Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente des transports,
des travaux publics et de l'approvisionnement
Etude du règlement no 12 concernant le
transport en vrac
Séance du jeudi 26 juin 1975
(Douze heures quatre minutes)
M. Brisson (président de la commission des transports, des
travaux publics et de l'approvisionnement): A l'ordre, messieurs!
Nous regrettons d'être un peu en retard, mais à cause de la
période des questions à l'Assemblée nationale et des
divers dépôts de documents, nous avons dû retarder le
commencement de la séance de la commission.
Evidemment, la commission des transports, des travaux publics et de
l'approvisionnement est réunie afin d'entendre les mémoires
soumis par les associations de transport en vrac. Ces associations seront
entendues dans l'ordre suivant: premièrement, vous aurez l'Association
québécoise des entrepreneurs camionneurs en vrac Inc.,
représentée par Me Saint-Hilaire, qui est son procureur;
deuxièmement, l'Association coopérative des camionneurs de la
Côte-Nord, qui a Me Alain Bilodeau comme procureur; troisièmement,
l'Association du camionnage du Québec Inc., représentée
par M. Serge L. Coulombe, assistant au vice-président exécutif;
quatrièmement, l'Association des industries forestières du
Québec; M. Wilfrid Turcotte, secrétaire, la représentera;
cinquièmement, le Conseil de la coopération du Québec; M.
Gilles Arès, directeur général, le représentera;
sixièmement, l'Association des entrepreneurs en vrac de Québec;
Me Paul Routhier, procureur, la représentera; septièmement, le
Bureau des tarifs du Québec; M. Gaston Pelletier le représentera;
huitièmement, l'Association nationale des camionneurs artisans Inc.; Me
Robert Cardinal la représentera.
Ces associations ont soumis des mémoires. Lorsque nous les
appellerons, je demanderais à leur représentant de faire un
sommaire de leur mémoire. Elles ont à leur disposition un maximum
de vingt minutes pour se faire entendre. Après, les membres de la
commission poseront des questions. Est-ce que l'honorable ministre voudrait
adresser la parole?
Remarques préliminaires
M. Mailloux: M. le Président, tout en souhaitant la
bienvenue à tous ceux qui ont daigné venir rencontrer les membres
de la commission pour exprimer leur point de vue, avant que la première
modification profonde soit apportée au règlement no 12, je
voudrais, à l'instar de celui qui m'a précédé, nous
excuser pour les retards occasionnés ce matin par l'ouverture de la
séance de la Chambre, qui a été plus longue que
prévu.
La raison de la demande que fait le président de la commission
d'abréger autant que faire se peut la présentation des
mémoires, c'est pour répondre au désir que les membres de
la commission auraient d'entendre toutes les parties qui veulent bien se faire
entendre. Il est indiscutable qu'en discutant avec l'Opposition officielle et
le président, on pourrait siéger jusqu'à une heure, quitte
à reprendre à trois heures, jusque vers six heures. On pourrait
siéger en soirée, autant que faire se peut, pour permettre
à tout le monde de se faire entendre.
Les membres de la commission espèrent qu'avant la fin de la
soirée il sera possible d'avoir entendu tous et chacun. S'il fallait,
par hasard, que l'on ne termine pas en soirée, il serait difficile de
rappeler la commission avant plusieurs jours, étant donné qu'on
annonce, éventuellement, la fin de la session pour demain. J'aimerais
qu'on fasse le nécessaire pour tâcher d'aborder les points de vue
que vous désirez soulever.
Les membres de la commission écouteront surtout les
doléances que vous désirez apporter, et, par la suite, on passera
aux questions pertinentes que voudront poser les membres de la commission, mais
ils le feront à tour de rôle.
C'est le seul commentaire que j'avais à l'ouverture de cette
commission, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, au nom de
l'Opposition officielle, je voudrais également souhaiter la bienvenue
à tous les groupes qui ont exprimé l'intention de se faire
entendre au niveau de cette commission. Nous avons eu l'occasion d'avoir, de la
part du ministère, un document explicitant, d'une façon assez
élaborée, l'évolution du camionnage en vrac depuis I965,
les objectifs qui étaient visés par le règlement no 12, de
même qu'un résumé du contenu de ce règlement, ainsi
qu'un document qui explicitait le rôle de la Commission des transports
avec une description sommaire des transporteurs en vrac.
Je tiens à féliciter le ministre, quand même, et le
ministère d'avoir mis à notre disposition cet instrument. Je
crois, M. le Président, qu'il n'est pas nécessaire
d'épiloguer longtemps, de discuter longuement pour reconnaître
jusqu'à quel point l'industrie du camionnage en vrac en est une de toute
première importance au Québec, puisque non seulement cette
industrie compte, d'une façon particulière, quand on parle de la
vie économique du Québec, mais, également, concerne des
milliers de travailleurs, de camionneurs. Nous avons eu, M. le
Président, l'occasion d'intervenir le ministre le sait
à plusieurs reprises sur ce règlement contesté d'une
façon tout à fait spéciale, que ce lors de la
période de questions au ministre des Transports ou, également,
lors de l'étude des crédits, ou encore avec des groupes
intéressés dans ce domaine. Nous avons essayé, M. le
Président, de nous faire l'écho le plus fidèle possible de
certaines revendications qui nous avaient été signalées
par certains groupes, d'ail-
leurs, qui ont exprimé le désir de se faire entendre
aujourd'hui.
Je crois que, puisque nous en sommes au stade de la commission
parlementaire qui a pour but d'entendre les intéressés, la
décence et l'efficacité nous indiquent d'écouter, pour le
moment, les mémoires qui seront présentés. Par la suite,
l'Opposition peut assurer les différents groupes je sais que le
ministre les écoutera attentivement puisque c'est son travail,
qu'elle fera tout son possible pour intervenir en vue d'obtenir du gouvernement
des lois qui répondent à leurs besoins et qui soient de nature
à résoudre le plus équitablement possible les
problèmes qu'ils ont à affronter dans leur travail.
C'est ce que nous avions à dire au début de cette
commission parlementaire.
Le Président (M. Brisson): Avant de commencer l'audition
des témoins, j'aimerais dire que M. Lapointe (Laurentides-Labelle)
remplace M. Sain-don (Argenteuil). On m'a également
suggéré de le nommer comme rapporteur de cette commission.
Etes-vous d'accord? Accepté?
M. Bédard (Montmorency): Adopté.
Le Président (M. Brisson): J'ai reçu un
télégramme également. "Sommes invités à
participer à la commission parlementaire sur les transports 26 juin
1975. Regrettons ne pouvoir dû à tenue assemblée annuelle
fédération à Chicoutimi les 25 et 26 juin. Stop.
Mémoire remis à M. Gérard Frigon, président
comité spécial sur problème transport fin mai 1975,
constitue notre position que nous maintenons. Stop. Henri-Paul Gagnon,
président. Fédération producteurs de bois."
Donc, j'appellerais la Fédération des associations
québécoises des entrepreneurs camionneurs en vrac de
Québec; Me Saint-Hilaire, procureur.
Fédération des associations
québécoises
des entrepreneurs camionneurs en vrac
de Québec
M. Saint-Hilaire (Michel): M. le Président, M. le
ministre, messieurs les membres de la commission, notre intention en venant ici
présenter ce mémoire n'est pas de repasser en détail les
différentes dispositions du règlement no 12 promulgué en
vertu de la Loi des transports, mais plutôt d'essayer de donner notre
opinion concernant les tensions ou les désordres existant après
cette première expérience de réglementation sur le
camionnage en vrac.
En effet, au mois d'octobre, des consultations ont eu lieu au niveau du
ministère des Transports entre les hauts fonctionnaires du
ministère et les transporteurs, consultations qui ont duré
plusieurs jours durant lesquels la fédération a fait les
représentations appropriées en ce qui a trait aux modifications
détaillées de tel règlement.
Nous voudrions ici plutôt faire connaître notre opinion en
ce qui a trait au principe de base du règlement du camionnage en vrac et
essayer d'éclairer cet aspect de la politique gouvernementale en tant
qu'utilisateurs des services de transports en regard de ces mêmes
principes de base. Le règlement no 12 a institué un
contrôle sur les transporteurs en vrac. Notre fédération
est d'accord sur un tel contrôle, surtout que ce contrôle se fait
par unité, système approprié au transport en vrac,
système qui permet la répartition de la flotte d'une façon
économique qui s'ajuste aux besoins existants. Même si les
transporteurs généraux prétendent pouvoir continuer
à détenir des permis de vrac sans contrôle d'unité,
nous ne croyons pas, dans le domaine du vrac du moins, que ce soit la meilleure
solution. En effet, si des malaises sont ressentis dans le transport
général, cela proviendrait peut-être du fait qu'un trop
grand nombre d'unités possédées par les détenteurs
de permis général quant au nombre de camions qu'ils peuvent
utiliser parcourent les routes trop souvent inutilement. Si une des politiques
gouvernementales est l'utilisation maximale de la flotte existante en
matière de vrac, nous croyons que ce but peut être justement
atteint par le contrôle du nombre d'unités mises en
circulation.
Le deuxième principe décrété par le
règlement no 12 est la division en deux classes des camionneurs, soit la
classe des camionneurs artisans et la classe des camionneurs entrepreneurs.
Nous continuons à être d'opinion que cette division des
camionneurs en deux classes, soit celle des camionneurs qui n'ont qu'un seul
camion qu'ils conduisent, et celle des autres camionneurs, si elle a pu avoir
une justification dans le passé, est devenue aujourd'hui tout à
fait arbitraire et dépassée. En effet, nous ne croyons pas qu'en
ce faisant on ait séparé les gros des petits, car la moyenne des
camions possédés par les entrepreneurs s'élève
à un peu plus de deux. Il est difficile de dire qu'un camionneur qui a
deux camions soit gros, comparativement à l'autre camionneur qui n'en a
qu'un. Les revenus annuels des deux catégories de transporteurs le
démontrent clairement.
Cette division artificielle ne peut entraîner que des situations
hypocrites; par exemple, un camionneur artisan fait posséder un
deuxième camion par son épouse qui, elle, est entrepreneur,
situation, où un camionneur artisan a toujours un certificat
médical en poche pour ne pas conduire son camion, situation où un
camionneur artisan se sert de son gendre comme prête-nom; de la sorte,
tout le monde est reconnu comme artisan par la commission et peut
posséder quand même plusieurs camions.
Cette division est tellement irréaliste qu'on finira par
créer une classe de camionneurs artisans qui sera totalement
artificielle. Il est difficile de concevoir qu'une loi vienne limiter la
volonté d'expansion d'un camionneur, vienne le river à son volant
et vienne l'astreindre, pour le reste de ses jours, a conduire un camion, sans
qu'une telle loi ne soit contournée par la grande majorité.
De toute façon, le contrôle et la mise en application d'un
tel règlement concernant le statut d'ar-
tisan sont à peu près impossibles. Tel règlement
concernant le statut de camionneur artisan sera inapplicable et
inappliqué. Nous croyons donc que les camionneurs, quel que soit le
nombre de camions qu'ils possèdent, qu'ils les conduisent ou non,
doivent vivre et travailler ensemble. Les autorités du ministère
nous ont souvent répété que la division des camionneurs
était nécessaire pour empêcher l'exercice d'un
monopole.
Il faudrait peut-être regarder quelles seraient les
conséquences pratiques de l'existence d'une seule classe de camionneurs
au sein des régions, avant de parler de monopole. Ce n'est pas parce
qu'il n'y aurait qu'une classe de camionneurs que les prix pourraient
être différents, quant au coût de transport, car, dans ce
domaine, ni le camionneur, ni le gouvernement, ni l'utilisateur ne viennent
fixer les prix. Le tout dépend uniquement des ordonnances de la
Commission des transports.
Il nous semble donc qu'avant de diviser artificiellement les camionneurs
l'expérience devrait être tentée de n'avoir qu'une seule
classe de camionneurs qui vivraient et travailleraient ensemble. Il nous semble
que cette expérience devrait être tentée, avant celle
où on les divise de façon arbitraire, afin qu'ils puissent se
battre entre eux.
Une fois cette réunification faite, nous croyons que les postes
d'affectation deviendraient l'organisme qui pourrait fort bien voir à ce
que la paix règne entre les camionneurs et voir à ce que chaque
unité ait un revenu similaire dans une région donnée.
A compter de ce moment, tous les utilisateurs, y inclus les services
gouvernementaux, n'auraient plus à perdre de temps ou à craindre
que des conflits entre les deux groupes se fassent sur leur dos. Il va sans
dire qu'étant donné les énoncés
précédents la fédération approuve pleinement
l'existence des postes d'affectation et le rôle que le gouvernement veut
leur faire jouer. Les postes d'affectation répondent à la fois
aux besoins des camionneurs et à la volonté gouvernementale
d'éliminer le courtage en matière de transport en vrac, et
d'appliquer une saine politique de retombées économiques
régionales des travaux, où le transport en vrac a un rôle
à jouer.
En ce qui a trait au règlement no 12, la fédération
est donc d'accord sur deux des trois principes de base qui ont servi à
élaborer telle législation, soit le contrôle du transport
au moyen du permis par unité et l'élaboration de postes
d'affectation.
Quant au dernier principe de base régissant le règlement
no 12, à savoir la division des camionneurs, la fédération
ne peut être logiquement en sa faveur. Toutefois, si la volonté
gouvernementale voulait continuer à diviser les camionneurs, nous
croyons que cette division devrait venir des camionneurs eux-mêmes,
à partir de différentes méthodes de fonctionnement des
postes d'affectation, de différentes méthodes d'embauche, etc.,
et non à partir d'un nombre de camions possédés et
conduits. Il pourrait même, dans ce cas, y avoir plusieurs postes
d'affectation dans une même région. Si telle division devait
continuer à exister, nous soumettons que le gouvernement lui-même,
en tant qu'utilisateur, devrait respecter cette division dans l'attribution du
volume de transport en vrac qu'il fait exécuter, ce qui nous
amène à parler de la fameuse clause 75-25.
Si, de nos jours, la réglementation du camionnage en vrac a
donné naissance à des conflits, à des déclarations
de toutes sortes, à des arrêts de chantier, nous ne croyons pas
que la cause du conflit soit le règlement no 12 lui-même. La cause
de ces conflits provient, tout d'abord, de cette artificialité de la
division des camionneurs en deux classes et, deuxièmement, de la
politique administrative du gouvernement à favoriser un groupe plus que
l'autre.
Ce serait de jouer à l'autruche que de se cacher que le
gouvernement de la province de Québec demeure un utilisateur majeur des
services de camionnage en vrac. Le gouvernement, en tant que
législateur, a divisé les camionneurs en deux groupes. Le
gouvernement, en tant qu'utilisateur, a confié la presque
totalité de son volume de transport en vrac à un seul groupe. Le
gouvernement, dans sa légisation, ordonne aux directeurs de postes
d'affectation de traiter les camionneurs de façon équitable; le
gouvernement, en tant qu'utilisateur, les traite d'une façon
inéquitable. En effet, il faut souligner ici que les contrats de voirie
comportent des clauses où le transport de matériel à
être fait par les camionneurs en vrac au-dessus de la ligne
d'infrastructure, ce qui veut dire, dans les faits, le beau transport, le
transport payant, doit être confié aux camionneurs artisans. En
conséquence, le camionneur entrepreneur a pour tout partage les travaux
moins rentables, se voit éliminé du volume courant accordé
par le gouvernement aux camionneurs et ne joue qu'un rôle de bouche-trou
s'il arrive que les artisans ne peuvent satisfaire à la demande,
à cause de leur flotte réduite.
Lorsque le travail sale, moins payant, est terminé, c'est
l'artisan qui vient reprendre ses droits en vertu de la clause 75-25 ou en
vertu de directives administratives du gouvernement et chasse le camionneur
entrepreneur des travaux qu'il a commencés.
Le gouvernement a voulu légiférer en créant deux
classes de camionneurs. Puis, avec une politique administrative très
précise, on élimine graduellement le transporteur
entrepreneur.
Se voyant ainsi traité injustement, nul doute que le camionneur
entrepreneur, qui paie les mêmes taxes, les mêmes permis, mais n'a
pas le droit de partager le volume du transport gouvernemental, désire
se battre pour acquérir les mêmes droits que le camionneur
artisan.
Le fait pratique de cette politique administrative est aussi d'inciter
les camionneurs à ne pas respecter la loi et les règlements
actuels en se faisant passer pour des artisans alors qu'ils ne le sont pas.
En conséquence, nous croyons qu'il est inutile de penser qu'on
peut régler les problèmes du camionnage en vrac en modifiant le
règlement no 12, si la politique gouvernementale au même sujet
n'est pas, elle aussi, modifiée.
Si le gouvernement veut créer deux classes de camionneurs, il
nous semble logique qu'il divise le volume découlant de ses
opérations entre les deux groupes. Une fois cette politique
adoptée, nous croyons que l'attribution du volume gouvernemental aux
deux postes d'affectation de chaque région, proportionnellement au
nombre d'unités appartenant à chaque poste d'affectation, serait
ici la solution qui donnerait justice à tous les camionneurs et qui
permettrait, du même coup, la viabilité de ces postes
d'affectation.
En effet, notre fédération ne prône pas une
appartenance obligatoire du camionneur aux postes d'affectation. Mais, si le
volume gouvernemental est accordé aux postes d'affectation, il
s'ensuivra une incitation pour le camionneur d'y appartenir. On assurerait,
ainsi, du même coup, l'exis-tance de deux postes d'affectation stables,
concurrentiels pour chaque région, et on donnerait satisfaction à
tous les camionneurs.
Chaque directeur de poste d'affectation redistribuerait ce volume de
façon équitable, conformément aux prescriptions du
règlement no 12.
Enfin, nous ne voudrions pas terminer sans souligner l'insatisfaction du
camionneur, en général, du mode de fonctionnement de la
Commission des transports.
Le règlement no 2 touchant la procédure devant la
Commission des transports est amendé et réamendé à
un rythme effarant. Il se passe difficilement un mois sans qu'il y ait de
nouveaux amendements.
On complique la procédure. On la rend inintelligible, de telle
sorte qu'il est devenu plus difficile de se présenter devant la
Commission des transports que de se présenter devant la cour Provinciale
et devant la cour Supérieure.
La Commission des transports, qui doit être un tribunal de
commerce, se doit d'agir de façon simple et rapide pour ses
administrés. Nous soumettons que l'on devrait simplifier la
procédure, la rendre moins coûteuse et plus rapide. Voilà
donc, M. le Président, M. le ministre et MM. les membres de la
commission, les remarques que nous avions à faire devant vous.
Le Président (M. Brisson): Je vous remercie, Me
Saint-Hilaire. Est-ce que les membres auraient des questions à poser?
L'honorable ministre? M. Bédard, député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): J'aurais une première
question concernant la fin de votre rapport, qui regarde le mode de
fonctionnement de la Commission des transports. M. le Président, nous
avons été à même de constater, par les plaintes que
nous recevons constamment de camionneurs ou de personnes qui veulent obtenir
des permis, jusqu'à quel point la procédure est devenue
compliquée, jusqu'à quel point c'est très difficile; cela
prend un temps vraiment trop long à la Commission des transports, pour
prendre certaines décisions. Le fait que cela implique des délais
très longs peut amener des désagréments ayant des
implications financières assez importantes pour les camionneurs ou pour
ceux qui font la demande de permis.
Je comprends que vous n'avez pas détaillé cette
dernière partie où vous soulignez l'insatisfaction des
camionneurs en général vis-à-vis du mode de fonctionnement
de la Commission des transports. Je voudrais simplement vous demander si vous
pourriez préciser un peu les difficultés qui surgissent au niveau
de la Commission des transports et peut-être, si c'est possible,
énoncer quelques suggestions. Vous en avez énoncé, entre
autres, pour simplifier la procédure. Mais pourriez-vous préciser
votre idée sur ce point?
M. Saint-Hilaire (Michel): Ce serait assez long parce que le
règlement no 2 est assez épais par lui-même. On a tout un
système de publication, d'oppositions, de délais, de telle sorte
que la moindre procédure entraîne un délai par
elle-même. On ne peut pas avoir de décision rapide. De plus, il
arrive qu'avec tout le système de publication qu'on a, c'est devenu
très dispendieux au moindre geste qu'on veut faire devant la commission.
Très souvent, on arrive pour poser un acte ou un geste, et la question
qu'on se pose est: Est-ce que la commission a juridiction ou si elle ne l'a
pas? Bien souvent, on se réfère à la loi. Il ne semble pas
y avoir concordance, parfois, entre la loi et le règlement no 2
lui-même.
C'est à réviser. Il est impossible, ce matin, d'arriver et
de vous dire que le règlement no 2 concernant la procédure
devrait être fait de telle façon. Mais je pense qu'on a
été au-delà du code de procédure. C'est plus
compliqué que le code de procédure civile de fonctionner à
même le règlement no 2.
Ma première suggestion serait peut-être de suivre un
processus parallèle au code de procédure pour en arriver à
une vitesse plus grande des procédures devant la Commission des
transports.
M. Bédard (Chicoutimi): II n'y a pas tellement longtemps,
des amendements ont été apportés. Est-ce que cela a permis
un peu d'accélérer le processus?
M. Saint-Hilaire (Michel): II y a des amendements qui ont
été apportés, qui ont eu pour effet de compliquer encore
plus la procédure.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela a compliqué.
M. Saint-Hilaire (Michel): Je ne le sais pas. Je ne les suis pas.
C'est impossible de suivre, il y en a tellement souvent. Je ne sais pas
à quelle lettre on est rendu, même si le règlement vient
d'être refondu; on a encore recommencé. Je ne suis pas assez au
courant des derniers détails pour expliciter longuement
là-dessus.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous dites, à la page 3 de
votre mémoire, que la division artificielle, qui contribue à
faire deux classes de camionneurs, entraîne des situations hypocrites et
vous explicitez certaines situations qui se rencontrent.
Etes-vous en mesure de nous dire si ces situations sont nombreuses?
M. Saint-Hilaire (Michel): Oui, surtout que vous aviez une
période où vous pouviez changer de statut, entre le 1er mars et
le 31 mars 1975. Antérieurement au 15 avril 1975, un artisan pouvait
posséder plus d'un camion. Cette année, s'il voulait garder le
statut d'artisan, il devait s'en départir. On a vu de ces transferts qui
se sont faits dans la famille, comme je le dis, à l'épouse ou des
choses du genre. Pourquoi? Pour garder le statut d'artisan, pour profiter du
volume gouvernemental. Quand on n'a pas assez d'artisans dans une région
donnée pour remplir les contrats du gouvernement, il arrive qu'on prenne
des entrepreneurs, qu'on les fasse payer à l'Association des artisans
pour qu'ils remplissent les contrats du gouvernement, contrôlés
par l'Association des artisans. Ce sont des situations fausses qui se
répètent à l'infini, comme celles-là, qui
découlent de cette division des camionneurs.
M. Bédard (Chicoutimi): A la page 5 de votre
mémoire, vous parlez du danger sans cesse présent de conflits qui
se développent entre les deux classes de camionneurs.
M. Saint-Hilaire (Michel): Au fond, il n'y aurait pas de conflit
fondamental entre eux, si ce n'est que, lorsque arrive l'exécution d'un
contrat gouvernemental dans une région donnée, vous avez des
camionneurs locaux, qui appartiennent aux deux classes, qui voudraient y
participer. Mais, vu que cela appartient à une classe donnée, on
va faire venir des camionneurs de la classe donnée d'autres
régions ou dans la même région, mais de distance
éloignée et ceux qui sont stationnés à
côté du contrat ne pourront pas y participer.
Ce sont ces situations qui, à un moment donné,
s'enveniment et font qu'il y a des conflits. Les fonctionnaires du
ministère peuvent le dire, ils doivent en régler chaque
année.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président,
peut-être une dernière question. On aura l'occasion de revenir sur
d'autres éléments de votre mémoire.
Vous mentionnez, à la page 6, d'une façon tout à
fait directe, le favoritisme qui peut exister, à l'heure actuelle, en
faveur d'un groupe par rapport à l'autre groupe de camionneurs.
M. Saint-Hilaire (Michel): Je ne veux pas qualifier cela de
favoritisme.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous parlez de favoritisme
gouvernemental. Vous dites que la politique administrative du gouvernement tend
à favoriser un groupe par rapport à un autre. Est-ce que vous
pourriez expliciter?
M. Saint-Hilaire (Michel): Oui. S'il faut faire l'histoire de
cette fameuse clause, il faudrait remonter à la fameuse cédule
des justes salaires qui avait existé avant que soit établi le
règlement no 12 pour qu'il y ait des retombées économiques
régionales et pour éviter, par exemple, qu'un entrepreneur de
Montréal ne prenne 100 camions de Montréal et aille remplir un
contrat à Chicoutimi.
On disait: On vous oblige dans votre contrat à utiliser des
transporteurs régionaux. Ceci s'est développé. Lorsque
l'application du règlement no 12 a été faite, on a pris
cette clause 75-25 qui existait dans les contrats sous la cédule et on a
dit: On donne cette clause aux artisans. A l'époque, les artisans
représentaient le petit camionneur local. On a restreint le statut
d'artisan à un camion, aujourd'hui. Si on parle d'il y a dix ans ou
quinze ans, un petit camion ne représentait pas un élément
important et économique aussi fort qu'aujourd'hui, parce que si,
aujourd'hui, vous avez un camion dont la valeur varie de $25,000 à
$40,000 ou à $50,000, on tombe dans une autre classe de gens. Ce n'est
plus le simple travailleur qui a un petit camion, mais cela devient un homme
d'affaires et on dit: Si vous voulez profiter du volume gouvernemental, on vous
oblige à n'avoir qu'un camion et à le conduire. C'est un groupe.
L'autre groupe est formé de ceux qui ne veulent pas le conduire ou qui
veulent avoir plus d'un camion; eux n'ont pas droit au volume gouvernemental.
Alors, c'est tout à fait artificiel et arbitraire. Si je veux faire du
transport en vrac suivant les contrats gouvernementaux... Ceci ne s'applique
pas seulement pour les contrats de construction. On donne des directives
similaires aux ingénieurs divisionnaires de la voirie,
c'est-à-dire de n'employer que des artisans pour location de camions ou
travaux de réfection ou d'entretien. Alors, si vous voulez participer au
volume gouvernemental, vous êtes obligé de conduire votre camion,
de n'en avoir qu'un seul.
Peut-on imaginer qu'un camionneur, toute sa vie, pour pouvoir participer
au volume gouvernemental, devra se river à son volant, comme je l'ai
dit, et rester là le reste de ses jours.
C'est là-dessus qu'on en est. Le type qui a deux ou trois camions
n'est pas pire que celui qui en a un. Celui qui en a un et qui ne veut pas le
conduire n'est pas pire que celui qui en a deux et qui en fait conduire un.
Si cette distinction découlait d'une situation donnée en
vertu de la cédule des justes salaires, aujourd'hui, cela perd son
sens.
On ne peut pas imaginer qu'un type investisse $40,000 et qu'il dise:
C'est cela et pas autre chose.
M. Giasson: Même si c'est vraiment son choix personnel de
camionneur?
M. Saint-Hilaire (Michel): Même si c'était son choix
personnel, cela devrait-il priver celui qui en a deux de participer au
même volume gouvernemental? C'est la question que je veux poser.
M. Bédard (Chicoutimi): Croyez-vous que la situation ait
évolué...
M. Saint-Hilaire (Michel): Oui...
M. Bédard (Chicoutimi): ... à un point tel...
M. Saint-Hilaire (Michel): ... et elle va continuer à
évoluer.
M. Bédard (Chicoutimi): ... que les deux classes de
camionneurs ne seraient plus nécessaires, alors que, peut-être, il
y a quelques années...
M. Saint-Hilaire (Michel): Cela a existé historiquement,
mais aujourd'hui...
M. Bédard (Chicoutimi): ... cette situation...
M. Saint-Hilaire (Michel): ... une seule classe de camionneurs
doivent travailler et vivre ensemble.
Le Président (M. Brisson): Je désirerais faire part
à la commission des changements suivants comme membres de la commission:
M. Roy (Beauce-Sud) remplace M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Carpentier
(Laviolette) remplace M. Saint-Hilaire (Rimouski).
M. Bédard de Montmorency a des questions à poser.
M. Bédard (Montmorency): Me Saint-Hilaire, combien
d'associations groupez-vous dans votre fédération?
M. Saint-Hilaire (Michel): Ce matin, nous représentons
huit régions. Les deux autres régions sont ici présentes.
Celles qui ne sont pas représentées par nous sont celle de la
Côte-Nord, la région 9, et celle de Québec, la
région 3.
M. Bédard (Montmorency): Combien de membres avez-vous dans
votre fédération ou dans vos associations?
M. Saint-Hilaire (Michel): Parlez-vous pour les dix
régions ou les huit régions?
M. Bédard (Montmorency): Les dix régions.
M. Saint-Hilaire (Michel): Cela peut fluctuer autour de 2,000
membres, M. Bédard.
M. Bédard (Montmorency): Ces membres ne sont pas
nécessairement uniquement membres de votre association ou de votre
fédération; ils peuvent aussi être membres d'une autre
association de camionneurs.
M. Saint-Hilaire (Michel): S'ils n'ont qu'un camion, oui. Depuis
le 15 avril, si vous avez plus d'un camion ou si vous avez un camion que vous
ne conduisez pas, vous ne pouvez pas être artisan.
Le Président (M. Brisson): L'honorable ministre.
M. Mailloux: Si on me le permet, ce n'est pas parce que je
voudrais laisser l'impression à M. Saint-Hilaire que le mémoire
ne m'intéresse pas, mais, s'il fallait que le ministre des Transports
pose des questions qui donnent un peu l'intention gouvernementale à
chaque mémoire qui va être présenté, je
préférerais entendre les mémoires. On a demandé
à chacune des associations de se présenter ici pour faire
connaître aux membres de la commission les doléances que chacun
avait à soumettre. Je voudrais cependant garder pleine liberté
d'action et entendre toutes les parties au moins avant de poser quelques
questions, si je le juge à propos, à la fin. Cette abstention ne
devra pas être considérée comme un refus de faire
expliciter davantage un mémoire dont j'ai d'ailleurs pris connaissance
et que j'ai étudié avec mes fonctionnaires. C'est pour
éviter de donner des décisions avant que tout le monde ait fait
connaître sa position. Ce sera la principale raison de mon abstention
après la lecture de chacun des mémoires.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'aimerais poser des questions
additionnelles à la suite des questions de M. Bédard, de
Montmorency. Vous venez de déclarer qu'il y a quelque 2,000 membres dans
votre association. Possédez-vous des statistiques sur le nombre de
membres qui possèdent un camion, sur le nombre de membres qui en
possèdent deux, sur le nombre de membres qui en possèdent trois,
etc.?
M. Saint-Hilaire (Michel): Les premiers relevés ont
été faits après que la période permise pour le
dépôt des requêtes pour l'obtention de permis a
été écoulée. Nous sommes allés à la
Commission des transports et nous avons relevé les demandes. Comme la
commission n'a pas jugé toutes les requêtes pour l'obtention de
permis, ce n'est pas possible; il y a des demandes en suspens, il y en a
d'accordées, il y en a de rejetées. A ce moment-ci, je ne peux
vous en parler. La seule chose que je peux vous dire concernant les demandes
déposées cela ne veut pas dire qu'elles vont être
toutes accordées ou qu'elles vont être toutes rejetées
c'est qu'à l'époque il y avait dans la province de
Québec, une flotte de 15,000 camions en vrac approximativement. De ce
montant, 11,000 camions appartenaient à la classe d'entrepreneurs et
approximativement 4,000 à 5,000 aux artisans. C'est le mieux que je peux
faire.
M. Roy: Ceci veut dire qu'il y en aurait environ 11,000 qui
seraient la propriété...
M. Saint-Hilaire (Michel): Comme vous avez une moyenne un peu
supérieure à deux pour les entrepreneurs, vous avez à peu
près un nombre équivalent d'entrepreneurs et d'artisans.
M. Roy: Voulez-vous me donner un peu plus d'explications
là-dessus?
M. Saint-Hilaire (Michel): Si vous avez 4,000 à 5,000
artisans et 4,000 à 5,000 entrepreneurs, mais
que vous avez une moyenne un peu supérieure a deux camions
possédés par entrepreneur, vous allez arriver à un peu
plus de 10,000 camionneurs entrepreneurs et à 4,000 à 5,000
camionneurs artisans.
M. Roy: Cela, c'est à l'heure actuelle?
M. Saint-Hilaire (Michel): Au moment du dépôt des
requêtes. A l'heure actuelle, je n'ai pas de chiffres à vous
fournir.
M. Roy: Au moment du dépôt des requêtes.
Pourriez-vous me dire si des requêtes ont été faites pour
toutes les unités qui sont possédées par les membres de
votre association?
M. Saint-Hilaire (Michel): Non. Il y a certains camionneurs pour
qui il y avait une date limite au 31 décembre I973. Cette date limite
imposait comme obligation d'avoir possédé le camion avant le 14
avril I972. Certains camionneurs n'ont pas déposé leur demande au
31 décembre I973. Dans les modifications que nous avions
discutées lorsque nous avons été consultés par le
ministère des Transports, en octobre 1974, il y avait une modification
au règlement no 2 qui permettrait, si le texte est approuvé tel
que modifié, aux camionneurs qui n'ont pas déposé leur
requête avant le 31 décembre I973, mais qui avaient un camion
avant le 26 juillet, date de la publication de l'arrêté en
conseil, de pouvoir obtenir un permis aussi. Qu'est-ce que cela
représente au juste? Je l'ignore, mais je peux vous dire que, dans
chaque région, il y a des cas similaires.
M. Roy: Au moment où une personne signe son
adhésion et fait partie de votre association, votre association
exige-t-elle qu'elle fournisse la liste des unités qu'elle
possède? A la suite de ces listes d'unités que les camionneurs
doivent fournir, votre association a-t-elle fait des statistiques à ce
sujet?
M. Saint-Hilaire (Michel): Les statistiques de l'association
suivent nécessairement les statistiques des requêtes qui avaient
été déposées, c'est-à-dire qu'on conserve
à peu près la même moyenne de camions par membre.
M. Roy: Je ne cherche pas à vous prendre en défaut.
Je voudrais bien comprendre et je veux être bien clair là-dessus.
Je ne cherche pas du tout à vous prendre en défaut, mais vous
nous avez également dit qu'il y avait un nombre de camionneurs qui
n'avaient pas fait leur demande aux dates prévues et qu'ils pouvaient
posséder des unités pour lesquelles ils n'avaient pas
effectivement fait de demande de permis.
Je pense que tous les membres de la commission sont
intéressés à avoir un peu de statistiques
là-dessus. Nous aimerions savoir au juste c'est ce qui
m'intéresse, en définitive combien de membres vous avez et
combien cela représente d'unités de camions. En somme, ma
question pourrait se résumer à tout cela.
M. Saint-Hilaire (Michel): Nous avons approximativement 2,000
membres, mais, si vous prenez votre moyenne, cela peut représenter 6,000
à 7,000 camions, quelque chose du genre. Nous sommes arrivés
à 2.7.
M. Roy: Une personne qui possède cinq unités
peut-elle faire partie de cette association?
M. Saint-Hilaire (Michel): Oui.
M. Roy: Dix unités?
M. Saint-Hilaire (Michel): Oui.
M. Roy: Quinze?
M. Saint-Hilaire (Michel): II n'y a pas de limite.
M. Roy: II n'y a pas de limite.
M. Mailloux: Artisans et entrepreneurs, ils ont les deux.
M. Roy: C'est parfait. Je voulais le faire préciser. Cela
me semblait normal.
Le Président (M. Brisson): Avez-vous une autre
question?
M. Roy: Oui, j'ai une autre question, ici, à la page 3.
D'ailleurs, mon collègue, le député de Chicoutimi, a
posé une question là-dessus. Vous parlez de la division
artificielle dans le troisième paragraphe qui ne peut
entraîner que des situations hypocrites. Par exemple, un camionneur
artisan fait posséder un second camion par son épouse qui, elle,
est entrepreneur, situation où un camionneur artisan a toujours un
certificat médical en poche pour ne pas conduire son camion. Vous
continuez dans le même paragraphe. Est-ce que ce sont des cas d'exception
ou si ce sont des choses qui se pratiquent de façon
générale? Ce serait quand même important qu'on le
sache.
M. Saint-Hilaire (Michel): Je ne veux pas employer le mot
"général", mais cela se pratique beaucoup.
M. Roy: Quand vous dites beaucoup, quel pourcentage cela peut-il
représenter environ?
M. Saint-Hilaire (Michel): Cela veut dire qu'on ne trouvera pas
de coins dans la province où on ne rencontrera pas cela.
M. Roy: Si vous vous basez sur dix régions dans la
province, vous trouvez dix ou quinze cas.
M. Saint-Hilaire (Michel): Je peux vous en trouver plus que dix
ou quinze.
M. Giasson: Dans toutes les régions du Québec?
M. Saint-Hilaire (Michel): Dans toutes les régions du
Québec. Pour s'amuser, il faudrait aller
voir comment les demandes de transfert se sont faites, au mois de
mars.
M. Roy: Quel est le pourcentage des travaux gouvernementaux qui
ont été effectués l'an dernier par les membres de votre
association par rapport à l'ensemble? Est-ce que vous avez des
données là-dessus?
M. Saint-Hilaire (Michel): Non, monsieur.
M. Roy: Est-ce que le problème est le même dans
chacune des régions du Québec ou s'il est différent d'une
région à l'autre?
M. Saint-Hilaire (Michel): C'est le même. Sauf dans
Montréal même, dans la région 10, cette clause n'est pas
appliquée.
M. Roy: Cela va, M. le Président. Merci.
M. Bédard (Chicoutimi): Avec votre permission, M. le
Président...
Le Président (M. Brisson): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): ...il y a juste un point que je
voudrais éclaircir; peut-être que dans l'esprit des autres membres
de la commission c'est précis. Quand vous dites que vous avez 2,000
membres, parmi eux, est-ce qu'il est possible que des camionneurs soient
simultanément membres d'une autre association, comme par exemple, de
l'ANCAl?
M. Saint-Hilaire (Michel): C'est possible, mais non habituel. Ce
serait l'exception.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand vous dites que ce serait
l'exception, vous voulez dire que ça pourrait être un nombre aussi
restreint...
