Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente
du travail, de la main-d'oeuvre
et de l'immigration
Etude des crédits du ministère du
Travail
et de la Main-d'Oeuvre
Séance du mercredi 16 juin 1976 (Dix heures quinze minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
M. le ministre...
Je vais nommer les membres. La commission permanente du travail, de la
main-d'oeuvre et de l'immigration se réunit ce matin pour continuer
l'étude des crédits budgétaires du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
Les membres de la commission pour la séance du 16 juin 1976 sont:
MM. Bellemare (Johnson), Boudreault (Bourget), Burns (Maisonneuve), Lessard
(Saguenay), Déziel (Saint-François), Harvey (Jonquière),
Harvey (Dubuc), Lachance (Mille-Iles), Malépart (Sainte-Marie),
Pagé (Portneuf), Saint-Germain (Jacques-Cartier), Samson
(Rouyn-Noranda), Houde (Limoilou), Verreault (Shefford).
M. Harvey (Jonquière): Roy, Beauce-Sud.
Le Président (M. Séguin): M. Roy (Beauce-Sud). Oui,
vous avez le droit de parole. Il n'y a aucun problème de ce
côté.
M. le ministre.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, hier, le
député de Maisonneuve m'a demandé de prendre des
renseignements concernant Me Raymond Barakett et Me Jacques Levesque. Nous
avons communiqué avec le ministère de la Fonction publique, qui
nous informe que ce ministère n'a jamais retenu les services de MM.
Raymond Barakett et Jacques Levesque dans la présente
négociation. La vérification est faite.
M. Burns: Merci!
Le Président (M. Séguin): Le député
de Saint-François.
M. Déziel: Pourrait-on avoir la permission d'enlever notre
blouse...
Le Président (M. Séguin): Certainement! M.
Déziel: ... et passer outre au protocole?
Le Président (M. Séguin): Certainement! Je
reconnais le fait qu'il fait très chaud, et je pense...
M. Burns: Je vais donner l'exemple.
Le Président (M. Séguin): ... qu'il n'y a pas de
règlement qui nous oblige à porter un "jacket". Comment dit-on
cela en français, un "jacket"?
M. Harvey (Jonquière): Un veston. Le Président
(M. Séguin): Un veston. M. Burns: Le ministre veut rester
digne. M. Harvey (Jonquière): Toute une équipe!
Le Président (M. Séguin): La parole est au
député de Maisonneuve.
Accidents du travail
M. Burns: Me basant toujours sur la structure du discours du
ministre, le 4 novembre dernier, la deuxième partie de son discours
était consacrée à la prévention des accidents du
travail. C'est à ce moment-ci qu'on pourrait peut-être parler un
peu de ce problème qui affecte les travailleurs québécois
de façon très sérieuse.
Le ministre nous disait qu'il considérait comme prioritaire,
l'amélioration des conditions d'hygiène et de
sécurité au travail. Il disait même: Nous nous sommes donc
fixé comme objectif de diminuer le nombre, la gravité, la
fréquence des accidents du travail et de réduire les risques des
maladies professionnelles.
Personnellement, je dois dire au ministre que je suis très
heureux, si, véritablement, le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre s'est fixé comme prioritaire, la diminution de ces
accidents du travail qui, comme on le sait, sont une plaie qui semble
être en croissance assez importante.
Je me réfère à des statistiques compilées
par la Commission des accidents du travail et publiées dans le journal
Le Jour du 29 avril 1976 qui faisaient une comparaison entre les années
1974 et 1975. Je ne sais pas si le ministre a sous les yeux ces statistiques,
mais je peux très brièvement les lui rapporter.
En 1975, d'après les statistiques de la CAT, on rapportait 334
décès par rapport à 190 en 1974. Au niveau des ITP
des incapacités totales permanentes en 1975, on en rapportait 53
par rapport à 11 en 1974. Au niveau des IPP des
incapacités partielles permanentes on en rapportait 8264 en 1975
contre 5594 en 1974 et, finalement, au niveau des incapacités totales
temporaires, 115 121 en 1975 par rapport à 91 713 en 1974; selon le
tableau que j'ai sous les yeux, le tout formait un grand total pour 1975 de 123
772 accidents du travail par rapport à 97 508 en 1974.
D'autre part, pour être bien juste et bien honnête, je sais
que la Commission des accidents du travail, pour la partie de l'année
déjà écoulée, a émis un rapport qui semble
lui permettre de déceler une diminution cette année sur les
accidents du travail pour une comparaison avec pareille période
l'année précédente.
J'aimerais que le ministre nous dise exactement, ce qu'il en est. Est-ce
que, effectivement, on peut sentir une diminution des accidents du travail
pour cette partie de l'année? Est-ce que, selon lui, cela peut
nous laisser croire qu'éventuellement, à la fin de
l'année, on serait en mesure d'avoir des statistiques plus
réjouissantes que celles de 1975 par rapport à celles de
1974?
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je ne sais
pas si le député de Maisonneuve est au courant. Il est assez
difficile d'établir la réalité juste à partir des
statistiques parce que tout est basé sur les cas réglés
pendant l'année. Je m'explique. Si en 1975 la commission a
été plus expéditive dans le règlement des cas,
toute la statistique est basée, 1974/75, sur les cas
réglés et non les accidents réels survenus pendant la
période qu'il cite. C'est le genre de statistique qui a
été publiée et c'est normal, c'était sa
façon de les compiler. Quand la commission a émis un
communiqué, c'est à partir...
M. Burns: M. le ministre, si vous me permettez, sauf pour une des
statistiques, je pense. Il est possible que ce soit vrai dans le cas des
décès, dans le cas des HP ou des ITT, incapacité totale et
permanente ou incapacité totale temporaire, je trouve que ce serait
surprenant que des incapacités totales temporaires, donc qui ont lieu au
cours de quelques mois à la suite de l'accident, que pour cette
statistique elle soit faussée.
M. Harvey (Jonquière): A la suite de la publication de ces
statistiques et des commentaires faits, considtrant que les statistiques sont
basées sur les cas réglés pendant l'année, la
commission a jugé à propos de faire l'analyse statistique pour
quelques mois dès cette année et a émis, effectivement, un
communiqué selon lequel cette année il y avait diminution
comparativement à l'an dernier pour les mois comparatifs, ne basant pas
son communiqué uniquement sur les cas réglés, mais sur ce
qui s'est passé effectivement, les cas d'accidents rapportés.
C'est l'explication qu'on me donne.
M. Burns: Dans le cas des décès, est-ce que c'est
la même façon de prendre la statistique?
M. Harvey (Jonquière): On me dit que c'est la même
chose dans le cas des décès parce qu'il arrive que
l'accidenté décède plus tard. Alors, on me dit que c'est
la même chose, c'était basé sur les cas
réglés pendant l'année.
M. Burns: II arrive qu'il décède aussi le jour
même ou quelques jours après.
M. Harvey (Jonquière): Mais si le cas n'est pas...
M. Burns: Ce qui m'avait frappé dans les statistiques en
question, c'était qu'au niveau des décès, cela avait
pratiquement doublé, presque doublé.
M. Harvey (Jonquière): Si le décès survient
en novembre ou en décembre, par exemple, et que le cas, le dossier est
réglé de façon définitive au mois de février
suivant, vous allez avoir ce décès dans l'année de
calendrier suivant réellement son décès.
M. Burns: Selon cette règle, c'est un système qui
se perpétue. C'était vrai pour 1974, il y a des cas qui ont
été chargés à l'année 1974, qui
étaient survenus en 1973. Tout ça, sur une période
d'années, ça devrait...
M. Harvey (Jonquière): Les cas de 1971 ont pu
apparaître réglés en 1973.
M. Burns: Oui.
M. Roy: Mais il pourrait y avoir des cas de 1969 qu'on a eus en
1971. Si vous changez de formule... Allez-vous changer la formule?
M. Harvey (Jonquière): Je veux dire que la statistique,
étant basée sur les cas réglés, on ne peut pas,
d'une façon intelligente, comparer une année à l'autre
parce que c'est basé sur les cas réglés
administrativement. Je comprends qu'on retrouve tous les cas une année
ou l'autre. Mais il faudrait prendre plusieurs années et y
détecter les dates d'accidents survenus et non sur la base des cas
réglés.
On m'informe également que le comité
interministériel qui a été chargé de l'étude
de la santé et de la sécurité des travailleurs a convenu
de modifier, de faire une suggestion pour modifier la statistique pour qu'on
puisse dorénavant faire des comparaisons sur les accidents survenus,
l'incapacité permanente temporaire et l'incapacité permanente,
les décès, pour pouvoir faire des tableaux comparatifs
réels d'une année à l'autre. Le comité a retenu ce
phénomène comme un des correctifs à apporter pour le
maintien dorénavant des statistiques concernant les accidentés du
travail.
M. Burns: Comme le disait le député de Beauce-Sud,
je comprendrais que le facteur ait pu varier d'une année à
l'autre de façon substantielle et même que les statistiques soient
légèrement faussées, si on a changé de
méthode entre 1974 et 1975 pour la compilation. Mais, toutes choses
étant normales, si on utilise la même méthode, on devrait
avoir un portrait à peu près assez juste du nombre
d'accidents.
Je vous citais particulièrement la statistique de
l'incapacité totale temporaire qui se fait habituellement de la
façon suivante: Le travailleur subit son accident et fait rapport de son
accident. Quant ça va mal, cela prend jusqu'à six mois avant
qu'on décide qu'il y a incapacité totale temporaire, mais cela,
c'est vraiment quand ça va mal.
Mais dans la majorité des cas, je pense qu'on peut dire que
l'incapacité totale temporaire est assignée et
décidée dans les deux premiers mois qui suivent l'accident, de
sorte que cette statistique risque fort peu de mentir. Si je vois 115
121...
M. Harvey (Jonquière): Elle a des chances d'être
plus juste.
M. Burns: Et souvent, il y a de ces incapacités totales
temporaires qui vont changer de colonnes, à un moment donné, qui
vont devenir des incapacités partielles permanentes ou totales
permanentes.
L'incapacité totale temporaire est très près de
l'accident; elle est habituellement un signe de la personne qui, ayant subi son
accident, se voit dire par la Commission des accidents du travail qu'elle n'est
pas prête à retourner au travail et que, par conséquent,
elle reçoit le maximum de sa compensation prévue en vertu de la
loi et en vertu des règlements de la commission.
Dans ce cas-là, on décèle quand même, encore
une fois, une augmentation très importante de l'année 1974
à l'année 1975. Je vous cite à nouveau les deux chiffres:
En 1974: 91 713 incapacités totales temporaires et, en 1975: 1 15121
incapacités totales temporaires.
Je voudrais savoir ce que le ministre entend, lorsqu'il nous dit que le
ministère s'est fixé comme objectif de diminuer le nombre, la
gravité et la fréquence des accidents et de réduire les
risques des maladies professionnelles. Quelles mesures concrètes
entend-il mettre en application pour atteindre cet objectif?
M. Harvey (Jonquière): On me signale également que
la cause de la forte augmentation, indiquée dans la statistique, en plus
de la déficience que j'ai mentionnée, étant basée
sur les cas réglés, c'est que la couverture a été
étendue. Vous savez maintenant que les salariés de tous les
genres de commerce, les employés municipaux, les employés des
commissions scolaires... enfin, la protection a été
étendue d'une façon progressive, de sorte qu'au moment où
on se parle, il n'y a à peu près plus d'employés
travaillant pour des organismes qui ne sont pas protégés,
aujourd'hui. Cela a eu pour effet d'augmenter...
Un autre facteur également...
M. Burns: Je m'excuse, M. le ministre, mais ce n'est
peut-être pas tout à fait exact. Tout ce qu'on a fait, c'est qu'on
a fait changer de la cédule 2 à la cédule 1, certains
employés du secteur public. Cela n'empêche pas la commission de
fixer, même dans le temps où les employés des commissions
scolaires étaient régis par la cédule 2...
Cela ne change rien aux statistiques, parce que, l'accident du travail,
tôt ou tard, passait entre les mains de la Commission des accidents du
travail. La seule différence, c'est qu'à la cédule 2, les
employés du secteur public se voyaient payés directement par leur
employeur, alors que, dans les autres cas, c'est la commission qui payait.
Inversement, l'employeur ne contribuait pas aux fonds de la Commission des
accidents du travail. Cela ne devrait pas fausser la statistique.
M. Harvey (Jonquière): C'est justement cela. Quand il
payait directement, cela n'entrait pas nécessairement dans la
statistique des accidents.
M. Burns: La décision...
M. Harvey (Jonquière): Un autre facteur aussi des...
M. Burns: Mais la décision, vous allez admettre cela, de
payer l'incapacité totale temporaire...
M. Harvey (Jonquière): Autrefois...
M. Burns: ...était quand même prise par la
commission.
M. Harvey (Jonquière): Toujours au niveau de la
couverture, également tout accident qui résultait en trois jours
de perte était rapportable. Cela a été réduit
à un jour. J'imagine que vous allez admettre qu'il y a eu une couverture
additionnelle.
