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Commission permanente du travail,
de la main-d'oeuvre et
de l'immigration
Etude des raisons motivant l'impossibilité de
parvenir
à une entente relativement
aux modifications à apporter au décret
concernant
l'industrie de la construction
Séance du mercredi 28 avril 1976
(Dix heures et quarante et une minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail et de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
Nous continuons ce matin la séance de la commission du travail,
de la main-d'oeuvre et de l'immigration avec les mêmes membres que nous
avions hier au moment de l'ajournement... Je nomme M. Bellemare (Johnson); M.
Bédard (Montmorency); M. Burns (Maisonneuve); M. Charron
(Saint-Jacques)...
M. Burns: Pardon, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): M. Déziel
(Saint-François)...
M. Burns: Excusez, M. le Président, je viens d'entendre M.
Charron (Saint-Jacques). Je vous demanderais de modifier pour Lessard
(Saguenay) pour la séance seulement.
Le Président (M. Séguin): Donc, en
remplaçant M. Charron (Saint-Jacques) par M. Lessard (Saguenay); M.
Déziel (Saint-François); M. Harvey (Jonquière); M. Harvey
(Dubuc); M. Lachance (Mille-Iles); M. Malépart (Sainte-Marie). Il y a un
changement ici, M. Pagé (Portneuf) à la place de M.
Côté (Matane). M. Saint-Germain (Jacques-Cartier); M. Samson
(Rouyn-Noranda); M. Veilleux (Saint-Jean); M. Verreault (Shefford). M.
Malépart continue d'être le rapporteur de la commission. La parole
au moment de l'ajournement était à M. Bédard
(Montmorency).
Engagement syndical au sujet des chantiers
olympiques
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, hier soir
sur les dernières minutes, M. Dumoulin me parlait d'un texte qu'il
voulait déposer ou nous lire, je crois, le texte d'une entente
concernant les Jeux olympiques. Est-ce que vous faites un dépôt
officiel ce matin ou si vous êtes prêt à nous le lire pour
savoir à quoi s'en tenir, ce que cela peut comporter?
M. Dumoulin: Voici, M. le Président, on a
assurément un autre texte mais je croyais que vous aviez des questions
à poser aux parties. On aurait déposé notre texte en temps
et lieu. De toute fa- çon il sera déposé, parce que, dans
le texte que vous avez déjà, il est mentionné qu'un autre
y est attaché à l'arrière. Il faut qu'on vous le
remette.
M. Bédard (Montmorency): C'est suite à la lecture
de ce document, mais auriez-vous objection, M. Dumoulin, à nous le lire,
pour l'instant, pour savoir...?
M. Dumoulin: Aucune objection.
M. Bédard (Montmorency): Voulez-vous nous le lire, s'il
vous plaît?
Le Président (M. Séguin): Allez-y. Vous avez la
parole.
M. Dumoulin: "Engagement de non-grève sur tous les
chantiers olympiques." Il est bien mentionné "...sur tous les chantiers
olympiques." "Attendu que le comité exécutif du Conseil
provincial du Québec des métiers de la construction a tenu une
assemblée d'urgence lundi, le 26 avril 1976, à 17 heures,
à son siège social; "Attendu qu'il a été
dûment proposé, secondé et adopté à
l'unanimité de recommander à tous ses affiliés de ne pas
faire de grève avant la tenue des Jeux olympiques sur tous les chantiers
olympiques; "Attendu qu'une assemblée extraordinaire du bureau des
agents d'affaires du Conseil provincial du Québec des métiers de
la construction a été tenue à l'hôtel Quality Inn
à 13 heures, mardi, le 27 avril 1976; "Attendu qu'il a été
dûment proposé, secondé et adopté à
l'unanimité qu'aucun affilié ne fasse de grève sur tous
les chantiers olympiques avant la tenue des Jeux olympiques; "Attendu que tous
les affiliés, par leurs représentants dûment
mandatés qui ont apposé leur signature ci-après à
cet effet, se sont engagés à ne pas faire la grève sur
tous les chantiers olympiques avant la tenue des Jeux olympiques; "En
conséquence, "le Conseil provincial du Québec des métiers
de la construction déclare que les Jeux olympiques seront
complétés à temps et il est d'avis que cette solution peut
remédier à toute incertitude concernant la tenue des Jeux
olympiques et il dépose, tel qu'il a été résolu
à cette assemblée du bureau des agents d'affaires du Conseil
provincial du Québec des métiers de la construction du 27 avril
1976, devant la commission parlementaire du travail, de la main-d'oeuvre et de
l'immigration le présent document pour valoir comme gage de la bonne foi
du Conseil provincial du Québec des métiers de la construction et
de tous ses affiliés que les Jeux olympiques seront
complétés à temps par les travailleurs de la construction
du Québec. "En foi de quoi nous avons signé à
Montréal ce 27e jour du mois d'avril 1976. "Conseil provincial du
Québec des métiers de la construction. "Guy Dumoulin, directeur
général. "Membres du comité exécutif: Roger
Lamontagne, président; Jean Lavallée, vice-président;
Léo
Annett, vice-président; Paul Castonguay, vice-président;
Normand Laçasse, vice-président; signé par M. Maurice
Pouliot, pour Normand Laçasse, étant donné qu'il est
malade en ce moment; Mario Di Pesa, secrétaire-archiviste; Georges
Légaré, vice-président; Patrick Arsenault,
vice-président; Charles Laforce, vice-président; Robert Forcier,
vice-président; Paul Rancourt, secrétaire-trésorier. Donc,
tous les membres de l'exécutif du Conseil provincial représentant
tous les affiliés du conseil ont dûment signé ce document
et l'assemblée a ratifié cette position, telle que
mentionnée dans le document que nous avons présenté.
M. Bédard (Montmorency): Attaché à ce
document, M. Dumoulin, avez-vous des résolutions des syndicats
associés?
M. Dumoulin: Non, M. le député.
M. Bédard (Montmorency): Parce que...
M. Dumoulin: On peut obtenir des résolutions des syndicats
affiliés sûrement. Mais, par contre, selon notre structure, ce
sont les moyens par lesquels nous procédons habituellement, tel que
mentionné ici, parce que, comme je vous l'ai mentionné hier soir,
c'est que la dernière assemblée, concernant cette position qui a
été prise a été tenue avant-hier soir. Les autres
assemblées avaient été tenues auparavant.
M. Bédard (Montmorency): C'est pour cela, c'est parce que
suivant le procédé que vous nous avez expliqué hier,
chacun dans son milieu se réunissait, donc c'est là qu'avait lieu
le contact de la base. Suivant ce contact, il doit y avoir, par région
ou par secteur, vous avez des termes spéciaux, une résolution par
syndicat associé, si l'on veut, qui lui, se présente devant vous,
votre conseil général, et dit: Moi, chez nous, je suis
mandaté, voilà ma résolution. Est-ce que, je comprends que
ce matin vous ne les avez pas, mais ces papiers font-ils partie des archives de
vos syndicats?
M. Dumoulin: On est en mesure de vous fournir de la documentation
à cet effet, qui fait partie des archives des syndicats, comme de
raison, des syndicats locaux affiliés. Ce n'est pas le Conseil
provincial qui détient les procès-verbaux de tous les locaux.
M. Bédard (Montmorency): C'est cela.
M. Dumoulin: Chaque local d'union a ses procès-verbaux.
Ils sont au nombre de 37.
M. Bédard (Montmorency): Donc, vous pourriez nous les
fournir.
M. Dumoulin: S'il y a lieu, on peut vous les fournir.
M. Bédard (Montmorency): II n'y a pas de problème.
Maintenant, est-ce que, attachées à cette entente, il y a des
conditions monétaires ou toutes autres conditions qui pourraient, qui
ont été stipulées ou que vous avez l'intention de demander
entre cette période du 1er mai et du 31 juillet, ou, pour aucune
considération, il n'y a aucune demande supplémentaire faite.
M. Dumoulin: La position, je crois qu'elle est assez claire dans
le document qui a été présenté hier, c'est que nous
croyons que la commission parlementaire a été convoquée
dû au fait qu'on semble croire qu'il y a urgence concernant les Jeux
olympiques en accord avec l'article 18 de la loi.
Concernant les Jeux olympiques, nous nous engageons à ne pas
faire de grève. Donc, il n'y a pas lieu d'allonger le décret; il
faut laisser les parties négocier pour en venir à une entente et
négocier dans le sens que la négociation se déroule dans
le moment et tel qu'il a été dûment expliqué hier;
laisser aux parties impliquées et concernées discuter avec les
gens impliqués et concernés.
M. Bédard (Montmorency): Vous avez enchaîné.
D'abord, je veux vous assurer que, du moins par ce que j'en connais, si la
commission parlementaire a été convoquée cette semaine,
c'est uniquement par la loi, parce que, d'après les explications qui ont
été fournies hier j'ai pris la peine de lire la loi
le quatrième paragraphe de l'article .18, je pense qu'il est assez lourd
de responsabilités pour nous du gouvernement. Donc, pour aucune
considération, je n'ai l'impression que nous vous avons demandé
de venir en commission parlementaire parce qu'on avait peur pour les Jeux
olympiques. Je pense que cela ne fait pas partie de l'article 18. L'article 18,
quatrième paragraphe, est un "must" pour nous. Mais ma question...
M. Burns: M. le Président, le député de
Montmorency me permettra peut-être de dire qu'il donne une fausse
interprétation de l'article 18. Il n'y a aucune obligation de la part du
ministre de convoquer la commission.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, j'ai le
droit de parole et je demanderais au député de Maisonneuve...
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'invoque
le règlement.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! D'accord, sur
un point de règlement. A l'ordre!
M. Burns: D'accord, je m'excuse, M. le Président.
M. Harvey (Jonquière): Hier, le député de
Maisonneuve m'a blâmé de l'interrompre et il fait exactement ce
que j'ai fait à son endroit hier. Alors, je n'ai pas le droit de le
faire; il n'a pas le droit de le faire non plus.
M. Burns: Vous avez raison, je retire mes paroles.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Montmorency. S'il vous plaît, continuez.
M. Bédard (Montmorency): Donc, M. Dumoulin, je reviens
à ma question. Je voudrais avoir une réponse claire. Mes
questions sont courtes. Est-ce qu'il y aurait des conditions spéciales
qui auraient été attachées ou si, pour aucune
considération, vous ne parlez d'avoir des augmentations de salaire,
d'avoir des augmentations sur le millage, la semaine de travail, ou toute autre
considération?
M. Dumoulin: Voici, M. le député. Nous avons
reçu pour ne pas me répéter une invitation
de la part du gouvernement à nous présenter à une
commission parlementaire. Vous dites que l'article 18 de la loi vous permet de
faire cela. On peut peut-être vous retourner la question. Où
voyez-vous l'urgence de convoquer une commission parlementaire pour nous
laisser le droit de négocier? Nous croyions je m'excuse si on
s'est trompé mais nous avons cru que c'étaient les Jeux
olympiques qui vous inquiétaient. Personnellement, je crois que les Jeux
olympiques devraient avoir lieu. Donc, nous avons pris position concernant les
Jeux olympiques à l'intérieur de tous nos affiliés,
après consultation. On vient vous formuler cela et on vous demande une
chose: Laissez-nous négocier, laissez-nous essayer de nous entendre avec
nos gens. La question, je vous la pose: Est-ce que vous croyez que l'article 18
de la loi, avec l'offre qu'on vous fait, tient?
M. Bédard (Montmorency): D'abord, vous posez une question
à la commission. Le responsable auprès de la commission, c'est le
ministre, vous lui poserez la question tout à l'heure pourquoi il a
demandé une commission parlementaire. Je ne veux pas le remplacer, c'est
lui qui donnera les renseignements. Je suis convaincu que je pourrais vous
donner ta réponse.
Mais, suite à ma question, vous ne m'avez pas encore
répondu, j'y reviens une troisième fois. Est-ce qu'il y a des
conditions spéciales attachées pour avoir signé ou
proposé une entente semblable. Il me semble que c'est clair. Vous me
dites: M. le député, non, pour aucune considération, ou
oui, sur différents points.
M. Dumoulin: Les conditions, je pense qu'on les a
expliquées et on va vous les dire plus clairement pour se comprendre. On
vous propose qu'il n'y ait aucun problème aux chantiers olympiques et on
vous dépose des documents. On croit que l'article 18 n'a pas lieu
d'être appliqué, donc, qu'il n'y ait pas d'extension de
décret, qu'on négocie. Savoir les conditions qui
résulteront de ces négociations, je pense que les personnes qui
peuvent le savoir, ce seront les personnes qui discuteront ensemble et qui
s'entendront sur quelque chose. Nous, ce qu'on veut, lorsqu'on peut discuter de
question salariale, ce n'est pas une question de cents et piastres au total. Il
y a une répartition de cet argent, soit pour être mis aux
avantages sociaux, soit pour être mis dans un plan de recyclage ou pour
un plan de formation privée.
Si on veut faire toute la négociation du décret ici, on
peut être ici pendant longtemps. Je crois que la condition, c'est de nous
laisser négocier. C'est ce qu'on dit, l'extension du décret,
oubliez-la.
M. Bédard (Montmorency): Complètement d'accord avec
vous, M. Dumoulin, sur ce point. En ce qui me concerne, j'aime autant vous
laisser négocier. Mais je veux m'assurer qu'une telle entente, vous
savez qu'il n'y a pas eu de promesse aux syndiqués que, si on signe
l'entente comme ça, à compter du 1er mai, on aura une garantie de
$0,50 additionnels l'heure, nous allons avoir un montant rétroactif de
$1000, vous savez. Je voulais m'assurer de ça. Parce que, moi aussi,
j'aime bien mieux que les négociations se fassent.
Dans votre document, vous parlez des chantiers olympiques et vous avez
insisté, au début de votre exposé, sur les chantiers
olympiques. Encore pour la même raison que je vous ai fournie hier soir,
étant donné que c'est inscrit au journal des Débats, pour
vous, les chantiers olympiques, c'est quoi?
M. Dumoulin: Les chantiers olympiques, pour moi, c'est partout
où il y aura de la participation aux Jeux olympiques durant les quinze
jours du mois de juillet, soit à Valleyfield, soit à Bromont,
soit au Centre Robillard, soit au vélodrome, au parc, au village, en
somme, je ne veux pas en oublier, mais partout où il y a des
installations olympiques qui ont trait aux jeux, c'est ce que nous voulons
mentionner.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saint-François. Un instant, s'il vous plaît.
Interrogatoire des témoins
M. Déziel: Merci, M. le Président. J'aurais deux
questions à poser. La première s'adresse à M. Dumoulin,
représentant syndical. Pour employer les termes de M. L'Heureux,
représentant patronal, lorsqu'il a souligné, à certains
moments, qu'il y avait eu "suspension indéfinie", quelles ont
été les raisons valables, pour la partie syndicale, pour que, le
7 avril, il y ait eu cette suspension indéfinie?
M. Dumoulin: Je crois l'avoir mentionné hier. Lorsqu'il y
a eu suspension, c'est suite aux rencontres aux tables particulières,
avec la réponse formulée par l'employeur qu'il nous rencontrera
dans le courant du mois de mai pour nous fournir des réponses.
Vous semblez vous inquiéter du 1er mai. Les employeurs ne
semblaient pas s'inquiéter du tout du mois de mai. Vous nous parlez
toujours du 30 avril et du 1er mai. Nous avons eu la réponse que nous
allons nous rencontrer à nouveau dans le courant de mai.
Advenant que nous aurions accepté cela sans
rien dire, je pense qu'on serait quand même ici, de toute
façon. Nous nous sommes retirés et avons demandé
l'intervention d'un conciliateur, dans le but d'accélérer la
négociation, de la mener à un rythme plus rapide.
M. Déziel: Est-ce qu'il y avait eu des demandes syndicales
présentées avant le 7 avril?
M. Dumoulin: Pardon?
M. Déziel: Est-ce qu'il y avait eu des demandes syndicales
présentées aux patrons, avant le 7 avril?
M. Dumoulin: Bien sûr. A partir du 10 mars, un document de
145 pages a été déposé. Aucune contre-proposition
ne nous a été faite jusqu'à maintenant.
M. Déziel: Ma deuxième question s'adresse aux deux
parties. M. Dumoulin a souligné, hier qu'il avait besoin d'outils de
travail. Je pense que cela a été un slogan assez remarquable
pendant la période de maraudage qui a eu lieu au mois de novembre. Je
pense que les patrons également ont réellement besoin d'outils de
travail.
Dans un premier temps, vous savez que lorsqu'ils ont à fournir
des soumissions ou quoi que ce soit, ils essaient d'y aller à
l'intérieur des mesures anti-inflationnistes. On sait, en
deuxième lieu, que M. Claude Castonguay s'apprêterait à
proposer des changements ou des modifications aux mesures anti-inflationnistes,
tel qu'annoncé par lui récemment.
En troisième lieu, à partir du 1er mai et jusqu'au moment
où une convention collective serait signée entre les parties,
cela donnerait probablement lieu à une rétroactivité qui
pourrait se faire en date du 1er mai.
Ne pensez-vous pas, M. Dumoulin et M. L'Heureux, que, devant ce triangle
d'incertitude, le patron pourrait risquer beaucoup au niveau de la
qualité du travail ou quoi que ce soit, concernant les soumissions qu'il
est obligé de fournir, surtout que c'est la période.
Pensez-vous que vous ne pourriez pas mettre la partie patronale qui,
dans le moment, est en train de s'organiser et qui n'a peut-être pas la
même force d'équilibre que vous pouvez avoir présentement,
est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'essayer de comprendre la situation aussi
envers les patrons en essayant d'apporter de la compréhension dans ce
domaine?
M. Dumoulin: Me posez-vous la question? M. Déziel:
Premièrement, oui.
M. Dumoulin: Justement, en réponse à votre
question, c'est que si nous n'étions pas ici aujourd'hui, nous
essayerions de négocier et de nous entendre quelque part pour être
en mesure, au 1er mai, de peut-être trouver un règlement soit
temporaire ou quoi que ce soit. En somme, comme réponse, ce que je vous
dis, c'est que la négociation entre les parties est là pour
trouver des solutions. C'est sûr et certain que si nous étions
ensemble en train de négocier, nous chercherions une solution pour le
1er mai. Mais, dans le moment, on ne peut pas la chercher, on est ici.
M. Déziel: M. L'Heureux.
M. L'Heureux: M. Dumoulin dit que, dans le moment, on pourrait
chercher conjointement une solution. Je dois lui rappeler que ce sont eux qui
ont demandé un conciliateur et, depuis ce temps, on négocie par
l'entremise... C'est-à-dire qu'eux parlent au conciliateur, et nous, le
conciliateur nous a même informés que ce n'est pas demain qu'il
pourrait nous rencontrer, c'est vendredi, le 30. Ce serait assez difficile de
rechercher une solution ensemble dans ces conditions.