M. Saint-Hilaire (Michel): II va arriver le cas suivant...
M. Bédard (Chicoutimi): ... que celui dont vous parliez
lorsqu'on traitait de la situation hypocrite que la loi pouvait
entraîner.
M. Saint-Hilaire (Michel): Voici ce qui arrive. Vous pouvez avoir
un camionneur entrepreneur qui n'est pas membre chez nous ou qui est membre
chez nous. Supposons qu'un contrat de voirie est donné et l'association
des artisans manque de camions pour l'exécuter. A ce moment-là,
l'association des artisans va s'adresser directement à un entrepreneur
donné et elle va lui dire: Si vous voulez bien faire le contrat de
voirie que j'ai, vous me paierez x par mois. Est-ce un membre ou si ce n'est
pas un membre? C'est un type qui paie l'association des artisans pour
exécuter le contrat de voirie. Ce sont des choses qui se produisent.
M. Giasson: Selon la cotisation exigée habi- tuellement
des membres par l'association des artisans?
M. Saint-Hilaire (Michel): C'est ça. Est-ce qu'il est
membre? En tout cas, il paie la cotisation; je ne dis pas qu'il est membre,
mais il paie la cotisation.
M. Bédard (Chicoutimi): Combien coûte la cotisation
pour être membre en règle de votre association?
M. Saint-Hilaire (Michel): Cela varie d'une région
à l'autre; chaque région est autonome et fixe sa cotisation selon
ses besoins, selon ses opérations.
M. Bédard (Chicoutimi): En termes de chiffres, cela veut
dire quoi, la variation?
M. Saint-Hilaire (Michel): Cela varie de $40 à $15 par
mois, selon les régions.
M. Roy: Est-ce que ce montant est un montant fixé par
unité ou si c'est par membre?
M. Saint-Hilaire (Michel): C'est à l'unité, avec un
taux décroissant, la deuxième unité va coûter moins
cher. Cela varie selon chaque région; je n'ai pas de chiffres
précis à vous donner.
M. Roy: Vous n'avez pas de chiffres à nous fournir.
M. Saint-Hilaire (Michel): Disons que la deuxième peut
coûter $20, la troisième $10, la quatrième $5; cela varie
selon chaque région. Il y a des régions où il va y avoir
un taux sans tenir compte du nombre d'unités, c'est essentiellement
variable.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans toutes les régions,
lorsque quelqu'un a quatre camions, il est clair que, pour le premier,
ça peut coûter un montant de $40; on peut dire que la politique
générale est que les autres camions coûtent moins cher en
termes de permis.
M. Saint-Hilaire (Michel): II arrive aussi que vous avez six
camions; vous pouvez aussi en enregistrer deux auprès de l'association
et garder les quatre autres pour d'autres travaux que vous prenez.
M. Roy: Quand vous demandez un meilleur partage des travaux
gouvernementaux comme tels, est-ce que vous dites que ce partage devrait se
faire pour chaque membre de votre association, au niveau d'une unité
comme telle ou au niveau de sa flotte?
M. Saint-Hilaire (Michel): Je pense que ce que je soumets dans le
rapport, c'est qu'on ne doit pas faire un partage de telle sorte qu'un groupe
ou l'autre n'ait pas les unités pour l'accomplir, mais
proportionnellement à la flotte de chaque groupement, de sorte
que le gouvernement utilisateur reçoive les services qu'il requiert.
M. Roy: Je vais reposer ma question d'une façon plus
précise. Supposons que, dans une région donnée, vous avez
25 camionneurs artisans. Je prends un chiffre tout à fait au hasard. Il
y a 20 membres de votre association comme tels. Les 25 camionneurs artisans, en
vertu de leur règlement, disposent de 25 unités. Vos 20 membres
disposent d'une moyenne de trois unités, soit 60 unités.
Quand vous demandez le partage, est-ce que cela veut dire que chacun des
membres pourrait placer au moins une unité ou si vous demandez que, par
exemple, si un membre a six unités, il puisse en placer deux, s'il a
neuf unités, il puisse en placer trois, comparativement aux artisans qui
en ont chacun une?
M. Saint-Hilaire (Michel): On va tomber dans une question de
réglementation au niveau des postes d'affectation. Le directeur du poste
d'affectation doit voir à ce qu'il y ait un partage équitable du
volume transporté entre ses membres.
Si, dans un poste donné, on a un membre qui possède un
camion et un autre membre qui en a dix, je soumets que, normalement, s'il y a
une répartition équitable de l'ouvrage, le tour de celui qui a
dix camions, va venir moins souvent que celui qui a un camion. Autrement, il
prendrait tous les tours et l'autre serait fait.
Légiférer là-dessus, cela devient assez complexe.
Je pense que ce sont des choses qui doivent être laissées au
niveau de la préparation des règlements de chaque poste
d'affectation.
M. Roy: Vous comprendrez que ce n'est pas une question facile
à trancher.
M. Saint-Hilaire (Michel): Ce n'est pas une question qui est
facile à trancher, mais je pense que c'est une question qu'on doit
laisser aux camionneurs eux-mêmes.
M. Roy: D'accord.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): Me Saint-Hilaire, dans une
région comme la région de Montréal, où il n'y a pas
de clause de protection 75-25, votre association a un pourcentage de combien
dans le partage du transport?
M. Saint-Hilaire (Michel): Je suis incapable de vous
répondre, M. Bédard. Cela devient complexe. Vous avez le
transport au niveau des carrières, le transport gouvernemental. Cela
vient par "boom". Actuellement, vous avez les Jeux olympiques.
M. Bédard (Montmorency): Je vais vous aider en compliquant
moins ma question. Vous avez combien de membres sur les 2,000 qui sont dans la
région 10?
M. Saint-Hilaire (Michel): Dans la région 10, à
l'heure actuelle, cela est déjà monté à 400
membres; actuellement, c'est peut-être 150 membres. C'est essentiellement
"fluctuable".
M. Bédard (Montmorency): On peut parler de 150
membres?
M. Saint-Hilaire (Michel): Oui.
M. Bédard (Montmorency): A l'heure où l'on se
parle? Toujours la moyenne de 2.7 camions par membre?
M. Saint-Hilaire (Michel): On peut dire juste, un peu
partout.
M. Bédard (Montmorency): D'accord.
Le Président (M. Brisson): D'autres questions? Alors, je
vous remercie M. Saint-Hilaire. Etant donné qu'il est 12 h 55, nous
allons suspendre nos travaux jusqu'à trois heures cet après-midi.
J'appellerai en premier lieu l'Association coopérative des camionneurs
de la Côte-Nord, représentée par Me Alain Bilodeau.
(Suspension de la séance à 12 h 53)
Reprise de la séance à 15 h 4
M. Brisson (président de la commission permanente des
transports, des travaux publics et de l'approvisionnement): A l'ordre,
messieurs!
J'appellerais Me Alain Bilodeau, représentant de l'Association
coopérative des camionneurs de la Côte-Nord. Mémoire no
5.
Association coopérative des camionneurs de la
côte-Nord
M. Bilodeau (Alain): M. le Président, MM. les
députés, c'est surtout à titre de spectateur vivement
intéressé que l'Association coopérative des camionneurs de
la Côte-Nord a voulu être présente ici à la
commission. Cependant, il y a certains points sur lesquels nous voulons
apporter des commentaires, des points qui nous intéressaient un peu plus
particulièrement et que je vais aborder très
brièvement.
L'apparition du règlement no 12 sur le camionnage en vrac a
bouleversé le fonctionnement traditionnel du camionnage en vrac dans la
province. De façon générale, l'association
coopérative se dit d'accord sur la philosophie du règlement no 12
et les principes qu'il émet, avec quelques réserves cependant.
Quant au système de permis de transport, de réglementation et de
contrôle du nombre d'unités par région, l'association
coopérative appuie ledit système. Elle considère,
évidemment, qu'il est non seulement souhaitable, mais essentiel que les
unités existantes soient utilisées à leur maximum avant
que des permis pour unités supplémentaires soient émis.
Encore faut-il, cependant, que les mécanismes de contrôle,
d'émissions de permis, de transferts, lorsque nécessaires, ne
soient pas soumis à un formalisme trop rigoureux ayant pour effet de
retarder les opérations des camionneurs. Nous reviendrons sur ce
point.
Un point sur lequel nous voulons particulièrement insister est
celui de la reconnaissance des associations représentatives des
camionneurs entrepreneurs. A ce sujet, le règlement no 12 et la Loi des
transports comportent, à notre avis, une grave lacune en ne
reconnaissant que les associations d'artisans. Est-il besoin de rappeler, en
effet, que le camionneur entrepreneur a les mêmes obligations que le
camionneur artisan face à la loi et qu'il doit se plier aux mêmes
exigences? Il ne nous semble que normal et logique qu'il ait également
les mêmes droits. Le camionneur-entrepreneur a droit autant que l'artisan
de faire partie d'une association qui le représente et qui soit
reconnue. Nous recommandons que le règlement no 12 soit corrigé
en conséquence et accorde des droits égaux à tous. A cet
égard, nous demandons que les groupements formés en vertu de la
Loi des associations coopératives, dont la nôtre, soient
dûment reconnus en fait et en droit et que cette reconnaissance soit
concrétisée dans le règlement no 12.
Dans un autre ordre d'idées, l'Association coopérative des
camionneurs de la Côte-Nord ai- merait apporter quelques commentaires
relatifs à la clause communément appelée "clause 75-25".
Nous n'avons pas l'intention, évidemment, de faire ici le procès
de cette clause, mais qu'il nous soit permis de mentionner son caractère
désuet et irréaliste.
Il s'agit, selon nous, d'un énoncé qui mène
à une injustice flagrante et qui, en plus, va carrément à
rencontre de la philosophie et de l'esprit du règlement no 12 qui
prône une distribution adéquate et proportionnée du
travail. Il y a sur ce point une contradiction flagrante, à notre avis,
entre l'attitude du gouvernement et la législation, contradiction qui
force certains camionneurs à se soustraire, parfois, aux dispositions de
la loi afin de profiter, eux aussi, du favoritisme de la clause, si on peut
l'appeler ainsi, 75-25.
Nous sommes convaincus que la commission prendra connaissance de cette
anomalie et prendra les mesures nécessaires pour que, dans l'avenir,
tous les camionneurs, sans distinction de leur statut, soient traités
sur un même pied et équitablement, qu'il s'agisse de contrats de
voirie ou d'autres contrats.
Enfin, quant à l'existence et au rôle de la Commission des
transports, l'Association coopérative des camionneurs de la
Côte-Nord y voit un instrument de contrôle susceptible d'amener
l'équilibre souhaité dans le camionnage en vrac au Québec.
Evidemment, nous sommes conscients que la Commission des transports a eu,
jusqu'à maintenant, à faire face à des problèmes
cruciaux, inhérents à toute réorganisation administrative
et judiciaire, problèmes qui ont eu pour conséquence de provoquer
des délais longs et parfois coûteux pour les camionneurs. Qu'il
suffise de songer au grand nombre de demandes et de requêtes de toutes
sortes déposées devant la commission. Cependant, une grande
partie du dé-blayage, si on veut, est maintenant achevée et il y
a lieu d'être optimiste pour l'avenir. A cet égard, il est
toutefois souhaitable que les longs délais occasionnés par des
procédures strictes et formalistes soient graduellement
éliminés et que l'accent soit plutôt mis sur l'aspect de
l'information objective. Nous avons cru constater un désir de la
Commission des transports d'exercer pleinement son rôle d'organisme
administratif et non seulement de tribunal quasi judiciaire.
C'est ainsi, nous semble-t-il, qu'il sera possible d'éviter des
débats juridiques interminables et de s'en tenir à une
administration saine et objective du camionnage en vrac, qui permettra au
camionneur de gagner sa vie, tel qu'il en a le droit, et, encore une fois, sans
distinction de statut.
Merci!
Le Président (M. Brisson): Est-ce qu'il y aurait des
questions?
L'honorable député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Pourriez-vous nous dire le nombre
de membres que compte votre association?
M. Bilodeau: Actuellement, dès le départ,
évidemment, l'association comporte la majorité des membres
détenteurs de permis de catégorie entrepreneurs. Il y a
actuellement, je crois, 133 membres actifs de l'association,
représentant entre 240 et 260 unités de transport.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est 240 à 250... M.
Bilodeau: Camions.
M. Bédard (Chicoutimi): Y a-t-il de vos membres qui font
partie, en même temps, d'autres associations, comme celle des camionneurs
artisans?
M. Bilodeau: Je crois que oui. Je crois que c'est possible qu'il
en soit ainsi. Je ne peux pas vous dire, effectivement, s'il y en a cinq ou
dix. Je ne peux pas vous le dire de façon précise.
M. Bédard (Chicoutimi): Puisqu'il s'agit d'une
région bien déterminée, ceux qui vous ont
précédé, la Fédération des associations des
entrepreneurs camionneurs en vrac, ont parlé d'une situation qui pouvait
exister, à un certain moment, ou se présenter dans une
région. Il arrivait que, conséquemment à la clause 75-25
ou encore pour d'autres considérations d'associations de camionneurs
dans une région, on ait à faire appel à d'autres
camionneurs d'une même association à l'extérieur de la
région, alors qu'il pourrait exister dans la région même
des camionneurs qui seraient sans travail pendant ce temps. Cette situation
peut-elle se présenter ou s'est-elle présentée dans votre
région?
M. Bilodeau: Elle s'est présentée et elle se
représente actuellement. Evidemment, je ne veux pas entrer dans ces
détails, mais il est vrai que, particulièrement dans notre
région, ce problème s'est présenté d'une
façon assez évidente. C'est pourquoi nous avons tenu à
soulever c'est un des points principaux de mon court mémoire
le problème que posait justement la clause qu'on appelle 75-25,
parce que cela provoquait, dans notre région du moins, la situation
suivante. On a un certain nombre d'artisans, un certain nombre d'entrepreneurs.
Si on voulait respecter à la lettre cette clause, cela provoquerait une
situation comme celle-ci: l'association d'artisans concernée, à
un moment donné, sent le besoin, une fois ses artisans envoyés au
travail dans sa propre région, d'appeler une série d'autres
camionneurs qui, eux, sont des artisans, alors qu'il subsiste dans la
région 9 un nombre considérable d'entrepreneurs sans travail. De
la sorte, il nous paraît relativement injuste, et c'est une situation
assez singulière, qu'une série de camionneurs soient,
évidemment, sans travail dans leur propre région et voient
arriver éventuellement dans leur région d'autres camionneurs
d'autres régions pour le simple motif que leur statut est
différent. On sait qu'au fond, quel que soit le statut d'un camionneur,
son revenu ne change pas, qu'il possède un camion ou qu'il en
possède trois. Je crois qu'il ne doit pas subir un préjudice du
fait qu'il possède deux ou trois camions et ne puisse pas pour cette
raison bénéficier des avantages confirmés, si on veut,
d'une façon écrite par ce que nous appelons la clause 75-25.
C'est une situation qui existe.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, comme nous
l'avons précisé au début de la commission, en ce qui
regarde l'Opposition officielle, je pense que le gouvernement a adopté
la même attitude. Puisque nous sommes en commission parlementaire, il ne
s'agit pas pour nous d'exprimer des positions très précises
après chacun des mémoires qui sont présentés, mais
le but de nos questions, je pense, doit être en tout cas, c'est
l'idée de l'Opposition que je représente d'essayer d'avoir
le plus de détails possible sur la situation telle qu'elle existe de
manière à préciser, justement, une position concernant
l'ensemble du problème.
Je comprends que vous-même, vous présentez votre rapport
non pas dans le sens négatif, à savoir contre quelqu'un en
particulier, mais dans le sens positif de réclamer certains droits.
M. Bilodeau: Nous avons uniquement voulu décrire une
situation objective dans une région donnée que je
représente.
M. Bédard (Chicoutimi): En réclamant certains
droits que vous exposez.
M. Bilodeau: C'est cela. C'est uniquement pour soulever une
anomalie flagrante...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce préambule était
simplement pour m'amener à vous poser la question, même si vous
semblez avoir quelque réticence à le faire. Je sais que vous
voulez le faire d'une façon positive. Pourriez-vous nous donner plus de
détails sur la situation que pourrait entraîner le fait qu'il peut
arriver, comme vous l'avez dit, que, lorsque le plein est fait et qu'à
l'intérieur d'une association de camionneurs tout le monde est au
travail, on ait tendance à aller chercher des camionneurs de
l'extérieur d'une région qui font partie de la même
association? Serait-il possible de nous dire si cela est un cas d'exception ou
d'essayer de nous expliciter l'ampleur de ce problème? Je sais que vous
le faites au nom d'un bon motif. Je demeure moi-même dans une
région. Il est clair que le travail est déjà assez
difficile, que ce soit dans le domaine du camionnage ou ailleurs. On a
tendance, et je pense que c'est une bonne tendance, à essayer de faire
travailler prioritairement les gens de la région, pas dans l'esprit
d'être contre ceux qui sont en dehors, mais simplement parce que c'est
peut-être prioritaire. Je voudrais que vous nous explicitiez l'ampleur et
la fréquence de cette situation dont vous nous avez parlé et qui
se présentait parfois.
M. Bilodeau: D'une façon plus précise, je vais le
faire. Pour tous les contrats qui s'attachent à la clause 75-25, les
contrats de voirie par exemple, il existe actuellement une série
d'entrepreneurs qui
sont prêts à commencer des travaux assez
considérables différents entrepreneurs dans cette
région en particulier.
Or, le problème qui se pose est le suivant: étant
donné qu'il existe dans la région un nombre précis
d'artisans et un autre nombre d'entrepreneurs, on fait d'abord appel aux
artisans.
Lorsque le nombre maximal d'artisans a été comblé,
que ces individus sont envoyés au travail, le problème auquel on
fait face actuellement est que, plutôt que de s'adresser à l'autre
poste d'affectation, aux gens qui sont des entrepreneurs, qui sont, bien
souvent, disponibles, sans travail et qui ont un camion chez eux qui ne bouge
pas, à ce moment, on dit: Etant donné que la clause existe telle
que rédigée, ce ne sont que des artisans qui doivent faire ce
type de travail. Etant donné qu'il ne reste plus d'artisans disponibles
dans la région, on s'adresse à d'autres régions,
concrètement, on demande des permis additionnels.
M. Bédard (Chicoutimi): Cette situation est-elle assez
fréquente?
M. Bilodeau: Nous la vivons d'une façon assez cruciale
dans le moment. C'est sub judice, si on veut. C'est aussi fréquent que
le besoin s'en fait sentir par les entrepreneurs. On sait et on s'attend,
chaque fois qu'il y a des entrepreneurs qui veulent exécuter ce type de
contrat, que ce seront les artisans qui seront appelés d'abord et,
ensuite, s'il en manque, au lieu de s'adresser aux entrepreneurs de la
région, on s'adressera aux autres. C'est une situation que nous
déplorons. C'est une situation que nous voulions rapporter à
cette commission pour qu'elle soit considérée, parce qu'il
existe, actuellement un grand nombre d'unités dont les
propriétaires sont des camionneurs entrepreneurs qui paient les
mêmes droits, qui ont les mêmes obligations, qui ne travaillent pas
et qui se voient privés, à ce moment, de cette partie du travail
en vertu d'une clause qui nous paraît injuste.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour autant que vous pouvez me
répondre, êtes-vous en mesure de nous dire, approximativement, le
nombre de membres au niveau de l'Association des camionneurs artisans?
M. Bilodeau: Les artisans de la région 9? M.
Bédard (Chicoutimi): De la Côte-Nord? M. Bilodeau:
Environ 125.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous venez de dire que vous avez
133 membres.
M. Bilodeau: Nous avons 133 membres, évidemment, pour un
nombre plus grand d'unités, il y en aurait peut-être environ 125,
mais je ne voudrais pas parler pour les autres non plus. C'est très
approximatif.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, je comprends que c'est
approximatif, 133, cela veut dire à peu près, comme vous l'avez
dit, entre 240 et 250 camions.
M. Bilodeau: Environ, des entrepreneurs, oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Etes-vous en mesure de nous dire,
approximativement, combien de membres, à l'heure actuelle,
possède l'Association des camionneurs artisans, l'ANCAl?
M. Bilodeau: Je dis environ 125, sous réserve.
M. Bédard (Chicoutimi): Environ 125, d'accord.
Le Président (M. Brisson): Y a-t-il d'autres
questions?
M. le ministre.
M. Mailloux: Au moment où il y a une demande de permis
additionnels pour les camionneurs artisans dans votre région,
viennent-ils principalement de la Côte-Sud, de la région de
Charlevoix, ou de la région du Lac-Saint-Jean?
M. Bilodeau: Ils viennent de toutes ces régions que vous
avez mentionnées, M. le ministre, et aussi d'autres régions.
M. Mailloux: Et de la mienne également?
M. Bilodeau: Je ne pourrais pas vous le dire quant à la
vôtre.
M. Mailloux: C'est principalement de la rive sud que viennent ces
camionneurs?
M. Bilodeau: II y en avait un certain nombre de la région
3, mais un grand nombre de la rive sud; j'ai constaté qu'il y en avait
un nombre plus grand de la rive sud.
Le Président (M. Brisson): A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît!
M. Bellemare (Rosemont): Vous avez entre 240 et 300
camionneurs?
M. Bilodeau: Unités.
M. Bellemare (Rosemont): Unités.
M. Bilodeau: Membres de l'association.
M. Bellemare (Rosemont): Membres de l'association.
M. Bilodeau: Maintenant, je ne parle pas du nombre
d'entrepreneurs de la région 9, parce qu'il n'y en a plus. Il y en a
quelques-uns qui ne sont pas membres de l'association, ils sont
entrepreneurs.
M. Bellemare (Rosemont): Est-ce que vous pouvez me dire quelle
est la cotisation des membres de votre association?
M. Bilodeau: L'association coopérative? Oui, $40 par
mois.
M. Bellemare (Rosemont): $40. Vous en avez combien qui sont en
règle?
M. Bilodeau: 133 actuellement, si je ne m'abuse.
M. Bellemare (Rosemont): 133 sur 300, cela veut dire la
moitié.
M. Bilodeau: Sur 189 entrepreneurs.
M. Bellemare (Rosemont): Tantôt, vous nous avez dit que
vous aviez entre 240 et 300.
M. Bilodeau: Unités, monsieur.
M. Bellemare (Rosemont): Unités, vous avez parlé
de...
M. Bilodeau: 133 membres et certains de ces membres
possèdent plus d'un camion, de sorte qu'on arrive à plus
d'unités, 200 unités à peu près.
M. Bellemare (Rosemont): $40 par mois, d'accord. Quels sont les
services que vous offrez à ces gens pour $40 par mois? Cela fait tout de
même tout près de $4,800 par année.
M. Giasson: $480.
M. Bellemare (Rosemont): $480, je m'excuse, par année.
Quels services leur donnez-vous?
M. Bilodeau: Notre présence ici est un genre de services
que nous offrons. D'autre part, toutes les interventions qui sont faites
auprès de la Commission des transports afin de représenter les
intérêts des camionneurs entrepreneurs de la région 9 font
évidemment partie de ça. Il y a eu également, au
début, toutes les demandes de permis afin de se conformer au
règlement no I2, tout le problème que cela a posé aux
camionneurs entrepreneurs qui n'étaient pas habitués à ce
nouveau système. Il a fallu tout défricher, faire un service de
représentations devant les tribunaux quasi judiciaires, les organismes
administratifs, les tribunaux judiciaires éventuellement et des
commissions comme celles-ci, afin de représenter leurs
intérêts. Nous offrons tous les autres services qu'une association
coopérative est susceptible d'offrir. Sur ce point, je pense qu'un autre
organisme à plus grande échelle pourra expliciter cela encore
plus en détail.
M. Bellemare (Rosemont): Je vous félicite parce que vous
êtes ici pour représenter les ouvriers, les travailleurs, il n'y a
aucun doute.
Je voudrais aussi savoir si c'est exact qu'en plus des $40 par mois que
les artisans doivent payer à l'association peu importe la région,
vous, c'est la région de la Côte-Nord...
M. Bilodeau: Les artisans, vous dites?
M. Bellemare (Rosemont): Les entrepreneurs, les
coopératives. Est-il exact que vous devez également payer entre
5% et 10% à une fédération quelconque?
M. Bilodeau: Non, pas dans notre cas.
M. Bellemare (Rosemont): Pas dans votre région?
M. Bilodeau: Non monsieur.
M. Bellemare (Rosemont): Est-ce qu'à votre connaissance il
y a certaines régions qui y sont obligées?
M. Bilodeau: C'est possible.
M. Bellemare (Rosemont): Est-ce que vous pourriez me les
nommer?
M. Bilodeau: Non.
M. Bellemare (Rosemont): Pourquoi?
M. Bilodeau: Ce n'est pas mon mandat de le faire ici.
Le Président (M. Brisson): M. Bilodeau représente
une certaine association et ce sont là des questions pertinentes aux
autres associations.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, je m'excuse
auprès de monsieur. Je poserai la question tantôt, lorsque les
fédérations se présenteront.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Une dernière question. Dans
votre mémoire, à la page 2, vous abondez dans le même sens
que la Fédération des associations des entrepreneurs camionneurs
en vrac qui vous a précédé, lorsque vous dites ceci: Quant
à la division des camionneurs en deux catégories distinctes,
entrepreneurs et artisans, il nous semble que la situation actuelle dans le
camionnage fait en sorte que cette division ne correspond plus
nécessairement à la réalité.
Vous avez entendu tout à l'heure les arguments qui ont
été apportés à l'appui de cet énoncé
par l'association qui vous a précédé. Est-ce que vous
auriez des motifs supplémentaires à porter à la
connaissance de la commission?
M. Bilodeau: C'est volontairement que j'ai sauté ce
paragraphe de mon rapport. Je ne voulais pas l'aborder pour la raison suivante:
Aujourd'hui, je pense que je n'ai pas étudié assez à fond
toutes les implications de cela. Je ne me sens pas en me-
sure d'aborder ce sujet. Aujourd'hui, objectivement, je ne suis pas
capable de trouver une solution quant à la division comme telle.
Je ne suis pas capable de proposer à cette commission une
solution qui serait meilleure et qui comporterait moins de problèmes
aujourd'hui. J'aime mieux la reporter à plus tard, quant à cette
question.
M. Bédard (Chicoutimi): Je respecte votre position. Mais
l'idée de ma question n'était pas de vous demander la solution.
Ce n'est quand même pas si facile que cela à trouver.
C'était simplement pour savoir si vous aviez des motifs
supplémentaires à ceux qui ont déjà
été allégués pour l'inclure dans votre
mémoire.
M. Bilodeau: Je n'en ai pas actuellement. M. Bédard
(Chicoutimi): Merci.
Le Président (M. Brisson): D'autres questions? L'honorable
député de Rosemont.
M. Bellemare (Rosemont): Juste une dernière question. Je
voudrais savoir de monsieur, concernant son association, s'il est favorable
à la clause 75-25.
M. Bilodeau: Non, évidemment non. M. Bellemare
(Rosemont): Pourquoi?
M. Bilodeau: Pour toutes les raisons que j'ai expliquées
tout à l'heure.
M. Bellemare (Rosemont): Je m'excuse, je n'ai pas eu le temps de
lire votre mémoire. Je suis arrivé en retard.
M. Bilodeau: Ah bon! Avant votre arrivée j'ai
expliqué à la commission que cette clause de 75-25, dans notre
région, nous créait un préjudice plus que certain, que
nous avions vécu certaines situations qui nous semblaient non
souhaitables, que cette clause nous privait d'une bonne partie du travail
auquel nous croyons avoir droit autant que tous les autres camionneurs, ceci
compte tenu du fait que les camionneurs entrepreneurs, comme les camionneurs
artisans, possèdent bien souvent un seul camion ou qu'ils en
possèdent plus qu'un au niveau des revenus et au niveau du droit
à l'emploi et du droit au travail. Ils devraient être
égaux.
J'ai expliqué cela peut-être un peu plus en détail
tout à l'heure, mais, dans la région 9, le problème est
réellement vif.
M. Bellemare (Rosemont): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Faucher: Vous avez manifesté tout à l'heure le
désir que les deux associations, l'Asso- ciation des camionneurs
artisans et l'Association des camionneurs entrepreneurs, soient sur le
même pied. A ce moment, pourquoi deux associations?
M. Bilodeau: C'est une question complexe, mais je peux dire qu'il
nous semble que tout camionneur, qu'il soit artisan ou qu'il soit entrepreneur,
devrait avoir le même droit d'appartenir à une association de son
choix. Si les camionneurs ont choisi de faire partie d'une association
d'entrepreneurs qui, comme le diront probablement d'autres collègues
tout à l'heure, se sont soustraits volontairement par là de la
clause 75-25, c'est qu'ils avaient des raisons sérieuses. Ces
camionneurs doivent, comme les autres camionneurs, avoir le choix d'appartenir
à l'association qu'ils pensent le mieux les représenter, qui leur
offre de bons services. Je pense que l'existence, à ce moment, de deux
types d'organisations n'est pas nécessairement éliminée,
si on veut, par l'élimination ou la correction éventuelle de la
clause 75-25.
Tout ce qu'on veut, au fond, M. le Président, c'est que les
camionneurs qui possèdent un. deux ou trois camions puissent faire
travailler leurs unités, qu'ils soient entrepreneurs ou qu'ils soient
artisans. L'important n'est pas qu'ils soient d'un statut ou de l'autre, mais
qu'ils travaillent. Quant à leur association, s'ils veulent être
membres d'une association plutôt que d'une autre, qu'on leur reconnaisse
aussi cette liberté. C'est leur choix d'individus en tant que
camionneurs. C'est leur choix d'individus en tant que gens qui ont investi de
l'argent dans une unité de travail et qui veulent la faire travailler.
Abstraction faite qu'ils soient membres d'une association ou d'une autre, je
crois que c'est non pertinent au fait qu'on doit reconnaître aux gens le
droit de travailler.
Le Président (M. Brisson): Le député de
L'Islet.
M. Giasson: Si j'ai bien compris les explications que vous avez
données antérieurement, il faut en déduire que, lorsqu'il
s'agit de travaux de camionnage qui sont des contrats venant du gouvernement,
principalement du ministère des Transports, les membres de votre
coopérative sont, à toutes fins utiles,
éliminés.
M. Bilodeau: C'est cela.
M. Giasson: Vous avez travaillé là. lorsque tous
les artisans ont été mis au travail. S'il y a pénurie de
camionneurs, c'est à ce moment qu'on fait appel à vos
services.
M. Bilodeau: Même pas, M. le député. A ce
moment, on fait appel aux services de camionneurs artisans qui travaillent dans
d'autres régions.
M. Giasson: Cela veut donc dire que vous n'avez jamais de
camionnage en rapport avec des travaux de construction de routes?
M. Bilodeau: Jusqu'à maintenant, cela a voulu dire cela,
oui.
M. Giasson: Votre coopérative existe depuis combien
d'années?
M. Bilodeau: Depuis 1962.
M. Giasson: Depuis 1962. Vous n'avez pas vécu des
problèmes sur des travaux qu'il y avait vis-à-vis de la Manic,
Hydro-Québec et tout cela, à un moment donné? Vous n'avez
pas joué un rôle dans la représentation de camionneurs qui
voulaient avoir accès à ces chantiers?
M. Bilodeau: Moi, personnellement, je regrette, je ne pourrais
pas répondre à cette question, parce qu'à ce
moment-là, je n'étais pas dans le domaine du transport.
M. Giasson: Votre collègue pourrait peut-être nous
répondre.
M. Bilodeau: Si vous voulez, oui.
M. Gagnon (Claude): Au niveau de Manic-Outardes et des chantiers
de Manicouagan, Hydro-Québec avait décidé de partager
l'ouvrage à 80% entre les camionneurs de la région 9, qui
était, dans ce temps, Saguenay-Duplessis et 20% provincial.
C'était la décision d'Hydro-Québec, et il y avait une
entente de signée avec l'Association coopérative, pour 80%...
M. Giasson: Combien de camions votre coopérative a-t-elle
placés, en moyenne c'est difficile d'être précis
mais quel pourcentage de camions, à cette époque, ont
été placés par l'intermédiaire de votre
coopérative, pour des membres de votre coopérative?
M. Gagnon: II y a eu des années je ne pourrais pas
vous donner le nombre de membres où les revenus
dépassaient $2 millions, en gains, entre camionneurs.
M. Giasson: Votre coopérative avait 50% à peu
près du transport.
M. Gagnon: La coopérative avait 20% du transport, ce qui
comprenait Saguenay et Duplessis.
M. Giasson: Si la coopérative avait 80%, il y avait
à côté des camionneurs membres de la coopérative,
d'autres camionneurs indépendants, j'imagine, dans la région?
M. Gagnon: Oui.
M. Giasson: Mais est-ce qu'ils avaient accès à ce
transport?
M. Gagnon: Tout le monde a été dans la
région no 9.
M. Giasson: Tout camionneur...
M. Gagnon: Tout camionneur...
M. Giasson: ... avait droit d'aller sur les chantiers de
Manie-Outardes, sans être membre de la coopérative.
M. Gagnon: Ils sont devenus membres, mais tout le monde avait le
droit d'y aller. Il fallait prendre les camionneurs de la région 9, qui
était Saguenay et Duplessis, avant de prendre les autres à
80%.
M. Giasson: Ce qui veut dire que moi, si je n'étais pas
membre de la coopérative et que je possédais un camion, si je
voulais avoir accès à ces travaux, je me devais de devenir
membre, sociétaire de la coopérative chez vous. C'est cela?
M. Gagnon: Oui.
M. Giasson: C'était une des conditions...
M. Gagnon: L'entente était signée avec
l'Association coopérative des camionneurs de la Côte-Nord.
M. Giasson: Et même si c'était un camionneur de
l'extérieur de votre région, lui, il faisait partie du bloc de
20% et n'était pas assujetti à devenir sociétaire chez
vous.
M. Gagnon: II n'avait aucune contribution à payer. Il
n'avait absolument pas affaires à l'association. Il était
demandé au travail directement par Hydro-Québec, au niveau des
20%.
Le Président (M. Brisson): L'honorable ministre des
Transports.
M. Mailloux: Suite à l'observation que vous venez de
faire, c'est en fait, de ce moment qu'une clause de protection a
été amorcée en faveur de certains artisans. Il est vrai
que, dans la région où vous habitez, les artisans ou les
entrepreneurs étaient privilégiés par Hydro-Québec,
soit 80% de tout le volume de travail que pouvait offrir Manicouagan. C'est
probablement à ce moment que moi, j'ai commencé à
m'occuper de camionnage. Je me rappelle pertinemment que M. Lévesque a
demandé à Hydro-Québec d'accorder 20% du transport
à d'autres régions, soit celles de la Gaspésie, du
comté de Charlevoix et du Lac-Saint-Jean. Quand je dis qu'est
née, à ce moment, une clause de secteur de travail
privilégié, c'est que si chez vous, en fait, tout le monde avait
le droit d'oeuvrer, parce que c'était dans la région même
où vous habitiez, ceux qui venaient des régions avoisinantes
devaient être des artisans et non des entrepreneurs. Les 20% que M.
Lévesque a accepté de recommander à Hydro-Québec,
il fallait que les gens fassent la preuve qu'ils étaient artisans pour
être englobés dans les 20% supplémentaires qui
étaient accordés.
Je reviendrai plus tard dans la soirée, sur ces
problèmes.
Quand on a parlé des clauses de protection qui ont
été accordées à des marginaux dans le transport en
vrac, c'est du chantier de Manicoua-gan, et après que tout le monde de
la région 9 a été servi dans ces travaux et que les 20%
supplémentaires ont été accordés à des
artisans dans les régions avoisinantes, sans qu'il n'y ait d'association
de formée, pas plus de l'ANCAl à ce moment que d'autres
associations.
Le Président (M. Brisson): Y a-t-il d'autres questions? Je
vous remercie infiniment, Me Alain Bilodeau. J'appellerais maintenant
l'Association du camionnage du Québec Inc., M. Serge-L. Coulombe,
assistant au vice-président exécutif.
Association du camionnage du Québec
M. Archambault (Camille): M. le Président, si vous n'y
voyez pas d'inconvénient, Me Coulombe sera remplacé, pour la
présentation de notre mémoire par M. Robert Goyette, notre
premier vice-président.
Le Président (M. Brisson): M. Robert Goyette, s'il vous
plaît.
M. Goyette (Robert): Merci. M. le Président, M. le
ministre, messieurs les sous-ministres, messieurs les hauts fonctionnaires, un
petit historique peut-être pour faire une mise au point sur l'Association
du camionnage du Québec Inc. qui a été formée en
1951 à la suite de la fusion de quatre associations de transport
existantes. Elle a actuellement 1,500 membres en règle, contrôlant
22,000 unités et employant 50,000 ouvriers. Elle est affiliée
à l'Association canadienne des transports et à l'Union
internationale des transports routiers de Genève.
M. Bédard (Chicoutimi): Excusez-moi... combien
d'unités?
M. Goyette: 22,000 unités...
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Goyette: ... des membres de l'Association du camionnage, car
on sait qu'il y a 2,800 détenteurs parmi elle au Québec.
Nous vous sommes reconnaissants de l'occasion que vous nous donnez
d'exposer nos principes et de vous suggérer certaines réformes
législatives qui semblent essentielles à la saine exploitation
d'une entreprise de camionnage en rapport avec le règlement no 12 du
transport appelé en vrac. Cette coopération constitue, dans
l'intérêt public, un gage d'avancement et de progrès dans
l'industrie du transport sur routes.
Nous estimons que ce règlement no 12 a été
adopté sans tenir compte de la structure des services déjà
établis, en ignorant complètement les besoins d'harmonisation et
de productivité du transport routier, dans son ensemble.
En voulant améliorer, ce qui est louable, le sort des camionneurs
artisans, non réglementés en vertu de l'article 33 de l'ancienne
Loi des transports, on risque de perturber les services qui ont
fonctionné dans le passé et qui sont encore exploités
à la satisfaction du public expéditeur.
En plus, si on appliquait le règlement no 12, dans sa forme
actuelle, on créerait une grave injustice à ceux qui ont des
capitaux investis ainsi qu'à leurs employés et leur famille.