M. Burns: Cela peut aller.
M. Harvey (Jonquière): Ces deux facteurs,
élargissant la couverture pour assujettir à 100% tous les
travailleurs à la Loi des accidents du travail, et la réduction
de trois à un jour l'obligation de rapporter les accidents, font en
sorte que cela a pu influencer beaucoup la statistique, nonobstant le fait que
tout est basé sur les cas réglés. Le comité
interministériel, justement, en étudiant la façon de
diminuer la gravité et la fréquence des accidents, a pris comme
décision de suggérer à la Commission des accidents du
travail des modifications au maintien de sa statistique pour être capable
de faire, d'une année à l'autre, des comparaisons sur ce qui
s'est passé réellement dans le domaine des accidents, afin d'en
percevoir ou d'en détecter la fréquence et adopter
également des mesures pour réduire le risque des accidents et des
maladies professionnelles.
M. Burns: J'admets, M. le ministre, que ce qui peut avoir fait
varier la statistique, c'est possiblement la dernière...
M. Harvey (Jonquière): Trois à un. M. Burns: ...
surtout au niveau des ITT.
M. Harvey (Jonquière): On m'assure que l'autre...
M. Burns: Cela peut avoir fait varier.
M. Harvey (Jonquière): ...facteur également... La
statistique parle de règlement, elle ne parle pas de la décision
de la commission. Elle donnait un verdict et le tout se payait par l'employeur,
de sorte que, dans la statistique, vous ne l'aviez pas. Les deux influencent
considérablement la statistique, d'après ce qu'on me donne comme
information.
M. Burns: La statistique s'intitule du moins, tel que
rapporté dans le journal, Jour indemnisés et degré de
l'incapacité.
M. Harvey (Jonquière): Vous admettrez avec
moi que c'est à partir... je ne veux pas blâmer le
journaliste, mais s'il avait su, par exemple...
M. Burns: Ce n'est d'ailleurs pas le journaliste, c'est la
statistique de la commission comme telle qui a été
reproduite.
M. Harvey (Jonquière): Je le comprends, mais son
commentaire, s'il avait su que la couverture avait été
augmentée, que c'était basé également su r les cas
réglés et que le nombre de jours des accidents rapportables
était d'un jour au lieu de trois jours, il aurait très bien pu
mentionner le besoin d'avoir une statistique non pas basée sur les cas
réglés, mais sur ce qui s'est passé réellement au
point de vue des accidents de tout genre dans une année civile ou une
année administrative pour pouvoir faire des comparaisons.
M. Burns: Est-ce que vous me dites que cela va être
changé, cette méthode statistique, pour cette année?
M. Harvey (Jonquière): Oui, le ministère devenant
le maître d'oeuvre de la santé et de la sécurité du
travailleur, on m'informe que le comité interministériel a retenu
l'obligation d'avoir une statistique, le maintien d'une statistique
modifiée.
M. Burns: Sur l'accident lui-même. Alors, on devrait avoir
cela pour cette année?
M. Harvey (Jonquière): Un instant. Nous l'aurons pour
1977.
M. Burns: Comment se fait-il qu'on ne peut pas l'avoir pour
1976?
M. Harvey (Jonquière): Le comité me dit qu'il
transmet ses recommandations finales d'ici quelques semaines. Si le projet est
accepté par la CAT, naturellement, c'est à partir de la prochaine
année, qui débutera le 1er janvier 1977, que cette façon
de maintenir sa statistique sera en vigueur.
M. Burns: Bon. Aussi imparfaites soient-elles, est-ce que vous
avez des statistiques pour les six ou cinq premiers mois de l'année
1976, relativement aux accidents, soit les décès, soit les
incapacités totales, permanentes ou partielles, permanentes ou totales
temporaires?
M. Harvey (Jonquière): Je ne les ai pas avec moi, mais on
pourrait les obtenir.
M. Burns: Vous avez le moyen de les avoir?
M. Harvey (Jonquière): On ne l'aura pas pour les six
premiers mois, parce que le sixième n'est pas fini.
M. Burns: Non, c'est pour cela que je me suis repris, j'ai dit:
Les cinq premiers mois.
M. Harvey (Jonquière): On va les demander pour les cinq
premiers mois.
M. Burns: II y a moyen d'avoir cela d'ici à ce qu'on
termine nos travaux à la commission?
M. Harvey (Jonquière): On va essayer...
M. Burns: Si je vous assure qu'on ne terminera pas dans les cinq
prochaines minutes.
M. Harvey (Jonquière): Dans les cinq prochaines
minutes?
M. Burns: Oui.
M. Harvey (Jonquière): C'est embêtant. Dans les cinq
prochaines heures, on ne sait jamais. Même si on avait fini, je prends
les dispositions pour avoir cette statistique et pour vous la transmettre au
cas où... Ce n'est pas bête, cela. Si on pouvait finir
l'étude des crédits dans les cinq prochaines heures, on ferait en
sorte d'avoir la statistique avant la fin des cinq prochaines heures.
M. Burns: C'est bien possible, ça.
M. Harvey (Jonquière): Quelqu'un s'en occupe
immédiatement.
M. Burns: On va attendre. Je sais que vos hauts fonctionnaires
ont bien hâte de retourner à leur travail et ils
considèrent que, pendant qu'ils sont ici évidemment...
M. Harvey (Jonquière): Ils sont en pleine forme.
M. Burns: ... ils font autre chose, mais ils font quelque chose
de très important aussi en étant ici, en informant les membres de
la commission parlementaire de la marche de ce ministère...
M. Harvey (Jonquière): Dans le fonctionnarisme, vous
savez, il faut appeler le bon. Il y a des fois que, quand tu n'appelles pas le
bon, tu attends longtemps ton renseignement, même s'il existe des...
M. Burns: C'est vrai.
M. Harvey (Jonquière): II y en a un qui est parti appeler
le bon et on va essayer de vous livrer la marchandise avant la fin de la
cinquième heure. Etant donné que je vous ai fait des promesses
hier, je prends ça pour une promesse et je l'ai inscrite.
M. Burns: Cinq heures? On ne peut pas vous faire de promesse
là-dessus.
M. Harvey (Jonquière): Non, non...
M. Burns: Cela va dépendre comment ça va se
dérouler.
M. Burns: Ne revenez pas sur vos promesses. Je vais revenir sur
les miennes.
M. Burns: Ce sont des choses... Non, je n'ai pas fait de
promesse. J'ai dit: C'est bien possible que ça se termine dans les cinq
prochaines heures. Je le souhaiterais, remarquez, même si on a de la
matière pour encore 30 heures...
M. Harvey (Jonquière): Si on garde le même
salon...
M. Burns: ... comme j'ai dit au sous-ministre hier soir, en
dehors de la commission, on a de la matière pour au moins 30 heures de
discussion.
M. Harvey (Jonquière): Si on garde la même salle, on
n'a pas le choix.
M. Burns: Oui, quoique, avec la permission que le
président nous donne d'enlever nos vestons...
M. Harvey (Jonquière): On peut présenter une
motion...
M. Burns: ... ça va nous permettre de durer plus
longtemps.
M. Harvey (Jonquière): II est toujours possible qu'un
membre qui voudrait être désagréable nous fasse
réintégrer le veston. Ce serait moins drôle.
M. Burns: On prendra notre mal en patience.
M. Harvey (Jonquière): Je m'occupe de ça pour que
ça n'arrive pas.
M. Burns: Au niveau des mesures concrètes que le
ministère envisage en vue de réduire le nombre, la
gravité, la fréquence des accidents, est-ce que le ministre peut
expliciter cela, dire exactement ce qui, dans le concret, est envisagé,
et également nous donner une idée de son
échéancier? Il était question, soit dit en passant...
J'avais appris de votre prédécesseur qu'une loi globale de
refonte de la Loi des accidents du travail risquait d'être
présentée dès le printemps 1976, c'est-à-dire avant
aujourd'hui. Ce n'est pas fait. Les indications que j'ai du leader du
gouvernement sont qu'il n'y aura pas de dépôt de projet de loi
concernant les accidents du travail avant l'ajournement d'été. Il
est à présumer que ça ne viendra pas avant l'automne, et,
au plus tôt, à l'automne. C'est exact?
M. Harvey (Jonquière): J'espérais être en
mesure de déposer la loi avant l'ajournement pour avoir la
possibilité de tenir des commissions parlementaires, mais, au moment
où on se parle, ce serait irréaliste de prétendre que je
pourrai déposer le texte de loi avant l'ajournement...
M. Burns: Pour quelle raison?
M. Harvey (Jonquière): Mais, comme dans le... M. Burns:
Pourquoi est-ce irréaliste?
M. Harvey (Jonquière): Parce que le travail n'est pas
complété et la consultation que nous devons avoir
là-dessus n'est pas terminée.
M. Burns: La consultation avec qui?
M. Harvey (Jonquière): D'abord, il nous reste à
terminer notre travail au niveau du ministère. Il y a cinq
ministères d'impliqués...
M. Burns: II y a sept organismes en tout.
M. Harvey (Jonquière): ... et également, nous avons
à revoir les membres, tel que convenu le 5 janvier, au moment de
l'établissement de l'échéancier, à la
première réunion qui a donné suite immédiatement,
au jour suivant, au début des travaux préparant l'avant-projet.
On a convenu de rencontrer, après avoir fait notre consultation, les
membres actuels de la commission. Il faut également retourner au Conseil
des ministres, ayant eu l'accord de principe sur les grandes lignes de la
législation par le Comité permanent des ressources humaines.
M. Burns: Mais ne trouvez-vous pas que...
M. Harvey (Jonquière): II y a également la
consultation avec le CCTM qui a été mentionnée hier et qui
doit avoir lieu.
M. Burns: ... cela aurait été pratique de
déposer le projet de loi et que vous auriez dû faire un effort
particulier pour hâter les étapes, de le déposer avant
l'ajournement d'été pour qu'on puisse entendre les groupes
intéressés, les centrales syndicales, les associations
patronales, les groupes spécialisés qui représentent les
handicapés du travail ou les accidentés du travail?
M. Harvey (Jonquière): II n'y a rien qui nous
empêchera de le faire. Je pense que cela aurait été
prématuré pour la simple raison que, lorsque vous avez cinq
ministères d'impliqués, deux organismes, comme vous l'avez
mentionné, et que la discussion de fond ou que les tractations avec eux
ou que les arrangements ne sont pas terminés, c'est la meilleure
façon de ne pas être capable, même si on consulte les
intéressés par la suite, d'aboutir à adopter une
législation selon un échéancier normal au niveau du
Parlement.
Je pense que le mois ou les deux mois qui nous séparent du
dépôt d'un projet de loi sont absolument essentiels dans notre cas
pour terminer les discussions avec les ministères impliqués et
les organismes impliqués, pour être en mesure... Au moment
où le projet de loi sera déposé, il y aura les auditions
que nous jugerons nécessaires en commission parlementaire pour les
intéressés et l'adoption de la loi.
M. Burns: Le ministre peut-il, dès maintenant, nous
assurer qu'effectivement, les groupes intéressés seront entendus,
même à l'automne? La raison de ma question est bien simple. Je
vois venir le jour où on va nous dire: Voici une refonte totale. Le
projet de loi est déposé et si, par hasard, l'Opposition demande
que l'adoption du projet de loi soit retardée pour entendre les parties,
on va nous accuser, à ce moment, d'être la cause du retard de
l'adoption de cette refonte.
Si je suis assuré dès maintenant d'une promesse du
ministre qu'on va entendre les parties intéressées, parce que je
sais fort bien que quelques associations... Je pense, entre autres, à
celles dont j'ai connaissance... Je sais que la Confédération des
syndicats nationaux et la FTQ sont intéressées à se faire
entendre là-dessus.
Je sais également que l'Association québécoise des
accidentés du travail veut se faire entendre. Il y a une autre
association d'accidentés du travail...
M. Harvey (Jonquière): II ne faudrait pas que le
député de Maisonneuve oublie qu'au CCTM, les organismes que vous
mentionnez sont là et il y a consultation.
M. Burns: Ils ne sont pas tous là. L'Association des
accidentés n'est pas là.
M. Harvey (Jonquière): Sauf les accidentés.
M. Burns: Et au CCTM, ce n'est pas nécessairement la
personne spécialisée au niveau de telle ou telle centrale
relativement aux accidents du travail qui est là. C'est peut-être
la personne qui a une vue globale de tout le mouvement syndical.
M. Harvey (Jonquière): Et en plus, ce n'est pas seulement
la refonte de la loi actuelle de la CAT. La loi concernant la santé et
la sécurité du travailleur est une loi qui implique joliment plus
de monde que ce que vient de mentionner le député de Maisonneuve
et je pense que la consultation qu'on peut considérer comme la grande
consultation sur l'avant-projet de loi est celle que nous aurons avec le
CCTM.
M. Burns: Est-ce que cela veut dire qu'effectivement je dois
prendre la réponse comme le fait qu'il n'y aurait pas d'audition?
M. Harvey (Jonquière): Pas nécessairement.
M. Burns: Mais vous ne pouvez pas me garantir qu'il va y en
avoir.