Vous posez une question et vous mentionnez aussi que les patrons, nous
ne sommes pas si bien organisés et que l'équilibre des forces est
en faveur du syndicat. Je ne suis pas prêt à accepter cela. Je
pense que, dans le moment, l'AECQ, au niveau des relations du travail, c'est
à ce niveau que se situent nos pourparlers ici, est très bien
structurée. On a une unité patronale. Pour la première
fois, on peut parler sans se diviser, on peut présenter un texte qui est
accepté par tous nos membres. Je ne suis pas prêt à
accepter le fait qu'on ne soit pas organisé de cette façon.
C'est justement ce qu'on veut briser. C'est justement le fait que,
jusqu'au 7 avril, on s'est aperçu que les patrons se tenaient, qu'il
était difficile de retrouver à l'intérieur du conseil
d'administration et qu'il était inutile d'aller ailleurs, de rechercher
des points de faiblesse ou des points qu'on pourrait exploiter au
détriment de l'ensemble de la table, parce qu'on n'en a pas
trouvés.
A ce moment, qu'est-ce qu'on a trouvé? On prétend qu'on a
ajourné ou qu'on a suspendu, parce que la date de mai a
été mentionnée. Le local à qui cela a
été mentionné, c'est justement le local 144. C'est
justement le local qui a remis en question le leadership d'ailleurs,
cela a été confirmé par la partie syndicale du
comité de négociations d'alors. C'est encore le même
comité de négociations.
Au lieu de négocier le 7 avril, les membres du conseil
exécutif, du conseil provincial se réunissaient. On essaie de
charrier, c'est-à-dire qu'on essaie de renverser les propos, et ce n'est
pas exact. Ce que je dis, c'est qu'on respecte... Si vous avez une copie de
l'entente qui a été signée le 10 mars, à
l'intérieur de cette entente, il y a tout le loisir à la partie
syndicale de faire entendre ses points aux tables particulières,
même de suppléer à la table centrale, où la
négociation pourrait être faite. On a offert, et le texte le
permet, M. Dumoulin peut, en tout temps, céder son mandat à celui
qui le désire, mais à la table centrale. A ce moment, tout ce
qu'il a à faire, c'est de dire: Pour ces clauses, je désire que
ce soit tel représentant qui signe à ma place pour les clauses
qui sont stipulées ici.
Dans l'entente du 10 mars, il y avait tout ce qui était
prévu dans la loi. La loi prévoyait qu'on pouvait s'asseoir par
secteur. On ne l'a pas imposé parce qu'au niveau de la partie syndicale,
les secteurs chevauchent plusieurs métiers. On sait que cela aurait
été difficile. Même si, pour nous, cela aurait
été facile, parce que nos quatre secteurs sont identifiés
très clairement dans la loi, on n'a pas insisté. On a dit: On
peut accommoder votre structure à l'intérieur d'une table
particulière. Venez les déposer là. Ce qui sera
particulier, on le renverra à la table centrale. A ce moment, vous
pourrez vous faire remplacer par les gens à qui vous
déléguerez votre mandat. Ce n'est pas suffisant. Non seulement
à l'intérieur... Etant donné qu'ils ont vu l'unité
patronale, et c'est votre question, et qu'ils ont vu, pour une fois, un groupe
d'entrepreneurs qui se tenaient de l'autre côté et qu'il
était difficile de les morceler pour les faire se chicaner entre eux, on
a trouvé que ce n'était pas la solution pour eux.
L'ancien arsenal des ententes illégales, les ententes de
coulisses, l'illégalité qui devient légalité ne
pouvaient pas fonctionner dans ce cadre. Alors, ce qu'on essaie justement de
faire maintenant, c'est de désunir cette table, de la morceler. Si on
délègue, nous, à des entrepreneurs qui n'ont aucun moyen,
parce qu'ils ne sont pas anonymes à ce moment, ils sont
identifiés à cinq ou six entrepreneurs qui font affaires avec ces
agents d'affaires tous les jours sur les chantiers; on essaie d'amener ces
gens, les cinq ou six entrepreneurs, non face à des travailleurs, mais
face à des agents d'affaires, à des représentants
syndicaux pour négocier des conditions qui vont, à ce moment,
s'appliquer à l'ensemble des travailleurs ou à l'ensemble des
employeurs. C'est cela qu'on ne peut pas accepter. On ne refuse pas au Conseil
provincial des métiers le loisir de déléguer à ceux
qu'il voudra et au moment où seront discutées à la table
centrale les clauses qu'il juge particulières aux électriciens,
même si on n'est pas d'accord, il enverra des électriciens
à la table. On regroupe, à l'intérieur de nos douze
membres, deux entrepreneurs électriciens et, au sein de notre
comité technique, on a un permanent, c'est-à-dire le permanent de
la Corporation des entrepreneurs électriciens. Je pense qu'on est assez
bien représenté là; même si je ne suis pas un
électricien, je pense qu'on a à l'intérieur de notre
groupe des gens qui peuvent apprécier des conditions
particulières de métiers, si réellement cela en est.
A ce moment, on dit que la partie patronale n'a pas fait diligence. Je
ne veux pas revenir là-dessus. D'ailleurs, j'ai un petit texte ici que
je veux faire entendre un peu plus tard, mais je ne suis pas prêt
à accepter cela. Je pense que, jusqu'à maintenant, la commission
pourrait apprécier nos représentations. Pour revenir encore
à votre question, je ne suis pas d'accord que la partie patronale n'est
pas unifiée à ce moment. Je crois que, s'il y a une chose
positive de la commission Cliche qui a été appliquée
jusqu'ici... Parce que, si on fait le bilan des recommandations de la
commission Cliche jusqu'à maintenant, on s'aperçoit qu'une des
recommandations était une recommandation bien précise sur les
délégués de chantier, parce qu'on a reconnu à la
commission Cliche que les abus et les pouvoirs du syndicat provenaient de trois
sources principales: premièrement, du contremaître;
deuxièmement, du délégué de chantier, et
troisièmement, de la sécurité d'emploi. Alors, on a fait
des recommandations bien précises à ce sujet.
Quelles recommandations ont été mises en application
jusqu'à maintenant? Trois ou quatre locaux ont été mis en
tutelle. C'est une farce monumentale, car les locaux en tutelle sont justement
ceux, dans le moment, qui bravent la loi, qui essaient d'imposer leur loi. Le
tuteur reconnaît lui-même qu'il ne peut même pas assister aux
assemblées.
On a fait une recommandation bien précise à la commission
Cliche au sujet des bureaux de placement. Une loi a suivi et a
déjà amoindri la recommandation de la commission Cliche. On
attend encore que l'Office de la construction statue au moins sur la
recommandation. On a fait à la commission Cliche des recommandations
bien précises sur le délégué de chantier, qui
était l'homme tout puissant. Dans la demande syndicale qui nous a
été déposée, on va plus loin au sujet du
délégué de chantier. Il pourrait, en plus de tous les
pouvoirs qu'il avait auparavant, agir comme agent de sécurité,
arrêter les chantiers au moment où il le jugerait à propos,
et tout le monde serait payé à ce moment, et on en ajoute
encore.
Le gouvernement a adopté le bill 30 dans lequel tous les pouvoirs
du délégué de chantier sont contenus, mais il a
oublié de le promulguer. Il n'est pas en application tant qu'il ne sera
pas promulgué. Encore là, on attend.
On avait aussi recommandé à la commission Cliche de
remplacer le CIC par l'Office de la construction. Qu'a-t-on fait à
l'Office de la construction? On y a mis trois commissaires. Qu'ont-ils fait
jusqu'à maintenant? On ne le sait pas. Le comité mixte, qui
n'agissait pas auparavant, n'agit pas plus, parce que les six
représentants au comité mixte sont des représentants des
anciennes associations et c'est maintenant l'AECQ qui est mandatée.
Alors, le comité mixte n'agit pas. Quelle sorte d'organisation interne y
a-t-il à l'intérieur? Si on lit certaines affirmations du journal
Le Devoir, en février, on s'aperçoit que certaines gens qui sont
là sont les mêmes qu'avant et qu'ils ne sont pas plus maintenant
en position d'être objectifs quand ils rendent des décisions
qu'ils ne l'étaient à ce moment. Mais on n'a pu y entrer
encore.
En fait, les seules réussites de la commission Cliche que je peux
voir jusqu'à maintenant, c'est que cela a éliminé de la
table de négociation deux syndicats, si on peut appeler cela une
réussite et que, maintenant, le seul syndicat qui est là veut en
ramener 22 autres à la table. En plus de cela, l'AECQ a
été formée, l'association patronale.
Si jamais le gouvernement accepte une entente illégale, une
entente partielle, une entente qui permettra de revenir à tout ce qu'on
a connu auparavant, comme proposé, on peut oublier
l'AECQ, parce que nous allons certainement remettre en question la
raison pour laquelle on est là. On est des entrepreneurs. On gagne notre
vie à faire des routes, à faire de l'électricité ou
à faire quoi que ce soit.
Depuis deux mois, on se sacrifie pour essayer de mettre sur pied une
association pour qu'il y ait une certaine unité patronale; si jamais on
accepte ce que le syndicat propose, c'est dire simplement qu'on sacrifie notre
droit de grève, parce que vous avez posé la question, M. le
député de Montmorency, et vous n'avez jamais obtenu de
réponse.
Et cela sans dire combien va coûter le droit de grève qu'on
supprime, qu'on est prêt à supprimer, vous ne le savez pas, on ne
le sait pas, on est le seul agent patronal habilité à
négocier et on ne nous a jamais parlé du prix qu'allait
coûter ce droit de grève.
Alors, on est devant ce seul fait que le syndicat arrive ici et dit:
Ecoutez, nous supprimons le droit de grève. Donc, vous n'avez plus de
problèmes. L'intérêt public, c'est quoi? Ce sont les Jeux
olympiques. L'industrie de la construction qui regroupe 140 000 travailleurs,
à part les 3000 travailleurs des chantiers olympiques, une industrie qui
a un effet d'entraînement considérable sur toutes les
activités économiques de notre province, ce n'est pas
l'intérêt public. L'intérêt public, ce sont les Jeux
olympiques.
Donc, on règle votre problème des Jeux olympiques. On ne
dit pas combien cela va vous coûter. On ne dit pas dans quelles
conditions cela sera fait. On ne dit pas l'effet d'entraînement de ce
qu'on vous offre, mais on vous dit: Ecoutez. Vous n'avez plus d'affaires ici.
On garantit les Jeux olympiques. Encore là, ils les garantissent...
Vous avez le texte. On nous dit qu'ils sont à la base, on prend
leur parole. On nous dit que tout le monde est d'accord, les 143 000
travailleurs pour que les 3000 travaillent et que les 140 000 n'aient pas de
condition de travail. Encore là, on prend leur parole, mais je me
demande quelle garantie, même au niveau des Jeux olympiques, si
c'était votre intérêt vous avez...
Je m'excuse si j'ai pris beaucoup de temps à répondre
à une question, mais le premier aspect de votre question,
c'était: Est-ce que les patrons, ou vous affirmiez ou peut-être
que vous posiez une question en l'affirmant, est-ce que les patrons ont la
même force? Je dirais qu'au niveau des relations du travail, ils l'ont.
Elle est venue tard. Naturellement, on a un mécanisme à
l'intérieur du bill 290 qui n'oblige pas les syndicats à
présenter leurs demandes globales à une certaine date- On se
retrouve deux jours avant l'expiration du décret, où le
conciliateur a peut-être des demandes, mais nous on ne les a pas. Je n'ai
rien entendu nulle part qui dit que le conciliateur a même reçu
les demandes salariales. J'ai entendu la question, mais je n'ai pas entendu la
réponse comme quoi les demandes salariales étaient dans les mains
du conciliateur et étaient pour nous être soumises. De toute
façon, si elles nous sont soumises, elle vont l'être le 30 avril,
la journée où expire le décret.
Si vous pensez qu'à ce moment-ci nous pouvons considérer,
nous du côté patronal, que la partie syndicale est de bonne foi,
je vous laisse tirer vos propres conclusions.
M. Veilleux: Pour faire suite à mon collègue de
Saint-François.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce que c'est sur le même sujet?
M. Veilleux: Oui, oui, faire suite... M. Dumoulin a dit que des
offres avaient été déposées le 10 mars et qu'il y
en a d'autres qui ont suivi, qu'au moment où on se parle tout est fait
entre les mains du conciliateur. Prenons cela comme acquis. Pas les salaires,
jusqu'à dernièrement. Mais, vous, en tant qu'association
patronale, avez-vous fait des contre-propositions depuis le début du
dépôt de ces choses, ou si vous n'en avez pas faites?
M. L'Heureux: Ecoutez, on nous a remis, comme je vous dis, une
partie des demandes pour ne pas me mêler le 10 mars. Le 1er
mai, c'est-à-dire le 30 mars et te 1er avril, c'est peut-être le
31 mars, en tout cas... Il y a eu deux jours de négociations. On a
remis, à ce moment-là, des réponses, je crois, à
six ou sept clauses. Cette journée-là, on a exploré de
part et d'autres ces clauses et aussi on a échangé des points de
vue sur les autres clauses qui étaient en demande. Le 7, au moment
où on a ajourné, on a suspendu unilatéralement les
négociations, on avait des propositions à formuler sur d'autres
clauses. Aujourd'hui, on a des textes de 22 clauses sur les 30 qu'on prenait et
cette semaine le comité technique est sensé nous fournir des
textes pour les 8 autres clauses.
Mais, je dois vous dire qu'on ne peut pas remettre de réponse sur
des clauses à incidences monétaires comme des frais de
transports, des indemnités de présence sans avoir au moins les
clauses salariales. M. Dumoulin vient lui-même de dire que c'est un
ensemble total...
M. Veilleux: M. L'Heureux.
M. L'Heureux: Mais, il y a de l'argent qui est envoyé aux
bénéfices marginaux, il y a de l'argent qui est versé
là et il y a de l'argent qui va aux salaires. On ne les a pas.
M. Veilleux: M. L'Heureux, je comprends votre problème,
c'est une simple question que je vous demandais. Vous me dites que vous
êtes prêts présentement à faire des
contre-propositions dans 22 clauses sur 30?
M. L'Heureux: Ce que je vous dis dans le moment, c'est que nous
avons des textes de prêts pour 22 clauses sur 30. Probablement que d'ici
à la fin de semaine, nous aurons des textes de prêts sur
l'ensemble des clauses, mais toujours conditionnel à recevoir l'ensemble
des demandes. On ne peut commencer à...
M. Veilleux: II y a combien de clauses en tout dans cette...
M. L'Heureux: Ecoutez, au décret actuel, il y a une
trentaine de clauses, c'est-à-dire qu'il y a une trentaine d'articles et
qu'à l'intérieur de ces articles se retrouvent plusieurs clauses.
En ce moment, on parle des particularités de métier, il y en a
une clause là-dessus. L'article 26 traite de toutes les
particularités qui s'appliquent au métier. Maintenant, à
l'intérieur de ces 30 clauses, il y a des choses que nous n'avons pas.
Les particularités de métier, on ne les a pas eues, il y a des
textes complets que nous n'avons pas, on a une page sur la
sécurité de revenu, mais on n'a rien en-dessous. Encore
là, ils nous ont fait une demande sur les conflits de compétence,
mais on n'a rien en-dessous. A ce moment-là, nous avons
préparé des textes là-dessus pour au moins expliquer notre
position. On ne peut pas dire qu'on a négocié, on s'est
rencontré deux jours.
M. Veilleux: Moi, ce qu'il était important, en tout cas,
en autant que je suis concerné, de savoir et de connaître ce
matin, c'est que sur 30 clauses, il y a eu des demandes syndicales sur
pratiquement toutes ces clauses, peut-être des incidences
monétaires à l'intérieur des clauses qui n'ont pas
été faites par la partie syndicale encore. Probablement, vous
aurez les 29, du moins je le souhaite, avec le conciliateur et vous. Vous me
dites c'est cela qui est important pour moi, que le 28 avril 1976
vous êtes prêts, quand le conciliateur va vous rencontrer, à
dire: On est prêt à faire une contre-proposition sur 22 clauses,
est-ce que c'est cela?
M. L'Heureux: Ce n'est pas cela que j'ai dit. J'ai dit: On a des
textes de prêts. Il ne faut pas oublier que nous sommes douze
entrepreneurs, douze administrateurs, mais il faut aller consulter nos membres.
On ne peut pas aller les consulter texte par texte. Il faut faire des
assemblées de secteurs, il faut faire des assemblées de
régions, il faut faire des assemblées de groupes. Il faut
consulter, même si ce ne sont pas des secteurs, des familles, mais on ne
peut pas aller les consulter sur un ou deux textes. On prépare nos
textes, on va préparer l'ensemble de notre contre-proposition quand on
va avoir l'ensemble des demandes. A ce moment-là, on va commencer notre
consultation et seulement après cela on va pouvoir commencer à
négocier. C'est la raison pour laquelle notre porte-parole, à la
table auxiliaire, avait mentionné le début de mai. Ecoutez, on
est rendu au début de mai. Et si on pense qu'on a
accéléré les travaux en suspendant l'article 7
là-dessus plutôt qu'en en discutant, on s'est fourvoyé
royalement parce que depuis ce temps-là on n'a même pas eu ces
demandes, le conciliateur les a et on se trouve au début de mai et notre
consultation, qui va durer à peu près trois semaines, n'a pas
commencé.
M. Veilleux: Si je vous comprends bien, vous seriez prêts,
au début de mai, sur 22 clauses, à aller consulter... Non,
même pas là.
M. L'Heureux: Ce que je dis c'est qu'on va être
prêt...
M. Veilleux: Je ne comprends plus rien.
M. L'Heureux: ...sur ces 22 clauses, on a des textes. A
l'intérieur de ces textes, il y a des parties qui ne sont pas
complètes parce qu'on n'a pas l'ensemble des demandes salariales. On a
commencé à se préparer pour qu'au moins nos conditions
normatives, les autres conditions dans lesquelles on va vivre, sauf les
incidences salariales, au moins que nos textes soient prêts lorsqu'on va
aller consulter. Au moment où on va recevoir l'ensemble des demandes
particulières, on va voir où certaines demandes
particulières viennent en contradiction avec des demandes
générales. Parce qu'il ne faut pas se leurrer, les demandes
particulières qu'on a reçues jusqu'à maintenant,
soit-disant particulières, la plupart sont un prolongement d'une demande
générale. On dirait que les 22 ont travaillé dans des
coins différents et là où l'un demande quelque chose,
l'autre demande autre chose sur la même clause. Naturellement, il va
falloir faire une certaine programmation de cela et, au moment où notre
offre globale va être prête, on va la soumettre à nos
membres pour voir si cela correspond à leurs aspirations et si on peut
avoir un mandat pour aller négocier cela.