Nous rappelons ici, les préoccupations essentielles de nos
membres, à savoir: a) offrir un service qui corresponde aux vues des
usagers et qui présente toutes les qualités de souplesse et
d'efficacité nécessaires, sans entrave technique
imprégnée d'avocasseries. b) effectuer du transport dans des
conditions de rentabilité suffisante pour conserver à
l'exploitation sa solidité et permettre l'adoption de progrès
scientifiques modernes.
Or, cet idéal d'une saine économie des transports, reconnu
par les économistes et les experts en camionnage, est compromis par
certaines fausses théories contenues au règlement no 12. Par
exemple, en déséquilibrant les opérations de services de
routes et les privant de certaines marchandises de retour.
Une récente étude sur l'industrie du camionnage au
Manitoba démontre l'importance d'avoir un retour de marchandises. Cette
étude, effectuée par R.K. House & Associates Ltd., conclut
qu'un débalancement de trafic est un facteur important dans
l'augmentation des coûts de transport et déterminant pour la
productivité de l'entreprise de camionnage. Un exemplaire de ce document
a été remis à votre ministère et nous vous
référons, particulièrement, aux pages 7 et 161.
Pour sa part, A. W. Currie, dans son livre Canadian Transportation
Economics, affirme qu'il est coûteux d'aller vide d'un endroit à
un autre pour charger des marchandises, lesquelles seront acheminées
vers l'endroit d'où le transporteur est parti sans aucune marchandise.
Ce coût de transport à vide est réparti sur l'ensemble des
opérations d'un transporteur routier.
En termes simples, ce problème de retour vide est causé
par un autre problème, celui de la localisation des entreprises. Comme
disait M. Emile Bouvier, alors directeur du département
d'économie de l'Université de Sherbrooke, "si les consommateurs
étaient également répartis dans un espace
géographique et si le prix des intrants ne variaient pas avec la
distance, il n'y aurait pas, du point de vue théorique, de
problème de localisation".
Mais, nous devons continuer à vivre dans un monde où une
région possède une mine d'amiante soit dit en passant le
texte a été préparé avant les
événements de ces derniers temps alors qu'une autre a son
usine de pâtes et papiers et qu'une autre vit de son industrie
forestière etc. Les échanges doivent se faire souvent à
longues distances.
Ce qui empêche les expéditeurs, en maintes occasions,
d'acheter leur propre flotte de camions, est qu'ils doivent normalement
retourner au point d'origine sans aucune marchandise. Si on enlève aux
transporteurs routiers publics le droit
de transporter tous les produits qui leur sont offerts, leur pourcentage
de retour à vide augmentera, leurs taux hausseront et les
expéditeurs seront plus tentés d'acheter leurs propres
véhicules d'où, à court terme, des augmentations de taux
additionnelles que devront absorber d'autres expéditeurs de moindre
importance incapables ceux-là d'acheter leurs véhicules de
transport à cause de la nature de leur marché restreint.
Un autre point de vue sérieux, de toutes mesures de restrictions
à l'endroit du transport général public, est
l'augmentation inutile qui s'ensuivra du nombre de camions circulant sur les
routes et d'où découleront d'autres embouteillages chroniques et
les risques accrus d'accidents de circulation.
Après mûre réflexion, ayant en vue le
bénéfice des expéditeurs aussi bien que celui des
transporteurs eux-mêmes, en définitive nous croyons que: Dans
l'intérêt public, et considérant la fragilité de
plusieurs entreprises, les détenteurs actuels de permis de transport
général ou même restreint devraient continuer à
servir les expéditeurs sans aucune restriction quant au genre de
marchandises à être transportées, si la nature de leur
commerce a été ainsi bâtie dans le passé.
Les permis d'exploitation devraient continuer à être
émis aux détenteurs et non à l'équipement ou
unités. Le nombre de camions devrait varier automatiquement suivant
l'offre et la demande publiques adressées aux détenteurs.
Tel que la chose se pratique avantageusement depuis toujours, l'entraide
entre détenteurs de permis du même genre et même route ou
localités devrait être maintenue de façon à faire
face aux périodes de pointe ou aux circonstances et exigences
imprévues du public expéditeur.
En aucun cas. les détenteurs actuels de permis de la Commission
des transports du Québec devraient être obligés d'utiliser
un poste d'affectation prévu au règlement no I2. Les
détenteurs actuels sont déjà organisés quant
à la vente et la fréquence de leurs services offerts au public;
ce qui rend inutile et superflu l'usage coercitif d'un poste d'affectation.
L'emploi imposé, pour les détenteurs actuels de permis, de postes
d'affectation risque d'instaurer un monopole dangereux au point de vue d'abus
de toutes sortes et défavorable en réduisant la concurrence et
conséquemment la qualité des services au public.
Les boueurs devraient être détenteurs de permis
spécialisés de la Commission des transports du Québec, tel
que la chose existe pour les fardiers, les déménagements ou les
citernes.
Ces permis distincts seraient limités, dans leur cas, au
"transport des ordures ménagères et déchets
industriels".
Nous ne voyons point d'avantage économique pour les boueurs
d'utiliser le système de poste d'affectation.
Le transport de chaux, avec ou sans équipement particulier,
devrait être aussi sujet à un permis spécialisé.
Nous ne voyons point l'avantage d'un poste d'affectation pour ce genre de
transport également.
Quant aux propriétaires de camions à bascule, nous
estimons qu'ils devraient être licenciés par la Commission des
transports du Québec pour "transport avec bennes basculantes" et avoir
le droit de transporter les produits énumérés à
l'article 33 de l'ancienne Loi des transports, paragraphes e) à i)
inclusivement.
Cependant, nous considérons pratique et de leur domaine d'y
ajouter d'autres produits indiqués à l'annexe E du document de
travail du ministère des Transports, à savoir: le béton
bitumineux, la glace, la neige, la tourbe à gazon, le bois de
chauffage.
Je me permettrais ici d'ouvrir une parenthèse tirée hors
texte. Si nous prenons la description où on dit le transport d'une
matière en vrac, on dit qu'elle est chargée mécaniquement
et déchargée à l'aide de la benne basculante, nous avons
des exemples précis, à savoir que du fer en barre de 20 pieds, de
quatre pouces de diamètre, est souvent chargé
mécaniquement, et déchargé au moyen de la benne
basculante; or, selon cet article, cela devrait être
considéré comme du vrac. C'est une des
irrégularités que nous retrouvons dans le règlement
actuel.
Nous estimons aussi que le détenteur de permis de cette
catégorie bien particulière devrait pouvoir obtenir des permis
"Laulaway", après une preuve de nécessité, devant la
Commission des transports du Québec, afin d'aider, si nécessaire,
durant leur période creuse, les transporteurs
généraux.
Nous soulignons que le terme "transport en vrac" utilisé dans le
règlement no 12 porte à confusion et ne correspond pas à
l'interprétation adoptée par l'industrie depuis plusieurs
années. L'expression "transport en vrac" devrait être
modifiée, pour se lire "transport par bennes basculantes".
Les mesures que nous préconisons sont soumises avec la conviction
qu'elles correspondent à la meilleure harmonisation et
productivité des transports au Québec dans l'avantage de son
progrès économique.
Pour terminer, nous informons le ministère des Transports que,
par son règlement actuel no 12, il crée un affrontement entre les
membres de notre association et ceux d'associations d'artisans ou de camionnage
à bascules. Au nom de nos membres, par des moyens légaux, nous
avons dû contester à certaines associations de représenter
nos intérêts pour des fins tarifaires et l'imposition de postes
d'affectation.
Il serait vraiment souhaitable que le ministère révise sa
loi sans délai pour la rendre conforme aux réalités
économiques existant déjà et appréciées des
expéditeurs.
Quelle que soit, en définitive, la décision que prendra le
ministère des Transports, il n'en reste pas moins que la non-observance
d'une loi est pire que l'absence de loi. Pour cette raison, nous
réitérons notre suggestion de donner à notre association
professionnelle des mécanismes d'autodiscipline et nous annexons
à ce document notre proposition d'adopter la théorie de la
formule Rand patronale pour le camionnage public.
Comme dernière observation, nous croyons
que l'industrie, les marchands, les manufacturiers et les
expéditeurs, en général, ne devraient pas être
détenteurs de permis d'exploitation de la Commission des transports du
Québec. Le rôle de service public devrait être laissé
à ceux qui en font une spécialité et non aux industries ou
expéditeurs qui exploiteraient de tels services comme accessoires ou en
marge de leur commerce principal. Il nous semble évident que de tels
serviteurs publics ne donneraient pas l'attention nécessaire souhaitable
qu'exige un service de camionnage de quelque catégorie qu'il soit.
Le tout respectueusement soumis.
Le Président (M. Brisson): Je vous remercie, M. Goyette. Y
a-t-il des questions? Le député de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): Pour que ce soit clair dans mon
esprit, vous avez énoncé des chiffres, au début de votre
exposé, pour le bien de la cause, on parle, dans votre association, de
1,500 membres, qui possèdent 2,800 unités.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est 22,000.
M. Bédard (Montmorency): Non 22,000, ce ne sont pas des
camions à dix roues pour le transport en vrac uniquement.
Une Voix: Le transport général.
M. Goyette: Dans notre exposé, il est difficile pour nous
de délimiter lesquels sont pour le transport en vrac et lesquels sont
pour le transport dit général. C'est d'autant plus difficile
qu'à partir du règlement no 12 il est difficile de savoir ce qui
est du transport en vrac et ce qui est du transport général,
selon mon exemple de tantôt, de barres de fer de vingt pieds. Comment
vous dire si on transporte du fret général ou du fret en vrac? Au
tout début, il faudrait savoir ce qu'est le transport en vrac.
M. Bédard (Montmorency): Vous avez apporté un
exemple avec vos barres de fer. Vous ne serez pas capable d'en apporter
dix.
Je conçois que c'est un article qui a pu être oublié
dans le règlement 12, mais en règle générale, dans
votre association, vous n'avez aucune statistique... D'abord, en partant,
est-ce que des membres de votre association gagnent uniquement leur vie dans le
transport en vrac, par camion à dix roues?
M. Goyette: Oui disons que, dans l'ensemble de l'association du
camionnage, lorsque nous parlons de transport en vrac, on parle très peu
de terre, de gravier ou de ce qui était exempt de l'ancienne loi de la
régie, l'ancienne loi 33. Nous parlons généralement de
produits industriels, par exemple, de ferrosilicon, d'alumine, etc. Nous
pensions, au début de l'étude du projet de loi, qu'on voulait
légiférer sur ce qui était exempt de l'ancienne loi.
Maintenant, parmi les membres de l'associa- tion du camionnage,
très peu transportent de la terre, du gravier, fait l'entretien de
chemins d'hiver, etc., ce sont des exemptions dans l'ensemble.
M. Bédard (Montmorency): Vous dites très peu, il
n'y en a pas une centaine.
M. Goyette: De détenteurs? M. Bédard
(Montmorency): Oui.
M. Goyette: II y en a davantage qu'une centaine.
M. Bellemare (Rosemont): Soixante environ. M. Goyette:
Pardon?
M. Bellemare (Rosemont): Vous avez 22,000 unités pour
2,800 permis émis, ce qui donnerait à peu près 60.4.
M. Goyette: Je ne comprends pas. Nous avons 1,500 membres de
l'association du camionnage pour 22,000 unités. Par contre, il y a au
Québec 2,800 détenteurs de permis pour exactement 25,829
camions.
M. Bellemare (Rosemont): Je m'excuse, j'avais mal compris votre
exposé tantôt. D'accord, merci.
Le Président (M. Brisson): Est-ce que le
député de Montmorency a d'autres questions?
M. Bédard (Montmorency): Pas pour l'instant, M. le
Président.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Juste une question. Vous demandez
que soit redéfini le terme "transport en vrac" pour que tout le monde
sache à quoi s'en tenir exactement. Si on s'en tient à ce qu'il
représentait à l'heure actuelle comme sens, le transport en vrac,
quand vous parlez de 1,500 membres, combien y en a-t-il qui font vraiment du
transport en vrac au sens de la définition qu'on lui donne
présentement?
M. Goyette: Selon nos estimations, plus de 80%, selon la
définition actuelle.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ça qui est
défendu.
M. Goyette: Si vous parlez de définition à savoir:
Qui fait du transport pour les chemins pu-blics?Très peu, mais selon la
définition actuelle, si on parle de ferrosilicon, si on parle d'alumine,
de bois brut, etc., à ce moment-là, presque toutes les compagnies
de transport transportent ou transporterait, directement ou indirectement,
aujourd'hui ou demain, un des produits énumérés.
M. Bédard (Montmorency): II peut faire un voyage ou deux
par semaine, mais il ne transporte pas... D'ailleurs, la réponse que
vous m'avez faite était: Très peu transportent uniquement de la
terre, du sable et du gravier...
M. Goyette: C'est exact.
M. Bédard (Montmorency): ... et gagnent uniquement leur
vie, dix heures par jour, comme un camionneur artisan va gagner sa vie sur la
voirie.
M. Goyette: C'est exact.
M. Bédard (Montmorency): C'est dans ce sens que le
député de Chicoutimi posait la question, c'était la
même que la mienne.
M. Goyette: C'est pour cette raison que, si l'intention du
ministère est de légiférer sur le transport de terre,
sable, gravier, asphalte, etc., qu'on s'en tienne à ça qu'on
n'ouvre pas une définition en parlant d'une benne basculante ou encore
qu'on dise: notamment... etc. Qu'on nomme les produits, les matières et
on va être d'accord. Mais qu'on dise: Notamment, par exemple, les
produits résultant d'une démolition, les matières de
nature minérale... Il n'y a pas grand-chose qui ne soit pas de nature
minérale.
M. Mailloux: Quand vous dites, dans la définition que vous
voudriez qui soit donnée aux matières à transport en vrac,
transport avec benne basculante, avec les matières que vous mentionnez,
comme on sait que 50% du transport en vrac et plus sont faits par des camions
autres que des camions à deux ou trois essieux, soit des "trailers", des
"vans" ou autres pour le transport du bois à pâte et autre,
ça n'irait d'aucune façon avec les matières à
transporter, une benne basculante, parce que, si pour les agrégats
à transporter pour la construction de routes, j'imagine que ça
prend normalement un camion à benne basculante.
A l'instant où on parle de matières forestières,
une faible proportion, peut-être 30%, est faite par des camions de deux
ou trois essieux, mais les autres sont faites par des camions d'autres
unités de travail.
On ne peut quand même pas définir les matières
à transporter en vrac en se limitant au transport avec bennes
basculantes, parce qu'à ce moment on est complètement sorti des
matières qu'on désire transporter.
M. Goyette: Si nous suggérons d'éliminer le terme
"vrac", c'est que les neuf autres provinces canadiennes ainsi que les cinquante
quelques Etats américains, lorsqu'on parle de "vrac", la traduction est
"bulk" et on parle de citerne. Cela veut dire citerne, dans le langage
américain, nord-américain.
Lorsqu'en Ontario ou ailleurs on parle de "dump-truck operator",
à ce moment-là, si on doit avoir un terme français, nous
sommes bien d'accord, on devra utiliser les mots "benne basculante". Même
si on utilisait les mots "benne bascu- lante", on pourrait, dans la même
loi, permettre le transport de bois, comme vous l'expliquez, au moyen de
camions remorques. Il n'y a pas d'analogie. Où il y a une analogie,
c'est d'utiliser ici, au Québec, un terme où partout ailleurs il
signifie autre chose. Cela peut créer un problème.
M. Mailloux: Dans votre préoccupation, quand vous parlez
de retour de marchandises, est-ce que vous me diriez quelle est l'importance
des matières premières qui étaient transportées
auparavant? Je sais qu'il y avait le bois de sciage blanchi ou brut que vous
transportiez de tout temps. Mais est-ce que c'était une des
matières premières principales que transportait l'Association du
camionnage du Québec, ou s'il y avait quantité de matières
qui étaient transportées en retour?
M. Goyette: II y a quantité de matières. Ici, on a
bien compris au départ qu'on faisait abstraction du sable, terre,
gravier qui, pour nous, est substantiel.
M. Mailloux: Quelles sont les autres où il y a un
litige?
M. Goyette: Les matières de nature minérale n'ont
été transportées de tout temps que par des camionneurs
membres de l'Association du camionnage. On pense par exemple à tous les
produits de base servant aux usines sidérurgiques ou autres du
même genre.
C'est un volume extrêmement important, le bois, le sel. Vous
voyez, il y avait des industries, sans les nommer. Tantôt, on parlait des
contrats octroyés par le ministère des Transports. Sur les
demandes de cotations du ministère des Transports, par exemple, est
apparue une des conditions pour une compagnie fournisseur; c'était
d'utiliser l'ANCAl qui, de tout temps, avait été
transporté par des camionneurs détenteurs d'un permis "L".
A un certain moment, le ministère des Transports,
département des achats, dit: Une des conditions pour faire une cotation,
c'est d'utiliser l'ANCAl. Je laisse la question ouverte.
M. Mailloux: Je n'ai pas compris le début de votre
affirmation. Est-ce que vous parliez du sel à ce moment?
M. Goyette: Je parle du sel.
M. Mailloux: C'est une décision gouvernementale.
M. Goyette: II y a des gens pour qui c'était tout un
balancement, le sel, au retour.
M. Mailloux: Peut-être qu'on pourrait ajouter que,
lorsqu'ils transportaient du sel, il n'était pas sûr qu'il y avait
un retour sur l'autre côté. C'était une matière qui
était accordée, concédée à l'Association du
camionnage, sur les détenteurs de permis. Ce n'est pas parce qu'il y
avait un retour, à ce moment.
M. Goyette: Non, ce n'est pas parce qu'il y avait un retour. Mais
dans plusieurs places, c'était une matière de retour.
M. Mailloux: C'était une matière qui appartenait
à un détenteur de permis.
M. Goyette: Exactement. Si vous me demandez quelle est la liste
des matières, ce sont à peu près toutes les
matières qui sont là, sauf celles qui étaient exclues
avant par l'ancienne loi de la régie.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Montmagny-L' Islet.
M. Giasson: M. le Président, pour faire suite au droit de
parole que je vous avais demandé, le commentaire que je viens d'entendre
répond aux questions que je voulais adresser au témoin.
Le Président (M. Brisson): D'autres questions? M. Goyette,
je vous remercie infiniment d'être venu nous présenter votre
mémoire au nom de l'association.
M. Mailloux: Avant que ne parte l'Association du camionnage du
Québec, je voudrais faire un court commentaire, étant
donné que cela concerne principalement les membres de cette
association.
Un projet de loi de modification à la Loi des transports devait
être déposé aujourd'hui ou demain en Chambre. Il y a eu une
affirmation faite par le ministre des Transports, en Chambre, hier, qui faisait
suite à la vente des intérêts Chalut, problème que
connaissent M. Archambeault et vous-même.
Je pense que les membres de l'Association du camionnage du Québec
Inc. devraient comprendre que si le document que vous déposerez demain
est un document sessionnel, il est quand même une affirmation des
volontés prochaines du gouvernement du Québec d'éviter que
certaines entreprises québécoises passent entre des mains
étrangères.
M. Goyette: Nous remercions le ministère de
présenter ce projet de loi aussi rapidement, suite à la demande
de l'association, mais lorsque l'Association du camionnage a fait une demande
dans ce sens, elle a demandé également qu'il y ait une
alternative, car ce serait causer un grave préjudice aux
propriétaires.
M. Mailloux: Si vous me le permettez, je voudrais
compléter ma pensée. C'est que, pour la demande qui avait
été faite, qui avait été présentée
à mes collègues de l'Industrie et du Commerce, qu'il fallait une
alternative, comme vous le dites, pour que les gens qui voulaient céder
leurs intérêts trouvent quand même un fonds de
dépannage qui leur permette de continuer leurs activités, le
projet de loi ne pourra être présenté avant la reprise de
la session. Entre-temps, il est possible que vous soyez convoqués pour
discussions, mais je pense que le gouvernement devra, d'ici ce temps, dire de
quelle façon il pourrait y avoir une alternative pour ceux qui,
forcément, ayant des administrations vieillies, veulent absolument la
transférer à d'autres, mais le projet de loi sera
présenté au début de la reprise de la session.
Ce que je voulais surtout indiquer, c'est que toute tentative qui peut
être faite actuellement devant la Commission des transports, si j'ai
parlé hier de loi rétroactive, c'est parce que le gouvernement
veut quand même donner l'éclairage de la situation qui
prévaudra au mois de septembre. Mais, je pense que l'alternative,
à ce moment, sera en place.
M. Goyette: Je vous remercie beaucoup, M. le ministre.
Le Président (M. Brisson): Je veux remercier M.
Goyette.
J'appellerais l'Association des industries forestières du
Québec, représentée par M. Wilfrid Turcotte,
secrétaire. M. Turcotte, s'il vous plaît.
Association des industries forestières du
Québec
M. Côté (Anatole): M. le Président, M. le
ministre, MM. les députés, je me présente, Anatole
Côté, président de l'Association des industries
forestières du Québec. Mes compagnons sont, à ma droite,
M. Jacques Larue, Me Claude Girard, M. Gaudias Dubé et le
secrétaire de l'association, M. Wilfrid Turcotte.
Nous nous sommes rendus à votre désir et nous avons
annexé un résumé de notre document. Avec votre permission,
je vais demander à M. Turcotte de vous donner lecture de notre
mémoire.
Le Président (M. Brisson): M. Turcotte, s'il vous
plaît.
M. Turcotte (Wilfrid): "Notre association qui regroupe les plus
importantes compagnies forestières du Québec désire
remercier les membres de la commission des transports, des travaux publics et
de l'approvisionnement de lui donner l'occasion d'exprimer ses vues sur le
règlement 12 qui régit le camionnage en vrac.
La question nous intéresse particulièrement parce que le
transport du bois, tant sur les chemins publics que privés, est une
phase des plus importantes des exploitations forestières.
En effet, la presque totalité des bois coupés dans le
Québec, c'est-à-dire environ 10 millions de cunits annuellement,
est transportée par camions, à une étape ou l'autre, du
cheminement de la souche à l'usine. Un tel volume de transport exige un
choix d'options dans les moyens accessibles aux compagnies
forestières.
Le règlement 12 nous entraîne dans une situation semblable
à celle qui existe chez nos voisins américains qui se sont
imposés une réglementation complexe affectant le camionnage,
après la dépression. Les Américains s'interrogent
sérieusement, aujourd'hui, sur le bien-fondé de cette
réglementation qui restreint la concurrence entre
camionneurs, nourrit l'inflation, réduit les options de services
disponibles et empêche l'industrie du camionnage même de
réaliser son plein potentiel.
On rapporte que la masse écrasante de détails
administratifs de cette réglementation est une assurance
d'inefficacité pour l'Interstate Commerce Commission, organisme qui
l'administre. Il est facile pour eux de constater le meilleur service et les
taux moins élevés qui ont cours dans le domaine des produits
agricoles qui ne sont pas et qui n'ont jamais été assujettis
à cette réglementation.
Après deux années en vigueur, le règlement 12 cause
des problèmes tant à l'industrie forestière qu'aux
camionneurs eux-mêmes. Nous soulignerons, dans ce court mémoire,
les principaux points qui rendent inapplicable ce règlement lorsqu'il
vise le transport du bois.
Statut du camionneur et de son camion. Nous croyons nécessaire
d'exposer une situation qui nous apparaît assez générale
dans notre industrie, lorsqu'elle exécute ses propres exploitations
forestières. Il y a une distinction bien définie à faire
entre le statut du camionneur et celui du camion.
Le camionneur en forêt est un employé couvert par
l'accréditation syndicale et fait partie de l'unité de
négociation. Par conséquent, il est inscrit sur la liste de paie
et participe aux mêmes avantages et bénéfices sociaux,
ancienneté, vacances, assurance-chômage, compensation pour
accident de travail, que les autres employés. Le service du camion est
loué. Il peut arriver souvent que le conducteur du camion loué
n'en soit pas le propriétaire. Dans d'autres cas, la compagnie loue le
camion en embauchant le propriétaire. Il ressort donc une nette
distinction entre la location du camion et l'embauche du conducteur.
Selon ces pratiques, nous sommes d'avis que le statut du camionneur est
celui d'un salarié. La décision du commissaire-enquêteur
Tremblay, rendue le 23 octobre 1973, est bien claire à ce sujet,
à savoir, et je cite: "Qu'il ne s'agit pas ici d'entrepreneurs, mais
bien de salariés qui ont la possibilité de louer leur camion
lorsque possible".
Il y a aussi des cas où le camionneur s'engage, par contrat,
à effectuer le transport du bois d'un point à un autre, sur la
base d'une unité convenant aux deux parties. Le taux par corde, cunit,
tonne, voyage, etc., est alors négocié entre le transporteur et
l'utilisateur de ces services.
Location de camions: L'article 12.9, paragraphe 3 du texte
proposé, est trop restrictif en ce qui concerne la location des camions.
S'il est accepté tel quel, il disloquera, dans une grande mesure, le
système actuel de location de camions en forêt. Cet article
enlève la possibilité de louer le camion d'un
propriétaire, et de faire du transport pour ses propres besoins, en
engageant ce propriétaire, avec les avantages qui en découlent
pour lui.
Taux minimal versus taux fixe. Le règlement 12 a prévu des
taux minimaux qui sont temporaires, jusqu'à ce que de tels taux et
tarifs soient fixés par la Commission des transports. Nous nous
permettons de douter de l'à-propos d'avoir des taux et des tarifs
fixés par une tierce partie.
En effet, une multiplicité de facteurs entrent en jeu, lorsqu'il
s'agit d'établir un taux unitaire pour une opération
donnée de camionnage du bois, tant en forêt que sur les routes
publiques. Entre autres, il y a la topographie du terrain, la qualité de
route, la distance de camionnage, les périodes d'attente au chargement
et déchargement, la nature du bois, le type de camion, le mode de
propriété des équipements ou parties de ceux-ci, etc. Ces
différents facteurs sont toutefois considérés lorsque des
camionneurs négocient un taux de transport pour un cas donné et
bien spécifique. Ceci est tellement vrai que chez la même
compagnie, et parfois en deux endroits très rapprochés, les taux
unitaires de transport sont différents, puisque les conditions de
travail le sont également.
En définitive, ce qui intéresse l'artisan ou
l'entrepreneur, est le revenu que lui rapporte son ou ses camions, par rapport
à ses dépenses fixes et variables pour une période
d'années de travail.
Le camionneur forestier négocie un prix à
l'intérieur de ce contexte global, considérant aussi certains
avantages additionnels existants. En effet, le camionneur forestier, dans son
statut actuel de salarié, peut se prévaloir d'avantages sociaux
déjà mentionnés.
La compagnie lui offre aussi des services, tels garages, essence,
pièces, etc., ce qui réduit les pertes de temps. La pension et le
logement en forêt, à savoir $1.95 par jour, lui sont
chargés en bas du prix coûtant.
Tenant compte de ces nombreuses raisons et de bien d'autres qui
démontrent le caractère bien particulier des opérations
forestières, nous considérons que la fixation des taux et tarifs
par un organisme extérieur, pour une région ou pour la province
entière, est inéquitable et inapplicable dans le transport des
produits forestiers et nous nous y opposons. Le droit d'utiliser l'unité
tonne, cunit, corde, etc., convenant le mieux à l'opération
concernée doit être conservé. Nous suggérons que des
taux minimums réalistes soient considérés pour ensuite
laisser place à des ententes avec les camionneurs individuels sur les
taux réels à payer dans tel ou tel cas bien spécifique. Il
s'agit d'appliquer ici le principe qui prévaut dans le cas du salaire
minimum.
Régionalisation et contrôle des permis. En
général, les opérations forestières ne connaissent
pas de frontières administratives concernant la main-d'oeuvre. Des
Gaspésiens iront travailler sur la Côte-Nord, en Mauricie ou en
Abitibi. Des Beaucerons se retrouvent dans les chantiers du Saguenay, etc. Ceci
s'explique par le fait que les importantes concentrations de travaux forestiers
ou autres se situent dans des régions moins habitées, d'où
la nécessité de la mobilité de la main-d'oeuvre.
Le principe de la mobilité de la main-d'oeuvre, pour
répondre aux besoins réels d'une région, est reconnu et
favorisé par les gouvernements. Pourquoi en serait-il autrement pour les
camionneurs?
Le règlement 12 va à rencontre de ces principes par la
régionalisation des permis et l'établissement des postes
d'affectation. Dans les exploitations forestières, les restrictions
imposées pour le transfert des services de camionneurs d'une zone
à une autre sont incompatibles avec les besoins de l'industrie et
rendent difficile l'obtention des camions requis.
En effet, les propriétaires des camions déjà en
place et dans bien des cas, depuis de nombreuses années, ne sont pas des
résidants de la région, laquelle d'ailleurs ne peut remplir les
besoins par elle-même.
De plus, il arrive souvent que le travail forestier sert de
complément à d'autres activités dans le domaine du
camionnage. Le nombre de camions ne pourra donc pas être augmenté
dans une région simplement pour desservir le camionnage forestier.
Bien sûr, on pourra obtenir des permis additifs ou des permis
spéciaux de vrac, mais avec quels délais et formalités
seront-ils émis! Quelles difficultés auront nos camionneurs
à obtenir ces permis s'ils n'ont pas domicile dans la région des
opérations!
Transport extraprovincial. Nous sommes conscients du désir des
camionneurs québécois de se voir accorder une certaine protection
contre une concurrence indue et exagérée des camionneurs de
l'extérieur. Cependant, une trop grande rigueur envers ces derniers
risques d'engendrer des représailles qui pourraient défavoriser
nos camionneurs québécois et nuire réellement à ce
genre de transport. C'est pourquoi nous souhaitons une plus grande souplesse en
ce qui concerne le transport extraprovincial.
Conclusion. Le transport du bois est une phase des plus importantes des
exploitations forestières. Etant donné les
caractéristiques différentes du produit transporté et les
conditions variables dans lesquelles ce transport se fait, le bois ne devrait
pas être assujetti au règlement 12.
Merci.
Le Président (M. Brisson): Je vous remercie, M.
Turcotte.
Le député de Chicoutimi a des questions.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce sont les questions usuelles du
début. Pouvez-vous nous préciser le nombre de membres en
règle que vous avez? Qu'est-ce que cela représente comme
unité de travail?
M. Côté (Anatole): Notre association est une
association industrielle...
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
M. Côté (Anatole): ... dont les membres sont au
nombre de 33, dont les principales compagnies forestières de la
province, les compagnies qui utilisent, qui consomment dans leurs usines
environ sept millions de cordes de bois par année.
M. Bédard (Chicoutimi): A la page 3 de votre rapport,
concernant les taux minimaux, entre autres, vous vous interrogez sur
l'efficacité que des taux, des tarifs soient fixés par une tierce
partie. Vous explicitez la multiplicité des facteurs qui entrent en
ligne de compte lorsqu'il s'agit d'établir un taux unitaire pour une
région donnée concernant le camionnage du bois tant en
forêt que sur les routes publiques. Lorsque vous énumérez
les différents facteurs dont il faut tenir compte avant d'arriver
à la fixation d'un prix, à savoir la topographie du terrain, la
qualité de la route, la distance du camionnage, les périodes
d'attente au chargement et au déchargement, la nature du bois, le type
de camion, le mode de propriété des équipements je
comprends que ce sont des choses qui doivent être évaluées
avant de fixer un prix est-ce que la Commission des transports, si elle
a en mains les éléments ne pourrait pas efficacement fixer le
prix en tenant compte de tous ces facteurs que vous avez raison de
mentionner?
M. Côté (Anatole): il faudrait, à ce
moment-là, M. le député, que la commission fixe des taux
pour une foule d'endroits, une foule de conditions parce que c'est justement la
variation des ces conditions qui nous pousse à dire qu'un taux fixe est
inapplicable.
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis d'accord sur cette
idée, mais sur l'autre idée que vous émettez, à
savoir que cela ne soit pas fixé par une tierce partie mais entre les
parties contractantes, disons que je vous suis moins. J'aimerais avoir plus
d'explications, afin que vous me convainquiez. Autrement dit, quels sont les
éléments qui vous font croire que si on porte à
l'attention de la Commission des transports tous les points dont vous avez
parlé et dont il faut tenir compte dans la fixation d'un prix... quelle
est la motivation qui vous fait croire que la Commission des transports ne
pourrait pas être capable de fixer des tarifs qui ne sont pas fixes, mais
qui tiennent compte de ces facteurs et qui pourraient varier selon les endroits
et selon les difficultés du transport.
M. Côté (Anatole): Nous croyons que seuls les
camionneurs avec qui nous négocions sont en mesure de voir, de constater
les conditions où ils seront appelés à camionner, à
transporter du bois, sont en mesure de négocier en connaissance de
cause. La commission a aussi un autre désavantage quand elle fixe des
taux parce qu'ils sont réellement fixés. Vous ne pouvez pas payer
moins, vous ne pouvez pas payer plus si les conditions l'exigent, tandis
qu'à l'heure actuelle, dans le règlement 12, c'est un taux
minimum. Vous pouvez payer plus si c'est nécessaire. Mais une fois le
taux fixé par la commission vous devez payer ce taux.
M. Bédard (Chicoutimi): Ne croyez-vous pas qu'il y aura,
pour une certaine coordination, une certaine planification de toute l'industrie
du camionnage du bois en forêt... il y a quand même un avantage
à ce qu'il y ait un organisme qui puisse jouer ce rôle et, pour le
jouer, il faut qu'il soit au courant de ce qui se passe dans l'ensemble du
territoire et dans l'ensemble du secteur de camionnage dont on parle à
l'heure actuelle?
M. Côté (Anatole): Nous en faisons une sug-
gestion, soit de fixer un taux minimum et de laisser à la
négociaton le soin de fixer le taux réel. C'est ce qui se fait
à l'heure actuelle.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez une recommandation quand
même très précise dans votre rapport, montrant que vous
acceptez plus ou moins ce qui se fait à l'heure actuelle. C'est le sens
de mes questions de savoir quelles sont les motivations qui vous amènent
à demander un changement très précis de ce
côté.
M. Côté (Anatole): Nous croyons que le secteur du
bois devrait être exempté de l'application du règlement
pour plusieurs raisons.
Premièrement, nous agissons dans un contexte d'entreprise
privée, alors qu'une grande partie du camionnage en vrac concerne des
entreprises publiques de voirie ou autres. Ensuite, nous croyons fermement que
les permis régionaux vont nous causer de grandes difficultés pour
obtenir les camions requis et au moment désiré. L'industrie est
tenue de négocier des conventions collectives avec ses employés,
y compris les camionneurs. Il est assez difficile de négocier pour la
même chose, avec deux parties.
Comme je vous le disais tout à l'heure, nous sommes d'avis que la
négociation d'un taux de camionnage peut se faire de façon
beaucoup plus équitable, en négociant directement avec le
camionneur lui-même.
M. Bédard (Chicoutimi): Si je vous comprends bien, c'est
le sens fondamental de vos représentations, à savoir que vous
croyez que vous ne devriez pas être régis par cette loi.
Le Président (M. Brisson): Le ministre d'Etat aux
Transports.
M. Berthiaume: Dans ce domaine, vous faites l'observation
suivante, soit qu'aux Etats-Unis, on se pose des questions sur le
fonctionnement et l'utilité de l'Interstate Commerce Commission. En vous
basant là-dessus, je pense que vous faites l'argumentation qu'on devrait
soustraire le bois d'une réglementation semblable. Je voudrais
simplement souligner que même si les Etats-Unis se posent des questions
sur le fonctionnement de l'ICC, je pense qu'on peut dire aussi que le
Québec se pose des questions sur le fonctionnement de la commission. Ce
n'est pas une raison. Je pense que les Etats-Unis n'ont pas conclu et n'ont pas
proposé un choix au fonctionnement de l'ICC. Dans l'exemple que vous
choisissez, dans le transport des produits agricoles, encore là,
l'administration américaine n'a pas décidé que
c'était à cause du fait qu'elle n'était pas assujettie
à l'ICC. Je veux seulement faire cette remarque, pour l'ensemble de ceux
qui écoutent, parce que c'est un point important.
M. Côté (Anatole): J'apprécie votre remarque,
M. le député, mais j'aimerais laisser à cette commission
parlementaire une copie de l'article d'où nous avons tiré les
paroles qui ont été prononcées par M. Turcotte.
Le Président (M. Brisson): En avez-vous des copies? En
somme, c'est un document additionnel que dépose votre association.
M. Côté (Anatole): C'est cela.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Montmorency, une question.
M. Bédard (Montmorency): A la page 2 de votre
mémoire, lorsque vous parlez du statut du camionneur et de son camion,
quelle est la proportion de votre transport faite par des camionneurs
salariés, suivant la définition que vous en donnez à la
page 2, par rapport aux camionneurs à contrat qui seraient des
artisans?
M. Côté (Anatole): Je ne peux pas vous donner de
chiffres précis, M. le député. Il n'y a pas très
longtemps, il y a quelques mois, un relevé a été fait, qui
n'est peut-être pas complet, mais cela vous donne une idée de la
proportion. Il y avait alors, dans les exploitations forestières, 900
camionneurs artisans, 146 camionneurs entrepreneurs, et 206 camions appartenant
aux compagnies elles-mêmes.
M. Bédard (Montmorency): Quelle est la date de ce
relevé?
M. Côté (Anatole): Mars-avril de cette
année.
M. Mailloux: Au moment où vous indiquez que doit
être considéré comme salarié, le transporteur de
bois, comme le ministère du Travail s'est prononcé d'une
façon contraire et je pense que vous vous basez vous-même sur un
jugement qui a été rendu par un tribunal, mais dans ce jugement,
je pense que le juge n'avait pas d'alternative, parce que c'était suite
aux conventions que vous faisiez signer, vous, les industries
forestières, qu'il a tenu compte du terme salarié. Mais, au
ministère du Travail, il y a eu un refus complet de considérer
l'artisan comme salarié malgré l'insistance, je me rappelle, dont
a fait preuve l'ANCAl au moment où elle voulait qu'il soit admissible
à l'assurance-chômage. Je pense que le gouvernement
fédéral qui devait se prononcer par la suite, si ma
mémoire est fidèle, ne s'est pas prononcé non plus.