M. Harvey (Jonquière): Non.
M. Burns: Vous ne pensez pas que les associations
d'accidentés du travail sont infiniment prêtes et
intéressées à collaborer dans un domaine qui les touche de
si près et que ce serait utile de connaître les problèmes
vécus dans le quotidien par des organismes qui s'occupent de
représenter des accidentés du travail.
M. Harvey (Jonquière): Notre projet définitif
n'étant pas complété et, comme il ne le sera pas,
d'après le cheminement critique que nous avons, avant le milieu de
septembre, je pense que, s'il y a des organismes intéressés
à nous faire des suggestions, ils sont les bienvenus. C'est le
ministère qui sera maître d'oeuvre de la loi de la santé et
de la sécurité du travailleur.
M. Burns: Ils vont être obligés, M. le ministre, de
vous faire des recommandations sur des choses qu'ils pensent qu'il va y avoir
dans la loi, c'est beaucoup plus de vous faire des recommandations
précisément sur des mesures que vous préconisez dans votre
texte de loi. C'est pour cela que c'est utile de les entendre après le
dépôt du projet de loi.
M. Harvey (Jonquière): Oui, mais le député
de Maisonneuve admettra avec moi qu'il y a consultation et consultation. A un
moment donné, il faut arrêter. Le groupe Riverin a entendu toutes
les représentations en provenance de toutes les associations, patrons,
tous les intéressés, concernant les modifications à
apporter à la loi des accidents du travail. Le rapport Riverin, le
contenu du rapport Riverin a servi à ceux qui ont préparé
l'avant-projet de loi et continue d'être une de nos
préoccupations. Alors, la consultation et les mémoires ayant
été présentés, c'est sûr que toute
représentation ou revendication faite soit par l'association des
accidentés ou d'autres intéressés a été et
sera prise en considération. S'il y avait, à l'esprit de
certaines associations, d'autres représentations à faire, elles
seront bienvenues de le faire, nous considérerons ce qu'elles vont nous
demander. Ce n'est pas une réunion au cours de laquelle on va venir nous
relire un mémoire présenté par le groupe Riverin qui
effectivement est une des préoccupations de ceux qui travaillent
à la rédaction du texte de loi.
M. Burns: II y a des choses dans le rapport Riverin, j'imagine,
qui n'apparaîtront pas dans le projet de loi, comme il y a
peut-être des choses qui vont apparaître dans le projet de loi qui
ne sont pas dans le rapport Riverin. Ce n'est pas le rapport Riverin qui fait
la loi.
M. Harvey (Jonquière): Ce sera le travail des
législateurs.
M. Burns: Ce que je veux faire comprendre au ministre, c'est que,
pour ces organismes, c'est bien différent de comparaître devant
une commission parlementaire relativement à un texte mis sur papier, un
texte de législation qui éventuellement les régira que de
comparaître de façon, comment dirais-je, très
théorique relativement aux problèmes des accidents du travail.
C'est cela que j'essaie de faire comprendre au ministre et je voudrais qu'il le
comprenne.
M. Harvey (Jonquière): De toute façon, on me
signale à juste titre qu'ils ont fait valoir leurs
représentations et leurs droits devant le groupe Ri-
verin et, si on ne retrouve pas, comme le disait le député
de Maisonneuve, certaines de leurs revendications dans le texte de loi, cela
voudra dire que le gouvernement a décidé de ne pas y donner
suite. Je ne vois pas ce qu'il pourrait ajouter, à moins qu'il ne serait
survenu, depuis la présentation de leurs revendications, soit au groupe
Rive-rin, soit à la CAT elle même, des faits nouveaux. Nous sommes
ouverts à toute revendication additionnelle, mais elle devrait, dans ce
cas-ci, être expédiée le plus rapidement à
l'attention de celui qui vous parle, parce que le texte définitif sera
prêt autour du 15 septembre.
M. Burns: Cela veut dire que vous ne les entendrez pas en
commission parlementaire.
M. Harvey (Jonquière): C'est ce que cela veut dire.
M. Burns: C'est ce que j'ai demandé tout à
l'heure.
M. Harvey (Jonquière): C'est simple, c'est parce qu'ils
ont été entendus et s'il y avait...
M. Burns: Ils n'ont pas été entendus de la
même façon. C'est ça que vous ne semblez pas vouloir
comprendre. Ils n'ont pas été entendus de la même
façon.
M. Harvey (Jonquière): Ils ont demandé ce qu'ils
voulaient voir comme amendement à la loi et il reste que le gouvernement
va faire son travail. Jusqu'à maintenant, le rapport Riverin, ce qui a
été noté devant lui, les revendications que la CAT et le
groupe Riverin ont eu et également l'autre groupe qui avait fait la
première étude, le groupe de Mineau, Allard et Associés...
On connaît de A à Z les revendications des associations que vous
venez de mentionner. S'il y avait des faits nouveaux, qu'il nous les signale et
c'est à partir des décisions qu'on prendra d'inclure ou de ne pas
inclure certaines revendications ou demandes, s'il y en avait des nouvelles, on
est ouvert, mais il faudrait faire vite.
M. Burns: M. le Président, est-ce qu'on a quorum
actuellement? Il faut compter les députés membres de la
commission pour déterminer le quorum. Il y a deux députés
qui ne sont pas membres de la commission.
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
pJaît.
M. Burns: Le député de Maskinongé...
Le Président (M. Séguin): Non, il n'y a pas
quorum.
M. Burns: On va attendre. Le Président (M. Séguin):
II n'y a pas quorum. (Suspension de la séance à 10 h 51)
Reprise de la séance à 11 h 12
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Nous étions rendus...
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je disais
que, pour diminuer la fréquence d'accidents c'était la
question que m'avait posée le député de Maisonneuve avant
qu'on reparle de la possibilité d'entendre différentes
associations il n'y a pas de doute que la loi-cadre de la santé
et de la sécurité du travailleur, sous la maîtrise d'oeuvre
du ministère du Travail, la réglementation unifiée,
l'intensification du recrutement des ressources ainsi que la rationalisation de
l'inspection, là où la fréquence d'accidents est plus
élevée et où la gravité est plus
élevée, d'après ce qui se passe, et les statistiques que
nous avons de la part de la commission, sont de nature à
améliorer les mesures de sécurité dans ces milieux. Je
pense que ces quatre mesures sont de nature à diminuer la
fréquence des accidents.
D'ailleurs, au moment où on se parle, on doit avoir, uniquement
en intensifiant le recrutement, par des gens capables, au niveau de la
détection des risques d'accidents, 20 ou 25 nouveaux inspecteurs qui
doivent entrer en fonction d'une journée à l'autre.
M. Burns: Est-ce que, dans ce programme, vous comptez
considérer comme importante l'unification, sous une autorité, de
tout ce qui est réglementaire ou autre, en matière d'accidents du
travail ou encore de prévention d'accidents du travail?
Je vous rappelle, encore une fois, toujours dans votre texte du 4
novembre vous allez l'entendre, vous allez le connaître par coeur,
à la fin "La réalisation des mesures permettant
d'atteindre nos objectifs nécessite une politique cohérente et
unifiée" c'est à la page 11, M. le ministre "au
niveau gouvernemental et suppose que les coordonnées
générales seraient déterminées par le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre qui en devient le
maître d'oeuvre général", comme vous le disiez tout
à l'heure. Je vous rappelle également que, dès 1966, la
Confédération des syndicats nationaux, entre autres,
réclamait l'unification de la réglementation.
Chose assez intéressante, on retrouve dans le Soleil du 25 avril
1975 les propos tenus à la commission parlementaire, je n'ai pas
l'extrait direct, mais le journaliste rapportait les propos du ministre d'alors
de la façon suivante: "Le ministre du Travail, M. Jean Cournoyer, a
annoncé hier la présentation," d'ici trois mois, d'une
réglementation unifiée, relative à la prévention
des accidents et des maladies professionnelles je dis bien qu'il disait
d'ici trois mois; c'était le 25 avril 1975 il a ainsi rendu
publique une résolution adoptée par le comité
interministériel d'hygiène et de sécurité du
travail. Ce comité est à l'oeuvre depuis quelques semaines, afin
de mettre fin à l'incroyable dispersion de pouvoirs qui fait qu'il
existe au moins huit organismes gouvernementaux s'occupant
séparément ou des accidents
du travail, ou des maladies industrielles, ce qui est la cause directe
d'une incurie vivement dénoncée par les syndicats et les
travailleurs.
M. Cournoyer a ajouté qu'il croyait qu'à partir d'une
réglementation unifiée, il faudra logiquement confier
l'administration à une seule autorité"
Je pense qu'il n'est pas en désaccord avec vous, sauf que je
m'inquiète du délai, je m'inquiète du fait que...
D'ailleurs, je vous signale également que le juge Tessier, à la
commission parlementaire du 12 février, identifiait les problèmes
à peu près de la même façon. Je me rappelle
également je ne peux pas vous citer de date précise
que l'un des vice-présidents de la Commission des accidents du travail,
M. Jean-Marc Jodoin, avait, dans une causerie, mis le doigt également
sur ce problème de la dispersion de l'autorité.
Ce que j'aimerais savoir à ce stade-ci, c'est ce qui est advenu
de cette résolution du comité interministériel auquel se
référait M. Cournoyer le 25 avril 1975 et qui devait donner une
solution au problème dans les quelques trois mois à venir,
c'est-à-dire vers le mois de juillet ou le mois d'août 1975. Au
mois de juin 1976 on est encore à discuter de ce problème. Il
n'est pas nouveau, ce problème. Je me demande ce qu'on attend pour le
régler, tout au moins au niveau de l'unification.
M. Harvey (Jonquière): Un des membres du comité
interministériel me signale que, lors de l'étude de la
possibilité d'avoir une réglementation unifiée, on a
poussé plus loin le travail, de sorte que les ministères ou
organismes impliqués ont jugé à propos de modifier
certains règlements existants, à partir de leur ministère,
pour permettre une réglementation unifiée. Cela a pris beaucoup
plus de temps que prévu, plusieurs organismes étant
impliqués là-dedans.
M. Burns: Comme cela, M. Cournoyer parlait à travers son
chapeau quand il parlait d'un délai de trois mois?
M. Harvey (Jonquière): Non, parce qu'à ce moment,
la première chose envisagée était uniquement de regrouper
les clauses réglementaires existantes. C'est au cours de l'étude
du comité interministériel que ces gens se sont aperçus
eux-mêmes qu'ils devraient aller beaucoup plus loin et que certains
règlements devraient être modifiés pour pouvoir faire
partie d'une réglementation unifiée.
M. Burns: Mais, je vous...
M. Harvey (Jonquière): On me dit que c'est surtout sur les
instances des groupes concernés employeurs, syndicats, Conseil du
patronat que la poursuite plus loin que prévue a
été entreprise et a nécessité plusieurs mois et
l'étude par les différents contentieux du ministère du
Travail de modifications aux règlements.
M. Burns: Je veux savoir en quoi consiste ce plus loin. En quoi
est-ce que cela consiste? Je vous signale simplement que votre
prédécesseur, seulement pour vous aider...
M. Harvey (Jonquière): C'est pour mettre la
réglementation à jour et non seulement, comme je l'ai dit tout
à l'heure, mettre ensemble les règlements existants. Il y a la
mise à jour qui...
M. Burns: C'était déjà prévu par
votre prédécesseur, quand il a annoncé cela. Je cite M.
Cournoyer: "La réglementation qui sera bientôt proposée
comportera trois sections, la première traitant de la prévention
des accidents, la deuxième de l'hygiène et de la salubrité
des lieux de travail, et la troisième des services de santé, de
premiers soins.
Or, vous, vous proposez un tout autre contenu, aux pages 17 et 18 de
votre...
M. Harvey (Jonquière): Ce sont des organismes
consultatifs. D'abord, ce qui avait été prévu, au
début, c'était de regrouper ce qu'on retrouvait dans plusieurs
endroits.
M. Burns: Ce n'est pas cela que disait M. Cournoyer. Ce n'est pas
d'un regroupement qu'il parle.
M. Harvey (Jonquière): C'était cela. Le mandat du
comité...
M. Burns: ... C'est un règlement avec trois sections
différentes. Ce n'est pas un regroupement, cela.
M. Harvey (Jonquière): Les parties consultatives,
syndicats, employeurs, Conseil du patronat ont donné des points de vue
demandant d'aller beaucoup plus loin dans la mise à jour et non
seulement dans le regroupement au même endroit des règlements
existants, mais d'aller beaucoup plus loin dans la mise à jour; une
réglementation unifiée à partir d'une mise à jour
des règlements existants un peu partout. Cela a nécessité
des mois et des mois de travail.
M. Burns: Cela va bien plus loin que cela, M. le ministre. Non
seulement, il existe un peu partout ce que tout le monde sait on n'a pas
besoin de comité d'étude pour déterminer cela mais
cela continue. J'ai ici un extrait du Soleil du 11 février 1976
où votre collègue des Affaires sociales annonce un projet de
règlement conformément aux dispositions nouvelles
insérées à cet effet dans la Loi de protection de la
santé publique. Ce projet contiendra des normes relatives à
certains risques de maladies industrielles que présentent le bruit, la
plongée sous-marine, les poussières de silice, etc. Cela
continue. C'est cela qui est pire. On ne voit pas le jour où on va en
sortir.