M. Veilleux: Vous me le direz si je vous comprends bien.
Présentement, vous n'avez pas consulté vos membres sur seulement
les clauses normatives que vous avez faites, parce que vous attendez le
dépôt des offres salariales. C'est cela?
M. L'Heureux: Exact, parce que tout se tient.
M. Veilleux: D'accord. J'ai réussi à
comprendre.
M. L'Heureux: Vous savez, quand vous négociez, vous donnez
quelque chose pour obtenir autre chose. Alors, il faut avoir l'ensemble des
demandes pour savoir jusqu'où on veut aller sur un point qui n'est pas
un droit de gérance, peut-être en sacrifiant autre chose. Sur
certaines choses qui ne sont pas négociables, comme les droits de
gérance, pour voir si tout le monde est d'accord là-dessus et
jusqu'où on peut aller sur d'autres incidences salariales qui,
peut-être, nous font moins mal. C'est tout un ensemble. On ne peut pas le
faire tant qu'on n'a pas l'ensemble des demandes.
M. Veilleux: M. Dumoulin, quand vous consultez les groupes qui
font partie du conseil provincial, est-ce que vous les consultez sur l'ensemble
des clauses normatives et salariales ou si c'est seulement sur les clauses
normatives et plus tard vous toucherez aux clauses salariales ou si vous avez
un peu la même procédure?
M. Dumoulin: Non. Nous pouvons consulter nos gens et on les
consulte avec ce qu'on a. Si on a deux ou trois clauses ou quatre clauses, on
les consulte à ce niveau et, si on s'entend là-dessus, c'est une
chose qui est réglée. J'aimerais répondre, parce qu'on ne
savait pas qu'on venait ici pour se défendre ou quoi que ce soit. On
pensait qu'on venait ici suivant la convocation voulant que le ministre se
serve de l'article 18 de la loi on va arrêter de se raconter des
mensonges convoque la commission parlementaire pour un prolongement du
décret. Nous avons envoyé un télégramme selon
lequel on était contre. Mais là on mentionne que l'arrêt
des négociations directes s'est formulé par une réponse
à une union locale et on commence à dire qu'à
l'intérieur du conseil, il y a certaines difficultés. Ce n'est
pas une union locale, parce que c'est vrai qu'il y a un journal des
Débats et on va y inscrire cela aussi. Ce n'est pas une union locale, ce
sont six unions locales qui se sont fait répondre cela. Ce n'est pas
seulement une au départ. J'écoute parler la partie patronale et
je me pose de sérieuses questions pour savoir si M. L'Heureux
n'était pas le conseiller spécial de la commission Cliche, parce
qu'on est à négocier quasiment comme à la commission
Cliche. Nous sommes ici pour essayer de nous entendre sur un problème de
l'industrie de la construction. Est-ce qu'on peut oublier la commission Cliche,
et essayer de régler nos problèmes? C'est ce que nous voulons
savoir. On parle de consultation. Vous le savez, vous avez vu cela dans les
journaux. J'espère que vous les lisez parfois vous aussi. Dans la
consultation, il y a de 14 000 à 18 000 employeurs et il y en a 400 qui
ont été consultés.
M. Veilleux: M. Dumoulin, ma question...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, à
l'ordre!
M. Dumoulin: Ecoutez, j'ai eu, à un moment donné,
quelques attaques formulées, j'aimerais bien être capable de
répondre à ça. Ce qu'on essaie de faire, c'est de vous
expliquer, je pense qu'on l'a fait toute la soirée hier, qu'on demande
de négocier. Pendant le temps qu'on est ici, on ne négocie pas.
Si ce qu'on lit dans les journaux est véridique, je me demande ce qu'on
fait ici. Parce que, dans les journaux, tout le monde dit: C'est
prolongé, il y a tant d'argent, tant de ça. Nous, on n'a rien
à dire. Ce serait peut-être une discussion qu'on pourrait faire
à cet effet. Lorsqu'on mentionne qu'il y a cinq ou six articles qui ont
été entendus... Vous avez déjà vu le décret,
vous avez, au début, les définitions. On s'est entendu que le
ministre était le ministre du Travail. On était d'accord
là-dessus. Le ministère était le ministère du
Travail. On était d'accord sur cinq ou six choses semblables. Il ne faut
quand même pas charrier, non plus. Quand on parle de s'entendre sur des
clauses ou des articles, aucune clause de base, normative n'a été
acceptée. J'espère que vous savez ce que c'est, ce sont des
clauses qui n'ont pas d'aspect salarial. Ce sont des clauses avec lesquelles
nous sommes obligés de vivre de jour en jour. Ce sont des clauses qui
n'ont pas été touchées depuis nombre d'années,
comme la clause de procédure de griefs, d'arbitrage, ainsi de suite. Ce
sont des clauses où on a remis, à l'intérieur de la
procédure de griefs, une partie de la loi. J'espère que
celles-là ne seront pas refusées, Bon Dieu! Ce sont les textes
intégraux de la loi.
Ce sont des choses comme ça dont on parle. On parle de la
commission Cliche, on parle des délégués de chantier, on
parle de ci, on parle de ça. On peut bien en parler des
délégués de chantier, mais parlez donc aussi des accidents
sur les chantiers et des morts. C'est bien sûr, il n'y a personne pour
appliquer la sécurité. Le délégué...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, à
l'ordre!
M. Harvey (Jonquière): La pertinence du débat.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: II répond à M. Veilleux, voyons donc.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Non, non, un instant.
M. Burns: M. Dumoulin répond simplement à ce qui a
été dit par M. Veilleux.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dumoulin: Qui n'est pas à l'ordre, M. le
Président, moi?
M. Harvey (Jonquière): Oui.
Le Président (M. Séguin): C'est l'assemblée
qui n'est pas à l'ordre dans le moment.
M. Dumoulin: On va baisser.
Le Président (M. Séguin): Je voulais
simplement...
M. Veilleux: C'est parce que tout le monde parle ensemble.
M. Dumoulin: Quand je parle...
Le Président (M. Séguin): M. Dumoulin, je ne parle
pas exclusivement de ce que vous venez de dire ou de ce que vous avez dit, mais
je parle à l'ensemble de la commission. Je regarde les termes ou
conditions du mandat. On dit: Quant aux raisons motivant l'impossibilité
de parvenir à une entente relativement aux modifications à
apporter
au décret. C'est dans ce contexte que je voudrais que le
débat puisse se continuer. Si vous dépassez... Je suis le
débat de très près, on fait des petits dépassements
ici et là, mais toujours, je suppose, dans le but d'expliquer ou de
supporter le raisonnement d'individus. Je vous demanderais, comme j'allais
interrompre auparavant M. L'Heureux, certains membres de la commission qui ont
posé des questions, j'allais leur demander de revenir au sujet, à
la pertinence du débat et ils y sont revenus d'eux-mêmes. Je vous
demanderais de ne pas vous éloigner trop parce que je serai
obligé de couper.
Continuez, M. Dumoulin, vous avez la parole.
J'espère que je ne vous ai pas coupé la ligne de
pensée.
M. Burns: M. le Président, je tiens à dire... je
m'excuse...
M. Dumoulin: Si vous ne me l'avez pas coupée, vous vous
êtes pas mal bien arrangé.
Le Président (M. Séguin): Non, non.
M. Burns: Je m'excuse, M. Dumoulin, deux secondes, avant que vous
repreniez. Je pense que M. Dumoulin a parfaitement le droit, tout au moins, de
répondre à ce que M. L'Heureux a dit tout à l'heure. Vous
allez au moins lui laisser cette latitude.
M. Harvey (Jonquière): Oui, d'accord. En dehors de la
pertinence du débat...
M. Burns: Bon.
M. Dumoulin: Je mentionnais, M. le Président, si vous
voulez l'entendre, que les délégués de chantier, on
demande qu'ils voient à l'application de la sécurité sur
les chantiers. Je pense que c'est tout à fait normal. Il y a un code de
sécurité, il semblerait que c'est une loi, dans l'industrie de la
construction. On demande que ce soit appliqué au niveau des
délégués de chantier. On n'est pas pour commencer à
déterminer toutes les clauses de nos demandes. Vous venez de me
mentionner de rester à l'intérieur de notre convocation ou de la
commission qui est convoquée ici; donc, nous sommes présents.
Je pense qu'on a peut-être dérogé du
télégramme que nous avons reçu. Dans le
télégramme, il est marqué: "quant aux raisons motivant
l'impossibilité de parvenir à une entente". Nous disons que c'est
possible qu'on s'entende. On vous le dit, si vous voulez qu'on le
répète, c'est possible qu'on s'entende. Ce n'est pas vrai qu'on
va vous dire qu'on va s'entendre demain. Ce n'est pas vrai qu'on va s'entendre
après-demain. On peut s'entendre dans trois jours, quatre jours, cinq
jours, mais on dit qu'il y a possibilité qu'on s'entende. C'est ce que
vous voulez savoir, c'est ce qu'on vous dit.
Etant donné la tenue et je le répète
des Jeux olympiques, connaissant l'implication de toute cette chose, nous avons
cru bon vous remettre les documents que nous vous avons remis et nous avons cru
bon de consulter nos gens et de vous faire savoir la position qui a
été prise.
Nous arrivons aujourd'hui et nous vous remettons la décision qui
a été prise par nos membres et nos affiliés. Nous croyons
qu'avec cela, dans la loi et si vous vous référez à
l'article de la loi qui a permis de nous faire parvenir cette convocation
nous disons, quand vous parlez de l'intérêt public, qu'on
se demande où il est, parce qu'on pense qu'on l'a couvert avec cela.
On dit qu'on croit qu'on peut s'entendre. Vous dites: Quant aux raisons
motivant l'impossibilité de parvenir à une entente relative aux
modifications apportées. Il n'y a pas de date là-dedans, il n'y a
rien. Vous supposez à l'avance qu'on ne s'entendra jamais. Nous autres,
on dit que c'est possible qu'on s'entende. Au moins, donnez-nous la chance de
l'essayer.
Je pense que nous sommes revenus dans le cadre de votre question.
M. Burns: Oui, tout à fait dans le cadre.
Le Président (M. Séguin): Pour vous, c'est
possible. Le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: J'aurais quelques questions, M. le
Président. Si je comprends bien, vous n'avez pas encore abordé le
fond du problème. Vous avez discuté entre vous de la façon
d'aborder le fond du problème, des éléments qui devraient
être discutés à la table unique et ceux qui devront
être discutés aux tables parallèles ou secondaires, comme
vous l'avez mentionné hier.
Vos discussions ont surtout porté sur la modalité des
discussions, un peu comme on l'a fait hier ici même, à la
commission. On a commencé à discuter à quatre heures et
demie et c'est à neuf heures qu'on s'est entendu sur une
procédure donnée. C'est un peu le fond du débat, je pense
bien.
Vous avez donné hier, M. Dumoulin, un exemple sur un
métier donné, les potiers. Vous avez dit que les potiers
pouvaient s'entendre...
M. Dumoulin: Les chaudronniers, les "boiler makers".
M. Saint-Germain: Ah! bon. Les "boiler makers".
M. Dumoulin: En bon canadien français, les "boiler
makers".
M. Saint-Germain: Les "boiler makers", comme on dit
communément. En supposant que les chaudronniers s'entendent avec leurs
employeurs, vous calculez que cette entente devrait être valable? Est-ce
le message que vous avez voulu faire passer?
M. Dumoulin: Je crois que vous avez compris le message. C'est
cela qu'on veut dire. Les chaudronniers ("boiler makers"), ont des
particularités à négocier. S'ils s'entendent avec
l'ensemble de leurs employeurs, ceux avec qui ils vont vivre pen-
dant les années que l'entente durera, cela devrait être
ratifié, en somme, au niveau des associations qui ont à ratifier
cela automatiquement.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous voulez, par ce moyen, par cette
philosophie, dire que la loi qui veut qu'il y ait un porte-parole unique pour
les patrons est fausse ou, du moins, peut handicaper le résultat de vos
discussions?
M. Dumoulin: On mentionne qu'à l'intérieur de la
loi, c'est possible, ce qu'on vous dit là.
M. Saint-Germain: Alors, ce serait possible, à la
condition que les porte-parole unique des employeurs acceptent, à une
table secondaire, cette entente des chaudronniers avec leurs employeurs?
M. Dumoulin: Un peu dans ce sens-là, oui.
M. Saint-Germain: Est-ce que là, vous ne vous rencontrez
pas en ce sens que M. L'Heureux a dit hier qu'on devait laisser aux
porte-parole des patrons comme aux porte-parole des ouvriers la liberté
de nommer eux-mêmes leurs représentants aux tables
parallèles. Est-ce qu'en fait ce n'est pas le même
résultat?
M. Dumoulin: Les particularités d'un métier
à l'intérieur de l'industrie de la construction, je pense que
vous n'êtes pas tellement conscient de ce que cela peut être. Je
m'excuse, je ne veux pas vous dire ignorant là-dedans, mais, par contre,
chacun son métier.
Vous n'êtes peut-être pas conscient de ce que des
particularités peuvent être. Une particularité d'un
métier, c'est a l'intérieur de chacun des métiers et ce
sont des personnes qui vivent quotidiennement à l'intérieur de ce
métier. Ce sont ces gens qui sont habilités à en discuter
et à donner les raisons de cette particularité.
La personne en mesure de lui formuler une réponse, c'est la
personne qui l'engage. C'est la personne qui fait faire ce travail. Nous avons
pour ne pas sortir de la convocation de la part de beaucoup
d'employeurs, des échos qu'ils ne sont au courant de rien, absolument
rien de ce qui se passe.
Ils nous demandent, à un moment donné... ils nous disent
qu'ils sont d'accord pour discuter afin de régler ces problèmes,
c'est dans ce sens que je vous parle.
Là, je ne veux pas faire d'ingérence dans l'association,
mais ce sont les échos que nous avons à l'intérieur de
tous nos affiliés, que les employeurs, les patrons ne savent absolument
rien de ce qui se passe. Ils n'ont pas eu d'assemblée; ils n'ont rien eu
et ils ne savent rien. Sur un document de 145 pages qui a été
remis avec 33 sections qui ont des paragraphes à l'intérieur, je
pense que, à partir du 10 mars à aujourd'hui, on aurait dû
avoir des réponses, peut-être pas sur l'entité du document,
mais on aurait dû avoir des réponses. Ce sont des réponses
sur des clauses normatives. Je pense qu'il commence à être temps
qu'on les ait.
Il y a peut-être des gens qui auraient dû être
consultés à cet effet. Je ne veux pas commencer un débat,
mais, je vous le dis, je crois que les plus habilités pour discuter de
leurs problèmes, ce sont sûrement les impliqués. Cela fait
que les impliqués, lorsqu'ils s'entendent, si on s'entend, moi et vous,
donnez-moi donc la raison pour laquelle cela ne s'appliquerait pas, parce que,
d'une manière ou d'une autre, vous le faites, loi ou pas loi.
Ce qu'on demande, c'est à peu près de rendre légal
ce qui est illégal, parce que les discussions au niveau des
métiers, tous les métiers, à un moment donné, dans
les particularités, en donnent des particularités. Il y en a
à l'intérieur du décret. Quand vous dites: Je l'ai. Rendre
légal ce qui est illégal, c'est l'employeur, à un moment
donné, qui s'aperçoit que c'est illogique de donner des montants
de tant. Il faut qu'il fasse, à l'intérieur des métiers,
certaines exceptions et c'est ce qui se fait. On veut qu'il négocie avec
ces gens. C'est cela qu'on demande.
Lorsque vous vous entendez, donnez-moi donc une raison pour laquelle
cela ne serait pas une entente qui deviendrait ratifiée. C'est cela
qu'on essaie de savoir. Quand on parle de particularités et de
volumineux documents, avant de parler de l'épaisseur du document et de
parler de tout cela, n'y aurait-il pas lieu qu'on s'assoie et qu'on discute
pour voir à la fin où on arrivera avec ces particularités?
Parce qu'on a bien mentionné dans notre document qu'il y a un document
général et des particularités de métiers. Ce sont
deux choses. Lorsqu'on dit 22 tables ou 23 tables, je pense que là aussi
on charrie. Ce n'est pas vrai. Il y a même des métiers qui n'ont
pas une particularité. C'est déposé. Il y a des
métiers qui en ont une ou deux. Imaginez-vous un paragraphe ou deux dans
un décret cela d'épais. Il y en a d'autres qui en ont plus, mais,
à l'intérieur de tout cela, lorsqu'elles seront discutées
avec les impliqués, en résultera une entente qui satisfera les
parties. C'est cela qu'on veut dire.
M. Saint-Germain: M. le Président, j'accepte facilement
que je ne connais pas les conditions de travail particulières de chaque
métier, mais, si je comprends bien, vous voulez dire que les
représentants patronaux ne les connaissent pas mieux que moi. C'est cela
que j'ai compris.
M. Dumoulin: C'est à peu près cela. Les
représentants qu'il y a à la table ne les connaissent pas plus
que vous.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas trop de bonne vue.
M. Dumoulin: Pour vous situer et ne pas non plus...
M. Saint-Germain: Autrement dit, vous voulez, par le moyen de la
négociation, rendre la loi inopérante telle qu'elle est, telle
qu'on l'entend du moins?
M. Dumoulin: Non, la loi prévoit une association...
M. Saint-Germain: Unique.
M. Dumoulin: ...unique d'employeurs justement...
M. Saint-Germain: Que vous considérez, en suivant votre
jugement, comme incompétente à connaître les faits et
à discuter au nom de chaque métier en particulier.
M. Dumoulin: Mais, écoutez un peu, vous avez
l'article.
M. Saint-Germain: Mais, il faut suivre notre raisonnement.
M. Dumoulin: Je vous parle de la loi.
M. Saint-Germain: Vous dites: De par la loi, on a rendu
responsables des discussions un groupe d'hommes incompétents. C'est que
vous reniez la loi et, en même temps, par le moyen de la discussion, vous
essayez de l'abolir, si je comprends bien. Vous avez deux buts dans vos
discussions. Vous contournez la loi, parce qu'en contournant les
représentants patronaux, vous contournez la loi. Vous dites: II n'y a
pas moyen de s'entendre sans avoir de représentants patronaux pour
chaque métier ou chaque aspect technique des métiers. Quand la
loi dit qu'il y aura des représentants uniques pour les patrons, vous
faites deux choses. Vous essayez d'arriver à un contrat de travail tout
en contournant la loi. Ai-je raison quand je...