M. Côté (Anatole): II en reste néanmoins, M.
le ministre, que la grande majorité des compagnies retrouvent, dans le
texte de la convention collective, le camionneur...
M. Mailloux: Dans vos conventions collectives.
M. Côté (Anatole): Oui.
M. Mailloux: C'est parce que ça vient de vos
conventions de travail, ça n'est pas l'obligation que vous a
faite le gouvernement.
Il y a deux autres observations que je voulais vous faire, je ne sais
pas si je vais être capable... Vous avez mentionné tantôt
l'incapacité de la Commission des transports à se prononcer
étant donné la multiplicité des facteurs qui entrent en
ligne de compte dans la fixation possible d'un taux de transport donné.
Il ressort que la Commission des transports, si elle n'a pas
l'expérience de l'ensemble des compagnies forestières qui
oeuvrent dans le Québec, je pense qu'elle a en main les outils
nécessaires, sauf des articles, tels le logement ou les repas qui
pourraient être accordés à des camionneurs sur l'ensemble
des autres facteurs, que ce soient des chemins forestiers difficiles, des
chemins montagneux, accès sur lesquels, pour toutes sortes de raisons,
on doit tenir compte des raisons particulières.
Je pense qu'il y a une gamme de volets à l'intérieur
desquels la Commission des transports peut se prononcer très
valablement. Je ne veux pas influencer le travail de la commission ainsi que
les suggestions qui pourront être faites ou les règlements qui
pourront être modifiés. Je pense que la Commission des transports
est habile à se prononcer sur les taux que vous négociez avec les
camionneurs.
M. Côté (Anatole): Certainement que la commission
peut le faire, M. le ministre, mais nous prétendons que ces conditions,
qui seront à la base de la fixation des taux, varient tellement que le
taux ne s'appliquera pas à l'endroit, à la Rivière Bleue,
si vous voulez ou à l'endroit où le camionnage doit s'effectuer,
parce que les conditions ne sont pas exactement celles que la commission avait
en vue quand elle a fixé le taux.
M. Mailloux: M. Côté, je ne voudrais pas contester
votre argument, je sais que c'est pas mal plus difficile de faire un juste
milieu sur l'ensemble des chemins forestiers qui sont multiples dans le
Québec. Mais, si on a trouvé certains à-côtés
pour fixer des taux sur les agrégats à transporter pour les
matières dont on se sert pour la construction des routes on se
sert souvent de chemins forestiers pour la construction d'agrégats de
routes il y a le problème des côtes dans les régions
montagneuses. Je pense qu'il y a une multiplicité de problèmes
additionnels dont on doit tenir compte dans la fixation des taux en
forêt.
Je ne vois pas la raison pour laquelle la Commission des transports ne
serait pas habile à fixer, avec les experts qu'elle peut s'adjoindre,
des taux acceptables aux deux parties.
M. Côté (Anatole): Quelle objection y a-t-il, M. le
ministre, à avoir des taux minimaux tel que ça existe maintenant
dans le règlement 12?
M. Mailloux: Disons que je ne me prononce pas pour la Commission
des transports qui est un tribunal. S'il arrivait que la commission qui
siège actuellement décide de faire certaines suggestions au
gouvernement et que celui-ci veuille changer certains règlements, je
pense qu'il le fera. Je ne voudrais pas préjuger des décisions de
la commission.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, à
la page 4 de votre mémoire, lorsque vous dites textuellement ceci: "En
définitive, ce qui intéresse l'artisan ou l'entrepreneur, c'est
le revenu que lui rapporte son ou ses camions par rapport à ses
dépenses fixes et variables pour une période donnée de
travail."
Je pense bien que ce qui intéresse aussi les industriels du bois,
avec autant de vérité, c'est également le profit, n'est-ce
pas?
Vous avez été très honnête tout à
l'heure lorsque vous m'avez dit que, dans le fond, vos représentations,
c'était le fait que vous préféreriez n'être pas
régi par la loi et continuer à transiger directement avec les
camionneurs comme tels.
Est-ce que vous croyez sincèrement que les camionneurs, si tel
était le cas, c'est-à-dire que vous ne soyez pas régis par
la loi, y trouveraient autant leur profit que les industriels de la
forêt?
M. Côté (Anatole): Si vous le permettez, M. le
député, je vais référer votre question à M.
Dubé, mon voisin, qui fait affaires avec des camionneurs.
M. Dubé (Gaudiose): Certainement, M. le
député, je crois qu'il n'y a pas de raison pour que le camionneur
qui ne fait pas affaires... J'ai des camions chez nous qui fonctionnent depuis
10, 15, 20 ans, ce sont les mêmes camionneurs qui sont chez nous. S'ils
n'avaient pas fait leur affaire, ils ne seraient pas revenus chez nous. C'est
à peu près l'histoire de toutes les compagnies
forestières.
En plus de cela, c'est un complément déjà à
son gagne-pain, pour les opérations forestières, lorsque le
camionneur vient charroyer du bois chez nous. S'il a fini son charroyage en
vrac de gravelle autour de la ville, il peut venir chez nous et faire son
charroyage d'hiver.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que les camionneurs comme
tels ont exprimé cette idée de cesser d'être régis
par la loi? Est-ce que vous n'avez pas l'impression qu'ils sont plutôt
protégés, d'une certaine façon, par la loi?
M. Dubé: Lorsqu'on leur a demandé de bien vouloir
signer les formules de demande de charroyage en vrac, ce n'est pas l'impression
que j'ai eue à ce moment-là.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Montmagny-L'Islet. Est-ce que le ministre serait
prêt à prendre la parole?
M. Giasson: ... du mémoire, vous portez un jugement assez
sévère sur le règlement no 12, en ce qui a trait au
transport de bois. Vous dites ceci: Après deux années en vigueur,
le règlement 12 cause des problèmes tant à l'industrie
fores-
tière cela, j'y crois qu'aux camionneurs
eux-mêmes.
Quels sont les véritables problèmes que le
règlement 12 a causés aux camionneurs? Pourriez-vous m'expliciter
tous ces problèmes qu'ont vécus les camionneurs avec le
règlement 12, dans le domaine du transport de bois?
M. Côté (Anatole): Plusieurs camionneurs nous disent
qu'ils ont de la difficulté à obtenir des permis. Il y en a qui
ont en main un document et ils ne savent même pas de quoi il s'agit. On
leur demande: Est-ce une attestation?
On nous répond: Je ne sais pas; j'ai envoyé de l'argent,
j'ai eu un reçu. Ils ne comprennent rien là-dedans. Cela prend
des permis additionnels pour passer d'une région à une autre.
Franchement, ils trouvent que c'est terriblement compliqué.
M. Giasson: Mais ce seraient là les problèmes
vécus par les camionneurs, ce que vous venez d'exprimer?
M. Côté (Anatole): A ma connaissance, oui, M. le
député.
M. Giasson: Vous ne croyez pas que ce seraient plutôt des
problèmes... Je ne parle pas des camionneurs qui vont à
l'intérieur de l'exploitation forestière de compagnies, sur des
"limites" ou des concessions, je pense aux camionneurs de bois, et ils sont
nombreux au Québec, qui chargent du bois dans des régions
couvertes par des forêts privées, qui le transportent dans des
usines.
Vous n'avez pas l'impression que les principaux problèmes
vécus par ces camionneurs de bois ont été du moins,
récemment les problèmes découlant de l'application
de la loi sur les pesanteurs, les charges axiales, etc., bien plus que les
problèmes d'obtention de permis, de ne pas connaître le type de
permis exact qu'ils avaient entre les mains?
M. Côté (Anatole): Vous touchez certainement
là à un problème très sérieux, M. le
député, mais nous étions d'avis que le comité
Frigon devait se pencher sur ces problèmes. C'est pourquoi nous n'en
avons pas fait mention aujourd'hui.
M. Giasson: J'ai eu l'occasion, en 1975, de rencontrer les
camionneurs de ma région; à leur demande, nous avons
discuté. J'ai écouté. Nous avons discuté, mais j'ai
surtout écouté l'exposé des problèmes vécus
par ces gens-là.
Ce n'est pas tellement dans le problème d'une attestation ou d'un
type de permis que ces gens-là ont eu des difficultés, c'est
autre chose qu'ils ont exprimé.
M. Côté (Anatole): Mais il y a des exemples qui nous
sont donnés. On m'appelle régulièrement et on me dit: J'ai
six camionneurs. Ils ne savent pas s'ils ont des permis, les inspecteurs du
ministère leur disent qu'ils n'en ont pas, qu'ils doivent arrêter
de travailler. Il y a des problèmes de ce côté-là
aussi.
M. Giasson: Vous avez fait allusion à la
possibilité que la Commission des transports établisse des taux
minimaux qui seraient l'équivalent du salaire minimum. Vous admettrez
que la comparaison n'est pas forte, parce que le salaire minimum, c'est ce
qu'on a de plus bas chez nous. Mais, cependant, en partant du principe que la
commission accepterait un taux, un tarif minimum, est-ce que, comme entreprise
forestière vous représentez des entreprises vous
accepteriez également le principe que la négociation, au lieu de
se faire individuellement avec chacun des camionneurs que vous avez sur vos
chantiers, se fasse par l'intermédiaire d'une association qui les
regrouperait tous?
M. Côté (Anatole): Non, M. le député,
parce que, je l'ai dit tout à l'heure, nous croyons qu'il est essentiel
de négocier les taux avec des camionneurs individuels qui sont en mesure
de constater les conditions qui justifient ces taux.
M. Giasson: Mais, vous n'avez pas l'impression que l'association
qui les regrouperait tous serait en mesure d'évaluer les
différences qui existent d'un endroit par rapport à un autre,
question d'état de routes, de topographie de terrain, de distance, de
capacité ou de facilité de chargement, etc.? Ce sont tous des
choses qui entrent en ligne de compte. Mais, une association, d'après
moi, serait capable d'évaluer cela aussi.
M. Côté (Anatole): Oui, mais, comme bien d'autres,
ce serait une association dont les représentants seraient assis dans un
bureau. Ils ne seraient pas en mesure de trop constater ce qui se passe dans un
endroit éloigné.
Le Président (M. Brisson): D'autres questions?
M. Giasson: Votre objectif, c'est que le transport du bois ne
soit pas assujetti au règlement 12. Vous incluez également le
transport de bois vers les usines, fait par de petits camionneurs de certaines
régions où on retrouve des forêts privées. Vous
excluez également cette partie du transport de bois par rapport au
transport qui est fait sur les exploitations des compagnies?
M. Côté (Anatole): Cette partie, M. le
député, nous touche parce que, en somme, le coût du
transport est reflété dans le prix du bois, mais la plupart des
compagnies achètent ces bois livrés à l'usine. C'est le
vendeur de ces bois qui se charge de les expédier et d'engager les
camions nécessaires.
M. Giasson: Dans ces cas, vous n'engagez pas de camionneurs.
Est-ce que vous maintenez l'objection selon laquelle le bois n'est pas
assujetti au règlement 12?
M. Côté (Anatole): Oui, en principe. M. Giasson:
Merci.
Le Président (M. Brisson): L'honorable ministre des
Transports.
M. Mailloux: M. Côté, vous parlez, à
l'intérieur de votre document, à la page 3, de la location de
camions. Je pense être valablement informé qu'actuellement vous
placez les camionneurs dans une position illégale, en en faisant des
salariés, chose qui est prohibée par la Commission des
transports. Est-ce que c'est un fait que la plupart des camionneurs seraient
dans l'illégalité et en mesure de se faire arrêter par
n'importe quel inspecteur?
M. Côté (Anatole): Cela dépend...
M. Mailloux: Cela ne respecte d'aucune façon les exigences
de la commission.
M. Côté (Anatole): Cela dépend de la loi qui
aurait la priorité, M. le ministre. La convention collective exige,
étant donné que l'unité de négociation couvre les
camionneurs, que tous les camionneurs qui entrent à l'emploi de la
compagnie soient placés sur la liste de paie, deviennent
employés.
M. Mailloux: Si la convention collective entre en conflit avec
une autre loi ou réglementation, j'imagine qu'une convention collective
doit respecter les lois en vigueur.
M. Côté (Anatole): M. le ministre, je ne suis
malheureusement pas compétent en la matière. Est-ce que je
pourrais demander à Me Girard de répondre?
M. Girard (Claude): Aux termes du règlement 12, il y a la
possibilité, dans la définition de transport pour contrat, de
faire de la location de camions, sans qu'on y restreigne, de quelque
façon que ce soit, le terme "location".
C'est évident qu'aux termes du règlement 12, nul ne peut
requérir les services d'un camionneur qui n'a pas de permis, en vertu du
règlement. Mais, effectivement, aussi en vertu du règlement 12,
les seuls permis qui sont exigés sont les permis de transporteur, de
camionneur entrepreneur ou de camionneur en vrac. C'est exact aussi qu'il
existe une ordonnance concernant la location de véhicules, mais cette
ordonnance s'applique aux entreprises publiques de location.
Nous ne pouvons pas confirmer que toutes les compagnies
forestières suivent exactement le même processus. L'association
n'a pas vérifié les contrats de chaque compagnie. Il y a de la
concurrence entre les compagnies. La concurrence existe également au
niveau du transport. Normalement, la majorité des compagnies
forestières utilise un contrat de location, pur et simple, du camion et
donne la faculté au propriétaire du camion de le conduire ou non,
et s'il refuse de le conduire, la compagnie, à ce moment, se sert de ses
propres employés pour le faire conduire.
Aux termes du règlement 12, nous pensons ne pas être
hors-la-loi. Nous faisons effectivement ce que le règlement nous permet
de faire. Le règle- ment nous permet de louer des camions sans aucune
restriction.
M. Mailloux: De personnes qui n'ont pas de permis de
location.
M. Girard: Là encore, M. le ministre, il faut se
référer à l'ordonnance sur la location de
véhicules. Celle-ci s'applique aux entreprises publiques de location et
nous croyons qu'elle ne s'applique pas dans le cas d'un camionneur artisan,
tout simplement.
Nous en avons conscience et, là-dessus, lorsque nous avons
examiné l'avant-projet de règlement amendant la définition
de transport pour son propre compte, effectivement, le ministère
désirait couvrir cette façon de faire des compagnies
forestières en exigeant que les compagnies ou l'utilisateur de services
ne puisse louer un véhicule que d'une personne ou d'une compagnie qui se
conforme à l'ordonnance sur la location des véhicules.
M. Mailloux: N'étant pas moi-même officier
légiste, comme j'ai une profonde réserve à l'esprit sur
les contrats qui sont signés, disons que je m'informerai plus
valablement de manière à répondre à votre savante
argumentation.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Laviolette.
M. Carpentier: M. le Président, suite aux remarques du
député de Montmagny-L'Islet, est-ce que, dans l'esprit de votre
mémoire, vous voulez également que le bois, par exemple, qui est
en longueur en tige, qui est charroyé à l'intérieur des
limites d'une compagnie, même celui qui est pris en forêt et qui
est enmené à une usine, par exemple, ainsi que le bois
destiné à une scierie, le bois de sciage, soit le bois franc
comme bois de sciage ou les billots, le bois mou, qui est destiné
à une scierie soient couverts selon votre mémoire?
M. Côté (Anatole): Oui, en somme, tous les bois en
grume qui n'ont pas subi, selon les termes du règlement, d'autre
transformation que celle du sciage et de l'écorçage.
M. Carpentier: C'est couvert.
M. Côté (Anatole): C'est couvert, à l'heure
actuelle. C'est ce que nous aimerions voir "découvert."
M. Carpentier: C'est ce que vous aimeriez voir être
couvert.
Une Voix: Exclu.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Tout simplement une
dernière question.
Lorsque vous préconisez, dans votre mé-
moire, d'appliquer le principe du salaire minimum ou encore, vous
suggérez, autrement dit, des taux minimums réalistes, pour
employer votre expression, pour ensuite laisser la place à des ententes
avec chaque camionneur, est-ce que vous ne croyez pas que les camionneurs, sans
préjuger de la conduite des propriétaires ou des industriels
forestiers, sont mieux protégés lorsqu'ils ont à
négocier collectivement plutôt que de négocier
individuellement avec la compagnie? Ne trouvez-vous pas qu'à ce moment
la partie n'est vraiment pas égale?
M. Côté (Anatole): M. le député, les
camionneurs sont des gens, des entrepreneurs par nature très
débrouillards et je vous assure qu'ils ne sont nullement
gênés, quand les conditions ou les taux ne font pas leur affaire,
d'aller trouver l'employeur et de lui dire: Si tu ne changes pas ça,
nous autres, on débraie.
M. Bédard (Chicoutimi): Ils ne sont peut-être pas
aussi indépendants que cela. Il y en a beaucoup qui ont besoin de
travailler et, s'ils travaillent avec leur camion, ce n'est pas pour se payer
des vacances en Floride; c'est parce qu'ils en ont besoin pour joindre les deux
bouts.
Vous admettrez avec moi que...
M. Mailloux: M. Côté, vous venez d'affirmer
je dis cela sans malice que c'étaient des salariés et ce
sont de bons entrepreneurs.
M. Côté (Anatole): Non, mais écoutez! Il y a
deux choses on l'a dit au début. Il y a le statut de
l'employé, du camionneur, du chauffeur ou du conducteur ou du
propriétaire et il y a le statut de sa pièce d'équipement,
de son camion. C'est une autre difficulté. On parle de camionnage, mais
il y a deux choses impliquées là-dedans. Il y le conducteur et il
y a le camion. Il n'y a rien à dire sur le salaire qu'il
reçoit.
M. Mailloux: II y a deux hommes dans un camionneur.
M. Côté (Anatole): II n'y a rien à dire sur
le salaire qu'il reçoit parce que c'est négocié par
l'union.
M. Mailloux: C'est peut-être vrai...
M. Côté (Anatole): Mais pour le camion...
M. Mailloux: ... ce que vous dites là. Il doit y avoir
deux hommes dans un camionneur, avec tout ce que j'écoute.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas d'autres
questions.
Le Président (M. Brisson): Messieurs, je vous remercie
d'avoir représenté votre association. J'appellerais le Conseil de
la coopération du Québec, M. Gilles Arès, directeur
général.
Conseil de la coopération du
Québec
M. Arès (Gilles): M. le Président, messieurs les
ministres, messieurs les membres de la commission, le mandat ou un des mandats
du Conseil de la coopération du Québec est de promouvoir et de
protéger les intérêts généraux du mouvement
coopératif québécois et c'est à ce titre qu'il
désire vous exposer aujourd'hui certains commentaires concernant
l'application du règlement numéro 12 sur le camionnage en vrac et
la loi qui le régit.
C'est également à ce titre que de plus en plus le CCQ est
approché par des camionneurs désireux de se regrouper selon la
formule coopérative.
Notre intervention a donc pour objet principal de réclamer que la
formule coopérative puisse s'intégrer à l'intérieur
du règlement numéro 12.
La principale difficulté que rencontrent les entrepreneurs
camionneurs est qu'ils ne peuvent être reconnus comme étant une
association coopérative d'entrepreneurs camionneurs aux termes de la Loi
des transports et du règlement numéro 12, et de détenir en
cette qualité le permis de poste d'affectation.
Cette difficulté provient du fait que l'article 29, paragraphe g)
de la Loi des transports, oblige la Commission des transports à ne
reconnaître qu'un seul organisme, soit l'organisme regroupant la
majorité des camionneurs artisans et ignore tout à fait tout
autre organisme regroupant les entrepreneurs camionneurs.
C'est à cause de cette omission dans la Loi des transports qu'on
retrouve dans le règlement numéro 12 l'expression bizarre "groupe
d'entrepreneurs". Cette expression "groupe d'entrepreneurs" fait le contrepoids
à l'expression "association de camionneurs artisans", sauf que dans ce
dernier cas, ce groupement est explicitement reconnu par la Commission des
transports et a une entité juridique, ce qui n'est pas le cas pour le
"groupe d'entrepreneurs."
C'est donc dire qu'au niveau de l'adjudication du permis de poste
d'affectation, contrairement à l'association des camionneurs artisans,
une association coopérative d'entrepreneurs camionneurs, regroupant la
majorité des entrepreneurs camionneurs d'une région, non
seulement ne peut être légalement reconnue par la commission
à cause du silence de l'article 29 de la loi, mais encore le permis de
poste d'affectation ne peut être légalement octroyé
à cette association coopérative, et cela malgré sa
représentativité.
A notre avis, une telle situation législative et
réglementaire entraîne des tracasseries administratives au niveau
de l'adjudication du permis de poste d'affectation.
En effet, alors qu'une simple requête de la part d'une association
de camionneurs artisans d'une région suffit pour obtenir le permis de
poste d'affectation, la signature de la majorité des entrepreneurs
camionneurs d'une région est requise pour obtenir le même
permis.
La Loi des transports et le règlement numéro 12, dans leur
rédaction actuelle, dénient aux
entrepreneurs camionneurs le droit d'être reconnu à
l'intérieur du règlement comme une association possédant
une entité juridique, alors qu'elle l'est dans les faits et dans le
droit.
On pourrait se demander, également, si les utilisateurs des
transports publics ne seraient pas plus rassurés de passer des contrats
de transport avec une association coopérative responsable,
contrôlant ses membres plutôt qu'avec un groupe d'entrepreneurs ne
possédant pas de reconnaissance juridique aux termes du règlement
no 12 et qui, en fin de compte, est "tout le monde et personne".
Ce que nous venons de dire pour les entrepreneurs camionneurs à
savoir la possibilité pour eux de se regrouper suivant la formule
coopérative, on peut également le dire pour les camionneurs
artisans. En effet, bien que l'article 29, paragraphe g) de la Loi des
transports laisse à l'organisme le soin de s'incorporer selon diverses
voies légales possibles, il semble, de par la rédaction
même du règlement no I2, qu'on favoriserait une incorporation
suivant la troisième partie de la Loi des compagnies et la Loi des
syndicats professionnels, éliminant alors la possibilité pour les
camionneurs artisans de se regrouper en corporation suivant la Loi des
associations coopératives. La reconnaissance de la formule
coopérative par le ministère des Transports au même titre
que les autres corporations devient donc une condition indispensable au
développement et à l'épanouissement des
coopératives de camionneurs actuelles ou futures.
Mais derrière ces problèmes propres à chaque
catégorie de détenteurs de permis, le CCQ s'interroge
sérieusement sur le bien-fondé de diviser les camionneurs en vrac
en deux catégories, alors que la pratique a démontré que
cette séparation des "gros" des "petits" est une distinction factice. Le
CCQ croit qu'on est en présence de camionneurs voulant vivre de leur
entreprise et travailler ensemble, plutôt que de se surveiller comme
chien et chat et donner ouverture à des subterfuges de part et
d'autre.
La solution à ce problème que le conseil entend vous
soumettre aujourd'hui est, premièrement, que le règlement no I2
soit modifié afin de permettre à toute association
coopérative qui regrouperait la majorité des camionneurs en vrac
d'une région d'être le seul organisme pouvant se voir adjuger le
permis de poste d'affectation dans une région.
Deuxièmement, que le gouvernement donne l'exemple aux entreprises
privées en faisant en sorte que les contrats de transport soient
exécutés par l'entremise du poste d'affectation; ce serait
là, croyons-nous, le compromis tant recherché pour implanter en
fait, mais non en droit, l'obligation de passer par le poste d'affectation.
Ceci nous amène à vous entretenir de la clause communément
appelée 75-25 par laquelle le ministère des Transports oblige
dans l'adjudication de ses contrats de voirie à ce que l'entrepreneur
fasse appel à au moins 75% des camions appartenant aux membres de
l'association des camionneurs artisans. Nous trouvons qu'il s'agit là
d'une clause discri- minatoire à l'égard des autres camionneurs
en vrac et nous nous interrogeons sérieusement sur le bien-fondé
du ministère des Transports d'inclure une telle clause dans les
contrats. A notre avis, ce genre de clause n'a pas raison d'être et ne
fait qu'accentuer la distinction éphémère entre
camionneurs artisans et entrepreneurs camionneurs tout en soulevant de part et
d'autre des querelles inutiles, sans compter l'ouverture de requêtes pour
permis additifs présentées devant la commission des
Transports.
Car derrière cette clause, on peut entrevoir l'hypothèse
que dans une région donnée il y ait un nombre insuffisant de
détenteurs de permis de catégorie artisan, d'où les
requêtes pour permis additifs venant de camionneurs d'autres
régions; mais si pour cette même région les autres
détenteurs de permis sont en mesure d'assurer les services, nul doute
alors que la Commission des transports ne peut accorder ces requêtes pour
permis additif, ce qui place l'entrepreneur devant une situation pour le moins
intenable, en ce sens que, d'une part, le contrat de voirie l'oblige à
respecter la clause 75-25 et, d'autre part, il ne peut y avoir
d'émission de permis additif puisque les autres détenteurs de
permis de cette région peuvent assurer les services demandés.
Pour ces raisons, le Conseil de la coopération du Québec
croit qu'il y a lieu pour le ministère des Transports d'abolir cette
clause 75-25 ou toute autre clause de même nature.
A ceux qui craindraient les dissensions à l'intérieur
d'une association coopérative regroupant à la fois des
détenteurs de permis VA et VE, nous disons que c'est là bien mal
connaître la formule coopérative.
En effet, cette dernière remarque nous amène à vous
dire que les coopératives en elles-mêmes sont porteuses de
caractéristiques qui en font des instruments de participation directe de
leurs membres à l'amélioration de leurs conditions
économiques et sociales. Elles sont fondées sur l'initiative et
la responsabilité personnelles aussi bien que sur la solidarité
et l'entraide. Elles sont à la fois des associations de personnes et des
entreprises économiques. Elles sont les organisations
démocratiques dont les membres doivent accepter de se reconnaître
des droits égaux même si leurs obligations sont
proportionnées aux ressources et capacités de chacune. Elles
favorisent la compréhension mutuelle et la tolérance tout en
exigeant une réelle discipline de leurs adhérents. Ces derniers,
d'ailleurs, y jouissent du double statut de propriétaires et d'usagers
et ils ont voix égales au moment des prises de décisions, ils se
répartissent les excédents proportionnellement à
l'utilisation qu'ils font des services communs.
En conséquence, le Conseil de la coopération du
Québec recommande:
Premièrement, que la Loi des transports et le règlement no
I2 soient modifiés, afin de permettre la reconnaissance officielle d'une
association coopérative regroupant la majorité des camionneurs en
vrac d'une région, et ainsi d'éliminer la distinction factice
entre VA et VE.
Deuxièmement, que cette association coopé-
rative soit le seul organisme habilité à détenir le
permis de poste d'affectation d'une région.
A défaut de donner suite à ces deux recommandations, nous
recommandons: 1) Que le ministère des Transports abandonne la clause
communément appelée 75-25 ou toute autre clause de même
nature. 2) Que la Loi des transports soit amendée pour permettre
à la Commission des transports de reconnaître, dans le cadre des
règlements, tout organisme qu'elle juge représentatif des
camionneurs entrepreneurs. 3)Qu'il soit bien précisé dans le
règlement no 12 qu'une association coopérative de camionneurs
puisse être reconnue par la commission comme étant le groupe
représentatif des entrepreneurs camionneurs d'une région. 4)
Qu'il soit bien précisé qu'une association coopérative
d'entrepreneurs camionneurs reconnue par la commission puisse obtenir le permis
de poste d'affectation, en cette seule qualité. 5)Qu'il soit bien
précisé dans le règlement no 12 qu'une association
coopérative de camionneurs artisans puisse être reconnue par la
Commission des transports comme étant le groupe représentatif des
camionneurs artisans d'une région. 6) Qu'il soit bien
précisé qu'une association coopérative de camionneurs
artisans reconnue par la commission puisse obtenir le permis de poste
d'affectation, en cette seule qualité. 7) Qu'il soit bien
précisé qu'une fédération d'associations
coopératives d'entrepreneurs camionneurs ou de camionneurs artisans soit
reconnue par la commission comme étant le porte-parole provincial du
groupe représentatif d'associations coopératives d'entrepreneurs
camionneurs ou de camionneurs artisans. Merci.
Le Président (M. Brisson): Je vous remercie, M. Ares. Y
a-t-il des questions? Le député de Rosemont.
M. Bellemare (Rosemont): M. Arès, à la page 7,
paragraphe 2, vous demandez que cette.association coopérative soit le
seul organisme habilité à détenir le permis de poste
d'affectation d'une région. Si vous prenez comme exemple la
région de Montréal, suggéreriez-vous qu'il y ait seulement
un poste d'affectation pour la région de Montréal?
M. Arès: Pour ma part, M. le député, je ne
crois pas que Montréal puisse faire l'objet de l'affectation d'un seul
poste. Je pense que la situation de l'île de Montréal est
très différente de celle des autres régions. Il y aurait
lieu, pour la Commission des transports, de revoir un peu ces politiques
à l'égard de l'île de Montréal, il me semble, en
tout cas.
M. Bellemare (Rosemont): Pensez-vous que,s'il y avait un poste
d'affectation qui pourrait avoir un permis pour 100 unités, ce serait
trop ou pas assez?
M. Arès: Je ne serais pas en mesure de ré- pondre
à cette question, M. le député. Pour l'île de
Montréal, ou pour l'ensemble des régions?
M. Bellemare (Rosemont): Je généralise.
M. Arès: Pour pouvoir répondre à cette
question, M. le député, il faudrait avoir fait une étude
économique de la demande et des besoins de chacune des régions,
de même qu'une étude sur l'offre d'unités disponibles.
Actuellement, cette étude n'a pas été entreprise, au
niveau de notre organisme.
M. Bellemare (Rosemont): Vous êtes quand même
d'accord, et je le comprends aussi, que le problème de Montréal
et les problèmes ruraux ne sont pas les mêmes. Nous sommes
totalement d'accord avec vous; par contre, vous seriez d'accord à
admettre que, dans la périphérie de Montréal, soit
à Laval, à Montréal, etc., un poste d'affectation
seulement, ce serait trop peu, ce ne serait pas l'idéal.
M. Arès: Ce n'est pas convenable du tout pour la situation
qui prévaut dans cette partie de la province de Québec,
absolument pas.
M. Bellemare (Rosement): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, le Conseil de la
coopération du Québec recommande deux choses au départ. A
défaut de cela, on fait d'autres recommandations.
Vous avez deux recommandations au départ. La deuxième est
celle-ci: Que cette association coopérative soit le seul organisme
habilité à détenir le permis d'application d'une
région.
Je transpose votre demande vis-à-vis de ma région, que je
connais bien. Vous voudriez, tout de go, que le règlement no 12 vous
confierait la responsabilité du poste d'affectation de chez nous quand
vous n'avez pas un seul membre dans la coopérative?
M. Arès: Absolument pas! Ce n'est pas ce que le Conseil de
coopération a voulu dire ou laissé entendre.
M. Giasson: C'est ce qui est écrit.
M. Arès: Je pense qu'il faudrait revenir à la
première recommandation où on dit qu'une association
coopérative regroupant la majorité des camionneurs en vrac
si vous lisez la première recommandation, il s'agit bien d'une
association coopérative regroupant la majorité des camionneurs en
vrac s'il n'existe pas de coopérative regroupant cette
majorité, ça ne sert à rien de vouloir confier à
une association coopérative le problème du transport en vrac dans
une région. Je ne pense pas que le Conseil de la coopération soit
intéressé à faire une telle suggestion.
M. Giasson: Faisons des hypothèses, si vous voulez.
Présumons que le ministère des Transports accepte cette
première recommandation. Vous représentez la majorité, 60%
des camionneurs en vrac d'une région donnée. Partant de
là, lorsqu'il y a des travaux, est-ce que votre coopérative va
accepter également la venue sur les chantiers des camionneurs artisans,
les 40% qui ne sont pas membres de la coopérative, sans qu'ils soient
obligés d'adhérer à votre coopérative?
M. Arès: Sans qu'ils soient membres d'une
coopérative, c'est-à-dire que la coopérative des
camionneurs artisans, regrouperait alors la majorité des camionneurs,
entrepreneurs et artisans. On ne fait plus la distinction entre camionneurs,
entrepreneurs et artisans.
M. Giasson: Supposons pour les fins de la discussion que vous
avez 60% de tous les camionneurs en vrac...
M. Arès: C'est ça.
M. Giasson: ... qui sont prêts à travailler avec la
formule coopérative, vous en avez 40% qui ne veulent pas de la formule
coopérative. Vous savez qu'on n'impose pas ça.
M. Arès: Oui, c'est leur choix.
M. Giasson: Je suppose que ce qui doit être volontaire,
c'est une formule coopérative. Dans ce contexte, vous avez 40% de gars
qui ne veulent pas aller dans une coopérative, possèdent des
camions, ce sont des camionneurs en vrac, artisans ou entrepreneurs, peu
importe, dans ce contexte, comment vont-ils pouvoir gagner leur vie dans la
région où le poste d'affectation vous a été
réservé en exclusivité?
M. Arès: A ce moment, je pense que ça relève
du libre choix que ces camionneurs ont fait. Parce que je suppose que, s'ils ne
veulent pas appartenir à l'association, non pas simplement à la
coopérative, mais à l'association qui gère le poste
d'affectation, c'est parce qu'ils ont vu d'autres intérêts
ailleurs, qui étaient en mesure de subvenir à leurs besoins et,
d'une autre façon, en allant chercher des contrats en dehors du poste
d'affectation, c'est fort possible.
M. Giasson: Cela peut être aussi bien possible que la
première raison repose sur le fait que ces individus ne veulent pas
travailler par l'intermédiaire de la formule coopérative. Vous
savez que ça existe au Québec.
M. Arès: Oui, ça existe.
M. Giasson: II y a des gens qui acceptent de travailler dans une
coopérative, d'adhérer, d'y participer et d'autres refusent. Vous
ne pouvez pas imposer ça.
M. Arès: On n'impose pas ça. Il n'est pas question
d'imposer que ces gens fassent partie de l'association coopérative, mais
c'est leur choix. Si l'association coopérative regroupe la
majorité des camionneurs dans une région, ces camionneurs vont
avoir un poste d'affectation. Ceux qui n'appartiendront pas à
l'association coopérative auront très certainement d'autres
possibilités.
M. Giasson: Postes d'affectation.
M. Arès: Non pas d'autres possibilités de postes
d'affectation, mais d'autres possibilités, point.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, dans le
même ordre d'idée. Que cette association coopérative soit
le seul organisme habilité à détenir le permis d'un poste
d'affectation d'une région, est-ce que vous pourriez spécifier de
quelle région vous voulez parler ou si c'est dans toute la province?
M. Arès: Je vais répondre immédiatement
à votre question. Je pense que cette recommandation s'adresse à
l'ensemble de la province. Si vous avez une association coopérative, ou
une association tout court,qui regroupe la majorité des camionneurs en
vrac, c'est cette association qui devrait gérer le poste d'affectation,
les camionneurs qui ne désirent pas faire partie de cette association,
ont fait le choix. Ils ont exercé leur libre choix. Ils doivent avoir
d'autres possibilités pour subvenir à leurs besoins.
M. Bellemare (Rosemont): Est-ce que vous voulez dire par
là que vous pourriez éliminer les fédérations?
M. Arès: Absolument pas. Il n'est pas question
d'éliminer les fédérations par ce biais-là.
M. Bellemare (Rosemont): Parce que si vous éliminez les
fédérations, vous allez épargner de l'argent aux membres
de vos associations qui sont obligés de payer 5% à 10% pour rien
aux fédérations.
Je ne vous poserai pas la question que j'ai posée à
monsieur tantôt; j'attendrai le moment où la
fédération passera.
Vous me dites que cette association coopérative je le
répète et je m'en excuse est le seul organisme. Cela veut
dire que vous êtes les seuls à avoir le pouvoir de détenir
des postes d'affectation. C'est cela?
M. Arès: C'est effectivement cela. C'est ce qui se passe
dans les faits, actuellement. Pour la majorité des camionneurs
entrepreneurs ou artisans, actuellement, il existe deux postes d'affectation
qui sont émis par la Commission des transports. C'est la même
chose. Simplement, on fait disparaître la distinction entre camionneur
entrepreneur et camionneur artisan.
M. Bellemare (Rosemont): Ne pensez-vous pas que les autres qui
sont venus présenter des mémoires je passerai par-dessus
les noms ne
seraient pas intéressés comme vous autres, aussi, à
être les seuls organismes, comme vous le dites si bien, habilités
à détenir le permis de...
M. Mailloux: ...la volonté des autres.
M. Arès: Pourriez-vous répéter votre
question, M. Bellemare?
M. Bellemare (Rosemont): Ma question est celle-ci. Les autres
organismes sont venus présenter leur mémoire. Je crois
très sincèrement qu'ils ont les mêmes buts que vous. Ils
voudraient être les seuls organismes habilités à
détenir le permis de postes d'affectation d'une région.
M. Arès: Je ne pense pas que le conseil de la
coopération désire établir un monopole sur la distribution
du travail, en ce qui concerne le camionnage en vrac au Québec.
Ce que le conseil de la coopération dit, c'est que si, dans une
région donnée, la majorité des camionneurs se prononce en
faveur de la formation d'une telle association, se regroupe autour d'une telle
association, c'est à cette association qu'on doit donner la gestion du
poste d'affectation.
Pourquoi? Parce que cela va servir les intérêts, au mieux,
de tous les camionneurs de cette région. Je ne vois pas
d'inconvénients à ce que se forme, dans une région
donnée, une association qui ne soit pas coopérative. C'est le
choix des citoyens du Québec.
Mais je me dis que si, dans une région donnée, ces gens
veulent se regrouper sous la formule coopérative, qu'on donne le droit
à ces citoyens de se regrouper autour de cette association et de
gérer le poste d'affectation au mieux des intérêts de tous
les camionneurs de la région.
Je ne pense pas que le fait que 60% des camionneurs d'une région
soient regroupés dans une association va aller au détriment des
40% qui ne sont pas nécessairement membres de l'association. Il se
pourrait fort bien que dans le cours de la gestion de ce poste d'affectation,
l'ouvrage soit distribué aux 40% qui restent.
M. Bellemare (Rosemont): Sous toute réserve de ce que
monsieur m'a répondu tantôt, je lui demande très
sincèrement et honnêtement... Vous m'avez dit d'ailleurs que pour
l'île de Montréal, c'est totalement différent d'autres
régions données. On s'est entendu sur ce point.