M. Harvey (Jonquière): Non, on...
M. Burns: Ce désir d'unification de la
réglementation...
M. Harvey (Jonquière): Nous avons eu, par la suite, avant
qu'il ne prononce sa conférence quelques semaines plus tard, une
rencontre, mon sous-ministre et moi, avec mon collègue, M. Forget, et
son sous-ministre, où il y a eu parfaitement accord concernant ce qu'on
retrouvera dans la Loi de la santé et de la sécurité du
travailleur, qui sera, par délégation de pouvoirs du maître
d'oeuvre, le ministère du Travail, a la charge et a la
responsabilité, concernant la détection des endroits où
c'est dangereux, ainsi de suite, à partir d'expertises médicales,
des Affaires sociales. On s'est très bien entendu avec eux.
M. Burns: Voulez-vous dire que les règlements de ce
domaine, en vertu de la Loi de la santé publique, vont continuer
à relever du ministère des Affaires sociales?
M. Harvey (Jonquière): Ils vont être dans la Loi de
la santé et de la sécurité du travailleur, mais, par
délégation de pouvoirs, il se peut fort bien, comme dans la Loi
de la régie des rentes ou de l'assurance-maladie, que tel chapitre ou
tel article soit, pour son application, à la charge du ministère
des Affaires sociales.
M. Burns: Alors, on ne changera rien dans le fond? On va
continuer à garder une multiplicité de juridictions.
M. Harvey (Jonquière): C'est bien clair dans mon discours.
Relisez donc mon discours du 4 novembre.
M. Burns: Oui, c'est cela, Je veux savoir dans les faits ce que
cela donne. Je sais bien que vous êtes clair dans votre discours. Aux
pages 17 et 18...
M. Harvey (Jonquière): Au fait, le ministère des
Affaires sociales ne fera aucune inspection comme telle. Il va détecter
s'il y a des endroits où c'est dangereux pour la sécurité
du travailleur. Il va établir des normes. Il se peut fort bien qu'il
exige, avant l'entrée en fonction, l'examen médical d'un
travailleur et des examens à des périodes fixes pour ne pas
être pris comme on est pris souvent dans le cadre des lois
existantes.
M. Burns: Ce que je veux savoir, c'est, si dans les faits...
M. Harvey (Jonquière): Ce n'est pas le ministère du
Travail qui va établir si c'est dangereux ou non pour la santé du
travailleur au point de vue médical. C'est le ministère des
Affaires sociales, par délégation de pouvoirs donnés dans
la loi-cadre de la santé et de la sécurité du
travailleur.
M. Burns: En ce qui concerne les mines, par exemple, est-ce que
ce sera encore le ministère des Richesses naturelles qui va avoir
autorité là-dessus par délégation de pouvoirs?'
M. Harvey (Jonquière): Non. C'est non, dans ce cas.
M. Burns: C'est non, dans ce cas.
M. Harvey (Jonquière): C'est non, dans ce cas.
M. Burns: Vis-à-vis des poursuites, est-ce que ce sera le
ministère de la Justice qui va s'en occuper?
M. Harvey (Jonquière): Cela pourrait être,
concernant la médecine...
M. Burns: M. le ministre, je vous signale que la
réglementation annoncée par M. Forget parle des poussières
de silice. C'est habituellement dans les mines, cela? C'est le ministère
des Affaires sociales qui va s'en occuper?
M. Harvey (Jonquière): En médecine du travail, la
loi pourrait contenir des prescriptions concernant la surveillance et le
contrôle de l'état de santé des travailleurs. Les examens
médicaux de travaux en cours d'emploi, le contenu et les normes de mise
à jour des dossiers de santé et les renseignements qui doivent
être rendus accessibles aux travailleurs sur ces dossiers.
Il pourrait y avoir les mesures que doivent prendre les services de
santé communautaire en vue de connaître l'état de
santé des travailleurs et de contrôler la qualité de la
médecine du travail. Il pourrait y avoir aussi les recherches qui
doivent être effectuées dans ce domaine en vue de prévenir
et enrayer les problèmes de santé reliés aux personnes
dans leur milieu de travail. Le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre coordonnera l'application de cette partie, en collaboration avec
le ministère des Affaires sociales.
M. Burns: Vous allez avoir, quand même...
M. Harvey (Jonquière): Tant et aussi longtemps qu'on
n'aura pas complété notre texte de loi, on vous donne
exactement... C'est cohérent avec ce que M. Forget a dit et ce que j'ai
dit le 4 novembre.
M. Burns: Oui, mais la poussière de silice, en quoi cela
relève-t-il du ministère des Affaires sociales?
M. Harvey (Jonquière): Je n'ai pas lu... Je ne me souviens
pas qu'on...
M. Burns: C'est une nouvelle de la Presse Canadienne qui a paru
dans le Soleil du 11 février 1976 et où il est dit: "Ce projet
contiendra des normes relatives à certains risques de maladies
industrielles." Cela commence à être dans le domaine des accidents
du travail, les maladies industrielles, ou, en tout cas, assimilé aux
accidents du travail. Bon! Ces risques que présente le bruit, que
présente la plongée sous-marine, les poussières de silice,
etc. Que voulez-vous que je vous dise?
M. Harvey (Jonquière): La plongée sous-marine au
travail, on s'y intéresse, mais, en dehors
de la période de travail, cela n'a pas d'affaire chez nous.
M. Burns: Oui, d'accord! Mais on parle de maladies industrielles.
Ce sont des choses au travail, ce n'est pas le gars qui est voisin d'une mine
qui souffre de silicose.
M. Harvey (Jonquière): Dans son discours, mon
collègue a détecté et a affirmé des principes
où on doit se diriger pour être capable d'avoir une
médecine du travail au Québec et, par la suite, à la
présentation de notre mémoire au Comité permanent des
ressources où, effectivement, le président de ce comité
est mon collègue, M. Forget, nous avons eu, de la part de ce
comité, un accord de principe pour poursuivre en détail les
études pour compléter notre avant-projet de loi.
M. Burns: Est-ce que je dois conclure de ce que je vous citais
tout à l'heure que, par exemple, pour deux maladies industrielles quant
à la prévention, l'amiantose, par exemple, relèverait du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et le ministère des
Affaires sociales s'occuperait de silicose? C'est ça que ça veut
dire?
M. Harvey (Jonquière): Dans la loi que nous allons
présenter, le maître d'oeuvre de la santé et de la
sécurité du travailleur est et sera le ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Burns: Le maître d'oeuvre. Donnez-moi donc des mesures
concrètes.
M. Harvey (Jonquière): Un instant! Laissez-nous
finir...
M. Burns: Un instant! Il y a des gens qui attendent depuis des
années là-dessus.
M. Harvey (Jonquière): Oui, mais le meilleur moyen d'avoir
une loi qui va se tenir debout, c'est de faire toutes les études des
implications pour qu'elles soient applicables.
M. Burns: Vous n'arrêtez pas d'étudier depuis des
années. C'est ça, l'affaire.
M. Harvey (Jonquière): Et, quand on parle d'une loi-cadre,
avec un maître d'oeuvre, il se peut fort bien, comme l'exemple que je
donnais tout à l'heure, que l'application d'une certaine partie ou d'un
certain article ou d'un certain chapitre de la loi-cadre, toujours sous la
maîtrise-d'oeuvre du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre,
se fasse par un organisme plus prêt ou plus compétent pour le
faire...
M. Burns: Bien...
M. Harvey (Jonquière): ... et, dans le domaine des
positions ou des postes qui sont susceptibles d'amener de la maladie
industrielle chez le travailleur, pour l'expertise médicale, j'ai non
seulement l'intention, mais, par voie de délégation, l'applica-
tion de la partie médicale sera faite par le ministère des
Affaires sociales.
M. Burns: Y en a-t-il d'autres que vous avez l'intention de
déléguer?
M. Harvey (Jonquière): Oui, il y en a d'autres. On n'a pas
fini les études de notre projet de loi et, quand celui-ci sera
accepté, je le dirai et je le rendrai public.
Un instant! Je vais vous donner un exemple assez "gros" et assez complet
comme la sécurité sur les chantiers de construction conservant la
maîtrise d'oeuvre, j'ai l'intention de donner l'application à
l'office de la construction.
M. Burns: Et quand viendra le temps d'avoir une pensée
cohérente dans tout cela, comment pensez-vous que cela va se faire
lorsque les juridictions vont à nouveau se recouper? Parce
qu'actuellement, il y a le service de l'environnement, le ministère des
Richesses naturelles, le ministère des Affaires sociales, le
ministère de la Justice, le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre. D'accord?
M. Harvey (Jonquière): Laissez-moi donc finir.
M. Burns: Actuellement, c'est le gouvernement qui est le
maître d'oeuvre de tout cela. Il y a une unification là aussi. Ce
sont cinq de ses ministères qui s'occupent de cela, entre autres, plus
la Commission des accidents du travail.
M. Harvey (Jonquière): II y a une différence comme
entre le jour et la nuit entre être maître d'oeuvre et maître
de la réglementation qui délègue un pouvoir. Le ministre
maître d'oeuvre peut toujours, par sa propre initiative, instituer un
règlement qui enlève une délégation de pouvoirs,
qui va plus loin ou qui modifie un règlement.
M. Burns: Vous allez me dire, à ce moment, M. le
ministre... Je sais ce que vous allez me dire, vous ou votre successeur, vous
allez me dire...
M. Harvey (Jonquière): Vous avez exactement...
M. Burns: ...je ne peux pas changer telle affaire parce que
j'attends l'opinion de l'OCQ. Je ne peux pas changer telle affaire parce que
j'attends l'opinion du ministère des Affaires sociales.
M. Harvey (Jonquière): Non. C'est vous...
M. Burns: C'est cela le problème actuellement.
Actuellement, pour expliquer que rien ne se fait en matière de
prévention, c'est parce que tout le monde attend après tout le
monde. C'est cela'le problème. Ce n'est pas nouveau, comme je vous le
disais tout à l'heure.
M. Harvey (Jonquière): Non.
M. Burns: Dès 1966, et sans cloute avant, en tout cas, je
suis capable de remonter à 1966, lorsque la Confédération
des syndicats natinaux...
M. Harvey (Jonquière): D'abord, la prévention n'a
rien à voir là-dedans.
M. Burns: ...se plaignait de cela, et c'est le même maudit
problème aujourd'hui. Ce n'est pas différent, et le jour
où vous allez commencer à redéléguer des pouvoirs,
vous allez recommencer à avoir le même problème. Quand vous
voudrez changer le règlement, vous allez dire: II faut que j'attende la
réponse. J'ai demandé une consultation...
M. Harvey (Jonquière): Non, monsieur.
M. Burns: ...au ministère des Affaires sociales. C'est
pour cela que ça ne bouge pas actuellement.
M. Harvey (Jonquière): Le seul "pattern" que pourrait
prendre pour faire une comparaison le député de Maisonneuve, s'il
voulait ne pas charrier pour rien...
M. Burns: Je ne charrie pas. Je dis exactement ce que M.
Cournoyer vous disait.
M. Harvey (Jonquière): D'abord, la prévention n'a
rien à voir dans la discussion que nous avons. Quand on fait une
délégation de pouvoirs, prenons un exemple: La politique fiscale
du gouvernement du Québec. Vous n'avez jamais de chicane. Le
maître d'oeuvre est le ministre des Finances du Québec et
l'application des lois fiscales est la responsabilité du
ministère du Revenu.
M. Burns: Oui.
M. Harvey (Jonquière): Dans d'autres provinces, le
maître d'oeuvre, en raison de leurs propres lois fiscales, est
amendé mutatis mutandis par les budgets du gouvernement
fédéral et dans quelle...
M. Burns: Parlez-moi de prévention à
présent!
M. Harvey (Jonquière): ...situation se trouvent ces
ministres quand il y a eu un amendement à la loi fédérale?
Le leur est amendé automatiquement et ceux qui doivent l'appliquer sont
placés devant un fait accompli.
M. Burns: C'est cela.
M. Harvey (Jonquière): Ici, au Québec, c'est le
contraire. Vous n'avez jamais entre le ministère du Revenu et le
ministère...
M. Burns: Je ne vous parle pas de cela. Je vous parle d'un
problème très concret qui s'appelle les accidents du travail et
la prévention des maladies industrielles.
M. Harvey (Jonquière): Je vous réponds que c'est le
ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre qui sera le maître d'oeuvre
dans la loi-cadre de la santé et de la sécurité du
travailleur. Il sera maître de déléguer ou de mettre en
vigueur tout nouveau règlement qui ne conviendrait pas aux objectifs
visés.
M. Burns; Cela va finir en hors-d'oeuvre, ces...
M. Harvey (Jonquière): Vous l'avez dans le domaine de la
construction. Ce n'est pas l'office de la construction qui est le maître
d'oeuvre de la réglementation, de la sécurité dans la
construction. C'est le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et
c'est l'office qui l'applique.