M. Dumoulin: Non, je crois que vous avez tort. Je vous l'explique
et je l'ai mentionné hier, c'est qu'à l'intérieur de la
loi, les personnes qui vont accepter et refuser la négociation ou la
convention collective, à l'article 33 c), ce sont justement les
métiers, ce sont les affiliés. Ce sont eux qui sont dûment
convoqués. Regardez l'article 33 c) de la loi qui mentionne que ce sont
eux qui vont refuser ou accepter la négociation et la convention
collective. Etant là pour l'accepter, j'imagine qu'ils devraient
être là aussi pour en discuter. C'est cela qu'on est à vous
expliquer.
M. Saint-Germain: Oui, mais qu'est-ce qui vous empêche de
nommer ces représentants directs qui représentent ces
métiers en particulier, de les nommer comme vos porte-parole à
une table sectorielle?
M. Dumoulin: C'est fait.
M. Saint-Germain: Est-ce que la partie patronale ne peut pas
faire la même chose avec ses employeurs pour les bouilloires?
M. Dumoulin: On aimerait cela. M. Saint-Germain:
Mais...
M. L'Heureux: On a affirmé qu'on n'était ni plus ni
moins qualifié pour être ici. J'ai remarqué que l'ensemble
des douze membres, en plus de notre comité technique qui regroupe un
permanent de chacune des anciennes associations patronales parce que ces
gars se retrouvent à quelque part, les permanents qui étaient
chargés des relations du travail, de la procédure de grief et de
tout ce qui a découlé du dernier décret sont
à l'intérieur de notre comité de négociation. Douze
entrepreneurs élus et six techniciens, c'est-à-dire les six
techniciens qui étaient à l'intérieur des six autres
associations existantes. Ces six types sont aussi les secrétaires des
comités de relations du travail de chacune des six associations. En plus
de cela, on a, à l'intérieur de notre groupe ici, trois
présidents des comités des relations du travail des six anciennes
associations. Cela veut dire qu'il y a une bonne chance que les
problèmes soient connus. On a mentionné, par exemple, les
chaudronniers. A l'intérieur de notre groupe, il y a un monsieur qui
s'appelle Nick Di-cerni de Dominion Bridge, qui est un employeur chaudronnier.
Il doit être capable d'apprécier les problèmes des
chaudronniers. Il les vit. On a mentionné les électriciens. A
l'intérieur de notre groupe, il y a deux électriciens, plus un
permanent de la corporation. Ils doivent être en mesure
d'apprécier ce qui est une clause particulière et ce qui n'en est
pas une. On a aussi un des contestataires du local 144 des plombiers, à
l'intérieur de notre groupe, on a aussi deux plombiers et le permanent
de la Corporation des plombiers. On dit que nos entrepreneurs n'ont jamais
entendu parler de ce qui se passe. C'est faux. En plus des communiqués
qui sont émis directement par l'AECQ.
M. Dumoulin: M. le Président, on ne peut pas embarquer
dans la même...
M. L'Heureux: Est-ce que je pourrais terminer? Je n'ai pas
interrompu M. Dumoulin. Alors, j'aimerais peut-être avoir la même
délicatesse de sa part. On a mentionné qu'on n'a pas fait
d'assemblée de secteur, qu'on a des échos que les entrepreneurs
n'ont pas été consultés. C'est vrai que sur l'ensemble il
n'y a pas eu d'assemblée. On a reçu avant que ce soit suspendu
aux tables des demandes particulières de dix métiers. A ce
moment, certains métiers se regroupaient, par exemple, les
métiers du 791, les métiers des monteurs de lignes, à
l'intérieur d'un secteur chez nous, voirie, génie civil. Une
rencontre du comité de secteur a eu lieu la semaine dernière. Une
position a été prise sur chacune des clauses particulières
qu'on jugeait particulière à ce moment. Le secteur de
l'habitation siège samedi. Le secteur de l'industriel a
été convoqué, parce qu'on s'attend à avoir des
demandes particulières, et pour ne pas perdre de temps, on va faire ces
assemblées. Il y a eu des rencontres faites au niveau des comités
de relations du travail, des associations comme celles de Montréal,
où ils se sont prononcés jusqu'à maintenant sur toutes les
demandes particulières de métiers qu'on a pu avoir. Je pense
qu'il faudrait
que chacune des deux parties laisse à l'autre le soin de
consulter ses membres. Qu'elle ne le fasse pas pour elle et, après cela,
interpréter cela en fonction de trois ou quatres membres, qu'il lui
ferait plus plaisir d'avoir à la table vis-à-vis d'elle.
Maintenant, relativement à votre question, à savoir si la
partie patronale peut déléguer à trois ou quatre
entrepreneurs ou cinq entrepreneurs le soin de régler... Parce que quand
on parle de particularités de métiers, il ne faut pas se leurrer,
c'est vrai que dans certains métiers, il y a simplement les outils de
métier ou certaines choses comme cela. Il y a d'autres métiers
où c'est une convention complète, ce qu'on appelle une convention
nationale et qui est complète. Il y a plus de clauses
générales. C'est toute une convention particulière. Il ne
faut pas charrier d'un bord ou de l'autre. Imaginez-vous, à ce moment,
justement notre partie, notre association a pris naissance du fait que les
entrepreneurs étaient divisés, parce que des
intérêts de minorités étaient étendus
à une collectivité, à l'ensemble. C'est cela qu'on voulait
éviter. Alors, on a formé l'AECQ, le premier conseil a voulu
qu'il soit choisi dans les six associations patronales existantes, avec trois
mandats, dont un est de négocier la prochaine convention. Maintenant, on
veut qu'on retourne. Justement, ceux qui nous ont donné le mandat de le
faire, parce qu'ils se sentaient incapables de le faire à cause de la
pression qui était exercée directement sur eux, ceux qui ont
demandé le mandat. On veut maintenant qu'on leur retourne le mandat,
qu'on dise: Ecoutez, nous autres, on a fait une entente avec ceux qui sont
devant nous, et c'est vous qui avez négocié cette partie. Eux
calculent que vous êtes mieux habilités que nous autres. Ces gens
ne veulent pas. Ils veulent peut-être, lorsqu'un agent d'affaires va voir
un type sur son chantier et qu'il est mal pris... Mais, il revient par la suite
à son association patronale et il dit non. C'est cela.
Je pense qu'à ce moment, si on ne fait pas notre travail, si on
ne consulte pas nos membres et si, au moment où on va leur soumettre la
ratification de l'ensemble... Parce qu'il faut qu'elle soit acceptée
d'après la loi et, premièrement, pour être
négociée, il faut qu'une bonne partie soit soumise aux
membres.
Si on ne fait pas cela, ce sera à nos membres de nous juger et
non pas à la partie syndicale. Comment ces gens peuvent-ils
déterminer que nous ne sommes pas habilités à les
rencontrer quand ils n'ont même pas eu la décence de nous
fournir...? Estiment-ils que le conciliateur est plus habilité à
recevoir les demandes particulières, parce que c'est lui qui les
reçoit dans le moment? Et il ne savait même pas notre nom au
moment où il nous a rencontrés et il y avait beaucoup de choses
de la construction...
Alors, comment peut-on déterminer que nous, les douze, plus le
support que nous avons, plus la consultation que nous pouvons faire, plus les
gens que nous pouvons nous adjoindre si nous le désirons, comment
peut-on décider, du revers de la main, que cela n'est pas bon? Ce ne
sont pas eux que nous voulons voir là.
Je trouve que c'est peut-être charrier.
M. Saint-Germain: Je pense que chacun a donné son opinion
sur ce point de vue. J'aurais tout de même une autre question, si vous le
permettez.
Vous avez mentionné que les unions qui avaient été
mises sous tutelle par la loi... Vous avez dit que cette tutelle était
tout à fait inefficace. Pourriez-vous développer un peu votre
pensée là-dessus?
Le Président (M. Séguin): Votre question va nous
conduire vers une autre tangente qui est un peu à côté du
problème.
M. Saint-Germain: Oui, mais monsieur...
Le Président (M. Séguin): A moins qu'il y ait une
façon de reformuler cela...
M. Harvey (Jonquière): Les raisons qui motivent qu'il y a
impossibilité de s'entendre...
Le Président (M. Séguin): Oui. Expliquez
votre...
M. Saint-Germain: C'est entendu que, si ces unions qui ont
été mises sous tutelle sont toujours dominées par ceux
qu'on connaît, on peut tout de même prévoir qu'il sera
extrêmement difficile de s'entendre.
Le Président (M. Séguin): II s'agirait ici de faire
ou de ne pas faire une preuve autour de quelque chose qui est à
l'extérieur de notre mandat.
M. Saint-Germain: On a mis dans une loi, des syndicats...
M. Burns: C'est irrégulier!
M. Saint-Germain: ... sous tutelle de façon qu'on puisse
arriver au niveau des contrats et, dans le monde du travail en particulier,
à créer une atmosphère où la loi est
respectée.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre!
M. Saint-Germain: J'aimerais bien terminer et vous
exprimer...
Le Président (M. Séguin): Je demande à ce
moment-ci...
M. Saint-Germain: ... mon point de vue.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Saint-Germain: Si j'ai dit...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! A I ordre!
A l'ordre! Je pense que le message que vous venez de donner à la
commission et au public ici présent comporte à peu près le
fond de votre raisonnement et je souhaite conclure immédiatement que
nous n'expliciterons aucunement ce point. Disons que la question n'est pas
recevable, dans le cas du mandat. C'est entendu. C'est toujours
sous-entendu.
M. Dumoulin: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Un instant. Vous n'allez
toujours pas répondre à la question?
M. Dumoulin: Non.
Le Président (M. Séguin): Très bien.
M. Dumoulin: On s'en tient à notre mandat, M. le
Président. Il n'y a pas d'erreur!
Le Président (M. Séguin): Un bicycle à
quatre roues!
M. Dumoulin: C'est parce que je voulais apporter une
réflexion à l'intérieur de ce qui a été
mentionné.
Lorsqu'on mentionne, à un certain moment, que
l'intérêt d'une minorité qui a été entendue
est appliqué à l'ensemble de l'industrie... C'est bien ce qui a
été mentionné tantôt. C'est justement cela que nous
ne voulons pas.
Nous voulons que ce qui est une particularité
négociée à l'intérieur d'un métier, pour des
raisons particulières, s'applique à ce métier et, si cette
chose ne se fait pas, vous brimez les droits des travailleurs de l'industrie de
la construction dans le métier concerné parce qu'ils travaillent,
soit dans des conditions anormales ou soit dans des travaux de hauteur ou quoi
que ce soit et qu'il y a des raisons d'avoir certaines particularités,
soit au niveau salarial ou au niveau de quoi que ce soit, et on ne peut pas les
négocier justement parce que cela s'applique à l'ensemble de
l'industrie.
Voilà la raison pour laquelle nous demandons qu'ils s'assoient
avec leurs gens pour pouvoir s'entendre et, lorsqu'ils s'entendent au niveau
d'un métier, soyez assurés que la particularité n'est pas
une généralité. C'est ce que nous essayons de faire.
A un certain moment, on parle des plans privés de formation de
métiers que j'ai mentionnés hier. Il est bien sûr qu'un
plan de formation est complètement différent au niveau des
électriciens, au niveau des finisseurs de ciment, au niveau des
plombiers, au niveau des chaudronniers. C'est complètement
différent.
Les professeurs dans le passé, étaient des gens de
métier, qui donnaient des cours qui étaient, en somme, des cours
"up-to-date", des cours à la suite desquels un individu pouvait s'en
aller travailler dans l'industrie et non apprendre des choses qu'on ne fait
plus depuis 40 ans.
Ce sont là des particularités au niveau des plans
privés. Vous avez les monteurs de lignes, un métier, les monteurs
de lignes. Ce sont des gens qui sont toujours en dehors du monde, parce qu'ils
travaillent dans les champs, ils travaillent dans la forêt. Ils ont une
multitude de particularités à discuter, ces gens-là, par
rapport à leur condition particulière. C'est cela qu'on veut, on
ne veut pas que ces gens soient brimés dans leurs droits. Je ne vous
dérange pas, toujours.
Le Président (M. Séguin): Sans vous interrompre,
brimés dans leurs droits, vous parliez des monteurs de lignes. Est-ce
que je pourrais poser une question, simplement parce que j'ai de la
difficulté à suivre et je voudrais suivre tout le long? Est-ce
que la conclusion logique de ce que vous dites doit être qu'il est
impossible de s'entendre, pour revenir à la pertinence du
débat?
M. Dumoulin: Non, M. le Président, je pense que... Ce que
j'essaie d'expliquer, c'est que c'est vraiment possible de s'entendre.
Le Président (M. Séguin): Je ne veux pas
débattre. Je n'ai pas le droit de prendre part aux débats, je
vous demande de me dire cela. Est-ce que c'est cela votre conclusion, parce
que, sans cela, je vais vous rappeler à l'ordre?
M. Dumoulin: J'essaie de vous expliquer que c'est vraiment
possible de s'entendre, si on peut parler aux gens impliqués.
Le Président (M. Séguin): Bon, d'accord.
M. Dumoulin: Cela fait deux fois que vous ne me donnez pas la
chance de finir.
Le Président (M. Séguin): Oui, je suis bête
un peu avec vous.
M. Dumoulin: II y a le régime annuel, d'accord. On n'est
pas chanceux personne. Il y a le régime annuel garanti à un
moment donné. Un régime intégré, si vous voulez,
que cela soit le régime que cela voudra, un régime
intégré à l'assurance-chômage enregistré.
C'est bien sûr que c'est une particularité de métier, par
rapport au nombre d'individus dans un métier, par rapport au "turnover"
du métier ou quoi que ce soit. Vous allez avoir des gens qui vont
être brimés dans leurs droits, si c'est tout
généralisé dans le global. Ce sont toutes ces
choses-là à un moment donné qu'on vous dit, qui sont des
particularités et qui devraient être discutées avec les
gens. Tout cela pour dire, pour le moment, que les gens impliqués
s'entendent avec des gens impliqués pour que l'intérêt
d'une minorité qui a été mentionné mais moi,
je dirais l'intérêt d'un métier ne soit pas
généralisé parce que ce métier est justifié
et vraiment justifié d'avoir les conditions de travail qu'il devrait
avoir. Il est brimé parce qu'il ne peut en discuter.
M. Saint-Germain: M. le Président, je comprends
très bien votre raisonnement, au sujet
des particularités de chaque métier. Je pense qu'il faut
bien dans un contrat de travail, tenir compte des particularités de
chaque métier. Mais, vous ne m'avez pas prouvé que, dans le cadre
de la loi actuelle, avec le groupe de représentants des employeurs,
toutes ces discussions ne pouvaient se retrouver dans le cadre actuel de la
loi. C'est cela l'affaire. Au point de vue du principe, vous êtes bien
obligés, à titre de représentants des travailleurs, de
tenir compte des particularités de chaque genre d'activité sur la
construction. Mais le point principal est de savoir si cela peut se faire avec
les représentants des employeurs reconnus par la loi. C'est cela le
problème fondamental.
M. Dumoulin: A l'intérieur de la loi, dans l'article 8,
cela peut se faire. D'ailleurs, à l'article 8, vous avez toute une
condition de travail qui n'est applicable qu'à un secteur de l'industrie
et de la construction et qui doit, pour être négociée,
avoir été acceptée par l'employeur de ce secteur.
M. Saint-Germain: Par les employeurs.
M. Dumoulin: Par les employeurs, je veux dire, un secteur par les
employeurs. M. L'Heureux, parlez, je parlerai après. En somme, l'article
8 de la loi le permet. L'autre paragraphe de l'article 8 dit de même: Une
condition de travail qui n'affecte que les membres d'une association
représentative doit, pour être négociée, avoir
été acceptée par l'association des
intéressés. Quoi? Là, vous vous en allez à
l'article 33c, que j'ai mentionné tantôt. C'était au niveau
du refus ou de l'acceptation de la négociation qui se fait à
l'intérieur de chacun des locaux affiliés, si vous voulez, qui se
lit: L'élection des personnes occupant une fonction de direction, la
grève, l'acceptation ou le refus d'un projet de convention collective et
la fixation de la cotisation syndicale ne peuvent être
décidés qu'au scrutin secret par la majorité des membres
présents à une assemblée dûment convoquée: on
va dire que si ce sont les électriciens, c'est par les
électriciens. Si, à un moment donné, ce sont les
menuisiers, c'est par les menuisiers. Ce sont les membres dûment
convoqués qui prennent les décisions en assemblée
générale, sur tous les sujets qui sont mentionnés
là et cela, c'est dans le cadre de la loi, ce qu'on vous explique.
Le Président (M. Séguin): M. L'Heureux est-ce que
vous avez quelque chose à ajouter?
M. L'Heureux: J'aurais quelque chose à dire. On a
parlé ici de l'article 8. Là, il ne faudrait pas charrier non
plus. Le deuxième alinéa de l'article 8 réfère aux
secteurs, non aux métiers. Ces secteurs sont clairement indiqués
dans la loi et ce sont les secteurs auxquels on se référait hier.
Il y a quatre secteurs d'identifiés. On charrie dans le troisième
paragraphe en associant "associations représentatives". Qu'est-ce que
les associations représentatives et quel était le but de ce
troisième alinéa? Je pense que c'est important ici. Le ministre
du Travail me corrigera si je me trompe. Il y a deux sortes d'associations
représentatives. Il y a une association représentative qui
était sur les bulletins de vote au début, il y en avait quatre de
celles-là. Les trois autres ont été mentionnées
hier. Il y a aussi une sorte d'association représentative qui est
habilitée à négocier, c'est la deuxième sorte.
Alors, au niveau de l'application, toutes les associations sont
représentatives au niveau de l'application, mais, au niveau de la
négociation, seulement celle qui est à 50% est
représentative. Le but du troisième alinéa est que, pour
une association représentative, pour en nommer, la CSN, CSD ou une des
autres associations, si une condition était négociée en
"barguinage" par l'association qui est représentative et nous, elle ne
pourrait pas s'appliquer, elle ne pourrait pas être prolongée par
décret si elle s'applique simplement à la troisième. Si on
décidait que la CSN ne pouvait pas avoir de délégué
de chantier et qu'on le mettait dans notre convention collective, cela ne
pourrait pas être prolongé parce que ce serait contre leurs
droits. C'est cela que veut dire cet alinéa. Une association
représentative au sens de l'application du décret, ce ne sont pas
les locaux. Au sens de l'application du décret, une association
représentative, ce sont les quatre parties qui sont dans la loi,
c'est-à-dire la CSN, la CSD, le Conseil provincial des métiers de
la construction et le Syndicat de la Côte-Nord. C'est cela. Alors,
j'aimerais que cette précision soit enregistrée.
M. Saint-Germain: Merci.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Maisonneuve. Un instant, à l'ordre, s'il vous plaît. Le
député des Mille-Iles. C'est très bien, vous êtes en
règle.