Est-ce que vous auriez une suggestion pour l'île de
Montréal? Disons que chez vous, il y a tout cela. C'est votre
organisation qui a tout cela. Est-ce que vous auriez une suggestion
quelconque?
Le Président (M. Brisson): L'honorable ministre des
Transports.
M. Mailloux: Si vous me le permettiez, pour clarifier la
situation et en même temps pour répondre au voeu exprimé
par le député de Rosemont, je pense que le gouvernement, dans sa
philosophie, n'a jamais rejeté aucune des formules que pouvait avancer
un groupe de camionneurs. Et dans le règlement actuel, je dis bien cela,
entrepreneurs et artisans, et artisans de l'autre bord, le gouvernement n'a
jamais rejeté aucune formule. En faisant la distinction que je fais,
puisqu'il y a deux types de demandes, à l'article 29 de la loi, il
serait nécessaire d'apporter une modification par laquelle tout type
d'association pourrait être reconnu dans une région ou autrement,
advenant qu'une majorité puisse être affirmée.
Je ne crois pas errer en disant que jamais, dans l'esprit du
gouvernement, la formule coopérative ou d'autres formules n'ont
été mises de côté.
Je pense au voeu qui a été exprimé par les partis
politiques. A ce moment ils ont demandé à des gens de se
regrouper dans des types de formules qui étaient leur choix à
eux.
Je pourrais avancer qu'à l'article 29, il faudra forcément
apporter un amendement que je voudrais soumettre avant aux légistes. Il
permettrait que, quel que soit le type d'association, y compris
celle-là, cela puisse être, advenant une volonté
exprimée dans une région, celle-là qui exerce la
représentation. Je pense que personne ne peut s'opposer à
cela.
M. Bellemare (Rosemont): Merci, M. le ministre.
M. Mailloux: Mais, cela dissocie dans mon esprit, parce que je ne
veux pas préjuger de l'autre décision, vos deux demandes.
M. Arès: Merci, M. le ministre. C'est exactement ce que le
Conseil de la coopération du Québec voulait entendre de votre
part. Cela fait l'objet principal de notre mémoire. Au nom du Conseil de
la coopération du Québec et de ses institutions affiliées,
je vous remercie.
Le Président (M. Brisson): L'honorable ministre aurait-il
d'autres observations à formuler?
M. Mailloux: Non, je ne veux pas préjuger des
décisions qu'ultérieurement la commission aura à rendre
sur la deuxième facette des demandes. Quant à la première
facette, on peut avouer que c'est l'intention du ministère, à
compter de la reprise de la session, d'apporter l'amendement nécessaire
à l'article 29. S'il n'apparaît pas dans le document sessionnel
qui va être déposé demain, il y aura un papillon à
cet effet.
Le Président (M. Brisson): M. Arès, je vous
remercie d'avoir représenté votre association. Un instant, s'il
vous plaît!
Le député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez employé souvent
la notion de région. Croyez-vous qu'il y aurait avantage à
préciser beaucoup plus la définition de ce que vous entendez par
région, quand on parle de camionnage en vrac?
M. Arès: Par formation, M. le député, je
suis
économiste. Quand je parle de régions, je parle toujours
des dix régions économiques du Québec. Je ne suis pas un
spécialiste, loin de là, des problèmes du transport au
Québec. Je ne voudrais pas m'embarquer dans la définition de
régions qui seraient spécifiquement conformées aux besoins
du camionnage en vrac au Québec. Mais, depuis longtemps, on parle,
à tous les niveaux, que ce soit dans les régions, à
l'université ou à l'Etat, de développement
régional. C'est à ce titre qu'on s'intéresse à un
regroupement de forces régionales pour permettre des activités de
développement dans ces régions.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous remercie.
Le Président (M. Brisson): Je vous remercie, M. Gilles
Arès, d'avoir représenté votre association.
M. Ares: Je voulais simplement, M. le Président, faire une
remarque en disant que le Conseil de la coopération n'est pas une
association de camionneurs en vrac, mais bien une institution ou un organisme
qui représente l'ensemble des institutions coopératives du
Québec structurées en fédération.
Le Président (M. Brisson): Très bien, je vous
remercie d'avoir représenté votre conseil. J'appellerais
l'Association des entrepreneurs en vrac de Québec. Me Paul Routhier en
est le procureur.
Association des entrepreneurs en vrac de
Québec
M. Routhier (Paul): M. le Président, M. le ministre, MM.
les députés, le mémoire que vous avez présentement
devant vous est déjà un résumé d'un premier
mémoire plus volumineux que nous avions préparé à
votre intention. Aussi, M. le Président, je vous demanderais la
permission de lire intégralement mon texte, malgré les directives
à l'effet de procéder d'une façon sommaire que vous nous
avez données ce matin.
Le Président (M. Brisson): D'accord.
M. Routhier: Merci. L'association que nous représentons a
été formée en syndicat professionnel le 30 août
1973. Suivant le règlement no 12 sur le camionnage en vrac, elle avait
alors pour but de regrouper les entrepreneurs en vrac de la région no 3
et d'obtenir à ce titre un permis de poste d'affectation pour ce qui est
de l'affectation des services des camionneurs-entrepreneurs de cette
région.
Une trentaine de camionneurs, alors membres de l'Association
coopérative des artisans camionneurs du Québec
métropolitain, ont en effet compris, dès la publication du
règlement sur le camionnage en vrac, que leur organisme ne saurait
survivre à une telle réglementation. Bien que jouissant de
structures administratives solides, d'un équipement
spécialisé, de services reconnus et d'une clientèle
acquise, l'association coopéra- tive ne pouvait prétendre assumer
les exigences posées par la nouvelle réglementation pour
l'obtention d'un permis de poste d'affectation.
Aussi, l'Association des entrepreneurs en vrac de Québec
devait-elle répondre à ces exigences pour permettre à ses
membres d'obtenir un permis de courtage et, conséquemment, le droit de
faire travailler leurs camions et de donner un service concurrentiel.
Ici, je sors de mon texte pour vous préciser que si nous avons
cru bon de vous livrer cette définition de l'association, c'est pour
bien vous faire saisir, par une meilleure compréhension du texte qui va
suivre, que les camionneurs-entrepreneurs de la région no 3 sont
principalement des gens qui, avant l'existence du règlement no 12, se
souciaient très peu d'être ou entrepreneurs ou artisans et qui,
par ailleurs, gagnaient très bien leur vie.
Nos représentations ne s'attaquent donc pas à l'importance
je continue mon texte des postes d'affectation comme tels, mais
plutôt à l'exigence posée par le règlement no I2
d'une majorité absolue comme critère de
représentativité des associations requérantes d'un permis
de poste d'affectation.
A ce chapitre, nous soumettons que la réglementation actuelle sur
le camionnage en vrac cause un préjudice considérable aux
camionneurs-entrepreneurs pour les raisons suivantes:
Premièrement, les camionneurs artisans ont eu, pour des raisons
bien évidentes depuis plusieurs années, le besoin et l'occasion
de se donner une association pour assurer leur survivance. Comme
résultat pratique, les camionneurs artisans sont assurés d'avoir,
dans chacune des régions prévues au règlement no 12, un
permis de poste d'affectation. Chacune des associations régionales de
camionneurs artisans devient, dès lors, un des plus gros entrepreneurs
de sa région.
Deuxièmement, quant aux gros entrepreneurs, ils n'ont pas besoin,
pour la plupart, de se référer à un poste d'affectation
pour assurer du travail à leurs camions. Leur appartenance à une
association ne s'avère donc pas nécessaire pour eux. Leur nombre
ne s'en ajoute pas moins à celui de tous les autres camionneurs
entrepreneurs dont l'association d'une région doit regrouper la
majorité pour obtenir un permis de poste d'affectation.
Troisièmement, à l'inverse, les petits entrepreneurs
doivent, pour faire travailler leurs camions, se référer à
un poste d'affectation, seul détenteur légal d'un permis de
courtage en matière de transport en vrac. Pour obtenir ce permis, le
règlement no I2 les oblige à former une association regroupant la
majorité de tous les entrepreneurs, petits et gros, de la région.
Parmi les problèmes posés par l'obligation de cette
majorité, il faut ajouter, au défaut d'intérêt des
gros entrepreneurs, le fait que plusieurs propriétaires de camions ont
obtenu ou obtiendront des permis de camionnage en vrac sans avoir même
l'intention de vendre leurs services.
Pour mieux illustrer ce problème, nous vous
soumettons les chiffres suivants, livrés par l'Association des
entrepreneurs en vrac de Québec, en date du 20 juin dernier: 133
camionneurs ont un seul camion, 53 en ont deux, 26 en ont trois, dix en ont
quatre, cinq en ont cinq et 19 en ont plus de six.
Vous comprendrez que le fait, pour certains détenteurs de permis,
de ne pas vouloir se regrouper risque d'empêcher les autres d'obtenir un
permis de poste d'affectation tant et aussi longtemps que l'on continuera
d'exiger de leur association qu'elle représente la majorité
absolue de tous les détenteurs de permis d'une même
catégorie.
On impute souvent et trop facilement à un manque d'information la
non-participation de certains détenteurs de permis. Que cette situation
ait survécu à la pourtant louable tournée provinciale sur
le camionnage en vrac organisée par le ministère et aux efforts
des permanents de l'association que nous représentons, nous incite, par
contre, à douter de la possibilité de régler le
problème sur ce terrain.
Un autre argument veut que les camionneurs entrepreneurs demeurent
désunis, parce qu'ils manifestent une certaine crainte vis-à-vis
des associations naissantes. Nous pensons qu'il pose le problème d'une
façon incomplète. Toutes les associations de camionneurs
entrepreneurs sont, en effet, naissantes. Le problème réside
principalement dans ce que chaque camionneur craint plutôt d'investir
dans une association dont il ne tirera un profit tangible qu'après
l'émission des permis de poste d'affectation. Or, le cercle devient
vicieux au moment où l'on réalise que l'association aurait
particulièrement besoin de fonds pour établir le caractère
majoritaire de sa représentativité.
Nous soumettons qu'une façon de rétablir les faits serait
d'émettre un permis de poste d'affectation à l'association
représentative du plus grand nombre d'entrepreneurs dans chaque
région.
Par ailleurs, nous désirons ajouter aux nombreux exposés
qui ne manqueront pas de vous être faits sur la clause 75-25, les points
suivants:
Premièrement, le règlement no 12 a divisé les
transporteurs en vrac d'une façon artificielle en artisans et.en
entrepreneurs. L'Association nationale des camionneurs artisans a, en effet,
toujours soutenu qu'on ne pouvait regrouper, au sein d'une même
association, des travailleurs et des employeurs. Nous vous soumettons que les
chiffres livrés plus haut par l'Association des entrepreneurs en vrac de
Québec témoignent plutôt à l'en-contre de cette
thèse.
Deuxièmement, compte tenu de cette similitude entre les deux
catégories de camionneurs, nous concilions mal le maintien de la clause
75-25 et les déclarations maintes fois répétées des
autorités du ministère à l'effet que la
réglementation sur le camionnage en vrac avait pour but
d'éliminer le patronage dans l'exploitation de ce service. Nous
soumettons que les directives administratives du ministère à ce
chapitre sont nettement discriminatoires à l'endroit des entrepreneurs
en vrac.
Troisièmement, dans une lettre adressée au
président de l'Association des entrepreneurs en vrac de Québec,
le 20 juin 1974, par le chef du service du transport en vrac, nous lisons:
"S'il y avait des discriminations envers les camionneurs entrepreneurs,
pourquoi un grand nombre des camionneurs artisans est-il devenu camionneurs
entrepreneurs?" Nous posons la question autrement: "Pourquoi un grand nombre de
camionneurs artisans sont-ils devenus camionneurs entrepreneurs, malgré
l'existence de la clause 75-25?" La réponse à cette question nous
rappelle le prix que certains camionneurs sont prêts à payer pour
avoir le libre choix de leur association. Nous soumettons qu'il y a là
un indice voulant que la clause 75-25 favorise indûment une association
plutôt qu'une catégorie "réelle" de camionneurs.
Quatrièmement, dans l'évaluation des avantages consentis
aux camionneurs artisans par la clause 75-25, il faut tenir compte du chantage
rendu possible auprès des contracteurs, de qui ont peut exiger la
totalité d'un contrat en échange d'une garantie de
l'exécution par les artisans de la partie qui leur est
réservée par la clause 75-25. Cette possibilité de
chantage a été à maintes reprises dénoncée
au ministère par diverses associations.
En d'autres termes, nous pensons que les camionneurs artisans et les
camionneurs entrepreneurs constituent un groupe d'hommes d'affaires qui
devraient normalement se côtoyer dans un régime de saine
concurrence, la clause 75-25 étant laissée à tous les
transporteurs publics détenteurs d'un permis de vrac.
Nous soumettons de plus que la réglementation sur le transport en
vrac devrait rentabiliser le transport des matières visées en
permettant à chaque détenteur de permis de vrac de travailler
quotidiennement, et non par courtes périodes, et en obligeant chaque
détenteur à donner au public un service continuel comme le
transport en commun le fait.
Dans cette optique, nous pensons que le rôle principal de la
Commission des transports doit être de contrôler le nombre
d'unités disponibles et requises, ce qui ne laisse aucune place en
matière de transport en vrac pour les transporteurs
généraux.
Vous avez là, livré d'une façon bien sommaire,
l'essentiel des problèmes posés par le règlement
numéro 12 à l'Association des entrepreneurs en vrac de
Québec.
Les autres problèmes naissent des difficultés
d'application ou de la non-application dudit règlement comme cela sera
sûrement démontré devant vous et, en fait, comme cela l'a
déjà été passablement depuis le début.
Le Président (M. Brisson): Je vous remercie, M. Routhier.
Y a-t-il des questions? Le député de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): Concernant les chiffres qui sont
donnés à la page 3, serait-ce le nombre de membres que vous avez
dans votre association?
M. Routhier: Oui. Si on fait le total je l'ai fait
rapidement, en diagonale on arrive à 256 camionneurs pour 502
camions ou à peu près.
M. Bédard (Montmorency): J'ai 246 contre 486.
D'accord.
Le Président (M. Brisson): Y a-t-il d'autres
questions?
M. Bédard (Montmorency): Parmi ces membres de votre
association, y en a-t-il qui seraient membres de l'Association des camionneurs
artisans?
M. Routhier: Oui, nous en avons découvert. Je ne pourrais
pas vous donner de chiffres là-dessus, mais il a été
porté à ma connaissance, dernièrement, qu'il y en avait au
moins deux.
M. Bédard (Montmorency): Deux artisans qui seraient
membres de leur association, sur les 133.
M. Routhier: C'est-à-dire qu'il ne faudrait pas confondre.
Il y a quand même beaucoup de nos membres qui pourraient être des
artisans parce qu'ils conduisent eux-mêmes...
M. Bédard (Montmorency): Vous en avez 133. M. Routhier:
C'est cela.
M. Bédard (Montmorency): C'est près de la
moitié.
Le Président (M. Brisson): Y a-t-il d'autres questions? Le
député de Rosemont.
M. Bellemare (Rosemont): Dans la clause 4. Si vous me permettez.
Seulement une courte question. On dit que, par la clause 75-25, il faut tenir
compte du chantage rendu possible auprès des entrepreneurs de qui on
peut exiger la totalité d'un contrat en échange d'une garantie
d'exécution, etc. Pourriez-vous me nommer les gens qui vous font du
chantage?
M. Routhier: Oui. J'ai parlé d'une possibilité de
chantage parce que, évidemment...
M. Bellemare (Rosemont): Je m'excuse. Si vous me permettez...
Pour ne pas les nommer ici à la commission parce qu'il n'y a pas
d'enquête de faite là-dessus, monsieur pourrait-il donner les noms
au ministre pour qu'il fasse enquête?
M. Routhier: Pour fins de vérification? Oui, c'est
possible. Mais tout de suite, pour votre information, je peux vous dire que
j'ai vérifié auprès de M. Blouin qui est à mes
côtés, qui est le directeur général de
l'association, qui est au service de l'association depuis maintenant un mois
et, dans un mois, il y a déjà, à sa connaissance, quatre
entrepreneurs qui lui ont dit que c'est pour cette raison qu'ils ne pouvaient
pas transiger avec l'asso- ciation des entrepreneurs. M. Blouin peut
témoigner à cet effet.
M. Bellemare (Rosemont): Ma demande est celle-ci: Que monsieur
puisse faire parvenir au ministre les noms de ceux qui font du chantage.
M. Routhier: Non. Je ne peux pas faire parvenir les noms de ceux
qui font du chantage. Je peux vous dire le nom d'entrepreneurs qui nous
rétorquent cet argument pour ne pas nous avoir sur leur chantier.
M. Bellemare (Rosemont): Est-ce que cela est possible?
M. Bédard (Chicoutimi): ... parvenir au ministère,
mais également à l'Opposition, aux membres de la commission.
M. Routhier: Avec plaisir.
M. Bellemare (Rosemont): Pour une fois, M. Bédard est
d'accord avec moi.
Le Président (M. Brisson): Le ministre des Transports.
M. Mailloux: Ma question était, effectivement, à
cet article 4. Dans la philosophie qui a animé le ministère des
Transports en accordant la clause 75-25 au-delà de la ligne
d'infrastructure, je pense que le gouvernement a quand même
été assez honnête dans sa définition et dans les
additions qu'il a faites par la suite. Certaines plaintes de même que
certaines allusions lors de rencontres avec mes officiers, m'indiquent que
l'association qui bénéficie de la clause 75-25, effectivement,
agirait de la façon mentionnée je donne cela sous
réserve...
Vous prétendez que l'ANCAl, avec les avantages qu'elle a
au-delà de la ligne d'infrastructure, se sert de ces avantages pour
exiger que ne puissent oeuvrer d'autres transporteurs en vrac sous la ligne
d'infrastructure, chose qui leur est permise dans le règlement.
M. Routhier: C'est exact...
M. Mailloux: Vous affirmez que cela se produit dans de nombreux
cas.
M. Routhier: Dans de nombreux cas, suffisamment pour
empêcher le directeur du poste d'affectation, dont le boulot principal
est de requérir des contrats, de faire son travail.
Le Président (M. Brisson): Y a-t-il d'autres
questions?
M. Mercier: Une courte question. Est-ce que votre association est
limitée au Québec métropolitain?
M. Routhier: Non. Notre association regroupe
tous les entrepreneurs qui veulent bien se regrouper dans la
région numéro 3 telle que définit au règlement no
12. Nous l'avons appelée "de Québec" suivant les exigences du
ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives qui ne nous a pas accordé le droit de l'appeler de
la région no 3.
M. Mercier: Oui. Comment se fait le partage de vos membres par
rapport au Québec métropolitain et aux comtés
avoisinants?
M. Routhier: De mémoire, je peux vous dire que le groupe
initial était de la région de Québec et de la rive sud
immédiate, c'est-à-dire Lévis, Lauzon et les environs.
Depuis que l'association existe, en 1973, je dirais que le partage est pas mal
moitié-moitié, c'est-à-dire moitié Québec
métropolitain et moitié dans le reste de la région.
M. Mercier: Ce qui veut dire, les comtés de
Lotbinière, Beauce, Bellechasse, Montmagny-L'Islet.
M. Routhier: C'est cela. Jusqu'à Trois-Pistoles,
Kamouraska, Rivière-du-Loup, Témiscouata.
M. Mercier: Qu'est-ce que vous avez du côté nord du
fleuve Saint-Laurent?
M. Routhier: Du côté nord?
M. Giasson: Charlevoix, Portneuf.
M. Routhier: Dans Charlevoix, malheureusement ou heureusement
pour ces gens, il y a quelques membres, mais ils sont peu nombreux. Je
témoigne là-dessus personnellement parce que l'assemblée
générale des membres vient d'avoir lieu et on a eu l'occasion de
faire un genre de recensement dans ce sens.
Le Président (M. Brisson): II n'y a pas d'autres
questions. Alors, M. Routhier, je vous remercie infiniment d'avoir
représenté...
M. Mailloux: A Charlevoix, le député a toujours
laissé les camionneurs libres de leur propre adhésion.
Le Président (M. Brisson): Je vous remercie, M. Routhier,
d'avoir représenté l'Association des entrepreneurs en vrac du
Québec.
M. Routhier: Est-ce que je pourrais ajouter sous restriction de
la clause 75-25?
M. Mailloux: Sous restriction.
Le Président (M. Brisson): J'appellerais le Bureau des
tarifs du Québec, M. Gaston Pelletier, s'il vous plaît.
Bureau des tarifs du Québec
M. Pelletier (Gaston): Merci, M. le Président.
M. le Président, M. le ministre, messieurs les
députés, messieurs les fonctionnaires, messieurs.
En date du 24 octobre 1974, nous avons présenté aux
officiers du ministère une recommandation visant à amender le
règlement 12 et ce, à la suite d'une invitation reçue de
ce ministère et à la suite d'un texte qui nous avait
été soumis pour fins de consultation.
En premier lieu, il y aurait lieu de dire ce qu'est le Bureau des tarifs
du Québec. Le Bureau des tarifs du Québec est un organisme qui
représente environ 275 camionneurs publics de transport
général à longue distance. Le nombre n'indique pas le
volume transporté car les 275 camionneurs transportent environ 90% des
marchandises générales dans tout le Québec.
Son but principal, toujours en parlant du Bureau des tarifs, est de voir
à la question tarifaire pour le compte de ses membres. Notre bureau ne
s'immisce pas dans les questions de permis, postes d'affectation et autres,
laissant ce soin aux associations, soit aux associations de camionneurs
artisans, de camionneurs entrepreneurs ou camionneurs pour le public en
général.
Donc en résumé, son rôle est de discuter seulement
de la question tarifaire. Or, on sait que les tarifs, que ce soit pour le
transport en vrac ou pour le transport de marchandises générales
doivent être fixés par la Commission des transports et ce, dans le
cadre des règlements.
Le but de notre intervention n'est pas de nuire aux travaux de la
Commission des transports, en laquelle nous avons confiance et que nous croyons
même capable de fixer des taux pour le transport de bois car elle en a
déjà fixé des milliers et des milliers avec des conditions
tout à fait différentes pour le transport général
dans toute la province. Nous la croyons capable de fixer des taux pour le
transport de bois.
Notre intervention est bien de demander que le règlement existant
actuellement traitant de la question tarifaire soit amendé afin
d'être plus réaliste.
Le règlement dont nous voulons faire mention est l'article 12.53
et l'article 12.64 dans le texte qui nous avait été soumis pour
fins de consultation.
A cet article, nous retraçons la définition suivante. Au
sens des articles 12.45 à 12.53, naturellement les articles traitant des
questions tarifaires, le mot "partie" signifie le transporteur, la partie
contractante, et toute personne qui contribue à la
rémunération du transporteur, notamment au moyen d'une
subvention.
Il s'agit là d'un changement qui avait été
apporté, et la publication avait été faite dans la Gazette
officielle du 13 février 1974. Nous ne connaissons pas les
éléments ou les motivations qui ont amené le
ministère à effectuer ce changement. Nous croyons toutefois que
ceci ne fait pas suite à une demande d'une association de camionneurs
quelle qu'elle soit. Toutefois, même si certaines personnes croient que
la rémunération du transporteur doit inclure des subventions,
nous nous posons la question suivante à savoir: Est-ce que ceci est
pratique et est-ce que ceci est faisable?
Sauf les subventions qui sont possibles, en vertu du projet de loi no
23, subventions possibles en vertu des pouvoirs discrétionnaires du
ministre, il existe d'autres subventions données et administrées
par des organismes n'étant pas sous le contrôle de notre province.
Ces subventions sont aussi distribuées d'une manière tout
à fait différente et pour des buts tout à fait ou
peut-être différents. Nous allons énumérer les trois
subventions actuelles et possibles, quoiqu'il puisse s'en ajouter d'autres dans
un avenir assez rapproché.
La première subvention est la subvention au transport
proportionnelle au trajet parcouru dans le territoire
préféré, territoire choisi qu'on détermine comme le
territoire situé à l'est de la route Lévis-Jackman.
Deuxièmement, une autre subvention pour le trajet parcouru
à l'intérieur de ce territoire. Les deux premières
subventions que j'ai mentionnées s'appliquent et sont données aux
camionneurs, ce qui fait une différence avec la troisième
subvention, qui est une subvention sélective, la dernière,
à être remise à l'expéditeur, et ce, basé sur
un ou des critères tout à fait différents et applicables
seulement sur certaines espèces.
En d'autres mots, le fédéral a cru bon de donner des
subventions aux camionneurs, par la suite, il a cru bon d'en donner aux
expéditeurs, ce qui explique les raisons différentes.
La loi no 23. Dans cette loi, on parle de fixation de taux. On dit,
à l'article 29: La commission doit, dans le cadre des règlements,
a), on l'oublie... b) Fixer des taux et tarifs de transport ou de location,
lesquels peuvent comporter un minimum et un maximum.
Nous retraçons aussi à l'article 40 de cette même
loi qu'un transporteur ne peut réclamer une rémunération
pour laquelle existe un taux ou un tarif fixé par la commission, que
conformément aux taux et tarifs en vigueur.
La subvention à être accordée peut être connue
ou non avant d'effectuer le transport. Des réclamations peuvent
être effectuées, mais, pour une raison ou une autre, celles-ci
peuvent être refusées par le gouvernement central ou
fédéral. Par conséquent, comment un camionneur peut-il
réclamer une certaine rémunération du client sans savoir
ou sans être sûr à l'avance quelle sera cette subvention, et
sans savoir si elle sera accordée ou non. C'est ce qui nous explique si
c'est faisable ou non. Cela va plus loin. On pourrait dire: L'expéditeur
qui veut expédier sa marchandise doit savoir avant de l'expédier
ce qui lui en coûtera. On n'est donc pas capable de donner un taux
à un expéditeur, conditionnellement à ce que ces messieurs
d'Ottawa décideront, oui ou non.
Procédures. De plus, les taux et tarifs doivent être
fixés par la Commission des transports et ce, à la suite d'une
requête. Les requêtes sans opposition peuvent prendre deux mois,
d'autres avec opposition peuvent prendre cinq mois, avant d'être
acceptées ou refusées.
Or, le pourcentage d'augmentation ou de diminution des subventions
données par un autre organisme, soit le gouvernement
fédéral, dans le cas présent, peut être
amendé plus rapidement que la fixation des taux. Par exemple, la
fixation démontrée au paragraphe b), celle à
l'intérieur du territoire choisi, est appelée à
disparaître par étape. Lorsqu'on a décidé de la
baisser de 17 |/2% à 15%, ceci s'est fait dans un laps de temps de
quinze jours, à Ottawa. Comment peut-on contrôler une telle loi ou
un tel règlement, si la flexibilité est différente dans la
fixation des taux, comparativement à la flexibilité existant pour
éliminer ou donner d'autres subventions.
En d'autres mots, pourquoi avoir une loi qu'il est impossible
d'appliquer?
Il faudrait se reporter à l'intention des subventions
fédérales. Celles-ci ont-elles été données
pour aider l'industrie du camionnage certaines, oui ou pour aider
les industries ou un commerce dans un territoire défavorisé?
Lorsqu'on donne une subvention dans un territoire
défavorisé pour créer des emplois, est-ce que ceci fait
partie de la rémunération des employés? Tel
qu'expliqué antérieurement, le bureau n'a pas l'intention de
critiquer ce qui a été fait; il serait beaucoup plus facile de
démolir que de bâtir. Mais devant l'importance de la situation,
nous croyons qu'une étude plus approfondie devrait être faite pour
amender ce règlement. Donc on devrait se servir de la coutume du
commerce car les subventions au transport ne constituent pas un
élément nouveau. Il y en a qui existent depuis 1927. Ceci existe
ailleurs, soit dans d'autres provinces, d'autres pays et suivant
différents autres modes de transport.
Je crois que notre province doit se vanter d'avoir les meilleures lois
sur le transport, selon mon expérience. Mais à quoi cela peut-il
servir d'avoir des lois ou réglementations qui ne sont pas applicables
ou que nous ne pouvons pas contrôler? On vous remercie beaucoup, MM. les
députés.
Le Président (M. Brisson): Je remercie M. Pelletier. Le
ministre des Transports.
M. Mailloux: M. le Président, mon commentaire va
être assez bref. J'avais demandé à un de mes officiers, de
même qu'à un représentant de la Commission des transports
d'écouter attentivement l'argumentation que vous venez de donner. Nous
tiendrons compte des voeux qui sont exprimés dans le travail futur de la
commission et des travaux du ministère dans la
réglementation.
M. Pelletier (Gaston): Ceci me satisfait s'il n'y a pas d'autres
questions.
Le Président (M. Brisson): D'autres questions? M.
Pelletier, je vous remercie infiniment de nous avoir présenté le
mémoire du Bureau des tarifs du Québec.
Maintenant, j'appellerais Monsieur...
M. Mailloux: M. le Président, combien nous reste-t-il
d'associations à entendre?
Le Président (M. Brisson): Quatre associa-
tions, Bruno Collin de Saint-Esprit et al., représentée
par Me Pierre Bemier; l'Association des manufacturiers de produits alimentaires
du Québec, représentée par M. Alec L'Ecuyer; la
Fraternité des camionneurs entrepreneurs incorporée,
représentée par Me Michel McCaughlin qui a demandé aussi
à se faire entendre et l'Association nationale des camionneurs artisans
incorporée, représentée par Me Robert Cardinal,
procureur.
M. Mailloux: Si les membres de la commission n'avaient pas
d'objection à ce que soit repoussé à la séance de
la soirée... quant à l'ANCAl, étant donné que
possiblement, devant une constance qu'on a retrouvée dans les
doléances apportées par d'autres associations et devant le fait
que les membres de la commission auront éventuellement plus de questions
à poser à cette association qui a été
privilégiée par la clause 75-25, s'il n'y a pas d'objection de la
part de l'ANCAl ou de certains groupes, on demanderait peut-être aux
autres groupes de se faire entendre jusqu'à 6 heures, quitte à
continuer à 8 heures, s'il n'y a pas d'objection majeure auprès
des participants.
Le Président (M. Brisson): Et l'ANCAl se ferait entendre
en dernier?
M. Mailloux: En dernier ou après 8 heures.
Le Président (M. Brisson): D'ici 6 heures, je ne crois pas
qu'on ait le temps de passer les trois autres.
M. Mailloux: Est-ce qu'on peut passer un ou deux groupes?
Le Président (M. Brisson): Oui, on peut au moins passer un
groupe, sûrement.
M. Bédard (Chicoutimi): Depuis deux ou trois
mémoires, M. le Président, ce sont essentiellement les
mêmes conclusions, le même contenu, je pense que les membres de la
commission sont à même de le constater.
Bruno Collin et al.
Le Président (M. Brisson): J'inviterais Me Pierre Bemier,
qui représente Bruno Collin de Saint-Esprit et al..
M. Bernier (Pierre): M. le Président, M. le ministre, MM.
les députés, Messieurs il s'agit de quelques notes qui ont
été jetées à la hâte autour d'une
idée, celle des régions. Nous n'avons pas voulu vous
présenter tous nos problèmes en vrac aujourd'hui, nous ne parlons
que de la régionalisation qui est notre gros problème.
Les quelques entrepreneurs qui sont participants à ce
mémoire, comme vous le voyez à la page 2, possèdent au
total 144 unités et ont environ 104 employés. Ce sont des
entrepreneurs qui utilisent des remorques organisées pour le transport
de billots. Ils n'utilisent pas de bennes basculantes. Leur équipement
est en quelque sorte spécialisé dans ce genre d'activités
et ils sont eux-mêmes spécialistes là-dedans.
Dans cette classe de transport, les signataires de ce mémoire
n'ont pas besoin des postes d'affectation dont parle le règlements. Les
différentes compagnies de bois, leurs clients, les appellent pour
demander leurs services, lesquels peuvent comprendre non seulement le
transport, mais aussi la construction d'une route pour sortir le bois de la
forêt, le chargement du bois en forêt, pour le transport.
Ces différentes compagnies de bois, clientes des signataires,
sont réparties sur le territoire québécois, en particulier
dans les régions 4, 5, 6, 7 et 8. Leur approvisionnement en bois se
situe dans quelques régions du Québec, notamment dans les
régions 1, 2, 3, 7, 8 et 9.
Par ailleurs, les signataires de ce mémoire résident dans
les régions 7 et 6. Comme le règlement 12 accorde à un
camionneur en vrac un permis par camion, lequel est attaché à la
région où réside le camionneur et, qu'avec ce permis,
ledit camionneur peut transporter, à l'intérieur de sa
région, ou charger dans sa région pour décharger en
dehors, vous voyez tout de suite que les signataires de ce mémoire font
face à des problèmes qui leur sont créés par le
règlement 12.
Tout entrepreneur ou contracteur qu'ils sont, s'ils s'en tiennent aux
exigences du règlement 12, ils ne peuvent plus répondre aux
demandes de leurs clients.
Lorsqu'avant le règlement 12, ils répondaient aux demandes
de service de leurs clients, ils ne nuisaient en aucune façon aux
camionneurs artisans qui, eux, ne sont pas équipés pour faire le
travail que ces entrepreneurs font, spécialistes dans le transport de
billots.
Maintenant que le règlement 12, qui établit des limites de
région, les empêche de répondre à leurs clients, qui
va s'occuper de remplir les besoins? Voilà la question.
Il semble que, depuis quelque temps, les entreprises de location de
camions aient vu le jour et tentent de répondre aux besoins des clients.
Ils n'y réussiront qu'en partie, puisque, comme on l'a dit plus haut,
les signataires de ce mémoire ne font pas que du transport. Les
compagnies ne tarderont pas à se rendre compte que la location n'est pas
la solution. D'ailleurs elles ont déjà commencé à
s'en rendre compte.
Il faut absolument trouver une façon de permettre aux camionneurs
entrepreneurs, qui s'adonnent au commerce exercé par les signataires, de
continuer à faire leur métier comme auparavant. Leurs
activités sont absolument nécessaires, les compagnies de bois,
leurs clients, ont besoin de leurs services.
Nous n'avons pas objection au principe d'un camion, un permis. Mais ce
permis, pour autant que les signataires sont concernés, doit
s'étendre à un plus grand territoire que la région
où ils demeurent. N'y aurait-il pas lieu d'autoriser les camionneurs
spécialisés dans le transport de billots, comme le sont les
signataires, à remplir les contrats que leurs clients leur donnent,
quelles
que soient la ou les réglons concernées ou
traversées?
Il serait assez facile de déterminer qui sont les camionneurs
spécialisés dont je parle, qui sont les clients qui
réclament les services de pareils spécialistes.
Les signataires de ce mémoire sont dans ce commerce depuis des
années. Ils peuvent facilement aider la commission à dresser la
liste des camionneurs qui exercent le même commerce qu'eux. Ils
pourraient tout aussi facilement dresser la liste de tous leurs clients.
Ces deux listes étant faites, il ne s'agirait plus qu'à
énumérer sur chacun des permis, la liste des clients que chacun
des permissionnaires pourrait desservir en dehors de sa région.
Encore une fois, nous le répétons, cette exception que
nous demandons au règlement 12, tant pour le bénéfice des
transporteurs spécialisés de billots que pour les clients desdits
transporteurs, ne nuirait en rien aux artisans des différentes
régions concernées, parce que, de toute façon, ils ne sont
pas équipés pour prendre les contrats. Leurs services ayant
été essayés par le passé, ayant été
trouvés inadéquats, ils ne sont plus requis par les compagnies de
bois.
Dans un pareil système d'exception, le contrôle par les
surveillants serait aussi facile qu'avant, parce qu'il ne s'agirait que de
faire savoir à ces surveillants, que dans le cas de transport de
billots, il existe une exception et de donner à ces surveillants la
liste des entrepreneurs bénéficiant d'exceptions.
D'une part, la surveillance ne pose pas de problèmes
insurmontables et, d'autre part, cette exception est la seule porte de sortie
pour continuer à satisfaire les besoins des compagnies de bois, par les
services fournis par des transporteurs spécialisés en
billots.
C'est en quelque sorte la condition sine qua non, si l'on veut maintenir
en marche une partie importante de notre économie. Respectueusement
soumis.
Le Président (M. Brisson): Je vous remercie, M. Pierre
Bernier.
M. Mailloux: Vous éclaireriez ma lanterne. Est-ce que le
bois que vous transportiez ne s'adresse qu'aux entreprises de déroulage
essentiellement?
M. Bernier: C'est beaucoup aux entreprises de déroulage,
mais il n'y a pas que cela. Il y aussi un peu de bois à pâte et il
y a du bois de sciage. Mais, il y a beaucoup de bois de déroulage, soit
pour des compagnies de bois de placage ou...
M. Mailloux: Je comprends mal que vous me disiez que des
transporteurs, quand je regarde la provenance des bois à pâte,
normalement, c'est dans une région, vers l'usine le plus près
où va se faire le transport... Si ce sont des usines de
déroulage, j'imagine que les distances peuvent être beaucoup plus
longues. Pour le bois qui, normalement, est transporté sur les routes du
Québec servant aux opérations forestières des compagnies
de pâtes et papiers, on ne va pas sur de très longues distances.
C'est dans la même région que s'effectue le transport. Pourquoi
devriez-vous transporter des billots servant à la confection du papier,
sur de très longues distances?
M. Bernier: Voudriez-vous, M. le ministre, que M. Bruneau qui
m'accompagne réponde à cette question?
M. Mailloux: Je n'y ai pas d'objection.
M. Bruneau: Je n'ai pas très bien compris votre question,
M. le ministre.
M. Mailloux: Dans mon esprit, je voulais savoir si vous aviez
essentiellement du transport de bois servant au déroulage vers des
moulins qui sont éparpillés dans le Québec? Vous venez de
mentionner que vous transportez également du bois à
pâte.
M. Bruneau: Je transporte environ 75% du bois de
déroulage. Dans d'autres temps, vous savez qu'on en a plus. Même,
le bois de déroulage, il faut qu'il soit transporté assez vite;
il ne peut pas rester dans le bois, c'est un bois franc. Il ne peut pas rester
dans le bois. Dans les autres temps, d'ailleurs, c'est là que je
transporte du bois de sciage et du bois à pâte.ll y a du bois
à pâte qu'on transporte jusqu'à 100 milles, à peu
près, de distance, 200 milles par voyage.
