplique, de lui dire ceci? Pendant la médiation des
chauffeurs d'autobus et des opérateurs de métro, pas en
négociant, en n'étant pas à la table, mais en
écoutant, je me suis fait dire par les deux parties parce que je
n'ai pas été à la table, contrairement à ce qu'on a
pu écrire, l'improvisation de pompier que j'ai pu faire. Je n'ai pas agi
comme pompier, aucunement.
M. Burns: Ce n'est pas moi qui ai dit cela.
M. Harvey (Jonquière): Non, non, pas vous. Mais il y a
quelqu'un qui a dit cela. Ce n'est pas grave.
J'ai entendu, de la part des deux parties, des accusations de mauvaise
foi et j'ai posé moi-même, pour ma propre information, la question
au médiateur, après que tout ait été
réglé. Il m'a dit que c'était normal que des choses
semblables se produisent. C'est pour cela que c'est une question d'opinion.
M. Burns: Ce n'est pas ma conception. C'est justement.
M. Harvey (Jonquière): A moins que le médiateur,
d'une façon précise, détecte de la mauvaise foi...
M. Burns: M. le ministre, votre réponse, je m'excuse, je
vous le dis...
M. Harvey (Jonquière): ... et le signale dans le
rapport.
M. Burns:... de façon très détendue,
substitue à une disposition légale, c'est-à-dire l'article
131 de la loi, un pouvoir qui appartient au commissaire-enquêteur en
chef; vous substituez ce pouvoir en le mettant entre les mains du
médiateur. Je m'excuse, M. Pilotte peut avoir toutes les
compétences voulues.
M. Harvey (Jonquière): Je regrette, M. le
Président.
M. Burns: Je ne les discute pas, ce n'est surtout pas cela...
M. Harvey (Jonquière): Je regrette, M. le
Président, Je ne le mets pas dans ses mains. Je dis...
M. Burns: Mais vous avez un texte de votre loi. Remarquez que le
code du travail, c'est vous qui l'administrez.
M. Harvey (Jonquière): Que la partie
intéressée fasse une dénonciation en bonne et due forme au
ministre du Travail.
M. Burns: La partie intéressée, elle, à mon
avis, à ce stade-ci, ce serait stupide de sa part de le faire, si elle
voulait maintenir la meilleure atmosphère possible en
négociation. Je comprends très bien qu'elle ne le fasse pas. Si
elle le fait, c'est parce qu'elle va poser un geste suicidaire, sachant que, de
toute façon, les négociations sont absolument
détériorées.
Ce que je vous dis, c'est que la commission, elle, cependant, pourrait
recommander, je ne vous dis pas des poursuites, mais la commission...
M. Harvey (Jonquière): La commission n'a pas le droit de
se substituer à une loi.
M. Burns: Laissez-moi terminer. Non. Bien non. Mais la commission
pourrait recommander, comme elle a recommandé, d'ailleurs, au ministre,
de nommer un médiateur et de continuer son mandat. On a même
fixé des dates. On a même trouvé que les recommandations de
la commission parlementaire étaient tellement importantes, qu'on a
interprété la motion qu'on a adoptée hier, en disant que
le médiateur n'avait pas le droit d'agir comme médiateur, de
négocier, d'intervenir dans le conflit s'il n'y avait pas de retour au
travail. Imaginez-vous, c'est à ce point.
Moi, je prétends qu'une recommandation d'une commission ne va pas
si loin que cela. C'est dans ce sens que je fais ma proposition. C'est pour
cela que je vous dis qu'au moins, ayant pris connaissance, nous, comme
commission parlementaire, d'accusations qui ont été faites, ayant
pris connaissance du fait que c'est normal que la partie syndicale ne prenne
pas de plainte, actuellement, si elle ne veut pas envenimer
l'atmosphère, au moins, le minimum qu'on pourrait faire, ce serait de
recommander au commissaire-enquêteur en chef de faire enquête et,
s'il y a lieu, d'agir selon les dispositions de l'article 131 du code du
travail, c'est-à-dire de porter des plaintes pénales. C'est
tout.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, on a eu ici
devant cette commission, je pense, dans des termes différents, deux
accusations de mauvaise foi: Une de façon très précise et
beaucoup plus longue, de la part de la partie syndicale, on a eu la même
accusation à l'endroit de la partie syndicale par la partie patronale,
de la part de M. Hanigan. Je n'ai pas les épreuves du journal des
Débats mais lorsqu'on...
M. Burns: Surtout...
M. Harvey (Jonquière):... a accusé M. Pepin
à deux reprises de ne pas dire la vérité, cela ressemble
à...
M. Burns: Mais cela n'a rien à faire... M. le ministre, je
m'excuse, vous...
M. Harvey (Jonquière): Mais pour terminer, M. le
Président...
M. Burns: Non, non, je ne vous blâme pas...
M. Harvey (Jonquière): ... je donne un point de vue qui
est bien simple.
M. Burns: Je ne vous blâme pas, M. le ministre.
M. Harvey (Jonquière): La commission parlementaire du
travail n'a pas à se substituer à des articles d'une loi qui
s'appelle le code du travail.