M. Lachance: M. le Président, si je reprends les paroles
de part et d'autre, les parties veulent négocier et parviendront
à une entente, mais il semblerait qu'il est peu probable qu'une entente
intervienne avant le 30 avril. Par contre, M. Dumoulin, tout à l'heure,
nous mentionnait: Si on n'était pas ici, on serait en train de
négocier. Je me réfère à la page 2 de votre
document. Vous dites que M. Dufresne, le conciliateur, a rencontré les
unions affiliées et ceci depuis le 23 avril. Par contre, il doit
rencontrer le porte-parole de la partie patronale le 29 avril et vous dites
aussi, à la fin de votre document, que le rapport de la partie patronale
doit donner une réponse en fin de semaine. Est-ce que vous allez laisser
le temps à la partie patronale au moins de rencontrer M. Dufresne et
d'analyser tous les documents? Est-ce que vous allez leur donner le même
temps?
M. Dumoulin: Certainement. Quand j'ai mentionné que si on
n'était pas ici, on serait en train de négocier, c'est que
peut-être la partie patronale serait déjà assise avec le
conciliateur ou elle serait convoquée. C'est entendu qu'il faut quand
même leur donner le temps de répondre. C'est sûr qu'il y a
un certain travail que le conciliateur nommé doit faire et qu'il faut le
lui laisser faire aussi. C'est sûr et certain. D'ailleurs, on l'a
mentionné hier.
M. Lachance: C'est toujours une question de stratégie de
part et d'autre de toute façon. Ma question s'adresse à M.
Dumoulin. A l'intérieur du Conseil provincial des métiers du
Québec...
Le Président (M. Séguin): Je pense que M. L'Heureux
avait un commentaire à faire au sujet de la réponse.
M. L'Heureux: C'est en rapport avec la question, c'est pour
apporter une précision. Le conciliateur nous a informé que ce
n'est pas demain qu'il veut nous rencontrer, mais que c'est le 30. Quand M.
Dumoulin dit: Si on n'était pas ici, on serait en train de
négocier, encore là, je pense que c'est du charriage, parce qu'il
a écrit hier qu'on négociait présentement, qu'il y avait
des rencontres au programme pour hier et aujourd'hui. Alors, le fait qu'on ne
soit pas ici, on ne négocierait pas plus parce que depuis le 12 on a
choisi de ne pas négocier avec nous, mais par un conciliateur.
M. Lachance: C'est la question que j'avais posée à
M. Dumoulin, et il m'a dit qu'il serait en train de négocier.
M. Dumoulin: Est-ce que je pourrais aussi répondre.
M. Lachance: Oui.
M. Dumoulin: Je tiens à mentionner que le conciliateur a
demandé de rencontrer les employeurs samedi et dimanche passé et
ils n'ont pas voulu. Est-ce qu'on veut ou si on ne veut pas? On vous dit qu'on
veut.
Une Voix: II ne le dit pas dans son rapport.
M. Dumoulin: II ne le dit pas dans son rapport, mais appelez-le
et demandez-le-lui parce que ça l'air qu'on était là quand
il l'a demandé.
M. Harvey (Jonquière): M. Dumoulin, admettez-vous avec moi
que, pour les rencontres, maintenant qu'il y a un conciliateur, ce n'est pas
vous, ni les patrons, qui décidez de rencontrer les parties, c'est lui.
Vous êtes d'accord sur cela? Depuis qu'il y a un conciliateur de
nommé, qui mène la négociation?
M. Dumoulin: Je suis d'accord, mais c'est vous, à un
moment donné qui convoquez. Il a certainement demandé aux
employeurs de les rencontrer samedi et dimanche. Ils ont dit: C'est
impossible.
M. Harvey (Jonquière): Alors, quand vous prétendez
que vous négocieriez aujourd'hui si vous n'étiez pas ici, ai-je
raison de croire que c'est charrier un peu?
M. Dumoulin: Non, vous n'avez aucunement raison de croire que
c'est charrier. Lorsqu'on parle de négocier, si on est avec le
conciliateur au lieu d'être avec l'association des employeurs, on
considère qu'on fait un travail. C'est ça que je veux mentionner
lorsque je dis négocier. On considère qu'on fait un travail. Je
ne vous dis pas qu'on trouve la solution magique avec lui, mais on
considère qu'on fait un travail.
M. Harvey (Jonquière): J'accepte votre réponse,
parce que c'est lui qui doit mener l'utilisation de son temps. C'est lui qui a
le dossier maintenant, à votre demande.
Le Président (M. Séguin): M. L'Heureux.
M. L'Heureux: ...prendre de décision, parce qu'on semble
dire n'importe quoi et on se corrige au fur et à mesure. Le
conciliateur, effectivement, jeudi soir, nous a rencontrés au moment
où on était les deux parties ensemble. Il nous a dit que,
d'après son emploi du temps, il rencontrerait la partie syndicale le
vendredi, nous le samedi et que le dimanche, il ne pouvait pas négocier,
il n'était pas disponible. On lui a dit que le samedi, pour nous,
ça ne cadrait pas et que, de toute façon, on n'en voyait pas
l'utilité et qu'avant de nous rencontrer, il fallait qu'il fasse la
conciliation à l'intérieur des métiers. Je pense que c'est
ce qui arrive dans le moment et ça ne servait à rien. Il a pris
rendez-vous pour lundi soir, il a communiqué avec nous samedi parce
qu'il était avec la partie syndicale cela n'aurait pas servi
à grand-chose qu'on soit là pour nous dire qu'il nous
verrait le lundi soir, c'est-à-dire qu'il nous avait, à ce
moment-là, convoqués pour lundi soir. Il nous a appelés
samedi pour nous dire qu'il était pour nous voir mardi matin, il nous a
rappelés pour nous dire qu'il était pour nous voir jeudi et il
nous a rappelés pour nous dire qu'il nous verrait vendredi.
Ecoutez, ce n'est pas nous qui déterminons l'emploi du temps du
conciliateur. Quand on dit qu'on n'était pas disponible, encore
là, on charrie.
Le Président (M. Séguin): M. le
député de Mille-Iles.
M. Lachance: C'est sûr que, de part et d'autre, vous avez
une stratégie, c'est sûr. Je voudrais poser ma question à
M. Dumoulin. A l'intérieur du conseil provincial des métiers du
Québec, est-ce que vous n'avez pas un problème avec les locaux
mécaniques? Là, je pense aux locaux mécaniques avec le
local des électriciens, des plombiers et des gens qui travaillent au
niveau des ascenseurs. Je veux dire à l'intérieur du conseil
provincial des métiers.
M. Dumoulin: M. le Président, je pense qu'en somme, on
déroge du cadre de la rencontre de la commission, mais je vais
répondre quand même.
Le Président (M. Séguin): Je veux...
M. Dumoulin: Je vais vous répondre quand même, mais
je tiens à le mentionner avant.
Le Président (M. Séguin): Je veux voir l'intention
ou le but de la question. Pourriez-vous expliquer un peu quelle est la raison,
avant de la juger non recevable?
M. Lachance: Cela n'a aucune relation avec le rapport Cliche.
C'est que M. Dumoulin a mentionné hier, dans son exposé, suite
à une résolution du local des électriciens... M.
L'Heureux, hier après-midi, a fait part d'une entente du 10 mars 1976
entre les deux parties. Il a été mentionné que, à
la suite de ça, il y a eu une réunion du local des
électriciens pour changer cette entente du 10 mars 1976 concernant les
tables générales et les tables auxiliaires, sectorielles.
M. Dumoulin: Voici, M. le Président...
M. Lachance: Vous l'avez mentionné vous-même, c'est
pour ça que je pose cette question. Je pense qu'elle est assez
pertinente, qu'elle est sur la clôture du mandat qui nous est
confié. Je vous pose la question, vous pouvez me répondre
succinctement, simplement.
M. Dumoulin: Je vais vous répondre. Premièrement,
le document qui a été présenté et que vous dites
être le document des électriciens. Hier, on a mentionné que
le document qui a été présenté est un document du
conseil provincial, appuyé on vous le déposera par
tous les affiliés du conseil provincial. D'accord?
La conciliation a été demandée à un moment
donné et, faisant suite à la conciliation, si vous dites qu'il y
a des problèmes à l'intérieur du conseil, je vous dis
qu'il n'y en a aucun. Comme vous voyez, nous avons déposé un
document qui a été dûment adopté et signé,
ça ne fait pas 100 heures, c'est avant-hier, et tous les affiliés
l'ont signé, incluant les métiers mécaniques dont vous
parlez. Ils ont signé le document.
M. Lachance: L'Association des entrepreneurs?
M. Dumoulin: Non, non, je vous parle du document de
non-grève sur la position prise...
M. Lachance: Non, d'accord, je l'ai, ça.
M. Dumoulin: ...par les affiliés du conseil en
réponse à votre question pour savoir s'il y a des
problèmes au niveau du conseil. Parce que je pense qu'on déroge
pas mal du portrait et je ne voudrais pas être en mesure de vous demander
si vous avez des problèmes à l'intérieur de votre parti,
de l'autre parti et de l'autre association.
Je ne sais pas...
M. Burns: Ils en ont, à part ça.
M. Dumoulin: Voici...
M. Lachance: Non, ça, M. Dumoulin...
M. Dumoulin: C'est le mieux que je peux faire pour
répondre à la question; c'est en vous déposant un document
qui a été adopté en présence de tout le monde, de
tous les affiliés...
M. Harvey (Jonquière): II y a juste Camil Samson qui n'en
a pas, mais il est tout seul!
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Lachance: Je les ai vus, ces documents; un de vos
collègues est venu me porter un autre document, un protocole d'entente.
C'est celui-là que je regardais, c'est pour cela que...
M. Dumoulin: D'accord. Mais, le document, comme je vous le dis,
c'est un document entériné, endossé par tous les
affiliés du conseil provincial, qui sont tous les métiers. Ce
document-là, c'était bien sûr, comme je l'ai dit au
début, lorsque j'ai mentionné l'esprit et les écrits de
l'entente, on l'a clarifié bien clairement pour être certains de
ce que cela veut dire.
M. Lachance: Cela touche au site olympique?
M. Dumoulin: Pardon?
M. Lachance: Cela touche au site olympique?
M. Dumoulin: Non, non. On parle de deux choses.
M. Lachance: C'est cela, on parle de deux choses.
M. Dumoulin: Vous parlez de l'entente? M. Lachance: Oui.
M. Dumoulin: L'entente qu'on a déposée lorsqu'on a
rencontré les employeurs le 12 mars, l'entente qu'on a signée, et
l'affaire des sites olympiques.
Le Président (M. Séguin): Autres questions? Le
député de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, j'aurais une question à
M. L'Heureux. Je vous ai entendu, hier soir, nous dire que vous favorisiez une
solution négociée au présent problème. Est-ce que,
d'après vous, il y a possibilité de s'entendre par voie de
négociation?
M. L'Heureux: II y a possibilité de s'entendre par voie de
négociation, premièrement lorsqu'on va négocier à
l'intérieur de la loi, c'est-à-dire lorsqu'on va permettre
à l'AECQ de décider de son mandat et de ses représentants
et au moment où on va nous remettre l'ensemble des demandes salariales
et des demandes syndicales.
A partir de ce moment-là et à condition qu'on nomme qui on
veut l'autre côté, mais qu'on nous laisse, à nous, le soin
de faire la consultation au niveau qu'on juge nécessaire et d'obtenir le
mandat dont on pense avoir besoin. A ce moment-là
nos membres nous jugeront. A ce moment-là, je pense qu'il va y
avoir moyen s'il y a moyen de s'entendre il va y avoir moyen de
négocier. Pour avoir moyen de s'entendre, il faut aller loin.
M. Burns: Mais, d'après vous, au moment où on se
parle, vous n'êtes pas en mesure de nous dire qu'il y a
impossibilité d'en arriver à une entente
négociée?
M. L'Heureux: Ecoutez, ce serait...
M. Burns: Vous n'êtes pas capable de dire cela?
M. L'Heureux: Je ne suis pas capable de dire cela. Je ne suis pas
capable de dire que nous sommes capables, dans un délai... et on ne
parle pas du 1er mai, parce qu'il ne faut pas se leurrer, même si les
deux parties étaient de bonne foi, qu'on s'assoyait à la
même table et qu'on négociait à l'intérieur de la
loi, avec tous les délais, le fait qu'il y a certains textes
là-dedans qui sont assez longs, assez laborieux. Parce qu'on rejoint la
partie syndicale sur le fait qu'on veut avoir une bonne convention et ce n'est
pas en la négociant sept jours par semaine, 24 heures par jour et en
signant des textes, que, par la suite, on va savoir que ce ne sont pas les bons
textes, qu'on va en arriver à une bonne négociation.
Je pense qu'à long terme, c'est plus important qu'à court
terme et si on est pour vivre une convention collective prolongée par
décret, il faut que les choses qui sont là-dedans aient
été pensées et qu'on soit d'accord au moment où on
va les introduire.
Jusqu'à maintenant, les problèmes étaient des
choses pondues à la vapeur et il fallait revenir tout le temps. Nous ne
sommes pas prêts à faire cela.
Motion de non-intervention
M. Burns: M. le Président, je voudrais faire la
proposition suivante: Je propose que la commission recommande au ministre du
Travail et de la Main-d'oeuvre de ne pas intervenir dans la présente
négociation visant l'industrie de la construction, vu le désir
exprimé par les deux parties d'en arriver à une solution
négociée.
Je vous fais cette proposition, M. le Président. Je suis
prêt à vous dire les raisons de base, à l'appui de cela.
J'en ai quelques copies.
M. Bédard (Montmorency): Question de règlement.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, est-ce
que le fait d'étudier cette motion, cela nous empêche de continuer
les questions que nous posons depuis environ cinq à six heures? Il faut
finir le dossier. En ce qui me concerne, il me resterait encore une question
à poser. Je ne sais pas s'il y a d'autres...
M. Burns: On peut en suspendre l'étude de la motion.
M. Bédard (Montmorency): ... de la motion pour finir de
poser nos questions. Après cela, on parlera sur la motion.
M. Burns: Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Séguin): II n'est pas question non
plus, je pense bien, de restreindre...
M. Burns: Ce n'est pas la question de vous bâillonner. Pour
une fois, ce serait l'Opposition qui bâillonnerait le gouvernement, ce
serait un gros changement.
M. Bédard (Montmorency): Cela pourrait être une
tentative.
M. Burns: Ce serait pas mal nouveau.
Le Président (M. Séguin): M. le
député, je recevrais la motion à ce moment-ci. Toutefois,
le proposeur a consenti, à une suggestion du député de
Montmorency, de suspendre le débat sur la motion. Rien n'empêche
que cette motion devra revenir devant cette commission d'ici la fin de nos
travaux. Le député de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): M. Dumoulin, j'aurais encore une
question j'espère que c'est la dernière concernant
votre engagement de non-grève.
Suite aux questions que j'ai posées tout à l'heure,
lorsque vous parlez, dans ce document, de chantiers olympiques et vous avez
fait état de ce en quoi consistaient pour vous les chantiers olympiques.
J'aimerais m'assurer si les chantiers auxiliaires ou les chantiers satellites
visés par les chantiers olympiques seraient visés par cette
entente. Par chantiers satellites, je vous donnerai, comme exemple, ici
à Québec, la maison Vibrek, on sait qu'elle travaille beaucoup
pour les chantiers olympiques, les fournisseurs d'armatures, les compagnies
d'asphalte. Peut-être que vous allez me répondre que cela ne vous
engage pas, parce que vous ne les contrôlez pas nécessairement,
mais, étant donné que vous êtes la seule partie
représentative suivant la loi du travail, est-ce que cela vise aussi ces
chantiers, parce que vous comprenez qu'on pourrait empêcher les Jeux
olympiques en boycottant les autres chantiers extérieurs? Les chantiers
satellites ou auxiliaires sont-ils visés par cette entente?
M. Dumoulin: M. le Président, lorsqu'on mentionne qu'on va
travailler aux chantiers olympiques, qu'il n'y aura pas de grève aux
chantiers olympiques, on est vraiment sérieux et sincère à
ce niveau. Lorsque vous me parlez des chantiers que vous mentionnez, au
départ, ce ne sont pas des chantiers, parce que ce n'est pas de la
construction et, deuxièmement, c'est couvert par le Code du travail.
S'il y a syndicat ou union à l'intérieur, il y a une convention
collective à l'intérieur.
Donc, en ce qui nous regarde, concernant une usine de fabrication de
produits pour les Jeux olympiques, je peux vous dire que, dans le cadre de la
loi, nous n'avons rien à faire là-dedans. Cela fait que...
M. Bédard (Montmorency): J'accepte votre réponse,
qui est logique.
Le Président (M. Séguin): Merci! M. L'Heureux,
avez-vous un commentaire à ajouter?
M. L'Heureux: J'aurais un commentaire à faire.
Naturellement, hier, on a parlé les premiers. La question des Jeux
olympiques, c'est une chose à laquelle on voulait répondre. On
aurait normalement répondu, mais, étant donné qu'on avait
parlé les premiers, on s'est réuni hier soir, le conseil
d'administration, et on aurait ici des commentaires à apporter
là-dessus. Je vais me permettre de...
Le Président (M. Séguin): Toujours dans le cadre du
débat.
M. L'Heureux: Toujours dans le cadre du débat. Je pense
que c'est très pertinent au débat et je pense que cela vaudrait
la peine d'être entendu. Tout à l'heure, il y a une question qui a
été posée. J'aimerais en poser d'autres, simplement, dans
le cadre du texte, pour soulever certains points, pour l'intérêt
des membres de la commission parlementaire, qui devraient amener des
précisions.
M. Bédard, tout à l'heure, a posé une question.
Est-ce que le droit de grève qu'on sacrifie parce qu'on sacrifie
quelque chose du côté du monde syndical pour la tenue des
Jeux olympiques, pour permettre cela comme tout bon citoyen devrait le faire
comporte à ce moment, un pendant, parce que c'est rare qu'on donne
quelque chose sans obtenir quelque chose? A quelles conditions sacrifie-t-on le
droit de grève?
Le deuxième point qui ne m'a pas été donné
premièrement, les conditions si c'est sous
négociation, comme j'ai cru le comprendre, malgré que ce
n'était pas clair, à ce moment, avec qui ce sera
négocié, parce que le seul agent patronal reconnu dans le moment
pour négocier, c'est l'AECQ, on n'a pas entamé de
négociation là-dessus.
Troisièmement, si, pour une raison ou une autre, on commence
à négocier, le syndicat a déjà sacrifié son
droit de grève et si, pour quelque motif que ce soit, l'AECQ n'est pas
capable d'accepter les clauses en vertu desquelles cette prolongation, pour les
Jeux olympiques seulement, serait permise, quels moyens de pression le syndicat
va-t-il avoir à ce moment, à moins de prolonger tout simplement
les clauses du décret actuel et qu'il dise: Nous autres, nous sommes
prêts à travailler, vu que les gars font du temps double tout le
temps et que tout le monde fait de $800 à $1000 là-bas. C'est
cela qu'on veut.