M. Burns: Ah oui!
M. Harvey (Jonquière): Et il y a moins d'accidents.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Richmond.
M. Vallières: Vous parliez d'un certain transfert de
pouvoirs au ministère des Affaires sociales. Cela signifie-t-il, par
exemple, que le comité de pneumoconiose actuel, qui relève de la
Commission des accidents du travail, pourrait être scindé ou que
la responsabilité de l'évaluation ou de la détermination
du taux d'incapacité des travailleurs atteints d'amiantose ou de
silicose serait établi par le ministère des Affaires sociales ou
que cela demeurerait la responsabilité de la CAT?
M. Harvey (Jonquière): C'est la CAT qui a la
responsabilité d'indemniser et de déterminer l'application de la
loi. Il n'est pas question que cela aille au ministère des Affaires
sociales.
Cas d'amiantose
M. Vallières: M. le ministre, dans la même veine,
vous m'aviez dit à l'Assemblée nationale qu'il serait possible de
déposer, en commission parlementaire, lors de l'étude de vos
crédits, la liste des employés des compagnies dans le domaine de
la transformation et de l'exploitation des mines d'amiante qui se sont
prévalus de la loi 52 à ce jour. Est-ce que...
M. Harvey (Jonquière): J'ai reçu effectivement le
document. J'ai reçu, en date du 5 mai, soit quelques jours avant que je
vous dise que je serais en mesure de les déposer en Chambre, la lettre
et les tableaux suivants: "Faisant suite à la lettre que je vous
adressais récemment, je vous transmes la liste des travailleurs de
l'amiante, des mines et moulins attenants, qui présentaient, avant le 27
juin 1975, une incapacité de travail et qui n'ont pas été
avisés jusqu'ici que leur certificat ne pouvait plus être
émis par le directeur médical du service de pneumologie.
Vous me permettrez bien de vous référer au
résumé de la dernière page des tableaux ci-annexés.
Ils démontrent qu'actuellement, selon les précisions
rapportées à la CAT, 93 ouvriers avec
incapacité permanente relative à l'amiantose seraient
encore au travail. Par ailleurs, en sus de ceux mentionnés plus haut, 20
autres ouvriers seraient au travail, mais non exposés aux
poussières d'amiante. En outre, 32 ne seraient plus au travail,
âgés de plus de 65 ans. Il reste onze cas pour lesquels nous
n'avons pas actuellement d'information sur leur situation présente.
Tel que convenu, nous transmettons un photostat de la liste
ci-annexée aux officiels du ministère des Richesses naturelles
afin qu'ils prennent des actions appropriées. Vous comprendrez comme moi
que la préparation de cette liste a nécessité plusieurs
jours de travail, c'est ce qui explique le délai à vous la faire
parvenir. "Relativement à celle des cas de silicose des mines et des
carrières, elle vous sera transmise le plus rapidement possible, soit
d'ici quelques jours. "Je demande au secrétaire général de
la commission de bien vouloir vous envoyer une copie des lettres qui seront
adressées au ministère des Richesses naturelles afin de
compléter votre dossier. Je demeure à votre entière
disposition pour tout autre renseignement qui pourrait vous être
utile.
Avec l'expression de mes meilleurs sentiments, Dr Bertrand Bellemare,
commissaire."
Je n'ai pas d'objection à déposer, tel que promis au
député, les documents.
M. Burns: Est-ce que le ministre a donné suite, justement,
relativement au comité de pneu-moconiose, à la demande du
député de Frontenac et du député de Richmond, telle
qu'ils la formulaient le 24 avril 1976 à une séance de la
commission parlementaire, c'est-à-dire que tous les médecins,
membres du comité de pneumoconiose, soient démis de leurs
fonctions? Vous n'avez pas donné suite à cela? Est-ce que le
député de Richmond parle toujours de cela? Avez-vous
changé d'idée?
M. Vallières: Non, M. le Président. Je ne sais pas
si je devrais répondre à votre question. C'est surtout des
commentaires que je voudrais faire. La position que j'avais prise à ce
moment-là, je la maintiens. Par ailleurs, je voudrais quand même
informer le député de Maisonneuve qu'un comité d'experts
indépendants a été formé afin d'étudier
toutes les radiographies pulmonaires des mineurs travaillant dans les mines
d'amiante et ce, de façon annuelle. A ce comité siègent,
je pense, cinq médecins, dont l'un représentant chacune des
centrales syndicales, pour un total de trois, et deux médecins
spécialistes de la Commission des accidents du travail. Quand ces
médecins reconnaissent qu'un mineur peut être porteur d'amiantose,
le tout est référé au comité de pneumoconiose de la
Commission des accidents du travail.
Il demeure un fait dans tout cela, c'est que la détermination du
taux d'incapacité comme tel est quand même encore transmise au
comité de pneumoconiose et c'est difficile d'accepter ce principe parce
que c'est quand même devenir juge et partie. La Commission des accidents
du travail, qui devra verser des indemnités à des travailleurs,
doit elle-même déterminer si elle doit lui en verser oui ou non.
C'est un peu dans ce sens qu'on avait demandé, le Dr Lecours et
moi-même, qu'un comité très indépendant puisse, non
seulement examiner la radiographie pulmonaire, mais déterminer le taux
d'incapacité.
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que !e député
me permettrait une question? La loi 52 étant une loi du ministère
des Richesses naturelles et par délégation, uniquement... C'est
par délégation, la commission n'est pas juge et partie, quand
elle rend une décision, le comité... Ce n'est pas dans la loi de
la CAT que vous retrouvez la loi 52, elle ne peut pas être juge et
partie, ce n'est pas sa loi à elle. Elle a l'application de la loi
52.
M. Vallières: Oui, mais les fonds qui servent... ce sont
quand même des médecins qui sont reconnus par la Commission des
accidents du travail et les prestations comme telles sont versées par la
CAT. C'est dans ce sens que je trouve qu'il peut y avoir certains conflits
d'intérêts. C'est ce qu'on avait soulevé à ce
moment-là.
M. Harvey (Jonquière): II y a même la Régie
de l'assurance-maladie qui serait prête à faire les versements
à la place de la commission si on voulait. La régie ne serait pas
juge et partie parce qu'elle émettrait des chèques à
partir des jugements rendus par la commission. Je ne peux pas voir le point du
conflit d'intérêts.
M. Vallières: Est-ce que vous verriez une objection
à ce que les médecins qui déterminent les taux
d'incapacité soient des gens qui aient au moins avec eux, au
comité qui détermine le taux d'incapacité, des
spécialistes qui soient représentants de la partie syndicale, qui
assureraient une certaine neutralité au comité?
M. Harvey (Jonquière): Comme la loi 52 va être
intégrée dans la loi-cadre de la santé et de la
sécurité du travailleur, on va examiner toute suggestion qui aura
pu être faite pour voir si c'est possible de donner suite à des
revendications, y compris celles du député de Frontenac et du
député de Richmond.
M. Vallières: Puisqu'on parle de la loi 52, j'aurais une
autre question, pour ce qui est des employés à qui on a reconnu
un taux d'incapacité avant le 27 juin 1975. Prenons comme exemple un
mineur à qui on a reconnu 20% d'incapacité. Est-ce qu'en vertu de
la loi 52, cet ouvrier, au sens de cette loi, est obligé de perdre son
certificat médical et s'il le perd, par la suite, est-ce que la loi 52
s'appliquera à cet employé comme à tous ceux qui sont
examinés après le 27 juin 1975?
M. Harvey (Jonquière): Voulez-vous répéter
votre question, s'il vous plaît, lentement?
M. Vallières: Tous les employés de mine d'amiante
et de carrière à qui on a reconnu un taux d'incapacité,
à titre d'exemple 20%, avant la
mise en application de la loi 52 datant du 27 juin 1975, est-ce que ces
employés seront soumis, auront les privilèges qu'accorde la loi
52? Si oui, est-ce que le retrait du certificat médical sera, de prime
abord, exigé avant que la loi 52 s'applique?
M. Harvey (Jonquière): On me dit que ce sont deux
problèmes complètement différents. D'abord, les cas que
vous spécifiez, ceux qui étaient déjà reconnus avec
un certain pourcentage avant le 27 juin 1975, la loi est spécifique
à leur sujet. Quant au certificat médical, il est refusé
à partir d'un règlement des Richesses naturelles. Ce
ministère a pris des procédures contre ceux qu'il retrouve
à des endroits où les mineurs n'ont pas de certificat
médical.
M. Vallières: Cela revient à dire que les
employés à qui on a reconnu une incapacité avant le 27
juin 1975, ne seront pas...
M. Harvey (Jonquière): Pas davantage que ceux
décrits dans la loi.
M. Vallières: Dans la loi qui prévalait avant
l'adoption de la loi...
M. Harvey (Jonquières): Ils sont d'ailleurs
mentionnés spécifiquement dans la loi.
M. Vallières: Merci.
M. Burns: Je prends les intérêts du
député de Richmond. Est-ce que vous pourriez nous dire pourquoi
vous ne voulez pas donner suite à la recommandation du
député de Richmond et du député de Frontenac de
démettre de leurs fonctions les médecins...
M. Harvey (Jonquière): Vous n'avez pas
écouté ma réponse, j'ai dit que la loi...
M. Burns: Oui, on a posé le problème du conflit
d'intérêts.
M. Harvey (Jonquière): Vous ne m'avez pas
écouté, je leur ai donné une réponse...
M. Burns: Sur le conflit d'intérêts.
M. Harvey (Jonquière): Egalement sur la question que vous
posez, je n'ai pas donné...
M. Burns: C'est ça.
M. Harvey (Jonquière): ... une fin de non-recevoir, j'ai
dit que quand la loi 52 serait intégrée dans la loi-cadre, c'est
à ce moment-là que nous allions évaluer la suggestion
faite par le député de Frontenac et le député de
Richmond, comme les autres représentations que nous avons eues d'autres
organismes, dans le sens indiqué par les deux députés. Ce
n'est pas avant cela qu'on peut se prononcer là-dessus.
M. Burns: Ce n'est pas avant cela.
M. Harvey (Jonquière): Est-ce qu'on n'a pas
terminé?
M. Burns: Je prenais les intérêts du
député de Richmond.
M. Harvey (Jonquière): Je lui avais répondu. M.
Vallières: J'avais compris, M. le ministre.
M. Harvey (Jonquière): II m'avait dit qu'il était
entièrement satisfait.
M. Vallières: J'avais compris.
M. Burns: Je pensais que le ministre, s'il ne suivait pas ses
recommandations, comme cela, je me disais, qu'est-ce qui se passe? Est-ce qu'il
y a une scission à l'intérieur du parti?
M. Harvey (Jonquière): Non, c'est parce que vous n'aviez
pas la deuxième partie de ma réponse.
M. Burns: Le député de Richmond a l'air heureux de
votre réponse.
M. Harvey (Jonquière): Oui, il en est heureux, il l'est
une deuxième fois, parce que je réponds pour une deuxième
fois à la même question.
M. Burns: D'accord. Si le député de Richmond est
heureux, tant mieux. Peut-être que les mineurs de sa région vont
l'être moins; c'est une autre affaire.
M. Vallières: Vous auriez avantage à vous informer
aux mineurs de notre région.
M. Burns: Oui, je m'en informe régulièrement.
M. le ministre, relativement au phénomène d'inspection des
chantiers, plus particulièrement, vous nous avez déjà
exposé les grandes lignes de votre pensée.
Vous nous dites, par exemple, que l'inspecteur doit être
perçu comme un conseiller plutôt qu'un policier, car mieux vaut
prévenir que punir, conseiller que sanctionner. Toutefois, l'inspecteur
doit avoir des pouvoirs suffisants afin que son travail de contrôle soit
efficace et les employeurs qui n'assument pas leurs responsabilités
doivent savoir qu'ils seront mis à découvert et soumis à
des sanctions appropriées.
Je me rappelle, d'autre part que plus exactement le 8 octobre 1975, M.
Brian Mulroney, un des membres de la fameuse commission Cliche, se plaignait,
dans une conférence devant les membres du club Rotary, à
Montréal, du peu de cas qu'on avait fait des recommandations de la
commission Cliche, concernant l'inspection des chantiers. Je pense que M.
Mulroney allait même jusqu'à dire que le gouvernement n'avait
encore fait que bien peu de choses pour assurer une plus grande
sécurité aux travailleurs de la construction. Dans cette
même conférence, il déclarait les recommandations en
matière de sécurité comme
étant, pour la commission Cliche, vraiment fondamentales et
vraiment importantes. Il les plaçait même, je pense, sur le
même pied que le phénomène du retour entre les mains d'un
organisme indépendant du placement des travailleurs.
J'aimerais savoir du ministre ce qui a été fait depuis
qu'il est au ministère, surtout depuis la conférence de M.
Mulroney, entre autres, au mois d'octobre 1975.