M. Mailloux: Le bois à pâte, j'imagine que vous le
transportez à l'intérieur d'une région donnée.
M. Bruneau: Oui.
M. Mailloux: Ce n'est pas là qu'est le problème. Le
problème se pose au moment où vous transportez du bois vers les
usines de déroulage?
M. Bernier: C'est cela. M. Bruneau: Ah oui!
M. Mailloux: Y a-t-il d'autres associations qui sont
équipées pour de tels services?
M. Bédard (Chicoutimi): Vous dites, dans votre
mémoire, que l'ANCAl n'est pas équipée pour faire ce genre
de transport. Est-ce vrai?
M. Bruneau: Je peux vous dire qu'au travers, il peut y en avoir
quelques-unes qui sont équipées.
M. Mercier: M. le Président, est-ce que, pour notre
information, vous pourriez nous donner les détails sur le genre
d'équipement spécial requis pour ce genre de transport?
M. Bruneau: Le genre d'équipement, ce sont des
"semi-trailers" avec des bombes, des "catins"
qu'on appelle. Ils sont équipés pour cela, seulement pour
cela. En plus, j'ai les chargeurs.
M. Mailloux: Si je comprends bien, l'équipement dont vous
vous servez est effectivement l'équipement dont se servent les
transporteurs de bois à pâte...
M. Bruneau: Oui, on la...
M. Mailloux: ... qu'on retrouve dans tous le Québec?
M. Bruneau: Oui, absolument.
Le Président (M. Brisson): D'autres questions? Le
député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, je n'ai pas d'autres
questions.
Le Président (M. Brisson): Me Bernier, je vous remercie
infiniment.
M. Bernier: Un instant, s'il vous plaît! A la
dernière question qui a été posée au sujet de
l'équipement, c'est réduire un peu le problème que de dire
que l'équipement dont se sert M. Col-lin et les autres participants est
semblable. Il est sûr et certain qu'il y a d'autres propriétaires
de camions qui peuvent avoir des remorques installées de la même
façon, mais là ne s'arrête pas l'équipement de M.
Collin et des autres pour transporter le bois qu'ils transportent. Il a non
seulement un ou deux camions mais aussi une flotte de camions
équipée de la même façon et il a des tracteurs pour
faire les chemins nécessaires pour sortir le bois. Il a des chargeuses
pour charger quand c'est nécessaire.
Avec un équipement semblable qui, dans son cas à lui, se
monte à presque $750,000, il peut prendre un contrat, et c'est à
ce moment que ses services sont requis, et il peut donner ce service tandis
qu'un autre ou plusieurs autres, même réunis ensemble, ne
pourraient pas le faire. C'est pourquoi il a des clients.
M. Mercier: Seriez-vous porté à dire qu'avec
l'équipement cela requiert une main-d'oeuvre
spécialisée?
M. Bernier: Un peu, oui.
M. Mercier: Pour le transport en forêt.
M. Bernier: Oui.
Le Président (M. Brisson): D'autres remarques?
M. Mailloux: J'aimerais mieux que ma lanterne soit davantage
éclairée, si vous voulez que le rapport soit étudié
quand même plus attentivement, et ne vous gênez surtout pas de
répondre. Si, dans le transport du bois de déroulage, qui va vers
des usines éparpilées dans le Québec, il est
nécessaire que le ministère se penche attentivement sur ce
problème, je pense qu'on peut le faire. Quand vous mentionnez que
l'équipement dont se servent les entrepreneurs mentionnés, cela
concerne des camions ou des flottes de camions munis de chargeurs, c'est un
équipement qu'on trouve partout dans le Québec. Quand vous
mentionnez que des entrepreneurs qui font du transport en forêt
possèdent parfois d'autres chargeurs ou des béliers
mécaniques, il y en a également d'autres qui en ont,
évidemment, qui font de l'entreprise de transport pour les compagnies.
Mais il semble, d'après ce qu'un de mes officiers me dit, qu'il y a un
transport particulier de billots qui sont pris à des points
éparpillés sur un territoire. Il n'y a pas de charge
complète. Là, c'est un transport un peu spécial qui
s'effectue. Est-ce que j'ai bien compris et est-ce que mon information est
bonne?
M. Bruneau: Oui, M. le ministre.
M. Mailloux: Quant à l'autre transport que vous effectuez,
c'est un transport de bois à pâte qui se fait dans d'autres
régions avec les mêmes équipements ou à peu
près.
M. Bruneau: Oui.
Le Président (M. Brisson): D'autres remarques?
Je vous remercie, M. Bernier...
M. Mercier: J'aurais peut-être, M. le Président, un
dernier commentaire là-dessus. Vous représentez une région
particulière, si l'on en juge par les signataires du mémoire? Si
je comprends bien, ce genre de transporteurs particuliers, on le retrouve dans
quasi tous les endroits où on fait de l'exploitation
forestière.
M. Bruneau: Ah, bien oui!
M. Mercier: Avez-vous une idée du nombre, au niveau du
territoire québécois, de ceux qui se spécialisent dans ce
genre de transport de bois en longueur?
M. Bruneau: C'est difficile à dire. Il n'y en a pas
tellement qui font seulement ce que je fais. Il n'y en a pas beaucoup. Il y a
les gens qu'on a nommés, que je connais et qui font cela. Plus loin dans
la province, je n'en connais pas.
M. Bernier: Une autre chose que monsieur voudrait ajouter, c'est
que, depuis 30 ans qu'il est dans ce commerce de transport de billots, il
demeure dans la région no 6, et du transport pour ce genre dans la
région no 6, il n'en a jamais fait ou pratiquement jamais. Le
restreindre à la région no 6 avec son permis, c'est...
M. Bruneau: Absolument! Je ne pourrais me servir de ma flotte de
camions nulle part. Je n'ai pas de permis pour cela.
Le Président (M. Brisson): L'honorable ministre d'Etat aux
transports.
M. Berthiaume: Pour les besoins de la discussion, faisons
l'hypothèse qu'effectivement vous avez raison de dire qu'il n'y a pas de
confusion entre votre domaine et celui des autres transporteurs de bois.
M. Bruneau: Non.
M. Berthiaume: A part l'exception, vous dites que 75%, c'est pour
les billots. Parlons de ces 75%. Ne parlons pas des 25% pour le moment. Dans un
contexte semblable, comment, Me Ber-nier, réussiriez-vous à faire
une distinction dans un règlement entre votre domaine et l'autre domaine
de façon qu'on puisse, justement, distinguer les deux catégories
de transport? Est-ce par l'équipement ou est-ce uniquement par la
distance? Ou quoi? Est-ce la méthode de chargement?
M. Bernier: C'est par les trois...
M. Berthiaume: Vous comprenez la difficulté de
rédiger...
M. Bernier: Oui. ... méthodes que vous venez de mentionner
et cela serait aussi et surtout par le fait de faire l'analyse, à
travers le territoire, de ceux qui exercent le même commerce, de les
nommer. Ils sont là. Ils existent. Ils ont un équipement. Ils ont
une activité qu'ils exercent depuis un temps X. C'est cette
activité spécialisée. Il s'agirait de les trouver et de
les nommer, faire une liste et faire la liste des clients qu'ils servent.
M. Berthiaume: On ne peut pas le faire par une
définition?
M. Bernier: Oui. On peut toujours cerner par une
définition, mais cela ne serait peut-être pas suffisant. Il
pourrait peut-être se glisser des...
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que c'est une sorte de bois
spécial?
M. Bernier: C'est une semi-remorque à laquelle on ajoute
des poteaux.
M. Bédard (Chicoutimi): II n'y a rien...?
M. Bernier: Bien, il n'y a rien... Il s'agit d'ajouter les
poteaux.
M. Bédard (Chicoutimi): II n'y a rien de tellement
différent, j'imagine, mais les billots que vous transportez, est-ce que
c'est une sorte de bois plus rare dans la forêt par rapport
à...?
M. Bernier: Le bois pour le déroulage, oui. C'est un bois
spécial.
M. Bruneau: De première qualité.
M. Bédard (Chicoutimi): Y a-t-il plusieurs industries...
Est-ce que toutes les industries en requièrent le besoin ou est-ce que
ce sont seulement quelques industries dans tout le Québec?
M. Bruneau: Dans presque toutes les industries de
déroulage.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Laviolette.
M. Carpentier: Pourriez-vous nous fournir la liste
complète de vos équipements, fournir cette liste à la
commission?
M. Bernier: Oui. De tous les participants? Oui.
M. Carpentier: La description de l'équipement?
M. Bernier: Oui.
Le Président (M. Brisson): Vous voulez dire du genre
d'équipement?
M. Carpentier: Oui, avec photographies, si nécessaire,
pour voir précisément ce que c'est.
M. Bernier: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Une dernière question.
Combien y a-t-il d'industries de déroulage dans tout le
Québec?
M. Bruneau: Dans tout le Québec? Je ne peux pas dire.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous pouvez les fournir?
M. Bruneau: Je ne peux pas dire combien dans tout le
Québec. Non.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous fournissez à...
M. Bruneau: J'en fournis combien? J'en fournis quatre.
M. Carpentier: Si vous deviez transformer l'équipement que
vous avez actuellement pour faire du charroyage, par exemple, d'asphalte ou de
gravier ou de terre, combien cela vous coûterait-il?
M. Bruneau: Chaque équipement me coûterait
$12,000.
M. Carpentier: Si un camionneur ordinaire qui habituellement
charroie également soit l'asphalte, le gravier ou autre, devait faire
les transformations sur ses véhicules, pour en arriver à la
même sorte d'équipement que vous avez, combien cela
coûterait-il environ?
M. Bruneau: A peu près $14,000.
M. Carpentier: Merci.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Laurentides-Labelle.
M. Lapointe: Je connais assez bien les problèmes qui sont
mentionnés dans ce mémoire, parce que la plupart des gens qui
sont les signataires, sont des gens de mon comté. Je pense que
l'équipement qui est utilisé est vraiment
spécialisé et qu'il sert exclusivement au transport du bois. On
pourrait difficilement, ou à coût très élevé,
comme vient de le mentionner M. Bruneau, le transformer pour en faire d'autres
sortes de transport. En plus, le problème mentionné, qui me
semble le plus grave on me reprendra si je suis dans l'erreur est
le fait que ces entrepreneurs soient liés et travaillent depuis
plusieurs années pour des compagnies forestières, soient
liés à ces compagnies soit par contrat, et que ces compagnies
exercent leurs activités dans plusieurs régions
économiques. Si on restreint le travail de ces entrepreneurs dans une
région seulement, leur organisation n'est absolument pas rentable. C'est
impossible pour eux de fonctionner. Il faut le volume et du fait qu'on a un
équipement spécialisé comme celui-là, la compagnie
se fie sur ces entrepreneurs pour transporter le bois et non seulement pour le
transport, parce que ce sont des contrats qui comprennent souvent les chemins
à faire, le transport et les autres travaux connexes au transport du
bois.
Cela me paraît être une situation assez exceptionnelle, qui
demanderait une attention spéciale de la part du ministère. Si on
ne peut pas exercer l'action qui est préconisée dans le rapport,
cela va causer des problèmes aux compagnies forestières et de
graves problèmes aux entrepreneurs qui ont signé ce rapport et
à d'autres entrepreneurs qui sont nombreux dans ma région. Je
pourrais ajouter ceux de la région de Mont-Laurier, ou de Ferme-Neuve ou
d'autres régions qui travaillent depuis des années pour des
compagnies forestières et qui ont un équipement
spécialisé très dispendieux pour faire ce genre de
travail.
M. Mailloux: M. le Président, malgré la meilleure
ouverture d'esprit que je pourrais avoir, j'ai quand même compris que
l'équipement dont nous avons parlé tantôt était un
équipement que possédaient la plupart des transporteurs de
matière forestière.
La seule facette que je dissocie de l'exposé qui nous est fait,
est qu'il y a un problème particulier dans l'embarquement, ou dans le
transport du bois qui sert au déroulage, parce que ce bois doit
être conservé de manière intacte; pour éviter qu'il
soit massacré dans le transport, il est chargé à de
multiples points avant qu'un voyage soit complété. Sur l'autre
facette du problème, je crois comprendre que c'est l'équipement
qu'on rencontre partout dans le transport de matière forestière.
Aussi important soit-il, c'est un équipement que vous retrouverez dans
toutes les régions forestières du Québec.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Laurentides-Labelle.
M. Lapointe: C'est un équipement spécialisé
qu'on ne peut pas utiliser seulement quelques mois durant l'année ou
limiter à une région administrative. S'il y a des compagnies
forestières, surtout dans les régions de l'Annonciation et de
l'Ascension et des gens qui chevauchent deux régions administratives,
les régions 6 et 7, et si on les limite seulement à leur
région, ils ne pourront pas travailler à dix milles à
côté, dans l'autre région administrative.
M. Mailloux: Si je ne fais pas erreur, il me semble que le
problème majeur qui se pose est que les entrepreneurs résident en
fait dans la région où ils ne devraient pas résider. Mais
comme l'investissement est là, cela devient difficile.
M. Bernier: Je le sais, mais cela fait longtemps qu'ils demeurent
là, M. le ministre!
M. Mailloux: Quant à moi, je prends note des
revendications que vous avez faites. La commission en jugera.
Le Président (M. Brisson): Me Bernier et M. Bruneau, je
vous remercie infiniment d'avoir représenté votre groupe.
Maintenant, M. Alex L'Ecuyer est-il ici? Votre présentation sera-t-elle
longue?
M. L'Ecuyer (Alex): Si vous voulez bien m'accorder dix minutes,
M. le Président, je pense qu'on pourrait brosser le tableau.
Le Président (M. Brisson): D'accord. L'Association des
manufacturiers de produits alimentaires du Québec,
représentée par M. Alex L'Ecuyer.
Association des manufacturiers de produits
alimentaires du Québec
M. L'Ecuyer: M. le Président, M. le ministre, honorables
membres de la commission, acceptez toutes mes excuses pour n'avoir pas en main
des copies à vous distribuer des représentations que notre
association aimerait bien faire.
Notre association représente les gens d'une quarantaine d'usines
de transformation des produits de la ferme: pois verts, haricots, maïs,
asperges, carottes, betteraves etc., cultivés dans un rayon d'environ 75
milles autour de Montréal, et principalement au sud du fleuve
Saint-Laurent, à partir de la rivière Richelieu, en passant par
la vallée du Richelieu, jusqu'aux environs de Berthier et Sorel.
Ces produits sont de nature périssable. Ils doivent être
transformés dès leur récolte, pour en garder le maximum de
qualité. La récolte de ces produits est assujettie aux caprices
de la nature. Ils ne peuvent être récoltés suivant une
cédule précise d'heures de travail.
II nous faut donc garder les usines de transformation ouvertes pour des
fins " de conditionnement 24 heures par jour et ce, sept jours par semaine au
besoin, à partir du mois de juin jusqu'au 1er novembre de chaque
année.
Les camionneurs desservant lesdites usines de transformation au nombre
d'une centaine d'unités sont des camionneurs artisans, en grande
majorité des fermiers, sollicitant du camionnage auprès des
conserveurs. Pour se conformer aux exigences des conserveries, ils doivent donc
munir leurs camions de boîtes spécialement construites pour
exécuter le transport en vrac de chaque produit concerné. Par
conséquent, lesdits camionneurs sont, par le fait même,
retirés du système de camionnage commercial pour la saison de la
mise en conserve et pour une période d'environ 15 semaines.
Le règlement 12, dans sa constitution actuelle, ainsi que le
mécanisme d'opération des postes d'affectation, tel que
stipulé audit règlement, ne peuvent certes répondre d'une
manière satisfaisante au bon fonctionnement des usines de transformation
qui sont assujetties, je le dis encore, aux caprices de la nature et
obligées d'offrir des possibilités de fonctionnement 24 heures
par jour et sept jours par semaine.
Par ce fait même, il est donc reconnu par l'impact industriel que
l'industrie de la conserve doit fonctionner dans des conditions
particulières et ne peut exercer son bon fonctionnement que par une
réglementation particulière.
Par conséquent, nous vous demandons de bien vouloir exclure du
règlement 12 le transport des produits de la ferme destinés aux
conserveries pour fins de transformation.
M. Mailloux: Si j'ai bien compris l'information qu'on m'a
transmise tantôt, vous n'avez pas eu de problème cette
année pour entrer la matière première dans l'industrie de
transformation. Il n'y a pas eu de problème cette année?
M. L'Ecuyer: On n'a pas eu de problème, simplement, les
camionneurs...
M. Mailloux: Vous avez fait affaires avec des artisans?
M. L'Ecuyer: Oui, on a fait affaires avec des artisans. Rien
n'empêche que les camionneurs, suivant le contexte du règlement
12, sont toujours assujettis au poste d'affectation duquel ils ne
reçoivent aucun service, si on prend en considération nos heures
d'activité.
Le Président (M. Brisson): Vous avez terminé votre
présentation?
M. L'Ecuyer: Oui.
Le Président (M. Brisson): Vous avez des questions?
L'honorable ministre des Transports.
M. Mailloux: Vous, comme requérant de servi- ces
actuellement, vous faites affaires directement avec les camionneurs artisans
qui vous donnent le service sans difficulté, actuellement, sans
difficulté sensible?
M. L'Ecuyer: Actuellement, oui.
M. Mailloux: Vous craignez qu'avec l'organisation de postes
d'affectation, malgré votre réquisition comme requérant de
services, il vous sera impossible que, pour de courtes durées, des
camionneurs, qui sont déjà placés sur d'autres travaux,
veuillent vous donner des disponibilités de camions dont vous auriez
besoin. C'est ce que vous craignez?
M. L'Ecuyer: Nous craignons que les camionneurs, desservant les
conserveurs, bien entendu, assujettis à la réglementation et
surtout aux postes d'affectation, soient distribués d'une manière
non équitable et répondent d'une manière non
équitable aux besoins des conserveurs.
M. Mailloux: Qu'est-ce qui vous empêcherait, à ce
moment-là, advenant que vous soyez obligé de faire une demande
à un poste d'affectation comme spécialiste en la matière,
de donner les informations les plus valables sur la proportion qui devrait
être accordée pour le meilleur fonctionnement possible des
conserveurs en question? Vous pensez qu'il y aurait des objections qui seraient
apportées?
M. L'Ecuyer: Je ne crois pas, mais il vaut mieux prévenir,
je pense bien.
M. Mailloux: Quant à moi, je prends note de cela.
Le Président (M. Brisson): D'autres questions? L'honorable
député de Bellechasse.
M. Mercier: A la lumière des commentaires que vient de
prononcer notre invité, cela me rappelle un problème qui a
été soulevé il y a quelques mois, dans le comté que
je représente, pour le transport et la cueillette du sirop
d'érable chez les producteurs de sirop d'érable, en vrac, si on
veut utiliser cette expression.
Mais cela ressemble sensiblement aux problèmes que vous soulevez
pour les différentes cultures auxquelles vous avez fait allusion.
M. Mailloux: Mais ma question n'était pas pour rire.
Comment se faisait le transport du sirop d'érable, avec quoi?
M. Mercier: M. le ministre, je pourrai vous donner l'information
à la reprise ce soir. Je ne sais si c'était en bidons, en
canettes ou en barils, mais cela touchait tout de même environ 100
producteurs de sirop d'érable de Bellechasse-Dorchester. Le
problème que cela posait, c'était justement de faire la
cueillette chez les différents producteurs pour, par la suite, acheminer
ces productions dans le secteur de Granby, je pense.
J'aurai peut-être, avec la permission de la commission, ce soir,
à déposer un document qui m'a été transmis
récemment. C'est une requête des personnes touchées par ce
problème, qui ressemble sensiblement au problème auquel vient de
faire allusion notre invité.
Je ne sais pas, M. le ministre, si cela a été porté
à votre attention récemment, mais je pense que cela a
créé des problèmes majeurs, parce qu'ils sont
obligés de recueillir ces productions dans un laps de temps assez court
et de les acheminer aux endroits où on traite justement le sirop
d'érable.
M. Mailloux: La question que je me pose, c'est si vous vous
adressez à la bonne commission, parce que je voudrais savoir toujours si
c'est en vrac. Cette commission étudie le transport des matières
en vrac.
M. Mercier: M. le Président, apparemment, c'était
en vrac, parce que cela concerne la Commission des transports et le
règlement no 12.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela concerne la Commission des
transports, ce n'est pas nécessairement du transport en vrac.
M. Mailloux: On attendra vos informations. M. Mercier:
D'accord.
M. L'Ecuyer: Les camions ou les camionneurs assignés
à desservir les conserveries sont munis de boîtes spéciales
pour tel et tel produit. Le pois vert, par exemple, cela demande un boîte
spéciale, suivant les exigences des différents transformeurs. Les
haricots, cela demande une autre boîte spéciale. Le maïs,
c'est la même chose. Donc, ces camionneurs sont retirés
évidemment de la circulation, du système de camionnage
industriel. Ils sont assignés aux conserveries pour une période
de transformation exclusivement.
M. Mailloux: Ne demeurant pas dans une telle région,
j'imagine que pour tous les légumes ou les fruits dont vous parlez, vous
dites qu'il faut se servir des camionneurs-artisans qui doivent transformer
leur boîte de camion, s'ils vont sur le gravier et s'ils doivent
retourner chez vous. Il y a une transformation de l'équipement qui doit
se faire.
M. L'Ecuyer: II y a une transformation de l'équipement qui
doit se faire. En certains cas, nous fournissons les pièces
d'équipement, en d'autres cas, le pois vert, par exemple, ou les
haricots, le camionneur lui-même transforme sa boîte.
Le Président (M. Brisson): Je vous remercie beaucoup, M.
L'Ecuyer de vos représentations et d'avoir représenté
votre association.
M. L'Ecuyer: Merci, M. le Président.
Gilles Millette Inc. Le Président (M. Brisson): J'ai une
lettre ici je peux peut-être la lire avant la suspension des
travaux jusqu'à huit heures venant de M. Gilles Millette,
président, qui est un camionneur. Evidemment, il n'est pas ici. Il nous
a remis cette lettre. Afin qu'elle soit consignée aux Débats, je
vais la lire: "A qui de droit: Notre compagnie de transport en vrac
n'appartient à aucune des deux associations d'entrepreneurs ou
d'artisans. Dû à cette raison, nous souffrons de discrimination en
ce sens que, d'une part, les artisans peuvent toujours travailler sur la
superstructure à cause d'une mention désuète (à
notre avis) à cet effet, dans les contrats, et que, d'autre part, l'on
s'adresse directement à l'Association des entrepreneurs pour
compléter les contrats au besoin, nous laissant ainsi
complètement de côté.
Nous sommes pourtant dans le transport en vrac depuis un grand nombre
d'années et pouvons toujours déposer des garanties
d'exécution. Dès que nous prenons un contrat, nous-mêmes,
directement, nous vous soulignons que les entrepreneurs généraux
reçoivent des menaces, tant des artisans que des entrepreneurs faisant
partie des associations plus haut mentionnées, pour forcer lesdits
entrepreneurs généraux à engager les membres de l'une ou
de l'autre des associations sous peine de représailles et ce,
évidemment, au détriment des indépendants comme nous.
Nous aimerions qu'une enquête maison soit tenue par des
enquêteurs complètement inconnus des diverses associations. Nous
croyons qu'il y a un malaise qui nuit grandement à l'industrie de la
construction et il est facile d'y rémédier en déterminant
mieux les postes d'affectation.
Nous nous sommes entretenus avec plusieurs autres camionneurs qui
partagent aussi notre point de vue, de même que tous les entrepreneurs
généraux que nous avons rencontrés. Nous désirons,
par là même, que notre enquête soit prise en
considération.
Votre dévoué, Gilles Millette Inc., par Gilles Millette,
président.
Messieurs, à 8 h 15 ce soir, nous entendrons, en premier lieu, la
Fraternité des camionneurs... Un instant, s'il vous plaît! Oui? M.
Béliveau?
M. Béliveau: Une question...... si vous permettez. Cette
lettre, que vous venez de lire, provient d'un individu que les entrepreneurs et
les artisans connaissent très bien et provient d'un individu qui n'a pas
le courage d'être ici, premièrement, et, deuxièmement, qui
n'est même pas muni d'attestations ou qui n'a même pas suivi les
procédures qu'il faut pour être considéré comme un
transporteur public dans la province de Québec. On voudrait que ce soit
consigné dans...
Le Président (M. Brisson): Merci!
Ce soir, à 8 h 15, nous entendrons, en premier, la
Fraternité des camionneurs entrepreneurs Inc., représentée
par Me Michel McLaughlin, et, par la suite, l'Association nationale des
camionneurs artisans Inc., représentée par Me Robert Cardinal,
procureur. Après les questions à cette association, ceci mettra
fin à nos délibérations.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 8 h 15, ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 10)
Reprise de la séance à 20 h 23
M. Brisson (président de la commission des transports, des
travaux publics et de l'approvisionnement): A l'ordre, messieurs!
Tel que convenu, nous allons appeler, en premier, la Fraternité
des camionneurs entrepreneurs de Montréal Inc.,
représentée par Me Michel McLaughlin et, par la suite, nous
entendrons l'ANCAI.
Est-ce que Me McLaughlin est ici?
M. McLaughlin (Michel): Absolument, oui.
Le Président (M. Brisson): Alors, M. McLaughlin, si vous
voulez nous lire votre mémoire dont on vient de me remettre des
copies.
Fraternité des camionneurs entrepreneurs de
Montréal
M. McLaughlin: M. le Président, messieurs les membres de
la commission...
M. Bellemare (Rosemont): Je m'excuse, M. le Président.
Pourrait-on en avoir une copie avant que Me Michel McLaughlin ne commence?
M. McLaughlin: Nous vous remercions de la possibilité que
vous nous offrez de présenter notre point de vue sur le camionnage en
vrac et, plus spéciale ment, sur le règlement numéro 12
promulgué en vertu de la Loi des transports.
Nous n'avons pas la prétention ici de faire une
rétrospective complète de la question, mais nous désirons
seulement émettre nos opinions sur des pointsqui nous paraissent
spécialement importants.
Dans ce bref mémoire, nous allons tenter de relever les points
fondamentaux régissant le camionnage en vrac, proposer des amendements
à la réglementation actuelle, et suggérer des additions ou
retraits.
Ces points fondamentaux concernant le camionnage en vrac, sont, à
notre avis: La notion de permis, la catégorie de permis, les taux et
tarifs et le principe de l'association.
En ce qui concerne l'obligation de détenir un permis pour
effectuerdu camionnage en vrac dans la province de Québec, nous sommes
tout à fait d'accord sur le règlements qui soumet le camionneur
en vrac à cette obligation et, de plus, nous sommes convaincus que la
division de la province de Québec en régions est tout à
fait essentielle.
Cependant, là où nous ne sommes pas d'accord, c'est la non
possibilité pour le camionneur en vrac d'obtenir des permis
spéciaux tel que le prévoit le règlement no 2, dans le cas
des autres types de transport. En effet, si nous prenons l'exemple d'un
camionneur qui fait l'acquisition d'un camion provenant d'un détenteur
de permis, l'acheteur ne pourra acquérir un nouveau camion dans le cas
où le camion transféré serait défectueux ou en
mauvais état.
Dans un autre ordre d'idée, nous tenons également à
souligner que les procédures devant la Commission des transports du
Québec dans le
domaine du camionnage en vrac sont d'une lenteur décourageante.
En effet, pour le simple transfert de propriété d'un
détenteur de permis à un acheteur, on peut compter sur des
délais au minimum de quatre ou cinq mois.
Globalement, nous suggérons donc que les procédures dans
le cas des transferts de permis ces transferts n'ajoutant pas
d'unité dans la région où le transfert s'effectue
soient écour-tées.
Ensuite, concernant la catégorie de permis, tel que
décrété dans le règlement no 12, nous favorisons la
division des camionneurs en vrac en deux catégories: Les artisans et les
entrepreneurs. Nous croyons en effet que cette distinction ne cause et ne peut
causer préjudice ni à l'utilisateur des services, ni aux
camionneurs eux-mêmes, à condition que le camionneur artisan et le
camionneur entrepreneur soient considérés sur un pied
d'égalité.
Ceci nous amène à parler de la désormais
célèbre clause 75-25 qui accorde sur les contrats d'organismes
gouvernementaux une préférence injustifiée aux camionneurs
artisans.
Nous soumettons respectueusement que cette clause qui avait autrefois
pour but de protéger le camionneur artisan n'a plus sa place depuis que
le Québec est divisé en régions.
De plus, nous soumettons que les articles 12.28 et 12.29 du
règlement no 12 devraient être abolis et que la Commission des
transports du Québec ne soit tenue à respecter aucune proportion
entre les permis de catégorie artisan et entrepreneur.
C'est-à-dire que le camionneur détenteur de permis ou celui qui
recevrait ou achèterait un véhicule aurait entière
liberté de choisir la catégorie de son permis.
Concernant les taux et tarifs, la Commission des transports du
Québec possède les pouvoirs de décréter et
d'amender les taux et tarifs en vigueur dans chacune des régions du
Québec.
Nous suggérons donc que ceci se fasse dans les plus brefs
délais en tenant compte des conditions économiques actuelles. A
cet effet, nous suggérons que des taux horaires de base soient
établis, et qu'à ces taux soit ajouté un taux
calculé en fonction de la tonne-mille.
Nous n'avons pour l'instant aucun taux précis à soumettre
à la commission, mais nous sommes convaincus qu'une fois ces taux
fixés, il y aurait lieu de les rajuster à intervalles
réguliers, en fonction des variations constantes du coût de la
vie.
Le principe de l'association. Selon le règlement no 12, il ne
peut y avoir dans une région donnée qu'une seule association de
camionneurs artisans et une seule association de camionneurs entrepreneurs,
regroupant chacune la majorité des détenteurs de permis de l'une
des deux catégories.
Nous croyons que cette situation tend à créer des
monopoles, qui ne servent ni les intérêts des camionneurs, ni ceux
des requérants de services. En effet, la présence de seulement
deux associations de camionneurs dans une région élimine,
à toutes fins utiles, la concurrence qui est un élément
sain, dans une économie comme la nôtre.
A cet effet, nous suggérons que toute associa- tion qui regroupe
100 membres ou plus dans une région donnée puisse être
reconnue par la Commission des transports du Québec.
Comme conséquence directe de cette mesure, il se créerait
au niveau des associations une concurrence qui ne ferait qu'améliorer
les qualités des services fournis aux requérants, et aurait, en
conséquence, un effet positif pour le camionnage en vrac.
Pour terminer, nous tenons à souligner que toute loi ou
réglementation, même si elle est des plus justifiées,
nécessite d'être observée et reconnue par l'ensemble des
personnes qui y sont soumises.
Nous souhaitons donc que la Commission des transports du Québec
soit dotée de tous les moyens et dispositifs lui permettant de faire
respecter la loi et la réglementation touchant le domaine du camionnage
en vrac.
Messieurs, je vous remercie.
Le Président (M. Brisson): Je vous remercie, M.
McLaughlin. Y a-t-il des questions? M. le ministre.
M. Mailloux: Comme l'association que vous représentez est
moins familière que quelques autres dans mon esprit, me diriez-vous quel
est le nombre de personnes qui sont membres de la fraternité?
M. McLaughlin: Actuellement, nous groupons 114 membres, dans la
région de Montréal, la région 10, et cela
représente environ I90 unités de camions.
M. Mailloux: Dans quel secteur d'activité oeuvrent-ils
principalement?
M. McLaughlin: Le sable, l'excavation.
M. Mailloux: Est-ce une association formée assez
récemment?
M. McLaughlin: C'est une association qui est formée depuis
quelques mois.
Le Président (M. Brisson): Y a-t-il d'autres
questions?
Le député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): A la fin de votre mémoire,
vous souhaitez que la Commission des transports du Québec soit
dotée de tous les moyens et dispositifs lui permettant de faire
respecter la réglementation de la loi touchant le domaine du camionnage
en vrac.
J'imagine que vous faites cette recommandation ayant présentes
à l'esprit certaines lois ou certains règlements qui sont
transgressés d'une façon plus particulière. Est-ce que
vous pourriez préciser?
M. McLaughlin: Sûrement, au cours de la journée,
vous avez dû entendre des exposés qui ont fait part de diverses
tactiques qui se passent
aussi bien dans le cas des camionneurs artisans qu'entrepreneurs. Il y a
des gens qui ont des permis pour une région particulière et qui
vont travailler ailleurs. Ce qu'on demande, c'est qu'une fois le
règlement sur le camionnage en vrac bien établi et bien
rodé, la Commission des transports prenne les mesures pour faire
respecter les règlements. Parce qu'une réglementation a beau
être très bonne, si elle n'est pas appliquée, je pense que
ça ne donnera pas grand-chose.
M. Mailloux: Est-ce que vous me permettriez d'intercaler une
question que j'avais oubliée? A la page 2 de votre mémoire,
deuxième alinéa, à la fin de ce deuxième
alinéa, vous dites: "En effet, si nous prenons exemple d'un camionneur
qui fait l'acquisition d'un camion provenant d'un détenteur de permis,
l'acheteur ne pourra acquérir un nouveau camion dans le cas où le
camion transféré serait défectueux ou en mauvais
état."
Qu'est-ce que vous voulez dire exactement par là?
M. McLaughlin: Je vais tenter de vous expliquer la chose au point
de vue pratique. Si nous avons affaire à un détenteur de permis
qui, pour une raison ou une autre, désire vendre son camion,
habituellement, on rédige un contrat de vente conditionnelle et
l'acquéreur utilise le camion durant cette période de temps.
C'est un moyen plus ou moins accepté, mais, advenant le cas où ce
camion se brise, le type a une attestation d"émise pour un camion bien
précis. A ce moment, il ne pourra pas acheter un nouveau camion et aller
faire du camionnage.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Rosemont.
M. Bellemare (Rosemont): Dans l'alinéa 3, vous dites que,
dans un ordre d'idée, les procédures devant la Commission des
transports du Québec, dans le domaine du camionnage en vrac, sont d'une
lenteur décourageante.
Est-ce que vous pouvez exprimer à cette commission ce que vous
entendez et pourquoi, ce que vous pensez ou ce que vous ressentez d'une lenteur
décourageante?
M. McLaughlin: Je peux vous donner un cas précis...
M. Bellemare (Rosemont): Ne donnez pas de nom.
M. McLaughlin: Je ne vous donne pas de nom, mais je vous donne
des exemples. Dans le cas des transferts de permis, s'il n'y a pas d'opposition
et si tout va bien, les délais sont d'environ cinq mois, sinon plus.
Je ne comprends pas cette situation, parce que, si quelqu'un
transfère un camion à un autre, cela n'ajoute pas d'unité
dans cette région. Le même nombre de camions demeure.
A ce moment-là, les autres camionneurs de la même
région ne subissent aucune concurrence. Si un type possède un
camion et le vend à un autre type, il n'y a pas plus de camion dans la
région. Le camionneur en vrac est protégé.
M. Bellemare (Rosemont): Vous avez un peu évité ma
question.
M. McLaughlin: Pour revenir au délai, dans un cas comme
celui-là, où, vraiment, il n'y a, à mon avis, pas de
preuve de nécessité à faire, quoi qu'en dise le
règlement, je pense que les délais devraient être
coupés au minimum.
Actuellement, je comprends que le règlement 12 est un
règlement nouveau. Il n'a pas été rodé. C'est
peut-être la raison pour laquelle on a des délais. Mais les cinq
mois, je trouve qu'ils sont vraiment exagérés.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, selon votre
réponse et selon vos suggestions, Me McLaughlin, que pensez-vous que
sera la clause de transfert? Quelle limite de temps suggéreriez-vous
d'après votre association? Un mois, deux mois, trois mois, plutôt
que cinq ou six mois?
M. McLaughlin: Disons que, si les délais prévus
dans les règlements étaient suivis et que le type apporte une
demande complétée, elle devra tout de suite être
référée au maître des rôles pour publication.
Disons que cela prendr environ deux semaines.
Après publication, les gens ont 21 jours pour s'y opposer. Cela
nous ramène à cinq semaines. S'il n'y a pas d'opposition, c'est
censé être envoyé au commissaire, en chambre, qui rend un
jugement; ensuite, il y a une publication de 18 jours.
Normalement, cela pourrait se faire en deux mois et demi. Actuellement,
on assiste à des délais de quatre ou cinq mois. Je ne sais pas si
c'est le personnel qui fait défaut ou si on a des problèmes de
rodage, mais il y a quelque chose.
M. Bellemare (Rosemont): Je m'excuse. On parle d'un transfert et
non d'ajouter une nouvelle unité; c'est cela?
M. McLaughlin: C'est exact.
M. Bellemare (Rosemont): Pour une nouvelle unité, quel est
le...
M. McLaughlin: Disons que je peux vous donner des exemples, pour
les nouvelles unités. Prenons des types qui auraient fait des demandes
après le 31 décembre 1973, admettons qu'ils aient fait leur
demande au début de janvier 1974, ils n'ont pas encore reçu leur
permis.
M. Bellemare (Rosemont): Ni de réponse.
Le Président (M. Brisson): Le ministre d'Etat aux
Transports.
M. Berthiaume: On pourrait peut-être éviter une
longue discussion par un simple commentaire. Cela fait suite à ce qu'a
annoncé le ministre
des Transports cet après-midi. Nous espérons pouvoir
déposer demain à l'Assemblée nationale un projet de loi
qui aura entre autres pour effet de simplifier énormément la
procédure de transfert.
M. McLaughlin: Je vous remercie énormément.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, j'aurais une
autre question à poser à Me McLaughlin. Je ne le sais pas
exactement, je m'excuse, si je ne prononce pas son nom comme il le faut, en ce
qui concerne la région de Montréal, j'aimerais avoir votre
opinion. Remarquez bien que je sais que c'est votre première
expérience en commission parlementaire. Je ne doute pas de votre
capacité et de votre compétence, mon cher maître, mais
j'aimerais savoir ce que vous pensez de la clause j'entends toujours
pour la région de Montréal 75-25. Est-ce qu'il devrait y
avoir une clause spéciale pour des régions données comme
Montréal, Québec, Sherbrooke ou les grands centres, concernant la
clause 75-25?