Me basant sur ces questions, j'aurais un commentaire qui va
peut-être durer cinq minutes, mais je pense que cela vaudrait la
peine.
M. Burns: Excusez-moi, M. L'Heureux. Avant que vous ne fassiez
votre commentaire, je pense que vous partez sur une bien mauvaise piste.
D'abord, il ne s'agit pas d'entente. C'est un geste purement et simplement
gratuit de la part de la partie syndicale. Je regarde le document du Conseil
provincial du Québec des métiers de la construction. Il
s'intitule: Engagement de non-grève sur tous les chantiers olympiques.
Cela n'a pas été sollicité, à ce que je sache. M.
Dumoulin, je pense, a été assez clair tout à l'heure. Cela
n'a pas été sollicité par la partie patronale, cet
engagement. C'est vous autres qui avez décidé...
M. Dumoulin: J'ai mentionné tantôt que l'engagement
de non-grève pour les Jeux olympiques n'a été
sollicité par personne. C'est suite aux événements et
à la décision du Conseil provincial et des affiliés que
cela est fait. On vient vous le déposer, sachant que par la Loi sur les
relations du travail, article 18, lors de la tenue d'une commission
parlementaire, par après, le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
a entière liberté. Nous nous disons que le problème des
Jeux olympiques est résolu.
M. Burns: C'est cela que je voulais corriger, parce que vous
aviez l'air à laisser croire, dans votre introduction, que
c'était quelque chose qui n'avait pas été
négocié. Bien sûr que ce n'est pas négocié.
C'est un engagement unilatéral de la partie syndicale. A entendre M.
Dumoulin, je ne vois aucune raison de ne pas prendre sa parole, il nous dit
carrément qu'il n'y a pas de conditions qui sont attachées
à cela. Tout ce qu'il souhaite, comme vous, apparemment, c'est que les
négociations se poursuivent et que vous arriviez à une solution
négociée. C'est la mise au point que je voulais faire sur votre
introduction. Maintenant, si vous avez une déclaration...
M. L'Heureux: Je ne vois pas que les chantiers des Jeux
olympiques soient réglés par le fait qu'il y ait un geste
purement gratuit de la part du syndicat s'il est gratuit qui soit
fait de non-grève. Maintenant, si vous avez compris qu'il est fait
gratuitement et que les conditions actuelles du décret seront
maintenues, alors, cela répond à ma question. Est-ce que c'est
cela qu'on doit entendre?
M. Burns: ... qu'elles soient modifiées ces conditions. Je
comprends cela comme cela. Comme je vous dis, je n'ai pas de raison de douter
de la parole de M. Dumoulin, lorsqu'il vient nous parler au nom du Conseil
provincial.
M. L'Heureux: La question que j'ai posée, est-ce que c'est
cela que M. Dumoulin dit? Est-ce qu'il a dit qu'après le 1er mai les
conditions aussi bien monétaires que les conditions actuelles du
décret, même s'il n'y a pas de décret, est-ce que ce sont
ces conditions qui vont prévaloir sur les chantiers olympiques? C'est
bien important cette question.
M. Burns: Ce n'est pas cela qu'il a dit, surtout
que la question ne se pose pas dans ces termes. S'il y a des
modifications, ces modifications s'appliqueront, c'est tout.
M. L'Heureux: Je vous dis que tant et aussi longtemps qu'il n'y
aura pas de solution négociée, parce qu'on ne négociera
pas pour le 5 mai, il ne faut pas se leurrer. La question que je pose, et elle
est bien importante pour le commentaire suivant, je la pose à la
commission qui pourra la poser à M. Dumoulin, si elle le juge à
propos. La réponse que j'aimerais entendre, c'est: quelles conditions,
parce que c'est bien important pour nous, vont prévaloir sur les
chantiers olympiques et satellites, ceux qui sont impliqués par la loi
de non-grève? Quelles conditions monétaires ou autres, normatives
ou conditions de travail vont prévaloir? Est-ce que ce sont celles qui
existent présentement, celles qui vont être
négociées avec le COJO, celles qui vont être
négociées avec des entrepreneurs qui sont au cost-plus ou
lesquelles? C'est cela que je veux savoir, parce qu'au moment où on
abandonne le droit de grève, cela veut dire qu'on n'a plus de moyen de
pression, en autant que je suis concerné, à moins qu'il y ait des
moyens satellites. C'est cela la réponse que j'aimerais avoir. Je ne
l'ai pas eue ici. M. Bédard l'a demandé ce matin et je n'ai pas
compris, j'ai peut-être mal compris.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, je veux
enchaîner pour faire mienne cette question de M. L'Heureux, parce que
c'est exactement le point que j'ai visé tout à l'heure par trois
questions. J'aimerais entendre clairement encore une deuxième fois. Pour
moi, c'était réglé dans mon esprit, mais je suis certain
que M. Dumoulin va nous clarifier cela davantage, soit en nous disant que les
conditions du décret, à l'heure actuelle, sur les chantiers
olympiques, pour nous, il n'y a pas de problème à partir du 1er
mai jusqu'au 31 juillet. Une réponse claire, une réponse
simple.
M. Dumoulin: Voici, assurément, on souhaite qu'il y ait
une entente d'intervenue, comme je l'ai mentionné, de quelque nature que
ce soit et que les conditions du décret s'appliquent.
M. Veilleux: Pas d'ici... La question de M...
M. Dumoulin: Les conditions du décret s'appliquent par
entente, assurément.
M. Lachance: De par la loi?
M. Veilleux: Non, attendez un peu, par entente.
M. Bédard (Montmorency): Je comprends ce que vous voulez
dire. En d'autres termes, je vais prononcer des mots clairs. A compter du 1er
mai prochain et jusqu'à ce qu'une entente globale soit faite, suite aux
négociations, le syndicat accepte les conditions mêmes du
décret qui devait expirer au 30 avril 1976.
M. Dumoulin: Oui.
M. Bédard (Montmorency): Ce, uniquement, pour les
chantiers olympiques.
M. Dumoulin: Pour le non-grève.
M. Bédard (Montmorency): Oui. Cela devient...
M. Dumoulin: C'est pas mal clair. M. Bédard
(Montmorency): Oui.
M. Burns: C'est ce que j'avais compris tout le temps.
M. Bédard (Montmorency): J'ai compris cela, mais on l'a
redemandé encore. Cela arrive souvent, M. le député...
M. Burns: Vous comprenez vite, mais il faut vous expliquer
longtemps.
M. Bédard (Montmorency): Non. M. le député
de Maisonneuve, ce n'est pas correct. J'ai justement dit au début de mon
intervention que j'avais compris. Il arrive souvent et plus souvent du
côté des membres de l'Opposition qu'ils ne comprennent pas.
Là, on a voulu clarifier davantage. Je pense que c'est
réglé.
Le Président (M. Séguin): M. L'Heureux continuez
donc. Vous aviez commencé certaines explications.
M. L'Heureux: Le problème se situe justement là.
Vous aurez un régime d'exception, c'est-à-dire que vous aurez une
convention, ni plus ni moins, sinon collective, du moins un prolongement de la
présente convention, à l'intérieur d'une convention qui se
veut globale, justement ce que la loi ne veut pas.
On dit qu'il y aura un régime d'exception à un endroit
où il y aurait non-grève, où il y aura des conditions qui
seront prolongées par rapport à celles qui existent à
l'heure actuelle pendant qu'ailleurs, ce sera la pagaille, pendant qu'ailleurs,
tout se négociera sur le bas.
Vous avez, présentement, aux chantiers olympiques, un chantier
strictement de la FTQ Construction il n'y a personne d'autre là
où vous retrouvez tous ceux qui étaient sur la liste noire
l'an dernier lors du bill 201...
M. Burns: Quand même!!!
M. Dumoulin: II ne faut quand même pas charrier, M. le
Président. On vient ici. On dépose quelque chose. On va
arrêter de se faire accuser. Peut-être que je déroge du
document qu'on a là, mais, M. le Président, j'aimerais aussi que
vous rameniez la partie patronale à l'ordre lorsque, à un certain
moment, elle ne suit pas ça. On n'a pas accusé ces gens et on ne
les a pas achalés. Ils ont passé leur temps à se battre et
ils n'ont pas été capables de faire une association patronale.
C'est vous autres qui avez légiféré pour leur en faire
une. Ecoutez, ça fait. Là, ça va faire! On essaie,
à un certain moment, de résoudre le problème, mais non de
l'empirer.
M. Burns: Aimeriez-vous mieux, M. L'Heureux, que le conseil
provincial retire son engagement de non-grève? Est-ce cela que vous
êtes en train de nous dire?
M. Dumoulin: On est prêt.
M. Burns: Vous aimeriez mieux qu'il dise qu'il retire son
engagement?
M. L'Heureux: Non. Ce qu'on veut...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je demande qu'il n'y ait de manifestation ni pour, ni contre les
personnes qui s'expriment ici. S'il vous plaît, un peu de
coopération. On va essayer de s'entendre et cela va très bien
comme c'est là. M. L'Heureux, continuez.
M. L'Heureux: Je vais lire le texte que j'avais
préparé là-dessus et je pense qu'il s'applique. Je ne
pense pas qu'il y ait d'ambiguïté.
M. le Président, la partie patronale s'était
continuellement interrogée depuis le début des présentes
négociations le 19 février dernier sur la stratégie de la
partie syndicale.
D'une part, la partie syndicale se déclarait de bonne foi et
impatiente de négocier et, d'autre part, elle bloquait
systématiquement toute véritable négociation en prenant
trois semaines pour vérifier un mandat, en remettant des demandes
partielles à moins de sept semaines de la fin du décret, en
refusant d'honorer un texte signé par elle et qui faisait suite à
une consultation de trois semaines auprès de leurs affiliés, en
rompant unilatéralement les négociations après moins de
deux jours de véritables négociations, en demandant un
conciliateur alors qu'en même temps, elle insistait pour négocier
avec les entrepreneurs, en remettant au conciliateur, à moins d'une
semaine de la fin du décret, des demandes particulières de
métiers qu'elle refusait de nous remettre depuis le 19 février,
sous prétexte que nous n'étions pas qualifiés pour les
recevoir, et enfin, en ayant refusé complètement de
révéler leurs demandes salariales depuis le début sous le
prétexte qu'une étude se poursuivait au niveau de la commission
antiinflation et, même aujourd'hui, le 28 avril, à deux jours de
l'expiration du décret, ces demandes sont inconnues, sauf pour un
métier qui demande une augmentation de 50% au 1er mai.
M. le Président, la stratégie de la partie syndicale est
maintenant connue. Les conditions salariales qui n'ont pas été
déposées seront imposées de force à certains
entrepreneurs dont les contrats sont sous une forme de "cost plus",
c'est-à-dire qu'ils peuvent et qu'ils vont refiler la facture au client
ou à d'autres entrepreneurs sur qui la pression sera telle qu'ils
devront se soumettre, comme par le passé, aux conditions les plus
farfelues.
Ces conditions, par la suite, serviront de base et de
précédent pour imposer à l'ensemble des entrepreneurs des
conditions acceptées de force ou par connivence par une minorité
et, de nouveau, l'illégalité deviendra légale et ceci, aux
dépens de l'industrie la plus importante de notre province.
Nous n'avons qu'à reculer à janvier 1975 et au bill 201
où une augmentation de $0.85 l'heure, qui représente $150
millions par année, pour l'ensemble de la construction, a
été consentie à la suite d'un ralentissement ou d'une
grève d'une partie, d'une minorité, c'est-à-dire d'un
local.
M. le Président et messieurs les membres, je crois que
l'intérêt public de notre province doit et va plus loin que la
tenue des Jeux olympiques; si une entente partielle doit être permise, et
ceci, contrairement à l'esprit de la loi, qu'elle soit régie par
décret et prolongée à l'ensemble de la construction
puisque ceci est la préoccupation première de la loi de la
construction, soit une seule et unique entente provinciale et pour tous les
métiers.
Nous représentons tous les entrepreneurs et non seulement ceux
impliqués aux Jeux olympiques et vous devez tenir compte de toute
l'industrie et non seulement des Jeux olympiques, et nous croyons que, dans
l'intérêt public, le gouvernement ne peut et ne doit pas
tolérer et sanctionner une situation qui peut amener et qui
amènera des conséquences économiques qui sont à
l'en-contre de la lutte anti-inflation et de la paix industrielle dans une
industrie dont l'effet d'entraînement sur le reste de l'économie
est considérable et reconnu.
M. le Président et messieurs les membres, il ne faudrait pas
accepter ici un marché de dupes, accepter que les Meloche, Mantha,
Bertrand et autres du même calibre, qui ont été
dénoncés par la Commission Cliche...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! M.
L'Heureux: Alors, je retire.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! Un
instant!
M. L'Heureux: A annoncé que certains individus...
M. Burns: Rappelez-le à l'ordre!
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît!
M. L'Heureux: Je retire ce que je viens de dire.
Le Président (M. Séguin): Les paroles sont
retirées, mais je vous demanderais, M. L'Heureux...
Une Voix: De faire attention.
Le Président (M. Séguin): De procéder sur le
même ton qu'avant.
M. L'Heureux: Accepter qu'une partie des tra-
vailleurs qui sont employés présentement aux chantiers
olympiques à des salaires de $1000 et allant même, selon les
rapports de chantiers, à $1500 par semaine, puissent travailler, pendant
qu'ailleurs, employeurs et travailleurs feront les frais de cette entente,
puisque les favoris, eux, seront à l'abri des arrêts de
travail.
Nous de l'AECQ, de l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec, à moins que le législateur n'accepte
complètement ses responsabilités, allons sûrement remettre
notre rôle et notre utilité en question, si la jungle que nous
connaissons et qui a été dénoncée par la Commission
Cliche est autorisée et encouragée à se poursuivre par le
législateur. Cela complète mon exposé.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. L'Heureux.
Là, je ne sais pas.
M. Harvey (Jonquière): Pourrait-on avoir le
dépôt de son document? Pourrait-on avoir un dépôt du
document que vous venez de lire?
M. Dumoulin: M. le Président, est-ce que la partie
syndicale pourrait à un moment donné avoir des copies de ses
documents qui sont déposés, même si on a
déposé les nôtres?
M. Harvey (Jonquière): Le député de
Maisonneuve me signale...
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît! Il y a une question qui a été posée à
M. L'Heureux et je n'ai pas eu la réponse. Est-ce que ces documents
peuvent être déposés? La réponse est oui?
M. L'Heureux: Oui.
Le Président (M. Séguin): Cela peut être
déposé? Très bien. M. Dumoulin, vous avez quelque chose
à ajouter?
M. Dumoulin: Je demandais si on pouvait avoir une copie des
documents déposés. Une commission parlementaire, je crois que
c'est public, je sens que je fais partie du public.
Le Président (M. Séguin): De toute façon...
M. Dumoulin: Parce que les notes...
Le Président (M. Séguin): De toute façon,
tous les textes, tout ce qui s'est dit ici est au journal des Débats,
c'est disponible comme copie authentique.
M. Dumoulin: Peut-être pas officielle, mais authentique.
Merci.
Le Président (M. Séguin): Alors,... Discussion
sur la motion M. Burns: M. le Président, on revient à ma mo-
tion, cela va être très bref, je n'ai pas l'intention de faire une
longue argumentation à ce sujet. Je pense qu'au contraire, ce qu'on a
appris depuis hier soir est à l'effet d'appuyer... Oui, oui, d'accord,
M. le Président, en réponse au ministre, je reviens à ma
motion qu'on avait tout simplement suspendue tout à l'heure pour
permettre au député de Montmorency de poser des questions. Je
disais donc, M. le Président, qu'il me semble que les travaux
mêmes de la commission appuient ou militent en faveur de l'adoption d'une
telle résolution. Evidemment on n'a pas à lui dire quoi faire,
mais on peut lui faire des recommandations. C'est dans ce sens que je fais ma
suggestion. C'est sûr que l'article 18 de la Loi des relations du travail
dans l'industrie de la construction permet au ministre de suggérer au
lieutenant-gouverneur en conseil, c'est-à-dire au cabinet des ministres,
de prolonger, de modifier ou d'abroger le décret sans le consentement
des parties. Cela est admis, et ce n'est pas là-dessus que je veux
argumenter, sauf que je m'attache à la lettre même de la loi, qui
rappelons-le, à l'alinéa 4, il en a été fortement
question hier soir, se lit comme suit: Le lieutenant-gouverneur en conseil peut
aussi, sur la recommandation du ministre, prolonger, abroger ou modifier le
décret sans le consentement de l'association d'employeurs ou des
associations de salariés, quand il est d'avis c'est cela, je
pense, les mots importants que, dans l'intérêt public,
cette solution est la seule qui puisse remédier à la situation
existante. Or quelle est-elle, cette situation existante? Vous avez
déjà un conciliateur qui est désigné, qui, à
mon avis, peut peut-être favoriser un rapprochement entre les parties,
surtout que les deux parties viennent nous dire que, selon elles, il n'est pas
impossible d'en arriver à une solution négociée.
Evidemment, il y a toutes sortes de réticences. Les gens disent: Si
telle chose se passe... Cela, c'est normal dans une négociation. Une
négociation c'est du passez-moi l'expression "give and
take" à un moment donné. C'est bien sûr, et je pense que la
partie patronale, comme la partie syndicale, comprend ce
phénomène. On n'a pas affaire à des néophytes, on
n'a pas affaire à des gens qui n'ont jamais vu une négociation de
proche.
Mais quand les deux parties viennent nous dire, alors qu'on leur demande
les raisons motivant l'impossibilité d'en arriver à une entente,
qu'elles nous disent, non pas les raisons motivant l'impossibilité d'une
entente, mais qu'il pourrait être possible d'en arriver à une
entente. Je pense, à ce moment-là, que l'intervention très
grave, à mon avis, qui est prévue à l'article 18,
alinéa 4, doit être mise de côté. C'est une
discrétion ministérielle qui déborde de la
mentalité même d'une négociation, qui déborde du
sens de l'esprit d'une négociation, c'est-à-dire viser à
ce que les parties en arrivent à mettre sur papier, à coucher sur
papier les clauses qui vont les régir. Le danger que je vois, M. le
Président, je ne le dis pas pour provoquer qui que ce soit, c'est que
s'il y a une intervention gouvernementale à ce stade-ci, à mon
avis, de façon prématurée, ce n'est pas la paix sociale
sur les chantiers qu'on va arriver à faire, cela va être
exactement le contraire. Les gens du domaine de la construction, que ce
soit du côté syndical ou que ce soit du côté
patronal, n'accepteront pas facilement, j'en suis convaincu, qu'on leur impose
des conditions de travail qu'ils n'ont pas eu véritablement la chance de
négocier.