M. Harvey (Jonquière): II y a eu deux mesures
apportées, la révision du code de sécurité pour les
travaux de construction et un amendement apporté à la loi 27,
concernant la Loi des établissements industriels et commerciaux
permettant à l'inspecteur de délivrer des avis d'infraction
immédiatement, sur constatation de ces infractions, ce qui a
apporté une amélioration remarquable depuis la constatation faite
par M. Mulroney.
On me dit également qu'un projet de règlement est sur le
point d'être adopté en provenance de la régie, comme le
veut la loi, qui est l'office chargé de la mise en application de toute
disposition législative ou réglementaire concernant la
sécurité des salariés dans le domaine de la construction,
qui va comprendre l'obligation d'avoir une connaissance de la
réglementation existante en ce qui concerne la sécurité
dans les travaux de construction, ainsi qu'une capacité d'organisation,
de mise en place et de surveillance des normes de sécurité comme
techniques de construction. En plus, il faudra avoir une expérience
pratique d'au moins deux ans au sein d'une entreprise oeuvrant dans une
catégorie ou sous-catégorie similaire à celle qu'il veut
qualifier, dont une expérience minimale d'un an de gestion de
chantier.
Au fait, une réglementation nouvelle, additionnelle à
celle qu'il veut qualifier, dont une expérience minimale d'un an de
gestion de chantier; au fait, une réglementation est sur le point de
surgir une réglementation, additionnelle à celle
déjà posée pour améliorer la sécurité
sur les chantiers.
M. Burns: Quand peut-on s'attendre à cette nouvelle
réglementation?
M. Harvey (Jonquière): On me dit que, depuis ce temps
également, 80 inspecteurs de sécurité, des officiers de
sécurité dans la construction, ont été
qualifiés, suite à des cours et que, d'ici l'automne, 80 autres
le seront pour un total de 180, ayant toutes les connaissances requises pour
agir comme officier de sécurité.
M. Burns: C'est dans le cadre du programme de recyclage qui a
été fait. Ce sont des officiers de sécurité, entre
autres, des compagnies et des syndicats.
M. Harvey (Jonquière): Dans le cadre des programmes qu'on
a lancés, nous autres, des cours de sécurité
instaurés par notre ministère. Ce sont des officiers du
ministère qui établissent la qualification de ces gens qui ont
suivi des cours instaurés par le ministère.
La mesure punitive à l'endroit d'un entrepreneur qui ne se serait
pas conformé ou ne voudrait pas se conformer est détenue par la
Régie des entreprises de construction, qui refuserait de lui
délivrer une licence. C'est la mesure punitive.
La mesure incitative se trouve dans la réglementation concernant
la connaissance que doit avoir un entrepreneur en construction.
M. Burns: Le ministre ne m'a peut-être pas compris tout
à l'heure, quand j'ai posé la question. Il parlait à son
sous-ministre. Cette réglementation prévue, cette nouvelle
réglementation, est-ce que le ministre peut nous dire à peu
près quand on est en droit de s'attendre à l'avoir en
vigueur?
M. Harvey (Jonquière): Pour la mesure incitative, on me
dit que la dernière réunion a lieu le 29 juin. Donc, au cours du
mois de juillet, pour la mesure incitative et, pour la mesure punitive, au
cours du mois suivant.
M. Burns: Quoi, cela ne fait pas partie du même
règlement?
M. Harvey (Jonquière): Cela ne fait pas partie du
même règlement.
M. Burns: Pourquoi ne peut-on pas mettre les deux
règlements en même temps?
M. Harvey (Jonquière): Un instant! C'est parce qu'il y a
un constat à faire pour établir la fréquence des
infractions. C'est pour cela que cela ne peut pas être dans le
même.
M. Burns: Excusez-moi, je ne comprends pas. Je ne suis
peut-être pas assez intelligent, ce matin, mais je ne comprends pas votre
explication.
M. Harvey (Jonquière): On va reprendre cela. On me dit que
le règlement concernant les mesures punitives ne peut pas être
dans le même règlement, parce qu'il y a un constat à faire
sur la fréquence des infractions et qu'il viendra quelques semaines plus
tard, un ou deux mois plus tard.
En vertu du dernier paragraphe de la loi 33, Loi sur la qualification
professionnelle des entrepreneurs de construction, on lit: "A été
reconnu coupable à plus d'une reprise d'infractions à la Loi des
établissements industriels et commerciaux (Statuts refondus 1964,
chapitre 150) et au règlement adopté en vertu de ladite loi. Une
telle suspension ou annulation ne peut être imposée que
conformément au règlement que la régie peut faire pour
déterminer la fréquence ou la gravité des infractions
justifiant une telle suspension ou annulation."
Quand on dit, comme mesure punitive, il y aurait retrait de la licence,
le président de la régie me dit que c'est après un constat
de la gravité des infractions.
M. Burns: Vous ne pouvez pas, dès mainte-
nant, lorsqu'on prend votre explication, au moment d'émettre
votre règlement, fixer une fréquence ou une gravité
quelconque qui justifierait telle ou telle pénalité. C'est
cela?
M. Harvey (Jonquière): C'est cela.
M. Burns: C'est une façon inhabituelle, pour le moins, de
légiférer, en tout cas, que vous mentionnez.
M. Harvey (Jonquière): II faut constater aussi que la
Régie des entreprises de construction n'est pas un organisme qui existe
depuis bien des années.
M. Burns: C'est un peu, M. le ministre, comme si on disait: On va
voir combien il y a de meurtres cette année pour savoir si on va leur
imposer la peine de mort ou l'emprisonnement à vie.
M. Harvey (Jonquière): Non. M. Burns: Non, mais
c'est cela.
M. Harvey (Jonquière): II faut faire des comparaisons un
peu plus logiques que cela.
M. Burns: Ce n'est pas plus logique que vos comparaisons avec le
ministère du Revenu et le ministère des Finances qui sont
maîtres d'oeuvre...
M. Harvey (Jonquière): Non, c'est parce qu'elle vous
faisait mal. Vous avez un exemple concret où il n'y a jamais de
problème entre deux ministères, jamais de problème entre
les individus quels qu'ils soient. J'ai l'impression que vous et moi, et
d'autres dans la province, sont conscients que la politique fiscale est
établie par un et est appliquée par l'autre.
M. Burns: Bien oui.
M. Harvey (Jonquière): Avec succès.
M. Burns: Elle est collectée par l'autre. Il y en a un qui
entre les fonds et l'autre les utilise.
M. Harvey (Jonquière): Appliquée, plus que
collectée, parce que vous ne faites pas partie, ni vous ni moi, de ceux
qui la voient appliquée avec les dents que les lois fiscales ont, pour
ceux qui y contreviennent. Vous et moi, on ne peut pas savoir cela, parce qu'on
paie nos impôts.
M. Burns: Ce n'est pas cela que je vous dis, non plus. Je vous
dis que, quand je parle de collecter, je ne parle pas de collecter au sens
judiciaire du mot. Je veux dire percevoir, un percepteur...
M. Harvey (Jonquière): Vous résumez le rôle
du ministère du Revenu uniquement comme étant l'outil de
perception, mais c'est plus.
M. Burns: C'est, entre autres, cela. C'est aussi, je dois dire,
mettre en application un certain nombre de moyens. Dans le fond, les moyens
sont habituellement décidés au ministère des Finances.
C'est bien sûr, il n'y a pas de conflit de juridiction là.
M. Harvey (Jonquière): Alors, il n'y aura pas de conflit
de juridiction quand on déléguera pour son application une partie
de la loi-cadre ou un article de la loi-cadre sur la santé et la
sécurité du travailleur.
M. Burns: II me semble que l'expérience passée est
tellement désastreuse.
M. Harvey (Jonquière): Ce n'est pas la...
M. Burns: II me semble que l'expérience passée est
tellement désastreuse là-dessus qu'on devrait prendre toutes les
précautions.
M. Harvey (Jonquière): Vous ne l'avez pas eu dans le
passé. On ne déléguera pas la réglementation. C'est
l'application qui va être déléguée.
M. Burns: En tout cas, on verra.
M. Harvey (Jonquière): Ce sont deux choses
complètement différentes.
M. Burns: Vous allez voir qu'on va être ici l'année
prochaine encore en train de chiâler là-dessus. Si cela se fait,
parce que l'année passée, M. Cournoyer nous parlait d'une
réglementation qui devait être en vigueur dans trois mois,
c'est-à-dire vers le mois de juillet. Là, on est encore, presque
un an plus tard, à dire: II y a un comité qui l'étudie,
qui l'examine. En tout cas, je crains bien devoir revenir là-dessus
l'année prochaine, si je suis encore ici.
Concernant un autre sujet, toujours relativement à la
prévention des accidents, dans votre conférence, vous nous
disiez: "La formation de comité paritaire, sécurité et
hygiène d'entreprise, doit être encouragée et même
rendue obligatoire dans les établissements où il y a plus de dix
employés. Nous croyons, disiez-vous, que les comités de
sécurité et d'hygiène sont nécessaires et que, dans
les établissements où ils fonctionnent adéquatement, il y
a baisse d'accidents." C'est un fait. Je suis en mesure, du moins, non pas de
confirmer la statistique comme telle, mais j'ai noté qu'aux endroits,
où j'ai pu le constater, où il existe un tel comité, il
n'y a pas de doute qu'il y a une motivation plus grande pour la diminution des
accidents. "Ces comités, vous continuez, pourraient se voir attribuer
les responsabilités suivantes: Recevoir les avis et rapports des
inspecteurs, analyser les rapports d'enquêtes, d'accidents et les
statistiques, analyser les risques, et effectuer à l'occasion des
enquêtes d'inspection. Comme alternative aux comités de
sécurité et d'hygiène paritaire, et à condition que
les deux parties s'entendent sur ce point, on pourrait accepter que les
travailleurs puissent se faire entendre par un porte-parole mandaté par
eux à cette fin."
Ce que je pose comme question au ministre, je trouve que c'est un bien
beau projet, mais, à part de nous dire que vous encouragez ce projet,
à part de nous dire que vous trouvez que c'est utile, à part de
nous dire que vous trouvez que c'est nécessaire, qu'est-ce que vous
faites de concret en vue d'étendre ces comités paritaires
sécurité-hygiène? Est-ce que ce sont encore des mesures
incitatives ou si vous envisagez une réglementation?
M. Harvey (Jonquière): Si le député de
Maisonneuve veut aller plus loin, quand je mets comme réserve, comme
alternative au comité paritaire de sécurité-hygiène
la condition que les deux parties s'entendent sur ce point, on pourra accepter
que les travailleurs puissent se faire entendre par un porte-parole
mandaté par eux à cette fin. L'expérience que nous avons
vécue jusqu'à maintenant, avant d'imposer un comité
paritaire, on veut être bien sûr que ce comité paritaire
serve à des fins pour lesquelles il serait créé,
c'est-à-dire discuter d'accidents du travail et non un endroit, une
plate-forme pour discuter les autres clauses de la convention collective.
Nous avons eu de bonnes expériences et de moins bonnes, parce que
cela a été volontaire. Notre expérience, jusqu'à
maintenant, nous incite à être prudents en disant que les deux
parties s'entendent sur ce point. Moi, je dis que ces comités sont
essentiels à la condition que ceux qui représentent les
intéressés, même le porte-parole qui représente les
travailleurs au comité, ne se servent pas de ce comité pour
discuter les autres clauses de la convention collective ou les problèmes
du petit mon oncle qui ne concernent aucunement les accidents du travail.
M. Burns: Votre expérience actuelle est fondée sur
combien d'entreprises?
M. Harvey (Jonquière): Sur une centaine de dossiers.
M. Burns: Sur une centaine de dossiers. A quel endroit?
M. Harvey (Jonquière): Dans divers secteurs et dans
diverses régions de la province.
M. Burns: Là encore, d'une façon plus
précise...
M. Harvey (Jonquière): Les secteurs les mieux
organisés actuellement, à ce qu'on me dit, sont la forêt,
les mines et la métallurgie également.
M. Burns: La métallurgie.
M. Harvey (Jonquière): Jusqu'à ce jour, ce sont les
secteurs qu'on peut identifier comme les mieux organisés.
M. Burns: Dans le domaine industriel, à part la
métallurgie, il n'y a pas d'autres secteurs?
M. Harvey (Jonquière): II y en a également dans le
domaine manufacturier.
M. Burns: Dans le vêtement, la chaussure, le meuble, il n'y
en a pas?
M. Harvey (Jonquière): Dans la chaussure et dans le
meuble, on me répond que non.
M. Burns: Alors, en somme, si je comprends bin le ministre, vous
préférez qu'ils soient suscités par l'entreprise
elle-même, c'est-à-dire par les deux parties elles-mêmes,
plutôt d'être créés d'en haut par le ministère
du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Harvey (Jonquière): C'est ça. M. Burns:
Qu'est-ce que vous...
M. Harvey (Jonquière): Pour être bien sûrs
que... Quand j'affirme, avec raison, que la formation de ces comités
doit être...
M. Burns: J'aime bien les gens qui sont aussi sûrs
d'eux-mêmes: "Quand j'affirme, avec raison". Cela commence bien une
phrase.
M. Harvey (Jonquière): Quand j'ai affirmé, le 4
novembre, ou la semaine dernière...