M. McLaughlin: Malgré mon peu d'expérience, je vais
tenter de vous répondre. C'est assez clair dans notre mémoire que
la clause 75-25...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est mutuel comme
expérience entre les deux!
M. Mailloux: Cela est mutuel comme expérience entre celui
qui pose la question et celui qui répond!
M. McLaughlin: J'essaierai d'être à la hauteur.
Concernant la clause 75-25, je pense que c'est clair dans notre mémoire,
on voudrait son abolition et que ce soit le jeu de la concurrence, tout
simplement.
D'ailleurs, dans la région 10, il n'y a pas de problème
avec cette clause.
M. Mailloux: En fait, il n'y a pas de clause 75-25 dans
Montréal et l'île Jésus.
M. Bellemare (Johnson): Cela n'existe pas, M. le ministre.
M. McLaughlin: D'ailleurs, c'est pour cela qu'on n'a pas de
problème.
M. Bellemare (Rosemont): Cela n'existe pas dans
Montréal.
M. Mailloux: Non, dans Montréal et l'île
Jésus. ... abolir dans Montréal.
M. Bellemare (Rosemont): ... je n'aurais pas posé la
question.
Une Voix: C'est très bien.
M. Bédard (Chicoutimi): Une question d'information.
Le Président (M. Brisson): M. McLaughlin, je vous remercie
infiniment d'avoir représenté votre association. Maintenant,
j'appellerais l'Association nationale des camionneurs artisans Inc.,
c'est-à-dire l'ANCAl, comme on l'appelle communément. Me Robert
Cardinal, procureur.
Association nationale des camionneurs artisans
M. Nadeau (Lionel): Me Robert Cardinal n'étant pas ici,
étant moi-même camionneur artisan authentique et président
de l'ANCAl, je vais faire une brève introduction.
Le Président (M. Brisson): Est-ce que vous pourriez vous
identifier, monsieur, pour les fins du journal des Débats?
M. Nadeau: Lionel Nadeau.
Le Président (M. Brisson): Lionel Nadeau.
M. Nadeau: Je vais faire une brève introduction.
J'ai l'honneur de représenter l'ANCAl depuis environ un an, et
c'est avec fierté que je le fais. Je représente 4,000 gars, au
Québec, membres de cette association, c'est-à-dire 4,000 gars qui
possèdent chacun un camion. Ils sont des camionneurs artisans et qui ont
fait un choix. Ils ne sont pas, comme on a semblé le prétendre,
rivés à un siège de camion, ils ont choisi, de leur plein
gré, d'être camionneurs artisans, comme un menuisier peut le faire
ou un plombier peut le faire.
Nous sommes partout au Québec. Nous avons, au niveau des
comtés, des organisations de comté, nous avons des organisations
régionales et nous avons l'organisation nationale qui a son siège
ici, à Québec.
Depuis deux ans, nous avons fait l'unité de nos membres, à
la demande de l'homme politique.
En I973, lors de la parution du règlement no 12, pour les membres
de l'ANCAl, après avoir pris connaissance de ce règlement, il se
fit une lueur d'espoir parce que, dans ce règlement no I2, on nous
apportait des solutions à plusieurs problèmes, entre autres le
poste d'affectation qui, pour les camionneurs artisans, semblait un outil de
planification de travail, de contrôle de permis et, pour une fois, de
l'ordre dans les transports, Peu de temps après, l'ANCAl a
été un peu déçue à cause de la lenteur
administrative qui s'est produite à la Commission des transports dans
l'émission des permis, justement, des transferts dont on vient de
parler, des délais insupportables qui ont fait qu'à un moment
donné, des transporteurs publics se sont trouvés à
travailler dans l'illégalité.
L'ANCAl s'est étonnée de voir arriver l'automne dernier un
nouveau règlement, alors que le premier n'avait même pas
été éprouvé dans son entier. L'ANCAl au
Québec a atteint sa maturité parce qu'elle est enracinée
partout. Elle sait donner une discipline à ses membres pour donner un
meilleur service.
Comme nous possédons une flotte de 4,000 camions, notre
association a voulu agir comme tout homme d'affaires aurait agi. Un homme
d'affaires qui veut réussir aujourd'hui, s'il a besoin d'un comptable,
requiert les services d'un comptable; s'il a besoin d'un ingénieur, il
requiert les services d'un ingénieur, et cela nous paraissait vital.
Nous avions besoin de juristes. Alors, sans faire de peine à d'autres
juristes qui pourraient être ici, nous avons choisi les meilleurs.
Pour vous donner une vue d'ensemble des malaises qu'a vécus
l'Association nationale des camionneurs artisans, je demanderais à Me
Béliveau de bien vouloir prendre la parole, s'il vous plaît.
Le Président (M. Brisson): Me Béliveau.
M. Béliveau (Jean-Marc): M. le Président, honorable
ministre des Transports, M. Mailloux, MM. les membres de l'Assemblée
nationale, MM. les membres de la presse, chers amis intéressés
aux problèmes des transports dans le Québec, il est dommage que
Sergio Leone n'ait pas jugé bon d'assister aux
délibérations de cette commission, parce qu'il aurait
certainement trouvé la trame de son prochain film à
succès.
Il est clair que, ce matin, les bons ont défilé au micro.
Ils se sont glorifiés et n'ont pas manqué de pointer du doigt ces
méchants garçons qui ont eu le malheur de s'assurer à un
certain moment, une clause de protection qui a été amplement
décrite, cette fameuse clause 75-25.
Comme par propension naturelle, par principe ou par nature, j'ai plus de
tendance pour l'amour que pour la haine et, de cela, le député de
Chicoutimi pourrait témoigner parce que, ayant été
à la même université que lui, on a fait un bout de jeunesse
ensemble, je préfère même qu'il ne témoigne
pas...
M. Berthiaume: C'est une confession?
M. Béliveau: En tout cas, ce n'est pas un aveu. Je
voudrais parler de transport, sans attaquer qui que ce soit, parce que le
présent et l'avenir nous importent beaucoup plus que ces choses qui ont
été dites aujourd'hui et qui ne sont pas toujours conformes
à la réalité.
Nous aurions souhaité, cependant, qu'un collègue eût
fait l'éloge de l'ANCAl, parce que ce sont tout de même les
camionneurs artisans qui, il y a une dizaine d'années, ont
décidé, par leurs efforts, par leur volonté et par leur
travail, de sortir le camionnage en vrac de la grande noirceur dans laquelle il
se trouvait.
Ce sont les camionneurs artisans qui ont débarrassé le
camionnage de la politique avec l'aide d'hommes politiques. J'ouvre une
parenthèse ici pour rendre hommage à un homme qui a toujours eu,
et dans l'Opposition et au pouvoir, à cet égard, le même
comportement; il s'agit, évidemment, du ministre actuel des Transports,
l'honorable M. Mailloux.
J'aurais aimé qu'un collègue eût noté que
nous étions présents à la première commission
parlementaire qui précédait le bill 23 formant la Commission des
transports, au cours de laquelle nous avons exigé de faire partie de la
Commission des transports.
Nous aurions aimé qu'on notât que nous avons toujours
donné l'exemple du respect de la loi, que nous avons toujours
appliqué le règlement no 12, que nous avons toujours
apporté notre coopération à tous les niveaux; que nous
avons plaidé nous avons été les seuls, d'ailleurs,
à les plaider -les taux pour tous les transporteurs en vrac au
Québec. Et, les décisions qui ont été rendues par
deux jugements du tribunal constitué par la Commission des transports
ont évidemment profité à tous les transporteurs en vrac du
Québec, y compris les entrepreneurs en vrac, parce que les taux en
matière de vrac sont les mêmes pour tous les transporteurs au
Québec.
Nous aurions aussi aimé, M. le Président, qu'on
notât que c'est à cause de l'intervention de l'ANCAl devant le
tribunal des transports que la Commission des transports a
décrété un proprio motu pour étudier d'une
façon toute particulière des problèmes inhérents
à l'île de Montréal et à l'île Jésus,
des problèmes de transport inhérents à cette partie du
Québec qui comporte évidemment des circonstances de temps et de
lieu qu'on ne retrouve nulle part ailleurs au Québec. C'est nous qui
avons dénoncé le courtage, et ce pour l'avantage des
entrepreneurs en matière de transport et évidemment des artisans.
C'est nous qui avons demandé cette présente commission
parlementaire, M. le Président, au cours de laquelle tout le monde a pu
s'exprimer librement. C'est nous qui avons demandé et obtenu une
enquête en matière forestière.
M. le Président, je voudrais, évidemment en si peu de
temps, vous apporter à bâtons rompus certaines observations en
matière de transport qui nous apparaissent fondamentales. On a
parlé de vrac, nous sommes ici aujourd'hui pour cela. Le vrac, au juste,
qu'est-ce que c'est? On en retrouve une définition au règlement
no 12 et on en retrouve une définition dans le nouveau projet de
règlement qui est déposé devant cette commission.
Toujours est-il que, le 27 juillet 1973, il y a eu un premier
règlement no 12 qui est encore en application, que nous avons applaudi
à tout rompre, parce qu'enfin une loi était donnée au
Québec aux transporteurs en vrac pour mettre de l'ordre dans cette
partie importante du transport où le désordre régnait
auparavant.
Nos collègues du transport général, eux, avaient eu
cette chance extraordinaire d'être coiffés par la Régie des
transports. Pendant 25 ans, M. le Président, ils ont eu des centaines de
jugements, des centaines d'ordonnances, des décisions, des documents qui
font qu'ils ont pu régler un très grand nombre de
difficultés. Tant et si bien que, lorsque le règlement no 12 est
apparu, il faut admettre au départ, à cause de ce
phénomène, que nos collègues du transport
général étaient coiffés par la Régie des
transports alors que nous, avant, nous n'étions soumis à aucune
loi, à aucun tribunal et nous ne pouvions nous faire entendre
nulle part. Il faut admettre que, lorsqu'on s'est présenté
pour la première fois devant la Commission des transports, nous avions
25 ans de rattrapage à faire, 25 ans de rattrapage à faire, je le
dis bien, M. le Président, pour rejoindre nos collègues du
transport général. Nous n'avions pas l'intention de prendre 25
ans pour régler nos problèmes, loin de là. Nous avons fait
diligence, nous avons présenté des demandes de taux, des motions
pour préséance nous ont été accordées. Le
tribunal constitué, que nous respectons, nous a entendus à deux
reprises, nous avons reçu des jugements et, actuellement, il y a des
causes pendantes en matière forestière qui sont
déposées devant ce tribunal.
Il reste un fait indéniable de ce bref historique, c'est que nous
voudrions qu'il ressorte de cette commission que la Commission des transports
du Québec doit mettre davantage l'accent sur le transport en vrac qui a
tellement de rattrapage à faire au niveau des taux, des secteurs, au
niveau d'un très grand nombre de problèmes et qu'on nous apporte,
pour le bien des artisans et aussi celui des entrepreneurs, une attention
évidemment tout à fait particulière.
Il y a une deuxième question que je voudrais soulever. On a
parlé de transporteurs en vrac aujourd'hui. On s'est élevé
contre les clauses de protection et la question fondamentale que tout le monde
doit se poser, à l'heure actuelle, et le public a le droit de se la
poser aussi, est celle-ci: Ne serions-nous pas les forgerons de 1975?
Lors-qu'est apparue la voiture de promenade, lors-qu'est apparu le tracteur de
ferme, il est clair qu'une activité québécoise a perdu des
plumes à son chapeau, celle du forgeron. Les forgerons qui avaient du
coeur et du réalisme ont vite choisi de changer d'activité, parce
qu'ils ne voulaient pas tomber sous l'assistance sociale, convaincus qu'ils ne
pouvaient plus gagner leur vie dans ce genre d'activité.
Les transporteurs en vrac, tant les artisans que les entrepreneurs,
sont-ils nécessaires au Québec? A cette question que je pose, je
dis oui, tout de suite, parce que la preuve se fait tous les jours et tous les
ans. Des millions de tonnes de matière en vrac sont transportées
par camion, à bennes basculantes, des matières forestières
sont transportées de la souche à l'usine par des camions, et
personne ne songerait, en I975, à revenir à la traction
animale.
Il est clair et certain que l'indispensabilité des camions de
vrac dans la province de Québec est entièrement prouvée et
prouvable et personne ne saurait nier le fait que si nous disparaissions demain
matin, il faudrait nous remplacer et immédiatement.
Donc, nous sommes nécessaires. Si nous sommes nécessaires,
nous avons certainement des droits, non pas des privilèges, mais des
droits. Au chapitre des droits, bien sûr, nous avons le droit d'avoir des
taux convenables. Actuellement, la Commission des transports du Québec
qui a été formée et le règlement no I2, qui existe
depuis le 27 juillet I973, ont juridiction pour accorder des taux à des
transporteurs en vrac au Québec qui se présentent devant la
commission.
Je dis encore une fois que nous sommes les seuls à nous
être présentés devant cette commission pour demander une
augmentation de taux et pour plaider la cause des taux, non seulement pour les
artisans, mais pour l'ensemble des transporteurs en vrac au Québec.
Il n'est pas possible en transport de penser taux sans penser
automatiquement à secteur de travail, et secteur veut dire utilisation
des effectifs roulants. Il est clair et certain que si nous avions des
décisions actuellement qui nous donnaient quatre fois ou dix fois les
taux que nous avons obtenus, cela se traduirait par un gros zéro si, en
même temps, nous n'avions pas la certitude de pouvoir utiliser nos
camions au maximum. Ce principe est également vrai pour les artisans et
pour les entrepreneurs en vrac au Québec.
La notion de secteur et la notion d'utilisation ne peuvent pas se
séparer, tant pour le bien des requérants de services que pour
les transporteurs eux-mêmes et pour le bien, évidemment, des
consommateurs.
La notion de secteur, nous ne la prenons pas dans les nuages. Quand on
nous a accusés aujourd'hui d'avoir la clause 75-25, c'est un secteur de
travail. Cela permet à des artisans au Québec d'avoir une moyenne
de travail, actuellement, de quatre à cinq mois par année. La
notion de secteur, on ne la descend pas des nuages, je le dis encore une fois,
elle a été inventée bien avant nous, elle a
été suggérée par des hommes d'affaires. Dans le
transport général, à l'heure actuelle, M. le
Président, les compagnies prospères sont celles qui ont les
meilleurs secteurs de travail, qui se traduisent tantôt sous forme de
circuit, d'un point à un autre, tantôt sous forme
d'exclusivité de certaines matières à transporter. Il est
clair que la compagnie Québecair, par exemple, qui a le droit de se
servir de tel circuit pour transporter les gens, ne saurait tolérer
longtemps que n'importe qui, Pierre, Jean, Jacques, vienne transporter des gens
dans le même circuit.
Il est clair que la compagnie Voyageur Provincial, qui est
prospère, à ce que je sache, a un secteur très important
de travail qui consiste à lui donner l'exclusivité de certains
points qui existent pour transporter les gens au Québec.
Il est clair que la compagnie Smith Transport ou les compagnies
Bellechasse ou Rimouski, ou n'importe quelle de celles qu'on considère
comme prospères, et faisant honneur au Québec et à leurs
obligations, sont des compagnies qui ont des exclusivités, des circouits
de travail, des secteurs de travail et ces notions ont été
inventées bien avant nous et bien avant que n'apparaissent les artisans
au Québec. Cette clause 75-25 est un secteur de travail.
Le secteur de travail, à notre point de vue, doit être
proportionnel à l'importance de l'organisme qui doit l'obtenir. Quand on
dit qu'il est très important de ne pas dissocier les taux du secteur, on
amène évidemment la commission à se pencher sur le
problème suivant. On a établi qu'actuelle-
ment, la commission a le pouvoir d'établir des taux. A notre
point de vue, la commission devrait avoir le pouvoir d'accorder des secteurs de
travail à des gens qui lui en demandent et à des gens qui le
méritent. Le mérite est une notion extrêmement importante.
Des associations ont défilé devant vous aujourd'hui. Nous sommes
tous coiffés par le même terme association. Permettez-moi une
analogie, à peu près toutes les compagnies, toutes les maisons
d'affaires du Québec sont coiffées par le terme de compagnie, et
pourtant, elles sont toutes dissemblables. Elles sont de toutes petites
à très grandes. Les associations sont de toutes petites à
très grandes.
Vous avez posé des questions les uns après les autres sur
les effectifs des associations qui se sont présentées devant
vous. Il est clair qu'il y en a de plus petites, il y en a de plus importantes,
je le proclame publiquement, c'est clair et démontré, le
ministère des Transports le sait, la commission également, avec
les chiffres et les documents qui en témoignent, que l'association la
plus importante au Québec, celle qui est présente partout, celle
qui est structurée partout dans tous les comtés du Québec,
celle qui est en mesure de donner le service, des requérants de services
dans tous les comtés du Québec, c'est l'association que j'ai
l'honneur de représenter devant vous ce soir, l'ANCAI.
Ce n'est pas ma faute si, actuellement, les autres associations n'ont
pas la même importance. Au lieu d'envier celle qui parle actuellement,
elles devraient peut-être suivre le même exemple, donner les
mêmes efforts, la même loyauté, le même travail, faire
autant d'assemblées, faire le tour de l'immense Québec pour aller
organiser les gars et leur prêcher la logique de l'unité.
Ce n'est pas ma faute si cela n'a pas été fait
jusqu'à maintenant et ce n'est pas la faute de l'ANCAI non plus. Nous ne
voudrions pas être pénalisés parce qu'actuellement nous ne
sommes pas présents partout.
Combien de fois a-t-on parlé, aujourd'hui, de cette fameuse
clause 75-25 qui, pour moi, est un secteur de travail et qui, pour moi, assure
à des gens un certain volume de choses à transporter? Si vous
voulez, nous allons faire l'analyse de cette clause pour savoir exactement ce
qu'elle représente.
D'abord, elle s'applique, cette clause 75-25, aux travaux de
construction de chemins faits pour le compte de la voirie provinciale. Elle ne
s'applique pas pour les travaux municipaux; elle ne s'applique pour aucune
sorte d'autres travaux au Québec.
C'est donc limité à la construction de chemins. Prenons la
coupe transversale d'une route. Les ingénieurs présents, les
autres qui sont dans le domaine des transports, ainsi que tous les membres de
la commission savent très bien que l'infrastructure de la route
constitue environ 75% du transport à effectuer dans la construction de
la route et que la ligne en-dessus de l'infrastructure représente 25% de
l'ensemble du chemin.
Or, cette fameuse clause 75-25 ne s'applique pas sur l'ensemble du
chemin. Elle s'applique sur les 25% qui sont en haut de la ligne
d'infrastructure. C'est donc 75% de 25%, ce qui représente 15%, si on
fait un calcul rapide, du transport effectué dans la construction des
routes, pour le ministère de la voirie du Québec; cela
représente 15% seulement. Ce n'est pas 75-25 de l'ensemble de la
construction des routes, mais c'est 15%, parce que c'est 75-25 de 25%. Cela
représente l'ensemble des choses à transporter en matière
de vrac, et ceci est très important.
Si on inclut dans le vrac tout ce qui est marqué dans la
définition du vrac, c'est environ 2% du vrac transporté au
Québec.
Cette clause épouvantable, qui cause préjudice à
tellement de gens, représente environ 2% de l'ensemble du vrac au
Québec, si j'inclus dans le vrac ce qui est inclus dans la
définition du règlement no 12, c'est-à-dire les
matières forestières. C'est cela qui cause un préjudice
épouvantable à tout le monde. C'est effrayant; c'est
épouvantable M. le Président.
Les gros méchants, c'est nous, qui avons obtenu cela à un
moment donné. On l'a obtenu à la sueur de notre front. Les
camionneurs artisans ont dû faire la preuve de leur respectabilité
avant de l'obtenir. Ils ont dû faire la preuve de leur unité avant
de l'obtenir. Ils ont dû faire la preuve qu'ils étaient
dirigés par des camionneurs artisans authentiques. Ils ont
été épurés au moins à deux ou trois reprises
par des représentants du ministère des Transports, qui sont
allés dans les comtés retrancher des effectifs que nous avions
avant et ils ont gardé des camionneurs artisans authentiques, purement
et simplement.
La clause 75-25, c'est un secteur de travail pour lequel nous disons
merci, bien sûr, à ceux qui ont contribué à nous le
donner, mais cela représente 2% de l'ensemble du vrac au Québec,
ce qui veut dire que, pour l'ensemble des autres associations, il reste 98% du
vrac à transporter au Québec. Si elles sentent le besoin de se
gagner un secteur de travail, grand Dieu, qu'elles travaillent pour se le
gagner. C'est aussi simple que cela.
Il ne serait pas question de nous l'enlever. Les camionneurs artisans ne
pourraient pas le tolérer, parce que, bien sûr, cela leur a
été donné à la suite d'actes qu'ils ont
posés, d'actes pénibles qu'ils ont posés. Ils ont rempli
leurs obligations admirablement, sans avoir dans leurs rangs des gens qui ont
des dossiers judiciaires, sans manipuler ni la menace, ni le chantage, ni
l'illégalité, mais en prônant la légalité et
en incitant les membres à respecter la légalité en tout
temps et en tout lieu.
C'est de cette façon-là, en étant présents
partout, que les camionneurs artisans du Québec ont gagné la
clause 75-25.
Maintenant, une remarque concernant la Commission des transports. Nous
souhaiterions que la commission retienne là-dessus, plusieurs
transporteurs étaient d'accord que la Commission des transports
ait des pouvoirs accrus qui lui permettent de rendre une justice plus
expéditive.
Le terme "justice" s'accompagne nécessai-
rement dans notre esprit, d'expéditive, le mot
"expéditive" étant un élément de la justice. On
ferait triompher un droit 25 ans après sa naissance que le délai
pour le faire triompher deviendrait une telle injustice que le droit
lui-même ne serait pas une victoire et il ne serait pas question de
justice.
C'est vrai que les délais sont pénibles pour toutes les
parties. Nous en souffrons et l'annonce que l'honorable ministre des Transports
a faite, tout à l'heure, concernant les transferts de permis, nous
réjouit au plus haut point. Nous applaudissons évidemment ce
désir de déposer le projet de loi avant même la fin de la
session.
Il y a aussi le problème de l'application de la loi. Il est clair
qu'il y a actuellement au Québec beaucoup d'individus qui se
promènent sans être munis d'attestation, qui se promènent
en se foutant complètement des lois des transports. Il est clair qu'il
manque des effectifs suffisants et suffisamment compétents pour faire
appliquer la Loi des transports, tant et si bien que ceux qui ne passent pas
par les exigences pénibles de la loi se rient de ceux qui ont dû
s'y plier et cela nous paraît une situation complètement
anormale.
Incidemment, M. le Président, nous avons fait plusieurs fois des
remarques et des représentations auprès des hauts fonctionnaires
du ministère des Transports pour que les "bleus", comme on les appelle,
ceux qui sont chargés de faire appliquer la Loi des transports, puissent
paralyser sur place celui qui ne s'est pas conformé à cette
procédure pénible dont je viens de parler.
Un autre problème, et c'est peut-être le plus important,
c'est que le règlement no 12 et, le nouveau règlement qui est
déposé devant vous parlent de cette distinction entre les
transporteurs privés et les transporteurs publics. Un transporteur
privé n'a pas à se présenter devant la Commission des
transports pour obtenir un permis. C'est celui qui transporte pour son propre
compte.
Or, il y a dans le règlement 12 une disposition que ne corrige
pas le nouveau règlement, qui dit que tous les possesseurs de camions,
avant le 14 avril 1972, n'ont pas besoin de faire la preuve de
nécessité pour obtenir un permis. Or, il est porté
à notre connaissance que des transporteurs privés
possédant plusieurs camions, au 14 avril 1972, en ont profité,
lorsque cette loi est arrivée, n'obligeant pas les parties à
faire la preuve de nécessité, pour déposer une
requête pour obtenir un permis de transporteur public.
D'après nos informations, il y aurait 4,000 ou 5,000 permis de
transporteurs privés que l'on s'apprêterait à donner
à des gens qui sont des transporteurs privés et qui seront,
demain, si on les laisse faire, s'il n'y a pas un tri immédiat qui se
fait, des concurrents complètement déloyaux aux transporteurs
qui, par vocation, sont des transporteurs publics. Ce problème est
extrêmement important. Nous demandons à la commission
parlementaire d'exiger de la Commission des transports qu'un tri se fasse avant
que les permis ne soient émis. On impose le fardeau de la preuve aux
individus pour faire le tri, pour faire la diffé- rence entre le
transporteur privé qui ne doit pas avoir de permis et le transporteur
public qui doit en avoir un. Si on laisse 5,000 permis circuler entre les mains
des transporteurs privés, je plains qui que ce soit, le lendemain,
d'essayer d'enlever ces permis à qui que ce soit. D'ailleurs, la
tâche légale de faire réviser le permis de l'individu
serait tellement pénible que, même en l'an 2000, on n'aurait pas
fini la moitié du travail.
C'est le problème le plus important, je pense, auquel nous avons
à faire face et je m'étonne que d'autres transporteurs n'aient
pas jugé bon d'en parler aujourd'hui. Je m'explique cependant qu'une
association en particulier n'en ait pas parlé, parce que celle, ce
matin, qui a dit qu'elle possédait 2,000 membres a certainement une
très grande partie de ses membres parmi les transporteurs privés
au Québec, soit des constructeurs de routes ou l'équivalent. Je
comprends fort bien qu'on n'ait pas mis l'accent sur ce point très
important, mais le point ne cesse pas d'être important parce qu'elle n'en
a pas parlé.
Un mot sur le poste d'affectation. Quand le règlement no 12 est
arrivé, un nouveau concept en matière de transport est apparu,
qui s'appelle le poste d'affectation. Je vous lis, M. le Président, la
définition du poste d'affectation et, partant de cela, nous pourrons
élaborer une argumentation très succincte. Le poste d'affectation
est établi aux fins d'assurer convenablement le service de camionnage en
vrac dans la région, pour que sa structure permette de recevoir et de
distribuer aux camionneurs détenteurs de permis pour la région
faisant partie de l'association du groupe d'entrepreneurs détenteurs du
permis de poste d'affectation le plus équitablement possible les
réquisitions de services de camionnage en vrac qui lui sont faites.
Or, le poste d'affectation, ou bien c'est quelque chose de
bénéfique, c'est quelque chose qui va mettre de l'ordre dans le
transport en vrac, c'est quelque chose de nécessaire à ce
moment, cela doit obliger tous les transporteurs à en faire partie
ou bien cela n'est pas nécessaire, cela n'est pas
bénéfique et qu'on cesse d'en parler purement et simplement.
Il arrive que, si on regarde le règlement tel quel et qu'on
l'interprète légalement on parle de ce nouveau concept qui
s'appelle le poste d'affectation on ne retrouve nulle part dans le
règlement d'articles qui permettraient à quelqu'un de ne pas en
faire partie. Légalement, cela veut dire que tout le monde est
obligé d'en faire partie. Mais, il arrive que des fonctionnaires disent
actuellement: Ce n'est pas tout le monde qui est obligé d'en faire
partie. C'est bon, le poste d'affectation, mais on n'oblige personne à
en faire partie. C'est un peu comme si une ville décidait de faire un
règlement de zonage et qu'elle disait: On fait un règlement de
zonage, c'est bien bon, mais on n'oblige personne à le suivre. C'est un
peu comme si on décrétait que, sur les routes du Québec,
c'est 70 milles à l'heure, mais que, en même temps, on envoyait un
avis pour dire aux gens qu'ils sont libres d'aller plus vite, s'ils le
veulent.
Le poste d'affectation, nous avons applaudi à cette initiative.
Cela nous apparaît un poste de contrôle, de dispatch. Cela nous
apparaît un poste où le gouvernement, ou le ministère des
Transports ou la Commission des transports peut exercer quotidiennement un
contrôle que nous souhaitons, pour éviter qu'il ne se fasse du
courtage, pour éviter que le désordre ne règne en
maître, et pour éviter que ces quelques gars par comté,
à cause de leurs relations avec Pierre, Jean, Jacques, qui peuvent fort
bien s'organiser sans poste d'affectation, ne se rient de ceux qui se
conforment à la Loi, tandis qu'ils n'auraient pas à s'y
conformer.
La position de l'ANCAl là-dessus est de demander respectueusement
à cette commission, ou bien, M. le Président, de rendre
obligatoire le poste d'affectation, ou bien de le biffer purement et
simplement. En ce qui nous concerne, nous, nous sommes structurés et
nous sommes en mesure de donner au Québec les services que le
Québec attend de nous.
Maintenant, une deuxième partie et je terminerai
là-dessus, ce ne sera pas long, M. le Président sur
certains exposés, sur quelques remarques qui ont été
faites aujourd'hui, devant vous.
Dans son exposé, Me Saint-Hilaire, qui représentait les
entrepreneurs, a fait des accusations au sujet de gendres qui serviraient de
prête-nom, au sujet de femmes qui seraient entrepreneurs pen:
dant que les maris sont artisans, au sujet de faux malades qui se
promèneraient avec un certificat de maladie pour s'empêcher de
conduire le camion.
Je demande à Me Saint-Hilaire de soumettre, dans le plus bref
délai possible, conséquemment à ses accusations, des
preuves précises parce que nous serons les premiers à rayer de
nos cadres des gens qui auraient ce genre d'attitude.
Me Saint-Hilaire n'a soumis devant cette commission aucune statistique.
C'est assez curieux. Il a également soumis un certain nombre de choses
qui m'apparaissent des faussetés, et je le dis bien respectueusement, je
le dis malgré l'amitié que j'ai pour lui, je dois le dire; c'est
mon mandat. Quand il a dit, par exemple, qu'il représentait un nombre de
2,000 camionneurs et qu'il était présent dans huit régions
du Québec, c'est faux. Si on retranche des 2,000 les transporteurs
privés qui ne doivent pas détenir un permis de transporteur
public au Québec, en vertu des lois existantes, si on retranche tous
ceux qui n'ont pas d'attestation, le chiffre de 2,000 va "dropper"
permettez-moi l'expression dangereusement et le nombre de régions
aussi. Pas de statistique, non plus, sur Montréal. Cela m'étonne
énormément, puisque le siège social de l'association qu'il
représente est à Montréal.
La Coopérative de la Côte-Nord est venue témoigner
devant cette commission. Elle s'est dite bouleversée par le
règlement no 12. Cependant, à cause d'habiles questions
posées par le député de L'Islet, si mon souvenir est
excellent, M. Gagnon de la Coopérative de la Côte Nord nous a fait
la preuve que le premier à avoir une clause de protection au
Québec, à s'en servir exclusivement et à obliger les gens
à faire partie de sa coopérative, sans quoi ils n'allaient pas
travailler à HydroQuébec, c'est lui qui l'a appliquée. Il
se plaint de la clause 75-25. C'est effrayant. Il nous a également
décrit une situation disant: M. le Président, à cause de
la clause 75-25, les artisans font venir des camionneurs d'autres
régions. Ce n'est pas vrai. A cause de la clause 75-25, des artisans ne
feront pas venir d'autres régions des camionneurs artisans. A cause du
service que nous avons rendu, et à cause du fait de la libre
concurrence, et du fait que des entrepreneurs veulent nos services plutôt
que ses services, il est clair qu'à un moment donné, il y a une
grande demande d'artisans dans une région, il est clair qu'il y a eu des
demandes de permis additionnels et je ne voudrais pas préjuger d'une
décision qui est actuellement pendante devant la Commission des
transports.
Le camionnage incorporé s'est présenté pour dire
qu'il ne faudrait pas nuire au camionnage incorporé, au transport
général. Il ne faudrait nuire au transport général
en aucune façon. Il fait l'aveu, cependant, que les "L" transportent
dans les deux sens et il fait l'aveu que des transporteurs de son association
font du vrac. Nous avons un aveu à faire ce soir devant cette
commission, un aveu qui est une anomalie par rapport à l'aveu qu'il a
fait: II n'y a pas un seul camionneur en vrac, artisan ou entrepreneur, qui
fait du général parce que cela nous est interdit. Or, si on n'a
pas le droit de faire du général, je ne vois pas pourquoi les
transporteurs généraux, qui se sont déclarés
satisfaits de leur sort et qui ont vanté maintes fois leurs
mérites et ce, à leur congrès et devant n'importe quelle
tribune, je ne vois pas pourquoi les camionneurs en vrac n'auraient pas le
droit de faire du transport général. Ou bien on donne le
même poids et la même mesure aux deux, ou bien on empêche les
"vrac" de faire du général et on empêche les
généraux de faire du vrac.
J'achève avec l'industrie forestière. C'est la meilleure,
évidemment. L'industrie forestière est venue faire la
démonstration que nous avons tenté de faire maintes et maintes
fois devant les autorités gouvernementales, celle de
l'impossibilité de négocier avec une compagnie forestière.
C'est impossible. On ne nous croyait pas. J'espère que, maintenant, on
va nous croire parce que, cet après-midi, le représentant de
l'industrie forestière au Québec a dit: On ne veut pas
négocier avec des associations. On va négocier avecdes individus
en particulier. Pire encore. L'Association forestière du Québec
est un pouvoir dans un pouvoir; elle bénéficie de droits
extraordinaires au Québec, ceux de couper nos richesses naturelles qui
nous appartiennent et de faire des millions de bénéfices. Je suis
abonné à la revue Fortune et j'ai vu, comme par hasard, le bilan
de chacune des industries forestières du Québec. Elles sont loin
d'être à plaindre. Ces gens disent: On est opposé à
la Loi des transports. C'est un sujet de transport, mais on est opposé
à cela. On savait, nous, déjà, que les compagnies
forestières sont opposées à toute
loi au Québec, sauf celles qui concernent des subventions
à leur être versées ou des dégrèvements
fiscaux ou des avantages qu'elles peuvent avoir. Toutes les autres lois ne sont
pas faites pour elles. Je soumets respectueusement que c'est le temps plus que
jamais que la Commission des transports du Québec que nous respectons,
que le ministère des Transports que nous respectons et que le
gouvernement que nous respectons obligent les compagnies forestières, au
moins, à respecter cette loi qui est fondamentale, parce que c'est dans
ce domaine que nos camionneurs souffrent actuellement le plus. C'est dans ce
domaine d'ailleurs, ce seront certainement les conclusions d'une
commission spéciale qui est formée pour étudier le
problème forestier au Québec que les conditions de travail
sont des plus pénibles et c'est dans ce domaine qu'on utilise toutes
sortes d'unités de calcul pour mêler les camionneurs.
Tantôt, on enlève 10% de colle, tantôt on calcule en cunits,
tantôt on calcule en cordes apparentes, en cordes réelles; on
recourt à toutes sortes d'unités de calcul qui font que le
camionneur artisan n'est jamais payé pour le transport qu'il fait, mais
est payé selon des conditions absolument inacceptables au
Québec.
Nous demandons donc à la commission d'imposer à ces gens
qui se prétendent le pouvoir dans le pouvoir la même loi que pour
tous les justiciables du Québec.
M. le Président, j'achève. Cela ne sera pas long. Ah bon!
Une autre bonne de cette honorable association.
Elle se dit opposée au principe qu'une tierce personne vienne
fixer des taux. Ce principe est tout simplement celui-ci: Les compagnies
forestières veulent être à la fois juge et partie. C'est un
principe qui va à l'encontre de tous les principes reconnus pour les
droits de l'homme, être juge et partie. Si elles veulent vraiment
prêcher ce principe et si le gouvernement était d'accord pour le
reconnaître, les camionneurs artisans du Québec, que je
représente, et les entrepreneurs en vrac, que je ne représente
pas vous demandent que ce soit nous qui soyons juge et partie en même
temps.
Ils ne l'accepteront pas. Alors, ce principe qui consiste à
s'opposer à ce qu'un tribunal bien nanti, bien constitué, qui
peut se payer le luxe d'envoyerdes experts pour tenir compte des circonstances
très différentes de temps et de lieu, des circonstances
particulières de chacun des chantiers... D'ailleurs, M. Gaston Pelletier
a plaidé là-dessus cet après-midi. Eh bien, la Commission
des transports est en mesure de juger de la situation et je fais davantage
confiance à cette commission qu'à une compagnie forestière
qui ne veut pas négocier et qui veut être à la fois juge et
partie.
Le Conseil de la coopération a soumis que des associations de
camionneurs entrepreneurs qui sont coiffées sous le vocable de
Coopérative de camionneurs entrepreneurs soient reconnues par la
Commission des transports. Là-dessus, on n'a pas d'objection, sauf qu'on
aurait des objec- tions à ce que le gouvernement nous impose la formule
coopérative. La formule coopérative a évidemment des
vertus extraordinaires. Elle l'a démontré. Elle a aussi ses
faiblesses. Elle dépend des hommes en place et, pour les camionneurs
artisans, ce serait rétrograder que d'accepter d'être régis
par la Loi des syndicats coopératifs parce que nous deviendrions
automatiquement des entrepreneurs, légalement parlant, et nous nous
opposons à cela. Nous souhaitons que la distinction reste entre
l'entrepreneur et entre le camionneur qui est artisan.
Pour le Syndicat professionnel des camionneurs entrepreneurs, Me
Routhier a parlé de ses 200 membres, qui sont très importants.
Quand il s'agit d'hommes, c'est toujours important, je l'admets volontiers,
sauf que Me Routhier a porté une accusation qui est très grave.
Il a parlé de chantage que des camionneurs artisans auraient fait. Il a
fait une preuve de ouï-dire, parce qu'il ne tient pas cette preuve de
camionneurs mais d'entrepreneurs qui lui auraient dit que cela se ferait. Je
demande donc au ministre des Transports d'instituer une enquête
immédiatement pour que la lumière se fasse sur cette importante
question parce que nous ne saurions tolérer, et vous le savez, que du
chantage se fasse par des artisans. Nous ne le croyons pas. Permettez-nous de
donner le bénéfice du doute à nos gens, surtout devant une
preuve si farfelue, devant une accusation aussi peu fondée que celle que
Me Routhier a faite devant cette honorable commission. A toutes fins pratiques,
Me Routhier est avocat, et je me permettrai de lui donner un conseil. Moi, si
mes gars étaient victimes de chantage, je n'hésiterais pas
à me servir des lois du pays pour qu'ils cessent immédiatement
d'être victimes de chantage.