Ce que je vous demande, par ma résolution et je
m'arrête là, M. le Président, je pense que tout ce que je
pourrais dire de plus serait superflu M. le ministre ou ce que je
demande à la commission, c'est qu'on recommande au ministre, qu'on
exprime clairement au ministre que ce qu'on a entendu ici ne nous motive pas
ou, selon nous, ne devrait pas motiver une intervention d'autorité de la
part du lieutenant-gouverneur en conseil sur la recommandation du ministre du
Travail.
Je tiens à dire, en terminant, ceci. Le délai du 1er mai
semble être bien important dans l'esprit de tout le monde, mais ce
délai du 1er mai, même s'il donne le droit de grève au
côté syndical et même s'il donne le droit au lock-out au
côté patronale, n'est pas nécessairement automatique. Je
veux dire: Ce n'est pas parce qu'il y a une possibilité qu'il y ait une
grève à partir du 1er mai qu'il faille nécessairement en
arriver à une solution d'autorité comme celle-ci, solution qui,
je le répète, est exorbitante de la mentalité du sens
d'une négociation. Je dis qu'il faut donner la chance aux parties
d'essayer d'en arriver à une négociation. Elles n'y sont pas
arrivées encore. Il n'y a rien qui nous dit qu'elles n'y arriveront pas
d'ici une semaine, deux semaines, quelques jours. En tout cas, je le souhaite
personnellement et c'est dans ce sens, M. le Président, que je fais
cette motion et j'espère que la commission recommandera au ministre du
Travail de ne pas intervenir et de permettre et faciliter les
négociations aux parties et, peut-être même, du
côté du ministre du Travail, d'insister auprès de son
conciliateur pour que les choses se fassent de la façon la plus
expéditive possible.
Le Président (M. Séguin): Le ministre du
Travail.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, parlant sur
la motion du député de Maisonneuve, je vais être bref.
D'abord la commission parlementaire a été convoquée
à la suite du rapport intérimaire présenté par un
conciliateur nommé a la demande d'une des parties. Je ne voudrais pas
que la commission parlementaire... D'abord, il a été clairement
démontré qu'il y a impossibilité d'entente d'ici le 30
avril, et je pense que cela a été clair comme de l'eau de
roche...
Maintenant, M. le Président, l'intérêt public
et lisons l'article 18 "Le ministre du Travail peut recommander de
prolonger, abroger, modifier le décret, s'il est d'avis, dans
l'intérêt public..." Ce n'est pas à la commission
parlementaire du travail de la main-d'oeuvre et de l'immigration, ni aux
parties impliquées, l'Association des entrepreneurs en construction ou
l'Association de salariés représentant plus de 50% des
salariés qui ont la responsabilité de déterminer s'il est
de l'intérêt public d'utiliser l'article 18. On sait fort bien
qu'à minuit, quelle que soit la décision que prendra le cabinet
sur ma recommandation, si recommandation de ma part il y a, d'utiliser
l'article 18, c'est au cabinet, au conseil exécutif, sur la
recommandation du ministre, de juger de l'intérêt public et ce
n'est pas à la commission parlementaire, M. le Président. La
commission parlementaire a été convoquée par l'obligation
de l'article 18, dans une loi de nos statuts, la Loi sur les relations du
travail, qui invitait les parties impliquées à venir nous donner
les motifs pour lesquels il y aurait impossibilité de s'entendre avant
la fin du décret pour être en mesure de juger de l'utilisation,
dans une des alternatives, de l'article 18.
M. le Président, j'ai été pertinent au
débat, je n'ai pas posé de questions qui n'étaient pas
pertinentes, j'étais tout oreille pour entendre tout ce qui pouvait se
dire parce que j'aurai l'obligation d'étudier attentivement tout ce qui
a pu se dire de pertinent, de blessant ou de non blessant, y compris des
interventions en dehors de la commission pendant qu'elle a suspendu ses
travaux. C'était mon devoir de le faire et j'espère que ceux qui
collaborent avec moi et qui ont été présents ont fait de
même.
M. le Président, l'adoption de la proposition du
député de Maisonneuve établirait clairement, à
partir de ce que l'on a entendu, que la commission se prononce sur
l'intérêt public de la question décrit à l'article
18, et c'est la responsabilité de l'exécutif sur ma
recommandation. Ce n'est pas à moi de juger l'intérêt
public, mais à l'ensemble du cabinet et l'article 18 est très
clair là-dessus.
Je voterai contre la proposition du député de
Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, je veux tout simplement dire
ceci: le ministre va me rendre cette justice, s'il m'écoute cette
fois-ci, parce que, tout à l'heure, il ne m'écoutait pas. C'est
peut-être pour ça qu'il a dit ce qu'il vient de dire.
M. Harvey (Jonquière): Je vous écoute avec mes
oreilles et je regarde les autres avec mes yeux.
M. Burns: D'accord. Je pense que vous ne m'avez pas
écouté puisque vous avez dit exactement le contraire, vous m'avez
cité, si vous voulez, mais de façon exactement contraire à
ce que j'ai dit en présentant ma motion. Premièrement, j'ai
été très clair, disant que c'est une recommandation qui
peut ne pas lier le ministre, sinon comme une autorité morale, et que le
ministre a ce pouvoir, j'ai dit ça exactement au début de mon
intervention. Je n'essaie pas de vous vendre l'idée que la commission se
substitue soit au ministre du Travail, soit au cabinet en adoptant une
proposition comme celle-là. Mais la commission, quand même, est
celle qui a pris connaissance des divers témoignages de M. Dumoulin et
de M. L'Heureux, et c'est en partant de ces témoignages, avec les
questions qui ont été posées, tant par le
côté ministériel que par l'Opposition, qu'on doit en
arri-
ver, je pense, à une conclusion, nous qui avons vu ça de
proche, les membres du cabinet, sauf le ministre du Travail, n'étant pas
ici, et alors, nous leur faisons une recommandation, via le ministre du
Travail, de ne pas intervenir et de donner la chance aux parties d'en arriver
à une solution négociée. Cela semble être leur
désir à toutes les deux, exprimé de façon non
ambiguë.
Deuxièmement, dans son argumentation c'est très grave pour
l'avenir, ce précédent que vous vous apprêtez à
créer, j'espère que vous ne vous apprêtez pas à le
faire, mais semble-t-il, vous vous apprêtez à créer. Le
ministre dit qu'à l'appui de son argumentation, pour justifier son
intervention à toutes fins pratiques, il a un rapport du conciliateur
qui lui dit qu'il sera impossible d'arriver à une entente avant la fin
du décret. Il ajoute les mots "avant la fin du décret". M. le
ministre, si vous créez ce précédent, et ça, il va
falloir que vous en preniez cette responsabilité publiquement et le
disiez publiquement aux gars de la construction, cela équivaut à
leur dire: Vous n'avez plus le droit de grève, c'est ça que
ça veut dire. Si vous n'êtes pas capables de vous entendre avant
l'expiration du décret, date à laquelle le droit de grève
ou le droit au lock-out est acquis, n'y pensez plus, il n'y a plus de droit de
grève.
C'est ça que vous allez être obligé de dire aux gars
de la construction, si vous prenez cette décision.
M. Harvey (Jonquière): Si je la prends.
M. Burns: Je pense qu'elle est très grave, en ce sens
qu'elle créerait ce précédent, sans laisser aux parties la
possibilité d'en arriver à une conclusion favorable,
négociée, qui est la seule, la meilleure, la seule applicable, je
pense, dans l'industrie de la construction.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, vu que le
député de Maisonneuve vient de reparler sur mes propos, je
voudrais vous dire qu'en lisant sa résolution, j'en viens à la
conclusion qu'on détermine immédiatement qu'on pourrait adopter
cette résolution et jouer sur les mots. C'est ma franchise qui me fait
dire qu'en adoptant la résolution, si on y pense au fond, on
détermine, comme commission parlementaire, l'intérêt public
alors que, dans l'article 18, la convocation de la commission parlementaire est
uniquement une obligation donnant aux parties intéressées,
advenant une possibilité d'utilisation d'un article d'une loi existante,
de venir expliquer, donner tous les motifs qui portent à croire qu'avant
l'expiration du décret de la construction, il n'y a pas
possibilité d'entente.
C'est uniquement dans ce cadre-là, ce mandat-là, que la
commission a été convoquée. Je pense que ceux qui ont
débordé la pertinence du débat... Cela a été
enregistré, cela va nous permettre d'analyser ce qu'on a entendu, plus
le rapport, non pas intérimaire, mais un nouveau rapport du
conciliateur, avant la fin du décret, pour nous permettre, s'il y a lieu
ou non, d'oublier l'article 18.
Mais, après la fin du décret, l'article 18 n'est plus
possible, et la responsabilité de l'utiliser tant et aussi longtemps que
cette loi ne sera pas changée, c'est la loi. Le pouvoir de faire une
recommandation au lieutenant-gouverneur appartient au ministre du Travail et il
a l'obligation d'entendre les parties sur les motifs qui donnent lieu de croire
qu'il n'y a pas possibilité d'entente.
Bien sûr, qu'il y a possibilité d'entente, tout le monde
l'a dit. Tout le monde m'a également demandé de les laisser
négocier et, d'ailleurs, ma conduite, depuis le début, a
été dans ce sens. J'aurais pu et je le
répète d'après la loi, nommer un conciliateur
dès les premières réunions de négociation.
Vote sur la motion
M. Burns: Le vote.
Le Président (M. Séguin): Que ceux qui sont en
faveur de la motion du député de Maisonneuve veuillent bien lever
la main.
M. Burns: Non, M. le Président; je demanderais
d'enregistrer le vote.
Le Président (M. Séguin): A la demande du
député de Maisonneuve, un vote enregistré. Pour ou contre?
M. Bellemare (Johnson)? M. Bédard (Montmorency)?
M. Bédard (Montmorency): Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Burns
(Maisonneuve)?
M. Burns: Pour.
Le Président (M. Séguin): M. Lessard (Saguenay)? M.
Déziel (Saint-François)?
M. Déziel: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey
(Jonquière)?
M. Harvey (Jonquière): Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Harvey (Dubuc)?
M. Harvey (Dubuc): Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Lachance
(Mille-Iles)?
M. Lachance: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Malépart
(Sainte-Marie)?
M. Malépart: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Bédard
(Montmorency)?
M. Bédard (Montmorency): Contre.
Le Président (M. Séguin): II a déjà
voté.
M. Burns: Je suis assez minoritaire, M. le Président, ne
le faites pas voter deux fois.
Le Président (M. Séguin): Un instant s'il vous
plaît.
M. Bédard (Montmorency): J'ai répondu au
président.
Le Président (M. Séguin): C'est bien vrai. Son nom
paraîtrait deux fois sur la liste. La première fois, c'est
dû à mon erreur. Je reviens. M. Côté (Matane)?
M. Bourdon (Michel): M. le Président, est-ce qu'il serait
possible d'être entendu?
M. Veilleux: Après. Il y a un vote. Ce ne sera pas
long.
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît! M. Pagé (Portneuf)? M. Saint-Germain (Jacques-Cartier)?
M. Saint-Germain: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Samson
(Rouyn-Noranda)? M. Veilleux (Saint-Jean)?
M. Veilleux: Contre.
Le Président (M. Séguin): M. Verreault
(Shefford)?
M. Verreault: Contre.
Le Président (M. Séguin): Contre: 9. Pour: 1. La
motion est rejetée.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, comme
l'audition des intéressés est terminée et que le mandat en
tant que mandat de la commission... On a entendu les parties dans leurs points
de réplique, les membres de la commission ont posé les questions
qu'ils ont jugé à propos. J'ai eu, de la part des membres de la
commission, la certitude qu'ils voulaient entendre maintenant, pour leur
information...
Est-ce que les membres du syndicat de la construction de Sept-lles sont
ici? Comme ils ne sont pas ici, je pense que la CSD est ici. Est-ce que la CSD
est ici? La CSD est ici. La CSN est également ici.
Ils nous resterait vingt minutes jusqu'à l'ajournement convenu
avec le leader de l'Opposition, soit à une heure. Dans un exposé
de dix minutes, les membres de la commission parlementaire seraient anxieux
d'entendre les propos de la CSN et de la CSD. Un ou l'autre...
M. Bourdon: Je suis prêt à commencer, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît. Si je comprends bien, en ce cas-là, M. le ministre, votre
proposition dit ceci: En se basant sur le fait que les travaux de la commission
sont terminés, c'est dire que le mandat qui nous a été
fourni est complet ou terminé, à la demande des membres de la
commission, nous entendrions deux autres représentants syndicaux d'ici
13 heures. Si je dois en juger par là, puisqu'il reste vingt minutes
d'ici 13 heures, ce serait dix minutes à chaque groupement.
Deuxièmement, est-ce qu'il est bien clair, dans l'esprit des
membres de la commission, que les commentaires qui se feraient par ces deux
groupes ou par les représentants de ces deux groupes seraient des
commentaires sur le mandat que nous avions étudié ou sur tout
autre sujet?
Des Voix: Sur le mandat.
Le Président (M. Séguin): C'est cela qu'ils
désirent, c'est sur le mandat.
M. Burns: Si vous le faites dans le cadre du mandat, je n'ai pas
d'objection d'ailleurs, mais je ne sais pas si les parties concernées,
la CSD et la CSN, trouvent qu'elles ont le temps de nous dire ce qu'elles ont
à nous dire à l'intérieur de vingt minutes, auquel cas, je
pense qu'on ne doit pas les limiter. Il faudrait quand même au moins leur
donner un minimum de temps pour qu'elles s'expriment. Autrement...
M. Harvey (Jonquière): Donnons-leur vingt minutes chacune,
finissons à 13 h 20. Moi, je n'y ai pas d'objection.
M. Burns: Je ne sais pas. Est-ce que vous me...
M. Harvey (Jonquière): Est-ce qu'avec vingt minutes
chacune, en finissant à 13 h 20, vous avez le temps?
M. Bourdon: M. le Président, pour nous, l'important, c'est
d'être entendus. Mon exposé va être de cinq à dix
minutes. Je ne peux pas préjuger de la longueur des questions.
Le Président (M. Séguin): D'accord. Je pense
que...
M. Burns: D'accord.
M. Lachance: M. le Président, puis-je poser une question?
Est-ce que les débats vont être enregistrés?
Le Président (M. Séguin): Oui.
M. Harvey (Jonquière): Ils sont en dehors du mandat. Ce
sont des propos entendus en dehors du mandat qu'on a là.
Le Président (M. Séguin): A I'ordre! tout le monde.
M. Bourdon.
Confédération des syndicats
nationaux
M. Bourdon: M. le Président, je représente ici les
40 000 travailleurs de la construction qui ont signifié à
l'Office de la construction qu'ils voulaient être
représentés par la Confédération des syndicats
nationaux. Depuis sept ou huit heures, on entend les deux parties
habilitées à négocier en vertu de la loi expliquer
où en sont les négociations dans l'industrie de la construction.
Nous sommes intéressés à ces négociations à
deux titres. Les conditions qui seront négociées par les parties
habilitées à négocier vont s'appliquer à nos 40 000
membres et je pense que cette minorité a le droit d'être entendue,
sinon comprise.
D'autre part, le 1er mai, si le gouvernement, par un acte
unilatéral, ne modifie pas les règles du jeu, nos membres vont
avoir le droit de grève et les employeurs, à leur égard,
auront le droit de lock-out. Les négociations en vue de conclure des
conventions collectives de travail sont très rarement des actes d'amour,
comme l'ont illustré les propos de M. L'Heureux et de M. Dumoulin. Je
pense que c'est normal qu'il en soit ainsi, parce que nous vivons dans une
économie de marché où les entreprises vendent librement et
à leur gré leurs biens et leurs services et où les
travailleurs, eux, vendent leur seul bien qui est leur force de travail.
Dans cette économie libérale et dans le régime
politique libéral que nous avons, il est reconnu que les agents de
l'économie doivent être placés sur un pied
d'égalité, ce qui veut dire qu'un entrepreneur qui n'obtient pas
son prix de $500 millions pour un stade peut refuser de faire le stade et que
le travailleur qui n'obtient pas la rémunération ou les
conditions qui lui conviennent pour travailler peut refuser de procurer sa
force de travail.
Nous pensons qu'il n'y a pas d'impossibilité d'entente dans
l'industrie de la construction, à l'heure actuelle. Il n'y a pas d'amour
entre les parties et je n'en ai jamais vu qui s'aiment, sauf les syndicats de
la FCAI ou ailleurs et qui en viennent à des ententes.
Je voudrais également ajouter que la date du 1er mai n'est pas,
d'aucune façon, une date ultime pour parvenir à une entente. Il
se signe au Québec 4000 conventions collectives. Il est assez rare qu'on
en vienne à une entente avant l'échéance. Je
prétends donc que les travailleurs de la construction ont le droit de
pouvoir exercer les droits qui leur sont reconnus par la loi à partir du
1er mai. On semble oublier souvent, dans le débat, que le rapport de
force qui peut s'établir comporte des sanctions pour les deux parties.
Le travailleur en grève perd son salaire, l'employeur perd ses revenus.
C'est de cet équilibre que naît ou ne naît pas une
convention collective de travail. Je pense donc que le prolongement du
décret par le gouvernement actuel serait une négation effective
du droit de grève, pour les travailleurs de la construction. Je ne pense
pas que le législateur n'ait jamais fonctionné dans ce sens.
D'autre part, ce qui amène des parties, quelles qu'elles soient,
à négocier et à s'entendre, c'est la
nécessité. Si le législateur est toujours par-dessus
l'épaule des parties pour décider à leur place du moment
qu'elles ne s'entendent pas, il est notoire, il est évident que les
parties ne s'entendront pas, parce qu'elles ne sont pas obligées de
s'entendre. Je crois donc que de laisser aller les règles du jeu
actuelles va faire que les parties, d'une façon ou d'une autre,
trouveront à un moment donné un compromis, un modus vivendi, pour
leur permettre de fonctionner ensemble et de faire opérer l'industrie de
la construction. J'aimerais ajouter que la dernière entente
négociée dans la construction, sans l'intervention bête et
massive de l'Etat date de 1969. C'est la dernière convention
négociée qui n'a pas été
décrétée à la suite d'une loi du gouvernement. En
1970, il y a eu une grève des membres de la CSN. C'est une loi
spéciale, la loi 38 qui y a mis fin. En 1973, c'est une
négociation qui s'est faite. C'est une loi, la loi 9, qui l'a mise en
vigueur, encore là, une loi spéciale. Je pense
qu'indépendamment des étiquettes syndicales, même au
comité mixte de l'Office de la construction, qui doit interpréter
le décret, les gens sont unanimes à dire que le décret
actuel est mal rédigé, ne correspond plus aux besoins, parce que
cela fait au moins sept ans qu'il n'a pas vraiment été
négocié.