M. Burns: Je vous taquine.
M. Harvey (Jonquière): Je sais que vous me taquinez. Si le
porte-parole ou les membres, le porte-parole, en particulier, va plaider pour
des fins de sécurité et des fins de prévention pour
éviter d'autres accidents et qui ne débordent pas sur d'autres
clauses, ou n'en fait pas une espèce de plate-forme pour discuter de
toute autre chose; à ce moment, l'expérience que nous avons
vécue d'après les dossiers que nous pouvons évaluer a
été désastreuse tandis que, dans d'autres, cela a
été parfait.
C'est ce qui nous a amenés à dire qu'au lieu de l'imposer,
on est beaucoup mieux de procéder par une entente entre les parties. Les
gens ont assez de maturité pour savoir que, si c'est une excellente
chose pour éviter les accidents de travail, étant donné
qu'ils devront s'entendre, ils vont le faire.
J'ai confiance en la maturité, mais beaucoup plus que si on
l'impose au départ parce qu'après, cela sera une plate-forme. On
devra poser des gestes radicaux pour corriger la lacune.
M. Burns: Et au niveau de votre ministère même,
qu'est-ce qui se fait de concret pour inciter la formation de tels
comités paritaires? Avez-vous du personnel affecté
spécialement à cela?
M. Harvey (Jonquière): C'est au moment de l'inspection
où l'inventaire est fait des moyens de prévention que
l'inspecteur suggère la création de ces comités, et avec
certains succès parce qu'on vous a identifié des secteurs
où nous avons eu
réellement du succès à partir de l'inventaire de
départ fait par l'inspecteur.
M. Burns: Dois-je conclure qu'il n'y a eu que 100 inspections qui
ont été l'objet d'un examen particulier?
M. Harvey (Jonquière): Non. L'échantillonnage a
été fait sur 100 dossiers.
M. Burns: Sur 100 dossiers.
M. Harvey (Jonquière): C'est
l'échantillonnage...
M. Burns: Mais à la suite du passage de votre
inspecteur?
M. Harvey (Jonquière): Oui. Sur l'inventaire qu'il fait au
début, en entrant pour une inspection. Son inventaire lui indique...
M. Burns: ... un comité paritaire.
M. Harvey (Jonquière): C'est cela. Et, lorsqu'il le juge
à propos et souvent il le fait de commencer quelque chose,
il consacre plus de temps durant sa période d'inspection pour amener les
deux parties à former un comité. Il y a eu 6000 inspections.
L'échantillonnage était de 100 sur...
M. Burns: Dans les cas où vous avez constaté que
l'expérience était désastreuse, comme vous dites, est-ce
que cela était des cas où les parties, de part et d'autre,
avaient accepté de former un comité paritaire ou quoi? Cela avait
été imposé par une négociation, un arrêt de
travail ou quoi?
M. Harvey (Jonquière): On me dit que, dans la
majorité des cas, c'était où la convention collective
avait inclus un comité paritaire...
M. Burns: ... de force.
M. Harvey (Jonquière): ... de force. Vous savez, une
convention signée à la dernière minute, acceptée
parce qu'on voulait qu'il n'y ait pas de grève et le résultat a
été que cela a servi de plateforme pour discuter de tous les
griefs ou de tous les litiges autres que le but pour lequel le comité
avait été formé.
M. Burns: Vous nous suggérez également, du
même souffle, la formation de comités techniques paritaires
sectoriels que vous dites vouloir encourager.
M. Harvey (Jonquière): Comprenant les associations
patronales et syndicales.
M. Burns: Selon vous, ils devraient être constitués
de représentants d'associations patronales et d'associations syndicales.
Ces comités pourraient oeuvrer au niveau de certains secteurs
industriels spécifiques, tels, entre autres, la cons- truction, les
mines, les exploitations forestières parce qu'ils répondent aux
critères établis par règlement. Ils recevraient des
subventions qui pourraient être proportionnelles à l'importance du
secteur, au nombre de travailleurs et d'employeurs concernés et à
l'ampleur de la tâche qui leur est confiée. Et là, il y a
toute une liste, dont je vous fais grâce, de devoirs et de pouvoirs
qu'ils devraient avoir.
M. Harvey (Jonquière): Ce sont des secteurs où ils
existent déjà et non pas partout de façon paritaire. Il
existe déjà des comités techniques, mais pas toujours
paritaires, et les secteurs identifiés, les mines, les exploitations
forestières, ce sont les mieux organisés. Il y a
déjà des comités techniques.
M. Burns: Après avoir déterminé les devoirs
et les pouvoirs de ces comités, dans votre texte, vous nous dites que le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre donnera toute l'assistance
voulue pour permettre la mise en place et le bon fonctionnement de ces
comités paritaires sectoriels.
Qu'est-ce que le ministre veut dire par toute l'assistance voulue?
Parle-t-il des subventions qu'il avait mentionnées plus haut?
M. Harvey (Jonquière): Lorsqu'on va plus loin, lorsqu'il
répond aux critères établis par règlement, il
recevrait des subventions qui pourraient être proportionnelles à
l'importance du secteur, le nombre de travailleurs et d'employeurs
concernés et également l'ampleur de la tâche qui leur est
confiée. J'ai dit: Ces comités devront notamment être
suffisamment représentatifs des employeurs et des salariés et je
vous exempte de toute l'énumération des conditions. C'est au
niveau des subventions.
M. Burns: Encore une fois, c'est de façon volontaire que
vous pensez que ces comités doivent se créer.
M. Harvey (Jonquière): Oui.
M. Burns: Est-ce que vous ne trouvez pas que le ministère
lui-même devrait prendre l'initiative de les créer, si vous
trouvez que c'est à ce point nécessaire?
M. Harvey (Jonquière): Comme début, quand on va un
peu plus loin dans mon discours, vous allez voir qu'on parle de l'organisation
de la recherche également, l'institution d'un organisme de recherche, et
c'est d'abord là qu'il va falloir travailler et également
améliorer, au niveau des comités, avant de les imposer. Si on les
imposait, sans avoir un organisme de recherche approprié pour bien
identifier les secteurs où ils devront... les problèmes, les
besoins. C'est la raison pour laquelle nous ne les imposons pas. C'est
volontaire au début.
M. Burns: Quel est l'ordre d'importance ou l'ordre de grandeur
des subventions que déjà vous avez à la disposition de ce
comité?
M. Harvey (Jonquière): C'est difficile. C'est dans le
budget de la CAT, à l'intérieur de la CAT. Je ne pourrais pas
dire de mémoire, mais c'est quelques millions, deux ou trois millions.
Mais je ne veux pas... C'est dans le budget intérieur de la CAT. Il y a
quelques millions de dollars.
M. Burns: Quelle est la fréquence des demandes alors de
subventions de tels comités? Est-ce que vous êtes en mesure de
nous le dire?
M. Harvey (Jonquière): A l'heure actuelle, très
peu. Ceux qui font des demandes à partir des plans
présentés reçoivent généralement une
réponse favorable de la CAT.
M. Burns: Qui est l'autorité? C'est la CAT qui est
l'autorité pour les émettre?
M. Harvey (Jonquière): C'est la CAT
présentement.
M. Burns: Elle a déjà des budgets prévus
pour cela à l'intérieur de ses fonds?
Le ministère du Travail comme tel n'intervient pas pour susciter
la création de ces comités et susciter en conséquence la
subvention.
M. Harvey (Jonquière): Pas à l'heure actuelle.
M. Burns: Quand vous dites: Pas à l'heure actuelle, est-ce
que cela veut dire que vous avez l'intention de changer d'avis
là-dessus?
M. Harvey (Jonquière): On n'a pas complété
notre projet de loi encore. Il y a bien des choses que je ne peux pas affirmer
tant et aussi longtemps que je n'aurai pas l'acceptation non seulement de
principe, je l'ai eue, mais l'acceptation du texte final du projet de loi qui
sera présenté.
M. Burns: Mais vous êtes censé devenir le
maître d'oeuvre de...
M. Harvey (Jonquière): Je peux être maître
d'oeuvre avec... Je peux avoir de bonnes intentions et, à un moment
donné, sur un point précis, ne pas obtenir ce que je voudrai
obtenir et, après qu'on m'aura dit non, vous ne saurez pas qu'on m'a dit
non sur tel point. J'en porterai la responsabilité...
M. Burns: Je crains les bonnes intentions du ministre.
M. Harvey (Jonquière): ...comme membre du cabinet
provincial et solidaire de mes collègues où il ne se prend jamais
de vote quand, à un moment donné, on décide de prendre des
décisions à la suite de l'examen d'un dossier
spécifique.
M. Burns: En tout cas, je crains toujours les bonnes intentions
telles que celles exprimées.
M. Harvey (Jonquière): C'est votre droit.
M. Burns: Parce que, souvent, on s'aperçoit que,
d'année en année, on les retrouve encore au stade où elles
étaient, c'est-à-dire au stade de l'intention.
M. Harvey (Jonquière): C'est votre droit...
M. Burns: L'aspect pratique n'est pas souvent suivi.
M. Harvey (Jonquière): ...d'avoir des craintes comme c'est
mon droit également d'avoir eu raison de craindre toujours ceux qui
veulent tout faire en même temps et nous faire aller au ciel dans
l'espace de trois jours. J'en ai connu de très jeunes et de moins
jeunes, des gens qui voulaient tout corriger du jour au lendemain et cela a
été généralement dans tous les domaines où
ils nous ont fait de grandes et de belles suggestions, des "flops" monumentaux.
J'aime mieux avoir un tempo dans une loi de santé et de
sécurité des travailleurs le plus progressive possible, mais nous
dirigeant vers des objectifs qui feront qu'on aura posé des gestes qui
ne nous feront pas reculer ou ne nous feront pas rater notre coup.
J'ai les chiffres ici: Les subventions, par le biais de la CAT, aux
associations de prévention, en 1974, ont été de $1 231 626
et, en 1975, de $1 664 179 pour une augmentation de $400 000. C'est donc dire
qu'il y a de plus en plus d'associations qui embarquent.
M. Burns: Sur un autre point, toujours relativement à la
prévention, le ministre nous disait que le gouvernemnet doit, en
collaboration avec son système d'éducation, mettre en place des
programmes destinés à permettre, dans le domaine de la
prévention des accidents de travail et des maladies professionnelles,
premièrement, la formation spécialisée des techniciens
d'inspection et d'enquête, je pense que le programme est
déjà en cours sur ça, j'aimerais avoir les commentaires du
ministre; en second lieu la formation sur demande, des agents de
sécurité d'entreprises, des délégués
syndicaux et des membres des comités paritaires sectoriels et
d'entreprises, et, troisièmement, l'organisation de cours de
sécurité durant l'apprentissage et en cours d'emploi aux
travailleurs de certains secteurs dont les risques d'accident de travail et de
maladie professionnelle sont élevés.
J'aimerais savoir ce qui est, dans ça, en vigueur et quels en
sont les résultats.
M. Harvey (Jonquière): On m'informe que,
déjà, à la suite de négociations avec le
ministère de l'Education, une lettre a été reçue
ces jours derniers par le ministère de l'Education demandant de renvoyer
nos programmes pour les inclure dans les programmes de formation au niveau des
cours dispensés par ce ministère. C'est ce dont on vient de
m'informer. Malheureusement, je n'ai pas la lettre devant moi et cela a
été accepté par le ministère de l'Education, suite
à des rencontres dans le cadre de l'espoir que je formulais le 4
novembre dernier.
M. Burns: De façon concrète, quand est-ce que vous
pensez que ça risque d'être en application?
M. Harvey (Jonquière): On serait prêt à
procéder dans les plus brefs délais, ça dépend du
ministère de l'Education. Est-ce que ces programmes finissent à
un mois près du début d'une année scolaire? Le
ministère nous ayant donné une réponse affirmative, on
devrait normalement entrer en contact avec lui pour l'appliquer, le plus
rapidement possible, si possible durant l'année scolaire la plus
rapprochée du moment où on se parle.
Mais je ne sais pas, au ministère de l'Education, quel est le
mécanisme ou la date limite pour mettre en branle de nouveaux programmes
ou inclure dans des programmes existants ce qu'on lui a suggéré.
Il a acquiescé.
M. Burns: Est-ce que vous avez raison de croire que ça
puisse être mis en application pour la fin de 1976?
M. Harvey (Jonquière): C'est bien difficile de
répondre pour le ministère de l'Education. On peut vous dire
qu'il a accepté, mais pour la mise en application, ce serait le ministre
de l'Education qui pourrait vous donner la réponse. Il a donné
une fin de recevoir.
M. Burns: Une fin de recevoir et non pas une fin de
non-recevoir.