La commission Cliche vient de tenir des assises au Québec. Nous
avions 500 camionneurs artisans à la baie James et jamais la commission
Cliche n'a mentionné qu'un seul de nos gars, un seul de nos
"dispatchers", un seul de nos représentants a été
mêlé directement ou indirectement aux choses qui ont
été amplement dénoncées par cette commission. Nous
en sommes fiers. Nous sommes fiers du fait que nous avons toujours
respecté la loi et nous assurons la commission que nous allons continuer
à inciter nos membres à respecter cette loi. Si, par malheur,
hors de notre contrôle, des choses avaient été faites dans
le sens de celles que Me Routhier a dénoncées sans preuve devant
cette commission, nous aimerions être les premiers informés et
nous n'hésiterions pas à prendre les moyens qui s'imposent. Je
lui conseille de prendre les moyens légaux s'il ne les connaît
pas, je me ferai un plaisir de lui mentionner qu'il existe un code criminel au
Canada qui peut s'appliquer en pareil cas et qu'il existe également des
actions en dommages, des injonctions et d'autres moyens que Me Routhier
pourrait prendre pour protéger ses gars.
Quant à Me Bernier, il a parlé de ces transporteurs
spécialisés qui font du transport de bois de déroulage. Il
a fait l'aveu, tout de même, que, hors de cette activité
spécifique de transport de bois de
déroulage, l'équipement qu'il a est semblable à
celui que possèdent plusieurs de nos camionneurs artisans dans toutes
les régions du Québec.
Nous maintenons qu'il y a au moins 700 à 800 de nos gars qui ont
de l'équipement semblable à celui de ce monsieur qui était
représenté par Me Bernier, et nous sommes en mesure de fournir le
service que nous demanderait n'importe quel poste d'affectation à cet
effet.
M. Alex. L'Ecuyer représentait les manufacturiers de produits
alimentaires. Nous tenons à lui dire merci pour l'hommage qu'il a rendu
aux artisans, en fait, parce qu'il s'est dit satisfait du
phénomène suivant: dans les années passées, il a
confié son transport de matières alimentaires de la ferme
à l'usine à des camionneurs artisans, il a eu satisfaction et il
est clair que ses craintes quant aux postes d'affectation ne sont pas
fondées. Nous l'avertissons tout de suite que les camionneurs artisans,
qui lui ont donné satisfaction jusqu'à maintenant
n'hésiteront pas à se spécialiser, s'il le faut, pour
continuer à lui donner tout le service auquel il a droit, parce qu'il
est un requérant de services responsable. En fin de compte, quand il a
dit qu'il était manufacturier de produits alimentaires, je tiens
à noter, pour le bénéfice des membres de cette commission,
qu'il s'agissait de produits venant de la ferme. Il ne s'agissait pas de
produits dont une certaine commission qui vient de se terminer a parlé
amplement à la télévision.
La Fraternité des camionneurs entrepreneurs de Montréal
s'insurge contre la clause 75-25. Elle dit qu'elle n'est présente
qu'à Montréal, mais la clause 75-25 n'existe pas à
Montréal et M. le ministre le lui a fait remarquer.
A toutes fins utiles, ceci clôt mes observations sur le
présent et l'avenir du transport au Québec, et les commentaires
que j'avais à faire sur ceux qui ont été faits devant vous
aujourd'hui. Je dis à la commission que le secteur de 75-25, qui
représente un petit pourcentage du vrac au Québec, n'est pas
limitatif. L'association que j'ai l'honneur de représenter a
l'intention, si la commission retient la proposition que nous faisons, de
donner à la Commission des transports le pouvoir de donner des secteurs,
comme la régie du temps avait le pouvoir de donner des secteurs aux
transporteurs routiers. Nous sommes d'accord sur le principe que l'utilisation
et les taux doivent marcher ensemble, et avons l'intention d'aller faire les
représentations qu'il faut devant l'autorité compétente
pour avoir d'autres secteurs de travail, en particulier dans le domaine
forestier. Nous incitons fortement nos collègues des transports en vrac
à faire la même chose, à obtenir le plus tôt possible
un des secteurs de travail. Nous allons applaudir à leurs succès
et, lors d'une prochaine commission parlementaire, nous ne ferons certainement
pas le jeu de l'adversaire en nous attaquant à des transporteurs en vrac
qui ont gagné des secteurs de travail, mais nous nous joindrons à
eux pour les féliciter et pour demander ce qui nous revient à
nous aussi.
Merci infiniment, M. le Président, M. le ministre des Transports,
et tous les membres de cette honorable commission!
Le Président (M. Brisson): Je vous remercie infiniment, Me
Béliveau. J'inviterais les membres de la commission à poser leurs
questions. Ensuite, le ministre des Transports posera les siennes il fera ses
remarques et ceci terminera l'audition. Le député de
Rosemont.
M. Bellemare (Rosemont): Me Béliveau, avant de vous
questionner, vous me permettrez de vous féliciter. Vous êtes un
brillant avocat, il n'y a aucun doute. Voici Ma première question: Votre
organisme se considère-t-il comme une association ou une
fédération?
M. Béliveau: C'est une association qui a été
reconnue le 14 avril I972 par un acte signé par le ministre des
Transports du temps, M. Bernard Pinard, qui s'engageait à ce que la
Commission des transports reconnaisse l'Association nationale des camionneurs
artisans comme pouvant représenter les camionneurs artisans dans le
Québec. Cependant, ce n'est pas une reconnaissance à vie. Nulle
part, dans le règlement no I2, il n'est question de l'ANCAl et je tiens
à le souligner. Le jour où les camionneurs artisans viendraient
à la conclusion que leurs intérêts sont mal défendus
par l'ANCAl, ils sont libres de donner leur adhésion à qui ils
veulent. Pour le moment, l'ANCAl est une association reconnue sur le plan
provincial.
M. Bellemare (Rosemont): Ma question est plus directe, M. le
Président, si vous me le permettez, est-ce que, vous percevez, des
membres de l'association une somme x? Qui perçoit cette somme?
M. Béliveau: Des sommes sont perçues à trois
paliers, M. le député, d'abord au palier local, où il y a
un service de représentants qui s'occupent de négocier des
contrats, de faire la distribution du travail, qui s'occupent souvent aussi de
fournir les services de bureau avec secrétariat et l'équipement
moderne qu'il faut en 1975. Donc, une cotisation de comté, une
cotisation au niveau régional qui s'occupe des intérêts de
la région. La région prend une ampleur spéciale dans le
règlement no 12 parce que le règlement no 12 ne parle pas des
comtés-, mais de la région, et il y a une cotisation à
l'ANCAl provinciale, dont le siège social est à Québec,
où se règlent les grands problèmes touchant le transport
en vrac et ce, pour tous les camionneurs du Québec.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, quel est le
montant exigé des membres de votre association?
M. Béliveau: Le taux varie entre $20 par mois, dans
certains comtés, et ça peut monter jusqu'à $60 ou $70 par
mois dans certains autres comtés.
M. Bellemare (Rosemont): Est-ce que vous pourriez éclairer
ma lanterne, me donner les régions?
M. Béliveau: J'allais ajouter qu'à cause des
structures spéciales qui ont pu être mises en place pour
assurer un bon ordre et un bon service à la baie James, ceux qui vont
à la baie James paient davantage que ces montants que je viens de vous
donner.
Il arrive que, dans les régions où on juge que l'on a
besoin de plusieurs représentants, où on juge qu'on a besoin d'un
bureau, d'une meilleure organisation matérielle, les camionneurs
décident librement, démocratiquement, de se donner les outils
nécessaires pour concurrencer les autres transporteurs publics dans la
province de Québec. Les camionneurs ont remarqué que les
transporteurs routiers sont bien nantis et qu'ils prospèrent dans la
mesure où ils se paient des outils de concurrence.
On est en 1975, et chez les camionneurs artisans, il y a des
secrétaires, des dactylos, des machines à additionner, des
machines à polycopier, des bureaux, des tapis, en fin de compte, une
organisation exactement semblable à celle qu'on trouverait chez un homme
d'affaires qui posséderait, à la place de l'ANCAl, les 4,000
camions dont dispose l'ANCAl. C'est ça que les camionneurs se
paient.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, encore une fois,
je voudrais poser une question à Me Béliveau. Est-ce exact que
les camionneurs artisans qui travaillent pour gagner leur vie, en plus de payer
la cotisation des associations, sont aussi obligés de payer de 5%
à 10% je le dis sous toute réserve, ça peut varier,
ça peut être 7%, 8%, 5%, 4% à une
fédération quelconque?
M. Béliveau: D'une façon très claire et
très nette, c'est absolument faux. Absolument faux!
M. Bellemare (Rosemont): C'est absolument faux.
M. Béliveau: Absolument faux.
M. Bellemare (Rosemont): Vous parlez de votre association.
M. Béliveau: Je parle de mon association, de notre
association.
Je m'excuse, M. le Président, de ce lapsus, cela fait cinq ans
qu'on est avec les camionneurs artisans et je suis devenu, à cause des
événements, plus camionneur qu'avocat, c'est pour ça qu'on
a dit mon association, notre association.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, Me
Béliveau me dit très bien que son association... Vous avez dit
que vous étiez une association et non une fédération.
M. Béliveau: J'ai dit que l'association nationale est
reconnue et le règlement no 12 parle d'une fédération de
régions.
M. Bellemare (Rosemont): La fédération de
régions ne perçoit pas entre 5% et 10% en plus de la cotisation
d'association?
M. Béliveau: Que les camionneurs devraient verser en plus
de leur cotisation et qu'ils perdraient? Absolument faux.
M. Bellemare (Rosemont): C'est absolument faux. D'accord.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Chicoutimi.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, je m'excuse, je
n'ai pas terminé. J'aurais une autre question à poser à Me
Béliveau. Quels sont les services que vous offrez en retour de cette
cotisation?
M. Béliveau: Les services sont les suivants, M. le
député: Ils sont les mêmes que ceux que donnerait un homme
d'affaires à son entreprise. L'ANCAl a appris que, pour rendre ses
activités rentables, elle doit s'astreindre aux impératifs
d'affaires, parce que nous ne sommes pas une association pieuse, nous sommes
une association qui fait des affaires.
L'investissement global des camionneurs artisans au Québec est de
l'ordre de plus de $100 millions. C'est donc une industrie considérable.
Une compagnie qui les remplacerait demain et qui donnerait les mêmes
services aurait certainement un bureau considérable à
Québec, aurait certainement un contentieux considérable, parce
qu'il y a plusieurs problèmes juridiques. Nous devons être devant
la Commission des transports tous les jours. Cette compagnie aurait
certainement un personnel considérable pour aller renseigner ses
membres, leur dire toutes les nouvelles lois qui sont adoptées, qui les
concernent; c'est ce que fait l'ANCAl.
Il existe entre l'exécutif de l'ANCAl, qui est l'autorité
suprême de cette organisation, et le camionneur artisan lui-même
une foule d'intermédiaires, de gens qui travaillent pour faire
fonctionner cet immense commerce.
Il y a donc les représentations au niveau gouvernemental, les
représentations au niveau de chacun des entrepreneurs, les
négociations, l'examen des contrats, la visite des comtés, la
visite des gars, le règlement des problèmes particuliers, une
présence partout où il est question des transports au
Québec, des déplacements lorsqu'il y a des problèmes;
voilà les services que l'ANCAl donne à ses membres.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, ma
dernière question va être très courte. Combien d'artisans
font partie de votre association dans la région ou la
périphérie de Montréal, grosso modo?
M. Béliveau: Si l'on parle de la région de
Montréal même, la région 10, nous avons, en règle
si vous me permettez, le représentant est ici, je vais le
consulter environ 150 membres artisans qui font partie de la
région de Montréal.
M. Bellemare (Rosemont): Ils représentent combien
d'unités?
M. Béliveau: Ils représentent 150
unités.
M. Bellemare (Rosemont): 150 unités et 150 membres?
M. Béliveau: Oui.
M. Bellemare (Rosemont): Merci.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, ce sera
très court. Je constate avec plaisir que mon confrère, Me
Béliveau, n'a rien perdu de son éloquence, qu'il n'a rien perdu
non plus du sens de l'humour et de la fougue qui le caractérisaient
à l'Université d'Ottawa, mais, ceci étant dit il
n'y a rien comme d'aller étudier dans un pays étranger pour bien
apprécier le sien Me Béliveau a dit, à un moment
donné, que la clause 75-25 qui est accordée à l'ANCAl sur
les travaux de construction de chemins du gouvernement ne représentait
que 2% du camionnage en vrac au Québec, ce qui veut dire qu'on laisse
98% à la libre concurrence des différentes associations de
camionneurs.
Je voudrais lui demander si ce pourcentage est le fruit de longs calculs
ou encore si c'est une approximation qu'il a avancée. Effectivement,
est-ce une approximation? Est-ce que cela ne pourrait pas être un peu
plus?
M. Béliveau: M. le député de Chicoutimi,
j'ai pris la peine de dire que, si l'on tient compte de la définition
qui est dans le règlement 12 actuel et que j'inclus le bois, tout
l'ensemble du bois, parce que l'ensemble du bois, c'est du vrac, si je prends
la somme du vrac au Québec et que j'inclus le bois et toutes les autres
matières qui sont énumérées il y en a
plusieurs paragraphes cela représente 2%.
C'est absolument réaliste. Si on exclut le bois,
évidemment, cela peut représenter 7% ou 5%, plus 7% du vrac au
Québec. Il ne faut pas oublier, M. le député de
Chicoutimi, que c'est 15% des travaux de confection de routes pour le compte de
la voirie seulement. Pour les 75% en-dessous, on n'a pas de secteur
réservé là-dedans. J'ai fait la démonstration,
d'une part, qu'il s'agissait de 75% de 25% pour les travaux de construction de
voirie seulement. Il y a au Québec des travaux que fait le
fédéral. Il y a, au Québec, des travaux que font toutes
les municipalités. Il y a des travaux que font les commissions
scolaires, des travaux d'excavation, des entreprises privées dans
lesquelles nous n'avons aucun secteur de travail, et qui sont du vrac.
Si vous prenez la somme des tonnes à transporter et que vous
incluez le bois, cela représente 2%, il n'y a pas d'erreur. Si vous
excluez le bois, cela peut représenter de 5% à 7%. Dans un cas
comme dans l'autre, il resterait au-delà de 90% à ceux qui se
sont insurgés aujourd'hui contre cette clause épouvantable, pour
aller se négocier un secteur de travail et dire: II faut qu'on travaille
nous aussi; regardez, les artisans en ont eu, il nous en faut un à nous
aussi.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas l'intention, M. le
Président, de donner l'allure d'un contre-interrogatoire, puisque ce
n'est pas ce que nous avons fait concernant les autres groupes. Je ne vois pas
pourquoi on le ferait dans le cas de l'ANCAl, mais il me semblait que ce
pourcentage de 2%, sans exprimer d'opinion, pouvait paraître vraiment
très minime. Avec les explications que vous donnez, j'imagine que, s'il
y a lieu d'apporter une correction, le ministre des Transports fera cette
correction.
On a entendu parler souvent, durant la journée, de la notion de
région. J'aimerais savoir, puisque vous avez beaucoup
d'expérience dans ce domaine, jusqu'à quel point il y aurait
lieu, quand on parle de camionnage en vrac, de définir peut-être
autrement ce terme de région, que la définition qu'on a en
tête normalement de ce qu'est une région. Il me semble, sans
être un expert, que, lorsqu'on parle de camionnage en vrac, cela n'a pas
la même connotation, que lorsqu'on parle des dix régions
économiques du Québec.
M. Béliveau: M. le député de Chicoutimi, il
est clair, dans notre esprit, que la notion de région exprimée
dans le règlement no 12 nous semble correcte, sauf qu'elle
présente un inconvénient pour une partie des individus. Merci de
votre question, parce que cela me permet de demander à la commission de
corriger la situation. Imaginons celui qui demeure tout près de la ligne
de séparation de deux régions, qui est appelé, très
souvent, à travailler, évidemment, à dix milles de chez
lui et à trente milles de chez lui, alors qu'il a à changer de
région. Il y a pire que cela.
Dans une ville, dans le Québec, la ville se sépare en deux
régions. Imaginez un peu le problème que cela crée quand
on est dans la même ville, quand on a à aller travailler à
un mille et qu'on saute à une région. Cela prendrait un permis
additionnel.
Si la Commission des transports pouvait imaginer un moyen de dire que
celui qui demeure dans une région, qui demeure à tant de milles
de la ligne séparative de deux régions peut aller travailler dans
un rayon de tant de milles, qui reste à déterminer selon
l'expérience de ceux qui seront des experts en la matière, on
éviterait un très grand nombre de problèmes. Quant
à la notion de régions, nous en sommes bien satisfaits, nous,
sauf que nous demandons, évidemment, de corriger cette situation
particulière que je viens de décrire.
M. Bédard (Chicoutimi): Si je vous posais cette question,
c'est que je pensais d'une façon particulière à la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, puisque c'est celle que je connais
peut-être le mieux. Si on parle de région économique, c'est
très précis dans l'esprit de tout le monde. Maintenant, si on
parle de camionnage en vrac, à ce
moment, quand on tient compte de l'étendue de la région
comme telle, cela peut, quand on regarde le comté de Roberval et
qu'à un moment donné, on s'en va au-delà de 100 milles
plus loin dans le comté de Dubuc, porter à se demander lorsqu'on
parle de camionnage en vrac, s'il n'y aurait pas plutôt deux
régions à l'intérieur d'une.
M. Béliveau: C'est possible, M. le député,
et, vraiment, je dois vous dire que l'expérience passée se
situait au niveau des comtés. Cela fonctionnait. Maintenant, nous nous
sommes habitués, dès la parution du règlement no 12,
à inciter nos membres à respecter la loi, donc nous nous sommes
habitués au concept de la région, tel que défini. Nous
avons fait des représentations particulières, cependant, pour une
région au nord du Québec, des représentations qui ont
été accueillies par M. Normand, qui représentait le
ministre des Transports à ce moment, qui le représente toujours,
quand il s'agit des artisans, parce que c'est notre souffre-douleur. Quant aux
régions particulièrement, M. Bédard, il y a tellement
d'autres priorités qui nous sont présentes à l'esprit,
comme celle du tri nécessaire des transports privés et publics,
celle de donner à la commission une procédure plus
expéditive, celle de permettre à la commission d'accorder des
secteurs de travail, que je n'oserai pas avancer, ce soir du moins, de
modifications là-dessus.
M. Bédard (Chicoutimi): Remarquez que si je ne pose pas de
question concernant les autres éléments très importants,
je dirais, prioritaires, énoncés dans votre mémoire, c'est
que nous avons eu, comme vous avez pu le constater, la comparution d'autres
groupes auxquels il a été possible de poser...
M. Béliveau: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): ... des questions concernant ces
priorités. Vous parlez de secteurs de travail, vous avez dit
textuellement: La commission devrait avoir le droit d'accorder des secteurs de
travail. Je comprends que, jusqu'à maintenant, la commission n'a pas ce
pouvoir. Si un secteur de travail a été accordé à
l'ANCAl, il a été accordé par...
M. Béliveau: II a été accordé... M.
Bédard (Chicoutimi): ... une ...
M. Béliveau: ... par le gouvernement du
Québec...
M. Bédard (Chicoutimi): ... par le gouvernement...
M. Béliveau: ... et nous voudrions que l'odieux d'accorder
un secteur de travail cesse d'être assumé par des hommes
politiques. Nous voudrions avoir affaire à un tribunal constitué
où nous faisons la preuve de notre représentativité, de
notre besoin, pour justifier tel taux, et où nous pouvons faire la
preuve, avec tout ce que cela comporte de difficultés, parce que les
règles qui sont établies devant la Commission des transports sont
celles qu'on retrouve au code de procédure civile, avec lesquelles vous
êtes bien familier...
Alors, cela comporte des difficultés, bien sûr, mais nous
voulons avoir affaire à un tribunal qui ait l'autorité de dire
comme la régie à l'époque l'avait devant tel
groupe, qu'il est en mesure de donner tel service. Devant l'obligation de
rallier la notion de taux et de secteur pour avoir une utilisation la plus
longue possible et maximale dans l'année, pour le bien de tout le monde,
dont j'ai parlé tout à l'heure, que la commission ait le pouvoir
de le faire et que cela se fasse d'une façon très légale
et que cela soit très bien défini.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas d'autres
questions.
Le Président (M. Brisson): Est-ce que d'autres membres de
la commission veulent poser des questions?
Le ministre des Transports.
M. Mailloux: M. le Président, devant la chaleur intense
que les participants à cette commission et les membres de la commission
ont dû subir au cours de la journée, je m'efforcerai de tirer, en
conclusion, des remarques qui seraient les plus courtes possible...
Après un court préambule écrit, sera mon attention
d'apporter des observations à bâtons rompus sur une partie des
observations qui nous ont été faites au cours de la
journée.
J'avoue immédiatement que ce n'est pas mon intention de revenir
sur chacun des points soulevés au cours de la journée, parce que
ces points méritent quand même l'attention de mes fonctionnaires,
de la Commission des transports, de mon collègue et de moi-même.
Nous aurons au cours des semaines qui vont suivre, alors que nous
espérons que la session se terminera, le temps d'approfondir l'ensemble
des commentaires qui nous ont été faits durant cette
commission.
Il est peut-être anormal qu'on ait repoussé l'association
qui, en fait, a été reconnue pour un secteur
privilégié de travail jusqu'à la fin de cette commission.
Je sais qu'il ne serait pas possible à ceux qui ont parlé
auparavant de revenir devant cette commission, mais j'avais jugé de
faire une telle demande pour permettre qu'au fur et à mesure que les
associations feraient des plaintes contre celles qui ont un secteur
privilégié de travail, l'on puisse connaître quand
même ce qu'avaient à dire contre ces plaintes Me Béliveau
et le président de l'ANCAl.
En convoquant cette commission parlementaire pour l'étude du
règlement 12 et des modifications à y apporter, c'était
notre intention d'aérer devant les membres de cette commission
l'état de la question du transport en vrac et les résultats que
les transformations profondes ont pu apporter dans ce vaste secteur
d'activités.
Il va de soi que la mise en place de la Commission des transports nous a
forcés à faire face à des dizaines et des dizaines de
milliers de
demandes de nouveaux permis de toutes sortes, des problèmes
qu'elle a affrontés découlant d'une réglementation
nouvelle, règlements que, à l'expérience vécue, il
nous a fallu modifier pour les rendre plus aptes à répondre
à des situations nouvelles. Il nous faudra d'ailleurs de nouveau les
modifier à la lumière de l'expérience et de l'étude
constante qu'en font nos fonctionnaires pour donner suite à certaines
plaintes formulées ici ou ailleurs.
Le règlement 12 et tous les permis en découlant n'ont pas
été sans subir les contraintes de ce travail forcené.
Malgré les nombreux avis que le ministère et la commission ont
donnés, une quantité importante de camionneurs qui, depuis
très longtemps, oeuvraient dans ce secteur d'activités n'ont pas
enregistré leurs demandes avant le 1er janvier 1974.
En fait, je pense que c'est 1,757 demandes qui n'auraient pas
été enregistrées dans les délais prévus,
malgré l'avis officiel de mon prédécesseur de ne pas
acheter de camions après le 12 avril 1972, alors que ces demandes ne
pourraient être considérées, 982 personnes s'en sont
portées acquéreurs par la suite. Il y a également le
nombre de tous ceux qui, par transfert ou autrement, ont dû aller devant
la Commission des transports. J'indique ici immédiatement qu'avant
janvier 1974, 14,171 permis ont été accordés ou pour
lesquels des attestations ont été données. En ce qui
concerne les 775 permis dont les propriétaires étaient
possesseurs avant le 14 avril 1972 et qui avaient oublié d'enregistrer
leurs demandes, on m'informe que, le 15 juillet, des décisions seront
rendues. Il restera, en fait, 982 permis qui devront attendre les auditions de
la Commission des transports, étant donné que, forcément,
malgré l'avis répété de mon
prédécesseur, ces personnes se sont quand même
portées acquéreurs de camions.
Si j'ai voulu donner ces chiffres, c'est que, durant les mois qui
viennent de s'écouler, tous mes collègues des différents
comtés de la province ont apporté de nombreuses plaintes à
nos bureaux selon lesquelles quantité de camionneurs perdraient leurs
unités de travail. Je voudrais dire ici, à la décharge du
travail de mes fonctionnaires, que c'est dans toute la province de
Québec que M. Normand et d'autres officiers avaient donné toutes
les indications possibles à tous les transporteurs en vrac du
Québec. Je ne peux quand même pas accepter que, malgré tous
les avis qu'on a donnés dans le public par les moyens de la
télévision, de la radio et des journaux... Je comprends qu'il y a
des problèmes très particuliers sur lesquels se penchera la
Commission des transports.
Mais si, dans les dernières semaines, j'avais insisté
auprès du conseil des ministres pour que ces gens qui sont en
difficulté financière soient couverts par un amendement au
règlement. Je me demande pourquoi les autres 15,000 qui ont agi dans la
légalité devraient être pénalisés.
M. le Président, à ce moment, si vous me le permettez, je
voudrais faire une rétrospective des décisions rendues dans le
passé concernant les camionneurs en vrac. Cela me ramène quand
même quelques années en arrière. Nous en avons parlé
quelques minutes cet après-midi. Aujourd'hui, dans tous les
mémoires qu'on nous a soumis, j'ai retrouvé une constante qui
était un peu dans tous les mémoires, que les camionneurs artisans
étaient privilégiés et que chacun demandait l'abolition de
la clause 75-25.
A l'instar de Me Béliveau, si on me le permet, je voudrais
moi-même donner la définition d'abord de la clause 75-25, et
malgré tout le respect que j'ai pour le brillant plaideur qu'est Me
Béliveau, la clause 75-25, en fait, est au-delà de la ligne
d'infrastructure. Elle s'adresse également non pas à 75-25, mais
à 100% de tous les travaux d'entretien qu'effectue le ministère
de la Voirie. Tous les travaux en régie sont concédés
également à l'ANCAl, de même que les chemins de
pénétration pour des ministères, tels que les Richesses
naturelles, les Terres et Forêts, le tourisme, la Chasse et la
Pêche. Nous avons ajouté, après douze mois, le transport du
sel, qui a été enlevé à des détenteurs de
permis de transport à longue distance.
Dans mon esprit, le pourcentage de volume que cette clause a pu donner
aux 4,000 transporteurs en vrac artisans, en fait, aux chiffres que nous avons
additionnés, représente environ 10% à 12% de tout le
volume de transport en vrac du Québec. Ce n'est pas en contradiction
avec l'affirmation que M. Béliveau a faite tantôt, qui
était de bonne guerre, étant donné qu'on cherche toujours
à minimiser l'importance d'une clause, mais je pense qu'il est un peu
plus réaliste de dire qu'en ajoutant les travaux en régie et pour
les autres ministères où ce n'est pas une clause de 75-25, mais
100% des travaux de transport d'agrégat sur ces routes, cela
représente environ 10% à 12%.
Pourquoi le gouvernement a-t-il, à un moment donné,
consenti à accorder cela à une association, après qu'elle
aurait fait le tour de la province et prouvé qu'elle était
majoritaire dans tous les comtés, a l'exclusion de Montréal et de
l'île Jésus?
C'est à la demande de tous les partis, quels qu'ils soient,
ministériels et autres, que l'homme politique a invité les
artisans qui se plaignaient que, à chaque changement de régime
politique ils étaient mis de côté et remplacés par
d'autres, pour les raisons que l'on connaît. Je regrette peut-être
que, tout à l'heure, en écoutant le mouvement coopératif,
un article de la loi ait pu faire penser à quelqu'un que, dans l'esprit
du gouvernement, on évitait une formule "load"; toutes les options
étaient possibles dans la formule que voudraient retenir les
artisans.
C'est l'ANCAl qui a fait la preuve qu'elle était majoritaire dans
tout le Québec et c'est à ce moment que le gouvernement a
décidé de lui accorder un secteur privilégié de
travail. M. Béliveau a dit que son association avait toujours
respecté la loi, je dois confesser, à son avantage, que cette
association qu'avait privilégiée le gouvernement a
respecté la loi partout dans le Québec et que, quand il y a eu
des anomalies qui ont été constatées par mes
fonctionnaires, par nos enquêteurs, on a fait l'impossible pour donner
suite immédia-
tement aux plaintes, qui étaient dirigées au bureau de
l'ANÇAI.
Est-ce qu'au moment où on se parle, il serait logique de remettre
en cause une décision que tous les partis ont acceptée? Quand la
décision a été prise, les artisans étaient
marginaux, dans ce secteur d'activité; aujourd'hui, ils sont
peut-être moins marginaux, et ils sont peut-être davantage soutenus
par les décisions de la Commission des transports? Il faut quand
même avouer, au bénéfice de l'ANCAl, comme au
bénéfice de tous les autres transporteurs en vrac, que
l'organisation importante qu'a montée l'ANCAl a quand même permis
que les taux accordés par la Commission des transports soient
plaidés pour tout le monde à la fois.
J'ai été, cet après-midi, peiné d'entendre
dire par un avocat je ne mets pas sa parole en doute, je ferai faire les
vérifications qui s'imposent par mes fonctionnaires que, dans des
secteurs de travail où l'ANCAl n'est pas privilégiée, il y
aurait une certaine formule de chantage dont seraient victimes les
entrepreneurs et qui obligerait ces derniers à se servir des artisans,
sinon, au moment où les travaux sont rendus au-delà de la ligne
d'infrastructure, il ne serait pas possible que soient disponibles des artisans
pour compléter un travail.
Pas plus que M. Béliveau, je ne puis accepter l'affirmation sans
me rendre compte de la justesse des propos. Mais, pour être clair dans
l'esprit de tout le monde, je voudrais bien que soit compris
immédiatement qu'en dessous de la ligne d'infrastructure, c'est un
secteur où personne n'est privilégié. L'entrepreneur peut
faire affaires avec tout détenteur de permis de transport en vrac. Je ne
sache pas que jamais le ministère des Transports ait conseillé
à un entrepreneur ou à toute autre personne d'avoir à
favoriser l'ANCAl par des moyens semblables ou autrement.
Je suis un peu surpris que des transporteurs en vrac, qui ont
également le droit de vivre dans le secteur de transport en vrac,
n'aient pas la possibilité d'aller sur ces travaux. Quand on aura
vérifié ces plaintes, on pourra voir où sans que ce
soient des directives de l'ANCAl, où que ce soit dans le Québec
on pourrait se servir d'une pratique que je condamnerais
définitivement, autant que Me Béliveau l'a condamnée
tantôt.
Tantôt, mon collègue de Chicoutimi a posé une
question. De la manière qu'il l'a formulée, il a certains
avantages sur moi que je n'aurai jamais, étant donné qu'il est un
savant procureur. Mais il a été mal compris par son ancien
collègue de collège, Me Béliveau.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce ne serait pas la
première fois.
M. Mailloux: II a parlé des régions. Voici la
plainte constante que les politiciens de toutes les régions du
Québec ont entendue, depuis que l'ANCAl a été
privilégiée par une clause de protection dans tout le
Québec, à l'exclusion de Montréal. Dans une région,
même restreinte, si tous les artisans ont pu être embauchés
sur une quantité de travaux donnés et que le volume de
capacité de ces artisans soit atteint, plutôt que d'employer des
entrepreneurs qui sont disponibles dans la municipalité, dans la ville,
dans la région, même réduite, on fait appel à des
gens qui viennent de toute la région, d'une des dix régions du
Québec.
Je sais que les artisans, comme les entrepreneurs qui ont deux ou trois
camions, ne sont pas des ennemis. J'invite fortement l'ANCAl à repenser
sa formule et peut-être à agir comme elle fait dans
Charlevoix.
Avant de sortir des limites du comté, alors que tous les membres
de l'ANCAl qui sont artisans sont à l'ouvrage, on invite
immédiatement les autres qui ont deux ou trois camions à se
rapporter à l'ouvrage également. Je pense que c'est un exemple
qui aurait avantage à être suivi un peu partout dans le
Québec et probablement que les plaintes qu'on a entendues aujourd'hui
seraient moins virulentes que celles qu'on a écoutées.
Il est possible que certains de vos membres qui demeurent à 75 ou
100 milles des travaux, que vous pouvez attirer vers le lieu des travaux
actuellement, seraient exclus ou seraient empêchés d'y aller, mais
il faut quand même revenir à un certain conservatisme que les gens
du Québec ont et qui fait que, quand il y a des travaux dans une
région donnée, on n'aime pas que ce soient les gens du
deuxième comté ou du troisième qui viennent les effectuer.
Cela ne met pas en cause la clause de protection qui est accordée, mais
je pense que, dans les préoccupations qui m'animent et qui animent les
membres de la commission, ce serait peut-être une formule qui, sans
modifier les clauses actuelles de protection accordées à ANCAI,
permettrait peut-être que des gens qui ont le droit de vivre
également dans le secteur du vrac puissent avoir accès à
des travaux qui passent dans leur région, mais qui n'y passent pas
chaque année.
M. le Président, tantôt, mon collègue, le ministre
d'Etat, a parlé d'un projet de loi que je devais déposer demain,
avant l'ajournement de la session à la période d'automne. Comme
il y avait un article concernant d'ailleurs les juges, que n'acceptait pas mon
collègue de la Justice, j'ai accepté qu'il ne soit pas
déposé en première lecture, qu'il soit plutôt
déposé en document sessionnel, mais qu'il indique bien quand
même les intentions du ministère des Transports de venir avec une
refonte assez complète de la loi 23, en période d'automne, en
espérant que, dans les tous premiers projets de loi qui seront
déposés à ce moment, on pourra, d'ici ce temps,
compléter les intentions du ministère des Transports dans la
refonte de la loi 23, de même que peut-être ajouter certains
papillons qui concerneraient les plaintes qui ont été
formulées et que pourrait retenir le ministère des
Transports.
Je pense également que la Commission des transports, qui a
été largement en cause, depuis deux ans, depuis qu'elle est
formée, fait en sorte qu'en période d'automne, elle ait
passé à travers la pire épreuve de sa courte
carrière.
Etant donné qu'elle a dû affronter autant de dizaines de
milliers de permis, je pense qu'on doit
quand même rendre hommage au juge et à ses officiers qui
ont fait l'impossible pour travailler nuit et jour, dans le but de venir
à bout d'un projet de loi le bill 23 qui était
assez compliqué, et qui était encore plus compliqué pour
un profane qui n'est pas un légiste, qui n'a pas les savantes
connaissances des procureurs que j'ai entendus aujourd'hui et de mon
collègue de Chicoutimi, mais je pense que, d'ici l'automne, on peut
espérer que la Commission des transports sera en mesure de remplir
pleinement la fonction pour laquelle elle a été
créée.
M. le Président, je ne peux pas, à ce moment, à
cause de l'heure tardive, revenir sur chacun des points qui ont
été soulevés. Tel que je l'ai affirmé tantôt,
ils feront l'objet quand même, quelle soit l'association qui les a
apportés, de notre préoccupation dans les semaines qui vont
suivre, et j'espère qu'avant la reprise de la session d'automne, on sera
en mesure de faire connaître publiquement les amendements que nous
pouvons y apporter.
Quant aux associations d'entrepreneurs et d'artisans qui se sont fait
entendre aujourd'hui et qui voudraient des secteurs de travail
privilégiés, j'ai déjà affirmé qu'il y avait
80% ou 90% du secteur du travail en vrac en disponibilité pour tout le
monde. Je pense que c'est la qualité des services offerts, soit par un,
soit par l'autre, qui permettra qu'un requérant de services puisse faire
appel à l'un ou l'autre.
Si j'avais la conviction profonde que ces gens ne seront pas capables de
se défendre dans le système actuel et qu'après les
représentations faites auprès de la Commission des transports,
ils ne seront pas en mesure de gagner leur vie honorablement, à ce
moment, le gouvernement devra se pencher sur le sort des autres
également. Mais pour la Commission des transports et des
règlements que nous avons apportés, malgré toutes les
difficultés d'application, on doit quand même, aujourd'hui, rendre
hommage à mon prédécesseur, car cela a permis de
stabiliser un nombre de camionneurs qui, sans cesse, allait en augmentant dans
le Québec.
C'est peut-être une mesure d'assistance sociale
déguisée qu'a posée à un moment donné le
gouvernement, en disant: Aux marginaux dans le secteur du vrac, nous accordons
un secteur de travail privilégié. Je dois quand même dire
que, depuis que ce secteur a été accordé dans le
Québec, il se fait un volume de travail considérable qui a permis
à ceux-là comme à d'autres de vivre, et les impressions
que j'ai, comme membre du Conseil du trésor, sur les budgets des cinq
prochaines années me permettent d'espérer que pour un secteur
d'activités, artisans ou entrepreneurs, le volume de travail restera
tellement important que tous ceux qui offriront une qualité de service
acceptable pourront trouver, avec les permis correspondants, de quoi gagner
leur vie de façon satisfaisante.
M. le Président, en terminant, je voudrais vous remercier de la
façon que vous avez conduit ces débats, et de même,
remercier mon collègue de l'Opposition, étant donné que
les autres ont dû siéger à trois autres commissions.
Mais je dois confesser en terminant et je pense n'induire
personne en erreur que les collègues de l'Opposition, ceux du
Ralliement crédi-tiste qui sont absents comme M. Bellemare, avaient
accepté la formule proposée dans le passé pour le secteur
de travail privilégié. Je ne sache pas qu'aucun des membres de
l'Opposition m'ait convaincu ou ait apporté devant moi des conclusions
que le gouvernement avait agi d'une façon anormale.
Je pense que tout le monde a été d'accord sur ce qui a
été fait jusqu'à maintenant.
En conclusion, je remercie tous les membres de la commission qui, par
une journée aussi chaude que celle que nous avons connue, ont dû
attendre très longtemps avant d'être entendus. Je dis à
toutes les associations qui sont venues ici que nous ferons l'impossible pour
rendre justice à tout le monde, sans pour autant détruire, je
pense, ce qui a été fait de manière valable et
accepté pour tout le monde.
Le Président (M. Brisson): M. Béliveau et M.
Nadeau, je vous remercie d'avoir représenté votre association et
la commission, ayant terminé ses travaux, ajourne la séance sine
die.
(Fin de la séance à 22 h 12)