M. Burns: M. le Président...
Une Voix: Votre droit de réplique.
M. Burns: Maintenant, je vais utiliser mon droit de
réplique, cela va? Le ministre a fini, c'est ce que vous vouliez dire.
Parfait.
Je ne veux pas prendre le ministre du Travail. Je sais qu'il est
relativement nouveau dans ce domaine. Je sais tout cela.
M. Harvey (Jonquière): Retournez comme négociateur
patronal et vous allez trouver que vous êtes nouveau parce que cela a
changé...
M. Burns: Je n'ai jamais été négociateur
patronal.
M. Harvey (Jonquière): Syndical. Cela a changé
depuis 1970.
M. Burns: Si vous ne faites pas la différence entre les
deux, cela m'inquiète bien gros.
M. Harvey (Jonquière): C'était un lapsus.
M. Burns: Ouais. C'est cela. On m'a toujours dit que les lapsus
avaient quelque chose en arrière de cela.
M. Harvey (Jonquière): Comme le Journal de Québec
hier qui a rapporté: Le chef de l'Opposition, M. Claude Morin. C'est une
erreur de clavi-graphe.
M. Burns: Bon. Je disais donc, et j'utilise mon droit de
réplique. Si jamais il y en a d'autres qui veulent parler, c'est le
temps parce que là, j'utilise mon droit de réplique. Il n'y en a
pas d'autres?
M. le Président, je disais donc que je ne blâme pas le
ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre de ne pas être familier avec
les articles 41 et 131 du code du travail. Ce sont des choses qu'il va
apprendre avec le temps, mais entre autres, à l'article 41, on dit
qu'après un avis prévu à l'article précédent
c'est l'avis de négociation et l'avis de conciliation les
négociations doivent commencer et se poursuivre avec diligence et bonne
foi.
Il y a une accusation de la part d'une des parties
intéressées qui pourrait le faire autrement. Cette accusation
pourrait se faire en vertu des dispositions de l'article 131 qui dit
ai-je besoin, M. le ministre de vous le lire à nouveau Toute
poursuite pénale, en vertu du présent code, peut être
intentée par le commissaire enquêteur en chef ou une partie
intéressée." Les amendes prévues, etc., n'ont aucune
importance dans le présent débat.
Je dis tout simplement que nous, ayant pris connaissance du fait qu'une
des parties alléguait mauvaise foi, chose qui est en contravention
claire des dispositions de l'article 41, il me semble que le minimum qu'on
pourrait faire serait de recommander au commissaire-enquêteur... Non pas
à M. Pilotte qui est un médiateur spécial, qui n'a
même pas de statut dans notre code du travail n'oubliez pas, il
n'en a pas. Il n'y a pas de médiateur spécial dans le code du
travail. Correct? On s'entend là-dessus? Bon.
Plutôt que de demander à M. Pilotte, avec tout
le respect que j'ai pour lui, un rapport qu'on a refusé qu'il
nous donne d'ailleurs, ici à la commission à la suite
d'une motion que j'ai faite, on a refusé d'obtenir des détails
sur cette atmosphère, sur ces impossibilités, selon lui, d'amener
les parties ensemble il me semble que la commission parlementaire se
devrait, au minimum, à moins que son jupon ne dépasse, selon une
expression bien connue qui a été lancée dans le
débat la semaine dernière par le premier ministre, à moins
que la commission parlementaire laisse dépasser son jupon, il me semble
que ce serait la chose la plus normale, la plus détendue que de demander
au commissaire-enquêteur en chef de vérifier les accusations du
président de la CSN et, s'il y a lieu, de porter les plaintes
appropriées.
Je n'ai pas autre chose à dire. Je termine mon droit de
réplique. Je demande le vote sur la motion que je viens de
présenter.
Vote sur la motion
Le Président (M. Séguin): Pour ou contre la motion
du député de Maisonneuve... M. Bellemare (Johnson)?
Le Président (M. Séguin): M. Bérard
(Saint-Maurice)?
M. Bérard: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Boudreault
(Bourget)?
M. Boudreault: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Burns
(Maisonneuve)?
M. Burns: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Léger
(Lafontaine)?
M. Léger: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Bourassa (Mercier)? M.
Harvey (Jonquière)?
M. Harvey (Jonquière): Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Bourassa (Mercier)? M.
Harvey (Jonquière)?
M. Harvey (Jonquière): Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Mercier
(Bellechasse)?
M. Mercier: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey
(Charlesbourg)?
M. Harvey (Charlesbourg): Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Faucher
(Nicolet-Yamaska)?
M. Faucher: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Pagé
(Portneuf)?
M. Pagé: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Malépart
(Sainte-Marie)?
M. Malépart: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Roy (Beauce-Sud)? M.
Tremblay (Iberville)?
M. Tremblay: Contre.
Le Président (M. Séguin): La motion est
rejetée.
M. Burns: Combien, M. le Président?
Le Président (M. Séguin): Contre: 9 Pour:
2
M. Burns: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): La commission...
M. Harvey (Jonquière): Je propose l'ajournement de la
commission sine die.
Le Président (M. Séguin): La commission ajourne
donc ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 42)