Quant à la Commission des accidents de travail elle-même,
je sais qu'on va parler de votre projet de loi, j'avais remarqué que
vous disiez, à cette époque, à l'époque du mois de
novembre 1975, qu'aucune décision n'avait été prise, dans
vos mots, concernant la structure et le rôle éventuel de la
Commission des accidents du travail. Dans le contexte actuel, nous croyons
c'est en novembre 1975 que cet organisme doit promouvoir la
prévention des accidents et blessures et des lésions provenant
des maladies industrielles. L'imposition des taux de mérite et de
démérite est un des moyens à sa disposition. Ces taux
devraient tenir compte de la fréquence, de la gravité et du
nombre de blessures ainsi que des taux de réparation des accidents du
travail et des maladies industrielles, etc. Vous continuez un peu plus
loin.
Au moment où on se parle, c'est un peu de la même question
qu'on a discutée relativement à la Commission du salaire minimum,
est-ce que, maintenant, une décision est prise quant à l'avenir,
quant aux structures de la Commission des accidents du travail? En somme,
est-ce que vous êtes en mesure de me dire que, dans votre prochaine loi,
la Commission des accidents du travail va être maintenue telle quelle,
réformée, abolie, intégrée au ministère?
C'est ce que je veux savoir.
M. Harvey (Jonquière): Elle va être
réformée et elle ne sera pas intégrée au
ministère. Probablement qu'elle s'appellera la régie des
accidents du travail du Québec.
M. Burns: Et est-ce que le ministre peut nous dire quelle sera la
réforme importante de cette future régie des accidents du
travail?
M. Harvey (Jonquière): Pas immédiatement, en raison
du fait que nous n'avons pas terminé l'étude complète du
dossier et que nos consultations avec les intéressés ne sont pas
terminées.
M. Roy: J'aimerais savoir si le ministre a l'intention,
étant donné qu'on a annoncé de dépôt d'une
loi à ce sujet, de déposer la loi avant l'ajournement
d'été.
M. Harvey (Jonquière): J'ai répondu à cela.
Non, c'est impossible.
M. Roy: Absolument impossible. Cela veut dire que la loi va
être déposée à l'automne seulement?
M. Harvey (Jonquière): En raison du fait que je dois avoir
une consultation avec le CCTM, c'est physiquement impossible de l'avoir, notre
travail n'étant pas terminé. J'ai donné le cheminement
critique au député de Maisonneuve. Le dépôt de cette
loi n'aura lieu qu'au début de la reprise des travaux parlementaires,
à l'automne.
M. Roy: Est-ce que le ministre prévoit des commissions
parlementaires avant la reprise des travaux à l'automne?
M. Harvey Jonquière): J'ai répondu que non. Tous
ceux qui avaient des représentations à faire l'ont fait au
comité Riverin. S'il y en a d'autres qui ont des représentations
à faire, ils devraient le faire au ministre du Travail qui,
actuellement, est à quelques semaines du début du dernier
processus de consultation. La CCTM est l'endroit où siège la
dernière consultation officielle que nous aurons sur le projet de loi,
étant représentés à cette table, tous les
organismes susceptibles de nous faire des suggestions, moins, naturellement,
celui de l'Association des accidentés du travail qui a
déjà fait écoutez bien, le député de
Beauce-Sud des représentations au comité Riverin, qui sert
constamment au groupe de travail qui est en train de compléter
l'avant-projet.
M. Roy: Mais, c'est toujours le 1er janvier 1977 qui est la date
prévue par le ministère du travail pour l'application de la
nouvelle loi des accidents du travail?
M. Harvey (Jonquière): Cela dépend. Si vous voulez
me faire siéger entre Noël et le Jour de l'An sur cette loi, cela
se peut que cela aille après les Fêtes. Normalement, oui.
M. Roy: Normalement, le gouvernement a l'intention de faire en
sorte que cette loi soit votée avant...
M. Harvey (Jonquière): C'est annoncé pour la
session 1976.
M. Roy: II n'y a pas de changement là-dessus.
J'aurais une autre question à poser au ministre du Travail, au
sujet de la CAT. La dernière fois que la commission parlementaire du
travail et de la main-d'oeuvre avait siégé pour entendre les
dirigeants de la Commission des accidents du travail, la question du transfert
du Centre de réhabilitation n'était pas réglée.
Est-ce qu'il y a eu évolution de ce côté-là? Est-ce
que le ministre peut nous dire, ce matin, où cela en est rendu?
M. Harvey (Jonquière): Le ministère des Affaires
sociales n'avait pas encore payé le montant d'achat et...
M. Roy: On nous avait dit qu'il y avait encore des pourparlers,
que les transactions n'étaient pas complétées encore.
M. Harvey (Jonquière): Les contrats sont prêts, ce
n'est pas encore signé. Le ministère des Affaires sociales nous
avait demandé quelques semaines de délai. Le délai est
expiré et le président de a CAT m'a demandé, la semaine
dernière, d'intervenir avec lui, auprès de mon collègue
des Affaires sociales. Nous attendons l'ajournement de la session pour nous
rencontrer.
M. Roy: Mais actuellement, le centre est quand même
occupé par le ministère des Affaires sociales et
administré par...
M. Harvey (Jonquière): C'est cela, il reste $20 millions
à payer.
M. Roy: Et il ne le paie pas.
M. Harvey (Jonquière): Et ensuite signer le contrat.
M. Roy: C'est de l'argent que l'on doit, en quelque sorte,
à la Commission des accidents du travail comme telle?
M. Harvey (Jonquière): C'est un fait.
M. Roy: Et le ministère des Affaires sociales n'y a pas
donné suite?
M. Harvey (Jonquière): Les rrprésentants n'ont pas
versé le montant.
M. Roy: Ils n'ont pas versé le montant?
M. Harvey (Jonquière): Ils n'ont pas signé le
contrat.
M. Roy: Le contrat n'est pas signé. Le ministre n'est pas
capable de nous donner d'indication pour aller plus loin dans ce
domaine-là aujourd'hui?
M. Harvey (Jonquière): Non. J'ai parlé à mon
collègue des Affaires sociales et il m'a dit: La session va ajourner ses
travaux d'ici quelques semaines. On complétera alors ce dossier.
M. Roy: Nous avons appris...
M. Harvey (Jonquière): Je dois ajouter que cela fait
plusieurs fois que le président de la commission, suite à des
représentations qui lui sont faites, a demandé lui-même,
parce qu'il a une certaine autonomie, après plusieurs contacts... a
communiqué avec le ministère impliqué et s'est vu dans
l'obligation de m'écrire récemment, de communiquer avec moi, pour
me demander de bâcler ce dossier, définitivement, à la
demande d'employeurs et de syndicats, également, qui trouvaient normal
que le paiement n'ait pas été effectué.
M. Roy: Bon. Une autre question, M. le Président. Cela
concerne le coût que doit assumer la Commission des accidents du travail,
lorsque les accidentés sont hospitalisés. Nous avons appris, avec
énormément de surprise, lors de la dernière séance
de la commission, que la CAT a été obligée de
débourser 10% de plus je ne sais pas si le député
de Maisonneuve était au courant de cela que tous les autres
secteurs, toutes les autres catégories de malades ou de patients qui
sont hospitalisés, en vertu du régime d'assurance-hospitalisation
du Québec; 10% de plus. Est-ce qu'il y a eu des discussions avec le
ministère des Affaires sociales à ce sujet? Est-ce qu'on
prévoit corriger la situation? Parce qu'on n'a pas été
capable de nous dire pourquoi on exigeait 10% de plus.
M. Harvey (Jonquière): C'est à l'ordre du jour pour
la réunion avec M. Forget et ses sous-ministres, réunion
prévue dès l'ajournement de la session.
M. Roy: C'est encore à l'ordre du jour.
M. Harvey (Jonquière): Exactement, comme le
président vous avait répondu.
M. Roy: Oui, c'était à l'ordre du jour dans le
temps. C'est encore à l'ordre du jour. La rencontre n'a pas eu lieu?
M. Harvey (Jonquière): S'il y avait lieu, effectivement,
la commission aurait eu le paiement, par les Affaires sociales, du montant qui
lui était dû. Je vous dis, au moment où on se parle, que la
transaction n'a pas été complété. Ce point a fait
partie de la discussion pour l'acquisition des actifs, mais il reste cependant
que le député oublie que, depuis ce temps, ce sont des
employés du ministère des Affaires sociales, payés par les
Affaires sociales, qui sont dans les centres.
M. Roy: Oui, je sais, je ne l'oublie pas.
M. Harvey (Jonquière): Egalement, les dépenses
d'entretien et de fonctionnement de ces centres sont à la charge du
ministère des Affaires sociales.
M. Roy: Je ne l'oublie pas.
M. Harvey (Jonquière): C'est toute cette question. C'est
à cette réunion à laquelle j'assisterai ou mon
sous-ministre sera présent, si je n'ai pas le temps d'y aller, que se
terminera ou se complétera le dossier que vient de mentionner le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Parce que ces 10% ne sont pas seulement imposés
aux personnes qui sont hospitalisées dans le centre, qui était la
propriété et qui est encore la propriété de la
Commission des accidents du travail, mais dans tous les autres hôpitaux
du Québec. C'est partout; c'est général, ces 10%. J'avais
demandé les raisons particulières; pourquoi exiger 10% de plus?
On n'a jamais pu savoir pour quelle raison.
M. Harvey (Jonquière): Le président vous
répondra quand il viendra...
M. Roy: II ne le savait pas lui non plus, M. le Président.
Je demandais au ministre, ce matin, s'il est en mesure de nous donner des
indications, de nous donner des informations, parce qu'on sait très
bien, jusqu'ici ce n'est pas pour rien que je pose cette question
que la Commission des accidents du travail a une masse financière
qu'elle prend chez les employeurs.
On sait très bien qu'à l'intérieur de cela, on doit
aussi satisfaire les exigences au niveau des compensations qui sont
accordées pour les employés, les victimes des accidents du
travail. S'il y a plus de pression sur le fonds dont dispose la Commission des
accidents du travail pour ce qui a trait aux frais fixes ou aux frais premiers,
aux frais prioritaires, aux priorités dans ces déboursés,
il demeure que les accidentés et les victimes des accidents du travail
sont obligés d'attendre parfois et de se contenter de ce qu'on leur
donne. Ce n'est pas un secret et ce n'est pas du chinois non plus. Si la
Commission des accidents du travail débourse plus d'argent, elle est
obligée d'augmenter ses primes. On sait que les employeurs font
énormément de pressions, surtout les grosses compagnies, pour
qu'on n'augmente pas les primes qu'elles sont obligées de payer pour
alimenter le réservoir requis par la Commission des accidents du
travail.
M. Harvey (Jonquière): Quand la commission a eu à
augmenter ses primes, elle l'a fait. Les tractations ou les explications... La
transaction, d'ailleurs, a eu lieu, comme vous le savez, bien avant que je sois
titulaire du ministère du Travail. Moi, j'ai eu le problème
suivant: Quelques mois après mon arrivée au ministère, le
président de la CAT, plus précisément au mois de janvier,
m'a fait part de son inquiétude devant le non-versement du montant
d'environ $20 millions. A sa demande, j'ai entrepris une démarche par
écrit. Il est revenu à la charge en me disant que la transaction
n'avait pas été complétée, que le paiement n'avait
pas été reçu et, en même temps, qu'il voulait
discuter de nouveau des arguments qui avaient été
présentés concernant la charge additionnelle.
Au sujet de cette rencontre, mon collègue, M. Forget, m'a dit
qu'immédiatement après la session, nous aurons plus de temps
qu'on en dispose au moment où on se parle, avec la motion que nous avons
devant nous, pour terminer le travail législatif d'ici quelques
semaines. Alors, la rencontre va avoir lieu. J'ai l'intention d'y assister. Si,
parfois, pour des raisons exceptionnelles, je ne pouvais pas y aller, il y aura
certainement un de mes collaborateurs immédiats qui sera présent
à cette rencontre.
M. Roy: C'est à l'ordre du jour, comme disait le ministre
tout à l'heure?
M. Harvey (Jonquière): A la demande du président de
la CAT, non pas à ma demande, ni à la demande du
député de Beauce. Vous lui avez posé une question et il
vous a dit qu'il ne pouvait pas vous donner une réponse, parce que la
transaction n'était pas complétée et qu'il avait
l'intention également d'avoir de nouveaux pourparlers là-dessus.
Cela a été la réponse du président. Cette rencontre
va avoir lieu dans quelques semaines. Alors, je ne peux pas vous donner les
détails sur des choses que je connais à peine. C'est un dossier
que je connais très mal. Je connais le montant qui est dû, parce
que le président m'a demandé de faire une intervention pour le
paiement de ce montant et la signature du contrat. Il a à son ordre du
jour un article également pour rediscuter le problème que vous
avez soulevé, la charge additionnelle pour les accidentés du
travail.
M. Roy: D'accord!
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'il y a eu une
entente sur l'ajournement ou la suspension?
M. Burns: Si le ministre est d'accord, je suggérerais 12 h
30.
M. Harvey (Jonquière): D'accord.
M. Burns: Je pense que, cet après-midi...
M. Harvey (Jonquière): Ce n'est pas la
dernière...
Le Président (M. Séguin): La commission ajourne
sine die.
M. Burns: L'ordre va venir de la Chambre.
Le Président (M. Séguin): Un ordre viendra de la
Chambre.
(Suspension de la séance à 12 h 32)