Evidemment, le ministre du Travail peut recommander au cabinet de faire
quelque chose à la suite des négociations qui vont se poursuivre.
Le gouvernement a le pouvoir de décréter, d'abroger, de modifier
ou de prolonger le décret sans l'accord des parties. J'aimerais dire
là-dessus qu'un arrêté en conseil, comme une loi 23, c'est
valide surtout si c'est respecté. Je pense que, si le gouvernement
s'engage dans une ligne où le droit de négocier et le droit de
faire la grève sont niés aux travailleurs de la construction, il
méconnaît une réalité sociale qui est que le
travailleur n'a que sa force de travail et qu'il a, comme l'entrepreneur, le
droit de refuser de livrer ses services, si les prix et les conditions ne lui
conviennent pas. Un régime plus dur que le régime actuel au
Québec, celui d'Espagne, interdit toutes les grèves et dit
même que les grèves sont des insurrections contre le gouvernement.
Le mois passé, en Espagne, il y avait 250 000 grévistes.
Je pense que nier le droit de grève et prolonger le décret
équivaudrait à la négation du droit de grève. C'est
aussi peu conforme à la réalité que de décider
qu'il n'est pas vrai que le soleil se lève à l'est et se couche
à l'ouest.
Je pense que les travailleurs de bâtiment ont le droit d'avoir des
vraies négociations avec le rapport de force qui se crée dans une
négociation et qui est quand même égal parce que le
travailleur en grève subit une sanction économique au même
titre que l'employeur. Je pense que les travailleurs y ont droit. Parce que
depuis que le gouvernement intervient dans les négociations, sous le
prétexte de l'intérêt public, soit depuis 1970 cela
fait maintenant six ans le chaos existe dans l'industrie de la
construction.
Je pense que ce chaos a été provoqué, notamment,
par l'imposition aux parties de règles
qu'elles n'acceptaient pas. Je pense que c'est à ce chaos et
à l'intervention gouvernementale constante qu'on doit le fait qu'avec 6%
de la main-d'oeuvre les travailleurs de la construction comptent 26% des morts
par accident.
Au Mont-Wright, après l'accident qui a fait sept morts et qui a
fait du huitième travailleur un légume pour la vie, la compagnie
se demandait si elle faisait venir de Sept-lles des cercueils temporaires pour
transporter les corps. On a jugé la solution trop onéreuse et
trop longue. On les a mis dans des sacs à vidanges en polythène
et on les a envoyés par avion aux familles.
C'est donc dire que, sur les chantiers de construction, il y a un
mépris généralisé de la vie et de la
sécurité des travailleurs du bâtiment et que le
gouvernement ne fait pas respecter ses normes obligatoires de
sécurité prévues par la loi. Ce qui fait qu'au chantier
olympique, en plus du milliard de déficit qu'il faudra bien,
malgré l'habileté du maire Drapeau, finir par payer un jour, il y
a un coût humain, que les travailleurs de la construction ont
déjà payé, qui est actuellement de treize morts par
accident, des morts qui auraient pu être évitées.
Il y a un coroner qui a conclu que Jean-Marie Lesage est mort pour rien
parce que les normes n'ont pas été respectées et que
l'entrepreneur, la compagnie Sicotte Brocklesby, ne s'est pas conformée
aux normes élémentaires de respect de la vie d'autrui.
Je pense également, M. le Président, qu'on ne peut pas
évaluer la possibilité de régler le décret, de
régler la convention, sans parler de l'insécurité d'emploi
des travailleurs de la construction.
Il y en a 155 000 qui ont voté à l'heure actuelle et, l'an
dernier, le meilleur mois, il y en a eu 90 000 au travail. Et on se frappe
toujours sur le problème que, contrairement à tous les autres
syndiqués, les travailleurs du bâtiment ne sont pas
protégés par des règles d'ancienneté, pour
éviter que des pompiers, des policiers, des cultivateurs, des
étudiants viennent leur voler leur emploi.
Si cela n'a pas changé, même si en 1970, on avait
négocié de nouvelles règles du jeu sur ce plan, c'est
qu'il y a des gens qui se sont opposés à ce que cela change.
Parmi les gens qui se sont toujours opposés à donner aux gars du
bâtiment la même sécurité d'emploi que les autres, il
est notoire qu'il y a eu dans le passé certains députés de
plusieurs partis et, notamment, de régions comme la Beauce qui trouvent
qu'un électeur a toujours le droit de travailler, même si, pour
travailler, il doit priver un vrai travailleur de la construction de son
emploi.
Et je pense que ceci est un problème fondamental. Le
gouvernement, sur ce plan, a violé ses lois, a violé ce que les
parties avaient négocié. On avait négocié une
entente en 1970 et on avait un arbitrage exécutoire en 1971.
L'arbitrage est devenu un arrêté en conseil et le
prédécesseur de M. Harvey, de regrettée mémoire, a
simplement déchiré l'arrêté en conseil qui
était le fruit d'une négociation, ce qui a été le
début d'une longue série d'interventions gouverne- mentales qui
foulaient aux pieds le droit des parties de négocier des conditions de
travail satisfaisantes.
L'insécurité d'emploi chez les manoeuvres occasionne un
roulement de main-d'oeuvre de 40% par année chez les autres et, en
moyenne, cela amène un roulement de main-d'oeuvre de 25% par
année. Nous avons là la cause fondamentale de
l'instabilité de l'industrie et cela n'est même pas utile et
productif pour les employeurs, car il y a un chantier au Québec
où il existe de la sécurité d'emploi et de
l'ancienneté et qui n'est pas assujetti au décret, c'est le
chantier de Manic-Outardes. L'ancienneté y est appliquée, il n'y
a pas eu d'accident mortel depuis quatre ans, et l'Hydro-Québec,
contrairement à certains profiteurs des Jeux olympiques, fait ses
barrages dans les délais prévus et au coût
prévu.
J'aimerais terminer, M. le Président, en disant que l'imposition
d'une prolongation du décret, la négation du droit de
grève des travailleurs de la construction, produira un jour ou l'autre,
d'une façon ou l'autre, un plus grand chaos dans ce secteur et que cela
va s'ajouter à ce que subit une société actuellement en
train de littéralement se disloquer à cause de l'inconscience
sinistre d'un gouvernement qui systématiquement matraque les
travailleurs. Pour le temps qui reste à ce gouvernement à
être au pouvoir, en tant que Québécois et
indépendamment des lignes partisanes, je l'inviterais, au nom des 40 000
travailleurs qu'on représente, pour le temps qu'il lui reste à
faire, à ne pas envenimer les choses et à ne pas dresser
davantage des Québécois contre d'autres Québécois.
Je vous remercie.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. Bourdon.
M. Harvey (Jonquière): Merci beaucoup, aussi.
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'il y a des
questions? Merci, M. Bourdon. Il n'y a pas de question. La Centrale des
syndicats démocratiques. Est-ce qu'il y a représentation?
Voulez-vous, s'il vous plaît, donner votre nom et l'unité que vous
représentez?
Centrale des syndicats démocratiques
M. Carey: Reynald Carey, je suis président du Syndicat des
travailleurs de la construction à la Centrale des syndicats
démocratiques.
M. le Président, au départ, je voudrais remercier les
membres de votre commission d'avoir accepté qu'on puisse
comparaître devant vous. Je sais que vous n'étiez pas
obligés, en vertu de la loi, de le faire.
Mais comme on est une partie impliquée dans l'industrie de la
construction et je vous dis immédiatement que nous
représentons 8000 travailleurs c'est peut-être le moindre
des trois groupes, mais, tout de même, on se doit de représenter
ces travailleurs où on peut le faire. Il y a un endroit où on ne
le peut pas, c'est à la table de négocia-
tion. Je serai quand même assez bref, M. le Président, mais
je voudrais intervenir sur un point en particulier parce que je pense que
vous-mêmes, M. le ministre, vous aurez une décision à
prendre. Je ne voudrais pas faire des discours que je trouverais un peu
politiques sur cela. Je pense qu'il faut, à ce moment-ci, prendre une
décision pratique.
Les parties, à la table de négociation, ont
démontré qu'elles n'ont pas réussi à
négocier encore. On est rendu deux ou trois jours avant la date limite.
On a eu des rencontres. Les parties n'ont pas pu s'entendre, pour quelque
raison que ce soit, je n'ai pas à les juger. Je pense qu'il n'en demeure
pas moins que les travailleurs de la construction, à compter du 1er mai,
s'en vont, indépendamment de la volonté des gens qui ont
négocié, vers une situation où ils n'auront plus de
conditions de travail. Je pense que depuis un certain temps, depuis quelques
années en tout cas, de mon côté, j'ai demandé
plusieurs fois au ministère du Travail, au ministre du Travail du temps,
que la loi soit modifiée à l'effet que lorsqu'on arrive à
la fin d'un décret les conditions soient maintenues tout en donnant le
droit de grève. Parce qu'il y a un risque de s'en aller, la semaine
prochaine, sans aucune condition de travail qui ne sera maintenue. Les
employeurs pourront payer les salaires qu'ils voudront, les travailleurs
pourront exiger aussi ce qu'ils voudront, on va s'en aller dans un état
ou dans une perturbation quelconque. Je pense qu'à ce moment-ci pour le
modifier, je suis à peu près assuré je ne suis pas
avocat, mais je suis à peu près assuré que le
ministre est obligé de procéder par loi. Tout ce qu'il peut faire
c'est en vertu de l'article 18 à savoir s'il prolonge les conditions
actuelles ou pas. Evidemment, s'il les prolonge, cela enlève le droit de
grève. Mais, est-ce que les parties ne nous ont pas dit qu'elles ne sont
pas prêtes à utiliser le droit de grève dans les jours
à venir ou dans les semaines ou les mois que cela peut prendre. Je me
demande s'il n'y aurait pas lieu que le ministre, dans la situation actuelle,
puisse prolonger les conditions de travail pour un certain temps, un temps
limité, peut-être un mois et on verra, à ce
moment-là, où on en sera rendu, mais les conditions de travail ne
tomberont pas. M. le ministre, on vous a fait la démonstration qu'il y
avait des difficultés internes aux métiers, alors on va se placer
de façon où il va se faire de la négociation, ce qu'on
peut appeler des conventions particulières ou des conventionnettes
vis-à-vis des employeurs en particulier. La loi ne vise pas cela.
La loi vise les conditions de travail de tous les salariés de
l'industrie de la construction. C'est négocié à une seule
table. Je pense, M. le ministre, que vous aurez à prendre la
décision, ça va être votre responsabilité, mais vous
devriez quand même penser qu'il y a des travailleurs qui vont être
victimes de conditions de travail qui ne seront pas maintenues pour un certain
temps. Vous auriez peut-être pu analyser ça; la question n'a pas
été posée aux parties impliquées. Si le
décret avait été prolongé, la raison... Je pense
qu'on a dit qu'on n'avait pas eu le temps de le faire, on n'a pas pu se
rencontrer, cela a été un problème d'association
patronale, c'est-à-dire sa composition; ensuite, cela a
été l'ajustement au niveau des associations de métiers,
des locaux de métiers. On aurait peut-être pu demander: Si vous
aviez encore un mois, est-ce que vous pourriez vous entendre? Prolonger les
conditions pour un mois, quitte à y revenir après.
Si jamais vous prolongez les conditions de travail, M. le ministre,
j'attire votre attention sur le fait'que les travailleurs qui ont
adhéré ou qui ont voté aux associations syndicales, suite
à la dernière loi... La disposition de la loi au niveau de la
perception des contributions syndicales devient un peu confuse et je pense que
le maximum où les travailleurs pouvaient se rendre, c'était le 30
avril, pour payer les contributions syndicales à l'association à
laquelle ils appartenaient auparavant. Mais, à compter du 1er mai, vous
devriez avoir une disposition selon laquelle les travailleurs ont fait un
choix. Le but de ce choix était d'empêcher les travailleurs
d'être victimes, si vous voulez, de participer, d'être membres de
deux ou trois associations syndicales et de payer à deux ou trois
endroits. Ces choix étant faits à l'Office de la construction,
s'il y avait prolongation de décret, je pense que vous devriez voir
à ce que la carte émise par l'Office de la construction soit la
carte valide pour la perception de la contribution syndicale et à ce que
les employeurs respectent, à compter du 1er mai, cette liberté de
choix, parce qu'on ne peut pas accepter que les membres qui étaient chez
nous et qui sont ailleurs ou les membres d'ailleurs qui sont chez nous, on les
ait comme membres et que les contributions syndicales continuent d'aller
ailleurs.
Il y a des employeurs, dans ces cas, qui placent en fiducie les
cotisations syndicales et aucune des associations ne peut les avoir. C'est
peut-être une des raisons qui font que des associations sont
obligées d'imposer des taux exorbitants.
M. le Président, je vous remercie et je pense que vous devriez
considérer la possibilité d'un prolongement de courte
durée, quitte à revoir les parties et votre conciliateur, pour
que les conditions de travail n'arrêtent pas la semaine prochaine.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. Carey. Est-ce
qu'il y a des questions? La commission ayant terminé ses travaux... Le
député de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président,
peut-être avant que le ministre clôture cette commission, je
voudrais prendre un engagement personnel, puisque je suis député
d'un comté élu par plus de 60% des citoyens. Je veux assurer tout
le monde que, comme législateur, je ne suis aucunement
intéressé à passer des lois spéciales.
Dans l'intérêt public, je me verrai toujours dans
l'obligation de demander des lois spéciales, si les parties me prouvent,
par leurs actions, par
leurs agissements et j'insiste, M. le Président que
l'intérêt public est en cause et surtout, en danger.
Quant aux interventions faites par M. Bourdon, je ne voudrais pas
m'enligner dans ce dossier, sinon, de l'inviter peut-être à se
présenter lui-même dans le comté de Montmorency. S'il
réussit à se faire élire, il défendra ses
opinions.
M. Burns: II est à côté de lui, celui qui va
se présenter.
M. Bédard (Montmorency): Celui qui se présente est
à côté de lui; il a mordu la poussière, une fois, et
il reviendra au deuxième voyage.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, pour
terminer sur une note plus calme et plus gaie, je voudrais remercier
très sincèrement ceux qui sont venus à la commission
parlementaire exposer leurs points de vue, parce que l'article 18 est clair.
J'avais l'obligation d'entendre les intéressés à la
commission parlementaire.
Je voudrais remercier également les membres de la commission
d'avoir permis d'avoir des renseignements additionnels sur d'autres points de
vue. Je parle du point de vue exprimé par M. Bourdon et du point de vue
exprimé par M. Carey.
D'ailleurs, j'avais rencontré les intéressés et on
m'avait clairement expliqué le besoin d'apporter un amendement à
la loi dû à l'omission du législateur dans la
rédaction d'un des articles.
Je voudrais vous dire que les heures qui vont suivre vont m'appeler,
avec mes collaborateurs, y compris celui qui est au coeur de votre dossier,
à la demande des parties intéressées, le conciliateur, M.
Pierre Dufresne... J'aurai à analyser une situation de fait et
l'alternative de l'article 18. Je ne suis pas prêt, au moment où
on se parle, parce que je n'ai pas eu le temps d'y réfléchir.
J'ai eu le temps, comme me l'a demandé le député de
Maisonneuve avec raison, de l'écouter quand il parlait et
malheureusement il y en a qui parlent trois ou quatre à la fois. J'avais
manqué certains bouts de ses interventions.
C'est très important d'étudier ce que j'ai pu manquer
à travers les interventions qui ont été faites, autant par
le député de Maisonneuve que par d'autres députés
et des parties impliquées à la négociation.
C'est après avoir mûrement réfléchi, avec les
meilleurs conseillers que je pourrai avoir autour de moi, que je ferai une
recommandation au lieutenant-gouverneur en conseil et à mes
collègues du conseil des ministres. Encore là, je ne serai
nullement frustré si ma perception à moi, dans les choix que je
présenterai, ceux que je suggérerai comme option 1, 2 ou 3, s'il
y en a trois... Au contraire, je me soumettrai à la décision de
ceux qui, en vertu des lois et de toute société civilisée,
doivent décider de l'intérêt public. Mais, je veux vous
remercier.
C'est ma première expérience dans une commission
parlementaire avec les gens impliqués dans un domaine très
complexe qui est le domaine de la construction, qui a un impact
économique, comme l'ont signalé plusieurs d'entre vous,
très important au niveau du développement du Québec. C'est
ma première expérience et on m'avait dit que c'était
difficile de faire une commission parlementaire avec les gens de la
construction. Je dois vous avouer honnêtement que cela a
été une excellente expérience pour moi et, au cours des
prochaines heures, à part une ou deux entrevues absolument essentielles,
je consacrerai mon temps à bien étudier les recommandations que
je dois faire, les solutions que je dois présenter à mes
collègues en fonction de la responsabilité qui est mienne
d'être le ministre du Travail et de la Main-d'oeuvre et recommander
à mes collègues du cabinet une solution, la plus rationnelle
possible, dans le respect de laisser des gens régler leurs
problèmes eux-mêmes.
Cela a été ma conduite, depuis que je suis ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre. Cela l'a été également
depuis le début de vos négociations. Cela a été le
respect de la loi pour ceux qui n'ont pas voulu se former en association
unique. Ils ont dû, eux aussi, faire des sacrifices et accepter mes
décisions prises en fonction d'une loi.
C'est dans cet esprit dénudé, absolument
indépendant d'une partie ou de l'autre, mais ayant uniquement à
l'esprit le bien-être de votre secteur dans le Québec parce
que moi, avec des élections, ils ont beau me dire qu'ils vont me faire
la lutte, j'aime cela quand j'en ai, et ceux qui me la feront, la prochaine
fois, s'ils réussissent à me battre, ils vont avoir
déjà manqué leur coup cinq fois. S'ils réussissent
à me battre, "so what", je ferai autre chose, parce que j'aurais le
droit de voter aujourd'hui, si j'avais l'intention de travailler dans la
construction. Il n'y a rien qui m'empêcherait d'aller dire que je
voudrais être dans telle union. C'est pour cela que les chiffres
gonflent. Les chiffres qui m'impressionnent, ce sont ceux des vrais
travailleurs de la construction qui se sont prononcés comme le voulait
la loi 47, au moment opportun. Je vous remercie infiniment et je remercie mes
collègues de même que l'Opposition pour leurs interventions
à cette commission.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. le ministre,
merci messieurs, ainsi qu'à nos visiteurs. La commission ayant
terminé ses travaux fera rapport à la Chambre. La commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 8)